OR THERE OP LE
FOR EDVCATION
FOR SCIENCE
OF
THE AMERICAN MUSEUM
OF
NATURAL HISTORY
; +
RAT orale
RERTCANAMUECUN
HA TUNAG ATAIARE |
11
Rs #
TANIA A
ARCHIVES
DES
MISSIONS SCIENTIFIQUES
ET LITTÉRAIRES.
ONIEUN HANIRINE à
PNAEEAMAENA EN +
Tente
ARCHIVES
DES
MISSIONS SCIENTIFIQUES
ET LITTÉRAIRES.
4 A
LR God
Ce on |
À 24€ Cie ; F,
Lens, EEE
mn: 2
CHOIX DE RAPPORTS ET INSTRUCTIONS
PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
ET DES BEAUX-ARTS.
TROISIÈME SERIE.
TOME XI.
PARIS.
IMPRIMERIE NATIONALE.
M DCCC LXXXV.
HUREUN MANIA
ADI MANTILN
Le tn
fer
TABLE DES MATIÈRES
SUIVANT L’ORDRE DANS LEQUEL ELLES SONT PLACÉES DANS CE VOLUME;
Rapport sur une mission en Tunisie (1881-1882 ), par M. R. Cagwar. …. 1
Rapport sur une mission en Palestine et en Phénicie entreprise en 1881,
MAP OTPRMONT GANNEAUE 0 de ce eee ca
Quatrième rapport de M. Charles Tissot sur les missions archéologiqnes
5 Mer SP ohobcoc ce are DRE one eat or beat De
Rapport sur une mission aux iles Philippines et en Malaisie (1879-1881),
par M. le docteur J. MONTANO....................... Mr TL 271
M1S$, SOIENT, — XI, J1
IMPHIMENLÉ NATIONALE.
ul
dALEH
M ES
HAUGART MR SÉASA
4
Ge) Mat D SUOMI SU AIR
RÉ aan irRel tient Ho lon
à
fie. Hi de ès 1e
MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.
ÿ à
ARCHIVES
DES
MISSIONS SCIENTIFIQUES.
RAPPORT
SUR
UNE MISSION EN TUNISIE
(1881-1882),
PAR M. R. CAGNAT.
Monsieur le Ministre,
J'ai voulu consacrer ma seconde année de mission en Tunisie
. à explorer dans le détail deux régions qui, à cause de la nature
du sol ou du caractère des habitants, avaient été peu étudiées
jusqu'ici.
La première s'étend depuis Zaghouan et Hammamet au nord
jusqu'à Kairouan et Souse au sud : c’est le pays des Zlass et des
Ouled-Saïd, pays de plaines immenses, limité à l'est par le golfe
d'Hammamet, à l’ouest par une succession de montagnes géné-
ralement d’un accès assez difficile, qui relient le mont Zaghouan
au Djebel Ousselet; malheureusement les circonstances ne m'ont
pas permis de visiter la partie occidentale de cette région. Le sol
est fertile en céréales et très favorable à la culture de l'olivier; aussi
était-il, à l’époque romaine, couvert d'habitations rurales ou de
petits villages occupés par des cultivateurs, dont on trouve aujour-
d’hui les ruines à chaque pas. Les grandes villes, au contraire, y
sont en pelit nombre, et elles sont complètement bouleversées.
Ce fait s'explique d'ailleurs aisément : l'importance d'Hadrumète
M1ISS. SCIENT. — XI. (l
=
aan
(Souse) a toujours attiré de ce côté les armées ennemies, et l’on
sait que cette région a particulièrement souffert des dévastations
des Vandales et des Maures (). II n’est donc pas étonnant que j'aie
recueilli dans ce pays relativement un petit nombre de documents
épigraphiques. J'aurai également peu de monuments d'architec-
ture intéressants à signaler à Votre Excellence.
Je n'ai pas cru devoir énumérer dans le texte les petites ruines
où l’on ne voit plus que des pierres informes couvrant la surface
du sol, mais j'ai eu soin d'indiquer sur une carte, que j'ai l'hon-
neur de joindre au présent rapport, toutes celles que j'ai visitées (?).
Mes découvertes épigraphiques ont été, au contraire, plus nom-
breuses dans la seconde partie de ma mission, où, partant du Kef,
ville au sud de laquelle je n'ai pas voulu descendre cette année, je
suis allé jusqu’à Tabarca, parcourant ainsi les environs de la
frontière algérienne.
0) Cf. Procope, De bel. Vand., 1, 5 et seq.
@) J'ai parcouru cette région à la suite de la compagnie franche commandée
par M. le capitaine Bordier. Je tiens à le remercier cordialement ici, ainsi que
ses lieutenants, MM. Gélas et Le Gal, et ses soldats, du concours et de l'appui
qu'ils m'ont prêtés dans mes recherches.
« un Ra
PREMIÈRE PARTIE.
ZAGHOUAN ET SES ENVIRONS.
La: ville de Zaghouan ne m'a fourni aucun document nou-
veau.
El-Mogran (.
Dans la cour de la maison dite de l’'Embranchement se trouvent
déposées les trois inscriptions suivantes, qui ont été trouvées, m'a-
t-on dit, entre le Foum Karrouba et le Djougar, dans les travaux de
l'aqueduc (©).
1.
Haut. de l'inscription, 0" 58; larg. ©" 40. — Haut. des lettres, 0" 045.
6 ANTORS
M :PICARIO M-MEMo
RIS - FIL- TVRRANIANO
CASTO-RARO CVM VI
XIT VIRO MAGIS
E RIO, EF UAM SV
RAS MONA TE ESS AIN
NENENTEER ERREURS
EGRIE SSVS à M, 7
(Estampage.)
D{us) M{anibus) s(acrum). M. Picario, M. (Picari) Memoris fil(io), Tur-
rantano, Caslo, Taro, Cum vixIt, Viro; magistro eliam Juris, qui seplua-
gesimum annum aelalis egressus meae.....
À la ligne 5 , la troisième lettre ressemble plutôt à un 1 qu'à un
T; je ne crois pas néanmoins qu'il faille lire ZT viro.
1) El-Mogran est le point où se réunissent les deux branches de l’aqueduc qui
amène à Tunis les eaux du Zaghouan et du Djougar.
) Le P. Delattre, qui vient d'en publier le texte d’après la copie prise par lui
en 1880 (Bulletin de l'Académie d'Hippone, XV, p. 83), dit que la première
inscriplion a été trouvée à 29 kilomètres de l'Embranchement, près du siphon du
Djougar; la seconde, près de l'Embranchement même, et la troisième au lieu
dit Zaouïat-el-Kedima.
Di TRES
2e
Born des lettres, o” 08.
D M S
D{uüs) M{anibus) s(acrum).
I n’y a jamais eu d’autres caractères gravés sur cette pierre.
5!
Haut. des lettres, 0” 045.
LENPIROINMMVIS EE
MILES : LEG : II - AVG
HR
L. Apronius, L. fliius), miles leglionis) III Aug{ustae), h(ic) e(st) s{ttus).
Henchir el-Kasbat ( Thuburbo Majus).
M. Tissot avait publié autrefois 0) une inscription que Wilmanns
n’a pas retrouvée parmi les ruines de l’Henchir el-Kasbat; il en a
conclu qu'elle avait été employée à la construction du pont jeté
sur l'Oued Méliana; ce qui n’est pas. Elle a été remise au jour cette
année dans les fouilles faites par MM. les officiers du 87° de ligne.
L'un d’eux, M. le docteur Cliquet, a bien voulu m'en communi-
quer un dessin et une copie; je la transcris ici, parce qu’elle offre
quelque différence avec le texte publié dans le Corpus ©).
l.
MORE AIN EN AO Per 7
PA PIRIT AVE A Nr) co.
TT SO ACTAIMUB Ro recto h;
Was PEN TS SO hontestha
NUS IS NO NÉE duo) he
DRM IO name ETS
DIROSSEEME PT ON MO"
HONOREM FLAM HS X Mn
rep RU TN END
VI SIMENSDIONR WANT MS ICYNANE
NITCOMRMDINENMIRERRE IPN]
LVIMPRDIE DIT VAE CNVAN
ORDO STATVAM DECRE
VISSET #74VLO CONTENTVS
SHPRPOSVIR DD
(Rev. afric., |, p. 419.
CO) virr, 853.
(
SEA QUE us
M. Fannio [M. f (ilo)], Papiria (tribu), V{i]ta[h c(enturioni) coh(ortis) ITIT]
Sycambr{or(um), coh(ortis) 1 His|p{anorum), nusso [honesta] nussione [a
divo Hadriano, | praef(ecto) juris] dic{undi), flam{ini) p(erpetuo), qui ob
honorem. flam(onu) HS X mfillia) [nf{ummum) reip{ublicae) intulit et am-
plus ludorum scaenicor(um) diem et epulum dedit; cut, cum ordo sta-
tuam decrevisset, [tit]ulo contentus s{ua) p(ecunia) posuit; d{ecurionum)
d(ecreto).
À la dernière ligne, la copie du docteur Cliquet portait P D; je
pense que c’est par erreur.
Henchir Mcherga (Municipium Giuft).
C£. C. I. L., vmr, 850.
La base sur laquelle se lit cette inscription porte, gravés sur le
bandeau de la corniche supérieure, en caractères de 11 centimètres
de hauteur, dans un cartouche à queues d’aronde, les deux mots
. suivants omis dans le Corpus :
LEONTI DARDANI
Ce sont deux surnoms appartenant aux personnages mentionnés
dans l'inscription, et dont l’un s'appelait par conséquent P. Iddi-
balius Victorinus Leontius, et l’autre M. Domitius Victor Dar-
danus.
CCE var 8071;
On lit de même sur la corniche supérieure de la base qui
porte cette inscription, en caractères de 16 centimètres de hau-
teur, les mots :
PATRICI LIBERI
Les personnages mentionnés au-dessous se nommaient donc
Q. Cervius Tertullus Felix Celerianus Patricius et P. Cornelius
Dativus Liber.
CHOC, ML 00
Le Corpus n’a pas signalé non plus la première ligne de ce texte
épigraphique, qui porte :
CONSTANTI
gravé en caractères de 10 centimètres de hauteur. Les noms com-
plets de M. Cimbrius étaient, par suite : M. Cimbrius Saturninus
Constantius.
CAC 6 CA
J'ai lu ainsi le commencement de ce texte :
I Rib-:pot
IHII-IMP V COS PP
C£. C. I. L., vm, 869.
Cette inscription est très difficile à déchiffrer ; ma copie diffère
un peu de celle de Wilmanns :
M -CV’?Olius
SÉONVERE NE
VAS TS
ES
M G\ ?OLIVS
BA PIN ES
VIXIT ANNIS
M. Cu.olfius] Secundulfs] viæit [a]nn[is) LXX; M. Gu.olius Felix prus
VIRIL ANNIS. . .
J'ai noté que la première lettre du gentilicium, qu'il est im-
possible de lire exactement, ressemble à un C à la première ligné
et à un G à la cinquième.
LT AN MEN
10.
Sur une petite base de 1° 30 de hauteur et de 0” 31 de largeur. — Haut. des
lettres : 1° 1 0° 10; 2° 1, 0" 07; 3° 1. 0° 095; 4° 1. et suiv. 0" 04. — Les ca-
ractères sont parfaitement nets et la lecture est absolument certaine :
DAtEe
MER CINE NO 5 AM CG
CSN @RÉNAUM OL
CIMBRIVS SATVRVS MANCEPS ET Q (si)
GEMNIVS ET C:CALPVRNIVS OPTATVS ET
BARGIVS SECVNDVS ET RVFINVS COINI vx
PRIMVS IDIL : ET PRIMVS CVRVNANI - ET FELIX -
C - GEMNI : ET : PRIMVS BVRROS ET FABIVS HO
NORAÏVS ET SECVNDVS DEANA ET SEMPRONIVS
SEVERIANVS : ET CERIVS FELIX SOCII : NITIONES
SVA LIBERALITATE FECERVNT ANNO Il VIRR
PMR M AI :PRIMIANI ET C:ANNAEI
NAMPHAMONIS.
(Estampage.) |
Deo Mercurio Auglusto) sacrum. Cimbrius Saturus, manceps, et Q. Gem-
mus et C. Calpurnius Optatus et Barqius Secundus et Rufinus, Coini
(filhius), et Primus, Idil(is filius), et Primus, Curunni (jfilius), et Felix,
C. Gemni(i filius), et Primus, Burros ( filius ?) et Fabius Honoratus et
Secundus, Deana (filius ?), et Sempromus Severianus et Cerius Felix,
soc nitiones, sua liberalitate fecerunt; anno IT vir(orum) P. Jui)
Mail) Prinuiani et C. Annaei Namphamonis.
Ce texte est intéressant. Il ajoute à l'onomastique africaine cinq
noms qui ne s'y sont pas encore rencontrés : Coinus, Idil, Curun-
nus, Burros et Deana. Ces deux derniers ne doivent pas, ce semble,
être regardés comme des agnomina au nominatif; ainsi que le de-
mande l’analogie, il faut plutôt y chercher des génitifs indiquant
la filiation de Primus et de Secundus. Je lis Cimbrius et non C. Im-
brius, malgré le point séparatif, le gentilicium Cimbrius étant
déjà connu par une inscription de l'Henchir Mcherga (n° 7).
Les personnages mentionnés ici, et qui sont au nombre de
treize, formaient une société : le premier, Cimbrius Saturus, en
RO
en était le manceps À !, les autres étaient les associés. On sait que les
impôts des municipes, comme ceux de l'État, étaient loués à des
fermiers qui se chargeaient de les percevoir.
Le sens du mot nitiones, comme le terme lui-même, m'est in-
connu. On serait tenté de le regarder comme le régime du verbe
fecerunt, qui se trouve à la ligne suivante; mais, dans les inscrip-
tions trouvées à l’'Henchir Mcherga, la formule fréquente sua libe-
ralitate fecerunt n'est jamais accompagnée d’un régime exprimé. Il
faut donc bien plutôt voir dans ce mot un qualificatif du substan-
tif socü. Je n’en ai pas trouvé d'explication satisfaisante.
11.
Sur une belle base, haute de 1° 65 et large de 0" 65. — Haut. des lettres :
1 022520110096 211EtSLIV- 000.
Sur la corniche supérieure :
PROBANTI LAODICI lé
Sur la base :
RPANCATE SN PA VEC IEES ARC RAM
LS PV BIOS ONPINAUTIMAVLIE TN AMF
PAPER O PM AU VS LOUE I
P-GODDAEVS VICTORIS FIL PAP
RVFINVS : Q Q : AEDILES INLATA RPSH
SVA LIBERALITATE FECERVNT ET: OB DE
DICATIONEM EPVLVMORDINIDE
DIE VRIVANO LD END)
Probanti(i), Laodici. — Paci Auglustae) sacrum. L. Publicius, Optaui
Veil) fillius), Pap(iria tribu), Optatus et P. Goddueus, Victoris fil{ius),
Papiria tribu) Rufinus, q{uuestoricu), aediles, inlata r(ei) p(ublicae)
s(umma) h(onoraria), sua liberalitate fecerunt, et, ob dedicationem, epu-
lum ordini dederunt. L(ocus) d{atus) d{ecreto) d{ecurionum).
Les sigles Q Q semblent être abréviation de quaestorici, ainsi
que Wilmanns l'a Loi Ta à propos d'inscriptions analogues
de l’'Henchir Mcherga ©
( Sur le sens du mot manceps, cf. Festus, p. 151 (éd. Müller), Pseudo-Ascon. ,
ad divin. (éd. Orelli), p.119, etc.
® Cf. C.I. L., vx, 859 et 862.
PR 10 NES
12.
Haut. de la base, 1° 12; larg. 0° 55. — Haut. des lettres, 0” 08.
PHENVEMOINITEANVG
SACRVM
CN ES ICO NMUMEVENCS
BARONCNPIE REUNION CAMIENTE
NWVS EL-PrEMIO:FILONIVS-MAX:F
VICTOR AEDILES SVA LIBER AL:
AND EME GER VIN MEMTUO;B
DAT MTCNNERUIROMNSENM, g y M
NAS SEA EM Lo OP pe Vo DE
PERRIN IL UD MDUAID
Plutoni Aug(usto) sacrum. Q. Rutilius Communis, Proculiani flius), Pro-
culianus, fllamen) plerpetuus) et Q. Filonius, Max{imi) flilius), Victor,
aediles, sua liberal[1]tate fecerant et ob deldic|atione[m gy]mnasium [plo-
[pluf[llo dederunt. L(ocus) d{atus) d(ecreto) d{ecurionum).
Sur le côté gauche de la base on voit une aigle romaine. Deux
surnoms, appartenant aux personnages mentionnés dans ce texte,
qui étaient probablement écrits sur le bandeau de la corniche
supérieure, sont illisibles aujourd’hui.
15:
Base de 1° 20 de hauteur et de 0” 50 de largeur. — Haut. des lettres : 1° et
2° 1. 0" 07; 4° L o" 06; les autres lignes, 0" 05. — Les caractères étaient
gravés peu profondément et ont été effacés par le temps.
PURE NO AN "TI
VE sea TER
ONFAANMEMES CIC ERA
VS ROGATVS fI MVan
ANNO AEDILITATIS SVAE
MVNIFICENTIAM PROMI
SERAT EANDEM CZLONI
/S FELIX {##RIVS EX ASSE
ATASABIOSCRIBI SZ
EU NA \ M
1IN7ATET
(Estampage.)
TNT pie
Plutont Au[q{usto) sa]er(um). Quam L. Tacchirius Rogatus fl(amen ?) mufn(r-
cipu)], anno acdhlitatis suae, munificentiam pronuserat, eandem Q.....
lonius Felix .....rius ex asse.....
14.
Fragment de base, haut de 0° 70 et large de 0° 50. — Haut. des lettres :
TOO) 2 OM OP SIN OO :
CARKNVNTI
Q:FVRFANIO
MODERATIANO
L/V///77/2
pe
nr
6777017
Carnunu(:). — Q. Furfanio Moderatiano. . .
IR
ZOLIT
ROUTE DE ZAGHOUAN À HAMMAMET.
Henchir Beni-Darradji.
IL ne reste plus guère dans cet henchir qu'un grand monument
en blocage à moitié ruiné, qui peut avoir encore 6 mètres de
haut; il se composait de deux étages : c'était certainement un
mausolée.
Henchir Bandoü.
Les ruines qui se voient en cet endroit sont très confuses, mais
elles couvrent un certain espace de terrain.
Henchir Sidi-Djedidi.
En face de la zaouïa de Sidi-Djedidi et sur la rive gauche de
l’'Oued Saboun s'élevait, au haut d’une petite colline, un poste
militaire de quelque importance. On ne distingue settement au-
jourd'hui que des citernes.
NAN | EN
Henchir Mergab-es-Said.
Cetle ruine est située sur une petite éminence, à gauche de la
route de Sidi-Djedidi à Hammamet; on y voit encore de gros murs
en blocage, restes d’une construction fortifiée.
ROUTE D’HAMMAMET À DAR-EL-BEY DE L'ENFIDA, PAR BOU-FICHA.
Après avoir traversé les ruines de l'ancienne Putput (Henchir
Souk-el-Abiod), on arrive devant un grand mausolée en forme de
tour, appelé par les indigènes Kasr-Mnara. J'ai l'honneur d’en
joindre la photographie à ce rapport (pl. XIT). Tous ceux qui l'ont
vu en ont parlé"), et je ne m'y arrêterai pas longuement. Du côté
nord-ouest se trouve une porte qui était presque entièrement ob-
struée par la terre et les débris tombés de la tour. On en aper-
çoit la partie supérieure dans ma photographie, à droite. Je lai
fait déblayer et j'ai pénétré dans une chambre voûtée mesurant
environ 4 mètres de longueur sur 1 m. 60 de largeur. La voûte en
est encore couverte d’un enduit en ciment; la hauteur en est de
_ 2 mètres(),
La base quadrangulaire sur laquelle repose cette tour et que sir
Grenville Temple dit avoir 6 pieds de haut est, comme on le voit
par ma photographie, entièrement enterrée aujourd’hui.
Au nord de Kasr-Wnara se trouvent un grand nombre de pe-
tits henchirs, que j'ai tous visités. Trois seulement méritent d’être
signalés :
Henchir Sidi-Bethir.
On y voit encore les restes d’un monument rectangulaire qui
mesure 20 pas de longueur sur 16 de largeur et auprès duquel
gisent à terre des colonnes de calcaire rougeûtre.
Henchir Tafernin.
Cette ruine, située au milieu des montagnes, a’est plus qu'une
M C£ C.I. L., vin, 963, et Guérin, Voy. arch., 1, 82 et 83.
® Je pense que c’est de cette chambre intérieure que parlent Schaw, Voyage
dans plusieurs provinces de la Barbarie , À, p. 206, et sir Grenville Temple, Eveur-
sions in the Mediterranean, 1. W, p- à.
su TES dus
accumulation de pierres de grand appareil au milieu desquelles
se dressent quelques pans de mur encore debout. Il y avait évi-
demment en cet endroit une petite ville. Je n’y ai pas trouvé d'in-
scription; j'ai constaté seulement la présence d’une croix dans un
cercle de 20 centimètres de diamètre, ainsi figurée :
16.
Dans les flancs de la montagne se voient des grottes fort cu-
rieuses : l’une d'elles mesure environ 10 mètres de hauteur sur
20 mètres de longueur et de largeur ; elles sont creusées dans un
grès fort tendre. Les Arabes s'en servent aujourd’hui pour y remi-
ser leurs troupeaux.
Cet henchir est dominé par un piton dont le sommet était cou-
ronné d'un ouvrage fortifié. On en distingue parfaitement les sub-
structions en quelques endroits; les montants de la porte d'entrée
en sont encore en place, ainsi que deux degrés de l'escalier qui y
conduisait.
Henchir Baïech.
Il a été trouvé dans cet endroit une inscription dont M. le capi-
taine Bordier a bien voulu me remettre une copie et un estam-
page :
17.
Haut. des lettres, 0° 05.
M ®% FLAMInius vixit annis
g LXXXII & © &. b. q. etc.
SCOR NES
s VAE PECVNIEC
M. Flami[nius. . . . vixit annis]| LXXXII. O(ssa) [t{ua) b(enc) q{uiescant) , etc.]
S. Corneli[us. . ... sluae pecuni(a)e c.....
HN Dee
Henchir bou-Ficha.
L'Henchir bou-Ficha est une ruine de fort peu d'importance;
on y a trouvé pourtant une croix sculptée dans un cercle de 24 cen-
timètres de diamètre. La pierre qui la porte est encastrée dans le mur
dela maison construite près de là par la Compagnie franco-africaine.
Henchir Sidi-Khalifa (Aphrodisium. — Grasse).
Les ruines de cette ville, qui ont été plusieurs fois déjà visitées
et décrites Ü), portent actuellement le nom de Sidi-Khalifa, mara-
bout auquel on a bâti près de là une koubba, il y a environ un
siècle. Elles s'appelaient auparavant Henchir Fradise. C'est un fait
que les voyageurs avaient déjà fait connaître; les indigènes nous
en ont confirmé la vérité, et le cheik de l’endroit nous a montré
à l'appui l'acte de propriété de sa zaouïa. Les deux monuments
les plus importants sont : |
1° La porte triomphale (pl. XIII). — À 90 pas au sud, mon
attention fut attirée par plusieurs arcades dont la partie supérieure
d
L
À. Couloirs sans issne où l’on pénetrait par les b,b’. Portes plus petites, en plein cintre. Lar-
portes b'. geur, 1" 80.
B. Couloir où l’on avait accès par la porte « et c. Petites portes latérales de o® 70 de largeur.
d'où l'on ne pouvait sortir que par les portes c.
d. Colonnes engagées surmontées d'un chapi-
Longueur, 5" 20.
teau corinthien.
a, Porte en plein cintre. Largeur, 2" 35, f: Colonnes semblables aux colonnes d.
sortait de terre. Je fis commencer des fouilles sur ce point : mais
l'eau, qui abondait dans les ruines au moment de mon passage,
(1) Cf. surtout Guérin, Voy. arch. , LE, P- 911 et suiv.
DEN 1 De
vint bientôt nous forcer à renoncer au travail(). J'ai pu néanmoins
prendre le plan ci-dessus de l'édifice que nous avions entrepris
de dégager et dont je pense avoir reconnu la disposition générale.
Je croirais assez volontiers que ce monument, qui est exacte-
ment dans l'axe de la porte triomphale, et dont les chapiteaux
sont presque identiques à ceux de cette porte, y était relié par
une colonnade, ainsi que semblerait l'indiquer une amorce d’ar-
cade qui se remarque, au-dessus de la colonne engagée dans le
pied-droit oriental de la porte triomphale. Cet ensemble aurait
ainsi formé une place entourée de portiques. I est évident que,
pour pouvoir affirmer ce fait, il aurait fallu pousser les fouilles
plus loin que nous ne l'avons fait.
2° Une forteresse. — La colline qui domine la ville à l'est est
couronnée par un grand monument dont M. Guérin donne la des-
cription suivante) : « C’est une enceinte rectangulaire construite
avec de magnifiques blocs parfaitement appareiïllés; elle mesure
30 mètres de long (lisez 15) sur 10m. 53 de large (). Les assises
inférieures reposent en retraite sur uu soubassement. Une cor-
niche, actuellement détruite en grande partie, décorait jadis la
partie supérieure de cette enceinte, qui me paraît être la cella
d’un temple.» Plus loin, il ajoute : « La ville d’'Aphrodisium de-
vait sans doute renfermer un temple en l'honneur de Vénus Aphro-
dite, à laquelle, en vertu de son nom même, elle semblait comme
dédiée. Si cette conjecture est fondée, je ne serais pas éloigné de
penser que la cella que j'ai décrite était celle du temple de cette
déesse (. » Cette conjecture ne me semble pas avoir été confirmée
par nos fouilles.
Le monument se composait de trois étages. L'étage supérieur
était percé de fenêtres munies de barreaux en pierre; au lieu de
pratiquer simplement une ouverture carrée dans l'épaisseur du
mur, l'ouvrier avait eu soin de laisser à la surface extérieure une
sorte de grillage formé par les parties de pierre qu'il n'avait pas
U) H nous a été impossible de déblayer les fûts des colonnes qui se voient de
chaque côté de la porte centrale; les chapiteaux seuls ont été mis au jour; la
moitié au moins de l'édifice, en hauteur, est restée enterrée.
@ Voy. arch., I, p. 312.
@) La hauteur du monument jusqu’à la corniche est de 8 mètres.
@ Voy. arch., IE, p. 314.
ee pou
enlevées. Le plafond de cet étage a disparu, ainsi qu'une grande
partie des parois latérales. |
Nous avons déblayé le second étage, qui était entièrement rem-
pli de pierres, de terre et de cendres, formant à elles seules une
couche de 90 centimètres de hauteurU). I était haut de 3 m.10 et
se composait de six chambres entre lesquelles régnait un couloir
dirigé à peu près de l’est à l’ouest. Dans les chambres, nous avons
trouvé deux petites lampes vernissées à moitié brisées, ainsi qu'un
col et un pied de flacon en verre de petites dimensions. Voici le
plan de ce second étage : |
. Couloir central, large de 1" 56.
. Chambres.
. Pierres et montants de la porte d’entrée intérieure.
a 8 D >
. Petites portes des chambres (largeur, 0? 90).
c. Murs en blocage et citernes, probablement d'une époque postérieure, qui limitent
l'édifice à Vest,
d. Mur en blocage qui est recouvert d’un revêtement extérieur en grand appareil.
Quant à l'étage inférieur que nous n'avons pas eu le temps de
M) Les couches successives que nous avons rencontrées sont, en commencant par
le haut : 1° couche de terre végétale, 2° couche de cendres, 3° couche de mor-
lier, 4” couche de pierres et de sable.
TE st,
fouiller, il n'a pas aujourd’hui d’issue visible. Au milieu du mur
qui regarde l'ouest on remarque, à quelque distance au-dessus
du sol actuel, les restes d’une console qui supportait peut-être une
statue.
L'entrée était donc probablement tournée à l’est, mais elle pa-
raît avoir disparu sous des constructions postérieures; toute cette
face est absolument bouleversée.
En résumé, je n'ai retrouvé dans cet édifice aucun des éléments
caractéristiques d’un temple, sauf peut-être l'orientation, et je pense,
jusqu’à ce que de nouvelles fouilles plus complètes permettent de
décider la question d’une façon absolue, que l'opinion de M. Pelis-
sier M), qui fait de ce monument une forteresse , est beaucoup plus
plausible que celle de M. Guérin.
Parmi les pierres entassées à l'étage supérieur et qui avaient
servi à une reconstruction de la partie orientale, j'ai trouvé le
fragment d'inscription suivant, gravé sur un cippe en forme
d’autel, en lettres de la belle époque.
1e
Haut. de la pierre, 0° 22; larg. 0° 4o. — Haut. des lettres, 0" 0».
Les C et les © sont aussi larges que hauts.
PANTEEI
CONCOn
MVNICIPIB\s
P. Anthe[mius ?] Concor[dius?] municipibuls]. . . ..
Le commencement des lignes est intact; il ne manque pas plus
de trois ou quatre lettres à la fin. À la première ligne, on dis-
tingue après l'E une haste verticale, suivant laquelle la pierre a
été brisée.
Les autres monuments que l’on peut signaler sont :
. a. Une église déjà mentionnée par M, Guérin. J’y ai remarqué
une croix grecque de 20 centimètres de haut, probablement celle
dont il parle ®), un chrisme sculpté sur une clef de voûte :
0) Description de la régence de Tanis, p. 244.
@ Loc. cit., p.323.
Er
19.
Haut. du p, 0° 22. — Chaque haste du y mesure 0" 20.
a
et une pierre rectangulaire où se voient sept trous de forme et de
grandeur différentes :
Largo. de la pierre, 0” 80; long. 1"; épaiss. 0" 40. — Trou À : long. o" 30;
larg. 0" 32; prof. 0” 18. Trous B : long. 0" 29; larg. 0°” 34. Trous m : prof.
0" 10.
Il n'y a sur les faces latérales de cette pierre aucune trace d’in-
scription, ce qui eût pourtant été nécessaire pour nous éclairer
sur l'usage auquel elle était destinée. Sa présence au milieu des
ruines d’une église inviterait à y voir un monument religieux. Par
la forme générale, elle se rapproche des autels primitifs du culte
catholique N).
b. Un amphithéätre qui mesure 58 pas de largeur. Une très pe-
tie partie du podium est encore debout.
0 Cf Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes, au mot Ara.
MIS$. SCIENT, — XT. 9
LMVRIMEIIR NATIONALE:
Je Qt a
En parcourant les ruines de ceite ville, j'ai encore remarqué :
1° Sur un chapiteau qui gisait à terre, au pied de la colline
où est bâtie la forteresse, à une centaine de pas de l'arc de
triomphe, un chrisme haut de 12 centimètres et large de 10; la
partie supérieure de la croix repose sur l’abaque et la partie infé-
rieure sur le chapiteau même :
21.
2° Une inscription gravée sur une base brisée, dont les deux
parties ont été employées dans des constructions; les premières
lignes seules peuvent être déchiffrées avec certitude :
29°
Larg. 0” 55. — Haut. des lettres, 0” 05.
A.
QAGRIORVSTICIANOVEPROCAVGN
IRACT KARTHAG:PROC PRIVAT au GGNN
ERÎITALIAMPRO cl OTVS Zum ST
GUEMANR ELA EM M M MM M
MN CURÉENUWN MM
B.
(Estampage.)
Q. À grio Rusticiano v(rro) e(gregio), proc(uratori) Aug(usti) n(ostri) trac-
t{us) Karthag(imiensis), proc{uratori) privat(ue) [Au]g{ustorum duorum)
n(ostrorum) per Ttaliam, pro[c{uratori)] totius. . . ..
Si ce cursus honorum est rédigé, comme il semble, dans l’ordre
inverse et qu'il soit question de Marc-Aurèle à la quatrième ligne,
Q. Agrius Rusticianus aurait été procurator tractus carthaginiensis,
(late, 10 ent
peut-être sous le règne de Marc-Aurèle et postérieurement à la mort
de L. Verus (an. 169); il aurait exercé auparavant la fonction de
procurator privatae per [taliam, vraisemblablement sous Marc-Aurèle
et L. Verus. La forme des lettres ne contredit pas cette hypothèse;
3° Des fragments de poterie avec inscriptions dont je transcrirai
le texte à la fin de mon rapport.
Henchir Fragha.
L'Henchir Fragha, qui m'a été désigné aussi sous le nom d'Hen-
chir Chigarnia, renferme un fort byzantin, flanqué de quatre bas-
tions aux angles, de belles dimensions et assez bien conservé.
M. Mangiavacchi, qui, grâce à la position qu'il occupe dans la
Société franco-africaine, connaît parfaitement tout ce pays, me fit
remarquer dans cette ruine un magnifique piédestal enterré Jjus-
qu'au sommet; il portait l'inscription suivante, que M. L. Renier
a bien voulu communiquer à l’Académie des inscriptions et belles-
lettres () :
29
Haut. du piédestal, 1" 60; larg. 0° 70. — Le cadre de l'inscription mesure 0" 84
de hauteur. — Les lettres sont hautes de 0" 04.
PMPAGA ES EL AN NO
VPN E RO
CONS EANMINO:: PrO
HÉMNVTOMO AN IGE
PONT PFARIC" MENM AUX |
TRAPBEMAONDIESYE AIRE
COL:VPPENNA :DEVOTA
NVMINI MAÏIESTATIQ_
EIVES
DD Pre
Estampage.
pag
Impleratori) Caes{ari) Flavio Valerio Constantino Pio Felci) Inviclo Au-
qlusto), pontifici max(imo), trib{unicia) potestate , col{onia) Uppenna devota
numint mayestatiq{ue) eJus; d(ecurionnm) d(ecrelo) p(ecunia) plublica).
UM) Séance du 10 mars 1882.
OT)
La ville située en cet endroit portait donc le nom d'Uppenna et
avait sous Constantin le titre de colonie.
Le fort avait été bâti avec des pierres empruntées aux diverses
constructions de la ville, äinsi que le prouve la présence dans ses
murs de deux inscriptions qui y ont été recueïllies et sont mainte-
nant encastrées dans le bordj de Dar-el-Bey de l'Enfida.
24.
Haut. de la pierre, 0" 30; larg. 0” 30. — Haut. des lettres, 0" 045.
O'DAMUES
CES ENS EMENRIPIS
MLB:G UE
ANIS & LXX
O(avwv) ? D{us) M{anibus) s(acrum). C(a)esel(ljius Martis vixit a(n)nis LAX.
Le surnom Marts s’est déjà rencontré plusieurs fois en Afrique).
25.
Haut. de la pierre, 0” 50; larg. 1° 10.— Haut. des lettres : 11. 0” 10;
2° 1. o” 08.
\
Ÿ EX OFICINA
MVZZ'UAATINA
Ex of(f}icina Mu..... {ina.
On y a trouvé aussi deux pierres portant des croix grecques
dans des cercles, l’un de 47, l’autre de 4o centimètres de diamètre.
Je dois encore signaler une piscine d’une forme particulière qui
se voit au milieu des ruines de l’'Henchir Fragha : elle se compose
d’un bassin central de 88 centimètres de diamètre, profond de 50
environ. On y descend par un second bassin d’un diamètre plus
grand; mais, au lieu d’avoir comme l’autre la forme d'une cuve
cylindrique, ce dernier se compose de sept niches demi-cylin-
driques dans lesquelles une personne peut s'asseoir, chacune d'elles
ayant 37 centimètres de diamètre. Si l’on faisait une coupe de cette
W) Cf. C. I. L., Indices, p. 1028.
MA Li
piscine à 10 centimètres au-dessus du bord du cylindre intérieur,
on obtiendrait cette figure :
Henchir Bir-Ouled-el-Guelai.
M. Mangiavacchi m’a communiqué l'inscription suivante, relevée
par lui auprès du puits dit Bir Ouled-el-Guelaï, à quelques kilo-
mètres au sud-est de Där el-Bey de l’'Enfida :
27:
Croissant.
IATEPRAETACA
MAIVM RVRIS S:P°:M
Shi LE
su ME malri? dulciss(imae) p(osuit). [V{ixit)] an(nis).
APATE S{ita) hic) e(st).
\
ROUTE DE ZAGHOUAN A SOUSE.
La Table de Peutinger indique une route allant de Thuburbo
Majus à Hadrumetum; j'emprunte au Corpus le tableau suivant,
997
qui donne, en même temps que le texte de la table, la synonymie
moderne des noms antiques d’après les savants allemands 0 :
Tuburbo Majus. ; H. el-Kasbat.
XV XV
Onellana. H. Sidi-Ahmed-Abd-el-Azz.
XVI XVI
Bibae. H. Harath.
XVI XVI
Mediocera (leg. Mediccera). H. Medeker.
VI VI
Aggerfel ©). H. Takrouna.
VIII VII
ÜUlisippira. H. el-Menzel.
Û XVIII
Gurra (leg. Gurza). Kala-Kebira.
VII VII
Hadrito (leg. Hadrumeto). Souse.
Les traces de cette voie sont parfaitement visibles encore au-
jourd’hui, et je l'ai suivie depuis un poirit appelé Henchir Rmir-
mir, situé sur la route de Zaghouan à Aïn-Medeker jusqu'à un
pont jeté sur l'Oued Boul dont je parlerai tout à l'heure.
L'Henchir Rmirmir se trouve à 17 kilomètres environ au sud-
sud-est de Zaghouan; on y voit les restes d’un établissement de
peu d'importance; on y a néanmoins découvert cette année un
fragment de mosaïque d’un iravail fort soigné. On y distinguait
une tête de Vierge très expressive; à droite la trace d'une palme
ou d'un 1ys, à gauche un oiseau.
À partir de cet henchir, la route se dirige du nord au sud vers
Aïin-Medeker : en face de la montagne où est situé l'Henchir Ba-
tria, j'ai rencontré une borne milliaire, qui a été transportée en-
suite à Dar-el-Bey de l’'Enfida :
[2
ONCPTENVut MB ET.
®) Ce mot est lu Aggersel par certains éditeurs.
DENTS es
Haut. de la pierre, o* 70; larg. 0” 22. — Haut. des lettres, 0” o4.
D N
FLAVIO IV
MIPOMCRMS
P'ONNIO BL
SSIMO CA
(sic) ES
XX VIII
(Estampage.)
D{omino) n{ostro) Flavio Julio Crispo, nobilissimo Caes{ar)r.
(Millia passuum) XX VIIT.
Ce monument est le premier qui ait été trouvé en Afrique en
l'honneur de Crispus, le fils de Constantin D.
Le nombre des milles (XXVIIT) est en désaccord avec les don-
nées de la Table de Peutinger. En effet, la distance de Thuburbo
Majus à Mediccera y est indiquée comme étant de 47 milles; cette
borne ayant été rencontrée à 9 kilomètres avant: d'arriver à Aïn-
Medeker, c'est-à-dire à 6 milles, le point où elle était placée, se
trouverait, suivant la table, à 41 milles de Thuburbo et à 45 de
Souse. Ces deux nombres s’écartent considérablement de notre
chiffre XXVIIL. IL faut donc avoir recours aux conjectures pour
expliquer ce fait : deux suppositions me semblent également plau-
sibles :
1° On sait que deux routes partaient de Thuburbo Majus :
l'une se dirigeait vers Carthage par Onellana, Uthina (Oudena) et
Maxula (Radès) ®); l'autre, celle dont nous avons donné plus haut
le tableau, quitiait ia première à Onellana pour gagner au sud-
est Bibae. Il fallait donc, pour venir de Carthage à Souse, en
passant par Ain-Medeker, ce qui est la voie la plus courte, faire
un crochet à droite pour se diriger vers Onellana, puis un second
crochet à gauche pour marcher sur Bibae, puis un troisième à
droite pour atteindre Mediccera, détours qui augmentaient consi-
(1) On en a découvert presque en même temps un autre en Algérie.
@) Table de Peutinger (éd. Fortia d'Urban), p. 294.
LE
LE
en" a
dérablement la distance et que la configuration du pays ne ren-
dait pas nécessaires. Rien n'empêche de supposer qu'il y avait
une voie plus courte partant d'Uthina (qui se trouve précisément
à 28 milles du point où j'ai rencontré le milliaire 0 et se diri-
geant en droite ligne vers Mediccera.
2° I se pourrait aussi que, outre la voie que nous avons citée
entire Thuburbo Majus et Mediccera, et qui contournait le mont
Zaghouan par le nord, à une certaine distance, il y eût, pour
relier ces deux points, une seconde route plus courte, qui aurait
passé au sud de cette montagne, entre celle-ci et le massif -du
Djebel Saouaf, et qui, contournant le Djebel Zeriba, serait en-
suite descendue en droite ligne vers Aïn-Medeker. En tenant
compte des détours qu’elle aurait été obligée de faire, car le dé-
filé est assez difficile à franchir de ce côté, on arrive aussi à peu
près au nombre de 28 milles, la distance de Batria à Thuburbo
Majus à vol d'oiseau étant de 22 milles.
Quoi qu'il en soit, l’ancienne voie de Thuburbo à Hadrumetum
mesurait, entre les deux accotements, 6 mètres de largeur; ji
obtenu ce chiffre en deux endroits différents. Après avoir passé à
à kilomètres à l’est de Bairia, ville qui était reliée à cette voie par
une petite route dont on distingue encore les traces, elle gagnait
Aïn-Medeker, qu’elle traversait. On voit au milieu des ruines de
cette ville deux mausolées qui bordaient la route; puis, suivant
toujours la direction nord-sud, elle passait entre le Djebel Ta-
krouna et le Djebel Abd-er-Rahman-el-Karsi et franchissait l'Oued
Boul sur une chaussée de 7 m. 50 de largeur, dont les restes sont
encore debout. À partir de ce point, je n'ai plus retrouvé de traces
de cette voie; mais on croit qu'elle passait successivement par l'Hen-
chir el-Menzel et par Kala-Kebira, où il n’a pas été fait, cette an-
née, de nouvelles découvertes, à ma connaissance.
J'ai visité successivement toutes les ruines qui se rencontrent le
long de cette voie entre l'Oued Boul et l’Oued el-Hammam, et je
crois utile de m’arrêter sur quelques-unes d’entre elles.
U) TH est encore une autre ville éloignée de ce point de 28 milles, c'est Vina
(H. Meden); mais une route secondaire qui aurait relié Vina à la route partant
de Thuburbo Majus vers Hadrumetum aurait certainement passé par Bibae; par
conséquent, au delà de cette ville, on ne trouverait plus d’autres milliaires que
ceux de la voie principale.
ARS LENS
Henchir Batria (Botria).
M. Guérin a décrit très exactement les restes de cette ville ()
J'ai fait fouiller les ruines de l'édifice où il a copié les deux in-
scriptions qu'il rapporte sous les numéros 492 et 493. Nous avons
mis au jour un dallage en pierre blanche ainsi que les bases d’un
certain nombre de colonnes qui étaient encore en place; nous
avons aussi trouvé les fragments d’un entablement qui semblait
entièrement couvert par une grande inscription :
29.
Long. des fragments : a, 2" 57; b, 2" 590); c,1"366);d,2,58;e,2"70;f, 2°
dome 190); à, 0" 45; k, 0" 63. Haut. des rl OM
LE,
EC \ ADMINISTARNTEYQYMYCivÙ ENDvL
b. VICTORINVS VIR CLARISSIMVS CON
ce. CENTIO-FL-P-CVR:REI-PVBEIC
d. TE PLVRIMA SECLA COEPTVM
e. BVS PARTE EX PEC PVB PARTE EX OBLATIONE
f SPLENDONI RESTVTIANI ET P AVR ROBVRI-PR
g. À SOLO DVARV |
h. VIRATVS-C:AVRELI:GALOSI ET M FAVONI MA :
i. OB:VM
k. MIPPAVIT
(Estampages.)
=
=
Vota p(opul) B{otriensis ?). Admunistrante. Q. Mycio Endul..... Melo
rinus vir clarissimus, con[sularis ? Aa CUT NA centio , fl{aniune)
plerpeluo), cur(atore) reï publiclae NU anlte plurima s{(a)ecla coep-
De do bus parte ex pecunia publica, parte ex oblatione. . .….. Splen-
doni(i) Restutiani et P. Aur(elui) Roburi, pr..... , &« solo, duuru|m]
Lies restituit, anno IT] viratus C. Aureli(i) Galosi et M. Favoni(i)
M Voy. arch., WW, 305-507.
2, COGIPL;, Nix, 017:
@) CPC: LL, vu, 917 (?):
CE C. IL L., vux, 914.
Lio
H est impossible d’assigner aux deux derniers fragments (: et )
une place, même conjecturale, dans cette inscription.
Nous avons rencontré encore dans nos fouilles les fragments
d'inscription suivants :
Sur des fragments d'entablement très dégradés par le temps. —
Long. des fragments : À, 5° 60; B, 2" 40; G, 1° 52. — Haut. des lettres, 0" 22.
DT DO
NDI TN
C.
UM API
31.
Haut. de la pierre, o" 50; larg. 0° 45. — Haut. des lettres : 1° L 0” 08;
AD O0 no
SV
ET COMM
GANTS VNIÈE
Henchir Sidi-Abd-er-Rahman-el-Karsi.
. Au pied de la montagne appelée Sidi-Abd-er-Rahman-el-Karsi et
près de la koubba consacrée à ce saint on voit une ruine romaine
d'une assez vaste étendue : peu de monuments y subsistent encore,
mais il y avait là certainement un établissement de quelque impor-
tance. On y voit notamment un bassin de 6 mètres de largeur sur
7 m. 50 de longueur, où l’on descendaït par un escalier de neuf
marches encore parfaitement conservé. L'eau y était amenée de la
source voisine, qui fournit en abondance une eau gazeuse très
agréable au goûl, par un pelit aqueduc à ciel ouvert fort bien
conservé. La source elle-même est canalisée et sort par un conduit
rectangulaire qui déverse ses eaux dans une grande chambre in-
térieure d'environ 1 m. 50 de largeur sur 3 mètres de longueur,
d’où elle s'écoule entre deux murs taillés dans le roc. Je suis porté
à identihier cette ville avec l’Aggerfel de la Table de Peutinger,
que les auteurs du Corpus placent, comme on l’a vu, à Takrouna.
Voici les raisons qui me semblent donner quelque paids à cette
opinion :
1° Les restes romains d'El-Karsi sont beaucoup plus considé-
rables que ceux de Takrouna, qui en réalité sont insignifiants.
2° La voie romaine dont j'ai parlé plus haut passe entre l’'Hen-
chir el-Karsi el l’henchir situé au pied du Djebel Takrouna |versant
est), mais à 3,100 mètres du premier et à 6 kilomètres au moins
du second. Comme, d'un autre côté, la distance entre Aiïn-Mede-
ker et Takrouna est à peu près la même que celle d'Ain-Medeker
à El-Karsi, je crois qu'il est préférable d'identifier cette dernière
ville avec l'Agcerfel de la table.
Je n'ai rencontré dans ces ruines qu'un seul cippe romain,
employé dans la construction d’une fontaine située auprès de la
koubba. L'inscription en est entièrement effacée.
Henchir Zombra.
En face du village de Sidi-bou-Ali, à 27 kilomètres environ au
nord-ouest de Souse, se trouve une ruine désignée par les indi-
sènes sous le nom d'Henchir Zombra. On y voit encore les restes
d'un amphithéâtre (0) long de 62 pas et large de 48; j'y ai égale-
ment remarqué quatre cippes dont l'inscription a été détruite inten-
tionnellement : la face sur laquelle elle était gravée a été enlevée
par éclats.
Souse.
J'avais entendu parler d’une collection de terres cuites apparte-
nant à un industriel français, M. Gandolfe, qui les avait trouvées
à l'Henchir Biniana, ruines situées à 13 kilomètres au nord-nord-
ouest de Souse., M. Gandolfe a bien voulu me montrer toute sa
collection et me permettre de l’étudier.
% M. Pelissier | Description de la régence de Tunis, p. 261) parle des ruines
d’un théâtre que je n’ai pas remarquées.
RNRRLS SEE
Elle se compose de dix-huit statuettes, généralement en terre
rougeâtre. Celles-ci se divisent en quaire types distincts, qu'elles
reproduisent avec certaines différences de détail; mais elles sont
loin d'avoir toutes une égale valeur artistique.
Premier type.
Femme (?) drapée, debout, semblant tenir de la main gauche un
petit vase dans lequel elle puise de la main droite; au-dessous de la
main gauche pend un autre vase de forme allongée. Le travail en est
assez soigné. On distingue encore des traces de peinture rouge sur
cette statuette, dont la hauteur est de 32 centimètres (® (pl. XXIV, 1).
Ce type se trouve reproduit sur onze terres cuites :
1° Hauteur, 28 centimètres. Cette figure est beaucoup moins élé-
gante que la première : les yeux sont très grands et très fendus; la
chevelure est disposée différemment (pl. XXIV, 2).
2° Hauteur, 27 centimètres. Travail plus grossier que celui de
deux statuettes précédentes.
3° Hauteur, 25 centimètres.
4° Hauteur, 25 centimètres.
Hauteur, 27 centimètres.
6° Hauteur, 26 centimètres. Les draperies sont moins soignées
encore que dans les figures déjà citées.
7° Hauteur, 24 centimètres. Travail très grossier.
8° Hauteur, 25 centimètres. Même sujet, mais le personnage
tient de la main gauche un bélier sur lequel s'appuie la main
droite; on ne distingue plus de vase.
9° Hauteur, 22 centimètres. Même sujet, mais on ne voit plus
de draperies : le personnage est couvert d’une tunique sans aucun
pli : on aperçoit seulement la trace d’un pan du vêtement qui re-
tombe de l'épaule gauche sur le côté droit. Cette statuette tient,
comme la précédente, un bélier dans la main gauche.
10° Même sujet.
11° Hauteur, 23 centimètres. Statuette où se trouvent réunis
les attributs signalés dans les statuettes précédentes, le vase et le
bélier. Art très grossier (pl. XXIV, 3).
U) Sur le haut de la cuisse gauche se voit une croix de Saint-André en relief.
— 29 —
Deuxième type.
Femme debout, vêtue d’une tunique talaire, la tête couverte
d’un voile qui encadre la figure. Hauteur de la statuette, 28 cen-
timètres. (Les bras sont cassés.)
Sur une autre statuette analogue, la femme est assise. Art très
grossier.
Troisième type.
Personnage drapé portant de la main gauche un objet de forme
indécise; le bras droit retombe le long du côté etla main tientun
vase.
Quatrième type.
Figure accroupie; dans la main gauche, on distingue un oiseau,
une colombe sans doute; dans la main droite, des raisins. Sur le
front on voit un croissant renversé. Terre grisatre. Trace de cou-
leur rouge et bleue. Hauteur de la statuette, 10 centimètres (pl. XV).
Ce type est reproduit sur deux autres figurines identiques, en terre
rougealre, hautes de 18 centimètres.
Sans vouloir étudier ici ces statuettes dans le détail, mi en dé-
terminer la valeur, ce qui appartient à de plus compétents, je ferai
remarquer que tous les attributs qu'elles portent à la main, bélier,
vase, raisins et colombe, sont des symboles de Baal-Hämân et de
Tanit (1). Nous sommes donc en présence de figures non pas phé-
niciennes, mais punico-romaines; la représentation du croissant
sur le front de l’une d'elles conduit aussi à cette conclusion.
J'ai relevé dans la même collection quelques marques de lampes,
que je publierai plus bas, et un fragment d'inscription trouvé à
Souse même :
J2,
Haut. des lettres, 0” 03.
dis man saC KR V M
AN
[]
viæit anis IX:M:V:
[Di(is) M{anibus) sa]erum; . . ...a [uixit anus] IX m{ensibus) V.....
0) C£ Ph. Berger, La Trinité carthaginoise (extrait de la Gazette archéologique ,
1880), p. 9 et suiv,, p. 51 et suiv.
PRET) RE:
ROUTE DE ZAGHOUAN À SOUSE, PAR DAR-BEL-OUAR.
Au lieu de suivre la route dont je viens de parler, on peut en
prendre une autre un peu plus longue, mais où l'on trouve des
restes antiques très intéressants : c’est celle qui, contournant le
Djebel Zaghouan, passe entre cette montagne d'un côté, le Djebel
Zeriba, puis le Djebel Saouaf de l’autre, suit les pentes occiden-
tales de cette dernière montagne et se dirige ensuite vers le sud-
est, pour gagner Souse. On rencontre successivement plusieurs
henchirs importants.
Henchir el-Kasr.
Cet henchir s'étend sur les dernières pentes méridionales du
Djebel Zaghouan et occupe une longueur de 2 kilomètres à peu
près. On distingue successivement, en allant de l’est à l'ouest :
a. Sur un mamelon, une construction forte bâtie en grand
appareil ;
b. 200 ou 300 mètres plus loin, un mausolée ruiné, entouré
de débris confus:
c. À 1 kilomètre au delà, une grande quantité de ruines au
milieu desquelles s'élève un fort beau mausolée de forme rec-
tangulaire, haut de 2 mètres environ, large de 6 m. 45 et long de
8 M. 10.
Au fond, à droite et à gauche, se voient trois niches qui mesu-
rent 2 mètres de hauteur sur 1 m. 18 de largeur, les pierres sont
appareïllées avec grand soin.
Au-dessus de la porte d'entrée se lit une inscription dont la ré-
daction sort des habitudes épigraphiques de la langue latine. Elle
ne nous apprend ni le nom des personnages ensevelis dans ce
mausolée, ni même celui de la famille à laquelle ils appartenaient,
ni l’âge auquel ils sont morts. À cause de son originalité même,
il m'a semblé utile d'en reproduire le dessin, bien qu'elle ait été
déjà signalée par Borgia, avec quelques petites inexactitudes il
est vrai 0).
%) Leydensia, IV, n° 14 (H)—C. I. L., vur, go1.
URUT
39.
Haut. des lettres, 0" 07.
Échelle
4 0"
C’est le seul monument qui soit encore debout dans cet henchir.
Henchir Zaktoun.
Au pied du versant méridional du Djebel Saouaf, à 19 kilo-
mètres de Zaghouan et à 10 kilomètres de Batria à vol d'oiseau , on
rencontre des ruines qui couvrent un espace de 2 kilomètres carrés
environ. La ville romaine qui s'élevait en cet endroit portait le nom
de Thaca (civitas Thacensium) 0), ainsi que le prouvent deux in-
scriptions que j'y ai relevées et qui ont été communiquées à l’Aca-
démie des inscriptions et belleslettres () :
3.
Haut. de la pierre, 0” 4o: larg. 0" 87. — Haut. des lettres : 1° et 2° 1. 0" 07;
les autres, 0” 05.
DALIS RANCE SACUR
PRO AS AMEN En. NP: @rAR’S
TYAELIYHADRIANIYANTONIN:
AVGYPIISLIBERORVMQ:EIVs
CMRPSSMIELA CH STP RES VAN EELICE CNE
(Estampage.)
Düs Auglustis) sacr(um), pro salute Imp(eratoris) Cales{(aris)] T. Aeli(i)
Hadriani Antonin|i] Auglusti) Pi liberorumqlue) ejufs], civitas Thac(en-
sium s{ua) pecunia) f{ecil); suf( fete) Felice Aej lu)? f{ilio)].
9) On remarquera la ressemblance du nom ancien Thaca et de l'ethnique mo-
derne.
2) Séance du 28 avril 1882.
DD
On est frappé de la similitude qui existe entre cette inscription
et un autre texte épigraphique trouvé dans une ville voisine, Thi-
bica (H. Bir-Magra) et publié dans le Corpus () :
Aesculapio Aug{usto) sacr(um), pro salute Imp(eratoris) Cues{aris) T. Aeli(i)
Hadriani Antonini Aug(usti) Pi, liberorumq(ue) ejus, civitas Tlubicaensis
Idec(reto) dec{(uriorum)], plublica) plecunia) fecit; instante operi Felice
Victoriae ? ftho, sufete.
Au temps d’Antonin le Pieux, la ville de Thaca était donc une
civitas Juris peregrini, administrée par des suffètes, comme sa voi-
sine Thibica; elle porte encore ce titre dans un autre texte épigra-
phique gravé en 212, sous le règne de Caracalla, qui se lit sur
le mur {côté nord) d’un grand édifice, le seul qui soit debout dans
cet henchir. Ce monument, de forme rectangulaire, mesure envi-
ron 5 mètres de hauteur; il est long de 22 mètres et large de 29.
Du côté sud, le mur est percé d’une fenêtre de 2 mètres de lar-
geur sur 2 m. 90 de hauteur,et d'une porte de même largeur qui
n’a actuellement que 1 mètre de hauteur. À gauche de la fenêtre,
en regardant de l'intérieur du monument, existe une meurtrière.
Du côté nord, l'édifice est flanqué de deux bastions : c'était donc
une forteresse; mais le mot aedes qui se rencontre dans l'inscrip-
tion que je vais citer nous indique que c'est par suite d’un rema-
niement postérieur qu'il recut cette destination :
( vu, 765.
DRE
“uonduosut 97799 suep ro710d 9j yeanod ou ‘etc uo nb Sauirppg snouDuur) 911 9} sud quefe u ‘eppeovren |,
‘ouuanlunquy souessrnd
SUIZzUMP ef 8p nigaoï 39 SIoj oweIson ef Anod fnsuoo sduey owgur u9 je eqpeoere] onb crc ue 159 7)
‘pof vonqud munsad snlo si (1)1o7ofia tuopon tumsuoonyg
sppuo [°°° ":::"smodoupn ann] 1 70] 101ju0çg tuvlouy up ‘[s1liodougn IUDLIPOE] 1u[p ‘suodououd nq TIUOQU F7 1
“{shodou ribuung rompu aq roy pr ap (nf (au) copy ronumug] (ao rfquvq] wrulqpy bhlabur
nd 000 (irundog up ‘(onuw)d (sup) <pyy (syns(u)oo * IT (suommo)dur ‘4% (amisago)d (morunqi).n “(tjufrjænu [sfroif f
uod ,,(ru)æpyp roruunpug ( an) copy 1onuvq (nsn)bny (s11)jo nd tauouy [iljaunp ‘y (siun)san) (s207940)duy aynpos] 04[q]
: uorduosut 97729 ISUIE JOMNSOI j9 OUf UOP Jney ft LON 8u9 med quo ur ou
DQTUOAË EE OP 2479 SURISIOI VF 39 9PUOI9S ET ‘JuaWoyoexo soma ÿ gansou re { ‘(rurwmu so1fiuod SUEP XV
9p N) onu juowrppoox oxpo erorweud ef e nbsnnqop ej smdsp ‘age 159 ‘oyones re ‘uonduosur j op sntoux
(arqdexSojoqd 39 eSedmusq)
AA 7
1194/VOITAAd VINADAdSAIA SIA WAV NAISNIDVHLSVLIAI DZ
S110doupDavauou1@1p 19 IDIHLMVAINVIVULIAIQS LOdANAVINVINQVHIAIP$S110 dou 0 « dpi
191UUD414Q XV NIDI 4240 dI0 INA Q VIQVI?19 VUVIIINAAISINILAAS[AIGAAINISODIANIA XI UN! XV NS ID1/ 22 00 dires
LIL
KP
"80 0 *S9)F S9P NH — °C 40 INC 198 LL ‘UONAWOSULE 9p ‘Fuor
°q6
MISS. SCIENT, — xXf,
OUNALE,
NAT!
INPAIM) NI}
RUN ==
J'ai trouvé en cet endroit une inscription d’une date posté-
rieure, mutilée malheureusement, où les habitants de la ville sont
appelés municipes, ce qui indique que Thaca avait reçu le droit
de cité romaine avant l’époque où cette inscription avait été gra-
vée. La ville de Thibica, sa voisine, portait le titre de municipe
en 254, sous le règne de Gallien ) :
36.
Haut. de la pierre, 0” 30; larg. 1°. — Haut. des lettres, 0” 055.
:SAecVLOU bEATISSIMO DN
SEMPER:AVG MVNICIPESs thacenses
VETVSTATE CONLAPSAS AD Meliorem stutum reduxe
rVNT DEDICANte AFIIO
(Estampage.)
Safec}ulo [bjeatissimo d(onuni) n{ostri)......... semper Aug(usti) ; muni-
cipe[s Thacenses....... ] vetustate conlapsas ad mfehorem statum re-
duxerlunt; dedican{te] Aelio.....
Henchir Zguidan.
À 11 kilomètres au sud de l’'Henchir Zaktoun se trouve une autre
ruine de moyenne étendue appelée Henchir Zguidän. On y voit
les restes d’une grande forteresse de 60 mètres de longueur envi-
ron sur 4o mètres de largeur, flanquée de huit bastions, un à
chaque angle et un au milieu de chaque face, ainsi qu’un grand
nombre de citernes et de bassins destinés à assurer à la garnison
qui y séjournait l’eau potable nécessaire à son alimentation.
Dar-bel-Ouar. — Henchir el-Hadjar.
À 13 kilomètres au sud-sud-ouest de Dar-el-Bey de l’Enfida, et
à peu près à la hauteur de l'Henchir el-Menzel, déjà plusieurs fois
décrit par les explorateurs, se rencontre la maison d’un des chefs
de la dernière insurrection, Bel Ouar. Auprès de cette maison
s’élèvent plusieurs monticules couverts de dolmens. Les indigènes
appellent ce lieu Henchir el-Hadjar (Vhenchir des pierres). On y
voit aussi une pelite ruine romaine sans aucune importance.
UC. I L., var, 766.
Ces dolmens avaient déjà été signalés par MM. les docteurs Re-
batel et Tirant, de Lyon, mais d’une façon vague et qui ne per-
mettait pas de savoir exactement l'endroit où ils se trouvaient. Les
indications qu'ils ont données sur le nombre de ces documents
mégalithiques ne sont pas non plus parfaitement exactes Ü). Je n’ai
pu rester moi-même en cet endroit que quelques heures; mais
pendant que j'étais à Souse, M. le capitaine Bordier de la compa-
gnie franche de Tunis, retenu pendant deux jours à Dar-bel-Ouar,
avait l’obligeance de faire mesurer quelques-uns de ces dolmens et
d'étudier à mon intention cette vaste nécropole que je n'avais fait
qu'entrevoir.
Voici les renseignements qu'il m'a fournis :
En suivant la route de Dar-bel-Ouar à Dar-el-Bey de l'Enfida, à
1 kilomètre environ du premier point, on rencontre à droite un
massif de cactus très remarquable qui me servira de point de re-
père. Si, de ce point, on marche sur le nord-est, on constate la
présence de dolmens sur une longueur de 156 mètres; la colline
sur laquelle ils se trouvent prend alors la direction nord-nord-
ouest; elle a 235 mètres de long; puis les dolmens cessent. Si,
d'un autre côté, on revient aux cactus et que l’on continue à
suivre la route de Dar-bel-Ouar à Dar-el-Bey, on longe à droite
un pelit monticule de 887 mètres de longueur et de 150 mètres
de largeur environ, qui est également couvert de dolmens. Ces
élévations forment donc les trois côtés d’un quadrilatère dont le
quatrième manque; mais, suivant le prolongement de ce qua-
irième côté, à gauche de la route, s'étend une colline dont la di-
rection est sud-sud-ouest et qui mesure 800 mètres de long; on y
rencontre de nouveaux dolmens. L'intérieur de ce quadrilatère,
une grande plaine, ne présente plus que des traces fort rares de
() Voyage dans la régence de Tunis ( Tour du monde, 1875, 1” semestre), p.318,
col. 2. Ce fut en abordant contre notre gré le massif de Zaghouan par les pas-
sages situés à gauche du Djebel Takroun..... que nous avons découvert, à
quelque distance du pied de la montagne, une agglomération de deux cent cin-
quante à trois cents dolmens en parfait état de conservation. Cette vaste nécro-
pole préhistorique occupe un carré de 500 mètres de côté environ. Chaque
dolmen, uniformément orienté de l'est à l'ouest, est entouré d'une enceinte de
pierres enfoncées en terre, ayant 6 à 7 mètres de diamètre. Sur quelques-uns,
la pierre supérieure, qui mesure de à à 3 mètres de côté, a élé renversée; mais
la plupart sont parfaitement intacts.
Dee FUME
dolmens. On comprend d’ailleurs aisément que les indigènes les
aient détruits, s’ils ont jamais existé, pa pouvoir plus Dole
labourer leurs terres.
Tous ces dolmens sont rigoureusement orientés : les plus im-
portants ont été mesurés : leur hauteur varie de 1 m. 50 à 2 mètres,
leur largeur de 8o centimètres à 1 mètre. Quant aux enceintes
de pierres qui les entourent, leur diamètre est généralement de
6 m. 50 ou 7 mètres; il y en a qui atteignent 8 mètres. La plupart
contiennent un ou deux dolmens; dans l’une d'elles pourtant il a
été remarqué six dolmens accolés ou plutôt un dolmen sextuple;
on en a trouvé aussi de doubles et de triples.
J'ai l'honneur de joindre à ce rapport la photographie d'une de
ces enceintes contenant deux dolmens ; le diamètre en est de 8 mè-
tres environ. Le plus grand dolmen est haut de 1 m. 70 et large de
1 m. 25; le plus petit n’a pas plus de 70 centimètres de hauteur
sur 1 mètre de largeur; il est situé au sud du grand (pl. XVI).
À 5o mètres environ au nord-nord-est du massif de cactus
dont j'ai parlé en commençant, se trouvent des dolmens qui ont
été autrefois fouillés. Sous l’an d’eux il existe deux cryptes qui ont
1 mètre de hauteur à peu près et 4 m. 50 de profondeur,
Le premier caveau, celui par lequel on entre, est profond de
1 m. 50 et large de 2 mètres; le sol en est aujourd’hui plus élevé
que celui du second eaveau, maïs cela tient à la païlle que les
Arabes y ont amoncelée; la largeur de ce dernier est plus grande,
elle est de 3 mètres environ; la profondeur en est également de
3 mètres.
À cinq ou six pas de là, au sud-ouest, se trouvait un autre doi-
men, aujourd'hui détruit, sous lequel il n’y avait qu'un seul ca-
veau, de forme circulaire, qui mesurait au moins 4 mètres de
profondeur; sa hauteur était à peu près de 1 m. 50, et on y péné-
trait par un escalier qui, bien que dégradé, est encore très facile
à distinguer.
La porte d'entrée de ces cryptes se trouve un peu en avant de
l'ouverture du dolmen, mais dans l'intérieur de l'enceinte de
pierres qui l'entoure.
M. le capitaine Bordier a fait fouiller plusieurs de ces dolmens.
Généralement les fouilles n’ont produit aucun résultat. Dans un
dolmen pourtant, on a trouvé des ossements humains que j'ai eu
l'honneur d'envoyer à Votre Excellence. Malgré cette découverte,
AS Et
qui semblait exclure l'idée d’une crypte, M. le capitaine Bordier a
voulu s'assurer s’il n'y avait pas de caveau sous ce dolmen; mal-
heureusement il n’ÿ a pas réussi; mais, en creusant en avant de
de l'entrée, les soldats ont trouvé, à 80 centimètres de profondeur,
du plâtre en assez grande quantité.
ROUTE DE KAIROUAN À SOUSE.
Kairouan.
On sait que Kairouan n'est pas construit sur l'emplacement
d'une ville antique; néanmoins il y existe des fragments d’inscrip-
tions latines, encastrés dans les murailles ou utilisés dans la con-
struction des murs des édifices. D'où viennent ces monuments
épigraphiques ? On pense généralement qu'ils ont été apportés de
Vicus Augusti (actuellement Haouch-Sabra), ruine située non loin
de là et dont les pierres auraient servi à bâtir les maisons de la
ville. Mais rien n’est prouvé à ce sujet. J'ai recueilli à Kairouan
trois inscriptions :
37.
Haut. des pierres : À, 0" 50, B, 0" 48; larg. : À, 0" 98, B, o" 78.
Haut. des lettres, 0" o7.
À.
THICI MAXIMI DIV
RATORIS CAESARIS
S DIVI TRAIANI ADNEP
CAE AEDEM FECERV
B
I ANTONINI FILI
JRELLI ANTONINI
DIVI NERVAE ADNEPOTIS
ITET DEDICAVERVNT %
CE, C. L L., vu, 80.
Je n’ai pas à reproduire ici la restitution du Corpus; je ferai
seulement observer que le deuxieme de ces fragments était le der-
nier de Pinscription; que, par conséquent, il faut rejeter divr,
VER de
Commodi fratris au début de la deuxième ligne et Pi Felicis Au:
glusti) au début de la troisième.
À la ligne 3, il faut lire, sans hésitation : [abnepoti]s, Divi Tra-
Jani adnepotis, Divi Nervae adnepotis.
Les sigles DDPP ne pouvaient trouver place qu'à la cinquième
ligne.
36.
À l'angle du mur d’une citerne, sur un cippe haut de 60 centi-
mètres et large de 30, on déchiffre avec peine une inscription
funéraire :
Haut. des lettres : 1 °1. 0” o4; 2° et 3° 1. o” 03; les autres, 0° o1.
D NES
C'LOVS 77
vilxit AN XX///Y
CN EZZEF//N I VS
WRI SIN OR N
ENS RESSS E
Dius) M{anibus) s(acrum). Q..... Celsus?... [u][æit] annis) XX. ....
H{ic) s{itus) s(epultus ?) e(st).
C’est peut-être cette inscription qui porte au Corpus le n° 82 a.
39.
Dans les murs du rempart (côté nord).
IIVLIHOMVII
. L. Jul) Homulli ?
Ksar-Tal ga.
Un pel avant d'arriver à Sidi-el-Hani, à gauche de la route, se
trouvent les ruines d nm monument en blocage haut de 6 mètres
| We iles d'un mausolée à deux étages. Sur le mur
qui regaide je nord, interieurement, j'ai cru distinguer les traces
des niches destinées à recevoir des urnes funéraires: extérieure-
de 502
ment on voit deux colonnes engagées qui servaient pour l’orne-
mentation : elles sont également en blocage.
Henchir Sidi-el-Hani.
La koubba consacrée au marabout de ce nom est construite
sur l'emplacement d'une petite ville romaine; les fouilles qu'a
nécessitées, cette année, l'établissement d’un camp français sur ce
“point ont amené la découverte de grosses colonnes, dont une de
marbre; mais on n’a trouvé aucun texte épigraphique qui permit
de connaître le nom de l'établissement antique situé en cet en-
droit. Cependant on peut affirmer que c'était un bourg d'une cer-
taine importance : on voit encore les traces d’un théâtre, construit
en petit appareil, dont l’hémicycle est parfaitement dessiné, et les
restes d'un cimetière assez étendu.
Les autres henchirs qu'on rencontre sur cette route ont déjà été
. signalés par M. Guérin. Je n’ai rien à ajouter à la description qu'il
en a faite (. |
) Voy. arch., H, p. 325.
en LE
DEUXIÈME PARTIE.
Henchir Hammam-Darradji (Bulla Requa).
On connaît déjà un certain nombre d'inscriptions provenant du
Hammam Darradji, les suivantes sont inédites :
40.
Sur upe base, couchée dans le ruisseau, près du théâtre.
Haut. de l'inscription, 0" 86; larg. 0” 37. — Haut. des lettres, 0" 09.
aradiae RoS
cia CAOUN EH
CALPVRNIAe
PAVERACGAIMIEMTANe
CAM ENMENPAUE:
P ARADI ROSCI
RVFINI SATVR::
NI TIBERIANICI
PATRONAE V
NIVERSVS ORDO
(Estampage.)
[Aradiae] Ros[ciae]........... Calpurniale] Purgiliale], c(larissimae)
pluellue), filiae P. Aradi(:) Rosci(i) Rufini Saturnin: T'iberiamici, patronae,
universus ordo (posuit).
La première lettre de la ligne 5 est un P ou un R.
Les sigles C À se sont déjà rencontrées deux fois en Afrique ©.
Il sera question plus loin, à propos d’une inscription de Sidi-
Ali-bel-Kassem, du père de cette femme, P. Aradius Rufinus ().
O Cf. C. I. L., vx, 238 et 1181.
@) Cf. les numéros 167 et 168.
A1.
Sur un fragment de base couché dans le ruisseau, à moitié
chemin entre le marais et la porte triomphale.
Haut. 1°; larg. 0" 12. — Haut. des lettres, 0" 04.
BV
CERN
SIM
PA
Le commencement des lignes seul est intact. :
12.
Pierre trouvée dans les travaux de la route de Souk-el-Arba
à Fernana; actuellement au camp de Souk-el-Arba.
Haut. de la pierre, 6” 30; largeur, 0" 28. — Haut. des lettres, 0" 03.
Croissant.
D MÉARUES
AMMEIA
MITTIA VIXI
TANIS LX M
VD VIT
HRSYE
D{üs) M{anibus) s(acrum). Ammeia Mittia vixit an(njis LX, m{ensibus) V,
d{iebus) VIT. Hiic) s{ite) e(st).
Le mot Ammeia est une forme du gentilicium Atnmia, qui est
bien connu.
Et; O0 RES
13.
Pierre trouvée au sud-ouest de la ville antique, sur une tombe
de forme demi-cylindrique.
Haut. du cadre, 0° 40; larg. 0” 38. — Haut. des lettres, 0” 04.
D AIMIRrS
AINIRONTANEA
VSTA PIA VIXIT
ANNIS LV
D{us) M{anibus) s(acrum). Antonia Fausta pia vixit annis LV.
EUR
Pierre trouvée dans les travaux de la route: actuellement au
camp de Souk-el-Arba.
Haut. de la pierre, 0” 28; larg. 0® 30. — Haut. des lettres, 0” 03.
Croissant.
D M:.:5
IVLIA MOSCHS
VICXIT ANTS
(sic) :
XXII
D{üs) M{anibus) s(acrum). Juliw Mosch(i)s vixit an(nhs LXXXXII.
A5.
Pierre trouvée dans les travaux de la route; sur un cippe
hexaëdre: d I
Haut. de l'inscription, 0" 60; larg. 0” 14. — Haut. des lettres, 0° 04.
P Es
DMS
IVNIA
VMBR
A CAS
TVLA
PIA
VIX
ANN
XV
D
D{us) M{anibus) s(acrum). Jura Umbria Castula pia viæ(it) ann(is) XV,
d{rebus)
_— 43 —
AG.
À l’ouest de la ville antique, au pied de la colline.
Haut. de l'inscription, 0° 25; larg. 0” 35. — Haut. des lettres, 0” 02.
D'UMPES
PORCIA : VITALIS
PIA VIXIT ANN
LXV MENSIBIZS (se)
DIEBVS VII
RL DouE
D{us) M{anibus) s(acrum); Porcia Vitalis pia vixit ann(is) LXV,
mensibus. .... diebus VII. H{ic) s{ita) e(st).
L7.
. Pierre trouvée dans les travaux de la route; actuellement au
camp de Souk-el-Arba.
Haut. de l'inscription, o" 24; larg. 0" 18. — Haut. des lettres : 1°° et 2° 1.-0” 04;
? le)
les autres, 0° 025.
(© PA EN PEUT
V,SIS:A
EL O
MSI PINS quje
XIT ANN
HusSurE
Quin[tullus où Quin[tillus, Sa..... fil(rus), Ao..... tas piuls vi]œit
HULL REENS H{ic) s(itus) est).
Il a été trouvé également dans les travaux de la même route,
en fouillant une petite ruine qui se trouve à 2,800 mètres au nord
de la gare de Souk-el-Arba, quatre petits écussons en argent où se
lisent les lettres D E et R C gravées dans une couronne; je donne
ici le dessin de deux d’entre eux en grandeur naturelle, les deux
autres sont identiques, mais moins bien conservés. [ls sont tous
les quatre entre les mains de M. le capitaine du génie Drouhez,
qui a eu lamabilité de me les montrer.
An
Henchir Oudeka.
L’an dernier, on m'avait remis la copié de trois parties d’une
grande inscription que j'avais eu l'honneur de communiquer à
Votre Excellence (). Je suis allé cette année visiter l’henchir où üls
avaient été relevés. Les ruines qu'on voit à cet endroit sont celles
d’une forteresse romaine assez vaste, autour de laquelle existent
de nombreux restes de constructions. Il y avait là une cité dont le
nom est inconnu, mais qui, au 11° siècle, devait avoir une certaine
importance. Le forum et l'escalier qui y conduisait sont men-
tionnés sur un texte épigraphique que j'y ai recueilli et qui fait
partie de cette grande inscription dont j'ai publié trois fragments
l'an passé. J'ai vérifié le texte de ces trois derniers : ils sont dissémi-
nés sur différents points de la forteresse ou parmi les pierres qui
gisent alentour. L'inscription tout entière se composait d’un plus
grand nombre de morceaux; le début en est sans doute enterré
quelque part au milieu des ruines. Je suppose que cette inscrip-
tion remplissait dans toute sa longueur l’entablement d'un por-
tique (porticum ascensus fori) :
49.
Haut. des lettres, 0° 085.
Long. des fragments : a, 1" 85; b, 0" 97; c,1" 159; d, 270
a.
..cum...,utactis ordinis DIEI NONARVM IVNIARVM FVSCI ET DEXTRI COS CO
RO EE OO Ne SE*ACTISYORDINIS:CONTINET VR:DIEI‘V-KAL:IANVAR
EN NE NT Ve Fans ET UT TE NDAM PORTICVM ASCENSVS FORI : CVM : SPIRITIS:‘EI
(1) Cf. mon premier rapport n° 247.
M Un
b.
nTINETVR:IN NVMERO # DEC
tARVM FVSCI ET:DEXTRI-:COS
GRADIBVS ‘ET CAPITIBVS FT
C.
urionum EI INTER:AEDILICIOS ADLECTVS
LI ue at suFFICIENTEM FRVMENTI:-CO
A a a au ex TS XII M'I N PRIVATASs
d,
ESSET SINGVLARI INSTANTIA IN ADMINISTRATIONE II VIRR QQ
PIAM PROPRIISYSVMPTIBVSYPOPVLARIBVSYEXHIBVIT
TJAYPECVNIA FECIT'IDEMO Ye ded'TAVIT
(Estampage.)
FRERE [Cum........., ut actis ordinis] diei nonarum juniarum Fusci et
Dextri co(n)s(ulum) co[n]tinetur, in numero dec{urionum] et inter aedilicios
adlectus esset, singulari instantia in admuustratione II vir(orum) q(uun)-
g(uennalium). ...... se actis ordinis continetur diei V kal(endarum) ja-
nuar[i|arum Fusci et Dextri co(n)s(ulum), ...[su] fficientem frumenti
copiam proprüs sumptibus exhibuit, ......... ndam porticum ascensus
fort, cum spiritis et gradibus et capitibus et... .. , [ex] HS XII nul(h-
bus) n(ummum), privata [s]ua pecunia fecit, idemqu{e ded]icavit.
J'ai déjà fait remarquer, l’an dernier, que le consulat de T. Ma-
nilius Fuscus (deuxième consulat) et de Sex. Calpurnius Domitius
Dexter est de l’année 225.
La dernière ligne contient un mot, spiritis, qui est évidemment
un terme d'architecture, mais qui ne s'est pas encore rencontré,
du moins à ma connaissance. On pourrait regarder spiritis
comme un ablatif incorrect du mot spiriütus et chercher à ce
terme un sens voisin de celui de spiraculum «soupiraïl», mais
on ne voit pas trop à quelle partie du portique il pourrait s'ap-
pliquer. M. R. Mowat, à qui j'avais communiqué cette inscrip-
tion, m'a fait remarquer que ce peut être lablatif de spirita,
qui se rapproche de spira, mot consacré en architecture et qui
signifie « base de colonne caractérisée par des tores» (1), À côté
Q) L'ablatif singulier sptrito s’est rencontré une fois. (Orelh, 3050.)
one
de c@aïpa, on trouve l'adjectif c@æpirns (qui a la forme d’une
sphère), en latin sphaerita ®); à côté de on, oînXërns (qui sert
de colonne), on a donc pu de creioa former par dérivation le
mot omerpérns (spirita), qui aurait une signification voisine de
spira, sinon le même sens. Si dans cette inscription le mot spiritis
était placé à côté de capitibus, l'explication que propose M. Mowat
tirerait de cette juxtaposition une grande force; malheureusement
il en est séparé par gradibus et par conséquent il n’est pas prouvé
qu'il se rapporte aux colonnes du portique, auxquelles le terme
capitibus «chapiteaux» s'applique certainement. Cependant ce
dernier sens me paraît beaucoup plus acceptable que le premier.
90.
Sur une base qui a été employée dans une construction et taillée
en cintre à cette intention était gravé le cursus honorum d'un per-
sonnage d'ordre sénatorial, dont il ne reste plus que le fragment
suivant :
Haut. des lettres, 0° 04.
divD COMmodo aedili
cerEREALI:11aetori
perEGRINO ADLeclo ab
ID ACAESEE LESEPT RO
sevERO PIO PERTINACI Ft
m'auRELIO aNTOnino augq
ad cVRAM CIVI
WORVM
LEO
le)
... [a divlo Com[modo, aedih cerleali, prlaetori perjegrino, adl[ec]t[o ab
imp(eratoribus duobus)] Cues{aribus) L. Septi[mi]o [Sevlero Pio Pertinaci
e[t M. Aujrelo [A\nto[nino Aug{ustis) ad cJuram civi[tatis ou crvi[tatium
AR MTEUS Torum} 1MDAEE
La dernière charge mentionnée a été exercée sous les règnes de
Septime Sévère et de Caracalla, c’est-à-dire entre les années 198
(0) Festus, p. 330 : «Spira dicitur basis columnae unius tori aut duorum.»
C’est dans cette acception que le mot spira est employé par Vitruve et Pline.
€) Caton, De Re rust., 82.
207 7 Ne
et 209; l'inscription a été gravée avant la mort de Septime Sévère
(an. 211), puisque cet empereur ne porte pas ici le titre de divus.
J'a, de plus, relevé dans celte ruine trois inscriptions funé-
raires :
: bia
Haut. de l'inscription, 0" 50; larg. 0° 60. — Haut. des lettres, 0" 085.
YeGN ATIVS
WZ' PAL:'FORTIS
PIVS -VIXIT ‘AN
NIS XXXXVII
-. [E]gnatus, .. . f{chus), Pallatina tribu), Fortis pius vixit
annis XXXX VIT.
On remarquera la mention de la tribu Palatina, qui ne s’est
encore rencontrée qu'une fois en Tunisie ().
59
Sur un cippe en forme d’autel.
Haut. de l'inscription, 0” 83; larg. 0" 4o. — Haut. des lettres, 0" 08.
D MS
OCTAVia
DIGNa
PIA VIX:t
ANS LX\
PMPSANT
D{us) M{anibus) s(acrum). Octav[ia] Dign[a]pia vix[it] annis LXV..
H{ic) s{ita) e(st).
Soie
Haut. de l'inscription, 0° go; larg. 0” 50. Haut. des lettres, 0" 10.
Caractères effacés par le temps.
D
EL 2MATVD
RAT
E
Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu d’autres caractères gravés
sur celte pierre, maïs je ne pourrais l’affirmer.
UCI L Nr, 58. Inscription trouvée à Leptis Parva.
— 8 —
NEBEUR.
Henchir Sidi-Merzoug. è
À l'endroit où s'étendent aujourd'hui la ville arabe de Nebeur
et ses jardins d'oliviers existait un établissement romain que nous
savons, par deux inscriptions (), avoir été un castellum. I couvrait
aussi le pied de la montagne situé en face de Nebeur, de l’autre
côté de la route du Kef : il y a là, autour de la koubba de Sidi-
Merzoug, des ruines très apparentes au milieu desquelles j’ai re-
cueilli quelques inscriptions. J'y joins certains textes épigraphiques
que j'ai copiés à Nebeur même :
54.
Henchir Sidi-Merzoug.
Sur une grande pierre brisée à gauche.
Haut. des lettres, 0” 055. — Les caractères sont très difficiles à déchiffrer.
florell SECVLO imp’caes-flaviiuli
constaNTI VICTORIS AC triumphatoris aug
AIR TVSIEOZÆAMAARRIV SZ
| /S ET CVRATORZIEZZORDINISZ
(Estampage.)
[Florelnti ? s{a)eculo [Imp(eratoris) Cues{aris) Flavi(i) Juhif:) Constalnti(r)
victoris ac [triumphatoris Aug{usti)] RAA FILS De us et cura-
ORAN ASE OTUS EEE RE
55.
Henchir Sidi-Merzoug.
Sur deux fragments d’une grande inscription.
Haut. des lettres, 0" 20.
a. NI[OPI=IMRAI
b. P ECAv
@) C. TI. L., vi, 1615 et 1616.
NEO ARE
5G:
Henchir Sidi-Merzoug (.
m
Haut. de l'inscription, 0" 35; larg. 0" 30. — Haut. des lettres, 0” 03.
DO MISRETES 1")
CAN CICMNES TRIO
CMS ER EUIRERPEONPSE
RNA GONEASIRE
RIRE CSA SANTE
NACRE SOI
(Estampage.) ;
Dius) M{anibus) s(acrum). C. Paccius Rogatus, fl(amen) p{er)p(etuus), II vir
col(oniae) Sic(cae), pr(a)ef(ectus), caste vlixit) afnmis) LXXVIIT. H{ic)
s(itus) est).
Nous apprenons par ce monument que le castellum sur l'empla-
cement duquel se trouve aujourd’hui Nebeur dépendait de la co-
lonie du Kef (Sicca Veneria), dans le territoire de laquelle il était
compris. En conséquence, la justice y était rendue, non par un
personnage dont le choix était laissé aux castellani, mais par un
des magistrats suprêmes de la colonie, qui était chargé de cette
fonction et prenait pour la circonstance le titre de.praefectus j{ure)
d{icundo), ou plus brièvement praefectus®). C. Paccius Rogatus était
peut-être mort à Nebeur au moment où il y faisait une tournée
pour rendre la justice, et on l'y avait enterré.
57:
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. de la pierre, 0° 47; larg. 0" 30. — Haut. des lettres, 0" 055.
PRINT
P:AEM:
HR RENE T
Q-:MODes
TVS:V:Ann
CXXV H:5s €
0) Cf. Académie des inscriptions et belles-ettres, séance du 28 avril 1882.
) Frontin. (Gromat. veter. , p. 49) : «Goloniae quoque loca quaedam habent ad-
MIS$. SCIENT, — XI. l
IMDRIMENIR NATIONALE,
ae in
D(us) Mambus) [s(acrum)]. P. Aemi ]lius . : J{tlius), O{uirina tribu),
Mod{esltus v{ixit) a[nn(is)] LXXV. Hiic) [s{itus) e(st)].
56.
Nebeur.
Sur un pilier, à l'intérieur de la koubba de Sidi-Abd-el-
Kader.
Haut. de l'inscription, 0° 60; larg. 0" 27. — Haut. des lettres, 0" 04.
D MS
Q:AEMI
LIVS-SA
TVRNI
NVS
V:A:LXI
H SE
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Aemilius Saturninus v(ixit) a{nnis) LXI.
H{ic) s{itus) e(st).
59.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. des lettres, 0" o7.
DANS
Q:ANNI
VS MAR
RAS IEEIES
V A LXX
ÉOSÈE
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Annius Martialis vixit) a(nnis) LXX.
Hic) s{itus) e(st).
signata in alienis finibus, quae loca solemus praefecturas appellare.» — Sicul.
Flac., p. 159 : «... Quae singulae praefecturae appellantur... ex eo quod in
diversis regionibus magistratus coloniarum juris dictionem mittere solent. »
60.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. de l'inscription, 0° 39; larg. 0" 40. — Haut. des lettres, 0" 05.
DAMES
CNEVVE GPL
MISOMRE our
DECOR:Vix An
RONPRNMA VS Te
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Caecilius, Q. f{ilius), [Quir(ina tribu)]
Decor vfix(u)] afn{nis)] LXXX VIII. [Hc) situs) e(st)].
GI.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. de l'inscription, 0" 27; larg. 0o* 30. — Haut. des lettres, 0° 035.
dns
c AECILI\Ss
«3 f QUIR-RO
NiSp Es
viæ'an'AXI
ROSE
[D{üs) M{anibus) s(acrum). Caeciliu[s| Q. [ f{ilius)], Quir(ina tribu),
Ro....us [pliufs xt) an(nis)] XXI. [H{ic) s(itus)] e(st).
692.
Nebeur.
Haut, de l'inscription, o" 37; larg. 0° 27. — Haut. des lettres, 0" 03.
DE SMIM
M CLODIVS
BARIHA
VArLQU (sie)
H'S"E
D{iis) s(acrum) M{anibus). M. Clodius Bartha v(iæil) afnnis) quinquaginta
qluatuor) ou q{uinque) ? H{ic) s(itus) efst).
e
=
63.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. de l'inscription, 0" 52; larg. 0” 30. — Haut. des lettres, 0° o4.
DNS
GEIVIEIVS
CRESICEIN (sic)
NVIGSANIS
LS
ÉLUSUSS
Ds) M{anibus) s(acrum). C. Julius Cre[s]cen(s) vic(sit) an(n)is LXXTI.
H{ic) s(itus) s(epultus ?).
64.
Nebeur.
Sur un beau cippe en marbre servant de pilier, dans l'intérieur
de la koubba de Sidi-Abd-el-Kader. Sur les côtés, à droite et à
gauche, se voient des ceps de vigne élégamment sculptés.
Haut. de l'inscription , 1° 10; larg. 0° 37. — Haut. des lettres, 0" 05.
Guirlande.
DAME ME NES AMD ENT ali]
MTS NV PA EVA TA
VS M EC TLAME OR TV
OLCREZP IN A TN À
NUS COR OLMENTUE
NME UINA VE VIT CA
INAVES ne. JAN NNINUIN
VA LXXI
H S E
D{us) M{anibus) s{acrum). M. Julius, M. ffilius)], Q{uirina triba),
Crfis]p[i nus ? Cornelianus v{ixit) afnnis) LXXI. H{rc) s(itus) e(st).
D{us) M{anibus) s(acrum). Aulia Fortunata, Q.. fil{ia), Culcia[nla v(ixit)
a(nnis) .....
PAS Se
65.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. de l'inscription, 0” 33; larg. 0° 28. — Haut. des lettres,-0° 05.
L'écriture du texte est très négligée.
D IMIXS
Q IVLIVS
SECVNDVS
VIXIT AN
NIS LEXXI | (se)
HS E
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Julius Secundus vixit annis LXXXI.
Hic) s(itus) e(st).
66.
Nebeur.
Sur un cippe funéraire qui sert de pilier dans une maison.
GAICUI IL. vur, 1018.
Haut. de l'inscription, 0” 50; larg. 0" 28. — Haut. des lettres, o" 05.
D MS DAMS
CAFRITIA COMITE
NAMPHA MSN
ME V A M
XXI O
ENS UNE DEAN END
EXC
ÉRUSPUE
D{its) M{anibus) s(acrum). C. Julius N........ 0 [uixlit) anfmis)] LXXV.
H{ic) s{itus) e(st).
Dis) M{anibus) s{acrum). Cal plrilia Namphame v{ixit) a(nnis) XXI.
Hic) s{ita) [e(st)].
AE res
67.
Trouvée à Nebeur; aujourd’hui au musée du Kef.
Haut. de l'inscription, 0° 165; larg. 0” 20. — Haut. des lettres, 0” 04.
Caractères très grossièrement tracés.
D, M S
VUE FABIVSs
#4 PRIVAM
D{us) M{anibus) s(acrum); .. L. Fabiufs].....
66.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. de l'inscription, 0” 40; larg. 0° 37. — Haut. des lettres, 0" 03.
DUMAS
Q MVNATIVS
SATVRNINVS
V A LXXVI
DNS
[D{üs) M{anibus)] s{acrum). Q. Munatius Saturninus v{ixit) a(nnis) LXXVI.
Est) hic) s(itus).
69.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. des lettres, 0° 05.
Q_MVZ4
L: ET TIT
RO GTS
VAL
RMS LE
Q. Mai. L. fil{ius). . ... Rogaltus] v{iait) afnnis) L.....
H{c) s(itus) [e(st)].
70.
Nebeur.
Sur une pierre encastrée dans le mur de la koubba de Sidi
Abd-el-Kader, extérieurement. Cf. C. I. L., vur, 1620.
Haut. des lettres, 0" 075.
D M S
PACIVS ROGATIANVS
7 À XX
D{us) M{anibus) s(acrum). Pacius Rogatianus vfixit) afnnis) XX.....
Te
Henchir Sidi-Merzoug.
Sur une pierre brisée à gauche.
Haut. de l'inscription, 0” 30; larg. 0” 20. — Haut. des lettres, 0° 06.
DONS ÿ
NAOPEQVIES
AINTS MSIE OC)
RO V À XXI
(Estampage.) ;
D{us) M{anibus) s(acrum). .. Volus[i]us Sipo. .ro v(ixit) a(nnis) XXI
ou XVI.
FA
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. des lettres, 0” 03.
D'UN AEES
é VS
TOGATVS
v À LXXXY#
HR S €
[D{uis) M{anibus) s{(acrum)] . . . ... us [Ro]gatus [u(iæit)] a(nnis) LXXX...
H{ic) s(itus) [e(st)].
=D 0 —
7:
Henchir Sidi-Merzoug.
Sur un cippe hexaèdre brisé.
ÉAO SRE
H{ic) s{itus ?) est).
7h.
Henchir Sidi-Merzoug.
Haut. des lettres : 1° 1. 0” 045; 2° 1. 0" 035.
VIS
Ke
LE KEF.
J'avais déjà eu l'honneur de communiquer à Votre Excellence,
l'an dernier, umcertain nombre d'inscriptions romaines que j'avais
relevées au Kef. L’occupation francaise a mis au jour quelques
textes nouveaux et a permis de pénétrer dans des maisons parti-
culières où d’autres étaient ignorés. Je me suis empressé de les re-
lever.
T9:
Dans le jardin de M. Roy, sur un dé d’autel. (Communication
de M. Roy.)
NPA RE
BINEMNVE M
MAGNAE
SACRVM
Matri Deum Magnae sacrum.
76.
Âu même endroit.
Haut. des lettres, 0” 18.
PAETX
TE
Dans la cour d'une maison, sur un fragment de colonne. Ac-
tuellement au musée du Kef.
Haut. de la pierre, 0° 36. — Haui. des lettres, 0” 065.
D N
FE SCC
DER OMAIX
liano
D{omino) n(ostro) Fl{avio) Claudio Ju[liuno P(10) F{elici) semper Aug(usto).]
78.
Pierre encastrée extérieurement dans la muraille de la kasbah
{côté nord).
Haut. de l'inscription, o” 80 ; larg. 0" 50. — Haut. des lettres : 1°, 2° et 3°1. 0" 05;
les autres, 0” 025.
CAIVTO M CNET OMR
AONrL AE
ROM OP NV BYD'E C ©
DIRE CO NT OMANIO
DÉCVRIAS") LEGT'ADIV
DNICIS PAPE RERSOVIEPI
AMEL ICONS) ARE
FRETENSIS
IVLIVS : FIDVS - AQVILA
FRATRI: OPTIMO :DECRETO
ORADIINN SI YPO SIVIT PP
REMISSA
Q. Julio, C. f{iio), Quir(ina tribu), Aqufi]lue, equo publico, «dlecto in
quinq{ue) decurias, ckenturioni) leg(ionis) 1 Adjutricis, c(enturiont) leg(ro-
ns) XXX Ulprae Victricis, c{enturioni) leglionis) X Fretensis ; Julius Fidus
Aquila fratri optimo, decrelo ordinis, posuit; plecunia) p(ublica) re-
miss.
SR Sr
19.
Dans la maison dite Dar ben-Achour, où ont déja été trouvées
deux grandes inscriptions (M), on a découvert, quelques jours avant
mon arrivée, un texte épigraphique très intéressant dont il a été
fait mention à l’Académie des inscriptions et belles-lettres 2); mal-
heureusement l'état de dégradation de la pierre ne permet pas d’en
lire toutes les lignes complètement; pour permettre à ceux que ce
monument intéressera de déchiffrer les parties qui m'ont échappé,
j'ai l'honneur d’en joindre une photographie à ce rapport (pl. XVH).
Cette photographie est d'autant plus utile que le monument ori-
ginal n’existe plus aujourd’hui : il a été employé dans la construc-
tion d’une maison peu de jours après mon départ. J'en avais
heureusement pris un bon estampage qui m'a aidé à lire certaines
parties de l’inscription, moins nettement rendues -par la photo-
graphie.
Haut. du cadre, 0° 50; larg. 0” 43. — Haut. des lettres, 0° 015.
VEN URES PREUL 111 Ô seve
RAMFILIAMLICINIPATERNISPLENDIU1iEI1laudabi
LIS VIRI HODIERNA DIE DEFVNCTAM ESSE QVID ET À QVIbus
IN MEMORIAMEIVSHONORVMINPARENTVMIPSIVSCOn
SOLATioNEM FIERIPLACERET LCALPVRNIVSNa
XIMVSALFINVSSENTENTIAMINTERROGATVSCENSVITIN\er
BAINFRASCRIBTA CWLICINIPATERNIVIRIDEPRIMORIBus
NOSTRISETVITAE AODERATIOETMORVMMAXIMVMACPRACIuc
WTESTIMONIWINFOVENDISETIAMREIPuBNOSTRAEOPIBVSNON
MODICADOCu AeNTAEMICent parENTVMQVOQVEACMAIORVI
IPSIVSetiAMIN A/S EXCOLeND SQMOENIBVSNOSTR 5QVe
IN SVSTINENDS ALENDSQ : CIVIBVS EGREGIA ATQ EXIMA ÉBERALITAs
ENITEATACPERZOCIAMETSIINGENTISACMAXIMLVCT VSEIVSd
PATERN MINIMA SIN APVT EM NOSTRA SOLACIA TAÏMÆEN AD LENEND 05
CON®ESCENDOSQDOlorisiMETVSETADHONORANDAMIAI
PVELLAERVD MAtuRAEMEMORAM CVM CZAVTRSEZBR AMIE
EIVSDE*Y*LEROGANDOSTATVAMOZ/ZE//SYPN LCHRRMOatQue
CELEBERRMO PZ#PEC E DEM LICINAESEVERÆ CONSTITVENDAMut
PIETATISORDINISNOSRIERGAPATERN W A DFECTOPERPET VOSI&
CONTESTATA
() C. I. L., vux, 1641 et 1648.
(2) Séance du 28 avril 1882.
nn de
rod. IT viri jure dicundo (?) verba fecerunt Seve]ram , filiam
Licini(:) Paterni splendidi et [laudabr |lis viri, hodierna die defunctam esse ;
quid et a quiblus], in memoriam ejus honorum, in parentum 1psius co[n]|-
solat[io]nem fiert placeret; — L. Calpurnius Mfalæimus Alfinus, senten-
tiam interrogatus censuit in v[er]ba infra scribta : — Cum Lieini(i) Pa-
ternt, viri de primorib[us| nostris, et vitae moderatio et morum maximum
ac practi[cjum testimonium, in fovendis etiam reip[u]b(licae) nostrae opi-
bus, non modica doc[u]m{e]nta emuclent, parlentum quoque ac majorum
ipstus, [etijam in a[dornandi ?}s excolendisq{ue) moenibus, nostri[s}qu{e]
in sustinendis alendisq{(ue) civibus, egreqia atque eximia lhiberalita|s] eni-
teat, ac per [h]oc ? tametsi ingentis ac maximi luctus ejus[d{em)]. Paterni
minima sint aput eum nostra solacia, tamen ad leniend [os] conpescendos (?)
qlue) dofloris i]mpetus, et ad honorandam jam? puellue rudi maftu]rae
MEMOTIAM , CUM....... ejus de publico ?) erogando , statuam. . .....
pulcherrimo [at]q{ue) celeberrimo publ(ica ?)] pec(unia), et? diem Lici-
mac Severae constituendam [ut] pietatis ordinis nostri erga Paternum ad-
Ject(i)o perpetuo si[t] contestata.
À la ligne 5, il ya entre le T et N de solationem un espace
beaucoup trop considérable pour les lettres io seulement; il faut
en conclure qu'il y avait primitivement dans la pierre à cette
place un défaut qui empéchait d'y graver quoi que ce soit.
Ligne 11, pour que la restitution que j'ai proposée soit accep-
table, il faut supposer que le T et VI du mot ETF AM étaient liés.
Ligne 15, il n'est pas possible de lire nettement sur le monu-
ment compescendos, que l'on s’attendrait à rencontrer; l’estam-
page ne donne d’une façon certaine que la dernière partie du mot.
Je propose donc cette lecture sous toutes réserves.
À la fin de cette même ligne, il ne faut pas songer au mot tam,
comme je l'avais supposé d’abord. Les T ne dépassent jamais la
la ligne dans le reste de l'inscription; les I, au contraire, sont sou-
vent plus grands que les lettres voisines.
Ligne 16, malgré la solennité quelque peu recherchée de cette
expression, je crois qu'il est difficile de lire autrement le com-
mencement de cette ligne 0).
4) Voir, pour le commentaire, la séance de l’Académie des inscriptions et
belles-lettres du 28 avril 1882. Cf. des inscriptions analogues à celle-ci : C. I. L.,
V, 922, 8793 Wilmanns, 692 (a), 695, etc.
NO D er
80.
Pierre encastrée extérieurement dans la muraille de la kasbah
A ’ s \ Nu .
(côté nord), à 6 mètres de hauteur environ.
Haut. des lettres, 0° 10 à peu près.
peu p
VA EMVIS
NTIANIO PON
81.
Dans le mur de la maison dite Dar Berbouch.
Haut. des lettres, 0” 10.
DEdICAV
.. de[d}icav(it ?).
82.
Dans le mur de la kasbah, à côté de l'inscription rapportée plus
haut sous le numéro 78.
D D
NP d(ecurionum) d{ecreto).
83.
. Pierre encastrée extérieurement dans le mur de la kasbah (côte
ouest).
Haut. des lettres, 0° 10.
Î x AEMILIVS
4 * AEMILIVS
CyxAEMILIVS:FF
M. Aemilius..... M. Aemilius..... C. Aemihus Fe[liæ?].....
NO
SA.
Sur un cippe en forme d’autel, près de la maison dite Dar ben-
Achour.
Haut. de l'inscription, o
m
94; larg. 0° 35. — Haut. des lettres, 0” 035.
AEMILIA:Q:F
FLORA:VIXIT
NNIS:XVI
HONSME
Aemilia, Q. f{ilia), Flora, vixit annis XVI. H{ic) s{ita) e(st).
89.
Sur un cippe en forme d’autel, en dehors de la ville, le long
des murs (côté nord-est).
Haut. de la pierre, 0° 28; larg. 0" 4o. — Haut. des lettres, 0" 04.
DÉNMENE NS EAU:
INEMP:) LI OL:
FILIA:GALA VIX
ANIS-:LXXXVII
ENHOSSEPE RME
D{us) Ma(nibus) sa(crum). Aemilia , Q. fiia, Gala wix(it) an(n)is LXXX VIT.
Hic sepelita.
06.
Pierre encastrée dans les murs de la kasbah (côté nord).
Haut. de la pierre, 0" 41; larg. 0” 35. — Haut. des lettres, 0" 035.
EMANTUES
AVGR I À
DOMITIL
LA VIXIT
MASAIUE AUNONUILS
An A7, XXXV
PRE EPS ENLIES
re vivit [annis.....]. H{ic) s{itus) ? e(st).
Dis) M{anibus) s{acrum). Agria Domutillu vixit annis XXXV.
H{ic) s{ita) efst).
PRE TS. RE
87.
Dans la cour de la maison où j'ai relevé l'inscription que j'ai
rapportée sons le numéro 77.
Haut. de la pierre, 0" 10; larg. 0" 20. — Haut. des lettres, 0” 03.
P 9 8
D M S
WUS: KR } À
/IX*-ANN III
D{us) M{anibus) s(acrum). [A]gria ? wixit) ann(is) HIL.
88.
Au musée du Kef.
Haut. de la pierre, 0° 19 ; larg. 0" 24. — Haut. des lettres, 0" 03.
ANTONIA
BIILLOS - VIX
ANA SI
USE
Antonia Bellos(a) vixlit) anfris) XI. H{ic) s(ita) est).
Le surnom Bellosa s'est déjà rencontré.
89.
Près du cimetière juif.
Haut. de l'inscription, 0° 18; larg. 0" 28. — Haut. des lettres, o" 035.
APPIA ‘MA
XI: MA:V:A
LXXVII-H:S*E
Appia Maxima v{ixit) afnnis) LXX VIT. H{c) s(ita) e(st).
90.
Texte copié par les soins de la Société archéologique du Kef.
APVLEIA
PRRVEEPICI
Apuleia, L. f{ilia), Felicr.....
ON
91.
Près du cimetière juif.
Haut. de l'inscription, 0° 23 ; larg. 0 25. — Haut. des lettres, 0" o4.
ANIME ATX
SCNVRUX
VIX ANIS
XXXI
Avilia Secura vix(it) an(n)is XXXI.
92.
Au même endroit.
Haut. de l'inscription, 0" 33; larg. 0” 50. — Haut. des lettres, 0" 03.
D M S
BADVLLIA
POSTumA v:a
XXXX
Badulla Post[um]a [o{ixit) a(nnis)] XXXX.
93.
Dans le mur de la kasbah (côté ouest), à 5 mètres de hauteur
environ.
D M S
CAECILIA
ROGATA
VIX AN XL
D{us) M{anibus) s(acrum). Caecila Roqata wix(i) anni(s) XL.
94.
Dans le mur de la kasbah (côté sud), à la même hauteur à peu
près que la précédente.
Haut, de la pierre, 0" 50. — Haut. des lettres, 0" 08.
D m s
M CASCETDLEV: praef
EQVITVM VIXIE annis
D{us) [M{anibus) s(acrum)|. M. Cascelliufs. . ... praef (ectus)] equitum
viæi[t annis. ....
Mr) BE
95.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
D M S
MRCLERBEX
YUWWRINA PIA
VIXIT ANNIS
D{us) M{anibus) s{acrum). M. Clelia . .. .rina pia wiæit annis . ....
H{ic) s{ita) est).
On sait combien sont rares les exemples de prénoms donnés à
des femmes; si cette inscription est bien copiée, elle est intéres-
sante sous ce rapport.
96.
Cippe hexaèdre trouvé dans les fouilles faites au pied du mur
de 1a kasbah {côté nord).
Haut. de l'inscription, 0” 90; larg. 0° 27.
Haut. des lettres : les 5 premières lignes, 0° 05; les autres, 0” 045.
Guirlande.
15) M S
PACLODIVS
FA VS TI
NVASRPVES
FRATER #1
IMVS HOMO
YU:TIL ICISSI
MVS QVI VI
TAM VIXIT
IVCVNDAM
ET QVIETAM
ANZZ XXXVI
H S e
Dus) M{anibus) s(acrum). P. Clodius Faustinus, pius frater, Jfilrlmus homo
[atlq{ue)? fehicissimus, qui vitam vixit Jucundam et quietam an[n](1s)
XXX VI. H{ic) s{itus) [e(st)].
2 (65 =
One
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
CAO DEA
HE L'PLRS
NA OA IN EN
ELXXXV- H SE
Clodia Helpis xt) annis) LXXXV. H{ic) s{ita) est).
-98.
Dans le mur de la kasbah, extérieurement (coté sud).
Haut. de l'inscription, 0” 60; larg. 0° 30. — Haut. des lettres, 0” 04.
CORNE
LTA MF
MACRI
NPAEP TER
NU CAUME
ANINUIeS
XXXVIII
Cornelia, M. f{ilia), Macrina, pra viæit annis XX XVIII.
99: 2
Copie de M. Roy.
HO AMV BE
D'MrS
FPE LEON
TASNFE LI
CIS LE
ANNIS xII
FRE, S
Have! D{iis) M{anibus) s{acrum). Felicitas, Felicis (conjux) ,vixit annis XII.
H{ic) est) s{ita).
(Si
MISS. SCIENT. — XI.
RER de
100.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
DYeMLS
AGNEA PA
C'ATA VI
XIT ANI
SRE VI
Ds) M{anibus) s{acrum). Gula Pacata vixit an(nis XXXV.
101.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
D M S
SPERRVMARETRICANV
LANAEVISISECVN
DNS PIVA MOIS VIS
VIXIT ANN XXXIII
HSE
D{us) M{anibus) s{acrum). Sex. Herculamius Secundus Lalosus vixit
ann(is) XXXIII. H{ic) s{itus) e(st).
102.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
DAMES DONS
IVLIAM TNVSEMAVES
EVA ACHIE
OLA VI ENES VIT
X AN KUAN LI
LV LRRES dE
D{üs) M{anibus) s(acrum). Julius Achileus ® wix(it) anfris) LL.
H{ic) s(itus) e(st).
D{üs) M{anibus) s{acrum). Julia, M. { f{iia)], Lutiola vix{it) an(nis) LV.
() Pour l'orthographe Achileus au lieu de Achilleus, cf. Gruter, 930, 2.
Dans une rue de la ville.
Haut. de la pierre, 0" 30; larg. 0" 25, — Haut. des lettres, 0" 04.
DIS M SAC
MN ANINS
ARION
VIXIT
AN
Di(i}s M{anibus) sac(rum). T. Julius Arion viit anis)... .
104.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
D M 5
ÉPNSTE TO A
EVICRAINEA
VIXIT
A XL MS Æ
D{us) M{anibus) s{acrum). Julia Lucrina vixit a(nmis) XL.
H{ic) s{ita) e(st).
105.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
DRNINNES
Mooëls Vol el
Vas MAIOUN
JA RNA ES
V'IVANATN
NIS LXXXV
EVISRtE
Dis) M{anibus) s{acrum). M. Julius Montanus vix(it) an(nis) LXXXV.
H{ic) s{itus) e(st).
"68; =
106.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
DANS
IVIETA® PIE
ÉLASORELEPI
ENT EU EL
ANNIS
Düs) M{anibus) s(acrum). Julia Publa, Q. fil(ia), pia vixit annis. . .
NOTE
Près du cimetière juif.
Haut. de l'inscription, 0° 19; larg. 0" 23. — Haut. des lettres, 0" 025.
IVLIA QATA
VIX ANIS
ON OC ON Ne)
Juha Cata vix(it) an(njis LXXXV. Tlibi) o(ssa) (bene quiescant).
108.
Pierre encastrée dans le mur de la kasbah, extérieurement
(côté nord).
D M 5
CEMTIVAINMNTS
& M I Vus vixit
ANNIS
D{us) M{anibus) [s(acrum)]. Clumu|seer"e
109.
Texte copiée par les soins de la Société archéologique.
BAM
OMARIGAINTS
PFQVR
NPA MINTEUES
VIS AMLROSCVI
D{us) M{anibus) s{acrum). Q. Larquus, P. f{ihus), Quir(ina tribu),
Maximus wait a(nnis) LXX VI.
Ou
110.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
PAPICINIA
EAFESZMAVAR
NINA VI
XITANNIS.
XXV
P. Licuua, L. f{ila), Saturnina, vixit annis XXV.
On remarquera que dans ce texte, de même que dans celui
que j'ai rapporté plus haut (n° 95), on rencontre un prénom
devant un nom de femme.
Wine
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
LVCIVS MARIVS
ADIVTOR VIX AN
ISERE
AEER EME)
Lucius Marius Adjutor wix(it) an(n)is XXX. H{ic) e(st) ? d(epositus ?).
À la dernière ligne, je suppose que VX est le résultat d’une
gne, J PPOSENq
mauvaise lecture et qu'il devait y avoir sur la pierre un E qu'un
accident aura rendu méconnaissable.
Le prénom du personnage est, contrairement à l'usage, écrit
Ë P S ;
en toutes lettres.
112.
Texte copié par les soins de la Société archéologique.
D M S
METRODORA
QVALIMATRO
NVI.VIXIT. AN
NIS XXXIHI MENS
VISIO EDR
D{us) M{anibus) s{acrum). Metrodora, quae e[t] Ma a
vicit annis XXXIII, mens(ibus) VIIT, dife}b{us) I
LT O
j 115.
Texte copié dans la maison de M. Roy; aujourd'hui au musée.
Haut. de la pierre, 0” 20; larg, 0" 185. — Haut. des lettres, 0" o2.
DAMES
*NVMERIAY
VICTORIAY
VIX x ANNIS
XXXX y VII
D{us) M{anibus) s(acrum). Numeria Victoria wx(it) anus XXXX VIT.
114.
Au musée du Kef.
Haut. de la pierre, 0" 17; larg. 0° 16.
Haut. des lettres : 1° 1. 0° of; 2° et 3°1. 0° 035.
NANIENENRE ILE
F-PICA ViIx:an
DONVMERS 2
Valeri[a, . .] f(ilia), Pica, wifx(t) an(us)] XXXV. H{ic) s{ita) [e(st)].
115.
Dans le mur de la kasbah, à droite de la porte d'entrée, à 7
ou 8 mètres de hauteur au moins, en caractères de 20 centimètres
environ.
NI
J'ai également relevé au Kef, sur certaines des lampes exposées
au musée, des marques de potiers, que je publierai à la fin de
mon rapport en même temps que celles dont j'ai pris la copie à
Souse et à Tunis.
— FU =
DU KEF À GHARDIMAOU.
Henchir Guergour (Masculula).
Sur la route du Kef à Ghardimaou , ou du moins à quelques kilo-
mètres à gauche, se trouve l'Henchir Guergour, dont j'ai déjà lon-
guement parlé dans mon premier rapport. J'y suis retourné cette
année pour achever les recherches que j'y avais commencées. J'y
ai découvert de nouvelles inscriptions néo-puniques, qui figure-
ront au Corpus inscriptionum semiticarum, et un certain nombre
d'inscriptions latines :
116.
Haut. de l'inscription, 0" 10; larg. 0" 31. — Haut. des lettres, 0” 03.
DIS-MANIBVS
SACRVM
CELSVS : SATVRNI
IXCZAUNXIER IUC
D{us) Manibus sacrum. Celsus Saturninus . . . .….
117.
Haut. de l'inscription, 0° 29; larg. 0° 19. — Haut. des lettres, 2" 025.
JANVARIA FO
RTVNATI NAS
ST SERVA VIXIT
aNIS XXXXV
1 PRAIRIES e
Januaria, Fortunati Nassii serva, vicit [aln(n}is XXXX V.
[EH (ic)] s{ita) [e(st)].
118.
Haut. des lettres, 0" 035.
IV NW CAMMWIEL WA
LI - SAIS:
vIX LD arms iCGV 4:
DAME) “2
Suit une inscription néo-punique.
D. JUN oIuS ee DEEE [oi ]œit [anmu]s CV (9). H{ic) s(itus).
[NRA
Haut. de inscription, 0° 23; larg. 0° 28. — Haut. des lettres, 0” 02.
D NMETE PS
IVLIA MARCELLA
PIA VIXIT ANNIS
XXXXIIIIT CVRAN
PE ACIMONE NN)
D{us) M{anibus) s{acrum). Julia Marcella pia vixit annis XXXXIIIT,
curante Clfaudio ?\ fi[l(io)].
120:
Haut. des lettres, 0" 025.
D, MS Eùr ms
NAMGIDE M LEGAL NT
NAMPA NP MIGATDIE
MONISF NÉS FEMMES
VIXIT AN NATERT EAN
NIS XXXI PSN IEICNAIRIA
MVM EIVS
EHysS. E
(Estampage.)
D{us) [M{anibus) s(acrum)]. Migim Namgidenis filius vixit anus XV;
cura Mum..... ejus (conqugis). H{ic) s{itus) e(st).
D{us) M{anibus) s(acrum). Namgide, Nampamons f{ilia) viœit anmis XXI.
Les noms puniques Namgide (pour Namgidde®) ou Namgedde)
et Nampamo (pour Namphamo) sont connus par un certain nombre
d'exemples; le nom Migin ne s'est encore rencontré que deux fois
dans les inscriptions latines d'Afrique, sous la forme Miggin ®), qui
4) Cf. mon premier rapport, n° 148.
® C.I. L., vaux, 10686 bus.
QU Se Peu
est la bonne, comme le prouve une lettre du grammairien Maxi-
mus à saint Augustin où ce nom est cité (1). Quant au mot MVM,
qui, je crois, est certain, c'est sans doute aussi un nom ou un
commencement de nom indigène, mais il est inconnu.
121.
Haut. de l'inscription, 0° 33; larg. 0° 28. — Haut. des lettres; 6” 025.
D M S
NINVS SATVRI
HPIAINIS NTIC
ANNIS EXXXV-
CVRENNIB USE
FILIS-SATVRVS-: (sic)
ET MVTHVN
ÉTLS A EIUE
D{us) M{anibus) s(acrum). Ninus, Saturi filius, viæit anus LXXXV ;
curantibus filifi)s Saturus et Muihun. H{ic) s{itus) e(st).
192.
Haut. de inscription, 0°" 25; larg. 0° 22. — Haut. des lettres, 0” 025.
D M S
ROGATA Ba
RECBALIS #
ROPANAENT IE
ANNIS-k
ÉD EME
(Estampage.)
D{iis) M{anibus) s{acrum). Rogata, B[arecbalis M (?) f{ulia),
pia vixit annis LX. H{ic) s{uta) e(st).
0 Ep. xvr, vol. Il, p. 19 (éd. des Bénéd. de Saint-Maur). Cette lettre est repro-
duite au Corpus, vi, p.474. La phrase qui nous intéresse est la suivante : « Quis
enim ferat Jovi fulmina vibranti praeferri Migginem, Junoni, Minervae, Vener1,
Vestaeque Sanaem et cunclis (pro nefas!) diis immortalibus archimartyrem Nam-
phamonem ?» Deux évêques ont porté ce nom. (Cf. C. L L., loc. cit., note 1.)
ET TUREES
125.
m
Haut. de l'inscription, 0" 20; larg. 0° 25. — Haut. des lettres, 0” 03.
OR VE NS
SATVRNINVS
Z'ABONIS FIE
PIVS VIX À XXV
H S E
D{us) M{anibus) s(acrum). Saturninus Zabonis, fil{ius), pius vix(it) a(nnis) XX V.
H{ic) s(itus) est).
124.
Haut. de l'inscription, 0° 14; larg. 0" 24. — Haut. des lettres, 0° 015.
D M S
SCANTIA PRIMA
[ANVARI FILIA Pla
VIXIT ANNIS I
CVRANTE ST
D{us) M{anibus) s{acrum). Scantia Prima, Januari(:) file,
pila] vixit anms ...; curante S.....
125.
Sur le mausolée qui se trouve à l’est de Ja ville, où j'avais
déjà relevé quatre inscriptions, j'en ai copié deux nouvelles qui
, = LA Li L) FER 4
m'avaient échappé l’an passé à cause de la hauteur à laquelle elles
sont gravées et du peu de netteté des caractères. La première qui
se lit tout à fait au-dessous de la corniche est la suivante :
À.
Haut. des lettres, 0" 035.
WIDSEMPRONIVS SEMPI
WW NE ANVS VIC : oNIAC
MDN XX 1T IE GE
annis
+. Sempromius ..... anus Vic..... vicit [annis]..... :
Sempriojua, C.[ f{ilia)], fecit.
Te
La seconde est placée au-dessus de l'inscription que j'ai publiée
lan dernier sous le numéro 133.
B.
Haut. des lettres, 0” 025.
semprONIVS
VICToRINVS
PRINT CRT
ANIS VRANTE
JIT
Semprlonius Vici[olrinus [piju[s vlexit.. ... a(n)nis ..... = CUTUTICR EEE
À la ligne 3, les lettres du dernier mot ne sont pas absolument
certaines : on pourrait peut-être lire Ciria(e). Ce mausolée était donc
le tombeau de personnages appartenant à la famille Sempronia. La
connaissance de ce fait permet de tenter la restitution des autres
épitaphes gravées sur le même monument un peu autrement que
je ne l'avais essayé dans mon premier rapport; j'en modifierai aussi
légèrement le texte, que j'ai vérifié sous une lumière plus favo-
rable.
C—130 de mon premier rapport.
curanlE CORNElia%t 11
EYWN A VXORE EIVS hksE
RU: [curan]te Corne[lia] . . .....na, uxore ejus. [H{uc) s{itus)] e(st).
D=131.
CORNELIa BERE
CTINA pia VIXIT
ANNIS LX\II
CVRANTESZZROZ
YO GRECE
//7/////aWC 77777
h S e
Corneli[a] Berectina [pa] vixit anis LXX...IT, curante S[emplro[n]io?
Ge... : [H(ic)] s{tta) [e(st)].
E—=135:
Lignes 2 et 3.:
PIA VIXIT ANNIS LXXXII CVRANTIBVS
seMPRONIOLEMATAN RINOMRIL hs .e
EE ES
+ La famille Sempronia semble d’ailleurs avoir compté à Mascu-
lula un certain nombre de membres, car j'ai trouvé trois autres
épitaphes relatives à des femmes portant ce nom :
126.
Haut. de l'inscription, 0° 18; larg. 0° 18. — Haut. des lettres, 0" o1.
D M S
SEMPRONIA CRE
LAS PANIER EN
XV
© D{us) M{anibus) s(acrum). Semprona Creta (?) plia) wixit anfn(is)] XV.
197
Haut. de l'inscription, 0° 20; larg. 0" 33. — Haut. des lettres, 0" 025.
P 8
D M S
SEMI OINAEX ES A TNVERONNI
NA RVSTICI NINI FILLIA (sic)
PIA VIX ANNIS XVII
H:S:E CVRANTIBVS PATRVI
S
(Estampage.)
D{us) M{anibus) s(acrum). Sempronia Saturnina, Rustici Nini filia , pra vixit)
anis XVII, H{ic) s(ita) est); curantibus patruus.
Ligne 5, R A N, dans le mot Curantibus, forment un mono-
gramme. R V, dans le mot PATRVIS, sont liés.
126.
Haut. de l'inscription, 0° 20; larg. 0" 47. — Haut. des lettres, 0” 025.
LM SE! De JMS
semPRONI DEN
a STIZZA WIN T IN VS
pia VIXIT PINS MERE
ain NS CLEO ANISXXX
EL CSTAE 3
er D?
[D{us)] M{anibus) s(acrum). [Sem]proni[a Ru]sti[e}a ?
[pia] viæit [a(n}n]is LÂV. H{ic) s{ita) e(st).
D{us) M{anibus) [s(acrum)] . ...... ntinus pius vix[i]t an(n)is XXX.
Le surnom Rustica, ainsi que je lai noté en présence de la
pierre, n’est pas certain.
129:
‘Haut. de la pierre, 0" 18; larg. 0° 25. — Haut. des lettres, 0" 025.
DAPREMARES
vINDEMIALIS
SCAN IPPAE
MIX AN:V'H:S"E
D{us) M{anibus) s(acrum). | V Jindemualis , [S]ecundi f{ihus ?) vix(it) an(nis) V.
H{ic) situs) e(st).
130.
Haut. des lettres, 0” 02.
DIS MANIBVS
MANIBVS (sic)
s \CRVM GAT
151.
Haut. des lettres, o" o3.
DIS MANibus
SACR
132
Haut. des lettres, o” 03.
SADITA
EN
133.
Haut. des lettres, 0” 025.
1VIURI SAT VRI
To
134.
Haut. des lettres, 0” 03.
RIZANL
piVS VIXIT ANnis
H S €
Estampage.
page.)
155.
Haut. des lettres, 0° 02.
RINAILI
CVRANTIBVS FILIS
136.
Haut. des lettres, 0” 04.
MS VIENT AN
RON SRE
157.
Haut. des lettres, o
mm
025.
PIVS VIX1: ANNIS 17
CVRANTIBVS FILIS
H s e
138.
Haut. des lettres, 0” 035.
159.
Haut. des lettres, 0” 025.
vix an AX XV
Ghardimaou et ses environs.
Les travaux exécutés pour la construction d’un bord} à Ghardi-
MINE CE
maou ont amené la découverte de plusieurs textes épigraphiques
qui sont destinés à être encastrés dans les murailles du bord] :
LAO.
Sur une dalle de marbre.
Haut. des lettres : 1° 1. 0" 07; 2° 1. et suiv. 0" 05; 6° 1. 0" 035.
tisclaudio caes-: AVG: GER M :PONT:-MZ x
trib-pot-œii imp xx VI: COS V:PATRI-PATR:CENSs
DEN R MENO EMA NOIR IDE
PECVNIA-FEC###IT C\raNte
FLAMINE:‘AVGvsti perpetuo
MILVE MM EN MDP UE IE,
[Ti. Claudio Caes(ari)] Aug(usto), Germ{anico), pont{ifici) ma[x{imo), tri-
b{unicia) pot(estate) XIT, imp(eratori) XX]VI, co(n}s{(uh) V, patri pa-
tr(iae), cen[s(ori)........ Cieler pnocuraton den "un pecunia
fec[erun]t, cu[ra]n[te]..... flamine August] perpetuo. . . .….
L'empereur mentionné dans cette inscription est certainement
Claude, le seul qui porte à la fois ie titre de Germanicus et de
censor, et dont le cinquième consulat réponde en même temps à
un nombre de salutations impériales ou de puissances tribuni-
tiennes terminé par VI). Reste à déterminer quel est ici ce double
nombre, et comment il convient de compléter la deuxième ligne.
Le chiffre VI doit-il être rapporté aux puissances tribunitiennes
ou aux salutations impériales? On voit tout de suite que la pre-
mière de ces interprétations ne peut être adoptée.
En effet, si on l’admettait, on aurait le choix entre le nombre VI
et le nombre [X]VI. Or l’empereur Claude fut consul pour la cin-
quième fois au commencement du mois de janvier 51. À cette
époque, le chiffre de ses puissances tribunitiennes était de dix, puis-
qu’elles se comptent du 25 janvier 41. Il ne faut donc pas songer
(1) On pourrait étre tenté d'attribuer cette inscription à Trajan, qui prit, lui
aussi, le surnom de Germanicus, et porta pendant plusieurs années des titres
d'imp. VI, cos. V; mais il n’est pas qualifié de censor sur les monuments; en
outre, il ne reçut le titre d’imp. VI qu’à la fin de l’année 106 ou au début de
l’année 107 (cf. Mommsen, Hermes, III, p. 131), et à cette époque il ajoutait .
à son surnom de Germanicus celui de Dacicus.
RQ ee
au nombre VI, non plus d’ailleurs qu'au nombre [X]VI, Claude
étant mort dans le cours de sa XIV° puissance tribunitienne.:
Ce chiffre VI s'applique aux salutations impériales. Mais on ne
sait pas au juste quel était au 1* Janvier 51 le nombre des saluta-
tions impériales de Claude. Nous avons, en effet, un monument de
l'année 50 (1) (antérieur au 25 janvier de cette année) où il est qua-
lifié de imp. XVI, titre qu’il portait déjà en 48-49. Or c’est précisé-
ment en cette année 50 que le roi Caractacus fut fait prisonnier,
après une lutte de neuf années. Il est impossible qu’à cette occasion
Claude n'ait pas augmenté le nombre de ses salutations. impé-
riales; et, de fait, nous trouvons sur les monnaies, à côté de sa
neuvième puissance tribunitienne (49-50), sa dix-septième et
même sa dix-huitième salutation impériale ©).
Par conséquent, il n'était plus imp. XVI au 1° janvier 51, alors
qu'il devenait cos. V'; il était au moins imp. XVIII %), et ce n’est pas
le nombre XVI quil faut rétablir sur le monument de Ghardi-
maou. |
Du 25 janvier 51 au 24 janvier 5°, il porte les titres de {rib.
pot. XI, cos. V; le nombre de ses salutations impériales est à ce
moment de XXI, d’après la restitution faite par M. Mommsen
dans la célèbre inscription de l'arc de Claude (#, de XXIIT suivant
d’autres textes épigraphiques ). Notre inscription serait donc pos-
térieure au 24 janvier 52.
D'un autre côté, on possède un diplôme militaire daté du troi-
sième jour avant les ides de décembre (11 décembre) 52 (0; Claude
y porte les titres de trib. pot. XII, imp. XXVIT, cos. V, et jamais
le nombre de ses salutations impériales ne s'éleva plus haut.
En conséquence, le monument que j'ai copié à Ghardimaou doit
être de cette même année 52, postérieur au mois de janvier et
antérieur au mois de décembre, et la restitution que j'ai proposée
(%) Or., 713.—C.I. L.,v, 5804.
@) Eckhel, D. N. V., NI, p. 249.
() Une inscription d'Espagne (C. I. L., 17, 4644) donne trib. pot. X, cos. IUT,
imp. XXT; mais le texte n’en est connu que par des copies anciennes et porte des
traces d'interpolation. On ne saurait donc en ürer aucune conséquence certaine.
® C.I. L.,wr, 920.
(6) Gruter, 188, 6 (Ex Fastis Onufru) : «T1. Claudius , Drusi f. , Caesar Augustus
Germanicus pont. max., trib. pot. XI, imp. XXI, cos. V, p. p. restituit. » —
MCE ro
{t) Renier, Dipl. nulit., n° 8.
OT
est par là même justifiée. Il est de la même année que linscrip-
tion de l’Aqua Claudia), mais fut gravé un peu auparavant.
Le prénom et le nom du procurateur ont été emportés par la
cassure de la pierre; on ne connaît que son surnom, Celer. I est
donc impossible de savoir au juste quel était ce personnage; néan-
moins on ne peut laisser passer ce cognomen sans rappeler qu'il
existait à cette époque un chevalier romain célèbre que Tacite
appelle P. Celer @); c’est lui qui, en l’année 54, empoisonna le
proconsul d'Asie, M. Julius Silanus.
À la ligne 4, entre FEC et T, il y a place pour trois lettres au
moins; il ne faut pas songer à restituer FECIT, mais bien plutôt
FECerunT.
141.
Copie de M. le sous-lieutenant Cuinet et de l'auteur. Sur une
belle base.
Haut. des lettres, 0” o8.
PSE RLET O PE
ARENN FE ENRON
ENEAP MAN GAR AP
S'NGCE PR DIOINI GP Ro
VINCIAE'AFRICAE
PPAVSINCHAIVSMNN
BERO SEXTILIANVS
AMOMMOPFIMO
OPA ENERIE VIN
P. Sextiio, P. f{iio), Arn(enst tribu), Felici, flam(ini) Aug(ust) p(er)-
pletuo), sacerdoti pr{olvinciae Africae; P. Ausinchius (?) Tubero Seæti-
lianus avo optimo, ob meritum.
On sait que les députés des cités de l'Afrique proconsulaire se
réunissaient à Carthage une fois chaque année sous la présidence
du sacerdos provinciae Africae, prêtre du culte de la famille impé-
riale, élu annuellement parmi les personnes les plus considérées
de la province %). P. Sextilius Felix exerçait cette fonction honori-
fique au moment où l'inscriplion fut gravée.
OBC LT, vx, 2250.
Q) Ann., XII, x.
6) Cf, Marquardt, Ephem. epigr., [, p. 212.
MIS3. SCIENT, — XI, 6
100) Le
142.
Haut. des lettres, 0” 03. — Caractères très difficiles à lire.
DANIEL AU
CAANDAT
BALE SAV A
ANNIS
PAUVRE
Daii(v)us EP AR pius vixit anus II. Ave!
143.
Haut. de l'inscription, 0” 35; larg. 0" 49. — Haut. des lettres, 0” 04.
DEMO USS DENIS
AVE TARN PACE CONMPANRENES
ORALE PA SRCNAN AD NE LEA
ANSEIRNBIOINEE PREVAS LE OPA
NIET EU MN M'ÉRMB'ONMS
IN EPSMEVRAINS RE VIRE PAAININNS
ÉRMEAUSNE
D{üs) M{anibus) s{acrum). C. Marius Scintilla pius et pater bonus wxit
annis LX. H{ic) s{itus) est).
D{us) M{anibus) s{acrum). Julia Victoria pra et bona viæit amis LV,
H{ic) s{ita) est).
lAl.
Haut. de l'inscription, 0” 26; larg. 0° 42. — Haut. des lettres, 0” 04.
Homme appuyé de la main droite
sur un bâton.
MVTVN CIFIE
RSR PIS EVE
RATE VA IN INLS
LYCOS PER E
Muiun, C..... ris (filus), pius vixit anus LXXXX. P(ater) plosuit).
NO D
145.
Haut. de l'inscription, 0° 34 ; larg. 0" 32. — Haut. des lettres, 0" 025.
D M S
SEX POMPEIVS M*
RIANVS AEDILIS
II VIRV VIXIT AN
NS
RAS UE
D{us) M{anibus) s{acrum). Sex. Pompeius Marianus, aedilis, IT viru,
viait anms XXXX, H{ic) s{itus) est).
On remarquera la forme 11 viru qui n’est pas nouvelle en
Afrique et dont nous retrouverons plusieurs exemples dans les
ruines voisines de Ghardimaou.
146.
Sous un pont du camp.
Haut. des lettres, o” 04,
ENE NP TENVS
CORONAEAIMN
ANOS LXXX
Ou B O2
L. Ventilius Cofo vixit an(n)os LXXX. Of(ssa) t{ua) b{ene) q{uiescant).
147.
Haut. de l'inscription, 0° 28; larg. 0" 34. — Haut. des lettres, 0° 04.
NVANNUI CFA SEC N
diITA-:VIX-AN:LXXX
H S E
Vinicia Secundilla (3) wix(it) an(nis) LXXX. Hic) s{ita) e(st).
Il a été également trouvé sur une pierre un chrisme sculpté.
6.
RS 2
Henchir Sidi-Mohammed-el-Azrag.
À 8 kilomètres environ au sud-est de Ghardimaou se trouve
une koubba consacrée à Sidi Mohammed el Azrag; elle est con-
struite sur l'emplacement d’une petite ville antique sans impor-
tance. Seul un grand mausolée à deux étages est encore debout.
Il mesure 7 m. 70 de hauteur sur 4 m. 20 de largeur et 3 m. 95
de longueur.
On lit, à 4 m. 50 du sol, l'inscription suivante gravée dans un
cartouche à queues d’aronde :
146.
Haut. du cartouche, 0° 35 ; larg. 1" 85. — Haut. des lettres, 0° 00.
|
",
AT
W/SALLVSTIVS SILVAN&s pIVS VIXIT ANNIS/.
SI1111A ROGATA PIA viXIT ANNIS Fi
.… Sallustius Silvan[us, plius viæit annis . .... : — Sentia ? Roqata pia
[ui læit annis.
À la deuxième ligne, le nombre d'années semble n'avoir jamais
été indiqué; il est impossible de dire s'il en était de même à la
première,
149.
Pierre encastrée dans le mur de la koubbha.
Haut. de l'inscription, 0" 28 ; larg. 0° 39. — Haut. des lettres, 0" 02.
Femme Homme.
tenant une fleur.
D M S
PASSINIA IV NES PATEN
CaNDA PIA VISPROÏICES
viæÏIT ANNIS SIANVS PIVS
VIXIT ANNIS
LIT SAMNSAUE
M. Gars Processianus pus vixit anmis LITIT. H{ic) s{itus) e(st).
— Düs) M{anibus) s{acrum). Passinia Juc[u]nda pra [uixit anis. : ...
RP
Henchir el-Adoud.
À 11 kilomètres au nord-ouest de Ghardimaou se trouve un
henchir de peu d'importance appelé Henchir el-Adoud. J'y ai re-
levé une inscription sur une stèle en pierre blanche :
150 0).
Haut. de l'inscription, 0" 26; larg. 0° 32: — Haut. des lettres, 0" 025.
Femme. Homme.
DEN eNTaRS D M S
PRSREARNE NA URETAUAS UPS
GILLAVMA M VAS UP IIS VI
TER PIA OR A ININ EE
MIT IP AIN PARENTES FILIO
NIS AZI CARISSIMO
FECERVNT -H:S-E
(Estampage. )
D{us) M{anibus) s{acrum). M. Julius Prfi]mus pius vixit annfis) XXV.
Parentes filio CaTiSSiMO fecerunt. H{cc) s{itus) e(st).
Dis) M{anibus) s{acrum). Arria Regilla, mater pia, vixit anus X...1H.
Henchir Tebaga.
À 6 kilomètres environ à l’ouest-nord-ouest de Ghardimaou et
au pied du Djebel Tebaga s'étendent des ruines assez disséminées
qui couvrent un vaste espace de terrain; elles sont perdues au mi-
lieu d’une grande quantité d’oliviers de la plus belle venue. J'ai
rencontré dans cet henchir, à côté l’une de l’autre, quatre grandes
stèles encore debout et sur lesquelles on voyait la trace de bas-
reliefs grossiers; sur l’une d’entre elles seulement des lettres sont
encore*visibles; j'y ai déchiffré linscription funéraire qui suit :
9) Cf. Académie d'Hippone, séance du 17 juin 1882, où cette inscription a été
communiquée par M. le capitaine Vincent, qui m'a fort aimablement accompagné
dans quelques-unes de mes excursions autour de Ghardimaou.
J5E
Haut. de l'inscription, 0° 45; larg. 0° 47. — Haut. des lettres, 0” 07.
Femme tenant la main droite
sur un autel.
D M S
S ÉRCIVENNTDYA
SLETCOVAZ MINE (sic)
PIA V À LXXX
PRPSONE
D{us) M{anibus) s(acrum). Secundu, Secu(n)di f(clia), pia v(ixit) a(nnis) LXXX.
Hire) s(ita) est).
Henchir Sidi-Ali-bel-Kassem.
L'Henchir Sidi-Ali-bel-Kassem a déja été visité par M. Tissot,
qui l’a identifié avec l’Ad Aquas de la Table de Peutinger. J'ai pu
y copier quelques inscriptions inédites.
1520
Haut. de l'inscription, 0" 16; larg. 0” 34. — Haut. des lettres, 0° 05.
?:GRANIVS:FRV
GI: ARA:PRIAPO
DE: SVOFFECIT "MA
JORIO :SVO:
L. où T. Granius Frugi ara(m) Priapo de suo fecit Majorio suo.
Les monuments élevés à Priape sont rares (?); on n'en n'avait pas
encore trouvé un seul en Afrique.
Q) Cf. Académie des inscriptions et belles-letires (séance du 17 février 1882).
®) Cf. à propos de Priape et de certaines inscriptions consacrées à cette divi-
nité, O. lahn, Specimen epigraphicum (Kihae, 1841,in-8°), p#63 et suivantes.
Sur une belle base gisant à terre au milieu d’un champ.
m 9
Haut. de l'inscription, 0° 73; larg. 0" 37. — Haut. des lettres, o" 03.
DAC MAVERIE ET
COMMODO ANTO
NINO DIVI-M:AVRELI
ANTONINI FILIO FRAT
IMP-CAESARIS :L:SEP
TIMI-SEVERI-PII-PER
TINACIS-AVG:ARA
BICI: ADIABENICI
PARTHICI MAXIMI
PATRIS-[MP-CAES
M:AVRELI-ANTONI
Divo M. Aurelio Commodo Antonino, divi M. Aurelt Antonin fiio, frat(ri)
Imp(eratoris) Caesaris L. Septimili) Severi Pi Pertinacis Aug(usti) Ara-
bic Adiabenici Parthici Maximi, patris Imp(eratoris) Cues(aris) M. Au-
rel(i) Antonin August) [et L. Septimili) Getae Caesaris]. D(ecurionum)
d(ecreto), p{ecuniu) p{ublca).
La dernière ligne est incomplètement martelée et le mot CAE-
SARIS est encore lisible.
La date de cette inscription doit être cherchée entre lan 199,
où Septime Sévère prit le surnom de Parthicus Maximus, et l'an
209, où Geta prit ceux de Pius Augustus, qu’il ne porte pas ici,
et à partir duquel on commence à compter ses puissances tribu-
ntiennes.
On sait que la mémoire de Commode, abolie après sa mort, fut
réhabilitée sous Septime Sévère ().
Il faut rapprocher cette inscription du monument dédié à Geta
Cf Eckhel, D. N, V., VIT, p. 132; Lampr., In Commod., 17; Spartian,, In
Sever, » 2e
que M. Tissot a copié dans ces ruines (1); les-deux bases sont aujour-
d’hui encore voisines l’une de l’autre, et il est probable qu'elles
ont été gravées à la même époque pour honorer Septime Sévère
et les membres de sa famille.
154.
Sur une belle base, non loin de la précédente.
Haut. de l'inscription, 0° 96; larg. 0" 46.
Haut. des lettres : 1. 1 à 10, 0° 06; 1. 11 à 13, 0" 05.
GNOME HIRPAMV AIO
OMRAMMACIOMRANMEUL
HJONN OMR OANTIO 1}
AND'ISEIGHMOM EX IR OL
RAIN DIWIOMP I AIN
LE G MMM AVEN) NÔE G
VIICLPIAE FIDEE-
DUIPE GONE LAN
A EMA RUE D BIGUX
GEM PF V PRNC
(sic) PMOMS RME MRMIMOZZ-RENI
Q:OCTAVIVS PATER D D
S P F ITEMQVE DEDICAVIT
(Estampage.)
C. Octavio, Q. fils), Cornellia tribu), Honorato, c(enturiom) adlecto ex
eqluite) r(omano) a divo Pio in leglionem) IT Aug(ustam), c(enturioni)
leg(ionis) VII Cl(audiae) Piae Fidel(is), c(enturioni) legiomis XVI Flaviae
Fir(mae), c(enturiom) leg(ionis) X Gem{inae) Pfiae) Ffidelis) quinto prin-
c{ipi) posteriori, Q. Octavius, pater, d(ecreto) d(ecurionum) , s{ua) p(ecu-
nia) f (ecit) itemque dedicavit.
Le centurion appelé quintus princeps posterior est le princeps pos-
terior de la cinquième cohorte dans une légion et le vingt-huitième
de la légion tout entière ©).
@) €. I L., vx, 10603.
@) Cf. Mommsen, Nomina et gradus cenlurionum (Eph. epigr., IV, 1879),
p.297:
Sur une grande base très fruste.
Haut. de l'inscription, 0°” 97; larg. 0” 58. — Haut. des lettres, 0" 055.
GENIO - COLONIAE
AVG: SACR
d oMITIVS : T- FIL : ARN
WUUNS : SNLPICIANS (sic)
LIN O7
Genio coloniue Aug(usto) sacr(um). . .. [Dolnuitius, T. fil{ius),
Æroersatribu) ENCRES IDICUnES EN) EE CTI
Quelque mutilée que soit cette inscription, elle nous apprend
que la ville antique située à l'endroit appelé Ad Aquas par la Table
de Peutinger était une colonie. Nous reviendrons tout à l'heure sur
ce fait.
156.
Haut. des lettres, 0” 06.
CHOPNMENMOMRIMEDANTAAMIE
AVGSSAC
THPOMPONIVS HT %F% F/B
MONTANVS ® AED
1% VIR S1II% QUINQ » DESIG
Concordiue Aug{ustac}) sac(rum). T. Pomponius, T. f{iius), Fabi(a tribu),
Montanus, aed{ilis), IL vir iterum , quinq(ennalis) desig(natus).
157.
CE. CL, vi. 10 606:
2200":
Ma copie diffère un peu du texte donné par le Corpus; j'ai lu
ainsi les deux premières lignes :
11/1 MO V7
CASA PARE CIN
A ne sua p(ecunia) fecit, etc.
D'ailleurs les caractères sont peu nets.
158.
Sur un petit autel.
Haut. o" 53; larg. 0° 25. — Haut. des lettres, 0” 035.
IES110
T-HANAPSVA
AED-Q:II VIRV
[FLAM-SACIR BIS
VOIR SOLMIME
LIB:A
(Estampage.)
HER T. Hanapsua (?), aed{ilis), q(uaestor), H viru, flam(en)
sacr(orum) bis vot{um) s{olvit) Lb(ens) a(nimo).
À la deuxième ligne, il ÿ a un point entre T et H,; il faut sans
doute chercher dans la réunion des lettres qui la composent
quelque nom africain; nous n'en connaissons pas qui ressemble
à Hanapsua 0.
Ligne 4, les mots flam. sac. sont écrits dans un creux de 2 milli-
mètres : il y avait donc primitivement au commencement de cette
ligne d’autres caractères, gravés sans doute par erreur, et qu'on à
fait disparaître. On a des exemples de flamines sacrorum, notam-
ment à Urgavo, en Espagne ©). L'itération des sacerdoces munici-
(0) On pourrait voir dans les dernières lettres de cette ligne la formule p(ecunia)
sua, mais ces mots ne seraient point à leur place en cet endroit de l'inscription.
@) CL L., 11, 2105 : flamen sacr(orum) publ{icorum) municip{u) Alb(ensis) Ur(ga-
vonis). CF. un pontifex publicorum sacrificiorum à Nimes (Or., 2157) et un pontifex
sacrorum publicor(um) Jaciendorum à Sulci, en Sardaigne (Or., 5969).
A 0 ES
paux est chose assez rare, aussi n'est-il pas sans intérêt de faire re-
marquer que cette inscription nous en fournit un nouvel exemple.
159.
Haut. des lettres, 0” 06.
postulatione
PORVIPIE D): DEP: P
ES HARER [postulatione| popul, d{ecurionum) d{ecreto), p{ecuna) p{ublica).
160.
Haut. des lettres , 07 045.
Q:AEMILI
à VS-M:F:AEM
PVDENS
VIX:AN:XI
H:S:E
Q. Aenulius, M. f{ilius), Aemilia tribu), Pudens vix(it) an(rus) XT.
H{ic) s(itus) e(st).
. Ligne 2, E et M sont liés, la haste de l'E se confondant avec le
jambage de gauche de M.
IG.
Haut. de l'inscription, 0" 29; larg. 0" 27. — Haut. des lettres , 0” 035.
CAECILIA
NAMPHA
ME:PIA:VI
XIT : ANNIS:
XXXXVIIII:
HAS E
Caeculia Namphame pia viœit annis XXXX VILLE. H{ic) s{ita) efst).
— 92 —
162.
Haut. de l'inscription, 0" 27; larg. 0" 20. — Haut. des lettres, 0” 03.
Tête d'homme.
MA CA LIPAVZRON
IVS - SIIVIIRVS
AIID:II VIR
VIX: ANS LXV
PSS
M. Calpurnius Severus, aed{ilis), IT wir, viæ(it) an(n)is LXV.
H{ec) s(itus) est).
163.
Haut. de l'inscription, 0° 46; larg. 0” 29. — Haut. des lettres, 0°” 05.
d m S É
f\BIA-MI
\VÉRD NI ;
ANNIS
CXVIMESUE
[Dlus) M{ambus)] s(acrum). [Fabia Mi. .... pra vixit anis LXVI.
H{ic) s(ita) est).
164.
Haut. de l'inscription, 0° 20; larg. 0” 20. — Haut. des lettres, 0°” os.
GMT SE ONIAUINT OT
VS NO APE PACERCIN
VPAMENNISE ANE D
II VIR : QVINQ:ELN
DAMON CCI
C. Memmius, Q. f{ilius), Arn(enst tribu) Valens, aed{ilis),
IT vir quinqluennalis). . . .. [oix(it) ann(is)] XXXIIX.
Ligne 4; ie dernier mot m'a paru être ELN; mais les caractères
sont loin d’être nets et réguliers; peut-être pourrait-on considérer
la première lettre de ce groupe comme un F et la dernière comme
— 93 —
une M dont le dernier jambage serait effacé; on obtiendrait ainsi
FLM, flam(en).
165.
Haut. de l'inscription, 0” 24 ; larg. o® 26. — Haut. des lettres, 0" 035.
D MUrS.
SAFIDIA : SZZ
ABIM PI VIX
PNINATSRON
ÉPTR STE
D{us) M{anibus) s(acrum). Safidia, S. [ f{ilia)], Àbim pi(a) vix(it) an(nis CV.
H{rc) s{ita) e(st).
166.
Sur un fragment de pierre.
Haut. des lettres, 0” 04.
SEX ÀAEMIII
IITITONOMII
Se Ale
À 2 kilomètres environ au sud de Sidi-Ali-bel-Kassem se trouve
un henchir de petite étendue appelé Henchir Mouca. J'y ai relevé
sept inscriptions :
167-168.
Sur deux petits autels se faisant face.
Haut. des inscriptions, 0" 70; larg. 0” 30. — Haut. des lettres : 1° 1. 0* 06;
les autres, 0” 05.
SOA] EVINVAIE
Q:ARADIVS RVFINVS QMÉRBIMVIS RVIEIIN VIS
COS COS
VOTVM VOTVM
Sol; Q. Aradius Rufinus co(n)s{ul), Lunae; Q. Aradius Rufinus co(n)s{ul),
volum. votum ©),
Le consul qui a consacré ces deux autels en exécution d’un vœu
s'appelait Q. Aradius Rufinus. Ce nom me donnera l’occasion de
revenir sur un autre personnage qui porte le même nomen el le
(D, Cf. C. IL L,, wii, 10602.
RQ
même cognomen, mais dont le praenomen est différent et que nous
avons déjà rencontré dans une inscription du Hammam Darradji :
P. Aradius Roscius Rufinus Saturninus Tiberianicus.
Les trois monuments sont à peu près du même temps, à en ju-
ger par la forme des caractères, c’est-à-dire de la fin du 1° ou du
iv° siècle. Or, à cette époque, la famille des Aradii était célèbre en
Afrique : en 321, un certain Q. Aradius Valerius Proculus Popu-
lonius praeses provinciae Valeriae Byzacenae était choisi comme
patron avec ses enfants et ses descendants par la colonie d'Hadru-
mète (1); la même distinction lui était décernée cette année-là par la
colonie de Thaenae ©) et l'année suivante par la colonie de Zama ).
Le fils de ce personnage s'appelait L. Aradius Valerius Proculus
Populonius et il exerça dans les diverses provinces d'Afrique suc-
cessivement des charges importantes (#.
I est évidemment impossible de savoir si nos deux Aradius
étaient des parents ou des descendants de ceux dont je viens de
parler. On connait d’ailleurs deux Aradius Rufinus, que l’on ren-
contre vers la même époque; mais on ignore leur prénom, ce qui
empêche toute identification. Le premier est celui dont Symmaque
fait l'éloge en ces termes) :
Princeps ingenio, fortunae munere princeps
Aetatis, Rufine, tuae, cui prospera, cuique
Tristia mirandis aequabat gloria rebus,
Unus amor cunctis et praesidium trepidorum ;
Principibus, quorum viguisti tempore, doctus
Aut calcaria ferre bonis, aut fraena snperbis.
C'est peut-être le même Aradius Rufinus (® qui fut praefectus
urbi en 312.
Le second vécut quelques années plus tard : il fut délégué par la
ville de Rome vers l'empereur Julien en 363, et élevé par celui-ci
à la dignité de comes Orientis 0).
Les deux personnages signalés dans nos inscriptions étant l’un
%) Mommsen, I. R. N., 6792.
@ Jbid., 67091.
6) Ibid, 6793.
&) Or., 3672.
G), Ep., 1,12.
(6) Cf de Vit, Onomasticon, au mot Aradius.
G) Ammian., XXIIE, x, 4.
= 961 —
-de rang sénatorial, puisque sa fille est appelée clarissima puella,
l'autre consul, il n'est pas impossible que ce soient les mêmes
que les deux Aradius Rufinus dont nous venons de parler.
Quoi qu'il en soit, la proximité des ruines où les trois inscrip-
tions ont été trouvées, la ressemblance des surnoms et la simili-
tude extérieure des lettres permettent de supposer qu'il y avait entre
Q. Aradius Rufinus consul et L. Aradius Roscius Rufinus quelque
lien de parenté.
La date du consulat, peut-être suffect, de Q. Aradius Rufinus
est inconnue.
169.
CAC ua LHovn 10605!
Sur une grande pierre, dans un cartouche à queues d’aronde :
m 9
À
Haut. du cartouche, o
3 ; larg. 0° 52. — Haut. des lettres : 1° 1. 0” 07;
les autres, 0° 03.
RON
OMR APO EE NE EN ISERE ENVIEIN
ON VS EPANINCAE RS ONE ES
PE CNED ON ANS BASE
VIREMEANVEVRNOE SA EMNIRIT
BONES RE END VE AVE PNR
TRAIV:O:ANNAEZ TAPVIAE
(Estampage.)
Q. Annacus, Q. f{ilius), Pol(la tribu), Balbus, Faventinus, ann(orum) LIT,
meiles leg(ionis) V, donatus bis, IT vir Thuburn(icensis), h{ic) s{itus) e(st) ;
vixit honeste. Et tu, ave! Arbitratu Q. Annael[i] Capulue.
On remarquera l'orthographe archaïque meiles.
La légion V est probablement la legio V Alaudae, la plus an-
cienne des légions qui portèrent le nuiméro V.
L'expression donatus bis, complétée généralement par donis mi-
litaribus ou l'énumération de ces dona militaria, est ici prise abso-
lument.
La ville dont Q. Annaeus était duumvir est mentionnée par
Ptolémée, qui la nomme Oovéotprina x0o)wvla et la place dans
la Numidie nouvelle M), ainsi que par Pline, qui lui donne le titre
(D IV, we, 29 : MdAes dé eioiv Év vf énapyla pecdyer peraËd pèv Auddya wova-
OT ete
d’oppidum civium romanorum 0). Or l'Henchir Moucça a certainement
été construit avec des pierres empruntées à la ville voisine de
Sidi-Ali-bel-Kassem. Cette dernière étant une colonie, comme nous
l'avons vu plus haut, on est naturellement porté à l'identifier avec
la colonia Thuburnica de Ptolémée. Ad Aquas, qui n’est qu’un nom
de station sur une voie romaine, et non pas un nom de ville, au-
rait été, dans ce cas, comme un faubourg de cette cité. On peut
encore remarquer, à l'appui de cette identification, que Ptolémée,
aussi bien que Pline, rapproche, dans son énumération, Simittus
de la colonia Thuburnica. Chemtou et Sidi-Ali-bel-Kassem sont
deux ruines éloignées seulement de 8 kilomètres environ.
La formule arbiratu signifiant «sous la direction de » n’est pas
nouvelle en épigraphie.
170.
Sur un cippe en forme d’autel :
Haut. de l'inscription, 0° 26; larg. o° 67.
Haut. des lettres : 1°, 2° et 3° 1. o" 04; 4° et 5° 1. o" 015.
D) M S
DCR MINI ES
RENNES PRE CAT
AMICVS INCOMPARAbilis
VIXIT ANNISXXXXV'!'
(Estampage.)
Ds) M{anibus) s{acrum). M. Grani[us Felix Aecli[anus|,
amicus incompara|bilis], viæit anis XXXX VIT.
171.
Larg. de l'inscription, 0” 38. — Haut. des lettres, 0" 04.
Q:OCTAvIVS
Q:FIT QVIR
1ZRIEZZSEX TT
VIE PAS or
ROMAIN ETES
KULWVaLTT
Q. Octalvlius, Q. fi[l\{us), Quir(ina tribu), . .... vet(eranus) piufs vi ]æit
an[nis| XL VIII.
uoÿ nai Gaxbpdnns aoews, Kiprnolwy pev*..... , Noupudius véas"..... Ztuiobov,
OovÉoiprna xo)wvia. . ...
0) HA. N., V, iv, 29. (Oppidum) Simittuense, Thunusidiense, Thuburnicense. .. ..
Mer ne
172.
Haut. de l'inscription, 0° 34; larg. 0" 34. — Haut. des lettres, 0” 04.
PANIN PARUS
F : ARNESIS - PE
reGRINVS:-VE
teRANI:F-PIVS
JIXIT :-AN-LXXV
H S
.. Pinarius, .. f{ihus), Arne(n)sis Pefre]grinus, Veltelrani f{ilius),
puus vivit annis LXXV. Ho) s(itus).
On remarquera que la filiation de ce personnage est deux fois
mentionnée : à la seconde ligne, suivant la méthode habituelle, on
a inséré cette filiation, indiquée par le prénom du père, entre le
nom du fils et son surnom; mais comme le père de ce Pinarius
Arnensis n'était vraisemblablement désigné d'habitude que sous
son agnomen « Veteranus », on a cru devoir, pour plus de clarté,
préciser après l'agnomen du fils, Peregrinus, qu'il était le «fils du
vétéran ».
175:
Haut. de l'inscripuon, 0" 28; larg. 0" 20.
Haut. des lettres : 1° 1. 0” 06: 2° 1. et suiv. o” o4.
DIS MANIB SACR
SALLVSTIA TERTVLLA
PIA VIX AN LXXXVII
H S E
D{us) Manib{us) sacr(um). Sallustia Tertulla pia vix(t) anfnis) LXXX VIT.
H{cc) s{ita) est).
ROUTE DE SOUK-EL-ARBA À GHARDIMAOU.
Le long de la voie ferrée et à 200 mètres environ avant d’arri-
ver à la station de Sidi-Meskin, il à été trouvé celte année par
M. Cuinet, sous-lieutenant au 96° de ligne, une colonne de pierre
MISS, SCTENT, — XI. 7
sur laquelle est gravée une inscription fort intéressante, mal-
heureusement à moitié effacée. L'original en est actuellement dans
le jardin de la Résidence de France, à Tunis.
174.
Haut. de l'inscription, 1°; larg. 0” 40. — Haut. des lettres, 0” 035.
d: n° flavio clauDIO
iullANO sempER
au qu COM ENINNVIN
\ VSVDA DEVOTA
MAIESTATI EVS
AE
DNS NON NZ
(Estampage.)
[D(onuno) n(ostro) Flavio Clau]dio [Juliano [sempler [Aug(usto)], col(oniu)
..u...usuda devota majestati eus.
Cette inscription a été gravée à la place d’une autre dont il reste
encore quelques lettres à peine lisibles à la ligne 7; l'écriture en
est très négligée.
À la ligne 3, après le mot col{onia), on distingue le bas de deux
jambages, qui pourraient être ies deux hastes verticales d’un N,
puis probablement le bas d'un V, puis un V, puis une lettre qui
est une N ou une M.
À la ligne 4, la première lettre est un À, un X, ou même une
S(); le reste du nom de la colonie inconnue qui figurait sur cette
colonne est très net.
À la ligne 6, les lettres À E semblent, par la facon dont elles
sont gravées, appartenir à cette inscription et non pas à celle qui
avait été effacée pour lui faire place.
IL est très regrettable que le monument soit en aussi mauvais
état de conservation, car il donnait un ethnique nouveau (1.
(Cette lettre est plus effacée ou moins profondément gravée que les autres.
® M. Tissot, à qui jai communiqué mon estampage, a bien voulu me dire
qu'il lisait aux lignes 3 et 4 : COL‘ Yi FNVZVDA, Col(onit) V{eneria) Tunu-
zuda. Ce serait donc la ville dont parle Victor de Vite (Hist. persec. Wandal., F,
A2). Alibi namque, sicut Tunuzuda contigu, . ..:. corpus Christ et sanguinem
pavimentis sparserunt. CF. Plin., H. N.,V, 1v, 29. ..... (oppidum) Thunusidiense.
Bordj Halal.
Près du bordj Halal, on a déterré, cette année, une belle pierre :
qui portait une dédicace à Liber. Elle est malheureusement aussi
fort détériorée par le temps.
Les deux premières lignes seules sont lisibles; à la troisième,
on aperçoit quelques caractères de la lecture desquels on ne sau-
rait répondre. Quant à la quatrième, c’est à peine si çà et là on
en distingue quelque trace.
175.
Haut. de la pierre, o" 36; larg. 2° 30. — Haut. des lettres, 0° 06.
DPPRO NPA TR IE AVGSSACRVMY PROS AEVTREN ETIVIETO rs
imP *Y NERVAEYTRAIANIYCAESARIS * AVG GERM dAc
ZM OSVERCN NOSOSAS/GIISTE#HONORISIESAINSESESCISCIVIORINOR À “44/4112
(Estampage.)
[Llibero Pair: Aug(usio) sacrum, pro salute et victo[rus Im]p(eratoris)
Nervae Trajani Caesaris Aug(usti) Germfanici) [DJafc(ici)].. .
Trajan prit le titre de Dacicus en 102 ou 103; l'inscription se-
rait postérieure à celte date.
Henchir Guennara.
À 3 kilomètres avant d'arriver à Chemtou, j'ai copié au bord
de la route, sur une tombe arabe, le fragment d'inscription funé-
raire suivant :
176.
Haut, des lettres, 0” 08.
d m S
NAX
»ETHO
SMO
PI
À 2 kilomètres plus loin, et par conséquent à 1 kilomètre de
Chemtou, se trouvent les inscriptions transcrites au Corpus sous
les numéros 10589, 10590 , 10591; les deux dernières sont exac-
tement reproduites; la troisième donne lieu à une observation :
7.
— 100 —
MR
À la ligne 4, le nombre IT est écrit dans un creux de 2 nulli-
mètres : il a donc été martelé et rétabli ensuite.
À la ligne 5, entre AVG et PIVS, il y a un creux qui occupe
l'espace de trois lettres; elles avaient été primitivement gravées et
ont été martelées. Il est assez difficile de dire exactement ce qu'il
faut restituer à cette place. Les lettres P V (Pia Vindex) n'étant
jamais martelées dans les inscriptions relatives à la legio III Aug. U,
il ne faut pas songer à les y rétablir.
COM (Commoda) s'est rencontré une fois comme surnom de
cette légion : on pourrait supposer que ces lettres étaient inscrites
sur notre pierre.
Antoniana est un surnom de la troisième légion qui se lit plus
fréquemment et qui a été parfois effacé; on en connaît des exem-
ples ©). Si tel était le mot gravé après AVG, ce qui n’a rien que de
vraisemblable, il faudrait compléter ainsi cette quatrième ligne :
AVG [ant| PIVS VI |
AVG n'a pas été martelé.
Enfin à la ligne 6, le I qui suit le V dans le chiffre LXXVI est
gravé hors du cadre.
Au même endroit, j'ai copié une borne milliaire qui, si elle
n'est pas à sa place, n’est pas bien éloignée de l'endroit où elle
était dressée primitivement :
178.
Haut. des lettres, 0” 05.
IMP CAES
FLAVIO CLAVDIo
IVLIAnO AVG
SHC ATETOVES De
VOMRX
[
Imp(eratori) Caes{ari) Flavio Claudi[o] Julia[njo Aug(usto),
[Si]mittus d[ejvota. Mille (passus).
Cette borne, ainsi que d’autres monuments dont je publierai
U) Cf. C.I. L., vx, Indices, p. 1073.
@) Cf C. I. L., viir, 2504, 287.
; — OI —
le texte plus loin, donne lieu à une observalion importante. Quei
était, pour la forme et l'orthographe, le nom de la ville antique
dont les ruines se nomment aujourd'hui Henchir Chemtou? Toutes
les fois que ce mot s’est rencontré jusqu'ici sous la forme Simittu ,
à une seule exception près, il était à lablatif() :
Itinéraire d'Antonin (2), Simittu ;
Table de Peutinger %), Sunitu ;
Borne milliaire ), Simü[tu].
On pouvait donc penser que ce nom était Simittu, et Von en a
fait un substantif indéclinable; il n’en à pas toujours été ainsi;
la colonie qui s'élevait en cet endroit s'appelait, au moins à la
basse époque, Similtus.
Quant à la facon d'écrire ce nom, elle est variable : on trouve ce
mot dans les textes épigraphiques tantôt avec deux t, tantôt avec
tth. On verra plus loin des exemples de cette dernière orthographe.
L’explication que donne M. Tissot 9) du o0 qu'on rencontre dans
la transcription grecque du mot Simittus par Ptolémée peut aussi
s'appliquer au {h que nous lirons sur certains monuments : c'était
une manière de rendre par l'écriture la prononciation sifflante du
double £ berbère. Ajoutons que ce th se trouve généralement sur
les textes des derniers temps de l'empire (5).
Chemtou.
Cet henchir est une des ruines les plus belles et les plus fé-
condes de la Tunisie.
Depuis qu’elle a été visitée par M. Tissot, qui en a longuement
parlé 0), on y a trouvé de nouvelles inscriptions; le P. Delattre en
a publié quelques-unes ), et chaque jour amène de nouvelles dé-
couvertes.
(1) Ptolémée, IV, ur, 29, donne Zuiobou au nominatif; et l'anonyme de Ra-
venne, Semitum (éd, Pinder et Parthey, cxzvnr, 8) à l'accusatif (?).
@ Ed. Fortia, p. 12.
@) Ibid,, p. 292.
(Œ) Tissot, Le Bassin du Bagrada, p- 24,n°14.=C. I. L., vi, 10960.
(6) Ibid, , p. 9, note 1.
) On voit pourtant, par cette borne milliaire, que du temps de Julien le mot
Similtus pouvait s'écrire sans h. Cf, une inscription (GC, IL. L., vx, 2261) qui, par
la forme des lettres, semble être de la bonne époque, et où le th est employé.
0) Op. cit., p. 8 et suiv.
4) Rev, arch. (1881, 2° semestre), p. 20 et suiv.
20e =
Toute l'originalité de cette ruine consiste dans la présence en
cet endroit de carrières d’où l’on extrayait un marbre rouge et
jaune fort estimé, appelé par les anciens marmor numidicum ou
lapis nunudicus, et qui en fournissent aujourd’hui encore des blocs
immenses. Les Romains en faisaient usage pour orner leurs monu-
ments publics aussi bien que leurs demeures particulières, et il
en est question plus d’une fois dans les auteurs latins; on peut
même reconstituer à peu près l’histoire de ce marbre,
Dès l'année de Rome 676, on commence à l’importer en Italie;
toutefois, au dire de Pline), ce n'est pas encore sous forme de
colonnes ni de plaques destinées à revêtir les murailles; on n’ame-
nait que des blocs grossiers, dont on se servait pour former le seuil
des maisons, ce qui annonce un mode d'exploitation encore peu
perfectionné.
La première colonne dont on ait gardé le souvenir date de
César. Suétone nous raconte qu'elle fut dressée dans le forum et
que la plèbe y écrivit ces mots : « Au père de la patrieU) ».
On sait qu'à l'époque des Antonins la plus grande partie des car-
rières et des mines du monde romain avaient été accaparées par
les empereurs, par suite de confiscations, d'héritages ou d'achats,
pour grossir les revenus du fisc ou ceux de leur caisse particu-
lière(), La carrière de Chemtou ne fait pas exception et elle est
comprise dans la ratio patrimonti impériale (®. La première mention
que j'aie rencontrée de ce fait remonte à Hadrien (5).
Celui-ci, nous le savons par les inscriptions trouvées dans les
ruines d'Italie, prit à Chemtou du marbre qu'il employa à orner
ses villas de Tivoli et d’Antium. Les colonnes du gymnase de
6) H.N., XXXVI, vur, 1 : «M. Lepidus, Q. Catuli in consulatu conlega, primus
omnium limima ex numidico marmore in domo posuit, magna reprensione, Îs
fuit consulanno Urbis DCLXXVI. Hoc primum invecti numidici marmoris vesti-
gium invenio, non in columnis tamen crustisve,. . ... sed in massa ac vilissimo
liminum usu. »
® Jul., 85 : «Postea solidam columnam prope viginti pedum, lapidis numidici,
in foro statuit scripsitque (plebs) : Parenti patriae. »
6) Cf. Marquardt, Staatsverwaltung, IL, p. 252 et suiv., et Hirschfeld , Untersu-
chungen, p. 72.
(®) Cf. Bruzza, lscriziont dei marmi grezzi (dans les Annali, 1870), n° 222 et
suiv., la partie de l’article du P. Bruzza consacrée au marmor numudicum (p. 149
et suiv.), et les inscriptions que je publierai plus bas.
(6) Cf. n° 188.
== 103 —
Smyrne et de celui d'Athènes étaient également, d'après le Père
Bruzza, de marbre numidique.
Âu temps de Marc-Aurèle, on ouvrit dans une autre partie de
la carrière de nouveaux chantiers qui, du nom de ce prince, fu-
rent dits lapicaedinae Aurelianae; ils sont mentionnés sur une in-
scription rapportée par le P. Bruzza(!), qui nous fait connaître
un procurateur chargé de la direction de ces chantiers @). Sur les
deux cents colonnes de marbre dont les Gordiens ornèrent leur
villa de Préneste, cinquante étaient de marbre numidique ), et
l'empereur Tacite en donna cent(® aux habitants d'Ostie.
Ce marbre était encore en honneur au vi‘ siècle, puisque Jus-
tüinien l'empiloya pour orner l'église de Sainte-Sophie ().
La carrière était exploitée surtout à ciel ouvert; on y voit ce-
pendant la trace de deux grandes galeries, à l'entrée de l’une des-
quelles se trouve une inscription. On peut encore se rendre compte
aujourd’hui de la façon dont cette exploitation était conduite. On
commençait par déterminer, à l’aide de sondages, la partie de la
carrière qu'on se proposait d'attaquer, puis on commençait le tra-
vail; mais il semble qu’on ait procédé autrement qu'on ne le fait
actuellement à Chemitou : au lieu de jeter à terre ün bloc de
marbre informe et de le tailler ensuite, ce qui a l'avantage d'éviter
le travail de l’équarrissage pour les morceaux que l’on reconnait
contenir des défauts, mais l'inconvénient de perdre une certaine
quantité de marbre (6), les Romains taillaient le bloc sur place et
ne le détachaient qu'après lui avoir donné la forme à peu près
définitive qu’il était destiné à recevoir dans la carrière. Cette mé-
() Loc. cit., n° 224.
® On en connaît peut-être un autre, si les sigles PROC*M:N qui se rencontrent
dans une inscription trouvée à un kilomètre de Chemtou (C. I. L., vi, 10580)
doivent s’interpréter par Proc(urator) m{etallorum) n(ovorum).
G) Capitol., In Gordianos tres, xxx1x, 2 : «Ducentas columnas in tetrastylo ha-
bens (villa) quarum. .. quinquaginta numidicae. »
(® Vopisc., In Tac., x, 5 : « Columnas centum numidicas pedum vicenum ter-
num Ostiensibus donavit de proprio, »
(5) Paul, Silentiar., v. 217 :
duQi Balurplova pdyiv Maupdoidos äxpns.
(9) La carrière étant très riche, il s’agit aujourd’hui de ne pas employer inutile-
ment la main-d'œuvre, qui est la grosse dépense; chez les Romains, où le coût
de la main-d'œuvre était nul, puisque la carrière était exploitée par des esclaves
de l'empereur, l'économie consistait à ne pas perdre de marbre.
— 10 —
thode était appliquée pour les colonnes mêmes, et l'on en voit
encore la trace sur les flancs de la montagne, notamment au nord-
ouest de la maison construite au milieu des ruines par le direc-
teur des travaux d'exploitation, M. SovetÜ). Il y a là une immense
niche, mesurant environ 4 mètres de hauteur sur autant de lar-
geur, d’où ont été tirées des colonnes dont on peut aisément se
représenter la dimension : la courbe en est encore marquée dans
le marbre de la carrière ©.
Un fragment de colonne git à terre auprès de la maison de
M. Sovet (côté sud). On lit sur la section l'inscription suivante,
copiée déjà par le P. Delattre avec quelques légères inexacti-
tudes () :
179.
Haut. des leitres, 003.
SVRA III E SENECIOne Il
EX RAT FELICIS WG Ser
N DCXLII ZZXXX
FIENRIS
(Estampage.)
À la ligne 4, la quatrième lettre semble être une N dont il man-
querait la haste verticale gauche, mais la barre transversale se
confond avec une fente dans le marbre, qui se prolonge au-dessous
et au-dessus jusqu'à la barre verticale du D, qu'elle suit pour
continuer au delà; il se pourrait donc qu’il fallüt lire simplement :
EITERRTS
Sura III et Senecio[ne] II consulibus ; ex rat(ione) Felicis, Aug{usti) s[er(vi)];
n{umero) DCXLIIT, [loco ?] XXX.....
Le consulat de L. Licinius Sura et de Q. Sosius Senecio est de
l'année 107.
La formule ex ratione a donné lieu à des discussions que d’autres
@) C’est à son amabilité que je dois une partie des détails que je rapporte ici.
(@) Ailleurs J'ai remarqué la trace des trous destinés à recevoir les échafaudages,
et non loin de là de petits bassins taillés à même le marbre, où l'eau s'amassait
comme en une auge : il semble que cette eau était recueillie afin de permettre
aux ouvriers d’affiler leurs instruments.
Rev. archéol. (1881, 2° semestre), p. 20.
— 105 —
ont rappelées ( et que je n’ai pas à reproduire ici. Le ne. qui
suit indique le nombre de blocs extraits dans l’année ®), pour la
partie de la carrière dont Félix était le rationalis.
Devant le nombre XXX, il est possible de restituer loco, par
analogie avec d’autres inscriptions relevées sur des blocs de
marbre ()
Quant à la dernière ligne, elle est inexplicable, comme géné-
ralement la dernière ligne de ces sortes d'inscriptions, où l’on ne
rencontre souvent qu'une lettre ou deux; nous en verrons plus
loin des exemples (*)
Il a été trouvé à l’est de la maison de M. Sovet, sur le penchant de
la montagne ou au pied , en face de l’amphithéätre, plusieurs blocs
. de marbre de forme rectangulaire, équarris et tout prêts à être
emportés; ils mesurent en général 1 m. 50 de longueur sur 1 mètre
de largeur; les plus petits ont 30 centimètres de hauteur. On ne
voit pas pourquoi ils ont été ainsi abandonnés au milieu d’une
carrière en pleine exploitation, alors qu’il y avait toujours moyen
de tirer parti de blocs de cette dimension, quelque défaut que
renfermât le marbre : er quelques-uns de ces blocs n’en con-
tiennent aucun; il est à remarquer d’ailleurs qu'ils ont été tous
extraits vers la même époque.
J'y ai lu les inscriptions suivantes :
180.
Haut. des lettres, 0"015.
IMP ANTONINI AVG PII
N D CVI OF REGIA
ORFITO ET PRISCO COS
CL
P1@
fnp(eraloris) Antonux Aug(usti) Pu; n(umero) DCVI. Of ficina) requa ;
Orfito et Prisco co(n)s(ulibus).
Le consulat de Ser. Cornelius Salvidienus Scipio Orfitus et de
Q. Nonius Sosius Priscus est de l’an 149.
Hirschfeld, op. cit., p. 80 et 81.
@) CF plus bas, p. 106.
PA
(3) Cf, notamment Bruzza, op. cit., n° 2i
Cf. Bruzza, op. cil., p. 109.
— 106 —
1810
Haut. des lettres, 0° 02.
IMP ANTONN AVG D
NNCICICSAL MO REG
GALLICANOE VEÆERe
EC
Tmp(eratoris) Antonin Aug(usti) d{onuni) ; n(umero) CCCXLIIL.
[Of (Jicina)] )] reg(ia) ; Gallicano et Veter{e] (consulbus).
Le consulat de M. Gavius HUE Gallicanus et de Sex. Carmi-
nius Vetus est de l’an 150.
182.
Haut. des lettres, 0” 02.
IM ANTONINI AVG Plil
N:CXXCIX.OF REGIA
CONDIANO E MAXIMO
D
EC
Imp{eraloris) Antonini Aug(ust) Pu; n{umero) CXXCIX. Of ficina) regia ;
Condiano et Maximo (consulibus).
Le consulat de Sex. Quintilius Condianus et de Sex. Quintilius
Maximus est de l'an 151.
Ligne 1, le nom de l’empereur placé au génitif en tête de toutes
ces inscriptions indique que la carrière fait partie du domaine
impérial.
Ligne 2, la comparaison de ces trois monuments prose ce
que l’on n'avait pu établir jusqu'ici que par conjecture ), que le
numéro inscrit sur ces textes indique la quantité de blocs extraits
annuellement, puisque ce nombre est de 606 en 140, de 343 en
150 et de 139 en 151, et cela pour la même officina. S'il en était
autrement, le nombre qui se lit sur ces blocs irait chaque année
en augmentant et non en diminuant.
() CF. Rev. arch. (1881, 2° semestre), p. 20 et 32.
® Cf. Hirschfeld, op. cit., p. 79, n. 3.
or
«Le sens du mot officina a été fixé par M. de Rossi).
Ligne 4, les sigles de cette ligne sont inexplicables. Ils se com-
posent, non pas d'un P suivi d’un C, mais d’un P formant mono-
gramme avec un E. Cet E se trouve tantôt au-dessus du P, tantôt
au-dessous ©). I faut remarquer qu'ils ne varient pas suivant les
officinae.
183.
Haut. des lettres, 0” 02.
IMP ANTONINI AVG PII D
N D OF AGRIPPAE
GAELICANO ET VETERE COS
se dre
Imp(eratoris) Antonin Auq{usti) Pu d(omini); n{umero) D.,.... Of ficina)
Agrippae; Gallicano et Vetere (co(n)s{ulibus).
Ces consuls sont ceux de l’année 150.
184.
IMP ANJTONINI AVG PII D
NM DA EN AMNONIE A CRAN
GALLIICANO E VETERE COS
PC
185.
imp .antonint aug PI D
n. Op GRIPPE
gallicano et veteRE CoS
pec
En face de la maison de M. Sovet, par conséquent dans une
() Bulletin d'arch. chrétienne (1868), p. 24.
) Je rappellerai, comme un simple rapprochement, dont il ne faut tirer au-
cune conséquence, que ce sigle se rencontre sur les médaillons contorniates. CF.
Ch. Robert, Médaillons contorniates, Paris, 1881 (extrait de l'Annuaire de la
n
Société française de numismatique et d'archéologie), p. 3, et Etude sur les mé-
daillons contorniates, Bruxelles, 1882, p. 29 ct suiv.
— 108 —
autre partie de la carrière, ,on a trouvé parmi les déblais un bloc
de marbre non équarri sur la surface la moins inégale duquel on
lit :
186.
Haut. des lettres, 0” o4.
NCECVT OR IGENTIMONTIS
IMP COMMODO AVG ÏIIII E VICTORINO ii COS
CAESVRA MAXIMI PROC
N{umero) CCCV; of{ficina) Gent Montis; Impleratore) Commodo Au-
glusto) ITIT et Victorino [11 co(n)s{ulibus). Caesura Maximi proc(ura-
torts).
Le troisième consulat de Commode et le deuxième de C. Au-
fidius Victorinus sont de l'an 183.
Cette inscription complète le nombre des trois officinae dont j'ai
relevé les noms à Chemtou et qui sont : officina Agrippae, officina
Genü Montis, officina regia.
La première et la troisième étaient exploitées simultanément (1).
Le terme Caesura s’est déjà rencontré sur d’autres inscriptions
analogues. Généralement, dans chaque carrière, un des directeurs
avait pour mission spéciale de surveiller la taille (caesura) du
marbre; quelquefois c'était un centurion, plus souvent un affran-
chi0), Ici c’est le procurateur de la mine qui semble avoir été chargé
de cette fonction, ou du moins l'avoir exercée dans certaines cir-
constances.
Nous avons vu plus haut que le marbre numidique était em-
ployé dans les édifices publics et les palais impériaux, c'est-à-dire
destiné à l'usage ou aux libéralités des empereurs, ce qui n'em-
péchait sans doute pas d'en vendre des blocs à de riches particu-
liers ou à des villes pour la construction de monuments privés
ou municipaux. Il m'a semblé intéressant de rechercher dans les
ruines de Chemtou quel avait été l'emploi fait du marbre numi-
dique.
G) Cf. les numéros 181 et 183. IA faut y ajouter naturellement l'officina Aure-
liana signalée par le P. Bruzza, n° 222, et reproduite plus bas, p. 110, note 1.
@®) Bruzza, op. cit., n° 258 et 259 (centurion). — Bruzza, op. cit., n° 279 =
Wilmanns, 2778, n° 291 — Waddington, Voy. arch., If, 1712 (affranchi).
= 109 —
Les édifices construits en blocage sont bâtis avec les déchets
de marbre de la carrière; l'empereur et les particuliers trouvaient
leur profit, l'an à vendre sur place les morceaux de marbre dont
il ne pouvait tirer parti, les autres à les acheter sur place aussi et
à employer le marbre là où l'on se sert généralement d'une pierre
plus ou moins tendre Ü).
Les gros blocs se rencontrent plus rarement.
De tous les monuments publics de Chemitou, qui sont cepen-
dant en grand nombre et assez importants, deux seulement, à ma
connaissance, ont été construits en marbre : ce sont les deux mo-
numents nécessaires par excellence à un Romain, un temple et un
amphithéâtre.
Les soubassements du temple existent encore; ils se trouvent
sur la colline située au uord de la maison de M. Sovet. Parmi les
blocs qui les composaient, on en a rencontré deux avec des in-
scriptions :
187.
Haut. des lettres, 0” 18.
D LS AKCR L
DRE SNC
Sacr(um).
Autour de la ligne de ces soubassements, on voit plusieurs
blocs de marbre où sont sculptées, dans des cercles saillants de
70 centimètres de diamètre, des figures que.je croirais représenter
les signes du Zodiaque. Les trois seuls que l’on puisse encore dis-
tinguer sont le Scorpion, le Lion ou le Capricorne et peut-être le
Cancer.
L'amphithéatre, situé à l'est de la maison de M. Sovet, était
construit moitié en blocage, moitié en gros blocs de marbre; plu-
sieurs portent des inscriptions qui sont malheureusement illisibles
pour la plupart, parce qu'elles ont été longtemps exposées à l'air
et à la pluie. Jai pu déchiffrer à peu près les deux suivantes :
‘D Le petit monticule appelé par les indigènes Dyebel el-Hadjela est entièrement
formé des déchets de la carriére.
— 110 —
188.
Haut. des lettres, 0” o2.
HADRIANI WG
CANCER EE
DY7 GERMCA IIZ
Hadriani Aug{usti) MENT
Le reste de l'inscription est trop incertain pour donner lieu à
une interprétation même douteuse.
169.
Haut. des lettres, 0” 02.
IMP ANTONINI AVGPIINLX OFZZ##
AVRELO VERO CueS III E COMMODO ii
Ête
Imp(eratoris) Antonin: August) Pu; n(umero) LX. Of{ficina). . . .… ;
Aurelo Vero C[aes{(are) III et Commodo [II] .….
Ce bloc a été extrait au début de l’an 161, car Antonin le Pieux
mourut au mois de mars de cette année, et après sa mort les deux
consuls, ses fils adoptifs, ayant changé de nom, on grava sur les
monuments non plus Aurelio Vero Cues III et Commodo IT, mais
Antonino III et Vero Il; ainsi que nous le lisons sur une colonne
extraite de cette même carrière de Chemtou et trouvée à Rome,
dans le champ de Mars), qui date par conséquent de la seconde
partie de cette année 161.
() Bruzza, op. cit., n° 222 :
impeRATORVM CAESARVM
antoniNI ET VERI AVGVSTORVM D d
NL, EXX OF AVR:
antONINO Ii ET VERO Il COS
Fe
BE TI
Ligne 5. Le texte de Fabretti auquel le P. Bruzza a emprunté cette inscription
porte P C; ül doit être corrigé comme je l'ai fait. — Les sigles B T signifient,
d’après M. Mommsen, B(rachium) t(erttum). ( Bulleit., 1872, p. 160.)
— 111 —
Je croirais volontiers que ces deux monuments sont dus à la
libéralité impériale : fournir les matériaux nécessaires à la con-
struction d’un temple était montrer sa piété pour les dieux et leur
payer, pour ainsi dire, la dîime de la carrière: donner le marbre
pour bâtir un amphithéâtre était procurer aux affranchis et aux
esclaves de l’empereur amassés à Chemtou, ainsi qu'aux habitants
de la ville qui s'était fondée ) autour de la carrière, la distraction
dont ils étaient le plus avides. S'il n’en avait pas été ainsi, il n’y au-
rait pas de raison pour que d’autres monuments n’eussent pas été
bâtis aussi en marbre du pays. D’après les deux inscriptions co-
piées sur des blocs de l’amphithéätre, la construction de ce mo-
nument remonterait au siècle des Antonins, époque où ont été
faits les grands travaux publics de Chemtou que nous connais-
sons, le pont et la route de Simittus à Thabraca.
De tous ces textes épigraphiques relevés sur des blocs de marbre
équarris ou non, on peut tirer encore une autre conclusion : non
seulement ce n’est pas à Rome, opinion qui a d’ailleurs été aban-
donnée aujourd’hui), mais ce n’est même pas en vue de l’expor-
tation ou du transport), que les blocs étaient ainsi marqués : c'était
une simple mesure d'administration, de contrôle intérieur de la
carrière; autrement on ne trouverait le numéro du bloc indiqué
ni sur les marbres employés pour l’'amphithéâtre, ni surtout sur le
morceau brut dont j'ai rapporté l'inscription sous le numéro 186,
et qui a été découvert dans la carrière, au milieu de déblais de
toute sorte.
À l'entrée d’une galerie se trouve, gravée sur le roc, l'inscription
® Les auteurs du Corpus croient que la colonie de Simittus aurait été fondée
pour ruiner la puissance de l'antique ville numide de Bulla Regia (p.175, col. 2,
et p. 211, col. 2). Je suis persuadé que la fortune de Chemtou est due unique-
ment à la présence de la carrière de marbre; les affranchis et les esclaves établis
en cet endroit avec leur famille ont donné à cette cité, pendant toute la durée
de l'empire et jusqu’à l'époque chrétienne, une vie et un mouvement qui en ont
assuré la prospérité, ;
®) Cf. Bruzza, op. cit., p. 107, et Hirschfeld, op. cit., p. 78 et 79.
) Marini le dit positivement (Iscriz. Albane, p. 34). «Queste osservazioni con-
fermano, dit le P. Bruzza (op. cit., p. 107), quanto scrisse il Marini, il quale le
giudicù segnate per cura dei ministri e servi augustali si per rendere ragione di
quello che spedivano e si per togliere ogni occasione d’ errore allo sbarco.» —
Cette opinion est exprimée de nouveau par Wilmanns (Exempla inscript. latin.
p. 224).
Sie
snivante, déjà relevée par le P. Delatire avec de légères inexacti-
tudes 0) :
190.
eo
OMPMEMPINNVRE
NASA DT
| /
TIMO À
D
aVG aals ANT
INRI
Off{icina) inventa a Diotimo [A]ug{ust) n(ostri) l{iberto). Inri !
Diotimus semble avoir été le probator de la carrière, celui qui
était chargé de vérifier la qualité du marbre, et par conséquent
qui indiquait les endroits où il convenait d'installer un chantier.
Les probatores sont des affranchis P).
Ce document vient à l'appui du texte de Paul le Silentiaire cité
plus haut et nous prouve que ia carrière de Chemtou a été exploi-
tée jusqu'aux derniers temps de l'empire, alors que le christianisme
s’affichait hautement.
191.
\
Enfin j'ai copié sur un morceau de marbre non équarri trouvé
en face la maison de M. Sovet le mot :
ENMINAGIRUE
gravé en caractères de 3 centimètres de hauteur.
Cette inscription, est-il besoin de le dire, n’a rien d’officiel. Eu-
tyche était le nom d’une esclave qui occupait sans doute assez de
place dans la pensée d’un des ouvriers pour que celui-ci ait éprouvé
le besoin de le graver sur le marbre.
M) Rev. arch. {2° semestre 1881), p. 26. Cf. p. 24 le commentaire de M. Héron
de Villefosse. ca
Le
@) Bruzza, op. cit., n°1 et 4, et Wimanns, 2771 (oetp)
— 115 —
Les autres textes épigraphiques inédits ou inexactement publiés
que j'ai rencontrés dans ces ruines sont les suivants :
192.
Sur une colonne de pierre trouvée à quelques pas en avant de
la maison de M. Sovet.
Haut. des leitres , 0” 08.
D N FLAV:o
DIEM EMEA MEN Oo
N'OPB'ECCAES
COL-:SIMIT THVS
DEVOTA
I
D{omino) n(ostro) Flav[io] Delmati[o], nob{ilissimo) Cacs(ari),
col(onia) Simitthus devota. Mille passus.
Delmatius, neveu de Constantin, recut le titre de César en 335
et fut tué en 337; ce monument date donc d’une des années 335,
336 ou 337.
Après la mort de Delmatius et l'extinction de la famille de
Constantin, cette colonne fut dressée en terre en sens inverse, et
sur la partie qui servait de pied auparavant on grava cette autre
inscription :
193:
Haut. des lettres, 0" 05.
IMPP:CAESS
FF LL:VALENTI
NIANO ET VALEN
TI AVGG DEVOTA
SIMITITHVS
Ï
Imp{eratoribus duobus) Caes{aribus) Fl{avus) Valentiniano et Valenti
Auq{ustis), devota Simitthus. Mille passus.
La date du monument doit être cherchée entre les années 364,
où Valentinien et Valens montèrent sur le trône, et 367, où Gra-
tien leur fut associé.
MISS: SCIENT: — XI, 8
IMDNIMINIR, NATIUNALKe
— 118 —
194.
Sur un fragment de colonne trouvé en face de la maison de
M. Sovet.
Haut. des lettres, 0° 04.
invicto
DIR TM ED ere
maGNENTIO
seMPER AVG
ct 1 IANVS UM TE
tHVS DEVOTA
F E
(Eslampage. }
{nvicto principt, d(onuno) [n(ostro), Majqnentio [se]mper Aug(usto),
[c{olonia) Julia) N(umidica) Simit[t}hus devoia. Mille passus.
Cette inscription date de Fan 350 ou de l'an 351, peut-être
mème de l’an 352 ou 353, car ce n’est qu'en cette dernière année
que Magnence se donna la mort.
La ligne 5 est fort importante : il est impossible de lire autre
chose au début que . . .’7EN. Dès lors il faut expliquer ces lettres
comme je l'ai fait, car dans une inscription du CorpusÜ), Simittus
est appelé Colonia ...l... Numidica Augusta Simitthensium; le
mauvais état de conservation de la pierre permettait d’hésiter, pour
le premier surnom de la colonie, entre Julia ou Flavia. Le texte
que je viens de transcrire tranche la question.
195.
Sur un fragment de pierre, près des thermes.
Haut, des lettres, o” 04.
AVG
196:
Sur une pierre encastrée dans la construction du barrage du
pont, que les dernières crues de la rivière avaient mise à jour
() yrrr 3265.
— 115 —
lors de mon passage : elle est couchée au milieu du lit de la Med-
jerda.
Haut. des lettres, 0” 06.
MOrRCORNELTIONCHE LT
OMIR FELCIGI PA CAT 0
LT VSIRREORNVE REA RON mr
CNVAR PAIN ARR STE RE D
lATICLAVIO LEG Il:cy
« RENAICAE PATROno
COLONTAE
D D P P
(Estampage.)
Sex. Cornelo, C. f[il(io)], Quir(ina tribu), Felicr Pacai[o], [1] viro via-
ru[m cJurandar(um), tri[b{uno) lJaticlavio leg(ionis) LI[I Cylrenaicae , pa-
tro[no] coloniae; d(ecurionum) d{ecreto), p{ecunia) p{ublica).
197.
Fragment trouvé dans les déblais de la carrière en face la mai-
son de M. Sovet :
Milriin % Vin Nin
aD QVOD OPVS-:SOLA X: TRIA-MILIA:-A:FISCO ACCEPTA
SVNT
(Estampage.)
nee [a]d quod opus sole denariorum tria mil(lie a fisco accepta sunt.
196.
Fragment de base trouvé sur la voie romaine de Chemtou à
Tabarca, à droite :
Hauteur du fragment, 0" 44 ; largeur, 0" 31.
Haut. des lettres : les 8 premières lignes, 0" 04; les 2 dernières, 0" 03.
HU PAMNTeE IN
perpetBCVRIAE
caelesTIAEHSX
De DONC NAIL
DENLE R IMROE PERD
CVRIA-CAELEST
MESVLEVM:P:SVA
ET : EXVVIAS : FEC
ET : NAT ALI EIVS:XI Kk
APRIL : AEPVLANTVR
(Estampage.)
— 1160 —
....., fljamen {perpelluus)?] curiae [Caeles]tiae, HS X [m{illibus) n(um-
mum) lo]cavit b(ene) merito p{ro ?) plietate?) ou plecunia) plropria) ; curia
Caelest{ia) mesuleum p(ecunia) sua et exuvias fec(it), et natal ejus, XI k(a-
lendas) apriles, aepulantur.
Cette base était vraisemblablement celle d'une statue consacrée
par un flamine de la curia Caelestia à un personnage qui lui tenait
de près ou qui avait une grande position dans la curie. On voit les
honneurs que celle-ci lui avait décernés. ;
Le mot eœuviae est obscur et ne s’est pas encore rencontré, que
je sache, sur les inscriptions, du moins dans une acception qui
[2
permette d'établir quel sens on doit lui donner ici.
199.
Sur la même voie romaine.
Haut. de l'inscription, 0" 30; larg. 0” 40. — Haut. des lettres, 0" 04.
D M S
AEMILIA IRO
PIA VIXIT AN
NIS ew
H S E
D{us) M{anibus) s{acrum). Aenulia Iro pia vixit annis CV.
Hic) s{ita) e(st).
200.
Non loin de la précédente.
Haut. des lettres, 0" 04.
D M S
AURIEPETIEX
COLOMBA
P:V:-A
XXI
D{üs) M{anibus) s(acrum). Arelliu Colomba p{ia) v(ixit)
a(nnis) XXI.
MM 2
201.
Non loin de la précédente.
Haut. de l'inscription, 0" 20; larg. 0" 25. — Haut. des lettres, 0” 025.
Homme debout.
Dis Man(ibus) s{acrum). Q. Cornelius Honoratus pius vixit an(no 1),
d{iebus) III, mfensibus) V. H{ic) sfitus) e(st). O(ssa) t{ua)| b(ene) q{uies-
cant) , t:b1) t{erra) l(evis) s(it), d{ulcissime?). :
La tombe voisine portait cette épitaphe :
202.
Haut. de l'inscription, 0° 28; larg. 0" 30. — Haut. des lettres, 0" 03.
Homme debout.
P
XIT:AN:V:
D{i}is Man(ibus) s(acrum). Q. Cornelius Zabo pius vixit an(nis) V.
H{ic) s{itus). L(evis) t{erra).
Ce sont là évidemment les tombes de deux frères morts tous
deux en bas âge.
203.
Non loin de la précédente, en caractères presque cursifs.
Haut. des lettres, 0" 02.
D M S
L MVNATIVS RES
TITVTVS PIVS VIXIT
ANN XX
MS
D{us) M{anibus) s{acrum). L. Munatius Restitutus pius visit ann(is) XX.
H{ic) s{itus).
— 118 —
204.
Tombe trouvée à Chemtou; l'original est actuellement à Tunis,
chez M. Aubert.
Femme debout.
PAPIRIA:L-FI
LIA:QVIN
TA y PIA a æ
ant
Papiria, L. fila, Quinta, pra v[iæit) aus]...
205.
Non loin de l'inscription qui porte le n° 203.
Haut. des lettres, 0° 03:
D''eN”_S
G:POSTIMIVS-MA
XIMVS:PIVS:-VIX
IT ANIS
LXXXXIII
Ds) M{anibus) s(acrum). G. Poshmuus Maximus pius vixit
an(n)is LXXXXIII.
206.
Non loin de l'amphithéätre.
Haut. de l'inscription, 0" 38; larg. 0” 36. — Haut. des lettres, 0° 04.
Personnage debout.
ÉSILAICIVS. OPA
TVSAVIR TAN L
ENCMEMUGHE PAF S
lNMCIMONSE(R E
HVIC : VETERANI
MORANTES
SAME EN: DE
S MIO LIFE CIE RVINT
L. Sihicius Optatus vix(it) an(nis) L, interceptus in thinere.
Huic veterant morantes Similtu de suo fecerunt.
A0
207.
Sur la voie romaine de Chemtou à Tabarca.
Haut. des lettres, 0!” 04.
Femme: debout.
VIPSANIA QV
INTA :PIA - VIXIT
AINSI EC
ER a SRE
Vipsania Quinta pia vixit an(n)is XXXIT, H{ic) s{ita) est).
208.
Non loin de la précédente.
Haut. des lettres, 0" 04.
JAUENE a
fLAVIA VIXIT
an NIS LX H S E
he a, L. f{ilia), [FYavia , vit [anfnis LX. H{ic) s(uta) e(st).
Flavia est pris ici comme surnom".
J'ai recopié également une partie des inscriptions que le P. De-
lattre avait déjà relevées dans.cet endroit. Ceriains mots de quel.
quesunes d’entre elles ayant donné lieu à des-deutes®), je crois
devoir reproduire ici les trois suivantes :
209.
CE Rev. arch., loc. cit., p. 28:
D'ANT IS
C:PONTIDI
VS :NNVRIE
[ALIS : V
LXS AINENTI
S'XXXXV
4) CF. par exemple C. I. L., vur, 10945.
2) Cf. les observations de M, Héron de Villefosse à la suite de Particle du P. De-
lattre (Rev. archéol., loc, cit. ).
— 120 —
Le surnom est bien Nurtialis; c'est peut-être une faute du gra-
veur pour Nuptialis, surnom connu.
210.
Cf. Rev. arch., loc. cüt., p. 29.
D M S
RABIRIA ZABVIIA
PIA-VIX:ANNIS
KE ASE
‘211.
Cf. Rev. arch., loc. cit., p. 31.
D: M SS
IVLIA NAM
PHAME PIA
VIXIT ANNIS
CE PERS SE
À vingt-cinq minutes de Chemtou, en suivant la voie romaine
qui mène à Tabarca, on rencontre, près de la source appelée Aïn-
Ksira et sur le plateau situé au nord, des ruines qui couvrent une
certaine étendue: les monuments en ont été construits avec des
pierres empruntées à des tombes (1); ce devait être un des faubourgs
de Chemtou; j'y ai relevé plusieurs épitaphes :
212.
Haut. de l'inscription, 0" 40; larg. 0" 45. — Haut. des lettres, 0° 04.
Homme debout.
DIS & MAN & SAC
Q&HOSTILIVS&
Q:F:PRIMVS
PIVS&@VIXIT
ANNIS&LXXIII
© :TABROET AMIE HSE
D{iis Man(ibus) sac(rum). Q. Hostilus, Q. f{ilius), Primus, pius vixit an-
ms LXXIIT. O(ssa) t{ua) b(ene) qluiescant) ; t{1bi) t{erra) l(evis) s(1t). Ho)
s{itus) efst).
M C’est la qu'on a trouvé le troisieme milliaire de la voie romaine.
— 121 —
215.
Haut. de inscription, 0” 30 ; larg. 0° 36. — Haut. des lettres, 0” 05.
Femme. Homme.
D M S
VETVRIA OMIAVAIINTES
SECVNDA PARSIENTEVES
PIA VIXIT PIVS VIXIT
ANNIS:L ANNNIS LX
D{us) M{anibus) s(acrum). C. Julius Primus pius viæit annis LX, —
Veturia Secunda pia vixit annis L.
214.
Haut. de l'inscription, 0" 36; larg. 0° 46. — Haut. des lettres, 0" 035.
Femme.
D M S
MAMILLIA-PAILIL (sic)
LA : PIA : VIXIT : ANNIS
XX1:T:T°LL4S
D{us) M{anibus) s(acrum). Mamillia Paililla pia vixit annis XXI.
T{chi) t{erra) l(evis) s(it).
Le surnom Paililla est étrange : on serait plutôt tenté de lire
Paetilla ou Pamilla, surnoms connus; mais la onzième et la dou-
zième lettre de la première ligne m'ont semblé être I et L.
215.
Haut. de l'inscription, o" 50; larg. 0° 34. — Haut. des lettres, 0° 04.
ROVIBURAE À
HONORATA
PER NA TMÉT
ANNIS XXXVI
T:FLAVIVS
POSTIMVS. (sc)
VXORI
CARISSIMAE
Bubria Honorata pia vixit annis XXXVI. T. Flavius Postimus
UXOTL Carissimae.
Sur une base en forme d’autel dont l'inscription a déjà été co-
piée par le P. Delattre U.
Haut. des lettres, 0° 03. — Les caractères sont effacés à gauche.
d M XS
. salt VSTIVS-C:F-Q:FOR
tun ATIANVS COSTOB
o ci 0 QVOD,INTER COS
tObocosnVTRITVSSITCY
AIERI1 VS
[D{us)] M{anibus) s(acrum). |. Sal]lustius, C. f{iius), Q{uirina tribu),
For[tun}atianus Costob{ocio ?}, quod inter Cos[tJo[bocos njutrilus sit...
Le sens du mot Costob.... qui se trouve à la fin de la troi-
sième ligne et au début de la quatrième n'est pas clair; il était
même obscur pour les Romains, puisqu'on avait cru utile de lex-
pliquer dans les lignes suivantes : quod inter Cos..0... nutritus
sit. Il semble que ce soit non un surnom, puisque le personnage
porte déjà celui de Fortunatianus, mais un agnomen.
D'un autre côté, des expressions : inter Cos...0... nutritus sit,
on peut conclure que cet agnomen est tiré d’un nom de peuple
commençant par Costob. Or on n’en connaît qu’un seul qui puisse
convenir, celui des Costobolae, appelés aussi Costoboci () par les au-
teurs : ils habitaient la Sarmatie. Il faut avouer que la présence
de ce nom de peuple sur une inscription funéraire de Chemtou
est très inattendue; aussi ne proposons-nous ces suppléments
qu'avec la plus grande réserve.
Le diminutif Costobocio, qui convient très bien pour la lon-
gueur des lignes, m'a été suggéré par M. Mowat.
Après avoir grandi en Sarmatie, Sallustius Fortunatianus serait
venu à Chemtou, où il serait mort.
Il y avait d’ailleurs dans cette ville d’autres membres de sa fa-
& Rev. archéol., loc. cit., p- 22.
@) Cf. deVit, Onomasticon, au mot Costobolae. Ammien adopte la forme Costo-
bolue (XXII, vur, 42); Pline, la forme Costoboci (VI, vir, 1); Capitolin écrit Cos-
toboci (In M. Aur., 22), et on dit Coisstobocensis sur une inscripüon (Or., 510
et 990).
— 125 —
mille, car on lit à côté de son épitaphe celle d’un de ses parents,
déjà copiée par le P. Delattre W.
217
Sur une base en forme d’autel.
Haut. de l'inscription, 0" 60; larg. 0° 40. — Haut, des lettres, 0" 04.
D M S
LS'A LLVSTI
US ACARIL OLRO
gaTVS CORNE
LIANVS -Pius
VIX:AN.
H - S e
D{us) M{aribus) s(acrum). L. Sallustus], C. filfius), Q{(uirina tribu),
Ro[galtus Corn[ellianus, plius] vix(it) an(nis) : .... H{uc) s(itus) [e(st)].
218.
Au même endroit ().
Haut. des lettres, 0” 035.
Edicule à colonnes doriques cannelées
surmonté d’un casque.
DPHOMANERNPTES
CMTVIR RAIN US
VS EN œute ar
[IS mens
diEBVS $ XI
(VRRlIus
75 4P
CAR
D{us) M{anibus) s{acrum). ... Turrius ....us vfixit an(s) ....]1,
[mens(ibus).... dilebus XI. ..... Turrifus ..... us] plater? filio?]
car[issimo].
0) Bev. archéol., loc. cit., p. 22.
® Cf. Rev. archéol., loc. cit,, p. 23.
219.
Haut. de l'inscription, 0" 54; larg. 0° 44. — Haut. des lettres, 0” 03.
Homme, la main droite
sur un autel. Femme.
DACRMACES DAC ANTEAENS
M VETVRIVS A NVORSENLUA
M FIL QVIR SERA SEMMIE
PRIMVS PAUSE AN AIEIE A
PISE Pal VAI KT T
ANNIS ANNIS
HP AS OR E ERROMSAORNE
VETVRII-PRIMVS EI HONO
RATES SP PA BR ERN CTIIOB ENS
ORPI MTS SO MEMEN CRE TR IV UN PET
D{üs) M{anibus) s(acrum). M. Veturius, M. fillius), Quir(ina tribu),
Primus, pius viæit anis... H{ic) s{itus) e(st).
H{ic) s(ita) e(st).
Veturi Primus et Honoratus parentibus optimis fecerunt.
L'âge du père et celui de la mère n’ont jamais été indiqués sur
la pierre. |
AD
Haut. des lettres, o” 05.
stVMA PIAVIXT
ANNIS XVIIII
ss Pofstjuma pia viæit annis X VIII.
ROUTE DE CHEMTOU À TABARCA.
La voie romaine qui conduisait de Simittus à Thabraca est en-
core parfaitement visible, au sortir de Chemtou, pendant 2 kiïlo-
mètres, puis on en perd les traces; mais sa direction devait être
— 195 —
à peu près la même que celle du chemin arabe qui existe aujour-
d'hui entre ces deux points; il en est généralement ainsi un peu
partout, mais surtout en Afrique. D'ailleurs j'ai retrouvé deux
des bornes milliaires de l’ancienne voie sur la route actuelle.
Henchir ed-Dékir.
En suivant cette dernière et à 11,500 mètres de Chemtou, on
rencontre sur la droite une ruine assez vaste qui occupe tout un
mamelon planté d'oliviers et de figuiers d'Inde. Au milieu se
trouve une source d’une limpidité remarquable: l’eau s’amasse dans
un bassin voüté, de travail romain, en pierres de taille, où l’on
descend par quelques marches; mais il s'est produit à l’intérieur
et au dehors des éboulements qui ne permettent pas de se rendre
compte aujourd'hui de l’architecture du monument.
Le nom ancien de cette ville est inconnu; les indigènes ont
appelé les ruines qui en restent Henchir ed-Dekir. Tous les édi-
fices antiques ont été détruits et les pierres employées dans les
murs des jardins arabes; j'y ai copié trois inscriptions qui font re-
gretter de n’en avoir pu trouver d’autres :
221.
Sur une base de 1 mètre de hauteur, large de 45 centimètres.
Haut. des lettres, 0” 05.
PNNITÉMOMAERCM
CA SACRVM
PROLS M'EVITE
DVI NES ME
RELI SEVERI «lexan
dri AVG ET IVLIAE
mamaeuc
AVG GEMELLINVS
RFI AVIS
(Estampage.)
Invicto Herculi sacrum, pro salute Imp(eratoris) Caes{aris) M. Aurelii)
Severi [Aleæandri] Auglusti) et Juliae | Mumaeae] Auglustae), Gremel-
INTER
— 126 —
222.
Sur une base de forme rectangulaire, brisée en plusieurs mor-
ceaux; l'inscription occupait trois des faces de la base, commencait
sur la face a, puis se continuait sur la face b, à droite, et finissait
sur la face €, à gauche.
La largeur de chaque face est de 0" 42. — La hauteur de la face a est de 0” 60;
celle de la face b, de 0" 39; celle de la face c, de 0" 70. — La hauteur des
lettres est de 0” 03, — Le monument est aujourd’hui au musée du Louvre.
Face a.
CIVOR AT UNO NE TS" ACTA
Vu DIE CHE MOBIRYES
MAÉ RNOME M UIAMeONCOS
INPAMPANE EC VIT END EST ON OR
ù BONVM FAVS:VM:FELICEM
PLACVITINTEPETSETCONVE
NID S EE CVANIDIANO IE CRIE AN PTS
PVBLICVMoPsERVARE
SIQVISFLAMeneSSEVOLVErit
10 D'D VAN AMIE
PANEETSALEETCII
SIQVISMAGISTER d d
VINIAMPT
doOL'i
Face b.
SIQVISFLAMINIMALEDIXERT
AVTMANVSINIECERITDDX"'
SIMAGISTERQVESTORIIMIe
RAVERITETNONFECERITD2
5 VINIAMPSIINCONCILIVM
PRESENSNONVENERITDNS
SIQVESTORALICVINONN«
NTIAVERITDDXISIN
DEORNINEDECESSerit
A og de
Kace c.
SIQISATVINVINFERENDIERT
ETABALIENAVERITDDDVPLV
SIQUISSILENTIOQVESTOR'S
ALIQVITDONAVERITETNEJ
5 avexlTDDuvPLVM
siQVISDE:PROPINQVISDECES
SERITATMILIARIVMVIETCVI
NVNTIATVRNONIERTDDXII
SIQVISPROPATREE
15 MÉRAMRAE DRIONSIONCNP TIME Dur
OSOCne:mdDKXVIEMQVi
PROPINOVSDECESSsERIT
DDXIIIIQVESTOR
MAIORIBVSATFE
15 DOME NT S EN
T TN
(Estampage.)
Colonne a.
En tête de ce règlement se lisent ces mois :
1. Curia Jovis, acta V k(alendas) decembres, Materno et [A ttico
co(n)s(ulibus).
Du sens qu'il faut attribuer au mot curia dépend l’interpréta-
tion du monument iout entier.
Il faut d’abord remarquer que la ruine appelée Henchir ed-De-
kir ne couvre qu’un mamelon de fort peu d'étendue, où il n'existe
pas de iraces de monuments importants, que cette ruine est per-
due au milieu des montagnes et qu'aucune ville arabe n’ayant été
élevée sur ce point ni même dans le voisinage, les édifices anciens
n'ont pu être détruits comme ailleurs pour fournir des matériaux
destinés à des constructions modernes. La localité antique qui se
trouvait en cet endroit n'a donc jamais été une ville, même de
médiocre importance : c’étail vraisemblablement, un petit bourg,
une réunion de paysans et de cultivateurs (vicus?); c'est ce que
confirme d’ailleurs la seule inscription funéraire relevée dans cet
— 128 —
endroit, que je rapporterai au numéro suivant; où y lit : in agris
meis hos titulos posut. Ù
De plus, la summa honoraria exigée pour les dignitaires et les
amendes imposées aux membres de l'association sont tellement
faibles qu'on ne saurait considérer celle-ci que comme une réu-
nion de petites gens ou une corporation peu importante.
Ces considérations empêchent de donner ici au mot curia le
sens de «sénat municipal ». En effet, si l’on admettait cette inter-
prétation, il faudrait voir dans ce règlement une sorte de loi orga-
nique de la localité, explication que les détails mêmes du décret et
surtout l'exiguité des sommes honoratres ne rendent guère acceptable.
Nous connaissons le taux de quelques sommes honoraires exi-
gées en Afrique, non seulement dans de grandes villes, mais même
dans de petites municipalités, dans des pagi, dans des vici : elles
s'y élèvent au moins à 2,000 sesterces pour le flamonium. On était
loin de demander un pareil sacrifice à l’'Henchir ed-Dekir ).
Encore moins faut-il prendre le mot curia dans le sens de « di-
vision électorale ».
Nous sommes ici (c'est l'avis de M. Mommsen, qui a bien voulu
m'éclairer sur ce point) en présence d’un collège funéraire, sans
doute un colleqium Jovis, siégeant dans quelque petit vicus voisin
de Simittus et de Bulla Regia. On sait que ces sortes d'associa-
tions se mettaienL sous la protection d’une ou plusieurs divinités
dont elles prenaient le nom ©).
Curia désigne la salle de délibération des socü, comme dans
une inscription déjà connue ().
On a donc commencé par indiquer, en tête du règlement, le
lieu où la réunion avait eu lieu et la date de cette réunion, ainsi
que l’on a coutume de faire pour des actes de cette espèce.
Le consulat de M. Cornelius, M. £., Nigrinius Curiatius Mater-
nus et de Ti. Claudius Bradua Atticus est de l’année 185, sous le
règne de Commode.
L’orthographe natale, et non natali, à l'ablatif, est la plus usitée(#.
(4) NH en était ainsi dans le Pagus Medelitanus (C. I. L., vx, 885) et à Vere-
cunda, qui était un vicus (Ibid., 4202).
@) Cf. Mommsen, De Collequs et Sodalicüs, p. 92 et suiv.
® CI. L.,v, 5447. Q{uaestor) collegii) centonarior(um) anni quo curia dedicata est.
@ Cf. C. I. L., u1, p. 919, et Wilmanns, 952, ligne 22 : II Idus febrar(ias),
natale Domitiae.
— 129 —
2. Quot bonum, faustum, felicem placuit interest et convenit se-
cundum decretam publicam [ojb[se]rvare.
Dans le mot interest, l'ordre des deux dernières lettres a été in-
terverti par le graveur.
Cette phrase contient une formule bien connuel), mais qui est
ici singulièrement défigurée par l'ignorance du rédacteur.
Les premiers paragraphes de la loi règlent la summa honoraria
que doivent payer les dignitaires :
3. Si quis flamen esse voluerit d{are) d{ebebit) ®) vini amp(horas) tres
ei praeterea ? pane(m) et sale(m) , et cifbaria] (®).
Le flamine, c’est-à-dire le prêtre chargé du culte dans le collège,
devait payer la plus forte somme honoraire : on lui demande trois
amphores de vin, du pain, du sel et des rations de vivres.
On remarquera que cette summa honoraria est exigée en nature :
on retrouve des dispositions analogues dans les lois des collèges
funéraires que nous avons conservées (); ces objets sont destinés à
servir aux repas de corps et aux distributions faites aux membres
des curies à l’occasion de certaines solennités.
La quantité de vin que le flamine doit donner est parfaitement
définie : elle est de trois amphores, c'est-à-dire, d'après Dureau de
la Malle ©), qui évalue la capacité de l’amphore à 26 litres 012295,
de 78 litres 036885. Celle des autres objets qu'on exige de lui
est moins nettement déterminée.
k. Si quis magister... [d{are) d{ebebit)] vini amp(horas) Il...
Le magister payait également une somme honoraire en nature.
Ici la pierre est brisée et l'on peut se demander quelles étaient
() Cic., De Divin., I, xLV, 102 : «Quae (omina) majores nostri quia valere
censebant, idcirco omnibus rebus agendis : Quod bonum, faustum, felix fortu-
natumque esset praefabantur. »
4) Les sigles D D qui se lisent à chaque instant dans ce décret ne pouvant pas
s'expliquer ici par d{ecreto) d(ecurionum), on pourrait songer à d{ono) d{abit) ; mais
cette formule, qui convient pour les sommes honoraires, ne se comprendrait pas
lorsqu'il s’agit d'amendes. I en est de même de d{abit), d{onabit}. Dare debebit est
une formule usitée en pareïlle circonstance; cf. la loi du collège de Diane et d’An-
tinoüs (Wilmanns, 319), 1. 60, 64, etc.
&) Ces restitutions sont de M. Mommsen, qui admet la faute sale(m).
CF. la loi du collège de Diane et d'Antinoüs ( Wilmanns, 319),1.19, 59,71.
(5) Economie politique des Romains , t. 1, p. 444.
MISS. SCIENT. — XI. ÿ
LMVNIUPIUE NATIONALE,
un
les dispositions contenues dans cette partie de l'inscription. I ne
faut sans doute pas chercher la sunvma honoraria que devait payer
le questeur, car la questure d'ordinaire n’est pas un honneur, mais
une charge, et comme telle ne devait pas être soumise à une taxe.
Peut-être y avait-il la mention d’une somme que chaque membre
aurait été tenu de verser, d'une cotisation soit annuelle, soit men-
suelle, ainsi que cela se passe pour les collèges dont les lois nous
sont connues (1).
5. ... [d{are)] d(ebebit) denarios II...
Peut-être ce paragraphe doit-il être rapporté également au ma-
gister.
La première colonne n’a pas perdu plus de deux ou trois lignes,
puisque celle qui était gravée sur la face gauche du monument et
qui est complète n’est guère plus longue.
Colonne b.
Au début de la deuxième colonne sont relatés les droits et les
devoirs des dignitaires, ainsi que les amendes qu'entraine pour
eux l'oubli de ces devoirs, pour les autres la violation de ces droits :
1. St quis flamini maledixerit, aut manus injecerit d{are), d(ebebit)
denarios 1[1] où I[I11.
Le flamine, étant le personnage sacré de la société, devait être
à l'abri de toute violence comme de toute injure.
La somme de 2 deniers équivaut à 1 fr. 55; celle de 3 deniers
a 2)ir 30 6
H n’est pas question des devoirs du flamine, auxquels sans doute
on ne veut pas supposer qu'il puisse manquer.
2. Si magister qu{a)estori im[pelraverit et (quaestor) non fecerit,
d{are) d(ebebit) vini amp(horam).
Le questeur doit obéir aux ordres du magister, sans quoi il paye
une amende d'une amphore de vin, ce qui représente une somme
d'argent relativement assez forte.
U) Cf. la loi du collège de Diane et .d'Antinoüs {Wilmanns, 319), 1. 28 et
suiv. ;
®) Dureau de la Malle, Économue politique des Romains , t. 1, p. 448.
— 131 —
3. Si in concilium pr(a)esens non venerit, d{are) d{ebebit) c(on-
gium ?).
Le sujet du mot veneri me semble être magister. En effet, cette
partie de l'inscription est divisée en trois paragraphes, et le nom
du magistrat placé en tête de chacun d'eux doit s'appliquer à tout
le reste du paragraphe. Si donc le sujet de venerit n'était pas ma-
gister, mais quaeslor, ce mot ne serait pas répété au début de la
phrase suivante.
Quand le magister, pour une raison quelconque, est absent du
bourg, il est naturellement exempt de toute amende. C'est l’indiffé-
rence seule qui est punieU).
4. Si qu{a)estor alicui non n[ufntiaverit, d{are) d{ebebit) denarium.
L'expression nuntiare ne semble pas ici, d'après le contexte,
avoir le sens technique que nous établirons plus loin : il signifie
plutôt convoquer quelqu'un des membres de la société aux déli-
bérations du collège.
5. Si... de ordine decess[erit]. ..
Le mot qui suit si commence par un À, un N ou un M. Peut-
être faut-il suppléer magister], bien que ce substantif soit un peu
long pour la place dont on dispose jusqu'à la fin de 1a ligne.
Quant au terme ordo, il ne signifie pas, comme dans les in-
scriptions municipales « conseil des décurions ». Dans un collège,
il a le sens de «ensemble des membres du collège». C'est ainsi
que sur l'album que nous possédons du collège des Lenunculari
tabular auxiliares, à Ostie ), on lit en tête : Ordo corporatorum le-
nuncularior(um) tabulariorum auxiliares(ium) Ostiensium; puis vien-
nent plusieurs listes : 1° celle des patrons; 2° celle des magistrats;
3° celle de la plebs (9. De même, à la fin de la Lex collegü d'Escu-
lape et d'Hygie, il est dit : Hoc decretum ordini n(ostro) placuit in
conventu pleno 4, On pourrait multiplier les exemples à l'appui de
ce fait. C'est cet ordo qui a voté le décret public dont il est ques-
tion à la septième ligne de la première colonne.
0) C£., à propos de l'indifférence du magister, Wilmanns, 321. L
2) Orelli, 4054.
9) Cf. un autre album semblable, (Orelli, 4104.)
%) Wilmanns, 320, 1. 66.
— 132 —
La suite de ces dispositions est perdue, et, malgré toutes mes
recherches, malgré les offres que j'ai faites aux Arabes pour les
engager à rechercher Îles morceaux brisés de la pierre, je n'ai pu
arriver à rien retrouver.
Colonne c.
Cette colonne débute par deux règlements qui sont destinés à
sauvegarder la fortune de l'association :
Si quis at vinu(m) inferend{um) ierit et abalienaverit, d(are) d(e-
bebit) duplu(m).
Il s’agit évidemment ici du vin dû comme amende ou comme
summa honoraria. Pour trouver le sens du mot inferre, il faut se rap-
peler que lorsqu'il s’agit d'argent, arcae inferre, aerario inferre, ou
même inferre simplement, signifient : « verser à la caisse, payer (D ».
Or le vin était sans doute déposé dans un endroit convenu en at-
tendant qu'il fût consommé pour les repas ou les distributions :
inferre signifierait ici, par analogie avec l'expression arcae inferre,
porter dans cet endroit, verser, payer.
2. Si quis silentio qu(a)estoris aliquit donaverit et ne[gavelrit, d(are)
d{ebebit) duplum.
M. Mommsen pense que silentio doit être interprété ici dans le
sens de pro silentio, silent causa. La phrase signifierait donc :
Lorsqu'un membre, qui n'aura pas payé sa cotisation, aura donné
quelque chose au questeur pour acheter son silence et niera sa
dette, il payera une amende du double.
Viennent ensuite les dispositions relatives aux funérailles des
membres du collège :
3. [S]: quis de propinquis decesserit at nulliarum sextum, et cui
nuntiatur non terit, d(are) d(ebebit) denarios duos.
Pour bien comprendre ce règlement, il faut se reporter à la loi
du collège de Diane et d’Antinoüs. H y est dit) : Lorsqu'un asso-
() Loi du collège d'Esculape et d'Hygie (Wilmanns, 320), 1. 65 : auti, poenae
nomme , arkae n(ostrae) inferant HS XX m.n.» Plin., Ep., Il, xx, 20 : a septingenta
millia aerario inferenda.» — Panegyr., xxxix, 6.
® Wilmanns, 3:19, 1. 37 et suiv.
— 1335 —
cié est mort à une distance de Lanuvium qui ne dépasse pas
20 milles, et qu'il en a été fait part (et nuntiatum erit), trois
membres du collège doivent partir aussitôt pour présider aux ob-
sèques et en couvrir les frais. Mais, si le confrère est mort à une
distance de plus de 20 milles et qu'on n'ait pas pu en faire part
(et nuntiari non potuit), celui qui a fourni l'argent pour l’enterrer
peut se faire rembourser ensuite par la société moyennant cer-
taines conditions.
L'article du règlement de l'Henchir ed-Dekir que je viens de
transcrire est analogue : quand un membre de la société mourait
à une distance de 6 milles au plus, on devait en faire part à sa
famille, et un ou plusieurs des parents étaient tenus de partir
pour assister aux obsèques du défunt; autrement ils étaient frap-
pés d’une amende.
Ainsi la société veillait à ce que les funérailles de ses membres
fussent faites convenablement: il était tout naturel de choisir
parmi les parents du mort un ou plusieurs associés chargés d’y
veiller, non pas comme parents, mais comme représentants de la
société.
h. Si quis pro patre et matre, pro socrum |prlo socra[m, d{are)]|
d(ebebit) denarios quinque.
5. Itjem (si) qu{is] propinqu(u})s deces(s]erit, d(are) d(ebebit) dena-
rios quatuor.
La concision de ces deux phrases nuit à la clarté du sens. On
comprend pourtant qu'elles contiennent des dispositions relatives
encore aux funérailles : l'amende était plus forte quand le délit
était commis envers le père, la mère, le beau-père et la belle-
mére, que lorsqu'il s'agissait seulement d’un propinquus.
De plus, nous avons vu dans le paragraphe précédent (col. c 3)
que celui qui n’assistait pas à l'enterrement d'un parent (propin-
quus) mort à 6 milles au plus était frappé d’une amende de
2 deniers. Ici l'amende est double. Le cas est donc plus grave.
Il semble qu'il faille expliquer ainsi ces deux paragraphes : Si
le père, la mère, le beau-père, la belle-mère sont morts à une dis-
tance moindre que la distance précédemment fixée, que l’on ait
rempli les formalités voulues et que le fils ou le beau-fils n'ait
pas assisté aux obsèques, il devra payer 5 deniers. Si le défunt
— 134 —
est un parent moins proche, toutes les autres conditions restant les
mêmes, l'amende n’est plus que de 4 deniers.
6. Quaestor. .. majoribus atfe...
Malgré le peu de lettres qui manquent, il est difficile de saisir
exactement la portée de ce paragraphe.
La ligne suivante renfermait peut-être des noms propres, ceux
des témoins (dignitaires-ou simples membres de la société) qui
avaient mis leur signature en bas du décret, ainsi qu'il élait
d'usage de le faire en pareille circonstance.
223 0
Sur un beau cippe en forme d’autel.
En tête du monument, on voit une femme couchée; sur le côté
gauche, un homme appuyé sur une haste.
Haut. de l'inscription, 0” 62; larg. 0” 52. — Haut. des lettres, 0” o4.
Les lettres gravées sur la plinthe sont hantes de 0°” 02.
D M S
C:MESSIVSÉEE Ex
eT MEMORIAe
RAIN PEMDNERREN AV ENT
IIEXIIRI VZZO
IIVm MONVmEN
SENVANTMEM EMI OEM IEVTIE
1AÂE SILICIAE VXOR:
MEAE IN AGRIS
NEPSHOSHAVLOS
POSVI ANNVM
AGENS L'IX - PE VS VI
XIT ANNISIZZYVHN
Sur la plinthe :
DEDICAT -XI:KAL:DEC:MESSALA ET SABINO Cos
IVLIA SILICIA PIA VIXIT ANNIS 77777
(Estampage.)
(W) Cf. Académie d'Hippone, séance du 17 juin 1882, où cette inscription a été
communiquée par M. le capitaine Vincent,
— 135 —
Dis) M{anibus) s{acrum). C. Messius F[elix e]t memoria[e], in (a)eternum
Bb u]m] monu[mlentum, mihi et Julfi]ae Siliciae uxorli) meae
in agris meis hos htulos posui annum agens L..IX; plilus wxit an-
nis L..XXII. — Dedicat(um) XI kallendus) dec(embres), Messala et
Sabino co(n)s{ulibus). — Julia Silicia pia vixit anmis...
Le nom de GC. Messius Felix est singulièrement placé entre Düs
Manibus sacrum et memoriae; il ne semble pas pourtant, d’après
l'aspect du monument, qu'il ait été ajouté postérieurement. Ge
personnage avait fait préparer son tombeau alors qu'il était vi-
vant; quand lui et sa femme furent morts, leur âge fut inscrit
sur la pierre.
Le consulat de Silius Messala et de C. Octavius Appius Suetrius
Sabinus est de l’année 214.
Henchir Zerour. — Aïn Gaga.
En continuant de suivre le chemin de Chemtou à Tabarca, on
passe au pied d'un henchir appelé Henchir Zerour, où je n’ai ren-
contré que les restes d’une citerne assez vaste; à droite de la route
est une source dite Ain Gaga; j'y ai relevé sur un cippe funéraire
les traces d'une inscription :
224.
Haut. des lettres, 0° 03.
D M s
GGCBATN WU
Er 7/77/7777;
et, ce qui est plus important, le texte d’une borne milliaire; c’est,
on le voit tout de suite, un des milliaires de la route de Simittus à
Thabraca. Je suppose, d’après la distance qui sépare ce point de
Chemtou, d'un côté, et de l'autre, de Fernana, où j'ai retrouvé la
treizième milliaire, qu'il devait porter les numéros VIII ou IX :
— 136 —
229.
Larg. de la colonne, 0” 50. — Haut. des lettres, 0” 05.
ON OS CRAN TU LE
do Era ue An x
RARE PRE ET IC EPA TrEl
CE ONMOOAIONT CN LIEN
CAT NEIL TEL ES AT u 5
hadrianuS AVG
PAOANM TAN MAX
RNB POMIES TER
COIS HN PP
VIAM A SIMITTV
VSQ THABRACAM FEC
bpiaion) Caesar, divi Trajant Parthic(i) filfius), divr Nervae nep(os),
Trajanus Hadrianu]s Aug(ustus), ponuf (ex) max(imus) , trib{unicia) po-
test{ate) XIIT, co(n)s{ul) TT, p{ater) p{atriae \, viam a Simittu ® usq{ue)
Thabracam fec(it).
Cette inscription est de l'année 120.
226.
Au marabout de Sidi-Douidoui, environ à 1 kilomètre du camp
de Fernana, à l’ouest, sur une belle colonne de marbre blanc.
Haut. du cadre de l'inscription, 1° 20; larg. 0 50. — Haut. des lettres, 0” 05.
Copie de M. le capitaine Vincent et de l'auteur.
TON ENT ONONEE
DU TN EN TAN OI
ARE RACINE IAE
DIVI neRVAE NEP
TARA AREN ANUS
HADRIANVS AVG
PONTIFEZ=z Max
MR ROMES EM urr
COS: 1
VIAM A SIMiaitte
u5i} THABRACAmfec.
QÙ NM est donc à peu près certain qu'il faut ajouter P P sur le texte du premier
milliaire tel qu'il a été publié par le Corpus, vuir, 10960. En effet, Hadrien prit
le titre de pater patriae en Vannée 128. (Cf. Oros., vu, 133 Spart., In Hadr., vx,
4; Eckhel, D. N. V., vr, p. 515.) Malheureusement j'ai négligé de vérifier ce
détail sur le monument lui-même.
®) Ma copie porte, sans doute par erreur, à l'avant-dernière ligne SIMITTH;
à la dernière, AD, au lieu de VSQ , que j'ai rétabli.
De
On voit que cette inscription est identique à la précédente; il
est donc possible de suivre jusqu à ce point l’ancienne voie romaine.
À partir de Fernana, le pays devient très accidenté et se couvre
de forêts : il faut, pour continuer sa route, gravir une montagne
élevée par un sentier difficile, puis on redescend l’autre versant
et l'on débouche dans une vallée assez fertile, dominée à gauche
par la colline où est construite la koubba de Sidi-Abdallah. Je
n'ai remarqué dans cette partie du pays aucune trace de la voie
romaine; mais en supposant même qu'elle se confondit avec le
sentier que l'on suit aujourd’hui, ce qui est fort incertain, on
conçoit qu'au milieu d’une forêt toute trace en ait disparu. Tou-
tefois, qu’elle ait suivi celte direction ou ait contourné la mon-
tagne en profitant de petites vallées latérales, il me semble qu’elle
devait passer au pied de la koubba de Sidi-Abdallah; car, au bas
du rocher où s'élève cette koubba, existe une trouée relativement
facile à franchir, communiquant par le col d’Ain-Draham avec
la grande vallée qui se termine à Tabarca : c'était donc pour une
route un tracé presque obligatoire. D’ailleurs il a été trouvé, à
1 kilomètre environ avant d'arriver au pied de la colline cou-
ronnée par la koubba, une borne milliaire dont M. le capitaine
Vincent m'avait signalé l’existence. Jai vérifié sur le monument
l'exactitude de la copie qu'il m'en avait communiquée.
227
Haut. des lettres, 0” 055; celles qu'on lit à droite de l'inscription n’ont que 0" 03.
DD NN
ÉANTIO
À VALERIO
C CONSTAN
D NICE
LICGINI ©
LICINIANO
PTONPIP AVI Er
D(ominis duobus) n{ostris) Flavio Valerio Constantino et Licimo Licimano,
p{er)p{etuis) Aug{ustis ®). (Millia passuum) XVIII.
fi
J'explique p p par perpetuis, Cf, C. I. L., vx, 10246.
— 158 —
La date de ce monument doit être cherchée entre les années 307
et 323, dates extrêmes du règne simultané de Constantin et de
Licinius. Le premier ne portant pas ici le surnom de Maximus,
qui lui fut décerné en 315, il est possible que cette inscription
soit antérieure à cette époque.
On voit, par les lettres qui restent encore à gauche, qu’elle fut
gravée à la place d’une autre dont on n'avait effacé qu’une partie
el qu'il est possible de restituer :
Fortissimo
Pértasnlle pi
IMp.caes
CSA renlio
VIENT TN
diocletiano
PIO fel.inv.
PONt.max.tri
BVnic.potest.
PAPE PIRAO!ETONS
Le nombre de 18 milles, dont la lecture est certaine, ne repré-
sente pas la distance de ce point à Chemtou par Fernana; il y a
en effet entre le marabout de Sidi-Douidoui, où a été trouvée le
treizième milhaire, et l'endroit où est cette colonne 13,500 mètres
environ. C’est donc le chiffre XXII ou le chiffre XXIIT qui convien-
drait ici, si le nombre de milles était compté à partir de Chemtou.
Mais il faut remarquer que le chiffre XVIIT correspond presque
exactement à la distance de la koubba de Sidi-Abdallah à Tabarca.
Après avoir passé le col d’Ain-Draham, si l’on suit le chemin
qui mène à Tabarca par les crèies, c'est-à-dire le sentier arabe,
on rencontre, à 1,500 mètres environ du camp et à gauche de la
route, une pierre très fruste, sur laquelle on peut encore lire :
228.
Haut. des lettres, o” o3,
Copie de M, le capitaine Vincent et de l’auteur.
ÉFLAVIOLCE
JAVDIO CC (sic)
nSTAN
Flavio Claudio Co[n]stantio nob(1lissièmo) C(ae)s(art).
— 135 —
Tabarca.
J'ai eu l'honneur, dans mon dernier rapport, de parler longue-
ment à Votre Excellence des rares monuments qui se voyaient en-
core à Tabarca. Cette année, il a été fait des fouilles sur bien des
points de la ville antique pour l'établissement d'un village euro-
péen au pied du Bordj Djedid, sur le rivage de la mer; parmi
les ruines qui y ont élé mises au jour et les pierres qui ont été sor-
ties de terre pour être employées dans les constructions nouvelles,
on ne peut signaler aucune découverte vraiment intéressante;
j'ai seulement copié sur la colline du bordj cinq inscriptions funé-
raires :
229.
Sur une pierre servant de marche au bureau des renseigne-
ments indigènes.
Haut. de l'inscription, 0° 44 ; larg. 0" 33. — Haut. des lettres, 0° 065.
M PAINNUE
OINES TE
ABARIS F
VTINES V
A LV
M. Antoni(u)s?, Dabaris f (lus), Utine(n}s{s) ? v{iit anis) LV.
Le cognomen Dabaris figure déjà au Corpus).
230.
Au camp de l'artillerie.
Haut. des lettres, 0” 03.
GRANIA:L:F
TERTVLLA
Grama, L. f{iia), Tertulla...:..
0 vtr, 6704.
— 140 —
231.
Au cimetière militaire.
Haut. de l'inscription, 0" 31; larg. 0” 33. — Haut. des lettres, 0” 03.
D M S
C MARIVS IVBA
TVS OCTAVIAnus
PAINVESS VAL ROINUA
NN TS CL UMME NN
VND I EN SÈE
Ds) M{anibus) s{acrum). C. Marius Jubatus Octavia[nus] pius wxit
annis L, men(sibus) VII, dliebus) IIL. H{ic) s(itus) e(st).
232
Sur une pierre servant de seuil au bureau des renseignements
indigènes.
Haut. de l'inscription, 0° 29; larg. 0° 31. — Haut. des lettres, 0" 035.
Les caractères sont très néglisés et effacés en partie.
D M S
MPAPRECIVAS
PR SICNIMS
DIURSONMOVES
EMICISPNIEIVES
ANIS:VIXI
XXXX
Dus) M{anibus) s(acrum). Marcus Pacomus ? (ou Pafs]semius?) Firmus?,
Luci(i) filus, an(n)is wxilt) XXXX.
233.
Cf CI L;,vur, 5202:
Au pied de l'escalier intérieur du bordj, à droite en montant.
Haut. de l'inscription, 0° 286; larg. 0° 23. — Haut. des lettres, 0° 04.
DE PIMRIEUS
SIM TARIGNEXK
MAIOR
PATATE ANIEEA
CV HIS UE
D{us) M{anibus) s(acrum). Sulpicia major pia vfiæit) a(nnis) XCV.
H{sc) sfita) est).
— l4l —
Entre Tabarca et Béja, le pays, fort accidenté et couvert de
forêts, ne renferme pas, m'a:t-on dit, de ruines importantes. Une
seule m'a été signalée : elle s'appelle Henchir ou Kasr Zaga.
Henchir Zaga.
On y voit les restes de quelques constructions sans importance
au milieu desquelles se dresse, sur le point le plus élevé, un chà-
ieau fort qui date de l’époque byzantine (pl. XVIIL). La face du
monument qui regarde le nord-ouest est seule bien conservée :
elle mesure 23 mètres de longueur, elle est percée, au milieu,
d'une porte de 1 m. 50 de largeur, dont la hauteur jusqu’à la
naissance de la voûte est de 3 mètres. Au-dessus de la porte existe
une fenêtre de même largeur, en forme de demi-cercle, haute de
80 centimètres; de chaque côté de la porte et à la même hauteur
à peu près que celle-ci, il y a deux meurtrières. Les murs sont
épais de 1 m. 56. Les autres faces du fort sont en partie écroulées.
J'ai trouvé parmi les pierres qui formaient le montant gauche
de la porte d'entrée l'inscription suivante :
234.
Haut. des lettres, 0" 04; sauf la 2° ligne, dont les lettres mesurent 0° 05.
Celles qui se lisent à gauche ne sont hautes que de 0” o3.
CIRE NT PAC PASS VI AV CRETE TENTE
S' AC
Den COMMODVS
SCRI
AN TON INVS:: AVG:uSARMATI
runc CVS: GERMANICVS:MAXIMVS
LVRIO LVCVLLO ET NOMINE ALIO
RVM PROCVRATORES CONTEM
PAPA UNE DES CPV OLIENSAr NET
(Estampage.)
Imp(erator) Caes{ar) M. Aureli[us] Commodus Antoninus Aug(ustus) Sarma-
ticus Germanicus Maximus Lurio Lucullo et nomine aliorum : Procura-
tores, contemplatione discipulinale] et [instituti mei, etc.]
La partie de ce texte qui est encore intacte n'est autre chose
— 1492 —
que le début d’un décret de Commode dont on a déjà trouvé un
exemplaire en Tunisie et que j'ai eu l’occasion d'étudier ailleurs),
La seule différence à signaler est que sur cet exemplaire le nom de
Commode n'était pas martlelé, tandis qu'il a été martelé sur celui-
ci, et regravé ensuite après la réhabilitation de ce prince). On
est donc tenté de croire que l'inscription lout entière est une ré-
pétition de celle qui a été rencontrée non loin de Souk-el-Khmis,
à l’'Henchir Dakhla.
Cependant parmi les groupes de iettres qui existent encore à
gauche et qui sont un reste de la colonne précédente, il en est
qu'on ne retrouve pas dans l’avant-dernière colonne de la table de
l'Henchir Dakhla, notamment EXI et IVNC, non plus que dans
le reste de l'inscription; il faut donc supposer ou bien que le texte
qui précédait cette répétition du décret de Commode était diffé-
rent de celui qu’on lit dans la table de l’'Henchir Dakhla, ou que
les quelques lettres qui existent encore ici faisaient partie des pas-
sages de cette table qui sont perdus : il n'y aurait rien d'étonnant
à cette dernière hypothèse, car il est évident que dans ce nouvel
exemplaire le rescrit impérial est disposé matériellement autrement
qu'il ne l'était dans le premier.
S'il en est ainsi et que ce monument ne soit que la reproduc-
tion de celui qui était déjà connu, il faut en conclure que l’Hen- -
chir Zaga était compris dans le Saltus Burunitanus. La distance qui
sépare Zaga de l'Henchir Dakhla est environ de 30 kilomètres; ce
saltus aurait donc eu, au moins en longueur, une étendue consi-
dérable, ce qui n’est pas en désaccord avec ce que nous savons des
saltus africains ().
Autrement il faudrait supposer que le fait qui avait motivé l'en-
voi d’un rescrit impérial aux colons du Saltus Burunütanus s'était
aussi produit à l’'Henchir Zaga, c'estàa-dire que les conductores
avaient usé de malversations envers les colons, que ceux-ci en
avaient référé à l'empereur comme leurs voisins et que le rescrit
envoyé aux premiers, où le nom du saltus n'est d’ailleurs pas pro-
noncé, s’appliquait aussi aux seconds; cette supposition, bien que
(0) La table de Souk-el-Khmis (Rev. arch., février et mars 1881).
® On distingue encore les traces de la première gravure.
® Frontin (Gromat. Veler., éd. Lachmann, p. 53) «...in Africa, ubi saltus
non minores habent privati quam respublicae territoria; quin immo, multi sal-
tus longe majores sunt territornis. »
— 143 —
moins vraisemblable que la première, n’est pourtant pas inadmis-
sible.
On peut seulement affirmer, en présence de ce monument,
que l’'Henchir Zaga faisait partie d’un saltus impérial compris dans
le Tractus Karthaginiensis (QE
J'ai remarqué aussi une croix grêle tracée par une main inha-
bile sur une pierre du fort, intérieurement.
Dans le même henchir, on voit des chambres funéraires creu-
sées dans le roc (pl. XIX). Les deux plus grandes de celles qui
figurent sur ma photographie ont 1m. 42 de hauteur sur 1 m. 70
de largeur et 1 m. 58 de profondeur : l'ouverture est haute de
66 centimètres et large de 58; elle regarde l’est.
Aïlleurs il n'y a qu’une seule chambre, mais les dimensions
n’en sont pas très différentes. Ces tombeaux sont taillés au ciseau
dans le rocher avec une grande régularité, et leur porte est en-
tourée d’un cadre où s’engageait sans doute une dalle destinée à
fermer l'ouverture du caveau.
J'ai eu l’occasion de constater la présence de semblables itom-
beaux sur la route de l'Henchir Zaga à Aïn-Draham, à l'endroit
appelé Souk-el-Tnine (le marché du lundi); la montagne située
au nord du chêne-liège autour duquel se tient le marché en con-
tient une grande quantité : les chambres ont à peu près les mêmes
dimensions que celles dont j'ai déjà parlé; la plus élevée que j'aie
encontrée mesure 1 m. 60 de hauteur; elles ne sont pas toutes
orientées. On m'a assuré qu'il y en avait de pareilles du côté de
Fernana, et M. le capitaine Vincent a remarqué des tombeaux de
cette espèce dans les environs de Béja ©).
Tels sont les différents monuments que j'ai eu l’occasion de
voir et d'étudier dans les deux parties de mon voyage. J'ai pu re-
cueillir de plus, soit par moi-même, soit grâce à l’amabilité de
quelques personnes, des documents venant de divers points de la
régence; je les réunirai ici.
1 On sait que le décret de Commode fut transmis aux intéressés par l'inter-
médiaire du procurator tractus Karthaginiensis. Cf. la table de Souk-el-Khmis,
III, 10 et suiv,
@) Bullelin de l'Académie d'Hippone, n° 17, p. 98. Cf. aussi Guérin, Voyage arch.,
I, p. 36.
Borne milliaire servant de seuil à l'entrée du fort de Fifi, in-
térieurement.
Haut. des lettres, 0" 06.
d' ML Lm pie COuLS
TANTiInO l'ax
INVIctO AVG pon
1IFIc:mAXImo
AR DE DO CTP
III
D(omino) n(ostro) Impleraitori) Consltantlinlo Mlaxlimo) Invilctlo Au-
P
g(usto), [pon]tfi[e: mlaxi[mo], tri[b{unicia) pot{estate)], co(n)s{uli). (Millia
passuum) III. :
On a trouvé plusieurs bornes milliaires au nom de Constantin
sur la route de Carthage à Thévestel).
236.
Au musée de Tunis (?. Sur un beau cippe funéraire en formé
d'autel, orné de sculptures assez soignées, mais mutilées comme
l'inscription elle-même. Provenance inconnue.
Haut. des lettres : 1° ligne, 0° o4; 2° et suiv. 0” 03.
BI V SELLE IZOB BORTLTL. Pal
ESTAPIGENEROSAE.S PIOré
et SIBI CVM SIN
VM
(Estampage.)
....-tius Felix Zobboru f{illius) . . . Mlilesiue ? Generosae soro[r:
a UE ARS A EE 12 et] stbi, cum. ....
®) C. I L., vnx, 10050, à Tunis; ibid. , 10060, à Crich-el-Oued; ibid. , 10064,
à Sidi-Median; et peut-être ibid, 10069, à Testour.
® S. À. le Bey a bien voulu donner à la France, cette année, un certain
— 145 —
DO:
CF. Tissot, Bassin du Bagrada, p. 95, et C. I. L., vx, 1056.
Au musée de Tunis. Sur une grande pierre provenant de
l'Henchir Sriou.
Haut. des lettres : 1° ligne, 0" 06; 2° et 5° lignes, 0" 055.
IMP:CAES M AVRELI SEVERI ALEXANDri aug. et iuliae mamaeae matris aug.
ET SENATVS ET P atRIAE l#IIX\%#S ON
ET M CAECILIO MANII ZI SIIIZP FILIO IN V-Q_
(Estampage.)
[Pro salute?] Imp(eratoris) Caes{aris) M. Aureli(:) Severi Alexand[rr Au-
[cum........] et M. Caeciho Mauho?..... Jilio IT vliro) q(uinquen-
111 10) RER
Le mot Alexandri semble plutôt avoir été usé par le temps que
martelé à dessein.
Utique ou Carthage.
Dans la collection d’antiquités de M. le capitaine Faurax, j'ai
relevé trois fragments d'inscriptions qui ont été trouvés à Utique
ou à Carthage.
238.
A.
Haut. des lettres, 0! o3,
16 SEM EMI
ÉDEL
nombre de pierres antiques ayant appartenu autrefois au fils du Khasnadar; elles
sont actuellement déposées dans le jardin de la Résidence de France, en atten-
dant l’organisation du musée où elles prendront place. Toutes les inscriptions
ont été signalées au Corpus (1141, 1142, 1143, 1144, 1146, 1148, 1156,
1163), à l'exception d'une seule que je rapporte ici.
MISS, SCIENT, —— XI, 10
LNVRIMENTZ NATIONALE:
— 116 —
B.
Haut. des lettres, 0” 05.
FNTII
G.
Haut. des lettres : 1" ligne, o" 02; les autres, 06" 0615.
DIS man sacr
PISE
Q
Carthage.
À Souse, dans la collection de M. À. Gandolfe, j'ai copié l'in-
scription suivante, qui avait été apportée de Carthage (1) :
239.
Plaque de marbre blanc.
Haut. 0° 25; larg. 0” 50.
Haut. des lettres : 1" ligne, 0" 03; les autres, 0" 025.
D'ÉNNI SE
C:HOSIDIVS-OPTATVS
PAS NAS ANIN ITS
XXVII:M-X-DIEB:VII
RTS POS TRE TUE
Düs) M{anibus) s(acrum). C. Hosidius Optatus pius viæit annis XXVIT,
m{ensibus) X, dieb(us) VIT. H{ic) s{itus) e(st).
Rades.
Les travaux faits cette année pour tracer le chemin de fer de
Tunis à Hamman-Lif ont amené la découverte de plusieurs objets
antiques, notamment de deux fragments de statue et d’une belle
inscription :
240.
Sur une grande plaque de marbre blanc; actuellement au,mu-
sée de Saint-Louis de Carthage.
9 CF Bulletin épigr. de la Gaule (mai-juin 1882).
— 147 —
D'un côté on lit, en caractères de 10 centimètres de hauteur :
SABINAE
AVG
[MP -HADRIAN
AVG
La pierre a été ensuite retournée pour être utilisée de nouveau
et sur l’autre face du marbre on a gravé, en lettres de 75 milli-
mètres de hauteur ;
COS »xPx AY IN»xAMATORI OR.
DINAN EOMENNIPSPNAIPAE (sic)
OBNMEPSN ER GANSE IMERNTX
VINIMVERSVSNOBSEOMENtS
GPS RON DIO CMP ASRNVAL
Cette inscription a été publiée cette année par le P. Delatire
dans le Bulletin critique (), avec un commentaire de M. Héron de
Villefosse; ce dernier a émis l’idée qu'il était possible peut-être de
distinguer à la première ligne les traces du nom qui y figurait
primitivement : il n’en est rien. Ce qui est certain, c’est que l’on
voit encore la courbe de l’o qui terminait le mot pro, à la fin de
cette ligne, et qu'aux deux tiers environ de la longueur de cette
même ligne il y a une partie de la surface primitive du marbre
qui n'a pas été martelée, parce qu'elle ne portait aucun caractère.
C'est de Radès que semblent provenir évalement les deux frag-
ments suivants d'inscriptions chrétiennes. Ils m'ont été présentés
par des Arabes qui leur assignaient cette origine.
241,
A.
Haut. des lettres, 0” 04.
DONat
FIDEUis
Donat...] fide[lis in pace vixil ann...
(1) 1882, p. 34.
10,
— 118 —
B.
Haut. des lettres, o” 05.
ARTE
FADE CS ANAPAICE
Arte. ... fidel[is] in pace [uixit ann. .…
Enfin on a trouvé, pendant que j'étais absent de Tunis, dans
les environs de Radès, entre cette ville et Hammam-lif, une
borne sur laquelle, m’a-t-on dit, était gravé le mot Thunes. Elle a été
enlevée presque aussitôt, sans qu'aucune copie de l'inscription en
ait été prise. Il est souhaitable que celui qui a acheté ce monument
et l’a emporté en fasse au moins profiter la science.
242.
Trouvée à l’'Henchir el-Kedim (13 kilomètres à l’est du Kef).
Copie de MM. Roy et Grébus.
DEO SOLi
HONORI ET
VAR TE
PRO SALVTE
Deo Sol, Honori et Virtuti, pro salute [[mp.. .
243.
Trouvée du côté d'Ellez. (Communication de M. Roy, d’après une
copie qu'il en avait recue.)
DDDDNNNNDIOCLetiano et maximiano invictis augg. el conslantio et galerio maæimiano nobb
CLESCCVASOLO
T CNVMID
4) Cf, une mscription analogue C. Î. L., vnr, 1626,
— 149 —
244.
Trouvée dans une ruine, à 10 kilomètres de Testour, sur la
route de Bou-Geliba (sans doute à l’'Henchir Dermoulia). (Com-
munication de M. Roy, d’après une copie qu'il en avait recue.)
XAVGIPMRNI
SPASIANO
ANAGHPPAMIENNE
PROVINCIALE
NOVAREIVET
DAERI GIE
Sous cetle copie très imparfaite on reconnaît l'inscription sui-
vante, qui est du plus haut intérêt pour la géographie de l'Afrique
. romaine :
eX AVCTORDTATE :MP
c'aes 20 SUP ASIA NI
PNR CPS RER PIPEN ETS
P'RCONEIRNE 4e AE Re
NONEAENRSESS EVE
P'ÉRAENGILE
[EÏx anct{o]ritate [1]mp(eratoris) [Caes{aris Velspasiant Aug(usti| p{atris)
platriae), fine[s) provinci[ae] Afr(icae) Novale] refsti]tuti per L. ou
PCIe EN
On remarquera qu'il n’y a aucune date contenue dans cette in-
scription; peut-être y a-t1l eu une ligne omise dans la copie qui
m'a été donnée, et le mot AVG étaitil suivi de l’indication des
puissances tribunitiennes et des autres titres de Vespasien.
À la ligne 4, on s’attendrait à trouver PROV : AFRICAE plu-
tôt que PROVINCIAE AFR.
Enfin M. Roy a eu la grande amabilité de me communiquer les
inscriptions suivantes, dont il s'élait procuré les estampages. Jai
vérifié le texte de ces documents sur les estampages mêmes.
— 150 —
245.
Dans une hutte arabe, à Koudiat-el-Khil (Ouled Ayar).
Haut, des lettres, 0” 045.
DDNNIJT fuiC CONSTANT
IOIl1GALIIIOMAX:MI
A N o NOBILISSIMISCAES
ARIBVS AV GG
III
D(ominis) n(ostris duobus) Flafvi]o Constantio et Galerio Maxi ]mian{o]
nobihssimis Cuesaribus Aug(ustis). (Millia passuum) III.
26.
Sur le haut du Djebel el-Mezarègue :
Haut. du cadre de l'inscription, 0” 60 ; larg. 0" 4o. — Haut. des lettres, 07 09.
IOVI
OPTIMO MA
XIMOCAPII
MUSEINVS'SAIV
VSIRE CIE
Jovi Optimo Maximo Capit(olino) M. Serus salvus fecit.
PATTIE
Près de la fontaine de Zouarin, à 2 ou 3 kilomèétres au N. N.E.
d'Ebba, dans le mur d'une maison arabe appartenant au cheik
Settaïa. Le monument n’affecte pas, paraît-il, la forme d’une co-
lonne mulliaire. I est intact :
Haut. des lettres, 0” 06.
CHAELLEINSES
N'VMNSTADAANE
BE CIOCNCIEINNIRERS
Chellenses Numidae. P{assus) CCCCXLIIT.
Ce monument est des plus importants pour la géographie his-
torique de l'Afrique, puisqu'il nous apprend, d’une façon approxi-
— 151 —
mative, il est vrai, l'emplacement de la ville de Cülla, aux environs
de laquelle se livra, suivant Appien 0), la bataille dite de Zama.
L'emploi du ch au lieu de c dans le mot Chellenses est à si-
gnaler. On retrouve un fait identique dans l'inscription suivante :
246.
À Djezza, chez les Ouled-Yacoub (20 kilomètres environ au sud
du Kef).
Long. de la pierre, 4" 50. — Haut. des lettres : 1° 1. 0" 07; 2°1. 0” 06.
GENIO COLONIAE IVLIAE VENERIAE CHIRTAE NOVAE qui
AVBV z ZA? CONSISTVNT PAGANICVM PECVNIA? SVA?A ‘olo resti{VERunt
Gemo Coloniae Juliae Vencriae Chirtae Novae. . ....... qui Aubu[z]|za
consistunt paqanicum pecunia SUQ à s[olo resh |tuer[unt].
Cette inscription nous apprend que l’Henchir Djezza portait au-
irefois le nom d’Aubuzza; on peut en conclure aussi sans témérité
que c'était un pagus dépendant de Sicca, puisque le monument
est dédié au génie de cette colonie®). Le mot paganicum désigne
ici sans doute la salle de réunion où les pagani s ’assemblaient pour
leurs délibérations.
Le début de la première ligne paraît martelé, mais non pas
assez pourtant pour que les lettres ne soient plus lisibles.
«*
249.
À Zaouiet-et-Gaïa (1 kilomètre au nord de la kasbah du Kef).
Haut. des lettres, 002.
NVMIDARVM PRIMA MVLIERVM
PLANCINA GENERE REGIO
BONA MATER BONA CONIVNX
HIC SVM SEPVLTA MVLTIS
| ACRIMIS MEORVM AMARIS
mATRONA HONESTA PRAETER ALIAS FEMINAs
HIC SVM SEPVLTA EXORTA GENERE REGIO
TER DENOS ANNOS ET TER TERNOS FVNCTA CVR «
BONARVM I EAZARZZO/AN NIV SAN]
® Pun., xt. Mdlus d éyyds ÿv KÜ&, nai ap’ aÿriy A0@os ebQuis és oTparo-
nedEiay, 4. T. À.
® On sait que Siccu Veneria est appelée Cirta Nova dans certaines inscriptions.
C. L L., vu, 1632 et 1648. Cf. Val, Max., Il, vi, 15; Plin., EL. N., V, x, 22.
ri 52 —
Nunudarum prima mulierum ,
Plancina, genere rego,
Bona mater, bona conjunx,
Hic sum sepulta mults
[LJacrimis meorum amaris ;
[Matrona honesta praeter alias Jemindfs]
Hic sum sepulta exorta qenere reqio ;
Ter denos annos et ter ternos functa cur|a]
Bonarum fe[mjin[arjum?.........
Les deux premières lignes forment chacune un dimètre iam-
bique acatalectique ; la troisième, un ioniqué mineur; la quatrième
et la cinquième sont des dimètres catalectiques; la sixième et la
septième, des trimètres acatalectiques; la huitième forme un iri-
mètre hypercatalectique.
Le ton de fierté qui perce dans cette épitaphe est aussi remar-
quable que la variété des rythmes employés.
250.
‘Au même éndroit.
Haut. des lettres, 07 645:
D m S
ILOIS OZ NIZAI
MIE? APTE
O viæ anNIS
LXIII
MARQUES DE FABRIQ UE.
PLATS, VASES.
Île
Sur un fragment de poterie grossière, en caractères cursifs.
L'original est en ce moment entre mes mains.
2°
Sur-un fond de poterie rouge dans un cartouche en forme de
pied-droit. L'original est en ce moment entre mes mains.
QYSER :
LAMPES.:
Musée du Kef.
Sur des fonds de lampe sans sujets figurés ou brisées,
CLO
[C.] Clo(dii) [Suc(cessi)] ? 0
@) Cf, C. L L; Vir, 104 78, 6 et 7; Bull. épigr. de la Gaule, &. 1, p. 110.
A,
INAIIE ASIN
Julian.
5
EXN0EF FRIC
NVND:
NARI
Ex offic{ina) N. und[ ]nari(r).
6.
CGROPPINRIES
C. Oppii) Res(tituti) ".
Le
/.
EX OFICINA
S APIDI
Ex of(f)icina Sapidr.
Collection de M. Roy, au Kef.
8.
€ POMPO
C. Pompo(nu).
9.
L MVN SVC
L. Mun(atu) Suc(cessi) ©).
(M Cf. C. I. L., vurr, 10478, 32, et mon rapport de lan dernier, p. 102 et
SUV.
@) GF,.C. L L.;Wur, 10478, 26.
— 155 —
Collection de M. A. Gandolfe. à Souse.
10.
Marque de fabrique :
COPPIRES
C. Oppit) Res(titutr).
LI.
Tête barbue.
Marque de fabrique :
MNOVIVSTi
M. Nov(i) Jusifi].
12.
Chien au pas, à droite.
Marque de fabrique :
MNOVIVST:
M. Novlu) Just[}.
13.
Lièvre courant à gauche, à droite un épi.
Marque de fabrique :
MNOVIVSTI
M. Novli) Justi.
14.
Animal courant à droite.
Marque de fabrique :
RZO SN S
W Cf CL L., vu, 10478, 30.
15.
Cupidon courant à droite.
Marque de fabrique :
| R &
Tunis. — Collection de M. Lebois, vétérinaire militaire.
16.
Aigle tournant la tête à gauche.
Marque de fabrique :
CAPRARI
Caprari(r).
174
Même sujet.
Marque de fabrique :
EXNOFI
PSOIRNE
NSI
Ex of{f)icina L. Hortensi(r).
18.
Femme à cheval sur un cerf à droite.
Marque de fabrique :
EX OF:
VINDI
GIS
Ex of{f)[:]{cuna) Vindicus.
Veuillez agréer, etc. :
R. Cacnar.
Septembre 1852.
0) GE. C. LT L., vnr, 10478, 6;
/eliog. Dujardin.
eliog. Dujardin
Mi
LE. :
4
LT, \ FR
L “
ET ZA
* J D
) ’ . ï «
? |
4 s >
L dl w
> sr de
0 L 1 NY
À S$ y »
{ =
:
»
»
0 .
+ ;
hé. Ar
Héliog. Dujardin.
0772727772 Bora]
4
: x
@
ECS ce
= SES
G. ‘
PL XVII,
[leliog, Dujardin
amp 60e
ri he À
PURE
=
Teliog. Puyardin.
k
On tr LAN |
15419
À VAI
ñ 1 x CEA
Vie At Le
RS SL LR DSL ECOUTER TT ESS RAT de da A Mate
v # ra ar $ \ 1 1e
à NN
| Y 4
4
La
1H. Oudena
L / NTHINA
7
#1
LA
OP
7
4
C7
LA
fl 36 Oo A
(OA
30° ÿ
Hcherga HT SÉ/Ihmed-Abd-el-Asix
GIVFL ue. -#.. ONELLANA
ner re
Pic ESS
v2 De
El-Mogran, Le
Zaghouan® ne
Fax 3 \ NN WI L
H. el-hasba N \ UC
THVBVRBO MAIVS
. \
LA AB}
2 .
HS EMohammed-ben-1flia
H,Zquidan
FH. Ouldjet-elE&ib*
. LSad
N.B. Les noms anciens sont eeriks en capitues, HAimän
Les noms modernes en italique - PT Lu
gui
RE
«HNebhana
Rr Bor
36°
= RUE
Echelle : 4oo 000
+
ES Zee RENE DAT Bo.
*A,el-Meden
VINA
J'ÉDjedii
Hebkhdar® PAergabes Said
Æ el-Hammam LL Zougu it edeb
Pere - EUR. 4 SÉARmed
PE L É JA S'ÉBetlur
k, s H S'ÉCherif ty EST _. Î
Mesa € RE
aie
b Arbra #. S'EBaiech
F “Hsour Camous
“H.Ouaid
M ® # LL
Faouara LES ;
AL Naïssa É 0 " FE E
A bou-f
H. Coubbaa
à La
à H. Abe-et-
HS -Hhalifàa D E |
APHRODISIVM >;
Ain-eT -Hallouÿ
L +] CasUlaia J
A
RARE MR AU M LT
H.Fragha |
7 VPPE NA° J)
L. Fettala
#“
1. Crouibda
Par Khaled le À
7 Dolmierrs D AN (|
7/1 É lol-Hadjar) HORRIE GAELIA
Dar bel-Ouar 3) \})})]
S))1/1)1/ AD
(L {( V1 1
ue |
dll!
Eu — _
Pmprime rie Nationale,
En
RE
Ton NE
Pal
PIE TUE os
CRE
Green
RAPPORTS
SUR
UNE MISSION EN PALESTINE ET EN PHÉNICIE
ENTREPRISE EN 1881,
PAR M. CH. CLERMONT-GANNEAU,
CORRESPONDANT DE L'INSTITUT,
ANCIEN (VICE-CONSUL DE FRANCE À JAFFA,
SECRÉTAIRE-INTERPRÈTE DU GOUVERNEMENT POUR LES LANGUES ORIENTALES,
DIRECTEUR ADJOINT À L'ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES.
CINQUIÈME RAPPORT.
Paris, le 8 février 1882.
Monsieur le Ministre,
Conformément aux instructions contenues dans la lettre que
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire à la date du 19 mars 1881,
en me confiant la mission archéologique dont je viens de m'ac-
quitter en Syrie, j'ai l'honneur de vous adresser un rapport gé-
néral sur l’ensemble des recherches exécutées et des découvertes
faites au cours de cette mission, aujourd’hui terminée.
Je commencerai par rappeler pour mémoire les quatre rapports
partiels que j'ai eu l'honneur de vous envoyer successivement
pendant mon séjour en Orient, et qui sont consacrés à quelques
points de détail ®. Le loisir m'a manqué depuis pour continuer à
vous tenir régulièrement au courant des travaux qui absorbaient
tout le temps que j'y pouvais consacrer. Mais ce silence forcé
n'avait pas pour cause l’inaction, bien au contraire.
Débarqué à Jaffa le 31 janvier 1881, je m'y suis embarqué le
31 décembre pour revenir en France.
Ma mission malheureusement ne s’est pas faite, je dois le dire,
dans des conditions aussi favorables que je l'aurais désiré.
Archives des Missions scientifiques et littéraires, 3° série, t. IX, p. 277-821.
— 155 —
Les débuts, comme vous ne l'ignorez pas, Monsieur le Ministre,
en ont été particulièrement difficiles. À peine arrivé, je suis tombé
gravement malade, atteint du typhus. Dès que l’état de mes forces
me l’a permis, je me suis mis à l’œuvre, faisant tous mes efforts
pour regagner le temps perdu. Mais je devais compter, d'autre part,
avec les exigences du service consulaire dont j'étais chargé à Jaffa,
exigences qu'il m'était souvent malaisé, parfois impossible de con-
cilier avec les nécessités de mes recherches.
Néanmoins cette mission, pour n'avoir pas été aussi féconde
qu'elle eût pu l'être dans d’autres conditions, n’a pas été sans
fruits. Quelques-uns des résultats des nouvelles explorations que
j'ai entreprises sur ce terrain de Syrie, d'autant plus intéressant
pour l’archéologue qu'il semble plus rebelle à l'archéologie, con-
stitueront, si je ne m'abuse, de véritables gains pour la science.
Je crois devoir d'abord indiquer succinctement la région sur la-
quelle s’est exercée principalement mon action. Je ferai ensuite
une sorte de statistique rapide des éléments matériels et autres
documents que j'y ai pu recueillir.
Les diverses localités que j'ai explorées ou visitées en 1881,
quelques-unes à plusieurs reprises, sont :
Jaffa et ses environs immédiats, qui ont été naturellement de
ma part l’objet d'une étude suivie et approfondie; la nécro-
pole judéo-grecque de lancienne Joppé, à Saknet- Abou-k’bir,
dont j'avais reconnu l'emplacement huit ans auparavant; Djébélrvé,
Hadjar-Qadem, Ech-Chouhada, Sélémé, Djaloüs, Soummeil, ’Abd-
en-Neby, Cheykh-Mou’ennes, le fleuve de la Audjè, Djelil; le sanc-
tuaire de Sidna ’Aly; Arsoüf, l'antique Apollonias, où j'ai, entre
autres découvertes, obtenu la vérification matérielle d’une conjec-
ture que j'avais émise autrefois, à savoir qu'Arsouf n’est autre
chose que la ville sainte de Reseph, l'Apollon phénicien; Beit-De-
djan, Sutna-Néfisé, Dadjoün ; le sanctuaire et le fleuve de Neby-Rou-
bin; l’ancien port de Yebna (Yamné); Ramlé, Lydda-Diospolis, Gezer,
Nranè, Sarfend, * Ager (Yantique Ekron), * Amwäs (Emmaüs-Nico-
polis), Latroün, Qoub&b, Cheykh-Maallè, Adjendjoäl, Wad-Abou
Roüs, Qariet-Abou-Ghañch, Qalaünyè; Jérusalem et, aux environs, le
Mont des Oliviers, la Vallée de Josaphat, le mausolée dit Tombeaux
des Rois, la Fontaine de la Vierge, la Piscine de Siloé et le canal
creusé dans le roc qui réunit la source à la piscine; Neby Daoüd
— 159 —
(le Cénacle), le village de Selouan, El-Azariyè (Béthanie), E-Ha-
dabè, En’käâché, Deir-el-Mousallabè (Sainte-Croix), Bethléem, le
Mont Carmel, Haïfa, Saint-Jean-d'Acre (Ptolémais), le fleuve de
Na man, le sanctuaire de Neby-Säleh, Saïda (Sidon) et ses nécro-
poles , enfin Beyrouth.
En dehors des recherches archéologiques, qui étaient mon
principal objectif, j'ai pu faire quelques intéressantes constatations
topographiques. Par exemple, certaines localités mentionnées ci-
dessus ne figurent sur aucune des cartes les plus récentes de la
Palestine, pas même dans le grand Map of Palestine, que vient de
publier le Palestine Exploration Fund, et qui est incontestablement
la meilleure de toutes. Parmi ces desiderata topographiques, je si-
gnalerai Hadjar-Qadem, Tell-Younès (entre Jaffa et l'ancien port
de Yamné), Ech-Chouhada, Dädjoun, qui représente le véritable
emplacement de la Beth-Dagon de lOnomasticon, ainsi que je l'ai
déjà démontré dans mon rapport n° 2.
À ces diverses localités il convient d'ajouter les suivantes, que
je n'ai pas eu l'occasion d'explorer directement, au moins au cours
de cette dernière campagne, mais qui m'ont fourni un notable
contingent d’antiquités :
Ascalon, Medjdel, Hamämè, Gaza, Tell-el° Adjoal, Moghar près
d’Ekron, Yaälo (Ayalon), Malha, des environs de Jérusalem, Jéri-
cho, le pays de Karak d’outre-Jourdain, Césarée, Sébaste (Sama-
rie), Yerka, Tyr, le fleuve du Chien, Beit Meri (Liban), Tripoli,
Amrith, Tortose, Lattakié, Baalbeck, diverses localités du Hauran
et de la Syrie centrale, Palmyre, Orfa, Balanée, Chypre, Rhodes,
Yenichehr, Tchafdar Hisar (Ascania d'Asie Mineure). |
Je ne crois pouvoir mieux faire, pour donner une idée générale
des principaux résultats de cette mission, que de dresser le cata-
logue des objets qui en proviennent. Ce catalogue, très sommaire
et nécessairement provisoire, comprend un ensemble de 264 nu-
méros, répartis en deux séries distinctes : I et IT.
La première, qui compte 112 numéros, renferme la liste des
monuments recueillis en originaux.
La seconde, qui compte 152 numéros, renferme la liste des
monuments ou des sites dont j'ai dû me borner à prendre des re-
productions.
— 160 —
Les monuments originaux, à l'exception de trois ou quatre qui
sont restés à Jaffa, ont été rapportés par moi à Paris, où ils se
trouvent à la disposition de l’État, en attendant d'être incorporés
à nos collections nationales.
Les reproductions consistent en estampages, photographies,
dessins, calques et croquis, moulages et empreintes, dont le relevé
donne :
Estampages. REA A LAN AE NS Paie a ee LENN 72
Giichesiphotosraphiques he ME PER EN IENLEe 24
Photographies. ..... MO A APR or PS LS 30
DES COQUE EE MERE PEACE 31
Moulisestourempremntes PR PEOMAREEE PRE 47
FODAT ETAT ET ER 204
Pour plus de commodité, j'ai consacré à chacune des deux
séries [ et II un numérotage distinct. Les numéros répétés ne font
donc pas double emploi.
L'ordre dans lequel se succèdent les monuments n’a absolument
rien de systématique, l'inscription s'étant faite, pour la plupart,
au fur et à mesure des entrées. ;
C'est pourquoi je pense qu'il ne sera pas inutile de dégager à
l'avance de ce catalogue et de signaler certains groupes naturels
qui méritent d'être envisagés isolément.
Je n'ai pas besoin de dire que les descriptions rapides données
dans le catalogue ne sauraient tenir lieu des dissertations plus ou
moins détaillées auxquelles prêtent ces monuments, dissertations
que je me réserve d'aborder plus tard dans un ouvrage spécial. Il
ne faut donc considérer ce rapport que comme le simple inven-
taire des matériaux qui seront ultérieurement mis en œuvre pour
ce travail indispensable.
Si l’on considère les monuments sous le rapport du genre au-
quel ils appartiennent, on constate l'existence de :
I. — STATUETTES OÙ BAS-RELIEFS DE BRONZE.
Vingt-trois numéros :
Série l: »,:7,423, 55, 68,110,
Série IL : 81, 92, 95, 95 bis, 96, 97, 98, gg, 100, 101, 102, 103,
104 100 WO7 MO M2:
— Ii —
IH. — SCULPTURES SUR PIERRE.
Treize numéros :
A. RONDES-BOSSEs (six numéros) :
Serie I : 3, 87.
Série IL : 80, 110, 111, 121.
BB. Bas-ReLiErs (sept numéros) .
Sériel : 4, 20, 79, 106.
Série IL : 91, 109, 127.
III. — VASES ET LAMPES DE TERRE CUITE ".
Cinquante-sept numéros :
Serie L : 25,29,30, 31, 32, 33,134, 35,36, 37,88, 39, 4o,Ax, 42,
LE MO ON M NEO NE PU TIME FOR
901 00,000, 01,109, 10/1,102.100, 1801, 09. 0/17 004 101 LO!
104, 10).
IV. — OSSUAIRES ORNEMENTES, SANS INSCRIPTIONS ”.
Quatre numéros :
Série I : 12.
Série II : 77, 78, 79-
V. — OBJETS DIVERS.
Vingt-sept numéros :
Série [ : 5 ( ciseau de pierre), 17, 18 (paire de chapiteaux), 19 (frag-
ment de vasque de pierre), 21 (fragment de vase de pierre), 22 (pom-
meau de dague des Croisés) , 28 (alabastrum), 62 (grand plat de bronze
juif), 66 (scarabée phénicien), 67 (cylindre hiéroglyphique), 6g (fole
de verre), g2 (monnaie d'argent), 94, 102 (perle de métal), 108,109
(mosaïque de Tyr).
Série IL : 67 bis (empreintes de gemmes diverses), 68, 69, DOTE
82 (antéfixe de terre cuite), 90, 105, 116 (mosaïque d'Edesse), 126
(monnaie inédite de Joppé).
(1) Les lampes étaient au nombre de vingt. I n’en reste plus actuellement que
dix-huit, deux ayant disparu depuis le transport de la collection à Paris.
%) La section des inscriptions comprend, en outre, un certain nombre d'os-
suaires également inédits, portant des épigraphes grecques et bébraïques.
MISS. SCIENT, — XI. 11
LMPLIMENIEÉ NATIONALE»
— 162 —
L'épigraphie, qui constitue le groupe suivant, forme dans cette
collection une partie importante. Elle compte 155 numéros, dont
Jérusalem représente presque un sixième. H suffit, pour constater
les progrès faits par l’épigraphie de la ville sainte, de se reporter
à ce qu'en disait, en 1864, M. de Vogüé dans son beau livre inti-
tulé : Le Temple de Jérusalem : « De toutes les villes antiques, Jéru-
salem est celle qui a fourni le moins d'inscriptions; presque toute
la collection tient sur une seule feuille M). » Si l’on ajoute aux nou-
velles inscriptions hiérosolymitaines que je rapporte de ma der-
nière mission, celles que j'y ai découvertes antérieurement, de-
puis 1867, ce sont aujourd'hui des pages entières que l’on peut
remplir, et, dans le nombre, se trouvent des textes d'une valeur
capitale. É
Les inscriptions que j'ai recueillies en 1881, soit à Jérusalem,
soit ailleurs, se distribuent en huit classes : A, B,C, D, E, EF,
GE
VI. — ÉPIGRAPHIE.
Cent cinquante-cinq numéros :
À. INSCRIPTIONS PHÉNICIENNES (cinq numéros) :
Série I : 26, 66 (?).
Série IL : 65, 67, 94.
B. INSCRIPTIONS HÉBRAÏQUES EN CARACTÈRES ARCHAÏQUES (trois nu-
méros) :
Série IT : 20, 50, 73, 117.
C. INSCRIPTIONS EN HÉBREU CARRÉ {dix numéros) :
Série I : 71.
Série ll: 9 9,11420, 27,700 147, 420 1102!
D. INSCRIPTIONS GRECQUES , GRÉCO-ROMAINES, JUDÉO-GRECQUES, BYZAN-
TINES (quatre-vingt-dix numéros) :
Série l:2,,6,,12, 19,14, 15, 16, 17. 19, 24° 700 79,179, 7 Tee
77: 78, 79; 91, 93, 110.
Sénielle12;19, 4210, 70,10, 11,12 1970 119 19124 ana)
29, 80, 31, 31 his, 32, 33, 34, 36, 37, 38, 39, 4o, La, 42, 43,
kb, 46,47, 48, 51, 52,53, 54, 55, 57,58, 83, 119, 120 A etB,
4) C'est-à-dire se réduit à une dizaine de numéros.
— 163 —
0 27 020, 00 9e LOU, D0D LI00 197138) 130
140, 141, 149, 143, 144, 145, 146, 147, 149, 151, 152.
E. INSGRIPTIONS ROMAINES {quatorze numéros) :
Série I : 8, 9, 10, 27, 86, 88, 89, 90.
Série II : 21, 49, 59, 74, 148, 150.
F. Inscriprrons pes Croisés, latines ou françaises (dix numéros) :
Série [ : 106, 107.
Série IT : 14,23, 84 AetB, 85, 86,113,114, 115.
G. INSCRIPTIONS COUFIQUES (sept numéros) :
Série I : 95, 96, 97, 98, 99, 100.
Série IT : 22.
H. Ixscriprions Diverses (dix-neuf numéros) :
Série IL : 16, 17, 35, 45, 56 (palmyrénienne), 60, 61, 62, 63 (fausse
moabite), 64, 66, 75 (arménienne), 77 (fausse moabite), 87, 88,
112 (assyrienne), 116, 118, 110.
Enfin je classerai dans un dernier groupe certains documents
utiles pour l'archéologie ou la topographie, et ne faisant pas double
emploi avec les reproductions constituant la série IT :
VII. — VUES, CROQUIS, PLANS, ETC.
Cinq numéros :
Série II : 89, 93, 124, 131, 133.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'hommage de mon res-
pect, ,
Ch. CLERMONT-GanNEAU,
— 164 —
CATALOGUE SOMMAIRE
DES OBJETS
PROVENANT DE LA MISSION DE M. CLERMONT-GANNEAU (1881).
—— 2 —
SÉRIE Î.
MONUMENTS ORIGINAUX.
—
1.
Bronze. — Ascalon (?).
Statuette d'Osiris, style égyptien. Le dieu coiffé du bonnet co-
nique à bouton, flanqué des deux plumes, tenant le fouet et le
crochet. Plate. Usée par le frottement et incomplète par en bas.
Hauteur, 0" 065.
D
Marbre. — Jaffa.
Titulus funéraire judéo-grec; provient de la nécropole antique
de Joppé, dont j'ai signalé dès 1873 l'emplacement dans les jar-
dins entourant la ville, à Saknet-Abou-K'bir. Deux lignes. Épitaphe
d'Ézéchias, fils de Lévi.
3.
Marbre. — Sébaste (Samarie).
Tête de statue colossale : femme. Beau style grec ou gréco-ro-
main. Mutilée. Hauteur, du menton à la naissance des cheveux,
0" 30. Trou destiné à recevoir un goujon métallique.
(Gravée, pl. II, A.)
— 165 —
U.
Marbre. — Arsoüf (Apollonas).
Fragment de bas-relief. Jambe de devant et jambe de derrière
d'un cheval, avec ferrures à clous très apparentes, semblables à
celles qui sont encore usilées de nos jours en Syrie (fer plein). Do-
cument très important pour la question archéologique, si contro-
versée, de l'emploi, par les anciens, des fers à clous.
(Gravé, pl. IT, B.)
5.
Pierre dure (jadéite ?). — Baalbek (Héliopolis de Syrie).
Petit ciseau de pierre dure polie, admirablement taillé. L'un
des plus beaux spécimens connus de l’âge de pierre en Syrie.
Longueur, 0° 035.
Marbre. — Césarée.
Plaque portant une inscription grecque chrétienne. Épitaphe
de Georgios, d’Anastasia et de leurs enfants. Quatre lignes.
7:
Bronze. — Yalo? (Ayalon).
Lion accroupi, rugissant. Bronze coulé creux. Hauteur, 0" 07.
Epoque douteuse.
8.
Terre cuite. — Beit-Djala où Jérusalem.
Brique estampillée au timbre de la X° légion Fretensis, laissée
— 166 —
en garnison à Jérusalem après la prise de cette ville par Titus.
Troisième exemplaire à pe aux deux premiers que j'ai décou-
verts et publiés en 1872 (1). L'estampille de cette nouvelle brique,
LXF, est, d'ailleurs, une variante nouvelle des deux précédentes.
Brique plate, carrée, mesurant 0" 18 X 0" 17.
(REALLER nl
Z. Pr.
Calcaire. — Emmaüs-Nicopols (‘Amwäs).
Fragment d'inscription romaine, sur un gros bloc épais,
équarri. Trois lignes. Inscription impériale.
SN
ic Ô 7 pv L D
) Depuis j'en ai releve trois autres : une, découverte par moi en 1874, et
faisant actuellement partie de la collection du Palestrin Exploration Fund; un
second exemplaire, dans la même collection; uue troisième brique, publiée ré-
cemment par M. Guthe, qui n’en avait pas d’abord saisi la signification.
— 167 —
10.
Calcaire. — Emmaüs-Nicopolis (‘Amwas).
Fragment d'inscription romaine. Pierre moulurée. Trois lignes.
11.
Calcaire. — Jérusalem.
Inscription grecque chrétienne sur une grande dalle en calcaire
dur, brisée en haut et en bas. Trois lignes dans un cartouche à
creillettes triangulaires. Au-dessous, grande croix en relief. L'in-
scription, bien que Danse en deux par une cassure, est intacte.
Épitaphe d’une supérieure d’un monastère, probablement armé-
nien, du mont des Oliviers.
— 168 —
12
Calcaire tendre (näri). — Jérusalem.
Ossuaire juif, provenant des environs immédiats de Jérusalem.
Décoré, sur trois de ses faces, d’ornements en relief, particularité
très rare sur ces sortes de monuments (M). Le couvercle est brisé.
Hauteur, 0” 30; longueur, 0° 57.
15
Caicaire. — Jérusalem.
Fragment d'inscription grecque de l’époque byzantine, prove-
nant du terrain du Moristan (ancien établissement des chevaliers
de l'Hôpital de Saint-Jean). Quatre lignes.
14.
Calcaire. — Qalaunyè (près de Jérusalem).
Fragment d'inscription grecque ou latine, où l’on ne voit plus
que les caractères NIA, terminant peut-être le nom antique de la
localité, Colonia.
UICENMENE TES AD:
— 169 —
15.
Marbre. — Emmaüs-Nicopolis (A mwas).
Fragment d'inscription grecque. Deux lignes. À la première :
MOA, appartenant peut-être au mot NIKOMOAIC, nom gréco-
romain d'Emmaüs.
16.
Marbre. — Ramlé (?).
RUES de D ne \
Fragment d'inscription grecque de l'époque byzantine. Cinq
lignes. Provenance incertaine. Vient peut-être de Lydda, ville voi-
sine de Ramlé.
17.
Marbre. — Nianè (au sud de Ramlé).
Chapiteau de pilier. Forme et ornementation curieuses. Sur
l'un des côtés (le chapiteau est quadrangulaire), dans une cou-
ronne, est gravée la formule €IC O€OC, un seul Dieu ! identique
à celle du chapiteau ionien à inscription bilingue, grecque et
hébraïque, trouvé à Emmaüs 0 et étudié dans mon rapport n° 20),
dont il vient confirmer les conclusions.
0) Cf. section IT du catalogue, n° 50.
| Arch. des Missions, vol. IX, p. 2geb:sunw,
— 170 —
Hauteur, 0" 22; grand côté, 0" 70; petit côté, 0" 45.
un
a oo
(\
OS
18.
Marbre. — Näne.
Chapiteau, pendant du précédent, mais anépigraphe. Le détail
de l'ornementation diffère ().
Hauteur, 0" 20; grand côté, 0" 67; petit côté, 0" 42.
Sn
=
=
==
Ses
19.
Marbre. — Surfend.
Fragment du bord d’une grande vasque à parois épaisses. Porte
‘encore quelques caractères grecs de l’époque byzantine, reste d’une
inscription plus considérable qui devait courir tout autour de la
vasque.
0) Les originaux des numéros 17 et 18 sont restés déposés à Jaffa, à la disposi-
tion de l'Etat. (Ils ont été depuis transportés à Paris.)
— 171 —
m0:
Marbre. — Jérusalem.
Fragment d'un bas-relief représentant l’entwge de Jésus à Jéru-
salem le jour des Rameaux. Sculpture des Croisés, d’un très beau
style. Taille médiévale (stries obliques), très nettement marquée
sur l’un des côtés. À rapprocher de la frise surmontant le -portail
d'entrée de l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, frise à laquelle
ce fragment appartient peut-être.
(Gravé, pl. XI, A.)
21. ,
Marbre. — Jérusalem.
Fragment d’un grand vase de marbre blanc, richement décoré
de feuillages et de gaudrons très élégants. :
(Gravé, pl. Il, C.)
22)
Bronze émaillé. —- Jérusalem.
Pommeau de dague du temps des Croisades. Disque de cuivre
-ou de bronze, dentelé, orné, sur ses deux faces, d’une fleur dans
un cercle de croisettes. À rapprocher de celui que j'ai recueilli en
1874 à Naplouse et publié en 1878) dans le Bulletin dela Sociéte
nationale des antiquaires de France (p. 194 et suiv.).
Au-dessus de la gravure est reproduit le motif de l'ornement
central de l’autre face. Remarquer à la partie supérieure le trou
d'insertion de la soie.
D Cf Bulletin, etc., méme année, p. 79.
— 172 —
93.
Bronze. — Tripol de Syrie.
Tête de statuetl, coupée à la naissance des épaules, en bronze
coulé plein. La pièce paraït avoir été destinée à être ajustée dans
ur ensemble. Tête d'Apollon-Hélios, radiée de sept rayons. Hau-
teur, du menton à la naissance des cheveux, 0" 030.
Marbre. — Moghär (près d'Ekron).
Petite dalle portant une inscription grecque datée, de l’époque
byzantine. Incomplète. Cinq lignes.
LL -—E
È
CRMHNOC)
= ON] | 1,
7
— 173 —
où
Terre cuite. — Djebeliye (près de Jaffa).
Vase à une anse. Poterie cannelée horizontalement. Hauteur,
0736.
Provient du lieu dit Ech-Choühäda (les Martyrs), au sud de
Djebeliyè, environs de Jaffa, au bord de la mer (localité man-
quant sur les cartes les plus récentes).
20:
Marbre. — Mont Carmel.
Fragment d'inscription phénicienne, découvert par ma mère
sur les pentes du mont Carmel, entre le couvent et la grotte
d'Elie. Dalle épaisse, brisée et réemployée parmi les matériaux
d'une construction postérieure. Cinq lignes :
DER EN IESNMEU n tne
WIN 73 DONT(Y) 72 .
MDN M NUE Tool dent
.…. fils d'Abdousir, [fils de N. ... fils d'\Abdelim, fils d'Aris...
le scribe; et Baal.....
La Phénicie propre n'avait fourni jusqu'à ce jour que neuf in-
scriptions phéniciennes. Celle-ci ouvre un supplément au Corpus
inscriptionum semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-
lettres, où elle devra être inscrite sous le numéro g bis.
(Gravée, pl. [, A.)
— 174 —
Je
Bronze. — Ramlé (?).
Sceau matrice romain, en bronze. Rectangle allongé, muni
d'une boucle ou bélière fixe destinée à faciliter la manœuvre de
l'impression. Deux lignes; lettres en relief. Au nom de Cneius
Aelius Optatus :
CNIAELI
OPTATI
28-53.
Mobilier funéraire trouvé dans un caveau sépulcral creusé dans le roc,
au bord de la mer, à Qal’at-ed-Dabbé, l'ancien port de Yabné ou Yamné.
28.
Albâtre.
Petit alabastrum à forme surbaissée, à parois épaisses et à bords
larges et plats. Sans couvercle. Hauteur, 0" 080.
; À — 175 —
Terre cuite.
Grande amphore à deux anses, fond pointu. Hauteur, 0" 60.
30.
Terre cuite.
Petite fiole de terre fine, à col allongé, à une anse. Forme élé-
gante. Décoration en léger relief sur la panse. Hauteur, 0" 14.
She
Terre cuite.
Petite fiole, terre cuite polie, panse sphéroïdale, à une anse.
Hauteur, 0" 15.
32—39.
Terre cuite.
Petites fioles analogues à la précédente. Plusieurs exemplaires
sont couverts d'une couche, plus ou moins épaisse, de concrétions
calcaires D.
) Le numéro 39 a été brisé depuis son transport à Paris.
Terre cuite.
Petite fiole de forme basse et large, d’un type différent des fioles
précédentes. Une anse. Hauteur, 0° 11.
RE.
Terre cuite.
Plat profond, ou petite soupière, de terre fine. Un manche
évidé, en forme d’anse horizontale. Diamètre, 0" 15.
9.
[4 al ®,
l'erre cuite.
Plat ou jatte conique, à pied bas.
MISS. SCIENT, — XI. 12
IMTAIMMNIM NATIONALI
— 178 —
Terre moins fine que celle des numéros précédents. Diamètre,
0” 20.
SNS
13.
Terre cuite.
Plat analogue au précédent, sans pied, plus petit. Diamètre,
om LA.
BS
A4.
Terre cuite.
Tout petit plat, ou godet. Diamètre, 0" 055.
45.
Terre cute.
Marmite, ou olla, sans anse ni oreilles. Hauteur, 0" 10.
— 179 —
A6.
Terre cuite.
Pot à une anse, bec de déversoir. Base d'aplomb. Hauteur,
020:
Terre cuite.
Pot plus petit, sans base. Bec de déversoir. Hauteur, 0" 15.
18.
Terre cuite.
Pot semblable au précédent, mais plus petit. Hauteur, 6" 14.
12%
— 180 —
A9.
Terre cuite.
Identique au précédent.
90.
Terre cuite.
Identique au précédent.
Si
Terre cuite.
Lampe du type écuelle, à bord pincé en forme de bec.
52.
Terre cuite.
Semblable à la précédente, mais plus petite.
52 bis.
Terre cuite.
Semblable à la précédente.
De
Terre cuite.
Semblable à la précédente, mais encore un peu plus petite.
ol.
Terre cuite. — Césarée.
Marmite ou olla, de terre cuite, à deux anses; cannelures hori-
— 181 —
zontales légèrement indiquées. Arrondie par en bas. Hauteur,
0" 245.
Bronze. — Ascalon ou Gaza.
Pelle à feu, ornée de ciselures assez élégantes. Le manche re-
présente une sorte de colonnette avec son chapiteau et son füt
cannelé verticalement. Dessous, quatre petits pieds pour poser la
pelle d'aplomb en lisolant. Longueur, 0" 26.
— 1892 —
06.
Terre cuite. — Nane (au sud de Ramle).
Grande amphore à deux anses, terre cuite cannelée horizont:-
lement. Hauteur, 0° 45.
SE
Terre cuite. — Niäne.
Vase cylindrique en terre cuite, cannelée horizontalement, de
la forme dite Qaddoüs ) en arabe. Hauteur, 0" 22.
Terre cuite. — Niäne.
Brique carrée, 0" 15 X o" 11 X 0" 035 (ép.). Moule en creux
(1) (ua = xaôos).
— 183 —
pour fabriquer des lampes antiques du type le plus en usage dans
la Palestine chrétienne. Semble être un surmoulage d’une lampe
type, pris sur une brique d'argile, cuite ensuite. Représente la
partie supérieure de la lampe. Décoration : palme et inscription
grecque, probablement chrétienne, analogue à celles que j'ai déja
fait connaître dans des publications antérieures.
Ces lampes se fabriquaient en deux parties séparées, le dessus
et le dessous, qu'on ajustait ensuite avant la cuisson. Parfois ces
deux parties se sont décollées, et l’on trouve des dessus et des des-
sous de lampe isolés.
Terre cuite. — Niäne.
Lampe ornée de palmes.
— 184 —
60.
Terre cuite. Nianèé.
Lampe ornée de raisins el de palmes.
61.
"y . AIRES
Terre cuite. — Niane.
Lampe ornée de feuillages et de rinceaux. Moins bien conservée
que la précédente.
62.
Bronze. — Niäne.
Grand plat circulaire, en bronze coulé et ciselé, massif et épais.
Décoré à l'intérieur de rinceaux, fleurs, feuillages, pampres, etc.,
gravés au trait. L'on remarque dans l'ornementation la représen-
tation d’un petit édicule fermé par une porte à deux vantaux Met
du chandelier à sept branches caractéristique de la symbolique
juive. Le bord est festonné de petits arcs de cercle concaves sur-
montés de boutons saïllants pris dans la masse du métal, ce qui
achève de donner un caractère très original à ce monument, qui
servait probablement à des usages religieux, et rappelle les pa-
tènes ministériales. Diamètre, o" 5o. Neuf fragments, grands et
petits, se raccordant. Il manque environ un tiers du plat.
Q) Cette représentation, fréquente sur les sarcophages chrétiens, se retrouve en-
core sur un ossuaire juif en calcaire tendre, du mont des Oliviers, figurant dans
le présent catalogue sous le numéro 78 (section Il). Les portes y sont figurées
vertes.
AK
ù 24\ NN ÿ
\
l
|
2 SL 4 :
7 D W
WA
Te |
PLAT JUIF EN BRONZE.
— 186 —
63.
Terre cuite. — Nane.
Lampe décorée d’une double rangée de traits parallèles (guir-
lande). Se rapproche du type des lampes juives tel que l'ai dé-
terminé.
61.
Terre cuite. — Niäne.
Lampe décorée de lignes et de petits cercies disposés en réticules
éloilés.
Terre cuite. — Niane.
Lampe semblable à la précédente.
66.
Pierre dure (?). — Gaza.
Scarabée percé longitudinalement. Sous le plat, quadrupède
— 187 —
indéterminée, de prolil à gauche. Au-dessous, un caractère phéni-
cien, aleph renversé (?).
67.
Matière indéterminée. — Gaza.
Petit cylindre percé longitudinalement. Hiéroglyphes égyptiens
très finement gravés. Provient de Tellel-Adjoal, au sud de Gaza,
où fut trouvée, il y a deux ans, la statue colossale de Zeus, trans-
portée depuis à Constantinople. Les hiéroglyphes semblent être le
résultat d’une de ces imitations égypliennes qui caractérisent tout
un genre de monuments phéniciens.
66.
Bronze. — Gaza.
Staluette, provenant, comme le numéro précédent, de Tell-el-
‘Adjoul, et représentant un Éros marchant les ailes éployées, le
bras droit baissé, le gauche levé. Le dieu tient de a main gauche
un objet globulaire indistinct. Hauteur, 0" 085.
69.
Verre. — Gaza.
Fiole élancée, sans panse, striée verticalement, munie de deux
anses et d’un pied. La pièce s'est curieusement déjetée pendant le
— 188 —
soufflage. Hauteur, 0 11. Mème provenance que les deux numéros
précédents 0).
70.
Marbre, — Gaza.
Plaque portant une inscription grecque incomplète. Trois lignes.
Semble contenir le mot Asa£/ou, particulier à l’épigraphie judéo-
2
grecque ©).
mie
Marbre. — Ascalon.
Fragment d'inscription en caractères hébreux carrés anciens,
en relief. Quatre lignes, séparées par des barres horizontales con-
iinues.
(Gravée, pl. 1, B.)
72:
Marbre. — Ascalon.
Inscription grecque incomplète. Trois lignes. À la dernière
ligne, caractères indécis, peut-être sémitiques (?).
73.
Marbre. — Hamamé (près d'Ascalon).
Fragment d'inscription grecque. Une ligne sur un morceau mou-
luré.
74.
Marbre. — Ascalon.
Fragment d'inscripuon grecque. Une ligne sur un morceau mou-
luré.
W) Ce monument a malheureusement disparu pendant le séjour de quelques
mois que la collection a fait au palais du Trocadéro avant d’être transportée au
Louvre.
@) CE. mon rapport n° 2.
= | EQ =
Ho:
Marbre. — Ascalon.
Plaque de marbre découpée et gravée, représentant la tête et le
cou d’un pigeon l).
76.
Marbre. — Jaffa.
Fragment de titulus funéraire judéo-grec, en deux morceaux
(76 À et 76 B), provenant de la nécropole antique de Joppé
(Abou-K'bir). Quatre lignes. Palme.
Ware.
Marbre. — Jaffa.
Titulus funéraire judéo-grec. Même provenance que Île précé-
dent. Un seul mot. Complet.
78.
Marbre. — Medjdel (près d'Ascalon).
Fragment d'inscription grecque sur un gros bloc mouluré (cor-
niche ?) Une ligne en grands caractères.
79.
Marbre. — Medydel.
Plaque de marbre brisée portant une inscription grecque datée.
Epoque byzantine. Cinq lignes.
M) Cf, le pigeon, symbole d’Ascalon, ou plutôt de la déesse patronne de cette
ville.
— 190 —
80.
Terre cuite. — Césarée.
Lampe de forme pentagonale.
ô1.
Terre cuite. — Jérusalem.
Lampe de forme antique. Tout autour inscription arabe en ca-
ractères ornementaux.
= NO ==
82.
Terre cuite. — Niäne.
Lampe décorée de palmes et de cercles concentriques.
{
Terre cuite. — Nifäne.
Lampe décorée de pampres et de raisins.
64.
Terre cuite. — Provenance incertaine.
Lampe de forme identique à la précédente.
85.
Terre cuite. — Provenance incertaine (Ramle ?).
Lampe ornée de pampres et de raisins.
— 192 —
86.
Marbre. — Beyrouth.
Fragment d'inscription romaine. Quatre lignes. Mention d'une
cohorte.
87.
Marbre. — Beyrouth.
Pied droit d'une statue, avec partie du socle adhérent. Gran-
deur demi-nature. Trouvé dans le terrain du nouvel hôpital des
lazaristes.
88.
Marbre. — Beyrouih.
Fragment d'inscription romaine. Trois lignes. Mention de la
Colonie (de Beyrouth). Même provenance que le numéro précé-
dent.
89.
Marbre.
B eyrouth.
Fragment d'inscription romaine. Quatre lignes. Même prove-
nance que les deux numéros précédents.
90.
Marbre. — Beyrouth.
Fragment d'inscription romaine monumentale, sur un morceau
de frise orné d’oves. Hauteur des lettres, o" 19. Même prove-
nance que les numéros 87, 88, 89.
OI.
Marbre. — Jaffa.
Fragment de titulus funéraire judéo-grec. Deux lignes. Provient
de la nécropole antique de Joppé, déjà signalée,
— 193 —
992.
Argent. — Jaffa.
Monnaie de Charlemagne (ou d’un autre carlovingien?). Trouvée
dans la nécropole de Joppé, plaquée contre une dalle de calcaire
coquillier obturant un caveau sépulcral. Peut fournir une indi-
cation chronologique pour l’âge des dernières inhumations dans
cette nécropole et la date de quelques-unes des épitaphes judéo-
grecques, dont plusieurs sont visiblement de fort basse époque.
95.
Calcaire. — Sidon (Saida).
Cippe funéraire. Colonnette sur base carrée adhérente, entourée
d'une couronne à la partie supérieure. Hauteur, 0" 36. (re
lignes. Épitaphe d'Hermès.
94.
Matières diverses. — Gaza.
Menus fragments de verres colorés, métal, terre émaillée, etc.,
recueillis à Gaza, sur le bord de la mer, vers le bâtiment de la
Quarantaine, à un endroit d'où l'on extrait des pierres taillées
anliques.
95.
Calcaire. — Ramlé.
Fragment d'inscription coufique. Six lignes.
96.
Marbre. — Ramlé.
Fragment d'inscription coufique. Quatre lignes.
”
MISS, SCIENT, AT: 1)
JMPRIMENIR NATIONALE.
2 On Ne
ON:
Marbre. — Provenance incertaine.
Fragment d'inscription coufique. Quatre lignes.
98.
Marbre. — Ascalon.
Fragment d'inscription coufique, datée de Fan de l'hégire 470
le] Ï { © {
environ. Cinq lignes.
09.
Marbre. — Ascalon.
Fragment d'inscription coufique relatant la construction de l’en-
ceinte de la ville d'Ascalon et d’une forteresse, vers l'an 300 et
quelques de lhégire, par Abou’l Hassan. Huit lignes.
100.
Marbre. — Ramlé.
Fragments d'inscription coufique monumentale, en grands ca-
ractères karmatiques ornementés. fuit morceaux, dont quelques-
uns né se rejoignent pas).
101.
Verre cuite. — Chypre.
Vase en forme de quadrupède allongé. Pattes tronquées. Goulot
ienant lieu de tête. Traces de peinture grossière. Longueur, 0° 15.
102. :
Métal indéterminée. — Césarée.
Fragment de perle sphérique, en métal imdéterminé, à cassure
() Restes à Jaffa.
— 195 —
brillante et cristalline, oxydé à l'extérieur, ainsi que sur les parois
du trajet du trou qui traversait la perle de part en part et permettait
de l'enfiler. Diamètre, 0" 006. Trouvée dans un sarcophage antique
à Césarée, avec plusieurs autres faisant partie du même collier.
103.
Terre cuite. — Ramlé (à).
Lampe’ ornée de cercles, losanges, palmes, etc. Provenance in-
certaine.
104.
Terre cuite. — Sarfend,
Lampe ornée de palmes, rectangles, points et cercles.
— 196 —
105.
Terre cuite. — Sarfend.
Lampe ornée de points et de méandres ondulés. Sous la base,
petite ellipse en relief.
106.
Marbre. — Saint-Jean-d’Acre ( Ptolémais) .
Dalle tombale d’un Croisé français, sire Gautier Meinne-Abeuf,
mort le 20 juillet ou juin 1278, et de sa femme, dame Ale-
manne, morte le 27 août de la même année. Épitaphe en langue
française. Douze lignes. Très beaux caractères. Écu du défunt :
de x aux trois bandes de x; les émaux sont indéterminés: l’on re-
marque encore dans le champ un travail au pointillé destiné à
fixer des pâtes colorées qui les indiquaient et qui ont disparu.
La partie postérieure de la dalle est ornée de bas-reliefs appar-
tenant à une dalle primitive beaucoup plus grande, peut-être un
côté de sarcophage antique de l’époque byzantine : grande croix
grecque martelée, inscrite dans une couronne; losanges, entrelacs,
0) Cf. mon rapport n° 3. Aux indications données dans ce rapport, j'ajouterai
que j'ai relevé le nom de Menebœuf parmi les familles fixées en Syrie que men-
tionne le Sommaire du Supplément aux fanulles d'Outre-Mer, publié en 1881, par
M. Rey. J'ai retrouvé de plus le nom d’un sire Gerard Maïnebuef dans trois chartes
françaises, datées d’Acre, des années 1265 et 1269. (Sebastiano Paoli, Codice
diplomatico, p.180, 188,195.) Le Barthélemy Maïnebeuf que j'ai cité dans mon
rapport n° 3 se rencontre encore, sous la forme de Berteleme Meinebuef, parmi les
témoins d’un acte de 1258 rédigé en francais. (Strehlke, Tab. ord. Theuton., 95.)
one
fleurons, etc. Le martelage de la croix a dû être exécuté par les
Musulmans antérieurement à l’arrivée des Croisés.
Dimensions : 0" 55 X 0" 485 X 0" 05 [ép.).
(Gravée, pl. X, À et B [revers|.)
107.
Marbre. — Sour ( Tyr.).
Pierre tombale d'un Croisé, Petrus, filius Serqü Capuani (?),
mort l'an 1190 ,indiction VIIT. Épitaphe latine. Cinq lignes. Semble
être la plus ancienne inscription des Croisades, datée, que l'on ait
découverte jusqu’à ce jour U).
Dimensions : 0" 15 X 0" 15 X 0" oA {ép.).
(Gravée, pl. X, C.)
108.
Divers.
e . . .
Un lot de fragments de provenances diverses el incertaines :
pierres sculptées, poteries, verreries, métal, etc.
109.
Mosaïque. — Sour (Tyr).
Fragment détaché représentant une femme, peut-être la Viere.
Provient de l’ancienne cathédrale de Tyr ©).
110.
Calcaire. — Sour (Tyr).
Gros bloc encastré dans une des absides de l’ancienne cathe-
drale. Inscription grecque. Cinq lignes ().
Dimensions actuelles : 0" 61 X 0° 35 X 0" 40.
D Cf, mes Matériaux inédits pour servir à l'histoire des Croisades.
2) L'original est resté déposé à Jaffa, à la disposition de V'État.
% L'original est également déposé à Jaffa, J'en ai l'estampage et un croquis.
(Carnet, p. 140 et 131.) [A été, depuis, transporté à Paris, ]
NO8 Ve
111 À et B.
Bronze. — Ascalon où Gazu.
Deux pendants de bronze de forme triangulaire; tête de
femme (?); surmontés d'une belière de suspension. Hauteur,
o" 07 RS
one
SÉRIE II.
REPRODUCTION DE MONUMENTS
A
DONT LES ORIGINAUX N'ONT PU ETRE RECUEILLIS,
DESSINS OÙ COPIES , CROQUIS DIVERS, EMPREINTES,
MOULAGES, ESTAMPAGES, CLICHÉS OU ÉPREUVES PHOTOGRAPHIQUES.
ILE
Marbre. — Ascalon (?). -— Estampage.
Segment longitudinal de colonne, le quart environ du füt cylin-
drique. Tronquée en haut. Hauteur, 1° 35. Inscription grecque.
Huit lignes. Datée de l’an 12 de l’empereur Commode Antonin.
Provenance incertaine. D'après les renseignements que j'ai re-
cueillis de quelques indigènes, le monument proviendrait en réa-
lité de Ramlé, des ruines du Djamé el-Abiadh, au milieu des-
quelles s'élève la tour dite des Quarante-Martyrs.
2
Marbre. — Tyr. — Estampages À, B,C, D.
- 7 L e
Plaque brisée en quatre morceaux, À, B,G, D. Epaisseur, o" 07.
Inscription grecque de quatre ou cinq lignes. G et D se joignent
certainement; À et B probablement. La jonction entre les groupes
AB et CD est douteuse.
Marbre. — Césarée ou Jaffa (?). — Estampage.
L'itulus funéraire (?). Plaque épaisse de 0" 02. Inscription
grecque. Une ligne. Provenance douteuse.
{ s" ! : !
D Les origmaux des numéros 1-19 sont actueHemeut chez le baron von Usti-
now, à Jaffa.
000
UE
Marbre. — Jaffa. — Estampage.
Triulus funéraire. Épaisseur, OR 33. Épitaphe judéo-grecque de
Patriké. Trois lignes. Provient de la nécropole de Joppé, à Abou-
K'bir.
5.
Marbre. — Jaffa. — Estampage.
L . ay e
Titulus funéraire. Epaisseur, 0" 018. Brisé en plusieurs mor
ceaux. Inscription en caractères hébreux carrés anciens. Quatre
ou cinq lignes. Nécropole de Joppe.
6.
Marbre. — Jaffa. — Estampage.
Tüulus funéraire 0). Épaisseur, OO: Épitaphe judéo-grecque
de Siméon, fils d'Isaac. Trois lignes. Nécropole de Joppé.
Pie
Marbre. — Jaffa. — Estampage.
Titulus funéraire, Épaisseur, 0" 02. Épitaphe judéo-grecque de
loulinas, Glégoria (sic, pour Gregoria), etc. Cinq lignes; deux
palmes. Nécropole de Joppé.
8.
Marbre. — Beyrouth (?). — Estampage.
Bas-relief funéraire. Epaisseur, 0" 035. Personnage viril, drapé
à la romaine dans un édicule à colonnes. Au-dessous, inscription
grecque. Deux lignes. Provenance incertaine.
9.
Marbre. — Jaffa. —- Estampage.
Fragment de titulus funéraire. Epaisseur, 0" 015. Inscription
en hébreu carré ancien. Trois lignes. Nécropole de Joppé.
%) Mspwpror diaQépor.
— 901 —
10.
Marbre. — Césarée. — Estampage.
Fragment d'inscription grecque. Trois lignes. Epaisseur, 0" 025.
11.
Marbre. — Jaffa. — Estampage.
Fragment de titulus funéraire. Epaisseur, 0" 025. Inscription
incomplète en caractères grecs et hébreux carrés anciens. Trois
lignes; deux palmes et m1?w. Nécropole de Joppé.
12:
Marbre. — Césarée (?). — Estampage.
Fragment d'inscription grecque. Trois lignes. Epaisseur, 0” 0°.
Provenance incertaine.
15.
Marbre. — Bassa (près de Ras-Naqoüra, région de Tyr). — Estampage.
Fragment de dalle moulurée. Epaisseur, 0" 06. Sur le bord,
fragment d'inscription grecque chrétienne. Une ligne.
14.
Marbre. — Ascalon (?). — Estampage.
Dalle funéraire ®. Trou pour scellement au plomb 2. Épitaphe
latine métrique d’un personnage des Croisades, le maréchal Hugo,
fils de Salomon de Quiliugo, templier, tué par une machine de
guerre (5).
(Le 6° cahier du journal Das halige Land (1876) contient une reproduction
assez médiocre de cette dalle, ainsi que des numéros suivants, 14 et 53.
% Même particularité sur la dalle de l'évêque publiée dans mes Matériaux iné-
dits pour servir à l'histoire des Croisades et sur celle qui est inscrite sous le n° 106,
section | du présent catalogue.
#) Ce personnage était peut-être d'origine bretonne, à en juger d’après la phy-
sionomie de son nom. L'on pourrait être tenté de croire qu'il faisait partie des
quarante templiers qui parlagérent le sort tragique du grand maitre à l'assaut
d'Ascalon, le 14 août 1153. Mais il n'est nullement prouvé que l'inscription pro-
vienne réellement d’Ascalon. D'ailleurs les caractères semblent indiquer une époque
er DR Re
Huit lignes. Distiques léonins.
Mareschaud{us) Hugo Salomonis de Quiliugo,
Templi milicie p(ro)vid{us) exunie ;
Miles bellator, fortis, pedes assiliator ;
Hostibus horribilis, cum socus humulis.
Tormenti sirat(us) ictu lapidis, tumulatus ,
Ut legu{ur) ttulo, clo}ndht{ur) hoc tumulo.
(Gravée, pl. XIF, A.)
15.
Calcaire. — Arsouf (Apollonias). — Estampage.
Linteau de porte. Longueur... Dans un cartouche à orerlettes
triangulaires, inscription grecque débutant par les mots : €IC
QE€0C O ZUN, etc. Trois lignes.
16.
Marbre. — Césarée. — Estampage.
LA
Fragment portant des traces de lettres douteuses. Epaisseur,
OO
17:
Marbre. — Arsouf (Apollonius). — Estampage.
Fragment d'inscription latine des Croisades {?}. Epaisseur,
0” 02.
Lee
Marbre. — Tyr (?). — Estampage.
Fragment portant une inscription grecque. Une ligne. Epais-
seur, 0" 02. Provenance incertaine.
?
moins ancienne. L'on pourrait songer alors au maréchal du Temple Hugues de Joy
(1251), où au maréchal dont le nom ne nous a pas élé conservé par l’histoire et
qui fut tué à la prise d’Acre, en 1291. (CF Rey, Sommaire du Supplément aux
Janulles d'Outre-Mer, p. 32.)
M Cf, pour cette formule, Les numéros 17 (section I) et 51 (section If} de ce
catalogue.
one
19.
Marbre. — Ascalon. — Estampage.
Chapiteau antique. Sur le dessus, lettres et signes épigra-
phiques.
20,4:
Roc. — Jérusalem. — 1 copie, 2 estampages, 3 moulages en plâtre.
Inscription hébréo-phénicienne. Six lignes. Gravée sur le roe,
dans le canal souterrain qui amène l’eau de la fontaine de la Vierge
à la piscine dite de Siloé. Date de l’époque des rois de Juda. Deux
moulages pris par moi ont été envoyés au Ministère de l'instruc-
tion publique pour être transmis à l'Académie des inscriptions et
belles-lettres pour la Commission du Corpus inscriptionum semiti-
carum P).
J'en donne une reproduction montrant tout le champ du grand
cartouche rectangulaire dans lequel le texte est inscrit, cette dis-”
position importante ayant échappé aux rares observateurs qui ont
été à même d'étudier comme moi l'inseription sur place.
(Gravée, pl. VIL.)
21°
Caicaire. — Jérusalem. — 1 estampage, 1 cliché photographique.
Fragment d'inscription romaine, gravée sur un bloc de calcaire,
dans un cartouche à oreillettes triangulaires. Epaisseur, 0” 25.
Cinq lignes. Contient le nom de Rufus, qualifié de patronus, peut-
) L'original est in situ. Mon attention avait cté appelée, des 1880, sur ce texte
précieux, par un eslampage, malheureusement des plus imparfaits, que m'avaient
transmis des amis d'Angleterre. Je n'avais réussi alors à y déchiffrer que quelques
mots et des caractères épars. L'étude réitérée que j'ai pu faire de l'original même
m'a permis d'arriver à des lectures corrigeant sur plusieurs points importants
celles qui ont été proposées par des savants étrangers auxquels ma maladie avait
permis de me devancer. {Voir dans la fievue archéologique , octobre 1881, p. 251,
les extraits d'une lettre sur ce sujet adressée à M. KE. Renan.)
7 CE n°124, section I] de ce catalogue.
L'original est actuellement au couvent latin de Saint-Sauveur.
— 204 —
être l’un des gouverneurs d'Aelia Capitolina. Frouvée dans les tra-
vaux exécutés à la Casa Nova des Franciscains.
Ai
“A
22 0),
Marbre. — Jérusalem. — Estampage.
Inscription coufique datée de l'an 316 de l’hégire. Neuf lignes,
Épitaphe de ‘Obeid Allah, fils de Hassan. Croix.
Doi
Calcaire. — Jérusalem. — Estampages À, B et copie.
Fragment d'inscription latine des Croisades gravée sur un grand
bloc calcaire, à taille médiévale, employé dans la construction
d'un des pihers des arcades du Haram ech-Cherif ) :
Longueur, de la de jacet à ls de bus, 0° 85.
... CAT DROGO DE BVS....
Fic jalcet Drogo de Bus...
(Grave, pl. XI, B.)
% Au couvent grec de Sainte-Croix, près de Jérusalem.
@) Jn situ.
(3) Sur la face sud du deuxième plier du portique, à main droite, en entrant
par la porte Bab es-Silsilé.
— 9205 —
D ()
Calcaire. — Jérusalem. — Estampages À, B.
Inscription grecque byzantine datée {épitaphe), gravée sur un
gros bloc de calcaire employé dans un des piliers du Moristan (an-
cien hôpital des chevaliers de Saint-Jean). ‘Trois lignes. Grandes
lettres.
29) (le
Marbre. — Jérusalem. — Estampage.
Fragment d'inscription grecque. Deux lignes. Epaisseur, 0" 023.
Trouvé dans les travaux exécutés dans le terrain dit du Spasme.
Couleur bleue dans le creux des lettres.
Calcaire tendre (nari). — Maiha (près de Jérusalem). — Esiampage.
Inscription en graffito, sur l'un des côtés d’un couvercle trian-
, gulaire d'ossuaire juif. Une ligne de caractères hébreux carrés an-
ciens : nD (ou j2) 72 v1®*, Jésus, fils de Mattaï (?). Brisé en deux
morceaux.
:
K : 0
D AGDE
SSSR
ù |
qe Me he
<a
ot Se
Ah
Calcaire tendre. — Maälha. — Estampage.
Méme inscription répétée sur l’autre côté du couvercle trian-
gulaire.
28 li,
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampages A,B,cC.
Inscription judéo-grecque, sur le petit bout d’un petit ossuaire
en calcaire tendre (nâri). Quatre lignes. Brisée en trois fragments.
0) In situ.
) Au patriarcat latin.
) Les originaux des numéros 26 et 27 sont an couvent grec de Sainte-Croix.
4 Les originaux des numéros 28-47 sont actuellement chez l’archimandrite
de la mission russe,
900 2
Épitaphe de TPYÉWNOC NPECBYTEPOY, Tryphon l'Ainé. Je ne
crois pas qu'ici Hpesirepos doive être pris dans le sens de prétre,
membre du Hpecvréoicr ou du Zvvédprov (Matthieu, xvi, 21:
xx1, 23. — Timothée, 1, 1v, 14). Cf. plus loin, n° 32, vewrépas.
Le nom de Tryphon, sous la forme Tarphon, ;\519, était fré-
quent chez les Juifs. Je l'ai retrouvé dans une inscription hé-
braïque de la nécropole de Joppé(), dont voici la teneur :
D\o0 19320 13100 WD3 NI 2902 PIE 9297 102 9107 NNI2P NU
Ceci est la sepulture de Youdan, fils de Rabbi Tarphon le Betrabbi. Que
son âme soit en repos et sa memotre bénie. — Salut !
29.
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampages À, B.
Inscription judéo-grecque, sur le petit bout d'un ossuaire en
calcaire tendre. Trois lignes. Épitaphe de BEPOYTAPIOY ® KAI
NIKANAPOY, Verutarius et Nicandros. Brisée en deux fragments.
4) Publiée par moi dans les Proceedings of the Society of biblical Archaeology,
mars 1884, p.123 et suiv.
@) Cf. Lydus, 158, 17. — Philoclès, Greek Lexicon (Boston), s, v.
AO (re —
Cf. plus loin, n° 52, pour le nom de Bepourodpuos —V'erutarius,
employé comme nom de femme. S'il en était de même ici, l'on
pourrait supposer que cet ossuaire réunissait les restes du mari
et de la femme. J'ai déjà signalé un cas semblable dans mes Æpi-
taphes hébraiques et grecques sur des ossuaires juifs inédits UN),
30.
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage.
Pas
Inscription judéo-grecque sur le dessous du couvercle plat, légè-
rement bombé, d’un ossuaire de calcaire tendre. Deux lignes :
MATTAOIOY, Mattathias. Le second T semble avoir été surajouté.
À TA Bt
ne
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 2 eslampages.
Inscription judéo-grecque gravée sur le petit bout d'un ossuaire
en calcaire tendre. Quatre lignes : MAGIOY TOY KACTOY.
\
31 bis.
Calcare. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage ©? ou copie (À).
Sur la face antérieure ornée dudit ossuaire, en haut de la rosace
9 N° 4o et 4o bis : Joseph (en hébreu) et Salomé (en grec).
) Je n'ai pas retrouvé l'estampage que J'avais pris.
— 908 —
de droite : MA, probablement les deux premières lettres du nom
MAGIOY.
32:
Calcaire. — Jérusalem (mont des Olivicrs). — Estampage.
Inscription judéo-grecque gravée sur le petit bout d’un ossuaire
en calcaire tendre, Trois lignes : BEPOYTAPIOY NEWTEPAC!.
Nero re
P| LONES,
TC PAC
99.
Calcaire. — Jérusalem (mont des Olviers). — Calque.
Inscription judéo-grecque écrite très légèrement, au galam et à
l'encre, sur la face postérieure (barbouillée de rouge) d’un ossuaire
en calcaire tendre. Une ligne. Très difficile à déchiffrer. Le patro-
nymique se terminait très probablement en ...MAXOY.
SC DUU ÊVE y Sc où
Marbre. — Jérusalem. — fstampages À, B.
Fragment d'inscription grecque provenant du dallage du Haram
ech-Cherif. Cinq lignes. Datée. Contient le nom de Salomon.
35e.
Roc. — Jérusalem. — Estampage et dessin.
Caractères indéterminés, peut-être arméniens (?), gravés sur le
roc, dans un champ situé entre l'établissement russe et la porte
de Damas.
0) Cf. n° 28 et 29 de la même section de ce catalogue.
) In situ.
— 209 —
36.
Calcaire. — Jérusalem. — Estampage.
Fragment d'inscription grecque sur dalle. Épaisseur, 0" 06.
Trois lignes. Contient le nom de CYMWNOC.
37.
Marbre. — Jérusalem. — Estampage.
Fragment d'inscription grecque byzantine provenant du dallage
du Haram ech-Cherif. Epaisseur, 0" 015. Deux lignes. Contient
le nom d’Areobindos, commerciarius.
38.
Calcaire. — Jérusalem. — Estampage.
Dalle grossièrement dressée portant une inscription grecque
chrétienne. Trois lignes. Epaisseur, 0” 10.
39:
Calcaire. — Jérusalem. — Estampage.
Dalle portant une inscription grecque. Trois ou quatre lignes.
Épaisseur, 0° 075. Contient le nom de Stephanos. Provient de la
région nord extérieure de la ville.
| 0.
Marbre. — Jérusalem. — Estampages À, B, C, D.
Plaque brisée en quatre morceaux, portant une inscription
grecque. Trois lignes. Epaisseur, 0" 03. Le morceau À n'est pas
absolument certain comme position.
A].
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage.
Fragment de dalle grossièrement dressée portant une inscription
grecque. Quatre lignes. Epaisseur, 0° 1 4.
M183, SCTENT, — XI. 1 /
LMPRIMBININ NATIONALE:
FO
UD
Calcaire grossier. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage.
Dalle portant une inscription grecque incomplète. Deux ou trois
lignes. Epaisseur, 0° 12.
A3.
Calcaire dur. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage.
Fragment de dalle mal dressée portant une inscription grecque.
Une ligne. Epaisseur, 0" os.
Al.
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage.
Plaque de marbre portant le chrisme constantinien accosté de
l'alpha et de l'oméga, a dans un cercle ornementé. Epaisseur,
0" 028.
45.
Marbre. — Jérusalem {mont des Oliviers). — Estampage.
Plaque portant une sigle indéterminée, P, rappelant le signe
relevé par moi en 1874 sur un ossuaire provenant du mont des
Oliviers. Epaisseur, 0" 03.
A6.
Calcure. Jérusalem (mont des Olviers). — Estampage.
Dalle mal dressée portant un fragment d'inscription grecque.
Trois lignes. Epaisseur, 0° 11. :
A7.
Calcawe. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage.
Fragment de dalle portant deux caractères grecs. Epaisseur,
o'! 0.
— 211 —
ES
Marbre. — Oalaunye (près de Jérusalem). — Estampage et dessin.
Fragment d'inscription grecque chrétienne sur morceau mou-
luré. Une ne Epaisseur, 0" 03.
SN
RQ (2).
Calcaire dur. — Qalaunyè. — Estampage et dessin.
Fragment d'inscription latine. Deux lignes. Epaisseur, 0" 05.
SOLE
Marbre. — ‘Amawvas (Emmauüs-Nicopolis). — 2 estampages
et 2 clichés photographiques.
Inscription en caractères hébreux archaïques, du type israélite,
gravée sur un chapiteau ionien trouvé dans le dallage de l’ancienne
église. Deux lignes (4).
(Gravée, pl. I, C.)
51
Marbre. — Amwas. — 2 estampages et 1 cliché photographique.
Inscription grecque chrétienne gravée sur l’autre face du précé-
dent chapiteau. Une ligne ). Pour la formule EIC 8€0C{5, com-
parez le numéro 17 de la section I et le numéro 15 de la section II
du présent catalogue.
(Gravée, pl. [, D.)
) Entre les mains d'un prêtre grec.
2) Idem.
#) Les originaux des numéros 5o et 51 sont actuellement chez M! de Saint-
Cricq, à Bethléem.
%) Cf. mon rapport n° 2. — J'ai dit que ce chapiteau pouvait bien appartenir à
un autel, à un ciborium , à un baptistère. J'aurais pu ajouter aussi à un ambon
ou à un iconostase,
5) Cf. mon rapport n° 2.
() Aux exemples chrétiens de la formule que j'ai déjà cités, ajoutez : EIL
BEOC KE A XPICTOC À, encadré dans un cartouche à oreillettes à queue
d'aronde, dans une inscription d'Éidesse (Zeitschr. d. d. morgent. Gesellsch.,
vol. XXXVT, pl [, n° g et p.166).
— 21% —
59 Q),
Calcaire. — ‘Amwas. — Estampage et dessin.
Inscription grecque gravée sur un linteau de porte, dans un
cartouche à oreillettes triangulaires. Trois lignes ().
ji
53 ().
Calcaire. — Amwaäs. — Estampage.
Fragment d'inscription grecque sur un bloc épais. Quatre lignes.
Mention d’un empereur romain. Provient des ruines de l’église de
Latroun, localité contiguëé à ‘Amwaäs et semblant avoir fait partie
intégrante de l'antique Emmaüs-Nicopolis.
5h (4).
Marbre. — Beyrouth (?). — Estampage.
Fragment d'inscription grecque. Trois lignes. Provenance incer-
taine.
ET
Calcaire (?). — Beyrouth ou Saïda (?). — Estampage.
Inscription grecque sur la base d'un petit cippe funéraire, pro-
%) Entre les mains des fellähs de ‘Amwas.
@) Cf. mon rapport n° 2.
5) Entre les mains d’un indigène nommé Batâto. Cf. la note du numéro 14 (II).
# Les originaux des numéros 54-59 sont actuellement chez M. J. Lôvtved, vice-
consul de Danemark à Beyrouth.
AIS —
venant vraisemblablement de Saïda. Cinq lignes. Épitaphe d'Eu-
tychie.
56.
Calcaire. — Palmyre. — Estampage.
Inscription palmyrénienne gravée à côlé d'un buste de femme
en bas relief. Quatre lignes. L'original a été transporté à Beyrouth.
NUNY
n°92
D(y)a4ar
ban
“Atisa, fille de Zabdibal (?). Habal 0)!
57.
Marbre (?). — Lattaquiè (Laodicée). — Estampages À, B.
Inscription grecque incomplète. Huit lignes.
58.
Calcaire (?). — Bait-Meri (environs de Beyrouth). — 2 estampages
et croquis.
Inscription grecque gravée sur un cippe votif. Treize lignes.
Nouvelle dédicace au Baal Marcod, qui présidait à la danse et qui
avait un sanctuaire en ce lieu P).
- Le Baal Marcod correspond peut-être au Bès dansant ou Pès
Cf, pour Tacclamation funéraire habal, «hélas!» le @eü! des tablai égyp-
tiennes publiées par Ed, Le Blant,
2) Cf, n° 102 et n° 108 (section I).
On eu
dexnoTys d'Athénée (1), dieu sémitique qui joue un rôle important,
et encore obscur, dans le panthéon égyptien.
Cf. section If, n° 102, l’Astarté dansante, et n° 108, une figu-
ration du dieu Bès.
50!
PRAVNE — Beyrouth. — Estampage.
Inscription romaine. Sept lignes P).
60.
SAS — Jérusalem. — Estampage.
Inscription grecque de basse époque. Sept lignes. Couvent de
Mar-Mitni.
out
RARE — Jérusalem. — Estampage.
Inscription grecque de basse époque. Sept lignes. Couvent de
Mar-Mitri.
62.
MR — Jérusalem. — Estampage-
Inscription grecque de basse époque. Cinq lignes. Couvent de
Mar-Mitri.
® Ed. Schaefer, IT, p. 57, ad lib. XI, ch. x.
® Déjà publiée par M. Waddington, Inscr. gr. et lat, de la Syrie, n° 1849. On
63 1)
….... == Jérusalem. a Estampage.
Inscription fausse en caractères moabites. Dix lignes.
64 ()
Bronze. — Saida ({Sidon). — à empreinte au papier d'étain, 2 frottis,
1 épreuve photographique.
Disque de bronze mince couvert de caractères un aspect
phénicien ou snee archaïque, peut-être talismaniques ). Un petit
fragment qui s'en est détaché a été estampé à part.
(Gravé, pl. IE, A.)
65.
Bronze. — Suida (Sidon). — 2 empreintes au papier d'étain,
1 à la cire, 1 épreuve photographique.
Sur une rame ou un gouvernail en bronze, autour duquel est
ag un dauphin et sur lequel s’appuyait une statuette d'Âs-
tarté (, l’Astarté de Sidon. Épigraphe phénicienne : 03140, aux
…. des Sidoniens. Pièce du plus haut intérêt. À comparer
aux symboles caractéristiques des monnaies de Sidon.
(Gravée, pl. II, C.)
66.
Bronze. — Saida (Sidon). — 2 empreintes au papier d'élain, 1 à la cire,
1 épreuve photographique.
Lame mince portant une ligne de caractères d'aspect phénicien
ou grec archaïque, peut-être talismaniques (?) ).
(Gravée, pl. IT, B.)
Va néanmoins laissée subsister dans ce catalogue, afin de ne pas troubler l'ordre
des numéros.
) Dans une maison arabe.
%) Les originaux des numéros 64-67 bis appartenaient alors à M. Pérétié de
3eyrouth, mort depuis.
(9) Cf. plus bas, n° 66.
4) Cf, n° 95 de cette section du catalogue.
Cf. plus haut, n° 64.
0
67.
Améthyste. — Provenance incertune. — Empreinte à la cire.
Sous le plat d'un scarabée, au-dessous d'un quadrupède cornu
allaitant son petit, en caractères phéniciens :
4ohqfpuc (t#nnu»)
Astartazz, nom propre d'homme signifiant celui dont Astarté est
la force ou le salut 0).
67 bis.
Divers.
Une boîte contenant des empreintes d'intailles archaïques re-
marquables par les sujets gravés ou par le style.
68.
Divers.
Une boïte contenant trois empreintes d’intailles orientales.
69.
Divers.
Feuille contenant sept empreintes d’intailles et de monnaies
(provenant de Naplouse).
70.
Divers.
Groupes de quatre empreintes d’intailles, dont deux avec in-
scriptions byzantines grecques.
71.
Divers.
Groupe de dix empreintes d’intailles variées.
4) J'ai publié cette gemme dans mes Sceaux et cachets 1sraélites, phéniciens et
syriens, n 16. Cf., pour la valeur exacte de YŸ, mon essai L'imagerie phénicienne
et la mythologie iconologique chez les Grecs, p. 124.
ee
2;
Divers.
Groupe de neuf empreintes d’intailles variées.
73 0).
Roc. — Jérusalem (village de Selwän).— Estampage, 2 copies, 1 croquis ©?
côté du monument), 1 épreuve photographique du site.
Au-dessus de la porte de l’édicule égyptien de Selwän, dans un
cartouche creux détruit presque en entier
par l’exhaussement ultérieur de la porte,
deux caractères phéniciens ou hébreux ar-
chaïques, rech et, peut-être, rech ou da-
leth, dernières lettres d’une inscription
d’une ligne qui courait au-dessus de la
porte.
Les caractères sont reproduits héliogra-
phiquement d’après l'estampage, pl. IE, D.
Cette constatation capitale, faite pour la
première fois, permet d’assigner définitive-
ment une date reculée à cet édicule, qui a été si souvent étudié
et dont l’âge a été fort discuté. Elle est d'autant plus intéressante,
que la corniche de cet édicule, spécimen désormais authentique
et jusqu'ici unique de l'architecture en usage chez les Juifs à
A.
Cartouche avec inscription.
B. — Le naos dans son état actuel.
0) L'origimal est in situ,
2) Carnet, p. 129 et 126.
— 218 —
l’époque des rois de Juda, a visiblement servi, plus tard, de mo-
dèle à la corniche des tombeaux dits de Zacharie et d'Absalon.
Ë
ï
;
il
D. — Plan du naos. E. — Profil de la corniche du naos.
7h 0),
Calcaire. — Jéricho. — 1 cliché.
Fragment d'inscription romaine encadré dans un cartouche à
oreillettes. Quatre lignes. Bloc épais.
o
k
|
NX
BSCHPT
() Actuellement au couvent arménien de Jérusalem.
— 219 —
75 &
Marbre blanc veiné de-bleu. — Environs de Karak (?)
(pays d'outre-Jourdain). — 1 cliché.
Inscription arménienne en caractères antiques, qui ne saurait
être postérieure aux Croisades. Dix lignes ©).
DL EUELLS
Ur EL 7 1m nt
76 () À et B.
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 2 clichés.
Plaque sculptée appartenant à l'extrémité d’un sarcophage ou à
= ll
Ë
ADITX it
pl
LEA fl joitrel
di pro UT ne
4j u
[D Qu
Gil js ni l nr ji 1
a il _ |
ll
al ii
in
a —
1 ne on
"
\
hi,
UE
EC
RE
IE =
no fe
k ) j|
lé sl 1)
A TEL
nu | | li si ii 1 ji 2 ne
FN
() Actuellement au couvent arménien de Jérusalem.
) Cf. mon quatrième rapport (p. 45 du tirage à part).
() Au couvent grec de Sainte-Croix.
2 000
une porte de tombeau, et représentant une sorte de porte mou-
lurée avec un heurtoir circulaire en haut relief. Inscription hé-
braïique en beaux caractères carrés anciens, donnant le nom de
nphn nn 1110
Mariah, la prosélyte fervente \).
77 ®) À et B.
Caicaire tendre. — Malhä (environs de Jérusalem). — 2 clichés.
Ossuaire juif orné de trois rosaces. Sur le rebord et au-dessous
a été gravée, après coup, une longue inscription fausse en carac-
tères moabites. Deux lignes.
L’ossuaire est authentique.
78 ).
Calcaire tendre. — Jérusalem (mont des Oliviers). — à cliché.
Ossuaire juif orné de deux rosaces. Entre les deux rosaces est
figuré un curieux édicule avec sa porte ouverte à deux battants (0.
nn un
79 À et B.
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 2 clichés.
Ossuaire juif à couvercle triangulaire. Ornementation en relief W).
() Cf. mes Épigraphes hébraïques et grecques, n° 52.
®) Au couvent grec de Sainte-Croix.
) Dans la chapelle russe du mont des Oliviers, ainsi que l'original du numéro
suivant.
C£ le numéro 62 du présent catalogue (section I).
OCR Pre
oae
Une arcade en plein cintre entre deux colonnettes. À droite et à
gauche, une étoile à cinq rais et un disque. Sur l’un des bouts,
une couronne et une étoile dans un caisson mouluré.
(Gravé, pl Il, E, F.)
80 (1) À et B.
Marbre. — Ascalon. — 2 clichés.
Statuette. Apollon nu, le bras droit levé au-dessus de sa tête
(tenait peut-être une épée). Le bras gauche et les jambes sont bri-
sés. À comparer aux types numismatiques d'Ascalon.
2. SCHHIOT
81.
Bronze, — Provenance incertaine. — à cliché.
Petite figurine représentant un homme nu, le bras gauche levé,
le droit abaïissé: imberbe. Très finement ciselée. La moilié infé-
rieure du corps manque.
() Au couvent de Sainte-Croix, ainsi que les origmaux des numéros 81 et 82.
82.
Terre cuite. — Pays de Karak (outre-Jourdain). — 1 cliché.
Antéfixe représentant un masque d'homme à tendance gro-
tesque, chevelu et barbu.
(Gravé, pl. IT, G.)
83 0).
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 1 cliché.
phile. Dix lignes.
DD TETE"
] PE) Wr À L oi ie 7 ul A
Inscription grecque chrétienne. Epitaphe de Fhégoumène Théo-
LE
1) Dans le sanctuaire dit du Pater Noster.
84 () À et B.
Argent plaqué, doré et émaillé. — Bethléem. — 1 cliché, 2 copies.
Deux chandeliers du temps des Croisades, formant la paire. Sur
chacun d'eux est écrit tout autour de la base, en élégants carac-
‘tères gothiques habilement niellés {métal noir sur fond or guillo-
ché) :
x MALEDICATVR : OVI ;: ME : AVFERT : DE: LOC: 0:
SCE : NATIUTATIS : BETHLEEM
+ Maledicatur qui me aufért de loco © s{an)c(tje nativitatis Bethleem.
85.
Cuivre doré. — Bethléem. — 1 cliché ©), 1 copie (D)
Bassin de o" 34 de diamètre, du temps des Croisades; trouvé à
Bethléem avec la paire de chandeliers décrite ci-dessus. Fortement
oxydé à l'extérieur. L'intérieur est entièrement gravé au trait :
scènes représentant l'histoire et le martyre de saint Thomas {d'après
la version latine du De miraculis et de la Passio).
Inscriptions métriques rimées, en vers léonins, dans le goût de
l'époque.
Première inscriplion, circulaire, en caractères gothiques :
X FIDES + KARITAS :
AD - CONVERTENDOS * THOMASTRARNS * MITTITVUR :
INDOS :
OVIVSVIRTVTES + CVPIVNTSISCIREFIDELES :
HAECPERSCRV'ENTVR +: OV ÆCORAMSCVLPTAVI DEN
TVR
Les originaux des numéros 84-86 sont actuellement dans le couvent latin
de Saint-Sauveur.
? Variante sur le second exemplaire : LOCO : SC& :
) Fai, depuis, fait exécuter d'excellentes photographies de ces intéressants mo-
numents des Croisades, ainsi que des deux chandeliers. Cette série forme une
suite ‘de dix-neufs négatifs, que je me propose de faire reproduire par l'hélo-
graphie.
4) Cf. n° 86 A et BP.
DU
+ Fides. Karitas.
Ad convertendos Thomas transmittitur Indos,
Cujus virlutes cupiunt si serre fideles
Heæc perscrutentur quæ coram sculpta videntur.
Seconde inscription, concentrique à la précédente :
X BFIDVS + IMOODIOA + FERVENSMIGDONIVS :+ IRA :
PCIPIT + ABSCIDITHOH + CAPVT + ENSEOINACI
+ P{er) fidus immodica fervens Migdonius tra
P(ræ)cipit abscidi Thomeæ caput ense minaci.
86.
Cuivre doré. — Bethléem. — 1 cliché, 1 copie (.
Bassin identique au précédent.
Suite des scènes de la vie de saint Thomas.
Première inscription circulaire :
K FVLGETAPOSTOLICISHECPELVISCPHISOPTHRIV °
AD'ESTANSTLOMA + FIDGIMOERVISSECORONAM :
COLLVMPRODNO - FLECTENTEOSANGVINEEVSO *
Fulget apostolis hæc pelvis c phis o(m)pta trium
Aditestans Thomam Jider MeETUISSE COTONAM ,
Collum pro Domuno flectentem sanguine fuso.
Deuxième inscription, concentrique à la premuère :
x CVELGTVPLEBIS - DOCTORE + CARER : DOLENIS :
COPRVS + APLCYV + DVCITVR + AOTVMVLVON :
Cum fletu ® plebis doctore carer[e] dolents,
Corpus ® aplosto)licum ducitur ad tumulum.
Je donnerai dans un mémoire spécial la description et l'expli-
cation des scènes figurées.
() Cf. n° 85.
@) Ce passage incompréhensible a dû être complètement défiguré par une mé-
prise matérielle du graveur. [ faut probablement le restituer :
TS hæc pelvis compta triumphis
® Il y a eletu sur l'original,
® NH y a COPRVS pour CORPVS sur l'original.
225
ONU
Peinture sur papier. — Jérusalem. — 1 cliché.
Feuille de papier trouvée sous un ancien enduit, collée sur lun
des murs de la salle du Cénacle, au mont Sion (Neby Daoud).
Dessus est peint an écusson : trois étoiles roses (gueules) sur champ
azur; surmonté d’un heaume empanaché; sur le cimier, une étoile
aux pointes fleuries. Les étoiles sont à huit ras.
En haut, en caractères gothiques :
Kuntz® Geuder von Norembery 1474.
BRIPÉIET
Frouvé avec trois autres feuilles du même genre. Deux ont
malheureusement disparu (3),
Il existe encore deux familles de ce nom en Allemagne, les
barons bavarois Geuder von Rabenstein et les Geuder von Herolds-
berg. Écu : au 1 et 4, d'azur au triangle renversé d'argent, chaque
angle orné d'une étoile du même.
1 L'original a éte saisi et déposé chez le gouverneur.
%) Conrad. Consulter, sur cette habitude des pèlerins du xv° siècle d’apposer
leurs armoiries et leurs noms sur les murs des édifices de Terre-Sainte, les di-
verses relations du temps, notamment le récit de Faber.
3) L'une d'elles portait, m'ont assuré les Arabes, deux bras croisés , ce qui rap-
pelle le symbole bien connu de l'ordre des franciscains , à qui appartenail à cette
époque Île Cénacle.
M15$. SCIENT. XL. D
IMINIMMNII NATIONALE
996
88 0).
Peinture sur papier. — Jérusalem. — 1 cliché.
Feuille analogue à la précédente et provenant du même endroit.
Écusson avec armoiries. Au-dessus, en caractères gothiques de la
même époque que les précédentes : Sigmund Laber ©).
un |
à
0
Les deux figures sont peut-être deux queues de poisson cou-
pées, faisant allusion au nom de Laber (labre, laberdan, sorte de
morue verte). Il existe aujourd'hui en Autriche des Laber qui
portent d'or à deux poissons nageants d'azur entre deux fasces ondées
de queule.
89.
Porte murée de l'enceinte du Haram. — Jérusalem. — à cliché ©.
Vue prise avant l'ouverture de cette porle ou poterne murée,
qui avait passé jusqu'alors inapercue, et qu'après l'avoir décou-
verte j'ai décidé les Turcs à dégager.
®) L'origmal était entre les mains d’un ouvrier indigène.
@ CF mon 4° rapport (p. 45 du tirage à part).
@) Cf. n° 131 de cette même section.
— 2927 —
Elle donne accès dans le terre-plein intérieur du Haram, à
environ 6 mètres au-dessous du sol. s
Marbre. — Ascalon (2). — 1 photographie.
Disque sculpté sur ses deux faces, légèrement convexe. D'un
côté, étoile à huit branches, à l’intérieur de laquelle est un fleuron.
91.
Marbre. — Ascalon. — 1 photographie.
Bas-relief représentant deux oiseaux fantastiques dans une atti-
tude bizarre, becquetant une sorte de fleur.
99.
Bronze. — Yäzour (près Jaffa). — photographie.
Tige recourbée, paraissant avoir fait partie d’un support de tré-
pied (il y en a deux autres semblables) et se terminant par une
tête de dragon ou de griffon tenant dans son bec entr'ouvert une
petite boule (fruit?) .
) Les originaux des numéros 00-92 sont actuellement chez le baron von
Ustinow.
2 J'ai, depuis, trouvé dans les collections du British Museum nn fragment
L9"
Jo es
‘ 93.
Vue de Selwan. — 1 photographie.
Vue du village situé en face de Jérusalem, de l’autre côté de la
vallée du Cédron, et montrant les travaux antiques exécutés dans
le roc; notamment : l'emplacement de la pierre de Zoheleth; la
chambre au-dessus de laquelle étaient qravées les deux inscriptions
hébréo-phéniciennes découvertes par moi en 1670, et l’édicule de style
égyptien avec les restes d'une inscription du méme genre.
94 O).
Calcaire poreux. — Saida (Sidon). — 1 photographie.
Fragment d'inscription phénicienne. Deux lignes. Grands ca-
ractères.
(Gravé, pl. V, A.)
95 (2).
Bronze. — Suïda (Sidon). — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 16 : Vénus- Astarté nue, debout, le bras
gauche relevé; la main droite tient encore le bout de la rame
brisée portant l'inscription phénicienne 0:1%9, aux Sidoniens,
donnée plus haut Ô).
(Gravée, pl. IT, B.)
05 bus.
Saïida. — 1 photographie.
Bronze
Figurine haute de 0" 16. Femme nue, debout, diadémée; une
tout à fait semblable et paraissant provenir du même monument. Il est inscrit
au cataiogue d'entrée sous les numéros 80, 5-31, 77. La provenance indiquée est
Gaza. La date de son entrée (1880) me confirme dans l’idée qu'i sort du même
endroit.
G) Appartenait à M. Pérétié.
® Chez M. Lôyived, amsi que les originaux des numéros 96-105.
(#) Cf. n° 65 de cette même section.
— 229 —
tresse ramenée sur l'épaule; le bras gauche relevé à la hauteur de
l'épaule; la main droite tenant un objet cylindrique brisé {manche
de miroir?)
(Gravée, pl. IV, C.)
96.
Bronze. — Saida. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 16. Femme nue, debout. Tient de la main
droite une tresse de ses cheveux; tenait de la gauche un objet qui
a disparu (miroir ?). Sur la tête, un diadème. Vénus-Astarté (?).
(Gravee, pl. IV, F.)
97.
Bronze. — Saida. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 16. Femme debout, à moitié nue. Une
draperie élégante couvre la partie inférieure du corps depuis la
naissance des cuisses. De la main droite elle tient une tresse de
ses cheveux; de la gauche elle tenait un objet qui a disparu (un
miroir ?). Les formes sont souples et délicates; la tête a une expres-
sion charmante. Très probablement, comme les numéros précé-
dents, Aphrodite-Astarté à sa toilette.
(Gravée, pl. IV, E.)
98.
Bronze. — Saida. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 155. Femme nue, debout. Au col, une
bulle d’or pendant à un collier de même métal. Aux bras, des
armilles d’or. Très beau travail.
(Gravée, pl. IV, B.)
99.
Bronze. — Saida. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 165. Personnage viril, imberbe, debout,
drapé à la romaine dans sa toue.
— 230 —
100.
Bronze. — Mont Liban. — 1 photographie.
Tête de statuette, destinée à ètre rapportée sur un corps : Her-
mès, coiffé du pétase ailé. Entre les deux ailes se dresse un attribut
indéterminé. Yeux incrustés.
(Grayée, pl. V, B.)
IOT.
Bronze. —- Tortose. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 18. Femme nue, debout, coiffée d’un dia-
dème. La main droite, à moitié brisée, ramenée sur le sein gauche;
la gauche dans la pose de la Vénus dite pudique. Le caractere pro-
vocant du geste est ici très accentué. Aux bras, des armilles.
Vénus-Astarté (M.
(Gravée, pl. IV, D.)
102.
Bronze. — Tortose. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 27. Femme nue, debout, dansant en fai-
sant claquer ses doigts à la mode orientale. Coiffée des attributs
fréquents chez les Vénus isiaques gréco-égyptiennes.
Charmante statuette et des plus curieuses sous le rapport my-
thologique. C'est Astarté dansant, en personne. À comparer le culte
du Baal Marcod (Baal danseur), à Beit-Meri, dans le Liban ©).
(Gravée, pl. IE, D.)
103.
Bronze (2). — Tyr. — 1 photographie.
Figurine haute de 0° 045. Personnage imberbe eoiffé du pschent
() Cf. n° 125, même section.
P) Cf, n° 58 de cette section du catalogue.
— 9231 —
égyptien, assis et pinçant d'une espèce de harpe ou luth. Spéci-
men de l’art phénicien d’un véritable intérêt.
(Gravée, pl LI, F.) 0
104.
Bronze. — Mont Liban. — 1 photographie.
Figurine haute de 0" 055. Panthère accroupie, les pattes de
devant étendues et écartées, se retournant vers la droite. Elle porte
suspendu au col un petit masque de Bacchus en argent.
(Gravée, pl. ILE, E.)
105.
Matière indéterminée. — Tortose. — 1 photographie.
Figurine haute de 0” 04. Singe cynocéphale de style égyptien,
assis et portant sur la tête le disque symbolique.
(Gravée, pl. IT, G.)
() Le cliché ci-dessus ainsi que ceux des numéros 106 et 109 de la même sec-
tion de ce catalogue sont empruntés à V Histoire de l'Art dans l'antiquité, de M. Perrot
(UT, p.77), à qui j'avais communiqué ces trois monuments , et qui, en retour, a bien
voulu mettre à ma disposition les gravures qu’il en a fait exécuter d’après mes pho-
tographies. La gravure sur zinc ne me paraissant pas rendre avec toute la pré-
cision désirable aspect de ces curieux spécimens de l’art phénicien, je les ai
reproduits héliographiquement sur les planches IT, F, et VI, À et C.
106 0),
Bronze. — Syrie : provenance incertaine. — 1 photoyraphie.
Bas-relief fondu et habilement ciselé; découpé en silhouette :
0)
Î] A) sil}
2 LIEN) 1}
LE) JAP
CN
k 160) 7
FELTTIV ET
35 NhA24
LEE IT
QUI 12)
y
NT %
NN] , x
NY
À À
il NS
A RQ
N
iN
NS
1) Appartenait à M. Pérétie, ainsi que les originaux des numéros 107-111.
PP ;
er
buste de déesse de type égyptien, de profil à droite, portant sur sa
tête le disque entre les deux cornes. Au-dessous, une torsade hori-
zontale formée d’un uræus couronné qui redresse la tête sur le
front de la déesse; les cheveux sont tressés en petites nattes ser-
rées. Rappelle singulièrement Îa tête de la déesse phénicienne
de Byblos, la Baalat Gebal, gravée sur la stèle Yehawmelek.
(Gravée, pl. VIE CA)
107.
Bronze. — Syrie : provenance incerlaine. — 1 photographie.
Bas-relief fondu et ciselé, découpé en silhouette, comme le pré-
cédent : uræus couronne du disque entre les deux cornes, re-
D
.
dressé; la queue enlacée en forme de 8
108.
Bronze. — Syrie : provenunce incerlaine. — 1 photographie.
Bas-relief fondu et ciselé, découpé en silhouette : le dieu Bès
trapu, difforme, la face bestiale, la tête surmontée de sa coiffure :
caractéristique, les mains sur les hanches; entre ses jambes, un
zig-zag, dont la valeur symbolique est facile à deviner ().
05
Ces trois monuments, n° 106, 107 et108, acquis par M. Pérétié, provien-
nent d'une localité indéterminée de Syrie, mais certainement du bassin de l'Eu-
phrate. Hs faisaient peut-être partie d’un même ensemble décoratif.
— JU
Cf. même section, n° 58.
D SCHT.
109.
Calcaire dur. — Amrith (au lieu dit Nahr-Abrak). — 1 photographie.
Stèle haute et étroite, arrondie par en haut. Hauteur, 1" 80;
largeur, 0" 35 ; épaisseur, 0” 20. Brisée en deux morceaux. Sculptée
en bas relief : un personnage debout, de profil, vêtu à l’égyptienne,
coiffé du bonnet conique à bouton, avec l’uræus se projetant en
avant; imberbe, cheveux bouclés; tenant de la main gauche un
lion suspendu, la têle en bas, par les pieds de derrière; de la
main droite, il brandit une arme recourbée. H est debout sur un
lion de profil, rugissant, la queue en trompette, les pattes repo-
sant sur une montagne à double cime. Au-dessus de la tête du
héros, le disque embrassé par le croissant M et, couronnant le tout,
le disque aux ailes éployées. Mélange de style assyrien et égyptien
caractéristique de l’art phénicien de haute époque.
(Gravée, pl. VI, A.)
(1) Ce symbole, à cet état, reproduit, selon moi, l'aspect de la lune dans de
phénomène dit de la lumière cendrée.
PNR
\
5
%
a
Fo
É
S<
y M 1/] ji
(1)
ji
D
\
STELE D’'AMPRITH.
— 236 —
110.
Calcaire dur. — Palmyre. — à photographie.
Statue de femme mutiliée, grandeur naturelle. Elle tient de la
main gauche une corbeille de fruits appuyée contre son sein, et,
au-dessous, de la main droite, des fruits allongés ressemblant à
des bananes. Facture élégante et soignée. Très intéressants details
de coiffure, de vêtements et de bijoux.
(Gravée, pl. VI, A.)
[11 À et B.
Marbre. — Balanée. — 2 photographies (de dos et de face).
Statuette d’un joli style grec. Aphrodite nue, appuyée sur a
tête d’un Hermès barbu, ithyphallique , au pied duquel est un petit
Éros agenouillé. La déesse touche de sa main droite le mollet de
sa jambe relevée. Le poli du marbre est altéré par un dépôt fer-
rugineux.
(Gravée, pl. V, GC, D.)
119 4 À, B et C.
Sur le rocher, au bord du fleuve du Chien (au nord de Beyrouth). —
3 photographies.
Grand texte cunéiforme assyrien récemment découvert sur la
rive droite du fleuve, c’est-à-dire du côté opposé à celui des bas-
reliefs égyptiens et assyriens déjà connus. .
115.
Marbre. — Jérusalem. — Photographie.
Fraginent d'une inscription des Croisades, probablement mé-
trique, provenant de la mosquée d'Omar, où il a été mis au jour
pendant les réparations exécutées en 1874. Beaux caractères du
xi1° siècle. Il ne reste que le commencement des lignes, qui étaient
au nombre de six :
RO NP ee RAR CRE AN AS CARE A RS ET AO
HOT ARE à ce PRO RES
ROVER ANT EE EU NN NS RE
qui Épeoe e 0 QE CU Ven EE ONE le EE VE
MONS TS SR Te EPL apr LT een ie À
mericus. (AL RE I TONER NS I Ho) PAT IAUE ti aie
Il semble qu'il s'agit d’un personnage nommé Aimericus, dont on
donne l’âge et la date de la mort.
(Gravé, pl. X, D.)
D In situ,
11/4.
Sion. — Estampage.
Inscription des Croisades, actuellement conservée à Cannes et
provenant de la collection Lycklama. Je lai relevée à Cannes
en septembre 1879, au cours d'une mission er italie dont m'avait
chargé le Ministre de l'instruction publique. Croix à double tra-
verse, entre deux compas. L'inscription, disposée en cinq lignes,
est dispersée au milieu des symboles figurés. L'ensemble est on
peu effacé :
Hic req\u|res| cit]
Her(bert?)us d'Ambro...
(Gravée, pl. XI, C.)
115.
Plaque de marbre. — Jerusalem. — Estampage.
Fragment d'inscription des Croisades très effacée. L'original est
déposé dans l'établissement français de Sainte-Anne. L'inscription
est incomplète et paraît avoir beaucoup souffert. On distingue les
traces de six lignes :
[ann ] ab in[carnatione Domi ni
Û (050) RATE RE Ars ti NAME NET |
XIII, indiciofne.. ... .. ...? feriue?
gun teNenAT ALES 10
Sirulle nee Phiera]cer ee
(Gravé, pl. XIT, B.)
€
IMUEr
Mosaïque. — ‘Orfa (Édesse). — Dessin l.
Femme de face, coiffée d’un grand bonnet conique; debout; de-
vant elle deux petits enfants, dont les cheveux forment une coque
bizarre, une sorte de volute rejetée sur le côté; j'ai constaté l'exis-
tence de cette coiffure, caractéristique dans sa singularité, sur.un
autre monument congénère provenant d'Édesse ©).
G) Remis à M. E. Renan peur le déchiffrement de l'inscription.
® Publié par M. Sachau, dans la Zeitschrift der deutschen Morgenländischen
— 259 —
Inscription syriaque estranghélo; à droite, huit lignes ; à gauche,
quatre lignes; difficile à déchiffrer. La copie, exécutée par une
main inexpérimentée, semble être cependant très fidèle dans sa
naïveté.
(Gravée, pl IX.)
117.
Plaque reclangulaire, matière indéterminée. — Rhodes. — Dessin.
Au milieu d'une ornementation élégante, fleurs, fruits, vase,
rinceaux, inscription hébraïque en caractères carrés. Dix lignes.
Stèle funéraire. Ne doit pas dépasser l’époque de la Renaissance.
MISE
Terre cuite (2), — Tehafdar-Hisar ( Ascania) ? — Dessin.
Vase en forme d'olla. Décoration faite d'éléments géométriques.
En haut de la panse, inscription grecque douteuse.
119.
Pierre indéterminée. — Yemichehr d'Asie, — Dessin.
Bas-relief funéraire représentant un édicule distyle, à fronton
triangulaire : feuillages, bucranes, palmettes, etc. Entre les deux
colonnes, édicule distyle plus petit, cintré, avec un symbole ayant
approximativement la forme d’un 8. Sur l’architrave, une ligne
de caractères indéterminés. Plus haut, restes d’une inscription
grecque de deux lignes : ...COCNHC C@HCOC NO....... Z[H]-
CAC ETH M XAIP(E).
120 A et B.
lragments d'inscription grecque des environs de Ramlé. —
2 copies d'un indigène.
Gesellschaft (vol. XXX VI, p. 158), pour l'inscription seulement. Une photogra-
phie du monument, communiquée à l'Académie des inscriptions par M. E. Renan,
montre le buste en bas relief d'un personnage viril coiffé identiquement.
(Planche gravée d’après mon dessin pour accompagner l’article de M. Renan,
dans le Journal asiatique (février-mars 1883, p. 216 et suiv.).
s
— 240 —
ONOPASETSR
Marbre. — Arsoaf ( Apollonias). — 2 dessins; un moulage.
Statue de 0" 70 de hauteur, représentant un épervier de taille
colossale; mutilée. Les plumes sont figurées par un curieux travail
d'imbrication. Le bec est brisé. L'oiseau est figuré debout; les
ailes, fermées, sont à peine indiquées. Les pattes sont absentes.
Une large entaïlle pratiquée à la partie antérieure et inférieure du
corps montre que la statue venait se superposer à quelque autre
chose.
Au col de oiseau est suspendu par un double cordon un mé-
daïllon circulaire, où est sculpté en relief un monogramme grec,
qu'il faut peut-être lire IDYAIANOC.
Travail grec de basse époque fait sous une influence égyptienne
indirecte. Rappelle tout à fait le type de l’Horus hiéracocéphale,
d’où est sorti, par voie iconologique, le saint Georges chrétien P).
J'ai montré autrefois que le dieu phénicien Reseph, correspon-
dant exactement à cet Horus ornithomorphe, ainsi qu'à Apollon
hellénique, avait donné son nom à la ville antique d'Arsoüf (Apol-
lonias des Grecs) : &—nw. I est probable que nous avons
là une image, réminiscence tardive, du Reseph phénicien, patron
éponyme de la ville d'Arsoüf.
(Gravée, pl. IT, H.)
122:
Yerka (environs de Saini-Jean-d'Acre). — Copie d'un indigène.
Inscription grecque byzantine. Trois lignes. Le reste est enfoui
en terre.
123.
Yerka (environs de Saint-Jean-d’'Acre). — Copie d'un indigène.
Fragment d'inscription grecque ou médiévale {?). Une ligne.
Le reste est caché par une autre pierre.
® L’original était dans le /laram de Sidna ‘Aly. L'autorité locale, mise en éveil
par l'intérêt que j y avais attaché, l’a depuis fait saisir et transporter à Jérusalem.
@) Cf. mon mémoire sur Horus et saint Georges.
— 241 —
124.
Aqueduc de Siloé (Jérusalem). — Dessin.
Plan et coupe de l'aqueduc percé dans le roc et contenant la
grande inscription hébraïque archaïque n° 20 {section IT). Dressés,
à ma demande, par mon ami le colonel sir Charles Warren (R. E.),
d'après ses relevés pris en 1867. Échelle : ———. Cotes réelles ex-
primées. Le dessin a été réduit d’un tiers à la gravure.
(Gravés, pl. VIT.)
1250
Bronze. — Saida (Sidon). — 1 photegraphie.
Statuette d'Astarté ®), nue; geste de la Vénus dite pudique; ar-
milles ; diadème tripartite. Physionomie souriante. Style grec. Hau-
teur, 0" 23. Cf. n° 101 de cette section du catalogue.
(Gravée, pl. IV, A.)
126.
Bronze. — Jaffa (Joppé). == Empreintes.
Monnaie inédite de l'antique Joppé, au nom de l’empereur
Héliogabale ®). Cette monnaie tranche un point controversé de la
numismatique palestinienne. Elle nous prouve, en effet, que
M. de Saulcy (), en étant tenté de voir, non sans quelque hésita-
tion, dans les lettres AA l’abréviation de l'épithète bAA(OYIAC),
avait raison contre M. Reichardt (), qui les prenait pour la nola-
tion de la date 531 (des Séleucides — 251 de notre ère).
(1) A M. Lüytved.
Cf les figurines semblables des numéros 95-98 et 101.
) Je l'ai donnée dans la Revue archéologique (février 1882, p. 74), avec un
note intéressante de M. Darricarrère, qui possède l'original.
® Numismatique de la Terre-Sainte, p. 177.
5) Wiener numism. Monatschr., HN, p- 192 el 195.
MI8S, SCIENT, — XI, 10
IMPRIMENIE NATIONALES
— 242 —
12700
Basalte. — Selgo ou Selik, à deux heures et demie de Sumosate,
sur l'Euphrale. — Estampages et dessins.
Monument de la plus haute importance, découvert par M. Lôyt-
ved, qui a bien voulu m'en donner l'estampage et un croquis.
Stèle quadrangulaire, mesurant 1" 50 de hauteur, sur 0" 63 de
largeur et 0" 35 d'épaisseur.
Bas-relief représentant un roi d'Arménie, ou de Commagène,
qui offre de grandes analogies avec Îles portraits monétaires de
Tigrane : debout, en pantalon'oriental, présentant la main à l'Hé-
raklès hellénique, également debout, devant lui, la massue sur
l'épaule.
Sur les faces latérales, à droite et à gauche, inscription grecque
comptant environ 40 + /45—85 lignes. Malheureusement ce sont
des tronçons de phrases sans suite. Il est à supposer que l’inscrip-
tion se continuait sur la face postérieure; elle aura été détruite,
à moins qu'elle n'ait échappé à l'attention de M. Lüytved P),
198 6).
Djebail (Byblos). — Estampage.
Inscription funéraire en hébreu carré“. Cinq lignes. Epitaphe
de Hallevi, fils de Manassé, chef de la communauté P), datée de
l'an 1411 de l'ère des Séleucides (1100 après J.-C.) :
Q()0N ADN:
250 72 07
= bapn wN
NNS n22 5
nv 09
Fournit un synchronisme important pour une inscription ana-
() In situ.
@) M. Lôytved m'a confirmé, depuis, par lettre, que ma conjecture était exacte
et que la face postérieure est, en effet, couverte de caractères.
#) L'’original est entre les mains d’un indigène.
(1) Cf. les deux articles que j'ai consacrés à cette inscription dans la Revue cri-
tique (19 février et 21 mai 1883).
(©) Lapn UN, cf. Benjamin de Tudèle, p. 30, éd. Asher.
7
— 243 — u
logue recueillie autrefois à Djébaïl par M. E. Renan, et à laquelle
quelques savants avaient été tentés d'attribuer une antiquité exa-
gérée (1). À comparer aux inscriptions juives du Yémen.
é 20:
Beyrouth. — Estampages À et B.
Sur les débris d’un grand sarcophage trouvé du côté du Nabr
Beyrouth; deux fragments d'inscription grecque se faisant peut-
être suite. L'un d'eux a conservé l'extrémité du cartouche à
queue d’aronde qui encadrait l'inscription. Deux lignes. Épitaphe
chrétienne.
130 ©).
Roc. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Croquis ©.
Au-dessus de l'entrée cintrée d’an caveau funéraire creusé dans
le roc, déblayé par moi : »
1
PU
SIL
Jérusalem (mur du Haram). — Croquis ©.
Plans et croquis montrant le résultat des excavations entre-
prises, sur ma demande, par les Turcs au pied du mur est du
Haram (enceinte du temple juif). Découverte d’une porte murée,
inconnue jusqu'ici, donnant accès dans le terre-plein intérieur du
sanctuaire ().
132 (6),
Roc. — Gezer. — Croquis ©.
"
Troisième exemplaire de inscription bilingue, hébraïque et
G) Chwolson, Corp. inscr. hebr., p. 101 et suiv. CF. Fr, Lenormant, Essai sur la
propag. de l'alph. phén., V, 275.
2) J]n situ.
fn * y]
) Carnet, p. 59.
() Carnet, p. 44 et 45.
5) Cf. n° 89 de cette même section,
(
) In situ.
Carnet, p. 55, 74-70.
10.
— 9hh —
grecque, fixant l'emplacement et déterminant le périmètre légal
de Gezer, ia fameuse ville royale chananéenne retrouvée par moi
il y a une douzaine d'années. Deux lignes.
ARKIOY 31 onn
D'Alkios. Limite de Gezer.
J'avais découvert les deux autres exemplaires en 1874.
Copie de la nouvelle inscription; plans et croquis montrant la
disposition topographique des textes.
J'avais, à l'origine, proposé de voir dans ce mot grec AAKIO
ou AAKIOY, répété trois fois, une transcription, hellénisée pour
le son, du nom juif très répandu Helkias (W°p9n), probablement
quelque magistrat ou personnage de marque ayant présidé à l'éta-
blissement de la limite. Nombre de personnes avaient hésité à
adopter cette conjecture. Je puis la confirmer, grâce à un monur-
ment que je connais depuis treize ans, et dont l'original, acquis
ultérieurement par M. Chevarrier, mon prédécesseur à Jaffa, est
récemment entré au Louvre. C’est un grand ossuaire en pierre cal-
caire surmonté d'un couvercle demi-cylindrique et orné sur sa face
antérieure et ses deux petits bouts. Il porte en outre une inscription
grecque qui court sur le bord du petit bout de gauche et de la
face antérieure. Je crois bon d'en donner ici une reproduction
d'après l’estampage que j'ai pris en 1871 et les dessins exécutés
sous ma direction en 1874 par M. Lecomte, alors que le monu-
ment était encore en place dans un ancien caveau sépulcral de
Lydda, dont j'ai également rapporté un plan exact.
L'inscription se dit :
Eupéüur où Hupiwobr, 6 xal Malbduns dia À tou ZE tuœwvos
l'oËmp.
Je ne m'arrête pas, en ce moment, aux formes, très intéres-
santes cependant, sous bien des rapports, de Hupévôur, Ma)-
Oauns, Tobap, ni à la question de savoir si di» est pour dimwvôs.
Je ne retiens que le nom d’Alkios et son association au nom incon-
testablement juif de Simon. L’Alkios de Lydda et l'Alkios de Gezer
sont rigoureusement homonymes. Il ne serait pas impossible qu'ils
fussent identiques. Lydda-Diospolis est, somme toute, à peu de
distance de Gezer, et, si l’on tient compte de ce que l'épitaphe
de Pyrinthyn a pu être gravée deux générations après l'époque de
RO) TES
son père ou grand-père Alkios, l’on trouve un intervalle suffisant
pour justifier l'écart paléographique qui peut exister entre les in-
Face antérieure.
ji
EN
NÉE AE ï
7n ?
hé pe DD
ul, LS sr
2) à Pr
LA
Es MN UT
NA le. 2 LEA À
Face postéricure.
scriptions grecques de Gezer et l'inscription de lossuaire, dont
les caractères sont, d’ailleurs, d’une assez bonne époque.
— 216 —
133.
Dädjoùn. — Croquis ©.
Position de Dädjoün, localité omise par toutes les cartes de Pa-
lestine, et représentant le Kepher-Dagon de l'Onomasticon.
1340.
Calcaire grossier. — Jérusalem. — Dessin ©.
Dalle funéraire. Épitaphe chrétienne :
+ Owun lodvns (sic): &x Blou BPc.
135 4,
_ El-Moudjeidel, près de Tell-el-Hara. — Copie.
Inscription grecque relative à la construction d’une tour. Huit
lignes. Les mots Kara Aaœuacxod, placés immédiatement devant la
date, paraissent indiquer l'existence d'une ère propre à Damas, ère
jusqu'à présent inconnue.
156.
Bostra. — Copie.
Sur une pierre mesurant 2° 10 X 0" A5, dans une maison. In-
scription grecque. Trois lignes. Construction d’un prétoire pour
l’'hegemôn.
Datée de l’an 385, indiction XIII (490 après J.-C.)
137.
Bostra. — Copie.
Dans la maison du cheikh. Inscription grecque, inscrite dans un
cartouche à oreillettes. Quatre lignes. Datée.
(0) Carnet, p. 86.
@) Chez l'archimandrite de la mission russe.
() Carnet, p. 124.
4) Ce numéro et les suivants ont été copiés par M. Lôytved, qui a bien voulu
me communiquer ses copies. Je les crois inédits; tout au moins ils ne figurent
pas dans les Inscriptions yrecques et latines de lu Syrie, de M. Waddington.
one
138.
ET-H it. — Copie.
Inscription grecque métrique. Six lignes. Épilaphe d’un cavalier
appelé Diomèdes.
139.
ET-Heyät. — Copie.
Dans un cartouche à oreillettes ornées, inscription grecque de
cinq lignes.
Proklos, fils d'Aumos, consacre un Hermès pour le salut de
son fils Agrippianos.
C'est le pendant exact du numéro 2096 du recueil de M. Wad-
dington, où nous voyons le même individu consacrer un Gany-
mède pour son autre fils Aumos Ü).
140.
Dakir. — Copie.
Inscription grecque. Trois lignes. Fragment.
141.
Dakir. — Copie:
Inscription grecque. Six lignes. Fragment.
| 5 5
142.
Dakir. — Copie.
Inscription grecque. Une ligne.
145.
Souwaret-es-s'qhir. — Copie.
Inscription grecque. Quatre lignes. Fragment.
D C'est peut-être le même qui, sous le numéro 2098, consacre une Aphrodite
pour sa file Asmathé.
Le 018 es
lAñ.
Dakir. — Copie.
Inscription grecque. Deux lignes.
145.
Dakir. — Copie.
Inscription grecqué. Quatre lignes.
126.
Baalbek. — Copie.
Dans une maisou, sur un piédestal, dont une seule face est
visible. Inscription grecque. Quatre lignes.
147.
Baalbex. — Copie.
Sur un buste. [Inscription grecque. Deux lignes.
148.
Bualbek. — Copie.
Dans le quartier musulman, près de la porte de Homs, sous
un buste en bas relief. Inscription romaine. Trois lignes. Frag-
ment.
149.
Baalbek. — Copie.
Dans une maison près de la route. Inscription grecque. Deux
lignes. Sous un buste sculpté dans une stèle arrondie par en haut.
E50.
Séleucie. — Copie.
Sur le roc, dans le canal :
DIVVSVESPASIANVS
ÉCD'IVVSMR ENS
Fe
— 249 —
151.
Basalte. — Barin (Raphanœæa). — Copie.
Iascription grecque chrétienne. Trois lignes.
159:
Barin. — Copie.
Inscription grecque chrétienne. Üne ligne. La date locale 725
et le chrisme T.
NOTES COMPLÉMENTAIRES.
Les antiquités portant les numéros 64-67 bis, 94 ct 106-111 (sec-
tion Il) ont été recueillies par M. Pérétié pour M. de Clercq et sont
entrées dans la magnifique collection de celui-ci. Je suis heureux d'an-
noncer que M. de Clercq doit prochainement publier le catalogue rai-
sonné de sa collection, avec reproduction, par la gravure, de toutes les
pièces principales (. Nul n’est plus à même que lui d'interpréter savam-
ment les merveilles qu'il a su réunir.
L'épitaphe du maréchal du Temple, Hugues de Quiliugo (IT, n° 14),
a élé publiée par M. Schlumberger dans le Bulletin de lu Société des
antiquaires de France (1882, p. 145), d'après un estampage qu'il tenait
de M. Chevarrier, mon prédécesseur à Jaffa. J'ai vu avec plaisir que je
m'étais rencontré avec ce savant médiéviste sur la plupart des points dans
le commentaire de ce texte. La reproduction que j'en donne rectifie en
plusieurs endroits l'aspect paléographique de la planche du Bullelin et
établit qu'il’ faut bien lire, comme je l'ai fait et comme l'indique, d’ail-
leurs, la rime : QUILIVGO et non QUILIVCO.
(1) La série des cylindres orientaux est déjà sous presse.
INDICATION
DES OBJETS GRAVÉS SUR LES PLANCHES,
= AVEC RENVOIS
AUX NUMÉROS CORRESPONDANTS DES SECTIONS 1 ET II DU CATALOGUE.
PLANCHE TI.
A=T, 26. — Inscription phénicienne du mont Carmel. (Marbre.)
B=—T, 71. — Inscription en hébreu carré. Ascalon (?). ( Marbre.)
C — IT, 50. Chapiteau avec inscription bilingue, hébréo-phénicienne et grecque.
DR Emmaüs. { Marbre.)
PLANCHE 11.
I
1, 4. — Fragment de bas-relief. Arsouf. (Marbre.)
=], 21. — Fragment de vase. Jérusalem. ( Marbre.)
I
C
D = Il, 75. — Fragment d'inscription hébréo-phénicienne. Jérusalem. (Sur le
- roc.)
LE If, 79 a et 8. — Ossuaire juif. Jérusalem. (Calcaire.)
G=II, 82. — Antélixe. Pays de Karak. (Terre cuite.)
H= JT, 121 À et 8. — Statue d'épervier. Arsouf. (Maxbre.)
PLANCHE IIT.
A=—II, 64. — Disque avec caractères. Sidon. (Bronze.)
B —11, 66. — Lame avec caractères. Sidon. ( Bronze.)
C=TIT, 65. — Rame avec inscription phénicienne. Sidon. (Bronze.)
D=II, 102. — Statuette d'Astarté dansante. Tortose. (Bronze.)
E—IT, 104. — Figurine de panthère. Mont Liban. (Bronze.)
F —1IT, 103. — Figurine de musicienne. Tyr. ( Bronze.)
G=IT, 105. — Figurine de cynccéphale. Tortose.
. PLANCHE IV.
A =If,125.— Statuette d'Astarté. Sidon. (Bronze.)
BE SE Statuette d’Astarté. Sidon. ( Bronze.)
C—IT, 99 bis. — Statuette d’Astarté. Sidon. (Bronze.)
D — IT, 101. — Statuette d’Astarté. Tortose. (Bronze.)
E — IT, 97. — Statuette d’Astarté. Sidon. (Bronze.)
F = IT, 96. — Statuette d’Astarté. Sidon. ( Bronze.)
PLANCHE V.
Il, 94. — Fragment d'inscription phénicienne. Sidon. (Calcaire poreux.)
— IT, 100. — Tête d'Hermès. Liban. ( Bronze.)
I
I
À
B
- Il,1114et 5. — Statuettes d'Aphrodite, Hermès et Éros. Balanée. (Marbre.)
]
PLANCHE VI.
A — II, 109. — Stele phénicienne. Amrith. (Calcaire dur.)
B — IT, 110. — Statue de femme. Palmyre. (Calcaire dur.)
G = II, 106. — Bas-relief, tête de déesse égypto-phénicienne. Syrie. (Bronze.)
PLANCHE VIT.
IL, 124. — Plan et coupe de l’aqueduc de Siloé. {D'après les relevés de sir Charles
jee n A eu 1
Warren, R. E., au ——; gravés au ——=.)
PLANCHE VIF.
IT, 20. — Inscription hébréo-phénicienne de l’aqueduc de Siloé (), Jérusalem.
2
( toc.)
PLANCHE IX.
IT, 1216. -— Mosaïque svriaque avec inscription. (Fac-similé d’un dessm.)
PLANCHE X.
AT, 106. — Dalle tombale du croisé sire Gautier Meinne-Abeuf. Saint-Jean-
d'Acre. (Marbre.)
B—T, 106. — Revers de la dalle ci-dessus.
GT, 107. — Inscription des Croisades, datée de 1190. Tyr. (Marbre.)
D = 11, 113. — Inscription des Croisades, x1° siècle. Jérusalem. (Marbre.)
PLANCHE XI.
A —T, 20. — Fragment de bas-relief des Croisades. Jérusalem. ( Marbre.)
B—II, 25. — Inscription des Croisades. Jérusalem. (Calcaire.)
CII, 114. — Inscription des Croisades. Sidon (?).
PLANCHE XII.
À — I], 14. — Inscription des Croisades. Ascalon (?). (Marbre.)
B—1J[, 119. — Inscription des Croisades. Jérusalem.
M La gravure héliographique, exécutée directement d’après le creux en plâtre pris par
moi sur l'original pour la Commission du Corpus inscriplionum semilicarum , représente
l'inscription invertie ct en relief, et montre le champ avec les traces du cartouche d’en-
cadrement,
me 4 + x Le
de 4 ëe ul <
LE : #
RER
HÉTPUEESS d. ou raie
# ‘4 À SERRE Hg. 20 MEANS (ab Siodeh ch Aer 4e F2 res
L a ï Est 6 aa) role does 2h sue
ESS | | Losaontt} à dé: NEC TELE AN HA FI by clou
#
Ho Mfasti . bre
Le sh po van FL né “4 Eu
D ; arabe we AE ho ba. dm: shape ab QUE
LE L (EE & 4 x iacrEk To:
Le
EE
| ne #6 "k A LA is à 2e é pue ; a. ei se PA s
| shit Ab si, LE
nesuur£)-JUOUWIA|]
TIWAVO LNOW
CSITOROONNES AVWWE) SVMNVY
INOTIMIEMNE
de
DA
AR Ut
CPI
CSVINOIIOGV) ANOSUV H
WŒIVSNAEL D 9 | Ke |
VON 44 SAV 9
_
LSVENRS,
(AIAVWYS)
NEQUURS)-JUOUNI] \\] 3P UOISSIIN
Lay, Vu
TERRES RRER DEN
(NVMTSIS) WMATVSANEL Q
BASTIDION
CAS TRBIOIN
F
DNORMOS
IRIS: G-TOR
Œ
PIB AN
ROSE
Héliog, Dia rdi. Partis
[TT
D _-TORTOSE
Mission de M Clermont-Ganncau
SUR
DON
Héliog Dujardin Partie
NVaAIT
GE SENTE
nesuure£s: JUOUS |
S2z07 np z70 ln
L
ÀA-AMRITH
LE
1
ardiun
Héliog. Uuy
inEaU
He eo to:
Arclieen des Mittions scientifiques chtUENUre NI pan
PI VII
PLAN ET COUPE DE L'AQUEDUC DE SILOÉ,
D'APRÈS LES RELEVES DE SIN CHARLES AWARREN, R. EF,
INSCRIPTION.
plus ba:
Source de Si Aaryams
9117
NZ Fin Le
TNT ATLE RIT NET TITI NE 2 772
Pente de.
Ç 22
Re
Pistine de Sttoé «
PetUnédutE naturel
Source debit maryan
L CZ
72 de 5
3
ë
sd
ee D 2:
É ee Sn
ee * À
J 1 Li
Helhio6. Dujardin
) J
Mit 04 som norme 182)
[LOU
œ
SE
HT
7
212
1
IDESSE)
rm
]
à
Ce S9 JAN DACIRE
ont-CGanneau..
el
B-JERUSALEM
A
@)
a
(
(®)
de M Clermont -Ganneau
PPS ICAATEIOINe
Be RUS ALI, VE
Log, Dujardin Pari
Hé
rAaTI1e Al
C
lermont
J
(
=
QUATRIÈME RAPPORT
DE
M. CH. TISSOT,
MEMBRE DE L'INSTITUT (AGADÈMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES) ;
SUR
LES MISSIONS ARCHÉOLOGIQUES
EN AFRIQUE.
Dans la séance du 20 avril 1883, notre confrère M. Ernest
Desjardins a communiqué à l'Académie une inscription très in-
téressante découverte par M. Letaille aux environs de Makter,
en Tunisie. Cette inscription, que nous publions aujourd'hui en
héliogravure d'après un estampage très soigné, présentait de
grandes difficultés de lecture; nous avons avons pu les surmonter
en partie, grâce au concours de notre savant collègue M. Léopold
Delisle. L'écriture rappelle à la fois l’onciale du haut moyen âge
et les graflites de Pompéi. On sait que les inscriptions en cursive
sur matière dure sont de la plus grande rareté, et cette circon-
stance seule suffirait à donner une importance de premier ordre
au document découvert par M. Letaille. Le fond de l'inscription,
d’ailleurs, n’est pas moins inléressant que la forme. Le défunt,
dont le nom n'est pas indiqué, raconte, en distiques, l’histoire de
sa vie. De simple journalier, employé aux travaux de la moisson,
il s'est élevé, par son activité, à la condition de chef ouvrier; puis
% Voir les précédents envois du même voyageur pendant sa première mission,
communiqués à l'Académie des inscriptions, séances du 30 mars (Comptes rendus,
1883, p. 25, 96 et 98. Découverte de la Colonia Zamensis. Rectification, note de
M. Tissor, p. 203-210), du 13 avril (p. 147 et 148) et du 27 avril (p. 152-
1
199).
ONE
il est devenu propriétaire et a occupé un siège dans la curie. Son
bonheur, récompense de sa vie honnête et laborieuse, n'a été trou-
blé par aucune médisance. L’épitaphe se termine par une leçon de
morale : « Apprenez, mortels, à mener une vie sans reproche : celui
qui à vécu sans crime, mérite de mourir ainsi. »
Assurément, dans ce petit morceau, les idées valent mieux que
l'expression; mais ce mélange de prétention et de maladresse, ces
fautes de quantité et d'orthographe, caractérisent à merveille le
parvenu du travail manuel qui s’est efforcé d'acquérir sur le tard
quelques notions hâtives de littérature et de poésie. En comparant
cette épitaphe en vers boiteux à bien d’autres compositions analogues
trouvées en Afrique, on est frappé de l'accent tout personnel qui la
distingue et qui n’a rien de commun avec la pompeuse rhélo-
rique de commande gravée sur la mausolée de Flavius Secundus
à Cillium. Si le moissonneur n'a pas composé lui-même son épi-
taphe, du moins le poète municipal chargé de ce soin a-tl pu
travailler sous son inspiration directe et peut-être sur un canevas
écrit par lui. Cette autobiographie d’un laboureur devenu proprié-
taire et magistrat de son municipe est encore singulièrement in-
structive à d’autres égards; elle jette une lumière nouvelle et toute
favorable sur la condition des classes agricoles dans les provinces
de l'empire. Rien n'autorise à en faire descendre l'époque jus-
qu’à l'établissement définitif du christianisme; le caractère de
l'écrituie ne peut être invoqué comme un argument dans ce sens.
Les graffites de Pompéi montrent suffisamment que l'écriture cur-
sive était en usage de très bonne heure. Nous inclinerions à consi-
dérer celte inscription comme contemporaine des Sévères et de la
grande prospérité industrielle et agricole dont l'Afrique jouit sous
ces empereurs.
Voici les vers que l'estampage et l'héliogravure nous ont permis
de déchiffrer avec certitude {voir pl. F) :
CC
Po: TEA Re Ce RO OT ferebat.
Et cum maturas segeles produxerat annus
Demessor calami tum ego primus eram.
Falcifera cum turma virum processerat arv. .
INSCRIPTION. DE
MAKTER
=
HS SOMMEUT
à a 4
[LR Mn! 2
D A4
Do
Seu Cirtae nomadas, seu Jovis (?), arva petens
Demessor eunctos anteibam primus in arvis,
Pos[t] tergus lincuens densa meum agmina (sic).
Bis senas messes rabido sub sole totondi.
Dactor et ex opere postea factus eram.
Undecim et turmas messorum duximus annifs]
Et Numidae campos nostra manus secuit.
Hic labor et vita parvo cont[ent]a valere
Et dominum fecere domus et villa paralas,
Et nullis opibus indiget ipsa domus.
Et nostra vita fructus percepit honorum :
Inter conscriptos scriptus et ipse fui.
Ordinis in templo, delectus ab ordine, sedi,
Et de rusticulo censor et ipse fui.
Et genui, et vidi juvenes crevisse nepotes.
Vitae pro meritis claros transevimus annos,
Quos nullo lingua crimine ledit atrox.
Discite, mortales, sine crimine degere vitam.
Sic meruit, vixit qui sine fraude, mori (UE
4) Nous donnons ici l'alphabet des caractères employés dans l'original de l'in-
scription de Makter :
AANANX | NEO
dr
B
L
— 256 —
M. Letaille a reçu au mois d'octobre 1883 une nouvelle mis-
sion du Ministère de l’instruction publique à l'effet de poursuivre
ses recherches dans le vaste champ de ruines de Makter. Cette
seconde campagne conduite par lui avec beaucoup de persévérance
et de zèle, a déjà fourni des résultats intéressants, dont nous ne
pouvons signaler ici que les principaux. Les deux inscriptions
suivantes, dont M. Letaille nous a adressé les estampages, don-
nent pour la première fois le nom complet de la ville antique
qui s'élevait à la place de Makter, ainsi que l'ethnique Mactari-
tanus.
I. Piédestal trouvé à Makter, au centre de la ville antique.
Hauteur de l'inscription, 0" 75 ; largeur, 0" 45 ; hauteur des lettres,
07 09.
IMP:CAES L:SEPTIMI SEVERI
PII PER TINACIS AVG:ARAB:
ADIAB-*PART :MAX:FORTISSI
MI FELICISSIMI PONT MAX
TRIB : POTEST - VII-IMP-XI COS-Ï
P P PROCOSZZ 0)
IMP : CAES‘M:AVRELI ANTONINI AVG
TRIB:POT:II PROCOS%5 (0)
a M ANTÏTONINI PI] GER:SARM
WP) DIVNI ANTONINI PILE
DIVI HADRIANIZZ DIVI TRAIA
NI PART:ET DIVI NERVAEZZ (8 COL:AE
LIA AVRELIA MACTARIS D D:PP
s
L'inscription se lit sans difficulté et les lacunes indiquées peu-
vent être remplies avec certitude. Les deux premières lignes ont
été martelées dans l'antiquité; elles doivent se restituer ainsi :
IMP-P-SEPTIMIO GETAE
AVG
® mp. P. Septimio Getae. — ® Aug. —® Filio. — ® Fratri: — ® Nepot.
— (9 Pronep. — () Abnep. — (®) Adnep.
— 257 —
II. La seconde inscription, trouvée à Makter également, est
malheureusement peu lisible; mais elle donne à la huitième ligne
le mot MACTARITANAE, ethnique de la cité que fait con-
naître l'inscription précédente, Colonia Aelia, Aurelia, Mactaris.
Les dernières lignes, que l’on peut déchiffrer en partie, indiquent
le sujet de l'inscription, qui est une dédicace en l'honneur de
C. Sextius, C. f., de la tribu Papiria.
COL SVAE MACTARITANAE EPVLATICZZEX
VSVERISZZACW EVE M IIIMIFR ATRIS SVI
QVODANNISZ//0B QUVAM LIBERALITATEM
EIVS STATVA MZ MSP OSNN ER
IT
L'Académie sait avec quel zèle les officiers de l'armée d’occupa-
tion de la Tunisie ont collaboré, depuis deux ans, à l'exploration
archéologique de ce pays. Nous sommes heureux de constater que
cezèle ne s’est pas refroidi et que nos officiers ont fourni, cette année
encore, un large contingent de découvertes à l’épigraphie afri-
caine. Souvent, il est vrai, dans une matière si difficile, le travail
et la bonne volonté ne suffisent pas; pour copier les textes et pour
en faire de bons estampages, il faut une certaine habileté profes-
sionnelle que l'expérience seule peut donner à la longue. Ces ob-
servations s'appliquent en particulier aux nombreuses communi-
cations de M. le D' Rouire, que nous sommes obligé de résumer
très brièvement. Parmi les inscriptions qu'il a recueillies, il en
est un certain nombre qui figurent déjà dans le Corpus; d’autres,
qui paraissent inédites, sont copiées avec trop d'inexpérience pour
qu'on puisse en tenter la restitution. Nous mentionnerons, parmi
ces dernières, une douzaine d'inscriptions funéraires recueillies à
Sidi-Aïsch, sur la route de Gafsa à Feriana, localité dont M. le
D’ Rouire a donné une description soignée. L'auteur a joint à son
envoi des photographies exécutées d’après les dessins de M. Go-
dart, qui faisait partie d’une des grandes colonnes militaires for-
mées dans l’automne de 1881 ; les inscriptions ainsi reproduites
sont d’une extrême incorrection, et ne peuvent être d'aucun
usage. On peut en dire autant des estampages de M. Rouire, dont
plusieurs ont été pris à l’aide de papier collé, circonstance regret-
MISS, SCIENT, — XI, 17
IMPMIMERIE NATIONALE,
— 258 —
table qui leur enlève toute valeur, l'emploi de papier non collé
étant indispensable quand il s’agit de reproduire les détails d’une
inscription souvent mal gravée et détériorée par:le temps.
M. le capitaine Vincent, détaché à Badja, nous a envoyé un
travail plein d'intérêt sur les recherches qu'il a entreprises dans les
environs de cette ville où il dirigeait le service des renseignements.
Son mémoire est accompagné de dessins soignés et de plans qui
mériteraient d'être reproduits par la gravure. À Badja même,
M. Vincent a recueilli une inscription importante qui donne une
date consulaire :
CAESARE M AVG
M PLAVTIO SILVANO
M TITVZNI VS MF
AFRICANVS AEDEm
ENVIRISARERE CITZZ
[Imp(eratore)] Cuesare Aug(usto) Marco) Plautio Silvano M{arcus)
Titufrinius M{arci) f{ilius) Africanus aede[m Tel\luris refecit.
Le consulat de Plautius Silvanus remonte à l'an 752 de Rome.
L’enceinte de la ville a fourni à M. Vineent la matière d’une cu-
rieuse étude. Il en a dégagé une partie et découvert une belle
porte à double entrée construite en pierre de grand appareil, au-
dessus de laquelle est bâtie la porte moderne de Bab-es-Souk. Ce
résultat n’a pu être obtenu qu'au prix de fouilles difficiles, que
M. Vincent a conduites avec beaucoup d'intelligence. D’autres
fouilles, pratiquées par lui à Bou-Hamba, à 1,800 mètres de Badja,
ont amené la découverte d’une nécropole punique, dont cent vingt
caveaux ont été explorés. Tous les tombeaux sont construits sur un
même modèle. On y descend par une entrée rectangulaire taillée
dans une maçonnerie en béton entremêlé de grosses pierres; le
couloir conduit à une voûte dont la coupe est tantôt circulaire et
tantôt carrée. Le caractère de ces tombes est celui de la seconde
époque phénicienne. M. Vincent a dessiné la coupe de huit d’entre
elles, en indiquant exactement les objets qu'il a découverts dans
chacune, à droite et à gauche des ossements. Ces objets, dont il a
également envoyé les dessins, sont des lampes, de petits lécytbes,
des urnes funéraires et quelques monnaies de bronze carthagi-
noises aux symboles du palmier et du cheval. I serait à désirer
que l'exploration de cette nécropole fût reprise avec autant de
— 959 —
soin que M. Vincent en a mis à la commencer. Enfin, le même
officier a découvert sur l’Oued Badja les restes d’un camp retran-
ché romain, s'étendant sur une superficie de 2 hectares 55 ares
au confluent de l'Oued Badja et du Chäbet el Louza. Le fossé et le
vallum sont reconnaissables sur une assez grande étendue; la face
sud présente des murs et des restes de tours. Les faces nord-ouest
et est sont intactes et défendues par des fossés de 20 «mètres de
largeur sur 3 mètres de profondeur. M. le capitaine Vincent a fait
preuve, dans l'exposé de ses recherches, d’une sagacité et d’une
précision qui lui font honneur; seules, les copies d'inscriptions
qu'il nous communique laissent encore beaucoup à désirer.
Nous devons à M. le lieutenant Espérandieu, qui a accompagné
M. Letaille dans une partie de sa mission, trois plans intéressants
des ruines de Siguese (Pont Romain), Laribus (Lorbes) et Mac-
taris (Makter). On ne saurait trop encourager nos officiers à faire
des travaux de ce genre, auxquels leurs études les ont parfaite-
ment préparés. Les plans de M. Espérandieu sont habilement
dessinés et représentent un labeur considérable, dont l’Académie
lui sait gré. .
M. le lieutenant Fonssagrives a découvert à Zaghouan et dans
les eevirons de cette ville sept inscriptions ou fragments d’inscrip-
tions qui ont déjà été communiqués à l’Académie des inscriptions
(séance du 19 octobre 1883). Ces textes présentent un intérêt |
sérieux et ont été copiés d’une manière satisfaisante; il n’est pas
inutile de les reproduire ici avec quelques-unes des observations
qu'ils suggèrent.
Le premier texte envoyé par M. Fonssagrives a été trouvé à
Zaghouan même. C’est un fragment de dédicace gravé sur un
cippe qui a été scié par la moitié dans le sens de la longueur.
VENERI:AVZ£#
ALVIOLENZXZRESCENTIZZ
NIMINIVS:MISTLIZ#Z
AD ORNANDAM PATRIAMZ
PAVPERTATIS SVAE IN P%#
COMPENSATIONEM 17%
PECVNIA SVA FECER ##
ICATIONEM : PVGIZÆ?
[a
(1) Publiées par moi dans le numéro 5, 3° année, du Bulletin épigraphique de
la Gaule, P: 217-221.
17.
— 260 —
Veneri Auf(g. s(acrum) . . . Alnniolen|us, C\rescenti|s f{1hus), etc. . .] nunu-
nus Misili|ssae filus]:: 0.120: ad ornandam patriam [et in leva-
mentum] paupertats suae [ardem? cellam?], pecunia sua fecer[unt, ob
cujus de\dicationem, pugilles et gymnasium universis civibus dederunt].
Il s'agit, comme on le voit, d'un monument dédié à Vénus
Auguste par deux personnages dont les noms sont incomplets.
La copie de M. Fonssagrives porte ALVIOLEN fus] : nous lisons
sur l’estampage [a] NNIOLEN [us], nom analogue à celui d'An-
niolus que donne une inscription africaine. Le nom qui suit, au
génitif, est certainement Crescens. Le nom du second des deux
donateurs est également mutilé : M. Fonssagrives a lu ...NIMI-
NIVS. L'estampage donne MMINIVS. Le nom qui suit, MISILI
[SS], est libyen : le mot mas, mes ou mis «fils de» entre dans la
composition d’un grand nombre de noms indigènes, Masiwa,
Massinissa, Micipsa, Mesotul, etc. On trouve dans les inscriptions
Iybiques” le second composant à l'état isolé : ba, Inissa, Ibsa.
Le complément que nous donnons est justifié par le nom d’Ilissa
qui se rencontre dans l'épigraphie libyenne.
Un autre fragment, trouvé à Zaghouan, est relatif à un procurator
Augusti, c'est-à-dire à un administrateur des domaines impériaux :
les dedicantes sont les officiales du procurateur, ou employés de ses
bureaux.
L : PLAVTIO - ITA
PROC:AVG
OFFICIAII
LPC
À Henchir-Beni-Derradi, à 7 kilomètres environ à l’est de Za-
7
ghouan, et sur le chemin qui conduit de ce bourg à Hammamet,
M. Fonssagrives a rencontré la dédicace suivante :
MARTIN À ANOS V
PRO SAL NIBVS OIO
M AVRELI AN R RADI
CIVV
CVRO
Q:Il
Cette dédicace à Mars Victor Augustus, pour le salut de l’em-
— 9261 —
pereur M. Aurelius Antoninus (Caracalla), a été gravée sur une
pierre qui portait déjà une inscription dont il subsiste encore
quelques caractères. On s’est borné à effacer tant bien que mal
le premier texte et à graver le second dans un rectangle central
creusé à 5 millimètres de profondeur. On trouve en Afrique de
nombreux exemples d'économies de ce genre.
Les deux derniers textes, de beaucoup les plus intéressants, ont
été découverts à Henchir-Drâa et Gamra, dans le Bahirt Simindja,
vaste plaine arrosée par l’'Oued Meliàän et bornée au sud par le
massif de Zaghouàn, à l’est par les collines d'Oudena, l’ancienne
Uthina, et à l’ouest par le plateau qui sépare le bassin de l'Oued
Meliàän de celui de la Medjerda.
Voici la première des deux inscriptions découvertes dans ces
ruines par M. Fonssagrives :
MENSVR
P : LIGARIO : MAXIMI : LIGARI : FIL : POTITO :
DECVRIONI EI MAGISIRAÏTO : ANNVALI : CI
VITATIS-SVAE GORITANAE QVI EX SVA LI
BERALITATE : REI : PVBL : SVAE : HS: III + MIL :
N :INFERENDA REPROMISII VIT EX EIVS
SVMMAE REDIIVM ID ESI VSVRAE XLX
DIE‘XVI-KAL-IAN:NATALIS EIVS PVGILI
BVS EI GYMNASIO IIÏEMQVE DECVRIO
NIBVS EPVLO SVO QVOQVE ANNO IN PER
PEIVVM AB EADEM : REP : INSVMERENTVR
P : LIGARIVS SECVRVS OB DEBITAM PATRI
PIETATEM POSVIT:I-D-:D:D:
P{ublio) Ligario, Maximi Ligaru fil(io), Potito, decuriont et magistrato (sic)
annuali civitatis suae (roritanae, qui, ex sua liberalitate, rei publ(icae)
suae, sestertium quattuor millia nummum inferenda repronusil, ul, ex ejus
summae reditum (sic), td est usurae, denarii sexaqinlu , die decimo sexto
kalendas januarias, natalis ejus, pugilibus et qymnasio itemque decurio-
nibus epulo, suo quoque anno in perpetaum, ab eadem rep{ublica) insume-
rentur, Publius) Ligarius Securus ob debitam patri pietatem posuit.
L{oco) d{ato) d(ecreto) d(ecurionum).
À Publius Ligarius Potitus, fils de Maximus Ligarius, décurion et
magistrat annuel de Gor, sa ville natale, qui, dans sa libéralité, s’est
engagé à verser au trésor. de la cité la somme de 4,000 sesterces, pour
— 262 —
que, du revenu (c'est-à-dire des intérêts de cette somme), 60 deniers
soient consacrés par ladite cité, chaque année, à perpétuité, le 16 des
kalendes de janvier, jour de naissance du donateur, à des combats de
pugilistes et à des jeux gymnastiques, ainsi qu'à un banquet offert aux
décurions.
Publius Ligarius Securus, dans un légitime sentiment de piété filiale,
a élevé (cette statue), le terrain ayant été accordé par un décret des
décurions.
En dehors de l'inscription, et sur la plinthe supérieure du pié-
destal, on remarque, en petits caractères, abréviation MENSVR.
Elle constate peut-être que la plinthe donne précisément la mesure
de l'emplacement concédé par le décret de la curie. Les monu-
ments de ce genre étaient si nombreux dans quelques villes afri-
caines, que le forum en était littéralement encombré. Le terrain
était donc strictement mesuré et, malgré cette précaution, cer-
taines cités étaient obligées d’aligner sur deux rangs les statues de
leurs bienfaiteurs.
Les mots magistrato annuali, qu'on lit à la deuxième ligne,
confirment, croyons-nous, l'existence d'une organisation munici-
pale particulière qu'on avait déjà cru entrevoir dans d’autres bourgs
africains.
Une inscription de Sila (C. 1. L., 1. VII, 5884) nomme un
magisiralus :
JEAN AO AN VE MELN US
CAPVAAMSAGAEY
SACRVM
COMPARER INA RALAVES
FAVSTVSGARRVNTI
PRRACAGAVILAS PEINE SE
DEMPARIGOINS ARR MMIVES
PERMISSO ORDINIS
SSL RE CNINTS ARE CM
ITEMOVE DE DICAMVINT
LIBENSSANIMO
Wilmanns suppose que ce magistratus est le magister pag :
magistratum nescio quem, scilicet, ni fallimur, magistrum pagi. Mais
il reconnaît en même temps que la condition de Sila était de tous
points analogue à celle de Sigus, et 11 constate ailleurs que Sigus,
MCE
— 263 —
qualifiée dans d’autres inscriptions de res publica, avait une organi
sation qui tenait le milieu entre celle du municipe proprement dit
et celle du simple pagus.
Une inscription d’Uzelis (C. I. L., t. VIIL, 6339) fait égale-
ment mention d'un magistratus et des sommes honoraires payées
par lui à l'occasion de son décurionat et de sa magistrature :
P. Marcius, P. fiius, Q{uirina), Crescens, mag(istratus), ob statuam,
quam, ob honorem magistratus sut, die tertio nonarum Januariarum , in
Capitolio promuser(at), inlatis r(ei) p(ublicue) summis honorarüs decurio-
natus et mag(istratus), sua plecunia) f{ecit) et, eodem anno, die xvr k(a-
lendas) octobr(is), dedicavit. L(oco) d{ato) d{ecreto) d(ecurionum).
Ici, comme dans l'inscription qui nous occupe, il est question
du double honneur du décurionat et de la magistrature annuelle.
Quel était au juste le sens de ce mot magistratus ? Devons-nous y
voir simplement le titre de « magistrat» dans son acception la plus
large? En qualifiant son père de magistratus annualis, le fils de
Ligarius Potitus a-t-il fait allusion aux honneurs annuels de l’édi-
lité ou du duumvirat? Une telle explication n'est guère admissible.
L'emploi du mot magistraitus dans ce sens est sans exemple, au
moins en Afrique, et l’on comprend aisément que l'amour-propre
des bienfaiteurs des cités ou la piété filiale des héritiers de ces bien-
faiteurs n’ait pas trouvé son compte à celte formule vague, alors que
lestitres d’édile et de duumvir étaient de véritables titres de noblesse.
Nous inclinerions donc à croire que le mot magistratus a ici une
signification spéciale et qu'aGor, comme à Uzelis et à Sila ,ildésigne,
non pas le magister pagi, mais une dignité municipale supérieure à
ce dernier titre, bien qu'inférieure aux dignités des municipes régu-
lièrement organisés. Notre magistratus annualis, en d’autres termes,
nous paraît être un administrateur spécial, dont la fonction corres-
pond à l'organisation particulière de la cité, organisation qui forme
la transition entre le pagus et le municipe. Les rédacteurs du hui-
tième volume du Corpus, tout en admettant l'existence de cette or-
ganisation intermédiaire, ne voient pas dans le magistratus autre
chose que le magister pagi. N'est-ce pas se refuser à la conclusion
après avoir posé les prémisses? Après nous être demandé, pour
notre part, en quoi pouvait consister cette organisation spéciale pre-
nant rang, pour ainsi dire, entre celle du pagus et celle du muni-
cipe, nous sommes lenté de croire que les trois inscriptions de Sila,
— 264 —
d'Uzelis et de Gor nous l’expliquent en nous montrant à la tête
de ces trois petites communautés un magistratus annuel pris parmi
les décurions l).
La seconde inscription découverte par M. Fonssagrives à Henchir-
Drâav et à Gamra a irait, comme les précédentes inscriplions, à
des libéralités testamentaires :
MARIO : MARINO : FELICIS: FIL
FL PPouOB MNGSIGNEM IN PAT RIA0S EMAEI
VES : SVOS: LIBERALITATEM : QVI:TESTAMEN
TOESVO: RL IP ISVAELIGORINANAESDESI-EXIDEENNIE
Né DEDIEMEX SE VIVES ENS NERIS DIRE EN "TPE
SO TD IPB VIS US EP TE MBR ON ODA ANNEES
DECVRIONESC SPORIMLAS AICCE PÉRIENMEEMS
GNMMNASIVM EE VNIVERSIS A CIVIBVS OP TOME
LIBERALITATEM:EIVS :CVM:ORDO:DE:PVBLICO:STA
TVAM : EL : DECREVISSET : MARIA : VICTORIA FIEF
ÉIERESE SEINS EMI VO EAILOCO ACONTMENA
POSVIT : ET : CVM : OFELIO : PRIMO : SVYZZ4
FLXSPP A MARITO : SVO *ORDINI SH EPVEVMe ADDED
Les lacunes ou les erreurs de la copie de M. Fonssagrives sont
faciles à suppléer et à corriger, grâce à l’estampage, et le texte est
certain :
Mario Marino, Felicis ful(io), fllanuni) p(er)petuo, ob insignem in palria et
cives suos liberalitatem , qui testamento suo r(ei) p(ublicae) suae Goritanae
sestertium duodecim millia) n(ummum) dedit, ex cujus usuris, die natal
suo, idibus septembr{ibus), quodannis, decuriones sportulas acceperent,
et gymnasium universis civibus, ob quam liberalitatem ejus cum ordo de
publico statuum ei decrevisset, Maria Victoria fil{ta) [et] heres ejus, ttulo
et loco contenta, [de suo] posuit, et eum Ofelio Primo Saturnino, flanuni
perpetuo, mario suo, ordint epulum dedit.
Nous voyons figurer dans ce second texte des flamines perpé-
tuels, ce qui indique bien que la respublica Goritana avait une
organisation supérieure à celle d’un simple paqus.
Les libéralités testamentaires que la cité reconnaît, au moins
indirectement, sont trois fois plus considérables que dans le texte
G) M. Mommsen, à qui nous ayons soumis cette conjecture, s’y est complète
ment rallié.
— 265 —
précédent. Aussi n'est-ce plus un banquet annuel qui est offert aux
décurions; ce sont des sportules, c'est-à-dire des sommes d'argent,
qui leur sont distribuées. On sait que les sportules consistaient, à
l'origine, en comestibles contenus dans des corbeilles; ces offrandes
en nature se transformèrent avec le temps en présents en numé-
raire.
Nous avons cru devoir insister sur les communications de
M. Fonssagrives à cause de l'intérêt exceptionnel qu’elles présentent.
Le soin avec lequel ont été pris les estampages et les copies de ces
textes a beaucoup facilité notre tâche; il témoigne d’une intelli-
gence et d'un zèle auxquels l’Académie est heureuse de rendre
hommage. À
La capitale de Djerba, l'ancienne Meninx, où s'élève aujourd’hui
le bordj d'El-Kantara, tête de la digue antique qui reliait l'ile au
continent, a été le théâtre de fouilles considérables, exécutées,
d’après les instructions de M. le général Jamais, par les officiers
du 71° de ligne. Les ruines de Meninx s'étendent le long de la
mer, sur une longueur de 2 kilomètres environ, et présentent une
série de petits monticules dont plusieurs ont été fouillés métho-
diquement. M. le lieutenant Gilbert, chargé de la direction des
travaux, expose avec détail, dans trois rapports, la marche et les
résultats de l’opération pendant l'hiver et le printemps de 1882. Le
centre des ruines de Meninx est marqué par les débris d’un grand
édifice, dont les colonnes monolithes, de marbre rouge et vert,
couvrent le sol. On y a trouvé six statues acéphales en haut relief
et d'intéressants fragments d'architecture, mais aucune inscription
n’a permis de déterminer la nature du monument qu'elles déco-
raient. Les monticules qu’on a déblayés recouvraient les restes de
maisons romaines ornées de pavés en mosaique d’une très bonne
exécution. M. Gilbert énumère les ôbjets que les fouilles d'EI-Kan-
tara ont rendus au jour : nous signalerons d’après lui un masque
de femme grimacante, ciselé sur bronze en demi-relief; une statue
d'homme drapé et une tête virile barbue, en marbre blanc. La
découverte la plus importante est celle d’un pavé en mosaïque où
l’on voyait quatre chevaux, la tête ornée de panaches ; le nom de
chaque cheval était inscrit au-dessus en lettres noires, comme dans
la mosaique de JOued Atmenia publiée par la Société archéolo-
gique de Constantine.
CERVLEVS ISPICATVS LVXVRIOSVS BOTROCALEVS (?)
— 266 —
M. Gilbert décrit encore une autre mosaïque, de dimensions
considérables, représentant des poissons, des canards et des fruits.
Les ruines de Meninx ont été explorées de nouveau, au mois de
février de cetteannée, par deux missionnaires de l’Académie; leurs
rapports font mention de statues de marbre, trop lourdes pour
être enlevées, et de mosaïques très détériorées, portant la trace
de dévastations récentes. L'Académie est en droit de demander ce
que sont devenues, entre autres, la tête de bronze signalée par
M. le lieutenant Gülbert et la mosaïque représentant les quatre
chevaux dont le rapport nous a conservé l'inscription. Ces objets,
qui auraient leur place marquée dans une de nos collections natio-
nales, ne sauraient rester entre les mains de ceux qui les ont dé-
couverts, puisque les fouilles ont été faites par des militaires,
c'est-à-dire aux frais de l'État. Il est non moins admissible que l'on
détruise des pavés de mosaïque afin de pouvoir détacher et sous-
traire certaines parties qui paraissent intéressantes. Ce sont là de
véritables actes de vandalisme, que nous mentionnons avec regret,
avec l'espérance qu'ils ne se reproduiront plus.
Au mois de juin 1882, la colonne de M. le général Jamais a
campé pendant quinze jours à Bou-Ghrara (l'ancienne Gigthis),
sur la côte opposée à l’île de Djerba. M. le capitaine du génie
Xardel y a fait exécuter quelques fouilles, qui ont dégagé en partie
le pourtour du forum où se trouvent les inscriptions publiées
dans le Corpus. Le rapport signale la découverte d’un bas-relief
en terre cuite représentant des soldats romains, mais ii ne dit pas
ce qu'est devenu ce bas-relief, qu'il serait intéressant de mieux
connaître. Les inscriptions recueillies par M. Xardel figurent déjà
dans le Corpus, à l'exception d’une seule : c'est un texte considé-
rable gravé sur une colonne de marbre, mais d’une lecture si dif-
ficile qu'on n’a pu en reproduire qu’un petitnombre de lettres, dont
il est impossible de tirer un sens. Dans les habitations privées de
Gigthis, on a trouvé une mosaïque, des poteries et quelques frag-
ments de métal; ces découvertes sont indiquées rapidement par le
rapport, qui contient aussi des observations succinctes relatives à la
topographie de Bou Ghrara.
M. le capitaine de Prudhomme, du 83° de ligne, actuellement
en garnison à Sfax (Tunisie), communique à l'Académie, par
l'entremise d'un de nos missionnaires en Afrique, un intéressant
recueil de textes épigraphiques et de dessins d’après des monu-
— 267 —
ments découverts dans les environs de Bordj-Messaoudi, où M. de
Prudhomme se trouvait détaché avec sa compagnie au mois de juil-
let 1883. L'Académie n'a pas oublié qu’elle doit déjà au même
officier la connaissance d’une mosaïque très curieuse trouvée à
Hammam-Lif et dont une copie à l’aquarelle lui a été soumise l'an
dernier.
Les inscriptions copiées par M. de Prudhomme sont au nombre
de cent cinquante environ; la plupart sont inédites et proviennent
des fouilles exécutées sous sa direction. M. de Prudhomme exprime
lui-même à plusieurs reprises le regret de n’avoir pas eu à sa dis-
position du papier à estampage; c’est un regret auquel nous nous
associons d'autant plus vivement qu'un grand nombre de textes
copiés par cet officier présentent des incertitudes ou des erreurs
de lecture qu'il est plus facile de reconnaître que de corriger.
À Henchir-Douames (colonia Uchitanorum Majorum), M. de
Prudhomme a relevé de nouveau les textes donnant le nom de
cette ville antique, textes qui avaient été communiqués à l'Acadé-
mie par M. le docteur de Balthazar. I a copié en outre des inscrip-
tions funéraires nouvelles et dessiné une porte monumentale dont
la moitié est encore debout. Plusieurs bas-reliefs, dessinés par
M. de Pradhomme à Henchir-Laouga, ont été transportés par ses
soins à Bordj-Messaoudi. Les croquis habilement faits que nous avons
eus sous les yeux nous font connaître quelques monuments remar-
quables déterrés dans les henchirs environnants. Nous citerons un
grand bas-relief en forme d’autel, où l’image d’une femme drapée
placée dans une niche est soutenue par deux cariatides; un bas-
relief représentant une chasse, particulièrement intéressant par les
animaux dont il offre l’image grossière ; on y reconnaiït le lion , l’élé-
phant, l'ours, le buffle et le cerf. À Henchir-Ain-Gharsalla, M. de
Prudhomme a découvert et copié une pierre représentant une
femme nue debout, sculptée en ronde bosse; la niche où cette
statue est posée est soutenue par un homme accroupi d’un dessin
bizarre. Le même henchir lui a fourni une curieuse représentation
de banquet funéraire où un homme et une femme, assis sur un lit
devant une table, sont servis par deux génies ailés, ainsi qu'un
autre bas-relief surmonté d’un fronton où des génies et des têtes
radiées surmontent deux bustes placés dans une niche. I serait fort
désirable que ces spécimens de l’art romain en Afrique fussent
transportés dans une collection publique et reproduits par la photo-
— 268 —
graphie; limitation de modèles gréco-romains s’y allie d'une façon
singulière à un réalisme maladroit qui rappelle les reliefs libyens
taillés dans le roc.
Parmi les inscriptions copiées par M. de Prudhomme, il en est
un grand nombre de funéraires, découvertes dans les différentes
nécropoles qu'il a explorées. L’une d'elles, gravée sous le banquet
funéraire que nous avons signalé, et dont le texte est malheureu-
sement très incertain, paraît se rapporter à une accoucheuse,
OBSTETRIX. Une autre, trouvée à l'Henchir-Aïn-Gharsalla, men-
tionne un IVSTINVS SACERDOS CEREALIVM. Le même hen-
chir a fourni des bornes milliaires où l’on distingue les noms des
empereurs Tacite, Probus et Trajan Dèce. Une grande pierre dé-
terrée près de Teborsouk porte les deux vers suivants :
HAEC TAM PRISCA SVIS LONGAQVE ORIGINE NOLIS
CVRATOR TITVLIS SEMPER.VIVESCERE LECIIS
L'inscription suivante, découverte à Henchir-el-Oust, présenterait
certainement un grand intérêt si l’on pouvait en obtenir une copie
moins fautive :
pro SALVTE IMP CAES M AVRELI COMMlodi
pont.|]MAX TRIB POTEST :- XIII : IMP : VII COS
WW S ACERDOS PVBLICVS DEAE CE
O PRAECIPVA ERGA SANCTISSIMVM MV
am}PLIVS STATVA IANO PATRIYZZET DEI
ob|[CVIVS DEDICATIONE LVDOSZFFEEHI
À la troisième ligne, il faut probablement lire Sacerdos publicus
Deue Cereris; la mention d'une statue de Janus à la cinquième ne
peut être acceplée que sous toutes réserves, à cause des défectuosités
irès nombreuses de la copie.
À Henchir-el-Oust, une architrave porte en lettres colossales
l'inscription suivante : |
VICTORIIS AVG SACR PRO SALVTE
M AVRELI SEVERI ALEXANDRI PII FELl({cis au)GVSTI PONTIFICIS MAXIMI TRIB
Une longue dédicace en quatre lignes, trouvée à Henchir-Mest,
— 269 —
se rapporte à la construction d’édifices dont, paraît-il, on a conservé
des restes :
CPLHIMMMISN A IMPENSA EXTRVXIT EM 777 MR UN EE AN X
ORDONAVIT ET ARCVM PARJETIBVS CONIVNCTIS ET PORTICVSZZ:
YZET IN TEMPLO LIBERI PATRIS ET VENERIS SVA PECVNIA FECIT ET EPVLVM OB DEDI“
V/LAÆXÉNSNRIS QVOD ANNIS OB DIEM DEDICATIONIS EPVLVMÉ/A 454
Nous devons borner là nos citations, car plusieurs autres textes
copiés par M. de Prudhomme offrent à la curiosité qu’ils éveillent
un trop petit nombre de mots intelligibles. Les inscriptions de
l'Afrique romaine sont généralement difficiles à lire et l’on ne
saurait trop rappeler à ceux qui les recueillent de prendre des
estampages en même temps que des copies. Les documents épi-
graphiques rassemblés par M. le capitaine de Prudhomme devront
être estampés avec soin avant que la publication intégrale en soit
possible. Même dans l’état défectueux où ils nous sont communi-
qués, ils font honneur au zèle de notre correspondant, qu'il faut
louer aussi d’avoir employé à des fouilles fructueuses les quelques
loisirs dont il disposait au camp de Bordj-Messaoudi.
LS 4
CES
RAPPORT
À M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
æ
SUR
UNE MISSION AUX ÎLES PHILIPPINES
ET EN MALAISIE
(1879-1881),
PAR M. LE DOCTEUR J. MONTANO.
—“{————
Ce rapport est divisé en cinq chapitres :
I. Géologie.
IT. Météorologie (avec quelques notes sur l'hydrographie).
IIT. Anthropologie.
IV. Pathologie.
V. Dialectes.
VI. Géographie politique. — Agriculture. — Commerce.
La Zoologie et la Botanique feront l’objet d'un travail ultérieur.
CHAPITRE PREMIER.
GÉOLOGIE.
L’archipel des Philippines, traversé par le 120° de longitude
est de Paris, s'étend du 5° au 19° de latitude nord. Il est presque
partout entouré.de mers profondes; à peu de distance de ses côtes
orientales, l'océan Pacifique atteint des profondeurs de 4,000 à
6,000 mètres, et les mers resserrées de Célèbes et de Mindoro
ont donné des sondes voisines de 4,800 mètres.
L’archipel, presque entièrement formé de régions montagneuses,
présente des sommets élevés; le Mayon, volcan du S.E. de Luçon,
mesure 2,734 mètres, le mont Urdaneta, dans la péninsule de Su-
rigao, 1,900 mètres, et j'ai établi que l’Apo, volcan du S.E. de
— 272 —
Mindanao s'élève, à 3,143 mètres. Tous ces sommets sont dans
le voisinage immédiat de la mer. (Voyez cartes n° 1 et 2.)
Ce point du globe, comme la côte occidentale de l'Amérique
du Sud, fournit un des principaux arguments de la théorie d’après
laquelle les contractions de l'écorce terrestre s’effectueraient tou-
jours sur les mêmes lignes, augmentant sans cesse les différences
de niveau entre le sommet des points émergés et la profondeur
des mers. *
Les quelques faits publiés sur la géologie des Philippines et
ceux que j'ai pu observer moi-même paraissent indiquer que 1a
masse entière des Philippines est formée de roches éruptives an-
ciennes, principalement devoniennes, recouvertes par les allu-
vions qu'elles ont fournies et par les produits d'éruptions volca-
niques tertiaires, quaternaires et actuelles. Un soulèvement du sol
est intervenu à la fin de l'époque quaternaire et se continue de
nos Jours.
On a trouvé le granit dans le nord de Luçon, mais. la plus
grande partie des terrains étudiés jusqu'ici paraît reposer sur les
schistes cristallins et la diorite.
M. Centeno, directeur du service des mines aux Philippines,
a constaté l'absence de fossiles modernes et anciens à une altitude
élevée, sur tous les points qu'il a visités (). Les dépôts marins où se
trouvent des fossiles sont peu étendus et récents. À Tarlac (Lu-
çon ; 130 kilom. nord de Manille), quelques bancs, peu puissants,
sont exploités pour la fabrication de la chaux; on y rencontre les
genres Berenice, Trochus, Caryophyllea, Meandrina. Auprès de
Camiling, à 4o kilomètres sud du golfe de Lingayen, on retrouve,
à une altitude de 80 mètres, les mêmes fossiles mêlés aux genres
Pholas, Balanus, Physa; ils sont englobés dans un tuf volcanique
surmonté d'un sédiment calcaire qui renferme des serpules.
La présence de ces fossiles, analogues à ceux qui vivent aujour-
d'hui dans les mers voisines, fait penser à M. Centeno que l’âge
de ces sédiments n’est pas postérieur au post-pliocène récent, et
qu'à cette époque le sol fertile des provinces de Pangasinan, de
la Pampanga et de Bulacan (Luçon) formait le fond d’un détroit
qui mettait en communication le golfe de Lingayen et la baïe de
®) Don José Centeno y Garcia, Memoria geologico-minera de Filipinas (Revista
de Filipinas. Manila , 1859).
— 273 —
Manille. Le même auteur a observé des faits analogues à Cebu.
M. le professeur de Richthofen cependant 0 a trouvé dans les
calcaires de Binangonan, au nord du lac de Bay (Luçon), près de
la côte du Pacifique, beaucoup de nummulites.
À ces dépôts marins il faut ajouter les bancs de polypiers, tels
que ceux qu'a signalés M. Semper et qui se transforment promp-
tement en calcaire dur et compact.
Les terrains de sédiment qui n’ont pas une origine marine pa-
raissent, d’après les connaissances actuelles, limités au terrain
houiller. La houille se rencontre sur un grand nombre de points,
entre autres dans la province d'Albay, à l'extrémité S. E. de Lu-
çon. Les gisements les plus abondants existent dans les îles de
Cebu et de Négros, séparées aujourd’hui par le détroit connu
sous le nom de Estrecho del Tañon et que M. Centeno pense avoir
été réunies à l'époque houillère. Cet auteur a reconnu que, dans
ces îles, la houille forme plusieurs couches séparées par des
argiles et des grès, et que tout le système repose sur un banc
puissant de calcaire; cette houille présente toutes les variélés,
depuis la plus ancienne houille grasse jusqu’à la plus récente, sèche
et brülant avec une flamme longue.
Ii est donc probable, vu la présence constatée de la houille sur
un très grand nombre de points de l'archipel, que la formation
houillère y a eu une grande importance et qu’une grande partie
de ses couches est cachée sous les produits volcaniques.
Tous les faits que j'ai pu observer dans l’intérieur et sur les
côtes de la partie orientale de Mindanao tendent à prouver que
cette région de l'ile, émergée pour la plus grande partie depuis les
époques les plus anciennes, a subi, à l’époque moderne, un sou-
lèvement qui se continue encore de nos jours.
En remontant le cours du Rio Sahug (sud de Mindanao), on ne
peut d’abord avoir aucune idée de la constitution géologique du
sol, car dans sa parlie inférieure le rio coule sur une plaine d’al-
(0) Cité par J. Roth dans son mémoire sur la constitution géologique des Phi-
lippines (appendice aux Jiecisen in den Philippinen , par F. Jagor. Berlin, 1873).
L'ouvrage de M. Jagor a été traduit en espagnol par M. D. Sebastian Vidal y
Soler (Viaje por Filipinas. Madrid, 1875).
M. Vidal, directeur du service des eaux et forêts aux Philippines, a publié sur
celte colonie des travaux très importants, notamment : Memoria sobre los montes
de Filipinas. Madrid, 1874.
M1S8, SCIENT. — XI, 19
IMPUIMMINIL NATIONALE,
HOTTE
luvion couverte d’une épaisse couche d'humus. Plus haut, le lit
du rio, moins profond, présente de nombreux rapides formés par
des blocs de rochers, souvent de dimensions considérables. Les
roches qui constituent ces rochers appartiennent aux espèces sui-
vantes : porphyre quärtzifère, porphyre pétrosiliceux, mélaphyre,
calcaires compact blanc, spathique et cristallin (). Par 5° Lo de
latitude nord, c'est-à-dire, à environ 35 kilomètres en ligne directe
du golfe de Davao, le lit du Rio Sahug est encombré de blocs
énormes de polypiers, qui appartiennent, autant que l'échantillon
que j'ai rapporté permet d'en juger, à une espèce du genre Astræa
semblable à celle qui vit actuellement dans le golfe de Davao.
Dans la plupart des points où des éboulements permettent de voir
la constitution des berges, celles-ci sont formées par un calcaire
terreux qui présente une apparence de stratification horizontale.
Au centre de Mindanao, le mont Hoagusan sépare le bassin du
Rio Sahug de celui du Rio Agusan, qui se jette dans la baïe de
Butuan au nord de l’île. Le iorrent T'ubuan , affluent de l'Agusan,
prend naissance sur le mont Hoagusan, à 270 mètres d'altitude
environ. En ce point, on retrouve les mélaphyres. Les berges du
torrent présentent des couches d’argile plastique, à stratification
concordante, plongeant vers le nord sous un angle de 45°. La
plus grande partie du lit du torrent, très accidenté, est formé de
calcaire terreux, qui en plusieurs points se montre en masses ver-
ticales de 20 à Ao mètres de puissance.
Sur la rive droite du Rio Agusan, au nord du lac de Dagum ou
Linao, à distance à peu près égale du golfe de Davao et de la baïe de
Buatuan, le mont Bunauan, dont l'altitude est de 240 mètres au-
dessus du niveau de la mer et de 210 mètres environ au-dessus
de la plaine qui s'étend au pied de son versant sud, paraît entie-
rement formé de laves andésitiques, qui se montrent en blocs de
10 à 20 mètres cubes. Cette même roche altérée se retrouve dans
le Rio Bunauan, qui coule au pied de la montagne. Ces laves andé-
sitiques modernes ont été analysées par M. Ch. Velain, maître
de conférences à la Sorbonne.
Du mont Hoagusan jusqu'a la mer, les rives du Rio Agusan, cou-
1) Déterminées, ainsi que les suivantes, au laboratoire de géologie du Muséum
d'histoire naturelle.
ee na
vertes de forêts ou de prairies, permettent moins encore que
celles du Sahug de reconnaître la nature des roches sous-jacentes.
Près du confluent du Mahassam, sur la rive droite du rio, un
promontoire élevé de quelques mètres est constitué par des cou-
ches de limon stratifiées, inclinées de 45° vers l’ouest. Entre las
Nieves et Butuan, la berge de la rive gauche est constituée par de
la dolérite altérée dans le pépérin, stratifiée et inclinée de 20° vers
l'est.
La péninsule de Surigao (N.E. de Mindanao) est formée par la
terminaison de la grande cordillère qui parcourt la partie orien-
tale de l’île, du nord au sud; cette péninsule est limitée à l’est par
le Pacifique et à l'ouest par la baie de Butuan. La côte de la baie
de Butuan est formée par les contreforts de la cordillère centrale.
Ces contreforts, parallèles entre eux et obliques à la direction
N. et S. de la cordillère, plongent dans la mer sous des pentes très
vives; la stratification de ces roches, redressée en plusieurs points,
révèle de la façon la plus nette l'influence d'un exhaussement;
les échantillons que j'ai recueillis sur ces points appartiennent au
mélaphyre et au calcaire cristallisé. Sur la côte orientale de la
même péninsule, j'ai rencontré aussi des mélaphyres avec des cal-
caires phylladifères, et des wackes.
En pénétrant dans l’intérieur de cette péninsule, sur le mont
Baguian . à l'altitude de 250 mètres, l'argile du sol laissait à dé-
couvert du jaspe rouge avec des veines de quartz.
Le grand lac de Maïnit, situé au centre de la péninsule, à l’alti-
tude de 4o mètres, parait être le cratère d'un ancien volcan; il
est circulaire, très profond, et ses berges sont presque taillées à
pic; il est entouré de montagnes élevées, où abondent les sources
thermales. J'ai rapporté un échantillon de celles de Mapagço, à 6 ki-
lomètres au nord du lac, qui sont abondantes et coulent sur un
massif de calcaire concrétionné (travertin).
Les grottes de Kabatuan , situées sur la rive orientale du lac, sont
ouvertes dans un massif calcaire qui, quoique fort compact, est
constitué par des récifs madréporiques, trop altérés pour qu'il
soit possible de les déterminer.
Au centre de lle, entre Bislig, l'océan Pacifique et le Rio Si-
mulao, affluent de l’Agusan, j'ai franchi la cordillère centrale par
le col du mont Bucan (à l'altitude de 130 mètres), dont le sol est
constitué par une couche épaisse d'argile jaune; mais, au pied du
19.
— 270 —
versant ouest de cette montagne, le Miaga, ruisseau affluent du
Simulao, présente des cascades et des rapides qui permettent
d'apercevoir des massifs d’andésites miocènes 4 d’une grande puis-
sance. |
La côte orientale de Mindanao, entre Bislig et la baie de Pujada,
présente une succession de caps, généralement élevés, et d’anses,
formés par les contreforts de la cordillère centrale.
Entre Bislig et Catel, j'ai recueilli sur cette côte des mélaphyres
altérés au contact de la serpentine. C’est sur cette côte que le sou-
lèvement qui s'opère actuellement apparaît avec le plus d'évidence.
De larges bancs de madrépores soulevés au-dessus du niveau
de la iner s'étendent en larges tables horizontales polies par les
vagues que les vents du N.E. élèvent au-dessus de leur niveau
normal. Ces bancs-madréporiques sont surtout importants entre
Catel et la pointe Bayoso; c'est sans doute à des bancs de la même
origine que sont dus les brisants entre Bislig et Catel, dont le
mauvais temps m'empêécha d'approcher; ces brisants forment au
large, parallèlement au rivage, un cordon sur lequel la mer brise
avec fureur, tandis qu'un calme relatif règne dans la zone qu'ils
protègent.
Partout sur cette côte, mais surtout entre la pointe Bagoso et
la baie de Pujada, les preuves du soulèvement sont manifestes.
On irouve là tous les degrés entre les madrépores brisés, confon-
dus, agolomérés par l'humus sur le sommet des caps, et ceux qui,
soulevés au bord de la plage, n'ont perdu leur matière organique
que depuis peu de temps; sur la plage même, on rencontre à
chaque pas des conglomérats qui se forment par le mélange des
sables, des débris de mollusques et de madrépores. C’est sans
doute à cette origine qu'il faut rapporter les masses calcaires qui
donnent lieu à des cascades fort pittoresques, situées à une faible
altitude, dans le voisinage immédiat de la côte, entre Manay et
Mampanon.
Dans le golfe de Mayo, voisin de celui de Pujada, les falaises
de Batunan, qui ont une assez grande étendue et dont la hauteur
varie entre 20 et 60 mètres, sont formées d’un poudingue poly-
génique où abondent des mollusques semblables à ceux qui vivent
actuellement dans le golfe. |
® “Déterminées par M. Ch. Velain.
— 277 —
Sur la côte dela baie de Pujada, j'ai recueilli des mélaphyreset
du gypse uni à de la pyrite de fer, et sur la chaîne qui la sépare
du golfe de Davao, du quartz bréchiforme ; dans la grande faille
orientée au S. E. qui coupe la plus grande partie de cette chaïîne,
j'ai trouvé du quartz résinite, et à Kuavo, sur le golfe de Davao,
des serpentines. ; L
+ Les mouvements du sol sont lout aussi apparents sur les côtes
du golfe de Davao. Les débris de madrépores sont fréquents, même
à des altitudes assez élevées, et ces gisements sont bien connus des
indigènes, qui savent par expérience qu'ils sont impropres à cer-
taines cultures, notamment à celle du cacao. Sur le rivage même,
le soulèvement actuel est indiqué par les bancs de madrépores
qui forment la limite ouest de l'ile Samal et dont les arêtes sont à
peine émoussées. Les petits ilots Malipano, dont les roches anfrac-
tueuses sont utilisées par les indigènes comme abri sépulcral, sont
formés par le sommet d’un banc de madrépores dont la base est
encore vivante et en pleine multiplication. Le soulèvement de ces
Hots doit être fort récent, car les substructions madréporiques dont
ils sont couverts sont peu altérées et leur végétation, quoique très
épaisse, présente peu d'essences de haute taille.
Sur quelques points du golfe de Davao, notamment au nord,
entre Davao et le détroit de Paquiputan, le sol s’affaisse; ce mou-
vement est facile à constater, car, partout où il se produit, la forêt,
envahie par la mer, ne tarde pas à périr.
L’archipel de Soulou s'étend de Bornéo à Mindanao en une
chaîne d'îles situées sur les sommets du relief sous-marin. Sans
doute plusieurs de ces îles, peu élevées, sont en grande partie
constituées par des bancs de polypiers qui se sont peu à peu
exhaussés jusqu’à la surface de la mer et qui, par l'apport de dé-
tritus de toute espèce, sont devenus propres à la végétation. Il en
est autrement de beaucoup d’autres îles et notamment de celle
de Soulou, qui donne son nom à l’archipel. Dans l'ile Soulou, je
n'ai observé de signes de formation madréporique que sur le ri-
vage et dans son voisinage immédiat, dans des terrains où l’on
avait creusé des puits. La couche traversée est homogène et for-
mée d’un mélange de madrépores et de mollusques; elle paraît
reposer sur des sables; son niveau supérieur est élevé de 2 mètres
environ au-dessus des plus hautes marées. La masse de l’île semble
— 278 —
être de structure volcanique; des tranchées profondes, ouvertes
dans les collines auxquelles est adossée la ville espagnole de
Soulou, dégagent de nombreux blocs de laves(!) englobant des
galets. Des blocs de la même roche, beaucoup plus volumineux,
sont dispersés sur la plage et se montrent en abondance dans le
lit des ruisseaux, ainsi que dans tous les sentiers ravinés par la
pluie qui conduisent sur les sommets de l’île ®). Partout ailleurs,
une puissante couche d’humus, recouverte de prairies de Cogon )
ou de forêts, cache la structure du terrain.
Les modifications que subit le relief du sol aux Philippines
dépendent de deux causes qui paraissent être subordonnées
lune à l’autre : les tremblements de terre et les éruptions vol-
caniques.
* Le premier de ces phénomènes, par son intensité etsa mulüipli-
cité, a une influence beaucoup plus considérable.
On peut dire que les mouvements du sol sont constants aux
Philippines. Le sismographe de l'observatoire de Manille est tou-
jours en mouvement, même quand la stabilité du sol paraït par-
faite. Pendant le court séjour que j'ai fait à Albay, au pied du
volcan Mayon, deux fois la terre trembla d’une facon très percep-
üble, mais sans produire de dégâts.
Sur la côte du golfe de Davao, à l’est du volcan Apo, j'ai rare-
ment passé une journée sans observer de tremblement de terre;
ce phénomène se manifestait seulement par des mouvements d’os-
cillation horizontale communément dirigés de l’ouest à l'est. En
général, ces mouvements passaient inaperçus des habitants. Ils
étaient cependant très appréciables, non seulement par les indi-
“cations du grossier sismographe que j'avais installé dans ma
chambre, mais encore par le frémissement qu'ils imprimaient aux
toitures légères des constructions de ce pays.
En 1872, Pollok et Cottabato, à 160 kilomètres ouest de Davao,
furent complètement ruinées par un tremblement de terre.
Au nord de Mindanao, dans la province de Surigao, ce phéno-
&) Les échantillons géologiques recueillis ont été égarés.
®) L'ile est très accidentée : la chaîne qui s'élève parallèlement à la mer, à
une très faible distance de la côte N.O , est dominée par les monts Tuman-Tangis,
But-Pulah {375 mètres), une saillie innommée de 716 mètres, et le mont Bahu
(843 mètres).
#) Jmperata arundinacea.
ue 'opo
mène parait moins fréquent, mais plus intense, qu'à Davao; les
souvenirs des habitants et beaucoup de ruines, à Surigao même,
témoignent de cette intensité.
On peut dire qu'il n'est pas d'année où quelque province des
Philippines ne soit fortement éprouvée par un phénomène de ce
genre.
La ville de Manille a été plusieurs fois ruinée par les trem-
blements de terre. L’avant-dernier, qui se produisit en 1863,
renversa la plupart des édifices publics et un grand nombre
de maisons particulières bâties en maçonnerie. Ces dernières
constructions sont cependant établies avec toutes les précautions
que l'expérience a suggérées contre un fléau toujours imminent
et elles résistent assez bien quand les secousses ne sont pas très
violentes. Les murs maconnés, épais, ne s'élèvent que jusqu’à
la hauteur du plancher du premier et unique étage de la maison.
Cet étage est formé par une grande cage en bois dont les pièces
fortement reliées entre elles constituent un ensemble indissoluble
posé sur les murs. La toiture, recouverte en tuiles, auxquelles
on substitue de plus en plus des feuilles de tôle galvanisée, est
supportée par un système d'arbalétriers qui ont un certain jeu
sur les fermes dans le sens de leur longueur. H résulte de cette
disposition que le mouvement imprimé par les oscillations du sol
est décomposé et fortement atténué en se propageant aux diverses
parties de l'édifice.
Le dernier grand tremblement de terre de Manille, survenu en
juillet 1880, causa beaucoup de dégâts, surtout par l'ébranlement
et la chute des cloisons, des escaliers et des aménagements inté-
rieurs; mais, dans le plus grand nombre des maisons, le gros œuvre
resta en place, malgré des secousses répétées et très intenses.
Je me trouvais à Mindanao quand ce tremblement de terre se
produisit; mais le R, P. Faura, directeur de l'observatoire de Ma-
nille, a bien voulu me communiquer le résultat de ses observa-
tions, que je traduis ci-après :
« Les observations ont été déduites des indications fournies par
les sismomètres horizontal et vertical ). Nous ne leur donnons
1) «Le sismometre horizontal se compose d’un pendule de 60 centimètres de
longneur, pouvant osciller dans toutes les directions au-dessus d’un plateau à sec-
tion sphérique, recouvert de poudre de Iycopore, dont le rayon de courbure est
She
pas une valeur absolue, parce que ces appareïls ne sont bien sûrs
que dans les cas où les mouvements de l'écorce terrestre ne sont
ni très intenses ni très compliqués; nous pensons cependant
qu'ils donnent une idée suffisamment exacte du phénomène. Ces
réserves faites, nous allons transcrire les diverses observations qui
ont été recueillies chaque jour.
« Dans les mois d'avril et de mai, on commença à resséntir des
secousses dans Îes provinces du nord de Luçon. Le centre d’oscil-
lation sismique, autant qu'on peut le déduire des renseignements
qui nous ont élé fournis, paraît coïncider avec l'emplacement
d’un volcan éteint depuis longtemps, situé entre Lepanto et Abra,
dans la cordillère centrale de Luçon, par 16° 22’ latitude nord et
127° longitude est de San-Fernando (118°27 27 E. de Paris).
« Au début, les secousses étaient rares et faibles: mais, dans le
mois de juin, elles devinrent assez fortes et s’étendirent au nord et
égal à la longueur du pendule; au centre du plateau se trouve un petit anneau qui
est entraîné par le premier mouvement du pendule et s'arrête invariablement
du côté opposé à celui d’où vient la première onde sismique.
«Le sismomètre vertical consiste en une tige métallique rigide à l'extrémité su-
périeure de laqueiïle est soudé un ressort hélicoïdal en laiton. À la dernière spire
de ce ressort est fixé un poids cylindrique en plomb traversé par la tige métal-
lique au long de laquelle il se meut librement sous l'influence des oscillations
terrestres. Sous ce poids est un index de liège, traversé aussi par la tige métal-
liqu?, lequel est entraîné par le poids dans ses diverses oscillations et demeure
fixé au point où il est porté par l’oscillation maxima.
« Quand nous parlons des arcs d’ondulation sismique décrits à partir du centre
de l'appareïl, nous n’entendons pas dire que les édifices aient éprouvé en divers
sens la même inclinaison que le pendule ; il est évident, en effet, que, dans une
moitié de ses ondulations, le pendule se meut non par suite de l’incäinaison de
l'édifice, mais seulement à cause de la vitesse acquise dans la première partie de
l'ondulation. Nous avons indiqué dans les figures () les deux demi-ondulations
afin de respecter l'opinion d’après laquelle les ondes sismiques sont semblables
aux ondes sonores, tandis que, suivant une autre opinion, elles ne sont que l’effet
. du soulèvement et de l’affaissement du sol en des points plus ou moins éloignés
du lieu de l'observation.
«On voit dans les figures un grand nombre de lignes qui ne se continuent pas
avec les lignes voisines ; nous croyons que ce fait est le résultat des nombreuses
secousses en sens vertical qui faisaient brusquement sauter le pendule, le for-
cant à abandonner une courbe pour en suivre une autre qui commençait ayee
la nouvelle secousse. Nous pouvons aflirmer que les courbes qui sont reproduites
ici l'ont été avec la plus grande exactiude d’après celles que le sismomètre a
tracées sur Je plateau recouvert de poudre de lycopode. ».
() PI XXXII à XXXIV.
— 9281 —
au sud dans une zone beaucoup plus vaste; leur direction fut tou-
jours la même. On ressentit encore quelques secousses au com-
mercement de juillet; mais, du 5 au 14 de ce mois, on ne reçut à
Manille aucune nouvelle de tremblements de terre ayant affecté un
point de Lucon.
« Le 14 juillet, à midi 53 minutes , les menaces de mauvais temps
dans le N.E. de Lucon étant indiquées par une baisse extraordi-
naire du baromètre, la première secousse se fit sentir. Dans cette
secousse se montrent deux centres d'oscillation, le premier situé
dans le 2° quadrant, et le second dans le 3° quadrant. C’est par
ce dernier que se termina cette première secousse, dont le sens fut
principalement horizontal; l'amplitude totale de l’oscillation fut
de 5° 25’. Le pendule horizontal décrivit une croix dont les bran-
ches, tracées presque à angle droit, étaient orientées S.K. 10° N. et
S10:r5?:S.
« Le premier choc eut lieu dans la direction du N. O0. L'ampli-
tude de l’oscillation en ce sens mesure un arc de 5° 25: ce ne fut
là sans doute que l'effet de la première secousse, car aussitôt après
le pendule se mit à osciller dans une direction perpendiculaire à
la précédente, avec une amplitude un peu moindre.
« L'index du sismomètre vertical marqua un mouvement de
4 millimètres. Après cette première secousse, deux autres se firent
sentir dans l’espace d’une heure et demie.
« Le 15 et le 16 juillet, il n’y eut pas de mouvements percep-
tibles; le 17, il se produisit deux secousses légères.
«Le 18, à midi 40 minutes, eut lieu le grand tremblement
avec mouvements d'oscillation, de trépidation et de rotation com-
binés; il dura 1 minute 10 secondes. Les mouvements du pen-
dule furent si nombreux et si variés qu’il est impossible de les
énumérer tous. Nous nous bornerons donc à donner les princi-
pales directions et amplitudes. Les autres peuvent se voir dans la
planche XXXIT.
«Nous devons dire que, selon nous, la grande oscillation. de
l'ouest à l’est, qui fut la plus régulière et ne fut pas troublée par
des secousses violentes, indique la vraie inclinaison des édifices
vers l’ouest.
« Première oscillation maxima de l'E. 5° S. à l'O. 5N.; lampli-
tude maxima de loscillation en ce sens égale 22°, savoir : 11° à
l'est et 11° à l'ouest,
— 282 —
« Seconde oscillation maxima du S.O. au N.E.; vraie ampli-
tude — 19°; mais ici la courbe est plus étendue au S. O., où elle
atteint 10° 10, tandis qu'au N. E. elle s'arrête à 8° 50°.
« Troisième oscillation maxima du N. 4° O. au S. 4° E.; ampli-
tude de l'oscillatien en ce sens — 16°; la courbe est plus développée
vers l’est; l'impulsion paraît donc dirigée du nord au sud. L'index
du sismomètre vertical parcourut 34 millimètres.
« Depuis lors jusqu’au 20 à 3 heures p. m., moment où eut lieu
une forte secousse, il se produisit une série ininterrompue de pe-
tites secousses qui indiquaient la permanence du phénomène.
« Dans cette dernière secousse (pl. XXXIIT), il n’y eut que des
mouvements d'oscillation et de trépidation, mais d’une violence
extraordinaire. L'oscillation du pendule fut dirigée du S.E. 15 N.
au N. 0. 15° S. L'amplitude de l'oscillation dans ce sens sous-
tend un arc de 12° 30’, toutefois avec la particularité suivante :
loscillation n'est pas unique, mais composée de trois oscillations
partielles, qui montrent bien la violence des secousses.
« Après avoir été projeté par la première impulsion, le pendule,
en revenant à son. point de départ, recoit une nouvelle impulsion,
qui non seulement neutralise la vitesse qu’il avait acquise en re-
venant à sa position primitive, mais encore le fait arriver, une
seconde et une troisième fois, presque à la même hauteur.
« Il est vrai que l’inclinaison des édifices n’atteignit pas le degré
indiqué par le pendule; mais qui pourrait mesurer la commotion
terrible qu’ils éprouvaient pendant des secousses aussi violentes
et aussi nombreuses? Si l’on combine seulement les trois secousses
indiquées par l’ondulation verticale, qui approche de 24 milli-
mètres, on s'étonnera que les édifices ruinés n'aient pas été plus
nombreux encore.
«Pendant toute l'après-midi, le pendule oscilla du N. E. au
S. O.
« À 10 heures 4o minutes p. m., eut lieu une nouvelle secousse
(pl. XXXIV); celle-ci, bien que très violente, présente déjà un
caractère différent des autres. Dans les précédentes, le foyer d'ir-
radiation sismique le plus intense se trouvait dans le 2° quadrant.
Dans celle-ci, l’ébranlement commence, il est vrai, à l’est, mais avec
beaucoup moins de force qu'auparavant; le foyer d’oscillation situé
dans le 1° quadrant persiste avec plus de violence encore. L'os-
cillation de l'est à l'ouest est de 10°, tandis que celle du N. E. au
— 283 —
S. O. embrasse un arc de 17°. L’index du sismomètre vertical se
déplaca de 28 millimètres.
«Les commotions continuèrent, mais elles diminuaient d'in-
tensité et devenaient moins nombreuses.
« Le pendule, qui n'avait jamais été tranquille depuis le 18 jus-
qu'au 21, à 3 heures p. m., resta immobile à plusieurs reprises
pendant les trois jours suivants. Le 25, à 4 heures 2 minutes a. m.,
se produisit une autre secousse, peu intense; Ja direction de l’on-
dulation était 26° N., et l'amplitude 3° 54’. Le mouvement de
trépidation fut inappréciable, puisque l’index du pendule ne
s'écarta de sa position normale que de 7 dixièmes de millimètre.
«En résumé, le 14, nous trouvons deux foyers d'irradiation
sismique, un dans le 1°, un dans le 2° quadrant. Le 18, nous trou-
vons encore ces deux foyers, mais d’autres apparaissent qui pro-
Jettent le pendule dans toutes les directions imaginables, comme
on peut le voir par la planche XXXIL.
« Le 20, à 3 heures 40 minutes p. m., le foyer du 2° quadrant
se manifeste par des secousses d’une violence épouvantable, et les
autres foyers disparaissent. (PI. XXXIIL.)
« Le tremblement du 20, à 10 heures 4o p. m. (pl. XXXIV),
nous montre une énorme variation dans les foyers d'irradiation
sismique. Les oscillations de l’est à l’ouest, qui correspondent aux
foyers précédemment si actifs, soût graduelles et beaucoup moins
violentes; au contraire, celles du N.E. au S. O. sont très intenses.
Enfin de 25, à À heures a. im., le foyer du 1° quadrant se mani-
feste seul, avec peu d'intensité; les autres ne dennent aucun signe.
Nous ne voulons, pour le moment, tirer aucune conclusion de
ces faits, et nous nous contentons de les soumettre à l'examen des
personnes compétentes. »
M. Centeno ) ne croit pas que le centre de ces oscillations ait
été situé entre Abra et Lepanto.
D'après cet ingénieur, toutes les crevasses et les dépressions qui
ont été produites par ces tremblements de terre se trouvent dans
le voisinage des fleuves, des marais ou de la mer; il en déduit
qu'elles ont eu lieu sur les points évidés par les cours d’eau
M Abstract of à memoir on the earthaquakes in the island of Luzon in 1880,
by don José Centeno y Garcia, translated by prof. Chaplin (Transact. of the
Seimologieal Society of Japan, vol, V. Tokio, 1883).
‘
= Sp
ou les infiltralions. À Malacañang, faubourg de Manille, il s’est
produit une fente de 4 mètres de profondeur, pénétrant au travers
de tout le dépôt alluvial moderne et atteignant les roches volcani-
ques qui forment le sous-sol de toute la province de Manille et
d'une te de celle de Bulacan. Le cours du Pasig paraît former
une ligne de démarcation entre deux zones où l'intensité du trem-
blement de terre du 20 juillet 1880 fut très inégale.
Les gisements de roches volcaniques, si nombreux dans presque
toutes les îles Philippines, montrent que les éruptions ont été,
dans les temps passés, beaucoup plus importantes que de nos jours.
Actuellement, un grand nombre de volcans sont éteints; mais
ceux dont l'activité persiste sont encore assez nombreux pour
fure de l'archipel une des contrées les plus volcaniques du
globe.
Les volcans des Philippines, situés du nord au sud, sont consi-
dérés comme la continuation de la grande chaîne volcanique qui
commence aux îles Kouriles et se termine à Sumatra, en passant
par le Japon, les îles Lou-Tchou ou Liu-Kieu, les Philippines, Cé-
lèbes, les Moluques et les îles situées à l’est du détroit de la Sonde.
Aux Philippines, le premier anneau de cette chaîne volcanique
est le volcan de Babuyan, dans la petite ile de ce nom voisine de
la côte nord de Lucon; à partir du volcan de Taal, près de la
baie de Manille, cette chaîne se dédouble : le rameau oriental
forme les volcans Mayon et Bulusan à l'extrémité S.E. de Luçon;
le rameau de l’ouest donne naissance au volcan de Camiguin,
ile située près de la côte nord de Mindanao. Les deux rameaux se
réunissent au sud de Mindanao, dans le massif auquel appartien-
nent le Matutun et l'Apo, et qui domine le golfe de Davao.
Le volcan de Taal, que je n’ai pu visiter, est bien connu; Roth D
pense que les laves qui forment le cratère sont des dolérites.
Le Mayon, qui se dresse sur la rive même du golfe d’Albay, à
Ja hauteur de 2,734 mètres, et dont le cône parfaitement régulier
concourt à former un des plus beaux paysages du monde, était
beaucoup moins bien connu. Il est douteux que l'ascension en ait
jamais été faite; du moins quand je passai à Albay avec mon col-
lègue M. Paul R:y, les habitants nous dirent que jusqu'ici elle
(4) Loc. cit
— 285 —
n'avait pu réussir. Pressés de gagner le sud de l'archipel, nous ne
pümes tenter cette ascension, qui doit être difficile et demander
d'assez longs préparatifs. Nous dûmes nous borner à constater lés
résultats de l'éruption de1814, quidétruisit Daraga, le plus impor-
tant pueblo de la province, et de celle de 1871, qui a dévasté la ré-
gion fertile qui s’étendait entre le volcan et la mer. À notre passage,
cette zone ravagée se reboisait spontanément par des Casuarinées.
Depuis lors, en juillet 1881, il s’est produit une nouvelle érup-
tion, observée par M. Abella, auquel j emprunte les détails sui-
vants (,
Depuis le commencement du siècle, le Mayon a eu neuf ou dix
éruptions. Le 6 juillet 1881, eut lieu une émission de laves ct
de cendres, émission qui se répéta le 14 décembre. Toutes ces
éruptions ont d’abord donné des cendres; ensuite sont venues les
laves embrasées, fragmentées et incohérentes, qui coulaient du
sommet du cratère et par les fentes latérales du sud et du S.S.E.
La constitution géologique du Mayon ne peut être établie avec
une certitude absolue, faute de crevasses profondes. En bloc, le
Mayon doit se composer de roches essentiellement basaltiques,
formées de feldspath et d’augite; ces roches sont compactes dans
les diques, spongieuses dans les courants de laves, souvent aussi
scoriformes et métamorphosées par laction de sources gazeuses
acides.
Les laves fragmentées que rejetait le Mayon au moment des
observations de M. A bella présentent diverses formes pétrologiques.
Le type le plus fluide est une lave basaltique essentiellement
augitique, un peu scoriforme, mais moins spongieuse que celle
du volcan de Taal. Un autre type est celui de nombreux conglo-
mérats laviques formés par des fragments de dolérite compacte en-
robés dans une autre lave basaltique semi-vitreuse qui a servi de
ciment par voie ignée. Sans doute la dolérite a été arrachée des
parois du volcan. Le squelette du Mayon serait donc exclusivement
composé de dolérites, le type basaltique que l’on rencontre à sa
surface provenant seulement des éruptions modernes et contem-
poraines. Ces dolérites sont identiques à celles de Taal, qui, d’après
M. Jagor, ne différent pas de celles de lEtna.
®) Don Enrique Abella y Casariego, Monografia geologica del volcan de Albay
6 cl Mayon (Transact. of the Seismological Society of Japan, vol. V. Tokio,
1883.)
— 286 —
À Daraga et à Libog, au pied des versants sud et est du
Mayon, on trouve des tufs volcaniques, des pépérins, des brèches
de dolérite renfermées dans une argile analogue aux cendres du
volcan.
M. Drasche suppose que le Mayon est entré dans la deuxième
phase des éruptions volcaniques (torrents détritiques de lave), la
première étant constituée par les laves seules, et la troisième par
des cendres.
M. Abella signale la source ferrugineuse de San-Antonio, qui
coule sur la dolérite, et celle de Budiao, qui est sulfureuse et légè-
rement thermale.
La province d’Albay compte du reste de très nombreuses sources
thermales, indices de l’activité souterraine de la région.
J'ai visité avec M. P. Rey celles de Manito et de Tiwi.
La source de Manito, située dans le voisinage de la pointe Paron,
sur le golfe d'Albay, occupe un ancien cratère dont la paroi nord
échancrée donne passage aux eaux qui tombent sur la plage en
formant une petite cascade; le cratère, ellipsoïde, mesure environ
150 mètres de longueur sur 60 de largeur; l'eau est vivement
agitée par les vapeurs abondantes qu’elle dégage; sa surface est
couverte d’une mousse rougeâtre. La température, à 4 mètres
de profondeur, égale 70° 1 C. Cette eau ne contient ni manga-
nèse, n1 acide chlorhydrique, ni acide azotique, libres ou en solu-
tion. La matière qui se présente sous l'apparence d’une mousse
rouseûtre est organique; car, incinérée par l'acide sulfurique et
chauffée, elle nous a donné un abondant dégagement de vapeurs
ammoniacales.
Les sources de Tiwi sont sulfureuses et siliceuses.
Les premières surgissent de plusieurs points voisins et se perdent
daus un ruisseau. La température en est très élevée; elles donnent
lieu à un dépôt de soufre peu important.
Les sources siliceuses jaillissent un peu plus loin, au milieu
d'une zone sans végétation, entièrement recouverte de silice; cette
zone est parsemée de petits cônes de la même matière, formés par
les jets d'eau siliceuse; les uns sont pleins, les dépôts de l'eau si-
liceuse qui les a produits en ayant oblitéré graduellement l’orifice ;
les autres, geysers minuscules, sont en voie de formation. Le sol,
siliceux, est brülant et paraît constitué par une croûte mince qui
recouvre une nappe large et unique d’eau siliceuse. En un point,
— 287 —
cette croûte s'est affaissée et laisse voir la nappe sous-jacente pro-
fonde de 8 à 10 mètres sur une étendue d'environ 60 mètres de
diamètre. Cette nappe n’a pas de limites visibles, l'épaisseur de la
croûte qui la recouvre n'alteignant pas sa surface. L'eau siliceuse
s'élève et baisse, dit-on, avec le flux et le reflux de la mer, qui est
VOIsin.
Ces eaux ont une couleur bleue d’une transparence, d'une finesse
et d'un éclat extraordinaires. Plusieurs observations nous monirè-
rent que leur température était de 85°C. Mais les indigènes nous
affirmèrent qu'elle était souvent beaucoup plus élevée. Ces eaux
incrustent rapidement les objets qui y sont plongés.
J'ai déjà signalé l'abondance des sources thermales au N.E. de
Mindanao dans les environs du lac de Maïnit. Le même fait ne se
reproduit pas au sud de l'ile dans la contrée dominée par le volcan
Apo.
J'ai eu la bonne fortune d'accomplir l'ascension de ce volcan,
qui n'avait pas encore été faite et qui avait été l’objet de deux
tentatives infructueuses (),
J'étais en compagnie du gouverneur de Davao, M. le comman-
dant don Joaquin Rajal y Larre, et de plusieurs autres officiers ou
résidents espagnols. Pendant l'ascension, M. le lieutenant de vais-
seau don Enrique de Ramos y Azcaraga observait à Davao, au pied
du volcan, le baromètre, le thermomètre et l’hygromètre; en com-
parant ses observations avec celles que je fis pendant l'ascension
au moyen des mêmes instruments, nous avons fixé l'altitude des
divers points remarquables et celle du sommet du volcan, que nous
avons trouvée égale à 3,143 mètres. Les détails de cette ascension
ayant été précédemment publiés ®), je ne les reproduirai pas.
L’Apo paraît être en ce moment à l’état de solfatare. Son cône
est recouvert, depuis le sommet jusqu’à 2,300 mètres d'altitude
environ, d’un manteau de soufre qui recouvre lui-même, sur une
épaisseur variable, les cendres et les blocs d'andésite modernes.
L'énorme crevasse ouverte dans son flanc donne issue à des jets de
vapeur d'acide sulfureux, qui s'échappent avec un bruit strident.
Ces vapeurs sont si abondantes, que, vues de Davao, elles paraissent
être des nuages attachés au flanc du volcan.
(M) En 1859 et 1870.
@ Bullet. Soc. de géographie, juin 1881, et Tour du monde, 2° semestre
1884.
— 288 —
En dehors des andésites, les seules roches que j'aie trouvées dans
le système de lApo consistent en un échantillon de pyrite de fer
et un échantillon de jaspe rouge.
Les Philippines sont très riches en mines de tout genre. J'ai
indiqué plus haut les principaux gisements de houille. D’après
M. Centeno, les minerais de fer se rencontrent presque partout;
ceux de Luçon donnent jusqu'à 75 et 80 p. o/o de fer pur, et
cette île possède un gisement de fer oxydulé magnétique presque
pur; ces minerais sont à peine exploités; on ne s’en sert guère
que pour fabriquer les poëles en usage dans le pays et connus sous
le nom Carahay. La bonne qualité de ce métal explique la réputa-
tion qu'ont les kriss de Soulou, les armuriers de cette ile n’em-
ployant de temps immémorial d'autre matière que les vieux Ca-
rahay des Philippines, qui leur sont apportés par les trafiquants
chinois.
Le cuivre est surtout abondant dans le district de Lepanto
(N. de Lucon); il y est à l'état de pyrites ou de cuivre arsénieux;
l'exploitation de ce minerai n’est encore pratiquée que par les in-
digènes insoumis des montagnes, qui ontsu vaincre toutes les dif-
ficultés de l'extraction et du traitement; l'utilité qu’ils en retirent
se borne à la fabrication de quelques ornements et de quelques
ustensiles de ménage. Les indigènes insoumis de Mindanao qui
fondent et travaillent le cuivre, non sans art, acquièrent la ma-
tière première soit des Moros, soit des trafiquants bisayas, par
voie d'échange.
L'or se trouve dans les filons de quartz et dans les alluvions
volcaniques de toutes les îles. T1 paraît être spécialement abondant
dans la péninsule de Surigao (N.E. de Mindanao) et dans les îles
qui l’avoisinent. Une société vient de se former pour l'extraction de
ce métal dans la petite île de Panaon {entre Surigao et Leyte). Le
village de Placer, à quelques milles S. E. de Surigao, doit son nom
à la richesse relative des alluvions du voisinage. Le nom du rio ou
torrent Siga (brillant, en bisaya) tributaire du Rio Tubay, déversoir
du lac de Maïnit, a la même origine. J'ai rapporté de ce rio un
échantillon de sable qui n’a pu encore être analysé. D'après M. Cen-
teno, dans la province de Surigao, l'or se rencontre surtout dans les
ardoises talqueuses altérées et dans les serpentines. On trouverait
parfois dans les alluvions des pépites pesant plusieurs onces cas-
— 289 —
tillanes (1 once — 28 grammes 76); le prix en serait de 18 pias-
tres (90 francs) le tael (39 grammes 54).
D'après le même auteur, le plomb se trouve à Cebu à l'état de
galène renfermant {7 p: 0/0 de métal.
Quant au soufre, les divers volcans, soit complètement éleints,
soit passés à l’état de solfatare, en contiennent des quantités consi-
dérables.
CHAPITRE II.
MÉTÉOROLOGIE.
J'ai séjourné trop peu de temps dans la province de Malacca
pour y recueillir des observations météorologiques suivies. Pen-
dant notre séjour à Kessang (4o kilom. N. E. de Malacca), du 29 juin
au 10 juillet 1879, le temps fut beau, malgré la mousson du S.O.;
la température maxima fut de 30°5 et la minima de 23°2; la tem-
pérature de midi se tint entre 28° et 29° 0).
Le climat des Philippines, comme celui des contrées voisines, est
sous la dépendance des moussons, qui déterminent de notables
variations dans la température, les pluies, les vents, variations
qui ont elles-mêmes une influence prédominante sur la navigation
et sur l’agriculture. Mais la constitution topographique de lar-
chipel, dont toutes les îles présentent au moins deux versants (et
quelquefois davantage) séparés par des chaînes élevées, a pour
résultat de faire dominer, au même moment, deux saisons con-
traires dans des régions souvent fort rapprochées.
On peut dire qu’il n’y a que deux saisons aux Philippines, la
saison des pluies et la saison sèche, qui se partagent également
l'année. La première se fait sentir quand soufflent les vents aux-
quels une région est exposée; la seconde dure tant que dominent
les vents contre lesquels une région est abritée. Ainsi, pour tous les
versants du sud et de l’ouest, la mousson de S. O. est la saison
humide, et la mousson de N. E. la saison sèche; c’est le contraire
pour les versants opposés.
L'établissement des moussons ne coïncide pas exactement, aux
Philippines, pas plus qu'ailleurs, avec les équinoxes, et cet établis-
sement n’est pas simultané pour les divers points de l'archipel.
1) Toutes les indications thermométriques sont celles de l'échelle centigrade;
toutes les hauteurs barométriques sont données en millimètres,
MISS. SCIENT. — XI. 19
IMPIIMHIUE NATIONALE:
— 290 —
RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES D
DÉSIGNATION.
Température moyenne. (Therm. centigr.)..
{ maxima
Moyenne des températures
minima
Pression atmosphérique
Différence entre les pressions max* et min.
Humidité moyenne. ..... “0
Quantité de pluie mensuelle (millim.). . . ..
Nombre de jours pluvieux
Température moyenne..."
maxima
Moyenne des températures
MINIMA,. ...
Pression atmosphérique
Différence entre les pressions max° et min°..
Humidité moyenne. .....
Quantité de pluie mensuelle (millim.).....
Nombre de jours pluvieux
JANVIER
FEVRIER.
RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS POUR LES
26°5 M 27r 0) 29°8
29°9 30°9 32°9
20°7 21°8 22°9
797.10 796.68 756.62
6.95 5.62 5.65
RÉSUMÉ DES OBSERVATION
274 31°6
33°6
26°4 28°3
761.66 | 759.39
4.68 4.45
65.5 63.8
5.5
— 291 —
lOBSERVATOIRE DE L’ATENEO MUNICIPAL DE MANILLE.
ea] ë
ea] [1
En % em el Le] e<
Æ = É = e a em FA
= « e _ = À = =
=] ee © [ea] © :
= [= 4 En EE al el
> Ex (e] La 2
5 A © e rE
a = A
EEE ZE
NNÉES 1870 À 1877 INCI.USIVEMENT.
30°0
27°6
33°o
23°9
755.10 | 754.64
6.12 6.84
72.7 73.6 80.5 82.3 80.0 80.9 78.6 74.3
54.0 238.9
6.0 14.0 15.6 18.8 15.4 14.6 10.4 3.4
DUR L'ANNÉE 1878.
30°4
795.89 796.37 757.14 | 756.59
9.74
909.
Nous nous trouvions le 10 novembre 1879 dans la mer de Min-
doro; la mousson de S. Q. y régnait encore, alors qu'à notre
départ d'Albay (S. E. de Luçon), le 20 octobre précédent, la
mousson de N.E. était déja régulièrement établie depuis-une
huitaine de jours.
De même, le 10 avril 1880, quand nous arrivämes à Davao
(S. E. de Mindanao), la mousson deS. O. débutait, tandis qu'elle
régnait depuis le 10 mars sur l’île Soulou.
Manille est exposé aux vents de S. O., mais la saison des pluies
ne s'établit qu'au commencement de juin, elle dure jusqu’en no-
vembre ; la saison sèche occupe les autres mois; les mois de no-
vembre à février sont remarquables par l’abaissement de la tempé-
rature; ceux de mars, d'avril, de mai sont les plus chauds de
l'année; le maximum de température coïncide habituellement avec
la position zénithale du soleil.
Depuis quelques années, les phénomènes météorologiques sont
soigneusement enregistrés à l'observatoire .de l’Ateneo municipal
de Manille, desservi par les religieux de la Compagnie de Jésus.
Le R. P. Faura, directeur actuel de l'observatoire, dont les indi-
cations nous ont été si utiles pour notre voyage, a bien voulu me
communiquer le résultat de ses observations météorologiques
pour les années 1870-1877 et 1878. J’en aï extrait les chiffres
donnés plus haut (p. 290 et 291).
Je n'ai pas le relevé des observations pour 1879 et 1880;
pour ces années, j'emprunte les résultats suivants à M. Agustin de
la Cavada Mendez de Vigo), qui les a sans doute puisés dans les
publications de l'observatoire : ï
BAROMÈTRE. THERMOMÈTRE. HUMIDITÉ RELATIVE,
ANNÉES.
Minima.
Moyenne
Maxima
Moyenne.
Minima
a
=
5!
er:
=
ET
1879...| 762.19| 705. 9.19|30.04|25.03 | 28.02 | 90.09 |62.07| 75.06
|| 1880...| 761.13 .6 .47|30.01|26.04|27.08| 89.06 |61.07| 74.04
@) Annuario estadistico. Manila, 1881.
— 295 —
D'après le même auteur, voici la température moyenne de
quelques-unes des provinces de Luçon :
ANDrase st ue eg 26° 25 Lépanto = mc 27° 90
DAANANT- = ce ec 4e 26° 25 Nueva-Lcija.. ...... 39° 00
DIT RON 27° 90 Union. er: pages 37° 29
Hoëos Su. à À. LS KE 27°.50
Un facteur important du climat de Manille, qui ne figure pas
dans les tableaux précédents, mais qui est signalé par le R. P. Faura,
esL l'énorme quantité d'électricité développée par les phénomènes
atmosphériques. Pendant toutes les soirées que j'ai passées à Ma-
mille, le ciel fut sillonné d'éclairs ; 1l en fut de même dans tous
les lieux de l'archipel que j'ai visités, fait important au point de
vue de l'hygiène du pays.
À Balabac, établissement espagnol situé dans l’île et sur le dé-
troit du même nom, entre la mer de Mindoro et la mer de Chine,
on ne connaît pas de saison sèche. Il pleut également à torrents
par les vents de S. O. et de N.E. La moyenne thermométrique
nychthémérale se tient toujours entre 27° et 31°. Je n'ai pu avoir
d’autres renseignements météorologiques sur ce point.
Sur la côte N. O. de l'ile Soulou, dans la ville espagnole, abritée
contre les vents de l’est par une chaïne élevée, on connaït deux
saisons : une saison sèche de novembre à mars, une humide de
mars à novembre. Cependant, durant le premier séjour que nous
y fimes, du 15 novembre 1879 au 18 janvier 1880, il plut
presque tous les jours, par ondées assez courtes, mais violentes et
répétées. Pendant toute cette période, les vents d'est dominèrent
au large et le baromètre se tint entre 763 et 767 millimètres. Les
indications de l’hygromètre varièrent entre 76 p. 0/0 et 84 p. 0/0,
mais presque toujours elles accusaient 78 p. 0/0. Les variations
nychthémérales du thermomètre furent restreintes, le maximum,
vers 2 heures p."m., était de 29° à 29°5 ; ie minimum, entre 6 et
7 heures a. m., variait entre 23° et 24°.
La mousson de S.0. s'établit à Soulou pendant notre second
séjour, vers le 10 mars 1880, avec des vents violents et des pluies
torrentielles. Du 4 mars au 6 avril, la pluie fut presque constante.
Les indications du thermomètre ne furent pas sensiblement diffé-
rentes de celles que j'avais observées de novembre à janvier.
Pendant cette période, il y eut de violents orages et la foudre
_— 9294 —
tomba plusieurs fois. Ce phénomène était autrefois inconnu des
indigènes; il ne se produit que depuis la construction des maisons
européennes dont la toiture est en tôle galvanisée.
À Elok-Pura (baie de Sandakan, N. E. de Bornéo, sur la mer
de Célèbes), abrité des vents d'ouest par des hauteurs très raides,
nos observations ont été suivies du 25 janvier au 16 février 1880.
Dans ces 23 jours, nous avons noté 12 jours de pluie torrentielle,
5 de pluie légère, 6 de beau temps. Le baromètre, observé à midi,
s'est toujours tenu entre 764 et 766 millimètres; le thermomètre,
observé à la même heure, a marqué : minimum, 26°5; maximum,
30°; moyenne, 28°8. La moyenne des maxima de la journée
s’est élevée à 29°3, celle des minima à 23°5. La moyenne de l’hu-
midité relative a été de 80.7 p. 0/0 : maximum — 92 p. 0/0, mini-
mum — 70 p. 0/0.
J'ai séjourné assez longtemps à Davao, situé au nord du golfe
de ce nom, au S. E. de Mindanao. Bien que fréquemment en ex-
cursion, j'ai pu tenir note des observations météorologiques pen-
dant la plus grande partie de mon séjour, grâce à plusieurs per-
sonnes qui les prenaient en mon absence. Ces observations ont
été faites du 14 avril au 2 novembre 1880, pour 166 jours, qui
représentent un peu plus des quatre cinquièmes de cette période.
Le 14 avril, la mousson de S. O. venait de s'établir; les vents
de cette partie du quadrant se firent sentir sans exception jusqu'à
la fin de juillet; ils alternèrent alors pendant quelques jours avec
les vents de la partie du nord, qui dominèrent bientôt exclusi-
vement et amenèrent la saison sèche. À mon second séjour à
Davao, du 22 février au 24 mars 1881, cette saison sèche durait
encore, et, pendant ces 32 jours, il n’y eut que À jours de pluie
légère. Pendant la première période au contraire, du 14 avril au
20 août 1880, les orages, très fréquents, étaient d’une violence
extrême. Ils se produisaient le plus souvent à la chute du jour, et,
après une heure environ d’éclairs et de tonnerre, se résolvaient en
pluie torrentielle qui durait la plus grande partie de la nuit.
Voici le résultat de mes observations du 14 avril au 2 novembre
1880 :
*AOU &—"790 ,, I
ge : 9 *-"arquiadeg
"Æ'N-'N ne 'O'S
np "moy
dl SopqerieA
L jf
° ‘umf
892 L -< TN
— 295 —
992 ‘ue oç-ÿt
Creer | Cr | (or |stow np | ‘srowr | som np | ‘so
‘ ° ‘ .
sauaA | °xoarA | “nu | ‘œnur us) ae) uo) ewraru np SLT np
*XAVAI Ipiu à Li uOTEATISTO p
œunu | wunwu % sop unu sap wunu ?
-109 074 |-turjf | -XEJ ouuo fo
"tpru *srom av
‘H'N-"Nl'O°S-'O
a D Rd
euuoKopy SUN0O£ SG AUENOK
SLNA DAV tu | -1xe] outrofoqy | ouuofoyt -xoui l'ouuofoyg | -rxopy
1ù
D © | © © TT, © © |], mm
SHNO£ HA AUMANON "HALLVTAU HLIAIN NH ‘AULANOUVE "AAŒVU9IENAN AULANONUTHL
‘SHALANO — HAN VI HA SASSAG-AY HANLILTIV — ‘0881 NH (OVNVANIN ‘4 ‘S) OVAVA Y SASIHd SNOILVAUASIO
— 296 —
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
LIEU DE L'OBSERVATION. ALTITUDE. | BAROMÈTRE.
ET HEURE.
NOVEMBRE 1880. mètres. millim.
GÉAMideee LE Embouchure du Rio Tagum......... o L7"6;0
7 61901a/m..| Bincüinsan, Fio lagum.:...-e.068 — 777,0
8 600 — Babao, Rio Sahug........ LE door os 776,0
10 7 00 — Kalibubasan, Rio Sahug............ — 779,0
11 6 oo — Nagta, Rio Sahug............ RE à 4 779,0
2006 con lens es Rene RE RES M M à — 776,0
3 6 oo — Daug, Rio Sahug............ D — 776,0.
Midi: RioySahne ss ere Enr te nn. 776,0
14 6"00 a. m..| Tilacan, Rio SET T ESS OT eo e — 779,0
19 7 00 — RO Sans, Len 2 Re = 774,0
16 7 00 — DAC ET ES Re SE PA RENTE ANNEES = MORTE
17 600 — TOR ne SE Dee Le A fe 22 — 769,0
18 700 — LORD En is A PE LME _ 769,0
19 6 00 — TERRE SR Re De Mr ce = 768,0
20 8 00 — ERA RE RS PRET PE CR A — 768,0
Fe | 7 00 — In En PNR NE DER MINT — 767,0
Midi® 00e Husip, source du Sahug............ 100 766,5
22 Midi....... Mont-Hoagusan-...uen ne 320 792,0
DÉS ota émis ldene eee A CN 320 748,0
23 :
7 00 p. m..| Dagohoy, Rio Agusan.............. 90 772,0
2h46 %00%a. 1m | RI0 Aonsan ee Er. Ar ACC R — 771:0
:5 | 7 00 — Patrocinio, Rio Agusan............. — 779.0
Mad: FD. ADUSAN Ge eee: e4 ele ee ane = 773,0
26 5*30 a. m..| Kambuaya, Rio Agusan............ à — 772,0
2707-90 p.un..| Village de Bunauan. >..." 4.20. 30 773,0
28 7 30 — Ile Re er RER SEE EEE 30 772,0
29 2 30 — 1 (AU ROUTE À CARE Re AE UE 30 771,0
DAMUO0 NÉE PTN PAENE CNRE OSE EI GOT RE 30 772,0
— 297 —
L'INTÉRIEUR DE MINDANAO.
PARTIES
HERMO-
DU CIEL
MÈTRE BDAR DUICIER. | découvertes | | VENTS. OBSERVATIONS.
INTIGRADE.
(De1à 10.)
29° 7 Couvert. 0 N. O: Pluie torrentielle après midi.
23° 7 Cirrhus. 9 N.E. Pluie après midi.
23° 0 Idem. 9 Calme. Idem.
25° o Brouillard. o N.E,. Orage après midi.
23° 5 Couvert. o Calme. Pluie le soir.
23° 5 Idem. 0 Idem.
22° 5 Cirrhus. 8 Idem.
28° 5 Idem. Â E.
23° 5 Cirrhus. 0 Calme.
25° 0 Couvert. 0 Idem. Pluie pendant toute la nuit.
24° o Idem. 0 Idem.
23° 0 Brouillard. 0 E. Idem.
23° o Couvert. 0 Calme. Pluie matin et soir.
24° 5 Idem. o Idem. Idem.
25° 0 Pluie. o Idem. Pluie dans la matinée.
28° 7 Idem. oO N.E. Pluie toute la journée.
28° 0 Couvert. o Idem. Pluie toute la nuit.
26° 7 Pluie. o Idem.
21° 5 Couvert. o N. E.
26° o Cumulus strat, 5 Calme. k
29° 5 Brouillard. 0 Idem.
24° o Idem. 0 Idem.
3:1°0 Cirrhus E, 9 N. E. Pluie torrentielle après midi.
23° 7 Brotullard. 0 Calme. Pluie après midi et la nuit.
26° 5 Pluie. 0 N.E.
26° 7 Couvert, 0 Calme. | Pluie torrentielle après midi.
2° 2 Idem. 0 Idem. Idem.
26° o Cirrhus $. 9 Idem. Idem.
— 298 —
DATE
LIEU DE L’'OBSERVATION. ALTITUDE. | BAROMÈTRE
ET HEURE.
DÉCEMBRE 1880. mètres. milim.
MS Nop ra. 1m | Villase de Bunauan.e. 2 02 DCE 30 773,0
5 2090 pin. | Mont Bünauan 7-4: Mec ce 240 795,0
: { 8 45 a. m..| Village de Bunauan................ 30 773,0
* l Midi... 2e TOR RENE S DS DO à DES ONE EL 30 773,0
3 HeMidr.: 056 Idem SEA Eee ee EE 30 775,0
Rap. ani dem cette A pee EP OR 30 772,0
9 9 00 — Village de Butuan, Rio Agusan ....... — 773,0
T O0 a.Anee| 0eme. seit de ee ee — 774,5
9 | 11 30 — Idem rad POULE — 779,0
+ 8 00 — IH RENE Gate Do 00m à — 779,0
Midi: rase NF ES SR ab RS à EAP pl ae = 779,0
11 900, — AM es ere Peters ere dels te ete ANR — 779,0
Fe 7-00 — ICALERS AO 0 DECO PSS 0 à — 779,0
Mid eee ] ÉUCT RERE AElR eR AE Er à — 774,9
13 7 CNOME B re NON LAID ARE CR RER Le Er AAC Pur — 776,0
Midi 220" JHATCS RSR MORE PEE AT Pete Pute à = 7799
1/4 Mid ID EDS REMORS PRE ET D me AE GENE SRE 7 76,0
ot 0 00 2002) em ee R EE A ver ELee CR — 779,0
16 8 oo — Bret nine dan om ima eue o 776,0
es | 7 30 re JTE GRAN Bee RENE en o 776,0
MEdlba os 00 0 JE CODE PEN PARA ee Ne nee ar 0 776,0
28010 001 ie) emee deb eee dun o 7770
24 * 8 oo — Vilase de ubays "ECC RERRe = 7770
7 45 — Piarede bastion CCE CC CE o 776,0
25 9 29 — Mont Baume 26-06" "CE 340 794,0
2 00%p. me Vitase de Jahonca: 0e "TC ho 772,0
26 IDE bacide Mainit. 202 UNE ho 772,0
27 D TO — VNilase dem EE PER CEE E PCUE CE Lo 770,0
30 a SO — Vulaseide lubay "2002 CCC — 774,0
31 RS CODE LE I LE SO OS CR PRE Ci = 774,5
— 299 —
PARTIES
THERMO-
DU CIEL
” MÈTRE ÉTAT DU CIEL. | éouvertes | VENTS. OBSERVATIONS.
CENTIGRADE.
(De à 10.)
25° o Couvert. 0 Calme, Pluie dans la nuit.
7 ày Mr Cumulus N. Es] Idem.
7.0 Pig. Brouillard. o Idem.
28° o Cumulus. 2 Idem.
29°0 |Cumul., cirrh. str. E. 5; Calme. | Pluie dans la nuit et la matinée.
28° 5 Cumulus. o N.E. Idem.
26° o Pluie. o Calme. Pluie torrentielle toute la journée
et toute la nuit.
24° 2 Idem. 0 Idem. Idem.
25° 2 Idem. o Idem. Idem.
24° 0 Idem. 0 Idem. Idem.
25° 7 Idem. o Idem. Idem.
23° 6 Idem. o Idem. Idem.
23° 9 Idem. o Idem. Idem.
25° 9 Idem. 0 Idem. Idem.
22° 9 Couvert. o Idem. Pluie dans la nuit.
27° 5 Civrhus strat. L. 2 N.E. Orage après midi.
28° o Cumulus strat. 0 S.S.E. | Pluie dans la nuit.
23° 9 Couvert. 0 Calme. | Idem.
” Cirrhus, cumulus. 0 Idem. Pluie après midi.
24° 7 Pluie. o) NSVES Pluie torrentielle toute la journée.
2h91 Idem. 0 Idem. Idem.
20,2 Beau temps. Calme.
23° 9 - Idem. Idem.
24° 0 Pluie. 0 Idem. Pluie torrentielle.
25° o Idem. oO Idem. - Idem.
25° 7 Idem. () Idem. Idem.
25° oO Idem. o N. Idem.
24° 7 Idem. o Idem. Idem.
25° 0 Idem. 0 N.O. Idem.
23° 0 Idem. 0 N.E, Idem.
— 300 —
Pendant mon voyage dans l’intérieur et sur les côtes nord et
est de Mindanao, du 2 novembre 1880 au 22 février 1881, je n'ai
pu faire d'observations à heure fixe, vu les difficultés de la route,
augmentées par le mauvais temps.
La mousson de N.E. est la saison pluvieuse pour la côte orien-
tale de Mindanao et son influence se fait sentir dans l’intérieur de
l'île jusque dans le voisinage du golfe de Davao.
Je donne plus haut (p. 296-299) les observations que j'ai re-
cueïllies du 6 novembre au 31 décembre 1880; celles que j'ai pu
prendre ultérieurement, contrariées par des difficultés de tout
ordre, sont trop incomplètes pour que je puisse les donner utile-
ment. J'étais à ce moment sur la côte orientale, où les grains
étaient encore plus fréquents et plus intenses que dans l’intérieur
de l'ile; quant à la température, elle ne paraissait pas différer de
celle que j'avais observée dans l’intérieur.
Les tempêtes sont fréquentes aux Philippines, elles sévissent à
toutes les époques de l’année; les plus terribles, connues sous le
nom de vaguios ou baquios, ne surviennent qu’à l'époque des équi-
noxes ou dans les deux mois suivants: celles de l’automne sont
beaucoup plus fréquentes que celles du printemps.
. Des observations répétées établissent l'identité des baguios (ty-
phons de la mer de Chine) avec les cyclones des Antilles et de
l'océan Indien.
Les baguios, eomme les cyclones de l'hémisphère N., sont doués
d’un double mouvement de translation et de rotation de droite
à gauche; ils naissent dans l'océan Pacifique, à l’est des Philip-
pines, et traversent l'archipel, toujours au nord du 0° parallèle.
Leur direction générale est ©. N. O.
_ Le mémoire publié par la commission hydrographique des Phi-
lippines() donne la trajectoire de sept baguios (4 et 18 septembre
1874; 5 mars 1874; 18, 25 et 27 octobre 1873; 4 avril et 13 oc-
tobre 1872) : toutes ces trajectoires sont comprises entre l'O. 30°N.
et l'O.14° N., sauf celle du 25 octobre 1873, qui est orientée
O. 4°S. Ces baguios s’'évanouissent dans la mer de Chine, ou, le
plus souvent, ils atteignent le continent asiatique et, s’infléchis-
sant au N.E. arrivent sur les côtes du Japon. La commission
() Baguios. Memoria redactada por el teniente de navion D. M. Villavicencio,
jefe de la comision hidrogräfica de Filipinas. Mania, 1874.
— 301 —
hydrographique estime que leur vitesse de translation est de
13 milles à l’heure en moyenne, que leur diamètre extérieur
mesure de 4o à 130 milles et leur diamètre intérieur de 8 à
15 milles. Ces météores causent, presque chaque année, de
terribles désastres dans l'archipel, ruinant les habitations et les
cultures et causant la perte de plusieurs navires; celui des 19 et
20 novembre 1879 fit éprouver de graves dommages à la ville de
Cebu et engloutit plusieurs bateaux, entre autres une canonnière
à vapeur de la marine royale espagnole, dont on n’a plus entendu
parler. Les effets de ces météores ne sont pas moins désastreux
dans la mer de Chine et sur la côte asiatique; il suffit de dire
que celui qui atteignit Hong-Kong le 23 septembre 1874 y causa
la perte de quatorze navires et fit périr plusieurs milliers de per-
sonnes à Macao.
Le câble télégraphique immergé en 1880 entre Hong-Kong et
Lucon est un immense bienfait pour la navigation, aujourd'hui si
active, de ces parages. Depuis l'établissement des communications
télégraphiques, lobservatoire de lAteneo municipal a toujours
avisé en temps utile le port de Hong-Kong de limminence des
baguios et prévenu ainsi des pertes énormes en hommes et en
matériel. As
La navigation de l'archipel des Philippines était autrefois fort
périlleuse; aux difficultés résultant des courants et des écueils
s’ajoutait le défaut de cartes, car jusqu'à ces dernières années les
travaux hydrographiques avaient été entrepris avec des moyens
insuffisants.
L'expédition de Malaspina leva en 1792 une carte générale de
l'archipel; ce n’était pour ainsi dire qu'un cadre destiné à être
rempli par des levés ultérieurs (),
En 1850 et dans les années suivantes, les commodores Bate,
Chimno, Reed, de la marine royale anglaise, exécutèrent d’im-
portants travaux sur les côtes de Palawan (Paragua des cartes es-
pagnoles) et dans le détroit de Balabac. C'est aussi de 1850 que
datent, pour la plupart, les grands travaux de l'hydrographie es-
pägnole, qui avait déjà donné des tracés remarquables, mais sou-
@) Cf., pour plus de détails, don Camilo de Arana, Derrotero del archipielago
Filipino, Direction de hidrografia. Madrid, 1879. Appendice n° 3.
— 302 —
vent interrompus à cause des luttes continuelles avec les pirates
malais de l'archipel de Soulou. À cette époque, commenca, sous
la direction de D. Claudio Montero, le levé méthodique des côtes
de l'archipel, auquel cet officier distingué a pris une si grande
part.
Une commission hydrographique permanente, composée d’off-
ciers de la marine royale, est uniquement occupée à rectifier et à
compléter les cartes des Philippines; tous les points principaux
sont aujourd'hui exactement déterminés par rapport à Manille.
Les parties qui restent encore à lever sont pour la plus grande
partie situées sur les côtes orientales de f’archipel, dont le tracé
actuel, dû à des documents anonymes, est très erroné.
Au cours de mon voyage à Mindanao, j'ai levé les itinéraires
suivants : de Davao à Bunauan et à Butuan; de l’anse de Baguian
au lac de Maïnit et à Tubay; de Bunauan à Bislig et à Caraga; de
Mati à Kuavo; et, en outre, le cours de la rivière de Sagaliud,
qui débouche au S. O0. de la baie de Sandakan (N. E. de Bornéo).
Ces divers itinéraires, levés à ==, ont été réduits et reproduits à la
fin de ce rapport ). {Carte n° 1.)
Pour la détermination des longitudes, je me suis servi avec avan-
tage de la formule suivante, due à MM. Beuf et Houel, qui facilite
le calcul :
où t— angle au pôle, h— hauteur vraie de l'astre observé,
@— latitude, d— déclinaison.
Cette formule m’a été indiquée par M. le lieutenant de vaisseau
Rozet, aujourd'hui directeur de l'observatoire de Toulon, que j'ai
‘eu la bonne fortune de rencontrer successivement comme astro-
nome à l'observatoire de la marine à Monsouris et comme officier
chargé des montres à bord de l’Annamüte, qui me porta de Toulon
à Singapore.
M. Rozet est auteur d’un traité inédit de cosmographie et de
navigation dont la communication m'a été fort utile, car cet ou-
vrage élémentaire expose avec la plus grande clarté toutes les
() J'ai donné : Rivière Sagaliud à (Bull. de la Soc. géogr., août 1880);
809 000
Itinéraires de Mindanao à © (Jbid., 4° trimestre 1882).
— 303 —
notions théoriques et pratiques nécessaires pour les observations
astronomiques et la construction des cartes. La publication de ce
traité, dont sont exclues toutes les théories qui n’ont pas une appli-
cation immédiatement pratique, rendrait un immense service aux
voyageurs étrangers à l’hydrographie.
Voici un exemple des calculs de longitude par la formule ci-
dessus indiquée :
BABAO, RIO TAGUM (8 novembre 1880).
Latitude estimée — 7° 20’ N.
Longitude estimée — 8° 13’ E. de Paris.
Hauteur vraie © — 31° 24/ 54" 5. «
Déclinaison calculée pour heure de l'observation = 16° 37’ 54" 5.
Sh=9,717 03 s@—9,105 99 cos@—9,996 43
A= 8,562 69 s0—9,456 70 cosD—9,981 44
B—1,154 3% A —8,562 69 C=9,977 87
Sh=9,717 03
Log. addit. B—0,029 42
9,746 45
0; 8
RIRE 360° 0’ 00”
cost— 09,768 58 = 54° 3'4o”
305° 56’ 20"— 20°" 23" 45° 30
Équation du temps pour Rd do 16 7.16
Heure T. M. Babao oo 73814
Heure T. M. Davao, d'après chronomètre— 20 6 53 50
0" o"Ak° 24
Long. Babao à l’est de Davao — 11’ 03” 6o.
Les marées présentent, aux Philippines, un régime singulier,
dont les lois ne sont connues que depuis peu de temps. Ces lois,
je les donne ici d’après les travaux publiés par M. le comte de
Cañete del Pilar() et par M. le commandant D. Camilo de Aranal).
(0) Revista general de marina. Madrid, mars 1880.
® Derrotero del archip. filip., page 69 et append. 1 et 2.
— 304 —
Les îles Philippines forment un obstacle à la libre propagation
de la marée qui se forme dans l’océan Pacifique; en arrivant au
contact de l'archipel, le flot se divise en ondes secondaires; ces
ondes pénètrent dans l'archipel par les détroits qui s’ouvrent sur
le Pacifique et sur la mer de Chine; en se propageant dans l'inté-
rieur de l'archipel et dans tous les sens, elles se combinent de la
façon la plus variable, suivant la configuration des côtes; à l'irré-
gularité qui est la conséquence de ce fait vient encore s'ajouter
celle qui résulte de l'inégalité diurne des marées.
En Europe, on ne tient compte que de l'onde semi-diurne, la
diurne étant peu appréciable; au contraire, aux Philippines, l'onde
diurne, c’est-à-dire l'onde dont le flux et le reflux s’accomplissent en
2h heures, a autant ou même plus d'importance que l'onde semi-
diurne. De la coïncidence de ces deux ondes, dont les flux tantôt
ont lieu en même temps, tantôt se contrarient, résulte une combi-
naison variable, changeante, qui paraît, à première vue, échapper
à toute règle et qui explique le nom locas (folles) donné pendant
longtemps aux marées-de l'archipel.
Dans la baie de Manille, dans les détroits de Balabac et d'Iloilo,
deux jours après que la déclinaison de la lune a été nulle, on ob-
serve deux flux et deux reflux, d'intensité sensiblement égale, dans
les 24 heures. Les jours suivants, un des flux va en augmentant et
l’autre en diminuant; en peu de jours, celui qui est en décrois-
sance disparaît complètement, et il ne reste plus qu'un flux et
un reflux en 24 heures.
C'est deux jours après la déclinaison maxima, nord ou sud,
de la lune, que l'unique marée diurne est le mieux caractérisée
et qu'elle acquiert sa plus grande hauteur. À partir de ce jour,
l'unique marée diurne diminue d'amplitude, et peu de jours après
se montrent de nouveau deux marées : la nouvelle marée va en
augmentant, et les deux marées arrivent à être d'intensité égale
deux jours après que la déclinaison de la lune est nulle. Les jours
suivants, la marée qui augmentait décroit; c'est l'inverse pour
celle qui diminuait; et le cycle se poursuit dans l’ordre que je
viens d'indiquer.
La variation de l'établissement du port fait perdre à ce mot toute
signification. L'unité de hauteur varie également beaucoup avec
les divers mois de l’année; cette variation atteint, par exemple,
603 millimètres à Manille et 1 mètre 18 millimètres à Hoilo; Le
— 305 —
niveau moyen varie aussi dans des limites qui atteignent 173 milli-
mètres. pari
Telles sont en abrégé, les lois générales des marées aux Philip-
pines; au sud de Mindanao, dans la mer de Célèbes, elles présen-
tent encore des caractères particuliers, variables suivant les divers
points où on les observe.
À Davao, il y a toujours deux marées par jour; à Pollok, une
des marées fait défaut trois jours dans le mois lunaire; à
Zamboança, il n'y a qu'une seule marée pendant seize jours, et à
Basilan ,situé seulement à 9 milles de Zamboanga, ainsi qu’à Sou-
lou, il n'y a jamais qu'une seule marée par jour.
Au nord de Mindanao, la même différence se produit entre Suri-
gao et l’île voisine de Siargao.
Ce régime a des conséquences importantes pour la navigation.
Ainsi, le 17 janvier 1881, par exemple, étant sur la côte ouest
de la péninsule de Surigao par 9° 30° environ de latitude, je vis
la basse mer à 6 heures 30 minutes du soir; à la même heure,
et d’après ce que j'avais observé quelque jours auparavant à Giga-
quit, sur le Pacifique, la mer devait être étale sur ce dernier
point; de ces différences de niveau résulte un courant alternative-
ment nord et sud qui, dans certaines passes resserrées, acquiert
une violence extraordinaire.
En rade de Surigao, les bateaux ont grand soin de ne pas
mouiller au delà d’une certaine distance du rivage, car on sait
bien que, plus au large, les courants atleignent, dans certaines cir-
constances, plus de 8 milles, et alors il n’y a ni ancre ni amarre
qui résiste U), |
En profitant de ces courants de marée, qui ne me furent favo-
rables que pendant une partie de mon trajet, je pus un jour
franchir en trois heures, sans voile, les 28 kilomètres qui séparent
Surigao de Taganaan.
Quand deux courants de sens opposé se rencontrent, ils engen-
drent des tourbillons qui sont souvent funestes aux embarcations,
Quant aux navires, ils ne sont pas engloutis, mais immobilisés,
malgré le vent, au milieu d’une mer démontée dont les lames se
brisent avec un fracas qu'on entend à plus d’un mille.
La côte orientale de Mindanao, dans toute la partie où je Pai
4) D, Camilo de Arana, loc, cuil.
MISS, SCIENT, — XI, 20
IMPIUIMENIR NATIONALE
— 306 —
suivie, de Surigao à la pointe Tugas et de Bislig à la baie de Pujada,
est bordée de bancs de madrépores au delà desquels le fond s’a-
baisse subitement. Pendant la mousson de N.E., les vagues for-
mées dans limmensité du Pacifique, rencontrant brusquement cet
obstacle, acquièrent une hauteur et une force considérables et se
brisent, en bordant la côte d’une ceinture d'écume qui se prolonge
presque sans interruption depuis Placer jusqu'à la baie de Mayo.
Presque tous les rios qui débouchent dans le Pacifique sont ob-
strués par des barres; celles de Catel et de Gigaquit ont surtout
une mauvaise réputation, laquelle est loin d’être imméritée.
Souvent d'une pointe à l’autre s'étend parallèlement à la côte
une ligne de récifs qui intercepte une zone peu profonde, relati-
vement calme, dont peuvent profiter les embarcations; quelque-
fois, comme pour la pointe Sancop et la pointe Tambog, des ar-
royos connus sous le nom de Silangas permettent de passer d’une
de ces zones de calme dans la suivante sans doubler les pointes,
où la mer brise toujours avec fureur et qui sont, ainsi que les
barres, souvent funestes aux embarcations du pays.
Voici ce que dit de la navigation dans ces parages M. le capi-
taine de frégate D. C. Garcia de la Torre (), qui, en novembre
1876, fit une reconnaissance de la côte, du cap Saint-Augustin à
Quinablangan :
« Je n'avais jamais vu une côte avec une mer aussi démontée;
elle produit sur les bateaux l'effet d’un véritable ouragan. Les
goélettes ne doivent jamais prendre cette route, sinon à l'époque
des quadratures, car peut-être alors la mer est-elle plus tenable.
En sortant de Baganga avec trois goélettes pour me rendre à Bis-
lg, je profitai du flux, parce que, bien que l’on me dit le con-
traire, je supposai que le courant favoriserait notre marche vers
le nord. Cependant, de minuit à 9 heures du matin, nous ne
dépassämes pas la visita de Dapnan, endurant pendant tout cet
intervalle un temps périlleux pour des bateaux d’un aussi faible
échantillon. -
« Les goélettes étant pleines d'eau, l’une ayant perdu son grand
mât, l’autre son mât d’artimon, les étais se rompant à chaque in-
stant, il nous fallut revenir à Baganga, non sans risquer de tomber
en travers; nous élions poussés avec une telle force, que, bien
que le vent eût molli, nous y arrivämes en un quart d'heure. »
Q@) Cité par le Derrotero, p. 855.
307 —
Le même auteur a vu le courant constamment dirigé vers le
sud, quand il se trouvait à 4 milles au large de la côte. En la
suivant beaucoup plus près, de Bislig à Catelviejo, j'ai toujours
vu le courant, violent, dirigé du nord au sud pendant le flot, et
en sens contraire pendant le jusant.
Toute cette côte orientale de Mindanao est dangereuse; entre
Surigao (9° 47 53" latitude nord) et la baie de Mayo (6° 53), elle
n'offre d'autre mouillage, par les vents d'est, que celui de Bislig;
ce mouillage est sûr; il y a partout 10 à 12 brasses, sauf sur une
partie de la barre, qu'il serait facile de draguer, car son étendue ne
dépasse par 12 brasses.
La baie de Mayo est un refuge médiocre; maïs la baie de Pa-
jada, qui n’en est séparée que par un isthme très étroit, présente
un abri vaste et sûr contre tous les temps. |
Cette baie si bien abritée, à l'entrée facile, forme un magni-
fique-port naturel, dont l'importance sera considérable quand la
région voisine sera colonisée; celle-ci est à peu près déserte aujour-
.d’hui; on ne voit sur les rives de la baie d’autres habitations que
celles du petit village Bisaya de Mati, dont les ressources sont très
limitées.
CHAPITRE HIT.
ANTHROPOLOGIE ll).
La péninsule de Malacca et toute la partie du grand archipel
d'Asie comprise à l’ouest de Florès, Céram, Gilolo (limite de la
race Papoua) paraïssent peuplées par trois races bien distinctes :
les Négritos, les Indonésiens, les Malais.
C’est du moins ce qui résulte, à mon sens, de mes observations
sur le vivant et de mes collections, pour toutes les régions que j'ai
parcourues. C’est à ces régions que je limiterai cette partie de
mon rapport, sans rechercher ce que les voyageurs nous ont
appris des contrées voisines; leurs récits confirment d’ailleurs la
trinité ethnique des populations dans tout l'archipel.
Mes collections anthropologiques (en commun, comme toutes les autres,
avec mon ami M, le D° Paul Rey, pour la première partie de mon voÿage) com-
prennent quatre séries :
1° Feuilles d'observations sur le vivant (avec échantillon des cheveux et photo-
20.
— 308 —
En abordant l'étude deces populations, il faut sc pénétrer d'un
fait qui est d’une importance capitale pour l'anthropologie. Pen-
dant des siècles, la piraterie, les guerres continuelles de tribu
à tribu, l'esclavage, ont été des fléaux endémiques de l’archipel;
moins violents sur quelques points dans ces dernières années, ils
continuent à exercer les mêmes ravages sur beaucoup d’autres).
Il faut donc s'attendre à trouver les races profondément alterées
par les croisements et dans une proportion d'autant plus large
que, plus robustes et plus entreprenantes, elles prélevaient plus
de captifs sur les populations voisines.
On pourrait figurer schématiquement l'habitat des races que j'ai
observées par trois zones concentriques, la plus interne étant occu-
pée par les Nécritos refoulés dans l'intérieur des terres par l'in:
vasion indonésienne; les Indonésiens occupent la zone moyenne;
ils ont été à leur tour chassés des côtes par les Malais, qui à peu
près seuls aujourd'hui occupent la zone la plus excentrique et sont
en réalité répandus sur tous les rivages.
Les divers groupes, d'importance numérique et anthropologique
très inégale, dont j'étudierai les caractères, peuvent être classés
de la facon suivante :
graphie du sujet) numérotées de 18 à 173 (les numéros 1-17 ont trait à d’autres
races étudiées dans le trajet Toulon-Singapore). Les mesures sont prises suivant
la méthode adoptée au laboratoire d'anthropologie du Muséum.
Les principaux résultats sont résumés dans le tableau I.
Les portraits des sujets mesurés, dont quelques-uns sont reproduits ci-après,
portent les mêmes numéros que les feuilles d'observations.
Les numéros des colorations sont ceux des échelles chromatiques de la So-
ciété d'anthropologie ;
2° Portraits de sujels non mesurés, numérotés [ à L;
3° Crânes, numérotés 1 à 160;
4° Squelettes, numérotés [ à IX.
Les principaux résultats de la mensuration des crânes isolés et des crânes 1
squelettes forment le tableau II.
Les indices sur le vivant sont calculés d’après les mesures directement obte-
nues, sans déduction de la quantité, non encore absolument déterminée, qui
représente ia différence entre les indices sur le vivant et sur le squelette.
() J'ai déjà donné quelques détails sur les mœurs des populations de Malacca
et de l'archipel dans le Bulletin de la Soc. de géogr., 1879-1882, dans la Revue
d'ethnogr., t. T, 1882, et dans mon Voyage aux Philippines (Tour du monde,
1°" et 2° semesires 1884).
NOM PORTÉE
par
GHAQUE GROUPE
dans la région
pure...
métisse.
avec
prédo-
minance
de sang
négrito.
ave:
prédo-
Il .. | minance
Malaïse\ le sang
chinois.
avec, \E.
traces
de sang
arabe,
mélé |[ M Moro. Orang-
d'indo-
| nésien. } N.
O.
122
Q:
R.
If. Indouésienne
*
mr
(1) Nom donné par les
quelle que soft Jeur race,
où il habite,
À Négrito Se
. Mamänua
. Négrito....
. Manthra...
. Knabuiï.….
Tagaloc . .….
. Bisaya.. .…
Moro, Orang-
Islam, Orang-!
SOUIOUr 1
Kalagan .
Buledu Dib.
Samal.….
Bud
Guianga. .
. Tagacaolo. .
. Tagabawa.…
. Manobo ...
Mandaya.….
Bilän ?.....
=
\
À
:
— 9309 —
NOMBRE
HABITAT.
D'HABITANTS.
Province de Bataan (Luçon)
Autour du lac de Maïnit (N.E. de
Mindanao).. . [8300 à 4oo ||
| Près de Tiwi, pe d a ii E.
de Lucon) .…. Ce Es 100?
Forêts au nord et au N. O. de Malacca.
Forêts de la province de Camarines-
Sur (Lucon)..
Province d'Albay, de Camarines-Norte
et Sur, partie de celle de or
(S. E. de Lucon) .-| 350,000
Manille et le centre de Luçon 1,200,000
Hes Bisayas et quelques pueblos sur
les côtes de Mindanao 2,200,000 |
Archipel de Soulou et spécialement
île Soulou.…..
l'île Soulou ).
Golfe de Davao (S. E. de Mindanao). )
Rio Sagaliud et Kinobatangan (N. E.
de Bornéo) M PAQE
Ie Samal (golfe de Davao)
Versant sud et est du volcan Apo
(golfe de Davao)
Versant N. O. de l’Apo
Ouest et est du golfe de Davao
Nord du golfe. de Davao
Golf: de Davao; bassin de l'Agusan;
péninsule de Surigao
Bassin de Sahug; côte orientale de
Mindanao
— 310 —
Ï
À. — Négritos (1).
De tous les indigènes de l’archipel, les Négritos sont incontes-
tablement et de beaucoup les plus faibles, les plus timides, les
moins intelligents; comme ils ont toujours été la proie de leurs
voisins, incapables de faire eux-mêmes des prisonniers, leur sang
s'est conservé pur.
Depuis les travaux de MM. de Quatrefages et Hamy ®, il n’est
plus douteux qu'ils n'aient dominé autrefois des îles Ads au
cap Engano, notamment dans la péninsule de Malaeca et à Min-
danao.
À une époque reculée, ils étaient sans doute les seuls habitants
de la péninsule et de larchipel. La grande uniformité de leur
type milite fortement en faveur de cette hypothèse. Relégués au-
jourd’hui sur des sommets d'un accès difficile, ils ne sont plus
guere représentés dans la péninsule que par les Sakkayes de la
province de Pérak 5); aux Philippines, ils forment encore plusieurs
tribus disséminées, peu importantes, dont l’area principal est le
centre de Luçon. Ils sont fatalement destinés à disparaître. Leurs
métis, au contraire, sont forl répandus, et on verra qu'il n'est point
de population dans l'archipel qui ne révèle le mélange de leur
sang.
Les Négritos frappent tout d’abord par la grosseur relative de la
tête, l'élévation du crâne, le défaut de prognathisme et de saillie
des pommeties. Leur apparence générale est grêle; le thorax est
peu développé, la jambe sans mollet; le pied, assez grossier et
massif, est légèrement tourné en dedans, direction exagérée par le
CPI IL DER ù
@) Ce fait a été établi par M. de Quatrefages dès 1862 (Gazette médicale). Voir
de Quatrefages et Hamy, Crania ethnica. Paris 1882. Cf., en outre, les divers
travaux de ces savants, et notamment À. de Quatrefages, Nouvelles Études sur La
distribution géographique des Négritos et sur leur identification avec les Pyymées
asiatiques de Ctésias et de Pline. — Revue d'ethnographie, t. 1, 1882. — Hommes
fossiles et hommes sauva ges, ch. 1v. Paris, 1884, etc. — E.-T. Hamy, Étude sur ur
squelette d'Aeta des environs de Binangonan (Nouvelles Archives du Muséum,
2° série, 1879); etc.
6 J. Erringion de la Croix, Étude sur les Sakhkaies de Perak (Rev. d'ethnogru-
plue, t. I, 1882).
— 311 —
gros orteil fortement dévié; les autres orteils sont très courts; la
paroi abdominale, très dure, est hémisphérique et fait saillie au-
dessous de la ceinture serrée qui, chez les hommes, se continue
avec le lambeau d’étoffe appliqué sur les parties génitales.
L'ouverture palpébrale est le plus souvent allongée, rectiligne;
quelquefois cependant cette ouverture décrit une courbe très lé-
gère.
Le repli falciforme fait défaut, mais le prolongement interne
de la paupière supérieure tend à former un pli qui parait être
comme le rudiment de cette particularité anatomique.
Le sens des couleurs est complet chez ces indigènes, bien qu’ils
n'aient pas tous les mots nécessaires pour distinguer les diverses
nuances de papiers colorés; mais ils ne les confondent pas et savent
fort bien les rattacher aux couleurs les plus usuelles : dugo, rouge
(couleur du sang), bigas, vert (couleur du riz en herbe), etc.
Le front est remarquablement haut et vertical, et forme un
angle très net avec le plan transverse de la face; la courbe antéro-
postérieure du cràne est régulièrement circulaire, développée en
hauteur; il en est de même de la courbe transverse; la région pos-
térieure du crâne est toujours plus ou moins plane et le plus
souvent déprimée dans sa moitié droite, fait en rapport sans doute
avec le décubitus.
La coloration de la peau est presque toujours soit n° 43, soit
n° 28; celle des cheveux, n° 27 et A1, quelquefois n° 48.
La chevelure est abondante, très fine, crépue en grains de poivre,
implantée par groupes de poils régulièrement espacés sur le cuir
chevelu; elle grisonne parfois sans que le sujet ait atteint un
âge avancé, à 50 ans environ. La section transversale du cheveu
est assez régulièrement elliptique, non réniforme, quelquefois lé-
gerement ovoide 1). La chevelure est rasée sur une surface allongée
large de 5 à 6 centimètres, qui se prolonge depuis la limite posté-
rieure de l'implantation des cheveux jusqu'au quart postérieur de
la suture sagittale.
La barbe, qui a les mêmes caractères que les cheveux, est par-
fois touflue, et, dans ce cas, couvre toute l'étendue du maxillaire
inférieur aussi bien que la lèvre supérieure. Le plus souvent elle
est réduite à cette dernière région, au menton et à la partie supé-
rieure de la branche montante du mandibule.
(W) PL XXXI, n° 44 et 45.
— 312 —
La couleur des yeux ne correspond pas exactement aux couleurs
de l'échelle chromatique; elle se rapproche des n° 1 et 3, mais
est beaucoup plus vive et brillante.
Les irrégularités sont assez fréquentes dans l’implantation des
dents, spécialement des incisives, mais beaucoup moins que la
carie (presque toujours limitée aux molaires), qui, à des degrés
divers, se montre chez presque tous les sujets. Les incisives supé-
rieures sont le plus souvent limées en pointe, l'usure oblique et
latérale de la dent atteignant environ les deux tiers de la partie
libre de celle-ci.
Les organes génitaux de l’homme sont médiocrement dévelop-
pés; les testicules sont petits, les poils du pubis rares et grêles;
Ja circoncision est constante et le prépuce sectionné fort haut.
Cette opération est pratiquée sur l'enfant de 10 à 12 ans, par son
père, au moyen d’un couteau de forme quelconque.
Il ne m'a pas été possible d'observer les organes pelviens de la
femme. La forme des mamelles chez les jeunes filles tient le
milieu entre les variétés hémisphérique et pyriforme; dès la pre-
mière grossesse, elles deviennent volumineuses et pendantes. Il
n'est pas possible d'avoir des renseignements sur l'époque de la
mensiruation, les Négritos ne tenant aucun compte de leur âge.
Voici les dimensions des os des membres du squelette n° 1 dont
le crane est mesuré au tableau IE.
mm,
Llumerus=— 200%; radins — Por; iemur 501 1b@ "70
INDICES.
Humérus — 100, Radius — 74.72.
Fémur —100, Tibia = 85.37.
Fémur —100, Humérus — 68.709.
Les cases des Négritos, formées de matériaux légers, ont un
plancher élevé de quelques pieds au-dessus du sol, suivant l'usage
constant de la Malaisie. Les meubles sont nuls, les ustensiles se
bornent à quelques vases grossiers et à quelques paniers.
Les Négritos dorment soit sur le plancher, soit sur un lit de
camp incliné, sans rien qui soutienne le crâne. Comme leurs vé-
tements se réduisent, chez les hommes, à la mince bande d'étoffe
qui recouvre les parties génitales, et se bornent à un jupon pour
les femmes, ils ont soin d'entretenir du feu pour se protéger contre
le refroidissement de la nuit.
— 3135 —
L'état social des Négritos varie dans une mesure énorme selon
qu'ils sont plus ou moins à l’abri des exactions des populations
voisines. En général, ils ont un mauvais renom parmi les popula-
tions soumises et catholiques des Philippines.
J'ai toujours entendu dire qu'ils n'avaient jamais pratiqué le can-
nibalisme; mais on les accuse volontiers de pillages, de meurtres,
d'incendies.
il est probable que beaucoup de ces actes ne sont que des re-
présailles, et que souvent ils sont inventés ou exagérés. En effet,
les Indiens notables appelés à donner des renseignements sur les
Négritos sont enclins à diminuer leur importance numérique
d'une part, et de l’autre à les représenter comme des sauvages
féroces, rebelles à tout progrès; ils cherchent ainsi à éluder toute
relation entre les autorités espagnoles et les Négritos, avec lesquels
ils font un commerce d'échanges d’autant plus lucratif qu'il est
sans contrôle et que les sauvages, livrés à eux-mêmes, sont constam-
ment spoliés.
Les détails suivants ne s'appliquent donc qu'aux Négritos obser-
vés dans la Sierra de Marivelés, aux environs de Balanga (province
de Bataan [Lucon |).
Ces Négritos, sous l'autorité juste et éclairée du gouverneur de
la province, D. Estanislao Chaves, vivent pacifiquement sur le
versant oriental de la sierra. Chaque ménage a sa case entourée
de défrichements où sont cultivés la banane, le riz, la canne à
sucre, la patate, Ils élèvent de la volaille, des porcs, quelquefois
même des buffles. À ces ressources alimentaires les Négritos joi-
grent le produit de la chasse, pour laquelle ils dressent des
chiens,
Leurs armes sont l'arc et la flèche. Le bois de l'arc est tiré du
tronc de l'anajao (Corypha minor, Palm.) les intestins du cerf four-
nissent la corde. Les flèches sont armées de pointes de fer qu'ils
fabriquent eux-mêmes et dont ils se procurent la matière par
voie d'échange; leur forme est variée, et l’une d'elles, à pointe mo-
bile, est assez ingénieuse. Les Négrilos jouissent d’une grande ré-
putalion d'adresse; celle-ci néanmoins m'a paru contestable. Ils ont
recours aux pièges; mais lous ces moyens sont bien précaires, et
expliquent la misère de ces indigènes quand ils sont noyés au
milieu de tribus énergiques et agressives et contraints à une vie
errante, incompalible avec l'agriculture.
— 31h —
Ils sont habiles à trouver dans les forêts le mriel, les résines et
cerlaines racines comestibles. Le miel et les résines constituent
des objets d'échange aux moyens desquels ils acquièrent, des Taga-
locs de la côte, du fer, des vases à cuire le riz, quelques étoffes et
du tabac; ils boivent volontiers de lanisado ou de la tuba, quand
on leur en offre, mais je ne crois pas qu'ils en fassent jamais pro-
vision; l’alcoolisme paraît leur être inconnu.
Bien que connaissant le nom des monnaies espagnoles, les Né-
gritos sont incapables de les distinguer entre elles et de se faire
une idée de leur valeur.
Quand il a livré une quantité de denrées estimée, après débat,
à 6 réaux, par exemple, un Négrito acceptera en échange une
pièce de monnaie de 1 ou de 2 réaux.
La faculté du calcul est, en outre, extraordinairement limitée
chez ces indigènes; les noms de nombre qui figurent dans leur
vocabulaire () leur sont bien connus comme mots, mais n’ont pas
pour eux une signification précise. Il est facile de se convaincre
que les plus intelligents ne peuvent réellement compier au delà
de 4 ou de 5; des nombres plus élevés ne représentent pour
eux qu'une idée vague de multiplicité, sans doute ce que seraient
pour nous les distances de l'astronomie exprimées en mètres. Ils
ont du reste le sentiment de leur infériorité et n’emploient le
terme d'homme (fao) que pour désigner les Indiens; en parlant
d'eux-mêmes, ils disent seulement les Négritos, mot qui est passé
dans leur dialecte et dont ils ne soupçonnent pas l'origine étran-
gère.
Il est difficile de décider avec certitude si les Négritos ont une
conception du monde, des croyances, des traditions. Il faudrait,
pour être exactement renseigné à cet égard, soit pouvoir causer
avec un Négrito ayant quitté déjà adulte ses montagnes pour vivre
au milieu des Indiens (cas qui ne s'est sans doute jamais pré-
senté), soit vivre longtemps au milieu d'eux et acquérir avec leur
confiance une connaissance suffisante de leur dialecte.
D'après les Tagalocs, fort peu compétents en ces matières, les
Négritos n'auraient n1 traditions, ni religion. ni croyance au sur-
naturel; ni magie, ni sorlilèges, ce qui me paraît fort douteux
et même impossible à admettre. Er effet, dans une de leurs
9) Voir chap. v, Dialectes.
— 315 —
danses, l’un d'eux, qui parait chargé d’un rôle de ravisseur ou
de perturbateur (, figure, disent-ils, un esprit (Antu), désignation
qui, dans toute la Malaisie, s'applique à un personnage surnaturel
analogue aux démons du christianisme.
Il faut remarquer en outre que les Négritos ont pour les morts
un véritable culte : les cadavres sont enterrés à près de 3 mètres
de profondeur, ce qui pour des gens privés de tout outil de ter-
rassier constitue un travail très pénible; l'enterrement a lieu sous
la case qu'habitait le défunt, laquelle est alors abandonnée; ses
habitants vont en construire une autre à quelque distance. Cet
usage est constamment observé.
Enfin les Négritos passent pour fort habiles à trouver dans les
forêts, outre les racines alimentaires, une foule de plantes et de
graines dont ils extraient des huiles, des sucs qui constituent, au
dire des Tagalocs , des remèdes d'une efficacité merveilleuse.
Il est difficile de concilier ces faits, dont les deux premiers sont
certains, avec l'absence de toute religion, de toute croyance sur-
naturelle, de magie. L'opinion contraire paraît beaucoup plus
probable.
L'organisation sociale est beaucoup plus complète, même chez
les tribus errantes, qu’on ne pourrait le croire, vu leur infériorité
intellectuelle; cette organisation est basée sur la famille et sur la
propriété individuelle.
L'autorité n'est pas héréditaire : à la mort du chef, dont le pou-
voir est très respecté, les pères de famille élisent son successeur.
Ce chef électif et inamovible règle tous les différends et punit
toutes les infractions, d’ailleurs très rares, suivant les usages tra-
ditionnels.
Le vol paraît inconnu; lhomicide est puni de mort, ainsi que
ladultère; dans ce dernier cas, c'est l'époux lésé qui exécute la
sentence prononcée-par le chef. Le viol, fort rare, paraît être le
seul délit passible de coups de bejuco, contraste singulier avec les
usages des Tagalocs du voisinage.
Le Négrito est monogame et n’achète pas sa femme, autre trait
rare parmi les populations non chrétiennes de la Malaisie. Il fait
seulement un petit cadeau à son futur beau-père, qui donne tou-
Jours à sa fille quelques objets qui demeurent la propriété de
1) el
Voir Voyage aux Philippines, chap, 11 (Tour du monde, 1° semestre 1884).
— 316 —
celte dernière et sont repris par celle dans le cas de prédécès
du mari.
Le mariage donne lieu à une cérémonie singulière : les futurs
époux grimpent au sommet de deux arbres voisins, flexibles. Le
chef de la tribu incline ces arbres l’un vers l'autre et quand le
front des deux futurs est arrivé au contact, l'union est conclue.
Cet acte est toujours accompagné de festins et de danses d’un
caractère spécial M. Les relations sexuelles sont excessivement rares
en dehors du mariage; toute jeune fille soupçonnée doit renoncer
à l’espoir de trouver un mari.
La tendresse des parents pour leurs enfants est extrême, et ces
derniers témoignent à leurs parents autant d'affection que de res-
pect.
La naissance et la mort donnent aussi lieu à des cérémonies par-
ticulières. Le défunt, toujours profondément regretté, est enterré
au milieu de larmes et de cris très sincères. Néanmoins un festin
suit toujours la cérémonie, ainsi du reste que cela a lieu chez les
TFagalocs et chez bien d’autres populations.
Dès que l'accouchement est terminé, la mère court se plonger
dans un ruisseau voisin avec l'enfant, pratique constante qui con-
tribue pour une large part à la disparilion de la race. En sortant
de ce bain, la mère brüle le placenta, en recueille les cendres et
les avale en les délayant dans un peu d’eau , afin d'assurer une bonne
santé à son enfant. >
Le nom du nouveau-né lui est imposé après une délibération
et un vote auxquels prend part toute la tribu. L'enfant est entouré
des soins les plus tendres. Du reste, les Négritos sont compatissants,
se secourent mutuellement et soignent avec dévouement leurs
malades, même quand ils n'appartiennent pas à leur famille; dans
un seul cas, le malade est abandonné à lui-même après que l’on a
mis à sa portée de l’eau et des vivres, c'est lorsqu'il est atteint
de petite vérole grave; la maladie est alors considérée comme un
arrêt du destin, auquel on ne peut s'opposer).
La propriété appartient à celui qui l'a créée, le champ à celui
qui l’a défriché, etc.
Quand la mère survit au père de famille, la propriété est divi-
® Voir Voyage aux Philippines, chap. 1 (Tour du monde, 1% semestre 1884 ):
® Les indigènes de la péninsule de Malacca agissent de même en pareil cas.
(Revue d'ethn., t. I.)
— 317 —
sée en deux parts égales : l’une va à la mère, l'autre aux enfants,
qui la partagent également entre eux. Si les enfants sont en âge
de pourvoir à leurs besoins, leur mère reste auprès d'eux; dans le
cas contraire, elle rentre avec eux dans sa familie.
Le fait dominant du caractère des Négritos est leur amour pro-
fond, indestructible de lindépendance. Il est fort possible que
ce sentiment, aujourd'hui instinctif, se soit développé et enraciné
chez eux à la suite d’une expérience séculaire leur prouvant qu'ils
ne pouvaient attendre de leurs voisins que l'absorption ou la mort.
Eu tout cas, les Négritos ne sauraient maintenant vivre ailleurs
qu'au milieu de leurs forêts; ils n’ont pas d'esclaves et ne peuvent
pas plus se plier à la servitude qu'à la domesticité. Je n'ai ren-
contré de rares esclaves négritos que dans le sud de Mindanao:
c'étaient des femmes, seules de leur race dans la rancheria{) où
elles étaient détenues, et fort éloignées de toute agrégation de leurs
semblables. Dans la province de Bataan, toutes les tentatives pour
élever dans les pueblos des enfants négritos ont échoué, quelque
jeunes qu'on Îles eût recueillis; vers l’âge de 10 à 12 ans, ils se
sont toujours eénfuis dans les forêts. On dit même qu'un Nésrito
emmené très jeune à Madrid, ordonné prêtre après avoir reçu
l'instruction d'usage, et ramené plus tard aux Philippines, s'en-
fuit dans les montagnes dès son arrivée.
Histoire ou Re l'anecdote peint bien le goût a que
les Négritos ont pour l'isolement et la liberté, seules conditions
qui puissent retarder un peu leur disparition. S'ils se détermi-
naient à vivre dans la circonscription des pueblos, leur faiblesse
et les besoins nouveaux qu'ils seraient obligés de satisfaire les
réduiraient au dernier degré du dénuement ; parviendraient-ils à
lPéviter, leur race s’éteindrait avec leurs enfants, les filles étant
accaparées par la population indienne, parmi laquelle les garçons
ne trouveraient certainement pas d'épouses.
B. — Mamänuas ©),
Les Négritos désignés sous ce nom par les populations qui Îles
entourent sont disséminés par groupes errants, peu nombreux,
(1) Ffameau d’indigènes indépendants.
®) De ma préfixe de possession et manua, banua «sol, région». CE. avec le nem
presque semblable des Binuæ ou Benua, tribus de la péninsule de Malacea hab
tant le pays avant l'invasion malaise.
— 318 —
autour du lac de Maïnit, dans la péninsule de Surigao (nord-est
de Mindanao). J'ai pu, non sans peine, voir quatre d'entre eux et
prendre l'observation incomplète d'une femme (voir tableau I,
n° 173). Ces Négritos sont absolument semblables, anatomique-
ment, à ceux de la Sierra de Marivelès. Mais tandis que ces der-
niers n’ont d’autres voisins que les Tagalocs civilisés et régis par
une autorité décidée à ne pas tolérer d’agressions brutales, les
malheureux Mamänuas sont comprimés entre les Manobos indé-
pendants, tribus redoutables, avides de sang et d'esclaves, et les
Manobos convertis au christianisme et soumis à l'Espagne. Ces
derniers, confondus à tort sous le même nom avec les Indiens
Bisayas, ont gardé, dans leur nouvel état social, une grande partie
de leurs mœurs rapaces et violentes. D'ailleurs, dans la pénin-
sule de Surigao, la difficulté des communications, l'isolement et
la rareté des pueblos s'opposent à ce que les Mamänuas soient
efficacement protégés. Aussi sont-ils très craintifs et d’une sauva-
gerie extrême. Ils habitent des huttes grossières et, toujours prêts
à changer de résidence à la moindre alerte, plantent à peine quel-
ques bananiers. Il est remarquable que, malgré l'instabilité qui
leur est imposée par des voisins impitoyables, les Mamänuas aient
exactement les mêmes mœurs et les mêmes usages que les Négri-
tos de la Sierra de Marivelès. C’est du moins ce qui résulte de
tout ce que m'ont dit à ce sujet les indigènes, et des renseigne-
ments autrement sérieux qu'a bien voulu me communiquer le
R. P. Chambo, missionnaire établi à Jabonga.
Au moment où j'arrivais à Maïnit, il venait de se passer chez
des Mamänuas du voisinage un drame dont les péripéties dé-
montrent que ces sauvages gardent, malgré leur vie misérable,
la notion du droit et l'attachement à leurs anciennes coutumes.
Je recherchai en vain la tribu; elle s'était déplacée sans laisser de
traces.
C. — Négritos métis d'Albay 0).
À l'extrémité S. E. de Luçon (province d'Albay), près des sources
thermales de Tiwi, dans les environs de Malinao, vivent des
Négritos mélangés de sang indien. Leur taille moyenne {hommes
@) PJ, IV. Voir aussi, même planche, le numéro 152, métisse négrito-bisaya,
et planche IX, le numéro 251, fille du numéro 152 et de père espagnol.
— 519 —
— 1"5036), intermédiaire entre celle des Négritos de Bataan
{6 —1"1853) et celle des Indiens Bicols (Ô — 1" 5833), mais
beaucoup plus rapprochée de ia première, donne la mesure des
rapports qui les unissent aux deux races.
Ces Négritos métis sont beaucoup plus robustes et mieux mus-
clés que les Négritos purs de Marivelès; leurs cheveux sont beau-
coup moins crépus; chez quelques sujets, ils sont à peine frisés;
leur section transversale (pl. XXXI, n° 96) est intermédiaire entre
celle des Négritos et celle des Bicols. La couleur de la peau {n° 37 el
quelquefois n°* 27-22) lesrapproche des Bicols. La couleur des yeux
est 1-2. Les dents sont saines, l’irrégularité d'implantation est rare.
La petitesse de la taille, la disposition des narines tranversalement
dilatées et regardant en avant, le lobule du nez, dont l'extrémité
est légèrement recourbée en bas, la faible sinuosité de l'axe trans-
verse de la fente palpébrale, la médiocrité ou le défaut de repli
falciforme, donnent à leur visage une ressemblance frappante avec
celui des Négritos purs.
Les mêmes caractères intermédiaires se manifestent dans leur
intelligence et leurs mœurs. Par ce côté encore ils se rapprochent
plus des Négritos que des Bicols; ils sont cependant meilleurs
agriculteurs que les premiers et beaucoup moins misérables. Ils
mènent à bien des cultures dont le rendement n’est pas immédiat,
celle du cacaoyer par exemple qui demande quelques années
avant d'être productive et qui leur assure un certain bien-être.
lis paraissent avoir renoncé à la chasse comme moyen usuel
d'améliorer leur alimentation.
Ces métis sont du reste encore plus efficacement protégés par
l'autorité espagnole que les Négritos de Marivelès, dont les forêts
s'étendent sur un massif montagneux d’un accès difficile; car ils
résident au bord de la mer, dans une région très civilisée et très
peuplée.
Ces métis, comme les Négritos de Marivelès, reconnaissent l’au-
torité espagnole; ils ont des rapports fréquents avec les Bicols,
mais vivent séparés; ils ont conservé leurs mœurs et leurs usages,
et ne sont pas catholiques, ce qui assigne une date éloignée, anté-
rieure à la conquête espagnole, à la formation de leur race. Ils
tendent à disparaître, par suite du mariage de leurs filles avec les
Bicols.
= (Hop
Îl
MALAIS.
D. — Manthras; E. — Knabuis; F; — UÜdaïs; G. — Jakuns, de la province
de Malacca D.
Ces tribus, qui sont répandues dans l'intérieur de la péninsule
de Malacca, forment la transition entre les métis négrito-malas
(tels que ceux d’Albay) et les Malais, considérés comme type, qui
occupent les côtes de la partie sud du grand archipel d'Asie.
Les traces de sang négrito que présentent ces tribus varient
beaucoup avec les individus et paraissent des faits d’atavisme, ce
qui assigne une époque éloignée au mélange du sang négrito avec
le sang malais.
D'après le descobridor Godinho de Eredia, métis de Portugais et
de mère malaise né à Malacca, dont le très intéressant récit, écrit
en 1613, a été réceniment publié®), l'invasion de la péninsule par
les Malais eut lieu en 1411, sous la conduite du radjah Permicuri.
Cette invasion trouva la région de Malacca occupée par les
Saletes, peuple pêcheur et guerrier. Ce nom paraït avoir aujour-
d'hui disparu de la péninsule; il est vrai que je nai pas fait de
recherches spéciales à ce sujet, la publication de M. Janssen étant
d'une date postérieure à celle de mon voyage.
Les Saletes dont parle Godinho sont sans doute les ancêtres des
tribus actuelles; ils devaient être mélangés d’une faible dose de
sang négrito, mais n’élaient pas des Négritos purs ou légèrement
métissés.
Il est vraisemblable, en tout cas, que les tribus que j'ai visitées
dans les forêts de la péninsule au nord de la ville de Malacca des-
cendent de populations de race malaise qui auraient envahi la
péninsule antérieurement aux invasions malaises historiques, et
auraient en partie asservi, en partie refoulé vers le nord, la popu-
lation négrito, dont les descendants directs sont aujourd'hui repré-
sentés par les Orang Sakkaies® de la province de Pérak.
(@) PI. XXII.
® Malacca, l'Inde méridionale et Le Cathay, manuscrit original autographe de
Godinho de Eredia, reproduit en fac-similé et traduit par M. Léon Janssen.
Bruxelles, 1882.
6) Cf. J. Errington de la Croix, Étude sur les Sakkaies de Pérak {Revue d'ethno-
graplue, L. 1, 188»)
— 321 —
Si les tribus refoulées aujourd’hui par l'invasion malaise histo-
rique dans les montagnes de l’intérieur de la péninsule descen-
daient directement.de populations où le sang négrito eût dominé,
ces tribus devraient présenter un type plus franchement négrito:
car, ainsi que toutes les populations vaincues, elles ont dû fournir
et elles fournissent encore des femmes et des esclaves aux vain-
queurs sans leur en prendre jamais.
Les Manthras, les Udaïs, les Knabuis et les Jakuns de la province
de Malacca vivent dans des conditions comparables à celles des Né-
gritos, un peu meilleures que celles des Mamänuas, moins bonnes
que celles des Négritos de Bataan; ils sont donc fort misérables;
quoique plus intelligents, ils ne connaïssent pas l'écriture, mais
ils conservent fidèlement par tradition le souvenir de leur an-
cienne puissance. Ils disent nettement qu'autrefois toute la réoion
était en leur pouvoir et qu'ils occupaient non les montagnes, mais
le rivage de la mer. À cette époque, avant d’avoir été chassés dans
l'intérieur, ils étaient riches, puissants et possédaient une histoire
écrite sur des lames d’écorce. J'ai eu pour guide un jeune Man-
thra du nom de Pang lima dalam, qu'il me dit être celui de son
père et de tous ses ascendants, suivant l'usage de sa tribu; bien
qu'il parlät passablement le malais, ce nom n'avait pour lui aucune
signification ; c’est cependant le titre que porte, dans les cours ma-
laises, le seigneur chargé de l’intendance du palais.
L'état d'infériorité des tribus actuelles paraît donc résulter non
de l’infériorité primitive de la race, mais simplement de loppres-
sion des envahisseurs. Condamnées à une vie presque aussi misé-
rable que celle des Négritos de Mindanao, d’abord chassées de la
côte, puis harcelées sans merci, ces tribus ont vu leur alimentation
devenir difhcile; leur vigueur physique a diminué, la crainte, la
dissémination, le pillage, ont progressivement effacé les arts de la
civilisalion, sans toutefois en supprimer le souvenir.
Ayant déjà exposé ailleurs l’état social et les mœurs de ces tri-
bus 0), je n’y reviendrai pas ici. Je me borneraï à signaler l'absence
de l'arc, qui est remplacé par la sarbacane, faite d’une tige de
roseau, au moyen de laquelle les Manthras et leurs voisins lancent
de petites flèches empoisonnées. La flèche est poussée par une
0 Quelques jours chez les indigènes de la presqu'ile de Malacca (Revue d'ethno-
graphie, & T, 1882).
MISS, SCIENT, — XT. 2 1
RMOMIMENIÉ NATIONALE
— 322 —
bourre de coton ou de filaments végétaux analogues, exactement
adaptée au calibre de fa sarbacane.
Quant à l'intelligence des Manthras, j'ajouterai un fait que j'ai
oublié de mentionner däns l'article cité. J'ai vu à la mission d’Ayér-
Salak, près de Malacca, de jeunes Manthras de 15 à 18 ans, nés
dans les forêts, qui avaient été élevés au séminaire de Penang. Ils
parlaient le latin assez couramment et m'ont donné sans difficulté,
dans cette langue, plusieurs renseignements intéressants.
Les Manthras sont les plus nombreux des sauvages de la pro-
vince de Malacca, ce sont ceux qui offrent le plus d'unité anthropo-
logique et chez lesquels les traits constitutifs de la race paraïssent
le mieux fixés; les autres tribus présentent des divergences plus
considérables. Mon impression n’est peut-être que l'effet du hasard;
il est fort possible que cette proportion soit inverse sur un autre
point de la péminsule.
Quoi qu'il en soit, les Manthras de Malacca offrent les traits
caractéristiques suivants : débilité générale; exiguité de la taille
(qui, aussi bien pour les hommies que pour les femmes, se rapproche
beaucoup de celle des Négritos); front proéminent, bombé {autre
caractère négritoide); ouverture palpébrale très allongée trans-
versalement, repli falciforme constitué, non comme chez le Chi-
nois, par un repli vertical, mais par un prolongemement angu-
laire; racine et partie supérieure du nez déprimées jusqu’au niveau
d'un plan qui passerait par Îles pommettes; celles-ci sont imas-
sives et très saillantes; à leur niveau, la région centrale de la face
produit l'effet non d’une saillie, mais d’une dépression; abdomen
énorme; mains délicates; membre inférieur arqué dans ie plan
antéro-postérieur, conséquence de la direction du grand trochanter
rejeté en arrière ; pieds massifs à orteils courts (se rapprochant beau-
coup du type négrito). Plusieurs des femmes sont à la fois nour-
rices et enceintes. |
La coloration des yeux est presque toujours n° 1; celle de la
peau, n°37, quelquefois n° 2 1,22, 30: célle des cheveux, n°34, 41.
Généralement leurs cheveux ressemblent à ceux des Malais, aussi
bien par leurs caractères extérieurs que par ceux qui sont révélés
par les coupes. Cependant il n’est pas rare d'en rencontrer de for-
tement bouclés.
Le squelette manthra que j'ai trouvé près de Kessang présente
beaucoup d’analogie avec celui des Négritos; le crane particulière-
jee
— 323 —
ment (voir tableau Il, n° 1}, dans sa partie cränienne proprement
dite, est presque identique avec le Négrito de Bataan (voir tableau IT,
De4s;);(d
Les Udaiïs et les Knabuïs forment la transition entre les Manthras
et les Jakuns. Ces derniers se distinguent assez nettement par la
saillie moindre des pommettes, mais surtout par une vigueur plus
grande, une musculature moins débile, faits qui ne sont peut-
être qu'un accident local et auquel il ne faut pas, je crois, atta-
cher une grande importance, car les unions sont fréquentes entre
les diverses tribus.
H. — Aias de Camarines-Sur (Luçon).
Dans les forêts de la chaîne montagneuse qui forme l’arête de
la partie S. E. de Luçon et s'étend dans les provinces de Tayabas,
Camarines-Norte, Camarines-Sur et Albay, vivent des populations
très mêlées que les Indiens désignent indifféremment sous les noms
d’Aias, de Remontados où d’Infieles, sans tenir aucun compte de
leur race. Parmi les groupes insoumis, le plus souvent errants,
qui habitent cette région peu accessible, plusieurs doivent leur
origine à des Indiens qui se sont enfuis de leurs pueblos à la suite
de quelques délits.
Les Atas ont, dans les provinces citées plus haut, une réputation
d’éneroie et de férocité qui paraît justifiée. Les deux seuls Atas
que j'aie vus (tableau I, n° 72 et 73) sont évidemment, le nu-
méro 72 surtout, des Indiens avec une proportion plus grande de
sang négrito.
Ces deux sujets sont bien musclés et leurs grands yeux noirs ont
une expression à la fois réservée et fière; l'ouverture palpébrale
est légèrement oblique et très allongée, le repli falciforme très
marqué. La coloration de la peau est représentée par les nu-
méros 36 ct 37, celle des cheveux par le numéro 41. Je les
place, dans ma description, à la suite des tribus de Malacca, car ils
(1) DIMENSIONS DES MEMBRES.
(TETE mn nm,
Humérus — 256"; radius — 200"; fémur = 382"; tibia = 3147",
INDICES,.
Humérus — 100, Radius — 78.12.
Fémur —100, Tibia 60210:
Fémur —100, Humérus = 67.01.
21.
= 39) ms
paraissent, comme celles-ci, former la transition entre les véri-
tables métis de Négritos et les Malais.
Les Atas de Camarines et des provinces voisines, fort incom-
modes par leurs brigandages, disparaïtront encore plus rapidement
que les Négritos.
I. — Bicols (),
Comme les Tagalocs et les Bisayas, avec lesquels ils forment
la plus grande partie des Indiens (Indios) ®) des Philippines, les
Bicols () sont des Malais qui s’écartent du tronc primitif à peu près
dans la même mesure que les Moros du sud de Mindanao, mais
dans un sens divergent. Ces derniers tendent vers le type indo-
nésien, tandis que les premiers se rapprochent du chinois. Les
Bicols étant de tous les Indiens ceux que j'ai pu le mieux observer,
je les prendrai pour exemple de ce groupe.
Il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances, de dé-
terminer l'époque à laquelle la race malaise, après la fusion intime
et la fixation des trois éléments qui la constituent, s'est étendue
vers le nord, des îles de la Sonde à Formose, et plus loin encore,
franchissant les détroits, cheminant le long des côtes. J'ai dit que
cette émigration malaise couvrait les rivages, enfermant dans une
ceinture presque continue les populations indonésiennes, qui entou-
rent elles-mêmes les tribus négritos.
Il est vraisemblable que les populations malaises des Philippines
possédaient des traditions écrites; leur système spécial d'écriture,
irès voisin mais non identique pour les Tagalocs et les Bisayas (),
les nombreux manuscrits qu'ils conservaient il ÿ a trois siècles, en
font foi. Mais la rapide extension du christianisme dans le nord,
celle de lislamisme, qui fut aussi rapide et exclusive dans le sud
de l'archipel, eurent un résultat identique au point de vue de
l'histoire : le système d'écriture indigène fut rapidement et com-
plètement supplanté par le système latin ou le système arabe; les
() On écrit indifféremment Vicols ou Bicols, Visayas ou Bisayas, le v ayant
souvent en espagnol la même valeur que le b.
@) On désigne, aux Phüippines, sous le nom de Indios les indigènes soumis et
catholiques, par opposition aux populations indépendantes, soit Woros, soit In-
Jieles.
@) PI. X, XXII, XXIV, XXV.
@ Voyez chap. v, Dialectes.
— 325 —
manuscrits, devenus illisibles, se perdirent; d’ailleurs, ils n’offraient
plus d'intérêt à des populations qui, en vertu de leurs nouvelles
croyances, n'avaient pour leur histoire que de l'indifférence et du
mépris. Il est probable qu'avec du temps et de la patience on retrou-
verait aux Philippines un bon nombre de manuscrits antérieurs à la
conquête espagnole; les dialectes de l'archipel n’ayant subi que des
variations insignifiantes depuis cette époque, ïl serait dès lors
facile de recueillir des traditions qui seraient sans doute d’un grand
intérêt pour l’histoire de ces contrées.
Aujourd’hui nous pouvons seulement considérer comme certain
que la diffusion vers le nord de la race malaise et de l'islam en
fut pas simultanée. À l’arrivée des Espagnols, les Malais mahomé-
tans, qui formaient, il est vrai, les royaumes les plus forts et les
mieux organisés, mais qui n'opposèrent pas cependant une résis-
tance sérieuse, étaient concentrés autour de Manille, tandis que les
non-mahométans de même race étaient répandus dans les régions
que leurs descendants occupent encore aujourd’hui. Nous savons
d’ailleurs qu'en débarquant à Célèbes en 1512, les Portugais n’y
trouvèrent comme sectateurs de Mahomet que quelques marchands;
la population de l’île ne se convertit à l'islamisme qu’un siècle plus
tard. C’est alors, dans la première moitié du xvu° siècle, que la
puissance conquérante de l'islam fait pour ainsi dire explosion Ü); à
partir de cette époque, elle devient un adversaire sérieux que l’Es-
pagne n’a définitivement réduit à l’impuissance qu'en s'emparant de
Soulou, centre de son action politique et religieuse. Les premiers
progrès de l'islam n’ont pas eu lieu à maïn armée, mais par la voie
pacifique du commerce. Les trafiquants mahométans, arabes ou
malais, que leur civilisation rendait fort supérieurs aux Malais ido-
lâtres, ont d’abord acquis de grandes richesses; ils ont ensuite
épousé des filles de datos et de radjahs, et converti ou détrôné les
familles de leurs femmes. Quand l'islam est ainsi devenu progres-
sivement la religion des seigneurs et des chefs, il s’est imposé d’un
coup à des populations entières, et c’est alors seulement que, servi
par un instrument puissant, le Koran a fait éclater, dans le sud des
Philippines comme ailleurs, sa puissance de conquête et de résis-
tance. Les populations catholiques des Philippines, insouciantes,
éloignées de tout fanatisme, ne songeant qu'à jouir en paix de
®) D, Vicente Barrantes, Guerras piräticas de Filipinas. Madrid, 1878.
— 526 —
l'exisience facile que leur donnait un sol fertile, eussent été fata-
lement soumises par les Malais de Mindanao ou de Soulou, sans
la protection des escadres espagnoles.
Le type malais originel des Bicols s’est assez profondément
modifié sous l'influence de croisements qui ont débuté vraisem-
blablement à une époque reculée, et se sont continués avec plus
ou moins de fréquence jusqu’à nos jours.
Le premier en date de ces croisements, le plus important sans
doute anciennement, est celui qui s’est opéré avec le sang négrito.
Depuis déjà longtemps les Négritos sont devenus rares dans la
province d’Albay. On a vu ($ CG) que les seuls que j’y aïe rencon-
contrés ne sont pas de race pure; il en existe peut-être encore
de non mélangés dans quelques îles du golfe; ils sont, en tout
cas, fort réduits, et leur influence actuelle sur la population peut
être considérée comme nulle. Mais ie mélange antique de leur
sang se révèle nettement chez certains sujets par l'exiguité de la
taille, par des cheveux plus ou moins bouclés et frisés, par la
coloration beaucoup plus sombre de la peau. J'ai trouvé quantité
de Bicols qui présentent à un haut degré plusieurs de ces carac-
tères négritos.
Le croisement du Bicol avec les tribus de race indonésienne
n'a pas laissé de irace bien nette. Il nese révèle guère que par la
coloration de la peau sur de rares sujets.
Bien autrement important estle mélange du sang chinois, qui a
dû se produire bien avant l'arrivée des Espagnols et dont l'impor-
tance croit sans cesse, au point que l’on peut prévoir le jour où ül
remplacera le sang malais.
L’envahissement des Philippines par l'élément chinois a quelque-
fois essayé de se produire à main armée, notamment en 1573 ();
aucune de ces tentatives ne paraît avoir eu de résultats impor-
tants.
C’est pacifiquement, par la voie du commerce, que les Chinois
envahissent les Philippines, procédé qui n’est pas sans analogie
avec celui que les Arabes ont suivi, aux siècles derniers, dans
le sud de l'archipel. Les Chinois sont aujourd'hui établis dans
tous les pueblos, où ils se sont substitués aux Indiens dans l'exer-
@ Le corsaire Lima-Hong se présenta devant Manille avec une flotte de
soixante jonques bien armées; cette attaque fut repoussée, mais la colonie courut
le plus grand danger.
ÉMRRe 0 >
cice de toutes les professions urbaines, ainsi que dans le petit
commerce. Beaucoup d’entre eux ont conquis des situations com-
merciales de premier ordre, égales, sinon supérieures à celles des
meilleures maisons européennes et américaines. À piusieurs re-
prises, l'Espagne a essayé de limiter par des prohibitions diverses
l'immigration chinoise; ces mesures sont demeurées sans résultat.
Depuis longtemps déjà les Chinois entrent librement aux Philip-
pines et y séjournent sans subir d'autre obligation que celle de
payer une capitation personnelle beaucoup plus élevée que celle
des Indiens.
L'immigration chinoise s'étant toujours limitée aux hommes,
on comprend combien ont dû être nombreux leurs croisements
avec les indigènes. Les métis issus de leur union légale avec les
Indiennes portent le nom de Sangleyes et sont fort nombreux, car
le croisement du Chinois et de l’Indienne est eugénésique au plus
haut degré. Mais les Sangleyes ne forment encore qu'une petite part
des métis, auxquels les Chinois ont transmis leur penchant aux
rapports sexuels et leurs facultés prolifiques.
Dans les croisements sino-indiens, le sang chinois est doué d’une
force d'attraction extraordinaire; il suffit, même en proportion peu
considérable, pour imprimer au Bicol une déviation notable, qui
se traduit par l’élévation de la taille et du crâne, l’obliquité des
yeux, l'allongement des extrémités.
Enfin les Bicols d’Albay sont encore mélés de sang espagnol;
ce métissage, dü à des individus peu nombreux, n’en a pas moins
une certaine importance, car il s'est constamment opéré pendant
trois siècles, la conquête de la province d’Albay, l’une des pre-
mières soumises, étant antérieure à 1560. C’est surtout par la con-
formation du nez, intermédiaire entre les deux types si distincts
que revêt cet organe chez l'Européen et chez le Malais, que se re-
connait l'influence du premier.
Cet exposé peut faire pressentir dans quelles proportions par-
fois excessives doit varier le type bicol. Dans la population d’AI-
bay, le type malais fondamental oscille constamment, pour ainsi
dire, entre les quatre types précédents, mais avec beaucoup plus
de fréquence dans la direction du type chinois. Tous les caractères,
sauf la forme du crâne, se modifient sous ces influences diverses.
La région postérieure du crâne est presque toujours fortement
aplatie en coup de hache. Par un singulier hasard, les deux seuls
— 328 —
cranes bicols contemporains que nous ayons pu nous procurer
{(n® 1 et 2), et qui ont été décrits par MM. de Quatrefages et
Hamy Ü), ne présentent pas nettement cette conformation particu-
lière; elle domine pourtant dans toute la province, et elle est à
ce point prononcée qu'elle est visible à distance, même chez les
femmes, quand leur longue et abondante chevelure est déroulée.
Cette conformation, qui rappelle celle des Négritos, mais qui est
beaucoup plus prononcée et qui se retrouve chez tous les Indiens
(Tagalocs, Bisayas, etc.), est-elle le résultat d'une déformation pro-
voquée? Je ne le crois pas; j'en donnerai la raison en parlant des
cranes que nous avons trouvés dans les grottes de la province.
Ea coloration des cheveux, qui blanchissent quelquefois à un âge
avancé, est celle du numéro 41, quelquefois 27; celle des yeux,
1et 2; celle de la peau est presque toujours 21, quelquefois 28, 30,
37. La barbe est toujours peu abondante et ne pousse que fort tard.
L’implantation des dents est souvent irrégulière; la carie est
fréquente. Les incisives supérieures sont toujours limées transver-
salement sur leur face antérieure. Le sillon horizontal déterminé
ainsi présente une section plus profonde près de la gencive; il se
termine, vers le bord inférieur de la dent, par une courbe très
allongée. La profondeur du sillon varie beaucoup avec les sujets :
parfois le sillon atteint la cavité de la dent, qui communique alors
avec l'extérieur par un orifice circulaire de 1 à 2 millimètres
de diamètre, ainsi du reste qu'on le voit aussi à Soulou (fig. 83,
pl. XXX).
L'opération, pratiquée en plusieurs temps et à plusieurs jours
d'intervalle, ne cause, au dire des Bicols, qu'une douleur sourde,
supportable; les dents limées conservent pendant un mois ou
deux une certaine sensibilité, qui interdit au sujet de s’en servir
pour mordre et déchirer les aliments; cette légère incommodité
disparaît à son tour sans laisser de traces immédiates. Mais, plus
tard, les abcès et les kystes deviennent assez nombreux, si l'on en
juge d’après les maxillaires des crânes n° 3 à 42 dont il sera ques-
tion plus loin.
Les dents des Bicols des deux sexes doivent à l'usage continuel
du buyo (bétel) une couleur noire prononcée que l'usage presque
aussi constant du tabac à fumer ne suffirait pas à leur donner. Les
() Crania ethnica, p- 450.
Abo
Bicols n’emploient aucune préparation en vue de produire cette
coloration, qu'ils ne considèrent point comme un ornement et
dont quelques jeunes femmes parviennent même à se préserver,
sans renoncer ni au tabac ni au bétel, en faisant plusieurs fois par
jour un usage énergique de la brosse à dents. C'est sans doute à
l'usage de ces deux agents, astringent et anesthésique, que les
Bicols doivent de ne pas présenter un plus grand nombre de
fluxions et d’abcès, malgré le mauvais état de leur dentition.
Les usages et les mœurs des Bicols ayant été décrits ailleurs 0),
je n’en dirai rien ici; je noterai seulement que leur imprévoyance,
leur insouciance, leur amour du plaisir, défauts imputables à la
race et au climat, sont dus aussi, pour une part, au régime poli-
tique auquel ils sont soumis.
Leur intelligence est vive et très susceptible d'éducation; presque
tous les Bicols savent lire et écrire, mais ils sont peu instruits, les
ouvrages écrits dans leur dialecte étant fort peu nombreux.
Ils sont remarquablement doués au point de vue musical; tous
les pueblos ont au moins une fanfare, où l’on rencontre parfois des
artistes qui ne manquent pas de valeur. La patience des Bicols est
extrême; il leur en faut plus encore que d’habileté pour tisser
les fines étoffes d'abaca qui constituent un de leurs principaux
luxes. S'ils ne retirent pas de leur sol, merveilleusement fertile,
toutes les richesses qu'il est capable de produire, c'est que leur
existence facile suffit à leurs appétits bornés, c’est qu'à l'abri de la
domination espagnole ils n’ont pas à se préoccuper du lendemain,
c'est qu'ils sont hommes, après tout, et que, comme la grande
majorité de leurs semblables, ils voient dans le travail un moyen
et non un devoir.
Les Bicols ressentent aussi vivement les peines morales que
les peines matérielles; leur insensibilité n’est qu'apparente, ïl
est facile de s'en assurer. Il est vrai cependant qu'ils oublient
assez vite et qu'ils sémeuvent difficilement pour des causes fu-
tures et incertaines. Cet état intellectuel sera certainement mo-
difié par l'éducation quand tous les pueblos parleront espagnol,
changement qui est en train de s’opérer.
On a vu que nous n'avons pu recucillir que deux cränes con-
temporains dans la province d’Albay; mais nous avons trouvé des
£r
) Tour du monde, rx semestre 1 884.
— 330 —
pièces anciennes en nombre bien plus considérable dans deux
grottes.
Ces deux grottes, auxquelles j ai donné avec M. Rev le nom de
grotte du Levant Ü) et de grotte du Carabao ©), sont situées dans l’île
de Cagraray, qui forme une partie de la côte nord du golfe d’Albay.
La grotte du Levant occupe la pointeS, E. de l’île, et celle du Cara-
bao est sur la côte sud, près de la pointe S. O. Ces deux grottes sont
excavées à une vingtaine de mètres au-dessus du niveau de la mer
dans une falaise calcaire à pic, qui n’est accessible que par eau.
La grotte du Carabao est plutôt un abri qu’une grotte; celle du
Levant est vaste et élevée(3) : un luçon (mortier à décortiquer le riz)
est évidé dans sa paroi postérieure; il a la forme des luçons actuel-
lement en usage dans la contrée, lesquels ne sont jamais creusés
dans la pierre, mais dans un bloc de molavel® ou un autre bois dur.
En dehors des ossements, les deux grottes ne contenaient
qu'une tablette de bois dur tombant en poussière { Carabao) et une
écuelle de porcelaine chinoise (Levant). Les deux grottes renfer-
maient un nombre à peu près égal de cranes, les uns bien con-
servés, les autres plus ou moins avariés par l'humidité. La conser-
vation ou le délabrement se présentent indifféremment sur les
différents types.
Ce qui frappe, en effet, à première vue dans la série de crànes
(tableau H, n°®° 3 à 42) que nous avons recueillis dans ces deux
grottes, c'est la différence profonde, nettement tranchée pour la
plupart, que présentent les diverses pièces. Un premier type, sur-
tout fréquent parmi les femmes, se rapproche du négrito (pl. XXV,
n° 8); un second à face allongée, dolichocéphale, rappelle l'in-
donésien (pl. XXV, n° 9); ïl n'est représenté que par un petit
nombre de pièces. Un troisième type (pl. XXII et XXIV), beau-
coup plus fréquent, remarquable par ses dimensions absolues et
par la largeur de la face, me paraît très analogue aux Malais-de
Java et de Sumatra.
Le tableau II montre dans quelle proportion énorme varient
et la capacité crànienne et les principaux indices, Les dimen-
() D'après son orientation.
@) À cause d’un rocher qui se trouve exactement en face à quelques brasses
du rivage et qui affecte la forme d’un bufle (Carabao, en dialecte bicol).
() Dimensions maxima : longueur 9 mètres, largeur 3° 50, hauteur 1 2 mètres.
%) Vitex geniculata.
— 331 —
sions absolues varient dans la même mesure que la capacité crà-
nienne.
La comparaison des dimensions absolues, aussi bien que celle
des indices, perd d’ailleurs une grande partie de sa valeur à cause
de la déformation crànienne artificielle, analogue à certaines défor-
mations américaines, qu'ont subie tous ces crânes, mais dans une
mesure très variable.
Les cränes qui présentent (comme les numéros 4 et 6) cette dé-
formation au plus haut degré appartiennent surtout au troisième
type, si remarquable par ses dimensions et par le développement
en.largeur de la face; la déformation est indépendante de l’époque
à laquelle remonte la sépulture, autant du moins qu'on peut en
juger d’après le degré d’altération des os.
Cet énorme aplatissement du frontal et de l’occipital, le sillon
évasé qui sépare les pariétaux répondent parfaitement à la défor-
mation qu'aurait pu produire un appareil en usage depuis un
temps immémorial chez quelques tribus de l’intérieur de Bornéo,
appareil que M. A-B. Meyer a fait connaître récemment, et que j'ai
décrit d’après cet auteur U).
Il est évident qu'un appareïl de ce genre était employé par les
tribus qui avaient consacré ces grottes à leur sépulture. Peut-être
avait-il été appliqué avec d'autant plus de soin et de persévérance
que le sujet apparlenait à une famille puissante, ce qui ex-
pliquerait l'exagération de la déformation de quelques crânes
masculins, et son atténuation ou son absence sur les crânes fémi-
nips négritoides.
-Tous les ossements étant. bouleversés, confondus, il est bien
peu de maxillaires inférieurs qui aient pu être rattachés avec
certitude aux crânes dont ils faisaient partie. Les maxillaires qui
appartiennent au troisième type sont remarquables par leurs pro-
portions massives; généralement la branche montante, coudée à
angle droit, a une largeur considérable.
Le prognathisme du maxillaire supérieur varie dans des propor-
tions considérables; il est souvent extrême dans le troisième type.
Presque toutes les incisives et les canines supérieures manquent;
sur les quelques crânes où il en reste une ou deux, les dents sont
®) Über Künsilich Deformirte Schüdel, ete. Leipzig et Dresde, 1881. Compte
rendu in Hevue d'elhnogr., t, À, 188.
— 332 —
limées en pointe mousse, à peu près suivant le type des Négritos de
Marivelès. J'ai signalé plus haut les lésions auxquelles cette pra-
tique a donné lieu.
Les molaires sont très fortes, à tubercules atténués, souvent
absolument effacés; c'est le cas ordinaire chez toutes les popula-
tions de l'archipel; la carie est très fréquente.
Les os des membres et du tronc indiquent une race vigoureuse
et bien conformée. Deux des humérus sont perforés; chez plu-
sieurs, le fond de la cavité olécranienne est très mince. Aucun
des fémurs n’est à colonne; les tibias sont, pour la plupart, légère-
ment platycnémiques. Un des péronés est fortement tordu sur
son axe.
Les os recueillis dans les grottes du Carabao et du Levant sont
au nombre de :
UMENUS ER ne ide ee Ta dore Ne Ne SR ASUS 8
Cubitust. A SERRE L'ELEL MES ARMES MO LPERREE 2
< Radiusaresaons "hole ent ant po et ip AR 3
Rémnns an spé Al Le Sr RE PUR Tan 8
1 M CIE ES PS LE SI PAIE AE AR SN se QE et 9
PÉTORE ee A ET TEEN den MAR a te LENS Le ve 1
Voici les longueurs moyennes de ces os et les rapports que ces
longueurs présentent entre elles :
LONGUEUR
MAXIMUM. MINIMUM.
MOYENNE.
millimètres. millimètres. millimètres.
308 3158 299
237 252 229
238 256 220
h13 435 393
349 362 330
353 nl n
INDICES.
Humérus — 100, Radius —"77.27.
Fémur 100, Tibia — 84.50.
Fémur - —100, Humérus= 74.57.
— 333 —
À quelle population convient-il d'attribuer les cränes des grottes
du Levant et du Carabao?
I n’est pas douteux que ces grottes ne fussent connues d'une
grande partie des habitants de la région , et il est fort possible que,
sous l'empire d’une de ces traditions auxquelles les pratiques du
catholicisme se sont superposées sans les détruire, quelque pêcheur
bicol dépose parfois une offrande dans ces antiques ossuaires. Mais
il est absolument certain que tous les crânes ont été mis là à une
époque reculée. La conquête politique et la conquête religieuse
ayant constamment marché de pair aux Philippines et l'inhuma-
tion étant une pratique dont les missionnaires ont toujours surveillé
l'exécution, l'usage des grottes du Levant et du Carabao comme
abri sépulcral est donc antérieur à l'arrivée des Espagnols. On ne
comprendrait pas que des cadavres aient pu être transportés en
pirogue sur un point voisin du mouillage le plus fréquenté de la
province. D'autre part, la présence du luçon creusé dans la paroi
ouest de la grotte du Levant paraït indiquer que celle-ci a servi
d'habitation, peut-être à l'époque où les habitants faisaient encore
usage des dents de l'animal du tonnerre M). Des fouilles, que nous
n'avons pas eu le temps d'opérer dans le sol couvert de stalag-
mites, fourniraient sans doute d’intéressantes révélations à ce sujet.
Mais ül est certain que la grotte du Levant n’a plus servi d’abri
aux vivants depuis qu'on y a déposé des cadavres, car la disposi-
ton des squelettes à la surface du sol et l’état de conservation de
la plupart des crânes sont inconciliables avec cette supposition.
L'état des crànes les plus anciens, la nature dés avaries de ceux
qui sont détériorés, montrent, d'un autre côté, qu'ils ne remontent
pas à une très haute antiquité, et que le dommage qu’ils ont subi
tient surtout à l'humidité. Cependant leur état de conservation,
irès variable, prouve que les grottes ont servi de sépulture pen-
dant une période assez longue. Les trente-neuf crânes que nous
avons recueillis (joints à quelques débris que nous avons dû lais-
ser dans la grotte du Levant) indiquent que la population qui se
servait de ces ossuaires était peu nombreuse.
La diversité des types, le petit nombre des sujets, l’état des
® C’estle nom que donnent les insulaires de Mindanao aux instruments de
piérre polie; M. Sébastian Vidal y Soler, directeur des eaux et forêts, en a trouvé
plusieurs échantillons dans cette île, Je n’a pas entendu dire qu'on en ait ren-
contré dans la province d’Albay.
-®
— 334 —
crânes, nous amènent donc à la même conclusion : les grottes du
Levant et du Carabao servaient, avant la fin du xvi° siècle, de
lieu de sépulture à une tribu (ou à plusieurs tribus peu impor-
tantes) de race malaise qui comprenait en outre quelques individus
indonésiens. Cette tribu s'était déjà assimilé une forte proportion
d'éléments négritos. Mais une fusion complète n'avait pas encore
eu lieu entre ces trois éléments si distincts; elle était peut-être re-
tardée par les coutumes et ne s'accomplit qu’à la suite de la sup-
pression de l'esclavage et par la concentration des tribus en pue-
blos, faits consécutifs de la conquête espagnole.
La déformation de ces crânes (semblable à celle des érânes de
Lanang et de Nipa-Nipa, recueillis par M.F. Jagor)(), l'aplatissement
si net de la région occipitale, qui forme une surface quadrilatère
inclinée de haut en bas et d’arrière en avant, se reproduisent-ils
par voie d'hérédité et sous une forme atiénuée dans la population
actuelle, ou bien, au contraire, l’aplatissement occipital qu'on ob-
serve chez les Bicols (comme aussi chez les autres Indiens) est-il
provoqué par des manœuvres spéciales? [1 paraît impossible de ré-
pondre avec certitude à ces questions. On saït positivement que ; dans
beaucoup de régions (dans le département de Haute-Garonne, par
exemple, pour la déformation dite toulousaine), les déformations
cräniennes ont disparu avec les manœuvres qui les provoquaient.
D'un autre côté, dans la province d’Albay, comme dans les autres
provinces des Philippines, j'ai pénétré à toute heure dans les cases
des indigènes et je n’ai jarnais vu que les enfants fussent soumis
à quelque pratiqüe ayant pour objet la déformation du crâne : l'en-
fant indien repose nu sur une natte ou dans un hamac et prend
la position qui lui convient le mieux. Je dois dire aussi que j'ai
babité pendant quelque temps chez un fonctionnaire espagnol,
père de deux enfants nés de son union avec une Indienne à occi-
pital aplati. Les deux jeunes métis présentaient, entre autres carac-
tères indiens, cet aplatissement caractéristique de l'occipital; cepen-
dant leur père veillait avec le plus grand soin à-les préserver de
tous les usages el de toutes les pratiques qui auraient pu rendre
plus marqués les caractères du croisement dont ils étaient issus.
Le croisement des Espagnols et des Indiennes (Bicoles, Ta-
gales, etc.), eugénésique, produit de nombreux métis qui pré-
U) Reisen in den Philippinen.
— 335 —
sentent des caractères anthropologiques bien plutôt juxtaposés que
fondus(). Chez ces métis, le nez est droit; les yeux n'ont niobliquité
ni repli falciforme; la raideur des cheveux, l’aplatissement pos-
téerieur du crâne, la finesse des extrémités, sont indiens; la saillie
des pommettes est notablement moindre, le prognathisme alvéo-
laire et la grosseur des lèvres ne sont que légèrement atténués.
Le métis a, dans ses premières années, une physionomie entière-
ment européenne; son teint est clair. Les caractères de la face ne
s'indianisent que plus tard; mais l'aplatissement du crâne se
montre dès la naissance, j'en ai cité deux exemples plus haut. La
section transverse des cheveux affecte plusieurs formes sur le
même sujet, triangulaire, circulaire et légèrement elliptique,
comme chez le numéro 151 (tabl. I et pl. IX), métisse d'Espagnol!
et de mère négrito-bisaya; ce sujet présente en outre une assez
forte proportion de sang négrito; si la chevelure n'était soigneuse-
ment maintenue par des tresses, elle se déroulerait en boucles
très frisées. à
J. — Tagalocs.
Tout ce qui a été dit des Bicols s'applique également aux Taga-
locs. Groupés autour de Manille, dans les provinces les plus civi-
lisées des Philippines, au nombre d'environ 1,200,000 , quelques-
uns d’entre eux inclinent à prendre les costumes et les usages
de la vie européenne. Beaucoup, après suivi les cours de l’Ateneo
municipal et de l'Université de Manille, remplissent diverses charges
secondaires de l’administration et de la justice; quelques-uns en-
trent à l’Académie militaire et servent comme officiers dans l’armée
indigène. Plusieurs jeunes Tagalocs, étudiant en ce moment dans
les universités et dans les académies de musique de l’Europe, ne s’y
montrent pas inférieurs à leurs camarades de race blanche. Les
Tagalocs fournissent une grande partie des élèves du grand sémi-
naire de Manille et des prêtres indigènes.
K.— Bisayas ®)..
Les Bisayas, répandus au nombre de 2 millions dans les îles du
même nom, forment aussi des colonies sur les côtes de Mindanao.
PPT n°130.
@) PI VI, VII et XX VI.
— 356 —
Ces colonies ne sont pas anciennes, elles ont été fondées pour la
plupart au xvir siècle, sous la conduite des religieux espagnols.
Pris dans leur ensemble, les Bisayas sont moins civilisés que les
autres Indiens. Quelques-uns d'entre eux, notamment ceux de
Bohol, avaient la réputation d'affronter vaillamment les pirates
Moros et de leur être souvent supérieurs. Un écrivain espagnol
estime même que la supériorité des pirates tenait uniquement aux
lois des Philippines, qui, en interdisant de réduire en esclavage et
de vendre les Moros prisonniers, enlevaient aux Indiens le stimu-
lant auquel leurs adversaires devaient toute leur hardiesse. Cette
opinion me paraît difficile à soutenir.
K'.— Pampangos, Pangasinans, Iloeanos ().
J'ai pris quelques observations de ces Indiens, qui se trouvaient
fortuitement hors de leurs provinces, que je n'ai pas visitées. Ces
sujets doivent, je pense, leur taille élevée à la présence du sang
indonésien, représenté, dans le centre de la moitié nord de Lucon,
par plusieurs tribus indépendantes ou récemment soumises à
l'Espagne.
L. — Malais ou Moros de Soulou (Orang-Isiam, Orang-Soulou) 6).
En souvenir des antiques guerres de la métropole, les Espagnols
donnent le nom de Moros aux Malais mahométans de l'archipel.
Ce mot est passé dans tous les dialectes des Philippines et les Moros
eux-mêmes se désignent souvent ainsi.
Arrêtés par l'Espagne dans leur mouvement d'expansion vers le
nord, les points extrêmes qu'ils occupent dans cette direction sont
le de Palawan et le tiers méridional de la côte orientale de
Mindanao. Sur ces deux points, ils n'existent qu’en groupes clair-
semés, insignifiants. Ils sont beaucoup plus nombreux et plus puis-
sants dans la partie sud de Mindanao, surtout dans le bassin du
Rio Grande et autour des lacs situés au nord de ce fleuve. Ils
G) La population de ces pueblos s'élève à 500,000 habitants. Mais dans ce
nombre sont compris beaucoup de Manobos, qui sont désignés sous le nom de
Bisayas dès qu'ils se convertissent au christianisme et se réunissent aux anciens
pueblos ou en forment de nouveaux. (Voir S III.)
CEPIAVE
GPL OX EXT IE XL XX VIAX XXE
— 337 —
peuplent Banguey, Balabac, les côtes de Bornéo, et règnent sans
partage dans tout l'archipel de Soulou.
L'ile de Soulou, située au milieu de l'archipel du même nom, a
ioujours été le centre politique, religieux et commercial de tous
les Moros. Encore aujourd'hui, bien que l'Espagne ait depuis 1876
occupé cette île et imposé son prolectorat au sultan, tous les autres
sultans et les datos (seigneurs) de la grande région que je viens
d'indiquer témoignent, au moins en paroles, un grand respect et
une profonde déférence pour le prince, aujourd'hui réduit au rôle
de roi fainéant.
Le type des Malais de Soulou est influencé en proportion très
inégale par deux éléments distincts et opposés : l'indien ou malais
des îles Philippines ei l’arabe.
Jusqu'en ces dernières années, les Moros en général et les Sou-
louans en particulier pratiquaient sur les côtes des Philippines,
jusques et y compris Luçon, des razzias continuelles. S'ils eussent
gardé pour eux seuls toutes les esclaves qu'ils se procuraient ainsi,
la population de Soulou ne serait aujourd'hui qu'un mélange
d’Indiens. Mais les pirates vendaient une bonne partie de leurs
esclaves, et, des jeunes femmes capturées qui restaient à Soulou,
le plus grand nombre était destiné au harem du sultan et des
datos, armateurs de toutes les expéditions.
Quoique présentant une étroite parenté avec les Indiens (cf.
tabl. I, vivants; et tabl, IT, crénes), les Soulouans s’en distinguent
assez nettement cependant par plusieurs traits. Ils sont plus robustes,
et, comparés aux Bicols, plus petits. Le premier de ces caractères
est en rapport avec leur genre de vie, beaucoup plus aventureux
et plus actif que celui des paisibles Bicols. L'infériorité de la taille
des Soulouans tient à une moins grande proportion de sang chinois,
non que ces jaunes manquent à Soulou (ils ont même pénétré
jusque dans le palais), mais ils y sont moins nombreux qu’à Luçon
et ils y trouvent moins de facilités pour procréer des métis.
Les Soulouans se distinguent, en outre, des Indiens par les ca-
ractères suivants :
Absence d’aplatissement de la région postérieure du crâne.
Saillie des pommettes moindre; prognathisme alvéolaire et dentaire
aussi plus faible. Face moins déprimée, nez plus saillant. Repli
falciforme moins marqué, quelquefois nul. Axe transverse de
leuverture palpébrale moins oblique; celle-ci affectant la forme
MISS. SCIENT. — XI. 22
EMVAIMMNIS NATIONALE
— 338 —
d’une amande et beaucoup plus arrondie que celle des Indiens
et des Chinois; cheveux bien plus fins, à section légèrement réni-
forme et non triangulaire); sourcils peu fournis.
Coloration de la peau souvent plus claire que chez les Indiens,
se rapprochant moins que chez les premiers du jaune et du gris
cendré.
Les mamelles ne sont pas coniques et fermes comme chez les
Indiennes, même vieilles. Chez les Soulouanes jeunes, elles sont
plutôt hémisphériques; élles se rident promptement et deviennent
tout à fait pendantes chez les sujets âgés.
Les dents incisives et canines sont limées transversalement, et
sur leur face antérieure, et sur leur bord inférieur.
L’Arabe a beaucoup moins modifié le Soulouan. Les sujets de
cette race, en nombre insignifiant, n'auraient laissé aucun vestige
de leur présence s'ils n'avaient, pour la plupart, occupé de hautes
situations et si les unions n'avaient été fréquentes entre leurs des-
cendants. Les sujets qui présentent des traces plus ou moins
profondes de ce sang ne sont pas très rares, et il en est qui repro-
duisent le type original avec une étonnante fidélité; un des pan-
ditas (prêtre) de Soulou, chef de l'une des familles les plus anciennes
de l'île, est l'exemple le plus frappant que j'aie rencontré ®.
Le régime politique de la sultanie de Soulou n’a pas varié, du
moins en théorie, depuis qu'elle est placée sous le protectorat de
l'Espagne, bien que la suppression de la piraterie ait frappé au
cœur un État dont tout l'éclat et toute la prépondérance résultaient
d'une lutte, qu'on croyait éternelle, contre les chrétiens.
Le sultan est toujours le souverain et le maïtre absolu des
hommes et des choses dans toute l'étendue de son empire, c'est-
à-dire dans les trois groupes d’iles qui constituent l'archipel de
Soulou ), En réalité, il ne jouit d’un pouvoir aussi absolu que dans
les districts qui forment son domaine privé et dans ceux de quel-
ques datos qui sont ses parents ou ses alliés. Les autres districts
sont gouvernés d’une façon à peu près indépendante par leurs pos-
sesseurs, datos héréditaires, dont le pouvoir est sans contrôle. Ac-
tuellement l'autorité effective du sultan est fort affaiblie; d’ailleurs,
même avant l'occupation espagnole, le sultan ne prenait jamais de
G) PI. XXXI, n°° 99 ét 106.
@ PL XU, A.
(3) Basilan, Soulou et Tawi-Tawi.
— 339 —
décision sans consulter le conseil des datos où Rumah Biütjara, vrai
pouvoir législatif, el en partie exécutif, de cet État en réalité oli-
garchique.
Les datos, seigneurs féodaux, souverains effectifs dans leurs
domaines (rancherias des Espagnols) ont au-dessous d'eux des sei-
gneurs d’un ordre moindre dont relèvent les {ao marahay (homme
bon, vaillant) ou hommes libres; tout le reste de la population est
sacope (vassal) où esclave.
La propriété est individuelle, la polygamie n’est pas admise;
une seule des nombreuses femmes des datos a la qualité d’épouse
légitime. Le mariage, précédé d’un enlèvement simulé de la fian-
cée, est conclu devant le pandita. Le divorce est prononcé sur la
demande de l’un des deux époux.
Les prescriptions du Koran en matière religieuse civile et en
matière criminelle ne sont pas suivies avec exactitude; l'influence
de la loi mahométane se traduit surtout par la haine que tout Sou-
louan professe pour les infidèles. Il est rare que l’amputation de
la main soit infligée pour le vol, et celle de la langue pour le blas-
phème. La peine de mort est habituellement prononcée pour toute
espèce de crimes el de délits, sauf pour la fornication, qui est d’ail-
leurs absolument interdite. À Maïbun (résidence du sultan), le
pouvoir ferme habituellement les veux sur ce genre de délit; mais
si unc dénonciation , un incident quelconque rendent le fait publie,
le châtiment encouru est appliqué sans miséricorde. Les dames de
la cour sont chargées de l’exécution en ce qui concerne la femme.
La coupable est amarrée sur un tréteau, les jambes écartées; les
parties génitales sont d’abord arrosées d'eau bouillante, puis for-
tement pincées et tordues par toutes les princesses à tour de rôle;
une friclion pratiquée avec des piments rouges pilés termine le
supplice, qui amène souvent la mort. En cas de récidive, la cou-
pable subit l’amputation d'une oreille.
Les condamnés à mort ont la tête tranchée par le bourreau ou
sont livrés à la mullitude, qui les hache à coups de kriss donnés
avec ordre, un par un. Ces exéculions sont de grandes fêtes pour
la population de Maïbun, avide de sang comme tous les Soulouans.
Malgré ces instincts féroces, malgré leur amour de la piraterie,
leur avidité à capturer des esclaves , les Soulouans unissent parfois
à la bravoure des coutumes quasi chevaleresques: ils ont des égards
pour les femmes libres, et il est assez curieux de remarquer qu'à
22.
— 310 —
Soulou des femmes peuvent vivre seules, sans que leurs personnes
et leurs biens soient exposés à aucun danger spécial résultant de
leur faiblesse et de leur isolement.
En 1879-1880 l'ile de Soulou, d’après des renseignements assez
incertains, renfermait environ 10,000 habitants, nombre qui était
en décroissance par suite de l’émigration à Sandakan (Bornéo) Ut),
Dans tous Îes points où les Moros sont en contact avec les In-
diens, le parallèle est tout d’abord peu favorable aux premiers. À
Zamboanga, par exemple, ces Malais sordides, à la physionomie
sombre et brutale, font tache à côté de la population indienne et
métisse, dont la gaieté, la délicatesse et la beauté sont justement
renommées aux Philippines. Cependant il n'est pas douteux que,
soustraits à la protection des baïonnettes espagnoles, les Indiens
ne fussent promptement dominés par ceux-là mêmes qui vivent
auprès d'eux dans une sorte d’abjection.
M. — Malais (ou Moros) du golfe de Davao (S. E. de Mindanao) ©.
Is occupent la côte, l'embouchure des rivières, les îles, et exer-
cent une influence oppressive assez loin dans l'intérieur; ils s’op-
posent autant qu'ils le peuvent aux communications des tribus
sauvages indonésiennes soit avec les quelques colons bisayas établis
sur la côte, soit avec les autorités espagnoles de Davao. Ils se sont
constitués les intermédiaires obligés des échanges entre les traf-
quants bisayas et les /nfieles, monopole lucratif qui remplace pour
eux la piraterie, au moins sur mer, depuis que l'Espagne s’est établie
effectivement dans le golfe. Ils sont aussi attachés à l’islamisme
que les Soulouans, quoique moins fanatiques, moins audacieux et
moins exacts encore dans l'observation des prescriptions du Koran.
Ils sont presque absolument illetirés; quelques panditas seule-
ment sont capables de lire et d'écrire, non sans difficulté, dans le
dialecte soulouan, le seul qui soit connu de tous ces Moros. Leurs
mœurs et leur costume sont à peu près ceux de Soulou. Beaucoup
d'hommes laissent pousser leur chevelure et la tordent en chignon,
comme les femmes.
Je n'ai jamais vu chez les Moros des divers points du golfe de
Davao ces types fins à front élevé, à nez droit, comme on en ren-
@) Pour plus de détails sur Soulou, voir Bulletin de la Soc. de géogr., 1882, et
Tour du monde, 1° semestre 1884.
CDPPEAIE
— 311 —
contre à Soulou, et qui sont dus à une plus ou moins grande pro-
portion de sang arabe. Mais ce caractère est assez rare à Soulou et
son absence ne suffirait pas pour distinguer les Moros de Davao.
Ces derniers diffèrent de ceux de Soulou par la présence du sang
indonésien, dû aux unions contractées à la suite de l'achat ou de
l'enlèvement de femmes appartenant aux tribus de l’intérieur. Ce
mélange abaisse l'indice céphalique (81.94 au lieu de 84.67) et
élève la taille (1573 6 au lieu de 1526 millimètres).
Ces Moros forment la transilion entre les Malais du sud des
Philippines et les Indonésiens de Mindanao, comme certains Pam-
pangos et Ilocanos entre les Indiens et les tribus indonésiennes de
Lucon.
N. — Kalagan.
Le Kalagan (tabl. I, n° 163) appartient à une petite tribu de
Moros voisine de la baie de Malalac (golfe de Davao); cette
tribu parle le soulouan, prôfesse le mahométisme; mais, par plu-
sieurs caractères, le numéro 163 est déjà un Indonésien. Sa taille
(1665 millimètres) est même supérieure aux moyennes des divers
groupes de cette race compris dans mes observations.
III
INDONÉSIENS (1),
O. — Buled-Upih ©.
J'ai déjà parlé ®) de cette race, qui occupe dans le N.E. de Bornéo,
+
près de la baie de Sandakan, les rives du Sagaliud et du Kinoba-°
tangan. Le portrait du numéro 111 donne une bonne idée de ce
groupe, qui se trouve, à l'égard des Soulouans de la côte, dans la
même situation que les tribus de l’intérieur de Mindanao.
Le type représenté par le numéro 111 n'est pas le seul que
lon puisse voir dans la tribu que j'ai visitée, mais c’est celui
qui y domine.
L'indice céphalique moyen des Buled-Upih est très élevé, un des
plus élevés même de toutes les séries d'hommes (86.78). Néan-
@) PI XIV.
) Pour la valeur de cette dénomination, cf. E, T. Hamy, Les Alfourous de
de Gilolo (Bullet. Soc. géogr., 1877, p. 480).
5) Bulletin Soc. de géogr., août 1880.
— 342 —
moins, ces naturels ne me paraissent pas pouvoir être placés à côté
de leurs voisins géographiques, les Soulouans, avec lesquels ils
présentent un contrasle prononcé, surtout par les traits du visage.
La taille est aussi fort différente; la couleur de la peau est claire;
n® 39, Ao; celle des cheveux, A1; celle des yeux, 2 et 3.
Enfin, fait d’une importance secondaire sans doute, mais non
indifférent, leur dialecte (voir chap. v) diffère sensiblement du
soulouan.
Indonésiens de l’est de Mindanao.
Dans la plupart des populations énumérées jusqu'ici, on a vu les
résultats de croisements divers fixés par la sélection; ces popu-
lations sont aussi, pour la plupart, soustraites depuis longtemps à
l'action des éléments qui ont jadis servi à constituer la race ac-
tuelle. $
Les tribus de l’intérieur de Mindanao, désignées par les Espa-
gnols sous le nom d’/nfieles 1), se trouvent dans des conditions
toutes différentes. Elles vivent disséminées dans une contrée peu
accessible, montagneuse, et perdues au milieu de forêts épaisses,
par groupes d'importance très variable, réduits parfois à 15 ou
20 individus, femmes et enfants compris, et dont les plus consi-
dérables comptent rarement plus de 250 à 300 àmes.
Il est impossible d'évaluer le nombre de ces Indonésiens, même
approximativement, sauf pour quelques groupes isolés; on l'estime
parfois à 200,000 ou 300,000 àmes. Ces chiffres sont probable-
ment beaucoup trop élevés. La guerre est pour ainsi dire perma-
“nente entre ces divers groupes, qu'ils portent ou non la même
dénomination. Le mobile de ces expéditions continuelles est l'amour
de la gloire et la capture des esclaves. Les agressions particulières,
les vendetle sont, en outre, très fréquentes; ces diverses causes dé-
terminent pour tous les {nfieles des conditions d'insécurité telles
que j'ai cru pouvoir donner le nom de Pays de la terreur à la ré-
gion comprise entre l'océan Pacifique, la baie de Butuan et le ‘golfe
de Davao ©). l
Ces populations sont donc profondément mêlées; il est même
étonnant qu’elles ne se soient pas confondues dans un iyÿpe uni-
()_ Par opposition aux catholiques (Indios) et aux mahométans (Moros).
@) Voir Voyage aux Philippines, chap. vir ( Tour du monde, »° sem. 1884).
PR
forme; cependant il n’en est rien, et chacune des variétés présente
dans son ensemble un type assez distinct suffisamment fixe et facile-
ment reconnaissable, même chez les divers groupes du même type
séparés par des distances qui, vu la difficulté des communications
et la présence d’autres types sur des points intermédiaires, pré-
sentent des obstacles insurmontables.
Bien que la spécialisation de chaque variété soit incontestable,
on ne doit pas s'attendre que les moyennes des observations sur
le vivant donnent des résultats frappants, vu surtout le petit
nombre d'observations auquel des difficultés de tout ordre m'ont
obligé de me restreindre pour chaque groupe. La présence de
races distinctes non encore fondues dans un type homogène
amène un résultat semblable pour les moyennes des crânes que
J'ai recueillis dans les diverses grottes de Mindanao. Enfin, il faut
faire la part des faits d'atavisme, très fréquents, qui reproduisent
le type malais pur ou la variété indienne bisaya. Malgré toutes
ces causes de confusion, je crois devoir diviser les diverses tribus
que j'ai observées en huit variétés.
Tous les Indonésiens de l’est de Mindanao résultent de la fusion
des trois éléments, qui sont, par ordre d'importance : le polyné-
sien, le malais-bisaya, le négrito.
La part du bisaya est considérable et se traduit par l’augmen-
tation du diamètre transverse du cràne; celle du négrito est plus
restreinte; ses caractères les plus accusés se montrent dans Îles
boucles de la chevelure, l'élévation et la saillie du front, la cou-
leur sombre de la peau. Les métis de Négritos sont d’ailleurs nom-
breux. Quant aux Négritos purs, j'ai dit ($ B, Mamänuas) qu'on
les rencontre, à l'état de tribus très réduites, autour du lac de
Maiïnit, et que j'ai vu quelques rares femmes de cette race esclaves
dans l'intérieur de Mindanao.
Les caractères anatomiques communs à toutes les tribus indo-
nésiennes consistent dans l’élévation de la taille, le développement
musculaire, la saillie de la région occipitale, qui contraste nette-
ment avec l’aplatissement propre aux Malais en général, et surtout
à ceux des Philippines.
À l'exception des Bilâns, tous les indigènes non négritos de
l'intérieur sont vigoureusement constitués et présentent à un
haut degré les attributs de la santé. Les vieillards, autant que j'ai
pu en juger par quelques exemples, atteignent sans infirmités un
— 3h —
age très avancé; mais ces sujets sont rares, car, dans toutes les
razzias, le vainqueur immole constamment les sujets âgés, comme
étant inutiles.
Toutes les tribus indonésiennes pratiquent le limage des dents
et d’après les types les plus variés; je n’ai pas vu qu’un type dé-
terminé fût spécialement adopté par telle ou telle tribu. Généra-
lement l'usure de la dent est profonde, et généralement aussi,
le volume des dents étant considérable, les dents usées en pointe
reproduisent avec exagération le modèle de nos trocarts les plus
aigus, ainsi qu'on en voit un exemple sur le Bagobo n° V (pl. XXX).
La carie des molaires est fréquente, plus encore peut-être que
chez les Bicols; la pratique de chiquer le buyo et le tabae est tout
aussi répandue; quand ils ne mastiquent pas une de ces chiques,
hommes et femmes la gardent toujours en réserve, fixée entre la
lèvre et les incisives supérieures.
Presque toutes les tribus pratiquent dans le lobule de Foreïlte
un orifice d’abord élroil, mais qui, progressivement agrandi par
l'introduction de rondelles en os de dugong de plus en plus volu-
mineuses, acquiert 2 et 3 centimètres de diamètre.
Le tatouage est surtout répandu parmi les tribus qui entourent
le golfe de Davao; il est pratiqué sur les enfants de 5 à 6 ans par
la mère, en vue de leur imposer une marque indélébile et de
pouvoir les reconnaïtre quand ils sont enlevés par ruse ou par
violence, cas excessivement fréquents. L’instrament employé est
non une pointe conique, mais le sommet de la lame d’ur cou-
teau; les petites incisions pratiquées ainsi sont toujours reconnais-
sables. La couleur est obtenue en exposant la peau à la fumée
de diverses résines; c'est du moins ce qu'affirment les Jnfieles,
qui n’ont jamais voulu me rendre témoin de cette opération.
Les armes de tous les Indonésiens sont l’arc, la lance, le bolo
ou sabre court et, en outre, pour les Mandayas, le poignard. Les
lames et les pointes sont de fer et fabriquées par les indigènes.
Cependant quelques groupes voisins du mont Hoagusan se servent
de flèches à pointe de bambou; ces traits peuvent causer des
blessures mortelles à la distance de cinquante à soixante pas,
ainsi que j'en ai vu un exemple. | |
PR TT AE
P. — Samails W,
ls habitent l'ile Samal ©), située dans le golfe de Davao; ils
sont divisés en plusieurs tribûs, qui vivent dans un état de paix
relative; beaucoup moins sanguinaires et féroces, plus industrieux
et meilleurs agriculteurs que les autres sauvages de Mindanao, ils
accueillirent bien les Espagnols et se sont toujours montrés leurs
alliés fidèles. Je n'ai pu acquérir de détails précis sur leur reli-
gion; mais 1l est certain qu'ils admettent l'existence d’esprits qui
président aux divers actes de la vie et auxquels ils offrent des sa-
crifices.
Ils déposent leurs morts dans des cercueils en forme de pirogue,
sous les abris naturels formés par les roches des îlots MalipanoW),
où j'ai pris les squelettes n° VII, VIIT et les cranes n° 112, 113
(tabl. IT). : (
Voici les dimensions des os et des membres des squelettes VII
et VII :
GAUCHE.
Humérus 277 9245 3h41
Cubitus 232 278 279
220 265 260
411 h7h h74
399 ha5 ho
INDICES.
Humérus — 100, Radius — 80.03 72.70.
Fémur 100, Tibia — 80.48 87.09.
Fémur 100, Humérus — 67.31 76.60.
Les Samals ont les épaules larges et une taille relativement
G), PI, XIV,
®) Une ïle du même nom est comprise dans l'archipel de Soulou; ses habi-
tants sont Moros.
% Pour la description de cette sépulture, voir Voyage aux Philippines, ch. v
(Tour du monde, 1884, 2° sem.)
=" ShQ ee
élevée (le numéro 150 atteint 1680" et il en est de plus grands).
Le mollet*est dur et saillant; les mains et les pieds, robustes sans
être volumineux, n'ont rien de la gracilité de la race malaise.
Le crâne, brachycéphale, est loiñ d'être aussi aplati que chez
les Bisayas. Le prognathisme alvéolaire est considérable, le nez
court, relevé, à lobule écrasé. Les pommettes, très saillantes, sur-
tout latéralement, donnent au visage un aspect caractéristique,
presque félin, augmenté par la présence de poils raides et assez
abondants sur la ièvre supérieure et le menton. La chevelure,
longue (col. 27), n'est pas entièrement touffue; elle grisonne ainsi
que le la barbe. La coloration de la peau varie (37-38, 27).
Il y a parmi eux beaucoup de métis de Négritos, qu'ils désignent
sous le nom de métis d’Atas. Ces métis, quoique laissant leur
chevelure croître indéfiniment, suivant l'usage des Samals, l'ont
beaucoup moins longue que ces derniers; elle est fort raide et
très frisée; la couleur de la peau de ces métis est beaucoup plus
sombre et leur nez beaucoup moins écrasé; les pommettes sont
moins saillantes. La vigueur n’est pas atténuée.
Q, R. — Bagobos et Guiangas (1).
Disséminés sur les versants méridional et oriental du volcan
Apo, ces tribus, malgré la différence de leur nom, présentent le
même type. Parmi les tribus de Bagobos, il en est de puissantes,
andis que tous les groupes guiangas s u importants.
tand e tous } re) œ ont pe tant
Les mœurs et la religion de ces tribus, qui paraissent ne pas dif-
férer de celles des autres Indonésiens de Mindanao, sont empreintes
d'un caractère de violence et de férocité très prononcé P). Les Bago-
1
bos sont assez industrieux, moins pourtant que les Samals, et
moins bons agriculteurs.
eur taille est élevée (le Guianga n° 140 atteint 1715"): ils
Leur taille est élev g
sont fort robustes et font rudement sentir leur supériorité aux
ribus moins bien douées qui les entourent. Malgré leurs mœurs
trib bien douée il t t. Malo
féroces, leur physionomie est souvent efféminée, et beaucoup de
jeunes gens pourraient être pris pour des filles, lesquelles parta-
gent d’ailleurs la vigueur du sexe mäle. Le nez est droit, le pro-
gnathisme très variable. Le repli falciforme est généralement
() PI, XV et XXX,
%) Bull, Soc. géogr., juin 1881.
— 347 —
plus prononcé que chez les Moros; l'axe transverse de lœil est
droit et ne présente pas la légère obliquité en bas et en dedans
de ces derniers.
La couleur de la peau est claire (n° 21, 23, 39, 4o).
Voici les dimensions des os des membres d’un squelette Bagobo
(pour le cràne, voir tabl. IT, n° V).
ME LUS A SE AN A NT ve 321
Chbredetenei e LEA | APS UE 267
Radius. 28: 90e SEOTEBRE BE RE 250
Femisot, MU NE RAA EN SEEN 430
Hibia set ee TR Ep 356
INDICES.
»
Humérus — 100, Radius — 77.88.
Fémurti=Mo0, Mibia 0182.70.
Fémur —100, Humérus — 74.65.
S. — Atas D.
Ce nom, qui désigne aux Philippines des populations de races
si diverses, est donné, dans le sud de Mindanao, aux Négritos qui
existent (ou existaient il y a peu de temps encore) dans l'intérieur,
au N.O. du golfe de Davao, et à quelques tribus de race indoné-
sienne qui habitent le versant du volcan Apo, dans la même di-
rection.
Les Atas indonésiens présentent un type supérieur, les chefs
surtout; ceux-ci ont le nez aquilin, la barbe abondante, la taille
élevée. Le numéro XXXIT (pl. XVI) est un bon exemple de ces
Atas. La couleur de la peau est variable {n° 21, 22 et 37).
Ces tribus Atas jouissent d’une réputation de bravoure méritée,
ce sont les seules qui ne craignent pas de se mesurer avec les
Moros, bien qu'elles ne possèdent pas plus que les autres d'armes
à feu, et souvent le succès a couronné leur valeur.
T. — Tagacaolos (),
Ces tribus, qui redoutent extrêmement toutes celles qui les en-
tourent (sauf les Biläns %), vivent sur les sommets de la chaîne qui
s'étend’ parallèlement à la côte ouest du golfe de Davao entre Cauit
@) PI, XVI et XVII,
@) PI XVII.
G) Voir S Y.
— 318 —
et Malalac, et dans la région montagneuse du côté opposé du golfe,
aux environs de la baie de Pujada. Ils se tiennent sur les hau-
teurs les plus inaccessibles, afin de se mettre à l'abri des entre-
prises de leurs voisins, bien que la situation de leurs demeures
les oblige à de fatigantes courses quotidiennes pour se procurer de
l'eau.
Les Tagacaolos sont sveltes, élancés, presque grèles. La courbe
antéro-postérieure du crâne est régulièrement courbe ou légè-
rement aplatie dans sa partie postérieure et ne présente pas le
ressaut occipital que j'ai observé chez leurs voisins les Biläns. Le
prognathisme est médiocre. Le visage long, à pommettes sail-
lantes, présente un losange allongé; les yeux sont souvent obliques
en bas et en dedans; le nez est droit, assez saïllant, et le lobule re-
courbé en bas et en arrière donne à leur physionomie une expres-
sion qui ne manque pas de gràcc.
La barbe est assez fournie et pousse d'assez bonne heure, vers
30 ans.
La couleur de 1a peau est généralement claire (n° 21, 46, 47).
U. — Tagabawas 0).
Dispersés sur plusieurs points des côtes du golfe, noïamment au
nord, près du Rio Hijo, ces Indonésiens sont le résultat d’un mé-
lange de Bagobos, de Manobos et de Tagacaolos, dont ils repro-
duisent les divers traits, juxtaposés ou confondus. La coloration de
la peau est souvent foncée (quelquefois 37, 22).
Ils sont misérables et peu nombreux.
V. — Manobos €).
Ce sont les plus nombreux, les plus puissants et les plus féroces
indigènes de la région.
Leur domaine est très étendu; au nord, ils occupent la péninsule
de Surigao, où ils sont en contact avec les Mamanuas et les Bisayas.
Ils dominent dans tout le bassin de Rio Agusan jusqu'à la hauteur
du mont Hoagusan, où ils confinent, au sud et à l'est, au domaine
des Mandayas. On les trouve encore près de la mer sur la côte
occidentale du golfe de Davao, au nord de la baie de Malalac.
® PI. XVIIL.
@) PL XIX, XXVIIL
— 349 —
Les Manobos présentent deux types bien distincis : le premier,
dont j'ai trouvé l’expression la plus pure chez un chef, est carac-
térisé par une taille élevée {le numéro 162 atteint 1705""), par une
conformation presque athlétique; le front est haut et découvert, le
nez aquilin, légèrement recourbé, la chevelure quelque peu frisée,
la barbe abondante et la coloration de la peau très claire. Ce sujet
offrait une ressemblance frappante avec le type polynésien. Le se-
cond iype a la peau très brune et une taille beaucoup moins élevée
que le précédent; le nez est droit et plus court; les narines sont à
la fois très minces et développées en largeur, la courbe antéro-
postérieure du crâne est plus développée dans sa partie occipi-
tale. |
Ces deux types extrêmes, qui ne sont pas rares, se combinent,
chez la plupart des sujets, pour former un {ÿpe moyen qui pré-
sente des caractères de supériorité bien plus marqués dans la ré-
gion du golfe de Davao que dans celle de l'Agusan, du moins pour
les sujets que j'ai observés.
Dans ce type moyen, la courbe antéro-postérieure du crâne s’in-
fléchit en arrière dans la région frontale ; les bosses pariétales sont
saillantes, sans nul aplatissement de l’occipital, qui forme parfois
un léger ressaut. Le crâne est souvent très développé en hauteur.
Les yeux sont sans obliquité ni repli falciforme. Les arcades
sourcilières sont saillantes; il en est de même du point sus-nasal
et du nez, droit, bien détaché, à lobule fin, recourbé en bas et en
arrière. Le développement des arcades sygomatiques et la réduc-
tion du diamètre frontal minimum donnent à la face un aspect
losangique. Quant au prognathisme, il varie dans des proportions
énormes. La coloration de la peau est quelquefois très claire,
mais le plus souvent relativement sombre (n° 22, 29, 37).
C’est aux Manobos qu'il convient de rapporter la plus grande
partie des crânes (n°* 115 à 155) qui proviennent des grottes sui-
vantes :
Îlot de Magbulacao , près l'île de Dinagat, N. E. de Surigao;
Grotte de Tinagho (ou du Secret), dans un îlot près Taganaan,
(côte est de la péninsule de Surigao); cette grotte est très vaste;
elle est située sur le bord de la mer, et présente beaucoup d’ana-
logie avec celle du Levant;
Les deux grottes de Kabaluan, sur le lac de Maiïnit; ces deux
grottes, voisines l’une de l'autre, sont situées dans une falaise sur la
— 350 —
berge est du lac, à ane vingtaine de mètres au-dessus du niveau
moyen des eaux.
, Dans la grotte de Tinagho, les squelettes étaient couchés pêle-
mêle dans des cercueïls en forme de pirogue, analogues à ceux
de l’ilot Malipano; ces cerceuils tonbaient en poussière; dans toutes
les grottes, les ossements confondus, brisés par les éboulements,
étaient tous anciens. Il n’y a pas en effet dans le voisinage tout à
fait immédiat de ces abris de tribus Manobos indépendantes, qui
pourraient seules y déposer leurs morts, la sépulture dans un sol
préalablement consacré étant et ayant constamment été une des
pratiques fondamentales du catholicisme dans ces régions. Les
Manobos convertis, agglomérés en pueblos et soumis à l'Espagne
(désignés à tort sous le nom de Bisayas), disent que le dépôt des
cadavres dans les grottes remonte à l'époque où, par crainte des
invasions des Moros du sud, leurs pères s'étaient réfugiés dans les
montagnes. Ces Manobos convertis ne se rendent pas compte que
c'est le christianisme qui a modifié leur rite sépulcral et les a fait
sortir de leurs retraites; mais leur explication, bien qu'erronée,
corrobore ce qu'indique l'aspect des crânes, à savoir qu'ils sont
antérieurs à l'établissement du catholicisme dans les environs de
Surigao, c'est-à-dire aux premières années du xvrr° siècle.
À cette époque, le type manobo présentait un mélange beau-
coup moins intime des éléments qui le constituent, éléments qui
(on peut le voir en consultant les tableaux Let Il) sont bien loin
d'être complètement fondus.
Parmi les trente-sept crànes provenant des grottes ci-dessus
indiquées, la fréquence d’un type très voisin du polvnésien est
frappante M). Par les caractères de la face, par ceux de la courbe
antéro-postérieure du crâne, par la saillie du crochet iniaque,
par le méplat des régions antérieure et supérieure des parié-
taux, ces pièces se rapprochent notamment d'un lot de Nuka-Hiva
récemment apporté au laboratoire d'anthropologie du Muséum
par M. le docteur Clavel. Les crânes manobos diffèrent surtout des
crânes de Nuka-Hiva par l'élévation du diamètre transverse du
crâne et l'effacement des os propres du nez.
Les crânes qui présentent à un degré plus ou moins élevé les ca-
ractères des types négrito ) et bisaya sont en proportion assez con-
Q): Voir n° 117, pl XX VII.
2 Voir n° 115, pl. XXVIL.
is
— 351 —
sidérable; ceux du premier de ces types sont tous les métis déjà
profondément modifiés. Ceux qui appartiennent au type bisayal)
sont surtout remarquables par l’aplatissement de la région occipi-
tale.
Les habitants des pueblos de la péninsule de Surigao, tous catho-
liques ou reducidos) (expressions qui ont une valeur identique), se
qualifient depuis longtemps de Bisayas; mais il suffit de l'examen le
plus superficiel pour se convaincre que la plus grande partie d’entre
eux appartiennent au type manobo. Les métis manobo-bisayas
sont naturellement nombreux dans ces populations, qui ont perdu
tout souvenir de la diversité des éléments qui les constituent; les
métis se distinguent des Bisayas par ieur taille plus élevée et plus
élancée, coïncidant avec une carnation jaune clair, par leur nez à
lobule crochu, et surtout par l’aplatissement moindre de la région
occipitale; ce dernier caractère est celui qui persiste avec le plus
de netteté et indique Îe plus sûrement le mélange du sang manobo.
En renonçant à leur vie de surprises et de combats, les Mano-
bos conquistados ont perdu leurs qualités énergiques et sont devenus
aussi peu redoutables que les Bisayas, sans s'élever au même degré
de civilisation que ces derniers; oppresseurs des débiles Mamanuas,
ils étaient à leur tour razziés sans merci par les Moros de Davao
avant que l'Espagne se füt solidement établie dans ce golfe.
X. — Mandayas 6).
Les Mandayas sont, après les Manobos, les plus nombreux des
indigènes de la partie orientale de Mindanao. Ils sont regardés par
tous les autres Injfieles comme formant la race la plus antique et
Ja plus illustre ; leurs mœurs sont celles des Manobos. Ils occupent,
divisés en groupes généralement peu importants, le bassin du Rio
Sahug, celui du haut Agusan jusqu'au niveau du mont Hoagusan,
et, à partir de ce point, toute la contrée montagneuse qui s'étend
parallèlemént à la côte du Pacifique, jusqu'aux environs des golfes
de Mayo et de Pujada, où ils confinent aux Tagacaolos.
OM Voir n° 118, pl. XXVI.
®) Reducido, conquistado, chrisliano nuevo, tous ces termes sont employés
indifféremment par les Espagnols et par les Indiens pour désigner les Infieles
convertis au catholicisme et soumis à l'Espagne; ces deux qualités sont insépa-
rables.
G) PI, XX, XXI, XXIX,
— 352 —
Les Mandayas se distinguent des variélés indonésiennes précé-
dentes par trois caractères:
1° Direction rectiligne de la partie moyenne de la courbe crà-
nienne antéro-postérieure ;
2° Développement en largeur de l'ouverture palpébrale, sa forme
amygdaloïde; cils très sombres et très longs donnant à la physio-
nomie une expression toute spéciale, Ces caractères font paraître
la face plus large que dans les autres variétés, bien que ses propor-
lions ne varient pas;
3° Coloration spéciale de la peau, qui tourne au gris cendré et
non au jaune.
Ce dernier caractère est peut-être en rapport avec un mélange de
sang négrito, plus abondant chez les premiers envahisseurs indo-
nésiens, fait que semblent corroborer les traditions infieles, I en est
de même de la coupe transversale du cheveu, dont l’ellipse se
rapproche souvent de celle du cheveu négrito (pl. XXXI, n° 153).
Le nez est droit, saillant; les narines ne sont pas aplaties, bien
qu'elles le paraissent être au premier abord, le bord inférieur de la
narine n'étant pas horizontal mais oblique en bas et en arrière.
Les sourcils sont rares, la barbe est médiocrement abondante
et presque toujours rasée.
Les cheveux sont abondants et blanchissent souvent à un âge
qui ne paraît pas très avancé.
On observe parfois l'aplatissement occipital des Malais et aussi,
plus rarement, la disposition de la face caractéristique des Biâns.
En général, le prognathisme est médiocre.
Il est remarquable que certains détails de l’'ornementation exté-
rieure des cases des Mandayas, dont la construction est si spé-
ciale 1), reproduisent exactement l'ornementation usilée chez les
Dayaks du centre de Bornéo (1).
Y, — Biläns
Ces Infieles, aussi misérables que les Mamänuas, paraissent être
inférieurs à ceux-ci au point de vue de l'intelligence, Ils vivent en
0) Voyage aux Philippines, ch. vir.
@) Voir les dessins donnés par M. Carl Bock, The Head-Hunters of Borneo,
2° éd., London, 188».
G) PI XVI, n° 146.
— 353 —
nombre excessivement restreint à l'ouest du golfe de Davao, sur
les sommets les plus reculés, les moins accessibles, entre Lubu
et Sarangani; malgré la profondeur de leurs retraites, les Bilâns
sont une proie pour toutes les tribus qui les entourent, et leur
débilité leur interdit toute représaille.
Je ne sais s'il faut attribuer à un hasard isolé, affaiblissant, à la
suite d'une épidémie ou d’un cataclysme volcanique, un petitnombre
de tribus, et les réduisant subitement à un état de faiblesse dont les
agressions de tribus voisines ñe leur ont jamais permis de se rele-
ver, la formation d’une race spéciale dont les caractères d’infério-
rité se seraient sans cesse accrus, conséquence de l'enlèvement con-
stant des sujets les moins médiocres et de conditiôns d'existence de
jour en jour plus difficiles.
En tout cas, les Bilâns diffèrent absolument de toutes les tribus
indonésiennes précédemment énumérées, sans se rapprocher cepen-
dant en aucune façon des Négritos.
Vu le petit nombre des Bilâns, il m'a été impossible de trouver
des cränes de leur race, et mes mensurations sur le vivant n’ont
pas porté sur des sujets réunissant bien les caractères dominants de
ce groupe. Cepéndant le numéro 146 (pl. XVI), enfant de 12 ans
environ, en donne une idée approchée.
La coloration de la peau est très variable {n° 3%, 28, 21, 39-
Lo); celle des cheveux se tient entre 27 et 34-35, et celle des
yeux entre 1-5.
Le Bilän se distingue par sa petite taille et ses formes trapues.
Le crâne est IL par l'allongement, l’aplatissement de la
courbe antéro-postérieure, laquelle, au niveau de la partie supé-
rieure de l’occipital, est fortement renflée. Le front, très proémi-
nent, fait avec la face, très large et très aplatie, un angle dièdre;
le nez est effacé, les narines sont très larges. Le prognathisme est
considérable; le maxillaire inférieur, très proéminent, se prolonge
en avant dans la même direction que le maxillaire supérieur, ce
qui augmente encore là dépression de la région moyenne de la
face.
Les cheveux sont lisses, très raides et abondants; la barbe, très
peu fournie, né pousse que vers 35 ou 40 ans.
MISS, SCIENT. — XI. 23
IMPRIMENIE NATIONALK
NÉGRITOS. . .
Mamänua.
NÉGRITOS MÉTIS
| D'ALBAY.
! ManTaras.
| KwaBouis..
JAKUNS:'. 1.
AgrTas de Cama-)
rines-Sur ( Lu-
con eee |
:
=)
l
|
18 &. Moyenne...
Maximum
Minimum.......
12 Ç. Moyenne.
Maximum
Minimum.......
5 &. Moyenne.
Maximum... . ....
Minimum.......
7 6. Moyenne...
Maximum
Maximum
Maximum
Minimum.......
2 @. Moyenne...
2 &. Moyenne...
Maximum . :....
Minimum.......
2 à. Moyenne...
6 &. Moyenne..
« Maximum
Minimum.......
10 $. Moyenne.
Maximum
Minimum
.....
….....
Minimum.......
5 $. Moyenne...
Minimum.......
6 à. Moyenne...
CÉPHAL.
ms | —— ————— | —————— | ————
—_————— | ——— | —————— | ———— | ———
nt | ms. | À —Ù —— | —
FACIAL,.
INDICES
A
non
GENERAL
de la tête.
FRONTAL.
TABLEAU
RÉSUMÉ DES OBSERVA
TAILLE
ABSOLUE ,
en milli-
à
metres.
1489,
1979,0
1425,0
1431,0
1485,0
1350,0
1450,0
1503,6
1561,0
1399,0
1382,0
———…—…— | | —— | ——— | ——
EE
1490,0
1330,0
1926,0
1512,0
1455,0
1483,0
1545,0
1390,0
1535,0
1590,0
1525,
1550,d
1583,4
1655,d
1472,0
150,4
1610,d
1415,
NP E
TIONS SÜR LE VIVANT.
a
HUM. TAILLE FÉMUR TAILLE MEMBRE TAILLE TAILLE | TAILLE TAILLE TAILLE TAILLE &
— 100; —=100; INF. = 100; = 100; =
= 100; — 100 ; 100; |—100; | —=100; = 100; =
MEMBRE MEMBRE —100; GRANDE HAN- =
= = —— ED — = É = an
RAD, — SUP. — TIB, — INF. = BRAS — ENV. — MAIN = | PIED— |B. IL, —= CHE — EPAULE=— a
a ——— À |
96.74| 32.89| 95.04 | 49.00! 65.95] 105.31 | 11.72| 15.92{ 14.661 16.85| 22.2
106.07] 33.33 108.20 | 50.64{ 71.28| 105.80| 10.83] 16.51 | 15.90 | 17.73| 23.95
90.20| 31.21 85.13 | 47.16] 61.99] 101.75 | 12.63 14.95| 15.33] 14.35 | 20.74
97-73| 33.40 | 100.00 | 51.28 | 70.68] 107.19| 12.69] 15.98| 16.67! 18.84 | 14.53
84.941 33.45] » n " 101.85! 11.72|15.75| 17.85| 22.44
88.14| 36.00 Û u u 106.:8| 12.16| 16.83] » 24.60 | 20.52
80.73| 31.74| » u ” 97-93| 11.13/15.05| 10.23| 23.06
72.92| 30.05| ” ” 0 0 11.431 15.92| » 18.67| 22.07
92.37 30.91 | 99.09 | 46.66] 66.39! 106.08| 11.53] 15.541 14.42] 18.00! 22.84
95.56| 51.89 | 100.00 | 48.99| 62.88] 110.85 | 12.23| 15.861 16.26! 18.97| 24.82
89.96| 29.73| 79.64 | 46.90! 77.05] 100.69{ 10.76! 14.87| 10.86| 17.41 | 20.89
92.70 7| 89-81 |47.51| 66.88! 98.01| 10.68] 15.81| 16.28! 19.15] 21.70
4 :
a |
C0
©
x
=
(=?
(en
©
©
©
©
©
Ce)
©
©
LOS
bei
©
©
Sa
em
[SA
US
=
Di
QT
Cu
©
ji
[we]
©
[SA
12
©
Co
ni
n |31.54| : u 0 11.70| 19.76] 13.98 | 17.89| 24.38
n | 32.26 0 Û 12.58] 16.451 14.84 | 18.56] 25.81
» | 30.82 ’ 0 10.82] 15.08 | 13.12] 17.42] 22.05
8g-353| 34.21] 89.75 | 50.49| 69.72] 106.79] 11.29/ 15.74] » 17.98] 21.61
90:75| 52.25| 89.39 | 48.21] 67.61] 104.56] 11.49] 15.33 | 15.41] 18.03| 22.81
94:85! 34.14! 90.00 | 48.83 | 70.19] 107.27] 12.18] 15.90| 17.32] 19.36] 24.28
80.88| 30.56| 88.75 | 47.25] 65.22] 98.511 11.06! 15.03] 13.78 | 16.93] 21.52
85.52] 32.26! » Û ’ 107.97| 11.18/15.02| » 19.28 | 22.39
95.58! 35.26 0 " 1 104.94| 12.011 15.98| » 20.91 | 23.68
79.46! 50.91 " 1 ü 99-27| 10,9g| 14.14 n 17.97 | 21.91
TAGALOCS ....
Brsayas
....
| PANGAsINAN.. .
PANMPANGO.. ..
| ILOCAxOS... .. |
MÉTISSE NÉGRI-
TO-BISAYA . . «
MÉTISSE HisPA-
NO-NÉGR..-BIS.
DOUEOU-- Cr
Moros DE Da-\
KALAGAN.. . ..
Buzep-Uprx. . |
SAMALS. ..… . « |
BAcogo
Gurancas. ... |
— 356 —
4 &. Moyenne...
Maximum
Minimum.......
2 &. Moyenne...
Maximum
Minimum.......
…_.....
.........
0e.
3 &. Moyenne..
Maximum
Minimum...... Fe
6 &. Moyenne...
Maximum
Minimum.......
4 $. Moyenne.
Maximum
ss...
. Minimum.......
5 &. Moyenne.
Maximum
Minimum.......
.......
4 &. Moyenne...
Maximum
Minimum.......
......
2 &. Moyenne...
Maximum
Minimum.......
CC
ss...
4 &. Moyenne.
Maximum
Minimum...,...
EEE —
CÉPHAL.
FACIAL.
—— | ——— | ——— | —— | —
————_ | —— | ——— | ——— | ——
77-29
59.44
63.95
65.38
61.31
| — | — | ———…—…—_ | ——
TABLEAU
INDICES TAILLE
ABSOLUE ,
GÉNÉRAL e en mili-
de la tête. Mons = mètres.
68.43 | 68.06 | 82.52 | 1580,0
72.82 | 74.28 | 88.37 | 1655,0
61.56 | 61.29 | 60.00 | 1505,0
nl u 71.30 1501,0
67.00 | 68.02 | 82.61 | 1512,0
65.50 | 65.30 | 60.00 | 1490,0
61.56 | 74.28 | 85.00 | 1338,0
69.04 | 67.74 | 75.00 | 1650,0
68.39 | 76.92 | 82.22 | 1630,0
66.11 | 71.26 | 86.71 | 1619,0
70.31 | 76.66 | 91.10 | 1685,0
65.23 | 65.79 | 80.42 | 1582,0
65.00 | 63.44 |102.85 | 1425,0
56.09 | 62.93 | 77.50 | 1495,0
70.53 | 73.65 | 86.60 | 1526,0
73.03 | 78.77 | 95.24 | 1592,0
60.40 | 71.23 | 76.60 | 1488,o
69.57 | 69.96 | 85.05 | 1430,3
75.84 | 77.93 | 91.43 | 1465,0
67.22 | 60.53 | 73.91 | 13098,0
71.26 | 73.45 | 84.56 | 1573,6
69.77 | 78.57 | 95.35 |_1625,0
69.31 | 63.02 | 75.47 | 1500,0
78.92 | 76.19 |102.50 | 1665,0
65.52 | 72:03 |. 84.33 | 158353
68.50 | 73.83 | 93.02 | 16:15,0
60.50 | 70.00 | 80.85 | 1565,0
97.20 | 67.77 | 80.42 | 1579,0
u 67.81 | 80.85 | 1680,0
ü 67.74 | 80.00 | 1478,0
66.50 | 69.66 | 77.78 | 1538,0
69.64 | 69.08 | 79.74 | 1631,3
71.28 | 72.41 | 88.37 Na1729/0
67.50 | 64.33 | 65.59 | 1540,0
° J. (Suite.)
TAILLE
— 100;
MEMBRE
SUP, —
33.76
“ 1
82.08| 33.67
88.89| 35.18
7.55| 32.46
85.52! 32.90
88.46! 34.19
8.83| 30.36
35.78
34.46
B5.05| 32.84
B9.47| 34.56
B9.97
— 357 —
TAILLE
TAILLE
—100;
ÉPAULE=
——_—— | ——— | —— | ——— | —
FéMuR | TAIELE | MEMBRE, TAILLE | GArpce | TAILLE | TAILLE
— 100; INF. —100;
= 100; os | = 100$ || =rcoa
MEMBRE 100; GRANDE
TAB — INF. — BRAS — ENV. — MAIN = PIED = Bo IN —
92.22| 47.44| 69.93| 102.04 | 11.77] 15.81 | 16.92
93.90| 48.04 | 71.43] 102.72| 14.32| 18.13| 22.66
89.19| 46.51| 67.55] 99.75| 10.44| 15.06 | 14.59
93.70| 48.48 | 71.22| 108.99| 11.75] 15.64! 15.44
91.38| 46.91 | 71.15] 105.16| 10.81| 15.21 | 13.69
83.70| 50.52| 67.60] 103.59| 10.84| 16.52| 14.65
83.54| 48.34| 69.68] 103.78| 11.68] 15.91 | 15.04
94.67] 49.93 | 71.98| 107.26| 12.43| 16.80| 16.80
79-04| 47.25] 69.18] 99.19| 10.84] 14.67| 14.45
93:21| 49-20| 66.27] 103.52| 11.57] 15.74] »
94.12] 51.20| 71.21| 104.70 | 11.74] 16.45|
99.21| 47.21| 65.33] 102.39| 11.47| 15.02! »
87.59! 47.41| 70.18| 104.48| 11.08| 15.19| 15.27
92.68! 48.62| 71.37] 106.03 | 11.81| 15.70| 15.91
82.50| 46.20| 68.99| 103.04 | 10.43] 14.70| 14.54
91.16| 49.37| 68.73] 105.10| 11.89] 15.62| 14.12
u u n 102.56| 11.42|15.55| »
» u u 102.86| 11.64|/15.72| »
, u 102.17| 10.99/15.34| »
” 1 99-79 | 10.59] 15.13| 13.57
” ” 0 102.84 | 11.37| 16.04 | 14.89
u 0 96.67| 9.82] 14.23| 12.26
84.71| 51.04| 67.52] 105.98| 11.18 15.22 | 14.63
84 90! 48.85! 66.81| 103.82] 11.19] 19.04 | 15.58
87.36! 51.35] 72.72] 107.03| 11.36] 15.90| 16.88
62.98| 101.04] 11.01| 14.31! 14.58
ÿ7.36| 30.52| 80.90| 46.75
OBSERVATIONS.
13 ans. |
ÂTAS DE L'ArO.
TAGAcAOoLoS.
TAcaBAwaS. l
| du golfe
Agusan.
Manpayas..
5
l
k
BrzAxs
— 398 —
2 &. Moyenne...
Maman
Minimum
3 &. Moyenne...
Maximum
Minimum
> &. Moyenne...
Maximum
Minimum
&. Moyenne...
Maximum
Minimum
Q . Moyenne...
Maximum
Minimum
3 @. Moyenne...
Maximum
Minimum
INDICES
oo
GÉNÉRAL
CÉPIIAL. ï
de la tête.
FAGIAL. FRONTAL. NASAL:.
100.00
88.10
TABLEAU
TAILLE
ABSOLUE ,
en mülli-
N
metres.
1146,0 |
1688,0 |
1405,0
1994,0
1622,0
1566,0
194 1,0
1565,0
150,0
1360,0
1480,0
1110,0
1616,6
1709,0
1520,0
1568,0
1518,6.
1550,0:
1495,0
1300,0
1970,0
1625,0
1592,0
1456,0
1625.0
1416,0
1476,8
1580,0
1990,0
N° I. (Suite.)
TAILLE
—100;
MEMBRE
| sur.—
89.47
90.43
d6.28| 3
86.49
88.19
84.79
88.89| 31.69
87-72
87.27
81.39
83.78
83.33
39-19
33.4à
33.60
32.91
29:73
| S9.44| 33.39
| 90.00! 33.85
88.68| 32.90
| 87.72| 34.12
| 88.60| 34.88
| 95.86! 56.65
| 82.53! 32.51
| 87.07| 33.38
86.12! 31.85
86.79| 52.31
| 85.45] 31.39
1 85.42| 31.38
1 83.13| 31.52
" 33.20
" 30.04
|
|
| 95.68] 32.16
84.09! 32.02
89.01! 32.06
TAILLE
— 100;
MEMBRE
MEMBRE TAILLE
INF, | —100;
—100;| GRANDE
INF. —
—————
92.59! 45.30
[2 u
90.67| 50.39
86.65| 48.41
90.12| 49.56
83.18| 47.47
83.33| 49.22
87.06| 58.24
89.55| 49.48
91.31| 48.53
82.50| 49.34
88.89| 49.95
90.62| 49.93
92.11
89.13
83.74
87.89
92.79
82.35
92.31
90.20| 48.75
92.31| 48.95
88.10| 48.62
18.83
h 7.83
18.80
h 3.52
86.59
92.06
87.69
92-98
BRAS — ENV, —
69.23| 109.04
u 99.74
66.43| 105.54
68.25| 100.83
70.78| 103.57
65.72| 98 09
64.39| 101.42
102.19
104.54
104.41
102.02
96.40
67.30
67.59
69.24
66.71
64.71
104.44
109.84
2| 103.68
106.62
102.14
100.77
65.28| 99.94
66.00| 103.14
64.56| 99.95
n 103,00
u 104.45
101.55
100.81
101.81
98:99
102.17
101.19
104.80
100.28
65.87
66.94
70.66
79.66
— 359 —
TAILLE | TAILLE
— 100;
MAIN —
10.92| 19.1
10.08| 15.26
10:77| 15.01
10.76
12-041 10.07
10.46| 14.78
10,69| 15.18
11.80| 16.49
9.81| 14.30
19.07
11.99
11.07
12,00
10,29
19.79
19.97
17.04
16.22
TAILLE
14.09
15.82
14.94
15.44
15.21
15.65
16.00
16.31
TAILLE
TAILLE
—=]00;
ÉPAULE=
OBSERVATIONS.
10 ans.
3 | Adulte.
D LE bb
D
13 ans.
Bb
25 | Adulte.
22.01
20.16
21.20
29.83
18 ans.
13 ans.
13 ans.
7 ans.
Enft métis|}
de Négr. |
gr
— 360 —
TABLEAU
RÉSUMÉ DES MENSU
PROJECTIONS
= CRANIENNE.
TOTALE. FACIALE, OCCIPITALE.
cent. cubes. | millimètres. | millimètres. | millimètres.
ManTHRA...... D NEA RSR ANA Te 1310 82,0 TO 89,0
NÉGRITOS A RE MEN AE PAPE Sera aq 1290 88,0 13,0 85,0
BICOLS e--e D 6 20 ab duo 2890006 1380 99:9 16,0 91,0
5 &. Moyenne........ 1632 101,0 24,6 91,0
Maumumetenctee te 1675 108,0 30,0 99,0
Minimum.t6221- 24e 1990 96,0 20,0 87,0
GROITE
Du LEvanr. É
g $-. Moyenne....... 1319 99,5 14,7 86,5
Maximum: eee 1480 109,0 17,0 94,0
Minimum seen 1210 85,0 13,0 770
16 &. Moyenne....... 1520 99,0 18,0 85,0
Maximum... .... d 25 bo 1625 106,0 25,0 98,0
Minnie 0er 1410 91,0 11,0 79,0
GROTTE
pu CARABAO.
10 -/Movennezt eee 1420 94,0 17,0 61,3
Maximum Et 1550 102,0 22,0 72,0
Minimum.,.,...... te 1249 92,0 9,0 87,0
5 &. Moyenne........ 1979 100,0 18,0 91,0
Maximum .,...... DE 17320 109,0 24,0 99,0
Minimum............ 1435 94,0 15,0 88,0
Moros | ren Lorie
DE SOULOU. :
5 $. Moyenne........ 1392 91,0 21,0 89,0
Maximum...,......., 1565 101,0 26,0 101,0
| Minonum. 202000 1180 96,0 19,0 83,0
Or
IN° IL.
RATIONS CRÂNIENNES.
INDICES ANGLES INDICES
EE EE — nn |]
= 100; = 100 5 — 100; ALVÉOLAIRE, REA ORBITAIRE. NASAL, FACIAL.
LARG, — HAUT. — HAUT, = à É
79-26 78.04 98.46 TU 49° 100.00 995.55 63.47
76.82 77-49 100.79 70° 68° 83.78 79.81 60.00
78.09 76.96 98.56 64° ” 89.47 91.92 65.21
87-13 77-02 88.20 66° 66° 88.83 90.90 67.10
90.90 78.97 92.10 69° 72% 92.89 97.44 69.93
83.51 74.28 84.4 64° 99° 85.36 42.62 62.93
78.94 79-10 100.16 70° 70° 90.08 55.27 69.90
82.50 85.62 103.78 72° 70° 92.85 58.18 79.23
75.53 75.53 96.87 69° 70° 86.84 51.63 66.41
85.75 78.47 91.28 68° ” 91.19 52.14 65.47
95.00 84.66 100.75 ” 70° 99.00 61.82 69.92
795.56 73.86 84.96 65° ” 78.97 48.07 99.97
86.88 81.38 91.99 0 90.95 50.65 64.01
93.59 69.41 101.47 u u 97-22 45.45 69.16
77-38 87.18 75.16 Ù ” 82.92 53.06 61.03
80.41 77-20 96.01 , 67° 97° 81.06 91.72 68.32
81.56 80.81 99.28 Fan ” 84.61 54.90 69.92
79-54 73.74 99.74 65° u 78.05 49.01 65.21
80.32 79.99 94.68 66° 28° 87.82 52.16 69:83
82.56 78.52 101.90 70° 62° 91.67 98.69 74.61
77.30 74.07 90.97 61° 52° 85.36 43.65 63.10
GuroTrE
DE TINAGHO.
GROTTES
DE KABATUAN.
ÎLE
DE MAGBuLAcAoO.
Manogo.......
DACOBOS EL EEE
SAMALS. 2 4» ee
ManDayas......
— 362 —
3 &. Moyenne.
Maximum......
Minimum .....
b Qi s Ms ace
2 &. Moyenne.
Maximum ....
Minimum.....
2 Q. Moyenne.
Maximum ....
Minimum.....
19 &. Moyenne.
Maximum......
Minimum... ....
10 $. Moyenne.
Maximum .....
Minimum......
DÉÉERRAE. 2
2 &. Moyenne
Maximum . ...
Minimum.....
2 à. Moyenne.
Maximum......
Minimum......
3 à. Moyenne.
Maximum .
Minimum
CAPACITÉ
CRÂNIENNE.
cent. cubes.
1640
1799
1549
1160
D'OISE
bi be ei
D on]
O1 OT O2
TABLEAU
PROJECTIONS
EEE
TOTALE. FACIALE. OCCIPITALE.
er
millimètres. | millimètres.
100,6 3 88,0
103,0 99,0
98,0 ; 78,0 .
millimètres.
102,0
N° IF. (Suite.)
INDICES ANGLES INDICES
; MANDI-
ALVÉOLAIRE. HAINE ORBITAIRE. NASAL. FACIAL.
— 364 —
À l'exception des Bilans et des Mamaänuas, les tribus de linté-
rieur de la partie orientale de Mindanao appartiennent donc à une
race unique, à variétés assez nettes, où il est impossible de mécon-
naître les traits essentiels de celle qui, partie probablement de
Bourou Ü), s’est étendue sur les archipels du Pacifique.
Mindanao représente une des étapes vers le nord de cetle race,
qui se répandit avec une puissance irrésistible aussi bien dans les
Philippines que dans le reste de la Malaisie et dans la Polynésie.
Après avoir eu une fortune presque également brillante, les di-
vers rameaux émanés du vigoureux tronc polynésien paraissent
voués à la même décadence. Les Indonésiens de Mindanao, jus-
qu'ici éloignés du contact des Européens, n’ont pas souffert des
épidémies qui dévorent leurs frères du Pacifique; mais il est
probable que l'heure fatale sonnera bientôt pour eux; sous l’ac-
tion combinée des Européens, des Malais et des Chinois, ils ne
survivront guère aux Négritos qu'ils auront anéantis.
CHAPITRE IV.
PATHOLOGIE.
I
En général, les Européen; qui n'habitent pas des points excep-
tionnellement malsains et qui n'ont pas à endurer des fatigues
excessives tolèrent bien le climat des Philippines. I n’est pas très
rare de rencontrer des fonctionnaires et des négociants âgés de
60 ans et plus, séjournant dans l'archipel depuis trente ou qua-
rante ans et dont la constitution ne paraît nullement altérée.
Le plus souvent pourtant, après huit ou dix années de séjour con-
tinu, l’anémie apparait; celle-ci fait de rapides progrès, et il devient
urgent pour l'Européen de reconstituer dans un climat tempéré
son organisme ébranlé.
De tous les individus de race blanche, l'Espagnol est celui qui
résiste le mieux au climat; mais, pour lui comme pour les autres,
ce terme moyen de huit à dix années est très abrégé s’il a subi l’at-
%) De Quatrefages, Les Polynésiens et leurs nugrations; Paris, 1866; — et
Hommes ct fossiles et hommes sauvages; Paris, 1884, ch. vu, Migrations poly-
nésiennes.
— 365 —
teinte des affections ordinaires du pays : diarrhée, dysenterie et
malaria.
La fièvre paludéenne est de toutes les maladies la plus fréquente ;
ses allures varient avec les régions; presque tous les points habités
par les Européens y sont exposés, mais les accès pernicieux sont
médiocrement fréquents dans la plupart des villes et des pueblos.
En général, les Européens sont beaucoup moins sensibles au palu-
disme que les indigènes; les accès sont moins violents chez les pre-
miers; la convalescence est plus rapide, et les rechutes sont moins
promptes, pourvu toutefois que la constitution des sujels n'ait pas
été préalablement délabrée par l’anémie. Cette immunité relative
est due surtout à l’usage du vin et à une alimentation tonique qui,
dans les centres d’une certaine importance, ne diffère guère de
celie qui est usitée en Europe; elle est due aussi au bon aménage-
ment des habitations, qui sont bien closes, sans humidité, aux.
vêtements et aux couvertures de laine, qui préservent du refroidis-
sement de Îa nuit.
La diarrhée vient en seconde ligne par ordre de fréquence; elle
reconnaît souvent pour cause les refroidissements, source d’un
grand nombre d’affections (parfois légères, il est vrai). Dans
toutes les maisons européennes, les appartements de réception
sont disposés de telle sorte qu'ils sont constamment balayés par
un courant d'air qui produit sur le corps, toujours couvert de
transpiration, une impression d'autant plus nuisible qu'elle est
plus agréable et qu'on s'y abandonne plus longtemps.
La diarrhée produite par le refroidissement guérit facilement.
Il en est autrement de celle qui succède à l’abus des boissons alcoo-
liques (gin et anisado ()); elle ne tarde pas alors à se changer en
dysenterie, affection rarement curable aux Philippines, quand elle
survient dans ces conditions, et qui exige alors presque toujours le
retour en Europe.
La dysenterie s'établit souvent aussi d'emblée, et quelquefois
d'une facon presque foudroyante. Après quelques heures de ma-
laise et de douleurs lombaires vagues, le malade perd à peu près
connaissance ; il git sans force avec une sensation de brisement des
plus péuibies; alors se succèdent les selles presque ininterrompues,
qui peuvent se continuer pendant plusieurs jours; la maladie se
(1) Amisette non sucrée; la consommation en est très considérable.
— 366 —
termine assez souvent par la guérison complète, mais le trouble
souffert par l'économie est toujours profond, et la convalescence
assez longue.
Dans les causes producirices de la diarrhée et de la dysenterie,
il me paraît impossible de ne pas faire une part à l'excitation trans-
mise par la moelle au système nerveux splanchnique. Cette exci-
tation de la moelle, difficile à démontrer par des preuves directes,
me paraît cependant incontestable; elle est sans doute développée
par l’exagération des fonctions de la peau et par le degré presque
constamment élevé de l'électricité atmosphérique.
Cetle excitation de la moelle joue aussi un rôle important
en provoquant des accès chez les sujets qui, depuis quelque
temps sous l'influence paludéenne, acquièrent une extrême sen-
sibilité aux refroidissements; dans l'état de santé, elle peut, chez
quelques sujets irritables, modilier le caractère, mais non au degré
constaté en Cochinchine par M. le D" A.-T. Mondière. Les excès
cités par cet observateur distingué M me paraissent uniquement
dépendre de la situation réciproque des subordonnés et des supé-
rieurs, si différente de celle qui est établie en Europe. Aux colo-
nies comme ailleurs, on rencontre des Européens justes, indul-
gents, compatissants, à côté d'autres qui sont sévères, durs,
prompits à s'irriter et à sévir.
Les affections catarrhales sont fréquentes, mais habituellement
légères. Le rhumatisme articulaire aigu, moins fréquent, est plus
grave; il dégénère parfois en arthrite chronique.
La syphilis, que l’on ne trouve guère d’ailleurs que dans les
ports de mer et les grands centres, est infiniment plus grave pour
les Européens que pour les indigènes.
Le chancre simple, assez fréquent, devient facilement phagé-
dénique.
La biennorragie, très fréquente, récidive avec la plus grande
facilité.
L’immuniié relative des Européens à l'égard du climat ne con-
cerne que les hommes; les femmes européennes sont loin de pré-
senter la même résistance. L’anémie survient chez elles beau-
coup plus rapidement et ne tarde pas à être aggravée par des
® Anthropologie le la race annamite in Méntoires Soc. anthrop. de Paris,
10794 LÀ, PAi202
— 3607 —
leucorrhées et par des menstruations d'une abondance excessive.
La fécondité n'est pas atteinte, mais les accouchements sont sou-
vent difhciles; ils sont rendus fort longs par l'inertie de l'utérus,
et deviennent souvent mortels par les hémorragies incoercibles
qui les suivent.
Les enfants de race blanche sont plus éprouvés encore par le
climat; leur peau est généralement décolorée, souvent ierreuse,
leurs chairs sont molles, leurs mouvements et leur caractère per-
dent cette vivacité si fréquente en Europe. La tuberculose abdo-
minale et la fièvre paludéenne prélèvent sur eux un large tribut.
Le tempérament lymphatique et l’anémie dominent chez tous
les indigènes des Philippines, du moins chez tous ceux de race
malaise qui occupent les régions basses et les côtes et qui forment
la grande majorité des populations de l'archipel.
À ce fait prépondérant est subordonnée toute la pathologie de
de la race; il donne la raison de l’amoindrissement de la taille et
de l'infériorité des indigènes à l'égard des colons européens et chi-
nois. Tous les chirurgiens attachés aux divers corps de l’armée in-
digène constatent ce lymphatisme et cette anémie, contre lesquels
ils emploient avec succès les ferrugineux.
Les 1,200 conscrits qui recrutent annuellement l’armée indi-
gène des Philippines nécessitent l'appel de trois ou quatre fois au-
tant de jeunes gens jugés aptes au service après un premier exa-
men subi dans leurs pueblos. Presque tous les individus récusés
le sont pour cause de lymphatisme ou de l’un des défauts consti-
tutionnels liés à ce tempérament.
Cette infériorité ethnique ne paraît pas directement produite par
le climat, car les Chinois el les métis de Chinois nés aux Philip-
pines, et vivant dans d’autres conditions que les Indiens, sont loin
de présenter la même apparence. Cette infériorité paraît entière-
ment dépendre de la nature de l'alimentation.
Dans presque tous les pays froids ou tempérés, les besoins ali-
mentaires et domestiques d’une part, de l’autre la division du sol
enlièrement occupé, obligent la masse de la population à un tra-
vail énergique et quotidien; depuis un demi-siècle le développe-
ment progressif de l'instruction éveille en outre des besoins nou-
veaux dont la satisfaction, sans servir exclusivement à l’augmen-
tation du bien-être matériel, a toujours cependant pour résultat une
amélioration notable de l'alimentation.
— 368 —
Il en est autrement aux Philippinés prises dans leur ensemble,
comme dans la plus grande partie du grand archipel d'Asie.
L’étendue du sol cultivable, d’une merveilleuse fertilité, dépasse
de beaucoup celle qui peut être utilisée par la population. Indolent
et peu enclin aux efforts soutenus, n'ayant en dehors de l’alimen-
tation que des besoins très restreints, l’Indien, livré à lui-même,
limite son travail à la culture qui assure le plus facilement sa sub-
sistance, sans se préoccuper du gain que lui procureraient des cul-
tures plus pénibles et de l'amélioration qu'elles lui permettraient
d'apporter à son régime.
Le riz et la camote (Convolvulus Batatas) sont les plantes qui
répondent le mieux à son besoin d'oisiveté; elles forment la base
de son alimentation, le riz surtout, car la patate a une valeur ali-
mentaire par trop insuffisante. Le riz en possède une un peu plus
élevée, maïs la quantité nécessaire à l'alimentation représente encore
un volume considérable. Il serait impossible, même à un Indien,
d’absorber cet aliment fade en aussi grande quantité sans condi-
ments d’une saveur très relevée. Souvent le poisson séché ou salé
en tientlieu, mais plus souvent encore l’assaisonnement du repas
est uniquement fourni par le sel ou les piments rouges. L'usage
du vin est inconnu; celui de la tuba (liqueur alcoolique tirée par
la fermentation de la sève de divers palmiers) est exceptionnel.
Les conséquences immédiates de ee régime sont les mêmes pour
tous les Indiens { tous sans exception, hommes ét femmes; sont
constamment atteints de diarrhée; leurs selles sont toujours lien-
tériques, et très diffluentes. C’est là un fait d’une importance capi-
tale et bien facile à constater, vu la disposition des lieux d’aisances,
dépourvus de fosses, dans toutes les habitations indigènes; ilme pa-
raît impossible de ne pas y attribuer une grande valeur au point de
vue de la constitution physique et morale de la race, et de sa faible
résistance aux maladies endémiques et aux épidémies de choléra:
Il ne peut être question pour légitimer ce régime, de besoins
organiques spéciaux cherchant instinctivement leur satisfaction
dans une nourriture presque exclusivement végétale. Quand un
Indien est soumis à l'alimentation des Européens, peu de jours
suffisent pour que son estomac s’habitue à ne recevoir qu'un vo-
lume moindre d'aliments, et il ne tarde pas à préférer son nouveau
régime. Ce fait est journellement constaté sur ceux des navires de
l'escadre des Philippines qui ont un équipage mixte d'Européens
— 369 —
et d'indigènes. Ces derniers sont autorisés à choisir entre Îa ration
des troupes indigènes et celle des Européens; ils ne tardent pas à
préférer la dernière, au grand bénéfice de leur vigueur et de ieur
santé.
Vu les conditions énumérées plus haut, on conçoit combien les
diverses manifestations de la scrofule doivent être fréquentes,
en est de même de la carie dentaire (enrayée cependant par les prin-
cipes astringents du buyo, bétel), des adénites cervicales et autres.
Les phlegmons succèdent facilement aux contusions et donnent
lieu à des décollements étendus, à des suppurations intarissables.
Le grand avantage, le seul peut-être que les Indiens ont sur les
Européens, tient à leur peu de transpiration, qui les préserve
de la plupart des affections catarrhales, et surtout de l'anémie
rapidement progressive qui est le grand écueïl du séjour prolongé
des Européens. Il est probable que ces derniers arriveraient à
modifier favorablement l'abondance de leur transpiration si l'usage
leur permettait de s'habituer progressivement à ne porter que
des vêtements aussi légers et aussi incomplets que ceux des indi-
gènes.
La phtisie pulmonaire est très fréquente et marche rapidement
chez les Indiens. La fièvre paludéenne est beaucoup plus fréquente
chez eux que chez les Européens, et récidive avec une grande faci-
lité. H n’est pas rare de rencontrer des individus âgés, des deux sexes,
qui ont chaque année, depuis leur enfance, des accès intermittents
et qui vivent dans un état de santé relatif avec des rates énormes.
Beaucoup aussi succombent à la cachexie paludéenne. Il est remar-
quable que, dans les acces paludéens, les indigènes, avec des tem-
pératures fréquentes de 4o à 41 degrés, n'aient que 80 à 90 pulsa-
tions.
La dysenterie, les affections rhumatismales, ne paraissent pas
suivre chez les Indiens une marche spéciale. Les affections cuta-
nées sont assez rares, et celles qui reconnaissent une influence
nettement parasitaire sont exceptionnelles, grâce au soin que les
individus des deux sexes prennent de leur chevelure et aux bains
quotidiens et bi-quotidiens auxquels ils ne manquent jamais.
On a vu que la syphilis était peu répandue en dehors des grands
centres et des ports de mer. Elle est infiniment moins grave pour
les indigènes que pour les Européens, du moins quant aux acci-
dents primitifs et secondaires; mais sa marche n’est pas modifiée,
MIS$, SCIENT,°— XI, {
21
MIVRIMANIE RATIUNALE
— 370 —
car on constate chez les indigènes âgés des accidents tertiaires qui
ne diffèrent pas de ceux qu'on observe en Europe.
La difformité la plus fréquente paraît être le bec-de-lièvre.
(Voir, plus bas, Albay.)
Je dois noter le nombre considérable d'epithéliomas des lèvres
et de la face que j'ai rencontrés à Butuan {Mindanao), sans pouvoir
le rattacher à une cause spéciale.
Bien que l'imprévoyance des indigènes s'oppose certainement
aux pratiques qui, dans d’autres pays, limitent la fécondité, les
familles sont généralement peu nombreuses. Les déplacements de
l'utérus et les métrites chroniques, conséquences de pratiques vio-
lentes qui sont employées par les matrones du pays pour peu que
l'accouchement soit laborieux, et aussi du peu de repos que pren-
nent les nouvelles accouchées, rendent celles-ci stériles de bonne
heure. En outre, la mortalité des enfants en bas âge est considé-
rable; elle paraît due en grande partie à l'athrepsie, aux diarrhées
colliquatives, suites d’une alimentation grossière et prématurée.
Les populations sauvages, insoumises, retirées dans l'intérieur,
présentent une constitution très différente, qui tient beaucoup
nioins à leurs aptitudes de race qu’à l'abondance ou aux privations
inhérentes à leur puissance ou à leur faiblesse comme tribus.
La plupart des tribus de l’intérieur de Mindanao sont vigou-
reuses, bien constituées, et ne sont ni anémiques ni lymphatiques
comme les Indiens soumis.
Les Négritos de Mindanao (Mamänuas), quoique vivant fort
misérablement, ne m'ont pas présenté d’affections spéciales. Ceux
de la Sierra de Marivelès (Luçon), petits et grêles, ont un bon
tempérament. Dans les deux tribus du mont Samat que j'ai visitées
et qui comptaient ensemble environ 60 individus des deux sexes,
il n’y avait ni infirmes ni malades (sauf quelques individus at-
teints de psoriasis). Mais, chez ces naturels, plus encore que chez
les Indiens, la fécondité est restreinte par les pratiques qui suivent
l'accouchement. {Voir chap. r.) Les Négritos sont en outre sou-
vent décimés par des épidémies de variole.
Dans les montagnes de la péninsule de Malacca, au contraire,
les tribus sauvages sans agriculture, affamées, présentent de
nombreux cas de rachitisme. Deux fois j'ai constaté l’épilepsie,
qui doit sans doute être assez fréquente; J'ai noté aussi le stra-
bisme. Chez tous les enfants et chez une partie des adultes, l’abdo-
RAT
Ru ne
men est excessivement développé, conséquence d’une alimentation
grossière et insuffisante; beaucoup d'enfants succombent avant
leur deuxième année. Les maladies cutanées sont très développées
chez les adultes des deux sexes; les plus fréquentes sont l’echtyma,
les psoriasis et le pityriasis. '
IT
Je donnerai maintenant les faits que j'ai pu recueillir sur l'hy-
giène et la pathologie de chacun des points que j'ai visités.
1. Manille. — Au premier abord, la ville de Manille paraît devoir
êlre excessivement malsaine; en effet, les faubourgs (qui renfer-
ment les trois quarts de la population) sont sillonnés d’arroyos en-
combrés d'ordures etde détritus de toute nature immobilisés dans
la vase et exposés à l'air pendant toute la durée du jusant. Le Pasig
charrie constamment d'énormes quantités de QuiapoU) flottants, qui
ne peuvent vivre qu'en enlevant à l’eau une partie de son oxygène.
Cependant, je ne crois pas que le choléra se soit jamais développé
spontanément à Manille; la fièvre paludéenne n’y est habituelle-
ment ni très grave ni très fréquente, et, en somme, la constitu-
tion médicale habituelle y est en contradiction formelle avec l'état
apparent du milieu. Il est possible que linfluence délétère de la
putréfaction des détritus organiques soit en partie neutralisée par
l'ozone, dont le pouvoir d'oxydation est si considérable.
En l'absence de statistiques détaillées et raisonnées, il est diffi-
cile de se faire une idée précise de la salubrité de Manille soit
pour les indigènes, soit pour les Européens, et de la possibilité
pour ces derniers de s’y acclimater définitivement, c’est-à-dire de se
perpétuer par des généralions indéfiniment fécondes, sans mélange
de sang indigène.
Les Européens qui atteignent un âge avancé ne sont pas plus
rares à Manille que dans les autres parties des Philippines. Les
mariages des blancs sont habituellement très féconds, mais il est
impossible de savoir ce que serait la fécondité des créoles purs et
de leur descendance; car, soit qu’ils quittent les Philippines, soit
qu’ils y demeurent, ces créoles se marient avec des individus de
race blanche non créoles, et quelquefois, dans le second cas, avec
0) Pistia stratiotes, BI. (Aroïdées).
24.
— 372 —
des individus plus ou moins métissés de sang indien. Les fa-
milles créoles anciennes exclusivement constituées par des sujets
de race blanche nés dans l’archipel doivent donc être excessive-
ment rares, el il est impossible au voyageur d'acquérir des don-
nées certaines à cet égard. Quant aux croisements d'Espagnols et
d’Indiens, ils sont essentiellement eugénésiques à tous les degrés;
les métisses de Manille ont une réputation de beauté qui n’est pas
exagérée; la vigueur, la santé, la fécondité des métis des deux
sexes est supérieure à celle des Espagnols et des Indiens purs. I
n'en est pas tout à fait ainsi des métis, beaucoup moins nombreux,
des races indienne et saxonne; ceux-ci paraissent inférieurs aux
premiers.
A défaut de documents plus étendus, j'emprunte aux deux ou-
vrages de don Agustin de la Cavada Ü) les données suivantes :
MORTALITE DE LA POPULATION DE MANILLE EN 1880.
MÉÊTIS MÉÊTIS
HISPANO- INDIENS. SINO-
INDIENS, INDIENS.
De moins de 1 an
Der /Avans ec
De 8 à 15 ans
De 61 à 8o ans...
Toraux . -.
Chinois, tous adultes. .
TOTAL GÉNÉRAL . . .
L'auteur cité indique que ce chiffre constitue une proportion
annuelle de 3.45 p. 0/0, qui ne concorde -pas cependant avec le
chiffre de la population du district municipal (Manille et ses fau-
bourgs), qui s'élève, d’après le même auteur, à 74,306 habitants.
Si l’on admettait ce nombre d'habitants, 3,181 décès donneraient
une énorme mortalité de 4.27 p. 0/0. La proportion considérable
® Historia geogr. geolog. y estadist. de Filipinas. Manila, 1876. — Guia de Fili-
pinas para 1881. Manila, 1881.
— 3173 —
des décès de o à 1 an (1,024 : 3,101 :: à peu près 322 : 1,000)
n’expliquerait qu’en partie l'élévation de la mortalité générale. Il
est très probable que cette mortalité s’atténuerait considérablement
si l'on connaissait le chiffre réel de la population de Manille, lequel,
vu les procédes adoptés pour le recensement, ne peut être déter-
mivé avec certitude. Le chiffre de 74,306 habitants est sans doute
beaucoup trop faible. (Voir Population des Philippines, chap. vi.)
Les nombres relatifs aux divers âges et aux diverses catégories
des habitants de Manille faisant défaut, il est impossible d'avoir
aucune idée de la proportion pour laquelle ces âges et ces catégories
concourent à la mortalité générale; même si l'on avait ces ren-
seignements , ils ne seraient utilisables que pour les Espagnols et
pour les Chinois; car, dans le recensement , les deux catégories
de métis ne comprennent que le petit nombre de ceux qui sont
issus d’unions légitimes ou qui ont été reconnus par le père, tous
les autres étant administrativement confondus avec les Indiens.
L'hôpital civil de San-Juan-de-Dios reçoit des malades de
toute catégorie: les résultats ne sont donnés que pour les années
1870 et 1879, et ils sont tellement sommaires qu'il est difficile
d'en tirer quelque conclusion.
. MOUVEMENT DE L'HÔPITAL DE SAN-JUAN-DE-DIOS POUR 1070.
INDIGÈNES.
DR a RSA ET CIN OTSS
HOMMES. FEMMES.
Nombre des malades traités dans
l'année
Proportion { des guérisons......
Do, des décesse 1.
Pour l'année 1879, les renscigneme bor -
our Jannee 1 79, les renseignements se bornent aux sul
vants :
Malades des deux sexes au 31 décembre 1878......... 303
Malades des deux sexes entrés en 1859............... 3,814
RÉTONS 2e M DNS eee ane tete Ut ete et OA ON CAL 3,156
— 9374 —
soit une proportion de 17.16 p. o/o pour les décès, et de
82.83 p. o/o pour les guérisons. L'auteur avertit que dans le
nombre des décès sont comptés les cadavres recueillis par la po-
lice, et que plus de 4o p. 0/0 de la mortalité est attribuable aux
Indiens des deux sexes, qui, à cause de la répugnance que leur
inspire l'hôpital, n'y sont entrés que parvenus à la période ultime
de leur mal. Cette remarque tendrait à réduire l'avantage pré-
senté par les Européens (pour 1870), s’il n’était très vraisemblable
que la plupart de ces derniers sont des marins du commerce de
nationalités diverses, ayant contracté leurs affections hors des Phi-
lippines 0).
Un hôpital spécial situé dans les environs de Manille est con-
sacré au traitement de la lèpre tuberculeuse; ayant été presque
toujours malade quand je suis passé à Manille, je n'ai pu le visi-
ter; la lèpre ne paraît pas très fréquente dans la province; l’élé-
phantiasis des Arabes et le pied de Madura y sont inconnus, comme
dans le reste de l'archipel.
Les documents relatifs à l'hôpital militaire de Manille sont un
peu moins sommaires que ceux qui sont donnés pour Saint-Juan-
de-Dios.
Voici le mouvement de cet hôpital pour les années 1856-1860;
les renseignements suivants s'appliquent à tous les militaires, euro-
péens et indigènes :
GUEÉRISONS. DÉCÉS.
SO ER SR OP PE ER CRT RS 93.61 p. o/o 6.39 p. o/o
TRS MN PURE er ANS et 87.63 12.97
LS RSR A AO AN TE ee ON OI SP 92.92 7.08
DS DR rat a to CUT eo 89.88 10.12
SOUPER EE PAT RES ST Re 93.03 6.97
Pour l'année 1879, la distinction a été faite pour les Européens
et pour les indigènes ainsi que pour les divers corps.
Je ne reproduis le détail des corps que pour les deux bataillons
d'artillerie, car ce sont les seuls dont l’effeciif soit connu, pour
les hommes d'une méme race. J'ignore quel est le nombre des offi-
®) D’après Bertllon, art. Mortalité (Dict. encycl. des sciences médicales), la
mortalité moyenne des hôpitaux de Paris est de 11.415 pour 100 malades, assez
peu inférieure, on le voit, à celle des Européens à Saint-Juan-de-Dios, malgré les
causes qui élèvent indüment cette dernière.
— 375 —
ciers et des sous-officiers européens compris dans l'effectif des corps
indigènes.
MOUVEMENT DE L'HÔPITAL MILITAIRE DE MANILLE EN 1079.
ENTRÉES. | SORTIES. | DÉCÈS.
Officiers ps NE NN al tre re
1° bataillon d'artillerie.
Troupe.{ 2° bataillon d'artillerie.
Autres CODE LE
TODAUXS ER EE ETAT
LETTONIE RS HR
Les deux bataillons d'artillerie sont exclusivement recrutés par
des Espagnols nés en Europe, à l'exception de quelques ordon-
nances indigènes qui ne sont pas comptées dans l'effectif peninsu-
lar 0). Cet effectif est, pour les sous-ofliciers et les soldats :
DATA ONE US DER Lil N Re AR APR ROM PA € 719 hommes.
DARDAUIONEE 0. 0e en den UNS 730
IDOTAL pen t'uveie RER VS 1,449
Ces 1,449 Européens n’ont donné que 11 décès pour l’année
1879, soit 0.76 p. 0/0.
Les Européens des autres corps n’ont fourni qu'un seul décès.
Tous les malades européens ont présenté, ensemble, un total de
25,550 journées d'hôpital, et les malades indigènes un total de
hh,630 journées.
Les 1,449 sous-officiers et soldats de l'artillerie ont donné 840 en-
irées, soit 78.28 p. 0/0 du total des entrées pour les Européens,
et 868 sorties, soit 79.19 p. 0/0 des sorties pour le même groupe.
Eù prenant la moyenne de ces deux proportions, soit 78.73 p. o/o
et en l'appliquant au nombre total de journées d'hôpital des Euro-
péens, on arrive à attribuer aux artilleurs, avec une probabilité suf-
fisante, 20,119 de ces journées, soit une moyenne de 23.94 jour-
1 Peninsular désigne le citoyen espagnol né dans la métropole.
— 316 —
nées d'hôpital par malade, et de 13.88 journées par homme, pour
l'effectif des deux bataillons. :
Bien que les sorties comprennent sans doute un nombre con-
sidérable d'hommes réformés ou convalescents renvoyés en Eu-
rope, ces résultats n’ont d'équivalent dans aucune autre colonie
tropicale, et ceux que donne notre armée, même en Algérie, sont
bien moins favorables Ü).
On voit, en outre, combien lIndien est inférieur à l'Européen
quand ce dernier est bien constitué, bien nourri et non affaibli
par l’anémie, ce qui est le cas pour les artilleurs espagnols, dont
le séjour aux Philippines est habituellement de quatre années,
rarement de six. |
Tandis que, pour l’année 1879, les artilleurs ne donnent que
1.30 décès pour 100 malades entrés à l'hôpital et 23.94 journées
de traitement par malade, les indigènes fournissent 3.75 décès
pour 100 entrées et 34.94 journées de traitement par malade.
Les artilleurs résident constamment à Manille, sauf dans cer-
taines occasions exceptionnelles; leur solde est élevée; ils sont bien
nourris. Ce sont les seuls militaires espagnols péninsulaires qui
servent aux Philippines comme simples soldats; leur corps est
aussi le seul de l’armée de terre qui soit exclusivement européen;
les autres corps sont formés d'indigènes et les Européens n'y
servent que comme officiers, sous-officiers ou caporaux.
() MORTALITÉ COMPARÉE DES ARMÉES FRANCAISE, ANGLAISE, ESPAGNOLE.
ee NOMBRE | MOYENNE | MOYENNE
D'ENTRÉES |DE LA DURÉE |DE LA DURÉE
à l'hôpital du du traitement
pour traitement par homme
1,000 homan.| par malade. d'effectif.
pour
1,000
HOMMES,
Armée française en France
(1862-1869)
Armée française en Algérie
(1862-1869)
Armée française en France et
à l'extérieur (1862-1869).
Armée anglaise dans l'Inde
(1859-1866)
Artillerie espagnole à Maniile
— 3711 —
Don Agustin de la Cavada donne les résultats suivants pour le
corps de l'artillerie et pour les deux séries triennales 1850-1852,
1893-1855 (ce corps ne comptait alors que 350 hommes de troupe) :
1850-1552. 1853-1555.
Réformés par an............ 4.85 p. o/o 1.62 p. o/o
DÉEESipanans CE CEE 1.38 0.52
Pendant l'épidémie de choléra de décembre 1854, le corps ne
présenta que vingt cas, dont aucun ne fut suivi de décès.
2. Province d’Albay. — En l'absence de toute statistique con-
nue, je dois me borner à rapporter les quelques remarques que
j'ai pu faire pendant un séjour d’un mois dans cette province.
La partie orientale, la seule que j'aie visitée, située au pied du
volcan Mayon, paraît remarquablement salubre; il n'y a pas de
marais, et la côte est dépourvue de palétuviers.
Les Européens qui habitent cette province, depuis très long-
temps pour la plupart, paraissent tolérer parfaitement le climat,
quoiqu'il soit assez chaud et remarquablement humide. La dysen-
terie et la fièvre paludéenne, coexistant le plus souvent chez un
même sujet, les affections catarrhales légères, le rhumatisme
articulaire aigu et chronique, sont les affections dominantes. Cette
dernière affection est favorablement influencée par les sources
sulfureuses thermales de Tiwi 0).
Quant aux femmes, l’anémie prélève sur elles un lourd tribut,
et toutes les affections énumérées ci-dessus acquièrent par ce fait
plus de gravité, ainsi que je l'ai indiqué plus haut.
Les mêmes affections sévissent, avec une gravité médiocre,
sur les indigènes, qui présentent en outre :
La migraine, dont la fréquence est excessive; mais la durée en
est courte : quelques heures, une journée en général.
Cette affection légère donne lieu à une difformité provoquée
assez curieuse. Le malade cherche d’abord un soulagement en
comprimant son front au moyen d’un bandeau fortement serré.
Si ce moyen est insuffisant, tous les hommes {et les femmes
quand elles ne sont plus jeunes) étirent la peau de la région cervi-
cale entre les trois doigts du milieu de leur main droite, de ma-
(1) Au nord de la ville d'Abay. ( Voir chap. r.)
— 378 —
nière à former un double pli dont le sillon médian loge le doigt
médius. [ls compriment ainsi la peau de la région et, la tirant for-
tement en arrière, arrivent à déterminer une ecchymose. Il paraît
que cette ventouse d'un nouveau genre est fort efficace; aussi les
indigènes y ont-ils fréquemment recours. Cette pratique déter-
mine à la longue la production d'un kyste, parfois énorme, dont
la fréquence frappe toutes les personnes qui arrivent à Albay.
La syphilis ne paraït pas être fort répandue. La fécondité, géné-
ralement médiocre, des femmes indigènes semble devoir être plutôt
rapportée aux causes déjà indiquées : déplacements de l'utérus,
métrites chroniques, conséquence des pratiques grossières des
matrones du pays et du peu de repos que prennent les nouvelles
accouchées. |
IL y a quelques cas de lèpre tuberculeuse et un nombre beau-
coup plus élevé de lupus, non exedens mais envahissant, de la :
face et des membres, que les indigènes prennent le plus souvent
pour la lèpre.
Le bec-de-lievre est très fréquent. Les Bicols ont un mot spé-
cial, kiput, pour désigner cette difformité, qui est, dit-on, surtout
répandue dans le petit village de Xilikao. Je n'ai pu, pendant mon
court séjour dans la province, chercher à élucider la cause réelle
de la fréquence anormale de cette difformité, rapportée générale-
ment à une nourriture insuffisante, irritante, composée de pois-
son sec et de mollusques, explication certainement erronée, car
la population d’Albay prise dans son ensemble n’a pas un carac-
tère d'infériorité. La province est une des plus riches des Philip-
pines et l'alimentation, semblable à celle de tous les indigènes de
l'archipel, y est certainement plus facile et plus abondante que
sur d’autres points. La fréquence du bec-de-lièvre pourrait être
regardée avec plus de vraisemblance comme une conséquence de
la forte proportion du sang chinois.
3. Puerto-Princesa. — Cet établissement de la côte orientale de
Palawan (Paragua des Espagnols), récemment fondé sur les bords
d'un magnifique havre naturel, ne comprend qu'une garnison de
deux compagnies d'infanterie, plus une compagnie de discipline
formée de déportés; les soldats de ces deux corps sont indigènes;
la colonie européenne est limitée à quelques officiers européens
et à leurs familles. La salubrité de Puerto-Princesa était satisfai-
— 379 —
sante à l'époque de mon passage, malgré les travaux de défriche-
ment exécutés constamment depuis plusieurs mois par les con-
damnés. L’effectif de la compagnie disciplinaire ne comptait, sur
96 indigènes, que 7 malades, presque tous atteints d'ulcères des
jambes (ulcère de Cochinchine). Les condamnés sont destinés à
coloniser les environs de l'établissement après leur libération;
malgré les conditions favorables où se trouverait la nouvelle co-
lonie, il faudra beaucoup de persévérance pour l'établir; lIndien
catholique n'est pas colonisateur; habitué aux ressources d’une
civilisation avancée, à la vie joyeuse et insouciante des pueblos,
il répugne à l’àpreté des efforts que réclame la conquête d’une
nouvelle patrie.
4. Balabac. — Ce point stratégique important, situé sur le dé-
iroit du même nom, ancien lieu de déportation pour les con-
damnés indigènes, ne comprend aujourd'hui que quelques habi-
tants civils, une garnison d'infanterie et une station navale.
Des pluies abondantes durent à Balabac pendant toute l’année;
la moyenne thermométrique oscille entre 27° et 31° C. Pendant
la mousson du S. O. la salubrité est assez bonne; mais, dès que
s'établissent les vents de N. E. qui balayent les marais situés
dans cette direction, des fièvres graves se développent dans le
pueblo.
Voici quel était l’état sanitaire lors de mon passage (nov. 1879) :
La garnison se composait de 208 hommes d'infanterie indigène,
et la station navale comprenait 75 matelots, aussi indigènes, for-
mant l'équipage d’une canonnière mouillée sur rade. Les ma-
lades de ces deux provenances étaient soignés à terre dans deux
infirmeries séparées, dirigées par M. le D' don Pedro Saura Co-
ronas pour l’armée, et par M. le D' don José Arias de Reina pour
la marine; ces messieurs me firent visiter leurs services et me
fournirent avec le plus grand empressement les détails suivants.
L'infirmerie de la marine renfermait 7 malades, et celle de
l’armée 37, dont 8 gravement atteints allaient être évacués sur
Zamboanga. L'infirmerie de l’armée contient presque toujours
20 p. 0/o de l'effectif pendant la mousson de N.E.
Les affections se réduisent presque exclusivement aux fièvres
paludéennes, à l’ulcère phagédénique des extrémités inférieures
et à quelques rhumatismes.
— 380 —
Le type habituel des fièvres est le quotidien; les types tierce et
quarte ne sont presque jamaïs observés; les formes ataxiques,
comateuses et pneumoniques se présentent parfois. Dans les cas
ordinaires, le traitement débute par un léger purgatif; on donne
ensuite 2 grammes de sulfate de quinine par jour, en dix pi-
lules, mêlés à 10 centigrammes de tartre stibié ou de sulfate de
soude et à 10 centigrammes d'opium. Dans les cas pernicieux, on
administre des doses énormes de sel quinique, sans que jamais les
médecins aient observé d'autre accident qu’une surdité passagère.
Il y a des mois où les infirmeries de Balabac emploient jusqu’à
1 kilogr. 500 de ce sel.
L'hépatite et les abcès du foie sont inconnus, mais la dégéné-
rescence amyloide est excessivement fréquente.
Les indigènes sont bien plus fréquemment atteints de la fièvre
que les Européens (ofliciers et sous-officiers), fait qui est incon-
testablement en rapport avec la différence d'alimentation; mais,
chez ces derniers, les rechutes sont plus tenaces et plus graves,
sans doute à cause de l’anémie.
L'ulcère des jambes débute souvent dans un nid d’acarus;
le repos et les cautérisations au nitrate d'argent amènent promp-
tement la guérison, mais les récidives sont promptes et fré-
quentes.
La syphilis est à peu près inconnue dans le poste de Balabac,
bien qu'elle existe parmi les Malais du voisinage, chez lesquels elle
est importée sans doute par les trafiquants chinois.
5. Zamboanga, résidence du gouverneur général de Mindanao,
fondé par les Espagnols en 1635, a toujours été leur base d'opé-
ration contre les pirates malais { Moros) du sud de l'archipel et de
Bornéo.
Cette ville est située sur le bord de la mer, au pied de mon-
tagnes boisées, dans une plaine basse coupée de vastes marais sau-
mâtres. Cependant Zamboanpa jouit d'une salubrité remarquable ;
c'est même le point réputé le plus sain de toutes les Philip-
pines.
L'hôpital militaire est bien construit et très bien tenu; il est
destiné au service de la garnison, de la station navale et des pre-
sidiarios ou forçats. Il peut recevoir 400 malades. I n'en conte-
nait, à mon passage (novembre 1879), que 24, dont 8 presidia-
— 381 —
rios, pour un effectif de 500 hommes d'infanterie, de 160 matelots
et d’une centaine de presidiarios, tous indigènes, à l'exception des
officiers et des sous-officiers.
Le nombre des lits occupés est de 30 en moyenne.
L’affection dominante et presque unique est la fièvre intermit-
tente à type quotidien, généralement peu grave. Les presidiarios
présentent quelques cas d’ulcère chronique.
En me donnant ces détails, le directeur et médecin en chef
de l'hôpital, M. le D' don Leopoldo Castro Blanc, voulut bien y
joindre la statistique de l'hôpital pour les années 1876 à 1879,
dont j'extrais les renseignements suivants :
Depuis que les Espagnols se sont établis dans lile voisine de
Soulou, la garnison de Zamboanga est moins considérable; elle
comprenait autrefois 800 hommes pour l'infanterie seulement. Il
faut remarquer en outre, les chiffres l’indiqueront assez, qu'une
partie des siatistiques suivantes correspond à lexpédition des Es-
pagnols contre Soulou (février 1876). À cette époque, l'hôpital de
Zamboanga eut à traiter les blessés et les malades d’un corps ex-
péditionnaire considérable qui, pendant les premiers temps de
occupation de Soulou, campé plutôt que logé dans une ville
malaise ruinée, malsaine, dépourvue de toute installation conve-
vable, se trouva dans de très mauvaises conditions hygiéniques.
MOUVEMENT DE L'HÔPITAL MILITAIRE DE ZAMBOANGA DE 1876 À 1879.
ZE
NOMBRE NOMBRE NOMBRE ee
DE MALADES DE JOURNÉES DE MALADES DECES.
traités (1). de traitement. sortis (4),
EE
ANNÉES.
.
|
Espagnols (S),
Indigènes (?)
Espagnols.
Indigènes.
TOTAL
Espagnols.
Indigènes.
TOTAL
TOTAL.
2,743| 9,172] 56,248
LOTS et » ee 309 | 1,712| 2,017| 5,338] 55,18a| 60,520| 278| 1,414| 1,692| 7| 2331230
MTS ee ha 674| 715| 590!24,914|25,504| 4o| Gil 651] 1] 45| 46
1879 (1°* janv.
31 octobre).| 21 h06| 4a7| 461|12,746|13,207| 21] 368] 389] «| :17| 17
(1) La différence entre le nombre des malades traités, d'une part, et celui des sorties et
des décès, de l’autre, représente les malades au cours de traitement à la fin de l’exercice.
2) Militaires, disciplinaires et condamnés du presidio et de la déportation.
(5) Officiers, sous-officiers el soldats.
!) Guéris, en congé de convalescence et réformés.
*sporuouu
svo ap
quoawuo)
EUR *SHDA
ap
samol sop
ANNHXON
*s9qruu]
sopeçeut
op
AVNTNON
‘6L8T ‘L)O IE ANVS wl
*SpoqT ou
so 50p
quowo)
-1017
op
sanof s0p
ANNIXON
*saqiua]
sapuqeuu
ap
AIVGNON
*sporou
so sp
quouro]
ou
on
sanol s0p
ANNHXON
‘san1ux)
sopeqeu
2p
AUTNON
"LLST ‘AON O€- ANVS wo
*spopoux
sua s0p
quo]
=L04} Sox a
op
sanol sap
HNNAZON
ÉPILRE
sopefeu
2P
AUARON
"SHLNANÔAU SA'id SAIT SHIAVIVN SAT HNOd
S'IHLUON SVO SHQ LNANATIVUL A4 HAHUNG VI JA TA ‘SIA SHG SHAVIVN SHG HAUANON Na NOILILUVdAU
VONVOANVZ
A4 AUIVLITIN
IVLIdOH
XAVIO I,
ssrsetesere.oen)
:: sonbruoxgo saxo]
rentes soanssetg
sonbruorqgo souuerœouoA | suor
°’! ‘sonore SOUUOTIQUA | -997}Y
rte: ouuoopnped orxoyoer)
“opquierp Je soqduns suorsosrpuy
refssetesseseest ee sonbtjon
trrsttetttt: * oxeuotupnd asnyq
torssessteneseeteee soutoqea
-1dsox souve$io sop songie suOray
......
DEC DL DOS CCG = NSDEC * AHAQUESÂG
* *SOUSIRUL SOJUOIUTIEQUE
*:: soqduurs soquopruoqui
cosseesere eee soproqdf
rorseieee eee çareqaie)e)
:: 1: *-sonbremuotquexe
: tt: **S0SN9IfIF-017888
SATAQL
‘SNOILOHATAV SAQ AUNLVN
— 3683 —
Je n’ai pas le chiffre des effectifs pour les diverses périodes;
je sais seulement qu'en 1876 et en 1877 Zamboanga recut la plu-
part des malades du corps expéditionnaire de Soulou, dont lef
fectif était beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui et qui
comprenait alors en Européens, non seulement des officiers et
des sous-officiers des différents corps, mais encore quelques cen-
taines de soldats (artilleurs).
Depuis 1878, le corps d'occupation de Soulou, réduit à une
simple garnison, soigne la plupart de ses malades sur place
et expédie presque tous les autres à Manille; très peu doivent
être dirigés sur l'hôpital militaire de Zamboanga. Il en est de
même des garnisons qui occupent Balabac, Cottabato et Davao.
D’après ce que j'ai pu observer ailleurs, le nombre élevé des
décès qui figurent sous la rubrique UÜlcères chroniques pourrait être
mis, en grande partie du moins, sur le compte de la phtisie pul-
monaire, de la dysenterie ou de la cachexie paludéenne. II est
rare que les malheureux malades affectés d’ulcères étendus et an-
ciens ne présentent pas une ou plusieurs des affections précédentes.
La cause ulcère assigunée à leur décès provient sans doute de ce
qu'ils étaient traités à ce titre dans les services de chirurgie.
Dans ces quatre périodes, le choléra est signalé deux fois, en
1878 (six cas, trois décès, en janvier; un cas, un décès, en juillet)
je n'ai pas d’autres détails à ce sujet.
6. Isabela de Basilan, ville et arsenal maritime, située dans l’île
de Basilan sur la magnifique rade de Malamaui. Cet établisse-
ment, autrefois simple poste, était tellement malsain qu'à un
moment l'évacuation en fut décidée. Quand on relevait la garni-
son (mensuellement), sur les 30 à 4o hommes qui la compo-
saient, il n’y en avait souvent pas un seul capable de monter la
garde. D’autres idées ayant prévalu, une commission sanitaire
envoyée de Manille prescrivit de déboiser les collines qui domi-
nent la ville et de combler les bourbiers et les marais. Les 200 for-,
çats qui accomplirent ces travaux succombèrent tous, mais l'état
hygiénique fut radicalement transformé.
Le pueblo de la Isabela compte aujourd’hui environ 1,000 ha-
bitants civils, qui ont donné 12 décès du 1°” janvier au 14 no-
vembre 1879.
L'effectif moyen des troupes est de 4o hommes d'infanterie de
La
SR ee
marine (Européens) et de 135 marins; il y a en outre 25 presidia-
rio.
Les malades fournis par ces 200 hommes sont soignés dans
deux infirmeries dirigées par M. le D' don Antonio Trelles y
Burgos, qui voulut bien me les faire visiter et me fournir les dé-
tails que je reproduis ici.
Ces 200 hommes donnent, en moyenne, 250 malades par an,
traités pendant un mois chacun. Les condamnés figurent dans ce
chiffre pour une proportion énorme; les affections qu'ils présentent
sont presque uniquement l'ulcère chronique et la fièvre palu-
déenne, produits par les travaux d'assainissement auxquels ils
sont constamment occupés.
À mon passage, les deux infirmeries renfermaient ensemble
21 malades, dont 2 Européens. Presque tous étaient atteints de
fièvre paludéenne à type quotidien, lequel est de beaucoup le
plus fréquent à la Isabela; la dysenterie et le rhumalisme arti-
culaire aigu y sont très rares.
Un des lits était occupé par un matelot indigène simulateur.
D'après M. Trelles, les cas de simulation sont très rares parmi les
soldats et les matelois indigènes, maïs désespérants par leur téna-
cité.
L'un des deux malades européens était atteint de vésanie nostal-
gique, cas très rare. dans les troupes espagnoles et qui ne se pro-
duit guère que parmi les hommes provenant de la Galice.
7. Soulou. — Lorsque les Espagnols s’'emparèrent de la ville
more de Tianggi (au N. O. de l'ile) et s’y établirent en mars 1876,
cette ville offrait les conditions hygiéniques les plus défectueuses :
la plage, basse, limitée du côté de la terre par une ceinture de
marais, se continuait du côté de la mer par des bancs de madré-
pores qui découvraient à marée basse et sur lesquels s’entassaient
les ordures et les débris organiques provenant des cases indigènes
bâties sur pilotis.
Le corps d'occupation fut cruellement éprouvé pendant les pre-
miers temps, surtout par la dysenterie et par les accès pernicieux.
Les compagnies d'artillerie européennes durent être ramenées à
Manille. Les soldats indigènes payèrent un lourd tribut aux affec-
tions dominantes; chaque homme, dans le cours d’une année,
entrait plusieurs fois à l'hôpital; les Indiens étaient souvent comme
— 385 —
foudroyés par la malaria, en mangeant, en montant la garde. Un
régiment d'infanterie indigène perdit en une année 500 hommes
sur 1,100; les officiers européens n’éprouvèrent par une mortalité
proportionnelle.
Des travaux considérables ont été entrepris pour modifier les
détestables conditions hygiéniques du lieu; ils étaient presque
terminés quand j'ai quitté Soulou. Les marais ont été comblés,
les palétuviers arrachés, et la zone inondée à marée haute a été
transformée en esplanade. Ces travaux ont été exécutés sous la
direction des officiers du génie (ingenieros) par trois catégories de
condamnés : presidiarios (forçats), deportados (déportés) et soldats
d’une compagnie de discipline.
L'hygiène de la ville s’est rapidement améliorée; mais les tra-
vailleurs, exposés aux intempéries, travaillant dans la vase, tan-
tôt sous des pluies torrenlielles, tantôt sous un soleil ardent, ont
fourni un grand nombre de maladies et de décès.
Pendant mon séjour à Soulou, leservice médical était sous la
direction de M. le D’ don Manuel Rabadan y Arjona, homme
de science et de cœur, dont, malade moi-même, j'ai pu apprécier
les grandes qualités. Il était chargé du service de la garnison et
des condamnés.
L'ulcère phagédénique des extrémités inférieures était l'affection
qui fournissait le plus grand nombre de cas; les Européens n'en
étaient jamais atteints et, parmi les indigènes, les condamnés
seuls présentaient cette affection. C'étaient aussi les seuls individus
qui fussent exposés par leurs travaux à l’action irritante et pro-
longée de lhumus et de la vase. La cautérisation au nitrate d’ar-
gent amenait une guérison assez rapide, mais la récidive était né-
cessairement fréquente; la pourriture d'hôpital se montrait assez
souvent sur les sujets affaiblis soit par la fatigue, soit par la fièvre,
conditions presque toujours inséparables, et nécessitait l’'applica-
tion du cautère actuel, moyen qui donnait le plus souvent de
bons résultats. Au mois de décembre 1879, sur 116 malades,
l'hôpital en renfermait 65 ‘atteints d’ulcères, conséquence de tra-
vaux excessifs.
La constitution médicale de Soulou se modifie sensiblement
avec la mousson humide de S.O. En mars 1880, les pluies, habi-
tuelles à cette époque, amenèrent dans toutes les catégories de la
population le développement brusque des fièvres bilieuses; à ce
MIS$, SCIENT, — XI. 20
IMPRIMENIM NATIONALE
— 386 —
moment, la population, militaire et civile, s'élevait environ à
2,000 habitants et comprenait plus de 250 malades, dont un tiers
environ atteints de cette affection.
La maladie débutait par une céphalalgie et une rachialgie vio-
lentes, promptement suivies de vomissements bilieux abondants.
Un vomitif supprimait les douleurs, et l'affection guérissait spon-
tanément après huit jours de fièvre très intense, sans intermit-
tence. On ne donnait le sulfate de quinine que dans le cas où l'in-
termittence succédait aux symplômes précédents.
À la même époque, la variole fut importée par un bataillon
venu de Manille; il y eut six cas, dont deux mortels. Tous les In-
diens sont vaccinés, ainsi que les Soulouans qui ont fait leur sou-
mission à l'Espagne.
La fréquence variable de la fièvre est, pendant toute l’année, à
Soulou, sous l'influence de l'heure de la marée. Il n’y a dans ces
parages qu'une marée par jour. {Voir chap. 11.) Quand le reflux
coïncide avec la nuit, les parties momentanément émergées du
rivage ne recevant pas les rayons du soleil, les cas de fièvre sont
beaucoup moins nombreux.
Les affections catarrhales et rhumatismales sont excessivement
fréquentes, surtout chez les Européens, malgré les variations très
limitées du thermomètre. Elles reconnaissent pour cause lhabi-
tude de s'asseoir dans les courants d'air, le corps étant en transpi-
ration. Ces affections sont généralement assez bénignes; cepen-
dant chez les sujets anémiés le rhumatisme a de la tendance à se
fixer sur une articulation et il y produit alors des complications
graves.
Les équipages indigènes et européens des navires de guerre
qui sont mouillés sur la rade de Soulou sont beaucoup moins
éprouvés par toutes les affections précédentes que les personnes
résidant à terre; leur immunité relative est due, au moins pour
une bonne part, à la salubrité et à la rigueur de leur régime.
Les blessures guérissent à Soulou avec une rapidité remar-
quable; presque toutes les amputations pratiquées à la suite d’ac-
cidents causés par les travaux sont couronnées de succès. La seule
complication qu'elles présentent, le tétanos, sera presque toujours
évitée quand l'hôpital sera moins ouvert aux intempéries.
À la suite d’une agression de Soulouans, plusieurs blessés
entrèrent à l'hôpital pendant mon séjour. Ils étaient tous atteints
#
dd ‘ca ri
— 387 —
de coups de kriss (sabre court et très tranchant, qui produit des
blessures étendues). Tous les blessés qui ne moururent pas
quelques instants après avoir été frappés guérirent avec rapidité;
leurs blessures étaient cependant multiples et fort graves : un,
entre autres, que j'ai soigné, avait le bras et l’avant-bras droits
fracturés en trois endroits, le fragment inférieur de l’humérus
faisant saillie dans la plaie. Cet homme était parfaitement guéri
un mois plus tard, ne gardant d'un délabrement aussi profond
qu'une ankylose du radius.
J'ai observé un fait analogue sur un Chinois de la [sabela.
J'ai eu le plaisir de revoir M. le D’ Rabadan une année en-
viron après mon départ de Soulou. Les travaux entrepris étant
terminés, la situation sanitaire s'était grandement améliorée : en
quittant son service, M. Rabadan n'y laissait que 75 malades (les
effectifs n'ayant pas varié), tandis que précédemment la moyenne
des hommes en traitement était de 250.
8. Coltabato. — Ce petit pueblo, situé sur la rive gauche du
Rio Grande de Mindanao, au milieu de vastes rizières d’une fertilité
exceptionnelle, constamment humides par conséquent, jouit d’une
salubrité remarquable. Le chef du service sanitaire, M. le D’ don
Francisco Farinos, me dit qu'en un an il n'avait enregistré que
8 décès pour une population de 800 hommes (militaires et con-
damnés). L'hôpital n'a jamais recu plus de 6 à 7 malades à la
fois, tous atteints de fièvre paludéenne et de rhumatismes.
9. Davao. — Sur le golfe du même nom. La région est salubre,
sauf sur quelques points où les mouvements du sol, très fréquents,
ont pour résultat la stagnation des eaux de la mer au milieu des
forêts de la côte, dont la végétation se putréfie à leur contact.
Les Européens résistent bien au climat, et leur santé ne donne
pas lieu, non plus que celle des indigènes, à des remarques spé-
ciales. L'infirmerie de la station navale (75 hommesindigènes) et
celle de la compagnie de discipline (environ 200 hommes indi-
gènes) étaient souvent sans malades. Malgré la bénignité relative
du climat, ce résultat fait le plus grand honneur au gouverneur
de Davao, M. le commandant don Joaquin Rajal y Lare, au chef
de la station navale, M. le commandant don Enrique de Ramos y
Azcäraga, el au ‘directeur du service sanitaire, M. le D' don Ga-
29.
— 388 —
briel Lopez y Martin, dont j'ai pu apprécier la science et le dévoue-
ment. Grâce à leur constante sollicitude, au soin avec lequel
étaient réglés les exercices et les travaux, et aussi à la surveillance
exercée sur l'alimentation, les effectifs étaient toujours dans les
meilleures conditions hygiéniques.
Quant à la population civile de Davao (colons bisayas fixés
dans le pueblo depuis plus ou moins longtemps), elle est peu
nombreuse; les quelques malades que j'ai soignés ne m'ont rien
présenté qui fit exception aux données exposées plus haut.
CHAPITRE V.
DIALECTES.
Tous les dialectes des tribus indépendantes que j'ai visitées
appartiennent à la famille des langues malayo-polynésiennes et
se rattachent étroitement au groupe dont le tagaloc est considéré
comme le type. Ce groupe se compose d’un assez grand nombre
de dialectes déjà connus; mais, sous le nom de Groupe tagaloe, je
comprendrai seulement le tagaloc, le bisaya et le bicol, qui sont les
plus répandus ® et qui sont aussi les seuls avec lesquels j'aie été
en contact pendant mon séjour dans les provinces civilisées des
Pilippines. 1
Après un exposé succinct des rapports que ces dialectes présen-
tent soit entre eux, soit avec le malais, l'examen des vocabulaires
et des phrases que jai recueillis chez les tribus indépendantes
montrera que les dialectes de ces tribus doivent être classés dans
le groupe tagaloc.
I
Les affinités du malais et du groupe tagaloc sont étroites,
les caractères essentiels de ces dialectes sont identiques. Dans ces
langues, il n'y a pas, à proprement parler, de parties du discours;
théoriquement tous les mots peuvent être considérés comme des
() Area occupé par ces dialectes et nombre d’indigènes qui les parlent :
Tagaloc : Manille et les provinces voisines; environ 1,200,000 âmes.
Bisaya et ses divers sous-dialectes : les îles Bisayas (entre Lucon et Minda-
nao) et ies pueblos des côtes de Mindanao, 2,500,000 âmes.
Bicol : provinces de Albay, Camarimes-Norte, Camarines-Sur, partie de celle
de Tayabas (S.E. de Lucon), 350,000 âmes. |
— 389 —
racines n'ayant par elles-mêmes qu'un sens vague. Leur valeur
comme substantif ou objet, comme verbe ou action, est déter-
minée par des affixes, peu nombreux en malais, multiples et d’un
usage compliqué dans le groupe tagaloc. Ainsi les racines sulat
(malais)(), lacas (tagaloc) n'acquièrent un sens précis que par
l'adjonction d’un préfixe : {er-sulat di batu «écrit ou gravé sur
pierre»; ma-lacas na tauo «un homme vigoureux ».
Toutes les racines, y compris celles qui répondent à nos adverbes
et à nos prépositions, peuvent former par ce moyen des substan-
tifs, des adjectifs ou des verbes : Djaw (malais) «loin » — djaw-lah
dia «qu'ils s'éloignent». Onsa (bisaya) «comment?» — onsa-on
co ? « que ferais-je ? »
Le malais vulgaire, parlé dans tous les ports de la Malaisie,
réduit l'emploi des affixes au minimum; dans ce dialecte, la
place occupée dans la phrase par la racine suffit le plus souvent
à en déterminer le sens : 'açi sama saya puxur üu — Donne-moi
ce marteau; et : Dia PuKuL beçi Yang panas — Il frappe Île fer
chaud. Mais ces phrases ne sont pas correctes, elles appartiennent
plutôt à un jargon malais qu'a la langue malaise; un Malais qui
sait sa langue dira, dans le premier cas : PEMUKUL tu, et, dans le
second : dia MEMUKUL.
Dans le groupe tagaloc, que ses rapports restreints avec les
Européens et les difficultés qu'il leur oppose ont préservé d'un
jargon collatéral, les particules sont beaucoup plus nombreuses
qu'en malais, et l'usage en est à la fois infiniment plus néces-
saire et plus compliqué. C’est la seule, mais très grande difficulté
qui rebute le plus souvent les Européens.
Les sons du malais et du tagaloc se trouvent tous dans le fran-
cais, sauf le ng (n + h), que les auteurs espagnols écrivent ng.
Angin (mal.) et hangin (tag.) «vent» se prononcent anhin et han-
hin, avec cette différence que le ng tagaloc est beaucoup plus nasal
que le nÿ malais. Ces sons spéciaux ne présentent pas de diffi-
culté pour les personnes de langues néo-latines, et les Français,
par exemple, surlout ceux du-Midi, parviennent rapidement à
parler le malais sans accent étranger. Le groupe tagaloc possède
en outre le mg (m + h) et le ÿn (qg + h), ce dernier particulier au
Dans la transcription de tous les mots malais, ele., uw a toujours la valeur
de notre ou,
— 390 —
bicol. Le 7 consonne et le f manquent; le malais seulement pos-
sède ce son pour les mots d’origine arabe.
Dans les deux groupes, la forme active est rarement employée ;
la signification passive de la plupart des verbes malais, même à
l'état de racine dépourvue d’affixes, est clairement établie dans la
belle grammaire de M. l'abbé P. Favre 1); le même fait se repro-
duit dans le groupe tagaloc, peut-être avec plus de généralité
encore :
Malais : Wang itu sudah dia ambil : «Il a pris cet argent; » littér. :
Cet argent À ÊTE Pris par lui.
Tagaloc : Biggyan mo ang bigas : « Donne du riz; » littér. : Soxr
DONNÉ de toi le riz.
Le sens passif de la racine isolée est seulement moins apparent
en tagaloc, parce que cette racine n’est presque jamais employée
sans affixes dans le sens verbal.
Du GExRE. — Tous les mots, racines simples ou pourvues d’af-
fixes, sont invariables; le genre est exprimé par les mots : laki-laki
(mal.) lelaki (tag.) «mäle», et perampuan (mal.), babay (tag.)
« femelle ». Dans le groupe tagaloc, ces mots servent aussi bien
pour les personnes que pour les animaux ; le malais emploie exclu-
sivement pour les animaux : djantan « mâle », betina « femelle ».
Du xomgre. — Les pronoms personnels seuls ont un pluriel en
malais; à l'exception de ce cas, le pluriel est exprimé soit par la
répétition du mot, soit par un adverbe de quantité : orang itu «cet
homme »; bagnaqg orang ou orang-orang « des hommes ».
Dans le groupe tagaloc, le pluriel est toujours exprimé par la par-
ticule mga invariable (maÿna, mgna en bicol) : ang tao «l'homme»,
ang mÿa tao «les hommes ».
Tels sont, outre l'identité des racines (au moins de la plupart),
les principaux caractères communs des langues malaise et tagale.
Un examen sommaire des diverses parties du discours donnera
une idée de leurs différences essentielles.
1. Arricce. — L'article manque en malais, à moins qu'on ne
% Grammaire de la langue malaise. Vienne et Paris, 1876.
— 391 —
veuille considérer comme tel yang, qui est plutôt un pronom rela-
tif. Le groupe tagaloc possède deux articles : si pour les noms
propres et ang pour les noms communs; ils servent pour les deux
genres. Ang est invariable; son pluriel se forme en ajoutant mÿa,
magna, mna.
L'article st se décline de la facon suivante :
TAGALOC. BICOL. BISAYA.
D A — — — Re.
singulier. pluriel, singulier. pluriel (1). |singulier. pluriel.
Nominatif... si. sina. su. sa. si. sa.
Génitif..... cay ou ni. nina. qui ou nm). na. ni. na.
Dati 2. cay ou nu. cana. qui. na. can. cu.
Accusatif ... cay. can«. qui. na, can. ca.
ANSE ENS cay. canda. qui. na. can. ca.
Nominatif... ang. an. anq.
Génitif..... sa Où nant. TU, CAN OU S&. sa.
Datifesains:s sa. sa. sa.
Accusatif . .. sa ou nan. niN , Can OU SA. sa.
Ablatif..... sa. nin, can ou sa. sa.
I est évident que ce n’est pas là une déclinaison proprement
dite; les diverses personnes sont simplement indiquées par les
particules sa, ca, can, ni, etc., qui sont identiques à celles du ma-
lais ou en dérivent : kan, akan «à, pour »; deri, di «à, par » (.
2. Sussranrir. — En malais comme dans le groupe tagaloc, la
racine isolée est rârement employée comme substantif; elle ac-
quiert celte signification au moyen de particules, préfixes et suf-
fixes, employées seules ou réunies. Ex. :
MALAIS.
RACINE. SUBSTANTIF,
Mokan-manser "260. makan-an, vivres.
Mt mouriL 2-24 20e ner ka-mati-an , la mort.
Adjar, apprendre. ..........4 peladjar-an , instruction.
Bunoh, tuer, : 21: v0in4 atr-anek pem-bunoh-an, meurtrier.
Djaib , poudre. 0. Vétateie pen-djaib , tailleur.
ÉTRAPAN ONE Pr Ce MN ont peng-lihat-an , la vue.
Mandr, se baigner. 2.0, per-mandi-an , lieu où l’on se baigne.
M Le pluriel se forme aussi avec mÿa et mgna (bic.) = St Mja Pedro «les
Pierre». Sa Pedro signifie plutôt : Pierre et les siens, Pierre et ses camarades.
) J'écris can, qui, au lieu de kan, ki, pour me conformer à l'orthographe
adoptée par tous les auteurs espagnols.
RACINE.
Pusuli, se baigner...
Sama, faute, péché. ..
Masid , observer. .....
num, (boite te
Dlarmpluie eee Eee
Tanod, garder.......
Saquing, banane. ....
RACINE.
Raut nuire PARCEUE
Haron, maison.......
Bansay, beauté.......
Tacot, craindre......
Surat, écrire.
Mahé coudre Perte
L4
Cacan, manger. .....
RACINE.
PUS ANT Er
Bios piele EEE
Hubug, s’enivrer. ..
Tahom, être beau.....
Sulat, écrire. .......
TMNOL CL AMENE
Putssblanc re Re
Cele neeltetr
ss.
DÉC ON MOLC
ss...
sus
_........
_.... eo
_.s.....,
— 392 —
TAGALOC.
SUBSTANTIF.
pusali-an, lieu où lon se baigne,
ca-sama-an, pécheur.
mapag-masid, observateur.
pala-inum , buveur.
tag-ulan, temps de pluie.
taga-tanod, pasteur.
saguinq-an , jardin de bananiers.
BICOL.
SUBSTANTIF,
ca-raut-an, méchanceté.
cag-haron, propriétaire.
ca-bansay-an, beauté.
pagca-tacot, crainte.
para-surat, écrivain.
para-tahé, tailleur.
cacan-on, ViVres.
BISAYA.
SIDHSULNANES
ca-tapus-an, fin.
ca-balo-an, carrière.
pala-hubug, ivrogne.
pagca-tahum, beauté.
pag-sulat, écrivain.
en Pol ca-ilum, noirceur.
ca-puti-an, blancheur.
Parfois la première syllabe de la racine se modifie ou est re-
RACINE.
Sapu, balai, torchon. .
Samun, püler........
RACINE.
Tahi, coudre.......
Säca, labourer.......
Holog, tomber. .....
doublée au contact du préfixe.
MALAIS.
SUBSTANTIF.
LADA FACE pegn-apu , balayeur.
SARA rs pegn-amun, Voleur, pilard.
TAGALOC.
SUBSTANTIF.
Rand à mana-nahi, tailleur.
RL S Face mag-sa-sâca , laboureur.
ca-ho-holog-an , passage difficile, lieu où
les chutes sont fréquentes.
— 393 —
BISAYA.
RAGINE. SUBSTANTIF.
Sala faute/ péché. Ris. 2.1. maca-sa-sala, pécheur.
Daldiscouci seen AE mog-u-uali, orateur.
Hasomenseioner. 0-0 deu mag-to-toon , professeur.
Dans le tableau précédent, la signification de chaque racine est
indiquée par un verbe ou un adjectif, afin d'abréger. I ne faut
pas oublier que cette traduction n’esl pas rigoureusement exacte;
putus, par exemple, ne signifie pas plus fin que finir; cette racine ex-
prime seulement une idée abstraite de conclusion, d’accomplissement.
Quant aux mots formés par l'union de la racine et des affixes et
que nous avons classés parmi les substanlifs, afin de suivre dans
cette étude l’ordre adopté pour les langues européennes, il faut
être averti que, dans le groupe tagaloc, ils ne représentent pas
ious exactement cetle partie du discours; plusieurs sont, à vrai
dire, aussi bien adjectifs que substantifs, et même peuvent étre
considérés comme des verbes. Pagsulat (bis.), par exemple, peut
être employé comme un infinitif et se traduire par écrire, le sens
précis de tous les mots n'étant indiqué que par des particules in-
dépendantes et par leurs rapports mutuels dans le discours. Ex. :
Pourquoi écrirais-je cela? Onsaon co pagsulat niaca ? (bis.) Litté-
ralement : Pourquoi je écrire cela?
Le sens de cette phrase est absolument précis, et cependant,
sur les quatre mots qui la composent, il en est deux qui, pris
isolément, n’ont pas un sens déterminé, car onsaon (racine :
onsa) signifie tout aussi bien que faire? Exemple : Onsaon cd?
« Que ferais-je ? »
3. Ansecrir. — Dans tous les dialectes, l'adjectif est invariable
el suit le substantif. En malais, la racine. seule est fréquemment
employée comme adjectif : kuda itam «le cheval noir »; orang beçar
«homme grand, grand personnage »; souvent aussi l'adjectif est
formé au moyen des préfixes ber, ter : ber-laki « mariée», de laki
« homme, époux »; ber-buluh « garni de plumes », de buluh « plume »;
ler nama « célèbre », de nama «nom ». Dans les deux cas, le sub-
stantif est souvent séparé de l'adjectif par la particule yang, dont
le sens peut être assimilé à celui de notre pronom qui :
Le cheval noir : kuda ilam ou kuda yang itam. Une femme ma-
riée : Perampuan berlaki où yang berlakr. *
— 99h —
Dans le groupe tagaloc, l'adjectif, comme le substantif, est tou-
jours formé par l'union de la racine et d’un ou de plusieurs af-
fixes.
TAGALOC.
BAGENIE SDPECRUE
Put blancs eh pale ONE ma-puti, blanc.
Casugeiétie ton RP EEE ma-cusugq, fort.
AU IT NS AN En sent ma-taua-in , rieur.
Tacot, craindre. ............. ma-ta-tacot-in, peureux.
CONS RARE ae ee de es galis-in , galeux.
Dion ROC A dtotoho bot a 2er qua pala-usup , processif.
BICOL.
RACINE. ÉDTECREE
Dutrihlancs ei ire entr ma-puli, blanc.
Cote Été Osborne ma-cusug, fort.
Hindqenunn CCE POCEECEE ma-hinug, mür.
Dis PUS déni br oiole para-daya , trompeur.
Hamisidoux LE UE MENT ma-hamis , doux.
Anac Mtqueursiforte AA LN GE 20 maqui-arac , adonné à la boisson.
Babay.Hfemimey 16 Mr Out maqui-babay, débauché.
BISAYA.
RACINE. ADJBCTIF.
Putuaiblan ce Arr ma-puli, blanc.
Buhat "travailler. 4.1. MU himuhat , laborieux.
Gaoniimanoenter "HO AC ERORE hinÿ-caon , vorace.
Gagmatenner EP EEE hili-gugma-on, estimable.
Polongparles-1330. 0e. tig-polong , bavard.
Gahom, dominer. ............ maca-qa-gahom , puissant.
Babuy-Mermme 22" PeRERRErEE maquig-babay, débauché.
Tao thommen nee teen quina-tao, humain.
Dans ces trois dialectes, encore plus fréquemment qu'en ma-
lais, le substantif est séparé de l’adjectif par une particule, le nga
(n + ha), transformation évidente de yang et qui a la même valeur.
Le comparatif est formé en malais au moyen de l'adverbe lebeh
« trop» et des prépositions deri, deri pada «de, de là ».
Orang ini lebeh baïq deri pada yang lain : Cet homme est meïlleur
que l’autre.
Le superlatif est exprimé soit au moyen du préfixe ter, soit
— 395 —
au moyen des adverbes terlalou «extrêmement » et sakali « comple-
tement, tout à fait».
Kapal ter-beçar «très grand navire». Di atas bukit terlalu tinggi
«sur une montagne très élevée ».
Dans le groupe tagaloc, ie comparatif se forme soit au moyen
des adverbes labi « davantage » ei pa «encore », isolés ou réunis, soit
simplement au moyen de la préposition sa «à », précédent l’objet
pris pour terme de comparaison. ;
Ex. en bisaya :
Le buffle est plus courageux que les chèvres : Labi nga maisuc
ang carabao sa mÿa canding.
Louis est le meilleur des hommes : Si Luis labi pa nja maayo
sa n{lanan.
Les fleurs sont encore plus belles que les perles : Ang mga bulac
labing pa maanag sa mÿa mutia.
L'or est plus précieux que l'argent : Ang bulauan mahal sa
salapi.
Le superlatif est simplement caractérisé par un adverbe, tel
que caayo «extrêmement ».
Bata na maalam caayo «enfant très sage ». Tao nga palabila-bi-
hin caayo « hommes très orgueilleux ».
Le tagaloc forme des diminutifs pour les adjectifs, comme
aussi pour les subslantifs, au moyen du préfixe ma et de la rédu-
plication de la racine : ma-buti-buti « médiocrement bon » U).
Les nombres cardinaux ne présentent que de légères différences
en malais et dans le groupe tagaloc. Les nombres ordinaux se for-
ment à (lexceplion de premier) au moyen des préfixes ka, ica.
MALAIS, TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Premier. ... pertäma. naon«. nahona, nahauna.
Second. .... la dua. ica-laua. ica-dua. ica-dua.
Troisième... ka tiga. ica-llo. ica-tolo. ica-llo.
Dixièéme.... ka pulu. ica-puo. ica-polo. ica-polo.
D Ensayô de gramatica hispano-lagala, par le R, P. Fr. Toribio Minguella,
Manila, 1878.
— 9396 —
ÎL. PRONOM. — PRONOM PERSONNEL MALAIS.
aku (peu usité); saya et samba, employés habituellement, sont des
substantifs dont le sens littéral est : serviteur, esclave.
ku se place après le substantif et s’unit à lui; tuanku «seigneur de
moi, monseigneur ».
kami, désignant la personne qui parle et celle à qui l’on parle.
ktta, excluant la personne à qui l'on parle.
angkaw, inusité; est suppléé par le nom ou la qualité de la per-
sonne à qui l'on parle. En s'adressant à un domestique, par ex.,
on ne dit pas : Ta viendras, mais Ali viendra.
ANT RE
|
vas
|
|
(lu, terme de mépris, est une importation chinoise).
{ kamu, peu usité.
fl r x :
Vous... mu, employé dans le même cas que hu : tuan-mu «votre seigneur,
; l 3
U votre maitre ».
{ iya, inya, diya, dia.
IL, elle La contraction nia, na est très usitée après le substantif : rupa-
= L
Hs. elles | 92 la forme de lui, sa forme». Très souvent aussi, ce mot est em-
; ‘} ployé uniquement par euphonie entre deux mots ou à la fin d’une
phrase.
Les divers cas sont indiqués au moyen des prépositions, etc., sama, akan, ka,
pada , etc.
PRONOM PERSONNEL DU GROUPE TAGAELOC.
Dans ce groupe, le pronom personnel parait moins simple au pre-
muer abord; mais il suffit du plus léger examen pour se convaincre
qu'il ne diffère du malais que par des particularités peu impor-
tantes et que sa prétendue déclinaison n'existe pas. Mais tandis
qu'en malais la moitié des formes du pronom personnel sont inu-
sitées ou peu usilées, toutes les formes sont également employées
dans le groupe tagaloc. En outre, inversement de ce qui a lieu en
malais, kita est pris dans le sens général et kami dans le sens
exclusif.
TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Nominatif. ac. ac. aco.
Génitif... co, aquin. CO , NIACO , SaCO , sa-| aco, co, naco.
coya.
Je sous 5 . 2
Datif.... sa aqun. sacÔ, sacoya. canaco.
Accusatif. sa aquin. sac, sacoya. canaco.
Ablatif... 5a aquin. sacô, sacoya. canaco.
D.
Nous!. =.
(général)
Nous.
(exclusif)
Il, elle...
Ils, elles...
Nominatif.
Génitif.….
Dati
Accusatif.
Ablatif. ..
Nominatif.
Génitif.….
Date re
Accusatif .
Ablatif. ..
Nominatif.
Géniif.…..
Date:
Accusatif .
Ablatif. ..
Nominatif.
Génitif...
Date
Accusatif .
Ablatif. ..
Nominatif.
Génitif.….
Datits en
Accusatif .
Ablatif...
Nominatif,
Géniuf...
DAC
Accusatif .
Ablatif. ..
= op
TAGALOC.
tayo.
alin , natin.
sa atin.
kami.
amuin, namin.
sa amin.
Îcao, ca.
Tyo, mo.
s& 1y0.
kay.
into , ninty0.
sa iny6.
siya.
caniya , nya.
sa caniy«.
sila.
sila, canila.
sa canila.
BICOI..
kila.
nialo, ta, saloya,
sato.
satoya, sat6.
kan.
niamo , SANO , Ni sa-
moya.
Samo , samoya.
ict.
imo, mo.
catmo.
kamo.
into.
caninto.
stya.
T& , canya.
cania.
sinda.
ninda , caninda.
caninda.
BISAYA,
kita.
ato, ta, nato.
canato.
ami.
amo , namo.
canamo.
Icao.
imo, MO, NUNO
canimo.
kamo.
Inio, niniyo.
caninio.
‘sta.
ya, na.
cania.
sila.
ila, nila.
canila.
On voit qu'il n'y a là rien qui ressemble à une déclinaison
proprement dite et que les cas sont indiqués par les particules ka,
sa, la, ni, sauf peut-être pour la première personne du tagaloc.
Pronom possessir. — Les exemples précédents rendent inutile
un tableau comparatif détaillé pour les autres pronoms.
Le pronom possessif malais, invariable pour tous les genres,
les cas et les nombres, est pugna, toujours placé après le sujet :
— 398 —
«mon embarcation» saya pugna praw; «leur maison» dia pugna
rumah.
Dans le groupe tagaloc, le pronom possessif est formé par le
génitif du pronom personnel, toujours suivi, par euphonie, des
consonnes ng. Ex. : aquing amin (tag.) «mon père». Ce pronom
précède toujours le substantif.
Ce pronom suit la pseudo-déclinaison indiquée pour le pronom
personnel.
Dans ce groupe, comme dans le malais, le pronom possessif est
souvent remplacé par une des formes brèves du pronom personnel,
toujours placée après le substantif. La forme anac-mo «ton enfant »,
par exemple, est commune au malais et au groupe tagaloc.
PRONOM DÉMONSTRATIF. — Le malais ne possède que deux pro-
noms de ce genre : ini «ce, celui-ci»; tu «celui-là, cela». Le
groupe tagaloc en a trois et quatre :
TAGALOC. BICOT.. BISAYA.
[ Nominatif... «to. ini. quini.
Ce, cette, Genitif, etc.. dito, nito. caini. ntüunt.
celui-ci, Nominatif... vert, art. At APTE cart, caron.
celle-ci , Gémuts ete dineidini MIRE SRE CE niari, niaron.
ceci. Re : :
Nominatif... zyan. tyan. cana.
Génitif, etc.. diyan, niyan. caiyan. nian«.
Celui-là, { Nominatif... yaon, yobn. idto. cadto.
celle-là, cela.| Génitif, etc.. doon, niyoon. caidlo. niadto.
Pronom RELATIF. — La particule yang remplit ce rôle en malais
pour tous cas et pour tous les genres. Xapal yang beçar «le navire
qui (est) grand»; contractée en nga et ng, elle est employée de
même dans le groupe tagaloc.
Yang, nÿa et ng sont aussi employés très fréquemment par
euphonie, alors même qu'ils sont absolument inutiles à la clarté
du discours. Bunga yang merah (mal.) signifie « fleur rouge » aussi
bien que « la fleur qui est rouge ». Kami nÿa mga tao ou kaming
nga mÿa tao (bis.) «nous, hommes », ou «nous qui (sommes des)
hommes ».
9. Verre. — De toutes les parties du discours, c'est celle qui
s'écarte le plus des règles suivies dans les langues à flexion. Dans
le groupe tagaloc, les moyens d'exprimer l’action sont nombreux,
— 399 —
complexes et l'étude en est hérissée de difficultés. Quoique très
différent du verbe des langues néo-latines par exemple, le verbe
malais a du moins une existence propre et il est facile d'exposer
la loi qui préside à sa formation.
Les verbes auxiliaires étre et avoir manquent en malais; l'idée
qu'ils expriment est représentée par ada, invariable, et qui ne
contribue jamais à la formation des temps.
Les autres verbes sont forinés par l'union de la racine et d’un
ou de deux affixes, comme dans les exemples suivants :
PRINCIPAUX AFFIXES DONT L'UNION AVEG LA RACINE CONSTITUE LE VERBE
EN MALAIS.
ATCSRIREE
AFFIXE. RACINE. VERBE.
© baïq, bien. ber-baiq-an, faire le bien.
bau, odeur. ber-bau, exhaler une odeur,
Ber, Ber-an..
| anaq, enfant. ber-anaq, enfanter.
| anag, enfant. ber-anaq-an , avoir des enfants.
RO EE 7e adjar, lecon. bel-adjar, apprendre.
12 AO makan, manger. me-makan , manger.
Meng, hikis , effacer. meng-hikis , effacer.
Meng-kan. hangat, chaud. meng-hanqat-kan , faire chauffer.
Megn, sutji, net, propre. megn-utji, laver.
Megn-kan. | sutjr, net, propre. megn-utji-han, purifier.
M djatuh , renverser. men-djatuh-kan, renverser.
en, : à ge À
ï djaga, veïller. men-djaga, veiller, garder.
Men-kan. : : Ë TES : :
djaga, veiller. men-djaga-han , réveiller, faire veiller.
Mem, balit, enveloppe. mem-balit, envelopper.
Mem-kan. balit, enveloppe. mem-balit-kan, envelopper.
On voit que les verbes dans la formation desquels intervient
le suffixe kan expriment une idée de puissance, de causalité; ce
fait ne souffre guère d’exceptions.
PASSIF.
Le préfixe di est celui dont l'usage est le plus fréquent; ül est
employé seul ou avec le suffixe kan; il en est de même de ber et
de ka.
Di lina, vil. di-hina-kan, être avili.
Dik é bunoh, tuer. di-bunoh, être tué.
i-kan. à Ù L
buang, renverser. di-buang, être renversé.
9» fl
Ber, kasnt, chaussure. ber-kasut-kan, être chaussé.
Ber-kan. hirit, traîner. ber-hirit, être traîné.
Naam 2 malkan , manger. ka-mal:an-an , être dévoré.
— 100 —
Les participes passés sont plus spécialement formés par le pre-
fixe ter :
surat, écrire. ter-sulat, écrit. tunu , griller. ter-tunu, grillé.
tulong , aider. ter-tulong , aidé. tulis, dessiner. ter-tulis, dessiné.
Cette divison en verbes actifs et en verbes passifs n’est pas ri-
goureuse; ber, par exemple, indique aussi bien une action exercée
que subie, ex. : ber-hirit signifie «être entraîné», ber-tangoh —
mugissant, et ber-adang — être en embuscade.
D'un autre côté, presque tous les verbes à forme active pour-
raient être interprétés dans un sens passif; ber-anaq répond en-
core mieux à l’idée être pourvu d'enfants qu’à celle d’enfanter;
de même, bel-adjar — être enseigné, et megn-uli-kan — être pu-
rifié, etc.
H n'existe pas de conjugaison; les divers temps sont indiqués au
moyen des racines nanti — attendre, signe du futur; soudah —
déja fini, signe du passé; et au moyen de plusieurs conjonctions
ou adverbes, dont les plus fréquemment employés sont kalu, dji-
kalaw, djika — si. Ex. :
Faire, travailler.
Je travaille.
Tu travailles.
Il ou elle travaille.
Nous travaillons.
Vous travaillez.
Ts ou elles travaillent.
Je travaillais.
J'ai travaillé ou
j'a fini de travailler.
Je travaillerai.
Je travaillerais.
Si je travaillais.
Si j'avais travaille.
Travaillé.
Travaïlant.
INFINITIF.
Mem-buat.
INDICATIF.
Saya membuat.
N, membuat.
Dia ou iya membuat.
Kita ou kami membuat.
N. ou kamu membuat.
Dia membuat.
Sayä sudäh membuat.
Sayä sudäh membuat.
Sayä nanti membuat.
CONDITIONNEL.
Djika..….
Djika sayà membuat.
sayä nant membuat. °
Djika sayà sudäli membuat.
PARTICIPES.
Ter-buat où di-buat, ou per-buat.
Ber-buat où ber-buat-kan.
— AOL —
l'impératif est formé par le suffixe lah : buat-lah «travaille».
Le suffixe Eah sert pour l'interrogation : Buat-kah ? « travaïlles-
tu?»
VERBE DANS LE GROUPE TAGALOG. — Les moyens d'exprimer l’ac-
tion sont, dañs ce groupe, beaucoup plus précis et infiniment plus
compliqués qu'en malais, pour les raisons suivantes :
Les modes et les temps ne sont déterminés que d’une façon sub-
sidiaire par les particules équivalentes aux conjonctions et aux pré-
positions du malais. Les divers affixes déterminent non seulement le
moment de l’action, mais encore la manière doni celle-ci est effectuée,
et souvent aussi le lieu. La signification de chaque aflixe n’est pas
invariable, mais souvent elle change suivant la racine à laquelle elle
est liée, et aussi suivant que le verbe est employé à lactif ou au
passif.
La voix active est rarement employée; chaque voix passive a
trois formes distinctes, caractérisées par des affixes spéciaux non
seulement pour chacune de ces trois formes, mais encore pour les
divers temps de chaque forme.
Les trois formes du passif ne peuvent être indifféremment mises
l'une pour l’autre; les règles qui déterminent leur emploi, variant
avec chaque racine et d'après le mode de l'action, paraissent
échapper à toute classification.
Une des conséquences les plus importantes des principes pré-
cédents est que le verbe (il serait plus exact de dire le mot com-
posé qui exprime l’action) ne peut que rarement être traduit par
le verbe français seul.
C’est dans ces expressions verbales que le génie des langues de
la famille malayo-polynésienne se développe d’une façon caracté-
ristique; à l’état naissant dans le malais, il domine dans le groupe
tagaloc et acquiert là sa propriété la plus remarquable, savoir, la
faculté de rendre, par la simple union d’une racine et d’un af-
fixe, des idées qui ne peuvent être exprimées, dans les langues à
flexion, que par une phrase entière ou par des métaphores. Ex:
PisATAE ei NaGaqQuina-cuiza ug bisti. I aime à s’habiller comme un Espagnol.
TAGALOG ... SUMASA-BAITAY siya. I reste continuellement chez lui.
BIÉOC 2, NAQUIQUI-0LAY ac6 saimo. Je te parlerai, st tu le permets.
Une même racine pouvant être unie à un grand nombre d’af-
MISS. SCIENT, -— XI, 26
LMPNIMUNIE NATIONALE,
ee —
fixes et de particules exprimant des modalités différentes de l'action,
et à plusieurs particules (adverbes, prépositions, etc.) précisant les
circonstances de temps, etc., la plupart des auteurs ont considéré
beaucoup de préfixes comme donnant lieu à autant de conjugai-
sons. L'un d'eux (1) en compte seize pour le dialecte bicol, cha-
cune de ces seize conjugaisons principales comprenant plusieurs
conjugaisons collatérales qui expriment la même idée ou une idée
analogue dans chacune des deux voix, au moyen d’affixes peu dis-
semblables, mais qui ne peuvent être indifféremment pris l'un
pour l’autre. Par exemple, la treizième conjugaison de cet auteur
comprend les conjugaisons collatérales :
Nani, nagui, napani et nacani, pour l'actif;
Pani et pacani, pour le passif,
Nani, plus usité, indique que le sujet est modifié, transformé,
et acquiert la qualité indiquée par la racine du verbe :
Nani-sukà idtong arac.
Devenu vinaigre ce vin.
Ce vin s’est changé en vinaigre.
Nani - tao an aqui nin Dios.
Devenu homme le fils (de) le Dieu.
Le fils de Dieu se fit homme.
Cette conceplion du verbe ne me paraît pas tenir suffisamment
compte de l'esprit des dialectes de la famille malaise; en outre,
elle en complique l'étude.
Dans le groupe tagaloc, de même qu’en malais, il n'existe ni
conjugaison proprement dite, ni verbes auxiliaires; la fonction auxt-
liaire de ces verbes est remplie par les affixes.
Etre et avoir signifiant: existence, présence, qualités, possession,
abondance, sont sous-entendus, ou exprimés par :
TAGALOC. BICOL. BISAYA.
A .
Etre..... may,ay,na sa, cay. | yaon, na pa. mao, MAN, ANA, ANAQ, tUG.
Avoir.... may, Mmayroon. mey,1qûa, MA, MAN. duna , may.
Tues bon. Îcao ai magaling. | Icao na marahay. Icao man marayao.
J’ai duriz. Mayroon cé palay. | Mey cé palay." Duna cé palay.
() Arte de la lengua bicol, por M. R. P. Fr. Andrès de S. Agustin, dado à luz
por el M. R. P. Fr. Manuel Crespo. Manïla, 1870.
— A0 —
Ces particules n’ont aucun des caractères du verbe, car elles
sont invariables; elles répondent mieux à l’idée que nous nous
faisons des adverbes, sens dans lequel elles sont fréquemment em-
ployées, tandis qu'elles sont le plus souvent sous-entendues dans
les cas où elles rempliraient la fonction de verbe. Ex :
LÉ
TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Où est-11?. ... Nasadn sia? Haen sia? Haïin sia?
Où id? Où il? Où id?
Les affixes qui donnent à la racine un sens verbal doivent être
divisés en deux catégories, suivant que ce sens est actif ou passif.
En malais, les aflixes employés pour former le passif sont peu
nombreux; dans le groupe tagaloc, les affixes du passif sont
presque aussi multipliés que, ceux de l'actif.
Voici les principaux affixes, actifs et passifs :
26.
— 04 —
SENS
DONNÉ PAR L’AFFIXE À LA RACINE.
1. Habitude, fréquence; usage de
l'objet indiqué par la racine. .
2. Potentiel, causal....... AR
3. Demander, permettre ........
4. Ordonner, permettre... ......
5. Réciprocité, égalité. . .......
6. Réciprocité, simultanéité ; se
joindre à une action déjà
COMMENCÉ: se eo lee ee en» »
7. Réitération- "#0..." 0."
8. État; apparence; qualité durable.
9. Être RÉDUÉ ee eeepc
10 SUMUlATIONS TEEN Re
11. Erreur, hasard: acte soudain ou
L involontaire... ............
12. Transformation... ...........
13. Signification très variable; fré-
quemment usité dans le sens
neutres TE rie liens lets liens
TAGALOC.
ES
ACTIF. PASSIF.
na, nan, NAN. | -pinan, ipinan.
EXx.: bangca, embarcation; ma-m-angca , aller e
bateau.
naca. | na, nai.
Ex. : gaua, faire; maca-qaua, pouvoir faire.
napa. | pina, ipina.
Ex. : ampon, protéger; pa-ampon, demander pro
tection.
nagpa. | pina, ipina.
Ex. : gaua , faire; magpa-qaua, ordonner de faire.
na: pinag, ipinag.
Ex. : tus, souffrir, supporter; mag-tus, se supporte
mutuellement.
naqui. pinaqui, ipinaqui.
Ex. : usap, parler; maqui-usap, se mêler à la con
versation.
essor ve s esse eee eos ec ee ee ee te
naqca. ; pinagca, ipinagca.
Ex. : palad , bonheur; magca-palad, être habituel
lement favorisé par Îa fortune.
ses eee es eee eee see eee 0e ee 0e ee
nag. pinag , ipinaq-
Ex. : matapang, brave; nag-matapang , faire le fan
faron.
nacan. | ipinagcan, pinagcan.
Ex. : taua, rire; nagcan-ta-taua, rire malgré soi.
naquin. ‘| pinaqgun, ipnaquin.
Ex. : bato, pierre; maquing-bato, se changer e
pierre, devenir aussi dur que la pierre.
N. B. Il y a encore en tagaloc une particule essentiellement active um (ibig, vouloir; um-big, passé; tubt
en bisaya : abu
PASSIF.
———————_———————
ACTIF.
dina , na. | ma, min«.
Ex. : surat, écrire; muüna-surat, écrire
habituellement.
acu. na.
Ex. : sopog, honte; 'naca-so-sopog , faire
honte.
aqui. | paqui.
Ex. : olay, parler; naqui-qui-olay, de-
mander la permission de parler.
apa, nagpa. | pa, pagpa.
Ex. : gubo, faire ; napa-quibo, ordonner
de faire.
agpa. | pagpa.
Ex. : tabang, aider; nagpa-tapang, S'en-
tr'aider.
0. .
Lagctaga. pagpaca.
Ex. : lupig, violent; nagtaga lupig, se
mettre fréquemment en colère.
agpar«. |. pagpara.
Ex. : tahé, coudre; nagpara-tahé , coudre
continuellement, sans repos.
\apacang. | pacang.
Ex. : caut, voleur; napacang-caut, avoir
la réputation d'être un voleur.
ani, naqui , uapant, pant , pacanL.
nacant.
Ex. : suka, aigre, vinaigre; nani-sula ,
s'aigrir, se changer en vinaigre.
futur) qu'il faut éviter de confondre avec la
venir, impératif um-abut,
2
2e passive tagale et avec les modifications présentées par mu
EE ——————————————— ro
BIS AYA.
PASSIF.
mu. | gu.
Ex. : sacay, embarcation ; nu-sacay, s'embar-
quer.
naca, naCay. | qguica, ca, hin.
Ex. : sulat, écrire; nana-sulat, pouvoir écrire.
nanqut. ipan jui.
Éx. : ilaba, aider ; nañg-laba, demander appui.
napa. | quipa.
Ex. : uban accompagner; napa-uban , ordonner
de suivre.
naqaca , nagCa. | guica.
Ex. : matay , mort; nagaca-matay, s'entre-tuer.
naqui , naqui. quipaqui , ipagui.
Ex. : auay, se disputer, se battre; naquE-auay,
frapper l'un sur l'autre.
nagahi, naghi. | guihi, hi.
Ex. : tolog, dormir; nahi-tolog , s'endormir à
plusieurs reprises.
naga, nag. gui
Ex. : insic, Chinois; naga-insic , ressembler à
un Chinois, vivre comme un Chinois.
nagapinaca , nagpaca | pinaca.
Ex. : dato, seigneur; nagapinaca-dato , avoir la
A Q © A ? P ñ
réputation d’être un seigneur, un homme
puissant.
nujapaca , naJpaCa. | guipaca, paca.
Ex. : ual4, perdre, manquer; nagapaca-ualé ,
feindre d’avoir perdu quelque chose.
naha, | gui, hi, hin.
Ex. : tué, rire; naha-tué, rire malgré soi.
nd, C4, QUIC, quina.
Ex. : Aulug, tomber; nahulug, faire attention
q 5 q
pour ne pas tomber.
na.
— 406 —
La plupart de ces affixes, formés par la réunion de particules
qui, comme pa et na, ont un sens propre lorsqu'elles sont isolées,
ne subissent que d’insignifiantes altérations en s’unissant aux ra-
cines. Parfois la racine est modifiée à leur contact, soit par la sup-
pression ou par le changement de sa première lettre (Ex. : fauag (bis.)
mang-auag « appeler »; bonÿa (tag.) « fruit», ma-monga « porter des
fruits »), soit par le redoublement de sa première syllabe, altérée ou
non ([x. : dité (tag,) «ici», pa ri rit « Venir ici », luha (tag.) « pleu-
rer», magcan lu-luha « pleurer involontairement »). Ces modifica-
tions, qui varient à la fois suivant la racine et suivant l’affixe em-
ployés, paraissent ne pouvoir être ramenées à des règles générales.
Toutes les racines ne peuvent être unies aux divers affixes;
l'usage seul peut renseigner à cet égard.
Les affixes, bien qu'ils aient, pour la plupart, une ressemblance
phonétique, seraient d’un immense secours pour l'intelligence des
dialectes du groupe tagaloc, si le sens qu'ils impriment à la racine
était invariable; mais il n’en est rien. La signification, dans chaque
afhixe, n’est constante que pour les divers temps d’une même racine;
la signification indiquée dans le tableau précédent est seulement
celle qui paraït être la plus fréquente pour chaque affixe, et d
faut être averti qu’elle peut beaucoup varier; ainsi :
Nagaca-matay (His.) signifie « s'entre-tuer », nagaca-tabang « s’en-
tr'aider»; mais nagaca-himungut signifie simplement «devenir
barbu », etc.; à côté de naha-samad (bis.) « se blesser par mégarde »,
naha-higda n’a d'autre sens que celui d’« être couché». Pa (tag.)
donne paaua «implorer le pardon », et pa-raya «se laisser trom-
per », etc.
CONJUGAISONS.
Comme tous les mots de ces dialectes, l'expression verbale ne
subit aucune modification relative aux nombres et aux personnes;
ces particularilés sont simplement indiquées par le pronom, qui
se place indifféremment avant ou après l'expression verbale.
Les divers temps sont indiqués par les trois moyens suivants,
réunis ou isolés :
À.— Adverbes, conjonctions, prépositions, particules, indiquant
l’accomplissement, une idée conditionnelle, le désir. Parmi ces
mots, souvent combinés, et dont l'emploi varie suivant la préci-
— 107 —
sion, la fréquence, etc. de l'action exprimée; les plus usités sont
les suivants :
TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Particules de conjonction, " FE se
souvent simplement eu-
phoniques -......... at, &y, nu. ca, na. ca, TA, UJ.
DEA HN na. na. na.
Bucore, déja 0... pa. pa. pa.
SRE ipays ire où cundi. cundi. cundi.
TOUS: 0 A EE con. con. cun, ug.
Puisset-il!...... MRC: nau«. unté. untä.
PER, TS SRE lapus. tapus. tapus.
Ces mots ou particules n’ont pas une valeur absolue; un de
ceux dont l'emploi est le plus fréquent et le moins variable, et que
l’on donne comme un signe d’une action passée, déjà accomplie,
est cependant loin d'avoir un sens précis. Ex.: Nagabuhat pa ac6 sa .
sinina : « Je travaille encore à cette chemise. » Nagsulat sia cahapon
sa iang amahan : «Il écrivit hier à son père.» Dans le premier
exemple, l’action exprimée est actuelle, malgré la présence de pa;
dans le second, elle est passée, malgré l'absence de cet adverbe.
B. — a. Répétition de la première lettre ou de la première syl-
labe de la racine.
b. Transformation ou suppression de lettres de l’affixe. Ex. :
PRÉSENT. PASSE. FUTUR. IMPÉRATIF.
RACINE, ÆE. Sn — —
Lacad (tag.), aller. naca-la-lacad. | naca-lacad. | maca-la-lacad| maca-lacad.
Buhat (bis.), tra-
vailler, faire... naga-buhat. nag-buhat. maga-buhat. mag-buhat.
Mais les règles, si elles existent, qui président à ces modifica-
tions échappent à toute classification; il est certain, du moins,
que, dans la plupart des cas, elles ne sont pas fixes, car on trouve
souvent dans le même auteur des exemples semblables aux suivants :
PRÉSENT. PASSÉ.
HACINE: ES =
Buhat (bis.), travailler, faire... naga-buhat. naga-buhat.
Buhat (bis.), travailler, faire. . nag-buhat. nag-buhat.
Cayo (bis.), demander... .... nang-«y0. nang-ay0.
Tolog (bis.), dormir. ....... na-toloy. na-tolog.
et de même pour les futurs et l'impératif.
— 108 —
c. Changement de a première lettre de l'affixe.
C'est de cette modification que résulte essentiellement l'idée de
temps. Les lois qui président à cette modification ne sont pas plus
absolues que les précédentes ; néanmoins, je crois pouvoir formuler
les règles suivantes, tout empiriques d’ailleurs et sujettes à excep-
tions, mais qui me paraissent vraies dans la très grande majorité
des cas :
1. Pour l'infinitif: la lettre initiale de tous les affixes devient p,
et presque toujours les affixes se changent en pag; cet infinitif
est très fréquemment employé comme substantif : Ang pag-buhat
maayo (bis.) «il est bon de travailler, » littér. : le travailler est bon.
2. Les affixes tels qu’ils ont élé donnés dans le tableau ci-dessus
sont les signes du présent et des passés.
Au futur et à l'impératif actifs, leur n initial se change en m;
ainsi les affixes na, naca, nagaca, etc. deviennent ma, maca, ma-
gaca.
ACTIF.
Conformément à ces règles, la conjugaison active du groupe
tagaloc peut être représentée par le type suivant :
TAGALOC. BICOL. | BISAYA.
INFINITIF.
Chercher. Pag-hanap. Semer. Pag-tanom. Travailler, Paq-buhat.
1 faire.
INDICATIF.
PRÉSENT.
Je cherche. Nag-hahanap | Je sème. Nag - tanom | Je fais. . Naga - buhai
CO. CO. co.
Tu cherches. Nag-hahanap | Tu sèmes. Nag - tanom | Tu fais. Naga - buhat
ca. ca. ca.
Hs cherchent. Nag-hahanap | Hs sèment. Nag - tanom | Ils font. Naga - buhat
stya. sinda. sila.
IMPARFAIT.
Je semais. Nag-tatanom
cé.
Je faisais. Naga - buhat
Je cherchais. Nag-hahanap
) cô.
co.
PASSÉ DEFINI.
Je cherchaï. Nag - hanap
co.
Je semaï. Nag - tanom
co.
Je fis. Nag - buhat
J
ca,
— 109 —
TAGALOC:. | BICOL. | BISAYA.
PASSÉE INDEFINI.
J'ai cherché. Naq - hanap | J'ai semé. Naq - tanom
G P q
J'ai fait. Nag-buhat na,
na CO. na, CO. co.
FUTUR.
Je cherche - Mag-hahanap Je sèemerai. Mag - tanom | Je ferai. Maga - buhat
ral. cô. cô. C0.
IMPÉRATIE.
Cherche. Mag - hanap | Sème. Mag - tanom | Fais. Mag-buhat ca.
ca. ca.
CONDITIONNEL.
Je cherche - Mag - hanap | Je sèmerais. Mag - tanom | Je ferais. Mag - buhat
rails. pa, CO, con. . pa, cé, con. pa, co, con
ou ug.
SUBJONCTIF. UE
Que je cher- Mag - hanap | Quejesème. Mag - tanom Que jefasse. Mag - buhat
che. cÔ, naua. cÔ, untd. co, untd.
La traduction littérale du conditionnel indique le mécanisme
de la formation des temps qui ne sont pas caractérisés par l'af-
fixe. Ex.
Mag-buhat pu cô, con.
Travaillerai encore je, si.
Tous les temps composés sont de même rendus au moyen de
particules qui sont indispensables dans ce cas, mais qui, le plus
souvent, interviennent aussi dans les temps simples pour préciser
le moment aussi bien que la nature de l’action.
PASSIF.
Les règles précédentes ne s'appliquent qu'à la conjugaison
active, dont l'usage est restreint; la conjugaison passive, est habi-
tuellement employée; elle présente une grande complication.
La conjugaison passive du groupe tagaloc comprend trois formes,
désignées sous le nom de passives de :
TAGALOG. BICOL. BISAYA.
In. P I.
JL. On. Um, un, on.
An. An. An.
— 10 —
Théoriquement toutes les racines sont aptes à former un verbe
et à être conjuguées indifféremment avec chacune des trois pas-
sives; mais, en réalité, plusieurs racines ne sont employées qu'avec
une seule ou avec deux des trois formes.
Afin d'éviter de trop longs détails et la confusion, je ne parlerai
que du passif dans le dialecte bisaya; les deux autres dialectes
suivent d’ailleurs des règles semblables, sinon identiques.
Les diverses racines du bisaya ne forment pas leurs passives
d'une façon exactement semblable; cependant il me paraît possible
‘établir pour ces formes des règles à peu près aussi générales que
pour l'actif.
1. Pour les trois formes, l’affixe de-l'infinitif est presque tou-
jours pagca; l'infinitif passif, formé par l’adjonction de ce préfixe,
est aussi employé comme substantif et renferme une idée d’abstrac-
tion : Ang pagca-dios « la divinité ».
2. Les préfixes qui, quica, quihi, qui, quipa, indiquent le pré-
sent et les passés pour les trois formes; en outre, la passive dite de
an prend, aux mêmes temps, le suffixe an.
Pour les futurs et pour l'impératif:
æ. Passive de :. Les préfixes se changent en à, iq, iga.
B. Passive de on. La racine prend le suffixe on, um, un; le
futur redouble, en outre, la première syllabe de la racine.
y. Passive de an. Cette passive prend le suffixe an et redouble,
en outre, la première syllabe de la racine pour le futur.
Exemple % de conjugaison passive dans les trois formes :
Racine : buhat, faire, travailler.
PASSIVE DE 1. PASSIVE DE UN. PASSIVE DE AN.
INFINITIF.
Pagca-buhat. | Pagca-buhat. | Pagca-buhat.
INDICATIF.
PRÉSENT.
Gui-buhat co. | Gui-buhat co. | Gui-buhat-an co.
@) Emprunté à Apuntes para una grammética bisaya-cebuana, por D. Tomas
Oleros, Manila, 1869; œuvre peu volumineuse, mais d’une grande valeur.
— All —
PASSIVE DE 1. | PASSIVE DE UN. | PASSIVE DE AN.
IMPARFAIT.
Gui-buhat co pa. | Gui-buhat co pa. | Gui-buhat-an co pa.
PASSE.
Gui-buhut-an co na ou ta
pus co na buhat-an.
Gui-buhat co na ou tapus
co na buhat-on.
Gui-buhat co na ou tapus
co na igbuhat.
FUTUR. ,
Tbuhat on 1q-buhat. | Bu-buhat-on co. | Bu-buhat-an co.
CONDITIONNEL.
1 buhat ou ig-buhat co pa | Bu-buhat-on co pa ou ug. Bu-buhat-an co na con ou
con ou ug. ug.
+ Guibuhat co na, ug ou {a- Gui-buhat co nu con ou Gui-buhat-an co na ug ou
pus co na 1gbuhat cun. ubus co na buhaton ugq. tapus co na buhatan con.
IMPÉRATIF.
Ibuhat mo. | Buhat-on mo. | Buhat-an mo.
On voit que les particules jouent ici un rôle aussi nécessaire que
dans la forme active, et qu'elles peuvent être employées indiffé-
remment dans un grand nombre de cas : J'aurais fait, s'exprime
aussi bien par:
Gui-buhat co na u,
Travaïllé de moi déjà si...
que par :
Tapas co na igbuhat cun.
Fin de moi déjà travaillé si.
Dans les trois dialectes du groupe tagaloc, les trois passives
sont également usitées de préférence à la forme active, el c’est de
cette multiplicité de formes que résulte la seule mais grande
difficulté que l'étude de ces dialectes oppose aux étrangers.
Dans la forme passive, l'agent est invariablement au génitif,
et l'objet ou la personne sur qui s’accomplit l'action est au nomi-
natif.
Exemples :
Passive de 1 (bisaya et bicol), in (tagaloc).
Bis... Ihatud mo aco num.
Soit porté de toi à moi cela.
Apporte-moi cela.
— 412 —
Brcorrt 44 Itäo mo ang mÿna 1yang qubing sa magna helang.
Soient donnés de toi ces vêtements à les malades.
Donne ces vêtements aux malades.
TagaLoc.... Papartitohin co sa bahay.
Sera venu de moi à maison.
J'irai à la maison.
Passive de un, on (bisaya), on (bicol), 1 (tagaloc).
BIS VAE Palitun mo ang humay.
Soit acheté de toi le riz.
Achète du r12.
Bicor... 2. Cananon mo iyan tinapay.
Soit mangé de toi ce pain.
Mange ce pain.
TaGaroc.... Îpinatolong mo tyang mangaqau«.
Sera aidé de moi cet ouvrier.
J’aiderai cet ouvrier.
Passive de an.
BisayA..... Guilodhan co icao.
Agenouïllé de moi toi.
Je m'agenouille devant toi.
DICO ee Si Juan an pinagpabacalan cong qubing.
Le Juan le être acheté du mien habit.
Jean a acheté mon habit.
TaGazoc.... Pinaardlan mo ang mÿa bata.
Etaient enseignés de toi les enfants.
Tu étais le maître de ces enfants.
Il y a encore une autre forme de passif; elle est impersonnelle
et n'est bien usitée qu'avec les passives de on et de an; on n’em-
ploie dans cette forme que l'impératif :
PASSIVE DE 1. PASSIVE DE ON. PASSIVE DE AN.
Buhat (bisaya), faire. . Buliatan. Buhata. Buhau.
Dans cette forme de passif, le sujet ou le régime sont sous-en-
tendus, suivant l'importance du rôle qu'ils ont dans l’action.
Exemple : « Donne-moi de l'argent : »
Hatagut aco ug salapt;
Soit donné à moi (de toi) de l'argent;
si le fait essentiel est recevoir l'argent;
Hataqut mo ug salapt;
Soit donné de toi (à moi) de l'argent;
si le fait essentiel est donner.
— 13 —
L’interrogation se fait au moyen des pronoms relatifs :
TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Sino, ano, alin. An, arin. Quinsa, haïn.
Anong.
Le bisaya possède, en outre, la particule interrogative ba, dont
l'usage est très fréquent : Onsa B4 ang quidala nia? « Qu'a-til em-
porté? »
Parfois na (bicol) «déja» est employé dans le même sens :
Anong panahon x4? «Quel temps fait-il?»
Ainsi qu'il a été dit, la faculté d'acquérir la signification verbale
est inhérente à toutes les racines du malais aussi bien qu'à celles
du groupe tagaloc; mais c'est seulement dans ce dernier qu'elle
atteint tout son développement. Par rapport aux quelques formes
malaises telles que ber-sama-sama (de sama « avec ») « agir avec cor-
rection », seka-dua-kan (de dua « deux ») « agir d’après un consen-
tement mutuel », les formes analogues du groupe tagaloc sont innom-
brables, et celles dont les racines répondent à nos adverbes et à nos
prépositions sont les plus usitées. En voici quelques exemples en
bisaya :
LENS
ArDAIEL De cute ae n ae ae Umari ca : Viens ici.
ATARICINe tt cle ee ee Gaule Arion mo canila : Approche-toi d'eux.
Pie Re RER See Quipadalian aco nia : H m'a surpris brusquement, il
m'a fait peur.
Daianitennsrna tuner Dalion mo can pag buhat : Fais vite ce travail.
Laïn, autrement ....... Ngano quilaïnan mo cana? Pourquoi as-tu mis cela de
côté?
Naog, en bas..... .... Pacanaogon mo nia : Dis-lui de descendre.
Onsa, comment; quoi? .. Onsaon mo? Que ferais-je?
Onsa, comment; quoi?... Guionsa ang imong pagbuhat ? Comment as-tu fait ce
. travail ?
ENTRE RTE Ulian mo añg imong ama: Retourne auprès de ton père.
Piheons Ext UT à Ayao pagdili canila : Je ne le leur défends pas.
DITS RON: ARS ANTUE Guidilian co na sia : Je le lui ai déjà refusé.
— la —
6. ADVERBE, PRÉPOSITION , CONJONCTION , INTERJECTION.
Plusieurs adverbes se rapprochent de nos locutions adverbiales,
la racine étant le plus souvent précédée d’une préposition ou d’une
particule, tels sont:
MALAIS. TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Dedans.. Lee dalam, di da-| sa loob. sa irarum. sa alum, sa
lam. ilalum.
Dehors......... di kluar. sa labas. duman. so qauas, qué.
En bas, dessous.. di bäwa. sa 1lalim. sa hilig. sa obus.
En haut, dessus.. di atas. sa ibabao. sa ibabao. taas, ha taas.
Un;peu :: siket, sa diket.| munti,caunti.| ca diquit. sa diot.
À la fin, complète-
Miernits I sa kali. tapus , tapus| tapus na. tapus, tlapus
na. na.
En arrière. ..... di blakan- sa licod. sa ribog. sibog,salibog.
ET AR si ni. dini, dit ,| digdi, digdi-| dinhi, sa din-
diyan. ho. hi.
M en ee sa na. doôn. duman. diha, anha.
Les prépositions le plus souvent usitées sont les suivantes :
INR NT NE e di, ka, pada,| sa, ca. sa, can. sa, can.
kapada., sa.
De ER EE di, dert. sa, Ca. sa, can. ni, S4, Can.
Pour tie veus ka, pada, ka-| sa, ca. sa, can. sa, Can aron.
pada.
CONJONCTIONS.
Etre stat nie. dan, dangan.| at, ay, ni. 6. ug.
Avec Li use sama. sa,nang,cay.| sa, can. uban, pal.
On. 6-07 ataw. .| cun, caya. 6. con.
ST LUEUR E kalu, djtka. | cun. cun. uq.
Les conjonctions du malais correspondent exactement aux con-
jonctions françaises et elles sont employées dans les mêmes cas;
il n'en est pas de même dans le groupe tagaloc, où elles ne sont
presque pas usitées dans le sens de et, l’énumération n'’exigeant
pas cette particule; les affixes suppléent aux mots pour, avec, ou,
si, d'un usage si fréquent dans notre langue; en revanche, sa entre
dans presque toutes les phrases sans avoir une signification bien
précise et sert plutôt de liaison.
— 415 —
INTERJECTION.
MALAIS. TAGALOC. BICOL. BISAYA.
Djangan. Houag. Hareé. Ayao.
ont un sens prohibitif; elles s’'emploient isolément ou au début de
la phrase toujours dans le sens de : Ne fais pas cela!
Le malais est riche en interjections; elles sont surtout tirées
de l'arabe, qui a exercé et exerce encore une grande influence sur
la littérature. Le groupe tagaloc possède beaucoup moins de ces
particules; la plus fréquemment employée est : Aroy, Harao,
expression d'étonnement et d'admiration.
PARTICULES DE LIAISON.
L'usage de ces particules, très fréquent en malais, l’est encore
davantage dans le groupe tagaloc. Les principales particules sont :
MALAIS. TAGALOC. BICOL. BISAYA.
. he æ Me He
Qui, lequel, que. yang. nan gq. na, Cang. nang , nÿa.
Sans signification,
simplement eu-
phonique... ... :...:.:....| ng. ng. ng.
AR red ttes nc ye sa, ka. sa, Ca. sa, can. sa, ca, can.
O0 SO ES at, at. a. ug.
Interrogative .... kah. A AU: ba.
A lui, le sien.... gna ou niya.
Certes, encore... pun. pa. pa. pa.
LH E Do RÉE RE PDE na. na. na, da.
On voit qu’à l'exception de nq toutes ces particules ont une valeur
q
ropre, et elies sont aussi emplovées dans ce sens. Ex. :
propre, y:
Marais... Kitab YANG dikarang uleh pengarang itu: Les livres qui ont été com-
posés par cet auteur.
Bisaya... Umingon ca cania NGA umabut sie: Dislui qu'il vienne.
Bicor..…... Sisay idtong aqui NA nagsasacat sa cahoy ? Quel est l'enfant qui grimpe
à cet arbre?
Mais le plus souvent ces particules ont une valeur est purement
euphonique et elles ne modifient pas plus le sens général du dis:
cours que notre t (dans a-t-il), dont elles remplissent exactement
le rôle.
— AIG —
Gna — niya, pun (mal.) ng sont toujours suflixes; les autres par-
ticules sont employées isolément; il n’est pas une phrase du groupe
tagaloc qui n’en contienne une ou plusieurs. :
MaLais... Timbang-kan semua-GNA barang-barang yang saya sudah bl.
Pèse toutes marchandises lesquelles je déjà acheté.
Bisaya ... Naauay man sila-NG duha. -
Ennemis vraiment eux deux.
Ces deux hommes sont ennemis.
Marais... Maka radjah PUN menagnakan.
Alors roi (certes) interrogea.
Le roi s'informa.
LE}
Bisaxa... Labot PA NGA masaquit sia guihapon.
En outre (encore) (qui) malade lui toujours.
NH est toujours malade.
Bicoz.... Dacol NA maÿna mayaman sa banuan NA iyan.
Beaucoup (lequel) riches à village (lequel) ce.
I y a beaucoup de riches dans ce village.
La faculté dont jouissent toutes les racines, dans le groupe ta-
galoc, d'acquérir un grand nombre de significations au moyen des
affixes et d'occuper dans le discours la place de notre verbe, donne
à ces dialectes une précision supérieure à celle du malais. Tous les
actes de la vie matérielle : postures, exercices, travaux, arts ma-
nuels, stipulations, rapports de personnes et de choses, sont par ce
moyen exprimés avec autant d'exactitude que de concision. Il est
loin d'en être de même pour les idées abstraites, et les mission-
naires ont besoin d’avoir recours à beaucoup de périphrases pour
traduire une partie seulement des idées qui chez nous sont fami-
lières aux enfants. Encore n'est-il pas certain que la traduction soit
toujours absolument satisfaisante. Ainsi : Sila nahagugma sa
maayong buhat (bis.), est donné comme signifiant : Ils aiment la
vertu; or, à moins d'être averti par une phrase ou une allusion
antérieures, il est impossible de traduire ces mots autrement que
par : ls aiment un beau travail, et mieux : Ils aiment que le travail
soit bien fait.
On trouvera ci-après l'oraison Ann rene en malais, en tagaloc,
en bicol et en bisaya, et la comparaison du premier texte avec les
trois suivants permettra de voir combien est faible en théorie et
considérable dans la pratique la différence qui sépare le malais du
groupe tagaloc.
On trouvera aussi deux pantum; ces quatrains rimés propres
— 17 —
à la langue malaise contiennent le plus souvent dans les deux
premiers vers une énigme ou une demande à laquelle répon-
dent les deux derniers. Je n'ai pu me procurer, pour le groupe
tagaloc, aucune pièce analogue aux pantum ou aux autres pro-
ductions si nombreuses du malais; la littérature du groupe taga-
loc est à peu près nulle; elle n’a jamais subi, comme le malais,
l'influence du génie arabe, et si elle a eu, avant la conquête espa-
gnole, quelque vitalité, ses productions sont aujourd’hui tombées
dans l'oubli; les auteurs modernes copient servilement les idées et les
procédés de la littérature espagnole ; leurs œuvres, peu nombreuses
d’ailleurs, n'ont aucune valeur littéraire. Cependant, d'après
le R. P. Torribio Minguella(), la poésie tagale comprend les
formes suivantes : Cundiman, chanson érotique dansée; Diona;,
poésie amoureuse, épithalame; Sambitan et Ombayhan, chant fu-
nèbre. Mais cet auteur n’en donne pas d'exemples. Les caractères
de l'écriture nationale sont depuis longtemps sans usage, et les in-
digènes en ignorent la valeur.
Voici les caractères des alphabets tagaloc et bisaya :
TAGALOC. BISAYA. TAGALOC. BISAYA.
Mie ec CA 1/ MR Le) \f
Be at e à y VE: V2 Sr qe LS nd [3\ (e\
Me 9 EniO, a 3 GA al BA y 9
BEL rE (où) © DÉC RCEEE (d+ FF
D. = La Vos et 2: nn
ÉD MES cn ai CARTE AN AU a (D) Con
; : OPA (@e) (Se) W D ©)
| TATE SL EUR Es 5 El | SOON LE (de) TO
Le VÉSR < mp
Les voyelles sont aussi indiquées par un point, placé soit au-
dessus de la consonne (pour é et i), soit au-dessous (pour u et 0).
® Ensay de gramatica hispano-tagala.
MISS, SCIENT. — XI, , 27
IMPRIMEIUIE NATIONALE»
— 18 —
MALAIS.
Bapa Rkami yang ada di sorga, namä
Père de nous qui être à ciel, nom de
nu djadilah kudus; karadjaan mu datanglah;
toi devienne sacré; royaumedetoi arrive;
kaendak mu
djadilak
volonté de toi soitaccomplie, demême dans
seperti didalam
sorqa, demkienlah di atas bumu. Rôti kami
ciel, ainsique sur terre. Pain à nous
saari-ari brilah kami pada ari in;
de tous les jours apporte à nous pour jour ce;
dan amponilah pada kamu segala sala kamui
et pardonne à nous tous péchés denous
sepert lagui kamt im mengampont pada
comme aussi nous cela pardonnons à
pada kami; dan
orang Yang bersala
individus qui ont péché contre nous; et
djanganlah membäva kami kapada pertjobataan,
ne fais pas porter nous vers tentation,
âgna lapaskanlah kämr deri tu
mais au contraire délivre nous de cela
yang djaat.
qui nuisible.
TAGALOC.
Ama namin sumasalangit ca; sambahin
Pére de nous être au ciel toi; adoré soit
ang ghalan mo; mapasa amin ang caharian
le nom de toi; vienne à nous le royaume
mo; sundin ang loob mo, dito sa lupa
de toi; soit faite la volonté de toi, ici à terre
cami
biggyan mo
para nang sa lañgit ;
comme à ciel; soyons donnés de toi Nous
ngayon nang amunç CaTuTt sS4 arao-
maintenant la notre nourriture pour chaque
arao: at patauarin mo Cami nang
jour; et soyons pardonnés de toi Nous les
aminq manga ulang, para nang pagpatauad
nôtres dettes, comme est pardonné
namin sa mañqag Ca cautangq
de nous à ceux qui ont contracté des dettes
sa anun; at houag mo Camuüng ipah-
envers nous; et non pas detoi Nous être
intulot sa tocso, at idya
portés à tentation, mais soyons délivrés
mo cami sa dilang masama.
de toi nous de tout mal.
MINICALE.
BICOL.
Ama niano na yaon ca sa laÿnit,
Père de nous qui setrouve toi à ciel,
ambahon an giaran mo, mapasa-muya
soit adoré le nom de toi, arrivé veuille
cahadean mo; cucuyogon an boot mo
royaume de toi; soit faite la volonté de toi
igdiho sa daga, nin siring sa lagnit an samonq
ici à terre, comme à ciel. Le notre
acanon sa aroaldao 1tao mo
anger de tous les jours soit donné de toi
amuya gnunian ; patauadon mo
nous maintenant; soyons pardonnés de toi
Kami can samong maÿna casalan nin siring
ous pour nos péchés comme
an pagpatauud niamo sa magna maraot an
à pardonner de nous à méchants la
boot sa muya. Gnaning day
olonté à nous. Semblablement ne fais pas
ami madaog nin sugot, alagad
ous aller à tentalion, au contraire
agauon mo Cami sa tibaad
yons délivrés de toi nous quant à action
nang maraol.
aquelle nuisible.
h19 —
BISAYA.
Amahan namu nga anaa ca sa lanÿu,
Père de nous qui se trouve toi à ciel,
ipapagdayeg mo ang nÿalan
soit ordonné être honoré de toi le nom
mo; umabut canamu ang pagcahari mo;
de toi; vienne à nous le règne de toi;
ipapagtuman mo ang buut
soit ordonné s’accomplir de toi la volonté
mo dinhi sa yuta, maiñgun sa lañgit. Ang
de ioi ici à terre, de même à ciel. Le
calanon namu sa matagadlao thatag
manger de nous pour tous les jours soit donné
‘mo caron nÿa adlaua,ug pasiloon
de toi présent lequel jour, et soyons délivrés
mo cami Sa uUlang canimo, munqun sa
de toi nous quant à dette à toi, comme à
panagpasaylo namu sa mÿa nanaq pacautangq
il est délivré de nous quant à dettes
canamu, ug dit mo usab cami
à nous, et non de toi semblablement nous
ipapagdaug sa panulay, hinonoo
soyons conduits à tentation, mais plutôt
panlabanan kami : sa mÿa cadautan.
soyons protégés nous quant à maux.
27 «
== 190
PANTUM 0).
AE LU» JE Kalaw tuan daulu,
zn$ Uo)s «sl Ur Tcharikan saya daun kanbodja:;
AU usLe US JE Kalaw tuan mat daulu,
du pi S «sl LAS Nantikan saya di pintu sorga.
Si tu me laisses en promenant,
Cueïlle pour moi la fleur des tombes;
S'il faut qu'avant moi tu succombes,
À la porte du ciel demeure en m'’attendant.
SES &y EC £pæ Burong puieh terbang ka djati,
LA GUI LS Sy ON) Lagi tuturgna di makan semut:
cl is &sLe & Bidji mata, djantong hat,
CAS CAS Yes du Sorga di mana kita menurut?
Sur l'arbre à teck un oiseau blanc s'envole,
En gazouillant il happe les fourmis;
Eumière de mes yeux, ô mon idole,
Te suivre aux cieux me sera-t-il permis?
IT
DIALECTES NÉGRITO | LUCON), BULED-UPIH (BORNÉO), SUOLOUAN (ÎLE SOULOU),
SAMAL, MANOBO, BAGOBO, TAGACAOLO, ATAS, BILÂN (MINDANAO).
On pourrait croire que les tribus sauvages refoulées dans les mon-
tagnes conservent au moins quelques vestiges d’une langue étran-
gère à la famille malayo-polynésienne. Il m'a été impossible de
constater ce fait pendant mon voyage. Dans la péninsule de Ma-
lacca, je pouvais à peine saisir quelques mots malais. dans le
langage des Manthräs, des Jakuns, des Knabuïs, des Udaïs. Le
temps m'a fait défaut pour recueillir un vocabulaire de leurs dia-
lectes; mais un missionnaire de la région, le R. P. Pouget, ma-
laïsant distingué, m’a affirmé que ces dialectes ne sont que du
malais plus ou moins altéré, mêlé de quelques mots siamois.
®) W, Marsden, À Grammar of the malayan language. London, 1812.
= MON
I. Négrito.
Les Négritos de la Sierra de Marivelès (province de Bataan)
ne parlent pas une langue spéciale, bien qu'ils soient incontes-
tablement les plus anciens parmi les habitants des Philippines. Le
vocabulaire n° 1 Ü), quelque écourté qu'il soit, lève toute incerti-
tude à cet égard. Ce vocabulaire a été recueilli et publié par M. le
docteur Meyer). Je n’ai eu qu’à en constater la parfaite exactitude.
Il ne m'a pas été possible de l’'augmenter, car je n'ai pas séjourné
longtemps au milieu des Népritos et l'effort que ceux-ci étaient
obligés de faire pour répondre à mes questions leur causait, au bout
de peu d’instants, une gêne et un malaise inexprimables. J’ai mis en
regard des mots négritos les racines ou mots correspondants en
malais et en tagaloc, et on peut voir qu'ils sont pour la plupart
identiques; quelques autres sont facilement reconnaissables, malgré
leur altération : bomilé — mal. bi « acheter »; alé « tante » — mal.
adeq «frère ». Une connaissance approfondie du malais et du ta-
galoc permettrait peut-être de réduire tous les mots de ce vocabu-
laire à des racines malaises. Ces faits n’établissent pas la non-exis-
tence d’une langue propre à la race négrito; l'hypothèse contraire
est beaucoup plus vraisemblable. Il serait nécessaire, pour résoudre
cette question, d'être familiarisé avec les dialectes négritos des
Philippines aussi bien qu'avec ceux des Sakkayes de Pérak et des
Mincopies. Peut-être aussi retrouvera-t-on les éléments dispersés
de la langue primitive des populations noires de l'archipel dans
divers dialectes qui, selon M. Miklucho-Makay, retiennent quelques
vestiges d’un vieil idiome qui s’efface chaque jour. M. de la Croix
a publié un vocabulaire sakkaye () dont trois mots seulement me
paraissent plus ou moins semblables à ceux du dialecte des Négri-
tos de Marivelès; M. E.-H Man () a donné quelques phrases du
dialecte des îles Andaman; ce dialecte paraît n’avoir aucune rela-
tion avec celui des Négritos de la province de Bataan.
9) Voir à la fin du chapitre.
® Uber die Negritos oder Aëtas der Philippinen. Dresden, 1878.
(3) Etude sur les Sakkaies de Pérak, dans la Revue d'ethnographie, Paris, 1882.
« Poule, oiseau » : sakk., manok, négr., manok; «homme » : sakk., toh., négr. , tao,
«femme» : sakk., baba, négr., babay.
(The Journal of the anthropological Institute (août et novembre 1882). Lon-
don.
— 122 —
J'ai recueilli parmi les Négritos de la Sierra de Marivelès les
phrases et la strophe suivantes, qui établissent que leur dialecte
se rapproche autant du tagaloc par la grammaire que par les
‘ racines :
1. Lumacal acô bucas.
2. Ibug mo lumacal?
3. Ibug c6 lumacal.
4. Alika muna.
. Tbug co man-hasso.
. Main cô malake bai.
5
6
7. Ac na-lu-lunus.
8. Ac6 na-la-lata.
9. Kuhum maca-quita cô panilan,
o. Biquian ta ca sabu.
11. Bayum bayum luma.
Jeune jeune vieux.
12. Ait :
Maca-alis ako, ina:
Pars je, amie;
magpaca-bait ca, ina;
sois bien toi, amie.
Ta ma papaca sayon aco, ina,
Tandis que être éloigné je, amie,
into ca man Sa biling ianmo,
là toi se trouver à demeure detoi,
hauag banuan dalipatan co.
non pas village, pays, être oublié de moi.
J'irai demain.
Veux-tu aller?
Je veux alier.
Viens ici.
Je vais chasser.
J'ai un grand arc.
J'ai faim.
J'ai soif.
Si je trouve un nid (d’abeilles),
Je te donnerai le miel.
Quoique jeune, tu es aussi lent qu'un
vieiard.
Chanson :
Je pars, amie;
sois bien sage, prudente, amie.
Tandis que je serai éloigné, amie,
et que tu demeureras dans ton habita-
tion,
re ;
je n’oublierai pas ton village.
Quelque brèves qu'elles soient, ces phrases montrent tous les
traits caractéristiques du tagaloc, savoir :
Les pronoms dans tous les exemples;
Le redoublement de la première syllabe de la racine pour la
formation de l’expression verbale : na-zu-lunus (7); na-L14-lata (8);
Le rôle des affixes dans le même cas : maca-alis, magpaca-bait (12).
L'usage prédominant du passif : Biqui-an mo ta ca (10) «sera
donné de moi, toi»; dalipat-an co (12) «être oublié de moi »; formes
qui reproduisent la passive de an.
IT. Buled-Upih.
J'ai recueilli ce vocabulaire n° 2 chez les Buled-Upih de la rivière
Sagaliud (baie de Sandakan ; N. E. de Bornéo). J'ai mis en regard de
— 1h93 —
chaque mot les racines ou mots correspondants malais, bisayas
et, autant que je l'ai pu, soulouans.
La communauté des racines, soit avec le bisaya, soit avec le ma-
lais, est ici moins complète. Évidemment lugui, « perdre »; — mal.
rugui; et hendong, «nez» — mal. idong; mais il est d’autres mots
absolument différents, soit du malais, soit du soulouan et du bisaya.
Il se peut cependant que cette différence ne soit qu'apparente. Par
exemple, supa «eau » ne rappelle en rien ayer (mal.) ni tubig (tag.
et soul.). Mais c’est le suba « rivière » de ces deux derniers dialectes.
De même, sawer « mari » doit être rapproché non de bana, mais
de asaua (bis.) «épouse», djuga «suivre» — mal. djuga et non
turut; lipandey «ignorant» — dili (bis.) «non» et panday (bis.)
«ouvrier habile, savant ».
Le buled-upih se rapproche du malais par le défaut d'articles,
et du bisaya par la valeur des préfixes : ma-hohé « soir » (bis. ca-ha-
pon) ; ma-apoy « faire bouillir », de apoy ; ma-quling « rôtir », de guling;
et aussi par la numération. Ce dialecte pourrait donc être considéré
comme constituant une transition entre le malais proprement
dit et le groupe tagaloc.
Les Buled-Upih, réduits à quelques tribus sans importance, ne
savent en général ni lire ni écrire, et n'ont aucune idée de carac-
tères spéciaux à leur dialecte. Quelques-uns d’entre eux, en rap-
port avec les trafiquants de la côte, parlent le maiais, et quand ils
savent tracer quelques mots, se servent, comme les Malais, de
caractères arabes.
IL. Soulouan.
Le soulouan n’est qu'une variété du bisaya; les sons et la plus
grande partie des racines sont les mêmes; il comprend cependant
plus de mots malais proprement dits.
Le R. P. Frederico Vila a bien voulu me communiquer une
grammaire et un vocabulaire manuscrits rédigés par le R. P. Batilô
pendant son séjour à Soulou. C'est à cette source que j'emprunte
les détails suivants :
Le soulouan ne possède pas d'article spécial pour les noms propres.
In — ang (bis.) sert à la fois pour les noms propres et les
substantifs : Nom. in. Génit. sina ou ni. Dat, acc. ablat. in ou
SL.
— 1924 —
Le pluriel est indiqué par la particule mÿa : In kuda «le che-
val»; in mÿa kuda «les chevaux ».
Le substantif et l'adjectif, indéclinables, se forment comme en
bisaya : ca-lapus-an «fin», de tapus; ca-usba-han «héritage», de
usba «héritier»; pa-mumucut «pêcheur», de mumucut; ma-tigas,
de tigas «fort, solide»; ma-hagqud, de haggud «froid, frais»;
ma-manis, de manis « beau ».
Le comparatif et le superlatif se forment soit par la répéütion
du positif, soit avec labi « plus », soit avec les particules dent, sin.
Ex: €
Marayao, bon; marayao-marayao ou maraÿo deni, meilleur ; ma-
rayao sin, exceHent.
Ing carut ini asibi, sagua in yatto in labin asibi, in caimo labi pa
asibi tund : Ce sac est pelit, mais cetui-là est plus petit et le tien
est le plus petit de tous.
La formation de l'expression verbale est celle du bisaya.
Étre et avoir, rendus par les particules man, hay, aun, sont
très souvent sous-entendus; hay se contracte aussi en y suffixe.
Acô-y ma-saquit «je suis malade ». ]cao misquin na «tu es pauvre ».
Maraun karabao aco «j'ai beaucoup de buffles ». La formation des
verbes : mag-sumpan « servir »; mah-sasat «conseïller, pousser à»,
et les conjugaisons, paraissent conformes à celles du bisaya.
Les pronoms et les adjectifs numéraux ne diffèrent du bisaya
que par des particularités insignifiantes suffisamment indiquées
par le vocabulaire n° 3.
Les pandita et les dato de Soulou savent tous écrire couram-
ment. Ils se servent, comme les Malais, de caractères arabes, mais
légèrement modifiés.
Les voyelles sont indiquées ainsi :
A =" Bals hatas (trait supérieur), ex. : na = O°
E eti— Balis habata (trait inférieur), ex. : ne ou n = ()
. . re J
U et o—” Bas dapan (trait antérieur), nu ou n0 — O°
Un quatrième signe * ou 7” indique que la consonne ne
— 125 —
s'appuie pas sur une voyelle : &2 — dun ou don, tandis que o2
— dunu.
Les Malais ne se servent presque jamais des signes de voyelles :
les Soulouans, au contraire, ne les omettent jamais, et même
ceux qui connaissent le malais sont incapables de lire les écrits
où ces signes manquent. C'est du moins ce que m'a assuré le dé-,
funt sultan de Soulou , qui était le plus fameux lettré de son empire.
Le dialecte soulouan est parlé par tous les Malais ou Moros de
Mindanao, de Palawan, de Balabac, de Basilan, des archipels de
Soulou et de Tawi-Tawi, et du nord de Bornéo.
IV. Samal, manobo, bagobo, atas, tagacaolo, bilän.
Ces dialectes sont parlés dans les régions suivantes :
Samal : dans l’île Samal, au nord du golfe de Davao;
Manobo : dans tout le bassin du Rio Agusan (est de Minda-
nao) et sur quelques points de la province de Davao;
Bagobo : sur les versants N.E., sud et S.O. du volcan Apo
(province de Davao);
Atas : sur le versant N. O. du même volcan;
Bilan : dans les montagnes qui séparent le golfe de Davao du
bassin du Rio Grande de Mindanao:
Tagacaolo : sur le même point et dans la cordillère qui s'étend
entre le golfe de Davao et l'océan Pacifique, dans la péninsule
S.E. de Mindanao.
J'ai recueilli sur place les six vocabulaires et les quelques
phrases donnés ci-après (vocabulaire n° 3); j'aurais voulu qu'ils
fussent plus complets, mais il m'a été impossible d'obtenir davan-
tage des indigènes de Mindanao, qui vivent à l’état sauvage et n’ont
aucune notion de l'écriture.
Tous ces dialectes doivent être classés dans le groupe tagaloc.
La phonétique est celle du tagaloc et du bisaya, sauf les par-
ticularités suivants :
Les sons é, à sont plus fréquents, surtout en bilän : éèl «eau »;
yéé «amère»; balnem «donner», etc. En cela, ce dialecte se rap-
proche du bicol, où le son é est relativement fréquent : ogalé
« qualité, nature »; hematé « écouter »; canalé « marmite», etc.
Le f, qui n'existe en malais que pour les mots d'importation arabe
— 1926 —
et qui est inconnu dans tous les autres dialectes examinés plus
haut, se rencontre dans le tagacaolo et le bilân : fo, nagfuo
« sept» (bis. pito); folo, faolan « dix » (bis. polo); tifay « coquillage »
(bis. tipay); tagacaolo : fali «blesser», fandas « être malade», et
bilân : sfalaa «dire», fuleh « poser ». Il est remarquable que ce
son f, spécial aux tribus les plus sauvages et les moins accessibles
de Mindanao, se retrouve dans le malgache; le f existe aussi en
ibanag, dialecte parlé par quelques sauvages de la province de
Cagayan, dans le nord de Luçon.
Le samal adoucit les sons du bisaya; le bagobo, au contraire,
est plus rude et remarquable par la fréquence de r, particularité
qui distingue aussi le bicol. Ex. :
BISAYA. SAMAL. BAGOBO.
En arrière ..... olaghi. maulr. tapurt.
Beaucoup et CRE madiao. madiqur.
Combien?....... PAL MO TARN RE CRSALERS pira?
Nana ao. dili. PAM D A diri.
Mer Het puloïn tone Ma ctete poro.
Tone sed: hilabihan. calabian.
Maintenant... .... caron. adun.
Butler karabao. kabao.
Labourer....... daroh. dadoh.
ROIS eee eee à totlé. to0. ribu.
Me NPA lib6.
Le bilän change a du bisaya en o.
Suba (bisaya) — subo (bilan).
Hangap (bisaya) — amkop (bïilän).
Lima (bisaya) — limo (bilän).
Quant à l'étymologie, il faut se rappeler la réserve déjà faite à
propos du buled-upih. Par exemple, blem (bilän) « vendre» n’est
pas réductible au malais djual; cette racine doit être rapportée au
malais bli «acheter», interversion de signification fréquente dans
les dialectes de l'archipel.
L'article du nom propre et celui du nom commun avec la par-
ticule du pluriel existent dans tous ces dialectes, à l'exception du
bilân, où la particule ni paraît remplacer à la fois les deux articles
et les pronoms relatifs el démonstratifs bisayas.
Les pronoms personnels sont, à peu de chose près, ceux du
groupe tagaloc. Si kandan (manobo et bagobo) « nous » doivent être
— 197 —
rapprochés du pluriel de la troisième personne du bicol : ninda,
caninda; et kamuyan (tagacaolo), quoya (bilàän) — samoya (bicol).
Ils se déclinent de la même facon, même en bilän, ainsi qu’on peut
le voir dans l'exemple : Bongnaua yéé TAG : « Mère est aimée DE Mot. »
Les adjectifs numéraux sont les mêmes qu'en bisaya, avec
quelques différences assez sensibles cependant pour le tagacaolo
et surtout pour le bilän.
Le rôle du préfixe ma estle même dans tous ces dialectes pour la
formation des adjectifs : ma-ïtum «noir», ma-puti «blanc», sauf
pour le bilàn.
Le bilän paraît du reste faire un emploi beaucoup moins gé-
néral des affixes. Le vocabulaire ci-après contient les mots tels
que je les ai entendu prononcer; il est probable que les indigènes
interrogés me donnaient les mots racines avec ou sans affixe, au
hasard, car la plupart du temps ils joignaient au verbe demandé
un pronom ou un adverbe. Tel qu’il est cependant, ce vocabulaire
montre que le bilän est pauvre en affixes, tandis que ces particules
remplissent dans les autres dialectes le même rôle qu'en bisaya,
soit pour la formation du substantif, soit pour celle du verbe :
Daroh (bis.) «labourer» — mag-da-dudoh. (manobo). Gahom
«pouvoir», maca-qahom (bis.) «puissant» — dacul, magcadacul
(bagobo); gaus, maca-qaus (tagacaolo).
Mag-inom, de inom (bis.) « boire ensemble, en compagnie » —
mag-inom (samal), mag-inung-i (manobo), miga-inum (bagobo).
Pag-tolog, de tolog (bis.) « dormir » — ma-tuug (samal), ma-toloq
(tagacaolo); pag-tabacco (bis) — mag-siquparn (bagobo) « fu-
mer », etc.
L'analyse des phrases reproduites à la suite des vocabulaires
démontre la valeur et la fréquence des affixes et des particules
dans ces dialectes, à l'exception du bilan. Ex. :
MaAxoo N° 4... MaAcA xunGux sicandin : Il est marié.
B4G0BO N° 7... Yan PAG-BUNAL TA ca bata MAN.
Le battre (partic. de liaison) à enfant (partic. euphon.).
4 Ï est mal de battre les enfants.
TacacaoLo N°8. PAG-B1£1 cao nadto SA humuy.
Acheter toi ce à riz.
Achète ce riz.
he
Dans tous les dialectes sans exception, la forme passive est em-
ployée comme en bisaya :
Gui-pali-an
(passive de an).
Bilino
{passive de on).
ManoBO N° 11.
BAGoBo N° 8.
Umatum
(passive de on).
TAGACAOLO N° 9.
Brr Ân N° 12... Bongnaua
to cuadriyero : À été blessé le cuadrillero.
yan omé : Soit acheté ce riz.
ambuctun : Soit étendu le bras.
yé tago: Aimée mère de moi.
Les phrases suivantes, obtenues d’un Bagobo un peu moins sau-
vage que les autres, sont un bon exemple de laffinité du bagobo
et du bisaya :
BAGOBO.
H y a un mois, Nabulanan don ;
Un mois accompli déjà,
je vis Pierre. migquita si Pedro,
Je lui dis :
Si tu me fais l'avance
de six brasses de cotonnade,
j'irai dans la montagne de l'ile,
j'y couperai des palmiers, j'y chereherai
de la résine.
Tu me donneras en outre
deux mesures de riz,
et je te rembourserai tes avances.
Je suis allé dans l'ile,
j'ai recueilli beaucoup de résine,
j'ai remboursé Pierre,
et maintenant nous pouvons passer
longtemps sans travailler.
a été vu, rencontré, le Pierre,
ug Cagin Cas con« :
et parler à lui:
Moké canac angcat
Donne à moi prêt
annom dupa na crudo,
six brasses qui cotonnade,
daton ia patongan sa poro,
là-bas à montagne de île,
pélec basac, canhé sulô;
couper palmier, chercher résine;
cono sumoké pasiq,
aussi être donné également,
doa bakid ommé cosacon, ï
deux mesures riz à moi,
moli ca bayadan angcatan.
rendre pour payer la chose prêtée. |
Daton sa poro
Là-bas à ile
pagcanhé madita sul6,
avoir recueïll beaucoup résine,
mekimpas Pedro,
payé Pierre, ë
gamma cabatog
maintenant pouvoir
modo madogé daa paglomo.
long temps sans travailler.
2 R991 2
VOCABULAIRE N° 1.
NÉGRITO
MALAIS. TAGALOC. de
LA PROVINCE DE BATAAN.
THERE NREnEE kita. maquica, manÇusap | maqusap.
interroger. . Ste EE. tagna. tumanonq. tanunquin.
ADD pangqil. tumauaq. tauagin.
entendre . à dengar. dingig. magineo.
CHIEr ----.. | triak. mauwvt. hiawan.
FEPANTED.- tingoq. tuminquin. üingnan.
FENNOYE. - - - - - : balas. paalisin. isalian.
marcher....... djalan. lumacad. lomagat.
COUTIP.: Late lari. tumacbo. tumacbo.
sauter... .......| megnuçong. lumocs6. lemocs6.
danser 2 mendri. sumayao. magscao.
HIRS SAONE tertawa. tumawa. tomatawa.
pleurer: .....- menangis. tumanÿis. omiac.
| acheter........ membli. bumili. bomule.
se marier.......| hawin. pagasaua. sagad.
MOUTIE » + + 2e ee matt. mamatay . patay.
HER eee bunoh. pamatay. patain.
MAUPErI- Se. makan. cumain. caïn.
pires fran minom. ninum. minum.
dormiL:-t 2. tidor. matulog. matuloq.
(TTL S MONET ya. 06. 06.
non...........| djangm, tida. hindi. ayaw.
POP OPERA ES akou. ac. ac.
ES AU LE augkaw. iCaO , Ca. Cao.
le RON ELLE LE ia, dia, siya. sta.
TOUS: 0.200) kami, kita. kami , tayo.
NO HS CN kamu. cay.
ASS MARS dia, siya. sila.
ANAL les à ne se ITA AS. ang.
RAR ÉENe nee aie IN angmqa ang mÿa.
Ds 4m pur, salu. isa. 154.
ns J dua. delawa. delawa.
A en a nn tiqa. tatlé. tatlô.
CAPE ERP PTE ampat. apat. apat.
LP PEER UE A ERE lima. lima. lima.
15 ÉTÉ DA.
PONTHEL EEE
VENTE: 2e sue
Leg
VOCABULAIRE N°1. (Surr.)
MALAIS.
tudju.
delapan.
sembilan.
sa pulu.
sa ratus.
becoq.
sine |
lakas.
lambat.
laki, orang.
perampuan.
bapa.
mama, Lou.
anaq.
budagq.
neneq.
pa ua.
pa tua.
sudara.
sudara.
mala.
idong.
mulut.
telinga.
hulu , kapala.
rambot.
_tangan.
langan.
sunggey.
ayer.
ulan.
TAGALOC.
anim.
pitô.
ualé.
slam.
sangpub.
sangdaan.
bucas, umaga.
dini.
madali.
dahay dahay.
lalakxr.
babay.
amd.
ind.
anag.
bata.
nuüno.
al.
amaïin.
capatid.
capatid nGababay.
mata.
ilong.
bibig.
taiñga.
ulo.
buhoc.
camay.
camay.
dal.
hita.
sus0.
tan.
ilog.
tubuq.
ulan.
NÉGRITO
de
LA PROVINCE DE BATAAN.
anem.
pitô.
ual6.
s1am.
sampo.
sandaan.
bucas, umaqeL.
mayondin.
madali.
maginleca.
lakalke.
babay.
amd, totanq.
inang.
anaq.
anaq.
apo.
alé.
mama.
capatid.
capatid na babay.
mata.
ilong.
bebec.
taenqa.
ulo.
bohoc.
camay.
camay.
daliri.
pad.
debdeb.
tian.
ilog.
tubig.
ulan.
DIEM EE
colline 17: « «
_........
_..........
ss...
ss...
..........
ss...
ss...
.......
grenouille. . . ....
faucon. .....
— 31 —
VOCABULAIRE N° 1. (Surre.)
TAGALOG.
bato.
bukid.
apoy.
maginao.
maput.
maitim.
hilao, mura.
baghao.
madilao.
mapula.
Usa.
alimango.
tugac.
himbubulr.
_—
NEGRITO
de
LA PROVINCE DE BATAAN:
bato.
parang.
apoy.
maginao.
maputi.
maitim.
mur «a.
baghao.
madilao.
mapula.
usa.
alimasaq.
palaga.
ibu.
cambubule.
SAIS LE EE burong. ibun. ibun.
NN E *.- Nbabr: babuy. baboy.
De CRE kan. isda. isda.
nr kupu kupu. paroparo. campubulac.
a re RS thus. daga. daqa.
SERPENT. are ular. ahas. ahas.
SCATADEE . + lee à » à oc db 006 0 001 UOTE üwang.
tourterelle . ..... tekukur. calapati. bato bato.
volaïlle....... . | ayam. manoc. manoc.
maison.........| rumah. bahay. bahay.
ME NON tuan. panginoon. panqinoon.
esclave... ..... amba, abdi. alipin. alila.
CHE -.| pand. busogq. busoc.
DATE ne anaq pand. pana. pana.
1 APCE 1 pisaw. pisaw, campit. campit.
HSE EX pohon, kayu. pono: cahoy.
MÉRRS De daun. dahon. dahon.
AMENER Lee bunga. bulac. blaclac.
Hé Comet 0 buah. bunga. bunga.
AR LC bras. biqus. bigas.
demain....
combien ?..
pas encore.
parce que. .
ÉLe-ce
AVOIT
faire . ...
former...
vouloir....
pouvoir ...
IÉHTPS 0 Ole
donner....
prendre.
prétenrebr
perdre...
marcher . .
courir...
TeSLErS ce
suivre. . . .
attendre...
EnITEr ere
sortir...
garder, rete-
éloigner. ..
veiller ....
descendre...
Tamer . ...
— 132 —
VOCABULAIRE N° 2.:
MALAIS.
ari int.
kalmarin.
becogq.
brapa.
beiom.
sebab.
ada.
ada.
bekin, buat.
merupakan.
mao!
buleh.
memutus.
kaci.
ambil.
kaci pindjam.
meru qui.
berdjalan.
pequi.
datang.
lari.
tingqal.
turut.
menanti.
macoq.
kluar.
simpan.
malay.
mendjaga.
turon.
mendayongkan.
SOULOUAN.
hati.
sarang.
adlau mi.
cahapun.
quinsum.
nan.
aun.
buhat.
magqinang.
mabaya.
magcadhart.
maubus.
dihil.
cauaan.
guipabuut.
malau«.
magid.
panao.
dumatung.
dumagan.
nacabin,
tumagad.
masulut.
djumaga.
nauq.
lumupad.
BISAYA.
niadt6.
higho.
caron adlao.
cahapon.
ugma.
mao, Man.
duna, may.
pagbuhat.
pagbunt.
gahom.
ubus, human.
hatag.
cugha.
bailo.
uala.
lacao.
adto.
abut.
pagdalagén.
pabilin.
sumunod.
tagad.
pagsulut.
pagqua.
simpan.
malayo.
mao ingat.
nauq.
paglupat.
BULED-UPIH.
sembt.
gunap.
hohé.
ada swabt.
swog.
komero.
dapan.
sebab.
akay.
akay.
buat, mohong-
kot.
man yasa.
malo.
buleh.
nopod.
magcay.
lapo.
pintamacon.
lugui.
mogad.
tomidor.
madjan:
melaui, maïlo.
matinibas.
djuga.
niambe.
rokopan.
komaro koro.
masun.
hantiba.
omao , gayon-
g C7
go.
Ut
VOCABULAIRE N°2. (Surte.)
MALAIS.
passer une|
rivière . ..| megnabranq.
nager.....| bernang.
plonger . . .| tenggelam.
voler :.... terbang.
grimper …. . pandyat.
tomber... .| djato.
se remuer .| begra.
pousser . ..| menurung.
s'asseoir .. .| dudog.
se lever ...| banqun.
se coucher.| telantang.
boire .....| minom.
manger ...| makan.
dormir....|l tidor.
mordre. ...| giqit.
dire......| kata.
parler... ..| bitjara.
appeler... .| pangil.
crier......| triak.
- écouter... .| tinggoq.
"entendre...| dengar.
pleurer... men «an qUs.
craindre. .| talut.
désirer. ...| suka.
mépriser . . menghinakan.
comprendre] mengart L.
ignorer . ..| bebal.
PACE : salu,
DNS ne dua.
AN nee ee liga.
LE PRE PENSE ampat.
RSR RC lima.
M189. SCIENT, — XI,
SOULOUAN.
lumanguy.
lumupad 7
mahulug.
magcagibal.
lincut.
pagtindogq.
paghida.
minum.
macaun.
matuuç
manquicu le
maman -
bijara.
maqlaudq.
mabucaq.
pagdunque.
maycaingat.
matangis.
mabuga.
bauqan.
magcaïingat.
magdupang.
isa, hambuc.
dua.
tu.
upal.
lima.
BISAYA,
paghangap.
pagholog.
uyoga.
paglingcud.
pagtindog.
pagh igda.
paginom.
paqcaon.
pagtolog.
panqut.
pagpamulun g-
pagsultr.
pagtaoaq.
sigao.
taling hoc.
pagdunqugq.
tumanqgis.
matacot.
mag nas«.
lumémac.
pagsabut.
totlé.
upal.
lima.
BULE-DUPIH.
montus kadi-
paw.
malong.
moy0g.
tamalud.
komow.
magañginhkom.
goyango.
surun.
moqom.
mudé.
komilia.
malisop.
mamalan ,
anun.
camahap.
manhabut.
mano.
unt.
tumacad, ma-
na go,
-manaï, loco.
moboonq.
magron(o.
tâta.
lama.
apao.
marilo.
mulré.
l ipandé.
idloo.
dulio.
talo.
apat.
limo.
28
IMONIMEIIT NATIONALE.
— 34 —
VOCABULAIRE N° 2. (Surre.)
MALAIS.
delapan.
sembilan.
sa blas.
dua blas.
dua pulu.
dua pulu satu.
tiqa pulu.
sa TaAtus.
sa ribu.
angkav.
hita, kami.
kamu.
puteh.
idjaw.
biru.
kuning.
merah.
suka.
ijium.
goûter ....| racd.
travailler . .| kerdju, buat.
battre... ..| pukul.
pukul.
hat.
frapper. . . .
attacher...
SOULOUAN-
unum.
pito.
ualé.
siam.
hampd.
hampé tag isa.
hampé tag dua.
cahuhaan.
cahuhaan caq
isa.
catloan.
hangatus.
hangibu.
in.
in mÿa.
aco.
Cao.
sia.
kita, kami.
kamu.
sila.
maput.
maitum.
sayulan.
bilu.
bianing.
mapulah.
mag qinang.
mag pagu UD
mag pagut.
lucutan.
BISAYA.
unum.
pité.
ualô.
Siam.
na polé.
na polo ug usa.
na polo ug dua.
caluhaan.
caluhaan ug
usa.
catloan.
usa Ca galus.
usa ca Lbo.
ang.
anq mya.
aco.
iCUo.
Sia.
kita, kan.
kamu.
sila.
mapulr.
maitum.
caluhuhao.
madalaq.
mapulak.
paghiqu ma.
humalic.
pagbuhat.
hampac.
bonal.
paghigot.
BULED-UPIH.
onom.
taro.
ualé.
shuo.
napulu.
napulu idoo.
na pulu duho.
duho na pulu.
duho na pulu
idoo.
talo na pulu.
na «lus.
co.
1kanc.
ano.
kita, kamu.
lkamu.
loswangan.
putr.
sarob.
gadong.
bilo.
sibow.
muiang.
suka.
Jutu.
mangrac«.
manogo.
mununto.
meriço.
hawdimoronq.
couper . - . .
porter ie
laisser . . ..
presser...
broyer : . .
brüler . ...
chauffer. ..
éteindre ...
bouillir . ..
LOUE ne
bon 2-2.
mauvais .. .
propre...
vaillant. . ..
silencieux.
inquiet... .
endormi...
fatigué .…. .
humide ...
chaud...
AE !
solide.
raides. :.
mou, flexi-
bles...
faible. ....
fin, ténu..
diable... ...
science , art.
poitrine. .
MALAIS.
petya.
antar.
tingalhan.
apit.
tumbuq.
anqus, tunu.
panaskan.
padam.
rebus.
gorinq.
baïq.
burug.
sut.
bränt.
diam.
souçà hat.
bertidor.
lelah.
basa.
panas.
bras.
lkuat,
tegar.
tambeq.
lema.
alus.
antu.
imu.
hukum.
hulu, hapala.
mulia.
rambot.
idong.
mata.
dada.
— 135 —
SOULOUAN.
putul.
magbalung.
gibun.
ss...
magsunuc.
papasua.
palitaan.
manubun«.
bansing.
mar ay ao.
man Qui.
matchutchi.
MAISUC.
ss... ee
7
matuuc.
liaul.
alu.
mapasuq.
matiqas.
matiqas.
matiqas
malunuq.
macayüq.
Mantpis.
saitan.
hul:um.
ut.
dagbus.
buhuc.
ilung.
mala.
daga.
VOCABULAIRE N° 2. (Surre.)
BISAYA.
putul.
paghatud.
pagbia.
ss...
cot cot.
sonog.
init.
pagtaun
apoy.
bocal.
pagtapa.
maay0.
dautan.
ee ee te
maisuc.
lahinuc.
...........
mabasa.
mapaso.
matiqas.
mali qas.
magaht.
mahomoq.
mahina.
MANIP.
ol6.
nauong.
buhuc.
ilong.
mala.
dughan.
BULED-UPIH.
mamintos.
manondung.
kakatog.
karunsoy.
manshor.
mampé.
sunginamot.
pada.
ma apoy.
ma quling.
horon.
rar ay.
tchutchey.
pusu.
mangopoc.
mentagal.
alud mango.
wab.
murung.
panas.
alang.
pagon.
alanut.
lum.
lama.
atis.
antu.
ilmu.
hukum.
hulu.
parus.
abok.
hendonq.
malo.
kuap.
28,
venire ....
os nS
épaule. ...
bras tete
main.....
cuisse . .
genou... . ..
jambe . ...
maladie...
maladie de
la peau ..
sourd.....
aveugle ...
homme ...
femme .. ..
jeune fille .
jeune gar -
tourbillon...
— 136 —
VOCABULAIRE N° 2. (Surre.)
MALAIS.
tian.
blukan.
bahu.
langan.
tangan.
djari.
kuku.
pahu.
lulut.
betrs.
kaki.
sakit.
laki, orang.
perampuan.
dara.
budag.
bapa.
mama, tbu.
anagq.
adep.
lakr.
mala art.
bulan.
bintan.
siang , ant.
malant.
paguu.
pelang-.
sorga, langit,
angin.
pusaran.
SOULOUAN.
tan.
taicud.
cuccu.
paa.
tahud.
bitis.
siqui.
saquit.
an«aq .
taymanhud.
bana.
adluo.
bulan.
bituun, bintan.
adlao.
malam, duum.
maginand.
iapun , maqa-
pun.
langit.
hangin.
hangin.
BISAYA.
tiyan.
licud.
balicat.
boclon.
camot.
todlé.
cuCO.
paa.
tohod.
paa.
téel.
saquit.
ao, lalakt.
babay.
daraga.
bata.
amahan.
inahan.
anaq.
igsoon.
bana.
adlao.
bulan.
bitoon.
adlao.
gabr.
bungtag.
kapon.
lanqu.
han Gin.
onos, lbot.
BULED-UPIH.
tian.
lakud.
sidong.
longon.
amplan.
tandudok.
pasow.
pd.
alud.
bites.
hakad.
saquit.
gagayan.
bongol.
bua.
cohe, ulun, labo.
wine, liun.
kara.
waju. »
am.
ina.
lili.
ad.
Sawer.
rmatarunat.
bulan.
bitterlin.
runut.
awar.
sosu ab.
mahohèe.
bulinton.
wWasSt.
berawad.
terre
mont (place
de désir).
haute mon-
tagne. at
colline. ...
plaine. . ...
rivière . :..
courant ..
nuage...
année. ....
cheval ....
crevette . ..
crocodile . .
éléphant...
écureuil .. .
grenouille .
iguane. ...
moustique .
OCR. er
orang - OU -
tang.…. .
— 37 —
VOCABULAIRE N° 2. (Surre.)
MALAIS.
guniur.
kilat.
tanah, darat.
gunong.
buçut, bukit.
padang.
uian, kayu.
lalang.
djalan.
lompur.
pagir.
TAWG.
ater..
sunggey.
aTrus.
awvarr.
taon.
bulan.
leba,
karbaw.
sapi
TUSGL.
huda.
udang.
buaya.
gadja.
tupé.
kataq.
biavagq.
niamo0q.
oranq utan.
SOULOUAN.
ulan.
ducduc.
lintic.
tanak, lupa.
but, bulut.
bat, bukit.
daiagq.
gulangan.
cogon.
daan.
pisac.
buhanqur.
tubiq.
suba.
suluc.
tagganquin ,
awan.
tahun.
bulan.
puchucan.
karbaw.
sapL.
Usa.
kuda.
pasan.
buaya.
gadja.
oranq ulan,
BISAYA,
ulan.
dabugduq.
lintic, kilat.
lupa, yata.
bukidnon.
bukid.
capataqan.
cacahuyan.
cogon.
dalan.
lapoc.
balas.
patubigan.
tubig.
suba.
sulug.
dagum.
tuiq.
bulan.
camumo.
carabao.
cabayo.
hipon.
buaya.
lugac,
bayanac.
lamoc.
BULED-UPIH.
ur an.
tankarud.
tingkiloq.
tana, dunia.
buled.
buled buled.
kudu.
gana.
kayu.
naiqus.
lavan,
butagq.
aqus.
gaçop.
supa.
sungqey.
pudug.
Was.
1aon.
bulan.
manapo.
karbaw.
sapt
payo.
kuda.
pagan.
buaya, wain.
Lima, gadingan.
WASUG.
krataq.
mendatan.
namog.
bawan.
— 138 —
VOCABULAIRE N°2. (Surve.)
.....
SINSe NA
grand singe.
petit singe.
serpent. ...
scolopendre
scorpion. . .
oiseau . ...
poisson. . ..
arbre. ,...
arbuste. . .
banane. ...
bambou ...
branche...
concombre.
camphre ..
cocotier . ..
durian. ...
écorce ....
feuille . ...|
gutta-percha
gambir. .…. :
herbe..:..
nipong .. ..
patate.,...
riz en grain.
riz en herbe.
riz bouili...
ss...
maison. ...
fenêtre...
MALAIS.
ess ee
CCE
burong.
than.
pohon, kayu.
pohon.
pisang.
Buluh.
rangkas.
ketimun.
kapor.
klapa, nor.
durian.
kulit.
daun.
bunga.
buah.
geta pertja.
bras.
paddi.
naeL.
rotan.
siri.
roko.
rumah.
djenela.
SOULOUAN.
babuy.
amban.
anul.
kalanat.
ss...
lipan.
calahangkin.
manogq mano (.
isn«.
kayu.
ss...
saquing.
patong.
sanÿa.
mars.
capul.
laging.
ss...
ass...
dahun.
sumping.
bunga.
geta pertja.
gambir.
sagbut.
camote.
buqao.
palay.
canaur.
ua.
buyo.
roko.
bahay.
tandauan.
BISAYA.
babuy.
daga.
am.
akas.
alopihan.
atang-atanç-
langam.
isda.
cahéy, péno.
......
saquing.
canñ«.
sanÿa.
banacal.
dahun.
bülac.
bunÿa.
camôte.
bigas.
paléy.
canaur.
palaçan.
büyo.
tabdco.
balay.
BULED-UPIH.
kalos.
thus.
pagoy.
baladan.
sandayan.
ulan.
lapan.
punlu.
losaq.
pit.
kayu.
naron gp.
puttr.
taring.
rahan.
sanghun.
dadog.
ruob.
nur an qe
kuli.
antoh.
bobuah.
buah.
pulut.
gambur.
rompot.
Tipun qe
patila, pitteul
waqas.
paray.
kanun,
ganot.
bayu.
siqup.
waloy.
bila.
— 139 —
VOCABULAIRE N°2
. (SUITE. )
porte.
lumière...
_.....
viande. . -.
graisse. . ..
_.......
SHCRE
liqueur forte
chaux. ...
cheville,
ÉlOUL.. : +
oreiller... ..
vêtement. .
sarong. ...
linge, mou-
ROIS. ee
fusil, canon.
embarca-
MALAIS.
put.
trang.
api.
beci api.
tepayan.
daging.
gumoq.
mignaq.
«sin.
gula.
arac.
kapor.
palu.
bantal.
pelkaïn.
sarong.
sapu.
lentaca.
praw, sampan .
SOULOUAN.
lauang.
tepayan.
umud, ist.
daguing-
lana.
Qsin.
gula.
arac.
banquit.
lauchang.
UŒIL.
pagcayan.
suronç.
sapu.
sinapang.
praw,, sacayan.
BISAYA.
pinté.
suqa.
calayo.
tepayan.
unod.
tabd.
lana.
sun.
tuba.
apog:
lansang.
saplot.
panyo.
CCC
sacayan.
BULED-UPIH.
kibaban.
laput.
apoy.
sentekan.
kubogq.
hamse.
lomog-
anaçaqe
masin.
gula.
alap » garô.
apoq:
landsang.
bantal.
monkalaman.
belag , tadjoug.
teloas.
lentaca.
alud.
d’abord ,......| sebermula.
alors ........,| maka.
ANS, ..e--e| VEQUU:
di adapan.
en avant .....
di blakan.
en arrière
.
.
.
.
ASSEZ Re] URL
aujourd'hui ....| ari tu.
auprès ........| dekat.
lagi, djuga.
AUSSI CRU UUE
autrefois... ....| daulu lala.
après..:......| kemdian.
beaucoup... ...| bagnaq.
biens 7e ADGITE
combien . .....| brapa.
comment......| bequimäna.
conte. 20 | Sepentr.
lébéh.
tentu.
davantage . ...
certainement . .
dedans ........| di dalam.
dehors........| di kluar.
devant ........| di muka.
derrière. ......| di blakan.
ka kanan.
ANdEOIE EE
apauche. 27277 ka kiri.
au milieu......| di tenga.
déja. | Soudah.
demain beçoq.
di bawah.
dessous EE
dessus UN di atas.
bio éo Big sama SAME.
EXCEDIES = ee melainkan.
CNCOTE EN UNE
lag.
AA Ce belom.
MN SE kalmarin.
M ERA sint.
depuis: ©" ...| deri pada.
JUSQUE ne sampé.
MALAIS.
— 10 —
BISAYA.
salinugdan.
niadt6.
inqun nian«.
panao.
sa olaghi.
highô.
caron adlao.
sa luyo.
usap.
tanÿqin.
onta.
dahan.
mayo.
pila.
uns«y, quionsa.
injun.
labing.
malood.
sa sulud.
sa qoa.
sa tubangqan.
sa licud.
S& to0.
sa uald.
sa tunÿa.
na.
ugma.
sa ubus.
sa 1taas.
uban.
pa.
cahapon.
dinghi, düu.
culub.
culub.
maAcaun«.
hat.
biayaan.
unacan.
mahuli.
sarang.
adlau üu.
masuuc.
isap.
tagnaan.
gana gana.
malaud.
mar ay4o.
pila.
subay.
subay.
labr.
tuud.
palaum.
hagoa.
mahadarat.
hulr.
tuu.
pau.
sa tunÿ«.
na
quinsum.
hababa.
alaas.
iban.
pa.
cahap un.
dir.
deinduun.
$ ampay .
SOULOUAN.
£
VOCAB
SAMAL,
mun«.
unian.
magunt.
maul.
sugadd.
aduun.
masaïd.
ninian.
cagayada.
madaïd.
madido.
pila.
unian.
sa suud.
sa lugua.
sa tubanhan.
calinto.
caud.
sa atunÿa.
na.
tinsom.
daum.
sa taas.
magducut.
pd.
sa caagabr.
dini.
sepat.
sepai.
— ll —
IRE N°3.
MANOBO. BAGOBO. TAGACAOLO. BILAN. ATAS.
una. satigcanacan.
nian. toccunun.
= LOT iring ani.
aquné. tasight. und.
ali. sa tapurt. mul.
gédda. purghadum. umbada.
un. mant adlé. aduun adlao.
asaïd. nigbaluy. malapit.
nian. punan.
: SOON cannum.
nadlao. cant.
hadite. madita. madaïq.
natia. madiqur. madiao.
bila. pira. pila.
Lan. undin iaan.
|. SRE gamac no.
| LL pe sunnud.
LÉ RSENTE t06.
emuud. tundalun. sulud,
paluqua. sa lua. lua.
ap. patubangr.
M . 5 sa bucc6.
alinto6. sa cauanan. kalintuq.
biban. sa hiban. cauald.
a atunÿa. tungaan. ‘tunÿa.
na. na. na.
caaldao. simag. cunadlao.
sium. siruq. dalug.
ilatas. sa bu. itaas.
magidapan. mag-hin. maq-ipid.
pa. pa. pa.
gabaninipa. ban. pagabr.
dini, dinc. dini.
ipat. tacudl. ulub.
ipat. sippan. utub.
longtemps . ...
maintenant. ....
MOINS TE el
NON... -e
partout... CT
pourquoi .....
parce que......
PEU...ss.e..e
quande eee
SouVente ere
peut-étre-
MN(ICoN. ee
{rop........, ©
LRES) tuerie es
tout à fait, com-
plètement fini.
vraiment ......
Été Re ee
ANONP 5 pd0 0 0: C2
faire SU
VOUIOIT ee
POUVOIT . . . ...
puissant...
accomplir... ...
EMAYET ee chee
commencer ...,
MALAIS.
la perna.
sana, di situ.
djaw.
di sana.
sekarang.
lébéh baïq.
korang.
tida, bucan.
di mana.
di semua tampat.
apa, mengapa.
sebab.
sadiket.
apabila.
ulang ulang.
sadya.
barangkal.
kalu.
dekat.
selalu.
lébeh.
terlalu.
sudah abis.
betul, tentu.
ada.
ada.
buat, bekin.
mao.
buleh.
tyoba.
mulay.
PER CU
BISAYA.
uala sugal.
didté, ah.
malayu.
dugay.
caron.
labiny maayo.
labing diutay.
dili, ayao.
haïn.
kalap nan banua.
nano.
cay.
diutay.
canusa.
masupsup.
léman.
magim.
cun.
malapit.
guthapon.
hilabihan.
caayo.
tapus nt.
matood.
mao, MAN, AN.
duna, may.
pag buhat.
buut.
gahom.
macagagahon.
tuman.
sayud.
sugdan.
VOCABULAIR
SOULOUAN.
haumul.
ditto.
maayo.
maayong Mau.
bihnnd.
labid mar«yao.
culang.
di, indi, bucan.
harin.
magiita.
magilla.
lit tit.
cuunt.
calo calô.
cun.
masuuc.
tab tab.
masaua luud.
tuud.
ubusun.
budnal.
man, hay.
aun.
magqinang.
mabaya.
magcadhart.
00e me
sulayan.
sugud.
SAMAL.
adt.
mantat.
madaïn adlau.
adun.
madiaé.
kuan.
di.
lohen.
kadita tampaan
ngano.
canupa.
madai.
minian.
dimaïmé.
cun.
masaïd.
diapun.
calabian.
madayquy.
tapus da.
butnad.
man.
aun.
s J
1mo.
kalin.
bansa.
tuman.
tamauan.
punuq.
MANOBO.
adaïin adlao.
sin.
matia.
kua.
hocud.
kanaan.
anana.
nga alay.
düto.
canupa.
marita.
sa tan.
hocod kabaal.
inang.
kalim.
macating.
tumuman.
talamanan.
tunug.
. BAGOBO.
dutun.
madio.
Say an.
adun.
madiao.
dilug.
diri.
hunda.
manan.
cay.
diluc.
cadunÿan.
tinunan.
manun.
mimé.
cun.
marant.
tinunan.
misun-nudan.
madiqut.
punghadun.
t06.
too.
duun.
pagimu.
magcaliaq.
cagatiqan.
magcadacul.
tumuman.
nagasud dur.
tigcaanaya.
TAGACAOLO.
adto.
maanat.
mauat na gabi.
adun.
magtu qad :
manqud.
dilr.
tacbr.
tinunu.
madaïq.
iandagao.
maimo.
cun.
malapt.
palaban.
adun adun.
abus da.
butnal.
man.
aun.
pag im.
malim.
cabagsugan.
macaqais.
pulus.
talamanun,
tugbuan.
ago ni,
nunda.
nimo.
mayo.
tud.
tumuman.
nayu.
tunugs
man.
duan.
quinaua.
luman..
gaddam...
HITS NUE De
donner........
recevoir. .....
ENEN Se Le
rendre........
CHOISIE AR EEE
acheter........
Vendre =:
changer. . 1...
NE 20000 7
A
prêter.........
louer (donner en
location) .....
emprunter.....
DAUTIEL = cie ee cie
Data ot ce
chercher......
(TOUVETE NET EEE
promener . ....
aller: 2. 2e
Monter -ee
descendre... ....
remonter une ri-
Niere 22 ut
descendre une ri-
TAMET eee
voler (dans l'air).
nager ele
danser,.......
SAUCE pe 00e
MALAIS.
habiskan.
kaci.
trima.
ambil.
kaci kombal.
pi.
memblr.
dyual.
gant.
bayar.
kaci pindjam.
bri sewa.
pudjam.
ontong.
meruqui.
tjari.
dapat.
berdyalan.
pegui.
pulang.
djalan.
datang.
lart.
meningqal.
menant.
macog.
kluar.
naïq.
turon.
mudiq.
ilir.
dayong.
terbang.
bernang.
mendrt.
megnucong.
— ll —
BISAYA.
human.
hatag.
dauat.
cugha.
ul.
pui.
palit.
baliquia.
ilis.
bayad.
bailo.
abang.
utanq.
pagpulus.
uala.
quiia.
quita.
lacao.
adt6.
balic.
lacao.
abut.
dumagan.
pagquican.
tagat.
pagsulut.
pagqua.
pagsaca.
naug.
suba.
iliq.
gumaod.
lupad.
lanÿoy.
pagsayao.
locso.
SOULOUAN.
maubus.
dihil.
mac sambut.
cauaan.
giulr.
pilian.
mihi.
pabihihan.
magqant.
pagbayat.
guipabuut.
tahumucay.
buus.
maunlung.
malaua.
lumauag.
magbaac.
lunsul lunsul.
panau.
balig mari.
magud.
dumatung.
dumagan.
mui.
tumagad.
masulud.
mui.
masacat.
manaug.
lumupad.
lumanguy.
manÿalay.
malucsu.
. VOCABULAIR
SAMAL.
tapus.
hatag.
dauat.
habidan.
muli.
pi.
bulit.
baliquia.
malilim.
bayad.
pantanqun.
tumandan.
pangcatun.
CS -
miatanaq.
man ap.
quita.
panéo.
ee... +
dumatun.
dumagan.
manao.
magtagad .
tumuud.
tumuqud.
panig.
manaug.
sumüba.
suüq.
lupad.
lumanguy.
sayao.
lumüpad.
3. (Surre.)
Ne
MANOBO.
BAGOBO.
TAGAGAOLO.
| —_———_————————— ||
pus.
La qay.
unau«.
abidan.
ul.
il.
ul.
agan.
alilin.
ayad.
antanqun.
amandan.
angad.
talun.
Lan ap.
_.........,..
uno.
amatun.
uma gran .
\anan«o.
umaqad.
Ldalum.
UqU«.
\anaic«.
an «au.
umiba.
nasulnq.
nalupad.
umayuq.
Un ay A0.
mm pad /
bungha.
bugdi.
dauatum.
canÿhahiun.
uli.
sumali:
bal-li.
pagpabal-lr.
. balié.
bayad.
bulasan.
sangda.
angcat.
minal-la.
namaat.
migquita.
dulun.
pano.
magdalo.
pumanaqui.
pagpanao.
mandat.
maghuc.
pané.
magpaniq.
manu.
sumubat.
musau.
layang.
lanÿoy.
sayao.
maqgtucpo.
abus da.
täqan.
auatan.
kamaun.
buadi.
dimalim.
bili.
baliquia.
sayugan.
bayadan.
pangcat.
utanq.
malagap.
paninaun..
quinita.
adtô.
panao.
dumatan.
dumalagan.
panao.
tagad.
laçoq.
D La D
paniq.
panauq. .
sumubas.
musaq.
l uméyam.
dumangoy.
sumAya0.
lumucpad.
tacn.
balnem.
tinaam.
nagot.
malep.
su6.
blem.
duluc.
mayad.
mubuq.
laua.
maabal.
tataon.
maago.
tacol.
nuld.
maqui.
patanam.
gadilam.
lamua.
miap.
maaqo.
sub6.
pol.
moyônq.
cahun q-
say ao.
Jfaltug.
bagqay.
induq.
anÿay
ulr.
pu.
badliq.
balikid.
alinan.
bayad.
paanqcad.
anghkatan.
dununtun.
ualad.
quita.
panoad.
thuma.
ipando.
taqgat.
ligauan.
lua.
penegq.
ponoq.
layan.
ins&y «to.
luncasé.
Mr 7e 1e
grimper ..... Fe
10tn Der
Temuer.....
S'ASSEOIr 2e
SeHEVEr.. eee
SATER ee NT
Doirés re
boire ensemble...
S'ENIVTE..
matter te
NIVEGS ec giente
glouton. ......
dormir. eee
fumer (du tabac).
mMAcherS ee.
AAC RCE
MOFUTE Lee 0
APDCIER OR
questionner . ...
répondre ei
demander, solli-
PHÉLÉEC eee
accorder (donner)
refuser........
ordonner.....,
ENVOYEF - - » - - - -
Obére 2 HET
MALAIS.
bangun.
telantanq.
berlatud.
kaçihormat, me-
quamba.
minom.
maboq.
makan.
makanan.
CPC
minum roko.
pepaq.
telan.
gigi.
kata.
butjara.
pan ggil.
tagna.
djawa.
minta.
tingg0q.
simbayar.
bri.
engqan .
surôh.
kirim.
pateh.
antar.
bäwa.
taro.
BISAYA.
paghangap.
pagholog.
pagpandul.
paglihog.
paglingcud.
pagtindog.
paghigda.
paglohod.
pag abi abr.
paginom.
maginom.
hubuq.
pagcaun.
calanon.
hingaon.
pagtoloq.
pagtabacco.
pagosap.
pagtulun.
pangut.
pagpamulunq.
pagsulir.
paglaoagq.
cutan«.
tubag.
pangqain.
talinghog.
pangaddi.
hatag.
pagdilr.
pagandam.
s6go.
tuman.
hatud.
pagdala.
pagbutang.
VOCABULAIR
SOULOUAN. SAMAL.
PR ir © cc cumaniq.
mahulu q. maug.
mabanca. salumpacan.
macqagibal.
lincul. pagincud.
tumindug. mindoq.
paghiyda. moang.
pagluhud. Va ee
sa 5 Lo bäsa.
minum. inom.
RAC 0 à maginom.
maghilu. langu.
macaun. cumaan.
PS oo pagcanum.
A NO © à tugcaon.
matuug. matuug.
magsiqupun. siqüpan.
sumpaun. supé..
sntoltle ee clore tunun.
manqgutcut. cägat.
mamunrg. | magbao.
bitjara. sie à
magtauaq. taoaq.
magsubu. pagutana.
ere ........| tubag.
mangay0. .mangao.
pagdunguc. paninÿhud.
Mmanqadyt.” -. PEINE R CREER
dihil.
du. magdi.
daägq. pagdat6.
magpahatud. saqu4.
parigsa.
magbalung. pusdnum.
pag dala.
butan.
mabu tan.
3. (Surre.)
MANOBCO.
—_—_————————
Lan «ic.
aragdaca.
niuluyan.
\anonootL.
mundo gti.
ubadti.
agbasa.
unom.
La ginunqL.
an qu.
umaan.
agcanum.
ngCaon.
umadu qui.
iqupan.
upa.
mllun.
ägat.
agit.
aoar.
nsay.
bag.
AMTU (
analalan.
DTA
pagdaté.
ri qud ,
fiénum.
sauli,
. BAGOBO.
menegq.
madabo.
mano go.
munsad.
tuminduq.
dumagqa.
lincohod.
manghalu.
minom.
miqunum..
#
0.
cuman.
malaan.
toloq.
magsiqupan
ulion.
milamun.
pangit.
pagcaqt.
patongcoy.
magtanaq.
dinsa.
tuba.
mamuio.
mMANENU q.
pangadidi.
diri.
nilam.
5096, nunug.
piil.
tag6. -
= HT
TAGACAOLO.
mant q-
maholog.
nanucp,
incud.
indog.
mulong.
pamdsa.
inom.
minom caucadaïd.
ngabalug.
cumaan.
canunun.
lagucun.
matologq.
siqupan.
supaun.
tuliunun.
banga.
magbalao.
ss...
sicun.
manÿaio.
mamantq.
inday.
sumogoh.
magbaba.
aliunda.
BILAN.
amhkop.
labüg.
lidos.
LA
und.
tadaq.
mul.
ma/f6.
minom.
langal.
cumaan.
canan.
kudaan.
sumaqu/adn.
mama.
palnoom.
00
sfalac.
000 ee
iqufdun.
maqud.
Jlinogt.
uantd.
doc tacu.
malt.
fuléh.
ATAS,.
poméneq.
nacaholoq.
unsad.
lag.hinad.
inom.
yaphiaplkan.
kaan.
kakaan.
truçan.
siqupan..
sappa:
ibal-lan.
aroq. .
hikagu.
intood.
baggay.
piad.
sabo.
— LS —
VOCABULAI
MALAIS. BISAYA. SOULOUAN. SAMAL.
laisser ........| tinggalkan. pagbia. gibun. NPA. LS TRE
enlever........ buka. dala, hatud. cauaan. haïawan.
soulever .......| anghat. paglaas. magtinduc. hungat.
allumer.......| pacang. ducut. magsau«. sugaän.
brûler ........| angus, tunu. sonoq. maysunuc. sandab..
chauffer. ......| panaslian. init. papasua. init.
éteimdre.......| padam. pagtauin aug apoy.| palilaan.
CUITE...» - | MaÇay. paglots. maglutu. paunun.
bouillir........| rebus. bocal. manubuna. magtanqun.
rôtir, griller. ...| goring. pagtapa. bansing. maqicu.
AiMEr..- +20 |NSURO. paghigugma. maccasL. canian.
honorer.......| hormad. pagtacud. pagtahud. SONDANIIUNES
hair PUR EEE |MUin pagdumut. mabunhi. matanginau«.
plaindre... ....| sayang. RO Dj 1 OP NENENEESRERTS pee
se souvenir... « ..| 1nqüt. pagdundum. catumtuman. dundum.
battre, frapper. pukul. bonal. mag pagut. badasun.
fouetter .......| tjabugq. hampac. sampag. FIAOMNETS
combattre... ...| prang. pangÿubat, pag- pagbun:. maqau«y.
lalio.
couper ........| patéh. putul. pulul. hutudun.
briser.........| peljà. bucts. baliun. apsaun.
fendre ........| bela. liku. malikt.
arracher.......| tabot. abôt. gilaun. gabnutun.
piquer........| ljutjuq. ibul. umastul. tucbuc.
blesser ........| meluka. samad. pialian. samad.
tuer..." |Nburoh. pagmatày. magbunac. pataïun.
MOUTIT .. oo +| ML. patay. manatay . matay .
guérir ........| megnumbo. tambal. yubatan. pagdayun.
vivre. en. INRtanp. buÿhi. mabagi: "MERE ER
être malade. ...| sakit. maAsAqUEL. masaquit. masaquit.
SEMOYCe EURE IR ER EE lumus. nalumus. ilumus.
travailler . ....,| buat, kerdja. pagbuhat. magqinang. lamunun.
travailleur 2 2. As himuhat. LT ST ATRNRE maghinanq.
labourer . .....| menangqala. daroh. tauhul. dadoh.
semer......,...| tanam. tamn«. tanum. tanum.
creuser . ......| koreq, qu. cutcut. cutcul. amas.
aiguiser. ......| mengaça. baid. yabaun.
HOPSOR Se + 210 6e AP TENDE. VE SI CRE CE IR EE RE CEE
attacher.s 0: .| that. baat. lücutan. bagcutun.
,
3. (SurTe.)
MANOBO.
! nant.
nâti.
bniomt.
angab.
it.
Ratay an.
hagalum6.
acambaiat.
aiduan, dacal.
ss...
adaat.
nUATUM..
adasin.
ulao.
apuun.
urbakun.
ugätun
tuhkun.
li.
ataïan.
ataidun.
bagdayun.
tumuhun.
maghinang.
nagdadudoh.
inanum ’
amas.
, agcasan.
MISS,
BAGOBO.
pagbaïan.
natun.
rucut.
gobbo.…
init.
mumAun ge
laccaddagq.
pat.
pagdacul.
tinqud.
caniqua.
manundum.
tigbas.
pasocoy.
tampol.
buctus.
bittot.
ubut.
nina.
maté.
minati.
baui.
manté.
kabogocan.
milumus.
bagcus.
maglaluma.
pam ula.
magcutcut.
salsal.
lagus.
SCIENT. — XI.
— 49 —
TAGAGAOLO.
tontama.
es eee
caïnit.
caliman.
anumanum .
_bunalan.
+ ee + °
bulao
mactibasin.
gabutum.
Jali.
miatay .
babulun.
kasaquitan.
lumus.
mal ITA
magdadoh.
MANnCILUn.
dre 0 vd 0 6 00 019 °71
butucunta,.
BILAN.
antaman.
tabal.
cat.
20e
Jaldam à
sunal.
macasduum.
mibol.
00 +
nansôc.
macsaoy.
namatt.
buluun.
fandas.
namlimas.
namimo.
kamloh.
molo6.
almafuta,
ATAS.
matihan.
dakat.
katutun.
init.
iloto.
lacadda.
hipat.
tingad.
kéruan.
palundum.
lampos.
qubat.
tempo LE
kabuctus.
barot.
tu.
napalian.
imatay.
kasakitan.
kalannad.
ilamun.
pamula.
kali.
dakop.
29
TMPAIMENTE NATIONALE,
détacher ......
délivrer . ......
coudre........
clouer, enfoncer
une cheville...
mi
. . .
Û . .
. . e
Û . Û
e ° .
, «
. .
. .
, ,
.
.
.
.
.
0
e
.
.
.
e
Û
.
.
e
.
e
e
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
D I OO Or Æ © À
.
.
.
.
.
.
.
,
o
0
.
gens ME CE
HO MUR TRS
Too...
12 TC OMAN .
DO RUN DA
DD En EVENE A
D'OR EU de
LODEL RE
DO0 une
ROOO0O0 Re
1e la: crane
CÉS: > 2: TUE
homme ("tr
lemme tree
MALAIS.
urey.
melepaskan.
dyaïb.
pakukan.
salu.
dua.
tiga.
ampat.
lima.
anam.
tudyu.
delapan.
sembilan.
sa pulu.
sa blas.
dua blas.
dua pulu.
dua pulu satu.
üiga pulu.
sa ratus.
sa ribu.
sa laksa.
ses...
0e se
alu (inusité).
angkaw (inusité).
dia.
kita, kami.
kamu.
dia.
uu, int.
lu, uu.
lakt, orang.
perampuan.
bapa.
mama, bu.
— 150 —
BISAYA,
bug.
pasaylo.
taïb.
paglangsang.
usa. *
dua.
toulo.
upat.
lime.
unum.
pulé.
ual6.
sam.
na polo.
napolo ug usa.
napolo ug dua.
calähaan.
caluhaan ug us«.
catloan.
usa Ca qalus.
usa ca libo.
na polo ca libo.
an.
ang mÿa,
ac.
iCA0.
sia.
kita, kami.
kamu.
sila.
quini.
ang mÿa quini.
{ao.
babay.
amahan.
inahan.
SOULOUAN.
bugr.
pasaylu.
tagt.
lausang.
isa, hambuc.
dua.
tuu.
upat.
lima.
unum.
pitô.
valô.
sam.
hampo.
hampo tag isa.
hampo tag dua.
cauhahan.
cauhahan cay isa.
catloan.
hangatus.
hanibu.
hampo sa ibu.
in.
in mya.
ac.
icao.
sia.
kita, kami.
kamu.
sila.
int.
in ma int.
tao.
babay.
ama.
ina.
VOCABULAIR
SAMAL.
butauanan.
bayaanda.
tay.
lansan.
1.
dua.
t06.
upat.
lima.
icaunum.
icapttô.
ua6.
Siam.
sampo.
sampo 154.
cauaan.
atloan.
sang qatus.
sang man.
eee
Jan.
yan mya.
aco.
iCao.
aan.
kita, kanu.
kamu.
silan.
int.
inian.
usug.
bubay.
_ama.
inah.
M3: (Surre.)
MANOBO.
butauian.
bayaanda.
magtabir.
lansan.
sabad.
cadua.
icatlô.
upat.
lima.
icaunum.
icapitô.
ualé.
s1a6.
pol.
polo isa.
dua polo.
lolo polo.
sabad da qatus.
sabad mararan.
sms...
Jan.
yan mÿa.
SL acon.
icuna.
lan,
sikami.
sikaum.
silkandan.
iani.
minian.
maam«.
bay.
amay.
inay.
BAGOBO.
lungaan.
pasasagsagad.
tubbil.
pagpagcun.
sebag.
dua.
tatlô.
apat.
linia.
unum.
putté.
ualô.
st6.
sa polo.
sa polo sabbat.
sa polo dua.
dua polo.
dua polo sabbat.
tatlo polo.
sabbat qatus.
sabbatmararanou
sabbat ma ribu.
Jan .
Jan mqu.
sacon.
sicun«.
sicandin.
kita, Lam.
sikio,
sihandan.
lan,
ini,
manobo.
bay.
am“,
inah .
— 51 —
TAGAGAOLO.
badunta.
mata.
magbiusa.
isa.
dua.
catlo.
ufat.
lima.
canuon.
Jito.
caulian.
sam.
sam folo.
samfolo tag 1sa.
03e...
karuan.
catloan.
san gatus.
sang maala.
00 °° +
ang.
ang ma.
aco.
iCA0.
aan.
lkaray qan.
lamu.
kamuyan.
ini.
inian.
usug.
bubay.
am.
inah.
BILAN.
ambool.
tambol.
nam/uq.
anisu.
aluu.
atlé.
Jaat.
limé.
aguaman.
naqfité.
qualé.
gasium.
gasfaolan.
sanfalo satu.
s..…0. eee
aluu falo.
atlo falo.
am libo.
nu.
ni.
aqu.
qufa.
sanito.
quictodoon.
00...
qguoya.
ant.
anian.
laguig6.
libun.
ma.
yèé.
ATAS.
subucan.
tabbil.
pansal.
saccad.
arua.
tatlô.
appat.
limma.
annam.
puttô.
ualô.
saw.
sa pulo.
sa pulo isagcad.
sa pulo arua.
aruan pulo.
atadlum pulo.
saccad na qatus.
saccadnamararan.
manque.
ang.
ang mÿa.
siccao.
siap.
sia.
sukamt.
si kiu.
sikandan.
ini.
inLan.,
minobo.
bahay.
amay.
inay.
20.
— 52 —
VOCABULAIR
MALAIS.
enfant, fils, file.| anagq.
IREM IE adegq.
SŒUR LUE sudara.
MAT ee ele lakr.
épouse. Her bini.
Mers Let laut.
LIMIÈRE SE sunggqey.
BUISSEAUS AS AA Re
AUS ns ayer.
Sable sets EE pagir..
Dents HO batu.
ARR oLRBE tanah.
Dois A a ENS kayu.
caverne ....... qua.
CERTES rene langit, sorqga.
ÉVITE RE Cu angin.
SOLE ARR ee art.
HOUR RÉBSE e art, Stan q.
MU a tes ! malam.
lune een bulan.
EtOHE- Ma see ee bintang.
ANDÉR SNS ee eee taon.
MOIS: 0. em ae bulan.
PACE CAEN üulan.
VEN AREAS an qin.
RUADE: > AN .| awan.
éclair EE kilar.
tonnerre....... guntur.
RANCE becar.
petit... "nt. letchi!.
Cher. pe maal.
bon marché....| mura.
Chaude SERRE panas.
RO A EE ETS dinn gin
blanc: "rer puteh
MOIP ee NT t itam.
VEN E... - é idjau
bleues biru.
Jaune . 2%: 2. sure luning.
BISAYA.
bata, anaq.
1/s00n.
1gsoon nga babuy.
bana.
asau «.
dagat.
suba.
sappa.
tubiq.
balas.
bato.
langit.
hangin.
adlao.
adlao.
gabi.
bulan.
buoon.
tuig.
bulan.
ulan.
hangin.
daqum.
lintie, kilat.
dalugdug.
dacü.
diutay.
maal.
mur «a.
manie.
bugn6.
rRApUEL.
maitum.
caluhuhao.
madalag.
SOULOUAN.
anagq.
taymanhud.
taymanhud.
bana.
asaua.
laut, dagat.
suba.
tubiq.
buhanqui.
bato.
tanah, lupa.
kayu.
lugan.
sorqga, langut.
hangin.
adlao.
adlao.
malam, duum.
bulan.
bituun, bintan.
taun.
anaq.
lumun.
lumun,
saua.
saua.
dagat.
saub.
.| saub na tacbr.
tubiq.
pantad.
ampasun .
lupa.
kaut.
samut.
suga.
adlao.
gabi.
buan.
bitoon.
sa cahumay.
bulan. san buan.
ulan. uan.
hangin. hanÿin.
taggqanquin, avan. panghamud ù
lintic. lintic.
ducduc. kilat.
dacula. dacua.
asibt. tacbi.
mahal. maal.
mura. magan.
mapasuq. maïnit.
mahagqud. maticnao.
maputr. maputz.
maitum. maïtum.
sayulan. malunao.
bilu. gadum.
bianing. dinant.
° 3. (SuITE.)
MANOBO.
bata.
kadua.
kadua.
sau«.
sau«.
dagat.
baub.
üug nÿa baub.
uayu.
anay.
ampasun.
tanah.
karamag.
aldao.
aldao.
dalam.
bulan.
bitoon.
subat sa humay.
subat sa bulan.
udan.
karamag.
panharap.
kirum.
kilat.
ducul.
ituc.
mabugat.
maacce.
maïnit.
maganao.
mapuli.
maïtum.
malunao.
gadum.
dinani.
BAGOBO.
bata.
kataladi.
tebbé.
saua.
saua.
dagat.
uai.
uaiq.
baclayan.
bato.
tanah.
karamag.
adlô.
adlô.
dukilam.
bulan.
karamu.
sebag homme.
sebag bulan.
udan.
karamag.
labun.
kirum.
dilam dilam.
ducal.
dilog.
malagat.
bagqt tauan.
maïnit.
maonno,
maputi.
maitum.
malunao.
gadum.
malaraq.
TAGACAOLO.
isok.
inuluq.
inuluq nÿa bubay.
asau«.
asaua.
dagat.
alu.
tubiq.
pantad.
bato.
lufah.
kaut.
samod.
seqa.
sega.
gabr.
bulan.
bitoon.
sa cahkumay.
sa bulan.
ulan.
samod.
labun.
kilat.
kulat.
dacula.
tacbr.
dacula alaga.
tacbi alaga.
sua.
maniqui.
maputr.
maïlum,
malunao.
gadin.
malalag.
BILAN.
maaq.
lonoq.
libun.
asau«.
asau«.
TOM.
suba.
éèl.
halap.
bato.
tanah.
kayu.
es 0e"
nus.
do6.
doé.
butan.
bulon.
blatic.
safadr.
sa bulon.
ulon.
nus.
labun.
sila.
logom.
dacal.
dilog.
bungit tasan.
tucaïb tasan.
mamanit.
natn6.
balantan.
Jitam.
lunu.
ulol.
malalal.
ATAS.
anaq.
sulad.
sulad.
asaua.
asau«.
dagat.
suba.
uëeq.
paloc.
bato.
labuta.
kayu.
badlayan.
kalamag.
adlao.
adlao.
bul-l.
bulan.
bituan.
sacad malagun.
sacad na bulan.
udan.
karamuag.
saçgulapun.
kilat.
balanst.
dacol.
desog.
mata ao.
magagea.
maïnut.
magadno.
maputr.
maitom.
maludnao.
malalag.
malalag.
— 54 —
VOCABULAIE
MALAIS. BISAYA. SOULOUAN.
mapulah. mapulah. mapua.
bulauan. bulauan. buauan.
salapi. pilac. sapt.
tumbaga. bauat. gaan.
puthao. baci. putao.
multi. mutia. mutLe.
coquille LYC. taclobo. pay. tipay.
poisson kan. isda. isnQ. isda.
crocodile buaya. buaya. buaya. buaya.
SEHDENÉT Eee ular. haas.
oiseau langam. manog mano. langam.
VOlAIe seen ayam. manoc. manoq. manoc.
usa. usa. | USE.
babuy: babuy. babuy.
kuda. cabayo. kuda. kuda.
bacca. sapt.
karbaw. karabéo. karabao. kabdo.
tikus. amban.
antjing. TO. tré. idé.
kutying. ring. cutinq usUg. mink6.
— 55 —
e
3. (Suire.)
MANOBO. BAGOBO. TAGACAOLO. BILAN. ATAS.
maracdac. maluto. mapulah. fulah. maluto.
bulaua. bulauan. bulauan. blauon. bulauan.
sapt. salapr. sapt. safr. salapi.
galan. galan. galan. nagalaan. galan.
putao. puto. putao. natop. putao.
mutia. buntia. mutL«. mutLcL. muntia.
tipay. tipay. tufay. tifay. üipay.
kan. salda. isda. nalaÿ. luddon.
buaya. buay a. buaya. buayc. buaya.
upa. upa. upa. upu. manoc.
manoc. manoc. manoc. manoc. mamoppo.
usa. 'ATTE usa. isdo. usa.
babuy. babuy. babuy. blac. babuy.
LHuda. kuda. kuda. kuda. kuda.
karabdo. karabo. harabao. karabao. karabo.
| fuian. asé. ido. aium. ido.
mio. mudo. mido. 140. upus.
. Le père de Bitil et la mère de Mani.
. La troisième maison du chemin est la
plus belle du village.
. Les fleurs sont encore plus belles que les
perles.
. H est marié.
. Nous, les Espagnols, nous avons plus
de barbe que vous, Bisayas.
Ce chapeau est noir, celui-là blanc.
I1 est mal de battre les enfants.
. Achète du riz en grain.
9. Étends le bras.
. Prends ce tabac.
. Le voleur blessa le cuadrillero.
. J'aime ma mère.
. Le père de Bitil et la mère de Mani.
. Les fleurs sont encore plus belles que les
perles.
). Ce chapeau est noir, celui-là blanc.
. Achète du riz en grain.
9- Étends le bras.
. Prends ce tabac.
2. J'aime ma mère.
BISAYA.
. Ang amay n1 Bitil cong ang amay ni
Man.
. Ang icatolo ca balay sa dalan ang labing
maayo sa longsod.
3. Ang mÿa bulac labing maanag sa ma
mutla.
. Mino sia.
. Camüng, nÿa Gachila, labi nga bunquiun
canimong nÿa Bisaya.
. Quining calo nÿa maitum, quinung ma-
puir.
Ang paghampag sa mÿa bata, dautan
caayo.
. Palitun mo ug palay.
9. liuyud mo ang camut.
. Pagcoahan mo quiing tabaco.
. Ang cauaian nagasamad sa cuadriyero.
. Nahagugma co sa inahan mo.
BISAYA.
. Ang amay ni Bill cong ang namay ni
Mani.
3. Ang mÿa bulac labing maanag sa mÿa
mutia.
4 Quining calo nÿa maïtum , quining ma-
puti.
. Palitun mo ug palay.
. Jtuyud mo ang camut.
À Pagcoahan mo quining tabaco.
. Nahagugma c6 sa inahan mo.
— 157 —
MANOBO.
1. To amay ni Bitil ug to inay ni Mani.
2. To icadlo no bahuy sa int no dalan
maoy madio pa to duma to longsod.
3. Sicaan Labin payal no bua sican mutia.
4. Magahunqun sicandin.
3. Si kanu, no Cachila, daug canio to
pagnabuntun.
6. Sicang calo no maïtum, ug suya maputi.
=]
. Maduut sican paghampagq si ini no mÿa
bata.
8. Magpabilya ke ta humay.
9. Unatin sa babanayan mo.
. Abati dini ang tabaco.
Guipalian to cuadriyero sa üu pagpa-
nindacao.
12. Dacal saquimana inay Mo.
TAGACAOLO.
1. Ang ama ni Bitil iang ang inah ni Mani.
[SE]
. Ang mÿa bulac lumabi sa caday nÿa
mulia.
6. Ini talanda maïtum, tang ini talanda
maputr.
8. Pagbili cao nadto sa humay.
9. Unatum ambuctun.
10, Canmula ini tabaco.
12. Malim ac6 sa inahmo.
1.
©
k.
9.
6,
9:
10.
BAGOBO.
Yan ama ni Bitil ango inah ni Mani.
Yan tetlo ca balé ta dalan Yan sunod ma-
digor sa banua.
Yan ma caboGadan madiqor ta mÿa bun-
ta.
Don saua din.
Canu, Cachila, sunod bunÿoton nio, bi-
saya.
Oquet matom, sapot mapott.
Yan pagbunal ta ca bata madat man.
. Bilino yan omé.
Pagsangal no yan lima mo.
Canhayon mo yni tombacco.
11. Mesaso Jan taccaon sa tartomon.
8.
9:
Dacol ac inah nico.
BILÂN.
. Mad ni Biuil yèé ni Mani.
Fiu bulac sa mutia.
Caloni fiatam, calo ni bukay.
Asu itu falr.
Monotum sigalun.
10, Anuan fint tabaco.
12.
Bon gnaua yèé tago.
> A5
CHAPITRE VL.
GÉOGRAPHIE POLITIQUE. — AGRICULTURE. — COMMERCE.
Géographie politique. — Les îles Philippines comprennent trois
grands gouvernements, qui correspondent à la division géogra-
phique de l'archipel : 1° Luçon, 2° les îles Bisayas, 3° Mindanao.
Un capitan general, chef suprême de la colonie, commande
les forces de terre et de mer, et administre directement Lucon; les
deux autres régions sont commandées par des officiers généraux
d'un grade moins élevé.
Chacun de ces gouvernements est divisé en provinces, à la tête
desquelles sont placés des gouverneurs, soit militaires (goberna-
dores politico-militares), soit civils (alcades de première ou de
deuxième classe).
L’alcade gouverneur d'une province est en même temps juge
civil et criminel en première instance. Les gouverneurs militaires
sont assistés d’un alcade de troisième classe, pour l’administra-
tion de la justice. Un promotor fiscal remplit les fonctions de
ministère public, et un escribano, souvent indigène, celles de
notaire et de greffier. Fous ces fonctionnaires sont amovibles.
La province est divisée en pueblos, terme qui désigne à la fois
la circonscription et son cheflieu. Dans la première acception, le
pueblo répond plutôt à notre canton qu'à notre commune. Il com-
prend en effet plusieurs villages et hameaux (visitas, barangay), à
la tête desquels sont placés des tenientes, qui relèvent du chef du
pueblo (gobernadorcillo), lequel remplit des fonctions assez sem-
blables à celles de maire et de juge de paix.
Le gobernadorcillo et les tenientes, fonctionnaires indigènes,
sont élus pour trois ans par les habitants du pueblo.
Le capitan general réside à Manille, capitale des Philippines;
auprès de lui sont instilués deux commissions consultatives
(Junta de autoridades et Consejo de administracion), formées des
principaux fonctionnaires des divers services.
La justice esi rendue au premier degré par les gobernadorcillos
(indigènes) pour les contraventions et les causes minimes, par les
alcades pour les causes civiles plus importantes, pour les délits
et les crimes; il peut être fait appel de tous les jugements devant
la cour de Manille (Real Audiencia).
— 159 —
L'armée comprend 1,449 soldats européens peninsulares, qui
forment un régiment d'artillerie; tous les autres corps sont indi-
gènes 1), et sont commandés par des sous-officiers et des officiers
pour la plupart européens. Voici les effectifs des divers corps.
Européens. — Régiment d'artillerie à 2 bataillons. . 1,449 hommes.
Indigènes. — 7 régiments d'infanterie à un bataillon. 3,780
Indigènes. — 2 escadrons de lanciers........... 300
Indigènes. — 1 bataillon du génie............. 433
Indigènes. — Service de santé....,...,....... 202
TorTaz (non compris les officiers)... 4,715
À ces troupes, il convient d'ajouter les corps suivants, qui, en
cas de troubles ou de guerre, rendraient de très bons services :
Indigènes. — Guardia civil (gendarmerie)....... 3,374 hommes.
Indigènes. — Carabineros (douaniers).......... 2,206
Toraz (non compris les officiers). . 5,580
Ce chiffre, joint à celui des troupes de ligne, donne un total
de 11,744 hommes, dont 10,295 indigènes et 1,449 Européens.
La marine est représentée par 2 corvettes, 6 avisos et 16 ca-
nonnières, montés par 1,999 hommes, y compris la garnison des
arsenaux de Cavite (Luçon) et de l’île de Basilan; tous les états-
majors et la moitié environ de cet effectif sont européens. Les
forces de l'Espagne aux Philippines s'élèvent donc a 13,744 hom-
mes, dont 2,500 européens; elles suffisent pour garder une co-
lonie qui compte 9 millions de sujets (voir, ci-dessous, Popula-
tion), et pour tenir en respect les pirates toujours hostiles de
Mindanao, de l'archipel de Soulou et du nord de Bornéo ©).
() Le recrutement des corps indigènes s'opère das chaque province par voie
de tirage au sort annuel parmi tous les jeunes gens âgés de 18 à 24 ans. Les
exemptions pour cause de faiblesse de constitution sont nombreuses. (Voir, plus
haut, ch. 1xr.) La durée du service est de huit années. Le contingent annuel de la
colonie est en moyenne de 1,200 hommes.
Dans la province d’Albay (Lucon), le contingent annuel est en moyenne de
60 hommes (pour une population de 250,000 âmes).
Le remplacement est autorisé, Dans la province d’Albay (une des plus riches),
le prix d’un remplaçant varie de 40 à 50 $ (200 à 250 francs).
®) M est intéressant de comparer les eflectifs entretenus par les diverses puis-
sances dans leurs colonies. Le tableau suivant donne quelques-uns des éléments
— 160 —
Les finances sont administrées par l’Intendencia de hacienda,
dont les actes sont contrôlés par une Contaduria general qui les
soumet au jugement du Tribunal superior de Cuentas.
Le budget des Philippines est établi parles Cortès de Madrid, sur
le rapport du ministère de Ultramar.
Le régime économique de la colonie vient de subir deux modifica-
tions très importantes. La culture du tabac était limitée à certaines
provinces; elle y était obligaloire et le gouvernement était le seul
acheteur des produits à un taux fixé par lui-même; ce monopole
a été aboli en 1882 et la culture du tabac est devenue libre,
mesures qui font le plus grand honneur à S. Exc. M. D. Léon
Castillo, ministre de Ultramar. D'un autre côlé, l'impôt direct
vient d'être considérablement augmenté par la création d’un impôt
sur la propriété bâtie et d’une contribucion urbana, ou impôt de
patentes, dont le tarif est élevé; 1l varie d’ailleurs suivant l'impor-
tance des villes, qui sont divisées à ce point de vue en trois caté-
gories.
Avant l'établissement de ces taxes, les seuls impôts directs étaient
de cette comparaison. L’effectif attribué plus haut à l’armée de terre des Philip-
pines serait un peu trop faible, car il ne comprend pas les officiers ; j’augmente
en conséquence cet effectif de 10 p. 0/0, soit de 1,180 Européens, plus quelques
autres officiers pour les états-majors et le corps de santé. Cette évaluation, assu-
rément très large, donne en chiffres ronds, pour l'effectif européen , 2,680 hommes,
et pour l'effectif total, 12,980 hommes.
FORCE ET COMPOSITION DE L'ARMÉE DANS QUELQUES COLONIES, ET PROPORTION
DE L’EFFECTIF PAR RAPPORT À LA POPULATION INDIGÈNE DE LA COLONIE.
PROPORTION,
POPU- TROUPES pour 1,000habit. ,
N de l'effectif
PUISSANCES. | COLONIES. ATOM le M LI es e l'effecti
euro- indi- euro-| indi-
INDIGÈNE. : : :
péennes| gènes. | TOTAL. | Léen.| gène.
habitants. | hommes |hommes|hommes
Espagne... Philippines 9,000,000 2,680| 10,300! 12,980| 0.30
Pays-Bas... . | Indes néerlandaises.| 24,000,000| 15,513| 23,518| 39,031| 0.64
G-Bretagne. | Inde anglaise 255,000,000 | 64,520/124,078|189,498| 0.25
Cochinchine 1,020,000 3,300| 2,200| 9,500! 2.13
Algérie. 3,300,000 | 32,000! 13,000| 45,000! 9.69
%) Cet impôt est de 10 P- o/o de la valeur locative pour les habitations dont
la toiture est en tôle ou en tuiles, et de 5 p. o/o de la même valeur pour les
cases recouvertes en feuilles de nipa (palmier).
VONT =
le tributo et les polos y servicios, auxquels ne sont pas soumis les
Européens ().
Ces deux impôts sont perçus par le gobernadorcillo, les tenientes
et les notables (cabezas), responsables du recouvrement chacun
pour leur circonscription. Ils en versent le montant entre les mains
du director de hacienda de la province.
Le tributo est une cote personnelle payée par un couple indi-
gène; un tributo entier représente donc la part de deux personnes;
un célibataire, homme ou femme, ne paye qu’un demi-tribut.
Un tributo s'élève à la somme de 7 piastre 15 cuartos (environ
5 fr. 45) 0) et se compose des articles suivants :
Tribut proprement dit......... M AA Te 3060
Manéonemeliraistde-culte): "#03 RS MES: «ue st
Caja de comunidad (fonds communaux)..........
1 65
Les hommes doivent en outre 4o journées gratuites,
soit pour l'entretien des routes, soit pour le service de
cuadrillero (milice communale). Ils peuvent s'exonérer de
ces Ao jours de travail, qui constituent les polos y servi-
cios, en versant la somme de 3 $ (piastres), soit. ..... 15 00
La somme à payer par un indigène mâle qui s’est
exonéré des polos y servicios s'élève donc au total de.... 20 A5
Le tribut est payé par tous les Indiens valides des deux sexes
jusqu’à 60 ans, depuis l’âge de 20 ans pour les femmes, et de
16 ans pour les hommes.
Les chiffres précédents ne concernent que les indigènes; le tri-
but des Chinois s'élève à 6 $ (30 francs), et celui de leurs métis
à 3 $ (15 francs). Les métis d'Européens ne payent pas de tribut.
L'énumération suivante des chapitres du budget des Philippines
indique l'importance des diverses contributions et la nature des
impôts indirects :
(1) D'après les dernières nouvelles, les polos y servicios seraient devenus exi-
gibles pour les Européens et l'administration étudie les moyens de remplacer le
tributo par un impôt d’un caractère moins personnel.
2) En admettant que 1 $ (piastre) — 5 francs (le plus souvent elle n’atteint
pas tout à fait ce cours), 1 $ — 8 réaux fuertes ; 1 réal fuerte — 20 cuartos,
— 62 —
BUDGET DES PHILIPPINES POUR 1880-1881.
RECETTES.
Tributs et impôts sur la propriété (dont 74,000 $ pour
la propriété urbaine et 136,488$ pour taxe sur
la fabricahon du rhum): 5006 2e ee 27024188
Contribucionandustrial. "23000-10092 000
Douanes et impôt de sanpañon ONE cree 1200) 708
Vente de tabac à l'intérieur et à l'xporaion OR 6,571,200
Férmede opium "2H ER ERCR PEACE EL 1 S 09 620 :
Papier timbré, timbres-poste, Ro etc... 500,500
Droits sur les combats de ee Re 118,900
IE A ONE alle réter 7 85 aothoih o à ve es 892,900
Domaines eco EAU se US RE FRERES 219,600
DNVÉRE OS Mon odMerAdTeNmo one TAN 726,000
Torre tas diese ...... 14,630,486
SOLDES | RON ROUE A0 PARENTS 1 73,152,430°
DÉPENSES.
Pensions, retraites, indemnités, crédits divers, dont :
Entretien de la colonie de Fernando-Pô
PAIEqUE)- en eeee ec Ce 20 200
Amortissement de bons du Trésor.. 600,000 2,051,639
Reliquats d'exercices antérieurs.... 278,632
Dépenses pour les légations et consulats d'Espagne
none AUIAPOn EAU RL CU 71,900
Justice et'cultesho Er ae ne AVS TEE de 980,120 .
Armée ee UNE DÉS 10 CDD I0 TEA DC oe
Finances (y compris les frais relatifs à la surveillance
de la culture du tabac et à la fabrication ®)..... 5,860,686
LE RE US D don one aoaiteelr etait O7
Administration (intérieur), postes, télégraphes, pre-
suis (bagnes) epson 62.00 Are ta: 644,134
Instruction publique, travaux sb mines, eaux
ÉPHDrELS- ee EEE prrcicile ACL Dre De 209,792
ARORTNS RUE MONS SEP UD 165090
DÉPENSES EXTRAORDINAIRES.
LT
Achat et réparation de matériel naval. — Construc-
tions de lignes télégraphiques et divers........ 639,339
FOTAR, 2604 EU FAN MAN ÉS,62 4008
SO ronde t Je 0000 dr MISE
() Article supprimé aujourd'hui.
} Frais supprimés aujourd'hui,
= 108 22
Les dépenses s’élevant à 15,824,969 $, soit, en chiffres ronds,
79,124,845 francs; les recettes s'élevant à 14,630,486 $, soit, en
chiffres ronds, 73,152,430 francs; la Gifférence est donc de
5,972,415 francs, sur lesquels 5 millions environ sont imputables
à des déficits résultant d'exercices antérieurs.
Dans le budget des dépenses figure une somme de 475,000 francs
environ pour l'entretien de la colonie de Fernando-Pô et du corps
diplomatique espagnol en Chine et au Japon, charges que les
Philippines ont supportées de tout temps.
Je n’ai pas de renseignemenis sur le chiffre des bons du Trésor;
l'amortissement de ces bons figure aux dépenses pour 3 millions
de francs.
Instruction publique. — Manille possède un grand nombre d'in-
stitutions dues à des fondations particulières où sont élevées les
garçons et les filles, européens et indigènes.
En outre, l’enseignement secondaire est donné dans deux col-
lèges : Colegio de San Tomas (Pères Dominicains), Afeneo municipal
(Compagnie de Jésus). Les PP. Jésuites dirigent aussi l’Observa-
toire (voir chap. x) et une école normale qui forme des institu-
teurs primaires indigènes. Il y a d’autres écoles normales dans les
provinces.
À l'Université de Manille, dirigée par ies Pères Dominicains et dont
plusieurs professeurs sont laïques, est donné l’enseignement supé-
rieur pour la théologie, la philosophie, les sciences et la médecine.
Le collège de San José, annexe de l'Université, forme des prac-
ticantes (médecins et pharmaciens qui ne suivent que des cours
élémentaires) et des sages-femmes.
Presque tous les pueblos sont pourvus d'instituteurs ou d’insti-
tutrices primaires indigènes parlant l'espagnol; l’enseignement de
cette langue est une de leurs principales obligations.
Culte. — Un archevéché à Manille et trois évêchés dans les pro-
vinces. Les grands séminaires de Manille et des évêchés de Nueva-
Caceres (Luçon), Jaro (Panay) et Cebu forment le clergé séculier
indigène. La plus grande partie des pueblos est desservie. par le
clergé régulier peninsular; le clergé séculier espagnol, peu nom-
breux, n’occupe que de rares postes dans les provinces ; il compose
le chapitre de la cathédrale de Manille.
— 64 —
Population. — Le recensement de la population se fait non par
têle, mais par tributo, condition qui, sans parler d'autres causes
d'erreur, suffirait à expliquer les divergences des divers auteurs.
On n’est point d'accord, en effet, sur le nombre d'habitants de tout
âge et de tout sexe que représente un tributo, c'est-à-dire un
couple adulte. Certains auteurs n’admettent que quatre habitants
pour un f{ributo, tandis que d’autres élèvent cette proportion à
7 habitants.
M. J.-F. del Pan D), en admettant que 1 tributo égale G habitants,
estime la population totale des Philippines en 1875 (y compris le
petit archipel des Mariannes) à 9,053,598 habitants, dont : Euro-
péens, 10,000; Chinois, 40,000; Infieles © de Lucon, 50,000;
des îles Bisayas, 10,000; de Mindanao, 150,000. à
Les chiffres fournis pour 1873 par M. Jagor 6) donnent aussi
un total d'à peu près 9 müllions d'habitants.
C'est également le nombre auquel s'arrête le R. P. Baranera (1)
et qui paraît le ‘plus probable. Cet auteur admet 50,000 Chinois,
augmentation qui a pu se produire, en effet, de 1875 à 1878.
Les documents sur le mouvement de la population manquent.
Riquelmi, cité par M. del Pan, estime que, pour les indigènes,
l'augmentation annuelle est à Manille de 2.24 p. 0/0.
Agriculture. — Le sol des Philippines est excessivement fertile
et convient à toutes les cultures tropicales; les plus répandues
dans l'archipel sont: le riz, la canne à sucre et l'abaca.
Le riz est cultivé partout. Cette céréale forme la base de Pali-
mentation; elle est semée au commencement de la saison des
pluies, dont l’époque varie suivant les régions (voir chap. n), et
récoltée cinq à six mois plus tard. Les plaines d’alluvion du Rio
Grande (sud de Mindanao), cultivées par les Moros, sont spé-
cialement favorables à ce genre de culture et donnent des ré-
(M Revista de Filipinas. Manïla, 1879.
@) Populations idolâtres et indépendantes existant dans l'intérieur des diverses
îles. Sans doute sous cette dénomination M. del Pan comprend aussi les Moros,
Malais mahométans du sud de archipel, qui sont plus habituellement dé-
signés sous ce dernier nom.
() Reisen in den Plulippinen, Berlin, 1873, et trad. par M. D. Sebastian Vidal
y Soler { Viajes por Filipinas. Madrid , 1875).
® P. Francisco-X. Baranera, de la Compagnie de Jésus , Compendio de geografia
de los archipielagos de Filipinas, Marianas y Jolé. Maniïla, 1878.
— 165 —
sultats extraordinaires. Dans les années de sécheresse, les Philip-
pines ne produisent pas la quantité nécessaire à la consommation
locale; la différence doit être demandée à l'importation, qui grève
lourdement les ressources de la colonie; mais, dans les années
normales, les besoins sont dépassés, et l'exportation du riz est assez
considérable. |
La canne à sucre est surtout cultivée dans les îles Bisayas; la
plus grande partie des moulins sont mus par l’eau, mais l'usage
des machines à vapeur commence à se répandre.
Dans la province de Bataan (Lucon), où comme partout on cul-
tive le riz et où il existe aussi quelques plantations de canne à
sucre, le prix de la terre varie, en nombres ronds, de 900 à
1,800 francs l’hectare (1), suivant sa qualité et la proximité des
pueblos. Le revenu net est généralement de 10 à 15 p. 0/0 quand
la terre est cultivée en riz; il atteint 30 p. o/o quand elle l’est
en canne et que les labours se font au moyen de buffles et non
à bras. Le matériel agricole est, dans les deux cas, très rudimen-
taire : les instruments aratoires sont en bois, à peine si le soc des
araires est garni de fer. Beaucoup d’indigènes de cette province
sont petits propriétaires; les propriétés d’une certaine étendue
sont cultivées par des travailleurs gagés soit à l’année, soit à la
journée. Le prix moyen de la journée d’un homme adulte est de
un real fuerte (62 centimes et demi); ia journée de labour d’une
paire de buffles et de leur conducteur est évaluée à 1 fr. 5o.
Dans les environs de Manille, le prix moyen de la balita est de
5oo francs; mais certaines prairies, qui donnent tous les A5 jours
une coupe de fourrage, atteignent un prix beaucoup plus élevé.
Dans les provinces reculées, à Nueva-Ecija par exemple, la
terre est presque sans valeur.
L'abaca est une source de richesse pour toutes les provinces,
notamment pour celle d'Albay. On désigne sous le nom d’abaca
un bananier (Musa troglodytarum textoria. BI.) et les filaments
qu'on en retire; ceux-ci ont, suivant leur grosseur, un grand
nombre d’usages : par exemple, ils servent à la fabrication des
câbles et à celle des tissus les plus délicats.
(1)
50 à 100 $ la balita; la balita — 27 ares 95 centiares; elle se divise en
10 loanes; 1 loane — 100 brasses carrées: une brasse carrée — 2 centiares 79.
Le multiple de la balita est le quiñion, qui équivaut à 10 balitas.
M1S$. SCIENT, — XI. 30
IMDRIMENLE NATIONALE.
— 166 —
Le procédé au moyen duquel les indigènes dégagent les fibres
de l’abaca est des plus primitifs et fait perdre une quantité no-
table du produit. L'arbre est abattu au moment où le fruit com-
mence à se former; on coupe d’abord les feuilles, puis on enlève
un à un les pétioles; ces’pétioles sont débités en longues lanières
de deux doigts de largeur. L'ouvrier saisit une lanière par l'une
de ses extrémités et la pose à plat sur une lame de bois élas-
tique; il appuie sur la face supérieure de la lanière, et normale-
ment à celle-ci, près de l'extrémité saisie, le tranchant d’un cou-
teau ébréché en dents de scie, et tire fortement à lui: cette
opération répétée plusieurs fois donne une mèche de filasse qui
renferme des fils de toute grosseur ultérieurement triés par des
femmes.
Les plantations d'abaca donnent un tiers de récolte au bout de
deux ans; à la fin de troisième année, la terre est en plein rap-
port.
Un quiñon planté en abaca donne par an 5 picos de fibres
(1 pico — 63 kilogr. 262); à mon passage dans la province d’AIÏ-
bay, le prix du pico, jugé excessivement bas, était de 5 $.
La culture et la récolte de l'abaca s’opèrent habituellement à
moitié fruit, le produit en nature étant partagé entre le pro-
priétaire et l’ouvrier.
Le prix moyen de la journée des ouvriers agricoles est plus
élevé dans la province d’Albay que dans celle de Bataan. Généra-
lement les ouvriers sont engagés à raison de 5 $ (25 francs) par
mois, plus la nourriture, dont la valeur varie de 30 à 4o cen-
times par jour.
Les plaines seules sont cultivées dans la province d'Albay; les
hauteurs couvertes de forêts, propriétés de l'État, sont vendues
au prix de 1 à 3 $ le quiñon; les forêts dont la situation permet
une exploitation facile sont vendues à un prix variable suivant la
valeur des essences.
Le café est très inégalement cultivé dans les diverses provinces;
Batangas, l'une des plus riches, est celle qui en produit le plus;
la qualité est celle du café de Java. Les Moros de Pollok (sud de
Mindanao) cultivent une qualité bien supérieure, mais cette pro-
duction est peu importante.
Le cacao est peu cultivé; dans la province d’Albay, le cacaoyer
se reproduit spontanément dans les jardins, et ses fruits tombent
— 67 —
le plus souvent sur le sol sans que les habitants se donnent la
peine de les recueillir.
La meilleure qualité de cacao provient des hauteurs situées à
l'ouest du golfe de Davao, où les Jnfieles le cultivent sur une assez
grande échelle comme objet d'échange avec les négociants espa-
gnols de Davao. Le cacao est semé en mai et transplanté deux
mois plus tard; la plantation est en rapport au bout de trois ans
ou un peu plus. Les arbres portent des fruits pendant toute l’année,
mais la récolte n’est abondante qu’en juillet et en décembre. Un
cacaoyer produit deux et même trois gantas (1 ganta — 3 litres)
par année. Le prix du cacao était à Davao de 1 piastre la ganta.
Le tabac, de qualité supérieure, était cultivé partout en petite
quantité sur les points qui n'étaient pas soumis au monopole.
Je n'ai pas visité les provinces de Luçon où la culture était
forcée et l'achat monopolisé par l'État, régime aboli en 1882,
ainsi que je l'ai dit, par S. Exc. M. D. Léon Castillo, ministre
de Ultramar.
Avant l'occupation espagnole, l’île de Soulou était fort bien cul-
tivée, grâce aux nombreux esclaves possédés par les propriétaires
Moros. Lors de mon passage, la plupart des plantations de la partie
ouest de l’île avaient été abandonnées, et le prix du café était, à
Maïbnun même, beaucoup plus élevé qu’à Singapore. Un planteur
anglais a obtenu à Soulou une concession dé terre du sultan; il
la cultivait au moyen de coolies chinois recrutés à Singapore; le
prix du passage par steamer de Singapore à Soulou est de 18 $
(90 francs) par coolie; le salaire mensuel est de 7 $ (35 francs)
plus la nourriture et le tabac, que ce planteur évaluait à 3 $.
La richesse forestière des Philippines est immense ; presque
toutes les montagnes, propriétés de l'État, sont couvertes d'es-
sences dont plusieurs présentent des qualités de premier ordre,
soit pour les constructions urbaines el navales, soit pour l’ébénis-
terie et la menuiserie.
Voici la liste des essences dont j'ai rapporté des échantillons
(déposés dans les collections du Muséum). Toutes ces essences
proviennent de Mindanao; elles sont communes, à l'exception du
Mag Cono (voir plus bas) dans les diverses parties de l'archipel.
Le numéro qui précède chaque essence est celui que porte l’échan-
tion dans ma collection.
0]
20.
USAGES
NOM INDIGENE. ESPÈCE. Fi
ET PROPRIETES.
NUMÉROS. |}
Mangachapui.. | Dipterocarpus Mang. BI. (Dipt) Très résistant. Mä- |}
ture et charpente.
Anülao.......| Colombia An. BI. (Til.)
Bolongita . ...| Diospyros pilosanthera BI. (Ébén.) Analogue à l’ébène.|k
Molave.... Vitex geniculata. Bartl. (Vitic.) Incorruptible. Char-
pente.
Calompang. Sterculia fœtida. L. (Bitiner.) Bois tendre; fré-
quemm!t employé pour
la sculpture.
Duclitan. .. Sideroxylon Ducl. BI. (Sapot.)
Talisay.... Terminalia mauritiana, Lam. {Com-
brét.)
Narra colorada.| Pterocarpus santalinus. L.{Léoum.)| Analogue à l’acajou;
beau bois d'ebenisterie.
Dungon.... Sterculia cimbiformis. D. C. (Malv.)| Quilles de bateau.
Anagap .... Mimosa scutifera. BI. (Légum.) nrreaue incorrup-
tible.
Alintatao .....| Diospyros? (Ébénac.) Charpente.
Alimbabao . .. | Broussonetia Luzonica ({Morées.).
Lanutan .....| Unona latifolia. Dun. (Anonac.) Bois dur etrésistant,
Camagon.....| Diospyros discolor. Wild. (Ébén.) | Analogue à l'ébène;
bois magnifique. Char-
pente et menuiserie.
Malapapaya... | Aralia pendula. BI. (Aral.)
Palo Maria... . | Calophyllum inophyllum.L.(Guttif.)| Mäture.
Amuguis .....| Cyrtocarpus quinquestila.(Anacard.)| Charpente.
Dipterocarpus g. BI. (Dipt.) Charpente.
Calantas.....| Cedrela odorata. L. (Méliac.) Embarcalions et ta-
\ er , bletterie.
Bitoon.......| Barringtonia speciosa. L. (Myrt.)
Calamansanay.| Gimbernatia C. BL. (Combrét.) Parquets.
Culin manoc ..| Laurus? (Laurin.)
Anajao . .....| Corypha minor. Bi. (Palm.) Lattes pour plan-
ù : ; chéier les cases indi- i
Malatapay. . . . | Diospyros embryopteris. Pers. (Eb.)| gènes.
Banabe...... Lagerstræmia speciosa. Pers. (Ly-
trar.)
Dalisay. ?
Bangcal......| Nauctea glaberrima. D.C. (Rub.) . Très durable. Em-
J barcations.
Camongsi....| Artocarpus Cam, BI. (Artocarp.)
Pagatpat.....| Sonneratia p. (Rhizophor.)
Narra blanca ..| Piterocarpus pallidus. BI. (Légum.) Comme le numéro 8. |f
Antipolo Arcocarpus incisa. BI. (Artoc.) Très durable. Em- ||
barcations.
— 69 —
USAGES
ET PROPRIÉTÉS.
NOM INDIGÈNE. ESPÈCE.
NUMÉROS.
9
Balete Ficus elastica. Roxb. (Morées.) Charpente.
Banay-banay. Müllingtonia pinnata. BI. (Bignon.)
Evo Sr
Lanete ..... Anasser Laniti. BI. (Apocyn. | Ébenisterie.
Avilo ........| Icica avilo. BI. (Bursérac.)
Cana fistola.. | Cassia fistula. BL. (Légum.)
Baticulin .....| Olax baticulin. BL. (Olacin.) Tendre et incorrup-
tible. Sculpture.
Balangi ......| Exœcaria? BI. (Euphorbiac. )
Mag Cono … Xanthostemum verdugonianum. Charpente, Incor-
Narés. (Myrt.) ruptibilité extraordi-
are; ne croit que
dans la péninsule de
Surigao et près du golfe |}
de Pujada ({ Mindanao). |E
Camonchïile...| Inga lanceolata. Willd. (Légum.)
Anonan ......| Cordia anonanço. Bi. (Cordiac. ) . Instruments de mu- |Ë
sique. H
Eperua decaudra. BI. (Légum.) Incorruptible. Char-
pente.
Sibucao..... Cæsalpinia Sappan. BI. (Légum.) Idem.
Yacal.. ......| Dipterocarpus plagatus. N. (Dipt.) Très resistant.
Tangile.,....| Dipterocarpus polyspermus. Bl.| Embareatiors,
(Dipt.)
Lauan Mocanera polysperma. BI. (Ternstr.) Embarcations.
Les indigènes connaissent bien en général tous ces bois, leurs
propriétés et leur habitat. Beaucoup de noms de lieux sont ceux
des arbres ou des autres plantes qui abondent sur ces points. Je
crois même qu'une connaissance complète des dialectes permet-
trait de retrouver dans la flore des Philippines l’étymologie de
presque tous les noms géographiques. J’ai réuni à la fin de ce rap-
port (voyez Appendice) ceux de ces noms dont j'ai pu retrouver la
signification.
L'exploitation des forêts a pris un assez grand développement,
notamment dans la province de Tayabas (Luçon) et sur quelques
autres points. L'administration des forêts (Montes) a divisé les di-
verses essences en cinq séries (1). Chaque série est cotée à deux prix
® D, Domingo Vidal y Soler, Manual del Maderero en Filipinas. Manila
1877.
— 70 —
différents, suivant la province où a lieu la vente. Le prix le plus
élevé est payé dans les provinces de Manille, la Laguna, Morong,
Pampanga, Tarlac, Bulacan, Nueva-Ecija; le prix inférieur est
payé dans tout le reste de l'archipel. Ces prix sont, pour un pied
cube :
Première série (Camagon, Molave, etc.)......,.... . 030 eto' 25
Deuxième série (Ipil, Yacal, etc.)............. ... O 24 eto 20
Troisième série (Amuguis, Calamansanay, etc.)...... © 18 eto 15
Quatrième série (Balete, Dapdad, etc.)............ o 12 eto 10
. Cinquième série (Anajao, etc.), pour tout l'archipel. . o 04
Ces prix ne sont payés que pour les quantités cubées après que
le bois a été équarri.
Commerce. — Le commerce et le régime économique des Philip-
pines ont été longtemps subordonnés à des règlements étroits, in-
compatibles avec le développement des échanges et de la fortune
publique; ces règlements sont aujourd’hui abolis. L'histoire éco-
nomique de la colonie a été résumée de la façon la plus claire et
plus aitachante dans un excellent ouvrage de M. Azcärraga Ü),
promoteur des principales réformes qui.ont été introduites depuis,
au grand avantage de la richesse du pays.
Quatre ports sont ouverts au commerce extérieur, mais il prend
presque tout entier la voie de Manille; cependant, à mon passage
à Io-Ilo (île de Panay), il y avait sur rade plusieurs clippers des
États-Unis, de 1,200 à 1,500 tonneaux, qui venaient prendre dans
ce port des chargements complets de cassonade.
Pour 1880, la valeur de l'exportation et de l'importation, pour
tout l'archipel, a été, en nombres ronds, de:
Importation bee PRIT 2880 Se Ne eee e AMONT OU ENTER 88,600,000!
Exporuon eee SPAS DE CES De 94,000,000
Les droits de douane (à l'entrée et à la sortie) ont produit plus
de 9,500,000 francs.
%) Don Manuel Azcärraga y Palmero, La Libertad de comercio en las islas Fih-
pinas. Madrid, 1872.
— 471 —
Les principaux articles exportés sont :
Abaca, pour plus de........... he EE Dr A .... 16,000,000!
Or monnayé et en lingots........ SON RE AE +... 11,000,000
SHICRE: 2 rdiiel. dau D ARC A DR CAE 22,500,000
Gale... 7: DS CPAS PANNE RE APRES ass 6,000,000
RabaC ss re de à CES PP ES EE ER EC ..« 6,500,000
Les principaux articles importés ont consisté en :
Hnssus ide cotonsiihtucus de met oaturb is ... 22,50C0,000!
Argent monnayé et en lingots..... Se a RARE Et le 17,900,000
Mn ete url ants en soie cuh ei ele se... 13,000,000
La plus grande partie du commerce est représentée par les
marchandises et par le-pavillon anglais. La part de l'Allemagne,
restreinte encore, tend à s’accroiître; ses produits font à ceux de
notre pays une concurrence sérieuse, notamment pour les soie-
ries destinées aux vêtements, qui autrefois étaient exclusivement
fournies par nos fabriques de Lyon.
La très grande partie de la navigation au long cours est effec-
tuée par de grands steamers; plusieurs ont un service régulier.
La vapeur tend aussi à se substituer à la voile pour le cabotage;
depuis le mois de juillet 1879, plusieurs lignes à service pério-
dique desservent le chef-lieu de chaque île et beaucoup d’autres
points.
Les principales maisons de commerce sont anglaises, allemandes
et américaines; quelques négociants chinois sont aussi à la tête de
maisons très importantes.
Le commerce de détail est presque tout entier entre les mains
des commerçants chinois; leur clientèle est souvent onéreuse aux
maisons de gros, vu l'habitude enracinée aux Philippines d’ou-
vrir de larges crédits et la difficulté de se renseigner sur la sol-
vabilité de ces étrangers.
Depuis que l'Espagne s’est établie dans l’île Soulou, le port de
celle-ci a été déclaré libre. Ce marché peut devenir important,
surtout pour l'exportation, à cause des produits spéciaux, qui sont
abondants dans les nombreuses îles qui l'entourent.
Les produits principaux du marché de Soulou sont :
Le trepang (holothuries desséchées), exporté en Chine, où il at-
teint un cours très élevé, sans doute à cause de sa réputation
d'aphrodisiaque ;
— 172 —
Les paye) ou concha (Placuna placenta), dont le test découpé
en lames minces est employé comme vitres dans toutes les Phi-
lippines. À mon passage, le cours était de 3 fr. 15 le kilogramme,
ce qui portait le prix d'une paire de valves moyennes à 7 fr. 5o;
La gutta-percha, de diverses sortes. Le prix de cet article est
des plus variables.
() L’huître perlière, abondante à Soulou et aussi désignée sous le nom de
tipaye, est la Meleagrina margaritifera. Les perles ne sortent guère de l'archipel
de Soulou, où elles grossissent le trésor du sultan et des datos; elles ont d’aïl-
leurs à Soulou une valeur supérieure à celle qu’elles atteindraient en Europe.
APPENDICE.
—_—
ÉTYMOLOGIE BOTANIQUE DE QUELQUES NOMS GÉOGRAPHIQUES
DES ÎLES PHILIPPINES.
Nora. Dans l'indication des divers dialectes, tag. — tagaloc; bis. — bisaya; bic. — bicol; 1loc,
— ilocano; pamp. — pampango.
Lun DIALECTE. SITUATION. SIGNIFICATION BOTANIQUE.
Abacasies 2e Tag. bis.| Village, Panay............| Musa troglodytarum textoria.
(Palmiers.)
Agaga ...... Joc....| Mont, prov. Hocos-Norte.Lucon| Trichilia tripetala? (Méliac.)
Agoho ...... Tag....| Village, prov. Pangasinan. Lu-
ÉQUE Ad do bee 0e dela bp Ipomœæa quamoclit. (Gonvolv.) ||
Agonoy...... Bises Hois, baie de Bislig. E. Min- É
à Hé bob bAobodoe ane Spilanthes acmella. (Compos.)
Aguiu....... Dis ne Nilasé, Panay-- ee Turrœa decandra ? {Méliacées.)
Alang-Alang .… Malais ..| Village, Leyte........ ... | Imperata arundinacea. (Gram.)
Alang-Hang . .| Tag Village, prov. Bulacan. Luçon. | Unona odorata. (Anonac.)
ASE RE 0: Tag....| Baie, ouest de l’île Masbate.. | Pandanus exaltatus. (Pandan.)
Maya... .. «.. Tag....| Pointe, est de Mindoro...... Quercus molucca? (Cupulif.)
Alibanbang ..| Bis. ....| Pointe, est de Samar....... Bauhinia tomentosa. (Cæsalp.\ |h
Alibuns: 33 Bis Vil. Cent a ee DR Conyza balsamifera. (Compos.)
Alintatao . ...| Bis.....| Mots, nord-est de Mindanao, . | Diospyros? (Ébénac.)
Alipata......| Bis... Pointe sud de Samar. ...... Exæcaria agallocha. (Euphorb.)
Amolong ....| Hoc.,..| Village, prov. de Cagayan, Lu-
con PEN en UE Pothos pinnata. { Aroïdées.)
Amuraon, ...| Bis,....| Pointe, est Mindanao. ...... Vitex latifolia. (Viticées.)
AA ne Tag....| Village, prov. Hoc.-Norte. Lu-
CON. ASH OUT Corypha minor. (Palmiers.)
ATLAS. BIS r27 MiHace Banay: 2: ePApammNE Erythrea picta. (Gentianées.)
Anïilao ...... Bises Village, Panay............| Columbia anilao, (Tiliac.)
Antipolo . ...| Tag....| Vi, prov. Manille, Luçon. . | Artocarpus incisa. (Morées.)
Apalit....... Pamp...| Vill., prov. Pampanga. Lucon.| Pterocarpus santalinus. (Lé-
gum.)
Aparri...... Tag....| Vil., prov. Cagayan. Luçon. . | Urtica umbellifera, (Urtic.)
Apiton...... Bis. . 1 Port, côte est de Panay...., Mocanera grandiflora. (Terns- |
træm.)
— 74 —
NOMS
À DIALECTE. SITUATION. SIGNIFICATION BOTANIQUE.
GÉOGRAPHIQUES.
Vil., Gebu.….. +... | Premna odorata? (Verbenac.)
Hameau, prov. Abra. Luçon. | Adelia Bernardia. (Euphorb.)
Vi. , prov. Pangamian. Lucon.| Pterocarpus pallidus. (Légum.)
Bacong...... Bis. .... DMALPAINESTOS EEE RE Hæmanthus pubescens, { Ama-
ÿ ryllid. )
Badoc....... Hoc. .. | Viüll., prov. Hoc.-Norte. Luçon.| Xeranthemum. {Compos.)
Bago ....... Tag... | Vi, prov. Pangasinan. Lucon.| Gnetum gnemon. (Conifères.)
Bahayen- #0"... Rivière, Mindanao. ........ Dioscorea Bolojonica? (Diosc.)
Balabac. .....| ....... lefetidetroit. 22e 200. Jussieua erecta. (Onagrariées.)
Balatong.....| Tag....| Vi, prov. Bulacan. Lucon.. | Phaseolus mongos. (Légum.)
Balayan. . ... Tag....| Baie au sud-ouest de Lucon.. | Eperua falcata? (Légum.)
Balete.. =....| Bis. .... Plusieurs caps, notamment
au sud-ouest de Mindanao. | Ficus indica. (Morées.)
Balibago... ..| Tag... .| Pointe au sud de Luçon... ..| Hibiscus tiliaceus. (Malvac.)
Balili....... Bis. Cap à l’ouest de Gebü...... Imperata arundinacea. (Gram.) |
Balimbin....| ....... Pointe au sud de Tawi-Tawi..| Averrhoa carambola. (Oxali-|
dées.) |
Balod eee te Qt Hots du groupe de Basilan.. . | Nauclea latifolia (Rubiac.) |
Balogo.. .... Hoc....| Vill, prov. Camarines-Sur.
Lucon ee einen Cassuvium reniforme. (Ana-
card.)
Balugo .. . ... Bis 0" Vill., Samar... ........ .... | Adenanthera gogo. (Mimosées.),
Banaba.. .... Bic... ..| District, prov. d’Albay. Lucon.| Munchausia speciosa. (Lytra-
: riées.)
Bancoran....| ....... Île de la mer de Mindoro....| Cyperus difformis. (Cypérac.)
Banag....... Bissau, Vill., prov. d'Albay. Luçon. .| Smilax pseudo-china. (Smila-
cées.)
Banati . . . ... Bis. .... Vi, Panay.. te db st cs Connarus fœtens. (Connarac.)
Banbang.....| Iloc....| Väl., prov. Nueva-Vizcaya. Lu-
ÉD eee ec HO oc Plumbago viscosa. (Plombagi-
nées. )
Bangan ..... Hoc ....| Riv., prov. Cagayan. Luçon... | Sterculia fœtida. (Sterculiac.) |
Bangcal..... | Tag....| Riv. Mindoro............, Nauclea lutea. ( Rubiac.)
Banot....... Bis... Pointe au sud-ouest de Marin- É |
dUQUE RE Rec Bauhinia scandens. (Cæsalp.) |
Baras....... Tag....| Port, île Catanduanes.. ....| Smilax pseudo-china? (Smilac.)
Barilis ...... Bis. .... Ni ACebue ee Pre Diospyros. (Ebénac.)
Batang...... Bis... Pointe, côte nord de Panay..| Cissampelos pareira. (Mémi-
é spermées.)
Bato-Bato....| Bis..... Anse, golfe de Davao.Mindanao.| Laurus lanosa. (Laurinées.) |
NOMS
GÉOGRAPHIQUES.
Bayabas. . ...
Bayanga.....
Bayati.. .....
Botuan......
Bucacao.. . ..
Bulacan. . ...
Bulalan . ....
Bulaon......
DIALECTE.
— 175 —
SITUATION.
Vi, prov. Bulacan. Luçon...
Vill., Mindanao. ......... :
He du groupe des îles Batanes.
Riv., prov. Pampanga. Lucon.
Vill., île Catanduanes......
Pointe au N.-E. de Mindanao..
Anse du golfe de Davao.....
Baie de
Île au nord-ouest de Négros..
M Lea Ne 0 MM le ni 0
Vil., prov. Bulacan. .......
Vill., prov. de Zamboanga.
Mind Se et
Pointe à l'est de Lucon.....
Vil., Mindoro et Lucon.....
Ïlot au nord-est de Masbate.…. .
Mont. Luçon. :.....:424:..
Pointe au nord-ouest de Min-
Îles au nord de Culion......
Vill., prov. Nueva-Segov. Lu-
Vil., prov. Hoc-Sur, Luçon...
Bray Bacon RER
Pointe au sud de Négros....
Fix. Euçcons 002, 5000
A
He à l'ouest de Samar......
Rivlucomémiisan del. :
Vill., prov. Bataan. Lucon.. .
Île voisine de Mindoro. . ,...
Mouillage au sud-ouest de
SIArga0. . .. se
0.9
SIGNIFICATION BOTANIQUE.
Psidium aromaticum. (Myrta-
cées. ) .
Amaranthus spinosus. (Ama-
rantac.)
Menispermum cocculus. (Mé-
nispermées.)
Azaola Betis. BI.
Calla maxima. (Aroïd.)
Crotonalacciferum. (Euphorb.)
Cambogia. (Guttifères. )
| Barringhtonia speciola. (Myrt.)
Scævola lobolia. (Goodeniac.)
Bambusa diffusa. (Gramin.)
Costus luteus? (Zmgibérac.)
Areca catechu. ( Palmiers.)
Achyranthes villosa. (Amaran- |}
tacées.)
Oryza aristata. (Gram.)
Gicca pentandra. (Euphorb.)
Barringhtonia speciosa. (Myrt.)
Musa troglodytarum. (Musa-
cées.)
Panicum miliaceum. (Gram.)
Gossypium herbaceum (Malva- |}
cées.)
Plusieurs esp. de Convolvalus.
Nauclea lutea? ({Rubiac.)
Vitex latifolia. (Viticées.)
Corypha umbraculifera. (Pal-
miers.)
Portesia rimosa. {Méliacées.)
Polypodium quercifolium ?
(Fougères.|
Erythrea carnea. (Légumin.)
Unona cabug. (Anonac.)
NOMS
GÉOGRAPHIQUES.
Calantas.....
e
Calamias . ..
Calobcob . ..
Calumpance...
Calumpit...
Camiring. ...
Camotes....
Campopot.. .
Catmon
Colasiman ..
Dalaguit.. ...
Dancalan . ...
Dinglas
Dumali
DIALECTE.
— 176 —
SITUATION.
Banc au sud-est de Luçon...
Vill., prov. Batangas. Lucon.
He à l'ouest de Bohol. ... .
Riv., prov. Cavite. Luçon...
Riv., prov. Cavite. Luçon...
Île, prov. Bulacan. Luçon...
Vil., prov. Bulacan. Lucon.,
Vill,, prov. Pangasinan. Lucon.
Tes à l'est de Cebu
Baie, côte ouest de Leyte..…..
Pointe de l'ile Sibuyan
Vill., prov. Pampanga. Luçon.
Val. , prov. Hocos-Sur. Luçon.
Viil., prov. Bulacan. Luçon.
Mont., prov. Cam.-Nort. Lucon.
Pointe à l’ouest de Panay....
Vil., prov. Pampanga, Luçon.
Riv., prov. Bulacan. Luçon...
Väl., Leyte
Pointe à l'est de Cebu
Pointe au sud-est de Lucon. .
Vi. de l'Abra. Luçon
Pointe au sud-est de Lucon..
Île au nord-ouest de Cebu...
Pointe à l'est de Mindoro..….
Vil., prov. Manille. Lucon..
Väl., prov. Hoc.-N. Luçon...
Pointe à l’est de Mindoro...
Vil., prov. Zambales, Luçon.
SIGNIFICATION BOTANIQUE.
Cedrela odorata. (Cédrélac.)
Averrhoa Bilimbin. (Oxalid.)
Calamus maximus. (Palm.)
Abrus precatorius. (Légumin.)
Eugenia malac. (Myrtac.)
Sterculia fœtida. (Sterculiac.)
Terminalia angustifolia. {Com-
brétac. )
Semecarpus anacardium ? (Ana-
cardiac.)
Convolvulus batatas. (Convol-
vul.)
Tabernæ montana datifolia.
(Apocynées.)
Pæderia fœtida, (Rubiac.)
Gossypium paniculatum. (Mai-
vac.)
*)
Mimosa carisquis. ( Légumin.)
Mimosa scutifera. (Légumin.)
Dillenia indica. (Dilléniac.)
Portulacca oloracea. (Portula-
cées.)
Petaloma alba. (Mélastomac.)
Thoa pendula. { Gnetacées.)
Mimosa peregrina. {Légumin.)
Rubus molucca. (Rosacées.)
Ficus indica. (Morées.)
Calophyllum. (Clusiac.)
Vitex trifolia. (Viticées.)
Erythrina carnea. (Légumin.)
Poupartia pinnata. (Anacard.)
Citrus notissimus. {Aurantiac.)
Curcuma delagen. (Zingibér.)
Bucida comintana. ( Combrét.)
Oryza sativa precox. (Grami-
nées. )
Kaempferia rotunda. (Zimgibé-
rac.)
en ne
5 Le DIALECTE. SITUATION. SIGNIFICATION BOTANIQUE.
GÉOGRAPHIQUES.
ue) ac. Vill, Panay- ee "0e cr Sapindus saponaria. {Sapinda- |}
cées. )
ba eek à: Pamp...| Pointe au sud de Lucçon....| Gicca acidissima. {Euphorb.)
Nha... Tag....| Vill., prov. Batangas. Lucon. | Cnestis diffusa, (Connarac.)
Ho-Ho.. ..... Bis.....| Capitale de l'ile Panay...... Argophyllum ? {Saxifrag.)
ARR ee Bisdirier Île près de Gebu..... ..... | Eperua decandra. (Légumin.)
ÉCRIS DROLE Disdei-isre Vi. de Négros.......,....| Ficus hisp. (Morées.)
Labor... Bic 01 Riv., prov. Cam.-N. Lucon. . | Anbroma alata. (Bitnériac.)
Laguio ...... Tag....| Riv., prov. Tayabas. Lucon..| Acanthus Doloariu. (Acanth.)
Lanhil...... Bis... ..| Ile au nord-est de Basidlan...| Mimosa rebek. (Légumin.)
Lapo.….;:.1.:. Hog:.r4. Vil., prov. Hoc.-N. Lucon.. . | Mocanera? (Ternstræm.)
Harac--shact Tag....| Île voisine de Mindanao...….. Capsicum minuum. (Solan.)
Havaan Tag....| Baie à l’est de Tablas....... Mocanera thurifera, (Terns-
troem.)
LATE OR Tag....| Vil., prov. Hoc.-S. Lucon.. . | Paliurus dubius. (Rhamnées.)
Layohan.… . Bis... ..| Vill., prov. Misamis. Mindanao.| Cicca acidissima. (Euphorb.)
Libong...... Pico Vil., prov. Nueva-Cac. Lucon.| Cacalia sonchifolia. (Compo-
sées.)
non. Bis 0. Île à l'est de Samar. ....... Morinda citrifolia? (Rubiac.)
Li TE ORNE Tag....| Plusieurs riv. de Lucon.....| Urtica umbellata. (Urticées.)
Lipata ...... Bis nat Baie sur la côte est de Cebü.. | Exœcaria agallocha. (Euphor-
biac.)
Éipay.--.: Tag Vill. des Iguorottes. Luçon... Nigretia urens? (Légumin.)
Luchan...... Tag....| Me à l'ouest de Romblon... . | Citrus decumana. (Aurantiac.) |
Lumbang ....| Tag Vil., prov. Laguna. Lucon. . | Aleurites lobata. (Euphorbiac.)
Macapilao . ..| Bis. .... Pointe, sud-ouest de Siquijor.| Amerimnium mimosella. (Lé-
gumin.)
Malabago....| Bis. ..., Îles à l'est de Panaye Er Hibiscus tiliaceus. (Malvac.)
Malagui. . ... Bic..,.,| Pointe, prov. Cam.-Norte. Lu-
MÉON EPS ECTS SA ES Oryzasativa glutinosa. (Gram.)
Malabatuan . .| Tag....| Mots entre Lubang et Luçon. | Willoughheïa multilocula.
(Apocynées. )
Malaho...... Tag....| Pointe au sud-ouest de Samar. | Paliurus edulis. (Rhamnées.)
Malapacun ...| Bis.... - Îles à l'ouest de Palawan. . . . | Justicia crecta. (Acanthac.)
Malarayat.. ..| Tag....| Mont., sud de Lucon....... Calyptranthes makal. (Myrtac.)
Malaubi. . ... Tag....| Pointe au sud de Marinduque.| Aristolochia indica. (Aristol.)
LL FN CNP Tag....| Vill, prov. Bulacan. Lucon..| Sida indica, (Malvac.)
NOMS
À DIALECTE.
GEOGRAPHIQUES.
Malunai..... Tag
Mananoag.…. Tag...
Manga...... HAneee
Naga Re Bic
Nangca...... Tag
Nato: = 12020 Tag
NI ER EEE Tag
Niogan...... Tag
Nipas-crser Bises:
Nonoc....... Bis.phret
Olango . ....| Bis.....
Opons EE Bises Eu
Paco ere rer Tag
Pagatpat.....| Bis.....
Palads: 417" Bisseure
Palapa. . ..-.. Bis see
Pandacaqui. .| Tag...
Pandan ..... Bis:e:22
Papaya...... Tag
Payapa. .| Tag
Php deecee Bis: 22%
PAS SU Hoc
Piris.. Tag
Pitogo ...... Tag
Dérisedoanes Tag
Popotan Bis:
Quiapo...... Tag
— 478 —
SITUATION.
Vil., prov. Tayabas. Luçon.
Vil., prov. Pangas. Luçon...
Vil., prov. N.-Ecija. Luçon...
Capitale de Camar.-Sur. Lucon.
Mes du Rio San-Mateo. Lucon.
Riv., prov. Batangas. Luçon...
Vill., prov. Bulac. Luçon...
Vill., prov. Bulac. Lucon....
Pointe au nord de Panay; lots.
Vi. , prov. Surigao. Mindanao.
Vil., prov. Manille. Lucon..
Vi. île de Sibuyan, près Capiz.
Banc, prov. Tayabas, sud de
ÉUÇOMRE SALE SASLEL EUR.
Riv., prov. Pamp. Luçon...
Îles à l'ouest de Mindoro, etc.
Väl., prov. N.-Ecija. Luçon.
Vill., prov. Batang. Luçon...
Pointe à l'est de Luçon.....
Ruisseau, prov. Abra. Lucon.
Baie, prov. Tayabas. Luçon. .
Îles au sud-est de Luçon... ..
Pointe au sud de Lucon....
MAS Panav ee Rene r ere
Füv. et vil. Luçon: . .......
SIGNIFICATION BOTANIQUE.
Moringa oleifera. (Rubiac.)
Ignatia amara. (Loganiac.)
Mangifera indica. (Anacard.)
Pterocarpus pallidus. (Légum.)
ÂArtocarpus maximus. (Artoc.)
Terminalia latifolia. (Combré-
tac.)
Xïlocarpus granatum. (Cédré-
lac.)
Ficus pseudo-palma. (Morées.)
Nipa littoralis. (Palmiers. )
Ficus indica. (Morées.)
Pandanus radicans. (Pandan.)
Cucurbita lagenaria villosa.
(Gucurbit.)
Hemionitis incisa. Fougères.)
Sonneratia pagatpat. (Rhizo-
phorées.)
Ruellia repens. (Acanthac.)
Sonneratia pagatpat. (Rhizo-
phorées.)
Tabernæœmontana laurifolia.
(Apocyn.)
Terminalia latifolia. {Combré-
tac.)
Carica papaya. ( Papayacées.)
Ficus papaya. (Morées.)
Avicennia nitida. (Verbénac.)
Averrhoa balimbin. (Oxalid.)
Bergera compressa. (Aurant.)
Cycas circinalis. (Cycadées.)
Canarium album. (Anacard.)
Rhizophora candel. (Rhizopho-
rées.)
Pistia stratiotes. (Aroïd.)
NOuS
GÉOGRAPHIQUES.
Sampaloc …. ..
Santol
DIALECTE.
— 179 —
SITUATION.
Väll., prov. Misamis. Mindanao.
Pointe à l'est de Luçon
Pointe, lac, etc. Luçon
Mont., prov. Bulacan. Lucon.
Riv., prov. Albay. Luçon...
Mont., prov. Bulacan. Lucon.
Pointe au nord-est de Samar...
Pointe au nord de Mindanao..
Vi, Négros
Lac et volean, prov. Bat. Luçon.
Hots à l'ouest de Leyte
Pointe au sud-est de Négros.….
Île du golfe de Davao (Minda-
Pointes et vili., prov. Batangas.
Luçon, etc
Pointe au sud-est Lucon, etc.
Hot à l'ouest de Basilan
Pointe à l’est de Calamianes.
Vill., prov. Abra. Luçon. ...
Riv., prov. Bat. Luçon... ...
Baie, prov. Misam. Mindanao.
Pointe à l’ouest de Samar, etc.
Pointe au sud-ouest Mindanao.
Riv., prov. Cavite. Luçon...
SIGNIFICATION BOTANIQUE.
Andropogon Schænanthus. {f
(Gramin.)
Pinus tœda. (Conifères.)
Tamarindus indica. {Légum.)
Sandoricum ternatum. (Mél.) ||
Cœsalpinia sappan. (Légum.)
Mimosa tenuifolia. (Lécum.)
Pterocarpus frutescens. (Légu- ||
min.)
Erythrina carnea ? (Légumin.) |
ÂAgeratum quadriflorum. (Com:- |
posées.)
Eperua decandra. (Légumin.)
Sida indica. (Malvac.)
Renealmia graciülis. (Zingib.)
Ficus dicarpa. (Morées.)
Terminalia latifolia. (Combré-
tac.)
Arundo tecta. (Gramin.)
Costus luteus. (Zingibérac.)
Phlomis ceylanica. (Labiées.)
Marsdenia tagudinia. (Asclé-
piad.)
Mussænda fondosa. (Rubiac.}
Acanthus. (Acanthac.)
Morinda citrifolia. (Rubiac.)
NymphϾa? (Nymph.)
Diospyros? (Ébénac.)
ATEN FOR fi up) paré
noce À A
nt DE
2. : à sh. cal à sd a fe k
; |-Hogtif. Mean futé sv : Ho
sus) Hot à | opus Eysdlh ,vorg, AT
Éourat) silelieunt oeil Ain Hentai SA noie
gl) sac tasse EUR ue sh 2e bre ds de
| {haut :
Lame l) eos pub “ani 4 Los: ps Na
=") “rielltshenp: tape |: : PE ch Lu ris
ne to ue
ns
CU a sé ét à sMog M LE
rar) pes Bora LES uses REA 2 :
! ligues “EL Fox. SRE neo
ba ai QUE sin Et LR ARE. nie honte
MES CabaitO) Ra He 40 ii bi: 1 ps of ;
{abc} -eustal mo | se élan cb sou k6 jot
(RE) } Hoigslyss ATEN sa ist à atiiof
eaihoz 265 insbmelt |
(RTS
À 208 sb RAR
nul} “aildtris: so
à usa }, ua or va L
MDI Us, Lu
Planche Î.
N° 45.
Négrito de la Sierra de Marivelès.
(Province de Bataan. Luçon.)
Phototypie A. Quinsac. Toulouse.
Planche Il.
N° 54. N° 535.
Négritos de la Sierra de Marivelès,
(Province de Bataan. Luçon.)
Phototypie A. Quuwsac. Toulouse.
N° 55. N° 56.
Négritos de la Sierra de Marivelès
(Province de Bataan. Lucon.)
Photolypie A. Quinsac. Toulouse,
TR EE POS - 2 RD NUE dre
(‘oeuepurji 354 ‘edexen) : (:uo5nT ‘Âeqyy,p aouraozq)
“efestq-ojubeu esstie ‘1091q-0uBeU STeIN
| BOT N ‘26 N
"asnopnoz, *oysninf) y e1dAojoqq
EAMROTDLET
(‘uoÿn'y ‘An S090FJ,p 29UTA0414) (-uoÿnq ‘esuedwueq ef 2p aoutaouq)
‘uoOpueTD ep OUC2OI] ‘onbrura ep ofuedwueda
667 N que
“asnopno, "YSNInQ) °Y 21dA0707q
‘À 24
(‘opuepurN 354)
eGereo ep e(esig
‘GY oN
asnopnoz, ‘2FSNINQ) ‘V edAjoqouq
A aour td
(-{eueq 9p ef)
OIT-OIT,P 2ÂESI4
‘O7 N
Planche VIL.
N° L.
Jeune fille bisaya de Carag
(Est Mindanao.)
Phototypie A. Quinsac. Toulouse,
a
r L'ARCECE
RS ns
Planche VII.
N° VII.
À. Métisse sino-tagale de Manille
T
B. Tagale de Zamboanga. (Mindanao |
Phototypie À. Quivsac. Toulouse
TANT
RIRE EE:
(‘oeuepury ‘HS )
‘oe1eC 2P ekestq-omubeu-ouedsru e88meI\
‘IST ON
“a800pno x, ‘OVSNINQ) ‘VF ardAjoyouyq
Qi CPR al
(-uosnry ‘ueutsedurg 9P aDULAOI )
‘opuoqziqun ep oovefei-ouedsiy SHeI\
867 N
Planche X.
Phototypie À. Quisac. Toulouse.
N° V.
Femme more de l'île Soulou.
N° 84.
Bicole de Ligao.
(Province d’Albay. Luçon.)
au
Planche XL.
Phototypie À. Quivsac. Toulouse.
(I.
N°
Brahamuddin, sultan de Soulou (1888) et deux datos.
(fs
ÿ
SE
il
it
1
»
D [D
À. Pandita de l'île Soulou.
B. Tagaloc de Zamboanga (Mindanao).
C D.E. Esclaves mores de Soulou.
Phototypie À. Quinsac. Toulouse.
DEA
AE Er
(-oeuepur )
‘nopmoS eII.] 2P OLOJN ‘ORAEC] 8P 2H06 np oO
‘GOI oN
“esnopnog, ‘ovsnin) *y 21dAjojoyq
‘IIX 2 UE fd
(‘ogux0g ‘4 N) (-[oeuepuy | oeaeq ep 2709)
4
“pnipePes euerau 1 ep uidn pernq BueiOQ ‘TeuIeS eII.I 2P [EWES Jeuo
‘TEE ON “AIXXX N
‘asnofnoy, ‘oYSskint) ‘y 21d4j004q
ADAM RET
LU ARS
CN
TE
LUC
LUE
([oeuepurx | oAR( 8P 27109)
-aunyer, 9p ePuemb Jen)
‘GLEN
“asnopnox, ‘DYSNINŸ) ‘V atdojoqq
AN IUIUE
(‘oeuepuri pus)
-uepanqig ep oqobeq 070
‘XXX N
(oeuepur) (oeuepuri pas)
‘ody ueo]0A np [EIUSPIO0O QUESJOÀ NP se1E 0JEC] ‘ruePueIeS ep o1eq e[ Soud ‘OnTNUIT, 8P EI
TIXXX N 97 NN
‘osnoçuo], ‘ovsaiat) ‘V o1dÂjojoqq
JAX 9quetq
|
FES D
tar
Planche XVII.
NSXIL
Jeunes filles atas du versant occidental du volcan Apo.
(Mindanao.)
Phototypie A. Quivsac. Toulouse.
(loeuepurx ] oeaeq ap e7o8 np 354 030) (loeuepuu ‘4-$] oeaeq ep e7o8 np -O-N 2399)
‘IBunqrT sp oporoeÉe],
TT ON
eneqebe],
“667 °N
‘esuopnoy, ‘oysnrnt) ‘y erdfjooqq
TIIAX 9querq
(‘oeuepurji)
‘81e 2P 806 np oqoueN
‘GYT ON
“asnopno y, ‘ovsnin) ‘y otdéojoua
‘XIX °quetd
(-oeuepur{)
OeAEC 2P SHOB np oqoueyi
‘SEE N
Planche XX.
N°: 155, 156, XLYV, XLVI.
fandavas des sources du Rio Matiao
(S.-E. Mindanao.)
Phototypie À. Quinsac. Toulouse
Planche XXI.
N° 154 N° 153.
Mandayas des sources du Rio Matiao
(S.-E, Mindanao.)
Phototypie À. Quinsac. Toulouse
Y 1
il
ou ja
Planche XXIL.
Nil
Manthra o' (face et profil) des forêts de Kessang.
(Péninsule de Malacca.)
Phototypie A. Quinsac. Toulouse.
Planche XXII.
NA
Malais déformé (face et profil) de la grotte du Levant, île de Cagraray.
(Golfe d’Albay. Luçon.)
Phototypie A, Quinsac. Toulouse.
Planche XXIV.
N° 6.
Malais déformé d (face et profil) de la grotte du Levant, île de Cagraray.
(Golfe d’Albay. Lucon.)
Phototypie À. Quivsac. Toulouse.
Planche XXV.
N° 9. Indonésien © de la grotte du Levant, île de Cagraray.
(Golfe d’Albay. Luçon.)
N° 8. Négrito 9 de la grotte du Levant, île de Cagraray.
(Golfe d’Albay. Luçon.)
Phototypie À. Quinsac. Toulouse.
fi
fe
mn
it
Planche XXVL.
No 418. Bisaya d' de la grotte de Tinagho.
(N.-E. Mindanao.)
No 48. More d à type sémitique de l'île soulou.
Phototypie À. Quinsac. Toulouse.
pr
Planche XXVII.
No 115. Type négritoide © de la grotte de Tinagho.
(N.-E. Mindanao.)
N° 417. Indonésien c' de la grotte de Tinagho.
(N.-E. Mindanao.)
Phototypie A. Quixsac. Toulouse.
Planche XX VII.
N° 114.
Dato manobo (face et profil) du Rio Agusan.
(Est Mindanao.)
Phototypie À. Quinsac. Toulouse,
.__ Planche XXIX.
Ne V. Bagobo o‘ du volcan Apo.
(S.-E. Mindanao.)
N° 458. Mandaya d' du Rio Pandisan.
(Est Mindanao.)
Phototypie À. Quinsac. Toulouse.
.
1.
|
Now,
Planche XXX.
N° 88. More ® de l’île Soulou.
Bagobo d' du volcan Apo. (S.-E
Pholotypie A. Quinsao, Toulouse.
1
3
Mindanao. )
AE
FANS
NUAGE
UE
Œnre
: Ce
e Û © _ e :
SICJUUE 0 SOU SUON ‘96 ‘(oise | enuewmen et] OJASON ‘CH OJHGON 4
LD UT IepN ‘2€ INQUUM LG CAQUEN ‘EZ
Ce) ea
/ d
7 V4
SA DA
ee Er ie Re
ADO S LRO
_!_ lopesisASUEI} UOHO08S -XN9A9UI
06 &
“uvriq 191 vAëpue]t EC] vAvpuey ‘OST ‘oqouen SI "oo8ovsEL IT
CD
“esuvin ‘| "oqosugq GG ‘nopnos ‘OO nomnoÇ 66
|
|
ÿ
Cr e
À |
ere Ç
"OMS QU-PACSE . © |
LE rq VABSIT ‘OT ‘DOIUSEL ‘Ga ‘00H ‘08 |
|
-OUCASHE-SUYN JC
à |
TRE
die)
GT te
AND
OUEST.
Tracé du sismomètre horizontal de l'observatoire de l'Ateneo municipal de Manille,
midi ko minutes
io de Manille du 31 juillet 1880.
le 18 juillet 1880, à
d’après la publication d'El Comerc
"ŒIs
PSC EME
LS A
‘ŒHONX
*oggr jepmi re np ojpUvY 9p 04807) JAP uoneorqnd ef soide p
‘110$ np SAUT 0 saanoy € E 0887 soqpnf 06 2
late ©p [ediorunuwu oouerV,I 8p 941107EA
ES4AO
Planche XXXIV.
NORD.
OUEST. A
UE
D 27
A
S UD.
Tracé du sismomètre horizontal
de l'observatoire de l'Ateneo municipal de Manille,
le 20 juillet 1880, à 40 heures Lo minutes du soir,
d'apres la publication d'El Comercio de Manille du 31 juillet 1880.
PL ne
SUD ADE PIN
Volcan Apo
_ 10 Oet.80
CGravé etImprimé par Erhard 350$ Rue Denfert-Rochereau, Paris.
3 d ; A)
RS d
Le eo ST
VALNVAINT M,
MNAOV'I VIT €
NOHON 7
LTINVN. I
2211001407 Loin yep
= É
QUO PI p umo. TOAUOY ah PIDUIAOLTIOP OPTUIT ES
4 TI COTE TENUE
LO477 110777 MP STAPS F ===
o# op CA oo 121 (274
RS 0720777
SÉRRÉCPERLEN SON RE DE a0r 201 Of Oÿ Of 0Z o01
pme mme ee)
(NOSNT) ,000‘00G'9:1:2||2407
AV41V.QG 19NIAOHd V1 1q
YLLMVd |
19901-6/ot
OUEJUOIN °° «Œ MP
SIUIVHAINILI S137
APP TRLTEIR 29A®
Re: V1Hq
à no al VAIFD'TOA N 14 d S
77 s? . T7,
à re, VIVyaugo aa
u2710r9) 272? UD970) 22 21] é at £ n “
, 80181 S'OUPATIQEY ID ÿ ;
4901 7909] oqu
eo
USD], J 12d 2128 41
TL J AP UTIP149/f1 D JSF) oQ8L QU
02
— <
a :
AM -- 5 7
ç 29979 3 2p Te
CE
REC AT ST DO LIU ES >
22 (po Yet / F ‘ Mk |
252 î 700 DE
2210p) ap 210 £ 4 LT Fes 2
a À AE | ©
> | ï AA aa mr le EDIT] YOLY |
& 1 LA UE : à FL STE |
=
&
22} CN ONES AN), TS
7. | ARTE SEA | si
TEJISeg 01) FT ce
01271 rdirib$ HE AA à
à Aonbueg 2
1e JEjeg op pour?
D. D Ë j é À : # £ RE &2 - . DITS IR p #2 A
OT œ t 2 VE Qi KE £ ePsTe
un brureD ep
"229790 VU C//4
D
PA
#, . o 4
Ce
à LA
à , DPLGIUILT Rte a
$ | “il
|
|
|
_—
= ——_——_—
———
AMNH LIBRARY
M
10016743