Skip to main content

Full text of "Archives de parasitologie"

See other formats


HARVARD UNIVERSITY 


LIBRARY 
OF THE 


Museum of Comparative Zoology 


MUS. COMP. Z00L 
LIBRARY 


À JUNT 2 1959 


HARYARD 
UNIVERSITY 


Tome VIII, n° 1. par 


\ 


DE TEE 


De 


PUBLIÉES PAR 


RAPHAËL BLANCHARD 


PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 


MEMBRE DE LACADÉMIE DE MÉDECINE 


jÉ “ 


PARTIS 
F. R. DE RUDEVAL,, Éprreur 


4, Ru ANTOINE Dupois (VI®) 


1904 


l 
d 
} 


= 


‘| 
C 


99 
LA 
LUE 


Fe 
il, 


ÿ 


ll 


COUP. 


1h 


a 


&l RE ÿ 


1, 


1091 


SOMMAIRE \ 


Pages 

R. Bcancaar». — Notices biographiques. — XVI. François-Xavier Raspail (avec 
20 fig. dans le texte et planche I). . . . . . . NE TS GE A ARE. © 5 

L. Manz, — Gli Dei distruttori degli Anopheli e l’uso antico delle fumigazioni 
erdellerretifcontro diNesS ie MAN CRETE SOIN AUREE RSS AR 88 

E. Bonn et P. Savouré. — Recherches expérimentales sur les mycoses internes 
(aveci9 fie: dans leltexte)) Chen PRANCE NeNANREtt nt Ro FO  L NOMAD 

e 

Revue bibiographIQe AE EEE MONET NS EN RTE ee Re 137 
Notes et Informations (avec 3 fig. dans le texte et pl. II). . - . . . . . . . . . 139 
OuVrAves TECUS AE NE EUR MEN ERA NATUREL REA DEAN ARE 157 


Planches I et II. 


LES 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 


sont publiées par la 
LIBRAIRTE SCTENTIFIOUE: ET LITTÉRAIRE. 
F. R. DE RUDEVAL, ÉDITEUR 


\ 


Prière d’adresser le montant des abonnements ou réabonne- 


ments à M. F. R. pe RUDEVAL, Éditeur, 4, rue Antoine Dubois, 
Paris, VI. 


ARCHIVES 


DE 


PARASITOLOGIE 


 LILLE. — IMPRIMERIE LE BIGOT F 


"d 


#4 
A 


ARCHIVES 


DE 


PARASITOLOGIE 


PUBLIÉES PAR 


RAPHAËL BLANCHARD 


PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 
MEMBRE DE LACADÉMIE DE MÉDECINE 


TOME HUITIÈME 


PARUS 
F. R. be RUDEVAL, ÉDITEUR 


4, RuE ANToINE DuBgôois (VI*‘) 


1903-1904 


ES x 


A NUAGE. 
POTOGL CHOEUR 


ou 


LCR ENT EME D 0 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


XVI. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 


PAR 


RAPHAËEL BLANCHARD 


(PLANCHE lÎ). 


y. | 
#1 


Deux hommes s'incarnent dans Raspail, le savant èt-lhomnie "7 


politique. L'homme politique est bien connu : le rôle capital qu’il 
a joué au cours du XIX® siècle, dans les aspirations populaires, 
dont il fut le principal instigateur, a été retracé par plus d’un 
historien. On connaît aussi l’auteur de ces livres de médecine 
populaire, dont les nombreuses éditions ont contribué si puissam- 
ment à propager dans toutes les classes de la société de saines 
notions d'hygiène pratique. Mais, à l'heure présente, combien 
d'hommes de science ont lu les écrits scientifiques de Raspail et 
pourraient dire la part qui lui revient dans le progrès de nos 
connaissances ? Par une singulière injustice, le savant est méconnu 
ou ignoré, au détriment du politicien que, suivant leurs tendances, 
les uns exaltent et les autres dénigrent. 

L'œuvre scientifique de Raspail m'est depuis longtemps connue 
et je professe pour elle, je dois le dire dès cette première page, 
la plus sincère admiration ; j’ai eu déjà plus d’une fois l'occasion 
de lui rendre hommage (1). Aussi, quand j'entrepris de publier 
dans les Archives de Parasitologie des Notices biographiques concer- 
nant les principaux Parasitologues, le nom de F.-V. Raspail est-il 
venu s'inscrire des premiers sur la liste des savants qui me 
semblaient être dignes d’une telle célébration. 

C’est à lui, en effet, qu'on doit la première conception de la 
théorie cellulaire ; c’est lui qui, le premier, a jeté les bases de la 
pathologie cellulaire. Alors que l'Ecole se perdait encore dans Îles 
obscurités de la théorie humorale, il mettait en évidence le rôle 
capital que jouent, dans l’étiologie des maladies, d’une part, les gros 
parasites visibles à l'œil nu (Helminthes, Acariens, etc.), d'autre 


(1) Cf. Traité de Zoologie médicale, 1, p. 724, 1886 ; Archives de Parasitologie, 
11, 1899, p. 61, note 2; ibidem, I, 1900, p. 188 ; 2bidem, VIT, 1903, p. 152. 


6 R. BLANCHARD 


part des parasites alors invisibles, qui pénètrent dans nos organes 
et y causent des ravages d'autant plus redoutables qu’on ne peut 
constater leur présence et les combattre en temps utile. Pour 
s'opposer à l'invasion de ces ennemis invisibles, mais dont pour- 
tant l’existence ne saurait être révoquée en doute, il suffit de suivre 
certains préceptes d'hygiène, fort simples et d’une efficacité cer- 
taine : de là l'emploi des antiseptiques, dont le camphre était 
alors le principal représentant ; de là aussi cette doctrine médicale 
nouvelle, qui tendait à simplifier considérablement la pharma- 
copée et qui a valu à Raspail une si grande réputation. L’antisepsie 
et l'asepsie découlent de ces conceptions ; elles sont aussi, dans 
une large mesure, l’œuvre de Raspail. 

Je viens d’esquisser très sommairement les doctrines de Raspail : 
dès maintenant, on peut donc comprendre quels rapports intimes 
existent entre ce savant, qui n’était pas pourvu du diplôme de 
médecin, et la médecine scientifique et expérimentale, dont il a été 
un précurseur génial. 

J'avais tout d'abord l’intention de me borner à retracer ici 
l’histoire de Raspail uniquement envisagé comme homme de 
science. Mais, à chaque instant, je le trouvais mêlé à des événe- 
ments politiques qui influaient d’une façon marquée sur ses 
travaux, dont par conséquent je devais tenir compte et qui, faute 
d'explications suffisantes, eussent pu rester obscurs. Pour obvier à 
cet inconvénient, je résolus d’écrire l’histoire complète de notre 
héros, qui, dans sa longue carrière, aima d’une égale ardeur la 
Science, la Patrie et l'Humanité. 

Ainsi élargie, ma tâche devenait singulièrement difficile, car 
j'avais la prétention d’écrire une biographie sincère et d’une 
documentation sûre. Par bonheur, M. Xavier Raspail, mon savant 
collègue à la Société Zoologique de France, a bien voulu guider 
mes recherches et me communiquer des documents rares et pré- 
cieux, grace auxquels j'ai pu illustrer cette notice consacrée à son 
illustre père. Je lui en exprime mes plus vifs remerciements. 


LA FAMILLE DE RASPAIL. SA JEUNESSE. 


François-Vincent RasPpaiz est né à Carpentras (Vaucluse), le 25 
janvier 1794, et non le 29 de ce mois, ainsi que l’indiquent la plupart 


Fig. 1. — F.-V. RaASPAIL EN 1876. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 9 


des biographies (1) ; cette dernière date est celle du jour où il fut 
baptisé clandestinement par un ecclésiastique réfractaire, qui lui 
donna le nom de François de Sales, le saint dont, ce jour-là, le nom 
figurait au calendrier. 

Son père, Joseph Raspail, renommé dans le Comtat-Venaissin 
pour son esprit et ses improvisations en vers patois, exerçait lé 
métier de restaurateur des vice-légats, à l’époque où cette petite 
province appartenait au pape. Sa mère, Marie Laty, de Pernes 
(Vaucluse), descendait de la famille noble d'Italie connue sous ce 
nom. À cette époque du gouvernement papal, quand un membre 
d'une famille noble se ruinait à Rome, on l’envoyait refaire sa for- 
tune dans le Comtat-Venaissin, où souvent il finissait par se fixer 
et par s’allier à quelque plus ou moins riche bourgeoise du pays. 

La famille Raspail est originaire de la Suisse; elle vint s'établir 
dans le Comtat-Venaissin, à l’époque des guerres de religion, vers 
JePXVESrecle: 


(1) Voici l’acte de naissance de F.-V. Raspail, d'après une copie authentique 
qui nous a été adressée de la mairie de Carpentras : 


Mairie de Carpentras (Vaucluse) 
EXTRAIT DES REGISTRES DES ACTES DE L'ÉTAT CIVIL 


L’an second républicain et le sept pluviôse, à trois heures après-midi, par devant 
moi, Jacques Allié, membre du Conseil général de la commune de Carpentras, 
chef-lieu de district, département de Vaucluse, élu par délibération du vingt-(rois 
décembre mil sept cent quatre vingt douze vieux style, pour rédiger les actes 
destinés à constater la naissance, les mariages et le décès des citoyens, est com- 
paru en la salle publique de la maison commune, le citoyen Joseph Raspail, trai- 
teur, âgé de cinquante-six ans, domicilié dans le premier arrondissement de cette 
ditte commune, lequel assisté des citoyens Elzéar Siffrein Ravoux cyÿ devant 
notaire, âgé d'environ quarante-quatre ans, et André cy devant notaire, àgé d’en- 
viron soixante-trois ans, le premier domicilié dans le premier arrondissement de 
cette commune et le second dans le second arrondissement de cette ditte com- 
mune, À déclaré a moi Jacques Allié que la citoyenne Marie Laty, son épouse en 
légitime mariage, est accouchée, le cinq du présent mois à dix heures du soir, 
dans sa maison d'habitation, d’un enfant mâle qu'il m’a présenté et auquel il à 
donné pour prénoms François Vincent, d’après cette déclaration que les dits Elzéar 
Siffrein Ravoux et Antoine André ont certitiée conforme à la vérité, et la repré- 
sentation qui m'a été faite de l'enfant dénommé, j'ai rédigé en vertu des pouvoirs 
qui me sont délégués le présent acte que les dits Joseph Raspail père de l'enfant, 
Elzéar Siffrein Ravoux et Antoine André ont signé avec moi. 

Fait en la maison commune les jour, mois el an que dessus. 


Signé : André, Joseph Vincent Raspail, Ravoux, 


Jacques Allié, Officier public. 


10 R. BLANCHARD 


Avant la réunion du Comtat-Venaissin à la France, Joseph 
Raspail jouissait d’une certaine aisance ; mais, ayant placé toute 
sa fortune en hypothèques, elle lui fut restituée en assignats ; il 
ne put supporter une telle ruine; il mourut de chagrin, laissant 
dans la misère sa veuve avec cinq enfants, trois filles et deux gar- 
cons ; Francois-Vincent Raspail était le dernier né. 

Joseph Raspail, d’un premier mariage, avait eu deux fils, Saint- 
Ange et Victor, qui s'étaient engagés au début de la Révolution. Le 
premier, à qui Napoléon ne pardonna jamais d’avoir été l’aide de 
camp du général Moreau, était colonel à la chute de l’Empire. 
Victor, que ses nombreuses blessures empêchaient de faire campa- 
gne, fut nommé par l'empereur gouverneur de Novarre, étant capi- 
taine des grenadiers de la garde. Bien que très jeune, il reçut une 
des premières croix de la Légion d'honneur qui furent distribuées 
au camp de Boulogne, en échange de deux sabres d’honneur qui 
lui avaient été décernés pour des actes d’héroïsme. 

Le jeune François-Vincent Raspail, dont l'intelligence se mani- 
festa dès ses premières années et qui donnait bientôt des leçons à 
son vieux maître d'école Dupuytren, fut pris en amitié par le véné- 
rable abbé Eysseric, savant sltudieux en grec, latin, hébreu et 
même syriaque, qui le mena si loin qu’à l’âge de douze ans, il 
commençait à lire couramment les grands auteurs de ces langues. 

Pour complaire à sa mère, qui ambitionnait de lui voir embrasser 
l’état ecclésiastique, il entra, muni d'une demi-bourse, au sémi- 
naire d'Avignon, en 1810 (fig. 2). L’année suivante, après avoir 
obtenu le premier prix de philosophie, il reçut la charge de répé- 
titeur de cette science. En 1812, après avoir remporté le premier 
prix sur des théologiens de quatrième année, parmi lesquels 
se trouvait un futur patriarche d'Orient, Mgr d'Auvergne, il fut 
nommé, malgré sa grande jeunesse, professeur de théologie. Il eut 
ainsi pour élèves plusieurs évêques, archevêques et cardinaux, 
entre autres l'archevêque de Paris, Sibour. 

Entraîné par un besoin insatiable d'approfondir tout ce qui ne 
paraissait pas lumineux à son esprit, ne pouvant se décider 
à admettre ce qui ne lui était pas démontré, le jeune Raspail se 
procurait clandestinement tous les livres qui n'avaient pas accès 
dans le séminaire ; il les cachait dans la paillasse de son lit et, la 
nuit, il se livrait à leur lecture, cherchant avidement à dégager la 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 11 


Vérité que ne lui permettait pas de découvrir la lecture des écrits 
orthodoxes. Chargé, dans un exercice de controverse théologique, 
auquel assistait un légat du pape de passage à Avignon, de 
défendre une thèse contre l’infaillibilité du pape, il prit tellement 
au sérieux son rôle de contradicteur, qu’il embarrassa son adver- 
saire, qui n’était autre que le supérieur du séminaire, devenu 
quelques années après évêque de Fréjus. L’incident fit du bruit ; 
mais déjà Raspail s’était aperçu qu’en professant la théologie, il 
avait perdu la foi. Dès lors, sa conscience ne lui permettant pas 
de suivre une voie que sa raison condamnait, il alla s’en ouvrir à 
l’évêque d'Avignon, qui l’approuva, dans ces conditions, de se 


Fig. 2. — F.-V. Rasparz, à l’âge de 15 ans, d’après une miniature. 


retirer avant d’avoir recu l’ordination. Il n’avait que dix-huit ans 
lorsqu'il descendit ainsi des hauteurs du professorat pour accepter 
une chaire de basse latinité, la seule disponible en ce moment 
au collège de Carpentras. 

On était alors en 1813. Le prestige de Napoléon venait d’être 
profondément atteint par la désastreuse campagne de Russie ; 
l'empire touchait à la décadence ; aussi, l’ancien pays des papes 
commençait-il à mal payer les impôts, et pas un prêtre n'osait se 
charger de prendre part à la célébration de la fète commémorative 
de la bataille d’Austerlitz ; les plus intrépides panégyristes de 


12 R. BLANCHARD 


l'empereur refusaient d’atténuer ses revers. Les autorités de la 
ville jetèrent les yeux, pour remplir ce devoir, sur le jeune 
professeur du collège, déjà mis en relief par plusieurs sermons 
conçus d'une manière neuve et saisissante et qui avaient produit 
un grand effet. Le jeune Raspail se soumit et accepta l'obligation 
de s'occuper du discours d’apparat. Il le fit avec la ferme résolution 
de n'être pas un panégyriste, et son discours ne roula, en effet, que 
sur la nécessité de se grouper autour du chef de l'Etat pour 
défendre la patrie contre l'invasion. Ce discours fut accueilli avec 
enthousiasme, il calma l’irritation des esprits et, le lendemain, les 
paysans vinrent en foule payer les impôts. Au sortir de la cathé- 
drale, le tribunal, le sous-préfet et les autorités militaires se 
rendirent auprès de la mère de l’orateur pour la complimenter. 
Le discours fut envoyé à l'Empereur ; il revint avec cette anno- 
tation de sa main : ( Surveillez ce jeune homme, il ira loin ». 

Dans le département, dès ce moment, on ne désignait plus le 
jeune homme que sous le nom du Petit Bossuet. 

De ce triomphe, la roche tarpéienne n’était pas loin : l’abdication 
de Napoléon, qui survint le 11 avril 1814, en fut la première étape. 
Le jeune Raspail perdit sa place de professeur. La défaite de la 
France lui avait glacé le cœur; aussi, lorsque Napoléon revint de 
l’île d’Elbe, en 1815, et croyant que ce dernier saurait profiter des 
lecons du malheur, fit-il éclater sa joie et ses espérances patrioti- 
ques. Une chanson bachique échappa à son enthousiasme ; on la 
chanta pendant les Cent-Jours, mais aux derniers, une indiscrétion 
ayant trahi l'incognito de l’auteur, les royalistes s’en vengèrent 
en le faisant inscrire sur les listes des cours prévôtales dont Pointu 
était l’exécuteur dans le Vaucluse. Il fut obligé de mener une vie 
de fugitif, pendant laquelle il assista, dans Avignon, à l’égorgement 
du Maréchal Brune, dont le cadavre fut trainé dans les rues, la 
corde au cou. Il préféra revenir à la maison maternelle où, pen- 
dant six mois, avec son frère Victor, le capitaine de la vieille 
garde, il eut à soutenir plusieurs sièges contre la populace qui 
voulait le mettre à mort (1). 


(1) Un jour que, devant la maison, la foule vociférait des cris de mort, le 
jeune Raspail qui élait déjà un musicien émérite el qui fut comparé plus tard à 
Paganini. prend son vioion et se présente au balcon. Les cris redoublent ; lui, 
sans Sémouvoir, accorde son instrument, puis commence à jouer d'inspiration 
une de ces valses endiablées dont les {ziganes ont seuls le secret. Peu à peu, les 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 15 


Il ne recouvra sa liberté que lorsque la Cour de cassation, se 
rendant au cri d’indignation de toute la France, eut mis hors la loi 


_ 
* 
ce 


1 
2er 


Fig. 3. — Maison natale de F.-V. Raspail, à Carpentras. 


Trestaillon et Pointu, les chefs des égorgeurs dans le midi, pendant 
la Terreur blanche. 


cris s’apaisent, on écoute; bientôt les jeunes gens des deux sexes s’enlacent et se 
mettent à danser, entourés par les plus âgés dont la fureur est subitement calmée. 
Preuve manifeste de l’action de la musique pour adoucir les mœurs. 

Cette maison (fig. 3), où est né F.-V. Raspail, appartient aujourd’hui à la ville 
de Carpentras, qui, en souvenir de la scène relatée ci-dessus, y a élabli une école 
de musique. 


14 R. BLANCHARD 


RASPAIL A PARIS. SES PREMIERS TRAVAUX. 


Raspail quitte sa ville natale en 1816 et vient à Paris; il avait 
alors vingt-deux ans. 

Arrivé dans la capitale sans aucune ressource, il se présente 
dans plusieurs pensionnats pour donner des leçons, avant de 
réussir à être admis au collège Stanislas, dirigé alors par Stadler, 
qui lui confia, malgré son jeune âge, la classe de rhétorique et ne 
tarda pas à le considérer comme le plus ferme soutien du renom 
de l’établissement. Mais, dans le professeur perçait déjà le pamphlé- 
taire, le journaliste militant, l'ennemi acharné de toute injustice, 
en même temps que s’affirmait de jour en jour en lui le savant et 
le penseur génial. 

Un journal, La Minerve, faisait alors une opposition des plus 
vives au gouvernement de la Restauration. De Jouy, qui signait (un 
Ermite de province », écrivait une série d'articles qui faisaient pleu- 
voir sur le journal amendes sur amendes. Les autres principaux 
rédacteurs de La Minerve étaient Benjamin Constant, Garnier-Pagès, 
Paul-Louis Courrier et Béranger. Notre jeune professeur devint un 
des rédacteurs anonymes de ce journal; ses articles furent assez 
remarqués pour qu’on en attribut la paternité à de Jouy lui-même. 
Mais, un jour, celui-ci, à la suite d’un article de Raspail qui avait 
eu un grand retentissement, ne voulut pas avoir le bénéfice de ce 
qui ne lui appartenait pas, et il nomma l’auteur inconnu. Cette 
révélation devait entraîner la révocation du professeur le jour même. 

A la nouvelle de son renvoi, ses élèves, qui appartenaient aux 
premières familles de Paris et de la province, et qui l’adoraient, 
vinrent lui annoncer leur décision de quitter le collège en même 
temps que lui; ce ne fut pas sans peine qu'il parvint à leur faire 
abandonner ce projet. Par la suite, il put constater la persistance 
de cette amitié chez ces jeunes gens devenus des hommes mürs ; 
tous conservèrent de son caractère et de ses talents le plus durable 
souvenir. L'un deux, le comte Vilain XIV, lui en donna par la suite 
une preuve touchante, ainsi qu’il sera dit plus loin. 

Révant de se créer de nouveaux moyens d’existence à sa sortie 
du collège Stanislas, il accepta une place de maître d’études au 
collège Sainte-Barbe, alors dirigé par Delanneau ; mais il y resta 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 45 


peu de temps. À la mort du duc de Berry, assassiné par Louvel en 
1820, Delanneau, qui ne péchait pas par royalisme, se permit, 
devant ses professeurs, une plaisanterie sur la victime de Louvel. 
Le propos parvint aux oreilles du préfet de police; les professeurs, 
appelés, couvrirent leur directeur en assumant la responsabilité 
du propos. Le résultat fut le congé donné à Raspail quelques 
jours après. 

C’est de cette époque que date l'orientation de ses opinions 
politiques qui vinrent compléter ses opinions philosophiques, 
lesquelles l'avaient fait renoncer aux projets de sa première 
jeunesse. Les excès de la Terreur blanëhe dans le midi, qu'il avait 
vus de plus près qu'aucun autre, avaient surexcité dans son Cœur 
une patriotique indignation ; il devint bientôt un ardent adversaire 
de la Restauration, qui voulait ramener tous les abus de l’ancien 
régime et extirper les derniers vestiges de la Révolution. Aussi, 
malgré son existence laborieuse et précaire, s’'adonna-t-il active- 
ment à la politique militante : il fut affilié aux Carbonari et entra 
dans tous les complots qui avaient pour but de renverser la monar- 
chie. C’est ainsi qu’il fut pris en amitié par le vieux général 
La Fayette, le héros d'Amérique, et par le général Foy. 

Pour vivre, Raspail se fit préparateur aux baccalauréats el 
écrivit dans les journaux de l'opposition. Il publia plusieurs bro- 
chures sous le pseudonyme de M. Lutrin, entre autres : Les 
Missionnaires en opposition avec les bonnes mœurs et avec les lois de la 
religion (Paris, 1821, in-8°) et Sainte Liberté (Paris, 1822, in-8c). 

Malgré cette existence tourmentée, il avait suivi les cours de 
droit et pris toutes ses inscriptions. Il entra chez un avoué pour 
se familiariser avec la procédure, mais il abandonna promptement 
une carrière qui convenait si peu à ses goûts. 

Dès lors Raspail, à qui la science n’avait cessé d'offrir d’irrésis- 
tibles attraits, s’y livre tout entier. Doué d’une puissance d’assi- 
milation extraordinaire, il n’aborde une des branches des sciences 
physiques et naturelles que pour se montrer dans toutes non 
seulement un maître, mais un novateur. La Botanique le passionne 
et c’est par son étude qu’il est amené à faire des découvertes aussi 
ingénieuses que profondes. 

C'était à la fin de 1821 : il venait de rencontrer et d’associer à son 
existence, toute de labeur et de pauvreté, une jeune femme douée 


16 KR. BLANCHARD 


de toutes les qualités du cœur et d’une force de caractère vraiment 
surhumaine. Henriette-Adélaïde Troussot, née avec le siecle, forti- 
fia le courage de son mari sans cesse persécuté, qui passa près de 
dix années en prison ; elle l'admira d’autant plus que, d’un mot, 
il aurait pu changer les persécutions en faveur, sa misère en une 
riche position. Et bien souvent, c’est à peine si elle voyait dans sa 
maison de quoi donner du pain à ses enfants. 

Malgré le souci quotidien de faire face aux besoins de son 
ménage, Raspail se livre avec ardeur à l'étude des sciences, 
qu'il entreprend dans un ordre d'idées qui lui est tout personnel ; 
il élargit le domaine de l’observation et s'attache avec un rare 
succès à l’étude de l’organisation des êtres sous les rapports phy- 
sique, chimique et physiologique. N'ayant pas le moyen de se 
procurer les plus simples instruments qui lui sont nécessaires, il 
les fabrique lui-même. Il ne tarde pas à composer un microscope 
basé sur des procédés d'optique si dégagés de complications, qu’à 
peu de frais, il obtient l'instrument qui va lui permettre de faire 
son admirable découverte de la cellule considérée comme l’élément 
primordial de tout système organisé. Un opticien de la rue du 
Pont-de Lodi, Deleuil, lui achetla le droit de fabriquer ce nouveau 
microscope et les savants purent se procurer à bas prix un instru- 
ment qui jusque-là coûtait fort cher. Deleuil fit fortune avec le 
microscope Raspail. 

«Ce ne sont pas, écrivent ses biographes (1), de beaux instruments 
d'optique, de riches collections d'histoire naturelle, de grandes bibliothè- 
ques qui ont fait découvrir à M. Raspail ce que tant d'autres n'avaient 
point aperçu : une loupe montée, quelques gouttes de réactifs, des pots 
de terre placés devant une fenêtre en guise de serre chaude, le terrain des 
carrières de Montrouge pour jardin botanique, et, à l'heure des repas, un 


morceau de pain en face d'un verre d'eau. — Voilà quelles étaient ses 
ressources. ) 


Son état d’âme, à cette période de fièvre scientifique, il le dépeint 
dans l’éloquente défense qu'il prononça devant la 8e chambre 
de la police correctionnelle, dans le procès en exercice illégal de la 
médecine qui lui fut intenté, le 19 mai 1846, à la requête de 
Fouquier, médecin du Roi, et d’Orfila, doyen de la Faculté de 
médecine de Paris; on trouvera plus loin le plaidoyer en question. 


(1) RABBE, DE BoissoLiN et Sainre-BeuvE, Biographie des Contemporuins, 1834. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 17 


En 1824, Raspail produit son premier mémoire sur la botanique, 
ayant pour sujet La formation de l'embryon dans les Graminées et 
l'organisation de la fleur. Son ambition de jeune savant est de pouvoir 
_arriver à le soumettre à l’appréciation de l’Académie des sciences. 
A ce sujet, voici comment il raconte, dans la préface du Nouveau 
système de physiologie végétale (1), sa première déception : 

« Je me rappelle encore que je tremblais, la première fois que, dans la 
cour de l'Institut, je me sentis la force d'aborder l’un des membres de ce 
corps savant; c'était feu Desfontaines, professeur de botanique au Muséum; 
j'avais à le prier de me faciliter la lecture de mon travail, dans une séance 
hebdomadaire de l'Académie. 

— Quel en est le sujet ? 

— De la botanique (car je n’osai pas prononcer le mot de physiologie, 
tant je croyais être peu en état d'en avoir fait). 

— De la botanique ? Sont-ce des espèces nouvelles et exotiques ? 

— Non, Monsieur, ce sont des organes nouveaux et des analogies nou- 
velles. 

A ces mots, Desfontaines me tourna le dos, comme si j'avais proféré 
une insulte à laquelle il dédaignait de répondre. » 


Raspail apprend alors qu’il lui suffisait de se faire incrire et trois 
mois après, à la séance du 2 novembre 1824, il soumet au jugement 
de l’Académie ce travail (2), qui passa inaperçu en France, mais 
produisit une grande sensation en Allemagne. 

En même temps, ayant à sa disposition le riche herbier de 
Delessert, il avait entrepris de refaire entièrement la classifica- 
tion de la famille des Graminées (3), en prenant pour base, non 
les caractères fugitifs de l’enveloppe, mais les caractères anato- 
miques et physiologiques et il réduisait des deux tiers le nombre 
des genres et des espèces, dont la plupart n'étaient que des créa- 
tions fictives. L'Académie accorda peu d’attention à ce système, qui 
est aujourd’hui passé à l’état de certitude. 

Il n’en fut pas de même à l’étranger. Ces mémoires furent repro- 
duits en 1825 dans le n° 243 des Froriep’'s Notizen ; ils furent traduits 
et publiés ensuite en un volume in-8°, aux frais de l’Académie de 
Saint-Pétersbourg, par Trinius, membre de l’Académie des sciences 
de cette ville, Oken, en annonçant cette traduction dans l’Zsis (fasei- 


(1) Paris, Baillière, 2 vol. in-8° avec atlas de 60 pl., 1836. 
(2) Annales des sc. nat., IV, p. 271, mars 1825. 
(3) 1bidem, V, avril et juillet 1825. 


IS 


Archives de Parasilologie, VI, n° 1, 1903. 


18 t R. BLANCHARD 


cule 8, 1826), invita les Allemands à adopter ce nouveau système. 
Ce n’est qu'après cet accueil favorable de l'étranger que l'attention 
fut éveillée en France sur cet important travail. 


Raspail fondateur de la Théorie cellulaire. — C’est au cours de 
ses recherches que Raspail fit une importante découverte sur la 
fécule et fut amené à déterminer la cellule comme l’élément primor- 
dial de l’organisme végétal et animal. 


« Avant lui, les chimistes regardaient la fécule comme une substance 
homogène dans sa constitution ; ils avaient imaginé, en la décomposant 
par les réactifs, beaucoup de matières immédiates, qui, la plupart, n'étaient 
que des débris plus ou moins altérés de l'organe de la fructification des 
végétaux. Croyant détruire ce qui avait produit la vie des plantes et des 
animaux, ils n'avaient fait que désunir des parties organiques ; celles-ci 
reparaissaient alors dans les expériences avec des caractères nouveaux qui 
leur valaient autant de dénominations distinctes ; l'amidon devenait de 
l’amidine, la carotte de la carottine, le champignon de la fongine, la 
pomme de terre de la solanine, etc. | 

» F.-V. Raspail constata que le grain de fécule était un organe très 
compliqué, essentiellement formé d'une mince enveloppe, insoluble dans 
l’eau et dans tous les réactifs, et d’une matière gommeuse soluble dans 
l’eau. Il ne confondit pas les cristallisations qui se produisent au sein des 
plantes avec les composés de matières minérales et de gomme, d’où 
résultent, d'après lui, tous les tissus végétaux, et les composés de ces 
matières minérales et d'huile qui constituent les tissus animaux : car, de 
même que la fécule nourrit la plante au moyen de la gomme qu'elle 
contient, de même la graisse nourrit l'animal au moyen de l'huile que ren- 
ferment ses globules (1). » 


Dans un mémoire présenté à l'Académie des sciences, le 14 jan- 
vier 1833, Biot et Persoz établissent la haute importance de la 
découverte de Raspail sur la constitution de la fécule. « Il indi- 
que ainsi, disent-ils après avoir exposé ses procédés d'obser- 
vation, à l’analyse organique une route nouvelle où elle entrera 
tôt ou tard, cette route étant la seule qui puisse assurer sa marche 
et ses progrès. )» 

Raspail est bien l’un des premiers qui ait appliqué le microscope 
à l’étude des êtres organisés ; les suivant depuis la naissance 
jusqu’à la mort, notant toutes les transformations qu’ils subissent, 
ainsi que les fonctions de leurs parties ; les étudiant sous les divers 
rapports de la chimie, de la physique et de la physiologie. 


(1) Nouvelle biographie générale, publiée par Firmin Didot, 1866. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 19 


C'est ainsi qu’en 1827, il exposait la théorie cellulaire, née de 
son premier travail sur la formation de l'embryon, dans son mémoire 
sur la structure et le développement de la feuille, etc. Il tire de ce 
mémoire les remarquables conclusions qui suivent (1) : 


Que toute substance gommeuse tend, sous l'influence de l'air, à végéter, 
c'est-à-dire à s’assimiler le carbone de l'acide carbonique répandu dans 
l'air, et à former ainsi un tissu cellulaire dont les cellules sont capables 
d'élaborer intérieurement d'autres cellules et ainsi de suite (omnis cellula 
è cellulà). 

Que plus les proportions relatives de carbone viennent à s'accroitre 
dans les parois de ce tissu cellulaire, plus ces parois ont de la consistance ; 
ainsi, la substance gommeuse en s’'assimilant chaque jour du carbone, 
passe par les divers états qu'on a désignés sous les noms de mucilage, 
d'albumine et de gluten, états dont les intermédiaires varient à l'infini 
pour arriver à l'état ligneux ou bien à l'état rigide. 

Que ce qui peut se dire des végétaux s'applique immédiatement aux 
animaux : l’albumine liquide (c'est-à-dire la gomme + de la soude) sert à 
former les tissus et à les former par le même mécanisme que dans les 
végétaux... 

Que tout tissu qui se désorganise se résout en globules qui peuvent éla- 
borer dans leur sein d’autres globules et opérer le noyau d'une nouvelle 
végétation... 

Que l'hydrogène et l'oxygène s'unissent au carbone, dans une propor- 
tion telle qu'il en résulte la molécule organique. 

Que les molécules organiques s'arrangent en spirales pour former les 
parois d'une vésicule. 

Que chaque vésicule devient un laboratoire destiné à organiser d'autres 
vésicules aux dépens des éléments de l'air; et l'organisation de ces nou- 
velles vésicules n'est autre que le développement de l’un des globules 
dont se composent les parois de la vésicule primitive... 

Que chaque vésicule a besoin d’une impulsion fécondante pour croître et 
élaborer dans son sein d’autres vésicules... 

Qu'ainsi, chaque vésicule d'un végétal et même d'un animal peut être 
regardée comme le rudiment de l'être lui-même; effet d’une fécondation, 
elle se développera sans l'influence d’une fécondation ; mais son dévelop- 
pement sera modifié par les modifications de la fécondation elle-même, 
ou par les accidents qu'il rencontrera dans sa marche. De là ces divers 
modes de développement sur le même individu ; de là, ces développements 
insolites que nous nommons des monstruosités. » 


C’est là, avec toute la netteté désirable, la théorie cellulaire, que 
Schwann et d’autres devaient usurper la gloire d’avoir formulée 


(1) Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, lII, p. 86 et 308, 1827. 


20 R. BLANCHARD 


pour la première fois! Une telle interprétation est incontestable- 
ment exacte : dès 1825, Raspail résumait sa doctrine dans cet 
aphorisme, qu’il donnait pour épigraphe à son mémoire sur 
l'analyse microscopique et le développement de la fécule : omnis 
cellula è cellulä. À cette époque, Schwann avait à peine 15 ans; ce 
n’est que treize ans plus tard, en 1838, qu'il devait écrire l'ouvrage 
qui lui a valu sa réputation et dans lequel il édifiait à son tour la 
théorie cellulaire (1). 

Cette doctrine géniale, qui devait si profondément modifier la 
médecine et la biologie, Raspail la prend désormais pour guide 
unique dans ses recherches ultérieures. C’est à ce lumineux flam- 
beau qu’il s’éclaire au cours de ses études sur l’hordéine et le 
gluten (1826), sur les graisses et le tissu adipeux (1827), sur 
l’anatomie microscopique des nerîfs (1827), sur la structure intime 
des tissus de nature animale (1827-1828). Il applique cette même 
théorie à l'étude des animaux inférieurs, comme la Spongille (1827) 
et l’Alcyonelle (1828), et même des plantes, témoin ses observations 
sur le pollen (1828). 

De toutes ces recherches, conduites avec une méthode si nouvelle 
et si personnelle, résultent deux ouvrages de la plus haute valeur : 
en 1830, l’Essai de chimie microscopique appliquée à la physiologie et, 
en 1833, le Nouveau système de chimie organique. Ces deux ouvrages 
ont vraiment été les initiateurs de la microchimie et de i’histologie. 
Le dernier est particulièrement remarquable, en ce qu’il se termine 
par un exposé complet de la théorie spiro-vésiculaire ou de la 
cellule naissant de la cellule. 

La théorie cellulaire se trouve également exposée dans le Nouveau 
système de physiologie végétale et botanique (1837) et dans la deuxième 
édition du Nouveau système de chimie organique (1838 ; cf. II, p. 665). 
Plus tard, Raspail en donne encore un exposé magistral dans le pre- 
mier volume de l’Histoire naturelle de la santé et de la maladie (1843). 


Raspail fondateur de la Pathologie cellulaire. — Cet ouvrage 
Capital est peu connu des médecins ; il mérite pourtant de fixer 
leur attention d’une façon toute spéciale, car on y trouve exposée, 


| (1) Th. Scuwann, Microscopische Untersuchungen über die Uebereinstimmung 
in der Structur und dem Wachsthum der Thiere und Pflansen. Berlin, in-8e, 
1838-1839. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 21 


avec une lucidité surprenante, toute la théorie de la Pathologie 
cellulaire. Il n’est pas permis d’en douter, cette théorie féconde, qui 
a fait faire tant de progrès à l’anatomie pathologique, est tout 

entière l’œuvre de Raspail. Les passages suivants ne sont-ils pas 
assez caractéristiques ? 


« La désorganisation de la vésicule élémentaire d’un tissu organique 
peut être le germe de l'empoisonnement des vésicules congénères, empoi- 
sonnement capable de gagner de proche en proche les organes d'un autre 
ordre de fonctions (p. 36). 

» L’individu n'étant que l'organe général, que l’ensemble harmonieux des 
organes, et chaque organe n'étant que l’ensemble des cellules, organes élémen- 
taires de son tissu, ce que nous venons d'établir à l’égard de la cellule 
s'applique donc à l'Homme (p. 40). 

» Pour que les fonctions d’un organe se troublent, il faut que le milieu, 
dans lequel il puise ses éléments, se modifie, ou qu’un obstacle en inter- 
cepte la communication, ou qu’un agent destructeur désorganise la cellule 
et s'en approprie les principes organisateurs. Un organe ne se trouble pas 
lui-même » (p. #1). 


Enfin, il termine cette exposition de la maladie prenant son 
origine dans les cellules mêmes, par ce corollaire final : 


«La maladie n'est pas un être de raison, une entité idéale ; c'est un 
trouble apporté dans les fonctions d'un organe; c'est un obstacle qui 
s'oppose à la loi de l'assimilation et du développement » (p. #1). 


, Ailleurs encore, en traitant de l’étiologie et de la nosologie, 
Raspail s'exprime ainsi {p. 43) : 


« Donnez-moi une cellule malade, c'est-à-dire troublée dans ses fonctions, 
je vous la déclare désorganisée, c'est-à-dire frappée de mort. Si le ravage 
s'arrête là, l'individu en a peu de conscience, il n'est averti de la présence 
d'une cause de mort que par la gravité de ses effets. La cellule sous-jacente 
ou contiguë prend la place de la cellule désorganisée qui finit par s'isoler 
d'elle, sous forme d'épiderme, à l'extérieur, et de mucus sur les surfaces 
internes ; les cellules saines ne font pour ainsi dire que serrer leurs rangs ; 
et la vie continue le jeu de son admirable circulation, dans cette admirable 
création que nous nommons organe. Mais si, par un de ces hasards que la 
science a la puissance d'apprécier et non celle de prédire, la désorganisa- 
tion se communique de proche en proche, de cellule en cellule ; que la pre- 
mière devienne pour la suivante l'officine et le véhicule de la contagion; 
qu'elle cesse d'élaborer les sucs organisateurs, pour ne transmettre à 
l'absorption voisine que les produits de désorganisation et d'asphyxie ; 
l'invasion du mal s'étend par contagion, avec la rapidité de la circulation 
spéciale à l'organe dont fait partie la cellule infectante; et pour que la mort 


22 R. BLANCHARD 


HO] 


ne soit pas la résultante de tous ces mouvements qui se croisent, se heurtent 
et se choquent en sens contraire de la santé, il faut que, soit l'art, à l’aide 
du fer, du feu ou de la médication, soit ce que nous appelons la nature, 
c'est-à-dire ce jeu régulier de lois qui se combinent à notre insu, vienne 
à temps couper les communications organiques, entre le foyer envahisseur 
de l'infection intestine et les portions adjacentes de l'organisation ; autre- 
ment, ce point microscopique que le désordre a atteint, serait le point de 
départ de la désorganisation générale. » 


Et plus loin, en passant à l’étude analytique des causes naturelles 
des maladies (p. 46), il tient ce langage significatif : 


« La maladie ayant pour point de départ la cellule élémentaire dont l'orga: 
nisation et les fonctions microscopiques résument exactement et sous tous 
les rapports l'organisation générale, rien n'est plus propre à simplifier 
un travail de classification et de division systématique, que de prendre la 
cellule élémentaire, comme base d'une division. 

» Or, nous avons exposé que la cellule élémentaire est un organe (ou 
cristallisation vésiculaire) doué de la propriété d'élaborer en liquides les 
gaz qu'elle aspire, de combiner en nouveaux tissus ses homogènes, les 
liquides qu'elle a élaborés ou ceux qu'elle absorbe, enfin d'exhaler les gaz 
et d'exsuder les liquides qu'elle a dépouillés des éléments nécessaires à son 
élaboration. Il est donc évident que pour classer les causes capables de 
porter le trouble dans les fonctions de l'individu, nous n'avons qu'à classer 
les causes qui sont dans le cas de porter le trouble dans les tonctions de 
la cellule. 

» La cellule étant organisée pour faire partie, ou bien des tissus qui 
président aux mouvements physiques soit musculaires, soit cireulatoires, 
ou bien des tissus de cet ordre mystérieux où résident la perception et la 
pensée, deux actes de la combinaison desquels émane la volonté; il s'en- 
suit qu'on peut classer d'abord les causes des maladies en causes physiques 
et causes morales. Quant aux causes physiques, elles procèdent à leur 
œuvre de désordre et de mort : ou bien, en interceptant les matériaux 
destinés à l'aspiration ou à l'absorption (ce sont là des causes de privation 
et de Soustraction, causes privatives) ; ou bien, en introduisant dans la 
cellule, par le véhicule de l'aspiration ou de l'absorption, des germes de 
décomposition pour les liquides et de désorganisation pour les tissus 
(causes désorganisatrices) ; ou bien ce sont des causes qui détruisent l'unité 
vésiculaire, par des solutions de continuité et par l'introduction, dans la 
capacité de la cellule, de liquides bruts qui ne seraient propres à l'élabo- 
ration de l'organe vésiculaire qu'à la suite d'un certain triage (causes des- 
tructives et traumatiques). » 


Voilà plus qu’il n’en faut pour justifier notre opinion et pour 
nous autoriser à proclamer que la doctrine de la Pathologie cellu- 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. —. FRANCOIS-VINCENT RASPAIL 23 


laire est la propriété exclusive de F.-V. Raspail, qui l’a formulée 
dès 1843. 

Alors qu’en France cette théorie admirable passait inaperçue, 
un jeune.savant allemand qui, sans doute, ne la connaissait pas 
non plus, énoncçait bientôt les mêmes idées qui, sous son nom, 
devaient amener une révolution dans la science médicale. En effet, 
en 1847, dans le tome IV”de son Archiv für pathologische Anatomie 
und Physiologie, Virchow exposait, sous le nom de Pathologie 
cellulaire, la notion générale de l’individualité de la cellule, de ses 
manifestations pathologiques et de leur rôle dans les maladies. 
« S'il existe, écrit-il, une entité pathologique, cette entité, c’est la 
cellule à l'état de maladie. En dépit de la variété des processus 
vitaux dans les différents organes, la vie, qu'il s'agisse d’un 
groupe de cellules, d’un organe, d'un individu sain ou malade, 
est toujours une et la même; elle dépend de l’action uniforme 
et semblable d’une cellule indépendante. » 

Deux savants français, les professeurs Broca et Ch. Robin (1), ont 
eu beau restituer à Raspail l'honneur de cette conception de génie, 
à l'heure actuelle, c’est toujours à Virchow qu’on l’attribue. Agir 
ainsi, non seulement c’est commettre un déni de justice envers un 
de nos compatriotes, mais encore c’est enlever à la couronne scien- 
tifique de la France un de ses plus beaux fleurons. 


Nature de la caduque utérine. — A Raspail revient encore le 
mérite de quelques découvertes importantes, qui sont générale- 
ment attribuées à d’autres observateurs. Dans son mémoire sur 
l’Anatomie microscopique des flocons du chorion de l'œuf humain, il 
constate «que.la membrane dont l’œuf est enveloppé pendant la 
gestation et que les anatomistes, la considérant comme une exsu- 
dation de l'utérus, avaient appelée « membrane caduque utérine », 
n’est autre chose que la membrane muqueuse de l'utérus décorti- 
quée. Et il le prouve par l'examen microscopique de cette mem- 
brane, qui révèle les traces vasculaires d’une ancienne adhérence 
aux parois de l’utérus, et par une analyse attentive qui fait 
reconnaître avec certitude les vestiges des trois ouvertures de 
cel organe. » 

Quatorze ans plus tard, Coste, professeur au Collège de France, 


A) Ch, Romin, Anatomie et physiologie cellulaires. Paris, in-8v, 1873; cf. p. 565, 


2% R. BLANCHARD 


publiait-un travail sur le même sujet et donnait, par les mêmes 
preuves, la même démonstration; à l’heure actuelle, nos livres 
classiques attribuent encore à Coste l'honneur de cette découverte. 


Annales des sciences d’observation. — Depuis 1825, Raspail était 
rédacteur pour la botanique et l’agriculture au Bulletin universel des 
sciences de Férussac. Le Bulletin vivotait : le ministre Polignac, 
apprenant sa situation un peu gênée, lui offrit 30.000 francs de 
subvention, à la condition qu'il serait placé sous les auspices du 
duc d'Angoulême. Cette proposition fut acceptée. Cela se passait 
en 1828. Un jour, Raspail apportait son manuscrit au Bulletin : ïl 
aperçoit sur la table du secrétaire général, Depping, l’épreuve de 
la couverture modifiée du Bulletin. Aussitôt, il demande une feuille 
de papier à en-tête, écrit une lettre de démission et part en rem- 
portant sa copie. Arrivé dans la rue, il entend courir après lui ; 
c'était un de ses collègues, Jacques Saigey, chargé de la rédaction 
de physique et de chimie, qui lui dit: « Vous venez de donner 
votre démission, j'ai donné la mienne au-dessous de la vôtre. » 

Jacques Saigey, physicien émérite, était né en 1797, à Montbéliard. 
En 1822, il avait été expulsé de l’Ecole Normale, à cause de ses 
opinions anti-royalistes. 

Par suite, tous deux se trouvent à demi-ruinés, car ils étaient 
assez bien rétribués au Bulletin pour pouvoir se livrer plus libre- 
ment à leurs travaux. Néanmoins, ils ne perdent pas courage et, 
ayant trouvé un éditeur, ils fondent les Annales des sciences d’obser- 
vation, dont la Révolution de 1830 arrêta le cours. 

Le bagage scientifique que Raspail avait produit en six années, 
de 1824 à 1830, est véritablement prodigieux. Il comprend les 48 
premiers mémoires de la liste ci-dessous. Ces importants travaux, 
accumulés en un si court espace de temps, vont lui permettre, par 
la suite, au cours des heures de prison, d’écrire ses grands-ouvrages 
sur la chimie organique, la physiologie végétale et la médecine. 


RASPAIL SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET. 


La Révolution de 1830 éclate au lendemain des ordonnances et 
de la protestation des journalistes. Toute la jeunesse libérale de 
Paris s'était levée. Raspail, qui habitait alors rue Saint-Jacques, 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 


1 
O6 


n° 448, quitte, pendant les trois journées de juillet, la plume et le 
microscope pour prendre le fusil. C’est ainsi qu’il se trouva devant 
la caserne de Babylone, que les Suisses défendaient avec acharne- 
ment et que la foule attaquait avec intrépidité. Presque en même 
temps que le jeune polytechnicien Vaneau était tué, Raspail recevait 
au front une balle qui dévia au-dessus de l’arcade sourcilière sans 
briser l’os ; tombé, on l’emporta couvert de sang dans une maison 
voisine pour le panser, au moment où la caserne était enlevée. 

Le nouveau pouvoir, qui désirait attacher à sa cause des hommes 
de la valeur de Raspail, lui fit offrir la place de Conservateur 
général des collections du Muséum. Mais il refusa cette proposition, 
n'ayant pu s'entendre sur les conditions très catégoriques qu'il 
mettait à son acceptation. 

Il reçut la décoration de juillet, instituée par la loi du 13 dé- 
cembre 1830 pour rappeler la part prise aux « trois glorieuses » 
par ceux qui la reçurent. 

Dès lors Raspail, tout en reprenant avec ardeur ses études qu'il 
ne cessera de poursuivre jusque dans son extrême vieillesse, 
se jette dans l'opposition militante ; le savant marche de pair 
avec l'homme politique ; l’un ne peut être séparé de l’autre. 

A la suite d’une lettre insérée dans la Tribune, dont il est un 
des principaux rédacteurs, et qu’il avait signée : «Raspail, briga- 
dier de la {re pièce de la 4e batterie » (artillerie de la garde natio- 
nale), il est appelé, le 26 février 1831, devant le juge d’instruction 
pour avoir à S’expliquer sur cette lettre qui, d’après le magistrat, 
offensait le roi et la garde nationale. Mais, au lieu de l’assignation 
en Cour d’assises qu’il attendait, Raspail reçut, le 16 mars suivant, 
une lettre ministérielle lui annonçant sa nomination de Chevalier 
de la Légion d'honneur. Le Moniteur, le même jour, parut avec une 
ordonnance portant : « Le Roi a nommé Chevalier de la Légion 
d'honneur M. Raspail, naturaliste. » 

Le lendemain, la Tribune insérait la lettre suivante, reproduite 
par plusieurs journaux de Paris : 


Monsieur le Ministre, 


Je recois la lettre par laquelle vous me faites l'honneur de m'annoncer 
que, par ordonnance du 12 mars, Sa Majesté a daigné me conférer le titre 
de Chevalier de la Légion d'honneur. 

Je m'empresse, Monsieur, de vous prier de rapporter cette ordonnance. 


26 R. BLANCHARD 


Si la croix d'honneur s'était conservée la croix des Monge, des héros 
de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna, peut-être aurais-je eu la faiblesse de, 
braver mille fois la mort pour la mériter. Mais depuis la Restauration, 
on l'à prodiguée à tant de bureaucrates ou de traîtres qui ont tout fait 
contre nos libertés, qu'en l’acceptant, je semblerais insulter à la situation 
de mes camarades de juillet. | | 

La seule décoration à laquelle mes opinions essentiellement républi- 
caines me permettent de prétendre, c'est la décoration spéciale des trois 
journées ; celle-là n’ennoblit pas, elle honore ; elle n'aura été flétrie par 
aucune boutonnière indigne. 

Agréez, etc. 

RaspAIL, homme du peuple. 
Paris, 17 mars 1831. 

Le gouvernement fut convaincu qu’il n’y avait plus aucun ména- 
gement à garder envers l’homme qui refusait ses faveurs avec uñ 
tel dédain. Le décorable de la veille est changé en condamnable le 
lendemain. L’instruction relative à la lettre du 18 février est rou- 
verte et Raspail est cité devant la Cour d'assises, qui le condamne, 
dans son audience du 10 mai 1831, à huit mois de prison et 800 
francs d'amende. “ 


Le Procès des Quinze. — À ce moment, il était président de la 
Société des Amis du Peuple, Ceette fille forte du carbonarisme », qui 
commençait à inspirer des inquiétudes au gouvernement. On 
décida, en haut lieu, d'atteindre et de frapper les plus influents de 
ses membres et une instruction fut ouverte contre eux, au mois de 
juillet 1831. Quinze membres de la Société furent renvoyés devant 
là Cour d’assises, sous la prévention d’excitation à la haine et au 
mépris du gouvernèment et de provocation, non suivie d'effet, au 
renversement du gouvernement. Raspail était le premier des 
accusés. j 

Les débats du Procès des Quinze occupèrent les audiences des 
10, 11 et 12 janvier 1832. Ils eurent un retentissement immense 
dans toute la France. Raspail s’y révéla comme un des premiers 
orateurs du siècle. Sa stalle d'accusé devint pour lui une tribune : 

« L'avocat du Roi, s’écrie-t-il, prétend que les républicains 
parlent toujours de détruire, jamais d’édifier ; riches, écoutez notre 
doctrine, je vais vous la formuler. » 

Et, pendant deux heures, il expose tout un programme de réformes 
sociales qui, pour l’époque, apparaissent comme des utopies, alors 
qu'aujourd'hui elles sont pour la plupart réalisées. 


, 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 27 


Sous l'impression de cette magistrale défense, qui avait soulevé 
plusieurs fois les applaudissements de l’auditoire, le jury, après 
une longue délibération et au milieu d’une émotion profonde, 
déclara : «que les articles incriminés contenaient les délits relevés 
par l'arrêt de renvoi ; mais en même temps, que les prévenus 
n'étaient pas coupables de ces délits. » 

C'était l’acquittement et la mise en liberté immédiate des accusés. 
Mais la Cour ne l’entendait pas ainsi. Le ministère public demande 
qu’il soit statué sur les réserves qu’il avait faites contre certains 
passages de la défense de plusieurs des prévenus. La Cour y fait 
droit et, séance tenante, sans le concours du jury, elle condamne 
Raspail à quinze mois de prison et 500 francs d'amende et les 
autres accusés à des peines allant de six mois à un an de prison. 

Raspail, qui avait fait sa prévention à la Force, est transféré à 
Sainte-Pélagie, puis, quelque temps après, à la maison d’arrêt de 
Versailles, où il subit sa peine (pl. [). | 

L'homme politique captif redevient le savant infatigable. [lécrit, 
pour l’éditeur Hachette, un Cours élémentaire d'agriculture et d’éco- 
nomie rurale, dont la place était marquée dans toutes les écoles. 
On y trouve la première idée des Comices agricoles. C'est égale- 
ment pendant sa captivité à Versailles qu'il fait paraître la première 
édition, en un volume, du Nouveau système de chimie organique fondé 
sur de nouvelles méthodes d'observation, «ce premier monument 
de sa gloire scientifique », qui était la condensation d’une partie 
des travaux qu'il avait produits de 1824 à 1830. 


Raspail et le prix Monthyon; le Procès des Vingt-sept. — À 
peine est-il sorti .de prison, que l’Académie des sciences le juge 
digne du prix Monthyon de 10.000 francs, destiné à récompenser 
l'ouvrage scientifique le plus utile à l'humanité. 

Le 5 juillet 1833, le président de ce corps savant, Geoffroy Saint- 
Hilaire, lui écrit la lettre suivante : 


Monsieur, 


Vos recherches microscopiques ont fait connaitre la nature intime de 
certains points moléculaires ; elles ont mis à la portée de la Société de 
nouveaux matériaux, et ainsi créé à son profit des trésors d'une fécondité 
toute puissante. 

Elles ont sur moi, comme membre de la Société, une influence de gra- 


28 R. BLANCHARD 


titude et de haute estime pour leur auteur. Que je fusse resté entièrement 
isolé, je nourrissais pour vous, au fond de l'âme, un respect profond, 
comme j'en concçois pour les bienfaiteurs de l'humanité. 

Ma position est de donner de l'encouragement à tous les efforts heureux 
qui se font en faveur des sciences ; d'être, comme Président, la pensée 
active et providentielle de tous les Hheninee de la corporation. 

Or, qui a plus de droits, Monsieur, aux encouragements des savants 
que vous, qui venez d'ouvrir une nouvelle voie de recherches, en trouvant 
des faits aussi pleins d'avenir, en créant des idées si nouvelles et si heu- 
reusement inspiratrices d'idées subséquentes ? 

En partant pour le midi de la France, avec une commission scienti- 
fique, je dis dans un cercle que j’eusse proposé un prix de 10.000 francs 
pour l'invention du sulfate de quinine... Vous êtes, Monsieur, pour vos 
recherches et vos découvertes qui, je crois, datent de sept ans, dans la 
même situation : l'utilité de vos travaux éclate au moment même et leur 
avenir d'influence est bien autrement incommensurable que cela ne me 
paraissait être autrefois à l'égard du sulfate de quinine. 

En définitive, je pense qu'une récompense solennelle sur la fortune 
laissée à la France par le philanthrope Monthyon, vous est due ; je m'en 
suis ouvert vis-à-vis de mes collègues ; la disposition des esprits est très 
favorable à mes vues. 

Maintenant, pourquoi cette lettre ? J'aurais pu agir à votre insu, c'est 
vrai, et c'eût été mieux. Mais si vous répondez en des termes que je puisse 
faire valoir vis-à-vis de certains esprits revêches, vous servez mon plan 
de conduite. 

Veuillez, Monsieur, agréer l'hommage vrai et profond de ma très. 


haute considération. ‘ 
GEOFFROY SAINT-HILAIRE. 


Le Ministre de l’Instruction publique, Guizot, apprenant la déci- 
sion de l’Académie des sciences, s’écrie : (Il ne faut pas que cet 
argent aille grossir la caisse de l’émeute. » Il mande auprès de lui 
le Président de l’Académie, mais sans pouvoir vaincre ses résis- 
tances. 

Quelques jours après, le 23 juillet 1833, Raspail est arrêté à la : 
sortie d’une réunion de l'Association en faveur de la Presse, qu’il 
avait présidée en l'absence du général La Fayette, empêché. Le 
commissaire de police prétendait avoir relevé, dans son discours, 
une excitation à la haine et au mépris du gouvernement. 

Raspail comparut devant la Cour d'assises de la Seine, le 14 
novembre. 

— Votre nom, votre âge, votre demeure ? demanda le Président. 

— Je me nomme Raspail ; j’ai trente-huit ans ; depuis trois ans 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 29 


mon domicile est à la Force, à la Conciergerie, à Sainte-Pélagie et 
à la maison d’arrêt de Versailles. 

Raspail, dans son éloquente défense, montre la persécution qui 
s’acharne après lui, et le jury l’acquitte ; mais il n’est pas mis en 
liberté, et il est retenu sous une autre prévention, celle de complot 
contre le gouvernement établi. 

On l’implique dans le procès intenté à des membres de la Société 
des droits de l’homme et du citoyen; ce procès, dit des Vingt-sept, 
vint devant la Cour d’assises le 11 décembre, il se prolongea jus- 
qu’au 22 et le jury répondit NoN aux 55 questions qui lui étaient 
posées. 

Raspail fut rendu à la liberté, après six mois de prévention : 
son double acquittement démontrait et l’inanité des poursuites 
dirigées contre lui et la violence des agents du pouvoir contre un 
homme indépendant. 

Guizot triomphait : le prix Monthyon de 10.000 francs ne fut 
pas décerné à Raspail. 

C’est cette même année 1834 que Raspail publia son Mémoire 
comparatif sur l’histoire naturelle de l’Insecte de la gale. 


Le Réformateur. — Malgré la perspective des saisies et des 
amendes qui allaient fondre sur un journal de l'opposition, grace 
au régime auquel la presse était alors soumise, Raspail fonde le 
Réformateur avec 100.000 francs que lui apporte son ami Guillard 
de Kersausie, neveu de La Tour d'Auvergne. Le premier numéro 
parut le 8 octobre 1834 ; le succès du journal fut énorme. 

Ce n’est pas seulement en physiologie, en chimie et, quelques 
années plus tard, en médecine, avec la théorie des infiniment 
petits comme générateurs d’un grand nombre de maladies, que 
F.-V. Raspail devançait ses contemporains; c’est aussi dans les 
sciences économiques et sociales que son esprit si puissamment 
organisé lui faisait jeter les jalons des futures réformes sociales. [l 
n’est à peu près aucun des progrès accomplis dans la seconde 
moitié du XIXe siècle, dont il n'ait émis le premier l’idée dans 
le Réformateur : 

Le suffrage universel, pour lequel il s’attire en 1835 les plus 
acerbes critiques des républicains les plus avancés de l’époque, 
triomphe en 1848, puis finit par s'imposer même aux gouverne- 
ments despotiques de l’Europe ; 


90 5 R. BLANCHARD 


L'instruction gratuite et obligatoire, réclamée par lui, est actuel- 
lement en pleine prospérité: 3 fa 

La décentralisation pour les intérêts locaux est en Dante réalisée 
par la loi municipale de 1884 ; 

L'arbitrage tend de plus en plus à devenir la loi des DL tie pour 
le règlement des différends entre patrons et ouvriers, aussi bien 
qu'entre les puissances antagonistes, en attendant qu’il remplace 
pour les particuliers toute la procédure si ruineuse autant pour le 
gagnant que pour le perdant ; 

Le grand principe de la clémence a été introduit tout récemment 
dans le code par la loi Bérenger : c'est là un premier pas vers la 
réforme pénale et surtout pénitentiaire que Raspail a déyclGonse 
en 1834 et 1855. 

D’autres réformes, réclamées alors par lui, sont encore à l’état 
d’utopies : tel est l'impôt unique et progressif, que Raspail considé- 
rait déjà il y a près de soixante-dix ans, comme le seul équitable. 

De telles doctrines émises, à cette époque, dans un journal, ne 
pouvaient que le faire écraser sous les amendes. Le Réformateur, 
frappé de tous côtés, devait succomber dans la lutte. 

Dans l’un des premiers numéros, Raspail avait écrit un article 
dans lequel il réprouvait le duel et qui avait pour titre : Le duel ne 
prouve rien ; le sang ne lave pas, il tache. Au même moment, une 
polémique était engagée entre le Bon sens et le Réformateur ; elle 
devient, de la part du premier journal, agressive et violente ; 
Cauchois-Lemaire, qui en est le rédacteur en chef, croyant que 
l’article de Raspail sur le duel est motivé par de la pusillanimité 
de sa part, lui adresse une injure directe et personnelle. 

(-— Ah! répond Raspail, permettez ! Dans l'intérêt de mon 
parti dont je suis solidaire, vous me mettez dans la nécessité de 
me battre ! C’est l’ami de la liberté de son pays, c’est le républicain 
enfin qui relève le gant du partisan dissimulé de la monarchie. 
J'ai réprouvé le duel comme moyen de servir sa personne je 
l’admets comme moyen de servir son parti. » 

Après divers pourparlers entre les témoins sur le choix ls 
armes, Raspail qui, d'abord, a choisi l’épée, laisse à Cauchois- 
Lemaire le droit de choisir le pistolet, parce que, pour ce dernier, 
le combat à l’épée, disent ses témoins, ne pourrait être que le 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. —. FRANCOIS-VINCENT RASPAIL J1 


sacrifice de: sa personne (1). La rencontre eut lieu le 2, octobre 1832, 
au bois de Vincennes; Cauchois-Lemaire fut zut d’une balle, 
qui ne le blessa point. 

En maï 1835, dans deux procès intentés ut la Chomhte des 
députés au Réformateur , puis à plusieurs journaux de l'opposition 
devant la Chambre des pairs, Raspail se montra l’orateur puissant 
qu'il s'était révélé au procès des Quinze. 

La Gazette de France terminait ainsi un éloge complet du dis- 
cours prononcé devant la Chambre des députés : « M. Raspail est 
sans doute une grande exception dans son parti ; à la Convention, 
il eût été un autre Barnave, et il aurait passé comme un météore. » 

À la Chambre des pairs, l'impression fut la même ; Sainte-Beuve 
cite cette appréciation du premier président Pasquier : € Dans la 
Chambre des pairs, je n’ai entendu que deux discours vraiment 
éloquents : celui de Montalembert et celui de Raspail. » 

Lamartine, qui assistait à la séance, rapporte dans ses Mémoires 
la même impression. 

Le gouvernement, qui cherche par tous les moyens à supprimer 
le Réformateur, profite de l’attentat de Fieschi, qui eut lieu le 
28 juillet 1835, pour faire arrêter arbitrairement Raspail aux por- 
tes de Nantes, où il était appelé pour présider un grand banquet 
démocratique. Il est ramené de brigade en brigade à Paris, mais 
faute de mandat d'amener, on ne veut le recevoir à aucune prison. 
L'ordre arrive enfin, de Thiers, de l’écrouer à la Force. Mais ne 
pouvant l’incriminer en rien, on allait être contraint de rendre une 
ordonnance de non-lieu. Le juge d'instruction le lui annonce et 
clôt, par sa signature, l'instruction. Puis il engage avec Raspail 
une conversation, d’abord sur ses découvertes scientifiques, ensuite 
sur ses aspirations politiques. 

Au cours de cette causerie, Raspail D nee eu l’'imprudence de 
s’exprimer en toute franchise, le juge déclara rouvrir l'instruction 
et lui dressa procès-verbal pour outrage à un magistrat dans l’exer- 
cice de ses fonctions. Raspail comparut le 13 août devant le tribu- 
nal correctionnel, qui le condamna à deux ans de prison et cinq 
ans de surveillance de la haute police. 

La Cour d'appel maintint la prison, mais enleva la peine de la 


(4) E.-V. Raspail avait la réputation d’être un maitre de l’escrime, 
] F 


32 R. BLANCHARD 


surveillance, qui avait soulevé un tolle général dans toute la presse. 
La Cour de cassation, le 22 octobre, cassa cet arrêt et renvoya 
Raspail devant la Cour de Rouen, qui le condamna, le 11 décembre, 
à six mois d'emprisonnement qui devaient se confondre avec les 
cinq mois de prévention; c'était, dans l'espèce, un quasi-acquit- 
tement. 

Mais le but était atteint : en l'absence de son rédacteur en chef 
et sous le poids des 115.000 francs d’amende qu'il s'était attirés, le 
Réformateur avait cessé de paraître, le 28 octobre 1835 ; du reste, 
avec les fameuses lois de septembre sur la presse, qui étaient 
l'épilogue de l’attentat de Fieschi, il ne lui aurait pas été possible 
de subsister. 

Raspail revint avec ardeur à ses études favorites ; il publia, en 
1836, son Nouveau système de physiologie végétale et de botanique ; 
puis différents ouvrages que nous énumérons plus loin. 


Raspail et la Toxicologie; polémiques avec Orfila. — En 1839, 
Raspail se mesure en public avec Orfila, doyen de la Faculté de 
médecine de Paris et médecin légiste, dans l'affaire des époux 
Mercier, jugée par la Cour d’assises de Dijon. L’accusation con- 
cluait à un empoisonnement par l’arsenic. Orfila soutenait que la 
preuve de l’empoisonnement était faite, du moment qu’on cons- 
tatait la présence, même atomique, de l’arsenic dans les viscères 
de la prétendue victime. Raspail affirmait, au contraire, que là 
était le grand danger de la médecine légale, qu'elle pouvait amener 
les plus terribles erreurs judiciaires, attendu que, d’après lui, 
l’arsenic existait à peu près partout et jusque dans le corps 
humain (1) à des doses minimes à la vérité, mais suffisantes pour 
pouvoir être révélées par une minutieuse analyse. Or, là encore 
Raspail avait eu la prévision de ce qui, soixante-cinq ans plus 
tard, vient d’être démontré par les CAPÉRENCES récentes du pro- 
fesseur A. Gautier. 

Toujours est-il qu'Orfila avait en Raspail un redoutable adver- 
saire et comme orateur et comme chimiste. Les débats, que l’on 
trouvera rapportés tout au long dans l’ouvrage de Rognetta déjà 
cité, furent sensationnels. Le jury, très impressionné par les 


(4) Rocnerra, D. M. P., Nouvelle méthode de traitement pur l’arsenic. Paris, 
1840 ; cf. p. 41. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 39 


arguments développés par Raspail, acquitta la femme Mercier et 
ne condamna le mari, avec circonstances atténuantes, qu’en s’ap- 
puyant sur les preuves morales seules, ainsi qu’il eut soin de le 
déclarer dans les journaux de la localité. 

__ L'année suivante, le procès Laffarge, qui se déroula devant les 
assises de Tulle, dans le courant de septembre 1840, fournit à 
. Raspail une nouvelle occasion de combattre Orfila sur le terrain de 
la chimie légale. 

Un jeune avocat du barreau de Limoges, Babaud-Larivière, 
arrivait le 17 septembre à Paris, apportant à Raspail une lettre 
contenant ces lignes touchantes de Mme veuve Laffarge : 

« Je suis innocente et bien malheureuse ! Je soufire et j'appelle 
a mon aide votre science et votre cœur. J'espère en vous : prêtez à 
la pauvre calomniée l’appui de votre science, venez me sauver 
alors que tout m’abandonne. » 

Raspail et son jeune compagnon partirent une heure après l'arri- 
vée de ce dernier à Paris. Ils firent; en poste, cent vingt lieues en 
quarante heures, mais ils arrivèrent trop tard, par suite d’un acci- 
dent survenu à la voiture, dont un essieu se brisa. L'arrêt venait 
d’être rendu. En route, Raspail avait étudié toutes les pièces con- 
cernant les expertises faites d’abord par les pharmaciens-chimis- 
tes de Limoges et de Tulle, qui n’avaient pas trouvé trace d’arse- 
nic dans les viscères de Laffarge ; puis par les chimistes-experts 
de Paris, qui avaient constaté la présence de l’arsenic. 

Aussitôt, Raspail rédige un long mémoire à l’appui du pourvoi 
en cassation, avec cette épigraphe : « Que Dieu préserve l’inno- 
cence des tours de force de la chimie invoquée devant la loi ». 

Le procureur général Dupin déclara que, le mémoire de Raspail 
à la main, il demanderait la cassation de l’arrêt de la Cour d’assises 
de la Corrèze, s’il n’y avait pas la preuve que le jury, par ses 
réponses, n'avait établi sa conviction uniquement que sur les 
preuves morales. Aucun cas de nullité n’ayant été relevé au cours 
de la procédure et des débats, la Cour de cassation rejeta le pourvoi. 


Raspail entreprend de réformer la Médecine. — (est à partir de 
1840 que Raspail songe à réformer la médecine, comme il avait 
déjà rénové la chimie organique et la physiologie. Son nouveau 
système allait s’échafauder sur la théorie cellulaire et, par suite, 


34 < KR. BLANCHARD 


sur l’origine de la maladie prenant sa source, le plus souvent, 
dans la cellule même, d’où la pathologie cellulaire. : 

Il expose ses premières théories médicales dans la Gazette des 
hôpitaux (1), dans l’Expérience (2) et dans le Bulletin général de théra- 
peutique (3). Iln'avait encore énoncé que les simples principes de sa 
méthode future, qu’il s’attirait déjà l’anathème des médecins, pour: 
qui la doctrine de Broussais ne souffrait pas la contradiction, Mais 
ces publications n'étaient que le prélude du grand ouvrage qui 
devait paraitre en 1843, l'Histoire naturelle de la santé et de la 
maladie chez les végétaux et chez les animaux en général et en particu- 
lier chez l'Homme. Mn 

Ce livre remarquable (4) est très peu connu de la génération 
médicale actuelle; et pourtant, avec quelle surprise n’y rencontre- 
t-on pas une foule de notions aujourd’hui classiques, alors énon- 
cées pour la première fois! On. est stupéfait d’y trouver en germe 
ou plus ou moins complètes, suivant les cas, les grandes conquêtes 
que la médecine a réalisées dans ces cinquante dernières années : 
les théories parasitaires actuelles, l’antisepsie, l’asepsie, etc., y 
sont caractérisées de la facon la plus inattendue, ainsi que nous 
allons le démontrer. 

Après la publication de l'Histoire naturelle de la santé et de la 
maladie, dans laquelle il tendait à simplifier la théorie médicale 
et la thérapeutique, Raspail en vulgarisa les principes, qui ne 
tardèrent pas à devenir populaires, par la publication, d’abord en 
184%, d’un petit traité intitulé : Médecine des familles, puis, en 1845, 
du Manuel annuaire de la santé ou médecine et pharmacie domestiques. 

Ce livre, dont il publia régulièrement chaque année une nouvelle 
édition, et qui en est à sa 58e année, contient, outre l'exposé com- 
plet de son nouveau système médical, un cours de morale qui fai- 
sait écrire à un journaliste de valeur : 


« Lecteur assidu, dès ma jeunesse, des ouvrages de F.-V. Raspail, Jai 


(1} Numéros des 17 et 29 novembre 1838, 21 juillet 1840. 

(21) Numéros des 22 novembre 1838 et 24 juillet 1840. 

(3) Numéros des 15 et 30 novembre 1838. 

(4) En l’annonçant dans la Revue Suisse, Sainte-Beuve s'exprime ainsi au sujet 
de ce livre : « Je lé lis, c’est du plus haut intérêt philosophique, systématique et 
à la fois nourri d'observations physiques et microscopiques, c’est une de ces 
théories fondamentales comme depuis longtemps l'École n’en fait plus, une tenta- 
tive hardie de réforme de toute la science de la vie et par suite de l’art de guérir, 
une forme de contrat social de la physiologie et de la thérapeutique » (a). 


(4) SAINTE-BEuvE, Chroniques parisiennes (1845-1845). Paris, 1876 ; cf. p. 48. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANCÇOIS-VINCENT RASPAIL 3) 


conservé un respectueux souvenir de la haute moralité qui y éclate à 
chaque page. Raspail a fait de la médecine de charité et de l'hygiène 
religieuse. Son Manuel de la santé était.en même temps le guide du bon 
citoyen, de l'époux, du père. Il voulait des enfants sains et robustes, et 
disait à l'homme : ne salis ni ta pensée, ni ton Corps » (1). 


La première édition du Manuel de la santé débute par une lettre 
dans laquelle Raspail expose le but humanitaire vers lequel il 
concentre ses eflorts, en la faisant précéder de cette dédicace : 


AUX RICHES, 
DANS L’INTÉRÈT DES PAUVRES ; 
A CEUX QUI SONT HEUREUX, 
DANS L’INTÉRÈT DE CEUX QUI SOUFFRENT. 


_ Théories parasitaires. — Voila cinquante à soixante ans, les 
savants étaient des gens heureux : ils avaient dans les écrits de 
Raspail une source d'inépuisable gaîté. Les « infiniment petits », 
les « Infusoires », les « parasites microscopiques », dont Raspail 
avait concu l'existence, mais dont, malgré ses microscopes, il 
n'avait pas su démontrer la réalité, ne méritaient-ils pas, en efet, 
de prendre rang parmi ces êtres chimériques que l'imagination de 
certains poètes s'était complue à décrire ? On riait donc de bon 
cœur aux dépens de l'écrivain qui, non médecin, se mêlait de 
raisonner sur la médecine et avait la prétention excessive d’en 
rénover les doctrines. 


« C'est à la philosophie, c'est à l’histoire de la nature, disait Raspail, à 
nous apprendre à deviner l'ennemi qui échappe à notre vue et à nous indi- 
quer les moyens de le détruire, dans la profondeur de nos tissus qu'il 
dévore, alors que nous ne pouvons pas l'y saisir. La médecine ne cessera 
d’être une science de mots et de conjectures, qu'en entrant hardiment 
dans cette veine d’études nouvelles et en s'armant du flambeau qui porte la 
Lumière sur les traces des infiniment petits. 

» C’est assez dire que, dans les chapitres qui vont suivre, nous n'avons 
pas à nous occuper des maux qui nous viennent par les coups des animaux 
de grande taille. Ce sont là des cas de médecine opératoire, qui se réparent 
à l’aide des mains et qui rentrent dans la catégorie des blessures. Notre 
tâche se borne à étudier ce qui s'infiltre dans nos tissus par voie chimique, 
ou ce qui s'y insinue par voie.mécanique, mais à notre insu et d'une 
manière inaccessible à notre vue (2). » 


(4) Aurélien Sono, L’Evénement, 3 juin 1874. 
(2) Histoire naturelle de La santé et de ta maladie, T, p. 289, 1843. 


96 R. BLANCHARD 


Ailleurs encore, il déclare que « ses recherches l’ont amené à 
admettre que le plus grand nombre des maladies émanent de 
l'invasion des parasites internes et de l'infection par les produits 
de leur action désorganisatrice (1). » | 

Quarante ans ont passé, Pasteur a surgi, son école s’est consti- 
tuée, et voilà que les (infiniment petits » de Raspail sont devenus 
les microbes ! Un pas de plus, et les «produits de l’action désor- 
ganisatrice» des «parasites microscopiques» sont devenus les 
toxines ! On peut donc l’affirmer, Raspail est l’un des  PrÉCHÉAUS 
les plus directs de la doctrine microbienne. 

Raspail est allé plus loin encore; il a eu l’intuition des méprises 
dans lesquelles les micrographes tomberaient pour ne pas s'être 
inspirés suffisamment de la théorie cellulaire : 

« Distinguez bien, écrivait-il en 1838, dans son Nouveau système de chi- 
mie organique, l'animal qui cause la pustule et qui s'en va ayant horreur 
de son propre ouvrage, d'avec l'animal qui naît et qui se développe dans le 
liquide purulent. Nous savons qu'une infusion de viande ne tarde pas à 
fourmiller d'animalcules très bien figurés et très bien décrits par Müller ; 
placez de l’albumine, du lait ou de la farine mêine, dans l’eau exposée au 
contact de l'air, vous ne tarderez pas à y découvrir au microscope des 
myriades de petits animalcules divers, qui se succéderont dans ce petit 
monde, comme les générations sur le nôtre. Or, une pustule est un petit 
godet plein d'albumine qui se gâte ; il doit donc s'y former des Infusoires, 
ainsi que dans un godet de plus grande dimension. Si vous n'êtes pas 
avertis, vous prendrez la pustule, simple récipient, pour l'effet de l’Infusoire 
qui l’habite et qui n'y est venu qu'après coup. » 

N'est-ce pas là toute la doctrine des associations microbiennes, 
ou plutôt des successions microbiennes, au parasite qui a été la 
cause réelle de la maladie venant s’en surajouter ou substituer un 
autre qui n’est que la conséquence même de cette maladie, en ce 
sens qu’elle lui offre un terrain propice à sa vertigineuse repro- 
duction ? 


Le pansement antiseptique. — L'antisepsie, dont se glorifie la. 
chirurgie de nos jours, c’est encore Raspail qui en a été l'initia- 
teur (2). 


(1) Manuel annuaire de lasanté pour 1845, p. 56. 

(2) Gruby mérite aussi d’être compté au nombre des précurseurs de l’antisepsie 
moderne, ainsi que je l’ai montré ailleurs (a); toutefois ses publications à cet 
égard sont postérieures de seize années à celles de Raspail. 


(a) Archives de Parasitologie, TL, p. 190-193, 1900. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANCÇOIS-VINCENT RASPAIL : 37 


En 1843, c’est-à-dire à l’époque ou il publia la première édition 
de l'Histoire naturelle de la santé et de la maladie, on ne connaissait 
même pas la simple propreté en chirurgie ; on pansait par exemple 
un amputé, après avoir rapproché les lambeaux à l’aide de points 
_ desuture ou de bandelettes de diachylon, en recouvrant le moignon 
d’un linge fenestré et cératé, d’une couche de charpie, le tout main- 
tenu par des compresses et un bandage appropriés. Ce n’était, en 
général, que vers le troisième jour que ce premier pansement était 
enlevé; on attendait que la suppuration eût supprimé toute adhé- 
rence entre les pièces du pansement et la solution de continuité ; et 
c'était la quantité de pus qui percait les compresses et les bandes 
qui guidait le chirurgien pour l’enlèvement de l’appareil, quand ce 
n’était pas l’odeur fétide qui s’en exhalait. Généralement, on ne 
faisait aucune ablution pour nettoyer la plaie du pus qui la recou- 
vrait; on se contentait d’éponger ce pus avec de la charpie. Quant 
à la peau environnante, tout au plus la lavait-on avec une éponge 
mouillée, lorsqu'elle était par trop souillée de pus ou de sang. 

Aussi, les complications étaient fréquentes et nombreuses : 
l’æœdème, l’érysipèle, les fusées purulentes, la fonte ulcéreuse des 
tissus, les phlébites, la carie et la nécrose de l’os ; puis, comme 
résultante, le tétanos et la pyohémie qui emportaient rapidement 
le patient. Contre l’érysipèle et l’inflammation, on appliquait des 
cataplasmes émollients, qui prédisposaient encore plus la plaie à 
la pourriture d'hôpital. 

Tous les praticiens, dont les études médicales remontent à plus 
de trente ans, doivent se rappeler ce mode de pansement, alors 
classique, et les fâcheuses conséquences qui en résultaient. Pour 
moi, qui ai encore vu à l’œuvre les derniers représentants de 
cette ancienne chirurgie, je garde le souvenir ému du spectacle 
qui s’offrait chaque matin à mes regards : la gangrène, la pourri- 
ture d'hôpital, les fièvres septiques, la fièvre puerpérale ravageant 
les hôpitaux et fauchant des victimes chaque jour renouvelées. 

Du temps de Raspail, l’état de choses était le même : il connais- 
sait les graves dangers inhérents à toute opération chirurgicale, il 
les attribuait avec raison à des infections causées par des « animal- 
cules » venus de l’extérieur et la préoccupation de détruire ces 
derniers le conduisit à composer un nouveau pansement des plaies 
en général et en particulier des plaies opératoires. Le camphre en 
était le principal ingrédient. 


38 R. BLANCHARD 


On a attribué à Raspail la pensée d’avoir voulu faire du camphre 
une sorte de panacée universelle; en réalité, il a groupé autour de. 
ce produit un certain. nombre. de médicaments qu'il avait jugés 
suffisants pour le traitement des maladies en général et den si 
pouvait garantir l’innocuité sur les organes sains. à 

L'eau sédative peut être considérée comme la partie la plus puis- 
sante de sa méthode; elle est composée de 60 grammes d’ammo- 
niaque saturée de camphre et de 30 grammes de sel marin; c’est 

essentielléèment par le camphre qu'elle agit : 


« Je né pouvais pas, écrit Raspail, arrêter ma préférence sur une 
substance meilleure que le camphre, dans le double but d'étoufter la cause 
immédiate du mal et d'en neutraliser les effets. Si j'avais eu sous la main 
un médicament d'une plus grande énergie sous ce double rapport et 
sans danger pour l'organisme, je n'aurais pas basé ma médication sur 
le camphre (1). » | 

» Ses qualités antiséptiques ou antiputrides sont telles qu'on peut lais- 
ser impunément pendant une année, de la viande dans un bocal rempli 
d'eau, sans qu'elle s'y corrompe, pourvu qu'on ait la précaution de 
déposer, à la surface de l’eau, une quantité suffisante de grumeaux de 
camphre, que l’on renouvelle à mesure qu'il s'évapore (2). » 

» Avec mon mode de pansement, on n’a à redouter aucun accident con- 
- sécutif d'une opération chirurgicale, quelle qu’en soit l'importance : ni 
fièvre traumatique, ni tétanos, ni gangrène, ni pus de mauvaise nature ; 
et le travail de cicatrisation commence dans les vingt-quatre heures (3). » 


C'était donc bien de l’antisepsie qu'il faisait, le mot même lui était 
familier : | 


«€ Le camphre participe de la propriété antiseptique et antifermentescible 
que possèdent toutes les huiles essentielles ; mais sa qualité concrète 
semble augmenter cette précieuse propriété (4). » 


Et ailleurs encore : 


« Prévenir la putréfaction par l'emploi des baumes antiseptiques, de. la 
poudre de He des lotions des chairs non entamées avec de l’'eau-de- 
vie camphrée (5). ) 


Voici comment ce traitement se trouve résumé dans la première 
édition de l’Histoire naturelle de la santé et de la maladie (6) : 


(1) Manuel de la santé, 1845, p. 56. 

(2) Ibidem, p. 55. 

(3) Ibide, p. 129. 

(4). Histoire naturelle de la santé et de la maladie. Paris, 1843 ; cf. 1, p.233. 
(5) Loco citato, IX, p. 484. 

(6) Loco citato, IT, p. 512. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 39 


« Tenir l'opéré dans un endroit sec et aéré, à l'abri des émanations 
putrides pour prévenir les empoisonnements miasmatiques, par les tissus 
taillés à vif. | 

» Lotions d'eau sédative pour remplacer les émissions sanguines et 
arrêter dès leur début tous les mouvements fébriles. Nourriture complète 

-et aromatique, y compris vin généreux à la place de la diète qui doit être 
souverainement bannie. Aloès à diner pour combattre la constipation, 

» Nettoyage des chairs avec l'alcool camphré, surtout dans le voisinage 
de la plaie. Pansement de la plaie avec couche épaisse de poudre de cam- 
pbhre et par dessus application d’un coussinet de charpie enduit de pom- 
made camphrée, afin de prévenir toute tendance à la putréfaction. 
Renouveler ce pansement deux fois par jour. » ' 

En 1841, son fils aîné dut subir l’amputation de la cuisse : 
Raspail trouva là une occasion exceptionnelle d'appliquer le nou- 
veau pansement qu'il avait imaginé pour mettre les opérés à l'abri 
de l'infection purulente et de la pourriture d’hôpital. Le sujet, 
arrivé au dernier degré de l’appauvyrissement de l’organisme et de 
la résistance vitale, était bien choisi pour démontrer l’efficacité de 
ce traitement. 

I s'agissait d’une tumeur du genou, qui avait pris un dévelop- 
pement tel qu'au moment de l’opération, la jambe amputée pesait 
32 kilogrammes et mesurait 80 centimètres de périmètre sur la 
partie la plus haute de la tumeur. | 

Le jeune malade avait alors dix-huit ans et c’est à huit ans aupa- 
ravant, en 1833, que remontait l’origine de cette affection du genou. 
A cette époque, F.-V. Raspail, pour soustraire sa famille aux persé- 
cutions, l'avait installée au village d’Epinay, au-dessus de Saint- 
Denis. Un jour, l’enfant, jouant sur la place, reçut d’un individu qui 
travaillait dans une maison voisine, une brique qui l’atteignit à la 
partie interne de la tubérosité supérieure du tibia gauche ; sous la 
violence du choc, il tomba sans connaissance. Après un repos au lit, 
l’enflure disparut et la plaie se cicatrisa ; mais il resta à cette place 
comme une petite boule mobile et indolente, à laquelle on finit par 
ne plus faire attention. Les années passèrent ainsi, lorsqu’au mois 
de septembre 1840, une douleur, d’abord intermittente, puis persis- 
tante, survint dans le genou, amenant de plus en plus une difliçulté 
dans la marche. Le mal progressa lentement jusqu'au mois de 
février, où force fut au malade de s’aliter. Dès le 20 avril, le père 
était convaincu qu'aucun traitement n’aurait raison de cette tumeur, 
qui avait déjà acquis le double du volume ordinaire du genou, et 


6 R. BLANCHARD 


qu'il fallait en venir à une mesure décisive; mais le malade ni la 
mère ne voulurent consentir à l’amputation. 

Cependant, la tumeur atteignait des dimensions extraordinaires 
et le malade était arrivé à un état d’amaigrissement et de faiblesse 
excessif. Dans les premiers jours d’octobre, il se décida enfin à 
subir l'opération chirurgicale. 

Le 12 octobre 18, quatorze des premières autorités Chirur- 
gicales ou médicales de Paris se réunissaient dans la petite maison 
que F.-V. Raspail habitait à Montsouris, rue Neuve-d'Orléans 
(aujourd’hui 14° arrondissement). Il y avait là Lisfranc, Ricord, 
Alexandre Thierry, Thierry-Valdajou, Breschet, Blandin, Natalis- 
Guillot, Despretz, Pinel-Grandchamp, Tessier, assistés des internes 
Veyne, Jamin et Aumerle et de Ducom, pharmacien des hôpitaux. 

Huit des consultants étaient d’avis que toute opération serait 
désastreuse et sans succès, le fémur étant dans un état de dégéné- 
rescence complet sur toute sa longueur; quatre autres opinaient 
pour la désarticulation du fémur, l’opération chirurgicale ayant 
d’ailleurs peu de chances de succès. Un seul, et c'était Thierry- 
Valdajou, était d’avis que l’amputation devait avoir lieu dans la 
continuité du fémur. 

Raspail prend alors la parole : il se range à ce dernier avis. Cette 
srande tumeur, dit-il, est un organe d’une incontestable unité, 
dont le pédicule part de la protubérance interne de la tête du tibia, 
lequel est désorganisé dans toute l’étendue de son tiers supérieur. 
Cette fongosité « se glisse comme un manchon sous la peau et autour 
des muscles de la cuisse et de la jambe ; en sorte que, si on pou- 
vait la saisir par son pédicule et qu’elle püt passer par cette ouver- 
ture, on pourrait en débarrasser le malade par une simple incision 
à la région de la tubérosité du tibia. Quant au fémur, il est sain 
ainsi que la rotule, et j’ose répondre du succès de l’opération, si 
l’on consent à amputer dans la continuité de l'os (1). » 

Dans ce cas, dirent tous les praticiens présents, la volonté 
lormelle du père doit l'emporter sur tous nos avis. L'opération fut 
décidée pour le lendemain 13 octobre. Lisfrane, Thierry père et fils, 
Pinel-Grandchamp, Guillot et Desprets étaient au rendez-vous, 
assistés de Veyne et Jamin, internes des hôpitaux. C’est Thierry 


(1) Histoire naturelle de la santé. Paris, 1843 ; cf. II, p. 501. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 47 


qui opéra, avec une dextérité et une précision qui lui mériterent 
les éloges de Lisfranc (1). Le père avait tenu à soutenir lui-même la 
jambe, et le courage ne l’abandonna qu’à l'instant où cette jambe 
venait de lui rester entre les mains. 

En examinant l’os du fémur, Lisfranc s’écria : « L’os est sain, il 
est blanc comme de l’ivoire ; Messieurs, Raspail vient de nous 
donner une leçon dont nous avons à faire notre profit pour l’avenir. » 

La dissection de la jambe, après que le moulage en eut été 
pris, fut confiée à Desprets, alors prosecteur de la Faculté ; elle 
confirma en tous points la description que Raspail avait faite de 
cette masse encéphaloïde, 

Aussitôt l’opération terminée, Raspail appliqua exclusivement 
la médication et le régime de sa nouvelle méthode. Deux heures 
après l’opération, l’opéré prit un consommé; le soir, il mangea un 
œuf frais ; le lendemain, il fit ses trois repas par jour comme à 
l'ordinaire, alors qu'à cette époque on soumettait les opérés à une 
diète absolue. Grâce au pansement, la cicatrisation se poursuivit 
sans interruption, malgré un organisme arrivé au dernier degré de 
l’appauvrissement. Le jeune homme revint de jour en jour à la vie, 
et au bout de quelques mois il sortait de cette redoutable crise 
avec un état de santé qui l’a mené jusqu’à un âge avancé : il est 
mort en 1899, âgé de 76 ans. 


Raspail précurseur de l’Asepsie, — Par antithèse, rappelons dans 
quelles conditions il était, naguère encore, procédé aux opérations 
dans les hôpitaux. Elles avaient toujours lieu après la visite du 
matin, passée, ce jour-là, plus rapidement que de coutume. Le 
chirurgien, après s'être lavé sommairement les mains dans un 
bassin que lui présentait un infirmier, se rendait dans la salle 
d'opération, accompagné de ses aides, qui eux ne se lavaient pas ; 
tous conservaient le tablier à bavette, qu’ils avaient mis en arri- 
vant et qui ne leur était changé que deux fois par semaine. Ce 
tablier, destiné à garantir les vêtements, était utilisé aussi dans 
une large mesure pour l’essuyage des mains et surtout des instru- 
ments ayant servi pour les pansements, avant de les réintégrer, non 
nettoyés, dans la trousse. 

Le patient était amené ; tout était prêt ; les cuvettes, les éponges, 


(1) A cette époque, l’anesthésie était encore inconnue, 


43 \ R. BLANCHARD 


les compresses, la charpie sur une table ; sur une autre, à portée 
de la main de l'opérateur, les instruments dont il allait se servir, 
tels qu'on venait de les prendre dans la vitrine et tels que l’infirmier 
chargé de les nettoyer après la précédente opération, les y avait remis 
à leur place. Dès que le chloroforme avait mis à point le malade, 
le chirurgien portait le bistouri ou le couteau dans les chairs, sans 
que, préalablement, le champ opératoire eût subi le plus élémentaire 
des nettoyages. 

Il y a loin, comme on peut en juger, de l’asepsie qui se pratique 
de nos jours avec un luxe de mise en scène que chacun connaît, :. 

Eh bien, là encore, Raspail, dont le pansement antiseptique 
garantissait les opérés contre tous les accidents, ne cessait de 
réclamer la propreté dans les opérations, en un mot de faire de 
l'asepsie. Chaque année il répétait dans le Manuel de la santé : 

« On ne saurait trop observer la propreté pour procéder à une ope- 
ration. Les chirurgiens doivent surtout avoir soin de laver leurs ins- 
truments avant et après l'opération avec de l’ammoniaque et de les 
essuyer ensuite avec de l'alcool. Ils se mettront ainsi à l'abri du plus 
grand nombre de leurs accidents ordinaires (1) ». 


Procès en exercice illégal de la Médecine (2). — Sans rien aban- 
donner de ses convictions, Raspail s'était retiré de la politique 
militante, pour se livrer tout entier à son œuvré de médecine 
populaire. Joignant la pratique à la théorie, il entreprit de donner 
des consultations gratuites, qui devinrent tellement courues que 
ses forces ne lui permettaient plus d’y suffire ; il trouva un colla- 
borateur dans la personne d’un agrégé de la Faculté de médecine, 
le Dr Cottereau. Malgré cette assistance, qui devait le couvrir d’a- 
près la loi, il fut poursuivi pour exercice illégal de la médecine. 
Il comparut, le 12 mai 1846, devant la 8e chambre correctionnelle. 
Il se défendit avec une verve endiablée, pittoresque, incisive : 


«Savez-vous, s'écriait-il, que je ne me rappelle pas m'être couché un seul 
jour, pendant cette longue suite d'années, sans être dompté par le mal de 
tête et par le besoin de respirer ? Messieurs mes dénonciateurs, vous êtes 
encore bien arriérés, si vous croyez vous rapprocher de moi et m'attein- 
dre en vous plaçant à la tribune qui est en face, et en me faisant placer, 


(1) Manuel de la santé, 1872, p. 361. 
(2) Proces et défense de F.-V. Raspail. Paris, mai 1846. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL À 49 


moi, sur ce banc des criminels : dans ce petit espace qui nous sépare- 
il y a trente ans de labeurs à parcourir (1) ». 

Puget, procureur du roi, prit la parole pour le prononcé de son 
réquisitoire : 

« Messieurs, dit-il, la prévention d'exercice illégal de la médecine se 
trouve le plus souvent en face de l'empirisme et de l'ignorance, se délivrant 
à eux-mêmes des diplômes en vertu desquels ils exploitent la confiance et 
la santé publiques. Aujourd’hui, elle est en présence d’un homme éminent 
dans la science, d’un homme dont s'honorerait le corps des médecins, s'il 
daignait y entrer et accepter un diplôme de la part de la Faculté, laquelle 
lui tend la main, et qui est seulement coupable d’une dédaigneuse infrac- 
tion à la loi. » 

Le ministère public concluait à ce qu’on appliquât à Raspail le 
minimum de la peine, un franc d'amende, «moins pour le punir que 
pour le forcer à régulariser sa position médicale vis-à-vis de la loi. » 
Mais le tribunal le condamna au maximum de la peine : 15 francs 
d'amende. 

Sur appel, la Cour confirma le jugement de première instance. 
A partir de ce moment, Raspail, bravant ouvertement la loi, ouvrit, 
sans le concours d’aucun médecin, un bureau de consultations 
gratuites rue Culture-Sainte-Catherine. [Il déclara que, si désormais 
il était poursuivi pour exercice illégal de la médecine, au lieu de se 
défendre, il répondrait simplement au président : ( Oui, j'ai fait 
de la médecine un exercice très illégal, mais éminemment moral. 
Voilà les 15 francs, maximum de la peine, et je me retire pour 
retourner à mes consultations. » 

La foule des malades se pressait à l’entrée de ses salles de 
consultation de la rue Culture-Sainte-Catherine, au Marais (2). 


(1) Procès et défense de F.-V. Raspail poursuivi en exercice illégal de la 
médecine. Paris, mai 1846. 

(2) Sur cette maison, aujourd’hui rue de Sévigné, 5, a été placée, par décret du 
Président de la République, en date du 22 septembre 1898, une plaque de marbre 
portant l'inscription suivante : 


DANS CETTE MAISON 
FRANGÇOIS- VINCENT 
RASPAIL 
PROMOTEUR DU SUFFRAGE UNIVERSEL 
NÉ A CARPENTRAS 
LE 25 JANVIER 179% 
MORT A ARCUEIL 
LE 7 JANVIER 1878 
DONNA GRATUITEMENT 
SES SOINS AUX MALADES 
DE 1840 À 1848. 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 1, 1903 4 


50 R. BLANCHARD 


Toutes les classes de la société s’y rencontraient. Soignant au 
même titre le plus humble artisan comme le représentant le mieux 
titré de la noblesse, il n’accepta jamais le moindre cadeau qui 
aurait eu l'air, à ses yeux, d’une rémunération déguisée. Lorsque 
quelque grande dame insistait, Raspail lui donnait l'adresse d’une 
famille dans l’indigence qu’il soignait et que sa position de fortune 
ne lui permettait pas de secourir pécuniairement. 

Raspail n’a pas été seulement le médecin du peuple (fig. 7), 
il a été également le médecin et l’ami des représentants des plus 
notables familles de France : nous mentionnerons, entre autres, 
les noms du duc de Fitz-James, du duc de Lorge, du prince Demi- 
doff, du vicomte de Chourses, du comte de la Villegontier, de 
MM. de Houdetot, de Percy, de Suzanne de Bréauté, qui avait pour 
Raspail l’amitié d'un frère, de Rohan-Rochefort, de Launay, de 
Crèvecæur, de la Touche, de Montfort ; et ceux de Mesdames de 
Kergorlay, de Saumery, des Hébert, de Bernis, de la Bédoyère, 
de Monville, de Crisenoy, de Pontlevoy, de la princesse de Canino, 
veuve de Lucien Bonaparte, etc. 

Raspail, à qui sa plume seule avait fourni les ressources néces- 
saires pour élever sa famille (1), se fit, à partir de 1845, son 
propre éditeur. S’ii ne parvint pas à acquérir une grande fortune, 
du moins, il put se préparer pour l’avenir une aisance qui devait 
suflire à ses goûts modestes. 


(1) Raspail a eu six enfants, dont le premier-né est mort en bas âge. Les cinq 
autres sont : 

1° Benjamin Raspail, né à Paris le 18 août 1823, artiste-peintre et graveur. 
Représentant du Rhône à la Législative de 1850, fut proscrit au coup d'Etat. 
Député de la Seine de 1876 à 1889. Décédé le 24 septembre 1899. 

2° Camille Raspair, né à Paris le 17 août 1827. Médecin; député du Var de 1885 
à sa mort, le 24 mai 1893. 

3 Emile RaspaiL, né à Paris le 7 mai 1831. Ingénieur-chimiste, sorti de l'Ecole 
centrale un des premiers de sa promotion. Conseiller général de la Seine et 
maire d’Arcueil-Cachan ; décédé le 8 juin 1887. 

ko Marie RaspaiL, née à Paris en 1836. « Mon ange gardien », l’appelait F.-V. 
RaspaiL. Elle avait promis à sa mère mourante de rester fille, de se consacrer à. 
son père comme d’autres se consacrent à Dieu. Atteinte d’une phtisie pulmonaire, 
qu’elle avait contractée au moment de la condamnation à deux ans de prison, qui 
frappa, en 1874, son père octogénaire, elle est morte à Monte-Carlo, le 11 décem- 
bre 1876. Le peuple de Paris fit à cette femme de dévouement des funérailles 
splendides ; 300 000 personnes suivirent son cercueil. 


5° Xavier Raspail, né à Montrouge le 2 décembre 1840 ; le dernier survivant 
des enfants de F.-V. Raspaiz. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 51 


RASPAIL ET LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE. 


En mai 1847, il commença la publication d’une Revue mensuelle 
dont il était le seul rédacteur ; elle avait pour titre : Revue élémen- 
taire de médecine et de pharmacie domestiques, ainsi que des sciences 
accessoires et usuelles mises à la portée de tout le monde. Cette Revue 
cessa de paraître en mai 1849, lorsque Raspail fut transféré, après 
sa condamnation par la Haute-Cour de Bourges, à la citadelle de 
Doullens (Somme) ; il en annonça les motiis par ses: (adieux 
jusqu’à des temps plus heureux ». 

La Révolution de 1848 avait ramené Raspail sur la scène poli- 
tique. Le %5 février, au matin, il apprit les hésitations du gouver- 
nement provisoire à proclamer la République, et les influences qui 
préparaient une majorité pour accepter une régence ; on lui 
annonça même que la duchesse d'Orléans était présente avec ses 
deux enfants à l’Hôtel-de-Ville, où l’avait amenée le général 
d’Hautpoul. 

Raspail se rend place de Grève, occupée par dix mille citoyens 
armés ; reconnu, il ést entouré. 

— Quel genre de gouvernement voulez-vous ? leur dit-il. 

Un cri unanime lui répond : la République ! 

— Eh bien ! leur dit Raspail, suivez-moi et en avant pour la 
République! (fig. 8). 

Il pénètre seul dans l’Hôtel-de-Ville et arrive, après bien des 
difficultés, jusqu’à la salle où les membres du Gouvernement 
provisoire étaient assemblés : 

«€ Si la République, leur dit-il, n'est pas proclamée dans deux 
heures, cette foule, que vous entendez sous vos fenêtres, s’agitera ; 
elle viendra comme un bélier battre les portes de votre palais, 
que vous lui fermez déjà comme si vous la redoutiez. Réfléchissez 
vite et faites plus vite encore. Le peuple attend. » 

Puis, sortant et sans se préoccuper de la décision qu'allaient 
prendre les membres du Gouvernement provisoire, il monta sur 
une borne et proclama, au nom du Peuple français, la République 
une et indivisible. 

Dès la première heure, il fonde un journal, l’Ami du Peuple, et, 


52 R. BLANCHARD 


sous la même dénomination, le club de la salle Montesquieu 
(aujourd'hui occupé par un bouillon Duval}, qui lui sert de tribune 
pour enseigner les principes de réforme et d'économie sociales 
qu'il avait développés déjà dans le Réformateur de 183% à 1835. 

Survint la journée du 15 mai 1848, qui devait rester une mani- 
festation pacifique en faveur de la Pologne et que des agents occul- 
tes transformèrent en scène de désordre, de façon à compromettre 
quelques noms populaires. 

Raspail avait été chargé de présenter à l’Assemblée Nationale 
une pétition en faveur du rétablissement de la République de la 
Pologne ; à son arrivée, le palais Bourbon était déjà envahi; le géné- 
ral Courtois, qui le reconnaît (Raspail était commandant du batail- 
lon de la garde nationale de Gentilly), l’engage à entrer et à mettre 
tous ses efforts à rétablir l’ordre dans la salle envahie par des 
énergumènes. Il y parvient un instant, et le président Buchez 
l'invite à lire la pétition, pensant ainsi donner satisfaction à la foule 
envahissante, si elle n’avait eu que le but que s'étaient proposé les 
organisateurs de la manifestation. Il n’en fut rien. La foule, après 
l'envahissement de l’Assemblée et la dispersion des représentants, 
entraîna Barbès à l’Hôtel-de-Ville pour former un gouvernement 
provisoire. Raspail, qui avait compris que le premier coup de mort 
venait d’être porté à la République, se rendit, malgré les efforts 
d'individus qui voulaient le conduire également à l'Hôtel-de-Ville, 
au bureau de ses publications, 63, rue Monsieur le Prince, où il fut 
arrêté sous la fausse accusation d’avoir envahi la Chambre des 
représentants et d’avoir voulu changer l’ordre établi. Il fut conduit 
au fort de Vincennes. 

Pendant sa longue prévention, les électeurs de Paris le nommè- 
rent, par 67.000 voix, représentant du peuple à la Constituante, le 
17 septembre 1848, en même temps que Louis-Napoléon et Fould. 
Il s'agissait d’une élection complémentaire. Non seulement il ne 
put obtenir de venir siéger à l’Assemblée, mais celle-ci autorisa 
la continuation des poursuites. 

Au moment où cette élection avait lieu à Paris, une autre 
élection se faisait dans le Rhône : Raspail, porté comme candidat 
par les clubs populaires, obtint 31.400 voix contre 31.900 à un 
nommé Rivet. Les Lyonnais ne se tinrent pas pour battus ; ils 
posèrent de nouveau la candidature de Raspail à la Présidence de 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANCOIS-VINCENT RASPAIL 53 


la République et, à cette occasion, envoyérent aux démocrates 
parisiens l’adresse suivante, qui eut alors un grand retentisse- 
ment Nous en trouvons le texte dans Le Peuple (1). 


Candidature de F.-V. Raspail 


Frères de Paris, 


Plus éloignés que vous des agitations de la vie politique, moins bien 
placés pour juger les hommes et les choses, nous avons cru devoir nous 
abstenir et imposer silence à toute défiance comme à toute sympathie, 
jusqu'au jour où vous vous seriez prononcés sur le choix d'un candidat à 
la présidence. 

Un nom cher à la démocratie lyonnaise a été proclamé par vos suffrages 
et adopté par votre comité central; dans ce choix, qui consacre une fois 
de plus la communauté de sentimens et de principes des deux grands 
foyers du patriotisme républicain, nous avons salué l'espoir d'une union 
instinctive et d'efforts communs dans la lutte prochaine, entre tous les 
socialistes de notre France. 

Toutefois, comme il importe à notre dignité que le pays entier sache 
bien que Lyon n'obéit pas aveuglément à un mot d'ordre parti de Paris, 
nous croyons devoir accompagner notre adhésion à votre choix de l'exposé 
des motifs qui l'ont déterminé. 

Nous voulons Raspail pour président, 

Parce que Raspail ne veut pas de présidence dans la République une, 
démocrate et sociale; 

Parce que Raspail a vu dans les événemens de février, non pas un 
changement dans les formes politiques, mais une révolution dans l’orga- 
nisation sociale ; 

Parce que, étranger aux personnes et aux systèmes, il arrive libre de 
tous engagemens, sans autre antécédent qui le lie à son passé que son 
titre d'ami du Peuple ; 

Parce qu'avec lui, cinquante ans d'une vie irréprochable garantissent 
mieux qu'avec tout autre le maintien de ces deux grands et éternels prin- 
cipes : la morale et la famille. 

Nous voulons Raspail, parce que sa clairvoyance est la condamnation 
de l'aveuglement fatal qui a livré, sous prétexte de conciliation, le gouver- 
nement de la République à ses plus constans et à ses plus dangereux 
CHNEMIS ; 

Parce que chaque voix donnée au prisonnier de Vincennes est une 


(4) Numéro du dimanche 26 novembre 1848, 


54 R. BLANCHARD 
protestation contre les actes du gouvernement qui lui a ravi sa liberté, 
contre la faiblesse de l’Assemblée qui n’a pas su la lui rendre. 

Parce qu'enfin, au milieu de toutes ces habiles roueries, de ces dissi- 
mulations hypocrites qui, sous le prétexte de l'ordre ou sous le prestige 
de la gloire, cachent lächement des pensées de réaction, des calculs 
d’égoisme ou des rêves d’ambition; il nous a semblé convenable et digne 
de la démocratie, d'arborer franchement et loyalement un drapeau qui fût 
pour tous, sans restrictions ni sans subterfuges, le symbole de ses espé- 
rances et de ses prétentions. 

Tels sont, frères de Paris, les motifs qui ont déterminé notre choix; 
nous vous prions de les exposer à nos frères des départemens, afin 
qu'entre eux et nous la discussion soit ouverte. 

L'adhésion raisonnée que nous vous. adressons ne doit entrainer aucun 
suflrage irréfléchi : avant les convenances politiques nous plaçons la 
liberté d'examen, la première de toutes les libertés. Nous rappellerons 
seulement, en terminant, que certaines causes s'accommodent mal des 
transactions et des demi-mesures; il vaut mieux, dans certains cas, 
succomber que triompher à demi, et, dans les combats de l'intelligence, 
quand les principes demeurent intacts, il y a des défaites qui valent des 
victoires. 

Lyon, le 22 novembre 1848. 


(Suivent les signatures). 


L'élection eut lieu le 10 décembre : le prisonnier de Vincennes 
réunit 30.300 sufirages. 

Après dix mois de prévention, il fut conduit de Vincennes à 
Bourges en voiture cellulaire et comparut, le 5 mars 1849, devant 
la Haute-Cour composée de Conseillers généraux et présidée par 
M. Bérenger, un magistrat qui pourtant avait flétri les tribunaux 
d'exception dans son livre : De la justice criminelle. 

Les débats se terminèrent le 2 avril et Raspail fut condamné 
a six années de détention. Il fut alors transféré, pour y subir sa 
peine, à la citadelle de Doullens. 

Malgré son emprisonnement, Raspail continuait d’exercer une 
grande influence sur le peuple, par la publication de ses « alma- 
nachs démocratiques et sociaux », la Lunette du donjon de Vincennes: 
(1849) et la Lunette de Doullens (1850). Ses ouvrages de médecine, 
qui se trouvaient dans toutes les mains, avaient contribué plus 
puissamment encore à lui acquérir une popularité extraordinaire. 
Nous pourrions en citer mille preuves, bornons nous à reproduire 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL DH) 


ici un document peu connu, qui nous semble être suffisamment 
démonstratif : 
A Raspail 


Air du Retour en France, ou de Vive Paris ! 


Ami du pauvre, étoile humanitaire, 

Dont la lumière a raflermi mes sens, 

En souriant, ma muse prolétaire 

A ton savoir consacre son encens ; 

Je me sens mieux, l'espoir est dans mon âme, 
J'en reviendrai malgré la Faculté. 

De tes fourneaux attise encore la flamme, 
Fais un effort! et rends-moi la santé. 


Un Esculape, en me montrant Bicêtre, 

M'a dit : Ce lieu calmera vos ébats, 

Là, de bons soins vous sauveront peut-être, 
Vous êtes fou... Moi, j'ai souri tout bas, 

À me venger déjà mon luth s'apprête, 

Mais la souffrance a miné ma gaité. 

J'ai vingt refrains amassés dans la tête. 
Fais un effort! et rends-moi la santé. 


Non, ma raison ne s'est pas émoussée, 

Aux souvenirs mon cœur n'est point fermé, 
Dans le chaos où s'éteint la pensée, 

Non, mon esprit ne s'est point abimé; 

Je hais toujours ces fripons qu'on décore, 

Mes vœux toujours sont à l'humanité; 
Quoiqu'appauvri, mon sang bouillonne encore... 
Fais un effort ! et rends-moi la santé. 


Mais, chut! dis-tu, maint argus me surveille; 
Dame Thémis qu'effraya ma couleur, 

A mes rivaux, un jour prêtant l'oreille, 

M'a défendu d'être utile au malheur. 

Va, pour les bons il est un saint refuge, 

Va, ton triomphe est dans l'éternité, 

Tes juges là rencontreront un juge... 

Fais un effort! et rends-moi la santé. 


Tu les verrais, nos oppresseurs avides 

A ta couronne ajouter des fleurons ; 

Si tu pouvais déraciner les rides 

Par la débauche empreintes sur leurs fronts. 
Eux te bénir ? Non, dans la haute sphère, 


56 R. BLANCHARD 


L'ingratitude a le droit de cité; 
Des pauvres seuls pleuraient sur le calvaire. 
Fais un effort! et rends-moi la santé. 


Oui, je suis mieux ; oui, j'aspire au vieil âge 
J'ai vu s'enfuir la moitié de mes maux. 
Mais la tempête a causé du ravage, 

L'arbre a ployé, redresse ses rameaux. 

Qu’à ses banquets l'avenir me convie ! 

Loin du rescif où je fus arrété, 

Je veux sombrer en regrettant la vie. 

Fais un effort! et rends-moi la santé. 


L. VOoITELAIN (1). 
RASPAIL SOUS LE SECOND EMPIRE. 


Cependant la République avait vécu : par le coup d'Etat du 
2 décembre, le Président, Louis-Napoléon Bonaparte, avait trahi 
son serment et s'était proclamé Empereur. Le rétablissement de 
l’Empire, qui devait amener dans le pays des perturbations si 
profondes, ne changea rien au sort de Raspail. Il resta prisonnier 
à Doullens et, l’agitation politique étant désormais impossible, il 
reprit avec ardeur le cours de ses travaux scientifiques. 


Nouveau système de Météorologie. — C’est ainsi que Raspail fut 
conduit à fonder un nouveau système de météorologie, dont il a 
développé les principes dans la Revue complémentaire (1854-1860) et 
plus tard dans l’Almanach et calendrier météorologique, paru de 
1865 à 1877. 


« À chacun de mes changements de domicile, écrivait-il à ce sujet dans 
la Revue complémentaire d'août 1854, ma première pensée, après avoir mis 
le mobilier à sa place, est de me demander à quel genre de travaux utiles 
je pourrai me livrer dans ma nouvelle position : le travail, en effet, c'est 
pour moi la respiration; son absence m'asphyxie. : 

» Lors donc qu'en avril 1849, je me vis claquemuré dans un cabanon 
pouvant à peine contenir un lit, un poële, une table et deux chaises, le 
tout éclairé par une fenêtre grillée, je compris qu'après avoir terminé mes 
travaux en voie de publication, l'étude qu'il me serait le plus aisé de pour- 
suivre désormais, c'était celle de l'atmosphère : les vents, la pluie, les 
nuages, la température et la pesanteur de l'air. Je n'eus d’abord à mon 


(1) Le Républicain lyrique, Journal des Chanteurs, n° 13, juillet 1849. — A 
la Librairie Chansonnière de Durand, 32, rue Rambuteau. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 57 


service que des instruments très-imparfaits ; dans l'incertitude où j'étais 
de ma position, je n'avais que faire de m'en procurer de plus riches. Plus 
tard, ayant acquis la conviction que mon bail, dans le même endroit, serait 
à long terme, je n’eus rien de plus pressé que de m'organiser un observa- 
toire météorologique, muni d'instruments perfectionnés à l’aide desquels 
il me devint facile de rectifier mes premiers résultats. 

» La position du prisonnier est celle qu'un météorologue doit avoir le 
plus d'envie ; là seulement, on peut se passer d'aides et ne se fier qu'à soi. 
Aussi, et mon journal en fait foi, il est peu d'heures dans la journée et 
même dans le courant de la nuit,où je n'aie consigné une observation utile. » 


Il arrive à établir, tout d’abord, que les phénomènes météorolo- 
giques ne difièrent pas des phénomènes physiques que l’homme 
peut reproduire de ses faibles mains : ils n’en diffèrent que par 
l'immensité de leur volume. L’homme n’a pas d'instruments pour 
les reproduire, mais il en a pour les imiter ; et par l'intelligence 
qui les conçoit et les explique, il semble marcher de pair avec la 
nature qui les produit. 

Après avoir exposé que les lois de l’Univers sont les mêmes pour 
les atomes et pour les corps célestes, que la cause du mouvement 
est une pour tous les cas, qu’ils soient ou non accessibles à notre 
vue, il conclut à l’absurdité du système newtonien de l'attraction 
ou de la gravitation universelle, qu’il considère comme la négation 
de toutes les lois reconnues par l’observation, à savoir qu’un point 
mathématique est supposé capable d'attirer des mondes. Substi- 
tuant au système de l'attraction le système atomique de la compres- 
sion atmosphérique, et au système attractif du mouvement du 
monde l’action combinée des atmosphères éthérées dont les atomes 
et les globes planétaires sont enveloppés, il arrive à formuler cette 
loi fondamentale : 

Les phénomènes météorologiques découlent tous de la compres- 
sion que les atmosphères éthérées, spécialement de la lune et du 
soleil et accessoirement des autres planètes, exercent en parcourant 
leur orbite sur l’atmosphère éthérée de notre globe ; compression 
dont la colonne barométrique donne la mesure. 

De là, il n’y avait qu’un pas pour entrevoir l’apparition alterna- 
tive de tous les phénomènes atmosphériques qui font l’objet de 
la météorologie. 

Poursuivant ensuite l’explication raisonnée de ces phénomènes, il 
entreprend de déterminer exactement le rôle que jouent les phases 


58 R. BLANCHARD 


et les points lunaires sur notre atmosphère terrestre ; il en tire des 
données qui permettent de prévoir avec une grande probabilité les 
changements de temps et surtout les époques d’abaissement et 
d’élévation de la colonne barométrique. 

Si rien ne venait troubler l’harmonie de notre système plané- 
taire, la prévision du temps pourrait donc s'établir avec une rigou- 
reuse exactitude ; mais il n’en est pas ainsi, et la météorologie 
pratique tirée de ce nouveau système ne permet de prévoir le temps 
à longue échéance qu’avec une certaine probabilité. Cette cause 
perturbatrice, Raspail ne tardait pas à la concevoir, et, chaque fois 
que ses prédictions se trouvaient mises en défaut, il annonçait 
hardiment l’apparition d’une comète; l’événement ne manquait 
pas de lui donner raison. 

Par sa position ou son action sur l’un ou l’autre hémisphère, une 
comète amènera une chaleur et une sécheresse exceptionnelle, ou 
une température froide et des pluies diluviennes. Or, il ne se passe 
pas d’année où les différents observatoires ne découvrent des 
comètes télescopiques, mais qui n’en sont pas moins en état de 
modifier sensiblement la marche des phénomènes atmosphériques. 

L'auteur du nouveau système de météorologie ne pouvait admet- 
tre les conceptions des astronomes à l'égard des comètes. Il se 
refusait à croire que cette traïnée si éclatante de lumière, toujours 
opposée au soleil et à travers laquelle apparaissent les étoiles, fût 
formée de vapeurs, même phosphorescentes. Les lois de la réfrac- 
tion de la lumière sont les mêmes dans tout le monde solaire : les 
mêmes en petit et en grand. Fort de ce principe, il n'hésite pas, une 
lentille à la main, à chercher l'explication de la nature et des effets 
d’une comète ; il arrive à cette conclusion, que les comètes sont 
des astres transparents d'une forme lenticulaire, attirés par le 
soleil, qui leur trace une orbite indéterminée aujourd'hui, mais 
que l’astronomie future parviendra à calculer avec la même exacti- 
tude que les orbites de nos planètes. 


Mort de M'"e Raspail. — Dans le cours de sa détention à Doullens, 
Raspail eut la douleur de perdre la compagne dévouée de sa vie 
persécutée. Mne Raspail est morte à Doullens, le 8 mars 1853. Elle 
fut inhumée à Paris le 13. Les journaux de l’époque ont enregistré 
le caractère imposant de ses funérailles ; plus de cent mille per- 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 59 


sonnes suivirent au cimetière du Père-Lachaise le cercueil de la 
femme du prisonnier. 

Le tombeau de Mme Raspail est l’œuvre d'Antoine Etex : il est, 
dans sa simplicité, d’une saisissante grandeur ; il représente une 
femme voilée, qui descend dans la tombe et semble se retenir de 
la main à l’étroite ouverture, garnie de lourds barreaux, du cachot 
où pleure le captif. Nul n’a vu au Père-Lachaise ce tombeau sans 
se sentir profondément ému. 


Raspail exilé en Belgique. — Le 23 avril suivant, le gouverne- 
ment impérial profita de cette triste circonstance pour transformer 
en bannissement les deux années de prison qui restaient encore à 
faire à Raspail. Cet acte de prétendue clémence n'était qu'une 
aggravation de peine, car, les deux ans expirés, Raspail eut pu 
rester en France, tandis que, par le bannissement, on l’éioignait de 
la patrie pour un temps indéfini. 

Malgré ses protestations, il fut conduit à la frontière belge, 
accompagné de sa fille et de son plus jeune fils, Xavier, auxquels, 
depuis la mort de leur mère, on avait permis de résider auprès de 
lui. Tous les trois arrivèrent à Ixelles, près Bruxelles, où se trou- 
vait son fils aîné, Benjamin, frappé d'expulsion par le décret du 
9 janvier 1852. 

Mais bientôt, le gouvernement belge, pour complaire à l’empe- 
reur, obtenait du roi Léopold Ier un décret d'expulsion contre 
Raspail. Un de ses anciens élèves au collège Stanislas, le comte 
Vilain XIV, apprenant en même temps la présence de Raspail à 
Bruxelles et le décret d'expulsion signé contre lui, vint en toute 
hâte chercher son ancien maitre avec sa voiture et l’installa dans 
son hôtel; puis se rendant auprès du roi : «Sire, lui déclare-t-il, 
j'ai, comme président du Corps législatif, un domicile inviolable; 
dès aujourd’hui, M. Raspail sera mon hôte. » 

Le décret d'expulsion fut rapporté et Raspail demeura en Bel- 
gique jusqu’en 1862; il s’y acquit, par la suite, la considération et 
l'amitié des plus grands personnages de ce pays; il y recut tant de 
marques de sympathie qu’il pouvait se croire dans une nouvelle 
patrie. 

A Boitsfort, le Montmorency de Bruxelles, où il séjourna quatre 
années, puis à Stalle-sous-Uccle, où il vint ensuite se fixer jusqu'à 


60 R. BLANCHARD 


sa rentrée en France, il reçut des populations les plus touchantes 
preuves de la vénération qu’elles avaient éprouvée pour cet étranger 
chassé de sa patrie. 

La veille de son départ de Boïtsfort, l’Harmonie du village vint 
lui donner une aubade et le lendemain toute le population, ayant à 
sa tête le bourgmestre. entouré de son Conseil communal, accom- 
pagna la voiture de l’hôte aimé jusqu'aux limites du territoire. 

Raspail n’était pas au bout de ses émotionnantes surprises. A 
peine était-il arrivé dans sa nouvelle résidence de Stalle-sous- 
Uccie, que tout à coup, sous ses fenêtres, la Grande Harmonie 
instrumentale d’Uccle, renommée en Belgique, exécute un brillant 
morceau ; toute la population entoure les exécutants ; la porte est 
ouverte à deux battants et le bourgmestre entouré de ses échevins, 
de son Conseil, du commissaire de police, du Dr de Preter, souhaite 
la bienvenue au proscrit, en des termes qui montrent qu’au-delà de 
la frontiere, le savant, l’homme humanitaire était connu et honoré 
mieux que dans son propre pays : 


« Monsieur, 


» L'Europe entière a célébré les louanges de l’homme de génie qui consa- 
cre ses études et ses découvertes au soulagement de l'humanité. Fiers de 
le posséder, les habitants de la commune d’Uccle sont heureux de lui 
présenter à leur tour un tribut d'hommage et d'admiration. 

» Aussi, Monsieur, interprète fidèle des sentiments qui animent nos 
concitoyens, nous venons aujourd'hui vous offrir en leur nom ce bouquet, 
faible témoignage de dévouement et de reconnaissance. 

» Puisse-t-il vous prouver que sur la terre de l'exil vous avez rencontré 
des cœurs pour vous comprendre ! Puisse-t-il rappeler quelquefois à votre 
souvenir des amis sincères et dévoués ! car pour nous, nous répéterons à 
jamais : Vive Raspail ! Honneur au savant dont les découvertes promettent 
une ère nouvelle aux sciences médicales ! 

» Le Bourgmestre, 
» D' A. Vander Kindere. 


» Uccle, le 15 juin 1857. » 

C’est sous l’impression de ces inoubliables manifestations, que 
F.-V. Raspail traça sur le socle d’un vase rustique qu'il avait fait 
construire avec les grès ferrugineux du Brabant, dans la cour de 
son habitation de Stalle-sous-Uccle, cette éloquente inscription : 


IN PATRIA CARCER 
LAURUS IN EXILIO 
UccLE (BELGIQUE). 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 61 


Ce vase, aux proportions monumentales, était destiné à recevoir 
un superbe Laurier que la commune de Boitsfort lui avait offert, 
en souvenir de son séjour dans cette ravissante localité qui se 
trouve enclavée dans la forêt de Soignies. 


_ Nouvelles publications scientifiques. — En 1854, Raspail publie 
Le Fermier vétérinaire ou Méthode aussi économique que facile de 
préserver et de quérir les animaux domestiques du plus grand nombre 
de leurs maladies. Ce petit livre a pour but d'apprendre aux fermiers, 
aux bergers, éleveurs et propriétaires d'animaux domestiques, à 
se passer du concours du vétérinaire dans les circonstances analo- 
gues à celles où le Manuel annuaire de la santé voulait apprendre à 
chacun à se passer du médecin. 

La même année, il commence la publication mensuelle de la 
Revue complémentaire des sciences appliquées à la médecine et à la phar- 
macie, à l'agriculture, aux arts et à l’industrie, qu'il devait pour- 
suivre, sans interruption, jusqu'en 1860. Chaque livraison, qui 
paraissait rigoureusement le 1°" du mois, comprenait deux feuilles 
grand in-8° tout entières remplies par ses travaux personnels qui 
constituent, pour cette période de six années, une œuvre aussi 
vaste que variée. 

On trouve, dans ce recueil, une série de discussions approfondies 
sur différents points de la théorie et de la pratique de la nouvelle 
méthode médicale; l’exposition complète du nouveau système de 
météorologie ; la solution de nombreux problèmes de chimie, de 
physique du globe, d'astronomie et de mathématiques ; de nom- 
breux cours d'initiation aux sciences, fondés sur des idées et 
expériences nouvelles : anatomie, chimie et physique ; mathéma- 
tiques et météorologie appliquée à l’agriculture; géologie appliquée 
à l’histoire ; botanique ; fabrication de la bière ; entomologie mor- 
bipare ; origine de la musique réglée ; ornithologie musicale ; 
études archéologiques ; études physiognomoniques et toxicolo- 
giques sur Guy Patin, J. Liébault, Charles Estienne et Olivier de 
Serres, Louis XIIT, Richelieu et le père Joseph, Mazarin et Anne 
d'Autriche, Louis XIV et le Masque de fer, J.-J. Rousseau et 
Voltaire, Thomas Brown, auteur de la Religion du médecin, Rabelais, 
Eugène Sue, Clément XIV et les jésuites, etc. 


Retour en France. — En 1863, après dix années d’exil, Raspail 


62 R. BLANCHARD 


rentra en France et fixa sa résidence à Arcueil-Cachan, près Paris. 
Il vécut là dans une solitude profonde, pour ainsi dire oublié de 
ses concitoyens, donnant quelques consultations à quelques mala- 
des privilégiés et ajoutant de temps à autre une œuvre nouvelle à 
ses œuvres déjà si nombreuses. 

Aux élections générales de mai 1869, sa candidature surgit spon- 
tanément à Lyon et à Paris. A Lyon, il avait pour concurrent Jules 
Favre, contre lequel il fut élu à une écrasante majorité de 16.585 
voix contre 5.991. Mais à Paris, où il avait obtenu 14.470 sufirages 
contre 14.346 à Garnier-Pagès et 7.000 au candidat officiel Fré- 
déric Lévy, il échoua au second tour, les voix du candidat officiel 
s'étant reportées sur Garnier-Pagès. 

Au Corps Législatif, Raspail resta isolé; il ne pouvait pas plus 
s’allier aux anciens ministres de la réaction sous le gouvernement 
de juillet, devenus libéraux contre l'empire, qu'aux anciens minis- 
tres de la réaction au gouvernement provisoire, devenus les répu- 
blicains du moment. Des uns et des autres, il avait été la victime, 
et c'était la cause populaire que les uns et les autres avaient 
immolée en sa personne. 

Le 8 décembre 1869, il présenta un projet de loi sur la Décentrali- 
sation pour les intérêts locaux et la Centralisation pour les intérêts 
généraux. L'art. 3, ainsi conçu : « La commune élit son conseil 
communal par le suffrage universel, et le conseil choisit un de ses 
membres comme maire de la commune », a été adopté littérale- 
ment dans la loi municipale du 4 mai 1884. 4 

Il prit plusieurs fois la parole, soit pour émettre des idées de 
justice et de réformes sociales, soit pour protester contre les abus 


du pouvoir personnel ; il vota contre la déclaration de la guerre, 
en juillet 1870. 


RASPAIL SOUS LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE. 


Après la Révolution du 4 septembre, Raspail se retira dans la vie 
privée; mais il ne voulut pas quitter Paris à l’approche de 
l'ennemi ; il partagea les misères et les privations que supporta 
pendant cinq longs mois, avec un héroïque stoïcisme, cette brave 
population si indignement trompée dans ses espérances. 

Malgré son grand âge, Raspail devait connaître encore l'ère 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 63 


de la persécution. Poursuivi à la fin de 1873, au sujet de six 
éphémérides de son 4/manach et calendrier météorologique, il compa- 
rut le 12 février 1874 devant le jury de la Seine sous l’inculpation 
d’apologie de faits qualifiés crimes par la loi, visée dans ce passage : 

.(« 25 mai. — Delescluze, homme intègre et de soufirance, qui, 
se reconnaissant victime d’une erreur, couronna sa longue vie par 
l'héroïîsme de sa mort, 1871. » 


: MORE Ayo 
dé FA STE Zone nes 
Les Low. 7 ; 


JE 9 9 plemes 
Ge ere Verte le.» 
: 24 mai 
4947 
; A zatuiafl. 
(res 


Fig 4. — Autographe de F.-V. RasPaiL, 


Mais, en réalité, c'était le libre-penseur, l’homme qui avait tou- 
jours signalé l'influence néfaste du jésuilisme dans toutes les 
calamités publiques, que le ministère public livrait à un jury de 
circonstance. Ce vieillard de quatre-vingts ans fut condamné à 
deux années de prison et son fils Xavier à six mois de la même 
peine. La Cour de cassation annula cet arrêt pour excès dans 
l'application de la peine et renvoya l'affaire devant la Cour de 
Versailles qui, en raison du verdict du jury de la Seine rendu sans 


64 R. BLANCHARD 


circonstances atténuantes, prononça contre Raspail père une con- 
damnation à un an de prison, qu'il subit dans la maison de santé 
de Bellevue. 

Que reste-t-il de telles condamnations ? Pour le condamné, 
hélas ! bien souvent d’inoubliables douleurs (1); pour ceux qui s’y 
laissent entraîner par les passions politiques du moment, une 
malheureuse et bien éphémère satisfaction. 

À peine une année s’était-elle écoulée depuis sa sortie de capti- 
vité, que les électeurs de Marseille, aux élections générales de 1876, 
l’envoyaient à la Chambre des Députés comme le vétéran de la 
démocratie française, et un jour, sous les voûtes mêmes du royal 
palais de Versailles, on put voir le condamné de la veille, encore 
droit sous la neige des ans, s’avancer lentement entre deux rangs 
de soldats qui lui présentaient les armes ; les tambours battaient 
aux champs sur son passage et, avec cette sérénité majestueuse qui 
n’appartient qu'aux hommes dont le passé est tout d'honneur et 
de probité, il montait au fauteuil de la présidence de la Chambre 
des Députés et ouvrait la législature de 1876 par ces magnanimes 
paroles de paix et de conciliation : 

« Une ère nouvelle commence en ce jour pour la France, acclamée 
qu’elle a été par l’immense majorité du suffrage universel. Devant 
cette puissante voix de la Patrie, tous les partis doivent s<’effacer et 
se taire. La Patrie le veut, la Patrie l’ordonne. » 

Après la dissolution qui suivit la tentative du 16 mai, il fut 
réélu, comme un des 363, en octobre 1877, àuneimmense majorité. 

Un des plus fermes à son poste pendant les jours de décembre 
1877, durant lesquels se préparait un nouveau Seize-mai, il 
prit froid en revenant de la Chambre; à la suite se déclara une 
pneumonie double. Il mourut à Arcueil, le 7 janvier 1878, à huit 
heures du soir. 

Le jour de ses obsèques fut une solennité imposante. Nous 
revoyons par la mémoire ce char disparaissant sous un amoncelle- 
ment de couronnes et de fleurs ; ce cortège immense se déroulant 
sur le long parcours d’Arcueil au Père-Lachaise, entre deux haies 


(1) Nous avons déjà dit que M'!° Raspail, morte le 411 décembre 1876, à Monte- 
Carlo, d’une affection de poitrine, avait éprouvé les premières atteintes de la 
maladie en partageant la dernière captivité de son père, aux soins duquel elle 
avait consacré sa vie. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 65 


compactes de citoyens accourus pour saluer une dernière fois la 
dépouille mortelle d’un homme de bien. 

Toujours le même chercheur infatigable de vérités nouvelles, il 
a poursuivi, jusqu'aux dernières limites de son grand âge, ses 
études et ses recherches, presque avec la même ardeur juvénile 
qu’il avait apportée cinquante-cinq ans auparavant, à ses premiers 
débuts dans les sciences. Ses habitudes, il les avait toutes conser- 
vées ; se levant souvent la nuit pour explorer le ciel, pour consulter 
les instruments météorologiques établis sur sa fenêtre, pour 
inscrire les observations qu’il en relevait, il n’en était pas moins 
sur pied dès six heures du matin, que ce fût l’été ou l'hiver; il 
s’asseyait alors à sa table de travail, pour ne quitter la plume qu’à 
onze heures; il consacrait ensuite une heure aux soins de sa toilette 
avant de descendre prendre son premier repas au milieu de ses 
enfants. 

Au moment où la mort le frappa, il venait de mettre la dernière 
main à l'édition du Manuel de la santé pour 1878. Cette puissante 
organisation intellectuelle ne devait s’éteindre qu'avec la mort. 
Aussi, la dédicace qu'il avait placée en tête de son mémoire sur 
Les Bélemnites fossiles retrouvées à l’état vivant s'applique-t-elle de 
la façon la plus exacte à sa vie laborieuse et honnête : 


A LA SCIENCE 
HORS DE LAQUELLE TOUT N’EST QUE FOLIE 
A LA SCIENCE 
L'UNIQUE RELIGION DE L'AVENIR 
SON PLUS FERVENT 
ET DÉSINTÉRESSÉ CROYANT 
F.-V, RASPAIL. 


HOMMAGES RENDUS A RASPAIL. 


Bien qu'il fût toujours resté un isolé dans le monde politique 
comme dans le monde savant, plusieurs Sociétés scientifiques 
avaient tenu à posséder Raspail dans leur sein ; il était : 

Membre de la Société linnéenne de Paris, 9 août 1824 ; 

Membre correspondant de la Société d'émulation de Bordeaux, 
4 novembre 1824 ; 


Archives de Parasilologie, VIH, n° 41, 1905. 5 


66 R. BLANCHARD 


Membre de la Société d'histoire naturelle de Paris, 26 juin 1826; 
Membre de la Société de botanique de Ratisbonne, 6 février 1828 ; 
Membre de la Société des Naturalistes de Leipzig, 9 décembre 1898 ; 
Membre correspondant de la Société royale de médecine de Mar- 
seille, 9 janvier 1836 ; 

Membre correspondant de la Société royale d'agriculture de Turin, 
18 février 1838 ; 

Un des vingt membres honoraires de première classe de la 
Société des sciences médicales de Lisbonne, 14 mai 1842. 

Paris a dédié à Raspail l’un des plus grands boulevards de la 
rive gauche, allant du boulevard Saint-Germain (rue du Bac) à la 
place Denfert-Rochereau. D’autres villes ont donné également le 
nom de Raspail à une de leurs voies publiques ; nous citerons, 
entre autres, La Värenne-Saint-Maur, Bois-Colombes, Ivry-sur- 
Seine, Levallois-Perret, Arcueil, Beaumont-sur-Oise, Roquefort, 
Alfortville, etc. 

Paris lui a en outre érigé une saine, sur la place Denfert- 
Rochereau, à la terminaison du boulevard qui porte son nom; 
l’inauguration en eut lieu le 7 juillet 1889 (fig. 7, 8, 9). A Lyon, 
son buste en bronze a été placé dans le square Raspail. 


DOCUMENTS ARTISTIQUES CONCERNANT F.-V. RASPAIL. 


Nous donnons ci-après l’énumération ou la description sommaire des docu- 
ments artistiques concernant F.-V. Raspail, qui sont parvenus à notre connais- 
sance : portraits, caricatures, tableaux, statues, médailles. 


Portraits. 


Le Cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale possède 57 documents 
relatifs à Raspail, dont une photographie; les 56 autres sont des lithographies 
ou des gravures, dont deux sont en deux états. Ces nombreux documents sont 
la preuve de la popularité exceptionnelle dont a joui Raspail; noùs ne pouvons 
songer à les décrire; bornons-nous à les énumérer, dans l’ordre même où ils 
sont classés, ordre non chronologique, et en reproduisant totalité ou parue 
des légendes, de façon à faciliter leur identification. 

4° Lithographie, 1838. En haut : Galerie des illustrations scientifiques. En 
bas : Travies lith. — Imp. d'Aubert et Cie | M. Raspail | (Cours de chimie). 

2° Lithographie, 1848, signée à droite : P. Preval. En bas : Lordereau, édit" 
r. S' Jacques, 59 | Raspail | représentant du Peuple, (Seine.) | Pour renverser 
tous Les obstacles, sans recourir aux armes, on n’a plus qu'à se donner la main 
el à | serrer les rangs. (Raspail.). 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANCÇOIS-VINCENT RASPAIL 67 


3 Lithographie. En haut : Défenseurs des prévenus d'avril. En bas : Raspail 
| rédacteur en chef du Réformateur | (16° livraison) | publié par Bourdin, 
libraire, rue Quincampois, Ne 57. 

4 Lithographie, portrait de face. En haut, à droite : N° 28. En bas : Raspail 
_ | détruisons lignorance et les besoins, et nous aurons détruit les vices, détrui- 
sons | La crainte du lendemain, et nous aurons détruit l'égoisme de ceux qui 
possèdent ; | rendons tous les hommes heureux, et au même instant, nous les 
aurons | rendus tous frères. | (Défenseur des prévenus) | Chez Désesserts, éditeur, 
r. Ne Montmorency, n° 2 — Lith. Delaunois r. du Bouloi 19. 

5 Lilthographie. Raspail en prison, avec la croix de la Légion d'honneur. 
En bas : Raspail | Lithographie de Chirac — rue S' Honoré 63. 

6° Eau-forte par de Lalance, signée le long du bras. En bas : Raspail. 

7° Autre état de la même. 

8 Lithographie, 1848, signée à gauche : Mondor. En bas : Lordereau, édit" 
r. S'-Jacques, 59. | Raspail. 

9° Lithographie. En bas : Paris, lith. Deshayes, éditeur, r. du Petit Pont, 21. 

| Raspail, | Le père des Pauvres. | Représentant du peuple. 

10° Autre état de la même. 

44 Lithographie encadrée, 1848. — En haut : Au peuple, Galerie démocra- 
tique. En bas : Defeneville 1848, | et Doctrion. | Imp. Lemercier à Paris | 
F.-V. Raspail | (Représentant du Peuple). | Citoyens Electeurs, salut et mercie 
à vous! | Donjon de Vincennes 1848. | Se vend chez l'Auteur, rue Gît le Cœur, 9. 

12% Lithographie. En bas : Paris Miné éditeur, imp. — r. S' Jacques, 41. | 
Raspail. 

43° Gravure. En bas : Imp. Chateau Lyon — Aimé Grinand | F. V. Raspail | 
député du Rhône, 1869. 

4% Lithographie, 1877. En bas : Lelogeais édit. rue Dupuytren 8 — Imp. 
Sarazin | F. V. Raspail. 

15° Lithographie, 1849. En bas : Raspail, | Médecin du Peuple | Publié par 
Comte, rue Fontaine des Thermes N° 12. 

16° Lithographie, 1849. En bas : François Vincent Raspail, | né à Carpentras 
en 1790. | À Lyon chez Pintard J., édit" rue de l’Annonciade, 2 — déposé. 

17° Lithographie, 1848, signée : Jowrdy. En bas : F, V. Raspail | Représentant 
du Peuple (1848). | (Seine) | ici un fac-simile de signature | Paris chez Leblanc, 
boulev. des Italiens 1. 

18° Lithographie, 1849. En haut : Les montagnards, | socialistes. En bas : 
Degrange, Editeur, r. Haute-Feuille, 11 — Lith. Daugean R. Hautefeuille 11 
| Raspail | Représentant du Peuple. 

19 Gravure, 1851, Signée : p. 3. En bas : Imp. Lemercier, r. de Seine 57 
Paris | F. V. Raspail | ex-représentant de la Constituante. 

20° Gravure, 1849, ayant servi de modèle à la précédente. En bas : Lith. 
Ch. Jacob, r. Rambutleau, 64. Même inscription. 

2e Gravure, buste. En bas : De Meersman sculp'| EF. V. Raspail | (1864) | 
Imp. Besteault, rue Dauphine, 41, Paris. 

22° Photographie par C. L. Leblanc. 


68 R. BLANCHARD 


23° Lithographie, 1874, signée à droite : À. Nerauda | 1874. | En bas : Imp. 
Frick aîné et fils, Paris. | F. V. Raspail | né en 1794. 

94 Gravure signée : B. Raspail fils. En bas : F. V. Raspail | député de 
Lyon | 1869. 

23 Gravure. En bas : J. E. Charbonnel del — A. M. Monnin sc. 1878 | 
Raspail | 1878 | Imp. Ch. Delatre | 303 rue S' Jacques. 

26° Gravure. En bas : Gustave Mercier sc. | Prieur impr. | fac-simile de la 
signature de Raspail. 

270 Gravure. En bas : E. Gourdon — Trichon | F.-V. Raspail | Clichy.— Impr. 
M. Loignon et Cie, rue du Bac-d'Asnieres, 12. 

28 Portrait gravé, dans un encadrement. En haut, hors du cadre : 25 cen- 
times. En bas, dans le cadre : F. V. Raspail. En bas et à droite, hors du cadre : 
Typ. F. Debons et Cie. ; 

29° Lithographie, signée : Napon Thomas. En bas : Bernasconi fr° Ed. 2 
Cours de Brosse, Luon — Lith. H. Jamin, 11 r. des Bernardins Paris | Raspail 
François Vincent | Représentant du Rhône. 

30° Lithographie, signée : Lecler | 1833. | Raspail est représenté en prison, 
avec la croix de la Légion d'honneur. En bas, trois lignes de sa plaïdoirie 
devant la cour d'assises. Plus bas : Galerie patriotique | à Paris chez Desesserts 
éditeur, rue Nve Montmorency. 2 — Lith. Delaunois rue du Bouloy 19. 

31° Lithographie, 1848. En bas : Raspail | Représentant du peuple | Lith. 
Miné Editeur, r. S'Jacques, 41. 

32 Lithographie, 1849. Raspail est représenté en prison. En bas : Lüith. 
Gosselin éditeur rue S' Jacques 71 — et à Lyon chez Gadoh rue des trois rois 3 
à la Guillotière. | F. V. Raspail | représentant du Peuple à l’Assemblée Natio- 
nale (Seine) condamné à six ans de détention par la Haute-Cour de Bourges, 
le 2 avril 1849. Suivent six lignes de sa plaidoirie devant la Haute-Cour. 

33° Lithographie, 1848. En bas : F. V. Raspail, | Représentant du peuple et 
l'Ami des Pauvres. 

34° Lithographie, 1848. En bas : 4 Paris, chez A. Bès et F. Dubreuil, imp. 
édit. rue Git le Cœur, 11 | F. V. Raspail. | né à Carpentras en 1794 | Repré- 
sentant du peuple. | Cassé fr à S!' Gaudens. 

35° Lithographie, 1848. En haut : Assemblée nationale. En bas : Raspail | 
Représentant du peuple. | (Seine) | 34. | Paris, V® Delarue, 10, place Desaïx, 
ancienne Dauphine — Imp. Kaeppelin et Cie, quai Voltaire n° 15. 

36° Lithographie. En bas : À Paris, chez A. Bés et F. Dubreuil, imp. édit. 
rue Gil le Cœur 11 |F. V. Raspail, | né à Carpentras en 1794. | Casse frS à 
S!' Gaudens — (déposé). 

37° Lithographie, 1850. En haut : Républicains socialistes. En bas : fac- 
simile de la signature de Raspail, puis en trois lignes : F. V. Raspail | 
ex-représentant du peuple. | Imp. Domnec, F° S' Martin, 105, à Paris — Se 
trouve à la Propagande socialiste, rue des Bons Enfants, n 1. 

38° Lithographie, 1848. En haut : Républicains socialistes. En bas : Lith. 
H. Jannin à Paris | Raspail | (Représentant du peuple). | Candidat à la prési- 
dence, ayant adopté les conditions du programme du Comité central démocra- 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 69 


tique, socialiste et révolutionnaire. | Chez Renoust rue de la Poterie-des-Arcis, 10. 
39° Lithographie. En haut : 15 mai 18481... En bas : H. Mailly — Imp. 
Domnec, F° S!' Martin, 105, Paris | ici la signature de Raspail en fac-simile | 
F. V. Raspail | représentant du peuple | condamné à 6 ans de Détention par la 
- Haute-Cour de Bourges. 
40° Lithographie, 1848. En bas : Rosselin édit. quai Voltaire, 21. — Lith. 
Auguste Bry, 134 r. du Bac | Raspail | fac-simile de signature. 
&o Lithographie, 1848, signée : C. Maurice. En bas : Paris, Rosselin, éditeur, 
quai Voltaire, 21 — Imp.. Auguste Bry, 134, v. du Bac |F. V. Raspail | fac- 
-simile de signature. 
42% Mauvaise gravure, de petite dimension, non signée. En bas : Raspail. 
43° Gravure, 1884, signée : Trichon. En bas : F. V. Raspail | Paris imp. 
Paul Dupont, 41 rue Jean-Jacques Rousseau. 
44° Lithographie. En bas : Bornemann fecit — Imp. Lemercier et Cie Paris — 
Deroche photog. | fac-simile de signature. 
45° Lithographie dans un encadrement rouge à fioritures, signée : 4. Mailly. 
En haut : Galerie électorale | 1869—1869. En bas : F. V. Raspail | Lith. 
Fraillery rue Fontaine 3. 
46° Lithographie, 1848. Raspail est représenté en prison ; le génie de la 
République égalitaire est derrière lui et l’inspire. En bas : C{. Maurice, inv. 
et del. — Lith. de Becquet fréres | F. V. Raspail | Représentant du peuple 
(Seine) | chez l’auteur, rue S' Victor, 20. 
47° Gravure sur acier, 1849. En bas : Raspail | à Paris, chez Amic ainé, rue 
S' Joseph, 6. 
48° Mauvaise lithographie. Raspail est représenté en prison. En bas : Lith. 
Clouet, Tr. Furstemberg, 7 — déposé. | Raspail (François-Vincent), | proclamé 
Représentant du Peuple, à Paris, le 21 Tbre 1848. 
49° Caricature qui sera décrite plus loin. 
50° Placard populaire en typographie, avec portraits gravés sur bois de 
Raspail et de Blanqui. En haut, sur deux colonnes : 
Chez Durand, éditeur, rue Rambuteau, 32 
Chez Cassanet, libraire, rue des Gravilliers, 25. 
Puis, en trois lignes : Arrêt | de la Haute Cour de Bourges | contre les citoyens 
Barbes, Blanqui, Raspail, Sobrier, Flotte, Quentin et les accusés contumaces. 
En bas, sur trois colonnes, un extrait du jugement. 
5le Placard populaire en typographie, avec cinq portraits en gravure sur 
bois. En haut : Socialistes. En bas : Lith. Lordereau, Editeur, r. S' Jacques, 59. 
| 4. Barbes | 2. Raspail, 3. Lagrange — k. Proudhon, 5. Pierre-Leroux. 
52° Placard populaire en typographie, avec huit portraits gravés sur bois. 
En haut : Les Socialistes | Calendrier | de La République démocratique et sociale. 
| 1849. | Suit un groupe de huit portraits, le n° 2 représentant Raspail. A 
droite et à gauche, sur deux colonnes de chaque côté, le calendrier pour 1849. 
Au bas : Imp. de Beaulé el Maignand, 8 rue Jacques de Brosse — Durand, 
éditeur, rue Rambutleau 32. — Suivent deux chansons, lune par À. Bourgeois, 
dédiée à Barbès, sur Pair de Brulus ou de Vive Paris, Vautre par G. Leroy, 
dédiée à Raspail, sur Pair du Drapeau de la Liberté (Charles Gille) 


70 R. BLANCHARD 


53° Lithographie. En haut : Représentants du Peuple. Suivent huit portraits 
en un cadre, réplique des gravures du placard précédent; le n° 2 représente 
Raspail. En bas : En vente chez Renault, r. du Temple, 61 — Imp. de Plista. 

54° Lithographie avec encadrement, donnant douze portraits. En bas : Paris, 
Miné. éditeur. imp. — Tue S! Jacques 41 | Condamnés dans le procès du 
15 mai 1848. | Suivent, sur trois colonnes, les noms des condamnés. On y 
lit cette mention : « Raspail 6 années détention. » 

55° Lithographie avec encadrement, renfermant dix neuf portraits. En bas : 
Paris. lith. Deshayes édit., r. du Petit Pont 21 | Accusés du 15 mai devant la 
Haute-Cour à Bourges. Suivent, sur cinq colonnes, les noms des 19 condamnés. 
Raspail y figure avec le ne 1. 

56° Lithographie avec encadrement, contenant trente-deux portraits. En 
bas : Paris, lith. Deshayes édit. r. du Petit Pont, 21.| République française. 
Montagne de 1848. | Suivent, sur quatre colonnes, les noms des 32 Monta- 
gnards. Raspail y figure avec le n° 2. 

57° Monument funéraire surmonté d’un Saule pleureur et d’une femme en 
deuil. Dans un nuage, le portrait de Raspail; dans le lointain, la coupole du 
Panthéon. Quatre hommes en pleurs ou dans l'attitude de la tristesse appor- 
tent des couronnes d’Immortelles. Le monument est de fantaisie et ne ressemble 
pas à celui de la famille Raspail au Père Lachaise. En haut : Souvenir. En 
bas : Lith. P. Cros, rue Belfort 23. Lyon | Honneur à la mémoire de Raspail. 
| 1878. | 

Caricatures. 


On pourrait réunir un bon nombre de caricatures concernant Raspail. Nous 
n’en Citerons que trois. 

1° Gravure qui fait partie-des collections du Cabinet des estampes et énumérée 
plus haut sous le n° 49. Raspail est figuré en costume antique, dans la tenue 
d’un lutteur, le coude droit appuyé sur une massue en forme de caducée ; il 
est monté sur une table, autour de laquelle les gens qu’il a guéris brandissent 
leurs cannes et leurs béquilles. À gauche, un flacon d'huile camphrée. En 
bas et à gauche, signature du dessinateur : G. Gostiaux. Plus bas : Bon à 
parailre ; mais, en ce moment, | pas à comparaître. | (2) pluviôse an 78 de la 
République | 14 Février 1870.]|F. V. Raspail | suivent cinq lignes de fac- 
simile d'écriture. Puis : Impie R. Brégeaut, 240, rue de Charenton, Paris. 

2° F.-V. Raspail par B. Taupin. Le Bouffon du 14 juillet 1867. Le dessinateur 
a reproduit le fac-simile de l'autorisation de la personne caricaturée, exigée 
alors par la censure (fig. 5). 

3 Le vieil arbre de la Liberté, par H. Démare. Gravure parue dans le 
Carillon du 10 novembre 1877 (fig. 6). 


Tableaux. 


1° Le tableau dont nous donnons la reproduction en simili-gravure (pl. I), 
représente Raspail à la prison de Versailles en 1832. Cette œuvre, due à 
l’habile pinceau de Larpenteur, appartient au petit-fils du grand savant, 
M. Julien Raspail, à Arcueil (Seine). Hauteur 450; largeur 190. 


E BOUFF( 


Aflchege réserve. : o a Affichage réservé. 


ÉPHÉMÉRIDES. 7 c FAUSSES HOUVELLES. 


45 juillet 1822. — Le duc d'Orieans, s à LA Covieile, du Nord, bien qu'il ne soit 

qui ptégeair les arts, fait placer dans sà où - £ Le. même que Covielle, de Molière, vient 

cour un mât de cocagns gsrni de déco- mar ; Ï Hi d'être chargé par le Sultan de traduire 

rations étrangères etinvile tous les lilté- act Et ev, en turc la Gronde-Durhesse de Gérols- 
rateurs à s'y exercer. Le TS a tele. 

Un nègre remporte le plus de prix et no, 5 ul : Ÿ ù AC Es 

est proclamé l'Alerandre du Mât. us MC 4 C7 RL Lorie Ou oc on 

= re & à k t3 fre Etre pousse décide à faire 

juitli . J.-C. — amende honorable. ÎUse promènera lundi 

ï TE ra nds Dane sur les boulevards, habile en homme-or- 

pour avoir sauvè Apres On le connait chestre, et exéculera la Prière de Moïse 


Aépuis sous le nom de Cincinnatus. LEE si 2 la parie de lus le Vdâres de mue 


91 juilleH689.— Jacques J1, pour.char- 4 A " 

j hàl La seconde fête vénitienne de l'Exposi- 
ee nn fa de lu eymrasque Paraisssnt le DIMANCHE ne One 
avec des pelils pois qu'il evil tire d'E pau sept Baleaux pavsisés et Üluru 
cosse. 


93 juiller 163.— Le general Seidlilz, Le CirqueAmericain, qui va représen- 
voalsat faire aller les population 4 nfernani vient d'engager NESolherns 
trouvant qu'au service de Frédéric JI À ET pour jouer le rôle du cor; mais l'acteur 
Iravaille un peu trop pour le roi de Prusse, e n anglais, qui est un drèle de corps, veut 


invente une esu trés efficace, qui mel son auparavant remporter sa vesle, qui en- 
nom dans loules Les bouches conbre Le Théäire-Ihlien 


Par B. TAUPIN 


M [| LIQUEUR | 
=) AYGIEN QUE | 
| 


72 R. BLANCHARD : 


20 Un superbe portrait peint en 1835, par Latil, ayant figuré au Salon de la 
même année. Raspail est représenté assis devant son bureau au Réformateur. 
Hauteur 124 ; largeur 088. Ce tableau a été donné au Département de la Seine, 
avec la propriété de Cachan, qu'habita F.-V. Raspail. 


LE CARILLON 


LE VIEIL ARBRE DE LA LIBERTÉ, as n oemne. 


Œnue RAP D! Mesen AaSPAI 


D! Came RASPAIL 
Corbeilles gérer 


Benamin RASPAIL F.-V. RASPAIL 


Dépaie de La Seine Deputs des Bouches dl, Rhône 


Fig. 6. 


3 Portrait au pastel, fait en 1856 par un artiste belge, le peintre Delacroix. 
À reçu la même destination que le précédent. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 73 


& Portrait en pied, peint par Mirallès ; a été exposé au Salon de 1878. Hau- 
teur 165; largeur 1»20. Appartient au Musée Carnavalet. 


T4 


ù t . bn d'a ? 
PAT PAT ET SEE A y 


Fig. 7. — Statue de F.-V. Raspaiz, érigée à Paris le 7 juillet 1889. 


Rappelons aussi la miniature reproduite plus haut (fig. 2), représentant 
Raspail en costume de séminariste. Elle est conservée précieusement dans la 
famille. 


74 R. BLANCHARD 


Statues. 


le Ainsi qu'il a été dit plus haut, une statue de Raspail a été érigée à Paris, 
le 7 juillet 1889, par souscription nationale. C’est une des meilleures œuvres 


Fig. 8. — Raspail, médecin des pauvres. 
Bas-relief de sa statue à Paris. 


Fig. 9. — Raspaiz sur la place de l’Hôtel-de-ville, le 25 février 1848. 
Bas-relief de sa statue à Paris. “ 


du sculpteur Morice, l’auteur de la statue de la République, élevée sur la place 


de ce nom, à Paris. Nous donnons une reproduction en simili-gravure du 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 75 


monument dans son ensemble, ainsi que des deux remarquables bas-reliefs 
qui en ornent les côtés (fig. 7, 8 et 9). 

2 Dans le square Raspail, à Lyon, se trouve également un buste en bronze, 
par le sculpteur Ernest Damé ; il a été inauguré le 13 juillet 1884. 
3° Buste en bronze exécuté en 1848 par le sculpteur Emile Thomas. Hauteur 
0"64. Appartient à M. Xavier Raspail, à Gouvieux (Oise). 

& Buste en marbre, par Fulconis. Hauteur 0"60. Appartient au Musée 
Carnavalet. 

5° Petit buste en bronze. Hauteur 031. Signé Lefranc. Musée Carnavalet. 


Médailles. 


Un grand nombre de médailles se rapportent à Raspail; elles datent pour 
la plupart de la République de 1848. 


Fig. 10. — Médaillon de F.-V. Raspail 


par David d'Angers (1835). 


4 Médaillon en bronze, par David d'Angers, 1835. Module 160" (fig. 10). Fait 
partie, au Musée du Louvre, de la collection des médaillons de cet artiste. 

2 (fig. 14). Médaille par Périer, en étain, émise le 23 mai 1848. Elle donne 
la liste d’un gouvernement provisoire mort-né. Module 48m". 

Bibliographie. — F. pE SAULCY, Souvenirs numismatiques de la Révolution 
de 1848. Paris, in-4° de 141 p. et 60 pl., sans date (1849); cf. pl. XLIX, fig. 8. 

3 (fig. 12). Médaille par Périer, en étain, émise le 26 mai 1848. Elle donne 


76 R. BLANCHARD 


Red Blanc \ 
 Lonelllens Barbès, 
: Ledru-Rollin Caussidière,: 
Sache Cabet. | 


(ère —QO— Liste. 
. Hotel-de-Ville, 


h heures du soir. 


- . 
EL ND RE TT de RTE Re SLT Pieter" a ane 
O6 0 0-0 


Fig. 11. 


Re ment pres ; 
hotel de Ville. > 


AE 
* Barbes, Ledru Rollin : | 


de Blanc, Albert ,T hore, 
F Blanqui, Cabet Raspail! 


| Flocon, Pierre Leroux, 


9906000 


Fig. 12. 


BARBES 
LEDRU-ROLLIN 
LOUIS BLANC 


EN FAVEUR 
DE LA POLOGNE 


ENVAIHSSEMENT DE 
L’ ASSEMBLÉE N/ NATIONALE 


#k 15 “MAI 1 1848 * 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. 


— FRANÇOIS VINCENT RASPAIL 77 


une seconde liste de personnes proposées pour constituer le Gouvernement 


provisoire. Module 48m. 


Bibl. — Souvenirs numismatiques, pl. XLIX, fig. 9. 


4 Face. — AN 1‘ | DE L'ÉTAT 
DE SIÈGE. | 1848. | REPRÉSENTANTS | 
DU PEUPLE, | ACCUSÉS | DU 15 MAI. | 
Inscription sur champ uni, en 
sept lignes. 

Revers. — RASPAIL, | BARBES, | 
ALBERT, | A VINCENNES. | CAUS- 
SIDIERE, | L. BLANC, | EN FUITE. | 
Inscription sur champ uni, en 
sept lignes. 

Médaille en étain, émise le 17 
juin 1848, en souvenir des événe- 
ments du 15 mai. Module 49". 

Bibl. — Souvenirs numismati- 
ques, pl. LIX, fig. 1. 

5 (fig. 13). Médaille en alliage 
de plomb et d’étain, émise le 26 
août 1848. Sur l’une des faces, se 
voit une liste de treize noms, la- 
quelle fut écrite à la craie sur le 
tableau noir de l’'Hôtel-de-Ville, le 
15 mai 1848 ; C'était l’une des nom- 
breuses listes proposées par Barbès 
et Albert pour constituer le Gou- 
vernement provisoire. 

Module 48m, 

Bibl. — Souvenirs numismati- 
ques pl XV, fig. 1. 

6° (fig. 14). Médaille en étain, 
très fruste, émise le 3 septembre 
1848. Module 48m. 

Ma collection (fleur de coin). 

Bibl. Souvenirs numismali- 
ques, pl. LVII, fig. 2. — C. L. DE 
DuiseurG, Recentioris ævi numis- 
mata virorum de rebus medicis el 
physicis merilorum memoriam 
servantia. Dantisci, in-8°, 1862; 
ct. p. 73, n° 194, 1. 


F1 0S PERSE, 


SE DU NATLONAL //K 
Le) LÀ À Ô 


REPRESENTANTOU PEUPLE 
DE PARIS PRISONNIER AU 
DONJON DE VINCENNES 


a VNE ET INDIy 
D 15 
ce DU 14 l& 
es M4, e 
CITOYENS,  %,%e 
Ÿ SI VOUS RENCONTREZ x Z 
& 67 À Ÿ 
œ SUN ADVERSAIREPOLITIQUE © #, 
NE LE QUITTEZ JAMAIS SANS 
LUI DONNERLAMAIN, VOUS 
VOUS ENTENDREZ MIEUX UNE 
AUTRE FOIS. 
2 LE TEMPS DES COUPS DE FUSIL EST 
4 PASSÉ C'EST AUTRE CHOSE QU'IL * 
* FAUT ET L'AVENIR EST AU PEUPLE & 


RASPAIL. 


SE NA 
Nes SEr, 2 
LS & DU LS ©\ 

PEUPLE LE ? | 

.- »| 
= 


L= 
A + 
an 20 | 
GT MRC AN 
$ TES m 
1845 


Fig. 15. 


7e (fig. 13). Médaille en cuivre argenté, jaune et rouge, émise le 24 septembre 


1848. Module 25m", 


Bibl. — Souvenirs numismatiques, pl. XV, fig. 3. 


78 R. BLANCHARD 


8 (fig. 16). Médaille en cuivre argenté, jaune et rouge, émise le 24 septembre 
1848. Module 25". | 

Bibl. — Souvenirs numismatiques, pl. XX VI, fig. 2. 

90 (fig. 17). Médaille en cuivre argenté, jaune et rouge, émise le 25 septembre 
1848. Module 28m. 

Ma collection (fleur de coin). 

Bibl. — Souvenirs numismatiques, pl XXIV, fig. 5. 
— DuisBURG, p. 73, n° 191, 2. — H. KLUYSKENS, Des 
hommes célèbres dans les sciences et les arts et des 
médailles qui consacrent leur souvenir. Gand, 2 vol. 
in-8°, 1859; Cf. IT, p. 345, n° 3. 

10° Face. — RÉPUBLIQUE FAUBOURIENNE | SI | RASPAIL | 
EST ÉLU PRÉSIDENT | PAUVRES SOCIALISTES, | VOUS COUCHE: 
REZ SUR LA | PAILLE, ET | MOURREZ DE FAIM | 10 XsrE 1848. 
Inscription en neuf lignes, la première et la dernière 
circulaires. Un fil à plomb entre les deux mots de la 
= première ligne. La troisième est remplacée par un 

GENE SE 5 rébus signifiant Raspail : un Rat à la patte duquel 
eo Re CA est attaché un épi de Blé (Rat-paille). 

LE @1 7 Revers. — RÉPUBLIQUE SOCIALE | PENSERIEZ | VOUS 

ba ÉCHAPPER A | LA PAILLE ET A LA FAIM, | PAUVRES ÉLEC- 
TEURS, | EN NOMMANT | A SA PLACE | CE GROS COQUIN | 
L. D —R.N]| LIBERTÉ * ÉGALITÉ *x FRATERNITÉ. Ins- 
cription en dix lignes, la première et la dernière cir- 
Fig. 16. culaires. Les initiales L. D — R. N désignent Ledru- 

Rollin. 

Médaille en étain polygonale (à 16 côtés), émise le 10 décembre 1848. 
Module 48mn, 

11° (fig. 18). Médaille en alliage de plomb et d’étain émise dans les derniers 
mois de 1848. Module 68mm. 

Bibl. — Souvenirs numismatiques, pl. XXXI, fig. 1. 

19° Face. — CLUB | MoN- 
TESQUIEU. Bonnet phrygien 
d’où sortent trois groupes 
de rayons. 


CLUB 
A ÉLU K2) 


NW SREPRÉ SENTANT %n 


D © 
% DU PEUPLE € 
m LE 21 ALU Revers. LT. RASPAIL | PRÉ- 
1848 SIDENT | 1848. Inscription en 
\ DÉTENU AU FORT 


trois lignes, sur champ uni; 

entre les deux dernières 
lignes, un fleuron. - 

Fig. 17. Médaille ou jeton en al- 

liage, à bélière. Module 28»; 

Cette médaille est erronée; le Club des amis du Peuple, présidé par Raspail, 

élait bien situé rue Montesquieu, mais ne portait pas le nom de Club Mon- 

tesquieu. 
Musée Carnavalet. Un exemplaire donné par M. de Liesville, fondateur de 


DE 
Y? S # 
NN 2N LL, 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 79 


ce Musée, et figuré dans l’Histoire numismatique de la Révolution de 1848 
par le même, publication restée inachevée par suite de la mort de l’auteur. 


13° Face. — CLUB | MoN- 
TESQUIEU | 1848 | Inscription 
en trois lignes, le long des 
côtés d’un fil-à-plomb coiffé 
d’un bonnet phrygien et 
ayant la forme d’un A. Le 
fil coupe en deux la date 
1848. 

Revers. — PRÉSIDENT | 
RaspaIL. | Au-dessus de 
l'inscription, une ligne 
courbe rayée de hachures, 
à concavité supérieure; 
au-dessous de l'inscription, 
une couronne de chêne. 

Médaille en alliage, cou- 
lée dans du plâtre par Pé- 
rier. Module 38mn, 

Musée Carnavalet. 

1% (fig. 19). Face. — Kcçois 
Voexr RASPAIL. Tête tournée 
à droite, de profil, nue, im- 
berbe, cheveux longs. Au- 
dessous, les initiales du gra- 
Veur : B. C. 

Revers. — NÉ | À CARPEN- 
TRAS | EN 1794 | ÉLU REPRÉ- 
SENTANT | DU PEUPLE | 1848. 
Inscription en six lignes 
sur Champ uni. 

Médaille en bronze, mo- 
dule 26%", Ma collection 
(fleur de coin). 

Bibl. — DuIsBURG, p. 73, 
n° 191, 3; KLUYSKENS, II, 
P. 345, n° 1. 

159 Face.— FRANGOIS VIN- 
CENT RASpAIL. Buste de trois 
quarts à gauche, tête nue, 
longs cheveux, longue bar- 
be, habit croisé. 


€ DEMOCRuy, 


Ple 


LEDRU-ROLLIN 


LA MONTAGNE 


N’EST PAS ENCORE 


KR 
by 


R- n"n 
= + 
œ Z 
uw OZ 
(=)MTY) 
A = 
ms") se 
de 
CS #; 
As cui So 
3 3 
S JS 
41\ 


- 


ACCOUCHEE 
D'UNE SOURIS 


Fig. 18. 


Revers. — SOUVENIR | DE | F.-V. RASPAIL | NÉ à CARPENTRAS VAUCLUSE 
| LE 29 JANVIER 1794 | MORT A ARCUEIL | LE 7 JANVIER 1878 |. Inscription 
sur Champ uni, en huit lignes, la première étant circulaire. 


80 R. BLANCHARD 


Médaille populaire à bélière, en cuivre, frappée à la mort de Raspail. 
Module 24v», Ma collection (fleur de coin). 

16° Face. — VINCENT Raspail. Inscription circulaire. Buste. 

Revers. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL | NÉ | A CARPENTRAS | LE 29 JANVIER 1794 
| MORT À ARCUEIL | LE 7 JANVIER | 1878 |. Inscription en sept lignes sur Champ 
uni, la première ligne circulaire. 

Médaille en cuivre, à bélière, frappée à l’occasion de la mort de Raspail et 
alors vendue sur la voie publique. Module 29m». 

17° Face. — FRANGOIS-VINCENT RaSPaIL. Buste. 

Revers. — SOUVENIR DE LA STATUE DE F.-V. RASPAIL NÉ A CARPENTRAS LE 
29 JANVIER 1794 ET MORT A ARCUEIL 
LE 7 JANVIER 1878 — INAUGURÉE LE 
7 JUILLET 1889. | 

Médaille en cuivre, frappée pour 
l'inauguration de la statue de Raspail. 
Module 24mm, 

18 Face. — VINCENT RaspaiL. Buste 
ig. 19. de trois quarts à gauche, tête nue, 

cheveux assez courts, grande barbe ; 
tête très grosse ; on ne voit qu'une très petite partie du cou et de l’épaule. 

Revers. — HONNEUR ET GLOIRE | A | F.-V. RASPAIL | 1794-1878 | SOUVENIR | DE 
L'INAUGURATION | DE SA STATUE | A PARIS | 7 JUILLET 1889 |. Inscription sur 
champ uni, en neuf lignes, la première et la dernière circulaires. 

Médaille populaire à bélière, en cuivre, module 24m», Ma collection (fleur de 
coin). 

En outre des médailles décrites ci-dessus, il en existe deux, et peut-être 
trois autres, que nous nous bornons à signaler. 

19° Face. — BARBÈS ET RASPAIL, DÉPUTÉS FRANÇAIS. Bustes. 

Revers. — Bonnet phrygien. 

Médaille à bélière, en cuivre et en argent. Moduie 24m. 

20° Face. — BARBÈS ET RASPAIL, DÉPUTÉS FRANÇAIS. Bustes. 

Revers. — Un triangle sur feuillages. 

Médaille à bélière, en cuivre et en argent. Module 24". 

21° Une médaille d’or aurait été frappée à la Nouvelle-Orléans, en 1848, en 
l'honneur de Raspail et en commémoration des résultats obtenus par sa 
méthode au cours d'épidémies de choléra et de fièvre jaune. Nous r’avons 
pas d’autres renseignements sur cette médaille, dont le D: Storer ne semble 
pas avoir eu Connaissance (1). 


NÉ 
A CARPENTRAS 
EN 1794 


DU PEUPLE 
1848 


(1) Du moins, nous n’en avons trouvé aucune mention dans les listes descrip- 
tives publiées par ce distingué numismate américain (@). 

(a) I. R. Srorer, The medals, jetons, and tokens illustrative of the science 
of medicine. American Journal of numismatics, passim, depuis 1894. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 81 


Objets divers concernant Raspail. 


Les nombreux documents que nous venons d’énumérer ou de décrire démon- 
trent de quelle grande popularité Raspail a joui au cours de sa longue 
carrière. Ce n’est pas seulement par l’estampe, la statue ou la médaille que la 
popularité se manifeste : elle revêt les formes les plus diverses, souvent les 


/ ‘ Le Av . 
Case sun etes 
Le Lt ie LT 2 


plus inattendues. Sans nous attarder à rechercher quelles manifestations de ce 
genre ont eu Raspail pour objet, nous reproduisons ici (fig. 20) une assiette 
en faïence qui rentre dans cette catégorie trop peu connue, qui constitue la 
menue monnaie de la gloire, mais, comme la menue monnaie, est destinée à 
passer dans un grand nombre de mains. 


( 


Archives de Parasilologie, VII, n° 1, 1903. (9 


82 R. BLANCHARD 


LISTE CHRONOLOGIQUE DES PUBLICATIONS DE F.-V. RASPAIL 


1. Mémoire sur la formation de l'embryon dans les Graminées. Annales 
des sciences naturelles, IV, mars 1825. 

2. Essai d’une classification générale des Graminées, fondée sur l'étude 
physiologique de cette famille. Zbidem, avril et juillet 1825. 

3. Développement de la fécule dans les organes de la fructification des 
céréales et analyse microscopique de la fécule, suivie d'expériences propres 
à en expliquer la conversion en gomme. Première partie. {bidem, octobre 
1825.— Deuxième partie. Zbidem, novembre 1825. Avec 8 planches dessi- 
nées par l’auteur. 

4. Additions au Mémoire sur l'analyse microscopique de la fécule. 
Ibidem, VI, mars 1826. : 

5. Réponse à quelques objections relatives au Mémoire sur la formation 
de l'embryon. Zbidem, mai 1826. 

6. Tableau comparatif des caractères physiques des diverses fécules. 
Bulletin universel des sciences et de l’industrie, première section, novem- 
bre 1826. 

7. Sur le sulfate d’amidon et sur l’inuline d'amidon. 1bidem, déc. 1826. 

8. Mémoire sur l'anatomie comparée des Graminées. 1bidem, deuxième 
section, mars et avril 1827. 

9. Recherches chimiques et physiologiques destinées à expliquer non 
seulement la structure et le développement de la feuille, du tronc, ainsi 
que des organes qui n'en sont qu'une transformation, mais encore la struc- 
ture et le développement des tissus animaux. Mémoires de la Société 
d'histoire naturelle de Paris, I, 1827, avec 3 planches dessinées par 
l’auteur. Extrait dans le Bulletin universel des sciences et de l’industrie, 
deuxième section, X, n° 176. 

10. Tableau comparatif des caractères physiques des diverses fécules. 
Bulletin universel des sciences et de l’industrie, première section, septem- 
bre 1827. 

11. Note sur une fécule singulière, extraite des tiges souterraines du 
Typha angustifolia. Ibidem, octobre 1827. 

12. Expériences chimiques et physiques sur les Chara. Ibidem, 
septembre 1827. 

13. Note sur le développement du Byssus botryoïdes. nb. septembre 
1827. 

1%. Mémoire concernant l'ouverture que Grew a décrite le premier sur 
le test des graines, suivi d’une notice sur le genre Pontederia. Mémoires 
du Muséum d'histoire naturelle, XIV. 

15. Notice sur la détermination spécifique des céréales trouvées par 
M. Passalacqua dans un tombeau égyptien et sur le mode de préparation 
qu'on leur a fait subir. Zbidem, XV. 

16. Sur l'hordéine et le gluten, et sur la difliculté d'isoler, par les 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 83 


procédés en grand, les différents principes dont se compose une farine. 
Ibidem, XVI, avec une planche. 

17. Recherches physiologiques sur les graisses et le tissu adipeux, 
Répertoire général d'anatomie, III, 1827, avec une planche dessinée par 
l’auteur. 

18. Anatomie microspique des nerfs, pour démontrer leur structure in- 
time et l'absence des canaux contenant un fluide et pouvant après la 
mort être injectés. Ibidem, IV, 1827. 

19. Premier mémoire sur la structure intime des tissus de nature anïi- 
male. Zbidem, IV, 1827. 

20. Second mémoire de physiologie et de chimie microscopique, sur la 
structure intime des tissus de nature animale. Zbidem, V, 1828. 

21. Anatomie microscopique des flocons du chorion de l'œuf humain. 
Ibidem, V, 1828, avec une planche dessinée par l’auteur. 

22. Expériences de chimie microscopique, ayant pour but de démontrer 
l’analogie qui existe entre la disposition qu'affecte la silice dans les Spon- 
gilles et dans certaines Éponges, et celle qu'affecte l’oxalate de chaux dans 
les végétaux ; accompagnées de l'anatomie microscopique des Spongilles. 
Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, IV, 1828. 

23. Nouvelles observations sur les cristaux calcaires qu'on trouve dans 
les tissus végétaux vivants. Zbidem. 

24. Histoire naturelle de l’Alcyonelle fluviatile et de tous les genres voi- 
sins, considérés, soit sous le rapport de leur organisation et de leur iden- 
tité spécifique, soit sous le rapport physiologique de leurs tentacules avec 
les branchies des Mollusques et des animalcules ou infusoires ou sperma- 
tiques. Zbidem, avec 5 planches coloriées, dessinées par l’auteur. 

25. Notes additionnelles au Mémoire précédent. 1bidem. 

26. Observations et expériences propres à démontrer que les granules 
qui sortent pendant l'explosion du grain de pollen, bien loin d'être les 
analogues des animalcules spermatiques, comme Gleichen l'avait pensé le 
premier, ne sont pas même des corps organisés. /bidem. 

27. Notesur le développement par stolons du Conoplea cylindrica. Ibidem, 
avec une planche. 

28. Sur les moyens, soit chimiques, soit microscopiques, qu'on a tout 
recemment proposés, pour reconnaître les taches de sang en médecine 
légale. Journal de médecine, février 1828. 

29. Polémique à ce sujet. Zbidem. 

30. Observations critiques sur le mémoire de MM. Orfila et Lesueur, inti- 
tulé : Recherches médico-légales, pouvant servir à déterminer, même long- 
temps après la mort, s’il y a eu empoisonnement, et à faire connaître la 
nature de la substance vénéneuse. [bidem, juillet 1828. 

91. Partie botanique de la 2"° section du Bulletin universel des sciences 
el de l’industrie, depuis 1825 jusqu'en 1828. 

32. Nouveau réactif propre dans les expériences de chimie microsco- 
pique à faire distinguer le sucre, l'huile, l'albumine et la résine. Annales 


84 R. BLANCHARD 


des sciences d'observation, 1, p. 72-93, avec une planche dessinée et colo- 
riée par l’auteur (1). 

33. Note sur la parturition vivipare des Moules de rivière, adressée à 
l'Académie des sciences, le 14 juillet 1828. 1bidem, 1, p. 109-127, avec 
une planche. 

34. Description d'un goniomètre microscopique. {bidem, 1, p. 228-230. 

35. Histoire naturelle des Bélemnites accompagnée de la description et 
de la classification des espèces que M. Eméric, de Castellane, a recueillies 
dans les Basses-Alpes de Provence. Zbidem, 1, p. 271-231, avec trois plan- 
ches, dont deux dessinées et coloriées par l'auteur. 

36. Essai d'expériences et d'observations sur l'espèce végétale en général 
et en particulier sur la valeur des caractères spécifiques des Graminées. 
Ibidem, 1, p. 406-438, avec 1 planche dessinée par l’auteur. 

37. Monographie de deux espèces de Panicum qu'une erreur d'obser- 
vation avait érigées en genre sous le nom de Monachne, accompagnée de 
considérations relatives à quelques autres genres fondés sur des caractères 
tout aussi illusoires. Zbidem, 1, p. 438-451, avec une planche dessinée par : 
l'auteur. 

38. Sur le genre Hierochloe et ses analogues et sur les analogies du 
Festuca flabellata Lamck. 1bidem, I, p. 70-90, avec trois planches dessinées 
par l’auteur. 

39. Médecine légale. Examen critique des recherches que M. Barruel 
vient de publier sur les moyens de distinguer le sang des animaux. 
1bidem, I, p. 133-145. 

40. Déviations physiologiques et métamorphoses réelles du Lolium. 
1bidem, IL, p. 233-244. 

41. Anatomie comparée de deux espèces de Strongylus qui vivent dans 
le Delphinum phocena. Ibidem, 1, p. 244-254, avec deux planches dessinées 
par l’auteur. 

42. Expériences chimiques et physiologiques ayant pour objet de déter- 
miner le mécanisme de la circulation dans les entre-nœuds de Chara et 
dans le système vasculaire des animaux. Zbidem, 11, p. 396-429, avec une 
planche dessinée et coloriée par l’auteur. 

43. Essai de chimie microscopique appliquée à la physiologie. Ibidem, 
IT, p. 430-445 ; III, p. 65-82, 216-228, 368-397 ; IV, p. 65-81, 225-251. 

44. Revue analytique de quelques-unes ils espèces de Cynodon Rasp. 
qui constituaient l’ancien genre Arundo. Ibidem, II, p. 99-113, avec une 
planche dessinée par l’auteur. 

45. Les arborisations des calcédoines et des agates mousseuses provien- 
nent-elles, en cerlains cas, de la présence de Conferves fossiles ? Zbidem, 
III, p. 243-251. 

46. Note sur le rôle qu'on a fait jouer aux fossiles dans la détermination de 


(1) Annales des sciences d'observation, rédigées par F.-V. Raspaiz et J. SAIGEY, 
4 vol. avec nombreuses planches en noir et en couleur, 1829-1830. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 85 


l'ancienneté relative des couches qui composent la croûte du globe. Zbidem, 
IT, p. 408-413. 

41. Études agrostographiques. 1bidem, IV, p. 274-280, avec une planche 
dessinée par l’auteur. 

48. Histoire de la théorie de la structure de la fleur. Zbidem, IV, p. 280-285. 
49. Essai de chimie microscopique appliquée à la physiologie ou l’art de 
transporter le laboratoire sur le porte-objet dans l'étude des corps organisés. 
Paris, Meilhac, in-8°, 1830. 

50. Nouveaux coups de fouet scientifiques. Paris, in-8°, 1850. 

51. Cours élémentaire d'agriculture et d'économie rurale à l’usage des 
écoles primaires. Paris, L. Hachette, 1831-1832 ; 5 petits traités in-18 avec 
planches gravées. Réimprimé en 1838. En 1841 parut à Lisbonne une 
traduction par le D' J. de FiGuEiRE»O y SiLva, avec cette dédicace : 
« À M. Raspail, reformador da physiologia vegetal, creador da chimica 
microscopica, author do curso elementar d’agricultura e d’economia rural.» 

52. Nouveau système de chimie organique fondé sur des méthodes nouvelles 
d'observation. Paris, J.-B. Baillière, 1833, in-8° avec 12 pl. gravées dont 
6 coloriées. — Mis à l'index par la cour de Rome, le 20 juillet 1834, ce 
livre fut traduit en anglais, en allemand et en italien. Une seconde édition 
parut en 1838, en 3 forts vol. in-8° accompagnés d'un atlas in-4 de 20 
planches. 

53. Mémoire comparatif sur l’histoire naturelle de l’Insecte de la gale. 
Paris, 1834, in-8° avec une planche coloriée. 

54. Le Réformateur, journal quotidien des nouveaux intérêts matériels 
et moraux, industriels et politiques, littéraires et scientifiques. Paris, 
1834-1835. Le premier numéro porte la date du 8 octobre 1834 et le dernier 
celle du 27 octobre 1835. 

55. Nouveau système de physiologie végétale et de botanique fondé sur les 
méthodes d'observation qui ont été développées dans le nouveau système 
de chimie organique. Paris, J.-B. Baillière, 1837, 2 forts vol. in-8° et un 
atlas de 60 pl. d'analyses, dessinées d’après nature et gravées en taille- 
douce. 

56. Manuel pour l'analyse des substances organiques par J. Liebig, suivi 
de l'examen critique de procédés et des résultats de l'analyse des corps 
organisés, par F.-V. Raspaiz. Paris, J.-B. Baillière, 1838, in-8° avec 2 pl. 
gravées. 

57. De la Pologne sur les bords de la Vistule et dans l’émigration. Paris, 
in-8°, 1839, avec cette épigraphe : Super flumina Babylonis, ilic sedimus 
el flevimus, dum recordaremur tui, Sion. 

58. Mémoire à consulter à l'appui du pourvoi en cassation de dame Marie 
Capelle, veuve Laffarge, sur les moyens de nullité que présente l'expertise 
chimique. Paris, au bureau de la Gazette des Hôpitaux, in-$° de 171 pages, 
octobre 1840. 

59. Reproduction des 601 et 602 planches qui manquent habituellement 
aux Champignons de Bulliard, avec une notice sur ce savant. Paris, 
in-folio, 1840. 


86 R. BLANCHARD 


60. Réponse relativement au procédé de dorure de M. Elkington, in-8°, 1841. 

G1. Histoire naturelle des Ammonites, suivies de la description des espèces 
fossiles des Basses-Alpes, de Vaucluse et des Cévennes. Paris, Meilhac, 1842, 
in-$8° avec 4 pl. gravées. 

62. Médecine des familles. Paris, in-18, 1845. 

63. Histoire naturelle de la santé et de la maladie chez les Végétaux et 
chez les Animaux en général et en particulier chez l'Homme, suivie du 
formulaire pour une nouvelle méthode de traitement hygiénique et curatf. 
Paris, Levavasseur, 1843, 2 vol. in-8° avec fig. sur bois dans le texte et 12 
planches gravées. — La 2° édition parut en 1846 en 3 forts volumes in-8° 
et 18 planches gravées. — La 3° édition, refondue entièrement par l’auteur 
pendant son exil en Belgique, porte la date de 1860 ; elle est également 
en 3 forts volumes in-$8° et contient 19 planches gravées et un portrait. 
Les exemplaires sont avec planches en noir ou avec planches en couleur. 

64. Manuel annuaire de la santé ou médecine et pharmacie domestiques, 
contenant tous les renseignements théoriques et pratiques nécessaüres pou 
savoir préparer et employer soi-même les médicaments, se préserver ou se 
guérir ainsi, promptement et à peu de frais, de la plupart des maladies 
curables, et se procurer un soulagement presque équivalent à la santé dans 
les maladies incurables ou chroniques. Paris, 1845, in-18, avec un portrait 
de l’auteur à partir de l’année 1849. Cet ouvrage, qui a paru régulièrement 
chaque année, en est à la 58° édition. Il est continué, depuis 1878, date de 
la mort de F.-V, Raspail, par son fils Xavier Raspail. 

65. Procès et défense de F.-V. Raspail, poursuivi le 19 mai 1846, en exer- 
cice illégal de la médecine, devant la 8° chambre, à la requête du ministère 
public et sur la dénonciation formelle des sieurs Fouquier, médecin du roi, 
et Orfila, doyen de la Faculté de médecine de Paris. Paris, in-8°, 1846. 

66. L’ami du peuple, en 1848, an 1° de la République reconquise. Journal 
paraissant le jeudi et le dimanche matin; prix : 5 centimes. — Ce journal 
cessa de paraitre au 2l° numéro, par suite de l’incarcération de Raspail à 
Vincennes, après la journée du 15 mai. Le premier numéro est daté du 27 
février et le dernier du 14 mai. | 

67. Revue élémentaire de médecine et pharmacie domestiques, ainsi que 
des sciences accessoires et usuelles, mises à la portée de tout le monde. 2 vol. 
in-8°, 1847-1849. — Cette publication paraissait par livraisons mensuelles. 
Raspail en expliqua la cessation dans la dernière livraison (15 mai 1849) 
par ses «adieux jusqu'à des temps plus heureux » adressés aux abonnés 
de la Revue. Ils sont datés de la citadelle de Doullens. 

68. La Lunette du donjon de Vincennes, almanach démocratique et social 
de l’Ami du Peuple pour 1849, par F.-V. Raspail, représentant du peuple. 
In-16 avec des figures sur bois dans le texte, dessinées par son fils, 
Benjamin Raspail. 

69. La Lunette de Doullens. Almanach démocratique et progressif de 
l'An du Peuple pour 1850, par F.-V. Raspail, représentant du peuple à la 
Constituante. In-16 avec le portrait de l’auteur. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. — FRANÇOIS-VINCENT RASPAIL 87 


70. Le Fermier vétérinaire, ou Méthode aussi économique de préserver et 
de quérir les animaux domestiques du plus grand nombre de leurs maladies. 
Bruxelles, in-18, 1854. — Cet ouvrage a eu sept éditions. 

71. Revue complémentaire des sciences appliquées à la médecine et pharma- 
cie, à l'agriculture, aux arts et à l’industrie. Bruxelles, 1854-1860, 6 vol. 
in-8°. — Paraissait par livraisons mensuelles. 

72. Mon dernier procès en 1856 au sujet du charbon de bois artificiel. 
Bruxelles, in-8°, 1857. 

73. Les Bélemnites fossiles retrouvées à l’état vivant, 1861 ; in-8° avec une 
planche coloriée. 

74. Appel urgent au concours des hommes éclairés de toutes les professions 
contre Les empoisonnements industriels ou autres. 1863, in-12. 

75. Nouvelles études scientifiques et phylologiques. 186%, in-8° avec 10 pl. 
sur cuivre et 4 lithographies dessinées et gravées par Benjamin Raspail. 
— Recueil de 400 pages qui peut être considéré, par la variété des sujets 
traités, comme une continuation de la Revue complémentaire. 

76. Le choléra en 1865-1866. Paris, in-8°, 1866. 

77. Histoire naturelle des Ammmonites et des Térébratules, suivie de la 
description des espèces de ces deux genres recueillies dans les départements 
des Basses-Alpes, de Vaucluse, des Cévennes et de la Lozère. Paris, grand in-#° 
oblong avec 11 planches, 1866. 

18. Prévision du lemps. Almanach et Calendrier météorologique, suivi 
d'un traité succinct sur l’art de pronostiquer le temps avec une certaine 
probabilité, à l'usage de l’homme des mers et de l’homme des champs. Paris, 
in-18, 1865-1877. — Le volume pour 1871 n'a pas paru à cause de la guerre, 

79. Réformes sociales, gr. in-8°, 1872. — Ce livre est divisé en deux 
parties dont l’une prépare l’autre : la première intitulée le Combat, la 
deuxième les Doctrines. 

80. Peu de chose, mais quelque chose. — Trois petites brochures in-18 


mr 


parues sous ce titre en 1873, 1874 et 1875. 


GLI DET DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 


E L’'USO ANTICO DELLE FUMIGAZIONI E DELLE RETI. 


CONTRO DI ESSI 
PEL 


P rofessore LUIGI MANZI 


CAPITOLO ! 


1. Culto degli Elei pel Dio Miagro, distruttore delle Mosche che 
apportano la pestilenza. — 2. Le deità salutari egizie Lo o Iside e Thot- 
ibi. — 3. L'Ibi che allontana la pestilenza e distrugge à Serpentelli 
alati o gli Anofeli. 

4. — Oggi che la scienza assurge agli onori della massima illus- 
trazione sotto lo scettro di eccelsi cultori, non pud disconoscersi- 
negli antichi il merito di avere intuito l’odierna teoria della 
malaria tra 1 tanti trionfi del loro ingegno speculativo basato 
sulla teoria aristotelica, che anteponeva, come osserva anche il 
Galilei, l’esperienza ed il senso ad ogni discorso anche ben fondato. 
Fa d’uopo perd esser cauti nel riscontrare le cognizioni antiche, le 
quali si presentano per lo più adombrate dalle finzioni mitologiche, 
dalla inesattezza del linguaggio scientifico e dalle formole magiche 
e deprecatorie. Lo stesso Pitagora, a m d’esempio, non seppe dare 
bando a queste, mentre shbarazzava delle divinità la medicina e 
chiamava a contribuire al bene della società la legislazione e la 
polizia, con quel che s’intitola vivere pitagorico. Quindi non deve 
fare specie se sotto il velame di espressioni strane in quella opera 
enciclopedica di Plinio, varia, al dir del nipote, quanta la stessa 
natura, e fonte inesauribile delle più antiche conoscenze, si trovi 
insieme ad un saggio precetto d’igiene ed ai rimedi salutari 
un” invocazione ai numi Oo una superstiziosa credenza. Egli dice : 
« Invocano gli Egizi le loro [bi contro l’invasione de’ Serpenti e gli 
Elei il Dio Miagro, allorchè è apportata la pestilenza dalla moltitu- 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 89 


dine delle Mosche, le quali muoiono incontanente quando coi 
sacrifici propiziano quel nume (1) ». 

Or chiaro qui appare il concetto degli antichi travisato dal 
racconto di Plinio,giacchè per invasione o aggressione de’ Serpenti 
devesi intendere la produzione malarica accompagnata dal fermento 
settico delle paludi e dallo sviluppo delle Mosche e delle Zanzare, 
principali veicoli di essa. Ma la religione, depositaria della scienza, 
pel proprio interesse e per l’igiene pubblica non poteva trascurare 
gli elementi di civiltà e di sapienza, il cui possesso avesse procurato 
aumento di potenza e di credito. Percid essa neï sacrilici aveva 
trovato anche il modo di allontanare e distruggere le Zanzare con le 
lustrazioni e le fumigazioni terapeutiche. 

2. — Questa interpretazione, che sara meglio confermata in 
seguito, squarcia, si potrebbe dire, come per incanto il tanto famoso 
velo d’Iside, di quella incomprensibile dea egiziana, che identificata 
con la luna e la Io de’ Greci (2), pud ritenersi pei suoi attributi 
l’esplicazione vera de’ primi progressi dell’ arte medica, l’esposi- 
zione del grave problema della malaria presso gli antichi, della 
medicina preventiva o dell igiene pubblica, la quale, come ebbe 
ad affermare il Baccelli nel XIT Congresso di medicina interna in 
Roma (anno 1902) è la suprema legge dello stato, e dev’ essere 
l’oggetto della nuova clinica o medicina politica. 

Al nome poi di [side, che si disse di avere in Egitto per la prima 
volta tolto l’antropofagia e di avere guarito gli uomini con larte 
edica 0 la magia (3) si collegano tutte le idee mistiche più antiche 
sulla malaria, che si completano nel culto di Thot-1bi e di Tot 
semplicemente, che era anche divinità lunare, misurava 1l tempo, 
comandava alle forze misteriose della natura ed era ritenuto il 
primo istitutore della medicina e della chirurgia (4). 


(1) « Invocant et Aegyptii ibes suas contra serpentium adventum : et Elei 
Miagron Deum muscarum multitudine pestilentiam afferente, quae protinus 
intereunt quum litatum est ei Deo. » — Prinrus, Historia nal., lib. I, c. x. 

(2) Marsham (Canon. Aegypt., sec. 1), fu il primo a dimostrare cid ed Erodoto 
(lib. I, c. ret 1v) ha detto in termini espressi che l’Io degli Argivi era la stessa 
Iside degli Egizi. Jablonschi (Pant. Egip., lib. ILE, ce. 1) dice che l’antico nome 
egizio della luna è Jo. 

(4) Il nome di Thot, Zehouli pare significhi quegli che appartiene all Ibi 
divino, — Brucsou, Religion und Mythologie, p. 440. 

(4) Le testimonianze degli autori classici e de’ monumenti egiziani su Thot 
medico e chirurgo sono state raccolte dal Prerscumann, Hermes Trismegistos, 
p. 20, sqq. 43, 57. 


90 L. MANZI 


La stessa correlazione che v’ ha tra l’igiene e la medicina pu 
dirsi sia esistita presso gli Egizi tra il culto d’Iside e quello di 
Thot-ibi, giacchè Iside, mutata in bianca giovenca ed affetta da 
Estro bovino, nella mitologia rappresenta lo stato patologico degli 
esseri viventi attaccati dalla malaria e Thot-ibi sotto forma 
d’Uccello la medicina preventiva apprestata dalla stessa natura 
per allontanare e attenuare quel male. 

3. — Plinio e Galeno attribuiscono all Ib1 la scoperta del clistere, 
e mentre il Maspero nota il grande uso che facevano gli Egizi 
de’ purganti nel primo indizio di febbri malariche, già Diodoro 
Siculo ricordava che essi ricorressero per misura preventiva nei 
morbi a continui clisteri digiuni e vomitivi (1). Eliano mette 
l’Uccello Ibi in relazione con la luna dicendo che è devoto a questo 
astro, e impiega tanti giorni a covare le uova ed a schiudere i 
suoi piccini quanti occorrono alla stella Iside per percorrere la sua 
orbita (ad lunae rationem ova fingit). Cicerone, meglio di qualunque 
scrittore antico, determinando la natura dell’ Ibi, dice che gli 
Egiziani non consacrarono nessun animale se non per qualche 
utilità, che da esso ricevono come gl’[bi che sono Uccelli con 
rigide zampe, con becco corneo e lungo : essi allontanano la pesti- 
lenza dall’ Egitto, allorchè uccidono e consumano 1 volatili Serpenti 
d’acqua che dal!” ampia Libia sono trasportati col vento africano (2). 

Alla stessa guisa si osserva oggidi che una forte sciroccata basta 
a fare sviluppare dal fermento settico gli Anofeli nell’ agro romano : 
donde per analogia devesi ritenere che la tradizione erronea, 
esagerando anche le fasi biologiche di essi, abbia voluto indi- 
care queste malefiche Zanzare col nome di Serpenti alati, che si 
sollevano dal fermento settico delle paludi, e portano una inocu- 
lazione tossica sull organismo umano, spargendo nell’ aria esala- 


(1) Lib. TI, 82 


(2) « Aegvptii nullam belluam nisi ob aliquam utilitatem quam ex ea caperent, 
consacraverunt, velut ibes maximam vim serpenlium confciunt, cum sint aves 
exCelsae cruribus rigidis, corneo proceroque rostro avertunt pestem ab Aegypto 
cum volucres angues ex vastitale Libiae vento africo invectos interficiunt atque 
consumunt. » — De nalura deorum, p. 330. 

Ovidio ha fatto un canto sul! Ibis, in cui il Nisard dice nella prima nota : « Cet 
Oiseau passait d'ailleurs pour se donner des remèdes par le moyen de son long 
bec. Ovide le croit et Georges Pisadas, auteur d’un poème en vers grecs sur 
l’Oeuvre de six jours, dit que l’Ibis sait plus de médecine que Galien. Alicat 
çemblème 87) lui attribue aussi l'invention du elystère. » 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 91 


zioni pestilenziali. Anche Vitruvio chiama gli Anofeli bestie 
palustri, che si sollevano avvelenate con la nebbia, fanno il luogo 
pestilente e spargono neï corpi degli abitanti il loro fiato o spirito 
morbigeno (1). Or mentre Varrone riconosce che nel fango delle 
paludi crescono animali minuti, che non si possono seguire con 
l’occhio, e sollevandosi portano il veleno nel nostro corpo per la 
bocca e per le narici (2), Columella (3) più esattamente osserva che 
la palude nei gran caldi vomita maligno tossico e ingenera animali 
armati di aculei sottilissimi che volano in gran copia contro di 
noi. Anche cessata l’umidità vernale, essa manda fuori dal fango 
e dal fermento settico un’ infezione di bestie aquatiche e di Serpi, 
donde spesso contraggonsi malattie si occulte che neppure i medici 
possono discernerne le cagioni. Cid concorda meglio col racconto 
che Pomponio Mela (4) fa della infezione malarica d’Egitto, dove 
in certo tempo dell’ anno si sollevano nell aria Serpentelli alati 
molto piccoli, che sono distrutti dagli Uccelli detti Ibi. 

Anche Solino (5) con maggiore esagerazione ammette che le 
paludi arabiche mandano esalazioni di pennati Serpenti aquatici, 
1 quali hanno il virus di effetto cosi istantaneo che recano in seguito 
al morso prima la morte che il dolore : ma innanzi che passino in 
Egitto e lo appestino, sono distrutti dagli Uccelli Ibi. Strabone (6) 
che stette qualche tempo in Egitto, fa menzione dell’ Ibi, dicendo 
che ogni via d’Alessandria abbonda di siffatti Uccelli in parte à 
beneficio de’ cittadini. Essi sono utili in quanto che divorano ogni 
sorta d’insetti nocivi, co’ rimasugli delle osterie e delle beccherie. 
Diodoro Siculo accerta che l’Ibi passeggia tutto il giorno sulle rive 
de’ fiumi e degli stagni per insidiare i Rettili e scovarne le uova 
senza dimenticare mai i Coleotteri e le Locuste. 

Or tutto cid sfatando la leggenda raccolta dapprima da Erodoto e 


(1) « Spiritusque bestiarum palustrium venenatos cum nebula mixlos in habi- 
tatorum corpora flatus spargent, eflicient locum pestilentem. » — Lib. I. cap. 1v. 

(2) Arescunt, creseunt animalia quaedam minuta, quae non possunt oculi con- 
sequi et per aera intus in corpus, per os ac nares perveniunt, atque efliciunt 
difficiles morbos. — Lib. I. cap. 11. 

(3) « Tum (palus) etiam natricum serpentium pestes, hiberna destitulas. » 

(4) Lib. HIT, c. vu, 61. 

(5) « Nam quaecumque Arabicae paludes pennatorum angium mittunt exa- 
Mina, quorum {am citum virus est ut morsum ante mors quam dolor insequalur.» 
— Solino, xxx11, 33. 

(6) Geog., XVIL, cap. 51, 4. 


92 L. MANZI 


derisa da Aristotile intorno ai Serpenti alati, che sono esistiti 
solo nella vivace fantasia orientale, ci viene a indicare che la 
massima produzione malarica con lo sviluppo degli Anofïeli era 
nella parte occidentale del Delta e massimamente presso il Canopo 
e la laguna Mareotis (1) vicino Alessandria, dove gli antichi 
Egiziani ed i coloni Greci ebbero ad acuire il loro ingegno coll 
osservazione accurata della malaria, e pervennero à difendersi dalle 
nocive Zanzare col mezzo pratico di dormire sulle torri, sotto reti 
fitte da pesca, secondo lo stesso Erodoto, e sotto un apparecchio 
speciale fatto con rete a maglie strette di Canape, detto o per tale 
pianta conopeo (2) o dalla regione nilotica chiamata Co nopea, dove 
gli abitanti si difendevano dalle Zanzare con voce greca nominate 
conopi. 
CAPITOLO II 

4. Giove Apomio ed Ercole Apomio distruttori o depulsori anche di 
Zanzare. — 5. Mercurio identificato all Tbi ed uccisore di Argo posto 
a guardia di Lo o [side egiziana tramutata in giovenca ed affetta da 
Estro bovino. — 6. Minute ispezioni anatomiche degli animali in Elide, 
dove Ercole apporta la bonifica, e Giove Apomio è venerato. 


4. —Puÿ ritenersi che la colonizzazione greca si sia avanzata verso 
l'Egitto con più facile o immediata espansione dalla Cirenaica, 
donde il faraone Amasi traendo moglie, attird 1 Greci Dori del 
Delta occidentale concedendo loro con posto franco la costruzione 
di Naucratide (3). Una delle bocche del Nilo ebbe il nome di 
Naucratico o Eracleotico da Ercole presso il Canopico, ed Eracleopoli, 
la città di questo eroe o nume sul} isola omonima poteva conside- 
rarsi il vero vestibolo delle colonie greche per l’entrata nel Delta 
fino a Menf. e rappresentava con la sua denominazione in memoria 
di Ercole l’opera assidua e costante della civiltà, che trionfava con 
le bonifiche sulla natura malvagia dei luoghi malarici, 

Le osservazioni e le pratiche igieniche degli Egizii dovettero colà 


(1} © Unde ostium quidem Naucraticum nominant, quod alii Heracleoticum 
Canopico, cui proximuim est... Item Libiae Mareotis. » — Prius, Historia natu- 
ralis, lib. V, 9. 

(2) Non è escluso dagli orientalisti che la voce Canape possa derivare dal nome 
della regione nilotica detta Conopea o dal ramo di Canopo. 

(3) Perrte, Naukratis, T1, p. 1, sqq. — Mucrer, Les premiers établissements 
des Grecs en Égypte, p. 185, 190. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELT 93 


essere apprese dai Greci, tra i quali gli Elei, come dice Plinio già 
ricordato, invocavano il Dio Miagro, depulsore delle Zanzare e con 
lo stessce attributo adoravano Giove Apomio, come i Ronrani ebbero 
il loro Ercole Apomio insieme alle divinità della Febbre e della 
Paura (1). Pare che il culto di Giove Apomio sia nato dal patetico 
racconto mitologico di Lo o Iside, punta costantemente dall’ assillo. 
E’notevole poi che Mercurio, figlio di Giove fu l’uccisore di Argo 
dai cento occhi posto a guardia di lo amata da Giove e si disse 
nato in Cillene, stazione navale dell’ Elide, per cui Ovidio, accen- 
nando alle sue qualità salutari rappresentate dal caduceo col Serpe, 
dice che | 
pure sotto l’ali 
D'un Ibi il nume di Cillen s’ascose (2). 

5. — Anche in Egitto Ermopoli, la città di Mercurio, pure tanto 
rinomata pel culto di Thot-Ibi rimaneva non lontano da Panopoli 
col borgo di Napoli presso Naucratide 0 nella regione dove i Grecidi 
varia origine si dispersero, secondo il Maspero (3) nei canali occi- 
dentali del Nilo, dando il nome alle isole di Efeso, Chio, Samo, e 
Cipro. In tutto cid noi vediamo con nesso logico fondersi come in 
un crogiuolo le tradizioni mitologiche greche ed egizie, le quali 
per rispetto al problema della malaria e delle bonifiche passarono 
nella classica terra dell’ Elide nel santuario d’Olimpia, col culto 
d’Ercole, che deviando le acque dell’ Alfeo: con le colmate puri- 
ficava le stalle d’Augia, distruggeva il terribile Leone Nemeo, 
s’'impadroniva degli aurei pomi delle Esperidi difesi da un Drago 
a cento teste nella Cirenaica, dove le vittime della malaria erano 
destinate a placare il mostro o il demone rappresentato dalle acque 
pestilenziali accompagnate dal fermento morbigeno e dalla produ- 
zione delle Zanzare (4). 

Egli poi uccideva il gran Serpente di Lerna, che avendo sette 
teste, viveva in Lerna, palude dell’ Argolide ed era la personifica- 


(4) Arouvw Ati 6Sououv 'Heïot ‘Pouaïor Aropôw Hoaxket ai Ilupert xat Péfo 
Ovououv oÙc zai adrodc perd roy appt roy /Ilpaxhéx eyyotpouatv. » — CLEME NS. ALEX. 
in Protrep., 11, 24. 

(2) Metam., lib. V, trad. del Dorrucci. 

(3) Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, I. Les empires, p. 649. 

(4) Forse cid ha dato luogo a soggetto di dramma satirico e di commedia, 
giacchè su qualche monumento Ercole Lalvolta in grottesco costume di contadino 
si vede consegnare ad uno seduto in trono dalla faccia scimmiottesca i Kepxwme: 
déemoni o spiriti folletti caudati, malefici, vagabondi, i quali ba presi € rinchiusi 
in una gabbia, 


0% L. MANZÏ 


zione de’ miasmi delle paludi di quella regione. Ed ecco perchè si 
ebbe una Lo degli Argivi, ricordata da Erodoto, identica alla Iside 
Egiziana, e Melampo ebbe smisurate ricompense dal re di Argo 
per avere casualmente scoperto la proprietà dell” Elleboro, il quale 
tritato ha anche la virtü, si diceva, di uccidere le Mosche (1). 
Presso Argo malarica poi sorse nel porto ed in sito più salubre la 
Neapolis, la città nuova degl’ iniziati nei misteri di Eleusi, tra i 
quali fu Ercole. Essa fu uno de’ tanti fortunati centri della vita 
nuova, che trionfù sulla natura malefica con Ercole, cioè coi prodigi 
delie bonifiche, col rendere l’aria più salubre dopo l’uccisione 
dell” idra di Lerna. 

Come l’immane Tileo, che vedendosi strappare i siti più deliziosi 
in Parlenope & soffocato da quel nume e scagliava dalle sue cento 
teste e dalle dita &i Serpente i massi delle montagne spezzate, 
Argo coi suoi cento occhi non mai socchiusi vigilava Lo o lIside 
egiziana tramutata in bianca giovenca, e significava la micidiale e 
persistente natura degli stagni, che in terreno malarico scompaiono 
solo con le colmate ed una completa bonifica razionale, mentre 
tolti in parte conservano sempre il fomite delle infezioni e delle 
esalazioni pestilenziali. Mercurio o l'Ibi, che rappresentava la 
medicina preventiva, dovette percid dapprima addormentare e poi 
uccidere il mostro, dal quale veniva liberata la bella Lo, che sotto 
forma di bianca giovenca rappresentava la vita salutare e benefica 
dei campi messi a coltura e solcati dal vomero. 

Essa perd era indotta, come dice Ovidio, a distendersi sulla 
dura terra, a pascersi di fronde d’alberi, a bere acqua limosa, la 
quale conservava il germe della malaria con lo sviluppo del fer- 
mento settico, delle Zanzare e dei Tafani, prodotti dalla terra grassa 
e satura per eccedente umidità. Donde Giunone, detta la Saturnia 
diva, gelosa dell” amore che Giove serbava per lo, le inviava 
un’ orribile furia, le cacciava entro il corpo con la puntura d’un 
Assillo o Tafano un cieco stimolo che la fece ramingare pieno di 
agilazione e di spavento per tutto il mondo e la fece cadere ginoc- 
chioni sulle sponde del Nilo, colà dove l’ingegno umano per le 
condizioni del elima e del suolo, doveva essere chiamato allo studio 
più accurato della malaria. Ma la poetica immagine di Lo è abbel- 


(1) « Muscae quoque necantur (elleboro) albo trito, et cum lacte trito. » — 
Prinius, Hast. nat., lib. XXV, 21. 


GLI DEL DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 95 


lita sempre più dall” amorosa riconoscenza di Giove Olimpico, 
che percid non ebbe a disdegnare di assumere anche l’attributo di 
Apomio, cioè propulsore delle Zanzare morbigene, per la bella del 
suo cuore. 

- Or chi non vede in ciù la chiara conferma che gli antichi cono- 
scessero esattamente la malattia cui va soggetto il bestiame bovino 
per l’Estro detto percid Œstrus pecorum ? La descrizione fatta da 
scrittori greci e romani degli Estridi corrisponde a quella fatta dai 
moderni naturalisti. Or si sa che a quella famiglia appartiene il 
Tafano o Assillo, che forando la pelle con la sua forte lingua o 
proboscide e succhiando il sangue de’ quadrupedi, produce l’Estro, 
che si presenta in istato di larva d’Insetti dipteri negl’ intestini del 
Bue. Cid dovette essere osservato nei sacrifici dagli antichi, i quali 
col frequente tagliare gli animali, colle perpetue osservazioni delle 
interiora in occasione dell’ aruspicina, dovettero acquistare sane 
cognizioni d’anatomia e d’ igiene sperimentale. Bisogna anche 
tener presente l’osservazione del Brehm, il quale, parlando degli 
Estridi nella Vita degli animali, afferma che nei paesi caldi come 
l’Egitto l’'Uomo pure è in preda all’ aggressione di essi, e le loro 
larve furono trovate nell’ epidermide del suo capo nelle cavità 
nasali e fino nello stomaco. 


6. — Or si sa che i turbamenti atmosferici, le epidemie e le 
malattie endemiche coi lampi e le procelle erano considerate dagli 
antichi come avvertimenti degli dei, e percid essi ricercavano le 
tracce e i segni della volontà divina nelle manifestazioni delle afie- 
zioni malariche, investigavano per la buona o cattiva natura del 
pascolo nelle ispezioni viscerali le più minute differenze della loro 
natura, del colore, della densità dei tessuti fino alle più profonde 
iatture patologiche. Erano tenuti degni d’attenzione perfino i solchi 
e le più piccole scalfitture nella pelle degli animali, e tale scru- 
poloso esame era pratticato principalmente in Olimpia (1), la città 
dell’ Elide, dove si sacrificava principalmente ad Apollo, inventore 
dell’arte medica, a Dio Miagro e Giove Apomio, perchè si sapeva 
che 1 veicoli principali della malaria sono le Zanzare. Questo culto 
pare sia d’origine fenicia o giudaica, giacchè il Moreri nel Gran 
dictionnaire historique dice : « Saint Grégoire de Nazianze dans son 


(1) Cunrius, Storia greca, À, p.1v, p. 227. 


96 L. MANZI 


premier discours contre Julien, fait mention d'autre Dieu nommé 
Mouche, Dieu d'Accaron proposé pour chasser les Mouches. Il le 
nomme Myia, Mouche, parce que les Accaronites peuples de la 
Judée en avoient une Idole qu'ils révéroient sous le nom de Beel- 
zebut c’est-à-dire Dieu des Mouches. » 

Plinio (1) riferisce che nel Giuochi Olimpici le Mosche mole- 
stavano gli astanti, ma che appena essi avevano immolato un Toro 
al Dio Miagro o Mioden, tutte a guisa di una nube volavano altrove. 
Anche Pausania ricorda che gli Arcadi presso gli Elei avevano 
giorni di adunanza e di fiera in onore di certa divinità forse 
Minerva, e che sacrificavano a Miagro indirizzando i loro voti a 
questo nume e invocandolo per nome : con queste precauzioni che 
dovevano consistere, come si vedrà, in efficaci fumigazioni tera- 
peutiche, non venivano tormentati dalle Mosche. Si dice (2) che gli 
Elei avessero dato a Giove il nome di Apomio in memoria di aver 
cacciato al di là dell’ Alfeo, le Mosche che molestavano Ercole 
durante il suo sacrificio, ma quell attributo meglio gli appartiene 
pel suo legame al triste fato di lo punta dal! Assillo. 

Or che gli Elei avessero potuto osservare e studiare le fasi bioio- 
giche delle Zanzare, come veicoli della malaria, si desume da ci6 
che si trovavano in terreno malarico ed Ercole in Elide era rappre- 
sentato come l’eroe che aveva operato una vasta e portentosa 
bonifica col purificare, come si disse, le stalle d'Augia. Questi, uno 
degli Argonauti e compagno percié di Ercole possedeva un si gran 
numero di bestiame, che non avendo stalle sufficienti per riporlo, 
fu costretto a lasciarlo nelle campagne, le quali poi coperte dalla 
gran quantità di letame e di fermento settico pel fomite delle 
malaria e per le acque pestilenziali, s'erano rese anche infruttuose 
e inabitabili. Ma Ercole col soccorso delle sue genti vi operû, come 
si direbbe oggi, una vasta colmata ricuoprendo il suolo malarico 


(1) Pruinius, Hist. nat., lib. XXIX, 34. 


(2) L’Herveto nel commento alla traduzione latina di Clemente Alessandrino 
(Parisii, Du-Puys, 1590) a pag. 43 dice : « Hic (in Elide) Elei Jovi 'Axoutw Sacri- 
ficant. » Jupiter ‘Axouvoc eur dictus sit narrat Giraldus historiae Deorum syn- 
tagmale, nempe a fugandis et pellendis Muscis. Nam cum Hercules in Olympia 
rem divinam faceret et ei infestae essent Muscae Jovi Apomio sacrificavit. Quo 
factum est ut -omnes Muscae ultra Alpheum fluvium evolarint. Quo in loco Elei 
quoque eidem Jovi Apomyio sacrificare consueverunt. Quod quidem sumpsit idem 
Giraldus ex Pausania in Eliacis. » 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 97 


ed infetto con strati di terra salubre, facondovi passare il fiume 
Alfeo e restituendovi l’antica fecondità. 


CAPITOLO lil 


1. La famiglia romana Eppia d’origine elea e il bonificamento 
dell’agro romano. — 8. Gli scopritori di erbe medicinali considerati 
quali Ercoli. — 9. Ercole Apomio adorato con le deità della Febbre e 
della Paura. 


7.— Non v’ ha dubbio che gli Elei pel loro tradizionale culto del 
Dio Miagro e Giove Apomio, passassero presso i Romani per veri 
maestri d’igiene pubblica e bonifiche idrauliche. Essi, di fatti, 
come discendenti degli Epei (1) sono ricordati dalla nobile famiglia 
Eppia o Epea, che ha coniato le monete coll’ Ercole in riposo, e 
secondo il Cavedoni e il Riccio (2) pote accennare alla propria 
origine da quegli Epei o Elei lasciati da Ercole stesso nelle con- 
trade intorno Roma a godersi il frutto delle loro fatiche per le 
bonifiche compiute. Sembra difatti che Marco Eppio, legato di 
Scipione Emiliano abbia voluto eternare nelle sue monete la 
memoria della meravigliosa opera sul bonificamento dell agro 
romano iniziato da questo gran duce, giacchè il suo nome suona 
glorioso non meno per aver dischiuso le porte di Cartagine che per 
aver disseccato con macchine idrovore le Chiuse Romane (clostra 
romana) fra Circello e Astura, continuando cosi il prosciugamento 
intrapreso da Cornelio Cetego nel 160 av. Cr. 


8. — E’ notevole a tale proposito il passo di Plinio, il quale 
osserva che il culto delle arti magiche aveva fatto diffondere tra 1 
Romani finanche la credenza che con certa erba etiopica si pote- 
vano disseccare i fiumi, gli stagni ed aprire ogni porta. Egli pereid 
Con fina ironia proponeva che si disseccassero con quell erba le 
paludi pontine e si rendesse all Italia con tale bonifica tanto 
terreno malarico intorno Roma. Per verità oggi si dà poca impor- 
tanza alle tante erbe medicinali ricordate dagli antichi, ma perchè 
la scienza moderna torni ad averle in considerazione, non è inop- 
portuno notare che i primi studi della botanica diedero grande 

(4) « Inde Eliorum ager, qui antea Epei vocabantur. » Pcinius, Hisl. nal., 


lib. IV, c. var. 
(2) Riccro, Monete cons., p. 86. 


Archives de Parasilologie, VIT, n° 1, 1905. 7 


98 L. MANZI 


sussidio alla medicina preventiva, per cui la riconoscenza popolare 
dei Romani giunse finanche a deificare e a ritenere altrettanti 
Ercoli coloro che introducevano nuove erbe medicinali. Da ci si 
pu arguire che il mito di Ercole non pud restringersi nelle sue 
limitale attribuzioni finora riconosciute, giacchè di lui bisogna 
farsi il concetto come di una forza fisica ed umana nelle sue più 
svariate manifestazioni. 


9. — Dobbiamo convenire che i Romani al culto del Dio Miagro e 
di Giove Apomio d’Elide avessero aggiunto quello di Ercole Apomio 
con le deità della Febbre e della Paura (1) per ricordare la fiera e 
titanica lotta contro non solo gli Anofeli, ma la malaria grave, 
nella quale ogni fibra più forte soccombe, essendo noto, come dice 
Plinio, che nelle quartane la medicina risolutiva poco o nulla 
giova (2). Bisogna rendersi propizie percid anche le deità della 
Febbre e della Paura, e mettere in pratica 1 molti rimedi, coi quali 
gli antichi ei hanno insegnato a mitigare la pestifera lue (3). 

Secondo Plinio (4) nel tempio di Ercole in foro Boario non entra- 
vano nè le Mosche nè 1 Cani, e, poichè 1 sacerdoti di quel nume 
erano della famiglia Potizia e Pinaria, Solino (5) ricorda che un 
Potizio insegnù come pel mattatoio dei Buoi fosse in Boario il 
tempio di Ercole, nel quale rimanevano gli argomenti del convivio 
e della maestà sua. Imperocchè per grazia divina non era colà dato 


(1) L'Herveto fa seguire il seguente commento alla traduzione latina del passo 
greco già riferito di Clemente Alessandrino (Parisii, Du-Puis, 1590) a pag. 43 : 
« Romani autem sacrificant 'Arouvw Ercoli, id est muscarum depulsori et Febri et 
Pavori, quos ipsos quoque adscribunt in numerum eorum qui erant cum Hercule. 
Hercules forte ideo dictus est Apomyus quod cum ei infestae essent Muscae 
sacrificant sacrificio Jovi facto eas ultra Alpheum expulerit. Quod febrem quoque 
et pallorem tanquam deos coluerint Romani apud omnes fere historicos romanos 
licet videri et ex Lactantio lib. I, cap. xxr. Colebantur enim pro Diis nonnulli non 
ut prodesse, sed ne obessent. » 

(2) « In quartanis medicina clinice prope modum nihil pollet.» — Pumnius, Hist. 
nal., lib. XXX, 30. > 

(3) « Gravioris cœli multa remedia priores tradiderunt, quibus mitigetur pesti- 
fera lues. » — CoL., lib. I, cap. 1v. 

(4) « Romae in ædem Herculis in foro Boario nec Muscae nec Canes intrant. » 
— Puinius, Hist. nat., lib. X, 41. 

(5) 1, 11. Factis bovicidiis, docuit Potitios, sacellum Herculis in Boario est in quo 
argumenta et convivii et majestatis remanent, nam divinitus neque Muscis neque 
illo Canibus ingressus est : etenim cum viscerationem sacriculis daret Myagrum 


deum dicitur deprecatus, clavam vero in aditu reliquisse, eui olfactu refugierunt 
Canes. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 99 


accesso nè alle Mosche nè ai Cani: di fatti si diceva che nel 
banchetto dato ai sacrificanti colle viscere degli animali il sacerdote 
imprecava il Dio Miagro e lasciava nell’ entrata del tempio la 
clava, al cui fiuto i Cani fuggivano. 

_ In ciù si deve riconoscere che i Romani usassero nel sacrifici 
delle vere fumigazioni terapeutiche, non solo contra le Zanzare, 
ma anche contro i Cani, e che nell’ apparecchio delle carni pei 
banchetti osservassero la più pura igiene pubblica. In seguito la 
tradizione storica ha compreso nel foro Boario tutta la grandezza, 
tutta la poesia di Roma antica, perchè colà il mito di Ercole 
formava un tutto d’imponente maestà, da cui si elevava in propor- 
zioni grandiose il concetto dell’ origine di Roma, sorta in terreno 
malarico e fatta grande pel nume trionfatore della malvagia natura 
de’ luoghi, per l’eroe delle bonifiche e delle colmate, delle foreste 
sbarazzate dalle fiere e dagli animali nocivi, dell’ inalveamento de’ 
torrenti e de’ fiumi, del deflusso delle acque stagnanti e paludose. 
Mentre Ercole Tirio era il simbolo de’ coloni intraprendenti stra- 
nieri e del popolo di mercatanti fenici infaticabili, erranti senza 
posa, abili a spezzare il corno desolatore ai torrenti montani, a 
innalzare dighe ed aprire strade (1), Ercole Apomio romano 
personificava la cernita naturale della razza latina affermatasi 
potente con la vitalità de’ più forti, con maggior somma di resi- 
stenza specifica verso la malaria. 


CAPITOLO IV 


10. 1! culto di Ercole in Elide associato a quello d’Apollo, il sole 
vivificatore. La melanemia malarica. — 11. Responso dell’ oracolo 
sull edificazione di Cirene.— 12. Lo Scarabeo simbolo del sole e di Apollo 
coronato d’alloro correttivo dell aria. 


10. — Si ricorda che Ifito discendente di Ercole, contemporaneo 
di Licurgo e vero fondatore della festività federale d’Olimpia, avesse 
introdotto quivi il culto di quel nume, come pure che avesse fatto 
annodare dalla stessa le relazioni col nume delfico, il dio della 


4) Da Dionigi d’Alicarnasso sappiamo che in Italia sulle pubbliche vie erano 
eretti molti templi in onor di Ercole (Hist., I) dove i viaggiatori sacrificavano, 
secondo Festo, al Nume profecturi viam Herculi sacrificabant. 1 mercanti offri- 
vano la decima parte del guadagno de’ frutti che portavano. — Drop. Sic., V; Cic., 
de off., II, 17. 


400 L. MANZI 


purezza dell’ aria, apportata dal sole vivificatore, e dall’ ossigeno 
delle piante simboleggiate nell”’ alloro. Non senza una ragione 
adunque in Elide si vede associato il culto di Ercole a quello di 
Apollo, dovendo la forza e l’attività umana sapersi avvalere dei 
mezzi che la stessa natura porge per la salubrità delle regioni. 

Apollo Pitico uccisore del Serpente Pitone, simbolo anch' esso 
come Argo e l’Idra di Lerna degli stagni pestilenziali, aveva la sua 
stanza in Dellfo, il centro morale di tutto il mondo ellenico ed era 
il nume per eccellenza della colonizzazione greca, che forniva ai 
coloni gli aiuti necessari nei loro stanziamenti, che porgeva loro 
norme d’igiene pubblica per l'edificazione delle eittà (1). Quando 
essi volevano Îermarsi per abitare in una regione, osservavano in 
prova della salubrità di essa i fegati destinati ai sacrifiei, e se li 
trovavano con ripetuti esperimenti nerastri ed alterati, abbandona- 
vano il luogo dimostrato malarico per la natura dei pascolo e per 
l’infezione del suolo e dell aria (2), la quale, come anche oggidi & 
dimostrato, attacca direttamente i globuli rossi del sangue conver- 
tendoli in masse iniormi di pigmento nero, che si accumula in 
vari organi e specialmente nella milza e nel fegato con indizio 
sicuro della melanemia malarica. 

Questa osservazione con l’altra sull’Estro bovino, che per la pun- 
tura del Talano si presenta in istato di larva d’Insetti dipteri 
negl’intestini del Bue ed anche dell’ Uomo nei paesi caldi, ha fatto 
pensare per analogia alla transmissione del virus malarico con lo 
sviluppo della febbre per mezzo della puntura delle Zanzare o del 
morso di Serpentelli alati, come erroneamente si diceva degli Ano- 
feli d’Egitto. Ma Plinio (3), che ha raccolto la esatta notizia della 
pestilenza prodotta dalla moltitudine delle Mosche, fa una chiara 
distinzione tra quelle che pungono e quelle che succhiano, a seconda 
che abbiano l’aculeo o la lingua come fistola. 


11. — Certo nell’ epoca di Erodoto, cinque secoli avanti Cristo, 


(1) Currius, Sloria Greca, loco cit. 

(2) Manz, L’Igiene rurale degli antichi Romani pel bonificamento déll'agro 
romano ; cf. €. 11. 

(3) € Reliquorum (Insectis) quibuséam aculeus in ore, ut Asilo, sive Tabanum 
dici placet; item Colici et quibusdam Muscis. Omnibus autem his in ore et pro 
lingua sunt hi aculei. Quibusdam hebetes neque ad punctum sed ad suctum, ut 
muscarum generi in quo lingua evidens fistula est. Nec sunt talibus dentes. Aliis 
cornula ante oculos praetenduntur ignava ut papilionibus. — Lib. XI, 34. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 101 


poteva bene l’erronea fama scambiare gli Anofeli per Serpentelli 
alati, ma fin da quel tempo i sacerdoti di Apollo avevano cognizioni 
si precise sulla diflusione della malaria e sul modo di preservarsene, 
che di fronte di richiami ai quelli di Cirene, tormentati dalla 
malaria. essi potettero dimostrare che era stato male interpretato il 
responso dell’oracolo, il quale sapeva benissimo che al prospera- 
mento di una colonia presso la Libia, dalla quale partivansi a 
sciami e diffondevansi in Egitto quei volatili Serpentelli avvelenati 
delle vicine paludi, prima condizione era che la città si fondasse in 
terreno elevato (1) con orizzonte libero sotto un cielo traforato, cioè 
proclive all’azione benefica e salutare del sole e di Apollo, alla tem- 
perata e giusta umidità atmosferica. 

Or quella regione tanta magnificata dalla fantasia poetica dei 
Greci per la ricca e svariata vegetazione, dovette la sua prosperità 
alle opere di bonificamento, giacchè si ricorda che Ercole s’impa- 
dronisse colà degli aurei pomi delle Esperidi difesi da un drago a 
cento teste. 

12. — L’adagio latino : Antelucanus et nocturnus aer vitandus ci 
fa pensare che gli antichi conoscessero la triste parabola della 
malaria e le fasi biologiche degli Anofeli (Culices) che si mettono 
la sera in moto ronzando per suggere all’Uomo il sangue, come 
accenna anche Dante col dire : 


Quando la Mosca cede alla Zanzara. 


E’ notevole che nelle febbri quartane di cosi difficile guarigione 
gli antichi applicassero come talismano lo Scarabeo, simbolo del 
sole, ed annoverato anche tra i numi, perchè secondo una curiosa 
interpretazione di Apione, dice Plinio (2), le opere di questo 
animale sono simili a quelle del sole, ed esso include le uova in 
una pallottola escrementale della forma del globo presentando 
l’emblema della generazione e le particolarità simboliche dell'ori- 
gine e della nascita del re della terra, cioè dell’Uomo. 

Gli Egiziani rappresentavano percié uno Scarabeo colla testa del 
sole raggiante, e nella tavola Isiaca se ne vede uno colla testa 


(1) Currius, Storia greca, loco citato. — Anche oggi è osservato che la malaria 
non si solleva molto in senso verticale, donde l’uso degli Egizi di dormire sulle 
torri, come si vedrà. 

(2) Historia nat., lib. XXX, 30. 


102 L. MANZI 


= 


d’Iside, mentre sopra un altro monumento due donne e iorse due 
sacerdotesse son poste davanti ad uno Scarabeo colle mani innal- 
zate come per adorarlo (1). Essi per indicare un Uomo morto dalla 
febbre rappresentavano uno Scarabeo che aveva gli occhi trapassati 
da un ago, ed adoravano principalmente 10 Scarabeo dorato, che 
alcuni chiamano la Cantarella e che si vede communemente negli 
orti, ove divora le Formiche, i Vermi ed i Culicidi, della cui famiglia 
sono gli Anofeli. 

Egli è percid che Plinio (2), esente del pregiudizio dell’azione 
benefica delle macchie e della folta boscaglia, dice che i Culieidi 
infestano gli orti irrigati specialmente con alcuni arboscelli, poi 
riferisce il detto comune : 

Negat Apollo pestem possa crescere (3) poichè questo nume, 
come simbolo del sole, è l’agente purificatore dell’aria, l'inventore 
dell’arte medica e mostra tale qualità nel suo amore per la Peneide 
Daîfne, dicendo : 

Doogpo0e E’ mio trovato ancora 
La medecina e detto io son pel mondo 


Ristorator della salute e tutta 
FE’ a me soggetta la virtü dell’erbe (1). 


La ninfa fu tramutata in Lauro, che dedicato ad Apollo si ritenne 
efficace contro la pestilenza cioè contro le febbri in genere più o 
meno perniciose e comuni prodotte dalla cattiva aria, dalle diu- 
turne piogge autunnali ed estive con la massima scarica e viru- 
lenza malarica nella mattina e nella sera. 

E’noto il racconto che i Romani travagliati da terribile pestilenza, 
contro cui non valeva nessuna prova di medicina e nessuna arte, 
si fossero rivolti ad Apollo in Delfo, il quale rispose che poteva 


(1) Vidi nella voce Scarabeo il Dizionario mitologico di Pozzuori, Romani e 
PERACCAI. 3 


(2) « Infestant Culices ortos rigues precipue si sint arbusculae quaedam. » — 
Hist. nat., lib. XIX, c. vu. 


(3) Hist. nat., lib. XXVI, 59. — Il Selmi, come tanti altri che attribuivano al 
lucus o bosco sacro l’azione benefica degli alberi, è in contradizione con l’odierna 
teoria che riconosce la malsania nelle macchie. Gli antichi perd nel {ucus non 
avevano talvolta che due soli alberi, ed è venuto da ciù il significato di collucare 
e interlucare, cioè tagliare i rami che vengon su inutilmente e dannosamente, 
acciocchè gli altri rami possano ricevere il sole e la luce. — Prinius, Hist. nat., 
lib. XXVII, 23. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 103 


mitigare il loro lutto suo figlio Esculapio (1). Questo nume sotto 
forma d'un Serpe, che posto nell’ acconciatura del capo d’Iside, era 
il simbolo della medicina, e dell’ igiene, venne a Roma, dove, pose 
fine alla moria e fece tornare la salute. Ma i sacerdoti di Epidauro 
ingannarono i Romani col trattenere i messi fino a che l’epidemia 
non avesse fatto il suo corso naturale, dando loro una delle tante 
serpi domestiche solite a nutrirsi nel tempio per accrescere l’impo- 
stura. 

Si sapeva d’altronde che la pestilenza o l’infezione malarica scema 
nell’ inverno e non dura più di tre mesi, come dice Plinio (2). Ma 
come l’alloro purga l’aria pesante e grave, come lo Scarabeo, sim- 
bolo del sole ridona la sanità, il nume coronato d’alloro spezza la 
tetra possanza delle Erinni, rinnova la vita vegetale ed animale, 
inducendo l’Uomo a porsi in armonia con la natura mercè un’azione 
contraria e continua. Ed ecco nell’ aspra lotta giganteggiare la 
figura di Ercole, che rappresenta l’energia umana, che compie 
miracoli d’igiene pubblica, che se non riesce ad una bonifica com- 
pleta e permanente, perviene nel corso de’ secoli a diminuire ed 
attenuare la produzione malarica (3). 


CAPITOLO V 


43. La causa del morbo e la quarigione studiate nella natura. 
Mantica sacrificale e lustrazioni. — 14. Fumigazioni terapeutiche e 
l’olio d'assenzio sulle vesti contro le Zanzare.— 15. La puntura delle 
Zanzare evitata in abitazioni elevate. — 16. L’uso del conopeo 0 
zanzartera con reti. — 17. Gli Egiziani si preservavano dormendo 
sotto le reti da pesca. La puntura della Zanzara trapassa il lenzuolo e 
le vesti. 


13. — Sembra che l'arte salutare dal tempio passasse nella 
scuola con Pitagora ed Alcmeone suo contemporaneo, facesse la 
prima opera di anatomia e fisiologia che la storia ricordi, cercando 

/ 


(1) Ovinro, Met., lib. I, trad. del Dorrucar. — Si riguardava il Lauro una panacea 
universale e nelle epidemie un ottimo correttivo. — Cf. Prinius, Hist. nal., 
lib. XIII, 2. 

(2) « Qua de re observatum a meriduis partibus ad occasum solis pestilentiam 
ire, nec unquam fere aliter; non hieme nec ut ternos excedat menses....[n quar- 
tanis medicina clinice propemodum nibil pollet. » — Pcinius, Hist. nat., lib. XXX, 30 

(3) Tommasi-Crupet, 1l bonificamento dell'agro romano. — Man, L'Igiene 
rurale degli antichi romani pel bonificamento dell'agro romano. 


104 L. MANZI 


ai fenomeni spiegazione dell’esame della struttura delle parti. Cosi 
non più si conducevano gli ammalati al tempio per la guarigione, 
ma si ebbero i liberi indagatori (periodenti), che visitavano gli 
ammalati e scarchi della superstizione investigavano le cause del 
morbo, non nella collera degli dei, ma nella natura. Con ci6 essi 
strappavano, novelli Ercoli l’arte dell'igiene e della medicina ad 
Esculapio ed Apollo, cui era soggetta la virtü dell’erbe, pur mante- 
nendo le divinazioni e le formole deprecatorie unite ai rimedii. Ma 
dacchè Orfeo aveva composto le più curiose miscele d’erbe salutari, 
ed unito ad Esiodo aveva commendato le fumigazioni terapeu- 
tiche (1), la medicina preventiva dovette avvalersi estesamente di 
queste per combattere le malefiche Zanzare. 

Quest’ uso era stato insegnato anche dall’ arte divinatoria e dalla 
mantica sacrificale, perchè si riguardava come un felice augurio il 
non vedere nel tempio le Mosche, le quali costituivano un vero 
turbamento della cerimonia con gli esquilibri atmosferici, i lampi, 
le procelle e le epidemie. In esse poi si riconosceva una vera 
repulsa da parte degli Dei nel concedere il loro favore, e nell’ assi- 
curare il buon esito di qualche impresa. 

Non va esclusa anche la considerazione che i sacerdoti per 
misure igieniche allontanavano le Mosche dalle carni, che dove- 
vano servire pei banchetti. Essi poi pratticavano a tal’uopo anche 
le lustrazioni e le purificazioni, le quali non erano limitate alla sola 
persona del pregante, ai suoi abiti ed alle suppellettili sacrificali, 
ma-anche a tutti i luoghi consacrati al culto e talvolta in seguito ad 
epidemie, pestilenze devastatrici, ad intere communità e regioni, 
come se n° ha l’esempio in Omero per espiazione di tutto l’esercito 
degli Atridi, che per comando dell’ Atride, «doveva purificarsi e 
gittar via nell’onde le sozzure ». 


1%. — Tra le diverse maniere di purificazioni quelle col fumo e 
col fuoco erano vere fumigazioni terapeutiche costituite, come 
ôggidi, da olii essenziali, da gaz, da vapori alcoolici o pirogenati. 
Caratteristica era la fumigazione col fumo dello zolfo, fugatore di 
maledizioni, di tutte le cose cattive (xaxwv &xov) per cui si otteneva 
lo scopo pratico di allontanare ogni principio malefico dal sacri- 
ficante, mentre la fiamma accesa sull’altare aveva la significazione 


(1) « Orpheus de erbis curiosius aliqua prodidit. Orpheus et Hesiodus suffitiones 
commendavere. » — Pianius, Hist. nat., XXV, 5. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 105 


simbolica inerente alle abluzioni; cioè l’allontanamento di ogni 
morale impurità. Certe piante, come il Mirto, il Rosmarino, il 
Ginepro e l’Apollineo alloro, si riteneva che avessero una viriù 
purificatrice, ed i Greci adoperavano specialmente il Gith (1), 
pianta detta anche melanzio, di acutissimo e grato odore, che bru- 
ciata metteva in fuga i Serpenti ed uccideva i Culicidi o gli Anofeli 
e le Mosche, al pari delle fumigazioni dell’Elleboro bianco (2), del 
Lupino (3), del Galbano (4), della corteccia del Melagrano (5) e 
dell’assenzio (6), del cui olio essenziale si ungevano gli antichi le 
vesti per allontanare gli Anofeli o i Culicidi. Giova notare che la 
voce greca Ovos passata a denotare il sacrificio, aveva prima il signi- 
ficato di suffumigio, per le sole oblazioni fatte sugli altari delle 
piante, delle frutta della terra bruciate, alle quali si sostituirono 
la mirra e l’incenso detto perciù dai latini thus. 


15. — La pratica aveva dovuto suggerire agli antichi il mezzo di 
difendersi con le fumigazioni dalle malefiche Zanzare, e per veriltà 
essi non trascurarono di mettere in uso altri sistemi più pratici per 
evitare la febbre malarica. Quantunque non avessero potuto preci- 
sare bene le fasi biologiche e morfologiche degli anoîeli, pure 
banno saputo indicare le varie circostanze, che ne favoriscono lo 
sviluppo e la moltiplicazione. 

Varrone, come s’è detto, ammetteva l’esistenza di esseri invi- 
sibili, i quali per respirazione danno luogo ad un’ inoculazione 
tossica e si sollevano dal fango delle paludi. Da queste, secondo 
Columella, volano anche contro di noi sciami di Zanzare fornite di 
aculei sottilissimi, e trasmettono il contagium vivum, riconosciuto 
anche dal Lancisi, con le esalazioni pestilenziali di Serpenti 
d’acqua avvelenati. 

Bisogna percid costruire la villa in altura, ed in ciù si trova 


(1) « Gith. ex Graecis alii melantion.. culices suffitu necare itemque muscas. » 
— PLINIUS, XX, 71. 

(2) « Muscae quoque necantur (elleboro) albo trito et cum lacte trito » — PLINIUs, 
XXV, 21. — Melampo ebbe smisurate ricompense dal re di Argo per avere casual- 
mente scoperta la proprieta dell’elleboro, con cui operd guarigioni attribuite 
allora a miracolo più che a prodigi. 

(3) « Fumus crematorum (lupinorum) culices necat. » — Prinius XXII, 74. 

(4) « Hi (culices) galbano accenso fugantur. » — Prius, XIX, 58. 

(5) « Mali punici corticis fumo culices fugantur. » — Pcinius, XXII, 61. 

(6) « Culices ex oleo absinthio perunctis vestis abigit et fumo si uratur. » — 
Prius, XX VII, 28. 


106 L. MANZI 


d’accordo col sommo architetto Vitruvio, il quale riconosce che la 
malaria non si solleva dal suolo nell’ atmosfera se non a poca altezza 
e vuole situate le abitazioni anche in alto in luogo salutevole nè 
umido nè nebbioso. « Si deve, ei dice,evitare la vicinanza delle 
paludi, perche le aure mattutine alla levata del sole si sollevano 
fino alle abitazioni coi vapori acquei (1) ». Se pertanto dovrà edifi- 
carsi, soggiunge Vitruvio, in prossimità delle paludi, le quali siano 
esposte vicino al mare verso settentrione o settentrione ed criente, 
si scelga un luogo elevato sopra il livello delle acque ». 

Cid pratticavano principalmente gli Egiziani, i quali coi coloni 
Greci del Delta occidentale malarico e paludoso, ebbero agio di 
potere studiare il problema della malaria molto accuratamente. 
Erodoto ricorda che essi avevano per ciù abitazioni elevate e dormi- 
vano sulle torri per evitare la puntura degli Anofeli (2). Attuaro- 
no altresi i mezzi per difendersi da essi, non escludendo anche 
l’uso delle reti o di un apparecchio speciale detto conopeo o zanza- 
riera. 


Il vocabolo greco xowvwd o Zanzara corrisponde al culex latino ed 
alla serapida, voce egiziana, che oggirimane ad indicare nell agro 
romano quella malefica Zanzara, la quale descritta dall’ Alessan- 
drini, segue la triste parabola della malaria e si presenta con le 
forme biologiche dell’ Anofele. Quel vocabolo è anche un triste 
retaggio della nomenclatura egizia sulla malaria, e potrebbe esser 
derivato da Serapi, il sole presso gli Egizi, riguardato eome uno 
degli dei della sanità e raffigurato col modio sulla testa, che era il 
simbolo della fertilità pel periodico straripamento del Nilo in 
Egitto. Cosicchè la fertilità prodotta dall’ abbondante inondazione 
del Nilo sotto il sole benefico e salutare, mentre produce il benes- 
sere sociale, è fomite anche di malaria per la produzione delle 
Zanzare, che bisogna combattere per porsi in armonia con la natura. 


La correlazione tra la Zanzara detta Serapide ed il Dio Serapi o 
Serapide ci ricorda perciù il simbolismo naturale del periodo bud- 
distico col dogma della Trimurti presso gl’Indiani, dai quali era 
adorato il Siva costruttore e distruttore, secondo la legge fisica e 
naturale, che regge il mondo. 


(1) Lib I, cap. 1v. 
(2) Euterpe, IT. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 107 


Anche oggi rimane il nome latino di Culicidi alla famiglia, di cui 
fanno parte gli Anofeli, che sono a milioni nelle acque stagnanti. 
Come tra i Latini era in uso il vocabolo culicare per indicare la 
difesa con reti fitte e veli contro le Zanzare (1), è rimasto il nome 
di Conopi a certe specie di belle mosche, che si trovano sui fiori. 
Il che fa pensare, secondo il motto oraziano, alla varia fortuna delle 
parole éd al corso e ricorso di aleune scoverte o invenzioni dette 
moderne, che talvolta sono antiche come il Salterio. 


16. — Si è cennato che gli antichi, per allontanare i Culicidi bru- 
ciassero l’assenzio o ungessero con olio essenziale di esso le vesti, 
le quali mal fanrio riparo alla puntura delle Zanzare. Anche oggi 
pel medesimo scopo i Lapponi seguono l’uso di accendere i fuochi 
ed ungersi il corpo di grasso. Nell’Orenoco la prima domanda con 
cui almattino si saluta un amico è la seguente : Come si sono condotti 
questa notte i Zancudos ed i Mosquitos? Questa parola portoghese 
significa Moscherino o Zanzara e gli abitanti dell’ America si difen- 
dono dalle loro morsicature per mezzo di un velo o zanzariera, che 
già pare si adoperasse in Italia prima delle reti metalliche, come 
si legge, nell’ Enciclopedia popolare del 1859 alla voce Zanzara. 


Certo si è che colà dove maggiore è il fomite della malaria, e si 
avverte non solo fastidiosa ma febbrigena la morsicatura delle Zan- 
zare, l’ingegno umano si sente indotto a trovare i mezzi piü pratici 
contro di esse, e non deve fare specie se nella paludosa regione 
nilotica anticamente si seguissero diversi sistemi con l'uso sem- 
plice non solo delle reti da pesca, ma anche dell’ apparecchio 
mobile a reti di filo detto conopeo, xwvoretov, xwvorewv, più COomodo 
ed adatto delle odierne retine metalliche. 


Questo vocabolo non fu edoperato che dagli autori dell’epoca 
alessandrina. Nella versione dei Settanta (2), parlandosi del letto di 
Oloferne, generale assiro, si usa questa parola, ed Isidoro nel capi- 
tolo delle reti dice che (3) il conopeo è una rete intrecciata a mo’ di 
padiglione per allontanare le Mosche e le Zanzare. Lo Scoliaste di 


(1) Scoz., ad Juv., VI, 80. 

(2) Judith, X, 21; XIIL 9. 

(3) « Conopeum est rete in similitudinem tentori contestum propter muscas et 
culices excludendos, quo magis Alexandrini utuntur, quia ibi ex Nilo culices 
copiose nascuntur unde et Conopea dicitur. Nam conopea Aegyptus est.» — [sip., 
Orig., XIX, 5. 


108 L. MANZI 


Giovenale (1) ci fa conoscere che il conopeo era una rete di filo con 
tenuissime maglie, ed i latini indicarono col verbo culicare da 
Culezx lo stare sotto di esso. 

Quindi anche i Romani conobbero il conopeo, che è ricordato da 
Orazio (2) nell’ accenno della battaglia d’Azio, dove il conopeo di 
Cleopatra era tra le insegne romane nel campo d’Antonio. Ma un 
passo di Varrone (3) prova che già agli ultimi tempi della repub- 
blica, le donne romane avevano letti guerniti d’un conopeo, il quale 
si usava anche per circondare i nobili figli nella cuna. 


17. Non pare adunque che i Romani avessero adoperato il 
conopeo allo scopo particolare di difendersi dalla puntura febbri- 
gena delle Zanzare, ma non pud dirsi altrettanto degli Egizi, i 
quali sentendone più stretto bisogno, avevano fatto l'arguta osser- 
vazione che l’aculeo di esse passa anche le vesti ed il lenzuolo, e 
che per evitarlo bisogna dormire sulle torri, dove non arriva la 
Zanzara, e bisogna guernirsi la persona di reti, che siano anche 
da pesca, ma che per la forte e stretta maglia, per la salsedine o lo 
strato formatosi su esse del fermento settico della palude, non 
lasciano nè avvicinare le Zanzare nè trapassare l’aculeo di queste. 

Un passo prezioso di Erodoto (4), che più dirsi decisivo e non 
illusorio su tale asserto à questo : « Gli Egiziani si riparono dalle 
Zanzare (Conopi), di cui hanno sciami in copia a questa guisa. 
Quelli dei luoghi paludosi che hanno abitazioni piuttosto elevate 
sono al riparo per le torri, sulle quali salgono per dormire, chè là 
veramente non possono per li venti salire le Zanzare ronzando. 
Quelli poi che abitano proprio sulla palude, ecco come si provve- 
dono. Tiene ciascuno una rete, colla quale pesca il giorno, e di notte 
se ne serve per dormire nel suo giaciglio. La stende attorno attorno, 


(1) Ad. Juv., VI, 80. Lo Scoliaste al verso di Giovenale : « Ut testudineo, tibi, 
Lentule, conopeo, » dice : « Hoc est linum tenuissimis maculis variatum quia 
latine Conopeum culicare dicunt, e più oltre : Sub velo culicari ex lino tenuissimo 
quo culices arcebantur. Talibus enim circumdabantur nobilissimorum liberis in 
cunis. » Nel Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Daremberg e 
Saglio (Paris, Hachette, 1887) erroneamente è detto : « Les Romains le nommaïient 
cubiculare, mot qui ne se trouve, du reste, dans aucun auteur. » 

(2) Signa militaria. Sol aspicit Conopeum. — Epod., IX, 16. Prop, Il, 41, 45. 
Foedaque Tarpeio conopia tendere saxo 

(3) VARRONE, de re ruslica, II, 10. — Juv., Loco cit. 


(4) Euterpe, II. 


GLI DEI DISTRUTTORI DEGLI ANOFELI 109 


vi si accovaccia e dorme sotto questo riparo. Le Zanzare, se alcuno 
dormisse col vestito o avvolto nel lenzuolo, il punzecchierebbero 
ancora di traverso ai medesimi, ma per la rete non riescono alla 
prova. » 

Forse qualcuno percid non saprà dar torto al Lessona allorchè, 
sulla mia opera : La viticoltura e l’enologia presso i Romani, scriveva : 
« La pratica, la quale non poteva fondarsi sulla scienza quando la 
scienza non esisteva, abbisognava pure ad ogni modo di un fonda- 
mento e questo fondamento lo trovè nell’ esperienza. Ora l’espe- 
rienza puû essere cieca, Ma non possiamo dire essere fallace (1) ». 


(1) Articolo di fondo della Domenica lelteraria del 21 luglio 1883. 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES 


SUR LES MYCOSES INTERNES 


PAR 
E. BODIN et P. SAVOURÉ 
Professeur à l’École de Médecine Préparateur à la Faculté des Sciences 
de Rennes. de Rennes. 


-Au cours d'expériences sur les mycoses internes chez les ani- 
maux de laboratoire, nous avons observé différents faits propres à 
éclairer certains points du mécanisme pathogénique des mycoses. 

Nous les résumerons en cette note, pensant qu'il y a tout intérêt, 
au point de vue de la pathologie générale, à préciser, autant que 
possible, la pathogénie et l’histopathologie des maladies viscérales 
causées par les Champignons. Il est très certain, en effet, que ces 
affections, mieux connues à l’heure actuelle, méritent, à tous 
égards, d'occuper une place importante dans les cadres nosolo- 
giques à côté des maladies bactériennes; et, d’autre part, les 
auteurs, qui se sont occupés jusqu'ici des mycoses viscérales, se 
sont attachés surtout à la description et à la différenciation d’es- 
pèces cryptogamiques nouvelles, en laissant de côté ou en relé- 
guant au second plan les questions relatives à la genèse et aux 
lésions de ces maladies. 

Évidemment, le sujet est trop étendu pour que nous puissions 
l’aborder ici dans tous ses détails; aussi nous nous sommes bornés, 
en ce premier travail, à l'étude de ce qui se passe chez l’animal 
auquel on inocule ces Champignons, qui appartiennent aux groupes 
des Mucor, des Rhizopus et des Aspergillus. Nous les avons choisis à 
dessein, parce que ce sont les parasites de ces groupes qui sont 
susceptibles de causer chez l'Homme des lésions viscérales à type 
tuberculeux. 

Au cours de nos recherches, nous avons pu isoler une espèce, ou 
du moins une variété nouvelle de Rhizopus, très pathogène pour 
l’animal; mais le détail de la morphologie et de la biologie de ce 
Champignon fera l’objet d’un travail ultérieur, et nous chercherons 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 111 


moins ici à décrire des faits particuliers et des espèces cryptoga- 
miques qu’à tirer de nos expériences des notions d'ordre général 
relatives au mécanisme des mycoses viscérales et à l’immunité 
dans ces affections. 

: La première question qui se pose, lorsqu'on veut étudier le 
mécanisme pathogénique des mycoses, est évidemment celle de 
savoir ce que deviennent des spores de Champignons introduites 
dans l’organisme vivant et c’est ce problème que nous avons tenu 
à résoudre avant tout. Pour cela, nous avons recherché quel est le 
sort des spores cryptogamiques pathogènes ou non pathogènes 
injectées dans la cavité péritonéale du Cobaye. 

On sait à quels résultats fructueux un semblable procédé a 
conduit dans l’étude de l’immunité vis-à-vis des maladies bacté- 
riennes et combien il est facile de suivre, heure par heure si l'on 
veut, les phénomènes qui se passent dans la cavité du péritoine où 
le prélèvement aseptique d’une petite quantité de liquide, à l’aide 
d’un tube effilé, est une opération des plus simples et sans danger 
pour l’animal en expérience, quand elle est bien faite. Nous avons 
donc pris diverses cultures de Champignons, parvenues à sporu- 
lation et nous avons injecté dans la cavité péritonéale du Cobaye 
une suspension de spores dans l’eau physiologique stérilisée. 

Désirant nous rendre compte des différences qu’il y a entre 
l’inoculation de Champignons pathogènes et de Champignons 
inoffensifs, nous avons pratiqué parallèlement l’expérience avec 
des espèces nettement pathogènes : Rhizomucor parasiticus, Rhizopus 
equinus, Mucor corymbifer, Aspergillus fumigatus, d’une part, et 
d’autre part avec des Mucédinées considérées par tous comme 
inoffensives pour l’animal, et avec lesquelles nous n’avons, en des 
inoculations préalables longtemps suivies, observé aucun trouble 
morbide chez le Cobaye, l’Aspergillus niger et le Sterigmatocystis 
pseudonigra. Or, voici ce que nous avons observé, en examinant le 
liquide péritonéal des animaux inoculés, prélevé de quatre heures 
en quatre heures après l’injection des spores, jusqu’au quatrième 
jour. 

Tout d’abord, après l’inoculation et jusqu’à la fin de la première 
heure, le liquide péritonéal reste limpide et l’on n'y trouve au 
microscope que quelques-unes des spores injectées avec quelques 
rares leucocytes du type des petits mononucléaires surtout. Au 


112 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


bout de ce temps, le liquide devient trouble et l’on constate une 
leucocytose qui, très nette à la troisième ou quatrième heure, va 
en augmentant jusqu'à la vingt-quatrième heure et même en certains 
cas jusqu’à la trente-sixième heure environ. Les leucocytes ainsi 
passés dans la cavité péritonéale sont au début des polynueléaires 
nombreux, avec quelques mononucléaires ; mais, vers la vingt- 
quatrième heure, nous avons constaté, dans tous les cas, l’augmen- 
tation progressive du nombre de ces derniers leucocytes, de telle 
sorte qu'entre la vingt-quatrième et la trente-sixième heure, on 
a presque toujours autant de mononucléaires que de polynu- 
cléaires. Notons, en outre, qu’à toutes les périodes où nous avons 
fait des prélèvements de liquide péritonéal, et jusqu’à la quaran- 
tième heure, ie nombre des polynucléaires éosinophiles nous a 
toujours paru singulièrement augmenté. 

Quoi quil en soit, cette leucocytose dure jusqu’à la trente- 
sixième ou quarantième heure, puis on la voit diminuer graduelle- 
ment et vers la soixantième heure, elle se trouve si atténuée que, 
dans la plupart des cas, le liquide péritonéal se rapproche beau- 
coup à ce moment de ce qu'il est normalement au point de vue 
microscopique. 

Remarquons que nous décrivons ici nos expériences en bloc, 
sans faire, au point de vue de la leucocytose, de distinction entre 
les inoculations de spores pathogènes et de spores non pathogènes. 
En efiet, les phénomènes sont sensiblement les mêmes dans les 
deux cas et, que l’on ait injecté des espèces nuisibles ou des 
espèces inoffensives, la réaction leucocytaire se produit d’une 
façon très analogue. Parois, il est vrai, on trouve avec des patho- 
gènes comme l’Aspergillus fumigatus, une leucocytose qui paraît 
moins intense qu'avec des non pathogènes, mais avec d’autres 
espèces non moins dangereuses pour l’animal, comme le Rhizo- 
mucor parasiticus et les Rhizopus, il n’y a aucune différence quan- 
Litative appréciable. Avec les Champignons nuisibles, comme avec 
ceux qui ne le sont pas, nous avons donc une leucocytose intra- 
péritonéale abondante. ca 

Cherchons maintenant si cette leucocytose s'accompagne de 
phénomènes phagocytaires et si ces phénomènes se trouvent dans 
les deux cas. D'abord prenons les espèces non pathogènes comme 
le Sterigmatocystis pseudonigra et l’Aspergillus niger, et nous verrons 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 113 


qu’à partir du moment où la leucocytose intra-péritonéale est bien 
nette, il est aisé de constater la phagocytose des spores. Vers la 
vingt-quatrième heure, par exemple, avec l’Aspergillus niger, il n’y 
a guère de champ du microscope où l'on ne trouve quelques 
leucocytes ayant englobé des spores dont l’aspect, les dimensions 
et la coloration assurent aisément la diagnose (fig. 1, 5). 

La phagocytose s’est produite dans les polynucléaires au début, 
quand ils sont les plus nombreux, et aussi dans quelques mononu- 


Fig. 1. — Liquide péritonéal de Cobaye vingt-deux heures après l’inoculation de 
spores d’Aspergillus niger.— h, hématies ; /, leucocytes ; s, spores englobées 
par les leucocytes. 


cléaires ou macrophages, maïs plus tard elle devient plus fréquente 
dans ces derniers. Enfin, au moment où les leucocytes diminuent 
rapidement dans le liquide péritonéal, on constate, en outre, 
l’englobement d’un grand nombre de polynucléaires par de gros 
macrophages qui contiennent fréquemment, au sein de leur proto- 
plasma, un ou plusieurs polynucléaires (fig. 2, b, c) ou des fragments 
cellulaires et aussi une ou plusieurs spores (fig. 2. a, b, d). 
Passant ensuite à l'examen de la phagocytose dans le deuxième 
cas, celui de l'injection de spores pathogènes (Rhizopus, Rhizomucor, 
etc.), nous constaterons, ce qui peut paraître quelque peu para- 
doxal au premier abord, quand on se souvient de ce qui se passe 


Archives de Parasilologie, VI, n° 1, 1903. te 


A4 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


avec les bactéries, que la phagocytose se produit comme dans le 
cas des non pathogènes et qu’elle suit les mêmes phases. D'abord 
on trouve des spores dans les polynucléaires (fig. 3), puis dans les 
mononucléaires surtout et enfin survient une période ultime où 


Fig. 2. — Liquide péritonéal de Cobaye, 
trente heures après l’inoculation d’As- 
pergillus niger; — «a, macrophage 
ayant englobé une spore ; b, c, macro- 
phages ayant englobé des micropha- 
ges’, d, macrophage ayant englobé un 
microphage contenant une spore. 


les mononucléaires phagocytent 
les spores et les polynucléaires 
ou les débris provenant de ces 
cellules. Avec tous les Cham- 
pignons pathogènes que nous 
avons expérimentés, nous avons 
retrouvé ces phénomènes, quel- 
quefois moins abondants qu'avec 
les non pathogènes, mais parfois 
tout aussi marqués et tout aussi 
nombreux que dans ce dernier 
cas. 

Ajoutons enfin, qu’en aucune 
expérience nous n’aVOns pu Sai- 
sir la moindre trace de germi- 
nation des spores libres dans le 
liquide péritonéal, ou englobées 


par les leucocytes et cela jusqu’au quatrième jour. Nous n'avons 
pas non plus noté de modifications appréciables au microscope 
sur les spores contenues dans le protoplasma des leucocytes micro- 


phages ou macrophages. 


Reprenons maintenant ces expériences d’inoculations intrapéri- 


Fig. 3. — Liquide péritonéal du Cobaye, une 
heure après inoculation de spores de Rhizo- 
mucor parasilicus. — Leucocytes ayant en- 


globé des spores. 


tonéales à un autre point 
de vue, nous allons voir 
qu'en tous cas les spores 
inoculées dans la cavité 
abdominale, spores qui 
n'ont point de mouve- 
ments propres, passent de 
cette cavité dans les vis- 
cères et qu’elles se géné- 
ralisent pour ainsi dire 


dans l’organisme. Avec les spores pathogènes de Rhizomucor, de 
Rhizopus, de Mucor corymbifer, le fait est facile à constater, puisque 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 115 


du quatrième au sixième jour, l’animal succombe avec des lésions 
hépatiques, spléniques, rénales, abondantes et dues au champi- 
gnon. Avec l’Aspergillus fumigatus, le phénomène est encore plus 
rapide, et la mort peut survenir au troisième jour. 

S’adresse-t-on aux espèces non pathogènes, le passage des spores 
dans les viscères par la circulation s’observe également, comme le 
montre l’expérience suivante : 

Quatre Cobayes ont reçu dans la cavité péritonéale chacun un 
centimètre cube de suspension de spores d’Aspergillus niger dans 
l’eau physiologique. Ces Cobayes ont été sacrifiés à intervalles varia- 
bles après l'inoculation et l’on a pratiqué la rétroculture des 
viscères et du sang sur moût de bière. Or, après trente heures, le 
liquide péritonéal, le sang, le foie, la rate, le rein, les ganglions 
mésentériques prélevés aseptiquement (et après cautérisation au 
fer rouge de la surface de ces organes) donnent des cultures 
d’Aspergillus niger ; au bout de trois jours et de six jours, il en est 
de même, sauf pour le sang qui devient stérile au sixième jour ; 
au bout de trois semaines, par contre, toutes les rétrocultures sont 
négatives. 

Avant de passer à d’autres expériences, résumons celles-ci. Nous 
arrivons à cette couclusion, que des spores de Champignons patho- 
gènes Ou non, en suspension dans l’eau physiolôgique, déterminent, 
quand on les injecte dans le péritoine du Cobaye, d’abord des 
phénomènes de phagolyse qui durent une heure environ, ce qui 
est absolument conforme à tout ce que nous savons à ce sujet, puis 
que cette phagolyse est suivie d’une période de leucocytose abon- 
dante, laquelle diminue ensuite, à partir d’un certain moment ; 
mais que l’on ait affaire à des spores pathogènes ou à des spores 
inoffensives, la leucocytose se produit et se montre très comparable 
à celle que l’on peut déterminer en injectant dans le péritoine des 
corpuscules d’une matière inerte pulvérulente quelconque. Pour 
la phagocytose, il en est de même et les cellules phagocytaires ne 
semblent pas faire de distinction entre les spores d’un pathogène 
etcelles d’un non pathogène, qu’elles englobent comme des corpus- 
cules inertes. 

En y réfléchissant, ce fait ne doit d’ailleurs nullement surprendre, 
Car on se souvient que les spores ne germent pas dans le liquide 
péritonéal, de telle sorte que, leur développement étant arrêté, elles 


116 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


ne produisent aucune substance diastasique ou autre susceptible 
de diffuser ou d’impressionner d’une manière quelconque les 
cellules mobiles phagocytaires. Les spores représentent en somme 
des corpuscules inertes comme des grains de charbon et sont 
traitées comme tels. 

On peut trouver à ce sujet des faits comparables, en une certaine 
mesure, dans quelques maladies bactériennes. On sait, par exem- 
ple, depuis des recherches de Vincent et Rouget, que le Cobaye et 
le Lapin, animaux très sensibles au Bacille du tétanos, ne pren- 
nent pas la maladie quand on leur inocule des spores de ce Bacille, 
après les avoir lavées préalablement pour les débarrasser de toute 
toxine. En ce cas, les spores sont rapidement englobées par les 
phagocytes comme des corps inertes, avant qu’elles aient pu 
germer, tandis que si l’on inocule en même temps que les spores le 
liquide de culture contenant les substances diastasiques, celles-ci 
empêchent la phagocytose, et les spores peuvent se développer. 

Pour nos Champignons, les spores situées à la surface de la 
culture et nullement en contact avec le milieu nutritif, qui 
pourrait contenir des substances susceptibles d’influencer les pha- 
gocytes, n'entrainent pas de toxines adhérentes à leur surface, et 
comme d'autre part elles ne germent pas, elles ne peuvent, puisque 
leurs fonctions vitales sont suspendues, produire de substances 
diastasiques ; elles doivent donc se comporter comme des corps 
étrangers inertes et c'est ce que l'expérience confirme. Enfin, 
l’englobement des spores dans le liquide péritonéal, par les pha- 
gocytes microphages ou macrophages, nous explique aussi pour- 
quoi ces spores se généralisent et passent dans les viscères. N’étant 
aucunement douées de mouvements, elles seraient, par elles- 
mêmes, dans l'impossibilité de sortir de la cavité péritonéale où 
elles ont été introduites, Mais, lorsqu'elles ont été englobées par 
les phagocytes mobiles, ceux-ci qui, une fois leur rôle phagocy- 
taire accompli, rentrent dans le système circulatoire sanguin ou 
lymphatique, entraînent dans leur protoplasma les spores ‘qu'ils 
disséminent ainsi dans l’organisme ; et cela aussi bien pour des 
Champignons pathogènes que pour des Champignons non patho- 
gènes, puisque toutes les spores sont traitées comme des corpus- 
cules inertes. 

Rien d'étonnant donc à ce que nous ayons, après inoculation 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 117 


dans le péritoine, au bout de trois jours et de six jours, rencontré 
des spores d’Aspergillus niger dans les viscères comme le foie, le 
rein, la rate, et qu’à un moment même nous ayons pu saisir leur 
présence dans le sang. À ce sujet, nous ajouterons tout de suite 
que l'existence, dans ce liquide, des spores d’Aspergillus niger 
n’est que passagère, ainsi que le montre la rétroculture, et que si 
l’on recherche dans les viscères ce que deviennent ces spores, on 
voit qu’elles disparaissent au bout d’un temps plus ou moins 
long. Vers le vingt-et-unième jour, nous n’en avons plus retrouvé 
à la culture dans ces viscères ; elles y ont donc disparu ; mais ce 
n’est pas encore le moment d'étudier par quel mécanisme se pro- 
duit cette disparition des spores, que nous nous contentons de 
signaler en ce paragraphe. 

Tels sont, succinctement résumés, les faits que nous avons 
observés après l’injection de spores vivantes de Champignons 
dans la cavité péritonéale. Nous avons tenu toutefois à les com- 
pléter par d’autres expériences, car on pourrait nous objecter 
que l’inoculation faite dans ces conditions est un cas très spécial, 
en raison de la structure anatomique et des fonctions physiologi- 
ques particulières de la séreuse péritonéale. D'autres inoculations 
ont donc été pratiquées avec les mêmes Champignons, mais en 
introduisant cette fois les spores dans le tissu sous-cutané, au 
niveau de la cuisse du Cobaye. En ce cas, on voit le plus souvent 
se produire une petite lésion locale avec suppuration amicrobienne, 
ainsi que nous l’avons constaté par la culture, et qui peut persister 
plusieurs semaines. Maïs, en tous cas, les spores ne restent pas 
localisées au point d’inoculation et peuvent se généraliser, ainsi 
que nous l’avons déjà vu. 

Voici d’ailleurs le résumé de nos expériences : 

Inoculations sous la peau de la cuisse (1) 


ASPERGILLUS NIGER 


48 heures 4 jours 8 jours 21 jours 
Sent EPP MERE — — — To 
Foie . 2 + + as 
Rein . — — — — 
Rate , + +- += EE 
Poumon . CURE ae -}- = Re 
Ganglions de l’aine = + + + 
, Point d’inoculation .. + Pus + + 
(1) Le signe + indique la rétroculture positive, le signe — la rétroculture 


négative. 


118 E. BODIN ET P, SAVOURÉ 


ASPERGILLUS FUMIGATUS 


48 heures 4 jours 8 jours 
SAN DENT EME TEE M CAPE QEE ER — — = 
HOTELS PRE NS UNE TE SNER e — — — 
Rein heal See AIRE — — — 
Rate ë : o O . À . Ô - — + —- 
POUM ON PAM MEME CRE — — — 
Ganglions de l’aine . . . . + + — 
Point d’inoculation . . . . — Pus + Pus + 

RHIZOMUCOR PARASITICUS 

48 heures 4 jours 8 jours 
SAND ON ES PAR SR PS UNE NE — — > + 
ROLE ETS ER DE NPC EEE ARE — E u e 
RATE ARS MOST PER RARE SEEN TERRE — — È EU) 
Rens Ur pen — — — 8 © 
Poumon nana Teen = — = 2 E 
Ganglions {de laine — + E 8 
Point d’inoculation . . . . SE Pus + = & 

RHIZOPUS EQUINUS 

48 heures & jours 8 jours 
SANS DCS NT RSS ATEN —= — = 
Foie . NE UE ERA — +. +- 
HALO AMEL PE TRRRNTE ET ERA EPS — + + 
RON PERALCE NEO AURA — + — 
Poumon . ER A ARE — — — 
Point d’inoculation + + Pus + 
Ganglions de l’aine +- +- — 


Liquide amniotique 


Les conclusions qui se dégagent de ces expériences sont nettes : 
dans tous les cas, nous voyons les spores entraînées en dehors de 
leur point d’inoculation, entraînement qui se fait comme dans la 
cavité péritonéale, grâce aux phagocytes microphages et macro- 
phages dont la présence est facile à constater au point d’inocula- 
tion (Fig. #) et qui aboutit à l'infection des ganglions lymphatiques 
correspondant à la région inoculée. En outre, nous constatons que 
parfois, mais non toujours, et qu'il s'agisse d’un Champignon 
pathogène (Rhizopus), comme d’un Champignon non pathogène 
(Aspergillus niger), cette première étape ganglionnaire*peut être 
franchie. Les cellules mobiles phagocytaires, qui se disséminent 
alors avec les spores qu’elles ont englobées, transportent ces spores 
dans les viscères, exactement comme dans le cas des inoculations 
intrapéritonéales. Aussi pourrons-nous retrouver des spores d’4s- 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 119 


pergillus niger ou de Rhizopus, dans le foie, dans la rate, dans le 
rein, dès le quatrième jour après leur introduction dans le tissu 
conjonctif sous-cutané de la cuisse. 

En somme, les résultats obtenus en cette seconde série d’expé- 
riences sont confirmatifs de ceux que nous ont donnés les inocu- 
lations intrapéritonéales. [ls nous conduisent à cette déduction : 
que dans les premiers actes de défense de l’organisme après 
inoculation de spores de Champignons, ces spores, qu’elles soient 


Fig. 4. — Pus d’abcès sous-cutané au point d’inoculation avec l’Aspergillus niger 
chez le Cobaye. — /, leucocytes ; S, spores d’Aspergillus niger. 


pathogènes ou non, sont traitées comme des corpuscules étrangers 
inertes, que les cellules mobiles phagocytaires disséminent plus 
ou moins dans l'organisme. Il y a donc, dans l’infection par les 
spores cryptogamiques, un premier acte qui est le même, quelles 
que soient ces spores. Reste à savoir quel est le second acte de 
l’organisme, celui qui décidera du sort des corpuscules sporifères 
disséminés dans l’économie et qui assurera l’immunité de l’ani- 
mal ou qui permettra le développement des germes du Cham- 
pignon. Ceci nous amène à étudier les viscères où se sont arrêtées 
les spores entraînées par les phagocytes. 


120 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


Pour l’étude histopathologique, nous nous sommes adressés aux 
viscères qui, comme le joie, le rein, la rate sont le plus atteints 
chez les animaux inoculés avec le Rhizomucor, les Rhizopus, le 
Mucor corymbifer. Mais, avant d’en arriver aux détails histologiques, 
nous croyons utile de rappeler brièvement ce qui se passe dans ces 
diverses inoculations et quelles sont les principales altérations 
macroscopiques que l’on y rencontre. 

Pour le Rhizomucor parasiticus, les recherches de Costantin et 
Lucet et celles de Barthelat ont montré que ce Champignon est très 
pathogène chez le Lapin et le Cobaye et nos expériences confirment 
pleinement ce fait. Un à deux centimètres cubes de suspension de 
spores inoculés, soit dans les veines, soit dans la cavité péritonéale, 
amènent rapidement la mort. D'abord, l’animal paraît supporter 
très bien l’inoculation, ce n’est qu'après quarante-huit heures 
qu'il présente de l’inappétence, de la tristesse et qu’il se pelotonne 
dans un coin de sa cage. Puis, vers le quatrième jour, il est habituel 
de voir survenir des phénomènes convulsifs, se produisant par 
accès d’abord espacés, ensuite de plus en plus rapprochés, suivis 
de contractures prédominant souvent dans les muscles du cou. 
Quand ces accès sont très rapprochés, la mort ne tarde pas; elle 
arrive presque toujours du quatrième au sixième jour. 

A l’autopsie, les lésions prédominent sur le foie, la rate, le rein 
et frappent immédiatement à l’ouverture de la cavité péritonéale. 

Le foie est volumineux, congestii, et présente ordinairement des 
lésions très petites, revêtant la forme de minimes tubercules gris 
blanchâtre, tantôt isolés, tantôt réunis par groupes, et quelquefois 
si petits qu'ilfaut un examen long et attentif pour les apercevoir. 

Pour la rate, il en est de même ; l’organe est gros, congestif, et 
l’on peut y trouver une semis discret de très petits tubercules 
analogues à ceux du foie. 

Sur les reins, les altérations sont plus marquées, elles ont déter- 
miné une augmentation de volume de l'organe, telle que nous 
avons trouvé dans un cas des reins de Lapin pesant chacun de vingt- 
huit à trente grammes. La surface est parsemée de lésions blan- 
châtres tuberculiformes, formées de petits éléments gros comme 
des têtes d’épingle, isolés, ou le plus souvent confluents, consti- 
tuant alors des placards ou des traïînées irrégulières, et entre ces 
lésions blanchâtres la substance rénale offre une coloration rouge 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 121 


foncé très marquée. Vient-on à sectionner le rein suivant un plan 
médian, on voit que chaque lésion blanc grisâtre de la surface 
correspond à une trainée grisâtre s’enfonçant comme un coin dans 
la substance corticale et pénétrant même fréquemment jusque 
dans la substance médullaire. L’organe est, en somme, très malade 
et les lésions y sont si abondantes, que l’on peut le considérer 
comme à peu près complètement détruit au point de vue fonc- 
tionnel. Aussi n’hésitons-nous pas à rattacher à ces lésions rénales 
les phénomènes de convulsion et de contracture que l’on observe 
avant la mort des animaux. Il est très vraisemblable que l’on a 
affaire en ce cas à des symptômes analogues à ceux qui existent 
dans l’urémie convulsive chez l'Homme. 

Non moins dangereux pour l'animal sont les Rhizopus que 
nous avons inoculés, le Rhizopus equinus Costantin et Lucet, et une 
variété nouvelle très voisine, isolée par nous d’un moût de pom- 
mes. Les animaux succombent aussi du troisième au sixième 
jour, en présentant également des phénomènes convulsiis, et 
l’autopsie révèle des lésions très analogues à celles que nous 
venons d'indiquer. 

Toutefois notons que chez le Cobaye, comme chez le Lapin, les 
lésions sont toujours pius marquées sur le foie que dans le cas du 
Rhizomucor parasiticus et cela notamment chez le Cobaye. 

De plus, chez le Lapin comme chez le Cobaye, les tubercules 
gris blanchâtres sont plus gros, plus saillants et plus réguliers 
qu'avec le Rhizomucor parasiticus. Chez le Cobaye enfin, après 
inoculation intrapéritonéale, il est de règle de trouver un exsudat 
péritonéal rougeûtre, avec un semis discret de petits tubercules 
grisätres sur la séreuse épaissie. En outre, l'intestin grêle, et 
surtout le gros intestin, sont très altérés. La couleur est rouge 
foncé, avec des points brunâtres alternant avec d’autres points de 
couleur jaunâtre, et les parois de l’organe sont devenues extrème- 
ment friables. On constate aussi une hypertrophie notable des 
ganglions mésentériques. Quant aux poumons, ils sont générale- 
ment sains. 

Si les inoculations sont faites avec le Mucor corymbifer, la mort 
survient comme avec les parasites précédents, en quatre à six 
jours après introduction des spores dans les veines du Lapin, et 
elle est précédée aussi d’une période convulsive avec accès très 


1292 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


nombreux et si violents que nous avons vu plusieurs fois des ani-. 
maux projetés hors de leurs cages au cours d’une crise convulsive. 
Ici, ce sont surtout les reins qui sont atteints, leur surface est 
recouverte d’un semis de petits tubercules nettement limités, de 
couleur blanchâtre et correspondant à des traînées grisâtres qui 
pénètrent dans la substance corticale de l’organe. Le foie et la rate 
sont augmentés de volume, mais ils ne paraissent pas autrement 
altérés ; on n'y voit pas de lésions tuberculiformes comme sur les 
reins. Sous ce rapport le Mucor corymbifer se rapprocherait donc 
plus, au point de vue des altérations macroscopiques viscérales, 
du Rhizomucor que des Rhizopus. 

En somme, dans toutes ces mucormycoses après inoculations 
intraveineuses ou intra-péritonéales au Cobaye ou au Lapin, on 
obtient des lésions viscérales macroscopiques, frappant régulière- 
ment le rein, fréquemment, mais non d’une manière constante, le 
foie, la rate, l’intestin et les ganglions mésentériques. L’allure 
générale de ces lésions est tuberculiforme. 

Comme nous n’avons pas l'intention de donner ici l’anatomie 
pathologique complète et détaillée de ces mycoses expérimentales 
et que nous cherchons surtout à pénétrer la genèse de ces mycoses, 
nous n’insisterons pas autrement et nous passerons à l’examen 
histologique des lésions que nous venons de signaler, qui consti- 
tuent des éléments largement suffisants pour l’étude que nous 
désirons faire. 

Ici, la tâche nous sera en partie simplifiée, car si l’on examine 
les viscères de Lapins ou de Cobayes inoculés avec le Rhizomucor 
parasiticus, les Rhizopus ou le Mucor corymbifer, on ne tarde pas à 
se convaincre qu'il n'existe, entre ces différents cas et au point de 
vue histologique, que des différences d'ordre tout-à-fait secondaire. 
Notre description peut donc être faite en bloc pour tous ces 
Champignons. 

Nous commencerons notre étude par celle du rein, puisque 
c'est l'organe qui est atteint de la façon la plus constante et la plus 
intense. 

Sur des coupes de reins faites suivant le plan médian, on peut 
voir immédiatement, et quelle que soit la coloration employée (1), 


(nt) Nous avons toujours employé, pour l'étude histologique, la fixation des 
pièces au sublimé acétique et la coloration à l’hémalun et à l’éosine-aurantia qui 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 123 


qu’il existe des lésions ordinairement considérables qui se tradui- 
sent, à un faible grossissement, par des agglomérations de noyaux, 
formant, tantôt des ilots plus ou moins irréguliers dans la substance 
corticale, tantôt des trainées plus ou moins épaisses, occupant 
souvent l’intérieur d’un tube urinifère distendu, dirigées dans le 
sens des tubes urinifères et sillonnant la substance médullaire 
jusqu’au voisinage du hile. 

En surface et lorsque ces lésions sont discrètes et à leur début, 
on les voit sous la capsule et au niveau des petits tubercules gris 
blanchâtre, constituer un amas de forme triangulaire, s'enfonçant 
comme un coin dans la substance corticale et dont la base corres- 
pond à la région sous-capsulaire. Tous ces amas cellulaires sont 
assez bien délimités et, entre eux, le parenchyme rénal paraît 
normal à ce premier examen d'ensemble. 

Pénétrant ensuite dans le détail, on constatera que ces amas 
cellulaires, au niveau desquels la structure normale du rein à 
complètement disparu, sont essentiellement constitués par des 
noyaux extrêmement nombreux, autour desquels on distingue 
une substance protoplasmique granuleuse, sans démarcation dis- 
tincte entre chaque élément et formant au centre de l’amas une 
sorte de fond continu et vague sur lequel se détachent les noyaux. 
Ceux-ci frappent immédiatement par leur affinité remarquable 
pour les colorants nucléaires et par leur teinte plus foncée que 
celle des noyaux du tissu rénal environnant. La plupart ne présen- 
tent plus de structure nucléaire nettement appréciable. Ce sont de 
véritables blocs qui ont fixé en masse les réactifs colorants. On 
remarquera, en outre, leur polymorphisme qui fait penser tout 
d’abord à des leucocytes à noyau polymorphe. 

Toute la partie centrale de l’amas est formée de ces noyaux 
polymorphes, extrêmement nombreux et plus ou moins serrés les 
uns contre les autres; leur contour est très irrégulier et leurs 
dimensions varient beaucoup, mais ils sont souvent très petits 
n’atteignant pas plus de À w de diamètre. À mesure que lon 


est très suffisante pour l'examen des lésions cellulaires. Pour l’étude du parasite, 
la coloration qui nous a donné le meilleur résultat (pour le Rhizomucor parast- 
heus, le Rhizopus et le Mucor corymbifer) est, sans contredit, la méthode de 
Unna au bleu polychrôme et à l’orange tannique. — Cf. E. Bonn, Les Champi- 
gnons parasiles de l'Homme. Paris, Masson et C'°, 1902. 


12% E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


s'éloigne du centre de l’amas en se rapprochant des bords, on 
trouve d’autres éléments qui deviennent assez nombreux au 
niveau des parties périphériques : ce sont des éléments à noyau 
arrondi ou ovalaire comme celui des cellules de l’épithélium rénal 
et aussi des éléments à noyau allongé comme celui des cellules 
endothéliales des vaisseaux. Dans cette zone périphérique enfin on 
observe, surtout dans la partie corticale du rein et sur des lésions 
encore peu avancées, des cellules géantes, de dimensions parfois 
considérables, pouvant atteindre 50 à 55 & de diamètre, à proto- 
plasma granuleux et mal délimité, et contenant un nombre plus 
ou moins grand de noyaux arrondis, fréquemment disposés en 
couronne ou groupés à l’une des extrémités de la cellule. 

Quand on arrive à la limite de la lésion, on trouve le tissu rénal 
infiltré d’abord de ces éléments nucléaires irréguliers et polymor- 
phes, puis plus loin avec son aspect normal, de telle sorte qu’il se 
fait une transition rapide, mais non brusque, entre les parties 
altérées et le tissu sain. | 

En d’autres points, notamment au niveau de la région médullaire 
du rein, la disposition est un peu différente; en cette partie, les 
agglomérats d'éléments pathologiques sont situés dans l’intérieur 
même des tubes urinifères dont l’épithélium aplati et altéré, mais 
parfaitement reconnaissable encore, se retrouve nettement à la 
périphérie des lésions. 

Ajoutons aussi qu’il n’est pas rare de rencontrer dans les régions 
avoisinantes une distension marquée des vaisseaux sanguins par 
des hématies. 

Quant au parenchyme rénal situé entre les lésions, ii est normal, 
dès que l’on s'éloigne quelque peu de ces lésions. Les cellules 
épithéliales ont conservé leur forme et leur structure protoplas- 
mique habituelles, on voit nettement leur bordure en brosse, leurs 
noyaux se colorent bien et les glomérules ne présentent pas 
d’altérations notables. 

On trouvera enfin, au sein des lésions dont nous venons de résu- 
mer les caractères, des éléments parasitaires volumineux, plus ou 
moins développés suivant les cas, et qui frappent immédiatement 
l’observateur, surtout dans la zone médullaire ; là ils se présentent, 
dans les amas nucléaires inclus dans les tubes urinifères, comme 
des filaments irréguliers, de diamètre variant entre 3 & et 5 w 1/2, 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 425 


dirigés dans le sens longitudinal et émettant latéralement des 
ramifications très variables, qui perforent les parois du tube uri- 
nifère et pénètrent dans les tubes avoisinants pour s’y étendre et 
s’y ramifier de nouveau. Dans les amas de la substance corticale, 
ce sont le plus ordinairement des tubes dirigés en tous sens, rami- 
fiés également et qui, pris par la coupe dans toutes les directions, 
apparaissent tantôt dans le sens de leur longueur, tantôt suivant 
leur largeur, tantôt sectionnés obliquement. On reconnait tout 
de suite en ces organes les filaments mycéliens d’un parasite 
cryptogamique; mais il est impossible d’aller plus loin dans la 
diagnose de ce parasite et de distinguer l'espèce qui est en jeu; 
car, avec tous les Champignons que nous avons expérimentés : 
Rhizomucor parasiticus, Rhizopus, Mucor corymbifer, les filaments 
mycéliens végétant dans les tissus sont extrêmement analogues et 
sans Caractères distinctiis propres à chaque espèce. 

Ceci n’a rien qui doive surprendre et confirme pleinement ce 
fait, mis en lumière par l’un de nous pour d’autres Mucédinées 
parasites, que, dans leur vie parasitaire, les Champignons d’espèces 
voisines, réduits à des organes rudimentaires, offrent des carac- 
itères morphologiques très analogues, quasi-semblables, et qu’il est 
dès lors impossible, au seul examen microscopique, de distinguer 
avec précision les espèces les unes des autres. 

Nous avons insisté quelque peu sur cette description des lésions 
dans le rein, parce que, dans les autres organes, elles se retrouvent 
avec des caracteres très analogues; aussi pourrons-nous être brefs 
à leur sujet. 

Aïnsi, dans la rate et les ganglions, les foyers mycosiques sont 
essentiellement caractérisés par la présence des filaments irrégu- 
liers du Champignon au centre d’une zone plus ou moins étendue, 
au niveau de laquelle la structure de l'organe a disparu. On y 
trouve un agglomérat d'éléments à noyaux irréguliers, poly- 
morphes, en fragments parfois très petits et fixant vivement et 
uniformément les colorants nucléaires. Vers la zone périphérique 
se rencontrent aussi des cellules géantes à noyaux nombreux el 
très analogues à celles que nous avons rencontrées dans le rein. 

Dans l’intestin, il en est de même, mais ici la zone d'éléments 
irréguliers et polymorphes entourant le Champignon est généra- 
lement peu étendue; ce qui domine, ce sont les lésions d'infiltration 


126 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


hématique occupant surtout la couche glandulaire, au-dessous de 
laquelle se localisent ordinairement les éléments du parasite. 

Le foie est atteint, même dans les cas où 1l ne semble pas altéré 
macroscopiquement. Au microscope nous y avons toujours ren- 
contré des lésions, quelle que soit l'espèce de Champignon inoculée. 
Seulement ces lésions sont parfois très discrètes ; elles méritent 
une mention spéciale, car c’est en les examinant avec soin qu’il 
est le moins difficile de pénétrer la pathogénie des altérations 
anatomiques. Dès le premier examen d’une coupe de ïoie, les 
lésions frappent l'observateur, elles apparaissent disséminées dans 
le parenchyme hépatique, situées plus particulièrement dans le 
voisinage des vaisseaux et elles ont un aspect tuberculiforme. Ce 
sont des ilots arrondis ou ovalaires, tranchant nettement sur le 
tissu du foie, de dimensions variables, mais souvent petites {80 à 
100 y. de diamètre) formés par la réunion d'éléments nombreux et 
très différents des cellules hépatiques (fig. 5). Dans leur partie 
centrale ces petits tubercules sont constitués par des cellules à 
noyaux, très irréguliers, polymorphes, fixant vivement la matière 
colorante et ressemblant beaucoup à ceux que nous avons décrits, 
déjà dans le rein: Tantôt uniques, tantôt multiples, ces noyaux ou 
fragments de noyaux sont entourés d’une petite zone plus claire 
que le protoplasma des cellules hépatiques, et qui ne présente pas 
de structure apparente ; mais entre les noyaux et dans la zone 
claire qui les entoure on trouve une sorte de réseau constitué par 
de fines travées colorées en rose par l’éosine et formant des mailles 
polygonales au centre desquelles sont situés les noyaux (fig 5, d). 
Vers la périphérie, à ces éléments viennent s'ajouter quelques 
cellules hépatiques, dont il est possible de reconnaître encore le 
noyau et une partie de la masse protoplasmique. La limite de la 
lésion est assez nette, mais on trouve autour du petit tubercule une 
zone comprenant une ou deux épaisseurs de cellules hépatiques 
profondément altérées, aplaties, offrant des vacuoles et dont le 
noyau a subi des modifications considérables et se réduit déjà 
quelquefois en petits fragments (fig. 5, b). ; 

Comme dans les lésions des autres organes, on trouve aussi 
iréquemment dans ces tubercules hépatiques des cellules géantes, 
à noyaux multiples, à contours plus ou moins réguliers et conte- 
nant souvent des filaments ou des spores parasitaires. Ce fait com- 


nn 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 127 


plète encore la ressemblance de ces lésions avec le tubercule, et il 


est certains cas où sans la notion de la provenance des coupes et 


sans la constatation de la présence des éléments cryptogamiques, 
il serait vraiment facile de confondre, au point de vue purement 
morphologique, ces altérations mycosiques avec un tubercule 
bacillaire. 


Fig. 5. — Foie de Lapin. Tubercule mycosique après inoculation de Rhizomucor 
parasilicus. — «a, cellules hépatiques; b, zone de dégénérescence autour du 
lubercule; c, organes du Champignon; d, centre du tubercule. 


Telles sont les lésions que nous avons constatées. Il s'agit main- 
tenant de préciser le mécanisme de leur formation. Pour cela, nous 
nous sommes adressés au foie, où cette étude est plus aisée que 
partout ailleurs. En cet organe, dont le parenchyme est relative- 
ment peu compliqué et où l’on peuttrouver des lésions très jeunes, 
on peut suivre, en eflet, pas à pas le développement du tubercule 
mycosique. 


428 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


Or, en examinant les coupes de foiede Lapins morts rapidement 
après les inoculations de Rhizomucor parasiticus ou de Rhizopus par 


Fig. 6. — Foie de Lapin, après inoculation de Rhi- 
zopus equinus. — f, cellules hépatiques; h, 
hématies ; S, spore du Champignon dans le 
protoplasma d’une cellule géante. 


Fig. 7. — Foie de Lapin, après inoculation de Rhi- 
Zopus equinus. — f, cellules, hépatiques ; h, 
hématies; S, spore de Champignon, en voie dé 
germination dans le protoplasma d’une cellule 
géante. 


exemple,ou en prenant 
le foie d'animaux sacri- 
fiés, 24, 36, 48, 72 heu- 
res après l’inoculation, 
il est possible de trou- 
ver dans les vaisseaux 
capillaires du lobule hé- 
patique quelques-unes 
des spores du Cham- 
pignon, qui ÿ Sont par- 
venues par la voie san- 
guine et qui n’ont pas 
encore causé de lésions 
du parenchyme. On 
voit alors que ces Spo- 
res, entrainées dans les 
capillaires, s'arrêtent 
au niveau d’un coude 
du capillaire par exem- 
ple et que là elles déter- 
minent une réaction 
de défense de la part 
des cellules endothélia- 
les. Celles-ci, dont le 
rôle phagocytaire et Les 
mouvements propres 
sont absolument hors 
de doute actuellement, 
englobent la spore, qui 
constitue un corps 
étranger dans le vais- 
seau et, soit que plu- 
sieurs cellules endothé- 
liales se fusionnent en 


cette œuvre phagocytaire, soit que le noyau de la cellule qui a 
englobé la spore se multiplie sans qu’il y ait division du proto- 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 129 


A 


plasma, il se forme une cellule géante plurinucléée puis multinu- 
cléée au sein de laquelle est située la spore (fig. 6, s). 


Mais lorsqu'il s’agit de Champignons pathogènes, comme le 


Fig. 8. — Foie de Lapin après inoculation de Rhizopus equinus. — a, cellules 
hépatiques; b, zone dans laquelle les cellules hépatiques commencent à 
dégénérer; €, cellule géante ayant englobé les spores du Champignon; d, 
organes du Champignon, dont deux sont en voie de germination. 


Rhizomucor parasiticus, les Rhizopus, etc., la germination de la 


spore ne tarde pas à se produire dans cette cellule géante de pro- 


venance endothéliale ; elle se traduit par une déformation de la 
spore qui s’allonge et qui pousse une sorte de prolongement en 


Archives de Parasilologie, VIT, n° 1, 1905. 9 


130 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


forme de boyau, origine des filaments plus ou moins compliqués 
et plus ou moins ramifiés que l’on observe dans les lésions à un 
stade avancé (fig. 7, s). 

A partir de ce moment et dès que la germination de la spore est 
manifeste, la scène change et les éléments cellulaires du paren- 
chyme hépatique, qui n’avaient joué jusque-là aucun rôle, vont 
intervenir ; tandis que la germination se poursuit dans la cellule 
géante remplissant et distendant ce qui fut la lumière du capillaire, 
on voit les cellules hépatiques les plus voisines, celles qui sont 
immédiatement accolées à l'élément géant,‘ subir des altérations 
notables, quoi qu’elles ne soient aucunement en contact avec le 
champignon (fig. 8). Ces altérations portent d’une part sur le proto- 
plasma, d’autre part sur le noyau. Ce dernier devient d’abord 
homogène, en fixant vivement les colorants nucléaires, puis son 
contenu se fragmente pour donner des morceaux de noyau plus 
ou moins volumineux et très irréguliers ; c’est donc une dégéné- 
rescence du type caryorrhexis. Le protoplasma présente non plus 
une fragmentation comme le noyau, mais une véritable dégéné- 
rescence vacuolaire, telle qu'il apparaît criblé de vacuoles arron- 
dies ou ovalaires, incolores, entre lesquelles persistent de petits 
ponts de substance protoplasmique, s’amincissant de plus en plus 
au fur et à mesure que les vacuoles s’agrandissent. 

Bientôt cette vacuolisation a presque complètement détruit une 
ou plusieurs couches de cellules hépatiques dont il ne reste plus 
que le noyau, déformé, fragmenté et réduit en morceaux irrégu- 
liers. Et c'est ainsi que se forme autour du Champignon la lésion 
que nous avons décrite précédemment et qui provient en somme 
de la dégénérescence du tissu avoisinant le parasite (fig. 5)..Tant 
que ce dernier végétera, la lésion progressera ; aussi observe-t-on 
toujours autour des tubercules hépatiques une zone intermédiaire 
entre le tubercule lui-même et le parenchyme du foie sain, zone 
constituée par une ou deux épaisseurs de cellules épithéliales 
offrant le début des altérations dégénératives signalées tout à 
l'heure. | 

En somme, la lésion mycosique, qui au premier abord et au 
point de vue exclusivement morphologique ressemble par plu- 
sieurs points au tubercule, s’en distingue par son mécanisme 
pathogénique, car, en dehors de l’acte phagocytaire aboutissant à 


} 
RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 131 


la production de la cellule géante qui est le même dans les deux 
cas, il n’y a, dans la mycose, que des phénomènes de dégénéres- 
cence, sans réaction défensive aboutissant à la formation de cellu- 
les épithélioïdes. Avec le Champignon, les seuls phénomènes 
défensifs que nous ayons observés consistent en un apport très 
discret de phagocytes polynucléaires, que l’on retrouve mêlés aux 
fragments nucléaires des lésions et qui sont aisés à reconnaître, 
car la plupart sont bourrés de granulations éosinophiles. Mais à la 
périphérie de la lésion mycosique, on ne constate pas de réaction 
phagocytaire, ni de prolifération bien nette des cellules fixes, ni 
d’amas de cellules à type embryonnaire et les seules modifications 
que l’on relève autour de ces lésions consistent encore en des 
phénomènes dégénératifs. Il est possible, en effet, quand la végé- 
tation du parasite est active, comme avec les Rhizopus, de rencon- 
trer, autour des pseudo-tubercules mycosiques, et en dehors de la 
zone de dégénérescence des cellules hépatiques qui les avoisine 
immédiatement, des parties plus où moins étendues du tissu hépa- 
tique dans lesquelles les cellules épithéliales ont subi la nécrose 
de coagulation et des altérations nucléaires, telles que leur noyau 
se présente en pycnose, comme un bloc homogène vivement coloré 
et plus petit que normalement. 

En présence de ces faits, il nous semble possible maintenant de 
serrer de plus près le mécanisme des mycoses viscérales et de 
creuser davantage le problème du pouvoir pathogène de certains 
Champignons. Et d'abord ne ressort-il pas de ce que nous avons 
constalé que ces mycoses sont uniquement des maladies d'infection 
dans lesquelles le parasite altère les tissus aux points où il se fixe. 
sans sécréter en ces points de poisons solubles, de toxines, qui en 
se répandant dans l’économie iraient au loin occasionner des alté- 
rations ou des troubles d'ordre toxique surajoutés aux lésions 
locales causées par le parasite lui-même, comme dans certaines 
maladies bactériennes dont le mécanisme est nettement toxi-infec- 
tieux (diphtérie, tétanos, choléra)? 

Cela ne veut pas dire, toutefois, que le Champignon dans sa végé- 
tation ne produise aucune substance d’ordre diastasique, suscep- 
tible d’altérer en dehors de lui les cellules vivantes au milieu 
desquelles il se développe. Il ne peut vivre dans l’organisme qu'aux 
dépens des matériaux de cet organisme même, qui ne sont évidem- 


132 E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


ment pas assimilables directement et qui doivent subir une trans- 
formation plus ou moins complexe avant de devenir des aliments 
utilisables par la plante; or, nous savons que ces transformations 
s’accomplissent sous l’action de diastases digestives variées. Il est 
donc extrêmement probable que ces substances jouent le principal 
rôle dans les phénomènes dégénératifs que l’on observe autour du 
parasite. Mais il est infiniment vraisemblable aussi que leur action 
reste limitée à la Zone périparasitaire, sans s'étendre au loin, 
comme le porte à penser l'intégrité des éléments viscéraux, dès 
que l’on s'éloigne des lésions mycosiques. Un autre fait vient aussi 
à l'appui de cette opinion : c’est que la virulence des Mucorinées 
pathogènes, au sens que l’on donne à ce mot en microbiologie, 
reste la même, que l’on inocule des cultures ayant subi de nombreux 
passages sur l'animal ou que l’on utilise des Champignons long- 
temps cultivés sur des milieux artificiels à l'air et à la lumière. 
Nous l’avons observé très nettement avec nos divers Champignons 
et, comme la virulence se relie en grande partie à la sécrétion de 
substances toxiques, cette fixité du pouvoir pathogène indique 
bien que le parasite agit ici par lui-même et non par ses toxines. 

Quant aux phénomènes convulsifs observés chez les animaux 
avant la mort et qui n'ont jamais manqué dans un grand nombre 
d'inoculations que nous avons faites avec les Mucorinées patho- 
wènes, nous ne pensons pas qu'ils puissent être attribués à une 
toxine cryplogamique et nous croyons qu’ils dépendent seulement 
d’une véritable destruction fonctionnelle du rein par le Champi- 
non ; que ce sont, en un mot, des troubles liés à l'insuffisance 
rénale. D'ailleurs, cette question de la production des substances 
toxiques par les Champignons parasites est encore fort obscure et 
demande de nouvelles recherches avant que l’on puisse la résoudre 
définitivement. 

Revenant maintenant au mécanisme proprement dit des mycoses 
viscérales, nous voyons, après l’inoculation des spores, que le 
premier acte de l’organisme étudié dans le premier paragraphe de 
ce lravaii et qui consiste en une dissémination par les leucocytes 
des spores, traitées comme des corpuscules inertes, est suivi d’un 
second temps, marqué par l'arrêt dans les capillaires viscéraux 
des spores entrainées par les cellules leucocytaires. Mais ici les 
choses se compliquent, car dans un cas, celui d’un Champignon 


RECHERCHES EX PÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 133 


pathogène, la spore germe et produit des altérations locales, tandis 
que, s’il s’agit d’un Champignon non pathogène, les spores, qui ne 
sont nullement éliminées par les émonctoires, disparaissent au 
bout d’un temps plus ou moins long des viscères où elles s’étaient 
arrêtées. 

Tout revient donc à déterminer pourquoi, dans les viscères, 
certaines spores se développent, tandis que d’autres ne se déve- 
loppent pas et disparaissent plus ou moins vite, c’est-à-dire à fixer 
les condilions de la germination des spores dans ces viscères et 
celles de leur disparition quand elles ne germent pas. Or, on sait, 
depuis les recherches de ces dernières années, que de multiples 
conditions d’ordre physico-chimique interviennent dans la germi- 
nation des spores de Champignons ; on est donc en droit de se 
demander si ce ne sont pas des conditions de cetle sorte qu'il faut 
invoquer ici. $ 

La question est délicate à trancher, néanmoins nous croyons que 
l’on peut y répondre d’une façon négative, pour ce qui est de 
certaines conditions du moins. Ainsi pour la température, Rénon 
a démontré que cette condition ne peut en aucune facon expliquer 
l’immunité des animaux pour l’Aspergillus niger et leur sensibilité 
pour l’Aspergillus fumigatus. D'autre part, ayant recherché si les 
humeurs des animaux de laboratoire ne jouent pas, en raison de 
leur composition chimique, un rôle dans la germination ou dans 
la non-germination des spores cryptogamiques, nous avons observé, 
dès la première expérience, des faits positifs après lesquels aucun 
doute ne saurait persister. Cultivant, en effet, nos Champignons sur 
du plasma ou du sérum de Lapin, nous avons constaté que les 
spores d’Aspergillus niger, non pathogène, y germent et s'y déve- 
loppent tout.aussi bien que celles des Rhizopus pathogènes. Il s’en 
suit naturellement que ce n’est pas à une question de composition 
chimique du milieu qu'il faut rattacher l’immunité des animaux 
pour certains Champignons, ou leur sensibilité vis-à-vis d’autres 
espèces cryptogamiques. L'examen attentif des faits démontre 
qu'il s'agit ici d’autre chose, que ce qui se passe en pareille cir- 
constance est tout à fait analogue à ce que l’on observe avec les 
Bactéries, et que tout se ramène au fond à une question de diges- 
tion intra-cellulaire. 

En efiet, quand on inocule un Champignon pathogène, il y a 


134 | E. BODIN ET P. SAVOURÉ 


‘bien englobement de ses spores par les leucocytes, mais pour des 

raisons encore mystérieuses tenant au fonctionnement physiolo- 
gique de ces phagocytes ou peut-être à la structure des spores 
mieux protégées que d’autres, il n'y a pas de digestion intra- 
cellulaire de ces spores qui, demeurant intactes, germent ulté- 
rieurement. La phagocytose est alors incomplète, car ce phénomène 
comporte nécessairement et essentiellement deux temps, l'un 
d'ordre physiologique, comprenant l’englobement des éléments 
étrangers dans le protoplasma de la cellule mobile, l’autre, d’ordre 
chimique, consistant en une digestion du corpuscule englobé par 
des cytases élaborées par la cellule ; et, avec les spores de Cham 
pignons pathogènes, cette dernière partie de l’acte phagocytaire 
fait défaut. 

Dans le cas d’un Champignon non pathogène, au contraire, les 
phagocytes complètent leur œuvre d’englobement par un acte 
digestif qui aboutit à la destruction des spores. 

Ceci n’est pas seulement une idée théorique, c'est un fait que 
nous avons pu constater : nous savons que les spores d’Aspergillus 
niger, introduites sous la peau de la cuisse du Cobaye, sont englo- 
bées par les leucocytes qui peuvent, grâce à leur mobilité, les 
transporter dans les viscères par les canaux vasculaires ; nous 
avons aussi constaté par la culture que ces spores s'arrêtent dans 
le foie dès la quarante-huitième heure après l’inoculation, mais 
qu’au bout de quinze à vingt jours le même organe redevient 
stérile. ; 

Or. si l’on examine sur des coupes minces le foie de ces animaux, 
entre le deuxième et le huitième jour après l’inoculation, il est 
possible d'y rencontrer, au niveau de quelques capillaires, de petits 
amas cellulaires constitués par des cellules endothéliales et par 
des macrophages, et de distinguer, au sein de l’amas, dans le 
protoplasma d’une de ces cellules, une ou plusieurs spores d'Asper- 
gillus encore reconnaissables (fig. 9). Après quinze jours, quand 
l'organe reste stérile à la culture, nous n'avons pu retrouver de. 
semblables phénomènes dans le foie. C'est donc que les phagocytes 
macrophages et d’origine endothéliale ont accompli leur œuvre 
définitive et qu'ils ont, en les digérant, débarrassé l’économie des 
spores qu'ils avaient englobées. 

On objectera bien qu'il est bizarre que la destruction intra- 


Li] 


RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 135 


phagocytaire des spores se fasse à l’intérieur des canaux vascu- 
laires viscéraux, alors qu’elle ne se fait pas dans le liquide périto- 
néal, où les leucocytes sont cependant nombreux. Mais à cette 
objection la réponse est aisée : dans le liquide péritonéal, l’englo- 
bement des spores se fait, au début surtout, par les microphages, et 
aussi, il est vrai, mais plus rarement, par les macrophages, tandis 
que dans le foie les phagocytes que nous avons vu intervenir en 
tous cas sont les macrophages et les cellules endothéliales ; et l’on 
se rappelle que ces diverses espèces de phagocytes ont des apti- 


Fig. 9. — Foie de Cobaye, six jours après inoculation de spores d’Aspergillus niger 
sous la peau de la cuisse. — &, cellules hépatiques ; b, amas de cellules phagocy- 
taires dans un vaisseau ; À, hématies; s, spore d’Aspergillus niger. 


tudes digestives différentes. Par exemple, la digestion intracellu- 
laire des hématies se fait dans les macrophages et non pas dans les 
microphages, tandis que ces derniers détruisent au contraire très 
activement la plupart des Bactéries. 

Il est donc fort probable que la digestion intracellulaire des 
spores de Champignons, qui sont anatomiquement tres différentes 
des Bactéries, s’accomplit seulement dans les macrophages et 
surtout dans les cellules endothéliales, alors qu'elle est impossible 


8 


436 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES 


dans les microphages. Cela explique très bien pourquoi les spores 
englobées par les microphages doivent ultérieurement être reprises 
par d’autres phagocytes, dont l’action digestive sera définitive. 
Rien d’étonnant d’ailleurs à cette série de phénomènes, car pour 
d’autres parasites, pour une Bactérie bien connue, le Strepto- 
coque, il existe des faits analogues, dans une certaine mesure. 
Salimbeni, étudiant le sort du Streptocoque inoculé au Cheval 
vacciné, a constaté que les Cocci sont d’abord englobés par des 
macrophages au sein desquels ils se développent, puis que ces 
cellules éclatent sous l'influence de la culture bactérienne qui se 
fait à leur intérieur, mettant en liberté les microbes qui sont repris 
et définitivement phagocytés par les microphages. 

Avec les spores de Moisissures non pathogènes, les faits offrent 
une succession en partie comparable, mais qui se produit en sens 
inverse : les spores sont englobées d’abord par les microphages et 
c'est au second acte qu’elles sont reprises avec iles microphages 
par les macrophages et les-cellules endothéliales qui les digèrent 
complètement. 

Évidemment en tout ceci il existe encore des lacunes et des 
points obscurs, sur lesquels nous nous proposons de revenir ulté- 
rieurement, mais la question n’en est pas moins établie dans ses 
grandes lignes et l’on peut dire que l’immunité, dans les mycoses 
internes, dépend de phénomènes de digestion intracellulaire par 
les phagocytes de l’organisme parasité. 

Pour les Champignons, comme pour les Bactéries, le problème 
de l’immunité doit donc recevoir la même solution : celle qui a 
été donnée et magistralement soutenue par Metshnikov et ses 
élèves. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


En.’et Er. SERGENT, Moustiques et maladies infectieuses. Guide pratique 
pour l'étude des Moustiques. Avec une préface du D’ E. Roux. Paris, 
-Masson et C", petit in-8 de 176 p. avec 40 fig. (Encyclopédie scientifique 
des aide-mémoire). — Prix, broché : 2 fr. 50 c.; cartonné : 3 francs. 


Le livre des frères SERGENT traite de l'étude des Moustiques ; il apprend 
à les recueillir, à les élever, à les observer, à les reconnaître et à les 
classer. Il trouvera sa place dans le bagage des explorateurs, des voya- 
geurs, de tous ceux qui vont aux colonies et qui sont obligés de compter 
avec ces êtres, à la fois si menus et si redoutables. Il sera utile surtout 
aux médecins coloniaux dont le devoir est de dresser, dès leur arrivée 
dans une colonie, le catalogue des Moustiques qui s’y rencontrent, d’en 
étudier le développement et les mœurs. Sans cette étude ils seront inca- 
pables d'instituer une prophylaxie efficace et de protéger les vies dont ils 
ont la responsabilité. 

La première partie traite de l'étude d'un Moustique au point de vue de 
la classification. Elle comporte donc la technique de l'examen extérieur, 
la description morphologique et la classification. 

La deuxième partie expose la technique de la capture et de l'élevage des 
Moustiques, qui n’est pas toujours aussi facile qu'on pourrait le croire, 
et des considérations sur la biologie des Moustiques, telle qu'on. peut 
l’'observer en faisant leur élevage. 

La troisième partie comporte l'étude pratique de la préparation des 
Moustiques au point de vue de l’évolution des parasites du paludisme et 
de la filariose dans leurs tissus ; elle se subdivise donc en étude de la 
structure interne du Culicide normal, exposé de l’évolution des Plasmodies 
et des Filaires, technique de la dissection et des coupes. 


M. Porrow, À propos des Blastomycètes dans les tissus. Thèse de Nancy, 
in-8° de 227 p. avec 2 pl., 1903. 


Le but de ce travail est la recherche d'un procédé sûr et pratique pour 
reconnaître les Blastomycètes dans les tissus. Une minutieuse revue his- 
torique et critique s’imposait plus que pour tout autre sujet : près d'un 
quart du volume y est consacré. De toutes les méthodes proposées jus- 
qu'ici, l'examen des tissus frais semble seul avoir donné des résultats 
satisfaisants. L'auteur s'élève particulièrement contre la méthode des 
colorations dites spécifiques et contre les prétendus corpuscules fuchsi- 


nophiles de Russell. 
Tout se ramène à une question de botanique et à la recherche de carac- 


138 | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


tères morphologiques suffisamment nets et constants. La membrane 
présente seule ces caractères. Elle est stratifiée et possède au moins deux 
couches : une cuticule, qui se colore métachromatiquement par le bleu 
de toluidine et une couche interne, peu ou pas colorable. Du reste, cette 
membrane offre une résistance très remarquable à tous les colorants et 
à tous les réactifs chimiques ; elle n’est attaquée que par les acides chro- 
nique et sulfurique. Ses réactions chimiques sont donc négatives et sa 
composition n'est pas connue. Le bleu de toluidine met en évidence, à la 
surface de la cuticule, des rangées de petits tubercules qui portent chacun 
un long aiguillon acéré et colorable. 

La troisième partie, qui forme à peu près la moitié du volume, est 
consacrée à l'anatomie pathologique expérimentale. Jamais les inocula- 
tions n'ont produit de néoplasmes. Elles n'ont donné liéu qu'à des infec- 
tions plus ou moins généralisées et à des blastomycomes ou nodules de 
blastomycose. Les lésions sont purement mécaniques et non toxiques. Les 
Blastomycètes trouvés dans les tissus présentent avec une grande netteté 
les caractères indiqués précédemment. La cuticule, chez les animaux à 
sang chaud, produit une capsule mucilagineuse dans laquelle les réactifs 
(bleu de toluidine et rouge neutre) font apparaître la forêt de piquants 
qui isolent les globules les unsdes autres et leur donnent l'apparence de 
châtaigne. Même dans les éléments en voie de destruction, la cuticule 
reste toujours colorable métachromatiquement par le bleu de toluidine. 
L'auteur conclut donc que la membrane des Blastomycètes présente des 
caractères assez spéciaux et constants pour permettre de reconnaitre à 
coup sûr ces Champignons dans les tissus animaux. — M. LANGERON. 


LAveRAN, Prophylaxie du paludisme. Paris, Masson et C"*, petit in-8° 
(19,5*<14) de 209 p., 1904. (Encyclopédie scientifique des Aide-mémoire). 
Prix : broché, ? fr. 50; cartonné, 3 fr. 


L'auteur, dont la haute compétence en ces questions est universellement 
reconnue, expose avec méthode et clarté la question de la prophylaxie des 
lièvres paludéennes. Cette importante question est entrée dans une nous 
velle phase, depuis qu'il est prouvé que ce sont les Moustiques du genre 
Anopheles qui propagent le paludisme. M. Laveran montre comment la 
prophylaxie de cette grave endémie peut être organisée aujourd'hui d'une 
manière beaucoup plus rationnelle et beaucoup plus efficace qu'autrefois. 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE, VIII, 1903-1904. 


GO | 
HI 


SCAOOE: OF 
PROPICAIE 
LAB BICINEÉE 


TAIS :IS -TO-CERTIFS 
AAS -ATENDED -A-CO 
TROPICAL: MEDICIN 
 FTROPICAL: ANGIEN 


AL SON : CLINICAL 


TAAT- 
RSE-9rINST RVCTION hs 


! 


| 


= _ > 


EU 


= __ > 


hr L> 


EE --——S 


Tax UN 


NOTES ET INFORMATIONS 


_ Les nouveaux laboratoires de l’Ecole de médecine tropicale de 
Liverpool. — Le samedi 9 mai 1903, a eu lieu l'inauguration des nouveaux 
laboratoires de l'Ecole de médecine tropicale de Liverpool, dont la fonda- 
tion est due à la munificence de M. Williams Jonxsrox, armateur. Ce don 
représente une valeur de 625.000 francs. Les bâtiments ont coûté 250.000 
francs. M. Jounsrox a donné une somme égale pour la fondation d'une 
chaire de biochimie ; enfin, 150.000 francs pour fonder trois bourses. 

Un autre don, de 250.000 francs, dû à M. Sutton Tiumis, destiné à 
provoquer des recherches sur le cancer, est rattaché aux laboratoires 
JOHNSTON. 

La cérémonie d'inauguration, présidée par M. T. LoxG, M. P., président 
du Local Government Board, a eu lieu dans le grand amphithéâtre d'Univer- 
sity College, devant une assistance très nombreuse. Une vingtaine de 
délégués étrangers avaient pris place sur l’estrade, où les robes roses, 
bleues ou rouges des dignitaires de l'Université mettaient des notes 
éclatantes. 

A une série de discours très applaudis succéda la visite des laboratoires. 
Ils sont tous situés dans le même bâtiment, à côté des laboratoires 
Thompson Yates. 

La chimie biologique (professeur MooRE), au rez-de-chaussée ; la méde- 
cine tropicale (professeur Ross, lauréat du prix Nobel 1902), au premier 
étage ; la médecine expérimentale (professeur GRÜNBAUM), au second 
étage. 

Le laboratoire de médecine tropicale peut recevoir vingt-cinq travailleurs. 
Il est bien installé et bien orienté. 

Une plaque de bronze, encastrée dans le mur, rappelle le souvenir de 
W.MyErs, mort de la fièvre jaune au Brésil, au cours d’une des expéditions 
organisées par l'Ecole de médecine tropicale (1). L'inscription est ainsi 
conçue : 

ON THIS TABLET THE LIVERPOOL 
SCHOOL OF TROPICAL MEDICINE 
COMMEMORATES THE UNTIMELY 
LOSS IN HIS 29'H YEAR OF 
WALTER MYERS WHO ON A 
MISSION OF THE SCHOOL AMID 
HIS RESEARCHES TO OVERCOME 
THE MALADY DIED OF YELLOW 
FEVER ON THE 207% JANu. 1901. 
FROM THE SERVICE OF TRUTH 
AND HUMANITY UPON EARTH 
IN THE MORNING OF HIS MAN- 
HOOD HE PASSED TO GOp. 


(1; Archives de Parasilologie, IV, p. 157, 1901. 


149 NOTES ET INFORMATIONS 


Une serre chaude pour Anthropoides, contenant actuellement trois 
beaux Chimpazés en excellent état, est annexée au laboratoire de 
pathologie expérimentale. 

Le soir a eu lieu, à l'hôtel Adelphi, un somptueux banquet de 160 
couverts, offert par M. Jonxsron. Parmi les toats qui ont eu lieu, citons 
celui qui a été porté par Sir Alfred Jones, et qui avait pour titre 
le commerce et les recherches scientifiques, toast auquel ont répondu sir 
Michael Forster et le professeur ARMSTRONG. Ils ont fait ressortir les 


Fig, 1. — Médaille Kanthack (face). 


avantages que le commerce avait déjà retirés des résultats des recherches 
biologiques, ayant trait à l'hygiène et à la prophylaxie des maladies tropi-. 
cales. Le toast «à nos hôtes étrangers » a été proposé par sir J. BIRNNET. 
Les professeurs RAVENEL (Amérique), Nocarp (France), WEIGERT (Alle- 
magne) et PERRONCITO (Italie) ont répondu. 

Dans son discours, interrompu à chaque instant par des applaudisse- 
ments, le Professeur NocaRp a dit qu'il regrettait que le privilège de l’âge 
lui conférât l'honneur de prendre la parole au nom de la France. Cet 
honneur revenait plutôt au Professeur R. BLANCHARD qui, avec le D'Würrz, 


NOTES ET INFORMATIONS à 141 


représentait à cette solennité l'Institut de médecine coloniale de Paris. 
Puis, après avoir remercié les organisateurs de cette fête de leur si cordial 
accueil, il termina en souhaitant que l'exemple de haute générosité que 
donnait M. JonxsrTon vis-à-vis de la cité où il était né et où il avait édifié 
sa fortune, füt suivi dans les autres pays d'Europe, et en particulier dans 
le nôtre. 

- Des remerciements émus de M. Jonnston ont terminé cette fête. Parmi les 


Fig. 2. — Médaille Kanthack (revers). 


délégués se trouvaient les professeurs WeiGEerr (Francfort), V. HANSEMAN 
(Berlin), EuLENBERG, ete., Perroncrro (Turin), Nocarp (Aliort), R. BLAN- 
cuARp et R. Wünrrz (Paris). Le professeur R. BLANCHARD était accompagné 
en outre de ses deux élèves, le D’ E. Brumprt, tout récemment revenu de 
son long voyage à travers l'Afrique, et le D' H. PoLAILLON. 


— #A l'occasion de notre visite à Liverpool, nous donnons une repro- 
duction un peu réduite : 

1° Du diplôme de médecin colonial délivré par l'Ecole de médecine tropi- 
cale (pl. I) ; 


149 NOTES ET INFORMATIONS 


> De la médaille à l'effigie du regretté professeur KanrHack (1), qui est 
délivrée par l'University College (Thomson Yates laboratories), aux élèves 
ayant suivi le cours de pathologie expérimentale. 

Cette belle médaille (fig. 1 et 2) dont nous devons un exemplaire à 
l'amabilité du professeur R. Boyce, est en bronze ; elle est haute de 98"" 
et large de 67. La face porte sur la plinthe, à droite, la signature : 
C. J. ALLEN 1900. Le revers porte, dans l’ovale inférieur, la signature : 
J. H. Mc Na. 


Nouvelles. — M‘ S. Broïpo, docteur en médecine, diplômée de l'Ins- 
titut de médecine coloniale de Paris, a quitté Marseille le 20 juin 1903, à 
bord du paquebot Marsa, de la Compagnie de navigation mixte, en qualité 
de médecin sanitaire maritime. C’est la première fois qu'une telle fonction 
est confiée à une femme. Ù D 


Réorganisation du service de la vaccine. — Un décret du 27 juillet 
1903, rendu en conformité de l'article 6 de la loi du 15 février 1902 relative 
à la protection de la santé publique en France, règle ainsi qu'il suit le 
service des vaccinations antivarioliques rendues obligatoires par ladite 
loi : cé 

ARTICLE PREMIER. — Le service de vaccine établi à l'Académie de méde- 
cine est chargé : 

1° De l'entretien des meilleures semences vaccinales ; 

2° Du perfectionnement de la production du vaccin et de la vaccination ; 

9° Des épreuves scientifiques que comporte le contrôle des établisse- 
ments qui préparent ou distribuent le vaccin. 

L'Académie de médecine adresse chaque année au ministre de l'Intérieur, 
d'après les documents qui lui sont transmis par ce ministre, un rapport 
exposant le fonctionnement et les résultats des opérations vaccinales et 
indiquant le nombre des vaccinations et revaccinations pratiquées dans 


les départements et, spécialement, dans les villes de plus de 20.000 habi- 
tants. \ 


ART. 2. — Dans chaque département, le préfet nomme les médecins, les 
sages-femmes et les autres agents du service de la vaccine organisé par 
le Conseil général en exécution de l’article 20 de la loi susvisée. 

ART. 93. — Des arrêtés ministériels, pris après avis de l'Académie de 
médecine et du Comité consultatif d'hygiène publique de France, déter- 
minent les obligations des médecins chargés des vaccinations gratuites et 
prescrivent, pour les établissements qui distribuent du vaccin, les mesures 
d'hygiène et les épreuves propres à assurer et à constater la pureté et 
l'efficacité du vaccin. 

Nul ne peut ouvrir un établissement destiné à préparer ou distribuer 
du vaccin sans avoir fait une déclaration préalable à la préfecture ou à la 
sous-préfecture. 

Il sera donné récépissé de cette déclaration. 


(1) Archives de Parasitologie, II, p. 138, 1899. 


NOTES ET INFORMATIONS 143 


Ces établissements sont soumis à la surveillance de l'autorité publique, 
conformément aux dispositions arrêtées par le ministre de l'Intérieur. 

ART. 4. — Dans chaque commune, les séances de vaccination gratuite 
et les séances de revision des résultats de ces opérations sont annoncées 
par voie d'affiches indiquant le lieu et la date de ces séances et rappelant 
les obligations légales des parents ou tuteurs et les pénalités qu'ils 
encourent. 

Les parents ou tuteurs sont tenus d'envoyer les enfants aux séances de 
vaccination, de les soumettre à l'opération vaccinale et à la constatation 
des résultats de cette opération au cours de la séance de revision. Toute- 
fois, ils sont libres de satisfaire à leur obligation en déposant à la mairie 
un certificat constatant la vaccination ou la revaccination de leurs enfants 
avec la date et le résultat de ces opérations, délivré par le médecin ou la 
sage-femme qui les aura pratiquées. 

ART. 5. — Les vaccinations sont ajournées par arrêté préfectoral pour 
les habitants des localités où une maladie infectieuse autre que la variole 
règne épidémiquement ou menace de prendre une extension épidémique. 

ART. 6. — Les listes de personnes soumises à la vaccination ou à la 
revaccination obligatoire sont établies par les soins des municipalités de 
la façon suivante : 

1° Pour la première vaccination, la liste comprend : 

a) Tous les enfants ayant plus de trois mois et moins d’un an le jour 
de la séance de vaccination, nés dans la commune et relevés sur le registre 
de l'état-civil ; 

b) Les enfants du mème âge nés dans une autre localité et résidant 
dans la commune ; 

c) Les enfants plus âgés qui n'auraient pu être vaccinés antérieurement 
pour une raison quelconque ; 

d) Ceux qui, antérieurement vaccinés, doivent subir une nouvelle vacci- 
nation, la première n'ayant pas été suivie de succès. 

2 Pour la première revaccination, la liste comprend, d'après l’état-civil 
et les renseignements fournis par les directeurs des établissements 
d'instruction publics ou privés, tous les enfants inscrits dans les écoles 
qui sont entrés dans leur onzième année au moment de la séance de 
vaccination et ceux, quel que soit leur âge, qui n'auraient pas subi la 
vaccination ou la première revaccination. 

Les enfants qui reçoivent l'instruction à domicile doivent être déclarés 
par leurs parents ou tuteurs dans les mêmes conditions et portés sur la 
liste. 

3° Pour la deuxième revaccination, la liste comprend toutes Les personnes 
qui se trouvent au cours de leur vingt et unième année et résidant dans 
la commune. ï 

ART. 7. — Sur ces listes, le médecin vaccinateur inscrit en regard de 
chaque nom la date de la vaccination et ses résultats, soit que le sujet ait 
été vacciné au cours des séances visées à l’article k, soit que les parents 


44% NOTES ET INFORMATIONS 


ou le tuteur de ce dernier aient produit le certificat prévu par le même 
article. 

ART. 8. — Si le médecin vaccinateur, au cours de la séance de vaccina- 
tion gratuite, estime qu'un sujet qui lui est présenté ne peut être vacciné 
à cause de son état de santé, il fait mention de cette impossibilité sur la 
liste en regard du nom de l'intéressé. Il inscrit une mention analogue en 
regard du nom de ceux pour lesquels il aurait été produit un certificat 
constatant la même impossibilité, signé par le médecin qui les traite. 

ART. 9. — Dans le cas d’insuccès, la vaccination doit être renouvelée 
une deuxième et, au besoin, une troisième fois le plus tôt possible, et, au 
plus tard, à la prochaine séance de vaccination. 

Il est dressé pour cette séance une liste supplémentaire sur laquelle sont 
inscrites toutes les personnes dont la vaccination doit être renouvelée, 
ainsi que toutes celles dont la première vaccination ou la revaccination a 
été ajournée pour le motif indiqué à l’article 8. 

Après vérification du succès de chaque vaccination, ou après la troisième 
tentative, le médecin vaccinateur délivre aux parents ou tuteurs des 
personnes soumises à l'opération un certificat individuel attestant qu'ils 
‘ont satisfait aux obligations de la loi. Pareille pièce est délivrée à ceux 
qui ont présenté le certificat prévu par l'article 4. 

ART. 10. — L’étranger qui aura établi sa résidence en France est soumis, 
pour lui-même et pour ses enfants, aux prescriptions du présent règlement 
dans le lieu de sa résidence. 

ART. 11. — Après la dernière séance de revision concernant sa commune, 
le maire prévient par avertissement individuel les parents ou tuteurs qui 
n’ont pas satisfait aux obligations inscrites dans l’article 4 du présent 
décret, qu'ils sont tenus de présenter, avant la fin de l’année durant 
laquelle les enfants sont soumis à la vaccination ou à la revaccination, un 
certificat conforme à celui prévu par le même article. 

A l'expiration de ce délai, le maire ou le commissaire de police dresse 
contre ceux qui n'ont pas fourni cette justification un procès-verbal 
constatant contravention à l’article 6 de la loi du 15 février 1902, et le 
transmet immédiatement au magistrat chargé des fonctions du ministère 
publie près le tribunal de simple police. 

ART. 12. — A l'issue des opérations vaccinales, le maire envoie copie 
des listes de vaccinations de sa commune au préfet ou au sous-préfet. 

ART. 13. — Le ministre de l'Intérieur et le garde des sceaux, ministre 
de la Justice, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du 
présent décret qui sera publié au Journal officiel et inséré au Bulletin des 
lois. 


Au Congrès d'hygiène. — Le Congrès international d'hygiène et de 
démographie s’est réuni à Bruxelles du 2 au 8 septembre 1903. La section 
d'hygiène coloniale, présidée avec un tact parfait par le général baron 
Wamis, gouverneur général de l'Etat indépendant du Congo, a été parti- 
culièrement active. Elle a adopté plusieurs vœux d'un haut intérêt : 


NOTES ET INFORMATIONS 145 


Vœu proposé par Sir Parricx Manson. — « Le Congrès, convaincu de 
l'importance pratique du rôle des Moustiques dans l’étiologie du paludisme, 
insiste auprès de tous les gouvernements des pays paludiques pour que : 

» 1° Les officiers, administrateurs et employés, avant d'entrer au service 
de ces pays, fassent preuve de connaissances pratiques quant à cette 
notion et à ses applications ; 

» 2 Dans tous ces pays, les établissements d'instruction, qu'ils 
dépendent du gouvernement ou des missions, ou qu'ils soient de toute 
autre nature, soient invités à inscrire dans leurs programmes d'ensei- 
gnement les notions relatives à la propagation du paludisme et les 
applications pratiques qui en découlent. 

» 3° Les officiers, administrateurs et employés ignorant ces connais- 
sances ou se refusant systématiquement à les appliquer soient considérés 
comme impropres au service dans les pays paludiques. » 

Vœu proposé par le Professeur A. CELLI. — « Les moyens prophylactiques 
contre la malaria sont : l’immunisation artificielle médicamenteuse par 
les sels de quinine ; la désinfection spécifique du sang des malariques 
par les sels de quinine; la protection mécanique des habitations et des 
parties découvertes du corps ; l'isolement des malades ; la destruction des 
Moustiques ; les travaux d'assainissement hydraulique et agricole. 

» Parmi les moyens susdits, on doit choisir ou même combiner ceux 
qui s'adaptent à la localité et à la population qu'il s'agit d'assainir. » 

Vœu proposé par le Professeur G. REYNAUD. — (Il est désirable que des 
sanatoria situés en des régions salubres, soit en altitude, soit en climat 
marin, soient installés dans les colonies tropicales au voisinage des 
grandes agglomérations humaines exposées à la malaria, où seraient 
traités pendant un temps prolongé les Européens impaludés. 

» L'emplacement des sanatoria devra être choisi avec discernement, de 
manière que la constitution du sol et la topographie du lieu permettent 
l'écoulement facile des eaux et assurent la ventilation de l'établissement 
et que soient réalisées les conditions défavorables à l'implantation ou au 
développement du paludisme. 

» Cette institution, très nécessaire pour le succès de la colonisation, 
constituera, en définitive, une opération économique, en rendant le rapa- 
triement moins souvent nécessaire. » 

Vœu relatif à la vaccination contre la variole.— « En raison des difficultés 
éprouvées par les vaccinateurs dans les pays chauds pour se procurer des 
animaux vaccinifères, il y a lieu de recommander l'emploi des Lapins : 

« Dans certains cas exceptionnels, tels que l'impossibilité de se pro- 
curer des vacciniféres animaux ou l'échec répété des inoculations 
animales, on peut, en cas d'urgence, être autorisé à recourir à la vacci- 
nation de bras à bras, avec toutes les précautions de rigueur. » 

Le Congrès a fait sagement observer qu'il faut, dans certains cas, 
modifier le mode de préparation du vaccin anti-varioleux pour ne pas 
blesser les croyances religieuses de certains peuples (bouddhistes, 


Archives de Parasitologie, VI, n° 1, 1903. 10 


146 NOTES ET INFORMATIONS 


musulmans) et s’exposer à des résistances, sinon à des révoltes. Enfin, il a 
insisté sur la nécessité de rendre la vaccination obligatoire pour les 
musulmans partant en pèlerinage. 

Vœu relatif à l’enseignement de la médecine et de l'hygiène des pays 
chauds. — « Il est essentiel que les gouvernements des nations possédant 
des colonies favorisent le développement des écoles de médecine coloniale, 
en Europe, où seront enseignées la clinique, la pathologie, la bactério- 
logie, la parasitologie, l'hygiène, l’épidémiologie, la géographie médicale, 
la bromatologie, la matière médicale, la police sanitaire maritime inter- 
nationale. Les médecins coloniaux et les médecins de la marine marchande 
seront appelés à suivre les cours de ces écoles. 

» Ces écoles devront être pourvues de laboratoires convenablement 
installés et dotés, d'une manière générale, de tous les moyens d'instruc- 
tion réellement pratiques, en particulier, des instruments de recherches 
bactériologiques, du matériel sanitaire, d'hôpitaux largement pourvus de 
malades coloniaux. Il y a intérêt, dans ce but, à placer les écoles au voi- 
sinage des principaux ports et des instituts coloniaux où sont enseignées 
les langues indigènes. 

» Il est nécessaire qu'un personnel secondaire reçoive dans lies écoles 
coloniales l’enseignement technique qui leur est indispensable. 

» Il y a lieu également d'étendre dans une large mesure aux officiers 
de la marine marchande l'enseignement de l'hygiène navale et de Ia 
police sanitaire maritime. 

» Il est désirable que les écoles de médecine destinées, dans les 
colonies, à la formation d’auxiliaires indigènes recoivent une grande 
extension. » 


La destruction des Rats. — Par décret rendu sur le rapport du 
Ministre de l'intérieur, la destruction des Rats à bord des navires est 
obligatoire pour toutes les provenances de pays contaminés ou suspects 
de peste, soit en cours de traversée, soit à l'arrivée avant le déchargement. 

Cette destruction est exclusivement pratiquée au moyen des procédés 
ou appareils dont l'efficacité a été reconnue par le Comité consultatif 
d'hygiène publique de France. Elle est immédiatement applicable dans 
les ports où ces procédés ou appareils sont mis à la disposition des 
capitaines, suivant les conditions agréées par l’autorité sanitaire et sous 
son contrôle permanent. 

Les frais en résultant sont à la charge de l'armement. Aucune taxe 
sanitaire n’est due, en conséquence, du fait de cette opération. 

Un certificat relatant les conditions dans lésquelles a été pratiquée: 
l'opération est délivré aux capitaines ou armateurs par les soins de 
l'autorité sanitaire. 

Les infractions aux dispositions du présent décret sont passibles des 
pénalités édictées par l’article 1% de la loi du 3 mars 1822, sans préjudice 
des mesures d'isolement ou autres auxquelles les navires peuvent être 
assujettis en raison de leur provenance ou de l’état sanitaire du bord à 
l'arrivée. 


NOTES ET INFORMATIONS 147 


La lutte contre les maladies infectieuses (V, 633). — Tuberculose. 
— La lutte a pris de telles proportions, spécialement contre la tuberculose, 
qu'il devient difficile d'en rapporter ici toutes les modalités. Bornons-nous 
donc à citer celles qui présentent le plus d'intérêt ou d'originalité. 

Dans un grand nombre d'églises italiennes sont placardées des affiches 
invitant les fidèles à s'abstenir de cracher à terre. Voici, par exemple, le 
fac-simile d'une affiche provenant d'une église de Florence ; l'original à 
des lignes larges de 133". 


I risgétéo alla Casa di Dio, la bnona 
ucazione 8 L'igiene esitono ce on 
S] SpuÙ In (érra. 


— On lit dans le Petit Bleu de Paris, du 14 juin 1903: 
€ L'HYGIÈNE ET LE PLAISIR. 


» La direction de la régie des tabacs, en Roumanie, vient d'adopter une 
innovation assez curieuse. Désormais sur toutes les enveloppes, boîtes, 
paquets ou bandes de ses produits, seront imprimés des préceptes d'hygiène 
populaire dus à la plume des principales autorités médicales. Sur les boites 
d'allumettes, au lieu d'une petite femme décolletée, on verra cette inscrip- . 
tion : « Lave-toi les dents après chaque repas » ; sur les paquets à cigarettes, 
on lira le conseil de mettre ses pieds à l’eau, etc. 

« Gageons pourtant que, dans cette épigraphie variée, on ne trouvera 
nulle part la maxime mettant en garde contre les dangers de la nicotine.» 


— La Revista medica de Säo Paulo a fait imprimer la note ci-dessous au 
dos de ses enveloppes de lettres : 

DA ( LIGA CONTRA À TUBERCULOSE ) 

« À tuberculose ou tisica é a molestia que mais victimas faz em todo o 
mundo ; e sô no Estado de S. Paulo ella mata mais de 2.000 pessoas por 
anno. 

» À tisica é molestia contagiosa evitavel e curavel. Ella se transmitte 
principalmente pelos escarros seccos, reduzidos a poeira. 

» Deve-se, pois, evitar o repugnante vicio de cuspir ou escarrar no 
soalho dos vehiculos e no pavimento das habitaçôes e logares publicos. » 


148 NOTES ET INFORMATIONS 


Un philosophe optimiste. — Avez-vous vu, à la dernière exposition 
des œuvres du peintre CARRIÈRE, le portrait de M. MErsaniKov ? Avez- 
vous gardé dans votre mémoire le souvenir de ce front, de cette ossature 
puissante et de ce regard infiniment tendre et jeune qui brille avec 
douceur derrière les lunettes du savant ? Alors vous connaissez l'Homme 
et vous êtes préparé à lire son livre (1). 

Lisez-le si vous aimez les livres de science, et si vous aimez les contes 
de fée, lisez-le, car les « Etudes sur la nature humaine » tiennent de l’un 
et l’autre genre. Si le gracieux ARIEL, qui aima SHAKESPEARE et RENAN, 
réside encore parmi nous, sans doute il tournoie volontiers autour du 
microscope de M. MEersaniKov et prend plaisir à voir naître les idées de 
ce Doctor mirabilis. 

Mirabilis en effet : cet audacieux sayant veut rendre les Hommes heu- 
reux. C’est la seule recherche qui soit intéressante, pense-t-il ; et nul n'y 
contredira, mais beaucoup douteront du succès. Pourquoi douter ? répond 
le docteur MErsaniKov. Le bonheur est chose possible. La nature en ofire 
des exemples. Certaines fleurs, certains Insectes sont doués d'organes, 
d'instinets si sûrs qu'ils n'ont qu'à se laisser vivre pour être toujours 
satisfaits, et s'ils pouvaient nous renseigner sur leurs obscures impres- 
sions ils nous diraient, sans aucun doute, que la vie est parfaitement 
agréable. 

De tels cheïs-d’œuvre sont rares, et cela s'entend. La nature n’est pas 
intelligente. L'agitation des atomes y produit au hasard des combinaisons 
dont les moins mauvaises survivent aux pires, et puis, des centaines, des 
milliers de siècles ayant passé, il se trouve que nous observons un certain 
nombre de réussites, d'agencements tout à fait harmonieux. Qu'il y en ait 
fort peu, cela n’est pas étonnant. Qu'il y en ait quelques-uns, au contraire, 
voilà l'extraordinaire. 

L'Homme est-il un animal réussi, et sinon, quelles sont ses défectuo- 
sités ? Telle est la question que le D' MErsaNIKov pose d'abord et c’est à 
ce point de vue qu'il étudie, après tant d'autres, la nature humaine. 

Nous serions assez portés à répondre : certes, s’ilexiste un animal accom- 
pli, c’est l'Homme. N’est-il pas le terme de l'évolution, le dernier mot de la 
Nature ? — Nullement, observe notre auteur. Il n'y a pas de progrès néces- 
saire dans l’ordre des choses, et le dernier mot de la nature ce n’est pas 
l'Homme, mais tel de ses parasites, par exemple l'humble Pediculus vesti- 
menti, le Pou des vêtements. Laissons toute idée préconçue : analysons. 

Ecoutons l’investigateur : et nous serons pris de honte en concevant la 
chose ridicule que nous sommes, en détaillant ce bazar physiologique 
logé dans notre intérieur. A travers tant de milliers de siècles nous avons 
eu beaucoup d’ancêtres, des Ruminants avant des Singes, et leurs survi- 
vances souvent nuisibles nous encombrent. L'appendice, par exemple. C'est 
un organe fort avantageux pour les Lapins et les Marsupiaux : il les aide 


(1) Elie Mersanixov, Etudes sur la nature humaine, essai de philosophie opti- 
misle. Paris, Masson et C°, un vol. in-8°, 1903. 


NOTES ET INFORMATIONS 149 


à digérer. Pour nous, qui l’avons conservé, il occasionne des maladies et 
n’a pas d'autre usage. Le gros intestin ? Il rend service aux Ruminants. 
Mais dans le corps humain, c’est une gêne et un danger. L'estomac? c'est 
comme le gros intestin, un organe qui est bon pour les Vaches. Il nous 
donne de la mauvaise humeur et loge des cancers. Les chirurgiens l'ont 
plusieurs fois totalement enlevé et ceux qu'ils avaient opéré ont pu s'’ali- 
menter d'uné manière satisfaisante. L'art culinaire sait aujourd'hui pro- 
duire des mets légers qui rendent superflues les imparfaites et lourdes 
machines de la nature. 

Passons des organes aux instincts ; ils ne sont pas mieux agencés. 
Etudions le plus profond de tous, l'instinct vital. I] nous tient tout entier. 
Loin de décroître, il grandit avec l’âge. Il devient acharné, féroce. Peut-il 
se développer ? Nullement. Il est contrarié par la rapide vieillesse qui 
atteint l'Homme en pleins désirs. Il est sans cesse menacé par la mort. Ce 
sont là des maux communs à tous les êtres, dira-t-on. Et quand il serait 
vrai, serait-ce moins des maux ? Mais cela n’est pas. Il est inexact que la 
décrépitude soit un phénomène général. Beaucoup d'animaux meurent 
sans avoir traversé l'état sénile. Et, si la mort est pour tousles êtres orga- 
nisés un phénomène général, elle n'est un tourment que pour l'Homme. 
Dans le règne animal, elle frappe à l'improviste des consciences endormies 
et paisibles. Sans doute, les Chevaux qui refusent d'avancer sur un champ 
de bataille encombré de cadavres manifestent une peur instinctive ; pour- 
tant leur vie n’est pas génée par la notion nette d'une fin proche. Avec 
l'humanité la pensée apparaît. Elle éclaire, elle précise la plus profonde de 
nos contradictions intérieures, et la mort, soudain conçue, devient cause 
des pires angoisses. Comment pourrions-nous être heureux ? 

La maladie, la vieillesse et la mort, voilà les marques de notre déshar- 
monie. Contre elles trois, l'ancienne humanité s'était fait un remède avec 
les consolations religieuses, avec l'espoir d'un monde qui serait harmo- 
nieux. Quand le Bouddha sortit pour la première fois du palais féerique 
où son père l'avait élevé à l’écart du réel, il rencontra un malade, un 
vieillard, un enterrement, il s'enquit. A peine eut-il compris, il se fit raser la 
tête et enseigna sa religion. Quand Tolstoï, vers quarante-cinq ans, éprouva 
les premières diminutions de l’âge, il traversa une crise de pessimisme 
qui le ramena aux croyances évangéliques. Et quand l'Église triomphe au 
jour de Pâques quel est son cri : € Mort, où est ton aiguillon ? Où, mort, 
ta victoire ? Ubi, mors, victoria tua? ». 

Autrefois elle triomphait à bon droit. On lui demandait du bonheur, elle 
en donnait un peu. Tout au moins elle atténuait le malheur. Mais à pré- 
sent ses consolations ont perdu beaucoup de leur efficacité. L'humanité 
scientifique est bloquée dans le monde de la mort — et que faire ? 

Nos savants sont admirables. Ils ont réponse à tout. Ils raisonnent 
exactement comme les sorciers du temps jadis. Ils ont l'habitude de 
dissoudre les métaux, de tiger les gaz, de créer des multitudes de corps. 
Le milieu artificiel où ils travaillent est plus fertile en ressources et de 


150 : NOTES ET INFORMATIONS 


toutes manières plus vaste que la grossière nature où vit le commun des 
Hommes. Aussi ne leur en impose-t-elle aucunement. C'est pour eux une 
chose familière, un objet d'expérience qu'on dispose dans les cornues, 
une cire molle apte à toutes les formes. Nous demandions : que faire ? Le 
D' MerskNikov répond avec une sereine audace : Puisque notre nature 
est défectueuse, refaisons-la. 

Pour en finir avec la plupart de nos ennuis, le plus sûr serait sans 
doute une intervention chirurgicale. Chaque nouveau-né serait revu par 
un habile praticien et mis au courant des plus récentes découvertes, 
comme la dernière édition d'un livre. On retoucherait l'estomac, on 
réduirait l'intestin, on retrancherait, on redresserait maints autres petits 
organes. Un jour peut-être on l'osera. Actuellement certaines difficultés 
subsistent, paraît-il, et nos chirurgiens eux-mêmes hésiteraient. Mais les 
animaux sont moins respectés que les nouveaux-nés et, si nous en croyons 
certains échos de l’Institut Pasteur, des Singes vont être (perfectionnés » 
par les soins du D’ MErsanixov et de ses élèves. 

Nous avons heureusement d'autres méthodes. Le D' MErsanixov est ici 
très affirmatif : La science aura bientôt supprimé la maladie. Grâce à 
PAsTEUR, elle possède une méthode médicale. Elle guérit la rage, le croup, 
la peste. Elle sait comment la plupart des affections se propagent, et cette 
connaissance permet d'arrêter les épidémies, épouvantables fléaux qui 
décimaient et terrorisaient périodiquement l’ancienne humanité. 

Donc la science procurera la santé ; admettons-le. Mais le gain sera 
minime si nous aboutissons encore à la vieillesse. Êt celle-ci, comment 
l'éviter ? N’est-elle pas chose naturelle, inéluctable ? — Le D' METCHNIKOv 
se révolte là-contre. Non, dit-il; qu'un être encore tout animé de désirs 
soit par ailleurs miné, rongé, détruit, cela est contre nature, cela est 
pathologique. Nous avons l'habitude d'accepter la vieillesse comme les 
Indiens acceptent la famine. Modifions cette attitude, et disons que la 
vieillesse doût être pour la médecine un problème. C’est une très importante 
parole : il faut autant de génie, et un génie plus hardi, semble-t-il, et 
plus rare, pour découvrir un problème que pour le résoudre. 

Le D' METrsHNIKov a aussitôt commencé cette nouvelle étude, et il a sur- 
pris à travers les lentilles de son microscope quelques-uns de ces drames 
obscurs et lointains qui se trament en nos chairs. Il a vu les éléments 
nobles de chaque organe, c'est-à-dire les cellules spécialisées qui font la 
besogne active dans les reins, le cerveau, etc., ete., dépérir, après un cer- 
tain nombre d'années révolues, comme atteintes par un empoisonnement 
mystérieux, puis céder à l'attaque de cellules inférieures, ces € phago- 
cytes » qui circulent dans nos veines à la recherche de proies faciles. Ils 
assiègent les éléments nobles et aflaiblis ; ils les dévorent, s'installent à 
leur place et comblent les vides qu'ils ont ouverts avec un tissu grossier. 
Le corps devient raide et paresseux : la décrépitude est venue. 

Ces observations acquises, le D' Mersanikov discerne deux méthodes de 
lutte. Première possibilité : on renforcerait les éléments affaiblis avec des 


NOTES ET INFORMATIONS 151 


sérums spécifiques. Théoriquement, la chose est réalisable ; pratiquement, 
elle est fort difficile et demande un très long temps. Deuxième possibilité : 
on chercherait à combattre les intoxications qui sont les causes premières 
des affaiblissements. Mais ces intoxications quelles sont-elles ? Nous abor- 
dons ici les régions inconnues de la science. Sans doute l'alcoolisme, 
l’arthritisme, la syphilis, disséminés par l’'hérédité, exercent une action 
néfaste. Mais d'autres virus plus permanents et plus cachés doivent agir. 
D'où viennent-ils ? 

Le D' MErsaNiIKov suggère que nous portons en nous un véritable foyer 
d'infection : c'est le gros intestin, organe inutile, où les aliments digérés 
stagnent et se putréfient. Les virus qui s’en dégagent, nous pénètrent 
continuellement et nous empoisonnent. Ils sont une des causes de notre 
dépérissement. Puisque les chirurgiens ne peuvent nous ôter ce fàcheux 
viscère, alimentons-nous de telle sorte que ses fermentations soient moins 
dangereuses. Prenons peu de viande, ou point ; jamais de crudités ; des 
laitages, du lait aigri — ainsi nous € cultiverons notre floreintestinale ». 
Cette poétique expression du D' MErsaniKov dissimule heureusement une 
réalité mal-odorante. 

Imaginons ces intoxications prévenues, ces affaiblissements combattus : 
les phénomènes morbides de la vieillesse disparaissent ; la vie humaine 
se prolonge ; elle atteint aisément un siècle, peut-être deux, peut-être 
trois, laisse entendre le D' MErsaniKov qui semble un peu grisé par la 
joie d'inventer. Il s’anime et prévoit des conséquences aussi ingénieuses 
qu'imprévues. Actuellement dit-il, notre condition misérable nous oblige 
à faire en quarante ou cinquante années, simultanément et mal, tout ce 
que nous pouvons faire. Mais quand nous aurons devant nous la perspec- 
tive d’une pleine existence, moins pressés, nous pratiquerons successi- 
vement toutes sortes d'activités. Jeunes (jusque vers cent ans peut-être) 
nous ferons les dures besognes et l'amour ; puis, müris, non pas affaiblis 
par l’âge, nous nous adonnerons aux travaux intellectuels, nous nous 
occuperons de politique. Alors tout ira mieux dans la société ; car aujour- 
d'hui — voyez l'absurdité! — à peine un homme a-t-il acquis un peu 
d'expérience, il perd mémoire et forces et doit abandonner les plus déli- 
cates fonctions à l’extravagance des jeunes gens. 

Accordons ce deuxième point à notre auteur : la science prolongera la 
vie, harmonisera la vieillesse. Mais, cette fois encore, le gain sera 
minime si nous butons toujours contre un même dénouement, contre la 
mort. En une autre occasion, M. BRUNETIÈRE l’a déjà dit : « La sérothérapie 
ne nous empêchera pas de mourir, ne nous apprendra pas davantage pour- 
quoi nous mourons. » La difficulté subsiste, peut-être même est-elle 
accrue, car plus la vie est favorable, plus la mort paraît cruelle : en nous 
faisant l’une si douce, docteur, vous rendez l’autre plus amère. 

Eb bien, répond notre imperturbable savant, M. BRUNETIÈRE a raison. La 
mort c'est encore un problème. Il semble qu'elle soit une suite nécessaire 
de la vie : ce n'est qu'une apparence. Les êtres rudimentaires qui sont 


152 NOTES ET INFORMATIONS 


formés d’une cellule unique vivent indéfiniment, et si l’on veut poser sérieu- 
sement la thèse de l'immortalité de l’âme, c'est de ce côté qu'il faut chercher. 

Les cellules et les êtres supérieurs sont les seuls pour qui la mort soit 
peut-être un phénomène naturel. Nous disons : peut-être, car, ne l'ou- 
blions pas, il est extrêmement difficile d'observer une mort naturelle, un 
dénouement parfaitement sain et normal. Tous les Hommes meurent de 
male mort, prématurément tués par des infections microbiennes. La vraie 
mort nous ne la connaissons pas. 

L'ignorant, pouvons-nous l’apprécier, la juger? Pouvons-nous dire 
qu’elle est un mal? Non sans doute, et tout au contraire nous pouvons 
augurer qu'elle est un bienfait. L’envahissement du sommeil après une 
journée d'activité est agréable, parfois plus agréable que l'activité même. 
Pourquoi y aurait-il de l’amertume dans la venue d'un sommeil définitif 
après une vie achevée ? Certains vieillards paraissent avoir eu le senti- 
ment de cette douceur de la mort. Le D' MersaniKov rapporte les paroles 
d'un centenaire qui disait : € Si tu vivais autant que moi, tu pourrais 
comprendre qu'il est non seulement possible de ne pas craindre la mort, 
mais même de la souhaiter et d'en sentir le besoin de même que l'on sent 
le besoin de dormir. » ToLsroï, à quarante-cinq ans, si effrayé par l'idée 
de la mort, semble avoir éprouvé un sentiment identique au cours de la 
maladie qui faillit l'emporter en 1901. « La vie est bonne, disait-il, mais 
la mort est meilleure ». 

Un instinct de la mort pourrait done survenir ? Il est possible. Les 
instincts viennent successivement ; chaque âge comporte les siens. La 
jeunesse est turbulente et égoïste ; d’autres goûts, ceux du repos et de 
l'affection, se manifestent ensuite. Un homme qui mourrait à quarante 
ans pourrait ne les avoir jamais connus. En Abyssinie les filles, mariées 
très jeunes, vers treize ou quatorze ans, meurent souvent aux premières 
couches. Ces petites créatures disparaissent donc sans avoir éprouvé 
l'instinct de l'amour. Il est possible, il est probable, il est même évident 
qu'à la fonction naturelle de la mort correspond un dernier instinct. Nous 
mourrons tous beaucoup trop jeunes pour l'avoir pu connaître. Et ceci 
nous ramène au problème de la vieillesse : quand nous saurons guérir les 
formes de dépérissement précoces et pathologiques ; alors nous aurons 
pour ainsi dire dénoué la vie et résolu du même coup le problème de la 
mort. Nous l'attendrons sans effroi parce qu'elle viendra à son heure ; 
nous l’accepterons et même nous la goûterons. 

Tel est ce beau livre où la fantaisie s'allie singulièrement aux disci- 
plines les plus rigoureuses. Est-ce de la science, est-ce de l'utopie, le rêve 
d'un grand esprit ? De l'une sans doute et de l'autre aussi. Mais l'utopie 
elle-même n'est pas un simple jeu. En déterminant des buts, elle trace 
les voies, elle oriente les recherches. Le monde savant a fait au dernier 
ouvrage du D' METSHNIKOV un accueil attentif. Le monde des « honnêtes 
gens » trouvera plaisir et profit à le lire. 


Daniel HaLévy, Le Temps du 21 juillet 1903. 


NOTES ET INFORMATIONS 153 


Sir Patrick Manson. — La Grande-Bretagne sait dignement récom- 
penser les savants qui l'honorent : le Roi Evouarp VII vient de conférer 
au D’ Patrick Manson le titre de Sir, en reconnaissance des éminents 
services qu'il a rendus à la cause de la médecine tropicale. 

Nous sommes très heureux d'applaudir à une distinction si méritée et 
nous adressons nos plus cordiales félicitations à notre cher et respecté 
ami Sir Parrick, ainsi qu'à Lady Mansow. Pour l'éminent parasitologue, 
dont la carrière est loin d'être achevée, ce n’est qu'un pas de plus sur la 
route brillante qu'il parcourt et qui le mènera sûrement à la Pairie. — 
R. BL. 


Candiru-et Bilharzie. — Nous avons attiré déjà l'attention sur le 
Candiru, petit Poisson des eaux douces du Bré- 
sil, qui a la réputation évidemment peu fondée 
de s’introduire dans l’urèthre des baigneurs. Le 
long des cours d'eau qu'il habite, les indigènes 
et souvent les individus de race blanche se gar- 
dent d'entrer dans l'eau sans avoir apposé sur 
leur prépuce une ligature protectrice ou sans 
s'être coiffé la verge d'un préservatif.en spar- 
terie (1). 

Une croyance et une pratique toutes sembla- 
bles sont répandues dans l'Afrique australe, là 
où existe l'hématurie bilharzienne. On admet 
que cette maladie est causée par un parasite qui 
vit dans l'eau et qui pénètre par l'urèthre, au 
moment du bain. Aussi les indigènes ont-ils 
l'habitude de se coiffer le gland ou de se lier la 
verge, quand ils entrent dans l'eau (2). 

Nous représentons ci-contre le préservatif dont 


font usage les Zulus de la Rhodesia. Cet inté- Le 


Préservatif contre la Bil- 
harzie, utilisé par les 
Zulus de la Rhodesia.. 
2/3. 


ressant objet, très habilement tressé, a été rap- 
porté récemment de Buluwayo par.le D' A. Loir, 
à la libéralité duquel nous en sommes rede- 
vable. — R. BL. 


Le système métrique décimal. — Le Parlement français a voté récem- 
ment une loi relative aux unités fondamentales du système métrique qui 
a rendu nécessaire la refonte du tableau des mesures légales annexé à 
la loi du #4 juillet 1837. On se rappelle que cette dernière loi a déclaré 
obligatoire en France le système métrique décimal. 

Le Bureau national des poids et mesures, présidé par M. Mascarr, 
membre de l'Institut, a procédé à ce travail de refonte. Conformément aux 


(4) Cf. Archives de Parasitologie, X, p. 493-502; VII, p. 168-169. 
(2) Laveran et R. BLancaarp, Les Hématozoaires de l'Homme et des animaux. 
Paris, Ruelff, 2 vol. in-18, 1895. Cf. I, Les Vers du sang, par R. BLaNcHaRp, p. 67. 


154 NOTES ET INFORMATIONS 


conclusions d'un rapport qui lui a été présenté par M. BENorr, directeur 
du Bureau international des poids et mesures, le Bureau national a rédigé 
le nouveau tableau qui, comme celui annexé à la loi de 1837, contient la 
nomenclature des diverses unités et leurs valeurs. Il donne, en plus, pour 
répondre à un vœu du Comité international des poids et mesures, l'indi- 
cation des signes abréviatifs des poids et mesures établis suivant une 
règle systématique qui leur permet de s'adapter aussi bien que possible 
aux diverses langues des pays dans lesquels le système métrique est 
employé. 

Dans quelques courtes notes qui accompagnent le tableau, figurent les 
définitions les plus indispensables, dont certaines modifient les définitions 
du tableau de 1837 qui ne correspondent plus rigoureusement aujourd'hui 
aux données scientifiques actuelles. 

La loi et le décret consacrant l'œuvre du Bureau national des poids et 
mesures ont été publiés au Journal officiel du 31 juillet 1903. 


TABLEAU DES MESURES LÉGALES 


Mesures de longueur 


SIGNES 
NOMS VALEURS ÿ abréviatifs 
MiyDiame tre PE Di milleMeITES ER Mm. 
Kilometre EE EE Me metres PP EP km. 
Hectomètre . . . . . Cent mètres. . . . . . . . . . hm. 
Décamètre. . . . . . DiRumMe tres PT Rene Lee dam. 
Mètre (D) ee Unité fondamentale . . . . . . m. 
Décimètre . . . . . . Dixième du mètre. . . . . . . dm. 
Centimètre. . . . . . Centième du mètre . . . . . . cm. 
Millimètre. . . . . . Millième du mètre. . . . . . . . mm. 
Mesures agraires 
Hectare . . . . . . . Cent ares ou dix mille mètres 
CALTÉS FES PME EEE ha. 
ATEN ne, M ee Cent Mmétrés CARTES Per a. 
Centiare. . . . . . . Centième de l'are ou mètre carré. Ca où m° 


(1) Le mètre est la longueur à la température de zéro du prototype international, 
en platine iridié, qui a été sanctionné par la Conférence générale des poids et 
mesures tenue à Paris en 1889 et qui est déposé au pavillon de Breteuil, à Sèvres. 

La copie n° 8 de ce prototype international, déposée aux Archives nationales, 
est l’étalon légal pour la France. : 

La longueur du mètre est très approximativement la dix-millionième partie du 
quart du méridien terrestre, qui a été prise comme point de départ pour l’établir. 

L'unité de surface et l’unité de volume sont respectivement le mètre carré 
m?) et le mètre cube (m*). On donne à la première le nom de centiare quand 
elle s'applique à la mesure des terrains, et à la seine le nom de stère quand 
elle s'applique à la mesure des bois. 


NOTES ET INFORMATIONS 155 


Mesures de masse ou de poids (1) 


Tonnerre MrIle Kilos rames NE (, 
Quintal métrique. . : Cent kilogrammes. . - q- 
Kilogramme (2). . . . Unité fondamentale. . . . . . kg. 
Hector ame EE Cent ETAMITIES ee RE hg. 
DÉC ramnMe tr EE DIX SrAMmMEes NME dag. 
Gramme ""Millième du kilogramme g. 
Décigramme .. Dixième du gramme. : . dg. 
Centigramme. . . . . Centième du gramme . . . . . cg. 
Milligramme . .  : .. - Millième du gramme. . . . . . mg. 


Mesures de capacité 


KO NEre PR Mlle titres ENT SO Dee kL. 
HeCLONtreS MMA EN Centres ER NEPe nn h. 
DÉCALE EME PE MIDI Ir eS Mn EE RL ME nt it eee dal. 
IT HORS EME QE ARS EN PI DANCE a ANS 1. 
Déciiire RP END iIcTene UNIT ee UE di. 
Centiliire "0507 Centiemetduilitire Pen cle 
MNT RS NII me tunis EE ml. 


Dans un but d'uniformité dont chacun comprendra l'intérêt, et pour 
éviter à la Rédaction de fastidieuses corrections sur le manuscrit ou sur 
les épreuves, nous invitons les collaborateurs des Archives à se conformer 
aux indications contenues dans ce tableau, notamment en ce qui concerne 
les abréviations. 

Ce tableau n'est d'ailleurs pas complet. Il est désirable que l'œuvre des 
Congrès internationaux de zoologie soit consacrée par des lois internatio- 
nales s'appliquant aux très petites mesures dont il est si souvent question 
en science. Conformément aux décisions prises par les Congrès susdits, 
qui n'ont fait d'ailleurs qu'adopter officiellement des facons de parler ou 
d'écrire déjà en usage, nous continuerons donc à désigner le millième de 
millimètre, unité de longueur en micrographie, par la lettre grecque v, 
et à écrire en abrégé dmc pour désigner le décimètre cube, cmc pour le 
centimètre cube (3) et mme pour le millimètre cube. — R. BL. 


(4) La masse d’un corps correspond à la quantilé de matière qu'il contient ; son 
poids est l’action que la pesanteur exerce sur lui. En un même lieu, ces deux 
grandeurs sont proportionnelles l’une à l’autre ; dans le langage courant, le poids 
est employé dans le sens de la masse. 

(2) Le kilogramme est la masse du prototype international, en platine iridié, 
qui a été sanctionné par la Conférence générale des poids et mesures tenue à 
Paris en 1889 et qui est déposé au pavillon de Breteuil à Sèvres. 

La copie n° 35 de ce prototype international, déposée aux Archives nationales, 
est l’étalon légal pour la France. 

La masse du kilogramme est {rès approximativement celle de 1 décimètre cube 
d’eau à son maximum de densité, qui a été prise comme point de départ pour 
l’établir. 

(3) Ou cc, abréviation actuellement très répandue. 


456 NOTES ET INFORMATIONS 


Le Pou et la Puce au Grœnland: un piège à Puces (VII, 169). — 
« Une occupation favorite des indigènes est de se livrer à une chasse 
acharnée dans leur longue chevelure. Dès que le gibier est capturé, il est 
mangé incontinent. Lorsqu'un Insecte a été pris, raconte Holm, l'heureux 
chasseur le fait circuler devant toute l'assistance, on se le passe de main 
en main en témoignant bruyamment son impression. Après quoi on le 
rend au propriétaire qui l'avale ensuite avec un air de satisfaction mani- 
feste. A notre grand regret, nous n’eùmes pas la chance d'assister à 
pareille fête. Les Eskimos, avant d'être en relation avec les Européens, ne 
connaissaient pas la Puce. Nous avons enrichi, paraît-il, de cet Insecte, 
la faune du pays, et les indigènes de la côte occidentale donnent à cet 
Aphaniptère le nom de « Pou européen ». Les Eskimos font très bon ménage 
avec ces parasites; d'abord ces Insectes leur donnent l'occasion de se 
distraire quand ils n'ont rien à faire ; en second lieu, ils sont pour eux 
une véritable friandise. Ils ont imaginé des engins spéciaux pour capturer 
ce gibier ; les pièges consistent en brindilles de bois surmontées de touffes 
de poils de Lièvre que l’on place dans le cou, entre la peau et les vête- 
ments. Les Insectes se réfugient dans les touffes chaudes de poils et se 
font ainsi prendre le plus facilement du monde. » — Fr. NANSEN, Voyage 
au travers du Grœænland. Paris, Hachette, in-4° de 1v-395 p., 1893; cf. 
p. 192-193. 


Zeitschrift für Krebsforschung. — Sous ce titre, l'éditeur Gustav 
FiscHer, d'Iéna, entreprend la publication d'un nouveau périodique, qui 
sera dirigé par les Professeurs VON HANSEMANN (Berlin) et G. Meyer (léna). 

Ce journal ne manquera pas d'obtenir le plus grand succès. I] insèrera 
notamment les travaux sortis de la «Division pour l'étude du cancer » 
(Abteilung für Krebsforschung), qui vient d'être créée à l'hôpital de la 
Charité, à Berlin, et placée sous la direction du Professeur voN LEYDEN. 


Huitième Congrès international de médecine vétérinaire, à 
Budapest. — Ce Congrès doit se réunir en 1905; le professeur Stefan 
von Rärz en est Secrétaire général. A l’ordre du jour de la section de 
Pathologie figurent, entre autres, les questions suivantes : 

La sérothérapie des maladies infectieuses des animaux domestiques ; 

Le cancer dés animaux domestiques ; 

La morve pulmonaire et autres formations tuberculeuses des poumons ; 

Les maladies tropicales des animaux domestiques ; 

Le rôle des Protozoaires dans les maladies des animaux ; 

Les matières toxiques, produites par les parasites des animaux ; 

Les dernières expériences sur la transmission des maladies des animaux 
à l'Homme (en tenant spécialement compte des difiérents métiers). 


OUVRAGES REÇUS 


Tous les ouvrages reçus sont annoncés. 


Généralités 


Le professeur Nocarb. Recueil de médecine vétérinaire, in-8° de 36 p., 15 août 
1903. 

- Les Fêtes de Pasteur à Chartres et à Marnes. Archives de Parasitologie, VI, 
p. 587-630, pl. IX-XVIII, 1903. 

B. Gazzi-VALERI0, Notes de parasitologie. Centralblatt für Bakt., Orig., XXXN, 
p. 81-91, 1903. 

L. GEnoeLsr, Résumé du cours de Parasitologie. Bruxelles, in-8 de 107 p., 1903. 

V. DE GraxA, Contributo alle cognizioni sull’ etiologia della pellagra, parte III. 
Annali d'igiene sperimentale, (2), XIII, in-8 de 91 p., tav. VII-VIII, 1903. 

M. Grarier, La Vipere en thérapeutique. Paris, in-8° de 91 p., 1903. 

M. Rapais, Microtome à chariot vertical sans glissière. Archives de Zool. exp. 
et gén., (4), I, Notes et revue, p. 65-75, 19083. 

CH. W. Srices and A. Hassazz, Index-Catalogue of medical and veterinary 
Zoology, part 3, (Authors : C to Czygan). Bureau of animal industry, Bulletin 
n° 39, p. 199-324, 1903. 

W. WaALDEYER, Gedächtnissrede auf Rudolf Virchow. Abhandlungen der k. 
preuss. Akad. der Wissenschaften, gr. in-8 de 32 p., 2. Juli 193. 

H. B. Waro, Parasites. Reference Handbook of the medical sciences, VI, 
p. 500-506, 1 pl., april 1903. 

Protozoaires 


A. BETTENCOURT, A. C. C. MENDES, A. J. K. C. Pinto e J. G. pe REZENDE, Doenca 
do somno. Lisboa, in-8° de 40 p., 3 pl., 1901. 

A. CasTELLANI, Researches on the etiology of sleeping sickness. Journal of 
tropical medicine, in-8° de 11 p., 1 pl., june 1, 1903. 

A. CaAsTELLANI, Untersuchungen über die Aetiologie der Schlafkrankheit. Archiv 
für Schiffs- und Tropen-Hygiene, VII, p. 382-386, 1903. 

A. CasTELLANt, Die Aetiologie der Schlafkrankheit der Neger. Centralbl. für 
Bakt., Orig., XXXV, p. 62-67, 1 taf., 1905. 

A. Foi, 1 Cytoryctes vaccinae. Archives de Parasitologie, VII, p. 508-586, 
pl. VII-VIII, 1903. 

Kruse, Ueber das Trypanosoma Castellanii, den Erreger der Schlafkrankheit 
der Neger. Sitzungsberichte der niederrhein. Gesellsch. fur Natur- und Heil- 
kunde zu Bonn, in-8° de 2 p., 18. Mai 1903. 

J. KünsrLzer, Sur la bouche des Protozoaires. Archives d'anatomie microsco- 
pique, VI, p. 61-72, 1903. 

M. LanGEeroN, La maladie du sommeil. Les Nouvelles illustrées, LI, p. 210-211, 
L fig., 12 nov. 1903. | 

L. Lécer et O. DuBosco, Notes sur les Myriapodes de Corse et leurs parasites. 
C, R. de l’Assoc. franç. pour l’avanc. des sc. Congres de Montauban, p. 705-714, 
1902. 

L. Lécer et O. Dusosco, Sur l’Adelea dimidiata coccidioides Léger et Duboscq, 
Coccidie parasite de la Scolopendra oraniensis lusitanica Verh. C. R. de l’Assoc, 
franc. pour l’avanc. des sc., Congrès de Montauban, p. 714-716, 1902. 


Te OUVRAGES REÇUS 


L. Lécer et O0. Dusosco, Note sur le développement des Grégarines stylorhyn- 
chides et sténophorides. Archives de zool. expér. et gén., (4), 1, Notes et revue, 
p. LXXXIX-XCV, 1903. 

L. Lécer et O. DuBosca, La reproduction sexuée chez Pterocephalus. Archives 
de zool. exp. et gén., (4), I, Notes et revue, p. 141-151, 19083. 

L. Lécer et O0. DuBosco, Recherches sur les Myriapodes de Corse et leurs para- 
sites, avec la description des Diplopodes par H. W. SENRRE Archives de zool. 
exp. et et gén., (4), I, p. 307-358, 1903. 

W. E. MUSGRAVE 2m N. E. WiLLraMsow, A preliminary report on trypanoso- 
miasis of Horses in the Philippine Islands. Biological Laboratory, Bulletin n° 3, 
Manila, in-8° de 26 p., 1903. 

L. RasinowiTscu und W. KEMPNER, Die Trypanosomen in der Menschen- und 
Tierpathologie, sowie vergleicheude Trypanosomenuntersuchungen. Centralblatt 
für Bakt., Orig., XXXIV, p. 804-822, 1 pl., 1903. 

L. W. Sin, Sleeping sickness in the light of recent knowledge. Journal of 
tropical medicine) in-8° de 28 p., july 1, 1903. | 


_ Hémosporidies et Moustiques 


Prophylaxie de paludisme par la quinine, d’après la méthode de Koch. Bulletin 
de l’Institut Pasteur, 1, in-8° de 6 p., 1903. 

A. CELL, PROD RES de la malaria. Rapport Ar au Congrès de Bruxelles, 
1903. Giornale della r. Soc. ital. d’igiene, in 8 de 20 p., n° 9, 19083. 

L. O0. Howarp, Notes on the Mosquitoes of the United States : giving some 
account on their structure and biology, with remarks on remedies. Bulletin of 
the division of Entomology, U. S. Dept. of Agriculture, (2), n° %, in-8° de 70 p., 
Washington, 1900. 

L. LÉGER et O. Dusosco, Sur les larves d’Anopheles et leurs parasites en Corse. 
C. R. de l’Assoc. franc. pour. onnsenant des sc. Congres de Montauban, 
p. 703-704, 1902. 

J. LiGNièRes, La piroplasmose bovine. Nouvelles recherches et observations sur 
la multiplicité des parasites, leur évolution, la transmission naturelle de la mala- 
die et la vaccination. Archives de Parasitologie, VIIL, p. 398-407, pl. IV, 1903. 

L. Manzi, L’igiene rurale degli antichi Romani in relazione ai moderni studi fatti 
pel bonificamento dell agro romano. Annali di Agricultura, in-8& de 182 p 
Roma, 1885. 

M. Neveu-LEMaIRE, Classification de la famille des Culicidae. Mémoires de la 
Soc. Zuol. de France, XV, p. 195-227, 1902. 

G. PiTTALUGA, Partenogenesi dei macrogameti di una varieta di Laverania 
(Laverania malariae var. milis). Osservazioni sulle forme della infezione mala- 
rica nella provincia di Barcelona. Archives de Parasitologie, VII, p. 389-397. 1903. 

A. B. RoqQuE, Contribuiçäo para o estudo da malaria e dos Mosquitos de Angola. 
Medicina contemporanea, in-8 de 61 p., Lisboa, 1903. 

Ep. SERGENT, Sur le paludisme en Algérie et la lutte contre les Moustiques. 
Bulletin de la Réunion des Etudes algériennes, in-8 de 8° p., mai-juin 1903. 

Ep. et Er. SERGENT, Existence d'Anopheles constatée dans des localités palustres 
prétendues indemnes de ces Culicides. C. R. Soc. Biol., LV, p. 660-661, 1903. 

J. C. Smirx, The animal parasite supposed to be the cause of yellow fever. 
Science, (2), XVIII, p. 530-535, 1903. 

J. C. Smirx, Discovery of yellow fever germ. New Orleans Picayune, in-8° de 
6 p., july 26, 1903. 


OUVRAGES REÇUS 159 


J. W. W. STEPHENS and S. R. Carisropaers, The practical study of malaria and 
other blood parasites. University Press of Liverpool, in-8 de vi 378-xxxv p., 
novembre 1903. — Prix : cartonné, 10 sh. 

J. R. Tayror. Observations on the Mosquitos of Havana, Cuba. Revista de 
medicina tropical, in-8° de 27 p., june 1903. 

Tnioux, Note sur l’existence de la piroplamose du Cheval à Madagascar. C. R. 
Soc. de biologie, LV, p. 1188-1189, 1903. 


Helminthologie en général 


P. BARBAGALLO e U. DRAGo, Primo contributo allo studio della fauna elminto- 
logica dei Pesci della Sicilia orientale. Archives de Parasitologie, VII, p. 408-427, 
1903. 

M. KowaALzewski, Studya helmintologiczne, VII. Rozpraw Wydziatu mût.-przyr. 
Akad. Umiej. w Krakowie, p. 194-215, 3 pl., 1903. 

M. Kowazewsit, Helminthological studies, VII. Bulletin de l’Acad. des sciences 
de Cracovie, sc. math. et naturelles, p. 517-520, 1903. 

0. von Lixstow, Helminthologische Beobachtungen. Centralblatt fur Bakteriol., 
Orig., XXXIV, p. 526-531, 1903. k 

A. SRiPLEY, On the ento-parasites collected by the « Skeat expedition » to Lower 
Siam and the Malay Peninsula in the years 1899-1900. Proceedings of the Zool. 
Soc. of London, 1, p. 145-156, pl. XVI, 1903. 


Cestodes 


T. Ponomarorr, Recherches expérimentales sur la greffe des Echinocoques dans 
la cavité abdominale des Lapins. Thèse de Lausanne, in-8° de 40 p., 1903. 

K. WoLrFaÜGEL, Stilesia hepatica nov. spec. ein Bandwurm aus den Gallen- 
gängen von Schafen und Ziegen Ostafrikas. Berliner tierarztliche Wochenschrift, 
in-8° de 16 p., n° 43, 1903. 

Trématodes 

J. Axcras et E. ne Risaucourr, Étude anatomique et histologique du Distomum 
lanceolatum. Annales des sciences naturelles, Zoologie, p. 313-352, 1901. 

Ta. Onaner, Trematoden aus Reptilien nebst allgemeinen systematischen Bemer- 
kungen. Ofversigt af kongl. Vetenskaps-Akademiens Forhandlinger, p. 19-16, 
1902. 

Ta. Ovaxer, Mitteilungen zur Kenntnis der Distomen II. Centralblatt fur 
Bakteriologie, Originale, XXXI, p. 152-162, 1902. 

IH. Onaxer, Fasciolopsis Buski (Lank.) | — Distomum crassum Cobb.], ein 
bisher wenig bekannter Parasit des Menschen in Ostasien. Centralblatt fur 
Bakteriologie, Originale, XXXI, p. 573-581, 1902. 

M. Srossicn, Una nuova specie di Helicometra Odhner. Archives de Parasito- 
logie, NII, p. 373-370, 1903. 

Nématodes 


Ankylostomiasis, Its cause, treatment and prevention 6th The Colliery qguar- 
diau, London, in-8° de 31 p.. november 1903. 

B. Gazzi-VaLcerio, Sur un cas d’appendicite ‘avec Oxyuris vermicularis L. et 
Trichocephalus trichiurus L. Centralblatt für Bakt., Orig., XXXIV, p. 550-355, 
1903. 

J. Lamminer, Recherches sur l'influence de la température et de l’aération sur 
l’évolution des œufs et des larves de l’Ankylostome duodénal. Bull. de l’Acad. de 
méd. de Belgique. Bruxelles, in-8 de 11 p., 25 juillet 1905. 


160 OUVRAGES REÇUS 


Lane et Noc, Les Filaires en Nouvelle-Calédonie. Archives de Parasitologie, 
VII, p. 377-388, 1903. 

Ta. H. Monrcomery, The adult organisation of Paragordius varius (Leidy). 
Zoologische Jahrbücher, XVIII, p. 387-474, pl. 37-43, 1903. 

G. No, Studi sul Sale evolutivo della Filaria labiato-papillusa, Alessandrini. 
Rendiconti della R. Accad. dei Lincei, sc. fis., mat. e natur., XII, in-8° de 7 p., 
1903. 

G. Noé, Ulteriori studi sulla Filaria immitis, Leidy. Rendiconti della R. Acca- 
demia dei Lincei, XII, (5), 2° semestre, p. 476-483, 1903. 

D. E. Sazmon, Treatment for Roundworms in Sheep, Goats and Cattle. Bureau 
of animal Industry, circular n° 35, U. S. Dep. of agriculture, Washington, 
in-8° de 8 p., 1901. 

Cu. W. SriLes, Report upon the prevalence and geographic distribution of 
Hookworm disease (Uncinariasis or Anchylostomiasis) in the United States. 
Hygienic Laboratory, Bulletin n° 10, in-8° de 120 p., 1903, first edilion; second 
edition, in-8° de 121-p., february 1905. 

K. WozrraüGer, Einige Worte zu Sturhans Artikel « Magenwurmseuche bei 
Enten ». Zeitschrift für Fleisch- und Milchhygiene, gr. in-8° de 4 p., 1903. — 
[Dispharagus uncinatus (Rud.)]. 
Acariens 


R. W. HicxMan, Scabies in Cattle. Farmer’s Bulletin n° 153, U. S. Dep. of 
Agriculture, Washington, in-8° de 2% p., 1902. 

LEGRAIN et RéGuLaro, Rareté des gales sarcoptique et démodectique en Algérie. 
Sur une épidémie de gale démodectique du Porc. Archives de Parasitologie, NI, 
p. 970-373, 1903. 

STCHERBATCHOFF, Le Demodex folliculorum Simon dans les follicules ciliaires 
de l’Homme. Thèse de Lausanne, in-8& de 23 p., 1 pl., 1903. 


Bactériologie 


M. AranGom, Notas sobre la cirugia en la lepre. Barranquilla, in-8 de 59 p., 
1992. 

J. KüxsrLer, Notice sur les téguments des microorganismes. Archives d'ana- 
tomie microscopique, VI, p. 73-82, 1903. 

G. GurrManN, Die Pestschrift des Jean à la Barbe /1570) zum ersten Male 
herausgegeben, üubersetzt und erklart. Inaugural-Dissertation, in-8 de 31 p., 1903. 

Ar. KHAN NazaRE-AGa, Contribution à l'étude des conférences sanitaires inter- 
nationales dans leurs rapports avec la prophylaxie des maladies pestilentielles 
en Perse. Thèse de Paris, in-8 de 74 p., 1903. 

E. Leras, La luberculose primitive de la rate. Contribution à l’étude de l’hy- 
perglobulie. Paris, in-8 de 123 p., 1903. 


Le Gérant, F. R. DE RUDEVAL 


Lille. — Lyp. & Lith. Le Bigot frères 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE, VIII, 1903. PIRE 


A B C D E jo G H 


RASE PANERISONMDENUERSANIPELRESNenRres2 


D'APRÈS LE TABLEAU DE LARPENTEUR 
A, le peintre Larpenteur. — 8, Blanqui, — c, Bonnias. — p, Raspail. — #, son fils 
Camille. — r, son fils Benjamin, — 6, de Kersausie. — n, M"° Raspail portant 


son dernier né Emile. 


à el | 


(ue 


TE 


EN VENTE 


A LA : À 


Librairie scientifique et littéraire 


F. R. DE RUDEVAL, ÉDITEUR 
&, RuE ANTOINE Dugois (VI‘) 


PARIS! 


2 


Précis de Parasitologie animale, par le D’ M. NEvrU- 
LEMAIRE, préparateur au laboratoire de Parasitologie de la Faculté 
de médecine de Paris, avec une préface par le professeur R. 
BLANCHARD, un volume in-18 grand jésus de IIT-212 pages avec 
301 fig. dans le texte, cartonné. Prix 4 francs, 


De l'échinococcose secondaire, par le D'F. DÉvÉ, ancien | 
interne des hôpitaux de Paris, médecin des hôpitaux de Rouen. Un 
volume grand in-8, de 256 pages, avec 7 fig. dans le texte. Prix : 
G francs. ( 


| 


Ladrerie ou cysticercose chez l'Homme, par le D: E. 
VoLovarz. Un volume grand in-8, de 184 pages, avec 9 fig. dans 


le texte. Prix : 8 francs. 


Sous presse : 


Les Moustiques, Histoire naturelle et médicale, par le 
professeur R. BLancaarp. Un volume grand in-8° de 500 pages 


environ, avec un grand nombre de figures dans le texte. 


Envoi franco de ces ouvrages contre un mandat-poste adressé à F. R. ne RUDEVAL, 
Éditeur, #, rue Antoine Dubois, Paris, VI°. 


Pr ETS NRA PEL d, TEE SOSARON NE 
RIT DROLE AE Fe 


* ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 
RÉDAGTION : AbIoTue D PARIS, VIe 


ABONNEMENT : 
Paris et Départements : 8@ îr. — Union postale : 8% ir. par volume. 


Les Archives de Parasitologie publient des mémoires originaux écrits dans 
l’une ou l’autre des six langues suivantes: français, allemand, anglais, espagnol, 
italien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE DACTY- 
LOGRAPBIÉ (écrit à la machine), afin de réduire les corrections au minimum. 

Ce texte doit être conforme aux règles suivantes : 

1° On appliquera strictement les règles de la nomenclature zoologique ou 
botanique adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique ; 

2° On fera usage, tant pour les noms d'auteurs que pour les indications biblio- 
graphiques, des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le Zoolo- 
gical Record de Londres ; s 

3° Les noms géographiques ou les noms propres empruntés à des langues qui 
n'ont pas l’alphabet latin seront transcrits conformément aux règles interna- 
tionales adoptées par les Congrès de zoologie ; 

4° Tout nom d’être vivant, animal ou plante, commencera par une première 
lettre capitale ; | 

59 Tout nom scientifique latin sera imprimé en italiques (souligné une fois sur 
le manuscrit). : : 

Dans l'intérêt de la publication et pour assurer le maximum de perfection 
dans la reproduction des planches: et figures, tout en supprimant des dépenses 
inutiles, nos collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes : 

4° Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. 

2° Ne rien écrire sur les dessins originaux. 

3° Toutes les indications (lettres, chifires, explication des figures, etc.) seront 
placées sur un calque recouvrant la planche ou le dessin. 

4° Abandonner le plus possible le crayon à la mine de plomb pour le crayon 
Wolf ou l'encre de Chine. or 

Les Auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés de renvoyer 
à M. le D'J. Gurarr, Secrétaire de la rédaction, dans un délai maximum de huit 
jours, les épreuves corrigées avec le manuscrit ou l’épreuve précédente. 

Ils recevront gratis 50 tirés à part de leur artiele. Ils sont invités à faire con- 
naître sans délai s’ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), 
à leurs frais et conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l’impres- 
sion typographique; il ne concerne point les planches, dont le prix peut varier 


LT 


considérablement. Toutefois, il importe de dire que, pour les exemplaires 


d'auteurs, les planches seront comptées strictement au prix de revient. Les tirés 
à part ne peuvent être mis en vente. 


TARIF DES TIRÉS A PART 


Une feuille entière Pre 
Trois quarts de feuille. 


Une/démitemille meme UP ER Ve EN A 4 èL 
Unquantidenieninle PENSANT ane 

Un huitième de feuille. RE RE AA ARR AA DEAN 
Plusieurs feuilles hi) NN OR TR EMN RER EN TErenlles NE AD 


Le Gérant : 
F. R. DE RUDEVAL. 


LILLE, — mp. LE BIGOT Freres. 


ne: ins 


7 ne ASE A A Et 
RAT ET EX fe AT 


Tome VIII, n° 2. 15 Avril 1904. 


ARCHIVES 


DE ÿh 


PARASITOLOGIE 


PUBLIÉES PAR 


| RAPHAËL BLANCHARD 


PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


PARIS 
F. R. x RUDEVAL, Ébrteur 


&, Rur ANToINE Dupois (VI°) 


! 


1904 


\ 


| 


| LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 


SOMMAIRE 
/ 
| 
| 
HEAR Pages 
C. TiraBosoni. — Les Rats, les Souris et leurs parasites cutanés dans leurs 
rapports avec la propagation de la peste bubonique (avec 72 fig. dans 


lestextéhi At MAN ANR TR I RTE AN Rte ARCS AIG 


\OUVrABES TeCUS NN NeMES NE er NE PRennrtE EN SO ATLAS OL NE SAS EAU 350 


LES 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 


sont publiées par la EUR 


| 
| 


| à ) 
F. R. pe RUDEVAL, ÉDITEUR 


\ 


\ 


Prière d'adresser le montant des abonnements ou réabonne- 
ments à M. F. R. ne RUDEVAL, Éditeur, 4, rue Antoine Dubois, 
Paris, VI°. 


EUR PIONEER 
LEE ORNE 


LES RATS, LES SOURIS 


ET LEURS PARASITES CUTANÉS 
DANS LEURS RAPPORTS 


AVEC LA PROPAGATION DE LA PESTE BUBONIQUE 
PAR 


le D' CARLO TIRABOSCHI 


Assistant au Service de la Santé publique. 


Devant les preuves, de jour en jour plus nombreuses, du rôle 
prépondérant que les Rats et les Souris jouent dans la dissémination 
de la peste bubonique, devant la constatation qui en a été faite 
pendant la petite épidémie de Naples en 1901, le directeur général 
du Service de la Santé publique en Italie, le prof. R. Santoliquido, 
a pensé que des observations très intéressantes pourraient ressortir 
de l'étude systématique des diverses espèces de Rats et de Souris, 
et de leur distribution géographique dans les différentes régions 
d'Italie, surtout dans les grandes villes et principalement dans les 
villes maritimes. Celles-ci, en effet, sont les plus exposées à la 
contamination par les Rats, à cause de l’arrivée incessante de 
navires, dont quelques-uns peuvent importer avec eux des animaux 
infectés. Le prof. B. Gosio, directeur du laboratoire de micro- 
graphie et bactériologie du Service de la Santé publique, dressa le 
plan général de ces recherches et choisit les moyens les plus conve- 
nables pour l’exécuter. Ce fut avec le précieux concours des direc- 
teurs des musées zoologiques (1), des médecins provinciaux et des 


(4) Nous sommes surtout obligé au Prof. Carruccio, de l’Université de Rome, 
ainsi qu’au Prof. Gieiout, de Florence. 


Archives de Parasilologie, VII, n° 2, 1904. 11 


162 C. TIRABOSCHI 


officiers sanitaires que nous avons pu acquérir des indications 
suffisamment exactes et complètes sur la distribution des diverses 
espèces appartenant aux genres Mus et Arvicola (Microtus). 

Non seulement on a établi que les Rats et probablement aussi les 
Souris constituent le principal véhicule de la peste, mais encore 
on a accusé leurs parasites de la peau, et surtout les Puces, d’être 
des agents de transmission de cette maladie du Rat à l'Homme. 
C’est pour cela que nous ne nous sommes pas borné à l’étude des 
Muridés, mais que nous avons étendu nos recherches à leurs 
ectoparasites : Puces, Pédiculidés, Acariens. C'est précisément 
cette partie de nos recherches que nous allons faire connaître dans 
ce mémoire. Néanmoins nous dirons auparavant quelques mots 
sur les Rats, les Souris et les Campagnols d'Italie, et d’abord sur 
le développement qu'a pris, dans ces dernières années, la connais- 
sance du rôle des Rats et de leurs parasites cutanés dans la dissé- 
mination de la peste bubonique. Du résumé bibliographique que 
nous allons faire ressortira l’importance que, même en dehors 
des nouvelles observations, nos études pourront avoir en offrant la 
commodité de trouver rassemblées dans un livre unique toutes les 
indications et toutes les descriptions éparses dans la littérature 
épidémiologique et zoologique. 

Je remercie très vivement le Prof. Santoliquido ainsi que le 
Prof. Gosio; c’est celui-ci qui a bien voulu me charger de la partie 
zoologique de ces recherches, c’est sous sa direction que je les ai 
entreprises, c’est avec l’aide de ses conseils et de ses renseignements 
que je les ai poursuivies. Je n’ai pas besoin de faire remarquer les 
grandes difficultés du travail qui m’a été confié, difficultés prove- 
nant surtout de l’étendue vraiment énorme et de la variété très 
grande des recherches que j'ai faites, et de l'impossibilité de me 
procurer tous les livres et tous les journaux contenant des mémoires 
sur les sujets que j’ai étudiés. Si mon ouvrage présente des lacunes, 
il faut les attribuer à ces difficultés. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 163 


I. — LES RATS ET LES PUCES CONSIDÉRÉS COMME AGENTS PROPA- 
GATEURS DE LA PESTE. — REVUE CRITIQUE ET HISTORIQUE. 


Le document le plus ancien relatif au rôle des Rats et des Souris 
dans les épidémies de peste se trouverait dans la Bible (1); en 
décrivant l’épidémie (de peste ?) qui frappa les Philistins, l’histo- 
rien sacré dit : « Et ebullierunt villae et agri… et nati sunt Mures et 
facta est confusio mortis magnae in civitate ». Quelle que soit la 
valeur de ces mots, on ne trouve rien de semblable ni dans les 
autres parties historiques de l’Ancien-Testament, ni dans les 
documents de l’ancienne Egypte, ni parmi les écrivains grecs et 
latins, à l’exception peut-être de Strabon (2), ni même parmi les 
médecins arabes, à l'exception d’Avicenne (3). Dans l’ancienne 
littérature indienne au contraire nous lisons que, dans les régions 
de l'Himalaya, depuis plusieurs siècles, on avait remarqué que, 
pendant les épidémies de peste, non seulement les Rats mouraient 
en grand nombre, mais aussi que le contact d’un Rat malade ou 
mort pouvait donner à l'Homme la maladie. La participation des 
Rats à la diffusion de la peste est indiquée, par exemple, dans les 
mémoires de Ichangir Schangir, empereur des Indes, relatifs à 
la peste d'Agra en 1618. Suivant Hankin, l'épidémie de 1611-1648, 
dans les Indes, aurait tiré son origine d’un Rat mort. 

Quant aux auteurs qui ont décrit les nombreuses et graves 
épidémies et pandémies de peste qui ont sévi en Europe (depuis 
l'épidémie de la moitié du Ille siècle, que l’on a appelée épidémie 
de Cyprian, jusqu’à l'épidémie de 1654), aucun d'eux n'a claire- 
ment signalé cette connexion entre les épidémies de peste et les 
Rats. Nicephorus Gregoras (4), en décrivant la peste de Constanti- 
nople de 1347, dit qu'elle sévissait non seulement parmi les 


(1) Regum, lib. I, chap. V et VI. 

(2) Srrago, Geogr., 1, II, 4, 17. Berlin 1831. 

(3) Avicenne, Liber Canonis. Basel, 1556. IV, 1°, 4, « Et de eis quae signifi- 
cant illud (c'est-à-dire l’arrivée de la peste), est ut videas Mures… fugere ad 
superficiem terrae et... commoveri hinc inde sicut animalia ebria ». 

(4) Corpus script. hist. byzant., XIX, 2. Bonn, 1830. 


16% C. TIRABOSCHI 


Hommes et les animaux domestiques, mais aussi parmi les 
Rats (1). Depuis la moitié du XVII siècle jusqu'à la fin du XIXe, 
les épidémies de peste devinrent de plus en plus rares et moins 
graves dans nos régions; parmi les historiens de cette période on 
peut citer Orræus (2), qui décrit l’épidémie de Moscou en 1771 : 
«€ A plurimis narrabatur... quod Mures et Glires quantumvis antea 
copiosi disparuerint » (3). 

Mais c’est seulement dans ces dernières années que la connais- 
sance du rôle des Rats dans la diffusion de la peste s’est établie dans 
le monde scientifique ; ce fut dans les épidémies qui ont sévi depuis 
1894 dans le monde presque tout entier que l’on a remarqué une 
mortalité plus ou moins considérable parmi les Rats, avant ou 
pendant les épidémies humaines, et que l’on a constaté que les 
Rats périssent de vraie peste, produite par le même Bacillus pestis 
qui provoque la maladie chez l'Homme. 

En laissant de côté les observations de Renny (Indes, 1851), de 
Rocher, de Baber et de Lovry (Chine, 1878-1882), nous citerons 
Yersin (4) qui, ayant observé dans l’épidémie de Hong-Kong de 
189% que «dans les quartiers infectés, beaucoup de Rats morts 
gisaient sur le sol» et qu’ils contenaient ( presque toujours les 
microbes en grande abondance dans leurs organes », conclut qu’ «il 
est probable que les Rats constituent le principal véhicule » de la 
peste (5). Trois ans plus tard (6), il affirme d’une manière plus 
tranchée que «la peste, qui est d’abord une maladie du Rat, devient 
bientôt une maladie de l'Homme ». 

Nous ne faisons que citer les noms de Rennie et de Janson 
(Canton, 1894); de Simpson et Cobb (Calcutta, 1896); de Wilm 
(Hong-Kong, 1896) ; de Ogata et de Matignon (Formose, 1896); de 
Müller, Albrecht et Ghon (commission autrichienne dans les Indes, 
en 1897), de Gaffky, Pfeiffer, Sticker et Dieudonné (commission 


(1) GŒuai et tuvec Ev toic Tov otxwy TOLHOLS OLOÛVTES ÉTUYOY WUEc D. 

(2) OrRæus, Descriptio pestis etc. Petropoli, 1784. : 

(3) Cf. l’intéressant mémoire de R. ABez, Was wussten unsere Vorfahren von 
der Empfänglichkeit der Ratten und Mäuse für die Beulenpest des Menschen ? 
Zeitschr f. Hyg. u. Inf., XXXVI, 1901. 

(4) Yersin, La peste bubonique à Hong-Kong. Ann. Inst. Pasteur, VIII, 1894. 

(5) KirasarTo, qui décrit la même épidémie, arrive à la même conclusion. 

(6) Yersin, Sur la peste bubonique. Ann. Inst. Pasteur, XI, 1897. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 165 


allemande) (1) ; de Bitter, de Snow et Weir (Indes, 1897) ; de Noury 
Bey et de Stekoulis (Djeddah, 1898), etc., pour arriver à Simond (2) 
qui, dans son mémoire très intéressant, se propose de donner « la 
démonstration précise du rôle néfaste du Rat », en le déduisant 
des observations recueillies pendant les épidémies de 1896, 1897 et 
1898 dans les Indes. Ces épidémies humaines ont été toutes 
« accompagnées d’épidémies de Rats, qui se sont maniiestées un 
peu avant, quelquefois au début même de l'épidémie humaine ». 
A Bombay, par exemple, « la mortalité humaine a suivi d’une 
façon régulière la voie tracée par l’émigration et la mortalité des 
Rats ». Et, à la suite de nombreux faits que je ne puis rapporter, 
l’auteur conclut que «le Rat apparaît comme l’agent ordinaire de 
la dissémination » et qu’une des causes essentielles de la (régu- 
larité remarquable de l'intervalle écoulé entre le début de deux 
épidémies successives dans un même foyer, c’est encore l’inter- 
vention du Rat », etc. 

-Un mois plus tard, dans les mêmes Annales et sous le même 
titre, paraissait un mémoire de Hankin aboutissant à peu près aux 
mêmes conclusions : € Le fait d’avoir prouvé que la mort des Rats 
à Bombay fut un important agent de propagation (de la peste), 
m'apparait comme le résultat scientifique le plus précieux ». 

Viennent ensuite les mémoires de Matignon (Mongolie, 1897); de 
Koch (3) et de Zupitza (Kisiba, en Afrique, 1897-98); de Yersin 
(Annam, 1898) ; de Gottschlich (4), de Proust et de Manusos (Alexan- 
drie d'Egypte, 1899-1901) ; de Vaz (Lourenço Marques, 1599); de Cal- 


(4) « An der Gefäbrlichkeit der pestinfizirten Ratten für den Menschen lässt sich 
nicht zweifeln ; sie hat auch in Bombay aufs Neue wieder ihre Bestätigung 
gefunden. » Arbeiten aus d. kais. Gesundh., 489. — Suivant la Commission 
anglaise envoyée dans les Indes en 1898-99 (Report of the Indian plague Coman., 
V, London, 1901), la propagation de la peste par les Rats aurait eu lieu pour des 
cas isolés entre des localités très rapprochées. 

(2) Simon», La propagation de la peste Ann. Inst. Pasteur, XIX, 189. 

(3) Kocn, Ueber die Pest. Hyg. Rundschau, 1898 ; Deutsche med. Wochenschr., 
1898. « Ferner ist eine sehr wichtige Thatsache gefunden, dass nämlich die 
Ratten an der Ausbreitung der Pest ganz wesentlich betheiligt sind ». 

(4) Gorrscauicn, Die Pestepidemie in Alexandrien. Zeitschr. f. Hyg., XXXV.« Die 
erôsste (aber wahrscheinlich auch einzige) Bedeutung kommt den Ratten für die 
Entstehung neuer Pestherde in bisher verschonten, von den durchseuchten 
Centren fernliegenden Quartieren, zu ». 

Manusos, Ileoi ris ëv AiyÜntw navwAovs amo ETOUC 1899-1901 .Larpuxn Ilpooôoc, 1902. 


166 C. TIRABOSCHI 


mette et Salimbeni (1), de Reiche, de Vagedes, de Costa, de Hauser, 
de Kübler et de Kossel et Frosch {2) (Oporto, 1899) ; de Kitasato, 
Takaki, Shiga et Morija, et de Ogata (3) (Kobe et Osaka, dans le 
Japon, 1899-1900) ; de Uriarte (Assomption et Rosario, 1899-1900) ; 
de Schottelius et de Hahn (Bombay, 1900) ; de Thompson et de 
Tidswell (Sydney, 1900) ; de Maxse (Réunion, 1900-1901) ; de 
Havelburg (Brésil, 1899-1901) ; de Bell (4) ; de Boucquoy (Marseille, 
navire «Sénégal», 1901); de Blackmore (Port Elisabeth, 1901); de 
Oberndorîier (sur un navire, 1901); de Santoliquido (5) (Naples, 
1901) ; de Gamaleïa, de Rabinowitsch et Kempner(6), de Wernitz(7), 
et de T. Skshivan (8) (Odessa, 1901-1902); etc. ete., et enfin l’inté- 


(4) CALMETTE et SALIMBENI, La peste bubonique, ete. Ann. Inst. Pasteur, XIII. 
« À Oporto, depuis assez longtemps, paraît-il, on rencontrait des Rats morts däns 
les ruelles... Les premiers cas de peste humaine ont frappé tout d’abord les 
débardeurs... » 

(2) Kossez et Frosca, Ueber die Pest in Oporto. Arbeiten aus d. kaïs. Gesundh., 
XVII. « Thatsächlich haben die Ratten eine wichtige Rolle gespielt ». 

(3) Ocara, Ueber die Pestepidemie in Kobe. Centralbl. f. Bakter., 1, XXVIIL. 
« Das Pestvirus war schon ausserhalb der befallenen Patienten unter den Ratten 
verbreitet ». 

(4) Bezc. The Lancet, 1900. L'auteur rapporte le cas d’un ouvrier qui avait été 
mordu à un pouce par un Rat ; trois jours après, un bubon se développa à l’aisselle 
. et sept jours plus tard, l'Homme mourut ; à l’autopsie, les recherches bactério- 
logiques décelèrent la présence du Bacillus pestis. 

(5) Sanroziquino, Relazione sui casi di peste bubbonica a Napoli. Roma, 1902. 
« Anche per la peste di Napoli... devesi ammettere un nesso indiscutibile fra 
infezione di Topi e infezione dell Uomo; infatti lo sviluppo epidemico venne 
preannunziato da una impressionante epizoozia di Topi, che dalle precise indagini 
batteriologiche risultà effetto di un’infezione pestosa .. e che si avverti nel modo 
più deciso nei due principali focolai... Mentre all’insorgere dell’epidemia parecchi 
Topi si rinvennero infetti, in seguito... le piu accurateindagini.. ebbero esito 
negativo ». 

(6) LyprA RaBINowitTscH et W. KEMPNER, Die Pest in Odessa (1901-1902). 
Deutsche med. Wochenschr., 1903. « Es musste wohl als unzweifelhaft angesehen 
werden, dass sowohl die vorjàährigen Pestfälle (deux cas isolés en octobre 1901), 
wie die diesjährige (mai-août 1902) Epidemie in irgend einem Zusammenhange mit 
der Rattenepizootie standen ». 

(7) Wernirz, Die Pest in Odessa. Berl. klin. Wochenschr., 1903. L'auteur rap- 
porte à peu près les mêmes faits que les auteurs précédents et parvient aux 
mêmes conclusions, mais d’une manière encore plus tranchée. « Der Verlauf der 
Epidemie in Odessa ist wieder ein Beweis für diese Art(par les Rats) der Verschlep- 
pung der Pest ». « Aus dem ganzen Befunde musste der Schluss gezogen werden, . 
dass die Pest schon vor langerer Zeit eingeschleppt sei und zwar von Ratten..….». 

(8) Sxsaivan, Zur Kenntnis der Rattenpest. Centralbl. f. Bakt., Orig., XXXIII, 
1903. « Der erste Rattenpestherd rief eine Epizootie unter den Ratten des Hafens 
hervor, welche … wir verfolgen konnien ». Parmi les 32 Rats pestiférés que l’on 
examina, 28 étaient Mus decumanus, 3 Mus alexandrinus, 1 Mus rattus. Pour 
chacun de ces Rats pesteux, l’auteur donne une description très détaillée des 
«Sektionsergebnisse, Kulturen, Meerschweinchenimpfungen ». 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 167 


ressant mémoire de Borel (1), qui, ayant parcouru plusieurs régions 
contaminées par la peste (partie occidentale de l'Océan Indien, 
golfe Persique, mer Rouge, parties méridionale et orientale de la 
Méditerrannée), rapporte de nombreux faits qu’il y à observés et 
conclut que « les Rats malades jouent seuls un rôle actif dans 
l’éclosion d’une épidémie à bord et dans sa propagation à terre » et 
que « les navires où s’est produite de la mortalité sur les Rats 
(sans tenir compte de la présence à bord de cas humains, qui 
n’ont peut-être pas encore eu le temps de se manifester, ou qui, sous 
certaines influences, ne se manifestent plus) sont extrêmement 
dangereux, d’autant plus que la seule cause de danger (la mor- 
talité sur les Rats) demeure la plus grande partie du temps 
inconnue ». L'auteur cherche aussi à montrer (comment la peste 
sort du Yun-Nam pour gagner l'Europe en infectant les escales 
successives » et conclut qu’un navire peut infecter une ville Çen 
venant d’un port non encore déclaré infecté, et où seule la morta- 
lité des Rats dans les docks aurait pu mettre l’attention en éveil. 
Lorsque les cas humains se manifestent il n’est plus temps d'agir, 
car des navires contaminés ont pu quitter le port depuis près d’un 
mois. Ils ont emporté avec eux... des animaux fraichement ino- 
culés qui en contamineront d’autres en cours de route, si le 
voyage est assez long, de facon à amener dans une nouvelle ville, 
pour l’infecter, une culture conservée fraiche et virulente dans un 
organisme vivant ». 

Tout récemment aussi, dans le Congrès égyptien de médecine 
le Caire, 19-23 décembre 1902), l'importance du rôle des Rats dans 
la propagation de la peste a été confirmée par Bitter, Gottschlich et 
Langlois. Suivant Gottschlich, il faudrait distinguer une épidémie 
d'hiver et une épidémie d'été; tandis que la première serait due à 
la contamination de l'Homme par l'Homme, la seconde serait due 
à la contamination par les Rats et surviendrait l’été à cause de la 
reproduction de ces animaux en cette saison (2). 

Nous citerons enfin le mémoire de Torel (3), d’après lequel « les 


(1) Borez, Observations sur la peste et son mode de propagation. Revue d'hyg. 
el de police sanil., XXIV, 1902. 

(2) Cf. Semaine méd., n° 5, 1903. 

(3) Torez, La peste chez les animaux, etc. Arch. de méd. navale, 1903. Il y a 
bien peu d’original dans ce mémoire. 


168 C. TIRABOSCHI 


sources les plus évidentes et les plus manifestes de contamination 
sont (pour les Rats) : 1° le sol (1), 2° les grains (2) et les substances 
analogues dont ils se nourrissent, 3° la chair des animaux morts 
de peste, 4° les linges, etc., contaminés (3), 5° les Insectes infectés ». 

Tous les auteurs que j'ai cités et d’autres encore ont constaté, 
dans les épidémies de peste qu’ils ont vues et décrites, une parti- 
cipation plus ou moins active des Rats à la propagation de la 
maladie. [1 y en a quelques-uns qui n’ont pas constaté ce rôle 
des Rats, maïs ils sont si peu nombreux que l’on peut bien n’en 
pas tenir compte. 


A ces auteurs, il faudrait ajouter tous ceux qui, sans décrire 
une épidémie, ont affirmé ou révoqué en doute ou même nié le 
rôle des Rats dans la propagation de la peste, en tirant leurs 
conclusions des observations d’autres auteurs. Il n’y a ici, on le 
voit, rien d’original et pour cela nous nous bornerons à citer les 
noms de Netter (4), de Santoliquido (5), de Loriga (6), de Jäger, 
Rfuhl, Büchner, Pfeiffer, Gaffky, Kossel, etc. (7), de Frosch (8), 


(1) « La partie superficielle du sol peut conserver pendant assez longtemps le 
Bacille, avec toule sa virulence... Je suis persuadé (!) de l’existence d’une forme 
larvée du Bacille..., larve profondément enfoncée dans le sol, où elle attend, 
immobile et inoffensive, qu’une occasion la mette à même d'évoluer en lui... Les 
Rats qui vivent dans des terriers et fouillent constamment le sol avec leur 
museau, peuvent s’y infecter. » 

(2) En dehors de la contamination par les urines, selles, crachats, etc., des 
Rats pestiférés, « il existe probablement des sources directes de contamination 
des graines, peut-être dans la plante elle-même par la sève (!).….. Une plante 
puisant dans le sol les éléments indispensables à son évolution pourrait y puiser 
en même temps la larve qui serait ainsi transportée dans toutes ses parties » (!). 

(3) « La voracité de ces animaux est telle qu'ils rongent même les tissus et les 
étoftes. » 3 

(4) Nerrer, La peste pendant ces dernières années. Paris, 1899. 

(5) SanroriQquino, Istruziont per prevenire lo sviluppo e la diffusione della 
peste nei Comuni del Regno. Roma, 1899. « La esperienza epidemiologica degli 
ultimi anni, illuminata dalla ricerca sperimentale, tende a stabilire il principio 
che La moria dei Ratti e dei Topi, lungi dall’ essere una semplice concomitanza, 
costituisca il momento essenziale per la diffusione della peste in forma epide- 
mica. » 3 

(6) LoriGa, La profilassi della peste mediante la distruzione dei Topi. Rivista 
d’igiene, 1899 (traduction française dans la Revue d’hygiene). 

(7) Die am 19. und 20. Oktober 1899 im kaïis. Gesundheïtsamte abgehaltene 
wissensch. Besprechung über die Pestfrage. Centralbl. f. Bakt., XXNI. 

(8) Froscx, Die Pest im Lichte neuerer Forschungen. Berl. klin. Wochenschr. 
1900 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 169 


Koch (1), Abel (2), Musehold (3), Kolle et Martini (4), etc. 

Enfin on devrait encore mentionner tous ceux qui, dans les labo- 
ratoires du monde scientifique tout entier, ont fait des expériences 
sur la réceptivité des animaux à la peste bubonique. Mais cela nous 
meénerait trop loin et nous renvoyons les lecteurs aux travaux de 
Wilm (5), de Ogata (6), de Nuttall (7), des Commissions allemande 
et autrichienne dans les Indes en 1897, de Clemow (8), de Musehold, 
etc. et nous nous bornerons à dire que le nombre des animaux 
susceptibles de prendre la peste est considérable et que ce sont 
précisément les Rongeurs, et parmi ceux-ci les Rats et les Souris, 
qui sont les plus sensibles à la peste. En dehors des Rongeurs 
(Rodentia), on a trouvé très réceptives quelques espèces de Singes (9) 
(Commission allemande, etc.), et même les Chauves-Souris 
(Gosio) (10), et plus faiblement les Chèvres, les Porcs, etc. Les 


(1) Kocx, Die Bekäampfung der Tuberkulose. Deutsche med. Wochenschr., 
XXVII, 1901. 

(2) ABEz, Loco cit., p. 164. 

(3) Musemozo, Die Pest und ihre Bekaämpfung. Berlin, 1901. 

(4) Kozze und Marrinr, Ueber Pest. Deutsche med. Wochenschr.,1902.-- « Es ist 
wohl nachgewiesen, dass... den Ratten die wesentlichste Rolle bei der Verbreitung 
der Pest zukommt und dass... die Pest in erster Linie eine Rattenkrankheit ist, 
die nur gelegentlich auf den Menschen übergreift..…… Eine einzige, unbemerkt 
an Land entweichende Ratte wird ungleich gefäahrlicher sein als ein pestkranker 
Mensch..…. Was das Wasser für die Choleraverbreitung bedeutet, übernehmen 
bei der Pest gewissermaassen die Ratten und Mause. » — Voir aussi MaRTINI, 
Der Pestbacillus und das Pestserum. Berliner klin. Wochenschr., 1903, n° 28 : 
« Das thatsächliche Vorkommen chronisch pestkranker Ratten ist dadurch 
bewiesen, dass wir bei Ratten mehrere Wochen nach der Infektion noch virulente 
Pestbacterien gefunden haben. Geht nun eine chronisch pestkranke Ratte nach 
der Auswanderung, somit bereits in der neuen Heimath, zu Grunde, so wird sie 
von ihren kannibalischen Genossen aufgefressen ; die Pest beginnt von neuem 
unter den Ratten auszubrechen. » 

(5) Wizm, Ueber die Pestepidemie in Hong-Kong im Jahre 1896. Hyg. Rund- 
schau, 1897. 

(6) Ocara, Ueber die Pestepidemie in Formosa. Centralblatt f. Bakt., XXI, 
1897. 

(7) Nurrazz, Zur Aufklärung der Rolle, welche die Insekten bei der Verbrei- 
tung der Pest spielen. Üeber die Empfindlichkeit verschiedener Tiere für dieselbe. 
1bidem, XXII. 

(8) CLemow, Remarks on plague in the lower animals. Brit. med. journ., 1900. 

(9) Trois fois (Hardwar, 1897; Jawalapour, 1897 ; Dharwar, 1898) on a observé 
des épizooties de peste simiesque. 

(10) Gosro, Sulla trasmissibililà della peste bubbonica ai Pipistrelli. Afti R. Acad. 
dei Lincei, 1902. « II notevole e svariato numero di parassiti, di cui il Pipistrello 
è facile albergo, il suo speciale mezzo di locomozione e la sua or resa nota squisita 
recettivitàa verso la infezione pestosa, lasciano di leggieri comprendere come esso 
possa avere importanza quale veicolo della peste bubbonica ». 


170 C. TIRABOSCHI 


Chats, les Chiens, les Chacals (Carnivores) et les Moutons ne pré- 
sentent que des cas exceptionnels de contamination. Les Chevaux 
et les Bovidés paraissent réfractaires en dehors du laboratoire où 
la plupart des expérimentateurs n’ont pu obtenir que des résultats 
souvent négatifs. Les Oiseaux, comme les Reptiles et les Poissons, 
semblent jouir d’une immunité relative (1). Parmi les Rongeurs il 
y en aun qui mérite une mention spéciale, l’Arctomys bobac Schreb. 
C'est une espèce de Marmotte qui vit dans la Mongolie et dans la 
Transbaïkalie et qui présente souvent une maladie épizootique, la 
peste du Tarbagan, qui semble être une vraie peste bubonique et se 
transmettre à l'Homme avec la plus grande facilité ; dans ces 
régions donc le Tarbagan remplacerait le Rat (2). L’Écureuil (Sciurus 
vulgaris) (3), le Loir (Myoxus glis Schreb.), le Lérot (Myoxus nitela 
Schreb.), le Muscardin (Myoxus avellanarius L.) (4), le Lapin domes- 
tique {Lepus cuniculus L. var. domestica) et surtout le Cobaye domes- 
tique (Cavia porcellus L.), etc., sont tous des Rongeurs sensibles à la 
peste bubonique. On peut donc conclure avec Musehold : (Die 
Nagetiere bilden zusammen eine Gruppe von Tieren, bei denen 
eine schwere (in der Regel tôdtlich verlaufende) Pesterkrangung 
auch unter natürlichen Verhältnissen als môglich zu erachten ist. 
Werden sie unter natürlichen Verhältnissen inficirt, so sind sie 
sefährliche Mehrer der Pesterreger durch Uebertragung der Pest 
von Tier zu Tier und ferner auch gefährliche Zwischenträger 
des Pesterregers zum Menschen. Dies gilt ganz besonders von den 
Ratten, und sofern die Tarbagenpest identisch mit der echten Pest 
ist, auch von dem Arctomys bobac — demnächst von den Mäusen ». 

Les Rats et peut-être aussi les Souris sont donc les animaux que 
les faits observés dans la presque totalité des dernières épidémies 
dénoncent comme les propagateurs les plus actifs de la peste bubo- 


(1) Torez (loco cit.) écrit « absolue »; ce n’est pas vrai, puisque les Pigeons 
deviennent sensibles à la peste lorsqu'ils sont à jeun (De Giaxa et Gosio). 

(2) Cf. Musenozp, Loco cit. p. 169. 

On doit encore mentionner les « Bandicoots » (Nesokia bandicota), gros Rats 
comestibles de l'Inde. « Dans une maison où les Bandicoots mouraient, la seule 
personne qui fut frappée de la peste fut un domestique... chargé d’écarter ces 
Rats » (Hankin, loco cit.. 1898). 

(3) Dans les Indes, en 1898, on trouva trois Écureuils morts de peste. 

(4) C’est le Prof. Gosro, qui, le premier, a démontré expérimentalement la 
réceptivité de ces trois espèces du genre Myoæxus. Les résultats de ces expériences 
et d’autres encore n'ont pas été publiés. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 171 


nique. Mais y a-t-il quelque différence sous ce rapport entre les 
diverses espèces de Rats et de Souris ? Presque tous les auteurs 
que nous avons mentionnés plus haut et qui, en décrivant une 
épidémie de peste, ont fait remarquer la participation des Rats à sa 
diffusion et ont même fait l'examen bactériologique des Rats cap- 
turés, morts ou malades, dans les maisons infectées ou dans les 
rues des quartiers contaminés, n’ont pris aucun soin de détermi- 
ner spécifiquement les Rats qui succombaient à la maladie. Les 
Français parlent de «Rats et Souris », les Allemands de «Ratten 
und Mäuse », les Italiens de « Ratti e Topi » (1), les Anglais de 
« Rats and Mice ». C’est là: un défaut d'observation, qui tient 
principalement à ce que tous les auteurs susdits étaient des méde- 
cins, et, en tant que médecins, ils ne se sont pas occupés d’une 
question qu’ils croyaient tout-à-tait théorique et d’intérêt zoologi- 
que, et qui ne leur semblait pas intéressante au point de vue 
épidémiologique. Il y a cependant quelques exceptions : dans la 
discussion scientifique qui eut lieu en 1899 dans le kaiserliches 
Gesundheïtsamt à Berlin (2), on établit que «es ist dringend 
nôtig, weitere Untersuchungen über die Empfänglichkeit verschie- 
dener Mäuserassen für die Pest anzustellen. Nach Ausführungen 
Loeffler’s handelt es sich um 4 Rassen (sic !) : Mus musculus, Mus 
minutus, Arvicola agrarius, Arvicola arvalis ». 

Le premier qui aborda la question fut Santoliquido : «Di sommo 
interesse presentavasi qui (à Naples ; épidémie de 1901) il determi- 
nare le specie di Topi che dominano in Napoli, sovratutto nei punti 
sospetti, la loro distribuzione, la loro sensibilità.. L’esame delle 
numerose carogne raccolte..….. fa conchiudere trattarsi, nella grande 
maggioranza dei casi, delle varietà grigie del Mus decumanus e Mus 
musculus : entrambe risultano sensibili, non perd in maniera cosi 
manifesta come le corrispondenti varietà albine. Quanto alla specie 


(1) LoriGa (loco cit.), Sanroriquino (ibidem), Gosro (Loco cit.), GArLt-VALERIO 
(Rivista d’igiene, 1902) etc. écrivent tous Ratti e Topi ; moi aussi, dans toutes mes 
notes préliminaires, j'ai écrit Ratti e Topi. Cependant, il faut remarquer que le 
mot Rallo n’est pas très répandu dans le langage commun et qu’il est synonyme 
du mot Topo et, pour cela, correspondrait aux mots Rat, Ratte, Rat français, 
allemand et anglais, tandis que le mot Sorcio correspondrait aux mots Souris, 
Maus, Mouse; au lieu de dire Ratti e Topi, il faudrait donc écrire Ratti e Sorci ou 
Topi e Sorci ; mais il n’y a pas entre les deux mots italiens une distinction aussi 
nette qu'entre les mots correspondants français, allemands et anglais. 

(2) Centralbl. f. Bakt.,XXVI. 


172 C. TIRABOSCAI 


Mus rattus.…. se ne poterono raccogliere numerosi esemplari vivi..… 
Di fronte al germe ricavato dall’Uomo infetto, il Ratto (var. tecto- 
rum), quanto a sensibilità, verrebbe dopo le razze albine del Mus 
decumanus e Mus musculus ; verrebbe perd prima del Decumano 
grigio, che si mostra più resistente. In ogni modo tutlo fa credere 
che la peste non sia legata all’infezione di una particolare specie 
di Topi.….. Le carogne di Topi Su cui caddero le prime ricerche 
appartenevano alla varietà grigia del Mus decumanus » (1). 

La même question fut étudiée par Gamaleïa, par Rabinowitsch 
et Kempner, par Wernitz et par Skshivan pendant l'épidémie 
d'Odessa en 1901-1902. Les deux derniers auteurs ont fait remar- 
quer que, dans la cave de la maison d’un des deux pestiférés du 
mois d'octobre 1901, on captura 14 Surmulots (Mus decumanus) 
morts de peste : que parmi les 32 Rats que l’on trouva atteints de 
peste depuis le mois de novembre 1901 jusqu’à la fin de mai 1902 
€ sich grôsstentheils Wanderratten (Wus decumanus), auch eine 
Schiffsratte (Mus rattus) und drei Alexandriner Ratten befanden (2). 
Da die letzteren beiden Rattenarten die fast ausschliesslichen 
Bewohner der Schiffe darstellen, welchen sich in der Hafengegend 
die Wanderratte zugesellt, so ist es sehr wahrscheinlich, dass Mus 
rattus und Mus alerandrinus die eigentlichen Träger der Pestin- 
fection auf Schiffen sind », et enfin que les 7 Rats pestiférés que 
l’on captura en août 1902 dans les deux foyers de l'épidémie 
étaient tous des Surmulots. Gamaleïa rapporte à peu près les 
mêmes faits, puis se demande « si ce n’est pas à la faible récepti- 
vité des Rats d’égout (Mus decumanus) pour la peste et à leur 
prédominance actuelle en Europe, qu'il faut attribuer l’immu- 
nité de nos régions à l’égard de la maladie ». 

Cette même suppositon a été faite par d’autres auteurs, dont 
quelques-uns ont dit aussi que les épizooties de Rats (que l’on 
aurait remarquées pendant les terribles épidémies et pandémies 
de peste qui ont sévi en Europe dans les siècles passés) auraient 
fait leurs ravages précisément parmi les Rats de grenier (Mus 
rattus). Or, comme nous l’avons fait remarquer dars une note 


(1) Ces conclusions ont été établies d’après les résultats des recherches bacté- 
riologiques poursuivies par la mission officielle, et les données zoologiques four- 
nies par le Prof. Moxricezct de l’Université de Naples. 

(2) Voir aussi SKsHIVAN, /0c0 cit., p. 166, note 8. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 173 


précédente (1), on ne peut pas affirmer absolument et d’une manière 
certaine que les Rats d’égout sont moins susceptibles à la peste que 
les Rats de grenier. Ceux-ci, quoiqu'ils soient pourchassés par 
les Surmulots et qu’ils aient dû abandonner bien des points 
devant les poursuites de leurs congénères plus grands, plus forts 
et plus féroces, sont cependant assez nombreux dans quelques 
localités, c’est-à-dire dans les champs et dans les petites villes, et, 
ce qui est pour nous bien plus important, dans les grandes villes 
maritimes (Naples, Gênes, etc.), qui sont les plus exposées à la con- 
tamination par les Rats. Enfin, comme nous l’avons dit ci-dessus, 
personne n’a jamais décrit en Europe de vraies épizooties de Rats 
pendant les épidémies de peste (2). 

Peut-être donc les Rats d’égout ou Surmulots (Mus decumanus 
Pall.) et les Rats domestiques ou Rats de grenier (Rat noir = Mus 
rattus L., et Rat à ventre blanc — Mus alexrandrinus Geoftr.) jouent, 
ou pour mieux dire peuvent jouer, le même rôle prépondérant dans 
la propagation de la peste, le rôle des premiers l'emportant sur le 
rôle des derniers dans les grandes villes, mais lui restant inférieur 
sur les navires. Cela tient tout simplement, peut-être, à la prépon- 
dérance de l’une ou de l’autre espèce ; c’est ce que les observateurs 
des futures épidémies de peste devront établir, en suivant l'exemple 
donné par Santoliquido à Naples, par Rabinowitsch et Rempues 
par Wernitz et par Skshivan à Odessa. 

Mais les Souris peuvent aussi jouer un rôle actif dans la propa- 
gation de la peste. Le fait est beaucoup plus rare que pour les Rats, 
mais on a cependant observé dans quelques épidémies que les 
Souris mouraient en grand nombre et contribuaient à la création 
de nouveaux'foyers de peste dans les quartiers des villes contami- 
nées. Yersin (Hong-Kong, 1894), Wilm (Hong-Kong, 1896), Ogata 
(Formose, 1896) nomment ensemble les Rats et les Souris; suivant 


(1) Tirasoscut, Beitrag zur Kenntnis der Pestepidemiologie. Ratten, Mäuse 
und ibhre Ektoparasiten. Arch. f. Hygiene, 1903. 

(2) C’est ce qu'ont affirmé Nerrer (Revue d’hyg., 1897), Prousr (La défense de 
l'Europe contre la peste, Paris, 1897), A8eL (/0c0 cit.), ete., contrairement aux 
assertions de Nurrazz (/oco cit), de Sricker (Wiener klin. Rundschau,1898), etc. 
Racer (Rivista ilal. di Scienze nat., Siena, 1902) reproche à Manzont « di essersi 
allontanato dalla nuda verità storica » dans la descriplion de la peste de Milan 
en 1630, parce qu’il « non fa neppure un lontano cenno a morie di Ratti e di 
Sorci » (!) ; il dit aussi que « la presenza del Hus decumanus dopo l’estinzione (sic) 
del Mus rattus.. starebbe a significare la refratterieta d’una specie animale a 
confronto di un’ altra ». 


174 C. TIRABOSCHI : 


Yamagiwa, la mortalité parmi les Souris observée à Formose pen- 
dant l’épidémie de 1896 était causée par le Bacillus pestis ; Simond 
(Indes, 1896-1898) a remarqué qu’à Bandore les Souris mouraient 
comme les Rats; Matignon (Taiï-ho-Kou, 1898), Stekoulis et Noury 
Bey (Djeddah, 1898) ont observé la coexistence de la mortalité des 
Rats et des Souris avec des cas de peste humaine ; Hankin dit que 
«les Rats, dans la nature, semblent être plus sensibles à la peste 
que les Souris», mais que dans quelques cas «les Souris mou- 
raient comme les Rats»; Gottschlich (Alexandrie d'Égypte, 1899) 
écrit : «Genau die gleiche Rolle (que les Rats, dans la création de 
nouveaux foyers) haben in einem Falle Mäuse gespielt ». De la . 
discussion sur la peste qui eut lieu à Berlin en 1899 (ci. p. 168) il 
résulta que « über die Rolle, welche die Mäuse bei der Verbrei- 
tung der Pest spielen, herrscht noch keine Klarheït. Vielleicht 
kommen hier auch Rassenunterschiede in Betracht und es ist daher 
dringend nôtig... etc. » Santoliquido (Naples, 1901) met à côté du 
Mus decumanus le Mus musculus. Wernitz dit tout simplement : 
« Was für eine Rolle die Mäuse spielen, ist noch nicht sicherge- 
stellt ; sollten sie sich auch als Träger der Pesthacillen erweisen, 
so wären sie noch gefährlicher als Ratten, da sie ihrer Kleinheït 
wegen überall hinkommen. » 

C’est donc exclusivement ou du moins principalement par les 
Rats que la peste est importée et qu’elle se répand; mais par quel 
moyen le microbe pénètre-t-il dans les tissus? Comment passe-t-il 
«d’un Rat à un autre, du Rat à l'Homme, de l'Homme à l'Homme et 
de l'Homme au Rat ? » On a attribué ce rôle aux Insectes, surtout 
aux parasites cutanés des Rats et en particulier aux Puces. 

La première mention (1)des Insectes dans la description des épidé- 
mies de peste se trouve dans le livre « De regimine pestilentico », 
de 1498, attribué à Knud (2), puis successivement dans les mémoires 
de Varwich (Mouches; Angleterre, 1577) ; de Diemerbrock (Insectes 
en général ; Norvège et Hollande, 1646); de Mercurial? (Mouches; 
Marseille, 1720 ?) ; de Haeser (Mouches ; -Bengasi, 1858-59) : de. 

(1) Cf. l’intéressant mémoire de Nurrazz, Die Rolle der Insekten, Arachniden, 
und Myriapoden als Träger bei der Verbreitung von durch Bakterien und thieri- 
schen Parasilen verursachten Krankheïiten des Menschen und der Tiere. Hyg. 
Rundschau, IX, 1899. 


(2) Suivant l’auteur de ce livre, l'apparition de Mouches en grand nombre serait 
un des signes avant-coureurs de la peste. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 175 


Yersin (1) (Mouches ; Hong-Kong, 1894); de Wilm (Mouches ; Hong- 
Kong, 1896); de Sticker (Insectes en général ; Bombay, 1896); de 
Matignon (Mouches ; Mongolie, 1896), etc. — Ogata (Formose, 1896) 
fut le premier qui regarda les Puces des Rats pestiférés comme des 
agents de transmission de la peste du Rat à l'Homme (2). Depuis 
1896 jusqu’à nos jours, les expériences sur les Puces et sur les autres 
Insectes, relativement à la propagation de la peste, se sont répétées 
dans tous les laboratoires du monde scientifique, et, en même temps, 
dans quelques-unes des épidémies, on a cherché à déceler le rôle 
que ces Arthropodes peuvent jouer dans la dissémination de la 
peste et surtout dans la transmission du Rat à l'Homme. 

Nous ne pouvons pas résumer ici les expériences, d’ailleurs 
négatives, de Ja Commission allemande dans les Indes, en 1897 (3), 
sur les Puces ; de Nuttall à l’Institut d'hygiène de Berlin, en 1897 (4), 
sur les Mouches, Punaises et Puces; ni les observations de Hankin 
dans les Indes, en 1897 (5), sur les Fourmis ; de Matignon en Mon- 
golie, en 1897, sur les Insectes en général (Mouches, Punaises, 
Puces, Poux); de Kolle (Insectes : Puces et Punaises, 1897); de 
Abel (Insectes : Mouches, Fourmis, 1897) ; de Marpmann (Mouches, 
1897); de Cao (Insectes, 1898), etc. 

Simond, après avoir démontré que les phlyctènes précoces 
remarquées par lui sur un certain nombre de pestiférés représen- 
tent «(la réaction locale de l’organisme au point d’entrée du virus », 
et que ces phlyctènes se montrent de préférence dans les régions 


(4) Loco cit., p.164 « J'ai constaté que les Mouches prennent la peste, en meurent 
et peuvent ainsi servir d'agents de transmission ». 

(2) Loco cit., p.169 « Die an Pestratten befindlichen Flôhe enthalten ebenfalls 
virulente Pestbacillen, die nach dem Tode der Ratten das Pestgift auf Menschen 
übertragen kônnen ». 

(3) Loco cit. Suivant la Commission anglaise, les Insectes, y compris les Puces, 
n'auraient joué aucun rôle dans la propagation de la peste. 

(4) Loco. cit. Les Mouches peuvent jouer un rôle dans la dissémination de la 
peste « wenn sie in Nahrungsmittel hinéinfallen oder ihre Excremente darauf 
entleeren ». Quant aux Punaises « die Gefahr der Ansteckung durch Wanzen- 
stiche wäre eine geringe ». Enfin, l’inoculation des bacilles pesteux par la piqüre 
des Punaises et des Puces « gehôrt zu den Seltenheiten ». Néanmoins « kommen 
die Fingernägel mit zerquetschten infizierten Flôhen oder Wanzen.…. in Berübhrung, 
so kann durch Kratzen etc. an der gestochenen Stelle sicherlich eine Infektion 
hervogerufen werden ». 

(5) Hanxin, Note on the relation of Insects and Rats to the spread of plague. 
Centralbl. f. Bakt., XXII. « In India Ants will eat up a Rat dead of plague 
with extraordinary rapidity, and it cannot be denied that by thus disturbing 
and carrying about infected material, they may increase the risk of infection 
from dead Rats ». 


176 C. TIRABOSCHI 


de la peau que les parasites affectionnent plus particulièrement, 
écrit : (II nous a paru que seule une intervention parasitaire pou- 
vait être responsable de la pénétration du Bacille pesteux dans la 
peau saine. La Puce et la Punaise sont les deux parasites, qu’on 
peut, à priori, soupconner de jouer ce rôle ». Et, après avoir 
décrit très imparfaitement la Puce rencontrée communément par 
lui sur le Rat murin (?), il dit qu’il s’est assuré expérimentalement 
que (Ctransportée du Rat sur l'Homme ou sur le Chien, elle les 
attaque immédiatement ». Puis il rapporte ses expériences qui, à 
vrai dire, ne sont pas assez concluantes. Quant à la façon dont le 
microbe est porté dans les tissus par la Puce, l’auteur donne la 
préférence à l’hypothèse que la gouttelette de sang pesteux que la 
Puce dépose pendant la succion, au point même où elle est placée 
« peut infecter l’animal par la perforation créée par l’aiguillon ». 

Nous citons ici les noms de Yersin (Puces ; Nhatrang, 1899), qui 
partage entièrement les idées de Simond ; de Nuttall (1) (Arthro- 
podes en général, 1899); de Musehold, Pfeifier, Sticker, Gärtner, 
Battlehner etc. dans la discussion sur la peste, à Berlin, en 1899 (2); 
de Kolle (Puces et Punaises (?) des Rats ; expériences à Berlin, en 
1899-1900) (3) ; de Loir (Puces; Tunis, 1900): de Thompson (4) et 


(1) Loco cit. « Es fehlt noch der Beweis, dass die auf Ratten vorkommenden 
Flôhe den Menschen unter natürlichen Verhältnissen befallen wurden... Môglich 
ist es ja besonders zu Zeiten von Pestepidemien, wenn die natürlichen Wirthe in 
und um menschliche Wohnungen herum massenhaîft absterben ». 

(2) Loco cit. « Aus der Diskussion geht hervor, dass die Insekten bei der Frage 
der Pestübertragung jedenfalls nicht ausser Acht zu lassen sind, denn : 1) sie kôn- 
nen den Krankheitskeim direkt durch den Stich übertragen; 2 stechen sie den 
Menschen, so kônnen sie beim Kratzen zerdrückt werden. Hierdurch kônnen 
Keime die sich im oder am Korper der Insekten befinden, in die kleine Stichwunde 
oder in die beim Kratzen entstandenen Hautverletzungen gelangen ; 3) durch 
dieselben Eingangspforten kônnen auch Keime, welche sich auf der Haut oder an 
den Kleidern des Menschen befinden, eindringen; 4) die Insekten kônnen den 
Krankbheïitskeim auf Speisen und Geräte übertragen ». 


(3) Kozze, Bericht über die Thätigkeit in der... Station des Instituts für Infec- 
tionskrankheiïten, 1899-1900. Zeitschr. f. Hyg., XXXVNI, 1901. — Après avoir 
rapporté ses expériences pour transmettre la peste d'un Rat à un autre par la 
piqûre des Puces, l’auteur conclut : « Es ist klar, dass Pestbacterien aus dem 
Blute pestkranker Tiere mit in den Leib von Parasiten, die derartiges Blut 
saugen, übergehen. Ob aber die Infection frischer Tiere durch den Biss der Para- 
siten stattfindet, ist noch nicht einwandsfrei erwiesen ». 


(4) THompson, Report on an outbreak of plague at Sydney, 1900. Sydney, 
William Applegate Gullick, 1900. — A contribution to the ætiology of plague. 
The journ. of hyg., 1901. — L'auteur regarde les Puces comme les agents les plus 
actifs de transmission du Rat à l'Homme. On examina 9 spécimens de Puces cap- 
turées sur des Rats et on constata que 7 étaient Pulex fasciatus et 3 Pulex 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 177 


de Tidswell (1) (Puces; Sydney, 1900); de Galli-Valerio (2) (Puces des 
Rats et des Souris ; expériences à Lausanne, 1900) ; de Curry (3) 
(Puces; Manille, 1901); de Blakmore (4) (Puces ; Port-Elisabeth, 
1901) ; de la Bonnardière et Xanthopulides (Moustiques ; Beyrouth, 
1902); de Kolle et Martini (5) (Puces ; expériences à Berlin, 1901); 
de Oberndorfer (Puces) ; de Gauthier et Raybaud (6) (Puces et Aca- 


serraticeps; cette dernière espèce pique l’'Homme. Dans une Puce et aussi dans 
quelques Mouches prises sur des Rats pestiférés on démontra la présence du 
Bacillus pestis. Cependant les essais pour transmettre la peste d’un Rat à l’autre 
par les Puces n’eurent pas de succès. 

(1j Tiswezz, Some pratical aspect of the plague at Sydney. Journ. of the 
Sanit. Inst., London, XXI. — L'auteur rapporte à peu près les mêmes conclu- 
sions que Thompson. 

(2) Gazzi-VALERIO, Les Puces des Rats et des Souris jouent-elles un rôle impor- 
tant dans la transmission de la peste bubonique à l'Homme ? Centralbl. f. Bakt., 
XXVII. — Quelques observations... sur la transmission de la peste bubonique 
par les Puces des Rats et des Souris. Ibidem, XXVIII. 

Les Puces que l’on rencontre le plus souvent sur les Souriset les Rats sont la 
Typhlopsylla musculi et le Pulex fasciatus, qui ne piquent pas 1 Homme, même 
lorsqu'elles sont à jeun depuis 48 heures. «Il est possible que le Bacille de la 
peste puisse être inoculé aux Rals et aux Souris par la piqûre des Puces et leur 
transmettre la peste. Ce que je considère comme non démontré, c’est que la 
Puce des Souris et des Rats puisse transmettre la maladie à l'Homme ». 

(3) Curry, Bubonic plague (in Manila). Boston med. and surg. journ., 1901. 
L'auteur regarde la piqüre des Puces et d’autres Insectes comme la porte d’entrée 
du virus. Dans la plupart des cas, les glandes qui s’enflammaient les premières 
‘étaient les glandes inguinales et de la cuisse, du côté droit; suivant l’auteur, cela 
tiendrait au fait que l’on se gratte plus facilement et plus fort à droite qu'à 
gauche!) 

(4) BLakmore, Rats and plague. Lancet, 1902. L'auteur rapporte à peu près les 
mêmes choses que Simond et dit que le petit nombre d'expériences d’après 
lesquelles les Puces des Rats ne piquent pas l'Homme, ne démontre pas que cette 
piqûre n’ait jamais lieu. 

(5) Kozze und Marrini, Ueber Pest. Deutsche med. Wochenschr., 1902. De nom- 
breuses expériences faites pour démontrer que « durch Biss pestinfizirter Insek- 
ten auch die gebissenen Tiere wirklich infizirt werden », « ergaben ein durchaus 
negatives Resultat ». « Die Ratten- und Mäuseflôhe, deren es zwei Arten giebt, 
beissen nicht den Menschen, selbst wenn man sie hungern làsst ». 

(6) GaurateR et RayBauD. — Ces auteurs ont communiqué à la Société de Biologie 
de Paris, comme résultat de 5 expériences, avoir obtenu «la transmission de la 
septicémie pesteuse en plaçant sur un animal inoculé (Rat blanc) des Puces recueil- 
lies sur des Rats de terre ou de navires et en exposant ensuite un animal sain 
(Rat blanc et Souris blanche) à la piqûre des parasites ainsi infectés. Par contre, 
on n'a pu réaliser cette transmission par l'intermédiaire des petits Acariens 
(Hæmomyson musculi Mégn.), dont les Rats sont souvent porteurs ». La relation 
détaillée de ces expériences vient de paraître dans la Revue d'hygiène, mai 1903. 
« L'animal inoculé par les Puces succombe en 5 à 10 jours, avec une septicémie 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 2, 1904. 12 


# 
178 C. TIRABOSCHI 


riens des Rats; expériences à Marseille, 1902) ; de Galli-Valerio (1) 
(Puces des Rats et des Souris ; expériences à Lausanne, 1901); de 
Nuttall (2) (Puces des Rats, 1902) ; de Zirolia (3) (Puces; expériences 
à Rome, dans les laboratoires du Service de la Santé publique, 
1902) ; de Tiraboschi (4) (Puces des Rats et des Souris ; expériences 
à Rome, ibidem, 1902) ; de Wernitz (5) (Puces et autres Insectes; 


pesteuse généralisée... Dans un cas, l’animal infecté par l’intermédiaire des Puces 
nous a montré une infection plus massive que le Rat inoculé ; dans les autres, 
l'infection était moins intense chez les animaux inoculés par les Puces. Enfin, à 
l’occasion, il nous a même été donné de mettre en évidence le Bacille pesteux dans 
son passage à travers l'organisme de la Puce. » Les auteurs concluent que leur 
étude leur paraît € une pleine confirmation de la théorie édifiée par Simond. » 

(1) Gazui-Varerro, L’azione delle Pulci dei Ratti e dei Topi nella trasmissione 
della peste bubbonica. Rivista d’igiene e san. publ., 1902. — « Nessuno, all infuori 
del Thompson, ha trovato sui Ratti Pulex serraticeps. Numerosissimi Ratti da 
me esaminati non mi diedero mai questa specie » et pour cela on ne peut pas 
considérer le Pulex serraticeps comme l’agent ordinaire de la transmission de la 
peste du Rat à l'Homme. « Resta ancora da dimostrare tale trasmissione non 
solo da Ratto a Uomo, ma da Ratto a Ratio ». 

(2) Nurrazz, Note on the supposed transmission of plague by Fleas. Journ. of 
tropic. med., 1902. — « The evidence in favour of the « Flea hypothesis » is 
worthless, and cannot withstand scientific criticism... All attempts to infect Mice 
and Rats through the bites of freshly-infected Fleas and Bugs proved futile ». 

(3) ZirourA, Il Bacillo della peste bubbonica nell’ organismo delle Pulei. Policli- 
nico, 1902. — « Portando su un ospite delle Pulci (Pulex irritans et Pulex serrati- 
ceps) tenute a digiuno, queste.. proiettano spesso a distanza relativamente grande. 
dei veri zampilli di sangue. » Si le sang contient des Bacilles pesteux, ceux-ci sont 
disséminés sur la peau. Dans les Puces, les Bacilles « non solo si mantengono vivi 
per un tempo relativamente lungo (7-8 giorni), ma vi si moltiplicano conservando 
la loro originaria virulenza... e passano anche nelle feci.. e si conservano a lungo 
anche nei cadaveri delle Pulci morte ». 

(4) TrraBoscur, Le Pulci dei Ratti e dei Topi e la trasmissione della peste da 
Raito ad Uomo. Policlinico, 1902. — L’inoculation intracutanée des Bacilles pesteux 
dans l'Homme «non puô certamente esser compiuta dalle due specie di Pulei più 
diffuse sui Ratti e sui Topi : Ceratophyllus fasciatus Bosce Ctenopsytlla musculi 
Dugès, dacchè esse non pungono mai l’Uomo (auteur a fait des expériences très 
nombreuses sur lui-même et sur d’autres personnes); se ne puÿ invece ammettere 
la possibilità per le altre due specie di Pulci : Pulex serraticeps Tschb. e Pulex 
irritans L., di cui la prima è frequente sui Ratti delle chiaviche ». Voir aussi le 
mémoire publié dans l’Archiv f. Hyg., 1903, et contenant la description d’une 
nouvelle espèce de Puce (Hystrichopsylla tripectinatai capturée sur la Souris : 
commune (Mus musculus). 

(5) Wernirz (loco cit). — « Inficirte Raume, die trotz gründlicher Desinfection 
doch wieder Infection der Bewohner bewirken, kônnen ebenfalls nur duch 
Anwesenheit von Insecten infectids sein, denn.. die Insecten, namentlich Flôhe, 
entziehen sich der Vernichtung. Solche Erkrankungen... sind auch hier schon 
vorgekommen ». 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 179 


Odessa, 1902), de Torel (1), de Lydston (2) (Puces des Rats; Sydney, 
1902), de Tidswell (3) (Sydney, 1902). 

En laissant de côté toutes les observations qui regardent les 
Mouches,les Moustiques, les Fourmis, les Punaises, etc., nous nous 
bornerons aux observations et aux expériences relatives aux para- 
sites des Rats et surtout aux Puces. Depuis quelques années, ces 
observations et ces expériences se sont multipliées, mais elles 
n’ont pas encore abouti à des conclusions sûres et acceptées par la 
plupart des observateurs. Parmi ceux-ci il y en a plusieurs (Ogata, 
Simond, Yersin, Loir, Thompson, Tidswell, Curry, Blakmore, 
Oberndorier) qui ont affirmé que le Bacillus pestis peut être inoculé 
à l'Homme par la piqûre des Puces; quelques-uns ont même 
affirmé que ce sont précisément les Puces des Rats et des Souris 
qui, après avoir quitté le cadavre d’un Rat pestiféré, si elles sont 
transportées sur un Homme, peuvent le piquer et lui transmettre 
le microbe de la peste; mais aucun d’eux ne put en donner une 
démonstration scientifique. Par contre, d’autres auteurs ont révo- 
qué en doute ou tout-à-fait nié (Nuttall, Sticker et Gärtner en 1899; 
Galli-Valerio en 1900 ; Kolle et Martini, Galli-Valerio, Nuttall en 
1902) que les Puces des Rats et des Souris puissent transmettre la 
peste à l'Homme, puisqu'elles ne piquent pas l'Homme; moi-même 
j'ai confirmé, par de nombreuses expériences sur moi et sur 
d’autres, que les trois espèces de Puces que l’on rencontre le plus 
souvent sur les Rats et les Souris d'Italie (Ceratophyllus fasciatus 
Bose, Ceratophyllus italicus mihi et Ctenopsylla musculi Dugès), ne 
piquent pas l'Homme, même après un jeûne de 3 ou 4 jours, mais 
que sur ces mêmes Rats on rencontre aussi la Puce de l'Homme 


(1) Loco cit., 1903. — « Les Insectes (Puces, Moustiques, Punaises, Mouches) jouent 
un rôle des plus considérables dans la propagation du Bacille.» «J’estime (?) que 
les piqûres des Puces provenant des Rats contaminés sont, pour l'Homme, une 
des sources les plus importantes d’invasion du mal ». 

(2) G. F. Lypsron, New-York med. Journ., 1903. — Dans les deux épidémies de 
Sydney de 1900 et 1902, les agents les plus importants dans la propagation de la 
maladie étaient incontestablement les Rats ; ils ont été aidés, dans une grande 
mesure, sous ce rapport, par les Puces du Rat : Pulex fasciatus (Bull. de V’Inst. 
Pasteur, 1903). 

(3) FE. TisweLz, British med. Journ., 1903. — De 100 Puces recueillies sur les 
Rats de Sydney, à l’époque de la récente épidémie de peste, l’auteur a compté 8 
Typhlopsylla musculi, 10 Pulex fasciatus, 1 Pulex serraticeps et 1 Pulex pal- 
lidus. Toutes ces espèces, sauf la première, peuvent piquer l'Homme (Bull. de 
l’Inst. Pasteur). 


180 : C. TIRABOSCHI 


(Pulex irritans L.) et plus souvent encore le Pulex murinus mihi et 
la Puce du Chien (Ctenocephalus serraticeps Tschb.), qui pique, elle 
aussi, l'Homme (1). 

La détermination scientifique des espèces de Puces n’a presque 


(1) Pour ce qui regarde le Pulex'murinus et les espèces voisines (Pulex pal- 
lidus, ete.), nous dirons ici que, d’après Rothschild (2 litt.), les Rats et les Souris 
de l’Afrigne et des Indes sont parasités par toute une série de ces espèces, qu’on 
aurait longtemps confondues avec le Pulex pallidus Tschb.; que, d’après Tidswell, 
ces Puces se trouvent sur les Rats de Sydney dans la proportion de 81 pour 100; 
qu’enfin ces espèces ont été rencontrées très fréquemment en Europe sur les 
Rats des navires et des villes maritimes (par Tiraboschi à Venise, Gênes, etc., par 
Gauthier et Raybaud, à Marseille). 

Le Ctenocephalus serraticeps et le Pulex irritans piquent les Rats et en sucent 
le sang; c’est là un fait démontré; quelques-uns des auteurs qui ont cherché à 
transmettre la peste d’un Rat à un autre, par l'intermédiaire des Puces, ont 
employé les deux espèces susdites de Puces, et ils ont trouvé dans leur corps le 
Bacillus pestis sucé avec le sang du Rat pestiféré (voir par exemple Zirolia, loc. 
cit.); j'ai de mème constaté que le Pulex irritans et le Ctenocephalus serraticeps 
sucent le sang des Rats et des Souris. Wagner, le savant aphaniptérologiste russe, 
m'écrit que parmi les Puces recueillies sur les Rats à Odessa, durant l'épidémie 
de peste, il a trouvé quelques exemplaires de Pulex serraticeps Tschb. et un ou 
deux exemplaires de Pulex irritans L. 

D’après le même Wagner (in lilt.), ni le Ceratophyllus fasciatus Bosc ni la 
Ctenopsylla musculi Dug. ne piquent l'Homme. Au contraire, suivant Gauthier 
et Raybaud, «les Puces recueillies sur les Rats piquent l'Homme sans difficulté. » 
Ces auteurs ont fait 9 expériences, effectuées à l’aide de 16 Puces, dont 8 seulement 
ont été déterminées (7 Ceratophyllus fasciatus et 1 Pulex pallidus ?). « A part 
deux échecs, l’un total, l’autre partiel, ne portant que sur deux des 16 Insectes 
mis en expérience, toutes les tentatives ont réussi. Les sujets dédaignés une fois 
ont pu être piqués dans la suite. Tous les repas offerts ont été effectués avec plein 
succès ; le même Insecte a pu, assez souvent, piquer plusieurs fois son hôte 
humain, dans une même journée. Un Ceratophyllus fasciatus a survécu 20 jours 
malgré son régime exclusivement humain.» Je rappellerai enfin que, d’après 
Tidswell, le Ceratophyllus fasciatus peut piquer l'Homme, mais pour la Cteno- 
psylla musculi, cette possibilité n'existe pas. Pour ce qw regarde cette espèce, 
mes expériences ont été si extraordinairement nombreuses et exécutées sur un 
nombre si grand d'individus et dans des conditions si favorables pour la réus- 
site positive des expériences, que je ne peux admettre pour cette espèce la pos- 
sibilité de piquer l'Homme, ni mème par exception ; d’ailleurs, personne n’a 
jamais obtenu des résultats positifs avec des exemplaires bien déterminés de cette 
Puce. Au contraire, mes expériences sur le Ceratophyllus fasciatus ont été moins | 
nombreuses et sous la dénomination de Ceratophyllus fasciatus j'ai confondu 
d’abord le véritable Ceratophyllus fasciatus et une espèce nouvelle très semblable 
au Ceratophyllus fasciatus et que j'ai nommée Ceratophyllus italicus. Comme 
nous le verrons plus loin, les différences entre le Ceratophyllus fasciatus Bose et 
les espèces voisines (Ceratophyllus consimilis W., C.mustelae W., C.lagomys W., 
C. ütalicus Tirab., C. penicilliger Grube, etc.) sont si petites et si difficilement 
appréciables que l’on peut bien douter si les Puces signalées par des auteurs tels 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 181 


jamais été faite par les observateurs qui ont affirmé ou admis la 
possibilité de la transmission de la peste du Rat à l'Homme par 
l’intermédiaire des Puces ; j'ai déjà fait remarquer plus haut la 
même négligence à propos des Rats. Or, si l’on admet la possibilité 
de la transmission de la peste du Rat à l'Homme par la piqûre des 
Puces, il faut aussi admettre que cette transmission ne peut avoir 
lieu que par l'intermédiaire des Puces qui piquent l'Homme ; de 
là la nécessité de résoudre cette question par des expériences de 
laboratoire et par des observations scientifiques et rigoureuses au 
point de vue zoologique dans les épidémies. La question est, on le 
voit, d’un grand intérêt, et je ne peux pas souscrire à l’assertion 
de Kolle et Martini (loco cit.) : « Die ganze Frage nach der Bedeu- 
tung des Ungeziefers bei der Pestübertragung hat... einen mehr 
akademischen Wert ». 

Mais l’inoculation de la peste par la piqûre des Puces est-elle 
possible ? Les Puces, par exemple, qui ont sucé le sang de Rats et 
de Souris pestiférés, peuvent-elles inoculer le microbe de la peste 
à d’autres Rats ou à d’autres Souris ? La Puce de l'Homme ou celle 
du Chien, qui ont sucé le sang d’un Homme ou même d'un Rat 
pesteux, peuvent-elles transporter directement le Bacillus pestis 
dans la peau saine d’un autre Homme ? Que les Puces en général, 
qui ont sucé le sang d’un animal pestiféré, contiennent dans leur 
corps le Bacillus pestis, ceci a été démontré par Ogata, par la 
Commission allemande dans les Indes, par Simond, etc. ; que le 
Bacillus pestis conserve longtemps sa vitalité et même sa virulence 
dans le tube digestif des Puces et qu’il soit éliminé virulent avec 
les excréments, cela a été démontré par plusieurs auteurs et tout 
récemment par Zirolia; qu’enfin le Bacillus pestis puisse être inoculé 
par les Puces, dans la peau saine, par la piqûre, ceci a été nié par 
quelques-uns, et affirmé par quelques autres. Nous citerons les 
essais négatifs de la Commission allemande dans les Indes, de 


que Tidswell et Gauthier et Raybaud sous le nom de Pulex fasciatus soient vrai- 
ment des Ceratophyllus fascialus ou plutôt l’une ou l’autre des espèces voisines. 
Il faut donc répéter les expériences avec des individus de toutes ces espèces soi- 
gneusement et exactement déterminées. 

Chez les Rats de terre et quelques Souris, Gauthier et Raybaud ont trouvé, sur 
52 échantillons, 45 Ceratophyllus fasciatus, 3 Pulex pallidus (?), 2 Ctenocephalus 
serraliceps et 2 Clenopsylla-musculi; chez les Rats de navires, de provenances 
d’ailleurs très diverses, sur 250 échantillons : 178 nd musculi, 64 Pulex 
pallidus (?), 6 Ceratophyllus fasciatus et 2 Pulex vrrilars 


182 C. TIRABOSCHI 


Kolle, de Thompson, de Tidswell, de Nuttall, de Galli-Valerio, de 
Kolle et Martini et les résullats positifs de Simond et de Gauthier 
et Raybaud (loco cit.). S'il est vrai qu’une expérience positive bien 
faite (1) vaut mieux que plusieurs négatives, la possibilité de l’ino- 
culation parasitaire de la peste par les Puces serait démontrée et 
l’on peut bien admettre cette possibilité pour la Puce de l'Homme 
relativement à la transmission d’un Homme à un autre, ainsi que 
pour la Puce de l'Homme (et les espèces voisines), la Puce du 
Chien, etc., relativement à la transmission du Rat à l'Homme. 

En renvoyant les lecteurs à ce que nous dirons dans la troisième 
partie, nous rappelons ici les expériences positives de Rabinowitsch 
et Kempner sur le transport du Trypanosoma Lewisi Kent d’un Rat 
à un autre, par l'intermédiaire de Puces qui avaient sucé le sang 
d’un Rat infecté. 

Comme conséquence nécessaire de la connaissance du rôle 
prépondérant des Rats et des Souris dans la dissémination de la 
peste, il y a une foule de mémoires sur la nécessité de poursuivre 
à outrance et de détruire autant que possible ces dangereux 
Rongeurs (2), et aussi sur les différents moyens (mécaniques, 
chimiques, bactériologiques, etc.) qu’on peut employer pour attein- 
dre ce but. Nous ne pouvons pas approfondir cette intéressante 
question (3) qui nous mènerait trop loin, d'autant plus qu’on n’a 


(1) Voir à ce propos la petite revue critique publiée par GazLr-VALERIO (Cen- 
tralbl. f. Bakter., Referate, XXXII, 24), qui conclut que le travail de Gauthier et 
Raybaud ne peut pas être accepté tel quel. 

(2) Bien des espèces de Rats et de Souris sont aussi, on le sait, un véritable 
fléau pour l’agriculture; d’autres s’attaquent à nos provisions, « mangent tout, 
détruisent tout, creusent partout ». 

(3) Voir Zupnix, Centralbl. f. Bakter., XXI, 1897, LoriGA (loc. cit., 1899) et Nocar 
und GreMsa, Arbeiten aus d. kais. Gesundh., XX, 1903). Dans ces mémoires, l’on 
trouvera résumés tous les moyens zoologiques (Chats, Chiens, Furets, etc.), phy- 
siques (inondation, asphyxion, etc.}, chimiques (arsenic, phosphore, strychnine, 
carbonate de baryte, camphre, chlorure de chaux, Bulbus de Scilla maritima), 
mécaniques (lacets, pièges, etc.) et bactériologiques (Bacille de Lôffler — Bacillus 
typhi murium —, de Danysz, de Laser, de Merejkoysky) que l’on a employés 
pour la destruction des Rats. Nous dirons seulement que la destruction des Rats 
qui, dans les villes, est Irès difficile et même, pendant les épidémies de peste, 
dangereuse (à cause de l'instinct émigrateur des Rats), est plus facile sur les navi- 
res au moyen de l’asphyxion. On a essayé d’asphyxier les Rats avec la fumée, le 
sulfure de carbone, l’anhydride sulfureux (combustion du soufre, bombes d’anhy- 
dride sulfureux, etc.), l’anbydride carbonique (seul ou avec l’anhydride sulfureux) 
et tout récemment aussi avec l’oxyde de carbone. Relativement à l’anhydride sul- 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 183 


pas encore définitivement résolu le problème de détruire radicale- 
ment partout ces désagréables ennemis de l'Homme, qui sont 
doués d’une fécondité vraiment extraordinaire. Aussi décrirons 
nous immédiatement les espèces de Rats et de Souris que l’on 
rencontre en Îtalie. 


Il. — RATS, SOURIS ET CAMPAGNOLS RÉPANDUS EN ITALIE. 


Les Rats, les Souris et les Campagnols appartiennent à l’ordre 
des Rongeurs (Rodentia, qui est peut-être l’ordre le plus naturel de 
la classe des Mammifères, bien qu'il soit aussi l’ordre le plus 
nombreux en genres et en espèces. La plupart des Rongeurs sont 
de petite taille, d’allures vives et couverts d’un pelage épais et 
souple. Ils ont quatre membres, ordinairement unguiculés, et sont 
tous plantigrades. Leur système dentaire est organisé pour ronger. 
Ils ont toujours deux sortes de dents : incisives et molaires. Les 
incisives, ordinairement au nombre de 2 en haut et 2 en bas. sont 
enchâssées dans des alvéoles profondes, privées de racines, très 
développées et sensiblement recourbées ; leur face antérieure seule 
est revêtue d’une couche d'émail, souvent coloré en jaune (ou en 
rouge), et leur tranchant est très accusé. Les molaires, au nombre 
de 4 à 12 dans chaque mâchoire et séparées des incisives par un 
grand espace vide (barre), présentent des aspects divers. Les 


fureux, nous dirons seulement qu'il a donné, en général, des résultats meilleurs 
que l’anhydride carbonique ; si l’on veut l’employer seul, on peut donner la préfé- 
rence aux bombes d’anhydride liquide ; si l’on veut l’employer avec l’anhydride 
carbonique, on peut se servir de la pictoline de Pictet. Suivant Nocht et Giemsa 
(Loco cit.), qui ont fait de nombreuses expériences à Hambourg, l’oxyde de carbone 
offre une lonvue série d'avantages; ils ont employé le Generatorgas, «gaz des 
hauts fourneaux », mélange gazeux obtenu par la combustion incomplète du car- 
bone coke (dans un appareil générateur spécial dont ils donnent une description 
détaillée) et qui était à peu près de cette composition : CO : 5, CO, : 18, N : 77; 
on peut obtenir de grandes quantités de ce mélange en peu de temps (400 m° dans 
une heure) el son prix est relativement très petit (20 à 25 francs pour un grand 
navire) ; il est absolument inexplosible, il pénètre et se répand facilement par- 
tout, tue sûrement tous les Rats, ne détériore aucune marchandise, etc. (CI. Revue 
d'hygiene. 1903, n° 11). 

Au Congrès international d'hygiène, de Bruxelles (septembre 1903), tous les 
orateurs ont confirmé l'importance des Rats (et aussi des Puces) dans la transmis- 
sion et la diffusion de la peste et, par suite, la nécessité de la destruction de ces 
dangereux Rongeurs et de leurs parasites cutanés. 


184 C. TIRABOSCHI 


condyles de la mâchoire sont allongés en avant. Tous les Rongeurs 
se nourrissent principalement de substances végétales et sont très 
voraces. Ils sont aussi très féconds, et leurs femelles possèdent 
souvent de nombreuses mamelles pectorales et ventrales (1). 

En laissant de côté la description des subdivisions successives 
de l’ordre des Rongeurs, auxquelles appartiennent les deux famil- 
les qui nous intéressent : celles des Arvicolidés et des Muridés (2), 


(1) Dans cette description et dans toutes les descriptions qui vont suivre, nous 
laissons de côté tous les caractères ostéologiques aussi bien que tout autre carac- 
tère déduit de l’organisation intérieure et, pour cette parlie, nous renvoyons les 
lecteurs aux traités de zoologie et d'anatomie comparée, soit généraux, soit 
particuliers (Vertébrés, Mammifères, Rongeurs)et surtout à l’ouvrage de TuLLBERe, 
Ueber das System der Nagethiere. Nova Acta Regiae Societ. Scient. Upsal. (3), 
XVIII, 1899-1900. 

Quant à la description des espèces, voir notamment : BLasius, Naturgeschichte 
der Saugethiere, etc. Braunschweig, 1857 ; et Fario, Faune des Vertébrés de la 
Suisse. Genève, 1869 (Les Mammiferes). 

Quant à l’énumération des espèces connues, voir TrouEssarT, Catalogus Mam- 
malium tam viventium quam fossilium. Nova editio, Berolini, 1897. 

Ne pouvant pas rapporter ici toute la bibliographie, nous renvoyons les lecteurs 
à l'ouvrage, cité ci-dessus, de Tullberg et à la Bibliotheca zoologica de Taschen- 
berg, XV Lief.; dans le premier on trouvera tous les ouvrages publiés sur les 
Rongeurs en général, dans la seconde tous les mémoires sur les Muridae et 
Arvicolidae et sur les différentes espèces de ces familles. Nous nous bornerons à 
rapporter ici les ouvrages et les mémoires sur la faune d'Italie. 

BonaAPARTE, 1conografia della fauna italica. 1, Mammiferi e Uccelli, 1832- A. — 
Narpo, Prospetti sistematici degli animali delle province Venete, ecc. Attr del 
R. Istituto Venelo di Scienze, etc., (3), IV, 1874. — Arapas, Osservazioni di Z00- 
logia Siciliana. Atti d. Accad. Gioenia, Catania, (2), XV, 1860. — DE Berra, Mate- 
riali per una fauna Veronese. Memorie d. Accad. di. Agric., etc. Verona, XLII et 
XLVII, 14863. — Ach. Cosra, Fauna Salernitana. Annali d. Accad. d. Aspiranti 
Natur., (3), III, 1864. — Gius. Cosra, Fauna Salentina. 1bidem, 1874. — Or. Gabr. 
Cosra, Fauna del Regno di Napoli, 1832-1881. — Carruccio, Catalogo degli animali 
raccolti ecc. Atti d. Soc. ital. di Sc. Nat., 1869. — Narpo, Bibliografia cronologica 
della fauna etc. Atti R. Ist. Veneto etc., (5), I et IIT, 1874-77. — Gicziont, Distribu- 
tion of the black Rat in Italy. Nature, XX, 1879. — LessonA, Calendario zoologico 
in Piemonte. Ann. d. R. Accad. di Agric., Torino, XVI, 1873. — LessonA, Intorno 
agli Arvicolini del Piemonte. Ati. d. R. Accad. di Scienze, Torino, XIV, 1878. — 
TARGIONI-TozzerTi, Vertebrati e Molluschi nel Casentino. Atti d. Soc.ital. di Sc. 
Nat., XV, 1873.— CarrucCI0, Fauna dell’Emilia. Atti d. Soc. dei Natur. di Modena, 
4883. — Carruccio, Collection régionale (Rome). Boul. d. Soc. rom. Studi zool., 
1898-99. — ConnaLrA, / Mammiferi. Vol. I dell’ opera : Fauna d'Italia. — CAMERANO 
e LessonA, Compendio della fauna italiana. Patavia, 1885. 


(2) Suivant Tullberg (loco cit.), ces subdivisions sont les suivantes : subordo, 
Simplicidentati; tribus, Sciurognathi; subtribus, Myomorphi; sectio, Myoidei; 
subsectio, Muriformes, cette dernière comprenant 8 familles, dont celles des 
Muridae et des Arvicolidae sont seules représentées en Italie. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 185 


nous commencerons par les Muridae. Cette famille comprend 3 sous- 
familles (Murinae, Phlæomyinae, Otomyinae) dont celle des Murinae 
est la seule qui nous intéresse, étant seule représentée en Italie. 


Sous-famille des Murinae 


Le représentant principal, unique en Europe, de cette sous- 
famille, qui, suivant Trouessart, comprend 22 genres, est le genre 


Mus L. 
GENRE Mus L. 


Tête allongée, museau acuminé ; tronc cylindrique, élancé ; 
membres postérieurs bien plus longs que les antérieurs. Oreilles 
ovales, saillantes et presque nues ; yeux grands. Queue à peu près 
de la longueur du corps, presque dépourvue de poils, annelée et 
écailleuse. Formule dentaire — _ = — 16. Molaires au nom- 
bre de 6 dans chaque mâchoire, de grandeur décroissante de la 
première à la troisième (de chaque côté), pourvues de racines 
séparées et de tubercules mousses plus ou moins saillants. Frugi- 
vores ou granivores, parfois omnivores ; fouisseurs, parfois adroits 
nageurs ou grimpeurs ; toujours nuisibles. 

Suivant Vogt, on peut subdiviser les espèces européennes du 
genre Mus L. en deux groupes; Rats proprement dits (Ratten) et 
Souris (Mäuse). Suivant le Catalogus de Trouessart, il faut com- 
prendre parmi les Rats les espèces du sous-genre Epimys Trt. 
(c'est-à-dire le Mus decumanus Pall. et le Mus rattus L.) et parmi les 
Souris les espèces des deux sous-genres : Mus sensu stricto (Mus 
musculus L. et Mus silvaticus L.) et Micromys Dehne (Mus agrarius 
Pall. et Mus minutus Pall.). Ainsi, des 177 espèces énumérées par 
Trouessart dans le genre Mus, 6 seulement sont répandues en 
Europe (1). 

Sous-GENRE Epimys Trouessart. 


Rattus Fitzinger; Gimnomys et Acanthomys p. Gray; Pseudomys 
Gray. 
Ce groupe comprend, nous l'avons déjà dit, les Rats proprement 


(4) Il faut remarquer que, parmi les 177 espèces, il y à le Mus meridionalis 
Costa, qui serait propre à l'Italie méridionale, mais que nous ne considérons pas 
comme une espèce distincte (voir plus loin), 


186 C. TIRABOSCHI 


dits (Ratti o Topi en italien (1); Ratten en allemand ; Rats en 
anglais). 

Taille assez forte (2). Pieds antérieurs 
mesurant au moins la moitié des posté- 
rieurs, dans lesquels le sixième tuber- 
cule plantaire (3), c'est-à-dire le posté- 
rieur interne (fig. 1 À, tpi), est allongé et 
presque réniforme. Queue comptant au 
B moins 200 anneaux bien accusés. Raies 

palatines (4) ininterrompues au milieu 


Fig. 1. — Plante du piedpos- (fig. 1 B). Mamelles au nombre de 10 à 
t“rieur (A) et voûte du 49 (5). : 
palais (B) de Hus decuma- 
nus, d’après Tullberg. 


Deux espèces seulement en Italie : Mus 
decumanus Pall. et Mus rattus L. 


Mus (Epimys) DECUMANUS Pallas. 


Mus hibernicus Thompson; Mus caspius Aelian ; Mus aquaticus 
Gessner; Mus silvestris Briss.; Mus norvegicus Briss. ; Glis norvegicus 
Klein; Rattus migrans Zimm., etc. 

Rat d’égout, Rat de ville, Surmulot. 

Topo o Ratto delle chiaviche, Surmulotto, Zoccolo, en italien; 
Wanderratte en allemand; brown ou norwcay Rat en anglais. 

D'un gris fauve ou brunâtre en dessus, grisâtre en dessous. 
Queue bicolore comme le corps, un peu plus courte que le tronc, 
épaisse à sa base, munie de poils clairsemés, et comptant à peu près 
210 anneaux peu distincts. Oreilles de la longueur du tiers de 
la tête (kurzührige Ratten de Blasius) et pourvues de poils ras. 
Doigts réunis à la base par une petite membrane interdigitale. 
Mamelles au nombre de 12, dont 6 pectorales et 6 abdominales. 


(1) Voir p. 171. 

(2) èxt, dessus; pc, uudc, Rat, Souris. 

(3) Chez les Rongeurs, les plantes de tous les pieds présentent des tubercules plus 
ou moins saillants; ils sont ordinairement au nombre de 5 dans les pieds anté- . 
rieurs (4 à la base des doigts et 1 postérieur) et de 6 dans les pieds postérieurs 
(4 et 2). Voir fig. 1 A. 

(:) Chez les Rongeurs, la voûte du palais présente des plis transversaux, 
ordinairement (chez les Rats, etc.) au nombre de 8, qui vont d'une série dentaire à 
l’autre ; en général (chez les Simplicidentati; cf. note, p. 185), en avant des 
molaires on voit trois raies palatines, dont la première est à trois côtés (fig. 1 B). 

(5) Voir p. 191. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 187 


Longueur totale 40 ou 45 et même jusqu’à 50 centimètres. C’est le 
plus grand, le plus fort et le plus féroce des Rats européens. Il 
n’y a pas encore deux siècles qu'il est venu en Europe, en traver- 
sant, semble-t-il, le Volga à la nage en 1727 (1). Il a chassé le Mus 
rattus, s’est répandu rapidement partout, et aujourd'hui il peuple 
les caves de nos habitations et surtout les égouts des grandes villes. 
Les femelles font 2 ou 3 portées par an, de 4 à 11 petits chacune (2). 

Ces Rats sont très nuisibles, parce qu’ils « mangent tout, 
détruisent tout, creusent partout », et ils sont très dangereux'au 
point de vue de la dissémination de la peste, qui se transmet 
facilement et rapidement parmi le « peuple des Rats » d’une ville, à 
cause de leur genre de vie (3) et de leur susceptibilité pour la peste, 
et surtout à cause de la facilité avec laquelle ils s’infectent même ab 
ingestis. En effet, les Surmulots sont si féroces et si voraces qu’ils 
se mangent l’un l’autre lorsqu'ils n’ont pas assez de nourriture à 
leur disposition. Naturellement ce sont les plus petits et les plus 
faibles qui tombent les premiers ; on comprend alors que les Rats 
malades de peste deviennent la proie des Rats sains et que ceux-ci 
prennent la maladie en les mangeant. Si enfin on admet la possi- 
bilité de la transmission de la peste d’un Rat à un autre par 
l'intermédiaire des Puces, les moyens de diffusion de l’épizootie 
croissent encore. La transmission du Rat à l'Homme peut s’accom- 
plir par différentes voies. Même en niant l’intervention des Puces 
(intervention possible pour les espèces qui piquent l'Homme), il 
faut admettre que les Surmulots constituent un véritable danger 
d'infection pour l'Homme à cause de leur grande diffusion dans les 
habitations humaines et dépendances, et de leur contact avec les 
effets humains, à cause‘de leurs rapports avec les animaux domes- 
tiques, et surtout à cause du fait que les Rats atteints de peste 
abandonnent leurs cachettes pour errer dans les appartements, 
sans se soucier de la présence de l'Homme et des animaux. Ils 
peuvent ainsi, avec leurs excréments et surtout avec leur urine 


(1) Le Prof. Waille, d'Alger, a découvert dans l'antique Julia Cæsarea un 
crâne qui, suivant Pomez (Le Surmulot dans l’ancien monde occidental. 4cad.. 
des sc. nat., Paris, 1893) aurait appartenu à un Mus decumanus du temps des 
Romains. 

(2) Quant aux caractères ostéologiques, etc., voir TuzLBERG (/0c0 cit.). 

(3) Les Rats d’égout font très facilement des émigrations en masse; ce fait a été 
observé dans plusieurs épidémies de peste (Simond, etc.). 


188 | C. TIRABOSCHI 


contenant des Bacilles pesteux (1), contaminer une maison et la 
rendre pour longtemps dangereuse à ses habitants. 

Dans les laboratoires de bactériologie, ete., on emploie de préfé- 
rence, pour les expériences sur la peste, etc., la variété albine (2) 
ou domestique, qui, suivant quelques-uns, serait plus sensible à la 
peste que la variété grise ou sauvage. 

En Italie, les Surmulots sont répandus partout. Ils vivent surtout 
en grand nombre dans les égouts de toutes les grandes villes, et 
aussi dans les petites villes et même dans les champs, le long de 
fossés et dans les canaux. À la campagne et dans les villages, ils 
vivent souvent en compagnie des Rats de grenier. Les villes mari- 
times qui ont des rapports directs et fréquents avec les régions 
visitées par la peste, Naples, Gènes, Venise, etc., ont leurs égouts 
et leurs canaux (Venise) peuplés par une quantité inouie de 
Surmulots. 

- Les ectoparasites des Rats d'égout sont des Puces, des Pédiculi- 
dés et des Acariens. Les espèces de Puces que j'ai rencontrées sur 
les Surmulots en Italie, sont les suivantes, désignées par ordre 
décroissant de fréquence : Ceratophyllus fasciaius Bosc, Cerato- 
phyllus italicus mihi, Ctenocephalus serraticeps Tschb., Id. id. var. 
murina,mihi, Pulex murinus mihi, Pulex irritans L., Cienopsylla mus- 
culi Dug. On a aussi observé sur les Rats d’égout : Pulex pallidus 
Tschb. (et toute une série d’espèces plus ou moins rapprochées de 


(1) Voir à ce propos : Maassen, Die Lebensdauer der Pestbacillen in Kadavern 
und im Kothe von Pestratten. Arb. aus d. kaïs. Gesundh., XIV, 3, 1903. 


(2) A Rome, dans des caves peuplées par des Surmulots blancs et gris, nous 
avons capturé quelques exemplaires de Surmulots complètement noirs avec une 
petite tache blanche sur la poitrine. De même, dans les essais de croisement pour- 
suivis dans notre laboratoire avec des exemplaires c' et © de Surmulots blancs 
, et gris, nous avons vu paraître des individus noirs ; la plzpart cependant présen- 
taient des mélanges des deux colorations. 

Nous croyons qu'il s’agit ici d’un cas d'atavisme causé par l’hybridité. On sait 
en effet que l’atavisme peut être déterminé pour une cause quelconque troublant 
les conditions ordinaires de vie; une de ces causes peut être l’hybridité. Dans 
notre cas, l’atavisme se serait manifesté par le retour à la couleur du Mus rattus L., 
que l’on devrait considérer comme le chef d’origine des Rats; cela pourtant ne 
correspondrait pas aux idées de A. de l'Isle, partagées par Reeker, etc., suivant 
lesquelles la forme type originaire du Mus rattus L. ne serait pas la variété noire, 
mais au contraire la variété grisâtre. La petite tache que j'ai observée sur la 
poitrine des Rats d’égoût noirs ne serait autre chose qu'un ice) de la Couleur 
blanche du père ou de la mère. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 189 


celle-ci), Ceratophyllus consimilis Wägner, Ceratophyllus lagomys 
Wagner, Ceratophyllus mustelaäe Wagner, Ceratophyllus penicilliger 
Grube, Neopsylla bidentatiformis Wagner. Parmi les Pédiculidés on 
a rencontré : Hæmatopinus spinulosus Burm., Hæmatopinus acan- 
thopus (?) Denny et (?) Hæmatopinus præcisus Neum. Parmi les 
Acariens : Demodex sp. ? (Hahn), Notoedres alepis Raïll. et Luc., (?) 
Myobia musculi Schrk., Myobia ensifera Poppe, Irodes ricinus L., 
Lælaps stabularis Koch. Berlese. (Lælaps fœnalis et Lælaps cubftula- 
ris), Lælaps echidninus Berl. (et Lælaps agihs Koch), Myonyssus decu- 
mani mihi. 


Mus (Epimys) KaTTUS L. et Mus ALEXANDRINUS Geofiroy. 


(Mus tectorum Savi ; Mus leucogaster Pictet). 


Depuis plusieurs années, on considère le Mus rattus et le Mus 
alexandrinus comme deux variétés d’une seule et même espèce, 
que l’on peut comprendre sous le nom de Rat domestique ou Rat 
de grenier, en réservant le nom de Rat noir pour la variété noire 
(Mus rattus) et de Rat à ventre blanc (Mus leucogaster) (1\ pour la 
variété grise (Mus alexandrinus). 

Enitalien, Ratto nero et Topo dei tetti (Mus tectorum) ; en alle- 
mand, Hausratte, Schiffsratte, ägyptische Ratte, Alexandriner Ratte; 
en anglais, black Rut. 

L'identité des caractères externes et internes, des caractères 
ostéologiques, physiologiques et du genre de vie (2), l’existence, 
dans la nature, d'individus présentant le mélange des deux colo- 
rations (3), et enfin les essais de croisement poursuivis par 
A. de l'Isle (4) et complètement réussis, seraient autant d’argu- 
ments en faveur de l'identité spécifique du Mus rattus et du Mus 
alexandrinus. Mais il faut remarquer que le Mus rattus à 12 
mamelles, réparties comme chez le Mus decumanus, tandis que le 


(1) Xevxoc, blanc; yacrro, ventre. 

(2) Le Rat de grenier est meilleur grimpeur et meilleur sauteur que le Rat 
d’égout, mais on ne le voit pas nager et plonger dans l’eau comme celui-ci, en 
général, il exhale une odeur caractéristique. 

(3) On distinguait jadis en Italie (Lessona, Giglioli, ete.)un Mus rattus var. inter- 
medius, semblable, pour sa couleur, en dessus au Mus rattus sensu striclo et en 
dessous au Mus rattus var. alexandrinus. 

(4) A. pe L'Isce, De l’existence d’une race nègre chez le Rat, etc. Ann. des sciences 
nal., (5), IV, 1865. 


490 C. TIRABOSCHI 


Mus alexandrinus en a seulement 10, dont 4 pectorales et 6 abdo- 
minales (1). Or, s’il faut regarder cette particularité Comme un 
caractère différentiel important, comment s’expliquera-t-on l’unité 
de l'espèce? J’ajouterai, qu'en dépit des nombreuses recherches 
poursuivies dans presque toutes les régions de l'Italie, on n’a pas 
trouvé cette « foule de sujets mélangés des deux colorations » dont 
parle Fatio. Nous avons plutôt remarqué l’existence d'individus 
présentant (dans la longueur de la queue et des oreilles, etc.) des 
caractères de transition entre le Mus rattus et le Mus decumanus (2); 
cependant les essais de croisement que nous avons faits avec des 
individuset® des deux espèces n'ont donné aucun résultat positif. 
Nous regarderons donc encore le Mus rattus et le Mus alerandrinus 
comme deux races ou variétés d’une espèce bien distincte du Mus 
decumanus. 

Voici les caractères spécifiques : Queue un peu plus longue que 
le corps, mince même à sa base, et pourvue à l’extrémité de poils 
un peu plus nombreux et plus longs que chez l’espèce précédente ; 
annelure bien accentuée : 
anneaux au nombre de 
260 environ. Oreilles gran- 
des, très légèrement plus 
longues que la moitié de 
la tête (langührige Ratten 
de Blasius) presque trans- 
sparentes et munies de 
quelques poils très ras. 
Pas de membrane interdi- 
gitale. Les femelles font 
3 ou 4 portées par an, Cha- 
cune de 3 à 10 petits, qui 
après 3 mois sont déjà féconds. Parmi les caractères ostéologiques, 
nous rappellerons la particularité remarquée par Pomel, confirmée 


6occ--- 


QU Fev) 


Fig. 2. — Cràne de Mus decumanus (A) 
et de Mus rattus (B), d’après Reeker. 


(1) Bzasius (loco cit.), Fario (loco cil.), etc., écrivent que le Mus alexandrinus 
a 12 mamelles ; dans les nombreux exemplaires italiens que j'ai examinés, j'en ai 
compte 10. Cf. TiraBoscmi, Beitrag zur Kenntnis der Pestepidemiologie, etc. Arch. 
{. Hyg., 1903. 

(2, Cf. mon mémoire. 3° Note. Bollett. della Soc. zool. ital., 1902. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 191 


par Reeker (1) et constatée aussi par moi, c’est-à-dire que les crêtes 
(fig. 2 B, cr.), des os frontaux (0.fr.) et pariétaux (0.p.), qui sont 
très développées aussi bien chez le Mus rattus-alexandrinus que 
chez le Mus decumanus, circonscrivent en dessus, avec le bord 
supérieur de l'os occipital (0.occ.), un espace nettement délimité, 
qui chez le Mus rattus-alexandrinus est sensiblement bombé et 
élargi, tandis que chez le Mus decumanus (fig. 2 A), il est presque 
plat, plus étroit et plus allongé (2). Voici maintenant les différences 
entre les deux variétés. 

Variété noire : noire en dessus, grise en dessous ; pieds, oreilles, 
queue et moustaches noirâtres ; mamelles au nombre de {2 (cf. ci- 
dessus) ; longueur totale 56 à 40 cent. 

Variété alexandrine : couleur à peu près identique à celle du 
Mus decumanus (ventre plus blanc et plus ou moins mélangé de 
jaune-serin ; dos un peu plus mélangé de noir; oreilles parfois 
rosées ; queue unicolore); mamelles 10 (cf. ci-dessus); longueur 
totale 40 à 44 cent. 

Les représentants de cette espèce sont aussi voraces el en consé- 
quence aussi nuisibles que les Surmulots; seulement ils sont 
moins nombreux que ceux-ci. Quant au rôle qu'ils peuvent jouer 
dans la propagation de la peste, nous rappellerons que c’est peut- 
être surtout sur les navires et dans les ports que ce rôle s'explique ; 
nous n'avons sur ce point que les renseignements de Santoliquido 
à Naples, et de Rabinowitsch et Kempner, Gamaleïa, Wernitz et 
Skshivan, à Odessa. D’après les résultats des recherches que nous 
avons poursuivies, surtout à Gênes, sur bien des navires prove- 
‘ nant de l'Amérique méridionale (3) (Buenos-Ayres, Montevideo, Rio 
de Janeiro, etc.), de l'Egypte (Alexandrie, touchant à Aden et Suez) 
du Japon et de la Chine (Chang-Hai, Hong-Kong, Singapour, etc.), 
de l'Australie (Sydney), des Indes (Bombay, touchant à Aden et 
Suez), etc., le Mus rattus y vivrait en compagnie avec le Mus decu- 


(1) Reeker, Ueber die europäischen Ratten. Jahresb. d.‘Westfal. Prov. Vereins 
f. Wiss.u. Kunst. Münster, 189%. La mention de ce caractère fait défaut dans la 
description, d’ailleurs si détaillée, de TuzBerG (/0c0 cit.). 

(2) J'ajouterai, à titre de simple curiosité, que le Rat de grenier est le plus 
souvent porteur de Puces différentes (au moins en Italie) de celles qui aflec- 
tionnent plus particulièrement le Rat d’égout. 

(3) Cette espèce a émigré en Amérique sur les navires et elle s’est répandue et 
acclimatée rapidement. 


192 % C. TIRABOSCHI 


manus. Presque toujours on a capturé dans les cales, après désin- 
fection par les vapeurs d’anhydride sulfureux et d’anhydride carbo- 
nique, le même nombre, ou à peu près, d'individus des deux 
espèces. D’après quelques expériences de laboratoire, la suscep- 
tibilité pour la peste serait même plus accentuée chez le Mus rattus 
que chez le Mus decumanus. Quant au danger de transmission de la 
maladie du Rat à l'Homme, on peut répéter ce que nous avons dit 
à propos du Mus decumanus ; sur les Rats de grenier aussi, nous 
avons observé, quoique moins fréquemment, la Puce de l'Homme 
(et espèces voisines) et la Puce du Chien. 

Le Mus alexandrinus a été observé pour la première fois en 
Égypte, en 1799, puis en Italie, etc. Pictet (1) a découvert près de 
Genève, des ossements fossiles de son Mus leucogaster, qui, selon 
lui, remonteraient à une époque'très reculée. On ditcommunément 
que cette espèce a été transportée en Europe des régions asia- 
tiques à la suite des croisades, ou de l’Afrique par les navires. 
Suivant A. de l’Isle, Reeker, ‘etc., le Mus alexandrinus serait la 
Îorme type originaire et le Mus rattus une variété dérivée petit à 
petit, surtout à cause de son genre de vie caché et nocturne. Autre- 
fois cette espèce était très abondante en Europe ; mais peu à peu elle 
a dû abandonner un grand nombre de localités devant les inces- 
santes poursuites du Mus decumanus; cependant elle est encore 
répandue dans toute l’Europe (2), et vit soit dans les habitations 
humaines et leurs dépendances, caves, greniers, etc. (variété noire), 
soit en rase campagne, dans les bois, dans les fermes, etc. (variété 
alexandrine). 

En Italie, d’après mes observations personnelles, la variété noire 
est rare ; au contraire, la variété alexandrine est assez répandue 
dans les champs, les jardins et les bois, dans les villages et dans 


(1) Picrer, Ossements de Mattegnin. Mém. Soc. de phys. et hist. nat., 1846. 

(2) Depuis quelques années, bien des mémoires ont paru sur la distribution du 
Mus rattus dans les différentes parties du monde. Ne pouvant pas les rapporter 
ici, nous renvoyons les lecteurs aux pages 4628 et sq. de la Bibliotheca zoologica 
de Taschenberg, où l’on trouvera cités tous ces mémoires. En Italie, relative- 
ment à cette question, une seule note a été publiée en 1879, par le Professeur 
GiGLiozr {Distribution of the black Rat in Italy. Nature, 18379). L'auteur conclut 
que le Mus rattus L. «is generally more abundant in Italy than its larger 
congener » (Mus decumanus). Mairmtenant, non seulement le Mus rattus sensu 
stricto, mais aussi le Mus ulexandrinus sont moins répandus que le Mus decu- 
manus. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 4193 


les petites villes ; elle vit dans les maisons, sur les toits et dans 
les greniers, aussi bien que dans les caves, parfois même dans les 
égouts, souvent en compagnie du Mus decumanus. Elle est très 
répandue dans les petites iles (Pianosa, Elba, Montecristo, Giglio, 
Capraia, etc.) ; dans quelques-unes de ces îles, par exemple à 
Pianosa, où des recherches ont été faites à plusieurs reprises, on 
n’a trouvé nulle partle Mus decumanus, qui n'y a probablement pas 
encore été importé. Quant au continent, il n’y a pas une seule 
province où le Mus alexandrinus fasse défaut ; dans quelques-unes 
même il abonde (Teramo, Campobasso, Caserta, Pavia, Parma, etc.). 
A Rome il est fréquent autour de la ville, tandis qu’il a presque 
complètement disparu dans la ville elle-même; à la suite de nom- 
breuses recherches, nous en avons trouvé un seul spécimen (vrai- 
ment caractéristique par la grandeur des oreilles et la longueur 
de la queue) dans les caves d’une maison où abondaient les Rats 
d’égout. A Naples, à Gènes, à Venise, le Mus alexandrinus existe ; 
à Venise, on a trouvé aussi des Rats noirs caractéristiques ; à Gênes, 
les deux variétés sont très répandues dans les magasins et dans les 
bureaux du port et aussi dans toute la ville ; dans le port et ses 
dépendances, elles sont même plus nombreuses, peut-être, que les 
Surmulots. 

Les parasites cutanés que l’on rencontre sur les Rats de grenier 
sont aussi des Puces, des Pédiculidés et des Acariens. J’ai capturé 
les espèces suivantes de Puces : Pulex frritans L., Pulex murinus 
mihi, Ceratophyllus fasciatus Bosc, Ceratophyllus italicus mihi, Cteno- 
cephalus serraticeps Tschb., Id. Id. var. murina mihi, Ctenopsylla 
musculi Dug., Sarcopsylla gallinacea Westw. On a observé aussi : 
Pulex pallidus Tschb. et Sarcopsylla cæcata End. Parmi les Acariens, 
je trouve signalé seulement : Notoedres alemis Raïll..et Luc.; j'ai 
rencontré aussi Lælaps echidninus Berl. 


SOURIS 


Deux sous-genres, comprenant chacun, en italie, deux espèces 
(Sorci, Maäuse, Mice). 

Taille très petite. Pieds antérieurs mesurant d'ordinaire un peu 
moins que la moitié des postérieurs, dans lesquels tous les tuber- 
cules plantaires (au nombre de 6) sont arrondis. Queue plus mince 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 2, 1904. 13 


49% C. TIRABOSCHI 


et plus velue que chez les Rats, possédant 190 anneaux au maxi- 
mum. Raies palatines intermolaires interrompues au milieu. 
Mamelles au nombre de 6-8-10. 


Sous-GENRE Mus (sensu stricto) Trouessart. 


Micromys Lesson. ; Musculus Hodg. 
Oreilles un peu plus longues que la moitié de la tête (langührige 
Müuse de Blasius). Deux espèces seulement en Italie. 


Mus muscuLus L. 


Mus islandicus Thien.; Mus domesticus Albertus Magnus; Mus 
minor Klein ; Sorex domesticus Charlet. 

Souris, Souris commune. 

Sorcio, Topolino di casa, en italien; Hausmaus, en allemand ; 
Mouse, en anglais. 

Coloration générale tirant sur le gris-cendré (plus brunâtre en 
dessus, plus claire en dessous). Queue unicolore, mesurant à peu 
près la longueur du corps, conique, couverte de poils courts et 
cerclée d’anneaux écailleux, petits, assez minces et serrés, au 
nombre de 180 environ. Oreilles grises, pourvues de poils ras. 
Yeux petits. La dernière raie palatine naît de la seconde molaire. 
Mamelles au nombre de 10, dont 6 pectorales et 4 abdominales. 
Longueur totale 17 à 19 cent. 

Les individus de cette espèce varient beaucoup suivant qu'ils 
vivent dans les champs ou dans les habitations ; ils sont répandus 
partout, et sont cosmopolites comme les Surmulots. Dans les 
maisons, les Souris attaquent toutes nos provisions ; à la campagne 
elles dévorent les grains, les racines, etc. ; pourtant leur nombre 
plus restreint et aussi leur petitesse les rendent moins nuisibles 
que les Rats d’égout, d'autant plus qu’elles deviennent facilement 
la proie des Chats. Mais leurs femelles sont plus fécondes, car elles 
mettent bas, 3 à 5 fois l’an, de #4 à 10 petits. 

Relativement à la propagation de la peste bubonique, nous avons 
déjà remarqué que l’on a rarement observé des épizooties parmi 
les Souris, avant ou pendant les épidémies humaines (voir p. 173) ; 
cette observation est confirmée par les expériences de laboratoire 
qui signalent les Souris comme des Rongeurs moins susceptibles 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 195 


que les Rats de prendre la peste (1) et surtout moins sensibles à 
l'infection ab ingestis. C’est pour cela que les Souris sont peut- 
être moins dangereuses pour l'Homme que les Rats, quoique l’on 
puisse soupconner & priori qu’elles jouent un rôle plus actif dans 
la transmission de la peste à l'Homme à cause de leur plus grande 
diffusion dans nos habitations et leurs dépendances, et aussi à 
cause de leur petitesse qui leur permet de pénétrer partout ina- 
perçues. Je rappellerai aussi que parmi les espèces de Puces qui 
affectionnent les Souris, je n’ai jamais observé d'espèces qui 
puissent piquer l'Homme, c’est-à-dire ni la Puce de l'Homme (ou 
les espèces voisines), ni celle du Chien; cela me semble intéres- 
sant, d'autant plus que les Souris sont plus exposées que les Rats 
à prendre ces deux espèces de Puces. 

Pour les expériences de laboratoire on emploie de préférence la 
variété albine ou domestique de la Souris commune, variété qui, 
suivant quelques-uns, serait plus sensible à la peste que la variété 
sauvage ou grise. 

En Italie, comme dans le monde entier, la Souris est répandue 
partout. Elle abonde dans toutes les villes, y compris les villes 
maritimes comme Naples, Gênes, Venise, etc... 

Les parasites de la peau que j’ai rencontrés sur les Souris d'Italie 
sont des Puces : Ceratophyllus fasciatus Bosc, Ceratophyllus italicus 
mihi, Hystrichopsylla tripectinata Tirab. et Ctenopsylla musculi Dug. ; 
on a aussi observé : Typhlopsylla agyrtes Heller et parmi les Pédi- 
culidés : Hæmatopinus serratus (?) Burm.; parmi les Acariens : 
Demodex musculi (?) Oudms, Myocoptes musculinus Clap., Psorergates 
simplex Tyrrel, Myobia musculi Schrank et Myobia affinis Poppe ; 
j'ai rencontré aussi Lælaps agilis Koch. 


Mus siLvATICUS (2) L. 


Mus agrestis Gesn. ; Mus agrorum Briss. ; Musculus dichrurus 
Rafinesque. 


(1) [1 faut pourtant rappeler qu’on peut exalter la virulence du microbe de la 
peste pour une espèce animale en faisant des séries de passages chez des indi- 
vidus de cette mème espèce. Le Bacillus pestis peut donc atteindre, même chez 
les Souris, un haut degré de virulence. Mais il faut aussi remarquer que les 
Souris n’exécutent jamais ces migrations en masse que l’on a observées chez les 
Rats d’égout; la diffusion de la peste par les Souris est donc subordonnée à ce 
fait. 

(2) On lit presque partout : Mus sylvaticus au lieu de Mus silvaticus; quoique 
le mot sylvalicus ne soit pas complètement fautif, je préfère le mot silvaticus 
qui est orthographiquement plus juste. 


196 C. TIRABOSCHI 


Mulot, Mulot ordinaire. 

Sorcio campaynuolo, Topolino di campagna, en italien ; Waldmaus, 
en allemand ; longtailed Fieldmouse, en anglais. 

Coloration générale moins uniforme que chez l'espèce précé- 
dente : plus ou moins fauve en dessus ; blanche en dessous, avec 
une petite tache fauve sur la poitrine ; jaunâtre sur les flancs. 
Queue bicolore (plus brunâtre en dessus, plus claire en dessous), 
un peu plus courte que le corps, cerclée d’anneaux écailleux assez 
forts et distants, au nombre de 150 environ. Pieds postérieurs très 
développés. Oreilles couvertes sur leur moitié supérieure de petits 
poils brunâtres. Yeux très grands. La dernière raie palatine nait 
de la troisième molaire. Mamelles au nombre de 6, dont 2 pecto- 
rales et 4 abdominales. Longueur totale 18 à 22 cent. Les femelles 
font 2 ou 3 portées par an de 4 à 6 petits chacune. 

Les individus de cette espèce varient beaucoup suivant l’âge, les 
saisons et les conditions d’existence. Ils vivent dans les champs, 
les lieux cultivés, les bois, etc., sont bons sauteurs et grimpeurs, 
et se creusent des galeries souterraines, où ils emmagasinent leurs 
provisions. Ils s’attaquent surtout aux graines et aux racines, etc., 
et ils jouent à la campagne le même rôle nuisible que les Souris 
en ville. 

Dans les épidémies de peste bubonique, on n’a jamais observé 
la participation des Mulots à la diffusion de la maladie; au 
contraire, dans les laboratoires, on a constaté (Nuttall, loco cit., etc.) 
leur susceptibilité à la peste expérimentale. Les espèces de Puces 
que nous avons recueillies sur les Mulots ne piquent pas l'Homme. 

En Italie, le Mus silvaticus est répandu partout ; il n’y a pas une 
seule province dans laquelle cette espèce de Souris ne soit large- 
ment réprésentée. 

Les Puces que j'ai capturées sur les Mulots d’Italie sont : Cerato- 
phuyllus fasciatus Bosc, Ceratophyllus italicus mihi et Ctenopsylla 
musculi Dug. On a aussi observé : Ceratophyllus sexdentatus Baker, 
Ceratophyllus gallinae Schrk., Hystrichopsylla talpae Curt., Typhlo- 
psylla assimilis Tschb., Typhlopsylla agyrtes Heller, Typhlopsylla 
proxima Wagn.; Neopsylla pentacanthus Rothsch., Ctenopsylla Tas 
chenbergi Wagn., Typhloceras Poppei Wagn., et parmi les Pédicu- 
lidés : Hæmatopinus affinis (?) Burm., et parmi les Acariens : Listro- 
phorus Leuckarti Pgst., Myocoptes tenax Michael, Myobia musculi 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 197 


Schrk., (?) Leiognathus arcuatus Koch, Can. (?); j'ai rencontré aussi 
Lælaps agilis Koch. 


SOUS-GENRE MicroMYs (1) Dehne. 


Oreilles petites, à peu près égales au tiers de la tête (kurzührige 
Mäuse de Blasius) ; mamelles au nombre de 8. Deux espèces seule- 
ment en ltalie. 

Mus (MicroMYs) AGRARIUS Pallas. 


Mus rubens Schwenkf. ; Micromys agrarius Selys, Trt. 

Souris à bande. 

Topo campagnuolo, en italien ; Brandmaus, en allemand. 

Brun roux en dessus, avec un trait noir longitudinal bien marqué, 
depuis la tête jusqu'à la base de la queue; blanc en dessous. Queue 
bicolore, un peu plus courte que le corps, cerclée d’anneaux au 
nombre de 110 environ. Longueur totale 18 cent. Les femelles font 
3 à 4 portées par an, de # à 8 petits chacune. 

Les individus de cette espèce semblent se plaire dans les champs 
cultivés, surtout dans les rizières. On n’a jamais observé leur par- 
ticipation à la diffusion de la peste bubonique et personne n’a fait 
d'expériences pour déterminer leur susceptibilité à l'infection 
expérimentale. , 

Les espèces de Puces que l’on a recueillies sur cette Souris ne 
piquent pas l'Homme. 

En Italie, comme dans presque toute l’Europe, cette espèce est 
rare. Suivant les données qui nous ont été envoyées par les direc- 
teurs des Musées zoologiques, et d’après les résultats de nos 
recherches, le Mus agrarius habiterait exclusivement les prés et 
les rizières de l'Italie septentrionale et plus exactement il a été 
signalé dans les provinces de Novare (Vercelli), Pavie (Corteo- 
lona, etc.), Milan (Liscate), Trevise, Padoue, etc. 

On a rencontré sur le Mus agrarius : Ctenopsylla musculi Dug., 
Hæmatopinus affinis (?) Burm. et Ixodes acuminatus Neum. 


Mus (MicromyYs) MINUTUS Pallas. 


Mus soricinus, Mus pendulinus, Mus parvulus Herm. ; Mus campe- 
stris Cuv., Geoffr.; Mus messorius Shaw.; Mus pratensis Ockskay; 
Micromys minutus Selys, Trt.; Micromys agilis Dehne. 


(4) uupoc, petit; pÜc uôdc, Souris. 


198 C. TIRABOSCHI 


Souris naine. 

En italien, Topolino di risaia; en allemand, Zwergmaus; en 
anglais, Harvest Mouse. 

Gris fauve ou fauve roussâtre ou roux jaunâtre en dessus ; blanc 
en dessous. Queue bicolore, à peu près de la longueur du corps, cer- 
clée d’anneaux au nombre de 130 environ. Longueur totale 14 cent. 
Les femelles font 3 à 4 portées par an, de 3 à 8 petits chacune. 

Les individus de cette espèce, qui est la plus petite du genre, 
vivent dans les champs et dans les jardins et aussi dans les rizières 
et suspendent leurs nids arrondis dans les graminées. Ils ne sem- 
blent jouer aucun rôle dans la propagation de la peste et leur sensi- 
bilité vis-à-vis de l'infection expérimentale n’a pas été établie. On n’a 
pas observé chez eux d’espèces de Puces qui piquent l'Homme. 

Cette espèce aussi est rare en Italie et semble être limitée aux 
prairies, aux prés à irrigation, et aux rizières de l'Italie continen- 
tale; elle abonde surtout dans les provinces de Novare (Vercelli) et 
de Pavie (Corteolona) et on l’a trouvée dans les provinces de Parme, 
Padoue, Milan, Verone, etc. 

Sous le nom de Mus meridionalis, Costa (1) a. décrit une Souris 
d'un gris de fer, avec l’abdomen fauve, la gueule blanche et une 
tache scapulaire fauve (2). S'appuyant sur des observations qu’il 
va publier, le prof. Giglioli (in litt.) soutient que cette espèce 
n'existe pas et qu’elle aurait été établie sur des exemplaires «momi- 
fiés » de Mus minutus Pall. Je n’en ai reçu aucun exemplaire. 


FAMILLE DES MICROTINAE {Arvicolidae). 


C’est la seconde famille de la sous-section Muriformes (cf. p. 184, 
note 2) qui est représentée en Italie presque exclusivement par le 
genre Microtus Schrank (Arvicola p. Lacep. et auet.), dont nous 
donnerons ici les principaux caractères, par comparaison avec la 
description du genre Mus (cf. p. 185). 

Tête moins allongée et museau moins acuminé ; membres posté- 
rieurs ne mesurant jamais le double des antérieurs. Oreilles plus 
velues, petites, peu proéminentes, parfois tout-à-fait cachées par 
le pelage; yeux plus petits. Queue beaucoup plus courte, sans 
anneaux écailleux fermés et réguliers, plus velue et munie d’une 


(1) Costa, Fauna del Regno di Napoli, 1832-1881. 
(2) CorNaLIA, loco cit. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 199 


0 
x 


sorte de pinceau à son extrémité. Formule dentaire comme dans 
JUS 
le genre Mus BD Se 16; molaires sans racines séparées ou 
à racines imparfaites, à couronne plate, et paraissant comme com- 
posées de deux séries longitudinales de pris- 
mes triangulaires alternes, la lame unique 
d’émail étant pourvue de profonds réplis et 
dessinant sur la surface de mastication des 
lignes qui forment deux séries; d’angles aigus 
saillants et rentrants (extérieurs ou saillants 
vers les joues, et intérieurs ou saillants vers la 
cavité buccale)etcirconscrivent des espaces que 
l'on appelle communément cémentaires (1), 
dont la forme et le nombre peuvent donner de 
bons caractères diagnostiques (fig. 3). Raïes 


Côté interne. 


Fig. 3. — Molaires de 
la mâchoire supé- 


palatines prenant naissance entre les der- rieure de Arvicolæ 
.. . amphibius, d'après 
nières molaires. Mess. 


Les Arvicolidés sont ifrugivores ou granivo- 
res, parfois omnivores, toujours nuisibles. Excellents fouisseurs, 
ils se creusent des galeries souterraines. En France, on les désigne 
sous le nom de Campagnols ou de Rats à courte queue; en Italie, sous 
le nom de Arvicole; en Allemagne, de Wühlmäuse ou de Wühlratten 
et en Angleterre, de Voles. On les confond presque partout avec les 
Rats et les Souris, et c’est précisément à cause de cela que nous 
les mentionnons ici. [ls ne jouent pas, dans la propagation de la 
peste, le même rôle que les Rats et les Souris, ou du moins ce 
rôle n’a pas été observé. 

N'ayant pas recu de nombreux spécimens de Campagnols et 
ayant négligé de les étudier soigneusement, nous regrettons de ne 
pouvoir apporter qu'un très petit nombre d’observations person- 
nelles à l’étude très complexe des Campagnols d'Italie et nous nous 
bornerons à décrire en peu de mots les espèces qu’on y a observées 
et qui appartiennent aux deux genres : Microtus Schrank et 
Evotomys Coues (2). 


(1) Suivant Tullberg (loco cil.), ce ne serait pas le cément, mais l’ivoire qui 
remplit ces espaces (Schmelzschlinge). 


(2) TrouessarT, dans son Catalogus, énumère 11 genres dans cette famille. 


200 C. TIRABOSCHI 


GENRE Microrus (1) Schrank. 


Arvicola p. Lacep. et Auct. 

Des 199 espèces énumérées dans ce genre par Trouessart, 6 seu- 
lement ont été observées en Italie; on peut répartir ces espèces 
dans les trois sous-genres : Pitymys Mac Murtrie, Microtus sensu 
stricto et Arvicola sensu stricto. 

Dents toujours dépourvues de racines. Angles saillants des molaï- 
res aigus et alternants. Pieds antérieurs bien plus longs que la 
moitié des postérieurs. 


QSOUS-GENRE PiryMys Mac Murtrie. 


Psammomys Le Conte; Ammomys Bp. ; Pinemys Lesson ; Terri- 
cola Fatio ; Micrurus F. May. 

Tubercules plantaires des pieds postérieurs au nombre de 5. 
Mamelles au nombre de 4. Genre de vie presque exclusivement 
souterrain. : 

Suivant Trouessart, une seule espèce en Italie et en Europe : le 
Pitymys subterraneus Selys. 


MicroTus (PITYMYS) SUBTERRANEUS Selys. 


Arvicola, subterraneus Selys ; Arvicola fulvus Desm.; Arvicola 
œconomus Cuvier ; Arvicola pratensis Baïllon. 

Gris foncé en dessus, gris en dessous. Queue plus courte que le 
tiers du corps. Oreilles très petites, cachées par le pelage environ- 
nant, garnies de poils au bord. Yeux très petits. Mamelles (4, ven- 
trales) très rapprochées l’une de l’autre. Longueur totale 11 à 13 cent. 

Suivant Trouessart, on peut considérer Arvicola Savii Selys et 
Arvicola nebrodensis Mina Palumbo comme deux variétés de cette 
espèce. 

L’Arvicola Savii Selys est la forme la plus fréquente et la plus 
répandue en Italie [où on la considère communément comme une 
espèce distincte (2), notamment dans la partie péninsulaire ; son | 

(1) wuxpés, petit; oùc, wréc, oreille. ÿ 

(2) Cornazra (Fauna d'Italia. — 1 Mammiferi] regardait l'Arvicola Savii Selys 
et l’Arvicolu arvalis Pall. comme une seule et même espèce; en effet elles se 
ressemblent un peu extérieurement. 

Lessona (4rvicolini del Piemonte, Torino, 1879), Giecront et presque tous les 


directeurs des Muséums zoologiques d'Italie considèrent Arvicola Savii comme 
une espèce distincte non seulement de l’Arvicola arvalis, mais aussi de lArvicola 


subterranenus. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 201 


pelage est fauve sur le dos (Arvicola fulvus Desm. ? signalé par 
Prada dans la province de Pavie). 

L’Arvicola nebrodensis Mina Palumbo est particulier, semble-t-il, 
à la Sicile ; suivant quelques-uns il aurait 6 mamelles (?). 
 L’Arvicola subterraneus Selys n’est pas commun en Italie et on 
le rencontre plus facilement dans l'Italie septentrionale. 

D'après les expériences poursuivies dans nos laboratoires sur 
des exemplaires de Arvicola Savii et de Arvicola subterraneus, ces 
deux formes sont susceptibles de prendre la peste bubonique, et 
j'ai rencontré sur elles deux espèces seulement de Puces : le 
Ceratophyllus fasciatus Bosc et le Ceratophyllus italicus mihi. On a 
observé aussi parmi les Acariens : Dermacarus arvicolae (?j Dui. 
et Ixodes tenuirostris Neum. 


SOUS-GENRE MICROTUS sensu stricto Trouessart. 


Mynomes Rafinesque; Hemiotomys Selys ; Neodon Hodgson; Tetra 
merodon Rhoads. 

Tubercules plantaires des pieds postérieurs au nombre de 6. 
Mamelles au nombre de 8, dont 4 pectorales et 4 ventrales. Six 
espaces et 8 angles à la 3° molaire supérieure. 

Trois espèces en Europe et en ltalie : Microtus arvalis Pall., 
Microtus agrestis L., Microtus nivalis Mart. 


MicroTus ARVALIS Pallas. 


Arvicola arvalis Pallas ; pour les autres synonymes, voir Fatio, 
loco citato. 

Campagnol des champs ou Campagnol vulgaire ; Arvicola cam- 
pagnuolo ou Sorcio cieco ; Feldmaus ; Fieldmouse. 

Coloration très variable ; ordinairement d’un gris fauve plus ou 
moins foncé en dessus ; blanc-jaunâtre sale en dessous. Queue 
longue à peu près comme le tiers du corps. Oreilles guère plus 
longues que le tiers de la tête, garnies sur leur bord de nombreux 
petits poils. Suivant quelques-uns, mamelles au nombre de 6 (?). 
Neuf espaces et 11 angles à la 1" molaire inférieure. Longueur 
totale très variable, 12 à 17 centimètres. 

Répandue dans presque toute l’Europe, mais surtout dans 
l’Europe centrale, cette espèce semble plutôt rare en Italie, notam- 


202 C. TIRABOSCHI . 


ment dans l'Italie péninsulaire ; cependant on l’aurait rencontrée 
presque partout. 

Ces Campagnols se creusent, dans les champs cultivés, un 
terrier peu profond, avec plusieurs conduits de sortie ; ils se nour- 
rissent de toutes les substances végétales, notamment de grains, 
qu'ils amassent pour l’hiver. Leurs femelles, extraordinairement 
fécondes, font 5 à 7 portées par an, de 6 à 12 petits, qui deviennent 
tres vite aptes à se reproduire (1), et l’on conçoit alors que ces 
Campagnols puissent pulluler dans une région jusqu’à constituer 
un véritable fléau pour l’agriculture (2). 

L’Arvicola arvalis est sensible à la peste. 

Les Puces qu'on a rencontrées sur cette espèce sont les suivan- 
tes : Hystrichopsylla talpae Curt., Ctenopsylla musculi Dug., Typhlo- 
psylla assimilis Tschb., Typhlopsylla agyrtes Hell. et Sarcopsylla pene- 
trans L. Parmi les Pédiculidés on a observé : Hæmatopinus acan- 
thopus Denny et Hæmatopinus tumidus (?) Schill. ; parmi les Acariens: 
Demodex sp. (Zschokke); Listrophorus Leukarti Pgst.; Myocoptes tenax 
Michael ; Trichæœcius brevipes Can. et Trt.; Psorergates simplex Tyrrel; 
Myobia lemnina Koch, Poppe. 


MicrOTUS AGRESTIS L. 


Mus agrestis L. et Mus gregarius L., etc. Arvicola agrestis. 

Campagnol des bois ou agreste; Erdmaus; short tailed Fieldmouse. 

Dos d'un gris brunâtre ou rougeûtre, ventre d’un blanc grisâtre 
ou roussâtre. Queue plus longue que le tiers du corps. Oreilles 
plus longues que le tiers de la tête, garnies de longs poils rougeà- 
tres sur la moitié supérieure de la surface interne. Yeux plutôt 
grands. Neuf espaces et 11 angles à la 1re molaire inférieure. 
Longueur totale 14 à 16 centimètres. 

Répandue dans l’Europe centrale et septentrionale, cette espèce 


” (1) D’après Rüdiger, un couple d’Arvicola arvalis pourrait rassembler autour 
lui, dans une année, jusqu’à 20.000 descendants! 

(2) Voir Bream, Tierleben, IT, et Razcrer, l0co cit., ètc. En France et en Alle- 
magne, plusieurs fois et sur beaucoup de points, les récoltes ont été entièrement 
ravagées. En 1822, on tua 1.570.000 Campagnols en quinze jours dans le seul 
canton de Saverne. En Italie on a observé aussi des invasions de Campagnols, par 
exemple dans la province de Ferrare en 1885, 91, 93, 95, 97 et 1902; mais suivant 
Giglioli, les récoltes seraient plus fréquemment ravagées, en Italie, par l’Arvicola 
Savit. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 203 


fait presque défaut en Italie; aucun des Muséums zoologiques 
d'Italie n’en possède d'exemplaires capturés dans le pays. Cepen- 
dant j'en ai reçu quelques-uns de la province de Côme (Osnago). 

Ces Campagnols se creusent des galeries moins complexes que 
celles de l’Arvicola arvalis Pall. Ils se nourrissent de grains, etc., et 
leurs femelles mettent au monde, 3 à 4 fois l’an, de 4 à 8 petits. 

Les individus qui ont été mis en expérience dans nos labora- 
toires ne se sont pas montrés très sensibles à la peste. 

Les Puces rencontrées sur l’Arvicola agrestis L. sont : Ceratophyl- 
lus fasciatus Bosc, Hystrichopsylla talpae Curt., Typhlopsylla assi- 
milis Tschb. et Neopsylla pentacanthus Rothsch. Parmi les Acariens, 
on a signalé : Psorergates simplex Tyrrel var. musculinus Michael. 


MICROTUS NivaLIS Martins. 


Arvicola nivalis, etc. 

Campagnol des neiges. Campagnuolo della neve. Schneemaus. 

Dos d’un gris cendré plus ou moins foncé ou jaunâtre ; ventre 
blanc-grisätre. Queue égalant à peu près la moitié du corps, épaisse, 
velue. Oreilles presque aussi longues que la moitié de la tête, 
cachées en partie par le pelage environnant. Yeux petits. Sept 
espaces et 9 angles à la {re molaire inférieure. Longueur totale 17 à 
20 centimètres. 

Cette espèce vit seulement aux grandes altitudes et on l’a 
observée depuis 1200 m. jusqu'à 4000 m. et même au delà (Finster- 
aarhorn). En Italie, elle est très rare et on en a capturé des 
exemplaires sur les Alpes et sur les Apennins (provinces de Modène, 
Reggio Emilie, Pistoie). 

Ces Campagnols se nourrissent de plantes alpines, etc., et ne 
dorment pas durant l'hiver. Leurs femelles font 2 à 3 portées par an, 
de 3 à 7 petits chacune. Leur sensibilité vis-à-vis de la peste n’a 
pas été établie. Les Puces qu’on a observées sur eux sont : Hystri- 
chopsylla Narbeli Galli-V. et Typhlopsylla assimilis Tschb. 


SOUS-GENRE ARVICOLA sensu Stricto Lacépède. 


Myonomes Coues ; Mynomes Allen; Aulacomys Rhoads. 

Suivant Trouessart, ce sous-genre serait représenté en Italie par 
deux espèces; Arvicola terrestris L. var. amphibius (Arvicola pertinax 
Savi, Bp.) et Arvicola Musignani Selys (syn. : Arvicola destructor- 


20% C. TIRABOSCHI 


Savi, Arvicola terrestris p. Bp., Arvicola amphibius Blas.). Il s’agit 
ici, peut-être, d’une seule et même espèce que nous allons décrire 
sous le nom le plus usité de 


ARVICOLA AMPHIBIUS L. 


Rat d’eau ou Campagnol amphibie. Topo d'acqua. Wasserratte. 
Water Rat ou Water Vole. | 

Dos d’un brun terreux; ventre et flancs d’un gris roussâtre. 
Pelage long et fourré. Queue presque égale à la moitié du corps. 
Oreilles presque aussi longues que le tiers de la tête et plus ou 
moins cachées sous le pelage. Tubercules plantaires des pieds 
postérieurs au nombre de 5. Mamelles au nombre de 8 (1). Sept 
espaces et 9 angles à la {re molaire inférieure; 5 espaces et 7 angles 
à la 3e supérieure (fig. 3). Longueur totale : 22 à 28 centimètres. 

__ Cette espèce, la plus grande des espèces européeunes et répandue 
dans toute l'Europe, habite aussi presque toute l'Italie, notamment 
la région septentrionale et centrale; j'en ai vu de nombreux 
exemplaires dans les canaux de la haute vallée de l’Aniène (pro- 
vince de Rome). 

Excellents plongeurs et nageurs, adroits fouisseurs, très voraces, 
doués d’un odorat et d’une ouïie très subtils, ces Campagnols pour- 
suivent dans les eaux toutes sortes d'animaux aquatiques, se creu- 
sent de grandes galeries très complexes, marchent sous terre, 
échappent très facilement aux poursuites de leurs ennemis et 
peuvent causer de grands ravages. Leurs femelles font 2 à 4 portées 
par an, de 4 à 8 petits chacune. D’après les expériences poursuivies 
dans nos laboratoires, l’Arvicola amphibius est très peu sensible à 
la peste bubonique. 

On a capturé sur ce Campagnol : Typhlopsylla assimilis Tschb. et 
Typhlopsylla agyrtes Heller, Hæmatopinus spiniger Denny, Notoedres 
alepis Raill. et Listrophorus Leukarti Past. 


GENRE Evoromys Coues (2). 


Hypudæus Niger ; Myodes Selys. 


(1) C’est là le nombre donné par la plupart des auteurs (4 pectorales et 4 ven- 
trales) ; mais d’après Tullberg (loco cit.) les mamelles seraient au nombre de 
6 (2 pectorales et 4 ventrales). 

(2) ed, bien; oùc, oc, oreille ; wc, Souris; Souris à oreilles bien développées. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 205 


Les représentants de ce genre relient les Rats aux Campagnols 
sensu stricto ; ainsi les appelle-t-on Campagnols murins. 

Molaires à 2 ou 3 racines distinctes (chez les adultes). Angles 
saillants des molaires inférieures arrondis et directement opposés. 
Pieds antérieurs un feu plus longs que la moitié des postérieurs. 
Des 20 espèces énumérées par Trouessart, une seule existe en 
Europe. 

EVOTOMYS GLAREOLUS Schreber. 

Hypudæus glareolus; Arvicola glareolus; Mus glareolus, etc. 

Campagnol roussâtre. Waldwühlmaus. Bank Vole. 

Dos d’un brun marron, ventre d’un blanc grisätre. Queue et 
oreilles à peu près égales respectivement à la moitié du corps et 
de la tête. Tubercules plantaires des pieds postérieurs au nombre 
de 6. Mamelles au nombre de 8 également réparties sur la poitrine 
et sur le bas-ventre. Yeux grands. Longueur totale : 14 à 19 centi- 
mètres. 

Répandue dans presque toute l'Europe, cette espèce est très rare 
en Italie. On l’aurait rencontrée cependant dans le Piémont (Pigne- 
rol)}, la Lombardie (Bergame), l’Emilie (Modène), la Toscane 
(Pistoie), la Basilique, etc. 

Sa sensibilité vis-à-vis de la peste n’a pas été établie. 

Les Puces qu’on x observées chez ce Campagnol sont les sui- 
vantes : Hystrichopsylla talpæ Curt., Ctenopsylla spectabilis Rothsch., 
Typhlopsylla assimilis Tschb., Typhlopsylla agyrtes Heller; on a 
aussi signalé un Acarien : Zrodes tenuirostris Neum. 


Ill. — LES APHANIPTÈRES. PUCES PARASITES DES RATS, 
DES SOURIS ET DES CAMPAGNOLS. 


A). PARTIE GÉNÉRALE. — MORPHOLOGIE ET BIOLOGIE DES APHANIPTÈRES 


Nous donnerons tout d’abord les caractères généraux de l’ordre 
des Aphaniptères en envisageant particulièrement la famille des 
Pulicidae,qui comprend les Puces proprement dites (Pulci en italien ; 
Flühe en allemand ; Fleas en anglais). 


NoTIONS TAXINOMIQUES. 


Rœsel (1) rapprocha les Puces des Mouches et des Moustiques 


(1) Roxsez, Insektenbelustigungen, II, 1749. 


206 C. TIRABOSCHI 


(Diptères); Linné (1), puis Geofiroy (2) les classèrent dans les 
Aptères, groupe qui comprenait tous les Insectes dépourvus d’ailes 
et qui renfermait aussi d’autres Arthropodes; J. C. Fabricius (3), 
puis Illiger (4) les placèrent dans les Rhynchotes, en faisant remar- 
quer qu’elles s’en écartent beaucoup; De Geër (5) en fit un ordre à 
part, qui comprenait le seul genre Pulex; Schellenberg (6) employa 
le nom de Rophoteira; Cuvier (7) partagea les Aptères de Linné 
en deux groupes : Gnathaptera et Rhinaptera, ce dernier compre- 
nant les genres Pulex, Pediculus, Acarus; Lamarck (8) rapprocha 
les Puces des Diptères, mais en fit un ordre à part, Aptera, com- 
prenant le seul genre Pulex ; Leach (9) les classa entre les Hémip- 


Ÿ 


tères et les Lépidoptères; Mac Leay (10) entre les Diptères et les 
Hémiptères; Latreille (11) les groupa dans l’ordre des Suctoria, en 
les désignant plus tard (12) sous le nom de Siphonaptera, nom 
employé encore à présent par Baker, etc.; Kirby et Spence (13) 
établirent l’ordre des Aphaniptera, nom que presque tous les auteurs 
ont employé jusqu’à présent; Dugès (14) classa les Puces entre les 
Hyménoptères et les Diptères ; Oken (15), Strauss-Durkeim (16), 
Newman (17), Walker (18) et d’autres auteurs allemands les consi- 
dérèrent comme faisant partie de l’ordre des Diptères ; Gervais (19) 


(4) Linné, Fauna suecica. Stockholm, 1746. — Systema naturae. Editio XIII, 
1783-93. 

(2) Georrroy, Histoire abrégée des Insectes, etc., II, Paris, 1762. 

(3) Jon.-Crisr. FaBricius, Plusieurs mémoires, 1775-1803. 

(4) Izucer, Verzeichniss der Kafer Preussens, etc. Halle, 1798. 

(5) De GEer, Mémoires pour servir à l’histoire des Insectes. Stockholm, 1778. 

(6) ScHELLENBERG, Helvetische Entom., 1798. 

(7) Duméris et Duvernoy, Lecons d'anatomie comparée de M. G. Cuvier, etc., 
1799-1805. 

(8) Lamarcx, Systeme des animaux sans vertebres. Paris, 1801. — Histoire 
naturelle des animaux sans vertebres, 1815-1822. 

(9) Leaca, Entomology. Brewster Edinburgh. Encycl., 1815. 

(10) Mac Leay, Horae entomologicae. London, 1819-21. 

(11) LarReizce, Histoire naturelle... des Insectes, 1805. 

(12) Larrezze, Familles naturelles du Règne animal. Paris, 1825. 

(43; KirBy et SPENCE, Introduction to Entomology, etc. London, 1826. 

(14) Ducës, Recherches sur le genre Pulex, etc. Ann. des sciences nat., 1832. 

(15) OKen, Lehrbuch der Naturgeschichte,1815.— Naturgeschichte für Schulen, 
1821. — Allgemeine Naturg. für alle Stande, 1835. 

(16) Srrauss-DürkneIM, Considérations générales sur l'anatomie comparée des 
animaux articulés. Paris, 1828. 

(17) Newman, On the affinities of the Pulicites. Zoologist, 1851. 

(18) Wazxker, {nsecta britannica. Diptera. London, 1851-56. 

(19) Gervais, Histoire naturelle des Insectes. Apteres, 1840. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 207 


leur conserva le nom d’Aptères; Haller (1) les groupa dans la 
famille Pulicidae; récemment Taschenberg (2), Kraepelin (3), 
Heymons (4), etc., les ont classées dans un ordre à part (Suctoria, 
Aphaniptera, Siphonaptera); au contraire, Wagner (5), Dahl (6), 
etc., les ont considérées comme un sous-ordre des Diptères. 

En laissant de côté cette question qui ne nous regarde pas, nous 
conserverons le mot Aphaniptera, qui maintenant est le nom le 
plus employé, bien qu’il ne soit pas exact. Cet ordre ou sous-ordre 
comprend trois familles : Pulicidae, Sarcopsyllidae et Vermipsyl- 
lidae (ï), dontles deux premières ont été établies par Taschenberg 
(1880) et l’autre par Wagner (1889); cette dernière famille ne nous 
intéresse pas; cependant nous citerons souvent la description très 
détaillée que Wagner a donnée de la Vernupsylla alacurt Schimk. 

Nous ne dirons que peu de mots de la connaissance des diverses 
espèces de Puces dans l’histoire zoologique, en nous attachant 
surtout aux espèces qui nous intéressent. Linné (1758) établit le 
genre Pulexr, comprenant seulement deux espèces : Pulex irritans 
et Pulex penetrans; pour cette dernière espèce, Westwood (8) crée 
plus tard le genre Sarcopsylla ; Curtis (9) partage les espèces du 
genre Pulex en deux genres : Pulex et Ceratophyllus ; Westwood (10) 
comprend dans le genre Ischnopsyllus (Ceratopsylla) non seulement 
les Puces des Chiroptères, mais aussi la Puce de la Souris (Cteno- 

-psylla musculi); Gervais (1840) et Kolenati (11) confondent le genre 


(1) Hazzer, Archiv f. Naturg., 1880. 

(2) TascHENBERG, Die Flühe, etc. Halle, 1880. 

(3) KrAePELIN, Ueber die system. Stellung der Puliciden. Hamburg, 1884. 

(4) Heymoxs, Die system. Stellung der Puliciden. Zoolog. Anzeiger, 1899. 

(5) Wacner, Aphanipterologische Studien. Horde Soc. entom. rossicae, 1889, 
1893, 1898, 1902, 1903. 

(6) Da, Puliciphora luciphora. Zoolog. Anzeiger, 1897, 1899. 

(7) Je ne sais pas s’il faut créer une famille à part pour le genre Megapsylla, 
qui doit être placé entre les Pulicidae et les Sarcopsyllidae. Quant à la famille 
des Platypsyllidae, créée par Ritsema (en 1869) pour son Platypsylla castoris, 
nous ferons remarquer qu’elle n’a plus de raison d’être, puisque le Platypsylla 
est un Coléoptère et non un Aphaniptère. 

(8) Wesrwoop, On the characters of the Chigoe. Trans. Entom. Soc. London, 
1836-40. $ 

(9) Curris, British Entomology, etc., Vol. IX. London, 1832. 

(10) Wesrwoop, On the structure of the antennae in the order of Aphaniptera. 
Entom. Monthly Magaz., 1833. 

(11) Kozenari, Die Parasiten der Chiropteren. Brünn, 1856. 


208 C. TIRABOSCHI 


Ceratophyllus de Curtis sous le nom Ceratopsyllus; Kolenati (1) 
établit des genres nouveaux, en prenant surtout en considération les 
peignes (Ctenidien) ; Ritsema (2) décrit de nombreuses espèces, etc. 

Taschenberg (1880) est le premier qui décrit d’une manière com- 
plète et suffisamment exacte toutes les espèces jusqu'alors connues 
de Suctoria : il divise cet ordre en deux familles : Pulicidae et Sarco- 
psyllidae, dont la première comprend trois genres : Pulex, Hystri- 
chopsylla (créé par lui) et Typhlopsylla; dans ce dernier genre, il 
réunit toutes les espèces parasites des Chiroptères, des Muridés, etc., 
qui sont aveugles ou pourvues d’yeux rudimentaires ; les espèces 
parasites des Rats et des Souris, décrites par Taschenberg, sont les 
suivantes : Pulex fasciatus Bosc (sur le Mus decumanus et le Mus. 
musculus) ; Hystrichopsylla obtusiceps Rits. (sur l’Arvicola arvalis); 
Typhlopsylla musculi Dugès (sur le Mus musculus, Mus agrarius, Mus 
decumanus,Mus rattus, Aroicola arvalis) ; Typhlopsylla assimilis Tschb. 
(sur le Mus silvaticus et Arvicola arvalis). 

Wagner (1889-1903) partage le genre Pulex de Taschenberg en 
deux sous-genres : Ceratophyllus (C. fasciatus, etc.) et Puler sensu 
stricto (P. irritans, P. canis, etc.), et le genre Typhlopsylla de 
Taschenberg d’abord en trois, puis en cinq sous-genres : Cerato- 
psylla (Puces parasites des Chiroptères), Ctenopsylla (Ct. musculi, 
etc.), Typhlopsylla sensu stricto (T. assimilis, T. agyrtes, etc.), Neo- 
psylla et Palæopsylla ; il décrit d’une manière détaillée et très exacte 
un grand nombre d'espèces, dont plusieurs nouvelles, et quel- 
ques-unes parasites des Muridae, etc. 

Nous ne pouvons pas citer ici tous les autres auteurs qui ont 
publié des mémoires sur les Puces; nous le ferons en décrivant les 
espèces qui affectionnent les Rats et les Souris. Cependant nous 
dirons que le nombre des espèces connues s’est extraordinairement 
accru dans ces dernières années ; tandis que Linné en 1695 en 
décrivait seulement deux, et Taschenberg en 1880 vingt-cinq, 
aujourd’hui, principalement par les travaux de Wagner, Baker et 
Rothschild, on en connaît à peu près 135 espèces (3). Le chifire 
des espèces de Vertébrés sur lesquels on a observé des Puces s’est 


(1) KozeNari, Plusieurs mémoires depuis 1856 jusqu’à 1863 (Horae Soc. entom- 
'OSSicae). 

(2) Rrrsema, Plusieurs mémoires depuis 1858 jusqu’à 1880. 

(3) M. Rothschild m’écrit qu’il possède à peu près 400 espèces différentes. Et ce 
nombre s’accroit de jour en jour! 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 209 


accru parallèlement ; Taschenberg en énumérait seulement 89, 
dont 57 Mammifères et 22 Oiseaux. Relativement à la diffusion et 
à la distribution géographique des Puces, nous rappellerons seule- 
ment que Walker (1) en 1856 décrivait en Angleterre dix espèces ; 
Maitland (2) en 1858, dans les Pays-Bas, douze espèces et Ritsema (3), 
en 1873, dans la même région, dix-sept; Taschenberg, en 1880, 
disait que cinq espèces, sur les vingt-cinq décrites par lui, étaient 
extra-européennes; Meinert (4), en 1896, a décrit quatorze espèces 
en Danemark ; Hilger (5), en 1899, en a décrit douze dans le Grand- 
Duché de Bade, etc. ; en Italie, sur les Rats seulement, j’ai observé 
de neuf à dix espèces différentes. On peut dire aujourd’hui que les 
Aphaniptères sont répandus partout où il y a des Mammifères, 
c'est-à-dire dans le monde entier. 

La connaissance d’un nombre toujours croissant d'espèces de 
Puces a fait développer, dans ces dernières années, la connaissance 
même de l’organisation de ces parasites. En m’appuyant surtout 
sur les ouvrages de Taschenberg, de Wagner et de Rothschild et 
sur des observations personnelles, j'ai tâché de donner une descrip- 
tion claire, exacte et suffisamment détaillée de la morphologie du 
squelette chitineux des Aphaniptères, et surtout de l'appareil 
buccal qui est la partie qui nous intéresse le plus. 


MORPHOLOGIE DES Puces (6). 


Corps comprimé latéralement (pour glisser plus facilement entre 
les poils de leur hôte), plus ou moins allongé. Tête relativement 
petite, ordinairement arrondie en dessus, largement et solide- 
ment unie au thorax, partagée en deux par deux fossettes latérales, 
qui recueillent les antennes pendant le repos ; dans la partie anté- 
rieure on voit les pièces buccales et les yeux. Ceux-ci sont simples 
(ocelles), paraissent comme deux grandes taches plus ou moins 
pigmentées en noir et font même parfois défaut. 


APPAREIL BUCCAL. — L'appareil buccal (fig. 4, 5 et 6) comprend 


(1) Wazkxer, Diplera Brilannica. 1856. 

(2) Marrzano, Herklots Bowwst. voor eene Fauna van Nederland. 1858. 

(3) Rrrsema, Tijdschrift v. Entomol, 1873. 

(4) Menerr, Pulicidae Danicae. Entom. Medd., 1896. 

(51 Hizcer, Verzeichnis der bis jetzt im Gr. Baden aufgefundenen Aphaniptera. 
Mitteil. d. badischen zoolog. Vereins, 1899. 

(6) Parmi les auteurs cités ci-dessus, voir surtout Landois, Taschenberg, 
Kraepelin, Heymons, Wagner et Rothschild. 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 2, 1904. 1% 


210 C. TIRABOSCHI 


un tube perforateur et suceur et deux pièces libres : les mâchoires 
(maxillae; mascelle, en italien; Maxillen ou Unterkiefern (1), en 
allemand (2)). 

Les mâchoires (m) ont ordinairement la forme d’une pyramide 
triangulaire creuse (fig. 6), dont le sommet est tourné en bas; 
vues de côté elles paraissent comme deux larges lamelles chiti- 
neuses, ordinairement triangulaires, quelquefois quadrangulaires, 
portant chacune à leur base un palpe maxillaire (palgus maxil- 
laris, pm) très développé, composé de quatre articles et que l’on 


Fig. 4. — Tête et appareil buccal de la Ctenopsylla musculi Dug., 
d’après Heymons. 


considérait autrefois comme une antenne ; la longueur des articles 
est variable ; en employant les formules que Bouché a introduites 
pour les longueurs relatives des articles du tarse, la formule ordi- 
naire pour les palpes maxillaires est 3—1—2—4; dans la descrip- 
tion de chaque espèce nous emploierons les formules de Wagner. 
On voit des épaississements particuliers à la surface de ces articles 
et surtout du 4; celui-ci présente en plus des séries de petites 


(4) Jourpain (Appareil buccal des Pulex. Bull. de la Soc. entom. de France, 
1X, 1899) dit que tous les auteurs se sont trompés lorsqu'ils ont décrit sous le 
nom de mandibules les pièces buccales que Jourdain dit être les méchoires et 
vice versa sous le nom de mâchoires les mandibules (!). 

(2) Nous ne donnons pas ici la terminologie anglaise, puisque les différentes 
parties du corps des Puces sont désignées sous un nom latin ou sous des noms 
dérivés du latin. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS . 211 


saillies cylindriques, transparentes, à pointe obtuse, qui, d'après 


Wagner, pourraient être des organes 
olfactifs. L 

Le tube ou appareil perforateur et 
suceur est formé par la lèvre inférieure, 
les deux mandibules et la langue; la lèvre 
supérieure fait défaut (1). Nous dirons 
tout de suite que le véritable appareil 
perforateur et suceur est constitué exclu- 
sivement par les mandibules et la lan- 
gue, car la lèvre inférieure, avec ses 
palpes labiaux, ne s'enfonce pas dans la 
peau de l’hôte, et ne suce pas le sang; 
les palpes labiaux servent tout simple- 
ment à contenir au repos les mandibules, 
qui, à leur tour, renferment la langue. 
Ainsi les palpes labiaux, les mandibules 
et la langue sont tous presque égaux et 
leur longueur est à peu près la même, 
souvent aussi plus grande, que celle des 
palpes maxillaires. Cependant, la plupart 
du temps, on ne voit, dans les prépara- 
tions microscopiques, ni les palpes la- 


biaux, ni les mandibules, ni la langue, 


md 


Fig. 5. — Appareil buecal 
de la Vermipsylla alacurt 
Schimk., d’après Wagner. 


tandis que l’on voit 


mM::-== 


B 
Fig. 6. — Section transversale de l'appareil buccal de la Vermipsylla alacurt 
Schimk., d’après Wagner. 


x 


toujours les palpes maxillaires ; cela tient à ce que les palpes 
maxillaires sont plus épais et d’une couleur bien plus foncée que 


(1) Comme nous le verrons plus loin, HEyMons considère la pièce que nous 
avons désignée sous le nom de langue, comme une modification de la lèvre 


supérieure. 


249 C. TIRABOSCHI 


les autres pièces buccales et que, même au repos, ils font toujours 
saillie en avant et en bas, tandis que les mandibules et la langue 
et plus souvent encore les palpes labiaux sont repliés en arrière et 
cachés sous les hanches des pattes antérieures. 

La lèvre inférieure ({abium ; labbro inferiore, en italien ; Unterlippe, 
en allemand) est constituée par une pièce basilaire impaire large 
et courte (/), formant une gouttière ouverte en avant, et par deux 
palpes labiaux (palpi labiales (pl)), ordinairement (chez les Pulicidae) 
formés de quatre articles (1), et que Taschenberg compare à une 
lame de couteau creuse et effilée ( hohlgeschliffene Messerklinge ), 
dont le tranchant est tourné en dehors et le dos en dedans ; ce dos 
est creusé en gouttière et par la réunion des deux gouttières se 
forme une sorte de gaine tubuleuse, ouverte en avant, qui loge, 
pendant le repos, les mandibules et la langue; la partie distale de 
ce canal est formée exclusivement par les palpes labiaux, tandis 
que la partie proximale est constituée par la pièce labiale basilaire 
creusée en gouttière et par les mâchoires (fig. 6). L’extrémité des 
palpes labiaux est couverte de dents très petites, qui, suivant 
Landois (2), joueraient le rôle des dents d’une scie, et, suivant 
Wagner, constitueraient un 6rgane sensoriel servant à la recherche 
d’un point favorable. 

Les mandibules (mandibulae ; mandibole, en italien; Mandibeln 
ou Oberkiefern (3), en allemand) se présentent comme deux lan- 
celtes très longues, maïs étroites, spadiformes, complètement sépa- 
rées dans toute leur étendue, aiguës, à bords tranchants et denti- 
culés. Les dents sont chitineuses, très petites, à base élargie, 
aiguës, dirigées en arrière et disposées en plusieurs séries longi- 
tudinales (4); grâce à leur ordonnance, elles laissent pénétrer faci- 


(4) Chez les espèces du genre Sarcopsylla Westw., les palpes labiaux sont à 
un seul article (Taschenberg), chez la Rhynchopsylla pulex Haller à deux arti- 
cles (d’après Haller), chez la Vermipsylla alacurt Schimk. à dix à quatorze faux 
articles (Wagner). 

(2) Lanpois, Anatomie des Hundeñflohes. Nova Acta Acad. Leop.-Carol., 1867. 

(3) Cf. note, page 210. Je rappellerai aussi que DagL (/0c0 cit.) a considéré les 
mandibules comme une modification de l’hypopharynx. Hooke (Micrographia. 
Londres, 1667) et LATREILLE (/0c0 cit.) les ont désignées sous le nom de sefae; 
KirBy et SPENCE sous le nom de scalpella; Boucaé (loco cit., 1835) sous le nom 
de Laciniae labii, etc. 

(4) Ces séries sont ordinairement au nombre de quatre. Suivant Taschenberg, 
les denticules feraient défaut à la base des mandibules et augmenteraient de 
longueur vers l'extrémité libre, où ils joueraient le rôle de harpons microsco- 
piques, dirigés en arrière. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 213 


lement les mandibules dans la peau de l'hôte et les y maintiennent 
bien fixées. Voici comment Wagner décrit la structure des mandi- 
bules chez la Vermipsylla alacurt Schimk., en faisant remarquer 
qu’elle ne diffère presque en rien des mandibules des Pulicidae et 
des Sarcopsyllidae. Sur la surface dorsale bombée du tiers distal, 
on voit de chaque côté deux séries longitudinales de saïllies (Ærha- 
benheiten ou Querwalzen) dont chacune est garnie à son bord supé- 
rieur d’un denticule dirigé en haut. Les saillies des deux rangées 
extérieures ont en plus, à leur bord inférieur, un Rippchen recourbé 
en haut, et les quatre saillies terminales montrent chacune un 
prolongement tourné en dehors; la pointe des mandibules est 
garnie de deux forts crochets recourbés en haut. Toutes ces sail- 
lies, denticules, crochets, etc., doivent déchirer les tissus de la peau 
de l’hôte au moment de l’extraction des mandibules. Enfin, à l’ex- 
trémité des mandibules, on voit de petits cylindres fortement 
réfringents, grêles, dirigés en dehors, qui sont peut-être des orga- 
nes gustatiis. Nous ajouterons que Heymons a décrit, chez la 
Ctenopsylla musculi Dug., un musculus retractor sublimis mandibulae 
(fig. 4, r) et un autre protractor (p), un musculus retractor profun- 
dus (r’) et un autre protractor (p’); le protractor sublimis servirait à 
étendre les mandibules, les deux profundi permettraient aux 
mandibules de scier la peau, et le retractor sublimis servirait à 
extraire les mandibules hors de la peau de l'hôte. Les mandibules 
sont donc les véritables armes piquantes, jouant en même temps 
le rôle d’une scie et d’un couteau. J’ai constaté pour plusieurs 
espèces de Puces, en faisant usage du microscope stéréoscopique, 
que ce sont précisément les mandibules, qui, tout en renfermant 
entre elles la langue, s’enfoncent dans la peau de l’hôte. 


Les deux mandibules étant profondément sillonnées sur leur 
face interne, par la réunion des deux sillons ou gouttières il se 
forme une sorte de gaine dans laquelle est logée la pièce buccale 
impaire que nous avons appelée langue ou languette (lingua ou 
linguetta, en italien; Zunge, Taschenberg, etc.). Les auteurs ne sont 
pas d’accord sur l'interprétation et la dénomination de cette pièce : 
depuis Landois qui l’a appelée unpaarige Stechorgan, bien des 
auteurs l’ont désignée sous ce nom (piquant impair ou stylet impair, 
en français ; organo pungente impari ou stiletto impari, en italien ; 


214 C. TIRABOSCHI 


unpaarige Stechborste,en allemand); certains auteurs (1) ont employé 
le nom d’épipharynx, d’autres (2) celui d’hypopharynx ; Kraepelin 
et plus récemment encore Heymons ont regardé cette pièce 
comme une modification de la lèvre supérieure (3) (/abrum ; 
labbro superiore, en italien ; Oberlippe, en allemand) ; enfin Jourdain 
a proposé le nom de syringostome, puisque cette pièce « est le pro- 
longement même, en forme de bec tubulé, de l’orifice buccal et la 
lumière de ce prolongement est en continuité directe et ininter- 
rompue avec la première partie du tube digestif (4) ». De tous ces 
noms, les plus usités sont celui de piquant impair et celui de 
langue ou languette. Comme nous ne pouvons pas accepter, ainsi que 
nous l’expliquerons plus loin, le terme de piquant impair, nous 
adoptons celui de langue, quoiqu'il ne réponde pas bien à la struc- 
ture et à la fonction de cet organe. En eftet, l'extrémité renflée et 
obtuse de cette pièce, la présence, notamment sur la surface anté- 
rieure, de petits denticules mousses dirigés en avant, et, suivant 
Heymons, la présence aussi d’un petit muscle qui ne jouerait pas 
le rôle de protractor et retractor, mais de erector, rendent très 
difficile ou tout-à-fait impossible la pénétration directe et active, 
dans la peau, de cet organe, que l’on ne doit donc pas considérer 
comme un piquant, mais comme un tube suceur (tubo succhiatore ; 
Saugrohr). 

D’après Wagner (1899), chez tous les Aphaniptères en général, 
les parois de ce tube, qui sont assez épaisses, se prolongent exté- 
rieurement en deux lamelles chitineuses inférieures (ou posté- 
rieures), recourbées l’une contre l’autre et limitant avec les mandi- 
bules un autre canal que Wagner considère comme le véritable 
Saugrohr (fig. 6. ts), tandis que le canal creusé dans le tube 
(c.gl.s) et dont le diamètre est plus uniforme, servirait à l’élimi- 
nation du produit des glandes salivaires (5). Celles-ci sont au 


(4) Karstew, Beitrag zur Kenntnis des Rhyncoprion penetrans. 

(2) GersrreLp et GRUBE, Arch. f. Naturgesch., 1854. WAGNER aussi (1898), à la page 
202, emploie ce nom, tandis qu’à la page 226 on voit la dénomination de Landois. 

(3) Suivant les autres auteurs, la lèvre supérieure ferait défaut chez tous les 
Aphaniptères. Heymons décrit son Oberlippe comme une extroflexion de la paroi 
antérieure de la tête, au bord antérieur de laquelle s'attache la paroi dorsale du 
labrum, qu’il regarde comme un organe d’appui et peut-être aussi sensoriel. 

(4) Comme nous le verrons ci-dessous, cette description n’est pas complètement 
exacte. 

(5) Ces deux canaux joueraient donc chez les Puces le même rôle que les deux 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 215 


nombre de quatre au moins (1), logées à la partie antérieure de 
l’abdomen, deux de chaque côté de l’estomac, au milieu d’une 
masse adipeuse. Wagner décrit deux canaux excréteurs qu’il n’a 
pu suivre dans l’abdomen, où ils-cheminent au milieu des cellules 
adipeuses. Dans le thorax, ils passent au-dessus du tube digestif, 
puis entourent la commissure nerveuse péri-æsophagienne et, 
avant de pénétrer dans la tête, ils se réunissent en un seul canal, 
qui s’approche du pharynx, non loin de la base de la langue et, 
passant dans les parois du pharynx, se continue avec le canal interne 
de la langue. Nous verrons plus loin l’importance de cette consti- 
tution anatomique. Nous ajouterons ici que, toujours d’après 
Wagner, la langue ne présente pas seulement les deux prolonge- 
ments inférieurs qué nous venons de décrire, mais aussi deux 
prolongements latéraux, qui, en s’adaptant dans un sillon creusé à 
la surface intérieure des deux mandibules, servent à maintenir les 
trois pièces réunies l’une à l’autre pendant la succion (fig. 6, A). A 
l'extrémité distale, ces prolongements latéraux disparaissent, et 
l’on voit au contraire, dans toute la moitié inférieure (fig. 6, B), un 
prolongement dorsal ou supérieur (ou antérieur), qui présente 
deux denticules près de l’extrémité. 

L'ouverture buccale, située au bord antérieur et inférieur de la 
tête, est ovale et limitée au-dessus par les mâchoires et au-dessous 
par la lèvre inférieure. 

Chaque fossette antennale (sinus antennalis ; fossa antennale ; 
Antennengrube) s'ouvre toujours au bord inférieur de la tête, en 
arrière, et monte obliquement en haut et en avant, atteignant 
ordinairement chez le mâle le bord supérieur de la tête, tandis que 
chez la femelle elle finit un peu en dessous. Parfois la fossette est 
en partie couverte en dehors par une lamelle chitineuse. Son bord 
antérieur est presque toujours épaissi et à cause de cela d’une 


canaux de l’appareil buccal des Moustiques; il n’y a de différence que dans les 
pièces qui constituent ces canaux; chez les Culicidés, en effet, le canal suceur est 
limité par la lèvre supérieure et l’hypopharinx, et le canal qui sert à l’élimination 
de la salive est creusé dans l’épaisseur de l’hypopharinx ; nous avons déjà dit que 
certains auteurs ont décrit la langue des Aphaniptères sous le nom d’hypopha- 
rynx. 

(4) Wagner a trouvé chez la Vermipsylla alacurt Schimk. quatre glandes 
seulement, correspondant aux quatre glandes vésiculaires (blasenformigen) que 
Landois avait décrites chez le Ctenocephalus serraticeps Tschb., où il a signalé 
aussi des glandes utriculaires (schlauchformigen). 


216 C. TIRABOSCHI 


couleur plus foncée, tandis que le postérieur ne l’est presque 
jamais; le long de ce bord on voit une série de petits poils. Les 
antennes (antennae ; antenne ; Antennen, Fühler) sont toujours à 
trois articles, dont le premier, inséré au bord interne supérieur de 
la fossette, est mince à sa base, coudé un peu en avant du milieu, 
et pourvu de poils très petits. Le second est souvent caliciforme et 
pourvu le long de son bord supérieur d’une série de longues soies, 
et à son extrémité distale d’un petit bouton, sur lequel s’appuie le 
petit disque proximal du pédonceule du troisième article ; celui-ci 
est le plus grand de tous et présente à peu près la forme d’une 
bouteille, dont la partie renflée est généralement divisée en anneaux 
par des sillons ou incisions circulaires qui donnent à cet article 
un aspect tout-à- fait caractéristique (on l’a comparé à une pomme 
de pin). Chez quelques espèces, ces incisions sont plus profondes 
sur un Côté ou bien tout-à-fait limitées à un seul côté, où l’on voit 
ainsi comme des lamelles. 

Sur la tête, on voit plusieurs soies et poils ; nous nous bornerons 
ici à mentionner la série des soies oculaires, c’est-à-dire des soies 
qui sont placées à la partie antérieure de la tête, de chaque côté, 
depuis l’œil jusqu’à l'insertion des mâchoires; ces soies sont en 
général au nombre de trois. 

Le thorax est généralement aminei et ses trois segments (pro: 
thorax, mésothorax, métathorax) sont toujours bien distincts et 
mobiles, contrairement à ce que l’on observe chez les Diptères 
proprements dits ; cette mobilité est nécessaire, en vue du grand 
développement et du rôle des pattes. Le squelette chitineux de 
chaque segment thoracique comprend une partie dorsale en demi- 
anneau, le notum, et deux parties latéro-ventrales, les pleurae (1), 
reliées entre elles en dessous par une membrane, le sternum. Elles 
sont plus ou moins librement articulées avec le notum, surtout 
celles du prothorax, qui, se dirigeant vers la tête, comprennent le 
plus souvent entre elles l’appareïl perforateur et font paraitre les 
pattes antérieures articulées directement avec la tête. Les pleurae 
du mésothorax (mesopleurae) et plus encore celles du métathorax 
(metapleurae) sont plus développées que le notum correspondant 


(1) On peut considérer toutes les pleurae, mais surtout celles du prothorax, 
comme une seule bande ventrale, puisqu'elles ne constituent pas des pièces 
chitineuses distinctes. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 217 


(mesonotum et metanotum) ; du point où ces pleurae se relient au 
notum, une crête chitineuse se prolonge sur les pleurae mêmes, en 
les partageant en deux moitiés; dans le métathorax, la moitié 
antérieure est la pleura proprement dite (1), la moitié postérieure 
est l’écaille aliforme (squama aliforme; flügelartige Schuppe), qui 
parfois est très développée (par exemple dans le genre Sarcopsylla) 
(fig. 41 et 44) et qui autrefois était considéré comme un rudiment 
d’aile (2). Or, chez tous les Aphaniptères, les ailes proprement 
dites, celles du mésothorax aussi bien que celles du métathorax, 
n'existent pas, même à l’état rudimentaire. L’écaille aliforme a 
seulement l’apparence d'une aile rudimentaire, mais elle n’a rien 
à faire avec les véritables ailes, puisqu’elle n'est pas un appendice 
articulé et libre, ne présente pas en dessous d'elle le tégument 
chitineux, et enfin, au lieu d’être insérée entre le metanotum et la 
metapleura (3), elle n’est qu’un prolongement chitineux, en forme 
d’écaille, de la metapleura. Les Aphaniptères sont donc des Insectes 
tout-à-fait dépourvus d’ailes, c’est-à-dire parfaitement aptères, et 
pour cela le nom d’Aphaniptera, qui signifie « ailes ne paraissant 
pas » (4), n’est point exact. 

Le grand développement des metapleurae augmente la surface 
d’insertion des muscles des pattes postérieures, muscles qui chez 
toutes les Puces sont bien développés, puisque ces pattes posté- 
rieures sont celles qui jouent le rôle le plus actif dans le saut ; on 
peut dire que tout le métathorax est très développé, aux dépens du 
mésothorax, et c'est là précisément le contraire de ce qui survient 
chez les Diptères proprement dits (Mouches, etc.) et en général 
chez tous les Insectes volants (5). 

Chaque zoonite thoracique est généralement pourvu d’une ou de 


(1) Voir à ce propos Wagner (1889). Je ne peux pas m'étendre sur la description 
du squelette thoracique et je renvoie pour cela les lecteurs aux travaux de 
WaGner et de Rorascain (Contributions to the knowledge of the Siphonap- 
tera. Novitates zool., 1898). 

(2) Dugès, Kirby et Spence, Mac Leay, Haller, Bonnet, Karsten, etc. 

(31 Les ailes de tous les Insectes ailés sont articulées entre le notum et les 
pleurae. 

(4) «, privatif; gaive, je parais; nrepév, aile. 

(5) Pour voir distinctement la morphologie des diverses parties du squelette 
thoracique (notum, pleurae, écailles aliformes, articulation des pattes, ete.) il 
faut examiner des espèces de Puces à segments thoraciques allongés. par exemple 
les Puces parasites des Chiroptères (genre Ceratopsylla). 


218 C. TIRABOSCHI 


deux séries de soies ; s’il y a deux séries, les soies de la première 
sont grandes et fortes, celles de la deuxième, petites ; les écailles 
aliformes ont presque toujours deux séries de grandes soies. 

A chacun des trois segments du thorax s'attache une paire de 
pattes qui augmentent de longueur de la première paire (pattes 
antérieures) à la deuxième (pattes moyennes) et à la troisième 
(pattes postérieures); elles sont toutes comprimées latéralement 
et disposées pour le saut. Chacune d’elles est formée par les cinq 
pièces qui constituent les pattes de tous les Insectes (fig. 7): 
hanche (h; cora; anca; Hüfte), trochanter (tr; trochanter ; trocantere; 
Schenkelrinÿ), cuisse (c; femur; femore; Schenkel), 
jambe (j; tibia; tibia ; Schiene), tarse (1; tarsus: 
tarso ; Fuss). 

Les hanches sont très dégagées et extrêmement 
développées, à peu près de la longueur des cuisses 
correspondantes, plus larges que celles-ci, et occu- 


Fig. 7. — Patte de Sarcopsylla gallinacea Westw., d’après R. Blanchard. 


pant presque toute la surface inférieure du mésothorax et du méta- 
thorax. Ce développement extraordinaire des hanches est caracté- 
ristique des Aphaniptera, car les autres Insectes sauteurs ont les 
cuisses très développées; dans le saut, les hanches sont retirées 
en arrière, tandis que l’articulation fémoro-coxale est détendue 
et cela explique la grande puissance du saut des Puces (Wagner, 
1889). En eftet, les sauts que font les Puces sont vraiment gigan- 
tesques relativement à leur taille; sous ce rapport, les Puces sau- 
tent plus haut, peut-être, que tous les autres animaux. Les tarses 
sont toujours à cinq articles, dont le dernier est terminé par 
deux grifies. Les rapports de longueur de ces articles varient 
d’une espèce à l’autre et constituent un caractère diagnostique 
important. Bouché fut le premier qui considéra ces rapports; dans 
ses formules, les articles, désignés chacun par leur nombre, se 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 219 


succèdent par ordre croissant de grandeur; cependant cet ordre 
est à peu près le même pour presque toutes les espèces : 4-3-5-2-1, 
dans les pattes postérieures; 4-3-1-2-5, dans les pattes moyennes ; 
dans les pattes antérieures, les articles sont à peu près de la même 
longueur. Taschenberg donne la longueur d’un article en la compa- 
rantavec celle des autres articles. Wagner emploie des nombres pour 
désigner ces diverses longueurs relatives ; ses formules expriment 
la succession de ces nombres dans l’ordre naturel des articles (1). 
J’ai proposé (2) d'employer des formules dans lesquelles, même 
en suivant la succession naturelle des articles, on donne leurs 
longueurs absolues en x, en choisissant pour les mesures des 
exemplaires de taille moyenne. Cependant je fais remarquer que, 
pour quelques espèces, les variations individuelles sont si fortes, 
que l’on ne peut pas accorder une grande valeur à ces mesures, à 
moins qu’on ne prenne la moyenne de plusieurs d’entre elles. 

Sur les hanches des pattes antérieures on voit plusieurs séries 
longitudinales de soies, réparties sur toute la surface ; sur les 
hanches des pattes moyennes et postérieures elles sont limitées à 
la moitié antérieure ; les cuisses sont pourvues de fortes soies le 
long du bord postérieur et d’une grande soie courbée en sabre, à 
l’angle postérieur. Le bord postérieur des jambes est armé de soies 
très fortes et foncées, placées chacune dans une entaille ; des soies 
semblables se trouvent au bord inférieur des jambes, et aussi sur 
les deux côtés des articles des tarses et sur leur bord inférieur. 
Wagner a signalé et établi l'importance du nombre et de la dispo- 
sition de ces soies dans le dernier article (metatarsus) des tarses, 
et notamment du tarse des pattes postérieures, pour la détermina- 
tion des genres et des espèces. Ce caractère n’ayant pour le para- 
sitisme aucune importance, est pour cela très constant. Le long 
de chaque côté du metatarsus (fig. 13, 18, 31, 35, 38) on voit une 

(4) Dans la description des espèces, en employant les formules de Wagner, je 
donne pour chaque article des tarses le nombre des divisions de l’échelle du 
micromètre-oculaire (chaque division mesurant 1/10 de millimètre) qui sont cou- 
vertes lorsqu'on emploie l'objectif 5 et l’oculaire 2 de Koristka; les nombres 
que j'ai trouvés, par exemple pour Ceratophyllus fasciatus Bosc., étant à peu 
près les mêmes que ceux donnés par Wagner, je crois que cet auteur a suivi la 
même méthode. 

(2) TiraBoscur, Gli animali propagatori della peste bubbonica. Nota 1*. Hystri- 


chopsylla tripectinata n. sp. Boll. d. Soc, zool. ital., 1902. Voir aussi le mémoire 
publié dans Archiv f. Hygiene, 1903. 


220 C. TIRABOSCHI 


série de 3 à 6 (ordinairement 5) soies incurvées (soies latérales; 
seitliche Borsten), dont la première ou supérieure est souvent écartée 
et rapprochée de la ligne médiane de la surface inférieure (soies 
accessoires (fig. 31 et 38); Nebenborsten). Sur cette même surface 
on voit de plus, tout près de la base des griftes, une paire de soies 
très courtes (soies unguiculaires ; Krallenborsten) ; parfois une des 
soies latérales fait défaut, remplacée en général par un pétit poil. 

L’abdomen est la partie la plus développée du corps; il est 
ovalaire et formé par 9 segments (1) qui chevauchent et peuvent 
s'écarter l’un de l’autre, comme chez la femelle ovigère. Chacun 
d’eux comprend une bande dorsale (notum, tergum ; banda dorsale ; 
dorsale Schiene ; Rothschild emploie le nom de tergite) et une bande 
ventrale (sternum ; banda ventrale ; ventrale Schiene; stcrnite), un 
peu plus petite et recouverte en partie par l’autre. 

Le premier segment, qui ne présente que le notum (2), est plus 


(1) Landois dans la Puce du Chien et plus récemment Rothschild dans la 
Typhlopsylla agyrtes Heller ont décrit 10 segments abdominaux. Suivant 
Taschenberg, « hat Landois sich durch eine Chitinleiste täuschen lassen, welche 
an der Innenfläche des achten 
Segmentes.… verläuft, indem - 
er dieselbe als Trennungslinie 
zweier Segmente (8° et 9°) ange- 
sehen hat ». Quant à Rothschild, 
il décrit et dessine (fig. 8) der- 
rière le 8° segment du mâle deux 
autres segments, le 9° et le 10°. 
Dans le 9° il distingue parfaite- 
ment une partie dorsale avec sa 
sensual plate et une partie ven- 
trale, the boomerang - shaped 
organ. Dans le 10° il considère 
3 NET J comme partie dorsale l’anal 
Fig. 8 — Extrémité abdominale du G' de la plate, séparée du 9° segment 

Typhlopsylla agyrtes Heller; la bande ven- paë une suture, et comme par- 

trale du 8° segment est écartée, d’après {ie ventrale ou the laterale flaps 

Rothschild. beneath the thenth tergite, 

which covers the anus from 
above ou the finger-like organ que nous étudierons plus loin. Chez la femelle 
la morphologie de cette partie est bien différente et Rothschild même ne peut pas 
donner une « decided opinion on the homology of these portions ». L’auteur 
ajoute que « the anal plate has been further observed in a live specimen to 
flap up and down, while the ninth tergite with its sensual plate showed no 
movement ». 

(2) La bande ventrale est fondue avec les écailles aliformes. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 221 


court que les autres et placé au-dessus des écailles aliformes du 
métathorax. Les segments 2 à 7 sont tous semblables. Le 8 segment 
paraît double (voir note précédente, Landois) et présente des difé- 
rences sexuelles, sur lesquelles nous ne pouvons pas nous étendre(1). 
Chez la femelle, chacune de ses deux bandes est partagée en deux 
moitiés symétriques : celles de la bande ventrale sont placées sur 
les côtés de l’ouverture génitale (2). Chez le mâle la bande ventrale 
est plus longue que celle du 7 segment, tandis que le notum est 
plus court, et les bandes dorsales des autres segments étant aussi 
plus courtes que les bandes ventrales 
correspondantes et plus rapprochées 
l’une de l’autre, l'ouverture génitale 
du mâle est située bien en dessus, 
disposition qui oblige le mâle à se 
placer, dans l’accouplement, en des- 
sous de la femelle. 

Le % segment est le plus petit de 
tous (en général sa bande ventrale est 
très rudimentaire; suivant Wagner, 
elle serait bien développée chez la 
Vermipsylla alacurt Schimk.) et on le 
désigne aussi sous le nom de pygidium, 
puisqu'il couvre l'ouverture anale. 
Suivant Taschenberg, l’ouverture gé- 
nitale est réunie à l’ouverture anale, Po url mile abdominale 
formant un cloaque; au contraire, de la Vermipsylla alacurt 
Wagner décrit et dessine (fig. 9) les  Schimk., ©, d’après Wagner. 
deux ouvertures comme bien distinc- 
tes l’une de l’autre. L'ouverture anale (oua) est située entre le 
notum (n9) et la bande ventrale (bvg) du dernier segment, c’est- 
a-dire à l’extrémité de ce segment (3), tandis que l’ouverture géni- 
tale (oug) est située plus en-dessous, entre les deux bandes ven- 
trales du $° et du 9% segment, limitée en-dessus et sur les côtés 


(1) Voir surtout Wagner et Rothschild. 

(2) Chez la Vermipsylla alacurt Schimk., chaque moitié de la bande ventrale 
est soudée à la moitié correspondante de la bande dorsale (fig. 9). 

(3) D’après Rothschild, l’anus s'ouvre en-dessous des lateral flaps qui sont 
sous la bande dorsale (plaque anale) du 10° segment. 


2224 C. TIRABOSCHI 


par la première, en-dessous par la seconde (chez le mâle il y a 
aussi sur les côtés les tenailles de l’appareil de fixation). Chez la 
femelle, elle a la forme d’une fente transversale, qui ‘s'étend 
jusqu’à la face ventrale. | 

Le notum du 9% segment présente une plaque que l’on peut appeler 
plaque sensuelle (sensual plate de Rothschild) et dont l’aspect est 
tout-à-fait caractéristique : on y voit plusieurs espaces circulaires 
clairs, bien distincts et parmi ceux-ci une quantité innombrable 
de poils très courts mais épais ; parfois ces poils sont d’un noir 
foncé, ce qui donne une couleur noire à toute la plaque. En 
employant de forts grossissements et en éclairant au minimum, 
+ on voit que chaque espace clair est en forme d’étoile, à rayons 
courts, gros et arrondis, et qu’il est limité à la périphérie par un 
anneau chitineux foncé; au centre de l’espace clair est placée 


Fig. 10. — Appareil de fixation du mâle du Ceratophyllus consimilis Wagn., 
d’après Wagner. 


une longue soie. Ces figures ont été décrites par Landois chez le 
Ctenocephalus serraticeps Tschb. et je les ai observées chez plusieurs 
espèces; chez le Pulex irritans L., par exemple, et aussi chez le 
Pulex murinus mihi, les rayons de l'étoile sont au nombre de 
9 à 12. 

Le mâle, étant obligé de se placer sous la femeile pour la féconder, 
est pourvu d’un appareil particulier de fixation ou organe secon- 
daire de reproduction (Haftapparat ou Klammerapparat de Wagner, 
Secundäregeschlechtsorgane), dont la structure offre un caractère 
très important pour la détermination des espèces. Cet appareil 
est composé par deux tenailles (Zangen ou Scheren de Wagner) 
placées à l’extrémité abdominale, sur les côtés de l'ouverture 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 223 


génitale. Dans chacune de ces tenailles (fig. 10) on peut distinguer 
ordinairement quatre bords et quatre angles : un angle antéro- 
supérieur (as) par lequel la tenaille s'attache à l’abdomen ; un 
angle antéro-inférieur (ai) qui se continue par un prolongement 
parfois très long, le manubrium de Wagner (m), auquel sont 
fixés les muscles à l’aide desquels les tenailles « sich nach oben 
kehrend, aus der Geschlechtsôffnung hervorgezogen werden kôn- 
nen »; un angle postéro-supérieur (ps), ordinairement avec un 
prolongement court et gros qui constitue le doigt immobile (di) de 
la tenaille (unbewegliche Forsatz, unbew. Scherenglieder, unber. 
Finger de Wagner); un angle postéro-inférieur (pi) formant une 
saillie que l’on peut nommer saillie articulaire ou processus articu- 
laris (Artikulationsvorsprung de Wagner) parce que dans son voisi- 
nage il y a l'articulation du doigt mobile (dm) de la tenaille (beweg- 
liche Scherengliede, bew. Finger, ou Haftapparat in eigentlichen 
Sinne de Wagner ; Haftapparat ou Haftscheibe de Taschenberg ; dito 
mobile de Tiraboschi ; finger-like organ ou movable-finger de Roth- 
schild). Ce doigt mobile est ordinairement pourvu de nombreux 
poils courts et varie beaucoup de forme et de grandeur chez 
les diverses espèces de Puces; chez quelques-unes de celles-ci 
(Hystrichopsylla), on voit une partie accessoire (Nebenstück) très 
développée (the boomerang-shaped organ de Rothschild ?). 

La description de l’appareil de fixation du mâle que nous avons 
rapportée ci-dessus est celle qui a été donnée par Wagner (1893) ; 
cependant il faut remarquer que, d’après Rothschild, on doit consi- 
dérer ces organes accessoires de l’accouplement non comme des 
appendices, mais comme des parties profondément modifiées du 9e 
et du 10° segments abdominaux. Nous avons déjà indiqué les idées 
de Rothschild à cet égard ; nous ajouterons ici que, d’après lui, le 
corps de la tenaille avec le manubrium représente la partie latérale 
de la bande dorsale du 9 segment, tandis que le doigt mobile 
représente la bande ventrale du 10° segment. Cependant le même 
auteur m'’écrit que les doigts mobile et immobile sont tous les 
deux des parties du 9% segment. 

Dans l’accouplement, le mâle s’insinue par son extrémité posté- 
rieure sous la tête de la femelle, puis, marchant en arrière, il se 
glisse tout entier sous le corps de la femelle, jusqu’à ce qu'il se 
trouve complètement couvert par celle-ci; alors il étend au dehors 


224 C. TIRABOSCHI 


ses tenailles et s’en sert pour saisir la femelle. J’ai pu suivre tous 
ces mouvements à l’aide du microscope stéréoscopique. 

On reconnait les mâles non seulement à la présence de l’appareil 
de fixation, à la forme de l’abdomen (voir ci-dessus) et à la taille 
plus petite (1), mais aussi à la présence du squelette chitineux du 
penis (Chitingerüst de Taschenberg ; Chitinapparat de Wagner). Il 
s'étend dans la cavité abdominale jusqu’au 6e ou 5e zoonite et parfois 
même plus en avant, tandis que son extrémité libre fait saillie en 
dehors de l’ouverture génitale. Les parois du canal éjaculateur du 
pénis sont soutenues par deux ou trois rubans ou fils chitineux 
(Chitinbänder de Wagner), d’une couleur foncée, ordinairement 
enroulés en spirale dans les muscles de l’abdomen et s’avançant 
même au-delà de la base du pénis (fig. 14, B). 

Chacune des bandes dorsales des segments abdominaux est ordi- 
nairement pourvue d’une ou de deux séries de soies, chacune des 
bandes ventrales d'une série seulement. Le notum du 7e segment 
présente en général trois soies fortes et longues, parfois très déve- 
loppées et qu’on appelle soies apieales (4Apicalborsten de Taschen- 
berg et de Wagner; Schwanzborsten de Wagner) ; le nombre et 
plus encore les longueurs absolues et relatives de ces soies varient 
beaucoup d’une espèce à l’autre. Les deux derniers segments et, 
chez le mâle, l’appareil de fixation sont ordinairement pourvus 
de nombreuses soies. 

Bien des espèces de Puces présentent au bord inférieur de la tête 
(ou sur les joues), ainsi qu’au bord postérieur du notum, du 
prothorax et parfois aussi du métathorax et même d’un ou de 
plusieurs segments de l’abdomen, des épines chitineuses, épaisses, 
longues, noires, régulièrement rapprochées en peignes (Ctenidien 
de Kolenati; Stachelkämme de Taschenberg, etc.), dont le nombre 
et la disposition constituent un caractère important pour la déter- 
mination des espèces (2). 

Sur les parties latérales du corps, dans le thorax ainsi que dans 
l'abdomen, on remarque la présence d’orifices symétriquement 


(1) Chez quelques espèces, on remarque aussi des différences sexuelles dans la 
forme de la tête, dans la longueur des fossettes antennales, etc. 

(2) Chez quelques espèces, on voit sur le notum de plusieurs segments abdo- 
minaux quelques pointes chitineuses noires très petites. Le rôle de toutes ces 
épines ou pointes dirigées en arrière, de même que des nombreux poils, est peut- 
être de fixer la Puce aux poils de l’hôte. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 225 


disposés, qui sont les stigmates (stigmata ; stimmi; Stiygmen), ou 
portes d’entrée du système respiratoire trachéen. Tous les Aphani- 
ptères ont 6 stigmates thoraciques (une paire par segment) et 
14 abdominaux (une paire par chacun des segments 2 à 8). Les deux 
stigmates du prothorax s'ouvrent au point d'union du pronotum 
avec les pleurae, à l’angle postérieur, dans un anneau chitineux, 
et sont couverts en partie par le bord du pronotum, qui les protège 
de la poussière. Les deux stigmates du mésothorax s’ouvrent à 
l’angle postérieur des pleurae, entre le mesonotum et les coxae des 
pattes moyennes, et sont protégés en partie par le mesonotum. Les 
deux stigmates du métathorax s'ou- 
vrent à l’angle postéro - supérieur a. 
des écailles aliformes et, d’après \ 
Wagner, ressemblentaux stigmates 
abdominaux et s’ouvrent, chez la 
Vermipsylla alacurt, au fond d’une 
petite fossette couverte en dessus 
par une lamelle chitineuse percée 
à son centre (fig. 11). Les 14 stig- 
mates abdominaux paraissent tous 
ronds et protégés par de petits poils 
très fins; ils s'ouvrent deux à Fig. 11. — Section longitudinale du 
deux sur les côtés des segments stigmate du métathorax de Ver- 
abdominaux 2 à 8, dans le notum, Re QT SCLDR depres 
ordinairement à égale distance du 
bord inférieur du notum et de la ligne médiane dorsale. Les 
deux derniers, ceux du 8 segment abdominal, sont elliptiques, 
protégés par de petits poils très nombreux et peut-être aussi par le 
pygidium, et s'ouvrent au bord postérieur du notum, ou au moins 
sont plus rapprochés du bord postérieur que du bord antérieur. 
Ces stigmates, appelés par Karsten Kloukenstigmata (stigmates 
cloacaux), sont particulièrement développés chez les Sarcopsyllidae 
et leur trachée se renfle en dessous, formant une sorte de réser- 
voir aérien (1). 

La longueur totale des Puces est très variable. Les Pulicidae (Puces 
proprement dites) sont en général plus grandes que les Sarcopsyl- 


(4) Pour la description de l'appareil digestif, circulatoire, respiratoire, sécré- 
teur, etc., voir surtout Lanpois et WAGNER (1859). 


Archives de Parasilologie, NII, ne 2, 1904. 15 


296 C. TIRABOSCHI 


ae 


lidae (Chiques) ; leur longueur moyenne est de 2 à 31m. Cependant 
il y en a de vraiment microscopiques (par exemple le Pulex irri- 
tans L. &, le mâle de la Puce de l'Homme (1), qui partois est long 
de 4u»6, et le Ceratophyllus montanus Baker G!, qui est long de 
Amm5 et même moins) et d’autres qu’on pourrait appeler Puces 
géantes (par exemple l’Hystrichopsylla talpae Curtis ?, qui atteint 
jusqu’à 5mmÿ, et le Ceratophyllus stylosus Baker, dont la femelle 
aussi bien que-le mâle peuvent atteindre 6mm et même au delà). 


NOTIONS BIOLOGIQUES. 


Chez tous les Aphaniptères, les métamorphoses sont complètes. 
La ponte des œufs a lieu en toute saison; seulement leur déve- 
loppement est plus rapide et plus sûr en été qu'en hiver. Ordi- 
nairement, les femelles ne fixent pas leurs œuîs à la peau ou 
aux poils de l’hôte, mais, au fur et à mesure qu’elles les pondent, 
les laissent tomber çà et là, soit sur le corps de l'hôte, soit à 
terre, dans les fentes des parquets, sur les vieux meubles, dans 
le linge sale, parmi les ordures, etc. (2), et ne les soignent point. 
On croyait jadis le contraire et l’on disait que les femelles des 
Puces dégorgeaient dans la bouche de leurs larves quelques gout- 
telettes du sang sucé, ou au moins allaient déposer ces goutte- 
lettes à la portée des petites larves ; en effet, si l’on maintient des 
Puces dans un récipient quelconque (par exemple dans des tubes à 
essai), on voit tout près des œuîis pondus (et puis des larves déve- 
loppées) quelques gouttes de sang desséché, paraissant sous forme 
de petits grains noirâtres et brillants; mais Künckel a démontré 
le premier que ce n’était là que du sang plus ou moins comple- 
tement digéré et expulsé par l'ouverture anale; ces excré- 
ments (Flohexcremente), sur lesquels nous reviendrons, servent 
de nourriture aux larves, ainsi que toute autre substance organique 
se trouvant dans la poussière, dans les fentes des parquets, etc. 


(1) Nous avons déjà fait remarquer que les mâles sont en général plus petits 
que les femelles; ils sont aussi moins nombreux. 

(2) Cela se rapporte plus spécialement à la Puce de l'Homme. Les Puces des 
animaux pondent en général leurs œufs sur la peau de l'hôte, parmi les poils, 
d’où les œufs tombent le plus souvent à terre, avant l’éclosion des larves. Quant 
aux animaux qui se font une tanière, pour les raisons que nous donnerons plus 
loin, bien des œufs tombent dans leur tanière même. 


è 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 227 


Les œufs sont ordinairement petits, ovoiïdes ou arrondis, blancs 
ou blanchâtres, et sont pondus au nombre de 8, 10 ou 12 (Pulex irri- 
tans L., etc.), l’un après l’autre. On dit communément que l’éclosion 
des larves a lieu au bout de 4 à 6 jours en été, de 9 à 12 jours en 
hiver. J’ai vu, en juillet et en août, des larves de Ctenocephalus 
serraticeps Tschb. éclore trois jours et quelques-unes même deux 
jours après la ponte, et des larves de Ctenopsylla musculi Dug. 
éclore un jour et demi après la ponte. 

Les larves (fig. 12) sont blanchâtres, vermiformes, apodes et 
constituées par 13 segments, dont le premier, pourvu d’un appareil 
buccal, d'antennes et d’une corne frontale caduque, représente la 
tête. Les pièces buccales, conformées pour la 
mastication, sont : deux mâchoires avec leurs 
palpes labiaux, deux mandibules, et deux 
lèvres, une supérieure et une inférieure (celle- 
ci avec des palpes labiaux rudimentaires), 
limitant en dessus et en dessous l’ouverture 
buccale. Les mâchoires sont bien développées 
et on les aperçoit facilement à cause de leur 
couleur plus foncée; les palpes maxillaires 
sont à deux articles seulement; les palpes 
labiaux sont rudimentaires et à un seul arti- 
cle; ces diverses parties sont, à l’exception M. er cu 

Au à) . 
des mâchoires, difficilement visibles (1). Les (figure originale). 
antennes sont constituées par un article basi- 
laire très court et peu distinct (tubereule antennal) et par un arti- 
cle terminal bien plus long et cylindrique, pourvu au bord supé- 
rieur d’une couronne de cinq à six petits spinules obtus, et, à son 
sommet, d’une petite soie mobile et claire. La corne frontale est 
un Organe caduc qui a servi à la larve pour percer la coque de 
l’œuf et disparait à la première mue; sa forme ne paraît pas être 
la même chez toutes les espèces. Les autres segments du corps 
sont tous semblables, pourvus le long du bord postérieur d’une 
série de poils très longs mais peu nombreux; le dernier zoonite 
est en apparence double parce qu'il est environ le double des 


L 


(1) Pour les détails voir : Künckez (Ann. de la Soc. entom. de France, 1873), 
TAsScHENBERG, Heymons, Tirasoscar (Una larva di Pulce dentro all’ occhio di un 
Cane ? Clinica veterinaria, 1902). 


298 C. TIRABOSCHI 


autres et pourvu de deux séries de longs poils. Il présente en 
outre, derrière ces deux séries de poils, une couronne caractéris- 
tique de petits poils très rapprochés l’un de l’autre, et derrière 
ceux-ci d’autres poils petits et serrés, et enfin il est terminé par 
deux appendices légèrement incurvés (1), servant à la marche de 
la larve qui avance assez rapidement, en élevant la tête. Les larves 
des Aphaniptères ont une respiration aérienne, s’accomplissant à 
l’aide de trachées, qui aboutissent à la surface du corps par 10 
paires de sligmates, s’ouvrant deux à deux sur les côtés des 
segments 2 à 11. 

Arrivée au terme de sa croissance, cette larve cesse de manger 
et demeure immobile, comme si elle allait mourir; c’est alors 
qu’elle se dispose ordinairement à filer une petite coque (cocon) 
blanchâtre, plate en dessous, bombée en dessus, et formée par des 
fils soyeux très fins, auxquels restent adhérentes, à l’aide d’un 
liquide visqueux, toutes sortes de choses (poussière, sciure de 
bois, etc.). Puis la larve mue et se transforme en nymphe, blan- 
châtre ou jaunâtre, qui, étant pourvue de trois paires de pattes, 
ressemble à l’'Insecte parfait. D’après Ritsema, on.pourrait même 
reconnaître le sexe de la nymphe; en efiet, chez le mâle, qui est 
plus petit, le dos serait concave et l’abdomen se terminerait par 
deux pointes, tandis que chez la femelle le dos serait convexe et 
l’abdomen se terminerait par une seule pointe. Cette nymphe se 
fonce de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle paraisse brunâtre et enfin, 
au bout d’un temps variable (2), elle est transformée en Insecte 
parfait qui sort du cocon. 

On dit communément que les Aphaniptères sont des parasites 
temporaires, c’est-à-dire qu’ils vivent sur leur hôte au moment 
même où ils viennent se nourrir à ses dépens, puis le quittent pour 
vivre en liberté (3). Cela est vrai, peut-être, pour la Puce de 


(1) TAScHENBERG écrit qu’il y en a deux de chaque côté; dans les larves de 
Pulex irritans L., Ctenocephalus serraticeps Tschb., Ctenopsylla musculi 
Dugès, etc., j'en ai observé toujours un de chaque côté. . 

(2) La larve de la Puce de l'Homme emploie 11 jours, en été, pour se transformer 
en nymphe ; celle-ci devient Insecte parfait au bout de 12 jours en été, et de 
20 en hiver; toutes les métamorphoses sont donc accomplies au bout d’un mois 
environ en élé et d’un mois et demi en hiver. 

(3) Le développement des pattes et la puissance vraiment extraordinaire du 
saut seraient en relation avec le genre de vie des Puces ; celles-ci, en effet, pour- 
raient ainsi se déplacer sans cesse pour se mettre en rapport avec leur hôte. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 229 


l'Homme, et c’est ainsi que l’on peut facilement élever des Puces 
en les gardant dans un récipient quelconque et en leur donnant de 
temps en temps à manger, c’est-à-dire, en leur faisant sucer du 
sang (1). Mais la presque totalité des Puces passent toute leur vie 
d’Insecte parfait sur le corps de leur hôte, qu’elles ne quittent 
jamais (2), même durant la ponte des œufs. Elles sont donc des para- 
sites stationnaires, bien qu’elles soient prêtes à quitter leur hôte, 
lorsque celui-ci a cessé d’être pour elles un hôte «convenable »; 
c’est ce qui survient, nous l’avons déjà dit, à la mort de l'hôte. 
Les animaux que les Aphaniptères affectionnent sont exclusive- 
ment les Vertébrés à température constante ou, comme on dit 
communément, à sang chaud (Autothermes, Homothermes), c’est- 
à-dire les Mammifères et les Oiseaux. Maïs il faut remarquer que 
les espèces vivant sur les Oiseaux sont en petit nombre et qu'elles 
appartiennent presque exclusivement à deux genres seulement : 
Ceratophyllus et Sarcopsylla (3). De plus, parmi les Mammifères, ce 
sont presque exclusivement ceux qui se font une tanière qui sont 
affectés par les Puces (Chiroptères, Rongeurs, Insectivores, etc.). 
La cause en est, d’après Wagner, dans les rapports qui existent 
entre la multiplication des Puces et celle de leurs hôtes. En effet, 
les larves des Puces qui affectionnent les Rongeurs et les Chauves- 
Souris, vivent dans les gîtes de ceux-ci. On peut donc concevoir 
qu’au temps de la reproduction de ces Mammifères, les Puces 
pondent aussi leurs œufs, comme durant le sommeil hibernal de 
l'hôte ; de sorte que les jeunes Puces, qui proviennent, au prin- 
temps, des larves de la génération d’hiver (4), ont la possibilité de 


(1) On ne peut pas seulement élever des Puces ; on peut aussi les apprivoiser, 
leur faire exécuter toutes sortes d'exercices plus extraordinaires les uns que les 
autres et les amener à l’état de serviteurs complaisants et dociles. Tout le monde 
a vu ou au moins a entendu parler des Puces savantes et des Puces apprivoisées 
et l’on peut lire à ce propos les notices très intéressantes rapportées par Figuier 
dans son ouvrage : Les Insectes, Paris, 1883. 

(2) Si l’on dérange les Puces qui affectionnent un animal vivant, elles n’échap- 
pent pas aux poursuites en quittant leur hôte, mais en se cachant davantage 
entre les poils. 

(3) On connaît à présent, en Europe, 9 espèces de Ceratophyllus parasites des 
Oiseaux (cf. page 233); suivant Wagner, on rencontre ces espèces presque exclu- 
sivement dans les nids (surtout dans les nids qui contiennent les petits) et même 
sur les petits, et exceptionnellement sur les Oiseaux adultes; la forme du corps 
des Puces, en effet, ne leur permet pas de se glisser facilèment entre les plumes 
Pour la Sare opsylla gallinacea cf. page 304). 

(4) Suivant Wagner (1902), il y a au moins deux générations de Puces, une 
l'hiver, l’autre l’été. 


230 C. TIRABOSCHI 


trouver soit un hôte convenable, soit les femelles (ou les mâles), de 
leur espèce. 

Beaucoup d'espèces, peut-être aussi tous les Aphaniptères, y 
compris les Sarcopsyllidés, ne sont pas absolument liés à un hôte 
déterminé, et vice versa, sur un même animal, on peut rencontrer 
plusieurs espèces différentes de Puces, comme nous l’avons déjà 
fait remarquer à propos des Rats et des Souris. Cependant chaque 
espèce de Puce recherche de préférence les individus d’une espèce 
déterminée de Mammiière ou d’Oiseau (1), que l’on peut désigner 
sous le nom de «véritable hôte », en dehors duquel on ne la 
rencontre ordinairement, dans la nature, que sur des individus 
d’une espèce voisine (2) ou d’une espèce qui a, avec la première, 
des rapports quelconques (3); on peut désigner ces autres hôtes 
sous le nom d’ « hôtes accidentels ». Il faut pourtant remarquer 
que, pour la plupart des espèces de Puces, nos connaissances 
actuelles ne nous permettent pas encore d’établir d’une manière 
absolue leur véritable hôte. Cela tient, d’une part, au fait que bien 
des espèces de Puces ont été observées une ou deux fois seulement, 
et, d'autre part, au fait qu’une espèce de Puce qui s’est transportée 
de son véritable hôte sur un nouvel hôte, peut trouver chez celui-ei 
des conditions convenables et y rester ; ainsi le Ceratophyllus fasciatus 


(1) Pour les espèces de Ceratophyllus parasites des Oiseaux, voir Wagner : 
« Ein und dieselbe Vogelfloh-Art kann auf Vertrelern von verschiedenen Vogel- 
Gattungen vorkommen {par exemple le Ceratophyllus gallinae). Aber giebt es 
auch Arten, welche nur einer Gattung, ja selbst einer bestimmten Vogel-Art 
eigen sind (par exemple le Ceratophyllus hirundinis Curt.)... Es mag sein, dass 
solch ein beschränkter Parasitismus durch gewisse Eigenschaften des Blutes der 
betreffenden Wirte, durch deren Lebensweise, oder durch bestimmte Eigentüm- 
lichkeiten des Nestes verursacht wird ». 

(2) L'exemple peut-être le plus frappant de la limitation à un groupe d'animaux 
bien déterminé est présenté par toutes les espèces de Puces appartenant au genre 
Ceratopsylla et qui affectionnent exclusivement les Chiroptères. 

(3) D’après Wagner, ces rapports sont principalement de deux sortes, dans la 
nature; ou bien un animal devient la proie d’un autre et alors les Puces du 
premier peuvent se transporter sur le second (par exemple le Ceratophyllus 
fasciatus Bose, le Ceratophyllus mustelae Wagner, la Typhlopsylla agyrtes 
Heller, etc., qui affectionnent les Rats et les Souris, etc., et que l’on rencontre 
souvent sur la Belette et le Putois) ; ou bien un animal pénètre dans la tanière 
d’un autre et alors l’échange de Puces peut être réciproque (par exemple on 
rencontre le Ceratophyllus melis Walk. non seulement chez le Blaireau mais 
aussi chez le Renard, et vice versa le Pulex globiceps Tschb. non seulement 
chez le Renard mais aussi chez le Blaireau: or le Renard s'établit souvent dans 
les tanières du Blaireau). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 231 


Bosc et la Ctenopsylla musculi Dug., qui ont pour hôte véritable 
respectivement le Mus decumanus Pall. et le Mus musculus L., ont 
été observés bien des fois sur les autres espèces de Rats, de 
Souris, etc. et le Ctenocephalus serraticeps Tschb., dont les « hôtes 
véritables » seraient le Chien et le Chat (1), a été observé sur une 
foule d’autres Carnivores, de même que sur le Lapin, sur les Rats, 
ete. Mais l’exemple le plus frappant nous est donné, il me semble, 
par les espèces du genre Sarcopsylla (soit par la Sarcopsylla pene- 
trans L. ou par la Sarcopsylla gallinacea Westw.), dont les femelles, 
lorsqu'elles ont été fécondées, enfoncent leur appareil perforateur 
en un point de la peau de l'hôte et y restent fixées à demeure (2). 
Or, la Sarcopsylla penetrans L., qui est la Chique propre de l'Homme, 
a été observée sur une grande quantité des Mammifères, et la 
Sarcopsylla jallinacea Westw., qui est la Chique propre des Poulets, 
attaque non seulement les Canards, mais aussi les Chevaux, et on 
l’a même rencontrée sur les Rats de grenier et sur d’autres Mam- 
mifères. On ne peut parler ici d’un ( passage temporaire », ni d’un 
fait exceptionnel, puisqu'il s’agit d’une chose constatée plusieurs 
fois, dans des régions très éloignées l’une de l’autre. 

Comme conclusion, on peut dire que chaque espèce de Puce a, en 
théorie, son hôte déterminé, mais que, dans la pratique, il est bien 
difficile de définir cet hôte, puisque le passage d’une espèce de 
Puce d’un hôte à un autre n’est pas toujours temporaire, mais plus 
ou moins permanent. Il y a toutefois certaines espèces de Puces, 
parasites d'espèces déterminées de Mammifères, qui, non seule- 
ment ne se portent pas dans les conditions ordinaires sur d’autres 
espèces de Mammifères, mais, transportées expérimentalement 
sur ces espèces, n’y restent pas et ne les piquent pas. C’est là ce 
que nous avons déjà fait remarquer à propos des espèces : Cerato- 
phyllus fasciatus Bosc, Ceratophyllus italicus mihi et Ctenopsylla 
musculi Dug., qui, transportées sur l'Homme, ne le piquent point, 
même lorsqu'elles sont à jeun depuis trois ou quatre jours; les 
expériences faites par Galli-Valerio sur lui-même et que j'ai répé- 

(1) Suivant Rothschild, la Puce du Chien (Pulex canis Curt.) et la Puce du Chat 
(Pulex felis Bouché) seraient deux espèces distinctes. 

(2) Cela tient peut-être au besoin de sucer une grande quantité de sang pour 
le développement des œufs, qui, par exemple chez la Sarcopsylla penetrans L., 


sont contenus dans l'abdomen au nombre d’une centaine environ et qui lui font 
subir une dilatation vraiment monstrueuse (fig. 44, A). 


232 C. TIRABOSCHI 


tées sur moi-même et sur d’autres personnes ne laissent aucun 
doute à cet égard, au moins pour ce qui regarde la Ctenopsylla 
musculi (1). Ces résultats sont très importants au point de vue de 
l’étude de la transmission de la peste bubonique du Rat à l'Homme 
par l'intermédiaire des Puces. Quant aux autres espèces de Puces, 
nous donnerons ici les résultats des expériences faites par moi- 
même et par quelques autres auteurs, expériences qui ont été 
limitées à un très petit nombre d’espèces. 

1. Pulex irritans L. — C’est la Puce de l'Homme. Cependant les 
Hommes ne sont pas tous affectés avec la même facilité ; peut-être 
même y en a-t-il quelques-uns qui sont réfractaires à sa piqüre. 
Les spécimens pris sur les Rats m'ont aussi piqué immédiatement. 

2. Pulex pallidus Tschb. — Cette espèce aurait été trouvée par 
Gauthier et Raybaud sur les Rats de Marseille et par Tidswell sur 
les Rats de Sydney. Pour ce qui regarde cette espèce et les espèces 
voisines, nous renvoyons à ce que nous disons dans la description 
du Pulex murinus n.sp. Nous dirons seulement que, d’après Gauthier 
et Raybaud, une Puce très voisine du Pulex pallidus Tschb., capturée 
sur un Rat, a piqué le sujet sur lequel elle avait été placée et que, 
d’après Tidswell, le Pulex pallidus peut piquer l'Homme (cf. p.180). 

3. Pulex murinus n. sp. — Cette espèce nouvelle (2), très rappro- 
chée du Pulex pallidus Tschb., a été capturée par moi sur les Rats. 
D'après mes expériences suffisamment nombreuses, elle pique 
l'Homme avec la plus grande facilité. 

4. Ctenocephalus serraticeps Tschb. — Cette espèce vit sur de 
nombreux Carnivores domestiques ou sauvages. Déjà en 1880 
Taschenberg écrivait qu’il possédait des exemplaires de cette 
espèce recueillis sur des Hommes. Suivant Hilger, dans le grand- 
duché de Bade, le Ctenocephalus serraticeps a été observé sur 
l'Homme dans la proportion très remarquable de 59 pour cent. 
Galli-Valerio dit qu'il a été piqué facilement par cette Puce ; moi- 
même et toutes les personnes sur lesquelles j'ai fait l’expérience, 
avons été piqués immédiatement, non seulement par les individus 
pris sur les Chiens, les Chats, etc., mais aussi par ceux pris sur les 


(1) Nous avons vu, en effet, que, tout récemment, Gauthier et Raybaud à 
Marseille et Tidswell à Sydney ont trouvé que les spécimens de Ceratophyllus 
fasciatus Bosc recueillis sur les Rats piquent l'Homme sans difficulté. Nous 
avons déjà fait des observations à cet égard (cf. p. 180). 

(2) D’après Wagner, elle serait identique à Pulex cheopis Roth. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 233 


Rats, les Lapins, etc., et même par les individus appartenant à la 
var. murina. J'ai déjà fait remarquer que les Rats sont certaine- 
ment piqués soit par le Pulex irritans, soit par le Ctenocephalus 
_serraticeps. 


5. Ctenocephalus erinacei Bouché. — Cette espèce vit sur le Héris- 
son commun (Erinaceus europæus L.). Galli-Valerio écrit qu’il n’a 
été piqué par cette Puce que très légèrement et seulement par des 
exemplaires renfermés sous de petites cloches de verre; au con- 
traire, moi-même et tous ceux que j'ai employés dans mes expé- 
riences, avons été piqués de suite. 

6. Ctenocephalus goniocephalus Tschb. — C’est une espèce qui vit 
sur les Lapins et sur les Lièvres et par laquelle Galli-Valerio n’a 
pas été piqué. 

7. Ceratophyllus avium Tschb. — Sous le nom de Pulex avium, 
Taschenberg a réuni dans une seule et même espèce toutes les 
Puces parasites des Oiseaux qu’on avait jadis décrites comme des 
espèces différentes sous les noms de Pulex gallinae, columbae, 
hirundinis, fringillae, sturni, etc. — Cependant Rothschild a décrit 
6 espèces distinctes sous les noms de Ceratophyllus gallinae Schrank, 
Ceratophyllus columbae Walk., Gerv., Ceratophyllus hirundinis Curtis, 
Ceratophyllus styx Rothsch., Ceratophyllus Newsteadi Rothsch. et 
Ceratophyllus Garei Rothsch.; tout récemment Wagner (1903) à 
décrit trois autres espèces : Ceratophyllus spinosus Wagner, C. oligo- 
chætus Wagn., et C. rusticus Wagn. — D’après Lucet, le Pulex 
avium Tschb. pique l'Homme et même peut lui faire de cruelles 
morsures: au contraire, Galli-Valerio dit qu’il n’a pas été piqué 
par des exemplaires de cette Puce recueillis sur l’Hirondelle de 
fenêtre (Chelidon urbica L. seu Hirundo urbica), c'est-à-dire par le 
Ceratophyllus hirundinis Curtis ? 


8. Ceratophyllus fasciatus Bosc. 

9. Ceratophyllus italicus mihi. 

10. Ctenopsylla musculi Dug. 

Pour ces trois espèces voir ci-dessus. 

11. Ceratopsylla elongata Curtis (subobscura Wagner). — J’ai 


capturé des exemplaires de cette espèce sur la Noctule (Vesperugo 
noctula Schreb.). Je n'ai pas été piqué par elle ; il faut pourtant 


234 C. TIRABOSCHI 


remarquer que les expériences ont été faites avec trois ou quatre 
exemplaires seulement et que ceux-ci n'étaient pas à jeun depuis 
longtemps. 

12. Hystrichopsylla tripectinata Tirab. — Cette espèce a été 
observée par moi-même sur une Souris commune. Le seul 
exemplaire avec lequel j'ai fait l'expérience et qui n’était pas à 
jeun, ne m'a pas piqué. 

Toutes les Puces se nourrissent du sang qu’elles sucent. Nous 
avons déjà fait remarquer que ce sont les mandibules seules qui, 
au moment de la succion, pénètrent activement dans la peau de 
l'hôte et qu'avec elles la langue s’enfonce aussi dans la peau, mais 
d’une manière tout à fait passive ; nous avons même rapporté quels 
sont les muscles qui, suivant Heymons, font pénétrer les mandibu- 
les dans la peau et quel est le canal que l’on doit considérer, d’après 
Wagner, comme le véritable tube suceur ; c’est le canal limité 
par les mandibules et les lamelles appendiculaires de la langue 
(fig. 6, À et B, £. s.). Au contraire, le canal creusé dans la langue 
(e. gl. s.) serait le canal excréteur de la salive; cette constitution 
anatomique de l'appareil suceur démontre la possibilité de l’ino- 
culation du virus pesteux, par une Puce infectée, dans la peau 
de l’animal dont elle suce le sang ; elle pourrait inoculer un 
liquide contenant des Bacilles pesteux en même temps qu'elle suce 
le sang de l’hôte (1). Les Puces joueraient ainsi le rôle de porte- 
virus, et cela peut-être non seulement dans la transmission de 
la peste bubonique, mais aussi d’autres maladies contagieuses (2). 
Ne pouvant pas nous étendre sur ce sujet qui nous mènerait 
trop loin, nous renvoyons les lecteurs à l’excellent mémoire de 


(1) Nous avons déjà fait remarquer l’analogie qui existe entre les tubes suceur 
et excréteur chez les Puces et chez les Moustiques; relativement à ces derniers 
nous rappellerons que pendant la succion les sporozoïtes du paludisme sont inoculés 
dans la peau avec la salive. 

I1 faut admettre que les Puces versent aussi dans la plaie un liquide irritant, 
puisque leur piqûre détermine une légère inflammation et, chez certaines 
personnes, une vive démangeaison; autour d’un point -hémorrhagique on voit un - 
cercle rouge qui pâlit rapidement, tandis que le point ne disparaît complètement 
qu’au bout de quelques jours. 

Il est probable que le produit des glandes salivaires des Puces infectées peut 
contenir des Microbes de la peste, puisque tout le corps de la Puce qui a sucé le 
sang d’un Rat pesteux est envahi par ces Bacilles. 

(2) Voir toutes les observations et les expériences que j'ai relatées dans les 
pages 174 à 182. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 235 


Nuttall (1), dans lequel on trouvera tout ce qui se rapporte au rôle 
attribué aux Puces dans la transmission de plusieurs maladies 
contagieuses. 

Nous rappelons aussi que les Puces peuvent être les hôtes inter- 
médiaires de certains parasites à migration : l’évolution de la larve 
(Cryptocystis trichodectis Villot) du Dipylidium caninum L. (Tænia 
cucumerina Bloch.) ne s’accomplit pas seulement dans le Trichodectes 
canis Retzius, mais aussi dans le Ctenocephalus serraticeps Tschb. 
(qui d’après Grassi, Sonsino, etc., serait l'hôte principal) et parfois 
même dans le Pulex irritans L. C’est dans le corps de ces deux 
mêmes espèces de Puces (ainsi que dans le Rhipicephalus sangquineus 
Latr.) que les Hématozoaires de Lewis (2) poursuivent leur évolu- 
tion (3). Mais dans ces deux cas, les Puces, même en étant les hôtes 
intermédiaires et peut-être nécessaires du parasite qu’elles pren- 
nent en suçant le sang d’un animal infecté, ne peuvent pas, on le 
comprend, transporter ce parasite d’un animal infecté à un autre 
sain (4). Ce transport s’accomplit, au contraire, pour un parasite 
animal, le Trypanosoma Lewisi Kent.; ce Protozoaire flagellé a été 
signalé dans le sang de diverses espèces de Rats et on l'appelle pour 
cela le Trypanosome des Rats; «l'infection naturelle chez les Rats 
gris vivant à l’état sauvage paraît se faire par les Puces (et peut-être 
par les Poux) qui, après avoir sucé le sang des animaux infectés, 


(1) Nurrazz, Die Rolle der Insekten, Arachniden (Ixoden) und Myriapoden als 
Träger bei der Verbreitung von durch Bakterien und tierischen Parasiten 
verursachten Krankheïiten des Menschen und der Tiere. Hygien. Rundschau, 1899. 

(2) Ces larves ont été rapportées à la Filaria immmitis Leidy ; cependant, d’après 
Grassi, elles ne seraient autres que les embryons de sa Filaria recondila, vivant 
dans le sang des Chiens, avec lequel ils seraient transportés dans l'intestin de la 
Puce, etc. Il faut pourtant remarquer que, jusqu’à présent, on à trouvé un seul 
exemplaire © de #ilaria recondita et qu’on n’a pas encore vu la transformation 
des larves en Filaires adultes. 

(3, Voir NurraLL (on y trouve rapportée la bibliographie), Raïzuter (Traité de 
zoologie médicale et agricole. Paris, 4895; p. 286 et'514), PerroNaro (Parassitt 
dell” Uomo, etc. Milano, 1901), etc. 

(4) Ainsi, par exemple, le passage de la larve évoluée du Tænid cucumerina 
dans l'intestin du Chien s’accomplit lorsque cet animal avale les Puces pour s’en 
débarrasser et ingère les larves renfermées dans la cavité viscérale de ces 
Insectes. Je rappellerai que, d’après Sonsino, l’ingestion des œufs du Tænia 
cucumerina n'aurait pas lieu chez les Puces adultes dont l’appareil suceur s’y 
oppose, mais plutôt chez leurs larves qui se nourrissent de détritus organiques. 


236 C. TIRABOSCHI 


vont piquer des animaux sains » ; Rabinowitsch et Kempner ({) 
ont porté sur un Rat sain une vingtaine de Puces capturées sur des 
Rats infectés et, au bout d’environ deux à trois semaines, ils virent 
apparaître dans le sang du Rat sain le Trypanosoma Lewisi. Cette 
expérience, réunie aux expériences sur la peste que nous avons 
rapportées aux pages 175, etc., démontre que certains parasites du 
sang des Vertébrés autothermes peuvent être inoculés dans un 
animal sain par la piqüre des Puces. 

A l’aide du microscope binoculaire stéréoscopique de Braus et 
Drüner nous avons observé plusieurs Puces (Ctenocephalus serrati- 
ceps, provenant d’un Chien) qui, fixées sur la péau de notre main, 
en suçaient le sang. Pendant la succion, la Puce demeure appuyée 
sur l’extrémité inférieure des hanches des pattes moyennes et pos- 
térieures et sur toute l’étendue des hanches des pattes antérieures, 
qui sont retirées en arrière ; ainsi l'abdomen reste soulevé en haut ; 
le prothorax est bien détaché du mésothorax et incliné en bas; 
la tête aussi est abaïissée avec le prothorax ; les mâchoires et les 
palpes maxillaires sont complètement dirigés en arrière, tandis 
que les palpes labiaux sont repliés à l’articulation du premier 
article avec le deuxième et par leurs trois derniers articles ils sont 
dirigés en dehors ou en arrière; les mandibules et la langue sont 
complètement enfoncées dans l’épaisseur de la peau (2); de temps: 
en temps les antennes sont tirées en dehors de leurs fossettes 
antennales et on les voit flotter un instant puis rentrer dans les 
fossettes. Si la succion continue longtemps et si la Puce n’est 
pas dérangée, on voit, au bout d’une demi-heure environ, sortir 


(1) Ragnowirsen et KeEmPNER, Beitrag zur Kenntnis der Blutparasiten, speciell 
der Rattentrypanosomen. Zeitschr. f. Hyg., 1899. Les auteurs concluent « dass 
wir die Klôhe als die gewohnlichen Vermittler der Trypanosomeninfektion 
ansehen kônnen, bis wir andere Wege der Uebertragung nachgewiesen haben ». 
Les Puces des Rats joueraient donc dans la transmission du Trypanosoma Lewisi 
un rôle analogue à celui de la Glossina morsitans Westw. dans la transmission 
du Nagana. Voir aussi : LAvERAN et MEsnir, Recherches morphologiques et expé- 
rimentales sur le Trypanosome des Rats. Ann. 1nst.-Pasteur, 1901; on y trouvera 
des renseignements bibliographiques. 


(2) D’après Jourdain «une portion des téguments est saisie et fixée par les 
mandibules (mâchoires) aidées des palpes labiaux (sic); puis les mâchoires (mandi- 
bules) et le syringostome (langue), ce dernier glissant dans la gouttière labiale, 
perforent l’épiderme (sic). Alors le syringostome, comme une pipette, va puiser, 
dans la petite plaie faite dans le derme, le sang dont la Puce se nourrit ». 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 231 


de l’ouverture anale la première gouttelette de sang, suivie bientôt 
par d’autres gouttelettes, qui se réunissant en une goutte unique, 
tombent sur la peau de la main ; la Puce peut ainsi éliminer, pen- 
dant la succion même, une quantité considérable de sang non digéré. 
Parfois le sang, au lieu de sortir goutte à goutte, est expulsé à 
une distance relativement considérable sous forme de jets, qui se 
répètent plusieurs fois. Ce fait, remarqué par Zirolia, a été observé 
aussi par moi dans : Pulex irritans L. et Ctenocephalus serraticeps 
Tschb. ; cependant nous faisons remarquer que ce n’est pas là un 
fait constant et qu'il s’agit ici, peut-être, d’une faculté individuelle ; 
chez le Ctenocephalus erinacei Bouché, je n’ai jamais rien observé 
de semblable. 

Quel que soit le mode d'expulsion du sang ingéré, ce sang est 
certainement disséminé par la Puce même qui l’a sucé. Or, si les 
déjections d’une Puce qui a sucé le sang d’un animal pestiféré 
contiennent, comme il a été démontré, les Bacilles pesteux vivants 
et virulents, même au septième ou huitième jour après la succion, 
on comprend que, même en dehors de l’inoculation directe du 
virus pesteux par la piqûre, les Puces soient des agents redoutables 
de dissémination du Bacillus pestis. Ceci expliquerait peut-être un 
des points obscurs de l’histoire de la propagation de la peste, c'est- 
à-dire «l'échec constant des désinfections qui s’adressent seule- 
ment aux parquets et aux murailles (1) ». 

Lorsque la Puce est bien remplie de sang, elle cherche à se 
détacher du point de la peau où elle est fixée par son appareil 
perforateur ; d’après Heymons, le dégagement des mandibules 
serait effectué par le musculus retractor sublimis mandibulae ; à 
l’aide du microscope stéréoscopique j'ai vu les Puces faire les plus 
grands efforts avec tout leur corps pour se délivrer; elles 
s'appuient sur les hanches de leurs trois paires de pattes et 
parviennent ainsi à extraire leur appareil perforateur; si Île 
retractor sublimis joue un rôle dans cette extraction, ce rôle est 
donc tout-à-fait secondaire. 


EXAMEN DES PUCES. 


On peut recueillir et examiner les Puces vivantes ou mortes. 
Pour recueillir des Puces vivantes sur un animal, par exemple 


(1) Simoxp, loco citato. 


238 C. TIRABOSCHI 


sur un Rat ou sur une Souris, on peut fixer cet animal ({) d’une 
manière quelconque, puis soulever les poils en passant sur la 
peau un instrument à rebrousse-poil; lorsqu'on voit apparaitre 
des Puces, on cherche à les saisir délicatement avec une 
pince (2). Il faut beaucoup d'attention et de patience pour cela et 
l’on réussit mieux s’il s’agit de Puces qui ne sautent pas trop 
facilement et trop haut ; tel est le cas de la Ctenopsylla musculi 
Dugès, du Ceratophyllus fasciatus Bosc et des espèces du genre 
Ceratopsylla. Si ces Puces quittent leur hôte et tombent sur une 
surface quelconque, on peut les prendre facilement en mettant 
près d'elles un tube à essai dont l'orifice est tourné vers la tête de 
la Puce ; en l’excitant avec une pointe, la Puce fait un saut et va 
tomber presque toujours dans le tube. On peut garder vivantes 
toutes les espèces de Puces au fond d’un tube à essai maintenu en 
position verticale : il n’est pas nécessaire de boucher le tube à 
l'ouate, car les Puces ne grimpent pas sur les surfaces lisses. 

L'examen des Puces vivantes peut se faire avec une lentille ou 
mieux encore avec un microscope stéréoscopique que l’on peut 
employer aussi pour l’examen des Puces mortes. Cet instrument 
donne une vue d'ensemble très instructive du petit animal et 
fait apercevoir à l’observateur une foule de détails relatifs à la 
disposition des diverses parties du corps, etc. 

Pour recueillir des Puces mortes, la besogne est plus rapide et 
plus sûre. On peut noyer les animaux parasités par les Puces dans 
l’eau ou mieux encore dans une solution de formaline, mais le 
meilleur moyen c’est de les jeter dans un vase, une boîte, un réci- 
pient quelconque que l’on puisse bien fermer et au fond duquel on 
met un peu de ouate imbibée de chloroforme. Les animaux (Rats, 
Souris, etc.) meurent bien vite et les Puces plus rapidement (5), si 
bien que l’on peut tuer ou du moins étourdir celles-ci sans tuer 
leurs hôtes. On voit alors les Puces soit sur les poils de l’hôte, soit 
sur le fond du vase. 


(1) L'animal doit être vivant ou mort depuis peu, car les Puces quittent avec. 
rapidité le cadavre de leur hôte, aussitôt qu'il commence à se refroidir. 

(2) On peut enrouler un peu de ouate aux deux pointes d’une pince ; les Puces 
restent facilement prises aux fils de l’ouate. 

(3) Les Pédiculidés et plus encore les Acariens dont les Rats, les Souris et 
surtout les Chauves-Souris sont si souvent porteurs, résistent mieux à l’action 
des vapeurs de chloroforme. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 239 


Il faut cependant remarquer que si l’on désire avoir de belles 
préparations microscopiques, on ne doit pas tuer les Puces sur 
leur hôte, car le sang dont ces parasites sont très souvent remplis 
empêcherait de voir plusieurs détails de la morphologie des Puces ; 
il vaut mieux capturer les Puces vivantes, les garder dans un tube 
à essai et les y laisser mourir de faim. 

L'observation au microscope des Puces mortes Dan se faire 
de suite en les mettant sur une lame porte-objet; maïs si l’on 
désire avoir une belle préparation microscopique et pouvoir la 
garder longtemps, on doit monter les Puces, après avoir augmenté 
leur transparence à l’aide d’un liquide éclairecissant. Il y a beau- 
coup de méthodes pour éclaircir et monter les petits Insectes, et 
l’on peut en lire la description dans les traités de technique 
microscopique (1). Nous avons essayé presque toutes ces métho- 
des et nous avons trouvé que la glycérine (2) est peut-être un 
des milieux les plus pénétrants et les mieux éclaircissants, mais 
son emploi demande beaucoup de temps parce que la glycérine 
pénètre lentement à travers les téguments chitineux des Insec- 
tes (3), et de plus «ce n'est pas une chose facile que de luter les 
préparations à la glycérine d’une façon assez solide pour assurer 
leur conservation définitive (4) »; enfin les Puces montées à la 
glycérine s’abiment à la longue. Un autre agent éclaircissant et 
conservateur dont l'emploi est très commode, est le sirop d’Apà- 
thy (5), qui durcit très vite à l’air et « devient aussi dur que le 


(1) Voir surtout : Bozzes Lee et HENNEGUY, Traité des méthodes techniques de 
l'anatomie microscopique. Paris, 1896, pages 251 el seq. — Carazzi, Manuale di 
tecnica microscopica. Milano, 1899, pages 118-119. 

(2) Naturellement, la glycérine pure, la plus dense qu’on peut se procurer 
(glycérine Price de Londres; indice de réfraction 1,46). Pour augmenter l'indice 
de réfraction de la glycérine, on peut y dissoudre de l’iodate de zinc, ou de 
l’hydrate de chloral, ete., ou mieux encore on peut monter dans une glycérine 
gélatinée quelconque (nous avons employé avec succès la gelée à la glycérine de 
Kaiser) dont l'indice de réfraction est supérieur à celui de la glycérine pure; on 
en fait fondre un pelit morceau sur une lame, on y introduit l’Insecte préalable- 
ment imbibé de la même gelée, on pose une lamelle et on laisse refroidir. 

(3) Il vaut mieux commencer par de la glycérine très étendue et passer 
graduellement à la glycérine pure. 

(4) On peut luter à la gomme-laque ou au sirop d’Apathy, ou enlourer la prépa- 
ration d’une bordure de gelée à la glycérine, puis luter avec le mastic de Bell, 
ou mieux encore monter dans une gelée à la glycérine (v. ci-dessus). 

(5) Gomme arabique 100, sucre de canne 100, eau distillée 100 ; faire disscudre 
au bain marie et ajouter 5 centigrammes de thymol. Il vaut mieux prendre une 
plus granüe quantité d'eau. 


240 C. TIRABOSCHI 


baume de Canada, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de luter les 
préparations » ; son indice de réfraction est à peu près 1,4. Mais 
la méthode la plus commode et la plus pratique est encore peut- 
être de fixer les Insectes dans l’alcool absolu (1) en les y laissant 
séjourner un jour environ pour les déshydrater complètement, 
puis les éclaircir avec le xylol et enfin les monter dans le baume 
du Canada. Au lieu du xylol et du baume on peut employer avec 
succès l’huile de cèdre ; de toutes les nombreuses préparations 
que j'ai faites, les mieux conservées et les mieux éclaircies sont 
précisément celles montées à l’huile de cèdre; c'est donc l’agent 
éclaircissant que je préconise pour ces petits Arthropodes. Pour 
conserver les préparations, on peut les entourer d’une bordure de 
sirop d'Apäthy puis, si l’on veut, luter avec le mastic de Bell, ou 
mieux encore on peut se passer du sirop, bien essuyer l'huile aux 
bords de la lamelle et luter avec le mastic de Bell. 

Pour rendre transparents les téguments chitineux des Insectes 
on peut employer le mélange de Budge (2), dans lequel il faut 
laisser les Puces pendant quelques jours (Landois, loco cit.) ; pour 
séparer l’un de l’autre les segments du corps des Puces, Landois 
recommande le mélange acétique fort de Moleschott ; pour déta- 
cher les pattes, etc., on peut faire bouillir ou macérer longtemps 
les Insectes dans des solutions concentrées de potasse (3), de soude, 
d'acide azotique ; pour dissoudre complètement la chitine, Loos 
préconise l’eau de Labarraque ou l’eau de Javelle, en solution 
concentrée et bouillante ; ces mêmes liquides, froids et allongés 
avec 4 à 6 volumes d’eau, au bout de 24 heures ou plus, feraient 
devenir (toujours d’après Loos) la chitine transparente, molle et 
perméable par les solutions eolorantes, et tout cela sans altérer les 
tissus. à 

Si l’on ne veut pas comprimer les Puces entre la lame et la 
lamelle, il faut les monter dans une grande quantité de baume, 
de glycérine, etc., ou mieux encore il faut employer des lames 
creuses (celles qui servent à l'examen en goutte pendante). 

(1) Il vaut mieux commencer par un alcool faible et passer graduellement à 
l’alcool absolu, mais ce n’est pas nécessaire. 

(2) Acide nitrique pur et chlorate de potasse en excès. 

(3) Si l’on met des Puces dans un tube à essai avec une solution de potasse et 
qu’on les porte à l’ébullition, on détruit toute la substance organique renfermée 


dans le squelette chitineux et on obtient ainsi des préparations très claires et 
très démonstratives. £ 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 244 


En général, pour examiner au microscope une préparation de 
Puce, le mieux est d’éclairer au maximum (appareil d’éclairage 
d’Abbe ; diaphragme complètement ouvert); c’est seulement pour 
les détails (mandibules et autres pièces buccales, trachées, etc.) 
qu'il faut éclairer au minimum ; enfin l'observation doit se faire 
non seulement en lumière réfléchie, mais aussi en lumière directe, 
avec laquelle on constate mieux les sillons, les accidents de sur- 
face, la direction des poils, etc. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES DE PUCES OBSERVÉES SUR LES RATS, 
LES SOURIS ET LES CAMPAGNOLS. 


Maintenant je vais décrire les espèces de Puces rencontrées 
jusqu’à présent sur les animaux dont je me suis occupé dans la 
deuxième partie de ce travail. Je donnerai une description très 
détaillée des espèces que j'ai moi-même capturées sur les Rats, 
les Souris et les Campagnols d'Italie et surtout de celles que l’on 
rencontre le plus communément sur les Rats proprement dits 
(Mus decumanus Pall. et Mus rattus L.), qui sont les agents les plus 
actils de propagation de la peste. Pour les espèces que je n'ai 
pas observées sur les Muridés d'Italie, je donnerai les principaux 
caractères, en m’appuyant sur les exemplaires que j’ai pris chez 
d’autres animaux ou sur les descriptions données par d’autres 
observateurs. 

Dans la liste que j’ai dressée des espèces parasites des Rats, etc., 
il y aura peut-être quelques omissions; j'ai déjà dit à quoi il faut 
les attribuer. 

Pour ce qui regarde le nombre et la dénomination des genres, 
j'ai suivi, avec quelques petites modifications, la division et les 
noms introduits par Wagner dans ses mémoires que j'ai déjà cités 
plusieurs fois. J'ai jugé convenable de partager la famille des 
Pulicidae (qui comprend la presque totalité des Aphaniptères 
connus jusqu’à présent et la plus grande partie des espèces para- 
sites des Rats, etc.) en trois sous-familles : Pulicinae, Typhlopsyl- 
linae et Hystrichopsyllinae, correspondant aux genres Pulex, Typhlo- 
psylla et Hystrichopsylla de Taschenberg. J'avoue pourtant que cette 
division n’est pas tout à fait naturelle, surtout pour ce qui regarde 
la famille des Pulicinae ; c’est ce que nous verrons plus loin; 


Archives de Parasilologie, VIE, n° 2, 1904. 16 


. . ; . . e . . e 


‘ds ‘u pnfisdoyouñys Dy1fisdooins 
MI sunujouad D, sdo24ns 

‘PUA 0109æ9 Dy1fisdo210S. 

*MISOM D99DU00 nIfisdoouns 


. . e . . . e e e e Q 


‘jan 90di03 oypfisdoyanusix 
*A=III89 29q10N Dyhisdoyorushiy 
"“QRAiL DyDuu9adiu DyphsdoyorunshH 


. . . . . . . Û . © . 


‘eg vuridin my sdous91) 

‘JouseM Sdoorur9ad nyñsdous) 
‘u9S4IOY 527290792048 nyfsdour1) 
‘IQUSEMA 2040quoy98D] D hsdous19 


= ‘#nq 2nosnw Dy]fsdous) 
2 ‘OM P207uap0720siq nyfsdopydhr 
& ‘JauseM puixouid vyfisdorydh] 
= ‘JOI0H sa74%60 vyhisdoydhI 
= ‘ŒU9SL sz2zuussn nyphsdoqyañ] 
É ‘JouSeM suui0/10qu0p1a vy1fisdoan 
re ‘UISUION suyqunonquad my1lisdoon 


“JouseM 20ddoq SotssojudhI 


‘HAOS 2Duu06 sn ydor0199 
PO: SnIDIUIpxoS Sn ydon429 
“IJUSBM snypuuid Snyfiydo1012) 
‘eqnay 42Bryporuod snpfydorn4a) 
"ouSe M 9Dja1snuw Sn] ydojp429 
‘JouseM swobny snyfydo]n4a) 
‘ousem Suriuisuo9 Sn hydo0199 
“QUAIL Snoop Sn y dont) 

2504 Sn1D12S0/ 


‘AUALL DULUNU ARA ‘pr 
‘49SL Sd9911D149S DO) 


‘QUALL SAUUNU X9/ndI 
°T SUDILUUL X91nd 


SHDHASF 


7 
. 
". 
| 
u 
| 


\' ‘JouSeM ‘ 


. 
… 


‘*‘*:°"‘aorenx eyr{sdoqouÂyu 


‘’‘::""‘MSoM er Asdoores 


‘‘aoxegq er1ASdeSam 


* ‘WSL errAsdoyor11SÂH “QRAILL AVNITTASAOHOMMUESA FJ 


9SNNS Sn241190u8yd91S | 


‘[0M eJ1ÂSdo1e.197 


‘‘1ou$eM ‘I0N er Âsdouo)n 


00 0,0 006 Jau3e M 81] Asdo[yudÂ] 


‘:‘auseM e7{sdoonN 


‘JouSenM er Asdoæred 


‘‘IJuSPA SUI990]Yd TI 


‘useM ‘Jan9 SnjrAydoiu.18" 


‘A98]t} ‘0 Snjeydeoous)n 


°°" doSNH ‘T1 X9/nd4 


SHUNAN 


‘tte UI9S IA SdIur.Ie À 


| 


?. 


‘"uSeM HAVQITIXSAINAHA 


\ 


\ 


‘GRILL AVNITIXSdO'THdA 


S4I'TINVAH-SAOS 


,‘AWSL AVAIOITINd 


‘Gear, AYNKDHITNq 


SATIINV 


SUJOUSU 39 SUP S3JL199p Ja SOUSeUR) Sa] 2 SUNOS SA] ‘SJEY 9] ANS S98A18S00 Sa9n4 ap Sa991sa Sap anbHdouÂS nesjqe] 


‘‘AWSL HAVQAITIASdONUVS 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 243 


cependant j’ai adopté cette division parce qu’elle permet de bien 
répartir en groupes les espèces qui nous intéressent. C’est pour la 
même raison que j'ai accepté le genre Ctenocephalus rétabli par 
Hilger. Enfin, ne connaissant pas le genre Megapsylla, je l’ai placé 
entre les Pulicidae et les Sarcopsyllidae et c’est là, en effet, pour 
le moment, sa place. 


FAMILLE DES PuLiciIDAE Tschb. 


Cette famille, établie par Taschenberg, comprend les Puces pro- 
prement dites (1). 

Corps en général plus grand que chez les Sarcopsyllidés, allongé 
ou raccourci. Tête relativement petite, le plus souvent arrondie en 
dessus et fréquemment armée d’épines sur les joues ou le long de 
son bord inférieur. Palpes labiaux toujours à quatre articles. 
Thorax plus développé que chez les Sarcopsyllidae, pourvu très 
fréquemment d’un peigne d’épines au bord postérieur du pronotum 
et parfois aussi du Mmetanotum. Souvent aussi il y a des peignes au 
bord postérieur du notum d’un ou de plusieurs segments abdomi- 
naux. Abdomen jamais extraordinairement renflé. Les femelles ne 
se fixent jamais à demeure sur leur hôte. 

Nous étudions dans cette famille les trois sous-familles : Puli- 
cinae, Hystrichopsyllinae et Typhlopsyllinae. 


+ 


Sous-Famille des Pulicinae mihi (Genre Pulex de Taschenberg) 


Corps allongé ou raccourci. Tête presque toujours arrondie en 
dessus. Yeux toujours bien développés. Très souvent un peigne 
au bord postérieur du pronotum et parlois un autre peigne de 
chaque côté de la tête; jamais de peignes au metanotum et sur 
les segments abdominaux; ceux-ci parfois pourvus de petites 
pointes chitineuses. Le long du bord postérieur des jambes des 
pattes postérieures, de nombreuses et longues soies réparties en 
3 groupes ou en 7 à 8 couples. 

Le genre Pulex fut établi en 1695 par Linné qui y comprenait le 
Pulex irritans et la Sarcopsylla penetrans; Curtis, en 1832, le divisa 


(1) Dans la description des caractères d’une famille, d’une sous-famille ou d’un 
genre nous choisissons de préférence ceux qui se rapportent aux espèces que 
nous étudions, 


4h C. TIRABOSCHI 


en deux genres : Pulex et Ceratophyllus, en laissant dans le genre 
Pulex seulément une espèce (le Pulex irritans L.), chez laquelle il 
n'avait pas reconnu des antennes et en réunissant dans le genre 
Ceratophyllus toutes les autres espèces chez lesquelles il reconnut 
des antennes présentant des incisions en forme de feuillets (xéoxc, 
xéparos — Corne, c’est-à-dire antenne; ouloy — feuille). West- 
wood en 1833, ayant reconnu l’inexactitude de cette distinction, 
laissa tomber le genre Ceratophyllus Curtis, genre que Gervais en 
1840, Kolenati en 1856, etc..., ont confondu sous le nom de Cera- 
topsyllus. Kolenati établit les genres : Pulex, Trichopsylla, Cteno- 
notus, Ctenocephalus, que Taschenberg réunit dans le seul genre 
Pulex, avec les caractères que nous avons rapportés ci-dessus. 
Wagner a réparti les espèces que Taschenberg avait comprises 
dans ce genre, en deux genres (Pulex sensu stricto et Ceratophyllus), et 
Baker (1) en trois divisions, dont la deuxième correspond au genre 
Ceratophyllus Wagner, tandis que la première et la troisième sont 
des subdivisions du genre Pulex Wagner; Hilger a rétabli pour la 
troisième division de Baker le nom de Ctenocephalus de Kolenati et 
considère les divisions de Baker comme trois genres distincts : Pulex 
sensu stricto, Ceratophyllus et Ctenocephalus (2). Nous adopterons 
ces noms en regardant aussi les groupes correspondants comme de 
véritables genres et en les réunissant dans une sous-famille qui 
correspond au genre Puler de Taschenberg et pour laquelle nous 
proposons le nom de Pulicinae. Il faut pourtant remarquer que 
quelques-unes des espèces que l’on doit comprendre dans cette sous 
famille ne présentent pas tous les caractères que nous donnons 
ci-dessous pour l’un ou pour l’autre des trois genres que nous 
considérons (Voir par exemple le Pulex lynx Baker, le Pulex 
kerquelensis Tschb., le Pulex lamellifer Wagner, le Pulex glacialis 
Tschb., etc.). Il faudrait pourtant ou créer des genres nouveaux, 
ou modifier la description des trois genres : Pulex, Ctenocephalus et 
Ceratophyllus, en changeant ou en supprimant quelques caractères. 
En outre, pour ce qui regarde le genre Ctenocephalus, nous recon- 
naissons que son rétablissement n’est pas suffisamment motivé, 


(1) BAKeR, Preliminary studies in Siphonaptera. The Canad. Entomol., 1895. 

(2) Je fais remarquer que cette subdivision du genre Pulex en trois groupes 
est indiquée dans la Tabelle zum Bestimmen der Gattungen und Arten der 
Pulicidae de Taschenberg. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 245 


mais nous l’adoptons avec les deux autres genres car les espèces 
que nous allons étudier peuvent être facilement et sûrement répar- 
ties dans l’un ou dans l’autre de ces trois genres. Enfin, pour ce 
qui regarde la création de la sous-famille des Pulicinae, j'ai déjà 
dit que ce groupe n’est pas tout-à-fait naturel ; en effet il comprend 
des formes très différentes les unes des autres, dont quelques-unes 
trouveraient mieux leur place dans la sous-famille des Typhlopsyl- 
linae, par exemple les espèces du genre Ceratophyllus qui sont plus 
voisines du genre Palæopsylla (auquel le genre Ceratophyllus se 
rattache au moyen du genre T'yphloceras) que du genre Pulex. 


GENRE PuLex L., sensu stricto Hilger (1re Division de Baker). 


Nous commençons par ce genre, puisqu'il comprend la Puce de 
l'Homme, qui est l'espèce que l’on peut se procurer le plus facile- 
ment. Nous donnerons avant tout les caractères du genre Puler 
dans le sens de Wagner, comprenant aussi, nous l’avons dit, le 
genre Ctenocephalus dans le sens de Hilger. 

Forme de la tête à peu près semblable chez le mâle et chez la 
femelle. Yeux grands, éloignés du bord inférieur de la tête. 
Série des soies oculaires (cf. page 216) com- 
prenant 2 soies seulement : une près de 
l’œil (soie oculaire), l’autre près de la base 
des mâchoires (soie maxillaire) (fig. 15). 
Fossettes antennales du mâle n’atteignant 
pas les pleurae du prothorax; du bord anté- 
rieur des fossettes fait saillie une lamelle Fig. 13. — Dernier article 
chitineuse, dirigée en arrière, recouvrant du tarse (metatarsus) 
en partie les antennes, et parfois si mince des pattes postérieures 

c , 1 4 de Pulex irritans L., 
et si transparente, qu’on ne l’apercoit pas d'après Wagner. 
facilement. Dernier article des antennes 
presque sphérique. Segments abdominaux toujours dépourvus de 
pointes chitineuses. Soies apicales (celles du notum du 7 segment 
de l’abdomen) peu développées. Sur la surface interne des cuisses 
des pattes moyennes et plus encore sur celle des pattes postérieu- 
res, une série bien accusée de petits poils courts. Soies latérales 
du metatarsus des pattes postérieures au nombre de 4 paires, la 
distance entre la 3% et la 4 soie étant plus grande que celle qui 


246 C. TIRABOSCHI 


existe entre la 1re et la 2€, ou entre la 2e et la 3° (suivant Wagner, 
les soiïes étaient d’abord au nombre de 5, dont la 4e à disparu, 
remplacée souvent par un poil; voir par exemple le Ctenocephalus 
serraticeps, fig. 16). Appareil de fixation du mâle ne présentant pas 
de longues soies sur le processus articularis; doigts mobiles géné- 
ralement au nombre de deux. 

Le genre Pulex dans le sens de Baker, Hilger, etc. comprend les 
espèces complètement dépourvues d’épines et de peignes. Ces 
espèces sont : 


LisTE A (1). Liste B (2). 
Pulex irritans L. Pulex pallidus Tschb. 
Pulex cuspidatus Kol. (= Pulex Witherbyi Rothsch. ?). 
Pulex hyænae Kol. Pulex æquisetosus End. 
Pulex simulans Baker. Pulex nubicus Rothsch. 
Pulex multispinosus Baker. Pulex Cheopis Roth. 
Pulex arizonensis Baker. Pulex regis Roth. 
Pulex Dugesi Baker. Pulex Cleopatrae Rothsch. 
Pulex longicornis End. Pulex Isidis Roth. 
Pulex Bohlisi Wagner. Pulex longispinus Wagner. 


Pulex madagascariensis Rothsch.  Pulex gerbilli Wagn. 
Pulex conformis Wagn. 
Pulex murinus n. sp. ? 


Nous décrivons deux espèces seulement : Pulex irritans L. et 
Pulex murinus mihi. 


PULEX IRRITANS L. 


Pulex ater : Linné Fauna suecica, 1° ed. 
Pulezx irritans : Linné, 1695 ; Geoffroy, 1762; Dugès, 1832; Bouché, 
1832; Gervais, 1844: Walker, 1856; Maitland, 1858; Kolenati, 1859; 


(1) Je ne cite pas ici Pulex globiceps Tschb., P. tuberculaticeps Bezzi et P. wrsi 
Rothschild, que Wagner (1903) classe dans le genre .Vermipsylla, P. kerque- 
lensis Tschb., P. lamellifer Wagner, P. lynx Baker et P. glacialis Tschb., qui 
sont des espèces douteuses ou appartiennent à des genres différents et peut-être 
nouveaux; P. lynx, par exemple, a un peigne d’épines au bord postérieur du 
pronotum, ce qui le rapproche du genre Ceratophyllus ; cependant le nombre 
et la disposition des soies latérales du melatarsus sont comme dans le genre 
Pulex L., Wagn. 

(2) Pour les espèces comprises dans cette liste, cf. page 249. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 247 


Ritsema, 1873; Taschenberg, 1880 ; Baker, 1895 ; Webb, 1896 ; 
Meinert, 1896 ; Stokes (Journ. N. Y. Micr. Soc.), 1896; Wagner, 


1898 ; Hilger, 1899, etc. 


Pulex vulgaris : Degeer (Mém. pour servir à l'Hist. des Ins.), 1718 ; 


Küchenmeister(Parasiten), 1855. 
Pulex hominis : Dugès, 1832. 
Corps raccourci, de couleur 

assez variable, ordinairement 

d’un brun marron plus ou moins 
foncé et luisant; pattes un peu 
plus claires.Tète fortement et ré- 
gulièrement arrondie en avant ; 
soie oculaire(cf. page 245) placée 
en dessous de l'œil; une soie 
derrière le bord postérieur des 
fossettes antennales, qui ne sont 
pas recouvertes par une lamelle 
chitineuse. 

Dernier article des antennes 


Fig. 44. — Pulex irritans L. — A, 
femelle (figure originale d’après une 
photographie); B, mâle, d’après Ta- 
schenberg. 


profondément incisé sur un côté seulement (1). Mächoires plutôt 


(1) Le côté incisé est le postérieur au repos (antérieur, lorsque les antennes 


sont tirées en dehors de leur fossette). 


248 C. TIRABOSCHI 


larges, se terminant par une longue pointe effilée; rapports de 
longueur des articles des palpes maxillaires : 17 — 20 —12—19. Au 
bord postérieur du notum des segments thoraciques et abdomi- 
naux, de chaque côté, une série de 4 à 5 soies. Stigmates abdomi- 
naux s’ouvrant en dessous de la dernière soie ou soie inférieure. 
Des soies apicales, une seule (de chaque côté) bien développée. 
A l'extrémité abdominale, des broussailles de poils très touftus. 
Plaque sensuelle non noire. 

Rapports de longueur des articles des tarses : dans les pattes 
antérieures : 4—1 —-3—2—5 (formule de Bouché); le 4 est le plus 
petit; le 4er et le 3e sont un peu plus longs; le 2e — 4e + 1er; le 5e — 
de + 3e (formule de Taschenberg ; suivant cet auteur, 5° — 2% + 
39 + 4e); 10—15—11—8—27 (formule de Wagner); en p : 65—95 — 
70— 50—170 (dans un exemplaire © long de 3mm5) ; dans les pattes 
moyennes : 4—3—2—5—1 ; le 2° — 3° + 4 et est presque égal au 
5e ; le 4er est un peu plus long que le 3 et mesure les deux tiers 
du % (suivant Taschenberg, il serait la moitié du 2); 18—25—15— 
10—30; en y: 115—155—95—65—190; dans les pattes postérieures : 
&—3—2—5—1;: le 5e — 2e — 3e + 4e; le te — deux tiers du 3% 
(Taschenberg dit que le 4 — la moitié du 3e); le 4er — 2e + 3e (sui- 
vant Taschenberg, le 1er est un tiers plus long que le 2e); 50—30— 
18—19532: en vu : 315 190—115— 75200. 

Doigt mobile de l’appareil de fixation du mâle grand, saillant, 
semi ovalaire, pourvu de poils : manubrium grand et allongé ; fils 
chitineux soutenant le pénis très longs et enroulés en spirale bien 
accentuée. î 

Longueur totale très variable : g! 1mmÿ à 3mm; © 2mm à 4mm; 
dans mes exemplaires recueillis sur les Rats : gt 1nm6 à 2m; 
L 2mm à 3mmÿ, : 

Pour la ponte des œufs, la durée du développement, la nourriture 
des larves (fig. 12), l’'apprivoisement des Puces, le rôle que le Pulex 
irritans L. peut jouer dans l’évolution du Dipylidium caninum et des 
embryons de la Filaria recondita, expulsion du sang sucé, etc., 
cf. pl. h. 

La Puce de l'Homme est cosmopolite; elle abonde surtout dans 
les pays chauds et dans les saisons chaudes et attaque toutes les 
personnes, même les plus propres; il semble cependant qu’elle 
recherche de préférence certains tempéraments et qu'il y ait même 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 249 


des personnes réfractaires à sa piqüre (1). Elle attaque aussi les 
animaux domestiques : le Chien (Canis familiaris L.), le Chat, 
(Felis domestica L.), etc.; elle a été observée aussi sur le Lapin 
(Lepus cuniculus K.) et même sur le Cheval (Equus caballus L.) : 
Raïlliet, France, et sur le Poulet (Gallus domesticus Auct., juv.) : 
Hilger, Bade; parmi les animaux sauvages, sur le Chacal ((‘anis 
sp.) : Hilger, jardin zoologique de Karlsruhe). 

J’en ai observé quelques exemplaires sur des Rats d’Italie (aussi 
bien sur le Mus decumanus Pall. que sur le Mus rattus L.-alexandrinus 
Geoffr.); mais en général le Pulex irritans est plutôt rare sur ces 
Rats; au contraire je l’ai rencontré un peu plus fréquemment sur 
les Rats de navires (port de Gênes) provenant de localités conta- 
minées par la peste. Dans la collection d’ectoparasites recueillis 
en Abyssinie par Erlanger, Neumann a trouvé 4 spécimens de 
Pulex irritans L. pris sur de « gros Rats ». D’après Wagner (in litt.), 
parmi les Puces recueillies sur les Rats à Odessa pendant la peste, 
il y avait un ou deux exemplaires seulement de Pulex irritans L. ; 
cette espèce était au contraire abondante parmi les très nombreux 
spécimens de Puces recueillies sur les Hommes, dans les villages 
de la Russie et dans les cabanes des Kirghises, pendant la peste. 
Sur 250 échantillons de Puces prises chez les «Rats de navires » 
(Mus sp.?), à Marseille, Gauthier et Raybaud ont trouvé 2exemplaires 
seulement de Pulex irritans, tous deux sur le même Rat. 


Groupe du PuLex paAzziDus Tschb. 


Les exemplaires qui ont servi à Taschenberg (1880) pour établir 
sa nouvelle espèce font partie de la,collection du Musée zoologique 
de Berlin. Ils ont été pris sur des individus de Herpestes ichneumon L. 
(Carnivore appelé communément Rat de Pharaon), provenant 
d'Egypte. D’après Taschenberg il n'y aurait de différence entre 
cette espèce et la précédente que dans la morphologie de l’appareil 
de fixation du mâle (2). Mais la description qu'il en donne est très 
incomplète et peut se rapporter à toutes les espèces de ce groupe. 
En s'appuyant sur des exemplaires capturés dans l’île de Socotra 


(1) Des exemplaires de Pulex irritans recueillis sur des Rats, transportés sur 
mon corps, m'ont piqué immédiatement (v. p. 232). 

(2) « Ich habe lange geschwankt, diese Form als selbständige Art aufzuführen, 
da sie sich in fast allen Punkten mit der vorigen gleich verhält. » 


250 C. TIRABOSCHI 


sur Mus albipes et qui lui avaient été envoyés par le même Taschen- 
berg comme étant des spécimens d’une espèce nouvelle, Baker 
(1895) conclut qu’ils « coincide in every respect with the original 
description and illustrations of Pulex pallidus, and must be referred 
to that species as it now stands » et donne de cette espèce une 
description un peu plus détaillée mais encore incomplète (1). 
Bien des espèces distinctes ont été confondues sous le nom de 
Pulex pallidus; Wagner (1894) signala comme Pulex pallidus des 
Puces recueillies dans le Transcaspien sur un Hibou (Strix sp.) et 
sur un Rongeur (Gerbillus sp.), mais plus tard (1903, in litt.) il 
reconnut qu'il s'agissait de deux espèces nouvelles, pour lesquelles 
il doit proposer les noms de Pulex gerbilli et Pulex conformis. Moi- 
même, en examinant des Puces prises sur des Rats, je crus d’abord 
avoir sous les yeux des spécimens de Pulex pallidus, mais plus tard, 
à la suite des avertissements de Rothschild et de Wagner, j’étudiai 
mieux mes exempiaires et je m'aperçus qu'ils appartenaient à une 
espèce distincte et peut-être nouvelle, pour laquelle je propose le 
nom de Puler murinus. Cependant Wagner, auquel j'ai envoyé 
quelques-uns de mes spécimens, m'écrit qu’ils se rapportent à 
Pulex Cheopis, décrit par Rothschild. N’ayant pas la description de 
cet auteur et ne pouvant pas vérifier l’assertion de Wagner, je 
donne la description et la figure de mon Pulex murinus (fig. 15). 
Gauthier et Raybaud (1903) écrivent qu’ils ont rencontré sur les 
Rats de terre (Mus decumanus?) et plus fréquemment (2) sur les 
Rats de navires (Mus rattus?) des Puces non pectinées, s’écartant 
notablement du Pulex irritans par leur taille plus petite, par leur 
couleur plus pâle, par la forme de l’armature génitale, etc., et se 


(1) « Male claspers very small, slender and cylindrical ; internal penis support 
short, not spirally coiled towards {he front. Labial palpi 4-jointed. Pale brown 
in colour. Length : G'2""; © 2vm5 », Rapports de longueur des articles des tarses 
dans les pattes antérieures : 5° — 1° + 2° — 2° + 3°; dans les pattes moyennes : 
5° — 4° x 3; dans les pattes postérieures : 5° < 3° + 4°; 2° = 4° X 3; 17 > 
4e + 5e. 

(2) Trois fois sur 52 échantillons sur les Rats de terre et 64 fois sur 250 (c’est- - 
à-dire 25 pour cent) sur les Rats de navires de provenances très diverses. Les 
auteurs concluent : «Ces Puces, dans nos recherches, étaient assez spéciales aux 
Rats de navires ; nous nous sommes assurés qu’elles pouvaient nicher et accom- 
plir tout leur développement sur ces animaux ». Un exemplaire mis en expé- 
rience, après 24 heures de jeûne, a piqué pendant un temps assez court, laissant 
une seule marque punctiforme, sans aréole périphérique ni pétéchies. 


+ 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 251 


rapprochant beaucoup du Pulex pallidus. Tidswell (1903) dit qu'il a 
observé le Pulex pallidus dans une proportion très considérable 
(81 pour cent) sur les Rats capturés à Sydney pendant la dernière 
épidémie de peste; les exemplaires mis en expérience par cet 
auteur suçaient le sang de l'Homme. S'agit-il ici du véritable Puler 


Fig. 15. — Pulex murinus Tirab. (figure originale). 


pallidus ou de quelques-unes des espèces voisines, qui, d’après 
Rothschild, affectionnent les Rats et les Souris de l’Afrique et des 
Indes ? 

J'ai déjà donné la liste (cf. page 246) de toutes les espèces du 
groupe Pulex pallidus connues jusqu’à présent ; ces espèces sont au 
nombre de 10 ou 12; d’après Wagner (in litt., 1903) le véritable 


IŸ 
2€ 
[© 


C. TIRABOSCHI 


Pulex pallidus (dont il aurait trouvé des exemplaires sur un Caniche 
acheté à St-Pétersbourg) correspondrait au Pulex Witherbyi Roth. ; 
le Pulex æquisetosus, dont Enderlein a donné une description très 
imparfaite et dont on connaît seulement le mâle, serait peut-être 
synonyme d’une des autres espèces. 
Je ne puis pas décrire toutes ces espèces et je me borne à celle 
que j’ai observée sur les Rats et à donner quelques uns des carac- 
tères qui, d'après Wagner, permetteraient de reconnaître de suite 
les espèces du groupe et de les différencier du Pulex irritans : la 
soie oculaire, qui, chez le Pulex irritans, est en dessous de l’œil 
(cf. page 247), ici placée en avant (fig. 15), les doigts mobiles 
(cf. page 246) de l’appareil de fixation du mâle sont beaucoup 
moins développés que chez le Pulex irritans. 


PULEX MURINUS Tirab. 


Pulex Cheopis Rothschild ? (Entom. Monthly Magaz., 1903). 

Corps châtain ou jaunâtre, plus clair que chez le Pulex irritans. 
Mâchoires plus allongées, chacune paraissant (vue de côté) comme 
un triangle isocèle trés aigu ; rapports de longueur des articles des 
palpes maxillaires : 9—11—7—13. Fossettes antennales recouvertes, 
dans leur moitié inféro-postérieure, par une lamelle chitineuse bien 
accusée, un peu différemment conformée chez le & et la ©, et 
qui, au repos, recouvre aussi la moitié du troisième article des 
antennes. Sur la tête, dans la moitié antérieure, deux soies placées 
comme chez l'espèce précédente, et dans la moitié postérieure 
deux séries de soies, l’une derrière la fossette antennale et compre- 
nant deux à trois soies, l’autre près du bord postérieur de la tête 
et composée de quatre à cinq soies ; les deux séries se rencontrent 
à l’angle inféro-postérieur de la tête, où elles ont une soie en 
commun. Série de petits poils le long du bord postérieur de la 
fossette antennale plus marquée, dans le mâle, que chez le Pulex 
ivritans. Sur les bandes dorsales des segments abdominaux, une 
série de six à sept soies de chaque côté ; sur les bandes ventrales, 
quatre à cinq soies par côté; stigmates s’ouvrant dans l'intervalle 
entre la dernière et l’avant-dernière soie du notum (1). Espaces clairs 


(1) Ce caractère est dessiné dans la figure de Taschenberg de Pulex pallidus et 
il est bien marqué chez la © du Pulex murinus mihi. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 293 


A 


de la plaque sensuelle à peu près comme chez le Pulex irritans. 
Broussailles de poils à l’extrémité de l’abdomen moins touffues. 
Tout Le corps, en général, plus velu que chez l'espèce précédente : 
sur la surface extérieure des coxae des pattes antérieures, nom- 
breuses séries de soies; sur celle des tibiae des pattes postérieures, 
une longue série de petites soies, se dédoublant près de l’extrémité 
inférieure et se continuant sur le premier article du tarse, etc., etc. 
Pattes un peu plus allongées que chez le Pulex irritans, surtout 
dans les articles du tarse ; rapports de longueur de ceux-ci à 
peu près les mêmes ; dans les pattes antérieures : 8—9—7—5—15 
(formule Wagner); en v : 50—55—45—35—95 (dans un exemplaire ® 
long de 2mm{) ; dans les pattes moyennes : Le 2e article est plus long 
quete se boqueMestoe MEME DEC CNSSS 
16 ; en uw: 100—130—70—50 —100 ; dans les pattes postérieures : 
JO E ES ER Ode tiers dus 225710 
mo 0 Un 0000065125; 

Dans l’appareïl de fixation du mâle je n'ai pu distinguer de 
véritables tenailles avec toutes leurs parties ; doigt mobile externe 
plus développé que l’interne ; au sommet et au bord inférieur de 
celui-ci des poils très petits et très clairs; le long du bord supérieur 
du doigt externe une dizaine de soies longues et fortes. Fils chiti- 
neux de soutien du pénis courts et simplement recourbés en arrière 
à leur extrémité antérieure. 

J’en ai capturé plusieurs spécimens sur des Rats (Mus decumanus 
Pall. et Mus rattus-alexandrinus L. Geofir.) provenant de différentes 
régions d'Italie (provinces de Caserte, Trévise, Venise, Gênes, etc. ); 
c'est notamment sur les Rats des navires du port de Gênes et 
aussi sur ceux de la ville, que j’ai remarqué la fréquence de cette 
espèce de Puce; sur les Rats des navires, j’ai constaté la présence 
de 75 Pulex murinus parmi 186 Puces, c’est-à-dire dans la proportion 
de 40 pour cent. 

J’ai déjà dit (cf. page 232) que cette espèce pique l'Homme. 


GENRE CTENOCEPHALUS Kol., Hilger (3 Division de Baker) (1). 


Un peigne par côté au bord inférieur de la tête (xreis, xtevéc, 
peigne, Ktenidium de Kolenati; xesvahr, tète; Kolenali a indiqué 
(1) Nous avons déjà fait quelques remarques sur l’opportunité du rétablisse- 


ment de ce genre. 


» 


254 C. TIRABOSCHI 


ce peigne sous le nom de Augenktenidium) et un autre peigne au 
bord postérieur du pronotum. Pour les autres caractères voir ce 
que nous avons dit ci-dessus à propos du genre Pulex sensu stricto. 
Ce genre comprend les espèces suivantes: . 


Ctenocephalus serraticeps Tschb.,  Ctenocephalus goniocephalus (Cte- 
Ctenocephalus erinacei Bouché (1), nocephalus leporis) Tschb., 
Ctenocephalus (?)inæqualis Baker,  Ctenocephalus gigas Kirby, etc. 


Nous décrirons seulement la première espèce. 


CTENOCEPHALUS SERRATICEPS Tschb. 


Pulex canis : Curtis, 1826 et 1832 ; Dugès, 1832; Gervais, 1844 ;. 
Walker, 1856 ; Maitland, 1858 ; Landoiïs, 1867 (2); Ritsema, 1874 ; 
Meinert, 1896 ; Wagner, 1898 ; Rothschild (Notes on Pulex canis 
Curtis and Pulex felis Bouché ; Entomologist’s Record XIII), 1901 ; etc. 

Ctenocephalus canis : Hilger, 1899. | 

Pulex felis : Bouché, 1835; Walker, 1856; Maitland, 1858; 
Ritsema, 1874. 

Pulezx serraticeps : Gervais, 1844 ; Taschenberg, 1880 ; Baker, 1895. 

Ctenocephalus novemdentatus : Kolenati, 1859 et 1863 ; Ritsema,1873. 

Ctenocephalus enneodus : ibid., ibid. 

Cette espèce fut signaléeet dessinée la première fois par Roesel (3), 
en 1749, puis décrite sous le nom de Pulex canis par Curtis et par 
Dugès, et sous le nom de Pulex felis par Bouché (4); Gervais dit 
que le Pulex canis diffère très peu du Pulex felis et proposa pour 
celui-ci le nom de Pulex serraticeps. Kolenati regarda la Puce du 
Chien et la Puce du Chat comme deux espèces bien distinctes, 
mais Taschenberge démontra qu’il n’y a rien de vrai dans les carac-. 
tères différentiels rapportés par Kolenati, et soutint qu'il s’agit 
d’une seule et même espèce, pour laquelle il rétablit le nom de 
Pulex serraticeps, parce que « der Name canis zu Irrungen Veran- 


(4) J'ai eu l’occasion de recueillir plusieurs spécimens de cette espèce sur le 
Hérisson commun (E£rinaceus europæus L.), en Italie. 

(2) Landois a décrit d’une façon presque toujours exacte et complète l'anatomie 
de la Puce du Chien. 

(3) RorseL, Der so bekannte als beschwerliche Floh. Insektenbelustigungen, 
II, 1749. 

(4) D'après Taschenberg, le Pulex canis Bouché serait le Pulex irritans L. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 25 


© 


assung geben kann » (1). Son avis est partagé par tous les auteurs 
des dernières années ; cependant Rothschild (1901) a séparé les 
deux espèces sous les noms de Puler canis Curtis et Pulex felis 


x 


Bouché, à cause de petites différences dans la morphologie de 
l'appareil de fixation du mâle ; pourtant ces différences sont si 
petites (2), que la création de deux espèces ne me semble pas 
justifiée ; tout au plus peut-on parler de deux variétés. 

Corps raccourci, d’un rouge-brun clair, avec de larges taches 
foncées sur le thorax et sur le dos de l’abdomen ; pattes plus 
claires. Tête faiblement et régulièrement arrondie en dessus et en 
avant. Mâchoires triangulaires allongées, se terminant par une 
longue pointe effilée ; rapports de longueur des articles des palpes 
maxillaires : 16—22—14—20. Fossettes antennales couvertes, dans 
leur moitié inféro-postérieure, par une lamelle chitineuse très 
mince, mais bien distincte ; à son extrémité inférieure (ou posté- 
rieure), on aperçoit une épine plus petite que celles qui constituent 


(1) C’est pour cette même raison que j'ai adopté le nom de Pulex serraticeps, 
quoique la priorité appartienne à l’autre nom : Pulex canis. 

(2) Suivant Rothschild, « in Pulex felis, there are a few more hairs on the 
surface of the mevable finger, than in Pulex canis. The structure of its dor- 
sal edge, moreover, is altogether 
more rounded, and is produced 
further along the ventral edge 
than in Pulex canis. In Pulex 
canis the ventral edge of the 
movable finger is much straigh- 
ter than in Pulex felis. The 
manubrium of Pulex felis is 
almost of the same breadth 
along its entire length, while in 
Pulex canis the anterior portion 
is considerably broader than 
the posterior ». Quant aux diffé- 
rences de structure du doigt 
mobile, elles sont si peu appré- 
ciables,kmême d’après la descrip- ; F à : Ê 
peut les remarquer que très canis ; B, Pulex felis, d’après Rothschild. 
difficilement; de plus, elles ne 
sont pas constantes, au moins dans les exemplaires que j'ai observés. En efet, 
Chez quelques-uns de ces exemplaires ayant le manubrium très élargi dans sa 
partie antérieure (Pulex canis), le doigt mobile est conformé comme chez le 
Pulex felis. Enfin Rothschild lui-même dit que « in the females à constant 
distinctive character appears to be absent ». 


256 C. TIRABOSCHI 


les peignes ; troisième article des antennes avec des incisions cir- 
culaires complètes, mais plus profondes sur un côté. Le long du 
bord inférieur de la tête, de chaque côté, un peigne de 8 épines (1) 
longues, très larges à leur base, acuminées, un peu recourbées en 
arrière; la première épine, l’avant-dernière et plus encore la 
dernière sont beaucoup plus petites que les autres ; la dernière es; 
à peu près développée comme celle de la lamelle des fossettes 
antennales. Au bord postérieur du pronotum un peigne de 16 (8 de 
chaque côté) épines semblables, dont la dernière (l’inférieure de 
chaque côté) est beaucoup plus petite que les autres. Nombre et 
disposition des soies de la tête comme chez le Pulex murinus. 
Devant le bord postérieur du notum des segments thoraciques une 
série de soies en nombre variable ; sur les écailles aliformes du 
métathorax, deux séries de soies, chacune de 7 à 9 soies; sur les 
bandes dorsales des segments abdominaux, vers la moitié, une 
série de 5 ou 6 soies de chaque côté; sur les bandes ventrales, 
deux soies de chaque côté. Une soie apicale seulement bien déve- 
loppée ; deux autres soies très petites sur les côtés de celle-ci. 
Stigmates abdominaux s’ouvrant dans l’intervalle entre la dernière 
et l’avant-dernière soie de chaque segment, tout-à-fait comme chez 
le Puler murinus. Plaque sensuelle un peu plus foncée que chez 
le Pulex irritans, mais non noire. 

Rapports de longueur des articles des arses : dans les pattes 
antérieures : 4r+(1—3)—2—5 (formule de Bouché); le 4er = 3% et 
un peu plus long que le %e ; le 2 est un peu plus long que le 4er; 
le 5 — 2e + 3e (formule de Taschenberg) (2); 10—12—10—8—22 
(formule de Wagner) ; en uw: 65—75—65—50—140 (dans un exem- 
plaire © long de 2"m4) ; dans les pattes moyennes : 4—3—1—2—5; 
le 4e — la moitié du fer ; le 1er est un peu plus grand que le & ; le 
2e — 3° + 4e et est presque égal au 5e; 15—20—13—8—922 ; enu: 
95—125—80—50— 140 ; dans les pattes postérieures : 4—3—2—5—1; 
2—ÿ—S% +4; ler — 2e + 3%; 40 — 24 — 15 — 10 — 2%; en y: 
250—150 —95—65 — 150. 

Doigt mobile des tenailles (chez le mâle) grand, presque ovalaire 
(fig. 16), tronqué à son extrémité antérieure ; manubrium allongé (3). 


(4) Tous les auteurs décrivent 7 à 9 épines de chaque côté dans les peignes, tant 
de la tête que du prothorax; dans les exemplaires que j'ai observés, il y en a 
toujours 8 de chaque côté. 

(2) D’après Taschenberg 1°, 2°, 3° et 4° sont presque égaux; 5° — 2° + 3° + 4e. 

(3) Voir la note 2, à la page 255. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 291 


Longueur totale du mâle : 1mm7 à 1mm8 ; de la femelle : 225 à 2mm6 
(cela dans mes exemplaires pris sur le Chien, etc.). 

Nous avons déjà fait remarquer que les larves du Ctenocephalus 
serraticeps peuvent éclore, en été, même deux jours après la ponte 
des œuis. 

D’après les renseignements de Austin, de Leuckart et de Neu- 
mann (1), le développement des œufs et toutes les métamorphoses 
successives peuvent s'accomplir sur le corps de l’hôte (Chien ou 
Chat). Ghisleni (2) aurait trouvé dans l’humeur aqueuse de l'œil 
d’un Chien une larve vivante de Ctenocephalus serraticeps, qui 
aurait percé elle-même la cornée à l’aide de ses mandibules ; la 
chose est tout simplement absurde ; ou le parasite n’était pas une 
larve de Puce (3), ou il-n’était pas dans la chambre antérieure de 
l’œil, car les larves des Puces ne peuvent vivre que quelques 
instants dans un liquide, et elles ne peuvent absolument pas se 
creuser dans l’épaisseur de la cornée une galerie assez large pour 
leur livrer passage. 

Pour le rôle du Ctenocephalus serraticeps comme hôte intermé- 
diaire du Dipylidiwum caninum L. et des Hématozoaires de Lewis, 
voir à la page 235; pour la manière de sucer le sang et de l’expul- 
ser au dehors, voir à la page 236. Nous ajouterons ici que le Cteno- 
cephalus serraticeps saute aussi facilement et aussi haut que le 
Pulex irritans. 

Le Ctenocephalus serraticeps est la Puce qui affectionne peut-être 
le plus grand nombre d’animaux, et parmi ceux-ci, les Carnivores 
sauvages ou domestiques, surtout les Canidés et les Felidés, et 
notamment le Chien et le Chat. Sur le Chien (Canis familiaris L.), 
il a été observé presque partout (Italie, France, Allemagne, Hol- 
lande, Suisse, Amérique, etc., etc.) ; sur le Chat (Felis domestica L.) 
de même en Italie, en France, en Allemagne, en Hollande, en 
Angleterre, en Amérique, etc. Les autres Carnivores sur lesquels 
on a observé le Crenocephalus serraticeps sont les suivants : le Renard 


(A) Voir Raiuer : Trailé de zoologie médicule, etc. Paris, 1895, p. 803-804. 

(2) GHiSLENI, Sopra un caso di parassitismo oculare nel Cane. (Clinica veteri- 
narid, 1902. 

(3) Les différences entre les larves des diverses espèces de Puces sont si petites, 
et d’ailleurs la figure et plus encore la description données par Ghisleni sont si 
inexactes, que l’on ne peut pas comprendre sur quel caractère l’auteur affirme 
que sa larve était une larve de Ctenocephalus Serraticeps, à moins que ce ne 
soit à cause de l’hôte. 


Archives de Parasilologie, VIT, ne 2, 1904. 17 


258 C. TIRABOSCHI 


(Canis vulpes L.) : Gurlt, Muséum zoologique de Boûn, Hilger dans 
le grand-duché de Bade, Ritsema en Hollande etc. ; le Jaguar ondi 
(Felis Yaguarundi) : Muséum de Berlin, Taschenberg ; le Tigre lon- 
gibande (Felis macrocelis) : Jardin zoologique de Rotterdam, Ritse- 
ma ; le Tigre royal (Felis tigris L.) : Jardin zoologique d'Amsterdam 
Ritsema ; le Chacal indien ((‘anis aureus L.) : Jardin zoologique de 
Karlsruhe, Hilger ; le Fennec de l'Afrique (Fennecus, seu Megalotis 
Brucei L.) : Tunis, Ritsema; le Rat de Pharaon (Herpestes ichneumon 
L.) : Egypte (Muséum de Berlin), Taschenberg ; le Paradoxurus 
musanga Raff. : Jardin zoologique de Karlsruhe, Hilger ; le Putois 
(Putorius fœtidus seu Fætorius putorius L., etc.) : Hollande, Ritsema ; 
la Belette (Putorius vulgaris L.) : Bade, Hilger ; l'Hermine (Putorius 
erminea L. seu Mustela erminea) : Bade, Hilger; la Hyène rayée 
(Hyæna striata Zimm.) : Muséum de Vienne, Taschenberg ; et 
enfin un Raton (Procyon lotor L.) : ménagerie du Muséum de 
Paris, Gervais. 

En dehors des Carnivores, le Ctenocephalus serraticeps a été 
observé sur l'Homme (Hollande et Java, Taschenberg ; Danemark, 
Meinert ; France, Railliet ; (?) Galli-Valerio ; Bade, Hilger (1), etc., 
etc.); sur un Singe de l'Amérique centrale (Cebus hypoleucus) 
Reinhardt, Meinert ; sur le Lièvre commun (Lepus timidus L.) 
Hollande, Ritsema ; sur le Lapin de garenne (Lepus cuniculus L.) : 
France, Raïlliet (2) et Galli-Valerio ; et sur les Rats (Mus sp.) : 
Sydney, Thompson. 

J’ai eu l’occasion de constater la présence du Ctenocephalus serra- 
ticeps non seulement sur le Chien, sur le Chat, sur l Homme, sur 
le Lapin, etc., mais aussi sur les Rats (Mus decumanus Pall. et Mus 
rattus-alexandrinus L., Geoffr.) ; j’ai déjà fait remarquer qu’à l’ex- 
ception de Thompson, personne n’avait observé le Ctenocephalus 


(4) Hilger ayant fait recueillir, pendant plusieurs années, sur l'Homme (dans 
les théâtres, écoles, casernes, hôpitaux, prisons, etc.) 2036 Puces, constata que 
parmi celles-ci 1071 (c’est-à-dire 59-pour cent environ) étaient des Ctenocephalus 
serraticeps, et il conclut : « Dieser auffallend hohe Prozentsatz scheint dafür zu 
sprechen, dass der Mensch nicht nur vorübergehend Wirt des Hundeflohs ist ». 

(2) Railliet dit qu'il lui a été impossible d’acclimater le Ctenocephalus serra- 
liceps dans un clapier où il l’avait introduit en abondance. J’ai capturé, au 
contraire, une quantité considérable d'individus de Ctenocephalus serraticeps 
sur tous les Lapins du laboratoire sur lesquels j'ai cherché des Puces; parmi 
toutes ces Puces, je n’ai pas trouvé un seul spécimen de Ctenocephalus gonioce- 
phalus, qui est pourtant l'espèce propre au Lièvre et au Lapin (v. page 233). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 259 


serraticeps sur les Rats, même en dépit de longues recherches 
(Galli-Valerio) ; pourtant j’en ai pris de nombreux spécimens sur 
les Rats de plusieurs régions d'Italie et surtout sur le Mus decuma- 
nus Pall. ; chez cette espèce, je l’ai trouvé dans la proportion de 
25 à 30 pour cent environ; il a échappé peut-être aux recherches des 
autres observateurs parce que, doué d’une très grande agilité dans 
le saut, il se déplace plus facilement et plus vite que les autres 
espèces parasites des Rats ; en effet, je l’ai recueilli presque exclu- 
sivement sur les Rats que je tuais avec les vapeurs de chloroforme 
aussitôt qu’on me les livrait au laboratoire. Il faut pourtant remar- 
quer que les Rats capturés sur les navires du port de Gênes n’ont 
jamais donné cette espèce de Puce. 

D’après Wagner (in litt.), parmi les Puces capturées sur les Rats 
d’Odessa pendant la peste, il y avait quelques exemplaires seule- 
ment de Ctenocephalus serraticeps Tschb. Cette espèce était au 
contraire très abondante parmi les spécimens provenant des 
cabanes de la Russie et des Kirghises. Gauthier et Raybaud ont 
trouvé chez les Rats de terre, sur 52 échantillons, 2 spécimens de 
Ctenocephalus serraticeps Tschb. Enfin, Tidswell a pris sur les Rats 
(?) de Sydney 1 Ctenocephalus serraticeps sur 100 échantillons. 

Des exemplaires de Ctenocephalus serraticeps, portés sur mon 
corps, m’out piqué de suite (voir page 232). 


CTENOCEPHALUS SERRATICEPS ©4T. MURINA milhi. 


Parmi les nombreux spécimens de Ctenocephalus serraticeps que 
j'ai recueillis sur les Rats d’Italie, il y en a plusieurs qui présen- 
tent de petites différences qui, à mon avis, ne justifient pas la 
création d’une nouvelle espèce. 

Corps plus clair, châtain ou jaunâtre, ne présentant pas de taches 
foncées au thorax et à la partie supérieure de l’abdomen ; peignes 
de la tête et du pronotum et épine terminale de la lamelle des 
fossettes antennales plus visibles et plus distincts. Tête plus allon- 
gée, notamment dans la partie antérieure, dans laquelle la tête 
parait surbaissée en avant (courbure du bord supérieur et anté- 
rieur de la tête différente). Troisième article des antennes pourvu 
d'incisions seulement d’un côté, comme chez le Pulex irritans. 
Première épine du bord inférieur de la tête plus longue que chez 


260 C. TIRABOSCHI 


la Puce du Chien et à peu près de la longueur des autres ; la der- 
nière et aussi l’avant-dernière sont plus petites. Dernière épine 
(l’inférieure) du peigne du pronotum légèrement plus petite que les 
autres. Rapports de longueur des articles des tarses à peu près 
comme chez la Puce du Chien. A défaut d'exemplaires &, je 


Fig. 17. — Ctenocephalus serraticeps Tschb., var. nurina mihi, 
(figure originale). 


n'ai pas constaté de différences dans la morphologie de l’appareil 
de fixation. 

Longueur totale de la femelle 2mm3 à 2mmÿ, 

Parmi les exemplaires de Ctenocephalus serraticeps que j'ai placé 
sur moi et qui m'ont piqué de suite, il y en avait certainement qui 
appartenaient à cette variété et qui m'ont piqué comme les autres. 
Hôtes : Mus decumanus Pall. et Mus rattus-alexandrinus. 


GENRE CERATOPHYLLUS Curtis, Wagner, Hilger, etc. (2e Division 
de Baker). 


Nous avons déjà donné l’étymologie du nom Ceratophyllus (voir 
p. 244), créé par Curtis en 1832, introduit de nouveau en 1898 par 
Wagner et adopté par presque tous les auteurs dans ces dernières 
années. Pour éviter la confusion, nous acceptons ce nom, quoiqu'il 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 261 


ne réponde pas à un caractère différentiel des espèces que l’on 
comprend dans ce genre. À mon avis, il vaudrait mieux désigner 
ce genre du nom de Ctenonotus (créé par Kolenati en 1863 ; xrexce, 
xTevos, peigne, et notus,; c’est-à-dire : un peigne d'épines au notum 
du prothorax ; Kolenati indiquait ce peigne sous le nom de Hals- 
ctenidium), en opposition au nom Ctenocephalus, établi pour le genre 
précédent. 

Forme de la tête différente dans les deux sexes : chez la femelle, 
la courbure du bord supérieur de la tête commence presque à 
l’occiput, et ainsi il n'y a pas de limite bien tranchée entre le 
sommet de la tête et le front ; chez le mâle. au contraire, l’occiput 
s'étend presque horizontalement et le front descend à pic, et ainsi 
il y a entre le sommet et le front une limite 
bien marquée, puisqu'ils forment un angle 
arrondi, au dessus duquel on aperçoit, de 
chaque côté de la tête, un petit denticule 
chitineux, plus ou moins développé; chez la 
femelle ces denticules frontaux sont ordi- 
pairement plus petits. Yeux de moyenne 
grandeur, ovalaires et plus ou moins rap- RSR 
prochés au bord inférieur de la tête. Fos- térieures de Cerato- 
settes antennales sans lamelle chitineuse et Le Re 
atteignant chez le mâle les pleurae du pro- 
thorax. Dernier article des antennes ovalaire chez la femelle, allongé 
en pomme de pin chez le mâle. Jamais de peignes à la tête, toujours 
un peigne au bord postérieur du pronotum. Petites pointes chiti- 
neuses sur le notum des # ou 6 premiers segments abdominaux. 
Soies apicales ordinairement au nombre de trois, dont une au 
moins est bien développée. Sur la surface interne des cuisses des 
pattes postérieures, souvent une série peu nette de petits poils. 
Soies latérales du metatarsus des pattes postérieures au nombre de 
cinq de chaque côté et équidistantes. Sur la saillie articulaire de 
l’appareil de fixation du mâle, deux soies très longues, dirigées en 
arrière et en haut. 


Ce genre comprend un grand nombre d’espèces : 
Ceratophyllus fasciatus Bosc, Ceratophyllus dubius Wagner, 
Ceratophyllus gallinae Schrk., (= Ceratophyllus tesquorum Wa- 
Ceratophyllus columbae Gervais, gner), 


262 C. TIRABOSCHI 


Ceratophyllus hirundinis Curtis, 
Ceratophyllus styx Rothsch., 
Ceratophyllus melis Walker, 
Ceratophyllus sciurorum Bouché, 
Ceratophyllus glacialis Tschb. (1), 
Ceratophyllus penicilliger Grube, 
Ceratophyllus Wickhami Baker, 
Ceratophyllus Gillettei Baker, 
(= Ceratophyllus Howardii Bak.), 
Ceratophyllus coloradensis Baker, 
Ceratophyllus (?) ignotus Baker, 
Ceratophyllus (?) Bruneri Baker, 
Ceratophyllus {?) hirsutus Baker, 
Ceratophyllus (?) longispinus Ba- 
ker, 
Ceratophyllus (?)montanus Baker, 
Ceratophyllus consimilis Wagner, 
Ceratophyllus mustelae Wagner, 


Ceratophyllus lagomys Wagner, 
Ceratophyllus uralensis Wagner, 
Ceratophyllus pinnatus Wagner, 
Ceratophyllus Silantievi Wagner, 
Ceratophyllus armatus Wagner, 
Ceratophyllus subarmatus Wa- 
gner, 

Ceratophylius Tolli Wagner, 
Ceratophyllus NewsteadiRothsch., 
Ceratophyllus (?) stylosus Baker, 


Ceratophyllus sexdentatus Baker, 


Ceratophuyllus lucidus Baker, 
Ceratophyllus Garei Rothsch., 
Ceratophyllus Walkeri Rothsch., 
Ceratophyllus spinosus Wagner, 
Ceratophyllus oligochætus Wagn., 
Ceratophyllusrusticus Wagn., etc. 


Nous décrirons les espèces suivantes : 


Ceratophyllus fasciatus Bose, 
Ceratophyllus italicus n. sp., 
Ceratophyllus consimilis Wagner, 
Ceratophyllus mustelae Wagner, 


Ceratophyllus lagomys Wagner, : 


Ceratophylllus penicilliger Grube, 
Ceratophyllus pinnatus Wagner, 
Ceratophyllus sexdentatus Baker, 
Ceratophyllus Silantievi Wagner, 
Ceratophyllus gallinae Schrank. 


CERATOPHYLLUS FASCIATUS Bosc (2). 


Pulex fasciatus : Bosc d’Antic (Bull. d. Sc. par la Soc. philomati- 
que), 1801 ; Latreille, 1805 ; Gervais, 1844 ; Maitland, 1858 ; Ritsema, 
1874; Taschenberg, 1880 ; Baker, 1895 ; Meinert, 1896, etc. 


(1) Wagner n’est pas certain du genre dans lequel il faut placer cette espèce 
classée par Baker dans la 2° Division (cf. page 244). 

(2) On connaît maintenant plusieurs espèces, plus ou moins rapprochées du. 
Ceratophyllus fasciatus Bosc, avec lequel on les avait peut-être confondues; ces 
espèces sont le Ceratophyllus penicilliger Grube, le Ceratophyllus lagomys 
Wagner, le Ceratophyllus mustelae Wagner, le Ceratophyllus consimilis 
Wagner, le Ceratophyllus sexdentatus Baker et le Ceratophullus italicus mihi. 
Je n’ai jamais observé, parmi les nombreux exemplaires que j'ai pris sur les Rats 
et surtout sur le Mus decumanus, aucun spécimen de Ceratophyllus penicilliger, 
C. consimailis, C. mustelae et C_ lagomys, qui, d’après Rothschild, représentent 
les espèces que l’on rencontre le plus souvent sur le us decumanus en Europe; 
au contraire, j'ai rencontré une espèce nouvelle, le Ceratophyllus italicus mihi. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 263 


Ceratophyllus fasciatus : Curtis, 1832; Wagner, 1898; Hilger, 
1899, etc. 
Ctenonotus octodecimdentatus : Kolenati, 1863 ; Ritsema, 1878. 


Wagner (1898) a donné une description très détaillée de cette 
espèce ; cependant j'ai pu constater que quelques-uns des détails 
remarqués par lui ne sont pas constants, du moins chez les spéci- 
mens très nombreux que j’ai observés (200 environ) ; de même je 
n’ai pas trouvé constants quelques-uns des caractères que Wagner 
indique comme différentiels entre le mâle et la femelle. 


Corps un peu allongé, châtain. Tête de forme ordinaire, chez 
le mâle; le front n’est pas tout-à-fait vertical. Appareil perfo- 
rateur et suceur plus court que les coxae des pattes antérieures ; 
mâchoires allongées et pointues ; articles des palpes maxillaires 
longs et grêles; rapports de longueur : 15—16—11—21 chez la 
femelle ; 14—15—11—19 chez le mâle. 

Soies au bord supérieur du 2 article des antennes (1) presque 
aussi longues que le 5e article, chez la femelle. En avant des yeux, 
une série oblique de 3 soies longues et fortes (série des soies ocu- 
laires); plus en avant et en dessus, une série de 4 petites soies chez 
le mâle, 1 ou 2 chez la femelle ; derrière le bord postérieur, 2 soies 
longues et fortes, une vers le milieu (2), l’autre près du bord posté- 
rieur de la tête ; le long de ce bord, 3 ou 4 petites soies. 


Peigne du pronotum composé de 18 épines (9 de chaque côté) 
longues, très larges, à pointe courte et aiguë ; dernière et avant- 
dernière épine de chaque côté plus courtes que les autres ; en 
avant du peigne, une série de 5 soies de chaque côté, la dernière 
(l’inférieure) étant la plus longue ; au bord postérieur du meso- 
notum et du metanotum, à ou 6 soies de chaque côté. Sur les bandes 
ventrales des segments abdominäux une série de 5 à 6 soies (dont 
quelques-unes plus petites) de chaque côté ; sur les bandes dor- 
sales, deux séries par segment, l’antérieure de 5 à 6 soies petites, 
la postérieure de 6,7 à 8 soies plus longues (3), les stigmates s’ou- 
vrant dans l'intervalle entre la dernière et l’avant-dernière; soies 
apicales bien développées chez la femelle, notamment la moyenne 


(1) Taschenberg dit que ces soies sont placées sur un prolongement du 2° article. 
(2) Chez le mâle, en dessus de cette soie, il y en a une autre plus petite. 
(31 D'après Baker, chaque série comprend 7 soies, 


264. C. TIRABOSCHI 


(2e) et l’externe ou inférieure (3e); chez le mâle, la moyenne seule- 
ment est bien développée, la supérieure (1re) est très courte et 
l'inférieure tout-à-fait rudimentaire ; plaque sensuelle d’un noir 
foncé. Denticules chitineux du notum des 5 ou 6 premiers seg- 
ments abdominaux en nombre variable de 1, 2 ou 3 par côté et par 
segment (1). Petites soies sur la suriace interne des cuisses des 
pattes postérieures ordinairement au nombre de 4 (2). Une série de 
poils sur la surface externe des jambes des pattes postérieures (et 
moyennes) et une autre série de poils plus courts sur la surface 
interne (3). 

Rapports de longueur des articles des tarses : dans les pattes 
antérieures : 4—3—2—1—5 (formule de Bouché) ; le 3 un peu 
plus long que le 4e et un peu plus court que le 2e ou le 4er ; 5 — 
3e + 4e ; 13—13—11—S—18 (Wagner) ; en uv: 85 —85 -70—50—115 
(chez une femelle longue de 2mm5); dans les pattes moyennes : 
4k—3—5—1—2; le 3 — 4e x 2 et un peu plus court que le 5e ; 1er — 92e 
OT Ten AO = MAS OS ME PAOUDE 
dans les pattes postérieures : 4—=3—5—2—1; 5 —3 — 4° <2r 
De — 3e + Le; Jer — 2e + 3e; 52—33—20—11 —91 : en u : 330—210 
—195— 70 —130 (4). 

Appareil de fixation du mâle caractéristique (d’après Wagner) ; 
manubrium grêle et très allongé (presque sept fois plus long que 
large) ; doigt immobile très court et large (trois fois plus large que 
long) ; doigt mobile ne présentant pas un bord supérieur et un 
bord postérieur bien distincts, semblable pour sa forme à une 
hache, et pourvu le long de son bord postérieur de deux longues 
soies dirigées en arrière (5). Fils chitineux qui soutiennent le 
pénis, enroulés en spirale. 

Longueur totale, dans mes exemplaires : mâle : {mm7 à fmm8 ; 
femelle : 20m5 à 2mm8 (6). 


(1) Suivant Wagner, chez le mâle le nombre de ces denticules serait plus grand 
que chez la femelle; dans presque tous mes exemplaires c’est précisément le 
contraire ; mais chez le Ceratophyllus italicus mihi c’est comme le dit Wagner. 

(2) D’après Wagner ils seraient au nombre de 3 à 4 chez le mâle, 4 à 2 chez la 
femelle. 

(3) Cette série n’a pas été signalée par Wagner. 

(4) Suivant Baker (1895), dans les pattes moyennes, le 5° article serait égal au 
1‘; dans les pattes postérieures : 5°—2e et long comme la moitié du 1. 

(5) Wagner décrit trois autres petites soies; elles sont très petites, à l’exception 
de la soie qui est placée entre les deux soies plus longues. 

(6) D’après Baker, © 2m" à 2um5 ; © 3mn (!) 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 265 


Cette espèce a été observé sur beaucoup de Rongeurs : le Sur- 
mulot (Mus decumanus Pall.): Hollande, Ritsema ; Halle, Taschen- 
berg ; Muséum de Berlin ; Suisse (Lausanne) et Italie (Milan), 
Galli-Valerio ; Danemark, Meinert ; Bade (Heidelberg, Karlsrühe), 
Hilger ; ?, Wagner; Europe, Rothschild (1) ; Marseille, Gauthier 
et Raybaud (2); Sydney, Tidswell et Lydston ; la Souris commune 
(Mus musculus L.) : Hollande, Ritsema ; Iialie (Milan), Galli-Valerio? 
Danemark, Meinert ; Bade (Karlsruhe), Hilger, ete.; le Mulot ordi- 
naire (Mus silvaticus L.) : Bade (Karlsruhe), Hilger ; le Campagnol 
des bois (Microtus agrestis L.) : Danemark, Meiïnert; le Lérot (WMyorus 
nitela Schreb., Myorus quercinus L., Eliomys quercinus) ; Bosc d’Antic ; 


Fig. 19. — Ceratophyllus fasciatus Bose. Appareil de fixation du «7. 
d'après Wagner. 


Muséum zoologique de Bonn, Taschenberg; Italie supérieure, 
Ritsema ; Suisse (canton de Vaud), Galli-Valerio ; le Loir vulgaire 
(Myoæus glis L.) : Suisse (Vaud), Galli-Valerio ; le Hamster (Cricetus 
frumentarius Pall.) : Hollande, Kolenati. 

En dehors des Rongeurs, on a capturé le Ceratophyllus fasciatus 
sur la Taupe commune (Talpa europæa 1.) : ?, Bosc d’Antic. ; sur la 
Fouine (Mustela foina Briss.) : grand-duché de Bade, Hilger ; sur 
le Putois (Mustela putorius L., etc.) : Danemark, Meinert; sur le 
Renard bleu ou Renard blanc (Canis lagopus L.) : Hollande 
(Amsterdam), Ritsema ; et sur le Crossarchus fasciatus Desm. 
Bade (jardin zoologique de Karlsruhe), Hilger (3). 


(1) Rorascnico, àn lilt. ; d'après cet auteur. le C. fasciatus Bosc est beaucoup 
plus rare que €. consimilis W., C. penicilliger Gr., C. lagomys W., C. muste- 
lae W., 

(21 45 spécimens, sur 52 échantillons. chez les Rats de terre. 

(3) I faut pourtant rémarquer que la plupart du temps les observateurs que 
j'ai cités ont peut-être confondu, sous le nom de Ceratophyllus fasciatus, l'une 
ou l’autre des espèces que j'ai nommées plus haut (voir page 262, note 2). 


266 C. TIRABOSCHI 


J'ai observé le Ceratophyllus fasciatus très souvent sur le Mus 
decumanus (de toutes les provinces d'Italie et aussi sur les navires 
du port de Gênes ; c’est l’espèce de Puce la plus répandue sur les 
Rats d’égout). Je l’ai vue plus rarement sur le Mus rattus-alexan- 
drinus (presque partout, notamment dans la province de Caserte 
sur les navires (1), etc.) et sur l’Arvicola Savii (Pitymys subterraneus 
Sélys, var. Sami) (province de Caserte), plus rarement encore sur 
le Mus musculus (Turin, etc.}, et sur le Mus silvaticus (Come, etc.) ; 
en dehors des Rats, des Souris et des Campagnols, j'ai eu l’occasion 
de la rencontrer sur le Myoxus glis L. (Come), etc. 

Le véritable hôte de cette espèce serait donc le Mus decumanus 
Pall. 
Le Ceratophyllus fasciatus ne pique pas l'Homme (2). 


CERATOPHYLLUS ITALICUS D. Sp. 


Comme je l’ai déjà dit plus haut, parmi les nombreux spécimens 
de Ceratophyllus fasciatus que je possède il y en a plusieurs qui 
présentent des différences avec le Ceratophyllus fasciatus typique, 
que je viens de décrire. Ainsi il y en a, chez lesquels le doigt 
mobile des tenailles du mâle est relativement plus long, puisque 
son extrémité supérieure s'étend bien au delà de l’extrémité supé- 
rieure du doigt immobile et est plus arrondie : chez d’autres exem- 
plaires, le doigt immobile est long comme chez le Ceratophyllus 
consimilis Wagn., mais le doigt mobile est comme chez le Cerato- 
phyllus fasciatus Bosc, etc. Il s’agit ici, a mon avis, de différences 
individuelles ou tout au plus de variétés. Mais il y a toute une 
série d'exemplaires qui présentent des différences, pas très gran- 
des, il est vrai, mais assez nombreuses et constantes pour justifier 
la création d’une nouvelle espèce. Ces différences se rapportent 
surtout à l’appareil de fixation du mâle et sont plus remarquables 
que celles que Wagner a signalées pour son Ceratophyllus consimilis, 
et c'est précisément pour cela que j’ai été porté à considérer comme 
une espèce distincte cette forme que je regardais auparavant comme 
une simple variété. Voici ses caractères différentiels. 


(1) Gauthier et Raybaud l'ont trouvée aussi sur les Rats des navires à Marseille 


(6 échantillons sur 250). 
(2) Cela d’après Nuttall, Galli-V., Wagner et Tiraboschi. contrairement à l’as- 
sertion de Gauthier et Raybaud et de Tidswell (cf. page 180). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 267 


Denticules frontaux moins développés. Rapports de longueur 
des articles des palpes maxillaires : 11—14—12—20. En avant et 
au dessus des soies oculaires, une série de # ou 5 soies bien déve- 


loppées ; derrière les fossettes antennales, 2 soies longues et une 
petite, même chez la femelle ; soies du 2 article des antennes 
courtes. Peigne du pro- 
notum comprenant 18 
épines et en plus, de 
chaque côté, une autre 
épine très petite. Deux 
séries peu accentuées 
de soies sur la surface 
externe des jambes des 
pattes postérieures; sur 


le 2 article des tarses, Fig. 20. — Ceratophyllus italicus n. sp. : A, 
une soie terminale très femelle ; B, appareil de fixation du mâle (figures 
originales). 


longue. Rapports de 
longueur des articies des tarses à peu près les mêmes : 10—11—9 
Sd 41040-10819: 10001 MEUTS" 

Manubrium des tenailles relativement moins allongé et plus 
élargi; doigt immobile bien développé, tout à fait caractéristique : 
d’abord rétréci, puis élargi à son extrémité et dirigé en haut, de 
sorte que,vu par le côté postérieur, il ressemble à un pied. Le doigt 


268 C. TIRABOSCHI 


mobile est grand, triangulaire, allongé, à peu près comme chez le 
Ceratophyllus mustelae Wagner, et garni de 2 longues soies, dont 
une à l’angle postéro-supérieur, l’autre au bord supérieur ; entre 
les deux, il y a une soie très petite et claire. 

J'ai observé cette espèce sur les mêmes animaux que l'espèce 
précédente, c’est-à-dire : Mus decumanus Pall., Mus rattus-alexan- 
drinus L., Geoffr., Mus musculus L., Mus silvaticus L., Arvicola 
Savii Sélys. 

D'après moi, le Ceratophyllus italicus ne pique pas l'Homme. 


CERATOPHYLLUS CONSIMILIS G Wagner (1). 


Wagner, 1898. 

N'ayant pas d'exemplaires de cette espèce, je me borne à rap- 
porter la description du mâle donnée par Wagner. 

Denticules frontaux moins développés (que chez le  . 
fasciatus Bosc). Soies oculaires au nombre de deux. Pointes chiti- 
neuses abdominales peu distinctes sur les 4 premiers segments 
(2 de chaque côté); sur le 5°, une seule pointe. Sur la surface 
interne des cuisses des pattes nue une rangée de 5 poils ; 
sur la surface externe des jambes, 2 séries de poils. Les rapports 
de JonEnen des articles des tarses sont à peu près les mêmes : 
RO USM MS TE SD 0 IMENIOE 

Doigt ee de tenailles un peu plus long que large, et doigt 
mobile conformé un peu différemment (fig. 10). 

Capturé à Charkow sur une espèce indéterminée d’Arvicola : - 
d’après Rothschild {in litt ). fréquent sur les Rats d'Europe. 


CERATOPHYLLUS MUSTELAE G' Wagner. 


Wagner, 1898. 

Denticules frontaux rudimentaires. Soies de la tête comme chez 
le Ceratophyllus fasciatus ; de plus, 3 soies à la partie postérieure et : 
une série de 6 petites soies devant la série des soies oculaires. 
Soies du 2 article des antennes courtes. Épines du peigne du pro- 
notum au nombre de 18 à 20. {re et 3° soies apicales tout-à-fait rudi- 


(4) « Consimilis » c’est-à-dire semblable au Ceratophyllus fasciatus Bosc. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 269 


mentaires. Pas de série de soies à la surface interne des cuisses 
des pattes postérieures ; deux séries de poils à la surface externe 
des jambes. Articles des tarses : 14—15—10—7—17; 27—22—14— 
San OT one nee 2 0 l'O m2 D 

 Manubrium des tenailles trois fois et demie plus long que large. 
Doigt immobile cinq fois plus long que large, un peu élargi à son 


4 


Fig- 21. — Ceratophyllus mustelae Wagn. Appareil de fixation du <>, 
d’après Wagner. 


extrémité. Doigt mobile grand, triangulaire ; angle postéro-infé- 
rieur arrondi, avec une épine longue, épaisse et recourbée ; au 
bord postérieur, deux soies foncées et une claire ; sur la surface, 
plusieurs soies très petites, la plupart rangées en deux séries. 

Capturé à Neu-Alexandria sur le Putorius (Mustela (1) vulgaris L. 
(Belette); suivant Rothschild (in litt.), on le rencontre souvent chez 
les Rats d'Europe. 


CERATOPHYLLUS LaGOMYSs dt Wagner. 


Wagner, 1898. 

Denticules frontaux très peu développés. Front vertical. Une 
seule soie devant la série des soies oculaires. Appareil perlora- 
teur touchant presque l’extrémité des hanches des pattes anté- 
rieures. Rapports de longueur des articles des palpes maxillaires : 
16—18—14—25. Peigne du pronotum comprenant 18 épines, non 
compris une épine très rudimentaire. Au bord postérieur du 
mesonotum et du metanotum, 4 ou 5 soies; sur les bandes ventrales 
des segments abdominaux, 3 soies. 17e et 3° soies apicales rudimen- 


(1) C. mustelae. 


270 C. TIRABOSCHI 


taires. Pointes chitineuses sur les 5 premiers segments de l’abdo- 
men : 4-2: 2: 2-3 : 2; 1. Une série de 10 soies à la surface interne 
des cuisses des pattes postérieures ; une série de poils à la surface 
externe des jambes. Articles des tarses : 10—11—10—7—18; 
90—20— 138205232720, 11522; 

Manubrium des tenailles 3 ou 4 fois plus long que large. Doigt 


Fig. 22. — Ceratophyllus lagomys Wagn. Appareil de fixation du «, 
d'après Wagner. 


immobile très grand, élargi et arrondi à son extrémité. Doigt 
mobile triangulaire allongé, avec 2 crochets noirs, courts et obtus 
à l’angle postéro-supérieur ; 2 soies au bord supérieur, 3 au bord 
externe, 1 ou 2 au bord interne. 

Capturé sur le Lagomys (1) rutilus Sew. (Rongeur) ; d’après 
Rothschild (in litt.), cette espèce a été observée chez les Rats 
d'Europe. 


CERATOPHYLLUS PENICILLIGER (2) Grube, Wagner. 


Pulex penicilliger & (3) : Grube (Middendorfs sibirische Reise), 
4852; Ritsema, 1874 et 1880 ; Taschenberg, 1880. 
Trichopsylla penicilliger : Kolenati, 1863. 


(1) C. lagomys. 

(2) « Segmento abdominis septimo supra setis aliquot nigris notato, penicillum 
minutum componentibus »; ce caractère, nous l’avons déjà dit, est commun à 
toutes les Puces; chez quelques espèces (Cienopsylla pectiniceps © Wagn.), les 
soies apicales sont même plus nombreuses et plus développées que chez le Cera- 
tophyllus penicilliger; ce nom ne correspond donc pas à un caractère spécifique. 

(31 Grube a décrit sous le nom de Pulex penicilliger deux espèces bien difié- 
rentes, le @' élant le Ceratophyllus penicilliger (Wagner) et la © la Ctenopsylla 
sibirica Wagner. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 271 


Ceratophyllus penicilliger : Wagner, 1898. 

Denticules frontaux rudimentaires ; en avant des 3 soies oculai- 
res, une série oblique de 4 soies ; dans la partie postérieure de la 
tête, une autre série oblique de 3 petites soies ; au bord DO QUE 
3 soies ; soies du 2° article des antennes courtes. 

Articles des palpes maxillaires : 19—17 —16 - 25. Peigne du 
pronotum comprenant {8 épines. Pointes chitineuses de l’abdomen : 
2;,1;,2;1;1. Soie apicale supérieure transformée en poil. Pas de 
série de soies à la surface interne des cuisses des pattes posté- 


Fig. 23. — Ceratophyllus penicilliger Grube. Appareil de fixation du >, 
d'après Wagner. 


rieures. Articles des tarses : 14—15—12-9—921 ; 20—21-15—10— 
91; 52-36 231422. 

Doigt mobile des tenailles caractéristique : bord supérieur pres- 
que aussi long que le postérieur, présentant un sinus et deux 
soies épaisses et recourbées ; à l’angle postéro-supérieur, deux 
crochets noirs, obtus et recourbés. 

Longueur totale : 3mm à 3mm7ÿ, 

Capturé par Middendorf sur Mustela sibirica Pall.; suivant Roth- 
schild (in litt.), fréquent sur les Rats d'Europe. 


CERATOPHYLLUS PINNATUS 9 Wagner. 


Wagner, 1898. 

Pour cette espèce je rapporte aussi la description (de la femelle 
seulement) donnée par Wagner. 

Corps brun-roussâtre clair. Front tombant presque à pic, sans 
denticules. Devant les yeux, une série de 3 soies, et plus en avant 


272 C. TIRABOSCHI 


une autre série de 5 poils ; derrière le bord postérieur des fossettes 
antennales, 2 soies et 2 poils; 
soies du 2e article des antennes 
plus longues que le 3$ article ; 
longueurs des articles des palpes 
maxillaires : 142 — 14— 11 — 18. 
Peigne du pronotum composé de 
30 ou 32 épines longues et très 
rapprochées l’une de l’autre 
(C. pinnatus). Denticules abdo- 
-minaux difficilement visibles, à 
| cause de leur transparence. Sur 
ee ee la surface interne des cuisses 
Wagn. Tête et prothorax, d’après 
Wagner. des pattes postérieures, une série 
bien marquée de 8 poils. Rap- 
ports de longueur des articles des tarses : 143—14—12—7—19 ; 22 
mom 1201225; 
Longueur totale (9) : 1mm7ÿ. 
Sur Mus sp. à Neu-Alexandria. 


CERATOPHYLLUS SEXDENTATUS Baker. 


J’ai reçu de Baker deux spécimens, un œ et une ©, capturés en 
Amérique (Boulder Creek) sur un Wood Rat (?); n'ayant pas la 
description de Baker, qui n’a pas encore été publiée, je vais donner 
les caractères les plus importants que j'ai observés. 

Corps allongé, jaunâtre-clair. Front vertical chez le mâle, sans 
denticules. Appareil perforateur et suceur long à peu près comme 
les hanches des pattes antérieures ; rapports de longueur des 
articles des palpes maxillaires : 12—12—9—15. Soiïes de la tète 
plus développées chez le mâle : 3 devant les yeux, et 5 plus petites, 
placées plus en avant et plus en haut; 3 derrière les fossettes 
antennales. Épines du peigne du pronotum au nombre de 19 à 20, 
à pointe un peu moins aiguë que chez le Ceratophyllus fasciatus ; la 
dernière un peu plus petite, l’avant-dernière presque comme les 
autres. Soies apicales : 2 chez le mâle, dont la supérieure très déve- 
loppée ; 3 chez la femelle, dont la moyenne plus développée. 
Denticules abominaux transparents ; chez le mâle : 2; 1; 2; 1; 1; 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 273 


‘ chez la femelle : 2; 1 ; 2; 1. Sur les cuisses des pattes postérieures, 
un poil seulement. Rapports de longueur des articles des tarses : 
Sn ne 0010 0020101167 

Appareil de fixation du mâle : manubrium moins allongé et plus 
large que chez le Ceratophyllus fasciatus, recourbé en crochet à son 
extrémité antérieure ; doigt immobile plus allongé ; doigt mobile 
avec un bord supérieur plus distinet; à l’extrémité abdominale du 
mâle, de chaque côté, sept (1) denticules chitineux (5 au milieu et 
rapprochés l’un de l’autre ; un en dessus et un en dessous) d’un 
noir très foncé, tout-à-fait caractéristiques ; fils chitineux qui sou- 
tiennent le pénis simplement recourbés, à peu près comme chez le 
Pulex murinus mihi (fig. 15). 

Longueur totale du mâle : 2"m2 ; de la femelle : 2"m9, 


CERATOPHYLLUS GALLINAE Schrank (2). 


Pulex gallinae : Schrank (Fauna boica, I), 1804; Bouché, 1835; 
Gervais, 1844; Walker, 1856; Maitland, 1858; Ritsema, 1874 ; 
Meinert, 1896; etc. 

Trichopsylla galli- 
nae (?) : Kolenati, 
1863 ; Ritsema, 1873; 

Puler avium : Ta- 
schenberg,1880,etc., 
etc. 

Ceratophyllus galli- 
nae : Hilger, 1899; 
Rothschild (Novitates 
zoolog., VIT), 1900; z 
Wagner, 1903. 

Cette Puce a été 
trouvée sur 9 espèces 
d’Oiseaux (voir la liste des hôtes et la description détaillée de 
l’espèce dans les mémoires cités ci-dessus de Wagner et de Roth- 
schild) et de plus sur la Noctule (Vesperugo noctula Schreb.) et sur 
le Mulot (Mus silvaticus L.). 


Fig. 25.— Ceratophyllus gallinae Schrank. Extrémité 
abdominale du «7, d’après Rothschild. 


(A) C. sexdentatus ? 
(2) Voir ce que nous avons dit à la page 233, à propos de cette Puce et des 
espèces voisines. 


Archives de Parasitologie, VIII, n° 2, 1904. 18 


974 C. TIRABOSCHI 


Voici ses caractères principaux ; 

Série de soies à la surface interne de la cuisse des pattes posté- 
rieures Comprenant 4 ou 5 soies; chez la 9, le 4e article du tarse 
égale la moitié du 5. Doigt immobile des tenailles court et coni- 
que ; doigt mobile bien plus long (3 fois et même plus). 


CERATOPHYLLUS SILANTIEVI Wagner. 


Wagner, 1898. 

Brun-roussâtre foncé. Denticules frontaux bien accentués, plus 
grands chez le «' ; front vertical; devant les soies oculaires, une 
seule soie (au bord inférieur de la tête). Partie centrale des yeux 
non pigmentée. Appareil perforateur dépassant la moitié des cuis- 
ses des pattes antérieures. Rapports de longueur des articles des 

palpes maxillai- 
‘ res, chez la © : 

21722-45024 

Peigne du prono- 

um comprenant 

18 épines cour- 

tes et larges (de 


chaque côté une 
Fig. 26. — Ceratophyllus Silantiewi Wagn. Appareil autre épine rudi- 
de fixation du GC”, d'après Wagner. 


mentaire). Sur les 
bandes dorsales des segments abdominaux, de chaque côté, une 
série de 9 ou 10 grandes soies (chez le Gil y a une autre série de 
petites soies); sur les bandes ventrales, 5 (9) ou 6 (9) soies. 
Pointes chitineuses chez la © : 1 ou 2 sur le metanotum ; sur les 5 
premiers segments abdominaux : 1-2; 3; 3; 1-2; 0-1. Soies api- 
cales comme chez le Ceratophyllus fasciatus Bosc (chez le & la re 
et la 3° rudimentaires). Sur la surface interne des cuisses des pattes 
postérieures, une série de 8 à 10 soïes; sur la surface externe 
des jambes, une série bien marquée de poils et en dehors 1 ou 2 
poils. Rapports de longueur des articles des tarses : 16 —16—14— 
123100725710 Et PE) 

Les deux soiïes du processus articularis des tenailles relativement 
courtes, notamment la supérieure; doigt immobile large et court, 
arrondi à l’extrémité ; doigt mobile semblable à celui du Cerato- 
phyllus fasciatus, avec des soies plus petites. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 27 


© 


Longueur totale : ;' 20m5 ; © 2mm75 à 3mmÿ, 
Capturé en Russie sur le Tarbagan (Arctomys bobac Schreber) 
par Silantiev (C. Silantievi) (1). 


SOUS-FAMILLE TYPHLOPSYLLINAE mihi (Genre Typhlopsylla Tschb). 


Corps allongé, plus ou moins grêle. Tête souvent très longue, 
arrondie en avant. Yeux rudimentaires ou absents (ruokcs, aveugle ; 
ia, Puce). Presque toujours des épines (ordinairement 2-3-4 
de chaque côté ; chez la Ctenopsylla pectiniceps Wagner, 14 à 16 de 
chaque côté) au bord inférieur de la tête, sur les joues ; toujours 
un peigne au bord postérieur du pronotum; parfois des peignes 
sur un Ou plusieurs segments abdominaux et sur le metanotum. 

Taschenberg, qui a établi (1880) le genre Typhlopsylla, en a 
réparti les espèces en deux groupes ; Wagner (1893) les partagea 
en trois sous-genres que plus tard (1898) il regarda comme des 
genres : Ceratopsylla, Ctenopsylla et Typhlopsylla sensu stricto, dont 
le premier correspond au groupe (a) de Taschenberg, le deuxième 
et le troisième au groupe (b). 

Tout récemment (1902) le même auteur a subdivisé son genre 
Typhlopsylla en trois genres : Palæopsylla, Neopsylla et Typhlopsylla 
sensu stricto et a établi un autre genre, Typhloceras, qui relierait 
la sous-famille des Pulicinae à la sous-famille des Typhlopsyllinae et 
plus précisément le genre Ceratophyllus au genre Palæopsylla.Nous 
décrirons donc 6 genres dans cette sous-famille pour laquelle nous 
proposons le nom de Typhlopsyllinae, qui cependant n’est pas 
exact. Il y a en plus un septième genre qui ne nous intéresse pas 
pour le moment : c’est le genre Stephanocircus Skuse, comprenant 
deux espèces au moins : Stephanocireus dasyuri Skuse et St. mars 
Rothsch.; ce genre est très voisin, à mon avis, du genre Cteno- 
psylla Wagner, et il est caractérisé par une couronne (otéoavoc) 
d’épines sur la tête. 


(1) J'ai déjà fait remarquer l'importance du rôle que l’Arctomys bobac peut jouer 
dans la diffusion de la peste du Tarbagan, et aussi l'importance de la constatation 
de la présence d’une Puce sur ce Rongeur; c’est pour cela que j'ai donné la 
description de celte espèce. 


976 C. TIRABOSCHI 


GENRE CERATOPSYLLA (1) Kol., Wagner (Ceratopsyllus Kol.) 


Tête très allongée et déprimée. A l’extrémité antérieure du bord 
inférieur de la tête, de chaque côté, deux épines caractéristiques, 
très larges et fortes, noires, coniques, à pointe obtuse et paraissant 
comme deux lamelles. Fossettes antennales ouvertes à l’extrémité 
supérieure et inférieure. Mâchoires paraissant (vues de côté) 
comme deux larges lamelles quadrangulaires, irrégulières. Yeux 
rudimentaires ou absents. 

Segments thoraciques très allongés. Ordinairement des peignes 
au bord postérieur du metanotum et du notum d’un ou de plusieurs 
segments abdominaux. 

Soies au bord postérieur des jambes éloignées l’une de l’autre et 
ne constituant pas une série en forme de peigne. Au metatarsus des 
pattes postérieures, 4 paires de soies latérales et 1 paire de soies 
accessoires. 

Ce genre comprend les espèces suivantes : 


Ceratopsylla octoctena Kol., Ceratopsylla pentactena Kol., 
Ceratopsylla heæactena Kol.; var.  Ceratopsylla dictena Kol., 
petropolitana Wagner, Ceratopsylla unipectinata Tschb., 


Ceratopsylla elongata Curtis (2),  Ceratopsylla obscura Wagner, 
Ceratopsylla variabilis Wagner ;  Ceratopsylla incerta Rothsch., 

var. decempilata Wagner, CeratopsyllaintermediaRothsch., 
Ceratopsylla jubata Wagner, etc. 


Toutes ces espèces sont parasites des Chiroptères. 


Genre CTENoPsyLLa (3) Kol., Wagner (Ctenopsyllus Kol.). 


Tête ni très allongée ni déprimée ; front tombant très oblique- 
ment en arrière et en bas, de sorte que la tête dans son ensemble 
paraît comme un cône à surface latérale un. peu arrondie. Ordinai- 


(1) xépac, xéparoc, Corne, antenne; YUARa, Puce. 

Nous désirons décrire d’abord la Ctenopsylla musculi Dug., qui est l'espèce des 
Typhlopsyllinae que nous avons rencontrée le plus souvent; c’est pour cela que 
l’ordre de succession des genres est ici l'inverse de celui du tableau synoptique. 

(2) Voir à la page 233. J'ai recueilli cette espèce sur Vesperugo noctula Schreb. 

(3) xteic, xrevéc, peigne ; L5)})1œ, Puce. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 277 


rement sur les joues, de chaque côté, 2, 3 ou 4 épines (1), semblables 
à celles que nous avons décrites ci-dessus dans le genre Cerato- 
psylla, mais un peu moins larges. Fossettes antennales fermées à 
l’extrémité supérieure. Mâchoires paraissant (vues de côté) comme 
deux lamelles triangulaires. Yeux rudimentaires ou absents ou 
parfois (Ctenopsylla sibirica Wagner) bien développés, mais incom- 
plètement pigmentés. Sur la tête, notamment dans la partie posté- 
rieure, beaucoup de soies en séries. Segments thoraciques moins 
allongés que dans le genre précédent. Jamais de peignes sur le 
métathorax et sur les segments abdominaux. Soies au bord posté- 
rieur des jambes rapprochées l’une de l’autre et rangées en une 
série en forme de peigne (fig. 27 et 29). Soies latérales et accessoires 
du metatarsus des pattes postérieures comme dans le genre précé- 
dent; soies unguiculaires très petites. Jamais de soies, parfois 
quelques poils, à l’angle postéro-supérieur des tenailles; pas de 
saillie triangulaire au bord postérieur (voir Typhlopsylla); parfois 
une soie impaire en dessus de l’articulation du doigt mobile ; cette 
soie correspondrait aux deux soies paires des genres Ceratophyllus 
et Ceratopsylla. 
Ce genre comprend les espèces suivantes : 


Ctenopsylla musculi Dugès (= Cte-  Ctenopsylla pectiniceps Wagner, 


nopsylla mexicana Baker), Ctenopsylla Taschenbergi Wagn., 
Ctenopsylla sibirica Wagner Utenopsylla spectabilis Rothsch. 

(— Pulex penicilliger ? Grube), (= Ctenopsylla bidentata Kol.?) 
Ctenopsylla silvatica Meinert, etc. 


Ctenopsylla alpina Baker, 


Nous décrirons quatre espèces : Ctenopsylla musculi Dug.; Cteno- 
psylla spectabilis Rothsch., Ctenopsylla pectiniceps Wagner et Cteno- 
psylla alpina Baker. 


CTENOPSYLLA MUSCULI Dugès. 


? Pulex segnis : Schônh. (Kon. Vet. Nya Handl.), 1816; Ritsema. 
Pulex musculi : Dugès, 1832 ; Bouché, 1835 ; Gervais, 1844 ; 
Walker, 1856 ; Ritsema, 1874. 


(4) Pour la Ctenopsylla pectiniceps voir ci-dessus et la description page 283. 
Chez quelques espèces (Ctenopsylla sibirica Wagner, Ctenopsylla alpina Baker), 
les épines de la tête font complètement défaut. 


978 C. TIRABOSCHI 


? Ceratophyllus muris : Curtis, 1832 ; Ritsema, 1874. 

® Pulex muris : Gervais, 1844. 

Ctenophthalmus musculi : Kolenati, 1856. 

Ctenophthalmus quadridentatus : Kolenati, 1859. 

Ctenopsyllus quadridentatus : Kolenati, 1863 ; Ritsema, 1873. 

Typhlopsylla musculi : Taschenberg, 1880 ; Baker, 1895 ; Meinert, 
1896, etc. 

Ctenopsylla musculi : Wagner, 1893 et 1902; Heymons, 1899 ; 
Hilger, 1899, etc. 

Ctenopsyllus mericanus et Typhlopsylla mexicana : Baker (Canadian 
Entom., 28), 1896 (1). 

Corps jaunâtre. Tête presque rectiligne en dessus, puis douce- 
ment arrondie en avant et en bas; sommet du cône (v. ci-des- 
sus) au tiers de la hauteur de la tête; tout près de ce sommet, de 
chaque côté, deux pointes chitineuses noires bien développées. 
Fossettes antennales presque parallèles au front, très profondément 
creusées (2) ; leur bord postérieur est fortement épaissi et présente 
vers le milieu un angle rentrant. Le premier article des antennes (3) 
est coupé en travers ; le second est caliciforme, avec des soies de 
longueur décroissante sur son bord supérieur; le troisième est 
en pomme de pin. Mâchoires plutôt courtes, à pointe aiguë 
(fig. 4) ; rapports de longueur des articles des palpes maxillaires : 
14—6 -8—12 (4). Sur les joues, de chaque côté, 4 épines (5), 


(1) J'ai reçu de Baker deux spécimens (G'et ©) pris sur un Rat d’égout (Mexique) 
et je les ai trouvés tout-à-fait semblables à mes exemplaires de Ctenopsylla 
musculi Dug. Je viens de lire dans le cinquième mémoire de Wagner (1902) qu'il 
considère aussi la Ctenopsylla mexicana Bak. comme identique à la Ctenopsylla 
musculi Dug. 

(2) C’est surtout en deux points (vers le milieu et à l’angle supérieur) que les 
deux fossettes sont si profondément creusées dans l’intérieur de la tête, que leurs 
planchers se touchent et même, semble-t-il, disparaissent, de sorte que la tête, 
dans ces deux points, est ou paraît percée de part en part ; c’est ce que l’on peut 
bien constater sur les exemplaires mâles chez lesquels les antennes sont en dehors 
des fossettes; dans l’intervalle compris entre les deux orifices, on voit le tube 
digestif. ; 

(3) Chez le mâle, j'ai observé très souvent les antennes en dehors de leurs 
fossettes, aussi bien sur les individus vivants (microscope stéréoscopique) que sur 
les exemplaires des préparations. 

(4) Taschenberg écrit que les palpes maxillaires « haben unter sich ziemlich 
gleichlange Glieder ». 


(5) Dans un spécimen 9, j'ai remarqué 4 épines sur un côté et 5 bien distinctes 
sur l’autre. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 279 


dirigées obliquement en arrière et en bas. Dans la moitié posté- 
rieure de la tête, quatre séries obliques de longues soies ; dans la 
moitié antérieure, une série de trois longues soies devant les 
fossettes antennales ; deux longues soies à l’extrémité antéro-infé- 
rieure de la tête et une longue série de soies plus courtes le long 
du front et du bord antéro-supérieur de la tête (1); nombreux 


Fig. 27. — Ctenopsylla musculi Dug. : À, femelle; B et C, appareil de fixation 
du mâle (A et B, figures originales; C, d’après Wagner). 


poils clairsemés. Yeux rudimentaires, en dessus de la première 
épine des joues. 

Prothorax relativement très court ; au bord postérieur du pro- 
notum un peigne de 22 épines (11 de chaque côté) (2), longues, 
plutôt étroites, à pointe un peu obtuse, la dernière étant la plus 


(1) Cette série est interrompue à son milieu par les deux pointes chitineuses. 
(2) D’après Wagner (14898, p. 578), ces épines seraient au nombre de 29 ou 24. 
LA 


280 C. TIRABOSCHI 


courte ; en avant du peigne, une série de 6 soies, la dernière étant 
la plus longue. Mésothorax et métathorax plus longs ; sur le notum 
et sur les pleurae, plusieurs séries irrégulières de soies, la dernière 
des mesopleurae et aussi celle des metapleurae étant les plus longues. 
Deux séries de soies (l’antérieure à soies plus courtes) sur la bande 
dorsale et une série sur la bande ventrale de chaque zoonite abdo- 
minal; stigmates s’ouvrant en dessous de la dernière soie de la 
première série, dans l'intervalle entre la dernière et l’avant- 
dernière soie de la série postérieure. Soies apicales au nombre de 
3 chez le mâle (la moyenne étant la plus développée) et de 4 chez 
la femelle (la 4 ou inférieure et la 2e étant plus développées que 
la {re ou supérieure et la 3%) (1). Sur le notum des 5 premiers seg- 
ments de l’abdomen (2), des pointes chitineuses en nombre très 
variable (3). Plaque sensuelle d’un noir foncé. A l'extrémité supé- 
rieure, au milieu et à l'extrémité inférieure du peigne de soies du 
bord postérieur des tibiae, trois autres soies très développées (4) ; 
au milieu de la surface extérieure des tibiae, une série de poils. 
Rapports de longueur des articles des tarses : dans les pattes 
antérieures : 4—3—1—2— 5 (formule de Bouché) ; le 1er — 2° et est 
un peu plus long que le 3% ; 5°— 3°+ 4°; 10—10—8—6—13 (formule 
de Wagner) ; en « : 65—65—50—40—80 (dans un spécimen Q long 
de 2m) ; dans les pattes moyennes : 4—3—5—2—1; 2—3e+%e; 
er — %e + 4e — 3e + 5e; le 5e est un peu plus long que le 3e ; 25—17— 
11—7—13 ; en w : 160—110—70—45—80 ; dans les pattes posté- 


(1) Taschenberg n’a pas remarqué cette différence sexuelle qui a été aperçue 
par Rothschild et par Wagner, et que j'ai observée constamment, ayant examiné 
300 spécimens environ ; en employant une formule semblable à celle de Bouché 
pour les articles des tarses, on peut donner a rapports de longueur de ces soies : 
chez la OU M3 12; chezle GMT 

A l’aide du microscope stéréoscopique j'ai pu constater, surtout chez les Puces 
vivantes, que les 6 ou 8 soies apicales sont toutes dirigées en haut et constituent 
dans leur ensemble une espèce de roue, dans le plan de laquelle, et même un peu 
en dehors, ces soies sont mobiles. 

(2) Wagner mentionne les 4 premiers segments seulement. 

(3) Suivant Wagner, elles seraient au Ro de2;3;:2;2 ce la re 
j'ai trouvé le plus souvent pour la © :3: 3; 3; 2; 1; et pour le ©: 2; 2; 2,4; 4; 
mais, je l’ai déjà dit, ces nombres sont sujets à . grandes aa ONS Ces Fe 
ticules chitineux sont plus visibles, en général, chez les femelles. 

(4) Ces trois soies sont perpendiculaires à l’axe longitudinal des libiae, tandis 
que les autres sont plus obliques ; même les soies de l'extrémité Gp des 
articles des tarses sont perpendiculaires (Puces vivantes, microscope stéréosco- 


pique). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 281 


rieures : 4—3—5—2—1 ; le 1er est deux fois plus long que le 2e (1); 
De — 3e + 4e: Je 4e égale la moitié du 5°; le 5° est un peu plus court 
que le 3 ; 45—25—17—8—14 ; en uw : 285—160—110 —50— 90. 

Tenailles (appareil de fixation du mâle) à bords supérieur el 
inférieur régulièrement arrondis; manubrium très allongé, conique, 
fortement recourbé en haut à son extrémité antérieure; pas de 
véritable doigt immobile; tout près de l’articulation du doigt 
mobile, une soie impaire ; doigt mobile en forme de serpe, dont le 
bord postérieur, fortement convexe, est pourvu de 5 à 6 soies (2). 
Trois fils chitineux de soutien, dont un plus long et un peu enroulé, 
les deux autres simplement recourbés. 

Longueur totale :  1nm6 à Anmmsg ; © 2mm à 2mmÿ, 

En juillet et en août, j'ai vu des larves éclore un jour et demi 
après la ponte des œuîs. J’ai aussi remarqué que parmi les exem- 
plaires de Ctenopsylla musculi renfermés dans un tube à essai et 
qu’on laissait sans nourriture, les mâles mouraient les premiers. 
Ainsi, par exemple, de 30 individus, dont 9 mâles et 21 femelles, 
il mourut au bout de 24 heures, 6 'et 3 © ; au bout de 48 heures, 
les 3 autres C'et 12 © ; au bout de 72 heures, les 6 autres ©. 

La Ctenopsylla musculi Dugès est l'espèce de Puce propre aux Rats 
et aux Souris. Elle a été observée chez la Souris (Mus musculus L.) : 
Hollande, Ritsema ; Halle, Taschenberg ; ?, Schôhn. (Pulex segnis) ; 
Danemark, Meinert ; Bade, Hilger; Suisse, Galli-Valerio (sur la 
Souris blanche) ; Marseille, Gauthier et Raybaud ; ?, Wagner ; chez 
le Rat noir (Mus rattus L.): ?, Bouché; chez le Rat d’égout (Wus 
decumanus Pal.) : Hollande, Ritsema; ?, Curtis (Ceratophyllus muris); 
Suisse, Galli-Valerio ; Bade, Hilger ; Mexique, Baker ; ?, Wagner; 
Marseille, Gauthier et Raybaud (3); Sydney, Tidswell ; chez le Rat 
à bande (Wus agrarius Pall.) : Halle, Taschenberg ; et chez le Cam- 


(1) Taschenberg écrit : « das erste Glied ist halb so lang wie das zweite», mais 
dans la figure le rapport est exact. 

(2) Suivant Wagner (1902), la forme du doigt mobile serait celle d’un « sehr 
schwach gekrummtes Dreieck »; cependant la figure qu'il donne n’est pas trian- 
gulaire (fig. 27, C). Dans l’exemplaire G' de Ctenopsylla mexicana qui m'a été 
envoyé par Baker, la forme du doigt mobile est la même que celle que j'ai décrite 
ci-dessus. 

(3) Sur un Rat (Mus sp. ?) apporté au laboratoire par un médecin sanitaire mari- 
time, Gauthier et Raybaud ont trouvé 160 Puces, dont 158 étaient Ctenopsylla 
musculi; ainsi, sur 250 échantillons pris sur les Rats de navires, 178 étaient 
Ctenopsylla musculi. 


282 C. TIRABOSCHI 


pagnol des champs (Microtns arvalis Pall.): ?, Kolenati ; ?, Chitty ; 
Poppe l’a observée aussi sur le Spermophilus citillus Wagn. 

Suivant Wagner (1902), le véritable hôte serait le Mus musculus 
L. (d’où le nom de Ct. musculi). 

J'ai rencontré cette espèce en Italie chez le Mus musculus, le Mus 
rattus-alerandrinus, le Mus decumanus et le Mus silvaticus. C’est 
l’espèce de Puce la plus répandue sur le Mus musculus, soit sur 
les individus vivant en liberté (je l’ai capturée sur des Souris 
provenant de toutes les provinces d’Italie),soit sur les Souris domes- 
tiques (var. albina ; je l’ai observée en quantités inouïes sur les 
Souris blanches du laboratoire). Elle représente aussi l'espèce la 
plus répandue chez le Mus rattus d'Italie, surtout chez la variété à 
ventre blanc (1); je l’ai rencontrée sur des individus capturés dans 
toutes les régions d'Italie, y compris les villes de Gênes, Venise, 
etc., et aussi sur ceux pris dans les navires du port de Gênes. La 
même distribution a été observée relativement au Mus decumanus ; 
seulement la Ctenopsylla musculi y est bien plus rare. Chez le Mus 
silvaticus, la Ctenopsylla musculi représente la seule espèce que j'ai 
rencontrée jusqu à présent. 

D’après les observations concordantes de Nuttall, Galli-Valerio, 
Tiraboschi, Wagner (in litt.) et Tidswell, la Ctenopsylla musculi ne 
pique pas l'Homme; Gauthier et Raybaud, tout en disant que 
toutes les Puces parasites des Rats et des Souris piquent sans 
difficulté l'Homme, ne désignent pas expressément la Ctenopsylla 
musculi, que pourtant ils ont trouvée très fréquente sur les Rats de 
navires (2). 


CTENOPSYLLA SPECTABILIS Rothsch. 


Typhlopsylla spectabilis : Rothschild, The Entomol. Record and Jour- 
nal of Variation, X, 1898. 

N'ayant pas d'exemplaires de cette espèce, qui est semblable à la 
Ctenopsylla musculi Dug., je rapporte la description de Rothschild. 
Sur la tête, trois pointes chitineuses et deux épines (plus grandes). 
Quatorze épines de chaque côté au peigne du pronotum. Chez la 9, 


(1) Cette espèce de Rat serait donc un autre « véritable hôte » de la Ctenopsylla 
musculi. 
(2) C£. p. 177 note 2, 179 note 3, 180 note 1 et 281 note 3. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 283 


5 soies apicales (2 longues et 3 courtes). Nombre des pointes 
chitineuses abdominales diffèrent. Corps plus grand et plus foncé. 


Fig. 28. — Ctenopsylla spectabilis Roth. : tête et prothorax, d’après Rothschild. 


Hôte : le Campagnol roussätre (Evotomys glareolus Schreb.) 
North Berwick. 


CTENOPSYLLA PECTINICEPS Wagner. 


Wagner, 1893 et 1902. 


Fig. 29. — Ctenopsylla pectinieps Wagn : A, c'; B, antenne de la ©; 
C, appareil de fixation du c;, d’après Wagner. 


2 C. TIRABOSCHI 


Cette espèce aussi est semblable à la Ctenopsylla musculi. 

Devant les fossettes antennales et sur les joues, un peigne 
d’épines (14, de chaque côté, chez le mâle, 15 ou 16 chez la femelle) 
courtes, larges, noires (1). Yeux absents. 15 à 17 épines de chaque 
côté au peigne du pronotum. Chez la femelle, 6 ou 7-soies apicales de 
chaque côté. Nombre des pointes chitineuses abdominales : chez 
JOSÉ MES ChezTemAle MEME 

Manubrium des tenailles du mâle très légèrement recourbé à son 
extrémité ; doigt immobile très long et grêle : pas de soie impaire ; 
doigt mobile très développé, semblable à une hache (Holzhackerbeile) 
et pourvu à son bord postérieur de nombreuses soies, dont 2 sont 
bien développées. 

Longueur totale : ç' 2mm; Q 2mm7 à 3mm, 

Hôte : Microtus (Arvicola) œconomus Pall. : Transbaïkalie. 


CTENOPSYLLA TASCHENBERGI Wagner. 


Wagner, 1898 et 1902. 

Cette espèce aussi est très semblable à la Ctenopsylla musculi Dug. 
Épines des joues au nombre de 3, celles du pronotum au nombre 
de 28. Pointes chitineuses des segments abdominaux : 3; 4; 3; 2; 1. 
Articles des tarses posté- 
rieurs : 46 —25 —17—9—16. 

Manubrium des tenailles du 
mâle recourbé à son extré- 
mité; doigt immobile plus 
Fig. 30. — Ctenopsylla Taschenbergi W. accentué que chez la Cienop- 

Appareil de fixation du «7, d'après Sylla musculi; soie impaire 
Wagner. robuste; doigt mobile grand, 
courbé en sabre. 

Longueur totale : comme chez la Ct. musculi. 

Trouvée d’abord par Silantjew sur un Lièvre (Lepus timidus ?), 
cette espèce a été observée sur le Loir (Myorus glis Schreb.) par. 
Poppe, et puis sur la Musette (Sorex araneus) et sur le Mulot (Mus 
siloaticus L.) par Kônig, dans le Caucase. 


NN 
ds 


LS 
= 7 


(1) Ct. pectiniceps, c’est-à-dire «à tête pectinée ». 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 285 


CTENOPSYLLA ALPINA Baker. 


Typhlopsylla alpina : Baker, 1895 (1). 

Corps brun-rougeâtre. Pas d’épines à la tête. Soies de la tête 
nombreuses, courtes, très fortes, semblables à des épines, dirigées 
en bas et en arrière. Mandibules atteignant les cuisses des pattes 
antérieures. Peigne du pronotum comprenant 16 épines. Une série 
de 4 ou 5 soies sur la bande dorsale et ventrale de chaque segment 
abdominal. Soies des pattes grêles, excepté celles des jambes et 
des hanches antérieures. Articles des tarses : pattes moyennes : 

_2e—5e; pattes postérieures : 1er plus long que 2+3°+4°; 5 une 
fois et demie plus long que le 5°. ; 

Doigt mobile des tenailles du mâle très allongé, à bords paral- 
lèles, rectangulaire à son extrémité. 

Longueur totale : &! 2nm5; Q {mmÿ, 

Capturé en Amérique sur un Mountain Rat (?). 


GENRE TYPHLOPSYLLA sensu stricto Wagner. 


Tête ni allongée, ni haute, plutôt régulièrement arrondie en 
avant ; front perpendiculaire ou légèrement oblique en arrière, de 
sorte que la tête ne paraît pas conique. Série des soies oculaires 
comprenant ordinairement 3 soies fortes, presque égales, équidi- 
stantes, la première étant placée sur le bord antérieur des fossettes 
antennales ; du sommet postérieur de la tête jusqu’à l’insertion 
des palpes maxillaires une longue série de 10 soies, dont 5 en 
arrière des fossettes antennales, et 5 (parfois 6) en avant, celles-ci 
décroissant en longueur. Mâchoires, vues de côté, triangulaires. 
Yeux rudimentaires ou peu développés (2). Jamais de peignes sur 
le métathorax et sur les segments abdominaux. Soies au bord 
postérieur des tibiae rangées en couples. Soies latérales du meta- 
tarsus des pattes postérieures au nombre de trois, la 3 étant très 


(4) Wacwer (1898) dit qu’on doit classer cette espèce dans le genre Ctenopsylla, 
« wenn man nach Form und nach der Beborstung des Kopfes urteilt, obgleich 
Baker auf die Beborstung der Tibien nicht genügend Gewicht legt. » 

(2) Wagner n’a pas bien choisi le nom de Typhlopsylla sensu striclo pour ce 
genre, 


286 C.' TIRABOSCHI 


éloignée de la 2 ; dans l’intervalle, un poil ; soies accessoires bien 
développées. Appareil de fixation du très 
ff important, d’après Wagner, pour la détermi- 
vv nation des espèces ; à l’angle postéro-supé- 
rieur des tenailles, des broussailles de soies 
Fig. 31. — Melatarsus 1e Fe Pond AO 
des pattes posté  J0NSUES et iortes; au bord postérieur, une 
rieures de Typhlo- Saillie triangulaire plus ou moins développée, 
psylla, d'après Wa- jouant parfois le rôle de doigt immobile; en 
gner (schéma). Sete EE 
dessous de cette saillie, ordinairement, une 
soie impaire (voir Ctenopsydla). 
Ce genre comprend les espèces suivantes : 


Typhlopsylla caucasica (Typhlo-  Typhlopsylla bisoctodentata Kol., 
psylla typhlus Motsch.) Tschb.,  Typhlopsylla uncinata Wagner, 


Typhlopsylla assimilis Tschb., Typhlopsylla proxima Wagn. ?, 
Typhlopsylla orientalis Wagner,  Typhlopsylla pseudagyrtes Baker 
Typhlopsylla agyrtes Heller, (1), etc. 


Nous décrirons trois (2) espèces : 7yphlopsylla assimilis Tschb. ; 
Typhlopsylla agyrtes Heller ; Typhlopsylla proxima Wagner. 


TYPHLOPSYLLA ASSIMILIS Taschenberg (3). 


Taschenberg, 1880 ; Baker, 1895 : Meinert, 1896 ; Wagner, 1898 : 
Hilger, 1899 ; Galli-Valerio, 1900 ; Wagner, 1902. ; 
Ne possédant pas d'exemplaires de cette espèce de Puce, je 


(4) Voir la note 2, page 290. Je ne sais pas où classer : Typhlopsylla bisseptem- 
dentatw Kol. (Rothsch.}, T. tristis Roth., T. ingens Roth., T. grandis Roth., T. fra- 
terna Baker, T. nudata Bak., T. charlottensis Bak., T. americana Bak. 

(2) Wagner écrit (1902) : « aller Wahrscheinlichkeiït nach, parasitireu diese drei 
Flôhe (T. proxima Wagn., T. agyrtes Heller et T. bisoctodentata Kol.) säammtlich 
auf kleinen Mus-Arten ». Pour ce qui regarde la T. bisoctodentata Kol., je ne 
sais pas si on l’a observée chez quelque espèce de Wus et pour cela je ne la 
décris pas. 5 | 

(3) Le nom de assimilis a élé choisi par Taschenberg pour rappeler la ressem- 
blance de cette espèce avec la Typhlopsylla caucasica Tschb. 

D’après Rothschild, la Typhlopsylla assimilis Saunders, et en partie aussi 
la Typhlopsylla assimilis Tschb., ne sont pas autre chose que la Typhlopsylla 
agyrtes Heller ; de plus, le Ctenophthalmus bisseptemdentatus Kol. (dont 
Taschenberg ne sait pas s’il est identique à la Typhlopsylla assimilis) est une 
espèce distincte (Typhlopsylla bisseptemdentata). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 287 


rapporte la description qui a été donnée par Taschenberg, Galli- 
Valerio et Wagner, en renvoyant les lecteurs à ce que je dirai 
relativement à l’espèce suivante. 

Corps jaune clair (Galli-V.), brun foncé (Tschb.). Tête régulière- 
ment arrondie chez la femelle ; chez le mâle elle est rectiligne en 
dessus, arrondie antérieurement en calotte et se termine par une 
dent au dessus de l’insertion des palpes maxillaires. Articles de 
ceux-ci : der — 2% — 3e; le 4e est fusiforme et un peu plus long. 
Fossettes antennales en poire, creusées au milieu de la tête : le fer 
article des antennes long et caliciforme, garni à la surface de petits 
poils ; le 2e est court, en écuelle ; le 3° est en massue. Sur les joues 


Fig. 32 — Typhlopsylla assimilis Tschb. : A, tête et prothorax, d’après 
Taschenberg; B, appareil de fixation du G, d’après Wagner 


trois épines coniques, noires, robustes, dirigées en arriére et en 
bas et croissant en longueur de la 1r° à la 3. 
Au bord postérieur du pronotum un peigne de 18 épines (9 de 
chaque côté), dont la première est la plus courte ; en avant une 
série de 6 soies ; sur le mesonotum, le metanotum et le notum des 
segments abdominaux 1 à 8, deux séries de soies ; l’antérieure à 
.Soies courtes et minces, la postérieure à soies longues. Soies 
apicales : 3 de chaque côté, la moyenne étant la plus longue. Sur 
les bandes ventrales des segments abdominaux, 3 soies robustes. 
Rapports de longueur des articles des tarses : pattes antérieures : 
1er — 2e; 3° — 4° et un peu plus court que le 1er ; 5e (?) —3 +. 4e ; 
pattes moyennes : Aer = 2e; 3—%e; 5e — 3e + Le (suivant Tas- 
. Chenberg, 19 = 2° = 5° — 3: + 4e); pattes postérieures : 2° — deux 
tiers du premier ; 3 = deux tiers du 2 = 5°; 4° (?) = deux tiers du 
3 (d’après Taschenberg, 2 = 3° + 4e). 


288 C. TIRABOSCHI 


Manubrium des tenailles du 4 plutôt court, recourbé en haut à 
son extrémité; de nombreuses soies à l’angle postéro-supérieur 
des tenailles. Doigt mobile grand, s’élargissant en haut, à bords 
antérieur et supérieur bien distincts; bord supérieur pourvu d’un 
sinus qui contribue à donner au doigt l’apparence d’un soulier 
(dont la semelle est tournée en haut) ; 4 soïes au bord postérieur et 
3 soies (dont 2 recourbées) à l’angle postéro-supérieur. 

Longueur totale : g! 2nm à 2mmÿ ; © 2mmÿ à 3mm, 

Cette espèce a été trouvée sur le Mulot (Mus silvaticus L.) : Hol- 
lande, Ritsema ; sur le Campagnol roussâtre (Evotomys glareolus 
Schr.): Bade, Hilger; sur le Rat d’eau (4rvicola terrestris L., var. 
amphibius) : Danemark, Meinert; sur le Campagnol des champs 
(Microtus arvalis Pall.) : Hollande, Ritsema ; sur le Campagnol des 
bois (Microtus agrestis L.) : Danemark, Meinert ; sur le Campagnol 
des neiges (Microtus nivalis Mart.) : Suisse, Galli-V.; dans le nid 
d'une Souris non déterminée : Hollande, Ritsema. Elle a été 
observée aussi sur la Taupe (Talpa europæa L.) : Hollande, Rit- 
sema ; Allemagne, Leuckhart, Taschenberg ; Danemark, Meinert ; 
Bade, Hilger ; Amérique, Baker ; sur la Musaraigne commune ou 
Musette (Sorex vulgaris ou araneus L.) : Hollande, Ritsema ; sur 
l’Hermine {Mustela erminea, L.): Danemark, Meinert; sur le Scolops 
argentatus : Amérique, Baker. 

D’après Wagner (1902), le véritable hôte serait le Microtus 
arvalis Pall. | 


TYPHLOPSYLLA AGYRTES (1) Heller. 


? Typhlopsylla assimilis : Taschenberg, 1880; Saunders (Entom. 
Monthly Magaz.), 1891. 

Typhlopsylla agyrtes : Heller (Entom. Nachrichten) 1896 ; Wagner, 
1898 et 1902 ; Rothschild, 1898. 

Voïci les conclusions de Rothschild relativement à cette espèce : 
« All the Insects I had examined both froin England and the Conti- 
nent were the same species, namely Typhlopsylla agyrtes Heller, alt 
of them (inclusive of the specimens from Ritsema) possessing 16 
teeth in the pronotal comb.... The shape of the dorsal ninth seg- 


(1) &yvprnc, errant, vagabond ; les exemplaires décrits par Heller avaient été 
trouvés libres dans le sable, 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 289 


ments, when dissected out, cannot be called boot-shaped (1). Il 


Se É 
RÉ SASEZ 
4 


Fig. 33. — Typhlopsylla agyrtes Heller : A, mâle; B, appareil de fixation, 
d’après Wagner ; C, extrémité abdominale, d’après Rothschild. 


seems most probable that the number of teeth in the pronotal 


(1) Comme nous avons dit ci-dessus, Taschenberg a comparé la forme du doigt 
mobile à celle d’un sowlier (Sliefel); d’après Rothschild lui-même, le duigl mobile 
ne représente pas « the dorsal 9 segments » mais « the ventral 10 segments ». 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 2, 1904. 19 


290 C. TIRABOSCHI 


comb of the Insect Dr. Taschenberg called T. assimilis was mis- 
counted. The identity of Dr. Taschenberg’s Insect, however, 
must always remain doubtful. » 

Je fais remarquer cependant que Wagner non seulement a décrit 
une Zyphlopsylla assimilis Tschb. bien distincte de la Typhlopsylla 
agyrtes Heller (fig. 32 B et 33 B), mais que la description et la figure 
qu’il a données de l'appareil de fixation du © de la Typhlopsylla 
agyrtes Heller ne correspondent pas à la figure donnée par Roth- 
schild (fig. 33 B et C); ne s’agit-il pas ici de trois espèces différentes, 
correspondant chacune à une des trois figures ? J’ajouterai qu’en 
Amérique on a signalé une espèce très voisine de la Typhlopsylla 
assimilis Tschb., que Baker (1) considère comme identique à celle- 
ci, mais dont le peigne du pronotum comprend 14 épines seulement. 
Rosthschild incline à croire que le nombre de 18 épines dans le 
peigne de la Typhlopsylla assimilis Tschb. a été « miscounted » ; 
mais je fais remarquer que ce nombre a été confirmé récemment 
par Galli-Valerio. 

Pour résoudre cette question, il faudrait comparer tous les 
exemplaires observés par Taschenberg, Heller, Wagner, Rothschild, 
Galli-Valerio, etc. Ne pouvant faire cette comparaison, je rapporte 
ici les descriptions de Heller, de Rothschild (2) et de Wagner, en 
laissant de côté tous les caractères que nous avons déjà donnés 
dans la description de la Typhlopsylla assimilis Tschb. (3). 


(1) Baxer,Canadian entom.,18%5. J’ai reçu de Baker deux exemplaires (c'et ©}, 
étiquetés : Typhlopsylla assimilis Tschb. var. — Ctenophthalmus pseudagyrtes 
Baker; chez la © j'ai compté 14 épines au peigne du pronotum, chez le ©", qui 
n’est pas bien conservé et dont on ne voit pas bien l’appareil de fixation, j'en ai 
compté 16. 

(2) RorascriLp a donné une description très détaillée du squelette chitineux de 
la Typhlopsylla agyrtes Heller, description sur laquelle nous ne pouvons pas 
nous étendre. 

(3) J'avais déjà achevé mon travail, lorsque j'eus l’occasion de capturer sur 
une Taupe (Talpa europæa L.) d'Italie deux © de Typhlopsylla. L'aspect d’une 
de ces deux © correspond parfaitement à la description de Typhlopsylla agyrtes 
Heller donnée par Rothschild : épine oculaire, soies de la tête, peigne du 
pronoturr, pointes chitineuses abdominales, soies des jambes, etc. ; j'ai remarqué 
seulement que la première soie apicale est plus courte que la troisième et que la 
soie interne de la 4° paire au bord postérieur des jambes est plus longue que celle 
de la 2° paire et presque aussi longue que celles des 5° et 7° paires. Chez l’autre © 
aussi tous les caractères sont les mêmes, seulement la courbure de la tête est un 
peu différente (c’est-à-dire plus accentuée), et, en dessous et un peu loin de l’épine 
inférieure très courte du peigne du pronotum, il y a une autre épine, mais sur 
un côté seulement. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 291 


Au bord antérieur des fossettes antennales, qui ne sont pas fer- 
mées, un tubercule pigmenté en noir, semblable à une épine (œil 
rudimentaire ?). Appareil perforateur atteignant l'extrémité des 
hanches des pattes antérieures. Au bord postérieur de la tête, 4 
soies, dont l’inférieure est très longue. Peigne du pronotum com- 
prenant 16 épines ; en avant, une série de 5 soies. Au bord posté- 
rieur du notum des segments abdominaux 1 à 4, tout près de la 
ligne médiane dorsale, de chaque côté, une pointe chitineuse ; sur 
la bande dorsale des segments de l'abdomen, une série antérieure 
de 5 soies courtes et une postérieure de 6 soies longues : sur la 
bande ventrale, 1 ou 2 soies courtes et 3 ou 4 longues. Soies apicales : 
la première deux (®) ou trois(o*) fois plus courte que la 3e, Au bord 
postérieur des jambes, 7 paires de soies, la soie interne des 2e, 5e et 
7e paires étant plus longue ; à la surface externe, une série bien 
accusée de 7 poils. 

4 soïes courtes à l’angle postéro-supérieur des tenailles ; au bord 
postérieur, une incision profonde ; la partie qui est au dessous de 
cette entaille forme avec la saillie triangulaire, qui est très déve- 
loppée, le doigt immobile, les deux parties de celui-ci étant sépa- 
rées par un sinus, et l’angle inférieur étant représenté par le 
sommet de la saillie; à l’angle supérieur, un poil. Doigt mobile se 
retrécissant en haut, à bords antérieur et supérieur pas bien 
distincts; il est semblable à celui de la Typhlopsylla caucasica 
Tschb., qui a été comparé par Taschenberg à un pain de sucre ; 
au bord postérieur, qui est concave, une série de poils ; au sommet 
du cône, des poils courts. 

Longueur totale : 2nm25 à 2mm5, 

Cette espèce, rencontrée d’abord dans le sable (T. agyrtes) de l’île 
de Borkum par Schneider, a été depuis observée chez la Souris 
(Mus musculus L.) : Angleterre, Rothschild ; chez le Campagnol 
roussâtre (Evotomys glareolus Schr.) : tbid.; chez le Rat d’eau (Arvi- 
cola amphibius) : ibid. (1); chez une espèce indéterminée de Mus : 
Neu-Alexandria, Wagner ; chez le Campagnol vulgaire (Microtus 
arvalis Pall.) : Wagner; et enfin chez la Musette (Sorex vulgaris L.), 


(1) Chez bien des exemplaires pris sur ce Campagnol, Rothschild a remarqué 
la présence, sur les joues, de 2 épines seulement (de chaque côté) ou même d’une 
épine seule (sur un côté); il a proposé d'appeler cette variété : Typhlopsylla 
agyrles Heller, subsp. nobilis Rothsch. 


202 C. TIRABOSCHI 


le Crossopus ciliatus, la Taupe (Talpa europæa L.) (1), la Belette 
(Mustela vulgaris) et le Putois (Mustela putorius) : Angleterre, 
Rothschild. À 

Suivant Wagner (1902), le véritable hôte de cette espèce de Puce 
serait ou le Mus silvaticus L. ou le Microtus arvalis Pall. 


TYPHLOPSYLLA PROXIMA Wagner. 


Wagner, 1902. | 

Cette espèce ressemble beaucoup (T. proxima) à la Typhlopsylla 
agyrtes Heller. Tubercule oculaire (?) transparent. Série postérieure 
de soies, sur le notum des seg- 
ments abdominaux, comprenant 
5 soies. Deux soies courtes et 
deux très longues à l’angle pos- 
RE UE a it à téro-supérieur des tenailles. Pas 

Wagner. Appareil de fixation du &, de sinus au doigt immobile; 

d’après Wagner. S 6 À 

base du doigt mobile plus grêle ; 

poils du bord postérieur moins nombreux. 

Découverte sur le Mulot (Mus silvaticus L.) et sur la Musette 
(Sorex araneus) par Kônig, dans le Caucase. 


= 
SE 


PS 
LP 
== 


GENRE NEoPsyLLA Wagner. 


Voir page 285. Yeux rudimentaires. Soies latérales du metutarsus 
des pattes postérieures au nombre de 4; soies 
accessoires absentes. Pas de saillie au bord 

ee postérieur des tenaïlles et soie impaire peu 


Fig. 35. — Metatarsus développée ou absente. 


des pattes posté- i : : ; vera) 
D peut Trois espèces : Neopsylla bidentatiformis 
Ho Wagner (— Typhlopsylla setosa) Wagner; Neopsylla pen- 
schéma). 


tacanthus Rothsch.; Neopsylla altaica Wagner; 
nous décrirons les deux premières espèces. 


NEOPSYLLA BIDENTATIFORMIS Wagner. 


Typhlopsylla bidentatiformis : Wagner, 1893. 


(4) Comme j'ai dit ci-dessus, je viens de capturer la Typhlopsylla agyrtes 
Heller sur la Talpa europæa L., en Italie. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 293 


Typhlopsylla setosa : Wagner, 1898. 

Neopsylla bidentatiformis : Wagner, 1902. 

Corps jaunâtre-brun ou brun foncé. Forme de la tête normale 
(v. page 285). Fossettes antennales du S' prolongées jusqu'aux 
pleurae du prothorax. Tache oculaire allongée, pointue en haut, 
placée près du bord inférieur de la tête, claire chez le g', peu 
pigmentée chez la ©. Mâchoires longues. A l’angle antéro-inférieur 
des fossettes antennales deux épines (N. bidentatiformis) : la supé- 
rieure dirigée en bas et en arrière, courte, conique ; l’inférieure 
dirigée plus en arrière, longue, en forme de bâtonnet; 4 soies 
oculaires, la 2e étant la plus 
petite; les autres soies de 
la tête (et en général de 
tout le corps) plus nom- 
breuses que chez les espè- 
ces précédentes (T. setosa). 
Peigne du pronotum com- 
prenant {8 épines. Pointes 
chitineuses des segments 
abdominaux : : 3-3; 4 ; 2-4; 2-8; 14 ; © : 1-2; 1-3; 1-2: 0-1 ; O. 
Soies apicales : 3 de chaque côté, la 2e étant la plus longue. Bande 
ventrale du 8 segment couverte de nombreuses soies claires, diri- 
gées en arrière chez la ®, recourbées en haut chez le S. Articles des 
tasses 10 te 2 010532211221 

Tenailles du bien développées ; manubrium très long ; pas de 
soie impaire au bord postérieur ; doigt immobile très large, couvert 
de soies très courtes; doigt mobile triangulaire, pourvu d’une série 
de poils le long de son bord postérieur et d’une soie à son sommet. 

Longueur totale : os! 20m à 2mm3; © 2mm3 à 2mm5, 

Observée par Wagner sur le Surmulot (Mus decumanus Pall.) en 
Crimée, et sur un Sciuridé du genre Spermophilus, en Sibérie et 
dans le Caucase. J’en ai reçu un spécimen 9 de Wagner. 


Fig. 36. — Neopsylla bidentatiformis Wagner. 
Appareil de fixation du C, d’après Wagner. 


NEOPSYLLA PENTACANTHUS Rothsch. 


Typhlopsylla pentacanthus : Rothschild (Entom. Record et Novit. 
z00l). 1898. 
” Neopsylla pentacanthus : Wagner, 1902. 


294 C. TIRABOSCHI 


Tête presque anguleuse en avant. Palpes maxillaires et labiaux 
longs. Sur les joues, 5 épines (T. pentacanthus : revra = 5 ; äxavha = 
épine), croissant en longueur de la première à la 4° ; la 5° est plus 
courte (1); elle correspond peut-être au tubercule de la Tyvhlopsylla 
agyrtes? Peigne du pronotum comprenant 14 épines. Pointes chiti- 
neuses des segments abdominaux : & :2; 2;,2;2;1;:1;0 :2;9;1;1;4;0. 
Soies apicales seulement chez la © : 2 de chaque côté. 


ne 
<É 

à 

Prn A 


RU 


SE 
] 


UT 
1 


À F Le 
DE 


A B 


S, 


TEE 


Fig. 37. — Neopsylla pentacanthus Roth. À, o, d'après Rothschild ; 
B, appareil de fixation du &”, d’après Wagner. 


Tenaïlles du & plus petites que chez l'espèce précédente ; manu- 
brium très court et fortement recourbé; soies de l’angle postéro- 
supérieur (celui-ci ne formant pas un véritable doigt immobile) 
bien développées; soie impaire du bord postérieur peu développée 
et placée près de l'articulation du doigt mobile; celui-ci long et 
grêle, falcitorme (2). 

Observée chez le Mulot (Mus silvaticus L.), le Campagnol des 
bois (Microtus agrestis L.), la Taupe (Talpa europæa L.), et la Belette 
(Putorius vulgaris), en Angleterre, par Rothschild. 

D’après Wagner, le véritable hôte serait le Microtus agrestis L. (ou 
le Mus silvaticus L.). 


GENRE PALÆOPsyLLA Wagner. 


Yeux rudimentaires ou absents. Parfois pas d’épines sur la tête. 


(4) Wagner dit que la première est presque le double de la 5‘ et presque égale 
à la 2e. 

(2) D’après Rothschild « the moveable portion of the ninth tergite resembles 
the same portion in Palæopsylla gracilis Tschb. » 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 295 


Au metatarsus des pattes postérieures, 4 soies latérales équidis- 
tantes et 2 soies accessoires. Pas de saillie au 
bord postérieur des tenailles ; doigt immobile ? 
développé ou non. de 

Ce genre renferme quatre espèces qui ne pig. 38.— Metatarsus 


nous intéressent pas : Palæopsylla sibirica des pattes posté- 
à l L rieures de Palæo- 
Wagner; Palæopsylla dasycnemus Rothsch. ; psylla, d'après Wa- 


Palæopsylla gracilis Tschb. ; Palæopsylla inter- gner. 
media Wagner. 


GENRE TypaLocEerAs (1) Wagner. 


Tête comme chez le Ceratophyllus (denticules frontaux; yeux 
ovalaires, rapprochés du bord inférieur de la tête ; pas de lamelle 
sur les fossettes antennales), mais garnie de plusieurs séries de 
soies et ornée d’épines à son bord inférieur (comme chez le genre 
Typhlopsylla). Peigne d’épines au pronotum. Pointes chitineuses à 
l'abdomen. Soies latérales du metatarsus des pattes postérieures 
comme chez le Ceratophyllus. Une seule espèce. 


TyPHLOCERAS Popper © Wagner. 


Wagner, 1902. 

Corps brun. Deux soies oculaires, séparées par un poil ; trois 
séries de soies en avant ; derrière les fossettes antennales, trois 
séries obliques de soies. Au bord inférieur de la tête, 4 épines diri- 
gées en bas et un peu en arrière, la première et la 2e étant plus 
longues ; derrière l’œil il y a une pointe chitineuse. Appareil per- 
forateur atteignant presque l’extrémité des hanches des pattes 
antérieures. Peigne du pronotum comprenant 24 épines. Nom- 
breuses soies, irrégulièrement placées, sur la bande dorsale des 
segments abdominaux antérieurs et sur la bande ventrale des 
postérieurs; sur le notum des segments 2 à 5, des pointes chitineu- 
ses bien développées et placées en bas, au nombre de 3; 3; 2; 1. 
Trois soies apicales, la 2 étant la plus longue. Pattes postérieures : 


(1) zuyh6c, pour rappeler le genre Typhlopsylla et xépac, pour rappeler le 
genre Ceratophyllus. 


296 C. TIRABOSCHI 


à la surface externe des jambes, 3 séries longitudinales de poils ; 
articles du tarse : 32—21—14—7—13. 


Fig. 39. — Typhloceras Poppei Wagner, ©, d’après Wagner. 


Longueur totale : 2mm5 (Q). 
Découvert par Poppe (T. Poppei) sur le Mulot (Mus silvaticus L.). 


SOUS-FAMILLE DES HYSTRICHOPSYLLINAE mihi. 


(Genre Hystrichopsylla Taschenberg). 


Cette sous-famille comprend un seul genre : Hystrichopsylla 
Tschb., dont voici les caractères : 

Tête tronquée en avant. Yeux absents ou rudimentaires. 
Fossettes antennales à bord antérieur non épaissi et plus ou moins 
plates. Peignes d’épines sur les joues et au bord postérieur du 
pronotum et du notum de quelques segments abdominaux. Tout le 
corps est pourvu de soies et de poils extraordinairement nombreux 
(ÜoTeË, Üoreryoc, épine, soie, aiguillon ; dx, Puce). Appareil 
de fixation du & pourvu ordinairement d’une pièce accessoire. 

On a décrit jusqu’à présent 5 espèces seulement dans ce genre, 
dont les trois premières sont européennes, les deux autres améri- 
caines : 


Hystrichopsylla talpae Curtis. H. tripectinata Tiraboschi. 
H. Narbeli Galli- Valerio. H. Dippiei Rothschild. 
H. americana Baker. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 297 


Nous en décrirons trois, en commençant par Hystrichopsylla 
tripectinata qui est la seule espèce que je possède (1). 


HYSTRICHOPSYLLA TRIPECTINATA  Tiraboschi. 


Hystrichopsylla tripectinata (2) : Tiraboschi (Bollett. della Società 
zool. îtal., 1902 et Arch. f. Hygiene, 1903). 

Corps allongé, châtain-rougeâtre foncé. Tête rectiligne en dessus, 
püis doucement recourbée et enfin tombant en bas et en arrière, 
couverte sur le front par une calotte hémisphérique claire (3). 
Mâchoires triangulaires ; rapports de longueur des articles des 
palpes maxillaires : 20—18—15—20. Mandibules relativement 
courtes. Tache oculaire grande, mais claire. Fossettes antennales 
creusées peu profondément. Au bord inférieur de la tête, de cha- 
que côté, un peigne ondulé de 13 épines dirigées en arrière et en 
bas. Sur la ligne médiane dorsale de la tête, au dessus des anten- 
nes, une sorte de crinière de poils relevés ; soies du 2e article des 
antennes plus courtes que le 3° article. 

Au bord postérieur du pronotum un peigne de 34 ou 36 épines ; 
sur le pronotum, trois séries de soies, augmentant en longueur; sur 
le mesonotum, 7 ou 8 séries de soies, croissant de même en longueur ; 
sur les mesopleurae, plusieurs séries de soies ; sur le metanotum, 
5 séries ; sur les metapleurae, plusieurs séries irrégulières. Au bord 
postérieur du notum du 2 segment abdominal, un peigne de 28 ou 30 
épines ; sur les segments 3 à 6, de chaque côté, un peigne de pointes 
chitineuses, au nombre de 9; 8; 7; 5. Sur la bande dorsale des 
segments abdominaux, trois séries de soies, croissant en longueur ; 
sur la bande ventrale, une série de 3 ou 4 longues soies. Soies 
apicales : 4 de chaque côté, très longues. Plaque sensuelle non 
noire. 

Pattes longues et grèles, très velues, notamment dans les jambes 
des pattes postérieures (fig. 40, A). Près du bord postérieur des 


(1) Je fais remarquer qu’à l’exception pezt-être de H. talpae, toutes les espèces 
de ce genre semblent être très rares : H. Dippiei a été décrite d’après deux 
exemplaires seulement (cet ©), H. americana d’après un seul exemplaire ©, 
H. tripectinata, et H. Narbeli d’après un seul exemplaire c". 

(2) Tripectinata, c’est-à-dire avec 3 peignes d’épines seulement. 

(3) D’après Wagner, auquel j'ai envoyé mon exemplaire, il s’agit ici d’un artifice 
produit par les tissus sous-chitineux sortis par une fente pratiquée à travers le 
front. 


298 C. TIRABOSCHI 


cuisses des pattes moyennes et postérieures, de chaque côté, une 
série longitudinale de soies. Metatarsus des pattes postérieures avec 
5 paires de soies latérales, la 4e et la 5° soie de chaque côté étant 
plus rapprochées et les deux soies de la {re paire étant aussi rap- 
prochées l’un e de l’autre sur la ligne médiane (soies accessoires) 


} ! l 
pa dm am pa 


B C 


Fig. 40. — Hystrichopsylla tripectinata Tirab. : À, G'; B, tête; 
C, appareil de fixation (figures originales). 


au dessous des soies unguiculaires ordinaires, deux autres paires 
de soies semblables. Longueur en w des articles des tarses : 150 
— 110—80—60—155 ; 325 — 220 — 110 — 75— 155 ; 565 —410 — 265 — 
140 — 200. 

Appareil de fixation du & caractéristique : tenailles presque 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 299 


triangulaires, dépourvues de processus articularis: doigt mobile 
long et grêle, presque cylindrique, coudé en dessous de son extré- 
mité articulaire ; pièce accessoire très allongée, suivant d’abord le 
côté postérieur de la tenaille, puis coudée en arrière et se termi- 
nant en massue très élargie et très velue ; de nombreuses soies à 
l’angle postérieur des tenailles, etc. 

Longueur totale du of : 30m4, 

Capturé sur une Souris (Mus musculus L.), Rome. 


HYSTRICHOPSYLLA TALPAE Curtis. 


Pulex talpae : Curtis, 1826 ; Gervais, 1844 ; Walker, 1856 ; 
Bouillon, 1858 ; Bold, 1873-74 ; Ritsema, 1874. 

Hystrichopsylla talpae : Saunders (Entom. Monthly Mag., 29); 
Chitty (Ibidem), 1898; Walker (Ibid.), 1898 ; Rothschild (The Entom. 
Record, etc.), 1900 ; Hilger, 1899. 

Pulex obtusiceps : Ritsema, 1874. 

Hystrichopsylla obtusiceps : Taschenberg, 1880 ; Bold, 1873-74 ; 
Baker, 1895. 

Ceratophyllus talpae : Curtis, 1832. 

Pulex terrestris : Macquart (Ann. d. Sciences nat.), 1831 ; Gervais, 
1844 ; Ritsema, 1874 et 1880. 

Voici la description que Taschenberg a donnée de cette espèce. 

Tête semblable à un fez turc dont la partie supérieure est repré- 
sentée par le front qui se termine en bas par une dent (1). Le pre- 
mier article des palpes maxillaires est le plus long de tous. Yeux 
absents (2). Fossettes antennales plates. Peigne de la tête com- 
prenant 1! longues épines (3). Peigne du pronotum comprenant 
44 épines longues et grêles (4). Peigne du 2 segment abdominal 
comprenant 40 épines courtes (5) ; peigne du 3 occupant, de 
chaque côté, la moitié inférieure du précédent et comprenant, de 
chaque côté, 12 épines plus courtes (6) ; peigne du 4e plus inférieur 


(1) D'après Hilger, qui a étudié le même exemplaire dessiné par Taschenberpg, 
la forme de la tête, vue à la lumière incidente ou directe, est bien différente; 
voir aussi la figure de Rothschild. 

(2) D’après Meinert et Hilger, les yeux ne font pas défaut. 

(3) Dans la figure de Taschenberg et dans celle de Rothschild on en compte 11. 

(4) Dans la figure de Rothschild on en compte 50. 

(5) D’après Hilger, 38; dans la figure de Rothschild, 48. 

(6) Dans la figure de Rothschild, 14. ‘ 


300 C. TIRABOSCHI 


et comprenant, de chaque côté, 7 épines très courtes (1). Soïes api- 
cales : 3 par côté, très longues (2). Notum du 8° segment pourvu 
de 3 denticules noirs (3). Sur les cuisses des pattes moyennes et 
postérieures, une série longitudinale de soies seulement sur le 
côté extérieur ; pas de soies accessoires sur le metatarsus des pattes 
postérieures et pas de soies sous les deux soies unguiculaires. 


TÉÉÉÉRTES = 
= = EEE 
& Me =ÿpe= ÉE> 
XX 

KK 


EPS REE 
ES 


== 


Fig. 41. — Hystrichopsylla talpae 
Curtis. A, © ; B, appareil de fixa- 
tion du «, d'après Rothschild 


Articles des tarses : pattes antérieures : le 1er =2e + 3e et est un 
peu plus long que le 5; pattes moyennes : 1er = 2e + 5e + 4; 
2e = 3e + 4e —5; pattes postérieures : le 1er est un tiers plus long 
OS IE RER RS RER 7e pe 7e = 

Le doigt mobile des tenailles est en massue et très velu au bord 
postérieur ; pièce accessoire allongée, en massue, pourvue à la 
surface inférieure de son extrémité de 7 épines noires aiguës 
(7 de chaque côté). 

Longueur totale : G' 3nmÿ5 ; © 5mm à 5mmÿ, 

Observée sur le Campagnol des champs (Wicrotus arvalis Pall.) ; 


(1) Suivant Hilger, 8 ; Rothschild, 10. 
(2) Dans la figure de Rothschild, 4. 
(3) D’après Hilger, nombre variable (3 ou 4). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 301 


Hollande, Ritsema ; Angleterre (?), Walker (dans un nid désert) ; sur 
le Campagnol des bois (Microtus agrestis L.) : Danemark, Meinert ; 
sur le Mulot (Mus silvaticus L.) : ?, Rothschild ; sur le Campagnol 
roussâtre (Evotomys glareolus Schreb.) : ?, Rothschild ; sur la Taupe 
(Talpa europæa L.) : ?, Curtis ; ?, Rothschild ; Danemark, Meinert ; 
sur la Musaraigne commune (Sorex araneus L.) : Danemark, 
Meinert ; ?, Rothschild; sur la Musaraigne d'eau (Crossopus fodiens- 
ciliatus) : ?, Rothschild ; sur la Belette et sur l’Hermine (Mustela 
vulgaris et Mustela erminea) : ?, Rothschild; dans les nids du 
Bourdon (Bombus terrestris), dans lesquels avaient été (?) des Cam- 
pagnols des champs: ?, Macquart (Pulex terrestris ?); Hollande, 
Ritsema; et enfin dans les trous de sable, dans la terre de 
jardin, etc. : Danemark, Meinert. 
HysTricHoPsyYLLA NARBELI Galli-Valerio (1). 

Galli-Valerio (Arch. de Parasit.), 1900. 

Corps marron clair. A la région antéro-supérieure de la tête, il y 
a une calotte hémisphérique se terminant par une dent et limitée 
par une série de 8 longues soies. Tache oculaire rudimentaire. 
Peigne de la tête comprenant 10 épines. Au bord postérieur de la 
tête deux petites épines coniques. Peigne du pronotum comprenant 
44 épines. Peigne du 2° segment abdominal comprenant 40 épines ; 
peigne du 3° occupant, de chaque côté, les deux tiers inférieurs 
du précédent et comprenant 16 épines plus courtes; peigne du 4° 
occupant les deux tiers du précédent et comprenant 13 épines plus 
courtes ; au 5° segment, 3 épines courtes et larges, placées au 
niveau de la partie centrale du peigne précédent. Soïes apicales : 
3 de chaque côté (la supérieure étant la plus courte, la moyenne 
la plus longue) et en plus une médiane, dorsale, dirigée en haut. 

Pièce accessoire de l'appareil de fixation du & garnie, de chaque 
côté, de 6 pointes. Rapports de longueur des articles des tarses à 
peu près les mêmes que chez l’Hystrichopsylla talpae Curtis. 

Longueur totale du ' : 5mm, 

Sur un Campagnol des neiges (Microtus nivalis Mart.) : Suisse, 
par Narbel (H. Narbeli). 


(1) Suivant Wagner (1903), Hystrichopsylla Narbeli Galli-Valerio est peut-être 
une variété de H. lalpae Curtis. . 


302 C. TIRABOSCHI 


Entre les Pulicidae et les Sarcopsyllidae il y a un genre qui ne 
nous intéresse pas, pour le moment du moins; c’est le genre 
Megapsylla. 


FAMILLE DES SARCOPSYLLIDAE (1) Taschenberg. 


Cette famille, établie par Taschenberg, comprend des Puces que 
l'on peut désigner sous le nom de Chiques (Sandflôhe en alle- 
mand, Chigoes ou Jiggers en anglais) (2). Corps en général plus petit 
que chez les Pulicidae, et raccourci. Tête relativement grande, 
anguleuse ou arrondie en dessus, jamais armée d’épines. Palpes 
labiaux inarticulés et fragiles. Troisième article des antennes ne 
présentant pas d’incisions circulaires. Ordinairement des yeux 
plus ou moins développés. Segments thoraciques grêles. Abdomen 
variable, plus ou moins renflé chez les femelles ovigères. Jamais 
de peignes sur le thorax ou sur l’abdomen. 

Les femelles fécondées se fixent à demeure sur l'hôte qu’elles 
choisissent. Espèces presque exclusivement extra-européennes. 

Deux genres : Sarcopsylla Westwood et Rhynchopsylla Haller. 


GENRE SARCOPSYLLA Westwood. 


Pulex L.; Rhyncoprion Herman ; Dermatophylus Guérin ; Sarco- 
phaga Guilding, èn litt.). 

Mâchoires petites, peu saillantes. Appareil perforateur et suceur 
très développé : mandibules longues et larges, fortement dentées 
en scie sur les côtés. Abdomen des femelles ovigères parfois extra- 
ordinairement renflé, sans trace de segmentation dans sa partie 
moyenne (fig. 44, A). 

Ce genre comprend à présent cinq espèces, dont trois ont été 
rencontrées chez les Rats, etc. : Sarcopsylla penetrans L.; Sarco- 
psylla gallinacea Westwood ; Sarcopsylla cæcata Enderlein (3), que 
nous décrirons brièvement en commençant par la Sarcopsylla galli- 
nacea qui est la seule espèce que nous possédons. 


(1) o4pË, capxéc, chair; LUXA«, Puce. 
) n’y a pas dans la langue italienne de mot spécial pour indiquer ces Puces. 
} La quatrième espèce est la Sarcopsylla myrmecobii Westw.; la cinquième 


est la Sarcopsyllu grossiventris Weyenbergh, Baker (Pulex grossiventris Wey.). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 303 


SARCOPSYLLA GALLINACEA Westwood. 


Sarcopsylla gallinacea : Westwood (Entom. Monthly Magaz.), 
1874-75; Taschenberg, 1880 ; Packard (/nsect. Life), 1895; Hartzell 
({nsect Life), 1894; Wagner, 1894 ; R. Blanchard (Bull. de la Soc. nat. 
d'Acclim. de France), 1897; Enderlein (Zoolog. Jahrbücher, Abth. f. 
system.), 1901 ; Tiraboschi (Arch. de Parasitologie), 1903 (1). 

Pulex pullulorum : Johnson, Proceed. of the entom. Soc. of Wash., 
1889. 

Xestopsylla gallinacea : Baker (in litt., 1902.) 

Corps raccourci, paraissant presque aussi large que long, d’un 
brun rouge. Tête, vue de côté, ayant la forme d'un trapèze irrégu- 


Fig. 42, — Sarcopsylla gallinacea Westw., © (figure originale). 


lier, dont la plus grande base est appuyée sur le prothorax ; front 
presque vertical. Mâchoires triangulaires, faisant saillie au dessous 
du bord inférieur de la tête ; rapports de longueur des articles des 
palpes maxillaires : 13—11 —7—13. Appareil perforateur et suceur 
long à peu près une fois et demie comme la tête ; dents des mandi- 


(1) Dans la description que j'ai donnée de la Sarcopsylla gallinacea, j'ai 
signalé plusieurs détails de structure que je regardais ou comme des caractères 
particuliers d’une variété, ou comme des détails qui avaient échappé à l’observa- 
tion des autres auteurs; maintenant j'ai vu qu'il s'agissait, peut-être, d’une autre 
espèce (S. rhynchopsylla) que je vais décrire plus loin et dont la forme caracté- 
ristique de l'abdomen m'avait alors échappé. 


304 C. TIRABOSCHI 


bules disposées en quatre séries longitudinales. Fossettes antennales 
creusées dans la moitié postérieure de la tête et couvertes par une 
lamelle chitineuse triangulaire semblable à celle que nous avons 
décrite chez le Pulex murinus mihi, mais plus mince et plus 
transparente ; deuxième article des antennes caliciforme, pourvu 
de soies le long de son bord supérieur ; troisième article avec des 
incisions sur un côté seulement (le postérieur, au repos). Yeux 
placés au bord antérieur des fossettes antennales, grands, presque 
ovalaires, noirs, avec une large tache centrale claire (moins 
pigmentée). Derrière les fossettes antennales, 2 ou 3 petites soies; en 
avant, 2 longues soies : une devant l’œil, une au dessus du bord 
inférieur de la tête. 

Écailles aliformes du métathorax très développées, couvrant chez 
la femelle le premier stigmate de l’abdomen (1), à bord supérieur 
convexe, à bord inférieur légèrement concave, se terminant en 
arrière par un angle obtus, et pourvues le long du bord antérieur 
d’une série de 5 longues soies (2), dont la première est placée immé- 
diatement au dessous du stigmate métathoracique, qui s'ouvre à 
l’angle antéro-supérieur des écailles. 

Sur le nolum des segments abdominaux, de chaque côté, tout 
près de la ligne médiane dorsale, une forte soie ; pas de soies 
apicales ; plusieurs soies à l’extrémité abdominale ; plaque sen- 
suelle non noire, avec environ 17 espaces circulaires de chaque 
côté. Stigmates s'ouvrant dans le tiers supérieur du notum des 
segments abdominaux 2 à 8, tout près de leur bord antérieur; 
stigmates cloacaux (ci. p. 225) bien développés et s’ouvrant l’un 
près de l’autre, garnis de nombreux poils (Wehrborsten de Wagner). 

Coxue des pattes postérieures (fig. 7) paraissant, vues de côté, 
presque quadrangulaires, à bord antérieur très légèrement con- 
vexe et à bord postérieur concave ; angle antéro-inférieur prolongé 
en une sorte de dent dirigée en bas ; au-dessus de cet angle, sur la 
surface postérieure de la hanche, des poils très courts et très ser- 
rés, semblables à ceux de la plaque serisuelle. Au bord inférieur 
du 2e article du tarse, de longues soiïes, dont une est plus longue 


(1) D’après Wagner, les écailles aliformes couvriraient, chez la © , les stigmates 
des trois premiers segments abdominaux ! Dans la figure de Wagner, les stigmates 
de l’abdomen s'ouvrent près du bord inférieur du notum des segments. 

(2) Dans le spécimen de la figure, on voit six soies. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 305 


que les des 3°, 4° et 5° articles du tarse; au metatarsus, 5 soies 
latérales, dont les trois premières bien développées et équidistan- 
tes, la 4e très petite et la 5° transformée en un long poil transparent 
(fig. 42 et 45). Rapports de longueur des articles des tarses : pattes 
antérieures : 1—2—3—4—5; Aer—2%—S%—%%;, 5e 2e+ 3/0; 
5—5—-5—5—15; en u 39 —-30 —30—30—95 (chez une © longue de 
1nm3); pattes moyennes : 4—1—3—2—5 ; le 2° est presque le 
double du 4° ; 5—=%+3—h%0xX3; 6—9—7—5—16 ; en u : 40—55 
— 45 —30—100 ; pattes postérieures 4—3—2—5— 1; 1er —5e—2e+3e; 
2 — Le <9 ; 20—12—8—6—19 ; en u : 125— 75—50—40 — 120. 

Longueur totale : ot 0nn75 à 1mm2; © {nm à {mm6. 

Les femelles fécondées enfoncent leur appareil perforateur dans 
la peau de l’hôte en rejetant, d’après Enderlein, les palpes labiaux 
en haut, au dessus de la tête, et y restent fixées à demeure ; 
cependant leur abdomen ne grossit pas extraordinairement, car la 
ponte des œuîfs s’accomplit au fur et à mesure qu'ils arrivent à 
maturité. Ce parasite peut causer de grands ravages parmi les 
Poulets (Johnson et Enderlein, locis cit.). 

La Sarcopsylla gallinacea attaque surtout les Poulets (Gallus (1) 
domesticus juv. Auct.) : Ceylon, Moseley et Green ; Floride, John- 
son ; Indes ?, Blanchard ; Texas, Toumey ; Afrique orientale alle- 
mande, Fülleborn ; et les Canards (Anas boschas L.): Floride, 
Johnson ; Indes ?, Blanchard ; Afrique orientale allemande, Fülle- 
born. Elle a été observée aussi sur un Hibou (Strix, sp.) : Turkes- 
tan, Wagner ; sur les Chevaux (Equus caballus L.) : Caroline du 
Sud, Hartzell ; Floride, Johnson; sur les Chats, les Chiens, les 
Veaux et même sur les enfants (?) : Floride, Johnson ; sur l’Erina- 
ceus auritus : Transcaspie, Wagner et enfin sur les Rats de 
grenier (Mus rattus L. var. alexandrinus Geoftr.) : Italie, Tiraboschi; 
J'ai déjà fait remarquer l’importance de cette observation tant à 
cause de la localité que de l'hôte; c’est en effet la première fois 
qu'on a trouvé des Chiques acclimatées en Europe, et la Sarcopsylla 
gallinacea bien au-delà de la dernière limite de latitude nord où 
on l’avait observée auparavant. 

Parmi les Chiques que j'ai capturées chez le Mus alexandrinus, 
il y en a qui s'écartent de la Sarcopsylla gallinacea type par plu- 
sieurs détails de structure et surtout par la forme de l’abdomen, 


(1) D'où le nom de $S. gallinacea. 


Archives de Parasilologie, VIH, ne 2, 1904. 20 


306 C. TIRABOSCHI 


en ce rapprochant par ce caractère du genre Rhynchopsalla. Suivant 
Wagner (in litt., 1903), qui possède lui-même de ces exemplaires, 
je ne les décrirai pas comme espèce distincte, mais seulement 
comme variété. 

Corps plus allongé, deux fois plus long que large, d’un brun 
foncé ; pattes et partie centrale de l’abdomen jaunâtres. Tête un 
peu plus allongée. Mâchoires plus grandes et plus pointues ; 
rapports de longueurs des articles des palpes maxillaires : 
11—10—7—11 ; mandibules plus larges. Derrière les fossettes anten- 
nales, deux soies seulement. 

Écailles aliformes présentant un bord supérieur très court et 
horizontal et un bord postérieur qui descend obliquement en 
arrière, puis verticalement et enfin en avant (dans l’exemplaire de 
la figure, il y quatre soies seulement). Thorax très grêle et rétréci, 
paraissant comme une espèce de cou, tout-à-fait comme chez la 
Rhynchopsylla pulex. Abdomen cylindrique, dont le premier segment 
est beaucoup plus haut que les segments thoraciques et pour là- 
même bien détaché de ceux-ci, segmentation de l’abdomen bien 
accentuée sur les parties dorsale et ventrale, indistincte sur les 
flancs où l’on n’aperçoit qu’une membrane jaunâtre continue ; les 
bandes ventrales et plus encore les dorsales sont, en effet, très 
basses et leur bord supérieur (ou inférieur) est dirigé obliquement 
en haut (ou en bas) et en arrière. Stigmates s’ouvrant tout près de 
la ligne médiane dorsale. 

Pattes très souvent mutilées. Rapports de longueur des articles 
des tarses : pattes antérieures : 59 relativement un peu plus court ; 
9—9—5—5—13 ; u 38—30—30—30—80 (chez une femelle long de 124); 
pattes moyennes : 1er =3e=— 7% ; 2e un peu plus long ; 5e = 1er + 2e; 
7—8—7—6—15 ; u 45—55—45—-40—95 ; pattes postérieures : 28 = 5° — 
ge + 4e; {or— 2% + 4e; 18—13—8—6—14 ; p 115—80—50—40—90. 

Longueur totale : {mm4 à Amm75, 


SARCOPSYLLA CÆCATA © Enderlein. 


Enderlein (Zool. Jahrbücher, 1901). 

Corps jaunâtre clair. Bord supérieur de la tête fortement et 
régulièrement arrondi, de sorte que la tête est très amincie à son 
extrémité; au-dessus des palpes maxillaires il y a une dent sail- 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 307 


lante en haut. Le 3e article des antennes est plutôt largement divisé 
en lamelles. Veux rudimentaires, paraissant comme une petite 
tache annulaire claire, dépourvue de pigment (S. cæcata). Pattes 
le plus souvent mutilées ; angle antéro-inférieur des hanches 
prolongé en une dent; 
tous les articles des 
pattes, mais surtout les 
articles des tarses, très 
courts; ongles très 
longs, transiormés en 
soies. Plaque terminale 
del’abdomen constituée 
par les segments 5 à 9, 
avec une paire de stig- 
mates dans chacun des Fig. 43. — Sarcopsylla cæcata Enderlein. — 
segments 5 à 8;stigma- A, tête et thorax: B, extrémité abdominale. 
tes cloacaux et leurs ré- 

servoirs aériens éloignés l’un de l’autre; plaque sensuelle avec 
8 espaces circulaires de chaque côté, et des soies très courtes au 
bord postérieur ; 8 segment dépourvu de poils. 

Abdomen de la ® ovigère sphérique, mesurant jusqu’à 5m et 
paraissant comme un pois mür,; tête et thorax enfoncés dans 
l'abdomen. 

Hôte : Rat noir (Mus ratlus L. var.) ; Brésil, Nehring. 


SARCOPSYLLA PENETRANS (1) L. 


Pulex minimus cutem penetrans : Catesbay, Nat. Hist. of Caro- 
lina, etc., 1743. 

Pulex minutissimus nigricans : Barrère, Nouv. relation de la France 
équinoziale, 1743. 

Acarus fuscus sub cutem nidulans proboscide auctiore : Patrick 
Brown, Nat. Hist. of Jamaica, 1756. 

Pulex penetrans : Linné, 1767 ; Duméril, 1826 ; Pohl et Kollar, 
1832; Sells, 1836 ; Gervais, 1844; Bonnet, 1867; Ritsema, 1874, 
et 1880. 

Rhynchoprion penetrans : Oken, 1815 ; Karsten, 1864. 


(1) Cest-à-dire « cutem penetrans ». 


308 C. TIRABOSCHI 


Dermatophilus penetrans : Guérin, 1829-1844. 

Sarcophaga penetrans : Guilding, in litt. 

Sarcopsylla penetrans : Westwood, 1836, 1840 ; Kolenati, 1863; 
Taschenberg, 1880 ; Jullien, Bull. Soc. zool. France, 1889; R. Blan- 


Fig. 44. — Sarcopsylla penetrans L. — À, © ovigère, d’après Taschenberg ; 
B, extrémité abdominale, d’après Enderlein. 


chard, ibidem, 1889 et Arch. de Parasitologie, I, 14899; Joly, ibidem, 
III, 1900 ; Hesse, Geogr. Zeitschr., 1889 ; Enderlein, 1901. 

Corps brun. Tête doucement arrondie en dessus; front tombant 
à angle PEÉEQUE droit. Mâchoires presque quadrangulaires. Appa- 
reil perforateur un peu plus long que 
la tête. Yeux et antennes semblables à 
ceux de la Sarcopsylla gallinacea. Écailles 
aliformes très grandes, pourvues chacune 
seulement de 2 petites soies. Stigmates 

cloacaux tellement rapprochés, que leurs 

Fig. 45. — Pattes d’Arvi- 2 ; Fr 3 : . 

cola portant des Chiques, !CS€TVOIrS aériens, qui sont très dévelop- 

d’après Karsten. pés, se touchent sur la ligne médiane. 

Quelques soies longues aux côtés du 86 

segment, et des soies un peu plus courtes sur la plaque sensuelle. 
Les pattes et notamment les jambes sont moins velues que chez la 
Sarcopsylla gallinacea:; soies moins développées ; articles des pattes, 
Surtout ceux des tarses, plus grêles. Abdomen de la & ovigère 
sphérique. 

Longueur totale : S'et® {nn ; © ovigère, jusqu’à 5 ou même 7m, 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 309 


La Sarcopsylla penetrans attaque l’Homme et bien des Mammi- 
ïères ; ainsi on l’a observée chez le Campagnol des champs (Micro- 
tus arvalis Pall.) : collection de Schmarda. 


SARCOPSYLLA RHYNCHOPSYLLA MN. SP. ? 


Je décris sous ce nom une autre espèce de Chique que j'ai 
capturée aussi sur les Rats et qui, tout en étant très semblable à la 
Sarcopsylla gallinacea Westw. par plusieurs détails de structure, 
s’en écarte pour la forme générale de son corps et notamment de 
l'abdomen, en se rapprochant par ce caractère du genre Rhyn- 
chopsylla. 

Corps plus allongé que chez la Sarcopsylla gallinacea paraissant 
deux fois plus long que large, et d’un brun foncé ; pattes et partie 
centrale de l’abdomen jaunâtres. Tête plus allongée que chez la 
Sarcopsylla gallinacea. Mâchoires plus grandes et plus pointues ; 
rapports de longueur des articles des palpes maxillaires : 11 —10— 
1—11; mandibules pas beaucoup plus longues que la tête, très 
fortes et plus larges que chez la Sarcopsylla gallinacea ; palpes 
labiaux tout-à-fait semblables à ceux de la S. gallinacea, débordant 
plus bas que les mandibules et se repliant en haut comme pour 
attendre celles-ci. Écailles aliformes présentant un bord supérieur 
très court et horizontal et un bord postérieur qui descend oblique- 
ment en arrière, puis verticalement et enfin en avant. Thorax très 
grêle et rétréci, paraissant comme une espèce de cou, tout-à-fait 
comme chez la Rhynchopsylla pulex. Abdomen cylindrique (comme 
chez Rhynchopsylla) ; premier segment beaucoup plus haut que les 
segments thoraciques et bien détaché de ceux-ci ; segmentation 
très accentuée sur les parties dorsale et ventrale, ne paraissant pas 
sur les flancs, où l'on n’aperçoit qu’une membrane jaunâtre conti- 
nue ; les bandes ventrales et plus encore les dorsales sont, en effet, 
très basses et leur bord supérieur ou inférieur est dirigé oblique- 
ment en bas et en arrière ; stigmates s’ouvrant tout près de la ligne 
médiane dorsale ; sur le dos, une seule soie claire impaire. Rapports 
de longueur des articles des tarses : pattes antérieures : 5° relati- 
vement un peu plus court que chez la S. gallinacea ; pattes moyen- 
nes : 1er —3e—%e; 2e un peu plus long; 5e—14er+ 2; pattes posté- 
rieures ; 2— 5°=— 3e + 4e; {er — 9% + 4e, Pattes très souvent mutilées. 


310 C. TIRABOSCHI 


Longueur totale de la © : 1mm4 à {mm7ÿ, 

La ressemblance avec la Sarcopsylla gallinacea est donc tellement 
accentuée que l’on pourrait la prendre pour des exemplaires ® de 
cette espèce, dont l’abdomen serait fortement dilaté par suite de la 
présence des œufs; mais, outre qu’on ne les voit pas remplies 


Fig. 46. — Sarcopsylla rhynchopsyila n. sp.? (figure originale). 


d'œufs, il faut remarquer que leur abdomen est, relativement aux 
autres femelles, bien plus long que large. 

J’ai capturé cette forme de Chique sur les Rats domestiques 
(Mus alexandrinus Geofi.) de plusieurs régions d'Italie; tous les 
spécimens que j'ai observés (femelles) étaient solidement fixés par 
leur appareil perforateur dans la peau de l’hôte (généralement 
sur le museau). 


FAMILLE DES VERMIPSYLLIDAE Wagner. 


Cette famille a été établie par Wagner (1889), et comprend un 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 311 


seul genre : Vermipsylla Shimkevitch, 1885 (1), avec six espèces 
qui ne nous intéressent pas (2). 


IV. — LES PÉDICULIDÉS PARASITES DES RATS, DES SOURIS 
ET DES CAMPAGNOLS. 


On rencontre sur les Rats, les Souris, etc. des représentants 
d’une autre série d’ectoparasites qui sucent le sang de leur hôte : 
ce sont les Pédiculidés (Poux en français ; Pidocchi en italien; 
Lüuse en allemand; Louse en anglais). On ne peut pas affirmer 
d’une manière absolue que ces petits parasites ne jouent aucun 
rôle dans la propagation de la peste, mais l’on doit admettre qu'ils 
_pe peuvent pas être des agents propagateurs aussi actifs que les 
Puces. En effet, tandis que celles-ci,quittent vite le cadavre de leur 
hôte atteint de peste et, en se déplaçant sans cesse, peuvent d’un 
côté transporter et répandre à de grandes distances les Bacilles 
pesteux contenus dans leurs excréments, et de l’autre se trans- 
porter facilement sur un autre Rat et lui inoculer, peut-être, les 
microbes de la peste, les Pédiculidés, dont la marche est très lente, 
ne peuvent pas atteindre le même degré de diffusion. C’est pour 
cela, je crois, que presque tous les auteurs qui ont étudié la 
possibilité de la transmission de la peste par l'intermédiaire des 
parasites hématophages, ne se sont pas occupés des Pédiculidés (3). 


(1) Scammkewirsem, Ueber eine neue Gattung der Sarcopsyllidae Fam. Zool. 
Anzeiger, 1885. 

(2) On peut lire la description très détaillée de la morphologie et de l’anatomie 
de la Vermipsylla alacurt Shimk. (Wagner, 1889) et consulter les tableaux des 
six espèces connues jusqu’à présent (Wagner, 1903) et qui sont les suivantes ; 
V.Alakurt Schimk ; V. (Pulex) globiceps Tschb.; V. (Pulex) tuberglobiceps Bezzi: 
V. Pulex (ursi) Rothsch.; V. (chætopsylla) Rothschildi Koh. et V. chætopsylla 
trichosa Koh. — Le genre Chælopsylla Kohant serait donc synonyme de Ver- 
mipsylla Shimkevitch. 

(3) Sricker (Bombay, 1896) nomme parmi les agents propagateurs de la peste 
« die auf den Ratten schmarotzenden Pediculinen ». 

Kozce (1899-1900) dit que les résultats obtenus avec les Poux [l’auteur écrit 
Wanzen, Punaises; c’est là peut-être une faute d'observation, puisque je n'ai 
jamais rencontré de Punaises (Rhynchotes, Hétéroptères) sur les Rats] parasites 
des Rats ont été les mèmes qu'avec les Puces, c’est-à-dire tout à fait négatifs 
(v. page 176, n. 3:). 

ZaBozornx (Mongolie, 1898) : « En ce qui concerne le mécanisme d'infection, 


312 © C. TIRABOSCHI 


Ainsi on peut bien soupconner, maïs on n’a pas démontré, que 
les Bacilles pesteux soient éliminés vivants et virulents avec les 
excréments de ces parasites. C’est pour cela aussi que nous ne 
dirons que peu de mots sur cette question. Nous donnerons 
quelques notions sommaires sur la morphologie et la biologie de 
ces petits parasites, puis nous rapporterons très brièvement la 
description des espèces rencontrées sur les Rats, etc. Pour la 
bibliographie nous renvoyons les lecteurs à l’œuvre magistrale de 
Piaget {1). 


NOTIONS TAXINOMIQUES. — On considère communément les Pedi- 
culidae Piaget comme une famille des Pediculinae Piaget (Syn. : 
Aptera L.. Parasita Erichson, Rhophoptera Clairv., Anoploura Leach, 
Epizoa Giebel), qui constitueraient un sous-ordre de l’ordre des 
Rhynchota (ou Hemiptera) ou même un ordre distinct. m 


n 
MORPHOLOGIE. — Tête ordinairement allongée. Corps plus ou 
moins déprimé (2), à bords renforcés par des bandes cornées.Mandi- 
bules reportées sur l’avant-tête et réduites à une bande chitineuse ; 
les autres pièces buccales disposées en sucçoir, visible seulement 
quand il fonctionne et formé par une gaine mobile tubuleuse 
(lèvre supérieure et lèvre inférieure réunies ?), armée en avant 
d’un ou deux verticilles de petits crochets recourbés en dehors et 
repfermant le suçoir proprement dit, c’est-à-dire un aiguillon 
creux terminé par deux pointes très aiguës. Antennes insérées 
dans une espèce de sinus en avant des tempes et composées de 
3, 4 ou 5 articles, dont le premier est le plus développé. 
Thorax paraissant formé d’une seule pièce et pourvu au moins 


il faut l’attribuer surtout aux Insectes, comme les Mouches, les Punaises, les 
Puces et les Poux qui ne manquent point dans les ménages chinois ». 

Gauruier et RayBauD (1903) : « De très rares Pédiculidés, trouvés parfois aussi 
chez le Rat, ne nous paraissent pas devoir entrer en ligne de compte ». 

(1) Pracer, Les Pédiculines. Leide, 1880. 

Relativement à la classification des Pédiculidés,. on peut consulter : WosKBINNI- 
Kow, Tagebl. zool. Abitk. Ges. d. Fr. d. Nat. Moskau, 1898. 

Il y à aussi beaucoup de mémoires qui ne nous intéressent pas ; nous citerons 
seulement le travail de BERLESE qui n’a pas été achevé : Materiali per un Cata- 
logs dei Mallofagi e Pediculi italiani. Boll. d. Soc. Entom. tal. 

(2) Tandis que les Puces paraissent, dans les préparations microscopiques, 
couchées sur les flancs, les Poux (et aussi les Acariens) présentent ou la face 
dorsale ou la face ventrale. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 913 


d’une paire de stigmates caractéristiques, placés un peu en avant 
ou à la hauteur des hanthes des pattes moyennes. Point d'ailes 
(A ptera). 

Pattes robustes et peu velues, composées d’une cora arrondie, d’un 
trochanter incolore, court, trapézoïde, d’un fémur sub-cylindrique, 
d’un tibia long, recourbé, élargi à son extrémité et offrant souvent, 
à l’angle terminal interne, une saillie (pouce) nue ou pourvue d’un 
ou des deux ardillons, et enfin d’un farsus à deux articles, dont le 
2%, plus court, est armé ordinairement d’une seule grifte très 
robuste qui, se repliant sur le pouce, forme une sorte de pince 
qui permet au parasite de s'attacher aux poils de l’hôte. 

Abdomen ordinairement ovale-allongé, grisâtre, composé de 6 à 
9 segments, dont le dernier est, chez le S, arrondi et percé en 
dessous d’un large orifice cloacal par lequel le pénis peut sortir, 


- ll il z 


l 


Fig. #7. — Extrémité abdominale de l'Hæmatologi suis. — À, «ÿ\, face dorsale ; 
B, ©, face ventrale, d’après Delafond. 


tandis que chez la Q il est échancré ou bilobé, et pourvu de deux 
petits appendices terminaux, la vulve s’ouvrant en dessous entre 
ce segment et l’avant-dernier. Stigmates s’ouvrant ordinairement 
aux côtés des segments abdominaux 2 à 7, le premier et le dernier 
segment étant toujours dépourvus de stigmates. 


NOTIONS BIOLOGIQUES. — Mâles plus petits et moins nombreux 
que les femelles. À cause de la disposition des ouvertures géni- 
tales, le S' est obligé de se placer, dans l’accouplement, sous la Q. 
Point de métamorphoses. OEufs piriformes, fixés, au moyen d’une 
substance agglutinante, par leur petit pôle à la base des poils de 
l'hôte et pourvus à leur grand pôle d’un opercule, que les petits 
soulèvent pour éclore. Ces petits étant en peu de jours aptes à se 
reproduire, la multiplication de ces parasites est rapide. C’est 
ainsi qu’on les rencontre souvent extraordinairement nombreux 


314 C. TIRABOSCHI 


sur un seul et même hôte, comme je l’ai constaté chez les Rats 
d’égout (1). 

Les Pediculidae sont des parasites stationnaires des Mammifères 
et sucent le: sang de leur hôte. Dans la succion les crochets de la 
saine servent à fixer l’appareil aspirateur, de manière à empêcher 
l’accès de l’air, tandis que l’aiguillon, saïllant hors de la gaîne et 
enfoncé dans la peau, fait jaillir le sang. 


EXAMEN DES Poux. — Voir ce que nous avons dit à propos des 
Puces. Les mouvements des Pédiculidés étant très lents, ils ne 
quittent pas le cadavre de leur hôte aussi rapidement que les 
Puces et on peut les capturer toujours très facilement. Pour 
conserver les Pédiculines, Piaget préconise le mélange : glycérine 1, 
eau 2. À 

On distingue, dans la famille des Pediculidae, 8 genres au moins, 
dont un (Pediculus L.) comprend les deux espèces parasites de 
l'Homme (Poux de la tête ou Pediculus capitis Nitzsch, et Poux de 
vêtements ou Pediculus vestimenti Nitzsch) et un autre (Hæmato- 
pinus Leach) comprend de nombreuses espèces, dont quelques-unes 
sont parasites des Rats, des Souris et des Campagnols. 


GENRE HÆMATOPINUS {2) Leach. 


Bien des caractères en commun avec le genre Pediculus L. Tête 
ou aplatie en avant, courte, arrondie et peu saillante, ou très 
allongée et même un peu pointue, ordinairement échancrée sur 
les côtés pour recevoir les antennes et se rétrécissant insensible- 
ment jusqu’au thorax. Antennes à 5 articles, décroissant en lon- 
gueur du {°r au 4; le 5e plus long que le 4°. Yeux peu distincts. 
Thorax ordinairement plus court et plus large que la tête, arrondi 
aux angles antérieurs, élargi vers l’abdomen, concave au bord 
postérieur. Angle terminal interne des jambes n’ofirant pas de 
véritable pouce, mais simplement relevé, avec un ardillon coloré; 
une seule griffe. Abdomen à 8Sou9 segments. Appareil génital du 


(1) PrAGer dit qu’il lui a fallu « pouiller » plus de 37 Rats avant de découvrir le 
moindre parasite. J’ai trouvé les Pédiculidés très abondants en général sur le Mus 
decumanus Pall. et aussi sur le Mus rattus-alexandrinus, très rares au contraire 
sur le Mus musculus L. 

(2) œiua, aiuaroc, Sang ; zivw, je bois. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 315 


flanqué de deux appendices latéraux, pas toujours distincts. Lon- 
gueur totale depuis Omm7 (Hæmatopinus spiniger g) jusqu'à 4nm8 
(Hæmatopinus urius ®). 

N'ayant pas eu le temps d’étudier soigneusement les nombreux 
exémplaires de Pédiculidés que j'ai recueillis et qui appartiennent 
tous au genre Hæmatopinus, je me borne pour le moment à rappor- 
ter la description des espèces suivantes : Hæmatopinus spinulosus 
Burm., Hæmatopinus spiniger Denny, Hæma- 
topinus acanthopus Denny, donnée par Pia- 
get et celle de Hæmatopinus præcisus Neu- 
mann donnée par Neumann (1). Parmi mes 
exemplaires, il y en a quelques-uns qui 
correspondent plus ou moins parfaitement 
à ces descriptions (les différences doivent 
être rapportées ou à des variétés des espèces 
décrites ou parfois à des défauts d’obser- 
vation) (2), tandis que quelques autres s’en 
écartent. S'agit-il d'espèces nouvelles ou 
d'espèces observées chez d’autres animaux? pig 48. — Hæmatopinus 
Avant de résoudre cette question, je veux Sp. juv. (figure origi- 
mieux étudier mes exemplaires et prendre 110 
une connaissance complète de la bibliographie. 

Je donne seulement ici le dessin d’une forme que j’ai rencontrée 
souvent, appartenant peut-être à des jeunes Pédiculidés, longs 
de Ommÿ, sans trace de segmentation à l’abdomen, dont les bords, 
parfaitement lisses, présentent des stigmates.Il y a deux soies très 
longues de chaque côté, vers l’extrémité abdominale, et sur le dos 
deux séries longitudinales médianes de longues soies ; pattes bien 
développées, notamment les griffes des tarses. D’autres formes 
présentent des entailles aux bords de l’abdomen, mais pas de vraie 
segmentation, et toujours les deux séries longitudinales de 
soies, etc. 


(4) NEuMaNN, Deux nouvelles Pédiculines. Arch. de Parasitologie, N et VI, 1902. 

(2) Par exemple, j'ai remarqué dans tous mes exemplaires que l’ongle des pattes 
antérieures est bien plus grèle et moins foncé que les ongles des pattes moyennes 
et postérieures ; je ne trouve signalée nulle part ni même dessinée cette parti- 
cularité. 


316 C. TIRABOSCHI 


HZÆMATOPINUS SPINULOSUS Burmeister. 


Burmeister, Giebel, Denny, etc.; Piaget, p. 636. 

Corps jaunâtre avec des bandes plus foncées. Tête un peu plus 
longue que large, aplatie en avant chez le o*, un peu plus allongée 
et échancrée chez la © ; tempes s’arrondissant pour former l’occi- 

put; deux soies dorsales, diri- 

gées en arrière, de chaque côté. 

Suçoir court. OEil peu saillant. 

Chez le &, premier article des 
_ antennes plus gros que chez la 

© ; le 3 porte un appendice obli- 

que. Thorax plus long (©) ou 


A B 


Fig. 49. — Hæmatopinus spinulosus Burmeister. — A, © ; B, G', d’après Piaget. 


presque aussi long (4) que la tête, un peu échancré en avant, avec 
2 longues soies au milieu et 2 soies plus courtes sur le bord pos- 
térieur. Pattes antérieures petites. Abdomen dentelé en scie; les 
premiers angles avec un piquant (1), les derniers avec deux lon- 
gues soies ; à la surface dorsale et ventrale de chaque segment 


(1) Dans tous mes exemplaires j'ai observé deux piquants (soies fortes et poin- 
tues) : 4 en dessus et 1 en dessous. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 317 


une série de soies raides et très espacées. Chez la ©, abdomen 
allongé, à 8 segments, le dernier (réunion du 8 et du 9%?) étant 
rétréci au milieu, trilobé et pourvu de 2 forts piquants colorés, à 
chaque angle postérieur ; chez le S, abdomen ovale-arrondi, à 9 
segments distincts, le dernier étant allongé, à côtés concaves, 
. arrondi en arrière, pourvu de 4 fines soies. Appareil génital du 
étroit et allongé. 

Longueur totale : © 1mm41 (abd. 1,06 + tête 0,16 +thorax 0,19); 
g' Onn85 (0,56 + 0,14 +0,15); maximum de largeur : Q Omm50 ; 
ot Onma37. 

Observé sur le Rat d’égout (Mus decumanus Pallas) : Piaget. 


ILÆMATOPINUS SPINIGER Denny. 


Denny, Burmeister, Giebel etc. ; Piaget, p. 637. 

Espèce voisine de la précédente. Tempes à angle droit avec 
l’occiput. Troisième article des antennes du g' armé d’un long 
appendice (H. spiniger). Thorax aussi long (9) ou un peu plus long 
(G') que la tête, un peu concave sur l’abdomen. Dernier segment 
de la © plus large que chez l'espèce précédente. 

Longueur totale : © 1mm02 (0,74 + 0,14 + 014); gt Omn70 (0,45 
+ 0,12 + 0,13); maximum de largeur : Q Omm42; Gt Omm34. 

Capturé sur le Rat d’eau (Arvicola amphibius) : Piaget. 


HÆMATOPINUS PRÆcCISUS Neumann. 


Neumann, 1902. 

Espèce voisine de l’Hæmatopinus spinulosus Burm. Tempes pour- 
vues chacune d’une longue soie, renflées et saillantes chez le '. An- 
tennes difiérentes chez le Set la ® (voir dans les fig.). Thorax en 
tonnelet chez le S, pourvu, de chaque côté, d’une longue soie dor- 
sale, terminant une série marginale de poils courts; une tache 
sternale, cordiforme chez la ®, piriforme allongée chez le . 
Pattes courtes, les postérieurs très fortes ; griffe grosse et ardillon 
presque aussi fort au fémur. Abdomen ovale; sur les deux sur- 
faces de chaque segment deux séries de soies rapprochées, celles 
des angles latéraux plus longues. 


318 C. TIRABOSCHI 


Longueur totale : © 1mm80 (1,30 + 0,22 + 0,28); o' 1275 (1,28 
+ 0,19 + 0,28); maximum de largeur : © Omm65; gt Omm70. 


Fig. 50. — Hæmatopinus præcisus Neumann. — A, femelle, face ventrale; 
B, mäle, face dorsale, d’après Neumann. 


Pris sur de gros Rats (Mus sp.) en Abyssinie par von EÉrlanger et 
Hilgert. 


HÆMATOPINUS ACANTHOPUS Denny. 


Denny, Burmeister, Giebel, etc. ; Piaget, p. 638. 

Corps jaunâtre. Tête plus longue que large, se terminant en 
pointe aiguë dans le thorax; pas d’angle temporal. Chez le , 
4e article des antennes plus grand que le 3%. Thorax plus court que 
la tête. Abdomen à côtés ondulés, très allongé chez la ® (le dernier 
segment est court et bilobé, avec deux petits pinceaux de chaque 
côté), ovale-allongé chez le &' (aux angles 2, 3e, 4e, 56, au côté 
du piquant, une pointe aplatie, mais très aiguë; le dernier segment 
court et arrondi). 

Longueur totale : Q 1mm31 (1,02 + 0,16 + 0,13) ; 12203 (0,73 
+ 0,16 + 0,14) ; maximum de largeur : © Onm46 ; ot Onm39. 

Observé sur le Campagnol des bois (Microtus agrestis L.), sur 
le Campagnol vulgaire (Microtus arvalis Pallas) et sur le Surmulot 
(Mus decumanus Pallas), par Piaget. 

Piaget mentionne aussi : 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 319 


HæMmAToPINUS TuMIDUS Schilling, mentionné par Gurlt et pris 


sur le Microtus arva- 
lis. Il est peut-être 
identique avec Hæ- 
matopinus acanthopus 
Denny ? 

HÆMATOPINUS AFFI- 
Nis Burm., recueilli 
sur le Mus agrarius 
Pall. et Mus silvaticus 
L. C’est peut-être une 
variété de l’Hæmato- 
pinus spinulosus Bur- 
meister ? 


HÆMATOPINUS SER- 
RATUS Burmeister, 
provenant d’un Mus 
musculus LA Cest 
peut-être une espèce 
distincte ? 

HÆMATOPINUS sPi- 
CULIFER Gervais, pro- 
venant d’un Mus bar- 
barus. C’est peut-être 
une espèce distincte ? 


A B 


Fig. 51. — Hæmatopinus acanthopus Denny. — 
A, 9; B, ©, d’après Piaget. 


V. — LES ACARIENS PARASITES DES RATS, DES SOURIS 


ET DES CAMPAGNOLS. 


Les Rongeurs que nous avons étudiés présentent une troisième 
série de parasites cutanés, les Acariens. Quelques-uns sucent le 
sang de leur hôte. Quelques autres, au contraire,. absorbent les 
exsudations cutanées ou même se nourrissent de toutes sortes de 
détritus qu’ils trouvent sur la peau. Pour les premiers, nous 
pouvons répéter ce que nous avons dit à propos des Pédiculidés, 
en faisant pourtant remarquer que la marche des espèces d'Acariens 
que l’on rencontre le plus souvent sur les Rats, etc., est bien plus 


320 C. TIRABOSCHI 


rapide que celle des Poux parasites des mêmes animaux. Aussi ces 
Acariens quittent-ils bien plus rapidement le cadavre de leur hôte 
et peuvent-ils en atteindre plus facilement un nouveau. Quant aux 
espèces qui ne sucent pas le sang mais qui absorbent les exsuda- 
tions cutanées, le danger de diffusion des Bacilles pesteux n’est 
peut-être pas à craindre, puisqu'on a démontré que tous les 
microbes en général ne passent pas à travers les glandes sudori- 
pares, etc. (1). Enfin ce danger est encore moindre pour les espèces 
qui se nourrissent des détritus organiques qu'elles trouvent sur la 
peau de l’hôte. 

En général, les auteurs qui ont étudié le rôle des ectoparasites 
des Rats, dans la propagation de la peste, se sont moins occupés 
des Acariens que des Pédiculidés (2). Nous ne dirons que peu de 
mots sur les Acariens en général, sur leur classification et sur les 
groupes comprenant les espèces parasites des Rats, etc., espèces 
que nous décrirons très brièvement (3). 

Pour la bibliographie, nous renvoyons les lecteurs à la liste (pas 
toujours exacte) dressée par Mégnin (4). 

NOTIONS TAXINOMIQUES. — Tandis que les Pédiculidés et les Apha_ 
niptères appartiennent à la classe des Insectes ou Arthropodes 
hexapodes (à 6 pattes), des Acariens appartiennent à la classe des 


(1) En tout cas, ces espèces d’Acariens ne peuvent pas 2noculer dans la peau 
de leur hôte le microbe de la peste. | 

(2) La seule exception dont j'ai connaissance est fournie par GAUTHIER et 
Raysaup (1902) qui n’ont pu obtenir la transmission de la peste d’un Rat inoculé à 
un Rat sain «par l'intermédiaire des petits Acariens dont les Rats sont si souvent 
porteurs ». Ces auteurs concluent (1903) que les Acariens trouvés sur les Rats de 
ville et de navires sont des Hæmomyson musculi Mégnin et qu’ils «ne semblent 
pas capables de s’infecter sur un animal se trouvant dans des conditions ordinaires 
de septicémie et ne peuvent ensuite véhiculer le contage sur un nouvel hôte. » 

(3) Je remercie les Prof. NEUMANN et BERLESE, qui ont bien voulu m'aider de 
leurs renseignements. 

(4) Mécnx, Les Acariens parasites. Paris. 

A cette liste il faut ajouter : CanesrRiINI, Prospetto dell’ Acarofauna italiana. 
Padova, 1885-1894. — BERLESE et TrouEssART, Diagnoses d’'cariens nouveaux et 
peu connus. Bull. de la Bibl. scient. de l’Ouest, 1889. CanesrTRiNI et KRAMER, 
(Demodicidae et Sarcoptidae) Tierreich. Berlin, 1899, 7 Lieferung. — NEUMANN, 
Revision de la famille des Ixodidés. Mém. de la Soc. Zool. de France, 1901. — 
TrousssarT, Considérations générales sur la classification des Acariens, etc. Revue 
des sc. nat. de l'Ouest, 1892. — Rarzuer, Traité de zoologie médicale et agri- 
cole. Paris, 2° éd., 189%. — Il y a en plus une foule de mémoires dont nous cite- 
rons ceux qui se rapportent aux espèces que nous décrirons. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 321 


Arachnides, pourvus en général de 8 pattes ambulatoires. En eflet, 
la plupart des auteurs les regardent comme un ordre de cette 
classe, mais quelques-uns les considèrent comme constituant une 
classe bien distincte (Acarida) dans le type : Arthropoda. Le nom 
«Acarien» vient du nom &x«pñs (— insécable, petit) qu'Aristote 
avait donné au Ciron du fromage (Tyroglyphus siro ?), en raison 
de sa petitesse ou de son corps indivisé; pendant des siècles, la 
connaissance des Acariens se borna à celle de cette seule espèce 
et des Tiques; ce fut seulement avec Linné, puis avec Fabricius, 
De Geer, Hermann, Dugès, Koch, etc., etc., que le nombre des 
espèces s’accrut de jour en jour, de sorte que celles qui sont 
connues aujourd'hui sont vraiment innombrables. 


MoRPHOLOGIE. — Corps petit, ramassé, convexe en dessus, aplati en 
dessous ; céphalothorax ordinairement sans trace de segmentation, 
largement uni et presque toujours confondu avec l’abdomen (1), 
celui-ci étant inarticulé. Tégument chitineux, en général finement 
strié et présentant des épaississements et des appendices divers 
(soies, piquants, poils, etc.). 

Pièces buccales logées dans un camérostome (enfoncement creusé 
dans la partie antérieure du céphalothorax et dont la paroi supé- 
rieure, souvent prolongée et recouvrant le rostre, est appelée 
épistome) et réunies en un rostre propre à sucer ou à mordre. 
Ce rostre comprend : une lèvre supérieure rarement bien déve- 
loppée; deux mandibules, glissant d’arrière en avant ou parfois 
mobiles latéralement, en pinces didactyles (doigt supérieur immo- 
bile, doigt inférieur mobile verticalement) ou allongées en simples 
griffes ou même en stylets ; deux mäâchoires (maxilles) incur- 
vées, se joignant sur la ligne médiane en formant une gouttière 
et pourvue chacune d’un palpe maxillaire très mobile, composé 
de plusieurs articles et dont la configuration est importante pour 
la classification ; une lèvre inférieure membraneuse, portant à sa 
face supérieure une languette lancéolée, ordinairement soudée à 
sa base avec les maxilles et constituant avec elle l’hypostome 
(plancher du rostre). Yeux absents ou au nombre de 2 ou 4 (ocelles). 

4 paires de pattes ambulatoires, très différemment conformées, 
comprenant 3 à 8 articles, et terminées ordinairement, chez les 


(1) On appelle notothorax la partie dorsale correspondant au céphalothorax 
et notogastre celle qui correspond à l’abdomen. 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 2, 1904. 21 


292 C. TIRABOSCHI 


espèces parasites, par une petite ventouse pédiculée (d'autres fois 
par des poils, 1 ou 2 griffes, une caroncule vésiculeuse, etc.). Respi- 
ration cutanée (chez bien des espèces parasites ; pas de stigmates) 
ou trachéenne (stigmates ordinairement au nombre de 2, s’ouvrant 
dans des points différents du corps). Mâles moins nombreux et 
plus petits que les femelles ; dimorphisme sexuel souvent très 
accusé. Appareil génital & et plus encore & variable ; procédé de 
fécondation variable aussi. 


NOTIONS BIOLOGIQUES. — La plupart des Acariens sont ovipares ; 
quelques-uns pondent des larves hexapodes ou même des individus 
octopodes. Développement avec métamorphoses plus ou moins 
complexes. De l’œuf sort une larve ressemblant aux parents, mais 
hexapode, qui acquiert une 4e paire de pattes et passe à l’état de 
nymphe octopode, qui acquiert à son tour les organes génitaux et 
passe à l’état adulte (9 et ®). Pariois il y a 2 ou même 3 stades de 
nymphe (métamorphoses uninymphales, binymphales et trinym- 
phales de Canestrini). Nombreuses mues, comportant chacune un 
renouvellement complet de tout l'individu. 

Quelques Acariens vivent en liberté (aquatiques ou terrestres), 
les autres sont parasites, facultatifs ou nécessaires, temporaires ou 
stationnaires, périodiques ou permanents. Les parasites se nourris- 
sent de sang, ou d’humeurs animales, ou de proies, ou de détritus. 


EXAMEN DES ACARIENS. — Voir ce que nous avons dit à propos des 
Puces. Pour la facilité de leur capture, les Acariens sont entre les 
Poux et les Puces. Ils résistent longtemps à l’action des vapeurs de 
chloroforme. 

CLASSIFICATION. — Les espèces rencontrées sur les Rats, etc., 
appartenant à des familles (ordres) différentes, nous croyons néces- 
saire de rapporter ici une classification et nous choisissons celle 
que Raïlliet a établie, d’après les données de Canestrini et de 
Trouessart, en faisant remarquer cependant qu’elle n’est pas 
rationnelle. 

2 paires de pattes. Palpes iner- 


Pas de trachées. mes; mandibules styliformes. . Phytoptidae. 


Pattes à épimères (1). ) 4 paires de pattes. Palpes à cro- 
chets; mandibules styliformes. Demodicidae. 


Corps allongé 
VERMIFORMIA 


(1) C'est-à-dire pattes insérées sur le tégument au moyen d’épimères. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 323 


P hées. : ; 
ne Palpes adhérents (2), inermes; 


Pattes à épimères. mandibules en pinces . . . . Sarcoptidae. 


Trachées s’ouvrant à Palpes libres, inermes, antenni- 


la partie antérieure | formes; mandibules en pinces. Bdellidae. 
du corps, atrophiées 


© lpes lib - i ] 

8 dansiles types aqua: ne . eee Nerins . . Halacaridae. 
CR tiques. ° 7 {m n 

£ É PROSTIGMATA. dibules en crochets Dendue. Aya 
> & « Pattes à épimères. ou styliformes. Terrestres . Trombididae. 
à < ; i j ; À 

Ë adnécs donrent à Palpes libres, fusiformes ; man 

[æ) 


la partiepostérieure|  dibules en pinces . . . . . . Oribatidae (3). 
du corps, à la base | Palpes libres, filiformes ou val- 
des pattes, parfois) ÿés; mandibules en pseudo- 


atrophiées. 
L IDINGES » oc 610 01018 0 ae 0 Ixodidae. 
METASTIGMATA. : : : 
is Palpes libres, filiformes ; mandi- 
Pattes sans épimères. & : 
uLES EN NCES à 20 6 0 00 Gamasidae (4) 


4. FAMILLE DES PHYTOPTIDAE. 


Parasites des plantes. Ex. Phytoptus vitis Landois, agent de la 
phytoptose ou érinose de la vigne. 


2. FAMILLE DES DEMODICIDAE (5). 


Corps petit, vermiforme, comprenant une partie antérieure pour- 
vue de pattes et une partie postérieure apode, 
striée en travers. Mandibules styliformes ; palpes 
à 3 articles, dont le dernier présente un cro- 
chet. Yeux absents. Quatre paires de pattes à épi- 
mères et à 3 articles. Pas de stigmates (Astigmata). 
Ovipares; larves hexapodes (pattes rudimentaires, 
paraissant comme des tubercules), ou apodes. 

Parasites, dans les follicules pileux et les glan- 
des de la peau des Mammifères. Un seul genre. 

Demodex Owen. — Caractères de la famille. 

LE Canestrini et Kramer donnent 10 espèces, dont 

Fig. 52. — Demo- 


dex canis 9, 5 bien déterminées et 5 douteuses; parmi ces 
d'après Mégnin.  ernières : 


(1) Les Vermiformia aussi sont Asfigmata; Canesrrint répartit ceux-ci en 
Vermiformia et Sarcoplin«. è 
(2) Soudés à la lèvre'inférieure. À 
(3) Canestrini et Berlese classent cette famille dans les Cryptostigmata. 
(4) Canestrini et Berlese classent cette famille dans les Mesostigmata. 
(5) Voir CanesrTRint et KRAMER, 1899. 


324 C. TIRABOSCHI 


DEMODEX Muscuzr Oudemans. 


Demodez folliculorum Simon var. musculi Oudemans, Tijdschr. voor 
Entom., 1897. 

Très petit : 9 Omm{80 < Omm(27 (longueur et largeur). 

Hôte : la Souris (Mus musculus L.), Europe. 

On a signalé aussi d’autres variétés sur les Rats (Hahn) et sur les 
Campagnols (Zschokke) (?). 


93. FAMILLE DES SARCOPTIDAE (1). 


Corps petit, arrondi, mou, blanchâtre ou roussâtre. Mandibules 
presque toujours en pinces didactyles ; palpes maxillaires ordi- 
nairement filiftormes, à 3 articles, dont le premier est souvent 
soudé aux mâchoires. Rarement des yeux. Quatre paires de pattes 
à épimères, réparties en deux groupes, formées ordinairement de 
5 articles et terminées par 1 ou 2 griftes et une ventouse, ou parles 
grifles seules, ou par la ventouse seule ou même dépourvues de 
griftes et de ventouse ; ventouse très variable. Respiration cutanée 
(Astigmata). Dimorphisme sexuel très répandu et souvent très 
accusé. Accouplement par introduction du pénis dans la vulve 
ronde, très petite et super-anale de la nymphe pubère ; le sperme 
s'emmagasinant dans un réceptacle séminal, la © peut féconder 
ses œufs un à un et puis les pondre par un orifice distinct 
(tocostome) (2). Ovipares ou ovovivipares : larves hexapodes ; 
métamorphoses binymphales, compliquées souvent par la présence 
d’une nymphe hypopiale {Wanderlarve). 

La plupart parasites sur ou dans les téguments des Mammifères, 
des Oiseaux et des Insectes. 

6 sous-familles : Cytolichinae, Sarcoptinae, Canestriniinae, Listro- 
phorinae, Analginae, Tyroglyphinae, comprenant 68 à 69 genres et 
518 à 532 espèces (d’après Canestrini et Kramer, 1899). 


(4) Voir CANESTRINI et KRAMER, 1899. — Züp£, oxpxéc, chair ; xonrw, je coupe. 


(2) Cela d’après Raïzzier (1895, page 629); au contraire, suivant CANESTRINI et 
KRAMER (page 7) « die Vulva dient stets oder doch oft nur als Geburtsôffnung, 
während für die Begattung am Hinterende des Abdomens eine besondere Oeffnung 
sich befindet (Kopulationsôfinung) ». 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 325 


SoUSs-FAMILLE DES SARCOPTINAE. 


Téguments incolores ou faiblement colorés. Mandibules en pin- 
ces ; palpes filiformes, à 3 articles, dont le premier n’est pas libre. 
Paites pariois dépourvues de ventouse, qui est ordinairement 
remplacée par des soies roides ; pédoncule des ventouses articulé 
ou non. Ventouses anales absentes ou présentes, chez le 5 ; ven- 
touses génitales absentes. Ouverture anale terminale ou dorsale. 
Tocostome (vulve, d’après Canestrini et Kramer) transversal. 

Ces Acariens, parasites des Mammifères et des Oiseaux, inocu- 
lent, paraît-il, un produit venimeux (salive ?), qui serait l’agent 
actif des dermatoses connues sous le nom de gales ou de psores 
(Sarcoptidés psoriques). 

On compte au moins 9 genres dans cette sous-famille, avec 38 à 
45 espèces (Canestrini et Kramer), dont une seule nous intéresse. 


GENRE Notoepres Raïlliet (1). 


Pattes de la 3e paire (S*) ou des 3%e et 4me paires (©) dépour- 
vues de ventouse ; pédoncule des ventouses des autres pattes long 
et articulé. Ouverture anale dorsale. Pas de ventouses anales chez 
le S. Parasites des Mammifères. Trois espèces seulement. 


NoToEpRes ALEPIS Railliet et Lucet (2). 


Sarcoptes notoedres var. muris Mégnin, 1880; Notoedres muris Can., 
1894 ; Sarcoptes alepis Raïll. et Luc., 1893 ; Notoedres notoedres 
Can. et Kramer, 1899. 

Pas d’écailles à la face dorsale (x privatif; ext, écaille), mais 
simplement de nombreux plis cuticulaires concentriques et régu- 
liers, et quelques spinules très petits, disposés comme dans la 
figure. Ouverture anale franchement dorsale. Crochets des pattes 
aigus et forts. 

@ ovigère : Onm300-0nm450 »< Onm230-0mm400 ; ' Onm170-Omm180 
x Omm130-0Omm140. 

Ovipare ou ovovivipare, puisque les® portent souvent un embryon 

(1) Regardé jadis (Raizzier, 1895) comme un sous-genre du genre Sarcoptes 
Latreille, il est à présent considéré comme un genre distinct (Notoedrus Canes- 
trini). 


(2) Racer et Lucer, Sarcoptes alepis sp. n. C. R. de la Société de biologie, 
1893. | 


296 C. TIRABOSCHI 


complètement formé (parfois on voit 2 œufs : un en segmentation 
et un contenant une 
larve). 

Cette espèce vit sur 
les oreilles et les orga- 
nes génitaux externes 
du Surmulot (Mus decu- 
manus Pallas) : Paris, 
Legros, puis Mégnin (3); 
Alfort, Colin; Id., id., 
var. albina : Raïlliet et 
Lucet; du Rat noir (Mus 
rattus L.) et du Rat d’eau 
(Arvicola amphibius) : 
Railliet et Lucet ; on l’a 
donc observée seule- 
ment en France; je ne 
l’ai jamais rencontrée 


Fig. 53. — Notoedres alepis © Railliet, ; ; É 
d’après Railliet. sur ies Rats d'Italie. La 


gale qu'elle détermine 


paraît être constamment bénigne. 


SOUS-FAMILLE DES LISTROPHORINAE. 


Mandibules en pinces; palpes filiformes ; lèvre inférieure, pattes 
antérieures ou pattes postérieures formant une sorte de pince 
destinée à saisir les poils (Greiforgan). Ventouses (pédiculées 
brièvement) aux pattes de la première et de la 2 paire (pattes nor- 
males) au moins. ;' pourvu presque toujours de ventouses anales ; 
ventouses génitales absentes (©) ou rudimentaires (4). Tocostome 
(vulve, d’après Canestrini et Kramer) transversal ou longitudinal, 
s’ouvrant à la face inférieure du céphalothorax. Ouverture anale 
non dorsale. Dimorphisme sexuel le plus souvent très accentué. 

Au milieu des poils des Mammifères, surtout des Rongeurs 
(Sarcoptidés gliricoles); pas d’affections cutanées. Ces Acariens ne 
sont pas des parasites réels, mais des mutualistes et se nourrissent 
des sécrétions normales des glandes cutanées. 

On compte jusqu'à 7 genres (avec 16 espèces, Can. et Kramer, 
1899), dont trois nous intéressent. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 327 


GENRE LisTRoPHoRUS Pagenstecher. 


Lèvre inférieure transformée en une sorte de pince à mors très 
larges (1) (zweilappiges Greiforgan ; fig. 5%). Toutes les pattes pourvues 
de ventouses. Deux ventouses anales chez le S. 
Dimorphisme sexuel très accusé. 4 ou 5 espèces. 


Fig. 54. — Listrophorus Fig. 55. — Myocoples 
gibbus,lèvreinférieure criceti, patte posté- Fig. 56. — Myocoptes 
(d’après Canestrini et rieure (d’après Ca- musculinus Clap. 
Kramer). nestriniet Kramer). Q (d’après Mégnin). 


LisTROPHORUS LEUCKARTI Pagenstecher. 


Extrémité abdominale de la © arrondie; pattes postérieures plus 
grêles que chez le &; extrémité abdominale du ç bilobée, avec 
2 soies de chaque côté; ventouses anales ovales. 

Q et sg: Omm410 x Omm190. 

Sur le Mulot (Mus silvaticus L.), le Campagnol vulgaire (Wicrotus 
arvalis Pall.), et le Rat d’eau (Arvicola amphibius L.\, en Europe. 


GENRE Myocoptes Claparède. 


3 paire des pattes chez le &!, 3 et 4° chez la © aplaties et élar- 
gies, formant une sorte de pince en cercle solide (fig. 55). Dimor- 
phisme sexuel très accusé. Sur les Rats et les Souris (ps, puds, 
Rat, Souris ; xorrw, je coupe). Quatre espèces. 


MYOCOPTES MUSCULINUS Claparède. 


Sarcoptes musculinus Koch. 

® : extrémité abdominale arrondie, avec deux soies très longues; 
pattes postérieures épaisses, armées d’un éperon aux 4e et 5° arti- 
cles. 4 : extrémité abdominale bilobée, avec 3 soies de chaque 
côté ; pattes de la 3e paire comme chez la ©; celles de la 4° plus 
longues et terminées par un crochet; ventouses anales petites. 
Q : Onm320 >< Onm150 ; g' : Omm200 >< (mm130,. 


(1) Aéoroov, pelle; pépw, je porte. 


328 C. TIRABOSCHI 


Sur la Souris (Mus musculus L.) en Europe, surtout au fond des 
fins poils du museau. 


MyocoPpTEes TENAXx Michael. 


® : extrémité abdominale pourvue de soies très longues. : extré- 
mité abdominale avec 2 longues soies de chaque côté et plusieurs 
petites : pas de ventouses anales. Pattes de la 4° paire plus grêles 
que celles de la æ. ; 

E : Onm400 x Onm150; St : 0nm260 < OmmI40. 

Sur le Campagnol (Microtus arvalis Pall.) et sur le Mulot (Mus 
silvaticus L.) en France et en Angleterre. 


GENRE TRicHoEcIus Canestrini (1). 


Trichobius Canestrini. 

Pattes postérieures égales chez les deux sexes, armées d’un éperon 
épais aux 4e et 5 articles et terminées par un disque chitineux 
(fig. 57). Dimorphisme sexuel à peine marqué. Une seule espèce. 


TRICHOŒCIUS BREVIPES Canestrini et Trouessart. 


Myocoptes brevipes Canestrini et Trouessart; Trichobius brevipes 
Canestrini. 

Extrémité abdominale amincie et pourvue de 2 soies, chez:la © ; 
arrondie et avec 2 longues soies, chez le &. 

@ : Omm330 »< Onm130 ;  : Onm160 x Omm{00,. 

Sur le Campagnol des champs (Microtus 
arvalis Pallas) en Thessalie. 


Dans la sous-famille des Tyroglyphinae (com- 
prenant 15 à 16 genres et 47 à 54 espèces, la plu- 
part vivant en liberté), et précisément dans le 
F 5 57. — Trichæcius genre Dermacarus Haller, Canestrini et Kramer 

revipes Can., patte ; x à , ss 

postérieure (d’après classent une espèce douteuse : Dermacarus arvi- 

Canestrini et Kra-  colae Duj. (Hypopus arvicolae Duj.; Homopus 

mer). Ê a 

arvicolae Can.), dont on connaît seulement la 
nymphe hypopiale, observée sur Arvicola pratensis Baïllon (Microtus 


subterraneus Selys ?), en France. 


(1) OgiË, Tpuyéc, poil ; otxetocs, familier. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 329 


4. FAMILLE DES BDELLIDAE. 
Terrestres. 


D. FAMILLE DES HALACARIDAE. 
Marins (#kc, &hdc, sel). 
6. FAMILLE DES HYDRACHNIDAE. 


Aquatiques, d’eau douce (ÿôwo, eau). 
Quelques larves du genre Hydrachna sont parasites des Insectes 
et notamment des Libellules. 


7. FAMILLE DES TROMBIDIDAE. 


Rostre en suçoir presque conique, plus ou moins aigu. Mandi- 
bules styliformes, en pinces ou en crochet. Palpes libres, grands, 
à 3, 4 ou ÿ articles, et différemment conformés. Presque toujours 
des yeux (2 ou 4). Pattes composées de 5, 6 ou 7 articles, terminées 
par 2,3 ou 4 grifies et souvent aussi par d’autres appendices. Une 
paire de stigmates à la base supérieure du rostre (Prostigmata) ; 
péritrème court, ordinairement enfoncé dans le corps sous le rostre. 
Ovipares ou ovovivipares ; larves hexapodes, parfois (Trombidinae) 
bien différentes des adultes. Nombreuses espèces, libres ou parasites. 

Il y a de grandes divergences entre les auteurs pour la division 
en sous-familles. Généralement on en compte de 9 à 40, dont 3 
comprennent des espèces parasites des animaux, et une seule des 
espèces parasites des Rats, etc. ; c’est la sous-famille Cheyletinae, 
dont Canestrini et Berlese font une famille distincte (Cheyletidae) 
du sous-ordre des Trombidina (Canestrini) et de l’ordre des Pros- 
tigmata (Berlese). 


SOUS-FAMILLE DES | CHEYLETINAE. 


Individus petits. Céphalothorax presque toujours bien distinct 
de l’abdomen. Palpes ordinairement à 3 ou 4 articles. Mandibules 
styliformes, très longues. Pas d’yeux chez les parasites ou com- 
mensaux. Stigmates s’ouvrant aux côtés du rostre. Orifice génital 
du  s’ouvrant ordinairement en dessus ; celui de la ©, en dessous. 
Larves trés semblables aux adultes. Les espèces parasites absor- 
bent ordinairement les humeurs animales; celles qui vivent en 
commensaux Îont la chasse aux autres Acariens (Sarcoptidés, etc.). 


330 C. TIRABOSCHI 


Plusieurs genres (1), dont deux seulement nous intéressent : 
Psorergates et Myobia. 


GENRE PSORERGATES (2) Tyrrel. 


Voisin du genre Sarcopterus Nitzsch. Palpes à 3 articles dont le 
3e est caché à la base du 2%; pas d’ongle ou de crochet terminal. 
Pattes à 4 ou 5 articles, tournées en avant par incurvation du 2% arti- 
cle, terminées par 2 crochets et 2 soies. Nymphes et larves hexa- 
podes à pattes atrophiées, réduites à 2 articles. Une seule espèce. 


PSORERGATES SIMPLEX Tyrrel. 


Voir la figure et la description de Neumann. 

Q : Onm25-Ommf40 x 
Omm105-Omm110 ;  : Oum 
120-Omm125 >< Omm9ÿ-(Qum 
100. 

Observé sur le Mus mus- 
culus L. : Gerlach (1857), 
Tyrrel (Canada), Piana, 
Neumann (3), etc., et sur 
le Campagnol (Microtus ar- 
valis Pallas) : Trouessart. 

Var. musculinus Michael 
(4) (Goniomerus musculinus 
Michael). 


A 


Fig. 58. — Psorergates simplex Tyrrel. 
À, © ; B, patte de la var. musculinus (d’après Neumann). 


(4) BerLese (1882-1893) indique sept genres ; cependant il n’y a pas le genre 
Psorergutes Tyrrel. 

(2) Vooæ, gale ; ëpyazn<, agent. Voir NEUMANN, Sur un Acarien de la Souris. 
Revue vétérin., 1893. 

(3) NEUMANN a constaté onze cas sur 67 Souris examinées. 

(4) MicaaEL, On some unrecorded parasitic Acari, etc. Linnean Society’s Journal, 
Zoology, 1889. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 331 


Pattes plus longues; un fort crochet recourbé en dessous au 
coude du 2 article (fig. 58, B). 

Onm160-0mm170 < Omm100-0mm105. 

Observé sur le Campagnol des bois (Microtus agrestis) par Michael, 
en Angleterre. 

Séjour sous-cutané dans des régions variées (on voit de petits 
nodules remplis de parasites) ; altérations observées seulement 
aux oreilles (gale bénigne). 


GENRE (1) Mvyopra Heyden. 


Corps allongé, lobé latéralement entre chaque paire de pattes 
(fig. 59); pattes de la première paire 
courtes, épaisses, rapprochées du 
rostre (2), terminées par un ongle très 
fort, aplati et incurvé en spirale, for- 
mant pince; les autres pattes margi- 
nales, cylindriques, allongées. Nom- 
bre et disposition des soies dorsales 
et ventrales, ongles des tarses, val- 
vules de la vulve chez la ©, etc., très 
importants pour la détermination des 
espèces. 

Nombreuses espèces (3), parasites 
des Rongeurs, Insectivores, Chirop- 
tères, etc., chacune ayant son hôte 
déterminé (la Myobia musculi seule, 
peut-être, a deux hôtes : Mus musculus 
et Mus silvaticus) ; mais le même hôte 
peut avoir deux ou plusieurs espèces 


de Myobia : le Mus musculus par exem- 7 

ple présente Myobia musculi et Myobia Fig. 59. — Myobia  musculi 
NE , : È Schrank, © ovigère (d’après 

affinis. Sur les Rats, etc., Poppe a Mégnin|. 


signalé 4 espèces, dont nous rappor- 


(4) uôc, uucc, Rat, Souris; Bioc, vie. — Voir Popper, Beitrag zur Kenntnis der 
Gattung Myobia Heyden. Zoolog. Anzeiger, 1896. — Quelques uns rangent ce 
genre avec le genre Picobia, etc., dans une sous-famille distincte : Wyobiinae 
(Trouessart, etc.). : 

(2) Ces Acariens ont ainsi l aspect d’un hexapode, puisque les pattes antérieures 
semblent faire partie du rostre. 

(3) Poppe en 1596 en décrivait ou rapportait 13. 


332 C. TIRABOSCHI 


+ 


tons les figures en renvoyant les lecteurs aux descriptions très 
détaillées de cet observateur. Les espèces du genre Myobia se nour- 
rissent des exsudations cutanées (mutualistes) ou même chassent 
les espèces du genre Myocoptes, etc. 


Myogra Muscuzr Schrank. 


Pediculus musculi Schrank ; Myobia coarcta Heyden ; Myobia 
musculi Claparède, etc. 

Vit sur la Souris (Mus musculus L.), au fond des poils de la tête: 
Schrank, Mégnin, Canestrini (Vénétie et Trentin), Poppe, etc., et 
sur le Mulot (Mus silvaticus L.) : Poppe. D’après Mégnin, il vit aussi 
sur le Surmulot (Mus decumanus Pal.) (Myobia ensifera ?) et sur un 
Hypudæus sp. ; suivant Berlese, super Mures, parasitarum prædator. 


MYoBIA AFFINIS Poppe. 


Sur la Souris (Mus musculus L.) : Poppe. 


MYoOBIA ENSIFERA Poppe. 


Sur les Surmulots(Mus decumanus Pall.) d’une maïson : Poppe; 
sur les Surmulots blancs : Trouessart, etc. ; parmi des Crustacés 
d’eau douce provenant de Zanzibar : Poppe. 


MYoBia LEMNINA Koch, Poppe. 


Dermaleichus lemninus Koch ? 


Fig. 60. — Myobia musculi : A, ©, face dorsale; B, ©, face ventrale; 
C, c, face dorsale (d’après Poppe). 


Sur le Campagnol (Microtus arvalis Pall.) : Poppe. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 9339 


Fig. 63. — Myobia lemnina Poppe. 


334 C. TIRABOSCHI 


8. FAMILLE DES ORIBATIDAE (Cryptostigmata). 


Errants et solitaires, vivent dans les substances végétales en 
décomposition; espèces très nombreuses. 


9. FAMILLE DES IXODIDAE (1). 


Corps très grand, aplati à jeun, renflé après la succion du sang; 
tégument coriace. Rostre organisé pour rester fixé dans la plaie 
(& ovigère) : hypostome en dard (lèvre-dard; fig. 64, d), armé en 
dessous et souvent aussi sur les 
côtés de plusieurs séries de 
denticules rétrogrades; mandi- 
bules (m) en pseudo-pince (dou- 
ble harpon), armées de crochets, 
revètues à leur base d’une longue 
gaine membraneuse; palpes (p) 
à 4 articles et libres. Pattes sans 
épimères, groupées dans la moi- 
tié antérieure du corps. Stig- 
mates s’ouvrant dans un péritrè- 
me (aire stigmatique) en forme 
d'écumoire entre les pattes de la 
3e et de la 4 paire ou près de la 4e paire (Metastiymata). | 

Parasites temporaires ou stationnaires périodiques des Verté- 
brés terrestres, dont ils sucent le sang. Deux sous-familles : Zxvodinae 
et 4rgasinue. 


Fig. 64. — Rostre de l’Ixode hexagone, 
d’après Delafond. 


Sous-FAMILLE DES IXODINAE. 


Tiques, Tiquets, Poux des bois, Ricins. 

Palpes engaînants : 2 et 3e articles creusés en gouttière à leur 
face interne ; le 4 court, enchâssé dans une fossette du æ%. Écusson 
dorsal, petit chez la © (céphalo-dorsal), grand chez le &' (couvrant 
presque toute la surface dorsale), échancré en avant pour recevoir 
la base du rostre; celui-ci terminal. Pattes à 6 ou 7 articles, termi- 
nées par ? crochets et une petite caroncule se plissant en éventail. 
Stigmates s’ouvrant derrière les pattes de la 4 paire. Dimorphisme 


(4) Voir NEUNANN, 1901. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 335 


sexuel très accusé; mâles beaucoup plus petits que les femelles ; 
orifices sexuels s’ouvrant ordinairement entre les pattes. 

Les j, les nymphes et les larves vivent dans les lieux boisés ou 
couverts de hautes herbes, s’attachant à tout être animé qu'ils 
peuvent saisir ; les © fécondées se fixent ordinairement de préfé- 
rence sur une espèce d'hôte déterminée, enfonçant leur rostre dans 
la peau, sucent le sang, se renflent extraordinairement (voir 
Chiques) et, une fois repues, se laissent tomber à terre et pondent 
un très grand nombre d’œuis. Les ;' fécondent les ®, semble-t-il, en 
introduisant les spermatophores dans la vulve au moyen du rostre. 

On compte jusqu’à 8 genres, dont { seul nous intéresse. 


GENRE Ixopes Latreille. 


Pas d’yeux. Rostre long, à base subtriangulaire ; palpes allongés, 
simples, non dentelés, creusés à leur face interne (chez les deux 
sexes). Hanches de la première paire prolongées par une forte 
dent. ;' pourvu de 6 écussons ventraux ; stigmates et péritrèmes 
ovalaires. © présentant des sillons sur les deux faces ; stigmates et 
péritrèmes circulaires. Espèces très nombreuses. 


IXopDESs RiciNus Linné. 

Acarus ricinus L. (1); 
Ixodes rufus Koch; ro- 
des sulcatus Koch; Irodes- 
sciuri Koch. 


/ 
COTTON) 
020 4 


Fig. 65. — Ixodes ricinus L. «>, 
d’après Neumann. Fig. 66. — Jrodes tenuirostris 
Neum. ©, d’après Neumann. 


Neumann signale le Mus decumanus Pall. comme un hôte de cette 


(1) Voir Neumann, 1901. 


336 C. TIRABOSCHI 


espèce, que l’on a rencontrée sur une foule d’animaux, et dont 
nous rapportons la figure. en renvoyant à la description de Raïlliet 
(loco citato, p. 707). 

- © : {mm x 3m ; gt : 2mmÿ x {mmh, 


IXODES TENUIROSTRIS Neumann %. 


Voir la figure. Face dorsale revêtue de poils fins, courts, épars, 
et présentant un sillon en fer à cheval ; face ventrale avec des 
poils un peu plus abondants, des sillons et une vulve large. Pattes 
faibles, courtes ; caroncules presque aussi longues que les ongles. 

Ç gum à Gnmmÿ >< {mmÿ à 4mmy7, 

Sur le Campagnol roussâtre (Evotomys ylareolus Schr.) : île de 
Rugen, Lemm. et sur le Microtus subterraneus Selys: Glocester, 
Watkins. 


IXODES ACUMINATUS Neumann. ©. 


Voir la figure et la description de Neumann. 
Sur la Souris à bande (Mus agrarius Pall.) : Gênes, Parona. 


10. FAMILLE DES GAMASIDAE (1). 


Relativement grands, agiles. Pal- 
pes libres, filiformes, inermes, à 
5 articles cylindriques semblables ; 
mandibules longues, filiformes, or- 
dinairement en pinces robustes. 
Yeux absents. Pattes sans épimères, 
en général à 6 articles et terminées 
par deux crochets plus ou moins 
cachés dans une caroncule hyaline. 
Stigmates ordinairement latéraux, 
entre les hanches de la 2e et de la 
4e paire (Mesostigmata), pourvus le 
plus souvent d’un péritrème tubu- 
laire sous-cutané dirigé en avant 
(organe sensoriel ?) (fig. 68, 69, 
70 B, 71 B, 72B et C). Ovipares ou 
ovovivipares, très rarement vivipares ; larves ordinairement hexa- 


Fig. 67. — Ixodes acuminatus © 
Neumann, d’après Neumann. 


(1) BerLese, AcCari, Myriopoda et Scorpiones, etc. (Ordo Mesostigmata). 
Padoue, 1892. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 397 


podes ; métamorphoses binymphales. La plupart libres, quelques- 
uns parasites ou pseudo-parasites. Plusieurs sous-familles. Berlese 
dans son ordre Mesostigmata comprend 8 familles, dont deux seules 
nous intéressent : Dermanyssidae et Lælaptidae, que nous regardons 
comme sous-familles. 


Sous-FAMILLE DES DERMANYSSINAE 


Parfois un des deux doigts des pinces mandibulaires est atrophié ; 
l’autre doigt est propre à pénétrer dans la peau. Ambulacres 
des pattes grands. Pattes de la 2e paire inermes, égales chez 
le et la Q. Stigmates s’ouvrant sur la face ventrale ; péri- 
trème droit. Orifice sexuel du &' s’ouvrant entre les pattes de 
la 2 paire. Écussons pas bien accentués. Ovipares. Larves très 
semblables aux adultes; dimorphisme sexuel ordinairement peu 
accentué. Parasites réels des Vertébrés (Mammifères, Oiseaux et 
Reptiles), dont ils sucent le sang (ôéoux, peau ; vÜccw, je pique). 

Très semblables aux Gamasidés du genre Lælaps. 


GENRE Myonyssus (1) n. gen. 


Ce nouveau genre, établi d’après un seul exemplaire © d’une 
nouvelle espèce (Myonyssus decumani n. sp.), est voisin du genre 
Leiognathus et caractérisé par la grandeur de l’écusson anal, pres- 
que deux fois plus large que long et à bord postérieur semi-circu- 
laire. Quoique je n'aie pu bien voir ni les mandibules ni la forme 
de l’écusson dorsal, ce genre me semble bien distinct de tous les 


autres que l’on a décrits jusqu'à présent dans la sous-famille des 
Dermanyssinae. 


MYONYSSUS DECUMANI n. Sp. ®. 


Corps ovalaire, pointu en avant, arrondi en arrière, châtain foncé. 
Rostre long et grêle. Toutes les pattes pourvues d’ambulacres bien 
développés, avec deux crochets. Pattes de la % paire un peu plus 
épaisses que les autres et armées à l’extrémité antérieure des coxae 
d’une dent robuste, droite, aiguë, dirigée en avant. Péritrème long, 


(1) uôc, uués, Rat, Souris; vüocw, je pique. 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 2, 1904, 


© 
1% 


338 C. TIRABOSCHI 


prolongé au-delà des coxae de la 2 paire. Ecusson sternal pourvu 
de 3 soies de chaque côté. Ecusson génital confondu avec le ven- 
tral, s’avançant bien en arrière des coxae de la 4° paire, maïs bien 


Fig. 68. — Myonyssus decumant n. sp. 
© adulte (figure originale). 


éloigné de l’écusson anal ; 
bord postérieur convexe, 
pourvu de chaque côté de 
deux soies; sur chaque 
bord latéral, une série de 
4 soies. Metapodia bien ac- 
centués, presqueovalaires. 
Écusson anal à bord anté- 
rieur Concave; de chaque 
côté de l’ouverture anale, 
un poil; en arrière, une 
longue soie impaire. Sur 
la surface ventrale du 
corps, plusieurs poils ; au 
bord postérieur, 4 soies 
aiguës et longues (2 de 
chaque côté); sur la sur- 
face dorsale, près du capi- 
tulum, 6 soies courtes; 
pattes très velues. 

@ adulte : 0mm950 x 
Onm650. 


Un seul exemplaire, sur un Rat d’égout (Mus decumanus Pall.) 


capturé à Rome. 


Les individus de cette espèce, qui paraît être plutôt rare, sont 
des parasites réels, se nourrissant du sang de leur hôte. 


GENRE LEIoGNATHUSs Canestrini. 


Nous donnons ici le nom et la figure d’une autre espèce : 
LEIOGNATHUS ARCUATUS Koch, Berlese (Dermanyssus arcuatus Koch, 
Derm. lanius Koch, Berl., Can., etc.), qui d'après Berlese (fasc. 53, 
n° 8) serait la même que celle décrite par Mégnin en 1880 sous le 
nom de Gamasus pteroptoides et en 1902 sous le nom de Hæmomyson 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 339 


musculi (1). Cependant la description et la figure de Berlese (fig. 69) 
ne correspondent pas à celles de Mégnin (fig. 72 C), qui me semblent 
correspondre plutôt à la description et à la figure du Lælaps agilis 
(fig. 72 B) ; je suis donc porté à croire que le Gamasus pteroptoides 
Mégnin n’est pas la même chose que le Leiognathus arcuatus, ou au 
moins que Mégnin a confondu sous le 
nom de Gamasus pteroptoides deux 
espèces bien distinctes : Leiognathus 
arcuatus Koch et Lælaps agilis Koch 
(Lælaps echidninus Berl.). Cette suppo- 
sition me semble justifiée aussi par la 
comparaison des hôtes. En eftet, 
Méganin dit que le Gamasus pteroptoides 
«vit d’une manière permanente au 
fond des poils des petits Rongeurs, 
Mulots et Lapins, ainsi que de quel- 
ques Chauves-Souris (2), en absor- 
bant non seulement les exsudations 
cutanées, mais aussi le sang qu'il 
obtient en piquant la peau dé ses 
mandibules »; Berlese écrit que le 
Leiognathus arcuatus « frequens est in 
Vespertilionibus, præcipue in Vesperugo 
noctula » et ne nomme pas les Rongeurs (3); au contraire, suivant 
le même auteur, le Lælaps echidninus et le Lælaps agilis sont Îré- 
quents sur le Mus decumanus (4). Gauthier et Raybaud écrivent 
qu’ils ont trouvé à Marseille, sur les Rats, souvent en assez grande 
abondance, des Acariens très petits et très agiles, qui sont des 


Fig. 69. — Leiognathus arcua- 
tus Koch 9, d’après Berlese. 


(1) Dans sa brochure : Les Acariens parasites, Mégnin ne donne pas la descrip- 
tion de Hæmomyson musculi et ne dit pas que ce nom est synonyme de Gamasus 
pteroptoides : pourtant la figure est tout-à-fait la même. 

(2) I1 faut remarquer que Mégnin en 1902 dit tout simplement que son Hæmo- 
myson-musculi vit sur le Mus silvaticus (Mulot) et nomme aussi : Hæmomyson 
pteroptoides (sur le Lapin), 4. Trouessartli (sur la Noctule, la Pipistrelle, etc.) 
et d’autres espèces encore, mais de toutes ces espèces il ne donne ni la descrip- 
tion ni la figure. Est-ce que 4. Trouessarti correspond au Leiognathus arcuatus ? 

(3) Je fais remarquer qu’en 1892 (loco cit.) Berlese écrit que le Leiognathus 
arcuatus vit en parasite « supra Mures et Arvicolas »; mais il y a ici, peut- 
être, erreur. 

(4) Le Lælaps agilis a été observé aussi sur le Mus decumanus par Canestrini 
et sur de gros Rals par Neumann. 


340 Ce TIRABOSCHI 


Hæmomyson musculi. Sur les spécimens très nombreux de Rats, de 
Souris et de Campagnols que j'ai examinés, je n’ai jamais rencontré 
un seul exemplaire de Leiognathus arcuatus, que j'ai observé au 
contraire, presque toujours en grand nombre, sur les Chauves- 
Souris et surtout sur la Noctule (1). Sur les Rats et les Souris j'ai 
trouvé, souvent en grande abondance, le Lælaps echidninus et le 
Lælaps agilis et je suis porté à croire que les Acariens très agiles 
signalés par Gauthier et Raybaud appartiennent à cette espèce. 
Hæmomyson musculi est donc peut-être synonyme de Lælaps agilis 
(voir ci-après). 


SOus-FAMILLE DES LÆLAPTINAE. 


Mandibules longues, en pinces robustes (fig. 71 C): chez lerct, 
à la base du doigt mobile, un éperon dirigé en avant. Écusson 
dorsal entier (fig. 70, 74, 72 A). Pattes pourvues d’ambulacres à 
ventouse et de deux crochets (fig. 70 A); celles de la première et 
de la 4° paire plus longues. Orifice génital du &' s’ouvrant en avant 
du bord antérieur de l’écusson ventral; celui-ci simple ou divisé. 
Chez la ©, quatre écussons ventraux : 1 sternal, À génital, 1 ventral 
et 1 anal, le génital et le ventral étant presque toujours confondus 
(fig. 71 et 72 B). Péritrème ordinairement bien visible (fig. 70, 71 
et 72 B). Ovipares ; larves hexapodes ; polymorphisme parfois très 
accusé. 

Libres ou pseudoparasites d’autres Arthropodes et des Mammi- 
fères ; très rarement vrais parasites. 

Berlese divise cette sous-famille (famille) en 7 genres (2) dont 
un seul nous intéresse. 


GENRE LÆLAPS Koch. 


Toutes les pattes pourvues d’ambulacres et sans éperon. Péri- 
trème long. Écusson ventral du unique. Polymorphisme très 
accusé. Berlese (1892) dit qu’il y a : protonympha et deutonympha, 
fœminae cum maribus suis ad copulam aptis et ova deponentes, ex 
quibus pulli oriuntur ; ces femelles se rapprochent du genre 1phis, 
parce que : scutum ventrale valde ab anali discretum est, dum in 


(4) De même, suivant Canestrini et les autres auteurs, le Leiognathus arcuatus 
vit exclusivement sur les Chauves-Souris. 
(2) Il faut ajouter le genre Raüillietia Trouessart (C. R. de la Soc. de Biol., 1902). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 341 


adultis scuta ista inter sese contigua sunt. Berlese croit que les 
espèces du genre /phis dont les S' ont un écusson ventral unique 
mihil aliud sunt quam specierum generis Lælaps nymphae generantes 
et pour cela il les désigne par le nom générique : Lælaps (Iphis), 


18) 


2 
Nr 
À œ ISSN RER 
DNA ES \ & = 
Va PAR NN SE 
fr, UE S 
, RRDNTIAIRENS\TE 
= A nr nine = 
> 7 ! { 
PANNE NA 
À. N Al Rte Ne = S 
6 4 à fu DREAM <S 
lili! Î s MATE Î 
<X TA ne ANR AT ue 
ol PALAU 1! AL 
I/ (| L fn fi nf 
ls AL LUI DE 1, 101} 
À TAN (aan LOS 
np 77200080)) 
À NUE 4 
p, = cas al 
A CG 


Fig. 70. — Lælaps stabularis Koch. — A, adulte, © ; B, pretonymphe 
(Iphis fœnalis); C, deutonymphe (Zphis cubicularis), d’après Berlese. 
comme espèces distinctes ; ainsi, par exemple, il décrit la forme 
adulte du Lælaps stabularis Koch sous le nom de : Lælaps stabularis 
Koch adultus, et les deux nymphes ovigères sous le nom de : 
Lælaps (Iphis) fæœnalis Berl. (sive Lælaptis stabularis protonympha) et 
de Lælaps(Iphis) cubicularis Berl.(sive Lælaptis stabularis deutonym- 
pha). Berlese comprend dans le genre Lælaps 27 espèces (réparties en 
5 manipuli), dont 2 ou 3 seraient pseudo-parasites des Muridés (1), 


(1) Lælaps stabularis Koch, Lælaps echidninus Berl., Lælaps pteroptoides 
Kramer (L. dermanyssoides); cette dernière espèce, propre à l’Europe, n’a pas 
été trouvée par Berlese en Italie. Ces trois espèces sont classées dans le Wani- 
putus IV Lælaptes veri (Fœminae scutum ventrale ab anali distinctum). 


342 C. TIRABOSCHI 


auxquels elles s’attacheraient pour se faire transporter (migratores). 
Cependant, chez plusieurs de mes exemplaires très nombreux de 
Lælaps echidninus Berl., j’ai observé dans l’abdomen des taches de 
sang ingéré. De plus on les rencontre si nombreux sur les Rats 
(v. ci-dessous), que l’on ne peut admettre qu’ils ne prennent 
aucune nourriture sur leur véhicule. 


LÆLAPS STABULARIS Koch, Berlese. 


Gamasus stabularis Koch ; Gamasus complanatus Kramer ; Gamasus 
fenilis Mégnin. ; Hypoaspis stabularis Canestrini. 

Nous rapportons les figures de la forme adulte, de la protonymphe 
et de la deutonymphe, en renvoyant les lecteurs à la description 
de Berlese (1). Les 3 formes ont été observées par Berlese dans les 
étables et sur les Surmulots (Mus decumanus Pallas). 


LÆLAPS ECHIDNINUS Berlese. . 


Lælaps agilis Koch ; Hæmomyson musculi Mégnin ? (2). 

Dans la livraison de 1887 (fasc. 39), Berlese dit qu’il ne connaît 
pas la forme adulte de cette espèce, pour laquelle il propose le 
nom de : Lælaps agilis adultus, et il décrit seulement la deutonymphe 
(Lælaps ou Iphis agilis Koch) et la tritonymphe (Lælaps ou Iphis 
echidninus Berl.). Dans la livraison de 1892, il propose comme nom 
spécifique Lælaps echidninus Berlese, en faisant remarquer que : 
dubium est utrum adultus sit an nympha et il dit que la protonymphe 
n’est pas connue (au moins qu’elle n’est pas le Lælaps ou Iphis 
echidninus). Il désigne la deutonymphe sous le nom de 1phis agilis 
Koch. 

Ayant rencontré très souvent ces deux formes sur les Rats 
d’égout provenant de toutes les régions d'Italie, nous en donnons 
la description (et les figures de Berlese). 


(1) BerLESE, 1887, fasc. 38. Dans cette livraison, il décrit l’adulte (Lælaps stabu- 
laris Koch), une protonymphe (Lælaps ou Iphidulus vepallidus Koch), une 
deutonymphe (Lælaps ou Iphis fœnalis Berlese) et une tritonymphe (Lælaps ou 
Iphis cubicularis Berlese) ; ces deux dernières seulement sont les nymphes (proto 
et deuto) du Lælaps stabularis ; la première, que Berlese n’a jamais rencontrée 
sur les Rats, est la nymphe du Seius obtusus Koch, Berlese. 

(2) Voir ce que nous avons dit à propos du Leiognathus arcuatus Koch. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 343 


A C B 


Fig. A. — Lælaps echidninus Berlese (adultus ?) : A, face dorsale; B, faee{ventrale: 
C, mandibules de la ©, d’après Berlese. 


Fig. 72. —Lælaps (Iphis) agilis Koch. Lælaptis echidnini deutonympha.— A, face 
dorsale; B, face ventrale, d’après Berlese; C, face ventrale, d’après Mégnin. 
(Hæmomyson musculi © ; mn, mandibule du \. 


344 C. TIRABOSCHI 


LæLAPs ([pHis) ECHIDNINUS Berlese. 


Lælaps echidninus adultus ou Lælaptis echidnini protonympha ? 

Corps ovalaire, pointu en avant, largement arrondi en arrière, 
d’un châtain foncé en dessus, plus clair en dessous, pourvu de 
soies longues et nombreuses. Mandibules (chez la ©) très allongées, 
mais à doigts courts et peu denticulés ; au sommet du doigt immo- 
bile, une petite soie. Pattes plutôt courtes, épaisses, velues ; toutes 
les coxae armées d’une épine robuste et courte, celles de la 4e paire 
des pattes étant plus difficilement visibles. Écusson anal presque 
triangulaire, dont la base (antérieure) est fortement convexe et le 
sommet (postérieur) est armé d'une forte soie; en dessus de celle-ci, 
de chaque côté, une petite soie. Écusson ventral entourant par son 
bord postérieur concave la base de l’écusson anal, tout en en étant 
séparé ; aux bords, de chaque côté, 4 soies. Écusson sternal presque 
carré, à bords concaves et fortement épaissis ; aux bords latéraux, 
de chaque côté, deux soies ; au bord supérieur, de chaque côté, 
une soie. Péritrème très allongé, atteignant presque l'extrémité 
antérieure du corps. 

Onm950 à 1mm x Omm750 à Omm8O0 (1). 

Observé par Berlese sur les Rats d’égout (Mus decumanus Pallas) ; 
je l’ai rencontré très souvent sur les Surmulots d'Italie, parfois 
(notamment dans les*individus capturés à Rome) en quantités 
inouïes (jusqu’à 150 ou 200 exemplaires et même plus sur un seul 
Rat). Je l’ai observé aussi sur le Rat de grenier (Mus rattus L.). Il 
est très agile (Lælaps agilis) et résiste longtemps à l’action des 
vapeurs de chloroforme. 


LæLaps (Ipxis) AGILISs Koch, Berlese. 


Lælaptis echidnini deutonympha Berlese ; Lælaps agilis Canestrini, 
Hæmomyson musculi Mégnin (?). 

Très semblable au précédent, maïs plus petit et plus clair. Soies 
dorsales plus courtes, excepté celles des bords, qui sont longues et 
roides. Écussons moins facilement visibles ; le ventral assez éloigné 


(1) Berlese écrit que l’Iphis echidninus est long environ 0800, et l'Iphis 
agilis 0""550; suivant Canestrini, le Lælaps agilis serait long de 0""940 (s’agit-il 
du Lælaps echidninus ?). J'ai mesuré un très grand nombre d'exemplaires, qui 
n'avaient pas été comprimés (montés sur des lamelles creuses), et j'ai obtenu les 
dimensions rapportées ci-dessus. 


349 


2 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANES 


‘(400 517200 sdm1æT) 
‘HOg SNULUPIy99 SdD]æT 
‘[TA9g S24Dn91qn9 SIT 
. “lg synuœ] sdnjæ7) 
‘U20M S240/NQ01S SdV]æT 


‘ds ‘u 2upwumoop snssuoñgy 


‘WNON SHIDUUUNID SIPOLI 
"LENON S241SOMINUII SIPOTT 
"TT SNUIIIL S9PIXT 


‘U90M PDULUULY DIiQohi 
‘oddoq nua/isua m1q0fm 
“eddoq stuylo maofiy 
‘HUPIUOS 2/N98NU DIQOhM 


“RUMÂL vopduns sopnbuauosg À ‘* *°°"" 
‘Înq 207091040 SninInuttaq } 5000400 
‘ue sadia01q SNI0D YOU 050 00% 0 : 


‘TOPUIN xoUa2 Saidorohm ne 


ÿ 


‘den snurnosnuw sa1duo0fi \ 


‘1S$d 240Yn97 Sn10ydO4SVT PR PES 


‘‘SWUPNO 2/N28NW TIPOU } RE 


SaDHAS 


“90H SNDNI4D SNYIDUÉOLIT } ones 


‘TLLBH S2d970 Sa4p900N | ATEN 


‘°°° g0y SdeIæT 


‘:‘‘uo$ ‘u SnssAuo 


‘°°° ‘uUe9 SNYIEUSCOI19T 


9.0 0 0 5 du 0 ° ‘AJ0PT SopDOXI 


‘OA S912861910$S | 


‘::AOI0H SNIBOBUIIO 


**::t°'Ue9) SNI2@U9LIL | 


ADDED CRC (511) an e 


°:: ‘1Ss8q SnJOydO4I1SIT 


er [LH S91P8010N 


Dia orme * UOMO X9pOw2 » 


SAUNA) 


AVNILAVIET 


PEAR "AVNISSANVAUA(T 


‘‘"ÆYNIGOXI 


AVNILAIAHH") 


AVNIHAA'TIOHAT 


PRET ASE AVNIHOHAOULSI"T 


° AVNILAOOUVS 


D HO DO CAD OIDIONIONECNOICIOICROICRONON OC 


SATTINV {-S00S 


’AVAISVNVO 
| PR  AVAIQOXI 


\ 
| ‘AVGOIQIANOUHL 


/ 


‘AVAILdONHVS 


‘°° HVAI9IAONHXQ 


SATIINV 


AMOUAU 39 SULP SaaUuOUAU jo SjouSedue) S9 19 SLNOS S9] ‘SJEY S2[ ANS S39AI3SAO SUALEIY,p Sa9alsa Sap anbydouÂs neajqe! 


346 C.TIRABOSCHI 


de l’anal, à bord postérieur fortement convexe, semi-circulaire ; 
l’écusson sternal est aussi un peu différemment conformé. 

Onm650 à Omm700 x OmmA50 à Ommi00. 

Observé par Canestrini sur le Mus decumanus Pallas et sur la 
mousse et les feuilles en putréfaction (Padoue); sur le Mus decu- 
manus aussi par Berlese, et sur de gros Raïs en Abyssinie par 
Erlenger (Neumann). Je l’ai rencontré très souvent sur les Surmu- 
lots d'Italie (mais moins fréquemment que la forme précédente) et 
aussi sur la Souris commune (Wus musculus L.) et sur le Mulot 
ordinaire (Mus silvaticus L.) (1). En comparant les figures B et C 
ci-jointes et la figure 68, on peut se convaincre de l’exactitude des 
observations que nous avons faites plus haut (page 339) relativement 
_ à la synonymie du Gamasus pteroptoides Mégnin (= Hæmomyson 
musculi Mégnin); les nombreux Acariens observés par Gauthier et 
Raybaud sur les Rats seraient donc des représentants du Lælaps 
agilis. 

Comme je l’ai fait remarquer plus haut, le Lælaps agilis et le 
Lælaps echidninus sont des parasites réels des Muridés, dont ils 
sucent le sang. 


INDEX DES ESPÈCES DÉCRITES AVEC LES SYNONYMES LES PLUS USITÉS 


I. — Rats. Souris et Campagnols 


4. Arvicola agrestis L. . . . . 202 MICROMUYS EN EEE 197 
DNA OMNUD UD TU SI ENCRES 204 MACHOUUSENPRCE PTE 200 
AO LUISIPAIIA SEEN 201 13. Mus agrarius Pall. . . . . . 197 
4. A. glareolus Schreber. . . . 205 M. alexandrinus Geoffroy. . 189 
5. À. Musignani Selys . . . . . 203 M. decumanus LE. 186 
6. A. nebrodensis Mina-P. . . . 200 M. meridionalis Costa. . . . 198 
7. A. nivalis Martins. . . . . 203 M. minutus Pallas. . . . . 407 
BA SAUT SELS UN . 200 M. musculus L . . . . . . 194 
9. A. subterraneus Selys. . . . 200 MT OULUSMENEER SEEN 189 
AOL NES LIST RE ON ES 203 IMARSOLUUIICUSEIE NERO 195 

IE DINTUS ER SRE NUE . 185 M. tectorum Savi . . . . - 189 
41. Evotomys glareolus Schreb. 205 LAS à sos à ce 200: 


42. Hypudæus glareolus Schreb 205 


(4) Mégnin aussi dit que son Hæmomyson musculi vit sur le Mulot, et cette 
même espèce a été observée fréquemment par Gauthier et Raybaud sur les 
« Rats de terre et de navires » (Mus decumanus et Mus alexandrinus? (Cf. p. 340). 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 


IV. 
DETIRONYSSUSE ON 337 
Gamasus (v. Lælaps). . 337, 34 
Hæmomyson musculi Mégn. 343 
Listrophorus Leuckarti Pa- 
SENSLECRET EEE NE EE 327 


noms, voir le tableau de la page 345. 


(1) Nous ne donnons ci-dessous que quelques Synonymes ; 


II. — Puces 
4. Ceratophyllus consimilis W. 268 Pulex (ef. Ceratophyllus et 
DSC IUSCLIUSIBOSCEE RTE 262 Ctenocephalus) . . . . . . 
3. C."Jallinae Schr 273 25. Pulex avium Taschenberg. . 
B, Ce Nes MAD, à » sg otete DÉCO RP AICANISACURUIS PIERRE 
5. C. lagomys Wagner. . . . . 269 27 P. Cheopis Rothschild. . . . 
6. C. mustelae Wagner . . . DES SP PAP TC LISEBOUCRÉ PE 
7. C. penicilliger Grube . 970 29. P. hominis Dugès. . . . . . 
8. C. pinnatus Wagner On : OÙ, 2 PONS LÉ, à à 5 0 à 
9. C. sexdentatus Baker . . 272 31 P. murinus Tiraboschi . . . 
10. C. Silantievi Wagner . . 274 32. P. pallidus Taschenberg . 
Ceratopsylla Kolenati. DTOMROD CPAND ETES NTANTIÉ PES ET 
11. Ctenocephalus SARA 25% 34. Rhynchonrion penetrans L. 
42 Ctenopsylla alpina Baker. . 285 Rhynchopsylla Haller. 
13. Ct. mexicana Baker. . . . 285 35 Sarcopsylla cæcata End. . . 
ALMCTAMUSCULT DUTÈS un 277 36. S. gallinacea West. 
15 CL peclinicepSsWWNaoner NN OO TES ND ENTETON SLT OCST 
16. Ct. spectabilis Rothschild . . 282 38. S. rhynchopsylla n. sp. . . 
17. Ct. Taschenbergi Wagner . . 284 Stephanvucireus Skuse. . . . 
48. Hystrichopsylla Narbeli Gal- 39. Typhloceras Poppei Wagner . 
h=Valerio CEE 301 Typhlopsylla (ef. Ne 
OMAN ODLUSICED SEE PREEU sh et Neopsylla) . ; 
DOME UD TER CURTIS EEE 299 40. Typhlopsylla agyrtes Eos. 
21. Hystrichopsylla tripectinata 41. T. assimilis Taschenberg . . 
Ir ADOSCHIE 297 42. T. bisoctodentata Kolenati. . 
22. Neopsyllabidentatiformis W. 292 43. T. proxima Wagner 3 
23. N. pentacanthus Rothschild. 293 Vermipsylla Shimkevitch . . 
24. Palæopsylla Wagner . . . . 29, 
III. — Pédiculidés 
4. Hæmatopinus acanthopus 5. Hæmatopinus spiculifer 
DEnny. TORRES 319 (TÉRVAIS RE CE de 
“2H uGfinis Burmeister "5319 6. H. spiniger Denny . . . . 
3. H. præcisus Neumann. 318 7. H. spi ulosus Burmeister. . 
4. H. serrutus Burmeister . 320 8. H. tumidus Schiliüing . . . . 


— Acariens |{) 


Notoedres alepis Raïlliet. . . 
Sarcoptes musculinus Koch . 
S. muris Mégnin 
Trichobius Canestrini . . . . 


347 


320 
917 
316 
319 


326 
328 
926 
329 


pour les autres 


C. TIRABOSCHI 


TABLE DES MATIÈRES 


INTRODUCTION. | 2 2: NERO ERNEST DEN NS OT 


. — Les RATS ET LES PUCES CONSIDÉRÉS COMME AGENTS PROPAGATEURS 


DE LA PESTE. — REVUE CRITIQUE ET HISTORIQUE . . . . . . 


yRaAtS EL SOURIS PMR EN ENT MEME EE 
DPucestetautresiparasites ME ER INR ER SE 


. — RaATs, SOURIS ET CAMPAGNOLS RÉPANDUS EN ÎTALIE . . . . . . . . 


Sous=familledeSSHURINEE EME RENAN INR 
Genres MUSHLINDéMeAIMEA le nn CENTER ANNEES RER EENER 
Sous-genre Epimys Trouessart. . . . . . . . . . . MR ne 
SOURIS RENE CE TN bn LI LEE A EVE Le ER EST PR Er NS 
Sous-genre Mus (sensu ra) LOUESSAP TE LR ENT EES 
Familletdes M ierotin ae PRE NAME CRETE ESP EE 
GENTÉRMICROUS M MR TR Mt Eee CAEN NE REIN ES 
SOUS-renre ti YMLUS ME ER UC UE OT CE AIR 
Sous-genre Arvicola (sensu stricto) Lacépède. . . . . . . . . 


. — LES APHANIPTÈRES. PUCES PARASITES DES RATS, DES SOURIS ET DES 


CAMPAGNOLS 0 LE TT A Ent NE) DES 


Notions taxinomiques . . . . . . . . SN NE RC AI NT 
Morphologie des Puces AMIE Et INA Se 
Notions blolo riques ter eee ESA ENS 
Examentdes Puces etes en SRE ne SEEN 
Description des espèces de Puces observées sur les Rats, 1. 
Souris et les Campagnols. . . . . . . . . . . . . 
Famille (desteU ICIAe PEER EE 
Sous-famille des PU ICE EN EN TEEN EEE 
Genre Pulex Linné (sensu stricto) Hilger . . . . . . . . . . 
Genre Clenocéphalus CEA COR OR RE CE 
GenreiCeratop RL ylIUS ET RER ENNERRTIRRE 
Sous-famille des Typhlopsyllinae . . . . . . . . . . . . .. 
Genre CeratopSylla D NEC EN AMP NES DOME 
FSU CiCROQUIGN PE LS 4 à à à MNT pe £ 
Genrelynl0 pSULITENERRENREREES Pile mA A CE RIRE 
Genre Neopsylla . . . . . AP RE DLL QUE PM 
Genre Palæopsylla NEA RE» ones MOMENT ENREUE d-116 Le 
Genre Typhloceras . . . AS ERP RENE ME, à 
Sous-famille des Somme. 
Genre Hystrichopsylla . . . . . de SET PAR ES à . 
RammleNdes STrCOPSULITTE EEE 
CENTS CO DS ULICRERRENPRNEER 
Famille des Vermipsyllidae . . . . . . ER EE Me 


. — Les PÉDICULINÉS PARASITES DES RATS, DES SOURIS ET DES CAMPA- 


GNOTS EME Ter NN MEN CR PT RCE Re 
Genre tæematopinus RAT RITONNRNRERES 


Ve 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 


— LES ACARIENS PARASITES DES RATS, DES SOURIS ET DES CAMPAGNOLS. 


Fame MeSÉDEMOCIIQE NN ON NET 
MANe des STCAUITO CORNE I 
Sous-famille des SGTCOPIINAE NN EN 

GNT NOTOEUTES RE NE ON OUEN TL ROSE 
SCENE CES SONORE NE, 
GENTERES 0 OTUSE MERS UE EE NT NN MN EN 
Genre Myocoptes . . . . _. RE CAC L'ONU ET LA 
GERTERD CREUSER Le EEE EN 
Familles PETONDIUIO TERRE ON NT D TRES 
SOA GES ChONARTe ARR RTE 
BOEE JSOTCRITICS VE NMENE ET TN RAY NE le DSL PR 
GEDLORM TO DO EN A AU RTE GRR LE 

Famille des ECOLE EN : 

SOUS aille des TON AE MO END NON: Re 
GENTEN LT OU CSP MREE CRD RE EE RES PAT TA VE SU 
RMI EN GAMES EE ON PO ONE NE RIRE 
Sous-famille des Dermanyssinae. . . . . . . . . .. 

GENE MON USSUSRAEMNR EP R" 

RENTE OUI SEEN NN 

Sous-tamille des LÆldplinte AL OR NEO 
Genre Læl4pS Koch"... ES PROMOS DE AT SN 


OUVRAGES REÇUS 


Tous les ouvrages reçus sont annoncés. 


Insectes 


E. E. Austen, Notes on Hippoboscidæ {Diptera pupipara) in the collection of 
the British Museum. Annals and Magazine of natural history, (7), XIX, p. 255- 
256, august 1903. 

F. H. CHITTENDEN, Insects affecting cereals and other dry vegétable foods. Bulle- 
tin of the division of entomology, n° 4, U. S. Dep. of Agriculture, p. 112-131, 
Washington, 1902. 

B. Gazri-VaLerto, Les nouvelles recherches sur l’action des Puces, des Rats et 
des Souris dans la transmission de la peste bubonique. Centralblatt fur Bakt., 
Ref., XXXIIL, p. 753-757, 1903. 

Mrs M. E. FERNALD, À catalogue of the Coccidae of the World. Hatch experi- 
ment station of the Massachusetts Agricultural College, Bulletin n° 88, in-8° de 
360 p., Ambherst, Mass., 1105. 

L. O. Howarv, How Insects affect health, in rural districts. Farmer’s Bulle- 
tin, n° 455, U. S. Dept. of Agriculture, Washington, in-8 de 20 p., 1902. 

L. O. Howanp and C. L. Marrarr. The principal household Insects of the United 
States. Bulletin of the division of Entomology, n° 4, U. S. Dep. of Agriculture, 
Washington, in-8° de 111 p., 1903. : 

C. L. MarLaTT, Important insecticides : direCtions for their preparation and 
use. Farmer’s Bulletin, n° 127, U. S. Dep. of Agriculture, in-8° de A p., Was- 
hington, 1901. 

H. OsBor\, Insects atfecting domestic animals : an account of the species of 
importance in North America with mention of related forms occurring on other 
animals. Bulletin of the division of Entomology, n° 5, U. S. Dept. of Agri- 
culture, Washington, in-S° de 302 p., 1896. 


Mycologie 


P. LesaGE, Germination des spores de Champignons chez l'Homme. C. R. de 
l’Assoc. franc. pour l’avancement des sciences, Congrès de Montauban, in-8° 
de 5 p., 1902. 

M. Porron. À propos des Blastomycetes dans les tissus. Recherches morpho- 
logiques, application des caracteres de la membrane à la diagnose des Blasto- 
mycetes dans les tissus. Nancy, in-8° de 227 p., 1 pl., 1903. 

J. Lignières et G. Spirz, Contribution à l’étude des affections connues sous le 
nom d’actinomycose (2 mémoire). Archives de Parasitologie, VII, p. 428-479, 
pl. V, 1903. 

Cox ANTIN et Lucer. Sur un Rhizopus D ANoBène, Bulletin de la Soc. mycolo- 
gique de France, XIX, in-8° de 17 p., n° 3, pl. IX-X, 1903. 

B. GazLi-VaLERIO, Recherches sur l’altération des plaques et des papiers photo- 
graphiques déterminée par Actinomyces chromogenes Gasp. contenu dans l’eau 
de lavage. Revue suisse de photographie, p. 1-11, juillet 1903. 

E. JeanseLzme, Insiitut de médecine coloniale de Paris. Cours de dermatologie 
exotique. Paris, Masson et Ci*, grand in-8° de vi-403 p., 1904. — Reçu le ?S octo- 
bre 19083. 


OUVRAGES REÇUS 351 


Tu.-Ca. Macé, Etude sur les mycoses expérimentales (aspergillose et saccharo- 
mycose). Archives de Parasitologie, VII, p. 313-369, 1903. 

A. LereBvRE, La teigne dans l’agglomération bruxelloise. Journal médical de 
Bruxelles, n° 10, in-8° de 16 p., 1 pl., 12 mars 1905. 

J. Künsrcer et J. CHaiE, Notice sur le Cryptococcus. Archives d'anatomie 
microscopique, VI, p. 83-85, 1903. 

_R. BLancaRp, E. Scawarrz et J. BinoT, Sur une blastomycose intra-péritonéale. 
Archives de Parasitologie, VII, p. 489-507, pl. VI, 1903. i 

D. B. SwinGLe, Formation of the spores in the sporangia of Rhizopus nigricans 
and of Phycomyces nitens. Bulletin of the Bureau of Plant industry, n° 37, U. 
S. Dept. of Agriculture, Washington, in-8° de 40 p., 6 pl., 1903. 


Bactériologie 


R. BLancæaR», La syphilis dans l’art. Nouvelle iconographie de la Salpétrière, 
in-8 de 5 p., XVI, pl. CII, 1903. 

E. CALENDOLI, Sulla disinfezione degli sputi tubercolari. Contributo sperimen- 
tale. Il Benessere, (2), X, in-8° de 18 p., Napoli, 1903. 

A. CareGA, Ueber die aktiven Substanzen des B. coli. Centralblatt fur Bak- 
teriol., Originale, XXXIV, p. 323-326, 19083. 

A. CERTES, Microbiologie. Vitalité des germes des organismes microscopiques 
des eaux douces et salées. Memorie della Pontificia Accademia Romana dei 
Nuovi Lincei, XXI, in-4° de 31 p., Roma, 1903. 

G. Gorini, Ueber die bei den Hornhautvaccine-Herden vorkommenden Zellein- 
schlüsse. Centralblatt für Bakteriol., Orig., XXXII, p. 111-115 et 213-222, 
pl. I-II, 1902. 

Houssay, Fièvre aphteuse. Archives de méd. des enfants, p. 153-164, 1903. 

E. Insaparo, Il beri-beri, Clinica medica, in-8° de 17 p., n° 7, 1902. 

Ep. LiceaGa et J. RamiRez, La peste bubonique dans le port de Mazatlan (Etat 
de Sinaloa). République Mexicaine. Mémoire envoyé au Congrès intern. d'hygiène, 
Bruxelles, 2-8 sept. 1903. 

LosrFLer, Ergebnisse einer Umfrage bei Aerzten des deutschen Reiches, betr. 
die Erfolge der Schutzimpfungen mit Diphtherieserum. Medizinal-statistische 
Mitteilungen aus dem kais. Gesundheitsamte, in-8° de 16 p., 1903. 

Ta. MapseN, La constitution du poison diphtérique. Centralbl. fur Bakt., Orig., 
XXXIV, p 630-641, 1903. 

J. R. MogLer, Infectiveness of milk of Cows which have reacted to the tuber- 
culin test. Bureau of animal industry, Bulletin n° 44, in-8° de 93 p., 1903. 

V. A. NorGaar», Directions for the use of blackleg vaccine. Bureau of animal 
Industry, Circular n°25, U.S. Dept. of Agriculture, Washington, in-8° de 8 p., 1900. 

M. Ruerscu, Bacilles typaique et coli. Marseille-Médical, in-8 de 36 p., 1° et 
15 sept. 1903. 

D. E. Sacmow, Hog Cholera and Lwine plague. Farmer’s Bulletin n° 2%, U. S. 
Dep. of Agriculture, in 8° de 16 p., Washington, 1894. 

D. E. SALMON, Rabies : its cause, frequency and treatment. Yearbook of depart- 
ment of Agriculture for 1900, p. 211-246. Washington, 1900. 

D. E. Sazmon, Foot-and Mouth disease; warning to all owners of Cattle, Sheep 
and Swine. Bureau of Animal industry, Circular n° 58, U. S. Dept. of Agricul- 
ture, Washington, in-8° de 3 p., 1902. 

E. A. DE SCHWEINITZz and M. Dorser, A form of Hog cholera not caused by the 
Hog-Cholera Bacillus. Circular. n° 41 of the Bureau of Animal industry. 
Washington, in-8° de 4 p., 28h september 1903. 


352 OUVRAGES REÇUS 


F. Srnezzi. Azione simultanea delle sostanze proteiche del Bacillo tifogeno e 
della tossina difterica. Riforma medica, XIX, in-8° de 8 p., Napoli, 1903. 

M. Turroux, Lésions ainhiques dans un cas de lèpre authentique et contri- 
bution à l’étude de la contagion et de la pathogénie de la lèpre. Annales d’hyg. 
et de méd. coloniales, in-8° de 23 p., 1903. 


Rapports présentés au Congrès d'hygiène et de démographie 
(Bruxelles, août 1903) 


J. Borpet, Mode d'action et origine des substances actives des sérums pré- 
ventifs el des sérumns antitoxiques, in-8° de 32 p. — Denys, idem, in-8° de 43 p. 
— PFrEIrFFER, 2dem, in-8° de 36 p. 

Roux, Quelles sont les meilleures méthodes pour mesurer l’activité des 
sérums ? in-8° de 4 p. 

P. Aaser, De la valeur du sérum antidiphtérique au point de vue de la 
prophylaxie, in-8° de 14 p. — EnrLica und Marx, 2dem, in-8° de 8 p. — NETTER, 
idem, in-8& de 23 p. — A. PAvone, idem, in-8° de 125 p. — C. H. H. SPRONCK, 
idem, in-8° de 1 p. — F. pe Tonpay, idem, in-8° de 4 p. 

L. GrimBerT, Unification des procédés d'analyse bactériologique des eaux, 
in-8° de 12 p. — Losrrcer, idem, in-8° de 41 p. — Mazvoz, idem, in-$° de 6 p. 

G. GrarTia, La tuberculose humaine et celle des animaux domestiques sont- 
elles dues à la même espèce microbienne : le Bacille de Koch ? in-& de 151 p. — 
J. FiBiGer, tdem, in-8° de 18 p. — D.-A. DE JonG, idem, in-8° de 31 p. 

Ca. Moror, Quelles sont les maladies des animaux de boucherie qui rendent 
leurs viandes impropres à la consommation ? Parmi ces viandes, quelles sont 
celles qui peuvent être consommées apres avoir été stérilisées? Quelles sont les 
viandes qui doivent être absolument détruites, in-8° de 39 p. — OsTERTAG, idem, 
in-8° de 14 p. — L. SruBee, idem, in-8& de 12 p. 

J.-B. Anpré, Réglementation de la vente du lait destiné à l'alimentation. — 
Etude des causes qui font varier la composition chimique du lait; mesures à 
prendre pour empêcher la vente de laits trop pauvres en principes utiles ; 
organisation du contrôle ; méthodes analytiques à employer, in-8 de 21 p. — 
F. Borpas, ?dem, in-8° de 5 p. — ScHAFFER, idem, in- 8° de 13 p. — VAN ENGELEN, 
idem, in-8° de 20 p. 

F. Ranwez, La Stérilisation des conserves alimentaires. Conditions dans 
lesquelles doit s’effectuer cette opération. Vérification de la stérilité. Y a-t-il 
lieu de tolérer une certaine quantité d’antiseptique dans les conserves que l’on 
ne peut stériliser? Dans l’affirmative, quels sont les antiseptiques qui pourront 
être employés? In-8° de 11 p. — CL. Sronza, idem, in-8 de 31 p. — L. VAILLARD, 
idem, in-8° de 9 p. 

M. HensevaL et G. Muurre, Pulvérisation du lait : conditions à observer et 
procédés techniques à adopter pour détruire les microbes pathogènes du lait, 
sans compromettre la qualité et la valeur des produits, in-8 de 18 p. — 
H. pe Rorxscxizp, idem, in-5° de 15 p. — H.-L. Russe et M. E.-G. Hasrines, 
idem, in-8° de 12 p. — Srorce, idem, in-8° de 13 p. — TJADEN, idem, in-8’ de 10 p. 


Le Gérant, K. R. DE RUDEVAL. 


Lille. — 'Lyp. & Lith. Le Bigot frères 


ACTA VINS 


\ 
\ 


F. R. bE RUDEVAL EDITEUR 


. 4, Rue ANToINE Dugois (VI!) 


PARIS 


Précis de Parasitologie animale, par le D' M. NEvEu- 
LEMAIRE, préparateur au laboratoire de Parasitologie de la Faculté 
de médecine de Paris, avec une préface par le professeur R. 
BLANCHARD, un volume in-18 grand jésus de III-220 pages avec 
301 fig. dans le texte, deuxième édition, cartonné. Prix Æ# francs. 


De l’échinococcose secondaire, par le D' F. Dévé, ancien 


interne des hôpitaux de Paris, médecin des hôpitaux de Rouen. Un 


volume grand in-8, de 256 pages, avec 7 fig. dans le texte. Prix : 
6 francs. \ 

Ladrerie ou cysticercose chez l'Homme, par le D" E. 
VoLovaTz. Un volume grand in-8, de 184 pages, avec 9 fig. dans 
le texte. Prix : 8 francs. 


Sous presse : At 
| Re 
{ | I 

Les Moustiques, Histoire naturelle et médicale, par le 
professeur R. BLancaarp. Un volume grand in-8° de 600 pages 
environ, avec un grand nombre de figures dans le texte. 


/ Précis de diagnostic clinique, par le D' L. GRIMBERT, 
docteur ès-sciences, professeur agrégé à l'Ecole supérieure de 
Pharmacie de Paris, pharmacien en cheî de l'hôpital Cochin, et 
le D' J. GurarT, docteur ès-sciences, professeur agrégé à la Faculté 
de médecine de Paris. Un volume in-18 colombier, de 600 pages 
environ, avec un grand nombre de figures dans le texte. 


_ Envoi franco de ces ouvrages contre un mandat-poste adressé à F, KR. ne RUDEVAL, 
Éditeur, 4, rue Antoine Dubois, Paris, VI°. 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 0 


RÉDACTION : 15, rue de l’École-de-Médecine, PARIS, VIe 


ABONNEMENT : | 
Paris et Départements : 8 îr. — Union postale: 3% fr. par volume. 


\ 
Les Archives de Parasitologie publient des mémoires originaux écrits dans 
l’une ou l’autre des six langues suivantes : français, allemand, anglais, espagnol, 
italien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE DACTY- = 
LOGRAPHIÉ (écrit à la machine), afin de réduire les corrections au minimum. 
Ce texte doit être conforme aux règles suivantes : 
4° On appliquera strictement les règles de la nomenclature zoologique ou 
botanique adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique ; 
2° On fera usage, tant pour les noms d'auteurs que pour les indications biblio- 
graphiques, des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le Zoolo- 
gicalt Record de Londres ; ; 
3° Les noms géographiques ou les noms propres empruntés à des langues qui 
n’ont pas l'alphabet latin seront transcrits conformément aux règles interna- 
tionales adoptées par les Congrès de zoologie ; A 
40 Tout nom d’être vivant, animal ou plante, commencera par une première 
lettre capitale ; 
5° Tout nom scientifique latin sera imprimé en italiques (souligné une fois sur 
le manuscrit). 
Dans l'intérêt de la publication et pour assurer le maximum de perfection 
dans la reproduction des planches et figures, tout en supprimant des dépenses 
inutiles, nos collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes :. 
1° Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. 
2 Ne rien écrire sur les dessins originaux. 
3° Toutes les indications (lettres, chiffres, explication des figures, etc.) seront 
placées sur un calque recouvrant la planche ou le dessin. à 
—  &° Abandonner le plus possible le crayon à la mine de plomb pour'le crayon 
Wolf ou l’encre de Chine. 
Les Auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés de renvoyer 
à M. le D’ J. GurarT, Secrétaire de la rédaction, dans un délai maximum de huit 
jours, les épreuves corrigées avec le manuscrit ou l'épreuve précédente. . 
Ils recevront gratis 50 tirés à part de leur article. Ils sont invités à faire con- 
naître sans délai s'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), 
à leurs frais et conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l’impres- 
sion typographique ; il ne concerne point les planches, dont le prix peut varier 
considérablement. Toutefois, il importe de dire que, pour les exemplaires 
d'auteurs, les planches seront comptées strictement au prix de revient. Les tirés 
à part ne peuvent être mis en vente. ; 


SS 


] 
TARIF DES TIRÉS A PART 


Une feuille entière . | 
Trois quarts de feuille . 


Une demi-feuille. 

Un quart de feuille. 

Untiuitièemetdereuilles tu tE NU MONA RnNEANENx SUR 
Plusieurs #emilles #40 0e D tr teuille M6 M0 


Le Gérant: 
F. R. DE RUDEVAL. 


LILLE. — Imp. LE BIGOT Frères. 


Tome VIIL, n° 3. 45 Mai 1904. 


ARCHIVES 


De 


 PARASITOLOGIE 


Paraissant tous les trois mois 


/ 


SOUS LA DIRECTION DE 


RAPHAËL BLANCHARD 


PROFESSEUR À LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


PARIS 
F. R. ne RUDEVAL, Éprreur 


k, Rue ANTOINE Dugors (VI°) 


1904 


\ 


SOMMAIRE 


Pages 

P. Lesace. — Contribution à l'étude des mycoses dans les voies respiratoires. 

Rôle du régime hygrométrique dans la genèse de ces mycoses (avec 44 fig. 
darts ‘le texte)! 220 000 En een Enr or PE ADI SUE [1 RONDE 353 
G. Neumann. — Notes sur les Ixodidés. II (avec 2 fig. dans le texte). . . . . . - | 4h 

T. Opaner. — Urogonoporus armatus Lühe, 1902, die reifen Proglottiden von 
IriloculariargmaculisiOISSon ASCOM AN NME AE UE EONERENENRERERS 465 
Revue bibliographique . . MASSE PRE VE TE a Bt et A 472 
Notes et'Informations te) A ONE NA Rr A NR ea AURtetUeR 24 DU NON 475 
Ouvrages recus sel ANA EN RNUN Ne RAI JON A RP NOUS ste I DEN MAC ANSE 477 

5 n 
| 
LES) 


ARCHIVES DE AMIENS 


sont publiées par \ | 


F. R. DE RUDEVAL, ÉDITEUR 


\ 


,. Prière de lui adresser le montant des abonnements ou réanpie 


nements, 4, rue Antoine Dubois, Paris, VI°. En 


Re 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 


DES 


MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 


ROLE DU RÉGIME HYGROMÉTRIQUE 
DANS LA GENÈSE DE CES MYCOSES 


PAR 
le D' Pierre LESAGE 


Professeur-adjoint à l’Université de Rennes, 
Professeur suppléant à l'Ecole de médecine. 


INTRODUCTION. 


Je désire démontrer, dans ce travail, que des spores de champi- 
gnons, fixées sur la paroi interne de la trachée ou des bronches, 
germent moins rapidement que dans l'air saturé de vapeur d’eau 
à la même température ou, peut-être même, ne germent pas du 
tout dans quelques cas, parce que le régime hygrométrique des 
voies respiratoires est défavorable à cette germination, ou peut le 
devenir ; et, comme conséquence, que ce régime hygrométrique 
a une influence très nette sur l'établissement des mycoses et doit 
être pris en sérieuse considération quand on étudie la genèse des 
mycoses respiratoires. 

J'ai été amené à faire cette démonstration de la manière sui- 
vante : 

Nous savons que, dans de nombreuses circonstances, lès spores 
pénètrent dans les voies respiratoires où elles peuvent germer (1). 
Il en résulte la formation d’un mycélium dont le développement 
est encore mal connu, mais qui peut aller jusqu’à la formation 
d’une fausse membrane de plusieurs centimètres de longueur (2), 
constituant une mycose plus ou moins dangereuse. En effet, cette 
fausse membrane est un obstacle au mouvement de l'air dans la 
respiration ; elle peut donner naissance à des spores (3) qui, 

(1) P. Lesace, Germination des spores de Champignons chez l'Homme. Assoc. 
franç. pour l’avanc. des sc., Congrès de Montauban, 1902. 


(2 et 3) Deviens et Rénon, Bronchite membraneuse chronique aspergillaire 
primitive. Bull. de la Soc. méd. des hôpit. de Paris, 1: déc. 1899. 


Archives de Parasilologie, VII, n° 3, 1904. 23 


254 P. LESAGE 


détachées, peuvent pénétrer plus avant dans les voies respiratoires 
et, soit en germant, soit par leur seule présence (1), produire des 
mycoses ou des pseudo-tuberculoses mycosiques des poumons, etc. 

Puisque les spores peuvent déterminer, en germant, des afiec- 
tions plus ou moins graves, il y a un intérêt à connaître, aussi 
exactement que possible, les agents qui favorisent la germination, 
pour les combattre, et les agents défavorables à cette germination, 
pour conserver ou même renforcer leur action. Or, les agents 
locaux, capables d’agir sur cette germination, sont assez nombreux, 
les uns chimiques, les autres physiques ou mécaniques. L'étude 
de tous ces agents et celle de leur action véritable me paraissent 
très délicates et ne peuvent être terminées qu'après de longues 
recherches. 

Dans ces conditions, il ne me semble pas pratique de s'attaquer 
à tous ces agents en même temps. Je crois donc que ce n’est 
qu'après avoir étudié chacun d’eux isolément, si c’est possible, 
qu’il sera temps de discuter utilement la résultante de leur action 
commune et de chercher les moyens de faire varier leur action 
particulière pour modifier avantageusement cette résultante. 

C’est dans cet esprit que, parmi les agents physiques, j'ai isolé 
le régime hygrométrique des voies respiratoires, pour en faire 
l’étude et en tirer une contribution à la genèse des mycoses de ces 
voies. 

Je l’ai donc étudié séparément et attentivement, et j’ai acquis la 
connaissance de détails beaucoup plus nombreux et plus précis 
que ceux que nous connaissions sur ce régime jusqu’en ces derniers 
temps (2). 

Ensuite, utilisant mes connaissances déjà acquises (3) sur la 
germination de certaines spores dans l’air humide et celles que le 


(1) Th.-C. Macé, Étude sur les mycoses expérimentales. Archives de Parasito- 
logie, VII, p. 313, 1903. 

(2) P. Lesace, De la possibilité de quelques mycoses dans la cavité respira- 
toire basée sur l’hygométrie de cette cavité. Thèse de la Fac. de méd. de Paris, 
octobre 1899. — Un hygromètre respiratoire. C. R. de l’Ac. des sc., k maï 1903. 
— Un hygromètre respiratoire et ses applications. La Nature, 1° août 1903. — 
Nouveau modèle de l’hygromètre respiratoire du D’ Pierre Lesage. Emploi en 
médecine. Assoc. franç. pour l’av. des sc., Congrès d'Angers, 1908. 

(3) P. Lesacer, Recherches physiologiques sur les Champignons. C. R. de l’Acad. 
des Sc., 12 mars 1894. — Recherche de l’état hygrométrique limite nécessaire à 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 359 


raisonnement m'a mis dans la nécessité d'acquérir (1), j'ai combiné 
ces diverses sortes de connaissances pour rechercher théorique- 
ment l’attitude d’une de ces spores placées sur un point de la paroi 
interne des voies respiratoires, sans me préoccuper, en dehors du 
régime hygrométrique, des autres agents locaux capables d’exercer 
une action quelconque sur la germination. 

Le résultat de cette étude théorique a été d’un intérêt tel que 
l’étude expérimentale de vérification s’est imposée. 

En effet, l'étude théorique m’amenait à conclure que la germi- 
nation des spores pourrait très bien ne pas se faire parce que le 
régime hygrométrique des voies respiratoires serait défavorable ; 
ou, quand elle se fait, que cette germination subirait des retards 
assez considérables qui seraient sous la dépendance de circons- 
tances intérieures ou extérieures à l’homme, modificatrices du 
régime hygrométrique et modifiables elles-mêmes par l’homme 
dans une certaine mesure. 

Cette conclusion prend une très grande importance parce que, 
d’une part, la non-germination des spores est capitale dans l’éta- 
blissement des mycoses et, d'autre part, les retards modifiables à 
notre gré sont encore extrêmement intéressants à considérer. Si 
nous avons les moyens d'empêcher la germination, l'intervention 
supprimera la mycose ; si nous avons ceux de la retarder, l’inter- 
vention pourra supprimer indirectement cette même mycose en 
permettant aux agents locaux chimiques, physiques ou mécaniques 
défavorables, d’exercer plus longtemps et plus sûrement jieur 
action nuisible sur les spores avant qu'elles germent et avant 
qu’une mycose puisse s'établir sous la forme de fausse membrane. 


x 


J’ai donc chérché à Savoir par l’observation (2) et par l’expé- 


la germination des spores du Penicillium glaucum. Bull. de la Soc. sc. et méd. 
de l'Ouest, 1‘ trimestre 1895. — Recherches expérimentales sur la germination 
des spores de Penicillium glaucum. Ann. des sc. nat., Botanique, (8:), 1, 1895, 
p. 309. — Rapports entre la germination des spores de Champignons et l’humidité 
de l’air. Ass. franc. pour l’avanc. des sc. Congrès de Nantes, séance du 8 août 
1898. 

(1) P. LesAce, Germination des spores de Penicillium dans l’air humide. C. R. 
de l’Ac. des sc., 15 juillet 1901. — Germination des spores de Penicllium dans 
l’air alternativement sec et humide. Ass. franc. pour l’av. des sc., Congrès 
d’Ajaccio, 1901. — Germination des spores de Penicillium sur l’eau. C. R. de 
l’Ac. des sc., 4 nov. 1901. 

(2) P. LesAGEe, Germination des spores de Champignons chez l'Homme. 4ss. 
franc. pour l’av. des sc., Congrès de Montauban, 1902. 


336 P, LESAGE 


rience (1), si les spores qui pénètrent dans les voies respiratoires 
de l’homme et de quelques animaux, germent ou ne germent, 
pas ; et si, quand elles germent, la germination subit des retards 
appréciables lorsqu'on modifie les circonstances extérieures ou les 
circonstances intérieures qui font varier le régime hygrométrique. 

J'ai fait ces observations et ces expériences avec les matériaux 
le plus facilement utilisables dans les conditions de travail limitées 
qui me sont faites. Malgré cela, elles ont montré assez nettement 
que, les conditions extérieures et intérieures à quelques oiseaux 
venant à changer, le régime hygrométrique des voies respiratoires 
peut être suffisamment modifié pour provoquer des retards appré- 
ciables dans la germination de spores fixées sur des points bien 
déterminés de la trachée et entraver dans une certaine mesure le 
développement du mycelium, et, par conséquent, l’établissement 
d'une mycose. 

C’est ce qui a confirmé mes vues théoriques et achevé la démons- 
tration que le régime hygrométrique des voies respiratoires est 
un facteur qui doit être pris en très grande considération dans 
l’étude de la genèse des mycoses respiratoires. 

Je dois dire, avant de terminer, que cette conclusion ne sup- 
prime, pas plus qu’elle n’atténue, l’action spéciale de tous les 
autres agents locaux qui peuvent intervenir au début ou dans le 
cours du développement des mycoses, pour le favoriser ou pour 
s’v opposer. Elle résume simplement l’étude de l’action d’un seul 
agent, le régime hygrométrique, dans des conditions particulières, 
quand cette action est appliquée en des points soustraits autant 
que possible à celle des autres agents et choisis, ainsi que les 
conditions extérieures, conformément à mes vues théoriques pour 
en vérifier le bien fondé et mettre en relief tout l'intérêt qui doit 
s'attacher à cet unique agent. Par conséquent, je ne puis affirmer 
que les phénomènes se passeraient, dans la trachée normale, de la 
même manière que dans mes expériences. D'autre part, je ne veux. 
pas, par là, diminuer l'importance que j'ai essayé de donner au 
régime hygrométrique, je désire seulement mettre les choses bien 
au point pour qu’on ne me fasse pas dire plus que ne disent les 
expériences. 

(1) P. LesaGE, Germination des spores de Sterigmatocystis nigra dans la tra- 
chée de quelques oiseaux. C. R, de l’Ac. des sc., 20 oct. 1902. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 397 


Malgré ces restrictions tout aussi loyales que les résultats de 
mes expériences sont sincères, j'ose espérer que le présent travail 
offrira quelque intérêt à ceux qui voudront bien le lire. En tout 
cas, il renferme la description d'expériences très nombreuses 
qu'il est bon de faire connaître. 

J'ai divisé ce mémoire en tenant compte de l’ordre de succession 
des idées que je viens de présenter ; il comprendra donc les cinq 
chapitres suivants : 

Hygrométrie des voies respiratoires de l'Homme; 

Germination des spores dans l'air humide ; 

Sur le degré de possibilité de la germination des spores dans les voies 
respiratoires de l'Homme; 

Germination des spores dans les voies respiratoires de l'Homme et 
des animaux ; 

Résumé et conclusions. 


HYGROMÉTRIE DES VOIES RESPIRATOIRES DE L'HOMME 


L'air des poumons n’est jamais complètement saturé de vapeur 
d’eau à sa température; dans l'air expiré, la tension de la vapeur 
d’eau augmente de la première tranche sortie à la dernière tranche 
qui sort dans l’expiration: elle varie avec la quantité de vapeur 
d’eau dans l’air extérieur et avec l’état du sujet. 


Nous définirons l’hygrométrie des voies respiratoires de la 
manitre suivante: mesure de la quantité ou de la tension de vapeur 
d’eau dans l’air des voies respiratoires. | 

A première vue, cette mesure paraît difficile à faire. En effet, 
rappelons que l’air de la cavité respiratoire est brassé trente-deux 
fois par minute, en moyenne, par les mouvements d'inspiration et 
d'expiration ; que l'inspiration normale introduit 500< d’air dans 
lequel la quantité de vapeur d’eau peut varier de 0 à une valeur 
assez considérable; que nous ne savons pas comment ces 500 se 
mélangent aux 2.500 de la capacité pulmonaire, pas plus que 
nous ne connaissons exactement les quantités de vapeur d’eau 
cédées par la paroi et par ces 2.500€% aux 500cc de l’air courant. 

Tous ces phénomènes semblent se compliquer les uns les autres. 


358 P. LESAGE 


Pour que la mesure fût simple, il faudrait admettre que l’air de 
l'inspiration prend instantanément la température du corps humain 
et se sature instantanément de vapeur d’eau; dans ce cas, la tension 
de cette vapeur serait la tension maxima correspondant à cette 
température; mais on sait depuis longtemps que l’air expiré a une 
température un peu inférieure et variable avec la température 
extérieure. 

L'hygrométrie des voies respiratoires se présente donc à nous 
comme un ensemble assez difficile à analyser et qui demande à 
être étudié par parties. C’est ce que nous allons faire. Une division 
de cet ensemble s'offre tout naturellement à l’esprit, si l’on envi- 
sage la respiration normale comme Viault et Jolyet (1). 

Mesure dans l’air expiré, 
Mesure dans l’air inspiré, 
Mesure dans l’air de la capacité pulmonaire. 

Suivons cette division et étudions d’abord l’hygrométrie de l'air 
qui se déplace dans la cavité respiratoire et, ensuite, l’hygrométrie 
d’un point de la paroi dans cette cavité. | 


HYGROMÉTRIE DE L'AIR EXPIRÉ 


Si nous cherchions à nous représenter les diverses manières 
d’être possibles de l’air expiré, nous pourrions en concevoir métho- 
diquement un assez grand nombre; j'en choisirai cinq seulement. 
Mais, avant de les indiquer, entendons-nous bien sur le mot 
« circonstances » que je vais employer. 

Supposons que l’humidité de l’air expiré puisse varier, la 
variation pourra être due à des causes internes ou externes, à des 
circonstances internes ou à des circonstances externes ; Circons- 
tances internes au sujet, états du sujet, exemples : repos, activité, 
veille, sommeil, etc. ; circonstances externes au sujet, exemples : 
température, humidité de l’air extérieur, etc. 

Voyons ces cinq manières d’être possibles. 

L'air expiré peut être saturé de vapeur d’eau à sa température. 
ou n'être pas saturé à cette température. Nous avons là deux 
catégories très distinctes de manières d’être. 


(4) Vrauzr et Joyer, Physiologie humaine, 1894. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 999 


Dans la première catégorie, l’air peut être saturé à la tempé- 
rature du corps humain, c’est la première manière (I); ou à une 
température plus basse que celle du corps humain, c’est la deuxième 
manière (11). 

Dans la seconde catégorie, l’air n’est pas saturé, mais il 
renferme de la vapeur d’eau dont la tension peut être constante, 
c’est-à-dire indépendante des circonstances, c’est la première 
manière de la seconde catégorie et la troisième de l’ensemble (IT); 
ou être variable, c’est-à-dire indépendante des circonstances. Dans 
ce dernier Cas, nous pouvons encore avoir deux manières difré- 
rentes : dans la première, la tension est variable suivant les 
circonstances, mais reste la même dans toutes les tranches d’air 
pour une même circonstance, c’est la quatrième manière (IV) ; 
dans la seconde, la tension, variable suivant les circonstances, est 
encore variable d’une tranche à l’autre dans la même circonstance, 
c’est la cinquième manière (V). 

Le tableau suivant résume ces différences : 


| saturé la température du corps humain : 
à | une température inférieure à celle du corps nain ,. Il 
L'air | 
expiré rt | CONS ÉANLE RE RETURN NES RE NA RUSSE Dee AAITIT 
est : 2 PS0 2 variable Ÿ la même dans toutes les traches d’air . IV 
de vapeur à ; RUAUTE 
; et : variable d’une tranchée à l’autre. :. . V 
d’eau est : 


Cherchons maintenant à savoir si ces manières d’être sont 
réalisées. 

La première suppose que l’air inspiré a pris instantanément la 
température du corps humain et s’est complètement saturé de 
vapeur d’eau. Nous pouvons l’éliminer tout de suite parce que les 
mesures faites depuis longtemps et que j'ai répétées, montrent 
que l’air expiré possède une température inférieure à celle du 
corps humain et, par conséquent, qu'il ne peut être saturé à cette 
température. 

En ce qui concerne les autres manières d’être, nous ne pouvons 
savoir si elles sont réalisées on non, à en juger par ce que nous 
trouvons dans les livres. 

Aïnsi nous lisons dans Arthus (1) : « L'air expiré est saturé à la 


(1) Artuus, Éléments de physiologie, 1902, p. 265. 


360 P. LESAGE 


température du corps si la respiration est normale, presque saturé 
si la respiration est précipitée ». D’après cet auteur, la première 
manière, peut-être la seconde et peut-être la troisième se réali- 
seraient. Nous voyons par ailleurs, comme dans Gad et Heymans({) 
que l’air expiré est loujours saturé de vapeur d’eau ou, comme 
dans Beaunis (2), Waller (3), Hédon (4), etc.., qu'il est saturé de 
vapeur d’eau. D'après ces auteurs, ce serait peut-être la première, 
peut-être la seconde manière qui se réaliserait. Dans Viault et 
Jolyet (5), on voit que l’air sort saturé de vapeur d’eau à la tempé- 
rature de 34°; ici ce serait la deuxième manière. D'après Frédérieq 
et Nuel (6), l’air expiré est à peu près saturé de vapeur d'eau, ce 
qui indiquerait peut-être la troisième manière ou l’une des deux 
premières. 

Mais ce sont là des citations prises dans des livres dont les 
auteurs n’ont pas fait d’études spéciales sur le sujet. En voici une 
dernière de ce genre puisée dans Milne-Edwards (7) : « l’obser- 
vation prouve que la saturation de l'air expiré n’est pas toujours 
complète, etles évaluations obtenues de la sorte laisseraient souvent 
beaucoup à désirer ». 

Si nous nous adressons aux auteurs qui ont voulu étudier 
expérimentalement la question, nous nous trouvons encore arrêtés 
et dans l'impossibilité de nous prononcer. 

Par exemple, dans Moleschott ($), nous trouvons la conclusion 
suivante : « Dans la plupart des cas, l’air expiré n’est pas saturé 
de vapeur d’eau, bien que parfois la saturation puisse se produire ». 
Cette conclusion est loin d’être très précise. Mais il n’en pouvait 
être autrement. En effet, si on lit le mémoire de cet auteur, on y 
relève des erreurs et des causes d’erreurs assez nombreuses. Ce 
qui m'a frappé surtout, c’est que l’attention de ce physiologiste ne 
se soit pas arrêtée d’une façon toute spéciale sur son tableau des 


(1) Gap et Heymaws, Traité de physiologie humaine, 1895. 

(2) BEaunis, Fhysiologie humaine, 1888. 

(3) A. Wazcer, Éléments de physiologie humaine, traduction de 1898. 

(4) HÉDON, Précis de physiologie, 1901. 

(5) Vrauzr et Jocver, Physiologie humaine, 1894. 

(6) FrépérrcQ et Nuez, Physiologie humaine. 1894. 

(7) H. Mizxe-Enwarps, Leçons de physiologie, II, p. 619, 1867. 

(8) Mozescaorr, Versuche zur Bestimmung des Wassergehalts der vom Mens 
chen aus geathmeten Luft. Holländische Beitrage zu den anatomischen und 
physiologischen Wissenschaften, p. 86, 1848. © , 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES JO! 


nombres qui indiquent les poids de vapeur d’eau dans 2420 d'air 
saturé à 37° et dans le même volume d’air expiré. En eftet, théori- 
quement, les poids de vapeur d’eau dans l'air saturé à la même 
température, 37°, devraient conserver la même valeur; expéri- 
mentalement on pourrait obtenir des valeurs un peu différentes, 
oscillant autour de la valeur réelle dans la limite des erreurs 
d'expérience, mais non des valeurs différentes comme 74 et 40. 

Il est vrai que l’auteur signale une cause d'erreur dans les 
condensations préalables de ses. appareils. C’est, en eflet, une 
grosse cause d'erreur ; elle est suffisante, à mon avis, pour que les 
nombres obtenus ne puissent être comparables. C’est elle qui, dans 
la sixième expérience, l'amène à donner 57""s pour la quantité de 
vapeur d’eau dans l'air expiré et 42%me pour celle qui est contenue 
dans l’air saturé à 37, d’après cela, l’air expiré renfermerait plus 
de vapeur d’eau que l’air saturé à la même température, ce qui est 
impossible. 

Pour ces diverses raisons, nous ne pouvons nous en rapporter 
aux mesures de Maleschott et, par conséquent, tirer quoi que ce 
soit de sa conclusion. 

Gréhant (1) a fait aussi des expériences pour connaître le degré 
de saturation de l’air expiré. Son appareil n’est pas exempt de 
causes d'erreurs, il me paraît peu maniable pour fournir des 
données exactes. La conclusion de ces expériences est la suivante : 
« L'air expiré est sensiblement saturé à sa température ». Nous 
n’avons là rien de précis qui nous permette de faire un choix dans 
les diverses manières d’être possibles de l’air expiré. 

Dans ces conditions, j'ai dû chercher moi-même à préciser 
davantage cette hygrométrie en essayant de mesurer la tension de 
vapeur d’eau dans l'air expiré. Après bien des essais, j'ai inventé 
un instrument qui m’a donné de bons résultats et que j'ai appelé 
hygromètre respiratoire. 

J’en ai construit trois modèles qui m'ont donné des résultats 
concordants, bien que j'aie modifié ces modèles successivement 
pour les rendre plus maniables et pour éliminer le plus possible 
de causes d’erreur. 


(4) GRémanr, Manuel de physique médicale, 1869, p. 208. 


302 P. LESAGE 


J’ai décrit le premier modèle en 1899 (1), le deuxième en mai 
1903 (2) ; voyons la description du troisième modèle qui a été 
présenté à l’Académie de médecine le 23 juin 1903 (3). 

C’est un hygromètre à condensation que l’on introduit dans un 
canal transparent et continuant les voies respiratoires, hygromètre 
et canal ayant une température que l’on peut apprécier à chaque 


Fig. 1 


instant et faire varier indépendamment à l’aide de courants d’eau 
chaude ou d’eau froide venant par des tubes de caoutchouc, de 
cuves de zinc placées à des niveaux peu différents. Le tout constitue 
un système de vases communiquants où la circulation se fait 


(1) P. Lesace, De la possibilité de quelques mycoses dans la cavité respira- 
loire basée sur l’hygrométrie de cette cavité. Thèse de la Fac. de méd. de Paris, - 
octobre 1899. 

(2) P. LesaGe, Un hygromètre respiratoire. C. R. de l’Acad. des sc., 4 maï 1908. 

(3) P. Lesace, Mesure de la tension de vapeur d’eau. Bull. de l’Acad. de méd., 
25 juin 1903. — Nouveau modèle de l’hygromètre respiratoire du D' Pierre Lesage. 
Emploi en médecine. 4ss. franc. pour l’av. des sc., Congrès d'Angers, 1903. : 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 365 


grace à cette différence des niveaux et à la manœuvre convenable 
de robinets placés sur le parcours des tubes de caoutchouc. 


Il comprend donc dans son ensemble qui est représenté dans la 
figure 1 : 


Une pièce principale ; 
Un bâti en bois sur lequel cette pièce PHDCIPAIE est fixée pour 
donner de la stabilité ; 
Deux cuves de zinc, l’une à eau chaude, l’autre à eau froide et 


LLUt 


à 


Fig. 2. — I. Coupe longitudinale schématisée de la pièce principale. — II. Une 
tige d'assemblage q. — III. Plaque de cuivre supérieure m. — IV. Coupe 
transversale passant par g’. — V. Plaque de cuivre inférieure n. 


les tubes de caoutchouc avec leurs robinets reliant ces cuves à la 
pièce principale. 

Etudions plus particulièrement cette pièce principale. 

Elle est formée de deux parties : 

1° Un ensemble transparent destiné à prolonger les voies respi- 
ratoires et dans lequel on introduit l’hygromètre ; 

2° L'hygromètre proprement dit. 

4° La première partie (fig. 2, 1) est un canal à double paroi, 


364 P. LESAGE 


formant une cavité annulaire B, limitée latéralement par deux 
manchons de verre d'inégal diamètre u et v, mais de même 
longueur; et, en haut et en bas, par deux plaques de cuivre m etn. 

Ces deux plaques arrondies (IT et V), sont percées à leur centre 
d'un trou Î dont le diamètre est un peu inférieur au diamètre du 
petit manchon v ; elles sont munies de quatre oreillettes p, perfo- 
rées en s, et servant à assembler les deux manchons de verre à 
l’aide d’écrous x (II) se vissant en haut, sur quatre tiges métal- 
liques q passées dans les oreillettes et dont la partie inférieure 
porte un bouton d'arrêt k. Comme elles sont doublées d’une 
épaisse lame de caoutchouc, on peut les rapprocher suffisamment 
pour assurer une fermeture hermétique de la cavité B. 

En outre, la plaque inférieure n (V) présente trois trous : deux 
pour le passage des tubes a et d par lesquels on fera arriver l’eau 
chaude ou l’eau froide des cuves ; le troisième, pour recevoir un 
thermomètre t, recourbé pour mieux lire la graduation ou gradué 
avec des chiffres renversés pour le même motif. La plaque supé- 
rieure m (III), est percée d’une ouverture i en quartier de lune, 
par laquelle la cavité B communiquera avec la cavité périphérique 
B’ du capuchon e. 

Ce capuchon est destiné à établir autant que possible la conti- 
nuité des voies respiratoires avec le canal transparent. Il est 
constitué par deux lames métalliques convenablement moulées 
pour prendre la forme du nez qu’il recevra ; toutes les deux sont 
soudées à leur base sur la plaque de cuivre m et suivant les 
contours indiqués par les deux lignes ponctuées de LIT ; la lame 
intérieure fait tout le tour du trou f, l’extérieure, moins développée, 
est soudée à la première en haut et sur les côtés, pour limiter la 
cavité périphérique B’ dans laquelle on fera arriver de l’eau chaude 
comme dans B, afin de donner à l’ensemble la température du 
corps et éviter ainsi les condensations préalables que Gréhant, 
pas plus que Moleschott, n'avaient supprimées. . 

Cette première partie se fixe sur la plate forme du bâti en bois, 
par les prolongements inférieurs des tiges d'assemblage, à l’aide 
d'écrous o (Il) | 

20 La deuxième partie est l’hygromètre proprement dit. C’est 
un cylindre de cuivre À, creux, à paroi mince, argenté et bruni 
extérieurement. Sa partie supérieure est complètement elose ; sa 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 365 


partie inférieure est fermée par une rondelle métallique soudée 
au cylindre, mais percée de trois trous : deux recevant les tubes 
b et c, par lesquels on amènera l’eau chaude ou l’eau froide des 
cuves, pour faire varier la température de A ; le troisième laissant 
passage au termomètre p, qui donnera celte température à chaque 
instant. Pour la facilité de la lecture, ce thermomètre p,cemme le 
thermomètre t, sera avantageusement recourbé ou gradué avec des 
chiffres renversés. 

Cet hygromètre est introduit dans la cavité ff par l'ouverture 
inférieure ; il est maintenu en place, horizontalement et verticale- 
ment, par huit ailettes minces, faisant ressort, soudées en deux 
groupes g et g’ sur la longueur de A (I et IV), et par une petite 
barre transversale h, glissée dans des boucles convenablement 
soudées aux tubes b et c, a et d. 

Les tubes a et b sont reliés à la cuve à eau chaude, les tubes c 
et d, à la cuve à eau froide, à l’aide de tubes de caoutchouc munis 
de robinets. Quand l’ensemble est bien rempli d’eau, on peut 
amener de l’eau chaude pour élever la température, ou de l’eau 
froide pour l’abaisser, soit dans A seul, soit dans B et B’ à la fois. 
Pour cela il suffit de placer les cuves à deux niveaux convenables, 
un peu différents, et de manœuvrer les robinets d’une façon concor- 
dante, quelle que soit d’ailleurs la position du bâti et de l’hygro- 
mètre qu’il porte. 

C'est avec cet hygromètre respiratoire que l’on mesure la tension 
de la vapeur d’eau dans l’air expiré et voici de quelle maniere. 

On donne à B et B° la température 38 ou 40° pour éviter les 
condensations préalables, on introduit le nez dans le capuchon e, 
on respire et on regarde l’image du tube A dans un miroir tenu à 
la main ou fixé sur un support convenablement placé. Si la tempé- 
rature de A est suffisamment basse, on voit un nuage se former 
dans l’expiration et disparaitre dans l'inspiration. En maniant 
convenablement cuves et robinets, on élève progressivement la 
température de À jusqu’au moment où le nuage ne se forme plus 
dans l’expiration. On note la température donnée par le thermo- 
mètre p. En faisant la manœuvre inverse, on abaisse la température 
jusqu’au moment où le nuage réapparaît et on lit à nouveau la 
température de p. On obtient ainsi deux valeurs dont on prend la 
moyenne ; cette moyenne est la température à laquelle est maxima 


366 P. LESAGE 


la tension actuelle et cherchée dela vapeur d’eau dans l’air expiré. 
On trouve cette tension dans les tables des forces élastiques maxima. 

Ce mode opératoire suppose qu’une seule personne fait fonction 
d’opérateur et de sujet. Dans le cas de deux personnes, le miroir 
devient inutile; l'opérateur manœuvre les cuves, les robinets et 
observe directement le tube A ; le sujet ayant placé son nez dans 
le capuchon e, n’a qu’à respirer sans autre préoccupation. 

Une remarque importante s'impose dès maintenant en ce qui 
concerne la signification des mesures faites avec cet hygromètre. 
Ce que l’on note, c’est la tension maxima de la vapeur d’eau 
correspondant à la température indiquée par le thermomètre p, 
au moment où, par exemple, la buée disparaît quand on élève 
progressivement la température de A. Cela veut dire que l’air qui 
passe sur À renferme de la vapeur d’eau à cette tension et qu'il n'y 
en a pas à une tension plus forte, mais n'indique nullement qu'il 
n' yen à pas à une tension plus faible. En d’autres termes cet 
instrument, employé comme il a été dit, ne mesure que la tension 
de vapeur d’eau la plus élevée dans l’air exploré, que cet air soit 
également ou inégalement humide dans ses diverses parties. 

Voyons maintenant ce qu’il m'a donné dans la recherche des 
diverses manières d’être possibles de l’air expiré. 

Voici une première mesure confirmée par beaucoup d’autres 
qu'il est inutile de citer. L’air expiré ayant une température de 
39°,6 (1), la tension de la vapeur d’eau la plus élevée dans cet air 
expiré normalement a été de 36%m9, mesurée en colonne de mer- 
cure. Cette première mesure élimine les deux premières manières 
d'être. En effet, à 35°6, la tension maxima est de 43mm1{, à la tem- 
pérature du corps humain elle est encore plus élevée. L’air expiré 
n’est donc pas saturé de vapeur d’eau à la température du corps 
humain, ni à sa propre température ; il n’est pas saturé de vapeur 
d’eau. | 

Bien que non saturante, la vapeur d’eau de l’air expiré pourrait 
peut-être avoir une valeur constante, c’est-à-dire être indépendante 
des circonstances. Mais il n’en est rien. En effet, si nous faisons . 
varier ces circonstances, nous obtiendrons des valeurs difiérentes. 


(1) Cette température a été mesurée par la méthode de Gréhant ; Cf. Recherches 
physiques sur la respiration de l'Homme. Journal de l’anat. et de la physiol., 
1864. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 367 


Voici, à titre d'indication, deux groupes de mesures correspondant 
aux deux sortes de circonstances, les internes et les externes. 


Circonstances internes : état de repos, état d'activité. J'ai mesuré 
d’abord la tension de la vapeur d’eau dans ma respiration après 
un long temps de repos, et j'ai obtenu la valeur 36mm9 ; puis, après 
dix minutes d'exercices d’assouplissement, j'ai trouvé 38mm4. 
Donc la tension de la vapeur d’eau dans l'air expiré varie avec 
l’état du sujet. 

Circonstances externes. — Air sec, air humide. — Je me suis 
confectionné deux grands récipients dont les parois étaient garnies 
de chlorure de calcium dans l’un, de mousse humide dans l’autre, 
et j'ai mesuré la tension de vapeur d’eau de l'air expiré dans ma 
respiration normale faite d’abord dans l’un des récipients et, immé- 
diatement après, dans l’autre ; voici les résultats : 

Dans le récipient à chlorure de calcium où l’hygromètre enre- 
gistreur indiquait un état hygrométrique de 0,50, la tension 
mesurée a été de 36mm7 ; dans le récipient à mousse humide où 
l’hygromètre enregistreur marquait 0,75, la tension a été de 
38mn6, La tension de vapeur d’eau dans l’air expiré varie suivant 
qu’on respire dans l’air sec ou dans l’air humide. 

Cette tension varie donc avec les circonstances internes et 
externes à l’homme. 

Cette conclusion élimine la troisième manière d’être. 

11 reste à dire quelle est celle des deux dernières manières qui 
est réalisée. Cela revient à répondre à cette question : La vapeur 
d’eau conteuue dans l'air expiré est-elle également distribuée dans 
ses diverses portions ou tranches, ou possède-t-elle une tension 
variable d’une tranche à l’autre ? 

Pour répondre à cette question, il m'a suffi de mesurer cette 
tension en fractionnant l’air de l’expiration. Dans tous les cas, le 
nez étant placé dans le capuchon de l’hygromètre, j'ai inspiré par 
le nez, mais j'ai expiré par le nez et par la bouche d’après les trois 
modes suivants : 

10 J'ai expiré par le nez la première portion de l'air qui a passé 
sur l’hygromètre pour y mesurer la tension; j'ai expiré la 
deuxième portion par la bouche en dehors de l’appareil. 

2 J'ai expiré la première portion par la bouche et la deuxième 


368 P. LESAGE 


portion par le nez pour la faire passer dans l’hygromètre et y 
mesurer la tension. 

3° J'ai fait l'expiration normale par la bouche et j'ai envoyé, par 
le nez, l'air de l’expiration forcée dans l’hygromètre pour y mesu- 
rer la tension de vapeur d’eau. 

Voici un exemple de ces mesures prises successivement sur la 
même personne et dans un temps très court. 


a | AS POLHIONE ANR UE NT AIO NU TE 
ion normale 

7. DEMDOFLION Se Len ANS  L'EN E NRES SL 

Expiration normale prolongée ou expiration forcée . . . . . . .  41""80 


Voici encore des mesures prises dans l'air sec et dans l'air 
humide qui font ressortir la même différence entre l’expiration 
normale et l’expiration forcée : 


Air sec Air humide 
Et. hyg. — 0,50 Et. hyg. = 0,75 
Expiration normale... ... SOU 3806 
Expiration forcée. ....... 40mm2 Anne, 


D'après ces mesures, c’est donc la cinquième manière d’être 
qui est réalisée et nous donne la conclusion de ces recherches : 
l'air expiré n’est saturé de vapeur d’eau ni à la température du 
corps humain, ni à sa température ; et la tension de cette vapeur, 
variable avec les circonstances externes et internes de l’homme, 
diffère d’une tranche à l’autre dans la même circonstance et 
augmente de l’entrée de la cavité respiratoire vers la profondeur. 

Nous avons là une distribution de la vapeur d’eau dans l’air 
expiré quiest rationnelle et s'explique de la même manière que 
la distribution de la température et de l'acide carbonique dans 
cet air. 

En effet, l'air expiré est composé, pour une grande part, de l’air 
qui vient d’être inspiré ; or, cet air est inspiré à la température 
extérieure et ne prend pas instantanément la température du corps 
humain, de même qu'il ne se sature pas instantanément, pas plus 
que l'acide carbonique contenu dans l’air de la capacité pulmo- 
naire n’y difluse instantanément. Pour ces raisons, l’air expiré. 
peut se concevoir aisément comme constitué par une série de 
tranches dans lesquelles la température comme la tension de la 
vapeur d’eau, comme la teneur en acide carbonique, diffère d’une 
tranche à l’autre et augmente de la tranche qui est à l’entrée, dans 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 369 


le nez, aux tranches de plus en plus éloignées vers la profondeur 
de la cavité respiratoire. 

Le tableau suivant donne le rapprochement de mesures carac- 
téristiques de ces trois états de l’air dans l’expiration. Il contient, 
pour la vapeur d’eau, quelques-uns des chiffres précédents ; pour 
la température, des chiffres obtenus avec l'appareil Gréhant (1) ; 
pour la teneur en acide carbonique, des chiffres fournis par le 
dosage avec la potasse de cet acide carbonique dans l'air fractionné 
et expiré dans des sacs de caoutchouc. 


Température de l'air| Tension de la vapeur|Teneur en acide car- 
expiré, la tempéra-| d'eau dans l'air ex-| bonique dans l'air 


ture extér. élant 150.| , piré. expiré. 
Expiration| 1° portion.@ 3209 34046 2,030 °/, 
normale } > portion.b 35,0 382103 &,020 
Expiration prolongée...c 35,6 410080 4,713 °/o 


Je dois dire que ces chifires ne sont comparables que dans la 
même colonne, car les expériences dans lesquelles ils ont été 
obtenus ont été faites à des dates différant d’une colonne à l’autre 
et assez éloignées, par conséquent, dans des circonstances qui ne 
doivent pas être comparées. Je ne les ai rapprochés que pour 
montrer à < b < c dans chacun des trois cas. D'ailleurs, à part la 
tension de vapeur d’eau dont la mesure m'est bien personnelle, je 
n’ai fait ces mesures qu'après Gréhant et d’autres physiologistes, 
pour la température, et qu'après Vierordt (2) pour la teneur en 
acide carbonique. 

On serait peut-être tenté de tirer de ce rapprochement une 
question concernant la saturation de l’air expiré et qui serait la 
suivante. Puisque la température de l’air expiré augmente de 
l’entrée vers la profondeur des voies respiratoires, et puisque cet 
air renferme de la vapeur d’eau à une tension croissant dans le 
même sens, ne se pourrait-il pas que l’air expiré fût toujours 
saturé à des températures de plus en plus basses de la profondeur, 
vers l’entrée ? 


(1) GRéHANT, Recherches physiques sur la respiration de l'Homme. Journal de 
l’anat. et de la physiol., 1864, p. 523. 

(2) Vrerorpr, Anatomische Daten und Tabellen, 2° édition, 1893. — Cf. 
aussi P. LesAGE. Distribution de la vapeur d’eau et de l'acide carbonique dans 
l'air expiré. Bull. de la Soc. sc. et méd. de l'Ouest, 1903. 


19 
ES 


Archives de Parasitologie, VIT, n° 3, 1904, 


970 P. LESAGE 


Pour répondre à cette question, reportons-nous à la première 
mesure de tension : 

Température de l’air expiré, 35°6. 

Tension maxima de la vapeur d’eau à 35°6, 43mmf, 

Tension mesurée par l’hygromètre respiratoire 36mm9, 

La tension allant en augmentant de la périphérie vers la profon- 
deur et l’hygromètre mesurant seulement la tension la plus élevée, 
36mm9 est la tension de la vapeur d’eau dans la dernière tranche de 
l'air expiré. D'autre part, la température allant en augmentant, 
elle aussi, de la périphérie vers la profondeur, au moins dans l’air 
expiré si l’appareil de Gréhant mesurait: la température la 
plus élevée, 3506 serait la température de la dernière tranche d’air 
expiré. Dans ce cas, cette dernière tranche ne pourrait pas être 
saturée puisque la tension de vapeur d'eau y est de 36mm9, au 
lieu d’être de 43mm1, tension maxima pour 356. Mais l’appareil de 
Gréhant ne mesure qu’une sorte de moyenne des températures et, 
par conséquent, qu’une température un peu plus basse que celle 
de la dernière tranche. Donc cette dernière tranche a une tempé- 
rature un peu plus élevée que 35°6 ; si elle n’est pas saturée à 356, 
à fortiori, elle ne peut l’être à une température plus élevée. 

Le même raisonnement s’appliquerait aux mesures faites sur la 
première portion de l'expiration normale et, d’une manière géné- 
rale, à toutes les tranches explorées. 

Nous pouvons donc dire que l'air expiré n’est jamais complè- 
tement saturé de vapeur d’eau à sa température, qu’il contient de 
la vapeur d’eau dont la tension va en augmentant des narines vers 
la profondeur de la cavité respiratoire et varie de la tension dans 
l’air extérieur jusqu’à une tension que mesure l’hygromètre respi- 
ratoire dans l’expiration normale ou dans l’expiration forcée. Mais 
cette tension n’est pas constante puisqu'elle varie avec les circons- 
tances internes et externes à l’homme, de telle sorte qu’elle ne peut 
s'exprimer par un nombre constant. Il faudrait la mesurer dans 
toutes les circonstances possibles et imaginables; je ne l’ai pas fait 
parce que j'ai obtenu une allure générale dont je puis me contenter 
pour mes vues théoriques. D'ailleurs cette allure générale, bien 
définie, représente une indication beaucoup plus précise que tout 
ce que nous possédions jusqu’à présent sur l’hygrométrie de l'air 
expiré. 


« 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 374 


HYGROMÉTRIE DE L'AIR INSPIRÉ 


L'air inspiré renferme de la vapeur d’eau qui, à l’entrée des 
narines, possède la même tension que celle de l'air extérieur et 
peut se mesurer avec les hygromètres ordinaires. En pénétrant 
dans les voies respiratoires, cet air se charge de plus en plus de 
vapeur, à mesure que la première tranche s'enfonce davantage. 
En même temps, sa température augmente. Si on se base sur les 
données fournies par l'étude de l’air expiré, l'air inspiré ne se 
sature pas instantanément de vapeur d’eau, pas plus qu’il ne prend 
instantanément la température du corps humain, pas plus que 
. l'acide carbonique n’y diffuse instantanément. D'autre part, l'air 
expiré n'étant jamais saturé à sa température, on est tenté de dire 
qu’il en est de même pour l’air inspiré dans son mouvement de 
translation ; mais il est difficile sinon impossible d'en faire la 
preuve directe. 


HYGROMÉTRIE DE LA CAPACITÉ RESPIRATOIRE 


Nous ne possédons rien sur cette hygrométrie. Il est probable 
que l’air de cette région est très près de la saturation à sa tempé- 
rature ; mais je me refuse à croire que la saturation y soit rigou- 
reusement complète. Dans les poumons, l’air est au contact de 
cellules vivantes et de liquides qui ne sont pas de l’eau pure, qui 
doivent agir comme des solutions salines et n’admettre à leur sur- 
face qu’une tension un peu inférieure à la tension maxima ; si 
faible que soit la diminution de tension, elle doit exister. Les 
mêmes raisons ne pouvant être données pour la température, nous 
pouvons admettre que, dans les parties profondes des alvéoles, l'air 
prend la température de la paroi. Dans ‘ces conditions, l’air ne 
serait donc jamais complètement saturé de vapeur d’eau à sa 
température. 

Après tout, l’hygrométrie nous intéresse moins dans cette région 
que nous ne pouvons explorer et où nous ne ferons point porter 
nos expériences. 


372 P. LESAGE 


HYGROMÉTRIE D’UN POINT DE LA PAROI 


Pour acquérir une notion utile de cette hygrométrie, il est néces- 
saire d'établir des régions dans les voies HESORNIQUEE : prenons, 
par exemple, la division suivante : 

1° Région occupée, avant l'expiration, par l'air qui va être expiré ; 

2° Région plus profonde. 

La première région, qui est d’une capacité de 500: environ, 
comprend les fosses nasales, le pharynx, le larynx, la trachée, les 
grosses bronches et une portion des alvéoles; ce qui nous intéresse 
surtout, ce sont les fosses nasales, le pharynx, le larynx, la trachée 
et les bronches. Limitons-nous à l’étude de ce qui peut se passer 
dans ces seuls organes. 

Considérons un point de leur paroi interne et cherchons à con- 
naître le régime hygrométrique auquel il peut être soumis dans la 
respiration. 

Il y a, dans l'état actuel de nos connaissances, impossibi- 
lité matérielle de connaître à chaque instant, la tension de la 
vapeur d’eau dans chaque tranche d’air qui frôle un point déter- 
miné de la paroi de la cavité respiratoire ; impossibilité parce 
qu’on sait seulement que cette tension augmente avec la profon- 
deur, sans connaître rigoureusement la loi de cette variation et 
parce qu’elle est encore sous la dépendance des circonstances ; 
impossibilité parce que, même connaissant cette loi, nous ne 
pourrions l’appliquer rigoureusement, sachant que, dans la veine 
d'air qui se déplace, nous devrions encore tenir compte de la 
différence des vitesses de la partie axiale et de la partie périphé- 
rique de cette veine. 

Nous ne pouvons donc rechercher que des limites approxima- 
tives entre lesquelles peut varier la tension de la vapeur d’eau 
dans les tranches qui frôlent le point considéré. 

Distinguons, coniormément à ce programme, trois points PERS 
cipaux dans la respiration normale : 

À, à l’entrée des fosses nasales ; 


B, à l’entrée des bronches dans les poumons ; 
C, en un point intermédiaire entre A et B. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 373 


Pour simplifier le texte et éviter des redites, appelons : 

{,, la tension de la vapeur d’eau dans l’air extérieur ; 

ft une tension intermédiaire entre Letter 

f,, la tension de la vapeur d’eau mesurée avec l’hygromètre 
respiratoire dans l'expiration normale, c’est la tension de la 
dernière tranche de l’air expiré normalement ; 

f,, une tension intermédiaire entre f, et f, ; 

Ï,, la tension de la vapeur d’eau mesurée avec l’hygromètre 
respiratoire dans l’expiration forcée ; c’est la tension de la dernière 
tranche d’air de l'expiration forcée. 


A. A l'entrée des fosses nasales. — Un point A, placé à l’entrée des 
voies respiratoires, est frûlé par de l’air inégalement chargé de 
vapeur d’eau dans les deux mouvements d'inspiration et d'expira- 
tion. : 

Dans l'inspiration, la tension de vapeur d’eau ne change pas, 
c’est celle de la vapeur d’eau dans l’air extérieur, c’est-à-dire f1, 
ou plus exactement, la tension de la vapeur d’eau étant fs à la fin 
de l'expiration normale, elle saute brusquement à fi, sans transi- 
tion, quand l'inspiration commence et conserve cette valeur 
jusqu’à la fin de cette inspiration. 

Dans l’expiration, elle change beaucoup ; ses limites sont les 
suivantes : limite inférieure, f1 ; limite supérieure, fs, entre 
lesquelles le passage se fait progressivement. 

Elle varie donc de f à fs ; cela veut dire que, dans l'expiration, 
des tranches d'air chargées de vapeur d’eau à toutes les tensions 
comprises entre f et fs, passent successivement sur le point A. 

Au total, dans.la respiration normale, il y a alternance de deux 
courants d’air, l’un relativement sec, contenant de la vapeur d’eau 
à la tension , l’autre de plus en plus chargé de vapeur d’eau à 
une tension augmentant de f1 à f:. Ce qu'on peut représenter par : 
( brusque de f: à 1, dans l'inspiration ; 


Variation x à ABB 
| progressive de f1 à fs, dans l'expiration. 


B. À l'entrée des bronches dans les poumons. — Pour comprendre 
entre quelles limites varie la tension de la vapeur d’eau dans les 
tranches qui frôlent le point B, il faut considérer attentivement la 
marche des mouvements de la respiration. 

Prenons la série des phénomènes à la fin de l’expiration normale. 


374 P. LESAGE 


A ce moment, la région AB ést remplie par une partie de l'air 
qui serait expulsé dans l’expiration forcée si on la pratiquait, 
mais seulement par une partie de cet air. En effet, cette région a 
une capacité moindre que 500, par conséquent plus petite que 
les 1500< qui mesurent le volume de l'air de l'expiration forcée. 
Par conséquent, la dernière tranche de cette expiration forcée et 
dans laquelle la tension est voisine de f5, est beaucoup plus pro- 
fonde qu’en B. Il en résulte que la tranche d’air qui est actuelle- 
ment en B, contient de la vapeur d’eau à une tension qui est 
inférieure à f; et que nous appelons ix. 

Dans l’inspiration, l’air qui frôle B renferme de la vapeur d’eau 
à une tension qui diminue de f; à une valeur que nous appelons ke, 
et qui est plus petite que fs, mais plus grande que f1 parce que cet 
air a déjà parcouru le chemin de A à B ; par conséquent l’air qui 
frôle B renferme de la vapeur d’eau dont la tension va en dimi- 
nuant de f: à fi. 

Dans l’expiration, l’air qui frôle B renferme de la vapeur d’eau 
à une tension qui va en augmentant de fo à fs. 

En somnie, le point B est frôlé alternativement par deux courants 
d’air de sens contraire, l’un où la tension de la vapeur d’eau va en 
augmentant de f2 à f, l’autre où la tension va en diminuant de 
f; à fo ; ce qu’on peut représenter par : 


Variation (| de f; à >, dans l'inspiration ; 
progressive ( de fo à f:, dans l'expiration. 


Remarquons, en insistant, que la tension la plus élevée est f:, 
que i; est plus petite que fs et rappelons que f;, que nous avons 
mesurée et trouvée égale à 41mm4, par exemple, est loin d’atteindre 
4'mm9 qui est la tension maxima pour 345, température du corps 
humain. 


C. En un point intermédiaire entre A et B. — Si, au lieu de consi- 
dérer un point unique bien déterminé de la paroi, nous considé- 
rons plusieurs points C situés entre A et B et qui sont de plus en 
plus rapprochés de B ou de plus en plus rapprochés de À, nous 
aurons deux cas intéressants à étudier. 

En un point C se rapprochant de plus en plus de B,. les variations 
dans les deux courants seront sensiblement les mêmes qu’en B et 
pourront se représenter par la formule : 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 375 


( de f’: à f, dans l'inspiration ; 
| de f> à fs, dans l'expiration, 
où f? tend vers £ et f’* tend vers f:, valeurs qu'elles atteignent en B. 
En un point C se rapprochant de plus en plus de A, les varia- 
tions se feront de la manière suivante : 
Dans l'inspiration, elles se feront de fs + x à f + x’ et, dans 
l'expiration, de f; + x’ à fs + x à peu près, ce qui revient à la for- 
mule générale 


Variation 


. …  ( defzàf2, dans l'inspiration; 
Narauon t de f' à F4, dans l'expiration ; 
; ; 
où f”2 tend vers f1, 4 vers fs, valeurs qu'elles atteignent en A parce 
x devient nulle ; alors le passage de f’: se fait brusquement à f, 
c'est-à-dire à f1. | 

Dans le premier cas, f’2 et f’: vont en augmentant dans la for- 
mule générale, en considérant un point C de plus en plus rapproché 
de B ; dans le second cas, f2 et f’: vont en diminuant quand on 
considère un point C de plus en plus rapproché de A. 

Dans les deux cas, les deux courants sont constitués par de l'air 
de plus en plus ou de moins en moins chargé de vapeur d'eau, où 
les tensions de cette vapeur varient de la même manière, mais 
entre les limites différentes, plus élevées quand on se rapproche 
de B, plus basses quand on revient vers A. 

Ce sont les seules notions que nous puissions établir en ce 
moment, mais si vagues qu'elles paraissent, elles pourront nous 
servir. 

Nous résumerons cette partie en disant : que l’air des poumons, 
quelque région qu'il occupe, n’est jamais complètement saturé de 
vapeur d'eau à sa température ; que, dans l’air expiré, la tension 
de la vapeur d’eau augmente de celle de la première tranche sortie 
à celle de la dernière tranche qui sort dans l’expiration, c'est-à- 
dire de f, tension dans l'air extérieur, jusqu’à f;, tension qui 
mesure l'hygromètre respiratoire dans l'expiration normale, ou 
jusqu’à f; tension, mesurée dans l'expiration forcée ; et, enfin, que 
la valeur de cette tension, dans une même tranche est sous la 
dépendance de circonstances extérieures et de circonstances inté- 
rieures à l’homme; en particulier, cette tension varie dans une 
même tranche, quand la quantité de vapeur d’eau dans l'air exté-' 
_ rieur et l’état du sujet sont modifiés. 


376 P. LESAGE 


GERMINATION DES SPORES DANS L’AIR HUMIDE 


La germination des spores placées dans l’air humide ne dépend 
que de l’état hygrométrique ; sa vitesse augmente quand l’état 
hygrométrique augmente, elle diminue quand l’état hygrométrique 
diminue et il y a un état hygrométrique limite, au-dessous duquel 
la germination ne se fait plus. 

J’ai étudié cette germination le plus souvent avec des spores de 
Penicillium glaucum, maïs quelquefois aussi avec des spores de 
Lterigmatocystis nigra. Les résultats de cette étude ont été obtenus 
plus particulièrement avec le Penicillium ; mais on peut les rap- 
porter au Sterigmatoceptis, à quelques difiérences de détail près. 
Je pense que les spores de beaucoup de moisissures donneraient 
également l’allure de ces mêmes résultats. 

Ces spores, müres et bien coniormées, germent quand on leur 
fournit de l’oxygène, de la chaleur et de l'humidité en quantité 
convenable ; c’est ainsi que j’ai pu faire germer des spores de mes 
deux champignons en les plaçant à nu sur des lames de verre et 
en leur fournissant seulement les conditions extérieures que je 
viens d'indiquer. J’ai discuté ailleurs pour le Penicillium glaucum (1) 
les quantités limites de germination pour ces trois conditions, 
je ne veux m'attacher en ce moment qu’à l’étude particulière de 
la condition d'humidité appliquée à une spore germant dans l’air 
humide. Voici d’ailleurs, rapidement donnés, les renseignements 
qui concernent les deux autres conditions : 

Température : limite inférieure 405 à 205 ; 

limite supérieure 44° à 43°: 
optimum 22° à 260. 

Oxygène : Les spores peuvent germer dans l'oxygène pur, dans 
l’atmosphère ordinaire et dans une atmosphère contenant de très 
petites quantités d'oxygène, mais avec des retards sur la germi- 
nation normale dans l’air ordinaire. 

Pour apprécier la condition d'humidité dans l’air, nous n’avons 
que deux moyens assez différents : 


(1) P. Lesage, Recherches expérimentales sur la germination des spores de 
Penicillium glaucum. Ann. des sc. nat., Botanique, (&), I, p. 309, 1895. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 377 


10 mesurer le poids de vapeur d’eau par unité de volume d’air. 

20 mesurer l’état hygrométrique de cet air. 

J’ai été amené, par de nombreuses expériences, à constater que 
la mesure du poids de vapeur d’eau, faite seule, est sans impor- 
tance dans la germination des spores, ne peut nous renseigner sur 
la possibilité de cette germination, mais que l’état hygrométrique 
nous renseignera au contraire très bien. Autrement dit, cétte ger- 
mination ne dépend que de l’état hygrométrique, et nullement de 
la quantité absolue de vapeur d’eau considérée seule. 

Il faut bien s'entendre et, pour cela, rappelons la définition de 
cet état hygrométrique : c'est le rapport de la tension actuelle Î de 
la vapeur d’eau dans l’air à la tension maxima F de cette vapeur, 


à la température de cet air, _ ; ou encore, le rapport de la quan- 


tité en poids p de vapeur d’eau qu’il y a actuellement dans l’unité 
de volume d’air, à P la quantité la plus élevée, maxima de vapeur 
d’eau que le même volume d’air puisse contenir à la température 


qu'il possède en ce moment, + Cet état hygrométrique se repré- 


| Î 
sente donc par E — —. 
épi 
Il est évident que la germination étant sous la dépendance de 
P 


l’état hygrométrique ?-, la quantité absolue de vapeur d’eau p 


12 
peut être considérée dans cette germination puisque c’est un des 
termes de l’état hygrométrique ; mais elle ne doit être considé- 
rée que de la même manière que l’on considère l’un quelconque 
des termes d’une fraction ou d’un rapport, terme dont la seule 
valeur ne peut renseigner sur la valeur de la fraction, du rapport. 
Dans ce cas particulier, la quantité p considérée seule, ne 


P 


pouvant renseigner sur la valeur du rapport pe qui seul 


règle la germination, ne peut régler cette germination qui alors 
en est indépendante. 

Voilà ce qu’il faut entendre par ce que je viens de dire : la ger- 
mination ne dépend que de l’état hygrométrique, DE elle est indé- 
dante de la quantité absolue de vapeur d’eau par unité de volume 
d’air considérée seule. 


378 P. LESAGE 


J'ai fait de nombreuses expériences en les modifiant et en les 
répétant sous diverses formes pour établir et vérifier directement 
ou indirectement cette loi. Je puis les grouper de la manière 
suivante, en envisageant la germination : 

4° Dans une atmosphère confinée reposant sur des solutions de 
chlorure de sodium et dans laquelle f et F varient proportionnelle- 


f 
ment, de telle sorte que F reste constant ; 


2 Dans une atmosphère au repos où f reste sensiblement cons- 


Ï à 
tant alors que F change, où, par conséquent, F augmente ou di- 
minue quand F diminue ou augmente ; 


30 Dans une atmosphère en mouvement où f reste sensiblement 


Î QUE 
constant quand F change : F augmente où diminue quand F aug- 
mente ou diminue quand F diminue ou augmente ; 


4° Dans une atmosphère en mouvement dans laquelle F reste 


naine é Due Î 
constant, mais où i prend des valeurs difiérentes ; Fe augmente 
ou diminue quand Î augmente ou diminue ; 
5° Dans une atmosphère en mouvement où f et F varient sans 


; Î : 
rester proportionnelles et par conséquent dans laquelle TF varie 
aussi, en même temps ; 


6° Dans une atmosphère en mouvement, les spores flottant sur 
l’eau. 


GERMINATION DES SPORES DANS UNE ATMOSPHÈRE CONFINÉE, 
REPOSANT SUR DES SOLUTIONS DE CHLORURE DE SODIUM ET 
DANS LAQUELLE f ET F VARIENT PROPORTIONNELLEMENT, DE 


f “ 
TELLE SORTE QUE F RESTE CONSTANT 


Pour étudier la germination des spores dans ces conditions, j'ai 
suspendu une lamelle (fig. 3) portant des cultures sur gélatine ou 
sur gélose m, dans des flacons fermant hermétiquement et au- 
dessus de solutions de Na CI diversement concentrées n. Ces 
cultures placées dans les mêmes conditions, à part la solution, se 
trouvaient à un état hygrométrique constant et, en particulier, 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 379 


indépendant de la température, ce qui me permettait de négliger 
les variations de cette température dans des expériences de longue 
durée. En outre, il m'était possible de calculer rapidement les 
valeurs de l’état hygrométrique par la formule 
1 — na et de les comparer. 

En effet, nous savons que, sur les solutions 
salines, la tension de la vapeur d'eau est infé- 
rieure à la tension sur l’eau pure, à la même 
température. 

Soit F la tension de vapeur de l'eau pure; 
£<F, la tension à la même température, d’une 
solution considérée de Na CI, F—f sera la dimi 
aution de tension. D’après la loi de Babo (1); la 
diminution de tension de vapeur est, à toutes les 
températures, la même fraction de la tension de vapeur émise par 
l'eau pure. Ceci se traduit par F—f = FC, C étant plus petit que 1 


et une fraction constante. On tire de = = (rai FT = (= 


constante encore. Le rapport des tensions de la dissolution et 


Î à 
de l’eau pure F est donc indépendant de la température. Or ce 


rapport n’est autre que l'expression de l’état hygrométrique de 
l’air dans lequel se trouvent les spores. 


D'autre part, d’après la loi de Wüllner (2) la diminution de 
tension croît à une température donnée, proportionnellement à la 
quantité de Na CI dans le même poids d'eau. On peut le représenter 
ainsi : 

F—i = naF 
où n est le nombre de grammes de Na CI dissous dans 100 gr. d'eau 
et a un facteur constant que Wüllner a trouvé égal à 0,00601 pour 
le sel marin. On peut tirer de là : 
f = F—naF = F (1—na) 


d’où _ = 1—na — {—n X 0,00601 


(1) Traité de physique biologique publié sous la direction de MM. d’ARSONVAL, 
GaRIEL, CHAUVEAU et Marey ; Cf 1, 1901, p. 579. 

(2) Traité de physique biologique, p. 580. — Würiner, Versuche über die 
Spannkraft des Wasserdamptes aüs Wässerigen Salzlôsungen. Annalen, Pog- 
gendorff, CIIL, p. 529. 


380 P. LESAGE 


Bien que les lois de Babo et de Wüllner ne soient pas rigoureuses 
pour tous les corps, elles sont assez approchées empiriquement 
pour conserver une valeur pratique ; particulièrement dans les cas 
de NaCI dissous dans l’eau et de la concentration des dissolutions 
que j'ai ‘employées, j'ai pensé que je pouvais considérer l'état 
hygrométrique comme constant. | 

J'ai donc fait de nombreuses solutions de NaCI contenant n gr. de 
sel marin par 100 gr. d’eau, n variant de 0 à 35, au voisinage de la 
saturation, et c'est au-dessus de ces solutions que j'ai placé des 
cultures. J'ai répété un grand nombre de fois ces cultures dans des 
séries successives pour trouver la vitesse et, s'il était possible, la 
limite de cette germination, en observant de temps en temps les 
spores, au microscope et en notant, comme premier caractère de 
germination, l'apparition du tube germinatif avant qu il ait atteint 
le diamètre de la spore. 

En ce qui concerne la vitesse de la germination, j'ai constaté 
que, d’une solution à l’autre, les spores germent dans des temps 
inégaux et EE plus longs que la concentration est plus grande. 
J'ai été amené à conclure que la vitesse de germination diminue 
quand la concentration augmente, quand l’état hygrométrique 
diminue et, inversement, cette vitesse augmente quand la concen- 
tration diminue et quand l’état hygrométrique augmente. 

Quant à la limite de germination, je l’ai trouvée comprise entre 
les solutions à 26,5 °/ et 30 °/,, entre les états hygrométriques 
0,84 et 0,82. 

En eftet, j'ai vérifié que la germination se fait encore après un 
temps assez long, sur la solution à 26,5 °/, et que, après 171 jours, 
les spores n'étaient pas encore germées sur la solution à 30 °/, 
pas plus que sur les solutions plus concentrées. J’ai vérifié en 
outre que ce défaut de germination ne tenait pas aux spores, 
puisque, placées ultérieurement au dessus de l’eau pure, ces 
mêmes spores germaient en peu de temps, d’abord celles qui 
provenaient de la culture primitive sur solution à 30 °/,, puis celles 
des cultures sur solutions plus concentrées. Les spores germent 
donc encore sur les solutions à 26.5 °/, et ne germent plus sur les 
solutions à 30 ©/.. 

A quoi attribuer cette différence dans la germination des deux 
cultures ? A la seule différence qui existe entre ces cultures, à la 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 381 


différence d’humidité. Mais comment apprécier cette différence 
d'humidité. Quelle est la cause qui fait qu’il y a germination dans 
un cas, pas de germination dans l’autre ? Est-ce latension de vapeur 
d’eau, est-ce l’état hygrométrique ? Discutons celte question. 

Puisque les spores germent dans un cas et ne germent pas dans 
l’autre, c’est que, dans le premier, la condition d'humidité néces- 
saire à la germination est réalisée, tandis que, dans le second, elle 
ne l’est jamais. 

Quelle est la condition d'humidité qui a été réalisée dans la 
culture sur 26,5 °/, et ne l’a jamais été dans la culture sur 30 °/. ? 

Cherchons-la pour la tension de vapeur d’eau dans l’air. 

Remarquons que l’expérience a duré 171 jours pour ia culture 
sur solution à 30 °/.. Pendant ce temps, la température a varié d'un 
jour à l’autre et, dans un même jour, d’une heure à l’autre. Sup- 
posons que cette variation de température se soit faite seulement 
de 23° à 17, températures que je retrouve à chaque pas dans mes 
observations répétées, voici par quelles valeurs Î est passée, en la 
calculant par la formule donnée précédemment, 
f— F(1— na) —=F(1— n X 0,00601) où n — 30 d’une part et n — 
26,5, d'autre part. 

Pour la solution à 26,5 °/, — 17mm49 ; 16,48 ; 15,55 ; 14,63 ; 13,70 ; 
12,86 ; 12,11, etc. 

Pour la solution à 30 °/0 — 17mm05 ; 16,07; 15,17; 14,26 ; 13,26 ; 
13,36 ; 12,51 ; 11,80, etc. 

Nous voyons que, à part la tension 17""49, toutes les valeurs de 
f ont été fournies aux deux cultures ; 17249 est donc la tension 
réalisée dans la culture sur 26,5 °/o et jamais réalisée dans la 
culture sur 30 ‘/.. Est-ce cette tension qui est la condition néces- 
saire à la germination ? Oui s’il est prouvé que les spores ne 
germent jamais à une tension inférieure à 17,49, non, si elles 
germent au-dessous de 17mm49, Mais la germination peut se faire 
à une tension bien inférieure à 17"m49, En effet, les spores, placées 
dans une atmosphère confinée reposant sur l'eau pure germent, 
en général, entre les limites de température 195 et 43° ; en particu- 
lier, elles germeront donc de 105 à 20°, température pour lesquelles 
les tensions maxima sont comprises entre 5mm1{ et 17mm4, Elles 
germent donc à une tension bien inférieure à 17"m49. 


382 ] P. LESAGE 


Par conséquent la tension n’est pas la condition d'humidité 
nécessaire à la germination. 

Cherchons-la pour l’état hygrométrique de l'air. 

Si nous calculons avec la formule — 1— na —1—n X 0,00601 
les états hygrométriques de l’air dans lequel sont les spores dans 
les deux cultures, nous avons : 

Pour la solution à 26,5 °/o : 1 — 26,5 X 0,60601 := 0,84. 

Pour la solution à 30 0/6 : 1 — 30 X 0,00601 — 0,82. 

Nous savons, en outre, que, quelle qu'’ait été la température, ces 
états hygrométriques sont restés constants. Il y a donc eu une 
condition d'état hygrométrique réalisée dans la culture sur 26,5 ‘/o 
qui ne s’est jamais réalisée dans la culture sur 30 °/, pas plus que 
sur les solutions plus concentrées que 30 °/,, l’état hygrométrique 
0,84. Est-ce cet état hygrométrique qui est la condition nécessaire 
à la germination? 

Oui s'il est prouvé que la germination ne se fait jamais au- 
dessous de l’état hygrométrique 0,84, à un état hygrométrique 
égal ou inférieur à 0,82; non si la germination se fait quelquefois 
au dessous de 0,82. 

Depuis la première expérience jusqu’à maintenant, je n'ai pas 
trouvé de spores de Penicillium glaucum germant à un état hygro- 
métrique inférieur à 0,82. 

L'Etat hygrométrique est donc bien la condition d'humidité 
nécessaire à la germination. D'ailleurs on aurait pu dire que la 
condition d'humidité ne pouvant s’apprécier que par la tension de 
vapeur f ou, ce qui revient au même, par le poids p, et par l'état 
hygrométrique, s’il est démontré que la tension n’est pas la condi- 
tion d'humidité nécessaire à la germination, cette condition néces- 
saire ne peut être que l’état hygrométrique ; mais il vaut mieux 
tirer cette conclusion de déductions plus précises, c’est ce que je 
crois avoir fait. 

La germination des spores dans l’air humide est donc indé:- 
pendante de la tension î de la vapeur d’eau, considérée seule, elle 


- ee Î k ‘ 
ne dépend que de l’état hygrométrique — ; la vitesse de germi- 


nation augmente quand l’état hygrométrique augmente, et diminue 
quand l’état hygrométrique diminue ; à la limite, c’est-à-dire quand 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES _ 383 


la vitesse devient nulle, l'état hygrométrique est 0,82 ou est com- 
pris entre 0,82 et 0,84 ; il y a donc, pour la germination des spores 
de Penicillium glaucum, un état hygrométrique limite compris entre 
0,82 et 0,84, au-dessous duquel la germination ne se fait plus. 


+ 


GERMINATION DES SPORES DANS UNE ATMOSPHÈRE AU REPOS 
OÙ f RESTE CONSTANT, ALORS QUE F CHANGE, OU, PAR CON- 

à f 
SÉQUENT, —— AUGMENTE OU DIMINUE QUAND F DIMINUE OÙ : 


AUGMENTE. 


Les expériences précédentes démontrent que la germination ne 


dépend pas de Î mais bien de = . Nous avons plusieurs autres 


moyens de démontrer et de vérifier cette loi. En voici un dans 
lequel Î restant la même, on fait varier F seulement. Dans ces 
conditions, on a germination ou non suivant la valeur que prend F, 
ce qui montre bien l'indépendance de la germination vis-à-vis de Î. 

Prenons une série caractéristique d’expériences. 

J'ai placé neuf flacons ouverts sous une grande cloche saturée 
de vapeur d’eau à la température d’une cave, 165. Je les ai laissés 
ainsi pendant 16 heures pour permettre à l’air contenu dans ces 
flacons de se charger d'humidité jusqu’au voisinage de la satu- 
ration à cette tempéralure. Après ce temps j'ai mis, dans chacun 
d’eux, une lame de verre portant une culture de spores compa- 
rables de Penicillium, et je les ai fermés hermétiquement. J'en ai 
fait trois lots de trois flacons chacun, un que j'ai laissé dans la 
cave à 460,5; l’autre que j'ai laissé dans le laboratoire où la tempé- 
rature a peu varié autour de 22°. Le troisième a été mis à l’étuve, 
à la température de 32. Chaque lot était accompagné de cultures 
témoins, faites dans les mêmes conditions que les précédentes, 
mais placées dans des flacons contenant un peu d’eau pour main- 
tenir l’air à suturation. En examinant ces cultures témoins de 
temps en temps, je pouvais suivre la germination normale. 

Voici dans ces témoins, l’ordre de germination déterminé par la 
seule action de la température. 

La germination a commencé dans moins de 24 heures d’abord 
à 22°, puis à 32°; les cultures placées à 16%5, sont en retard sur les 
deux autres. 


384 P. LESAGE 


Remarquons deux choses concernant cette germination normale. 


4° Elle s’est faite dans moins de 24 heures. 
2% Elle se fait le mieux et le plus vite à 22°. 


Quant aux autres cultures je les ai observées par deux fois : une 
première fois après 6 jours de semis ; une seconde fois après 10 jours. 

Après le sixième jour comme après le dixième, je n’ai constaté 
de germination que dans le lot laissé dans la cave, à la tempéra- 
ture de 16°%5. 

Cette série d’expériences est suffisamment démonstrative. En 
effet, deux agents qui ont varié, pouvaient déterminer des diffé- 
rences dans la germination : la température et l'humidité. 


D'après les cultures témoins, la température 22 est la plus 
favorable pour la germination qui s’y fait le mieux et le plus vite; 
ce ne peut donc pas être la température qui, dans les autres cul- 
tures, fait que la germination se produit dans le lot conservé à 
16°5 et ne se fait plus dans le lot placé à 22 par exemple. C’est 
autre chose. Ce n’est pas davantage la quantité p de vapeur d’eau 
par unité de volume d’air, puisque cette quantité n’a pas changé 


dans tous les lots. Ce ne peut être que l’état hygrométrique 


Et on peut s'expliquer qu’il doit en être ainsi par ce qui a été dit 
au chapitre précédent. 

Considérons l’état hygrométrique de l’air où se trouvent placées 
les cultures dans les trois lots. 

Soit 13mm9, la tension maxima de vapeur d’eau à 16°5 ; 19mm6 à 
22%, et 35mm3 à 320. 

Supposons que, dans la première partie de l’expérience, l’air 
se soit complètement saturé de vapeur d’eau à 16°5 dans les flacons, 
et ceci n’est pas démontré, étant donnée la grande difficulté que 
j'ai toujours éprouvée à obtenir de l’air rigoureusement saturé, 
mais la démonstration n’en sera que mieux faite ; la tension f de 
l’état hygrométrique _ est restée égale à 13""9 ou, si on jait la 
correction en tenant compte du passage de 1605 à 22% à 3%, elle est 


devenue égale à : 
A4mm 1 à 22° 


J4nmm 6 à 32° 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 389 


Les états hygrométriques de l’air dans lequel se trouvaient les 
cultures étaient donc respectivement : 


à 15,9 

a 16°, 13,9 == il 
13.9 44,1 

ë 2 ER ——_— 

à - 0, 1.6 ou, plusexactement 19,6 0,71 | 
13,9 : 14,6 

à 22, 19.6 ou plus exactement — 0,41. 


Dans les cultures à 22° et à 320, les états hygrométriques 0,71 
et 0,41 étaient bien inférieurs à la limite de germination 0,82 ; 
d’après la loi il ne devait pas y avoir de germination, c’est ce que 
l’expérience a démontré. Donc la germination ne dépend pas def, 


; Î 
mais de Te 


Remarquons, en insistant, que ces expériences faites avec le 
Penicillium glaucum d’abord, ont été répétés avec le Penicillium et 
le Sterigmatocystis nigra. Pour ce dernier Champignon, comme 
pour le premier, la loi reste vraie, abstraction faite de différences 
de détail qui se sont présentées entre ces deux Moisissures, quant 
à la vitesse de germination et quant à la valeur de l’état hygromé- 
trique limite de germination. 


GERMINATION DES SPORES DANS UNE ATMOSPHÈRE EN MOUVE- 
MENT OÙ f RESTE SENSIBLEMENT CONSTANT QUAND F CHANGE, 


f 
FF AUGMENTE OU DIMINUE QUAND F DIMINUE OÙ AUGMENTE. 


Les expériences de cette série, tout en présentant les conditions 
fondamentales de la série précédente, en différent par ce fait que 
l’air est en mouvement, au lieu d’être au repos. Pour établir cette 
diflérence, il m'a fallu employer des appareils que je n’ai fait 
fonctionner qu’un temps assez limité, mais suffisant pour permettre 
de constater des différences de germination caractéristiques de 
l’unique influence de l’état hygrométrique. 

Voyons l'appareil représenté très schématiquement dans la 
figure 4. 

Il comprend un aspirateur T qui fait passer un courant d'air, 
ayant barboté dans un flacon laveur F, à l’intérieur d'un tube de 
caoutchouc sur le parcours duquel jai intercalé plusieurs cultures 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 5, 1904. 25 


386 P. LESAGE 


placées à des températures différentes et qui sont les suivantes en 
allant de F à T. Une culture A1, à la température du laboratoire ; 
une Culture B1, refroidie par un courant d’eau à une température 
un peu plus basse que celle du laboratoire ; une culture C1, mise à 
l'intérieur del'étuve E dont la température est maintenue au-des- 
sus des deux premières ; une culture B2 refroidie par le courant 
d’eau qui passe autour de B1 ; et, enfin, une culture A2 maintenue 
dans l’air du laboratoire et à sa température. 

Un mot des cultures elles-mêmes. Ce sont des spores compa- 
rables et semées sur goutte de gélose m adhérente à la paroi 
interne du tube P. Dans A1, A>et C1. ce tube P est simplement 
adapté au tube conducteur de caoutchouc. Dans B1 et B2. le tube 


Fig. 4. 


P est entouré par un petit manchon de verre disposé en réfrigérant, 
comme l'indique le schéma A et dans lequel passe le courant 
d’eau. Il y a, en plus, trois cultures témoins placées dans l’air saturé 
de vapeur d’eau à leur température : A3, à la température du labora- 
toire ; C: à celle de l’étuve ; et Bs, maintenue dans un cristallisoir 
N recevant l’eau ayant passé sur B:2 et B1 et dont la température, 
très voisine de celles de B: et B2, est mesurée par un thermomètre. 

Voici une expérience et sa discussion. | 

Les semis étant faits, les cultures en place, le courant d’air et 
le courant d’eau sont mis en marche et les températures relevées ; 
il est 7 heures du matin. 

Température du laboratoire, 24°. 

Température de B3, 18. 

L’étuve est réglée à 250. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 387 


Disons tout de suite, pour ne pas y revenir, que les températures 
du cristallisoir N et de l’étuve E sont restées constantes pendant 
toute la journée ; celle du laboratoire a un peu augmenté au- 
dessus de 21°. 

Il y a eu une légère condensation en B1 et B2 ce qui indique que 
l’air était saturé à la température de B1, à partir de B:, saturé à 
une température un peu plus élevée avant B1, et que B> était à une 
température un peu plus basse que B1, ce qui s'explique par un 
léger échaufiement de l’eau passant de B2 en B1 dans un milieu 
possédant une température plus élevée. Pour la même raison, 
nous devons penser que B3 était à une température un peu plus 
haute que les deux cultures précédentes; mais les différences 
étaient faibles et nous raisonnerons comme si ces trois cultures 
avaient la même température 18°. 

Rappelons la conclusion de la première série de recherches : 
La germination ne dépend que de l’état hygrométrique et sa vitesse 
diminue quand diminue cet état hygrométrique ou inversement. 
La durée assez courte de l’expérience actuelle ne me permettant 
pas de constater d’une manière indiscutable que les spores ne 
peuvent pas germer, je devrai me contenter de vérifier que les 
spores placées à un état hygrométrique élevé germent plus rapide- 
ment que les spores placées à un état hygrométrique inférieur, 
soit parce que ces dernières, ayant germé, ont donné un tube 
mycélien plus court, soit parce qu’elles ne sont pas germées du 
tout à la fin de l’expérience. 

Il est donc du plus grand intérêt de connaître les états hygromé- 
triques à la surface des cultures. 

Dans la culture A1 et Ac il est égal à 

F de 480 15,84 
F de 21° 18,49 

Dans la culture A3 l’air est saturé à 21° et l’état hygrométrique 

est égal à 
de 219 18/2900 
Fde 20 18,49 

Dans les cultures de B1, B2, Bs, il est égal à 1 puisqu'il y a eu 
condension en B1, B>, et puisque B; est dans de l'air confiné repo- 
sant sur de l’eau pure. Cet état hygrométrique peut se représenter 
comme ci-dessus : 


— 0,856. 


1h 


P. LESAGE 


CS 
2] 
(@2] 


F de 18° 15,54 
F de 18 15,88 

Dans la culture C1 il est égal à 
F de 180 15,84 le 
Fide 25 — 23,58 à PIE 

Enfin dans la culture C> l'air est saturé à 25° et l’état hygromé- 
trique est : 

F de 250 23,55 
MD HET 

S1 la loi est vraie, nous pouvons dire, avant toute observation 
directe des spores, que dès que les spores de A3 commenceront à 
germer, il ne devra y avoir de germination ni en A1, ni en A2, parce 
que si l’état hygrométrique 0,856, un peu supérieur à la limite 
0,82, indique qu'il doit y avoir germination dans un temps plus 
ou moins long, il fait prévoir aussi que le temps de germination 
sera certainement plus long qu’en A3. | 

Quand les spores germeront en B3, la germination devra être 
commencée en B1 et Bz. 

Enfin, quand C2: commencera à germer, il n’y aura pas de germi- 
nation en C1, par ce que 0.672 est plus petit que 1, et aussi parce 
que ces spores ne doivent jamais germer à un état hygrométrique 
aussi bas et au-dessous de 0,82. 

Il fallait donc suivre attentivement les cultures témoins A3, B:, 
C2. C’est ce que j'ai fait pour les deux premières par des obser- 
vations au.microscope convenablement espacées. 

À 5 heures du soir, la germination de A3 commence ; à 6 heures, 
celle de la culture B:. Il y a une petite différence due à la tempé- 
rature qui est 21° dans le premier cas, 18° dans le second. 

A 8 heures du soir, j'arrête l'expérience et je mets rapidement 
les cultures dans l’alcool pour les étudier avec soin et lentement 
au microscope, sans craindre qu’il ne s’y introduise des différences 
dues à la récolte à des époques différentes. 

L'expérience a donc duré 13 heures. Voici les résultats : 

Germination en A3, B1, B2, B3 et Ce : 

Pas de germination en A1, A et Cu. 

Ces résultats sont conformes aux prévisions basées sur la loi 
et en même temps confirment cette loi. 


1° 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 389 


Disons que les tubes mycéliens issus de la germination étaient 
un peu plus longs en C> qu’en A3, et en A; qu’en B:. Ces différences 
tiennent à la température et montrent que 25° est plus près de 
l’optimum de température que 21° et surtout que 18 (1). 

La même expérience répétée a toujours fourni des indications 
concordantes avec celles que je viens de donner. 


Le ; : Î 
Donc la germination ne dépend pas de f, mais de F : 


GERMINATION DES SPORES DANS UNE ATMOSPHÈRE EN MOUVE- 
MENT DANS LAQUELLE F EST CONSTANT MAIS OU f PREND DES 


2 ñ 
VALEURS DIFFÉRENTES : SOMENNE OU DIMINUE QUAND f 
AUGMENTE OÙ DIMINUE. 


Pour réaliser ces conditions, j'ai varié mes expériences, mais en 
les subordonnant toujours à ce principe : faire passer alternative- 
ment de l’air sec et de l’air humide sur les cultures conservées à 
la même température et, par conséquent, à un état hygrométrique 


hi alternant avec b 
F Hits 


En voici une première. 

L'appareil employé comprend un aspirateur A (fig. 5) qui fait 
circuler un courant d'air alternativement sec et humide sur une 
culture B, intercalée dans le courant, et placée dans un tube de 
verre semblable aux tubes 


P de la figure 4. L’alter- 2 S 

nance se fait régulière- #© F'e 
ment : un temps pour D H 

l’air sec, un temps pour Fig. 5. 


1 


l’air humide, à raison de 

trente temps à la minute, à peu près. L'air sec passe dans de l’acide 
sulfurique et traverse des fragments de chlorure de calcium placés 
en C; l’air humide barbote dans un ou plusieurs flacons laveurs 


(1) Untersuchungen über den Einfluss der Temperatur auf die Entwickelung 
des Penicillium glaucum. Sitzungb. der k. Ak. der Wiss. zu Wien, 1873. — 
Wiesner donne l’optimum, mais laisse entendre qu’il pourrait se trouver entre 22° 
et 26°. D'autre part, mes nombreuses expériences me portent à croire qu’il est 
plus près de 26° que de 22°. 


390 P. LESAGE 


placés en D. On fait passer alternativement ces deux sortes d’air 
sur la culture B, à l’aide du robinet à trois voies R. 

Des cultures témoins sont intercalées en H sur le courant d’air 
humide et, en S, sur le courant d’air sec pour connaître l’action 
particulière de ces courants sur la germination ; une troisième se 
trouve dans un flacon E contenant un peu d’eau, et où, par consé- 
quent, l’air était saturé. Le tout est à la température du labora- 
toire ; au début, cette température était de 20° et elle a relative- 
ment peu varié. Nous la supposerons donc constante et égale à 
20° dans notre discussion. 

Voyons les conditions hygrométriques des cultures. | 

En réglant l'aspirateur, j'ai cherché à connaître grosso modo la 
valeur de la tension de la vapeur d’eau dans le courant d’air 
humide, en le faisant passer dans un tube de verre immergé à 
côté d’un thermomètre dans de l’eau froide se réchauffani progres- 
sivement jusqu’à la température du laboratoire. Au début, la paroi 
de ce tube était couverte d'une buée qui disparaïissait au fur et à 
mesure que le thermomètre marquait une température plus voi- 
sine de 20°. A 1805 je pouvais encore l’apprécier ; au-dessus, cela 
m'était impossible. Le courant d’air renfermait donc de la vapeur 
d’eau possédant au moins la tension maxima pour 1895. 

Je ne m'arrêterai pas à l’air sec, c’est celui du laboratoire ayant 
traversé le dessiccateur ; la tension de la vapeur d’eau doit y être 
très faible sinon nulle ; supposons-la égale à 0. 

Nous avons les états hygrométriques suivants : 

F de 1805 15nm84 


F de Oo 0 
Fde200 17,39 
De He F de 20° ds 17,39 1 
F de 200 17,39 

Pour B nous avons un état hygrométrique qui est 0 à un moment 
et 0,91 à l'autre, ou qui varie de 0 à 0,91. 

D’après la loi de germination nous savons ce qui se passera en 
E,Hets. 

Il n’y aura pas, il ne peut pas y avoir de germination en S;il y 
aura germination en H avec un léger retard sur E; mais que se 
passera-t-1l en B? 


Dour 


ile 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 391 


Consultons les résultats de l’expérience. 

Je l’ai mise en marche à 7 heures du matin; à 5 heures du soir, 
les spores commençaient à germer en E; j'ai continué jusqu’à 
7 heures et demie, moment où j'ai cessé de manœuvrer le robinet 
R pour observer toutes les cultures. 

En E et en H les spores sont germées; mais, en H, les tubes 
mycéliens sont un peu plus courts, ce qui indique que la germir2- 
tion a commencé un peu plus tard qu’en E. EnBeten Silnya 
pas de germination et les spores sont déformées, ratatinées. 

Une objection pourrait m'être faite : ce n’est pas l'alternance de 
l'air humide et de l’air sec qui empêche la germination, ce sont 
les vapeurs nocives formées dans le dessiccateur et entraînées 
par cet air. 

Dans les expériences suivantes, j'ai éliminé cette cause d’erreur 
en supprimant le dessiccateur et en employant l’air du laboratoire 
comme air relativement sec. Dans ces conditions nouvelles, les 
résultats sont restés les mêmes, nous pourrons donc les considérer 
comme valables. 

Par conséquent si on fait passer sur des spores de l’air humide 
permettant la germination, et de l’air sec, en alternance régulière, 
cette alternance empêche ou, au moins, retarde la germination de 
ces spores. 

A propos de cette expérience et des suivantes, il me paraît bon 
de faire dès maintenant et pour n’y plus revenir, une remarque 
sur la manœuvre du robinet R. Cette manœuvre aurait pu se faire 
avec un instrument possédant un mouvement d’horlogerie, mais 
j'ai dû abandonner cette idée; car, sans compter le prix et le 
temps de fabrication de cet instrument, il aurait fallu le modifier 
de plusieurs manières ou avoir plusieurs instruments, ce qui 
aurait absorbé une somme assez importante et demandé un temps 
assez long quand on n’a pas de mécaniciens spéciaux sous la main 
comme dans mon cas. Dans ces conditions, j'ai employé la machine 
humaine. Je pourrais me dispenser de donner ce détail si la durée 
de l’expérience n'avait été que de quelques minutes ; mais quand 
il s’agit d’une durée de 13 à 15 heures, pendant lesquelles il faut 
dépenser une‘certaine dose de patience, la critique, même bien- 
veillante, peut être tentée de dire : pourquoi cette fatigue quand 
on peut avoir des instruments qui fonctionnent sans peine et 


392 P. LESAGE 


mieux que la main? Je réponds : « Mes moyens ne m'ont pas 
permis ce luxe.» J'ai donc manœuvré le robinet R, à la main, pen- 
dant toute la durée de l’expérience actuelle et des suivantes, 
excepté au moment des repas, pendant lesquels je me faisais rem- 
placer par un garçon de laboratoire qui avait ma confiance. 

J'ai modifié l'expérience précédente en faisant varier la durée 
rc'ative du passage de chaque courant sur les spores, c’est-à-dire 
la durée de son contact avec ces spores. 

Pour faire varier cette durée relative, j'ai modifié le rythme de 
l’alternance. Dans l'expérience précédente, l’alternance était régu- 
lière et suivant la mesure à deux temps ; un temps pour l’air sec, 
un temps pour l'air humide, à raison d'environ 38 temps à la 
minute. Dans les expériences suivantes, j’ai pris la mesure à 6 
temps : un temps pour l’air sec, cinq temps pour l’air humide ; la 
mesure à 10 temps : un temps pour l’air sec, neuf temps pour l’air 
humide ; la mesure à 12 temps : un temps pour l’air sec, onze temps 
pour l'air humide et toujours à raison d’environ 30 temps à la 
minute. 

Ce n’est qu’avec ce dernier rythme que j'ai pu obtenir la germi- 
nation en B, dans un temps assez voisin du temps normal pour 
pouvoir l’observer à la fin des 14 ou 15 heures qu'ont duré ces 
expériences. 

Pour en arriver là, j'ai dù faire plusieurs séries d'expériences ; 
voyons en détail celle dans laquelle j'ai employé le rythme à 6 
temps. 

L'appareil est un peu compliqué parce que je voulais opérer en 
même temps avec la mesure à deux temps et la mesure à six temps, 
pour avoir un lien et pouvoir établir une comparaison avec les 
résultats de l'expérience précédente ; parce que je n’employais 
qu’un seul aspirateur et ne voulais utiliser que le même air 
humide. Il est formé par deux appareils accouplés semblables à 
celui qui a été employé dans l’expérience précédente et schématisé 
dans la figure 5, mais avec un seul aspirateur et une seule source 
d’air humide. Il est très schématisé dans la figure 6. | 

On y trouve, en partant de l'aspirateur : un tube unique se 
raccordant, par un tube à trois branches, avec deux-autres tubes 
dans chacun desquels on a intercalé une culture B et b, sur laquelle 
se fera, par la manœuvre des robinets à trois voies R et r, l’alter- 


. ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 393 


nance d'air sec, venant du laboratoire, en passant sur les cultures 
témoins S ets, et d'air humide venant d’un flacon laveur M ou m 
et d’une colonne de mousse humide N, en passant sur des cultures 
témoins H et h. Les flacons laveurs M et m sont surtout destinés à 
indiquer, par le pas- 
sage des bulles d'air, 
la marche des cou- 
rants; de plus, l'air 
n'y traverse qu’une 
couche d’eau assez 
mince pour éviter 
des différences de 
pression trop gran- Fig. 6. 
des entre les cou- 

rants d'air sec et les courants d’air humide, afin d'assurer un 
débit presque égal dans les deux sortes de courants. 

Pour faire passer les courants suivant les rythmes indiqués, je 
comptais régulièrement de 1 à 6 et, d’une main, je tournais le 
robinet R de 180° dans un sens, à chaque temps d’ordre pair ; puis, 
en sens contraire, à chaque temps d'ordre impair, ce qui donnait 
une alternance régulière. De l’autre main, je tournais le robinet r 
de 180° dans un sens, autemps 1; puis, en sens contraire, au temps 
6, ce qui faisait l'alternance à 6 temps indiquée. Pour faire saisir 
cette opération, j’ai représenté sur la figure 6 la position occupée 
par les trois voies des robinets aux 6 temps et dans les deux cas. 

Pour l'appareil A BR HS M N, l’air sec et l’air humide passent 
en alternance régulière sur B; pour l'appareil À brh sm N, Pair 
sec passe une fois quand l'air humide passe 5 fois sur b; la durée 
du contact est donc 5 fois plus grande pour l'air humide. 

Cette manœuvre est assez difficile parce qu’elle demande beau- 
coup de patience et une attention soutenue, car il ne faut pas que 
les deux mains prennent le même rythme, ce qu’elles sont natu- 
rellement portées à faire. Avec un peu d’habitude et de bonne 
volonté on réussit cependant. 

En plus des cultures témoins H, h, S, s, employées pour juger 
de l’action isolée de chaque courant d’air sur la germination, j'avais 
une ou plusieurs cultures témoins E, où les spores étaient suspen- 
dues dans de l'air reposant sur de l’eau pure et saturé à la tempé- 


394 P. LESAGE 


rature du laboratoire; elles étaient destinées à indiquer la marche 
de la germination dans l’air saturé à la température de l'expérience. 

Les cultures étant mises en place, l’appareil bien monté, j'ai 
commencé l’expérience à 6 h. 1/4 du matin. 

La température a légèrement varié, un peu au-dessus de 23, un 
peu au-dessous. 

Les cultures témoins E ont commencé à germer vers 2 heures de 
l'après-midi. Malgré cela, j'ai continué l’ expérience jusqu’à 8 h. 1/4 
du soir, moment auquel j’ai arrêté l’expérience et mis rapidement 
les cultures dans l’alcool. 

A l'observation, voici ce que j’y ai trouvé : 

Germination en E, H, h, avec des tubes mycéliens plus déve- 
loppés en E qu’en H et h. 

Pas de germination en Sets, ce qui ne nous surprend point, 
mais les spores n’ont pas encore germé en B et b. 

J'ai repris la même expérience en employant comparativement 
le rythme à deux temps et le rythme à dix temps; je n'ai pas eu 
de germination en B et b après 14 h. 1/2. 

Dans une autre expérience, j'ai simplifié l'appareil en suppri- 
mant toute la partie B R HS et, en outre, j'ai employé la mesure 
à 12 temps : un temps pour l'air sec, onze temps pour l'air 
humide. Après 15 heures, à la température de 2105 à 220, les spores 
placées en b commençaient enfin à germer, bien qu'avec un retard 
encore assez grand sur la culture h et plus grand encore sur la 
culture E. 

Ces expériences diverses montrent que la germination des spores 
placées dans l'air en mouvement, alternativement sec et humide, 
est sous la dépendance de la durée relative du contact avec l’air 
sec et avec l’air humide. Plus cette durée est grande avec l'air sec, 
plus la germination est retardée, plus cette durée est longue avec 
l’air humide plus la vitesse de germination est grande. 

Il est probable que ces contacts se composent pour former une 
résultante qui détermine la germination à plus ou moins brève 
échéance, ou l’empêche complètement... Pour faire une étude 
approfondie de la question, il faudrait faire varier f dans les deux 
courants, varier la durée des contacts, elc.; mais cela nous entrai- 
nerait trop loin en ce moment, et j'aurai, re tard, l'occasion d'y 
revenir. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 395 


Ce qu'il faut retenir, c’est que les résultats des expériences pré- 
cédentes se justifient très bien, en admettant que la germination 


Î à , 
des spores ne dépend que de T° c'est-à-dire que de l'état 


hygrométrique. 


GERMINATION DES SPORES DANS UNE ATMOSPHÈRE EN MOUVE- 
MENT OU F ET f VARIENT SANS RESTER PROPORTICONNELLES, 
ET, PAR CONSÉQUENT, DANS LAQUELLE VARIE EN MÊME 
TEMPS. , 


Voici une expérience de cette sorte et qui réunit plusieurs des 
résultats obtenus précédemment dans un schéma instructif et 
démontrant bien l’influence de l’état hygrométrique sur la germi- 
nation des spores. 

L'appareil comprend, dans ses grandes lignes et comme l'indique 
le schéma de la figure 7 : un aspirateur G, faisant passer, dans un 
tube composé de plu- 
sieurs parties, un Cou- ne 
rant d'air qui est con- re L 
tenu dans les portions 
MNR et TDEFG et 
qui alterne dans les 
portions RmnCT et 
RABT, par la manœu- 
vre du robinet à trois Fig. 7. 
voies R. 

Ces diverses parties ont été maintenues à deux températures 
différentes; t\ la température du laboratoire, t la température 
d’une étuve représentée par le carré du schéma. Comme la tempé- 
rature t du laboratoire a augmenté lentement de 23°5 à 265, j'ai 
élevé de la même manière la température de l'étuve’de 270 à 300 
pour conserver, à chaque instant, une différence de quelques 
degrés entre ces deux températures. 

En examinant la figure 7, on voit que M,N,R,A,E,F,G sont à 
la température t du laboratoire et que m, n,C,B,T, D sont à la 
température t> de l'étuve. 

Reprenons ces diverses parties en détail. 

En M et N sont deux flacons barboteurs contenant de l'eau et 


396 P. LESAGE 


destinés à charger de vapeur d’eau l’air qui entre dans l'appareil 
et à l’amener aussi près que possible de la saturation à ti. 

En R est un robinet à trois voies destiné à faire passer cet air 
dans les portions R mn CT et R A BT, alternativement et suivant 
la mesure à deux temps. 

La première portion comprend : met n qui sont deux flacons 
contenant de l’eau dans laquelle l’air barbote à nouveau et se sur- 
charge de vapeur d’eau pour atteindre le plus près possible de la 
saturation à t ; G, qui est un tube de verre, forme P dela figure 4, 
contenant une culture de spores de Penicillium à la température ts. 

La seconde portion est composée de A, culture semblable à la 
précédente, mais placée à la température ti: ; de B, autre culture à 
la température t2. À 

Ces deux portions se réunissent en T par un tube à trois 
branches. 

A partir de T, le courant est continu, maïs il est alimenté alter- 
nativement par l’air ayant.passé par MNRABTetparMNRm 
n CT. En D, ce courant alternatif frôle une culture à la tempéra- 
ture t, puis, en E, une culture à la température ti. 

En F, j'ai placé un flacon pour recevoir l’eau de condensation 
qui peut se déposer dans le tube que j’ai incliné suffisamment à 
cet eftet. 

Enfin V est une culture témoin dans l'air saturé à ti et W une 
autre culture témoin dans l’air saturé à t. 

Nous pouvons, par tout ce qui a été dit jusqu’à présent, prévoir 
ce qui arrivera, au moins dans les grandes lignes. Cherchons-le 
approximativement en prenant, pour 4 ett2 , les moyennes des tem- 
pératures extrêmes et supposant, un instant, que l’air soit saturé 
après son passage en M N et en m n. 


Les moyennes de températures seront : 
2305 + 26°5 


Pour U : Re ce 25° 
Pour t : ets — 2805 
2 
Les états hygrométriques à la surface des spores seront : 
FE de 250 
En À; OP 


F de 25 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 397 


F de 25° CRD RAS 
MENde 2825 1 281000 née 
F de 285 


P'de28°5, 0 
En D : il y aura alternance de l’état hygrométrique de G et de 


l’état hygrométrique de B ; c’est-à-dire alternance des états hygro- 
métriques 1 et 0,81. 


En B 


En C : 


En E : HER es — 1 + condensation. 
F de 25° 

En V et W l’état hygrométrique est égal à 1. 

Nous pouvons tirer de là que la culture B ne peut pas germer 
puisque l’état hygrométrique 0,81 est au-dessous de la limite de 
germination 0,82; que la germination se fera en À, C, V, W avec 
de petites différences tenant aux légères différences des tempéra- 
tures t1 et t2. 

En E, il y aura germination et de l’eau se condensera ; c’est en 
prévision de cette condensation que le flacon F a été intercalé 
dans le courant. 

Enfin, en D, la germination pourra peut-être se produire, mais 
avec un fort retard sur toutes les autres ou ne se produira pas du 
tout. 

Voyons maintenant les résultats de l’expérience. 

Elle a été mise en marche à 5 h. 1/4 du matin ; à deux heures de 
l'après-midi, les spores étaient germées depuis quelque temps dans 
les cultures témoins ; j’ai tout arrêté à 6 h. 1/2 du soir. Cela faisait 
donc une durée de 13 h. 1/4. En étudiant les cultures au micros- 
cope, j'ai trouvé les spores germées en A, C, E, V, W : non germées 
en B, D. , 

Les prévisions sont réalisées amplement. 

En ce qui concerne B, c'était certain ; pour D il y avait incerti- 
tude, car nous y trouvons l'alternance de deux courants d'air 
suffisamment humides pour permettre la germination l’un à 25° 
l’autre à 2805, puisque A et C ont germé, et parce que j'ai prolongé 
l'expérience 4 à 5 heures ou plus, après la germination normale. 

La germination de A a présenté un léger retard sur E et V, cela 
veut dire que l’air ne s’était pas complètement saturé en M N et que 
les indications basées sur la säturation à t de même qu'à t& ne 


398 P. LESAGE 


doivent être considérées que comme approximatives ; mais la 
marche de l'ensemble reste suffisamment nette. 

Il n’est pas besoin d’ajouter que la condensation s’est produite 
en E. 


oe ï Î 
En somme, la germination ne dépend pas de Î mais de est ce 


que démontre une partie de l'expérience et c’est ce qui permet 
d'expliquer l’autre partie. 


GERMINATION DES SPORES FLOTTANT SUR L’EAU, 
DANS UNE ATMOSPHÈRE EN MOUVEMENT. 


Dans cette catégorie d'expériences j'ai employé des cultures 
témoins de deux sortes, cultures dans l’air saturé à la température 
de l’expérience et de la forme représentée dans la figure 3 ; cultures 
témoins dans les tubes P de la figure #. La culture caractéristique 
de cette sorte de recherches est placée dans un tube de verre conte- 
nant de l'eau, le tout disposé de la manière suivante. Le tube de 
verre est coudé et renflé dans la coudure (fig. 8) ; de l’eau est intro- 
duite dans la partie basse de cette coudure et, avec une pince, une 


NN © 


Fig. 8. Fig. 9. 


lamelle de mica m est mise à flotter sur cette eau. Cette lamelle 
porte une petite goutte de gélose solidifiée sur laquelle les spores 
ont été semées. 

La première question que je me suis posée a été celle-ci : Les 
spores, disposées comme je viens de le dire, germeraient norma- 
lement si le tube coudé était complètement fermé ; mais si on y 
fait passer un courant d’air sec, y aura-t-il germination ? 

La réponse est fournie par l’expérience suivante : 

L'appareil comprend (fig. 9) un aspirateur A qui fait passer un 
courant d’air du laboratoire dans un tube sur le parcours duquel 
est intercalée une culture B flottant sur l'eau; et une culture 
témoin C dans l’air saturé à la température du laboratoire. 

L'expérience est commencée à six heures du soir, la tempéra- 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 399 


ture étant de 160. Le lendemain, à 10 heures du matin, la germi- 
nation commence en C. A deux heures de l'après-midi, l’eau du 
tube B étant complètement évaporée, j'arrète le courant d’air et 
j'observe les cultures ; l’expérience a duré 20 heures. 

Il y a quatre heures que la germination normale est commencée 
et, à ce moment, les tubes mycéliens sont assez longs en C. II n’y 
a pas de germination dans la culture B, et cependant les spores 
pouvaient germer puisque, mises en chambre humide, elles ont 
donné des tubes mycéliens. 

Comment expliquer cette action du courant d’air ? 

Au repos, l'air serait saturé de vapeur d'eau sur la culture B ; 
dans le courant d’air relativement sec, celui-ci se charge de vapeur 
d’eau, et en même temps chasse l’air saturé qui baigne les spores. 
Dans le même temps la petite nappe d’eau émet de la vapeur qui 
arrive immédiatement sur les spores, puisque celles-ci sont pres- 
que au même niveau que la surface de la nappe d’eau sur laquelle 
elles flottent. Il s'établit donc, vis-à-vis de la spore, un antagonisme 
entré, d'une part, l'humidité propre du courant d’air et sa vitesse 
et, d’autre part, la vitesse d'émission de vapeur d’eau par la nappe. 
La résultante est que l’air en mouvement qui baigne à chaque 
instant les spores, renierme de la vapeur d’eau à une tension i, ou 
à des tensions f, f?, etc. telles que _ : Fete ., empêchent la 
germination de se produire ou la retardent beaucoup. 

D’après ce raisonnement la germination serait sous la dépen- 
dance de la tension de la vapeur d’eau dans l’air en mouvement, 


Î ’ L ‘ : : 
F restant constant, Ni ne dépendrait que de Ï; elle serait aussi 


sous la dépendance de la vitesse du courant. 

J’ai fait deux séries d'expériences pour m'en assurer. 

Variation de la vitesse. — On conçoit très bien que l'air ayant 
une certaine vitesse et la germination ne se faisant pas dans le 
temps normal, si on augmente cette vitesse, on éloigne de plus en 
plus l’époque de cette germination; et si on diminue la vitesse, on 
se rapprochera de plus en plus des conditions normales et la ger- 
mination aura de plus en plus chance de se produire puisque, à la 
limite, quand la vitesse est nulle, elle se produit dans le temps 
normal. 


200 P. LESAGE 


Je me suis donc placé dans deux conditions difiérant l’une de 
l’autre par les vitesses du courant d’air. 

L'appareil est formé par un tube à trois branches et un aspira- 
teur A (fig. 10) faisant passer un courant d'air du laboratoire dans 
les branches C EetF E et le courant formé par la superposition 
des deux premiers, dans la branche E B A. Ce dernier courant a 
été réglé de manière à débiter environ 1 litre d’air à la minute; 
cela fait une vitesse de 1/2 litre pour chacun des courants CE et F E. 

Des cultures flottant sur l’eau ont été intercalées en C et en B. 

Sur la culture C, la vi- 
tesse est 1/2 quand sur 
OP Belle est égale à 1. En 
D, se trouve représen- 
Fig. 10. tée une culture témoin 

dans l’air saturé. 

L'expérience a été mise en marche à 4h. 1/2 du soir et continuée 
jusqu’au surlendemain à 11 h. du matin, ce qui fait une durée de 
42 h. 1/2. 

La température a peu oscillé autour de 15°. 

Dans la culture témoin la germination était commencée après 
18 heures. A la fin de l’expérience, c’est-à-dire après 42 h. 1/2, la 
culture témoin présentait un mycélium très développé ; la culture 
C était germée depuis quelque temps mais avec un retard consi- 
dérable sur D, à en juger par les tubes mycéliens; enfin, la germi- 
nation commençait à peine dans la culture B. C’est ce que nous 
avions prévu : la germination dépend de la vitesse du courant 
d’air ; elle se fait plus rapidement quand la vitesse du courant 
d’air diminue et inversement. 


Variation de la tension de vapeur d’eau dans l'air du courant. — 
L'appareil est construit sensiblement de la même manière que 
dans l’expérience précédente. Cependant, au lieu de faire passer 
de l’air du laboratoire seulement, j'ai fait circuler de l’air desséché 
dans un courant, et de l’air presque saturé de vapeur d’eau dans 
l’autre ; c’est ce qui a compliqué le dispositif. 

Il présente done un système à trois branches dans lequel un 
aspirateur A (fig. 11) fait circuler de l’air suivant deux voies, 
d’abord S C E et H m M E, puis l’unique voie E B n A. 

En S, se trouve un dessiccateur; en C, une culture flottant 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 401 


sur l’eau, en E, un tube de verre à trois branches ; en H, deux 
flacons laveurs dans lesquels l’air barbote dans l’eau pure et se 
sature presque complètement à la température du laboratoire ; en 
m, une culture en tube P de la figure 4; en M, une autre culture 
flottant sur l’eau. 

A partir de E, les 
deux courants © 
d’air se superpo- 
sent en un seul. Fig. 11. 

qui passe, en B, 

sur une troisième culture flottant sur l’eau ; en m, sur une culture 
en tube P. 

L'expérience commence à 6 h. du soir, à la température de 165 
et se continue jusqu’au lendemain à 2 h. de l’après-midi. Cela fait 
une durée de 20 heures. Quatre heures avant l'arrêt, la culture 
témoin D avait commencé à germer. 

Voici les résultats de l'observation : 

Germination en m, M, B, D. 

Pas de germination en C, n. 

Il y avait germination dans quatre cultures, mais très inégale- 
ment et, à en juger par la longueur des tubes mycéliens, cette 
germination avait commencé d’abord en D, après environ 16 heures, 
puis en M, ensuite en met, finalement, en B où elle semblait débu- 
ter à la fin de l’expérience. 

Il résulte de cette observation que l'air du courant humide était 
suffisamment chargé de vapeur d’eau puisque m a germé. En outre, 
les courants S CE et H m M E, ayant même vitesse, mais étant 
inégalement chargés de vapeur d’eau ou encore étant formés par 
de l’air dans lequel la tension de la vapeur était presque maxima 
dans un cas et presque nulle dans l’autre, les cultures germent très 
inégalement; c’est ce que nous voulions vérifier. La germination des 
spores M, flottant sur l’eau, dans le courant d’air où la tension de 
vapeur est la plus élevée, se fait plus vite que celle des spores C 
flottant aussi sur l’eau mais dans le courant d’air où la tension est 
la plus faible, en supposant que cette germination pût se faire, ce 
qui n’est guère probable puisque l’eau du tube C disparaissait peu 
à peu. 

Donc, plus la tension de la vapeur d’eau, dans un courant d’air 


Archives de Parasilologie, VII, n° 3, 190%. 26 


L02 P. LESAGE 


frôlant des spores flottant sur l’eau, sera grande, plus la germina- 
tion se fera vite et inversement. Pour arriver à la même conclusion, 
nous pourrions invoquer l'attitude de la culture B comparée à celle 
de M; mais en B, à l’action de la tension de vapeur d’eau s’ajoute 
l’action de la vitesse des courants, vitesse qui, en B, est égale à 2 
quand, en M, elle est égale à 1. Pour cette raison et puisque la com- 
paraison de M à C suffit, je n’insiste pas. Faisons, pour en finir 
avec cette expérience, deux remarques intéressantes. 

Tout d’abord, il semble que, dans le cas considéré, la germina- 
tion varie avec f et ne dépend que de f, c’est une apparence. En 
réalité, la température étant la même dans les deux branches, si f 
varie, _ varie de la même manière et c’est ce rapport, cet état 
hygrométrique qui règle toujours la germination dans ces expé- 
riences comme dans toutes les précédentes. 

Remarquons, en second lieu, que les expériences faites avec des 
spores flottant sur l’eau, donnent des résultats comparables aux 
résultats de celles que nous avons déjà faites avec des spores semées 
sur gélose et placées dans les tubes de verre P ; c’est ce qu’indique 
la double comparaison de m avec M et de n avec B. Les résultats 
sont de même sens : il y a, en m, retard sur M de même que, en n, 
il y a retard sur B. La seule différence consiste en ceci que dans les 
tubes P, les cultures ne peuvent recevoir de vapeur d’eau que du 
courant d'air, tandis que dans les tubes courbés à spores flottant 
sur l’eau, les cultures peuvent recevoir de la vapeur d’eau à ia fois 
du courant d’air et de la nappe d’eau sur laquelle elles flottent. Si 
on répétait, avec ces tubes courhbés, les expériences déjà faites 
avec les tubes P, nous obtiendrions des résultats nécessairement 
différents quant à la valeur absolue des mesures, mais, probable- 
ment de même sens quant à l’allure générale. 

J’insiste d’une manière toute spéciale sur cette deuxième remar- 
que qui doit être faite parce que, à première vue, beaucoup de 
personnes pourraient trouver mes expériences oiseuses et mes 
théories paradoxales. En effet, sachant que les spores ont besoin 
de vapeur d’eau pour germer dans l'air, si ces spores sont rap- 
prochées d’une nappe d’eau liquide jusqu’à la toucher presque, 
jusqu’à reposer dessus, on est porté, dans un premier mouvement, 
à trouver ridicule un chercheur qui se demande si, dans ces con- 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 403 


ditions, ces spores peuvent ne pas germer. Et cependant elles 
peuvent ne pas germer ou, au moins, subir un fort retard dans 
leur germination, si on fait passer sur ces spores un courant d’air 
suffisamment sec, ou possédant une vitesse suffisamment grande. 
C'est ce que mes expériences viennent de démontrer. 

Je n’ai pas repris, avec les cultures sur eau, toutes les expériences 
faites avec les tubes P, mais il en est une que j'ai voulu répéter, 
c’est celle dans laquelle il y a alternance régulière d'un courant 
d'air sec et d’un courant d’air humide sur les spores, pour préparer 
l’étude de ce qui peut se passer dans la respiration, chez l'Homme, 
quand l’air sec de l’inspiration alterne régulièrement avec l’air 
humide de l’expiration, sur des spores déposées sur la paroï humide 
des voies respiratoires. 

L'appareil (fig. 12) est le mème que dans la figure 10 à quelques 
détails près. 

Je n’ai rien intercalé dans la branche où passe le courant d’air 
desséché en $S, nous 
savons qu'il ne peut y 
avoir germination et 
ce n’est pas là qu’est 
l'intérêt. La branche Fig. 12. 
dans laquelle circule 
le courant d’air presque saturé, après son passage en H, contient 
une culture m, en tube P. Par la manœuvre du robinet à trois 
voies R, les deux courants passent en alternance régulière, suivant 
la mesure à deux temps, dans la branche Rn BA, frôlant, en n, 
une culture dans un tube de la forme P et, en PB, une culture 
flottant sur l’eau dans un tube courbé. 

Le débit de l’aspirateur a été réglé de manière à faire passer 
environ 1 litre d’air à la minute. 

L'expérience a commencé à 6 h. du soir et a été continuée jus- 
qu’au lendemain à 4h. du soir; elle a donc duré 22 heures. La 
température a varié de 1505 à 16. 

La germination a commencé vers 10 heures du matin dans la 
culture témoin D, par conséquent après 16 heures. 

Voici les résultats, à la fin de l’expérience : 

Germination en D et m; 

Pas de germination en Bet n. 


404 P. LESAGE 


La germination en m était un peu en retard sur celle de la 
culture témoin D, mais elle était abondante et très avancée; cela 
prouve que le courant d'air humide n’était pas tout-à-fait saturé, 
mais qu’il permettait très bien la germination des spores. 

Le défaut de germination en n nous rappelle exactement le 
résultat de la première expérience du chapitre IV; en B, il est 
intéressant à deux points de vue. A un premier point de vue, il. 
nous intéresse parce qu'il nous montre que, même sur l’eau, nous 
obtenons des résultats tout à fait de même sens que ceux que nous 
avons notés dans ce chapitre IV, avec des cultures en tubes droits 
de la forme P. Il nous intéresse à un second point de vue, car 
l’expérience schématise approximativement la respiration de 
l'Homme et nous y voyons que l'alternance régulière d’un courant 
d’air sec et d’un courant d’air presque saturé et permettant la ger- 
mination des spores, empêche la germination de spores flottant 
sur l’eau ou, au moins, retarde cette germination de plus de six 
heures sur la germination normale. 

Ces expériences, comme les précédentes, s'expliquent très bien 


Eye ; à il 
en admettant que la germination ne dépend pas de f, mais de F- 


En résumé toutes les expériences que j’ai faites avec des spores 
placées dans l’air humide confirment directement ou indirecte- 
ment la loi de l’état hygrométrique ; directement eu la démontrant 
d'une manière indiscutable, indirectement en s’expliquant facile- 
ment par elle. 

J'en ai décrit un très grand nombre, par ce que j'ai pensé que si 
certaines présentent quelques imperfections, la persistance des 
résultats de même sens atténuera ces imperfections et parce que 
les petits défauts de quelques-unes disparaîtront dans l’ensemble 
puisque toutes se corroborent les unes les autres. | 

Je terminerai cette partie de mon travail en rappelant cette loi : 
La germination des spores placées dans l’air humide dépend moins 
de la quantité absolue de vapeur d’eau, par unité de volume de cet 
air, ou encore dépend moins de la tension Î que prend la vapeur 


d’eau dans cet air que de l’état hygrométrique _ La vitesse de 


germination augmente quand l’état hygrométrique augmente, 
diminue quand l’état hygrométrique diminue, et il y à un état 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 405 


hygrométrique limite au-dessous duquel la germination ne se fait 
plus. Cet état hygrométrique limite est compris entre 0,82 et 0,84 
pour le Penicillium glaucum. D’après les expériences faites jusqu’à 
présent et, à peu près dans les mêmes limites de température, il 
y aurait pour le Séerigmatocystis nigra, un état hygrométrique 
limite un peu plus élevé que 0,84. 

Je ne repéterai pas les conclusions particulières des divers 
chapitres de cette partie, me contentant de celle-là qui domine 
toutes les autres et les a préparées. 


SUR LE DEGRÉ DE POSSIBILITÉ DE LA GERMINATION DES SPORES 
DANS LES VOIES RESPIRATOIRES DE L'HOMME 


Les spores, considérées sur un point de la paroi des voies respi- 
ratoires, peuvent ne pas germer parce que le régime hygrométrique 
est défavorable ou, quand elles germent, la germinalion peut subir 
des retards qui sont sous la dépendance des conditions extérieures 
et intérieures à l'Homme, modificatrices du régime hygrométrique 
et modifiables elles-mêmes dans une certaine mesure. 


Maintenant que nous connaissons l’hygrométrie des voies respi- 
ratoires et la loi de germination des spores dans l’air humide, 
voyons quelle pourra être l’attitude d’une spore placée sur la 
paroi interne de ces voies. 

Cette spore germera-t-elle comme dans l’air saturé, subira-t-elle 
des retards de germination ou, même, pourra-t-elle ne pas germer ? 

Nous considérerons de préférence la région A B et, dans cette 
région, plus particulièrement le point B et les points C dans la 
trachée et les bronches. 


POSSIBILITÉ DE LA GERMINATION DES SPORES EN B 


Pour savoir comment se ferait la germination en B, établissons 
les états hygrométriques en partant du régime hygrométrique de 
ce point qui nous est connu. Nous savons, en effet, qu'il est frôlé 
alternativement par deux courants inverses d'air dans lequel se 
trouve de la vapeur d’eau à des tensions qui varient : 

de fx à P , dans l'inspiration ; de f2 à f; , dans l’expiration. 


406 P. LESAGE 


Nous ne connaissons ni f2 ni f:, mais nous savons que fo est 
comprise entre f1 , la tension dans l’air extérieur, et f; , la tension 
mesurée par l’hygromètire dans l'air expiré normalement: que 
f; est comprise entre f: et f; , la tension mesurée par l’hygromètre 
dans l’expiration forcée. 

Comme je veux arriver à montrer que la germination peut ne 
pas se faire ou qu’elle sera fortement retardée, si je prends les 
valeurs les plus élevées, c’est-à-dire les moins favorables à cette 
vue théorique et si je démontre qu’elle est vraie quand même, ma 
démonstration n’en sera que mieux faite. Appliquons : f; variant 
entre f; et fs, faisons-la égale à f;; et f variant entre f et fs, faisons-la 
égale à à fs. L’'énoncé précédent des variations sera donc ramené 
à deux courants inverses frôlant alternativement B et formés par 
de l’air contenant de la vapeur d’eau à une tension variant: 

de fs à fs, dans l'inspiration ; 
de f; à 5, dans l’expiration. 

Nous avons mesuré f: et f; dans plusieurs expériences, prenons 
les valeurs les plus élevées, celles qui sont défavorables à mes vues 
théoriques, nous aurons : 

3 = 38mm6 ; 
5 — 41mn8, 

La tension variera donc dans l’air des courants : 

de 41mm$ à 38mm6, dans l’inspiration ; 
de 38mm6 à 4lmm8, dans l'expiration. 

Les spores placées en B prennent la température de la paroi, 
celle du corps humain, soit 37°5 pour laquelle la tension maxima 
est 4 1mmÿ : les états hygrométriques successifs seront : 


\ 38,6 
Pour la tension fs, 47,9 — (0,80. 
/ 
Pour la tension f5, fie = (67: 
47,9 


Les spores seront donc soumises à un état hygrométrique variant: 
de 0,87 à 0,80, dans l'inspiration ; 
de 0,80 à 0,87, dans l’expiration. 

Que peut-il se passer sous l'influence de ces états hygromé- 


. 


triques successifs ? 
Pour ces spores de Penicillium glaucum, il n’y aura germination 


qu'après un temps très long, puisque l’état hygrométrique le plus 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 407 


élevé est au voisinage de l’état hygrométrique limite de germina- 
tion, 0,82 à 0,84. En réalité, le cas n’est pas à discuter, car la tem- 
pérature 3705 est voisine de la limite supérieure de germination 
de ce Penicillium, 41 à 45°, de telle sorte que, même à un état 
hygrométrique égal à 1, les spores germeraient mal. Mais, pour 
d’autres Champignons tels que le Sterigmatocystis nigra, dont 
l’optimum de température est 3705 ou au voisinage de 3705, il ya 
lieu de discuter sérieusement. 

Rappelons-nous que l’état hygrométrique limite pour le Sterig- 
matocystis nigra est un peu au dessus de 0,84. Dans ces conditions 
et dans les conditions que nous venons de définir pour une spore 
placée en B, la germination ne se fera pas encore ou se fera après 
un temps très long. 

Essayons de nous en rendre compte en envisageant, dans les 
recherches dela deuxième partie, deux séries d'expériences comme 
. éléments de discussion : 4° expériences de germination des spores 
dans les tubes de verre P; 2 expériences de germination des 
spores flottant sur l’eau. 

Discutons avec la première série. 

D’après ces expériences, la germination des spores de Sterigma- 
tocystis nigra ne se ferait pas. En effet, si nous nous reportons au 
chapitre V de la deuxième partie, nous voyons que les spores ne 
germent pas ou présentent un retard d’au moins quatre heures, à 
la température de 27°, quand on les soumet au passage alternatif 
de deux courants d’air saturés l’un à 23%, l’autre à 27, c’est-à- 
dire, après calculs faits, quand on les soumet à deux états hygro- 
métriques alternatifs, l’un de 0,81, l’autre de 1. Remarquons que 
ces états hygrométriques sont beaucoup plus favorables que les 
états hygrométriques 0,80 et 0,87 des voies respiratoires. Par con- 
séquent si la germination subit un fort retard dans le premier cas, 
elle devra subir un retard beaucoup plus grand dans le second. 

Si nous appliquons les résultats de cette série d'expériences, 
nous serons donc amenés à admettre la non germination en B ou, 
au moins, une germination très fortement retardée. 

Discutons avec la deuxième série d'expériences, celles du 
chapitre VI. 

D'après ces expériences nous voyons que l’alternance de deux 
courants d’air, l’un sec, l’autre saturé de vapeur d’eau, sur des 


408 P. LESAGE 


spores flottant sur l’eau, suffit pour empêcher la germination ou, 
au moins, pour la retarder. Nous avons vu aussi que la germination 
est sous la dépendance de la tension de vapeur d’eau dans l’air de 
ces courants, par conséquent, de l’état hygrométrique apparent 
auquel sont soumises ces spores, en ne tenant compte que de la 
température de l'expérience et de la tension de l'air des courants. 
En conséquence, si nous faisons les calculs, nous pouvons dire 
que ces spores ne germent pas ou subissent un retard de germina- 
tion quand on les soumet à l'alternance de l'état hygrométrique 
0 et de l’état hygrométrique 1. 


En B, nous avons alternance des états hygrométriques 0,80 et 
0,87, l’un au-dessous, l’autre à peine au-dessus de la limite de 
germination ; il ne me paraît donc pas exagéré de penser que si la 
germination peut se faire quand même, du moins sera-t-elle for- 
tement retardée. 


’est une conclusion qui est tirée des raisonnements précédents 
dans lesquels j’ai considéré les tensions f: et {5 comme limites de 
la tension variable de la vapeur d’eau dans l’air en mouvement 
dans les voies respiratoires. Mais nous savons que ce sont des 
limites dont les valeurs sont trop grandes; si nous considérions 
les valeurs plus petites et vraies f et f:, cette conclusion ne s’en 
imposerait que mieux. 


POSSIBILITÉ DE LA GERMINATION DES SPORES EN C. 


Dans le chapitre précédent, nous arrivons à dire que les spores 
ne germeraient pas ou que leur germination subirait un fort retard 
en B, où les tensions de vapeur d’eau varient de f à f:, où l’état 


: lo fx | 
hygrométrique apparent varie de = à Fa quand f> tend vers fs et 


quand fi tend vers f:. Si, au lieu de tendre vers ces valeurs élevées, 
les tensions tendaient vers des valeurs beaucoup plus basses, 
f vers fi et fx vers f:, les conditions de germination deviendraient 
de plus en plus défavorables. C’est ce qui se produit aux points C 
au Îur et à mesure que ces points C sont de plus en plus éloignés 
de B et de plus en plus rapprochés de A. 


ETUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 409 


Par conséquent, en un point C, intermédiaire entre B, l’entrée 
des bronches dans les poumons, et A, l’entrée des narines, la ger- 
mination devra se faire encore moins bien qu'en B et d'autant 
moins bien que C sera plus rapproché de A. 


POSSIBILITÉ DE LA GERMINATION DES SPORES 
DANS LES PARTIES ANTÉRIEURES DES VOIES RESPIRATOIRES 


Remarquons que la germination est sous la dépendance de f2 et 
f; ; remarquons, en même temps, que f> et Î: sont elles-mêmes 
sous la dépendance des conditions intérieures et extérieures à 
l'Homme, en particulier de l'humidité de l'air extérieur, par 
exemple. 

Il en résulte que, quand la germination est possible, nous pou- 
vons la retarder encore en diminuant l’humidité de l’air inspiré, 
en modifiant le régime hygrométrique des voies respiratoires et 
les retards peuvent être considérables. 

Au total, de quelque manière que nous envisagions les phéno- 
mènes qui peuvent se passer en B, ou aux points C, nous les trou- 
vons toujours sous la dépendance du régime hygrométrique et 
nous arrivons toujours à l’une des alternatives suivantes : 

Non germination, 
Germination retardée pendant un temps variable à notre 
gré, dans une certaine mesure. 

Et ces deux alternatives sont intéressantes à considérer dans 
leurs rapports avec l'établissement des mycoses, parce que la cause . 
qui les provoque y trouve toute son importance. 

La première alternative supprime la mycose à l’origine. La 
seconde, retardant la germination des spores pendant un temps 
assez long, permet aux autres agents locaux défavorables, chi- 
miques, physiques et mécaniques, d'exercer toute leur action sur 
les spores inhalées et de les mettre hors d’état de nuire; comme 
conséquence, la mycose aura d’autant plus de chance d’être com- 
promise que les retards seront plus grands. 

Le régime hygrométrique des voies respiratoires qui conduit à 
ces deux alternatives prend donc une importance capitale dans la 
première et une importance considérable encore dans la seconde, 
non seulement parce qu'il retarde la germination, mais encore et 


410 P. LESAGE 


surtout parce que, en même temps, il est modifiable à notre gré 
et parce qu’il peut devenir, entre des mains avisées, un instru- 
ment de défense. | 

Cette conséquence était trop intéressante pour en rester là ; il 
fallait, de toute nécessité, la vérifier chez l'Homme ou chez les 
animaux vivants. C’est ce que j'ai cherché à faire par l'observation 
et par l'expérience, comme nous allons le voir dans la partie sui- 
vante. 


GERMINATION DES SPORES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 
DE L'HOMME ET DES ANIMAUX 


Les spores peuvent germer dans les voies respiratoires de 
l'Homme et des animaux; la germination est sous la dépendance 
du régime hygrométrique, c'est probable chez l'Homme, c’est cer- 
tain chez les animaux où cette germination est modifiée par les 
conditions hygrométriques extérieures et la hauteur des points 
sur lesquels ces spores sont déposées dans ces voies. 

D’après tout ce qui a été dit, la germination des spores dépend 


de l’état hygrométrique . donc tout ce qui peut le faire varier, 


chez l'Homme ou chez les animaux, fera varier la germination des 
spores et deviendra favorable ou défavorable à l’établissement des 


mycoses. 
Or, la paroi des voies respiratoires est à une température sen- 

OU : Î 

siblement constante, F restera donc sensiblement constant, et F 


ne pourra varier qu autant que Î variera. 

Chez l'Homme, nous savons comment cette tension f varie sous 
l'influence des circonstances intérieures et des circonstances exté- 
rieures. En particulier, nous avons vu que, si on considère l’air 
qui est dans les voies respiratoires au moment où va commencer 
l'expiration, cet air est chargé de vapeur d’eau à une tension qui 
augmente au fur et à mesure que, partant de l’entrée, on considère 
une tranche de plus en plus enfoncée. dans les voies respiratoires : 
que si on compare la tension de vapeur dans une même tranche 
etau même moment de la respiration, dans une atmosphère sèche, 
d'une part, et dans une atmosphère plus humide d'autre part, la 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 411 


tension de cette même tranche est plus élevée quand on respire 
dans l'air humide que quand on respire dans l'air sec. 

Les expériences et les observations à faire chez l'Homme devaient 
être basées sur ces données, de même que chez les animaux, en 
admettant que le régime hygrométrique de ces derniers füt com- 
- parable à celui du premier, ce que nous admettrons. 

Comme conséquence de ces vues, les premiers essais à tenter 
devaient avoir pour but de comparer la germination dans quelques 
cas principaux groupés deux par deux dans les trois séries sui- 
vantes : 

4° Germination dans la trachée ou dans les bronches, comparée 
à celle qui se fait dans l’air saturé de vapeur d’eau à la même 
température. ; 

20 Germination comparée dans la trachée ou aans les bronches, 
de spores fixées à la même hauteur chez deux sujets très compa- 
rables et placés à la même température, l’un dans l'air sec, l’autre 
dans l’air humide. ï 

3° Germination comparée de spores fixées dans les voies respi- 
ratoires d’un même sujet, mais à des profondeurs différentes. 

Si mes vues théoriques sont fondées, il doit y avoir des difté- 
rences, dans chaque série, d’un terme à l’autre ; germination dans 
un cas, pas de germination dans l’autre ; ou germination dans les 
deux cas, mais avec une vitesse de germination plus grande dans 
un cas que dans l’autre. 

Voyons ce que j'ai pu réaliser de ce programme chez l'Homme et 
chez les animaux. 


GERMINATION DES SPORES CHEZ L'HOMME 


Etait-il possible d'étudier ce programme en entier chez l'Homme”? 
Non, on ne peut pas, de parti pris, faire des expériences avec des 
spores de Champignons capables de germer chez l’homme et de 
provoquer, au moins dans quelques cas, dés affections pseudo- 
tuberculeuses assez mal connues encore et dont la gravité nous 
échappe. 

Mon rôle a donc été principalement de prendre des observations. 

Comment peut-on observer la germination des spores dans les 
voies respiratoires ? 


112 P. LESAGE 


On ne peut pas le faire directement, c’est-à-dire on ne peut pas 
observer et suivre la germination des spores dans ces voies comme 
on la suit sur une préparation au microscope. 

Ce n’est donc qu'indirectement que cette observation peut se 
faire, par la constatation de la présence de mycélium dans ces 
voies et dans les crachats qui en proviennent. 

Les observations de spores de Champignons et de mycélium 
dans les crachats de certaines personnes sont assez nombreuses 
et assez connues maintenant (1) pour que je ne m’attarde pas à les 
signaler à nouveau. La seule chose que je désire dire à leur sujet, 
c'est que la présence de mycélium dans ces crachats n’est pas une 
preuve irrélutable que ce mycélium provient de spores ayant 
germé dans les voies respiratoires ; elle permet tout au plus de 
dire qu’il est probable que la germination s’y est faite. 

Je ne me suis pas contenté de cette probabilité, j'ai cherché les 
moyens de pouvoir affirmer que la germination se fait dans les 
voies respiratoires. Pour cela, j’ai encore étudié les crachats, mais 
dans des circonstances particulières qui réalisent presque les con- 
ditions d’une expérience, dans laquelle on fait un semis, dont on 
prélève de temps en temps les organes reproducteurs semés, pour 
suivre les progrès de la germination. 

Pour exécuter cette expérience sur le vivant et chez l'Homme, 
je me suis adressé à des sujets de bonne volonté qui faisaient eux- 
mêmes les semis et les prélèvements dans les voies respiratoires 
sans rien changer à leurs habitudes et sans courir plus de risques 
que si je ne leur avais rien demandé. 

Ces sujets étaient des personnes travaillant dans la poussière, à 
la période de la récolte des foins, des blés, etc... ou pendant le 
remaniement des pailles et des graïins ; ils faisaient eux-mêmes 
les semis en inhalant cette poussière avec les spores qu’elle con- 
tient, ils pratiquaient des prélèvements en rejetant cette poussière 
dans leurs crachats. Pour rendre leurs prélèvements instructifs et 
l'expérience concluante, je demandais à chaque sujet de cracher, 
le soir d’une journée de travail dans la poussière, directement 
dans un flacon contenant de l'alcool afin de fixer l’état actuel des 
cultures; puis de faire la même opération le lendemain matin. De 


(1) L. Rénon, Étude sur l’aspergillose chez les animaux et chez l'Homme, 1897. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 413 


la sorte, mon expérience n ajoutait rien aux dangers de leur métier 
et ne demandait qu’une opération facile à exécuter et qu'ils 
exécutaient avec soin, les uns heureux de satisfaire ce qu'ils 
croyaient être une douce manie, les autres pour rendre service à la 
science, comme ils le disaient quelquefois. 

J’ai étudié les crachats de plus de cinquante personnes placées 
dans ces conditions. Ces crachats avaient été obtenus de deux 
manières : 1° par expiration violente pour avoir du mucus prove- 
nant de la trachée ou des parties plus profondes; 2° par expiration 
violente après une inspiration violente pour avoir du mucus à la 
fois des fosses nasales et des parties profondes des voies respi- 
ratoires. 

J’ai fait le plus souvent l’étude de ces crachats en les traitant 
par la potasse diluée et chauffée. Elle m'a toujours montré des 
fragments très divers accompagnant le mucus et, en même temps, 
des spores de plusieurs sortes de Champignons non germées ou à 
des états plus ou moins avancés de la germination. Nous pouvons, 
à ce point de vue, distinguer trois catégories de crachats : 

10 Ceux dans lesquels la germination était commencée le matin 
seulement ; 

20 Ceux dans lesquels la germination était commencée le matin 
et même le soir, mais inégalement avancée ; 

3° Ceux dans lesquels il n’y avait de spores germées ni le soir 
ni le matin. 

Discutons la valeur de ces trois catégories d'observations. 

1° Des crachats étant recueillis le soir d’une journée dé travail 
dans la poussière et le lendemain matin, les spores contenues dans 
ces crachats n’étaient germées que dans ceux du matin. 

Quand on veut connaître le moment où commence la germination 
dans une culture expérimentale, on procède de plusieurs manières, 
et l’observation peut être directe ou indirecte. 

Quand l’observation est directe, elle peut être continue ou frac- 
tionnée ; dans le premier cas, on observe directement et continuel- 
lement les spores au microscope ; dans le second, l’observation est 
faite en plusieurs fois après des temps égaux autant que possible, 
par exemple, toutes les heures, les demi-heures, etc... 

Dans l’observation directe continue, on voit les spores se gonfler 


414 P. LESAGE 


puis produire le tube mycélien, c’est-à-dire toutes les phases de la 
germination. 

Dans l’observation directe fractionnée, on observe la culture 
jusqu’à l'apparition de ce tube mycélien ; alors on est en droit de 
dire que si l’observation dans laquelle on voit le tube pour la 
première fois est la n°, la germination s’est révélée de la ne — 1 
observation à la n° observation et que cette germination s’est faite 
à peu près dans n ou n— 1 unités de temps, en appelant unité le 
temps qui sépare deux observations consécutives. La vitesse de 
sermination s'exprime relativement par _ ou — î 

Quand l’observation ne peut se faire directement, la culture ne 
pouvant être observée au microscope, on s'arrange de façon à 
semer des spores aussi comparables que possible et en quantité 
suffisante pour pouvoir faire plusieurs prélèvements. Ce sont ces 
prélèvements, faits après des temps égaux, qu’on examine au 
microscope. 

C’est une observation indirecte fractionnée. 

Si ces prélèvements sont faits à des dates très rapprochées, la 


1 


vitesse de germination peut se donner par eu moins et par 


j 2 plus, comme ci-dessus. Mais si les observations consécu- 
n — 


tives sont assez éloignées les unes des autres, on n'est plus en 
droit de dire que la germination s’est faite en n —1 ou n unités 
de temps, mais on doit dire que cette germination s’est faite de 
la n° observation moins une à la n° observation. On n’a plus 
qu’une indication plus ou moins vague sur le temps nécessaire à 
la germination. 

Dans le cas de nos crachats, la méthode employée est celle 
de l’observation indirecte fractionnée et le résultat est que la 
germination s'est faite depuis le soir jusqu’au lendemain matin. 
C’est une indication un peu vague du temps que demandent les 
spores pour germer, mais c’est l'assurance que la germination 
s’est faite pendant la nuit et, ce qui nous intéresse surtout, que 
cette germination s’est faite chez l'homme. 

Il y aurait bien le cas de spores déjà germées au moment de 
l’inbalation, que l’observation du soir n’a pas décelées et qui par 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES A5 


hasard se sont trouvées dans les seuls crachats du matin. Si l’expé- 
rience était unique, la critique serait peut-être fondée ; mais ces 
faits se sont retrouvés un grand nombre de fois et je ne puis 
admettre que le hasard se soit acharné à me tromper tant de fois. 
Au surplus, j'avais un moyen de me défendre contre ce malen- 
- contreux hasard, et je l’ai utilisé. Les spores germées avant l’in- 
halation présentent, le plus souvent, un tube mycélien d’une 
couleur très différente de celle que possède le tube mycélien 
accompagnant une spore qui germe : dans le premier cas, il est 
plutôt brunâtre foncé, dans le second, il est clair, transparent. 

= Dans les crachats du matin, je ne tenais compte que de la der- 
nière sorte de tubes mycéliens. 

Les spores de champignons germent donc dans les voies respi- 
ratoires de l’homme. 

20 Des crachats étant recueillis le soir d’une journée de travail 
dans la poussière et le lendemain matin, des spores germées se 
trouvaient dans les deux sortes de crachats, mais inégalement 
germées. 

En étudiant attentivement mes préparations, j'ai acquis la certi- 
tude que, si des spores étaient germées dans les crachats du soir 


et dans ceux du matin, A 
les tubes mycéliens 2 LT 
étaient beaucoup plus EC 

courts dans les pre- 8 : 


miers À que dans les 
seconds B comme l’in- 
dique la figure 13. 

Comment interpréter 
cela ? 

Revenons à nos cultures expérimentales et à l'observation indi- 
recte fractionnée d’après laquelle nous avons dit que la germina- 
tion s’est faite entre la n°— 1 et la ne observation; supposons que 
nous continuions nos observations après la n° et que nous compa- 
rions les résultats par exemple de la ne à la ne + 1. Nous verrons 
dans la n° des tubes mycéliens courts, sortant à peine des spores ; 
dans la n° +1 nous trouvons des tubes mycéliens un peu plus 
longs parce que du temps n au temps, n + 1, le tube mycélien déjà 
formé au temps n, s’est développé sur un milieu suffisamment 


B 


Fig. 143. — A, spores des crachats du soir ; 
B, spores des crachats du lendemain matin. 


416 P. LESAGE 


favorable et parce que la germination à été continuée pendant une 
unité de temps. Entre la n° observation et la n° + m nous aurons 
des différences plus grandes encore ; tube court à la ne, filament 
mycélien très long à la n° +m. De la comparaison de ces deux 
dernières observations on tire la conclusion suivante : la germina- 
tion est commencée dans les deux cas et le tube mycélien a continué 
à se développer du temps n au temps n+ m parce que les condi- 
tions de la culture le permettaient. 

C’est ce dernier cas que nous retrouvons dans l’étude des 
crachats de la deuxième catégorie : n° observation, dans les crachats 
du soir ; n° + m observation dans les crachats du matin. La même 
conclusion doit s’en tirer. 

Ces crachats de la deuxième catégorie prouvent donc, après 
ceux de la première catégorie, non seulement que les spores ger- 
ment dans les voies respiratoires, mais que la germination s’y 
continue-et que le mycélium s’y développe. Ceci indique que les 
conditions dans lesquelles sont les spores se trouvent suffisam- 
ment favorables à la germination et à un développement ultérieur 
du mycélium. | 

Donc les spores germent dans les voies respiratoires de l’homme 
et le mycélium peut s’y développer. 

3° Des crachats étant recueillis le soir d’une journée de travail 
dans la poussière et le lendemain matin, les spores qu'ils contien- 
nent ne sont germées dans aucun. 

L'indication que les spores n’ont pas germé doit se discuter. En 
effet, nous pouvons dire que la germination ne s’est pas faite soit 
parce que le temps du séjour des spores dans les voies respira- 
toires n’a pas été suffisamment long, soit parce qu'elle était 
impossible et ne pouvait pas se faire dans les conditions réalisées 
par ces voies. 

Reprenons séparément ces deux manières de voir. 

La germination ne s’est pas faite parce que les spores n’ont pas 
séjourné pendant un temps suffisamment long dans les voies 
respiratoires. 

C’est possible, mais remarquons que dans d’autres cas, dans des 
opérations faites de la même manière et pendant le même temps, 
la germination s’est très bien effectuée. Il y aurait donc au moins 
retard dans la germination. À quoi tient ce retard ? Il peut tenir 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 417 


aux conditions extérieures, aux conditions intérieures et aux 
spores elles-mêmes. 

Je n’ai malheureusement pas les moyens de discuter les condi- 
tions extérieures des cas nombreux et variés dans lesquels j'ai eu 
recours à mes sujets. Tout au plus pourrais-je indiquer la tempé- 
rature, parce que j'ai fait des observations à presque toutes les 
époques de l’année ; mais la température extérieure a peu d’im- 
portance puisque les spores se trouvaient à la température du 
Corps humain dans tous les cas. 

On serait encore tenté de dire que les spores ne germaient pas 
parce qu’elles avaient perdu leur faculté germinative. Mais il n’en 
était rien puisque les poussières cultivées dans l’air humide, sur 
gélose, à 3705, renfermaient des spores de même forme que celles 
des observations précédentes et qui germaient très bien. 

On pourrait encore dire que ces spores étaient assez modifiées et 
différentes les unes des autres pour que leur germination ne se fit 
plus dans le même temps, d’où la cause du retard dans la germina- 
tion de quelques-unes. 

Pour discuter cette manière de voir, il aurait fallu faire germer 
les spores des poussières dans tous les cas, dans l’air humide et à 
31°5. Si je l’ai fait pour quelques-unes, il m’a été matériellement 
impossible de le faire pour d’autres qui ne m'ont pas été envoyées 
en même temps que les crachats. La part de cette influence propre 
des spores sur la germination ne peut donc s'établir rigoureusement. 

Quant aux conditions intérieures, il devient extrêmement diff- 
cile de les discuter. Sur les cinquante sujets qui ont bien voulu se 
prêter à mes recherches et dans les crachats desquels j'ai trouvé 
des spores, germées ou non, il y a des différences individuelles 
que je ne puis songer à établir; et, pour un même sujet ayant 
fourni des crachats à des dates différentes, ils’est présenté des états 
différents que je n’ai pu noter. 

Donc, de ce côté encore, mes observations sont loin d’atteindre 
la valeur d'expériences menées sûrement. 

J’ai cherché un intermédiaire entre la simple observation et 
l'expérience proprement dite. Entre autres idées que ces divers 
cas de non germination m’avaient suggérées se trouvait la sui- 
vante. La germination ne se fait pas parce que certains Hommes, 
sont habitués à vivre dans la même poussière et entraînés à cons- 


Archives de Parasitologie, VIII, n° 3, 1904. 27 


LAS P. LESAGE 


tituer un milieu défavorable à cette germination. Par opposition 
si on considère certains autres Hommes non habitués à vivre dans 
cette poussière, ils ne sont pas entraînés à former un milieu défa- 
vorable à la germination ; par conséquent, si on les place dans 
cette poussière, les spores qu’ils inhaleropt pourront peut-être 

germer. | | 

J’ai fait personnellement un essai, en me conformant à cette 
idée, de la manière suivante. J’ai passé une après-midi, dans une 
minoterie, en compagnie d’un garde-nettoyage ; j'y ai inhalé les 
mêmes poussières que lui, pendant quatre heures ; à la fin de la 
séance, j'ai recueilli isolément quelques crachats émis par nous 
deux ; le lendemain matin, j’ai fait une nouvelle prise de crachats. 
En examinant ces crachats, j'ai constaté la présence de spores 
dans tous ; mais, pas plus dans les miens que dans ceux du garde- 
nettoyage, je n’ai trouvé de germination. Je ne puis donc avoir 
d'indication précise sur la cause du retard dans la germination. 

En ce qui concerne la seconde manière de voir qui consisterait 
à dire que la germination ne s’est pas faite parce qu'elle était 
impossible, je ne puis rien fournir de plus que ce qui a été dit. 

Ce qui ressort de cette étude se limite donc à ceci : Les spores 
inhalées par l'Homme germent dans Certains cas dans les voies 
respiratoires, et ne germent pas dans d’autres cas. Quand elles 
germent, le mycélium peut continuer à se développer; ce qui. 
indique que ces voies ne constituent pas un milieu absolument 
défavorable à la germination. Quand elles ne germent pas nous 
n'avons rien pour expliquer suffisamment cette non germination. 

Nous n’avons rien, puisque les conditions extérieures à l'Homme 
et les conditions fournies par les spores elles-mêmes ne peuvent 
nous expliquer le retard dans la germination ou la non germina- 
tion absolue ; et, enfin, puisqu'il nous est diflicile d'établir les 
conditions intérieures à l'Homme. 

Cependant, si je veux épuiser tous les raisonnements et tous 
les matériaux que je possède, je dois dire que, de la comparaison 
des divers sujets observés, il ressort une notion qui peut se discu- 
ter favorablement à mes vues, sans compter, d’ailleurs, que l’on 
puisse considérer cette discussion comme définitive quand je 
l’aurai donnée. 

Les personnes auxquelles je me suis adressé peuvent se ranger 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 419 


en deux catégories. Dans la première se trouvent celles qui 
travaillent les graines, pailles et foins au moment de Ja récolte, et 
dans les crachats desquelles les spores étaient le plus souvent 
germées ; dans la seconde, les personnes qui remanient les graines 
à n'importe quel moment de l’année et dont les crachats ne ren- 
fermaient pas de spores germées. J'avais d’abord établi cette classi- 
fication pour distinguer les personnes inhalant les spores nouvelles 
des personnes inhalant les spores anciennes, et arriver à dire que 
la germination ne s’est pas faite dans la seconde catégorie, peut- 
être parce que les spores étaient plus âgées que dans la premiere, 
ou peut-être parce qu'elles étaient trop âgées pour germer. 

Il y a probablement du vrai dans cette opinion, mais, à elle seule, 
elle ne suflit pas pour expliquer la non germination. En effet, 
dans cette manière de voir, nous revenons à l'influence de l’état 
de la spore que nous avons déjà traité, mais qu'il faut reprendre 
alors, en insistant. Voici une observation de la fin d'avril, par 
conséquent d’une époque à laquelle les graines et les spores qui 
les accompagnent sont relativement très âgées. J'ai recueilli dans 
l’alcool, un soir et le lendemain matin, des crachats provenant du 
garde-nettoyage dont j'ai déjà parlé; en même temps, j'ai semé sur 
gélose la poussière de la salle où travaille cet Homme et j'ai placé 
les cultures dans l’air humide à 37°5 pendant la nuit. À l’observa- 
tion, les crachats montrent bien des spores nombreuses, mais non 
germées, pas plus dans les crachats du matin que dans ceux du 
soir ; au contraire, dans les cultures sur gélose, la germination a 
fourni des filaments mycéliens déjà assez longs après 17 heures, 
ce qui indique que la germination s’y est faite dans un temps beau- 
coup plus court que 17 heures. Par conséquent l’âge des spores ne 
peut pas être invoqué pour expliquer la non germination pas plus 
qu’un retard dans la germination. 

J’ai repris cette classification en suivant une idée différente et 
qui se rapporte plus ou moins bien à l’action de l’état hygromé- 
trique sur la germination des spores. 


Laissant de côté la notion de l’âge des spores, j'ai considéré les 
conditions dans lesquelles se sont trouvés mes sujets, et j'ai été 
frappé par les coincidences suivantes. Au moment de la récolte, 
les personnes appartenant à la première catégorie sont surmenées 


420 P. LESAGE 


de diverses manières et se trouvent dans des états sur lesquels il 
faut appeler l’attention. 

En général, que ce soit pour la mise en grange des foins, la 
récolte ou le battage des Blés, ces opérations se sont faites, le plus 
souvent, à la hâte, parce que c’est le mauvais temps qui menace, 
parce qu’on veut s’en débarrasser le plus tôt possible et pour 
d’autres raisons encore. C’est aussi la période des fortes chaleurs, 
pour cette raison et parce qu’on travaille activement, on a chaud 
et on boit beaucoup, on transpire davantage. En un mot le régime 
hygrométrique est absolument modifié dans toutes ses manifesta- 
tions pendant ces moments de l’année; en particulier l’hygromé- 
trie des voies respiratoires est exaltée. C’est dans ces moments-là 
que j'ai recueilli les crachats et que j'y ai trouvé des spores germées. 

Dans la seconde catégorie, se trouvent des minotiers, des mar- 
chands de grains qui exercent leur métier toute l’année avec la 
même intensité, à quelques légères variations près, et qui ne se 
surmènent certainement pas autant que les cultivateurs au moment 
des récoltes. En tout cas, j'ai recueilli les crachats à des moments 
qui ne coincidaient nullement avec une suractivité considérable, 
pas plus qu'avec un régime hygrométrique profondément modifié. 
Ces crachats contenaient bien des spores, mais des spores non 
germées. 

Voici des chiffres à l’appui de ce que je viens de dire sur cette 
classification : 

Je retrouve dans une liste résumant toute une longue série 
d'observations, 16 personnes appartenant à la première catégorie 
et 9 appartenant à la seconde. Les crachats contenant des 
spores germées avaient été émis par l4 personnes, toutes de la 
première catégorie. Les crachats de toutes les personnes de la 
seconde catégorie et de deux seulement de la première contenaient 
seulement des spores dont aucune n’était germée. 

Y aurait-il autre chose qu’une simple coïncidence entre ces faits ? 

On est porté à y trouver un rapport de cause à effet d'autant 
mieux que nous avons vu, au chapitre 1 de la première partie, 
que, à l’état de grande activité, la tension de vapeur d’eau de l’air 
expiré est plus élevée qu’à l’état de repos. 

En efiet, appliquons la loi de germination des spores de Penicil- 
lium dans l’air humide; cette germination est sous la dépendance 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 421 


de l’état hygrométrique _. Dans tous les cas considérés, F est 


constant ; si, comme nous venons de le voir, f augmente considé- 
rablement chez les personnes de la première catégorie seulement, 


_. doit y augmenter proportionnellement et, par conséquent, la 


germination tendre à s’y faire mieux et plus rapidement que chez 
celles de la seconde catégorie où Î varie très peu, parce que leur 
activité, relativement moins grande, varie elle-même très peu. 

Nous arrivons là à une explication de la différence dans la ger- 
mination des spores inhalées par les deux catégories de personnes 
observées. 

Pour résumer ce chapitre, nous pouvons dire que, dans quelques 
cas, les spores inhalées par l'Homme peuvent germer dans les voies 
respiratoires et le mycélium continuer à s’y développer; dans 
d’autres cas, la germination ne s’y fait pas ou est retardée pendant 
un temps assez long de durée inconnue jusqu’à présent. 

Une explication du retard peut se donner en appliquant la loi 
de germination des spores de Penicillium dans l’air humide et en 
considérant la coïncidence qui se manifeste entre la germination 
et les conditions hygrométriques spéciales des voies respiratoires 
des personnes chez lesquelles cette germination a eu lieu. 

La première partie de ce résumé est certaine et vérifiée; la 
seconde est une explication qui aurait besoin d’être contrôlée avec 
soin. Le tout est intéressant parce qu’il appelie l’attention du 
médecin sur la possibilité des mycoses dans les voies respiratoires 
et sur une manière d’en envisager la genèse qui, bien que nou- 
velle, pourrait prendre une singulière importance ‘si elle servait à 
expliquer de nouveaux faits chez l'Homme, et surtout, si l’on veut 
bien considérer qu’elle se vérifie chez quelques Oiseaux comme 
nous allons le voir dans le chapitre suivant. 


GERMINATION DES SPORES CHEZ LES ANIMAUX 


Les expériences que je ne pouvais songer à faire chez l'Homme, 
parce qu’elles nécessitent le sacrifice du sujet après chacune d’elles, 
se font couramment chez les animaux. 

Pour réaliser le programme indiqué au commencement de cette 


422 P. LESAGE 


quatrième partie, j'ai tenté ces expériences en les modifiant de 
diverses manières pour arriver à trouver des résultats suffisam- 
ment démonstratifs. Je vais en rendre compte dans ce chapitte; 
‘mais avant il me paraît utile de donner quelques explications au 
sujet du Sterigmatocystis nigra qui m’a servi dans ces expériences. 

Tout d’abord, pourquoi me suis-je servi de ce Champignon 
plutôt que de l’Aspergillus fumigatus, par exemple, qui aurait fourni 
des résultats d’autant plus intéressants qu'il est sérieusement 
pathogène chez l'Homme et les animaux ? J'ai plusieurs raisons à 
donner, non du choix de ce Sterigmatocystis nigra, mais de la con- 
tinuation de mes recherches avec cette espèce. 

En premier lieu, quand j'ai songé à m'occuper des mycoses, 
j'avais déjà étudié le Penicillium glaucum et le Sterigmatocystis nigra 
dans de nombreuses expériences de physiologie végétale; j'avais 
acquis, dans l’étude de la germination des spores de ces deux 
Champignons, des connaissances variées qu’il me paraissait légi- 
time d’appliquer dans la mesure du possible. Dès les premiers 
essais tentés avec le Penicillium glaucum pour étudier expérimen- 
talement le début des mycoses dans les voies respiratoires, je 
m’aperçus que je ne pouvais utiliser avantageusement ce Champi- 
gnon. En eflet, comme je l’ai dit déjà, les trois températures 
critiques pour la germination des spores de ce champignon sont 
15, 22 à 260 et 41 à 43°; en particulier, l’optimum est trop éloi- 
gné et la limite supérieure trop rapprochée de 38 à 40°, tempé- 
rature des animaux sur lesquels je désirais expérimenter. Il n’en 
était plus de même pour le Sterigmatocystis nigra dont l’optimum 
est au voisinage de 38 et qui germe donc très facilement aux 
températures des expériences sur les animaux. 

A ce point de vue, le Penicillium devenait inutile, mais le Sterig- 
malocystis nigra pouvait me servir. [l pouvait encore être avanta- 
geusement employé puisqu'il est quelquefois pathogène (1) et 
puisqu'il a été étudié comme tel par divers auteurs sous le nom 
d’Aspergillus niger, en même temps que d’autres Aspergillus dont 
il diffère par ses stérigmates ramifiés (2). 

Enfin, il me convenait mieux que d’autres, en particulier que 


(1) Fr. Saxer, Preumonomykosis aspergillina. Iena, 1900, p. 61. 
(2) RÉNON, Étude sur l’aspergillose chez les animaux et chez l'Homme ; cf. 
p. 65. 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 423 


l’Aspergillus fumigatus parce que ce Sterigmatocystis nigra est beau- 
coup moins pathogène que cet Aspergillus fumigatus (1). 

Comme j'avais déjà constaté, dans mes crachats, que le Sterig- 
matocystis nigra peut germer dans les voies respiratoires, je 
n’éprouvais nullement le désir de faire, même accidentellement, 
la même constatation pour l’Aspergillus fumigatus, d'autant moins 
qu’il provoque la pseudo-tuberculose aspergillaire ou aspergillose 
de l'Homme et des animaux. 

Après tout, je désirais moins faire l’étude attentive des mycoses 
que faire la vérification.de mes vues théoriques concernant l’in- 
fluence du régime hygrométrique des voies respiratoires sur la 
germination des spores amenées dans ces voies et, par conséquent, 
sur le début seul de ces mycoses. Le Sterigmatocystis nigra pouvait 
donc me suffire, puisque ses propriétés physiologiques lui per- 
mettent de germer chez l'Homme et chez les animaux, et parce que 
ses propriétés pathogènes ne sont pas trop redoutables et permet- 
tent d'appliquer, par comparaison, les résultats expérimentaux 
qu’il fournit à des Champignons plus pathogènes que lui. 

Je me suis donc proposé de rechercher si les spores de Sterig- 
malocystis nigra, placées sur la paroi des bronches ou de la trachée 
germent plus lentement que dans l’air saturé de vapeur d’eau à la 
température de ces organes ; si cette germination subit des varia- 
tions, quand l’animal vit dans l'air sec ou dans l’air humide ; et 
si, Chez un même animal, cette germination se fait avec des vitesses 
différentes suivant la profondeur du point des voies respiratoires 
sur lequel ces spores sont fixées. 

Pour faire des recherches conformément à ces données, je devais 
employer une méthode de culture très spéciale et un mode d’ob- 
servation tout particulier ; voyons d’abord cette méthode, j’indi- 
querai ensuite les moyens que j'ai employés pour étudier les 
cultures et les variations qu’elles pouvaient présenter. 

Les méthodes d’expérimentation auxquelles j’ai songé dès le 
début consistaient à faire inhaler des spores aux animaux ou à 
leur insuffler ces spores par la glotte ou par une ouverture prati- 
quée dans la trachée, puis, après un certain temps, à les sacrifier 


(1) Th. A. RoraweLz, Dissertation on Aspergillosis. The Victoria University, 
1899, p. 66. — Macé, Etude sur les mycoses expérimentales. Archives de Para- 
sitologie, VII, 1903. 


424 P. LESAGE 


pour rechercher ces spores dans les voies respiratoires et voir si 
elles avaient germé et de quelle manière. Mais ces méthodes pré- 
sentaient plusieurs inconvénients. D'abord, il était difficile de faire 
arriver des spores en des points déterminés parce que, inhalées ou 
insufflées, ces spores pénétraient plus ou moins loin ; ensuite, 
même déposées sur des points précis de la paroï, elles pouvaient 
être déplacées par le mouvement des cils vibratiles et par l'expi- 
ration violente de l’animal, sans compter l’action des autres fac- 
teurs locaux. Or, nous savons que, chez l'Homme, l'air qui frôle un 
point de la paroï des voies respiratoires, renferme de la vapeur 
dont la tension varie entre des valeurs d’autant plus élevées que ce 
point est plus profond et d'autant plus basses qu'il est plus rap- 
proché des fosses nasales. Si nous admettions les mêmes variations 
chez les animaux, il n’était donc pas indifiérent de fixer ou non 
ces spores, de les envoyer sur un point ou sur un autre ; il fallait 
les placer en un point bien déterminé et les y maintenir pendant 
toute la durée de l’expérience pour rendre les résultats. com- 
parables. 

C’est pour me conformer à ces exigences que je me suis Créé 
une méthode toute particulière dont voici la suite des opérations 
spéciales : faire la trachéotomie entre deux cartilages ; intro- 


duire une culture 
NU À /° sur gélose dans la 
À a PEN trachée, la fixer soli- 

ES SRE S 
RENE dement au point 


HIEN dy voulu de la paroi 


à B c interne ; suturer cet- 


Fig. 14. — Boîte à culture grossie environ deux fois. te trachée et la main- 
— À, vue de face; B, en coupe longitudinale ; C, tenir fermée jusqu’à 
mise en place et maintenue contre la paroi interne  ]a fin de l’expérien- 
a de la trachée par le fil dont les bouts b et c sont 


noués à l’extérieur. Eee 


Les spores étaient 
semées sur une goutte de gélose coulée et encastrée dans une petite 
boîte de fer ou mieux d’aluminium, à la façon d’une pierre pré- 
cieuse dans un chaton (fig. 44), et cette boîte était fixée à la paroï 
de la trachée de la manière suivante. La trachée était dégagée, 
chargée sur un stylet pour la faire bomber, et fendue transversale- 
ment entre deux cartilages ; l’un des bouts d’un fil attaché à la 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 425 


boîte était introduit par la plaie en boutonnière et à l’aide d’une 
aiguille courbe piquée au niveau du point choïsi, il était passé au 
travers de la paroi puis remis à un aide qui avait mission de le 
tendre pendant que l'opérateur faisait glisser le fond de la petite 
boîte sur une des lèvres de la plaie en évitant que l’autre lèvre 
n’essuyât les spores semées sur la gélose. Quand cette boîte était 
arrivée en place voulue elle y était maintenue par l’aide qui tirait 
le premier bout de fil pendant que l’opérateur passait le second 
bout à l'extérieur et au travers de la paroi ; finalement les deux 
bouts étaient noués solidement. Le stylet retiré, la trachée était 
suturée par deux fils croisés et fortement serrés; il ne restait plus 
qu’à recoudre la peau. 

Cette méthode était difficilement applicable aux Cobayes, aux 
Lapins et aux Pigeons dont la trachée est très étroite ; maïs je l’ai 
avantageusement employée avec les Canards et les Oies qui sup- 
portent très bien l’opération que j'ai faite plusieurs fois dans 
de bonnes conditions, et aussi rapidement qu'il était nécessaire 
pour ne pas introduire de trop grandes différences de temps entre 
les cultures comparées. 

Voyons maintenant le mode d'observation. 

Quand l’expérience avait duré assez longtemps, je sacrifiais les 
animaux en prenant toutes les précautions nécessaires pour isoler 
les portions de trachée dans lesquelles se trouvaient les cultures, 
enlever rapidement les petites boîtes et les mettre immédiatement 
dans l'alcool afin de pouvoir les examiner attentivement plus tard. 
Nous pouvons ramener cela à ce que j'ai appelé précédemment 
observation indirecte fractionnée dans laquelle on ne fait qu’un 
seul prélèvement et une seule observation. Pour cette raison l’em- 
ploi de cette méthode ne devait pas se faire sans discernement ; il 
nécessitait des essais préalables sur l'attitude des spores de Sterig- 
matocystis nigra dans les diverses conditions que l’on devait com- 
parer. En effet, dans tous les cas où je me suis trouvé, j'avais au 
moins trois cultures à comparer : 

M. — Culture témoin, dans l’air saturé de vapeur d’eau, placée 
dans une étuve réglée à la température de la trachée des animaux 
en expérience. | 

N.— Culture fixée dans la trachée et placée dans une première 
condition. 


426 P. LESAGE 


O.— Culture fixée dans la frachée et placée dans une deuxième 
condition. 

L'unique prélèvement terminait l’expérience ; l’unique observa- 
tion pouvait nous placer dans quatre cas qu'il est utile d’étudier. 
Pour la facilité de la discussion, supposons que les spores ne 
germent pas avec la même vitesse dans les cultures, que M germe 
plus vite que N et que la germination de N se fasse plus rapide- 
ment que celle de 0. 

Un premier cas est celui où les animaux sont sacrifiés, c’est-à-dire 
où le prélèvement est fait, avant que la germination soit com- 
mencée en M. L'expérience est inutile ; elle ne nous indique rien 
sur l'attitude relative des spores. On pourra éviter Ce cas en 
surveillant la culture témoin, et en la soumettant à l’observation 
indirecte fractionnée avec de nombreuses observations successives. 

Un second cas est celui où le prélèvement est fait après la ger- 
mination de M, mais avant la germination de N. L'expérience est 
incomplète ; car si elle nous indique que M germe plus rapidement 
que N et que O, elle ne nous dit rien sur l’attitude relative de Net 
de O, elle ne fournit pas le renseignement important. 

Dans un troisième cas le prélèvement est fait au moment où 
les spores sont germées dans M et dans N, mais avant la germina- 
tion de O. L'expérience est intéressante, car elle donne le résultat 
cherché avant tout, l’attitude relative des spores dans les cultures 
N et O. Elle donne même l'attitude relative des spores dans les 
cultures M et N à la condition d'interpréter cette attitude comme 
je vais l’indiquer tout à l'heure. Ce cas serait le meilleur à réaliser, 
mais il est difficile de faire le prélèvement juste au moment voulu; 
le plus souvent on se trouve dans le quatrième cas. 

Dans ce quatrième cas le prélèvement est fait au moment où la 
germination est commencée dans toutes les cultures. Comment 
tirer une conclusion de l'observation de ces cultures ? 

Pour répondre à cette question. voici une expérience complexe 
faite avec des cultures témoins placées dans une étuve à la tempé- 
rature de 39 à 40 et à des états hygrométriques différents dans 
des flacons ayant la forme de la figure 3. 

J'avais préparé quatre séries de 5 flacons chacune ; dans la pre- 
mière série, chaque flacon contenait de l’eau pure pour avoir l’état 
hygrométrique 1; dans la seconde se trouvait une solution à 7 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 427 


de Na CI pour avoir l’état hygrométrique 0.957; dans la troisième 
une solution de Na CI à 1% °/, pour obtenir l’état hygrométrique 
0.915; enfin dans la quatrième, chaque flacon contenait une solu- 
tion de NaCl à 28 °/, donnant l’état hygrométrique 0.831. Ces 
flacons furent mis à l’étuve pendant la matinée pour que l’atmos- 
phère interne prit l’équilibre hygrométrique voulu et, à midi, des 
cultures sur gélose de spores comparables furent rapidement 
suspendues dans ces flacons. 

Je commencçai l’observation fractionnée à 5 heures du soir et la 
continuai d'heure en heure jusqu’à 9 heures du soir en enlevant, 
chaque fois, 4 flacons, à raison d’un flacon par série, et en notant la 
longueur des tubes mycéliens ; cela fait donc cinq observations qui 
-sont consignées dans le tableau suivant : 


LONGUEUR DES TUBES MYCÉLIENS 
OBSERVATIONS Solution de Na CI à 
Eau pure C7 14 07, 28 ‘/, 
CucrTure M | Cucrure N | CuzrurE O | CULTURE P 
N°1à5h. du soir 0 0 0 : 0 
) 2» 6 » 22 0 0 0 
De D 7 » 36 v 20 vu : 0 Û 
» 4» 8 Ù 61 y 50 y Can 0 
) © » f » 100 y 68 v. 26 vw 0 


Si nous voulons considérer particulièrement les trois séries de 
cultures : M sur eau pure, N sur solution de Na CI à 7 °/,, O sur 
solution à 14 °/, et les quatre premières observations, nous aurons 
la représentation des quatre cas que j'ai étudiés précèdemment et 
la réponse à la question posée à propos du quatrième cas. L’obser- 
vation de 8 heures du soir nous montre que la germination est 
commencée dans les trois cultures, mais les tubes mycéliens sont 
de longueur très inégale ; c’est le seul renseignement que nous 
pourrons trouver dans nos expériences sur les animaux. Comment 
l’interpréter ? Remontons le tableau de l’observation n° 4 à l’obser- 
vation n° 1 ; nous en tirons d’abord æette conclusion, concordante 
d’ailleurs avec tout ce qui a été dit sur la germination des spores 
du Penicillium glaucum, que les spores ont germé plus vite sur 


428 P. LESAGE 


l’eau pure que sur les solutions salines, et sur la solution à 7 °/o 
que sur celle à 44°/,; nous en tirons ensuite cette autre conclusion 
que, à une observation quelconque, les tubes mycéliens sont les 
plus longs dans les cultures où la germination s’est effectuée le 
plus rapidement. 

Par conséquent dans le quatrième cas considéré, celui que nous 
avons chance de retrouver le plus souvent, la mesure de la longueur 
des tubes mycéliens nous renseignera sur la vitesse de germina- 
tion des spores et, par suite, sur l'attitude relative des cultures 
comparées dans les conditions différentes où elles sont placées. 

Il nous suffira de constater que les tubes mycéliens ont 64 v dans 
la culture M, 50 & dans la culture N et #u dans la culture O pour 
être en droit d'affirmer que la germination s’est faite plus vite en: 
M qu'en N et plus rapidement en N qu'en O0. C’est cette loi bien 
établie ici que j’appliquerai dans mes expériences. 

Remarquons, avant de quitter ce tableau, que la germination 
n'était pas faite à 9 heures du soir dans la culture P sur solution 
à 28 0/0, c’est-à-dire à l’état hygrométrique 0.831. Elle ne s’est pas 
faite davantage dans les 48 heures pendant lesquelles j'ai suivi 
particulièrement cette culture. Je pense qu’elle ne pouvait pas se 
faire du tout, parce que0.831 est probablement au-dessous de l’état 
hygrométrique limite de germination des spores du Sterigmatocystis 
nigra qui, comme je l’ai déjà dit précédemment, est un peu plus 
élevé que celui du Penicillium glaucum. 

Pour revenir aux cultures fixées dans la trachée, il fallait donc 
faire des expériences préalables pour déterminer à peu près le 
moment où je devais sacrifier les animaux pour faire une observa- 
tion utile. Chaque recherche particulière sur des animaux difié- 
rents devait donc comprendre deux périodes : une période d'essais 
et une période d'expériences définitives. | 

J’ai employé les Canards placés dans l’air see et dans l’air 
humide pour savoir si les spores de Sterigmatocystis nigra fixées 
dans leur trachée, germeront ou non de la même manière dans les 
deux cas. : 

J’ai utilisé les Oies dont la trachée est très longue pour vérifier 
si des spores fixées à des hauteurs différentes, germent également 
bien. 

Comme, dans ces recherches, j'employais des cultures témoins, 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 429 


j'y ai trouvé les moyens de m’assurer si les spores germent dans 
la trachée aussi vite que dans l’air saturé à la même température. 


$ 1. Influence de l'humidité de l'air extérieur sur la germination 
des spores dans la trachée. 


Dans la période d'essais, avec les Canards, j’ai cherché à trouver 
le temps dans lequel la germination se fait dans les trois cultures 
théoriques M, N et O, mais de telle sorte que la culture O com- 
mence seulement à germer : j'aurais même voulu trouver le cas 
où M et N étant germées O ne l’est pas encore. Je n'ai pas eu besoin 
d'en arriver là, les résultats m’ayant paru suffisamment nets, à un 
moment donné. 

Les Canards 1 et 2,3 et 4 m'ont servi dans cette période d'essais. 

Les Canards 5 et 6 soumis à l’expérience pendant 13 heures 15 
à 43 heures 25 ont donné des résultats intéressants que les Canards 
7 et 8, mis en expérience pendant 9 heures 25 à 9 heures 40, ont 
nettement confirmés. 

Voyons ces résultats avec les expériences qui les ont fournis. 

Canards n° à et 6 : Ces Canards ont été trachéotomisés et une 
boîte culture de Sterigmatocystis nigra fixée dans la trachée, en 
place comparable, au dessous de la glotte. Immédiatement après, 
le Canard n° 5 a été renfermé dans une cage sèche, le Canard n° 6, 
dans une cage humide, et ces cages ont été conservées l'une à côté 
de l’autre à la même température. 

Voici en quoi consistaient ces cages : 

Une cage cubique en fil de fer, de 40c® de côté, contenait l'animal 
et se trouvait placée au milieu d’une boîte cubique en bois, de 60cm 
de côté. Entre la cage et la boîte, l’espace libre était rempli dans 
un cas par du chlorure de calcium en fragments, dans l’autre par 
de la mousse humide dont on entretenait l'humidité en y versant 
de l’eau de temps en temps. 

A la fin de l’expérience, les animaux ont été sacrifiés, les petites 
boites cultures retirées et mises dans l’alcool ainsi que les cultures 
témoins placées dans l’étuve et dans l'air saturé à la température 
des Canards. La durée de l'expérience, entre la mise en place des 
cultures et leur mise dans l’alcool, a été de 13 heures 25 pour le 
Canard n° 5, de 13 heures 15 pour le n° 6, et de 12 heures 50 pour 
les cultures témoins. 


230 P. LESAGE 


Au microscope, j'ai vu les spores germées dans les trois cultures, 
mais avec des tubes mycéliens de longueurs inégales comme dans 
les cultures théoriques M, N et O. 

Voici ces longueurs : 


Culture témoin "PERCEN TE .. 2A10u 
Culture du Canard n° 6...... 1434 + 
Culture du Canard n°5....... 113 u 


Si nous appliquons la loi des cultures théoriques M, N, O, nous 
dirons que les spores ont germé plus rapidement dans l’air saturé 
que dans la trachée des Canards, et plus vite dans la trachée du 
Canard n° 6, respirant l’air humide, que dans celle du Canard n° 5 
respirant l’air sec. 

Canards n° 7 et 8 : J’ai réduit la durée de l’expérience faite sur 
ces Canards. Voici cette durée entre la mise en place des cultures 
et leur mise dans l’alcool : 8 h. 45 pour les cultures témoins; 9 h. 40 
pour la culture du Canard n° 7 placé dans l’air humide; 9h. 25 
pour celle du Canard n° 8 placé dans l'air sec. 

Les cultures témoins étaient placées dans une étuve réglée à 
3905 à 40° qui est la température anale des Canards. Les cages sont 
restées dans une serre dont la température a varié de 21° à 220. Un 
hygromètre enregistreur, mis successivement dans ces cages à la 
place des Canards au moment de leur sortie, a donné les mesures 


suivantes : 
Boîte humide Prune Poe 0.86 


Boite:sSeche came re RO A0 


L'observation a montré que les spores étaient encore germées 
dans les trois cultures et présentaient des tubes mycéliens moins 
avancés que dans l’expérience des Canards n° 5 et 6 ; ceci se com- 
prend très bien si nous remarquons que la durée de l'expérience 
a été réduite de plus de trois heures. Mais ce qui est important, 
c’est que, dans les 3 cultures, la longueur des tubes mycéliens était 
encore très difiérente : 


Culture témoin ............ 117 
Culture du Canardn°7..... 44 
Culture du Canard n° 8 ..... 19 ue | æ 


La conclusion tirée de l’expérience faite sur les Canards 5 et 6 
est donc amplement confirmée par l'expérience des Canards 7 et 8, 


si nous remarquons que les différences relatives entre les nos 7 et 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 431 


8 sont de même sens et encore plus grandes que celles que nous 
avons trouvées entre les n°5 5 et 6. 

Par conséquent, la germination des spores est sous la dépendance 
des variations hygrométriques extérieures quand elles sont fixées 
sur un point de la trachée. Ces spores germent moins vite que 
dans l’air saturé de vapeur d’eau et, quand l’animal inspire de l’air 
sec, elles germent moins rapidement que lorsqu'il inspire de l’air 
humide. 

En même temps qu'elles font la démonstration de cette loi et 
qu'elles mettent en relief le rôle du régime hygrométrique des 
voies respiratoires dans la germination des spores et dans l’éta- 
blissement des mycoses, ces expériences confirment mes vues 
théoriques, mes conceptions de ce régime hygrométrique et les 
mesures qui m ont amené à ces conceplions : 

Les expériences suivantes donnent des résultats d’une autre 
forme, mais qui corroborent ceux que j’ai obtenus avec les Canards. 


$ 2. Influence de la hauteur du point de fixation des spores sur leur 
germination dans la trachée. 


J’ai pensé à utiliser des Oies pour rechercher cette influence en 
me basant sur la largeur et la longueur de la trachée chez ces 
Oiseaux. En effet, cette trachée a une section plus ou moins ellip- 
tique présentant des diamètres qui varient de {mm sur {2m à {9mm 
sur 16m; sa longueur, prise du larynx supérieur au larynx infé- 
rieur, Varie entre 45 et 500", La largeur permettait aussi bien et 
même mieux que chez les Canards, d’y placer, sans inconvénient, 
les petites boites d'aluminium ; la longueur, d’y fixer des cultures 
a une distance de 25 à 30% l’une de l’autre, l’une sous la glotte, 
l’autre en avant du brechet, et cette distance me paraissait assez 
grande pour que les tensions de vapeur d’eau de l’air qui frôle ces 
cultures fussent différentes suffisamment pour déterminer des 
effets appréciables sur la germination. 

J'ai sacrifié successivement quatre Oies dans la période d’essais. 
À la cinquième expérience, j'ai fait les trachéotomies avec soin 
pour éviter les effusions de sang, pour placer convenablement les 
boites cultures et cela le plus rapidement possible cependant, pour 
éliminer les différences de temps dans la mise en place des cul- 


432 P. LESAGE 


tures. L’extraction des boîtes en aluminium a été faite rapide- 
ment après avoir sacrifié l’animal. 

J'avais donc trois cultures à comparer : une première, fixée dans 
la partie supérieure de la trachée; une seconde, beaucoup plus 
basse, placée en avant du brechet, à 30° de la première ; la troi- 
sième était une culture témoin dans de l’air saturé de vapeur d'eau 
à la température d’une étuve réglée à 395-409, température 
anale de l'Oie. Ces trois cultures avaient, entre la mise en place et 
la mise dans l’alcool, une durée de : 11 heures 35, pour la culture 
témoin ; 11 heures 45, pour la culture de la partie supérieure de la 
trachée ; 11 heures 50, pour celle de la partie inférieure de cette 
trachée. 

Au microscope, j'ai vu que la germination était abondante dans 
les trois Cas ; mais que les tubes mycéliens présentaient des lon- 
gueurs différentes d’une culture à l’autre, comme on peut s’en 
rendre compte par les chiffres suivants : 


CHITUreÉMOUNEREE RE EE ARE 223 pe 
Culture du bas de la trachée .... 146 & 
Culture du haut de la trachée.... 110 & 


Le régime hygrométrique des deux points sur lesquels se trou- 
vaient les cultures diffère donc suffisamment de l’une à l’autre 
pour que ces cultures présentent des différences appréciables dans 
la germination. 

Par conséquent, les spores de Sterigmatocystis nigra germent 
moins rapidement dans la trachée que dans l’air saturé de vapeur 
d’eau à la température de l’Oie ; sur îes points voisins de l’entrée 
des voies respiratoires elles germent moins rapidement que sur 
les points situés plus profondément. C’est ce que je voulais 
démontrer. 

J’ai deux remarques à faire concernant cette culture. 

La première a trait à la température de la paroi de la trachée 
ou, encore, de la goutte de gélose ensemencée de spores. On pour- 
rait se demander si cette température est la même pour les deux 
cultures. En effet, d’une part, l’une est au voisinage de l’entrée des 
voies respiratoires et frôlée par de l'air dont les tranches succes- 
sives sont à des températures plus basses que celles qui frôlent la 
culture inférieure ; si la température des courants d’air influence 
la température de la paroi, cette dernière température sera un peu 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 435 


plus basse sous la glotte que devant le brechet ; d’autre part, on 
pourrait encore penser que la région supérieure du cou est à une 
température un peu plus basse, parce qu’elle est moins protégée 
que la région inférieure et parce que celle-ci est plus rapprochée 
de la masse du corps. Tout cela porterait à croire que les deux 
- points considérées sont à des températures un peu différentes ; que 
la germination se fait moins rapidement en haut qu’en bas parce 
que la température est un peu plus faible dans la première posi- 
tion que dans la seconde ; et que, enfin, si les points avaient même 
température, la germination se ferait avec une vitesse égale dans 
les deux cas. Mais, en supposant qu’il y ait une petite différence de 
température, si on élevait la température de la partie supérieure 
jusqu à celle de la partie inférieure, la germination présenterait 
des différences encore plus grandes. 

En efiet, disons tout de suite que, s’il y a des différences de 
température, ces différences sont, en tout cas, très faibles et que, 
au voisinage de l'optimum de température pour la germination, 
elles sont, d'ordinaire, sans effet appréciable sur la vitesse de l’état 
de germination; mais qu'il n’en est pas de même pour l’action 
hygrométrique comme le montre l'expérience du chapitre V de la 
deuxième partie de ce mémoire. L’élévation de la température du 
haut de la trachée aurait pour résultat, en ce qui concerne l’état 
hygrométrique, d'y augmenter F et, les valeurs de Î restant les 


mêmes, d'y diminuer n° comme la vitesse de germination aug- 


meute ou diminue quand cet état hygrométrique augmente ou 
diminue, la vitesse de germination diminuerait en haut de la 
trachée et la différence avec la vitesse de germination de la culture 
inférieure augmenterait encore au lieu de s’annuler. | 

Ceci ne ferait que confirmer davantage la conclusion tirée de 
l'expérience sur l’Oie n° 5. Par conséquent cette remarque elle- 
mème deviendrait favorable à ma théorie, après discussion. 

La deuxième remarque m'est suggérée par la lecture de mes 
notes sur l'expérience actuelle. J’y vois, en effet, que, pendant la 
durée de l'expérience, les deux gouttes de gélose ont perdu un peu 
de leur volume de la même manière qu’une goutte de gélose 
diminue de volume quand on la place dans l'air sec où elle perd 
de l’eau par évaporation. Les courants d’air de la respiration 


Archives de Puruasilologie, VII, n° 3, 1904. 28 


434 P. LESAGE 


seraient donc un peu desséchants. C’est ce que démontreraient 
aussi toutes mes cultures dans la trachée et les résultats suivants 
que j'ai déjà donnés, mais sur lesquels je reviens pour compléter 
mon exposé méthodique. 


S 3. — Différence entre la germination des spores 
dans l'air saturé de vapeur d’eau et dans la trachée. 


La comparaison des cultures témoins aux cultures placées dans 
la trachée a toujours montré que les spores germent beaucoup 
moins vite dans la trachée que dans l’air saturé de vapeur d’eau, à 
la même température. C’est ce que démontrent les chiffres obtenus 
dans les expériences avec les Canards et avec les Oies, bien que la 
durée des cultures dans l’air saturé se soit toujours trouvée plus 
courte que dans la trachée. Je rappelle les mesures des tubes 
mycéliens prises à la fin des expériences et donnant une idée 
approximative des vitesses de germination, conformément à la loi 
tirée des cultures théoriques M, N, O, considérées dans le qua- 
trième cas. | 


Cle | dans l’air See pape ee 210 
HAE } dans la trachée n° 5....... 113 g 
dans la trachée n° 6....... 143 vu 

Ce dans l’air . este ec et 
tes à dans la trachée n° 7........ 44 pi 
dans la trachée n° 8........ 4190 
d'ANSAAITISALULE EPA 223 p 

Oie n° 5 | dans le haut de la trachée.. 110 v 


dans le bas de la trachée... 146 w 


En résumé, ces expériences démontrent que les spores germent 
moins rapidement dans la trachée des animaux que dans l'air 
saturé de vapeur d’eau à la même température ; que la germina- 
tion des spores dans la trachée est sous la dépendance de l’humi- 
dité de l’air extérieur et qu’elle se fait plus vite dans l’air humide 
que dans l’air sec ; que, dans une même trachée, la germination 
est sous la dépendance de la hauteur du point sur lequel ces spores 
sont placées et qu'elle se fait plus lentement au voisinage de l’en- 
trée que dans les parties plus profondes. 

C’est cette conclusion que m’avaient fait entrevoir les mesures 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 435 


de la tension de vapeur d’eau dans l’air expiré et les expériences 
sur la germination des spores dans l’air en mouvement. 

Mes vues théoriques sont donc pleinement confirmées. 

Elles se réalisent dans les voies respiratoires vivantes comme je 
les avais déjà réalisées dans un système de canaux inertes. 

Les conclusions tirées de l’étude du régime hygrométrique des 
voies respiratoires de l'Homme s'appliquent donc assez bien au 
régime hygrométrique des Oiseaux. N’est-il pas légitime d’en tirer, 
en retour, que les conclusions des cultures faites chez les Oiseaux 
peuvent s'appliquer aux voies respiratoires de l'Homme ? 

Nous voyons alors le rôle que le régime hygrométrique de 
l'Homme peut jouer dans l’établissement des mycoses. En effet, 
nous savons quil varie et comment il varie suivant les circons- 
tances intérieures et extérieures ; nous savons que ces variations 
peuvent être telles que la germination des spores est très retardée 
ou peut le devenir, si nous intervenons pour modifier les circons- 
tances. Comme tout ce qui agit sur la germination des spores agit 
de la même manière sur l'établissement des mycoses, ce régime 
hygrométrique intervient donc dans l'établissement de ces my- 
coses et, chose très intéressante, il intervient dans une mesure 
que nous pouvons modifier. 

Au point de vue de l'importance que présente cette étude, on 
ne manquera pas de me faire l’objection suivante : les expériences 
dans lesquelles j'ai fixé mes boites cultures dans la trachée, 
ajoutent quelque chose aux expériences dans les canaux inertes, 
elles se rapprochent davantage de ce qu'on trouve dans les 
voies respiratoires naturelles ; mais ce ne sont pas encore les 
conditions normales et les résultats ne sont pas applicables 
a Ces voies naturelles parce que, en outre du régime hygromé- 
trique, il intervient un nombre assez grand d’agents locaux chi- 
miques, physiques ou mécaniques dont mes boîtes de gélose 
supprimaient plus ou moins l’action. 

Je fais deux parts dans ma réponse à cette objection. 

La première est celle-ci. Je désirais, avant tout, vérifier dans 
mes expériences les vues théoriques auxquelles m'’avaient amené 
les études qui font l’objet de la première et de la deuxième partie 
de ce mémoire ; je voulais mettre en relief l’action de l’un des 
agents qui interviennent, selon moi, dans la germination des 


436 P, LESAGE 


spores introduites dans les voies respiratoires, le régime hygromé- 
trique, et, pour cela, il me fallait, de toute nécessité, éliminer ou 
neutraliser l’action des autres agents, c’est ce que j'ai faitet j'ai 
atteint mon but. En effet, nous pouvons affirmer maintenant que 
le régime hygrométrique des voies respiratoires est un agent actif 
dans l'établissement des mycoses et un agent dont l’activité est 
modifiable à notre gré, au moins dans une certaine mesure. C’est 
ce que démontre amplement tout ce qui précède et je pourrais me 
contenter d'avoir fait cette démonstration. Mais, puisque mes notes 
renferment quelques indications qui me permettent de répondre 
encore expérimentalement à l’objection précédente, Je vais les 
présenter et ce sera la seconde part de ma réponse. 

Dans plusieurs expériences faites suivant les méthodes d’inha- 
lation et d’insufflation,la recherche des spores dans les voies respi- 
ratoires m'a amené à constater la présence de spores germées dans 
les bronches et dans les bronchioles, avec des tubes mycéliens 
plus ou moins développés, mais d'ordinaire plus longs que dans 
la trachée, quand j'en retrouvais qui élaient germées dans cette 
itrachée. Je n'ai pas songé à utiliser sérieusement ces résultats 
parce que je ne savais pas exactement où cette germination s'était 
faite. Et pourtant j'aurais pu dire que la germination se fait plus 
vite dans les bronches que dans la trachée et j'aurais eu la conclu- 
sion que je ne me suis cru autorisé à donner qu'après l’expérience 
de lOie n° 5 : les spores situées dans les parties profondes des 
voies respiratoires germent plus rapidement que celles qui sont 
restées dans les parties plus voisines de l’entrée. 

En ce qui concerne l’action de l’humidité plus ou moins grande 
de l’air extérieur, voici une série d’expériences assez intéressante. 
Plusieurs Pigeons avaient recu des spores par insufflation à travers 
la glotte, les uns avaient été placés dans la cage humide, les autres 
dans la cage sèche dont j’ai parlé à propos des Canards. Ces Pigeons 
furent sacrifiés les uns après 24 heures, les autres après 48 heures 
d'expérience. Voici la longueur de quelques tubes mycéliens 
trouvés dans les bronches de trois de ces Pigeons : 

N° 8, dans l'air sec, pendant 24 heures . . . : 25. 
N° 11, dans l’air humide, pendant 24 heures . . 66 y. 
N° 10, dans l'air humide, pendant 48 heures . . 100 y. 


La comparaison de ces chiffres pourrait fournir trois conclusions 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 437 


La première serait que les spores germent, dans les bronches, bien 
moins rapidement que dans l’air saturé de vapeur d'eau à la même 
température, si on se rappelle la vitesse avec laquelle les cultures 
M, N, O, P, ont germé; mais elle ne peut se tirer de cette seule 
expérience parce qu’il faudrait faire la part du substratum et des 
autres agents locaux. La deuxième serait que la germination, des 
spores, dans les bronches des Pigeons, se fait plus vite quand ces 
Pigeons vivent dans l’air humide que quand ils vivent dans l’air 
sec; mais le défaut de fixité des spores ne me permet pas d’affir- 
mer nettement cette conclusion. Enfin, la troisième serait que les 
spores germent dans les bronches et donnent des tubes mycéliens 
qui continuent à s’y développer pendant au moins 48 heures, bien 
que le développement soit beaucoup plus lent que dans les cultures 
dans l'air saturé de vapeur d’eau à la même température ; cette 
conclusion serait la mieux établie des trois. 

Voici une autre expérience faite avec deux Pigeons placés l’un 
dans la cage sèche, l’autre dans la cage humide, après avoir reçu 
des spores insufflées dans la trachée et sacrifiés environ 17 h. 1/2 
après celte opération. 

Parmi les spores retrouvées dans les bronches, il y en avait qui 
étaient germées et possédaient un tube mycélien dont la longueur 
moyenne est donnée par les chiffres suivants : 


No dans l'ainsec ere 121 u. 
NoMG dans ambiente re 46 y. 


Il y a certainement une différence dans la longueur de ces tubes 
mycéliens, et une différence notable même; mais je suis tenu à 
une grande réserve dans la conclusion à en tirer. Ces spores ont- 
elles germé véritablement sur les points où je les ai trouvées ? Je 
ne puis pas l’affirmer. Cependant, après l’expérience précédente 
qui donne des résultats de même sens et surlout après les expé- 
riences sur les Canards 5 et 6, 7 et 8, je suis amené à dire qu’il est 
probable que cette différence tient à l'influence du degré d'humidité 
dans l’air extérieur. 

En somme, ces expériences et d’autres que je ne veux pas citer, 
donneraient les mêmes conclusions que celles qui ont été tirées 
des expériences dans lesquelles j’employais des boites d’alumi-- 
nium contenant des cultures sur gélose et fixées en des points bien 


138 P. LESAGE 


déterminés de la trachée. Mais ces conclusions ne sont pas établies 
d’une manière aussi indiscutable qu'avec les boites cultures, voilà 
pourquoi je n’insiste pas sur les expériences qui Îes ont données. 

Toutefois, il n’est pas sans intérêt de voir que, même dans des 
conditions discutables, défectueuses, les variations dans la germi- 
nation des spores inhalées dans les bronches amèreraient sensible- 
ment aux mêmes conclusions que celles qui sont tirées de mes 
expériences avec des cultures sur gélose fixées sur la paroï interne 
de cette trachée. 

Dans ces conditions, l’objection perd beaucoup de sa valeur et la 
notion du régime hygrométrique des voies respiratoires comme 
agent favorable ou défavorable, suivant les circonstances, à la 
germination des spores et, en conséquence, à l’établissement des 
mycoses dans ces voies, prend de plus en plus d'importance, sur- 
tout si on considère ce régime dans les parties voisines de l'entrée. 

Ceci ne retire rien, d’ailleurs, à l’importance particulière de 
chacun des autres agents locaux qui interviennent favorable- 
ment ou défavorablement dans la germination des spores dans les 
voies respiratoires. Je m'étais proposé d'étudier un de ces agents 
locaux aussi isolément que possible, afin de mettre en lumière toute 
son influence; je pense avoir réussi pour le régime hygrométrique. 


RÉSUMÉ & CONCLUSIONS 


Ce mémoire comprend plusieurs parties dont nous pouvons 
avantageusement tirer des remarques et des conclusions dignes 
d'attirer l’attention d’une manière toute spéciale pour chacune 


d'elles. 
$ 1. — Hygromètre respiratoire. 


En ce qui concerne mon hygromètre respiratoire, nous avons 
vu qu’il permet de mesurer assez rapidement la tension de vapeur 
d’eau la plus élevée dans l’air expiré, c’est-à-dire celle de la der- 
nière portion d’air expiré ; que cette tension varie avec la profon- 
deur d’où elle provient et avec les conditions intérieures et 
extérieures à l'Homme. 

On peut se demander s’il est possible d’obtenir des mesures 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 439 


comparables sur le même sujet, dans des conditions difiérentes, 
et sur plusieurs sujets, dans les mêmes conditions. Je pense que, 
lorsque les états ou les sujets comparés présenteront de légères 
différences, il sera difficile d’utiliser cet hygromètre parce que, 
dans une même séance, le sujet, plus ou moins ému par l’opéra- 
- tion, pourra modifier légèrement les résultats en exagérant l’expi- 
ration dans un sens ou dans l’autre; mais lorsque les différences 
dans le régime hygrométrique seront considérables, en surveillant 
et en disciplinant bien le sujet, on obtiendra des résultats capables 
de supporter la comparaison et l’hygromètre pourra rendre des 
services. 

Alors, par ses mesures rapides, il réalisera un grand avantage 
sur tous les moyens employés jusqu’à présent pour suivre les 
variations de la transpiration pulmonaire dans l’état normal ou 
dans l’état pathologique. C’est de cette manière que mon hygro- 
mètre pourra rendre des services à la physiologie humaine et à la 
médecine. Je souhaite que la réussite couronne les efforts des per- 
sonnes autorisées qui ont bien voulu me faire l’honneur d'essayer 
mon instrument. 


$ 2. — Régime hygrométrique des voies respiratoires de l'Homme. 


Je ne reviendrai pas sur le peu de connaissances précises que 
nous avions jusqu’en ces derniers temps sur ce régime. L'emploi de 
l’hygromètre respiratoire permet de le suivre de très près et d’en 
donner une allure générale que la raison pouvait concevoir de la 
même manière qu’elle conçoit le régime calorique dans l’air qui 
circule dans les courants de la respiration, mais qu'aucune expé- 
rience directe n’était venue démontrer. 

Voici cette allure générale : 

L’air qui circule dans les voies respiratoires n’est jamais com- 
plètement saturé de vapeur d'eau à sa température, dans quelque 
région qu'on le considère. Dans l'air expiré, la tension de la 
vapeur d’eau augmente de celle de la première tranche sortie à 
celle de la dernière tranche qui sort à la fin de l'expiration. Si on 
considère un point de la paroi de ces voies, on conçoit facilement 
qu’il est frôlé par deux courants inverses d’air dans lequel la 
tension de la vapeur d’eau varie de f; à > dans l’inspiration et de 


440 P. LESAGE 


-fo à f. dans l’expiration, la tension f: ayant une valeur comprise 
entre la tension f, de la vapeur d’eau dans l'air extérieur et la 
tension f; mesurée par l’hygromètre dans l'expiration normale ; la 
tension Î, ayant une valeur comprise entre les tensions mesurées 
par l’hygromètre et qui sont f; dans l'expiration normale et f; dans 
l'expiration prolongée ou l'expiration forcée. Si on considère un 
point de plus en plus rapproché des fosses nasales, les valeurs des 
tensions f et f; diminuent et tendent vers f1iet f:; si on considère 
un point de plus en plus rapproché de l'entrée des bronches dans 
les poumons, les valeurs des tensions fi: et f; augmentent et tendent 
vers f3 et fs. Enfin les valeurs de ces diverses tensions, en parti- 
culier celles de fs et fs, varient quand la quantité de vapeur d’eau 
varie dans l'air extérieur et varient aussi quand l’état du sujet 
change. 


$ 3. — Germination des spores dans l’air humide. 


En étudiant la germination des spores de Penicillium glaucum et 
de Sterigmatocystis nigra maintenues dans l’air humide, j'ai été 
amené à vérifier, de plusieurs manières, que cette germination 
dépend moins de la quantité absolue de vapeur d’eau dans l’unité 
de volume d’air que de l’état hygrométrique de cet air. 

La vitesse de germination augmente quand l’état hygrométrique 
augmente ; elle diminue quand l’état hygrométrique diminue, 
jusqu'à un certain état hygrométrique limite au-dessous duquel 
la germination ne se fait plus. Cet état hygrométriquelimite serait 
compris entre 0,84 et 0,82 pour le Penicillium glaucum et se trou- 
verait un peu plus élevé pour le Sterigmatocystis nigra. 

Cette loi de l’état hygrométrique s’applique aussi bien à des 
spores placées dans l’air humide au repos qu’à celles qui sont dans 
l'air en mouvement, aussi bien aux cultures fixées à la paroi d’un 
tube de verre qu’à celles qui flottent sur une nappe d’eau. 

Quand l’air humide est en mouvement, la vitesse de germina- 
tion, tout en restant sous la dépendance de l’état hygrométrique, 
est aussi sous la dépendance de la tension de la vapeur d’eau dans 
l'air qui se meut et de la vitesse de translation de cet air. Si on 
fait alterner sur les spores un courant d’air relativement sec avec 
un courant d'air humide, la vitesse de germination dépend de la 
tension de la vapeur d’eau dans l’air des courants, de la vitesse 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 441 


absolue de ces courants et de leur vitesse relative, c’est-à-dire de 
la durée relative de leur passage sur ces spores. 


$ 4. — Germination des spores chez l'Homme, ses rapports avec 
le régime hygrométrique des voies respiratoires. 


En examinant les crachats de personnes vivant dans la pous- 
sière qu’elles inhalent avec les spores qu’elle contient, j’ai constaté 
qu’ils renferment des spores, que ces spores sont germées dans 
certains cas, ne le sont pas dans d'autres. Par l’observation indi- 
recte fractionnée, faile le soir et le lendemain matin, j'ai vérifié 
que les spores germent bien chez l'Homme et, même, que le 
mycélium continue à s'y développer. De la comparaison des cas 
où la germination des spores a été constatée aux cas où il était 
impossible de trouver des spores germées parmi celles que conte- 
paient les crachats, il ressortirait que la non germination ne tient 
pas aux spores elles-mêmes, mais peut-être à des conditions 
spéciales du régime hygrométrique des voies respiratoires, condi- 
tions moins favorables à la germination chez les sujets à crachats 
dépourvus de spores germées, conditions plus favorables à la 
germinalion chez les personnes à crachats contenant des spores 
germées. 


$ 5. — Germination des spores chez les animaux, ses rapports 
avec le régime hygrometrique des voies respiratoires. 


Si nous admettons que le régime hygrométrique des voies 
respiratoires des animaux présente la même allure générale que 
celui de l'Homme, et les expériences le démontrent indirectement, 
les résullats obtenus avec ces animaux peuvent être appliqués 
aux voies respiratoires de l'Homme. 

Voici ces résultats : Si, à l’aide de petites boîtes d'aluminium 
contenant une goutte de gélose, nous fixons invariablement des 
spores de Sferigmatocystis nigra sur des points déterminés de la 
trachée de quelques Oiseaux. la germination se fait moins vite que 
dans l'air saturé de vapeur d’eau à la température du corps de ces 
Oiseaux. Elle est sous la dépendance de la quantité de vapeur d’eau 
dans l’air extérieur et de la hauteur des points sur lesquels ces 
spores sont fixées : la vitesse de la germination est d’autant plus 


449 P. LESAGE 


grande que l’air extérieur est plus humide ; elle est encore d’au- 
tant plus grande que les points sur lesquels sont fixées les spores, 
se trouvent plus enfoncés dans les voies respiratoires. Ces varia- 
tions de vitesse concordent exactement avec les variations du 
régime hygrométrique de ces voies et Cemenent rigoureusement 
son influence immédiate. 

Je suis arrivé à la même démonstration dans des expériences 
d'insufflation et d’inhalation des spores chez les Pigeons, pour 
placer ces spores dans les conditions de l’inhalation ordinaire 
chez les animaux et supprimer l’artifice des cultures en boîtes 
d'aluminium ; mais cette démonstration est contestable parce que, 
les spores n’étant plus fixées invariablement et le régime hygro- 
métrique variant avec la hauteur des points de la trachée, nous 
ne pouvons plus apprécier aussi rigoureusement le rôle de ce 
régime dans la germination de spores qui se sont déplacées pen- 
dant la durée des expériences. 

Quoi qu’il en soit et de quelque manière qu'elle ait été faite, la 
démonstration est nettement établie que le régime hygrométrique 
des voies respiratoires a une influence marquée sur la germination 
des spores amenées dans la trachée et dans les bronches et, par 
conséquent, sur l'établissement des mycoses dans ces régions. 


TABLE DES MATIÈRES 


Pages 

ENTRODUGTIONMAN AU ET NI RO ER ERA PA 353 
HYGROMÉTRIE DES VOIES RESPIRATOIRES DE L'HOMME . . . . . . . . 397 
HYSTOMEÉETIERERLAITIEXDILTÉ RE 308 
Hygrométrie de l’air inspiré . . . UNE ET ENES MALTE DORA NE SEE 371 
Hygrométrie de l’air de la capacité D lnona ire HQE ele DNS FU RIRPOSERS 371 
Hyerometrie dun ipoin ide NAS pDATOI NN 372 
A, à l’entrée des fosses nasales . . . SL US MR 373 

B, à l’entrée des bronches dans lés poumons. . . . . . . . 3173 

C, en un point intermédiaire entre À et B . . . . . . . . 374 
GERMINATION DES SPORES DANS L’AIR HUMIDE . . À NON T 0 


Germination des spores dans une atmosphère Ébhanee nos sur des 
solutions de chlorure de sodium et dans laquelle f et F varient propor- 


tionnellement, de telle sorte que-rreste constant . . , . . + . 378 


ÉTUDE DES MYCOSES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES 


Germination des spores dans une atmosphère au repos où f reste constant, 
alors que F change, où, par conséquent, F augmente ou diminue quand 


HSdIMINUEOU AUCMENLE ER DE COTES 5 
Germination des spores dans une atmosphère en OL où f Fee 


Î 
sensiblement constant quand F change; augmente ou diminue quand 


MGIMINUelOUMAUSMENTC EE SR 
Germination des spores dans une atmosphère en mouvement dan laquelle 


F reste constant, mais où f prend des valeurs différentes — augmente 

au diminue quand f augmente ou diminue. . . . . : 
Germination des spores dans une atmosphère en on rement, où Het F 

varient sans rester proportionnelles et, par conséquent, dans laquelle 


-F varie en même temps . STE CU MUR D Sr Pal ETRTT 

Germination des spores flottant sur l'eau dans une atmosphère en mouve- 
DES 0e © be 

SUR LE DEGRÉ DE POSSIBILITÉ DE LA GERMINATION LES SPORES DANS LES VOIES 
RESPIRATOIRES DE L'HOMME. . . . ; 

Possibilité de la germination des spores en B. 

Possibilité de la germination des spores en €. . . . . : : 

Possibilité de la germination des spores dans les parties antérieures des 
voies respiratoires. 3 RS LASER 

GERMINATION DES SPORES DANS LES VOIES RESPIRATOIRES DE L'HOMME ET DES 
ANIMAUX RE ë SATUrE 

Germination des spores Lez IR Honor SALUE 

Germination des spores chez les animaux . ATEN SEM 

$ 1. — Influence de l'humidité de l’air extérieur sur dE germination 


des spores dans la trachée. . . : ë 

S 2. — Influence de la hauteur du point de Ron Fu spores sur 
leurigermination dans laNtrac hé RE 

$ 3. — Différence entre la germination des spores dans l’air saturé 


de vapeur d’eau et dans la trachée. . . 
RÉSUMÉ ET CONCÉUSTONS ENCORE AS SANS CE ER A RE nl. 
$ 1. — Hygromètre respiratoire ES 
8 2. — Régime hygrométrique des voies Dial tee 5 r Horine) 


$ 3. — Germination des spores dans l’air humide . . . . . 

$ 4. — Germination des spores chez l'Homme, ses rapports avec le 
régime hygromélrique des voies respiratoires 

$ 5. — Germination des spores chez les animaux, ses rapports avec 


le régime hygrométrique des voies respiratoires . . . 


443 


Pages 


383 


389 


389 


NOTES SUR LES IXODIDÉS. — II 


PAR 
L. G. NEUMANN 


Professeur à l'École vétérinaire de Toulouse. 


I. — Sur la classification des Ixodinae. 


La sous-famille des Zrodinae forme, dans la famille des Zrodidae, 
un groupe tout à fait naturel, qui s’oppose nettement à celui des 
Argasinae. D’après les derniers travaux sur ce sujet, les Zxodinae 
comprendraient actuellement neuf genres, savoir : Zrodes, Cerati- 
xodes, Eschatocephalus, Aponomma, Amblyomma, Hyalomma, Haema- 
physalis, Rhipicephalus et Dermacentor. 

J'ai établi, en 1902, le genre Ctratixodes en réunissant en une 
seule espèce Zrodes putus (Cambridge) © et Lrodes fimbriatus Kramer 
et Neuman & : cette espèce devenait Ceratirodes putus (Cambridge). 
J'avais alors été frappé de la physionomie si spéciale du mâle 
et les caractères qu’elle fournit m’avaient paru avoir une valeur 
générique. 

En ce qui concerne la femelle, elle n’a de bien particulier, en 
regard des nombreuses espèces d’Zrodes, que le renflement terminal 
des palpes, et c’est un caractère plutôt spécifique que générique. 
J'ai indiqué aussi, pour elle, l’absence du sillon anal. En réalité, il 
est eflacé dans la plupart des individus ou caché par des défor- 
mations dues aux aléas de la conservation. Un examen très attentif 
permet cependant de reconnaître la présence du sillon anal chez 
quelques femelles, où il est très superficiel, et l’on doit conclure 
qu'il existe chez toutes avant la réplétion. Il n’y a donc pas de 
caractère générique qui sépare Ceratixedes putus © du genre Irodes. 

Quant au mâle, l’absence des yeux, la forme du sillon anal et des 
péritrèmes, la présence de l’écusson anal et des écussons adanaux 
le rapprochent d’/rodes et l’éloignent des autres genres. Il se 
différencie surtout d’Lrodes par la forme si particulière des palpes. 

Ces diverses considérations m'induisent à diminuer la valeur de 


Se 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 44; 


Ceratirxodes et à lui donner seulement le rang de sous-genre dans 
le genre Irodes. 

Les mêmes vues s'appliquent au genre Esrhatocephalus Frauen- 
feld. La femelle a tous les caractères des Zxodes et les particularités 
qui la distinguent, bien qu'importantes, n’ont, en réalité, qu’une 
valeur spécifique. Le mâle seul, par ses palpes claviformes, à 
section circulaire, justifie la formation d’un groupe séparé des 
autres Zxodes. Il me semble que le rang de sous-genre marque 
suffisamment cette distance. 

Le genre Irodes se diviserait ainsi en trois sous-genres : Euirodes 
n. subgen. (pour toutes les espèces qui constituaient le genre Jx0des), 
Ceratixodes et Eschatocephalus. 

Le nombre des genres étant réduit à sept, il convient de les 
répartir selon leurs réelles affinités. Or, malgré quelques tentatives, 
parmi lesquelles il faut surtout citer celles de Canestrini et de 
G. Marx, cette répartition repose encore sur les bases adoptées par 
C. L. Koch, c’est-à-dire sur la longueur relative du rostre. C’est 
celle à laquelle je me suis rattaché (1) lorsque j'ai divisé les 
lxodinae en deux tribus : 

4° Irodae, à rostre long: Irodes (avec Ceratixodes et Eschatoce- 
phalus), Aponomma, Amblyomma, llyalomma. 

20 Rhipicephalae, à rostre court : Hæmaphysalis. Rhipicephalus, 
Dermacentor. 

Il est certain que la longueur plus ou moins grande d’une partie 
du corps ne représente pas une base bien naturelle ni sûre pour 
une classification. Elle laisse place à l’appréciation personnelle du 
naturaliste et peut mettre dans l'embarras celui qui ne dispose pas 
de types de comparaison bien déterminés. Dans les /rodinae, 
l'inconvénient est réduit au minimum, car les dimensions du rostre 
dans les deux tribus sont si différentes que l’hésitation est possible 
seulement pour un très petit nombre d'espèces. De plus, le carac- 
tère du rostre étant commun aux deux sexes, on peut l'utiliser 
lorsqu'on ne dispose que de femelles. 

Toutefois les deux groupes obtenus par son emploi ne sont pas 
naturels et les affiuilés de certains genres sont absolument mécon- 
nues. Il y a, par exemple, infiniment moins de parenté entre 


(1) G. NeuMANN. Revision de la famille des Ixodidés, 4° mémoire, Mém. de la 
Soc. zoologique de France, XIV, p. 318, 1901. 


446 L.-G. NEUMANN 


Ixodes et Hyalomma, réunis dans les Ixodae, qu'entre Hyalomma et 
Rhipicephalus, ce dernier formant le type des Rhipicephalae. 

Pour avoir un caractère constatable chez les deux sexes, on 
aurait pu choisir les yeux, qui, par leur présence ou leur absence, 
donnent un vrai caractère générique. Mais on aurait abouti à une 
répartition des genres encore moins satisfaisante que la précé- 
dente : d’une part, Ixodes (Euixodes, Ceratirodes, Eschatocephalus), 
Aponomma et Hæmaphysalis; d'autre part, Amblyomma, Hyalomma, 
Rhipicephalus et Dermacentor. 

Il est préférable de prendre pour base un caractère qui trahisse 
quelque peu l’organisation anatomique, tout en restant du domaine 
de la morphologie externe. On peut le trouver à la face ventrale, 
dont les sillons chez les deux sexes sont comparables et subor- 
donnés à la musculature, et qui est diversement caractérisée, dans 
les genres, par l'absence, la présence et le nombre d’écussons 
particuliers chez le mâle. 

On revient ainsi au principe adopté par Canestrini (1), qui avait 
été frappé des affinités entre Hyalomma et Rhipicephalus. 

Se bornant exclusivement aux cinq genres représentés en ltalie 
et dont il connaissait les deux sexes, laissant de côté les genres 
Phaulixodes et Herpetobia, dont il croyait connaître la forme femelle 
sans le mâle et qui sont, en réalité, des nymphes, il répartissait 
ses cinq genres en trois groupes, basés sur le nombre des écussons 
qui se trouvent à la face ventrale du mâle : 

A. Poriopir: face ventrale entièrement couverte d’écussons 
(Ixodes) 

B. TerraopLi : Hyalomma, Rhipicephalus. 

C. Anopzi : Amblyomma (Aponomma), Dermacentor, Hæmaphysalis. 

Chacun des deux premiers groupes est tout à fait homogène. Le 
troisième l’est moins : des aflinités évidentes rapprochent bien 
Amblyomma et Aponomma ; mais Dermacentor, d'une part, et 
Hæmaphysalis, d'autre part, demeurent à peu près indépendants. 
C’est à peine si, par quelque espèce, Dermacentor se relie à Am- 
blyomma et à Rhipicephalus, Hæmaphysalis à Aponomma. 

On pourrait représenter les affinités des genres par le schéma 
suivant, dans lequel la situation et la longueur des tirets figurent 
approximativement le degré de ces affinités. 


(4) G. CanEsrriNi, Prospetlo dell’ Acarofauna italiana, IV, p. 491 ; 1890. 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 447 


+ 


Ix0des  — Hæmaphysalis 


Hyalomma - Amblyomma Aponomma 


Rhipicephalus Dermacentor 


Les trois groupes de Canestrini doivent prendre le titre de 
sections dans la sous-famille des Zrodinae et il convient de leur 
donner des noms tirés de l’un de leurs genres respectifs. Ce seraient: 
Ixodeae pour les Poliopli, Rhipicephaleae pour les Tetraopli, et 
Amblyommeae pour les Anopli. Chacune de ces sections serait ainsi 
caractérisée : 

Ixodeae. — Mâles revêtus d’écussons sur toute la face ventrale. 
Sillon anal contournant l’anus en avant et indépendant des sillons 
génitaux. Pas d’yeux. Rostre allongé. 

Rhipicephaleae. — Mâles pourvus de deux écussons adanaux, 
accompagnés ordinairement d’écussons accessoires. Sillon anal 
contournant l’anus en arrière et rejoignant ordinairement en avant 
les sillons génitaux. Des yeux. Rostre long ou court. 

Amblyommene. — Mâles dépourvus d’écussons ventraux. Sillon 
anal contournant l’anus en arrière et rejoignant ordinairement en 
avant les sillons génitaux. Souvent des yeux. Rostre long ou court. 


En adoptant la division de certains genres en sous-genres, on a 
l’avantage d'indiquer mieux les rapports morphologiques des 
groupes. Cela m’a paru convenir encore au genre Rhipicephalus. On 
y peut certainement placer hors série les formes que j'ai réunies 
sous le nom de R. annulatus (Say); elles ont entre elles les plus 
grandes affinités et s’éloignent des autres espèces du genre par un 
ensemble très net de caractères. Ceux-ci restent encore insuffisants, 
à mon avis, pour servir de base à leur élévation au rang de genre; 
mais je leur reconnais volontiers assez d'importance pour qu’on en 
forme dans le genre Rhipicephalus le sous-genre Boophilus Curtice. 

Dans leur excellent travail sur les Zrodidae des Etats-Unis (1), 


(4) D. E. Sazmon & Ch. W. Srices, The Cattle Ticks (Zxodoidea) of the United 
States. Seventeenth annual Report of the Bureau of animal Industry (1900), 
p. #19; 1902. 


MAS L.-G. NEUMANN 


Salmon et Stiles ontreplacéce groupe au rang de genre. Ils semblent 
y avoir été décidés, pour une grande part, en considération du rôle 
étiologique qui revient aux diverses formes de Boophilus dans la 
transmission de la piroplasmose bovine ou fièvre du Texas. Il ne 
me paraît pas que ce point de vue doive entrer en compte pour les 
déterminations taxinomiques. D'ailleurs, nos connaissances sur le 
rôle étiologique des Zrodidae sont encore bien bornées. Il est pro- 
bable que ce rôle sera reconnu à bien d’autres espèces dans la pro- 
pagation de diverses maladies des animaux domestiques. En tenir 
compte dans la taxinomie serait apporter à celle-ci au moins une 
entrave génante. 

Ces considérations me décident à diviser le genre Rhipicephalus 
C. L. Koch en deux sous-genres : Eurhipicephalus Neumn. et Boo- 
philus Curtice, dont voici les caractères distincetifs : 


EururpiCEPHALUS. — Sillon anal constant. Festons du bord pos- 
térieur bien apparents chez le mâle et la femelle jeune. Palpes 
plats à la face dorsale, à bord externe droit ou convexe. Stigmates 
en forme de virgule, à queue plus courte chez la femelle que chez 
le mâle. Ecusson dorsal parfois marqué de taches claires. 

BoopxiLus. — Pas de sillon anal ni de festons postérieurs. Palpes 
à deuxième et troisième articles plus épais vers le milieu, où ils 
forment en dehors un angle aigu. Stigmates circulaires. Ecusson 
dorsal brun marron, unicolore. 


Dans mes publications antérieures, j’ai admis, pour le genre 
Rhipicephalus (Eurhipicephalus), 24 espèces, tant anciennes que 
nouvelles, dont j’ai pu examiner des spécimens. La comparaison 
des caractères qui leur sont attribués montre combien est grande 
l’homogénéilé de ce groupe. Elle est telle que, si expérimenté que 
l’on soit, on éprouve souvent les plus grandes difficultés dans la 
détermination, en raison surtout des variations que l’âge et l’état 
de développement apportent dans les dimensions relatives et les 
particularités des organes, principalement chez les femelles. Une 
revision minutieuse et comparalive m'a convaincu qu'il y a lieu 
d'apporter ici quelque simplification . 

Le genre presque entier est africain et les aires géographiques 
des espèces s’enchevètrent autant que certaines de ces espèces 
mêmes tendent à se fusionner. Les différences qui m’avaient 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 429 


touché quand j'étudiais successivement les lots à ma disposition 
ont plus tard perdu de leur importance à mon sens. Il m’a paru que 
des rapprochements s’imposent et qu’il convient de descendre au 
rang de variétés certaines de ces espèces, en'les rattachant au type 
le plus anciennement connu et le plus répandu, dont elles se dis- 
-tinguent d’ailleurs malaisément. 

Je ne donnerai pas ici l’'énumération des caractères d’espèce et 
de variété qui justifient les rapprochements. Ils ressortent des des- 
criptions publiées. Je me borne à indiquer les quatorze espèces qui 
me paraissent devoir être conservées et les sept variétés qui se 
rattachent à quatre d’entre elles. Je laisse de côté les espèces qui 
sont «incertaines » en raison de l'insuffisance de la description 
dont elles ont été l’objet. 

4. Rhipicephalus (Eurhipicephalus) sanguineus (Latreille).— Var. &) 
punctatissima (Gerstäcker) et B) brevicollis (Neumann). 

2. R. (E ) appendiculatus Neumann. 

3. R. (E.) nitens Neumann. 

k. R. (E.) simus C. L. Koch. — Var. «) Erlangeri (Neumann), f) 
Hilgerti (Neumann), y) Shipleyi (Neumann). 

5. R. (E.) bursa Canestrini et Fanzago. 

6. R. (E.) capensis C. L. Koch. — Var. «) composita (Neumann). 

7. R. (E.) hæmaphysaloides Sup.— Var. «) paulopunctata (Neumn.). 

8. R. (E.) armatus Pocock. 

9. R. (E.) pulchellus (Gerstäcker). 

10. R. (E.) maculatus Neumann. 

11. R. (E.) ecinctus Neumann. 

12. R. (E ) oculatus Neumann. 

13. R. (E.) Ecertsi Neumann. 

14. R. (E.) Ziemanni Neumann. 


En ce qui concerne le sous-genre Boophilus, les formes qui le 
représentent dans les diverses contrées chaudes du globe me 
paraissent toujours avoir entre elles les plus étroites affinités et je 
ne puis y voir qu’une seule espèce : Rh. (Boophilus) annulatus (Say), 
dont le type est celui qui, dans le sud des Etats-Unis, est l’agent 
de dissémination de la fièvre du Texas ou piroplasmose bovine. 

A côté de ce type, se placent à titre de variétés : 

1° R. (B.) annulatus var. australis (Fuller), de l'Australie, des 
Antilles et de l'Amérique du Sud. 


Archives de Parusitologie, VIII, n° 3, 1904. 29 


430 L.-G. NEUMANN 


20 R. (B.) annulatus var. calcarata (Birula), du nord de l’Afrique. 
C’est ce que j'avais appelé var. Dugesi (Mégnin) ; mais ce nom ne 
peut être conservé, car, contrairement à ce que Mégnin avait pensé, 
son Jxodes Dugesi, qui est un Boophilus annulatus, ne correspond 
pas à l’Zxodes Dugesi Gervais. Ce dernier auteur a appliqué ce nom 
à l’espèce que Dugès a décrite sous le nom d’«Ixodes plombé » et 
qui est, en réalité ou très probablement, Rhipicephalus (Eurhipi- 
cephalus) sanguineus (Lat.). Par l'examen d’un spécimen © envoyé 
par Birula, je me suis convaincu que Rhipicephalus calcaratus 
Birula ne peut être distingué des R. (B.) annulatus du nord de 
l'Afrique. 

30 R. (B.) annulatus var. decolorata oh) de l'Afrique du Sud. 

4° R. (B.) annulatus var. caudata Neumann, du Japon. 

90 R. (B.) annulatus var. argentina Neumann, de la province de 
Buenos-A yres. 

Quant à R. (B.) micropla (Canestrini), il se confond très proba- 
blement avec R. (B.) annulatus var. australis. 


II. — Notes sur des Espèces connues. 
4. — IxOoDES THoRACICUS Koch. 


Sous ce nom, j'ai décrit (Revision des Ixodidés, 3° mém. p. 149) 
quatre femelles d’Ixodes appartenant au Muséum de Paris et 
recueillies à Punta-Arenas (détroit de Magellan) par Lebrun, sur 
un Oiseau non déterminé. J'avais été décidé à les rapporter à Ix. 
thoracicus Koch, en raison de la forme générale et surtout de celle 
de l’écusson, en raison aussi de l’origine, que je leur supposais 
commune. 

Un examen nouveau et scrupuleux de mes spécimens types m'a 
inspiré des doutes sérieux sur la légitimité de ce rapprochement. 
J’ai dû constater que la description de Koch est trop incomplète 
pour permettre de reconnaître la forme qu’elle concerne ; rien ne 
prouve, d’ailleurs, qu’il s’agisse réellement d’un Jxodes et les 
bigarrures indiquées sur l’écusson font plutôt soupçonner un 
Amblyomma. 

Je crois donc devoir laisser Zxodes thoracicus Koch parmi des 
espèces incertaines et attribuer un autre nom spécifique aux © de 
Punta-Arenas : 1x. auritulus Nn. rappellera la particularité dis- 
tinctive fournie par l’article basilaire des palpes. 


NOTES SUR LES IXODIDEÉS 451 


2, — [xopes EupyPTipis Maskell. 


Sous ce nom et sous ceux d'I. praecoralis et d’I. intermedius, j'ai 
décrit (1) des individus femelles qui provenaient tous, par des 
voies diverses, de la Nouvelle-Zélande et avaient été pris sur trois 
genres difiérents de Palmipèdes. Un nouvel examen des types m'a 
montré que les particularités qui m'avaient déterminé à les séparer 
doivent être rapportées à l’influence de l’âge et qu’il y a lieu de ne 
conserver comme espèce que Zrodes eudyptidis Maskell (— I. prae- 
coxalis Nn. = I. intermedius Nn.). La description donnée pour 
I. eudyptulis conserve sa valeur. Le mâle demeure encore inconnu. 

M. Birula m'a communiqué l’individu femelle provenant de l'ile 
Unalashka (Aléoutes), qu’il a décrit comme 1. signatus (2). J'ai 
constaté son identité avec ceux dont j'avais fait l’espèce I. parvi- 
rostris (3) et qui provenaient d’un Phalacrocorar pelagicus, du Japon. 
De plus, il m’a paru que ces formes ne s'éloignent pas assez d’I. eu- 
dyptidis pour conserver leur rang d’espèce. Je Les y rattache donc à 
titre de variété : I. eudyptidis var. signata. Le rostre est plus court, 
les ponctuations de l’écusson plus apparentes, les tarses un peu 
moins échancrés à l’extrémité. 


3. — IXODES FODIENS. 


Dans mon 5° Mémoire sur la Revision des Ixodidae, j'ai donné 
Ixodes fodiens Murray parmi les synonymes d’Irodes reduvius (L.) 
— I. ricinus (L.), et j'ai, naturellement, cité le travail de Murray 
(Economic Entomology) où j'ai trouvé pour la première fois ce nom 
d’Z. fodiens. Il y est porté sous la mention suivante : «Ixodes fodiens 
(Mégnin, Insect. agric. 1867, p. 107) », mention reproduite par 
Salmon et Stiles dans leur savant travail sur les Tiques des Etats- 
Unis (4). 


(1) G. NEUMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 3° mémoire. Mém. de la 
Soc. zoologique de France, XII, p. 121, 128, 132, 1899. 

(2) B. BiRuLA, lxodidae novi vel parum cogniti... Bull. de l’Acad. Impér. des 
sciences de Saint-Pétersbourg, 1895, p. 357. | 

(3) G. NEUMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 4° mémoire. Wém. de la 
Soc. zoologique de France, XIV, p. 284. 1901. 

(4) D. E. Sazmon et C. W. Srices, The Cattle Ticks (/xodoidea) of the United 
States, Seventeenth annual Report of the Bureau of animal Industry (1900), 
p. 465, 1902. 


152 L.-G. NEUMANN 


J’ai été amené, il y a quelque temps, à vérifier de nouveau cette 
indication et j'ai reconnu que le nom d’J. fodiens est l'adaptation à 
la nomenclature linnéenne, faite par Murray, de celui de « Ixode 
fouisseur », employé par Mégnin pour désigner des nymphes 
d’Ixodes trouvées dans l’épaisseur de la peau du Cheval et qu’il a 
reconnues plus tard appartenir à l’espèce 1xodes ricinus. Il les a 
d’abord décrites dans le Bulletin de la Société centrale de médecine 
vétérinaire (1), puis décrites et figurées dans l’Insectologie agricole (2) 
et dans le Journal de médecine vétérinaire militaire (3). Il y revient 
encore sous le même nom d’« Ixode fouisseur » dans un long 
mémoire de dermatologie (4). Nulle part, Mégnin n’emplo'e le 
nom d’{xodes fodiens, et il dit enfin, reconnaissant que l’Ixode 
fouisseur est une nymphe d’une espèce commune : « Nous avions 
pris, dans le principe, cette nymphe pour un Ixode parfait d’une 
espèce nouvelle et nous l’avons décrite sous le nom d’Ixode pénétrant 
(sic). Depuis, nous l’avons étudiée plus à fond et nous avons reconnu 
son véritable état » (5). 

Le nom Ixodes [odiens a donc bien Murray pour parrain. 


4. — Ixones ovarTus Neumann. 


Dans mon 3° mémoire sur la Revision des Ixodidés, j’ai attribué 
le nom d’Lredes ovatus à des formes originaires du Japon et de 
l'Amour, qui m'avaiènt paru constituer une espèce nouvelle. 

Une étude complémentaire, portant sur de nombreux éléments 
de comparaison, m'a amené à reconnaitre que j'avais réuni sous un 
même nom deux formes différentes du genre Zxodes. Deux et un , 
recueillis en Amour par Dickmann (Mus. de Hambourg), uneQrepue 
sur le Cheval à Akita (Japon) par Taguchi, et une Q repue sur le 
Lièvre à Saga (Japon) par Yamaguchi n’offrent pas de caractères 


(1) Méanix, Note sur les Acariens en général, et en particulier sur un Ixode 
- fouisseur récemment lrouvé sur le Cheval. Bull. de la Soc. impér. et centr. de 
méd. velérinaire. séance du 11 octobre 1866, p. 222. 
(2: Mécnix, Note sur un nouvel Ixode, parasite du Cheval. L’Insectologie agri- 
cole, 1'° année, n° 3, p. 107, pl. IV. mai 1867 
(3) MéGnin. La famille des Ixodés. Journ. de méd. vélér. milit., NI, n° 7-8, 
décembre 1867, janvier 1868, p. 423. 
(4) Méenin. Dermatologie hippique. Rec. de mém. et observ. sur l’hyg. et la 
méd. vélér. milit., XVII, p. 607, décembre 1866. 
(5) Méenin, Les Parasites et les Maladies parasitaires, 1880 ; cf. p. 345 (note). 


- 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 153 


suffisants pour être distinguées d’I. ricinus (L.) et je me décide à les 
y rapporter. j 
Deux autres ©, prises sur le Cheval et sur le Chien à Saga (Japon) 
par Yamaguchi, représentent seules I. ovatus. L'espèce se distingue 
d’I. ricinus : par l’écusson dorsal à peu près aussi long que large, 
à sillons cervicaux très superficiels et longs, à sillons latéraux 
indiqués par une arète peu saillante, parallèle aux bords ; aires 
poreuses ovales, un peu plus longues que larges, convergentes en 
avant ; hanches I à une très courte épine interne, IT inermes, tran- 
chantes à leur bord postérieur, III et IV avec une petite tubérosité 
externe; tarses moins longs que chez I. ricinus. — Mâle inconnu. 


ap 


5. — IXODES BIFURCATUS Neumann ET I. BRUNNEUS Koch. 


J'ai décrit (3° mémoire, p. 122), sous le nom d'’Ixodes bifurcatus, 
une jeune femelle, prise sur un Chat sauvage du Texas et appar- 
tenant à la collection Marx, de Smithsonian Institution. Ce spécimen 
était difficile à déchifirer et, tenu de respecter son intégrité, je 
n’ai pas osé le soumeltre à des manipulations qui auraient pu 
l’altérer. Plus tard, en examinant. au Musée de Berlin, la collection 
de C. L. Koch, il m’a paru que l’exemplaire femelle qui représente 
L. brunneus correspondait à ma description d’I. bifurcatus et, dans 
mon 4° mémoire (p. 282 et 289), j’ai conclu à l’identité des deux 
espèces, réunies, par suite, sous le nom d’I. brunneus. 

J'ai repris dernièrement l’examen d’/. bifurcatus. J'ai pu le 
nettoyer complètement sans l’altérer et J'ai dû reconnaître que ce 
n’est pas un Lrodes. L'écusson porte, vers le milieu de sa longueur, 
des yeux plats, petits, de la même couleur que l’écusson, peu appa- 
rents, mais indubitables. D’après la forme du rostre, vu l’absence 
de mâle, on ne peut hésiter qu'entre Dermacentor et Amblyomma. 
La brièveté relative du rostre me décide pour le premier de ces 
genres ; jy Suis porté encore par l’absence du sillon anal qui, con- 
tournant l’anus en avant chez Zxodes, le contourne en arrière chez 
Amblyomma et manque (?) chez Dermacentor. L'espèce devient donc 
Dermacentor bifurcatus (Nn.) Nn. La description que j'en ai donnée 
demeure valable, sauf la correction imposée par la présence des 
yeux, sauf aussi ce qui concerne les sillons anaux, qui ne sont pas 
indiqués. 

La forme des hanches, la trace de festons postérieurs sont ici 


454 L.-G. NEUMANN 


des caractères qui manquent chez les Irodes et qui m'ont fait 
découvrir l'erreur. 

Quant à J. brunneus, représenté seulement par une femelle repue, 
prise sur Fringilla albicollis Gmelin, de l'Amérique du Nord, il 
répond à la description suivante, dont je tiens les détails de M. le 
professeur Dahl (du Muséum de Berlin). 

Corps ovale, long de 6m, large de 4mm, Ecusson piriforme, élargi 
en avant, rétréci en arrière, long de 1mmÿ, large de 1" en avant ; 
sillons cervicaux rectilignes, atteignant le bord postérieur, pas de 
sillons latéraux; ponctuations nombreuses, portant des poils courts. 
Sillon anal à branches sensiblement parallèles. Aires poreuses 
grandes, ovales, convergentes en avant, écartées de la longueur de 
leur petit diamètre. Un prolongement ventral à la base du rostre, 
en arrière de l'insertion de chaque palpe. Palpes longs, cultri- 
formes. Pattes grêles, de longueur moyenne. Hanches [ pourvues 
de deux épines coniques, courtes, l’externe plus petite; une tubé- 
rosité externe aux autres hanches. Deuxième article des pattes 
pourvu d’un prolongement spiniforme à l’extrémité distale, plus 
fort aux deuxième et troisième paires. Tarses rétrécis près de leur 
extrémité distale. 


6. — RHIPICEPHALUS HAEMAPHYSALOIDES SUPino. 


En 1902, j'ai eu entre les mains quelques exemplaires des Ixo- 
didés de la Birmanie, étudiés d’abord par Supino et je me suis 
eflorcé d’en préciser la signification et les caractères spécifiques (1). 
J'ai donné, entre autres, la description de Rhipicephalus hæma- 
physaloides Sup., de manière à en faciliter la détermination. 
J’ai reconnu depuis que les Rhipicéphales de Java et de Ceylan 
que j'ai décrits sous le nom de Rh. paulopunctatus Nn. (2) se rap- 
portent à Rh. hæmaphysaloides. Quant à ceux de Chine et de 
Sumatra, que j'ai aussi appelés Rh. paulopunctatus, ils me paraissent 
former dans Rh. hæmaphysaloides une variété (var. erpedita) carac- 
térisée ainsi : 

(4) L. G. NEuMANN, Notes sur les Ixodidés. Archives de Parasitologie. VI, 
p. 12?, 1902. 

(2) G. NEuMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 2° mémoire. Mém. de la 


Soc. Zoolog. de France, X, p. 397, 1897. — Idem, 4° mémoire. Zbidem., XIV, 
p- 273, 1901. 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 453 


'. Ecusson dorsal couvrant moins complètement le dos, à sur- 
face moins accidentée, à ponctuations moins grandes, moins 
profondes, moins nombreuses. Ecussons accessoires moins déve- 
loppés. — © Ecusson dorsal un peu ovale, à dépressions moins 
profondes, à ponctuations moins nombreuses. 


7. — RHIPICEPHALUS PERPULCHER Gerstäcker. 


Rhipicephalus perpulcher est une espèce dont on ne connaît qu’un 
seul individu. C’est une femelle recueillie à Mombas (Zanzibar), 
dont, en 1897 (1), j'ai donné une description plus complète que celle 
de Gerstäcker, d’après le spécimen du Musée de Berlin. De Mombas, 
Gerstäcker avait rapporté aussi un individu mâle, dont il avait fait 
une autre espèce sous le nom de Rhipicephalus prætextatus. 

Dans le mémoire cité, j’ai admis, après examen de cet exemplaire 
mâle, qu’il se confond avec Rh. simus Koch et que, par conséquent, 
Rh. prætertatus est une espèce caduque. 

Pour ce qui est de Rh. perpulcher, je disais que «contrairement 
à l'opinion de Gerstäcker, il me paraît très possible que ce soit la 
femelle de Rh. prætextatus ». Je puis aujourd’hui passer de cette 
opinion dubitative à la certitude. 

J'ai recu de M. Lounsbury, entomologiste du gouvernement du 
Cap, un lot de 7 Rhipicephalus recueillis sur le Chien dans la Rho- 
desia et conservés à sec, dans les mêmes conditions que ceux de 
Gerstäcker. Il comprend # mâles, qui se rapportent nettement à 
Rh. simus, et 3 femelles, qui offrent tous les caractères essentiels de 
Rh. perpulcher. Ces caractères consistent exclusivement dans les 
lignes et points blancs, qui avaient frappé Gerstäcker, qui sont 
conservés ou produits par la dessiccation, et qui disparaissent 
totalement ou en partie après séjour dans l’alcool. Mais les particu- 
larités essentielles, tirées du squelette extérieur, sont celles des 
Rh. simus femelles. 

Je suis donc conduit à considérer Rh. perpulcher comme se con- 
fondant avec Rh. simus et devant disparaître en tant qu'espèce. 


(1) G. NeuMmanN, Revision de la famille des Ixodidés, 2° mémoire. Mém. de la 
Soc. Zoolog, de France, X, p. 398, 1897. 


156 L-G. NEUMANN 


III. — Espèces nouvelles. 


4. — IXODES AUSTRALIENSIS D. SP. 


Mâle. — Inconnu. 

Femelle. — Corps en ovale court; ordinairement plus large au 
niveau des hanches IV, brun plus ou moins foncé, long de 2m5 à 
3"r29 (rostre non compris), large de 1mmÿ à 2mm7, Ecusson hexa- 
gonal à angles arrondis, plus large (1mm35) que long (1""), brillant ; 
sillons cervicaux superficiels, atteignant presque le bord postérieur ; 
pas de sillons latéraux ; ponctuations fines, nombreuses ; des stries 
longitudinales, parallèles, mélangées aux ponctuations, bien mar- 
| quées surtout dans les 
champs latéraux. Face 
dorsale unie, très fine- 
ment ponctuée, glabre, 
avec un sillon marginal 
complet. Face ventrale 
glabre; pore génital 
large, en regard des 
hanches IIT. Sillon anal 
fermé en arrière, ovale, 
tangent à la plaque 
anale par sa concavité 
antérieure,formant 
une pointe courte à son 
extrémilé postérieure. 
Péritrèmes petits, cir- 
culaires, blanchâtres, situés un peu en arrière du milieu de la lon- 
gueur. — Rostre très court (540 x), à base rectangulaire très courte, 
deux fois au moins aussi large que longue à la face dorsale, aussi 
longue que large à la face ventrale, qui porte une petite tubérosité 
en arrière de chaque palpe ; au bord antérieur, un sinus arrondi ; 
aires poreuses, moyennes, allongées transversalement, leur écarte- 
ment égal à leur largeur ; en avant d’elles une fossette triangulaire, 
impaire. Hypostome spatulé, à 3 ou 4 files de dents sur chaque 
moitié. Palpes très écartés à la base, claviformes ; le premier article 


Fig. 1. — Ixodes australiensis. — 
Rostre, face ventrale. 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 457 


grand, dilaté en manchette infundibuliforme et ouverte en dedans 
pour embrasser les chélicères et l’hypostome; le 2e article convexe 
en dehors à la base, son articulation avec le 3e peu visible. — Pattes 
de longueur moyenne. Hanches plates, non aïlées, croissant de I à 
IV, toutes ayant un tubercule aigu à l’angle postérieur externe, 
l’angle interne inerme. Tarses longs, atténués progressivement; 
caroncules atteignant la moitié de la longueur des ongles. 

D’après 5 ©, prises sur Canis sp.? en Australie occidentale. (Col- 
lection N. C. Rothschild). 

Cette espèce, très voisine d’I. Tasmani par la forme générale et 
par le rostre, s’en sépare nettement par le sillon anal surtout, qui 
la rapproche d’I. holocyclus. Elle représente ainsi plus particuliè- 
rement le type australien. 


2. — IXODES BOLIVIENSIS n. Sp. 


Mâle. — Corps ovale, plus large en arrière, long de {m6 (rostre 
non compris), large de 1mm{. Ecusson convexe, brun rougeûtre, 
non festonné, laissant libre un bourrelet marginal, complet, étroit ; 
sillons cervicaux obsolètes ; ponctuations profondes, les unes des- 
sinant la limite d’un écusson femelle, les autres groupées sur un 
cercle médian, vers le tiers postérieur; quelques poils rares. Face 
ventrale brun rougeâtre, à poils longs, en dehors des sillons géni- 
taux. Ecusson génito-anal à ponctuations profondes ; écusson anal 
trapézoide, plus long que large, à côtés courbes et divergents ; 
écussons adanaux plus étroits en arrière qu’en avant. Péritrèmes 
grands, en ovale court, blanchâtres. — Rostre long de 525 u ; la base 
un peu plus large que longue et plus large en avant à la face dorsale; 
son bord postérieur ventral rectiligne ; une légère saillie ventrale 
en arrière de l’insertion des palpes. Hypostome long et large, à 
dents latérales, reliées par des crêtes transversales festonnées. 
Palpes larges, plats, le 2° et le 3° articles de même longueur. — 
Pattes longues. Hanches I à deux épines, l'interne très longue, 
l’externe courte; deux dents plates, courtes et écartées aux hanches 
IT et III ; une seule, conique. aux hanches IV. Tarses longs, atténués 
progressivement. 

Femelle. — Corps ovale, à côtés arrondis, long de 2mm6 (rostre 
non compris), large de 1mm9, brun jaunâtre, le rostre, l'écusson et 
les pattes brun marron. Ecusson ovale, à côtés convexes, un peu 


L58 L.-G NEUMANN 


plus long (1mm4) que large (1mm2) ; sillons cervicaux presque obso- 
lètes. sillons latéraux figurés par une arête peu visible ; ponctua- 
tions fines, rassemblées presque toutes le long des bords ; quelques 
poils sur les côtés. Face dorsale avec sillon marginal et quelques 
poils. Face ventrale à poils à peine plus abondants; pore génital en 
regard des hanches IV ; sillon anal à sommet ogival, à côtés diver- 
gents. Péritrèmes grands, circulaires, blanchâtres. — Rostre long 
de Onm7; base plus large que longue, à côtés parallèles, à angles 
postérieurs saillants ; aires poreuses petites, écartées, un peu plus 
larges que longues : à la face ventrale, une corne rétrograde en 
arrière de l'insertion de chaque palpe. Hypostome ? Palpes longs, 
larges, plats, le 2e et 3 articles presque égaux. — Hanches I à deux 
épines, l’interne longue, l’externe courte ; une petite tubérosité 
externe aux autres hanches. Tarses ? 

Nymphe. — Corps ovale, long de 1mnl{. Rostre très long (0mm63), à 
palpes étroits, cultriformes ; hypostome long, étroit, lancéolé, à 
4 files de dents. Pattes longues ; hanches I à longue épine interne, 
les autres inermes ; tarses longs, étroits, atténués progressivement. 

D’après un o, une ® mutilée et une nymphe, pris sur Speothas 
venaticus à Charuplaya en Bolivie (Collection N. C. Rothschild). 

Cette espèce est surtout voisine d’£. ricinus par le Set d’I. dentatus 
par la ©. 


3. — IXODES JAPONENSIS n. Sp. 


Mâle. — Inconnu. 


Femelle. — Corps ovale, étroit en avant, plus large vers le tiers 
postérieur, jaune brunâtre, long de 2 (rostre non compris), large 
de 1mmÿ, Ecusson subcireulaire, aussi large que long (m1); sillons 
cervicaux obsolètes ; sillons latéraux limités par une crête très 
apparente ; ponctuations très fines ; quelques poils très longs. Face 
dorsale parsemée de quelques poils longs ; un sillon marginal net. 
Face ventrale à poils longs, nombreux ; pore génital en regard du 
dernier espace intercoxal. Sillons génitaux droits, divergents. 
Sillon anal en ogive, à côtés très divergents. Péritrèmes grands, 
circulaires, blanchâtres. — Rostre étroit, long de Omm55 ; base 
pentagonale, plus large en avant, à bord postérieur droit, près de 
deux fois aussi large que longue à la face dorsale ; aires poreuses 
ovales, plus longues que larges, à écartement égal à leur largeur ; 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 459 


face ventrale unie. Hypostome long, étroit, nu sur un espace médian 
et à quatre files principales de dents. Palpes moyens, le deuxième 
article à peine plus long que le troisième. — Pattes : hanches 
inermes ; celles de la première paire à angle interne aigu ; toutes, 
surtout celles de la 2e paire, ailées à leur bord postérieur. Tarses 
“longs, grêles, atténués progressivement ; caroncule presque aussi 
longue que les ongles. 

D’après 1 © recueillie aux environs de Tokio (Japon), par 


+ 


J. Harmant (Muséum de Paris). 
4. — IXODES NITENS n. Sp. 


Mâle. — Inconnu. 


Femelle. — Corps en ovale court, plus étroit en avant, plus large 
vers le tiers postérieur, brunâtre, long de 2mm5 à 3mm5 (rostre non 
compris), large de 1mm5 à 1mm9, Ecusson ovale-losangique, à côtés 
latéraux antérieurs presque droits, peu échancré en avant, plus 
long (1mn) que large (0mm8), brillant ; sillons cervicaux obsolètes ; 
pas de sillons latéraux ; quelques ponctuations très rares et très 
fines dans les angles antérieurs. Face dorsale parsemée de quelques 
poils courts ; un sillon marginal peu profond. Face ventrale presque 
glabre ; pore génital en regard du dernier espace intercoxal. Sillons 
génitaux droits et divergents. Sillon anal en ogive courte, à côtés 
divergents. Péritrèmes petits, un peu allongés en travers, ovales, 
blanchätres. — Rostre étroit, long (750 uw); base rectangulaire, 
à bord postérieur concave, deux fois aussi large que longue à la 
face dorsale, aussi longue que large à la face ventrale, qui 
porte en arrière de chaque palpe une corne plate, rétrograde ; aires 
poreuses ovales, écarlées, plus larges que longues. Hypostome long, 
étroit, aigu, à nombreux denticules antérieurs, à trois, puis deux 
files principales de dents sur chaque moitié. Palpes longs, étroits, , 
cultriformes, le deuxième article presque double du troisième. — 
Pattes : hanches [ à deux épines, l’interne plus longue, atteignant 
à peine la hanche IT ; une très courte épine externe aux trois autres. 
Tarses longs, grêles, atténués progressivement; caroncule presque 
aussi longue que les ongles. 

Nymphe.— Mèmes particularités que la %, avec absence du pore 
génital et des aires poreuses. 


460 L.-G. NEUMANN 


D’après 2 © et 1 nymphe prises sur Mus macleari, à Christmas 
Island (Coll. N. C. Rothschild). 


ro 


5. — IXODES RUBICUNDUS n. sp. 


Mâle. — Corps long de 2"m3 (rostre compris), à contour ovale, 
plus étroit en avant, large de [mm2 vers le tiers postérieur, brun 
marron. Ecusson convexe, brillant, glabre, laissant un bourrelet 
marginal, qui est plus large en arrière que sur les côtés et dont il est 
séparé par un sillon profond ; sillons cervicaux étroits, superficiels, 
prolongés en divergeant jusque vers le milieu de la longueur; pas 
de festons postérieurs ; ponctuations nombreuses, petiles, inégales, 
régulièrement réparties. À la face ventrale, pore génital large, 
entre les hanches de 
la troisième paire. 
Ecusson pré-génital 
long, triangulaire; 
écusson génito-anal 
pentagonal, bien 
plus long que large, 
à ponctualions peu 
profondes, peu nom- 
breuses; écusson 
anal rectangulaire, à 
côtés parallèles, plus 
long que large, très 
finement ponctué ; 
écussons  adanaux 
plus longs que lar- 
ges, à côtés paral- 
lèles; pas de poils. 
Péritrèmes grands, 
circulaires. — Rostre 
| court (0mm5);"à base 
trapézoide, plus large en avant et plus large que longue, ses angles 
postérieurs non saillants à la face dorsale, saillants à la face ven- 
trale, séparés par une saillie semblable médiane. Chélicères épais: 
ses, longues de 135 & : apophyse interne à deux dents fortes, suc- 
cessives, la postérieure plus forte ; apophyse externe à trois dents, 


Fig. 2. — Ixodes rubicundus œ. — 
Face ventrale et hypostome. 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 461 


l’antérieure petite, la postérieure très forte. Hypostome large, les 
dents fusionnées sur chaque moitié en quatre crêtes transversales 
à 3 ou 4 denticules, suivies d’une file de # ou 5 dents et de chaque 
côté d’une dent très forte. Palpes courts, le 2e et Le 3 article à peu 
près de même longueur. — lattes de longueur moyenne, rouge 
- brique. Hanches I à épine interne presque obsolète. les autres 
hanches tout à fait inermes. Tarses de longueur moyenne, atténués 
progressivement. 

Femelle (pleine). — Corps en ovale allongé, pouvant atteindre 
10m» de longueur (rostre non compris), large de 6®m5 vers le tiers 
postérieur, rouge brique chez les spécimens de petite taille, rouge 
marron chez les autres. Ecusson en ovale court, à peine plus long 
({nm6) que large (1mm4), à bords latéraux d’abord un peu convexes 
et divergents d’avant en arrière, puis rectilignes et convergents 
pour former l’angle postérieur, qui est assez étroit ; bord antérieur 
peu échancré pour l'insertion du rostre ; sillons cervicaux bien 
marqués, atteignant presque les bords latéraux à leur angle 
rentrant ; sillons latéraux bien prononcés jusqu’au bord latéral 
correspondant ; ponctuations nombreuses, fines, un peu inégales, 
plus rares dans les champs latéraux; surface brillante, glabre, brun 
marron. Face dorsale à poils épars, caducs ; ponctualions très 
superficielles ; trois sillons postérieurs. Face ventrale à ponctuations 
et poils semblables ; pore génital en regard des hanches IV ; anus 
assez antérieur ; sillons anaux, longs, parallèles, réunis en cintre 
devant l’anus. Péritrèmes pelils, circulaires, blanchâtres. — Rostre 
long de Omm85 ; base dorsale rectangulaire, bien plus large que 
longue ; aires poreuses ovales, obliques, convergentes en avant, 
situées près des bords latéraux et séparées par un intervalle égal à 
leur larseur ; à la face ventrale, une corne rétrograde derrière l’in- 
sertion de chaque palpe. Chélicères à doigt long de 140 & ; apophyse 
interne longue, parallèle à la tige ; apophyse externe à cinq dents 
progressivement croissantes d’avant en arrière. Hypostome long, 
étroit, sublancéolé, à trois files de dents de chaque côté, l’interne 
courte et à 6-7 dents, la moyenne presque aussi longue que l’ex- 
terne ; celle-ci étendue du sommet à la base, à 15-16 dents. Palpes 
longs, assez grêles, le deuxième article plus long que le troisième. 
— Pattes grêles, rouge brique ; hanches I, IT et [IT plates, inermes, 
à bord postérieur tranchant ; hanches IV, plus renflées, avec une 


462 L.-G. NEUMANN 


petite tubérosité au tiers externe du bord postérieur. Tarses longs, 
grêles, atténués progressivement. 

D'après 2 Set 7 ®, pris sur le Mouton à l’est de la Colonie du 
Cap de Bonne-Espérance (Coll. Lounsbury). On l’accuse d’inoculer 
une maladie anémique mal déterminée. 


6. -— IXODES SCULPTUS n. sp. 


Mâle. — Inconnu. 

Femelle. — Corps ovale, plus étroit en avant, brunâtre, long de 
2mm (rostre non compris), large de 1m. Ecusson aussi long que 
large (Inn), subcirculaire ; sillons cervicaux superficiels dans pres- 
que toute leur longueur, profonds à leur origine antérieure, d’où 
partent les sillons latéraux, profonds, limités en dehors par une 
crête saillante, qui s’étend presque jusqu'au bord postérieur ; pone- 
tuations nombreuses, égales, moyennes. Face dorsale pourvue d’un 
profond sillon marginal complet et de poils abondants. Face ven- 
trale avec des poils semblables ; pore génital étroit, en regard des 
hanches IIT ; sillon génital à CÔtés divergents, sillon anal ogival en 
avant. à côtés presque parallèles ; péritrèmes brunâtres, cireulaires. 
— Rostre moyen (600 &), à base en forme de mitre, à angles posté- 
rieurs saillants ; aires poreuses grandes, profondes, ovales, à peine 
plus longues que larges, rapprochées. Hypostome étroit, lancéolé, 
à 2 files de dents sur chaque moitié. Palpes à deuxième article 
presque double du troisième. — Pattes fortes, épaisses. Hanches I à 
épine interne, longue, forte, recouvrant en partie la hanche II ; une 
courte épine à l’angle postérieur externe de toutes les hanches; 
tarses courts, larges, sans protubérance dorsale, mais avec un 
rétrécissement brusque, subterminal. 

D'après un individu trouvé avec une © d’Ixodes ricinus (L.), pro- 
venant des Montagnes Santa Cruz de Californie (Coll. G. Marx, de 
Smithsonian Institution). 


7. — RHIPICEPHALUS NITENS D. Sp. 


Mâle. — Corps ovale, étroit en avant, large en arrière, long de 
&mm (rostre compris), large de 2m; couleur générale rouge 
jaunâtre. Ecusson brillant, couvrant toute la face dorsale ; sillons 
cervicaux peu profonds; yeux plats, jaunâtres; sillon marginal 
bien marqué s'étendant de l’œil au feston extrême ; festons bien 


e 


NOTES SUR LES IXODIDÉS 163 


apparents, le médian plus petit que les voisins ou à peine aussi 
large ; ponctuations nombreuses, inégales, superficielles, la plupart 
très fines, les grandes réparties le loug des bords et irrégulière- 
ment dans la région antérieure. Ecussons adanaux semi-lunaires : 
un bord interne rectiligne, un bord externe courbe, deux extré- 
- mités aiguës presque semblables ; ponctuations nombreuses ; pas 
d’écussons accessoires ni de prolongement caudal.— Rostre à base 
deux fois aussi large que longue, creusée de deux ou trois grosses 
ponctuations, les angles postérieurs et latéraux saillants. Palpes 
plus courts que la base, les deuxième et troisième articles de 
même longueur, plus larges que longs ; le premier bien visible 
à la face dorsale, prolongé en pointe rétrograde à la face ventrale ; 
une épine rétrograde ventrale et antérieure au troisième article. 
Hypostome à six files de dents. — Pattes moyennes, non ponctuées, 
conformes au type. Hanches [ avec un prolongement antérieur 
visible par la face dorsale. 


Femelle (à jeun).— Corps de mèmes forme, dimensions et couleurs 
que chez le mâle. Ecusson brillant, ovale-losangiqué, à peine plus 
long que large; sillons cervicaux profonds à leur origine, puis à 
peine marqués et rejoignant presque le bord postérieur; sillons 
latéraux unis à leur origine aux sillons cervicaux très superficiels, 
atteignant presque le bord postérieur; ponctuations inégales, 
nombreuses, superficielles, les plus grandes près des bords laté- 
raux antérieures et dans le champ médian. Yeux grands, plats, 
jaune verdâtre, situés vers le milieu de la longueur de l’écusson. — 
Face dorsale brillante, glabre, à sillons superficiels; quelques ponc- 
tualions éparses ; des festons postérieurs ; un sillon marginal allant 
de l’écusson à la limite postérieure du pénultième feston. Face 
ventrale lisse, glabre, un peu ponctuée. — Rostre conforme au type ; 
la base plus de deux fois aussi large que longue, à angles posté- 
rieurs non saillants ; aires poreuses grandes, ovales, divergentes, 
leur écartement supérieur à leur largeur. — Pattes longues, grêles, 
à ponctuations superficielles ; de longs poils à la face ventrale de 
tous les articles. 


: D’après 6 g'et 2 © recueillies dans l’herbe à Stellenbosch au 
S. E. de la Colonie du Cap (Coll. Lounsbury). 


464 L.-G. NEUMANN. — NOTES SUR LES IXODIDÉS 


8. — RHIPICEPHALUS ZIEMANNI n. sp. 


Mâle. — Corps long de 2mm7 (rostre non compris), large de 
2mm, Écusson brun marron clair; sillons cervicaux courts, profonds; 
yeux plats, grands, jaunâtres ; sillon marginal superficiel, court, 
commençant vers le milieu de la longueur du corps et s’arrêlant 
au feston extrême; ponctuations nombreuses, fines, subégales, 
réparties régulièrement. Écussons adanaux triangulaires, à bord 
postérieur droit ou un peu convexe, l’interne un peu concave ; 
écussons externes peu chitineux ; prolongement caudal très court 
ou nul. — Rostre à base plus large que longue, creusée de trois 
ou quatre ponctualions, les angles postérieurs et latéraux bien 
saillants, les latéraux vers le milieu de la longueur. Hypostome à 
six files de dents. Palpes un peu plus longs que larges. le deuxième 
et le troisième articles de même longueur, plus larges que longs, 
le premier bien visible à la face dorsale. — Pattes longues, fortes. 
Hanches I à 2 épines longues, sans prolongement antérieur visible 
à la face dorsale. 


Femelle. — Corps long de 5m (rostre non compris), large de 
gmn (à jeun), de 8mn sur 5mn (repue). Ecusson aussi large que long 
(Imm)), à côtés peu sinueux, brun rougeâtre; sillons cervicaux 
profonds, étroits, courts, concaves en dedans ; pas de sillons laté- 
raux ; ponCluations nombreuses, subégales, fines, régulièrement 
réparties. Yeux comme chez le &. Rostre conforme à celui du g'; 
la base plus de 2 fois aussi large que longue ; aires poreuses ovales, 
plus longues que large, leur écartement égal à leur largeur. Pattes 
grandes, fortes, ponctuées. 

D'après 13 cet 19 © recueillies au Cameroun sur la Vache, par 
Ziemann. 


UROGONOPORUS ARMATUS LUHE, 1902 
DIE REIFEN PROGLOTTIDEN 
VON TRILOCULARIA GRACILIS OLSSON, 1869. 


Vox 


THEODOR ODHNER, Upsala. 


Während eines Aufenthaltes auf der zoologischen Station Kris- 
tineberg (Westküste Schwedens) im jüngst verflossenen Sommer 
machte ich in einem Acanthias vulgaris den interessanten Fund 
des neulich von Lühe (1902) aus demselben Wirte beschriebenen 
eigentümlichen Cestoden, Urogonoporus armatus. In dichten Scha- 
ren hafteten die Würmer den vordersten Falten des Spiraldarmes 
an, indem das als Haïtlappen differenzierte Vorderende zwischen 
die Zotten der Schleimhaut eingedrungen war. Es muss auffallen, 
dass diese Form nicht vorher an unsrer schwedischen Westküste 
beobachtet worden ist, obschon der dort häufig zu habende Acan- 
thias sowohl von den Helminthenforschern, die früher dort gear- 
beitet haben, wie auch von mir selbst so oft auf Parasiten 
untersucht wurde. Ein massenhaîtes Auftreten des Wurmes muss 
also jedenfalls zu den Seltenheiten gehôren. Einzelne Exemplare 
kônnen ja dagegen leicht bisher der Aufmerksamkeit der Unter- 
sucher entgangen sein. Auch ist es mir nicht gelungen, einen 
zWeiten Fund zu machen. Unter mir vom Kopenhagener Museum 
anvertrauten Trematoden habe ich indessen auch ein Glas mit 
Urogonoporus gefunden, der ebenfalls aus Acanthias stammt und 
auf den Westmanna-Inseln an der Südküste von Island gesammelt 
ist. Die Beschreibung, die Lühe auf Grund seines Triester Materials 
lielert, passt so vollständig auf meine nordischen Exemplare, dass 
auch die specifische Identität unzweiïfelhaît ist. 

Der innere Bau von Urogonoporus ist von Lühe in seiner oben 
citierten Arbeit eingehend geschildert worden. Als Resultat seiner 
Untersuchung ergab sich, dass Urogonoporus « in den Grundzügen 
seines anatomischen Baues, speciell in der Anordnung seiner 
Genitalorgane, einer einzelnen Tetraphylliden-Proglottis gleicht ». 


Archives de Parasilologie, VIII, ne 3, 1904. 30 


466 TH. ODHNER 


Die wichtigsten Abweichungen vom typischen Tetraphylliden-Pro- 
glottis bestanden in der Ausbildung des Vorderendes als besta- 
chelter Haftlappen und in der véllig terminalen Lage des Genital- 
porus am Hinterende. Wie diese proglottidenähnlichen Würmer 
entstehen, konnte indessen nicht vom Verî. ermittelt werden und 
ein Scolex, der zu ihnen gehôren konnte, wurde von ihm vergeb- 
lich gesucht. Um diese negativen Befunde zu erklären, spricht 
er die Vermutung aus, dass der hypothetische Scolex entweder 
durch besondere Kleinheit und schnelle Macerierung nach 
dem Tode des Wirtes der Beobachtung entgangen wäre, oder 
auch sich im definitiven Wirte überhaupt nicht ansiedele, wobei 
dann die Proglottidenbildung schon im Zwischenwirte stattfinden 
würde. Eine dritte Môglichkeit erblickt der Verî. sogar in der 
Annahme, dass die « Proglottiden » vielleicht « überhaupt keiner 
Bandwurmkette entstamimen, sondern in ähnlicher Weise, wie 
wir dies für Archigetes und Caryophyllæus anrehmen müssen, 
sich vermittelst einer mehr oder weniger einschneidenden Meta- 
morphose direct aus dem Eïi entwickeln». Immerhin war es 
unzWeifelhaît, dass wenn ein Scolex mit zugehôrender Proglotti- 
denkette existierte, die Ablôüsung der Glieder schon auf einem 
sehr frühen Stadium erfolgen müsse, da der Verî. ireie, noch 
unreife Exemplare von nur 0,85 mm Länge gefunden hatte. Die 
specielle Ausbildung des Vorderendes und noch mehr der end- 
ständige Genitalporus setzien ja auch eine solche frühzeitige 
Ablôsung voraus. 

Mein Freund, Dr. E. Lônnberg, machte mich nun darauf auf- 
merksam, dass gerade im Darme von Acanthias an der schwe- 
dischen Westküste ein kleiner Tetraphyllide, Trilocularia gracilis 
Olsson, mehrmals gefunden worden ist — bis jetzt aber nur in 
vôllig unreifen Gliederketten, die aber trotzdem eine so grosse 
Zerbrechlichkeit aufweisen, dass es keinem Zweiïfel unterliegen 
kann, dass die Glieder schon vor ihrer Reïfe den gegenseitigen 
Zusammenhang verlieren. Dies stimmte ja mit dem, was wir 
von Urogonoporus wussten, sebr wohl überein und daher war 
schon von vorneherein zu vermuten, dass wir in der Lühe’ schen 
Form die bis jetzt vergeblich nachgeforschten reifen Trilocularia- 
Proglottiden zu erblicken hâtten. Dies hat sich nun auch bei 
genauerer Prütung bestätigt. 


UROGONOPORUS ARMATUS LÜHE 467 


Triloculara gracilis wurde von Olsson an der schwedischen 
Westküste entdeckt und zuerst unter dem provisorischen Namen 
Phyllobothrideum Acanthiae vulgaris sp. inquir. beschrieben (1866, 
p. 42, tab. IL, fig. 26-27). Erst später (1869, p. 5) wurde der andere, 
definitive Name vorgeschlagen, dem die Auffassung Olsson’s zu 
Grunde liegt, dass jedes Bothridium durch Septa in drei trian- 
gulär gestellte Areolen geteilt wäre. Sonst enthält aber diese 
zWeite Arbeit nichts über die schon in der ersten Beschreibung 
mitgeteilten Angaben Hinausgehendes. Lünnberg (1890, p. 22) hat 
die Art ausserdem auch an der norwegischen Westküste gefunden, 
bringt aber nichts Neues. Monticelli (1890, p. 433, tav. XXII, fig. 
18), der die Trilocularia in grosser Anzahl an der franzôsischen 
Canalküste in den dort untersuchten Acanthias angetroffen hat, 
will die Berechtigung der Gattung nicht anerkennen, sondern 
_führt sie zu Monorygma Dies., wobei er sich besonders auf Über- 
einstimmungen im Bau des Scolex beruft. Nach seiner Deutung 
würde nämlich die innere Sauggrube in jedem Bothridium dem 
« acetabulum auxiliare » bei Monoryyma entsprechen, während die 
beiden äusseren einem niedrigen, das Bothridium der Länge nach 
zweiteilenden Septum, ihre Entstehung zu verdanken hätten. 
Sowohl Olsson (1893, p. 22) wie Lônnberg (1898, p. 5) sind indessen 
später für die Aufrechterhaltung der Gattung Trilocularia einge- 
treten, indem sie den Scolexbau genug abweïchend vom Mono- 
rygma-Typus finden, um die besondere Gattung zu motivieren. 
Auch wird auf die mangelnde Kenntnis der geschlechtsreifen 
Form hingewiesen. 

Das Material von Trilocularia, das ich zu meiner Verfügung 
gehabt habe, stammt aus dem Reichsmuseum zu Stockholm und 
dem Universitätsmuseum zu Upsala, enthält indessen keine 
Strobila von mehr aïs ca 10 mm Länge, während die von 
Olsson gefundenen eine Länge von 25 mm erreichten. Dies beruht, 
wie mir der Sammler Dr. Lônnberg mitteilt, darauf, dass die 
letzten Glieder, die «articuli elongati, tenues » bei Olsson, immer 
so locker mit einander zusammenhängen, dass sie bei der Konser- 
vierung abgehen. Die längsten von mir noch im Strobilaverbande 
beobachteten Glieder waren zwar schon länger als breit, aber doch 
kaum 0,2 mm lang. Von Geschlechtsorganen war noch keine 
Spur zu erblicken. Ein anderes Merkmal war dagegen gleich 


268 TH. ODHNER 


wahrzunehmen, das allein schon genügte, um den Zusammenhang 
mit Urogonoporus fast vôllig zu sichern. Das für letztere Form so 
äusserst charakteristische und unter den Cestoden überhaupt so 
seltene Stachelkleid des Vorderendes erwies sich als auch bei den 
Trilocularia-Proglottiden in ganz ähnlicher Ausbildung und Anord- 
nung vorhanden und überzog die vorderen zwei Drittel ihrer Länge. 
Die einzelnen Stacheln waren freilich sehr viel kleiner als die des 
geschlechtsreifen Urogonoporus. Ferner konnte ich aber in einer 
grossen Quantität von mit Sublimat geschütteltem Darmschleim, 
der dem mit Urogonoporus infizierten Acanthias entstammite, 
sowohl Bei genauerem Durchsuchen mehrere kleine Trilocularia- 
Ketten auffinden wie zugleich auch eine ganze Serie von kleinen 
Urogonoyorus-Proglottiden auspilücken, bei denen die Geschlechts- 
drüsen entweder noch vüllig fehlten oder auch sich in der aller 
ersten Entwicklung befanden. [hrer recht charakteristischen Form 
nach stimmen nun diese teilweise nur 0,4 mm langen Proglottiden 
so vüllig mit den von Olsson (1866, fig. 27) abgebildeten Endglie- 
dern der Trilocularia-Strobila überein, dass es keinem Zweifel 
unterliegen kann, dass sie von den mit ihnen zusammen ge- 
fundenen Trilocularia-Ketten entweder freiwillig oder durch die 
Schüttelung bei der Konservierung abgelôst worden sind. Es 
scheinen mir diese Belunde durchaus zu genügen, um den Zusam- 
menhang zwischen beiden Formen definitiv festzustellen. Hierdurch 
wäre also erwiesen, dass wir in Urogonoporus abgelôste, frei lebende 
Proglottiden eines Tetraphylliden zu erblicken haben, die indessen 
eine noch wesentlich grôüssere individuelle Selbstständigkeit 
geniessen, als es bei allen anderen Selachier-Cestoden, von denen 
ähnliche Verhältnisse bekannt sind, der Fall ist. 

Ihrer Form nach gleichen, wie erwähnt, die kleinen (0,4-0,6 mm 
langen) « Urogonoporus »-Proglottiden vôllig den von Olsson abge- 
bildeten Endproglottiden der längsten von ihm gefundenen 
Trilocularia-Ketten. Ihre vordere Hälfte ist also deutlich breiter 
als die hintere und von ihr mehr oder weniger abgesetzt. Sie ist 
bestachelt und repräsentiert also den späteren Haftlappen. Ihr 
sitzt der schmälere, noch nicht von den Geschlechtsorganen ausge- 
dehnte Hinterkôrper als ein Anhang an. Das Grüssenverhältnis 
zWischen diesen beiden Proglottisteilen ändert sich während der 
Reifung der Proglottiden allmählich in einer bestimmten Richtung. 


UROGONOPORUS ARMATUS LÜHE 469 


Die nur 0,2 mm langen, noch zusammenhängenden Glieder sind 
nämlich auf 2/3-3/4 ihrer Länge mit Stacheln bewaffnet. Später 
wächst aber der unbestachelte Teil stärker als der andere und 
erreicht, wie erwähnt, dieselbe Länge wie dieser bei einer Total- 
länge von ca. 0,5 mm, während endlich bei den vôllig reifen 
Proglottiden der bestachelte Haftlappen, wie bekannt, nur ca. 1/5 
der ganzen Länge behauptet. Auch die Stacheln selbst wachsen 
natürlich bedeutend an Länge der ganzen Proglottis entsprechend. 
Nach Lühe sind in den reiien Proglottiden keine Spur von Längs- 
stimmen des Excretionssystems zu entdecken. Dies beruht darauf, 
dass sie allmählich gänzlich obliterieren. Noch in den 0,2 mm 
langen Gliedern der Trilocularia-Strobila sind nämlich zwei 
deutliche Gefässtämme wahrzunehmen, diein einem undulierenden 
Verlaufe von dem Scolex aus zu verfolgen sind. Es dürfte sich 
dabei um das ventrale Paar der wohl auch hier in der Vierzahl 
vorhandenen Hauptstimme handeln. 

In Bezug auî die Anlage und erste Entwicklung der Geschlechts- 
organe sei erwäbnt, dass bei 0,4-0,45 mm langen Proglottiden 
noch gar nichts von den Genitaldrüsen zu entdecken ist, während. 
dagegen die Ausführungswege schon angelegt sind und zwar mit 
demselben Verlaufe wie in den geschlechtsreifen Proglottiden. 
Bald sind die Hoden indessen auch zu beobachten als zwei 
mediane Längsreihen kleiner kugeliger Kôrper und in diesem 
Stadium (bei einer Länge von 0,5-0,6 mm) dürften die Glieder 
normalerweise abgestossen werden. Sowohl Olsson wie Lônnberg 
erwähnen nämlich, dass sie in den letzten Proglottiden der längsten 
Strobilae die Anlagen der Hoden gefunden haben. Ob schon die 
erste Anlage des Genitalporus eine terminale Lage hat oder ob sie 
zuerst seitlich auftritt und später infolge ungleichen Wachstums 
terminal verschoben wird, kann ich nicht bestimmt angeben, weil 
mir die Stadien zwischen 0,2 und 0,4 mm Länge fehlen. Da aber 
schon bei den im normalen Zustande sicherlich immer noch 
zusammenhängenden, 0,4 mm langen Gliedern eine terminale 
Anordnung dieser Organe wahrzunehmen ist, scheint es doch 
viel wabrscheïinlicher, dass diese Lage bei «( Urogonoporus » 
ontogenetisch die primäre ist, und dass also die unzweïfelhaîft 
phylogenetisch sekundäre Verlagerung des Genitalporus einer 
ontogenetischen Abspiegelung entbehrt. Die Lumina der Ausfüh- 


470 TH. ODHNER 


rungswege dürften erst ungefähr gleichzeitig mit der Ablôsung 
der Proglottiden entstehen und ihrer ersten Anlage als solider 
Gewebsstränge steht ja das Zusammenhängen der Glieder nicht 
im Wege. 

Für die systematische Stellung unsres Bandwurmes ist die 
Entdeckung der geschlechtsreifen Form insofern von Bedeutung 
als dadurch die, wie oben erwähnt, umstrittene Berechtigung der 
Gattung Trilocularia über jeden Zweifel erhoben wird. Bei den so 
auffallenden Eigentümlichkeiten im Bau der reiten Proglottiden 
kann natürlich von der von Monticelli verlangten Vereinigung mit 
Monorygma keine Rede mehr sein. Ich gebe indessen zu, dass, 
solange nur der Scolex bekannt war, eine solche Behauptung recht 
wobhl begründet sein konnte, denn im Scolexbau schliessen sich 
beide Gattungen in der That einander nahe an. Die von Monticelli 
(1890) gelieferte Deutung der drei «locula » jedes Bothridiums kann 
ich nämlich vôllig bestätigen (1). Es kann keinem Zweiïfel unter- 
liegen, dass die innere Grube als ein « acetabulum auxiliare » 
aufzufassen ist, während die beiden äusseren durch die von einer 
medianen Längsrippe verursachte Zweiteilung des Bothridiums 
entstehen. Besonders bei mehr ausgestreckt konservierten Scolices 
tritt dies ganz deutlich zu Tage. Die Längsrippen der Bothridien 
sind also die einzigen Unterschiede vom Monorygma-Scolex. — 
Die von Lühe vorgeschlagene provisorische Familie Urogonoporidae 
hat natürlich nunmehr gar keine Raïson d’être, da die Gattung 
Trilocularia ohne weiïteres den Phyllobothriiden angereiht werden 
kann. 

Zum Schluss môchte ich meine Überzeugung dahin aussprechen, 
dass es sich mit der Zeit herausstellen wird, dass auch andere 
Cestoden, die, wie z. B. die Wagenerien, bis jetzt nur in einzelnen, 
einer Tetraphylliden-Proglottis ähnlichen Individuen bekannt 
sind, ebenfalls von Tetraphylliden-Scolices abstammen, aber, wie 
« Urogonoporus », befähigt sind, eine längere Zeit einzeln zu leben. 
Der anfangs erwähnte von Lühe herangezogene Vergleich mit 
Caryophyliæus und Archigetes scheint mir deshalb verfehlt, weil 
bei diesen doch ein Homologon eines Scolex existiert. Dass aber 


(1) Ein durchaus richtiges Bild des Bandwurmes erhält man daher, wenn in 
der Olsson’schen Abbildung (1866, fig. 27) der Scolex der Zeichnung Monticellis 
entsprechend geändert wird. 


UROGONOPORUS ARMATUS LÜHE 474 


Formen wie « Urogonoporus » und Wageneria, die eines solchen 
Homologons vôllig entbehren und also nur mit einzelnen Proglot- 
tiden vergleichbar sind, sich direct aus dem Ei entwickeln sollten, 
scheint mir undenkbar. Mit der Rudimentation und dem Ver- 
schwinden des Scolex müssen nämlich auch die Proglottiden den- 
selben Weg wandern und daher erscheint die Entstehung einer 
sekundären Monozootie durch ein allmäbliches Überhandnehmen 
des freilebenden Proglottisstadiums vôllig unmôglich. 


LITTERATUR 
1902. — M. Lüxe, Urogonoporus armatus, ein eigentümlicher 
Cestode aus Acanthias, etc. Archives de Parasitologie, V, 1902, p. 209- 
249, pl. I. 
1890. — E. LônnBerG, Helminthologische Beobachtungen von 


der Westküste Norwegens. I. Cestoden. Bihang till Kgl. Svenska 
Vet.-Akad. Handl., XVI, Afd. IV, n° 5. Stockholm. 

1898. — E. LôNNBERG, Ein neuer Bandwurm aus Chlamydoselachus 
anguineus. Arkiv for Math. og Naturv, XX, n° 2, Kristiania. 

1890. — F. S. Monricezr, Elenco degli elminti studiati a Wime- 
reux nella primavera del 1889. Bulletin scientif. de la France et de la 
Belgique, XXII, p. 417-444, tav. XXII. 

1866. — P. OLsson, Entozoa, iakttagna hos Skandinaviska hafs- 
fiskar, IL. Lunds Univ. Arsskrift, ILT, p. 1-59, tab. I-IT. 

1869. — P. OLsson, Nova genera parasitantia Copepodorum et 
Platyelminthium. Zbidem, VI, p. 1-6, 1 taf. 

1893. - P. Ozsson, Bidrag till Skandinaviens helminthfauna, IL. 
Kgql. Svenska Vet-Akad. Handl., XXV, n° 19, 5 tai. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


G. H. F. Nurrazz, Blood immunity and blood relationship, a demonstration 
of certain blood-relationships amongst animals by means of the precipitin 
test for blood. London, C. J. Clay and sons, in-8° royal de AE 444 p., 
1904. — Prix cartonné : 15 sh. 


Sous ce titre, le prof. NurrazL, de l'Université de Cambridge, vient de 
publier un ouvrage absolument remarquable, qui a nécessité de longues et 
coûteuses recherches, subventionnées par la Société Royale et par le 
Syndicat de l’University Press, de Cambridge. Ces recherches ont eu pour 
point de départ les récents travaux sur l’immunité, en particulier ceux 
d'EurLica, de Mersanikov, de Borper et de leurs élèves ou imitateurs. Ce 
n'est pas ici le lieu de rappeler les diverses théories qui sont résultées de 
ces travaux, d'autant plus que les recherches les plus récentes ont porté 
un coup assez sérieux à quelques-unes d'entre elles. Il n’en est pas moins 
vrai que ces théories ont fait faire d'importants progrès à la connais- 
sance des phénomènes chimiques dont est le théâtre un sang qui vient 
d'être envahi soit par un MORE parasitaire, soit par une substance 
chimique hétérogène. 

Parmi les anticorps qui prennent naissance dans le sérum sanguin 
d'animaux inoculés soit avec des cultures microbiennes, soit avec des 
poisons végétaux (abrine, ricine), soit simplement avec le sérum d'animaux 
d'espèce très diflérente, on distingue, suivant les cas, les cytotoxines, les 
agglutinines, les précipitines, etc. Les premières de ces substances ont 
été déjà très étudiées ; les dernières sont moins connues. C’est sur elles que 
NurrALL a porté plus spécialement son attention ; il en a fait une étude 
magistrale, qui l’a conduit aux résultats les plus intéressants. La méthode 
est simple et rigoureuse tout à la fois : la précipitine se forme dans le 
sang de Lapin, par exemple, quand on y injecte de faibles doses répétées 
de sang de Cheval ; mélange-t-on alors des doses plus considérables des 
deux sangs, le premier est précipité en totalité. 

Cette réaction n'est pas due à un ferment soluble; c'est une vraie 
réaction chimique d'ordre quantitatif. La précipitine qui s’est formée dans 
l’'anti-sérum n'est pas de nature albuminoïde ; elle résiste à la digestion 
pancréatique, mais non à la digestion gastrique ; elle résiste également 
à la putréfaction et à la dessiccation. On connaît donc un certain nombre 
de ses propriétés, et pourtant on ignore où elle prend naissance. 

Suivant la nature du sang soumis à l’examen, la réaction obtenue avec 
les anti-sérums précipitants est d'intensité très variable ; les différences 
sont mesurables volumétriquement. Par exemple, le sérum anti-ovin 
donne un précipité total avec le sérum dilué du Mouton (— 100), mais 
seulement un précipité égal à 80 avec le sérum du Bœuf, à 50 avec celui 
de l’Antilope, à 20 avec celui du Porc, à 12 avec celui du Chat. 


_ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 473 


On arrive ainsi à des résultats vraiment remarquables, à savoir : que les 
différences obtenues donnent la mesure exacte du degré de parenté ou de 
descendance existant entre les différentes espèces comparées entre elles. 
Prenons pour exemple les 825 expériences qui ont été faites avec le sérum 
anti-humain, obtenu en traitant des Lapins par le sang d’Européens : 

97 Primates ont été soumis à l'épreuve, dont 34 Hommes de races 
diverses, 8 Anthropoides appartenant à 3 espèces, 36 Catarhiniens 
(26 espèces), 13 Cébiens (9 espèces) et 4 Hapalidés (3 espèces). Pour les 
34 Hommes et les 8 Anthropoides, le précipité a toujours été total 
(= 100) ; il est tombé à 92 pour les Catarhiniens, à 78 pour les Cébiens et 
à 50 pour les Hapalidés. L'expérience a porté en outre sur un grand nombre 
de Mammifères très variés. dont la moyenne est de 24 (Lémuriens et Mono- 
trèmes — 0) et sur 320 Oiseaux donnant une moyenne de 0,3. Les Vertébrés 
à sang froid et les Crustacés se sont montrés absolument indifférents. 

Voilà une loi biologique d'une singulière importance ! Non seulement 
elle confirme tout ce que l'anatomie nous avait appris relativement aux 
relations de l'Homme avec divers types de Primates, mais elle vient 
démontrer, plus fortement encore que ne l'avait établi A. MIzxE-EpwaRps 
par des considérations tirées de l'embryologie, combien sont illusoires les 
affinités qu'on a cru si longtemps reconnaître entre les Primates et les 
Eémuriens. À défaut de renseignements embryologiques ou paléontolo- 
giques, cette méthode va donc permettre de mesurer la distance qui sépare 
les Vertébrés appartenant à une même classe. — R. BL. 


P. Scamipr, Experimentelle Beiträge zur Pathologie des Blutes. Tena, Fischer, 
in-8° de V-42 p. avec 4 pl., 1902. — Prix, broché : 3 mk. 


A. Plehn a observé au Cameroun que des granulations basophiles 
apparaissaient dans les globules rouges des personnes tout récemment 
arrivées d'Europe, avant que celles-ci eussent eu le temps de contracter 
le paludisme. L'auteur de ce travail a voulu contrôler ce fait : il a examiné 
le sang des chauffeurs et de l'équipage d'un navire, au cours d'un voyage 
vers l'Afrique du sud ; le résultat fut nul. On aurait pu penser pourtant 
que les faits énoncés par Plehn étaient déterminés par la chaleur solaire. 

Dans l'espoir de reproduire artificiellement les figures en question, 
Schmidt a entrepris des expériences variées : il soumet des Souris a une 
température surélevée; il intoxique des Lapins par le plomb et la 
phénylhydrazine; il étudie la structure des hématies dans divers organes. 
(moelle des os normale, foie des embryons, etc.), ou les modifications 
qu'elles subissent dans diverses conditions expérimentales (oreille de 
Lapin isolée par une ligature), sans arriver à reproduire sûrement les 
aspects décrits par Plehn. La phénylhydrazine provoque une diminution 
de l’alcalinité du sang, en même temps que l'apparition des hématies 
granuleuses ; mais cette modification morphologique n'est que transi- 
toire ; elle s'évanouit, même si l’on augmente la dose de poison. Les gra- 
nulations sont-elles alors simplement dissoutes dans le protoplasma du 
globule, ou bien celui-ci est-il détruit ? La question n'est pas tranchée. 


47h REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


L'ouvrage est accompagné de 4 planches en couleur, qui montrent des 
hématies de structure variée, avec leurs diverses réactions colorantes. 


E. JEANSELME, Cours de dermatologie exotique, recueilli et rédigé par 
M. Trémolières. Paris, Masson et C', in-8° de 403 p., avec 3 cartes et 
108 fig. dans le texte, 1904. 


L'Institut de médecine coloniale de Paris, dont la fondation est due à 
l'initiative de M. le Professeur R. BLANcHARp, fonctionne déjà depuis deux 
ans, mais aucune des séries de leçons professées n'avait encore été réunie 
en volume. Le cours de dermatologie exotique de M. JEANSELME vient 
combler partiellement cette lacune. 

Cet ouvrage renferme tout ce que le médecin colonial doit connaître 
pour formuler son diagnostic ou même pour entreprendre des recherches 
purement scientifiques. Devant l'impossibilité de tout dire et la nécessité 
de ne donner que des indications utilisables, l’auteur a laissé de côté ou 
mentionné brièvement les espèces morbides rares ou peu intéressantes. 
Au contraire, il a consacré de longs développements aux questions véri- 
tablement capitales en pathologie exotique. Ce sont d'abord la lèpre et la 
syphilis, qui toutes deux font de véritables ravages sous les tropiques. 
Puis le pian ou frambæsia, dont les manifestations sont souvent analogues 
aux lésions syphilitiques ; le bouton d'Orient; l’uleère phagédénique des 
pays chauds ; les mycoses cutanées : tokelau, caratés, pied de Madura ; 
les dermatoses produites par des parasites animaux : filariose, éléphan- 
tiasis ; enfin les dermatoses dues au climat tropical. Viennent ensuite 
quelques considérations sur l'hygiène de la peau sous les tropiques. 

L'ouvrage se termine par un chapitre de technique histo-bactériologique. 
Le tout est illustré d'un grand nombre de schémas, dessins au trait, 
coupes microscopiques et de plusieurs cartes de distribution des princi- 
pales dermatoses. Une quantité de détails inédits donnent à l’ensemble 
un cachet très personnel et rajeunissent heureusement les descriptions 
classiques. Ces leçons ne s'adressent pas seulement aux jeunes médecins 
destinés à exercer dans les colonies ; elles fournissent encore aux prati- 
ciens de la métropole les notions de pathologie exotique indispensables 
pour traiter les malades qui, des pays tropicaux, arrivent de plus en plus 
nombreux en Europe. — M. LANGERON. 


*C06T AUANAOA(-AHTNA 


ra 


ere 


‘AT Id “OGT HIA “HIPOTOLISVUVA AA SHAIHOUY 


NOTES ET INFORMATIONS 


Nominations. — Dans sa séance publique annuelle du 15 décembre 
1903, l'Académie de médecine a décerné le prix Desportes à M. le D° 
G. J. BARTHELAT pour son mémoire intitulé : « Les Mucorinées pathogènes 
el.ies mucormycoses chez l’Homme et chez les animaux. » Ce mémoire a été 
publié dans les Archives (VII, p. 5-116, 1903). 


La Médecine tropicale en France. — Tout récemment, nous avons eu 
l'occasion de visiter l'Ecole de médecine tropicale de Paris. Cette Ecole 
travaille avec l'assistance d’un petit hôpital parfaitement bien organisé et 
situé à Auteuil. Elle semble florissante et bien organisée, et, à première vue, 
donne l'impression qu’elle est inévitablement destinée à devenir avant peu 
l’une des plus importantes Écoles de médecine tropicale d'Europe. 

Cependant, une étude plus approfondie nous a montré que son exis- 
tence, loin d'être assurée, était en réalité tout-à-fait menacée. Cette 
nouvelle surprenante est due à ce fait que l'Ecole ne reçoit aucune assistance 
du gouvernement ou des colonies, et, pas davantage du public français. 

L'Ecole fait partie et, en somme, constitue à elle seule l'Institut de 
médecine coloniale. qui, grâce à l'initiative et à la persévérance du 
Professeur R. BLancHaRp, fut fondé et adjoint à la Faculté de médecine 
de Paris. Depuis l’époque de sa fondation, le seul don qui lui ait été fait 
a été une allocation annuelle de 30.000 fr. donnée par le gouvernement de 
l'Indo-Chine. Malheureusement cette subvention fut seulement promise 
pour deux ans et est actuellement sur le point d’être retirée, de sorte que 
cette Ecole, qui promettait de faire de si riches additions à la réputation 
de la médecine française, sera peut-être obligée de fermer ses cours. 

Il est presque impossible de croire que la France, qui si souvent a 
conduit le mouvement scientifique et dont les colonies sont presque toutes 
tropicales, se contenterait de laisser à d’autres pays, et en particulier à 
l'Angleterre, la tâche et aussi la gloire de travailler et de mener à bien 
les problèmes de médecine tropicale, études qui, en dehors de leur intérêt 
personnel, présentent la plus grande importance économique. 

La terrible leçon de Madagascar est-elle oubliée, ou l'esprit d’'entre- 
prises scientifiques est-il mort en France ? Il nous semble que la valeur 
d'une demi-douzaine de vies françaises sauvées par an serait déjà un prix 
suffisant pour établir une semblable institution sur une fondation stable. 
En Angleterre, où nous ne sommes pourtant pas trop portés vers le senti- 
ment, il n’a pas été difficile de réunir les 70 ou 80.000 livres (1) nécessaires 
pour fonder nos deux Ecoles de médecine tropicale, qui actuellement sont 
florissantes et indépendantes. La plus grande partie de l'argent, cela doit 
être spécifié, fut donné par les négociants et les colonies tropicales, car 
tous avaient reconnu que leur intérêt et leurs progrès futurs nécessi- 


(1) 1.750.000 à 2.000.000 francs. 


476 NOTES ET INFORMATIONS 


taient un noyau de médecins entièrement entraînés à traiter les maladies 
des pays exotiques. 

Les intérêts de la France avec ses colonies de l'Afrique occidentale, 
de Madagascar et de l’Indo-Chine, sans parler de sa grande et toujours 
croissante possession de l'Algérie, sont également considérables. Ce que 
l’on pourrait attendre d’une Ecole française de médecine tropicale vient 
d'être tout récemment montré par les résultats pleins de promesses de 
l'expédition faite par le D’ Brumpr, en vue d'étudier la maladie du 
sommeil. L'apathie qui existe actuellement en France est plus facile à 
mettre en évidence par les faits qui ont précédé cette expédition que par 
nul argument. L'argent nécessaire fut demandé, d’une part au gouver- 
nement, d'autre part au public. Le Ministère de l'fnstruction publique 
limita sa bienveillance à donner un appui purement moral, le public 
souscrivit pour 300 francs et le Ministère des Colonies donna 1500 francs, 
ce qui fit monter le tout à la misérable somme de 1 800 francs ou 72 livres. 
L'expédition n'aurait pu se mettre en route, si trois laboratoires de la 
Faculté de médecine n'étaient généreusement venus s'inscrire *POUT 
4.500 Îrancs. 

Une indifférence aussi considérable envers une matière de semblable 
importance se voit rarement en France, et en en recherchant les causes 
il semble que la faute réside dans l’Institut colonial lui-même. C’est une 
jeune institution, qui doit non seulement gagner ses éperons, mais encore 
prouver au patriotique public français la réelle nécessité de son existence. 
Pour arriver à cette fin, il lui faut un effort personnel incessant de la 
part de sa direction, et il semble qu'il lui serait plus aisé de montrer son 
utilité, si sa tête était non pas simplement un homme qui a atteint une 
grande renommée en d'autres directions, mais une personne dont l'inté- 
rêt serait uniquement concentré sur la médecine coloniale. 

Quoi qu'il en soit, les Ecoles anglaises ont déjà envoyé plus de douze 
expéditions au loin et. grâce à l'assistance des Affaires Étrangères, de 
l'Office colonial, des Sociétés savantes et du public, elles sont prêtes à en 
envoyer d'autres. Les bénéfices de leurs découvertes seront, il est vrai, 
distribués dans le monde entier, mais le mérite en reviendra à l'Angleterre 
seule. — British medical Journal, I, p. 1659, 26 déc. 1903. 


— L'auteur de cet intéressant article est bien renseigné ; il commet 
pourtant deux erreurs, que nous devons rectifier. Tout d'abord, les 
sommes recueillies pour la mission du D' BrumerT ont atteint en réalité 
un total de 7.800 francs, provenant comme suit : 


De M. le Professeur ProusT 1.000 fr 
De M. le Professeur R. BLANCHARD ; 1.500 » 
De M. le Docteur R. WëüRTZ . . . . . 2.000 » 
Du Ministre des Colonies : 4 500 » 
Derlattompacnie de SUEZ RENE 1.000 » 


Du Comité de l'Afrique française . . . 500 » 
De la Société des Sultanats du Haut- Drama 300 » 


NOTES ET INFORMATIONS 477 


D'autre part, la subvention annuelle de 30.000 francs, généreusement 
accordée à l'Institut par M. DoumEr, alors Gouverneur général de l’Indo- 
Chine, n'a pas été limitée à deux années seulement : elle continue de 
figurer au budget de l’Indo-Chine, mais il n’en est pas moins vrai que, 
constituant une dépense somptuaire, elle court toujours le risque d'être 
supprimée ou diminuée, au cas où les variations du cours de l'argent ou 
toute autre circonstance viendraient produire des perturbations dans le 
budget de la colonie. Alors, l'Institut serait singulièrement mal en point 
et les maigres économies qu'il a pu faire ne lui permettraient pas de 
vivoter au-delà d'un an ou deux. 

Plus d'une fois, attirant sur ce grave péril l'attention de la Commission 
administrative de l'Institut, j'ai demandé que des mesures fussent prises 
pour augmenter ces ressources et qu une active propagande füt faite en 
sa faveur, auprès des Gouverneurs des colonies, des Compagnies de 
colonisation, des Pouvoirs publics, de la Presse, etc.; on a toujours 
reconnu que j'avais raison, mais toujours aussi l’incurie coutumière a 
repris ses droits et aucune démarche utile n'a été tentée. En fait, après 
plus de deux ans d'existence, l'Institut est exactement dans la même 
situation financière qu'au premier jour, situation dont nous venons de 
montrer la grande incertitude. C'est encourir une lourde responsabilité, 
que de ne pas prendre les mesures urgentes que commande un état de 
choses aussi précaire. 

Ces réflexions n'atténuent en rien, on le comprend, la gravité des 
remarques formulées par le journal anglais; elles ne sauraient diminuer 
non plus l'impression pénible qu'éprouvera tout lecteur français, soucieux 
du bon renom scientifique de sa patrie et désirant le succès des entreprises 
coloniales, pour lesquelles on sacrifie tant d'hommes et tant d'argent. 

Puisque les Pouvoirs publics, le Parlement, les Administrations publi- 
ques ou privées ne semblent pas comprendre l'importance du grand mou- 
vement scientifique dont l'Angleterre a eu l'initiative et au progrès duquel 
la France a le droit et le devoir de coopérer, ne se créera-t-il donc pas 
chez nous un mouvement d'opinion pour assurer des ressources suffi- 
santes à l’Institut de médecine coloniale de Paris et pour lui constituer 
des réserves, grâce auxquelles il puisse, le cas échéant, envoyer dans nos 
colonies des missions médicales moins misérablement dotées ? La presse 
politique et coloniale pourrait rapidement rassembler les fonds néces- 
saires. Dans un pays tel que le nôtre, il n'est pas, en matière de coloni- 
sation, de question plus urgente et plus capitale. 

Comme le dit fort bien l’auteur de l'article, les découvertes des méde- 
cins anglais profiteront à tous; elles auront donc aussi leur application 
dans les colonies françaises. Mais n'est-il pas humiliant que, par suite de 
l'indifférence générale et du défaut de ressources qui en résulte, les 
savants français restent à peu près impuissants, alors que ceux des pays 
voisins étudient et résolvent avec tant d'éclat les questions sans nombre 
ressortissant aux maladies, à l'hygiène et à l'habitabilité des pays chauds ? 


478 NOTES ET INFORMATIONS 


L'Institut de médecine coloniale de Paris a précisément clos sa deuxième 
session de cours, à la fin de décembre 1903 : 25 élèves, dont 12 étrangers 
(Portugais, Grec, Guatémalien, Bolivien, Chilien, Américain, Italiens, etc.), 
ont suivi ces cours ; la plupart ont obtenu, après d'excellents examens, 
le diplôme de Médecin colonial. Qui ne voit que, en outre des services 
éminents qu'il est appelé à rendre à notre empire intertropical, l'Institut 
est un puissant agent d'expansion de l'influence française à l'étranger, 
parmi les classes les plus instruites et les plus intelligentes? — R. BL. 


Tanqua, n. g., remplaçant Ctenocephalus von Linstow. — Dans une 
récente étude sur les Nématodes de Ceylan (1), von Linstrow a créé le 
genre Ctenocephalus en faveur d'une espèce qu'il avait précédemment 
décrite sous le nom d'Ascaris tiara (1879). Un genre Ctenocephalus a déjà 
été établi en 1857 par KoLeNaTI pour divers Pulicides. Le nom proposé 
par von Linsrow tombe donc en synonymie. Nous proposons de le 
remplacer par le genre Tanqua, nom emprunté à l’une des neuf (preuses » 
des romans du sud de la France à l’époque du moyen-âge. — R. BL. 


Binotia, n. g., remplaçant Runchomyia Theobald. — Dans le troi- 
sième volume de sa Monographie des Culicides (2), Theobald a établi le 
genre Runchomyia en faveur d'un Moustique de la Guyane (R. frontosa, 
n. sp.). C'est là, évidemment, une transcription vicieuse pour Rhyncho- 
myia. Or, ce nom générique a été déjà employé par Robineau-Desvoidy, 
en 1830, précisément pour un Diptère. Le nom proposé par Theobald doit 
donc disparaitre. Nous proposons de le remplacer par Binotia, en l'honneur 
de notre ami le D’ Jean Binor, chef de laboratoire à l’Institut Pasteur de 
Paris (3). — R. BL. 


(4) 0 von Laxsrow, Nematoda in the collections of the Colombo Museum. Spolia 
zeylanica, 1, pl. 4, 1904 ; cf. p. 12 du tiré à part. 

(2) F.-V. TuroBazn, À monograph of the Culicidae or Mosquitoes. London, 
4903: cf. II, p. 319. 

(3) R. BLancaarp, Les Moustiques : histoire naturelle et médicale (sous 
presse); cf. p. 427. 


OUVRAGES REÇUS 


Tous les ouvrages reçus sont annoncés. 


Rapports présentés au Congrès d'hygiène et de démographie 
(Bruxelles, août 1903) 


Dungar, L’épuration bactérienne : a) des eaux d’égouts; b) des eaux rési- 
duaires industrielles, in-8 de 30 p. — G.-J. FowLer, idem, in-$ de 52 p. — 
F. Launay, idem, in-8 de 11 p. — S. Ripear, idem, in-8 de 6 p. — E. RoLanTs, 
idem, in-8° de 8 p. 

J.-A. Howe, Etablir, au point de vue des exigences de l’hygiène, les condi- 
tions que doivent remplir les eaux issues de terrains calcaires, in-8° de 7 p. 

BARBIER, Ankylostomasie. Faire connaître le développement topographique 
de l’ankylostomasie dans les pays houillers, le pourcentage des ouvriers qui 
en sont atteints et Les rapports de cette maladie avec les conditions hygiéniques 
des mines de houille où elle a élé constatée (ventilation, température, humi- 
dité, etc.). Indiquer les mesures prophylactiques, pratiques et réalisables, à 
prendre pour enrayer le mal. Signaler celles qui ont été appliquées et les 
résultats qui en ont été obtenus, in-8° de 17 p., 1 carte et 1 tableau. — BRETON, 
idem, in-8° de 1% p. — TENHoLT, idem, in-8° de 81 p. — E. Torx, idem, in-8° de 
10 p. — V. WATTEYNE, idem, in-8 de 43 p. 

Decre, Le travail dans les couperies de poils. Déterminer les causes d’insa- 
lubrité de cette industrie, la nature et la gravité des affections qu’elle provoque 
et les mesures à prendre pour l’assainir, in-8° de 4 p. — GLiserr, idem, in-8° 
de 28 p. — HENCKE, idem, in-8& de 8 p. — T.-M. LeGGr, idem, in-8 de 7 p. 

A. CALMETTE, La prophylaxie sanitaire de la peste et les modifications à 
apporter aux règlements quarantenaires, in-8° de 8 p. — N. FREYBERG, idem, 
in-8° de 12 p. — RINGELING, idem, in-8°.de 16 p. 

H. Duponr, Alimentation des Européens et des travailleurs indigenes dans 
les pays chauds, in-8 de 5 p. — G. Reynaun, idem, in-8 de 2% p. — C.-L. Van 
DER BURG&, 2dem, in-8° de 7 p. 

A. Biccer, Prophylaxie de la malaria, in-8 de 93 p. — Celli, idem, in-8° de 
3 p. — F. PLEUN, idem, in-8° de 7 p. — R. Ross, idem, in-8 de 7 p. et un complé- 
ment de 2 p. 

BerrencourT, Prophylaxie de la maladie du sommeil, in-8° de 29 p. — 
MarcHoux, idem, in-8° de 4 p. — Van CAMPENHOUT, idem, in-8° de 7 p. 

A. BourGuiGNon, Prophylaxie du béri-béri, in-8 de 6 p. — Cu. Firker, idem, 
in-8° de 45 p. — HéBraRp, idem, in-8° de 24 p. — C.-L. Van DER BurG, idem, 
in-8° de 9 p. 

G. Gruns, La prophylaxie de la variole dans les pays chauds. Culture et 
transport du vaccin. Variolisation et culture du virus variolique, in-8 de 
24 p. — Guérin, idem, in-8° de 9 p. 

BrouarpeL et Wurrz, Organisalion de l’enseignement de la médecine colo- 
niale, in-8° de 9 p. — V. ne Graxa, idem, in-8° de 11 p' 


Généralités 


Compte-rendu du 15° Congres internat. d'hygiène et de démographie. — III. 
Hygiene alimentaire. Bruxelles, in-8° de 124 p., 1903. — V. Hygiène industrielle 


280 OUVRAGES REÇUS 


et professionnelle. Bruxelles, in-8° de 111 p., 1903. — VIII. Hygiène coloniale. 
Bruxelles, in-8 de 134 p., 1903. 

Les fêtes de Pasteur à Chartres et à Marnes. Archives de Par Gstoiogne VII, 
p. 587 630 pl. IX-XVIIT. 1905. 

L. Aupain, Pathologie intertropicale. Doctrines et clinique. Port-au-Prince, 
in-8° de 415 p., 1904. 

J. Barnier, L’opothérapie des Anciens. Etude historique des préparations 
thérapeutiques tirées du Règne animal. Thèse de Paris, in-8° de 94 p., 1905. 

C -J. Ducaame, De l'insuffisance de défenses de l'organisme chez le nouveau- 
né. Thèse de Paris, in-8° de 81 p., 1904. 

N. Léon, Obiectul si Insämnätatea zoologie? pentru studiul medicinet. Iasi, 
in-8° de 17 p., 1903. 

N. Léon, Istoria naturalä medicalä a poporuluf român. Analele Academieï 
romäne, (2), XXV, p. 171-330, Bucuresci, 1903. 

H. Marrez Principales altérations des viandes. Presse médicale, in-8° de 22 p., 
n° 52, 28 juin 1902. 

H. MarTez, L'analyse des’ viandes insalubres et des produits carnés falsifiés. 
Presse oo nlel in-8° de 19 p., 5 août 1903. 

Ep. Micnow, De la valeur d’un nouveau signe dans le diagnostic précoce du 
_ cancer. Thèse de Paris, in-8° de 59 p., 1903. 

J. MoNMENEU y L. ReyNoso, La alimentaciôn en las enfermedades infecciosas 
agudas. La fototerapia en el sarampién. Communicaciones al XIV Congreso 
internacional de medicina, seccion de patologia interna. Madrid, in-8 de 
32 p., 1905. 

F. Ruo, lL’espansione italiana e gli studi di medicina tropicale. Annali di medi- 
cina navale. IX, in-8° de %5 p., marzo-aprile 1903. 

A.-E. Sipey, Some parasites from Ceylan. Spolia zeylanica, I, part. 3, 
p. 1-11, pl. I, 1903. 

Sr. Smirx Burr, Adeno-carcinome of the liver in childhood. The Post-graduate, 
in-& de 8 p., november 1903. 

J.-W. W. Srepxens, Blackwater fever. Thompson Yates and Johnston Labora- 
tories Reports, V, p. 193-218, 1903. 


Protozoaires 


J.-F. ANDERSON, Spotted fever (Tick fever) of the Rocky Mountains. A new 
disease. Bulletin 2) the Hygienic Laboratory, n° 14, in-8° de 50 p., Washington 
1903. 

E. BezzeNBERGER, Ueber Infusorien aus asiatischen Auren. Thèse de Kônigs- 
berg. lena, in & de 38 p., 1 pl., 1904. — [Nyctotherus, Balantidium, Opalina 
divers]. 

E Baumpr, Maladie du sommeil expérimentale chez le Singe. C.-R. Soc. de 
biol., LV, p. 1494-1495, 1903. 

Brumpr et Wurrtz, Agglutination du Trypanosoma Castellanii Kruse, parasite 
de la maladie du sommeil. C.-R Soc. de biol.,. LV, p. 1555, 1903. 

J.-E. Durron and J.-L. Top», First Report of the Trypanosomiasis Expedition to 
Senegambia (1902) of the Liverpool School of tropical medicine and medical para- 
sitology. Memoir XI of the Liverpool School of tropical medicine, in-4 de 
97 p., 5 pl., 1 tabl. et 1 carte, 1903. 


Le Gérant, K. R. DE RUDEVAL. 


Lille. — Typ. & Lith. Le Bigot fréres 


. A MTL CRIE 


F. R. DE RUDEVAL EDITEUR 


4, Rue ANToINE Dugois (VI) 


PARIS 


- Précis de Parasitologie animale, par le D' M. Neveu- 
LEMAIRE, préparateur au laboratoire de Parasitologie de la Faculté 
de médecine de Paris, avec une préface par le professeur R. 
BLANCHARD, un volume in-18 grand jésus de III-220 pages avec 
301 fig. dans le texte, deuxième édition, cartonné. Prix Æ francs. 


De l’échinococcose secondaire, par le Dr F. Dévé, ancien 
interne des hôpitaux de Paris, médecin des hôpitaux de Rouen. Un 
volume grand in-8, de 256 pages, avec 7 fig. dans le texte. Prix : 
G francs. | 


Ladrerie ou cysticercose chez l'Homme, par le D' E, 
VoLovarz. Un volume grand in-8, de 184 pages, avec 9 fig. dans 
le texte. Prix : 8 francs. 


Sous presse : 
Les Moustiques, Histoire naturelle et médicale, par le 
professeur R. BLancHarp. Un volume grand in-8& de 600 pages 
environ, avec un grand nombre de figüres dans le texte. 


Précis de diagnostic clinique, par le D' L. GRIMBERT, 
docteur ès-sciences, professeur agrégé à l'Ecole Supérieure de 
Pharmacie de Paris, pharmacien en chef de l'hôpital Cochin, et 
le D: J. GurarT, docteur ès-sciences, professeur agrégé à la Faculté 
de médecine de Paris. Un volume in-18 colombier, de 600 pages 
environ, avec un grand nombre de figures dans le texte. 


Envoi franco de ces ouvrages contre un NE PU à F. R. px RUDEVAL,. 


éditeur, 4, rue Antoine Dubois, Paris, VI°. 


== 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 


RÉDACTION : 15, rue de l’École-de-Médecine, PARIS, VIE 


ABONNEMENT : 
Paris et Départements : æ@ fr. — Union postale : 3% fr. par volume... 


| A 

Les Archives de Parasitologie publient des mémoires originaux écrits dans 
l’une ou l’autre des six langues suivantes: français, allemand, anglais, espagnol, 
italien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE DACTY- 
LOGRAPHIÉ (écrib à lu marvhine), afin de réduire les corrections au minimum. 

Ce texte doit ètre conforme aux règles suivantes : 

1° On appliquera strictement les règles de la nomenclature 200logique ou 
botanique adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique ; 

2 On fera usage, tant’ pour les noms d'auteurs yue pour les indications biblio- 
graphiques, des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le Zoolo- 
gical Record de Londres ; 

3° Les noms géographiques ou les noms-propres empruntés à des langues qui 
n’ont pas l’alphabetl latin seront transerits conformément aux règles interna- 
tionales adoptées par les Cengrès de zoologie ; 

40 Tout nom d’être vivant, animal ou plante, commencera par une premiére 
lettre capitale ; 

5! Tout nom scientifique latin sera imprimé en italiques (souligné une fois sur 
le manuscrit). 

Dans l'intérêt de la publication et pour assurer le maximum de SECHE 
dans la reproduction des planches et figures, tout en supprimant des dépenses 
inutiles, nos collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes : 

4° Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. 

2° Ne rien écrire sur les dessins originaux. | 

3°, Toutes les indications (lettres, chiffres, explication. des figures, etc.) seront 
placées sur un calque recouvrant la planche ou le dessin 

4° Abandonner le plus possible le crayon à la mine de plomb pour le crayon 
Wolf ou l’encre de Chine. 

Les Auteurs d'articles insérés aux 47chives sont instamment: priés de renvoyer 

à M. le D'J. Gurarr, Secrétaire de la rédaction, dans un aéliti matimuwn de hui 
our les épreuves corrigées avec le manuscrit où l’épreuve précédente. 

Jls recevront gratis 50 tirés à part de leur article. Ils sont invités à faire con-. 
naître sans délai s'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (5) au maximum, 
à leurs frais et conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l'impres- 
sion typographique; il ne concerne point les planches, dont le prix peut varier 
considérablement. Toutefois, il importe de dire que, pour les exemplaires 
d'auteurs, les planches seront comptées striclement au prix de revient Les lares 
à part ne peuvent être mis en vente. 


TARIF DES TIRÉS A PART : 


Une feuille/enfière {tt 41n 750000 in PAP nn ET A0 MSN 
Trois quarts de feuille. AE 0 40 | 7 » 
Une demi-feuille. : . . : . AAPPRDAENE RE AL ARS SE ARE TES 50 | o 75 
Un'quarttde /tenlie se MeVhers epon en eNENenE ; 3 9) | 9 1) 
Gn'huitième de’feuillest et} 0 SDS RNA ES ASE 2 OAI MENSS 
Plusieurs feuilles es PAR en CN re ea te 6 10: 7 8) 


L'éditeur-Gérant : 
F. R. p£ RUDEVAL. 


LILLE. = imp LE SIHOT rares 


- Tome VHLmÉ SEP19 1904 — 8 Août 1904. 
ARCHIVES : 
HR A DE 


: PARASITOLOGIE 


Paraissant tous les trois mois 


SOUS LA DIRECTION DE 


RAPHAËL BLANCHARD 


PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


PARIS 
F. R. ne RUDEVAL, Éorreur 


4, Rue ANToiNE Dugois (VI*) 


1904 « 


SOMMAIRE 


Pages 

S. FaBozzr. — Azione dei Blastomiceti sull’ epitelio trapiantato nelle lamine 

corneali. Contribuzione sperimentale all etiologia e paLoeenesl dei tumori 

{avec 9fig dansile fexte et pl ALL) REV RENE Di EN 
P. Vuiscemin. — L'Aspergillus fumigatus est-il connu à l'état ascosporé? ... 540 | 
L. Vincent. — L'hôpital de « Las Animas » à la Havane. Hôpital spécial pour les 

maladies contagieuses et la fièvre jaune (avec 3 fig. dans le texte). : 51543 
A. Poncer ef L. BÉRARD. — A PEGDES du diagnostic que de l'actinomycose î 

fumaine 20 CT SANT en PONT Rp Re ne NE 548 
E. TROUESSART, — Leiognathus Blanchardi n. sp. Acarien parasite de la Marmotte 

des Alpes\{avec 21ñ9#dans leftexte) RP PIE EN CN EC 558 
P. VuiLLeMIN. — Le Lichtheimia ramosa (Mucor ramosus Lindt). Champignon 

pathogène, distinct du L. corymbifera (avec 1 fig. dans le texte). . . . . 562 
R. BLANCHARD. — Sur un travail de M. le D: Brumpt intitulé : Quelques faits 


relatifs à la transmission de la maladie du sommeil par les Mouchestsétsé., 573 
. HaLGaND. — Etude sur les trichophyties de la barbe (avec 4 fig. dans le texte). 590 


C. Tiragosci. — Les Rats, les Souris et leurs parasites cutanés (Note rectificative). 623 


Revue bibliographique 251420 AN PEU SES A RER SN MN EMA EE PPT 627 
Notes.et’Informations {avec.pl. ÆV, VV) 4 = NC NOR. 628 
Table des matières 10250040 20) TES ER 639 


Planches III, IV, V, VI. 


/ LES 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 


sont publiées par 


F. R. DE RUDEVAL, EDITEUR 


Prière de lui adresser le montant des abonnements ou réabon- 
nements, 4, rue Antoine Dubois, Paris, VE. 


a A 
CA MBRIDGE, MA? 


EE 


AZIONE 


DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 


. TRAPIANTATO NELLE LAMINE CORNEALI 


CONTRIBUZIONE SPERIMENTALE ALL’ ETIOLOGIA E PATOGENEST DEL TUMORI 


PEL 


Dott. SALVATORE FABOZZI 


Assistente all’ Istituto anatomo-patologico degl’Incurabili di Napoli. 


(Tavoza III). 


Uno dei punti più oscuri in patologia generale, è, senza dubbio, 
quello dell’ etiologia e patogenesi dei tumori maligni in genere, 
e di quelli di natura epiteliale in ispecie. 

Molto arduo & l’argomento che piglio a trattare ; ma l’interesse 
sommo che vi hanno preso quasi tutti gli osservatori, e la lusinga 
di apportare una lieve pietra al grande edificio, mi sono stati inci- 
tamento a queste ricerche e mi spingono alla publicazione della 
presente nota. 

Per non risalire a fonti anteriori, da circa tre secoli la mente dei 
ricercatori & attratta dallo studio delle cause di questo impor- 
tante gruppo patologico, che conta quasi pel 10 0/0 nelle statis- 
tiche dellà mortalità umana ; e sarebbe compito assai malagevole 
il voler enumerare tutte le monografie pubblicate in propositio. 

Lontana da me l’idea di esporre una cronistoria completa della 
letteratura relativa, il che mi trarrebbe troppo lungi dall” obbi- 
ettivo speciale delle mie indagini, io mi terrù pago soltanto di 
esporre qui in breve riassunto le ricerche che si aggruppano 
intorno alle due maggiori teorie che oggi tengono il campo, la 
teoria parassitaria cioè e quella non parassitaria. 


Archives de Parasilologie, VII, n° 4, 1904. 91 


482 S. FABOZZI 


TEORIA PARASSITARIA 


Hervey per il primo nel 1651 ebbe l’idea che i tumori fossero di 
origine parassitaria ; ma, dopo di lui, non bastarono le ricerche di 
Scheider, Alliot, Wisemann, Blendinger, Klug, Plenk etc. a dare 
una solida base alla sua opinione ; e bisogna arrivare a Langenbeck 
per rintracciare il primo tentativo sperimentale in tal senso. 
Sembra infatti che questo autore avesse riprodotto il cancro prati- 
cando inoculazioni di succo cancerigno nelle vene dei Cani, ed in 
uno degli animali pare che il tumore si fosse riprodotto nel pul- 
mone. | 

Agli stessi risultati vennero Lebert e Follin, perd ad essi surse il 
dubbio che il Cane potesse già in precedenza essere carcinomatoso. 

Goujon ottenne l’innesto ma in animali della stessa specie, ed il 
Reinecke ammette un contagio diretto del cancro, perchè lo ha 
trovato riprodotto lungo il tragitto praticato da un trequarti appli- 
cato in un caso di ascite per carcinosi delle glandule retroperi- 
toneali. 

L’Hannover riscontrd nel carcinoma, corpi perlacei, che dallo 
Ordonnez furono considerati come sporangi contenenti alcune 
volte spore di Fungo, e le consider come parassiti specifici. Il 
Lebert pure innestù con successo pezzi di tumori in animali. 
Rivolta, Johne, Rabe, Bollinger considerarono i tumori come pro- 
duzioni parassitarie ; pero le ricerche loro riguardarono precipua- 
mente tumori degli animali inferiori : il Manfredi nei granulomi 
infettivi dei Bovini ha trovato un Micrococco, mentre Bassini trovd 
una forma di Micelio. Lo Scheurlen ed il Lampiasi considerarono 
parimenti i tumori come di natura parassitaria. 

Nelle cellule carcinomatose furono notati da parecchi autori dei 
corpi inclusi di natura più o meno sospetta ; Albarran, Malassez, 
Michaux, Thoma, Steinhaus li ritennero come produzioni parassi- 
tarie. Il Mansurov ed il Pfeiffer credettero di ritenere queste pro- 
duzioni endocellulari nel carcinoma quali forme evolutive di uno 
Sporozoo ; mentre l’Hutchinson le ascrisse proprio tra i Coccidii, 
come pure il Ruffer, e lo Sgrosso in parecchi casi di carcinoma della 
congiuntiva e della cornea le considera come Psorospermi. 

Darier afferma chiaramente la natura parassitaria dei corpi endo- 
cellulari nel carcinoma ; e, dice, che corrispondono esattamente 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 185 


agli stadii evolutivi dei Coccidii, ed il Malassez, in epoca ulteriore, 
li riavvicina agli Psorospermi del Coniglio, pur non essendo sicuro 
deila loro specificità pel carcinoma. Della stessa opinione sono il 
Wickham, il Darier e Gouillaud, mentre lo Schulten accetta in essi 
la natura psorospermica e la causa etiologica dei tumori. 

Il Virchow notô la somiglianza tra i Coccidii del Coniglio e le 
figure siferiche delle cellule del mollusco, e queste sue vedute 
furono confermate dal Rivolta e dal Bollinger, i quali dettero alla 
lesione il nome di Mollusco gregarinoso. 

Czokor è di opinione favorevole quanto a natura parassitaria dei 
corpuscoli endocellulari negli epiteliomi e le riavvicina agli Spo- 
rozoi ed ai Coccidii, parlando pure di risultati favorevoli ottenuti 
con l’innesto negli Uccelli ; mentre lo Pfeiffer in 2 casi di cancro 
osserva corpuscoli simili agli Sporozoi ; ma non si pronunzia sulla 
specie ed è di opinione che nei diversi cancri esistano diverse 
specie di parassiti. Albarran li assomiglia ai Coccidii del Coniglio 
ed a quelli della psorospermosi ; mentre il Thoma, pur essendo 
dubbioso sulla contagiosità, li considera come Coccidii incapsulati. 
Rappin isolù dall’epitelioma e dal sarcoma un Diplococco che in tre 
mesi nel Coniglio inoculato produsse cachessia e morte, ed avrebbe 
riscontrato riproduzione nel fegato e nelle glandule mesenteriali. 
Lampiasi isold un Bacillo che riusciva patogeno pel Coniglio, e 
Freire ne coltivù uno dal sangue di un carcinomatoso. Ferraro isolù 
dal carcinoma di un rene un grosso Bacillo che si assomigliava a 
quello dello Schcurlen, ed anche Franke isold uno simile. 

Bernabei e Sanarelli isolarono anch'’essi il Bacillo dal cancro, ma 
dalle inoculazioni di esso non ottennero risultati soddisfacenti, 
come pure Schill, Ballance e Schattock, Senger, Makara, Ribbert, 
Sanquirico e Sanarelli, etc. 

Il Quinquaud ritiene le produzioni osservabili nelle cellule del 
cancro come Sporozoi, il Sjübring come Microsporidii, ed il 
Kossinsky ammette il parassitismo nel cancro ma non classifica il 
parassita da lui ritrovato. Nello stesso modo si regolano il Michaud, 
il Vincent ed il Malassez, anzi li considerano come la causa della 
proliferazione epiteliale. 

Lo Stroebe, il Payrie riscontrano una somiglianza tra le forme 
intracellulari nel carci noma ed 1 Coccidii, ma non si pronunziano 
sulla loro specificità. Lustgarten è pienamente d’opinione che gli 


48% S. FABOZZI 


Psorospermi ed i corpuscoli cancerigni siano simili e che questi 
ultimi appartengano al gruppo dei parassiti, ed il Foà, con colora- 
zioni speciali, li riscontra, li interpetra come tali e ne descrive 
varii gradi di sviluppo. Il Sudakevitch in 60 casi di cancro osserva 
l’esistenza di uno Sporozoo al quale addebbita la poliferazione 
dell’epitelio, mentre il Mansurov, pur trovandone non sa spiegar- 
sene la via d’entrata. 

Podvyssozki e Savtshenko ritengono i corpicciuoli riscontrati 
nel cancro come caratteristici, classificandoli tra i Coccidii e gli 
Sporidii, e non li credono confondibili con nessun prodotto di 
degenerazione ; sono inclini a credere che vi siano forme diverse 
per i diversi carcinomi, mentre Hardy ed Arnozan, pur riscon- 
trandoli e considerandoli come parassiti psorospermici, non si 
sanno decidere per la natura parassitaria dei tumori. 

Il Rosenberg riscontra gli Psorospermi e li dice causa efficiente 
dei tumori, mentre l’Hutchinson ed il Kürsteiner non si sanno 
pronouziare sul loro significato ; il Müller vorrebbe che, nell’apprez- 
zamento di questi aspetti istoligici, assieme ai Coccidii si tenesse 
presente la possibilità della frammentazione nucleare, ed il Rufïer 
insieme al Walker, pur avendoli riscontrati, credono che essi 
possamo essere distrutti dalla penetrazione dei fagociti nelle cellule 
epiteliali. 

Anche il de Amicis riscontra gli Psorospermi nella Psorospermosi 
cutanea vegetante, ed il Ducrey ed Oro li trovano nei condilomi acumi- 
nati; Ma non si pronunziano precisamente sul loro valore etiologico. 
Touton ritrova le inclusioni inter ed intracellulari, ma, pur consi- 
derandole come Sporozoïi, non le sa riavvicinare ai corpi di Russell, 
mentre il Clarke è convinto che i tumori ripetano la loro origine 
dagli sporozoi, ma che questi si avvicinano più agli Ematozoi che 
ai Coccidii. 

Il Foà ritorna sull’argomento, riscontra i corpuscoli nei carci- 
nomi, e resta maggiormente convinto della loro natura e forma 
parassitaria, e cosi fa pure lo Pfeiffer, mentre Korotnev ritiene che 
il rapporto Îra parassita e cancro sia solo un’ipotesi molto plausi- 
bile, ed il Larini in un caso di morbo di Paget riscontra le produ- 
zioni endocellulari che considera come Psorospermi ; ma non è 
perfettamente sicuro che essi possano essere la causa dei tumori. Il 
Clemont ed il Trass credono alla teoria infettiva dei tumori perchè 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 485 


hanno visto riprodursi il carcinoma nella vagina di donne che ave- 
vano avuto accoppiamento con Uomini con cancro dell’asta e vice- 
versa. 

Una delle opinioni del Russel, quando trov i suoi Corpi fuæinofili 
nelle cellule del carcinoma, fu che essi potessero essere dei paras- 
siti, e Ledoux-Lebard, Critzmann, Castuil credettero similmente: 
che un parassita potesse generare il carcinoma. Firket dice di avere 
ottenuto sarcoma a rapido sviluppo in un Ratto dopo la inocula- 
zione del succo di tale tumore, mentre antecedentemente il Pfeiffer 
aveva riprodotto il cancro inoculando al Coniglio il succo del car- 
cinoma di un arto di una giovanetta, ed il Mayet ed il Boinet, erano 
riusciti à provocare in un Ratto noduli cancerigni nel rene con 
l’inoculazione di succo glicerico di tumori mammarii, e quindi 
credettero al potere infettivo del cancro. 

Il Novinski Îu più sicuro nell’esperimento, perchè trasmise il 
cancro da Cane a Cane, riuscendo nel tentativo, e similmente riusei 
Wehr, Haman, Eiselberg, Morau, Geisler, i quali transportarono 
sempre il tumore nell’animale della stessa specie, come pure sono 
riuseiti Duplay e Cazin ed anche Trasbot, ed il Cornil dice di essere 
riuscito a trapjantare il cancro mammario nella mammella opposta 
allammalata. 

Lo Schwarz trova dei microrganismi e li considera come provo- 
catori della neoplasia, come pure Ruffer e Plimmer descrivono nel 
carcinoma un Protozoo fornito di nucleo piccolo, d'un protoplasma 
granuloso e di una capsula a doppio contorno, cose che riscon- 
trano nel tumore quando il parassita è attivo. Favorevoli pure alla 
teoria parassitaria sono Fissinger e Duplay. Il Siegenbeck ed il 
Wickham hanno trovato in casi di carcinomi Protozoi che super- 
avano per grandezza le cellule epiteliali neoplastiche. 

Busse afferma di aver trovato nel carcinoma un parassita, che si 
avvicina ai Blastomiceti, dice di averlo coltivato e che le culture 
inoculate negli animali gli hanno dato risultato positivo. Si pud 
dire che con lui sia cominciala la teoria blastomicetica dei tumori ; 
ma l’impulso maggiore non si pud negare che sia stato dato dal 
Sanfelice, il quale si è occupato e si occupa tuttora della impor- 
tantissima questione. Egli in una prima memoria del 1894 riferi di 
un Blastomiceta, il Saccaromycete neoformante, da lui isolato da 
frutta in putrefazione, e che, inoculato in varii animali da esperi- 


486 S. FABOZZI 


mento (Cavie, Conigli, Polli e Cani) dava origine a produzioni 
istopatologiche, che richiamavano alla mente l’aspetto dei neuplas- 
mi, e riconobbe i parassiti introdotti essere identici ai corpuscoli 
fuxina di Russell. In una seconda pubblicazionne riferisce di un 
altro Blastomiceta, il Saccaromicete lithogene, isolato dalle glandule 
.linfatiche di un Bue morto per diffusione di un carcinoma primario 
del fegato, e la cui caratteristica era il degenerare in masse calcaree 
dentro i tessuti degli animali da esperimento; risproducendo quasi 
la forma clinica ossersata nell’animale da cui era stato isolato. In 
un’altra comunicazione rese conto del l’azione patogena del Sacca- . 
romicete neoformante sul Topo e sul Ratto bianco : nel prfmo 
essendo grande la recettività verso il parassita si aveva un contrasto 
tra la larga diffusione e la limitatissima reazione degli elementi 
istologici ; dove che nel secondo, pur avendosi infezione generale, 
essendo meno spiccata la moltiplicazione, si aveva notevole 
reazione locale, il cui aspetto istologico ricordava quelle di un 
tumore maligno. 

Più tardi esamind dal punlo di vista etiologico l’epitelioma dei 
Poili e riferi della riproduzione di questo la. mercé di un Blasto- 
mice ta specifico. Indi si occupô della riproduzione sperimentale 
dei corpuscoli fuxina nei tessuti del Gatto a mezzo di iniezioni 
intra-peritoneali di Saccaromicete neoformante e riusei perfetta- 
mente a dimostrarli. In appresso, pur riconoscendo che molte 
inoculazioni sui Cani gli erano riuscite negative, in quanto a 
produzione di una neoplasia, riferi due Casi di inoculazioni positive : 
il 1° in una Cagna in cui inoculando il Saccaromicete nelle 
mammelle posteriori ebbe la produzione di un adeno carcinoma 
con metastasi nelle prossime glandule inguinali ; il 2° neï testiculi 
di un Cane, nel quale ottenne un adeno carcinoma con noduli 
metastatici intorno all’osso penieno, in seguito ad inoculazione del 
parassita. Riferi ancora dell’azione del Saccaromicete sul Gatto, e 
sulle Pecore e concluse che il Blastomicete si ritrova neï tessuti degli 
animali a preferenza sotto duplice aspetto. In uno possiede una 
capsula ed è coltivabile nei terreni artificiali ; nell'altro mon ne ha, 
si assomiglia ai corpi fuxina e non si riesce a coltivarlo. Questo 
secondo aspetto si ha quando resta molto tempo nell’organismo 
dell’animale. 

Inoltre ha studiato le diverse modificazionne che subisce il 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 487 


Blastomicete da lui trovato nel corpo delle cellule cancerigne. La 
pubblicazione del primo lavoro del Sanfelice portù un impulso spe- 
ciale tra i diversi ricercatori e dette occasione a parecchi lavori 
che cercarono di apportare un contributo alla teoria Blastomicetica 
dei tumori. | 

Mafiucci e Sirleo rinvennero all’autopsia di una Cavia morta di 
marasma un Blastomicete, che, per i caratteri era somigliante a 
quello del Sanfelice, ma per alcune sue proprietà lo chiamarono 
nero. Dai risultati delle inoculazioni potettero concludere che il 
Blastomiceta determina fatti di neoproduzione di indole cronica, i 
cui prodotti cellulari sono capaci di emigrare nelle glandule linfa- 
tiche e che il parassita vive fuori o dentro le cellule che lo inclu- 
dono e viceversa. Più tardi essi dallo esame di parecchi tumori à 
dalle culture di un Blastomiceta isolate da un cancro del pulmone 
hanno potuto inferire che molti tumori maligni siano di genesi 
infettiva, per di causa non ancora ben constatabile ; e molti Blas- 
tomiceti hanno potére patogeno, ma che i processi da essi generati 
sono molto lontani da una forma neoplastica, e che si avvicinano 
ai granulomi ; che quelli isolati dal cancro hanno dato infiamma- 
zZioni comuni ; Che sono costantialla ricerca istologica ; ma che si 
osservano facilmente in tumori ulcerati, ciù che farebbe supporre 
un’infezione sopraggiunta, e pur non negando la teoria parassi- 
taria non ne vedono la prova sperimentale. 

Ajevoli, dice che in diversi casi di tumori maligni, specie in un 
epitelioma del ginocchio, ha riscontrato moltissimi germi parassi- 
tarii, che per le note microscopiche debbonsi ritenere per Blasto- 
miceti, simili a quelli descritti da Sanfelice. E più tardi in altro 
lavoro ritorna sulla questione e dall’esame di altri neoplasmi resta 
maggiornmente convinto che in essi ci riscontrano elementi paras- 
sitarii in tutto simili ai primi. 

Roncali in varii tumori maligni ha potuto riscontrare o negli 
spazii intercellulari o nell’interno delle cellule i Blastomiceti del 
Sanfelice ; per l’anno appresso innesta nelle Cavie il Blastomiceta 
isolato da lui ed osserva che l’azione è assolutamente neoformativa 
e non flogogena ; che nelle glandule linfatiche havvi proliferazione 
degli elementi fissi, che non esiste nessuna analogia tra le lesioni 
riscontrate nell”’Uomo e quelle nella Cavia e per la forma degene- 
rativa che il parassita induce, chiama vitro simile degenerante. In 


488 S. FABOZZI 


altra parte riscontra il Blastomiceta in una lunga serie di tumori e 
conclude che le irritazioni di qualunque natura sieno non danno 
nè epitelioma nè sarcoma alla cui genesi sono indispensabili gli 
agenti infettivi specifiei cioë i Blastomiceti. 

Binaghi afferma che negli epiteliomi si riscontrano forme paras- 
sitarie ben differenziabili, identiche ai Blastomiceti, le quali non si 
riscontrano in altri tessuti patologici, e per i rapporti che contrag- 
gono con le cellule fanno suppore che ne siano veri agenti specifiei ; 
mentre il de Gaetano con la inoculazione del Blastomicete settico 
ha prodotto una peritonite fibrinosa acutissima, ed il Brazzola isold 
un Blastomicete da placche difteriche in un bambino, le cui culture 
riuscirono in animali a riprodurre il difterismo. Curtis in un 
mixosarcoma della coscia trova numerosi Blastomiceti intra ed 
extracellulari e conclude col dire che oltre ai mixomi comuni se 
ne possono avere di quelli contagiosi e che sono perfettamente 
inoculabili come egli ha potuto constatare 

Rossi Doria in due casi di sarcoma a cellule deciduali riscontra 
parecchi Blastomiceti, e dice che il morbo presentandosi con tutti 
i Ccaratteri dell’infettività, questa sia data dai Blastomiceti mede- 
simi, i quali incontestabilmente sono capaci di determinare una 
neoplasia e che si riscontra in ugual modo nelle neoplasie speri- 
mentali provocate da essi ; possono quindi essere anche la causa 
del deciduoma, alla cui produzione perd, egli dice, debbono 
concorrere altre cause predisponenti ed occasionali. Corselli e Frisco 
isolarono un Blastomiceta dal liquido di una ascite chilosa da 
sarcoma delle glandule metesenteriche di un uomo. Il parassita 
era dotato di potere patogeno, provocando nelle Cavie e nei Conigli 
ingrossamento delle glandule e nel mesenterio produzioni di noduli 
la cui costituzione istologica si rivelù uguale a quella che essi 
riscontrarono nelle glandule dell’ Uomo da eui erano stati isolati. 

Il Gilchrist da uno pseudo lupus isolù un Blastomicete {Dermatitis) 
che inoculato in Cani, Cavie, Pecore, produsse neoformazioni simili 
ai tumori ; ed il Zenoni in un cistoma papillifero dell’ovaio trovd 
corpi simili ai Blastomiceti, che non potette perd coltivare. Bonome 
ottenne la cultura di Blastomicete in sette su 23 tumori maligni 
sottoposti alla ricerca ; ma le inoculazioni non dettero mai neafor- 
mazioni che ricordassero la struttura di un tumore, ed allora egli 
spiega la presenza di quei parassiti nelle neoplasie, per il fatto che 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 489 


essi contribuiscono alla rapida diffusione di essi. Jourgens in un 
melano sarcoma riscontrù molti parassiti endocellulari con capsule 
che esso isolù ed inoculando frammenti del tumore in Conigli ha 
potuto riprodurre una sarcomatosi diffusa in Qui esistevano gl'istessi 
corpi rotondi osservati nel tumore primo. Geissler ha provocato 
nello seroto di un Cane lo sviluppo di un carcinoma con la inocu- 
Jazione di sostanza carcinomatosa, ed ha con statato che il tumore 
si era propagato al peritoneo ed ai ganglii prevertebrati ; l’esame 
microscopico ha confermato l’aspetto macroscopico e a tal uopo 
al 240 Congresso della Società Tedesca di Chirurgia egli presenta 
i preparati, i quali perù all’Israel, nello stesso Congresso, non 
riescono molto convincenti. : 

Leopold senza sottintesi ammette l’origine parassitaria di tutti 
gli epiteliomi e dice che perchè il parassita si localizzi, fa duopo 
che la cellula epiteliale sia diminuita di resistenza. Jourgens ha 
isolato dal cancro un microrganismo fusiforme, grosso, con invi- 
luppo esterno e contenente un gran numero di spore simili ai cor- 
puscoli di Miescher e Raïiney, con mivimenti ameboïdi, e che s’in- 
troducono nelle cellule epiteliali o negli spazii intercellulari o nei 
nuclei, in casi di carcinoma dello stamaco. Questi microrganismi 
dall’autore, sono stati considerati come possibilmente patogeni del 
cancro. Bose e Wedel dicono che essendo il cancro parassitario 
dev’essere considerato come contagioso quando è ulcerato, ed il 
Morau ne ha dimostrato la possibilità con le Cimici. Plimmer ha 
isolato un Blastomiceta da un cancro, e le culture, inoculate nei 
Conigli hanno riprodotto la neoplasia ; come pure lo Schüller, 
avendo isolato dal cancro un microrganismo unicellulare, simile ai 
Blastomiceti lo ha iniettato neï Conigli e Cani e lo ha trovato pato- 
geno, in quanto che riproduceva il tumore. Chevalier si dimostra 
partigiano della teoria parassitaria del cancro, e pare che ahbiïa 
isolato un Blastomiceta, la cui inoculazione ha dato risultati posi- 
tivi negli animali, riproducendo la forma neoplastica, ed il Mon- 
sarrat Keith ha isolato pure dal cancro un parassita, che, inoculato 
nella cavità peritoneale delle Cavie, ha provocato tumori nel peri- 
toneo e nei visceri. 

Nichols in parecchi tumori maligni & riuscito ad isolare un Blas- 
tomiceta quasi simile a quello del Sanfelice, ed il il quale inoculato 
in Cavie ha dato risultato positivo quando a specificità e viru- 


490 S. FABOZZI 


lenza, riproducendo il tumore dal quale era stato isolato. Gree- 
nough ha coltivato da parecchi casi di carcinoma il microrganismo 
specifico isolato da Plimmer, come pure la cosa è riuscita la Tizzer. 
Il Lockee ha ottenuto dal cancro un Blastomiceta che & riuscito 
patogeno negli animali, in quanto che riproduceva il nodulo can- 
cerigno, il quale a sua volta aveva tendenza alla diffusione, della 
stessa opinione & il Leopold al quale è stato anche possibile isolare 
un Blastomiceta dal cancro, che riusciva patogeno quanto ad ino- 
culabilità del tumore negli animali da esperimento. 

Gaylord in un carcinoma ha isolato un parassita che da lui è 
ritenuto come patogeno per questo morbo. Jensern in due Sorci 
bianchi ha trovato carcinoma, da cui non ha potuto isolare micror- 
ganismi, Cio’ nonostante à riuscito a riprodurre 11 tumore innes- 
tandone pezzetti in animali della stessa specie ; per lui quindi il 
carcinoma è un’infezione cellulare più che Blastomicetica. Doyen 
ha potuto isolare da tumori maligni un microrganismo che aveva 
l’aspetto di Micrococchi, riuniti a gruppi di 6 ad 8 elementi ed ha 
potuto inocularlo in animali con risultati più o meno positivi ; Blasto- 
miceti poi hanno potuto pure studiare Petersen, Garre, Nôske etc. 

Il Leyden dice di essere partigiano nel carcinoma della teoria 
parassitaria ; che si sono potute avere transmissione negli animali 
della stessa specie, e che a lui è stato possibile di studiare in pre- 
parati microscopici delle forme inter ed intracellulari che si asso- 
migliano a orme Blastomicetiche ; cosa che lo coniferma maggior- 
mente nella sua supposizione. Reale ha trapiantato nella regione 
dorsale di un Coniglio un pezzetto di sarcoma (tipo Kaposi), ha 
visto che neï primi due anni scompariva qualunque tumeïfazione, 
ma nel terzo ha notato gonfiore nel punto d’innesto e sviluppo di una 
neoplasia, che al microscopio ha mostrato la struttura di emolin- 
foangiosarcoma identico all’innesto, perd non ha potuto ottenere 
nessuna Cultura nè dal tumore primo nè da quello sviluppatosi nel 
Coniglio. Blanchard, Schwartz e Bidaut hanno osservata in un 
Uomo di 30 anni una forma di Blastomicosi intra peritoneale con 
tumori epiploici, e, dopo l’intervento chirurgico trovarono appen- 
diculosi caratterizzata da follicolite ipertrofica con formazione di 
corpuscoli che si mostravano formati da conglomerati di Blasto- 
miceti. Ottenero delle culture, le quale inoculate negli animali 
hanno dato riproduzione della forma clinica. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL  EPITELIO 491 

Dagonet crede alla teoria parassitaria dei tumori e dice di aver 
inoculato nel peritoneo di un Ratto blanco dei frammenti di tes- 
suto cancerigno asportati da un epitelioma dell’asta, ed all’autopsia 
ba trovato nel punto d’innesto una massa epiploica dura e noduli 
metastatici nel Fegato e nella Milza, i quali al microscopio hanno 
fatto vedere Ja medesima struttura del prodotto inoculato. Egli non 
dimostra perd nè nei preparati del pezzo, nè nei noduli di riprodu- 
zione la presenza di forme più o meno parassitaria. 


TEORIA NON PARASSITARIA 


Peyrille nel 1773 introdusse sotto la pelle di un Cane la materia 
spremuta da un cancro mammario, ma non osservû altro che gan- 
grena ed ulcerazionne locale ; anche il Dupuytren praticd inocula- 
zioni nelle vene del Cane di succo canceroso senza ottenere alcun 
risultato, esito parimenti negativo ebbero dalle iniezioni di succo 
cancerigne l’Alibert, che lo saggio su se stesso e Biett che lo inoculô 
a tre Uomini. 

Billroth cercd di trasportare negli animali, sia per iniezione 
intravenosa sia per inoculazione sottocutanea il succo estratto da 
sarcomi Oo Carcinomi, ma non ottenne alcun risultato, e più tardi 
venne alla conclusione che il tumore nasce per irritazione di tessuti 
con differenza nel momento causale, e ciù o per disposizione eredi- 
taria o acquisita. 

Si pud immaginare nella massa degli umori dell’ organismo una 
produzione di sostanze, le quali dispieghino un’azione irritante 
su questo o quell’ altro tessuto, ed anche accettando le proprietà 
specifiche puramente locali, sembra all autore verosimile che le 
dette proprietà apparentemente locali, debbono avere il loro fonda- 
mento in talune particolarità che si integrano con l’intima struttura 
dell’ intero organismo. 

Lebert ed O’Wyss neppure furono fortunati nella riproduzione 
per iniezione, ed il Doutrelepont e l'Hivert sia per inoculazione che 
per innesto, non hanno potuto ottenere in animali da esperimento 
la riproduzione del tumore, ed il Lanceraux assicura che è impos- 
sibile dimostrare l’inoculazione del cancro. — Il Virchow dice che 
ogni specie di neoformazione suppone preesistenti elementi cellu- 
lari, donde essa ha origine, nel cui luogo subentra, e Pfluger 


492 S. FABOZZI 


ammette che nella genesi delle neoformazioni epiteliali piglino 
parte i nervi. 

Che un elemento preesistente o innestato possa svilupparsi per 
suo conto è una opinione già da molto tempo accettata, infatti van 
Dooremal introdusse nella camera anteriore dell’ occhio peli, cute, 
mucose e vide che, trattandosi di tessuti animali viventi, si aveva 
qualche volta l’eliminazione del lembo, ma per lo più questo attec- 
chiva con sviluppo di masse epiteliali svariate, spesso con disposi- 
zione analoga alla struttura dei tratti donde provveniva lo innesto. 
Ed il Goldzieker introducendo nella camera anteriore lembi di 
congiuntiva, pezzi di nervi, lembi di mucosa e tratti estesi di cornea, 
trovû che esse attecchiscono con iperplasia del tessuto epiteliale 
innestato (2 — 3 mesi dopo) mentre i pezzetti di nervi rimangono 
involuti. 

1 Durante nel 1874 nel suo lavoro, Nesso fisio-patologico tra la 
struttura dei nei materni e la genesi di alcuni tumori maligni, cosi 
esprime il suo concetto in proposito all’etiologia dei tumori : « Gli 
elementi che hanno conservato i caratteri embrionali nell’orga- 
nismo adulto, o che li hanno riacquistati per un deviamento delle 
attività chimico-fisiolosiche, rappresentano per me gli elementi 
generatori di ogni neoplasma propriamente detto e specialmente di 
quelli maligni. Tali elementi rimangono inclusi fra i tessuti bene 
sviluppati per anni ed anni senza dar sentore della loro esistenza, 
quando un'irritazione, un semplice stimolo bastano ad accendere 
in essi quel movimento e quelle proprietà cellulari che il calorico 
eccita negli elementi della macula germinativa ». 

Il mio compianto ed illustre maestro, Prof. L. Armani, nel 1875 
per il primo si fece la domanda se nell'enorme proliferazione delle 
cellule epiteliali nei punti che ne sono privi, vi sia copulazione, 
(Recklinghausen) o infezione (Klebs) ed intuisce una possibile solu- 
zione sperimentale dell’arduo problema. Egli adopera un mezzo 
abbastanza semplice e convincente : mette il tessuto epiteliale in 
rapporto intimo con il connettivo, da costringerlo a svilupparsi 
esclusivamente in questo, e sceglie la cornea come terreno per la 
semplicità e regolarità della sua struttura e per la mancanza di vasi 
sanguigni. Dopo una minuziosa e scultorea descrizione dei prepa- 
rati ottenuti con i suoi esperimenti, che sarebbe opportuno qui 
riprodurre per esteso, tanto chiara ed evidente riesce la cosa ; e la 


AZIONE DEL BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 495 


prossima ristampa delle sue memorie lo farà noto a tutti, nelle sue 
ricerche egli descrive l’attecchimento dell’epitelio corneale tra- 
piantato, il suo accrescimento, le sue modificazioni e quelle del 
tessuto conettivale della cornea che lo ospita ; e viene alle seguenti 
conclusioni ; che per la loro esattezza, per la precedenza sovra altri, 
mi piace qui riportare integralmente : 

1° Che l’epitelio trapiantato nel tessuto connettivo della cornea 
vi si possa conservare non Solo, ma fino ad un certo punto crescere 
anche per sviluppo delle sue cellule. ï 

20 Che in mezzo alle masse epiteliali trapiantate avviene quella 
formazione di globi epidermici, cosi come hanno luogo special- 
mente nei cancroidi. 

3° Che le cellule che si trovano nel connettivo subiscono tali 
modificazioni da far pensare, con qual che buona ragione, alla loro 
direlta metamorfosi in cellule epiteliali. 

4° Che questa metamoriosi avvenga sotto l’influenza della pre- 
senza o del contatto dell’epitelio trapiantato. 

9° Che quindi da queste osservazioni pare che la ipotesi della 
coniugazione cellulare guadagni una prova di fatto. 

Ha pure tentato l’innesto dei cancroïdi cutanei, ma per quanto si 
sia sforzato di operare asetticamente non è riuscito ad ottenere un 
un attecchimento decisivo del lembo. Ha vuotato la camera 
anteriore, ottenendo cosi una stabile atrofia del globo oculare e 
quindi una diminuita irrorazione nelle lamine corneali, e dopo ha 
innestato il lembo epiteliale per provare la teoria del Thiersch, 
cioë che lo sviluppo epiteliale nella cute è più facile nei vecchi per 
la diminuzione dei succhi parenchimali, ma con sua sorpresa non 
è riuscito nell’ intento, in quanto che i versamenti e le essudazioni 
consecutive all’ operazionne mantengono la stessa pressione endo- 
oculare, od anche l’aumentano 

Percid egli dice che alla formazione di un cancroïde debba 
concorrere un gruppo epiteliale aberrato e che nell’ ulteriore accres- 
cimento vi piglino parte anche le cellule connettivali che lo circon- 
dano, acquistando gli stessi caratteri delle prime, le quali in primo 
tempo subiscono una leggiera trasformazione cornea, ma crescono 
sempre por proliferazione, dando luogo ad nodulo epiteliale. 

Nell’ anno successivo il Cohnheim venne agli stessi risultati 
dello Armanni ed alle medesime conclusioni del Durante, cioë : 


49% S. FABOZZI 


« Durante la vita embrionale i tessuti si organizzano per isvolgersi 
verso la metà adulta secondo un piano iniziale, retto da leggi 
speciali. Tale evoluzione si fa in differenti periodi vitali e ne è 
ëésempio lo sviluppo dei genitali all’ epoca della pubertà. Che essa 
si modifichi o no, questa potenza di proliferazione tardiva esiste : 
è quistione che le inelusioni di foglietti primitivi possono : o no 
manifestarsi îin vita o svilupparsi sotto l’azione di cause sconosciute. 
Si ha cioè una eterocronia nello sviluppo degli elementi, che per 
inclusioni fetali eterotipiche ci spiegano tutti i processi conosciuti 
col nome di cancro ». 

Dopo questi osservatori moltissimi accettarono la teoria dei 
germi aberranti e molti lavori si pubblicarono in proposito, 
moltissimi altri furono diretti in prosieguo a combattere una teoria 
Blastomicetica per i tumori maligni. | 

Il Senger, il Rosenthal, lo Pfeifier, il Brandt dimostrarono che il 
Bacillo del cancro non era altro che un Saprofita senza alcun potere 
specifico. Il Van Heukelom crede impossibile decidere la questione 
etiologica dei tumori in favere dei Protozoi, ed inclina piuttosto a 
credere all’ idea di alterazioni degenerative, mentre lo Schrôn nel 
1865 aveva detto che se la cellula ipertrofica, trovandosi in via di 
proliferazione endogena, si arresta in mezzo di questo processo, si 
vede che i residui del contenuto cellulare si congiungono con la 
membrana cellulare, formando un intero con la stessa ; e si ha cosi 
una formazione omogenea, la quale, a me pare, che si assomigli a 
ciù che si descrive oggi come parassita. | 

Schütz ritiene le sporocisti come un agglomerato speciale di leu- 
cociti alterati, ed il Klebs nega il carattere parassitario per il fatto 
che nel transporto di pezzetti freschi di cancro sopra animali, l’epi- 
telio pud moltiplicarsi ; ma il contenuto non aumenta ; Withe e 
Bowen non possono accettare la natura parassitaria dei corpi endo- 
cellulari del cancro fino a che non sia dimostrata possibile la cul- 
tura e l’inoculazione, o almeno l’analogia con gli Sporozoi. Della 
stessa opinione sono il Borrel ed il Firket. 

[1 Cazin ha ricercata la natura delle forme parassitarie e non ha 
trovato nessuna ragione per ritenerle come Psorospermi, ed è d’ac- 
cordo con il Cornil e l’'Hansemann sul fatto che vi sia possibilità 
di confusione tra gli Sporozoi e sporocisti con 1 diversi stadii della 
divisione carcocinetica delle cellule, ed il Fabre-Domergue, il Pil- 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 495 


liet, il Ribert considerano di Sporozoi descritti nelle cellule epite- 
liali come il prodotto di degenerazione degli epitelii medesimi ; 
mentre Buzzi e Mithke sono d’avviso che queste forme debbano 
considerarsi analoghe alle Phisalides di Virchow, cioè ad una for- 
mazione cellulare endogena. 

Il Masse dice che piccoli lembi di pelle o di mucosa immersi 
nella camera anteriore dell’occhio danno luogo allo sviluppo di 
cisti e di tumori epiteliali contenenti alla lor volta anche piccolis- 
sime cistoline. Guaita in un epitelioma della. congiuntiva bulbare 
riscontra, molti nuclei, specialmente negli alveoli delle parti cen- 
trali del tumore, i quali contengono una vescicola di sostanza omo- 
genea, trasparente, che rifrange la luce e sono simili per colora- 
zioni a parassiti, ma che egli considera come sostanza colloide : de 
Berardinis, in un caso di attecchimento d’innesto di cute, sulla 
congiuntiva, riscontra nello strato di cellule polimorfe numerosi 
corpi rotondeggianti, ovalari, rifrangenti la luce, occupanti ora il 
centro ora la periferia degli elementi, di grandezza, varia e che 
egli ugualmente interpetra come degenerazione colloidea, rius- 
cendo ad ottenere il medesimo fatto nei Conigli. Il de Vincentiis 
nel 1873 si era occupato della degenerazione colloide dell’epitelio 
corneale e descrive alcune formazioni endo cellulari, refrangenti 
la luce e colorate in modo speciale, leggendo la sua memoria si 
vede che esse si assomigliano alle formazioni interpetrate poi come 
parassiti. De Lieto-Vollaro descrive in un suo caso le stesse cose, 
anzi ritrova pure proliferazioni dello strato superficiale, e cosi 
pure Baquise Von Hippel. 

L’Eberth denomina i corpi intracellulari dei tumori una specie 
di « Verquellung und Verkrümpung » di parte dello stroma cellu- 
lare, ed il Borrel ed il Firket ritengono i corpi intracellulari come 
cellule epiteliali degenerate ; mentre lo Schutz li considerd come 
corpuscoli rossi in via di degenerazione penetrati nelle cellule e 
nei nuclei. Stanziale in un caso di epitelioma mollusco di Virchow 
ritrova i Corpi intracellulari, ma, trattando i preparati con diverse 
sostanze cihmiche, argomenta che sieno elementi della stessa 
natura delle cellule dello strato corneo dell’epidermide, e che pro- 
babilmente sieno dovuti ad un processo di cheratinizzazione delle 
cellule del corpo mucoso. 

Shattoche Ballance tentarono l’innesto di questi corpi ritrovati 


496 S. FABOZZI 


nei cancri, nei roditori, ma non ottennero che risultati negativi, 
come pure negativo fu l’innesto in gelatina. 

Bowlby trovd i corpuscoli di Russel nei tumori ritenendoli come 
Psorospermi ; ma pose in dubbio che essi potessero essere la causa 
degli epiteliomi ; il Thin li considerd come fasi degenerative delle 
cellule epiteliali, ed il Neisser non trovandoli nelle metastasi non 
puÿ considerarli di natura parassitaria, mentre il Kary considera i 
corpi di Russel come alterazioni cellulari, e della della stessa opi- 
nione è il Tôrog. 

Il Bergonzini ritenendo non bene dimostrata la natura dei corpi 
di Russel mette l’ipotesi che possa trattarsi di gocciole di sostanza 
Cariolitica nucleare, mentre il Klien li trova nelle cellule giganti 
tubercolari, Noeggerath li ritenne come il prodotto della distru- 
zione nucleare ed il Dean negù assolutamente la natura parassitaria 
dei corpuscoli e la specificità di essi per il cancro. 

Bitsch combatte categoricamente le ricerche sullorigine psoros- 
permica del carcinoma, quando il Tôrôg dice che le cellule des- 
critte come parassiti non sono altro che nuclei, cellule epiteliali o 
migratrici, globuli rossi o prodotti degenerativi. Il Delepine non 
pu accettare che le incluzioni intro-cellulari appartengono agli 
Sporozoi, ma a lui pare che siano una formazione endogena dege- 
nerativa delle cellule epiteliali e lo Shattock dice che non si tro- 
vano nè nell’organismo umano nè nei neoplasmi. Valentin, Vogel, 
Dubuisson, Chatin, Willemin, Tilmans, Alberts, Fischl, Francotte, 
et de Recter inoculando il prodotio canceroso nei Topi non hanno 
prodotto altro che lesioni infiammatorie, le quali non avevano nes- 
suna somiglianza col tumore innestato. 

Il Back ed il Kroring considerano le inclusioni intracellulari 
come corpi che hanno subito anormalmente il processo della 
cheratinizzazione, e vi hanno potuto riscontrare nell’ interno dei 
granuli di eleidina ; il Klein credette di doverh avvicinare alle 
granulazioni di Altmann imbevute di sostanza adiposa, Banti e 
Brigidi come degenerazioni cellulari, mentre il Touton opinÿ che 
fossero granulf di sostanza jalina. Kromayer con l’aiuto della 
colorazione fibrillare ha potuto dimostrare che la massa granulosa, 
considerata come costituita da parasiti, è un prodotto della distru- 
zione cellulare, quando il Müller aveva già detto che prima di dare 
un giudizio sugli elementi intracellulari del cancro si dovesse 


AZIONE DEL BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 497 


tenere nel debito conto la frammentazione nucleare. e l’Adam- 
kiewiez, dice che i ritenuti parassiti del cancro non sono un reperto 
costante, non sono coltivabili, e quindi non possono considerarsi 
come patogenetici, e che per le loro proprietà morfologiche le 
cellule carcinomatose possono esse stesse considerarsi come un 
Protozoa, cui dà il nome di Coccidium sarcolytus. 

Il Rossi E. a proposito dei corpuscoli fuxina del Russel, dopo 
averli cimentati con parecchie sostanze chimiche, li ritenne come 
prodotti jalini, provvenienti da degenerazioni endocellulari, e più 
tardi ritornando sull’ argomento a proposito di un caso di morbo 
di Paget non pud considerarli come parassiti, ma piuttosto come 
degenerazioni cellulari. 

Il d’Anna in un lavoro bellissimo sulla genesi dei tumori ritorna 
sulla teoria delle inclusioni cellulari e dice « Credo di avere 
sufficientemente provato che fino ad ora la teoria parassitaria 
non solo non ha fatto un passo innanzi, ma molti indietro. Non 
sostenuta da criterii di cultura, di colorazione o di morfologia, la 
teoria è stata attacata punto per punto e snidata dai suoi baluardi 
più fortificati. « E conclude : » essere il cancro un prodotto morboso 
generato da elementi cellulari, i quali incessantemente si moltipli- 
cano, e tendono a riprodurre un tipo fisiologico, che non sempre 
raggiungono ; la teoria del Durante essere ancora l’unica che possa 
farci interpetrare tutta la complessa fisio-patologia dei tumori 

maligni. » 

= Pianese in parecchi lavori importanti fra cui una monografia 
sulla genesi dei tumori maligni, studiù le fasi della moltiplicazione 
delle cellule cancerigne, servendosi di metodi speciali e molto 
appropriati, e potè smentire tutte le forme di Coccidii intravisti, 
accennando alle false interpetrazioni date ; quindi studiando la 
metamorfosi mucosa e la degenerazione colloide delle cellule 
carcinomatose e comparadola con preparati di cancro mammario 
potè venire alla conclusione che i voluti parassiti avevano la stessa 
reazione della sostanza ; mentre in altri casi le fasi degenerative 
e cariocinetiche atipiche delle cellule cancerigne potevano benis- 
simo simulare i voluti parassiti del cancro. 

Gratia non è potuto riuscire ad inoculare il cancro e dice che la 
dimostrazione della natura parassitaria non & ancora assodata, 
come pure la contagiosità non è determinata, già 11 d’Arcy-Power 


Archives de Parasilologie, VIT, n° 4, 1904, 32 


498 $S. FABOZZI 


precedentemente aveva annunziato che l’irritazione diuturna della 
pelle produce negli elementi alterazioni quasi simili a quelle che 
sono state considerate come parassiti del cancro. Il Vereck dice che 
alcune volte sono stati presi per parassiti emazie metamorfosate 
o sferule intracellulari, come egli ha potuto riscontrare nelle cellule 
epatiche di animali avvelenati da curaro, ed il Nepveu trova che 1 
voluti parassiti del cancro sono alterazioni cellulari legate a cario- 
cinesi atipica che contribuiscono, tra gli altri fattori allo sviluppo 
della neoplasia ; il Cornil con preparati adatti e con espressioni 
felicissime dimostra la provenienza dei voluti parassiti del cancro 
da false interpetrazioni delle alterazioni cariocinetiche degli ele- 
menti, come pure ritengono Ruffer, Duplay e Cazin. 

L'Arloing non è potuto riuscire ad inoculare il cancro negli ani- 
mali comuni da esperimento, e Felix Jules afferma non esserci 
nessun elemento specifico del cancro. Hallopeau definisce i tumori 
come neoplasie preesistenti prodotte dalla moltiplicazione di un 
gruppo limitato di elementi, sotto l’influenza di un disturbo della 
loro attività, è in dubbio sul germe patogeno dei tumori. Per Till- 
mans evidentemente il carcinoma deve essere considerato come il 
risultato di una proliferazione atipica, essendovi cioè un difetto di 
armonia, una specie di anarchia nella relazione reciproca tra gli 
elementi epiteliali ed il tessuto connettivo. Per lui la presenza dei 
parassiti non ha grande importanza come etiologia di tumori, stan- 
techè non ha potuto ottenere dalle sue ricerche una prova nè mor- 
fologica, nè biologica. Cona ha ritrovato le forme intracellulari 
descritte come parassiti del cancro, ma egli le ritiene come altera- 
zioni nucleari, ed il Menetrier non è potuto riuscire a trapiantare 
il cancro in altro animale. 

Sirleo in due tumori (sarcoma osteoide telengettasico del meso- 
colon, adenosarcoma, di una tiroide retrosternale) ha riscontrato la 
ripetizione esatta di due veri organi con proprietà di ripetersi a 
distanza con gli stessi caratteri, tutte le ricerche dei voluti parassiti 
gli sono riuscite infruttuose ed ammette in questi casi la ritenzione 
cellulare. Non parlo qui di tutti i casi descritti di ritenzioni di par- 
celle di organi in parti più o meno lontane dal loro sito normale, 
nè di quella forma di tumori renali che dal Gravitz furono deno- 
minati ipernefromi, appunto perchè erano rappresentati da germi 
di capsule surrenali, su cui si era svolto il processo neoplastico. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 499 


In un importante lavoro del Bonome leggesi come la presenza dei 
Blastomiceti, nei tumori già sviluppati devesi ritenere quale pene- 
trazione accidentale, che pu verificarsi o per le ulcerazioni o per 
via sanguigna e qualche volta la diffusione pud avvenire post mortem 
e nessuna delle forme Blastomicetiche isolate dai tumori maligni 
ha sperimentalmente riprodotto il tumore. Lo Sterneberg in molti 
neoplasmi ha visto rimanere colorati con le colorazioni specifiche 
dei Blastomiceti, parecchie forme appartenenti a svariate degene- 
razioni, quali la mucosa e la cornea:; e quindi parecchi granuli della 
pelle, qualche fibra muscolare tagliata trasversalmente (il cui sarco- 
lemma mentisce completamente la capsula del parassita, ed il mio- 
lemma il suo contenuto), corpuscoli rossi più o meno alterati, 
leucociti morti od in via di degenerazione regressiva, granuli di 
cheratoialina e colloidi, possono indurre in equivoco l’osservatore, 
assumendo la colorazione presunta elettiva. s 

Schmaus e Bühm qualificano i corpuscoli di Russel come leuco- 
citi in fase degenerativa cromatica, rappresentata da ipercromatosi 
parietale e picnosi del gomitolo nucleare, mentre il Dean li consi- 
dera come degenerazione ialina endoceliulare, ed il Lack dice l’etio- 
logia del cancro è molto importante, ma che egli non è riuscito nè 
ad inoculare nè ad isolare alcuna forma batterica che si sia mostrata 
specifica. Birch-Hirschfeld e Garten impiantarono nel fegato in 
varii animali tessuti estratti da embrioni giovanissimi e dissociati 
molto finemente e trovarono lo sviluppo di tessuto cartilagineo ade- 
noide e schiettamente epiteliare ; cosichè le cellule, pur trovandosi 
in un ambiente diverso, proseguono a differenziarsi come nell’onto- 
genesi dei corrispondenti embrionali. Saltykov ripetette quasi inte- 
gralmente l’esperienza del succitato autore ; afferma perd che la 
maggior parte dei tessuti innestati si distruggono e solo il tessuto 
cartilagineo mostra una maggiore capacità di attecchimento. Foà 
introducendo un’ovaia di Coniglio neonato nel Coniglio adulto ha 
osservato che lo organo attecchisce, subendo trasiormazioni che 
variano con l’età dell’animale su cui si sperimenta. Morpurgo dallo 
innesto di frammenti di cistifellea di Coniglio nel fegato dello stesso 
animale ottiene lo sviluppo di cisti con epitelio simile a quello della 
cistifellea normale. Galeotti e Villasanta innestando varii tessuti 
embrionali, finemente dissociati, in tessuti ontogenicamente affini 
di animali adulti hanno visto che essi seguitano quivi a svilupparsi 


500 S. FABOZZI 


dando luogo a neoformazioni di dimensioni spesso considerevoli, 
le quali hanno per vita caduca e vengono sostituite da Cicatrici. — 
Nella maggior parte dei casi le cellule conservano alcune loro 
proprietà fondamentali, quali l'attività secretiva e l’attitudine a 
costruire cavità glandulari. 

Marchio in un elaborato lavoro dice che i corpuscoli di Russel 
non sono elementi del Saccharomyces neoformans, ma che rappre- 
sentano in gran parte il prodotto di una degenerazione nucleare 
dei leucociti, sulla cui natura non gli riesce facile il pronunziarsi, 
che in minima parte rappresentano il prodotto di un’atipica cario- 
cinesi dei nuclei delle cellule della neoplasia. Il Brault dimostra 
con preparati molto convincenti che i parassiti studiati nel cancro 
e ritenuti come Coccidii non sono altro che i rappresentanti della 
moltiplicazione rapida ed atipica delle cellule epiteliali ; le cario- 
cinesi atipiche sono molto facili a riscontrarsi e si puÿ seguire con 
esattezza attraverso le sue varie fasi, la formazione di corpuscoli 
endocellulari simili per colorazione e per pete istologico alle 
volute formazioni parassitarie. 

Lo Ziegler è d’opinione che l’etiologia dei tumori non sia unica 
e non mai sicura. Si possono questi suddividere in : 4° — tumori 
che si generano da speciali germi congeniti, da germi aberrati o 
trasportati, cioè tessuti che abbiano subito uno spostamento durante 
lo sviluppo intrauterino ; 2° — tumori per cuse traumatiche ; 3° — 
tumori consecutivi ad infiammazione 0 a cicatrici ; 4° — tumori il 
cui sviluppo pare sia determinato da un’ ineguale involuzione delle 
parti componenti il tessuto, di maniera che vengono à mancare od 
a diminuire alcune resistenze allo sviluppo. À proposito poi della 
etiologia parassitaria dice che non esistono osservazioni che ne 
dimostrino l'esattezza, che alcuni parassiti possono dar luogo a 
neoformazioni a mo’ di tumori ; ma che da ciù non & lecito conclu- 
dere che anche i veri tumori siano affezioni parassitarie. 

Lagrange a proposito dell’ epitelioma osserva che dall’ esame 
attento dei tagli, a forte ingrandimento, si nota nella maggioranza 
degli elementi neoplastici, che sono in degenerazione mucosa, una 
alterazione cellulare molto curiosa che si riavvicina a forme dege- 
nerative di Coccidii. Ma si tratta-si domanda egli-realmente di 
Coccidii ? « Evvi tra i Coccidii del Coniglio e queste lesioni intra- 
cellulari una grande differenza; e per ritenere che in queste ultime 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 501 


si tratti di elementi parassitarii occorrerebbe ammettere che da 
una parte sono Coccidii degenerati e dall’altra che le forme dege- 
nerative dei Coccidii sieno analoghe alle forme di degenerazione 
cellulare ». 

Borrel afferma che nella cellula cancerigna si possono riscontrare 
delle alterazioni del nucleo e del centrosoma, le quali simulano un 
parassita, e dice: « À notre avis au point de vue morphologique, 
les diverses variétés d’inclusions, que nous avons passées en revue 
ne sauraient être considérées comme des levures et la démonstra- 
tion au microscope reste toute entière à faire ; s’il y a des levures 
dans les tumeurs cancéreuses, elles ne sont certainement pas dans 
les cellules épithéliales ». [ partigiani della teoria blastomicetica 
realizzano facilmente delle culture dal cancro : ma se si mettono 
nelle condizioni di asepsi rigorosa non ottengono culture. Gus- 
sembauer ha riscontrato sovente degli elementi intracellulari nel 
cancro credute da alcuni per parassiti ; ma egli stima che non lo 
sono perchè il veroagente non è stato scoverto ; mentre il Benda 
crede che le culture ottenute siano di provvenienza dall’aria 
ambiente, e perciù, egli dice, le forme differiscono a seconda dei 
laboratortii in cui si sono riscontrate. L'Israel raccomanda che prima 
di sperimentare sui parassiti del cancro per la sua patogenesi biso- 
gnerebbe studiare le leggi che regolano lo sviluppo e la prolitera- 
zione delle cellule epiteliali nell’organismo sano, dappoichè egli è 
di opinione che queste seguono le medesime leggi che si hanno nei 
tumori epiteliali. 

Infatti il Carini non è riuscito ad isolare Blastomiceti da tumori 
tolti dal vivo con tutte le cautele, ed anche quando l’esame istolo- 
gico assodava la presenza dei corpi di Russel. Con i Blastomiceti 
non ottenne mai vera formazione di tumori ; per lui riesce molto 
dubbia la natura blastomicetica dei corpi di Sanfelice, i quali del 
resto egli ha trovato in altre formazioni patologiche ; ed infine egli 
afferma che i corpi che si riscontrano nei tumori per lo più non 
prendono i colori coi quali sono soliti a colorarsi i Blastomiceti. 

Il Retter in una nota relativa ad alcune sue esperienze dimos- 
tranti che la distruzione del tessuto dermico o sotto-dermico im- 
porta una flemmasia cronica, caratterizzata essenzialmente dalla 
ipernutrizione, iperplasia ed ipertrofia del rivestimento epiteliare, 
ë arrivato ad ottenere lo sviluppo, nella vagina, con irritazione pro- 


502 S. FABOZZI 


lungata, di vegetazioni epiteliali, partenti dalla faccia profonda 
dell’epitelio sottoforma di masse piene che emettono delle propa- 
gini secondarie ; e queste modificazioni con alterazioni evolutive 
offrono dal puno di vista istologico un’incontestabile analogia con 
diversi processi morbosi e con certi neoplasmi al loro insorgere. 


TUMORI EPITELIALI DELLA CORNEA 


I miei esperimenti sono stati portati esclusivamente sulla cornea, 
nelle lamine della quale è stato da me trapiantato l’epitelio corneale 
o congiuntivale : ora che gli epiteliumi corneali possano pigliare 
origine da questi epitelii, lo dimostrano lavori pubblicati in propo- 
sito, dei quali non mi pare un fuor d’opera il riferire qui breve- 
mente, in quanto che da essi appare come le mie esperienze siano 
state istituite in un tessuto che già spontaneamente pud andar 
soggetto a neoplasie epiteliali, cosi primarie come propagate, e che 
quindi il terreno da me scelto non poteva a priori ritenersi come 
inadatto all’ attecchimento e sviluppo di una neoformazione 
epiteliale. 

Galezowski infatti fa esaminare al Cornil ur tumore della cornea, 
e questi vi riscontra tutti gli elementi del carcinoma, il quale non 
occupava che gli strati superficiali della cornea dove che la sostanza 
propria di questa era completamente sana. Il tumore non aveva 
alcuna comunicazione con la congiuntiva. Zirm ha osservato un 
tumore della cornea di natura epiteliale, il quale non è la conse- 
guenza di una cheritate cicatriziale ; mentre Kalt diceva che 
l'irritazione cronica congiuntivo-corneale sembra essere una causa 
predisponente. 

Dolgenkow ha descritto un caso di cancroide della cornea, che 
soltanto a questa aderiva, la base del tumore era la sostanza 
corneale stessa. 

Sgrosso rilerisce su due casi di epitelioma primitivo della cornea; 
il primo è a cellule poligonali a grosso nucleo, sviluppatosi nella 
cornea ad un millimetro dal limbus, senza che questo partecipi 
per nulla alla neoplasia : nel secondo ‘si tratta anche di proli- 
ferazione sotto-corneale dell” epitelio normale, le cellule sono irre- 
golari, ineguali e presentano tutti i caratteri degli elementi epite- 
liali frammisti ad elementi embrionali che oltrepassano i limiti 
della neoplosia. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 503 


Snellen (junior) ha osservato un caso di epitelioma corneale nel 
quale malgrado il prolungato decorso del neoplasma (sei anni) la 
proliferazione epiteliale non aveva invaso i tessuti del globo 
-oculare ; ed Alfieri ha studiato un epitelioma della cornea svilup- 
potosi nel centro di essa sottoforma di una piccola escrescenza 
sessile, di color roseo. L’esame istologico dimastra la perfetta 
indipendenza del tumore dal limbus. 

Il caso di Aubiman riguarda un tumore pianeggiante della 
cornea, che lo esame istologico dimostrè essere un epitelioma lobu- 
lato corneo e mucoso. Fumagalli esamind istologicamente un 
tumore della cornea e lo trovù costituito essenzialmente da tessuto 
epiteliale ; negli strati superficiali gli elementi sono appiattiti, nelle 
parti profonde si riconosce la disposizione dell’epitelioma del corpo 
mucoso del Malpighi. In un altro tumore della cornea Kalt non ha 
trovato differenze essenziali tra il tumore primitivo ed il recidi- 
vato; egli nota che lo strato superficiale non si distingue dall’epitelio 
normale che soltanto per la esagerata potenza di accresci mento. 

Lagrange descrive un epitelioma della cornea e fa provvenire le 
cellule da quelle preesistenti ; le lamelle corneali non prendono 
alcuna parte al processo, ma sono divaricate, sollevate, ed a lungo 
andare distrutte dagli elementi neoplastici sempre più numerosi, 
e Kopetzki presenta due casi di papillomi della cornea, di natura 
essenzialmente epiteliale, nei quali gli elementi provvenivano dalle 
cellule epiteliali della cornea. 

Non parlo qui delia possibilità di attecchimento dei lembi epite- 
liali sulla cornea, che sarebbe ozioso, dappoichè incominciando 
da Mulhbauer nel 1840, dopo di lui Wadsworth ed Eberth, Hofi- 
mann, Heiberg, Lott, de Vincentiis, Gradenico, Dürr, v. Hippel, 
Angelucci, Fuchs, de Lieto-Vollaro ed altri hanno tutti trapiantato 
con successo lembi corneali su perdite di sostanza epiteliale a scopo 
curativo. Nè riporterd i molti lavori sulla guarigione delle ferite 
della cornea, cosa abbastanza trattata, e, credo, molto bene assodata 
nella letteratura. 


ESPERIENZE 


Il mio intendimento è stato quello di studiare sperimentalmente : 
1° quale è la sorte degl’ innesti epiteliali in terreni che non conten- 
gono epitelio ; 2° quale l’azione del Saccharomyces neoformans del 


50% S. FABOZZI 


Sanfelice sulle lamelle corneali ; 3 quale quella del Microrganismo 
sul tessuto epiteliale trapiantato nella cornea ; 4° quale queila dei 
Batterii comuni non patogeni e dello Streptococco piogene sulle 
lamine corneali e sul tessuto epiteliale in esse trapiantate ; 5° — 
se sia possibile l’innesto di particelle di epitelio cancerigno nella 
cornea. — Ho creduto di scegliere il tessuto corneale come punto 
d’innesto, appunto perchè esso risponde a quasi tutti i requisiti 
sperimentati per la semplicità e regolarità di tessuto, per la 
mancanza di vasi sanguigni, e per la esatta conoscenza che si ha 
delle alterazioni che subisce nei periodi infiammatori. 

I processi operativi da. me usati sono stati quelli che verrd 
esponendo partitamente in ogni gruppo di esperimenti : e come 
animali ho adoperato i Conigli e le Cavie. Le osservazioni variano 
da cornee asportate dal secondo giorno dopo eseguita la trapian- 
tazione o l’inoculazione a cornee esaminate dopo tre mesi dal 
praticato esperimento. 

I lembi epiteliali innestati sono stati di congiuntiva di Coniglio 
appena nato, o dello stesso animale adulto ; eventualmente (2 volte) 
lembi di epitelio corneale adulto. Il Blastomicete & stato quello 
mandato dal Prof. Sanfelice al mio compianto Maestro ; come 
parassita non patogene ho adoperato la Sarcina lutea, presa da 
culture in Agar ottenute con l’esposizione all’aria delle placche, ed 
i pezzetti di cancro sono stati presi in ammalati del nostro Ospedale. 

I bulbi oculari furono tolti in diverso tempo dagli animali vivi, 
ed immediatamente posti nei liquidi fissatori. — Come tali ho 
adoperato i più rapidi, che oggi possiede la tecnica microscopica, 
cosi l'alcool assoluto, il sublimato al 5 2/0, il liquido di Zenker, 
quello di Flemming, quello di Hermann, quello del Pianese al 
cloroplatinato di sodio ; ho anche adoperato il liquido di Müller, 
quello di Heiem e quello di Bras. — I bulbi oculari rimanevano 
interi in questi liquidi per il tempo prescritto, e dopo il prolungato 
lavaggio in acqua corrente (tranne, naturalmente, per lo alcool 
assoluto, da cui il passaggio in xilolo era immediato), venivano 
immersi per 48 ore nell’ alcool ordinario, cosi si evitava il corru- 
gamento. In questo momento spaccavo la camera posteriore, favo- 
rendo cosi la fuori-uscita dei liquidi e della lente. Dopo i varii 
soggiorni dei diversi alcools, i pezzelti venivano rischiarati con lo 
xilolo, e poi passati nella paraffina per la inclusione ; perd, 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 505 


siccome mi accorsi che alcune alterazioni si avveravano nella 
tessitura cellulare sotto l’azione prolungata del calore (3 ore pel 
1° e 3 pel 2 bagno), cosi ho sempre adoperato il metodo dell’ inclu- 
sione nel vuoto ; ottenevo in tal modo inclusioni perfette, venendo 
a penetrare paraffina in tutti i piccoli spazïi, ed in poco tempo non 
più di 30 minuti. In questo momento staccavo la cornea per Îor- 
mare il blocco, che poi sezionavo al microtomo. Le sezioni veni- 
vano incollate sui coproggetti con acqua distillata, e, dopo depa- 
raffinamento ed idratazione venivano colorate. 

Come colorazioni ho adoperato la ematossilina di Ehrlich o 
l’emallume, soli od in contrasto con l’eosina o con l’orange G., il 
carmallune, il rosso Magdala o quello Magenta, la tionina, la saf- 
franina ; e poi come metodi specifici : quello di Russel, del Foà, 
quelli del Pianese, quello di Galeotti, di Sanfelice per le sezioni, 
dell’Ajevoli, del Gran ; infine ho adoperato gli alcali e gli acidi per 
cimentare i preparati alle diverse resistenze, ed anche le colora- 
zioni di Van Gieson e di Birch-Hirschield. 

I tagli cosi trattai e colorati venivano nel solito modo disidratati 
e montati nel balsamo del Canadà, e, nei preparati stabili cosi otte- 
auti, ho potuto studiare quanto verrd esponendo in appresso. 

Ho creduto opportuno, per ovviare all’artificio dei disegni, nel 
quale involontariamente s’incorre, di praticare microfotografie dei 
preparati più importanti; alcune di esse sono state eseguite dallo 
Ill. mo Prof. de Giaxa, al quale rendo qui pubbliche grazie della 
sua squisita cortesia e per alcuni consigli datimi sull’argomento 
di cui mi occupo ; ho dovuto fare disegni per le alterazioni croma- 
tiche delle cellule, le quali non si possono osservare che nei dise- 
gni colorati, i quali sono stati da me eseguiti con la camera chiara 
di Abbe. 

Espongo ora partitamente le osservazioni che ho potuto fare per 


ogni gruppo di esperimenti, ad esse fard seguire da ultimo alcune 
considerazioni. 


19 SERIE 


INNESTI EPITELIALI TRA LE LAMINE CORNEALI 


Con un comune cheratotomo, molto tagliente, bene sterilizzatto, 
ho praticata una piccola ferita sulla cornea, la quale era stata già 
ben lavata con acqua sterile a 37° €. ; dalla ferita esterna ho cercato 


506 S. FABOZZI 


penetrare col coltello tra le lamine corneali, e, riuscitovi faeevo 
dei movimenti laterali con la punta per ingrandire il fondo del tra- 
gitto praticato. Dopo di ciù, con la punta dello stesso cheratotomo 
introducevo nel cul di sacco cosi ottenuto un piccolo lembo con- 
giuntivale prelevato nello stesso momento da un occhio (ben tavato 
con la solita acqua sterile) di Coniglio neonato o adulto, in due 
casi ho introdotto un piccolo lembo di epitelio corneale abraso con 
coltellino tagliente. Cercavo sempre di ben distendere nella sac- 
coccia praticata il lembo portato fra le lamine, come pure mi son 
sempre guardato dal penetrare nella camera anteriore. 

Praticato cosi l’innesto, ho lavato l’occhio con acqua sterile ed ho 
cercato di mantenere per qualche giorno le palpebre chiuse, per 
impedire il contatto con l’ambiente esterno ; a tal uopo ho incollati 
i peli delle palpebre con cera lacca. 

Ho adoperato per questi esperimenti dieci Conigli, neï quali l’in- 
nesto veniva fatto in ambo le cornee. In tutti questi animali sono 
riuscito perfettamente nell’ intento, cioè l’attecchimento dell in- 
nesio è avvenuto e non si e mai manifestato alcun segno di suppu- 
razione. 

Macroscopicamente ecco quanto ho potuto notaré nelle cornee 
degli animali innestati. Nelle prime ore (24-48) si notava nel sito 
d’innesto un opacamento, il quale si rendeva più maniiesto nel 
3° giorno ; perù in quest'epoca l’opacamento maggiore era nel cen- 
tro dell’ innesto, ma andava maro mano dirandando verso i bordi, 
fino a coniondersi con la cornea normale. Nei giorni successivi il 
punto d’innesto appariva come una macchia corneale, come 
se ne sogliono osservare nei casi di guarigione delle ulceri. Quando 
si arriva ad un tempo maggiore (2 a 3 mesi) la cornea si opacava 
quasi completamente, acquistando un colorito quasi grigiastro, in 
parecchi punti si notavano delle piccole macule più oscure. Queste 
cornee furono tolte dall’ animale nel modo detto, rispettivamente 
dopo : 48 ore (1), 3 g. (1), 5 g. (2), 10 g. (2), 15 g. (2), 20 g. (2), 
930 g. (4), 60 g. (2), 90 g. (4). 

Esse furono fissate e colorate nei modi già detti innanzi, e sui 
preparati ottenuti ho potuto osservare i fatti seguenti, che descri- 
vero nel modo più breve e con la chiarezza che mi sarà possibile, - 
-tenendo conto specialmente del modo di comportarsi dell’ epitelio 
trapiantato, delle sue alterazioni cellulari e delle modificazioni 
occorse nel connettivo ambiente. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 507 


Innanzi tutto dir che il lembo congiuntivale o corneale, qua- 
lunque sia l’animale da cui è stato prelevato, conserva i suoi poteri 
vitali e dopo incomincia a proliferare, diviene rigoglioso e va 
incontro quindi ad una metamorfosi progressiva. Dal 5° al 100 
giorno esso comincia poi a mostrare alcuni caratteri speciali di 
indole regressiva, mentre nel contempo ne mostra altri dovuti cer- 
tamente al suo continuo accrescimento. 

Fin dalle prime 48 ore la ferita corneale esterna era completa- 
mente cicatrizzata ricoverta di epitelio, il quale perd oltrepassava 
il limite ordinario, approfondandosi a mo’ di cuneo fra le prime 
lamine corneali tagliate. Per convincermi meglio della cosa praticai 
delle ferite lineari in ambo le cornee di una Cavia, le quali furono 
tolte una dopo 24 e l’altra dopo 48 ore, e nei preparati potetti osser- 
vare che già dopo 24 ore il processo di guarigione era abbastanza 
progredito, notandosi cariocinesi nelle cellule epiteliali dei margini 
della ferita, pare quindi che il processo incominei dai bordi. Le 
poche cellule epiteliali capitate nel fondo, per trasporto meccanico 
all’ atto del taglio, si mostravano in quest’ epoca inerti, peré nella 
altra cornea ho potuto notare che anch’ esse entravano in una fase 
attiva di proliferazione, e con le cellule che venivano dai bordie 
che ricoprivano, per proliferazione, i margini della ferita, contri- 
buivano in una maniera molto attiva al riempimento della perdita 
di sostanza provocata nelle lamine. Osservando i preparati di cornee 
innestate con epitelio da tempo maggiore, potevo notare che dal 
459 giorno in poi la piccola gittata epiteliale a cuneo che si vedeva 
nella cicatrice, diminuiva di spessore e si assomilava quasi allo 
strato superficiale preesistente, tranne in due casi in cui invece di 
aversi cid, il cuneo superficiale si saldé completamente con il 
lembo trapiantato sottostante formando un solo corpo epiteliale, 
nel quale fino ad un certo limite era possibile vedere una difierenza 
fra i diversi elementi epiteliali. 

Dopo le prime 48-72 ore il lembo trapiantato si mostrava comple- 
tamente vitale, facendo notare gli strati epiteliali perfettamente 
conservati nella loro disposizione, specie se si trattava di lembi 
corneali, nei quali si potevano distinguere pertettamente 1 diversi 
strati. Il connettivo accidentalmentale asportato in alculni casi 
assieme al lembo epiteliale da innesto si immedesima perfettamente 
con le lamine della cornea formando un corpo solo. Invero in 


BUS S. FABOZZI 


questo periodo non ho potuto rilevare nelle cellule epiteliali trapi- 
antate nessun segno di fase progressiva, dappoichè non ho notato, 
pur usando -rapidi fissativi e colorazioni appropriate, nessuna 
figura cariocinetica, ciù che vedevo perfettamente negli elementi 
epiteliali che pigliavano parte al processo di guarigione nella ferita 
esterna. — Insomma ciù che io noto in questi preparati si assomi- 
glia a quei processi di inosculazione tanto bene descritti dallo 
Amabile in prima e poi studiati da altri con mezzi più appropriati. 

Dopo questo elasso di tempo ho potuto incominciare a notare 

nell’ epitelio trapiantato processi progressivi e regressivi Che andré 
descrivendo. Le cellule epiteliali incominciano a divenire più 
rotond eggianti, il protaplasma si fa più opaco ed il nucleo diventa 
vesci coloso, massime verso il centro del lembo, il quale acquistava 
una forma più regolare e che visto in sezione perpendicolare al suo 
diametro più lungo si assomigliava più o meno ad un ovoide. Verso 
i margini gli elementi epiteliali mostransi in fasi più o meno avan- 
zate di cariocinesi. Alcuni di essi, quasi fossero diventati dei leuco- 
citi, ovvero acquistassero un vero e proprio movimento ameboide, 
si insinuano negli spazii interlamellari, ed in tal modo cangiano 
di forma per adattarsi allo spazio ; e si possono osservare i margini 
dell” innesto come di forma stellata, appunto perchè le cellule 
marginali acquistano una forma allungata. I nuclei in primo tempo 
si ingrossano, poi perdono la parete e mostransi in fase cariocine- 
tica con le anse cromatiche disposte verso due o tre poli ed i tratti 
di unione molto ben visibili. Non è raro il caso di osservare una 
cellula con due nuclei. Questo fatio, credo, dimostra abbastanza 
come me ne ha potuto convincere l’osservazione di parecchi pre- 
parati in diverse cornee, che lo strato di elementi epiteliali margi- 
nali del lembo trapiantato entra in moltiplicazione molto attiva, 
cid che naturalmente fa ingrandire il lembo medesimo ; ed è cosi 
che macroscopicamente si osserva il leggiero alone di opacamento 
intorno all’ innesto praticato. 

In genere le cellule epiteliali si colorano molto bene e presto, lo 
che addimostra anche il loro potere vitale, esse si distinguono 
molto facilmente dai corpuscoli corneali e per colore e per forma; 
cosi del pari quelle marginali, nonostante che esse assumano una 
forma più o meno allungata ed alcune volte proprio fusiforme come 
una cellula connettivale. In alcuni preparati fatti in cornee estir- 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 509 


pate nel 15° giorno o nel 20° ho potuto notare ad una certa distanza 
dal!” innesto in piena prolilerazione, dei gruppetti di due, tre o più 
cellule epiteliali, innicchiate proprio tra le lamine corneali, il cui 
tessuto resta senza modificazioni apprezzabili. Col passare del 
tempo (30-60 g.) in parecchi punti della cornea, molto lontani dalla 
trapiantazione, si notano focolai di infiltrazione epiteliale, i quali 
sono assolutamente indipendenti dal pezzo innestato ; ma alcune 
volte si vede una continuazione fra essi mercè tramiti cellulari for- 
mati da una sola filiera di elementi ; od in aleuni preparati sembra 
che questi siano in-dipendenza proliferativa di quelli ; mentre in 
altri appare come se i due focolai siansi sviluppati indipendente- 
mente Îra loro, e che l’ulteriore proliferazione degli elementi li 
abbia riavvicinati. 

In questi noduli secondarii l’insorgere degli elementi procede 
nel modo seguente, come puû benissimo vedersi in alcuni punti 
dei preparati in cui si nota appena qualche elemento. Dapprima 
sono elementi piccolissimi di forma allungata, con scarso proto- 
plasma granuloso e nucleo molto ben colorabile, ma anche esso 
piccolo ; poi gradualmente questi elementi si ingrossano, i granuli 
protoplasmatici si rendono più fini, il nucleo si fa più grosso, in 
consenso con il protaplasma, fino a raggiungere la grandezza di 
una cellula epiteliare normale, cambiando ancora la forma in 
rotondeggiante. In questo momento & molte facile riscontrare uno 
di questi elementi in cariocinesi, dopo della quale essi crescono in 
numero fino a dare la formazione di grosse masse compatte di 
cellule epiteliali. Tali fasi cariocinetiche alcune volte si mostrano 
tipiche ; ma non è raro osservarne di quelle a tre o quattro poli. 

Nelle cornee osservate dopo tre mesi questi nidi epiteliali 
secondarii si incontrano con molta faciltà (fig. 1), perd quivi è 
molto facile di notare il saldarsi delle gittate secondarie fra di loro ; 
ci che certamente costituisce lo opacamento macroscopico della 
cornea, mentre i noduli più compatti danno i punti di opacamento 
maggiore. 

Le gittate secondarie che partono per proliferazioni dai margini 
dell’ innesto operato seguono su per giü le stesse leggi dei noduli 
secondarii, per gli elementi in prima si dispongono a tubuli, com- 
posti di una serie di cellule rotondeggianti, contenute negli spazii 
interlamellari ; ma a misura che crescono di numero e quindi il 


510 S. FABOZZI 


nodulo aumenta in ampiezza, le celllule perdono il loro tipo primi- 
tivo, e diventano polimorie; e ciù è dovuto cortamente alla legge 
di adattemento, per la quale il mutuo comtatto che si stabilisce fra 
loro ne prova la polimorfia. — L’accrescimento in volume ed in 
numero delle cellule epiteliali neoformate, costringe lo strato 
lamellare fondamentale della cornea ad assottigliarsi gradualmente 
ed in alcuni preparati si possono osservare, con la colorazione di 
Van Gieson, delle esilissime trabecole che ancora dividono le filiere 
cellulari ; mentre in altri punti più avanzati nel processo anche 


Fig. 4. — Infiltramente epiteliale in cornea estratta dopo tre mesi dall’ innesto. 


questi tratti spariscono, dando luogo cosi allla formazione di un 
nodulo epiteliale molto grossso, il quale è somigliantissimo a quelli 
che siamo abituati al vedere nelle forme iniziali di epitelioma. 
Certamente non è sempre cosi regolare il modo di procedere dello 
sviluppo dei nuovi elementi ; ma vi sono cornee in cui questi fatti 
si vedono sorgere in modo tumultuoso, irregolare ; ed allora 
guardando a piccolo ingrandimento il preparato, il giudizio pu 
per poco esitare tra un innesto con proliferazione artificialmente 
provocato od un epitelioma spontaneo che procede nel suo più 
naturale sviluppo. Queste sarebbero le fasi progressive osservabili 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO ot 


uell’epitelio trapiantato ed in quello che si neoforma ; perd fin dal 
10° giorno possono incontrarsi degli aspetti che tengono ad altera- 
zioni regressive della nutrizione sia in un singolo elemento, sia in 
un gruppo di essi, e siccome sono di una certa importanza dal 
lato cromatico possono mentire perfettamente delle formazioni 
- estrenee, Cosi io ne de criverù le diverse particolarità. 

Tra il 10° ed il 15 giorno si osservano in preferenza alterazioni 
cellulari cromatiche di varia entità. Oltre alle alterazioni comuni 
di cariolisi e carioressi, oltre alla possibilità di incontrare qualche 
nucleo picnotico, si osservano nel protoplasma delle produzioni 
rotondeggianti più o meno grosse ed in numero più o meno abbon- 
dante, da uno a venti, le quali restano tinte in rosso con la fuxina, 
in un modo molto vivo e splendente (tav. II, fig. 1) ; e le quali 
viste ad un ingrandimento maggiore, appaiono come delle produ- 
zioni parassitarie endocellulari di diversa dimensione ; negli ele- 
menti in cui ve ne esiste un gran numero il protoplasma cellulare 
appare molto rarefatto (tav. IIL, fig. 2). In altri punti si osserva lo 
stesso, ma con produzioni più piccole e nelle cellule in coriocinesi 
bipolari ; le produzioni restano tinte in verde dal verde malachite, 
ed occupano i due poli della cellula un poco in sopra delle anse 
cromatiche (tav. IL, fig. 3). In questi casi la cellula si mostra molto 
ingrandita, e nel primo caso il nucleo si colora in modo diverso : 
il cromatofilo in pochi tratti resta colorato in verde, mentre in 
maggioranza acquista un colorito giallo arancione. Le produzioni 
tinte in rosso, alcune volte occupano completamente il proto- 
plasma, ma altre volte sono a breve distanza dal nucleo ed in altri 
elementi ancor appaiono come se uscenti da esso, nè mancano 
cellule in cui esse possono vedersi contenute completamente nel 
nucleo, nel quale caso il cromatofilo è rarefatto intorno alla pro- 
duzione. 

In alcuni preparati si possono osservare tra le cellule epiteliali 
vegete e ben colorate, degli elementi diversi con doppio contorno 
molto spesso ed evidente (tav. Ill, fig. 4) : uno esterno tinto in verde 
(fig. 4, a), un secondo interno in rosso cupo (fig. 4, b) ; fra essi 
intercede un alone chiaro ; il protoplasma centrale è di aspetto 
omogeneo, ma tinto in giallastro (fig. 4, c), con nel centro un rap- 
presentante del nucleo (fig. 4, d), formato da una massa piccola, 
omogenea e che resta colorata in verde cupo. In numero meno 


512 S. FABOZZI 


cospicuo, accade di osservare altrove la presenza di elementi con 
un’ apparenza piuttosto strana (tav. IE, fig. 5) : una membrana 
abbastanza spessa (a) tinta in rosso scuro, un alone giallastro all? 
indentro, e più concentricamente un altro contorno molto delicato 
dello stesso color rosso ; all’ indentro ancora è contenuto un proto- 
plasma omogeneo tinto in rosso cupo, con delle intaccature (b) 
marginali rientranti verso il centro ; l’interno del protoplasma fa 
vedere degli esili contorni (c) ed una refrangenza diversa, a 
seconda dello stato più o meno iniziale di divisione del proto- 
plasma ; in queste loculazioni protoplasmatiche esistono dei reli- 
quati nucleari di numero, forma e dimensione diversa ; nella 
cellula, direi quasi, si è iniziata la divisione, che poi si à arrestata 
in un certo momento per la sopravvenuta degenerazione speciale. 

In molti preparati si possono incontrare delle alterazioni che io 
ho ritratte (tav. IIL, fig. 6), osservando la quale si vede, ma 
meglio osservando i preparati si resta convinti, che le produzioni 
endocellulari simulano perfettamente un parassita per il diverso 
modo di assumere il colore. Quasi tutte sono munite di un doppio 
contorno molto ben accentuato. Vi sono degli elementi in cui il 
protoplasma resta tinto in roseo e nel centro si nota il reliquato : 
nucleare piccolo e picnotico (fig. 6, a), mentre in altri il nucleo ë 
duplice, non perd uniformemente rotondo ed ovale, ma munito da 
un lato di un’insenatura rientrante, (fig. 6, b), e spesso i due nuclei 
si guardano per questa concavità. In alcuni elementi molto grossi 
(fig. 6, c), si vede una produzione perfettamente rotonda, tinta di 
un bel rosso splendente, munita di doppio contorno, e ad uno degli 
estremi si nota una semiluna di protoplasma ancora granuloso, ed 
in cui si osservano parecchi reliquati nucleari piccoli e tinti in 
verde, tutto è compreso in un’ altra membrana molto evidente. 

In altri punti l’elemento è molto grosso, con doppio contorno 
(fig. 6, d), il protoplasma omogeneo è tinto in giallo ocra con un 
nucleo rotondeggiante piuttosto piccolo ovvero con parecchi reli- 
quati nuclari. à 

In diverse sezioni poi ho osservato delle cellule alterate nel modo 
testè detto, cioè con il protoplasma omogeneo, perd tinto in rosso 
cupo e rigonfio (tav. IL, fig. 7, &, b) ; e solo in pochissime qualche 
reliquato nucleare tinto in verde, aleune di esse hanno il doppio: 
contorno, mentre altre ne sono prive e sono contenute negli spazii 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL EPITELIO 513 


intercellulari. In parecchi preparati ho notato che, intorno alla 
cellula alterata in quel modo spéciale, gli elementi si appiattivano, 
e si fioggiavano a mo’ di perla epiteliale. (tav. LIT, fig. 14). 

Vi sono preparati di cornee estirpate nel 15° giorno in cui si 
rilevano cellule con alterazioni molto importanti e speciose, guar- 
dando le quali si potrebbe davvero restar convinti che esse sono 
ripiene di parassiti o pseudosporidii. Esse da un preparato sono 
state ritratte da me (tav. LIL, fig. 8 e 9) come esempio, dappoi- 
chè molte altre se ne osservano e di diversa forma. In mezzo al 
tessuto epiteliale proliferante sinota un elemento più grosso con 
protoplasma più tenue, omogeneo, con tinta rosea più o meno 
intensa, in cui sono contenute delle produzioni speciali di diverso 
numero e grandezza. Esse restano tinte in un rosso molto vivo e 
splendente, hanno contorni decisi, rotondeggianti od ovalari, parete 
tinta in rosso molto fosco, che le fa spiccare molto bene sul fondo 
roseo ; non & raro perd incontrarne qualcuna tinta in giallo rossastro 
od in giallo vivo. In queste formazioni ne sono contenute delle 
altre, rotonde, ovalari, piriformi od a manubrio, omogenee e che 
restano colorate in un bel verde molto intenso, e sono o periferiche 
o centrali alla produzione. E’ facile pure riscontrarne qualcuna 
molto più grossa (tav. III, fig. 9, a); e di forma difierente, tinta più 
debolmente e con degli esilissimi filamenti nell’ interno, tinti anche 
essi in rosso, i quali potrebbero, e ne danno l’impressione, rappre- 
sentare un nucleo, od un reliquato nucleare in degenerazione 
completa. 

La fig. 102 (tav. III) rappresenta un elemento molto strano e per 
contenuto e per cromatofilia delle produzioni esistenti nel proto- 
plasma. 

Insomma le alterazioni protoplasmatiche, nucleari, cellulari in 
genere sono cosi numerose e cosi poliforme e policromatofile, che 
difficil cosa riseesce il descriverle tutte ; ma le più importanti sono 
rappresentate dalle figure che riporto. 

I disegni che io presento sono quelli rilevati da preparati eseguiti : 
col il metodo Pianese (tranne la fig. 72 che è da quelli con il metodo 
Russel) come il più opportuno e dimostrativo, perd esse produzioni 
restano colorate in rosso col metodo di Russel e di Foà, in verde 
con quello di Sanfelice, in violetto con quello di Gram, quindi 
rispondono molto bene, come i corpuscoli di Russell, alle sostanze 


Archives de Parasilologie, VIN, n° 4, 1904. 33 


514 S,. FABOZZI 


coloranti specifiche, pigliando quella per la quale hanno elezione, 
e col metodo Galeotti, ora pigliano il rosso ed ora il verde, ma il 
primo in prevalenza. | 
Nonostante che io fossi sicurissimo di non aver introdotto niente 
di estraneo con il lembo epiteliare, avendo agito nel modo più 
asettico possibile e tenendo gli animali in un sito in Cui mai si 
verificava un caso di coccidiosi nel Coniglio, e quello di controllo 
me lo stava pure a dimostrare, pure in presenza di queste produzioni 


Fig. 2. — Cellule degenerate nell’ innesto epiteliale da simulare dei Blastomiceti. 


estrenee, e le quali (fig. 2), osservando i preparati, potevano jar 
pensare di trovarsi innanzi a Psorospermi, a corpuscoli fuxina od 
a Blastomiceti addirittura, ho voluto adoperare i diversi reagenti 
che mi potevano guidare sull’ interpetrazione della loro natura. 

Colorando con la safiranina o fenicata o di Friedländer, esse 
rimanevano in maggioranza tinte in rosa come il resto ma se prima 
venivano trattati i tagli con l’ammoniaca o con la soluzione di 
potassa al 30 0/, esse si coloravano in rosso aranciato. Con la colo- 
razione al bleu di mentilene in carbonato di potassio (4 : 10000) 
solo le più grosse si tingevano in bleu. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 515 


La soluzione di Ehrlich e la scolorazione consecutiva con l’acido 
nitrico al 33 °/, tingeva anche le grosse in violetto, mentre le pic- 
cole rimanevano incolori. 

Cimentai i preparati, contenenti queste produzioni, con l’etere, 
il cloroformio, la potassa, l'ammoniaca, gli acidi nitrico e clori- 
drico, con la tintura di jodo e con l’acido osmico, ed osservai : che 
l'etere, il cloroformio, l'ammoniaca e gli acidi non hanno nessuna 
azione si di esse ; la potassa ne fa perdere la refrangenza ed il netto 


Fig. 3. — Perla epiteliale nel corpo dell’ innesto epiteliale. 


contorno ; il jodo le tinge in grigio-giallastro, e l’acido osmico in 
grigio-giallo od in grigio nero. 

Dopo queste ricerche rimasi convinto che mi trovavo innanzi ad 
elementi degenerati od in via di degenerazione, jalina, colloide, 
amilacea, che si accentuavano più nel centro ovvero verso la peri- 
feria, come avevano potuto già vedere nei tumori, a proposito dei 
corpi di Russell, il Rossi E. e poi il Pianese ed altri. E con le colo- 
razioni prettamente nucleari mi son potuto maggiormente convin- 
cere che in alcuni casi, ed erano i più, io mi trovavo innanzi ad 


916 S. FABOZZI 


alterazioni cromatiche provenienti da cariocinesi alterate od 
incomplete, come hanno potuto osservare e dimostrare nei carci- 
nomi il Cornil ed altri ; mentre un esame non minuto e reiterato 
potrebbe far pensare alle forme parassitarie descritte dai fautori 
della relativa teoria nel carcinoma 0 nei tumori maligni in genere. 

Oltre di queste alterazioni da me riscontrate sperimentalmente 
nelle cellule antiche dell’ innesto od in quelle provvenienti da pro- 
liferazione delle medesime, nel corpo del trapianto © neï nuclei 
secondarii che si formano in una certa epoca, ho potuto notare 
fasi involutive di un elemento o di un gruppo di essi, le quali 
acquistavano quella disposizione speciale delle cellule, che siamo 
soliti di chiamare perla epiteliare (fig. 3). Ecco il modo di insorgere 
di esse e le alterazioni progressive e regressive che si notano. 

Spesso facile di incontrare nel corpo del nodulo epitelale antico 
o neoformanto, delle formazioni, in Qui gli strati si dispongono 
concentricamente a mo’ delle brattee di una Liliacea, formando le 
le cosi dette Perle epiteliali, in cui le celllule periferiche sono 
allungate, più o meno sottili, fusiformi, ovalari o lamellari, le une 
sovrapposte alle altre, e racchiudenti nel centro uno o parecchi 
elementi molto grossi, in via di degenerazione completa. 

Nel l'interno di questi elementi centrali sono contenute (fig. 4) 
produzioni rotondeggianti che assumono con molta faciltà le 
sostanze coloranti acide o basiche a seconda della loro reazione ; 
ma che perû sono di forma ben netta, nelle quali alcune volte è 
possibile riscontrare una membrana involgente o un doppio 
contorno. Questo elemento centrale in primo tempo pu presentare 
le stesse note di quelli detti innanzi, mentre altra volta ha una forma 
di degenerazione granulare, ma sempre per con quelle produzioni 
ipercromatofile. Dopo comparso questo elemento centrale, si 
formano intorno ad esso quelle stratificazioni concentriche carat- 
teristiche, in un modo più o meno esteso, mentre le cellule epiteliali 
periferiche a questo, che chiamarei alone epiteliale, sono conservate 
nella loro forma e dimensione, in fase più o meno avanzata di 
proliferazione. 

Col progredire del tempo l’elemento centrale degenera in modo 
accentuato fino a scomparire additura, mentre gli elementi circos- 
tanti incominciano ad ingrandirsi, a rendersi più regolari ed a 
cangiare completamente di forma, e quindi da allungati, fusiformi, 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL EPITELIO 517 


diventano ovalari, fino alla forma rotondeggiante delle cellule 
épiteliali preesistenti. — KE? in questo momento che si possono 
riscontrare negli spazii intracellulari quelle produzioni endoele- 
mentari della cellula caduta in disfacimento, e che conservano le 
stesse proprietà di cromatofilia. 

Quindi si potrebbe dire o che intorno allo elemento in degenera- 
zione si formi un alone di cellule epiteliali giovani, le quali poi in 


Fig. 4. — Nodulo epiteliale secondario con perla in cui sono contenute 
produzioni rotondeggianti ed elementi atipici. 


sesuito, con lo scomparire del primo acquistano il loro carattere 
epitieliale vero, oppure che gli elementi appiattiti, che circondano 
quello in degenerazione, acquistino tale forma per la legge di 
adattamento. 

La questione à abbastanza difficile a risolvere, avendosi prove 
che militano per l’uno e per l’altro argomento, ma la vera interpe- 
trazione riesce ardua, ed io qui per ora mi limito ad accennarvi. 

Se si guardano i preparati delle cornee dal 2° al 3° mese, in cui 
si notano parecchie di queste produzioni, nell’innesto primitivo € 


518 S. FABOZZI 


nelle gittate e noduli secondarii si potrebbe restare proprio ingan- 
nati e diagnosticare un epitelioma della cornea, tanto è l’infiltra- 
mento epiteliare e tanta è la polimorfia degli elementi. 

Nel tessuto proprio della cornea, nelle lamelle cioë, non ho 
potuto riscontrare gran che di notevole, ï corpuscoli, fissi hanno 
l’apparenza e la disposizione normale, e solo qualche volta si ris- 
contrano un po’ ingranditi, come se fossero alquanto rigonfiati ; 
ma il loro nucleo non fa notare alcun segno degenerativo, nè alcun 
accena a cariocinesi di nessun genere. 

Inoltre fra gli spazii interlamellari, nei primi giorni, esistono 
dei leucociti mononucleati acidofili, i quali si riscontrano ancora 
in un’ epoca avanzata, gli spazii possono vedersi allora più appa- 
riscenti, per la divaricazione che si ha fra le lamelle connetti- 
vali. Non ho potuto notare nessun accenno a trasformazione di 
questi corpuscoli in cellule epiteliali, nè ritengo che la cosa accada, 
tranne che questi non fossero il rappresentante primo di esse, 
quando incomincia a formarsi uno dei noduli secondarii, che 
innanzi ho descritti ; ma una prova palpabile di tale evenienza nei 
miei preparati non ho potuto riscontrarla, e parebbe piüttosto che 
l’elemento secondario, che formerà poi il centro di un nodulo, sia 
stato trasportato negli spazii interlamellari, distaccandosi dalla 
periferia dell’ innesto, dappoichè esso ha tutti i caratteri della 
cellula epiteliale giovanissima, che si neoforma nei margini dello 
innesto medesimo in una certa epoca. | 


94 SERIE 


AZIONE DEL SACCHAROMYCES NEOFORMANS : 
NEL TESSUTO CORNEALE 


Verso il centro della cornea, dopo di aver lavato con aqua stérile 
l’occhio, pratico una piccolissima perdita di sostanza epiteliale, e da 
questo punto con una siringa di Tursini, muuita di un ago sotti- 
lissimo, faccio capitare una o due gocce di cultura in soluzione di 
Saccharomyces neoformans virulenta. Dopo con cautela estraggo la 
cannula e lavo abbondantemente il bulbo oculare, e dopo di aver 


chiuse le palpebre con la cera lacca aspetto il tempo voluto per 
l’esame microscopico. É | 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 519 


Come materiale d’innesto ho adoperato una cultura di Blasto- 
micete avuta per strisciamento su agar, ottenuta virulenta col 
passagio attraverso 10 Cavie. Alla cultura ottenuta sull’ agar, nel . 
momento dell inoculazione, aggiungo del brodo sterile, per evitare, 
come raccomanda il Sanfelice, la inoculazione di prodotti solubili. 

Ho prodottta la perdita di sostanza epiteliale nella cornea, per 
evitare che l’ago affondasse meccanicamente sia pure una sola 
cellula epiteliale, dappoichè essa avrebbe potuto proliferare, e 
turbare cosi l’esperimento. 

Che cid possa accadere lo ho provato su due Cavie, nella lamine 
corneali delle quali ho iniettato, senza alcuna manovra preventiva, 
dell’ acqua sterile, ed ho visto, dopo, dopo 10 — 15 giorni comparire 
nel punto d’inoculazione una piccola macchia biancastra, la quale 
mano mano si ingrandiva dando luogo ad un opacamento più 0 
meno esteso nella cornea. Tolti i bulbi in diverse epoche, ed otte- 
-nutine i tagli, ho potuto notare dei nodulini epiteliali in fase molto 
attiva di riproduzione, i quali certamente erano prodotti dal 
trasporto -di qualche cellula epiteliale nel fondo della saccoccia 
provocata dal liquido, e che proliferando aveva dato il noduletto. 

Questo fatto avrebbe certamente disturbato la nettezza dei miei 
esperimenti. 

Il controllo è stato senza alcuna precauzione fatto a scopo di 
vedere quale fosse l’azione di un qualunque liquido stérile sulla 
cornea ; perù ad un’ altra Cavia, producendo la perdita epiteliale 
ed iniettando acqua sterile, non ho potuto notare altro che il 
riassorbimento di essa e la guarigione del punto con perdita di 
sostanza, la quale procede nello stesso modo di quella descritta 
pella 12 serie; e solo si osserva meglio che la proliferazione procede 
dai bordi della ferita. 

Per i presenti esperimenti sona stati adoperati i Conigli in 
numero di 6, avendo cura di inoculare ambo le cornee, ed esse 
sono state tolte rispettivamente dopo : 3 g. (1) ; 10 g. (2) ; 15 gr. (2); 
30 g. (3) ; 60 g. (2) e 90 g. (2). 

Macroscopicamente ho potuto notare che nei primi giorni si 
aveva una vescicola biancastra nel punto d’inoculazione, la quale 
prima diveniva grigiastra allargandosi, e poi mano mano si rendeva 
più chiara e nel 15° e 200 giorno spariva, residuando una macula 
tendinea, la quale persisteva per un certo tempo, rendendosi perù 


520 S. FABOZZI 


mano mano più chiara di colorito tanto che, nel 3° mese essa era 
quasi invisibile ad occhio nudo e solo con la lente si poteva osser- 
vare un leggiero intorbidamento nella limpidezza della cornea. 
Nei preparati ottenuti dalle cornee tenute in sito per 3-10 giorni 
si osserva (fig. 5) che il Blastomicete inoculato è vivo e vegeto pre- 
sentando tutti i caratteri morfologici descritti da altri; sono ben 
colorabili con le sostanze appropriate, ed hanno invase parecchie 
logge connettivali. Hanno provocata una chemiotassi positiva 


Fig. 5. — Blastomiceti tra le lamine corneali dopo tre giorni dall’ inoculazione, 


abbastanza accentuata, e cid massime nel 10° giorno in cui si 
vedono leucociti polinucleati in gran numero frammisti ai Blasto- 
miceti. In questo momento molti corpuscoli bianchi contengono 
in diverso numero nel loro interno, da 2 a 10 elementi del Saccha- 
romyces, a preferenza ho potuto vedere che grosse cellule linfatiche 
a nucleo polimorio hanno tale potere fagocitico. Nell’ interno di 
questi leucociti i parassiti, nei giorni consecutivi, non si conser- 
vano intatti, ma subiscono fasi multiple degenerative ; ho visto cioë 
nei microrganismi sia liberi, sia inglobati nei linfociti, numerose 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL EPITELIO 521 


forme degenerative, che, come evidentemente risulta dall’ osser- 
vazione, costituiscono una serie continua fino al completo disfaci- 
mento del Blastomicete. 

Infatti ho potuto notare che incomincia ad avverarsi un disfa- 
cimento della sostanza cromatica, sotto forma di rarefazione prima 
centrale e poi periterica. La parte cromatica si riduce a globetti, 
prima assai numerosi e che in seguito vanno man mano facendosi 
più rari, fino a scomparire addirittura. Si ha come residuo una 
sostanza sempre meno colorabile e meno distinguibile, la quale in 
seguito (15-30 giorni) dispare perdendo la sua forma, spezzettan- 
dosi. E nel 30° giorno ho potuto notare qualche rarissimo Blasto- 
micete non tanto ben colorabile ; ma il resto non era rappresentato 
che dai leucociti, i quali neppure erano per numero abbondanti 
come nel 20° giorno, ma scarsi ; ed alcuni contenevano dei piccoli 
granuli informi, certamente residuo del Parassita da essi inglo- 
bato. 

Cosi che da questi esperimenti potrei dire con Stiwan ed altri 
che la distruzione dei fermenti patogeni e non patogeni rientra nella 
legge generale della fagocitosi, e che a questa legge non si sottraggono 
1 Blastomiceti. 

Il tessuto proprio della cornea, in cui era stata fatta la inocula- 
zione, mostrava tutti i segni dell’ infiammazione ; i corpuscoli fissi 
alquanto ingrossati, ma senza nessun segno di fase progressiva o 
trasformativa. Non credo del caso dilungarmi a descrivere l’infiam- 
mazione della cornea, dappoichè essa è fatta in tutti i trattati di 
oculistica e poi & stata tanto ben descritta dal Cohnheim, che per 
me non sarebbe altro che una ripetizione oziosa. 

Osservando i preparati di cornea ottenuti dopo 2 mesi dalla ino- 
culazione non si osserva più, Con minutissime indagini nessun 
Blastomicete, e solo qualche scarsissimo leucocita. Invece nel sito 
d’inoculazione si nota la formazione di uno straterello di connettivo 
più o meno fibroso, ricco di fibroblasti e di elementi allungati, 
mentre gli elementi fissi della cornea si osservano normali e quelli 
fibrillari prossimiori alla saccoccia o lontani da essa non fanno 
vedere niente di speciale. 

Questo tessuto fibroso va man mano scomparendo, tanto che nei 
preparati delle cornee estratte dopo 90 giorni, tranne un leggiero 
addensamento cicatriziale nelle lamine corneali non si nota nulla 


522 S. FABOZZI 


altro di rilevante. Nessuna cellula fissa che avesse subito una fase 
progressiva, nè di quelle del connettivo neoformato esiste più 
traccia. 

Quindi potrei dire che nei preparati ottenuti dalle cornee in cui 
era stato inoculato il Saccharomyces, in primo tempo si ha una forte 
reazione locale, con chemiotassi positiva, da dar luogo ad una rac- 
colta in sito di materia puriforme ; ma che in seguito i Blastomi- 
ceti, sia liberi, sia inglobati nei linfociti vengono distrutti o per 
degenerazione diretta o per fagocitosi; mano mano il processo 
assolve tutte le sue fasi fino ad ottenersi nel tessuto la completa 
restitutio ad integrum. 


3: SERIE 


AZIONE DEL SACCHAROMYCES NEOFORMANS 
SULL’ EPITELIO TRAPIANTATO 


In 12 Conigli ho praticato l’innesto epiteliale nella cornea, nel 
modo descritto nella 12 Serie dei miei esperimenti ; e poi dopo 
15 — 20 giorni, quando cioè mi accorgevo che il trapianto era 
completamente attecchito dai sintomi macroscopici — da me già 
descritti — ho iniettata la cultura di Saccharomyces nel modo detto 
nella 2 Serie. Ho badato, e cid m’ è stato di massima difficoltà, di 
inoculare la cultura nel Centro o quasi dell’ innesto praticato. 

Gli occhi cosi trattati sono rimasti per diverso tempo dalla inocu- 
lazione, cioè : 48 ore (2) ; 3 giorni (2) ; 10 giorni (2); 15 g. (4); 20 g. 
(2) ; 30 g. (4) ; 35 g. (2) ; 60 g. (4) ; 90 g. (2); dopo del quale tempo 
sono stati tolti e trattati nel modo descritto. 

T segni macroscopici in principio sono sati quelli descritti nella 
12 Serie ; ma poi, dopo l’inoculazione del Blatomicete, si è avuto il 
quadro fenomenico descritto nella 2 Serie. | 

L’'esame di questa 3? serie di preparazioni dà luogo a rilevare le 
note che qui riferisco. 

Dopo 48 ore i Blastomiceti si notano in ottimo stato di conserva- 
Zione quasi nel centro del nodulo epiteliale, il quale à completamente 
attecchito, ed i cui elementi cellulari sono in una fase attivissima 

- di proliferazione, per la quantità abbastanza notevole di cariocinesi 
Che vi si notano. [noltre esistono nelle cellule delle forme degene- 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 523 


rative, che assumono le sostanze coloranti quasi nel medesimo 
modo del parassita, e dal quale sono con molta facilfà distinte, per il 
loro aspetto morfologico, quantunque alcune di esse presentassero 
le medesime dimensioni, il doppio contorno, la refrangenza ed il 
reliquato nucleare. 

In nessun altro punto mi è riuscito di rilevare la presenza dei 
Blastomiceti inoculati. Nè in quest’ epoca ho potuto osservare il 
parassita nell’ interno di una celiula. — Col procedere del tempo 
si vanno avverando dei fatti molto importanti. | 


Fig. 6. — Blastomiceti in varie fasi di sviluppo nel corpo delle cellule epiteliali 
dell’ innesto dopo 10 giorni. 


Verso il 3° e 10° giorno ho potuto infatti notare nell’ interno di 
parecchie cellule epiteliali, marginali all inoculazione, un giovane 
parassita, rappresentato da un piccolo corpicciuolo rotondo 0 di 
forma irregolare, di grandezza quasi di un eritrocita, composto da 
un Corpo protoplasmatico abbastanza tenue, colorato in roseo, nel 
quale spiccano dei piecolissimi granuli disordinatamente disposti, 
colorati in rosso vivo; da un addensamento protoplasmatico 
intorno, che ne forma la parete (fig. 6). In questo stadio il parassita 


524 S. FABOZZI 


occupa sempre la zona marginale della cellula epiteliale, tra il 
nucleo e la parete, e nè il protoplasma, nè il nucleo, in questo 
tempo, mostransi notevolmente alterati, conservando il nucleo la 
forma e la proprietà ad assumere le materie coloranti, ed il proto- 
plasma il suo aspetto finemente granuloso. Non è raro incontrare 
un parassita in una cellula, in cui si notino accenni alla cariocinesi. 

Mano mano, e ciù si osserva in altri punti, questa forma paras- 
sitaria cresce di volume, i granuli ipercromatici si dispongono in 
modo concentrico intorno ad un corpicciuolo centrale colorato in 
rosso fosco, ed in questo momento la cellula neanche mostrasi gran 
fatto alterata. 

In seguito il Blastomicete continua ad aumentare di volume, il 
corpicciuolo centrale si colora in un bel verde brillante (met. di 
Pianese), il corpo protoplasmatico diventa irregolare per forma, 
forse per adattarsi ad uno spazio troppo angusto, dato dalla cellula 
epiteliale in cui è contenuto, la quale neppure ora dà segni note- 
voli di alterazione. Non perd cosi nella fase ulteriore, quando cioè 
il parassita acquista un volume considerevole : allora la cellula 
presentasi rigonfia, col protoplasma omogeneo, e che forma un 
alone chiaro intorno al Saccharomyces, fino a dare un anello in cui 
più non esiste, quasi avesse subito una fase di retrazione ; il nucleo 
epiteliale è respinto verso la periferia, perd conserva ancora le sue 
caratteristiche. e solo diventa un po’ schiacciato nel punto che 
guarda il parassita. 

In tempo ulteriore il protoplasma della cellula per plasmolisi 
scompare, rimanendo la sola membrana ; mentre il nucleo, 
respinto maggiormente verso la periferia, cade in una lenta necro- 
biosi, e perde gradatamente il potere di assumere le sostanze colo- 
ranti elettive, ed infine, scomparendo tutti i suoi costituenti, resta 
come un ombra, simile a quella dei corpuscoli rossi in cui sia 
scomparso il plasma, la quale poi si dissolve anche essa, non rima- 
nendo della cellula che la sola membrana, in cui resta il Blasto- 
micete ; e siccome naturalmente parecchi elementi hanno subito 
questo sfacelo dal parassita, le membrane residuali restano stretta- 
mente addossate ad esso e lo comprendono in modo da sembrarne 
una vera membrana propria. 

Nel momento in cui il parassita, occupando il corpo cellulare, 
subisce le sue fasi evolutive, i preparati relativi mostrano una 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 025 


grande somiglianza ed analogia con quelli della 12 Serie, allorchè 
in questo il semplice innesto epiteliale va incontro a fasi dege- 
nerative. 

Col progredire del tempo, in queste esperienze della 3 Serie, 
quantunque le cellule marginali dell’ innesto epiteliale proliferino 
in modo molto attivo, pure al 20° o 30° giorno neppure esse si 
possono esimere dall’ invasione del Blastomicete ; questo le assale 
e le distrugge, e solo ne residua un sottilissimo straterello (fig. 7), 
quasi una capsula epiteliale che li volesse involgere e proteggere. 
In questo momento perd 
incomincia nelle lamine 
corneali una chemiotassi 
possitiva abbastanza atti- 
va,edileucociti,indiversa 
abbondanza, non solo cir- 
condano il guscio epite- 
liale contenente i parassiti. 
che hanno distrutte le altre 
cellule ; ma invadono an- 
che il centro e non è raro 
incontrarne qualcuno che 
abbia già inglobato dei pa- 


rassiti. 
. . 1 3 7 es B c : Q » + 
In preparati di cornea Fig. 7 D lastomiceti nel cenro dell ingesto 
epetiliale, il quale &è ridotto ad un esile 
ho potuto notare la com- Stratere ll 


pleta scomparsa, in questa 

epoca (30 g.), della membranella epiteliale e l’invasione completa 
del nodulo da parte dei leucociti ; mentre nel 35° cid & costante- 
mente avvenuto. 

Con l’invazione dei leucociti incomincia per i Blastomiceti ad 
avverarsi la fase involutiva già da me descritta nella 2 Serie dei 
miei esperimenti, e nel 60° giorno la distruzione è quasi completa, 
ed incomincia già l’invasione connettivale a far capolino ; mentre 
osservando le cornee estirpate dopo 90 giorni il connettivo incomin- 
ciato a formarsi nel sito di inoculazione e di innesto lo colma tutto, 
e nel posto dove prima esistevano cellule epiteliali prima e poi 
esse e Blastomiceti, si riscontra una cicatrice raggiata di connettivo 
fibroso in via d’involuzione in parecchi punti. 


526 S. FABOZZI 

Cosicchè, potrei dire, risulta dai miei esperimenti che, il parassita 
in prima distrugge le cellule epitéliali nelle quali capita, e poi a 
sua volta è distrutto dai leucociti, i quali in quel caso, se esso si 
era mostrato potente rispetto agli elementi epiteliali, fanno l’effetto 
di un esercito invasore che li annienta completamente, proprio 
come avviene in certe classi animali. Perd neppure essi resistono, 
ma sono sostituiti dal tessuto connetivo, il quale piglia il posto 
della perdita di sostanza, ed in cui non si riscontrano più nè cellule 
epiteliali, nè Blastomiceti, nè leucociti, mentre nel medesimo 
elasso di tempo l’innesto semplice prolifera in modo molto attivo 
si da occupare in vario senso la cornea e per propagani secondarie 
e per novelli noduli che si sviluppano. 

Neanche in questa serie di esperienze le cellule fisse della cornea 
hanno mostrato di pigliar parte alla lotta, e se in un primo 
momento si sono leggermente rigonfiate, con lo stabilirsi della 
formazione connettivale, essi sono ritornati nel loro stadio primitivo. 


43 SERIE 


A. — AZIONE DEI BATTERII NON PATOGENI SULLE LAMINE 
CORNEALI E SUGLI INNESTI EPITELIALI 


1°. Ho inoculato tra le lamine corneali una cultura di Sarcina 
lutea, la quale iniettata a dosi fortissime nelle Cavie ed in un Coni- 
glio non aveva dimostrato nessun potere patogeno. 

Ho adoperato a tal uopo tre Conigli, inoculando in ambo le 
cornee con il metodo descritto per il Saccharomyces (2 Serie) un 
paio di gocce di cultura di Sarcina ottenuta per strisciamento sullo 
agar, la quale veniva allungata con brodo sterile al momento di 
adoperarla. 

I bulbi oculari sono stati tolti rispettivamente dopo 3 — 10 — 15 
— 20 — 30 e 60 giorni. Essi come lesioni macroscopiche nella 
cornea mostravano : in primo tempo nel punto d’inoculazione opa- 
camento grigiastro, progressivo fino al 5° giorno, a datare dal quale 
esso va gradatamente diminuendo fino a rimanere nel 30° giorno 
una piccola macula, la quale, in seguito, va anche affievolendosi 
ed al 600 g. è appena apprezzabile con lente e ad illuminazione 
laterale. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL EPITELIO 527 


Nei preparati microscopiei ottenuti si notano nei primi stadii del 
processo 1 batterii in discreta quantità ; ma frammischiati a leu- 
cociti accorsi nel sito. In seguito si ha completa fogocitosi da parte 
dei leucociti verso la Sarcina, la quale scompare addirittura ; verso 
il 20° g. non mi è riuscito di osservarne alcuna. Dopo di questo 
_ tempo incominciano i leucociti a scomparire ed a formarsi il con- 
nettivo, il quale anche va assottigliandosi, tanto che al 600 g. nei 
tagli della cornea non si osservano nel punto d’inoculazione che 
scarsi elementi fibrosi ; ma la guarigione è completa. 


Fig. 8. — Vacuolo ormato nel centro dell’ innesto epiteliale 
per l’inoculazione di Sarcina. 


2. In altri quattro Conigli ho eseguito lo stesso che nella 3 Serie, 
per invece del Saccharomyces, ho inoculato Sarcina lutea. T bulbi 
oculari hanno presentato in primo tempo, macroscopicamente, 
opacamento maggiore nel sito dell’ innesto epiteliale e dell inie- 
zione consecutiva, perû in seguito l’epitelio innestato ha proseguito 
nel suo sviluppo e dopo 69 g. siosservavano altri opacamenti punti- 
formi in altri punti distinti dal primo. I bulbi, tolti rispettiva- 
mente dopo 48 ore, 4 giorni, 15 g. (2), 20 g., 30 g. e 60 g. (2), nei 
preparati microscopici praticati fanno osservare : 


028 S. FABOZZI 


Nelle prime 48 ore nel centro dell’ innesto un vacuolo (fig. 8) in 
cui sono contenuti i batterii ed un detritus amorio, con qualche 
elemento cellulare in via di necrobiosi, mentre le cellule marginali 
sono in uno stato di attiva proliferazione. Dopo 4 giorni nel vacuolo, 
che non è aumentato di volume, si osserva un detritus granuloso, 
in cui è difficile rintracciare una Sarcina, ed in seguito nessuno 
elemento parassitario s'incontra, mentre le cellule marginali cir- 
condanti il vacuolo prodotto dall’ inoculazione, cominciano ad 


Fig. 9. — Detritus esistente nel vacuolo dove fu iniettata la Sarcina, e nodulo 
metastatico, a breve distanza dall’ innesto principale. 


ingrandirsi gradualmente, i nuclei entrano in una fase attiva di 
cariocinesi, e nel 30° g. lo spazio è di molto impicciolito, mentre 
si possono riscontrare i granuli negli spazii intercellulari, e (fig. 9) 
dei noduli secondarii epiteliali in siti lontani dall’ innesto. 

Nel 60 giorno è scomparso tutto il prodotto d’inoculazione e 
l'epitelio trapiantato seguita nel suo ulteriore sviluppo nel modo 
stesso che ho descritto nella 12 Serie delle mie esperienze, perd, 
pare, in modo molto più attivo. 


AZIONE DEL BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 529 


B. — AZIONE DELLO STREPTOCOCCO PIOGENE SULLA CORNEA 
E SUGLI INNESTI EPITELIALI 


Il modo di condurre gli esperimenti è stato identico al gruppo 
precedente, perd invece della Sarcina ho iniettato lo Streptococco 
virulento. I bulbi furono tolti nel modo detto innanzi, nel mede- 
simo numero di animali, e nei preparati ho potuto osservare 
quanto segue : 

10. Nei preparati con semplice inoculazione parenchimale di 
Streptococco nella cornea, in primo tempo esso si sviluppa molto 
bene, producendo anche chemiotassi positiva molto attiva, in 
seguito si avvera ciù che è descritto in oculistica col nome di 4scesso 
corneale, i cui particolari microscopici io qui non descrivo per bre- 
vità, potendosi essi riscontrare in ogni trattato esteso di patologia 
oculare. Questo ascesso ha tendenza a guarigione, ed infatti dopo 
90 giorni si ha opacamento, per cicatrice raggiata nel sito d’inocu- 
lazione, che resta anche nel 60° giorno, e nelle sezioni fa osservare 
lo stesso reperto detto innanzi quando si ha opacamente corneale. 

2. Nelle cornee in cui si era praticato prima l’innesto epiteliale, 
ed in secondo tempo l’inoculazione di Streptococco ho potuto notare 
che per un certo tempo il parassita distrugge il nodulo epiteliale, 
per necrobiosi, e che si effettuava un aceumulo leucocitario per 
chemiotassi positiva, Dopo 15 a 20 g. si stabiliva l’ascesso corneale 
a forma ulcerosa, il quale seguiva le stesse fasi dei casi precedenti, 
ed avvenuta la cicatrice in loco non si riscontrava nel punto d’in- 
nesto nessuna cellula epiteliale e solo tessuto connettivo fibroso, 
ricoverto dallo strato epiteliale superficiale della cornea, venuto 
dai margini a rimpiazzare la perdita avveratasi. 


31 SERIE 


INNESTI DI PEZZETTI DI TUMORI EPITELIALI 
FRA LE LAMINE CORNEALI 


[ pezzetti di neoplasia epiteliale innestati sono stati un adonema 
mammario non ulcerato, ed un epitelioma del labbro superiore, 
presi entranbi in ammalati degenti nel nostro Ospedale. — Eceo il 
modo col quale ho preceduto : 


Archives de Parasilologie, VII, n° #, 190%. 3 


À 


530 S. FABOZZI 


Ho praticata una piccola perdita di sostanza sull' epitelio corne- 
ale. per impedire l'involontario affondamento di elementi epiteliali 
che non fossero quelli del tumore; di poi, mentre l’operatore non 
aveva ancora espletato sull’ infermo l’eseresi chirurgica, mentre 
cioè non erano state ancora distrutte tutte le connessioni vasali, 
con un coltellino ben tagliente, ho asportati dei piccolissimi 
lembetti nei punti che macroscopicamente si vedevano più ricchi 
di elementi epiteliali, e con grande delicatezza li ho introdotti nella 
saccoccia praticata fra le lamine corneali. E’ inutile dire che tutto 
ci era fatto nel modo più asettico possibile sia sul campo operativo 
corneale che su quello degli ammalati ; questi sono guariti per 
primam senza alcun punto di suppurazione. 

Con tale sistema ho innestato ambo le cornee di due Conigli nel 
primo caso e due nel secondo, chiudendo immediatamente con 
cera lacca lo rime palpebrali, come avevo proceduto per i primi 
esperimenti. 

Quantunque avessi cercato di operare nel modo più asettico 
possibile, specie nel caso di adonema mammario, dove non esiste- 
vano uleerazioni che avessero potuto apportare germi piogeni, pure 
in tutti e quattro i Conigli ho ottenuto sempre nelle cornee un 
processe suppurativo, il quale ha seguito tutte le fasi che si sogliono 
riscontrare in questi casi ; cioè suppurazione più o meno estesa, 
ulcerazione, necrosi ecc.; il processo per aveva una tendenza alla 
guarigione, ed infatti do 35 giorni nel punto d’innesto era 
avvenuta già una cicatrice che dava l’opacamento corneale. 

Un bulbo oculare estratto dopo 24 ore dal!’ insto del brandello di 
adenoma mammario, ne fa osservare la fase regressiva per 
necrobiosi degli elementi innestati con una chemiotassi positiva 
abbastana avanzata, 

Dopo questo tempo (20 giorni) del lembetto trapiantato non ho 
trovato traccia, ma, nel sito, la formazione di un’ ulcera corneale 
la quale è andata man mano guarendo fino a dare la cicatrice 

aggiata, e nei preparati di cornea eseguiti dopo 60 g. ho riscon- 
trato connettivo fibroso senza acun elemento epeteliale nè accenno 
a formazione di nodulo, sia pure piccolissimo, neoplastico. — 
Quindi il trapianto effettuato è completamente distrutto, fagocitato, 
e nella perdita di sostanza si è sostituito il solito connettivo, mentre 
l’epitelio marginale ha completamente ricoverta la perdita di sos- 
tanza superficiale avveratasi nel processo ulcerativo. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 031 


Ho praticati preparati di pezzetti dei tumori da cui erano stati 
presi i lembi, e, con i metodi specifici innanzi detti, ho riscontrate 
quelle forme speciali che sono state descritte come parassiti. 

Non mi dard per vinto su questo punto, ma seguiterd negli espe- 
rimenti, procurando, se mi sarà possibile, di evitare la suppura- 
zione corneale, sebbene nei casi che ho descritti, quantunque 
avessi seguite tutte le regole che prescrive la tecnica sperimen- 
tale non sia riuscito finora ed evitarla. | 

Riassumendo ora quanto ho potuto osservare negli esperimenti 
da me istituiti, abbiamo : 

1°. L’epitelio trapiantato nel tessuto connettivo della cornea vi 
si conserva e vive, seguitando a crescere per moltiplicazione delle 
sue cellule, e, quando esso resta parecchio tempo, si possono avere 
moduli secondarii simili al primo, dal quale sono molto lontani, e 
Cid, credo, possa avvenire per trasporto negli spazii interlamellari 
di un elemento epiteliale embrionale, che sarà il centro di un 
novello nodulo. 

20, In mezzo alle masse epiteliali vecchie e neoformate si riscon- 
trano elementi inclusi nelle cellule o fra queste, 1 quali peridiversi 
modi di reagire alle sostanze coloranti, per la loro forma rotondeg- 
giante con contorni netti e marcati, che alcune volte sono duplici, 
per il reliquato nucleare che in molti di essi esisle, e per essere 
contenuti o nel protoplasma o negli spaziïi intercellulari, potrebbero 
benissimo trarre in inganno l’osservatore ed essere considerati 
come psorospermi, corpi fuxina, Coccidii o Blastomiceti, avendo 
di questi tutte le apparenze morfologiche e microchimiche. Oltre 
a queste produzioni se ne notano delle altre molto tipiche di perle 
epiteliali, le quali hanno per centro di sviluppo sempre uno 0 più 
elementi degenerati ; ed osservando un preparato di cornee con 
innesto epiteliale di 2-3 mesi, sembra di vedere un epitelioma 
comune, giacchè di esso tengono tutte le apparenze, per latipia 
degli elementi e per la disposizione di essi. Il connettivo proprio 
della cornea ne forma gli alveoli, per distruzione delle fibrille ; 
mentre i corpuscoli fissi, proprii della membrana, restano inalte- 
rati o subiscono qualche lieve rigonfiamento. 

30, Il Saccharomyces neoformans nelle lamine corneali subisce la 
sorte di tutti i fermenti patogeni e non patogeni, cioè rientra nella 
legge generale della fagocitosi, crescendo in numero per un certo 


D32 S. FABOZZI 


tempo limitato; ma poi, sopravvergono i difensori ordinarit dello 
organismo, i leucociti, 1 quali li distruggono ed il loro effetlo 
postumo non è rappresentato da altro che dal connettivo che va a 
rimpiazzare la perdita di sostanze che si avvera, e rappresenta il 
reliquato dell’ infiammazione avvenuta. 

Nè in seguito (3 mesi) si ha nessun accenno a neoformazione di 
nessuna natura, che anzi il connettivo da fibroso incomincia a 
divinere più tenue, assimilandosi, quasi, a quello corneale. — 
Quindi se neoproduzione vi è questa è rappresentato dal connettivo 
comune, il quale del resto suole svilupparsi in ogni processo 
infiammativo, ed in questo caso non potrebbe avere l’espressione 
neoplastica nel senso di tumore, tanto più che esso non ha neppure 
tendenza ad aumento, ma segue le leggi involutive e di adattamento. 

4°. Il Saccharomyces sulle cellule epiteliali trapiantate, e che 
certamente sarebbero cresciute per loro conto, ha un’ azione dele- 
teria, distruttiva. Esso si avvale del baluardo epiteliale che gli 
forma il nodulo, in cui è stato iniettato, per distruggere gli elementi, 
nei quali penetra in diverso numero; e sorprendendo il processo 
nel momento in cui esso parassita è contenuto nelle cellule epite- 
liali, si resta oltremodo meravigliati per la somiglianza che esso ha 
con le formazioni endocellulari od intercellulari, che si vedono in 
quei preparati in cui oltre all innesto epiteliale nessun microrga- 
nismo é stato inoculato. 

In seguito perd, quando ha ridotto il guscio epiteliale ad un 
semplice straterello, i leucociti, non avendo più barriera, irrom- 
pono, restano padroni del Campo, fagocitano il Blastomicete, che 
tanto Îorte si era addimostrato verso le cellule epiteliali, ed in 
ultimo nel focolaio in cui antedentemente era stato trapiantato 
epitelio non si osserva altro che connettivo, come ultima espressione 
dell’ infiammazione. 

Né, ulteriormente, questo tessuto ha nessuna tendenza a trasfor- 
mazioni progressive, anzi regredisce e si assimila quasi al tessuto 
corneale in cui si è formato. 

50, La Sarcina lutea, microrganismo non patogeno, non ha alcuna 
azione nelle lamine corneali tranne quella di un corpo estraneo ivi 
introdotto, e che resta distrutto dai leucociti, i quali accorrono 
attratti dalla prezenza dei parassiti, che hanno ce chemiotassi 
positiva ; ed anche quivi, siccome vi è massima divaricazione nelle 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 533 


lacune corneali e distrizione di aleune lamelle si ha neoformazione 
di connettivo, che a sua volta subisce una fase involutiva. 

60. Il predetto microrganismo non esercita nessun’ azione sulle 
cellule epiteliali trapiantate, ne fa necrotizzare poche circostanti, 
Îorse per compressione, ma esso muore e degenera, e se si vuol 
sottilizzare un poco, esercita un’ azione stimolante sul nodulo, il 
quale cresce per suo conto senza interruzione. 

7°. Lo Streptococco spiega un’ azione deleteria sia sulle lamine 
corneali sia sull’epitelio trapiantato, producendosi uno sfacelo nei 
detti elementi, con produzione di ulcera corneale, la quale a sua 
volta guarisce. 

80. Provocando innesti di epiteliomi nelle lamine corneali ; 
mentre in questa si nota l’attecchimento e la proliferazione di 
lembetti epiteliali normali, non si ha altro, con 1 lembetti epite- 
liali patologici, che suppurazione, ulcerazione etc. ; quanto al pez- 
zetto innestato con tutte le regole di asepsi, esso veniva ad essere 
distrutto dai leucociti, ed al suo posto, con la guarigione della 
ulcera, si ha connettivo, e pure dopo parecchio tempo oltre alla 
cicatrice non si nota niente di neoplastico. 

Quindi si potrebbe dire in generale che il Saccharomyces neofor- 
mans non esercita sulle lamine corneali che una azione quasi simile 
a quella della Sarcina lutea, mentre che l’epitelio trapiantato, non 
solo vi attecchisce, ma vive, i suoi elementi crescono in numero, 
dando propagini e noduli secondarii lontani dall’ innesto, laddove 
facendo capitare in questo nodulo, in pieno sviluppo, il Blastomi- 
ceta, questo ne distrugge le cellule epiteliali,. in un modo difte- 
rente per di come le distrugge lo Streptococco. 

Osservando i preparati d’innesto epiteliale semplice, ed in cui 
le cellule sono in pieno vigore evolutiyo, si osservano delle produ- 
zioni o endocellulari piccole, o intercellulari, più grosse le quali 
e per il modo di comportarsi verso le sostanze coloranti, e per Île 
loro reazioni chimiche, si assomigliano di molto à quei corpi che 
sono stati descritti come parassili o pseudo parassiti del cancro. 
Ma io qui certamente mi trovo innanzi a forme involutive delle 
cellule epiteliali, o per degenerazione dei loro costituenti o per 
arresto, in un dato momento, del periodo cariocinetico. 

Nei preparati in cui sull epitelio trapiantato si fa agire il Blas- 
tomicete, questo non solo non produce proliferazione negli ele- 


534 S. FABOZZI 


menti epiteliali in cui capita, ma li distrugge, mentre poi neppure 
esso è capace di produrre noduli neoplastici subendo la sorte invo- 
lutiva perchè rientra nella legge generale della fagocitosi. E nep- 
pure il connettivo che resta, come rappresentante della cicatrice, 
che si forma, pud avere un’ espressione. di neoplasia, perchè non 
solo la neoformazione copnettivale avviene in una perdita di sos- 
tanza in cui è preceduta un'infiammazione, ma regredisce in modo 
apprezzabile tanto da scomparire anche microscopicamente la 
macula corneale. 

Nè è supponibile che il Saccharomyces abbia esaurita la sua viru- 
lenza nel distruggere le cellule epiteliali, perchè anche se inoculato 
in siti non contenenti epitelio va incontro a fasi involutive. 

Quando il Blastomicete venga inoculato in un terreno affatto 
privo di cellule epiteliali, esso dovrebbe indurre nel connettivo, e 
di conseguenza nei suoi elementi fissi, una modificazione sostan- 
ziale, che li facesse mutare di natura. Ma cid, per quanto risulta 
dai miei esperimenti, non si avvera e per i caratteri istografici à 
molto facile distinguere da un corpuscolo fisso del connettivo la 
natura epiteliale, sia pure embrionale, di un elemento, intorno a 
cui si formi un nodulo secondario, quest’ elemento, senza dubbio 
epiteliale, à stato ivi trasportato dalle correnti interlamellari, 
essendosi distaccato, ancora sul nascere, dai margini dell’ innesto 
principale. 

Quindi le neoproduzioni inter ed intraceilulari e che pigliano in 
modo speciale le sostanze coloranti, non sono altro che fasi involu- 
uve delle cellule epiteliali e possono solo mentire la forma paras- 
sitaria, blastomicetica. | 

Dalla ricca letteratura concernente la teoria parassitaria dei 
tumori, si pu rilevare che tre fatti hanno guidato i ricercatori 
1° criterio istografico ; 2 criterio delle colorazioni specifiche ; 
3° criterio sperimentale con l’isolamento dei Blastomiceti (corpi 
endocellulari) dai tumori ed innesti in animali. 

Ma dal!’ altro canto i fautori della teoria non parassitaria, ser- 
vendosi degli stessi mezzi adoperati dai primi, hanno non solo 
dimostrato che i tre criterii anzidetti erano insufficienti per la 
soluzione del grave problema ; ma hanno potuto, con validi argo- 
menti, far notare che alterazioni cellulari (protoplasmatiche e 
nuclearii), tanto facili ad avvenire nei tumori maligni, possono 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 535 


trasiormare il potere recettivo dell’ elemento ad acquistare le sos- 
tanze coloranti, sino ad assumere quelle stesse che pigliano i Blas- 
tomiceti e possono avere tali forme speciali, che con faciltà, per i 
due fatti accennati, possono confondersi con elementi parassitarii, 
laonde nè il criterio istografico, nè quello delle colorazioni speci- 
fiche possono guidarci sulla interpetrazione del fenomeno. Oltre di 
cid esse produzioni sono state riscontrate anche in altre lesioni 
patologiche ; tubercolo, avvelenamento da sublimato etc. (Rossi, 
Pianese, etc.). 

E neppure il criterio sperimentale risponde ai canoni fondamen- 
tali proclamati dal Koch come indispensabili per dimostrare la 
specificitàa di un micrsrganismo rispetto ad un dato processo : 
perchè, come rilevasi dai lavori in proposito., non vi & : 4° costanza 
assoluta nel reperto di un solo microrganismo ; 2° possibilità di 
di ottenere sempre in cultura pura detto parassita dal sangue e dai 
tessuti in cui esiste la lésione ; 3° riproduzione sperimentale del 
morbo da cui erano stati isolati i parassiti. 

Con le mie ricerche io non solo ho potuto dimostrare che speri- 
mentalmenle si possono ottenere forme inter ed intracellulari, 
le quali per specificità nelle colorazioni e per aspetto mortolo- 
gico sono confondibili con i voluti parassiti del cancro ; ma ancora 
che il Saccharomyces non è capace di dare forme neoplastiche 
(tumori) nè tessuto in cui non esitono cellule epiteliali, nè in quelli 
in cui ad arte erano state trasportate, ma che anzi esso invece di 
indurvi proliferazione vi induceva involuzione e distruzione. 

Nè il criterio diretto mi ha potuto guidare sulla inoculabilità del 
tumore, perchè quantunque in quello da me innestato si notassero 
le formazioni descritte come parassiti del cancro, ed avessi operato 
nel modo più asettico possibile, non ho poluto constatare nè 
attecchimento del lembetto trapiantato nè evoluzione consecutiva 
nel punto d’innesto di sostanza epiteliale, scomparendo il tutto e 
sostituendovisi il connettivo. 

Il terreno su cui ho portato le mie ricerche non è restio allo 
attecchimento delle cellule epiteliali, dappoichè non solo pud 
ammalare di neoplasia epiteliali primariamente, ma anche i lembi 
epiteliali normali vi attecchiscono e progrediscono nel loro sviluppo. 
Ma gli elementi fissi della cornea non pigliano alcuna parte al 
processo proliferativo, quindi il Saccharomyces neoformans non 


536 S. FABOZZI 


potrebbe dare forme epiteliali neppure se esso non subisse la fase 
involutiva. Perd neanche posto in contatto con cellule epiteliali 
esso le fa proliferare, che anzi le distrugge in modo speciale. — 
Come appare dunque dai miei esperimenti, e come risulta dalle 
ricerche dell’ Armanni e poi del Cohnheïin e dalle deduzioni del 
Durante, per aversi un nodulo epiteliale fa duopo che preesiste 
almeno un solo elemento epiteliale, il quale, in un dato momento, 
sotto un’ azione non ancora ben conoseiuta, entra in attività proli- 
ferativa rapidissima costituendo cosi un nodulo epiteliale neoplas- 
tico, il quale, acquistando proprietà speciali, forma ii tumore 
cancerigno. 

Da quanto sono andato sopra esponendo, potrei conchiudere che : 

1° L’epitelio attecchisce e si sviluppa in un terreno privo di esso ; 

2 Il Saccharomyces neoformans esercita sulle lamine corneali 
l’azione semplice di un corpo estraneo ; 

3° Esso distrugge le cellule epiteliali in cui capita, ed a sua volta 
rientra nella legge generale della fagocitosi ; 

4 Le produzioni endocellulari che si colorano in modo speciale 
non sono altro che alterazioni regressive di esse cellule ; e non 
possono considerarsi come parassiti ; pur avendone tutte le 
proprietà istografiche e la colarabilità elettiva ; 

5° L’epitelio trapiantato non solo attecchisce tra le lamine 
corneali ; ma prolifera in modo attivo. producendovi propagini e 
noduli secondarii ; 

6° I noduli secondarii si sviluppano per trasporto delle correnti 
intralamellari di un germe epiteliale embrionale, staccatosi dallo 
innesto principale ; 

1° La neoformazione che si ha nella cornea ha una somiglianza 
somma Con i cancroidi cutanei e con gli epiteliomi corneali. 

Quindi in base alle mie ricerche, le quali ora vado ampliando e 
modificando con innesti in altri organi, potrei dire che l’unica 
teoria che finora ci puÿ spiegare l’etiologia e l’istogenesi dei tumori 
maligni di natura epiteliale sia quella dei germi aberranti, embrio- 
nali, Come aveva sostenuto e sostiene il Prof. Durante, e che trovù 
una base sperimentale nel lavoro di Armanni e poi in quello del 
Cohnheim. 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 537 


BIBLIOGRAFIA 


(Riporto semplicemente alcuni dei dati bibliografici considerati nel testo). 


ALIBERT in CAZiIN, Des origines et des modes de transmission du cancer. 
Paris, 1894. 

ARMANNI, Di alcuni esperienze sulla trapiantazione epiteliare. Napoli, 1875. 

Agevoli, Contribuzione allo studio dei Blastomiceti nei neoplasmi. 1! 
Policlinico, p. 9, 1895. — La Riforma Medica, p. 276, 1895. 

ARNOZAN, Des psorospermoses cutanées. Journal de méd. de Bordeaux, 
17 avril 1892. 

ADAMKIEWICZ, Ueber den Krebs und seine Behandlung, 1893. 

ALBARRAN, Sur des tumeurs épithéliales contenant des psorospermies. 
C. R. de la Soc. de Biol., 5 avril 1889. 

BERNABEI 6 SANARELLI, Prime ricerche batteriologiche sul canero. 4rchi- 
vio ital. di clin. med., p. 1, 1888. 

BaLLANCE and SHarrock. Royal Society, XLVIIT, p. 392, 1890. 

BUSSE, Ueber parasitäre Zelleinschlüsse und ihre Züchtung. Centralblatt 
fur Bakteriol., 1894. 

BiNAGur, Sui parassiti del cancro. 1! Policlinico, 1896. 

R. BLancHARD, E. Scawarrz et J. BiNoT, Sur une blastomycose intra- 
péritonéale. Archives de Parasitologie, VI, 1905. 

BrrcH-HiRSCHFELD und GARTEN, Ueber das Verhalten implantirter em- 
bryonaler Zellen in erwachsenen Thierkôrper. Ziegler’s Beitrage, XXVI, 
p. 132. 

Bosc, Le cancer, maladie infectieuse à Sporozoaires. Archives de Physiol. 
normale et pathol., XXX, 1898. 

Borrez, Les parasites des tumeurs. Thèse de Montpellier, 1892. 

Casrueic, Contribution à l'étude de la pathogénie des cancers. Thèse de 
Paris, 1894. 

CorsELLt e Frisco, Contributo all’ etiologia dei tumori. Lavori dell Ishi- 
tuto d’Igiene di Palermo, 1895. 

CAZIN, Des origines et des modes de transmission du cancer. Paris, 189%. 

ConnHEeiM, Algemeine Pathologie, 1877. 

CaRIN1, Sui parassiti del Cancro. 1! Policlinico, sezione chir., 1900. 

Darier, Sur une nouvelle forme de psorospermose ou maladie de Paget. 
C. R. Soc. de biol.. 13 avril 1889. 

De Amrcis, Sur la psorospermose cutanée. Annales de dermatol.. 1892. 

Daconer, Etiologie du Cancer. C. R. Soc. de biologie, 1903. 

Duranre, Nesso fisio patologico tra la strutture dei nei materni e la 
genesi di alcuni tumori maligni. Archivii di Polasciano, 28 mai 1874. 

De VixcenTus, Contribuzione all’ anatomia patologica dell'occhio e suoi 
annessi. Movimento medico-chirurgico, 1873. Atti R. Accad. med. chirur- 
giche di Napoli, 1895. 


538 S. FABOZZI 


DexiETo-VoLLARO, Indagini sperimentali sul trapianto di tessuto corneale. 
Giornale dell’ass. Nap. di med. e nat. V, 5 et 6, 1895. 

D. ANA, L'etiologia del cancro, etc. Il Policlinico, I, 1894. 

Foi, Sui parassiti del cancro. Arch. per le se. med., 1893. — L'innesto 
dell’ ovaia in rapporto a questioni di Biologioa. 4ccad. dei Lincei, mars 1900. 

FRANKE, Ueber Atiol. u. Diag v. Sarcome u. Carcinom. Münch. med. 
Wochensch., 4, 1887. 

FuMAGALLI, Sulla strutt. di aleuni epiteliomi. Arch. per le sc. mediche, 
XVI 21-1802; 

GREENOUGH, On the presence of the so-called « Plimmer’s body » in 
carcinoma. Reports of the cancer Committee, october 1900. 

GALEOTTI et VILLA-SANTA, Sug l’innesti con cellule embrionali tra tessuti 
ontogenicamente affini. Archiv f. Entwickel. der Organen, XIE, 1 et 2, 1901. 

HyverT, De l’inoculation cancéreuse, 1872. 

HAHN, Uber Transplantation von carcinomatüser Haut. Berliner klin. 

Woch., 1888. j 
= KLiuG, De tumoribus in genere. 1703. 

Lamprast, Sulla natura parassitaria dei tumori cancerosi. Riforma 
medica, 1888. 

Locxe, The reccnstruction in wax of a nodule of Cancer. Reports of the 
Cancer Committee, oct. 1900. 

LAGRANGE, Tumeurs de l’œil. Paris, 1901. - 

MakarA, Untersuchunger über Aetiologie des Carcinoms. Deutsche med. 
Woch., p. 31, 1888. 

MarFuccr e SIRLEO, Osservazioni e esperimenti intorno ad un Blasto- 
miceto patologico. Il Policlinico, 1° marzo 1895. — Nuovo contributo alla 
patologia di un Blastomiceto. 11 Policlinico, 1° giugno 1895. — Weitere 
experim. Untersuchungen über einen pathogenen Blastomycete. Central- 
blatt für allgem. Pathologie, 1896. — Sulla causa infettiva blastom. dei 
tumori maligni. Zi Policlinico, IV, 1897. 

MENETRIER, in CoRNiL et RANVIER, Histologie pathologique, KE, 1901. 

Marci0, Contributo all’ azione patologica dei Blastomiceti, etc. Giornale 
della Assoz. napol. di med. e natur., X, p. 2, 1900. 

NEPvEu, Parasites dans le cancer. Archives de méd. expérim., I, 1894. 

PIANESE, sui Corpi fuxinofili di Russel, Archives de Parasitologie, I, 
p. 605, 1898. — Beitrag zur Histologie u. Actiologie des Carcinoms. Supp. 
der Beit. z. path. Anat. u. allg. Path., 1896. 

RaPrin, Sur le microbe du Carcinome. C. R. de la Soc. de biol., p. 40, 1887. 

RoncaLt, I Blas. nei sarcomi. Il Policlinico, IX, p. 10, 1895. I Blas. negli 
adeno carcinomi, dell ovaio. Centr. f. Bak. u. Paras. — Intorno all’ 
esistenza dei fermenti organizzati nei sarcomi. Roma, 1896. 

Ross E., I corpi fuxina di Russel. Riforma medica, 260, 1893. 

Rerrer, Etiologie du cancer. C. R. Académie des sciences, 1903. 

REALE, Sull’ innesto del sarcoma, Napoli, 1902. 

SENGER, Studien zar Aetiologie des Carcinoms, Berliner klin. Woch., 
p. 10. 1888. — Sul cosi detto Bacillo del canero. Boll. cult. sc. med. Siena, 
p. 3, 1888. 


VAPNIIE 


Archives de Farusitologie, FAT. 1904. 


Leipzig. 


Lune 


Lite dust VE 


neéd:: 


L 


a COI 


Blastomiceti nell 


AZIONE DEI BLASTOMICETI SULL’ EPITELIO 539 


SOUDAKEWITSCH, Recherches sur le parasitisme intracellulaire, etc. 
Annales de l’Institut Pasteur, 1892. i 

SCHEURLEN, Ueber die Aetiologie des Carcinoms. Deutsche med. Woch., 
p. 48, 1887. 

SANFELICE, Sull’ azione patogene dei Blastomiceti. Annali d’Ig. sper., V, 
IT, 1896. — Ueber die patholog. Wirkung des Blastomyceten. Zeitschr:. f. 
Hygiene u. Infect., 1899. — Zelleinsehlüsse u. endocelluläre, etc. Central. 
f. Bakt. Paras., XXXI, 1902. 

ScHRÔN, Contributo all’ anatomia, fisiologia e patologia della cute umana, 
1865. 

TRASBOT, Sur les conditions du développement des tumeurs. Atti dell’ 
X1 Cong. med. intern., p. 72. 

TôrôG, Des psorosperm. dans le cancer. Annales de Derm. et Syph., 
p. 1181, 1893. — Die protozoenart, Gebilde der Carcinom, etc. Monat. fur 
prakt. Dermat., 1893. 

THoma, Ueber eingenartige parasit. Organismen, ind. Epit. d. Carc. 
Fortschr. der Med., VII, 1889. : 

ViNcENT, Les Psorospermies dans l'épithélium pavimenteux. Annales 
microsc., IT, 1890. 

VircHow, Die Cellularpathologie, 186%. 

VAN DoorEMar, Arch. f. ophthalm., 1873. 

Wirxe-Bowex, Keratitis follicularis, Journal of cutaneous and gen. urin. 
diseases, 1890. 

WickHAM, Maladie de peau dite maladie de Paget. Archives de méd. 
expérim., 1890. — Anatomie pathologique et nature de la maladie de Paget. 
Ibidem, 1890. 

ZeGLer, Lehrbuch der path. Anat. 1, 1901. 


SPIEGAZIONE DELLA TAVOLA III. 


1 preparati sono colorati con i diversi metodi del Pianese, tranne la fig. 7 che è 
ritratta da un preparato fissato in alcool e colorato col metodo Russell. 

Fig. 1. — Corpuscoli inter ed intracellulari. Innesto di 10 giorni. >< 865. 

Fig. 2. — Corpuscoli intracellulari ed intranucleari. Innesto di 10 giorni. x< 1275. 

Fig. 3. — Corpuscoli di una cellula in cariocinesi. Innesto di 15 giorni. x 1000. : 

Fig. 4. — Elemento cellulareinincipiente deg. jalina. Innesto di 10 giorni. x< 1000. 

Fig 5. — Elemento cellulare con alterazione strana. Innesto di 15 giorni. x< 12%. 

Fig. 6. — Elementi epiteliali degenerati e corpi inclusi nella cellula in cornea 
con innesto di 20 giorni. x< 1315. 

Fig. 7. — Corpo endocellulare ed elemento epiteliale in degenerazione colloide, 
in innesto di 15 giorni. x< 1315. 

Fig. 8 e 9. — Corpi endocellulari (come nel testo). < 1275. 

Fig. 10. — Cellula in cui sono contenuti corpi policromatofili e polimorf, di 
innesto 20 giorni. >< 1275. 

Fig, 11. — Inizio di perla epiteliale. >< 1180. 


L'ASPERGILLUS FUMIGATUS 


EST-IL CONNU A L'ÉTAT ASCOSPORÉ ? 


PAUL VUILLEMIN 
Professeur à l’Université de Nancy. 


L’Aspergillus fumigatus est une des espèces les plus étudiées en 
raison de son action pathogène sur l'Homme et les animaux. 
Malgré les nombreuses cultures auxquelles ce Champignon est 
soumis journellement en France et à l'étranger, il n’a offert jusqu'ici 
à la plupart des observateurs que des appareils conidiens. 

Deux fois seulement on a signalé l'apparition de périthèces 
parmi les gazons verdâtres qu'il forme à la surface des milieux 
nourriciers. 

En 1892, Behrens observa, dans une vieille culture desséchée sur 
gélose, des périthèces jeunes de 73 à 89 & de diamètre, protégés 
par une seule assise de cellules larges, contenant des asques 
ovoides de 12-13 = 6 y. Les ascospores, au nombre de 8 dans 
chaque asque, paraissaient sphériques, mais n'étaient pas parve- 
nues à maturité. D’après ces données incomplètes il n’est pas 
possible de distinguer ces fructifications des périthèces jeunes de 
l’Aspergillus glaucus et il est probable qu'il s’agit d’une contami- 
nation accidentelle. 

Tout récemment Grijns (1), d'Utrecht, signala des périthèces d’un 
type tout différent dans une culture sur milieu de Koning (gélose 
1,75 °/,; décoction de malt 1 °/, ; saccharose 2 °/). Les premières 
iructifications apparurent au bout de 3 mois ; mais une fois que les 
périthèces se furent montrés, ils se reproduisirent dans une série 
de générations issues de la première. 

A la lecture de la description de Grijns, on ne peut manquer 
d’être frappé de la ressemblance des fructifications qu'il rapporte 
à l’Aspergillus fumigatus avec les périthèces du Sterigmuioeusts 
nidulans Eidam. 


(1) G. Gris, Die Ascusform des Aspergillus fumigatus. Centralblatt fur 
Baktleriologie, 2 Abth., XI, p. 330-332. 1903. 


L'ASPERGILLUS FUMIGATUS EST-IL CONNU A L'ÉTAT ASCOSPORE 941 


Les périthèces rassemblés en groupes irréguliers offrent une 
couleur noisette due à un amas de gemmes à membrane épaisse. 
Albert Schmidt (1) qui s’est particulièrement attaché a l’étude de 
ces formations leur assigne aussi une couleur jaunâtre au début. 
La membrane propre du périthèce comprend au moins deux assises 
- d’un rouge sombre. Dans le stroma incolore naissent les asques 
piriformes, également hyalins, contenant 8 spores d’un rouge vif. 

Jusqu'ici la description de Grijns s'adapte parfaitement au 
St. nidulans ; il en est de même des dimensions des divers éléments 
du périthèce et du nid qui l’enveloppe. Le pigment rouge vire au 
bleu sous l’action des alcalis dans les deux cas. L'auteur ne songe 
pas à établir un parallele entre les périthèces attribués par lui à 
l'A. fumigatus et ceux du St. nidulans, qu'il ne connaît sans 
doute pas. 

Mais nous trouvons une discordance dans la forme des ascospores. 
Suivant Eidam, elles seraient elliptiques; d’après Grijns, elles sont 
lenticulaires et ceintes d’une auréole équatoriale, incolore ou 
jaunâtre, ornée de stries rayonnantes. 

Cette forme particulière des ascospores est celle que nous avons 
constamment observée dans une Moisissure trouvée dans notre 
laboratoire, il y a plusieurs années, et que nous avons propagée 
jusqu’à ce jour. Nous n’avions pas songé à la distinguer du St. 
nidulans, dont elle présente les autres caractères morphologiques, 
non seulement en ce qui concerne les périthèces, mais aussi en ce 
qui concerne les gemmes et l’appareil conidien ; elle en offre aussi 
les propriétés biologiques, notamment sa préférence pour les 
températures élevées. 

Il est peut-être légitime de l'en séparer, si réellement l’espèce 
d’Eidam a des ascospores elliptiques et dépourvues d’auréole. Mais 
l'appareil conidien étant constamment muni de stérigmates 
ramifiés, c’est en tout cas une espèce très voisine, que nous dési- 
gnerons sous le nom de Séerigmatocystis pseudo-nidulans. La descrip- 
tion des ascospores donnée par Grijns lui convient. Nous ajouterons 
seulement que l'apparence striée de l’auréole est due à un plisse- 
ment de cette curieuse excroissance et que l’on y distingue deux 
lames prolongeant respectivement les deux valves de la membrane. 


(1) A. Scaminr, Ueber die Bedingungen der Conidien- Gemimen- und Schlauch- 
fruchtproduction bei Sterigmatocystis nidulans. Inaug. Diss., Greifswald, 1897, 


542 P. VUILLEMIN 


Nous ne croyons pas trop nous avancer en émettant l’opinion 
que les périthèces attribués par Grijns à l’Aspergillus fumigatus sont 
dus à une impureté apparue dans ses cultures. Seulement cette 
impureté est, non pas l’Asp. glaucus comme dans le cas de Behrens, 
mais très probablement le Sterigmatocystis pseudo-nidulans. Le fait 
de l'apparition tardive des premiers périthèces et de leur repro- 
duction facile dans de nouvelles cultures est favorable à cette 
hypothèse. Ajoutons que, dans notre espèce, ces fructifications se 
développent et mürissent en quelques jours, tandis que celles du 
St. nidulans type demandent des semaines dans les conditions les 
plus favorables. 

D'autre part, l’optimum thermique est le même pour cette espèce 
et pour l’Asp. fumigatus ; les appareils conidiens ont la même 
forme générale et des dimensions analogues, ainsi que les conidies. 

Dans le courant de l’année dernière, par suite d’une erreur 
d'étiquette, un de nos aides avait cru trouver des périthèces 
d’Aspergillus fumigatus. Vérification faite, il s’agissait d’une culture 
pure de Sterigmatocystis pseudo-nidulans. 

En présence de ces faits, il nous paraît prudent de n’accepter la 
découverte de Grijns qu'avec la plus grande réserve. Nous pensons 
qu’il faut continuer à chercher les périthèces de l'Aspergillus 
fumigatus et, si l’on parvient à en découvrir qui lui appartiennent 
réellement, nous serions bien surpris qu’ils soient aussi semblables 
à ceux du Sterigmatocystis nidulans ou des espèces qui lui sont très 
étroitement apparentées. 


L'HOPITAL DE «LAS ANIMAS » A LA HAVANE. 


HOPITAL SPÉCIAL 
POUR LES MALADIES CONTAGIEUSES 


ET LA FIÈVRE JAUNE 
PAR 


le D' LOUIS VINCENT 


Médecin-Inspecteur des Troupes Coloniales 
Correspondant de l’Académie de médecine (1). 


En vue de complèter l’organisation sanitaire de la grande ville 
de la Havane, la Municipalité a construit, en dehors de la ville, sur 
un endroit élevé, très judicieusement choisi et dans les meilleures 
conditions possibles, un hôpital spécial pour les affections conta- 
gieuses et les malades atteints de fièvre jaune. Bien que, depuis 
1901, aucun cas de cette maladie ne se soit produit dans le pays, 
il y arrive fréquemment des malades provenant de divers points 
contaminés du golfe du Mexique, avec lesquels l’ile de Cuba est en 
relations constantes, et 1l était essentiel que la Havane possédât un 
établissement pour les recevoir, les isoler et satisfaire à toutes les 
éventualités. 

Il nous à paru intéressant de décrire les dispositions de cet 
hôpital, pour lequel on a su utiliser tous les perfectionnements 
apportés à l’hygiène nosocomiale, et profiter en même temps des 
données scientifiques actuelles sur l’étiologie et la transmission de 
la fièvre amarile. Les plans et documents qu’a bien voulu nous 
communiquer notre excellent ami, le Dr Carios Finlay, l’éminent 
Directeur des services sanitaires de l’ile de Cuba, dont le nom est 
intimement lié à l’histoire de la fièvre jaune, nous permettent de 
donner une description complète de cet hôpital spécial. 

Situé dans un immense pare, à distance de toute habitation, cet 
hôpital comprend une série de constructions indépendantes et 


(1) Le D: L. Vincenr vient de mourir. Né à Brest le 29 juin 1842, il est mort à 
Paris le 27 mai 1904. 


544 L. VINCENT 


isolées les unes des autres. Un grand pavillon destiné aux maladies 
contagieuses (variole, scarlatine, rougeole, diphtérie, farcin aigu 


Salle N°7 


O 
Eee ee ANR B_ 
4 no 


Salle N°6 
| 


= 


Fig. 1. — Plan du pavillon de la fièvre jaune à l’hôpital de Las Animas, 
à La Havane. Echelle de 1 pour 200. 


et chronique), est divisé en 4 salles : deux grandes de 12 lits, une 
moyenne de 8 lits, une petite salle de 3 lits. — Total : 35 lits. 


MALADIES CONTAGIEUSES ET LA FIÈVRE JAUNE 045 


Un second pavillon, affecté aux malades atteints de fièvre jaune, 
comprend : une salle centrale de 8 lits, 4 salles de 4 lits, une petite 
salle de 2 lits. — Total 28 lits. 

Un pavillon annexe en construc- 
tion permettra de disposer encore 
de 12 lits. 

Il existe en outre, tout à fait à 
l’écart des autres édifices, un petit 
pavillon possédant 3 salles de 3 
lits chacune. Ces salles ont des 
sorties indépendantes à l’extérieur, 
mais peuvent également communi- 
quer intérieurement, si les besoins 
du service l’exigent. 

Toutes les ouvertures de ces 
pavillons (fenêtres, portes doubles 
et munies de tambours, chapiteaux 
et bouches d’aération, etc.) sont 
garnies d’un fin treillis métallique, 
à mailles serrées de 1mm à mm, 
afin d'empêcher la pénétration à 
l’intérieur des Moustiques vecteurs 
de la fièvre jaune (Stegomyia calo- 
pus). Les toiles métalliques en fil 
de fer galvanisé avaient d’abord 
été employées, mais elles se dété- 
rioraient rapidement sous l’action 
du climat ; on a dû les abandonner 
et les remplacer par des treillis en 
fil de laiton fin, d’un prix élevé, 
mais d'une conservation plus as- 
surée. 

Tous les parquets sont carrelés 
ou cimentés. Les murs des salles 
sont badigeonnés à la chaux et 
leur blanchiment se renouvelle fré- 
quemment. Le mobilier des salles consiste en lits de fer émaillé, 
avec châssis de fils métalliques élastiques formant sommier, sur 


Fig. 2. — Elévation de la façade principale. Même échelle. 


FA 


£E MORIEU, ( 


Archives de Parasitologie, VIII, n° 4, 1904. ! 35 


16 L. VINCENT 


lequel on étend une couverture épaisse; deux draps, un traversin, 
un oreiller et au besoin une couverture de laine complètent la 
literie. Chaque malade a à sa disposition une chaise et une table de 
nuit avec tablettes de verre et supports en fer émaillé. Chaque 
pavillon possède des water-closets et des salles de baïn. Les lits ne 
sont pas toujours garnis d’une moustiquaire, car l’obturation des 
ouvertures extérieures, par les toiles métalliques, suffit amplement 
pour empêcher la pénétration des Stégomyes et rend tout à fait 
inutile l'usage d’une moustiquaire, qui gênerait l’accès de l'air, 
sans aucun profit pour le malade. 

L'hôpital comprend encore dans ses dépendances : 1° un pavillon 
pour le Directeur, les Médecins et l’Administrateur ; 2° le logement 
des infirmiers ; celui des infirmières ; 3° les cuisines et leurs 


FA 


Fig. 3. — Coupe suivant À B Même échelle. 


annexes ; 4° les magasins ; 5° la buanderie et ses dépendances ; 
6° l’étuve de désinfection. 

Dans une partie de cet immense parc, se trouvent aussi les 
laboratoires de chimie et de bactériologie, qui ne dépendent pas 
directement de l’hôpital et qui appartiennent à la Faculté de méde- 
cine de l’Université de la Havane. C’est le «Laboratoire du général 
Wood»; sa proximité de l'hôpital permet l’examen chimique, 
micrographique et bactériologique immédiat de tous les produits 
pathologiques émanant des malades en traitement. 

L'hôpital a à sa tête un Directeur-médecin,le Dr Guiteras secondé 
par un sous-Directeur et un autre médecin, ainsi que par un 
Administrateur chargé du fonctionnemert économique de l'hôpital 
sous l'autorité du Directeur. Le personnel hospitalier secondaire 
se compose d’infirmiers, d'infirmières, d'hommes et de femmes de 
service pour la buanderie, les cuisines, le service de désinfection, 
auquel est aussi attaché un mécanicien pour l’étuve à vapeur. 


MALADIES CONTAGIEUSES ET LA FIÈVRE JAUNE 547 


Le mouvement du port de la Havane est considérable et sur les 
nombreux navires qui arrivent presque journellement sur rade, 
des ports souvent suspects du golfe du Mexique, il n’est pas rare 
de constater des cas de fièvre jaune (1). La surveillance des autorités 
sanitaires doit donc être très active et il a été nécessaire de se 
préoccuper de l’organisation de moyens de transport spéciaux, 
pour mettre la population de l’île de Cuba à l’abri de toute conta- 
mination venant du dehors et transborder les malades et les 
individus suspects, du navire à terre et du débarcadère à l'hôpital, 
dans des conditions propres à éviter toute éventualité de contagion. 
Pour le débarquement, on a affecté au service sanitaire une grande 
chaloupe à vapeur, possédant une chambre d'isolement permettant 
de recevoir les malades couchés dans des cadres. Toutes les 
ouvertures de cette chambre sont garnies de toiles métalliques. Au 
débarcadère, les cadres sont rapidement transportés dans des 
voitures d’ambulance, où les malades sont protégés par une grande 
et fine moustiquaire suspendue au plafond de la voiture. À l’arrivée 
à l’hôpital, on détache la moustiquaire, qui enveloppe complètement 
le cadre et le malade jusqu’à son admission dans la salle où il doit 
être reçu. On a toujours été satisfait du fonctionnement de ce 
service de transport, et on n’a eu à déplorer aucun cas de conta- 
mination survenu pendant le trajet. 

D’après la description que nous venons de faire de l'hôpital de 
« las Animas », on voit que cet établissement est admirablement 
conçu dans tous ses détails et que son organisation fait le plus 
grand honneur à la Municipalité de la Havane et au service 
sanitaire de la République Cubaine. 

L'hôpital spécial de «las Animas » peut servir de modèle pour les 
hôpitaux d'isolement que l’on devrait créer, en vue de toute 
éventualité, dans nos colonies des Antilles, de la Guyane et de la 
Côte occidentale d'Afrique, plus particulièrement exposées à la 
fièvre jaune, si l’on veut éviter les désastres de ces dernières années. 


(1) 7 cas ont été ainsi importés en 1902 ; 10 cas en 1903 : total 17. 15 prove- 
naient des ports du Mexique, et 2 du Vénézuela, 


A PROPOS DU DIAGNOSTIC CLINIQUE 
DE L'ACTINOMYCOSE HUMAINE 


PAR 


ANTONIN PONCET et LÉON BÉRARD. 


Au mois de juin 1903 (1), 176 cas d’actinomycose humaine, tous 
contrôlés par l'examen microscopique du parasite, avaient été 
publiés en France. Sur ce nombre, près de la moitié des cas, soit 
86, furent observés, en l’espace de cinq ans, de 1898 à 1903. Et 
pendant les quatorze mois qui se sont écoulés, entre le 4er avril 
1902 et le {er juin 1903, 30 de ces observations, plus du tiers, purent 
être recueillies par nous, soit dans les services hospitaliers de Lyon, 
soit dans les sociétés médicales et les journaux médicaux français. 

Nous avions donc raison de prétendre, dans les conclusions de 
notre Traité clinique de l'actinomycose humaine, en 1898, que cette 
maladie n’est pas exceptionnelle en France, et qu’on l'y trouvera 
assez souvent, si l’on veut se donner la peine de la chercher. 

Pour cette année encore, nous aurions pu recommencer le travail 
de statistique que nous avions fait en 1898, en 1900, en 1902 et 
en 1903 (2). Et avec les éléments que nous possédons à Lyon, en y 
ajoutant les observations parisiennes, que l’on nous signale de plus 
en plus nombreuses, il nous eût été facile d’enregistrer une progres- 
sion toujours croissante des cas d’actinomycose, diagnostiqués à 
Paris comme ailleurs, d’abord, d’après les données cliniques, 
ensuite par la recherche du parasite dans les lésions. 

Au {er avril 1902, on comptait dans la littérature 33 observations 
parisiennes d’actinomycose humaine. Depuis cette époque, à notre 
connaissance, plus de 15 observations nouvelles ont été recueillies, 
avec des garanties d'authenticité qui ne laissent aucune place au 
doute. 


(4) A. Poncer et L. TaévenoT, De l’actinomycose humaine en France et à 
l'étranger dans ces cinq dernières années. Bull. de l’Acad. de médecine, 9 juin 1903. 
(2) A. Ponor et L. Béran», Traité clinique de l’actinomycose humaine. Pseudo- 


aclinomycoses et botryomycose. Paris, 14898. — De l’actinomycose humaine 
pendant ces deux dernières années (1898-1899). Bull. de l’Acad. de méd., 27 mars 
1900. — De l’actinomycose humaine en France ; sa fréquence, son pronostic 


éloigné. Ibidemn, 1° avril 1902. — A. Poncrr et L. Taévenor, Acad. de méd., 9 juin 
1903, Loc. cit. 


DIAGNOSTIC CLINIQUE DE L’ACTINOMYCOSE HUMAINE 549 


Nous avons nous-même observé à Paris, pendant ces trois 
dernières années, en dehors des hôpitaux, sept cas d’actinomycose, 
de sièges variés, dont quatre des plus graves (A. Poncet). Les 
signes cliniques, comme dans les observations les plus probantes, 
témoignaient de la nature de ces accidents infectieux, et des 
examens histologiques répétés démontraient, dans le pus, dans les 
tissus enflammés, la présence des grains jaunes caractéristiques. 

A ce propos, nous répéterons qu'aucune observation n’a été 
publiée, par nous ou par nos élèves, sous la rubrique : Actinomycose, 
sans que ce diagnostic ait été confirmé par les recherches micros- 
copiques. Elles ont été presque toujours pratiquées par mon chef 
de laboratoire, le Dr Louis Dor. C’est à sa sagacité, à son habileté 
technique, que nous devons, à Lyon, la connaissance du Chambpi- 
gnon rayonné. Chez une femme de la Savoie venue à ma clinique 
avec des abcès cervico-faciaux, dont la pathogénie nous échappait, 
il constata, pour la première fois (6 novembre 1902), dans le pus, 
des grains jaunes actinomycosiques (Traité clin. de l’actin., p.168). 

Je suis heureux de lui rendre devant vous cet hommage 
(A. Poncet). 

Il nous paraît inutile d'imposer à votre attention l’énumération 
fastidieuse des faits que nous venons de signaler. Il ne comportent, 
en eux-mêmes, aucun enseignement nouveau. Ils permettent 
simplement de constater, une fois de plus, que les centres apparents 
de l’infection actinomycosique ne sont, en réalité, que les centres 
médicaux où l’on étudie cette maladie, et où l’on sait la recon- 
naître (1). 

Ce que nous voulous affirmer aujourd’hui, c’est que, contraire- 
ment aux assertions des chirurgiens, dont M. Le Dentu s'est fait le 
porte-parole à cette tribune le 9 février dernier (2), de plus en plus 
le médecin praticien doit chercher à reconnaitre l’actinomycose, 
comme il reconnaît la syphilis, la tuberculose et le cancer, et à la 
distinguer de ces divers types d'affection, au lit du malade, d’après 
les seuls résultats de l’enquête clinique. 


(1) A. Poncer et L. Bérarp. Bull. de l’Acad. de méd., loc. cit., 1902. Voir 
carte de Patel sur la distribution géographique de l’actinomycose humaine en 
France. 

(2) Le Denru, Remarques relatives au diagnostic de l’actinomycose. Bull, de 
l’Acad, de méd., 9 février 190%. 


550 A, PONCET ET L. BÉRARD 


Il ne doit pas renoncer à déceler lui-même la maladie, sous le 
prétexte qu’il n’a pas à sa disposition l’outillage de laboratoire, et les 
moyens d'investigation nécessaires, pour découvrir les Actinomyces 
dans les préparations microscopiques obtenues avec les lésions. 

Avec la tuberculose et la syphilis, la confusion peut s’éviter assez 
facilement, si le médecin a vu antérieurement quelques cas d’acti- 
nomycose. Pour la tuberculose, en particulier, il serait parlois 
dangereux de s’en remettre uniquement aux données de l'examen 
microscopique, car on a décrit une forme saprophytique du Bacille 
de Koch qui ressemble, à s’y méprendre, au mycélium du Cham- 


pignon rayonné (Fischl). 


Pour le cancer, nous admettons que les éléments du diagnostic. 
clinique sont parfois moins précis, bien qu’un tableau comparatif 
des signes cardinaux de ces deux maladies permette d'établir les 


difiérences suivantes : 


Actinomycose. 


Les malades sont ordinairement 
des sujets jeunes. L'agent de la 
contagion, lorsqu'on le retrouve, 
est un végétal. 


L'évolution des lésions n'est pas 
fatalement progressive. Elle peut 
être aiguë ou torpide, avec des 
intervalles possibles de rétrocession 
ou de guérison apparente. 


L'ædème, l'induration des parties 
molles s'étendent loin du foyer 
mycosique, même quand les lésions 
ne semblent pas en imminence de 
suppuration, et même quand il n'y 
a pas de compression des gros 
troncs veineux. 


L'infiltration du parasite dans 
les plans musculaires et conjonctifs 
simule une injection coagulante 
poussée dans ces tissus, qui pren- 
nent une consistance scléreuse, en 
plastron, et deviennent, rapide- 
ment, inextensibles (trismus) (1). 


Cancer. 


La plupart des cancéreux ont 
dépassé 40 ans. L'étiologie de leur 
affection est des plus vagues. 


Les lésions ont un développement 
nettement progressif, que leur mar- 
che soit aiguë ou lente. 


Dans le cancer, les ædèmes sont, 
ou d'origine infectieuse, par l'ino- 
culation secondaire d'agents micro- 
biens, ou mécaniques, par compres- 
sion, par thrombose. 


Le sarcome et l'épithéliome s'éten- 
dent rarement aussi loin que l’acti- 
nomycose par infiltration large de 
voisinage. 


(4) V. Rapp, Trismus ou constriction actinomycosique des mâchoires. Thèse 


de Lyon, 1904. 


DIAGNOSTIC CLINIQUE DE L'ACTINOMYCOSE HUMAINE 991 


Actinomycose. 


Les ulcérations des téguments 
ont des bords plutôt décollés 
qu'indurés. Certaines d’entre elles 
se cicatrisent, tandis que se font, à 
leurs côtés, des pertes de substance 
nouvelles (1). 


Les adénites sont exception- 
nelles, lorsqu'il ne s’est pas fait 
secondairement d'infection pyo- 
gène des foyers parasitaires. C'est 
surtout cette septicémie secondaire 
qui altère l'état général, plus que la 


Cancer. 


Quand le cancer ulcère la peau, 
il empiète, de plus en plus, sur les 
téguments encore sains. Les ulcé- 
rations ont des rebords indurés. 
Elles ne se cicatrisent pas sponta- 
nément. 


Les adénites, par propagation 
du cancer aux lymphatiques de 1 
région, sont précoces, même dans 
les cancers fermés. L'état général 
est modifié rapidement et profondé- 
ment (teint jaune paille). 


résorption des toxines mycosiques. 


Sans doute ces caractères différentiels n’ont rien d’absolu. Leur 
groupement s'impose pour qu'ils gardent quelque valeur, et, même 
dans ces conditions, ils peuvent induire en erreur l’observateur le 
plus avisé. Témoin le malade de M. Le Dentu, chez qui l’on 
songeait à l’actinomycose, parce qu’il était porteur d’une tumé- 
faction parostale du maxillaire inférieur, recouverte de téguments 
enflammés, rouges, violacés, avec des fistules multiples, qui 
donnaient écoulement à du pus. La région sous-maxillaire était 
infiltrée largement, sans que le doigt y rencontràät de ganglions 
indurés. Et pourtant, l'examen microscopique des produits retirés 
- par la curette des trajets fistuleux, prouva qu'il s'agissait d’un 
épithélioma ectodermique. 

Inversement, nous avons le souvenir d’un malade qui avait été 
opéré d’une tumeur à la joue, diagnostiquée épithélioma. Même 


(1) La multiplicité des fistules, écrivions-nous en 1898 (Traité de l’actinomycose, 
p. 68), et le fait que certaines d’entre elles se ferment par une cicatrice de 
quérison, tandis que d’autres continuent à apparaître dans les points voisins, 
constituent encore un des caractères spéciaux de l’actinomycose. Après un temps 
variable, la peau, devenue livide, est amincie, soulevée, et comme usée, çà et là, 
par l’éruption de petites nodosités, d’abord dures, puis, de plus en plus, ramollies, 
à surface violacée, qui finissent par s’ulcérer, et donnent issue à une sérosité 
louche, plutôt qu'à du pus franc, entrainant avec les grains jaunes, des produits 
de désintégration cellulaire. Des fongosités molles, hémorragiques, s’écrasant 
facilement sous le doigt, tapissent le trajet, et les orifices de ces fistules sont 
rarement uniques. On ne saurait mieux comparer ce travail d’ulcération de la 
peau, qu’à la formation des monticules de terre, dans un champ occupé par une 
taupinière. 


152 A. PONCET ET L. BÉRARD 


après l'examen microscopique le diagnostic resta incertain entre 
la syphilis, la tuberculose et le cancer. Nous ne jurerions pas, 
encore maintenant, qu’il ne s'agissait pas d’actinomycose. 

Chez une malade, non moins intéressante, que nous avons eu 
l’occasion d'examiner à plusieurs reprises, on porta, il y a une 
dizaine d'années, neuf ans durant, le diagnostic de : tumeur maligne 
de la moitié droite du maxillaire inférieur, d’ostéo-sarcome, et en 
raison de la durée de la maladie, de la tolérance relative du sujet, 
etc., de cancer d’allure paradoxale.…., jusqu’au jour où l’on découvrit 
des grains jaunes spécifiques (Nocard). 

La lésion n’était autre qu'un actinomycome néoplasique du maxil- 
laire inférieur, qu'un actinomycome de forme bovidée (1). 

Il s'agissait d’une femme du monde, qui, pendant ces neuf ans, 
avait été vue par un grand nombre de médecins et de chirurgiens. 

Dans la pratique, de telles confusions sont appelées à se renou- 
veler plus d’une fois, malgré l’examen histologique ou bactériolo- 
gique, qui est soumis, lui aussi, aux contingences de toutes les 
interprétations personnelles. En effet, outre les formes phlegmo- 
neuses, aiguës, chroniques, du cancer, sur lesquelles MM. Le 
Dentu, Cornil (2), et après eux, M. Lejars, viennent si judicieu- 
sement de rappeler l'attention (3), il existe des hybridités patholo- 
giques multiples, qui peuvent faire naître des erreurs : telle 
l’hybridité du cancer et de la tuberculose, du cancer et de la 
syphilis, et même aussi, l’hybridité du cancer et de l'actinomycose. Il y 
a quelques mois, M. Rabaïoye (4) a étudié, dans sa thèse inaugurale, 
la transformation néoplasique des foyers anciens d’actinomycose, 
d’après trois observations que nous lui avions communiquées. 

Chez de tels sujets, le Champignon rayonné, détruit au cours du 
processus cancéreux, avait fini par disparaître des tissus malades, 
dans lesquels on l’avait trouvé d’abord, de même qu'il disparaît 
parfois des foyers d’actinomycose aiguë, quand, à la suite d’infec- 
tions secondaires, des microbes de la suppuration sont venus 
coloniser auprès de lui. 


(1) Taoczon, Du sarcome actinomycosique. Thèse de Lyon, 1896. 

(2) Cornir, Sur les types de l’inflammation dans les épithéliomas. Bull. de 
l’Acad. de méd., 16 février 1904. 

(3) Lerars, Les formes phlegmoneuses du cancer. Semaine médicale, 2% février 
904. À 

(4) O. RaBaoïve, Dégénérescence cancroidale des vieilles actinomycoses. Thèse 
de Lyon, 1904, 


DIAGNOSTIC CLINIQUE DE L'ACTINOMYCOSE HUMAINE 553 


A côté de ces cas complexes, heureusement assez rares, il en est 
d’autres plus simples, où néanmoins, la recherche des grains 
jaunes peut rester infructueuse, alors que, cependant, l’Actino- 
myces a bien été la cause primitive des lésions. 

Il ne faut donc pas toujours exiger la constatation du mycélium, 
avec ou sans les massues, pour arrêter son diagnostic, et surtout, 
il ne faut pas rejeter l’hypothèse d’actinomycose, comme on le fait 
trop volontiers, sous le prétexte qu’un examen, et même quelque- 
fois plusieurs, auront été négatifs. Ainsi que nous l’avons dit bien 
souvent, lorsque les signes cliniques sont favorables à cette hypo- 
thèse, on doit répéter les examens microscopiques, en variant 
leurs conditions, et en se rappelant que c’est dans les tissus les plus 
récemment envahis que l’on a le plus de chances de rencontrer le 
parasite, tandis qu’on le poursuivra habituellement en vain dans 
les fistules anciennes et dans les foyers phlegmoneux à marche 
aiguë. 

Nous avons gardé six mois en observation un malade atteint 
d’actinomycose péri-laryngée, dont l’histoire est consignée dans 
notre Traité (p. 124), avant de découvrir chez lui des grains jaunes. 
De même, en 1892, nous avons rapporté ici un cas d’actinomycose 
thoracique, de M. Nélaton, où le diagnostic clinique, qui paraissait 
certain, ne put être confirmé qu’au bout d’un an, par la constatation 
du parasite, après plusieurs explorations vaines. 

Il nous serait aisé, d’après notre expérience personnelle, sans 
parler d'observations françaises et étrangères du même ordre, de 
multiplier des cas de ce genre, dans lesquels la recherche des 
grains jaunes a été longtemps négative. Parfois, c’est seulement à 
l’autopsie, après un inventaire plus complet des tissus malades, 
que l’on a constaté les Actinomyees, cause de la mort, survenue 
après plusieurs mois, plusieurs années, de lésions inflammatoires, 
néoplasiques, plus ou moins bizarres, de suppurations prolongées, 
de fistules, etc., jusqu'alors de nature indéterminée. 

Il importe donc savoir que la recherche de l’Actinomyces peut 
_ être longue et délicate, surtout quand le Champignon, réduit à son 
mycélium, est épars dans les lésions, et ne s’est pas aggloméré en 
grains jaunes. Il importe de le savoir, car ce n’est parfois qu'à 
force de patience et de ténacité qu’on arrivera à le dépister. Or, 
pour apporter une telle persévérance à ces investigations, on aura 


535% A. PONCET ET L. BÉRARD 


besoin d'appuyer ses présomptions sur l’ensemble des signes 
obtenus par l'examen somatique, qui seuls pourront entretenir, 
dans l’esprit du clinicien, le désir de recourir quand même, et 
malgré de multiples échecs antérieurs, à l’usage du microscope. 

Les procédés de laboratoire doivent être des moyens de eonfr- 
mation, et non d'investigation première. Nous vient-il à l'esprit, 
actuellement, d'exiger la constatation du Bacille de Koch en tête du 
diagnostic, par exemple, de toute adénite chronique et de toute 
arthrite tuberculeuse ? Et pourtant, combien d'erreurs n’a-t-on pas 
relevées dans le diagnostic purement clinique de la tuberculose, 
même quand il était porté par les chirurgiens les plus éminents! 

En apprenant à connaître les formes et la marche cliniques de 
l’actinomycose humaine, sans s’astreindre servilement et exclusi- 
vement à la recherche du grain jaune, peut-être risquera-t-on 
parfois de soumettre pendant quelques semaines au traitement 
ioduré et à quelques incisions intempestives, un cancer ulcéré et 
fistuleux, dont on pourra ainsi hâter l’évolution, d’ordinaire fatale 
déjà, quand on interviendra. Mais plus souvent, grâce à un 
diagnostic précoce et à un traitement rationnel, on aura la satis- 
faction d’enrayer, à son premier stade, une actinomycose encore 
facilement guérissable, et qui, abandonnée à elle-même, eùt révélé 
sa nature par l’issue au dehors des grains jaunes, souvent trop 
tard pour bénéficier des ressources de la thérapeutique. 

En résumé : 

Notre but, aujourd’hui, a été d'établir, une fois de plus, le 
diagnostic, la fréquence relative de l’actinomycose humaine, dans 
tous les milieux, à la ville, à la campagne, dans toutes les condi- 
tions sociales. | 

On songera à l’actinomycose comme on pense, avons-nous dit 
déjà, à la syphilis, à la tuberculose. 

On se méfiera des suppurations locales, tenaces, récidivantes, 
des phlegmons chroniques, fistuleux, des phlegmons ligneux, etc., 
éveillant, par leur forme en placard, par leur dureté, entr’autres 
signes, l’idée d’un néoplasme, surtout lorsque les abcès rebelles 
n’ont pas un point de départ, articulaire, osseux ; lorsqu'ils occu- 
pent les lieux d'élection des lésions à grains jaunes. Les régions 
privilégiées sont, par ordre de fréquence, la région cervico-faciale 
(face, cou), le ventre (parois abdominales, fosses iliaques, excava- 


DIAGNOSTIC CLINIQUE DE L'ACTINOMYCOSE HUMAINE 558 


tion pelvienne, etc.), la poitrine, la région ano-rectale, et dans une 
proportion infiniment moindre, les membres. 

Ces localisations préférées du parasite s'expliquent par le mode 
de contamination. La grande route des Actinomyces n'est-elle pas. 
comme pour la plupart d’autres agents pathogènes, la voie alimen- 
taire, d’où, à la première étape, les infections mycosiques péri- 
_ maxillaires, cervico-faciales, etc., les plus communes; puis, les 
inoculations du tube digestif, avec prédilection du Champignon 
pour le gros intestin, dont le cæcum, l’appendice, l’'ampoule rectale, 
présentent, par leur stase physiologique, les meilleures conditions 
de greffe parasitaire. 

En dehors de ces lésions infectieuses, non classiques, à marche 
sournoise, hypocrite, à suppuration plutôt séreuse, exhalant sou- 
vent une odeur fétide, nauséabonde, quelquefois très spéciale, 
odeur sui generis, odeur actinomycosique ; il faut encore tenir, 
malgré tout, comme des plus suspects, les néoplasmes qui suppu- 
rent; non pas, MM. Cornil, Le Dentu l’ont bien montré, que de 
yrais Cancers ne puissent suppurer, mais parce qu'un des meil- 
leurs signes des manifestations actinomycosiques, est, nous l’avons 
écrit bien des fois : l’association des caractères d’un néoplasme et. d’une 
lésion inflammatoire (Traité de l'actinomycose, loc. cit., p. 82). 

Cette dualité clinique conserve une grande valeur diagnostique. 
C’est elle qui, avant la découverte de l’actinomycose, avait embar- 
rassé, intrigué nombre de chirurgiens, leur créant un état d’âme 
particulier, que l’un de nos anciens maîtres résumait dans cette 
phrase : « C’est très curieux, il y a des cancers qui suppurent et ce 
sont ceux-là qui guérissent sans opération, sans que l’on sache 
pourquoi... » 

Il eût pu ajouter, avec tout autant de bonnes raisons : quand il 
est possible de les enlever, et lorsqu'on les enlève, ce sont eux 
aussi qui ne récidivent pas, qui donnent les meilleurs résultats 
éloignés, les guérisons définitives. Car, ainsi que nous l’avons dit 
déjà, on a confondu autrefois, l’actinomycose n'étant pas connue, 
et on continue probablement encore de confondre, des tumeurs 
mycosiques avec des tumeurs cancéreuses (1). 


(1) A. Poncer, Actinomycose d'apparence néoplasique. Revue de chirurgie, 1902, 
Voir, à ce propos, l’intéressante élude rétrospective de R. BLancæarD, Quel- 
ques cas anciens d’actinomycose., Archives de Parasitologie, 1, p. 329, 1899. 


556 A. PONCET ET L. BÉRARD 


Dès le début de nos études sur l’actinomycose, nous avons signalé 
cette double erreur, cette double méprise, en vertu de laqueile on 
prend une actinomycose pour un Cancer, et un Cancer pour la 
lésion parasitaire. 

Ajoutons que, maintes fois, dans l'impossibilité d'intervenir, en 
raison du siège, de l’extension des lésions, etc., on donnait volon- 
tiers au malade, faute de mieux, del’iodure de potassium. 

L'action curative de cette médication n’en était que plus inté- 
ressante, que plus troublante. Il fallait encore alors faire intervenir 
la syphilis, et cependant le malade n’était pas syphilitique, les 
lésions ne ressemblaient, que de loin, à celles de la syphilis.… 
Aujourd’hui de tels cas, qui naturellement continuent de se pré- 
senter, de telles guérisons, que l’on constate de temps à autre, 
s'expliquent sans peine : syphilis et actinomycose ne sont-elles pas 
justiciables du même traitement ioduré ? 

Cette confusion des deux maladies était, jusqu’à ces dernières 
années, presque obligatoire, avec le vieil axiome : Naturam mor- 
borum ostendunt curationes. 11 a besoin, dans l’espèce, on le voit, 
d’être complété. 

Les lésions actinomycosiques ont, maintenons-nous, des carac- 
tères spéciaux, sur lesquels, depuis douze ans bientôt, nous ne 
cessons d’appeler l’attention. 

Pour un œil exercé, elles sont souvent plus typiques, en tenant 
compte également de leur marche, de leur évolution, que des 
lésions syphilitiques, tuberculeuses, dont on fait tous les jours 
le diagnostic, sans avoir, en ce qui concerne la syphilis, et pour 
de bonnes raisons, le contrôle bactériologique, et pour la tuber- 
culose, sans avoir cherché le Bacille ! Ne sait-on pas, du reste, que 
dans cette dernière infection, la recherche des Bacilles, même dans 
les formes les plus tuberculeuses : granulie, fonte caséeuse éten- 
due, etc., reste parfois pendant longtemps infructueuse, et même 
tout à fait négative. (Il à fallu, par exemple, des 200 ou 300 coupes 
histologiques, pour déceler quelques rares Bacilles dans des lupus, 
dont personne ne conteste cependant la nature bacillaire.) 

En toute équité, on ne devrait pas être plus exigeant pour le 
diagnostic de l’actinomycose que pour celui d’autres infections, 
d'autant mieux que l’Actinomyces se rencontre mal, quelquefois 
pas du tout, dans les vieilles actinomycoses, dans les formes sup- 


DIAGNOSTIC CLINIQUE DE L'ACTINOMYCOSE HUMAINE 257 


purantes, aiguës, etc. C’est un fait bien connu, nous l’avons déjà 
mis en relief, dans le cours de cette communication, que le mycé- 
lium du Champignon rayonné est détruit par d’autres agents 
infectieux (infections associées), qu’il fuit en quelque sorte devant 
eux, qu'il leur cède la place. 

Il n’en est pas moins vrai que le diagnostic d’actinomycose ne 
sera porté que lorsqu'on aura constaté la présence du parasite. 
Ce contrôle histologique, nous l’avons toujours exigé chez nos 
malades. 

Aujourd'hui, comme par le passé, nous le demandons, nous le 
voulons, mais s’il est indispensable pour affirmer la nature de la 
maladie, on ne doit pas lui demander plus qu’il ne peut donner. 
Positif, il donne au diagnostic la certitude ; négatif, il ne prouve 
pas grand'chose. Dans tous les cas, affirmatif ou non, il réclame la 
même sanction : le traitement iodé. 

Pour les lésions qui continuent de rester douteuses, l'efficacité 
de ce dernier traitement devient une grande probabilité de plus, 
en faveur de leur origine mycosique, 


LEIOGNATHUS BLANCHARDI \N. sp. 
ACARIEN PARASITE DE LA MARMOTTE DES ALPES 


PAR 


le D' E. TROUESSART 


On trouve sur la Marmotte d'Europe (Marmota marmota), une 
espèce de la famille des Gamasidae et de la sous-famille des 
Dermanyssinae, qui vit en colonies nombreuses, représentées par 
des individus de tout âge et des deux sexes, sur la peau de ce 
Mammifère Rongeur, se nourrissant du sang de l'hôte. 

Le genre Leiognathus Canestrini, 1885, est caractérisé, comme 
les autres Dermanyssinae, par ses chélicères dépourvues de dents ; 
il diffère de Dermanyssus par ses chélicères semblables (c'est-à-dire 
à deux branches articulées) dans les deux sexes; d’Ophionyssus par 
l'ouverture de la vulve qui est transversale (comme chez Derma- 
nyssus), et non longitudinale (comme chez Ophionyssus). Ces trois 
genres se nourrissent du sang des Vertébrés terrestres par simple 
succion, ce qui explique l’atrophie des dents dont sont ordinaire- 
ment munies les branches mandibulaires chez les autres Gama- 
sides ; d’où le nom du genre (Leiognathus, à màächoires lisses). 

Les espèces précédemment connues du genre vivent sur les 
Chiroptères et les Rongeurs (Leiognathus arcuatus, L. uncinatus) 
sur la Taupe d'Europe (L. albatus), sur les Oiseaux (Z. sylviarum, 
L. bursa), et sur les Reptiles (L. lacertinus). — L'espèce suivante 
est de celles qui se rapprochent le plus du genre Lælaps. 


LEIOGNATHUS BLANCHARDI, nova species. 
(F1G. 1 ET 2) 


Mâle (fig. 1) en ovale allongé, rétréci en arrière, l’extrémité de 
l’abdomen arrondie ou légèrement tronquée, portant de chaque 
côté, en arrière de la quatrième paire de pattes, une double rangée 
de 7 à S piquants médiocres et assez courts. Plaque dorsale entière, 
légèrement rebordée vers la face ventrale. Plaque sternale allongée, 
échancrée sur les côtés pour l'insertion des pattes, soudée en 
arrière à la plaque anale qui est ovale. Un faisceau de 7 à 8 piquants 


LEIOGNATHUS BLANGHARDI 550 


de chaque côté de la plaque sterno-anale, en arrière de la 4 paire 
de pattes. Organe génital situé (comme d'ordinaire chez les Gama- 
sidae), en avant de la plaque sternale, entre celle-ci et le rostre. 
Stigmates s’ouvrant à la face ventrale entre la 3% et la 4e paire de 
pattes, munis d’un péritrème qui se prolonge jusqu'aux côtés du 
rostre. 

Rostre allongé, infère, la plaque dorsale se prolongeant jusqu’au 
niveau de la base des palpes. Palpes cylindriques, à dernier article 
muni d'un pinceau de 
poils grêles et courts; 
hypostome quadrangu- 
laire, prolongé en avant 
par une languette étroi- 
te, lancéolée. La bran- 
che fixe des chélicères 
est tronquée, légère- 
ment échancrée (fig. 1, 
a). 

Pattes à épimères se 
touchant de chaque 
côté, celles dela 4re 
paire accolées au ros- 
tre ; un très léger inter- 
valle entre la 2° et la 
9° paire. Les pattes dé- 
croissent de longueur ZA 


dans l’ordre suivant 
&, 1, 2, 3: elles dimi- Fig. 1. — Leiognathus Blanchardi, male face 


ventrale; &, chélicère vue de profil ; b, ambula- 
nuent de grosseur dans  çre vu de face. 


l’ordre suivant : #4, 2, 

3, 1. La 4e paire, insérée vers le milieu de la longueur totale, est 
très forte et très longue, dépassant l'extrémité de l’abdomen, et 
portant de forts piquants à sa face inféro-interne. La 2 paire est 
sensiblement renflée (comme dans le genre Gamasus) sur un 
certain nombre de mâles, mais ce caractère n’est pas constant; sur 
le spécimen figuré par le dessinateur (fig. 1), cette paire n’est pas 
beaucoup plus forte que la {'e ou la 3°. L’extrémité du tarse 
(fig. 1, b), porte inférieurement deux piquants courts aux 2 et 4e 


560 E. TROUESSART , 


paires; ces piquants font défaut aux {re et 3e paires. La 17e paire 
porte, en-dessus, à l’extrémité du tarse, un petit pinceau de poils 
fins et courts. Les trois premières paires n’ont que des poils assez 
grèles et sont dépourvues des piquants; dont la 4 paire seule est 
armée. 

Longueur totale : 0»m%0 avec le rostre ; largeur : 0"»35 ; longueur 
du rostre : 0nm1{0; longueur du corps (sans le rostre) : Onm63, 

Femelle (fig. 2), plus 
grande que le mâle, en 
ovale régulier, un peu 
dilaté en arrière, les 
poils des flancs et de 
l'extrémité de l’abdo- 
men plus grêles que 
chez le mâle. Plaque 
sternale trapézoïdale, 
une fois plus large que 
longue, échancrée laté- 
ralement par la 2e paire 
de pattes, n’atteignant 
pas le niveau de la 3%. 
Vulve transversale, oc-. 
cupant tout l’espace 
entre les pattes de la 4e 
paire, en arc fortement 
cintré en avant, à lèvre 
postérieure plissée. Une 
Fig. 2. — Leiognathus Blanchardi, femelle, face DANSE tape ca 

ventrale ; chélicère vue de profil. dedans et en arrière de 
la 4 paire de pattes. 

Plaque anale bien séparée, sous-ventrale, ovale, prolongée en 
arrière par une petite plaque triangulaire ponctuée. Un faisceau 
de poils de chaque côté, comme chez le mâle. Rostre semblable à 
celui du mâle, mais les deux branches des chélicères semblables, 
grêles et pointues (fig. 2), sans trace d’échancrure terminale. 

Pattes sub-égales, la 1r° paire la plus longue, les autres sensible- 
ment de même longueur et grosseur, la 4e paire insérée avant le 
milieu du corps et n’atteignant pas l'extrémité de l’abdomen, 
dépourvue de piquants : tous les poils des pattes assez grêles. 


LEIOGNATHUS BLANCHARDI 561 


Longueur totale : Omm90 {avec le rostre); largeur : OmmA( ; 
longueur du rostre : Omm{0; longueur du corps sans le rostre : 
Ommss. 

2% nymphes ayant sensiblement la taille du mâle (Oum70 sur 
Omm30), ovales, à pattes de la 4e paire insérées vers le milieu du 
corps et atteignant presque l’extrémité de l’abdomen. 

1x nymphes, plus petites, à flancs subparallèles, l'abdomen 
coupé carrément, les pattes postérieures dépassant l’abdomen. Le 
rostre aussi grand que chez l’adulte. Longueur totale : Onm55 ; 
largeur : 0mm20 ; rostre : Omm{(. Je n’ai pas vu de larves hexapodes. 

Œufs. — La plupart des femelles portent dans l’abdomen un seul 
œui de forme ovoide (de Omm4( sur Omm95), à coque mince et 
transparente. 

Ce dernier caractère, rapproché de l'absence de larves hexa- 
podes, porte à supposer que l’espèce est vivipare (ou ovovivipare) et 
que le jeune éclot sous forme de 1° nymphe déjà pourvue de sa 
Le paire de pattes. On sait que c’est ainsi que les choses se passent 
chez les Ptéroptes, parasites épizoïques des Chiroptères, ayant des 
mœurs très semblables à celle du genre Leiognathus et constituant 
une sous-famille très voisine de celle-ci. 

L'espèce est dédiée à M. le Professeur Raphaël Blanchard, qui 
l’a recueillie en colonies nombreuses, dans le pelage des Marmottes 
servant aux expériences pratiquées dans son laboratoire de la 
Faculté de Médecine. 


Archives de Parasilologie, VIT, n° 4, 1904, 36 


LE LICHTHEIMIA RAMOSA 
(MUCOR RAMOSUS LINDT) 


CHAMPIGNON PATHOGÈNE, DISTINCT DU Z. CORYMBIFERA 
PAR | 


le Professeur PAUL VUILLEMIN 


Sous le nom de Mucor ramosus, Lindt (1) décrivit une espèce très 
pathogène pour le Lapin, découverte par Lichtheim, à Berne, sur 
du pain placé à l’étuve, en compagnie du Lichtheimia corymbifera 
(Cohn) Vuillemin. 

Cette Mucorée avait, comme le L. corymbifera, des pédicelles 
abondamment ramifiés en sympodes, en grappes ou en ombelles et 
une apophyse allongée en cône renversé ; elle s’en distinguait par 
une columelle arrondie ou déprimée et par des spores plus volu- 
mineuses, mesurant 5-6 « sur 3-4 uw, d’ailleurs ovales, lisses et 
incolores comme celles de sa congénère. 

Zopf la transféra dans le genre Rhizopus (2), au voisinage du Mucor 
rhizopodiformis, sans donner les raisons de cette décision. 

Le Mucor ramosus Lindt n’a rien de commun avec le Mucor 
ramosus Bulliard 1791, décrit antérieurement par Scopoli (1772) 
sous le nom de Mucor aspergillus et transféré par Link (1824) dans le 
genre Sporodinia. C’est également une autre espèce, peut-être le 
Mucor pusillus Lindt, que Jakowski rapporta en 1889 au M. ramosus. 

La plupart des auteurs récents, à la suite d'Alfred Fischer (3), 
sont d'avis de supprimer le M. rumosus Lindt qui serait, tout au 
plus, une forme du L. corymbifera. Les dimensions indiquées par 
Lindt rentrent dans les limites de variations des spores de cette 
dernière plante, dont la columelle, quoique généralement conique, 
n’ofire pas plus de constance dans sa forme. 

Nous ne saurions souscrire à cette opinion, car nous connaissons 
une espèce répondant à la diagnose du Mucor ramosus Lindit, 


(1) Linpr, Achiv für experim. Pathol. und Parmak., XXI, p. 275. 1886. 
(2) Scuexx, Handbuch der Botanik, 1890; cf. IV, p. 587. 
(3) RaBeNuorsr, Kryptogamen-Flora, 1892. 


LE ZLICHTHEIMIA RAMOSA ï 063 


espèce nettement distincte du Lichtheimia corymbifera, bien qu'elle 
lui soit liée par une étroite affinité. 

Ce Champignon paraît fréquent dans le mucus nasal des 
Chevaux. Nous l'avons isolé d’abord, au mois de juillet 1903, du 
jetage d’une Jument qui avait des plaies linéaires de la pituitaire 
attribuées à des morsures. Nous l’avons retrouvé énsuite dans le 
- jetage d’un Cheval atteint d’adénite sous-maxillaire simulant la 
morve et qui présenta à l’autopsie un grand nombre de ganglions 
hypertrophiés. | 

Pour nous rendre compte de la fréquence de ce Champignon, 
nous avons prié M. le Dr Dupuy, vétérinaire principal de l’armée, 
qui nous avait obligeamment fourni les premiers matériaux de 
cette étude, d'examiner le jetage d’autres Chevaux confiés à ses 
soins. Avec sa complaisance habituelle, M. Dupuy nous remit, le 
14 avril dernier, du mucus nasal de deux autres Chevaux. Le 
premier, traité pour un kyste séreux traumatique à la fesse, avait 
un jetage contenant du Lichtheimia corymbifera : le second, entré à 
l’infirmerie pour bronchite gourmeuse, nous fournit encore le 
Mucor ramosus. 

Trois Chevaux sur quatre logeaient donc les germes du Mucor 
ramosus dans leurs fosses nasales, sans qu'il y eût aucune relation 
entre la présence de ce Champignon et les affections pour lesquelles 
ces animaux étaient traités 


DESCRIPTION DU CHAMPIGNON 


Les spores répondent aux indications de Lindt, pour la forme et, 
peu s’en faut, pour les dimensions. Lindt leur assigne une longueur 
de 5-6 , une largeur de 3. Nos mensurations donnent des chiftres 
un peu plus faibles, mais supérieurs aux dimensions moyennes 
des spores du Lichtheimia corymbifera et beaucoup plus uniformes. 

Les dimensions habituelles relevées dans nos cultures des trois 
origines sont 4 78 <2u.8. Quelques spores sont un peu plus grandes 
ou un peu plus petites (5 & 2 < 3, chiffres de Lindt, 4 u 56 <2u 6). 
Les écarts plus considérables sont tout-à-fait exceptionnels. Le 
rapport de la longueur à la largeur est égal à 1,7 ou 1,75 pour le 
Mucor ramosus ; il esttoujours plus voisin de l’unité chez le L. corym- 
bifera, sauf de rares exceptions; la forme diffère donc comme les 


564 P. VUILLEMIN 


dimensions. Les spores de la moisissure du Cheval ont Paspect de 
courts bâtonnets à peine renflés au milieu (fig. 14). Leur couleur 
est jaune brunâtre pâle. 

Pour s'assurer que les spores sont müres, mais non déformées 
ou gonflées par un début de germination, il est bon de s’adresser 
à des cultures de quelques jours sur un milieu assez sec et d'exa- 
miner immédiatement une toufie délayée dans l’eau. 

Le Mucor ramosus est aussi nettement diflérencié par la forme de’ 
sa columelle. Les columelles coniques, habituelles chez le L. corym- 
bifera, sont à peu près introuvables chez le M. ramosus, même dans 
les plus petits sporocystes.Jamais nous n’avons observé sur les colu- 
melles du M. ramosus ces excroissances digitiformes si fréquentes 
chez le L. corymbifera. Les plus grandes columelles sont un peu 
plus hautes que larges. L’une d'elles (fig. 10) atteint 57 & 5 de haut, 
40 L de diamètre au niveau où elle se sépare de l’apophyse, 55 pau 
niveau du renflement maximum situé un peu au-dessus du milieu 
de la hauteur. Plus souvent elles représentent un segment de 
sphère (fig. 11), réduit à une calotte 2 fois plus large que haute 
dans les petits sporocystes (fig. 42). Leur couleur est bleu ardoisé se 
fonçant avec l’âge comme chez le Lichtheimia corymbifera. Elles 
sont de consistance molle et rentrent dans l’apophyse sous l’in- 
fluence des réactiis déshydratants, tels que la glycérine. 

La membrane cystique est couverte de fines granulations (fig. 13) 
d’oxalate de calcium qui incrustent également les pédicelles. Elle 
est fugace, sauf à la base qui échappe à la déliquescence et laisse 
une collerette un peu plus grande et plus irrégulière que chez le 
L. corymbifera. 

Comme chez cette dernière espèce, l’apophyse et le col qui la 
précède sont teintés de bleu violacé ; mais le passage de l’apophyse 
au col est plus brusque. Au lieu d’une dilatation progressive du 
col en tronc de cône renversé, l’apophyse représente plutôt une 
Cupule plus large que haute. 

La ramification de l’appareil fructifère cystophore s’effectue 
suivant le même type que chez le L. corymbifera ; elle est aussi 
généralement dépourvue de cloisons; mais elle est plus lâche. Les 
axes primaires s’allongent beaucoup et se couchent comme de 
véritables stolons. Les axes fertiles sont peu branchus : en sorte 
qu'on trouve moins d'ombelles et surtout d’ombelles composées 
que chez le L. corymbijera (fig. 1). 


LE LICHTHEIMIA RAMOSA 365 


‘ Une autre différence, conséquence de la précédente, c'est que les 
axes primaires, et parlois aussi ceux d'ordre plus élevé, s’enraci- 
nent et portent à leur sommet une touffe de rhizoïdes au point où 
l’on s’attendrait à rencontrer le sporocyste terminal. Notons bien 
que ces crampons sont placés au sommet et non à la base des tubes 
fructifères. [ls sont particulièrement fréquents dans les cultures 
jeunes. L’aspect des rhizoïdes est assez varié : ici c’est un crampon 
terminé en doigt de gant simple ou portant un petit nombre de 
digitations semblables et plus courtes (fig. 2, 3); là c’est une touffe 
d’appendices un peu plus rameux (fig. 6) ou plus simples (fig. 4, 5). 
Ailleurs les crampons s’allongent et émettent un véritable chevelu, 
de manière à constituer un thalle adventif (fig. 8); ce procédé 
rappelle celui grâce auquel les tiges de Ronce s’enracinent. Dans 
d’autres cas enfin les rameaux sont courts, rapprochés et d'aspect 
coralloïde (fig. 7). À 

L'homologie des rhizoïdes du Mucor ramosus avec le sporocyste 
terminal est démontrée parfois par la persistance de la dilatation 
apophysaire et de la teinte ardoisée qui caractérise le sommet des 
pédicelles fertiles (fig. 2, 8). 

A une faible distance en amont des rhizoïdes se dressent des 
pédicelles fertiles, isolés ou groupés en bouquets, simples ou 
ramifiés, tout comme au voisinage du sporocyste terminal. Seule- 
ment, par suite de la direction du stolon parallèle au support, ces 
rameaux fertiles sont constamment rejetés du côté de l’espace 
libre, au lieu de former un verticille plus ou moins complet. 

Nous n’avons jamais vu les pédicelles mélangés aux crampons 
eux-mêmes. Il n’y a donc pas ici, comme chez les Rhizopus, équiva- 
lence entre ces deux sortes de rameaux. 


AFFINITÉS DU CHAMPIGNON 


D’après les divers caractères qui viennent d’être exposés, il n’est 
pas douteux que le Mucor ramosus Lindt ne constitue une espèce 
distincte du Lichtheimia corymbifera. 

Devons-nous y voir une nouvelle espèce du même genre ? Rappe- 
lons d’abord comment nous avons défini le genre Lichtheimia (1). 


(4) Vurzcemi, La série des Absidiées. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 
23 mars 1903. — Le genre Tieghemella et la série des Absidiées. Bull. de la Soc. 
mycologique de France, XIX, p. 117-127, pl. V, 1903. 


566 P. VUILLEMIN 


Le premier caractère, commun à toute la série des Absidiées, est 
fourni par la columelle rentrant dans l'apophyse en entonnoir. 
Nous le trouvons ici, car l’apophyse, tout en ayant une faible 
tendance à s’allonger, est plus rigide que la columelle et reçoit 
cette dernière dans sa cavité après la déhiscence. Ce caractère n’a 
pas été observé en dehors de la série des Absidiées. Les spores 
sont petites, à membrane lisse, pâle, sans exospore plissée. 

Les caractères propres au genre Lichtheimia sont tirés des cysto- 
phores ramifiés, dont les axes et les rameaux de divers ordres sont 
terminés par des sporocystes. Il se distingue du genre Proabsidia 
où les cystophores sont simples, du genre Absidia où l’axe primaire 
s’enracine régulièrement au sommet, porte sur sa convexité des 
pédicelles simples, isolés ou fasciculés, puis émet, à quelque 
distance des rhizoïdes terminaux, un nouvel axe qui se comporte 
de même, de manière à donner une longue série d’arceaux portant, 
sur leur portion la plus saillante, des pédicelles fertiles et à leur 
sommet, des rhizoïdes ou exceptionnellement un sporocyste. 

Si particulier qu’il semble à première vue, l’appareil cystophore 
des Absidia n'est qu’une simple modification de celui des Licht- 
heimia, dont les verticilles passent aux bouquets unilatéraux quand 
l’axe primaire qui les porte s'incline vers le support et prend à la 
fois une forme courbe et une organisation dorsi-ventrale. 

Nous avons réuni dans le genre Tieghemella Berlese et de Toni 
toutes les formes intermédiaires entre le L. corymbifera et les 
Absidia, en remarquant que le passage était progressif en partant 
du Tieghemella dubia (Baïnier) Vuill., plus voisin des Lichtheimia, 


(4) BaINIER, Mucorinées nouvelles ou peu connues. Bull. de la Soc. mycol., 
XIX, p. 155-156, pl. VII, fig. 1-5, 1903. 


Fig. f. — Axe dressé portant des ramifications en verticille plus ou moins 
modifié. < 87; 2, Axe couché transformé en stolon et terminé par une touffe 
de crampons simples. Rameaux fertiles naissant du côté dorsal jusqu’au voisi- 
nage du sommet enraciné. >< 150; 3, Crampons simples, typiques. x 87; 4,5, 
Crampons rudimentaires. x< 87; 6, Crampons ramifiés. x 150; 7, Crampons 
courts, obtus, ramifiés en dichotomie. = 87,8, Sporocyste terminal transformé 
en rhizoïdes ramifiés prenant les caractères d’un thalle. X 87; 9, Pédicelle isolé, 
simple, issu d’un filament délicat peu différent du thalle. x 87; 10, 11, 12, 
Divers aspects de la columelle en rapport avec la puissance du sporocyste. x 87; 
13, Granulations calcaires à la surface de la membrane du sporocyste. x 1150; 
14, Spores. >< 1150. 

Remarque. Dans la fig. 9, le sporocyste est intact ; dans les autres, Ja mem- 
brane cyslique a disparu et la columelle est à nu. 


568 P. VUILLEMIN 


en passant par le T. orchidis Vuill. et en arrivant au T. repens 
(Van Tieghem) Berl. et de Toni, qui touche aux Absidia. 

Depuis la publication de nos deux notes, Baïnier est revenu sur 
la description de l’Absidia dubia; il l’a complétée par des figures 
qui manquaient dans sa thèse de 1882 et par la mention des zygo- 
spores. Il change à la fois le nom de l'espèce et le nom du genre et 
propose le nom de Pseudo-absidia vulgaris. Ce changement n’est 
pas légitime en ce qui concerne le nom spécifique. Quant au nom 
générique, il est probablement fondé sur les caractères des zygo- 
spores qui difièrent de celles des 4bsidia. Maïs l’auteur ne tient pas 
compte de la préexistence du genre Tieyhemella qui concorde avec 
le Pseudo-absidia pour les caractères connus. On n’y a pas, il est 
vrai, rencontré de zygospores. Cette question de nomenclature est 
secondaire. Ce qui nous importe davantage, c’est l'extrême ressem- 
blance du Champignon de Bainier avec le Lichtheimia corymbifera, 
sur laquelle nous avons longuement insisté (1), ressemblance 
encore plus étroite avec le Mucor ramosus. La columelle est hémi- 
sphérique, disait Bainier en 1882; il ajoute, dans sa nouvelle note, 
qu'elle peut avoir aussi la forme d’un ovale coupé un peu au-dessous 
de la partie médiane, enfin qu'elle est sensiblement conique dans 
les petits sporocystes. Notons encore la coloration bleuâtre-violacé 
du col et de l’apophyse, l'absence de cloisons et nous reconnaîtrons 
que les analogies se poursuivent jusque dans les détails en appa- 
rence insignifiants. ; 

La plus remarquable concordance avec le Mucor ramosus nous 
est fournie par la situation des crampons et leurs conditions 
d'apparition : « la plante est stolonifère, maïs les stolons s’obtien- 
nent difficilement... Un long filament donne des crampons radici- 
formes à son extrémité ; bientôt les filaments fructifères, réunis 
par deux ou trois; se dressent, comme chez l’Absidia cœrulea, sur le 
sommet de la courbure, en un point très voisin des crampons. » La 
fig. 4 de Baïnier montre cette profonde analogie avec notre espèce. 

Celle-ci se développe avec une extraordinaire rapidité à 310; sa 
croissance, déjà ralentie à 25°, est encore satisfaisante dans une 
armoire où la température m’atteint pas 200. En 48 heures les 
cultures sur carotte sont bien visibles à l’œil nu; le lendemain elles 
sont couvertes de sporocystes mürs. 


(4) Loco citato, p. 123-124. 


LE ZLICHTHEIMIA RAMOSA 569 


L'espèce de Baïinier a été rencontrée en été : ce qui permet de 
penser que ses exigences thermiques ne diffèrent pas essentielle- 
ment de celles du Mucor ramosus. 

Les caractères des spores ne ressortent pas bien nettement des 
descriptions de Bainier. En 1882, l’auteur signale des spores 
inégales, rondes ou ovales, mesurant 2 u 2 — 2 w 4 < 2 n 2, c’est- 
à-dire à peine plus longues que larges; en 1903, il dit que, suivant 
les variétés, les spores sont rondes ou ovales. À défaut de renseigne- 
ments sur leurs dimensions absolues, nous remarquons que, sur 
les figures, la longueur de ces dernières est à la largeur comme 
3,9 est à 2; le rapport de ces dimensions est donc égal à 1,75, 
à peu près comme chez le Mucor ramosus. Il n’est pas impossible 
que Bainier ait opéré sur plusieurs espèces, dont l’une serait 
identique à la nôtre, car elle est aussi d’origine équine, se rencon- 
trant sur le crottin. 

Nous sommes du moins en droit de conclure que le Mucor 
ramosus n’est pas bien éloigné des Champignons nommés par 
Bainier Absidia dubia et Pseudo-absidia vulgaris et que nous avions 
- appelés Tieghemella dubia. 

Les affinités du Mucor ramosus se circonscrivent. La place de 
cette espèce est au voisinage du Lichtheimia corymbifera avec lequel 
on tendait à la confondre et du Tieghemella dubia. Devons-nous en 
faire un Lichtheimia ou un Tieghemella ? La solution de ce problème 
est, pensons-nous, une pure affaire de convention. 

Quand nous avons défini la série des Absidiées, nous avons eu 
soin de spécifier qu’elle correspond au genre Absidia sensu latiori. 
Les genres Proabsidia, Lichtheimia, Mycocladus, Tieghemella, Absidia 
sensu stricto offrent entre eux des liens de parenté si manifestes, 
qu’on serait parfaitement fondé à en faire un groupe générique 
unique par enchainement ; mais les différences objectives entre les 
extrêmes sont si frappantes, que nous aurions heurté, je ne dis pas 
un préjugé, mais des habitudes très légitimes en appelant Absidia 
des espèces que l’on n'avait jamais songé à séparer du genre Mucor. 
Ces habitudes, disons-nous, sont légitimes, car, si la classification 
doit se proposer comme but suprême de faire saisir les enchaine- 
ments naturels des formes, les liens généalogiques des êtres 
vivants, elle doit aussi multiplier les jalons qui permettent d’arriver 
facilement à déterminer les espèces en les groupant en sections 


570 P. VUILLEMIN 


génériques aussi homogènes que possible. Le naturaliste sépare 
ce que la nature uuit; à cette seule condition il fait une œuvre 
pratique. 

Le Tieghemella repens est assez différent du Lichtheimia corymbi- 
fera pour être utilement classé dans un genre distinct. Donc les 
genres Tieghemella et Lichtheimia sont légitimes. Mais existe-t-il un 
critérium auquel nous puissions les reconnaître l’un de l’autre ? 
On pourrait songer à placer ce critérium dans la présence ou 
l’absence des crampons. En réalité ce procédé radical est moins 
pratique qu’il ne le semble. Dans l’espèce de Bainier les stolons et 
les rhizoïdes s'obtiennent difficilement; chez le Mucor ramosus ils 
ont été généralement méconnus. 

Cette inconstance et cette difficulté d'observation ont leur raison 
d’être dans une particularité anatomique qui nous fournira le 
signe distinctif que nous cherchons. Chez les Tieghemella repens et 
T. orchidis, l'axe terminé par des crampons est lui-même différencié 
- et réalise déjà, à un degré appréciable, quoique imparfait, la forme 
d'arcade, géométriquement accomplie dans le genre Absidia. Au 
contraire les rhizoïides du Mucor ramosus tiennent la place du 
sporocyste à l’extrémité d’un axe fructifère à. peine modifié. Dans 
les Tieghemella les pédicelles naissent assez loin des crampons, au 
point culminant de l'arcade, chez le dernier ils naissent jusqu’au 
voisinage des rhizoïdes. La formation des crampons, sans être 
absolument constante, est déjà régulière chez les Tieghemella ; elle 
retentit sur la disposition générale de la fructification ; elle est au 
contraire accidentelle chez les Lichtheimia et représente un phéno- 
mène plus strictement localisé. 

D’après ces considérations, nous pouvons admettre une limite 
entre les Lichtheimia et les Tieghemella et rattacher au premier de 
ces deux genres le Mucor ramosus Lindt et aussi le Champignon de 
Bainier, que nous avions cru plus proche des Tieghemella alors que 
nous ne le connaissions que d'après la brève description qui avait 
amené Bainier à en faire un Absidia. Nous insistions déjà d’ailleurs 
sur sa place à l’extrémilé de ce genre, au contact des Lichtheimia. 
L'étude du Lichtheimia ramosa nous permet de mieux saisir les 
termes de passage entre les Lichtheimia et les Tieghemella et par 


suite de régler avec plus de précision la question de frontière entre 
les deux genres. 


LE ZLICHTHEIMIA RAMOSA 071 


Les Lichtheimia, dépourvus d'arcades, se relient plus intimement 
aux Proabsidia et aux Mycocladus; les Tieghemella possédant des 
arcades manifestes, touchent de près aux Absidia. La formation 
de rhizoïdes, absente chez les Proabsidia, à peine ébauchée chez 
les Mycocladus, auxquels Beauverie refuse de véritables crampons, 
est incontestable chez les Lichtheimia et les Tieghemella; mais elle 
est accidentelle chez les premiers, régulière chez les seconds. 

Par ses crampons, dont l'origine et la signification ne sont pas 
équivoques, le Lichtheimia ramosa confirme l’opinion que nous 
avions avancée au sujet des affinités du Lichtheimia corymbifera 
avec les Absidiées et rend plus évidente la nécessité de le séparer 
du genre Mucor. Le Lichtheimia ramosa est le chaïnon que nous 
avions prévu entre les Lichtheimia connus et les Tieghemella. 

Ses affinités avec le genre Rhizopus sont plus lointaines et 
jusqu'ici problématiques. La structure des spores est tout autre. 
Les Rhizopus suffisamment étudiés ont la spore revêtue d’une 
cuticelle sombre et moins élastique que le reste de la membrane. 
Cette cuticelle est des plus manifestes, grâce aux saillies arrondies 
qu’elle forme chez le Rh. echinatus, grâce à ses plissements simu- 
lant des crêtes chez les Rh. stolonifer, artocarpi, arrhizus, japonicus, 
tonkinensis, microspermus, minimus, reflexus, circinans. J'ai reconnu 
les mêmes plissements chez les Rh. oryzae et equinus (1) où ils 
n'avaient pas été aperçus. Quant au Rh. elegans et au Mucor rhizo- 
podiformis (Rhizopus Cohni), il n’est pas démontré qu’ils soient 
légitimement rattachés à ce genre. 

D'autre part, les crampons des Rhizopus sont des rameaux subter- 
minaux équivalents des pédicelles fertiles et interchangeables 
avec eux, au lieu d’être, comme chez les Absidiées, un produit de 
transformation d’un sporocyste terminal. 

D'après les considérations qui précèdent, le genre Lichtheimia 
doit être compris de la manière suivante : 

Zygospores dépourvues de fulcres, connues dans une seule 
espèce (L. dubia). Dans le cas où l’on découvrirait chez les autres 
espèces des zygospores assez différentes pour justifier une distinc- 
üon générique, l'espèce de Baïnier deviendrait le type du genre 
Pseudo-absidia concordant, pour le reste, avec le genre Lichtheimia. 


(1) Je dois cette dernière espèce à l’obligeance du Dr J. Bixor, qui a bien 
voulu me communiquer diverses Mucorinées conservées à l’Institut Pasteur. 


P. VUILLEMIN 


[SE 
1] 
LI 


Appareil cystophore ramifié suivant le type verticillé et terminé 
par un sporocyste auquel se substituent parfois des crampons. 

Pédicelle dilaté au sommet en un renflement piriforme, dont la 
base constitue une apophyse rigide, conique ou évasée. 

Sporocyste subsphérique à membrane incrustée de fines granu- 
lations d’oxaiate de calcium, diffluente pour la plus grande part, 
laissant à la base une petite collerette continue avec l’apophyse. 

Columelle colorée, à paroi mince, tendant à s’invaginer dans 
l’'apophyse après la déhiscence. 

Spores petites, à paroi lisse d'aspect homogène. 

Toutes les espèces connues ont l'apophyse et la région voisine du 
pédicelle teintées de tons ardoisés. 

Le L. ramosa se distingue du L. corymbifera par les crampons 
habituels, faciles à trouver dans les cultures suffisamment jeunes, 
par les spores nettement oblongues, assez uniformes, par les colu- 
melles larges et arrondies. 


SUR UN TRAVAIL DE M. LE D BRUMPT 


INTITULÉ : 


QUELQUES FAITS RELATIFS 
A LA TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 


PAR LES MOUCHES TSÉTSÉ (1 
PAR 


RAPHAEL BLANCHARD 


M. le Dr E. Brumpt, dont l’Académie connaît bien les intéres- 
santes observations sur les maladies parasitaires de l’Afrique 
tropicale, nous à adressé récemment une courte note sur la trans- 
mission de la maladie du sommeil par les Mouchestsétsé. Les faits 
qu’il y signale méritent de fixer l’attention de l’Académie. 

Dans le courant de l’été dernier, M. Brumpt a été envoyé en 
mission au Congo frauçais par M. le Ministre de l'instruction 
publique, à l’eflet d'y étudier la maladie du sommeil. Cette mis- 
sion lui fut confiée à la demande de la Commission administrative 
de l’Institut de médecine coloniale, après que j’eusse exposé devant 
cette Commission, dans sa séance du 18 juin 1903, les raisons qui 
faisaient soupconner les Mouches tsétsé, autrement dit les Diptères 
du genre Glossina, d’être les agents de la dissémination de cette. 
trypanosomose. Il était donc urgent d’aller étudier sur place, au 
Congo, les mœurs de ces Insectes redoutables, dans l’espoir d'arriver 
a les détruire ; une telle étude, quoi qu'on en püt penser, n'était 
possible qu’en Afrique. Il était d’ailleurs désirable de ramener en 


(1) Rapport présenté à l'Académie de médécine. Cf. Bulletin, (3), LI, p. 485-501, 
7 juin 1904. — Cette réimpression est une reproduction pure et simple du travail 
paru dans le Bullelin de l’Académie, sauf sur un point. M. Laveran ayant 
protesté (a) Contre l'assimilation que j'avais faite du nagana et du surra, en 
rappelant des expériences qui d’ailleurs m'’étaient bien connues, j'accepte volon- 
tiers son opinion sur la non-identité de ces deux affections. C’est là un simple 
délail, qui ne touche absolument en rien aux faits généraux que je mets en 
lumière. 


(a) Bulletin de l’Académie de médecine, (3), LI, p. 523, 21 juin 1904. 


974 R. BLANCHARD 


France soit des indigènes atteints de la maladie du sommeil, soit 
des animaux inoculés, afin-d’étudier expérimentalement la grave 
maladie qui, depuis deux ans environ, ravage nombre de contrées 
de l’Afrique tropicale. 

Tels sont les arguments que je fis valoir devant la Commission 
susdite : ils déterminèrent son vote. 

Si je rappelle et précise ces faits, ce n’est pas pour ranimer une 
polémique stérile ; c’est encore bien moins pour élever une reven- 
dication quelconque envers qui que ce soit. Je le fais, bien au 
contraire, pour rendre hommage à uñ de nos compatriotes qui, 
dans cette question alors très obscure, a eu une intuition vraiment 
remarquable. Je veux parler de M. le D: Brault, professeur de 
pathologie exotique à l'École de Médecine d'Alger. 

Dès 1898, en effet, Brault émit l'opinion que la maladie du 
sommeil (ou nélavane) pourrait bien être due à un Trypanosome 
et se propager par la piqûre des Tsétsés, à la manière du nagana : 
« Actuellement, écrivait-ik (1), la parasitologie et la bactériologie 
se disputent la pathogénie du nélavane ; en raison de la marche si 
spéciale de la maladie et de sa localisation géographique, je pen- 
cherais volontiers pour un Protozoaire sanguicole, dans le genre du 
Trypanosome, qui est probablement l’auteur des méfaits attribués 
à la Mouche tsétsé. » 

De son côté, Maxwell-Adams (2) se demandait, dès le 28 mars 
1903, si les Trypanosomes, précédemment observés par Dutton 
chez des individus de race blanche en Afrique, ne seraient pas en 
relation avec la maladie du sommeil, auquel cas le blanc et le noir 
devraient être atteints d’une seule et même maladie. Toutefois, il 
ne soupconnait pas les Glossines d’être les agents de propagation. 

Après cela, à quoi peuvent bien servir les revendications aux- 
quelles j'ai fait allusion ? Qu'importe que le rôle présumé des 
Glossines ait été indiqué par moi le 18 juin, par Brumpt le 27 juin, 
ou par Sambon le {er juillet 1903 ? C’est Brault qui l'a soupçonné 
le premier, dès 1898, et il a eu le grand mérite d'arriver à cette 
conception étiologique par la comparaison des symptômes cliniques 


(1) J. Brauzr, Contribution à la géographie médicale des maladies africainés. 
Janus, III, p. 36-41, 1898; cf. p. 41, en note. 

(2) A. MAxWELL-ADpams, Trypanosomiasis and its cause. Brilish med. Journal, 
AD: 72152905! 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 575 


avec ceux que présentent les animaux malades du nagana, alors 
qu’on ignorait que la maladie du sommeil dût rentrer dans le cadre 
des trypanosomoses. 

Ces faits établis, je reviens à la note de M. Brumpt. 

Au cours de sa mission au Congo, M. Brumpt a organisé une 
enquête destinée à compléter ses recherches personnelles. Il s’est 
adressé dans ce but à des médecins, à des fonctionnaires, à quel- 
ques négociants, enfin à un certain nombre de missionnaires. 
Jusqu’à présent, les seuls renseignements ou documents qu'il ait 
reçus proviennent de ces derniers. 

Le KR. P. Trilles, supérieur de la mission de Ndjollé, sur le 
moyen Ogooué, écrit que la maladie du sommeil a fait son appa- 
rition, l’an dernier, à Boué, sur le haut Ogooué, et que, cette 
année, elle commence à faire des victimes à Ndjollé. La maladie 
continue donc à se répandre. Les Glossines non infectieuses qui se 
rencontrent le long des fleuves, c'est-à-dire le long des voies suivies 
par les caravanes et par les colonnes militaires, se contaminent en 
suçant le sang des soldats noirs et des porteurs provenant de 
régions infectées. Le 27 juin dernier, M. Brumpt disait déjà que, 
partout où les Tsétsés existent, la maladie peut s'acclimater et que, 
d'autre part, les rivières étant les voies de pénétration d’un pays 
dans un autre, en même temps que leurs rives sont le séjour pré- 
féré des Glossines, c’est par cette voie que la maladie, originaire 
de l’Afrique occidentale, avait dû atteindre l’Ouganda. 

Les faits observés par le R. P. Trilles confirment pleinement ces 
prévisions. L’épidémie qui vient d’éclater à Ndijollé et sur le haut 
Ogooué était elle-même facile à prévoir. Les Tsétsés abondent dans 
la région et les indigènes du Loango, pays infecté de longue date, 
émigrent volontiers; ils sont recrutés presque exclusivement 
comme coolies pour travailler au Gabon, sur le fleuve Ogooué, etc. 
Ce sont eux qui ont dû être le point de départ de l'épidémie qui 
nous occupe ; tout au moins, ils ont joué un rôle important dans la 
dissémination de la maladie. 

De tout cela résultent des mesures prophylactiques assez simples. 
On ne peut espérer arriver à une destruction complète des Glos- 
sines ; en revanche, il est facile d’éviter les grands exodes de 
population. Les soldats et les porteurs provenant de régions infes- 
tées ne devraient pas pouvoir aller au-delà de ces territoires; 


576 R. BLANCHARD 


inversement, les individus recrutés dans des régions saines ne 
devraient pas être envoyés dans des régions contaminées. 

M. Brumpt indique quelques nouvelles localités pour les Glos- 
sines. Il n’en existe pas au cap Lopez, mais elles sont communes en 
certains points de l’'Ogooué ; elles sont appelées ouolé en gabonais 
et oboko en pahouin ; les Taons portent des noms différents. Une 
petite collection, récemment parvenue au laboratoire, renferme 
une Glossina palpalis, capturée à Lambaréné sur le bas Ogooué. 
Huit exemplaires de cette même espèce ont été envoyés par le 
P. Wieder, de Sainte-Marie de Bathurst, où la maladie du sommeil 
existe, quoique rare. 

Le R. P. Le Mintier de la Motte-Basse, supérieur de la mission 
des Pères du Saint-Esprit à Mayoumba (côte du Congo), a fait, par 
l'intermédiaire de Ms Le Roy, un envoi de Mouches piqueuses, 
recueillies aux environs de la mission pendant les mois de janvier 
et de février de cette année. La maladie du sommeil est répandue 
dans la région. Or, l'envoi en question, à part quelques Tabanides, 
ne contenait que des Glossina fusca Walker, au nombre de 45, 
savoir 9 femelles et 4 mâles. La maladie est appelée tyinzo tolo en 
langue fiote ; les Glossines se nomment 222, nom qu'il est intéres- 
sant de rapprocher du mot {sétsé ou tétsé de l'Afrique australe ; tous 
deux ne sont qu’une onomatopée imitant le bruit très caractéris- 
tique produit par le vol de ces Mouches. 

La présence peut-être exclusive de la Glossina fusca à Mayoumba, 
dans une région où sévit pourtant la maladie du sommeil, est un 
fait d’une haute importance. Elle semble indiquer que l’endémie 
peut exister et se propager même en l’absence de la Glossina 
palpalis. S'il en est réellement ainsi, et nous allons exposer ci-après 
des raisons qui plaident gn faveur de cette croyance, la maladie du 
sommeil menacerait donc les populations d’un danger infiniment 
plus redoutable qu’on ne l’avait supposé jusqu'à présent. 

La Glossina palpalis ne semble pas exister en Afrique orientale, 
entre les grands lacs et la côte, mais la Glossina fusca y est com- 
mune. La maladie pourrait donc se répandre en ces régions 
jusqu'alors indemnes ; il serait donc urgent de prendre de sévères 
mesures de préservation. Au contraire, si la Glossina fusca et les 
autres Glossines de l'Afrique orientale ne sont pas pathogènes, il 
sera inutile de mettre en quarantaine l’'Ouganda et les autres 
régions infectées. | 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 017 


On le voit, la question est complexe et de la plus haute gravité. 
Elle mérite d’être tranchée dans le plus bref délai; elle ne 
peut l'être qu’au moyen d'expériences tendant à déterminer dans 
quelles mesures les diverses espèces de Glossines se montrent 
pathogènes pour l'espèce humaine, c’est-à-dire dans quelle propor- 
tion relative elles aident à la propagation de la maladie du sommeil. 
La distribution géographique de ces diverses espèces étant connue 
(et elle se préciserait par l’enquête dont il s’agit), on saurait ainsi 
quelles régions sont plus particulièrement menacées et quelles 
mesures il convient de prendre pour éviter l’envahissement total 
de l’Afrique équatoriale et australe. 

M. Brumpt termine sa note en demandant que les études dont 
je viens d’esquisser le programme soient entreprises en toute 
urgence. Je suis entièrement d'accord avec lui quant à l’utilité de 
semblables études, mais je crois que l’enquête, telle qu’il la 
réclame, serait insuffisante. Il est tout aussi nécessaire de sou- 
mettre à l’expérimentation les trypanosomoses (1) du bétail: 
plusieurs d’entre elles, même dans l'Afrique tropicale, s’observent 
dans des régions où les Glossines sont inconnues; elles seraient 
transmises par des Taons ou d’autres Diptères piqueurs. 

Autant qu’on le sait actuellement, les Glossines ne vivent qu'en 
Afrique ; elles ne s’y rencontrent qu'entre 28 degrés lat. S. et 13 
degrés lat. N. Elles n'existent pas à Dakar, où la maladie du sommeil 
est inconnue (2); on peut admettre néanmoins qu'elles remontent 
le long du fleuve Sénégal, soit environ jusqu’à 17 degrés lat. N., 
mais elles ne franchissent pas le Sahara et, vu la sécheresse 


(1) Le nom de {rypaunosomoses doit être, à l’exclusion de tout autre, attribué 
aux maladies causées par des Trypanosomes. Il a été proposé par Brumpt, voilà 
déjà deux ans et demi (@). Il a donc la priorité sur le terme de flagellose, récem- 
ment employé par Elmassian et Migone et sur celui de {rypanose, adopté par 
Broden et Boigey. Divers auteurs étrangers, pour lesquels la nomenclature 
médicale est latine, l’ont latinisé en {rypanosomiasis. Partant de là, on a proposé 
récemment le nom de {rypanosomiase ; mais c’est là une forme inacceptable. Des 
expressions similaires, telles que filariusis et uncinariasis, font en français fila- 
riose et uncinariose., Outre sa priorité et sa correction incontestables, le mot 
trypanosomose a l'avantage de faire série avec des termes tels que coccidiose 
bilharziose, etc., et d’avoir une désinence qui ne prête à aucune confusion. 

(2) Les seules Mouches piqueuses que Brumpt ait reçues de Dakar sont des 
Stomoxys identiques ou très semblables à notre St, calcitrans. 


(a) Bulletin de l’Acad. de méd., p. 401, séance du 29 octobre 1901. 


Archives de Parasilologie, VIII, n° 3, 1904, 37 


578 R. BLANCHARD 


extrême, n’empièlent même pas ou empiètent à peine sur ses 
parties les plus méridionales. La région du Tchad est leur limite 
septentrionale. 

Or, Cazalbou a signalé dans cette région même deux trypanoso- 
moses, la mbori des Dromadaires et la souma ou soumaya des Zébus, 
qui seraient transmises par des Taons. On connait aussi dans le 
nord de l’Airique des trypanosomoses qui se propagent en dehors 
des Glossines. Je ne fais pas ici allusion à la dourine, qui se trans- 
met par le coit, au moins dans la plupart des cas ; je veux parler 
d’aflections apparemment transmises par des Insectes et observées 
chez l'Homme par Nepveu (1891); chez le Cheval par Chauvrat 
(1896), par Rouget (1896), par Buflard et Schneider (1902), par 
Szewczyk (1903), par Rennes (1903); chez le Dromadaire par les 
frères Sergent (1904). Encore qu’on n’en puisse donner une démons- 
tration péremptoire, dans l’état actuel de la science, il est très 
probable que toutes ces trypanosomoses animales sont identiques 
au nagana et reconnaissent pour cause le Trypanosoma Brucei (1). 
Dès lors surgit une question d’un réel intérêt. 

Les Glossines n'existent pas dans le vaste territoire où sévissent 
les trypanosomoses que nous venons de signaler. Les Trypanosomes 
y sont donc disséminés par d’autres Mouches piqueuses. Pour la 
région du Tchad, Cazalbou incrimine les Taons, connus dans le 
pays sous le nom de debab : le Tabanus soudanensis propagerait la 
mbori du Dromadaire et le Tabanus niger transmettrait la souma du 
Zébu. Mais ces noms ne sont que provisoires, puisque la détermi- 
nation spécifique des Diptères en cause n’a pas encore été faite (2). 

En arabe, le terme de dbeb, deted ou debab désigne les Mouches 
piqueuses en général. Depuis le 7 mai 1895, mon attention est 
attirée sur un Taon de l’Oued Rir, qui est désigné précisément 
sous le nom vulgaire de dbeb et qui a la réputation de piquer les 
Dromadaires. L'animal attaqué par cet Insecte présente fréquem- 
ment du larmoiement ; des mucosités s’écoulent par ses narines ; 


(1) Buffard et Schneider ont reconnu les premiers (15 décembre 1902) « qu’à 
côté du mal de coït il existe en Algérie une autre {rypanosomose, nagana ou 
surra ». Ils ont fait remarquer en outre que Chauvrat et Rouget avaient eu 
affaire, non pas à la dourine, comme ils l’avaient pensé, mais à cette nouvelle 
t'ypanosomose du nord de l’Afrique. 

(2) [existe déjà un Tabanus niger Palisot de Beauvois, synonyme de T, atratus 
Fabricius. 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 579 


il meurt dans l’espace de deux mois environ. Ces renseignements 
sommaires m'ont été fournis, à l’époque dont je parle, par un com- 
merçant qui connaissait bien le nord de l’Afrique, où il avait tenté 
d'introduire l'élevage des Autruches et des Aigrettes ; je veux parler 
de M. Jules Forest, qui est mort à Mogador, le 9 janvier dernier. 
Grâce à ces renseignements, j'ai prié différentes personnes de 
m'envoyer le dbed et j'ai reçu de M. Burcker, le 4er juillet 1895, 
une trentaine d'Insectes capturés par M. le commandant Janier sur 
les Dromadaires de l’Oued Rir. Après avoir constaté qu'il s'agissait 
de Tabanides, j'ai pensé tout d’abord que ceux-ci tourmentaient les 
Dromadaires simplement par la fréquence de leurs piqûres ou 
éventuellement par l’inoculation d’un microbe pathogène, capable, 
par exemple, de causer une septicémie. Mais le rôle attribué aux 
Glossines dans la dissémination du nagana, et surtout celui que 
jouent les Tabanides aux Indes dans celle du surra, ont attiré de 
nouveau mon attention sur ces Insectes. Je Les ai soumis à l'examen 
de MM. J. Martin et du Buysson, du laboratoire d’entomologie du 
Muséum : le 11 juin 1903, ils me faisaient connaître que, les ayant 
étudiés séparément, ils étaient arrivés tous deux à la même déter- 
mination. 

Il en résulte que le dbed de l’Oued Rir est le Tabanus nemoralis 
Meigen. Cette espèce, dont je présente à l’Académie quelques 
exemplaires, est ordinairement mélangée au Tabanus nigritus 
Fabricius; tous deux se rencontrent non seulement dans le nord 
de l’Afrique, mais encore dans le sud de l’Europe; le dernier 
s’observe en outre en Asie Mineure. 

Je ne puis donner aucune preuve du rôle pathogène joué par 
ces deux Taons algériens, mais le récit que m’a fait jadis M. Forest 
est trop d’accord avec ce que Cazalbou a observé lui-même pour 
qu’on ne soit pas en droit deles suspecter fortement. L'absence 
dûment constatée des Glossines au nord du Sahara est un argument 
encore plus puissant en faveur de cette suspicion. 

On doit donc considérer comme établi que le Trypanosoma Brucei, 
qui cause le nagana, est disséminé principalement, sinon exclusi- 
vement, par la Glossina morsitans, dans les contrées de l’Afrique 
tropicale où vivent les Glossines ; mais que, en dehors de ces 
régions, et notamment dans les zones saharienne et méditerra- 
néenne, ce même parasite est transmis par les Taons. 


580 R. BLANCHARD 


On se trouve ici en présence d’un de ces faits d'adaptation à la 
faune qui sont généralement méconnus, mais qui n’en jouent pas 
moins un rôle considérable dans l’expansion des maladies parasi- 
taires. En principe, un parasite déterminé a pour hôte ou pour 
agent de dissémination une espèce animale définie. Mais que, pour 
des conditions géographiques, climatériques, ete., celle-ci n’existe 
pas dans un pays où le parasite se trouve transplanté, ce dernier ne 
sera pas fatalement condamné à s’éteindre ; il pourra trouver dans 
la faune locale des espèces représentatives ou affines qui, tenant 
lieu de la première, pourront se substituer à elle dans son rôle 
d'hôte ou de disséminateur. L’helminthologie nous offre de nom- 
breux exemples d'une telle substitution; ils constituent, comme je 
viens de le dire, une véritable adaptation du parasite à la faune 
locale. Les Protozoaires, en particulier les Plasmodies paludiques, 
nous en présentent aussi de remarquables exemples. C’est donc 
une loi générale, et il me serait facile de le démontrer, s’il en 
était besoin. | 

Or, l’adaptation des helminthes et des Plasmodies à un hôte 
nouveau est soumise à d’étroites conditions biologiques, puisque 
le parasite doit subir dans l’organisme de son nouvel hôte des 
métamorphoses parlois très compliquées (cas des Trématodes et 
des Plasmodies). En ce qui concerne les Trypanosomes, qui ne 
subissent aucune évolution dans le corps de l’Insecte et que celui- 
ci se borne à disséminer (1), l'adaptation n’a pas besoin d’être aussi 
complète et aussi rigoureuse. Aussi ne doit-on pas être surpris de 
voir qu'une même espèce est convoyée, suivant les contrées, par 
des Diptères assez dissemblables, puisque les uns (Glossina) sont 
des Muscidae, tandis que les autres (Tabanus) appartiennent à la 
famille des Tabanidae. 

De ce qui précède découlent des considérations intéressantes : 

La trypanosomose du nord de l’Afrique, dont le Tabanus nemo- 
ralis, et peut-être aussi le Tabanus nigritus, semblent être les agents 
de transmission, pourra quelque jour envahir l'Italie, l'Espagne et 
le sud de la France, puisque les Insectes incriminés se rencontrent 
dans ces régions. On peut donc s'attendre à voir s’y déclarer chez 


(1) Une Glossine ayant sucé le sang d’un animal nagané ne reste pas infectieuse 
plus de quarante-huit heures; les Trypanosomes contenus dans sa trompe ou 
son estomac sont tous morts au bout de ce temps. 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 581 


le bétail et chez les Chevaux une épizootie identique ou très 
analogue au nagana. D'où la nécessité de mesures de préservation. 

La famille des Tabanides est répandue sur toute la surface du 
globe ; elle compte actuellement 1425 espèces réparties en 31 genres. 
De ces derniers, il en est quelques-uns qui méritent une mention 
spéciale : le genre Chrysops Meigen compte 146 espèces, le genre 
Dichelacera Macquart en renferme 34, le genre Hæmatopota Meigen 
48, le genre Pangonia Latreille 204, le genre Silvius Meigen 26 et 
le genre Tabanus Linné 888. Voilà une foule d’Insectes, qui tous 
piquent les animaux pour en sucer le sang et dont un bon nombre, 
apparemment, sont capables d’inoculer les Trypanosomes. 

Certains d’entre eux sont vraiment redoutables, témoin la Pan- 
gonia longirostris des Indes, dont le rostre est trois ou quatre fois 
aussi long que le corps. Le danger est réel, mais pourtant il ne 
faut pas s’en exagérer l’importance, et l’exemple de ce qu'il est 
advenu de la maladie du sommeil en Amérique est plutôt rassurant. 
On sait, en effet, que, à l’époque de la traite des nègres, nombre 
d'individus atteints de cette affection ont été transplantés aux 
Antilles ou aux États-Unis : travaillant dans les plantations, ils 
étaient constamment exposés à la piqûre des Tabanides ou des 
Muscides piqueurs; néanmoins, la maladie ne s'est pas propagée 
dans le Nouveau-Monde, par manque d’un Insecte capable de se 
substituer à la Glossina palpalis. 

Au point de vue qui nous occupe, l’exemple du surra est parti- 
culièrement instructif. On sait que cette enzootie est causée par le 
Trypanosoma Evansi (Steel, 1885); elle sévit aux Indes sur le Cheval, 
le Mulet, le Chameau, le Buffle et l'Éléphant : elle est inoculable au 
Chien, au Rat, au Singe, etc. Elle est incontestablement propagée 
par des Diptères. Lingard met en cause les Taons, les Hippobos- 
ques, les Mouches et les Moustiques; il va même jusqu’à soupçonner 
les Corbeaux, qui se repaissent de charogne. Les indigènes accusent 
deux Taons, qui seraient le Tabanus tropicus Meigen et le Tabanus 
lineola Fabricius. La détermination est peut-être exacte pour le 
premier, qui est connu de Sibérie et de l’Europe centrale; elle est 
probablement fausse pour le second, qui n’a encore été signalé 
qu’en Amérique. Quoi qu'il en soit, Rogers a prouvé, en 1901, que 
le Taon qui vient de piquer un animal surré est capable d’inoculer 
la maladie à un animal sain, tel que le Chien et le Lapin, mais 
seulement dans l’étroile limite de vingt-quatre heures. 


582 R. BLANCHARD 


Or, le surra s’est considérablement répandu dans ces années 
dernières. Il existe maintenant en Perse, à Java, à Sumatra, en 
Birmanie, en Chine; on l’a vu également en Annam et au Tonkin; 
il a été introduit aux Philippines en 1901 et à Maurice en 1902. De 
quelle manière se propage-t-il en ces nouveaux pays? Curry admet 
qu'aux Philippines l’agent de transmission est le Siomozxys calcitrans, 
petit Diptère très semblable à la Mouche domestique et cosmo- 
polite comme elle (1). A l’île Maurice, où les Glossines n’existent 
pas, c'est un Diptère très voisin, le Sfomoxys nigrans, qui intervient. 

Notons ici la substitution des Muscides aux Tabanides comme 
agents de dissémination, par une marche inverse, mais d’ailleurs 
pour la même raison que nous invoquions tout à l’heure à l’égard 
du nagana d'Algérie et du Soudan. Constatons d’autre part que le 
Stomozxys calcitrans, qui est très répandu à la surface du globe, est 
capable de propager le surra dans une contrée jusqu'alors indemne, 
où viendrait à être introduit par hasard un animal contaminé. La 
maladie marche assez lentement pour que des Chevaux ou des 
Mulets de troupe la rapportent du Tonkin en France ou des Philip- 
pines en Amérique; elle a bien été introduite de l’Inde à liîle 
Maurice. Aussi comprend-on que le gouvernement des États-Unis, 
par un arrêté en date du 13 décembre 1901, ait formellement 
interdit d'introduire en Amérique et aux îles Hawaï des animaux 
d'espèce quelconque provenant des Philippines. 

Si le commerce des Chevaux avec le Brésil, l'Argentine et les 
Républiques voisines était plus actif, il aurait pu tout aussi judi- 
cieusement prendre envers ces pays une mesure identique, puisque, 
d’après Voges et Lignières, c’est encore le Stomoxys calcitrans qui 
inocule le Trypanosoma equinum, cause du « mal de cadera ». La 
nuisance de cet Insecte ne semble pas douteuse, puisque Sivori et 
Lecler ont pu inoculer des Chevaux en les soumettant à sa piqüre. 
L’ubiquité de ce Diptère constitue donc un nouveau danger, et 
l'introduction en Europe ou aux États-Unis d’un seul Cheval 
« cadéré » pourrait avoir les plus désastreuses conséquences. 

Puisque les Tabanides transmettent les Trypanosomes dans les 
pays où manquent les Glossines; puisqu'ils propagent le nagana 
dans le nord de l'Afrique et le surra aux Indes, l’une des barrières 


(4) D'après Stuhlmann, le Stomoxys calcitrans d'Europe est répandu dans 
l’Afrique orientale allemande. 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 583 


élevées entre le nagana et le surra tombe de ce fait. Déjà des 
observateurs, tels que Koch, Rogers, Schilling et Broden, ont 
formellement admis l’identité des deux maladies : leur symptoma- 
tologie est la même et tous les animaux soumis à l’expérience 
présentent à leur égard la même réceptivité;,la seule différence 
appréciable tient à ce que le Bœuf et la Chèvre des Indes résistent 
au surra, tandis que ceux d'Afrique sont tués par le nagana. Mais 
c'est là une différence de bien médiocre valeur, qui s’explique 
suffisamment par les caractères zootechniques, et, mieux encore, 
dans le cas des Bovidés, par la non-identité spécifique. 

Différents faits mettent hors de doute la valeur secondaire de ces 
distinctions. D'une part, le surra est mortel pour les Buffles de 
Java et des Philippines, alors qu'il ne cause qu’une affection très 
légère chez ceux de l’Inde. D’autre part, Koch n’a pu inoculer le 
nagana aux Anes des Massaïs, dans la région du Kilimandjaro, 
alors que l’Ane.d’Europe ne résiste pas à cette trypanosomose; de 
même, Schilling assure que le Porc du Togo est réfractaire au 
nagana, tandis que celui d'Europe se montre très réceptif. Il s’agit 
sans doute ici d’immunités acquises par un phénomène analogue, 
sinon identique, à celui dont le sang devient le siège quand il 
s’accoutume aux toxines microbiennes ou aux venins. C’est aussi 
grace à Ces accoutumances héréditaires que les Mammifères 
sauvages des régions où sévit le nagana peuvent présenter une 
infection naturelle chronique, mais non mortelle, comme le fait 
notre Surmulot (Mus decumanus) à l'égard du Trypanosoma Lewisi. 

On pourrait donc légitimement conclure de tous ces faits à 
l'identité du nagana et du surra. Toutefois, des expériences récentes 
de Laveran et Mesnil sur la Chèvre, de Nocard, puis de Vallée et 
Carré sur le Bœuf permettent de considérer ces deux maladies 
comme distinctes. 

Quoi qu’il en soit, ces considérations nous permettent de discuter 
les conditions de la dissémination de la trypanosomose humaine. 

Dans l’Afrique tropicale, cette dissémination est assurée par la 
Glossina palpalis, ainsi qu’on s'accorde à le reconnaître; mais voici 
que Brumpt, dans la note qui a été l’occasion du présent rapport, 
donne de sérieuses raisons de suspecter aussi la Glossina fusca. 
L'avenir nous apprendra sans doute que d’autres Glossines encore 
sont capables de propager la maladie; il devra nous enseigner 


594 R. BLANCHARD 


aussi que d’autres Mouches piqueuses peuvent, dans les pays sans 
Glossines, se substituer à celles-ci : l'exemple du nagana est assez 
frappant. 

Or, en 1891 et 1898, Nepveu a fait connaître qu'il a observé dans 
le sang de l'Homme en Algérie, 6 fois sur 200 malades, un Trypa- 
nosome dont il n'indique malheureusement pas les caractères avec 
assez de précision pour qu'on puisse l'identifier au Trypanosoma 
gambiense. Manson l'en croit distinct et l'appelle Tr. hominis; 
Sambon partage cette opinion et lui donne le nom de Tr. Nepveui ; 
mais ce sont là des dénominations prématurées, car il est très 
probable qu'il s’agit simplement du Tr. gambiense. Dans cette hypo- 
thèse, le parasite aurait été amené en Algérie par un convoyeur de 
caravane traversant le Sahara du sud au nord, et les Tabanides 
algériens, voire les Stomoxes, les Hippobosques ou d’autres Diptères 
piqueurs, se seraient chargés de le disséminer dans le pays. 

Il est donc certain qu'une trypanosomose humaine existe en 
Algérie ; elle ne doit pas y être très rare, puisqu’un seul observateur 
en a constaté six cas. Elle est vraisemblablement identique à celle 
de l’Afrique tropicale ; toutefois cette assimilation doit rester à 
l’état d’hypothèse, tant qu’on n’aura pas soumis à une étude expé- 
rimentale comparative la trypanosomose humaine de l'Algérie et 
celle de l’Afrique tropicale. Dans sa très courte note, Nepveu ne 
dit pas que ses malades aient été atteints de somnolence; mais cela 
n’infirme ni la réalité de ses observations ni l'identité que nous 
prévoyons entre les deux trypanosomoses cis et transsaharienne. 
En effet, la somnolence n’est qu’un symptôme plus ou moins 
précoce, dont l'intensité varie suivant les individus et surtout 
suivant les races : très marquée chez les noirs, elle est moins 
manifeste chez les blancs. 

Sans aller jusqu’à envisager l’introduction possible de la trypa- 
nosomose humaine en Europe, par le moyen de Tabanides ou de 
Stomoxes communs à ce pays et au nord de l’Afrique, la question 
des Trypanosomes se présente donc sous des aspects nouveaux; 
elle prend une importance imprévue, au point de vue médical 
comme au point de vue économique. 

Avant de tirer de notre étude les conclusions qu'elle comporte, 
il nous paraît utile de dresser la liste des espèces de Trypanosomes 
signalées jusqu’à présent chez l'Homme et les Mammifères et d’en 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 589 


donner une caractéristique sommaire. Dans cette liste, nous impri- 
mons en caractères gras le nom des espèces que nous considérons 
comme valables, et en italiques le nom de celles qui doivent 
tomber en synonymie. 


Chez l'Homme 


Tr. Castellanii Kruse, 21 mai 1903. — Synonyme de Tr. gambiense. 
Tr. Fordii Maxwell-Adams, 28 mars 1903. — Synonyme de Tr. gambiense. 


Tr. Gambiae Maxwell-Adams, 28 mars 1903. — Synonyme de Tr. gam- 
biense. 
Tr. gambiense Dutton, 1902. — Cause la trypanosomose humaine. 


(maladie du sommeil). Inoculable au Cheval et à beaucoup d'autres espèces 
animales, mais non au Babouin (Cynocephalus sphinx). 
Tr. hominis Manson, 1903. — Probablement synonyme de Tr. gambiense. 
Tr. Nepveui Sambon, 1" juillet 1903. — Synonyme de Tr. hominis. 
Tr. ugandense Castellani, 23 mai 1903. — Synonyme de Tr. gambiense. 


Chez les Mammifères 


Tr. Brucei Plimmer et Bradford, 1899. — Cause le nagana ; la maladie 
est trop connue pour que nous en indiquions ici les caractères. Le parasite 
est transmis par des Diptères de types différents : des Muscides du genre 
Glossina (et spécialement Gl. morsitans) dans l'Afrique tropicale et des 
Tabanides divers au Soudan et dans le nord de l'Afrique. 

Tr. congolense Broden, 1904. — Chez le Mouton, à Léopoldville (Etat 
indépendant du Congo). Inoculable au Macaque et au Cobaye ; prend chez 
ce dernier des caractères qui le rapprochent de Tr. Brucei, en sorte que 
sa validité spécifique n'est pas indubitable. 

Tr. cuniculi, N. sp. — Parasite du Lapin domestique (Lepus cuniculus 
domesticus). Découvert en 1891 par Jolyet et de Nabias, à Bordeaux. Revu 
en Angleterre par Petrie, dans le sang de Lapins qui n'avaient ni Poux 
ni Puces. Ne s'inocule ni au Lapin (!), ni au Rat blanc, ni au Cobaye. 

Tr. dimorphon Dutton et Todd, 1904. — Chez le Cheval, en Gambie. 
Inoculable au Macacus rhesus et au Rat, mais non au Babouin (Cynoce- 
phalus sphinx), à la Souris, au Lapin et au Cobaye. Le parasite mesure 
Hàal3usur0OvT7àales. 


Tr. Elmassiani Lignières, 8 janvier 1903. — Synonyme de Tr. equinum 
Voges, 1902. 
Tr. equinum Voges, 1902. — Cause le « mal de cadera » en Amérique 


du sud, chez le Cheval, le Mulet, l’Ane et le Chien. Un bon nombre 
d'animaux sont doués d'une réceptivité atténuée : tels sont le Porc, le 
Cabiai, le Cobaye, le Coati, le Rat, la Souris, le Lapin, le Chien, le Chat, 
la Chèvre, le Mouton, le Bœuf, le Tatou et le Singe (Nyctipithecus fuliqi- 
nosus) ; on cite aussi la Poule et le Dindon, mais l'observation mérite 
d'être confirmée. Voges a cherché quelle Mouche suceuse de sang peut 


386 R. BLANCHARD 


transmettre ce parasite; il n'a obtenu aucun résultat. Il pense que ce rôle 
est dévolu à la « Mosca brava », qu'il assimile à notre Stomoxys calcitrans. 
Lignières attribue la même dénomination à un Diptère de l'Argentine, 
chez lequel il a trouvé le Trypanosome vivant. Sivori et Lecler sont encore 
plus démonstratifs, puisqu'ils assurent avoir pu inoculer des Chevaux 
en les soumettant à la piqûre de cette même Mouche. 

Tr. equiperdum Doflein, 1‘ juillet 1901. — Cause la dourine chez le 
Cheval et l'Ane, affection contagieuse, répandue en Malaisie (Sumatra), 
en Asie occidentale, en Algérie et en Europe centrale. La maladie est 
inoculable au Chien, au Lapin, au Rat et à la Souris; elle ne les tue pas 
toujours; elle ne se transmet pas aux Ruminants. Elle se propage le plus 
souvent par le coït, mais on peut l'observer aussi chez des Chevaux 
hongres ou des Juments vierges : Nocard admet qu'alors l’inoculation s'est 
faite accidentellement sur la muqueuse génitale, soit par la litière, soit 
par des éponges et autres objets de pansage. Toutefois, la facilité de 
l'inoculation sous-cutanée, qui réussit à coup sûr chez le Cheval, montre 
que les Insectes piqueurs, et spécialement les Diptères suceurs de sang, 
ne doivent pas jouer un rôle négligeable dans la dissémination de cette 
maladie. Rabinowitsch et Kempner en ont d'ailleurs donné la démonstra- 
tion : ils rassemblent dans une même cage des Rats de même sexe, les 
uns dourinés et les autres sains; peu de jours après, ces derniers sont 
infectés dans la proportion de 30 à 40 p. 100, par la seule piqüre des Puces. 

Tr. Evansi (Steel. 1885). — Cause le surra ; les caractères de la maladie 
sont trop connus pour que nous y insistions ici. Le parasite est transmis 
par des Diptères de types différents : des Tabanides divers et des Muscides 
du genre Stomoxys. 

Tr. Lewisi (Kent, 4880). — Chez divers Rongeurs de la famille des 
Muridae (Mus derumanus, M. rattus, M. rufescens). Transmis de Rat à Rat 
par les Puces (Rabinowitsch et Kempner), et sans doute aussi par les 
Poux, dans l'estomac desquels on peut le trouver vivant (Mac Neal et 
Novy). S'inocule au Cobaye et se multiplie d'abord dans le sang, puis 
finit par disparaître. D'autres Rongeurs, tels que la Souris, le Hamster et 
le Lapin, sont tout à fait réfractaires; il en est de même pour le Chien, le 
Chat. l'Ane, le Cheval et la Chèvre. On trouve parfois chez le Rat, aux 
Indes (Lingard) et aux Philippines (Musgrave et Williamson), des Trypa- 
nosomes inoculables au Cheval: il s'agit alors, non de cette espèce, mais 
de Tr. Evansi. 

Tr. Lingardi n. sp. — Chez le Bœuf, aux Indes. Espèce géante 
atteignant 105 w de long. sur 19 à 23 v de large. Lingard l'a découverte 
chez des Bœuîfs inoculés très longtemps auparavant, avec des Trypano- 
somes du Rat (Tr. Lewisi) ayant passé par le Cheval et l’Ane. Il la croit 
dérivée de Tr. Lewisi, mais l'énorme différence de taille et la structure 
non moins distincte nous semblent contredire cette opinion. On sait 
d'autre part que le Cheval et l'Ane sont réfractaires à Tr. Lewisi. 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 587 


Tr. myoxi, 2. sp. — Découvert par Galli-Valerio, en 1903, dans le 
sang du Muscardin (Myoxus avellanarius). 

Tr. Rougeti Laveran et Mesnil, 15 juillet 1901. — Synonyme de Tr. 
equiperdum. 

Tr. sanguinis Kanthack, Durham et Blandford, 1898 (non Gruby, 1843). 
— Synonyme de Tr, Lerwisi. 

Tr. Theïileri Laveran, 3 mars 1902. — Chez le Bœuf, au Transvaal. 
Espèce de grande taille, mesurant 50 v de long sur 3 & 5 à 4 v de large. 
Le Cheval, la Chèvre, le Chien, le Cobaye et le Lapin sont réfractaires à 
l'inoculation expérimentale. Le mode de transmission est inconnu. 

Tr. transvaaliense Laveran, 3 novembre 1902. — Chez le Bœuf, au 
Transvaal. Mode de transmission inconnu 

Aux espèces ci-dessus énumérées, il convient d'ajouter quelques formes 
dont la spécificité reste incertaine : 

1° Un Trypanosome vu au Congo par Ziemann, en 1902, chez un Chim- 
panzé dont le sang contenait, en outre, la Filaria perstans. L'organisme 
est à peu près de même taille que Tr. Lewisi, mais le flagelle est quatre 
fois plus court. 

2° Un Trypanosome observé en Russie par Shalashnikov chez un Rongeur 
(Spermophilus citilluxs). 

3° Un Trypanosome vivant aux Indes chez le Bandicoot ou Rat géant, 
Nesokia bandi-ota (Bechstein). C’est peut-être une race du Tr. Leivisi. Il 
n'est pas inoculable à l’Ane, mais s'inocule parfois au Lapin et au Cobaye: 
les parasites apparaissent alors dans le sang vers le quatrième jour, et la 
mort survient vers le quarante-cinquième jour. 

4° Un Trypanosome du Cobaye. 

5° Un Trypanosome du Hamster (Cricetus frumentarius). Rabinowitsch 
et Kempner l’assimilent à Tr. Lervisi, mais leurs expériences d'inoculation 
nous semblent laisser planer au moins un doute sur cette identification. 

6° Un Trypanosome du Cheval, étudié à Java par Penning et Vrijburg. 
Il tue le Cobaye, mais ne détermine chez le Zébu qu'un malaise transitoire. 

7° Un Trypanosome causant une épizootie meurtrière parmi les Buffles 
de Java ; également observé par Penning. La Chèvre résiste à l'inoculation 
expérimentale, mais le Chat, le Chien, le Cobaye, le Lapin, le Rat, la 
Souris et le Singe sont tués. La maladie semble différer du surra. 

8° Un Trypanosome observé à Soemedang (Java), par Hubenet, chez le 
Cheval. Le Lapin est tué par le parasite, mais le Chien, le Cobaye et la 
Souris n'ont aucune réceptivité. La maladie se transmet par le coit et 
n'est peut-être qu'une forme de la dourine. 

9° Un Trypanosome long de 60 à 80 v, large de 2 % à 5 & 5, trouvé par 
Buffard, en 1900, dans la sérosité de l’æœdème du fourreau chez un étalon 
d'Algérie. 


D88 R. BLANCHARD 


CONCLUSIONS. 


De l'étude précédente découlent les conclusions qui suivent : 

10 Vu l'extension progressive de la maladie du sommeil et la 
probabilité de la dissémination de la trypanosomose hunraine par 
la Glossina fusca et d’autres espèces de Glossines, il est urgent 
d'organiser des missions de naturalistes et de médecins, à l'effet 
d'étudier, dans les colonies françaises de l’Afrique tropicale; 
l'action pathogène des diverses Glossines. S'il résulte de cette 
enquête que les Glossines de l'Afrique orientale et australe ne sont 
pas pathogènes pour l'Homme de race blanche ou noire, il ne sera 
pas utile d'empêcher les relations de ces contrées avec les zones 
infectées. | 

2% En attendant les résultats de cette enquête, une première 
mesure prophylactique s'impose. On doit empêcher les soldats, 
porteurs et indigènes de passer des régions infectées dans les 
régions saines ; inversement, on doit interdire aux individus habi- 
tant les régions saines de pénéter dans les régions contaminées. 

3° Les gouvernements locaux sont invités à faire connaître, lant 
aux blancs qu’aux indigènes, le danger qu'ils encourent en s’expo- 
sant aux piqûres des Mouches en général, et des Tsétsés en parti- 
culier, et la nécessité d'établir les habitations, les factoreries et les 
villages hors des points où elles se tiennent. Les Commissions 
mixtes de médecins et de naluralistes, visées à l’article 4e, seront 
chargées d’indiquer, parmi les localités propres à la culture et aux 
diverses exploitations coloniales, celles indemnes de Glossines 
reconnues dangereuses. L'administration, s'appuyant sur ces consla- 
talions techniques, désignera les emplacements où les chefs des 
villages atteints devront venir s'installer pour y créer de nouveaux 
centres de population. 

%° Il est non moins urgent d'étudier les trypanosomoses du bétail 
en général, afin de déterminer par quels Diptères piqueurs elles 
sont transmises. Cette étude est particulièrement importante pour 
le Soudan, l’Algérie et la Tunisie, où la maladie est propagée par 
des Diptères autres que les Glossines. 

5° La trypanosomose de l'Homme en Algérie mérite une attention 
toute spéciale. On doit en faire, dans le plus bref délai possible, 


TRANSMISSION DE LA MALADIE DU SOMMEIL 589 


l'étude systématique. Il est utile de charger de ce soin un parasito- 
logue isolé ou plutôt une Commission de deux ou trois parasito- 
logues. 

60 Vu l'existence, en divers pays, de trypanosomoses semblant 
être transmises par des Tabanides et des Mouches piqueuses 
(Stomoxes) qui se rencontrent également en Europe ; vu la possi- 
bilité de l'introduction de ces affections parasitaires, il y a lieu de 
prohiber ou de réglementer d’une façon rigoureuse l'importation 
en France et dans les colonies françaises d’animaux provenant de 
régions où sévissent ces trypanosomoses. Un vœu semblable a déjà 
été émis par l’Académie, le {er juillet 1902, sur la proposition de 
MM. Laveran et Nocard (1); il est utile de recommander de nouveau 
cette question à l'attention des pouvoirs publics. 

1° Je propose enfin à l’Académie d’adresser ses remerciements à 
M. le Dr Brumpt et de déposer honorablement son mémoire dans 
nos Archives. 


— Les conclusions du présent rapport, mises aux voix, sont 
adoptées à l’unanimité. 


(1) Bulletin de l’Académie de Médecine, XLVIII, p. 27, 1902. 


ÉTUDE 


SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 


PAR 


le D' FÉLIX HALGAND 


Depuis les remarquables travaux de Sabouraud sur les tricho- 
phyties de la barbe, de nouvelles recherches ont remanié ce cha- 
pitre de la dermatologie. La question, qui paraissait si simple en 
1892, semble aujourd’hui très complexe ; les études faites par 
Bodin sont là pour le prouver, de même que le fait nouveau que 
nous apportons aujourd'hui. De plus, les différents travaux parus 
sur la question sont dispersés dans beaucoup d'ouvrages, aussi 
nous avons cru faire œuvre ulile en condensant ei en réunissant, 
dans cette monographie, tous les articles traitant des trichophyties 
de la barbe, de facon à pouvoir donner au praticien, tous les ren- 
seignements nécessaires. 


Après un aperçu historique sommaire, nous ferons une nou- 
velle division des trichophyties et pour chacune d'elles nous étu- 
dierons les symptômes cliniques pour passer ensuite à l'étude 
mycologique des Champignons qui les causent. 


HISTORIQUE 


Les anciens semblent avoir ignoré complètement les tricho- 
phyties ; ils les confondaient avec toutes sortes de maladies de la 
peau ; impetigo, herpès, zona, etc. Il faut arriver jusqu’en 1843, 
avec Cazenave, pour que cette différenciation soit faite au point de 
vue clinique. 

Vers la même époque, Gruby étudie les parasites qui causent 
les lésions vues par Cazenave. Il décrit alors : 

1° Le Trichophyton de la mentagre ou sycosis de la barbe. 

2 Le Trichophyton de la teigne tondante de l'enfance. 

3° Enfin un parasite différent des premiers auquel il donne le 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 591 


nom de Microsporum et qui cause une teigne spéciale qu'il nomme 
porrigo decalvans. 

Sa doctrine est donc bien nette : plusieurs parasites de 
familles différentes peuvent causer le même syndrôme clinique, la 
teigne. 

Bazin, quelques années après, ne tient aucun compte de ces 
travaux et crée ce que l’on a appelé la doctrine de l'unité tricho- 
phytique. Il est faux que plusieurs parasites créent la trichophytie, 
il n’en existe qu’un seul qui donne cette maladie cutanée, dont les 
manifestations variables sont différentes suivant le terrain sur 
lequel évolue le Champignon. À 

Malgré les deux erreurs que consacre cette théorie, elle règne 
en maîtresse pendant près de 50 ans. 

Unna, en 1891, aidé de ses élèves Neebe et Furthman, est, après 
Gruby, le premier qui réussit à isoler des trichophyties de l'Homme 
cinq parasites, dont les cultures lui paraissent différentes. Mais 
ne tire aucune déduction de ses découvertes. 

Vient Sabouraud. Tout d’abord il révolutionne la dermatologie. 
Il applique en effet à cette branche de la pathologie les procédés 
qu'employait Pasteur. Pendant cinq ans, il voit plusieurs centaines 
de malades, fait plusieurs milliers de cultures mycologiques, arrive 
à découvrir plusieurs parasites et détruit ainsi complètement la 
doctrine de l'unité trichophytique. 

Sabouraud confirme l’œuvre de Gruby : 

1° Il sépare la tondante rebelle de l’enfance, due au Microsporum 
Audouini, des autres trichophyties. 

20 Il admet la pluralité des Trichophyton. 

30 Il précise leur origine : les uns sont humains; les autres 
animaux. 

Ces derniers sont les facteurs des trichophyties suppurées des 
parties glabres et des trichophyties de la barbe. Ici nous n'avons 
à nous occuper que de ces dernières. A ce sujet, la doctrine de 
Sabouraud est bien nette. 

Les teignes de la barbe sont dues à l’inoculation de Trichophyton 
spéciaux, dont l’origine animale est démontrée. Jamais un parasite 
humain n’a causé ces maladies. À chaque type clinique de 
trichophytie de la barbe, correspond un Champignon déterminé. 


592 F. HALGAND 


[4 


Aussi divise t-il les trichophyties de la barbe de la façon 
suivante (1): 

4° Trichophyties à dermite profonde circinée, le sycosis circiné, 
dues au 7richophyton pyogène du Cheval. 

90 Trichophyties à dermite légère, humide et disséminée, dues 
à un Trichophyton spécial, à cultures jaunes, craquelées, vermicu- 
laires. 

30 Enfin, les trichophyties sèches, en apparence presque exclu- 
sivement pilaires, où la dermite ne se traduit que par une saillie 
acuminée du follicule, analogue à celle de l’ichthyose pilaire, et 
dues au Trichophyton Megnini à culture rose, d’origine aviaire. 

Les trichophyties pilaires de la barbe relèvent donc directement 
et exclusivement de l’inoculation médiate ou immédiate des 
Trichophyton animaux. 

Depuis les premières recherches de Sabouraud, de nouvelles 
découvertes ont été faites. Bodin (2) a signalé des trichophyties 
sèches de la barbe, dues à un Trichophyton humain, le T. tonsu- 
rans sensu stricto, qui cause’aussi la tondante de l'enfance. 

Sabouraud lui-même, dans un article sur les trichophyties, 
paru dans la Pratique dermatologique, signale des trichophyties 
sèches de la barbe, dues aux Trichophyton Sabouraudi et viola- 
ceum. Enfin nous-même, nous avons observé deux cas de sycosis 
circiné, dus au Trichophyton Megnini, d’origine aviaire. 

Tout cela nécessite donc une nouvelle étude de la question, une 
nouvelle division des trichophyties de la barbe. 

Voici celle que nous proposons : 


I. — Trichophyties à dermite profonde (sycosis circiné) 


T. mentagrophytes. 
Causées/par. 115 URL PONT RE TE OU ONE 
T. Megnini. 


Il. — Trichophyties à dermite superficielle, humide, disséminée 


Causées:pars: PET NL NEO Ne TER CIE DURS 


(4) R. Sasouraun, Les trichophytres humaines.Thèse de Paris, 1894; cf. p. 185. 


(2) E. Bonn, Sur les trichophyties de la barbe. Ann. de dermalol. et de 
syphiligr., 1900, p. 1205. 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 593 


III. — Trichophyties sèches 


1° à forme d’ichthyose pilaire causées par . +: . T. Megnini. 
a. Trichophyton animal.  T. Megnini. 
2° à forme sèche . . . T. tonsurans. 
ordinaire. . ? b. Trichophyton humains. 4 T. Sabouraudi. 
CAUSÉES DA NT T. violaceum. 


Nous avons basé notre classification sur les faits d'observation 
clinique, car ce sont ceux-là qui frappent tout d’abord le prati- 
cien et qu’une classification s'appuyant sur l’espèce du Chambpi- 
gnon ne pourrait que compliquer cette question des trichophyties 
de la barbe, déjà si complexe. En effet, nous verrons qu’un même 
parasite peut causer deux formes de teigne (l’étude du T. Megnini 
nous le prouvera), et qu’une trichophytie, le sycosis circiné, par 
exemple, peut être due à plusieurs Champignons difiérents. 

Pour chaque espèce de teigne, nous ferons une étude clinique, 
puis une étude mycologique, comprenant, pour chacun des Tricho- 
phyton en cause, l'examen microscopique, les cultures, les inocu- 
lations expérimentales et enfin la mycologie proprement dite. 

Mais avant d'aborder ce sujet, il nous paraît utile de donner 
une définition précise du mot trichophytie de la barbe et d’expli- 
quer ce que signifient les termes Trichophyton d’origine humaine 
et Trichophyton d'origine animale. 


Définition. — Comme le fait si bien remarquer Sabouraud, il 
existe des teignes, siégeant sur les parties pilaires des joues et du 
menton, qui n'atteignent pas le poil. Ce sont des trichophyties 
épidermiques banales. Avec lui, nous admettrons que les teignes 
de la barbe « sont celles qui ont pour siège, non seulement les 
éléments épidermiques, mais encore le poil adulte de la région ». 

Suivant la place occupée par le Champignon dans le poil, nous 
aurons affaire à un parasite d’origine humaine ou d’origine 
animale. 

Les Trichophyton humains, en eftet, envahissent le poil lui- 
même, qu’ils remplissent de leurs chapelets mycéliens, formés par 
plusieurs séries de spores petites, régulières etdirigées dans lesens 
du grand axe du poil. Ce sont des Champignons endothrix, suivant 
l'expression heureuse de Sabouraud, c’est-à-dire qu'ils siègent 
dans le poil lui-même, sans en dépasser la cuticule. 

En outre, ces parasites sont ceux qu’on rencontre le plus fré- 


Archives de Parasitologie, VIII, n° 4, 190%. 38 


594% F,. HALGAND 


quemment chez l'Homme, où d’une façon générale, ils ne causent 
pas une réaction inflammatoire très marquée. Enfin, ils sont diffi- 
cilement inoculables aux animaux, chez qui, lorsque l’inoculation 
est positive, ils causent des lésions tout à fait fugaces. 

Les Trichophyton animaux, au contraire, sont situés à l’exté- 
rieur du poil.Quelques filaments mycéliens seulement envahissent 
l’intérieur de cet organe. Ils sont formés de grosses spores, sou- 
ventirrégulières, surtout autour du poil, où elles forment une 
sorte de gaine. Ce sont donc des Champignons endo-ectothrix. 

En outre, ces parasites sont ceux qu’on rencontre ordinaire- 
ment chez l’animal et qui lui sont très facilement inoculables. 

Enfin, leur inoculation chez l'Homme s'accompagne très sou- 
vent d’une forte réaction inflammatoire, allant même jusqu’à la 
suppuration. Ce sont des Trichophyton pyogènes. 

Maintenant que nous sommes fixés sur ce qu’il faut entendre 
par trichophytie de la barbe et Trichophyton d’origine humaine et 
d’origine animale, nous commencerons l’étude des lésions du poil 
par la teigne la plus commune, le sycosis circiné à dermite pro- 
fonde. | 


Trichophyties de la barbe à dermite profonde. 


Sycosis circiné. 


C’est une des trichophyties de la barbe qui se rencontre le plus 
fréquemment chez l'Homme. Elle est constituée par des lésions de 
dermite profonde et suppurée, analogue au kérion de Celse et à la 
folliculite agminée des parties glabres, qui, d’ailleurs, sont causées 
par un Champignon, le Trichophyton pyogène du Cheval, qu’on 
retrouve le plus souvent dans le sycosis circiné. 


ÉTUDE CLINIQUE. — Voici comment se présente cette dernière 
maladie. Le début du sycosis circiné ressemble absolument à celui 
d'un furoncle. On se trouve en présence d’une élevure rouge au 
sommet centré par un poil et occupé par une vésicule remplie 
d’un liquide séropurulent. Mais, au bout de quelques jours, la 
lésion évolue rapidement. Les poils voisins sont pris et on assiste 
à la production d’un placard de folliculites et de périfolliculites, 
qui peut atteindre des dimensions considérables, jusqu’à 7 à 8 
centimètres de diamètre. 


Fig. 1. — Sycosis trichophytique 
à type de folliculites et périfolliculites suppurées. 


596 F. HALGAND 


Ce placard est rouge, arrondi, saillant au-dessus des téguments 
et nettement délimité sur ses bords. La surface forme un plateau 
irrégulier, fongueux, sur lequel on aperçoit une série de petits 
abcès folliculaires, qui, selon l’âge des lésions, se présentent sous 
forme de petites pustules ou de petites dépressions, à fond bourbil- 
lonneux et grisätre. Ces dépressions résultent de louverture des 
pustules signalées plus haut. Souvent elles sont recouvertes de 
‘croûtes jaunâtres, plus ou moins épaisses (fig. 1). 

Les bords du placard sont nettement délimités ; ils sont taillés 
presque à pic, formant une sorte de talus, descendant en pente 
très rapide jusqu’à la peau saine, laquelle se différencie facilement 
de la peau malade. Au palper, on trouve la base de ce placard 
fortement indurée. 

Les poils ne revêtent pas ici cet aspect si particulier que l’on 
observe dans les autres trichophyties. Ils ne sont pas cassés à 
quelques millimètres de l’épiderme, mais conservent leurs dimen- 
sions ordinaires. Cependant, ils offrent ceci de particulier qu’ils 
n’adhèrent presque plus au follicule pileux, la suppuration les en 
ayant séparés ; aussi la moindre traction suftit-elle pour les 
arracher. 

Autour de la lésion, sur les bords mêmes du placard, il faut 
rechercher, non pas les poils adultes, qui, comme on vient de le 
voir, ne sont jamais atteints, mais les poils follets. Souvent on 
verra que quelques-uns d’entre eux offrent les lésions caractéristi- 
ques du poil trichophytique : ils sont cassés à quelques millimètres 
de la peau, parlois si près de l’épiderme « que le poil ne traduit sa 
présence que par un très petit cône épidermique, visible seule- 
ment au jour irisant » (Sabouraud). L’examen microscopique 
confirme le diagnostic clinique et montre que ce poil est parasité. 

Tel est, en général, l’aspect du sycosis circiné. Les variations 
entre les différents cas sont peu marquées. On l’a vu cependant 
revêtir la forme dite anthracoïde, que le mot explique seul; 
d’autres fois, la forme épithéliomateuse. La ressemblance avec 
l’épithélioma est quelquefois d'autant plus parfaite, que toujours, 
dans le sycosis circiné, les ganglions sont. fortement pris, durs et 
de temps à autre douloureux. Le diagnostic se fait pourtant faci- 
lement, l’évolution suffit pour lever tous les doutes. 

Abandonné à lui-même, le, sycosis circiné ne guérit pas, les 


> du 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 597 


lésions s'étendent assez rapidement et l’on a vu des individus avec 
des lésions occupant toute la surface des joues. Traité, il se ter- 
mine rapidement. En trois semaines il aboutit à la guérison ; c’est 
donc, malgré ses allures inflammatoires graves, une maladie 
bénigne. Malheureusement, elle amène la formation d’une cicatrice 
alopécique, les follicules pileux ayant été détruits par la violence 
- de l’inflammation. A ce point de vue, le sycosis circiné est donc 
beaucoup plus grave que les trichophyties sèches, qui, ne détrui- 
sant pas les follicules, n’amènent pas de cicatrices. 

Le traitement du sycosis circiné est simple. Il se résume dans 
des applications journalières de teinture d’iode et de pommade 
soufrée à 5 2/0. Il ne faut pas craindre de faire ce traitement, sur- 
tout les applications de teinture d’iode, malgré l'allure inflamma- 
toire de la lésion. C’est le seul moyen d'arriver à la guérison, et 
cela en quinze jours ou trois semaines. S’il persiste quelques folli- 
culites isolées, une simple pointe de feu en amène la guérison. 

Quant à l’induration, qui disparaît longtemps après, l'usage de 
rondelles d’emplâtre de Vigo ou d’emplâtre rouge de Vidal active 
sa disparition. 

ÉTUDE MYCOLOGIQUE. — Mais la clinique ne peut nous donner 
tous les renseignements que nous désirons, il faut s'adresser à 
l’étude mycologique. 

Le sycosis circiné ou trichophytie à dermite profonde peut être, 
en effet, causé par divers Trichophyton et aucun caractère elinique 
ne peut faire soupconner le parasite en cause. C'est l’unité de 
caractères cliniques et la pluralité des parasites ; on dirait un syn- 
drôme cutané dû à diverses causes. 

Voici quels sont les Champignons qui causent cette maladie. 

Le plus commun estle Trichophyton mentagrophytes (Ch. Robin) 
ou « Trichophyton pyogène du Cheval, à cultures blanches » 
(Sabouraud). Puis Bodin a trouvé un Trichophyton faviforme ; enfin 
nous-même nous avons deux observations de sycosis à forme de 
kérion dues au Trichophyton Megnini. 


Trichophyton mentagrophytes (Ch. Robin, 1853). 


Synonymie. — « Trichophyton pyogène du Cheval, à cultures 
blanches » Sabouraud. — Tr. gypseum Bodin, 1902. 


508 F. HALGAND 


C’est le parasite qu’on trouve le plus fréquemment dans les 
sycosis circiné. C’est le même qui cause la folliculite agminée des 
parties glabres et le kérion de Celse. Son étude ayant été faite par 
Sabouraud, nous n’avons qu’à la résumer ici. 


EXAMEN MICROSCOPIQUE. — Le poil. — Comme nous l’avons dit 
plus haut, le poil adulte n’est pas atteint dans le sycosis circiné. 
Seuls, les poils follets périphériques sont envahis; ils se traduisent 
le plus souvent « par une légère acumination épidermique, centrée 
par un point grisâtre, qui n’est autre chose que l'extrémité 
pilaire cassée. 

Le parasite est constitué par des spores de 7 à 8 x de diamètre, 
agminées en chaînes régulières, occupant les parties périphéri- 
ques du poil et surtout l’entourant complètement. Le Champignon 
est, en effet, endo-ectothrix. Les dimensions des spores varient : 
à côté de spores moyennes de 7 à 8 , on en trouvera de 10 à 11 
et de 3 à 4 u, irréguliérement distribuées. D'une façon générale, 
ce sont les spores moyennes qui prédominent. 

Le pus. — Pour faire l’étude du pus, il faut se servir d’un fort 
éclairage artificiel.A cette seule condition on rencontrera des spores 
et des quantités de débris mycéliens au milieu des globules blancs 
et des hématies. Le plus souvent cependant, l’examen sera négatif. 
Il faudra avoir recours alors aux cultures. 


CULTURES. — Sur tous les milieux, le Trichophyton mentagro- 
phytes croît avec une rapidité et une intensité remarquables. Les 
cultures sont constamment blanches. 

Gélose au moût debière. — En quinze jours,la culture est étendue, 
arrondie, formée au centre par une petite élevure blanche duve- 
teuse, d’où partent des rayons périphériques gros et lancéolés, 
formés par une sorte de poussière blanche semblable à du plâtre. 

Gélose peptonisée-maltosée. — Même aspect que précédemment, 
sauf disparition des rayons plâtreux. 

Pomme de terre. — Le long de la strie d’ensemencement, large 
traînée blanche, duveteuse d’abord, plâtreuse ensuite. 


INOCULATIONS EXPÉRIMENTALES. — Le Trichophyton mentagrophytes 
s’inocule aisément au Cobaye. Au bout de quatre ou cinq jours, au 
niveau du point inoculé, il se produit une petite vésico-pustule 
qui suppure. C’est la seule réaction inflammatoire qui se mani- 


EE A 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 599 


este. Puis la maladie gagne les parties voisines «en s'étendant 
suivant un rebord serpigineux, rouge, squameux, au niveau 
duquel les poils tombent envahis par le Trichophyton ». 

De plus, Bodin a démontré le caractère pyogène de ce parasite, 
en l’inoculant, avec les précautions requises, dans le tissu sous- 
cutané du Cobaye. Il a obtenu un abcès, dont le pus renfermait 
_les éléments du Champignon à l’état de pureté. 


MYCcoLoGIE. — Au point de vue botanique, on peut prendre 
comme type des Trichophyton le Trichophyton mentagrophytes (1). 
Nous exposerons ses principaux caractères et, pour éviter les 
redites dans l'étude mycologique des Champignons suivants, nous 
ne ferons que signaler les différences qui existent entre ceux-ci et 
le Trichophyton mentagrophytes. 

Nous ne connaissons pas la forme supérieure des Trichophyton, 
aussi on ne peut encore classer ces Champignons. Il faut les 
étudier en tant que Mucédinées. 

L'appareil végétatif de ces parasites se compose de mycéliums 
cloisonnés et dirigés en tous sens. Ces filaments se ramifient de 
plusieurs façons, mais le plus souvent à angle droit. Les organes 
de fructification conidienne sont de plusieurs sortes. 

Tout d’abord, on trouve chez les Trichophyton une fructification 
suivant le type Botrytis, c’est-à-dire que l’ensemble des conidies, 
qui sont supportées par des stérigmates, revêt l’aspect d’une petite 
grappe. Ces conidies naissent à l’extrémité ou sur les côtés des 
hypbhes fertiles. 

En outre, on remarque une autre formation conidienne, repré- 
sentée par un gros élément lancéolé, de 12 à 15 & sur 30 ou 50 u, 
dont le contenu est divisé en plusieurs (six ou sept) parties par des 
cloisons transversales. Ces éléments naissent sur un rameau latéral 
ou sur une grappe du type Botrytis, où ils prennent la place d’une 
petite conidie. Enfin, dans les vieilles cultures, on observe de 
gros éléments arrondis, à double contour, qui sont remplis de pro- 
toplasma granuleux, sans noyaux, et qui représentent les organes 
résistants ou chlamydospores. Quelques Trichophyton, en parti- 
culier le Tr. mentagrophytes, produisent une autre forme très 
spéciale, la vrille ou filament contourné en spirale. Elle est formée 


(1) Boni, Les Champignons parasites de l'Homme. Paris, Masson, biblio- 
thèque Léauté, 1902. 


600 F. HALGAND 


d’un seul filament mycélien, ne présentant pas de cloisons trans- 
versales, et dont le protoplasme est homogène. Elle est située sur 
les parties latérales des filaments et ne les termine jamais. 

Mais toutes ces formes ne sont pas fixes et varient suivant le 
milieu de culture, la température, etc. Cette question du polymor- 
phisme des Trichophyton est trop peu étudiée pour que nous nous 
y arrêtions. 

Tels sont les caractères morphologiques de ces Mucédinées. Le 
Trichophyton mentagrophytes, que nous avons pris comme type 
dans notre description, produit surtout des conidies fuselées et 
des filaments en spirale d’une façon remarquable. Il n'en est pas 
de même du Trichophyton verrucosum, dont nous allons faire main- 
tenant l'étude mycologique. 


Trichophyton verrucosum Bodin, 1902. 


Ce Trichophyton a été trouvé par Bodin en 1893, dans une épidé- 
mie équine à Clichy-Levallois (1). Chez l'Homme, il cause la même 
lésion que le Trichophyton mentagrophytes. Cependant les bords du 
placard sont moins élevés que le centre et le tout a la forme d’une 
calotte. L'aspect général rappelle, malgré cette légère différence, 
le sycosis circiné. 

L'examen du poil nous montre un parasite endo-ectothrix, par 
conséquent d’origine animale, sans aucun caractère spécial. Le 
Champignon est formé par des chaînes de spores arrondies et à 
double contour. Ce sont les seuls renseignements que fournit 
l'examen microscopique des poils follets. Il n’en est pas de même 
des cultures, qui sont absolument caractéristiques, puisque Bodin 
a tout d’abord désigné son Champignon sous le nom de Trichophy- 
ton faviforme, à cultures brunes, saïllantes et irrégulières. 


CuLTURES. — Les cultures sont lentes à pousser, comme celles 
des Achorion : de plus elles se rapprochent, par leurs caractères 
extérieurs, des Champignons faviques. Enfin elles poussent médio- 
crement sur les milieux sucrés, ce qui est le contraire de ce que 
l’on observe pour les Trichophyton, tandis que sur les milieux 
azotés, milieux favorables à la culture des favus, le développement 
est beaucoup plus rapide. 


(1) Bonn, Les teignes tondantes du Cheval et leurs inoculations humaïines. 
Thèse de Paris, 1896. 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 601 


Gélose au moût de-bière. — La culture n’apparaît qu’au bout du 
dixième ou douzième jour. Elle présente l’aspect d’une petite 
colonie brune, saillante au-dessus du milieu. « En un mois, elle 
forme une sorte de petit gâteau, en partie immergé dans la gélose, 
dont la surface est irrégulière, verruqueuse, humide et grise. » 

Gélose peptonisée-maltosée. — L'aspect de la culture est à peu 
près le même. La surface en est grise, irrégulière, avec une acumi- 
nation centrale également grise et humide. 

Pomme de terre. — Le long de la strie d’ensemencement, en 
quinze jours, il se produit une traînée grisâtre, humide, à peine 
saillante au-dessus du milieu, de dimensions toujours minimes, et 
qui présente par places des îlots de duvet blanc, court et fin. 


INOCULATIONS EXPÉRIMENTALES. — ( Le Cobaye, dit Bodin, est 
très sensible à l’inoculation du Trichophyton verrucosum qui cause, 
chez cet animal, une teigne avec lésions pilaires, dans lesquelles 
le parasite est endo-ectothrix. Inoculé avec pureté dans le tissu sous- 
cutané, le Champignon est pyogène et détermine des abcès comme 
le Trichophyton gypseum. » 


MYcoLoie. — Le Trichophyton verrucosum se rapproche beau- 
coup des Achorion ; aussi trouvons-nous chez lui des formes de 
reproduction qui sont analogues à celles des Uospora. La fructifica- 
tion conidienne revêt la forme d'éléments arrondis ou ovalaires, 
disposés en chapelets plus ou moins longs, soit à l'extrémité, soit 
dans la continuité des filaments. Ces filaments mesurent environ 
3 ou 4 y de diamètre dans les cultures jeunes. Si les cultures sont 
vieilles, on observe alors de gros éléments arrondis, mesurant de 
7 à 15yw de diamètre et présentant un double contour. Ces élé- 
ments sont remplis de protoplasme granuleux, sans noyau, et 
paraissant être pour Bodin des chlamydospores. 

Telle est l’étude du Trichophyton verrucosum Bodin. C’est un 
Champignon vraiment intéressant, surtout au point de vue myco- 
logique, car il sert pour ainsi dire de trait d'union entre les Cham- 
pignons des trichophyties et ceux des favus. 


Trichophyton Megnini R. Blanchard, 1895. 


Synonymie. — Trichophyton roseum Bodin, 1902. 
Pour en terminer avec l’étude des trichophyties à dermite 
profonde, il nous reste à faire l’examen mycologique du Tricho- 


602 x F. HALGAND 


phyton Megnini. Mais ce Champignon causant le plus souvent une 
teigne sèche de la barbe, à forme d’ichthyose pilaire, nous avons 
cru utile de renvoyer à un paragraphe ultérieur la description 
de ses difiérents caractères. | 

[I nous suffira de faire remarquer ce fait encore inconnu dans 
la science : le Trichophyton Megnini peut causer des trichophyties 
profondes à forme de kérion, comme en font foi les deux obser- 
vations suivantes : 


OBSERVATION I. — K..., 50 ans, observé le 30 décembre 1903, 
est porteur, depuis dix jours, d’une lésion qui siège au menton. 
Elle est grande comme une pièce de deux francs et forme un pla- 
card surélevé, rouge, nettement délimité. La surface en est irré- 
gulière, tomenteuse, présentant des abcès folliculaires, avec de 
petites dépressions. Les bords sont taillés à pic. ; 

En un mot, nous sommes en présence d’un sycosis Trichophy- 
tique, à type de kérion. A la périphérie de la lésion, on prélève 
quelques poils cassés, sans caractères spéciaux. 

A l’examen microscopique, on conslate que nous sommes en 
présence d’un Champignon endo-ectothrix, donc d’origine animale. 

Le pus, ensemencé sur différents milieux, gélose au moût de 
bière, pomme de terre, etc., nous donne des colonies types de Tri- 
chophyton Megnini, d'origine aviaire. 

Ici, l’origine est probablement porcine. L'homme atteint était 
manœuvre à l’'Hôtel-Dieu de Rennes ; occupé depuis quelques jours 
à nettoyer la porcherie, où se trouvaient des Porcs présentant des 
dartres. 


OBSERVATION II. — X..., garçon tailleur, 45 ans, observé le 30 
mai 1902. 

La lésion, pour laquelle le malade se présente à la consultation, 
date d'environ trois semaines. Elle siège au niveau du menton et 
offre environ les dimensions d’une pièce de deux francs. 

Placard rouge, surélevé, avec folliculites agminées, le tout 
recouvert de croûles jaunâtres; bords nettement délimités et taillés 
à pic; type de kérion classique. 

Aucune contamination animale n’est signalée. Le malade invo- 
que la contagion par le rasoir. | 

Quelques poils cassés sont prélevés. Les uns sont examinés, les 
autres ensemencés. Au microscope, Champignon endo-ectothrix. 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 603 


Culture : Trichophyton Megnini. 

On voit par conséquent que, contrairement à ce que pensait 
Sabouraud, le sycosis circiné peut être produit par plusieurs 
parasites différents et que les caractères cliniques seuls sont 
impuissants à assurer la diagnose des espèces cryptogamiques. 


Trichophyties à dermite superficielle, humide, disséminée. 


Trichophyton depilans Mégnin, 1879. 


Synonymie. — « Trichophyton ectothrix (du Cheval), à culture 
jaune, craquelée, vermiculaire » Sabouraud. — Tr. flavum Bodin, 
1902. 


Ce Champignon cause une dermite superficielle humide, dissé- 
minée, signalée par Sabouraud, qui en a constaté sept cas. Depuis, 
aucun auteur n’a cité d’autres observations. Il nous suffira donc de 
reproduire les travaux de Sabouraud. 

Cette trichophytie est causée par un Champignon dont l’origine 
équine ne fait pas de doute. Voici les lésions qu’il cause : Chez un 
malade atteint de cette maladie on remarque la présence de petits 
placards, en nombre parfois assez considérable, de deux à dix ou 
douze. Ces placards, dont l’épiderme desquame, ressemblent 
absolument, suivant l'expression de Sabouraud, « à l’exfoliation 
épidermique que laissent après elles une brûlure ou une vésica- 
tion légère ». 

À leur surface existe une légère exsudation séreuse, qui, de 
place en place, prend l'aspect de petites croûtes ressemblant à de 
l’impétigo. Mais ici les lésions sont superficielles, on se trouve en 
présence d’ « épidermite ». Il n’y a pas d’épaississement du derme, 
pas de folliculite, sauf quelquefois une ou deux isolées, mais 
jamais au point de donner l’aspect du sycosis circiné. Lorsque 
l'affection dure longtemps, on observe, de temps à autre, la présence 
de nodosités, qui peuvent devenir le point de départ de petits 
abcès. Mais l'examen du pus de ces abcès montre nettement qu'ils 
sont dus à une infection secondaire microbienne (Staphylocoque 
blanc et doré). Par conséquent, il est impossible de les confondre 
avec la suppuration que donne le Trichophyton mentagrophytes. Le 
Trichophyton depilans n’a donc pas les propriétés pyogènes de ce 
dernier. 


604 F. HALGAND 


Que deviennent les poils ? Ceux qui sont atteints sont en 
nombre assez considérable, contrairement à ce qui se passe dans 
le sycosis circiné. Ils sont augmentés de volume, ont perdu leur 
brillant et leur solidité, aussi la moindre traction de la pince à 
épiler suffit-elle pour les casser. Le poil ainsi obtenu montre, au 
niveau de la racine, un étui blanchâtre, caractéristique de la 
présence d’un Champignon ectothrix. Les lésions que cause ce 
parasite sont donc complètement différentes de celles causées par 
le T. mentagrophytes. Un terrain sur lequel ils se rencontrent 
tous les deux, c’est la contagion. Le Trichophyton depilans, en efïet, 
estexcessivement contagieux pour l'Homme. 

Au cours de l'épidémie équine,signalée par Sabouraud, malgré 
les précautions prises par les vétérinaires et les infirmiers vétéri- 
naires, prévenus du danger de la contagion, six de ces derniers 
furent atteints. Le septième fut un officier d'artillerie. De plus, 
chez les autres malades qu’il soignait, Sabouraud remarqua qu’il 
se produisit toujours des inoculations secondaires parmi les 
personnes de leur entourage. 

L'origine équine de cette trichophytie ne peut être mise en 
doute, les observations de Sabouraud en sont la preuve. 

Quant au traitement, il est en tous points semblable à celui du 
SyCOSIS Circiné. 

ÉTUDE MYCOLOGIQUE. — Sabouraud pense que ce Champignon 
tire son origine du Veau ; contrairement au Trichophyton mentagro- 
phytes, il atteint le poil adulte. 


EXAMEN MICROSCOPIQUE. — Au microscope, on remarque que le 
parasite est constitué par des chapelets de grosses spores (9 uw) à 
double contour, qui infiltrent le poil, mais surtout en occupent la 
périphérie, où elles forment une sorte d’étui. 

Comme pour les autres Trichophyton d’origine équine, le 
microscope ne peut nous faire reconnaître l’espèce particulière de 
Trichophyton, il nous donne simplement la faculté d'affirmer l'ori- 
gine animale du parasite. à 

Les cultures du Trichophyton depilans sont très lentes à pousser. 

CULTURES. — Sur gélose au moût de bière, il se produit une 
acumination centrale. Autour, on voit naître une aréole pou- 
dreuse qui, au bout d’un mois environ, donne naissance par sa 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 605 


périphérie à des rayons superficiels, comparables à des feuilles de 
Fougère. — La culture est jaune brun. Sur gélose peptonisée-mal- 
tosée (milieu d’épreuve), la culture est caractéristique. C’est d’elle 
que le Trichophyton depilans a mérité le nom de Trichophyton à cul- 
tures jaunes, craquelées, vermiculaires. Au bout d’une quinzaine 
de jours environ, elle forme une sorte de gâteau croûteux. Mais ce 
gâteau est craquelé, parcouru par des scissures et présente des irré- 
gularités qui rappellent assez bien, dit Bodin, l’apparence exté- 
rieure des circonvolutions cérébrales. Autour se trouve une aréole 
poudreuse avec des rayons périphériques. La culture est jaune. 

Sur pomme de terre, le Champignon donne une culture à fond 
brunâtre, recouverte d’une fine poudre blanche. 


INOGULATIONS EXPÉRIMENTALES. — D’après Bodin, « l’inoculation 
au Cobaye... détermine chez cet animal une trichophytie sèche et 
dépilante, qui donne la preuve de son rôle pathogène ». 


MyYcoLoGte. — Outre les caractères morphologiques des autres 
Trichophyton, le T. depilans présente ceci de particulier : sur le trajet 
de certains filaments, on voit se former des renflements, sortes de 
nodosités à forme irrégulière et à double contour. A l’intérieur, 
d’après Sabouraud, on distinguerait deux, trois ou quatre spores, 
qui sont plus volumineuses que les conidies du type Botrytis. Ce 
serait donc une ébauche de périthèce. 

Tels sont les caractères de ce Champignon qui, seul jusqu’à pré- 
sent, est connu comme causant la leigne à dermite superficielle 
humide. De toutes les trichophyties de la barbe, c’est la seule qui 
ne soit due qu’à un Champignon. Les teignes sèches, comme le 
sycosis circiné, reconnaissent Comme cause plusieurs parasites, 
ainsi que nous allons le voir. 


Trichophyties sèches de la barbe. 


Les observations nouvelles de Bodin ont remanié complètement 
le chapitre des trichophyties sèches de la barbe. Jusqu’en 1900, 
en effet, on ne connaissait qu’une seule forme de teigne sèche, 
celle décrite par Sabouraud, ressemblant à de l'ichthyose pilaire 
et due au Trichophyton Megnini d’origine aviaire. Depuis, Bodin a 
signalé une autre forme, qu’on peut appeler forme sèche ordi- 
naire, et il en a publié plusieurs cas dans les Annales de dermato- 
logie et de syphiligraphie (1900, p. 1205). 


606 F. HALGAND 


Sabouraud lui-même, dans son article sur les trichophyties, 
paru dans la Pratique dermatologique, annonce qu’il a rencontré 
plusieurs cas de teigne sèche de la barbe, dont la description cli- 
nique est identique à celle de la teigne signalée par Bodin, mais 
dont les parasites diffèrent. Nous devons regretter que Sabouraud 
n'ait pas donné plus de détails sur ces cas très intéressants, et 
nous ne pouvons que reproduire cette partie de son article, n’ayant 
pas rencontré ce genre de trichophyties chez les malades que nous 
avons examinés. 

Après la description clinique des deux formes de sycosis que 
nous venons de signaler, nous étudierons les parasites susceptibles 
de les produire l’une ou l’autre. 


Trichophytie sèche de la barbe à forme d'ichthyose pilaire. 


Sabouraud a étudié d'une façon remarquable la trichophytie 
sèche de la barbe à forme d'ichthyose pilaire et a, le premier, 
démontré d’une manière irréfutable l’origine du parasite qui la 
cause. Nous ne pouvons mieux faire que de suivre son étude. 

Étude clinique. — Au début de l'affection, les malades se plai- 
gnent d'un léger prurit, siégeant sur les joues, et constatent que, 
depuis quelque temps, ils s’écorchent avec une facilité remar- 
quable lorsqu'ils se rasent. 

A l'inspection, on remarque la présence de petits cônes très. 
marqués, occupant la région prurigineuse. Ces petits cônes for- 
ment (un granité de la peau excessivement prononcé » (fig. 2). 
Le sommet de chacun d'eux est occupé, d'une façon générale, par 
un poil qui est cassé à 3 ou 4 millimètres de la peau. Il est quel- 
quelois difficile de l’apercevoir, le rasoir l'ayant enlevé. 

A la pince à épiler, le poil se tire facilement et l’on voit que sa 
racine est entourée d’une gaîne blanchâtre, formant une sorte 
d’étui. Cette gaine est due au Champignon qui, comme tous les 
parasites animaux, est ectothrir. 

Quant au poil lui-même, il est augmenté de volume, il a perdu 
son brillant, est devenu grisâtre dans sa partie extra- ere LE, 
blanchâtre dans sa partie intra-dermique. 

En général, il est facile de trouver ceux qui sont parasités, 
souvent ils sont réunis en petits placards, quelquefois seulement 
on les trouve isolés parmi les poils sains. 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 607 


Telles sont les lésions que cause d'ordinaire le Trichophyton 
Megnini. Nous avons vu cependant que ce Champignon peut deve- 
nir pyogène et déterminer une teigne ressemblant au sycosis cir- 
ciné. Nous verrons plus loin que l’épiderme peut être atteint par 
le parasite et donner alors la forme sèche ordinaire signalée par 
Bodin. 

L'évolution de la teigne de la barbe à forme d’ichthyose pilaire 


Fig, 2. — Trichophytie sèche de la barbe 
à forme d’ichthyose pilaire. 


est très lente si aucun traitement ne vient l’interrompre. Il faut 
compter plus d’une année. 

L’étiologie en est simple. Sabouraud a démontré que la maladie 
était causée par un Champignon d’origine aviaire. Il l’a rencontré 
sur la tête d’une Poule trichophytique, qui lui fut envoyée par 
Mégnin. 

Le traitement de cette trichophytie se résume en applications 
de pommade soufrée à 5 °/, et badigeonnages de teinture d’iode. 
Il n'offre rien de particulier. 


608 F. HALGAND 


OBSERVATION I. — A..., homme de 35 ans, examiné le 20 juillet 
1903. Présente sur la région latérale de la joue droite une lésion 
dont les dimensions égalent celles d’une pièce de cinq Îrancs. Elle 
forme une plaque arrondie, présentant quelques squames grisâtres 
absolument sèches et offrant une saillie de poils très prononcée. 
Ici, le granité de la peau est bien net. — Type d’ichthyose pilaire 
classique. Au microscope, Champignon endo-ectothrix dans le poil. 

Cultures. — Trichophyton Megnini. 


OBSERVATION II. — C..., 30 ans, cuisinier, s’occupant des Poules, 
examiné le 29 octobre 1905. 

Depuis dix jours environ présente une lésion sur la joue gauche. 
Cette lésion arrondie, à bords bien nets, est sèche, un peu rosée et 
squameuse. Elle est remarquable par la saillie des poils offrant 
l’aspect des petits cônes, signalés dans la forme d’ichthyose pilaire. 
Au centre de chaque cône se trouve un poil cassé. Examen micros- 
copique : Trichophyton endo-ectothrir. 

Cultures : Trichophyton Megnini. 


Trichophytie sèche ordinaire de la barbe (1). 


Étude clinique. — Dans la trichophytie sèche ordinaire de la 
barbe, l’épiderme est atteint, autant sinon plus que le poil, de 
telle sorte que l’on se trouve en présence de lésions que les malades 
eux-mêmes appellent dartre farineuse. C'est une petite lésion 
arrondie ou ovalaire, squameuse et formée de deux zones bien 
distinctes. 

La zone centrale ne semble pas atteinte, tout au plus y voit-on 
quelques squames grisâtres, peu abondantes, ne s’accompagnant 
d'aucune réaction de la peau, laquelle ne présente pas par consé- 
quent de changement de coloration ou de consistance. 

Autour de cette zone centrale, existe une petite bordure plus 
marquée, qui forme la zone périphérique. Également squameuse, 
mais en plus légèrement surélevée, cette bordure est d’une colo- 
ration rose pâle. L’épiderme semble plus profondément atteint 


(1) Cette forme a été décrite par BopiN dans son-travail des Annales de derma- 
tologie, mais il fait remarquer, à ce sujet, que la description clinique de ce type 
spécial de trichophytie de la barbe a été donnée bien antérieurement par 
E. BEsnier et A. Doyon dans leurs annotations de l'ouvrage de Kaposi et par 
L. BrocQ dans son ouvrage : Trailement des maladies de la peau, 1892, p. 810. 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 609 


que dans la partie centrale, mais, ici encore, il n’y a ni induration, 
ni vésicules, en un mot aucun phénomène de réaction très vive. 
Parfois même, la bordure périphérique n’existe pas. On se trouve 
alors en présence d’un placard arrondi ou ovalaire, d’une colora- 
tion légèrement rosée, et sur lequel on n’aperçoit que quelques 
squames grisâtres ou blanchätres (fig. 3). Le tout s'accompagne 
-d’un léger prurit. 


Fig. 3, — Trichophytie sèche ordinaire de la barbe. 


Nous sommes donc bien ici en présence d’une lésion toute super- 
ficielle,sans aucune trace d’un processusinflammatoire quelconque : 
c'est une trichophytie exclusivement épidermique. Et nous ferons 
remarquer qu'un parasite d’origine animale, le Trichophyton 
Megnini, peut causer cette maladie, ce qui prouve que l’inoculation 
des Trichophyton animaux n'est pas toujours suivie d’une vive 
réaction inflammatoire. 


Archives de Parasilologie, VIH, n° 4, 1904. 39 


610 F. HALGAND 


Abandonnée à elle-même, la dartre s'agrandit; il s’en développe 
d’autres dans le voisinage, et bientôt toutes atteignent des dimen- 
sions assez considérables, environ celles d’une pièce de un franc. Le 
nombre de ces lésions secondaires peut aller jusqu’à 5 ou 6 et même, 
davantage. Parfois elles prennent la forme de placards considé- 
rables. Nous les avons vues atteindre toute une joue, le menton et 
le cou d’un individu (voir observation personnelle), et Sabouraud 
dit que ce sont ces trichophyties qui causent les lésions les plus 
abondantes : ( on peut voir, dit-il, la moitié des poils de la barbe 
contaminés. » 

Que deviennent les poils à la surface de ces lésions ? Leur aspect 
varie suivant le Champignon qui est en cause. Dans la trichophytie 
sèche, due au Trichophyton Megnini, le poil peut présenter les 
caractères qu'il a dans la teigne à forme d’ichthyose pilaire. D'autres 
fois, il ne s’accompagne pas, comme dans cette dernière maladie, 
de la présence des petits cônes caractéristiques ; il est simplement 
cassé très près de l’orifice folliculaire. A part cette différence, à la 
loupe, au microscope, l'aspect des poils est le même dans les deux 
maladies. 

Si la trichophytie est due au Trichophyton décrit par Bodin, 
nous rencontrons dans le poil les mêmes lésions que dans la 
tondante de l’enfant, et cela devait être, puisque nous sommes en 
présence de deux maladies causées par le même Champignon. Les 
poils sont donc cassés très court, à un millimètre de l’épiderme, 
quelquefois au niveau de l’orifice folliculaire, de telle sorte qu’ils 
ne sont plus représentés que par un point noir, légèrement sail- 
lant. Réussit-on à en arracher un au moyen de la pince à épiler, 
tout de suite l’on constate que sa racine n’est pas engainée par un 
étui blanchâtre, que le parasite en cause n’est par conséquent pas 
ectothrir. Enfin, le poil est un peu augmenté de volume, augmenta- 
tion surtout accusée à cause du peu de longueur de cet organe 
malade. 

Au contraire, avons-nous affaire aux teignes causées par les Tri- 
chophyton Sabouraudi et violaceum, l'aspect du poil parasité n’est 
plus le même. « Les poils trichophytiques, dit Sabouraud, sont 
pliés et incurvés dans l’épiderme, sous la lame cornée qui les 
recouvre comme une couche de collodion : chaque poil malade 
apparait ainsi comme une racine contournée, comme la boucle 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 611 


d’un point d'interrogation ». Le poil, lorsqu'on peut l’épiler, appa- 
rait nu, Ce qui prouve que nous n’avons pas aflaire à un Champi- 
gnon d’origine animale : telles sont les lésions pilaires occasion- 
nées par les différents Trichophyton que nous avons signalés plus 
haut. Que deviendraient-elles abandonnées à elles-mêmes ? 

Nous ne pouvons faire ici que des hypothèses. Cependant il 
. paraît rationnel d’admettre que, dans la teigne sèche ordinaire, 
due au Trichophyton Megnini, les lésions évolueraient de la même 
facon que dans le sycosis à forme d’ichthyose pilaire, dû au même 
Champignon. 

Une hypothèse plus intéressante à considérer est celle qu’émet 
Bodin en parlant de la teigne sèche, causée par le Trichophyton 
tonsurans, et nous pouvons l’étendre à celle que donnent les 
Trichophyton Megnini et violaceum. 

Ces teignes, non traitées, continueraient-elles à évoluer ou 
finiraient-elles par disparaître d’elles-mêmes ? Nous savons en 
effet que, chez les enfants, les tondantes du cuir chevelu, causées 
par les mêmes Champignons, cessent lorsque le malade atteint 
l’âge de puberté. Il y a là un point intéressant à fixer. Malheureu- 
sement, ni Bodin ni Sabouraud ne nous renseignent à ce sujet, 
ayant soumis leurs malades à un traitement immédiat. 

Le pronostic de ces sycosis à dermite superficielle est bénin, 
par rapport à celui des sycosis à dermite profonde. Ici, il n’y a 
pas à craindre pour l’avenir la formation de cicatrices indélébiles, 
définitivement alopéciques. Les lésions étant toutes superficielles, 
ne s’accompagnent pas d’une réaction très vive du follicule. 

Quant au diagnostic, il est simple. Lorsque les lésions n’ont 
subi aucun traitement, l'aspect si particulier de la dartre farineuse, 
la présence des poils cassés, suffiront pour l’affirmer. Quant à 
savoir quel est le parasite en cause, il faut faire l’étude mycolo- 
gique du Champignon incriminé. 


Observation personnelle de trichophytie sèche de la barbe, 


due au Trichophyton Megnini. 


P..., 35 ans, examiné le 12 septembre 1903. Pris, il y a six mois, d'une 
lésion de la barbe qui, depuis, a progressé et envahi presque toute une 
joue, le menton, le cou et une partie de l'autre joue. La lésion est à con- 
tours circinés, à surface rosée et simplement squameuse. Le centre est 
moins malade que la bordure. On n'y voit pas de poils cassés. 


612 F. HALGAND 


On ne trouve pas de contagion par un animal, le malade invoque le 
rasoir. 

Culture des squames : Trichophyton Megnini. 

Son fils, âgé de quatre ans, présente, depuis quinze jours, trois lésions 
du front et de la joue droite, grandes comme une pièce de un franc, abso- 
lument semblables à celle du père et type classique de la trichophytie 
accessoire des teigneux. Rien au cuir chevelu. Culture des squames : 
Trichophyton Megnini. 


Observations de Bodin sur la trichophytie sèche de la barbe, 


due au Trichophyton tonsurans. 


OBSERVATION I. — X..., avoué, 35 ans, observé le 14 octobre 1897, est 
porteur, depuis deux mois, de lésions de la barbe dont il ne peut expliquer 
l'origine. Dans les commémoratiis, on ne trouve aucun indice de conta- 
gion. 

Au moment où on l'examine, on trouve, irrégulièrement disséminés 
dans la barbe, 4 à 5 petits placards, atteignant chacun la dimension d'une 
pièce de un franc environ. Ces placards sont arrondis ou ovalaires et ont 
une apparence généralement squameuse. Examinée avec soin, on voit que 
chaque plaque arrondie comporte deux parties : un centre simplement et 
légèrement squameux et une petite bordure, également squameuse, mais 
offrant une teinte rosée et paraissant très légèrement soulevée au-dessus 
de la peau. 

Sur ces placards, on trouve des poils malades en assez grand nombre. 
Ce sont des poils cassés, extrêmement courts, de telle sorte qu'ils semblent 
de simples points noirs, saillants au-dessus de la peau. On note que beau- 
coup de ces poils cassés siègent au niveau d'une petite élevure conique, 
analogue à celles que l'on observe dans l'ichthyose pilaire. 

Toutes les lésions sont sèches, elles ne présentent en aucun point de 
vésicules ou de pustules et au palper on ne trouve aucune induration. On 
prescrit des applications de teinture d'iode. Le malade n’a pas été revu. 

Examen microscopique des poils cassés : Trichophyton endothrix. 

Culture : Trichophyton tonsurans. 


OBSERVATION II. — H..., employé, 40 ans, observé le 1° février 1898. 

Le malade s’est aperçu de lésions dans la barbe depuis peu ; il incri- 
mine le coiffeur, mais ne donne aucun renseignement précis à ce sujet. 

Etat actuel. — La barbe présente de nombreuses lésions à contour 
arrondi ou ovalaire, d'apparence très superficielle, n’offrant ni vésicules, 
ni pustules, ni croûtes; on ne note pas autre chose que d'assez nombreuses 
petites CREUSE grisätres sur toute l'étendue de ces plaques. A la palpa- 
tion, il n'y a pas d'induration ni d'infiltration de la peau. 

Les poils de la barbe sont altérés, en nombre assez grand sur les 
placards squameux. Ils sont cassés à une faible distance de l’orifice folli- 
culaire, 1 millim. à 1 millim. 1/2 environ, et ressemblent aux poils cassés 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 613 


d'une tondante trichophytique de l’enfant. À la pince d’épileur, on enlève 
aisément ces poils qui se rompent en laissant la racine dans le follicule. 
On prescrit des applications de teinture d’iode. Le malade n'a pas été 
revu. mt 
Examen microscopique des poils cassés : Trichophyton endolhrix. 
Culture : Trichophyton à cultures cratériformes. 


OBSERVATION III. — B..., 20 ans, cultivateur, observé le 1er mars 1900. 

Le début des lésions remonte à 3 mois ; le malade note alors de petites 
plaques squameuses dans la barbe ; ces petites plaques se sont étendues, 
sans empiéter sur les parties glabres. Toutefois, il s'est produit un cercle 
rosé et squameux sur la poitrine, cercle qui a disparu après plusieurs 
applications d'une pommade donnée par un pharmacien. Dans les commé- 
moratiis, on ne trouve rien qui puisse éclairer la question de l'origine 
de l'affection. 

Actuellement, toute la barbe est atteinte et présente de nombreuses 
plaques, espacées de quelques millimètres, plaques arrondies, atteignant 
la dimension d'une pièce de un franc environ, et d'apparence absolument 
sèche. Sur ces plaques, qui ne sont ni indurées, ni surélevées au-dessus 
de la peau, on trouve seulement une légère rougeur et d'assez nombreuses 
petites squames blanchâtres. 

Sur la plupart de ces placards on trouve, après examen attentif, des 
poils cassés, mais en petit nombre. Ce sont des poils cassés presque au 
sortir du follicule, de sorte qu'ils apparaissent comme de simples points 
noirs un peu saillants sur la peau. 

On prescrit des applications de teinture d'iode, deux fois par semaine 
et, dans l'intervalle, l'usage d'une pommade soufrée. Le malade n'a pas 
été revu. 

Examen microscopique des poils cassés : Trichophyton endothrix. 

Cultures : Trichophyton à cultures cratériformes. 


OBsERVATION IV. — D..., 22 ans, cultivateur, observé le 3 mars 1900. 

Ce jeune homme ne donne aucun renseignement précis sur l’origine 
de la dermatose qu'il présente. On ne trouve dans les commémoratifs 
aucun indice de contagion humaine ou animale. 

L'affection a débuté, il y a 15 jours, par un petit cercle squameux et 
prurigineux, situé à droite, à l’angle de la mâchoire inférieure, puis, dans 
les jours suivants, des lésions analogues se sont développées dans les 
autres régions de la barbe, qui est envahie en totalité au moment de 
l'examen. 

Les lésions sont confluentes et ne présentent plus de contours circinés 
que sur les limites des régions pilaires. Sur toute l'étendue de la barbe, 
on note une rougeur légère et de petites squames grisätres, qui sont trop 
peu abondantes pour former un revêtement continu. 

I n'y a ni vésicules, ni suintement, ni induration en aucun point. 
Les poils de barbe semblent aussi nombreux que normalement et ils parais- 
sent pour la plupart sains ; mais, en examinant avec soin, on découvre, 


614 F. HALGAND 


entre ces poils qui n'ont pas été coupés depuis 15 jours, des poils cassés, 
assez nombreux et qui sont si courts qu'ils ne forment que des points 
noirs à la surface de la peau ; le diamètre de ces poils cassés semble plus 
considérable que celui des poils sains. 

On prescrit des applications de teinture d'iode tous les trois jours et, 
dans l'intervalle, une pommade soufrée à 5 °. 

20 mars. — Le malade est amélioré, il n'y a plus de lésions squameuses, 
mais on trouve encore un certain nombre de poils cassés. 

Examen microscopique des poils cassés : Trichophyton endothrix. 

Culture : Trichophyton à cultures cratériformes. 


OBSERVATION V. — C..., couvreur, 33 ans. Observé le 2 octobre 1900. 

Le début de la maladie remonte à 3 mois. À ce moment, le malade 
constate sur ses joues deux ou trois petites lésions arrondies, un peu 
rouges et squameuses. Il ne peut fournir aucun renseignement sur 
l'origine de ces lésions et ne nous signale aucun contact suspect avec des 
personnes ou des animaux atteints d'affections cutanées. Mais il indique 
très nettement que, trois semaines après le début des lésions, chez lui, sa 
femme et un de ses enfants furent atteints de petites dartres roses et 
squameuses des joues. 

A ce moment, le malade fit usage de divers topiques irritants, pres- 
crits par un pharmacien ; sous l'influence de ces topiques, les lésions, qui 
s'étaient étendues, se sont enflammées, sont devenues suintantes et croùû- 
teuses, et, l'usage des topiques étant continué, cette inflammation a per- 
sisté en augmentant progressivement. 

État actuel. — Sur toute l'étendue du menton et sur la plus grande 
partie des régions pilaires des joues, on constate des lésions croûteuses 
et suintantes, avec rougeur vive et surélévation de la peau. Toutefois on 
ne trouve pas de limitation bien nette des lésions, comme dans la follicu- 
lite agminée trichophytique de la barbe. Sur les bords de ces lésions et 
entre les croûtes, on peut voir, entre les poils de la barbe restés sains, 
un certain nombre d'autres poils, cassés à 1 ou 2 millimètres de l'orifice 
folliculaire, un peu plus gros que les poils sains, mais non engainés à 
leur base. 

On prescrit des applications humides avec de l'eau boriquée. 

10 octobre. — Les lésions inflammatoires ont cédé, il ne persiste plus 
que de la rougeur de la peau, mais sans suintement. On voit alors, entre 
les poils sains, un grand nombre de poils cassés, ayant les caractères 
indiqués ci-dessus. On prescrit une pommade au soufre. Le malade quitte 
l'hôpital. 

Examen microscopique des poils cassés : Trichophyton endothrix. 

Cultures : Trichophyton à cultures cratériformes. 


EtunE MycoLoGique. — Le Trichophyton Megnini, se rencontrant 
dans les deux formes de trichophytie sèche de la barbe, nous létu- 
dierons tout d'abord ; nous passerons ensuite en revue le Tricho- 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 615 


phyton tonsurans, enfin nous ajouterons à notre description les 
quelques détails que Sabouraud a donnés sur les Trichophyton 
Sabouraudi et violaceum. 


Trichophyton Megnini R. Blanchard, 1895. 


Synonymie. — Trichophyton roseum Bodin. 1902. 

EXAMEN MICROSCOPIQUE. — Le Poil. — Lorsque le Trichophyton 
Megnini envahit le poil, il se traduit au microscope-par la présence 
de filaments formés de grosses spores rondes, présentant un dia- 
mètre d'environ 9 w, et à double contour. Les filaments se désa- 
grègent facilement, lorsque le poil est dissocié par la potasse. Dans 
la gaine, les filaments mycéliens ne sont pas complètement spo- 
rulés, principalement à leurs extrémités supérieures (filaments 
jeunes), aussi sont-ils beaucoup plus résistants. Là aussi, au lieu 
de se diriger suivant le grand axe du poil, comme les filaments 
parasitaires qui occupent ce dernier, les filaments de la gaine 
prennent une direction oblique, parfois même transversale à l’axe 
«lu poil. Tels sont les renseignements que nous donne le micros- 
cope, ils sont certainement insuffisants pour déterminer l'espèce 
à laquelle appartient le parasite. Il faut s'adresser aux cultures. 


Cuzrures. — Les cultures du Trichophyton Megnini ne sont pas 
très vivaces, elles poussent lentement. 

Gélose au moût de bière. — Au début, on obtient une toufte de 
duvet blanc, émettant par sa périphérie, au bout d’un mois envi- 
ron, des séries de plis rayonnés. Elle prend alors une teinte rose 
pâle, sur sa face supérieure, tandis qu’à la face dorsale, le centre 
de la culture est marqué par une tache noïre permanente. 

Gélose peptonisée-maltosée (formule du milieu d’épreuve). — 
On obtient un gâteau de duvet blanc avec des scissures en rayons. 
À mesure que la culture vieillit, elle prend une couleur rose fleur 
de Pêcher. 

Pomme de terre. — On observe des colonies isolées, acumi- 
nées, violettes et peu développées. : 

Quant aux inoculations expérimentales, il n’en est fait mention 
dans aucun des auteurs qui se sont occupés de la question. 


MycoLoGiEe. — La fructification conidienne se fait suivant le 
type Botrytis, et voici, d’après Sabouraud, les caractéristiques de 
cette espèce. 


e 


616 F. HALGAND 


4o «La disposition des spores pédiculées une à une, sur de très 
srandes longueurs des tubes mycéliens adultes ; 

2% Des couronnes de spores disposées régulièrement autour 
des cellules mycéliennes ou des septa mycéliens ; 

3° Enfin les extrémités mycéliennes du pourtour de la colonie 
ont une forme tout à fait spéciale et se terminent par des arbo- 
rescences ressemblant à une branche dépouillée de feuilles. Ce 
sont des mycéliums stériles ». 


LA 


Trichophyton tonsurans Malmsten, 18/5, sensu stricto. 


Synonymie. — Trichophyton crateriforme Bodin, 1902. 

Ce Champignon est très fréquent; il cause plus de la moitié des 
tondantes trichophytiques de l’enfance, aussi n’y a-t-il rien d’éton- 
nant à ce que Bodin l’ait trouvé dans plusieurs cas de sycosis de 
la barbe. 

Dans le poil malade, ce parasite, qui est endothrix, est constitué 
par des séries de spores carrées, de 4 à 5 w de diamètre, à double 
contour, et formant de longs filaments rubanés. Ces filaments sont 
résistants et sont faciles à voir, même au centre du poil. C’est 
d’ailleurs le principal caractère morphologique sur lequel on peut 
s'appuyer pour reconnaître le Trichophyton tonsurans dans ses 
lésions. Mais le procédé le plus simple est encore de le cultiver. 


CuLTuREs. — Gélose au moût de bière. — La culture adulte se 
présente comme un soleil de poudre jaune, d’après l’expression de 
Sabouraud. « Sa couleur est exactement celle que l’on connaît sous 
le nom de jaune de Naples ». Le centre est formé d’une élevure 
régulière, demi sphérique, autour de laquelle se trouve une aréole 
de poudre jaune, d’un centimètre environ. De la périphérie de 
cette aréole partent une série de rayons poudreux et de couleur 
jaunâtre. à 

Gélose peptonisée maltosée. — La culture du Champignon est 
caractéristique ; c’est d’ailleurs de cette culture qu’il tire son 
nom : Trichophyton tonsurans. 

Le centre, en effet, est formé par une cupule à bords élevés 


et à fond plat, véritable cratère, entouré d’une aréole poudreuse, 


d’où partent des rayons allant à la périphérie du milieu. La culture 
est d’un blanc crème, en vieillissant elle prend une teinte rousse. 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 617 


Il suffira de jeter les yeux sur la photographie de la culture d’un 
des champignons isolés par Bodin, d’une teigne sèche de la barbe, 
pour se convaincre que c’est bien le Trichophyton tonsurans qui 
est en cause (fig. 4). 

Pomme de terre. — On se trouve en présence d’une multitude 
de petites étoiles poudreuses, confluentes le long de la strie d’ense- 
mencement et de couleur jaune brun. 


MycoLoGiE. — Chez le Trichophyton tonsurans, la fructifica- 
tion en grappe est abondante et bien nette. L’hyphe fertile est recti- 


Fig. 4. — Culture de Trichophyton tonsurans 
sur gélose glycosée. 


ligne ou légèrement flexueuse, peu ramifiée. Les conidies naissent 
indifféremment d’un côté et de l’autre de l’hyphe, sur une longueur 
parfois considérable. La plupart du temps elles sont arrondies ou 
ovalaires et plus sessiles que dans les espèces animales. 


Trichophyton Sabouraudi R. Blanchard, 1895. 


Synonymie. — Trichophyton acuminatum Bodin, 1902. 

On observe aussi tardivement quelques grosses conidies fuse- 
lées, mais en nombre restreint. 

Ce Champignon se rencontre un peu moins souvent que le 
précédent, mais il cause cependant une grande partie des tondantes 


618 F. HALGAND 


trichophytiques de l’enfance. Sabouraud l'a rencontré dans les 
teignes de la barbe. Il ne donne aucun renseignement sur ces 
teignes, se bornant à dire qu’elles ressemblent exactement aux 
tondantes causées par le même Champignon chez l'enfant. 

Le poil parasité doit alors être occupé par des spores arron- 
dies, de 5 à 6 & de diamètre, situées à l’intérieur de l’organe, et 
formant des chapelets très fragiles, se dissociant avec une facilité 
remarquable, ce qui le distingue du Trichophyton tonsurans. 


CULTURES. — Gélose au moût de bière. — Le centre de la 
culture est occupé par un monticule saillant, de couleur gris 
foncé. Ce monticule est divisé en plusieurs secteurs par des scis- 
sures qui sont en nombre variable, de cinq à dix généralement. 
Autour du monticule, se trouve une aréole poudreuse, dont la 
périphérie est finement rayonnée. 

Gélose peptonisée-maltasée. — Aspect semblable à la culture 
précédente. Ici, le Champignon se développe avec plus de rapidité, 
il prend une teinte blanc crème, avec des cercles gris ou ocreux. 

Pomme de terre. — On se trouve en présence d’une traînée 
poudreuse, de couleur brune au centre et à teinte plus claire sur 
les bords. 


MyYcoLoGie. — Les caractères morphologiques du Trichophyton 


acuminatum sont identiques à ceux du Trichophyton crateriforme. 


Trichophyton violaceum Bodin, 1902. 


Ce Champignon a été trouvé par Sabouraud, dans quelques 
cas de trichophytie sèche de la barbe. Il cause quelques cas de 
tondante trichophytique, assez rares en France, très fréquents en 
Italie, où il a été trouvé par Mibelli, Ducrey et Reale. Ce Champignon 
est imparfaitement connu. Etant endothrir, dans le poil, on peut le 
considérer comme étant un parasite d’origine humaine, d’autant 
plus que, jusqu'ici, on ne l’a jamaïs trouvé chez un animal. 


Cuzrures. — Gélose glycérinée ou glycosée à 3 °Jo. — « Le Tricho- 
phyton violaccum donne une culture en forme de disque, avec 
acumination centrale, d'aspect lisse et humide, de couleur brun 
pâle ou gomme gutte. Il se produit rapidement de petits sillons 
radiés, qui partagent la culture en secteurs. Au bout de trois 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 619 


semaines environ, la culture devient violet aubergine, soit en 
totalité, soit seulement au niveau de l’un des secteurs ou de 
l’acumination centrale (1). » 

MorPHOLOGIE. — Le seul renseignement que donne Sabouraud 
sur ce parasite, c'est qu’il ne produit que très rarement des hyphes 
fertiles, du type Botrytis, dans les cultures en gouttes suspendues. 


CONCLUSIONS GÉNÉRALES 


Si l’on reprend maintenant, dans une vue d’ensemble, les 
faits que nous venons d’exposer, on voit qu'il est possible d'en 
dégager diverses notions qui ne sont pas seulement intéressantes 
pour les trichophyties de la barbe, mais qui présentent une impor- 
tance non douteuse au point de vue des dermatomycoses en général. 

Tout d’abord, et en ce qui concerne les trichophyties de la 
barbe, il ressort bien nettement des recherches et observations 
récentes que la conception de ces mycoses, telle que l'avait donnée 
Sabouraud, après ses remarquables travaux de 1892-1893, doit être 
modifiée. Cette conception, très simple et très schématique, d’après 
laquelle toutes les trichophyties de la barbe chez l'Homme sont 
dues à des parasites d’origine animale, doit être élargie après le 
travail de Bodin datant de 1900. 

Car il est bien démontré depuis, que divers Champignons 
appartenant au groupe des Trichophyton, qu'ils soient d’origine 
animale ou humaine, peuvent s’inoculer dans la région de la barbe 
chez l'Homme et y déterminer des lésions cutanées et pilaires. 

Les Trichophyton d’origine humaine, qui, d’après Sabouraud, 
sont exclusivement propres à l'enfance (tondante du cuir chevelu, 
trichophytie accessoire des teigneux), sont donc aussi susceptibles 
de créer des trichophyties de la barbe. 

Il s'ensuit naturellement que, dans ces dernières mycoses, 
nous trouverons une pluralité remarquable des parasites, en même 
temps qu’une multiplicité non moins intéressante des types clini- 
ques, puisque les lésions peuvent aller de la simple dermite, très 
superficielle et sèche, simplement squameuse, à la folliculite et 
périfolliculite suppuratives, avec infiltration profonde des couches 
cutanées. Et l'on serait tenté, au premier abord, d'établir une 


(1) E. Bonn, Champignons parasites de l'Honume, 1902. 


620 F. HALGAND 


correspondance entre ses formes cliniques et les divers types 
mycologiques extraits des lésions. 

Cela n’est cependant pas exactement conforme à à la réalité, car 
nous avons vu des lésions de même allure et de caractère objectif 
identique, occasionnées par des Champignons qui sont très difié- 
rents les uns des autres, dans leurs formes de Mucédinées du moins, 
les seules que nous connaissions aujourd'hui. 

Le meilleur exemple que l’on puisse en donner est, à coup sûr, 
celui du sycosis circiné de la barbe, ou folliculite trichophytique 
suppurée, analogue au kerion Celsi. Ces lésions ne relèvent pas 
toujours en effet du même Trichophyton, et si, dans la majorité des 
cas, elles sont dues au Trichophyton mentagrophytes, Bodin les a 
vues causées par le Trichophyton verrucosum, et, dans son service 
à l'Hôtel Dieu de Rennes, nous avons deux fois extrait le Tricho- 
phyton Megnini des mêmes lésions. 

On ne saurait done maintenir actuellement, pour les trichophy- 
ties, la correspondance constante et absolue des formes cliniques 
aux types mycologiques, ce qui a semblé si séduisant lors des 
premières études vraiment scientifiques sur la question, puisque 
le même Trichophyton peut occasionner des lésions différentes au 
point de vue objectif et qu’une même lésion cutanée peut être due 
à des Champignons distincts en mycologie. 

C'est là le fait nouveau que nous tenons à bien mettre en 
lumière en ce travail, et que nous avons observé de la façon la plus 
nette au sujet du Trichophyton Megnini. Ordinairement, le plus 
souvent même, ce Trichophyton cause des teignes sèches, à forme 
d’ichthyose pilaire, mais, en certaines circonstances, il peut aussi 
déterminer des lésions plus profondes, allant jusqu’à la suppura- 
tion, et revêtant le type du kerion Celsi. | 

Cela est indiscutable après les faits que nous avons recueillis 
el, au point de vue des trichophyties de la barbe, on en comprend 
immédiatement l'importance, mais, au point de vue général, le 
fait offre un intérêt plus grand encore, car il permet de poser à 
nouveau la question de la pathogénie des suppurations d’origine 
mycosique. 

On sait, après les recherches de Sabouraud et de Bodin, que 
certains Trichophyton possèdent un pouvoir pyogène certain et que 
ces Trichophyton sont tous d’origine animale, s’inoculant facilement 


ÉTUDE SUR LES TRICHOPHYTIES DE LA BARBE 621 


au Cobaye et facilement pyogènes chez cet animal, tandis que les 
Trichophyton d’origine humaine ne déterminent pas de suppura- 
tion dans les inoculations expérimentales. 

Il à paru naturel de penser que les propriétés suppuratives de 
ces Champignons étaient dues uniquement à leurs caractères 
propres et n'avaient rien à voir avec les conditions dans lesquelles 
ils s’inoculent à l'Homme ou à l'animal. C’est dans ce sens que les 
travaux de mycologie parasitaire de ces dernières années ont 
conclu. 

Or voici que les faits que nous avons observés remettent tout 
en cause, en montrant que le même Trichophyton, le T. Megnini, 
causant habituellement des lésions sèches, peut être pyogène en 
certaines circonstances. Ceci conduit à admettre que le pouvoir 
pyogène d'un Champignon parasite n’est pas uniquement dû à 
ses propriétés individuelles et qu’il faut faire intervenir ici les 
conditions de son inoculation, qui peuvent elles-mêmes être inhé- 
rentes, soit au Champignon, soit au terrain sur lequel il évolue. 

Evidemment, il est impossible maintenant de nier le rôle de 
ces conditions et les faits positifs que nous avons rapportés en 
sont la preuve suffisante, mais, quant à ce qui est du détail de 
ces conditions, il n’en est pas de même et nous sommes, à ce sujet, 
réduits actuellement à de simples hypothèses. 

Ces conditions sont-elles inhérentes au parasite lui-même, à ce 
que nous appellerons sa virulence, ou tiennent-elles à la condition 
individuelle des malades sur lesquels végète le Champignon ? Nous 
ne saurions le dire. 

A l’enquête clinique et à l’examen minutieux des cas qu’il nous 
a été donné de recueillir, nous n'avons rien relevé qui puisse 
permettre de faire entrer en ligne de compte le facteur terrain. 
Mais la question est évidemment fort délicate et d’autre part nous 
sommes trop peu avancés dans la connaissance de la virulence des 
Champignons et des sécrétions de ces végétaux, auxquelles se 
rattache certainement la virulence, pour que l’on puisse rien 
affirmer à ce sujet. 

Mais la question se pose actuellement d’une manière bien nette 
et l’on peut espérer que des recherches ultérieures ne la laisseront 
pas sans réponse. 

Après tout cela, nous ne pouvons nous empêcher de conclure 


F. HALGAND 


© 


62 


en dernier lieu que plus nous avançons dans l'étude des Champi- 
snons parasites de l'Homme, et plus nous constatons que le chapitre 
des mycoses devient complexe. 

D'ailleurs, la connaissance vraiment scientifique des tricho- 
phyties remonte à quelques années à peine. Elle date des travaux 
de Sabouraud, qui, grâce aux méthodes pastoriennes, a su éclairer 
le sujet d’un jour fécond et nouveau. Mais ses recherches ont laissé 
bien des points obscurs et, depuis, de nouveaux problèmes ont 
surgi dont la solution paraît ardue. 

Aussi peut-on prévoir qu'il faudra de longues et patientes 
recherches pour fixer définitivement la science sur cette question. 


LES RATS, LES SOURIS 


ET LEURS PARASITES CUTANÉS 


Note rectificative 


PAR 


le D CARLO TIRABOSCHI 


Assistant au Service de la Santé publique. 


Le mémoire que j'ai publié dans le précédent fascicule des 
Archives renferme quelques fautes d'impression que je crois utile 
de rectifier ; j'y ajoute aussi des observations relatives à quelques 
mémoires publiés tout récemment. 

Pages 163 à 183. Pour des notices plus détaillées, je renvoie les 
lecteurs à mon mémoire qui va paraître dans Zeitschrift für 
Hygiene und Infectionskrankheiten, XLVIL, 2. 

Page 168, ajouter : Thompson (1), Artola, Arce et Lavoreria (2), 
Nocht (3), Texte de la Convention sanitaire internationale de Paris, 
1903 (4), Simpsons (5), Nime (6), Zinno (7), Thomson (8); ce der- 
nier auteur conclut que « le rôle joué par le Rat dans la transmis- 
sion de la peste à l'Homme à bord des navires est loin d’avoir 
l'importance qu’on lui a attribuée ». 

Page 172, ligne 8, ajouter : Au contraire, d’après Zinno (loc. cit.) 
« les Rats morts de peste appartenaient constamment à la variété (!) 
petite connue en zoologie sous le nom de Mus musculus griseus. Il 
était donc évident que le seul Rat (!); près de nous susceptible de 


(4) The Lancel, 17 octobre 1203. 

(2) Bull. de l’Acad. de méd. de Lima, 1903. 

(3) Deutsche med. Wochenschr., 1904, 7. 

(4) Semaine méd., n°5 3 et 4, 1904; Annales d'hygiène, 2. 

(5) British med. journal, 1903, 

(6) Archiv f. Schiffs- und Tropenhygiene, 1904. 

(7) Archives de méd. expérum. et d’anat. pathol., janvier 1904. 
(8) Revue d’hyg., 1904, 2. 


624 C. TIRABOSCHI 


contracter spontanément l'infection, était le Mus musculus. Maïs les 
deux autres variétés (!) de nos Rats, le Mus rattus et le Mus decu- 
manus, n’en sont pas moins les meilleurs agents de la transmission 
et de la dissémination du Bacille pesteux. » Suivant Nime (loc. cit.), 
le Mus rattus est l’espèce le plus souvent atteinte à Formose. 

Page 189, ligne 1, ajouter : Pulex brasiliensis Baker. 

Page 193, ligne 27, ajouter : Pulex brasiliensis Baker. 

Page 195, ligne 24, ajouter : Dennis charlottensis Baker (?), 
Ctenocephalus serraticeps Tschb. 

Page 197, ligne 30, ajouter : Ceratophyllus fasciatus Bosc. 

Page 204, ligne 28, ajouter : Ceratophyllus Walkeri Rothschiid. 

Page 242. Voici la classification des Puces donnée par Baker (1). 


Genre Sarcopsylla Westwood. 


Famille des SarcoPsYLLipAE Tschb. Xestopsylla Baker. 


— HEcToPsYLLIDAE Baker : —  Hectopsylla Frauenf. 
—  VERMiPsyLLIDAE Wagn.: —  Vermipsylla Schimk. 
—  MEGaAPsYLLIDAE Baker : —  Megapsylla Baker. 
—  Pulex Linné. 
—  Ctenocephalus Kol. 


—  Echidnophaga Olif. 
—  Ceratophyllus Curtis. 
—  Ctenophthalmus Kol. 
—  Anomiopsyllus Baker. 
—  Ctenopsyllus Kol. 

| —  Stephanocireus Skuse. 


— PuzicipAE Tschb. 


—  Hystrichopsylla Tschb. 
—  Ceratopsyllus Kol. 


Dans mon tableau synoptique, il faut supprimer Ceratophyllus 
sexdentatus Bak. et Ctenopsylla alpina Bak.; au contraire, il faut 
ajouter : Culex brasiliensis Bak., Ceratophyllus charlottensis Bak. et 
Ceratophyllus Walkeri Roth. 

Page 246 : Les espèces du genre Pulex sont partagées par Baker en 
deux groupes, dont le 2 comprend les espèces armées d’un peigne 
d’épines au pronotum; Baker décrit ici- trois espèces nouvelles : 
P. lynx, P. anomalus, P. affinis. Dans le 1 groupe, deux espèces 


(1) Proceedings of the U. S. National Museum, 37, (904. 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 625 


nouvelles : P. Lutzi et P. brasiliensis ; cette dernière a été trouvée 
sur Mus rattus et Mus decumanus, dans le Brésil, et voici ses carac- 
tères : sur le côté interne des cuisses postérieures une rangée 
régulière de 6 soies; palpes labiaux aussi longs ou plus longs que 
les cuisses antérieures, etc. Baker range aussi dans le genre Puler 
les espèces suivantes : P. echidnae Denny, P. glacialis Tschb., 
P. jaculans Motsch., P. kerquelensis Tschb., P. lamellifer Wagner, 
P. lemnus Motsch., P. longispinus Wagner (cf. p. 262), P. tubercula- 
ticeps Bezzi (cf. p.311), P. oulpes Motsch. ; au contraire il transporte 
dans le genre Ceratophyllus ses espèces : P. multispinosus"'et P. 
arizonensis. 

Page 254 : Dans le genre Ctenocephalus, Baker sépare comme 
espèce nouvelle le C£. simplex, qu'il avait déjà décrit comme étant 
une variété du Cf. inæqualis. 

Page 258. Un exemplaire de Ctenocephalus serraticeps Tschb. a 
été capturé à Naples par Zinno sur une Souris. 

Pages 261 et 262 : Dans le genre Ceratophyllus, Baker décrit 
22 espèces nouvelles : C. dentatus, C. perpinnatus, C. tuberculatus, 
_C. alaskensis, C. californicus, C. oculatus, C. ciliatus, C. pseudarc- 
tomys, C. leucopus, C. labiatus, C. sexdentatus (Ci. p. 272, où cette 
espèce a été décrite par erreur, puisqu'elle est parasite d’une 
espèce de Neotoma), C. Wagneri, C. asio, C. canadensis, C. vison, 
C. lucidus, C. arctomys, C. proximus, C. idahoensis, C. petiolatus, 
C. eremicus et C. stylosus, auxquelles il faut ajouter : C. multispi- 
nosus et C. arizonensis (cf. ci-dessus), C. Keeni, C. divisus, C. frin- 
gillae, C. sturni, C. charlottensis (cette espèce, signalée à la page 286, 
a été capturée dans le nid d’une Souris à Queen Charlotte Islands), 
C. dryas (déjà décrit par Wagner comme étant une variété du 
C. sciurorum Curt.), C. metallescens. Au contraire il faudrait trans- 
porter dans le genre Pulex (cf. ci-dessus) le C. longispinus Wagner. 
Aux espèces parasites des Rats, etc., il faut ajouter : C. charlottensis 
Baker (cf. ci-dessus) et C. Walkeri Roth., capturé par Rothschild 
sur Arvicola amphibius. 

Page 265: Baker n’a pu recueillir en Amérique le C. fasciatus, 
qui a été trouvé par Kohaut en Hongrie sur: Mus decumanus, Mus 
agrarius, Myoæus nitela, Talpa europæa. 

Page 276 : Baker n’a pu recueillir en Amérique un seul exem- 


Archives de Parasitologie, VII, n° 4, 1904. ‘ 40 


626 C. TIRABOSCHI 


plaire du genre Ctenopsylla. Kohaut décrit ici une espèce nouvelle: 
C. Wagneri. 


Page 277: Dans le genre Ctenopsylla, Baker donne encore comme 
étant une espèce bien distincte son Cf. mexicanus (ci. p. 278), 
décrit une espèce nouvelle Ct. hesperomys et place ici Typhlopsylla 
gracilis Tschb. (cf. p. 295). Cr. alpina, décrite par erreur à la page 
285, a été trouvée sur Neotoma sp. | 

Page 286: Le genre Ctenophthalmus de Baker correspond aux 
genres Typhlopsylla, Palæopsylla et Neopsylla de Wagner. Baker 
décrit ici deux espèces nouvelles : Ct. pseudagyrtes (ci. p. 290); et 
Ct. genalis et relate aussi Ct. gigas; au contraire il n’y a pas ici 
T. americana, que j'ai citée par erreur ; T. charlottensis a été trans- 
portée dans le genre Ceratophyllus (cf. ci-dessus), et T. nudata dans 
le nouveau genre Anomiopsyllus, qui comprend cette seule espèce. 
Aux espèces du genre Typhlopsylla s. str. il faut ajouter: T. mon- 
ticola Kohaut. ; 

Page 291, ligne 30, ajouter : chez Mus silvaticus L. : Angleterre, 
Rothschild. : ; 

Page 302: Pour son genre Megapsylla, comprenant une seule 
espèce : M. grossiventris, Baker a créé la famille des Megapsyllidae. 

Baker sépare du genre Sarcopsylla le genre Xestopsylla, compre- 
nant une seule espèce : X. gallinacea Westw. (cf. p. 303), et établit 
pour le genre Rhynchopsylla (ef. p. 309), comprenant une seule 
espèce (Hectopsylla psittacr Krauenf. = /thynchopsylla pulex Heller), 
la famille des Hectopsyllidae. 

Page 305, ligne 1 : au lieu de : que les des 3°, 4° et 5°, lire : que les 
3°, 4° et 5°. 

Supprimer les 3 dernières lignes de la page 305 et les 31 premières : 
de la page 306 ; on trouvera lamême description aux pages 309 et 310 ; 
| d’après Kohaut, auquel j’ai envoyé quelques exemplaires de ma 
Sarcopsylla rhynchopsylla, celle-ci est vraiment une espèce nouvelle 
et très intéressante. 

Page 309, ligne 20 : au lieu de attendre, lire : atteindre. 

Page 311,-ligne 8 : au lieu de Louse, lire Lice. 


Page 311, note 2, corriger les noms latins comme ci-après : 
Y. alacurt, V. (Pulex) globiceps, V. (Pulex) tuberculaticeps, V. (Pulex) 


LES RATS, LES SOURIS ET LEURS PARASITES CUTANÉS 627 


ursi, V. (Chætopsylla) Rothschildi, V. (Chætopsylla) trichosa. Le 
genre Chætopsylla Kohaut, etc. 

Page 313 : dans la légende de la figure 47, au lieu de Hæmatologi 
lire Hæmatopinus. 

Page 318, lignes 12 et 13 : au lieu de : au côté du piquant, lire : 
de chaque côté. 

Page 341 : la figure 70 B doit être retournée. 

Page 346, ligne 11 : au lieu de 68, lire 69. 

Page 348: ajouter dans le genre Mus le sous-genre Micromys 
Dehne (p. 197) et dans le genre Microtus le sous-genre Microtus 
(sensu stricto) Trouessart (p. 201). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


E. Bonin, Biologie générale des Bactéries. Paris, Masson et C*, Encyclo- 
pédie scientifique des Aide-mémoire. Petit in-8° de 184 pages. Prix: 
broché, 2 fr. 50 c. ; cartonné, 3 îr. 


Ce petit livre présente, d'une façon claire et concise, les principales 
notions générales sans lesquelles l'étude des espèces bactériennes patho- 
gènes ou autres ne saurait être fructueuse. Il s'adresse à ceux qui s'occu- 
pent des sciences médicales et à tous ceux qui sont curieux des multiples 
phénomènes physico-chimiques relevant des infiniment petits. 

L'auteur, résumant en ce premier Volume une partie du cours de Bacté- 
riologie qu'il professe à l’Université de Rennes, envisage la biologie géné- 
rale des Bactéries ; c'est-à-dire d’abord leur anatomie, leur division en 
familles, leur polymorphisme; puis leur physiologie et surtout le méca- 
nisme de leur nutrition, qui donne la clef de phénomènes très importants, 
comme les fermentations. ‘ 

Ensuite, vient un examen rapide de la manière dont les Bactéries se 
comportent vis-à-vis des agents physiques ou chimiques, ce qui conduit 
aux règles fondamentales de l’antisepsie et de la désinfection. 

Après cette étude, la question du rôle des Bactéries dans l'économie 
générale du monde se pose tout naturellement et l’auteur cherche à y 
répondre, autant du moins qu'il est possible de le faire dans l'état actuel 
de nos connaissances. 


J. Jackson CLARKE, Protozoa and disease. — Londres, Baillière, Tindall 
et Cox, in-& de xix-177 p. avec 91 fig. dans le texte, 1903. Cartonné, 
prix : 7 shellings 6 pence. 


Ce volume forme la première partie d'une étude d'ensemble des Proto- 
zoaires pathogènes ; on y trouve l'histoire abrégée, mais claire et précise, 
de tous ceux qui jouent un rôle en pathologie humaine et comparée : 
Sarcodines, Sporozoaires et parasites du paludisme, Grégarines, Coccidies 
et Hémosporidies, Néosporidies et Sérosporidies, Flagellés, Ciliés. Un 
court chapitre est consacré aux maladies de certains Protozoaires. Les 
principales méthodes de recherche et d'examen sont brièvement exposées. 
Enfin, un appendice contient des détails particuliers sur le Coccidium 
cuniculi et la formation de ses microgamètes. Ce livre, dit l’auteur, 
s'adresse aussi bien aux biologistes qu'aux médecins praticiens : aux uns 
et aux autres il doit montrer l’iniportance et la nécessité de l'étude de 
parasites si particulièrement agressifs et spécialisés. 

Une seconde partie doit paraître ultérieurement et renfermer des 
données plus complètes sur le rôle de ces organismes dans diverses 
maladies. — M. LANGERON. 


1H Vd 


7 
© 
. 


2 


e 


7 


Ù 


RUES 


COGI AGIT 6G-SG 
SHHGNOT, HG M'IVOILONL, ANIOHGYI AA HIOD'I V 


€ 


HO HAIMINOT09 ANIDAAAN AA LALIISNIT AG ALISIA 


GANTS ë NN SO C7 
Se o 


_ 


Z2Ÿ 
>. 


2 4 
< > 
SAS 


4 


nn 


à 


ee 
ee 
So 


NN. 


BOGT ITA ‘HIPONIOLISY 


À 
© 


A SHATHOUY 


“LNVHr) Sepun(] ill "VC SLLNTIMAT INYSSYOI "ST ‘NIdn04 a 1(] ail "XAOHIH al ‘9 
ATTENV ‘FAN ‘ET COS PI ATUN :Q TI AV 9 AHAIN CS 
"NOHNYS ‘M 2 | iQ te TTIH HOT] ‘d IN ‘OT ‘HHINNOIN "TT iQ "OT "NMOU M ‘H iQ ‘7 
DEAR CV SE DE € ON STE TC TXT ONG SOUMET IS 
‘NOSNVIN 914124 IIS "0 "STTINOHNAZ ‘4 1 "VI ‘UVINY9Y 4 ‘fQ ns "HAISSIT ‘4 al Ne 
“AHVHONV 1 ‘4 ‘JO "GI SSOU JUUBUBIT) "M a] "eI "SVNAGUVT) 2[P CCI "IANA ‘4 CT =] 


EOGE IGN 6T-ST 


SÆONO'T HG A'IVOIdOU T, SANTO CT INT 4Q AIO UT V 


SI4Vd AA H'IVINO'I0) ANTOAGHN AG LALILSNI.T A4 ALISIA 


Alan YOGI CTIIA HIDOTOLISVUVA AA SHAIHOUV 


[A LA 
94 SL 


TR 


dE 

\Î 
Foi 
BA À 
pull 
Le 
È 
Î 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE, VIIL, 1904. 


D RENE RTC 


a Diam Se 


Cr. 
Ve TZ 'ipecteur de 7. ce /ROUUUI . { 


a | 


DIPLOME DE MEDECIN COËF 


te Conte. del REVERHLE  CONRDCALI 


Ie, 
AIVEC DECO) Devant Les Lroferrenr) Op 7 | 


LS 


2 2 
< 12 Ce 2 CP, Led Lan | 
Ë Pa : (En A ; | 
au eu He De L : ho publ) 
rue do.  : 


Te (| 


c 
En 0) Î 
ee | 


> > 


12 C7) 


4 o | 
7 va À EC? 3 Â 
D it ho È nn. e : ï 

| 


PI 


156 : : 
je DC one nee Pa Dore 
Li cac NZ 


Te 


(27 De l'Enseignement (74 v. 7 dlilus de 


CPS 
énpeses OUT Do à du 7 (Rs op Le Pro PAL 


/ — 
— D, € De ‘ M. 47 CET 
77. 


æ) 
Le 
se D), 2 - HU £ VE De cet fre ï 


ee 


QC (& 7 (É D à 
e - JS : 
resutent 220 Die e. 74 raverside de ares 


“LONdI ,Œ ‘0G "AUTIIN ,( “HLLOUVIN 
‘XAOUIH IE ,( ‘61 "INTOIA ,( "KV 

“ZIMAN ‘HQ ‘SI "OLVAVSNI ,( ‘EI ‘HA 1 
"ŒUVHONVI A JON ‘LI “ZANNIIAO T4 ‘TI "AVIU I, 
"STINOHNAZ ,( ‘OI ‘NONVIL 1Q °II *SAVHIVOVIN AG 


‘(6061 ‘UOISS9$S 05) MIVINOTON ANTOAGAN AC LALLESNI 


61 
OZ 81 [AL 


LA A] 


Cl 
Cl 
Cl 
1CT 
CT 


Did | ‘061 


91 


“HAHISSLL, 
"HHINNOIN 
MHISIA TN) 
XHLSVT) 


TAN] 


(12€ 


iQ € 
HE 
iQ | 


ITA ‘HIDOTOLISVUV A4 SHAIHONV 


NOTES ET INFORMATIONS 


Deuxième session de l’Institut de médecine coloniale. — La deuxième 
session de cours de l’Institut de médecine coloniale s'est ouverte le 
12 octobre 1903 et s'est close le 24 décembre suivant. Quarante-deux 
demandes d'inscription ont été reçues ; vingt-cinq élèves ont été admis à 
- Suivre les cours, l'insuffisance des locaux et du budget ne permettant pas 
d'en accepter un plus grand nombre. Ces 25 élèves se répartissent ainsi: 


1° Répartition des élèves suivant leur situation médicale: 
Docteurs-en médecine . . . . . . .. 15, dont 9 étrangers. 
Internes des hôpitaux de Paris . . . . . . 4, dont 1 étranger. 
Etudiants de 5° année à la Faculté de Paris, 6, dont 2 étrangers. 


2° Répartition des Docteurs suivant l'origine de leur diplôme: 


Docteurs français pourvus du diplôme français 6 
Docteurs étrangers pourvus du diplôme français . . . . 0 
Docteurs étrangers pourvus d’un diplôme étranger . . . 9 
3° Répartition des Docteurs français : 
Médecins civils À 2 
Médecins des troupes soenalies 3) 
Médecins militaires . il 
4° Répartition des élèves suivant leur nationalité : 
Français . 13 
Américains des États- Wie 2 
Boliviens et CR cn #2 1 
CRITENEMEN RAI IEP EE AS PRES 1 
CLECSP M EN EE Se nl Re Rte TE TE EN Rate ere SAT CA NA CAES 
Guatémaliens . il 
Italiens. : 2 
ÉOHUSAIS NME RAR ARRET Ar, 2 
Suisses. AE 1 
Vénézuéliens . . ETRRENEE RAA AU AUS A A PU ANT ANT 
»° Répartition des Docteurs étrangers : - 
Médecins civils . ; ; 6 
Médecins militaires (États- a), il 
Médecins des colonies (Portugal) 1 
Médeemstdelamarine (Portusal) EE 1 


Les étrangers représentent donc 52 ‘/, et les docteurs 60 °/, des élèves 
de l’Institut. La proportion des docteurs est exactement la même qu à la 
première session ; celle des étrangers est plus forte. On doit se réjouir de 
ce résultat, qui démontre la bonne réputation de l'Institut de médecine 
coloniale au delà de nos frontières. 

A la suite de l'examen final, tous les élèves ont obtenu avec distinction 
le diplôme de Médecin colonial de l'Université de Paris, savoir : 


630 NOTES ET INFORMATIONS 


MM. le D' CARDENAS (vénézuelien); CASTEx (français), étudiant ; L. D 
(français), étudiant; Ch. GuIBiER (français), étudiant ; D' E. INsaABATO 
(italien); D' Jose ne MAGALHAES (portugais); D' G. MARoTTE (français); 
D' Mizce (français); D' L. Monnier (français) ; R. PENEL (français), étu- 
diant ; D' Henri du Rest PHÉLAN (américain des États-Unis); D' Prquor 
(français); L. RonriGuez (guatémalien), étudiant; L. Tanon (français), 
interne des hôpitaux; D' Tairoux (français); D'R. Tissrer (français); 
H. TriAu (français), interne des hôpitaux; D' Ugo Vicinr (italien); 
D' Emm. ZEmBouLis (grec). ; 

MM. RopriGuEz et ZEMBOULIS ont été classés premiers ex æquo. 

MM. le D' d'Acurar (portugais); le D' ARTEAGA (bolivien); BAUER 
(français), interne des hôpitaux; BEenrz (suisse), étudiant ; F. GARDNER 
(américain des États-Unis), interne des hôpitaux ; et le D' A. Pouprin (chi- 
lien) ne se sont pas présentés à l'examen et, conséquemment, n'ont pas 
reçu le diplôme. 

Nous donnons en similigravure une reproduction du diplôme de médecin 
colonial de l'Université de Paris, à une réduction de moitié environ (pl. VI). 

Nous donnons aussi la photographie d'un groupe de professeurs et 
d'élèves de la deuxième session (pl. IV). 

Le 27 décembre 1903, une quinzaine d'élèves, sous la Conduite de 
MM. R. BLancHARD et R. Wurrz, partaient pour Londres, dans le but d'y 
visiter l'École de médecine tropicale et pour répondre à la gracieuse invi- 
tation qui leur en avait été faite pour les professeurs de cette école. 

Le 28, visite de l'École de médecine tropicale et de l'hôpital des marins, 
sous la conduite des professeurs J. CANTLIE, sir Patrick ManeoN, L. W. 
SamBon et du D' Low. Puis, lunch à l'École. 

Le 29, visite au Musée d'histoire naturelle de South on et récep- 
tion par M. F.-V. THroBALD, qui donne des explications très intéressantes 
sur son importante collection de Moustiques. Le soir, splendide banquet 
offert à leurs visiteurs par les professeurs de l'École de médecine tropi- 
cale. Des toasts sont prononcés par sir Patrick Manson, président du 
banquet, le professeur R. BLANCHARD, M. J. CANTLIE, le professeur L. W. 
SAmBox et le D' R. Wurrz. Une ovation enthousiaste est faite à sir PATRICK 
Manson (1). 

L'Institut de médecine coloniale de Paris gardera le souvenir de cette 
inoubliable réception. Nos aimables hôtes ont eu la gracieuseté d'envoyer 
à chacun de leurs visiteurs un exemplaire d'un groupe photographique 
dont nous donnons une reproduction (pl. V). 

Vu l'impossibilité de témoigner notre reconnaissance à chacun de nos 
amis de Londres, nous avons tenu du moins à l’exprimer à celui d’entre 
eux qui avait été l'organisateur de cette réception cordiale. Une sous- 
cription, ouverte entreles personnes ayant pris part au voyage à Londres, 
a permis de faire frapper, d’après les coins conservés à la Monnaie de 
Paris, un exemplaire en or de la*médaille de Madagascar sous Louis XIV ; 


(4) Visitors from the « Institut de médecine coloniale » of Paris, to the London 
School of tropical medicine. Journal of tropical medicine, p. 10, 1904. 


NOTES ET INFORMATIONS 631 


il a semblé que cette belle œuvre d'art, témoin des premières tentatives 
d'expansion coloniale de la France, était la plus apte à commémorer une 
réunion de médecins de tous pays, mais consacrant tous leurs efforts à 
l'étude des maladies coloniales. Cette médaille a été offerte au D'SAmBon, 
avec cette inscription gravée sur l’écrin: 


AU D' L. W. SaAmBon 
EN SOUVENIR DE LA VISITE 
DE L'INSTITUT DE MÉDECINE COLONIALE 
28-29 DÉCEMBRE 1903 


La guerre aux Rats.— Déférant au désir qui lui en avait été exprimé 
au cours d’une discussion à la Chambre, sur la destruction des animaux 
nuisibles à l'agriculture, le ministre, M. Mouceor, avait pris l'engagement 
notamment de rechercher les moyens de venir en aide aux populations 
rurales de certains départements où — de l’aveu même de leurs repré- 
sentants tant à la Chambre qu'au Sénat — les récoltes s'étaient trouvées 
totalement compromises, sinon entièrement détruites par une véritable 
invasion de Rats, dont aucun procédé ne pouvait arrêter les ravages. 

C'est ainsi que, pour remédier à la situation qui lui était signalée, le 
ministre de l’agriculture — ainsi que nous l'avons annoncé — demandait, 
le mois dernier, à l’Institut Pasteur, s'il était à méme de détruire les 
Campagnols, cause du fléau. L'Institut Pasteur répondit à M. Mouceor 
qu'il préparait les cultures d’un microbe capable d’exterminer tous les 
Campagnols qui l'ingèrent, que les expériences, au laboratoire, avaient 
constamment réussi, mais qu'il était difficile d'affirmer qu'il en serait 
ainsi, en pleins champs, avant d'avoir tenté l'expérience. 

M. MouGeor, sans se laisser décourager par ce que cette réponse com- 
portait d'incertain, résolut de la tenter, et, le 28 janvier, sous la direction 
du D' Roux et d’un inspecteur général de l’agriculture, M. DE LAPPARENT, 
une mission officielle, composée des meilleurs collaborateurs de l’éminent 
membre de l’Institut, quittait Paris pour se rendre dans les départements 
des Charentes, signalés comme étant plus particulièrement infestés et 
ravagés par les terribles Rongeurs. La mission emportait avec elle toutes 
les armes nécessaires pour triompher de l'ennemi auquel elle allait livrer 
bataille : des centaines de litres de bouillon de culture où évoluaient les 
microbes exterminateurs. 

Ces jours-ci la mission est rentrée des Charentes à Paris après avoir 
terminé sa campagne, qui n'a été qu'une suite ininterrompue de succès, 
tant ont été abondantes les hécatombes de Campagnols ; et dès hier, 
M. pe LaPppaRENT et le D' Roux, accompagnés de M. CHAMBERLAND, chef 
de service à l'Institut Pasteur, sont venus rendre compte au ministre de 
l'agriculture des opérations effectuées et des résultats acquis. 

Le terrain choisi pour livrer bataille par l'inspecteur général délégué 
du ministre, représentait une surface de 1.200 hectares environ s'étendant 
sur les communes d’Aigre, Oradour et Mons. Il était à ce point dévasté 
par l'ennemi, a-t-il dit à M. Mouceor, qu'en le parcourant on constatait 


632 NOTES ET INFORMATIONS 


que les ravages portaient sur toutes les cultures : céréales, prairies arti- 
ficielles ou naturelles, vignes, bois ; les semailles d'automme avaient été 
entièrement détruites, les luzernes et les prairies artificielles, richesses 
de cette région laitière et beurrière, étaient totalement dévastées. Le sol 
était percé de trous innombrables d'où partaient de petits sentiers très 
frayés constituant le chemin parcouru par les Campagnols lorsqu'ils 
sortent de terre. Ayant reconnu la position de l'ennemi et évalué approxi- 
mativement ses forces, la mission s’est assuré dans le pays le concours 
d'hommes de bonne volonté, puis elle a aussitôt préparé ses appâts «rati- 
cides ». Des récipients ont été remplis du bouillon de culture, préparé à 
l'Institut Pasteur, auquel on a mélangé des petits cubes de pain, d’un 
centimètre carré environ ou de l'avoine concassée. Munis de « musettes » 
préalablement remplies de cette pàture empoisonnée, les recrues levées 
par le D' Roux et l'inspecteur général de l’agriculture, se sont déployées 
comme une ligne de tirailleurs dans les champs infestés, semant sur leur 
passage, à chaque pas et aux abords des trous habités par les Campagnols, 
une petite pincée d'appât. Rien ne fut négligé pour rendre l'action éner- 
gique et décisive. Pour les 1.200 hectares traités, 1.190 bouteilles de virus 
furent employées, ainsi que 4 200 kilogrammes de pain et 9.300 kilo- 
grammes d'avoine. Les hommes employés à répandre les appâts représen- 
tèrent environ 1.200 demi-journées, de une heure à cinq heures du soir. 

Grâce à l'énergie et à l'importance de ces moyens d'action, les résultats 

furent stupéfiants pour l'ennemi. Le D' Roux affirmait au ministre qu'on 
pouvait estimer, dans la région traitée, à 95 °/, le nombre des Rongeurs 
-passés de vie à trépas: La mission constata l'étendue de son triomphe en 
faisant fouiller le sol ‘avec des charrues et, partout, elle ne trouva que 
des Rats empoisonnés, quelquefois au nombre de quinze et vingt dans le 
même trou ! La mission employa un autre procédé pour évaluer l'impor- 
tance des résultats acquis. Sur un champ, entouré de vignes d'une 
superficie d'un hectare environ, elle compta le nombre des trous faits par 
les Rongeurs. Ce nombre fut trouvé de 12.484. Tous ces trous furent 
minutieusement bouchés. Deux jours après, on compta le nombre de trous 
rouverts fraichement. Ce nombre fut de 1.304. On traita alors le champ 
avec de l'avoine imprégnée de virus et en mettant de préférence les 
pincées d'appât près des trous. Huit jours après — les Campagnols devant 
être morts en grande quantité, — on boucha de nouveau les trous. Enfin, 
deux jours plus tard on compta les trous fraîchement rouverts. On n'en 
trouva plus que 37. Cette diminution dans le nombre des trous, avant 
et après le traitement, put donner ainsi aux opérateurs une idée assez 
approximative de la diminution des Campagnols dans les champs. 

En terminant le compte rendu des opérations auxquelles il avait pro- 
cédé avec l’aide de ses collaborateurs, le D' Roux a émis l'avis qu'il serait 
fort intéressant de voir, si la végétation ayant repris sur le territoire 
traité, celui-ci ne serait pas envahi à nouveau par des Campagnols venus 
du voisinage, et il a annoncé au ministre que M. MersaniKov, chef de 
Service à l’Institut Pasteur, se rendrait dans les premiers jours de mars 


NOTES ET INFORMATIONS 633 


dans le canton d’Aigre pour faire des constatations à cet égard. Il a 
également représenté au ministre qu'il serait nécessaire, en cas d'invasion 
d'un territoire par les Rats, et pour que la méthode de destruction 
employée füt efficace, que tous les cultivateurs agissent ensemble, unis- 
sant leurs efforts en vue de l'intérêt commun. 

M. Mouceor, après avoir entendu toutes ces explications, a demandé si 
l'expérience n'avait pas incommodé les hommes employés à la manipu- 
lation du virus ou si elle n'avait pas été préjudiciable aux volailles ou aux 
animaux qui avaient pu parcourir les champs traités. M. Roux lui a 
répondu qu'il n'avait pas eu le plus léger accident de personne à déplorer 
et qu'aucun animal domestique n'avait soufiert de l’épandage du virus 
entrepris sous sa direction. M. Mouceor a adressé alors de vives félici- 
tations au D' Roux, auquel il a remis, pour célébrer sa victoire sur les 
campagnols, la cravate de Commandeur du Mérite agricole. Son collabo- 
rateur, M. CHAMBERLAND, a reçu pour sa part la rosette d'officier. — 
Maurice Sourrau, Le Temps du 25 février 1904. 


Centenaire de la naissance de Maillot (1). — Le 13 février 1804, 
François-Clément MarcLor naissait à Briey (Moselle). Dans l’ordre pure- 
ment médical, il est incontestablement, je ne dis pas l’un des hommes 
qui ont eu la plus grande notoriété pendant leur vie, mais l’un de ceux 
dont les découvertes ont le plus contribué au bien-être de l'humanité. 
Aussi me semble-t-il légitime de ne pas laisser passer le centième anni- 
versaire de sa naissance, sans rendre un pieux hommage à cet homme 
doux et bon, décédé il n’y a pas encore dix années, et dont tous ceux qui 
l'ont connu gardent le souvenir affectueux. 

MaizLor a fait toute sa carrière comme médecin militaire. Au moment 
de sa mise à la retraite, il était président du Conseil de santé des armées. 
Il mourut à Paris le 24 juillet 1894, dans son appartement de la rue du 
Vieux-Colombier. 

Il est enterré au cimetière Montparnasse (2). Les discours prononcés 
sur sa tombe par MM. Léon Corn et DuysarpiN-BEAUMETZ sont reproduits 
dans les Archives de Médecine et de Pharmacie militaires (3). Ses obsèques 
ont eu lieu le 28 juillet 1894. Un monument très simple recouvre ses 
restes et ceux de sa femme, morte deux ans et demi après lui. La 
pierre tombale est divisée en deux moitiés, suivant sa longueur. On lit 
à gauche : 


MONSIEUR | MAILLOT | FRANCOIS CLÉMENT | DOCTEUR EN MÉDECINE | ANCIEN 
INSPECTEUR | PRÉSIDENT DU CONSEIL | DE SANTÉ DES ARMÉES | COMMANDEUR 
«| DE LA LÉGION D'HONNEUR | NÉ A BRIEY (MOSELLE) | LE 13 FÉVRIER 1804 | 
DÉCÉDÉ A PARIS | LE 24 JUILLET 1894. 


(1) Extrait d'une communication faite à la Société française d'histoire de la 
médecine. dans sa séance du 9 mars 1904. 

(2) Cimetière du sud, 17° division, 7° ligne, est, n° 3 par le sud. 

(3) Tome XXIV, pages 280 et suivantes, septembre 1894. 


634 NOTES ET INFORMATIONS 


Et à droite : 

MADAME VEUVE | MAILLOT | DÉCÉDÉE | LE 12 JANVIER 1897 | A L'AGE DE 
80 ans. 

Le monument est surmonté d'un buste en bronze, portant l'inscription : 
DOCTEUR | MAILLOT, et signé à gauche : P. MAILLOT, 25 Juillet 1885. Le buste 
repose sur un piédestal très simple, sur lequel est gravée cette inscription : 


AU BIENFAITEUR | DE L'HUMANITÉ ET DE L'ALGÉRIE | CE BUSTE | SCULPTÉ 
PAR SA VEUVE | A ÉTÉ ÉRIGÉ COMME UN SUPRÈME HOMMAGE. 


La carrière militaire de MaïzLor a donc été bien remplie : il a franchi 
successivement tous les degrés de la hiérarchie et a joué dans la médecine 
militaire un rôle considérable dans le courant du XIX' siècle. Maïs, si je 
prononce aujourd'hui son éloge, ce n’est pas pour célébrer une carrière 
heureuse entre toutes : c'est uniquement, comme je l'ai déjà dit, pour 
mettre en lumière la découverte qui assure à sa mémoire la reconnaissance 
de l'humanité. 

C'était en 1834 : la France avait entrepris la conquête de l'Algérie et 
déjà elle avait pris possession du littoral et du Tell sur une certaine 
étendue; mais un ennemi invisible, cent fois plus meurtrier que le fusil 
des Bédouins, terrassait notre armée et causait dans ses rangs une 
effroyable mortalité. Il se dégageait du terrain, pensait-on, un poison 
subtil, un miasme, qui décimait les régiments et causait parmi eux des 
vides qu'il fallait sans cesse combler par l'envoi de troupes fraîches. 
L'opinion publique, les Chambres et le Gouvernement lui-même étaient 
littéralement aflolés par ces hécatombes, dont la cause était inconnue et 
contre lesquelles on ne savait comment lutter. 

On en vint à agiter sérieusement la question de l'évacuation des terri- 
toires conquis, d'autant plus que quelques médecins d'un grand renom, 
comme Boupin, déclaraient que ni nos.-soldats, ni nos colons ne pourraient 
résister au fléau et que la continuation de la lutte serait marquée par une 
augmentation du nombre des décès. Il y avait notamment, tout proche 
d'Alger, une vaste plaine que l’on avait surnommée le tombeau des chré- 
tiens, et qu'un général proposait d'entourer d'une grille de fer, pour en 
défendre l'accès. 

C’est alors que MaïzLor fut envoyé en Algérie. Il était médecin-major de 
2° classe et venait de Corse, où il avait observé une endémie moins grave, 
mais d'ailleurs toute semblable à celle qui ravageait l'Algérie. Il est 
attaché à l’hôpital militaire de Bône et, rompant résolument avec les 
doctrines de Broussais alors régnantes et avec les traitements inefficaces, 
débilitants et meurtriers qui en découlaient, il institue une thérapeutique 
nouvelle, qui obtient aussitôt les plus heureux résultats. Au lieu des 
2157 victimes que le fléau avait frappées l’année précédente, il n'en tue 
plus que 538 en 1835. 

À quoi tenait un résultat aussi merveilleux ? Simplement à ce que 
MaïiLLor, au lieu d'épuiser les fiévreux par des saignées répétées, les 


NOTES ET INFORMATIONS 635 

traitait par le sulfate de quinine. Ce nouveau traitement ne tardait pas à 
se régulariser et la mortalité rétrocédait encore dans de notables propor- 
tions. La fièvre était vaincue, l'Algérie devenait habitable et la conquête, 
dont l'opportunité avait été sérieusement mise en discussion dans les 
conseils du Gouvernement, était poursuivie avec une nouvelle ardeur. 

C'est à MarLLor que l'Algérie doit d’être devenue française. À ce titre, il 
mérite donc d'être célébré par nous. Mais la portée de son œuvre est plus 
haute, car l'humanité tout entière a bénéficié de sa découverte. Les 
conséquences sociales et politiques de cette dernière sont incalculables : 
elle a permis à l'Homme de lutter avec succès contre la fièvre intermit- 
‘tente, qui rendait inhabitables nombre de contrées d'Europe; elle a 
permis à l'Européen de s'installer dans les pays d'outre-mer, malgré le 
paludisme ; elle est en train de changer la face du monde, puisqu'elle a 
rendu possibles les conquêtes et les entreprises coloniales que, à l’époque 
actuelle, les nations civilisées poursuivent avec tant d’ardeur. | 

Une découverte médicale si riche en heureuses conséquences ne pouvait 
passer inaperçue; elle devait exciter la reconnaissance du pays qui en 
avait bénéficié et des populations qui lui devaient leur prospérité. Aussi le 
souvenir de MaiLLor est-il perpétué en Algérie par un village qui porte 
son nom, fondé en 1880 chez les Beni-Mansour, au sud de la Kabylie, au 
lieu dit Souk-el-Tleta. Par la loi du 25 juillet 1888, les Chambres lui 
votèrent une pension de 6000 francs, à titre de récompense nationale. 
Vers la même époque, la ville d'Oran donnait son nom à l’une de ses rues. 
Enfin, en 1893, le Comité d'études médicales de l'Algérie, à l'instigation 
du professeur P. Trocarp, de l'Ecole de médecine d'Alger, rééditait ses 
œuvres médicales, à l'exception du Traité des fièvres (1). 

Deux ans après la mort de Maircor, deux monuments furent élevés à sa 
mémoire. L'un d'eux est un buste en bronze, dùü au ciseau de Furconis ; 
il se voit à Alger et porte sur le socle l'inscription suivante : 


A F.-C: MaïrLor, 
Médecin de l'hôpital militaire de Bône, 
1834-1836, 
L'Algérie reconnaissante. 
Souscription publique, mai 1896. 


L'autre a été inauguré à Briey (Meurthe-et-Moselle), le 18 octobre 1896 ; 
il est l'œuvre du sculpteur Paul Fournier. C’est une statue de bronze, 
représentant MAILLOT dans le costume d’Inspecteur général du Service de 
santé militaire, avec la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. 

La France n'a donc pas été ingrate envers MarrLor. La Société française 
d'histoire de la médecine, qui a pour mission de célébrer les gloires 
médicales de notre patrie, ne pouvait laisser passer le centenaire de la 


(1) L'œuvre de F.-C. Maillot, ancien président du Conseil de santé des 
armées. Alger, L. Remordet et Cit, in-8 de 202 p., avec un portrait en photo- 
typie. — Le Traité des fièvres ou irritations cérébro-spinales est de 1856. 


636 NOTES ET INFORMATIONS 


naissance de cet illustre compatriote sans lui payer, elle aussi, un juste 
tribut de reconnaissance et d’admiration. — R. BLANCHARD, Président de 
la Sociélé française d'histoire de la médecine. 


Décret fixant les conditions que doivent remplir les appareils de 
désinfection. — Nous publions ci-après le texte du décret rendu le 
7 mars 1903 et publié dans le Journal officiel du 12 mars, lequel fixe, 
conformément aux prescriptions de la loi sur la protection de la santé. 
publique du 15 février 1902, les conditions que doivent remplir, comme 
garantie d'efficacité, les appareils destinés à la désinfection : 

Le Président de la République française, 

Sur le rapport du Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur et des 
Cultes, 

Vu les deux derniers paragraphes de l’article 7 de la loi du 15 février 
1902, ainsi conçus : 

« Les dispositions de la loi du 21 juillet 1856 et des décrets et arrêtés 
ultérieurs, pris conformément aux dispositions de ladite loi, sont appli- 
cables aux appareils de désinfection. 

« Un règlement d'administration publique, rendu après avis du Comité 
consultatif d'hygiène publique de France, déterminera les conditions que 
ces appareils doivent remplir au point de vue de l'efficacité des opérations 
à effectuer. » 

Vu l'avis du Comité consultatif d'hygiène publique de France ; 

Le Conseil d'Etat entendu, 


DÉCRÈTE : 


ARTICLE PREMIER. — Les appareils destinés à la désinfection déclarée 
obligatoire par le paragraphe 1" de l’article 7 de la loi du 15 février 1902 
sont soumis, au point de vue de la vérification de leur efficacité, aux 
dispositions du présent règlement. 

ART. 2. — Aucun appareil ne peut être employé à cette désinfection 
avant d'avoir été l'objet d'un certificat de vérification délivré par le 
Ministre de l'Intérieur, après avis du Comité consultatif d'hygiène 
publique de France. 

Les appareils conformes à un type déjà vérifié ne peuvent être mis en 
service qu'après délivrance, par le Préfet, sur le rapport de la Commission 
sanitaire de la circonscription, d'un procès-verbal de conformité. 

Ils doivent porter une lettre de série correspondant au type auquel ils 
appartiennent et un numéro d'ordre dans cette série. 

ART. 3. — La demande de vérification est accompagnée des plans de 
l'appareil, de sa description et d'une notice détaillée faisant connaître sa 
destination et son mode de fonctionnement. - 

Le Ministre de l'Intérieur adresse la demande et les pièces annexées au 
Comité consultatif d'hygiène publique de France. 

ART. 4. — La section compétente du Comité fait procéder, en présence 
du demandeur ou de son représentant, aux expériences nécessaires pour 
vérifier l'efficacité de l'appareil. 


NOTES ET INFORMATIONS 637 


Si l'appareil se trouve hors de Paris, la section compétente peut désigner, 
pour procéder aux expériences, un ou plusieurs délégués choisis parmi 
les membres du Conseil d'hygiène départemental ou des Commissions 
sanitaires du département. 

Les procès-verbaux des expériences sont communiqués aux intéressés ; 
ceux-ci ont un délai de quinze jours pour adresser leurs observations au 
président du Comité. 

Après l'expiration de ce délai, la section compétente émet son avis. Cet 
avis est transmis, avec les procès-verbaux des expériences, au Ministre 
de l'Intérieur qui statue. 

ART. 5. — La décision du Ministre est notifiée à l'intéressé qui, si elle 
est défavorable, a un délai de deux mois à partir de cette notification pour 
réclamer une nouvelle vérification de son appareil. 

ART. 6. — Il est procédé à cette nouvelle vérification par le Comité en 
assemblée générale. Le Président désigne un nouveau rapporteur et, dans 
dans le cas du deuxième paragraphe de l'article 4, un ou plusieurs 
nouveaux délégués. La procédure est celle qui est prévue à l’article 4, la 
section compétente étant remplacée par l'assemblée générale du Comité. 

La décision du Ministre est notifiée à l'intéressé. 

ART. 7. — En cas de décision favorable, le certificat de vérification 
délivré par le Ministre de l'Intérieur est accompagné des pièces visées au 
paragraphe 1° de l’article 3. 

ART. 8. — Tout détenteur d'un appareil vérifié ou dont le type a été 
vérifié conformément aux prescriptions de l’article 2, doit adresser au 
Préfet une déclaration accompagnée de la copie du certificat de vérification 
et des pièces désignées au paragraphe 1° de l’article 3 et indiquant, s'il y 
a lieu, la lettre de série et le numéro d'ordre de l'appareil. Cette décla- 
ration est enregistrée à sa date. Il en est délivré récépissé. Elle est 
communiquée sans délai à la Commission sanitaire de la circonscription. 

S'il s’agit d'un appareil ayant fait lui-même l'objet d'un certificat de 
vérification, le Préfet, sur le rapport de Ja Commission sanitaire, délivre 
un certificat d'identité. 

S'il s'agit d'un appareil conforme a un type déjà vérifié, le procès-verbal 
prévu par le paragraphe 2 de l’article 2 du présent décret constate cette 
conformité. 

Arr. 9. — Les attributions conférées aux préfets par l’article précédent 
sont exercées à Paris par le Préfet de la Seine. 

Arr. 10. — Les intéressés doivent fournir la main-d'œuvre et tous les 
objets nécessaires aux expériences de vérification et de contrôle. 

ART, 11.— Le Ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent 
décret, qui sera publié au Journal Officiel et inséré au Bulletin des lois. 


Proverbes Malgaches. — La librairie F. R. px RupevaL vient de 
publier un remarquable cours de langue malgache (1), où se trouve 


(1) G. Juin, Précis théorique el pratique de langue malgache. Paris, F. R. de 
Rudeval, grand in-5° de XV-225 p., 1904. 


638 NOTES ET INFORMATIONS 


(p. 179-192) une longue liste de proverbes et maximes. Quelques-unes de 
ces formules méritent d'être citées : 

33. Aza dia miolika hoatry ny tsinain ondry, fa aoka mba ho tsotra 
hoatry ny tsinaim-balala. Loin d’être retors et embrouillés comme l'in- 
testin du Mouton, soyez simples et droits comme celui du Criquet. 

36. Aza manaketra-tena toy ny boka mizaha fitaratra. Ne soyez pas 
l'auteur de votre propre découragement comme le lépreux qui se regarde 
dans un miroir. 

41. Boka manan-karena, ka ny hafaliana tsy mahaisindry ny alahelo. 
Un lépreux a beau être riche, la joie que lui procure sa fortune n’atténue 
pas l’angoisse qui lui vient de son mal. 

42. Boka manjono : mifamitaka samy malama. Quand un lépreux pêche 
à la ligne, lui et le Poisson se jouent réciproquement, car ils sont égale- 
ment visqueux. 

43. Boka matin ny nendra : indroa manala-vitra ny fasan-drazana. Si 
un lépreux vient à mourir de la variole, cela l'éloigne deux fois plus du 
tombeau familial (1). 

44. Boka mivaro-tantely : ny zavatra amidy mamry ihany fa ny tenany 
mivarotra no mahaloiloy. Quand un lépreux vend du miel, la marchan- 
dise est certes bonne, mais c’est le marchand qui vous en dégoûte. 

5. Boka mangala-boatavo : hitondra roa tsy mahazaka ; hitondra ùruy 
mimonomonona. Quand un lépreux vole des citrouilles, il voudrait bien en 
emporter deux, mais il est impuissant, force lui est de n'en prendre qu'une 
et de maugréer (2). 

47. Diamangam-boka : hehy no farany. Les coups de pied des lépreux 
finissent au milieu des éclats de rires. 

80. Mandainga ny rano, hoy ilay boka nizaha tandindona. L'eau est 
trompeuse, dit le lépreux qui a vu sa laideur dans la transparence des flots. 

104. Ny fandio ray siny tsy mahaleo ny fandoto iray sotro. Une cuillerée 
d’eau sale suffit pour souiller toute une cruche d'eau propre. 

145. Tondro tokana tsy mahazo hao. Un seul doigt ne saisit pas un Poux. 

147. Tongo-boka ahafahana vao mihavesatra. C'est à mesure qu'il se 
désagrège et s'élimine que le pied semble plus lourd au lépreux. 

168. Tsy mety raha manao hoe : tsy mbola farofy aho hatr’ isay naha- 
bokako. On ne doit jamais dire: «je n'ai pas été malade depuis que jesuis 
lépreux ». 

176. Vavolombelon ny maty ny maimbo. La puanteur est l'indice de la 
mort. 


(1) Parce que les lépreux et les varioleux doivent être enterrés à part. 
(2) Parce qu'avec ses mains, le plus souvent amputées des doigts et réduites à 
des moignons, le lépreux ne peut pas saisir grand’chose. 


TABLE DES MATIÈRES 


L. BÉRARD et A. PONGET. — A propos du diagnostic clinique de l’actino- 
mycose humaine . . . . 
R. BLancHarp. — Notices biographiques. — XVI. François-Vincent Raspail 


(avec 20 fig. dans ie texte et pl. I). 

R. BLancHARD. — Sur un travail de M. le D' Brumpt intitulé : Quelques 
fails relatifs à la (ransmission de la maladie du sommeil par les 
Mouches tsé-tsé. 

E. Bopin et P. Savouré. — Recherches expérimentales sur les mycoses 
internes (avec 9 fig. dans le texte). 

S. FABozzi. — Azione dei Blastomiceti sull’ epitelio (avec 9 fig. dans le 
texte et pl. III). 

F. HazGanb. — Etude sur les trichophyties de la barbe (avec 4 fig. dans le 
texte) . 

P. LesaGe. — Contribution à l’élude des mycoses dans les voies respiratoires. 
Rôle du régime hygrométrique dans la genèse de ces mycoses (avec 
14 fig. dans le texte) . 

L, Manzi. — Gli dei distruttori degli Anofeli e l’uso antico delle fumiga- 
zioni e delle reti contro di essi, 


L. G. Neumann. — Notes sur les Ixodides, II (avec 2 fig. dans le texte) 

Ta. OpanNer. — Urogonoporus arinatus Lühe, 1902, die reifen Proglottiden 
von Trilocularia gracilis Olsson, 1869 . 

A. Poxcer et L. BéRARD. — A propos du diagnostic clinique de l’actino- 
mycose humaine 


P. Savouré et E. Boni. — Recherches expérimentales sur les mycoses 
internes (avec 9 fig. dans le texte). 

C. TiraBoscur. — Les Rats, les Souris et leurs parasites cutanés dans 
leurs rapports avec la propagation de la peste bubonique (avec 72 fig. 
dans Ie texte). 

C. Tiragoscai. — Les Rats, les Souris et leurs parasites cutanés. Note recti- 
ficative 

E. Trourssarr. — Leiognathus Blanchardin. sp., Acarien parasite de la 
Marmotte des Alpes (avec 2 fig. dans le texte). . . . . . . 


Qi 


573 


D48 


110 


161 


623 


640 TABLE DES MATIÈRES 


L. Vincent. — L'hôpital de «las Animas » à la Havane. Hôpital spécial 

pour les maladies contagieuses et la fièvre jaune (avec 3 fig. dans le 

tente) 2 ie EE EN RE ER RP 
P. Vuruzemin. — L'Aspergillus fumigatus est-il connu à l’état ascosporé ?. 540 
P. VurczemiN. — Le Lichtheimia ramosa (Mucor ramosus Lindt), Champi- 

gnon pathogène, distinet du L. corymbifera (avec 1 fig. dans letexte) 562 
Revue bibliographique ER ER PEN . 137, 472, 628 
Notes et informations (avec 3 fig. dans le texte el pl. IT, IV:VI) . 139, 475, 629 
Ouvrage reçus RER UE NE RE A STE SORTE) 


Le présent volume comprend 6 planches hors texte (dont 2 en double), 148 figu- 
res dans le texte et un fac-similé d'affiche. 
Il a été publié en quatre fascicules : 


1° fascicule, comprenant les pages 1 à 160, paru le 1 février 1904; 
2°, pages 161 à 352, paru le 15 avril 1904; 

3, pages 353 à 480, paru le 15 mai 1904 ; 

4e, pages 481 à 640, paru le 8 août 1904. 


Le Gérant, K. R. dE RUDEVAL. 


Lille. — Typ. & Lith. Le Bigot frères 


F. R. DE RUDEVAL EDITEUR 


_ 4, Rue ANTOINE Dugois (VI:) 


PARIS 


= ——@ D —— — 


Précis de Parasitologie animale, par le D' M. NEVEU- 
 LEMAIRE, préparateur au laboratoire de Parasitologie de la Faculté 
de médecine de Paris, avec une préface par le professeur R. 
BLANCHARD, un volume in-18 grand jésus de III-220 pages avec 
-301 fig. dans le texte, deuxième édition, cartonné. Prix #4 francs. 


De l’échinococcose secondaire, par le D' F. DÉvÉ, ancien 
interne des hôpitaux de Paris, médecin des hôpitaux de Rouen. Un 
volume grand in-8, de 256 pages, avec 7 fig. dans le texte. Prix : 
G francs. 


Ladrerie ou cysticercose chez l’Homme, par le D: E. 
VoLovarz. Un volume grand in-8, de 184 pages, avec 9 fig. dans 
le texte. Prix : 8 francs. 


Les Filaires du sang de l'Homme, par le D° R. PENEL. 
Un vol. grand in-8° de x-157 p., avec 20 fig. dans le texte. 
Prix : G francs. 


Sous presse : 


Les Moustiques, Histoire naturelle et médicale, par le 
professeur R. BLancHarD. Un volume grand in-8° de 600 pages 
environ, avec un grand nombre de figures dans le texte. 


Précis de diagnostic clinique, par le D’ L. GRIMBERT, 
docteur ès-sciences, professcur agrégé à l’Ecole supérieure de 
Pharmacie de Paris, pharmacien en chef de l’hôpital Cochin, et 
le D: J. GurarT, docteur ès-sciences, professeur agrégé à la Faculté 
de médecine de Paris. Un volume in-18 colombier, de 600 pages 
environ, avec un grand nombre de figures dans le texte. 


% 


Envoi franco de ces ouvrages contre un mandat-poste adressé à F. R. ne RUDEVAL, 
éditeur, 4, rue Antoine Dubois, Paris, Vr°. 


ARCHIVES DE PARASITOLOGIE 


RÉDACTION : 15, rue de l’École-de-Médecine, PARIS, VIe. 
Pi 


) 


ABONNEMENT :. si É 
Paris et Départements : 8@ fr. — Union postale : ‘82 fr. par volume. 


Les drchives de Parasitologie publient des mémoires originaux écrits dans 
- l’une ou l’autre des six langues suivantes : français, allemand,:anglais, espagnol, 
italien et latin. Les auteurs  doiv ent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE DACTY- 
LoGRAPBIé (écrit à la machine), afin de réduire lés corrections au minimum. 

_ Ce texte doit être conforme aux règles suivantes : 

4° On appliquera strictement les règles de la nomenclature zoologique ou 
notanique adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique ; 

20 On fera usage, tant pour les noms d'auteurs que pour les indications biblio- 
graphiques, des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le Zoolo- 
gical Record-de Londres ; 

3° Les noms géographiques ou les noms propres empruntés à des langues qui 
n'ont pas l'alphabet Fuseront transcrits conformément aux règles interna- 
tionales adoptées par les Congrès de zoologie; 

40 Tout nom d’être vivant, animal ou plante, commencera par une première 
lettre capitale ; 

5° Tout nom scientifique latin sera imprimé en italiques Ron une fois sur 
le manuscrit). 

Dans l’intérèt de la publication et pour assurer le maximum de perfection 
dans la reproduction des planches et figures, tout en supprimant des dépenses 
inutiles, nos collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes : 

4° Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. 

2 Ne rien écrire sur les dessins originaux. 

3° Toutes les indications (lettres, chiffres, explication des figures, etc.) seront 
placées sur un calque recouvrant la planche ou le dessin. 

4° Abandonner le plus poeninre le crayon à la mine de plomb pour le crayon 
Wolf ou l'encre de Chine. 
Les Auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés de renvoyer 
à M. le D’ J. Gurarr, Secrétaire de la rédaction, dans un délai maximum de hu 
7 les épreuves corrigées avec le manuscrit ou l'épreuve précédente. 

Ils recevront gratis 50 tirés à part de leur article. Ils sont invités à faire con- 
naître sans délai s'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), 
à leurs frais et conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l'impres- 
sion typographique; il ne concerne point les planches, dont le prix peut varier 
considérablement. Toutefois, il importe de dire que, pour les exemplaires 


d'auteurs, les planches seront comptées striclement au prix de revient. Les tirés 
d pure ne peuvent être mis en vente. 


? 


TARIF DES TIRÉS A PART 


25 ex. 


Une feuilleséentière "12570577 en SR el ER ER ee AG AD 
Hrois quartsdesfeuillé 4.52% 225 APR MAR A ES er pe oT40 


Une demi-feuille. . . . . . A A ES RE A La D 
Unfquart'deïtenilles5 27400 RARE ART Morte) 


Un'huitièeme de-fenille eee en rene 2 1E ARNO) 
Plusieurs feuilles 2/20 200) 2 M ee ra feuille | 6210 


L’éditeur-Gérant : 
Fa F. R. pe RUDEvAL. 


LILLE, — mp. LE BIGOT Frares. 


FT fe 
dl Ne ts ÿ 


te : RATS 
A ñ 

i LEE 
LA 


di l \ ï} 


LU 


de 2044 7 


LIN