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Full text of "Archives des missions scientifiques et littéraires"

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FOR EDVCATION 
FOR SCIENCE 


OF 


THE AMERICAN MUSEUM 
OF 


NATURAL HISTORY 


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ARCHIVES 


DES 


MISSIONS SCIENTIFIQUES 


ET LITTÉRAIRES. 


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ARCHIVES 


DES 


MISSIONS SCIENTIFIQUES 


ET LITTÉRAIRES. 


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Lens, EEE 
mn: 2 


CHOIX DE RAPPORTS ET INSTRUCTIONS 
PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES 


DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE 
ET DES BEAUX-ARTS. 


TROISIÈME SERIE. 


TOME XI. 


PARIS. 
IMPRIMERIE NATIONALE. 


M DCCC LXXXV. 


HUREUN MANIA 


ADI MANTILN 


Le tn 


fer 


TABLE DES MATIÈRES 


SUIVANT L’ORDRE DANS LEQUEL ELLES SONT PLACÉES DANS CE VOLUME; 


Rapport sur une mission en Tunisie (1881-1882 ), par M. R. Cagwar. …. 1 


Rapport sur une mission en Palestine et en Phénicie entreprise en 1881, 
MAP OTPRMONT GANNEAUE 0 de ce eee ca 


Quatrième rapport de M. Charles Tissot sur les missions archéologiqnes 
5 Mer SP ohobcoc ce are DRE one eat or beat De 


Rapport sur une mission aux iles Philippines et en Malaisie (1879-1881), 
par M. le docteur J. MONTANO....................... Mr TL 271 


M1S$, SOIENT, — XI, J1 


IMPHIMENLÉ NATIONALE. 


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MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE. 
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ARCHIVES 


DES 


MISSIONS SCIENTIFIQUES. 


RAPPORT 


SUR 


UNE MISSION EN TUNISIE 
(1881-1882), 


PAR M. R. CAGNAT. 


Monsieur le Ministre, 


J'ai voulu consacrer ma seconde année de mission en Tunisie 

. à explorer dans le détail deux régions qui, à cause de la nature 

du sol ou du caractère des habitants, avaient été peu étudiées 
jusqu'ici. 

La première s'étend depuis Zaghouan et Hammamet au nord 
jusqu'à Kairouan et Souse au sud : c’est le pays des Zlass et des 
Ouled-Saïd, pays de plaines immenses, limité à l'est par le golfe 
d'Hammamet, à l’ouest par une succession de montagnes géné- 
ralement d’un accès assez difficile, qui relient le mont Zaghouan 
au Djebel Ousselet; malheureusement les circonstances ne m'ont 
pas permis de visiter la partie occidentale de cette région. Le sol 
est fertile en céréales et très favorable à la culture de l'olivier; aussi 
était-il, à l’époque romaine, couvert d'habitations rurales ou de 
petits villages occupés par des cultivateurs, dont on trouve aujour- 
d’hui les ruines à chaque pas. Les grandes villes, au contraire, y 
sont en pelit nombre, et elles sont complètement bouleversées. 
Ce fait s'explique d'ailleurs aisément : l'importance d'Hadrumète 


M1ISS. SCIENT. — XI. (l 


= 


aan 


(Souse) a toujours attiré de ce côté les armées ennemies, et l’on 
sait que cette région a particulièrement souffert des dévastations 
des Vandales et des Maures (). II n’est donc pas étonnant que j'aie 
recueilli dans ce pays relativement un petit nombre de documents 
épigraphiques. J'aurai également peu de monuments d'architec- 
ture intéressants à signaler à Votre Excellence. 

Je n'ai pas cru devoir énumérer dans le texte les petites ruines 
où l’on ne voit plus que des pierres informes couvrant la surface 
du sol, mais j'ai eu soin d'indiquer sur une carte, que j'ai l'hon- 
neur de joindre au présent rapport, toutes celles que j'ai visitées (?). 

Mes découvertes épigraphiques ont été, au contraire, plus nom- 
breuses dans la seconde partie de ma mission, où, partant du Kef, 
ville au sud de laquelle je n'ai pas voulu descendre cette année, je 
suis allé jusqu’à Tabarca, parcourant ainsi les environs de la 
frontière algérienne. 


0) Cf. Procope, De bel. Vand., 1, 5 et seq. 

@) J'ai parcouru cette région à la suite de la compagnie franche commandée 
par M. le capitaine Bordier. Je tiens à le remercier cordialement ici, ainsi que 
ses lieutenants, MM. Gélas et Le Gal, et ses soldats, du concours et de l'appui 
qu'ils m'ont prêtés dans mes recherches. 


« un Ra 
PREMIÈRE PARTIE. 


ZAGHOUAN ET SES ENVIRONS. 


La: ville de Zaghouan ne m'a fourni aucun document nou- 
veau. 


El-Mogran (. 


Dans la cour de la maison dite de l’'Embranchement se trouvent 
déposées les trois inscriptions suivantes, qui ont été trouvées, m'a- 
t-on dit, entre le Foum Karrouba et le Djougar, dans les travaux de 
l'aqueduc (©). 


1. 


Haut. de l'inscription, 0" 58; larg. ©" 40. — Haut. des lettres, 0" 045. 


6 ANTORS 
M :PICARIO M-MEMo 
RIS - FIL- TVRRANIANO 
CASTO-RARO CVM VI 
XIT VIRO MAGIS 
E RIO, EF UAM SV 
RAS MONA TE ESS AIN 
NENENTEER ERREURS 
EGRIE SSVS à M, 7 
(Estampage.) 
D{us) M{anibus) s(acrum). M. Picario, M. (Picari) Memoris fil(io), Tur- 
rantano, Caslo, Taro, Cum vixIt, Viro; magistro eliam Juris, qui seplua- 
gesimum annum aelalis egressus meae..... 


À la ligne 5 , la troisième lettre ressemble plutôt à un 1 qu'à un 
T; je ne crois pas néanmoins qu'il faille lire ZT viro. 


1) El-Mogran est le point où se réunissent les deux branches de l’aqueduc qui 
amène à Tunis les eaux du Zaghouan et du Djougar. 

) Le P. Delattre, qui vient d'en publier le texte d’après la copie prise par lui 
en 1880 (Bulletin de l'Académie d'Hippone, XV, p. 83), dit que la première 
inscriplion a été trouvée à 29 kilomètres de l'Embranchement, près du siphon du 
Djougar; la seconde, près de l'Embranchement même, et la troisième au lieu 
dit Zaouïat-el-Kedima. 


Di TRES 


2e 
Born des lettres, o” 08. 
D M S 


D{uüs) M{anibus) s(acrum). 
I n’y a jamais eu d’autres caractères gravés sur cette pierre. 


5! 
Haut. des lettres, 0” 045. 
LENPIROINMMVIS EE 
MILES : LEG : II - AVG 
HR 
L. Apronius, L. fliius), miles leglionis) III Aug{ustae), h(ic) e(st) s{ttus). 


Henchir el-Kasbat ( Thuburbo Majus). 


M. Tissot avait publié autrefois 0) une inscription que Wilmanns 
n’a pas retrouvée parmi les ruines de l’Henchir el-Kasbat; il en a 
conclu qu'elle avait été employée à la construction du pont jeté 
sur l'Oued Méliana; ce qui n’est pas. Elle a été remise au jour cette 
année dans les fouilles faites par MM. les officiers du 87° de ligne. 
L'un d’eux, M. le docteur Cliquet, a bien voulu m'en communi- 
quer un dessin et une copie; je la transcris ici, parce qu’elle offre 
quelque différence avec le texte publié dans le Corpus ©). 


l. 


MORE AIN EN AO Per 7 
PA PIRIT AVE A Nr) co. 
TT SO ACTAIMUB Ro recto h; 
Was PEN TS SO hontestha 
NUS IS NO NÉE duo) he 
DRM IO name ETS 
DIROSSEEME PT ON MO" 
HONOREM FLAM HS X Mn 
rep RU TN END 
VI SIMENSDIONR WANT MS ICYNANE 
NITCOMRMDINENMIRERRE IPN] 
LVIMPRDIE DIT VAE CNVAN 
ORDO STATVAM DECRE 
VISSET #74VLO CONTENTVS 
SHPRPOSVIR DD 


(Rev. afric., |, p. 419. 
CO) virr, 853. 


( 
SEA QUE us 
M. Fannio [M. f (ilo)], Papiria (tribu), V{i]ta[h c(enturioni) coh(ortis) ITIT] 
Sycambr{or(um), coh(ortis) 1 His|p{anorum), nusso [honesta] nussione [a 
divo Hadriano, | praef(ecto) juris] dic{undi), flam{ini) p(erpetuo), qui ob 
honorem. flam(onu) HS X mfillia) [nf{ummum) reip{ublicae) intulit et am- 
plus ludorum scaenicor(um) diem et epulum dedit; cut, cum ordo sta- 


tuam decrevisset, [tit]ulo contentus s{ua) p(ecunia) posuit; d{ecurionum) 
d(ecreto). 


À la dernière ligne, la copie du docteur Cliquet portait P D; je 
pense que c’est par erreur. 


Henchir Mcherga (Municipium Giuft). 


C£. C. I. L., vmr, 850. 

La base sur laquelle se lit cette inscription porte, gravés sur le 
bandeau de la corniche supérieure, en caractères de 11 centimètres 
de hauteur, dans un cartouche à queues d’aronde, les deux mots 
. suivants omis dans le Corpus : 


LEONTI DARDANI 


Ce sont deux surnoms appartenant aux personnages mentionnés 
dans l'inscription, et dont l’un s'appelait par conséquent P. Iddi- 
balius Victorinus Leontius, et l’autre M. Domitius Victor Dar- 
danus. 


CCE var 8071; 

On lit de même sur la corniche supérieure de la base qui 
porte cette inscription, en caractères de 16 centimètres de hau- 
teur, les mots : 


PATRICI LIBERI 


Les personnages mentionnés au-dessous se nommaient donc 
Q. Cervius Tertullus Felix Celerianus Patricius et P. Cornelius 
Dativus Liber. 


CHOC, ML 00 
Le Corpus n’a pas signalé non plus la première ligne de ce texte 
épigraphique, qui porte : 


CONSTANTI 


gravé en caractères de 10 centimètres de hauteur. Les noms com- 
plets de M. Cimbrius étaient, par suite : M. Cimbrius Saturninus 
Constantius. 


CAC 6 CA 


J'ai lu ainsi le commencement de ce texte : 


I Rib-:pot 
IHII-IMP V COS PP 


C£. C. I. L., vm, 869. 
Cette inscription est très difficile à déchiffrer ; ma copie diffère 
un peu de celle de Wilmanns : 


M -CV’?Olius 
SÉONVERE NE 
VAS TS 
ES 
M G\ ?OLIVS 
BA PIN ES 
VIXIT ANNIS 
M. Cu.olfius] Secundulfs] viæit [a]nn[is) LXX; M. Gu.olius Felix prus 


VIRIL ANNIS. . . 


J'ai noté que la première lettre du gentilicium, qu'il est im- 
possible de lire exactement, ressemble à un C à la première ligné 
et à un G à la cinquième. 


LT AN MEN 


10. 


Sur une petite base de 1° 30 de hauteur et de 0” 31 de largeur. — Haut. des 
lettres : 1° 1 0° 10; 2° 1, 0" 07; 3° 1. 0° 095; 4° 1. et suiv. 0" 04. — Les ca- 
ractères sont parfaitement nets et la lecture est absolument certaine : 


DAtEe 


MER CINE NO 5 AM CG 


CSN @RÉNAUM OL 


CIMBRIVS SATVRVS MANCEPS ET Q (si) 

GEMNIVS ET C:CALPVRNIVS OPTATVS ET 

BARGIVS SECVNDVS ET RVFINVS COINI vx 

PRIMVS IDIL : ET PRIMVS CVRVNANI - ET FELIX - 

C - GEMNI : ET : PRIMVS BVRROS ET FABIVS HO 

NORAÏVS ET SECVNDVS DEANA ET SEMPRONIVS 

SEVERIANVS : ET CERIVS FELIX SOCII : NITIONES 

SVA LIBERALITATE FECERVNT ANNO Il VIRR 

PMR M AI :PRIMIANI ET C:ANNAEI 

NAMPHAMONIS. 

(Estampage.) | 
Deo Mercurio Auglusto) sacrum. Cimbrius Saturus, manceps, et Q. Gem- 

mus et C. Calpurnius Optatus et Barqius Secundus et Rufinus, Coini 
(filhius), et Primus, Idil(is filius), et Primus, Curunni (jfilius), et Felix, 
C. Gemni(i filius), et Primus, Burros ( filius ?) et Fabius Honoratus et 
Secundus, Deana (filius ?), et Sempromus Severianus et Cerius Felix, 
soc nitiones, sua liberalitate fecerunt; anno IT vir(orum) P. Jui) 
Mail) Prinuiani et C. Annaei Namphamonis. 


Ce texte est intéressant. Il ajoute à l'onomastique africaine cinq 
noms qui ne s'y sont pas encore rencontrés : Coinus, Idil, Curun- 
nus, Burros et Deana. Ces deux derniers ne doivent pas, ce semble, 
être regardés comme des agnomina au nominatif; ainsi que le de- 
mande l’analogie, il faut plutôt y chercher des génitifs indiquant 
la filiation de Primus et de Secundus. Je lis Cimbrius et non C. Im- 
brius, malgré le point séparatif, le gentilicium Cimbrius étant 
déjà connu par une inscription de l'Henchir Mcherga (n° 7). 

Les personnages mentionnés ici, et qui sont au nombre de 
treize, formaient une société : le premier, Cimbrius Saturus, en 


RO 
en était le manceps À !, les autres étaient les associés. On sait que les 
impôts des municipes, comme ceux de l'État, étaient loués à des 
fermiers qui se chargeaient de les percevoir. 

Le sens du mot nitiones, comme le terme lui-même, m'est in- 
connu. On serait tenté de le regarder comme le régime du verbe 
fecerunt, qui se trouve à la ligne suivante; mais, dans les inscrip- 
tions trouvées à l’'Henchir Mcherga, la formule fréquente sua libe- 
ralitate fecerunt n'est jamais accompagnée d’un régime exprimé. Il 
faut donc bien plutôt voir dans ce mot un qualificatif du substan- 
tif socü. Je n’en ai pas trouvé d'explication satisfaisante. 


11. 


Sur une belle base, haute de 1° 65 et large de 0" 65. — Haut. des lettres : 
1 022520110096 211EtSLIV- 000. 


Sur la corniche supérieure : 
PROBANTI LAODICI lé 


Sur la base : 


RPANCATE SN PA VEC IEES ARC RAM 
LS PV BIOS ONPINAUTIMAVLIE TN AMF 
PAPER O PM AU VS LOUE I 

P-GODDAEVS VICTORIS FIL PAP 
RVFINVS : Q Q : AEDILES INLATA RPSH 
SVA LIBERALITATE FECERVNT ET: OB DE 
DICATIONEM EPVLVMORDINIDE 
DIE VRIVANO LD END) 


Probanti(i), Laodici. — Paci Auglustae) sacrum. L. Publicius, Optaui 
Veil) fillius), Pap(iria tribu), Optatus et P. Goddueus, Victoris fil{ius), 
Papiria tribu) Rufinus, q{uuestoricu), aediles, inlata r(ei) p(ublicae) 
s(umma) h(onoraria), sua liberalitate fecerunt, et, ob dedicationem, epu- 
lum ordini dederunt. L(ocus) d{atus) d{ecreto) d{ecurionum). 


Les sigles Q Q semblent être abréviation de quaestorici, ainsi 


que Wilmanns l'a Loi Ta à propos d'inscriptions analogues 
de l’'Henchir Mcherga © 


( Sur le sens du mot manceps, cf. Festus, p. 151 (éd. Müller), Pseudo-Ascon. , 
ad divin. (éd. Orelli), p.119, etc. 
® Cf. C.I. L., vx, 859 et 862. 


PR 10 NES 


12. 


Haut. de la base, 1° 12; larg. 0° 55. — Haut. des lettres, 0” 08. 


PHENVEMOINITEANVG 
SACRVM 
CN ES ICO NMUMEVENCS 
BARONCNPIE REUNION CAMIENTE 
NWVS EL-PrEMIO:FILONIVS-MAX:F 
VICTOR AEDILES SVA LIBER AL: 
AND EME GER VIN MEMTUO;B 
DAT MTCNNERUIROMNSENM, g y M 
NAS SEA EM Lo OP pe Vo DE 
PERRIN IL UD MDUAID 


Plutoni Aug(usto) sacrum. Q. Rutilius Communis, Proculiani flius), Pro- 
culianus, fllamen) plerpetuus) et Q. Filonius, Max{imi) flilius), Victor, 
aediles, sua liberal[1]tate fecerant et ob deldic|atione[m gy]mnasium [plo- 
[pluf[llo dederunt. L(ocus) d{atus) d(ecreto) d{ecurionum). 


Sur le côté gauche de la base on voit une aigle romaine. Deux 
surnoms, appartenant aux personnages mentionnés dans ce texte, 
qui étaient probablement écrits sur le bandeau de la corniche 
supérieure, sont illisibles aujourd’hui. 


15: 
Base de 1° 20 de hauteur et de 0” 50 de largeur. — Haut. des lettres : 1° et 
2° 1. 0" 07; 4° L o" 06; les autres lignes, 0" 05. — Les caractères étaient 


gravés peu profondément et ont été effacés par le temps. 


PURE NO AN "TI 
VE sea TER 
ONFAANMEMES CIC ERA 
VS ROGATVS fI MVan 
ANNO AEDILITATIS SVAE 
MVNIFICENTIAM PROMI 
SERAT EANDEM CZLONI 
/S FELIX {##RIVS EX ASSE 
ATASABIOSCRIBI SZ 

EU NA \ M 


1IN7ATET 
(Estampage.) 


TNT pie 


Plutont Au[q{usto) sa]er(um). Quam L. Tacchirius Rogatus fl(amen ?) mufn(r- 
cipu)], anno acdhlitatis suae, munificentiam pronuserat, eandem Q..... 
lonius Felix .....rius ex asse..... 


14. 
Fragment de base, haut de 0° 70 et large de 0° 50. — Haut. des lettres : 
TOO) 2 OM OP SIN OO : 
CARKNVNTI 


Q:FVRFANIO 
MODERATIANO 
L/V///77/2 


pe 


nr 
6777017 


Carnunu(:). — Q. Furfanio Moderatiano. . . 


IR 
ZOLIT 


ROUTE DE ZAGHOUAN À HAMMAMET. 


Henchir Beni-Darradji. 


IL ne reste plus guère dans cet henchir qu'un grand monument 
en blocage à moitié ruiné, qui peut avoir encore 6 mètres de 
haut; il se composait de deux étages : c'était certainement un 
mausolée. 


Henchir Bandoü. 


Les ruines qui se voient en cet endroit sont très confuses, mais 
elles couvrent un certain espace de terrain. 


Henchir Sidi-Djedidi. 


En face de la zaouïa de Sidi-Djedidi et sur la rive gauche de 
l’'Oued Saboun s'élevait, au haut d’une petite colline, un poste 
militaire de quelque importance. On ne distingue settement au- 
jourd'hui que des citernes. 


NAN | EN 


Henchir Mergab-es-Said. 


Cetle ruine est située sur une petite éminence, à gauche de la 
route de Sidi-Djedidi à Hammamet; on y voit encore de gros murs 
en blocage, restes d’une construction fortifiée. 


ROUTE D’HAMMAMET À DAR-EL-BEY DE L'ENFIDA, PAR BOU-FICHA. 


Après avoir traversé les ruines de l'ancienne Putput (Henchir 
Souk-el-Abiod), on arrive devant un grand mausolée en forme de 
tour, appelé par les indigènes Kasr-Mnara. J'ai l'honneur d’en 
joindre la photographie à ce rapport (pl. XIT). Tous ceux qui l'ont 
vu en ont parlé"), et je ne m'y arrêterai pas longuement. Du côté 
nord-ouest se trouve une porte qui était presque entièrement ob- 
struée par la terre et les débris tombés de la tour. On en aper- 
çoit la partie supérieure dans ma photographie, à droite. Je lai 
fait déblayer et j'ai pénétré dans une chambre voûtée mesurant 
environ 4 mètres de longueur sur 1 m. 60 de largeur. La voûte en 
est encore couverte d’un enduit en ciment; la hauteur en est de 
_ 2 mètres(), 

La base quadrangulaire sur laquelle repose cette tour et que sir 
Grenville Temple dit avoir 6 pieds de haut est, comme on le voit 
par ma photographie, entièrement enterrée aujourd’hui. 

Au nord de Kasr-Wnara se trouvent un grand nombre de pe- 
tits henchirs, que j'ai tous visités. Trois seulement méritent d’être 
signalés : 


Henchir Sidi-Bethir. 
On y voit encore les restes d’un monument rectangulaire qui 


mesure 20 pas de longueur sur 16 de largeur et auprès duquel 
gisent à terre des colonnes de calcaire rougeûtre. 


Henchir Tafernin. 


Cette ruine, située au milieu des montagnes, a’est plus qu'une 


M C£ C.I. L., vin, 963, et Guérin, Voy. arch., 1, 82 et 83. 

® Je pense que c’est de cette chambre intérieure que parlent Schaw, Voyage 
dans plusieurs provinces de la Barbarie , À, p. 206, et sir Grenville Temple, Eveur- 
sions in the Mediterranean, 1. W, p- à. 


su TES dus 


accumulation de pierres de grand appareil au milieu desquelles 
se dressent quelques pans de mur encore debout. Il y avait évi- 
demment en cet endroit une petite ville. Je n’y ai pas trouvé d'in- 
scription; j'ai constaté seulement la présence d’une croix dans un 
cercle de 20 centimètres de diamètre, ainsi figurée : 


16. 


Dans les flancs de la montagne se voient des grottes fort cu- 
rieuses : l’une d'elles mesure environ 10 mètres de hauteur sur 
20 mètres de longueur et de largeur ; elles sont creusées dans un 
grès fort tendre. Les Arabes s'en servent aujourd’hui pour y remi- 
ser leurs troupeaux. 

Cet henchir est dominé par un piton dont le sommet était cou- 
ronné d'un ouvrage fortifié. On en distingue parfaitement les sub- 
structions en quelques endroits; les montants de la porte d'entrée 
en sont encore en place, ainsi que deux degrés de l'escalier qui y 
conduisait. 


Henchir Baïech. 


Il a été trouvé dans cet endroit une inscription dont M. le capi- 
taine Bordier a bien voulu me remettre une copie et un estam- 


page : 
17. 
Haut. des lettres, 0° 05. 


M ®% FLAMInius vixit annis 
g LXXXII & © &. b. q. etc. 
SCOR NES 

s VAE PECVNIEC 


M. Flami[nius. . . . vixit annis]| LXXXII. O(ssa) [t{ua) b(enc) q{uiescant) , etc.] 


S. Corneli[us. . ... sluae pecuni(a)e c..... 


HN Dee 


Henchir bou-Ficha. 


L'Henchir bou-Ficha est une ruine de fort peu d'importance; 
on y a trouvé pourtant une croix sculptée dans un cercle de 24 cen- 
timètres de diamètre. La pierre qui la porte est encastrée dans le mur 
dela maison construite près de là par la Compagnie franco-africaine. 


Henchir Sidi-Khalifa (Aphrodisium. — Grasse). 


Les ruines de cette ville, qui ont été plusieurs fois déjà visitées 
et décrites Ü), portent actuellement le nom de Sidi-Khalifa, mara- 
bout auquel on a bâti près de là une koubba, il y a environ un 
siècle. Elles s'appelaient auparavant Henchir Fradise. C'est un fait 
que les voyageurs avaient déjà fait connaître; les indigènes nous 
en ont confirmé la vérité, et le cheik de l’endroit nous a montré 
à l'appui l'acte de propriété de sa zaouïa. Les deux monuments 
les plus importants sont : | 


1° La porte triomphale (pl. XIII). — À 90 pas au sud, mon 
attention fut attirée par plusieurs arcades dont la partie supérieure 


d 


L 
À. Couloirs sans issne où l’on pénetrait par les b,b’. Portes plus petites, en plein cintre. Lar- 
portes b'. geur, 1" 80. 


B. Couloir où l’on avait accès par la porte « et c. Petites portes latérales de o® 70 de largeur. 
d'où l'on ne pouvait sortir que par les portes c. 


d. Colonnes engagées surmontées d'un chapi- 
Longueur, 5" 20. 


teau corinthien. 
a, Porte en plein cintre. Largeur, 2" 35, f: Colonnes semblables aux colonnes d. 
sortait de terre. Je fis commencer des fouilles sur ce point : mais 


l'eau, qui abondait dans les ruines au moment de mon passage, 


(1) Cf. surtout Guérin, Voy. arch. , LE, P- 911 et suiv. 


DEN 1 De 


vint bientôt nous forcer à renoncer au travail(). J'ai pu néanmoins 
prendre le plan ci-dessus de l'édifice que nous avions entrepris 
de dégager et dont je pense avoir reconnu la disposition générale. 

Je croirais assez volontiers que ce monument, qui est exacte- 
ment dans l'axe de la porte triomphale, et dont les chapiteaux 
sont presque identiques à ceux de cette porte, y était relié par 
une colonnade, ainsi que semblerait l'indiquer une amorce d’ar- 
cade qui se remarque, au-dessus de la colonne engagée dans le 
pied-droit oriental de la porte triomphale. Cet ensemble aurait 
ainsi formé une place entourée de portiques. I est évident que, 
pour pouvoir affirmer ce fait, il aurait fallu pousser les fouilles 
plus loin que nous ne l'avons fait. 


2° Une forteresse. — La colline qui domine la ville à l'est est 
couronnée par un grand monument dont M. Guérin donne la des- 
cription suivante) : « C’est une enceinte rectangulaire construite 
avec de magnifiques blocs parfaitement appareiïllés; elle mesure 
30 mètres de long (lisez 15) sur 10m. 53 de large (). Les assises 
inférieures reposent en retraite sur uu soubassement. Une cor- 
niche, actuellement détruite en grande partie, décorait jadis la 
partie supérieure de cette enceinte, qui me paraît être la cella 
d’un temple.» Plus loin, il ajoute : « La ville d’'Aphrodisium de- 
vait sans doute renfermer un temple en l'honneur de Vénus Aphro- 
dite, à laquelle, en vertu de son nom même, elle semblait comme 
dédiée. Si cette conjecture est fondée, je ne serais pas éloigné de 
penser que la cella que j'ai décrite était celle du temple de cette 
déesse (. » Cette conjecture ne me semble pas avoir été confirmée 
par nos fouilles. 

Le monument se composait de trois étages. L'étage supérieur 
était percé de fenêtres munies de barreaux en pierre; au lieu de 
pratiquer simplement une ouverture carrée dans l'épaisseur du 
mur, l'ouvrier avait eu soin de laisser à la surface extérieure une 
sorte de grillage formé par les parties de pierre qu'il n'avait pas 


U) H nous a été impossible de déblayer les fûts des colonnes qui se voient de 
chaque côté de la porte centrale; les chapiteaux seuls ont été mis au jour; la 
moitié au moins de l'édifice, en hauteur, est restée enterrée. 

@ Voy. arch., I, p. 312. 

@) La hauteur du monument jusqu’à la corniche est de 8 mètres. 

@ Voy. arch., IE, p. 314. 


ee pou 
enlevées. Le plafond de cet étage a disparu, ainsi qu'une grande 
partie des parois latérales. | 

Nous avons déblayé le second étage, qui était entièrement rem- 
pli de pierres, de terre et de cendres, formant à elles seules une 
couche de 90 centimètres de hauteurU). I était haut de 3 m.10 et 
se composait de six chambres entre lesquelles régnait un couloir 
dirigé à peu près de l’est à l’ouest. Dans les chambres, nous avons 
trouvé deux petites lampes vernissées à moitié brisées, ainsi qu'un 
col et un pied de flacon en verre de petites dimensions. Voici le 
plan de ce second étage : | 


. Couloir central, large de 1" 56. 
. Chambres. 


. Pierres et montants de la porte d’entrée intérieure. 


a 8 D > 


. Petites portes des chambres (largeur, 0? 90). 

c. Murs en blocage et citernes, probablement d'une époque postérieure, qui limitent 
l'édifice à Vest, 

d. Mur en blocage qui est recouvert d’un revêtement extérieur en grand appareil. 


Quant à l'étage inférieur que nous n'avons pas eu le temps de 
M) Les couches successives que nous avons rencontrées sont, en commencant par 
le haut : 1° couche de terre végétale, 2° couche de cendres, 3° couche de mor- 
lier, 4” couche de pierres et de sable. 


TE st, 


fouiller, il n'a pas aujourd’hui d’issue visible. Au milieu du mur 
qui regarde l'ouest on remarque, à quelque distance au-dessus 
du sol actuel, les restes d’une console qui supportait peut-être une 
statue. 

L'entrée était donc probablement tournée à l’est, mais elle pa- 
raît avoir disparu sous des constructions postérieures; toute cette 
face est absolument bouleversée. 

En résumé, je n'ai retrouvé dans cet édifice aucun des éléments 
caractéristiques d’un temple, sauf peut-être l'orientation, et je pense, 
jusqu’à ce que de nouvelles fouilles plus complètes permettent de 
décider la question d’une façon absolue, que l'opinion de M. Pelis- 
sier M), qui fait de ce monument une forteresse , est beaucoup plus 
plausible que celle de M. Guérin. 

Parmi les pierres entassées à l'étage supérieur et qui avaient 
servi à une reconstruction de la partie orientale, j'ai trouvé le 
fragment d'inscription suivant, gravé sur un cippe en forme 
d’autel, en lettres de la belle époque. 


1e 


Haut. de la pierre, 0° 22; larg. 0° 4o. — Haut. des lettres, 0" 0». 
Les C et les © sont aussi larges que hauts. 


PANTEEI 
CONCOn 
MVNICIPIB\s 


P. Anthe[mius ?] Concor[dius?] municipibuls]. . . .. 


Le commencement des lignes est intact; il ne manque pas plus 
de trois ou quatre lettres à la fin. À la première ligne, on dis- 
tingue après l'E une haste verticale, suivant laquelle la pierre a 
été brisée. 


Les autres monuments que l’on peut signaler sont : 


. a. Une église déjà mentionnée par M, Guérin. J’y ai remarqué 
une croix grecque de 20 centimètres de haut, probablement celle 
dont il parle ®), un chrisme sculpté sur une clef de voûte : 


0) Description de la régence de Tanis, p. 244. 


@ Loc. cit., p.323. 


Er 


19. 


Haut. du p, 0° 22. — Chaque haste du y mesure 0" 20. 


a 


et une pierre rectangulaire où se voient sept trous de forme et de 
grandeur différentes : 


Largo. de la pierre, 0” 80; long. 1"; épaiss. 0" 40. — Trou À : long. o" 30; 
larg. 0" 32; prof. 0” 18. Trous B : long. 0" 29; larg. 0°” 34. Trous m : prof. 
0" 10. 


Il n'y a sur les faces latérales de cette pierre aucune trace d’in- 
scription, ce qui eût pourtant été nécessaire pour nous éclairer 
sur l'usage auquel elle était destinée. Sa présence au milieu des 
ruines d’une église inviterait à y voir un monument religieux. Par 


la forme générale, elle se rapproche des autels primitifs du culte 
catholique N). 


b. Un amphithéätre qui mesure 58 pas de largeur. Une très pe- 
tie partie du podium est encore debout. 


0 Cf Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes, au mot Ara. 
MIS$. SCIENT, — XT. 9 


LMVRIMEIIR NATIONALE: 


Je Qt a 


En parcourant les ruines de ceite ville, j'ai encore remarqué : 


1° Sur un chapiteau qui gisait à terre, au pied de la colline 
où est bâtie la forteresse, à une centaine de pas de l'arc de 
triomphe, un chrisme haut de 12 centimètres et large de 10; la 
partie supérieure de la croix repose sur l’abaque et la partie infé- 
rieure sur le chapiteau même : 


21. 


2° Une inscription gravée sur une base brisée, dont les deux 
parties ont été employées dans des constructions; les premières 
lignes seules peuvent être déchiffrées avec certitude : 


29° 


Larg. 0” 55. — Haut. des lettres, 0” 05. 
A. 


QAGRIORVSTICIANOVEPROCAVGN 
IRACT KARTHAG:PROC PRIVAT au GGNN 
ERÎITALIAMPRO cl OTVS Zum ST 
GUEMANR ELA EM M M MM M 
MN CURÉENUWN MM 


B. 


(Estampage.) 


Q. À grio Rusticiano v(rro) e(gregio), proc(uratori) Aug(usti) n(ostri) trac- 
t{us) Karthag(imiensis), proc{uratori) privat(ue) [Au]g{ustorum duorum) 
n(ostrorum) per Ttaliam, pro[c{uratori)] totius. . . .. 


Si ce cursus honorum est rédigé, comme il semble, dans l’ordre 
inverse et qu'il soit question de Marc-Aurèle à la quatrième ligne, 
Q. Agrius Rusticianus aurait été procurator tractus carthaginiensis, 


(late, 10 ent 


peut-être sous le règne de Marc-Aurèle et postérieurement à la mort 
de L. Verus (an. 169); il aurait exercé auparavant la fonction de 
procurator privatae per [taliam, vraisemblablement sous Marc-Aurèle 
et L. Verus. La forme des lettres ne contredit pas cette hypothèse; 


3° Des fragments de poterie avec inscriptions dont je transcrirai 
le texte à la fin de mon rapport. 


Henchir Fragha. 


L'Henchir Fragha, qui m'a été désigné aussi sous le nom d'Hen- 
chir Chigarnia, renferme un fort byzantin, flanqué de quatre bas- 
tions aux angles, de belles dimensions et assez bien conservé. 

M. Mangiavacchi, qui, grâce à la position qu'il occupe dans la 
Société franco-africaine, connaît parfaitement tout ce pays, me fit 
remarquer dans cette ruine un magnifique piédestal enterré Jjus- 
qu'au sommet; il portait l'inscription suivante, que M. L. Renier 
a bien voulu communiquer à l’Académie des inscriptions et belles- 
lettres () : 


29 


Haut. du piédestal, 1" 60; larg. 0° 70. — Le cadre de l'inscription mesure 0" 84 
de hauteur. — Les lettres sont hautes de 0" 04. 


PMPAGA ES EL AN NO 
VPN E RO 

CONS EANMINO:: PrO 
HÉMNVTOMO AN IGE 
PONT PFARIC" MENM AUX | 
TRAPBEMAONDIESYE AIRE 
COL:VPPENNA :DEVOTA 
NVMINI MAÏIESTATIQ_ 

EIVES 
DD Pre 


Estampage. 
pag 


Impleratori) Caes{ari) Flavio Valerio Constantino Pio Felci) Inviclo Au- 
qlusto), pontifici max(imo), trib{unicia) potestate , col{onia) Uppenna devota 
numint mayestatiq{ue) eJus; d(ecurionnm) d(ecrelo) p(ecunia) plublica). 


UM) Séance du 10 mars 1882. 


OT) 


La ville située en cet endroit portait donc le nom d'Uppenna et 
avait sous Constantin le titre de colonie. 

Le fort avait été bâti avec des pierres empruntées aux diverses 
constructions de la ville, äinsi que le prouve la présence dans ses 
murs de deux inscriptions qui y ont été recueïllies et sont mainte- 
nant encastrées dans le bordj de Dar-el-Bey de l'Enfida. 


24. 


Haut. de la pierre, 0" 30; larg. 0” 30. — Haut. des lettres, 0" 045. 


O'DAMUES 
CES ENS EMENRIPIS 
MLB:G UE 
ANIS & LXX 


O(avwv) ? D{us) M{anibus) s(acrum). C(a)esel(ljius Martis vixit a(n)nis LAX. 


Le surnom Marts s’est déjà rencontré plusieurs fois en Afrique). 


25. 


Haut. de la pierre, 0” 50; larg. 1° 10.— Haut. des lettres : 11. 0” 10; 
2° 1. o” 08. 


\ 
Ÿ EX OFICINA 
MVZZ'UAATINA 


Ex of(f}icina Mu..... {ina. 


On y a trouvé aussi deux pierres portant des croix grecques 
dans des cercles, l’un de 47, l’autre de 4o centimètres de diamètre. 

Je dois encore signaler une piscine d’une forme particulière qui 
se voit au milieu des ruines de l’'Henchir Fragha : elle se compose 
d’un bassin central de 88 centimètres de diamètre, profond de 50 
environ. On y descend par un second bassin d’un diamètre plus 
grand; mais, au lieu d’avoir comme l’autre la forme d'une cuve 
cylindrique, ce dernier se compose de sept niches demi-cylin- 
driques dans lesquelles une personne peut s'asseoir, chacune d'elles 
ayant 37 centimètres de diamètre. Si l’on faisait une coupe de cette 


W) Cf. C. I. L., Indices, p. 1028. 


MA Li 


piscine à 10 centimètres au-dessus du bord du cylindre intérieur, 
on obtiendrait cette figure : 


Henchir Bir-Ouled-el-Guelai. 


M. Mangiavacchi m’a communiqué l'inscription suivante, relevée 
par lui auprès du puits dit Bir Ouled-el-Guelaï, à quelques kilo- 
mètres au sud-est de Där el-Bey de l’'Enfida : 


27: 


Croissant. 
IATEPRAETACA 
MAIVM RVRIS S:P°:M 

Shi LE 


su ME malri? dulciss(imae) p(osuit). [V{ixit)] an(nis). 


APATE S{ita) hic) e(st). 


\ 


ROUTE DE ZAGHOUAN A SOUSE. 


La Table de Peutinger indique une route allant de Thuburbo 
Majus à Hadrumetum; j'emprunte au Corpus le tableau suivant, 


997 


qui donne, en même temps que le texte de la table, la synonymie 
moderne des noms antiques d’après les savants allemands 0 : 


Tuburbo Majus. ; H. el-Kasbat. 
XV XV 
Onellana. H. Sidi-Ahmed-Abd-el-Azz. 
XVI XVI 
Bibae. H. Harath. 
XVI XVI 
Mediocera (leg. Mediccera). H. Medeker. 
VI VI 
Aggerfel ©). H. Takrouna. 
VIII VII 
ÜUlisippira. H. el-Menzel. 
Û XVIII 
Gurra (leg. Gurza). Kala-Kebira. 
VII VII 
Hadrito (leg. Hadrumeto). Souse. 


Les traces de cette voie sont parfaitement visibles encore au- 
jourd’hui, et je l'ai suivie depuis un poirit appelé Henchir Rmir- 
mir, situé sur la route de Zaghouan à Aïn-Medeker jusqu'à un 
pont jeté sur l'Oued Boul dont je parlerai tout à l'heure. 

L'Henchir Rmirmir se trouve à 17 kilomètres environ au sud- 
sud-est de Zaghouan; on y voit les restes d’un établissement de 
peu d'importance; on y a néanmoins découvert cette année un 
fragment de mosaïque d’un iravail fort soigné. On y distinguait 
une tête de Vierge très expressive; à droite la trace d'une palme 
ou d'un 1ys, à gauche un oiseau. 

À partir de cet henchir, la route se dirige du nord au sud vers 
Aïin-Medeker : en face de la montagne où est situé l'Henchir Ba- 
tria, j'ai rencontré une borne milliaire, qui a été transportée en- 
suite à Dar-el-Bey de l’'Enfida : 


[2 
ONCPTENVut MB ET. 


®) Ce mot est lu Aggersel par certains éditeurs. 


DENTS es 


Haut. de la pierre, o* 70; larg. 0” 22. — Haut. des lettres, 0” o4. 


D N 

FLAVIO IV 

MIPOMCRMS 

P'ONNIO BL 

SSIMO CA 

(sic) ES 
XX VIII 
(Estampage.) 
D{omino) n{ostro) Flavio Julio Crispo, nobilissimo Caes{ar)r. 


(Millia passuum) XX VIIT. 


Ce monument est le premier qui ait été trouvé en Afrique en 
l'honneur de Crispus, le fils de Constantin D. 

Le nombre des milles (XXVIIT) est en désaccord avec les don- 
nées de la Table de Peutinger. En effet, la distance de Thuburbo 
Majus à Mediccera y est indiquée comme étant de 47 milles; cette 
borne ayant été rencontrée à 9 kilomètres avant: d'arriver à Aïn- 
Medeker, c'est-à-dire à 6 milles, le point où elle était placée, se 
trouverait, suivant la table, à 41 milles de Thuburbo et à 45 de 
Souse. Ces deux nombres s’écartent considérablement de notre 
chiffre XXVIIL. IL faut donc avoir recours aux conjectures pour 
expliquer ce fait : deux suppositions me semblent également plau- 
sibles : 


1° On sait que deux routes partaient de Thuburbo Majus : 
l'une se dirigeait vers Carthage par Onellana, Uthina (Oudena) et 
Maxula (Radès) ®); l'autre, celle dont nous avons donné plus haut 
le tableau, quitiait ia première à Onellana pour gagner au sud- 
est Bibae. Il fallait donc, pour venir de Carthage à Souse, en 
passant par Ain-Medeker, ce qui est la voie la plus courte, faire 
un crochet à droite pour se diriger vers Onellana, puis un second 
crochet à gauche pour marcher sur Bibae, puis un troisième à 
droite pour atteindre Mediccera, détours qui augmentaient consi- 


(1) On en a découvert presque en même temps un autre en Algérie. 
@) Table de Peutinger (éd. Fortia d'Urban), p. 294. 
LE 


LE 


en" a 


dérablement la distance et que la configuration du pays ne ren- 
dait pas nécessaires. Rien n'empêche de supposer qu'il y avait 
une voie plus courte partant d'Uthina (qui se trouve précisément 
à 28 milles du point où j'ai rencontré le milliaire 0 et se diri- 
geant en droite ligne vers Mediccera. 


2° I se pourrait aussi que, outre la voie que nous avons citée 
entire Thuburbo Majus et Mediccera, et qui contournait le mont 
Zaghouan par le nord, à une certaine distance, il y eût, pour 
relier ces deux points, une seconde route plus courte, qui aurait 
passé au sud de cette montagne, entre celle-ci et le massif -du 
Djebel Saouaf, et qui, contournant le Djebel Zeriba, serait en- 
suite descendue en droite ligne vers Aïn-Medeker. En tenant 
compte des détours qu’elle aurait été obligée de faire, car le dé- 
filé est assez difficile à franchir de ce côté, on arrive aussi à peu 
près au nombre de 28 milles, la distance de Batria à Thuburbo 
Majus à vol d'oiseau étant de 22 milles. 


Quoi qu'il en soit, l’ancienne voie de Thuburbo à Hadrumetum 
mesurait, entre les deux accotements, 6 mètres de largeur; ji 
obtenu ce chiffre en deux endroits différents. Après avoir passé à 

à kilomètres à l’est de Bairia, ville qui était reliée à cette voie par 
une petite route dont on distingue encore les traces, elle gagnait 
Aïn-Medeker, qu’elle traversait. On voit au milieu des ruines de 
cette ville deux mausolées qui bordaient la route; puis, suivant 
toujours la direction nord-sud, elle passait entre le Djebel Ta- 
krouna et le Djebel Abd-er-Rahman-el-Karsi et franchissait l'Oued 
Boul sur une chaussée de 7 m. 50 de largeur, dont les restes sont 
encore debout. À partir de ce point, je n'ai plus retrouvé de traces 
de cette voie; mais on croit qu'elle passait successivement par l'Hen- 
chir el-Menzel et par Kala-Kebira, où il n’a pas été fait, cette an- 
née, de nouvelles découvertes, à ma connaissance. 

J'ai visité successivement toutes les ruines qui se rencontrent le 
long de cette voie entre l'Oued Boul et l’Oued el-Hammam, et je 
crois utile de m’arrêter sur quelques-unes d’entre elles. 


U) TH est encore une autre ville éloignée de ce point de 28 milles, c'est Vina 
(H. Meden); mais une route secondaire qui aurait relié Vina à la route partant 
de Thuburbo Majus vers Hadrumetum aurait certainement passé par Bibae; par 
conséquent, au delà de cette ville, on ne trouverait plus d’autres milliaires que 
ceux de la voie principale. 


ARS LENS 


Henchir Batria (Botria). 


M. Guérin a décrit très exactement les restes de cette ville () 

J'ai fait fouiller les ruines de l'édifice où il a copié les deux in- 
scriptions qu'il rapporte sous les numéros 492 et 493. Nous avons 
mis au jour un dallage en pierre blanche ainsi que les bases d’un 
certain nombre de colonnes qui étaient encore en place; nous 
avons aussi trouvé les fragments d’un entablement qui semblait 
entièrement couvert par une grande inscription : 


29. 
Long. des fragments : a, 2" 57; b, 2" 590); c,1"366);d,2,58;e,2"70;f, 2° 
dome 190); à, 0" 45; k, 0" 63. Haut. des rl OM 


LE, 


EC \ ADMINISTARNTEYQYMYCivÙ ENDvL 


b. VICTORINVS VIR CLARISSIMVS CON 
ce. CENTIO-FL-P-CVR:REI-PVBEIC 
d. TE PLVRIMA SECLA COEPTVM 
e. BVS PARTE EX PEC PVB PARTE EX OBLATIONE 
f SPLENDONI RESTVTIANI ET P AVR ROBVRI-PR 
g. À SOLO DVARV | 
h. VIRATVS-C:AVRELI:GALOSI ET M FAVONI MA : 
i. OB:VM 
k. MIPPAVIT 

(Estampages.) 


= 
= 


Vota p(opul) B{otriensis ?). Admunistrante. Q. Mycio Endul..... Melo 
rinus vir clarissimus, con[sularis ? Aa CUT NA centio , fl{aniune) 
plerpeluo), cur(atore) reï publiclae NU anlte plurima s{(a)ecla coep- 
De do bus parte ex pecunia publica, parte ex oblatione. . .….. Splen- 
doni(i) Restutiani et P. Aur(elui) Roburi, pr..... , &« solo, duuru|m] 
Lies restituit, anno IT] viratus C. Aureli(i) Galosi et M. Favoni(i) 


M Voy. arch., WW, 305-507. 

2, COGIPL;, Nix, 017: 

@) CPC: LL, vu, 917 (?): 
CE C. IL L., vux, 914. 


Lio 
H est impossible d’assigner aux deux derniers fragments (: et ) 
une place, même conjecturale, dans cette inscription. 
Nous avons rencontré encore dans nos fouilles les fragments 
d'inscription suivants : 


Sur des fragments d'entablement très dégradés par le temps. — 
Long. des fragments : À, 5° 60; B, 2" 40; G, 1° 52. — Haut. des lettres, 0" 22. 


DT DO 


NDI TN 


C. 


UM API 


31. 


Haut. de la pierre, o" 50; larg. 0° 45. — Haut. des lettres : 1° L 0” 08; 
AD O0 no 


SV 


ET COMM 
GANTS VNIÈE 


Henchir Sidi-Abd-er-Rahman-el-Karsi. 


. Au pied de la montagne appelée Sidi-Abd-er-Rahman-el-Karsi et 
près de la koubba consacrée à ce saint on voit une ruine romaine 
d'une assez vaste étendue : peu de monuments y subsistent encore, 
mais il y avait là certainement un établissement de quelque impor- 
tance. On y voit notamment un bassin de 6 mètres de largeur sur 
7 m. 50 de longueur, où l’on descendaït par un escalier de neuf 
marches encore parfaitement conservé. L'eau y était amenée de la 
source voisine, qui fournit en abondance une eau gazeuse très 
agréable au goûl, par un pelit aqueduc à ciel ouvert fort bien 
conservé. La source elle-même est canalisée et sort par un conduit 


rectangulaire qui déverse ses eaux dans une grande chambre in- 
térieure d'environ 1 m. 50 de largeur sur 3 mètres de longueur, 
d’où elle s'écoule entre deux murs taillés dans le roc. Je suis porté 
à identihier cette ville avec l’Aggerfel de la Table de Peutinger, 
que les auteurs du Corpus placent, comme on l’a vu, à Takrouna. 

Voici les raisons qui me semblent donner quelque paids à cette 
opinion : 

1° Les restes romains d'El-Karsi sont beaucoup plus considé- 
rables que ceux de Takrouna, qui en réalité sont insignifiants. 


2° La voie romaine dont j'ai parlé plus haut passe entre l’'Hen- 
chir el-Karsi el l’henchir situé au pied du Djebel Takrouna |versant 
est), mais à 3,100 mètres du premier et à 6 kilomètres au moins 
du second. Comme, d'un autre côté, la distance entre Aiïn-Mede- 
ker et Takrouna est à peu près la même que celle d'Ain-Medeker 
à El-Karsi, je crois qu'il est préférable d'identifier cette dernière 
ville avec l'Agcerfel de la table. 

Je n'ai rencontré dans ces ruines qu'un seul cippe romain, 
employé dans la construction d’une fontaine située auprès de la 
koubba. L'inscription en est entièrement effacée. 


Henchir Zombra. 


En face du village de Sidi-bou-Ali, à 27 kilomètres environ au 
nord-ouest de Souse, se trouve une ruine désignée par les indi- 
sènes sous le nom d'Henchir Zombra. On y voit encore les restes 
d'un amphithéâtre (0) long de 62 pas et large de 48; j'y ai égale- 
ment remarqué quatre cippes dont l'inscription a été détruite inten- 
tionnellement : la face sur laquelle elle était gravée a été enlevée 
par éclats. 


Souse. 


J'avais entendu parler d’une collection de terres cuites apparte- 
nant à un industriel français, M. Gandolfe, qui les avait trouvées 
à l'Henchir Biniana, ruines situées à 13 kilomètres au nord-nord- 
ouest de Souse., M. Gandolfe a bien voulu me montrer toute sa 
collection et me permettre de l’étudier. 

% M. Pelissier | Description de la régence de Tunis, p. 261) parle des ruines 
d’un théâtre que je n’ai pas remarquées. 


RNRRLS SEE 


Elle se compose de dix-huit statuettes, généralement en terre 
rougeâtre. Celles-ci se divisent en quaire types distincts, qu'elles 
reproduisent avec certaines différences de détail; mais elles sont 
loin d'avoir toutes une égale valeur artistique. 


Premier type. 


Femme (?) drapée, debout, semblant tenir de la main gauche un 
petit vase dans lequel elle puise de la main droite; au-dessous de la 
main gauche pend un autre vase de forme allongée. Le travail en est 
assez soigné. On distingue encore des traces de peinture rouge sur 
cette statuette, dont la hauteur est de 32 centimètres (® (pl. XXIV, 1). 

Ce type se trouve reproduit sur onze terres cuites : 


1° Hauteur, 28 centimètres. Cette figure est beaucoup moins élé- 
gante que la première : les yeux sont très grands et très fendus; la 
chevelure est disposée différemment (pl. XXIV, 2). 

2° Hauteur, 27 centimètres. Travail plus grossier que celui de 
deux statuettes précédentes. 

3° Hauteur, 25 centimètres. 

4° Hauteur, 25 centimètres. 
Hauteur, 27 centimètres. 


6° Hauteur, 26 centimètres. Les draperies sont moins soignées 
encore que dans les figures déjà citées. 


7° Hauteur, 24 centimètres. Travail très grossier. 


8° Hauteur, 25 centimètres. Même sujet, mais le personnage 
tient de la main gauche un bélier sur lequel s'appuie la main 
droite; on ne distingue plus de vase. 


9° Hauteur, 22 centimètres. Même sujet, mais on ne voit plus 
de draperies : le personnage est couvert d’une tunique sans aucun 
pli : on aperçoit seulement la trace d’un pan du vêtement qui re- 
tombe de l'épaule gauche sur le côté droit. Cette statuette tient, 
comme la précédente, un bélier dans la main gauche. 


10° Même sujet. 
11° Hauteur, 23 centimètres. Statuette où se trouvent réunis 


les attributs signalés dans les statuettes précédentes, le vase et le 
bélier. Art très grossier (pl. XXIV, 3). 


U) Sur le haut de la cuisse gauche se voit une croix de Saint-André en relief. 


— 29 — 


Deuxième type. 


Femme debout, vêtue d’une tunique talaire, la tête couverte 
d’un voile qui encadre la figure. Hauteur de la statuette, 28 cen- 
timètres. (Les bras sont cassés.) 

Sur une autre statuette analogue, la femme est assise. Art très 
grossier. 

Troisième type. 

Personnage drapé portant de la main gauche un objet de forme 

indécise; le bras droit retombe le long du côté etla main tientun 


vase. 
Quatrième type. 


Figure accroupie; dans la main gauche, on distingue un oiseau, 
une colombe sans doute; dans la main droite, des raisins. Sur le 
front on voit un croissant renversé. Terre grisatre. Trace de cou- 
leur rouge et bleue. Hauteur de la statuette, 10 centimètres (pl. XV). 
Ce type est reproduit sur deux autres figurines identiques, en terre 
rougealre, hautes de 18 centimètres. 

Sans vouloir étudier ici ces statuettes dans le détail, mi en dé- 
terminer la valeur, ce qui appartient à de plus compétents, je ferai 
remarquer que tous les attributs qu'elles portent à la main, bélier, 
vase, raisins et colombe, sont des symboles de Baal-Hämân et de 
Tanit (1). Nous sommes donc en présence de figures non pas phé- 
niciennes, mais punico-romaines; la représentation du croissant 
sur le front de l’une d'elles conduit aussi à cette conclusion. 

J'ai relevé dans la même collection quelques marques de lampes, 
que je publierai plus bas, et un fragment d'inscription trouvé à 
Souse même : 


J2, 


Haut. des lettres, 0” 03. 


dis man saC KR V M 
AN 


[] 
viæit anis IX:M:V: 
[Di(is) M{anibus) sa]erum; . . ...a [uixit anus] IX m{ensibus) V..... 


0) C£ Ph. Berger, La Trinité carthaginoise (extrait de la Gazette archéologique , 
1880), p. 9 et suiv,, p. 51 et suiv. 


PRET) RE: 


ROUTE DE ZAGHOUAN À SOUSE, PAR DAR-BEL-OUAR. 


Au lieu de suivre la route dont je viens de parler, on peut en 
prendre une autre un peu plus longue, mais où l'on trouve des 
restes antiques très intéressants : c’est celle qui, contournant le 
Djebel Zaghouan, passe entre cette montagne d'un côté, le Djebel 
Zeriba, puis le Djebel Saouaf de l’autre, suit les pentes occiden- 
tales de cette dernière montagne et se dirige ensuite vers le sud- 
est, pour gagner Souse. On rencontre successivement plusieurs 
henchirs importants. 


Henchir el-Kasr. 


Cet henchir s'étend sur les dernières pentes méridionales du 
Djebel Zaghouan et occupe une longueur de 2 kilomètres à peu 
près. On distingue successivement, en allant de l’est à l'ouest : 


a. Sur un mamelon, une construction forte bâtie en grand 
appareil ; 

b. 200 ou 300 mètres plus loin, un mausolée ruiné, entouré 
de débris confus: 


c. À 1 kilomètre au delà, une grande quantité de ruines au 
milieu desquelles s'élève un fort beau mausolée de forme rec- 
tangulaire, haut de 2 mètres environ, large de 6 m. 45 et long de 
8 M. 10. 


Au fond, à droite et à gauche, se voient trois niches qui mesu- 
rent 2 mètres de hauteur sur 1 m. 18 de largeur, les pierres sont 
appareïllées avec grand soin. 

Au-dessus de la porte d'entrée se lit une inscription dont la ré- 
daction sort des habitudes épigraphiques de la langue latine. Elle 
ne nous apprend ni le nom des personnages ensevelis dans ce 
mausolée, ni même celui de la famille à laquelle ils appartenaient, 
ni l’âge auquel ils sont morts. À cause de son originalité même, 
il m'a semblé utile d'en reproduire le dessin, bien qu'elle ait été 
déjà signalée par Borgia, avec quelques petites inexactitudes il 
est vrai 0). 


%) Leydensia, IV, n° 14 (H)—C. I. L., vur, go1. 


URUT 


39. 


Haut. des lettres, 0" 07. 


Échelle 


4 0" 


C’est le seul monument qui soit encore debout dans cet henchir. 


Henchir Zaktoun. 


Au pied du versant méridional du Djebel Saouaf, à 19 kilo- 
mètres de Zaghouan et à 10 kilomètres de Batria à vol d'oiseau , on 
rencontre des ruines qui couvrent un espace de 2 kilomètres carrés 
environ. La ville romaine qui s'élevait en cet endroit portait le nom 
de Thaca (civitas Thacensium) 0), ainsi que le prouvent deux in- 
scriptions que j'y ai relevées et qui ont été communiquées à l’Aca- 
démie des inscriptions et belleslettres () : 


3. 
Haut. de la pierre, 0” 4o: larg. 0" 87. — Haut. des lettres : 1° et 2° 1. 0" 07; 
les autres, 0” 05. 
DALIS RANCE SACUR 


PRO AS AMEN En. NP: @rAR’S 
TYAELIYHADRIANIYANTONIN: 
AVGYPIISLIBERORVMQ:EIVs 
CMRPSSMIELA CH STP RES VAN EELICE CNE 
(Estampage.) 
Düs Auglustis) sacr(um), pro salute Imp(eratoris) Cales{(aris)] T. Aeli(i) 
Hadriani Antonin|i] Auglusti) Pi liberorumqlue) ejufs], civitas Thac(en- 
sium s{ua) pecunia) f{ecil); suf( fete) Felice Aej lu)? f{ilio)]. 


9) On remarquera la ressemblance du nom ancien Thaca et de l'ethnique mo- 
derne. 


2) Séance du 28 avril 1882. 


DD 


On est frappé de la similitude qui existe entre cette inscription 
et un autre texte épigraphique trouvé dans une ville voisine, Thi- 
bica (H. Bir-Magra) et publié dans le Corpus () : 


Aesculapio Aug{usto) sacr(um), pro salute Imp(eratoris) Cues{aris) T. Aeli(i) 
Hadriani Antonini Aug(usti) Pi, liberorumq(ue) ejus, civitas Tlubicaensis 
Idec(reto) dec{(uriorum)], plublica) plecunia) fecit; instante operi Felice 
Victoriae ? ftho, sufete. 


Au temps d’Antonin le Pieux, la ville de Thaca était donc une 
civitas Juris peregrini, administrée par des suffètes, comme sa voi- 
sine Thibica; elle porte encore ce titre dans un autre texte épigra- 
phique gravé en 212, sous le règne de Caracalla, qui se lit sur 
le mur {côté nord) d’un grand édifice, le seul qui soit debout dans 
cet henchir. Ce monument, de forme rectangulaire, mesure envi- 
ron 5 mètres de hauteur; il est long de 22 mètres et large de 29. 
Du côté sud, le mur est percé d’une fenêtre de 2 mètres de lar- 
geur sur 2 m. 90 de hauteur,et d'une porte de même largeur qui 
n’a actuellement que 1 mètre de hauteur. À gauche de la fenêtre, 
en regardant de l'intérieur du monument, existe une meurtrière. 
Du côté nord, l'édifice est flanqué de deux bastions : c'était donc 
une forteresse; mais le mot aedes qui se rencontre dans l'inscrip- 
tion que je vais citer nous indique que c'est par suite d’un rema- 
niement postérieur qu'il recut cette destination : 


( vu, 765. 


DRE 


“uonduosut 97799 suep ro710d 9j yeanod ou ‘etc uo nb Sauirppg snouDuur) 911 9} sud quefe u ‘eppeovren |, 


‘ouuanlunquy souessrnd 


SUIZzUMP ef 8p nigaoï 39 SIoj oweIson ef Anod fnsuoo sduey owgur u9 je eqpeoere] onb crc ue 159 7) 


‘pof vonqud munsad snlo si (1)1o7ofia tuopon tumsuoonyg 
sppuo [°°° ":::"smodoupn ann] 1 70] 101ju0çg tuvlouy up ‘[s1liodougn IUDLIPOE] 1u[p ‘suodououd nq TIUOQU F7 1 


“{shodou ribuung rompu aq roy pr ap (nf (au) copy ronumug] (ao rfquvq] wrulqpy bhlabur 


nd 000 (irundog up ‘(onuw)d (sup) <pyy (syns(u)oo * IT (suommo)dur ‘4% (amisago)d (morunqi).n “(tjufrjænu [sfroif f 
uod ,,(ru)æpyp roruunpug ( an) copy 1onuvq (nsn)bny (s11)jo nd tauouy [iljaunp ‘y (siun)san) (s207940)duy aynpos] 04[q] 


: uorduosut 97729 ISUIE JOMNSOI j9 OUf UOP Jney ft LON 8u9 med quo ur ou 
DQTUOAË EE OP 2479 SURISIOI VF 39 9PUOI9S ET ‘JuaWoyoexo soma ÿ gansou re { ‘(rurwmu so1fiuod SUEP XV 
9p N) onu juowrppoox oxpo erorweud ef e nbsnnqop ej smdsp ‘age 159 ‘oyones re ‘uonduosur j op sntoux 


(arqdexSojoqd 39 eSedmusq) 


AA 7 


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KP 


"80 0 *S9)F S9P NH — °C 40 INC 198 LL ‘UONAWOSULE 9p ‘Fuor 


°q6 


MISS. SCIENT, — xXf, 


OUNALE, 


NAT! 


INPAIM) NI} 


RUN == 


J'ai trouvé en cet endroit une inscription d’une date posté- 
rieure, mutilée malheureusement, où les habitants de la ville sont 
appelés municipes, ce qui indique que Thaca avait reçu le droit 
de cité romaine avant l’époque où cette inscription avait été gra- 
vée. La ville de Thibica, sa voisine, portait le titre de municipe 
en 254, sous le règne de Gallien ) : 


36. 
Haut. de la pierre, 0” 30; larg. 1°. — Haut. des lettres, 0” 055. 
:SAecVLOU bEATISSIMO DN 
SEMPER:AVG MVNICIPESs thacenses 


VETVSTATE CONLAPSAS AD Meliorem stutum reduxe 
rVNT DEDICANte AFIIO 


(Estampage.) 


Safec}ulo [bjeatissimo d(onuni) n{ostri)......... semper Aug(usti) ; muni- 
cipe[s Thacenses....... ] vetustate conlapsas ad mfehorem statum re- 
duxerlunt; dedican{te] Aelio..... 


Henchir Zguidan. 


À 11 kilomètres au sud de l’'Henchir Zaktoun se trouve une autre 
ruine de moyenne étendue appelée Henchir Zguidän. On y voit 
les restes d’une grande forteresse de 60 mètres de longueur envi- 
ron sur 4o mètres de largeur, flanquée de huit bastions, un à 
chaque angle et un au milieu de chaque face, ainsi qu’un grand 
nombre de citernes et de bassins destinés à assurer à la garnison 
qui y séjournait l’eau potable nécessaire à son alimentation. 


Dar-bel-Ouar. — Henchir el-Hadjar. 


À 13 kilomètres au sud-sud-ouest de Dar-el-Bey de l’Enfida, et 
à peu près à la hauteur de l'Henchir el-Menzel, déjà plusieurs fois 
décrit par les explorateurs, se rencontre la maison d’un des chefs 
de la dernière insurrection, Bel Ouar. Auprès de cette maison 
s’élèvent plusieurs monticules couverts de dolmens. Les indigènes 
appellent ce lieu Henchir el-Hadjar (Vhenchir des pierres). On y 


voit aussi une pelite ruine romaine sans aucune importance. 


UC. I L., var, 766. 


Ces dolmens avaient déjà été signalés par MM. les docteurs Re- 
batel et Tirant, de Lyon, mais d’une façon vague et qui ne per- 
mettait pas de savoir exactement l'endroit où ils se trouvaient. Les 
indications qu'ils ont données sur le nombre de ces documents 
mégalithiques ne sont pas non plus parfaitement exactes Ü). Je n’ai 
pu rester moi-même en cet endroit que quelques heures; mais 
pendant que j'étais à Souse, M. le capitaine Bordier de la compa- 
gnie franche de Tunis, retenu pendant deux jours à Dar-bel-Ouar, 
avait l’obligeance de faire mesurer quelques-uns de ces dolmens et 
d'étudier à mon intention cette vaste nécropole que je n'avais fait 
qu'entrevoir. 

Voici les renseignements qu'il m'a fournis : 


En suivant la route de Dar-bel-Ouar à Dar-el-Bey de l'Enfida, à 
1 kilomètre environ du premier point, on rencontre à droite un 
massif de cactus très remarquable qui me servira de point de re- 
père. Si, de ce point, on marche sur le nord-est, on constate la 
présence de dolmens sur une longueur de 156 mètres; la colline 
sur laquelle ils se trouvent prend alors la direction nord-nord- 
ouest; elle a 235 mètres de long; puis les dolmens cessent. Si, 
d'un autre côté, on revient aux cactus et que l’on continue à 
suivre la route de Dar-bel-Ouar à Dar-el-Bey, on longe à droite 
un pelit monticule de 887 mètres de longueur et de 150 mètres 
de largeur environ, qui est également couvert de dolmens. Ces 
élévations forment donc les trois côtés d’un quadrilatère dont le 
quatrième manque; mais, suivant le prolongement de ce qua- 
irième côté, à gauche de la route, s'étend une colline dont la di- 
rection est sud-sud-ouest et qui mesure 800 mètres de long; on y 
rencontre de nouveaux dolmens. L'intérieur de ce quadrilatère, 
une grande plaine, ne présente plus que des traces fort rares de 


() Voyage dans la régence de Tunis ( Tour du monde, 1875, 1” semestre), p.318, 
col. 2. Ce fut en abordant contre notre gré le massif de Zaghouan par les pas- 
sages situés à gauche du Djebel Takroun..... que nous avons découvert, à 
quelque distance du pied de la montagne, une agglomération de deux cent cin- 
quante à trois cents dolmens en parfait état de conservation. Cette vaste nécro- 
pole préhistorique occupe un carré de 500 mètres de côté environ. Chaque 
dolmen, uniformément orienté de l'est à l'ouest, est entouré d'une enceinte de 
pierres enfoncées en terre, ayant 6 à 7 mètres de diamètre. Sur quelques-uns, 
la pierre supérieure, qui mesure de à à 3 mètres de côté, a élé renversée; mais 
la plupart sont parfaitement intacts. 


Dee FUME 


dolmens. On comprend d’ailleurs aisément que les indigènes les 
aient détruits, s’ils ont jamais existé, pa pouvoir plus Dole 
labourer leurs terres. 

Tous ces dolmens sont rigoureusement orientés : les plus im- 
portants ont été mesurés : leur hauteur varie de 1 m. 50 à 2 mètres, 
leur largeur de 8o centimètres à 1 mètre. Quant aux enceintes 
de pierres qui les entourent, leur diamètre est généralement de 
6 m. 50 ou 7 mètres; il y en a qui atteignent 8 mètres. La plupart 
contiennent un ou deux dolmens; dans l’une d'elles pourtant il a 
été remarqué six dolmens accolés ou plutôt un dolmen sextuple; 
on en a trouvé aussi de doubles et de triples. 

J'ai l'honneur de joindre à ce rapport la photographie d'une de 
ces enceintes contenant deux dolmens ; le diamètre en est de 8 mè- 
tres environ. Le plus grand dolmen est haut de 1 m. 70 et large de 
1 m. 25; le plus petit n’a pas plus de 70 centimètres de hauteur 
sur 1 mètre de largeur; il est situé au sud du grand (pl. XVI). 

À 5o mètres environ au nord-nord-est du massif de cactus 
dont j'ai parlé en commençant, se trouvent des dolmens qui ont 
été autrefois fouillés. Sous l’an d’eux il existe deux cryptes qui ont 
1 mètre de hauteur à peu près et 4 m. 50 de profondeur, 

Le premier caveau, celui par lequel on entre, est profond de 
1 m. 50 et large de 2 mètres; le sol en est aujourd’hui plus élevé 
que celui du second eaveau, maïs cela tient à la païlle que les 
Arabes y ont amoncelée; la largeur de ce dernier est plus grande, 
elle est de 3 mètres environ; la profondeur en est également de 
3 mètres. 

À cinq ou six pas de là, au sud-ouest, se trouvait un autre doi- 
men, aujourd'hui détruit, sous lequel il n’y avait qu'un seul ca- 
veau, de forme circulaire, qui mesurait au moins 4 mètres de 
profondeur; sa hauteur était à peu près de 1 m. 50, et on y péné- 
trait par un escalier qui, bien que dégradé, est encore très facile 
à distinguer. 

La porte d'entrée de ces cryptes se trouve un peu en avant de 
l'ouverture du dolmen, mais dans l'intérieur de l'enceinte de 
pierres qui l'entoure. 

M. le capitaine Bordier a fait fouiller plusieurs de ces dolmens. 
Généralement les fouilles n’ont produit aucun résultat. Dans un 
dolmen pourtant, on a trouvé des ossements humains que j'ai eu 
l'honneur d'envoyer à Votre Excellence. Malgré cette découverte, 


AS Et 
qui semblait exclure l'idée d’une crypte, M. le capitaine Bordier a 
voulu s'assurer s’il n'y avait pas de caveau sous ce dolmen; mal- 
heureusement il n’ÿ a pas réussi; mais, en creusant en avant de 
de l'entrée, les soldats ont trouvé, à 80 centimètres de profondeur, 
du plâtre en assez grande quantité. 


ROUTE DE KAIROUAN À SOUSE. 


Kairouan. 


On sait que Kairouan n'est pas construit sur l'emplacement 
d'une ville antique; néanmoins il y existe des fragments d’inscrip- 
tions latines, encastrés dans les murailles ou utilisés dans la con- 
struction des murs des édifices. D'où viennent ces monuments 
épigraphiques ? On pense généralement qu'ils ont été apportés de 
Vicus Augusti (actuellement Haouch-Sabra), ruine située non loin 
de là et dont les pierres auraient servi à bâtir les maisons de la 
ville. Mais rien n’est prouvé à ce sujet. J'ai recueilli à Kairouan 
trois inscriptions : 


37. 


Haut. des pierres : À, 0" 50, B, 0" 48; larg. : À, 0" 98, B, o" 78. 
Haut. des lettres, 0" o7. 


À. 


THICI MAXIMI DIV 
RATORIS CAESARIS 
S DIVI TRAIANI ADNEP 
CAE AEDEM FECERV 


B 


I ANTONINI FILI 

JRELLI ANTONINI 

DIVI NERVAE ADNEPOTIS 
ITET DEDICAVERVNT % 


CE, C. L L., vu, 80. 
Je n’ai pas à reproduire ici la restitution du Corpus; je ferai 
seulement observer que le deuxieme de ces fragments était le der- 


nier de Pinscription; que, par conséquent, il faut rejeter divr, 


VER de 


Commodi fratris au début de la deuxième ligne et Pi Felicis Au: 
glusti) au début de la troisième. 

À la ligne 3, il faut lire, sans hésitation : [abnepoti]s, Divi Tra- 
Jani adnepotis, Divi Nervae adnepotis. 

Les sigles DDPP ne pouvaient trouver place qu'à la cinquième 
ligne. 


36. 


À l'angle du mur d’une citerne, sur un cippe haut de 60 centi- 
mètres et large de 30, on déchiffre avec peine une inscription 
funéraire : 


Haut. des lettres : 1 °1. 0” o4; 2° et 3° 1. o” 03; les autres, 0° o1. 


D NES 
C'LOVS 77 
vilxit AN XX///Y 
CN EZZEF//N I VS 
WRI SIN OR N 
ENS RESSS E 
Dius) M{anibus) s(acrum). Q..... Celsus?... [u][æit] annis) XX. .... 
H{ic) s{itus) s(epultus ?) e(st). 


C’est peut-être cette inscription qui porte au Corpus le n° 82 a. 


39. 
Dans les murs du rempart (côté nord). 


IIVLIHOMVII 
. L. Jul) Homulli ? 


Ksar-Tal ga. 


Un pel avant d'arriver à Sidi-el-Hani, à gauche de la route, se 
trouvent les ruines d nm monument en blocage haut de 6 mètres 
| We iles d'un mausolée à deux étages. Sur le mur 
qui regaide je nord, interieurement, j'ai cru distinguer les traces 
des niches destinées à recevoir des urnes funéraires: extérieure- 


de 502 
ment on voit deux colonnes engagées qui servaient pour l’orne- 
mentation : elles sont également en blocage. 


Henchir Sidi-el-Hani. 


La koubba consacrée au marabout de ce nom est construite 
sur l'emplacement d'une petite ville romaine; les fouilles qu'a 
nécessitées, cette année, l'établissement d’un camp français sur ce 
“point ont amené la découverte de grosses colonnes, dont une de 
marbre; mais on n’a trouvé aucun texte épigraphique qui permit 
de connaître le nom de l'établissement antique situé en cet en- 
droit. Cependant on peut affirmer que c'était un bourg d'une cer- 
taine importance : on voit encore les traces d’un théâtre, construit 
en petit appareil, dont l’hémicycle est parfaitement dessiné, et les 
restes d'un cimetière assez étendu. 

Les autres henchirs qu'on rencontre sur cette route ont déjà été 
. signalés par M. Guérin. Je n’ai rien à ajouter à la description qu'il 
en a faite (. | 


) Voy. arch., H, p. 325. 


en LE 


DEUXIÈME PARTIE. 


Henchir Hammam-Darradji (Bulla Requa). 


On connaît déjà un certain nombre d'inscriptions provenant du 
Hammam Darradji, les suivantes sont inédites : 


40. 


Sur upe base, couchée dans le ruisseau, près du théâtre. 
Haut. de l'inscription, 0" 86; larg. 0” 37. — Haut. des lettres, 0" 09. 


aradiae RoS 
cia CAOUN EH 
CALPVRNIAe 
PAVERACGAIMIEMTANe 
CAM ENMENPAUE: 
P ARADI ROSCI 
RVFINI SATVR:: 
NI TIBERIANICI 
PATRONAE V 
NIVERSVS ORDO 
(Estampage.) 
[Aradiae] Ros[ciae]........... Calpurniale] Purgiliale], c(larissimae) 
pluellue), filiae P. Aradi(:) Rosci(i) Rufini Saturnin: T'iberiamici, patronae, 


universus ordo (posuit). 


La première lettre de la ligne 5 est un P ou un R. 

Les sigles C À se sont déjà rencontrées deux fois en Afrique ©. 

Il sera question plus loin, à propos d’une inscription de Sidi- 
Ali-bel-Kassem, du père de cette femme, P. Aradius Rufinus (). 


O Cf. C. I. L., vx, 238 et 1181. 
@) Cf. les numéros 167 et 168. 


A1. 


Sur un fragment de base couché dans le ruisseau, à moitié 
chemin entre le marais et la porte triomphale. 


Haut. 1°; larg. 0" 12. — Haut. des lettres, 0" 04. 


BV 
CERN 
SIM 
PA 
Le commencement des lignes seul est intact. : 


12. 


Pierre trouvée dans les travaux de la route de Souk-el-Arba 
à Fernana; actuellement au camp de Souk-el-Arba. 


Haut. de la pierre, 6” 30; largeur, 0" 28. — Haut. des lettres, 0" 03. 


Croissant. 
D MÉARUES 
AMMEIA 
MITTIA VIXI 
TANIS LX M 
VD VIT 
HRSYE 
D{üs) M{anibus) s(acrum). Ammeia Mittia vixit an(njis LX, m{ensibus) V, 
d{iebus) VIT. Hiic) s{ite) e(st). 


Le mot Ammeia est une forme du gentilicium Atnmia, qui est 
bien connu. 


Et; O0 RES 


13. 


Pierre trouvée au sud-ouest de la ville antique, sur une tombe 
de forme demi-cylindrique. 


Haut. du cadre, 0° 40; larg. 0” 38. — Haut. des lettres, 0” 04. 


D AIMIRrS 
AINIRONTANEA 
VSTA PIA VIXIT 
ANNIS LV 


D{us) M{anibus) s(acrum). Antonia Fausta pia vixit annis LV. 


EUR 


Pierre trouvée dans les travaux de la route: actuellement au 
camp de Souk-el-Arba. 


Haut. de la pierre, 0” 28; larg. 0® 30. — Haut. des lettres, 0” 03. 


Croissant. 


D M:.:5 
IVLIA MOSCHS 
VICXIT ANTS 


(sic) : 
XXII 


D{üs) M{anibus) s(acrum). Juliw Mosch(i)s vixit an(nhs LXXXXII. 


A5. 


Pierre trouvée dans les travaux de la route; sur un cippe 
hexaëdre: d I 


Haut. de l'inscription, 0" 60; larg. 0” 14. — Haut. des lettres, 0° 04. 
P Es 


DMS 
IVNIA 
VMBR 
A CAS 
TVLA 
PIA 
VIX 
ANN 
XV 
D 


D{us) M{anibus) s(acrum). Jura Umbria Castula pia viæ(it) ann(is) XV, 
d{rebus) 


_— 43 — 


AG. 
À l’ouest de la ville antique, au pied de la colline. 


Haut. de l'inscription, 0° 25; larg. 0” 35. — Haut. des lettres, 0” 02. 


D'UMPES 
PORCIA : VITALIS 
PIA VIXIT ANN 
LXV MENSIBIZS (se) 
DIEBVS VII 


RL DouE 
D{us) M{anibus) s(acrum); Porcia Vitalis pia vixit ann(is) LXV, 
mensibus. .... diebus VII. H{ic) s{ita) e(st). 
L7. 


. Pierre trouvée dans les travaux de la route; actuellement au 
camp de Souk-el-Arba. 


Haut. de l'inscription, o" 24; larg. 0" 18. — Haut. des lettres : 1°° et 2° 1.-0” 04; 
? le) 
les autres, 0° 025. 


(© PA EN PEUT 

V,SIS:A 

EL O 

MSI PINS quje 

XIT ANN 
HusSurE 


Quin[tullus où Quin[tillus, Sa..... fil(rus), Ao..... tas piuls vi]œit 
HULL REENS H{ic) s(itus) est). 


Il a été trouvé également dans les travaux de la même route, 
en fouillant une petite ruine qui se trouve à 2,800 mètres au nord 
de la gare de Souk-el-Arba, quatre petits écussons en argent où se 
lisent les lettres D E et R C gravées dans une couronne; je donne 
ici le dessin de deux d’entre eux en grandeur naturelle, les deux 
autres sont identiques, mais moins bien conservés. [ls sont tous 
les quatre entre les mains de M. le capitaine du génie Drouhez, 
qui a eu lamabilité de me les montrer. 


An 


Henchir Oudeka. 


L’an dernier, on m'avait remis la copié de trois parties d’une 
grande inscription que j'avais eu l'honneur de communiquer à 
Votre Excellence (). Je suis allé cette année visiter l’henchir où üls 
avaient été relevés. Les ruines qu'on voit à cet endroit sont celles 
d’une forteresse romaine assez vaste, autour de laquelle existent 
de nombreux restes de constructions. Il y avait là une cité dont le 
nom est inconnu, mais qui, au 11° siècle, devait avoir une certaine 
importance. Le forum et l'escalier qui y conduisait sont men- 
tionnés sur un texte épigraphique que j'y ai recueilli et qui fait 
partie de cette grande inscription dont j'ai publié trois fragments 
l'an passé. J'ai vérifié le texte de ces trois derniers : ils sont dissémi- 
nés sur différents points de la forteresse ou parmi les pierres qui 
gisent alentour. L'inscription tout entière se composait d’un plus 
grand nombre de morceaux; le début en est sans doute enterré 
quelque part au milieu des ruines. Je suppose que cette inscrip- 
tion remplissait dans toute sa longueur l’entablement d'un por- 
tique (porticum ascensus fori) : 


49. 


Haut. des lettres, 0° 085. 
Long. des fragments : a, 1" 85; b, 0" 97; c,1" 159; d, 270 
a. 


..cum...,utactis ordinis DIEI NONARVM IVNIARVM FVSCI ET DEXTRI COS CO 
RO EE OO Ne SE*ACTISYORDINIS:CONTINET VR:DIEI‘V-KAL:IANVAR 
EN NE NT Ve Fans ET UT TE NDAM PORTICVM ASCENSVS FORI : CVM : SPIRITIS:‘EI 


(1) Cf. mon premier rapport n° 247. 


M Un 


b. 
nTINETVR:IN NVMERO # DEC 


tARVM FVSCI ET:DEXTRI-:COS 
GRADIBVS ‘ET CAPITIBVS FT 


C. 


urionum EI INTER:AEDILICIOS ADLECTVS 
LI ue at suFFICIENTEM FRVMENTI:-CO 
A a a au ex TS XII M'I N PRIVATASs 


d, 
ESSET SINGVLARI INSTANTIA IN ADMINISTRATIONE II VIRR QQ 
PIAM PROPRIISYSVMPTIBVSYPOPVLARIBVSYEXHIBVIT 
TJAYPECVNIA FECIT'IDEMO Ye ded'TAVIT 
(Estampage.) 


FRERE [Cum........., ut actis ordinis] diei nonarum juniarum Fusci et 
Dextri co(n)s(ulum) co[n]tinetur, in numero dec{urionum] et inter aedilicios 
adlectus esset, singulari instantia in admuustratione II vir(orum) q(uun)- 


g(uennalium). ...... se actis ordinis continetur diei V kal(endarum) ja- 
nuar[i|arum Fusci et Dextri co(n)s(ulum), ...[su] fficientem frumenti 
copiam proprüs sumptibus exhibuit, ......... ndam porticum ascensus 


fort, cum spiritis et gradibus et capitibus et... .. , [ex] HS XII nul(h- 
bus) n(ummum), privata [s]ua pecunia fecit, idemqu{e ded]icavit. 


J'ai déjà fait remarquer, l’an dernier, que le consulat de T. Ma- 
nilius Fuscus (deuxième consulat) et de Sex. Calpurnius Domitius 
Dexter est de l’année 225. 

La dernière ligne contient un mot, spiritis, qui est évidemment 
un terme d'architecture, mais qui ne s'est pas encore rencontré, 
du moins à ma connaissance. On pourrait regarder spiritis 
comme un ablatif incorrect du mot spiriütus et chercher à ce 
terme un sens voisin de celui de spiraculum «soupiraïl», mais 
on ne voit pas trop à quelle partie du portique il pourrait s'ap- 
pliquer. M. R. Mowat, à qui j'avais communiqué cette inscrip- 
tion, m'a fait remarquer que ce peut être lablatif de spirita, 
qui se rapproche de spira, mot consacré en architecture et qui 
signifie « base de colonne caractérisée par des tores» (1), À côté 


Q) L'ablatif singulier sptrito s’est rencontré une fois. (Orelh, 3050.) 


one 


de c@aïpa, on trouve l'adjectif c@æpirns (qui a la forme d’une 
sphère), en latin sphaerita ®); à côté de on, oînXërns (qui sert 
de colonne), on a donc pu de creioa former par dérivation le 
mot omerpérns (spirita), qui aurait une signification voisine de 
spira, sinon le même sens. Si dans cette inscription le mot spiritis 
était placé à côté de capitibus, l'explication que propose M. Mowat 
tirerait de cette juxtaposition une grande force; malheureusement 
il en est séparé par gradibus et par conséquent il n’est pas prouvé 
qu'il se rapporte aux colonnes du portique, auxquelles le terme 
capitibus «chapiteaux» s'applique certainement. Cependant ce 
dernier sens me paraît beaucoup plus acceptable que le premier. 


90. 


Sur une base qui a été employée dans une construction et taillée 
en cintre à cette intention était gravé le cursus honorum d'un per- 
sonnage d'ordre sénatorial, dont il ne reste plus que le fragment 


suivant : 
Haut. des lettres, 0° 04. 


divD COMmodo aedili 
cerEREALI:11aetori 
perEGRINO ADLeclo ab 
ID ACAESEE LESEPT RO 
sevERO PIO PERTINACI Ft 
m'auRELIO aNTOnino augq 
ad cVRAM CIVI 
WORVM 


LEO 
le) 


... [a divlo Com[modo, aedih cerleali, prlaetori perjegrino, adl[ec]t[o ab 
imp(eratoribus duobus)] Cues{aribus) L. Septi[mi]o [Sevlero Pio Pertinaci 
e[t M. Aujrelo [A\nto[nino Aug{ustis) ad cJuram civi[tatis ou crvi[tatium 
AR MTEUS Torum} 1MDAEE 


La dernière charge mentionnée a été exercée sous les règnes de 
Septime Sévère et de Caracalla, c’est-à-dire entre les années 198 


(0) Festus, p. 330 : «Spira dicitur basis columnae unius tori aut duorum.» 
C’est dans cette acception que le mot spira est employé par Vitruve et Pline. 
€) Caton, De Re rust., 82. 


207 7 Ne 


et 209; l'inscription a été gravée avant la mort de Septime Sévère 
(an. 211), puisque cet empereur ne porte pas ici le titre de divus. 
J'a, de plus, relevé dans celte ruine trois inscriptions funé- 
raires : 
: bia 


Haut. de l'inscription, 0" 50; larg. 0° 60. — Haut. des lettres, 0" 085. 


YeGN ATIVS 
WZ' PAL:'FORTIS 
PIVS -VIXIT ‘AN 
NIS XXXXVII 
-. [E]gnatus, .. . f{chus), Pallatina tribu), Fortis pius vixit 
annis XXXX VIT. 


On remarquera la mention de la tribu Palatina, qui ne s’est 
encore rencontrée qu'une fois en Tunisie (). 


59 
Sur un cippe en forme d’autel. 


Haut. de l'inscription, 0” 83; larg. 0" 4o. — Haut. des lettres, 0" 08. 


D MS 
OCTAVia 
DIGNa 
PIA VIX:t 
ANS LX\ 
PMPSANT 
D{us) M{anibus) s(acrum). Octav[ia] Dign[a]pia vix[it] annis LXV.. 
H{ic) s{ita) e(st). 


Soie 


Haut. de l'inscription, 0° go; larg. 0” 50. Haut. des lettres, 0" 10. 
Caractères effacés par le temps. 


D 
EL 2MATVD 
RAT 
E 
Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu d’autres caractères gravés 
sur celte pierre, maïs je ne pourrais l’affirmer. 


UCI L Nr, 58. Inscription trouvée à Leptis Parva. 


— 8 — 


NEBEUR. 


Henchir Sidi-Merzoug. è 


À l'endroit où s'étendent aujourd'hui la ville arabe de Nebeur 
et ses jardins d'oliviers existait un établissement romain que nous 
savons, par deux inscriptions (), avoir été un castellum. I couvrait 
aussi le pied de la montagne situé en face de Nebeur, de l’autre 
côté de la route du Kef : il y a là, autour de la koubba de Sidi- 
Merzoug, des ruines très apparentes au milieu desquelles j’ai re- 
cueilli quelques inscriptions. J'y joins certains textes épigraphiques 
que j'ai copiés à Nebeur même : 


54. 
Henchir Sidi-Merzoug. 


Sur une grande pierre brisée à gauche. 


Haut. des lettres, 0” 055. — Les caractères sont très difficiles à déchiffrer. 


florell SECVLO imp’caes-flaviiuli 
constaNTI VICTORIS AC triumphatoris aug 
AIR TVSIEOZÆAMAARRIV SZ 


| /S ET CVRATORZIEZZORDINISZ 
(Estampage.) 


[Florelnti ? s{a)eculo [Imp(eratoris) Cues{aris) Flavi(i) Juhif:) Constalnti(r) 


victoris ac [triumphatoris Aug{usti)] RAA FILS De us et cura- 
ORAN ASE OTUS EEE RE 


55. 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Sur deux fragments d’une grande inscription. 


Haut. des lettres, 0" 20. 


a. NI[OPI=IMRAI 
b. P ECAv 


@) C. TI. L., vi, 1615 et 1616. 


NEO ARE 


5G: 
Henchir Sidi-Merzoug (. 


m 


Haut. de l'inscription, 0" 35; larg. 0" 30. — Haut. des lettres, 0” 03. 


DO MISRETES 1") 
CAN CICMNES TRIO 
CMS ER EUIRERPEONPSE 
RNA GONEASIRE 
RIRE CSA SANTE 
NACRE SOI 
(Estampage.) ; 
Dius) M{anibus) s(acrum). C. Paccius Rogatus, fl(amen) p{er)p(etuus), II vir 
col(oniae) Sic(cae), pr(a)ef(ectus), caste vlixit) afnmis) LXXVIIT. H{ic) 
s(itus) est). 


Nous apprenons par ce monument que le castellum sur l'empla- 
cement duquel se trouve aujourd’hui Nebeur dépendait de la co- 
lonie du Kef (Sicca Veneria), dans le territoire de laquelle il était 
compris. En conséquence, la justice y était rendue, non par un 
personnage dont le choix était laissé aux castellani, mais par un 
des magistrats suprêmes de la colonie, qui était chargé de cette 
fonction et prenait pour la circonstance le titre de.praefectus j{ure) 
d{icundo), ou plus brièvement praefectus®). C. Paccius Rogatus était 
peut-être mort à Nebeur au moment où il y faisait une tournée 
pour rendre la justice, et on l'y avait enterré. 


57: 
Henchir Sidi-Merzoug. 


Haut. de la pierre, 0° 47; larg. 0" 30. — Haut. des lettres, 0" 055. 


PRINT 
P:AEM: 
HR RENE T 
Q-:MODes 
TVS:V:Ann 
CXXV H:5s € 


0) Cf. Académie des inscriptions et belles-ettres, séance du 28 avril 1882. 
) Frontin. (Gromat. veter. , p. 49) : «Goloniae quoque loca quaedam habent ad- 


MIS$. SCIENT, — XI. l 


IMDRIMENIR NATIONALE, 


ae in 


D(us) Mambus) [s(acrum)]. P. Aemi ]lius . : J{tlius), O{uirina tribu), 
Mod{esltus v{ixit) a[nn(is)] LXXV. Hiic) [s{itus) e(st)]. 


56. 
Nebeur. 


Sur un pilier, à l'intérieur de la koubba de Sidi-Abd-el- 
Kader. 


Haut. de l'inscription, 0° 60; larg. 0" 27. — Haut. des lettres, 0" 04. 


D MS 
Q:AEMI 
LIVS-SA 
TVRNI 
NVS 
V:A:LXI 
H SE 
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Aemilius Saturninus v(ixit) a{nnis) LXI. 
H{ic) s{itus) e(st). 


59. 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Haut. des lettres, 0" o7. 


DANS 
Q:ANNI 
VS MAR 
RAS IEEIES 
V A LXX 
ÉOSÈE 
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Annius Martialis vixit) a(nnis) LXX. 
Hic) s{itus) e(st). 


signata in alienis finibus, quae loca solemus praefecturas appellare.» — Sicul. 
Flac., p. 159 : «... Quae singulae praefecturae appellantur... ex eo quod in 
diversis regionibus magistratus coloniarum juris dictionem mittere solent. » 


60. 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Haut. de l'inscription, 0° 39; larg. 0" 40. — Haut. des lettres, 0" 05. 


DAMES 
CNEVVE GPL 
MISOMRE our 
DECOR:Vix An 
RONPRNMA VS Te 
D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Caecilius, Q. f{ilius), [Quir(ina tribu)] 
Decor vfix(u)] afn{nis)] LXXX VIII. [Hc) situs) e(st)]. 


GI. 


Henchir Sidi-Merzoug. 
Haut. de l'inscription, 0" 27; larg. 0o* 30. — Haut. des lettres, 0° 035. 


dns 
c AECILI\Ss 
«3 f QUIR-RO 
NiSp Es 
viæ'an'AXI 
ROSE 
[D{üs) M{anibus) s(acrum). Caeciliu[s| Q. [ f{ilius)], Quir(ina tribu), 
Ro....us [pliufs xt) an(nis)] XXI. [H{ic) s(itus)] e(st). 


692. 
Nebeur. 
Haut, de l'inscription, o" 37; larg. 0° 27. — Haut. des lettres, 0" 03. 


DE SMIM 
M CLODIVS 
BARIHA 
VArLQU (sie) 
H'S"E 
D{iis) s(acrum) M{anibus). M. Clodius Bartha v(iæil) afnnis) quinquaginta 
qluatuor) ou q{uinque) ? H{ic) s(itus) efst). 


e 


= 


63. 


Henchir Sidi-Merzoug. 


Haut. de l'inscription, 0" 52; larg. 0” 30. — Haut. des lettres, 0° o4. 

DNS 

GEIVIEIVS 

CRESICEIN (sic) 

NVIGSANIS 

LS 

ÉLUSUSS 
Ds) M{anibus) s(acrum). C. Julius Cre[s]cen(s) vic(sit) an(n)is LXXTI. 
H{ic) s(itus) s(epultus ?). 


64. 


Nebeur. 


Sur un beau cippe en marbre servant de pilier, dans l'intérieur 
de la koubba de Sidi-Abd-el-Kader. Sur les côtés, à droite et à 
gauche, se voient des ceps de vigne élégamment sculptés. 


Haut. de l'inscription , 1° 10; larg. 0° 37. — Haut. des lettres, 0" 05. 


Guirlande. 
DAME ME NES AMD ENT ali] 
MTS NV PA EVA TA 
VS M EC TLAME OR TV 
OLCREZP IN A TN À 
NUS COR OLMENTUE 
NME UINA VE VIT CA 


INAVES ne. JAN NNINUIN 
VA LXXI 
H S E 


D{us) M{anibus) s{acrum). M. Julius, M. ffilius)], Q{uirina triba), 
Crfis]p[i nus ? Cornelianus v{ixit) afnnis) LXXI. H{rc) s(itus) e(st). 
D{us) M{anibus) s(acrum). Aulia Fortunata, Q.. fil{ia), Culcia[nla v(ixit) 


a(nnis) ..... 


PAS Se 


65. 


Henchir Sidi-Merzoug. 


Haut. de l'inscription, 0” 33; larg. 0° 28. — Haut. des lettres,-0° 05. 
L'écriture du texte est très négligée. 


D IMIXS 
Q IVLIVS 
SECVNDVS 
VIXIT AN 
NIS LEXXI | (se) 
HS E 


D{us) M{anibus) s(acrum). Q. Julius Secundus vixit annis LXXXI. 
Hic) s(itus) e(st). 
66. 
Nebeur. 


Sur un cippe funéraire qui sert de pilier dans une maison. 


GAICUI IL. vur, 1018. 
Haut. de l'inscription, 0” 50; larg. 0" 28. — Haut. des lettres, o" 05. 


D MS DAMS 
CAFRITIA COMITE 
NAMPHA MSN 


ME V A M 
XXI O 
ENS UNE DEAN END 
EXC 
ÉRUSPUE 
D{its) M{anibus) s(acrum). C. Julius N........ 0 [uixlit) anfmis)] LXXV. 


H{ic) s{itus) e(st). 


Dis) M{anibus) s{acrum). Cal plrilia Namphame v{ixit) a(nnis) XXI. 
Hic) s{ita) [e(st)]. 


AE res 


67. 
Trouvée à Nebeur; aujourd’hui au musée du Kef. 


Haut. de l'inscription, 0° 165; larg. 0” 20. — Haut. des lettres, 0” 04. 
Caractères très grossièrement tracés. 
D, M S 
VUE FABIVSs 
#4 PRIVAM 


D{us) M{anibus) s(acrum); .. L. Fabiufs]..... 


66. 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Haut. de l'inscription, 0” 40; larg. 0° 37. — Haut. des lettres, 0" 03. 


DUMAS 
Q MVNATIVS 
SATVRNINVS 
V A LXXVI 
DNS 
[D{üs) M{anibus)] s{acrum). Q. Munatius Saturninus v{ixit) a(nnis) LXXVI. 
Est) hic) s(itus). 


69. 
Henchir Sidi-Merzoug. 


Haut. des lettres, 0° 05. 


Q_MVZ4 
L: ET TIT 
RO GTS 
VAL 
RMS LE 
Q. Mai. L. fil{ius). . ... Rogaltus] v{iait) afnnis) L..... 
H{c) s(itus) [e(st)]. 


70. 
Nebeur. 


Sur une pierre encastrée dans le mur de la koubba de Sidi 
Abd-el-Kader, extérieurement. Cf. C. I. L., vur, 1620. 


Haut. des lettres, 0" 075. 


D M S 
PACIVS ROGATIANVS 
7 À XX 


D{us) M{anibus) s(acrum). Pacius Rogatianus vfixit) afnnis) XX..... 


Te 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Sur une pierre brisée à gauche. 


Haut. de l'inscription, 0” 30; larg. 0” 20. — Haut. des lettres, 0° 06. 


DONS ÿ 
NAOPEQVIES 
AINTS MSIE OC) 
RO V À XXI 
(Estampage.) ; 
D{us) M{anibus) s(acrum). .. Volus[i]us Sipo. .ro v(ixit) a(nnis) XXI 
ou XVI. 


FA 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Haut. des lettres, 0” 03. 


D'UN AEES 
é VS 
TOGATVS 
v À LXXXY# 
HR S € 
[D{uis) M{anibus) s{(acrum)] . . . ... us [Ro]gatus [u(iæit)] a(nnis) LXXX... 
H{ic) s(itus) [e(st)]. 


=D 0 — 


7: 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Sur un cippe hexaèdre brisé. 


ÉAO SRE 
H{ic) s{itus ?) est). 


7h. 
Henchir Sidi-Merzoug. 
Haut. des lettres : 1° 1. 0” 045; 2° 1. 0" 035. 


VIS 
Ke 


LE KEF. 


J'avais déjà eu l'honneur de communiquer à Votre Excellence, 
l'an dernier, umcertain nombre d'inscriptions romaines que j'avais 
relevées au Kef. L’occupation francaise a mis au jour quelques 
textes nouveaux et a permis de pénétrer dans des maisons parti- 
culières où d’autres étaient ignorés. Je me suis empressé de les re- 
lever. 


T9: 


Dans le jardin de M. Roy, sur un dé d’autel. (Communication 
de M. Roy.) 
NPA RE 
BINEMNVE M 
MAGNAE 
SACRVM 


Matri Deum Magnae sacrum. 
76. 
Âu même endroit. 


Haut. des lettres, 0” 18. 


PAETX 


TE 


Dans la cour d'une maison, sur un fragment de colonne. Ac- 
tuellement au musée du Kef. 


Haut. de la pierre, 0° 36. — Haui. des lettres, 0” 065. 


D N 
FE SCC 
DER OMAIX 


liano 


D{omino) n(ostro) Fl{avio) Claudio Ju[liuno P(10) F{elici) semper Aug(usto).] 


78. 


Pierre encastrée extérieurement dans la muraille de la kasbah 
{côté nord). 


Haut. de l'inscription, o” 80 ; larg. 0" 50. — Haut. des lettres : 1°, 2° et 3°1. 0" 05; 
les autres, 0” 025. 


CAIVTO M CNET OMR 
AONrL AE 
ROM OP NV BYD'E C © 
DIRE CO NT OMANIO 
DÉCVRIAS") LEGT'ADIV 
DNICIS PAPE RERSOVIEPI 
AMEL ICONS) ARE 

FRETENSIS 

IVLIVS : FIDVS - AQVILA 

FRATRI: OPTIMO :DECRETO 

ORADIINN SI YPO SIVIT PP 
REMISSA 


Q. Julio, C. f{iio), Quir(ina tribu), Aqufi]lue, equo publico, «dlecto in 
quinq{ue) decurias, ckenturioni) leg(ionis) 1 Adjutricis, c(enturiont) leg(ro- 
ns) XXX Ulprae Victricis, c{enturioni) leglionis) X Fretensis ; Julius Fidus 
Aquila fratri optimo, decrelo ordinis, posuit; plecunia) p(ublica) re- 
miss. 


SR Sr 


19. 


Dans la maison dite Dar ben-Achour, où ont déja été trouvées 
deux grandes inscriptions (M), on a découvert, quelques jours avant 
mon arrivée, un texte épigraphique très intéressant dont il a été 
fait mention à l’Académie des inscriptions et belles-lettres 2); mal- 
heureusement l'état de dégradation de la pierre ne permet pas d’en 
lire toutes les lignes complètement; pour permettre à ceux que ce 
monument intéressera de déchiffrer les parties qui m'ont échappé, 
j'ai l'honneur d’en joindre une photographie à ce rapport (pl. XVH). 
Cette photographie est d'autant plus utile que le monument ori- 
ginal n’existe plus aujourd’hui : il a été employé dans la construc- 
tion d’une maison peu de jours après mon départ. J'en avais 
heureusement pris un bon estampage qui m'a aidé à lire certaines 
parties de l’inscription, moins nettement rendues -par la photo- 
graphie. 


Haut. du cadre, 0° 50; larg. 0” 43. — Haut. des lettres, 0° 015. 


VEN URES PREUL 111 Ô seve 
RAMFILIAMLICINIPATERNISPLENDIU1iEI1laudabi 
LIS VIRI HODIERNA DIE DEFVNCTAM ESSE QVID ET À QVIbus 
IN MEMORIAMEIVSHONORVMINPARENTVMIPSIVSCOn 
SOLATioNEM FIERIPLACERET LCALPVRNIVSNa 
XIMVSALFINVSSENTENTIAMINTERROGATVSCENSVITIN\er 
BAINFRASCRIBTA CWLICINIPATERNIVIRIDEPRIMORIBus 
NOSTRISETVITAE AODERATIOETMORVMMAXIMVMACPRACIuc 
WTESTIMONIWINFOVENDISETIAMREIPuBNOSTRAEOPIBVSNON 
MODICADOCu AeNTAEMICent parENTVMQVOQVEACMAIORVI 
IPSIVSetiAMIN A/S EXCOLeND SQMOENIBVSNOSTR 5QVe 
IN SVSTINENDS ALENDSQ : CIVIBVS EGREGIA ATQ EXIMA ÉBERALITAs 
ENITEATACPERZOCIAMETSIINGENTISACMAXIMLVCT VSEIVSd 
PATERN MINIMA SIN APVT EM NOSTRA SOLACIA TAÏMÆEN AD LENEND 05 
CON®ESCENDOSQDOlorisiMETVSETADHONORANDAMIAI 
PVELLAERVD MAtuRAEMEMORAM CVM CZAVTRSEZBR AMIE 
EIVSDE*Y*LEROGANDOSTATVAMOZ/ZE//SYPN LCHRRMOatQue 
CELEBERRMO PZ#PEC E DEM LICINAESEVERÆ CONSTITVENDAMut 
PIETATISORDINISNOSRIERGAPATERN W A DFECTOPERPET VOSI& 

CONTESTATA 


() C. I. L., vux, 1641 et 1648. 
(2) Séance du 28 avril 1882. 


nn de 

rod. IT viri jure dicundo (?) verba fecerunt Seve]ram , filiam 
Licini(:) Paterni splendidi et [laudabr |lis viri, hodierna die defunctam esse ; 
quid et a quiblus], in memoriam ejus honorum, in parentum 1psius co[n]|- 
solat[io]nem fiert placeret; — L. Calpurnius Mfalæimus Alfinus, senten- 
tiam interrogatus censuit in v[er]ba infra scribta : — Cum Lieini(i) Pa- 
ternt, viri de primorib[us| nostris, et vitae moderatio et morum maximum 
ac practi[cjum testimonium, in fovendis etiam reip[u]b(licae) nostrae opi- 
bus, non modica doc[u]m{e]nta emuclent, parlentum quoque ac majorum 
ipstus, [etijam in a[dornandi ?}s excolendisq{ue) moenibus, nostri[s}qu{e] 
in sustinendis alendisq{(ue) civibus, egreqia atque eximia lhiberalita|s] eni- 
teat, ac per [h]oc ? tametsi ingentis ac maximi luctus ejus[d{em)]. Paterni 
minima sint aput eum nostra solacia, tamen ad leniend [os] conpescendos (?) 
qlue) dofloris i]mpetus, et ad honorandam jam? puellue rudi maftu]rae 
MEMOTIAM , CUM....... ejus de publico ?) erogando , statuam. . ..... 
pulcherrimo [at]q{ue) celeberrimo publ(ica ?)] pec(unia), et? diem Lici- 
mac Severae constituendam [ut] pietatis ordinis nostri erga Paternum ad- 
Ject(i)o perpetuo si[t] contestata. 


À la ligne 5, il ya entre le T et N de solationem un espace 
beaucoup trop considérable pour les lettres io seulement; il faut 
en conclure qu'il y avait primitivement dans la pierre à cette 
place un défaut qui empéchait d'y graver quoi que ce soit. 

Ligne 11, pour que la restitution que j'ai proposée soit accep- 
table, il faut supposer que le T et VI du mot ETF AM étaient liés. 

Ligne 15, il n'est pas possible de lire nettement sur le monu- 
ment compescendos, que l'on s’attendrait à rencontrer; l’estam- 
page ne donne d’une façon certaine que la dernière partie du mot. 
Je propose donc cette lecture sous toutes réserves. 

À la fin de cette même ligne, il ne faut pas songer au mot tam, 
comme je l'avais supposé d’abord. Les T ne dépassent jamais la 
la ligne dans le reste de l'inscription; les I, au contraire, sont sou- 
vent plus grands que les lettres voisines. 

Ligne 16, malgré la solennité quelque peu recherchée de cette 
expression, je crois qu'il est difficile de lire autrement le com- 
mencement de cette ligne 0). 


4) Voir, pour le commentaire, la séance de l’Académie des inscriptions et 
belles-lettres du 28 avril 1882. Cf. des inscriptions analogues à celle-ci : C. I. L., 
V, 922, 8793 Wilmanns, 692 (a), 695, etc. 


NO D er 


80. 


Pierre encastrée extérieurement dans la muraille de la kasbah 
A ’ s \ Nu . 
(côté nord), à 6 mètres de hauteur environ. 


Haut. des lettres, 0° 10 à peu près. 
peu p 


VA EMVIS 


NTIANIO PON 


81. 
Dans le mur de la maison dite Dar Berbouch. 


Haut. des lettres, 0” 10. 


DEdICAV 


.. de[d}icav(it ?). 


82. 


Dans le mur de la kasbah, à côté de l'inscription rapportée plus 
haut sous le numéro 78. 


D D 


NP d(ecurionum) d{ecreto). 


83. 
. Pierre encastrée extérieurement dans le mur de la kasbah (côte 
ouest). 
Haut. des lettres, 0° 10. 
Î x AEMILIVS 


4 * AEMILIVS 
CyxAEMILIVS:FF 


M. Aemilius..... M. Aemilius..... C. Aemihus Fe[liæ?]..... 


NO 


SA. 


Sur un cippe en forme d’autel, près de la maison dite Dar ben- 
Achour. 


Haut. de l'inscription, o 


m 


94; larg. 0° 35. — Haut. des lettres, 0” 035. 


AEMILIA:Q:F 
FLORA:VIXIT 
NNIS:XVI 
HONSME 
Aemilia, Q. f{ilia), Flora, vixit annis XVI. H{ic) s{ita) e(st). 


89. 


Sur un cippe en forme d’autel, en dehors de la ville, le long 
des murs (côté nord-est). 


Haut. de la pierre, 0° 28; larg. 0" 4o. — Haut. des lettres, 0" 04. 

DÉNMENE NS EAU: 
INEMP:) LI OL: 

FILIA:GALA VIX 

ANIS-:LXXXVII 
ENHOSSEPE RME 
D{us) Ma(nibus) sa(crum). Aemilia , Q. fiia, Gala wix(it) an(n)is LXXX VIT. 
Hic sepelita. 


06. 
Pierre encastrée dans les murs de la kasbah (côté nord). 
Haut. de la pierre, 0" 41; larg. 0” 35. — Haut. des lettres, 0" 035. 

EMANTUES 
AVGR I À 
DOMITIL 
LA VIXIT 

MASAIUE AUNONUILS 

An A7, XXXV 

PRE EPS ENLIES 

re vivit [annis.....]. H{ic) s{itus) ? e(st). 


Dis) M{anibus) s{acrum). Agria Domutillu vixit annis XXXV. 
H{ic) s{ita) efst). 


PRE TS. RE 


87. 


Dans la cour de la maison où j'ai relevé l'inscription que j'ai 
rapportée sons le numéro 77. 


Haut. de la pierre, 0" 10; larg. 0" 20. — Haut. des lettres, 0” 03. 
P 9 8 


D M S 
WUS: KR } À 
/IX*-ANN III 
D{us) M{anibus) s(acrum). [A]gria ? wixit) ann(is) HIL. 


88. 
Au musée du Kef. 


Haut. de la pierre, 0° 19 ; larg. 0" 24. — Haut. des lettres, 0" 03. 


ANTONIA 
BIILLOS - VIX 
ANA SI 
USE 
Antonia Bellos(a) vixlit) anfris) XI. H{ic) s(ita) est). 


Le surnom Bellosa s'est déjà rencontré. 


89. 
Près du cimetière juif. 


Haut. de l'inscription, 0° 18; larg. 0" 28. — Haut. des lettres, o" 035. 


APPIA ‘MA 
XI: MA:V:A 
LXXVII-H:S*E 

Appia Maxima v{ixit) afnnis) LXX VIT. H{c) s(ita) e(st). 


90. 


Texte copié par les soins de la Société archéologique du Kef. 


APVLEIA 
PRRVEEPICI 


Apuleia, L. f{ilia), Felicr..... 


ON 


91. 
Près du cimetière juif. 


Haut. de l'inscription, 0° 23 ; larg. 0 25. — Haut. des lettres, 0" o4. 


ANIME ATX 
SCNVRUX 
VIX ANIS 
XXXI 
Avilia Secura vix(it) an(n)is XXXI. 


92. 
Au même endroit. 
Haut. de l'inscription, 0" 33; larg. 0” 50. — Haut. des lettres, 0" 03. 
D M S 
BADVLLIA 
POSTumA v:a 
XXXX 


Badulla Post[um]a [o{ixit) a(nnis)] XXXX. 


93. 


Dans le mur de la kasbah (côté ouest), à 5 mètres de hauteur 
environ. 
D M S 
CAECILIA 
ROGATA 
VIX AN XL 


D{us) M{anibus) s(acrum). Caecila Roqata wix(i) anni(s) XL. 


94. 


Dans le mur de la kasbah (côté sud), à la même hauteur à peu 
près que la précédente. 


Haut, de la pierre, 0" 50. — Haut. des lettres, 0" 08. 


D m s 
M CASCETDLEV: praef 
EQVITVM VIXIE annis 
D{us) [M{anibus) s(acrum)|. M. Cascelliufs. . ... praef (ectus)] equitum 


viæi[t annis. .... 


Mr) BE 


95. 


Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


D M S 
MRCLERBEX 
YUWWRINA PIA 
VIXIT ANNIS 


D{us) M{anibus) s{acrum). M. Clelia . .. .rina pia wiæit annis . .... 


H{ic) s{ita) est). 


On sait combien sont rares les exemples de prénoms donnés à 
des femmes; si cette inscription est bien copiée, elle est intéres- 
sante sous ce rapport. 


96. 


Cippe hexaèdre trouvé dans les fouilles faites au pied du mur 
de 1a kasbah {côté nord). 


Haut. de l'inscription, 0” 90; larg. 0° 27. 
Haut. des lettres : les 5 premières lignes, 0° 05; les autres, 0” 045. 


Guirlande. 
15) M S 
PACLODIVS 
FA VS TI 
NVASRPVES 
FRATER #1 
IMVS HOMO 
YU:TIL ICISSI 
MVS QVI VI 
TAM VIXIT 
IVCVNDAM 
ET QVIETAM 
ANZZ XXXVI 

H S e 


Dus) M{anibus) s(acrum). P. Clodius Faustinus, pius frater, Jfilrlmus homo 
[atlq{ue)? fehicissimus, qui vitam vixit Jucundam et quietam an[n](1s) 


XXX VI. H{ic) s{itus) [e(st)]. 


2 (65 = 


One 
Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


CAO DEA 
HE L'PLRS 
NA OA IN EN 
ELXXXV- H SE 
Clodia Helpis xt) annis) LXXXV. H{ic) s{ita) est). 


-98. 
Dans le mur de la kasbah, extérieurement (coté sud). 
Haut. de l'inscription, 0” 60; larg. 0° 30. — Haut. des lettres, 0” 04. 


CORNE 
LTA MF 
MACRI 
NPAEP TER 
NU CAUME 
ANINUIeS 
XXXVIII 


Cornelia, M. f{ilia), Macrina, pra viæit annis XX XVIII. 


99: 2 
Copie de M. Roy. 


HO AMV BE 
D'MrS 
FPE LEON 
TASNFE LI 
CIS LE 
ANNIS xII 
FRE, S 


Have! D{iis) M{anibus) s{acrum). Felicitas, Felicis (conjux) ,vixit annis XII. 


H{ic) est) s{ita). 


(Si 


MISS. SCIENT. — XI. 


RER de 


100. 


Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


DYeMLS 
AGNEA PA 
C'ATA VI 
XIT ANI 
SRE VI 


Ds) M{anibus) s{acrum). Gula Pacata vixit an(nis XXXV. 


101. 


Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


D M S 
SPERRVMARETRICANV 
LANAEVISISECVN 
DNS PIVA MOIS VIS 
VIXIT ANN XXXIII 

HSE 


D{us) M{anibus) s{acrum). Sex. Herculamius Secundus Lalosus vixit 


ann(is) XXXIII. H{ic) s{itus) e(st). 


102. 


Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


DAMES DONS 
IVLIAM TNVSEMAVES 
EVA ACHIE 
OLA VI ENES VIT 
X AN KUAN LI 

LV LRRES dE 


D{üs) M{anibus) s(acrum). Julius Achileus ® wix(it) anfris) LL. 
H{ic) s(itus) e(st). 


D{üs) M{anibus) s{acrum). Julia, M. { f{iia)], Lutiola vix{it) an(nis) LV. 


() Pour l'orthographe Achileus au lieu de Achilleus, cf. Gruter, 930, 2. 


Dans une rue de la ville. 


Haut. de la pierre, 0" 30; larg. 0" 25, — Haut. des lettres, 0" 04. 


DIS M SAC 
MN ANINS 
ARION 
VIXIT 

AN 


Di(i}s M{anibus) sac(rum). T. Julius Arion viit anis)... . 


104. 
Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


D M 5 
ÉPNSTE TO A 
EVICRAINEA 
VIXIT 
A XL MS Æ 


D{us) M{anibus) s{acrum). Julia Lucrina vixit a(nmis) XL. 


H{ic) s{ita) e(st). 


105. 
Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


DRNINNES 
Mooëls Vol el 
Vas MAIOUN 
JA RNA ES 
V'IVANATN 
NIS LXXXV 
EVISRtE 


Dis) M{anibus) s{acrum). M. Julius Montanus vix(it) an(nis) LXXXV. 
H{ic) s{itus) e(st). 


"68; = 


106. 
Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


DANS 
IVIETA® PIE 


ÉLASORELEPI 
ENT EU EL 
ANNIS 


Düs) M{anibus) s(acrum). Julia Publa, Q. fil(ia), pia vixit annis. . . 


NOTE 
Près du cimetière juif. 


Haut. de l'inscription, 0° 19; larg. 0" 23. — Haut. des lettres, 0" 025. 


IVLIA QATA 
VIX ANIS 
ON OC ON Ne) 


Juha Cata vix(it) an(njis LXXXV. Tlibi) o(ssa) (bene quiescant). 
108. 


Pierre encastrée dans le mur de la kasbah, extérieurement 


(côté nord). 


D M 5 
CEMTIVAINMNTS 
& M I Vus vixit 
ANNIS 


D{us) M{anibus) [s(acrum)]. Clumu|seer"e 
109. 


Texte copiée par les soins de la Société archéologique. 


BAM 
OMARIGAINTS 
PFQVR 


NPA MINTEUES 
VIS AMLROSCVI 


D{us) M{anibus) s{acrum). Q. Larquus, P. f{ihus), Quir(ina tribu), 
Maximus wait a(nnis) LXX VI. 


Ou 
110. 


Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


PAPICINIA 
EAFESZMAVAR 
NINA VI 
XITANNIS. 
XXV 


P. Licuua, L. f{ila), Saturnina, vixit annis XXV. 


On remarquera que dans ce texte, de même que dans celui 
que j'ai rapporté plus haut (n° 95), on rencontre un prénom 
devant un nom de femme. 


Wine 
Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


LVCIVS MARIVS 
ADIVTOR VIX AN 
ISERE 

AEER EME) 


Lucius Marius Adjutor wix(it) an(n)is XXX. H{ic) e(st) ? d(epositus ?). 


À la dernière ligne, je suppose que VX est le résultat d’une 
gne, J PPOSENq 
mauvaise lecture et qu'il devait y avoir sur la pierre un E qu'un 
accident aura rendu méconnaissable. 
Le prénom du personnage est, contrairement à l'usage, écrit 
Ë P S ; 
en toutes lettres. 


112. 
Texte copié par les soins de la Société archéologique. 


D M S 
METRODORA 
QVALIMATRO 
NVI.VIXIT. AN 
NIS XXXIHI MENS 
VISIO EDR 
D{us) M{anibus) s{acrum). Metrodora, quae e[t] Ma a 
vicit annis XXXIII, mens(ibus) VIIT, dife}b{us) I 


LT O 


j 115. 


Texte copié dans la maison de M. Roy; aujourd'hui au musée. 


Haut. de la pierre, 0” 20; larg, 0" 185. — Haut. des lettres, 0" o2. 


DAMES 
*NVMERIAY 
VICTORIAY 
VIX x ANNIS 
XXXX y VII 


D{us) M{anibus) s(acrum). Numeria Victoria wx(it) anus XXXX VIT. 


114. 
Au musée du Kef. 


Haut. de la pierre, 0" 17; larg. 0° 16. 
Haut. des lettres : 1° 1. 0° of; 2° et 3°1. 0° 035. 


NANIENENRE ILE 


F-PICA ViIx:an 
DONVMERS 2 


Valeri[a, . .] f(ilia), Pica, wifx(t) an(us)] XXXV. H{ic) s{ita) [e(st)]. 


115. 


Dans le mur de la kasbah, à droite de la porte d'entrée, à 7 
ou 8 mètres de hauteur au moins, en caractères de 20 centimètres 
environ. 


NI 


J'ai également relevé au Kef, sur certaines des lampes exposées 
au musée, des marques de potiers, que je publierai à la fin de 


mon rapport en même temps que celles dont j'ai pris la copie à 
Souse et à Tunis. 


— FU = 


DU KEF À GHARDIMAOU. 


Henchir Guergour (Masculula). 


Sur la route du Kef à Ghardimaou , ou du moins à quelques kilo- 
mètres à gauche, se trouve l'Henchir Guergour, dont j'ai déjà lon- 
guement parlé dans mon premier rapport. J'y suis retourné cette 
année pour achever les recherches que j'y avais commencées. J'y 
ai découvert de nouvelles inscriptions néo-puniques, qui figure- 
ront au Corpus inscriptionum semiticarum, et un certain nombre 
d'inscriptions latines : 


116. 
Haut. de l'inscription, 0" 10; larg. 0" 31. — Haut. des lettres, 0” 03. 
DIS-MANIBVS 
SACRVM 
CELSVS : SATVRNI 
IXCZAUNXIER IUC 
D{us) Manibus sacrum. Celsus Saturninus . . . .…. 
117. 
Haut. de l'inscription, 0° 29; larg. 0° 19. — Haut. des lettres, 2" 025. 


JANVARIA FO 

RTVNATI NAS 

ST SERVA VIXIT 

aNIS XXXXV 
1 PRAIRIES e 


Januaria, Fortunati Nassii serva, vicit [aln(n}is XXXX V. 
[EH (ic)] s{ita) [e(st)]. 
118. 


Haut. des lettres, 0" 035. 


IV NW CAMMWIEL WA 
LI - SAIS: 
vIX LD arms iCGV 4: 


DAME) “2 


Suit une inscription néo-punique. 


D. JUN oIuS ee DEEE [oi ]œit [anmu]s CV (9). H{ic) s(itus). 
[NRA 
Haut. de inscription, 0° 23; larg. 0° 28. — Haut. des lettres, 0” 02. 


D NMETE PS 
IVLIA MARCELLA 
PIA VIXIT ANNIS 
XXXXIIIIT CVRAN 
PE ACIMONE NN) 


D{us) M{anibus) s{acrum). Julia Marcella pia vixit annis XXXXIIIT, 
curante Clfaudio ?\ fi[l(io)]. 


120: 


Haut. des lettres, 0" 025. 


D, MS Eùr ms 
NAMGIDE M LEGAL NT 
NAMPA NP MIGATDIE 
MONISF NÉS FEMMES 
VIXIT AN NATERT EAN 
NIS XXXI PSN IEICNAIRIA 
MVM EIVS 

EHysS. E 

(Estampage.) 


D{us) [M{anibus) s(acrum)]. Migim Namgidenis filius vixit anus XV; 
cura Mum..... ejus (conqugis). H{ic) s{itus) e(st). 


D{us) M{anibus) s(acrum). Namgide, Nampamons f{ilia) viœit anmis XXI. 


Les noms puniques Namgide (pour Namgidde®) ou Namgedde) 


et Nampamo (pour Namphamo) sont connus par un certain nombre 
d'exemples; le nom Migin ne s'est encore rencontré que deux fois 


dans les inscriptions latines d'Afrique, sous la forme Miggin ®), qui 


4) Cf. mon premier rapport, n° 148. 


® C.I. L., vaux, 10686 bus. 


QU Se Peu 
est la bonne, comme le prouve une lettre du grammairien Maxi- 
mus à saint Augustin où ce nom est cité (1). Quant au mot MVM, 
qui, je crois, est certain, c'est sans doute aussi un nom ou un 
commencement de nom indigène, mais il est inconnu. 


121. 


Haut. de l'inscription, 0° 33; larg. 0° 28. — Haut. des lettres; 6” 025. 


D M S 
NINVS SATVRI 
HPIAINIS NTIC 
ANNIS EXXXV- 
CVRENNIB USE 
FILIS-SATVRVS-: (sic) 

ET MVTHVN 

ÉTLS A EIUE 
D{us) M{anibus) s(acrum). Ninus, Saturi filius, viæit anus LXXXV ; 
curantibus filifi)s Saturus et Muihun. H{ic) s{itus) e(st). 


192. 


Haut. de inscription, 0°" 25; larg. 0° 22. — Haut. des lettres, 0” 025. 


D M S 

ROGATA Ba 

RECBALIS # 

ROPANAENT IE 

ANNIS-k 

ÉD EME 
(Estampage.) 
D{iis) M{anibus) s{acrum). Rogata, B[arecbalis M (?) f{ulia), 
pia vixit annis LX. H{ic) s{uta) e(st). 


0 Ep. xvr, vol. Il, p. 19 (éd. des Bénéd. de Saint-Maur). Cette lettre est repro- 
duite au Corpus, vi, p.474. La phrase qui nous intéresse est la suivante : « Quis 
enim ferat Jovi fulmina vibranti praeferri Migginem, Junoni, Minervae, Vener1, 
Vestaeque Sanaem et cunclis (pro nefas!) diis immortalibus archimartyrem Nam- 
phamonem ?» Deux évêques ont porté ce nom. (Cf. C. L L., loc. cit., note 1.) 


ET TUREES 


125. 


m 


Haut. de l'inscription, 0" 20; larg. 0° 25. — Haut. des lettres, 0” 03. 


OR VE NS 
SATVRNINVS 
Z'ABONIS FIE 
PIVS VIX À XXV 
H S E 
D{us) M{anibus) s(acrum). Saturninus Zabonis, fil{ius), pius vix(it) a(nnis) XX V. 
H{ic) s(itus) est). 


124. 
Haut. de l'inscription, 0° 14; larg. 0" 24. — Haut. des lettres, 0° 015. 
D M S 


SCANTIA PRIMA 
[ANVARI FILIA Pla 
VIXIT ANNIS I 
CVRANTE ST 


D{us) M{anibus) s{acrum). Scantia Prima, Januari(:) file, 
pila] vixit anms ...; curante S..... 


125. 


Sur le mausolée qui se trouve à l’est de Ja ville, où j'avais 
déjà relevé quatre inscriptions, j'en ai copié deux nouvelles qui 
, = LA Li L) FER 4 
m'avaient échappé l’an passé à cause de la hauteur à laquelle elles 
sont gravées et du peu de netteté des caractères. La première qui 
se lit tout à fait au-dessous de la corniche est la suivante : 


À. 


Haut. des lettres, 0" 035. 


WIDSEMPRONIVS SEMPI 
WW NE ANVS VIC : oNIAC 


MDN XX 1T IE GE 
annis 
+. Sempromius ..... anus Vic..... vicit [annis]..... : 


Sempriojua, C.[ f{ilia)], fecit. 


Te 
La seconde est placée au-dessus de l'inscription que j'ai publiée 
lan dernier sous le numéro 133. 


B. 


Haut. des lettres, 0” 025. 


semprONIVS 
VICToRINVS 
PRINT CRT 
ANIS VRANTE 


JIT 


Semprlonius Vici[olrinus [piju[s vlexit.. ... a(n)nis ..... = CUTUTICR EEE 


À la ligne 3, les lettres du dernier mot ne sont pas absolument 
certaines : on pourrait peut-être lire Ciria(e). Ce mausolée était donc 
le tombeau de personnages appartenant à la famille Sempronia. La 
connaissance de ce fait permet de tenter la restitution des autres 
épitaphes gravées sur le même monument un peu autrement que 
je ne l'avais essayé dans mon premier rapport; j'en modifierai aussi 
légèrement le texte, que j'ai vérifié sous une lumière plus favo- 
rable. 

C—130 de mon premier rapport. 
curanlE CORNElia%t 11 
EYWN A VXORE EIVS hksE 


RU: [curan]te Corne[lia] . . .....na, uxore ejus. [H{uc) s{itus)] e(st). 
D=131. 


CORNELIa BERE 
CTINA pia VIXIT 
ANNIS LX\II 
CVRANTESZZROZ 
YO GRECE 
//7/////aWC 77777 


h S e 
Corneli[a] Berectina [pa] vixit anis LXX...IT, curante S[emplro[n]io? 
Ge... : [H(ic)] s{tta) [e(st)]. 
E—=135: 


Lignes 2 et 3.: 


PIA VIXIT ANNIS LXXXII CVRANTIBVS 
seMPRONIOLEMATAN RINOMRIL hs .e 


EE ES 


+ La famille Sempronia semble d’ailleurs avoir compté à Mascu- 
lula un certain nombre de membres, car j'ai trouvé trois autres 
épitaphes relatives à des femmes portant ce nom : 


126. 
Haut. de l'inscription, 0° 18; larg. 0° 18. — Haut. des lettres, 0" o1. 
D M S 


SEMPRONIA CRE 
LAS PANIER EN 
XV 


© D{us) M{anibus) s(acrum). Semprona Creta (?) plia) wixit anfn(is)] XV. 


197 
Haut. de l'inscription, 0° 20; larg. 0" 33. — Haut. des lettres, 0" 025. 
P 8 


D M S 
SEMI OINAEX ES A TNVERONNI 
NA RVSTICI NINI FILLIA (sic) 
PIA VIX ANNIS XVII 
H:S:E CVRANTIBVS PATRVI 
S 


(Estampage.) 


D{us) M{anibus) s(acrum). Sempronia Saturnina, Rustici Nini filia , pra vixit) 
anis XVII, H{ic) s(ita) est); curantibus patruus. 


Ligne 5, R A N, dans le mot Curantibus, forment un mono- 
gramme. R V, dans le mot PATRVIS, sont liés. 


126. 


Haut. de l'inscription, 0° 20; larg. 0" 47. — Haut. des lettres, 0” 025. 


LM SE! De JMS 
semPRONI DEN 
a STIZZA WIN T IN VS 
pia VIXIT PINS MERE 
ain NS CLEO ANISXXX 
EL CSTAE 3 


er D? 
[D{us)] M{anibus) s(acrum). [Sem]proni[a Ru]sti[e}a ? 
[pia] viæit [a(n}n]is LÂV. H{ic) s{ita) e(st). 
D{us) M{anibus) [s(acrum)] . ...... ntinus pius vix[i]t an(n)is XXX. 


Le surnom Rustica, ainsi que je lai noté en présence de la 
pierre, n’est pas certain. 
129: 
‘Haut. de la pierre, 0" 18; larg. 0° 25. — Haut. des lettres, 0" 025. 


DAPREMARES 
vINDEMIALIS 
SCAN IPPAE 
MIX AN:V'H:S"E 


D{us) M{anibus) s(acrum). | V Jindemualis , [S]ecundi f{ihus ?) vix(it) an(nis) V. 
H{ic) situs) e(st). 
130. 


Haut. des lettres, 0” 02. 
DIS MANIBVS 
MANIBVS (sic) 
s \CRVM GAT 
151. 
Haut. des lettres, o" o3. 
DIS MANibus 
SACR 
132 


Haut. des lettres, o” 03. 
SADITA 
EN 
133. 
Haut. des lettres, 0” 025. 


1VIURI SAT VRI 


To 


134. 


Haut. des lettres, 0” 03. 


RIZANL 
piVS VIXIT ANnis 


H S € 
Estampage. 
page.) 


155. 


Haut. des lettres, 0° 02. 


RINAILI 
CVRANTIBVS FILIS 


136. 


Haut. des lettres, 0” 04. 


MS VIENT AN 
RON SRE 


157. 


Haut. des lettres, o 


mm 


025. 


PIVS VIX1: ANNIS 17 
CVRANTIBVS FILIS 
H s e 


138. 


Haut. des lettres, 0” 035. 


159. 


Haut. des lettres, 0” 025. 


vix an AX XV 


Ghardimaou et ses environs. 


Les travaux exécutés pour la construction d’un bord} à Ghardi- 


MINE CE 


maou ont amené la découverte de plusieurs textes épigraphiques 
qui sont destinés à être encastrés dans les murailles du bord] : 


LAO. 


Sur une dalle de marbre. 


Haut. des lettres : 1° 1. 0" 07; 2° 1. et suiv. 0" 05; 6° 1. 0" 035. 


tisclaudio caes-: AVG: GER M :PONT:-MZ x 

trib-pot-œii imp xx VI: COS V:PATRI-PATR:CENSs 
DEN R MENO EMA NOIR IDE 

PECVNIA-FEC###IT C\raNte 

FLAMINE:‘AVGvsti perpetuo 

MILVE MM EN MDP UE IE, 


[Ti. Claudio Caes(ari)] Aug(usto), Germ{anico), pont{ifici) ma[x{imo), tri- 
b{unicia) pot(estate) XIT, imp(eratori) XX]VI, co(n}s{(uh) V, patri pa- 
tr(iae), cen[s(ori)........ Cieler pnocuraton den "un pecunia 


fec[erun]t, cu[ra]n[te]..... flamine August] perpetuo. . . .…. 


L'empereur mentionné dans cette inscription est certainement 
Claude, le seul qui porte à la fois ie titre de Germanicus et de 
censor, et dont le cinquième consulat réponde en même temps à 
un nombre de salutations impériales ou de puissances tribuni- 
tiennes terminé par VI). Reste à déterminer quel est ici ce double 
nombre, et comment il convient de compléter la deuxième ligne. 
Le chiffre VI doit-il être rapporté aux puissances tribunitiennes 
ou aux salutations impériales? On voit tout de suite que la pre- 
mière de ces interprétations ne peut être adoptée. 

En effet, si on l’admettait, on aurait le choix entre le nombre VI 
et le nombre [X]VI. Or l’empereur Claude fut consul pour la cin- 
quième fois au commencement du mois de janvier 51. À cette 
époque, le chiffre de ses puissances tribunitiennes était de dix, puis- 
qu’elles se comptent du 25 janvier 41. Il ne faut donc pas songer 


(1) On pourrait étre tenté d'attribuer cette inscription à Trajan, qui prit, lui 
aussi, le surnom de Germanicus, et porta pendant plusieurs années des titres 
d'imp. VI, cos. V; mais il n’est pas qualifié de censor sur les monuments; en 
outre, il ne reçut le titre d’imp. VI qu’à la fin de l’année 106 ou au début de 
l’année 107 (cf. Mommsen, Hermes, III, p. 131), et à cette époque il ajoutait . 
à son surnom de Germanicus celui de Dacicus. 


RQ ee 


au nombre VI, non plus d’ailleurs qu'au nombre [X]VI, Claude 
étant mort dans le cours de sa XIV° puissance tribunitienne.: 

Ce chiffre VI s'applique aux salutations impériales. Mais on ne 
sait pas au juste quel était au 1* Janvier 51 le nombre des saluta- 
tions impériales de Claude. Nous avons, en effet, un monument de 
l'année 50 (1) (antérieur au 25 janvier de cette année) où il est qua- 
lifié de imp. XVI, titre qu’il portait déjà en 48-49. Or c’est précisé- 
ment en cette année 50 que le roi Caractacus fut fait prisonnier, 
après une lutte de neuf années. Il est impossible qu’à cette occasion 
Claude n'ait pas augmenté le nombre de ses salutations. impé- 
riales; et, de fait, nous trouvons sur les monnaies, à côté de sa 
neuvième puissance tribunitienne (49-50), sa dix-septième et 
même sa dix-huitième salutation impériale ©). 

Par conséquent, il n'était plus imp. XVI au 1° janvier 51, alors 
qu'il devenait cos. V'; il était au moins imp. XVIII %), et ce n’est pas 
le nombre XVI quil faut rétablir sur le monument de Ghardi- 
maou. | 

Du 25 janvier 51 au 24 janvier 5°, il porte les titres de {rib. 
pot. XI, cos. V; le nombre de ses salutations impériales est à ce 
moment de XXI, d’après la restitution faite par M. Mommsen 
dans la célèbre inscription de l'arc de Claude (#, de XXIIT suivant 
d’autres textes épigraphiques ). Notre inscription serait donc pos- 
térieure au 24 janvier 52. 

D'un autre côté, on possède un diplôme militaire daté du troi- 
sième jour avant les ides de décembre (11 décembre) 52 (0; Claude 
y porte les titres de trib. pot. XII, imp. XXVIT, cos. V, et jamais 
le nombre de ses salutations impériales ne s'éleva plus haut. 

En conséquence, le monument que j'ai copié à Ghardimaou doit 
être de cette même année 52, postérieur au mois de janvier et 
antérieur au mois de décembre, et la restitution que j'ai proposée 


(%) Or., 713.—C.I. L.,v, 5804. 

@) Eckhel, D. N. V., NI, p. 249. 

() Une inscription d'Espagne (C. I. L., 17, 4644) donne trib. pot. X, cos. IUT, 
imp. XXT; mais le texte n’en est connu que par des copies anciennes et porte des 
traces d'interpolation. On ne saurait donc en ürer aucune conséquence certaine. 

® C.I. L.,wr, 920. 

(6) Gruter, 188, 6 (Ex Fastis Onufru) : «T1. Claudius , Drusi f. , Caesar Augustus 
Germanicus pont. max., trib. pot. XI, imp. XXI, cos. V, p. p. restituit. » — 
MCE ro 
{t) Renier, Dipl. nulit., n° 8. 


OT 


est par là même justifiée. Il est de la même année que linscrip- 
tion de l’Aqua Claudia), mais fut gravé un peu auparavant. 

Le prénom et le nom du procurateur ont été emportés par la 
cassure de la pierre; on ne connaît que son surnom, Celer. I est 
donc impossible de savoir au juste quel était ce personnage; néan- 
moins on ne peut laisser passer ce cognomen sans rappeler qu'il 
existait à cette époque un chevalier romain célèbre que Tacite 
appelle P. Celer @); c’est lui qui, en l’année 54, empoisonna le 
proconsul d'Asie, M. Julius Silanus. 

À la ligne 4, entre FEC et T, il y a place pour trois lettres au 
moins; il ne faut pas songer à restituer FECIT, mais bien plutôt 
FECerunT. 


141. 


Copie de M. le sous-lieutenant Cuinet et de l'auteur. Sur une 
belle base. 


Haut. des lettres, 0” o8. 


PSE RLET O PE 
ARENN FE ENRON 
ENEAP MAN GAR AP 
S'NGCE PR DIOINI GP Ro 
VINCIAE'AFRICAE 
PPAVSINCHAIVSMNN 
BERO SEXTILIANVS 
AMOMMOPFIMO 
OPA ENERIE VIN 


P. Sextiio, P. f{iio), Arn(enst tribu), Felici, flam(ini) Aug(ust) p(er)- 


pletuo), sacerdoti pr{olvinciae Africae; P. Ausinchius (?) Tubero Seæti- 
lianus avo optimo, ob meritum. 


On sait que les députés des cités de l'Afrique proconsulaire se 
réunissaient à Carthage une fois chaque année sous la présidence 
du sacerdos provinciae Africae, prêtre du culte de la famille impé- 
riale, élu annuellement parmi les personnes les plus considérées 
de la province %). P. Sextilius Felix exerçait cette fonction honori- 
fique au moment où l'inscriplion fut gravée. 


OBC LT, vx, 2250. 
Q) Ann., XII, x. 
6) Cf, Marquardt, Ephem. epigr., [, p. 212. 


MIS3. SCIENT, — XI, 6 


100) Le 


142. 


Haut. des lettres, 0” 03. — Caractères très difficiles à lire. 


DANIEL AU 

CAANDAT 

BALE SAV A 
ANNIS 
PAUVRE 


Daii(v)us EP AR pius vixit anus II. Ave! 


143. 
Haut. de l'inscription, 0” 35; larg. 0" 49. — Haut. des lettres, 0” 04. 


DEMO USS DENIS 
AVE TARN PACE CONMPANRENES 
ORALE PA SRCNAN AD NE LEA 
ANSEIRNBIOINEE PREVAS LE OPA 
NIET EU MN M'ÉRMB'ONMS 
IN EPSMEVRAINS RE VIRE PAAININNS 

ÉRMEAUSNE 


D{üs) M{anibus) s{acrum). C. Marius Scintilla pius et pater bonus wxit 
annis LX. H{ic) s{itus) est). 


D{us) M{anibus) s{acrum). Julia Victoria pra et bona viæit amis LV, 


H{ic) s{ita) est). 


lAl. 


Haut. de l'inscription, 0” 26; larg. 0° 42. — Haut. des lettres, 0” 04. 


Homme appuyé de la main droite 
sur un bâton. 


MVTVN CIFIE 
RSR PIS EVE 


RATE VA IN INLS 
LYCOS PER E 


Muiun, C..... ris (filus), pius vixit anus LXXXX. P(ater) plosuit). 


NO D 


145. 
Haut. de l'inscription, 0° 34 ; larg. 0" 32. — Haut. des lettres, 0" 025. 
D M S 


SEX POMPEIVS M* 
RIANVS AEDILIS 
II VIRV VIXIT AN 
NS 
RAS UE 


D{us) M{anibus) s{acrum). Sex. Pompeius Marianus, aedilis, IT viru, 


viait anms XXXX, H{ic) s{itus) est). 


On remarquera la forme 11 viru qui n’est pas nouvelle en 
Afrique et dont nous retrouverons plusieurs exemples dans les 
ruines voisines de Ghardimaou. 


146. 
Sous un pont du camp. 


Haut. des lettres, o” 04, 


ENE NP TENVS 
CORONAEAIMN 
ANOS LXXX 


Ou B O2 
L. Ventilius Cofo vixit an(n)os LXXX. Of(ssa) t{ua) b{ene) q{uiescant). 


147. 


Haut. de l'inscription, 0° 28; larg. 0" 34. — Haut. des lettres, 0° 04. 


NVANNUI CFA SEC N 
diITA-:VIX-AN:LXXX 
H S E 


Vinicia Secundilla (3) wix(it) an(nis) LXXX. Hic) s{ita) e(st). 


Il a été également trouvé sur une pierre un chrisme sculpté. 
6. 


RS 2 


Henchir Sidi-Mohammed-el-Azrag. 


À 8 kilomètres environ au sud-est de Ghardimaou se trouve 
une koubba consacrée à Sidi Mohammed el Azrag; elle est con- 
struite sur l'emplacement d’une petite ville antique sans impor- 
tance. Seul un grand mausolée à deux étages est encore debout. 
Il mesure 7 m. 70 de hauteur sur 4 m. 20 de largeur et 3 m. 95 
de longueur. 

On lit, à 4 m. 50 du sol, l'inscription suivante gravée dans un 
cartouche à queues d’aronde : 


146. 


Haut. du cartouche, 0° 35 ; larg. 1" 85. — Haut. des lettres, 0° 00. 


| 


", 


AT 


W/SALLVSTIVS SILVAN&s pIVS VIXIT ANNIS/. 
SI1111A ROGATA PIA viXIT ANNIS Fi 
.… Sallustius Silvan[us, plius viæit annis . .... : — Sentia ? Roqata pia 


[ui læit annis. 


À la deuxième ligne, le nombre d'années semble n'avoir jamais 
été indiqué; il est impossible de dire s'il en était de même à la 
première, 

149. 


Pierre encastrée dans le mur de la koubbha. 


Haut. de l'inscription, 0" 28 ; larg. 0° 39. — Haut. des lettres, 0" 02. 
Femme Homme. 
tenant une fleur. 
D M S 


PASSINIA IV NES PATEN 
CaNDA PIA VISPROÏICES 
viæÏIT ANNIS SIANVS PIVS 
VIXIT ANNIS 
LIT SAMNSAUE 
M. Gars Processianus pus vixit anmis LITIT. H{ic) s{itus) e(st). 
— Düs) M{anibus) s{acrum). Passinia Juc[u]nda pra [uixit anis. : ... 


RP 


Henchir el-Adoud. 


À 11 kilomètres au nord-ouest de Ghardimaou se trouve un 
henchir de peu d'importance appelé Henchir el-Adoud. J'y ai re- 
levé une inscription sur une stèle en pierre blanche : 


150 0). 
Haut. de l'inscription, 0" 26; larg. 0° 32: — Haut. des lettres, 0" 025. 
Femme. Homme. 
DEN eNTaRS D M S 


PRSREARNE NA URETAUAS UPS 
GILLAVMA M VAS UP IIS VI 
TER PIA OR A ININ EE 
MIT IP AIN PARENTES FILIO 
NIS AZI CARISSIMO 
FECERVNT -H:S-E 
(Estampage. ) 


D{us) M{anibus) s{acrum). M. Julius Prfi]mus pius vixit annfis) XXV. 
Parentes filio CaTiSSiMO fecerunt. H{cc) s{itus) e(st). 


Dis) M{anibus) s{acrum). Arria Regilla, mater pia, vixit anus X...1H. 


Henchir Tebaga. 


À 6 kilomètres environ à l’ouest-nord-ouest de Ghardimaou et 
au pied du Djebel Tebaga s'étendent des ruines assez disséminées 
qui couvrent un vaste espace de terrain; elles sont perdues au mi- 
lieu d’une grande quantité d’oliviers de la plus belle venue. J'ai 
rencontré dans cet henchir, à côté l’une de l’autre, quatre grandes 
stèles encore debout et sur lesquelles on voyait la trace de bas- 
reliefs grossiers; sur l’une d’entre elles seulement des lettres sont 
encore*visibles; j'y ai déchiffré linscription funéraire qui suit : 


9) Cf. Académie d'Hippone, séance du 17 juin 1882, où cette inscription a été 
communiquée par M. le capitaine Vincent, qui m'a fort aimablement accompagné 
dans quelques-unes de mes excursions autour de Ghardimaou. 


J5E 
Haut. de l'inscription, 0° 45; larg. 0° 47. — Haut. des lettres, 0” 07. 


Femme tenant la main droite 

sur un autel. 

D M S 

S ÉRCIVENNTDYA 

SLETCOVAZ MINE (sic) 

PIA V À LXXX 
PRPSONE 

D{us) M{anibus) s(acrum). Secundu, Secu(n)di f(clia), pia v(ixit) a(nnis) LXXX. 
Hire) s(ita) est). 


Henchir Sidi-Ali-bel-Kassem. 


L'Henchir Sidi-Ali-bel-Kassem a déja été visité par M. Tissot, 
qui l’a identifié avec l’Ad Aquas de la Table de Peutinger. J'ai pu 
y copier quelques inscriptions inédites. 


1520 
Haut. de l'inscription, 0" 16; larg. 0” 34. — Haut. des lettres, 0° 05. 


?:GRANIVS:FRV 
GI: ARA:PRIAPO 
DE: SVOFFECIT "MA 
JORIO :SVO: 


L. où T. Granius Frugi ara(m) Priapo de suo fecit Majorio suo. 


Les monuments élevés à Priape sont rares (?); on n'en n'avait pas 
encore trouvé un seul en Afrique. 


Q) Cf. Académie des inscriptions et belles-letires (séance du 17 février 1882). 
®) Cf. à propos de Priape et de certaines inscriptions consacrées à cette divi- 
nité, O. lahn, Specimen epigraphicum (Kihae, 1841,in-8°), p#63 et suivantes. 


Sur une belle base gisant à terre au milieu d’un champ. 


m 9 


Haut. de l'inscription, 0° 73; larg. 0" 37. — Haut. des lettres, o" 03. 


DAC MAVERIE ET 
COMMODO ANTO 
NINO DIVI-M:AVRELI 
ANTONINI FILIO FRAT 
IMP-CAESARIS :L:SEP 
TIMI-SEVERI-PII-PER 
TINACIS-AVG:ARA 
BICI: ADIABENICI 
PARTHICI MAXIMI 
PATRIS-[MP-CAES 
M:AVRELI-ANTONI 


Divo M. Aurelio Commodo Antonino, divi M. Aurelt Antonin fiio, frat(ri) 
Imp(eratoris) Caesaris L. Septimili) Severi Pi Pertinacis Aug(usti) Ara- 
bic Adiabenici Parthici Maximi, patris Imp(eratoris) Cues(aris) M. Au- 
rel(i) Antonin August) [et L. Septimili) Getae Caesaris]. D(ecurionum) 
d(ecreto), p{ecuniu) p{ublca). 


La dernière ligne est incomplètement martelée et le mot CAE- 
SARIS est encore lisible. 

La date de cette inscription doit être cherchée entre lan 199, 
où Septime Sévère prit le surnom de Parthicus Maximus, et l'an 
209, où Geta prit ceux de Pius Augustus, qu’il ne porte pas ici, 
et à partir duquel on commence à compter ses puissances tribu- 
ntiennes. 

On sait que la mémoire de Commode, abolie après sa mort, fut 
réhabilitée sous Septime Sévère (). 

Il faut rapprocher cette inscription du monument dédié à Geta 


Cf Eckhel, D. N, V., VIT, p. 132; Lampr., In Commod., 17; Spartian,, In 


Sever, » 2e 


que M. Tissot a copié dans ces ruines (1); les-deux bases sont aujour- 
d’hui encore voisines l’une de l’autre, et il est probable qu'elles 


ont été gravées à la même époque pour honorer Septime Sévère 
et les membres de sa famille. 


154. 
Sur une belle base, non loin de la précédente. 


Haut. de l'inscription, 0° 96; larg. 0" 46. 
Haut. des lettres : 1. 1 à 10, 0° 06; 1. 11 à 13, 0" 05. 


GNOME HIRPAMV AIO 
OMRAMMACIOMRANMEUL 
HJONN OMR OANTIO 1} 
AND'ISEIGHMOM EX IR OL 
RAIN DIWIOMP I AIN 
LE G MMM AVEN) NÔE G 
VIICLPIAE FIDEE- 
DUIPE GONE LAN 
A EMA RUE D BIGUX 
GEM PF V PRNC 

(sic) PMOMS RME MRMIMOZZ-RENI 
Q:OCTAVIVS PATER D D 
S P F ITEMQVE DEDICAVIT 


(Estampage.) 


C. Octavio, Q. fils), Cornellia tribu), Honorato, c(enturiom) adlecto ex 
eqluite) r(omano) a divo Pio in leglionem) IT Aug(ustam), c(enturioni) 
leg(ionis) VII Cl(audiae) Piae Fidel(is), c(enturioni) legiomis XVI Flaviae 
Fir(mae), c(enturiom) leg(ionis) X Gem{inae) Pfiae) Ffidelis) quinto prin- 
c{ipi) posteriori, Q. Octavius, pater, d(ecreto) d(ecurionum) , s{ua) p(ecu- 
nia) f (ecit) itemque dedicavit. 


Le centurion appelé quintus princeps posterior est le princeps pos- 
terior de la cinquième cohorte dans une légion et le vingt-huitième 
de la légion tout entière ©). 


@) €. I L., vx, 10603. 
@) Cf. Mommsen, Nomina et gradus cenlurionum (Eph. epigr., IV, 1879), 
p.297: 


Sur une grande base très fruste. 


Haut. de l'inscription, 0°” 97; larg. 0” 58. — Haut. des lettres, 0" 055. 


GENIO - COLONIAE 
AVG: SACR 
d oMITIVS : T- FIL : ARN 
WUUNS : SNLPICIANS (sic) 
LIN O7 


Genio coloniue Aug(usto) sacr(um). . .. [Dolnuitius, T. fil{ius), 
Æroersatribu) ENCRES IDICUnES EN) EE CTI 


Quelque mutilée que soit cette inscription, elle nous apprend 
que la ville antique située à l'endroit appelé Ad Aquas par la Table 
de Peutinger était une colonie. Nous reviendrons tout à l'heure sur 
ce fait. 


156. 

Haut. des lettres, 0” 06. 
CHOPNMENMOMRIMEDANTAAMIE 
AVGSSAC 
THPOMPONIVS HT %F% F/B 


MONTANVS ® AED 
1% VIR S1II% QUINQ » DESIG 


Concordiue Aug{ustac}) sac(rum). T. Pomponius, T. f{iius), Fabi(a tribu), 


Montanus, aed{ilis), IL vir iterum , quinq(ennalis) desig(natus). 


157. 


CE. CL, vi. 10 606: 


2200": 


Ma copie diffère un peu du texte donné par le Corpus; j'ai lu 
ainsi les deux premières lignes : 


11/1 MO V7 
CASA PARE CIN 


A ne sua p(ecunia) fecit, etc. 


D'ailleurs les caractères sont peu nets. 


158. 


Sur un petit autel. 
Haut. o" 53; larg. 0° 25. — Haut. des lettres, 0” 035. 


IES110 
T-HANAPSVA 
AED-Q:II VIRV 


[FLAM-SACIR BIS 


VOIR SOLMIME 
LIB:A 
(Estampage.) 
HER T. Hanapsua (?), aed{ilis), q(uaestor), H viru, flam(en) 


sacr(orum) bis vot{um) s{olvit) Lb(ens) a(nimo). 


À la deuxième ligne, il ÿ a un point entre T et H,; il faut sans 
doute chercher dans la réunion des lettres qui la composent 
quelque nom africain; nous n'en connaissons pas qui ressemble 
à Hanapsua 0. 

Ligne 4, les mots flam. sac. sont écrits dans un creux de 2 milli- 
mètres : il y avait donc primitivement au commencement de cette 
ligne d’autres caractères, gravés sans doute par erreur, et qu'on à 
fait disparaître. On a des exemples de flamines sacrorum, notam- 
ment à Urgavo, en Espagne ©). L'itération des sacerdoces munici- 


(0) On pourrait voir dans les dernières lettres de cette ligne la formule p(ecunia) 
sua, mais ces mots ne seraient point à leur place en cet endroit de l'inscription. 

@) CL L., 11, 2105 : flamen sacr(orum) publ{icorum) municip{u) Alb(ensis) Ur(ga- 
vonis). CF. un pontifex publicorum sacrificiorum à Nimes (Or., 2157) et un pontifex 
sacrorum publicor(um) Jaciendorum à Sulci, en Sardaigne (Or., 5969). 


A 0 ES 
paux est chose assez rare, aussi n'est-il pas sans intérêt de faire re- 
marquer que cette inscription nous en fournit un nouvel exemple. 


159. 
Haut. des lettres, 0” 06. 


postulatione 


PORVIPIE D): DEP: P 


ES HARER [postulatione| popul, d{ecurionum) d{ecreto), p{ecuna) p{ublica). 


160. 


Haut. des lettres , 07 045. 


Q:AEMILI 
à VS-M:F:AEM 
PVDENS 
VIX:AN:XI 
H:S:E 


Q. Aenulius, M. f{ilius), Aemilia tribu), Pudens vix(it) an(rus) XT. 
H{ic) s(itus) e(st). 


. Ligne 2, E et M sont liés, la haste de l'E se confondant avec le 
jambage de gauche de M. 


IG. 
Haut. de l'inscription, 0" 29; larg. 0" 27. — Haut. des lettres , 0” 035. 


CAECILIA 
NAMPHA 
ME:PIA:VI 
XIT : ANNIS: 
XXXXVIIII: 
HAS E 
Caeculia Namphame pia viœit annis XXXX VILLE. H{ic) s{ita) efst). 


— 92 — 


162. 
Haut. de l'inscription, 0" 27; larg. 0" 20. — Haut. des lettres, 0” 03. 


Tête d'homme. 
MA CA LIPAVZRON 
IVS - SIIVIIRVS 
AIID:II VIR 
VIX: ANS LXV 
PSS 
M. Calpurnius Severus, aed{ilis), IT wir, viæ(it) an(n)is LXV. 
H{ec) s(itus) est). 


163. 


Haut. de l'inscription, 0° 46; larg. 0” 29. — Haut. des lettres, 0°” 05. 


d m S É 
f\BIA-MI 
\VÉRD NI ; 
ANNIS 
CXVIMESUE 
[Dlus) M{ambus)] s(acrum). [Fabia Mi. .... pra vixit anis LXVI. 
H{ic) s(ita) est). 


164. 


Haut. de l'inscription, 0° 20; larg. 0” 20. — Haut. des lettres, 0°” os. 


GMT SE ONIAUINT OT 
VS NO APE PACERCIN 
VPAMENNISE ANE D 
II VIR : QVINQ:ELN 
DAMON CCI 


C. Memmius, Q. f{ilius), Arn(enst tribu) Valens, aed{ilis), 
IT vir quinqluennalis). . . .. [oix(it) ann(is)] XXXIIX. 


Ligne 4; ie dernier mot m'a paru être ELN; mais les caractères 
sont loin d’être nets et réguliers; peut-être pourrait-on considérer 
la première lettre de ce groupe comme un F et la dernière comme 


— 93 — 
une M dont le dernier jambage serait effacé; on obtiendrait ainsi 
FLM, flam(en). 
165. 
Haut. de l'inscription, 0” 24 ; larg. o® 26. — Haut. des lettres, 0" 035. 
D MUrS. 
SAFIDIA : SZZ 
ABIM PI VIX 


PNINATSRON 
ÉPTR STE 


D{us) M{anibus) s(acrum). Safidia, S. [ f{ilia)], Àbim pi(a) vix(it) an(nis CV. 
H{rc) s{ita) e(st). 


166. 


Sur un fragment de pierre. 


Haut. des lettres, 0” 04. 
SEX ÀAEMIII 
IITITONOMII 

Se Ale 


À 2 kilomètres environ au sud de Sidi-Ali-bel-Kassem se trouve 
un henchir de petite étendue appelé Henchir Mouca. J'y ai relevé 
sept inscriptions : 

167-168. 


Sur deux petits autels se faisant face. 


Haut. des inscriptions, 0" 70; larg. 0” 30. — Haut. des lettres : 1° 1. 0* 06; 
les autres, 0” 05. 


SOA] EVINVAIE 
Q:ARADIVS RVFINVS QMÉRBIMVIS RVIEIIN VIS 
COS COS 
VOTVM VOTVM 
Sol; Q. Aradius Rufinus co(n)s{ul),  Lunae; Q. Aradius Rufinus co(n)s{ul), 
volum. votum ©), 


Le consul qui a consacré ces deux autels en exécution d’un vœu 
s'appelait Q. Aradius Rufinus. Ce nom me donnera l’occasion de 
revenir sur un autre personnage qui porte le même nomen el le 


(D, Cf. C. IL L,, wii, 10602. 


RQ 


même cognomen, mais dont le praenomen est différent et que nous 
avons déjà rencontré dans une inscription du Hammam Darradji : 
P. Aradius Roscius Rufinus Saturninus Tiberianicus. 

Les trois monuments sont à peu près du même temps, à en ju- 
ger par la forme des caractères, c’est-à-dire de la fin du 1° ou du 
iv° siècle. Or, à cette époque, la famille des Aradii était célèbre en 
Afrique : en 321, un certain Q. Aradius Valerius Proculus Popu- 
lonius praeses provinciae Valeriae Byzacenae était choisi comme 
patron avec ses enfants et ses descendants par la colonie d'Hadru- 
mète (1); la même distinction lui était décernée cette année-là par la 
colonie de Thaenae ©) et l'année suivante par la colonie de Zama ). 
Le fils de ce personnage s'appelait L. Aradius Valerius Proculus 
Populonius et il exerça dans les diverses provinces d'Afrique suc- 
cessivement des charges importantes (#. 

I est évidemment impossible de savoir si nos deux Aradius 
étaient des parents ou des descendants de ceux dont je viens de 
parler. On connait d’ailleurs deux Aradius Rufinus, que l’on ren- 
contre vers la même époque; mais on ignore leur prénom, ce qui 
empêche toute identification. Le premier est celui dont Symmaque 
fait l'éloge en ces termes) : 


Princeps ingenio, fortunae munere princeps 
Aetatis, Rufine, tuae, cui prospera, cuique 
Tristia mirandis aequabat gloria rebus, 

Unus amor cunctis et praesidium trepidorum ; 
Principibus, quorum viguisti tempore, doctus 
Aut calcaria ferre bonis, aut fraena snperbis. 


C'est peut-être le même Aradius Rufinus (® qui fut praefectus 
urbi en 312. 

Le second vécut quelques années plus tard : il fut délégué par la 
ville de Rome vers l'empereur Julien en 363, et élevé par celui-ci 
à la dignité de comes Orientis 0). 

Les deux personnages signalés dans nos inscriptions étant l’un 


%) Mommsen, I. R. N., 6792. 

@ Jbid., 67091. 

6) Ibid, 6793. 

&) Or., 3672. 

G), Ep., 1,12. 

(6) Cf de Vit, Onomasticon, au mot Aradius. 
G) Ammian., XXIIE, x, 4. 


= 961 — 
-de rang sénatorial, puisque sa fille est appelée clarissima puella, 
l'autre consul, il n'est pas impossible que ce soient les mêmes 
que les deux Aradius Rufinus dont nous venons de parler. 

Quoi qu'il en soit, la proximité des ruines où les trois inscrip- 
tions ont été trouvées, la ressemblance des surnoms et la simili- 
tude extérieure des lettres permettent de supposer qu'il y avait entre 
Q. Aradius Rufinus consul et L. Aradius Roscius Rufinus quelque 
lien de parenté. 

La date du consulat, peut-être suffect, de Q. Aradius Rufinus 
est inconnue. 

169. 

CAC ua LHovn 10605! 


Sur une grande pierre, dans un cartouche à queues d’aronde : 


m 9 
À 


Haut. du cartouche, o 


3 ; larg. 0° 52. — Haut. des lettres : 1° 1. 0” 07; 
les autres, 0° 03. 


RON 


OMR APO EE NE EN ISERE ENVIEIN 
ON VS EPANINCAE RS ONE ES 
PE CNED ON ANS BASE 
VIREMEANVEVRNOE SA EMNIRIT 
BONES RE END VE AVE PNR 
TRAIV:O:ANNAEZ TAPVIAE 


(Estampage.) 

Q. Annacus, Q. f{ilius), Pol(la tribu), Balbus, Faventinus, ann(orum) LIT, 
meiles leg(ionis) V, donatus bis, IT vir Thuburn(icensis), h{ic) s{itus) e(st) ; 
vixit honeste. Et tu, ave! Arbitratu Q. Annael[i] Capulue. 

On remarquera l'orthographe archaïque meiles. 

La légion V est probablement la legio V Alaudae, la plus an- 
cienne des légions qui portèrent le nuiméro V. 

L'expression donatus bis, complétée généralement par donis mi- 
litaribus ou l'énumération de ces dona militaria, est ici prise abso- 
lument. 

La ville dont Q. Annaeus était duumvir est mentionnée par 
Ptolémée, qui la nomme Oovéotprina x0o)wvla et la place dans 
la Numidie nouvelle M), ainsi que par Pline, qui lui donne le titre 


(D IV, we, 29 : MdAes dé eioiv Év vf énapyla pecdyer peraËd pèv Auddya wova- 


OT ete 


d’oppidum civium romanorum 0). Or l'Henchir Moucça a certainement 
été construit avec des pierres empruntées à la ville voisine de 
Sidi-Ali-bel-Kassem. Cette dernière étant une colonie, comme nous 
l'avons vu plus haut, on est naturellement porté à l'identifier avec 
la colonia Thuburnica de Ptolémée. Ad Aquas, qui n’est qu’un nom 
de station sur une voie romaine, et non pas un nom de ville, au- 
rait été, dans ce cas, comme un faubourg de cette cité. On peut 
encore remarquer, à l'appui de cette identification, que Ptolémée, 
aussi bien que Pline, rapproche, dans son énumération, Simittus 
de la colonia Thuburnica. Chemtou et Sidi-Ali-bel-Kassem sont 
deux ruines éloignées seulement de 8 kilomètres environ. 

La formule arbiratu signifiant «sous la direction de » n’est pas 


nouvelle en épigraphie. 
170. 


Sur un cippe en forme d’autel : 


Haut. de l'inscription, 0° 26; larg. o° 67. 
Haut. des lettres : 1°, 2° et 3° 1. o" 04; 4° et 5° 1. o" 015. 


D) M S 
DCR MINI ES 
RENNES PRE CAT 
AMICVS INCOMPARAbilis 
VIXIT ANNISXXXXV'!' 
(Estampage.) 
Ds) M{anibus) s{acrum). M. Grani[us Felix Aecli[anus|, 
amicus incompara|bilis], viæit anis XXXX VIT. 


171. 


Larg. de l'inscription, 0” 38. — Haut. des lettres, 0" 04. 


Q:OCTAvIVS 
Q:FIT QVIR 
1ZRIEZZSEX TT 
VIE PAS or 
ROMAIN ETES 
KULWVaLTT 


Q. Octalvlius, Q. fi[l\{us), Quir(ina tribu), . .... vet(eranus) piufs vi ]æit 
an[nis| XL VIII. 


uoÿ nai Gaxbpdnns aoews, Kiprnolwy pev*..... , Noupudius véas"..... Ztuiobov, 
OovÉoiprna xo)wvia. . ... 
0) HA. N., V, iv, 29. (Oppidum) Simittuense, Thunusidiense, Thuburnicense. .. .. 


Mer ne 


172. 


Haut. de l'inscription, 0° 34; larg. 0" 34. — Haut. des lettres, 0” 04. 


PANIN PARUS 
F : ARNESIS - PE 
reGRINVS:-VE 
teRANI:F-PIVS 
JIXIT :-AN-LXXV 
H S 


.. Pinarius, .. f{ihus), Arne(n)sis Pefre]grinus, Veltelrani f{ilius), 
puus vivit annis LXXV. Ho) s(itus). 


On remarquera que la filiation de ce personnage est deux fois 
mentionnée : à la seconde ligne, suivant la méthode habituelle, on 
a inséré cette filiation, indiquée par le prénom du père, entre le 
nom du fils et son surnom; mais comme le père de ce Pinarius 
Arnensis n'était vraisemblablement désigné d'habitude que sous 
son agnomen « Veteranus », on a cru devoir, pour plus de clarté, 
préciser après l'agnomen du fils, Peregrinus, qu'il était le «fils du 
vétéran ». 


175: 


Haut. de l'inscripuon, 0" 28; larg. 0" 20. 
Haut. des lettres : 1° 1. 0” 06: 2° 1. et suiv. o” o4. 


DIS MANIB SACR 
SALLVSTIA TERTVLLA 
PIA VIX AN LXXXVII 

H S E 


D{us) Manib{us) sacr(um). Sallustia Tertulla pia vix(t) anfnis) LXXX VIT. 
H{cc) s{ita) est). 


ROUTE DE SOUK-EL-ARBA À GHARDIMAOU. 


Le long de la voie ferrée et à 200 mètres environ avant d’arri- 
ver à la station de Sidi-Meskin, il à été trouvé celte année par 
M. Cuinet, sous-lieutenant au 96° de ligne, une colonne de pierre 


MISS, SCTENT, — XI. 7 


sur laquelle est gravée une inscription fort intéressante, mal- 
heureusement à moitié effacée. L'original en est actuellement dans 
le jardin de la Résidence de France, à Tunis. 


174. 


Haut. de l'inscription, 1°; larg. 0” 40. — Haut. des lettres, 0” 035. 


d: n° flavio clauDIO 
iullANO sempER 
au qu COM ENINNVIN 
\ VSVDA DEVOTA 
MAIESTATI EVS 
AE 
DNS NON NZ 
(Estampage.) 
[D(onuno) n(ostro) Flavio Clau]dio [Juliano [sempler [Aug(usto)], col(oniu) 


..u...usuda devota majestati eus. 


Cette inscription a été gravée à la place d’une autre dont il reste 
encore quelques lettres à peine lisibles à la ligne 7; l'écriture en 
est très négligée. 

À la ligne 3, après le mot col{onia), on distingue le bas de deux 
jambages, qui pourraient être ies deux hastes verticales d’un N, 
puis probablement le bas d'un V, puis un V, puis une lettre qui 
est une N ou une M. 

À la ligne 4, la première lettre est un À, un X, ou même une 
S(); le reste du nom de la colonie inconnue qui figurait sur cette 
colonne est très net. 

À la ligne 6, les lettres À E semblent, par la facon dont elles 
sont gravées, appartenir à cette inscription et non pas à celle qui 
avait été effacée pour lui faire place. 

IL est très regrettable que le monument soit en aussi mauvais 
état de conservation, car il donnait un ethnique nouveau (1. 


(Cette lettre est plus effacée ou moins profondément gravée que les autres. 
® M. Tissot, à qui jai communiqué mon estampage, a bien voulu me dire 
qu'il lisait aux lignes 3 et 4 : COL‘ Yi FNVZVDA, Col(onit) V{eneria) Tunu- 
zuda. Ce serait donc la ville dont parle Victor de Vite (Hist. persec. Wandal., F, 
A2). Alibi namque, sicut Tunuzuda contigu, . ..:. corpus Christ et sanguinem 
pavimentis sparserunt. CF. Plin., H. N.,V, 1v, 29. ..... (oppidum) Thunusidiense. 


Bordj Halal. 


Près du bordj Halal, on a déterré, cette année, une belle pierre : 
qui portait une dédicace à Liber. Elle est malheureusement aussi 
fort détériorée par le temps. 

Les deux premières lignes seules sont lisibles; à la troisième, 
on aperçoit quelques caractères de la lecture desquels on ne sau- 
rait répondre. Quant à la quatrième, c’est à peine si çà et là on 
en distingue quelque trace. 


175. 


Haut. de la pierre, o" 36; larg. 2° 30. — Haut. des lettres, 0° 06. 


DPPRO NPA TR IE AVGSSACRVMY PROS AEVTREN ETIVIETO rs 
imP *Y NERVAEYTRAIANIYCAESARIS * AVG GERM  dAc 
ZM OSVERCN NOSOSAS/GIISTE#HONORISIESAINSESESCISCIVIORINOR À “44/4112 


(Estampage.) 


[Llibero Pair: Aug(usio) sacrum, pro salute et victo[rus Im]p(eratoris) 
Nervae Trajani Caesaris Aug(usti) Germfanici) [DJafc(ici)].. . 


Trajan prit le titre de Dacicus en 102 ou 103; l'inscription se- 
rait postérieure à celte date. 


Henchir Guennara. 


À 3 kilomètres avant d'arriver à Chemtou, j'ai copié au bord 
de la route, sur une tombe arabe, le fragment d'inscription funé- 
raire suivant : 


176. 
Haut, des lettres, 0” 08. 
d m S 
NAX 
»ETHO 
SMO 
PI 


À 2 kilomètres plus loin, et par conséquent à 1 kilomètre de 
Chemtou, se trouvent les inscriptions transcrites au Corpus sous 
les numéros 10589, 10590 , 10591; les deux dernières sont exac- 
tement reproduites; la troisième donne lieu à une observation : 


7. 


— 100 — 


MR 


À la ligne 4, le nombre IT est écrit dans un creux de 2 nulli- 
mètres : il a donc été martelé et rétabli ensuite. 

À la ligne 5, entre AVG et PIVS, il y a un creux qui occupe 
l'espace de trois lettres; elles avaient été primitivement gravées et 
ont été martelées. Il est assez difficile de dire exactement ce qu'il 
faut restituer à cette place. Les lettres P V (Pia Vindex) n'étant 
jamais martelées dans les inscriptions relatives à la legio III Aug. U, 
il ne faut pas songer à les y rétablir. 

COM (Commoda) s'est rencontré une fois comme surnom de 
cette légion : on pourrait supposer que ces lettres étaient inscrites 
sur notre pierre. 

Antoniana est un surnom de la troisième légion qui se lit plus 
fréquemment et qui a été parfois effacé; on en connaît des exem- 
ples ©). Si tel était le mot gravé après AVG, ce qui n’a rien que de 
vraisemblable, il faudrait compléter ainsi cette quatrième ligne : 

AVG [ant| PIVS VI | 

AVG n'a pas été martelé. 

Enfin à la ligne 6, le I qui suit le V dans le chiffre LXXVI est 
gravé hors du cadre. 

Au même endroit, j'ai copié une borne milliaire qui, si elle 
n'est pas à sa place, n’est pas bien éloignée de l'endroit où elle 
était dressée primitivement : 


178. 


Haut. des lettres, 0” 05. 


IMP CAES 
FLAVIO CLAVDIo 
IVLIAnO AVG 
SHC ATETOVES De 

VOMRX 


[ 


Imp(eratori) Caes{ari) Flavio Claudi[o] Julia[njo Aug(usto), 
[Si]mittus d[ejvota. Mille (passus). 


Cette borne, ainsi que d’autres monuments dont je publierai 


U) Cf. C.I. L., vx, Indices, p. 1073. 
@) Cf C. I. L., viir, 2504, 287. 


; — OI — 

le texte plus loin, donne lieu à une observalion importante. Quei 
était, pour la forme et l'orthographe, le nom de la ville antique 
dont les ruines se nomment aujourd'hui Henchir Chemtou? Toutes 
les fois que ce mot s’est rencontré jusqu'ici sous la forme Simittu , 
à une seule exception près, il était à lablatif() : 

Itinéraire d'Antonin (2), Simittu ; 

Table de Peutinger %), Sunitu ; 

Borne milliaire ), Simü[tu]. 

On pouvait donc penser que ce nom était Simittu, et Von en a 
fait un substantif indéclinable; il n’en à pas toujours été ainsi; 
la colonie qui s'élevait en cet endroit s'appelait, au moins à la 
basse époque, Similtus. 

Quant à la facon d'écrire ce nom, elle est variable : on trouve ce 
mot dans les textes épigraphiques tantôt avec deux t, tantôt avec 
tth. On verra plus loin des exemples de cette dernière orthographe. 
L’explication que donne M. Tissot 9) du o0 qu'on rencontre dans 
la transcription grecque du mot Simittus par Ptolémée peut aussi 
s'appliquer au {h que nous lirons sur certains monuments : c'était 
une manière de rendre par l'écriture la prononciation sifflante du 
double £ berbère. Ajoutons que ce th se trouve généralement sur 
les textes des derniers temps de l'empire (5). 


Chemtou. 


Cet henchir est une des ruines les plus belles et les plus fé- 
condes de la Tunisie. 

Depuis qu’elle a été visitée par M. Tissot, qui en a longuement 
parlé 0), on y a trouvé de nouvelles inscriptions; le P. Delattre en 
a publié quelques-unes ), et chaque jour amène de nouvelles dé- 
couvertes. 


(1) Ptolémée, IV, ur, 29, donne Zuiobou au nominatif; et l'anonyme de Ra- 
venne, Semitum (éd, Pinder et Parthey, cxzvnr, 8) à l'accusatif (?). 

@ Ed. Fortia, p. 12. 

@) Ibid,, p. 292. 

(Œ) Tissot, Le Bassin du Bagrada, p- 24,n°14.=C. I. L., vi, 10960. 

(6) Ibid, , p. 9, note 1. 

) On voit pourtant, par cette borne milliaire, que du temps de Julien le mot 
Similtus pouvait s'écrire sans h. Cf, une inscription (GC, IL. L., vx, 2261) qui, par 
la forme des lettres, semble être de la bonne époque, et où le th est employé. 

0) Op. cit., p. 8 et suiv. 

4) Rev, arch. (1881, 2° semestre), p. 20 et suiv. 


20e = 


Toute l'originalité de cette ruine consiste dans la présence en 
cet endroit de carrières d’où l’on extrayait un marbre rouge et 
jaune fort estimé, appelé par les anciens marmor numidicum ou 
lapis nunudicus, et qui en fournissent aujourd’hui encore des blocs 
immenses. Les Romains en faisaient usage pour orner leurs monu- 
ments publics aussi bien que leurs demeures particulières, et il 
en est question plus d’une fois dans les auteurs latins; on peut 
même reconstituer à peu près l’histoire de ce marbre, 

Dès l'année de Rome 676, on commence à l’importer en Italie; 
toutefois, au dire de Pline), ce n'est pas encore sous forme de 
colonnes ni de plaques destinées à revêtir les murailles; on n’ame- 
nait que des blocs grossiers, dont on se servait pour former le seuil 
des maisons, ce qui annonce un mode d'exploitation encore peu 
perfectionné. 

La première colonne dont on ait gardé le souvenir date de 
César. Suétone nous raconte qu'elle fut dressée dans le forum et 
que la plèbe y écrivit ces mots : « Au père de la patrieU) ». 

On sait qu'à l'époque des Antonins la plus grande partie des car- 
rières et des mines du monde romain avaient été accaparées par 
les empereurs, par suite de confiscations, d'héritages ou d'achats, 
pour grossir les revenus du fisc ou ceux de leur caisse particu- 
lière(), La carrière de Chemtou ne fait pas exception et elle est 
comprise dans la ratio patrimonti impériale (®. La première mention 
que j'aie rencontrée de ce fait remonte à Hadrien (5). 

Celui-ci, nous le savons par les inscriptions trouvées dans les 
ruines d'Italie, prit à Chemtou du marbre qu'il employa à orner 
ses villas de Tivoli et d’Antium. Les colonnes du gymnase de 


6) H.N., XXXVI, vur, 1 : «M. Lepidus, Q. Catuli in consulatu conlega, primus 
omnium limima ex numidico marmore in domo posuit, magna reprensione, Îs 
fuit consulanno Urbis DCLXXVI. Hoc primum invecti numidici marmoris vesti- 
gium invenio, non in columnis tamen crustisve,. . ... sed in massa ac vilissimo 
liminum usu. » 

® Jul., 85 : «Postea solidam columnam prope viginti pedum, lapidis numidici, 
in foro statuit scripsitque (plebs) : Parenti patriae. » 

6) Cf. Marquardt, Staatsverwaltung, IL, p. 252 et suiv., et Hirschfeld , Untersu- 
chungen, p. 72. 

(®) Cf. Bruzza, lscriziont dei marmi grezzi (dans les Annali, 1870), n° 222 et 
suiv., la partie de l’article du P. Bruzza consacrée au marmor numudicum (p. 149 
et suiv.), et les inscriptions que je publierai plus bas. 

(6) Cf. n° 188. 


== 103 — 


Smyrne et de celui d'Athènes étaient également, d'après le Père 
Bruzza, de marbre numidique. 

Âu temps de Marc-Aurèle, on ouvrit dans une autre partie de 
la carrière de nouveaux chantiers qui, du nom de ce prince, fu- 
rent dits lapicaedinae Aurelianae; ils sont mentionnés sur une in- 
scription rapportée par le P. Bruzza(!), qui nous fait connaître 
un procurateur chargé de la direction de ces chantiers @). Sur les 
deux cents colonnes de marbre dont les Gordiens ornèrent leur 
villa de Préneste, cinquante étaient de marbre numidique ), et 
l'empereur Tacite en donna cent(® aux habitants d'Ostie. 

Ce marbre était encore en honneur au vi‘ siècle, puisque Jus- 
tüinien l'empiloya pour orner l'église de Sainte-Sophie (). 

La carrière était exploitée surtout à ciel ouvert; on y voit ce- 
pendant la trace de deux grandes galeries, à l'entrée de l’une des- 
quelles se trouve une inscription. On peut encore se rendre compte 
aujourd’hui de la façon dont cette exploitation était conduite. On 
commençait par déterminer, à l’aide de sondages, la partie de la 
carrière qu'on se proposait d'attaquer, puis on commençait le tra- 
vail; mais il semble qu’on ait procédé autrement qu'on ne le fait 
actuellement à Chemitou : au lieu de jeter à terre ün bloc de 
marbre informe et de le tailler ensuite, ce qui a l'avantage d'éviter 
le travail de l’équarrissage pour les morceaux que l’on reconnait 
contenir des défauts, mais l'inconvénient de perdre une certaine 
quantité de marbre (6), les Romains taillaient le bloc sur place et 
ne le détachaient qu'après lui avoir donné la forme à peu près 
définitive qu’il était destiné à recevoir dans la carrière. Cette mé- 


() Loc. cit., n° 224. 

® On en connaît peut-être un autre, si les sigles PROC*M:N qui se rencontrent 
dans une inscription trouvée à un kilomètre de Chemtou (C. I. L., vi, 10580) 
doivent s’interpréter par Proc(urator) m{etallorum) n(ovorum). 

G) Capitol., In Gordianos tres, xxx1x, 2 : «Ducentas columnas in tetrastylo ha- 
bens (villa) quarum. .. quinquaginta numidicae. » 

(® Vopisc., In Tac., x, 5 : « Columnas centum numidicas pedum vicenum ter- 
num Ostiensibus donavit de proprio, » 

(5) Paul, Silentiar., v. 217 : 


duQi Balurplova pdyiv Maupdoidos äxpns. 
(9) La carrière étant très riche, il s’agit aujourd’hui de ne pas employer inutile- 
ment la main-d'œuvre, qui est la grosse dépense; chez les Romains, où le coût 


de la main-d'œuvre était nul, puisque la carrière était exploitée par des esclaves 
de l'empereur, l'économie consistait à ne pas perdre de marbre. 


— 10 — 


thode était appliquée pour les colonnes mêmes, et l'on en voit 
encore la trace sur les flancs de la montagne, notamment au nord- 
ouest de la maison construite au milieu des ruines par le direc- 
teur des travaux d'exploitation, M. SovetÜ). Il y a là une immense 
niche, mesurant environ 4 mètres de hauteur sur autant de lar- 
geur, d’où ont été tirées des colonnes dont on peut aisément se 
représenter la dimension : la courbe en est encore marquée dans 
le marbre de la carrière ©. 

Un fragment de colonne git à terre auprès de la maison de 
M. Sovet (côté sud). On lit sur la section l'inscription suivante, 
copiée déjà par le P. Delattre avec quelques légères inexacti- 
tudes () : 


179. 


Haut. des leitres, 003. 


SVRA III E SENECIOne Il 
EX RAT FELICIS WG Ser 
N DCXLII ZZXXX 


FIENRIS 
(Estampage.) 


À la ligne 4, la quatrième lettre semble être une N dont il man- 
querait la haste verticale gauche, mais la barre transversale se 
confond avec une fente dans le marbre, qui se prolonge au-dessous 
et au-dessus jusqu'à la barre verticale du D, qu'elle suit pour 
continuer au delà; il se pourrait donc qu’il fallüt lire simplement : 


EITERRTS 


Sura III et Senecio[ne] II consulibus ; ex rat(ione) Felicis, Aug{usti) s[er(vi)]; 
n{umero) DCXLIIT, [loco ?] XXX..... 


Le consulat de L. Licinius Sura et de Q. Sosius Senecio est de 
l'année 107. 
La formule ex ratione a donné lieu à des discussions que d’autres 


@) C’est à son amabilité que je dois une partie des détails que je rapporte ici. 

(@) Ailleurs J'ai remarqué la trace des trous destinés à recevoir les échafaudages, 
et non loin de là de petits bassins taillés à même le marbre, où l'eau s'amassait 
comme en une auge : il semble que cette eau était recueillie afin de permettre 
aux ouvriers d’affiler leurs instruments. 

Rev. archéol. (1881, 2° semestre), p. 20. 


— 105 — 
ont rappelées ( et que je n’ai pas à reproduire ici. Le ne. qui 
suit indique le nombre de blocs extraits dans l’année ®), pour la 
partie de la carrière dont Félix était le rationalis. 

Devant le nombre XXX, il est possible de restituer loco, par 
analogie avec d’autres inscriptions relevées sur des blocs de 
marbre () 

Quant à la dernière ligne, elle est inexplicable, comme géné- 
ralement la dernière ligne de ces sortes d'inscriptions, où l’on ne 
rencontre souvent qu'une lettre ou deux; nous en verrons plus 
loin des exemples (*) 

Il a été trouvé à l’est de la maison de M. Sovet, sur le penchant de 
la montagne ou au pied , en face de l’amphithéätre, plusieurs blocs 
. de marbre de forme rectangulaire, équarris et tout prêts à être 
emportés; ils mesurent en général 1 m. 50 de longueur sur 1 mètre 
de largeur; les plus petits ont 30 centimètres de hauteur. On ne 
voit pas pourquoi ils ont été ainsi abandonnés au milieu d’une 
carrière en pleine exploitation, alors qu’il y avait toujours moyen 
de tirer parti de blocs de cette dimension, quelque défaut que 
renfermât le marbre : er quelques-uns de ces blocs n’en con- 
tiennent aucun; il est à remarquer d’ailleurs qu'ils ont été tous 
extraits vers la même époque. 

J'y ai lu les inscriptions suivantes : 


180. 


Haut. des lettres, 0"015. 


IMP ANTONINI AVG PII 
N D CVI OF REGIA 
ORFITO ET PRISCO COS 
CL 
P1@ 
fnp(eraloris) Antonux Aug(usti) Pu; n(umero) DCVI. Of ficina) requa ; 
Orfito et Prisco co(n)s(ulibus). 


Le consulat de Ser. Cornelius Salvidienus Scipio Orfitus et de 
Q. Nonius Sosius Priscus est de l’an 149. 


 Hirschfeld, op. cit., p. 80 et 81. 
@) CF plus bas, p. 106. 


PA 


(3) Cf, notamment Bruzza, op. cit., n° 2i 


Cf. Bruzza, op. cil., p. 109. 


— 106 — 


1810 
Haut. des lettres, 0° 02. 


IMP ANTONN AVG D 
NNCICICSAL MO REG 
GALLICANOE VEÆERe 


EC 


Tmp(eratoris) Antonin Aug(usti) d{onuni) ; n(umero) CCCXLIIL. 
[Of (Jicina)] )] reg(ia) ; Gallicano et Veter{e] (consulbus). 


Le consulat de M. Gavius HUE Gallicanus et de Sex. Carmi- 
nius Vetus est de l’an 150. 


182. 


Haut. des lettres, 0” 02. 


IM ANTONINI AVG Plil 
N:CXXCIX.OF REGIA 
CONDIANO E MAXIMO 


D 
EC 
Imp{eraloris) Antonini Aug(ust) Pu; n{umero) CXXCIX. Of ficina) regia ; 


Condiano et Maximo (consulibus). 


Le consulat de Sex. Quintilius Condianus et de Sex. Quintilius 
Maximus est de l'an 151. 

Ligne 1, le nom de l’empereur placé au génitif en tête de toutes 
ces inscriptions indique que la carrière fait partie du domaine 
impérial. 

Ligne 2, la comparaison de ces trois monuments prose ce 
que l’on n'avait pu établir jusqu'ici que par conjecture ), que le 
numéro inscrit sur ces textes indique la quantité de blocs extraits 
annuellement, puisque ce nombre est de 606 en 140, de 343 en 
150 et de 139 en 151, et cela pour la même officina. S'il en était 
autrement, le nombre qui se lit sur ces blocs irait chaque année 
en augmentant et non en diminuant. 


() CF. Rev. arch. (1881, 2° semestre), p. 20 et 32. 
® Cf. Hirschfeld, op. cit., p. 79, n. 3. 


or 


«Le sens du mot officina a été fixé par M. de Rossi). 

Ligne 4, les sigles de cette ligne sont inexplicables. Ils se com- 
posent, non pas d'un P suivi d’un C, mais d’un P formant mono- 
gramme avec un E. Cet E se trouve tantôt au-dessus du P, tantôt 
au-dessous ©). I faut remarquer qu'ils ne varient pas suivant les 


officinae. 
183. 


Haut. des lettres, 0” 02. 


IMP ANTONINI AVG PII D 
N D OF AGRIPPAE 
GAELICANO ET VETERE COS 


se dre 
Imp(eratoris) Antonin Auq{usti) Pu d(omini); n{umero) D.,.... Of ficina) 
Agrippae; Gallicano et Vetere (co(n)s{ulibus). 


Ces consuls sont ceux de l’année 150. 


184. 


IMP ANJTONINI AVG PII D 
NM DA EN AMNONIE A CRAN 
GALLIICANO E VETERE COS 


PC 


185. 


imp .antonint aug PI D 
n. Op GRIPPE 
gallicano et veteRE CoS 


pec 


En face de la maison de M. Sovet, par conséquent dans une 


() Bulletin d'arch. chrétienne (1868), p. 24. 

) Je rappellerai, comme un simple rapprochement, dont il ne faut tirer au- 
cune conséquence, que ce sigle se rencontre sur les médaillons contorniates. CF. 
Ch. Robert, Médaillons contorniates, Paris, 1881 (extrait de l'Annuaire de la 

n 


Société française de numismatique et d'archéologie), p. 3, et Etude sur les mé- 
daillons contorniates, Bruxelles, 1882, p. 29 ct suiv. 


— 108 — 


autre partie de la carrière, ,on a trouvé parmi les déblais un bloc 
de marbre non équarri sur la surface la moins inégale duquel on 
lit : 

186. 


Haut. des lettres, 0” o4. 


NCECVT OR IGENTIMONTIS 
IMP COMMODO AVG ÏIIII E VICTORINO ii COS 
CAESVRA MAXIMI PROC 


N{umero) CCCV; of{ficina) Gent Montis; Impleratore) Commodo Au- 
glusto) ITIT et Victorino [11 co(n)s{ulibus). Caesura Maximi proc(ura- 


torts). 


Le troisième consulat de Commode et le deuxième de C. Au- 
fidius Victorinus sont de l'an 183. 

Cette inscription complète le nombre des trois officinae dont j'ai 
relevé les noms à Chemtou et qui sont : officina Agrippae, officina 
Genü Montis, officina regia. 

La première et la troisième étaient exploitées simultanément (1). 

Le terme Caesura s’est déjà rencontré sur d’autres inscriptions 
analogues. Généralement, dans chaque carrière, un des directeurs 
avait pour mission spéciale de surveiller la taille (caesura) du 
marbre; quelquefois c'était un centurion, plus souvent un affran- 
chi0), Ici c’est le procurateur de la mine qui semble avoir été chargé 
de cette fonction, ou du moins l'avoir exercée dans certaines cir- 
constances. 


Nous avons vu plus haut que le marbre numidique était em- 
ployé dans les édifices publics et les palais impériaux, c'est-à-dire 
destiné à l'usage ou aux libéralités des empereurs, ce qui n'em- 
péchait sans doute pas d'en vendre des blocs à de riches particu- 
liers ou à des villes pour la construction de monuments privés 
ou municipaux. Il m'a semblé intéressant de rechercher dans les 
ruines de Chemtou quel avait été l'emploi fait du marbre numi- 
dique. 


G) Cf. les numéros 181 et 183. IA faut y ajouter naturellement l'officina Aure- 
liana signalée par le P. Bruzza, n° 222, et reproduite plus bas, p. 110, note 1. 

@®) Bruzza, op. cit., n° 258 et 259 (centurion). — Bruzza, op. cit., n° 279 = 
Wilmanns, 2778, n° 291 — Waddington, Voy. arch., If, 1712 (affranchi). 


= 109 — 

Les édifices construits en blocage sont bâtis avec les déchets 
de marbre de la carrière; l'empereur et les particuliers trouvaient 
leur profit, l'an à vendre sur place les morceaux de marbre dont 
il ne pouvait tirer parti, les autres à les acheter sur place aussi et 
à employer le marbre là où l'on se sert généralement d'une pierre 
plus ou moins tendre Ü). 

Les gros blocs se rencontrent plus rarement. 

De tous les monuments publics de Chemitou, qui sont cepen- 
dant en grand nombre et assez importants, deux seulement, à ma 
connaissance, ont été construits en marbre : ce sont les deux mo- 
numents nécessaires par excellence à un Romain, un temple et un 
amphithéâtre. 

Les soubassements du temple existent encore; ils se trouvent 
sur la colline située au uord de la maison de M. Sovet. Parmi les 
blocs qui les composaient, on en a rencontré deux avec des in- 
scriptions : 


187. 


Haut. des lettres, 0” 18. 


D LS AKCR L 
DRE SNC 
Sacr(um). 


Autour de la ligne de ces soubassements, on voit plusieurs 
blocs de marbre où sont sculptées, dans des cercles saillants de 
70 centimètres de diamètre, des figures que.je croirais représenter 
les signes du Zodiaque. Les trois seuls que l’on puisse encore dis- 
tinguer sont le Scorpion, le Lion ou le Capricorne et peut-être le 
Cancer. 

L'amphithéatre, situé à l'est de la maison de M. Sovet, était 
construit moitié en blocage, moitié en gros blocs de marbre; plu- 
sieurs portent des inscriptions qui sont malheureusement illisibles 
pour la plupart, parce qu'elles ont été longtemps exposées à l'air 
et à la pluie. Jai pu déchiffrer à peu près les deux suivantes : 


‘D Le petit monticule appelé par les indigènes Dyebel el-Hadjela est entièrement 
formé des déchets de la carriére. 


— 110 — 


188. 


Haut. des lettres, 0” o2. 


HADRIANI WG 
CANCER EE 
DY7 GERMCA IIZ 
Hadriani Aug{usti) MENT 


Le reste de l'inscription est trop incertain pour donner lieu à 
une interprétation même douteuse. 


169. 


Haut. des lettres, 0” 02. 


IMP ANTONINI AVGPIINLX OFZZ## 
AVRELO VERO CueS III E COMMODO ii 
Ête 


Imp(eratoris) Antonin: August) Pu; n(umero) LX. Of{ficina). . . .… ; 
Aurelo Vero C[aes{(are) III et Commodo [II] .…. 


Ce bloc a été extrait au début de l’an 161, car Antonin le Pieux 
mourut au mois de mars de cette année, et après sa mort les deux 
consuls, ses fils adoptifs, ayant changé de nom, on grava sur les 
monuments non plus Aurelio Vero Cues III et Commodo IT, mais 
Antonino III et Vero Il; ainsi que nous le lisons sur une colonne 
extraite de cette même carrière de Chemtou et trouvée à Rome, 
dans le champ de Mars), qui date par conséquent de la seconde 
partie de cette année 161. 


() Bruzza, op. cit., n° 222 : 


impeRATORVM CAESARVM 
antoniNI ET VERI AVGVSTORVM D d 
NL, EXX OF AVR: 
antONINO Ii ET VERO Il COS 
Fe 
BE TI 

Ligne 5. Le texte de Fabretti auquel le P. Bruzza a emprunté cette inscription 
porte P C; ül doit être corrigé comme je l'ai fait. — Les sigles B T signifient, 
d’après M. Mommsen, B(rachium) t(erttum). ( Bulleit., 1872, p. 160.) 


— 111 — 


Je croirais volontiers que ces deux monuments sont dus à la 
libéralité impériale : fournir les matériaux nécessaires à la con- 
struction d’un temple était montrer sa piété pour les dieux et leur 
payer, pour ainsi dire, la dîime de la carrière: donner le marbre 
pour bâtir un amphithéâtre était procurer aux affranchis et aux 
esclaves de l’empereur amassés à Chemtou, ainsi qu'aux habitants 
de la ville qui s'était fondée ) autour de la carrière, la distraction 
dont ils étaient le plus avides. S'il n’en avait pas été ainsi, il n’y au- 
rait pas de raison pour que d’autres monuments n’eussent pas été 
bâtis aussi en marbre du pays. D’après les deux inscriptions co- 
piées sur des blocs de l’amphithéätre, la construction de ce mo- 
nument remonterait au siècle des Antonins, époque où ont été 
faits les grands travaux publics de Chemtou que nous connais- 
sons, le pont et la route de Simittus à Thabraca. 

De tous ces textes épigraphiques relevés sur des blocs de marbre 
équarris ou non, on peut tirer encore une autre conclusion : non 
seulement ce n’est pas à Rome, opinion qui a d’ailleurs été aban- 
donnée aujourd’hui), mais ce n’est même pas en vue de l’expor- 
tation ou du transport), que les blocs étaient ainsi marqués : c'était 
une simple mesure d'administration, de contrôle intérieur de la 
carrière; autrement on ne trouverait le numéro du bloc indiqué 
ni sur les marbres employés pour l’'amphithéâtre, ni surtout sur le 
morceau brut dont j'ai rapporté l'inscription sous le numéro 186, 
et qui a été découvert dans la carrière, au milieu de déblais de 
toute sorte. 

À l'entrée d’une galerie se trouve, gravée sur le roc, l'inscription 


® Les auteurs du Corpus croient que la colonie de Simittus aurait été fondée 
pour ruiner la puissance de l'antique ville numide de Bulla Regia (p.175, col. 2, 
et p. 211, col. 2). Je suis persuadé que la fortune de Chemtou est due unique- 
ment à la présence de la carrière de marbre; les affranchis et les esclaves établis 
en cet endroit avec leur famille ont donné à cette cité, pendant toute la durée 
de l'empire et jusqu’à l'époque chrétienne, une vie et un mouvement qui en ont 
assuré la prospérité, ; 

®) Cf. Bruzza, op. cit., p. 107, et Hirschfeld, op. cit., p. 78 et 79. 

) Marini le dit positivement (Iscriz. Albane, p. 34). «Queste osservazioni con- 
fermano, dit le P. Bruzza (op. cit., p. 107), quanto scrisse il Marini, il quale le 
giudicù segnate per cura dei ministri e servi augustali si per rendere ragione di 
quello che spedivano e si per togliere ogni occasione d’ errore allo sbarco.» — 
Cette opinion est exprimée de nouveau par Wilmanns (Exempla inscript. latin. 
p. 224). 


Sie 


snivante, déjà relevée par le P. Delatire avec de légères inexacti- 
tudes 0) : 


190. 


eo 


OMPMEMPINNVRE 
NASA DT 


| / 

TIMO À 
D 

aVG aals ANT 


INRI 


Off{icina) inventa a Diotimo [A]ug{ust) n(ostri) l{iberto). Inri ! 


Diotimus semble avoir été le probator de la carrière, celui qui 
était chargé de vérifier la qualité du marbre, et par conséquent 
qui indiquait les endroits où il convenait d'installer un chantier. 
Les probatores sont des affranchis P). 

Ce document vient à l'appui du texte de Paul le Silentiaire cité 
plus haut et nous prouve que ia carrière de Chemtou a été exploi- 
tée jusqu'aux derniers temps de l'empire, alors que le christianisme 
s’affichait hautement. 


191. 


\ 


Enfin j'ai copié sur un morceau de marbre non équarri trouvé 
en face la maison de M. Sovet le mot : 


ENMINAGIRUE 


gravé en caractères de 3 centimètres de hauteur. 

Cette inscription, est-il besoin de le dire, n’a rien d’officiel. Eu- 
tyche était le nom d’une esclave qui occupait sans doute assez de 
place dans la pensée d’un des ouvriers pour que celui-ci ait éprouvé 
le besoin de le graver sur le marbre. 


M) Rev. arch. {2° semestre 1881), p. 26. Cf. p. 24 le commentaire de M. Héron 
de Villefosse. ca 


Le 


@) Bruzza, op. cit., n°1 et 4, et Wimanns, 2771 (oetp) 


— 115 — 


Les autres textes épigraphiques inédits ou inexactement publiés 
que j'ai rencontrés dans ces ruines sont les suivants : 


192. 


Sur une colonne de pierre trouvée à quelques pas en avant de 
la maison de M. Sovet. 


Haut. des leitres , 0” 08. 


D N FLAV:o 
DIEM EMEA MEN Oo 
N'OPB'ECCAES 
COL-:SIMIT THVS 
DEVOTA 


I 


D{omino) n(ostro) Flav[io] Delmati[o], nob{ilissimo) Cacs(ari), 
col(onia) Simitthus devota. Mille passus. 


Delmatius, neveu de Constantin, recut le titre de César en 335 
et fut tué en 337; ce monument date donc d’une des années 335, 
336 ou 337. 

Après la mort de Delmatius et l'extinction de la famille de 
Constantin, cette colonne fut dressée en terre en sens inverse, et 
sur la partie qui servait de pied auparavant on grava cette autre 
inscription : 


193: 


Haut. des lettres, 0" 05. 


IMPP:CAESS 
FF LL:VALENTI 
NIANO ET VALEN 
TI AVGG DEVOTA 
SIMITITHVS 


Ï 
Imp{eratoribus duobus) Caes{aribus) Fl{avus) Valentiniano et Valenti 


Auq{ustis), devota Simitthus. Mille passus. 


La date du monument doit être cherchée entre les années 364, 
où Valentinien et Valens montèrent sur le trône, et 367, où Gra- 
tien leur fut associé. 


MISS: SCIENT: — XI, 8 


IMDNIMINIR, NATIUNALKe 


— 118 — 
194. 


Sur un fragment de colonne trouvé en face de la maison de 


M. Sovet. 


Haut. des lettres, 0° 04. 


invicto 

DIR TM ED ere 

maGNENTIO 

seMPER AVG 

ct 1 IANVS UM TE 

tHVS DEVOTA 

F E 
(Eslampage. } 
{nvicto principt, d(onuno) [n(ostro), Majqnentio [se]mper Aug(usto), 

[c{olonia) Julia) N(umidica) Simit[t}hus devoia. Mille passus. 


Cette inscription date de Fan 350 ou de l'an 351, peut-être 
mème de l’an 352 ou 353, car ce n’est qu'en cette dernière année 
que Magnence se donna la mort. 

La ligne 5 est fort importante : il est impossible de lire autre 
chose au début que . . .’7EN. Dès lors il faut expliquer ces lettres 
comme je l'ai fait, car dans une inscription du CorpusÜ), Simittus 
est appelé Colonia ...l... Numidica Augusta Simitthensium; le 
mauvais état de conservation de la pierre permettait d’hésiter, pour 
le premier surnom de la colonie, entre Julia ou Flavia. Le texte 
que je viens de transcrire tranche la question. 


195. 
Sur un fragment de pierre, près des thermes. 


Haut, des lettres, o” 04. 
AVG 
196: 


Sur une pierre encastrée dans la construction du barrage du 
pont, que les dernières crues de la rivière avaient mise à jour 


() yrrr 3265. 


— 115 — 


lors de mon passage : elle est couchée au milieu du lit de la Med- 
jerda. 


Haut. des lettres, 0” 06. 


MOrRCORNELTIONCHE LT 
OMIR FELCIGI PA CAT 0 
LT VSIRREORNVE REA RON mr 
CNVAR PAIN ARR STE RE D 
lATICLAVIO LEG Il:cy 


« RENAICAE PATROno 
COLONTAE 
D D P P 
(Estampage.) 


Sex. Cornelo, C. f[il(io)], Quir(ina tribu), Felicr Pacai[o], [1] viro via- 
ru[m cJurandar(um), tri[b{uno) lJaticlavio leg(ionis) LI[I Cylrenaicae , pa- 
tro[no] coloniae; d(ecurionum) d{ecreto), p{ecunia) p{ublica). 


197. 


Fragment trouvé dans les déblais de la carrière en face la mai- 
son de M. Sovet : 


Milriin % Vin Nin 
aD QVOD OPVS-:SOLA X: TRIA-MILIA:-A:FISCO ACCEPTA 
SVNT 


(Estampage.) 


nee [a]d quod opus sole denariorum tria mil(lie a fisco accepta sunt. 


196. 


Fragment de base trouvé sur la voie romaine de Chemtou à 
Tabarca, à droite : 


Hauteur du fragment, 0" 44 ; largeur, 0" 31. 
Haut. des lettres : les 8 premières lignes, 0" 04; les 2 dernières, 0" 03. 


HU PAMNTeE IN 
perpetBCVRIAE 
caelesTIAEHSX 

De DONC NAIL 
DENLE R IMROE PERD 
CVRIA-CAELEST 
MESVLEVM:P:SVA 
ET : EXVVIAS : FEC 
ET : NAT ALI EIVS:XI Kk 


APRIL : AEPVLANTVR 
(Estampage.) 


— 1160 — 
....., fljamen {perpelluus)?] curiae [Caeles]tiae, HS X [m{illibus) n(um- 


mum) lo]cavit b(ene) merito p{ro ?) plietate?) ou plecunia) plropria) ; curia 
Caelest{ia) mesuleum p(ecunia) sua et exuvias fec(it), et natal ejus, XI k(a- 
lendas) apriles, aepulantur. 


Cette base était vraisemblablement celle d'une statue consacrée 
par un flamine de la curia Caelestia à un personnage qui lui tenait 
de près ou qui avait une grande position dans la curie. On voit les 
honneurs que celle-ci lui avait décernés. ; 

Le mot eœuviae est obscur et ne s’est pas encore rencontré, que 
je sache, sur les inscriptions, du moins dans une acception qui 


[2 


permette d'établir quel sens on doit lui donner ici. 


199. 
Sur la même voie romaine. 
Haut. de l'inscription, 0" 30; larg. 0” 40. — Haut. des lettres, 0" 04. 
D M S 


AEMILIA IRO 
PIA VIXIT AN 
NIS ew 
H S E 


D{us) M{anibus) s{acrum). Aenulia Iro pia vixit annis CV. 
Hic) s{ita) e(st). 


200. 
Non loin de la précédente. 


Haut. des lettres, 0" 04. 
D M S 
AURIEPETIEX 
COLOMBA 

P:V:-A 
XXI 


D{üs) M{anibus) s(acrum). Arelliu Colomba p{ia) v(ixit) 
a(nnis) XXI. 


MM 2 


201. 


Non loin de la précédente. 


Haut. de l'inscription, 0" 20; larg. 0" 25. — Haut. des lettres, 0” 025. 


Homme debout. 


Dis Man(ibus) s{acrum). Q. Cornelius Honoratus pius vixit an(no 1), 
d{iebus) III, mfensibus) V. H{ic) sfitus) e(st). O(ssa) t{ua)| b(ene) q{uies- 
cant) , t:b1) t{erra) l(evis) s(it), d{ulcissime?). : 


La tombe voisine portait cette épitaphe : 


202. 
Haut. de l'inscription, 0° 28; larg. 0" 30. — Haut. des lettres, 0" 03. 


Homme debout. 


P 
XIT:AN:V: 
D{i}is Man(ibus) s(acrum). Q. Cornelius Zabo pius vixit an(nis) V. 
H{ic) s{itus). L(evis) t{erra). 


Ce sont là évidemment les tombes de deux frères morts tous 
deux en bas âge. 
203. 


Non loin de la précédente, en caractères presque cursifs. 


Haut. des lettres, 0" 02. 


D M S 
L MVNATIVS RES 
TITVTVS PIVS VIXIT 
ANN XX 
MS 


D{us) M{anibus) s{acrum). L. Munatius Restitutus pius visit ann(is) XX. 
H{ic) s{itus). 


— 118 — 


204. 


Tombe trouvée à Chemtou; l'original est actuellement à Tunis, 
chez M. Aubert. 
Femme debout. 
PAPIRIA:L-FI 
LIA:QVIN 
TA y PIA a æ 


ant 


Papiria, L. fila, Quinta, pra v[iæit) aus]... 


205. 


Non loin de l'inscription qui porte le n° 203. 
Haut. des lettres, 0° 03: 


D''eN”_S 
G:POSTIMIVS-MA 
XIMVS:PIVS:-VIX 
IT ANIS 

LXXXXIII 


Ds) M{anibus) s(acrum). G. Poshmuus Maximus pius vixit 


an(n)is LXXXXIII. 


206. 
Non loin de l'amphithéätre. 
Haut. de l'inscription, 0" 38; larg. 0” 36. — Haut. des lettres, 0° 04. 


Personnage debout. 


ÉSILAICIVS. OPA 
TVSAVIR TAN L 
ENCMEMUGHE PAF S 
lNMCIMONSE(R E 
HVIC : VETERANI 
MORANTES 
SAME EN: DE 
S MIO LIFE CIE RVINT 


L. Sihicius Optatus vix(it) an(nis) L, interceptus in thinere. 
Huic veterant morantes Similtu de suo fecerunt. 


A0 


207. 
Sur la voie romaine de Chemtou à Tabarca. 
Haut. des lettres, 0!” 04. 


Femme: debout. 


VIPSANIA QV 

INTA :PIA - VIXIT 

AINSI EC 
ER a SRE 


Vipsania Quinta pia vixit an(n)is XXXIT, H{ic) s{ita) est). 


208. 


Non loin de la précédente. 
Haut. des lettres, 0" 04. 


JAUENE a 
fLAVIA VIXIT 
an NIS LX H S E 


he a, L. f{ilia), [FYavia , vit [anfnis LX. H{ic) s(uta) e(st). 


Flavia est pris ici comme surnom". 


J'ai recopié également une partie des inscriptions que le P. De- 
lattre avait déjà relevées dans.cet endroit. Ceriains mots de quel. 
quesunes d’entre elles ayant donné lieu à des-deutes®), je crois 
devoir reproduire ici les trois suivantes : 


209. 
CE Rev. arch., loc. cit., p. 28: 


D'ANT IS 
C:PONTIDI 
VS :NNVRIE 
[ALIS : V 
LXS AINENTI 
S'XXXXV 


4) CF. par exemple C. I. L., vur, 10945. 
2) Cf. les observations de M, Héron de Villefosse à la suite de Particle du P. De- 
lattre (Rev. archéol., loc, cit. ). 


— 120 — 


Le surnom est bien Nurtialis; c'est peut-être une faute du gra- 
veur pour Nuptialis, surnom connu. 


210. 
Cf. Rev. arch., loc. cüt., p. 29. 


D M S 
RABIRIA ZABVIIA 
PIA-VIX:ANNIS 
KE ASE 


‘211. 
Cf. Rev. arch., loc. cit., p. 31. 


D: M SS 
IVLIA NAM 
PHAME PIA 
VIXIT ANNIS 
CE PERS SE 


À vingt-cinq minutes de Chemtou, en suivant la voie romaine 
qui mène à Tabarca, on rencontre, près de la source appelée Aïn- 
Ksira et sur le plateau situé au nord, des ruines qui couvrent une 
certaine étendue: les monuments en ont été construits avec des 
pierres empruntées à des tombes (1); ce devait être un des faubourgs 
de Chemtou; j'y ai relevé plusieurs épitaphes : 


212. 


Haut. de l'inscription, 0" 40; larg. 0" 45. — Haut. des lettres, 0° 04. 


Homme debout. 


DIS & MAN & SAC 
Q&HOSTILIVS& 
Q:F:PRIMVS 
PIVS&@VIXIT 
ANNIS&LXXIII 
© :TABROET AMIE HSE 
D{iis Man(ibus) sac(rum). Q. Hostilus, Q. f{ilius), Primus, pius vixit an- 
ms LXXIIT. O(ssa) t{ua) b(ene) qluiescant) ; t{1bi) t{erra) l(evis) s(1t). Ho) 
s{itus) efst). 


M C’est la qu'on a trouvé le troisieme milliaire de la voie romaine. 


— 121 — 


215. 
Haut. de inscription, 0” 30 ; larg. 0° 36. — Haut. des lettres, 0” 05. 
Femme. Homme. 
D M S 
VETVRIA OMIAVAIINTES 
SECVNDA PARSIENTEVES 
PIA VIXIT PIVS VIXIT 
ANNIS:L ANNNIS LX 


D{us) M{anibus) s(acrum). C. Julius Primus pius viæit annis LX, — 
Veturia Secunda pia vixit annis L. 


214. 
Haut. de l'inscription, 0" 36; larg. 0° 46. — Haut. des lettres, 0" 035. 
Femme. 
D M S 


MAMILLIA-PAILIL (sic) 
LA : PIA : VIXIT : ANNIS 
XX1:T:T°LL4S 
D{us) M{anibus) s(acrum). Mamillia Paililla pia vixit annis XXI. 
T{chi) t{erra) l(evis) s(it). 


Le surnom Paililla est étrange : on serait plutôt tenté de lire 
Paetilla ou Pamilla, surnoms connus; mais la onzième et la dou- 
zième lettre de la première ligne m'ont semblé être I et L. 


215. 


Haut. de l'inscription, o" 50; larg. 0° 34. — Haut. des lettres, 0° 04. 


ROVIBURAE À 
HONORATA 
PER NA TMÉT 
ANNIS XXXVI 
T:FLAVIVS 
POSTIMVS. (sc) 
VXORI 
CARISSIMAE 


Bubria Honorata pia vixit annis XXXVI. T. Flavius Postimus 


UXOTL Carissimae. 


Sur une base en forme d’autel dont l'inscription a déjà été co- 
piée par le P. Delattre U. 


Haut. des lettres, 0° 03. — Les caractères sont effacés à gauche. 


d M XS 
. salt VSTIVS-C:F-Q:FOR 
tun ATIANVS COSTOB 
o ci 0 QVOD,INTER COS 
tObocosnVTRITVSSITCY 
AIERI1 VS 


[D{us)] M{anibus) s(acrum). |. Sal]lustius, C. f{iius), Q{uirina tribu), 
For[tun}atianus Costob{ocio ?}, quod inter Cos[tJo[bocos njutrilus sit... 


Le sens du mot Costob.... qui se trouve à la fin de la troi- 
sième ligne et au début de la quatrième n'est pas clair; il était 
même obscur pour les Romains, puisqu'on avait cru utile de lex- 
pliquer dans les lignes suivantes : quod inter Cos..0... nutritus 
sit. Il semble que ce soit non un surnom, puisque le personnage 
porte déjà celui de Fortunatianus, mais un agnomen. 

D'un autre côté, des expressions : inter Cos...0... nutritus sit, 
on peut conclure que cet agnomen est tiré d’un nom de peuple 
commençant par Costob. Or on n’en connaît qu’un seul qui puisse 
convenir, celui des Costobolae, appelés aussi Costoboci () par les au- 
teurs : ils habitaient la Sarmatie. Il faut avouer que la présence 
de ce nom de peuple sur une inscription funéraire de Chemtou 
est très inattendue; aussi ne proposons-nous ces suppléments 
qu'avec la plus grande réserve. 

Le diminutif Costobocio, qui convient très bien pour la lon- 
gueur des lignes, m'a été suggéré par M. Mowat. 

Après avoir grandi en Sarmatie, Sallustius Fortunatianus serait 
venu à Chemtou, où il serait mort. 

Il y avait d’ailleurs dans cette ville d’autres membres de sa fa- 


& Rev. archéol., loc. cit., p- 22. 

@) Cf. deVit, Onomasticon, au mot Costobolae. Ammien adopte la forme Costo- 
bolue (XXII, vur, 42); Pline, la forme Costoboci (VI, vir, 1); Capitolin écrit Cos- 
toboci (In M. Aur., 22), et on dit Coisstobocensis sur une inscripüon (Or., 510 
et 990). 


— 125 — 
mille, car on lit à côté de son épitaphe celle d’un de ses parents, 
déjà copiée par le P. Delattre W. 


217 


Sur une base en forme d’autel. 


Haut. de l'inscription, 0" 60; larg. 0° 40. — Haut, des lettres, 0" 04. 


D M S 
LS'A LLVSTI 
US ACARIL OLRO 
gaTVS CORNE 
LIANVS -Pius 


VIX:AN. 
H - S e 
D{us) M{aribus) s(acrum). L. Sallustus], C. filfius), Q{(uirina tribu), 
Ro[galtus Corn[ellianus, plius] vix(it) an(nis) : .... H{uc) s(itus) [e(st)]. 
218. 


Au même endroit (). 
Haut. des lettres, 0” 035. 


Edicule à colonnes doriques cannelées 
surmonté d’un casque. 


DPHOMANERNPTES 


CMTVIR RAIN US 
VS EN œute ar 
[IS mens 
diEBVS $ XI 
(VRRlIus 
75 4P 
CAR 
D{us) M{anibus) s{acrum). ... Turrius ....us vfixit an(s) ....]1, 
[mens(ibus).... dilebus XI. ..... Turrifus ..... us] plater? filio?] 


car[issimo]. 


0) Bev. archéol., loc. cit., p. 22. 
® Cf. Rev. archéol., loc. cit,, p. 23. 


219. 
Haut. de l'inscription, 0" 54; larg. 0° 44. — Haut. des lettres, 0” 03. 

Homme, la main droite 

sur un autel. Femme. 
DACRMACES DAC ANTEAENS 
M VETVRIVS A NVORSENLUA 
M FIL QVIR SERA SEMMIE 

PRIMVS PAUSE AN AIEIE A 
PISE Pal VAI KT T 

ANNIS ANNIS 
HP AS OR E ERROMSAORNE 


VETVRII-PRIMVS EI HONO 
RATES SP PA BR ERN CTIIOB ENS 
ORPI MTS SO MEMEN CRE TR IV UN PET 


D{üs) M{anibus) s(acrum). M. Veturius, M. fillius), Quir(ina tribu), 


Primus, pius viæit anis... H{ic) s{itus) e(st). 


H{ic) s(ita) e(st). 
Veturi Primus et Honoratus parentibus optimis fecerunt. 
L'âge du père et celui de la mère n’ont jamais été indiqués sur 
la pierre. | 
AD 
Haut. des lettres, o” 05. 


stVMA PIAVIXT 
ANNIS XVIIII 


ss Pofstjuma pia viæit annis X VIII. 


ROUTE DE CHEMTOU À TABARCA. 


La voie romaine qui conduisait de Simittus à Thabraca est en- 
core parfaitement visible, au sortir de Chemtou, pendant 2 kiïlo- 
mètres, puis on en perd les traces; mais sa direction devait être 


— 195 — 


à peu près la même que celle du chemin arabe qui existe aujour- 
d'hui entre ces deux points; il en est généralement ainsi un peu 
partout, mais surtout en Afrique. D'ailleurs j'ai retrouvé deux 
des bornes milliaires de l’ancienne voie sur la route actuelle. 


Henchir ed-Dékir. 


En suivant cette dernière et à 11,500 mètres de Chemtou, on 
rencontre sur la droite une ruine assez vaste qui occupe tout un 
mamelon planté d'oliviers et de figuiers d'Inde. Au milieu se 
trouve une source d’une limpidité remarquable: l’eau s’amasse dans 
un bassin voüté, de travail romain, en pierres de taille, où l’on 
descend par quelques marches; mais il s'est produit à l’intérieur 
et au dehors des éboulements qui ne permettent pas de se rendre 
compte aujourd'hui de l’architecture du monument. 

Le nom ancien de cette ville est inconnu; les indigènes ont 
appelé les ruines qui en restent Henchir ed-Dekir. Tous les édi- 
fices antiques ont été détruits et les pierres employées dans les 
murs des jardins arabes; j'y ai copié trois inscriptions qui font re- 
gretter de n’en avoir pu trouver d’autres : 


221. 


Sur une base de 1 mètre de hauteur, large de 45 centimètres. 
Haut. des lettres, 0” 05. 


PNNITÉMOMAERCM 
CA SACRVM 
PROLS M'EVITE 

DVI NES ME 
RELI SEVERI «lexan 
dri AVG ET IVLIAE 


mamaeuc 
AVG GEMELLINVS 


RFI AVIS 
(Estampage.) 


Invicto Herculi sacrum, pro salute Imp(eratoris) Caes{aris) M. Aurelii) 
Severi [Aleæandri] Auglusti) et Juliae | Mumaeae] Auglustae), Gremel- 
INTER 


— 126 — 


222. 


Sur une base de forme rectangulaire, brisée en plusieurs mor- 
ceaux; l'inscription occupait trois des faces de la base, commencait 
sur la face a, puis se continuait sur la face b, à droite, et finissait 
sur la face €, à gauche. 


La largeur de chaque face est de 0" 42. — La hauteur de la face a est de 0” 60; 


celle de la face b, de 0" 39; celle de la face c, de 0" 70. — La hauteur des 
lettres est de 0” 03, — Le monument est aujourd’hui au musée du Louvre. 
Face a. 


CIVOR AT UNO NE TS" ACTA 
Vu DIE CHE MOBIRYES 

MAÉ RNOME M UIAMeONCOS 
INPAMPANE EC VIT END EST ON OR 

ù BONVM FAVS:VM:FELICEM 
PLACVITINTEPETSETCONVE 
NID S EE CVANIDIANO IE CRIE AN PTS 
PVBLICVMoPsERVARE 
SIQVISFLAMeneSSEVOLVErit 

10 D'D VAN AMIE 
PANEETSALEETCII 
SIQVISMAGISTER d d 
VINIAMPT 


doOL'i 


Face b. 


SIQVISFLAMINIMALEDIXERT 
AVTMANVSINIECERITDDX"' 
SIMAGISTERQVESTORIIMIe 
RAVERITETNONFECERITD2 
5 VINIAMPSIINCONCILIVM 
PRESENSNONVENERITDNS 
SIQVESTORALICVINONN« 
NTIAVERITDDXISIN 
DEORNINEDECESSerit 


A og de 


Kace c. 


SIQISATVINVINFERENDIERT 
ETABALIENAVERITDDDVPLV 
SIQUISSILENTIOQVESTOR'S 
ALIQVITDONAVERITETNEJ 

5 avexlTDDuvPLVM 
siQVISDE:PROPINQVISDECES 
SERITATMILIARIVMVIETCVI 
NVNTIATVRNONIERTDDXII 
SIQVISPROPATREE 

15 MÉRAMRAE DRIONSIONCNP TIME Dur 
OSOCne:mdDKXVIEMQVi 
PROPINOVSDECESSsERIT 
DDXIIIIQVESTOR 
MAIORIBVSATFE 


15 DOME NT S EN 


T TN 


(Estampage.) 
Colonne a. 
En tête de ce règlement se lisent ces mois : 


1. Curia Jovis, acta V k(alendas) decembres, Materno et [A ttico 
co(n)s(ulibus). 


Du sens qu'il faut attribuer au mot curia dépend l’interpréta- 
tion du monument iout entier. 

Il faut d’abord remarquer que la ruine appelée Henchir ed-De- 
kir ne couvre qu’un mamelon de fort peu d'étendue, où il n'existe 
pas de iraces de monuments importants, que cette ruine est per- 
due au milieu des montagnes et qu'aucune ville arabe n’ayant été 
élevée sur ce point ni même dans le voisinage, les édifices anciens 
n'ont pu être détruits comme ailleurs pour fournir des matériaux 
destinés à des constructions modernes. La localité antique qui se 
trouvait en cet endroit n'a donc jamais été une ville, même de 
médiocre importance : c’étail vraisemblablement, un petit bourg, 
une réunion de paysans et de cultivateurs (vicus?); c'est ce que 
confirme d’ailleurs la seule inscription funéraire relevée dans cet 


— 128 — 
endroit, que je rapporterai au numéro suivant; où y lit : in agris 
meis hos titulos posut. Ù 

De plus, la summa honoraria exigée pour les dignitaires et les 
amendes imposées aux membres de l'association sont tellement 
faibles qu'on ne saurait considérer celle-ci que comme une réu- 
nion de petites gens ou une corporation peu importante. 

Ces considérations empêchent de donner ici au mot curia le 
sens de «sénat municipal ». En effet, si l’on admettait cette inter- 
prétation, il faudrait voir dans ce règlement une sorte de loi orga- 
nique de la localité, explication que les détails mêmes du décret et 
surtout l'exiguité des sommes honoratres ne rendent guère acceptable. 

Nous connaissons le taux de quelques sommes honoraires exi- 
gées en Afrique, non seulement dans de grandes villes, mais même 
dans de petites municipalités, dans des pagi, dans des vici : elles 
s'y élèvent au moins à 2,000 sesterces pour le flamonium. On était 
loin de demander un pareil sacrifice à l’'Henchir ed-Dekir ). 

Encore moins faut-il prendre le mot curia dans le sens de « di- 
vision électorale ». 

Nous sommes ici (c'est l'avis de M. Mommsen, qui a bien voulu 
m'éclairer sur ce point) en présence d’un collège funéraire, sans 
doute un colleqium Jovis, siégeant dans quelque petit vicus voisin 
de Simittus et de Bulla Regia. On sait que ces sortes d'associa- 
tions se mettaienL sous la protection d’une ou plusieurs divinités 
dont elles prenaient le nom ©). 

Curia désigne la salle de délibération des socü, comme dans 
une inscription déjà connue (). 

On a donc commencé par indiquer, en tête du règlement, le 
lieu où la réunion avait eu lieu et la date de cette réunion, ainsi 
que l’on a coutume de faire pour des actes de cette espèce. 

Le consulat de M. Cornelius, M. £., Nigrinius Curiatius Mater- 
nus et de Ti. Claudius Bradua Atticus est de l’année 185, sous le 
règne de Commode. 

L’orthographe natale, et non natali, à l'ablatif, est la plus usitée(#. 


(4) NH en était ainsi dans le Pagus Medelitanus (C. I. L., vx, 885) et à Vere- 
cunda, qui était un vicus (Ibid., 4202). 

@) Cf. Mommsen, De Collequs et Sodalicüs, p. 92 et suiv. 

® CI. L.,v, 5447. Q{uaestor) collegii) centonarior(um) anni quo curia dedicata est. 

@ Cf. C. I. L., u1, p. 919, et Wilmanns, 952, ligne 22 : II Idus febrar(ias), 
natale Domitiae. 


— 129 — 


2. Quot bonum, faustum, felicem placuit interest et convenit se- 
cundum decretam publicam [ojb[se]rvare. 


Dans le mot interest, l'ordre des deux dernières lettres a été in- 
terverti par le graveur. 

Cette phrase contient une formule bien connuel), mais qui est 
ici singulièrement défigurée par l'ignorance du rédacteur. 

Les premiers paragraphes de la loi règlent la summa honoraria 
que doivent payer les dignitaires : 


3. Si quis flamen esse voluerit d{are) d{ebebit) ®) vini amp(horas) tres 
ei praeterea ? pane(m) et sale(m) , et cifbaria] (®). 


Le flamine, c’est-à-dire le prêtre chargé du culte dans le collège, 
devait payer la plus forte somme honoraire : on lui demande trois 
amphores de vin, du pain, du sel et des rations de vivres. 

On remarquera que cette summa honoraria est exigée en nature : 
on retrouve des dispositions analogues dans les lois des collèges 
funéraires que nous avons conservées (); ces objets sont destinés à 
servir aux repas de corps et aux distributions faites aux membres 
des curies à l’occasion de certaines solennités. 

La quantité de vin que le flamine doit donner est parfaitement 
définie : elle est de trois amphores, c'est-à-dire, d'après Dureau de 
la Malle ©), qui évalue la capacité de l’amphore à 26 litres 012295, 
de 78 litres 036885. Celle des autres objets qu'on exige de lui 
est moins nettement déterminée. 


k. Si quis magister... [d{are) d{ebebit)] vini amp(horas) Il... 


Le magister payait également une somme honoraire en nature. 
Ici la pierre est brisée et l'on peut se demander quelles étaient 


() Cic., De Divin., I, xLV, 102 : «Quae (omina) majores nostri quia valere 
censebant, idcirco omnibus rebus agendis : Quod bonum, faustum, felix fortu- 
natumque esset praefabantur. » 

4) Les sigles D D qui se lisent à chaque instant dans ce décret ne pouvant pas 
s'expliquer ici par d{ecreto) d(ecurionum), on pourrait songer à d{ono) d{abit) ; mais 
cette formule, qui convient pour les sommes honoraires, ne se comprendrait pas 
lorsqu'il s’agit d'amendes. I en est de même de d{abit), d{onabit}. Dare debebit est 
une formule usitée en pareïlle circonstance; cf. la loi du collège de Diane et d’An- 
tinoüs (Wilmanns, 319), 1. 60, 64, etc. 

&) Ces restitutions sont de M. Mommsen, qui admet la faute sale(m). 

CF. la loi du collège de Diane et d'Antinoüs ( Wilmanns, 319),1.19, 59,71. 

(5) Economie politique des Romains , t. 1, p. 444. 


MISS. SCIENT. — XI. ÿ 


LMVNIUPIUE NATIONALE, 


un 


les dispositions contenues dans cette partie de l'inscription. I ne 
faut sans doute pas chercher la sunvma honoraria que devait payer 
le questeur, car la questure d'ordinaire n’est pas un honneur, mais 
une charge, et comme telle ne devait pas être soumise à une taxe. 

Peut-être y avait-il la mention d’une somme que chaque membre 
aurait été tenu de verser, d'une cotisation soit annuelle, soit men- 
suelle, ainsi que cela se passe pour les collèges dont les lois nous 
sont connues (1). 


5. ... [d{are)] d(ebebit) denarios II... 


Peut-être ce paragraphe doit-il être rapporté également au ma- 
gister. 

La première colonne n’a pas perdu plus de deux ou trois lignes, 
puisque celle qui était gravée sur la face gauche du monument et 
qui est complète n’est guère plus longue. 


Colonne b. 


Au début de la deuxième colonne sont relatés les droits et les 
devoirs des dignitaires, ainsi que les amendes qu'entraine pour 
eux l'oubli de ces devoirs, pour les autres la violation de ces droits : 


1. St quis flamini maledixerit, aut manus injecerit d{are), d(ebebit) 


denarios 1[1] où I[I11. 


Le flamine, étant le personnage sacré de la société, devait être 
à l'abri de toute violence comme de toute injure. 

La somme de 2 deniers équivaut à 1 fr. 55; celle de 3 deniers 
a 2)ir 30 6 

H n’est pas question des devoirs du flamine, auxquels sans doute 
on ne veut pas supposer qu'il puisse manquer. 


2. Si magister qu{a)estori im[pelraverit et (quaestor) non fecerit, 
d{are) d(ebebit) vini amp(horam). 


Le questeur doit obéir aux ordres du magister, sans quoi il paye 
une amende d'une amphore de vin, ce qui représente une somme 
d'argent relativement assez forte. 


U) Cf. la loi du collège de Diane et .d'Antinoüs {Wilmanns, 319), 1. 28 et 
suiv. ; 
®) Dureau de la Malle, Économue politique des Romains , t. 1, p. 448. 


— 131 — 


3. Si in concilium pr(a)esens non venerit, d{are) d{ebebit) c(on- 
gium ?). 

Le sujet du mot veneri me semble être magister. En effet, cette 
partie de l'inscription est divisée en trois paragraphes, et le nom 
du magistrat placé en tête de chacun d'eux doit s'appliquer à tout 
le reste du paragraphe. Si donc le sujet de venerit n'était pas ma- 
gister, mais quaeslor, ce mot ne serait pas répété au début de la 
phrase suivante. 

Quand le magister, pour une raison quelconque, est absent du 
bourg, il est naturellement exempt de toute amende. C'est l’indiffé- 
rence seule qui est punieU). 


4. Si qu{a)estor alicui non n[ufntiaverit, d{are) d{ebebit) denarium. 


L'expression nuntiare ne semble pas ici, d'après le contexte, 
avoir le sens technique que nous établirons plus loin : il signifie 


plutôt convoquer quelqu'un des membres de la société aux déli- 
bérations du collège. 


5. Si... de ordine decess[erit]. .. 


Le mot qui suit si commence par un À, un N ou un M. Peut- 
être faut-il suppléer magister], bien que ce substantif soit un peu 
long pour la place dont on dispose jusqu'à la fin de 1a ligne. 

Quant au terme ordo, il ne signifie pas, comme dans les in- 
scriptions municipales « conseil des décurions ». Dans un collège, 
il a le sens de «ensemble des membres du collège». C'est ainsi 
que sur l'album que nous possédons du collège des Lenunculari 
tabular auxiliares, à Ostie ), on lit en tête : Ordo corporatorum le- 
nuncularior(um) tabulariorum auxiliares(ium) Ostiensium; puis vien- 
nent plusieurs listes : 1° celle des patrons; 2° celle des magistrats; 
3° celle de la plebs (9. De même, à la fin de la Lex collegü d'Escu- 
lape et d'Hygie, il est dit : Hoc decretum ordini n(ostro) placuit in 
conventu pleno 4, On pourrait multiplier les exemples à l'appui de 
ce fait. C'est cet ordo qui a voté le décret public dont il est ques- 
tion à la septième ligne de la première colonne. 


0) C£., à propos de l'indifférence du magister, Wilmanns, 321. L 
2) Orelli, 4054. 

9) Cf. un autre album semblable, (Orelli, 4104.) 

%) Wilmanns, 320, 1. 66. 


— 132 — 


La suite de ces dispositions est perdue, et, malgré toutes mes 
recherches, malgré les offres que j'ai faites aux Arabes pour les 
engager à rechercher Îles morceaux brisés de la pierre, je n'ai pu 
arriver à rien retrouver. 


Colonne c. 


Cette colonne débute par deux règlements qui sont destinés à 
sauvegarder la fortune de l'association : 


Si quis at vinu(m) inferend{um) ierit et abalienaverit, d(are) d(e- 
bebit) duplu(m). 


Il s’agit évidemment ici du vin dû comme amende ou comme 
summa honoraria. Pour trouver le sens du mot inferre, il faut se rap- 
peler que lorsqu'il s’agit d'argent, arcae inferre, aerario inferre, ou 
même inferre simplement, signifient : « verser à la caisse, payer (D ». 
Or le vin était sans doute déposé dans un endroit convenu en at- 
tendant qu'il fût consommé pour les repas ou les distributions : 
inferre signifierait ici, par analogie avec l'expression arcae inferre, 
porter dans cet endroit, verser, payer. 


2. Si quis silentio qu(a)estoris aliquit donaverit et ne[gavelrit, d(are) 
d{ebebit) duplum. 


M. Mommsen pense que silentio doit être interprété ici dans le 
sens de pro silentio, silent causa. La phrase signifierait donc : 
Lorsqu'un membre, qui n'aura pas payé sa cotisation, aura donné 
quelque chose au questeur pour acheter son silence et niera sa 
dette, il payera une amende du double. 

Viennent ensuite les dispositions relatives aux funérailles des 
membres du collège : 


3. [S]: quis de propinquis decesserit at nulliarum sextum, et cui 
nuntiatur non terit, d(are) d(ebebit) denarios duos. 


Pour bien comprendre ce règlement, il faut se reporter à la loi 
du collège de Diane et d’Antinoüs. H y est dit) : Lorsqu'un asso- 


() Loi du collège d'Esculape et d'Hygie (Wilmanns, 320), 1. 65 : auti, poenae 
nomme , arkae n(ostrae) inferant HS XX m.n.» Plin., Ep., Il, xx, 20 : a septingenta 
millia aerario inferenda.» — Panegyr., xxxix, 6. 

® Wilmanns, 3:19, 1. 37 et suiv. 


— 1335 — 


cié est mort à une distance de Lanuvium qui ne dépasse pas 
20 milles, et qu'il en a été fait part (et nuntiatum erit), trois 
membres du collège doivent partir aussitôt pour présider aux ob- 
sèques et en couvrir les frais. Mais, si le confrère est mort à une 
distance de plus de 20 milles et qu'on n'ait pas pu en faire part 
(et nuntiari non potuit), celui qui a fourni l'argent pour l’enterrer 
peut se faire rembourser ensuite par la société moyennant cer- 
taines conditions. 

L'article du règlement de l'Henchir ed-Dekir que je viens de 
transcrire est analogue : quand un membre de la société mourait 
à une distance de 6 milles au plus, on devait en faire part à sa 
famille, et un ou plusieurs des parents étaient tenus de partir 
pour assister aux obsèques du défunt; autrement ils étaient frap- 
pés d’une amende. 

Ainsi la société veillait à ce que les funérailles de ses membres 
fussent faites convenablement: il était tout naturel de choisir 
parmi les parents du mort un ou plusieurs associés chargés d’y 
veiller, non pas comme parents, mais comme représentants de la 
société. 


h. Si quis pro patre et matre, pro socrum |prlo socra[m, d{are)]| 
d(ebebit) denarios quinque. 


5. Itjem (si) qu{is] propinqu(u})s deces(s]erit, d(are) d(ebebit) dena- 


rios quatuor. 


La concision de ces deux phrases nuit à la clarté du sens. On 
comprend pourtant qu'elles contiennent des dispositions relatives 
encore aux funérailles : l'amende était plus forte quand le délit 
était commis envers le père, la mère, le beau-père et la belle- 
mére, que lorsqu'il s'agissait seulement d’un propinquus. 

De plus, nous avons vu dans le paragraphe précédent (col. c 3) 
que celui qui n’assistait pas à l'enterrement d'un parent (propin- 
quus) mort à 6 milles au plus était frappé d’une amende de 
2 deniers. Ici l'amende est double. Le cas est donc plus grave. 

Il semble qu'il faille expliquer ainsi ces deux paragraphes : Si 
le père, la mère, le beau-père, la belle-mère sont morts à une dis- 
tance moindre que la distance précédemment fixée, que l’on ait 
rempli les formalités voulues et que le fils ou le beau-fils n'ait 
pas assisté aux obsèques, il devra payer 5 deniers. Si le défunt 


— 134 — 


est un parent moins proche, toutes les autres conditions restant les 
mêmes, l'amende n’est plus que de 4 deniers. 


6. Quaestor. .. majoribus atfe... 


Malgré le peu de lettres qui manquent, il est difficile de saisir 
exactement la portée de ce paragraphe. 

La ligne suivante renfermait peut-être des noms propres, ceux 
des témoins (dignitaires-ou simples membres de la société) qui 
avaient mis leur signature en bas du décret, ainsi qu'il élait 
d'usage de le faire en pareille circonstance. 


223 0 


Sur un beau cippe en forme d’autel. 
En tête du monument, on voit une femme couchée; sur le côté 
gauche, un homme appuyé sur une haste. 


Haut. de l'inscription, 0” 62; larg. 0” 52. — Haut. des lettres, 0” o4. 
Les lettres gravées sur la plinthe sont hantes de 0°” 02. 


D M S 
C:MESSIVSÉEE Ex 
eT MEMORIAe 
RAIN PEMDNERREN AV ENT 
IIEXIIRI VZZO 
IIVm MONVmEN 
SENVANTMEM EMI OEM IEVTIE 
1AÂE SILICIAE VXOR: 
MEAE IN AGRIS 
NEPSHOSHAVLOS 
POSVI ANNVM 
AGENS L'IX - PE VS VI 
XIT ANNISIZZYVHN 


Sur la plinthe : 


DEDICAT -XI:KAL:DEC:MESSALA ET SABINO Cos 
IVLIA SILICIA PIA VIXIT ANNIS 77777 


(Estampage.) 


(W) Cf. Académie d'Hippone, séance du 17 juin 1882, où cette inscription a été 
communiquée par M. le capitaine Vincent, 


— 135 — 

Dis) M{anibus) s{acrum). C. Messius F[elix e]t memoria[e], in (a)eternum 
Bb u]m] monu[mlentum, mihi et Julfi]ae Siliciae uxorli) meae 
in agris meis hos htulos posui annum agens L..IX; plilus wxit an- 
nis L..XXII. — Dedicat(um) XI kallendus) dec(embres), Messala et 


Sabino co(n)s{ulibus). — Julia Silicia pia vixit anmis... 


Le nom de GC. Messius Felix est singulièrement placé entre Düs 
Manibus sacrum et memoriae; il ne semble pas pourtant, d’après 
l'aspect du monument, qu'il ait été ajouté postérieurement. Ge 
personnage avait fait préparer son tombeau alors qu'il était vi- 
vant; quand lui et sa femme furent morts, leur âge fut inscrit 
sur la pierre. 

Le consulat de Silius Messala et de C. Octavius Appius Suetrius 
Sabinus est de l’année 214. 


Henchir Zerour. — Aïn Gaga. 


En continuant de suivre le chemin de Chemtou à Tabarca, on 
passe au pied d'un henchir appelé Henchir Zerour, où je n’ai ren- 
contré que les restes d’une citerne assez vaste; à droite de la route 
est une source dite Ain Gaga; j'y ai relevé sur un cippe funéraire 
les traces d'une inscription : 


224. 


Haut. des lettres, 0° 03. 


D M s 
GGCBATN WU 
Er 7/77/7777; 


et, ce qui est plus important, le texte d’une borne milliaire; c’est, 
on le voit tout de suite, un des milliaires de la route de Simittus à 
Thabraca. Je suppose, d’après la distance qui sépare ce point de 
Chemtou, d'un côté, et de l'autre, de Fernana, où j'ai retrouvé la 
treizième milliaire, qu'il devait porter les numéros VIII ou IX : 


— 136 — 
229. 


Larg. de la colonne, 0” 50. — Haut. des lettres, 0” 05. 


ON OS CRAN TU LE 
do Era ue An x 
RARE PRE ET IC EPA TrEl 
CE ONMOOAIONT CN LIEN 
CAT NEIL TEL ES AT u 5 
hadrianuS AVG 
PAOANM TAN MAX 
RNB POMIES TER 
COIS HN PP 
VIAM A SIMITTV 
VSQ THABRACAM FEC 


bpiaion) Caesar, divi Trajant Parthic(i) filfius), divr Nervae nep(os), 
Trajanus Hadrianu]s Aug(ustus), ponuf (ex) max(imus) , trib{unicia) po- 
test{ate) XIIT, co(n)s{ul) TT, p{ater) p{atriae \, viam a Simittu ® usq{ue) 
Thabracam fec(it). 


Cette inscription est de l'année 120. 


226. 


Au marabout de Sidi-Douidoui, environ à 1 kilomètre du camp 
de Fernana, à l’ouest, sur une belle colonne de marbre blanc. 


Haut. du cadre de l'inscription, 1° 20; larg. 0 50. — Haut. des lettres, 0” 05. 
Copie de M. le capitaine Vincent et de l'auteur. 
TON ENT ONONEE 
DU TN EN TAN OI 
ARE RACINE IAE 
DIVI neRVAE NEP 
TARA AREN ANUS 
HADRIANVS AVG 
PONTIFEZ=z Max 
MR ROMES EM urr 

COS: 1 
VIAM A SIMiaitte 
u5i} THABRACAmfec. 

QÙ NM est donc à peu près certain qu'il faut ajouter P P sur le texte du premier 
milliaire tel qu'il a été publié par le Corpus, vuir, 10960. En effet, Hadrien prit 
le titre de pater patriae en Vannée 128. (Cf. Oros., vu, 133 Spart., In Hadr., vx, 
4; Eckhel, D. N. V., vr, p. 515.) Malheureusement j'ai négligé de vérifier ce 
détail sur le monument lui-même. 

®) Ma copie porte, sans doute par erreur, à l'avant-dernière ligne SIMITTH; 
à la dernière, AD, au lieu de VSQ , que j'ai rétabli. 


De 


On voit que cette inscription est identique à la précédente; il 
est donc possible de suivre jusqu à ce point l’ancienne voie romaine. 

À partir de Fernana, le pays devient très accidenté et se couvre 
de forêts : il faut, pour continuer sa route, gravir une montagne 
élevée par un sentier difficile, puis on redescend l’autre versant 
et l'on débouche dans une vallée assez fertile, dominée à gauche 
par la colline où est construite la koubba de Sidi-Abdallah. Je 
n'ai remarqué dans cette partie du pays aucune trace de la voie 
romaine; mais en supposant même qu'elle se confondit avec le 
sentier que l'on suit aujourd’hui, ce qui est fort incertain, on 
conçoit qu'au milieu d’une forêt toute trace en ait disparu. Tou- 
tefois, qu’elle ait suivi celte direction ou ait contourné la mon- 
tagne en profitant de petites vallées latérales, il me semble qu’elle 
devait passer au pied de la koubba de Sidi-Abdallah; car, au bas 
du rocher où s'élève cette koubba, existe une trouée relativement 
facile à franchir, communiquant par le col d’Ain-Draham avec 
la grande vallée qui se termine à Tabarca : c'était donc pour une 
route un tracé presque obligatoire. D’ailleurs il a été trouvé, à 
1 kilomètre environ avant d'arriver au pied de la colline cou- 
ronnée par la koubba, une borne milliaire dont M. le capitaine 
Vincent m'avait signalé l’existence. Jai vérifié sur le monument 
l'exactitude de la copie qu'il m'en avait communiquée. 


227 


Haut. des lettres, 0” 055; celles qu'on lit à droite de l'inscription n’ont que 0" 03. 


DD NN 

ÉANTIO 
À VALERIO 
C CONSTAN 
D NICE 
LICGINI © 
LICINIANO 
PTONPIP AVI Er 


D(ominis duobus) n{ostris) Flavio Valerio Constantino et Licimo Licimano, 


p{er)p{etuis) Aug{ustis ®). (Millia passuum) XVIII. 


fi 


J'explique p p par perpetuis, Cf, C. I. L., vx, 10246. 


— 158 — 

La date de ce monument doit être cherchée entre les années 307 
et 323, dates extrêmes du règne simultané de Constantin et de 
Licinius. Le premier ne portant pas ici le surnom de Maximus, 
qui lui fut décerné en 315, il est possible que cette inscription 
soit antérieure à cette époque. 

On voit, par les lettres qui restent encore à gauche, qu’elle fut 
gravée à la place d’une autre dont on n'avait effacé qu’une partie 
el qu'il est possible de restituer : 

Fortissimo 
Pértasnlle pi 
IMp.caes 
CSA renlio 


VIENT TN 
diocletiano 


PIO fel.inv. 
PONt.max.tri 
BVnic.potest. 
PAPE PIRAO!ETONS 


Le nombre de 18 milles, dont la lecture est certaine, ne repré- 
sente pas la distance de ce point à Chemtou par Fernana; il y a 
en effet entre le marabout de Sidi-Douidoui, où a été trouvée le 
treizième milhaire, et l'endroit où est cette colonne 13,500 mètres 
environ. C’est donc le chiffre XXII ou le chiffre XXIIT qui convien- 
drait ici, si le nombre de milles était compté à partir de Chemtou. 
Mais il faut remarquer que le chiffre XVIIT correspond presque 
exactement à la distance de la koubba de Sidi-Abdallah à Tabarca. 

Après avoir passé le col d’Ain-Draham, si l’on suit le chemin 
qui mène à Tabarca par les crèies, c'est-à-dire le sentier arabe, 
on rencontre, à 1,500 mètres environ du camp et à gauche de la 
route, une pierre très fruste, sur laquelle on peut encore lire : 


228. 


Haut. des lettres, o” o3, 
Copie de M, le capitaine Vincent et de l’auteur. 


ÉFLAVIOLCE 
JAVDIO CC (sic) 
nSTAN 


Flavio Claudio Co[n]stantio nob(1lissièmo) C(ae)s(art). 


— 135 — 


Tabarca. 


J'ai eu l'honneur, dans mon dernier rapport, de parler longue- 
ment à Votre Excellence des rares monuments qui se voyaient en- 
core à Tabarca. Cette année, il a été fait des fouilles sur bien des 
points de la ville antique pour l'établissement d'un village euro- 
péen au pied du Bordj Djedid, sur le rivage de la mer; parmi 
les ruines qui y ont élé mises au jour et les pierres qui ont été sor- 
ties de terre pour être employées dans les constructions nouvelles, 
on ne peut signaler aucune découverte vraiment intéressante; 
j'ai seulement copié sur la colline du bordj cinq inscriptions funé- 
raires : 


229. 


Sur une pierre servant de marche au bureau des renseigne- 
ments indigènes. 


Haut. de l'inscription, 0° 44 ; larg. 0" 33. — Haut. des lettres, 0° 065. 


M PAINNUE 
OINES TE 
ABARIS F 
VTINES V 
A LV 


M. Antoni(u)s?, Dabaris f (lus), Utine(n}s{s) ? v{iit anis) LV. 


Le cognomen Dabaris figure déjà au Corpus). 


230. 
Au camp de l'artillerie. 
Haut. des lettres, 0” 03. 


GRANIA:L:F 
TERTVLLA 


Grama, L. f{iia), Tertulla...:.. 


0 vtr, 6704. 


— 140 — 


231. 
Au cimetière militaire. 
Haut. de l'inscription, 0" 31; larg. 0” 33. — Haut. des lettres, 0” 03. 
D M S 


C MARIVS IVBA 
TVS OCTAVIAnus 
PAINVESS VAL ROINUA 
NN TS CL UMME NN 
VND I EN SÈE 


Ds) M{anibus) s{acrum). C. Marius Jubatus Octavia[nus] pius wxit 
annis L, men(sibus) VII, dliebus) IIL. H{ic) s(itus) e(st). 


232 


Sur une pierre servant de seuil au bureau des renseignements 
indigènes. 


Haut. de l'inscription, 0° 29; larg. 0° 31. — Haut. des lettres, 0" 035. 
Les caractères sont très néglisés et effacés en partie. 


D M S 
MPAPRECIVAS 
PR SICNIMS 
DIURSONMOVES 
EMICISPNIEIVES 
ANIS:VIXI 
XXXX 


Dus) M{anibus) s(acrum). Marcus Pacomus ? (ou Pafs]semius?) Firmus?, 


Luci(i) filus, an(n)is wxilt) XXXX. 


233. 
Cf CI L;,vur, 5202: 


Au pied de l'escalier intérieur du bordj, à droite en montant. 


Haut. de l'inscription, 0° 286; larg. 0° 23. — Haut. des lettres, 0° 04. 


DE PIMRIEUS 
SIM TARIGNEXK 
MAIOR 
PATATE ANIEEA 
CV HIS UE 


D{us) M{anibus) s(acrum). Sulpicia major pia vfiæit) a(nnis) XCV. 
H{sc) sfita) est). 


— l4l — 


Entre Tabarca et Béja, le pays, fort accidenté et couvert de 
forêts, ne renferme pas, m'a:t-on dit, de ruines importantes. Une 
seule m'a été signalée : elle s'appelle Henchir ou Kasr Zaga. 


Henchir Zaga. 


On y voit les restes de quelques constructions sans importance 
au milieu desquelles se dresse, sur le point le plus élevé, un chà- 
ieau fort qui date de l’époque byzantine (pl. XVIIL). La face du 
monument qui regarde le nord-ouest est seule bien conservée : 
elle mesure 23 mètres de longueur, elle est percée, au milieu, 
d'une porte de 1 m. 50 de largeur, dont la hauteur jusqu’à la 
naissance de la voûte est de 3 mètres. Au-dessus de la porte existe 
une fenêtre de même largeur, en forme de demi-cercle, haute de 
80 centimètres; de chaque côté de la porte et à la même hauteur 
à peu près que celle-ci, il y a deux meurtrières. Les murs sont 
épais de 1 m. 56. Les autres faces du fort sont en partie écroulées. 

J'ai trouvé parmi les pierres qui formaient le montant gauche 
de la porte d'entrée l'inscription suivante : 


234. 


Haut. des lettres, 0" 04; sauf la 2° ligne, dont les lettres mesurent 0° 05. 
Celles qui se lisent à gauche ne sont hautes que de 0” o3. 


CIRE NT PAC PASS VI AV CRETE TENTE 
S' AC 


Den COMMODVS 
SCRI 


AN TON INVS:: AVG:uSARMATI 
runc CVS: GERMANICVS:MAXIMVS 
LVRIO LVCVLLO ET NOMINE ALIO 
RVM PROCVRATORES CONTEM 


PAPA UNE DES CPV OLIENSAr NET 
(Estampage.) 


Imp(erator) Caes{ar) M. Aureli[us] Commodus Antoninus Aug(ustus) Sarma- 
ticus Germanicus Maximus Lurio Lucullo et nomine aliorum : Procura- 
tores, contemplatione discipulinale] et [instituti mei, etc.] 


La partie de ce texte qui est encore intacte n'est autre chose 


— 1492 — 


que le début d’un décret de Commode dont on a déjà trouvé un 
exemplaire en Tunisie et que j'ai eu l’occasion d'étudier ailleurs), 
La seule différence à signaler est que sur cet exemplaire le nom de 
Commode n'était pas martlelé, tandis qu'il a été martelé sur celui- 
ci, et regravé ensuite après la réhabilitation de ce prince). On 
est donc tenté de croire que l'inscription lout entière est une ré- 
pétition de celle qui a été rencontrée non loin de Souk-el-Khmis, 
à l’'Henchir Dakhla. 

Cependant parmi les groupes de iettres qui existent encore à 
gauche et qui sont un reste de la colonne précédente, il en est 
qu'on ne retrouve pas dans l’avant-dernière colonne de la table de 
l'Henchir Dakhla, notamment EXI et IVNC, non plus que dans 
le reste de l'inscription; il faut donc supposer ou bien que le texte 
qui précédait cette répétition du décret de Commode était diffé- 
rent de celui qu’on lit dans la table de l’'Henchir Dakhla, ou que 
les quelques lettres qui existent encore ici faisaient partie des pas- 
sages de cette table qui sont perdus : il n'y aurait rien d'étonnant 
à cette dernière hypothèse, car il est évident que dans ce nouvel 
exemplaire le rescrit impérial est disposé matériellement autrement 
qu'il ne l'était dans le premier. 

S'il en est ainsi et que ce monument ne soit que la reproduc- 
tion de celui qui était déjà connu, il faut en conclure que l’Hen- - 
chir Zaga était compris dans le Saltus Burunitanus. La distance qui 
sépare Zaga de l'Henchir Dakhla est environ de 30 kilomètres; ce 
saltus aurait donc eu, au moins en longueur, une étendue consi- 
dérable, ce qui n’est pas en désaccord avec ce que nous savons des 
saltus africains (). 

Autrement il faudrait supposer que le fait qui avait motivé l'en- 
voi d’un rescrit impérial aux colons du Saltus Burunütanus s'était 
aussi produit à l’'Henchir Zaga, c'estàa-dire que les conductores 
avaient usé de malversations envers les colons, que ceux-ci en 
avaient référé à l'empereur comme leurs voisins et que le rescrit 
envoyé aux premiers, où le nom du saltus n'est d’ailleurs pas pro- 
noncé, s’appliquait aussi aux seconds; cette supposition, bien que 


(0) La table de Souk-el-Khmis (Rev. arch., février et mars 1881). 

® On distingue encore les traces de la première gravure. 

® Frontin (Gromat. Veler., éd. Lachmann, p. 53) «...in Africa, ubi saltus 
non minores habent privati quam respublicae territoria; quin immo, multi sal- 
tus longe majores sunt territornis. » 


— 143 — 


moins vraisemblable que la première, n’est pourtant pas inadmis- 
sible. 

On peut seulement affirmer, en présence de ce monument, 
que l’'Henchir Zaga faisait partie d’un saltus impérial compris dans 
le Tractus Karthaginiensis (QE 

J'ai remarqué aussi une croix grêle tracée par une main inha- 
bile sur une pierre du fort, intérieurement. 

Dans le même henchir, on voit des chambres funéraires creu- 
sées dans le roc (pl. XIX). Les deux plus grandes de celles qui 
figurent sur ma photographie ont 1m. 42 de hauteur sur 1 m. 70 
de largeur et 1 m. 58 de profondeur : l'ouverture est haute de 
66 centimètres et large de 58; elle regarde l’est. 

Aïlleurs il n'y a qu’une seule chambre, mais les dimensions 
n’en sont pas très différentes. Ces tombeaux sont taillés au ciseau 
dans le rocher avec une grande régularité, et leur porte est en- 
tourée d’un cadre où s’engageait sans doute une dalle destinée à 
fermer l'ouverture du caveau. 

J'ai eu l’occasion de constater la présence de semblables itom- 
beaux sur la route de l'Henchir Zaga à Aïn-Draham, à l'endroit 
appelé Souk-el-Tnine (le marché du lundi); la montagne située 
au nord du chêne-liège autour duquel se tient le marché en con- 
tient une grande quantité : les chambres ont à peu près les mêmes 
dimensions que celles dont j'ai déjà parlé; la plus élevée que j'aie 
encontrée mesure 1 m. 60 de hauteur; elles ne sont pas toutes 
orientées. On m'a assuré qu'il y en avait de pareilles du côté de 
Fernana, et M. le capitaine Vincent a remarqué des tombeaux de 
cette espèce dans les environs de Béja ©). 


Tels sont les différents monuments que j'ai eu l’occasion de 
voir et d'étudier dans les deux parties de mon voyage. J'ai pu re- 
cueillir de plus, soit par moi-même, soit grâce à l’amabilité de 
quelques personnes, des documents venant de divers points de la 
régence; je les réunirai ici. 


1 On sait que le décret de Commode fut transmis aux intéressés par l'inter- 
médiaire du procurator tractus Karthaginiensis. Cf. la table de Souk-el-Khmis, 
III, 10 et suiv, 

@) Bullelin de l'Académie d'Hippone, n° 17, p. 98. Cf. aussi Guérin, Voyage arch., 
I, p. 36. 


Borne milliaire servant de seuil à l'entrée du fort de Fifi, in- 
térieurement. 
Haut. des lettres, 0" 06. 


d' ML Lm pie COuLS 

TANTiInO l'ax 

INVIctO AVG pon 

1IFIc:mAXImo 

AR DE DO CTP 
III 


D(omino) n(ostro) Impleraitori) Consltantlinlo Mlaxlimo) Invilctlo Au- 
P 
g(usto), [pon]tfi[e: mlaxi[mo], tri[b{unicia) pot{estate)], co(n)s{uli). (Millia 
passuum) III. : 


On a trouvé plusieurs bornes milliaires au nom de Constantin 
sur la route de Carthage à Thévestel). 


236. 


Au musée de Tunis (?. Sur un beau cippe funéraire en formé 
d'autel, orné de sculptures assez soignées, mais mutilées comme 
l'inscription elle-même. Provenance inconnue. 


Haut. des lettres : 1° ligne, 0° o4; 2° et suiv. 0” 03. 


BI V SELLE IZOB BORTLTL. Pal 
ESTAPIGENEROSAE.S PIOré 
et SIBI CVM SIN 


VM 
(Estampage.) 


....-tius Felix Zobboru f{illius) . . . Mlilesiue ? Generosae soro[r: 
a UE ARS A EE 12 et] stbi, cum. .... 


®) C. I L., vnx, 10050, à Tunis; ibid. , 10060, à Crich-el-Oued; ibid. , 10064, 
à Sidi-Median; et peut-être ibid, 10069, à Testour. 
® S. À. le Bey a bien voulu donner à la France, cette année, un certain 


— 145 — 


DO: 


CF. Tissot, Bassin du Bagrada, p. 95, et C. I. L., vx, 1056. 
Au musée de Tunis. Sur une grande pierre provenant de 
l'Henchir Sriou. 


Haut. des lettres : 1° ligne, 0" 06; 2° et 5° lignes, 0" 055. 


IMP:CAES M AVRELI SEVERI ALEXANDri aug. et iuliae mamaeae matris aug. 
ET SENATVS ET P atRIAE l#IIX\%#S ON 
ET M CAECILIO MANII ZI SIIIZP FILIO IN V-Q_ 


(Estampage.) 


[Pro salute?] Imp(eratoris) Caes{aris) M. Aureli(:) Severi Alexand[rr Au- 


[cum........] et M. Caeciho Mauho?..... Jilio IT vliro) q(uinquen- 


111 10) RER 


Le mot Alexandri semble plutôt avoir été usé par le temps que 
martelé à dessein. 


Utique ou Carthage. 


Dans la collection d’antiquités de M. le capitaine Faurax, j'ai 
relevé trois fragments d'inscriptions qui ont été trouvés à Utique 
ou à Carthage. 


238. 


A. 
Haut. des lettres, 0! o3, 


16 SEM EMI 
ÉDEL 


nombre de pierres antiques ayant appartenu autrefois au fils du Khasnadar; elles 
sont actuellement déposées dans le jardin de la Résidence de France, en atten- 
dant l’organisation du musée où elles prendront place. Toutes les inscriptions 
ont été signalées au Corpus (1141, 1142, 1143, 1144, 1146, 1148, 1156, 
1163), à l'exception d'une seule que je rapporte ici. 


MISS, SCIENT, —— XI, 10 


LNVRIMENTZ NATIONALE: 


— 116 — 


B. 
Haut. des lettres, 0” 05. 
FNTII 
G. 
Haut. des lettres : 1" ligne, o" 02; les autres, 06" 0615. 
DIS man sacr 


PISE 
Q 


Carthage. 


À Souse, dans la collection de M. À. Gandolfe, j'ai copié l'in- 
scription suivante, qui avait été apportée de Carthage (1) : 


239. 
Plaque de marbre blanc. 
Haut. 0° 25; larg. 0” 50. 
Haut. des lettres : 1" ligne, 0" 03; les autres, 0" 025. 
D'ÉNNI SE 
C:HOSIDIVS-OPTATVS 
PAS NAS ANIN ITS 
XXVII:M-X-DIEB:VII 
RTS POS TRE TUE 
Düs) M{anibus) s(acrum). C. Hosidius Optatus pius viæit annis XXVIT, 
m{ensibus) X, dieb(us) VIT. H{ic) s{itus) e(st). 


Rades. 


Les travaux faits cette année pour tracer le chemin de fer de 
Tunis à Hamman-Lif ont amené la découverte de plusieurs objets 
antiques, notamment de deux fragments de statue et d’une belle 
inscription : 


240. 


Sur une grande plaque de marbre blanc; actuellement au,mu- 
sée de Saint-Louis de Carthage. 


9 CF Bulletin épigr. de la Gaule (mai-juin 1882). 


— 147 — 


D'un côté on lit, en caractères de 10 centimètres de hauteur : 


SABINAE 
AVG 

[MP -HADRIAN 
AVG 


La pierre a été ensuite retournée pour être utilisée de nouveau 
et sur l’autre face du marbre on a gravé, en lettres de 75 milli- 
mètres de hauteur ; 


COS »xPx AY IN»xAMATORI OR. 
DINAN EOMENNIPSPNAIPAE (sic) 
OBNMEPSN ER GANSE IMERNTX 
VINIMVERSVSNOBSEOMENtS 
GPS RON DIO CMP ASRNVAL 


Cette inscription a été publiée cette année par le P. Delatire 
dans le Bulletin critique (), avec un commentaire de M. Héron de 
Villefosse; ce dernier a émis l’idée qu'il était possible peut-être de 
distinguer à la première ligne les traces du nom qui y figurait 
primitivement : il n’en est rien. Ce qui est certain, c’est que l’on 
voit encore la courbe de l’o qui terminait le mot pro, à la fin de 
cette ligne, et qu'aux deux tiers environ de la longueur de cette 
même ligne il y a une partie de la surface primitive du marbre 
qui n'a pas été martelée, parce qu'elle ne portait aucun caractère. 

C'est de Radès que semblent provenir évalement les deux frag- 
ments suivants d'inscriptions chrétiennes. Ils m'ont été présentés 
par des Arabes qui leur assignaient cette origine. 


241, 


A. 


Haut. des lettres, 0” 04. 


DONat 
FIDEUis 


Donat...] fide[lis in pace vixil ann... 


(1) 1882, p. 34. 


10, 


— 118 — 


B. 


Haut. des lettres, o” 05. 


ARTE 
FADE CS ANAPAICE 


Arte. ... fidel[is] in pace [uixit ann. .… 


Enfin on a trouvé, pendant que j'étais absent de Tunis, dans 
les environs de Radès, entre cette ville et Hammam-lif, une 
borne sur laquelle, m’a-t-on dit, était gravé le mot Thunes. Elle a été 
enlevée presque aussitôt, sans qu'aucune copie de l'inscription en 
ait été prise. Il est souhaitable que celui qui a acheté ce monument 
et l’a emporté en fasse au moins profiter la science. 


242. 


Trouvée à l’'Henchir el-Kedim (13 kilomètres à l’est du Kef). 


Copie de MM. Roy et Grébus. 


DEO SOLi 
HONORI ET 
VAR TE 
PRO SALVTE 


Deo Sol, Honori et Virtuti, pro salute [[mp.. . 


243. 


Trouvée du côté d'Ellez. (Communication de M. Roy, d’après une 
copie qu'il en avait recue.) 


DDDDNNNNDIOCLetiano et maximiano invictis augg. el conslantio et galerio maæimiano nobb 
CLESCCVASOLO 
T CNVMID 


4) Cf, une mscription analogue C. Î. L., vnr, 1626, 


— 149 — 


244. 


Trouvée dans une ruine, à 10 kilomètres de Testour, sur la 
route de Bou-Geliba (sans doute à l’'Henchir Dermoulia). (Com- 
munication de M. Roy, d’après une copie qu'il en avait recue.) 


XAVGIPMRNI 
SPASIANO 
ANAGHPPAMIENNE 
PROVINCIALE 
NOVAREIVET 
DAERI GIE 


Sous cetle copie très imparfaite on reconnaît l'inscription sui- 
vante, qui est du plus haut intérêt pour la géographie de l'Afrique 
. romaine : 
eX AVCTORDTATE :MP 
c'aes 20 SUP ASIA NI 
PNR CPS RER PIPEN ETS 
P'RCONEIRNE 4e AE Re 
NONEAENRSESS EVE 


P'ÉRAENGILE 
[EÏx anct{o]ritate [1]mp(eratoris) [Caes{aris Velspasiant Aug(usti| p{atris) 
platriae), fine[s) provinci[ae] Afr(icae) Novale] refsti]tuti per L. ou 


PCIe EN 


On remarquera qu'il n’y a aucune date contenue dans cette in- 
scription; peut-être y a-t1l eu une ligne omise dans la copie qui 
m'a été donnée, et le mot AVG étaitil suivi de l’indication des 
puissances tribunitiennes et des autres titres de Vespasien. 

À la ligne 4, on s’attendrait à trouver PROV : AFRICAE plu- 
tôt que PROVINCIAE AFR. 


Enfin M. Roy a eu la grande amabilité de me communiquer les 
inscriptions suivantes, dont il s'élait procuré les estampages. Jai 
vérifié le texte de ces documents sur les estampages mêmes. 


— 150 — 


245. 
Dans une hutte arabe, à Koudiat-el-Khil (Ouled Ayar). 


Haut, des lettres, 0” 045. 


DDNNIJT fuiC CONSTANT 
IOIl1GALIIIOMAX:MI 
A N o NOBILISSIMISCAES 
ARIBVS AV GG 


III 


D(ominis) n(ostris duobus) Flafvi]o Constantio et Galerio Maxi ]mian{o] 
nobihssimis Cuesaribus Aug(ustis). (Millia passuum) III. 


26. 
Sur le haut du Djebel el-Mezarègue : 
Haut. du cadre de l'inscription, 0” 60 ; larg. 0" 4o. — Haut. des lettres, 07 09. 


IOVI 
OPTIMO MA 
XIMOCAPII 
MUSEINVS'SAIV 
VSIRE CIE 


Jovi Optimo Maximo Capit(olino) M. Serus salvus fecit. 


PATTIE 


Près de la fontaine de Zouarin, à 2 ou 3 kilomèétres au N. N.E. 
d'Ebba, dans le mur d'une maison arabe appartenant au cheik 
Settaïa. Le monument n’affecte pas, paraît-il, la forme d’une co- 
lonne mulliaire. I est intact : 


Haut. des lettres, 0” 06. 


CHAELLEINSES 
N'VMNSTADAANE 
BE CIOCNCIEINNIRERS 


Chellenses Numidae. P{assus) CCCCXLIIT. 


Ce monument est des plus importants pour la géographie his- 
torique de l'Afrique, puisqu'il nous apprend, d’une façon approxi- 


— 151 — 


mative, il est vrai, l'emplacement de la ville de Cülla, aux environs 

de laquelle se livra, suivant Appien 0), la bataille dite de Zama. 
L'emploi du ch au lieu de c dans le mot Chellenses est à si- 

gnaler. On retrouve un fait identique dans l'inscription suivante : 


246. 


À Djezza, chez les Ouled-Yacoub (20 kilomètres environ au sud 


du Kef). 
Long. de la pierre, 4" 50. — Haut. des lettres : 1° 1. 0" 07; 2°1. 0” 06. 


GENIO COLONIAE IVLIAE VENERIAE CHIRTAE NOVAE qui 


AVBV z ZA? CONSISTVNT PAGANICVM PECVNIA? SVA?A ‘olo resti{VERunt 


Gemo Coloniae Juliae Vencriae Chirtae Novae. . ....... qui Aubu[z]|za 
consistunt paqanicum pecunia SUQ à s[olo resh |tuer[unt]. 


Cette inscription nous apprend que l’Henchir Djezza portait au- 
irefois le nom d’Aubuzza; on peut en conclure aussi sans témérité 
que c'était un pagus dépendant de Sicca, puisque le monument 
est dédié au génie de cette colonie®). Le mot paganicum désigne 
ici sans doute la salle de réunion où les pagani s ’assemblaient pour 
leurs délibérations. 

Le début de la première ligne paraît martelé, mais non pas 
assez pourtant pour que les lettres ne soient plus lisibles. 


«* 


249. 
À Zaouiet-et-Gaïa (1 kilomètre au nord de la kasbah du Kef). 
Haut. des lettres, 002. 


NVMIDARVM PRIMA MVLIERVM 
PLANCINA GENERE REGIO 
BONA MATER BONA CONIVNX 
HIC SVM SEPVLTA MVLTIS 
| ACRIMIS MEORVM AMARIS 
mATRONA HONESTA PRAETER ALIAS FEMINAs 
HIC SVM SEPVLTA EXORTA GENERE REGIO 
TER DENOS ANNOS ET TER TERNOS FVNCTA CVR « 
BONARVM I EAZARZZO/AN NIV SAN] 
® Pun., xt. Mdlus d éyyds ÿv KÜ&, nai ap’ aÿriy A0@os ebQuis és oTparo- 
nedEiay, 4. T. À. 
® On sait que Siccu Veneria est appelée Cirta Nova dans certaines inscriptions. 
C. L L., vu, 1632 et 1648. Cf. Val, Max., Il, vi, 15; Plin., EL. N., V, x, 22. 


ri 52 — 
Nunudarum prima mulierum , 
Plancina, genere rego, 
Bona mater, bona conjunx, 
Hic sum sepulta mults 
[LJacrimis meorum amaris ; 
[Matrona honesta praeter alias Jemindfs] 
Hic sum sepulta exorta qenere reqio ; 
Ter denos annos et ter ternos functa cur|a] 
Bonarum fe[mjin[arjum?......... 


Les deux premières lignes forment chacune un dimètre iam- 
bique acatalectique ; la troisième, un ioniqué mineur; la quatrième 
et la cinquième sont des dimètres catalectiques; la sixième et la 
septième, des trimètres acatalectiques; la huitième forme un iri- 
mètre hypercatalectique. 

Le ton de fierté qui perce dans cette épitaphe est aussi remar- 
quable que la variété des rythmes employés. 


250. 
‘Au même éndroit. 


Haut. des lettres, 07 645: 


D m S 
ILOIS OZ NIZAI 
MIE? APTE 
O viæ anNIS 


LXIII 


MARQUES DE FABRIQ UE. 


PLATS, VASES. 
Île 


Sur un fragment de poterie grossière, en caractères cursifs. 
L'original est en ce moment entre mes mains. 


2° 


Sur-un fond de poterie rouge dans un cartouche en forme de 
pied-droit. L'original est en ce moment entre mes mains. 


QYSER : 
LAMPES.: 
Musée du Kef. 


Sur des fonds de lampe sans sujets figurés ou brisées, 


CLO 
[C.] Clo(dii) [Suc(cessi)] ? 0 


@) Cf, C. L L; Vir, 104 78, 6 et 7; Bull. épigr. de la Gaule, &. 1, p. 110. 


A, 


INAIIE ASIN 


Julian. 


5 


EXN0EF FRIC 
NVND: 
NARI 


Ex offic{ina) N. und[ ]nari(r). 


6. 


CGROPPINRIES 
C. Oppii) Res(tituti) ". 


Le 


/. 


EX OFICINA 
S APIDI 


Ex of(f)icina Sapidr. 


Collection de M. Roy, au Kef. 
8. 
€ POMPO 
C. Pompo(nu). 


9. 
L MVN SVC 
L. Mun(atu) Suc(cessi) ©). 
(M Cf. C. I. L., vurr, 10478, 32, et mon rapport de lan dernier, p. 102 et 


SUV. 
@) GF,.C. L L.;Wur, 10478, 26. 


— 155 — 


Collection de M. A. Gandolfe. à Souse. 


10. 


Marque de fabrique : 
COPPIRES 
C. Oppit) Res(titutr). 


LI. 


Tête barbue. 
Marque de fabrique : 


MNOVIVSTi 
M. Nov(i) Jusifi]. 


12. 
Chien au pas, à droite. 
Marque de fabrique : 
MNOVIVST: 


M. Novlu) Just[}. 


13. 
Lièvre courant à gauche, à droite un épi. 
Marque de fabrique : 
MNOVIVSTI 
M. Novli) Justi. 


14. 


Animal courant à droite. 
Marque de fabrique : 


RZO SN S 


W Cf CL L., vu, 10478, 30. 


15. 
Cupidon courant à droite. 
Marque de fabrique : 
| R & 
Tunis. — Collection de M. Lebois, vétérinaire militaire. 
16. 


Aigle tournant la tête à gauche. 
Marque de fabrique : 


CAPRARI 
Caprari(r). 
174 
Même sujet. 
Marque de fabrique : 
EXNOFI 
PSOIRNE 
NSI 


Ex of{f)icina L. Hortensi(r). 
18. 


Femme à cheval sur un cerf à droite. 
Marque de fabrique : 
EX OF: 
VINDI 
GIS 


Ex of{f)[:]{cuna) Vindicus. 


Veuillez agréer, etc. : 
R. Cacnar. 


Septembre 1852. 


0) GE. C. LT L., vnr, 10478, 6; 


/eliog. Dujardin. 


eliog. Dujardin 


Mi 
LE. : 


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LT, \ FR 
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Héliog. Dujardin. 


0772727772 Bora] 


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[leliog, Dujardin 


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Teliog. Puyardin. 


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H,Zquidan 
FH. Ouldjet-elE&ib* 
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N.B. Les noms anciens sont eeriks en capitues, HAimän 
Les noms modernes en italique - PT Lu 
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Echelle : 4oo 000 
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RAPPORTS 


SUR 


UNE MISSION EN PALESTINE ET EN PHÉNICIE 


ENTREPRISE EN 1881, 


PAR M. CH. CLERMONT-GANNEAU, 


CORRESPONDANT DE L'INSTITUT, 
ANCIEN (VICE-CONSUL DE FRANCE À JAFFA, 
SECRÉTAIRE-INTERPRÈTE DU GOUVERNEMENT POUR LES LANGUES ORIENTALES, 
DIRECTEUR ADJOINT À L'ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES. 


CINQUIÈME RAPPORT. 


Paris, le 8 février 1882. 


Monsieur le Ministre, 


Conformément aux instructions contenues dans la lettre que 
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire à la date du 19 mars 1881, 
en me confiant la mission archéologique dont je viens de m'ac- 
quitter en Syrie, j'ai l'honneur de vous adresser un rapport gé- 
néral sur l’ensemble des recherches exécutées et des découvertes 
faites au cours de cette mission, aujourd’hui terminée. 

Je commencerai par rappeler pour mémoire les quatre rapports 
partiels que j'ai eu l'honneur de vous envoyer successivement 
pendant mon séjour en Orient, et qui sont consacrés à quelques 
points de détail ®. Le loisir m'a manqué depuis pour continuer à 
vous tenir régulièrement au courant des travaux qui absorbaient 
tout le temps que j'y pouvais consacrer. Mais ce silence forcé 
n'avait pas pour cause l’inaction, bien au contraire. 

Débarqué à Jaffa le 31 janvier 1881, je m'y suis embarqué le 
31 décembre pour revenir en France. 

Ma mission malheureusement ne s’est pas faite, je dois le dire, 
dans des conditions aussi favorables que je l'aurais désiré. 


Archives des Missions scientifiques et littéraires, 3° série, t. IX, p. 277-821. 


— 155 — 


Les débuts, comme vous ne l'ignorez pas, Monsieur le Ministre, 
en ont été particulièrement difficiles. À peine arrivé, je suis tombé 
gravement malade, atteint du typhus. Dès que l’état de mes forces 
me l’a permis, je me suis mis à l’œuvre, faisant tous mes efforts 
pour regagner le temps perdu. Mais je devais compter, d'autre part, 
avec les exigences du service consulaire dont j'étais chargé à Jaffa, 
exigences qu'il m'était souvent malaisé, parfois impossible de con- 
cilier avec les nécessités de mes recherches. 

Néanmoins cette mission, pour n'avoir pas été aussi féconde 
qu'elle eût pu l'être dans d’autres conditions, n’a pas été sans 
fruits. Quelques-uns des résultats des nouvelles explorations que 
j'ai entreprises sur ce terrain de Syrie, d'autant plus intéressant 
pour l’archéologue qu'il semble plus rebelle à l'archéologie, con- 
stitueront, si je ne m'abuse, de véritables gains pour la science. 


Je crois devoir d'abord indiquer succinctement la région sur la- 
quelle s’est exercée principalement mon action. Je ferai ensuite 
une sorte de statistique rapide des éléments matériels et autres 
documents que j'y ai pu recueillir. 

Les diverses localités que j'ai explorées ou visitées en 1881, 
quelques-unes à plusieurs reprises, sont : 

Jaffa et ses environs immédiats, qui ont été naturellement de 
ma part l’objet d'une étude suivie et approfondie; la nécro- 
pole judéo-grecque de lancienne Joppé, à Saknet- Abou-k’bir, 
dont j'avais reconnu l'emplacement huit ans auparavant; Djébélrvé, 
Hadjar-Qadem, Ech-Chouhada, Sélémé, Djaloüs, Soummeil, ’Abd- 
en-Neby, Cheykh-Mou’ennes, le fleuve de la Audjè, Djelil; le sanc- 
tuaire de Sidna ’Aly; Arsoüf, l'antique Apollonias, où j'ai, entre 
autres découvertes, obtenu la vérification matérielle d’une conjec- 
ture que j'avais émise autrefois, à savoir qu'Arsouf n’est autre 
chose que la ville sainte de Reseph, l'Apollon phénicien; Beit-De- 
djan, Sutna-Néfisé, Dadjoün ; le sanctuaire et le fleuve de Neby-Rou- 
bin; l’ancien port de Yebna (Yamné); Ramlé, Lydda-Diospolis, Gezer, 
Nranè, Sarfend, * Ager (Yantique Ekron), * Amwäs (Emmaüs-Nico- 
polis), Latroün, Qoub&b, Cheykh-Maallè, Adjendjoäl, Wad-Abou 
Roüs, Qariet-Abou-Ghañch, Qalaünyè; Jérusalem et, aux environs, le 
Mont des Oliviers, la Vallée de Josaphat, le mausolée dit Tombeaux 
des Rois, la Fontaine de la Vierge, la Piscine de Siloé et le canal 
creusé dans le roc qui réunit la source à la piscine; Neby Daoüd 


— 159 — 


(le Cénacle), le village de Selouan, El-Azariyè (Béthanie), E-Ha- 
dabè, En’käâché, Deir-el-Mousallabè (Sainte-Croix), Bethléem, le 
Mont Carmel, Haïfa, Saint-Jean-d'Acre (Ptolémais), le fleuve de 
Na man, le sanctuaire de Neby-Säleh, Saïda (Sidon) et ses nécro- 
poles , enfin Beyrouth. 


En dehors des recherches archéologiques, qui étaient mon 
principal objectif, j'ai pu faire quelques intéressantes constatations 
topographiques. Par exemple, certaines localités mentionnées ci- 
dessus ne figurent sur aucune des cartes les plus récentes de la 
Palestine, pas même dans le grand Map of Palestine, que vient de 
publier le Palestine Exploration Fund, et qui est incontestablement 
la meilleure de toutes. Parmi ces desiderata topographiques, je si- 
gnalerai Hadjar-Qadem, Tell-Younès (entre Jaffa et l'ancien port 
de Yamné), Ech-Chouhada, Dädjoun, qui représente le véritable 
emplacement de la Beth-Dagon de lOnomasticon, ainsi que je l'ai 
déjà démontré dans mon rapport n° 2. 


À ces diverses localités il convient d'ajouter les suivantes, que 
je n'ai pas eu l'occasion d'explorer directement, au moins au cours 
de cette dernière campagne, mais qui m'ont fourni un notable 
contingent d’antiquités : 

Ascalon, Medjdel, Hamämè, Gaza, Tell-el° Adjoal, Moghar près 
d’Ekron, Yaälo (Ayalon), Malha, des environs de Jérusalem, Jéri- 
cho, le pays de Karak d’outre-Jourdain, Césarée, Sébaste (Sama- 
rie), Yerka, Tyr, le fleuve du Chien, Beit Meri (Liban), Tripoli, 
Amrith, Tortose, Lattakié, Baalbeck, diverses localités du Hauran 
et de la Syrie centrale, Palmyre, Orfa, Balanée, Chypre, Rhodes, 
Yenichehr, Tchafdar Hisar (Ascania d'Asie Mineure). | 


Je ne crois pouvoir mieux faire, pour donner une idée générale 
des principaux résultats de cette mission, que de dresser le cata- 
logue des objets qui en proviennent. Ce catalogue, très sommaire 
et nécessairement provisoire, comprend un ensemble de 264 nu- 
méros, répartis en deux séries distinctes : I et IT. 

La première, qui compte 112 numéros, renferme la liste des 
monuments recueillis en originaux. 

La seconde, qui compte 152 numéros, renferme la liste des 
monuments ou des sites dont j'ai dû me borner à prendre des re- 
productions. 


— 160 — 


Les monuments originaux, à l'exception de trois ou quatre qui 
sont restés à Jaffa, ont été rapportés par moi à Paris, où ils se 
trouvent à la disposition de l’État, en attendant d'être incorporés 
à nos collections nationales. 

Les reproductions consistent en estampages, photographies, 
dessins, calques et croquis, moulages et empreintes, dont le relevé 
donne : 


Estampages. REA A LAN AE NS Paie a ee LENN 72 
Giichesiphotosraphiques he ME PER EN IENLEe 24 
Photographies. ..... MO A APR or PS LS 30 
DES COQUE EE MERE PEACE 31 
Moulisestourempremntes PR PEOMAREEE PRE 47 

FODAT ETAT ET ER 204 


Pour plus de commodité, j'ai consacré à chacune des deux 
séries [ et II un numérotage distinct. Les numéros répétés ne font 
donc pas double emploi. 

L'ordre dans lequel se succèdent les monuments n’a absolument 
rien de systématique, l'inscription s'étant faite, pour la plupart, 
au fur et à mesure des entrées. ; 

C'est pourquoi je pense qu'il ne sera pas inutile de dégager à 
l'avance de ce catalogue et de signaler certains groupes naturels 
qui méritent d'être envisagés isolément. 

Je n'ai pas besoin de dire que les descriptions rapides données 
dans le catalogue ne sauraient tenir lieu des dissertations plus ou 
moins détaillées auxquelles prêtent ces monuments, dissertations 
que je me réserve d'aborder plus tard dans un ouvrage spécial. Il 
ne faut donc considérer ce rapport que comme le simple inven- 
taire des matériaux qui seront ultérieurement mis en œuvre pour 
ce travail indispensable. 


Si l’on considère les monuments sous le rapport du genre au- 
quel ils appartiennent, on constate l'existence de : 


I. — STATUETTES OÙ BAS-RELIEFS DE BRONZE. 
Vingt-trois numéros : 
Série l: »,:7,423, 55, 68,110, 


Série IL : 81, 92, 95, 95 bis, 96, 97, 98, gg, 100, 101, 102, 103, 
104 100 WO7 MO M2: 


— Ii — 


IH. — SCULPTURES SUR PIERRE. 
Treize numéros : 
A. RONDES-BOSSEs (six numéros) : 
Serie I : 3, 87. 
Série IL : 80, 110, 111, 121. 
BB. Bas-ReLiErs (sept numéros) . 
Sériel : 4, 20, 79, 106. 


Série IL : 91, 109, 127. 


III. — VASES ET LAMPES DE TERRE CUITE ". 
Cinquante-sept numéros : 
Serie L : 25,29,30, 31, 32, 33,134, 35,36, 37,88, 39, 4o,Ax, 42, 
LE MO ON M NEO NE PU TIME FOR 
901 00,000, 01,109, 10/1,102.100, 1801, 09. 0/17 004 101 LO! 


104, 10). 


IV. — OSSUAIRES ORNEMENTES, SANS INSCRIPTIONS ”. 


Quatre numéros : 
Série I : 12. 
Série II : 77, 78, 79- 


V. — OBJETS DIVERS. 
Vingt-sept numéros : 


Série [ : 5 ( ciseau de pierre), 17, 18 (paire de chapiteaux), 19 (frag- 
ment de vasque de pierre), 21 (fragment de vase de pierre), 22 (pom- 
meau de dague des Croisés) , 28 (alabastrum), 62 (grand plat de bronze 
juif), 66 (scarabée phénicien), 67 (cylindre hiéroglyphique), 6g (fole 
de verre), g2 (monnaie d'argent), 94, 102 (perle de métal), 108,109 
(mosaïque de Tyr). 

Série IL : 67 bis (empreintes de gemmes diverses), 68, 69, DOTE 
82 (antéfixe de terre cuite), 90, 105, 116 (mosaïque d'Edesse), 126 
(monnaie inédite de Joppé). 


(1) Les lampes étaient au nombre de vingt. I n’en reste plus actuellement que 
dix-huit, deux ayant disparu depuis le transport de la collection à Paris. 

%) La section des inscriptions comprend, en outre, un certain nombre d'os- 
suaires également inédits, portant des épigraphes grecques et bébraïques. 
MISS. SCIENT, — XI. 11 


LMPLIMENIEÉ NATIONALE» 


— 162 — 

L'épigraphie, qui constitue le groupe suivant, forme dans cette 
collection une partie importante. Elle compte 155 numéros, dont 
Jérusalem représente presque un sixième. H suffit, pour constater 
les progrès faits par l’épigraphie de la ville sainte, de se reporter 
à ce qu'en disait, en 1864, M. de Vogüé dans son beau livre inti- 
tulé : Le Temple de Jérusalem : « De toutes les villes antiques, Jéru- 
salem est celle qui a fourni le moins d'inscriptions; presque toute 
la collection tient sur une seule feuille M). » Si l’on ajoute aux nou- 
velles inscriptions hiérosolymitaines que je rapporte de ma der- 
nière mission, celles que j'y ai découvertes antérieurement, de- 
puis 1867, ce sont aujourd'hui des pages entières que l’on peut 
remplir, et, dans le nombre, se trouvent des textes d'une valeur 
capitale. É 

Les inscriptions que j'ai recueillies en 1881, soit à Jérusalem, 
soit ailleurs, se distribuent en huit classes : A, B,C, D, E, EF, 
GE 

VI. — ÉPIGRAPHIE. 


Cent cinquante-cinq numéros : 


À. INSCRIPTIONS PHÉNICIENNES (cinq numéros) : 
Série I : 26, 66 (?). 
Série IL : 65, 67, 94. 
B. INSCRIPTIONS HÉBRAÏQUES EN CARACTÈRES ARCHAÏQUES (trois nu- 
méros) : 
Série IT : 20, 50, 73, 117. 
C. INSCRIPTIONS EN HÉBREU CARRÉ {dix numéros) : 
Série I : 71. 
Série ll: 9 9,11420, 27,700 147, 420 1102! 
D. INSCRIPTIONS GRECQUES , GRÉCO-ROMAINES, JUDÉO-GRECQUES, BYZAN- 
TINES (quatre-vingt-dix numéros) : 
Série l:2,,6,,12, 19,14, 15, 16, 17. 19, 24° 700 79,179, 7 Tee 
77: 78, 79; 91, 93, 110. 
Sénielle12;19, 4210, 70,10, 11,12 1970 119 19124 ana) 


29, 80, 31, 31 his, 32, 33, 34, 36, 37, 38, 39, 4o, La, 42, 43, 
kb, 46,47, 48, 51, 52,53, 54, 55, 57,58, 83, 119, 120 A etB, 


4) C'est-à-dire se réduit à une dizaine de numéros. 


— 163 — 
0 27 020, 00 9e LOU, D0D  LI00 197138) 130 
140, 141, 149, 143, 144, 145, 146, 147, 149, 151, 152. 
E. INSGRIPTIONS ROMAINES {quatorze numéros) : 
Série I : 8, 9, 10, 27, 86, 88, 89, 90. 
Série II : 21, 49, 59, 74, 148, 150. 
F. Inscriprrons pes Croisés, latines ou françaises (dix numéros) : 
Série [ : 106, 107. 
Série IT : 14,23, 84 AetB, 85, 86,113,114, 115. 
G. INSCRIPTIONS COUFIQUES (sept numéros) : 
Série I : 95, 96, 97, 98, 99, 100. 
Série IT : 22. 
H. Ixscriprions Diverses (dix-neuf numéros) : 


Série IL : 16, 17, 35, 45, 56 (palmyrénienne), 60, 61, 62, 63 (fausse 
moabite), 64, 66, 75 (arménienne), 77 (fausse moabite), 87, 88, 
112 (assyrienne), 116, 118, 110. 


Enfin je classerai dans un dernier groupe certains documents 
utiles pour l'archéologie ou la topographie, et ne faisant pas double 
emploi avec les reproductions constituant la série IT : 

VII. — VUES, CROQUIS, PLANS, ETC. 


Cinq numéros : 


Série II : 89, 93, 124, 131, 133. 


Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'hommage de mon res- 
pect, , 


Ch. CLERMONT-GanNEAU, 


— 164 — 


CATALOGUE SOMMAIRE 
DES OBJETS 


PROVENANT DE LA MISSION DE M. CLERMONT-GANNEAU (1881). 


—— 2 — 


SÉRIE Î. 


MONUMENTS ORIGINAUX. 


— 


1. 


Bronze. — Ascalon (?). 


Statuette d'Osiris, style égyptien. Le dieu coiffé du bonnet co- 
nique à bouton, flanqué des deux plumes, tenant le fouet et le 
crochet. Plate. Usée par le frottement et incomplète par en bas. 
Hauteur, 0" 065. 


D 
Marbre. — Jaffa. 


Titulus funéraire judéo-grec; provient de la nécropole antique 
de Joppé, dont j'ai signalé dès 1873 l'emplacement dans les jar- 
dins entourant la ville, à Saknet-Abou-K'bir. Deux lignes. Épitaphe 
d'Ézéchias, fils de Lévi. 


3. 


Marbre. — Sébaste (Samarie). 


Tête de statue colossale : femme. Beau style grec ou gréco-ro- 
main. Mutilée. Hauteur, du menton à la naissance des cheveux, 
0" 30. Trou destiné à recevoir un goujon métallique. 

(Gravée, pl. II, A.) 


— 165 — 


U. 
Marbre. — Arsoüf (Apollonas). 


Fragment de bas-relief. Jambe de devant et jambe de derrière 
d'un cheval, avec ferrures à clous très apparentes, semblables à 
celles qui sont encore usilées de nos jours en Syrie (fer plein). Do- 
cument très important pour la question archéologique, si contro- 
versée, de l'emploi, par les anciens, des fers à clous. 

(Gravé, pl. IT, B.) 


5. 
Pierre dure (jadéite ?). — Baalbek (Héliopolis de Syrie). 
Petit ciseau de pierre dure polie, admirablement taillé. L'un 


des plus beaux spécimens connus de l’âge de pierre en Syrie. 
Longueur, 0° 035. 


Marbre. — Césarée. 
Plaque portant une inscription grecque chrétienne. Épitaphe 


de Georgios, d’Anastasia et de leurs enfants. Quatre lignes. 


7: 
Bronze. — Yalo? (Ayalon). 


Lion accroupi, rugissant. Bronze coulé creux. Hauteur, 0" 07. 
Epoque douteuse. 


8. 


Terre cuite. — Beit-Djala où Jérusalem. 


Brique estampillée au timbre de la X° légion Fretensis, laissée 


— 166 — 


en garnison à Jérusalem après la prise de cette ville par Titus. 
Troisième exemplaire à pe aux deux premiers que j'ai décou- 
verts et publiés en 1872 (1). L'estampille de cette nouvelle brique, 
LXF, est, d'ailleurs, une variante nouvelle des deux précédentes. 
Brique plate, carrée, mesurant 0" 18 X 0" 17. 


(REALLER nl 


Z. Pr. 


Calcaire. — Emmaüs-Nicopols (‘Amwäs). 


Fragment d'inscription romaine, sur un gros bloc épais, 
équarri. Trois lignes. Inscription impériale. 


SN 


ic Ô 7 pv L D 


) Depuis j'en ai releve trois autres : une, découverte par moi en 1874, et 
faisant actuellement partie de la collection du Palestrin Exploration Fund; un 
second exemplaire, dans la même collection; uue troisième brique, publiée ré- 
cemment par M. Guthe, qui n’en avait pas d’abord saisi la signification. 


— 167 — 


10. 


Calcaire. — Emmaüs-Nicopolis (‘Amwas). 


Fragment d'inscription romaine. Pierre moulurée. Trois lignes. 


11. 


Calcaire. — Jérusalem. 


Inscription grecque chrétienne sur une grande dalle en calcaire 
dur, brisée en haut et en bas. Trois lignes dans un cartouche à 
creillettes triangulaires. Au-dessous, grande croix en relief. L'in- 
scription, bien que Danse en deux par une cassure, est intacte. 
Épitaphe d’une supérieure d’un monastère, probablement armé- 
nien, du mont des Oliviers. 


— 168 — 


12 
Calcaire tendre (näri). — Jérusalem. 
Ossuaire juif, provenant des environs immédiats de Jérusalem. 


Décoré, sur trois de ses faces, d’ornements en relief, particularité 
très rare sur ces sortes de monuments (M). Le couvercle est brisé. 


Hauteur, 0” 30; longueur, 0° 57. 


15 
Caicaire. — Jérusalem. 


Fragment d'inscription grecque de l’époque byzantine, prove- 
nant du terrain du Moristan (ancien établissement des chevaliers 
de l'Hôpital de Saint-Jean). Quatre lignes. 


14. 


Calcaire. — Qalaunyè (près de Jérusalem). 


Fragment d'inscription grecque ou latine, où l’on ne voit plus 
que les caractères NIA, terminant peut-être le nom antique de la 
localité, Colonia. 


UICENMENE TES AD: 


— 169 — 


15. 
Marbre. — Emmaüs-Nicopolis (A mwas). 
Fragment d'inscription grecque. Deux lignes. À la première : 


MOA, appartenant peut-être au mot NIKOMOAIC, nom gréco- 
romain d'Emmaüs. 


16. 
Marbre. — Ramlé (?). 


RUES de D ne \ 

Fragment d'inscription grecque de l'époque byzantine. Cinq 
lignes. Provenance incertaine. Vient peut-être de Lydda, ville voi- 
sine de Ramlé. 


17. 
Marbre. — Nianè (au sud de Ramlé). 
Chapiteau de pilier. Forme et ornementation curieuses. Sur 


l'un des côtés (le chapiteau est quadrangulaire), dans une cou- 
ronne, est gravée la formule €IC O€OC, un seul Dieu ! identique 


à celle du chapiteau ionien à inscription bilingue, grecque et 
hébraïque, trouvé à Emmaüs 0 et étudié dans mon rapport n° 20), 
dont il vient confirmer les conclusions. 


0) Cf. section IT du catalogue, n° 50. 


| Arch. des Missions, vol. IX, p. 2geb:sunw, 


— 170 — 


Hauteur, 0" 22; grand côté, 0" 70; petit côté, 0" 45. 


un 
a oo 


(\ 
OS 


18. 


Marbre. — Näne. 


Chapiteau, pendant du précédent, mais anépigraphe. Le détail 
de l'ornementation diffère (). 
Hauteur, 0" 20; grand côté, 0" 67; petit côté, 0" 42. 


Sn 


= 
= 
== 


Ses 


19. 


Marbre. — Surfend. 


Fragment du bord d’une grande vasque à parois épaisses. Porte 
‘encore quelques caractères grecs de l’époque byzantine, reste d’une 
inscription plus considérable qui devait courir tout autour de la 


vasque. 


0) Les originaux des numéros 17 et 18 sont restés déposés à Jaffa, à la disposi- 
tion de l'Etat. (Ils ont été depuis transportés à Paris.) 


— 171 — 


m0: 


Marbre. — Jérusalem. 


Fragment d'un bas-relief représentant l’entwge de Jésus à Jéru- 
salem le jour des Rameaux. Sculpture des Croisés, d’un très beau 
style. Taille médiévale (stries obliques), très nettement marquée 
sur l’un des côtés. À rapprocher de la frise surmontant le -portail 
d'entrée de l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, frise à laquelle 
ce fragment appartient peut-être. 

(Gravé, pl. XI, A.) 


21. , 


Marbre. — Jérusalem. 


Fragment d’un grand vase de marbre blanc, richement décoré 
de feuillages et de gaudrons très élégants. : 
(Gravé, pl. Il, C.) 


22) 


Bronze émaillé. —- Jérusalem. 


Pommeau de dague du temps des Croisades. Disque de cuivre 
-ou de bronze, dentelé, orné, sur ses deux faces, d’une fleur dans 
un cercle de croisettes. À rapprocher de celui que j'ai recueilli en 
1874 à Naplouse et publié en 1878) dans le Bulletin dela Sociéte 
nationale des antiquaires de France (p. 194 et suiv.). 
Au-dessus de la gravure est reproduit le motif de l'ornement 
central de l’autre face. Remarquer à la partie supérieure le trou 
d'insertion de la soie. 


D Cf Bulletin, etc., méme année, p. 79. 


— 172 — 


93. 
Bronze. — Tripol de Syrie. 


Tête de statuetl, coupée à la naissance des épaules, en bronze 
coulé plein. La pièce paraït avoir été destinée à être ajustée dans 
ur ensemble. Tête d'Apollon-Hélios, radiée de sept rayons. Hau- 
teur, du menton à la naissance des cheveux, 0" 030. 


Marbre. — Moghär (près d'Ekron). 


Petite dalle portant une inscription grecque datée, de l’époque 
byzantine. Incomplète. Cinq lignes. 


LL -—E 


È 


CRMHNOC) 


= ON] | 1, 


7 


— 173 — 


où 


Terre cuite. — Djebeliye (près de Jaffa). 


Vase à une anse. Poterie cannelée horizontalement. Hauteur, 
0736. 

Provient du lieu dit Ech-Choühäda (les Martyrs), au sud de 
Djebeliyè, environs de Jaffa, au bord de la mer (localité man- 
quant sur les cartes les plus récentes). 


20: 
Marbre. — Mont Carmel. 


Fragment d'inscription phénicienne, découvert par ma mère 
sur les pentes du mont Carmel, entre le couvent et la grotte 
d'Elie. Dalle épaisse, brisée et réemployée parmi les matériaux 
d'une construction postérieure. Cinq lignes : 

DER EN IESNMEU  n tne 
WIN 73 DONT(Y) 72 . 
MDN M NUE Tool dent 


.…. fils d'Abdousir, [fils de N. ... fils d'\Abdelim, fils d'Aris... 
le scribe; et Baal..... 

La Phénicie propre n'avait fourni jusqu'à ce jour que neuf in- 
scriptions phéniciennes. Celle-ci ouvre un supplément au Corpus 
inscriptionum semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles- 
lettres, où elle devra être inscrite sous le numéro g bis. 


(Gravée, pl. [, A.) 


— 174 — 


Je 
Bronze. — Ramlé (?). 


Sceau matrice romain, en bronze. Rectangle allongé, muni 
d'une boucle ou bélière fixe destinée à faciliter la manœuvre de 
l'impression. Deux lignes; lettres en relief. Au nom de Cneius 
Aelius Optatus : 


CNIAELI 
OPTATI 


28-53. 


Mobilier funéraire trouvé dans un caveau sépulcral creusé dans le roc, 
au bord de la mer, à Qal’at-ed-Dabbé, l'ancien port de Yabné ou Yamné. 


28. 
Albâtre. 


Petit alabastrum à forme surbaissée, à parois épaisses et à bords 
larges et plats. Sans couvercle. Hauteur, 0" 080. 


; À — 175 — 


Terre cuite. 


Grande amphore à deux anses, fond pointu. Hauteur, 0" 60. 


30. 


Terre cuite. 


Petite fiole de terre fine, à col allongé, à une anse. Forme élé- 
gante. Décoration en léger relief sur la panse. Hauteur, 0" 14. 


She 


Terre cuite. 


Petite fiole, terre cuite polie, panse sphéroïdale, à une anse. 
Hauteur, 0" 15. 


32—39. 
Terre cuite. 
Petites fioles analogues à la précédente. Plusieurs exemplaires 


sont couverts d'une couche, plus ou moins épaisse, de concrétions 
calcaires D. 


) Le numéro 39 a été brisé depuis son transport à Paris. 


Terre cuite. 


Petite fiole de forme basse et large, d’un type différent des fioles 
précédentes. Une anse. Hauteur, 0° 11. 


RE. 


Terre cuite. 


Plat profond, ou petite soupière, de terre fine. Un manche 
évidé, en forme d’anse horizontale. Diamètre, 0" 15. 


9. 


[4 al ®, 
l'erre cuite. 


Plat ou jatte conique, à pied bas. 


MISS. SCIENT, — XI. 12 


IMTAIMMNIM NATIONALI 


— 178 — 


Terre moins fine que celle des numéros précédents. Diamètre, 
0” 20. 


SNS 


13. 


Terre cuite. 


Plat analogue au précédent, sans pied, plus petit. Diamètre, 
om LA. 


BS 


A4. 


Terre cuite. 


Tout petit plat, ou godet. Diamètre, 0" 055. 


45. 


Terre cute. 


Marmite, ou olla, sans anse ni oreilles. Hauteur, 0" 10. 


— 179 — 
A6. 
Terre cuite. 


Pot à une anse, bec de déversoir. Base d'aplomb. Hauteur, 
020: 


Terre cuite. 


Pot plus petit, sans base. Bec de déversoir. Hauteur, 0" 15. 


18. 


Terre cuite. 


Pot semblable au précédent, mais plus petit. Hauteur, 6" 14. 


12% 


— 180 — 


A9. 
Terre cuite. 


Identique au précédent. 


90. 


Terre cuite. 


Identique au précédent. 
Si 
Terre cuite. 


Lampe du type écuelle, à bord pincé en forme de bec. 


52. 


Terre cuite. 


Semblable à la précédente, mais plus petite. 


52 bis. 


Terre cuite. 


Semblable à la précédente. 


De 


Terre cuite. 


Semblable à la précédente, mais encore un peu plus petite. 


ol. 


Terre cuite. — Césarée. 


Marmite ou olla, de terre cuite, à deux anses; cannelures hori- 


— 181 — 


zontales légèrement indiquées. Arrondie par en bas. Hauteur, 
0" 245. 


Bronze. — Ascalon ou Gaza. 


Pelle à feu, ornée de ciselures assez élégantes. Le manche re- 
présente une sorte de colonnette avec son chapiteau et son füt 
cannelé verticalement. Dessous, quatre petits pieds pour poser la 
pelle d'aplomb en lisolant. Longueur, 0" 26. 


— 1892 — 
06. 
Terre cuite. — Nane (au sud de Ramle). 


Grande amphore à deux anses, terre cuite cannelée horizont:- 
lement. Hauteur, 0° 45. 


SE 


Terre cuite. — Niäne. 


Vase cylindrique en terre cuite, cannelée horizontalement, de 
la forme dite Qaddoüs ) en arabe. Hauteur, 0" 22. 


Terre cuite. — Niäne. 


Brique carrée, 0" 15 X o" 11 X 0" 035 (ép.). Moule en creux 


(1) (ua = xaôos). 


— 183 — 


pour fabriquer des lampes antiques du type le plus en usage dans 
la Palestine chrétienne. Semble être un surmoulage d’une lampe 
type, pris sur une brique d'argile, cuite ensuite. Représente la 
partie supérieure de la lampe. Décoration : palme et inscription 
grecque, probablement chrétienne, analogue à celles que j'ai déja 
fait connaître dans des publications antérieures. 

Ces lampes se fabriquaient en deux parties séparées, le dessus 
et le dessous, qu'on ajustait ensuite avant la cuisson. Parfois ces 
deux parties se sont décollées, et l’on trouve des dessus et des des- 
sous de lampe isolés. 


Terre cuite. — Niäne. 


Lampe ornée de palmes. 


— 184 — 


60. 


Terre cuite. Nianèé. 


Lampe ornée de raisins el de palmes. 


61. 


"y . AIRES 
Terre cuite. — Niane. 


Lampe ornée de feuillages et de rinceaux. Moins bien conservée 
que la précédente. 
62. 


Bronze. — Niäne. 


Grand plat circulaire, en bronze coulé et ciselé, massif et épais. 
Décoré à l'intérieur de rinceaux, fleurs, feuillages, pampres, etc., 
gravés au trait. L'on remarque dans l'ornementation la représen- 
tation d’un petit édicule fermé par une porte à deux vantaux Met 
du chandelier à sept branches caractéristique de la symbolique 
juive. Le bord est festonné de petits arcs de cercle concaves sur- 
montés de boutons saïllants pris dans la masse du métal, ce qui 
achève de donner un caractère très original à ce monument, qui 
servait probablement à des usages religieux, et rappelle les pa- 
tènes ministériales. Diamètre, o" 5o. Neuf fragments, grands et 
petits, se raccordant. Il manque environ un tiers du plat. 


Q) Cette représentation, fréquente sur les sarcophages chrétiens, se retrouve en- 
core sur un ossuaire juif en calcaire tendre, du mont des Oliviers, figurant dans 
le présent catalogue sous le numéro 78 (section Il). Les portes y sont figurées 
vertes. 


AK 


ù 24\ NN ÿ 
\ 


l 
| 


2 SL 4 : 
7 D W 
WA 
Te | 


PLAT JUIF EN BRONZE. 


— 186 — 


63. 
Terre cuite. — Nane. 
Lampe décorée d’une double rangée de traits parallèles (guir- 


lande). Se rapproche du type des lampes juives tel que l'ai dé- 
terminé. 


61. 


Terre cuite. — Niäne. 


Lampe décorée de lignes et de petits cercies disposés en réticules 
éloilés. 


Terre cuite. — Niane. 
Lampe semblable à la précédente. 
66. 
Pierre dure (?). — Gaza. 


Scarabée percé longitudinalement. Sous le plat, quadrupède 


— 187 — 


indéterminée, de prolil à gauche. Au-dessous, un caractère phéni- 
cien, aleph renversé (?). 


67. 
Matière indéterminée. — Gaza. 


Petit cylindre percé longitudinalement. Hiéroglyphes égyptiens 
très finement gravés. Provient de Tellel-Adjoal, au sud de Gaza, 
où fut trouvée, il y a deux ans, la statue colossale de Zeus, trans- 
portée depuis à Constantinople. Les hiéroglyphes semblent être le 
résultat d’une de ces imitations égypliennes qui caractérisent tout 
un genre de monuments phéniciens. 


66. 


Bronze. — Gaza. 


Staluette, provenant, comme le numéro précédent, de Tell-el- 
‘Adjoul, et représentant un Éros marchant les ailes éployées, le 
bras droit baissé, le gauche levé. Le dieu tient de a main gauche 
un objet globulaire indistinct. Hauteur, 0" 085. 


69. 


Verre. — Gaza. 


Fiole élancée, sans panse, striée verticalement, munie de deux 
anses et d’un pied. La pièce s'est curieusement déjetée pendant le 


— 188 — 


soufflage. Hauteur, 0 11. Mème provenance que les deux numéros 
précédents 0). 


70. 
Marbre, — Gaza. 
Plaque portant une inscription grecque incomplète. Trois lignes. 


Semble contenir le mot Asa£/ou, particulier à l’épigraphie judéo- 
2 
grecque ©). 


mie 
Marbre. — Ascalon. 

Fragment d'inscription en caractères hébreux carrés anciens, 
en relief. Quatre lignes, séparées par des barres horizontales con- 
iinues. 

(Gravée, pl. 1, B.) 
72: 
Marbre. — Ascalon. 


Inscription grecque incomplète. Trois lignes. À la dernière 
ligne, caractères indécis, peut-être sémitiques (?). 


73. 
Marbre. — Hamamé (près d'Ascalon). 
Fragment d'inscription grecque. Une ligne sur un morceau mou- 
luré. 
74. 


Marbre. — Ascalon. 


Fragment d'inscripuon grecque. Une ligne sur un morceau mou- 
luré. 


W) Ce monument a malheureusement disparu pendant le séjour de quelques 
mois que la collection a fait au palais du Trocadéro avant d’être transportée au 
Louvre. 

@) CE. mon rapport n° 2. 


= | EQ = 
Ho: 
Marbre. — Ascalon. 


Plaque de marbre découpée et gravée, représentant la tête et le 
cou d’un pigeon l). 


76. 
Marbre. — Jaffa. 


Fragment de titulus funéraire judéo-grec, en deux morceaux 
(76 À et 76 B), provenant de la nécropole antique de Joppé 
(Abou-K'bir). Quatre lignes. Palme. 


Ware. 
Marbre. — Jaffa. 


Titulus funéraire judéo-grec. Même provenance que Île précé- 
dent. Un seul mot. Complet. 
78. 
Marbre. — Medjdel (près d'Ascalon). 


Fragment d'inscription grecque sur un gros bloc mouluré (cor- 
niche ?) Une ligne en grands caractères. 


79. 
Marbre. — Medydel. 


Plaque de marbre brisée portant une inscription grecque datée. 
Epoque byzantine. Cinq lignes. 


M) Cf, le pigeon, symbole d’Ascalon, ou plutôt de la déesse patronne de cette 
ville. 


— 190 — 


80. 


Terre cuite. — Césarée. 


Lampe de forme pentagonale. 


ô1. 


Terre cuite. — Jérusalem. 


Lampe de forme antique. Tout autour inscription arabe en ca- 


ractères ornementaux. 


= NO == 
82. 
Terre cuite. — Niäne. 


Lampe décorée de palmes et de cercles concentriques. 


{ 


Terre cuite. — Nifäne. 


Lampe décorée de pampres et de raisins. 


64. 


Terre cuite. — Provenance incertaine. 


Lampe de forme identique à la précédente. 


85. 
Terre cuite. — Provenance incertaine (Ramle ?). 


Lampe ornée de pampres et de raisins. 


— 192 — 


86. 
Marbre. — Beyrouth. 
Fragment d'inscription romaine. Quatre lignes. Mention d'une 
cohorte. 
87. 
Marbre. — Beyrouth. 
Pied droit d'une statue, avec partie du socle adhérent. Gran- 


deur demi-nature. Trouvé dans le terrain du nouvel hôpital des 
lazaristes. 


88. 
Marbre. — Beyrouih. 
Fragment d'inscription romaine. Trois lignes. Mention de la 


Colonie (de Beyrouth). Même provenance que le numéro précé- 
dent. 


89. 
Marbre. 


B eyrouth. 


Fragment d'inscription romaine. Quatre lignes. Même prove- 
nance que les deux numéros précédents. 


90. 
Marbre. — Beyrouth. 


Fragment d'inscription romaine monumentale, sur un morceau 
de frise orné d’oves. Hauteur des lettres, o" 19. Même prove- 
nance que les numéros 87, 88, 89. 


OI. 
Marbre. — Jaffa. 


Fragment de titulus funéraire judéo-grec. Deux lignes. Provient 
de la nécropole antique de Joppé, déjà signalée, 


— 193 — 


992. 
Argent. — Jaffa. 


Monnaie de Charlemagne (ou d’un autre carlovingien?). Trouvée 
dans la nécropole de Joppé, plaquée contre une dalle de calcaire 
coquillier obturant un caveau sépulcral. Peut fournir une indi- 
cation chronologique pour l’âge des dernières inhumations dans 
cette nécropole et la date de quelques-unes des épitaphes judéo- 
grecques, dont plusieurs sont visiblement de fort basse époque. 


95. 
Calcaire. — Sidon (Saida). 


Cippe funéraire. Colonnette sur base carrée adhérente, entourée 
d'une couronne à la partie supérieure. Hauteur, 0" 36. (re 
lignes. Épitaphe d'Hermès. 


94. 
Matières diverses. — Gaza. 
Menus fragments de verres colorés, métal, terre émaillée, etc., 
recueillis à Gaza, sur le bord de la mer, vers le bâtiment de la 


Quarantaine, à un endroit d'où l'on extrait des pierres taillées 
anliques. 


95. 


Calcaire. — Ramlé. 


Fragment d'inscription coufique. Six lignes. 


96. 
Marbre. — Ramlé. 


Fragment d'inscription coufique. Quatre lignes. 


” 


MISS, SCIENT, AT: 1) 


JMPRIMENIR NATIONALE. 


2 On Ne 


ON: 


Marbre. — Provenance incertaine. 
Fragment d'inscription coufique. Quatre lignes. 
98. 
Marbre. — Ascalon. 


Fragment d'inscription coufique, datée de Fan de l'hégire 470 
le] Ï { © { 
environ. Cinq lignes. 


09. 


Marbre. — Ascalon. 


Fragment d'inscription coufique relatant la construction de l’en- 
ceinte de la ville d'Ascalon et d’une forteresse, vers l'an 300 et 
quelques de lhégire, par Abou’l Hassan. Huit lignes. 


100. 
Marbre. — Ramlé. 


Fragments d'inscription coufique monumentale, en grands ca- 
ractères karmatiques ornementés. fuit morceaux, dont quelques- 
uns né se rejoignent pas). 


101. 


Verre cuite. — Chypre. 


Vase en forme de quadrupède allongé. Pattes tronquées. Goulot 
ienant lieu de tête. Traces de peinture grossière. Longueur, 0° 15. 


102. : 
Métal indéterminée. — Césarée. 


Fragment de perle sphérique, en métal imdéterminé, à cassure 


() Restes à Jaffa. 


— 195 — 


brillante et cristalline, oxydé à l'extérieur, ainsi que sur les parois 
du trajet du trou qui traversait la perle de part en part et permettait 
de l'enfiler. Diamètre, 0" 006. Trouvée dans un sarcophage antique 
à Césarée, avec plusieurs autres faisant partie du même collier. 


103. 


Terre cuite. — Ramlé (à). 


Lampe’ ornée de cercles, losanges, palmes, etc. Provenance in- 
certaine. 


104. 


Terre cuite. — Sarfend, 


Lampe ornée de palmes, rectangles, points et cercles. 


— 196 — 


105. 


Terre cuite. — Sarfend. 


Lampe ornée de points et de méandres ondulés. Sous la base, 
petite ellipse en relief. 


106. 


Marbre. — Saint-Jean-d’Acre ( Ptolémais) . 


Dalle tombale d’un Croisé français, sire Gautier Meinne-Abeuf, 
mort le 20 juillet ou juin 1278, et de sa femme, dame Ale- 
manne, morte le 27 août de la même année. Épitaphe en langue 
française. Douze lignes. Très beaux caractères. Écu du défunt : 
de x aux trois bandes de x; les émaux sont indéterminés: l’on re- 
marque encore dans le champ un travail au pointillé destiné à 
fixer des pâtes colorées qui les indiquaient et qui ont disparu. 

La partie postérieure de la dalle est ornée de bas-reliefs appar- 
tenant à une dalle primitive beaucoup plus grande, peut-être un 
côté de sarcophage antique de l’époque byzantine : grande croix 
grecque martelée, inscrite dans une couronne; losanges, entrelacs, 


0) Cf. mon rapport n° 3. Aux indications données dans ce rapport, j'ajouterai 
que j'ai relevé le nom de Menebœuf parmi les familles fixées en Syrie que men- 
tionne le Sommaire du Supplément aux fanulles d'Outre-Mer, publié en 1881, par 
M. Rey. J'ai retrouvé de plus le nom d’un sire Gerard Maïnebuef dans trois chartes 
françaises, datées d’Acre, des années 1265 et 1269. (Sebastiano Paoli, Codice 
diplomatico, p.180, 188,195.) Le Barthélemy Maïnebeuf que j'ai cité dans mon 
rapport n° 3 se rencontre encore, sous la forme de Berteleme Meinebuef, parmi les 
témoins d’un acte de 1258 rédigé en francais. (Strehlke, Tab. ord. Theuton., 95.) 


one 


fleurons, etc. Le martelage de la croix a dû être exécuté par les 
Musulmans antérieurement à l’arrivée des Croisés. 
Dimensions : 0" 55 X 0" 485 X 0" 05 [ép.). 
(Gravée, pl. X, À et B [revers|.) 


107. 
Marbre. — Sour ( Tyr.). 

Pierre tombale d'un Croisé, Petrus, filius Serqü Capuani (?), 
mort l'an 1190 ,indiction VIIT. Épitaphe latine. Cinq lignes. Semble 
être la plus ancienne inscription des Croisades, datée, que l'on ait 
découverte jusqu’à ce jour U). 

Dimensions : 0" 15 X 0" 15 X 0" oA {ép.). 

(Gravée, pl. X, C.) 
108. 
Divers. 


e . . . 
Un lot de fragments de provenances diverses el incertaines : 
pierres sculptées, poteries, verreries, métal, etc. 


109. 
Mosaïque. — Sour (Tyr). 


Fragment détaché représentant une femme, peut-être la Viere. 
Provient de l’ancienne cathédrale de Tyr ©). 


110. 
Calcaire. — Sour (Tyr). 


Gros bloc encastré dans une des absides de l’ancienne cathe- 
drale. Inscription grecque. Cinq lignes (). 
Dimensions actuelles : 0" 61 X 0° 35 X 0" 40. 


D Cf, mes Matériaux inédits pour servir à l'histoire des Croisades. 

2) L'original est resté déposé à Jaffa, à la disposition de V'État. 

% L'original est également déposé à Jaffa, J'en ai l'estampage et un croquis. 
(Carnet, p. 140 et 131.) [A été, depuis, transporté à Paris, ] 


 NO8 Ve 


111 À et B. 


Bronze. — Ascalon où Gazu. 


Deux pendants de bronze de forme triangulaire; tête de 
femme (?); surmontés d'une belière de suspension. Hauteur, 
o" 07 RS 


one 


SÉRIE II. 


REPRODUCTION DE MONUMENTS 


A 


DONT LES ORIGINAUX N'ONT PU ETRE RECUEILLIS, 
DESSINS OÙ COPIES , CROQUIS DIVERS, EMPREINTES, 


MOULAGES, ESTAMPAGES, CLICHÉS OU ÉPREUVES PHOTOGRAPHIQUES. 


ILE 
Marbre. — Ascalon (?). -— Estampage. 


Segment longitudinal de colonne, le quart environ du füt cylin- 
drique. Tronquée en haut. Hauteur, 1° 35. Inscription grecque. 
Huit lignes. Datée de l’an 12 de l’empereur Commode Antonin. 
Provenance incertaine. D'après les renseignements que j'ai re- 
cueillis de quelques indigènes, le monument proviendrait en réa- 
lité de Ramlé, des ruines du Djamé el-Abiadh, au milieu des- 
quelles s'élève la tour dite des Quarante-Martyrs. 


2 
Marbre. — Tyr. — Estampages À, B,C, D. 
- 7 L e 
Plaque brisée en quatre morceaux, À, B,G, D. Epaisseur, o" 07. 
Inscription grecque de quatre ou cinq lignes. G et D se joignent 
certainement; À et B probablement. La jonction entre les groupes 
AB et CD est douteuse. 
Marbre. — Césarée ou Jaffa (?). — Estampage. 


L'itulus funéraire (?). Plaque épaisse de 0" 02. Inscription 
grecque. Une ligne. Provenance douteuse. 


{ s" ! : ! 
D Les origmaux des numéros 1-19 sont actueHemeut chez le baron von Usti- 


now, à Jaffa. 


000 


UE 
Marbre. — Jaffa. — Estampage. 

Triulus funéraire. Épaisseur, OR 33. Épitaphe judéo-grecque de 
Patriké. Trois lignes. Provient de la nécropole de Joppé, à Abou- 
K'bir. 

5. 
Marbre. — Jaffa. — Estampage. 


L . ay e 
Titulus funéraire. Epaisseur, 0" 018. Brisé en plusieurs mor 
ceaux. Inscription en caractères hébreux carrés anciens. Quatre 
ou cinq lignes. Nécropole de Joppe. 


6. 
Marbre. — Jaffa. — Estampage. 
Tüulus funéraire 0). Épaisseur, OO: Épitaphe judéo-grecque 


de Siméon, fils d'Isaac. Trois lignes. Nécropole de Joppé. 


Pie 
Marbre. — Jaffa. — Estampage. 


Titulus funéraire, Épaisseur, 0" 02. Épitaphe judéo-grecque de 
loulinas, Glégoria (sic, pour Gregoria), etc. Cinq lignes; deux 
palmes. Nécropole de Joppé. 


8. 
Marbre. — Beyrouth (?). — Estampage. 


Bas-relief funéraire. Epaisseur, 0" 035. Personnage viril, drapé 
à la romaine dans un édicule à colonnes. Au-dessous, inscription 
grecque. Deux lignes. Provenance incertaine. 


9. 
Marbre. — Jaffa. —- Estampage. 


Fragment de titulus funéraire. Epaisseur, 0" 015. Inscription 
en hébreu carré ancien. Trois lignes. Nécropole de Joppé. 


%) Mspwpror diaQépor. 


— 901 — 


10. 
Marbre. — Césarée. — Estampage. 


Fragment d'inscription grecque. Trois lignes. Epaisseur, 0" 025. 


11. 
Marbre. — Jaffa. — Estampage. 


Fragment de titulus funéraire. Epaisseur, 0" 025. Inscription 
incomplète en caractères grecs et hébreux carrés anciens. Trois 
lignes; deux palmes et m1?w. Nécropole de Joppé. 


12: 
Marbre. — Césarée (?). — Estampage. 


Fragment d'inscription grecque. Trois lignes. Epaisseur, 0” 0°. 
Provenance incertaine. 


15. 
Marbre. — Bassa (près de Ras-Naqoüra, région de Tyr). — Estampage. 


Fragment de dalle moulurée. Epaisseur, 0" 06. Sur le bord, 
fragment d'inscription grecque chrétienne. Une ligne. 


14. 
Marbre. — Ascalon (?). — Estampage. 


Dalle funéraire ®. Trou pour scellement au plomb 2. Épitaphe 
latine métrique d’un personnage des Croisades, le maréchal Hugo, 


fils de Salomon de Quiliugo, templier, tué par une machine de 
guerre (5). 


(Le 6° cahier du journal Das halige Land (1876) contient une reproduction 
assez médiocre de cette dalle, ainsi que des numéros suivants, 14 et 53. 

% Même particularité sur la dalle de l'évêque publiée dans mes Matériaux iné- 
dits pour servir à l'histoire des Croisades et sur celle qui est inscrite sous le n° 106, 
section | du présent catalogue. 

#) Ce personnage était peut-être d'origine bretonne, à en juger d’après la phy- 
sionomie de son nom. L'on pourrait être tenté de croire qu'il faisait partie des 
quarante templiers qui parlagérent le sort tragique du grand maitre à l'assaut 
d'Ascalon, le 14 août 1153. Mais il n'est nullement prouvé que l'inscription pro- 
vienne réellement d’Ascalon. D'ailleurs les caractères semblent indiquer une époque 


er DR Re 
Huit lignes. Distiques léonins. 
Mareschaud{us) Hugo Salomonis de Quiliugo, 
Templi milicie p(ro)vid{us) exunie ; 
Miles bellator, fortis, pedes assiliator ; 
Hostibus horribilis, cum socus humulis. 


Tormenti sirat(us) ictu lapidis, tumulatus , 
Ut legu{ur) ttulo, clo}ndht{ur) hoc tumulo. 


(Gravée, pl. XIF, A.) 
15. 


Calcaire. — Arsouf (Apollonias). — Estampage. 


Linteau de porte. Longueur... Dans un cartouche à orerlettes 
triangulaires, inscription grecque débutant par les mots : €IC 
QE€0C O ZUN, etc. Trois lignes. 


16. 


Marbre. — Césarée. — Estampage. 


LA 
Fragment portant des traces de lettres douteuses. Epaisseur, 
OO 


17: 


Marbre. — Arsouf (Apollonius). — Estampage. 


Fragment d'inscription latine des Croisades {?}. Epaisseur, 
0” 02. 


Lee 


Marbre. — Tyr (?). — Estampage. 


Fragment portant une inscription grecque. Une ligne. Epais- 
seur, 0" 02. Provenance incertaine. 
? 


moins ancienne. L'on pourrait songer alors au maréchal du Temple Hugues de Joy 
(1251), où au maréchal dont le nom ne nous a pas élé conservé par l’histoire et 
qui fut tué à la prise d’Acre, en 1291. (CF Rey, Sommaire du Supplément aux 
Janulles d'Outre-Mer, p. 32.) 

M Cf, pour cette formule, Les numéros 17 (section I) et 51 (section If} de ce 


catalogue. 


one 


19. 


Marbre. — Ascalon. — Estampage. 


Chapiteau antique. Sur le dessus, lettres et signes épigra- 


phiques. 
20,4: 


Roc. — Jérusalem. — 1 copie, 2 estampages, 3 moulages en plâtre. 


Inscription hébréo-phénicienne. Six lignes. Gravée sur le roe, 
dans le canal souterrain qui amène l’eau de la fontaine de la Vierge 
à la piscine dite de Siloé. Date de l’époque des rois de Juda. Deux 
moulages pris par moi ont été envoyés au Ministère de l'instruc- 
tion publique pour être transmis à l'Académie des inscriptions et 
belles-lettres pour la Commission du Corpus inscriptionum semiti- 
carum P). 

J'en donne une reproduction montrant tout le champ du grand 
cartouche rectangulaire dans lequel le texte est inscrit, cette dis-” 
position importante ayant échappé aux rares observateurs qui ont 
été à même d'étudier comme moi l'inseription sur place. 

(Gravée, pl. VIL.) 


21° 


Caicaire. — Jérusalem. — 1 estampage, 1 cliché photographique. 


Fragment d'inscription romaine, gravée sur un bloc de calcaire, 
dans un cartouche à oreillettes triangulaires. Epaisseur, 0” 25. 
Cinq lignes. Contient le nom de Rufus, qualifié de patronus, peut- 


) L'original est in situ. Mon attention avait cté appelée, des 1880, sur ce texte 
précieux, par un eslampage, malheureusement des plus imparfaits, que m'avaient 
transmis des amis d'Angleterre. Je n'avais réussi alors à y déchiffrer que quelques 
mots et des caractères épars. L'étude réitérée que j'ai pu faire de l'original même 
m'a permis d'arriver à des lectures corrigeant sur plusieurs points importants 
celles qui ont été proposées par des savants étrangers auxquels ma maladie avait 
permis de me devancer. {Voir dans la fievue archéologique , octobre 1881, p. 251, 
les extraits d'une lettre sur ce sujet adressée à M. KE. Renan.) 

7 CE n°124, section I] de ce catalogue. 

L'original est actuellement au couvent latin de Saint-Sauveur. 


— 204 — 
être l’un des gouverneurs d'Aelia Capitolina. Frouvée dans les tra- 
vaux exécutés à la Casa Nova des Franciscains. 


Ai 


“A 


22 0), 
Marbre. — Jérusalem. — Estampage. 


Inscription coufique datée de l'an 316 de l’hégire. Neuf lignes, 


Épitaphe de ‘Obeid Allah, fils de Hassan. Croix. 


Doi 


Calcaire. — Jérusalem. — Estampages À, B et copie. 


Fragment d'inscription latine des Croisades gravée sur un grand 
bloc calcaire, à taille médiévale, employé dans la construction 
d'un des pihers des arcades du Haram ech-Cherif ) : 

Longueur, de la de jacet à ls de bus, 0° 85. 


... CAT DROGO DE BVS.... 
Fic jalcet Drogo de Bus... 
(Grave, pl. XI, B.) 


% Au couvent grec de Sainte-Croix, près de Jérusalem. 
@) Jn situ. 
(3) Sur la face sud du deuxième plier du portique, à main droite, en entrant 


par la porte Bab es-Silsilé. 


— 9205 — 


D () 
Calcaire. — Jérusalem. — Estampages À, B. 


Inscription grecque byzantine datée {épitaphe), gravée sur un 
gros bloc de calcaire employé dans un des piliers du Moristan (an- 
cien hôpital des chevaliers de Saint-Jean). ‘Trois lignes. Grandes 
lettres. 

29) (le 


Marbre. — Jérusalem. — Estampage. 


Fragment d'inscription grecque. Deux lignes. Epaisseur, 0" 023. 
Trouvé dans les travaux exécutés dans le terrain dit du Spasme. 
Couleur bleue dans le creux des lettres. 


Calcaire tendre (nari). — Maiha (près de Jérusalem). — Esiampage. 


Inscription en graffito, sur l'un des côtés d’un couvercle trian- 
, gulaire d'ossuaire juif. Une ligne de caractères hébreux carrés an- 
ciens : nD (ou j2) 72 v1®*, Jésus, fils de Mattaï (?). Brisé en deux 


morceaux. 
: 
K : 0 
D AGDE 


SSSR 


ù | 
qe Me he 


<a 


ot Se 
Ah 
Calcaire tendre. — Maälha. — Estampage. 


Méme inscription répétée sur l’autre côté du couvercle trian- 
gulaire. 
28 li, 
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampages A,B,cC. 


Inscription judéo-grecque, sur le petit bout d’un petit ossuaire 
en calcaire tendre (nâri). Quatre lignes. Brisée en trois fragments. 


0) In situ. 

) Au patriarcat latin. 

) Les originaux des numéros 26 et 27 sont an couvent grec de Sainte-Croix. 

4 Les originaux des numéros 28-47 sont actuellement chez l’archimandrite 
de la mission russe, 


900 2 

Épitaphe de TPYÉWNOC NPECBYTEPOY, Tryphon l'Ainé. Je ne 
crois pas qu'ici Hpesirepos doive être pris dans le sens de prétre, 
membre du Hpecvréoicr ou du Zvvédprov (Matthieu, xvi, 21: 
xx1, 23. — Timothée, 1, 1v, 14). Cf. plus loin, n° 32, vewrépas. 

Le nom de Tryphon, sous la forme Tarphon, ;\519, était fré- 
quent chez les Juifs. Je l'ai retrouvé dans une inscription hé- 
braïque de la nécropole de Joppé(), dont voici la teneur : 


D\o0 19320 13100 WD3 NI 2902 PIE 9297 102 9107 NNI2P NU 
Ceci est la sepulture de Youdan, fils de Rabbi Tarphon le Betrabbi. Que 


son âme soit en repos et sa memotre bénie. — Salut ! 


29. 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampages À, B. 


Inscription judéo-grecque, sur le petit bout d'un ossuaire en 
calcaire tendre. Trois lignes. Épitaphe de BEPOYTAPIOY ® KAI 
NIKANAPOY, Verutarius et Nicandros. Brisée en deux fragments. 


4) Publiée par moi dans les Proceedings of the Society of biblical Archaeology, 
mars 1884, p.123 et suiv. 


@) Cf. Lydus, 158, 17. — Philoclès, Greek Lexicon (Boston), s, v. 


AO (re — 

Cf. plus loin, n° 52, pour le nom de Bepourodpuos —V'erutarius, 
employé comme nom de femme. S'il en était de même ici, l'on 
pourrait supposer que cet ossuaire réunissait les restes du mari 
et de la femme. J'ai déjà signalé un cas semblable dans mes Æpi- 
taphes hébraiques et grecques sur des ossuaires juifs inédits UN), 

30. 
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage. 
Pas 


Inscription judéo-grecque sur le dessous du couvercle plat, légè- 
rement bombé, d’un ossuaire de calcaire tendre. Deux lignes : 
MATTAOIOY, Mattathias. Le second T semble avoir été surajouté. 


À TA Bt 
ne 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 2 eslampages. 


Inscription judéo-grecque gravée sur le petit bout d'un ossuaire 
en calcaire tendre. Quatre lignes : MAGIOY TOY KACTOY. 


\ 


31 bis. 


Calcare. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage ©? ou copie (À). 
Sur la face antérieure ornée dudit ossuaire, en haut de la rosace 


9 N° 4o et 4o bis : Joseph (en hébreu) et Salomé (en grec). 
) Je n'ai pas retrouvé l'estampage que J'avais pris. 


— 908 — 


de droite : MA, probablement les deux premières lettres du nom 
MAGIOY. 
32: 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Olivicrs). — Estampage. 


Inscription judéo-grecque gravée sur le petit bout d’un ossuaire 
en calcaire tendre, Trois lignes : BEPOYTAPIOY NEWTEPAC!. 


Nero re 
P| LONES, 
TC PAC 


99. 
Calcaire. — Jérusalem (mont des Olviers). — Calque. 


Inscription judéo-grecque écrite très légèrement, au galam et à 
l'encre, sur la face postérieure (barbouillée de rouge) d’un ossuaire 
en calcaire tendre. Une ligne. Très difficile à déchiffrer. Le patro- 
nymique se terminait très probablement en ...MAXOY. 


SC DUU ÊVE y Sc où 


Marbre. — Jérusalem. — fstampages À, B. 


Fragment d'inscription grecque provenant du dallage du Haram 
ech-Cherif. Cinq lignes. Datée. Contient le nom de Salomon. 


35e. 
Roc. — Jérusalem. — Estampage et dessin. 
Caractères indéterminés, peut-être arméniens (?), gravés sur le 


roc, dans un champ situé entre l'établissement russe et la porte 
de Damas. 


0) Cf. n° 28 et 29 de la même section de ce catalogue. 
) In situ. 


— 209 — 


36. 


Calcaire. — Jérusalem. — Estampage. 


Fragment d'inscription grecque sur dalle. Épaisseur, 0" 06. 
Trois lignes. Contient le nom de CYMWNOC. 
37. 


Marbre. — Jérusalem. — Estampage. 


Fragment d'inscription grecque byzantine provenant du dallage 
du Haram ech-Cherif. Epaisseur, 0" 015. Deux lignes. Contient 
le nom d’Areobindos, commerciarius. 


38. 


Calcaire. — Jérusalem. — Estampage. 


Dalle grossièrement dressée portant une inscription grecque 
chrétienne. Trois lignes. Epaisseur, 0” 10. 


39: 


Calcaire. — Jérusalem. — Estampage. 
Dalle portant une inscription grecque. Trois ou quatre lignes. 


Épaisseur, 0° 075. Contient le nom de Stephanos. Provient de la 
région nord extérieure de la ville. 


| 0. 
Marbre. — Jérusalem. — Estampages À, B, C, D. 
Plaque brisée en quatre morceaux, portant une inscription 


grecque. Trois lignes. Epaisseur, 0" 03. Le morceau À n'est pas 
absolument certain comme position. 


A]. 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage. 


Fragment de dalle grossièrement dressée portant une inscription 
grecque. Quatre lignes. Epaisseur, 0° 1 4. 
M183, SCTENT, — XI. 1 / 


LMPRIMBININ NATIONALE: 


FO 


UD 
Calcaire grossier. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage. 


Dalle portant une inscription grecque incomplète. Deux ou trois 
lignes. Epaisseur, 0° 12. 


A3. 


Calcaire dur. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage. 


Fragment de dalle mal dressée portant une inscription grecque. 
Une ligne. Epaisseur, 0" os. 


Al. 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage. 


Plaque de marbre portant le chrisme constantinien accosté de 


l'alpha et de l'oméga, a dans un cercle ornementé. Epaisseur, 
0" 028. 


45. 


Marbre. — Jérusalem {mont des Oliviers). — Estampage. 


Plaque portant une sigle indéterminée, P, rappelant le signe 
relevé par moi en 1874 sur un ossuaire provenant du mont des 
Oliviers. Epaisseur, 0" 03. 


A6. 


Calcure. Jérusalem (mont des Olviers). — Estampage. 


Dalle mal dressée portant un fragment d'inscription grecque. 
Trois lignes. Epaisseur, 0° 11. : 
A7. 
Calcawe. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Estampage. 


Fragment de dalle portant deux caractères grecs. Epaisseur, 
o'! 0. 


— 211 — 


ES 


Marbre. — Oalaunye (près de Jérusalem). — Estampage et dessin. 


Fragment d'inscription grecque chrétienne sur morceau mou- 
luré. Une ne Epaisseur, 0" 03. 


SN 


RQ (2). 


Calcaire dur. — Qalaunyè. — Estampage et dessin. 


Fragment d'inscription latine. Deux lignes. Epaisseur, 0" 05. 


SOLE 


Marbre. — ‘Amawvas (Emmauüs-Nicopolis). — 2 estampages 
et 2 clichés photographiques. 


Inscription en caractères hébreux archaïques, du type israélite, 
gravée sur un chapiteau ionien trouvé dans le dallage de l’ancienne 
église. Deux lignes (4). 

(Gravée, pl. I, C.) 
51 


Marbre. — Amwas. — 2 estampages et 1 cliché photographique. 


Inscription grecque chrétienne gravée sur l’autre face du précé- 
dent chapiteau. Une ligne ). Pour la formule EIC 8€0C{5, com- 
parez le numéro 17 de la section I et le numéro 15 de la section II 
du présent catalogue. 


(Gravée, pl. [, D.) 


) Entre les mains d'un prêtre grec. 

2) Idem. 

#) Les originaux des numéros 5o et 51 sont actuellement chez M! de Saint- 
Cricq, à Bethléem. 

%) Cf. mon rapport n° 2. — J'ai dit que ce chapiteau pouvait bien appartenir à 
un autel, à un ciborium , à un baptistère. J'aurais pu ajouter aussi à un ambon 
ou à un iconostase, 

5) Cf. mon rapport n° 2. 

() Aux exemples chrétiens de la formule que j'ai déjà cités, ajoutez : EIL 
BEOC KE A XPICTOC À, encadré dans un cartouche à oreillettes à queue 
d'aronde, dans une inscription d'Éidesse (Zeitschr. d. d. morgent. Gesellsch., 


vol. XXXVT, pl [, n° g et p.166). 


— 21% — 
59 Q), 
Calcaire. — ‘Amwas. — Estampage et dessin. 


Inscription grecque gravée sur un linteau de porte, dans un 
cartouche à oreillettes triangulaires. Trois lignes (). 


ji 


53 (). 
Calcaire. — Amwaäs. — Estampage. 
Fragment d'inscription grecque sur un bloc épais. Quatre lignes. 
Mention d’un empereur romain. Provient des ruines de l’église de 


Latroun, localité contiguëé à ‘Amwaäs et semblant avoir fait partie 
intégrante de l'antique Emmaüs-Nicopolis. 


5h (4). 
Marbre. — Beyrouth (?). — Estampage. 


Fragment d'inscription grecque. Trois lignes. Provenance incer- 


taine. 
ET 


Calcaire (?). — Beyrouth ou Saïda (?). — Estampage. 
Inscription grecque sur la base d'un petit cippe funéraire, pro- 


%) Entre les mains des fellähs de ‘Amwas. 

@) Cf. mon rapport n° 2. 

5) Entre les mains d’un indigène nommé Batâto. Cf. la note du numéro 14 (II). 

# Les originaux des numéros 54-59 sont actuellement chez M. J. Lôvtved, vice- 
consul de Danemark à Beyrouth. 


AIS — 
venant vraisemblablement de Saïda. Cinq lignes. Épitaphe d'Eu- 
tychie. 
56. 
Calcaire. — Palmyre. — Estampage. 


Inscription palmyrénienne gravée à côlé d'un buste de femme 
en bas relief. Quatre lignes. L'original a été transporté à Beyrouth. 


NUNY 
n°92 
D(y)a4ar 

ban 


“Atisa, fille de Zabdibal (?). Habal 0)! 


57. 
Marbre (?). — Lattaquiè (Laodicée). — Estampages À, B. 


Inscription grecque incomplète. Huit lignes. 


58. 


Calcaire (?). — Bait-Meri (environs de Beyrouth). — 2 estampages 
et croquis. 


Inscription grecque gravée sur un cippe votif. Treize lignes. 
Nouvelle dédicace au Baal Marcod, qui présidait à la danse et qui 
avait un sanctuaire en ce lieu P). 

- Le Baal Marcod correspond peut-être au Bès dansant ou Pès 


Cf, pour Tacclamation funéraire habal, «hélas!» le @eü! des tablai égyp- 
tiennes publiées par Ed, Le Blant, 
2) Cf, n° 102 et n° 108 (section I). 


On eu 


dexnoTys d'Athénée (1), dieu sémitique qui joue un rôle important, 
et encore obscur, dans le panthéon égyptien. 


Cf. section If, n° 102, l’Astarté dansante, et n° 108, une figu- 
ration du dieu Bès. 


50! 
PRAVNE — Beyrouth. — Estampage. 


Inscription romaine. Sept lignes P). 


60. 
SAS — Jérusalem. — Estampage. 
Inscription grecque de basse époque. Sept lignes. Couvent de 
Mar-Mitni. 
out 
RARE — Jérusalem. — Estampage. 
Inscription grecque de basse époque. Sept lignes. Couvent de 
Mar-Mitri. 
62. 


MR — Jérusalem. — Estampage- 


Inscription grecque de basse époque. Cinq lignes. Couvent de 
Mar-Mitri. 


® Ed. Schaefer, IT, p. 57, ad lib. XI, ch. x. 
® Déjà publiée par M. Waddington, Inscr. gr. et lat, de la Syrie, n° 1849. On 


63 1) 


….... == Jérusalem. a Estampage. 


Inscription fausse en caractères moabites. Dix lignes. 


64 () 


Bronze. — Saida ({Sidon). — à empreinte au papier d'étain, 2 frottis, 
1 épreuve photographique. 


Disque de bronze mince couvert de caractères un aspect 
phénicien ou snee archaïque, peut-être talismaniques ). Un petit 
fragment qui s'en est détaché a été estampé à part. 

(Gravé, pl. IE, A.) 


65. 


Bronze. — Suida (Sidon). — 2 empreintes au papier d'étain, 
1 à la cire, 1 épreuve photographique. 


Sur une rame ou un gouvernail en bronze, autour duquel est 
ag un dauphin et sur lequel s’appuyait une statuette d'Âs- 
tarté (, l’Astarté de Sidon. Épigraphe phénicienne : 03140, aux 
 …. des Sidoniens. Pièce du plus haut intérêt. À comparer 
aux symboles caractéristiques des monnaies de Sidon. 

(Gravée, pl. II, C.) 


66. 


Bronze. — Saida (Sidon). — 2 empreintes au papier d'élain, 1 à la cire, 


1 épreuve photographique. 


Lame mince portant une ligne de caractères d'aspect phénicien 
ou grec archaïque, peut-être talismaniques (?) ). 
(Gravée, pl. IT, B.) 


Va néanmoins laissée subsister dans ce catalogue, afin de ne pas troubler l'ordre 
des numéros. 

) Dans une maison arabe. 

%) Les originaux des numéros 64-67 bis appartenaient alors à M. Pérétié de 
3eyrouth, mort depuis. 

(9) Cf. plus bas, n° 66. 

4) Cf, n° 95 de cette section du catalogue. 

Cf. plus haut, n° 64. 


0 


67. 


Améthyste. — Provenance incertune. — Empreinte à la cire. 


Sous le plat d'un scarabée, au-dessous d'un quadrupède cornu 
allaitant son petit, en caractères phéniciens : 


4ohqfpuc (t#nnu») 


Astartazz, nom propre d'homme signifiant celui dont Astarté est 
la force ou le salut 0). 


67 bis. 
Divers. 
Une boîte contenant des empreintes d'intailles archaïques re- 


marquables par les sujets gravés ou par le style. 


68. 


Divers. 


Une boïte contenant trois empreintes d’intailles orientales. 


69. 


Divers. 


Feuille contenant sept empreintes d’intailles et de monnaies 
(provenant de Naplouse). 


70. 
Divers. 
Groupes de quatre empreintes d’intailles, dont deux avec in- 


scriptions byzantines grecques. 


71. 


Divers. 


Groupe de dix empreintes d’intailles variées. 


4) J'ai publié cette gemme dans mes Sceaux et cachets 1sraélites, phéniciens et 
syriens, n 16. Cf., pour la valeur exacte de YŸ, mon essai L'imagerie phénicienne 
et la mythologie iconologique chez les Grecs, p. 124. 


ee 


2; 


Divers. 


Groupe de neuf empreintes d’intailles variées. 


73 0). 


Roc. — Jérusalem (village de Selwän).— Estampage, 2 copies, 1 croquis ©? 
côté du monument), 1 épreuve photographique du site. 


Au-dessus de la porte de l’édicule égyptien de Selwän, dans un 
cartouche creux détruit presque en entier 
par l’exhaussement ultérieur de la porte, 
deux caractères phéniciens ou hébreux ar- 
chaïques, rech et, peut-être, rech ou da- 
leth, dernières lettres d’une inscription 
d’une ligne qui courait au-dessus de la 
porte. 

Les caractères sont reproduits héliogra- 
phiquement d’après l'estampage, pl. IE, D. 

Cette constatation capitale, faite pour la 
première fois, permet d’assigner définitive- 
ment une date reculée à cet édicule, qui a été si souvent étudié 
et dont l’âge a été fort discuté. Elle est d'autant plus intéressante, 
que la corniche de cet édicule, spécimen désormais authentique 
et jusqu'ici unique de l'architecture en usage chez les Juifs à 


A. 


Cartouche avec inscription. 


B. — Le naos dans son état actuel. 


0) L'origimal est in situ, 
2) Carnet, p. 129 et 126. 


— 218 — 


l’époque des rois de Juda, a visiblement servi, plus tard, de mo- 
dèle à la corniche des tombeaux dits de Zacharie et d'Absalon. 


Ë 


ï 


; 


il 


D. — Plan du naos. E. — Profil de la corniche du naos. 


7h 0), 


Calcaire. — Jéricho. — 1 cliché. 


Fragment d'inscription romaine encadré dans un cartouche à 
oreillettes. Quatre lignes. Bloc épais. 


o 
k 
| 


NX 


 BSCHPT 


() Actuellement au couvent arménien de Jérusalem. 


— 219 — 


75 & 
Marbre blanc veiné de-bleu. — Environs de Karak (?) 
(pays d'outre-Jourdain). — 1 cliché. 


Inscription arménienne en caractères antiques, qui ne saurait 
être postérieure aux Croisades. Dix lignes ©). 


DL EUELLS 
Ur EL 7 1m nt 


76 () À et B. 
Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 2 clichés. 


Plaque sculptée appartenant à l'extrémité d’un sarcophage ou à 


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ADITX it 
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FN 


() Actuellement au couvent arménien de Jérusalem. 
) Cf. mon quatrième rapport (p. 45 du tirage à part). 
() Au couvent grec de Sainte-Croix. 


2 000 


une porte de tombeau, et représentant une sorte de porte mou- 
lurée avec un heurtoir circulaire en haut relief. Inscription hé- 
braïique en beaux caractères carrés anciens, donnant le nom de 


nphn nn 1110 
Mariah, la prosélyte fervente \). 


77 ®) À et B. 


Caicaire tendre. — Malhä (environs de Jérusalem). — 2 clichés. 


Ossuaire juif orné de trois rosaces. Sur le rebord et au-dessous 
a été gravée, après coup, une longue inscription fausse en carac- 
tères moabites. Deux lignes. 

L’ossuaire est authentique. 


78 ). 


Calcaire tendre. — Jérusalem (mont des Oliviers). — à cliché. 


Ossuaire juif orné de deux rosaces. Entre les deux rosaces est 
figuré un curieux édicule avec sa porte ouverte à deux battants (0. 


nn un 


79 À et B. 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 2 clichés. 


Ossuaire juif à couvercle triangulaire. Ornementation en relief W). 


() Cf. mes Épigraphes hébraïques et grecques, n° 52. 

®) Au couvent grec de Sainte-Croix. 

) Dans la chapelle russe du mont des Oliviers, ainsi que l'original du numéro 
suivant. 

 C£ le numéro 62 du présent catalogue (section I). 

OCR Pre 


oae 


Une arcade en plein cintre entre deux colonnettes. À droite et à 
gauche, une étoile à cinq rais et un disque. Sur l’un des bouts, 
une couronne et une étoile dans un caisson mouluré. 


(Gravé, pl Il, E, F.) 


80 (1) À et B. 
Marbre. — Ascalon. — 2 clichés. 
Statuette. Apollon nu, le bras droit levé au-dessus de sa tête 


(tenait peut-être une épée). Le bras gauche et les jambes sont bri- 
sés. À comparer aux types numismatiques d'Ascalon. 


2. SCHHIOT 


81. 


Bronze, — Provenance incertaine. — à cliché. 


Petite figurine représentant un homme nu, le bras gauche levé, 
le droit abaïissé: imberbe. Très finement ciselée. La moilié infé- 
rieure du corps manque. 


() Au couvent de Sainte-Croix, ainsi que les origmaux des numéros 81 et 82. 


82. 


Terre cuite. — Pays de Karak (outre-Jourdain). — 1 cliché. 


Antéfixe représentant un masque d'homme à tendance gro- 
tesque, chevelu et barbu. 


(Gravé, pl. IT, G.) 


83 0). 


Calcaire. — Jérusalem (mont des Oliviers). — 1 cliché. 


phile. Dix lignes. 
DD TETE" 
] PE) Wr À L oi ie 7 ul A 


Inscription grecque chrétienne. Epitaphe de Fhégoumène Théo- 


LE 


1) Dans le sanctuaire dit du Pater Noster. 


84 () À et B. 


Argent plaqué, doré et émaillé. — Bethléem. — 1 cliché, 2 copies. 


Deux chandeliers du temps des Croisades, formant la paire. Sur 
chacun d'eux est écrit tout autour de la base, en élégants carac- 
‘tères gothiques habilement niellés {métal noir sur fond or guillo- 
ché) : 


x MALEDICATVR : OVI ;: ME : AVFERT : DE: LOC: 0: 
SCE : NATIUTATIS : BETHLEEM 


+ Maledicatur qui me aufért de loco © s{an)c(tje nativitatis Bethleem. 


85. 


Cuivre doré. — Bethléem. — 1 cliché ©), 1 copie (D) 


Bassin de o" 34 de diamètre, du temps des Croisades; trouvé à 
Bethléem avec la paire de chandeliers décrite ci-dessus. Fortement 
oxydé à l'extérieur. L'intérieur est entièrement gravé au trait : 
scènes représentant l'histoire et le martyre de saint Thomas {d'après 
la version latine du De miraculis et de la Passio). 

Inscriptions métriques rimées, en vers léonins, dans le goût de 
l'époque. 


Première inscriplion, circulaire, en caractères gothiques : 


X FIDES + KARITAS : 


AD - CONVERTENDOS * THOMASTRARNS * MITTITVUR : 
INDOS : 


OVIVSVIRTVTES + CVPIVNTSISCIREFIDELES : 


HAECPERSCRV'ENTVR +: OV ÆCORAMSCVLPTAVI DEN 
TVR 


Les originaux des numéros 84-86 sont actuellement dans le couvent latin 
de Saint-Sauveur. 

? Variante sur le second exemplaire : LOCO : SC& : 

) Fai, depuis, fait exécuter d'excellentes photographies de ces intéressants mo- 
numents des Croisades, ainsi que des deux chandeliers. Cette série forme une 
suite ‘de dix-neufs négatifs, que je me propose de faire reproduire par l'hélo- 
graphie. 

4) Cf. n° 86 A et BP. 


DU 
+ Fides. Karitas. 
Ad convertendos Thomas transmittitur Indos, 
Cujus virlutes cupiunt si serre fideles 
Heæc perscrutentur quæ coram sculpta videntur. 


Seconde inscription, concentrique à la précédente : 


X BFIDVS + IMOODIOA + FERVENSMIGDONIVS :+ IRA : 
PCIPIT + ABSCIDITHOH + CAPVT + ENSEOINACI 
+ P{er) fidus immodica fervens Migdonius tra 


P(ræ)cipit abscidi Thomeæ caput ense minaci. 


86. 
Cuivre doré. — Bethléem. — 1 cliché, 1 copie (. 


Bassin identique au précédent. 
Suite des scènes de la vie de saint Thomas. 


Première inscription circulaire : 


K FVLGETAPOSTOLICISHECPELVISCPHISOPTHRIV ° 
AD'ESTANSTLOMA + FIDGIMOERVISSECORONAM : 
COLLVMPRODNO - FLECTENTEOSANGVINEEVSO * 


Fulget apostolis hæc pelvis c phis o(m)pta trium 
Aditestans Thomam Jider MeETUISSE COTONAM , 
Collum pro Domuno flectentem sanguine fuso. 


Deuxième inscription, concentrique à la premuère : 


x CVELGTVPLEBIS - DOCTORE + CARER : DOLENIS : 
COPRVS + APLCYV + DVCITVR + AOTVMVLVON : 


Cum fletu ® plebis doctore carer[e] dolents, 
Corpus ® aplosto)licum ducitur ad tumulum. 


Je donnerai dans un mémoire spécial la description et l'expli- 
cation des scènes figurées. 


() Cf. n° 85. 
@) Ce passage incompréhensible a dû être complètement défiguré par une mé- 
prise matérielle du graveur. [ faut probablement le restituer : 


TS hæc pelvis compta triumphis 


® Il y a eletu sur l'original, 
® NH y a COPRVS pour CORPVS sur l'original. 


225 


ONU 


Peinture sur papier. — Jérusalem. — 1 cliché. 


Feuille de papier trouvée sous un ancien enduit, collée sur lun 
des murs de la salle du Cénacle, au mont Sion (Neby Daoud). 
Dessus est peint an écusson : trois étoiles roses (gueules) sur champ 
azur; surmonté d’un heaume empanaché; sur le cimier, une étoile 
aux pointes fleuries. Les étoiles sont à huit ras. 

En haut, en caractères gothiques : 


Kuntz® Geuder von Norembery 1474. 


BRIPÉIET 


Frouvé avec trois autres feuilles du même genre. Deux ont 


malheureusement disparu (3), 


Il existe encore deux familles de ce nom en Allemagne, les 
barons bavarois Geuder von Rabenstein et les Geuder von Herolds- 
berg. Écu : au 1 et 4, d'azur au triangle renversé d'argent, chaque 
angle orné d'une étoile du même. 


1 L'original a éte saisi et déposé chez le gouverneur. 
%) Conrad. Consulter, sur cette habitude des pèlerins du xv° siècle d’apposer 
leurs armoiries et leurs noms sur les murs des édifices de Terre-Sainte, les di- 
verses relations du temps, notamment le récit de Faber. 

3) L'une d'elles portait, m'ont assuré les Arabes, deux bras croisés , ce qui rap- 
pelle le symbole bien connu de l'ordre des franciscains , à qui appartenail à cette 


époque Île Cénacle. 


M15$. SCIENT. XL. D 


IMINIMMNII NATIONALE 


996 


88 0). 
Peinture sur papier. — Jérusalem. — 1 cliché. 
Feuille analogue à la précédente et provenant du même endroit. 


Écusson avec armoiries. Au-dessus, en caractères gothiques de la 
même époque que les précédentes : Sigmund Laber ©). 


un | 
à 
0 


Les deux figures sont peut-être deux queues de poisson cou- 
pées, faisant allusion au nom de Laber (labre, laberdan, sorte de 
morue verte). Il existe aujourd'hui en Autriche des Laber qui 
portent d'or à deux poissons nageants d'azur entre deux fasces ondées 
de queule. 


89. 
Porte murée de l'enceinte du Haram. — Jérusalem. — à cliché ©. 
Vue prise avant l'ouverture de cette porle ou poterne murée, 


qui avait passé jusqu'alors inapercue, et qu'après l'avoir décou- 
verte j'ai décidé les Turcs à dégager. 


®) L'origmal était entre les mains d’un ouvrier indigène. 
@ CF mon 4° rapport (p. 45 du tirage à part). 
@) Cf. n° 131 de cette même section. 


— 2927 — 


Elle donne accès dans le terre-plein intérieur du Haram, à 
environ 6 mètres au-dessous du sol. s 


Marbre. — Ascalon (2). — 1 photographie. 


Disque sculpté sur ses deux faces, légèrement convexe. D'un 
côté, étoile à huit branches, à l’intérieur de laquelle est un fleuron. 


91. 
Marbre. — Ascalon. — 1 photographie. 


Bas-relief représentant deux oiseaux fantastiques dans une atti- 
tude bizarre, becquetant une sorte de fleur. 


99. 
Bronze. — Yäzour (près Jaffa). — photographie. 


Tige recourbée, paraissant avoir fait partie d’un support de tré- 
pied (il y en a deux autres semblables) et se terminant par une 
tête de dragon ou de griffon tenant dans son bec entr'ouvert une 
petite boule (fruit?) . 


) Les originaux des numéros 00-92 sont actuellement chez le baron von 
Ustinow. 


2 J'ai, depuis, trouvé dans les collections du British Museum nn fragment 


L9" 


Jo es 


‘ 93. 


Vue de Selwan. — 1 photographie. 


Vue du village situé en face de Jérusalem, de l’autre côté de la 
vallée du Cédron, et montrant les travaux antiques exécutés dans 
le roc; notamment : l'emplacement de la pierre de Zoheleth; la 
chambre au-dessus de laquelle étaient qravées les deux inscriptions 
hébréo-phéniciennes découvertes par moi en 1670, et l’édicule de style 
égyptien avec les restes d'une inscription du méme genre. 


94 O). 
Calcaire poreux. — Saida (Sidon). — 1 photographie. 
Fragment d'inscription phénicienne. Deux lignes. Grands ca- 


ractères. 
(Gravé, pl. V, A.) 


95 (2). 


Bronze. — Suïda (Sidon). — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 16 : Vénus- Astarté nue, debout, le bras 
gauche relevé; la main droite tient encore le bout de la rame 
brisée portant l'inscription phénicienne 0:1%9, aux Sidoniens, 
donnée plus haut Ô). 


(Gravée, pl. IT, B.) 


05 bus. 
Saïida. — 1 photographie. 


Bronze 


Figurine haute de 0" 16. Femme nue, debout, diadémée; une 


tout à fait semblable et paraissant provenir du même monument. Il est inscrit 
au cataiogue d'entrée sous les numéros 80, 5-31, 77. La provenance indiquée est 
Gaza. La date de son entrée (1880) me confirme dans l’idée qu'i sort du même 
endroit. 

G) Appartenait à M. Pérétié. 

® Chez M. Lôyived, amsi que les originaux des numéros 96-105. 

(#) Cf. n° 65 de cette même section. 


— 229 — 
tresse ramenée sur l'épaule; le bras gauche relevé à la hauteur de 
l'épaule; la main droite tenant un objet cylindrique brisé {manche 
de miroir?) 
(Gravée, pl. IV, C.) 


96. 
Bronze. — Saida. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 16. Femme nue, debout. Tient de la main 
droite une tresse de ses cheveux; tenait de la gauche un objet qui 
a disparu (miroir ?). Sur la tête, un diadème. Vénus-Astarté (?). 

(Gravee, pl. IV, F.) 


97. 


Bronze. — Saida. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 16. Femme debout, à moitié nue. Une 
draperie élégante couvre la partie inférieure du corps depuis la 
naissance des cuisses. De la main droite elle tient une tresse de 
ses cheveux; de la gauche elle tenait un objet qui a disparu (un 
miroir ?). Les formes sont souples et délicates; la tête a une expres- 
sion charmante. Très probablement, comme les numéros précé- 
dents, Aphrodite-Astarté à sa toilette. 

(Gravée, pl. IV, E.) 


98. 


Bronze. — Saida. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 155. Femme nue, debout. Au col, une 
bulle d’or pendant à un collier de même métal. Aux bras, des 
armilles d’or. Très beau travail. 

(Gravée, pl. IV, B.) 


99. 


Bronze. — Saida. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 165. Personnage viril, imberbe, debout, 
drapé à la romaine dans sa toue. 


— 230 — 


100. 


Bronze. — Mont Liban. — 1 photographie. 


Tête de statuette, destinée à ètre rapportée sur un corps : Her- 
mès, coiffé du pétase ailé. Entre les deux ailes se dresse un attribut 
indéterminé. Yeux incrustés. 

(Grayée, pl. V, B.) 


IOT. 


Bronze. —- Tortose. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 18. Femme nue, debout, coiffée d’un dia- 
dème. La main droite, à moitié brisée, ramenée sur le sein gauche; 
la gauche dans la pose de la Vénus dite pudique. Le caractere pro- 
vocant du geste est ici très accentué. Aux bras, des armilles. 
Vénus-Astarté (M. 

(Gravée, pl. IV, D.) 


102. 


Bronze. — Tortose. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 27. Femme nue, debout, dansant en fai- 
sant claquer ses doigts à la mode orientale. Coiffée des attributs 
fréquents chez les Vénus isiaques gréco-égyptiennes. 

Charmante statuette et des plus curieuses sous le rapport my- 
thologique. C'est Astarté dansant, en personne. À comparer le culte 
du Baal Marcod (Baal danseur), à Beit-Meri, dans le Liban ©). 

(Gravée, pl. IE, D.) 


103. 


Bronze (2). — Tyr. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0° 045. Personnage imberbe eoiffé du pschent 


() Cf. n° 125, même section. 
P) Cf, n° 58 de cette section du catalogue. 


— 9231 — 


égyptien, assis et pinçant d'une espèce de harpe ou luth. Spéci- 
men de l’art phénicien d’un véritable intérêt. 


(Gravée, pl LI, F.) 0 


104. 


Bronze. — Mont Liban. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0" 055. Panthère accroupie, les pattes de 
devant étendues et écartées, se retournant vers la droite. Elle porte 
suspendu au col un petit masque de Bacchus en argent. 


(Gravée, pl. ILE, E.) 


105. 


Matière indéterminée. — Tortose. — 1 photographie. 


Figurine haute de 0” 04. Singe cynocéphale de style égyptien, 
assis et portant sur la tête le disque symbolique. 


(Gravée, pl. IT, G.) 


() Le cliché ci-dessus ainsi que ceux des numéros 106 et 109 de la même sec- 
tion de ce catalogue sont empruntés à V Histoire de l'Art dans l'antiquité, de M. Perrot 
(UT, p.77), à qui j'avais communiqué ces trois monuments , et qui, en retour, a bien 
voulu mettre à ma disposition les gravures qu’il en a fait exécuter d’après mes pho- 
tographies. La gravure sur zinc ne me paraissant pas rendre avec toute la pré- 
cision désirable aspect de ces curieux spécimens de l’art phénicien, je les ai 
reproduits héliographiquement sur les planches IT, F, et VI, À et C. 


106 0), 


Bronze. — Syrie : provenance incertaine. — 1 photoyraphie. 


Bas-relief fondu et habilement ciselé; découpé en silhouette : 


0) 


Î] A) sil} 
2 LIEN) 1} 
LE) JAP 


CN 


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1) Appartenait à M. Pérétie, ainsi que les originaux des numéros 107-111. 
PP ; 


er 


buste de déesse de type égyptien, de profil à droite, portant sur sa 

tête le disque entre les deux cornes. Au-dessous, une torsade hori- 

zontale formée d’un uræus couronné qui redresse la tête sur le 

front de la déesse; les cheveux sont tressés en petites nattes ser- 

rées. Rappelle singulièrement Îa tête de la déesse phénicienne 

de Byblos, la Baalat Gebal, gravée sur la stèle Yehawmelek. 
(Gravée, pl. VIE CA) 


107. 
Bronze. — Syrie : provenance incerlaine. — 1 photographie. 


Bas-relief fondu et ciselé, découpé en silhouette, comme le pré- 
cédent : uræus couronne du disque entre les deux cornes, re- 


D 
. 


dressé; la queue enlacée en forme de 8 


108. 


Bronze. — Syrie : provenunce incerlaine. — 1 photographie. 


Bas-relief fondu et ciselé, découpé en silhouette : le dieu Bès 
trapu, difforme, la face bestiale, la tête surmontée de sa coiffure : 
caractéristique, les mains sur les hanches; entre ses jambes, un 
zig-zag, dont la valeur symbolique est facile à deviner (). 


05 


Ces trois monuments, n° 106, 107 et108, acquis par M. Pérétié, provien- 
nent d'une localité indéterminée de Syrie, mais certainement du bassin de l'Eu- 


phrate. Hs faisaient peut-être partie d’un même ensemble décoratif. 


— JU 


Cf. même section, n° 58. 


D SCHT. 


109. 

Calcaire dur. — Amrith (au lieu dit Nahr-Abrak). — 1 photographie. 

Stèle haute et étroite, arrondie par en haut. Hauteur, 1" 80; 
largeur, 0" 35 ; épaisseur, 0” 20. Brisée en deux morceaux. Sculptée 
en bas relief : un personnage debout, de profil, vêtu à l’égyptienne, 
coiffé du bonnet conique à bouton, avec l’uræus se projetant en 
avant; imberbe, cheveux bouclés; tenant de la main gauche un 
lion suspendu, la têle en bas, par les pieds de derrière; de la 
main droite, il brandit une arme recourbée. H est debout sur un 
lion de profil, rugissant, la queue en trompette, les pattes repo- 
sant sur une montagne à double cime. Au-dessus de la tête du 
héros, le disque embrassé par le croissant M et, couronnant le tout, 
le disque aux ailes éployées. Mélange de style assyrien et égyptien 
caractéristique de l’art phénicien de haute époque. 

(Gravée, pl. VI, A.) 


(1) Ce symbole, à cet état, reproduit, selon moi, l'aspect de la lune dans de 
phénomène dit de la lumière cendrée. 


PNR 


\ 
5 


% 


a 
Fo 
É 


S< 
y M 1/] ji 


(1) 
ji 
D 


\ 


STELE D’'AMPRITH. 


— 236 — 


110. 


Calcaire dur. — Palmyre. — à photographie. 


Statue de femme mutiliée, grandeur naturelle. Elle tient de la 
main gauche une corbeille de fruits appuyée contre son sein, et, 
au-dessous, de la main droite, des fruits allongés ressemblant à 
des bananes. Facture élégante et soignée. Très intéressants details 
de coiffure, de vêtements et de bijoux. 

(Gravée, pl. VI, A.) 


[11 À et B. 


Marbre. — Balanée. — 2 photographies (de dos et de face). 


Statuette d’un joli style grec. Aphrodite nue, appuyée sur a 
tête d’un Hermès barbu, ithyphallique , au pied duquel est un petit 
Éros agenouillé. La déesse touche de sa main droite le mollet de 
sa jambe relevée. Le poli du marbre est altéré par un dépôt fer- 
rugineux. 

(Gravée, pl. V, GC, D.) 


119 4 À, B et C. 


Sur le rocher, au bord du fleuve du Chien (au nord de Beyrouth). — 
3 photographies. 


Grand texte cunéiforme assyrien récemment découvert sur la 
rive droite du fleuve, c’est-à-dire du côté opposé à celui des bas- 
reliefs égyptiens et assyriens déjà connus. . 


115. 


Marbre. — Jérusalem. — Photographie. 


Fraginent d'une inscription des Croisades, probablement mé- 
trique, provenant de la mosquée d'Omar, où il a été mis au jour 
pendant les réparations exécutées en 1874. Beaux caractères du 
xi1° siècle. Il ne reste que le commencement des lignes, qui étaient 
au nombre de six : 


RO NP ee RAR CRE AN AS CARE A RS ET AO 
HOT ARE à ce PRO RES 


ROVER ANT EE EU NN NS RE 


qui Épeoe e 0 QE CU Ven EE ONE le EE VE 


MONS TS SR Te EPL apr LT een ie À 


mericus. (AL RE I TONER NS I Ho) PAT IAUE ti aie 


Il semble qu'il s'agit d’un personnage nommé Aimericus, dont on 
donne l’âge et la date de la mort. 
(Gravé, pl. X, D.) 


D In situ, 


11/4. 


Sion. — Estampage. 


Inscription des Croisades, actuellement conservée à Cannes et 
provenant de la collection Lycklama. Je lai relevée à Cannes 
en septembre 1879, au cours d'une mission er italie dont m'avait 
chargé le Ministre de l'instruction publique. Croix à double tra- 
verse, entre deux compas. L'inscription, disposée en cinq lignes, 
est dispersée au milieu des symboles figurés. L'ensemble est on 
peu effacé : 

Hic req\u|res| cit] 
Her(bert?)us d'Ambro... 


(Gravée, pl. XI, C.) 


115. 
Plaque de marbre. — Jerusalem. — Estampage. 
Fragment d'inscription des Croisades très effacée. L'original est 
déposé dans l'établissement français de Sainte-Anne. L'inscription 


est incomplète et paraît avoir beaucoup souffert. On distingue les 
traces de six lignes : 


[ann ] ab in[carnatione Domi ni 


Û (050) RATE RE Ars ti NAME NET | 
XIII, indiciofne.. ... .. ...? feriue? 
gun teNenAT ALES 10 
Sirulle nee Phiera]cer ee 


(Gravé, pl. XIT, B.) 


€ 


IMUEr 
Mosaïque. — ‘Orfa (Édesse). — Dessin l. 


Femme de face, coiffée d’un grand bonnet conique; debout; de- 
vant elle deux petits enfants, dont les cheveux forment une coque 
bizarre, une sorte de volute rejetée sur le côté; j'ai constaté l'exis- 
tence de cette coiffure, caractéristique dans sa singularité, sur.un 
autre monument congénère provenant d'Édesse ©). 


G) Remis à M. E. Renan peur le déchiffrement de l'inscription. 
® Publié par M. Sachau, dans la Zeitschrift der deutschen Morgenländischen 


— 259 — 


Inscription syriaque estranghélo; à droite, huit lignes ; à gauche, 
quatre lignes; difficile à déchiffrer. La copie, exécutée par une 
main inexpérimentée, semble être cependant très fidèle dans sa 
naïveté. 

(Gravée, pl IX.) 


117. 


Plaque reclangulaire, matière indéterminée. — Rhodes. — Dessin. 


Au milieu d'une ornementation élégante, fleurs, fruits, vase, 
rinceaux, inscription hébraïque en caractères carrés. Dix lignes. 
Stèle funéraire. Ne doit pas dépasser l’époque de la Renaissance. 


MISE 


Terre cuite (2), — Tehafdar-Hisar ( Ascania) ? — Dessin. 


Vase en forme d'olla. Décoration faite d'éléments géométriques. 
En haut de la panse, inscription grecque douteuse. 


119. 


Pierre indéterminée. — Yemichehr d'Asie, — Dessin. 


Bas-relief funéraire représentant un édicule distyle, à fronton 
triangulaire : feuillages, bucranes, palmettes, etc. Entre les deux 
colonnes, édicule distyle plus petit, cintré, avec un symbole ayant 
approximativement la forme d’un 8. Sur l’architrave, une ligne 
de caractères indéterminés. Plus haut, restes d’une inscription 
grecque de deux lignes : ...COCNHC C@HCOC NO....... Z[H]- 
CAC ETH M XAIP(E). 


120 A et B. 


lragments d'inscription grecque des environs de Ramlé. — 
2 copies d'un indigène. 


Gesellschaft (vol. XXX VI, p. 158), pour l'inscription seulement. Une photogra- 
phie du monument, communiquée à l'Académie des inscriptions par M. E. Renan, 
montre le buste en bas relief d'un personnage viril coiffé identiquement. 

(Planche gravée d’après mon dessin pour accompagner l’article de M. Renan, 
dans le Journal asiatique (février-mars 1883, p. 216 et suiv.). 


s 


— 240 — 


ONOPASETSR 


Marbre. — Arsoaf ( Apollonias). — 2 dessins; un moulage. 


Statue de 0" 70 de hauteur, représentant un épervier de taille 
colossale; mutilée. Les plumes sont figurées par un curieux travail 
d'imbrication. Le bec est brisé. L'oiseau est figuré debout; les 
ailes, fermées, sont à peine indiquées. Les pattes sont absentes. 
Une large entaïlle pratiquée à la partie antérieure et inférieure du 
corps montre que la statue venait se superposer à quelque autre 
chose. 

Au col de oiseau est suspendu par un double cordon un mé- 
daïllon circulaire, où est sculpté en relief un monogramme grec, 
qu'il faut peut-être lire IDYAIANOC. 

Travail grec de basse époque fait sous une influence égyptienne 
indirecte. Rappelle tout à fait le type de l’Horus hiéracocéphale, 
d’où est sorti, par voie iconologique, le saint Georges chrétien P). 

J'ai montré autrefois que le dieu phénicien Reseph, correspon- 
dant exactement à cet Horus ornithomorphe, ainsi qu'à Apollon 
hellénique, avait donné son nom à la ville antique d'Arsoüf (Apol- 
lonias des Grecs) : &—nw. I est probable que nous avons 
là une image, réminiscence tardive, du Reseph phénicien, patron 
éponyme de la ville d'Arsoüf. 

(Gravée, pl. IT, H.) 


122: 
Yerka (environs de Saini-Jean-d'Acre). — Copie d'un indigène. 
Inscription grecque byzantine. Trois lignes. Le reste est enfoui 
en terre. 
123. 
Yerka (environs de Saint-Jean-d’'Acre). — Copie d'un indigène. 


Fragment d'inscription grecque ou médiévale {?). Une ligne. 
Le reste est caché par une autre pierre. 


® L’original était dans le /laram de Sidna ‘Aly. L'autorité locale, mise en éveil 
par l'intérêt que j y avais attaché, l’a depuis fait saisir et transporter à Jérusalem. 


@) Cf. mon mémoire sur Horus et saint Georges. 


— 241 — 


124. 
Aqueduc de Siloé (Jérusalem). — Dessin. 


Plan et coupe de l'aqueduc percé dans le roc et contenant la 
grande inscription hébraïque archaïque n° 20 {section IT). Dressés, 
à ma demande, par mon ami le colonel sir Charles Warren (R. E.), 
d'après ses relevés pris en 1867. Échelle : ———. Cotes réelles ex- 


primées. Le dessin a été réduit d’un tiers à la gravure. 
(Gravés, pl. VIT.) 


1250 
Bronze. — Saida (Sidon). — 1 photegraphie. 


Statuette d'Astarté ®), nue; geste de la Vénus dite pudique; ar- 
milles ; diadème tripartite. Physionomie souriante. Style grec. Hau- 
teur, 0" 23. Cf. n° 101 de cette section du catalogue. 

(Gravée, pl. IV, A.) 


126. 
Bronze. — Jaffa (Joppé). == Empreintes. 


Monnaie inédite de l'antique Joppé, au nom de l’empereur 
Héliogabale ®). Cette monnaie tranche un point controversé de la 
numismatique palestinienne. Elle nous prouve, en effet, que 
M. de Saulcy (), en étant tenté de voir, non sans quelque hésita- 
tion, dans les lettres AA l’abréviation de l'épithète bAA(OYIAC), 
avait raison contre M. Reichardt (), qui les prenait pour la nola- 
tion de la date 531 (des Séleucides — 251 de notre ère). 


(1) A M. Lüytved. 
Cf les figurines semblables des numéros 95-98 et 101. 
) Je l'ai donnée dans la Revue archéologique (février 1882, p. 74), avec un 


note intéressante de M. Darricarrère, qui possède l'original. 
® Numismatique de la Terre-Sainte, p. 177. 
5) Wiener numism. Monatschr., HN, p- 192 el 195. 


MI8S, SCIENT, — XI, 10 


IMPRIMENIE NATIONALES 


— 242 — 


12700 


Basalte. — Selgo ou Selik, à deux heures et demie de Sumosate, 
sur l'Euphrale. — Estampages et dessins. 


Monument de la plus haute importance, découvert par M. Lôyt- 
ved, qui a bien voulu m'en donner l'estampage et un croquis. 
Stèle quadrangulaire, mesurant 1" 50 de hauteur, sur 0" 63 de 
largeur et 0" 35 d'épaisseur. 

Bas-relief représentant un roi d'Arménie, ou de Commagène, 
qui offre de grandes analogies avec Îles portraits monétaires de 
Tigrane : debout, en pantalon'oriental, présentant la main à l'Hé- 
raklès hellénique, également debout, devant lui, la massue sur 
l'épaule. 

Sur les faces latérales, à droite et à gauche, inscription grecque 
comptant environ 40 + /45—85 lignes. Malheureusement ce sont 
des tronçons de phrases sans suite. Il est à supposer que l’inscrip- 
tion se continuait sur la face postérieure; elle aura été détruite, 
à moins qu'elle n'ait échappé à l'attention de M. Lüytved P), 


198 6). 
Djebail (Byblos). — Estampage. 


Inscription funéraire en hébreu carré“. Cinq lignes. Epitaphe 
de Hallevi, fils de Manassé, chef de la communauté P), datée de 
l'an 1411 de l'ère des Séleucides (1100 après J.-C.) : 


Q()0N ADN: 
250 72 07 
= bapn wN 
NNS n22 5 
nv 09 


Fournit un synchronisme important pour une inscription ana- 


() In situ. 

@) M. Lôytved m'a confirmé, depuis, par lettre, que ma conjecture était exacte 
et que la face postérieure est, en effet, couverte de caractères. 

#) L'’original est entre les mains d’un indigène. 

(1) Cf. les deux articles que j'ai consacrés à cette inscription dans la Revue cri- 
tique (19 février et 21 mai 1883). 

(©) Lapn UN, cf. Benjamin de Tudèle, p. 30, éd. Asher. 


7 


— 243 — u 


logue recueillie autrefois à Djébaïl par M. E. Renan, et à laquelle 
quelques savants avaient été tentés d'attribuer une antiquité exa- 
gérée (1). À comparer aux inscriptions juives du Yémen. 


é 20: 
Beyrouth. — Estampages À et B. 


Sur les débris d’un grand sarcophage trouvé du côté du Nabr 
Beyrouth; deux fragments d'inscription grecque se faisant peut- 
être suite. L'un d'eux a conservé l'extrémité du cartouche à 


queue d’aronde qui encadrait l'inscription. Deux lignes. Épitaphe 
chrétienne. 


130 ©). 


Roc. — Jérusalem (mont des Oliviers). — Croquis ©. 


Au-dessus de l'entrée cintrée d’an caveau funéraire creusé dans 
le roc, déblayé par moi : » 
1 


PU 


SIL 


Jérusalem (mur du Haram). — Croquis ©. 


Plans et croquis montrant le résultat des excavations entre- 
prises, sur ma demande, par les Turcs au pied du mur est du 
Haram (enceinte du temple juif). Découverte d’une porte murée, 
inconnue jusqu'ici, donnant accès dans le terre-plein intérieur du 
sanctuaire (). 


132 (6), 


Roc. — Gezer. — Croquis ©. 


" 


Troisième exemplaire de inscription bilingue, hébraïque et 


G) Chwolson, Corp. inscr. hebr., p. 101 et suiv. CF. Fr, Lenormant, Essai sur la 
propag. de l'alph. phén., V, 275. 

2) J]n situ. 

fn * y] 

) Carnet, p. 59. 

() Carnet, p. 44 et 45. 

5) Cf. n° 89 de cette même section, 
( 


) In situ. 


Carnet, p. 55, 74-70. 


10. 


— 9hh — 


grecque, fixant l'emplacement et déterminant le périmètre légal 
de Gezer, ia fameuse ville royale chananéenne retrouvée par moi 
il y a une douzaine d'années. Deux lignes. 


ARKIOY 31 onn 
D'Alkios. Limite de Gezer. 


J'avais découvert les deux autres exemplaires en 1874. 

Copie de la nouvelle inscription; plans et croquis montrant la 
disposition topographique des textes. 

J'avais, à l'origine, proposé de voir dans ce mot grec AAKIO 
ou AAKIOY, répété trois fois, une transcription, hellénisée pour 
le son, du nom juif très répandu Helkias (W°p9n), probablement 
quelque magistrat ou personnage de marque ayant présidé à l'éta- 
blissement de la limite. Nombre de personnes avaient hésité à 
adopter cette conjecture. Je puis la confirmer, grâce à un monur- 
ment que je connais depuis treize ans, et dont l'original, acquis 
ultérieurement par M. Chevarrier, mon prédécesseur à Jaffa, est 
récemment entré au Louvre. C’est un grand ossuaire en pierre cal- 
caire surmonté d'un couvercle demi-cylindrique et orné sur sa face 
antérieure et ses deux petits bouts. Il porte en outre une inscription 
grecque qui court sur le bord du petit bout de gauche et de la 
face antérieure. Je crois bon d'en donner ici une reproduction 
d'après l’estampage que j'ai pris en 1871 et les dessins exécutés 
sous ma direction en 1874 par M. Lecomte, alors que le monu- 
ment était encore en place dans un ancien caveau sépulcral de 
Lydda, dont j'ai également rapporté un plan exact. 

L'inscription se dit : 


Eupéüur où Hupiwobr, 6 xal Malbduns dia À tou ZE tuœwvos 
l'oËmp. 

Je ne m'arrête pas, en ce moment, aux formes, très intéres- 
santes cependant, sous bien des rapports, de Hupévôur, Ma)- 
Oauns, Tobap, ni à la question de savoir si di» est pour dimwvôs. 
Je ne retiens que le nom d’Alkios et son association au nom incon- 
testablement juif de Simon. L’Alkios de Lydda et l'Alkios de Gezer 
sont rigoureusement homonymes. Il ne serait pas impossible qu'ils 
fussent identiques. Lydda-Diospolis est, somme toute, à peu de 
distance de Gezer, et, si l’on tient compte de ce que l'épitaphe 
de Pyrinthyn a pu être gravée deux générations après l'époque de 


RO) TES 


son père ou grand-père Alkios, l’on trouve un intervalle suffisant 
pour justifier l'écart paléographique qui peut exister entre les in- 


Face antérieure. 


ji 


EN 
NÉE AE ï 
7n ? 

hé pe DD 
ul, LS sr 

2) à Pr 

LA 
Es MN UT 
NA le. 2 LEA À 


Face postéricure. 


scriptions grecques de Gezer et l'inscription de lossuaire, dont 
les caractères sont, d’ailleurs, d’une assez bonne époque. 


— 216 — 


133. 
Dädjoùn. — Croquis ©. 


Position de Dädjoün, localité omise par toutes les cartes de Pa- 
lestine, et représentant le Kepher-Dagon de l'Onomasticon. 


1340. 


Calcaire grossier. — Jérusalem. — Dessin ©. 


Dalle funéraire. Épitaphe chrétienne : 


+ Owun lodvns (sic): &x Blou BPc. 


135 4, 
_ El-Moudjeidel, près de Tell-el-Hara. — Copie. 


Inscription grecque relative à la construction d’une tour. Huit 
lignes. Les mots Kara Aaœuacxod, placés immédiatement devant la 
date, paraissent indiquer l'existence d'une ère propre à Damas, ère 
jusqu'à présent inconnue. 


156. 
Bostra. — Copie. 


Sur une pierre mesurant 2° 10 X 0" A5, dans une maison. In- 
scription grecque. Trois lignes. Construction d’un prétoire pour 
l’'hegemôn. 


Datée de l’an 385, indiction XIII (490 après J.-C.) 


137. 


Bostra. — Copie. 


Dans la maison du cheikh. Inscription grecque, inscrite dans un 
cartouche à oreillettes. Quatre lignes. Datée. 


(0) Carnet, p. 86. 

@) Chez l'archimandrite de la mission russe. 

() Carnet, p. 124. 

4) Ce numéro et les suivants ont été copiés par M. Lôytved, qui a bien voulu 
me communiquer ses copies. Je les crois inédits; tout au moins ils ne figurent 
pas dans les Inscriptions yrecques et latines de lu Syrie, de M. Waddington. 


one 


138. 
ET-H it. — Copie. 


Inscription grecque métrique. Six lignes. Épilaphe d’un cavalier 
appelé Diomèdes. 


139. 
ET-Heyät. — Copie. 


Dans un cartouche à oreillettes ornées, inscription grecque de 
cinq lignes. 

Proklos, fils d'Aumos, consacre un Hermès pour le salut de 
son fils Agrippianos. 

C'est le pendant exact du numéro 2096 du recueil de M. Wad- 
dington, où nous voyons le même individu consacrer un Gany- 
mède pour son autre fils Aumos Ü). 


140. 
Dakir. — Copie. 
Inscription grecque. Trois lignes. Fragment. 
141. 
Dakir. — Copie: 
Inscription grecque. Six lignes. Fragment. 
| 5 5 
142. 
Dakir. — Copie. 
Inscription grecque. Une ligne. 
145. 
Souwaret-es-s'qhir. — Copie. 
Inscription grecque. Quatre lignes. Fragment. 


D C'est peut-être le même qui, sous le numéro 2098, consacre une Aphrodite 
pour sa file Asmathé. 


Le 018 es 


lAñ. 
Dakir. — Copie. 
Inscription grecque. Deux lignes. 
145. 
Dakir. — Copie. 
Inscription grecqué. Quatre lignes. 
126. 
Baalbek. — Copie. 


Dans une maisou, sur un piédestal, dont une seule face est 
visible. Inscription grecque. Quatre lignes. 


147. 
Baalbex. — Copie. 


Sur un buste. [Inscription grecque. Deux lignes. 


148. 
Bualbek. — Copie. 
Dans le quartier musulman, près de la porte de Homs, sous 
un buste en bas relief. Inscription romaine. Trois lignes. Frag- 


ment. 
149. 


Baalbek. — Copie. 


Dans une maison près de la route. Inscription grecque. Deux 
lignes. Sous un buste sculpté dans une stèle arrondie par en haut. 


E50. 
Séleucie. — Copie. 
Sur le roc, dans le canal : 


DIVVSVESPASIANVS 
ÉCD'IVVSMR ENS 
Fe 


— 249 — 


151. 
Basalte. — Barin (Raphanœæa). — Copie. 


Iascription grecque chrétienne. Trois lignes. 


159: 
Barin. — Copie. 


Inscription grecque chrétienne. Üne ligne. La date locale 725 


et le chrisme T. 


NOTES COMPLÉMENTAIRES. 


Les antiquités portant les numéros 64-67 bis, 94 ct 106-111 (sec- 
tion Il) ont été recueillies par M. Pérétié pour M. de Clercq et sont 
entrées dans la magnifique collection de celui-ci. Je suis heureux d'an- 
noncer que M. de Clercq doit prochainement publier le catalogue rai- 
sonné de sa collection, avec reproduction, par la gravure, de toutes les 
pièces principales (. Nul n’est plus à même que lui d'interpréter savam- 
ment les merveilles qu'il a su réunir. 


L'épitaphe du maréchal du Temple, Hugues de Quiliugo (IT, n° 14), 
a élé publiée par M. Schlumberger dans le Bulletin de lu Société des 
antiquaires de France (1882, p. 145), d'après un estampage qu'il tenait 
de M. Chevarrier, mon prédécesseur à Jaffa. J'ai vu avec plaisir que je 
m'étais rencontré avec ce savant médiéviste sur la plupart des points dans 
le commentaire de ce texte. La reproduction que j'en donne rectifie en 
plusieurs endroits l'aspect paléographique de la planche du Bullelin et 
établit qu'il’ faut bien lire, comme je l'ai fait et comme l'indique, d’ail- 


leurs, la rime : QUILIVGO et non QUILIVCO. 


(1) La série des cylindres orientaux est déjà sous presse. 


INDICATION 
DES OBJETS GRAVÉS SUR LES PLANCHES, 


= AVEC RENVOIS 


AUX NUMÉROS CORRESPONDANTS DES SECTIONS 1 ET II DU CATALOGUE. 


PLANCHE TI. 


A=T, 26. — Inscription phénicienne du mont Carmel. (Marbre.) 

B=—T, 71. — Inscription en hébreu carré. Ascalon (?). ( Marbre.) 

C — IT, 50. Chapiteau avec inscription bilingue, hébréo-phénicienne et grecque. 
DR Emmaüs. { Marbre.) 


PLANCHE 11. 


I 

1, 4. — Fragment de bas-relief. Arsouf. (Marbre.) 
=], 21. — Fragment de vase. Jérusalem. ( Marbre.) 

I 


C 

D = Il, 75. — Fragment d'inscription hébréo-phénicienne. Jérusalem. (Sur le 
- roc.) 

LE If, 79 a et 8. — Ossuaire juif. Jérusalem. (Calcaire.) 


G=II, 82. — Antélixe. Pays de Karak. (Terre cuite.) 
H= JT, 121 À et 8. — Statue d'épervier. Arsouf. (Maxbre.) 


PLANCHE IIT. 


A=—II, 64. — Disque avec caractères. Sidon. (Bronze.) 


B —11, 66. — Lame avec caractères. Sidon. ( Bronze.) 
C=TIT, 65. — Rame avec inscription phénicienne. Sidon. (Bronze.) 


D=II, 102. — Statuette d'Astarté dansante. Tortose. (Bronze.) 
E—IT, 104. — Figurine de panthère. Mont Liban. (Bronze.) 
F —1IT, 103. — Figurine de musicienne. Tyr. ( Bronze.) 
G=IT, 105. — Figurine de cynccéphale. Tortose. 


. PLANCHE IV. 


A =If,125.— Statuette d'Astarté. Sidon. (Bronze.) 
BE SE Statuette d’Astarté. Sidon. ( Bronze.) 
C—IT, 99 bis. — Statuette d’Astarté. Sidon. (Bronze.) 
D — IT, 101. — Statuette d’Astarté. Tortose. (Bronze.) 
E — IT, 97. — Statuette d’Astarté. Sidon. (Bronze.) 

F = IT, 96. — Statuette d’Astarté. Sidon. ( Bronze.) 


PLANCHE V. 


Il, 94. — Fragment d'inscription phénicienne. Sidon. (Calcaire poreux.) 
— IT, 100. — Tête d'Hermès. Liban. ( Bronze.) 


I 


I 


À 
B 
- Il,1114et 5. — Statuettes d'Aphrodite, Hermès et Éros. Balanée. (Marbre.) 


] 


PLANCHE VI. 


A — II, 109. — Stele phénicienne. Amrith. (Calcaire dur.) 
B — IT, 110. — Statue de femme. Palmyre. (Calcaire dur.) 
G = II, 106. — Bas-relief, tête de déesse égypto-phénicienne. Syrie. (Bronze.) 


PLANCHE VIT. 


IL, 124. — Plan et coupe de l’aqueduc de Siloé. {D'après les relevés de sir Charles 


jee n A eu 1 
Warren, R. E., au ——; gravés au ——=.) 


PLANCHE VIF. 


IT, 20. — Inscription hébréo-phénicienne de l’aqueduc de Siloé (), Jérusalem. 
2 
( toc.) 


PLANCHE IX. 


IT, 1216. -— Mosaïque svriaque avec inscription. (Fac-similé d’un dessm.) 


PLANCHE X. 
AT, 106. — Dalle tombale du croisé sire Gautier Meinne-Abeuf. Saint-Jean- 
d'Acre. (Marbre.) 
B—T, 106. — Revers de la dalle ci-dessus. 
GT, 107. — Inscription des Croisades, datée de 1190. Tyr. (Marbre.) 
D = 11, 113. — Inscription des Croisades, x1° siècle. Jérusalem. (Marbre.) 


PLANCHE XI. 
A —T, 20. — Fragment de bas-relief des Croisades. Jérusalem. ( Marbre.) 
B—II, 25. — Inscription des Croisades. Jérusalem. (Calcaire.) 
CII, 114. — Inscription des Croisades. Sidon (?). 


PLANCHE XII. 


À — I], 14. — Inscription des Croisades. Ascalon (?). (Marbre.) 


B—1J[, 119. — Inscription des Croisades. Jérusalem. 


M La gravure héliographique, exécutée directement d’après le creux en plâtre pris par 
moi sur l'original pour la Commission du Corpus inscriplionum semilicarum , représente 
l'inscription invertie ct en relief, et montre le champ avec les traces du cartouche d’en- 
cadrement, 


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D'APRÈS LES RELEVES DE SIN CHARLES AWARREN, R. EF, 


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QUATRIÈME RAPPORT 


DE 


M. CH. TISSOT, 


MEMBRE DE L'INSTITUT (AGADÈMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES) ; 


SUR 


LES MISSIONS ARCHÉOLOGIQUES 
EN AFRIQUE. 


Dans la séance du 20 avril 1883, notre confrère M. Ernest 
Desjardins a communiqué à l'Académie une inscription très in- 
téressante découverte par M. Letaille aux environs de Makter, 
en Tunisie. Cette inscription, que nous publions aujourd'hui en 
héliogravure d'après un estampage très soigné, présentait de 
grandes difficultés de lecture; nous avons avons pu les surmonter 
en partie, grâce au concours de notre savant collègue M. Léopold 
Delisle. L'écriture rappelle à la fois l’onciale du haut moyen âge 
et les graflites de Pompéi. On sait que les inscriptions en cursive 
sur matière dure sont de la plus grande rareté, et cette circon- 
stance seule suffirait à donner une importance de premier ordre 
au document découvert par M. Letaille. Le fond de l'inscription, 
d’ailleurs, n’est pas moins inléressant que la forme. Le défunt, 
dont le nom n'est pas indiqué, raconte, en distiques, l’histoire de 
sa vie. De simple journalier, employé aux travaux de la moisson, 
il s'est élevé, par son activité, à la condition de chef ouvrier; puis 


% Voir les précédents envois du même voyageur pendant sa première mission, 


communiqués à l'Académie des inscriptions, séances du 30 mars (Comptes rendus, 
1883, p. 25, 96 et 98. Découverte de la Colonia Zamensis. Rectification, note de 
M. Tissor, p. 203-210), du 13 avril (p. 147 et 148) et du 27 avril (p. 152- 


1 
199). 


ONE 


il est devenu propriétaire et a occupé un siège dans la curie. Son 
bonheur, récompense de sa vie honnête et laborieuse, n'a été trou- 
blé par aucune médisance. L’épitaphe se termine par une leçon de 
morale : « Apprenez, mortels, à mener une vie sans reproche : celui 
qui à vécu sans crime, mérite de mourir ainsi. » 

Assurément, dans ce petit morceau, les idées valent mieux que 
l'expression; mais ce mélange de prétention et de maladresse, ces 
fautes de quantité et d'orthographe, caractérisent à merveille le 
parvenu du travail manuel qui s’est efforcé d'acquérir sur le tard 
quelques notions hâtives de littérature et de poésie. En comparant 
cette épitaphe en vers boiteux à bien d’autres compositions analogues 
trouvées en Afrique, on est frappé de l'accent tout personnel qui la 
distingue et qui n’a rien de commun avec la pompeuse rhélo- 
rique de commande gravée sur la mausolée de Flavius Secundus 
à Cillium. Si le moissonneur n'a pas composé lui-même son épi- 
taphe, du moins le poète municipal chargé de ce soin a-tl pu 
travailler sous son inspiration directe et peut-être sur un canevas 
écrit par lui. Cette autobiographie d’un laboureur devenu proprié- 
taire et magistrat de son municipe est encore singulièrement in- 
structive à d’autres égards; elle jette une lumière nouvelle et toute 
favorable sur la condition des classes agricoles dans les provinces 
de l'empire. Rien n'autorise à en faire descendre l'époque jus- 
qu’à l'établissement définitif du christianisme; le caractère de 
l'écrituie ne peut être invoqué comme un argument dans ce sens. 
Les graffites de Pompéi montrent suffisamment que l'écriture cur- 
sive était en usage de très bonne heure. Nous inclinerions à consi- 
dérer celte inscription comme contemporaine des Sévères et de la 
grande prospérité industrielle et agricole dont l'Afrique jouit sous 
ces empereurs. 

Voici les vers que l'estampage et l'héliogravure nous ont permis 
de déchiffrer avec certitude {voir pl. F) : 


CC 


Po: TEA Re Ce RO OT ferebat. 

Et cum maturas segeles produxerat annus 
Demessor calami tum ego primus eram. 

Falcifera cum turma virum processerat arv. . 


INSCRIPTION. DE 


MAKTER 


= 


HS SOMMEUT 


à a 4 
[LR Mn! 2 


D A4 


Do 


Seu Cirtae nomadas, seu Jovis (?), arva petens 
Demessor eunctos anteibam primus in arvis, 
Pos[t] tergus lincuens densa meum agmina (sic). 
Bis senas messes rabido sub sole totondi. 
Dactor et ex opere postea factus eram. 
Undecim et turmas messorum duximus annifs] 
Et Numidae campos nostra manus secuit. 
Hic labor et vita parvo cont[ent]a valere 
Et dominum fecere domus et villa paralas, 
Et nullis opibus indiget ipsa domus. 
Et nostra vita fructus percepit honorum : 
Inter conscriptos scriptus et ipse fui. 
Ordinis in templo, delectus ab ordine, sedi, 
Et de rusticulo censor et ipse fui. 
Et genui, et vidi juvenes crevisse nepotes. 
Vitae pro meritis claros transevimus annos, 
Quos nullo lingua crimine ledit atrox. 
Discite, mortales, sine crimine degere vitam. 
Sic meruit, vixit qui sine fraude, mori (UE 


4) Nous donnons ici l'alphabet des caractères employés dans l'original de l'in- 
scription de Makter : 


AANANX | NEO 
dr 


B 


L 


— 256 — 


M. Letaille a reçu au mois d'octobre 1883 une nouvelle mis- 
sion du Ministère de l’instruction publique à l'effet de poursuivre 
ses recherches dans le vaste champ de ruines de Makter. Cette 
seconde campagne conduite par lui avec beaucoup de persévérance 
et de zèle, a déjà fourni des résultats intéressants, dont nous ne 
pouvons signaler ici que les principaux. Les deux inscriptions 
suivantes, dont M. Letaille nous a adressé les estampages, don- 
nent pour la première fois le nom complet de la ville antique 
qui s'élevait à la place de Makter, ainsi que l'ethnique Mactari- 
tanus. 


I. Piédestal trouvé à Makter, au centre de la ville antique. 
Hauteur de l'inscription, 0" 75 ; largeur, 0" 45 ; hauteur des lettres, 
07 09. 


IMP:CAES L:SEPTIMI SEVERI 

PII PER TINACIS AVG:ARAB: 
ADIAB-*PART :MAX:FORTISSI 

MI FELICISSIMI PONT MAX 

TRIB : POTEST - VII-IMP-XI COS-Ï 

P P PROCOSZZ 0) 

IMP : CAES‘M:AVRELI ANTONINI AVG 
TRIB:POT:II PROCOS%5 (0) 

a M ANTÏTONINI PI] GER:SARM 

WP) DIVNI ANTONINI PILE 

DIVI HADRIANIZZ  DIVI TRAIA 

NI PART:ET DIVI NERVAEZZ (8 COL:AE 
LIA AVRELIA MACTARIS D D:PP 


s 


L'inscription se lit sans difficulté et les lacunes indiquées peu- 
vent être remplies avec certitude. Les deux premières lignes ont 
été martelées dans l'antiquité; elles doivent se restituer ainsi : 


IMP-P-SEPTIMIO GETAE 
AVG 


® mp. P. Septimio Getae. — ® Aug. —® Filio. — ® Fratri: — ® Nepot. 
— (9 Pronep. — () Abnep. — (®) Adnep. 


— 257 — 


II. La seconde inscription, trouvée à Makter également, est 
malheureusement peu lisible; mais elle donne à la huitième ligne 
le mot MACTARITANAE, ethnique de la cité que fait con- 
naître l'inscription précédente, Colonia Aelia, Aurelia, Mactaris. 
Les dernières lignes, que l’on peut déchiffrer en partie, indiquent 
le sujet de l'inscription, qui est une dédicace en l'honneur de 
C. Sextius, C. f., de la tribu Papiria. 


COL SVAE MACTARITANAE EPVLATICZZEX 
VSVERISZZACW EVE M IIIMIFR ATRIS SVI 
QVODANNISZ//0B QUVAM LIBERALITATEM 
EIVS STATVA MZ MSP OSNN ER 


IT 


L'Académie sait avec quel zèle les officiers de l'armée d’occupa- 
tion de la Tunisie ont collaboré, depuis deux ans, à l'exploration 
archéologique de ce pays. Nous sommes heureux de constater que 
cezèle ne s’est pas refroidi et que nos officiers ont fourni, cette année 
encore, un large contingent de découvertes à l’épigraphie afri- 
caine. Souvent, il est vrai, dans une matière si difficile, le travail 
et la bonne volonté ne suffisent pas; pour copier les textes et pour 
en faire de bons estampages, il faut une certaine habileté profes- 
sionnelle que l'expérience seule peut donner à la longue. Ces ob- 
servations s'appliquent en particulier aux nombreuses communi- 
cations de M. le D' Rouire, que nous sommes obligé de résumer 
très brièvement. Parmi les inscriptions qu'il a recueillies, il en 
est un certain nombre qui figurent déjà dans le Corpus; d’autres, 
qui paraissent inédites, sont copiées avec trop d'inexpérience pour 
qu'on puisse en tenter la restitution. Nous mentionnerons, parmi 
ces dernières, une douzaine d'inscriptions funéraires recueillies à 
Sidi-Aïsch, sur la route de Gafsa à Feriana, localité dont M. le 
D’ Rouire a donné une description soignée. L'auteur a joint à son 
envoi des photographies exécutées d’après les dessins de M. Go- 
dart, qui faisait partie d’une des grandes colonnes militaires for- 
mées dans l’automne de 1881 ; les inscriptions ainsi reproduites 
sont d’une extrême incorrection, et ne peuvent être d'aucun 
usage. On peut en dire autant des estampages de M. Rouire, dont 
plusieurs ont été pris à l’aide de papier collé, circonstance regret- 

MISS, SCIENT, — XI, 17 


IMPMIMERIE NATIONALE, 


— 258 — 


table qui leur enlève toute valeur, l'emploi de papier non collé 
étant indispensable quand il s’agit de reproduire les détails d’une 
inscription souvent mal gravée et détériorée par:le temps. 

M. le capitaine Vincent, détaché à Badja, nous a envoyé un 
travail plein d'intérêt sur les recherches qu'il a entreprises dans les 
environs de cette ville où il dirigeait le service des renseignements. 
Son mémoire est accompagné de dessins soignés et de plans qui 
mériteraient d'être reproduits par la gravure. À Badja même, 
M. Vincent a recueilli une inscription importante qui donne une 
date consulaire : 


CAESARE M AVG 
M PLAVTIO SILVANO 
M TITVZNI VS MF 
AFRICANVS AEDEm 
ENVIRISARERE CITZZ 


[Imp(eratore)] Cuesare Aug(usto) Marco) Plautio Silvano M{arcus) 
Titufrinius M{arci) f{ilius) Africanus aede[m Tel\luris refecit. 


Le consulat de Plautius Silvanus remonte à l'an 752 de Rome. 
L’enceinte de la ville a fourni à M. Vineent la matière d’une cu- 
rieuse étude. Il en a dégagé une partie et découvert une belle 
porte à double entrée construite en pierre de grand appareil, au- 
dessus de laquelle est bâtie la porte moderne de Bab-es-Souk. Ce 
résultat n’a pu être obtenu qu'au prix de fouilles difficiles, que 
M. Vincent a conduites avec beaucoup d'intelligence. D’autres 
fouilles, pratiquées par lui à Bou-Hamba, à 1,800 mètres de Badja, 
ont amené la découverte d’une nécropole punique, dont cent vingt 
caveaux ont été explorés. Tous les tombeaux sont construits sur un 
même modèle. On y descend par une entrée rectangulaire taillée 
dans une maçonnerie en béton entremêlé de grosses pierres; le 
couloir conduit à une voûte dont la coupe est tantôt circulaire et 
tantôt carrée. Le caractère de ces tombes est celui de la seconde 
époque phénicienne. M. Vincent a dessiné la coupe de huit d’entre 
elles, en indiquant exactement les objets qu'il a découverts dans 
chacune, à droite et à gauche des ossements. Ces objets, dont il a 
également envoyé les dessins, sont des lampes, de petits lécytbes, 
des urnes funéraires et quelques monnaies de bronze carthagi- 
noises aux symboles du palmier et du cheval. I serait à désirer 
que l'exploration de cette nécropole fût reprise avec autant de 


— 959 — 


soin que M. Vincent en a mis à la commencer. Enfin, le même 
officier a découvert sur l’Oued Badja les restes d’un camp retran- 
ché romain, s'étendant sur une superficie de 2 hectares 55 ares 
au confluent de l'Oued Badja et du Chäbet el Louza. Le fossé et le 
vallum sont reconnaissables sur une assez grande étendue; la face 
sud présente des murs et des restes de tours. Les faces nord-ouest 
et est sont intactes et défendues par des fossés de 20 «mètres de 
largeur sur 3 mètres de profondeur. M. le capitaine Vincent a fait 
preuve, dans l'exposé de ses recherches, d’une sagacité et d’une 
précision qui lui font honneur; seules, les copies d'inscriptions 
qu'il nous communique laissent encore beaucoup à désirer. 

Nous devons à M. le lieutenant Espérandieu, qui a accompagné 
M. Letaille dans une partie de sa mission, trois plans intéressants 
des ruines de Siguese (Pont Romain), Laribus (Lorbes) et Mac- 
taris (Makter). On ne saurait trop encourager nos officiers à faire 
des travaux de ce genre, auxquels leurs études les ont parfaite- 
ment préparés. Les plans de M. Espérandieu sont habilement 
dessinés et représentent un labeur considérable, dont l’Académie 
lui sait gré. . 

M. le lieutenant Fonssagrives a découvert à Zaghouan et dans 
les eevirons de cette ville sept inscriptions ou fragments d’inscrip- 
tions qui ont déjà été communiqués à l’Académie des inscriptions 
(séance du 19 octobre 1883). Ces textes présentent un intérêt | 
sérieux et ont été copiés d’une manière satisfaisante; il n’est pas 
inutile de les reproduire ici avec quelques-unes des observations 
qu'ils suggèrent. 

Le premier texte envoyé par M. Fonssagrives a été trouvé à 
Zaghouan même. C’est un fragment de dédicace gravé sur un 
cippe qui a été scié par la moitié dans le sens de la longueur. 


VENERI:AVZ£# 
ALVIOLENZXZRESCENTIZZ 
NIMINIVS:MISTLIZ#Z 
AD ORNANDAM PATRIAMZ 
PAVPERTATIS SVAE IN P%# 
COMPENSATIONEM 17% 
PECVNIA SVA FECER ## 
ICATIONEM : PVGIZÆ? 


[a 


(1) Publiées par moi dans le numéro 5, 3° année, du Bulletin épigraphique de 
la Gaule, P: 217-221. 


17. 


— 260 — 


Veneri Auf(g. s(acrum) . . . Alnniolen|us, C\rescenti|s f{1hus), etc. . .] nunu- 
nus Misili|ssae filus]:: 0.120: ad ornandam patriam [et in leva- 
mentum] paupertats suae [ardem? cellam?], pecunia sua fecer[unt, ob 
cujus de\dicationem, pugilles et gymnasium universis civibus dederunt]. 


Il s'agit, comme on le voit, d'un monument dédié à Vénus 
Auguste par deux personnages dont les noms sont incomplets. 
La copie de M. Fonssagrives porte ALVIOLEN fus] : nous lisons 
sur l’estampage [a] NNIOLEN [us], nom analogue à celui d'An- 
niolus que donne une inscription africaine. Le nom qui suit, au 
génitif, est certainement Crescens. Le nom du second des deux 
donateurs est également mutilé : M. Fonssagrives a lu ...NIMI- 
NIVS. L'estampage donne MMINIVS. Le nom qui suit, MISILI 
[SS], est libyen : le mot mas, mes ou mis «fils de» entre dans la 
composition d’un grand nombre de noms indigènes, Masiwa, 
Massinissa, Micipsa, Mesotul, etc. On trouve dans les inscriptions 
Iybiques” le second composant à l'état isolé : ba, Inissa, Ibsa. 
Le complément que nous donnons est justifié par le nom d’Ilissa 
qui se rencontre dans l'épigraphie libyenne. 

Un autre fragment, trouvé à Zaghouan, est relatif à un procurator 
Augusti, c'est-à-dire à un administrateur des domaines impériaux : 
les dedicantes sont les officiales du procurateur, ou employés de ses 
bureaux. 

L : PLAVTIO - ITA 
PROC:AVG 
OFFICIAII 
LPC 


À Henchir-Beni-Derradi, à 7 kilomètres environ à l’est de Za- 
7 

ghouan, et sur le chemin qui conduit de ce bourg à Hammamet, 

M. Fonssagrives a rencontré la dédicace suivante : 


MARTIN À ANOS V 


PRO SAL NIBVS OIO 
M AVRELI AN R RADI 
CIVV 
CVRO 
Q:Il 


Cette dédicace à Mars Victor Augustus, pour le salut de l’em- 


— 9261 — 


pereur M. Aurelius Antoninus (Caracalla), a été gravée sur une 
pierre qui portait déjà une inscription dont il subsiste encore 
quelques caractères. On s’est borné à effacer tant bien que mal 
le premier texte et à graver le second dans un rectangle central 
creusé à 5 millimètres de profondeur. On trouve en Afrique de 
nombreux exemples d'économies de ce genre. 

Les deux derniers textes, de beaucoup les plus intéressants, ont 
été découverts à Henchir-Drâa et Gamra, dans le Bahirt Simindja, 
vaste plaine arrosée par l’'Oued Meliàän et bornée au sud par le 
massif de Zaghouàn, à l’est par les collines d'Oudena, l’ancienne 
Uthina, et à l’ouest par le plateau qui sépare le bassin de l'Oued 
Meliàän de celui de la Medjerda. 

Voici la première des deux inscriptions découvertes dans ces 
ruines par M. Fonssagrives : 


MENSVR 

P : LIGARIO : MAXIMI : LIGARI : FIL : POTITO : 
DECVRIONI EI MAGISIRAÏTO : ANNVALI : CI 
VITATIS-SVAE GORITANAE QVI EX SVA LI 
BERALITATE : REI : PVBL : SVAE : HS: III + MIL : 
N :INFERENDA REPROMISII VIT EX EIVS 
SVMMAE REDIIVM ID ESI VSVRAE XLX 
DIE‘XVI-KAL-IAN:NATALIS EIVS PVGILI 
BVS EI GYMNASIO IIÏEMQVE DECVRIO 
NIBVS EPVLO SVO QVOQVE ANNO IN PER 
PEIVVM AB EADEM : REP : INSVMERENTVR 
P : LIGARIVS SECVRVS OB DEBITAM PATRI 
PIETATEM POSVIT:I-D-:D:D: 


P{ublio) Ligario, Maximi Ligaru fil(io), Potito, decuriont et magistrato (sic) 
annuali civitatis suae (roritanae, qui, ex sua liberalitate, rei publ(icae) 
suae, sestertium quattuor millia nummum inferenda repronusil, ul, ex ejus 
summae reditum (sic), td est usurae, denarii sexaqinlu , die decimo sexto 
kalendas januarias, natalis ejus, pugilibus et qymnasio itemque decurio- 
nibus epulo, suo quoque anno in perpetaum, ab eadem rep{ublica) insume- 
rentur, Publius) Ligarius Securus ob debitam patri pietatem posuit. 
L{oco) d{ato) d(ecreto) d(ecurionum). 


À Publius Ligarius Potitus, fils de Maximus Ligarius, décurion et 
magistrat annuel de Gor, sa ville natale, qui, dans sa libéralité, s’est 
engagé à verser au trésor. de la cité la somme de 4,000 sesterces, pour 


— 262 — 


que, du revenu (c'est-à-dire des intérêts de cette somme), 60 deniers 
soient consacrés par ladite cité, chaque année, à perpétuité, le 16 des 
kalendes de janvier, jour de naissance du donateur, à des combats de 
pugilistes et à des jeux gymnastiques, ainsi qu'à un banquet offert aux 
décurions. 

Publius Ligarius Securus, dans un légitime sentiment de piété filiale, 
a élevé (cette statue), le terrain ayant été accordé par un décret des 
décurions. 


En dehors de l'inscription, et sur la plinthe supérieure du pié- 
destal, on remarque, en petits caractères, abréviation MENSVR. 
Elle constate peut-être que la plinthe donne précisément la mesure 
de l'emplacement concédé par le décret de la curie. Les monu- 
ments de ce genre étaient si nombreux dans quelques villes afri- 
caines, que le forum en était littéralement encombré. Le terrain 
était donc strictement mesuré et, malgré cette précaution, cer- 
taines cités étaient obligées d’aligner sur deux rangs les statues de 
leurs bienfaiteurs. 

Les mots magistrato annuali, qu'on lit à la deuxième ligne, 
confirment, croyons-nous, l'existence d'une organisation munici- 
pale particulière qu'on avait déjà cru entrevoir dans d’autres bourgs 
africains. 

Une inscription de Sila (C. 1. L., 1. VII, 5884) nomme un 
magisiralus : 

JEAN AO AN VE MELN US 
CAPVAAMSAGAEY 
SACRVM 
COMPARER INA RALAVES 
FAVSTVSGARRVNTI 
PRRACAGAVILAS PEINE SE 
DEMPARIGOINS ARR MMIVES 
PERMISSO ORDINIS 
SSL RE CNINTS ARE CM 
ITEMOVE DE DICAMVINT 
LIBENSSANIMO 


Wilmanns suppose que ce magistratus est le magister pag : 
magistratum nescio quem, scilicet, ni fallimur, magistrum pagi. Mais 
il reconnaît en même temps que la condition de Sila était de tous 
points analogue à celle de Sigus, et 11 constate ailleurs que Sigus, 


MCE 


— 263 — 


qualifiée dans d’autres inscriptions de res publica, avait une organi 
sation qui tenait le milieu entre celle du municipe proprement dit 
et celle du simple pagus. 

Une inscription d’Uzelis (C. I. L., t. VIIL, 6339) fait égale- 
ment mention d'un magistratus et des sommes honoraires payées 
par lui à l'occasion de son décurionat et de sa magistrature : 


P. Marcius, P. fiius, Q{uirina), Crescens, mag(istratus), ob statuam, 
quam, ob honorem magistratus sut, die tertio nonarum Januariarum , in 
Capitolio promuser(at), inlatis r(ei) p(ublicue) summis honorarüs decurio- 
natus et mag(istratus), sua plecunia) f{ecit) et, eodem anno, die xvr k(a- 
lendas) octobr(is), dedicavit. L(oco) d{ato) d{ecreto) d(ecurionum). 


Ici, comme dans l'inscription qui nous occupe, il est question 
du double honneur du décurionat et de la magistrature annuelle. 
Quel était au juste le sens de ce mot magistratus ? Devons-nous y 
voir simplement le titre de « magistrat» dans son acception la plus 
large? En qualifiant son père de magistratus annualis, le fils de 
Ligarius Potitus a-t-il fait allusion aux honneurs annuels de l’édi- 
lité ou du duumvirat? Une telle explication n'est guère admissible. 
L'emploi du mot magistraitus dans ce sens est sans exemple, au 
moins en Afrique, et l’on comprend aisément que l'amour-propre 
des bienfaiteurs des cités ou la piété filiale des héritiers de ces bien- 
faiteurs n’ait pas trouvé son compte à celte formule vague, alors que 
lestitres d’édile et de duumvir étaient de véritables titres de noblesse. 

Nous inclinerions donc à croire que le mot magistratus a ici une 
signification spéciale et qu'aGor, comme à Uzelis et à Sila ,ildésigne, 
non pas le magister pagi, mais une dignité municipale supérieure à 
ce dernier titre, bien qu'inférieure aux dignités des municipes régu- 
lièrement organisés. Notre magistratus annualis, en d’autres termes, 
nous paraît être un administrateur spécial, dont la fonction corres- 
pond à l'organisation particulière de la cité, organisation qui forme 
la transition entre le pagus et le municipe. Les rédacteurs du hui- 
tième volume du Corpus, tout en admettant l'existence de cette or- 
ganisation intermédiaire, ne voient pas dans le magistratus autre 
chose que le magister pagi. N'est-ce pas se refuser à la conclusion 
après avoir posé les prémisses? Après nous être demandé, pour 
notre part, en quoi pouvait consister cette organisation spéciale pre- 
nant rang, pour ainsi dire, entre celle du pagus et celle du muni- 
cipe, nous sommes lenté de croire que les trois inscriptions de Sila, 


— 264 — 


d'Uzelis et de Gor nous l’expliquent en nous montrant à la tête 
de ces trois petites communautés un magistratus annuel pris parmi 
les décurions l). 

La seconde inscription découverte par M. Fonssagrives à Henchir- 
Drâav et à Gamra a irait, comme les précédentes inscriplions, à 
des libéralités testamentaires : 


MARIO : MARINO : FELICIS: FIL 
FL PPouOB MNGSIGNEM IN PAT RIA0S EMAEI 
VES : SVOS: LIBERALITATEM : QVI:TESTAMEN 
TOESVO: RL IP ISVAELIGORINANAESDESI-EXIDEENNIE 
Né DEDIEMEX SE VIVES ENS NERIS DIRE EN "TPE 
SO TD IPB VIS US EP TE MBR ON ODA ANNEES 
DECVRIONESC SPORIMLAS AICCE PÉRIENMEEMS 
GNMMNASIVM EE VNIVERSIS A CIVIBVS OP TOME 
LIBERALITATEM:EIVS :CVM:ORDO:DE:PVBLICO:STA 
TVAM : EL : DECREVISSET : MARIA : VICTORIA FIEF 
ÉIERESE SEINS EMI VO EAILOCO ACONTMENA 
POSVIT : ET : CVM : OFELIO : PRIMO : SVYZZ4 
FLXSPP A MARITO : SVO *ORDINI SH EPVEVMe ADDED 


Les lacunes ou les erreurs de la copie de M. Fonssagrives sont 
faciles à suppléer et à corriger, grâce à l’estampage, et le texte est 
certain : 


Mario Marino, Felicis ful(io), fllanuni) p(er)petuo, ob insignem in palria et 
cives suos liberalitatem , qui testamento suo r(ei) p(ublicae) suae Goritanae 
sestertium duodecim millia) n(ummum) dedit, ex cujus usuris, die natal 
suo, idibus septembr{ibus), quodannis, decuriones sportulas acceperent, 
et gymnasium universis civibus, ob quam liberalitatem ejus cum ordo de 
publico statuum ei decrevisset, Maria Victoria fil{ta) [et] heres ejus, ttulo 
et loco contenta, [de suo] posuit, et eum Ofelio Primo Saturnino, flanuni 
perpetuo, mario suo, ordint epulum dedit. 


Nous voyons figurer dans ce second texte des flamines perpé- 
tuels, ce qui indique bien que la respublica Goritana avait une 
organisation supérieure à celle d’un simple paqus. 

Les libéralités testamentaires que la cité reconnaît, au moins 
indirectement, sont trois fois plus considérables que dans le texte 


G) M. Mommsen, à qui nous ayons soumis cette conjecture, s’y est complète 
ment rallié. 


— 265 — 


précédent. Aussi n'est-ce plus un banquet annuel qui est offert aux 
décurions; ce sont des sportules, c'est-à-dire des sommes d'argent, 
qui leur sont distribuées. On sait que les sportules consistaient, à 
l'origine, en comestibles contenus dans des corbeilles; ces offrandes 
en nature se transformèrent avec le temps en présents en numé- 
raire. 

Nous avons cru devoir insister sur les communications de 
M. Fonssagrives à cause de l'intérêt exceptionnel qu’elles présentent. 
Le soin avec lequel ont été pris les estampages et les copies de ces 
textes a beaucoup facilité notre tâche; il témoigne d’une intelli- 
gence et d'un zèle auxquels l’Académie est heureuse de rendre 
hommage. À 

La capitale de Djerba, l'ancienne Meninx, où s'élève aujourd’hui 
le bordj d'El-Kantara, tête de la digue antique qui reliait l'ile au 
continent, a été le théâtre de fouilles considérables, exécutées, 
d’après les instructions de M. le général Jamais, par les officiers 
du 71° de ligne. Les ruines de Meninx s'étendent le long de la 
mer, sur une longueur de 2 kilomètres environ, et présentent une 
série de petits monticules dont plusieurs ont été fouillés métho- 
diquement. M. le lieutenant Gilbert, chargé de la direction des 
travaux, expose avec détail, dans trois rapports, la marche et les 
résultats de l’opération pendant l'hiver et le printemps de 1882. Le 
centre des ruines de Meninx est marqué par les débris d’un grand 
édifice, dont les colonnes monolithes, de marbre rouge et vert, 
couvrent le sol. On y a trouvé six statues acéphales en haut relief 
et d'intéressants fragments d'architecture, mais aucune inscription 
n’a permis de déterminer la nature du monument qu'elles déco- 
raient. Les monticules qu’on a déblayés recouvraient les restes de 
maisons romaines ornées de pavés en mosaique d’une très bonne 
exécution. M. Gilbert énumère les ôbjets que les fouilles d'EI-Kan- 
tara ont rendus au jour : nous signalerons d’après lui un masque 
de femme grimacante, ciselé sur bronze en demi-relief; une statue 
d'homme drapé et une tête virile barbue, en marbre blanc. La 
découverte la plus importante est celle d’un pavé en mosaïque où 
l’on voyait quatre chevaux, la tête ornée de panaches ; le nom de 
chaque cheval était inscrit au-dessus en lettres noires, comme dans 
la mosaique de JOued Atmenia publiée par la Société archéolo- 
gique de Constantine. 

CERVLEVS ISPICATVS LVXVRIOSVS  BOTROCALEVS (?) 


— 266 — 


M. Gilbert décrit encore une autre mosaïque, de dimensions 
considérables, représentant des poissons, des canards et des fruits. 

Les ruines de Meninx ont été explorées de nouveau, au mois de 
février de cetteannée, par deux missionnaires de l’Académie; leurs 
rapports font mention de statues de marbre, trop lourdes pour 
être enlevées, et de mosaïques très détériorées, portant la trace 
de dévastations récentes. L'Académie est en droit de demander ce 
que sont devenues, entre autres, la tête de bronze signalée par 
M. le lieutenant Gülbert et la mosaïque représentant les quatre 
chevaux dont le rapport nous a conservé l'inscription. Ces objets, 
qui auraient leur place marquée dans une de nos collections natio- 
nales, ne sauraient rester entre les mains de ceux qui les ont dé- 
couverts, puisque les fouilles ont été faites par des militaires, 
c'est-à-dire aux frais de l'État. Il est non moins admissible que l'on 
détruise des pavés de mosaïque afin de pouvoir détacher et sous- 
traire certaines parties qui paraissent intéressantes. Ce sont là de 
véritables actes de vandalisme, que nous mentionnons avec regret, 
avec l'espérance qu'ils ne se reproduiront plus. 

Au mois de juin 1882, la colonne de M. le général Jamais a 
campé pendant quinze jours à Bou-Ghrara (l'ancienne Gigthis), 
sur la côte opposée à l’île de Djerba. M. le capitaine du génie 
Xardel y a fait exécuter quelques fouilles, qui ont dégagé en partie 
le pourtour du forum où se trouvent les inscriptions publiées 
dans le Corpus. Le rapport signale la découverte d’un bas-relief 
en terre cuite représentant des soldats romains, mais ii ne dit pas 
ce qu'est devenu ce bas-relief, qu'il serait intéressant de mieux 
connaître. Les inscriptions recueillies par M. Xardel figurent déjà 
dans le Corpus, à l'exception d’une seule : c'est un texte considé- 
rable gravé sur une colonne de marbre, mais d’une lecture si dif- 
ficile qu'on n’a pu en reproduire qu’un petitnombre de lettres, dont 
il est impossible de tirer un sens. Dans les habitations privées de 
Gigthis, on a trouvé une mosaïque, des poteries et quelques frag- 
ments de métal; ces découvertes sont indiquées rapidement par le 
rapport, qui contient aussi des observations succinctes relatives à la 
topographie de Bou Ghrara. 

M. le capitaine de Prudhomme, du 83° de ligne, actuellement 
en garnison à Sfax (Tunisie), communique à l'Académie, par 
l'entremise d'un de nos missionnaires en Afrique, un intéressant 
recueil de textes épigraphiques et de dessins d’après des monu- 


— 267 — 


ments découverts dans les environs de Bordj-Messaoudi, où M. de 
Prudhomme se trouvait détaché avec sa compagnie au mois de juil- 
let 1883. L'Académie n'a pas oublié qu’elle doit déjà au même 
officier la connaissance d’une mosaïque très curieuse trouvée à 
Hammam-Lif et dont une copie à l’aquarelle lui a été soumise l'an 
dernier. 

Les inscriptions copiées par M. de Prudhomme sont au nombre 
de cent cinquante environ; la plupart sont inédites et proviennent 
des fouilles exécutées sous sa direction. M. de Prudhomme exprime 
lui-même à plusieurs reprises le regret de n’avoir pas eu à sa dis- 
position du papier à estampage; c’est un regret auquel nous nous 
associons d'autant plus vivement qu'un grand nombre de textes 
copiés par cet officier présentent des incertitudes ou des erreurs 
de lecture qu'il est plus facile de reconnaître que de corriger. 

À Henchir-Douames (colonia Uchitanorum Majorum), M. de 
Prudhomme a relevé de nouveau les textes donnant le nom de 
cette ville antique, textes qui avaient été communiqués à l'Acadé- 
mie par M. le docteur de Balthazar. I a copié en outre des inscrip- 
tions funéraires nouvelles et dessiné une porte monumentale dont 
la moitié est encore debout. Plusieurs bas-reliefs, dessinés par 
M. de Pradhomme à Henchir-Laouga, ont été transportés par ses 
soins à Bordj-Messaoudi. Les croquis habilement faits que nous avons 
eus sous les yeux nous font connaître quelques monuments remar- 
quables déterrés dans les henchirs environnants. Nous citerons un 
grand bas-relief en forme d’autel, où l’image d’une femme drapée 
placée dans une niche est soutenue par deux cariatides; un bas- 
relief représentant une chasse, particulièrement intéressant par les 
animaux dont il offre l’image grossière ; on y reconnaiït le lion , l’élé- 
phant, l'ours, le buffle et le cerf. À Henchir-Ain-Gharsalla, M. de 


Prudhomme a découvert et copié une pierre représentant une 


femme nue debout, sculptée en ronde bosse; la niche où cette 
statue est posée est soutenue par un homme accroupi d’un dessin 
bizarre. Le même henchir lui a fourni une curieuse représentation 
de banquet funéraire où un homme et une femme, assis sur un lit 
devant une table, sont servis par deux génies ailés, ainsi qu'un 
autre bas-relief surmonté d’un fronton où des génies et des têtes 
radiées surmontent deux bustes placés dans une niche. I serait fort 
désirable que ces spécimens de l’art romain en Afrique fussent 
transportés dans une collection publique et reproduits par la photo- 


— 268 — 
graphie; limitation de modèles gréco-romains s’y allie d'une façon 
singulière à un réalisme maladroit qui rappelle les reliefs libyens 
taillés dans le roc. 

Parmi les inscriptions copiées par M. de Prudhomme, il en est 
un grand nombre de funéraires, découvertes dans les différentes 
nécropoles qu'il a explorées. L’une d'elles, gravée sous le banquet 
funéraire que nous avons signalé, et dont le texte est malheureu- 
sement très incertain, paraît se rapporter à une accoucheuse, 
OBSTETRIX. Une autre, trouvée à l'Henchir-Aïn-Gharsalla, men- 
tionne un IVSTINVS SACERDOS CEREALIVM. Le même hen- 
chir a fourni des bornes milliaires où l’on distingue les noms des 
empereurs Tacite, Probus et Trajan Dèce. Une grande pierre dé- 
terrée près de Teborsouk porte les deux vers suivants : 


HAEC TAM PRISCA SVIS LONGAQVE ORIGINE NOLIS 
CVRATOR TITVLIS SEMPER.VIVESCERE LECIIS 


L'inscription suivante, découverte à Henchir-el-Oust, présenterait 
certainement un grand intérêt si l’on pouvait en obtenir une copie 
moins fautive : 


pro SALVTE IMP CAES M AVRELI COMMlodi 
pont.|]MAX TRIB POTEST :- XIII : IMP : VII COS 
WW S ACERDOS PVBLICVS DEAE CE 
O PRAECIPVA ERGA SANCTISSIMVM MV 
am}PLIVS STATVA IANO PATRIYZZET DEI 
ob|[CVIVS DEDICATIONE LVDOSZFFEEHI 


À la troisième ligne, il faut probablement lire Sacerdos publicus 
Deue Cereris; la mention d'une statue de Janus à la cinquième ne 
peut être acceplée que sous toutes réserves, à cause des défectuosités 
irès nombreuses de la copie. 


À Henchir-el-Oust, une architrave porte en lettres colossales 
l'inscription suivante : | 


VICTORIIS AVG SACR PRO SALVTE 
M AVRELI SEVERI ALEXANDRI PII FELl({cis au)GVSTI PONTIFICIS MAXIMI TRIB 


Une longue dédicace en quatre lignes, trouvée à Henchir-Mest, 


— 269 — 


se rapporte à la construction d’édifices dont, paraît-il, on a conservé 
des restes : 


CPLHIMMMISN A IMPENSA EXTRVXIT EM 777 MR UN EE AN X 
ORDONAVIT ET ARCVM PARJETIBVS CONIVNCTIS ET PORTICVSZZ: 
YZET IN TEMPLO LIBERI PATRIS ET VENERIS SVA PECVNIA FECIT ET EPVLVM OB DEDI“ 


V/LAÆXÉNSNRIS QVOD ANNIS OB DIEM DEDICATIONIS EPVLVMÉ/A 454 


Nous devons borner là nos citations, car plusieurs autres textes 
copiés par M. de Prudhomme offrent à la curiosité qu’ils éveillent 
un trop petit nombre de mots intelligibles. Les inscriptions de 
l'Afrique romaine sont généralement difficiles à lire et l’on ne 
saurait trop rappeler à ceux qui les recueillent de prendre des 
estampages en même temps que des copies. Les documents épi- 
graphiques rassemblés par M. le capitaine de Prudhomme devront 
être estampés avec soin avant que la publication intégrale en soit 
possible. Même dans l’état défectueux où ils nous sont communi- 
qués, ils font honneur au zèle de notre correspondant, qu'il faut 
louer aussi d’avoir employé à des fouilles fructueuses les quelques 
loisirs dont il disposait au camp de Bordj-Messaoudi. 


LS 4 


CES 


RAPPORT 


À M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE 


æ 
SUR 


UNE MISSION AUX ÎLES PHILIPPINES 


ET EN MALAISIE 
(1879-1881), 


PAR M. LE DOCTEUR J. MONTANO. 


—“{———— 


Ce rapport est divisé en cinq chapitres : 
I. Géologie. 
IT. Météorologie (avec quelques notes sur l'hydrographie). 
IIT. Anthropologie. 
IV. Pathologie. 
V. Dialectes. 
VI. Géographie politique. — Agriculture. — Commerce. 


La Zoologie et la Botanique feront l’objet d'un travail ultérieur. 


CHAPITRE PREMIER. 
GÉOLOGIE. 


L’archipel des Philippines, traversé par le 120° de longitude 
est de Paris, s'étend du 5° au 19° de latitude nord. Il est presque 
partout entouré.de mers profondes; à peu de distance de ses côtes 
orientales, l'océan Pacifique atteint des profondeurs de 4,000 à 
6,000 mètres, et les mers resserrées de Célèbes et de Mindoro 
ont donné des sondes voisines de 4,800 mètres. 

L’archipel, presque entièrement formé de régions montagneuses, 
présente des sommets élevés; le Mayon, volcan du S.E. de Luçon, 
mesure 2,734 mètres, le mont Urdaneta, dans la péninsule de Su- 
rigao, 1,900 mètres, et j'ai établi que l’Apo, volcan du S.E. de 


— 272 — 


Mindanao s'élève, à 3,143 mètres. Tous ces sommets sont dans 
le voisinage immédiat de la mer. (Voyez cartes n° 1 et 2.) 

Ce point du globe, comme la côte occidentale de l'Amérique 
du Sud, fournit un des principaux arguments de la théorie d’après 
laquelle les contractions de l'écorce terrestre s’effectueraient tou- 
jours sur les mêmes lignes, augmentant sans cesse les différences 
de niveau entre le sommet des points émergés et la profondeur 
des mers. * 

Les quelques faits publiés sur la géologie des Philippines et 
ceux que j'ai pu observer moi-même paraissent indiquer que 1a 
masse entière des Philippines est formée de roches éruptives an- 
ciennes, principalement devoniennes, recouvertes par les allu- 
vions qu'elles ont fournies et par les produits d'éruptions volca- 
niques tertiaires, quaternaires et actuelles. Un soulèvement du sol 
est intervenu à la fin de l'époque quaternaire et se continue de 
nos Jours. 

On a trouvé le granit dans le nord de Luçon, mais. la plus 
grande partie des terrains étudiés jusqu'ici paraît reposer sur les 
schistes cristallins et la diorite. 

M. Centeno, directeur du service des mines aux Philippines, 
a constaté l'absence de fossiles modernes et anciens à une altitude 
élevée, sur tous les points qu'il a visités (). Les dépôts marins où se 
trouvent des fossiles sont peu étendus et récents. À Tarlac (Lu- 
çon ; 130 kilom. nord de Manille), quelques bancs, peu puissants, 
sont exploités pour la fabrication de la chaux; on y rencontre les 
genres Berenice, Trochus, Caryophyllea, Meandrina. Auprès de 
Camiling, à 4o kilomètres sud du golfe de Lingayen, on retrouve, 
à une altitude de 80 mètres, les mêmes fossiles mêlés aux genres 
Pholas, Balanus, Physa; ils sont englobés dans un tuf volcanique 
surmonté d'un sédiment calcaire qui renferme des serpules. 

La présence de ces fossiles, analogues à ceux qui vivent aujour- 
d'hui dans les mers voisines, fait penser à M. Centeno que l’âge 
de ces sédiments n’est pas postérieur au post-pliocène récent, et 
qu'à cette époque le sol fertile des provinces de Pangasinan, de 
la Pampanga et de Bulacan (Luçon) formait le fond d’un détroit 
qui mettait en communication le golfe de Lingayen et la baïe de 


®) Don José Centeno y Garcia, Memoria geologico-minera de Filipinas (Revista 
de Filipinas. Manila , 1859). 


— 273 — 


Manille. Le même auteur a observé des faits analogues à Cebu. 
M. le professeur de Richthofen cependant 0 a trouvé dans les 
calcaires de Binangonan, au nord du lac de Bay (Luçon), près de 
la côte du Pacifique, beaucoup de nummulites. 

À ces dépôts marins il faut ajouter les bancs de polypiers, tels 
que ceux qu'a signalés M. Semper et qui se transforment promp- 
tement en calcaire dur et compact. 

Les terrains de sédiment qui n’ont pas une origine marine pa- 
raissent, d’après les connaissances actuelles, limités au terrain 
houiller. La houille se rencontre sur un grand nombre de points, 
entre autres dans la province d'Albay, à l'extrémité S. E. de Lu- 
çon. Les gisements les plus abondants existent dans les îles de 
Cebu et de Négros, séparées aujourd’hui par le détroit connu 
sous le nom de Estrecho del Tañon et que M. Centeno pense avoir 
été réunies à l'époque houillère. Cet auteur a reconnu que, dans 
ces îles, la houille forme plusieurs couches séparées par des 
argiles et des grès, et que tout le système repose sur un banc 
puissant de calcaire; cette houille présente toutes les variélés, 
depuis la plus ancienne houille grasse jusqu’à la plus récente, sèche 
et brülant avec une flamme longue. 

Ii est donc probable, vu la présence constatée de la houille sur 
un très grand nombre de points de l'archipel, que la formation 
houillère y a eu une grande importance et qu’une grande partie 
de ses couches est cachée sous les produits volcaniques. 

Tous les faits que j'ai pu observer dans l’intérieur et sur les 
côtes de la partie orientale de Mindanao tendent à prouver que 
cette région de l'ile, émergée pour la plus grande partie depuis les 
époques les plus anciennes, a subi, à l’époque moderne, un sou- 
lèvement qui se continue encore de nos jours. 

En remontant le cours du Rio Sahug (sud de Mindanao), on ne 
peut d’abord avoir aucune idée de la constitution géologique du 
sol, car dans sa parlie inférieure le rio coule sur une plaine d’al- 


(0) Cité par J. Roth dans son mémoire sur la constitution géologique des Phi- 
lippines (appendice aux Jiecisen in den Philippinen , par F. Jagor. Berlin, 1873). 

L'ouvrage de M. Jagor a été traduit en espagnol par M. D. Sebastian Vidal y 
Soler (Viaje por Filipinas. Madrid, 1875). 

M. Vidal, directeur du service des eaux et forêts aux Philippines, a publié sur 
celte colonie des travaux très importants, notamment : Memoria sobre los montes 
de Filipinas. Madrid, 1874. 


M1S8, SCIENT. — XI, 19 


IMPUIMMINIL NATIONALE, 


HOTTE 


luvion couverte d’une épaisse couche d'humus. Plus haut, le lit 
du rio, moins profond, présente de nombreux rapides formés par 
des blocs de rochers, souvent de dimensions considérables. Les 
roches qui constituent ces rochers appartiennent aux espèces sui- 
vantes : porphyre quärtzifère, porphyre pétrosiliceux, mélaphyre, 
calcaires compact blanc, spathique et cristallin (). Par 5° Lo de 
latitude nord, c'est-à-dire, à environ 35 kilomètres en ligne directe 
du golfe de Davao, le lit du Rio Sahug est encombré de blocs 
énormes de polypiers, qui appartiennent, autant que l'échantillon 
que j'ai rapporté permet d'en juger, à une espèce du genre Astræa 
semblable à celle qui vit actuellement dans le golfe de Davao. 
Dans la plupart des points où des éboulements permettent de voir 
la constitution des berges, celles-ci sont formées par un calcaire 
terreux qui présente une apparence de stratification horizontale. 

Au centre de Mindanao, le mont Hoagusan sépare le bassin du 
Rio Sahug de celui du Rio Agusan, qui se jette dans la baïe de 
Butuan au nord de l’île. Le iorrent T'ubuan , affluent de l'Agusan, 
prend naissance sur le mont Hoagusan, à 270 mètres d'altitude 
environ. En ce point, on retrouve les mélaphyres. Les berges du 
torrent présentent des couches d’argile plastique, à stratification 
concordante, plongeant vers le nord sous un angle de 45°. La 
plus grande partie du lit du torrent, très accidenté, est formé de 
calcaire terreux, qui en plusieurs points se montre en masses ver- 
ticales de 20 à Ao mètres de puissance. 

Sur la rive droite du Rio Agusan, au nord du lac de Dagum ou 
Linao, à distance à peu près égale du golfe de Davao et de la baïe de 
Buatuan, le mont Bunauan, dont l'altitude est de 240 mètres au- 
dessus du niveau de la mer et de 210 mètres environ au-dessus 
de la plaine qui s'étend au pied de son versant sud, paraît entie- 
rement formé de laves andésitiques, qui se montrent en blocs de 
10 à 20 mètres cubes. Cette même roche altérée se retrouve dans 
le Rio Bunauan, qui coule au pied de la montagne. Ces laves andé- 
sitiques modernes ont été analysées par M. Ch. Velain, maître 
de conférences à la Sorbonne. 


Du mont Hoagusan jusqu'a la mer, les rives du Rio Agusan, cou- 


1) Déterminées, ainsi que les suivantes, au laboratoire de géologie du Muséum 
d'histoire naturelle. 


ee na 


vertes de forêts ou de prairies, permettent moins encore que 
celles du Sahug de reconnaître la nature des roches sous-jacentes. 
Près du confluent du Mahassam, sur la rive droite du rio, un 
promontoire élevé de quelques mètres est constitué par des cou- 
ches de limon stratifiées, inclinées de 45° vers l’ouest. Entre las 
Nieves et Butuan, la berge de la rive gauche est constituée par de 
la dolérite altérée dans le pépérin, stratifiée et inclinée de 20° vers 
l'est. 

La péninsule de Surigao (N.E. de Mindanao) est formée par la 
terminaison de la grande cordillère qui parcourt la partie orien- 
tale de l’île, du nord au sud; cette péninsule est limitée à l’est par 
le Pacifique et à l'ouest par la baie de Butuan. La côte de la baie 
de Butuan est formée par les contreforts de la cordillère centrale. 
Ces contreforts, parallèles entre eux et obliques à la direction 
N. et S. de la cordillère, plongent dans la mer sous des pentes très 
vives; la stratification de ces roches, redressée en plusieurs points, 
révèle de la façon la plus nette l'influence d'un exhaussement; 
les échantillons que j'ai recueillis sur ces points appartiennent au 
mélaphyre et au calcaire cristallisé. Sur la côte orientale de la 
même péninsule, j'ai rencontré aussi des mélaphyres avec des cal- 
caires phylladifères, et des wackes. 

En pénétrant dans l’intérieur de cette péninsule, sur le mont 
Baguian . à l'altitude de 250 mètres, l'argile du sol laissait à dé- 
couvert du jaspe rouge avec des veines de quartz. 

Le grand lac de Maïnit, situé au centre de la péninsule, à l’alti- 
tude de 4o mètres, parait être le cratère d'un ancien volcan; il 
est circulaire, très profond, et ses berges sont presque taillées à 
pic; il est entouré de montagnes élevées, où abondent les sources 
thermales. J'ai rapporté un échantillon de celles de Mapagço, à 6 ki- 
lomètres au nord du lac, qui sont abondantes et coulent sur un 
massif de calcaire concrétionné (travertin). 

Les grottes de Kabatuan , situées sur la rive orientale du lac, sont 
ouvertes dans un massif calcaire qui, quoique fort compact, est 
constitué par des récifs madréporiques, trop altérés pour qu'il 
soit possible de les déterminer. 

Au centre de lle, entre Bislig, l'océan Pacifique et le Rio Si- 
mulao, affluent de l’Agusan, j'ai franchi la cordillère centrale par 
le col du mont Bucan (à l'altitude de 130 mètres), dont le sol est 
constitué par une couche épaisse d'argile jaune; mais, au pied du 


19. 


— 270 — 


versant ouest de cette montagne, le Miaga, ruisseau affluent du 
Simulao, présente des cascades et des rapides qui permettent 
d'apercevoir des massifs d’andésites miocènes 4 d’une grande puis- 
sance. | 

La côte orientale de Mindanao, entre Bislig et la baie de Pujada, 
présente une succession de caps, généralement élevés, et d’anses, 
formés par les contreforts de la cordillère centrale. 

Entre Bislig et Catel, j'ai recueilli sur cette côte des mélaphyres 
altérés au contact de la serpentine. C’est sur cette côte que le sou- 
lèvement qui s'opère actuellement apparaît avec le plus d'évidence. 
De larges bancs de madrépores soulevés au-dessus du niveau 
de la iner s'étendent en larges tables horizontales polies par les 
vagues que les vents du N.E. élèvent au-dessus de leur niveau 
normal. Ces bancs-madréporiques sont surtout importants entre 
Catel et la pointe Bayoso; c'est sans doute à des bancs de la même 
origine que sont dus les brisants entre Bislig et Catel, dont le 
mauvais temps m'empêécha d'approcher; ces brisants forment au 
large, parallèlement au rivage, un cordon sur lequel la mer brise 
avec fureur, tandis qu'un calme relatif règne dans la zone qu'ils 
protègent. 

Partout sur cette côte, mais surtout entre la pointe Bagoso et 
la baie de Pujada, les preuves du soulèvement sont manifestes. 
On irouve là tous les degrés entre les madrépores brisés, confon- 
dus, agolomérés par l'humus sur le sommet des caps, et ceux qui, 
soulevés au bord de la plage, n'ont perdu leur matière organique 
que depuis peu de temps; sur la plage même, on rencontre à 
chaque pas des conglomérats qui se forment par le mélange des 
sables, des débris de mollusques et de madrépores. C’est sans 
doute à cette origine qu'il faut rapporter les masses calcaires qui 
donnent lieu à des cascades fort pittoresques, situées à une faible 
altitude, dans le voisinage immédiat de la côte, entre Manay et 
Mampanon. 

Dans le golfe de Mayo, voisin de celui de Pujada, les falaises 
de Batunan, qui ont une assez grande étendue et dont la hauteur 
varie entre 20 et 60 mètres, sont formées d’un poudingue poly- 
génique où abondent des mollusques semblables à ceux qui vivent 
actuellement dans le golfe. | 


® “Déterminées par M. Ch. Velain. 


— 277 — 


Sur la côte dela baie de Pujada, j'ai recueilli des mélaphyreset 
du gypse uni à de la pyrite de fer, et sur la chaîne qui la sépare 
du golfe de Davao, du quartz bréchiforme ; dans la grande faille 
orientée au S. E. qui coupe la plus grande partie de cette chaïîne, 
j'ai trouvé du quartz résinite, et à Kuavo, sur le golfe de Davao, 
des serpentines. ; L 
+ Les mouvements du sol sont lout aussi apparents sur les côtes 
du golfe de Davao. Les débris de madrépores sont fréquents, même 
à des altitudes assez élevées, et ces gisements sont bien connus des 
indigènes, qui savent par expérience qu'ils sont impropres à cer- 
taines cultures, notamment à celle du cacao. Sur le rivage même, 
le soulèvement actuel est indiqué par les bancs de madrépores 
qui forment la limite ouest de l'ile Samal et dont les arêtes sont à 
peine émoussées. Les petits ilots Malipano, dont les roches anfrac- 
tueuses sont utilisées par les indigènes comme abri sépulcral, sont 
formés par le sommet d’un banc de madrépores dont la base est 
encore vivante et en pleine multiplication. Le soulèvement de ces 
Hots doit être fort récent, car les substructions madréporiques dont 
ils sont couverts sont peu altérées et leur végétation, quoique très 
épaisse, présente peu d'essences de haute taille. 

Sur quelques points du golfe de Davao, notamment au nord, 
entre Davao et le détroit de Paquiputan, le sol s’affaisse; ce mou- 
vement est facile à constater, car, partout où il se produit, la forêt, 
envahie par la mer, ne tarde pas à périr. 


L’archipel de Soulou s'étend de Bornéo à Mindanao en une 
chaîne d'îles situées sur les sommets du relief sous-marin. Sans 
doute plusieurs de ces îles, peu élevées, sont en grande partie 
constituées par des bancs de polypiers qui se sont peu à peu 
exhaussés jusqu’à la surface de la mer et qui, par l'apport de dé- 
tritus de toute espèce, sont devenus propres à la végétation. Il en 
est autrement de beaucoup d’autres îles et notamment de celle 
de Soulou, qui donne son nom à l’archipel. Dans l'ile Soulou, je 
n'ai observé de signes de formation madréporique que sur le ri- 
vage et dans son voisinage immédiat, dans des terrains où l’on 
avait creusé des puits. La couche traversée est homogène et for- 
mée d’un mélange de madrépores et de mollusques; elle paraît 
reposer sur des sables; son niveau supérieur est élevé de 2 mètres 
environ au-dessus des plus hautes marées. La masse de l’île semble 


— 278 — 


être de structure volcanique; des tranchées profondes, ouvertes 
dans les collines auxquelles est adossée la ville espagnole de 
Soulou, dégagent de nombreux blocs de laves(!) englobant des 
galets. Des blocs de la même roche, beaucoup plus volumineux, 
sont dispersés sur la plage et se montrent en abondance dans le 
lit des ruisseaux, ainsi que dans tous les sentiers ravinés par la 
pluie qui conduisent sur les sommets de l’île ®). Partout ailleurs, 
une puissante couche d’humus, recouverte de prairies de Cogon ) 
ou de forêts, cache la structure du terrain. 

Les modifications que subit le relief du sol aux Philippines 
dépendent de deux causes qui paraissent être subordonnées 
lune à l’autre : les tremblements de terre et les éruptions vol- 
caniques. 

* Le premier de ces phénomènes, par son intensité etsa mulüipli- 
cité, a une influence beaucoup plus considérable. 

On peut dire que les mouvements du sol sont constants aux 
Philippines. Le sismographe de l'observatoire de Manille est tou- 
jours en mouvement, même quand la stabilité du sol paraït par- 
faite. Pendant le court séjour que j'ai fait à Albay, au pied du 
volcan Mayon, deux fois la terre trembla d’une facon très percep- 
üble, mais sans produire de dégâts. 

Sur la côte du golfe de Davao, à l’est du volcan Apo, j'ai rare- 
ment passé une journée sans observer de tremblement de terre; 
ce phénomène se manifestait seulement par des mouvements d’os- 
cillation horizontale communément dirigés de l’ouest à l'est. En 
général, ces mouvements passaient inaperçus des habitants. Ils 
étaient cependant très appréciables, non seulement par les indi- 
“cations du grossier sismographe que j'avais installé dans ma 
chambre, mais encore par le frémissement qu'ils imprimaient aux 
toitures légères des constructions de ce pays. 

En 1872, Pollok et Cottabato, à 160 kilomètres ouest de Davao, 
furent complètement ruinées par un tremblement de terre. 

Au nord de Mindanao, dans la province de Surigao, ce phéno- 


&) Les échantillons géologiques recueillis ont été égarés. 

®) L'ile est très accidentée : la chaîne qui s'élève parallèlement à la mer, à 
une très faible distance de la côte N.O , est dominée par les monts Tuman-Tangis, 
But-Pulah {375 mètres), une saillie innommée de 716 mètres, et le mont Bahu 
(843 mètres). 

#) Jmperata arundinacea. 


ue 'opo 


mène parait moins fréquent, mais plus intense, qu'à Davao; les 
souvenirs des habitants et beaucoup de ruines, à Surigao même, 
témoignent de cette intensité. 

On peut dire qu'il n'est pas d'année où quelque province des 
Philippines ne soit fortement éprouvée par un phénomène de ce 
genre. 

La ville de Manille a été plusieurs fois ruinée par les trem- 
blements de terre. L’avant-dernier, qui se produisit en 1863, 
renversa la plupart des édifices publics et un grand nombre 
de maisons particulières bâties en maçonnerie. Ces dernières 
constructions sont cependant établies avec toutes les précautions 
que l'expérience a suggérées contre un fléau toujours imminent 
et elles résistent assez bien quand les secousses ne sont pas très 
violentes. Les murs maconnés, épais, ne s'élèvent que jusqu’à 
la hauteur du plancher du premier et unique étage de la maison. 
Cet étage est formé par une grande cage en bois dont les pièces 
fortement reliées entre elles constituent un ensemble indissoluble 
posé sur les murs. La toiture, recouverte en tuiles, auxquelles 
on substitue de plus en plus des feuilles de tôle galvanisée, est 
supportée par un système d'arbalétriers qui ont un certain jeu 
sur les fermes dans le sens de leur longueur. H résulte de cette 
disposition que le mouvement imprimé par les oscillations du sol 
est décomposé et fortement atténué en se propageant aux diverses 
parties de l'édifice. 

Le dernier grand tremblement de terre de Manille, survenu en 
juillet 1880, causa beaucoup de dégâts, surtout par l'ébranlement 
et la chute des cloisons, des escaliers et des aménagements inté- 
rieurs; mais, dans le plus grand nombre des maisons, le gros œuvre 
resta en place, malgré des secousses répétées et très intenses. 

Je me trouvais à Mindanao quand ce tremblement de terre se 
produisit; mais le R, P. Faura, directeur de l'observatoire de Ma- 
nille, a bien voulu me communiquer le résultat de ses observa- 
tions, que je traduis ci-après : 


« Les observations ont été déduites des indications fournies par 
les sismomètres horizontal et vertical ). Nous ne leur donnons 


1) «Le sismometre horizontal se compose d’un pendule de 60 centimètres de 
longneur, pouvant osciller dans toutes les directions au-dessus d’un plateau à sec- 
tion sphérique, recouvert de poudre de Iycopore, dont le rayon de courbure est 


She 


pas une valeur absolue, parce que ces appareïls ne sont bien sûrs 
que dans les cas où les mouvements de l'écorce terrestre ne sont 
ni très intenses ni très compliqués; nous pensons cependant 
qu'ils donnent une idée suffisamment exacte du phénomène. Ces 
réserves faites, nous allons transcrire les diverses observations qui 
ont été recueillies chaque jour. 

« Dans les mois d'avril et de mai, on commença à resséntir des 
secousses dans Îes provinces du nord de Luçon. Le centre d’oscil- 
lation sismique, autant qu'on peut le déduire des renseignements 
qui nous ont élé fournis, paraît coïncider avec l'emplacement 
d’un volcan éteint depuis longtemps, situé entre Lepanto et Abra, 
dans la cordillère centrale de Luçon, par 16° 22’ latitude nord et 
127° longitude est de San-Fernando (118°27 27 E. de Paris). 

« Au début, les secousses étaient rares et faibles: mais, dans le 
mois de juin, elles devinrent assez fortes et s’étendirent au nord et 


égal à la longueur du pendule; au centre du plateau se trouve un petit anneau qui 
est entraîné par le premier mouvement du pendule et s'arrête invariablement 
du côté opposé à celui d’où vient la première onde sismique. 

«Le sismomètre vertical consiste en une tige métallique rigide à l'extrémité su- 
périeure de laqueiïle est soudé un ressort hélicoïdal en laiton. À la dernière spire 
de ce ressort est fixé un poids cylindrique en plomb traversé par la tige métal- 
lique au long de laquelle il se meut librement sous l'influence des oscillations 
terrestres. Sous ce poids est un index de liège, traversé aussi par la tige métal- 
liqu?, lequel est entraîné par le poids dans ses diverses oscillations et demeure 
fixé au point où il est porté par l’oscillation maxima. 

« Quand nous parlons des arcs d’ondulation sismique décrits à partir du centre 
de l'appareïl, nous n’entendons pas dire que les édifices aient éprouvé en divers 
sens la même inclinaison que le pendule ; il est évident, en effet, que, dans une 
moitié de ses ondulations, le pendule se meut non par suite de l’incäinaison de 
l'édifice, mais seulement à cause de la vitesse acquise dans la première partie de 
l'ondulation. Nous avons indiqué dans les figures () les deux demi-ondulations 
afin de respecter l'opinion d’après laquelle les ondes sismiques sont semblables 
aux ondes sonores, tandis que, suivant une autre opinion, elles ne sont que l’effet 
. du soulèvement et de l’affaissement du sol en des points plus ou moins éloignés 
du lieu de l'observation. 

«On voit dans les figures un grand nombre de lignes qui ne se continuent pas 
avec les lignes voisines ; nous croyons que ce fait est le résultat des nombreuses 
secousses en sens vertical qui faisaient brusquement sauter le pendule, le for- 
cant à abandonner une courbe pour en suivre une autre qui commençait ayee 
la nouvelle secousse. Nous pouvons aflirmer que les courbes qui sont reproduites 
ici l'ont été avec la plus grande exactiude d’après celles que le sismomètre a 
tracées sur Je plateau recouvert de poudre de lycopode. ». 


() PI XXXII à XXXIV. 


— 9281 — 


au sud dans une zone beaucoup plus vaste; leur direction fut tou- 
jours la même. On ressentit encore quelques secousses au com- 
mercement de juillet; mais, du 5 au 14 de ce mois, on ne reçut à 
Manille aucune nouvelle de tremblements de terre ayant affecté un 
point de Lucon. 

« Le 14 juillet, à midi 53 minutes , les menaces de mauvais temps 
dans le N.E. de Lucon étant indiquées par une baisse extraordi- 
naire du baromètre, la première secousse se fit sentir. Dans cette 
secousse se montrent deux centres d'oscillation, le premier situé 
dans le 2° quadrant, et le second dans le 3° quadrant. C’est par 
ce dernier que se termina cette première secousse, dont le sens fut 
principalement horizontal; l'amplitude totale de l’oscillation fut 
de 5° 25’. Le pendule horizontal décrivit une croix dont les bran- 
ches, tracées presque à angle droit, étaient orientées S.K. 10° N. et 
S10:r5?:S. 

« Le premier choc eut lieu dans la direction du N. O0. L'ampli- 
tude de l’oscillation en ce sens mesure un arc de 5° 25: ce ne fut 
là sans doute que l'effet de la première secousse, car aussitôt après 
le pendule se mit à osciller dans une direction perpendiculaire à 
la précédente, avec une amplitude un peu moindre. 

« L'index du sismomètre vertical marqua un mouvement de 
4 millimètres. Après cette première secousse, deux autres se firent 
sentir dans l’espace d’une heure et demie. 

« Le 15 et le 16 juillet, il n’y eut pas de mouvements percep- 
tibles; le 17, il se produisit deux secousses légères. 

«Le 18, à midi 40 minutes, eut lieu le grand tremblement 
avec mouvements d'oscillation, de trépidation et de rotation com- 
binés; il dura 1 minute 10 secondes. Les mouvements du pen- 
dule furent si nombreux et si variés qu’il est impossible de les 
énumérer tous. Nous nous bornerons donc à donner les princi- 
pales directions et amplitudes. Les autres peuvent se voir dans la 
planche XXXIT. 

«Nous devons dire que, selon nous, la grande oscillation. de 
l'ouest à l’est, qui fut la plus régulière et ne fut pas troublée par 
des secousses violentes, indique la vraie inclinaison des édifices 
vers l’ouest. 

« Première oscillation maxima de l'E. 5° S. à l'O. 5N.; lampli- 
tude maxima de loscillation en ce sens égale 22°, savoir : 11° à 
l'est et 11° à l'ouest, 


— 282 — 


« Seconde oscillation maxima du S.O. au N.E.; vraie ampli- 
tude — 19°; mais ici la courbe est plus étendue au S. O., où elle 
atteint 10° 10, tandis qu'au N. E. elle s'arrête à 8° 50°. 

« Troisième oscillation maxima du N. 4° O. au S. 4° E.; ampli- 
tude de l'oscillatien en ce sens — 16°; la courbe est plus développée 
vers l’est; l'impulsion paraît donc dirigée du nord au sud. L'index 
du sismomètre vertical parcourut 34 millimètres. 

« Depuis lors jusqu’au 20 à 3 heures p. m., moment où eut lieu 
une forte secousse, il se produisit une série ininterrompue de pe- 
tites secousses qui indiquaient la permanence du phénomène. 

« Dans cette dernière secousse (pl. XXXIIT), il n’y eut que des 
mouvements d'oscillation et de trépidation, mais d’une violence 
extraordinaire. L'oscillation du pendule fut dirigée du S.E. 15 N. 
au N. 0. 15° S. L'amplitude de l'oscillation dans ce sens sous- 
tend un arc de 12° 30’, toutefois avec la particularité suivante : 
loscillation n'est pas unique, mais composée de trois oscillations 
partielles, qui montrent bien la violence des secousses. 

« Après avoir été projeté par la première impulsion, le pendule, 
en revenant à son. point de départ, recoit une nouvelle impulsion, 
qui non seulement neutralise la vitesse qu’il avait acquise en re- 
venant à sa position primitive, mais encore le fait arriver, une 
seconde et une troisième fois, presque à la même hauteur. 

« Il est vrai que l’inclinaison des édifices n’atteignit pas le degré 
indiqué par le pendule; mais qui pourrait mesurer la commotion 
terrible qu’ils éprouvaient pendant des secousses aussi violentes 
et aussi nombreuses? Si l’on combine seulement les trois secousses 
indiquées par l’ondulation verticale, qui approche de 24 milli- 
mètres, on s'étonnera que les édifices ruinés n'aient pas été plus 
nombreux encore. 

«Pendant toute l'après-midi, le pendule oscilla du N. E. au 
S. O. 

« À 10 heures 4o minutes p. m., eut lieu une nouvelle secousse 
(pl. XXXIV); celle-ci, bien que très violente, présente déjà un 
caractère différent des autres. Dans les précédentes, le foyer d'ir- 
radiation sismique le plus intense se trouvait dans le 2° quadrant. 
Dans celle-ci, l’ébranlement commence, il est vrai, à l’est, mais avec 
beaucoup moins de force qu'auparavant; le foyer d’oscillation situé 
dans le 1° quadrant persiste avec plus de violence encore. L'os- 
cillation de l'est à l'ouest est de 10°, tandis que celle du N. E. au 


— 283 — 


S. O. embrasse un arc de 17°. L’index du sismomètre vertical se 
déplaca de 28 millimètres. 

«Les commotions continuèrent, mais elles diminuaient d'in- 
tensité et devenaient moins nombreuses. 

« Le pendule, qui n'avait jamais été tranquille depuis le 18 jus- 
qu'au 21, à 3 heures p. m., resta immobile à plusieurs reprises 
pendant les trois jours suivants. Le 25, à 4 heures 2 minutes a. m., 
se produisit une autre secousse, peu intense; Ja direction de l’on- 
dulation était 26° N., et l'amplitude 3° 54’. Le mouvement de 
trépidation fut inappréciable, puisque l’index du pendule ne 
s'écarta de sa position normale que de 7 dixièmes de millimètre. 

«En résumé, le 14, nous trouvons deux foyers d'irradiation 
sismique, un dans le 1°, un dans le 2° quadrant. Le 18, nous trou- 
vons encore ces deux foyers, mais d’autres apparaissent qui pro- 
Jettent le pendule dans toutes les directions imaginables, comme 
on peut le voir par la planche XXXIL. 

« Le 20, à 3 heures 40 minutes p. m., le foyer du 2° quadrant 
se manifeste par des secousses d’une violence épouvantable, et les 
autres foyers disparaissent. (PI. XXXIIL.) 

« Le tremblement du 20, à 10 heures 4o p. m. (pl. XXXIV), 
nous montre une énorme variation dans les foyers d'irradiation 
sismique. Les oscillations de l’est à l’ouest, qui correspondent aux 
foyers précédemment si actifs, soût graduelles et beaucoup moins 
violentes; au contraire, celles du N.E. au S. O. sont très intenses. 
Enfin de 25, à À heures a. im., le foyer du 1° quadrant se mani- 
feste seul, avec peu d'intensité; les autres ne dennent aucun signe. 
Nous ne voulons, pour le moment, tirer aucune conclusion de 
ces faits, et nous nous contentons de les soumettre à l'examen des 
personnes compétentes. » 


M. Centeno ) ne croit pas que le centre de ces oscillations ait 
été situé entre Abra et Lepanto. 

D'après cet ingénieur, toutes les crevasses et les dépressions qui 
ont été produites par ces tremblements de terre se trouvent dans 
le voisinage des fleuves, des marais ou de la mer; il en déduit 
qu'elles ont eu lieu sur les points évidés par les cours d’eau 


M Abstract of à memoir on the earthaquakes in the island of Luzon in 1880, 
by don José Centeno y Garcia, translated by prof. Chaplin (Transact. of the 
Seimologieal Society of Japan, vol, V. Tokio, 1883). 


‘ 


= Sp 


ou les infiltralions. À Malacañang, faubourg de Manille, il s’est 
produit une fente de 4 mètres de profondeur, pénétrant au travers 
de tout le dépôt alluvial moderne et atteignant les roches volcani- 
ques qui forment le sous-sol de toute la province de Manille et 
d'une te de celle de Bulacan. Le cours du Pasig paraît former 
une ligne de démarcation entre deux zones où l'intensité du trem- 
blement de terre du 20 juillet 1880 fut très inégale. 


Les gisements de roches volcaniques, si nombreux dans presque 
toutes les îles Philippines, montrent que les éruptions ont été, 
dans les temps passés, beaucoup plus importantes que de nos jours. 
Actuellement, un grand nombre de volcans sont éteints; mais 
ceux dont l'activité persiste sont encore assez nombreux pour 
fure de l'archipel une des contrées les plus volcaniques du 
globe. 

Les volcans des Philippines, situés du nord au sud, sont consi- 
dérés comme la continuation de la grande chaîne volcanique qui 
commence aux îles Kouriles et se termine à Sumatra, en passant 
par le Japon, les îles Lou-Tchou ou Liu-Kieu, les Philippines, Cé- 
lèbes, les Moluques et les îles situées à l’est du détroit de la Sonde. 

Aux Philippines, le premier anneau de cette chaîne volcanique 
est le volcan de Babuyan, dans la petite ile de ce nom voisine de 
la côte nord de Lucon; à partir du volcan de Taal, près de la 
baie de Manille, cette chaîne se dédouble : le rameau oriental 
forme les volcans Mayon et Bulusan à l'extrémité S.E. de Luçon; 
le rameau de l’ouest donne naissance au volcan de Camiguin, 
ile située près de la côte nord de Mindanao. Les deux rameaux se 
réunissent au sud de Mindanao, dans le massif auquel appartien- 
nent le Matutun et l'Apo, et qui domine le golfe de Davao. 

Le volcan de Taal, que je n’ai pu visiter, est bien connu; Roth D 
pense que les laves qui forment le cratère sont des dolérites. 

Le Mayon, qui se dresse sur la rive même du golfe d’Albay, à 
Ja hauteur de 2,734 mètres, et dont le cône parfaitement régulier 
concourt à former un des plus beaux paysages du monde, était 
beaucoup moins bien connu. Il est douteux que l'ascension en ait 
jamais été faite; du moins quand je passai à Albay avec mon col- 
lègue M. Paul R:y, les habitants nous dirent que jusqu'ici elle 


(4) Loc. cit 


— 285 — 


n'avait pu réussir. Pressés de gagner le sud de l'archipel, nous ne 
pümes tenter cette ascension, qui doit être difficile et demander 
d'assez longs préparatifs. Nous dûmes nous borner à constater lés 
résultats de l'éruption de1814, quidétruisit Daraga, le plus impor- 
tant pueblo de la province, et de celle de 1871, qui a dévasté la ré- 
gion fertile qui s’étendait entre le volcan et la mer. À notre passage, 
cette zone ravagée se reboisait spontanément par des Casuarinées. 

Depuis lors, en juillet 1881, il s’est produit une nouvelle érup- 
tion, observée par M. Abella, auquel j emprunte les détails sui- 
vants (, 

Depuis le commencement du siècle, le Mayon a eu neuf ou dix 
éruptions. Le 6 juillet 1881, eut lieu une émission de laves ct 
de cendres, émission qui se répéta le 14 décembre. Toutes ces 
éruptions ont d’abord donné des cendres; ensuite sont venues les 
laves embrasées, fragmentées et incohérentes, qui coulaient du 
sommet du cratère et par les fentes latérales du sud et du S.S.E. 

La constitution géologique du Mayon ne peut être établie avec 
une certitude absolue, faute de crevasses profondes. En bloc, le 
Mayon doit se composer de roches essentiellement basaltiques, 
formées de feldspath et d’augite; ces roches sont compactes dans 
les diques, spongieuses dans les courants de laves, souvent aussi 
scoriformes et métamorphosées par laction de sources gazeuses 
acides. 

Les laves fragmentées que rejetait le Mayon au moment des 
observations de M. A bella présentent diverses formes pétrologiques. 
Le type le plus fluide est une lave basaltique essentiellement 
augitique, un peu scoriforme, mais moins spongieuse que celle 
du volcan de Taal. Un autre type est celui de nombreux conglo- 
mérats laviques formés par des fragments de dolérite compacte en- 
robés dans une autre lave basaltique semi-vitreuse qui a servi de 
ciment par voie ignée. Sans doute la dolérite a été arrachée des 
parois du volcan. Le squelette du Mayon serait donc exclusivement 
composé de dolérites, le type basaltique que l’on rencontre à sa 
surface provenant seulement des éruptions modernes et contem- 
poraines. Ces dolérites sont identiques à celles de Taal, qui, d’après 
M. Jagor, ne différent pas de celles de lEtna. 


®) Don Enrique Abella y Casariego, Monografia geologica del volcan de Albay 
6 cl Mayon (Transact. of the Seismological Society of Japan, vol. V. Tokio, 
1883.) 


— 286 — 


À Daraga et à Libog, au pied des versants sud et est du 
Mayon, on trouve des tufs volcaniques, des pépérins, des brèches 
de dolérite renfermées dans une argile analogue aux cendres du 
volcan. 

M. Drasche suppose que le Mayon est entré dans la deuxième 
phase des éruptions volcaniques (torrents détritiques de lave), la 
première étant constituée par les laves seules, et la troisième par 
des cendres. 

M. Abella signale la source ferrugineuse de San-Antonio, qui 
coule sur la dolérite, et celle de Budiao, qui est sulfureuse et légè- 
rement thermale. 

La province d’Albay compte du reste de très nombreuses sources 
thermales, indices de l’activité souterraine de la région. 

J'ai visité avec M. P. Rey celles de Manito et de Tiwi. 

La source de Manito, située dans le voisinage de la pointe Paron, 
sur le golfe d'Albay, occupe un ancien cratère dont la paroi nord 
échancrée donne passage aux eaux qui tombent sur la plage en 
formant une petite cascade; le cratère, ellipsoïde, mesure environ 
150 mètres de longueur sur 60 de largeur; l'eau est vivement 
agitée par les vapeurs abondantes qu’elle dégage; sa surface est 
couverte d’une mousse rougeâtre. La température, à 4 mètres 
de profondeur, égale 70° 1 C. Cette eau ne contient ni manga- 
nèse, n1 acide chlorhydrique, ni acide azotique, libres ou en solu- 
tion. La matière qui se présente sous l'apparence d’une mousse 
rouseûtre est organique; car, incinérée par l'acide sulfurique et 
chauffée, elle nous a donné un abondant dégagement de vapeurs 
ammoniacales. 

Les sources de Tiwi sont sulfureuses et siliceuses. 

Les premières surgissent de plusieurs points voisins et se perdent 
daus un ruisseau. La température en est très élevée; elles donnent 
lieu à un dépôt de soufre peu important. 

Les sources siliceuses jaillissent un peu plus loin, au milieu 
d'une zone sans végétation, entièrement recouverte de silice; cette 
zone est parsemée de petits cônes de la même matière, formés par 
les jets d'eau siliceuse; les uns sont pleins, les dépôts de l'eau si- 
liceuse qui les a produits en ayant oblitéré graduellement l’orifice ; 
les autres, geysers minuscules, sont en voie de formation. Le sol, 
siliceux, est brülant et paraît constitué par une croûte mince qui 
recouvre une nappe large et unique d’eau siliceuse. En un point, 


— 287 — 
cette croûte s'est affaissée et laisse voir la nappe sous-jacente pro- 
fonde de 8 à 10 mètres sur une étendue d'environ 60 mètres de 
diamètre. Cette nappe n’a pas de limites visibles, l'épaisseur de la 
croûte qui la recouvre n'alteignant pas sa surface. L'eau siliceuse 
s'élève et baisse, dit-on, avec le flux et le reflux de la mer, qui est 
VOIsin. 

Ces eaux ont une couleur bleue d’une transparence, d'une finesse 
et d'un éclat extraordinaires. Plusieurs observations nous monirè- 
rent que leur température était de 85°C. Mais les indigènes nous 
affirmèrent qu'elle était souvent beaucoup plus élevée. Ces eaux 
incrustent rapidement les objets qui y sont plongés. 

J'ai déjà signalé l'abondance des sources thermales au N.E. de 
Mindanao dans les environs du lac de Maïnit. Le même fait ne se 
reproduit pas au sud de l'ile dans la contrée dominée par le volcan 
Apo. 

J'ai eu la bonne fortune d'accomplir l'ascension de ce volcan, 
qui n'avait pas encore été faite et qui avait été l’objet de deux 
tentatives infructueuses (), 

J'étais en compagnie du gouverneur de Davao, M. le comman- 
dant don Joaquin Rajal y Larre, et de plusieurs autres officiers ou 
résidents espagnols. Pendant l'ascension, M. le lieutenant de vais- 
seau don Enrique de Ramos y Azcaraga observait à Davao, au pied 
du volcan, le baromètre, le thermomètre et l’hygromètre; en com- 
parant ses observations avec celles que je fis pendant l'ascension 
au moyen des mêmes instruments, nous avons fixé l'altitude des 
divers points remarquables et celle du sommet du volcan, que nous 
avons trouvée égale à 3,143 mètres. Les détails de cette ascension 
ayant été précédemment publiés ®), je ne les reproduirai pas. 

L’Apo paraît être en ce moment à l’état de solfatare. Son cône 
est recouvert, depuis le sommet jusqu’à 2,300 mètres d'altitude 
environ, d’un manteau de soufre qui recouvre lui-même, sur une 
épaisseur variable, les cendres et les blocs d'andésite modernes. 
L'énorme crevasse ouverte dans son flanc donne issue à des jets de 
vapeur d'acide sulfureux, qui s'échappent avec un bruit strident. 
Ces vapeurs sont si abondantes, que, vues de Davao, elles paraissent 
être des nuages attachés au flanc du volcan. 

(M) En 1859 et 1870. 


@ Bullet. Soc. de géographie, juin 1881, et Tour du monde, 2° semestre 
1884. 


— 288 — 


En dehors des andésites, les seules roches que j'aie trouvées dans 
le système de lApo consistent en un échantillon de pyrite de fer 
et un échantillon de jaspe rouge. 


Les Philippines sont très riches en mines de tout genre. J'ai 
indiqué plus haut les principaux gisements de houille. D’après 
M. Centeno, les minerais de fer se rencontrent presque partout; 
ceux de Luçon donnent jusqu'à 75 et 80 p. o/o de fer pur, et 
cette île possède un gisement de fer oxydulé magnétique presque 
pur; ces minerais sont à peine exploités; on ne s’en sert guère 
que pour fabriquer les poëles en usage dans le pays et connus sous 
le nom Carahay. La bonne qualité de ce métal explique la réputa- 
tion qu'ont les kriss de Soulou, les armuriers de cette ile n’em- 
ployant de temps immémorial d'autre matière que les vieux Ca- 
rahay des Philippines, qui leur sont apportés par les trafiquants 
chinois. 

Le cuivre est surtout abondant dans le district de Lepanto 
(N. de Lucon); il y est à l'état de pyrites ou de cuivre arsénieux; 
l'exploitation de ce minerai n’est encore pratiquée que par les in- 
digènes insoumis des montagnes, qui ontsu vaincre toutes les dif- 
ficultés de l'extraction et du traitement; l'utilité qu’ils en retirent 
se borne à la fabrication de quelques ornements et de quelques 
ustensiles de ménage. Les indigènes insoumis de Mindanao qui 
fondent et travaillent le cuivre, non sans art, acquièrent la ma- 
tière première soit des Moros, soit des trafiquants bisayas, par 
voie d'échange. 

L'or se trouve dans les filons de quartz et dans les alluvions 
volcaniques de toutes les îles. T1 paraît être spécialement abondant 
dans la péninsule de Surigao (N.E. de Mindanao) et dans les îles 
qui l’avoisinent. Une société vient de se former pour l'extraction de 
ce métal dans la petite île de Panaon {entre Surigao et Leyte). Le 
village de Placer, à quelques milles S. E. de Surigao, doit son nom 
à la richesse relative des alluvions du voisinage. Le nom du rio ou 
torrent Siga (brillant, en bisaya) tributaire du Rio Tubay, déversoir 
du lac de Maïnit, a la même origine. J'ai rapporté de ce rio un 
échantillon de sable qui n’a pu encore être analysé. D'après M. Cen- 
teno, dans la province de Surigao, l'or se rencontre surtout dans les 
ardoises talqueuses altérées et dans les serpentines. On trouverait 
parfois dans les alluvions des pépites pesant plusieurs onces cas- 


— 289 — 

tillanes (1 once — 28 grammes 76); le prix en serait de 18 pias- 
tres (90 francs) le tael (39 grammes 54). 

D'après le même auteur, le plomb se trouve à Cebu à l'état de 
galène renfermant {7 p: 0/0 de métal. 

Quant au soufre, les divers volcans, soit complètement éleints, 
soit passés à l’état de solfatare, en contiennent des quantités consi- 
dérables. 


CHAPITRE II. 
MÉTÉOROLOGIE. 


J'ai séjourné trop peu de temps dans la province de Malacca 
pour y recueillir des observations météorologiques suivies. Pen- 
dant notre séjour à Kessang (4o kilom. N. E. de Malacca), du 29 juin 
au 10 juillet 1879, le temps fut beau, malgré la mousson du S.O.; 
la température maxima fut de 30°5 et la minima de 23°2; la tem- 
pérature de midi se tint entre 28° et 29° 0). 

Le climat des Philippines, comme celui des contrées voisines, est 
sous la dépendance des moussons, qui déterminent de notables 
variations dans la température, les pluies, les vents, variations 
qui ont elles-mêmes une influence prédominante sur la navigation 
et sur l’agriculture. Mais la constitution topographique de lar- 
chipel, dont toutes les îles présentent au moins deux versants (et 
quelquefois davantage) séparés par des chaînes élevées, a pour 
résultat de faire dominer, au même moment, deux saisons con- 
traires dans des régions souvent fort rapprochées. 

On peut dire qu’il n’y a que deux saisons aux Philippines, la 
saison des pluies et la saison sèche, qui se partagent également 
l'année. La première se fait sentir quand soufflent les vents aux- 
quels une région est exposée; la seconde dure tant que dominent 
les vents contre lesquels une région est abritée. Ainsi, pour tous les 
versants du sud et de l’ouest, la mousson de S. O. est la saison 
humide, et la mousson de N. E. la saison sèche; c’est le contraire 
pour les versants opposés. 

L'établissement des moussons ne coïncide pas exactement, aux 
Philippines, pas plus qu'ailleurs, avec les équinoxes, et cet établis- 
sement n’est pas simultané pour les divers points de l'archipel. 

1) Toutes les indications thermométriques sont celles de l'échelle centigrade; 
toutes les hauteurs barométriques sont données en millimètres, 


MISS. SCIENT. — XI. 19 


IMPIIMHIUE NATIONALE: 


— 290 — 


RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES D 


DÉSIGNATION. 


Température moyenne. (Therm. centigr.).. 
{ maxima 
Moyenne des températures 
minima 
Pression atmosphérique 
Différence entre les pressions max* et min. 
Humidité moyenne. ..... “0 


Quantité de pluie mensuelle (millim.). . . .. 


Nombre de jours pluvieux 


Température moyenne..." 
maxima 
Moyenne des températures 
MINIMA,. ... 
Pression atmosphérique 
Différence entre les pressions max° et min°.. 
Humidité moyenne. ..... 


Quantité de pluie mensuelle (millim.)..... 


Nombre de jours pluvieux 


JANVIER 
FEVRIER. 


RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS POUR LES 
26°5 M 27r 0) 29°8 
29°9 30°9 32°9 
20°7 21°8 22°9 

797.10 796.68 756.62 


6.95 5.62 5.65 


RÉSUMÉ DES OBSERVATION 
274 31°6 
33°6 


26°4 28°3 


761.66 | 759.39 


4.68 4.45 
65.5 63.8 
5.5 


— 291 — 


lOBSERVATOIRE DE L’ATENEO MUNICIPAL DE MANILLE. 


ea] ë 

ea] [1 

En % em el Le] e< 

Æ = É = e a em FA 
= « e _ = À = = 
=] ee © [ea] © : 

= [= 4 En EE al el 

> Ex (e] La 2 

5 A © e rE 

a = A 


EEE ZE 


NNÉES 1870 À 1877 INCI.USIVEMENT. 


30°0 


27°6 


33°o 


23°9 


755.10 | 754.64 


6.12 6.84 


72.7 73.6 80.5 82.3 80.0 80.9 78.6 74.3 


54.0 238.9 


6.0 14.0 15.6 18.8 15.4 14.6 10.4 3.4 


DUR L'ANNÉE 1878. 


30°4 


795.89 796.37 757.14 | 756.59 
9.74 


909. 


Nous nous trouvions le 10 novembre 1879 dans la mer de Min- 
doro; la mousson de S. Q. y régnait encore, alors qu'à notre 
départ d'Albay (S. E. de Luçon), le 20 octobre précédent, la 
mousson de N.E. était déja régulièrement établie depuis-une 
huitaine de jours. 

De même, le 10 avril 1880, quand nous arrivämes à Davao 
(S. E. de Mindanao), la mousson deS. O. débutait, tandis qu'elle 
régnait depuis le 10 mars sur l’île Soulou. 

Manille est exposé aux vents de S. O., mais la saison des pluies 
ne s'établit qu'au commencement de juin, elle dure jusqu’en no- 
vembre ; la saison sèche occupe les autres mois; les mois de no- 
vembre à février sont remarquables par l’abaissement de la tempé- 
rature; ceux de mars, d'avril, de mai sont les plus chauds de 
l'année; le maximum de température coïncide habituellement avec 
la position zénithale du soleil. 

Depuis quelques années, les phénomènes météorologiques sont 
soigneusement enregistrés à l'observatoire .de l’Ateneo municipal 
de Manille, desservi par les religieux de la Compagnie de Jésus. 
Le R. P. Faura, directeur actuel de l'observatoire, dont les indi- 
cations nous ont été si utiles pour notre voyage, a bien voulu me 
communiquer le résultat de ses observations météorologiques 
pour les années 1870-1877 et 1878. J’en aï extrait les chiffres 
donnés plus haut (p. 290 et 291). 

Je n'ai pas le relevé des observations pour 1879 et 1880; 
pour ces années, j'emprunte les résultats suivants à M. Agustin de 
la Cavada Mendez de Vigo), qui les a sans doute puisés dans les 
publications de l'observatoire : ï 


BAROMÈTRE. THERMOMÈTRE. HUMIDITÉ RELATIVE, 


ANNÉES. 


Minima. 
Moyenne 
Maxima 
Moyenne. 
Minima 


a 
= 
5! 
er: 
= 
ET 


1879...| 762.19| 705. 9.19|30.04|25.03 | 28.02 | 90.09 |62.07| 75.06 
|| 1880...| 761.13 .6 .47|30.01|26.04|27.08| 89.06 |61.07| 74.04 


@) Annuario estadistico. Manila, 1881. 


— 295 — 


D'après le même auteur, voici la température moyenne de 
quelques-unes des provinces de Luçon : 


ANDrase st ue eg 26° 25 Lépanto = mc 27° 90 
DAANANT- = ce ec 4e 26° 25 Nueva-Lcija.. ...... 39° 00 
DIT RON 27° 90 Union. er: pages 37° 29 
Hoëos Su. à À. LS KE 27°.50 


Un facteur important du climat de Manille, qui ne figure pas 
dans les tableaux précédents, mais qui est signalé par le R. P. Faura, 
esL l'énorme quantité d'électricité développée par les phénomènes 
atmosphériques. Pendant toutes les soirées que j'ai passées à Ma- 
mille, le ciel fut sillonné d'éclairs ; 1l en fut de même dans tous 
les lieux de l'archipel que j'ai visités, fait important au point de 
vue de l'hygiène du pays. 

À Balabac, établissement espagnol situé dans l’île et sur le dé- 
troit du même nom, entre la mer de Mindoro et la mer de Chine, 
on ne connaît pas de saison sèche. Il pleut également à torrents 
par les vents de S. O. et de N.E. La moyenne thermométrique 
nychthémérale se tient toujours entre 27° et 31°. Je n'ai pu avoir 
d’autres renseignements météorologiques sur ce point. 

Sur la côte N. O. de l'ile Soulou, dans la ville espagnole, abritée 
contre les vents de l’est par une chaïne élevée, on connaït deux 
saisons : une saison sèche de novembre à mars, une humide de 
mars à novembre. Cependant, durant le premier séjour que nous 
y fimes, du 15 novembre 1879 au 18 janvier 1880, il plut 
presque tous les jours, par ondées assez courtes, mais violentes et 
répétées. Pendant toute cette période, les vents d'est dominèrent 
au large et le baromètre se tint entre 763 et 767 millimètres. Les 
indications de l’hygromètre varièrent entre 76 p. 0/0 et 84 p. 0/0, 
mais presque toujours elles accusaient 78 p. 0/0. Les variations 
nychthémérales du thermomètre furent restreintes, le maximum, 
vers 2 heures p."m., était de 29° à 29°5 ; ie minimum, entre 6 et 
7 heures a. m., variait entre 23° et 24°. 

La mousson de S.0. s'établit à Soulou pendant notre second 
séjour, vers le 10 mars 1880, avec des vents violents et des pluies 
torrentielles. Du 4 mars au 6 avril, la pluie fut presque constante. 
Les indications du thermomètre ne furent pas sensiblement diffé- 
rentes de celles que j'avais observées de novembre à janvier. 

Pendant cette période, il y eut de violents orages et la foudre 


_— 9294 — 


tomba plusieurs fois. Ce phénomène était autrefois inconnu des 
indigènes; il ne se produit que depuis la construction des maisons 
européennes dont la toiture est en tôle galvanisée. 

À Elok-Pura (baie de Sandakan, N. E. de Bornéo, sur la mer 
de Célèbes), abrité des vents d'ouest par des hauteurs très raides, 
nos observations ont été suivies du 25 janvier au 16 février 1880. 
Dans ces 23 jours, nous avons noté 12 jours de pluie torrentielle, 
5 de pluie légère, 6 de beau temps. Le baromètre, observé à midi, 
s'est toujours tenu entre 764 et 766 millimètres; le thermomètre, 
observé à la même heure, a marqué : minimum, 26°5; maximum, 
30°; moyenne, 28°8. La moyenne des maxima de la journée 
s’est élevée à 29°3, celle des minima à 23°5. La moyenne de l’hu- 
midité relative a été de 80.7 p. 0/0 : maximum — 92 p. 0/0, mini- 
mum — 70 p. 0/0. 

J'ai séjourné assez longtemps à Davao, situé au nord du golfe 
de ce nom, au S. E. de Mindanao. Bien que fréquemment en ex- 
cursion, j'ai pu tenir note des observations météorologiques pen- 
dant la plus grande partie de mon séjour, grâce à plusieurs per- 
sonnes qui les prenaient en mon absence. Ces observations ont 
été faites du 14 avril au 2 novembre 1880, pour 166 jours, qui 
représentent un peu plus des quatre cinquièmes de cette période. 

Le 14 avril, la mousson de S. O. venait de s'établir; les vents 
de cette partie du quadrant se firent sentir sans exception jusqu'à 
la fin de juillet; ils alternèrent alors pendant quelques jours avec 
les vents de la partie du nord, qui dominèrent bientôt exclusi- 
vement et amenèrent la saison sèche. À mon second séjour à 
Davao, du 22 février au 24 mars 1881, cette saison sèche durait 
encore, et, pendant ces 32 jours, il n’y eut que À jours de pluie 
légère. Pendant la première période au contraire, du 14 avril au 
20 août 1880, les orages, très fréquents, étaient d’une violence 
extrême. Ils se produisaient le plus souvent à la chute du jour, et, 
après une heure environ d’éclairs et de tonnerre, se résolvaient en 
pluie torrentielle qui durait la plus grande partie de la nuit. 


Voici le résultat de mes observations du 14 avril au 2 novembre 
1880 : 


*AOU &—"790 ,, I 


ge : 9 *-"arquiadeg 


"Æ'N-'N ne 'O'S 
np "moy 
dl SopqerieA 


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892 L -< TN 


— 295 — 


992 ‘ue oç-ÿt 


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‘ ° ‘ . 
sauaA | °xoarA | “nu | ‘œnur us) ae) uo) ewraru np SLT np 
*XAVAI Ipiu à Li uOTEATISTO p 


œunu | wunwu % sop unu sap wunu ? 
-109 074 |-turjf | -XEJ ouuo fo 


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‘H'N-"Nl'O°S-'O 
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euuoKopy SUN0O£ SG AUENOK 


SLNA DAV tu | -1xe] outrofoqy | ouuofoyt -xoui l'ouuofoyg | -rxopy 


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D © | © © TT, © © |], mm 


SHNO£ HA AUMANON "HALLVTAU HLIAIN NH ‘AULANOUVE "AAŒVU9IENAN AULANONUTHL 


‘SHALANO — HAN VI HA SASSAG-AY HANLILTIV — ‘0881 NH (OVNVANIN ‘4 ‘S) OVAVA Y SASIHd SNOILVAUASIO 


— 296 — 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 


LIEU DE L'OBSERVATION. ALTITUDE. | BAROMÈTRE. 


ET HEURE. 

NOVEMBRE 1880. mètres. millim. 
GÉAMideee LE Embouchure du Rio Tagum......... o L7"6;0 
7 61901a/m..| Bincüinsan, Fio lagum.:...-e.068 — 777,0 
8 600 — Babao, Rio Sahug........ LE door os 776,0 

10 7 00 — Kalibubasan, Rio Sahug............ — 779,0 

11 6 oo — Nagta, Rio Sahug............ RE à 4 779,0 
2006 con lens es Rene RE RES M M à — 776,0 
3 6 oo — Daug, Rio Sahug............ D — 776,0. 
Midi: RioySahne ss ere Enr te nn. 776,0 

14 6"00 a. m..| Tilacan, Rio SET T ESS OT eo e — 779,0 
19 7 00 — RO Sans, Len 2 Re = 774,0 
16 7 00 — DAC ET ES Re SE PA RENTE ANNEES = MORTE 
17 600 — TOR ne SE Dee Le A fe 22 — 769,0 
18 700 — LORD En is A PE LME _ 769,0 
19 6 00 — TERRE SR Re De Mr ce = 768,0 
20 8 00 — ERA RE RS PRET PE CR A — 768,0 
Fe | 7 00 — In En PNR NE DER MINT — 767,0 
Midi® 00e Husip, source du Sahug............ 100 766,5 

22 Midi....... Mont-Hoagusan-...uen ne 320 792,0 
DÉS ota émis ldene eee A CN 320 748,0 

23 : 

7 00 p. m..| Dagohoy, Rio Agusan.............. 90 772,0 

2h46 %00%a. 1m | RI0 Aonsan ee Er. Ar ACC R — 771:0 
:5 | 7 00 — Patrocinio, Rio Agusan............. — 779.0 
Mad: FD. ADUSAN Ge eee: e4 ele ee ane = 773,0 
26 5*30 a. m..| Kambuaya, Rio Agusan............ à — 772,0 
2707-90 p.un..| Village de Bunauan. >..." 4.20. 30 773,0 
28 7 30 — Ile Re er RER SEE EEE 30 772,0 
29 2 30 — 1 (AU ROUTE À CARE Re AE UE 30 771,0 


DAMUO0 NÉE PTN  PAENE CNRE  OSE EI GOT RE 30 772,0 


— 297 — 


L'INTÉRIEUR DE MINDANAO. 


PARTIES 
HERMO- 
DU CIEL 
MÈTRE BDAR DUICIER. | découvertes | | VENTS. OBSERVATIONS. 
INTIGRADE. 
(De1à 10.) 
29° 7 Couvert. 0 N. O: Pluie torrentielle après midi. 
23° 7 Cirrhus. 9 N.E. Pluie après midi. 
23° 0 Idem. 9 Calme. Idem. 
25° o Brouillard. o N.E,. Orage après midi. 
23° 5 Couvert. o Calme. Pluie le soir. 
23° 5 Idem. 0 Idem. 
22° 5 Cirrhus. 8 Idem. 
28° 5 Idem. Â E. 
23° 5 Cirrhus. 0 Calme. 
25° 0 Couvert. 0 Idem. Pluie pendant toute la nuit. 
24° o Idem. 0 Idem. 
23° 0 Brouillard. 0 E. Idem. 
23° o Couvert. 0 Calme. Pluie matin et soir. 
24° 5 Idem. o Idem. Idem. 
25° 0 Pluie. o Idem. Pluie dans la matinée. 
28° 7 Idem. oO N.E. Pluie toute la journée. 
28° 0 Couvert. o Idem. Pluie toute la nuit. 
26° 7 Pluie. o Idem. 
21° 5 Couvert. o N. E. 
26° o Cumulus strat, 5 Calme. k 
29° 5 Brouillard. 0 Idem. 
24° o Idem. 0 Idem. 
 3:1°0 Cirrhus E, 9 N. E. Pluie torrentielle après midi. 
23° 7 Brotullard. 0 Calme. Pluie après midi et la nuit. 
26° 5 Pluie. 0 N.E. 
26° 7 Couvert, 0 Calme. | Pluie torrentielle après midi. 
2° 2 Idem. 0 Idem. Idem. 
26° o Cirrhus $. 9 Idem. Idem. 


— 298 — 


DATE 
LIEU DE L’'OBSERVATION. ALTITUDE. | BAROMÈTRE 
ET HEURE. 

DÉCEMBRE 1880. mètres. milim. 
MS Nop ra. 1m | Villase de Bunauan.e. 2 02 DCE 30 773,0 
5 2090 pin. | Mont Bünauan 7-4: Mec ce 240 795,0 
: { 8 45 a. m..| Village de Bunauan................ 30 773,0 
* l Midi... 2e TOR RENE S DS DO à DES ONE EL 30 773,0 
3 HeMidr.: 056 Idem SEA Eee ee EE 30 775,0 
Rap. ani dem cette A pee EP OR 30 772,0 
9 9 00 — Village de Butuan, Rio Agusan ....... — 773,0 
T O0 a.Anee| 0eme. seit de ee ee — 774,5 
9 | 11 30 — Idem rad POULE — 779,0 
+ 8 00 — IH RENE Gate Do 00m à — 779,0 
Midi: rase NF ES SR ab RS à EAP pl ae = 779,0 
11 900, — AM es ere Peters ere dels te ete ANR — 779,0 
Fe 7-00 — ICALERS AO 0 DECO PSS 0 à — 779,0 
Mid eee ] ÉUCT RERE AElR eR AE Er à — 774,9 
13 7 CNOME B re NON LAID ARE CR RER Le Er AAC Pur — 776,0 
Midi 220" JHATCS RSR MORE PEE AT Pete Pute à = 7799 
1/4 Mid ID EDS REMORS PRE ET D me AE GENE SRE 7 76,0 
ot 0 00 2002) em ee  R EE A ver ELee CR — 779,0 
16 8 oo — Bret nine dan om ima eue o 776,0 
es | 7 30 re JTE GRAN Bee RENE en o 776,0 
MEdlba os 00 0 JE CODE PEN PARA ee Ne nee ar 0 776,0 
28010 001 ie) emee deb eee dun o 7770 
24 * 8 oo — Vilase de ubays "ECC RERRe = 7770 
7 45 — Piarede bastion CCE CC CE o 776,0 
25 9 29 — Mont Baume 26-06" "CE 340 794,0 
2 00%p. me Vitase de Jahonca: 0e "TC ho 772,0 
26 IDE bacide Mainit. 202 UNE ho 772,0 
27 D TO — VNilase dem EE PER CEE E PCUE CE Lo 770,0 
30 a SO — Vulaseide lubay "2002 CCC — 774,0 


31 RS CODE LE I LE SO OS CR PRE Ci = 774,5 


— 299 — 


PARTIES 
THERMO- 
DU CIEL 
” MÈTRE ÉTAT DU CIEL. | éouvertes |  VENTS. OBSERVATIONS. 
CENTIGRADE. 
(De à 10.) 
25° o Couvert. 0 Calme, Pluie dans la nuit. 
7 ày Mr Cumulus N. Es] Idem. 
7.0 Pig. Brouillard. o Idem. 
28° o Cumulus. 2 Idem. 
29°0 |Cumul., cirrh. str. E. 5; Calme. | Pluie dans la nuit et la matinée. 
28° 5 Cumulus. o N.E. Idem. 
26° o Pluie. o Calme. Pluie torrentielle toute la journée 
et toute la nuit. 
24° 2 Idem. 0 Idem. Idem. 
25° 2 Idem. o Idem. Idem. 
24° 0 Idem. 0 Idem. Idem. 
25° 7 Idem. o Idem. Idem. 
23° 6 Idem. o Idem. Idem. 
23° 9 Idem. o Idem. Idem. 
25° 9 Idem. 0 Idem. Idem. 
22° 9 Couvert. o Idem. Pluie dans la nuit. 
27° 5 Civrhus strat. L. 2 N.E. Orage après midi. 
28° o Cumulus strat. 0 S.S.E. | Pluie dans la nuit. 
23° 9 Couvert. 0 Calme. | Idem. 
” Cirrhus, cumulus. 0 Idem. Pluie après midi. 
24° 7 Pluie. o) NSVES Pluie torrentielle toute la journée. 
2h91 Idem. 0 Idem. Idem. 
20,2 Beau temps. Calme. 
23° 9 - Idem. Idem. 
24° 0 Pluie. 0 Idem. Pluie torrentielle. 
25° o Idem. oO Idem. - Idem. 
25° 7 Idem. () Idem. Idem. 
25° oO Idem. o N. Idem. 
24° 7 Idem. o Idem. Idem. 
25° 0 Idem. 0 N.O. Idem. 


23° 0 Idem. 0 N.E, Idem. 


— 300 — 


Pendant mon voyage dans l’intérieur et sur les côtes nord et 
est de Mindanao, du 2 novembre 1880 au 22 février 1881, je n'ai 
pu faire d'observations à heure fixe, vu les difficultés de la route, 
augmentées par le mauvais temps. 

La mousson de N.E. est la saison pluvieuse pour la côte orien- 
tale de Mindanao et son influence se fait sentir dans l’intérieur de 
l'île jusque dans le voisinage du golfe de Davao. 

Je donne plus haut (p. 296-299) les observations que j'ai re- 
cueïllies du 6 novembre au 31 décembre 1880; celles que j'ai pu 
prendre ultérieurement, contrariées par des difficultés de tout 
ordre, sont trop incomplètes pour que je puisse les donner utile- 
ment. J'étais à ce moment sur la côte orientale, où les grains 
étaient encore plus fréquents et plus intenses que dans l’intérieur 
de l'ile; quant à la température, elle ne paraissait pas différer de 
celle que j'avais observée dans l’intérieur. 

Les tempêtes sont fréquentes aux Philippines, elles sévissent à 
toutes les époques de l’année; les plus terribles, connues sous le 
nom de vaguios ou baquios, ne surviennent qu’à l'époque des équi- 
noxes ou dans les deux mois suivants: celles de l’automne sont 
beaucoup plus fréquentes que celles du printemps. 

. Des observations répétées établissent l'identité des baguios (ty- 
phons de la mer de Chine) avec les cyclones des Antilles et de 
l'océan Indien. 

Les baguios, eomme les cyclones de l'hémisphère N., sont doués 
d’un double mouvement de translation et de rotation de droite 
à gauche; ils naissent dans l'océan Pacifique, à l’est des Philip- 
pines, et traversent l'archipel, toujours au nord du 0° parallèle. 
Leur direction générale est ©. N. O. 

_ Le mémoire publié par la commission hydrographique des Phi- 
lippines() donne la trajectoire de sept baguios (4 et 18 septembre 

1874; 5 mars 1874; 18, 25 et 27 octobre 1873; 4 avril et 13 oc- 
tobre 1872) : toutes ces trajectoires sont comprises entre l'O. 30°N. 
et l'O.14° N., sauf celle du 25 octobre 1873, qui est orientée 
O. 4°S. Ces baguios s’'évanouissent dans la mer de Chine, ou, le 
plus souvent, ils atteignent le continent asiatique et, s’infléchis- 
sant au N.E. arrivent sur les côtes du Japon. La commission 


() Baguios. Memoria redactada por el teniente de navion D. M. Villavicencio, 
jefe de la comision hidrogräfica de Filipinas. Mania, 1874. 


— 301 — 


hydrographique estime que leur vitesse de translation est de 
13 milles à l’heure en moyenne, que leur diamètre extérieur 
mesure de 4o à 130 milles et leur diamètre intérieur de 8 à 
15 milles. Ces météores causent, presque chaque année, de 
terribles désastres dans l'archipel, ruinant les habitations et les 
cultures et causant la perte de plusieurs navires; celui des 19 et 
20 novembre 1879 fit éprouver de graves dommages à la ville de 
Cebu et engloutit plusieurs bateaux, entre autres une canonnière 
à vapeur de la marine royale espagnole, dont on n’a plus entendu 
parler. Les effets de ces météores ne sont pas moins désastreux 
dans la mer de Chine et sur la côte asiatique; il suffit de dire 
que celui qui atteignit Hong-Kong le 23 septembre 1874 y causa 
la perte de quatorze navires et fit périr plusieurs milliers de per- 
sonnes à Macao. 

Le câble télégraphique immergé en 1880 entre Hong-Kong et 
Lucon est un immense bienfait pour la navigation, aujourd'hui si 
active, de ces parages. Depuis l'établissement des communications 
télégraphiques, lobservatoire de lAteneo municipal a toujours 
avisé en temps utile le port de Hong-Kong de limminence des 
baguios et prévenu ainsi des pertes énormes en hommes et en 
matériel. As 


La navigation de l'archipel des Philippines était autrefois fort 
périlleuse; aux difficultés résultant des courants et des écueils 
s’ajoutait le défaut de cartes, car jusqu'à ces dernières années les 
travaux hydrographiques avaient été entrepris avec des moyens 
insuffisants. 

L'expédition de Malaspina leva en 1792 une carte générale de 
l'archipel; ce n’était pour ainsi dire qu'un cadre destiné à être 
rempli par des levés ultérieurs (), 

En 1850 et dans les années suivantes, les commodores Bate, 
Chimno, Reed, de la marine royale anglaise, exécutèrent d’im- 
portants travaux sur les côtes de Palawan (Paragua des cartes es- 
pagnoles) et dans le détroit de Balabac. C'est aussi de 1850 que 
datent, pour la plupart, les grands travaux de l'hydrographie es- 
pägnole, qui avait déjà donné des tracés remarquables, mais sou- 


@) Cf., pour plus de détails, don Camilo de Arana, Derrotero del archipielago 
Filipino, Direction de hidrografia. Madrid, 1879. Appendice n° 3. 


— 302 — 


vent interrompus à cause des luttes continuelles avec les pirates 
malais de l'archipel de Soulou. À cette époque, commenca, sous 
la direction de D. Claudio Montero, le levé méthodique des côtes 
de l'archipel, auquel cet officier distingué a pris une si grande 
part. 

Une commission hydrographique permanente, composée d’off- 
ciers de la marine royale, est uniquement occupée à rectifier et à 
compléter les cartes des Philippines; tous les points principaux 
sont aujourd'hui exactement déterminés par rapport à Manille. 

Les parties qui restent encore à lever sont pour la plus grande 
partie situées sur les côtes orientales de f’archipel, dont le tracé 
actuel, dû à des documents anonymes, est très erroné. 

Au cours de mon voyage à Mindanao, j'ai levé les itinéraires 
suivants : de Davao à Bunauan et à Butuan; de l’anse de Baguian 
au lac de Maïnit et à Tubay; de Bunauan à Bislig et à Caraga; de 
Mati à Kuavo; et, en outre, le cours de la rivière de Sagaliud, 
qui débouche au S. O0. de la baie de Sandakan (N. E. de Bornéo). 
Ces divers itinéraires, levés à ==, ont été réduits et reproduits à la 
fin de ce rapport ). {Carte n° 1.) 

Pour la détermination des longitudes, je me suis servi avec avan- 
tage de la formule suivante, due à MM. Beuf et Houel, qui facilite 
le calcul : 


où t— angle au pôle, h— hauteur vraie de l'astre observé, 
@— latitude, d— déclinaison. 

Cette formule m’a été indiquée par M. le lieutenant de vaisseau 
Rozet, aujourd'hui directeur de l'observatoire de Toulon, que j'ai 
‘eu la bonne fortune de rencontrer successivement comme astro- 
nome à l'observatoire de la marine à Monsouris et comme officier 
chargé des montres à bord de l’Annamüte, qui me porta de Toulon 
à Singapore. 


M. Rozet est auteur d’un traité inédit de cosmographie et de 
navigation dont la communication m'a été fort utile, car cet ou- 
vrage élémentaire expose avec la plus grande clarté toutes les 


() J'ai donné : Rivière Sagaliud à (Bull. de la Soc. géogr., août 1880); 


809 000 


Itinéraires de Mindanao à © (Jbid., 4° trimestre 1882). 


— 303 — 


notions théoriques et pratiques nécessaires pour les observations 
astronomiques et la construction des cartes. La publication de ce 
traité, dont sont exclues toutes les théories qui n’ont pas une appli- 
cation immédiatement pratique, rendrait un immense service aux 
voyageurs étrangers à l’hydrographie. 

Voici un exemple des calculs de longitude par la formule ci- 
dessus indiquée : 


BABAO, RIO TAGUM (8 novembre 1880). 


Latitude estimée — 7° 20’ N. 
Longitude estimée — 8° 13’ E. de Paris. 
Hauteur vraie © — 31° 24/ 54" 5. « 
Déclinaison calculée pour heure de l'observation = 16° 37’ 54" 5. 
Sh=9,717 03 s@—9,105 99 cos@—9,996 43 
A= 8,562 69 s0—9,456 70 cosD—9,981 44 


B—1,154 3% A —8,562 69 C=9,977 87 


Sh=9,717 03 
Log. addit. B—0,029 42 
9,746 45 
0; 8 
RIRE 360° 0’ 00” 


cost— 09,768 58 = 54° 3'4o” 
305° 56’ 20"— 20°" 23" 45° 30 
Équation du temps pour Rd do 16 7.16 
Heure T. M. Babao oo 73814 
Heure T. M. Davao, d'après chronomètre— 20 6 53 50 
0" o"Ak° 24 
Long. Babao à l’est de Davao — 11’ 03” 6o. 


Les marées présentent, aux Philippines, un régime singulier, 
dont les lois ne sont connues que depuis peu de temps. Ces lois, 
je les donne ici d’après les travaux publiés par M. le comte de 
Cañete del Pilar() et par M. le commandant D. Camilo de Aranal). 


(0) Revista general de marina. Madrid, mars 1880. 
® Derrotero del archip. filip., page 69 et append. 1 et 2. 


— 304 — 


Les îles Philippines forment un obstacle à la libre propagation 
de la marée qui se forme dans l’océan Pacifique; en arrivant au 
contact de l'archipel, le flot se divise en ondes secondaires; ces 
ondes pénètrent dans l'archipel par les détroits qui s’ouvrent sur 
le Pacifique et sur la mer de Chine; en se propageant dans l'inté- 
rieur de l'archipel et dans tous les sens, elles se combinent de la 
façon la plus variable, suivant la configuration des côtes; à l'irré- 
gularité qui est la conséquence de ce fait vient encore s'ajouter 
celle qui résulte de l'inégalité diurne des marées. 

En Europe, on ne tient compte que de l'onde semi-diurne, la 
diurne étant peu appréciable; au contraire, aux Philippines, l'onde 
diurne, c’est-à-dire l'onde dont le flux et le reflux s’accomplissent en 
2h heures, a autant ou même plus d'importance que l'onde semi- 
diurne. De la coïncidence de ces deux ondes, dont les flux tantôt 
ont lieu en même temps, tantôt se contrarient, résulte une combi- 
naison variable, changeante, qui paraît, à première vue, échapper 
à toute règle et qui explique le nom locas (folles) donné pendant 
longtemps aux marées-de l'archipel. 

Dans la baie de Manille, dans les détroits de Balabac et d'Iloilo, 
deux jours après que la déclinaison de la lune a été nulle, on ob- 
serve deux flux et deux reflux, d'intensité sensiblement égale, dans 
les 24 heures. Les jours suivants, un des flux va en augmentant et 
l’autre en diminuant; en peu de jours, celui qui est en décrois- 
sance disparaît complètement, et il ne reste plus qu'un flux et 
un reflux en 24 heures. 

C'est deux jours après la déclinaison maxima, nord ou sud, 
de la lune, que l'unique marée diurne est le mieux caractérisée 
et qu'elle acquiert sa plus grande hauteur. À partir de ce jour, 
l'unique marée diurne diminue d'amplitude, et peu de jours après 
se montrent de nouveau deux marées : la nouvelle marée va en 
augmentant, et les deux marées arrivent à être d'intensité égale 
deux jours après que la déclinaison de la lune est nulle. Les jours 
suivants, la marée qui augmentait décroit; c'est l'inverse pour 
celle qui diminuait; et le cycle se poursuit dans l’ordre que je 
viens d'indiquer. 

La variation de l'établissement du port fait perdre à ce mot toute 
signification. L'unité de hauteur varie également beaucoup avec 
les divers mois de l’année; cette variation atteint, par exemple, 
603 millimètres à Manille et 1 mètre 18 millimètres à Hoilo; Le 


— 305 — 


niveau moyen varie aussi dans des limites qui atteignent 173 milli- 
mètres. pari 

Telles sont en abrégé, les lois générales des marées aux Philip- 
pines; au sud de Mindanao, dans la mer de Célèbes, elles présen- 
tent encore des caractères particuliers, variables suivant les divers 
points où on les observe. 

À Davao, il y a toujours deux marées par jour; à Pollok, une 
des marées fait défaut trois jours dans le mois lunaire; à 
Zamboança, il n'y a qu'une seule marée pendant seize jours, et à 
Basilan ,situé seulement à 9 milles de Zamboanga, ainsi qu’à Sou- 
lou, il n'y a jamais qu'une seule marée par jour. 

Au nord de Mindanao, la même différence se produit entre Suri- 
gao et l’île voisine de Siargao. 

Ce régime a des conséquences importantes pour la navigation. 
Ainsi, le 17 janvier 1881, par exemple, étant sur la côte ouest 
de la péninsule de Surigao par 9° 30° environ de latitude, je vis 
la basse mer à 6 heures 30 minutes du soir; à la même heure, 
et d’après ce que j'avais observé quelque jours auparavant à Giga- 
quit, sur le Pacifique, la mer devait être étale sur ce dernier 
point; de ces différences de niveau résulte un courant alternative- 
ment nord et sud qui, dans certaines passes resserrées, acquiert 
une violence extraordinaire. 

En rade de Surigao, les bateaux ont grand soin de ne pas 
mouiller au delà d’une certaine distance du rivage, car on sait 
bien que, plus au large, les courants atleignent, dans certaines cir- 
constances, plus de 8 milles, et alors il n’y a ni ancre ni amarre 
qui résiste U), | 

En profitant de ces courants de marée, qui ne me furent favo- 
rables que pendant une partie de mon trajet, je pus un jour 
franchir en trois heures, sans voile, les 28 kilomètres qui séparent 
Surigao de Taganaan. 

Quand deux courants de sens opposé se rencontrent, ils engen- 
drent des tourbillons qui sont souvent funestes aux embarcations, 
Quant aux navires, ils ne sont pas engloutis, mais immobilisés, 
malgré le vent, au milieu d’une mer démontée dont les lames se 
brisent avec un fracas qu'on entend à plus d’un mille. 

La côte orientale de Mindanao, dans toute la partie où je Pai 


4) D, Camilo de Arana, loc, cuil. 


MISS, SCIENT, — XI, 20 


IMPIUIMENIR NATIONALE 


— 306 — 


suivie, de Surigao à la pointe Tugas et de Bislig à la baie de Pujada, 
est bordée de bancs de madrépores au delà desquels le fond s’a- 
baisse subitement. Pendant la mousson de N.E., les vagues for- 
mées dans limmensité du Pacifique, rencontrant brusquement cet 
obstacle, acquièrent une hauteur et une force considérables et se 
brisent, en bordant la côte d’une ceinture d'écume qui se prolonge 
presque sans interruption depuis Placer jusqu'à la baie de Mayo. 
Presque tous les rios qui débouchent dans le Pacifique sont ob- 
strués par des barres; celles de Catel et de Gigaquit ont surtout 
une mauvaise réputation, laquelle est loin d’être imméritée. 

Souvent d'une pointe à l’autre s'étend parallèlement à la côte 
une ligne de récifs qui intercepte une zone peu profonde, relati- 
vement calme, dont peuvent profiter les embarcations; quelque- 
fois, comme pour la pointe Sancop et la pointe Tambog, des ar- 
royos connus sous le nom de Silangas permettent de passer d’une 
de ces zones de calme dans la suivante sans doubler les pointes, 
où la mer brise toujours avec fureur et qui sont, ainsi que les 
barres, souvent funestes aux embarcations du pays. 

Voici ce que dit de la navigation dans ces parages M. le capi- 
taine de frégate D. C. Garcia de la Torre (), qui, en novembre 
1876, fit une reconnaissance de la côte, du cap Saint-Augustin à 
Quinablangan : 

« Je n'avais jamais vu une côte avec une mer aussi démontée; 
elle produit sur les bateaux l'effet d’un véritable ouragan. Les 
goélettes ne doivent jamais prendre cette route, sinon à l'époque 
des quadratures, car peut-être alors la mer est-elle plus tenable. 
En sortant de Baganga avec trois goélettes pour me rendre à Bis- 
lg, je profitai du flux, parce que, bien que l’on me dit le con- 
traire, je supposai que le courant favoriserait notre marche vers 
le nord. Cependant, de minuit à 9 heures du matin, nous ne 
dépassämes pas la visita de Dapnan, endurant pendant tout cet 
intervalle un temps périlleux pour des bateaux d’un aussi faible 
échantillon. - 

« Les goélettes étant pleines d'eau, l’une ayant perdu son grand 
mât, l’autre son mât d’artimon, les étais se rompant à chaque in- 
stant, il nous fallut revenir à Baganga, non sans risquer de tomber 
en travers; nous élions poussés avec une telle force, que, bien 
que le vent eût molli, nous y arrivämes en un quart d'heure. » 

Q@) Cité par le Derrotero, p. 855. 


307 — 


Le même auteur a vu le courant constamment dirigé vers le 
sud, quand il se trouvait à 4 milles au large de la côte. En la 
suivant beaucoup plus près, de Bislig à Catelviejo, j'ai toujours 
vu le courant, violent, dirigé du nord au sud pendant le flot, et 
en sens contraire pendant le jusant. 

Toute cette côte orientale de Mindanao est dangereuse; entre 
Surigao (9° 47 53" latitude nord) et la baie de Mayo (6° 53), elle 
n'offre d'autre mouillage, par les vents d'est, que celui de Bislig; 
ce mouillage est sûr; il y a partout 10 à 12 brasses, sauf sur une 
partie de la barre, qu'il serait facile de draguer, car son étendue ne 
dépasse par 12 brasses. 

La baie de Mayo est un refuge médiocre; maïs la baie de Pa- 
jada, qui n’en est séparée que par un isthme très étroit, présente 
un abri vaste et sûr contre tous les temps. | 

Cette baie si bien abritée, à l'entrée facile, forme un magni- 
fique-port naturel, dont l'importance sera considérable quand la 
région voisine sera colonisée; celle-ci est à peu près déserte aujour- 
.d’hui; on ne voit sur les rives de la baie d’autres habitations que 
celles du petit village Bisaya de Mati, dont les ressources sont très 
limitées. 


CHAPITRE HIT. 


ANTHROPOLOGIE ll). 


La péninsule de Malacca et toute la partie du grand archipel 
d'Asie comprise à l’ouest de Florès, Céram, Gilolo (limite de la 
race Papoua) paraïssent peuplées par trois races bien distinctes : 
les Négritos, les Indonésiens, les Malais. 

C’est du moins ce qui résulte, à mon sens, de mes observations 
sur le vivant et de mes collections, pour toutes les régions que j'ai 
parcourues. C’est à ces régions que je limiterai cette partie de 
mon rapport, sans rechercher ce que les voyageurs nous ont 
appris des contrées voisines; leurs récits confirment d’ailleurs la 
trinité ethnique des populations dans tout l'archipel. 


Mes collections anthropologiques (en commun, comme toutes les autres, 
avec mon ami M, le D° Paul Rey, pour la première partie de mon voÿage) com- 
prennent quatre séries : 

1° Feuilles d'observations sur le vivant (avec échantillon des cheveux et photo- 


20. 


— 308 — 


En abordant l'étude deces populations, il faut sc pénétrer d'un 
fait qui est d’une importance capitale pour l'anthropologie. Pen- 
dant des siècles, la piraterie, les guerres continuelles de tribu 
à tribu, l'esclavage, ont été des fléaux endémiques de l’archipel; 
moins violents sur quelques points dans ces dernières années, ils 
continuent à exercer les mêmes ravages sur beaucoup d’autres). 

Il faut donc s'attendre à trouver les races profondément alterées 
par les croisements et dans une proportion d'autant plus large 
que, plus robustes et plus entreprenantes, elles prélevaient plus 
de captifs sur les populations voisines. 

On pourrait figurer schématiquement l'habitat des races que j'ai 
observées par trois zones concentriques, la plus interne étant occu- 
pée par les Nécritos refoulés dans l'intérieur des terres par l'in: 
vasion indonésienne; les Indonésiens occupent la zone moyenne; 
ils ont été à leur tour chassés des côtes par les Malais, qui à peu 
près seuls aujourd'hui occupent la zone la plus excentrique et sont 
en réalité répandus sur tous les rivages. 

Les divers groupes, d'importance numérique et anthropologique 
très inégale, dont j'étudierai les caractères, peuvent être classés 
de la facon suivante : 


graphie du sujet) numérotées de 18 à 173 (les numéros 1-17 ont trait à d’autres 
races étudiées dans le trajet Toulon-Singapore). Les mesures sont prises suivant 
la méthode adoptée au laboratoire d'anthropologie du Muséum. 

Les principaux résultats sont résumés dans le tableau I. 

Les portraits des sujets mesurés, dont quelques-uns sont reproduits ci-après, 
portent les mêmes numéros que les feuilles d'observations. 

Les numéros des colorations sont ceux des échelles chromatiques de la So- 
ciété d'anthropologie ; 

2° Portraits de sujels non mesurés, numérotés [ à L; 

3° Crânes, numérotés 1 à 160; 

4° Squelettes, numérotés [ à IX. 

Les principaux résultats de la mensuration des crânes isolés et des crânes 1 
squelettes forment le tableau II. 

Les indices sur le vivant sont calculés d’après les mesures directement obte- 
nues, sans déduction de la quantité, non encore absolument déterminée, qui 
représente ia différence entre les indices sur le vivant et sur le squelette. 

() J'ai déjà donné quelques détails sur les mœurs des populations de Malacca 
et de l'archipel dans le Bulletin de la Soc. de géogr., 1879-1882, dans la Revue 
d'ethnogr., t. T, 1882, et dans mon Voyage aux Philippines (Tour du monde, 
1°" et 2° semesires 1884). 


NOM PORTÉE 
par 


GHAQUE GROUPE 
dans la région 


pure... 


métisse. 


avec 
prédo- 
minance 
de sang 
négrito. 


ave: 
prédo- 
Il .. | minance 
Malaïse\ le sang 


chinois. 


avec, \E. 
traces 
de sang 
arabe, 


mélé |[ M Moro. Orang- 


d'indo- 
| nésien. } N. 


O. 


122 


Q: 
R. 


If. Indouésienne 


* 


mr 


(1) Nom donné par les 
quelle que soft Jeur race, 


où il habite, 


À Négrito Se 
. Mamänua 


. Négrito.... 


. Manthra... 
. Knabuiï.…. 


Tagaloc . .…. 
. Bisaya.. .… 


Moro, Orang- 
Islam, Orang-! 
SOUIOUr 1 


Kalagan . 
Buledu Dib. 


Samal.…. 
Bud 


Guianga. . 


. Tagacaolo. . 


. Tagabawa.… 
. Manobo ... 


Mandaya.…. 


Bilän ?..... 


= 
\ 


À 
: 


— 9309 — 


NOMBRE 
HABITAT. 
D'HABITANTS. 


Province de Bataan (Luçon) 


Autour du lac de Maïnit (N.E. de 
Mindanao).. . [8300 à 4oo || 


| Près de Tiwi, pe d a ii E. 


de Lucon) .…. Ce Es 100? 


Forêts au nord et au N. O. de Malacca. 


Forêts de la province de Camarines- 
Sur (Lucon).. 
Province d'Albay, de Camarines-Norte 


et Sur, partie de celle de or 
(S. E. de Lucon) .-| 350,000 


Manille et le centre de Luçon 1,200,000 


Hes Bisayas et quelques pueblos sur 
les côtes de Mindanao 2,200,000 | 


Archipel de Soulou et spécialement 
île Soulou.….. 
l'île Soulou ). 
Golfe de Davao (S. E. de Mindanao). ) 


Rio Sagaliud et Kinobatangan (N. E. 
de Bornéo) M PAQE 


Ie Samal (golfe de Davao) 

Versant sud et est du volcan Apo 
(golfe de Davao) 

Versant N. O. de l’Apo 

Ouest et est du golfe de Davao 

Nord du golfe. de Davao 

Golf: de Davao; bassin de l'Agusan; 
péninsule de Surigao 

Bassin de Sahug; côte orientale de 
Mindanao 


— 310 — 


Ï 


À. — Négritos (1). 


De tous les indigènes de l’archipel, les Négritos sont incontes- 
tablement et de beaucoup les plus faibles, les plus timides, les 
moins intelligents; comme ils ont toujours été la proie de leurs 
voisins, incapables de faire eux-mêmes des prisonniers, leur sang 
s'est conservé pur. 

Depuis les travaux de MM. de Quatrefages et Hamy ®, il n’est 
plus douteux qu'ils n'aient dominé autrefois des îles Ads au 
cap Engano, notamment dans la péninsule de Malaeca et à Min- 
danao. 

À une époque reculée, ils étaient sans doute les seuls habitants 
de la péninsule et de larchipel. La grande uniformité de leur 
type milite fortement en faveur de cette hypothèse. Relégués au- 
jourd’hui sur des sommets d'un accès difficile, ils ne sont plus 
guere représentés dans la péninsule que par les Sakkayes de la 
province de Pérak 5); aux Philippines, ils forment encore plusieurs 
tribus disséminées, peu importantes, dont l’area principal est le 
centre de Luçon. Ils sont fatalement destinés à disparaître. Leurs 
métis, au contraire, sont forl répandus, et on verra qu'il n'est point 
de population dans l'archipel qui ne révèle le mélange de leur 
sang. 

Les Négritos frappent tout d’abord par la grosseur relative de la 
tête, l'élévation du crâne, le défaut de prognathisme et de saillie 
des pommeties. Leur apparence générale est grêle; le thorax est 
peu développé, la jambe sans mollet; le pied, assez grossier et 
massif, est légèrement tourné en dedans, direction exagérée par le 


CPI IL DER ù 

@) Ce fait a été établi par M. de Quatrefages dès 1862 (Gazette médicale). Voir 
de Quatrefages et Hamy, Crania ethnica. Paris 1882. Cf., en outre, les divers 
travaux de ces savants, et notamment À. de Quatrefages, Nouvelles Études sur La 
distribution géographique des Négritos et sur leur identification avec les Pyymées 
asiatiques de Ctésias et de Pline. — Revue d'ethnographie, t. 1, 1882. — Hommes 
fossiles et hommes sauva ges, ch. 1v. Paris, 1884, etc. — E.-T. Hamy, Étude sur ur 
squelette d'Aeta des environs de Binangonan (Nouvelles Archives du Muséum, 
2° série, 1879); etc. 

6 J. Erringion de la Croix, Étude sur les Sakhkaies de Perak (Rev. d'ethnogru- 
plue, t. I, 1882). 


— 311 — 


gros orteil fortement dévié; les autres orteils sont très courts; la 
paroi abdominale, très dure, est hémisphérique et fait saillie au- 
dessous de la ceinture serrée qui, chez les hommes, se continue 
avec le lambeau d’étoffe appliqué sur les parties génitales. 

L'ouverture palpébrale est le plus souvent allongée, rectiligne; 
quelquefois cependant cette ouverture décrit une courbe très lé- 
gère. 

Le repli falciforme fait défaut, mais le prolongement interne 
de la paupière supérieure tend à former un pli qui parait être 
comme le rudiment de cette particularité anatomique. 

Le sens des couleurs est complet chez ces indigènes, bien qu’ils 
n'aient pas tous les mots nécessaires pour distinguer les diverses 
nuances de papiers colorés; mais ils ne les confondent pas et savent 
fort bien les rattacher aux couleurs les plus usuelles : dugo, rouge 
(couleur du sang), bigas, vert (couleur du riz en herbe), etc. 

Le front est remarquablement haut et vertical, et forme un 
angle très net avec le plan transverse de la face; la courbe antéro- 
postérieure du cràne est régulièrement circulaire, développée en 
hauteur; il en est de même de la courbe transverse; la région pos- 
térieure du crâne est toujours plus ou moins plane et le plus 
souvent déprimée dans sa moitié droite, fait en rapport sans doute 
avec le décubitus. 

La coloration de la peau est presque toujours soit n° 43, soit 
n° 28; celle des cheveux, n° 27 et A1, quelquefois n° 48. 

La chevelure est abondante, très fine, crépue en grains de poivre, 
implantée par groupes de poils régulièrement espacés sur le cuir 
chevelu; elle grisonne parfois sans que le sujet ait atteint un 
âge avancé, à 50 ans environ. La section transversale du cheveu 
est assez régulièrement elliptique, non réniforme, quelquefois lé- 
gerement ovoide 1). La chevelure est rasée sur une surface allongée 
large de 5 à 6 centimètres, qui se prolonge depuis la limite posté- 
rieure de l'implantation des cheveux jusqu'au quart postérieur de 
la suture sagittale. 

La barbe, qui a les mêmes caractères que les cheveux, est par- 
fois touflue, et, dans ce cas, couvre toute l'étendue du maxillaire 
inférieur aussi bien que la lèvre supérieure. Le plus souvent elle 
est réduite à cette dernière région, au menton et à la partie supé- 
rieure de la branche montante du mandibule. 

(W) PL XXXI, n° 44 et 45. 


— 312 — 


La couleur des yeux ne correspond pas exactement aux couleurs 
de l'échelle chromatique; elle se rapproche des n° 1 et 3, mais 
est beaucoup plus vive et brillante. 

Les irrégularités sont assez fréquentes dans l’implantation des 
dents, spécialement des incisives, mais beaucoup moins que la 
carie (presque toujours limitée aux molaires), qui, à des degrés 
divers, se montre chez presque tous les sujets. Les incisives supé- 
rieures sont le plus souvent limées en pointe, l'usure oblique et 
latérale de la dent atteignant environ les deux tiers de la partie 
libre de celle-ci. 

Les organes génitaux de l’homme sont médiocrement dévelop- 
pés; les testicules sont petits, les poils du pubis rares et grêles; 
Ja circoncision est constante et le prépuce sectionné fort haut. 
Cette opération est pratiquée sur l'enfant de 10 à 12 ans, par son 
père, au moyen d’un couteau de forme quelconque. 

Il ne m'a pas été possible d'observer les organes pelviens de la 
femme. La forme des mamelles chez les jeunes filles tient le 
milieu entre les variétés hémisphérique et pyriforme; dès la pre- 
mière grossesse, elles deviennent volumineuses et pendantes. Il 
n'est pas possible d'avoir des renseignements sur l'époque de la 
mensiruation, les Négritos ne tenant aucun compte de leur âge. 

Voici les dimensions des os des membres du squelette n° 1 dont 
le crane est mesuré au tableau IE. 


mm, 


Llumerus=— 200%; radins — Por; iemur 501 1b@ "70 


INDICES. 
Humérus — 100, Radius — 74.72. 
Fémur —100, Tibia = 85.37. 
Fémur —100, Humérus — 68.709. 


Les cases des Négritos, formées de matériaux légers, ont un 
plancher élevé de quelques pieds au-dessus du sol, suivant l'usage 
constant de la Malaisie. Les meubles sont nuls, les ustensiles se 
bornent à quelques vases grossiers et à quelques paniers. 

Les Négritos dorment soit sur le plancher, soit sur un lit de 
camp incliné, sans rien qui soutienne le crâne. Comme leurs vé- 
tements se réduisent, chez les hommes, à la mince bande d'étoffe 
qui recouvre les parties génitales, et se bornent à un jupon pour 
les femmes, ils ont soin d'entretenir du feu pour se protéger contre 
le refroidissement de la nuit. 


— 3135 — 

L'état social des Négritos varie dans une mesure énorme selon 
qu'ils sont plus ou moins à l’abri des exactions des populations 
voisines. En général, ils ont un mauvais renom parmi les popula- 
tions soumises et catholiques des Philippines. 

J'ai toujours entendu dire qu'ils n'avaient jamais pratiqué le can- 
nibalisme; mais on les accuse volontiers de pillages, de meurtres, 
d'incendies. 

il est probable que beaucoup de ces actes ne sont que des re- 
présailles, et que souvent ils sont inventés ou exagérés. En effet, 
les Indiens notables appelés à donner des renseignements sur les 
Négritos sont enclins à diminuer leur importance numérique 
d'une part, et de l’autre à les représenter comme des sauvages 
féroces, rebelles à tout progrès; ils cherchent ainsi à éluder toute 
relation entre les autorités espagnoles et les Négritos, avec lesquels 
ils font un commerce d'échanges d’autant plus lucratif qu'il est 
sans contrôle et que les sauvages, livrés à eux-mêmes, sont constam- 
ment spoliés. 

Les détails suivants ne s'appliquent donc qu'aux Négritos obser- 
vés dans la Sierra de Marivelés, aux environs de Balanga (province 
de Bataan [Lucon |). 

Ces Négritos, sous l'autorité juste et éclairée du gouverneur de 
la province, D. Estanislao Chaves, vivent pacifiquement sur le 
versant oriental de la sierra. Chaque ménage a sa case entourée 
de défrichements où sont cultivés la banane, le riz, la canne à 
sucre, la patate, Ils élèvent de la volaille, des porcs, quelquefois 
même des buffles. À ces ressources alimentaires les Négritos joi- 
grent le produit de la chasse, pour laquelle ils dressent des 
chiens, 

Leurs armes sont l'arc et la flèche. Le bois de l'arc est tiré du 
tronc de l'anajao (Corypha minor, Palm.) les intestins du cerf four- 
nissent la corde. Les flèches sont armées de pointes de fer qu'ils 
fabriquent eux-mêmes et dont ils se procurent la matière par 
voie d'échange; leur forme est variée, et l’une d'elles, à pointe mo- 
bile, est assez ingénieuse. Les Négrilos jouissent d’une grande ré- 
putalion d'adresse; celle-ci néanmoins m'a paru contestable. Ils ont 
recours aux pièges; mais lous ces moyens sont bien précaires, et 
expliquent la misère de ces indigènes quand ils sont noyés au 
milieu de tribus énergiques et agressives et contraints à une vie 
errante, incompalible avec l'agriculture. 


— 31h — 


Ils sont habiles à trouver dans les forêts le mriel, les résines et 
cerlaines racines comestibles. Le miel et les résines constituent 
des objets d'échange aux moyens desquels ils acquièrent, des Taga- 
locs de la côte, du fer, des vases à cuire le riz, quelques étoffes et 
du tabac; ils boivent volontiers de lanisado ou de la tuba, quand 
on leur en offre, mais je ne crois pas qu'ils en fassent jamais pro- 
vision; l’alcoolisme paraît leur être inconnu. 

Bien que connaissant le nom des monnaies espagnoles, les Né- 
gritos sont incapables de les distinguer entre elles et de se faire 
une idée de leur valeur. 

Quand il a livré une quantité de denrées estimée, après débat, 
à 6 réaux, par exemple, un Négrito acceptera en échange une 
pièce de monnaie de 1 ou de 2 réaux. 

La faculté du calcul est, en outre, extraordinairement limitée 
chez ces indigènes; les noms de nombre qui figurent dans leur 
vocabulaire () leur sont bien connus comme mots, mais n’ont pas 
pour eux une signification précise. Il est facile de se convaincre 
que les plus intelligents ne peuvent réellement compier au delà 
de 4 ou de 5; des nombres plus élevés ne représentent pour 
eux qu'une idée vague de multiplicité, sans doute ce que seraient 
pour nous les distances de l'astronomie exprimées en mètres. Ils 
ont du reste le sentiment de leur infériorité et n’emploient le 
terme d'homme (fao) que pour désigner les Indiens; en parlant 
d'eux-mêmes, ils disent seulement les Négritos, mot qui est passé 
dans leur dialecte et dont ils ne soupçonnent pas l'origine étran- 
gère. 

Il est difficile de décider avec certitude si les Négritos ont une 
conception du monde, des croyances, des traditions. Il faudrait, 
pour être exactement renseigné à cet égard, soit pouvoir causer 
avec un Négrito ayant quitté déjà adulte ses montagnes pour vivre 
au milieu des Indiens (cas qui ne s'est sans doute jamais pré- 
senté), soit vivre longtemps au milieu d'eux et acquérir avec leur 
confiance une connaissance suffisante de leur dialecte. 

D'après les Tagalocs, fort peu compétents en ces matières, les 
Négritos n'auraient n1 traditions, ni religion. ni croyance au sur- 
naturel; ni magie, ni sorlilèges, ce qui me paraît fort douteux 
et même impossible à admettre. Er effet, dans une de leurs 


9) Voir chap. v, Dialectes. 


— 315 — 


danses, l’un d'eux, qui parait chargé d’un rôle de ravisseur ou 
de perturbateur (, figure, disent-ils, un esprit (Antu), désignation 
qui, dans toute la Malaisie, s'applique à un personnage surnaturel 
analogue aux démons du christianisme. 

Il faut remarquer en outre que les Négritos ont pour les morts 
un véritable culte : les cadavres sont enterrés à près de 3 mètres 
de profondeur, ce qui pour des gens privés de tout outil de ter- 
rassier constitue un travail très pénible; l'enterrement a lieu sous 
la case qu'habitait le défunt, laquelle est alors abandonnée; ses 
habitants vont en construire une autre à quelque distance. Cet 
usage est constamment observé. 

Enfin les Négritos passent pour fort habiles à trouver dans les 
forêts, outre les racines alimentaires, une foule de plantes et de 
graines dont ils extraient des huiles, des sucs qui constituent, au 
dire des Tagalocs , des remèdes d'une efficacité merveilleuse. 

Il est difficile de concilier ces faits, dont les deux premiers sont 
certains, avec l'absence de toute religion, de toute croyance sur- 
naturelle, de magie. L'opinion contraire paraît beaucoup plus 
probable. 

L'organisation sociale est beaucoup plus complète, même chez 
les tribus errantes, qu’on ne pourrait le croire, vu leur infériorité 
intellectuelle; cette organisation est basée sur la famille et sur la 
propriété individuelle. 

L'autorité n'est pas héréditaire : à la mort du chef, dont le pou- 
voir est très respecté, les pères de famille élisent son successeur. 
Ce chef électif et inamovible règle tous les différends et punit 
toutes les infractions, d’ailleurs très rares, suivant les usages tra- 
ditionnels. 

Le vol paraît inconnu; lhomicide est puni de mort, ainsi que 
ladultère; dans ce dernier cas, c'est l'époux lésé qui exécute la 
sentence prononcée-par le chef. Le viol, fort rare, paraît être le 
seul délit passible de coups de bejuco, contraste singulier avec les 
usages des Tagalocs du voisinage. 

Le Négrito est monogame et n’achète pas sa femme, autre trait 
rare parmi les populations non chrétiennes de la Malaisie. Il fait 
seulement un petit cadeau à son futur beau-père, qui donne tou- 
Jours à sa fille quelques objets qui demeurent la propriété de 


1) el 


Voir Voyage aux Philippines, chap, 11 (Tour du monde, 1° semestre 1884). 


— 316 — 
celte dernière et sont repris par celle dans le cas de prédécès 
du mari. 

Le mariage donne lieu à une cérémonie singulière : les futurs 
époux grimpent au sommet de deux arbres voisins, flexibles. Le 
chef de la tribu incline ces arbres l’un vers l'autre et quand le 
front des deux futurs est arrivé au contact, l'union est conclue. 
Cet acte est toujours accompagné de festins et de danses d’un 
caractère spécial M. Les relations sexuelles sont excessivement rares 
en dehors du mariage; toute jeune fille soupçonnée doit renoncer 
à l’espoir de trouver un mari. 

La tendresse des parents pour leurs enfants est extrême, et ces 
derniers témoignent à leurs parents autant d'affection que de res- 
pect. 

La naissance et la mort donnent aussi lieu à des cérémonies par- 
ticulières. Le défunt, toujours profondément regretté, est enterré 
au milieu de larmes et de cris très sincères. Néanmoins un festin 
suit toujours la cérémonie, ainsi du reste que cela a lieu chez les 
TFagalocs et chez bien d’autres populations. 

Dès que l'accouchement est terminé, la mère court se plonger 
dans un ruisseau voisin avec l'enfant, pratique constante qui con- 
tribue pour une large part à la disparilion de la race. En sortant 
de ce bain, la mère brüle le placenta, en recueille les cendres et 
les avale en les délayant dans un peu d’eau , afin d'assurer une bonne 
santé à son enfant. > 

Le nom du nouveau-né lui est imposé après une délibération 
et un vote auxquels prend part toute la tribu. L'enfant est entouré 
des soins les plus tendres. Du reste, les Négritos sont compatissants, 
se secourent mutuellement et soignent avec dévouement leurs 
malades, même quand ils n'appartiennent pas à leur famille; dans 
un seul cas, le malade est abandonné à lui-même après que l’on a 
mis à sa portée de l’eau et des vivres, c'est lorsqu'il est atteint 
de petite vérole grave; la maladie est alors considérée comme un 
arrêt du destin, auquel on ne peut s'opposer). 

La propriété appartient à celui qui l'a créée, le champ à celui 
qui l’a défriché, etc. 

Quand la mère survit au père de famille, la propriété est divi- 

® Voir Voyage aux Philippines, chap. 1 (Tour du monde, 1% semestre 1884 ): 


® Les indigènes de la péninsule de Malacca agissent de même en pareil cas. 
(Revue d'ethn., t. I.) 


— 317 — 


sée en deux parts égales : l’une va à la mère, l'autre aux enfants, 
qui la partagent également entre eux. Si les enfants sont en âge 
de pourvoir à leurs besoins, leur mère reste auprès d'eux; dans le 
cas contraire, elle rentre avec eux dans sa familie. 

Le fait dominant du caractère des Négritos est leur amour pro- 
fond, indestructible de lindépendance. Il est fort possible que 
ce sentiment, aujourd'hui instinctif, se soit développé et enraciné 
chez eux à la suite d’une expérience séculaire leur prouvant qu'ils 
ne pouvaient attendre de leurs voisins que l'absorption ou la mort. 
Eu tout cas, les Négritos ne sauraient maintenant vivre ailleurs 
qu'au milieu de leurs forêts; ils n’ont pas d'esclaves et ne peuvent 
pas plus se plier à la servitude qu'à la domesticité. Je n'ai ren- 
contré de rares esclaves négritos que dans le sud de Mindanao: 
c'étaient des femmes, seules de leur race dans la rancheria{) où 
elles étaient détenues, et fort éloignées de toute agrégation de leurs 
semblables. Dans la province de Bataan, toutes les tentatives pour 
élever dans les pueblos des enfants négritos ont échoué, quelque 
jeunes qu'on Îles eût recueillis; vers l’âge de 10 à 12 ans, ils se 
sont toujours eénfuis dans les forêts. On dit même qu'un Nésrito 
emmené très jeune à Madrid, ordonné prêtre après avoir reçu 
l'instruction d'usage, et ramené plus tard aux Philippines, s'en- 
fuit dans les montagnes dès son arrivée. 

Histoire ou Re l'anecdote peint bien le goût a que 
les Négritos ont pour l'isolement et la liberté, seules conditions 
qui puissent retarder un peu leur disparition. S'ils se détermi- 
naient à vivre dans la circonscription des pueblos, leur faiblesse 
et les besoins nouveaux qu'ils seraient obligés de satisfaire les 
réduiraient au dernier degré du dénuement ; parviendraient-ils à 
lPéviter, leur race s’éteindrait avec leurs enfants, les filles étant 
accaparées par la population indienne, parmi laquelle les garçons 
ne trouveraient certainement pas d'épouses. 


B. — Mamänuas ©), 


Les Négritos désignés sous ce nom par les populations qui Îles 
entourent sont disséminés par groupes errants, peu nombreux, 


(1) Ffameau d’indigènes indépendants. 

®) De ma préfixe de possession et manua, banua «sol, région». CE. avec le nem 
presque semblable des Binuæ ou Benua, tribus de la péninsule de Malacea hab 
tant le pays avant l'invasion malaise. 


— 318 — 


autour du lac de Maïnit, dans la péninsule de Surigao (nord-est 
de Mindanao). J'ai pu, non sans peine, voir quatre d'entre eux et 
prendre l'observation incomplète d'une femme (voir tableau I, 
n° 173). Ces Négritos sont absolument semblables, anatomique- 
ment, à ceux de la Sierra de Marivelès. Mais tandis que ces der- 
niers n’ont d’autres voisins que les Tagalocs civilisés et régis par 
une autorité décidée à ne pas tolérer d’agressions brutales, les 
malheureux Mamänuas sont comprimés entre les Manobos indé- 
pendants, tribus redoutables, avides de sang et d'esclaves, et les 
Manobos convertis au christianisme et soumis à l'Espagne. Ces 
derniers, confondus à tort sous le même nom avec les Indiens 
Bisayas, ont gardé, dans leur nouvel état social, une grande partie 
de leurs mœurs rapaces et violentes. D'ailleurs, dans la pénin- 
sule de Surigao, la difficulté des communications, l'isolement et 
la rareté des pueblos s'opposent à ce que les Mamänuas soient 
efficacement protégés. Aussi sont-ils très craintifs et d’une sauva- 
gerie extrême. Ils habitent des huttes grossières et, toujours prêts 
à changer de résidence à la moindre alerte, plantent à peine quel- 
ques bananiers. Il est remarquable que, malgré l'instabilité qui 
leur est imposée par des voisins impitoyables, les Mamänuas aient 
exactement les mêmes mœurs et les mêmes usages que les Négri- 
tos de la Sierra de Marivelès. C’est du moins ce qui résulte de 
tout ce que m'ont dit à ce sujet les indigènes, et des renseigne- 
ments autrement sérieux qu'a bien voulu me communiquer le 
R. P. Chambo, missionnaire établi à Jabonga. 

Au moment où j'arrivais à Maïnit, il venait de se passer chez 
des Mamänuas du voisinage un drame dont les péripéties dé- 
montrent que ces sauvages gardent, malgré leur vie misérable, 
la notion du droit et l'attachement à leurs anciennes coutumes. 
Je recherchai en vain la tribu; elle s'était déplacée sans laisser de 
traces. 


C. — Négritos métis d'Albay 0). 
À l'extrémité S. E. de Luçon (province d'Albay), près des sources 


thermales de Tiwi, dans les environs de Malinao, vivent des 
Négritos mélangés de sang indien. Leur taille moyenne {hommes 


@) PJ, IV. Voir aussi, même planche, le numéro 152, métisse négrito-bisaya, 
et planche IX, le numéro 251, fille du numéro 152 et de père espagnol. 


— 519 — 


— 1"5036), intermédiaire entre celle des Négritos de Bataan 
{6 —1"1853) et celle des Indiens Bicols (Ô — 1" 5833), mais 
beaucoup plus rapprochée de ia première, donne la mesure des 
rapports qui les unissent aux deux races. 

Ces Négritos métis sont beaucoup plus robustes et mieux mus- 
clés que les Négritos purs de Marivelès; leurs cheveux sont beau- 
coup moins crépus; chez quelques sujets, ils sont à peine frisés; 
leur section transversale (pl. XXXI, n° 96) est intermédiaire entre 
celle des Négritos et celle des Bicols. La couleur de la peau {n° 37 el 
quelquefois n°* 27-22) lesrapproche des Bicols. La couleur des yeux 
est 1-2. Les dents sont saines, l’irrégularité d'implantation est rare. 
La petitesse de la taille, la disposition des narines tranversalement 
dilatées et regardant en avant, le lobule du nez, dont l'extrémité 
est légèrement recourbée en bas, la faible sinuosité de l'axe trans- 
verse de la fente palpébrale, la médiocrité ou le défaut de repli 
falciforme, donnent à leur visage une ressemblance frappante avec 
celui des Négritos purs. 

Les mêmes caractères intermédiaires se manifestent dans leur 
intelligence et leurs mœurs. Par ce côté encore ils se rapprochent 
plus des Négritos que des Bicols; ils sont cependant meilleurs 
agriculteurs que les premiers et beaucoup moins misérables. Ils 
mènent à bien des cultures dont le rendement n’est pas immédiat, 
celle du cacaoyer par exemple qui demande quelques années 
avant d'être productive et qui leur assure un certain bien-être. 
lis paraissent avoir renoncé à la chasse comme moyen usuel 
d'améliorer leur alimentation. 

Ces métis sont du reste encore plus efficacement protégés par 
l'autorité espagnole que les Négritos de Marivelès, dont les forêts 
s'étendent sur un massif montagneux d’un accès difficile; car ils 
résident au bord de la mer, dans une région très civilisée et très 
peuplée. 

Ces métis, comme les Négritos de Marivelès, reconnaissent l’au- 
torité espagnole; ils ont des rapports fréquents avec les Bicols, 
mais vivent séparés; ils ont conservé leurs mœurs et leurs usages, 
et ne sont pas catholiques, ce qui assigne une date éloignée, anté- 
rieure à la conquête espagnole, à la formation de leur race. Ils 
tendent à disparaître, par suite du mariage de leurs filles avec les 
Bicols. 


= (Hop 


Îl 


MALAIS. 


D. — Manthras; E. — Knabuis; F; — UÜdaïs; G. — Jakuns, de la province 
de Malacca D. 


Ces tribus, qui sont répandues dans l'intérieur de la péninsule 
de Malacca, forment la transition entre les métis négrito-malas 
(tels que ceux d’Albay) et les Malais, considérés comme type, qui 
occupent les côtes de la partie sud du grand archipel d'Asie. 

Les traces de sang négrito que présentent ces tribus varient 
beaucoup avec les individus et paraissent des faits d’atavisme, ce 
qui assigne une époque éloignée au mélange du sang négrito avec 
le sang malais. 

D'après le descobridor Godinho de Eredia, métis de Portugais et 
de mère malaise né à Malacca, dont le très intéressant récit, écrit 
en 1613, a été réceniment publié®), l'invasion de la péninsule par 
les Malais eut lieu en 1411, sous la conduite du radjah Permicuri. 

Cette invasion trouva la région de Malacca occupée par les 
Saletes, peuple pêcheur et guerrier. Ce nom paraït avoir aujour- 
d'hui disparu de la péninsule; il est vrai que je nai pas fait de 
recherches spéciales à ce sujet, la publication de M. Janssen étant 
d'une date postérieure à celle de mon voyage. 

Les Saletes dont parle Godinho sont sans doute les ancêtres des 
tribus actuelles; ils devaient être mélangés d’une faible dose de 
sang négrito, mais n’élaient pas des Négritos purs ou légèrement 
métissés. 

Il est vraisemblable, en tout cas, que les tribus que j'ai visitées 
dans les forêts de la péninsule au nord de la ville de Malacca des- 
cendent de populations de race malaise qui auraient envahi la 
péninsule antérieurement aux invasions malaises historiques, et 
auraient en partie asservi, en partie refoulé vers le nord, la popu- 
lation négrito, dont les descendants directs sont aujourd'hui repré- 
sentés par les Orang Sakkaies® de la province de Pérak. 


(@) PI. XXII. 

®  Malacca, l'Inde méridionale et Le Cathay, manuscrit original autographe de 
Godinho de Eredia, reproduit en fac-similé et traduit par M. Léon Janssen. 
Bruxelles, 1882. 

6) Cf. J. Errington de la Croix, Étude sur les Sakkaies de Pérak {Revue d'ethno- 
graplue, L. 1, 188») 


— 321 — 

Si les tribus refoulées aujourd’hui par l'invasion malaise histo- 
rique dans les montagnes de l’intérieur de la péninsule descen- 
daient directement.de populations où le sang négrito eût dominé, 
ces tribus devraient présenter un type plus franchement négrito: 
car, ainsi que toutes les populations vaincues, elles ont dû fournir 
et elles fournissent encore des femmes et des esclaves aux vain- 
queurs sans leur en prendre jamais. 

Les Manthras, les Udaïs, les Knabuis et les Jakuns de la province 
de Malacca vivent dans des conditions comparables à celles des Né- 
gritos, un peu meilleures que celles des Mamänuas, moins bonnes 
que celles des Négritos de Bataan; ils sont donc fort misérables; 
quoique plus intelligents, ils ne connaïssent pas l'écriture, mais 
ils conservent fidèlement par tradition le souvenir de leur an- 
cienne puissance. Ils disent nettement qu'autrefois toute la réoion 
était en leur pouvoir et qu'ils occupaient non les montagnes, mais 
le rivage de la mer. À cette époque, avant d’avoir été chassés dans 
l'intérieur, ils étaient riches, puissants et possédaient une histoire 
écrite sur des lames d’écorce. J'ai eu pour guide un jeune Man- 
thra du nom de Pang lima dalam, qu'il me dit être celui de son 
père et de tous ses ascendants, suivant l'usage de sa tribu; bien 
qu'il parlät passablement le malais, ce nom n'avait pour lui aucune 
signification ; c’est cependant le titre que porte, dans les cours ma- 
laises, le seigneur chargé de l’intendance du palais. 

L'état d'infériorité des tribus actuelles paraît donc résulter non 
de l’infériorité primitive de la race, mais simplement de loppres- 
sion des envahisseurs. Condamnées à une vie presque aussi misé- 
rable que celle des Négritos de Mindanao, d’abord chassées de la 
côte, puis harcelées sans merci, ces tribus ont vu leur alimentation 
devenir difhcile; leur vigueur physique a diminué, la crainte, la 
dissémination, le pillage, ont progressivement effacé les arts de la 
civilisalion, sans toutefois en supprimer le souvenir. 

Ayant déjà exposé ailleurs l’état social et les mœurs de ces tri- 
bus 0), je n’y reviendrai pas ici. Je me borneraï à signaler l'absence 
de l'arc, qui est remplacé par la sarbacane, faite d’une tige de 
roseau, au moyen de laquelle les Manthras et leurs voisins lancent 
de petites flèches empoisonnées. La flèche est poussée par une 


0 Quelques jours chez les indigènes de la presqu'ile de Malacca (Revue d'ethno- 
graphie, & T, 1882). 


MISS, SCIENT, — XT. 2 1 


RMOMIMENIÉ NATIONALE 


— 322 — 
bourre de coton ou de filaments végétaux analogues, exactement 
adaptée au calibre de fa sarbacane. 

Quant à l'intelligence des Manthras, j'ajouterai un fait que j'ai 
oublié de mentionner däns l'article cité. J'ai vu à la mission d’Ayér- 
Salak, près de Malacca, de jeunes Manthras de 15 à 18 ans, nés 
dans les forêts, qui avaient été élevés au séminaire de Penang. Ils 
parlaient le latin assez couramment et m'ont donné sans difficulté, 
dans cette langue, plusieurs renseignements intéressants. 

Les Manthras sont les plus nombreux des sauvages de la pro- 
vince de Malacca, ce sont ceux qui offrent le plus d'unité anthropo- 
logique et chez lesquels les traits constitutifs de la race paraïssent 


le mieux fixés; les autres tribus présentent des divergences plus 


considérables. Mon impression n’est peut-être que l'effet du hasard; 
il est fort possible que cette proportion soit inverse sur un autre 
point de la péminsule. 

Quoi qu'il en soit, les Manthras de Malacca offrent les traits 
caractéristiques suivants : débilité générale; exiguité de la taille 
(qui, aussi bien pour les hommies que pour les femmes, se rapproche 
beaucoup de celle des Négritos); front proéminent, bombé {autre 
caractère négritoide); ouverture palpébrale très allongée trans- 
versalement, repli falciforme constitué, non comme chez le Chi- 
nois, par un repli vertical, mais par un prolongemement angu- 
laire; racine et partie supérieure du nez déprimées jusqu’au niveau 
d'un plan qui passerait par Îles pommettes; celles-ci sont imas- 
sives et très saillantes; à leur niveau, la région centrale de la face 
produit l'effet non d’une saillie, mais d’une dépression; abdomen 
énorme; mains délicates; membre inférieur arqué dans ie plan 


antéro-postérieur, conséquence de la direction du grand trochanter 


rejeté en arrière ; pieds massifs à orteils courts (se rapprochant beau- 
coup du type négrito). Plusieurs des femmes sont à la fois nour- 
rices et enceintes. | 

La coloration des yeux est presque toujours n° 1; celle de la 
peau, n°37, quelquefois n° 2 1,22, 30: célle des cheveux, n°34, 41. 

Généralement leurs cheveux ressemblent à ceux des Malais, aussi 
bien par leurs caractères extérieurs que par ceux qui sont révélés 
par les coupes. Cependant il n’est pas rare d'en rencontrer de for- 
tement bouclés. 

Le squelette manthra que j'ai trouvé près de Kessang présente 
beaucoup d’analogie avec celui des Négritos; le crane particulière- 


jee 


— 323 — 

ment (voir tableau Il, n° 1}, dans sa partie cränienne proprement 
dite, est presque identique avec le Négrito de Bataan (voir tableau IT, 
De4s;);(d 

Les Udaiïs et les Knabuïs forment la transition entre les Manthras 
et les Jakuns. Ces derniers se distinguent assez nettement par la 
saillie moindre des pommettes, mais surtout par une vigueur plus 
grande, une musculature moins débile, faits qui ne sont peut- 
être qu'un accident local et auquel il ne faut pas, je crois, atta- 
cher une grande importance, car les unions sont fréquentes entre 
les diverses tribus. 


H. — Aias de Camarines-Sur (Luçon). 


Dans les forêts de la chaîne montagneuse qui forme l’arête de 
la partie S. E. de Luçon et s'étend dans les provinces de Tayabas, 
Camarines-Norte, Camarines-Sur et Albay, vivent des populations 
très mêlées que les Indiens désignent indifféremment sous les noms 
d’Aias, de Remontados où d’Infieles, sans tenir aucun compte de 
leur race. Parmi les groupes insoumis, le plus souvent errants, 
qui habitent cette région peu accessible, plusieurs doivent leur 
origine à des Indiens qui se sont enfuis de leurs pueblos à la suite 
de quelques délits. 

Les Atas ont, dans les provinces citées plus haut, une réputation 
d’éneroie et de férocité qui paraît justifiée. Les deux seuls Atas 
que j'aie vus (tableau I, n° 72 et 73) sont évidemment, le nu- 
méro 72 surtout, des Indiens avec une proportion plus grande de 
sang négrito. 

Ces deux sujets sont bien musclés et leurs grands yeux noirs ont 
une expression à la fois réservée et fière; l'ouverture palpébrale 
est légèrement oblique et très allongée, le repli falciforme très 
marqué. La coloration de la peau est représentée par les nu- 
méros 36 ct 37, celle des cheveux par le numéro 41. Je les 
place, dans ma description, à la suite des tribus de Malacca, car ils 


(1) DIMENSIONS DES MEMBRES. 


(TETE mn nm, 


Humérus — 256"; radius — 200"; fémur = 382"; tibia = 3147", 


INDICES,. 


Humérus — 100, Radius — 78.12. 
Fémur —100, Tibia 60210: 


Fémur —100, Humérus = 67.01. 


21. 


= 39) ms 


paraissent, comme celles-ci, former la transition entre les véri- 
tables métis de Négritos et les Malais. 

Les Atas de Camarines et des provinces voisines, fort incom- 
modes par leurs brigandages, disparaïtront encore plus rapidement 
que les Négritos. 


I. — Bicols (), 


Comme les Tagalocs et les Bisayas, avec lesquels ils forment 
la plus grande partie des Indiens (Indios) ®) des Philippines, les 
Bicols () sont des Malais qui s’écartent du tronc primitif à peu près 
dans la même mesure que les Moros du sud de Mindanao, mais 
dans un sens divergent. Ces derniers tendent vers le type indo- 
nésien, tandis que les premiers se rapprochent du chinois. Les 
Bicols étant de tous les Indiens ceux que j'ai pu le mieux observer, 
je les prendrai pour exemple de ce groupe. 

Il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances, de dé- 
terminer l'époque à laquelle la race malaise, après la fusion intime 
et la fixation des trois éléments qui la constituent, s'est étendue 
vers le nord, des îles de la Sonde à Formose, et plus loin encore, 
franchissant les détroits, cheminant le long des côtes. J'ai dit que 
cette émigration malaise couvrait les rivages, enfermant dans une 
ceinture presque continue les populations indonésiennes, qui entou- 
rent elles-mêmes les tribus négritos. 

Il est vraisemblable que les populations malaises des Philippines 
possédaient des traditions écrites; leur système spécial d'écriture, 
irès voisin mais non identique pour les Tagalocs et les Bisayas (), 
les nombreux manuscrits qu'ils conservaient il ÿ a trois siècles, en 
font foi. Mais la rapide extension du christianisme dans le nord, 
celle de lislamisme, qui fut aussi rapide et exclusive dans le sud 
de l'archipel, eurent un résultat identique au point de vue de 
l'histoire : le système d'écriture indigène fut rapidement et com- 
plètement supplanté par le système latin ou le système arabe; les 


() On écrit indifféremment Vicols ou Bicols, Visayas ou Bisayas, le v ayant 
souvent en espagnol la même valeur que le b. 

@) On désigne, aux Phüippines, sous le nom de Indios les indigènes soumis et 
catholiques, par opposition aux populations indépendantes, soit Woros, soit In- 
Jieles. 

@) PI. X, XXII, XXIV, XXV. 

@ Voyez chap. v, Dialectes. 


— 325 — 


manuscrits, devenus illisibles, se perdirent; d’ailleurs, ils n’offraient 
plus d'intérêt à des populations qui, en vertu de leurs nouvelles 
croyances, n'avaient pour leur histoire que de l'indifférence et du 
mépris. Il est probable qu'avec du temps et de la patience on retrou- 
verait aux Philippines un bon nombre de manuscrits antérieurs à la 
conquête espagnole; les dialectes de l'archipel n’ayant subi que des 
variations insignifiantes depuis cette époque, ïl serait dès lors 
facile de recueillir des traditions qui seraient sans doute d’un grand 
intérêt pour l’histoire de ces contrées. 

Aujourd’hui nous pouvons seulement considérer comme certain 
que la diffusion vers le nord de la race malaise et de l'islam en 
fut pas simultanée. À l’arrivée des Espagnols, les Malais mahomé- 
tans, qui formaient, il est vrai, les royaumes les plus forts et les 
mieux organisés, mais qui n'opposèrent pas cependant une résis- 
tance sérieuse, étaient concentrés autour de Manille, tandis que les 
non-mahométans de même race étaient répandus dans les régions 
que leurs descendants occupent encore aujourd’hui. Nous savons 
d’ailleurs qu'en débarquant à Célèbes en 1512, les Portugais n’y 
trouvèrent comme sectateurs de Mahomet que quelques marchands; 
la population de l’île ne se convertit à l'islamisme qu’un siècle plus 
tard. C’est alors, dans la première moitié du xvu° siècle, que la 
puissance conquérante de l'islam fait pour ainsi dire explosion Ü); à 
partir de cette époque, elle devient un adversaire sérieux que l’Es- 
pagne n’a définitivement réduit à l’impuissance qu'en s'emparant de 
Soulou, centre de son action politique et religieuse. Les premiers 
progrès de l'islam n’ont pas eu lieu à maïn armée, mais par la voie 
pacifique du commerce. Les trafiquants mahométans, arabes ou 
malais, que leur civilisation rendait fort supérieurs aux Malais ido- 
lâtres, ont d’abord acquis de grandes richesses; ils ont ensuite 
épousé des filles de datos et de radjahs, et converti ou détrôné les 
familles de leurs femmes. Quand l'islam est ainsi devenu progres- 
sivement la religion des seigneurs et des chefs, il s’est imposé d’un 
coup à des populations entières, et c’est alors seulement que, servi 
par un instrument puissant, le Koran a fait éclater, dans le sud des 
Philippines comme ailleurs, sa puissance de conquête et de résis- 
tance. Les populations catholiques des Philippines, insouciantes, 
éloignées de tout fanatisme, ne songeant qu'à jouir en paix de 


®) D, Vicente Barrantes, Guerras piräticas de Filipinas. Madrid, 1878. 


— 526 — 


l'exisience facile que leur donnait un sol fertile, eussent été fata- 
lement soumises par les Malais de Mindanao ou de Soulou, sans 
la protection des escadres espagnoles. 

Le type malais originel des Bicols s’est assez profondément 
modifié sous l'influence de croisements qui ont débuté vraisem- 
blablement à une époque reculée, et se sont continués avec plus 
ou moins de fréquence jusqu’à nos jours. 

Le premier en date de ces croisements, le plus important sans 
doute anciennement, est celui qui s’est opéré avec le sang négrito. 
Depuis déjà longtemps les Négritos sont devenus rares dans la 
province d’Albay. On a vu ($ CG) que les seuls que j’y aïe rencon- 
contrés ne sont pas de race pure; il en existe peut-être encore 
de non mélangés dans quelques îles du golfe; ils sont, en tout 
cas, fort réduits, et leur influence actuelle sur la population peut 
être considérée comme nulle. Mais ie mélange antique de leur 
sang se révèle nettement chez certains sujets par l'exiguité de la 
taille, par des cheveux plus ou moins bouclés et frisés, par la 
coloration beaucoup plus sombre de la peau. J'ai trouvé quantité 
de Bicols qui présentent à un haut degré plusieurs de ces carac- 
tères négritos. 

Le croisement du Bicol avec les tribus de race indonésienne 
n'a pas laissé de irace bien nette. Il nese révèle guère que par la 
coloration de la peau sur de rares sujets. 

Bien autrement important estle mélange du sang chinois, qui a 
dû se produire bien avant l'arrivée des Espagnols et dont l'impor- 
tance croit sans cesse, au point que l’on peut prévoir le jour où ül 
remplacera le sang malais. 

L’envahissement des Philippines par l'élément chinois a quelque- 
fois essayé de se produire à main armée, notamment en 1573 (); 
aucune de ces tentatives ne paraît avoir eu de résultats impor- 
tants. 

C’est pacifiquement, par la voie du commerce, que les Chinois 
envahissent les Philippines, procédé qui n’est pas sans analogie 
avec celui que les Arabes ont suivi, aux siècles derniers, dans 
le sud de l'archipel. Les Chinois sont aujourd'hui établis dans 
tous les pueblos, où ils se sont substitués aux Indiens dans l'exer- 


@ Le corsaire Lima-Hong se présenta devant Manille avec une flotte de 
soixante jonques bien armées; cette attaque fut repoussée, mais la colonie courut 
le plus grand danger. 


ÉMRRe 0 > 


cice de toutes les professions urbaines, ainsi que dans le petit 
commerce. Beaucoup d’entre eux ont conquis des situations com- 
merciales de premier ordre, égales, sinon supérieures à celles des 
meilleures maisons européennes et américaines. À piusieurs re- 
prises, l'Espagne a essayé de limiter par des prohibitions diverses 
l'immigration chinoise; ces mesures sont demeurées sans résultat. 
Depuis longtemps déjà les Chinois entrent librement aux Philip- 
pines et y séjournent sans subir d'autre obligation que celle de 
payer une capitation personnelle beaucoup plus élevée que celle 
des Indiens. 

L'immigration chinoise s'étant toujours limitée aux hommes, 
on comprend combien ont dû être nombreux leurs croisements 
avec les indigènes. Les métis issus de leur union légale avec les 
Indiennes portent le nom de Sangleyes et sont fort nombreux, car 
le croisement du Chinois et de l’Indienne est eugénésique au plus 
haut degré. Mais les Sangleyes ne forment encore qu'une petite part 
des métis, auxquels les Chinois ont transmis leur penchant aux 
rapports sexuels et leurs facultés prolifiques. 

Dans les croisements sino-indiens, le sang chinois est doué d’une 
force d'attraction extraordinaire; il suffit, même en proportion peu 
considérable, pour imprimer au Bicol une déviation notable, qui 
se traduit par l’élévation de la taille et du crâne, l’obliquité des 
yeux, l'allongement des extrémités. 

Enfin les Bicols d’Albay sont encore mélés de sang espagnol; 
ce métissage, dü à des individus peu nombreux, n’en a pas moins 
une certaine importance, car il s'est constamment opéré pendant 
trois siècles, la conquête de la province d’Albay, l’une des pre- 
mières soumises, étant antérieure à 1560. C’est surtout par la con- 
formation du nez, intermédiaire entre les deux types si distincts 
que revêt cet organe chez l'Européen et chez le Malais, que se re- 
connait l'influence du premier. 

Cet exposé peut faire pressentir dans quelles proportions par- 
fois excessives doit varier le type bicol. Dans la population d’AI- 
bay, le type malais fondamental oscille constamment, pour ainsi 
dire, entre les quatre types précédents, mais avec beaucoup plus 
de fréquence dans la direction du type chinois. Tous les caractères, 
sauf la forme du crâne, se modifient sous ces influences diverses. 

La région postérieure du crâne est presque toujours fortement 
aplatie en coup de hache. Par un singulier hasard, les deux seuls 


— 328 — 


cranes bicols contemporains que nous ayons pu nous procurer 
{(n® 1 et 2), et qui ont été décrits par MM. de Quatrefages et 
Hamy Ü), ne présentent pas nettement cette conformation particu- 
lière; elle domine pourtant dans toute la province, et elle est à 
ce point prononcée qu'elle est visible à distance, même chez les 
femmes, quand leur longue et abondante chevelure est déroulée. 

Cette conformation, qui rappelle celle des Négritos, mais qui est 
beaucoup plus prononcée et qui se retrouve chez tous les Indiens 
(Tagalocs, Bisayas, etc.), est-elle le résultat d'une déformation pro- 
voquée? Je ne le crois pas; j'en donnerai la raison en parlant des 
cranes que nous avons trouvés dans les grottes de la province. 

Ea coloration des cheveux, qui blanchissent quelquefois à un âge 
avancé, est celle du numéro 41, quelquefois 27; celle des yeux, 
1et 2; celle de la peau est presque toujours 21, quelquefois 28, 30, 
37. La barbe est toujours peu abondante et ne pousse que fort tard. 

L’implantation des dents est souvent irrégulière; la carie est 
fréquente. Les incisives supérieures sont toujours limées transver- 
salement sur leur face antérieure. Le sillon horizontal déterminé 
ainsi présente une section plus profonde près de la gencive; il se 
termine, vers le bord inférieur de la dent, par une courbe très 
allongée. La profondeur du sillon varie beaucoup avec les sujets : 
parfois le sillon atteint la cavité de la dent, qui communique alors 
avec l'extérieur par un orifice circulaire de 1 à 2 millimètres 
de diamètre, ainsi du reste qu'on le voit aussi à Soulou (fig. 83, 
pl. XXX). 

L'opération, pratiquée en plusieurs temps et à plusieurs jours 
d'intervalle, ne cause, au dire des Bicols, qu'une douleur sourde, 
supportable; les dents limées conservent pendant un mois ou 
deux une certaine sensibilité, qui interdit au sujet de s’en servir 
pour mordre et déchirer les aliments; cette légère incommodité 
disparaît à son tour sans laisser de traces immédiates. Mais, plus 
tard, les abcès et les kystes deviennent assez nombreux, si l'on en 
juge d’après les maxillaires des crânes n° 3 à 42 dont il sera ques- 
tion plus loin. 

Les dents des Bicols des deux sexes doivent à l'usage continuel 
du buyo (bétel) une couleur noire prononcée que l'usage presque 
aussi constant du tabac à fumer ne suffirait pas à leur donner. Les 


() Crania ethnica, p- 450. 


Abo 


Bicols n’emploient aucune préparation en vue de produire cette 
coloration, qu'ils ne considèrent point comme un ornement et 
dont quelques jeunes femmes parviennent même à se préserver, 
sans renoncer ni au tabac ni au bétel, en faisant plusieurs fois par 
jour un usage énergique de la brosse à dents. C'est sans doute à 
l'usage de ces deux agents, astringent et anesthésique, que les 
Bicols doivent de ne pas présenter un plus grand nombre de 
fluxions et d’abcès, malgré le mauvais état de leur dentition. 

Les usages et les mœurs des Bicols ayant été décrits ailleurs 0), 
je n’en dirai rien ici; je noterai seulement que leur imprévoyance, 
leur insouciance, leur amour du plaisir, défauts imputables à la 
race et au climat, sont dus aussi, pour une part, au régime poli- 
tique auquel ils sont soumis. 

Leur intelligence est vive et très susceptible d'éducation; presque 
tous les Bicols savent lire et écrire, mais ils sont peu instruits, les 
ouvrages écrits dans leur dialecte étant fort peu nombreux. 

Ils sont remarquablement doués au point de vue musical; tous 
les pueblos ont au moins une fanfare, où l’on rencontre parfois des 
artistes qui ne manquent pas de valeur. La patience des Bicols est 
extrême; il leur en faut plus encore que d’habileté pour tisser 
les fines étoffes d'abaca qui constituent un de leurs principaux 
luxes. S'ils ne retirent pas de leur sol, merveilleusement fertile, 
toutes les richesses qu'il est capable de produire, c'est que leur 
existence facile suffit à leurs appétits bornés, c’est qu'à l'abri de la 
domination espagnole ils n’ont pas à se préoccuper du lendemain, 
c'est qu'ils sont hommes, après tout, et que, comme la grande 
majorité de leurs semblables, ils voient dans le travail un moyen 
et non un devoir. 

Les Bicols ressentent aussi vivement les peines morales que 
les peines matérielles; leur insensibilité n’est qu'apparente, ïl 
est facile de s'en assurer. Il est vrai cependant qu'ils oublient 
assez vite et qu'ils sémeuvent difficilement pour des causes fu- 
tures et incertaines. Cet état intellectuel sera certainement mo- 
difié par l'éducation quand tous les pueblos parleront espagnol, 
changement qui est en train de s’opérer. 

On a vu que nous n'avons pu recucillir que deux cränes con- 
temporains dans la province d’Albay; mais nous avons trouvé des 


£r 


) Tour du monde, rx semestre 1 884. 


— 330 — 


pièces anciennes en nombre bien plus considérable dans deux 
grottes. 

Ces deux grottes, auxquelles j ai donné avec M. Rev le nom de 
grotte du Levant Ü) et de grotte du Carabao ©), sont situées dans l’île 
de Cagraray, qui forme une partie de la côte nord du golfe d’Albay. 
La grotte du Levant occupe la pointeS, E. de l’île, et celle du Cara- 
bao est sur la côte sud, près de la pointe S. O. Ces deux grottes sont 
excavées à une vingtaine de mètres au-dessus du niveau de la mer 
dans une falaise calcaire à pic, qui n’est accessible que par eau. 
La grotte du Carabao est plutôt un abri qu’une grotte; celle du 
Levant est vaste et élevée(3) : un luçon (mortier à décortiquer le riz) 
est évidé dans sa paroi postérieure; il a la forme des luçons actuel- 
lement en usage dans la contrée, lesquels ne sont jamais creusés 
dans la pierre, mais dans un bloc de molavel® ou un autre bois dur. 

En dehors des ossements, les deux grottes ne contenaient 
qu'une tablette de bois dur tombant en poussière { Carabao) et une 
écuelle de porcelaine chinoise (Levant). Les deux grottes renfer- 
maient un nombre à peu près égal de cranes, les uns bien con- 
servés, les autres plus ou moins avariés par l'humidité. La conser- 
vation ou le délabrement se présentent indifféremment sur les 
différents types. 

Ce qui frappe, en effet, à première vue dans la série de crànes 
(tableau H, n°®° 3 à 42) que nous avons recueillis dans ces deux 
grottes, c'est la différence profonde, nettement tranchée pour la 
plupart, que présentent les diverses pièces. Un premier type, sur- 
tout fréquent parmi les femmes, se rapproche du négrito (pl. XXV, 
n° 8); un second à face allongée, dolichocéphale, rappelle l'in- 
donésien (pl. XXV, n° 9); ïl n'est représenté que par un petit 
nombre de pièces. Un troisième type (pl. XXII et XXIV), beau- 
coup plus fréquent, remarquable par ses dimensions absolues et 
par la largeur de la face, me paraît très analogue aux Malais-de 
Java et de Sumatra. 

Le tableau II montre dans quelle proportion énorme varient 

et la capacité crànienne et les principaux indices, Les dimen- 


() D'après son orientation. 

@) À cause d’un rocher qui se trouve exactement en face à quelques brasses 
du rivage et qui affecte la forme d’un bufle (Carabao, en dialecte bicol). 

() Dimensions maxima : longueur 9 mètres, largeur 3° 50, hauteur 1 2 mètres. 

%) Vitex geniculata. 


— 331 — 


sions absolues varient dans la même mesure que la capacité crà- 
nienne. 

La comparaison des dimensions absolues, aussi bien que celle 
des indices, perd d’ailleurs une grande partie de sa valeur à cause 
de la déformation crànienne artificielle, analogue à certaines défor- 
mations américaines, qu'ont subie tous ces crânes, mais dans une 
mesure très variable. 

Les cränes qui présentent (comme les numéros 4 et 6) cette dé- 
formation au plus haut degré appartiennent surtout au troisième 
type, si remarquable par ses dimensions et par le développement 
en.largeur de la face; la déformation est indépendante de l’époque 
à laquelle remonte la sépulture, autant du moins qu'on peut en 
juger d’après le degré d’altération des os. 

Cet énorme aplatissement du frontal et de l’occipital, le sillon 
évasé qui sépare les pariétaux répondent parfaitement à la défor- 
mation qu'aurait pu produire un appareil en usage depuis un 
temps immémorial chez quelques tribus de l’intérieur de Bornéo, 
appareil que M. A-B. Meyer a fait connaître récemment, et que j'ai 
décrit d’après cet auteur U). 

Il est évident qu'un appareïl de ce genre était employé par les 
tribus qui avaient consacré ces grottes à leur sépulture. Peut-être 
avait-il été appliqué avec d'autant plus de soin et de persévérance 
que le sujet apparlenait à une famille puissante, ce qui ex- 
pliquerait l'exagération de la déformation de quelques crânes 
masculins, et son atténuation ou son absence sur les crânes fémi- 
nips négritoides. 

-Tous les ossements étant. bouleversés, confondus, il est bien 
peu de maxillaires inférieurs qui aient pu être rattachés avec 
certitude aux crânes dont ils faisaient partie. Les maxillaires qui 
appartiennent au troisième type sont remarquables par leurs pro- 
portions massives; généralement la branche montante, coudée à 
angle droit, a une largeur considérable. 

Le prognathisme du maxillaire supérieur varie dans des propor- 
tions considérables; il est souvent extrême dans le troisième type. 

Presque toutes les incisives et les canines supérieures manquent; 
sur les quelques crânes où il en reste une ou deux, les dents sont 


®) Über Künsilich Deformirte Schüdel, ete. Leipzig et Dresde, 1881. Compte 
rendu in Hevue d'elhnogr., t, À, 188. 


— 332 — 


limées en pointe mousse, à peu près suivant le type des Négritos de 
Marivelès. J'ai signalé plus haut les lésions auxquelles cette pra- 
tique a donné lieu. 

Les molaires sont très fortes, à tubercules atténués, souvent 
absolument effacés; c'est le cas ordinaire chez toutes les popula- 
tions de l'archipel; la carie est très fréquente. 

Les os des membres et du tronc indiquent une race vigoureuse 
et bien conformée. Deux des humérus sont perforés; chez plu- 
sieurs, le fond de la cavité olécranienne est très mince. Aucun 
des fémurs n’est à colonne; les tibias sont, pour la plupart, légère- 
ment platycnémiques. Un des péronés est fortement tordu sur 
son axe. 

Les os recueillis dans les grottes du Carabao et du Levant sont 
au nombre de : 


UMENUS ER ne ide ee Ta dore Ne Ne SR ASUS 8 
Cubitust. A SERRE L'ELEL MES ARMES MO LPERREE 2 
< Radiusaresaons "hole ent ant po et ip AR 3 
Rémnns an spé Al Le Sr RE PUR Tan 8 
1 M CIE ES PS LE SI PAIE AE AR SN se QE et 9 
PÉTORE ee A ET TEEN den MAR a te LENS Le ve 1 


Voici les longueurs moyennes de ces os et les rapports que ces 
longueurs présentent entre elles : 


LONGUEUR 
MAXIMUM. MINIMUM. 


MOYENNE. 


millimètres. millimètres. millimètres. 
308 3158 299 
237 252 229 
238 256 220 
h13 435 393 
349 362 330 
353 nl n 


INDICES. 


Humérus — 100, Radius —"77.27. 


Fémur 100,  Tibia — 84.50. 
Fémur - —100, Humérus= 74.57. 


— 333 — 


À quelle population convient-il d'attribuer les cränes des grottes 
du Levant et du Carabao? 

I n’est pas douteux que ces grottes ne fussent connues d'une 
grande partie des habitants de la région , et il est fort possible que, 
sous l'empire d’une de ces traditions auxquelles les pratiques du 
catholicisme se sont superposées sans les détruire, quelque pêcheur 
bicol dépose parfois une offrande dans ces antiques ossuaires. Mais 
il est absolument certain que tous les crânes ont été mis là à une 
époque reculée. La conquête politique et la conquête religieuse 
ayant constamment marché de pair aux Philippines et l'inhuma- 
tion étant une pratique dont les missionnaires ont toujours surveillé 
l'exécution, l'usage des grottes du Levant et du Carabao comme 
abri sépulcral est donc antérieur à l'arrivée des Espagnols. On ne 
comprendrait pas que des cadavres aient pu être transportés en 
pirogue sur un point voisin du mouillage le plus fréquenté de la 
province. D'autre part, la présence du luçon creusé dans la paroi 
ouest de la grotte du Levant paraït indiquer que celle-ci a servi 
d'habitation, peut-être à l'époque où les habitants faisaient encore 
usage des dents de l'animal du tonnerre M). Des fouilles, que nous 
n'avons pas eu le temps d'opérer dans le sol couvert de stalag- 
mites, fourniraient sans doute d’intéressantes révélations à ce sujet. 
Mais ül est certain que la grotte du Levant n’a plus servi d’abri 
aux vivants depuis qu'on y a déposé des cadavres, car la disposi- 
ton des squelettes à la surface du sol et l’état de conservation de 
la plupart des crânes sont inconciliables avec cette supposition. 

L'état des crànes les plus anciens, la nature dés avaries de ceux 
qui sont détériorés, montrent, d'un autre côté, qu'ils ne remontent 
pas à une très haute antiquité, et que le dommage qu’ils ont subi 
tient surtout à l'humidité. Cependant leur état de conservation, 
irès variable, prouve que les grottes ont servi de sépulture pen- 
dant une période assez longue. Les trente-neuf crânes que nous 
avons recueillis (joints à quelques débris que nous avons dû lais- 
ser dans la grotte du Levant) indiquent que la population qui se 
servait de ces ossuaires était peu nombreuse. 

La diversité des types, le petit nombre des sujets, l’état des 


® C’estle nom que donnent les insulaires de Mindanao aux instruments de 
piérre polie; M. Sébastian Vidal y Soler, directeur des eaux et forêts, en a trouvé 
plusieurs échantillons dans cette île, Je n’a pas entendu dire qu'on en ait ren- 
contré dans la province d’Albay. 


-® 


— 334 — 


crânes, nous amènent donc à la même conclusion : les grottes du 
Levant et du Carabao servaient, avant la fin du xvi° siècle, de 
lieu de sépulture à une tribu (ou à plusieurs tribus peu impor- 
tantes) de race malaise qui comprenait en outre quelques individus 
indonésiens. Cette tribu s'était déjà assimilé une forte proportion 
d'éléments négritos. Mais une fusion complète n'avait pas encore 
eu lieu entre ces trois éléments si distincts; elle était peut-être re- 
tardée par les coutumes et ne s'accomplit qu’à la suite de la sup- 
pression de l'esclavage et par la concentration des tribus en pue- 
blos, faits consécutifs de la conquête espagnole. 

La déformation de ces crânes (semblable à celle des érânes de 
Lanang et de Nipa-Nipa, recueillis par M.F. Jagor)(), l'aplatissement 
si net de la région occipitale, qui forme une surface quadrilatère 
inclinée de haut en bas et d’arrière en avant, se reproduisent-ils 
par voie d'hérédité et sous une forme atiénuée dans la population 
actuelle, ou bien, au contraire, l’aplatissement occipital qu'on ob- 
serve chez les Bicols (comme aussi chez les autres Indiens) est-il 
provoqué par des manœuvres spéciales? [1 paraît impossible de ré- 
pondre avec certitude à ces questions. On saït positivement que ; dans 
beaucoup de régions (dans le département de Haute-Garonne, par 
exemple, pour la déformation dite toulousaine), les déformations 
cräniennes ont disparu avec les manœuvres qui les provoquaient. 
D'un autre côté, dans la province d’Albay, comme dans les autres 
provinces des Philippines, j'ai pénétré à toute heure dans les cases 
des indigènes et je n’ai jarnais vu que les enfants fussent soumis 
à quelque pratiqüe ayant pour objet la déformation du crâne : l'en- 
fant indien repose nu sur une natte ou dans un hamac et prend 
la position qui lui convient le mieux. Je dois dire aussi que j'ai 
babité pendant quelque temps chez un fonctionnaire espagnol, 
père de deux enfants nés de son union avec une Indienne à occi- 
pital aplati. Les deux jeunes métis présentaient, entre autres carac- 
tères indiens, cet aplatissement caractéristique de l'occipital; cepen- 
dant leur père veillait avec le plus grand soin à-les préserver de 
tous les usages el de toutes les pratiques qui auraient pu rendre 
plus marqués les caractères du croisement dont ils étaient issus. 

Le croisement des Espagnols et des Indiennes (Bicoles, Ta- 
gales, etc.), eugénésique, produit de nombreux métis qui pré- 


U) Reisen in den Philippinen. 


— 335 — 


sentent des caractères anthropologiques bien plutôt juxtaposés que 
fondus(). Chez ces métis, le nez est droit; les yeux n'ont niobliquité 
ni repli falciforme; la raideur des cheveux, l’aplatissement pos- 
téerieur du crâne, la finesse des extrémités, sont indiens; la saillie 
des pommettes est notablement moindre, le prognathisme alvéo- 
laire et la grosseur des lèvres ne sont que légèrement atténués. 
Le métis a, dans ses premières années, une physionomie entière- 
ment européenne; son teint est clair. Les caractères de la face ne 
s'indianisent que plus tard; mais l'aplatissement du crâne se 
montre dès la naissance, j'en ai cité deux exemples plus haut. La 
section transverse des cheveux affecte plusieurs formes sur le 
même sujet, triangulaire, circulaire et légèrement elliptique, 
comme chez le numéro 151 (tabl. I et pl. IX), métisse d'Espagnol! 
et de mère négrito-bisaya; ce sujet présente en outre une assez 
forte proportion de sang négrito; si la chevelure n'était soigneuse- 
ment maintenue par des tresses, elle se déroulerait en boucles 
très frisées. à 


J. — Tagalocs. 


Tout ce qui a été dit des Bicols s'applique également aux Taga- 
locs. Groupés autour de Manille, dans les provinces les plus civi- 
lisées des Philippines, au nombre d'environ 1,200,000 , quelques- 
uns d’entre eux inclinent à prendre les costumes et les usages 
de la vie européenne. Beaucoup, après suivi les cours de l’Ateneo 
municipal et de l'Université de Manille, remplissent diverses charges 
secondaires de l’administration et de la justice; quelques-uns en- 
trent à l’Académie militaire et servent comme officiers dans l’armée 
indigène. Plusieurs jeunes Tagalocs, étudiant en ce moment dans 
les universités et dans les académies de musique de l’Europe, ne s’y 
montrent pas inférieurs à leurs camarades de race blanche. Les 
Tagalocs fournissent une grande partie des élèves du grand sémi- 
naire de Manille et des prêtres indigènes. 


K.— Bisayas ®).. 


Les Bisayas, répandus au nombre de 2 millions dans les îles du 
même nom, forment aussi des colonies sur les côtes de Mindanao. 


PPT n°130. 
@) PI VI, VII et XX VI. 


— 356 — 


Ces colonies ne sont pas anciennes, elles ont été fondées pour la 
plupart au xvir siècle, sous la conduite des religieux espagnols. 
Pris dans leur ensemble, les Bisayas sont moins civilisés que les 
autres Indiens. Quelques-uns d'entre eux, notamment ceux de 
Bohol, avaient la réputation d'affronter vaillamment les pirates 
Moros et de leur être souvent supérieurs. Un écrivain espagnol 
estime même que la supériorité des pirates tenait uniquement aux 
lois des Philippines, qui, en interdisant de réduire en esclavage et 
de vendre les Moros prisonniers, enlevaient aux Indiens le stimu- 
lant auquel leurs adversaires devaient toute leur hardiesse. Cette 
opinion me paraît difficile à soutenir. 


K'.— Pampangos, Pangasinans, Iloeanos (). 


J'ai pris quelques observations de ces Indiens, qui se trouvaient 
fortuitement hors de leurs provinces, que je n'ai pas visitées. Ces 
sujets doivent, je pense, leur taille élevée à la présence du sang 
indonésien, représenté, dans le centre de la moitié nord de Lucon, 
par plusieurs tribus indépendantes ou récemment soumises à 


l'Espagne. 
L. — Malais ou Moros de Soulou (Orang-Isiam, Orang-Soulou) 6). 


En souvenir des antiques guerres de la métropole, les Espagnols 
donnent le nom de Moros aux Malais mahométans de l'archipel. 
Ce mot est passé dans tous les dialectes des Philippines et les Moros 
eux-mêmes se désignent souvent ainsi. 

Arrêtés par l'Espagne dans leur mouvement d'expansion vers le 
nord, les points extrêmes qu'ils occupent dans cette direction sont 

le de Palawan et le tiers méridional de la côte orientale de 
Mindanao. Sur ces deux points, ils n'existent qu’en groupes clair- 
semés, insignifiants. Ils sont beaucoup plus nombreux et plus puis- 
sants dans la partie sud de Mindanao, surtout dans le bassin du 
Rio Grande et autour des lacs situés au nord de ce fleuve. Ils 


G) La population de ces pueblos s'élève à 500,000 habitants. Mais dans ce 
nombre sont compris beaucoup de Manobos, qui sont désignés sous le nom de 
Bisayas dès qu'ils se convertissent au christianisme et se réunissent aux anciens 
pueblos ou en forment de nouveaux. (Voir S III.) 

CEPIAVE 

GPL OX EXT IE XL XX VIAX XXE 


— 337 — 


peuplent Banguey, Balabac, les côtes de Bornéo, et règnent sans 
partage dans tout l'archipel de Soulou. 

L'ile de Soulou, située au milieu de l'archipel du même nom, a 
ioujours été le centre politique, religieux et commercial de tous 
les Moros. Encore aujourd'hui, bien que l'Espagne ait depuis 1876 
occupé cette île et imposé son prolectorat au sultan, tous les autres 
sultans et les datos (seigneurs) de la grande région que je viens 
d'indiquer témoignent, au moins en paroles, un grand respect et 
une profonde déférence pour le prince, aujourd'hui réduit au rôle 
de roi fainéant. 

Le type des Malais de Soulou est influencé en proportion très 
inégale par deux éléments distincts et opposés : l'indien ou malais 
des îles Philippines ei l’arabe. 

Jusqu'en ces dernières années, les Moros en général et les Sou- 
louans en particulier pratiquaient sur les côtes des Philippines, 
jusques et y compris Luçon, des razzias continuelles. S'ils eussent 
gardé pour eux seuls toutes les esclaves qu'ils se procuraient ainsi, 
la population de Soulou ne serait aujourd'hui qu'un mélange 
d’Indiens. Mais les pirates vendaient une bonne partie de leurs 
esclaves, et, des jeunes femmes capturées qui restaient à Soulou, 
le plus grand nombre était destiné au harem du sultan et des 
datos, armateurs de toutes les expéditions. 

Quoique présentant une étroite parenté avec les Indiens (cf. 
tabl. I, vivants; et tabl, IT, crénes), les Soulouans s’en distinguent 
assez nettement cependant par plusieurs traits. Ils sont plus robustes, 
et, comparés aux Bicols, plus petits. Le premier de ces caractères 
est en rapport avec leur genre de vie, beaucoup plus aventureux 
et plus actif que celui des paisibles Bicols. L'infériorité de la taille 
des Soulouans tient à une moins grande proportion de sang chinois, 
non que ces jaunes manquent à Soulou (ils ont même pénétré 
jusque dans le palais), mais ils y sont moins nombreux qu’à Luçon 
et ils y trouvent moins de facilités pour procréer des métis. 

Les Soulouans se distinguent, en outre, des Indiens par les ca- 
ractères suivants : 

Absence d’aplatissement de la région postérieure du crâne. 
Saillie des pommettes moindre; prognathisme alvéolaire et dentaire 
aussi plus faible. Face moins déprimée, nez plus saillant. Repli 
falciforme moins marqué, quelquefois nul. Axe transverse de 
leuverture palpébrale moins oblique; celle-ci affectant la forme 


MISS. SCIENT. — XI. 22 


EMVAIMMNIS NATIONALE 


— 338 — 
d’une amande et beaucoup plus arrondie que celle des Indiens 
et des Chinois; cheveux bien plus fins, à section légèrement réni- 
forme et non triangulaire); sourcils peu fournis. 

Coloration de la peau souvent plus claire que chez les Indiens, 
se rapprochant moins que chez les premiers du jaune et du gris 
cendré. 

Les mamelles ne sont pas coniques et fermes comme chez les 
Indiennes, même vieilles. Chez les Soulouanes jeunes, elles sont 
plutôt hémisphériques; élles se rident promptement et deviennent 
tout à fait pendantes chez les sujets âgés. 

Les dents incisives et canines sont limées transversalement, et 
sur leur face antérieure, et sur leur bord inférieur. 

L’Arabe a beaucoup moins modifié le Soulouan. Les sujets de 
cette race, en nombre insignifiant, n'auraient laissé aucun vestige 
de leur présence s'ils n'avaient, pour la plupart, occupé de hautes 
situations et si les unions n'avaient été fréquentes entre leurs des- 
cendants. Les sujets qui présentent des traces plus ou moins 
profondes de ce sang ne sont pas très rares, et il en est qui repro- 
duisent le type original avec une étonnante fidélité; un des pan- 
ditas (prêtre) de Soulou, chef de l'une des familles les plus anciennes 
de l'île, est l'exemple le plus frappant que j'aie rencontré ®. 

Le régime politique de la sultanie de Soulou n’a pas varié, du 
moins en théorie, depuis qu'elle est placée sous le protectorat de 
l'Espagne, bien que la suppression de la piraterie ait frappé au 
cœur un État dont tout l'éclat et toute la prépondérance résultaient 
d'une lutte, qu'on croyait éternelle, contre les chrétiens. 

Le sultan est toujours le souverain et le maïtre absolu des 
hommes et des choses dans toute l'étendue de son empire, c'est- 
à-dire dans les trois groupes d’iles qui constituent l'archipel de 
Soulou ), En réalité, il ne jouit d’un pouvoir aussi absolu que dans 
les districts qui forment son domaine privé et dans ceux de quel- 
ques datos qui sont ses parents ou ses alliés. Les autres districts 
sont gouvernés d’une façon à peu près indépendante par leurs pos- 
sesseurs, datos héréditaires, dont le pouvoir est sans contrôle. Ac- 
tuellement l'autorité effective du sultan est fort affaiblie; d’ailleurs, 
même avant l'occupation espagnole, le sultan ne prenait jamais de 


G) PI. XXXI, n°° 99 ét 106. 
@ PL XU, A. 
(3) Basilan, Soulou et Tawi-Tawi. 


— 339 — 
décision sans consulter le conseil des datos où Rumah Biütjara, vrai 
pouvoir législatif, el en partie exécutif, de cet État en réalité oli- 
garchique. 

Les datos, seigneurs féodaux, souverains effectifs dans leurs 
domaines (rancherias des Espagnols) ont au-dessous d'eux des sei- 
gneurs d’un ordre moindre dont relèvent les {ao marahay (homme 
bon, vaillant) ou hommes libres; tout le reste de la population est 
sacope (vassal) où esclave. 

La propriété est individuelle, la polygamie n’est pas admise; 
une seule des nombreuses femmes des datos a la qualité d’épouse 
légitime. Le mariage, précédé d’un enlèvement simulé de la fian- 
cée, est conclu devant le pandita. Le divorce est prononcé sur la 
demande de l’un des deux époux. 

Les prescriptions du Koran en matière religieuse civile et en 
matière criminelle ne sont pas suivies avec exactitude; l'influence 
de la loi mahométane se traduit surtout par la haine que tout Sou- 
louan professe pour les infidèles. Il est rare que l’amputation de 
la main soit infligée pour le vol, et celle de la langue pour le blas- 
phème. La peine de mort est habituellement prononcée pour toute 
espèce de crimes el de délits, sauf pour la fornication, qui est d’ail- 
leurs absolument interdite. À Maïbun (résidence du sultan), le 
pouvoir ferme habituellement les veux sur ce genre de délit; mais 
si unc dénonciation , un incident quelconque rendent le fait publie, 
le châtiment encouru est appliqué sans miséricorde. Les dames de 
la cour sont chargées de l’exécution en ce qui concerne la femme. 
La coupable est amarrée sur un tréteau, les jambes écartées; les 
parties génitales sont d’abord arrosées d'eau bouillante, puis for- 
tement pincées et tordues par toutes les princesses à tour de rôle; 
une friclion pratiquée avec des piments rouges pilés termine le 
supplice, qui amène souvent la mort. En cas de récidive, la cou- 
pable subit l’amputation d'une oreille. 

Les condamnés à mort ont la tête tranchée par le bourreau ou 
sont livrés à la mullitude, qui les hache à coups de kriss donnés 
avec ordre, un par un. Ces exéculions sont de grandes fêtes pour 
la population de Maïbun, avide de sang comme tous les Soulouans. 

Malgré ces instincts féroces, malgré leur amour de la piraterie, 
leur avidité à capturer des esclaves , les Soulouans unissent parfois 
à la bravoure des coutumes quasi chevaleresques: ils ont des égards 
pour les femmes libres, et il est assez curieux de remarquer qu'à 


22. 


— 310 — 


Soulou des femmes peuvent vivre seules, sans que leurs personnes 
et leurs biens soient exposés à aucun danger spécial résultant de 
leur faiblesse et de leur isolement. 

En 1879-1880 l'ile de Soulou, d’après des renseignements assez 
incertains, renfermait environ 10,000 habitants, nombre qui était 
en décroissance par suite de l’émigration à Sandakan (Bornéo) Ut), 

Dans tous Îes points où les Moros sont en contact avec les In- 
diens, le parallèle est tout d’abord peu favorable aux premiers. À 
Zamboanga, par exemple, ces Malais sordides, à la physionomie 
sombre et brutale, font tache à côté de la population indienne et 
métisse, dont la gaieté, la délicatesse et la beauté sont justement 
renommées aux Philippines. Cependant il n'est pas douteux que, 
soustraits à la protection des baïonnettes espagnoles, les Indiens 
ne fussent promptement dominés par ceux-là mêmes qui vivent 
auprès d'eux dans une sorte d’abjection. 


M. — Malais (ou Moros) du golfe de Davao (S. E. de Mindanao) ©. 


Is occupent la côte, l'embouchure des rivières, les îles, et exer- 
cent une influence oppressive assez loin dans l'intérieur; ils s’op- 
posent autant qu'ils le peuvent aux communications des tribus 
sauvages indonésiennes soit avec les quelques colons bisayas établis 
sur la côte, soit avec les autorités espagnoles de Davao. Ils se sont 
constitués les intermédiaires obligés des échanges entre les traf- 
quants bisayas et les /nfieles, monopole lucratif qui remplace pour 
eux la piraterie, au moins sur mer, depuis que l'Espagne s’est établie 
effectivement dans le golfe. Ils sont aussi attachés à l’islamisme 
que les Soulouans, quoique moins fanatiques, moins audacieux et 
moins exacts encore dans l'observation des prescriptions du Koran. 
Ils sont presque absolument illetirés; quelques panditas seule- 
ment sont capables de lire et d'écrire, non sans difficulté, dans le 
dialecte soulouan, le seul qui soit connu de tous ces Moros. Leurs 
mœurs et leur costume sont à peu près ceux de Soulou. Beaucoup 
d'hommes laissent pousser leur chevelure et la tordent en chignon, 
comme les femmes. 

Je n'ai jamais vu chez les Moros des divers points du golfe de 
Davao ces types fins à front élevé, à nez droit, comme on en ren- 


@) Pour plus de détails sur Soulou, voir Bulletin de la Soc. de géogr., 1882, et 
Tour du monde, 1° semestre 1884. 
CDPPEAIE 


— 311 — 


contre à Soulou, et qui sont dus à une plus ou moins grande pro- 
portion de sang arabe. Mais ce caractère est assez rare à Soulou et 
son absence ne suffirait pas pour distinguer les Moros de Davao. 

Ces derniers diffèrent de ceux de Soulou par la présence du sang 
indonésien, dû aux unions contractées à la suite de l'achat ou de 
l'enlèvement de femmes appartenant aux tribus de l’intérieur. Ce 
mélange abaisse l'indice céphalique (81.94 au lieu de 84.67) et 
élève la taille (1573 6 au lieu de 1526 millimètres). 

Ces Moros forment la transilion entre les Malais du sud des 
Philippines et les Indonésiens de Mindanao, comme certains Pam- 
pangos et Ilocanos entre les Indiens et les tribus indonésiennes de 
Lucon. 


N. — Kalagan. 


Le Kalagan (tabl. I, n° 163) appartient à une petite tribu de 
Moros voisine de la baie de Malalac (golfe de Davao); cette 
tribu parle le soulouan, prôfesse le mahométisme; mais, par plu- 
sieurs caractères, le numéro 163 est déjà un Indonésien. Sa taille 
(1665 millimètres) est même supérieure aux moyennes des divers 
groupes de cette race compris dans mes observations. 


III 


INDONÉSIENS (1), 


O. — Buled-Upih ©. 


J'ai déjà parlé ®) de cette race, qui occupe dans le N.E. de Bornéo, 


+ 


près de la baie de Sandakan, les rives du Sagaliud et du Kinoba-° 


tangan. Le portrait du numéro 111 donne une bonne idée de ce 
groupe, qui se trouve, à l'égard des Soulouans de la côte, dans la 
même situation que les tribus de l’intérieur de Mindanao. 

Le type représenté par le numéro 111 n'est pas le seul que 
lon puisse voir dans la tribu que j'ai visitée, mais c’est celui 
qui y domine. 

L'indice céphalique moyen des Buled-Upih est très élevé, un des 
plus élevés même de toutes les séries d'hommes (86.78). Néan- 


@) PI XIV. 

) Pour la valeur de cette dénomination, cf. E, T. Hamy, Les Alfourous de 
de Gilolo (Bullet. Soc. géogr., 1877, p. 480). 

5) Bulletin Soc. de géogr., août 1880. 


— 342 — 


moins, ces naturels ne me paraissent pas pouvoir être placés à côté 
de leurs voisins géographiques, les Soulouans, avec lesquels ils 
présentent un contrasle prononcé, surtout par les traits du visage. 
La taille est aussi fort différente; la couleur de la peau est claire; 
n® 39, Ao; celle des cheveux, A1; celle des yeux, 2 et 3. 

Enfin, fait d’une importance secondaire sans doute, mais non 
indifférent, leur dialecte (voir chap. v) diffère sensiblement du 
soulouan. 


Indonésiens de l’est de Mindanao. 


Dans la plupart des populations énumérées jusqu'ici, on a vu les 
résultats de croisements divers fixés par la sélection; ces popu- 
lations sont aussi, pour la plupart, soustraites depuis longtemps à 
l'action des éléments qui ont jadis servi à constituer la race ac- 
tuelle. $ 

Les tribus de l’intérieur de Mindanao, désignées par les Espa- 
gnols sous le nom d’/nfieles 1), se trouvent dans des conditions 
toutes différentes. Elles vivent disséminées dans une contrée peu 
accessible, montagneuse, et perdues au milieu de forêts épaisses, 
par groupes d'importance très variable, réduits parfois à 15 ou 
20 individus, femmes et enfants compris, et dont les plus consi- 
dérables comptent rarement plus de 250 à 300 àmes. 

Il est impossible d'évaluer le nombre de ces Indonésiens, même 
approximativement, sauf pour quelques groupes isolés; on l'estime 
parfois à 200,000 ou 300,000 àmes. Ces chiffres sont probable- 
ment beaucoup trop élevés. La guerre est pour ainsi dire perma- 
“nente entre ces divers groupes, qu'ils portent ou non la même 
dénomination. Le mobile de ces expéditions continuelles est l'amour 
de la gloire et la capture des esclaves. Les agressions particulières, 
les vendetle sont, en outre, très fréquentes; ces diverses causes dé- 
terminent pour tous les {nfieles des conditions d'insécurité telles 
que j'ai cru pouvoir donner le nom de Pays de la terreur à la ré- 
gion comprise entre l'océan Pacifique, la baie de Butuan et le ‘golfe 
de Davao ©). l 

Ces populations sont donc profondément mêlées; il est même 
étonnant qu’elles ne se soient pas confondues dans un iyÿpe uni- 


()_ Par opposition aux catholiques (Indios) et aux mahométans (Moros). 
@) Voir Voyage aux Philippines, chap. vir ( Tour du monde, »° sem. 1884). 


PR 


forme; cependant il n’en est rien, et chacune des variétés présente 
dans son ensemble un type assez distinct suffisamment fixe et facile- 
ment reconnaissable, même chez les divers groupes du même type 
séparés par des distances qui, vu la difficulté des communications 
et la présence d’autres types sur des points intermédiaires, pré- 
sentent des obstacles insurmontables. 

Bien que la spécialisation de chaque variété soit incontestable, 
on ne doit pas s'attendre que les moyennes des observations sur 
le vivant donnent des résultats frappants, vu surtout le petit 
nombre d'observations auquel des difficultés de tout ordre m'ont 
obligé de me restreindre pour chaque groupe. La présence de 
races distinctes non encore fondues dans un type homogène 
amène un résultat semblable pour les moyennes des crânes que 
J'ai recueillis dans les diverses grottes de Mindanao. Enfin, il faut 
faire la part des faits d'atavisme, très fréquents, qui reproduisent 
le type malais pur ou la variété indienne bisaya. Malgré toutes 
ces causes de confusion, je crois devoir diviser les diverses tribus 
que j'ai observées en huit variétés. 

Tous les Indonésiens de l’est de Mindanao résultent de la fusion 
des trois éléments, qui sont, par ordre d'importance : le polyné- 
sien, le malais-bisaya, le négrito. 

La part du bisaya est considérable et se traduit par l’augmen- 
tation du diamètre transverse du cràne; celle du négrito est plus 
restreinte; ses caractères les plus accusés se montrent dans Îles 
boucles de la chevelure, l'élévation et la saillie du front, la cou- 
leur sombre de la peau. Les métis de Négritos sont d’ailleurs nom- 
breux. Quant aux Négritos purs, j'ai dit ($ B, Mamänuas) qu'on 
les rencontre, à l'état de tribus très réduites, autour du lac de 
Maiïnit, et que j'ai vu quelques rares femmes de cette race esclaves 
dans l'intérieur de Mindanao. 

Les caractères anatomiques communs à toutes les tribus indo- 
nésiennes consistent dans l’élévation de la taille, le développement 
musculaire, la saillie de la région occipitale, qui contraste nette- 
ment avec l’aplatissement propre aux Malais en général, et surtout 
à ceux des Philippines. 

À l'exception des Bilâns, tous les indigènes non négritos de 
l'intérieur sont vigoureusement constitués et présentent à un 
haut degré les attributs de la santé. Les vieillards, autant que j'ai 
pu en juger par quelques exemples, atteignent sans infirmités un 


— 3h — 


age très avancé; mais ces sujets sont rares, car, dans toutes les 
razzias, le vainqueur immole constamment les sujets âgés, comme 
étant inutiles. 

Toutes les tribus indonésiennes pratiquent le limage des dents 
et d’après les types les plus variés; je n’ai pas vu qu’un type dé- 
terminé fût spécialement adopté par telle ou telle tribu. Généra- 
lement l'usure de la dent est profonde, et généralement aussi, 
le volume des dents étant considérable, les dents usées en pointe 
reproduisent avec exagération le modèle de nos trocarts les plus 
aigus, ainsi qu'on en voit un exemple sur le Bagobo n° V (pl. XXX). 

La carie des molaires est fréquente, plus encore peut-être que 
chez les Bicols; la pratique de chiquer le buyo et le tabae est tout 
aussi répandue; quand ils ne mastiquent pas une de ces chiques, 
hommes et femmes la gardent toujours en réserve, fixée entre la 
lèvre et les incisives supérieures. 

Presque toutes les tribus pratiquent dans le lobule de Foreïlte 
un orifice d’abord élroil, mais qui, progressivement agrandi par 
l'introduction de rondelles en os de dugong de plus en plus volu- 
mineuses, acquiert 2 et 3 centimètres de diamètre. 

Le tatouage est surtout répandu parmi les tribus qui entourent 
le golfe de Davao; il est pratiqué sur les enfants de 5 à 6 ans par 
la mère, en vue de leur imposer une marque indélébile et de 
pouvoir les reconnaïtre quand ils sont enlevés par ruse ou par 
violence, cas excessivement fréquents. L’instrament employé est 
non une pointe conique, mais le sommet de la lame d’ur cou- 
teau; les petites incisions pratiquées ainsi sont toujours reconnais- 
sables. La couleur est obtenue en exposant la peau à la fumée 
de diverses résines; c'est du moins ce qu'affirment les Jnfieles, 
qui n’ont jamais voulu me rendre témoin de cette opération. 

Les armes de tous les Indonésiens sont l’arc, la lance, le bolo 
ou sabre court et, en outre, pour les Mandayas, le poignard. Les 
lames et les pointes sont de fer et fabriquées par les indigènes. 
Cependant quelques groupes voisins du mont Hoagusan se servent 
de flèches à pointe de bambou; ces traits peuvent causer des 
blessures mortelles à la distance de cinquante à soixante pas, 
ainsi que j'en ai vu un exemple. | | 


PR TT AE 


P. — Samails W, 


ls habitent l'ile Samal ©), située dans le golfe de Davao; ils 
sont divisés en plusieurs tribûs, qui vivent dans un état de paix 
relative; beaucoup moins sanguinaires et féroces, plus industrieux 
et meilleurs agriculteurs que les autres sauvages de Mindanao, ils 
accueillirent bien les Espagnols et se sont toujours montrés leurs 
alliés fidèles. Je n'ai pu acquérir de détails précis sur leur reli- 
gion; mais 1l est certain qu'ils admettent l'existence d’esprits qui 
président aux divers actes de la vie et auxquels ils offrent des sa- 
crifices. 

Ils déposent leurs morts dans des cercueils en forme de pirogue, 
sous les abris naturels formés par les roches des îlots MalipanoW), 
où j'ai pris les squelettes n° VII, VIIT et les cranes n° 112, 113 
(tabl. IT). : ( 

Voici les dimensions des os et des membres des squelettes VII 
et VII : 


GAUCHE. 


Humérus 277 9245 3h41 
Cubitus 232 278 279 
220 265 260 
411 h7h h74 
399 ha5 ho 


INDICES. 


Humérus — 100, Radius — 80.03 72.70. 
Fémur 100, Tibia — 80.48 87.09. 


Fémur 100, Humérus — 67.31 76.60. 


Les Samals ont les épaules larges et une taille relativement 


G), PI, XIV, 

®) Une ïle du même nom est comprise dans l'archipel de Soulou; ses habi- 
tants sont Moros. 

% Pour la description de cette sépulture, voir Voyage aux Philippines, ch. v 
(Tour du monde, 1884, 2° sem.) 


=" ShQ ee 


élevée (le numéro 150 atteint 1680" et il en est de plus grands). 
Le mollet*est dur et saillant; les mains et les pieds, robustes sans 
être volumineux, n'ont rien de la gracilité de la race malaise. 

Le crâne, brachycéphale, est loiñ d'être aussi aplati que chez 
les Bisayas. Le prognathisme alvéolaire est considérable, le nez 
court, relevé, à lobule écrasé. Les pommettes, très saillantes, sur- 
tout latéralement, donnent au visage un aspect caractéristique, 
presque félin, augmenté par la présence de poils raides et assez 
abondants sur la ièvre supérieure et le menton. La chevelure, 
longue (col. 27), n'est pas entièrement touffue; elle grisonne ainsi 
que le la barbe. La coloration de la peau varie (37-38, 27). 

Il y a parmi eux beaucoup de métis de Négritos, qu'ils désignent 
sous le nom de métis d’Atas. Ces métis, quoique laissant leur 
chevelure croître indéfiniment, suivant l'usage des Samals, l'ont 
beaucoup moins longue que ces derniers; elle est fort raide et 
très frisée; la couleur de la peau de ces métis est beaucoup plus 
sombre et leur nez beaucoup moins écrasé; les pommettes sont 
moins saillantes. La vigueur n’est pas atténuée. 


Q, R. — Bagobos et Guiangas (1). 


Disséminés sur les versants méridional et oriental du volcan 
Apo, ces tribus, malgré la différence de leur nom, présentent le 
même type. Parmi les tribus de Bagobos, il en est de puissantes, 
andis que tous les groupes guiangas s u importants. 
tand e tous } re) œ ont pe tant 

Les mœurs et la religion de ces tribus, qui paraissent ne pas dif- 
férer de celles des autres Indonésiens de Mindanao, sont empreintes 
d'un caractère de violence et de férocité très prononcé P). Les Bago- 
1 
bos sont assez industrieux, moins pourtant que les Samals, et 
moins bons agriculteurs. 

eur taille est élevée (le Guianga n° 140 atteint 1715"): ils 

Leur taille est élev g 
sont fort robustes et font rudement sentir leur supériorité aux 
ribus moins bien douées qui les entourent. Malgré leurs mœurs 
trib bien douée il t t. Malo 
féroces, leur physionomie est souvent efféminée, et beaucoup de 
jeunes gens pourraient être pris pour des filles, lesquelles parta- 
gent d’ailleurs la vigueur du sexe mäle. Le nez est droit, le pro- 
gnathisme très variable. Le repli falciforme est généralement 


() PI, XV et XXX, 
%) Bull, Soc. géogr., juin 1881. 


— 347 — 


plus prononcé que chez les Moros; l'axe transverse de lœil est 
droit et ne présente pas la légère obliquité en bas et en dedans 
de ces derniers. 

La couleur de la peau est claire (n° 21, 23, 39, 4o). 

Voici les dimensions des os des membres d’un squelette Bagobo 
(pour le cràne, voir tabl. IT, n° V). 


ME LUS A SE AN A NT ve 321 

Chbredetenei e LEA | APS UE 267 

Radius. 28: 90e SEOTEBRE BE RE 250 

Femisot, MU NE RAA EN SEEN 430 

Hibia set ee TR Ep 356 
INDICES. 


» 


Humérus — 100, Radius — 77.88. 


Fémurti=Mo0, Mibia 0182.70. 
Fémur —100, Humérus — 74.65. 
S. — Atas D. 


Ce nom, qui désigne aux Philippines des populations de races 
si diverses, est donné, dans le sud de Mindanao, aux Négritos qui 
existent (ou existaient il y a peu de temps encore) dans l'intérieur, 
au N.O. du golfe de Davao, et à quelques tribus de race indoné- 
sienne qui habitent le versant du volcan Apo, dans la même di- 
rection. 

Les Atas indonésiens présentent un type supérieur, les chefs 
surtout; ceux-ci ont le nez aquilin, la barbe abondante, la taille 
élevée. Le numéro XXXIT (pl. XVI) est un bon exemple de ces 
Atas. La couleur de la peau est variable {n° 21, 22 et 37). 

Ces tribus Atas jouissent d’une réputation de bravoure méritée, 
ce sont les seules qui ne craignent pas de se mesurer avec les 
Moros, bien qu'elles ne possèdent pas plus que les autres d'armes 
à feu, et souvent le succès a couronné leur valeur. 


T. — Tagacaolos (), 


Ces tribus, qui redoutent extrêmement toutes celles qui les en- 
tourent (sauf les Biläns %), vivent sur les sommets de la chaîne qui 
s'étend’ parallèlement à la côte ouest du golfe de Davao entre Cauit 


@) PI, XVI et XVII, 
@) PI XVII. 
G) Voir S Y. 


— 318 — 


et Malalac, et dans la région montagneuse du côté opposé du golfe, 
aux environs de la baie de Pujada. Ils se tiennent sur les hau- 
teurs les plus inaccessibles, afin de se mettre à l'abri des entre- 
prises de leurs voisins, bien que la situation de leurs demeures 
les oblige à de fatigantes courses quotidiennes pour se procurer de 
l'eau. 

Les Tagacaolos sont sveltes, élancés, presque grèles. La courbe 
antéro-postérieure du crâne est régulièrement courbe ou légè- 
rement aplatie dans sa partie postérieure et ne présente pas le 
ressaut occipital que j'ai observé chez leurs voisins les Biläns. Le 
prognathisme est médiocre. Le visage long, à pommettes sail- 
lantes, présente un losange allongé; les yeux sont souvent obliques 
en bas et en dedans; le nez est droit, assez saïllant, et le lobule re- 
courbé en bas et en arrière donne à leur physionomie une expres- 
sion qui ne manque pas de gràcc. 

La barbe est assez fournie et pousse d'assez bonne heure, vers 
30 ans. 

La couleur de 1a peau est généralement claire (n° 21, 46, 47). 


U. — Tagabawas 0). 


Dispersés sur plusieurs points des côtes du golfe, noïamment au 
nord, près du Rio Hijo, ces Indonésiens sont le résultat d’un mé- 
lange de Bagobos, de Manobos et de Tagacaolos, dont ils repro- 
duisent les divers traits, juxtaposés ou confondus. La coloration de 
la peau est souvent foncée (quelquefois 37, 22). 

Ils sont misérables et peu nombreux. 


V. — Manobos €). 


Ce sont les plus nombreux, les plus puissants et les plus féroces 
indigènes de la région. 

Leur domaine est très étendu; au nord, ils occupent la péninsule 
de Surigao, où ils sont en contact avec les Mamanuas et les Bisayas. 
Ils dominent dans tout le bassin de Rio Agusan jusqu'à la hauteur 
du mont Hoagusan, où ils confinent, au sud et à l'est, au domaine 
des Mandayas. On les trouve encore près de la mer sur la côte 
occidentale du golfe de Davao, au nord de la baie de Malalac. 


® PI. XVIIL. 
@) PL XIX, XXVIIL 


— 349 — 


Les Manobos présentent deux types bien distincis : le premier, 
dont j'ai trouvé l’expression la plus pure chez un chef, est carac- 
térisé par une taille élevée {le numéro 162 atteint 1705""), par une 
conformation presque athlétique; le front est haut et découvert, le 
nez aquilin, légèrement recourbé, la chevelure quelque peu frisée, 
la barbe abondante et la coloration de la peau très claire. Ce sujet 
offrait une ressemblance frappante avec le type polynésien. Le se- 
cond iype a la peau très brune et une taille beaucoup moins élevée 
que le précédent; le nez est droit et plus court; les narines sont à 
la fois très minces et développées en largeur, la courbe antéro- 
postérieure du crâne est plus développée dans sa partie occipi- 
tale. | 

Ces deux types extrêmes, qui ne sont pas rares, se combinent, 
chez la plupart des sujets, pour former un {ÿpe moyen qui pré- 
sente des caractères de supériorité bien plus marqués dans la ré- 
gion du golfe de Davao que dans celle de l'Agusan, du moins pour 
les sujets que j'ai observés. 

Dans ce type moyen, la courbe antéro-postérieure du crâne s’in- 
fléchit en arrière dans la région frontale ; les bosses pariétales sont 
saillantes, sans nul aplatissement de l’occipital, qui forme parfois 
un léger ressaut. Le crâne est souvent très développé en hauteur. 
Les yeux sont sans obliquité ni repli falciforme. Les arcades 
sourcilières sont saillantes; il en est de même du point sus-nasal 
et du nez, droit, bien détaché, à lobule fin, recourbé en bas et en 
arrière. Le développement des arcades sygomatiques et la réduc- 
tion du diamètre frontal minimum donnent à la face un aspect 
losangique. Quant au prognathisme, il varie dans des proportions 
énormes. La coloration de la peau est quelquefois très claire, 
mais le plus souvent relativement sombre (n° 22, 29, 37). 

C’est aux Manobos qu'il convient de rapporter la plus grande 
partie des crânes (n°* 115 à 155) qui proviennent des grottes sui- 
vantes : 

Îlot de Magbulacao , près l'île de Dinagat, N. E. de Surigao; 

Grotte de Tinagho (ou du Secret), dans un îlot près Taganaan, 
(côte est de la péninsule de Surigao); cette grotte est très vaste; 
elle est située sur le bord de la mer, et présente beaucoup d’ana- 
logie avec celle du Levant; 

Les deux grottes de Kabaluan, sur le lac de Maiïnit; ces deux 
grottes, voisines l’une de l'autre, sont situées dans une falaise sur la 


— 350 — 

berge est du lac, à ane vingtaine de mètres au-dessus du niveau 
moyen des eaux. 

, Dans la grotte de Tinagho, les squelettes étaient couchés pêle- 
mêle dans des cercueïls en forme de pirogue, analogues à ceux 
de l’ilot Malipano; ces cerceuils tonbaient en poussière; dans toutes 
les grottes, les ossements confondus, brisés par les éboulements, 
étaient tous anciens. Il n’y a pas en effet dans le voisinage tout à 
fait immédiat de ces abris de tribus Manobos indépendantes, qui 
pourraient seules y déposer leurs morts, la sépulture dans un sol 
préalablement consacré étant et ayant constamment été une des 
pratiques fondamentales du catholicisme dans ces régions. Les 
Manobos convertis, agglomérés en pueblos et soumis à l'Espagne 
(désignés à tort sous le nom de Bisayas), disent que le dépôt des 
cadavres dans les grottes remonte à l'époque où, par crainte des 
invasions des Moros du sud, leurs pères s'étaient réfugiés dans les 
montagnes. Ces Manobos convertis ne se rendent pas compte que 
c'est le christianisme qui a modifié leur rite sépulcral et les a fait 
sortir de leurs retraites; mais leur explication, bien qu'erronée, 
corrobore ce qu'indique l'aspect des crânes, à savoir qu'ils sont 
antérieurs à l'établissement du catholicisme dans les environs de 
Surigao, c'est-à-dire aux premières années du xvrr° siècle. 

À cette époque, le type manobo présentait un mélange beau- 
coup moins intime des éléments qui le constituent, éléments qui 
(on peut le voir en consultant les tableaux Let Il) sont bien loin 
d'être complètement fondus. 

Parmi les trente-sept crànes provenant des grottes ci-dessus 
indiquées, la fréquence d’un type très voisin du polvnésien est 
frappante M). Par les caractères de la face, par ceux de la courbe 
antéro-postérieure du crâne, par la saillie du crochet iniaque, 
par le méplat des régions antérieure et supérieure des parié- 
taux, ces pièces se rapprochent notamment d'un lot de Nuka-Hiva 
récemment apporté au laboratoire d'anthropologie du Muséum 
par M. le docteur Clavel. Les crânes manobos diffèrent surtout des 
crânes de Nuka-Hiva par l'élévation du diamètre transverse du 
crâne et l'effacement des os propres du nez. 

Les crânes qui présentent à un degré plus ou moins élevé les ca- 
ractères des types négrito ) et bisaya sont en proportion assez con- 

Q): Voir n° 117, pl XX VII. 

2 Voir n° 115, pl. XXVIL. 


is 


— 351 — 


sidérable; ceux du premier de ces types sont tous les métis déjà 
profondément modifiés. Ceux qui appartiennent au type bisayal) 
sont surtout remarquables par l’aplatissement de la région occipi- 
tale. 

Les habitants des pueblos de la péninsule de Surigao, tous catho- 
liques ou reducidos) (expressions qui ont une valeur identique), se 
qualifient depuis longtemps de Bisayas; mais il suffit de l'examen le 
plus superficiel pour se convaincre que la plus grande partie d’entre 
eux appartiennent au type manobo. Les métis manobo-bisayas 
sont naturellement nombreux dans ces populations, qui ont perdu 
tout souvenir de la diversité des éléments qui les constituent; les 
métis se distinguent des Bisayas par ieur taille plus élevée et plus 
élancée, coïncidant avec une carnation jaune clair, par leur nez à 
lobule crochu, et surtout par l’aplatissement moindre de la région 
occipitale; ce dernier caractère est celui qui persiste avec le plus 
de netteté et indique Îe plus sûrement le mélange du sang manobo. 

En renonçant à leur vie de surprises et de combats, les Mano- 
bos conquistados ont perdu leurs qualités énergiques et sont devenus 
aussi peu redoutables que les Bisayas, sans s'élever au même degré 
de civilisation que ces derniers; oppresseurs des débiles Mamanuas, 
ils étaient à leur tour razziés sans merci par les Moros de Davao 
avant que l'Espagne se füt solidement établie dans ce golfe. 


X. — Mandayas 6). 


Les Mandayas sont, après les Manobos, les plus nombreux des 
indigènes de la partie orientale de Mindanao. Ils sont regardés par 
tous les autres Injfieles comme formant la race la plus antique et 
Ja plus illustre ; leurs mœurs sont celles des Manobos. Ils occupent, 
divisés en groupes généralement peu importants, le bassin du Rio 
Sahug, celui du haut Agusan jusqu'au niveau du mont Hoagusan, 
et, à partir de ce point, toute la contrée montagneuse qui s'étend 
parallèlemént à la côte du Pacifique, jusqu'aux environs des golfes 
de Mayo et de Pujada, où ils confinent aux Tagacaolos. 


OM Voir n° 118, pl. XXVI. 
®) Reducido, conquistado, chrisliano nuevo, tous ces termes sont employés 
indifféremment par les Espagnols et par les Indiens pour désigner les Infieles 
convertis au catholicisme et soumis à l'Espagne; ces deux qualités sont insépa- 
rables. 


G) PI, XX, XXI, XXIX, 


— 352 — 

Les Mandayas se distinguent des variélés indonésiennes précé- 
dentes par trois caractères: 

1° Direction rectiligne de la partie moyenne de la courbe crà- 
nienne antéro-postérieure ; 

2° Développement en largeur de l'ouverture palpébrale, sa forme 
amygdaloïde; cils très sombres et très longs donnant à la physio- 
nomie une expression toute spéciale, Ces caractères font paraître 
la face plus large que dans les autres variétés, bien que ses propor- 
lions ne varient pas; 

3° Coloration spéciale de la peau, qui tourne au gris cendré et 
non au jaune. 

Ce dernier caractère est peut-être en rapport avec un mélange de 
sang négrito, plus abondant chez les premiers envahisseurs indo- 
nésiens, fait que semblent corroborer les traditions infieles, I en est 
de même de la coupe transversale du cheveu, dont l’ellipse se 
rapproche souvent de celle du cheveu négrito (pl. XXXI, n° 153). 

Le nez est droit, saillant; les narines ne sont pas aplaties, bien 
qu'elles le paraissent être au premier abord, le bord inférieur de la 
narine n'étant pas horizontal mais oblique en bas et en arrière. 

Les sourcils sont rares, la barbe est médiocrement abondante 
et presque toujours rasée. 

Les cheveux sont abondants et blanchissent souvent à un âge 
qui ne paraît pas très avancé. 

On observe parfois l'aplatissement occipital des Malais et aussi, 
plus rarement, la disposition de la face caractéristique des Biâns. 

En général, le prognathisme est médiocre. 

Il est remarquable que certains détails de l’'ornementation exté- 
rieure des cases des Mandayas, dont la construction est si spé- 
ciale 1), reproduisent exactement l'ornementation usilée chez les 
Dayaks du centre de Bornéo (1). 


Y, — Biläns 


Ces Infieles, aussi misérables que les Mamänuas, paraissent être 
inférieurs à ceux-ci au point de vue de l'intelligence, Ils vivent en 


0) Voyage aux Philippines, ch. vir. 


@) Voir les dessins donnés par M. Carl Bock, The Head-Hunters of Borneo, 


2° éd., London, 188». 


G) PI XVI, n° 146. 


— 353 — 
nombre excessivement restreint à l'ouest du golfe de Davao, sur 
les sommets les plus reculés, les moins accessibles, entre Lubu 
et Sarangani; malgré la profondeur de leurs retraites, les Bilâns 
sont une proie pour toutes les tribus qui les entourent, et leur 
débilité leur interdit toute représaille. 

Je ne sais s'il faut attribuer à un hasard isolé, affaiblissant, à la 
suite d'une épidémie ou d’un cataclysme volcanique, un petitnombre 
de tribus, et les réduisant subitement à un état de faiblesse dont les 
agressions de tribus voisines ñe leur ont jamais permis de se rele- 
ver, la formation d’une race spéciale dont les caractères d’infério- 
rité se seraient sans cesse accrus, conséquence de l'enlèvement con- 
stant des sujets les moins médiocres et de conditiôns d'existence de 
jour en jour plus difficiles. 

En tout cas, les Bilâns diffèrent absolument de toutes les tribus 
indonésiennes précédemment énumérées, sans se rapprocher cepen- 
dant en aucune façon des Négritos. 

Vu le petit nombre des Bilâns, il m'a été impossible de trouver 
des cränes de leur race, et mes mensurations sur le vivant n’ont 
pas porté sur des sujets réunissant bien les caractères dominants de 
ce groupe. Cepéndant le numéro 146 (pl. XVI), enfant de 12 ans 
environ, en donne une idée approchée. 

La coloration de la peau est très variable {n° 3%, 28, 21, 39- 
Lo); celle des cheveux se tient entre 27 et 34-35, et celle des 
yeux entre 1-5. 

Le Bilän se distingue par sa petite taille et ses formes trapues. 
Le crâne est IL par l'allongement, l’aplatissement de la 
courbe antéro-postérieure, laquelle, au niveau de la partie supé- 
rieure de l’occipital, est fortement renflée. Le front, très proémi- 
nent, fait avec la face, très large et très aplatie, un angle dièdre; 
le nez est effacé, les narines sont très larges. Le prognathisme est 
considérable; le maxillaire inférieur, très proéminent, se prolonge 
en avant dans la même direction que le maxillaire supérieur, ce 
qui augmente encore là dépression de la région moyenne de la 
face. 

Les cheveux sont lisses, très raides et abondants; la barbe, très 
peu fournie, né pousse que vers 35 ou 40 ans. 


MISS, SCIENT. — XI. 23 


IMPRIMENIE NATIONALK 


NÉGRITOS. . . 


Mamänua. 


NÉGRITOS MÉTIS 
| D'ALBAY. 


!  ManTaras. 


| KwaBouis.. 


JAKUNS:'. 1. 


AgrTas de Cama-) 
rines-Sur ( Lu- 


con eee | 


: 
=) 
l 
| 


18 &. Moyenne... 


Maximum 


Minimum....... 


12 Ç. Moyenne. 


Maximum 


Minimum....... 


5 &. Moyenne. 
Maximum... . .... 
Minimum....... 


7 6. Moyenne... 


Maximum 


Maximum 


Maximum 


Minimum....... 


2 @. Moyenne... 


2 &. Moyenne... 
Maximum . :.... 
Minimum....... 


2 à. Moyenne... 


6 &. Moyenne.. 
« Maximum 
Minimum....... 


10 $. Moyenne. 


Maximum 
Minimum 


..... 


…..... 


Minimum....... 


5 $. Moyenne... 


Minimum....... 


6 à. Moyenne... 


CÉPHAL. 


ms | —— ————— | —————— | ———— 


—_————— | ——— | —————— | ———— | ——— 


nt | ms. | À —Ù —— | — 


FACIAL,. 


INDICES 


A 


non 
GENERAL 


de la tête. 


FRONTAL. 


TABLEAU 


RÉSUMÉ DES OBSERVA 


TAILLE 
ABSOLUE , 
en milli- 


à 
metres. 


1489, 
1979,0 
1425,0 
1431,0 
1485,0 
1350,0 


1450,0 


1503,6 
1561,0 
1399,0 
1382,0 


———…—…— | | —— | ——— | —— 


EE 


1490,0 


1330,0 


1926,0 
1512,0 


1455,0 
1483,0 
1545,0 
1390,0 
1535,0 
1590,0 
1525, 


1550,d 


1583,4 
1655,d 
1472,0 
150,4 


1610,d 
1415, 


NP E 


TIONS SÜR LE VIVANT. 


a 

HUM. TAILLE FÉMUR TAILLE MEMBRE TAILLE TAILLE | TAILLE TAILLE TAILLE TAILLE & 
— 100; —=100; INF. = 100; = 100; = 

= 100; — 100 ; 100; |—100; | —=100; = 100; = 
MEMBRE MEMBRE —100; GRANDE HAN- = 

= = —— ED — = É = an 

RAD, — SUP. — TIB, — INF. = BRAS — ENV. — MAIN = | PIED— |B. IL, —= CHE — EPAULE=— a 


a ——— À | 


96.74| 32.89| 95.04 | 49.00! 65.95] 105.31 | 11.72| 15.92{ 14.661 16.85| 22.2 
106.07] 33.33 108.20 | 50.64{ 71.28| 105.80| 10.83] 16.51 | 15.90 | 17.73| 23.95 
90.20| 31.21 85.13 | 47.16] 61.99] 101.75 | 12.63 14.95| 15.33] 14.35 | 20.74 


97-73| 33.40 | 100.00 | 51.28 | 70.68] 107.19| 12.69] 15.98| 16.67! 18.84 | 14.53 


84.941 33.45] » n " 101.85! 11.72|15.75| 17.85| 22.44 
88.14| 36.00 Û u u 106.:8| 12.16| 16.83] » 24.60 | 20.52 
80.73| 31.74| » u ” 97-93| 11.13/15.05| 10.23| 23.06 
72.92| 30.05| ” ” 0 0 11.431 15.92| » 18.67| 22.07 
92.37 30.91 | 99.09 | 46.66] 66.39! 106.08| 11.53] 15.541 14.42] 18.00! 22.84 
95.56| 51.89 | 100.00 | 48.99| 62.88] 110.85 | 12.23| 15.861 16.26! 18.97| 24.82 
89.96| 29.73| 79.64 | 46.90! 77.05] 100.69{ 10.76! 14.87| 10.86| 17.41 | 20.89 
92.70 7| 89-81 |47.51| 66.88! 98.01| 10.68] 15.81| 16.28! 19.15] 21.70 
4 : 


a | 
C0 
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© 
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12 
© 

Co 
ni 


n |31.54| : u 0 11.70| 19.76] 13.98 | 17.89| 24.38 

n | 32.26 0 Û 12.58] 16.451 14.84 | 18.56] 25.81 

» | 30.82 ’ 0 10.82] 15.08 | 13.12] 17.42] 22.05 
8g-353| 34.21] 89.75 | 50.49| 69.72] 106.79] 11.29/ 15.74] » 17.98] 21.61 
90:75| 52.25| 89.39 | 48.21] 67.61] 104.56] 11.49] 15.33 | 15.41] 18.03| 22.81 
94:85! 34.14! 90.00 | 48.83 | 70.19] 107.27] 12.18] 15.90| 17.32] 19.36] 24.28 
80.88| 30.56| 88.75 | 47.25] 65.22] 98.511 11.06! 15.03] 13.78 | 16.93] 21.52 
85.52] 32.26! » Û ’ 107.97| 11.18/15.02| » 19.28 | 22.39 
95.58! 35.26 0 " 1 104.94| 12.011 15.98| » 20.91 | 23.68 
79.46! 50.91 " 1 ü 99-27| 10,9g| 14.14 n 17.97 | 21.91 


TAGALOCS .... 


Brsayas 


.... 


| PANGAsINAN.. . 


PANMPANGO.. .. 
| ILOCAxOS... .. | 


MÉTISSE NÉGRI- 
TO-BISAYA . . « 


MÉTISSE HisPA- 
NO-NÉGR..-BIS. 


DOUEOU-- Cr 


Moros DE Da-\ 


KALAGAN.. . .. 


Buzep-Uprx. . | 


SAMALS. ..… . « | 
BAcogo 


Gurancas. ... | 


— 356 — 


4 &. Moyenne... 
Maximum 
Minimum....... 


2 &. Moyenne... 
Maximum 
Minimum....... 


…_..... 
......... 


0e. 


3 &. Moyenne.. 
Maximum 
Minimum...... Fe 


6 &. Moyenne... 
Maximum 
Minimum....... 


4 $. Moyenne. 


Maximum 


ss... 


. Minimum....... 


5 &. Moyenne. 
Maximum 
Minimum....... 


....... 


4 &. Moyenne... 
Maximum 
Minimum....... 


...... 


2 &. Moyenne... 
Maximum 
Minimum....... 


CC 


ss... 


4 &. Moyenne. 
Maximum 
Minimum...,... 


EEE — 


CÉPHAL. 


FACIAL. 


—— | ——— | ——— | —— | — 


————_ | —— | ——— | ——— | —— 


77-29 


59.44 
63.95 
65.38 
61.31 


| — | — | ———…—…—_ | —— 


TABLEAU 

INDICES TAILLE 
ABSOLUE , 

GÉNÉRAL e en mili- 

de la tête. Mons = mètres. 

68.43 | 68.06 | 82.52 | 1580,0 
72.82 | 74.28 | 88.37 | 1655,0 
61.56 | 61.29 | 60.00 | 1505,0 
nl u 71.30 1501,0 
67.00 | 68.02 | 82.61 | 1512,0 
65.50 | 65.30 | 60.00 | 1490,0 
61.56 | 74.28 | 85.00 | 1338,0 
69.04 | 67.74 | 75.00 | 1650,0 
68.39 | 76.92 | 82.22 | 1630,0 
66.11 | 71.26 | 86.71 | 1619,0 
70.31 | 76.66 | 91.10 | 1685,0 
65.23 | 65.79 | 80.42 | 1582,0 
65.00 | 63.44 |102.85 | 1425,0 
56.09 | 62.93 | 77.50 | 1495,0 
70.53 | 73.65 | 86.60 | 1526,0 
73.03 | 78.77 | 95.24 | 1592,0 
60.40 | 71.23 | 76.60 | 1488,o 
69.57 | 69.96 | 85.05 | 1430,3 
75.84 | 77.93 | 91.43 | 1465,0 
67.22 | 60.53 | 73.91 | 13098,0 
71.26 | 73.45 | 84.56 | 1573,6 
69.77 | 78.57 | 95.35 |_1625,0 
69.31 | 63.02 | 75.47 | 1500,0 
78.92 | 76.19 |102.50 | 1665,0 
65.52 | 72:03 |. 84.33 | 158353 
68.50 | 73.83 | 93.02 | 16:15,0 
60.50 | 70.00 | 80.85 | 1565,0 
97.20 | 67.77 | 80.42 | 1579,0 
u 67.81 | 80.85 | 1680,0 
ü 67.74 | 80.00 | 1478,0 
66.50 | 69.66 | 77.78 | 1538,0 
69.64 | 69.08 | 79.74 | 1631,3 
71.28 | 72.41 | 88.37 Na1729/0 
67.50 | 64.33 | 65.59 | 1540,0 


° J. (Suite.) 


TAILLE 
— 100; 
MEMBRE 
SUP, — 


33.76 


“ 1 


82.08| 33.67 
88.89| 35.18 
7.55| 32.46 


85.52! 32.90 
88.46! 34.19 
8.83| 30.36 


35.78 


34.46 


B5.05| 32.84 
B9.47| 34.56 


B9.97 


— 357 — 


TAILLE 


TAILLE 
—100; 


ÉPAULE= 


——_—— | ——— | —— | ——— | — 


FéMuR | TAIELE | MEMBRE, TAILLE | GArpce | TAILLE | TAILLE 
— 100; INF. —100; 
= 100; os | = 100$ || =rcoa 
MEMBRE 100; GRANDE 
TAB — INF. — BRAS — ENV. — MAIN = PIED = Bo IN — 
92.22| 47.44| 69.93| 102.04 | 11.77] 15.81 | 16.92 
93.90| 48.04 | 71.43] 102.72| 14.32| 18.13| 22.66 
89.19| 46.51| 67.55] 99.75| 10.44| 15.06 | 14.59 
93.70| 48.48 | 71.22| 108.99| 11.75] 15.64! 15.44 
91.38| 46.91 | 71.15] 105.16| 10.81| 15.21 | 13.69 
83.70| 50.52| 67.60] 103.59| 10.84| 16.52| 14.65 
83.54| 48.34| 69.68] 103.78| 11.68] 15.91 | 15.04 
94.67] 49.93 | 71.98| 107.26| 12.43| 16.80| 16.80 
79-04| 47.25] 69.18] 99.19| 10.84] 14.67| 14.45 
93:21| 49-20| 66.27] 103.52| 11.57] 15.74] » 
94.12] 51.20| 71.21| 104.70 | 11.74] 16.45| 
99.21| 47.21| 65.33] 102.39| 11.47| 15.02! » 
87.59! 47.41| 70.18| 104.48| 11.08| 15.19| 15.27 
92.68! 48.62| 71.37] 106.03 | 11.81| 15.70| 15.91 
82.50| 46.20| 68.99| 103.04 | 10.43] 14.70| 14.54 
91.16| 49.37| 68.73] 105.10| 11.89] 15.62| 14.12 
u u n 102.56| 11.42|15.55| » 
» u u 102.86| 11.64|/15.72| » 
, u 102.17| 10.99/15.34| » 
” 1 99-79 | 10.59] 15.13| 13.57 
” ” 0 102.84 | 11.37| 16.04 | 14.89 
u 0 96.67| 9.82] 14.23| 12.26 
84.71| 51.04| 67.52] 105.98| 11.18 15.22 | 14.63 
84 90! 48.85! 66.81| 103.82] 11.19] 19.04 | 15.58 
87.36! 51.35] 72.72] 107.03| 11.36] 15.90| 16.88 
62.98| 101.04] 11.01| 14.31! 14.58 


ÿ7.36| 30.52| 80.90| 46.75 


OBSERVATIONS. 


13 ans. | 


ÂTAS DE L'ArO. 


TAGAcAOoLoS. 


TAcaBAwaS. l 


| du golfe 


Agusan. 


Manpayas.. 


5 
l 
k 


BrzAxs 


— 398 — 


2 &. Moyenne... 


Maman 
Minimum 


3 &. Moyenne... 


Maximum 
Minimum 


> &. Moyenne... 


Maximum 
Minimum 


&. Moyenne... 


Maximum 
Minimum 


Q . Moyenne... 


Maximum 
Minimum 


3 @. Moyenne... 


Maximum 
Minimum 


INDICES 
oo 
GÉNÉRAL 


CÉPIIAL. ï 
de la tête. 


FAGIAL. FRONTAL. NASAL:. 


100.00 


88.10 


TABLEAU 


TAILLE 
ABSOLUE , 
en mülli- 


N 
metres. 


1146,0 | 
1688,0 | 
1405,0 


1994,0 
1622,0 


1566,0 


194 1,0 


1565,0 
150,0 
1360,0 
1480,0 


1110,0 


1616,6 
1709,0 
1520,0 


1568,0 


1518,6. 
1550,0: 
1495,0 


1300,0 


1970,0 
1625,0 
1592,0 
1456,0 
1625.0 
1416,0 


1476,8 
1580,0 


1990,0 


N° I. (Suite.) 


TAILLE 
—100; 
MEMBRE 

| sur.— 


89.47 
90.43 
d6.28| 3 


86.49 
88.19 
84.79 


88.89| 31.69 


87-72 
87.27 
81.39 
83.78 
83.33 


39-19 
33.4à 
33.60 
32.91 
29:73 


| S9.44| 33.39 
| 90.00! 33.85 

88.68| 32.90 
| 87.72| 34.12 
| 88.60| 34.88 
| 95.86! 56.65 


| 82.53! 32.51 


| 87.07| 33.38 


86.12! 31.85 
86.79| 52.31 
| 85.45] 31.39 


1 85.42| 31.38 
1 83.13| 31.52 
" 33.20 


" 30.04 


| 
| 
| 95.68] 32.16 
84.09! 32.02 
89.01! 32.06 


TAILLE 
— 100; 


MEMBRE 


MEMBRE TAILLE 


INF, | —100; 


—100;| GRANDE 


INF. — 


————— 


92.59! 45.30 


[2 u 


90.67| 50.39 


86.65| 48.41 
90.12| 49.56 
83.18| 47.47 


83.33| 49.22 


87.06| 58.24 
89.55| 49.48 
91.31| 48.53 
82.50| 49.34 
88.89| 49.95 


90.62| 49.93 
92.11 


89.13 


83.74 
87.89 


92.79 
82.35 


92.31 


90.20| 48.75 
92.31| 48.95 
88.10| 48.62 


18.83 
h 7.83 
18.80 


h 3.52 


86.59 
92.06 
87.69 
92-98 


BRAS — ENV, — 


69.23| 109.04 

u 99.74 
66.43| 105.54 
68.25| 100.83 
70.78| 103.57 
65.72| 98 09 


64.39| 101.42 


102.19 
104.54 
104.41 
102.02 

96.40 


67.30 
67.59 
69.24 
66.71 
64.71 


104.44 


109.84 
2| 103.68 


106.62 
102.14 


100.77 


65.28| 99.94 
66.00| 103.14 
64.56| 99.95 


n 103,00 
u 104.45 
101.55 


100.81 
101.81 

98:99 
102.17 
101.19 
104.80 
100.28 


65.87 
66.94 
70.66 
79.66 


— 359 — 


TAILLE | TAILLE 


— 100; 


MAIN — 


10.92| 19.1 
10.08| 15.26 
10:77| 15.01 


10.76 
12-041 10.07 
10.46| 14.78 
10,69| 15.18 
11.80| 16.49 
9.81| 14.30 


19.07 


11.99 
11.07 
12,00 
10,29 


19.79 
19.97 
17.04 
16.22 


TAILLE 


14.09 


15.82 
14.94 
15.44 


15.21 


15.65 
16.00 
16.31 


TAILLE 


TAILLE 
—=]00; 


ÉPAULE= 


OBSERVATIONS. 


10 ans. 


3 | Adulte. 


D LE bb 


D 


13 ans. 


Bb 


25 | Adulte. 


22.01 


20.16 
21.20 


29.83 


18 ans. 
13 ans. 
13 ans. 


7 ans. 


Enft métis|} 
de Négr. | 
gr 


— 360 — 
TABLEAU 


RÉSUMÉ DES MENSU 


PROJECTIONS 


= CRANIENNE. 
TOTALE. FACIALE, OCCIPITALE. 


cent. cubes. | millimètres. | millimètres. | millimètres. 


ManTHRA...... D NEA RSR ANA Te 1310 82,0 TO 89,0 
NÉGRITOS A RE MEN AE PAPE Sera aq 1290 88,0 13,0 85,0 
BICOLS e--e D 6 20 ab duo 2890006 1380 99:9 16,0 91,0 
5 &. Moyenne........ 1632 101,0 24,6 91,0 
Maumumetenctee te 1675 108,0 30,0 99,0 
Minimum.t6221- 24e 1990 96,0 20,0 87,0 

GROITE 

Du LEvanr. É 

g $-. Moyenne....... 1319 99,5 14,7 86,5 
Maximum: eee 1480 109,0 17,0 94,0 
Minimum seen 1210 85,0 13,0 770 
16 &. Moyenne....... 1520 99,0 18,0 85,0 
Maximum... .... d 25 bo 1625 106,0 25,0 98,0 
Minnie 0er 1410 91,0 11,0 79,0 

GROTTE 

pu CARABAO. 
10 -/Movennezt eee 1420 94,0 17,0 61,3 
Maximum Et 1550 102,0 22,0 72,0 
Minimum.,.,...... te 1249 92,0 9,0 87,0 
5 &. Moyenne........ 1979 100,0 18,0 91,0 
Maximum .,...... DE 17320 109,0 24,0 99,0 
Minimum............ 1435 94,0 15,0 88,0 
Moros | ren Lorie 
DE SOULOU. : 

5 $. Moyenne........ 1392 91,0 21,0 89,0 
Maximum...,......., 1565 101,0 26,0 101,0 
| Minonum. 202000 1180 96,0 19,0 83,0 


Or 
IN° IL. 


RATIONS CRÂNIENNES. 


INDICES ANGLES INDICES 


EE EE — nn |] 


= 100; = 100 5 — 100; ALVÉOLAIRE, REA ORBITAIRE. NASAL, FACIAL. 
LARG, — HAUT. — HAUT, = à É 

79-26 78.04 98.46 TU 49° 100.00 995.55 63.47 
76.82 77-49 100.79 70° 68° 83.78 79.81 60.00 
78.09 76.96 98.56 64° ” 89.47 91.92 65.21 
87-13 77-02 88.20 66° 66° 88.83 90.90 67.10 
90.90 78.97 92.10 69° 72% 92.89 97.44 69.93 
83.51 74.28 84.4 64° 99° 85.36 42.62 62.93 
78.94 79-10 100.16 70° 70° 90.08 55.27 69.90 
82.50 85.62 103.78 72° 70° 92.85 58.18 79.23 
75.53 75.53 96.87 69° 70° 86.84 51.63 66.41 
85.75 78.47 91.28 68° ” 91.19 52.14 65.47 
95.00 84.66 100.75 ” 70° 99.00 61.82 69.92 
795.56 73.86 84.96 65° ” 78.97 48.07 99.97 
86.88 81.38 91.99 0 90.95 50.65 64.01 
93.59 69.41 101.47 u u 97-22 45.45 69.16 
77-38 87.18 75.16 Ù ” 82.92 53.06 61.03 
80.41 77-20 96.01 , 67° 97° 81.06 91.72 68.32 
81.56 80.81 99.28 Fan ” 84.61 54.90 69.92 
79-54 73.74 99.74 65° u 78.05 49.01 65.21 
80.32 79.99 94.68 66° 28° 87.82 52.16 69:83 
82.56 78.52 101.90 70° 62° 91.67 98.69 74.61 
77.30 74.07 90.97 61° 52° 85.36 43.65 63.10 


GuroTrE 
DE TINAGHO. 


GROTTES 
DE KABATUAN. 


ÎLE 
DE MAGBuLAcAoO. 


Manogo....... 


DACOBOS EL EEE 


SAMALS. 2 4» ee 


ManDayas...... 


— 362 — 


3 &. Moyenne. 
Maximum...... 
Minimum ..... 


b Qi s Ms ace 


2 &. Moyenne. 
Maximum .... 
Minimum..... 


2 Q. Moyenne. 
Maximum .... 
Minimum..... 


19 &. Moyenne. 
Maximum...... 
Minimum... .... 


10 $. Moyenne. 
Maximum ..... 
Minimum...... 


DÉÉERRAE. 2 


2 &. Moyenne 
Maximum . ... 
Minimum..... 


2 à. Moyenne. 
Maximum...... 
Minimum...... 


3 à. Moyenne. 
Maximum . 
Minimum 


CAPACITÉ 


CRÂNIENNE. 


cent. cubes. 


1640 
1799 
1549 


1160 


D'OISE 


bi be ei 
D on] 
O1 OT O2 


TABLEAU 


PROJECTIONS 


EEE 


TOTALE. FACIALE. OCCIPITALE. 


er 


millimètres. | millimètres. 


100,6 3 88,0 


103,0 99,0 
98,0 ; 78,0 . 


millimètres. 


102,0 


N° IF. (Suite.) 


INDICES ANGLES INDICES 


; MANDI- 
ALVÉOLAIRE. HAINE ORBITAIRE. NASAL. FACIAL. 


— 364 — 

À l'exception des Bilans et des Mamaänuas, les tribus de linté- 
rieur de la partie orientale de Mindanao appartiennent donc à une 
race unique, à variétés assez nettes, où il est impossible de mécon- 
naître les traits essentiels de celle qui, partie probablement de 
Bourou Ü), s’est étendue sur les archipels du Pacifique. 

Mindanao représente une des étapes vers le nord de cetle race, 
qui se répandit avec une puissance irrésistible aussi bien dans les 
Philippines que dans le reste de la Malaisie et dans la Polynésie. 
Après avoir eu une fortune presque également brillante, les di- 
vers rameaux émanés du vigoureux tronc polynésien paraissent 
voués à la même décadence. Les Indonésiens de Mindanao, jus- 
qu'ici éloignés du contact des Européens, n’ont pas souffert des 
épidémies qui dévorent leurs frères du Pacifique; mais il est 
probable que l'heure fatale sonnera bientôt pour eux; sous l’ac- 
tion combinée des Européens, des Malais et des Chinois, ils ne 
survivront guère aux Négritos qu'ils auront anéantis. 


CHAPITRE IV. 


PATHOLOGIE. 


I 


En général, les Européen; qui n'habitent pas des points excep- 
tionnellement malsains et qui n'ont pas à endurer des fatigues 
excessives tolèrent bien le climat des Philippines. I n’est pas très 
rare de rencontrer des fonctionnaires et des négociants âgés de 
60 ans et plus, séjournant dans l'archipel depuis trente ou qua- 
rante ans et dont la constitution ne paraît nullement altérée. 

Le plus souvent pourtant, après huit ou dix années de séjour con- 
tinu, l’anémie apparait; celle-ci fait de rapides progrès, et il devient 
urgent pour l'Européen de reconstituer dans un climat tempéré 
son organisme ébranlé. 

De tous les individus de race blanche, l'Espagnol est celui qui 
résiste le mieux au climat; mais, pour lui comme pour les autres, 
ce terme moyen de huit à dix années est très abrégé s’il a subi l’at- 


%) De Quatrefages, Les Polynésiens et leurs nugrations; Paris, 1866; — et 
Hommes ct fossiles et hommes sauvages; Paris, 1884, ch. vu, Migrations poly- 
nésiennes. 


— 365 — 


teinte des affections ordinaires du pays : diarrhée, dysenterie et 
malaria. 

La fièvre paludéenne est de toutes les maladies la plus fréquente ; 
ses allures varient avec les régions; presque tous les points habités 
par les Européens y sont exposés, mais les accès pernicieux sont 
médiocrement fréquents dans la plupart des villes et des pueblos. 
En général, les Européens sont beaucoup moins sensibles au palu- 
disme que les indigènes; les accès sont moins violents chez les pre- 
miers; la convalescence est plus rapide, et les rechutes sont moins 
promptes, pourvu toutefois que la constitution des sujels n'ait pas 
été préalablement délabrée par l’anémie. Cette immunité relative 
est due surtout à l’usage du vin et à une alimentation tonique qui, 
dans les centres d’une certaine importance, ne diffère guère de 
celie qui est usitée en Europe; elle est due aussi au bon aménage- 
ment des habitations, qui sont bien closes, sans humidité, aux. 
vêtements et aux couvertures de laine, qui préservent du refroidis- 
sement de Îa nuit. 

La diarrhée vient en seconde ligne par ordre de fréquence; elle 
reconnaît souvent pour cause les refroidissements, source d’un 
grand nombre d’affections (parfois légères, il est vrai). Dans 
toutes les maisons européennes, les appartements de réception 
sont disposés de telle sorte qu'ils sont constamment balayés par 
un courant d'air qui produit sur le corps, toujours couvert de 
transpiration, une impression d'autant plus nuisible qu'elle est 
plus agréable et qu'on s'y abandonne plus longtemps. 

La diarrhée produite par le refroidissement guérit facilement. 
Il en est autrement de celle qui succède à l’abus des boissons alcoo- 
liques (gin et anisado ()); elle ne tarde pas alors à se changer en 
dysenterie, affection rarement curable aux Philippines, quand elle 
survient dans ces conditions, et qui exige alors presque toujours le 
retour en Europe. 

La dysenterie s'établit souvent aussi d'emblée, et quelquefois 
d'une facon presque foudroyante. Après quelques heures de ma- 
laise et de douleurs lombaires vagues, le malade perd à peu près 
connaissance ; il git sans force avec une sensation de brisement des 
plus péuibies; alors se succèdent les selles presque ininterrompues, 
qui peuvent se continuer pendant plusieurs jours; la maladie se 


(1) Amisette non sucrée; la consommation en est très considérable. 


— 366 — 


termine assez souvent par la guérison complète, mais le trouble 
souffert par l'économie est toujours profond, et la convalescence 
assez longue. 

Dans les causes producirices de la diarrhée et de la dysenterie, 
il me paraît impossible de ne pas faire une part à l'excitation trans- 
mise par la moelle au système nerveux splanchnique. Cette exci- 
tation de la moelle, difficile à démontrer par des preuves directes, 
me paraît cependant incontestable; elle est sans doute développée 
par l’exagération des fonctions de la peau et par le degré presque 
constamment élevé de l'électricité atmosphérique. 

Cetle excitation de la moelle joue aussi un rôle important 
en provoquant des accès chez les sujets qui, depuis quelque 
temps sous l'influence paludéenne, acquièrent une extrême sen- 
sibilité aux refroidissements; dans l'état de santé, elle peut, chez 
quelques sujets irritables, modilier le caractère, mais non au degré 
constaté en Cochinchine par M. le D" A.-T. Mondière. Les excès 
cités par cet observateur distingué M me paraissent uniquement 
dépendre de la situation réciproque des subordonnés et des supé- 
rieurs, si différente de celle qui est établie en Europe. Aux colo- 
nies comme ailleurs, on rencontre des Européens justes, indul- 
gents, compatissants, à côté d'autres qui sont sévères, durs, 
prompits à s'irriter et à sévir. 

Les affections catarrhales sont fréquentes, mais habituellement 
légères. Le rhumatisme articulaire aigu, moins fréquent, est plus 
grave; il dégénère parfois en arthrite chronique. 

La syphilis, que l’on ne trouve guère d’ailleurs que dans les 
ports de mer et les grands centres, est infiniment plus grave pour 
les Européens que pour les indigènes. 

Le chancre simple, assez fréquent, devient facilement phagé- 
dénique. 

La biennorragie, très fréquente, récidive avec la plus grande 
facilité. 

L’immuniié relative des Européens à l'égard du climat ne con- 
cerne que les hommes; les femmes européennes sont loin de pré- 
senter la même résistance. L’anémie survient chez elles beau- 
coup plus rapidement et ne tarde pas à être aggravée par des 


® Anthropologie le la race annamite in Méntoires Soc. anthrop. de Paris, 


10794 LÀ, PAi202 


— 3607 — 


leucorrhées et par des menstruations d'une abondance excessive. 
La fécondité n'est pas atteinte, mais les accouchements sont sou- 
vent difhciles; ils sont rendus fort longs par l'inertie de l'utérus, 
et deviennent souvent mortels par les hémorragies incoercibles 
qui les suivent. 

Les enfants de race blanche sont plus éprouvés encore par le 
climat; leur peau est généralement décolorée, souvent ierreuse, 
leurs chairs sont molles, leurs mouvements et leur caractère per- 
dent cette vivacité si fréquente en Europe. La tuberculose abdo- 
minale et la fièvre paludéenne prélèvent sur eux un large tribut. 

Le tempérament lymphatique et l’anémie dominent chez tous 
les indigènes des Philippines, du moins chez tous ceux de race 
malaise qui occupent les régions basses et les côtes et qui forment 
la grande majorité des populations de l'archipel. 

À ce fait prépondérant est subordonnée toute la pathologie de 
de la race; il donne la raison de l’amoindrissement de la taille et 
de l'infériorité des indigènes à l'égard des colons européens et chi- 
nois. Tous les chirurgiens attachés aux divers corps de l’armée in- 
digène constatent ce lymphatisme et cette anémie, contre lesquels 
ils emploient avec succès les ferrugineux. 

Les 1,200 conscrits qui recrutent annuellement l’armée indi- 
gène des Philippines nécessitent l'appel de trois ou quatre fois au- 
tant de jeunes gens jugés aptes au service après un premier exa- 
men subi dans leurs pueblos. Presque tous les individus récusés 
le sont pour cause de lymphatisme ou de l’un des défauts consti- 
tutionnels liés à ce tempérament. 

Cette infériorité ethnique ne paraît pas directement produite par 
le climat, car les Chinois el les métis de Chinois nés aux Philip- 
pines, et vivant dans d’autres conditions que les Indiens, sont loin 
de présenter la même apparence. Cette infériorité paraît entière- 
ment dépendre de la nature de l'alimentation. 

Dans presque tous les pays froids ou tempérés, les besoins ali- 
mentaires et domestiques d’une part, de l’autre la division du sol 
enlièrement occupé, obligent la masse de la population à un tra- 
vail énergique et quotidien; depuis un demi-siècle le développe- 
ment progressif de l'instruction éveille en outre des besoins nou- 
veaux dont la satisfaction, sans servir exclusivement à l’augmen- 
tation du bien-être matériel, a toujours cependant pour résultat une 
amélioration notable de l'alimentation. 


— 368 — 

Il en est autrement aux Philippinés prises dans leur ensemble, 
comme dans la plus grande partie du grand archipel d'Asie. 
L’étendue du sol cultivable, d’une merveilleuse fertilité, dépasse 
de beaucoup celle qui peut être utilisée par la population. Indolent 
et peu enclin aux efforts soutenus, n'ayant en dehors de l’alimen- 
tation que des besoins très restreints, l’Indien, livré à lui-même, 
limite son travail à la culture qui assure le plus facilement sa sub- 
sistance, sans se préoccuper du gain que lui procureraient des cul- 
tures plus pénibles et de l'amélioration qu'elles lui permettraient 
d'apporter à son régime. 

Le riz et la camote (Convolvulus Batatas) sont les plantes qui 
répondent le mieux à son besoin d'oisiveté; elles forment la base 
de son alimentation, le riz surtout, car la patate a une valeur ali- 
mentaire par trop insuffisante. Le riz en possède une un peu plus 
élevée, maïs la quantité nécessaire à l'alimentation représente encore 
un volume considérable. Il serait impossible, même à un Indien, 
d’absorber cet aliment fade en aussi grande quantité sans condi- 
ments d’une saveur très relevée. Souvent le poisson séché ou salé 
en tientlieu, mais plus souvent encore l’assaisonnement du repas 
est uniquement fourni par le sel ou les piments rouges. L'usage 
du vin est inconnu; celui de la tuba (liqueur alcoolique tirée par 
la fermentation de la sève de divers palmiers) est exceptionnel. 

Les conséquences immédiates de ee régime sont les mêmes pour 
tous les Indiens { tous sans exception, hommes ét femmes; sont 
constamment atteints de diarrhée; leurs selles sont toujours lien- 
tériques, et très diffluentes. C’est là un fait d’une importance capi- 
tale et bien facile à constater, vu la disposition des lieux d’aisances, 
dépourvus de fosses, dans toutes les habitations indigènes; ilme pa- 
raît impossible de ne pas y attribuer une grande valeur au point de 
vue de la constitution physique et morale de la race, et de sa faible 
résistance aux maladies endémiques et aux épidémies de choléra: 

Il ne peut être question pour légitimer ce régime, de besoins 
organiques spéciaux cherchant instinctivement leur satisfaction 
dans une nourriture presque exclusivement végétale. Quand un 
Indien est soumis à l'alimentation des Européens, peu de jours 
suffisent pour que son estomac s’habitue à ne recevoir qu'un vo- 
lume moindre d'aliments, et il ne tarde pas à préférer son nouveau 
régime. Ce fait est journellement constaté sur ceux des navires de 
l'escadre des Philippines qui ont un équipage mixte d'Européens 


— 369 — 
et d'indigènes. Ces derniers sont autorisés à choisir entre Îa ration 
des troupes indigènes et celle des Européens; ils ne tardent pas à 
préférer la dernière, au grand bénéfice de leur vigueur et de ieur 
santé. 

Vu les conditions énumérées plus haut, on conçoit combien les 
diverses manifestations de la scrofule doivent être fréquentes, 
en est de même de la carie dentaire (enrayée cependant par les prin- 
cipes astringents du buyo, bétel), des adénites cervicales et autres. 
Les phlegmons succèdent facilement aux contusions et donnent 
lieu à des décollements étendus, à des suppurations intarissables. 
Le grand avantage, le seul peut-être que les Indiens ont sur les 
Européens, tient à leur peu de transpiration, qui les préserve 
de la plupart des affections catarrhales, et surtout de l'anémie 
rapidement progressive qui est le grand écueïl du séjour prolongé 
des Européens. Il est probable que ces derniers arriveraient à 
modifier favorablement l'abondance de leur transpiration si l'usage 
leur permettait de s'habituer progressivement à ne porter que 
des vêtements aussi légers et aussi incomplets que ceux des indi- 
gènes. 

La phtisie pulmonaire est très fréquente et marche rapidement 
chez les Indiens. La fièvre paludéenne est beaucoup plus fréquente 
chez eux que chez les Européens, et récidive avec une grande faci- 
lité. H n’est pas rare de rencontrer des individus âgés, des deux sexes, 
qui ont chaque année, depuis leur enfance, des accès intermittents 
et qui vivent dans un état de santé relatif avec des rates énormes. 
Beaucoup aussi succombent à la cachexie paludéenne. Il est remar- 
quable que, dans les acces paludéens, les indigènes, avec des tem- 
pératures fréquentes de 4o à 41 degrés, n'aient que 80 à 90 pulsa- 
tions. 

La dysenterie, les affections rhumatismales, ne paraissent pas 
suivre chez les Indiens une marche spéciale. Les affections cuta- 
nées sont assez rares, et celles qui reconnaissent une influence 
nettement parasitaire sont exceptionnelles, grâce au soin que les 
individus des deux sexes prennent de leur chevelure et aux bains 
quotidiens et bi-quotidiens auxquels ils ne manquent jamais. 

On a vu que la syphilis était peu répandue en dehors des grands 
centres et des ports de mer. Elle est infiniment moins grave pour 
les indigènes que pour les Européens, du moins quant aux acci- 
dents primitifs et secondaires; mais sa marche n’est pas modifiée, 


MIS$, SCIENT,°— XI, { 


21 


MIVRIMANIE RATIUNALE 


— 370 — 


car on constate chez les indigènes âgés des accidents tertiaires qui 
ne diffèrent pas de ceux qu'on observe en Europe. 

La difformité la plus fréquente paraît être le bec-de-lièvre. 
(Voir, plus bas, Albay.) 

Je dois noter le nombre considérable d'epithéliomas des lèvres 
et de la face que j'ai rencontrés à Butuan {Mindanao), sans pouvoir 
le rattacher à une cause spéciale. 

Bien que l'imprévoyance des indigènes s'oppose certainement 
aux pratiques qui, dans d’autres pays, limitent la fécondité, les 
familles sont généralement peu nombreuses. Les déplacements de 
l'utérus et les métrites chroniques, conséquences de pratiques vio- 
lentes qui sont employées par les matrones du pays pour peu que 
l'accouchement soit laborieux, et aussi du peu de repos que pren- 
nent les nouvelles accouchées, rendent celles-ci stériles de bonne 
heure. En outre, la mortalité des enfants en bas âge est considé- 
rable; elle paraît due en grande partie à l'athrepsie, aux diarrhées 
colliquatives, suites d’une alimentation grossière et prématurée. 

Les populations sauvages, insoumises, retirées dans l'intérieur, 
présentent une constitution très différente, qui tient beaucoup 
nioins à leurs aptitudes de race qu’à l'abondance ou aux privations 
inhérentes à leur puissance ou à leur faiblesse comme tribus. 

La plupart des tribus de l’intérieur de Mindanao sont vigou- 
reuses, bien constituées, et ne sont ni anémiques ni lymphatiques 
comme les Indiens soumis. 

Les Négritos de Mindanao (Mamänuas), quoique vivant fort 
misérablement, ne m'ont pas présenté d’affections spéciales. Ceux 
de la Sierra de Marivelès (Luçon), petits et grêles, ont un bon 
tempérament. Dans les deux tribus du mont Samat que j'ai visitées 
et qui comptaient ensemble environ 60 individus des deux sexes, 
il n’y avait ni infirmes ni malades (sauf quelques individus at- 
teints de psoriasis). Mais, chez ces naturels, plus encore que chez 
les Indiens, la fécondité est restreinte par les pratiques qui suivent 
l'accouchement. {Voir chap. r.) Les Négritos sont en outre sou- 
vent décimés par des épidémies de variole. 

Dans les montagnes de la péninsule de Malacca, au contraire, 
les tribus sauvages sans agriculture, affamées, présentent de 
nombreux cas de rachitisme. Deux fois j'ai constaté l’épilepsie, 
qui doit sans doute être assez fréquente; J'ai noté aussi le stra- 
bisme. Chez tous les enfants et chez une partie des adultes, l’abdo- 


RAT 


Ru ne 


men est excessivement développé, conséquence d’une alimentation 
grossière et insuffisante; beaucoup d'enfants succombent avant 
leur deuxième année. Les maladies cutanées sont très développées 
chez les adultes des deux sexes; les plus fréquentes sont l’echtyma, 
les psoriasis et le pityriasis. ' 


IT 


Je donnerai maintenant les faits que j'ai pu recueillir sur l'hy- 
giène et la pathologie de chacun des points que j'ai visités. 


1. Manille. — Au premier abord, la ville de Manille paraît devoir 
êlre excessivement malsaine; en effet, les faubourgs (qui renfer- 
ment les trois quarts de la population) sont sillonnés d’arroyos en- 
combrés d'ordures etde détritus de toute nature immobilisés dans 
la vase et exposés à l'air pendant toute la durée du jusant. Le Pasig 
charrie constamment d'énormes quantités de QuiapoU) flottants, qui 
ne peuvent vivre qu'en enlevant à l’eau une partie de son oxygène. 
Cependant, je ne crois pas que le choléra se soit jamais développé 
spontanément à Manille; la fièvre paludéenne n’y est habituelle- 
ment ni très grave ni très fréquente, et, en somme, la constitu- 
tion médicale habituelle y est en contradiction formelle avec l'état 
apparent du milieu. Il est possible que linfluence délétère de la 
putréfaction des détritus organiques soit en partie neutralisée par 
l'ozone, dont le pouvoir d'oxydation est si considérable. 

En l'absence de statistiques détaillées et raisonnées, il est diffi- 
cile de se faire une idée précise de la salubrité de Manille soit 
pour les indigènes, soit pour les Européens, et de la possibilité 
pour ces derniers de s’y acclimater définitivement, c’est-à-dire de se 
perpétuer par des généralions indéfiniment fécondes, sans mélange 
de sang indigène. 

Les Européens qui atteignent un âge avancé ne sont pas plus 
rares à Manille que dans les autres parties des Philippines. Les 
mariages des blancs sont habituellement très féconds, mais il est 
impossible de savoir ce que serait la fécondité des créoles purs et 
de leur descendance; car, soit qu’ils quittent les Philippines, soit 
qu’ils y demeurent, ces créoles se marient avec des individus de 
race blanche non créoles, et quelquefois, dans le second cas, avec 


0) Pistia stratiotes, BI. (Aroïdées). 


24. 


— 372 — 


des individus plus ou moins métissés de sang indien. Les fa- 
milles créoles anciennes exclusivement constituées par des sujets 
de race blanche nés dans l’archipel doivent donc être excessive- 
ment rares, el il est impossible au voyageur d'acquérir des don- 
nées certaines à cet égard. Quant aux croisements d'Espagnols et 
d’Indiens, ils sont essentiellement eugénésiques à tous les degrés; 
les métisses de Manille ont une réputation de beauté qui n’est pas 
exagérée; la vigueur, la santé, la fécondité des métis des deux 
sexes est supérieure à celle des Espagnols et des Indiens purs. I 
n'en est pas tout à fait ainsi des métis, beaucoup moins nombreux, 
des races indienne et saxonne; ceux-ci paraissent inférieurs aux 
premiers. 

A défaut de documents plus étendus, j'emprunte aux deux ou- 
vrages de don Agustin de la Cavada Ü) les données suivantes : 


MORTALITE DE LA POPULATION DE MANILLE EN 1880. 


MÉÊTIS MÉÊTIS 
HISPANO- INDIENS. SINO- 
INDIENS, INDIENS. 


De moins de 1 an 


Der /Avans ec 


De 8 à 15 ans 


De 61 à 8o ans... 


Toraux . -. 


Chinois, tous adultes. . 


TOTAL GÉNÉRAL . . . 


L'auteur cité indique que ce chiffre constitue une proportion 
annuelle de 3.45 p. 0/0, qui ne concorde -pas cependant avec le 
chiffre de la population du district municipal (Manille et ses fau- 
bourgs), qui s'élève, d’après le même auteur, à 74,306 habitants. 

Si l’on admettait ce nombre d'habitants, 3,181 décès donneraient 
une énorme mortalité de 4.27 p. 0/0. La proportion considérable 


® Historia geogr. geolog. y estadist. de Filipinas. Manila, 1876. — Guia de Fili- 
pinas para 1881. Manila, 1881. 


— 3173 — 

des décès de o à 1 an (1,024 : 3,101 :: à peu près 322 : 1,000) 
n’expliquerait qu’en partie l'élévation de la mortalité générale. Il 
est très probable que cette mortalité s’atténuerait considérablement 
si l'on connaissait le chiffre réel de la population de Manille, lequel, 
vu les procédes adoptés pour le recensement, ne peut être déter- 
mivé avec certitude. Le chiffre de 74,306 habitants est sans doute 
beaucoup trop faible. (Voir Population des Philippines, chap. vi.) 

Les nombres relatifs aux divers âges et aux diverses catégories 
des habitants de Manille faisant défaut, il est impossible d'avoir 
aucune idée de la proportion pour laquelle ces âges et ces catégories 
concourent à la mortalité générale; même si l'on avait ces ren- 
seignements , ils ne seraient utilisables que pour les Espagnols et 
pour les Chinois; car, dans le recensement , les deux catégories 
de métis ne comprennent que le petit nombre de ceux qui sont 
issus d’unions légitimes ou qui ont été reconnus par le père, tous 
les autres étant administrativement confondus avec les Indiens. 

L'hôpital civil de San-Juan-de-Dios reçoit des malades de 
toute catégorie: les résultats ne sont donnés que pour les années 
1870 et 1879, et ils sont tellement sommaires qu'il est difficile 
d'en tirer quelque conclusion. 


. MOUVEMENT DE L'HÔPITAL DE SAN-JUAN-DE-DIOS POUR 1070. 


INDIGÈNES. 
DR a RSA ET CIN OTSS 


HOMMES. FEMMES. 


Nombre des malades traités dans 
l'année 


Proportion { des guérisons...... 
Do, des décesse 1. 


Pour l'année 1879, les renscigneme bor - 
our Jannee 1 79, les renseignements se bornent aux sul 


vants : 
Malades des deux sexes au 31 décembre 1878......... 303 
Malades des deux sexes entrés en 1859............... 3,814 
RÉTONS 2e M DNS eee ane tete Ut ete et OA ON CAL 3,156 


— 9374 — 


soit une proportion de 17.16 p. o/o pour les décès, et de 
82.83 p. o/o pour les guérisons. L'auteur avertit que dans le 
nombre des décès sont comptés les cadavres recueillis par la po- 
lice, et que plus de 4o p. 0/0 de la mortalité est attribuable aux 
Indiens des deux sexes, qui, à cause de la répugnance que leur 
inspire l'hôpital, n'y sont entrés que parvenus à la période ultime 
de leur mal. Cette remarque tendrait à réduire l'avantage pré- 
senté par les Européens (pour 1870), s’il n’était très vraisemblable 
que la plupart de ces derniers sont des marins du commerce de 
nationalités diverses, ayant contracté leurs affections hors des Phi- 
lippines 0). 

Un hôpital spécial situé dans les environs de Manille est con- 
sacré au traitement de la lèpre tuberculeuse; ayant été presque 
toujours malade quand je suis passé à Manille, je n'ai pu le visi- 
ter; la lèpre ne paraît pas très fréquente dans la province; l’élé- 
phantiasis des Arabes et le pied de Madura y sont inconnus, comme 
dans le reste de l'archipel. 

Les documents relatifs à l'hôpital militaire de Manille sont un 
peu moins sommaires que ceux qui sont donnés pour Saint-Juan- 
de-Dios. 

Voici le mouvement de cet hôpital pour les années 1856-1860; 
les renseignements suivants s'appliquent à tous les militaires, euro- 
péens et indigènes : 


GUEÉRISONS. DÉCÉS. 
SO ER SR OP PE ER CRT RS 93.61 p. o/o 6.39 p. o/o 
TRS MN PURE er ANS et 87.63 12.97 
LS RSR A AO AN TE ee ON OI SP 92.92 7.08 
DS DR rat a to CUT eo 89.88 10.12 
SOUPER EE PAT RES ST Re 93.03 6.97 


Pour l'année 1879, la distinction a été faite pour les Européens 
et pour les indigènes ainsi que pour les divers corps. 

Je ne reproduis le détail des corps que pour les deux bataillons 
d'artillerie, car ce sont les seuls dont l’effeciif soit connu, pour 
les hommes d'une méme race. J'ignore quel est le nombre des offi- 


®) D’après Bertllon, art. Mortalité (Dict. encycl. des sciences médicales), la 
mortalité moyenne des hôpitaux de Paris est de 11.415 pour 100 malades, assez 
peu inférieure, on le voit, à celle des Européens à Saint-Juan-de-Dios, malgré les 
causes qui élèvent indüment cette dernière. 


— 375 — 


ciers et des sous-officiers européens compris dans l'effectif des corps 
indigènes. 


MOUVEMENT DE L'HÔPITAL MILITAIRE DE MANILLE EN 1079. 


ENTRÉES. | SORTIES. | DÉCÈS. 


Officiers ps NE NN al tre re 
1° bataillon d'artillerie. 
Troupe.{ 2° bataillon d'artillerie. 


Autres CODE LE 


TODAUXS ER EE ETAT 


LETTONIE RS HR 


Les deux bataillons d'artillerie sont exclusivement recrutés par 
des Espagnols nés en Europe, à l'exception de quelques ordon- 
nances indigènes qui ne sont pas comptées dans l'effectif peninsu- 
lar 0). Cet effectif est, pour les sous-ofliciers et les soldats : 


DATA ONE US DER Lil N Re AR APR ROM PA € 719 hommes. 
DARDAUIONEE 0. 0e en den UNS 730 
IDOTAL pen t'uveie RER VS 1,449 


Ces 1,449 Européens n’ont donné que 11 décès pour l’année 
1879, soit 0.76 p. 0/0. 

Les Européens des autres corps n’ont fourni qu'un seul décès. 

Tous les malades européens ont présenté, ensemble, un total de 
25,550 journées d'hôpital, et les malades indigènes un total de 
hh,630 journées. 

Les 1,449 sous-officiers et soldats de l'artillerie ont donné 840 en- 
irées, soit 78.28 p. 0/0 du total des entrées pour les Européens, 
et 868 sorties, soit 79.19 p. 0/0 des sorties pour le même groupe. 
Eù prenant la moyenne de ces deux proportions, soit 78.73 p. o/o 
et en l'appliquant au nombre total de journées d'hôpital des Euro- 
péens, on arrive à attribuer aux artilleurs, avec une probabilité suf- 
fisante, 20,119 de ces journées, soit une moyenne de 23.94 jour- 


1 Peninsular désigne le citoyen espagnol né dans la métropole. 


— 316 — 
nées d'hôpital par malade, et de 13.88 journées par homme, pour 
l'effectif des deux bataillons. : 

Bien que les sorties comprennent sans doute un nombre con- 
sidérable d'hommes réformés ou convalescents renvoyés en Eu- 
rope, ces résultats n’ont d'équivalent dans aucune autre colonie 
tropicale, et ceux que donne notre armée, même en Algérie, sont 
bien moins favorables Ü). 

On voit, en outre, combien lIndien est inférieur à l'Européen 
quand ce dernier est bien constitué, bien nourri et non affaibli 
par l’anémie, ce qui est le cas pour les artilleurs espagnols, dont 
le séjour aux Philippines est habituellement de quatre années, 
rarement de six. | 

Tandis que, pour l’année 1879, les artilleurs ne donnent que 
1.30 décès pour 100 malades entrés à l'hôpital et 23.94 journées 
de traitement par malade, les indigènes fournissent 3.75 décès 
pour 100 entrées et 34.94 journées de traitement par malade. 

Les artilleurs résident constamment à Manille, sauf dans cer- 
taines occasions exceptionnelles; leur solde est élevée; ils sont bien 
nourris. Ce sont les seuls militaires espagnols péninsulaires qui 
servent aux Philippines comme simples soldats; leur corps est 
aussi le seul de l’armée de terre qui soit exclusivement européen; 
les autres corps sont formés d'indigènes et les Européens n'y 
servent que comme officiers, sous-officiers ou caporaux. 


() MORTALITÉ COMPARÉE DES ARMÉES FRANCAISE, ANGLAISE, ESPAGNOLE. 


ee NOMBRE | MOYENNE | MOYENNE 
D'ENTRÉES |DE LA DURÉE |DE LA DURÉE 
à l'hôpital du du traitement 
pour traitement par homme 

1,000 homan.| par malade. d'effectif. 


pour 
1,000 
HOMMES, 


Armée française en France 
(1862-1869) 

Armée française en Algérie 
(1862-1869) 

Armée française en France et 
à l'extérieur (1862-1869). 

Armée anglaise dans l'Inde 
(1859-1866) 

Artillerie espagnole à Maniile 


— 3711 — 


Don Agustin de la Cavada donne les résultats suivants pour le 
corps de l'artillerie et pour les deux séries triennales 1850-1852, 
1893-1855 (ce corps ne comptait alors que 350 hommes de troupe) : 


1850-1552. 1853-1555. 
Réformés par an............ 4.85 p. o/o 1.62 p. o/o 
DÉEESipanans CE CEE 1.38 0.52 


Pendant l'épidémie de choléra de décembre 1854, le corps ne 
présenta que vingt cas, dont aucun ne fut suivi de décès. 


2. Province d’Albay. — En l'absence de toute statistique con- 
nue, je dois me borner à rapporter les quelques remarques que 
j'ai pu faire pendant un séjour d’un mois dans cette province. 

La partie orientale, la seule que j'aie visitée, située au pied du 
volcan Mayon, paraît remarquablement salubre; il n'y a pas de 
marais, et la côte est dépourvue de palétuviers. 

Les Européens qui habitent cette province, depuis très long- 
temps pour la plupart, paraissent tolérer parfaitement le climat, 
quoiqu'il soit assez chaud et remarquablement humide. La dysen- 
terie et la fièvre paludéenne, coexistant le plus souvent chez un 
même sujet, les affections catarrhales légères, le rhumatisme 
articulaire aigu et chronique, sont les affections dominantes. Cette 
dernière affection est favorablement influencée par les sources 
sulfureuses thermales de Tiwi 0). 

Quant aux femmes, l’anémie prélève sur elles un lourd tribut, 
et toutes les affections énumérées ci-dessus acquièrent par ce fait 
plus de gravité, ainsi que je l'ai indiqué plus haut. 

Les mêmes affections sévissent, avec une gravité médiocre, 
sur les indigènes, qui présentent en outre : 

La migraine, dont la fréquence est excessive; mais la durée en 
est courte : quelques heures, une journée en général. 

Cette affection légère donne lieu à une difformité provoquée 
assez curieuse. Le malade cherche d’abord un soulagement en 
comprimant son front au moyen d’un bandeau fortement serré. 
Si ce moyen est insuffisant, tous les hommes {et les femmes 
quand elles ne sont plus jeunes) étirent la peau de la région cervi- 
cale entre les trois doigts du milieu de leur main droite, de ma- 


(1) Au nord de la ville d'Abay. ( Voir chap. r.) 


— 378 — 


nière à former un double pli dont le sillon médian loge le doigt 
médius. [ls compriment ainsi la peau de la région et, la tirant for- 
tement en arrière, arrivent à déterminer une ecchymose. Il paraît 
que cette ventouse d'un nouveau genre est fort efficace; aussi les 
indigènes y ont-ils fréquemment recours. Cette pratique déter- 
mine à la longue la production d'un kyste, parfois énorme, dont 
la fréquence frappe toutes les personnes qui arrivent à Albay. 

La syphilis ne paraït pas être fort répandue. La fécondité, géné- 
ralement médiocre, des femmes indigènes semble devoir être plutôt 
rapportée aux causes déjà indiquées : déplacements de l'utérus, 
métrites chroniques, conséquence des pratiques grossières des 
matrones du pays et du peu de repos que prennent les nouvelles 
accouchées. | 

IL y a quelques cas de lèpre tuberculeuse et un nombre beau- 
coup plus élevé de lupus, non exedens mais envahissant, de la : 
face et des membres, que les indigènes prennent le plus souvent 
pour la lèpre. 

Le bec-de-lievre est très fréquent. Les Bicols ont un mot spé- 
cial, kiput, pour désigner cette difformité, qui est, dit-on, surtout 
répandue dans le petit village de Xilikao. Je n'ai pu, pendant mon 
court séjour dans la province, chercher à élucider la cause réelle 
de la fréquence anormale de cette difformité, rapportée générale- 
ment à une nourriture insuffisante, irritante, composée de pois- 
son sec et de mollusques, explication certainement erronée, car 
la population d’Albay prise dans son ensemble n’a pas un carac- 
tère d'infériorité. La province est une des plus riches des Philip- 
pines et l'alimentation, semblable à celle de tous les indigènes de 
l'archipel, y est certainement plus facile et plus abondante que 
sur d’autres points. La fréquence du bec-de-lièvre pourrait être 
regardée avec plus de vraisemblance comme une conséquence de 
la forte proportion du sang chinois. 


3. Puerto-Princesa. — Cet établissement de la côte orientale de 
Palawan (Paragua des Espagnols), récemment fondé sur les bords 
d'un magnifique havre naturel, ne comprend qu'une garnison de 
deux compagnies d'infanterie, plus une compagnie de discipline 
formée de déportés; les soldats de ces deux corps sont indigènes; 
la colonie européenne est limitée à quelques officiers européens 
et à leurs familles. La salubrité de Puerto-Princesa était satisfai- 


— 379 — 


sante à l'époque de mon passage, malgré les travaux de défriche- 
ment exécutés constamment depuis plusieurs mois par les con- 
damnés. L’effectif de la compagnie disciplinaire ne comptait, sur 
96 indigènes, que 7 malades, presque tous atteints d'ulcères des 
jambes (ulcère de Cochinchine). Les condamnés sont destinés à 
coloniser les environs de l'établissement après leur libération; 
malgré les conditions favorables où se trouverait la nouvelle co- 
lonie, il faudra beaucoup de persévérance pour l'établir; lIndien 
catholique n'est pas colonisateur; habitué aux ressources d’une 
civilisation avancée, à la vie joyeuse et insouciante des pueblos, 
il répugne à l’àpreté des efforts que réclame la conquête d’une 
nouvelle patrie. 


4. Balabac. — Ce point stratégique important, situé sur le dé- 
iroit du même nom, ancien lieu de déportation pour les con- 
damnés indigènes, ne comprend aujourd'hui que quelques habi- 
tants civils, une garnison d'infanterie et une station navale. 

Des pluies abondantes durent à Balabac pendant toute l’année; 
la moyenne thermométrique oscille entre 27° et 31° C. Pendant 
la mousson du S. O. la salubrité est assez bonne; mais, dès que 
s'établissent les vents de N. E. qui balayent les marais situés 
dans cette direction, des fièvres graves se développent dans le 
pueblo. 

Voici quel était l’état sanitaire lors de mon passage (nov. 1879) : 

La garnison se composait de 208 hommes d'infanterie indigène, 
et la station navale comprenait 75 matelots, aussi indigènes, for- 
mant l'équipage d’une canonnière mouillée sur rade. Les ma- 
lades de ces deux provenances étaient soignés à terre dans deux 
infirmeries séparées, dirigées par M. le D' don Pedro Saura Co- 
ronas pour l’armée, et par M. le D' don José Arias de Reina pour 
la marine; ces messieurs me firent visiter leurs services et me 
fournirent avec le plus grand empressement les détails suivants. 

L'infirmerie de la marine renfermait 7 malades, et celle de 
l’armée 37, dont 8 gravement atteints allaient être évacués sur 
Zamboanga. L'infirmerie de l’armée contient presque toujours 
20 p. 0/o de l'effectif pendant la mousson de N.E. 

Les affections se réduisent presque exclusivement aux fièvres 
paludéennes, à l’ulcère phagédénique des extrémités inférieures 
et à quelques rhumatismes. 


— 380 — 


Le type habituel des fièvres est le quotidien; les types tierce et 
quarte ne sont presque jamaïs observés; les formes ataxiques, 
comateuses et pneumoniques se présentent parfois. Dans les cas 
ordinaires, le traitement débute par un léger purgatif; on donne 
ensuite 2 grammes de sulfate de quinine par jour, en dix pi- 
lules, mêlés à 10 centigrammes de tartre stibié ou de sulfate de 
soude et à 10 centigrammes d'opium. Dans les cas pernicieux, on 
administre des doses énormes de sel quinique, sans que jamais les 
médecins aient observé d'autre accident qu’une surdité passagère. 
Il y a des mois où les infirmeries de Balabac emploient jusqu’à 
1 kilogr. 500 de ce sel. 

L'hépatite et les abcès du foie sont inconnus, mais la dégéné- 
rescence amyloide est excessivement fréquente. 

Les indigènes sont bien plus fréquemment atteints de la fièvre 
que les Européens (ofliciers et sous-officiers), fait qui est incon- 
testablement en rapport avec la différence d'alimentation; mais, 
chez ces derniers, les rechutes sont plus tenaces et plus graves, 
sans doute à cause de l’anémie. 

L'ulcère des jambes débute souvent dans un nid d’acarus; 
le repos et les cautérisations au nitrate d'argent amènent promp- 
tement la guérison, mais les récidives sont promptes et fré- 
quentes. 

La syphilis est à peu près inconnue dans le poste de Balabac, 
bien qu'elle existe parmi les Malais du voisinage, chez lesquels elle 
est importée sans doute par les trafiquants chinois. 


5. Zamboanga, résidence du gouverneur général de Mindanao, 
fondé par les Espagnols en 1635, a toujours été leur base d'opé- 
ration contre les pirates malais { Moros) du sud de l'archipel et de 
Bornéo. 

Cette ville est située sur le bord de la mer, au pied de mon- 
tagnes boisées, dans une plaine basse coupée de vastes marais sau- 
mâtres. Cependant Zamboanpa jouit d'une salubrité remarquable ; 
c'est même le point réputé le plus sain de toutes les Philip- 
pines. 

L'hôpital militaire est bien construit et très bien tenu; il est 
destiné au service de la garnison, de la station navale et des pre- 
sidiarios ou forçats. Il peut recevoir 400 malades. I n'en conte- 
nait, à mon passage (novembre 1879), que 24, dont 8 presidia- 


— 381 — 


rios, pour un effectif de 500 hommes d'infanterie, de 160 matelots 
et d’une centaine de presidiarios, tous indigènes, à l'exception des 
officiers et des sous-officiers. 

Le nombre des lits occupés est de 30 en moyenne. 

L’affection dominante et presque unique est la fièvre intermit- 
tente à type quotidien, généralement peu grave. Les presidiarios 
présentent quelques cas d’ulcère chronique. 

En me donnant ces détails, le directeur et médecin en chef 
de l'hôpital, M. le D' don Leopoldo Castro Blanc, voulut bien y 
joindre la statistique de l'hôpital pour les années 1876 à 1879, 
dont j'extrais les renseignements suivants : 

Depuis que les Espagnols se sont établis dans lile voisine de 
Soulou, la garnison de Zamboanga est moins considérable; elle 
comprenait autrefois 800 hommes pour l'infanterie seulement. Il 
faut remarquer en outre, les chiffres l’indiqueront assez, qu'une 
partie des siatistiques suivantes correspond à lexpédition des Es- 
pagnols contre Soulou (février 1876). À cette époque, l'hôpital de 
Zamboanga eut à traiter les blessés et les malades d’un corps ex- 
péditionnaire considérable qui, pendant les premiers temps de 
occupation de Soulou, campé plutôt que logé dans une ville 
malaise ruinée, malsaine, dépourvue de toute installation conve- 
vable, se trouva dans de très mauvaises conditions hygiéniques. 
MOUVEMENT DE L'HÔPITAL MILITAIRE DE ZAMBOANGA DE 1876 À 1879. 


ZE 


NOMBRE NOMBRE NOMBRE ee 
DE MALADES DE JOURNÉES DE MALADES DECES. 
traités (1). de traitement. sortis (4), 


EE 
ANNÉES. 


. 
| 


Espagnols (S), 
Indigènes (?) 
Espagnols. 

Indigènes. 
TOTAL 

Espagnols. 

Indigènes. 
TOTAL 
TOTAL. 


2,743| 9,172] 56,248 
LOTS et » ee 309 | 1,712| 2,017| 5,338] 55,18a| 60,520| 278| 1,414| 1,692| 7| 2331230 
MTS ee ha 674| 715| 590!24,914|25,504| 4o| Gil 651] 1] 45| 46 
1879 (1°* janv. 

31 octobre).| 21 h06| 4a7| 461|12,746|13,207| 21] 368] 389] «| :17| 17 


(1) La différence entre le nombre des malades traités, d'une part, et celui des sorties et 
des décès, de l’autre, représente les malades au cours de traitement à la fin de l’exercice. 

2) Militaires, disciplinaires et condamnés du presidio et de la déportation. 

(5) Officiers, sous-officiers el soldats. 
!) Guéris, en congé de convalescence et réformés. 


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— 3683 — 


Je n’ai pas le chiffre des effectifs pour les diverses périodes; 
je sais seulement qu'en 1876 et en 1877 Zamboanga recut la plu- 
part des malades du corps expéditionnaire de Soulou, dont lef 
fectif était beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui et qui 
comprenait alors en Européens, non seulement des officiers et 
des sous-officiers des différents corps, mais encore quelques cen- 
taines de soldats (artilleurs). 

Depuis 1878, le corps d'occupation de Soulou, réduit à une 
simple garnison, soigne la plupart de ses malades sur place 
et expédie presque tous les autres à Manille; très peu doivent 
être dirigés sur l'hôpital militaire de Zamboanga. Il en est de 
même des garnisons qui occupent Balabac, Cottabato et Davao. 

D’après ce que j'ai pu observer ailleurs, le nombre élevé des 
décès qui figurent sous la rubrique UÜlcères chroniques pourrait être 
mis, en grande partie du moins, sur le compte de la phtisie pul- 
monaire, de la dysenterie ou de la cachexie paludéenne. II est 
rare que les malheureux malades affectés d’ulcères étendus et an- 
ciens ne présentent pas une ou plusieurs des affections précédentes. 
La cause ulcère assigunée à leur décès provient sans doute de ce 
qu'ils étaient traités à ce titre dans les services de chirurgie. 

Dans ces quatre périodes, le choléra est signalé deux fois, en 
1878 (six cas, trois décès, en janvier; un cas, un décès, en juillet) 
je n'ai pas d’autres détails à ce sujet. 


6. Isabela de Basilan, ville et arsenal maritime, située dans l’île 
de Basilan sur la magnifique rade de Malamaui. Cet établisse- 
ment, autrefois simple poste, était tellement malsain qu'à un 
moment l'évacuation en fut décidée. Quand on relevait la garni- 
son (mensuellement), sur les 30 à 4o hommes qui la compo- 
saient, il n’y en avait souvent pas un seul capable de monter la 
garde. D’autres idées ayant prévalu, une commission sanitaire 
envoyée de Manille prescrivit de déboiser les collines qui domi- 
nent la ville et de combler les bourbiers et les marais. Les 200 for-, 
çats qui accomplirent ces travaux succombèrent tous, mais l'état 
hygiénique fut radicalement transformé. 

Le pueblo de la Isabela compte aujourd’hui environ 1,000 ha- 
bitants civils, qui ont donné 12 décès du 1°” janvier au 14 no- 
vembre 1879. 

L'effectif moyen des troupes est de 4o hommes d'infanterie de 


La 


SR ee 


marine (Européens) et de 135 marins; il y a en outre 25 presidia- 
rio. 

Les malades fournis par ces 200 hommes sont soignés dans 
deux infirmeries dirigées par M. le D' don Antonio Trelles y 
Burgos, qui voulut bien me les faire visiter et me fournir les dé- 
tails que je reproduis ici. 

Ces 200 hommes donnent, en moyenne, 250 malades par an, 
traités pendant un mois chacun. Les condamnés figurent dans ce 
chiffre pour une proportion énorme; les affections qu'ils présentent 
sont presque uniquement l'ulcère chronique et la fièvre palu- 
déenne, produits par les travaux d'assainissement auxquels ils 
sont constamment occupés. 

À mon passage, les deux infirmeries renfermaient ensemble 
21 malades, dont 2 Européens. Presque tous étaient atteints de 
fièvre paludéenne à type quotidien, lequel est de beaucoup le 
plus fréquent à la Isabela; la dysenterie et le rhumalisme arti- 
culaire aigu y sont très rares. 

Un des lits était occupé par un matelot indigène simulateur. 
D'après M. Trelles, les cas de simulation sont très rares parmi les 
soldats et les matelois indigènes, maïs désespérants par leur téna- 
cité. 

L'un des deux malades européens était atteint de vésanie nostal- 
gique, cas très rare. dans les troupes espagnoles et qui ne se pro- 
duit guère que parmi les hommes provenant de la Galice. 


7. Soulou. — Lorsque les Espagnols s’'emparèrent de la ville 
more de Tianggi (au N. O. de l'ile) et s’y établirent en mars 1876, 
cette ville offrait les conditions hygiéniques les plus défectueuses : 
la plage, basse, limitée du côté de la terre par une ceinture de 
marais, se continuait du côté de la mer par des bancs de madré- 
pores qui découvraient à marée basse et sur lesquels s’entassaient 
les ordures et les débris organiques provenant des cases indigènes 
bâties sur pilotis. 

Le corps d'occupation fut cruellement éprouvé pendant les pre- 
miers temps, surtout par la dysenterie et par les accès pernicieux. 
Les compagnies d'artillerie européennes durent être ramenées à 
Manille. Les soldats indigènes payèrent un lourd tribut aux affec- 
tions dominantes; chaque homme, dans le cours d’une année, 
entrait plusieurs fois à l'hôpital; les Indiens étaient souvent comme 


— 385 — 


foudroyés par la malaria, en mangeant, en montant la garde. Un 
régiment d'infanterie indigène perdit en une année 500 hommes 
sur 1,100; les officiers européens n’éprouvèrent par une mortalité 
proportionnelle. 

Des travaux considérables ont été entrepris pour modifier les 
détestables conditions hygiéniques du lieu; ils étaient presque 
terminés quand j'ai quitté Soulou. Les marais ont été comblés, 
les palétuviers arrachés, et la zone inondée à marée haute a été 
transformée en esplanade. Ces travaux ont été exécutés sous la 
direction des officiers du génie (ingenieros) par trois catégories de 
condamnés : presidiarios (forçats), deportados (déportés) et soldats 
d’une compagnie de discipline. 

L'hygiène de la ville s’est rapidement améliorée; mais les tra- 
vailleurs, exposés aux intempéries, travaillant dans la vase, tan- 
tôt sous des pluies torrenlielles, tantôt sous un soleil ardent, ont 
fourni un grand nombre de maladies et de décès. 

Pendant mon séjour à Soulou, leservice médical était sous la 
direction de M. le D’ don Manuel Rabadan y Arjona, homme 
de science et de cœur, dont, malade moi-même, j'ai pu apprécier 
les grandes qualités. Il était chargé du service de la garnison et 
des condamnés. 

L'ulcère phagédénique des extrémités inférieures était l'affection 
qui fournissait le plus grand nombre de cas; les Européens n'en 
étaient jamais atteints et, parmi les indigènes, les condamnés 
seuls présentaient cette affection. C'étaient aussi les seuls individus 
qui fussent exposés par leurs travaux à l’action irritante et pro- 
longée de lhumus et de la vase. La cautérisation au nitrate d’ar- 
gent amenait une guérison assez rapide, mais la récidive était né- 
cessairement fréquente; la pourriture d'hôpital se montrait assez 
souvent sur les sujets affaiblis soit par la fatigue, soit par la fièvre, 
conditions presque toujours inséparables, et nécessitait l’'applica- 
tion du cautère actuel, moyen qui donnait le plus souvent de 
bons résultats. Au mois de décembre 1879, sur 116 malades, 
l'hôpital en renfermait 65 ‘atteints d’ulcères, conséquence de tra- 
vaux excessifs. 

La constitution médicale de Soulou se modifie sensiblement 
avec la mousson humide de S.O. En mars 1880, les pluies, habi- 
tuelles à cette époque, amenèrent dans toutes les catégories de la 
population le développement brusque des fièvres bilieuses; à ce 


MIS$, SCIENT, — XI. 20 


IMPRIMENIM NATIONALE 


— 386 — 


moment, la population, militaire et civile, s'élevait environ à 
2,000 habitants et comprenait plus de 250 malades, dont un tiers 
environ atteints de cette affection. 

La maladie débutait par une céphalalgie et une rachialgie vio- 
lentes, promptement suivies de vomissements bilieux abondants. 
Un vomitif supprimait les douleurs, et l'affection guérissait spon- 
tanément après huit jours de fièvre très intense, sans intermit- 
tence. On ne donnait le sulfate de quinine que dans le cas où l'in- 
termittence succédait aux symplômes précédents. 

À la même époque, la variole fut importée par un bataillon 
venu de Manille; il y eut six cas, dont deux mortels. Tous les In- 
diens sont vaccinés, ainsi que les Soulouans qui ont fait leur sou- 
mission à l'Espagne. 

La fréquence variable de la fièvre est, pendant toute l’année, à 
Soulou, sous l'influence de l'heure de la marée. Il n’y a dans ces 
parages qu'une marée par jour. {Voir chap. 11.) Quand le reflux 
coïncide avec la nuit, les parties momentanément émergées du 
rivage ne recevant pas les rayons du soleil, les cas de fièvre sont 
beaucoup moins nombreux. 

Les affections catarrhales et rhumatismales sont excessivement 
fréquentes, surtout chez les Européens, malgré les variations très 
limitées du thermomètre. Elles reconnaissent pour cause lhabi- 
tude de s'asseoir dans les courants d'air, le corps étant en transpi- 
ration. Ces affections sont généralement assez bénignes; cepen- 
dant chez les sujets anémiés le rhumatisme a de la tendance à se 
fixer sur une articulation et il y produit alors des complications 
graves. 

Les équipages indigènes et européens des navires de guerre 
qui sont mouillés sur la rade de Soulou sont beaucoup moins 
éprouvés par toutes les affections précédentes que les personnes 
résidant à terre; leur immunité relative est due, au moins pour 
une bonne part, à la salubrité et à la rigueur de leur régime. 

Les blessures guérissent à Soulou avec une rapidité remar- 
quable; presque toutes les amputations pratiquées à la suite d’ac- 
cidents causés par les travaux sont couronnées de succès. La seule 
complication qu'elles présentent, le tétanos, sera presque toujours 
évitée quand l'hôpital sera moins ouvert aux intempéries. 

À la suite d’une agression de Soulouans, plusieurs blessés 
entrèrent à l'hôpital pendant mon séjour. Ils étaient tous atteints 


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— 387 — 

de coups de kriss (sabre court et très tranchant, qui produit des 
blessures étendues). Tous les blessés qui ne moururent pas 
quelques instants après avoir été frappés guérirent avec rapidité; 
leurs blessures étaient cependant multiples et fort graves : un, 
entre autres, que j'ai soigné, avait le bras et l’avant-bras droits 
fracturés en trois endroits, le fragment inférieur de l’humérus 
faisant saillie dans la plaie. Cet homme était parfaitement guéri 
un mois plus tard, ne gardant d'un délabrement aussi profond 
qu'une ankylose du radius. 

J'ai observé un fait analogue sur un Chinois de la [sabela. 

J'ai eu le plaisir de revoir M. le D’ Rabadan une année en- 
viron après mon départ de Soulou. Les travaux entrepris étant 
terminés, la situation sanitaire s'était grandement améliorée : en 
quittant son service, M. Rabadan n'y laissait que 75 malades (les 
effectifs n'ayant pas varié), tandis que précédemment la moyenne 
des hommes en traitement était de 250. 


8. Coltabato. — Ce petit pueblo, situé sur la rive gauche du 
Rio Grande de Mindanao, au milieu de vastes rizières d’une fertilité 
exceptionnelle, constamment humides par conséquent, jouit d’une 
salubrité remarquable. Le chef du service sanitaire, M. le D’ don 
Francisco Farinos, me dit qu'en un an il n'avait enregistré que 
8 décès pour une population de 800 hommes (militaires et con- 
damnés). L'hôpital n'a jamais recu plus de 6 à 7 malades à la 
fois, tous atteints de fièvre paludéenne et de rhumatismes. 


9. Davao. — Sur le golfe du même nom. La région est salubre, 
sauf sur quelques points où les mouvements du sol, très fréquents, 
ont pour résultat la stagnation des eaux de la mer au milieu des 
forêts de la côte, dont la végétation se putréfie à leur contact. 
Les Européens résistent bien au climat, et leur santé ne donne 
pas lieu, non plus que celle des indigènes, à des remarques spé- 
ciales. L'infirmerie de la station navale (75 hommesindigènes) et 
celle de la compagnie de discipline (environ 200 hommes indi- 
gènes) étaient souvent sans malades. Malgré la bénignité relative 
du climat, ce résultat fait le plus grand honneur au gouverneur 
de Davao, M. le commandant don Joaquin Rajal y Lare, au chef 
de la station navale, M. le commandant don Enrique de Ramos y 
Azcäraga, el au ‘directeur du service sanitaire, M. le D' don Ga- 


29. 


— 388 — 


briel Lopez y Martin, dont j'ai pu apprécier la science et le dévoue- 
ment. Grâce à leur constante sollicitude, au soin avec lequel 
étaient réglés les exercices et les travaux, et aussi à la surveillance 
exercée sur l'alimentation, les effectifs étaient toujours dans les 
meilleures conditions hygiéniques. 

Quant à la population civile de Davao (colons bisayas fixés 
dans le pueblo depuis plus ou moins longtemps), elle est peu 
nombreuse; les quelques malades que j'ai soignés ne m'ont rien 
présenté qui fit exception aux données exposées plus haut. 


CHAPITRE V. 


DIALECTES. 


Tous les dialectes des tribus indépendantes que j'ai visitées 
appartiennent à la famille des langues malayo-polynésiennes et 
se rattachent étroitement au groupe dont le tagaloc est considéré 
comme le type. Ce groupe se compose d’un assez grand nombre 
de dialectes déjà connus; mais, sous le nom de Groupe tagaloe, je 
comprendrai seulement le tagaloc, le bisaya et le bicol, qui sont les 
plus répandus ® et qui sont aussi les seuls avec lesquels j'aie été 
en contact pendant mon séjour dans les provinces civilisées des 
Pilippines. 1 

Après un exposé succinct des rapports que ces dialectes présen- 
tent soit entre eux, soit avec le malais, l'examen des vocabulaires 
et des phrases que jai recueillis chez les tribus indépendantes 
montrera que les dialectes de ces tribus doivent être classés dans 
le groupe tagaloc. 


I 


Les affinités du malais et du groupe tagaloc sont étroites, 
les caractères essentiels de ces dialectes sont identiques. Dans ces 
langues, il n'y a pas, à proprement parler, de parties du discours; 
théoriquement tous les mots peuvent être considérés comme des 


() Area occupé par ces dialectes et nombre d’indigènes qui les parlent : 

Tagaloc : Manille et les provinces voisines; environ 1,200,000 âmes. 

Bisaya et ses divers sous-dialectes : les îles Bisayas (entre Lucon et Minda- 
nao) et ies pueblos des côtes de Mindanao, 2,500,000 âmes. 

Bicol : provinces de Albay, Camarimes-Norte, Camarines-Sur, partie de celle 
de Tayabas (S.E. de Lucon), 350,000 âmes. | 


— 389 — 


racines n'ayant par elles-mêmes qu'un sens vague. Leur valeur 
comme substantif ou objet, comme verbe ou action, est déter- 
minée par des affixes, peu nombreux en malais, multiples et d’un 
usage compliqué dans le groupe tagaloc. Ainsi les racines sulat 
(malais)(), lacas (tagaloc) n'acquièrent un sens précis que par 
l'adjonction d’un préfixe : {er-sulat di batu «écrit ou gravé sur 
pierre»; ma-lacas na tauo «un homme vigoureux ». 

Toutes les racines, y compris celles qui répondent à nos adverbes 
et à nos prépositions, peuvent former par ce moyen des substan- 
tifs, des adjectifs ou des verbes : Djaw (malais) «loin » — djaw-lah 
dia «qu'ils s'éloignent». Onsa (bisaya) «comment?» — onsa-on 
co ? « que ferais-je ? » 

Le malais vulgaire, parlé dans tous les ports de la Malaisie, 
réduit l'emploi des affixes au minimum; dans ce dialecte, la 
place occupée dans la phrase par la racine suffit le plus souvent 
à en déterminer le sens : 'açi sama saya puxur üu — Donne-moi 
ce marteau; et : Dia PuKuL beçi Yang panas — Il frappe Île fer 
chaud. Mais ces phrases ne sont pas correctes, elles appartiennent 
plutôt à un jargon malais qu'a la langue malaise; un Malais qui 
sait sa langue dira, dans le premier cas : PEMUKUL tu, et, dans le 
second : dia MEMUKUL. 

Dans le groupe tagaloc, que ses rapports restreints avec les 
Européens et les difficultés qu'il leur oppose ont préservé d'un 
jargon collatéral, les particules sont beaucoup plus nombreuses 
qu'en malais, et l'usage en est à la fois infiniment plus néces- 
saire et plus compliqué. C’est la seule, mais très grande difficulté 
qui rebute le plus souvent les Européens. 

Les sons du malais et du tagaloc se trouvent tous dans le fran- 
cais, sauf le ng (n + h), que les auteurs espagnols écrivent ng. 
Angin (mal.) et hangin (tag.) «vent» se prononcent anhin et han- 
hin, avec cette différence que le ng tagaloc est beaucoup plus nasal 
que le nÿ malais. Ces sons spéciaux ne présentent pas de diffi- 
culté pour les personnes de langues néo-latines, et les Français, 
par exemple, surlout ceux du-Midi, parviennent rapidement à 
parler le malais sans accent étranger. Le groupe tagaloc possède 
en outre le mg (m + h) et le ÿn (qg + h), ce dernier particulier au 


Dans la transcription de tous les mots malais, ele., uw a toujours la valeur 
de notre ou, 


— 390 — 


bicol. Le 7 consonne et le f manquent; le malais seulement pos- 
sède ce son pour les mots d’origine arabe. 

Dans les deux groupes, la forme active est rarement employée ; 
la signification passive de la plupart des verbes malais, même à 
l'état de racine dépourvue d’affixes, est clairement établie dans la 
belle grammaire de M. l'abbé P. Favre 1); le même fait se repro- 
duit dans le groupe tagaloc, peut-être avec plus de généralité 
encore : 


Malais : Wang itu sudah dia ambil : «Il a pris cet argent; » littér. : 
Cet argent À ÊTE Pris par lui. 


Tagaloc : Biggyan mo ang bigas : « Donne du riz; » littér. : Soxr 
DONNÉ de toi le riz. 
Le sens passif de la racine isolée est seulement moins apparent 


en tagaloc, parce que cette racine n’est presque jamais employée 
sans affixes dans le sens verbal. 


Du GExRE. — Tous les mots, racines simples ou pourvues d’af- 
fixes, sont invariables; le genre est exprimé par les mots : laki-laki 
(mal.) lelaki (tag.) «mäle», et perampuan (mal.), babay (tag.) 
« femelle ». Dans le groupe tagaloc, ces mots servent aussi bien 
pour les personnes que pour les animaux ; le malais emploie exclu- 
sivement pour les animaux : djantan « mâle », betina « femelle ». 


Du xomgre. — Les pronoms personnels seuls ont un pluriel en 
malais; à l'exception de ce cas, le pluriel est exprimé soit par la 
répétition du mot, soit par un adverbe de quantité : orang itu «cet 
homme »; bagnaqg orang ou orang-orang « des hommes ». 


Dans le groupe tagaloc, le pluriel est toujours exprimé par la par- 
ticule mga invariable (maÿna, mgna en bicol) : ang tao «l'homme», 
ang mÿa tao «les hommes ». 


Tels sont, outre l'identité des racines (au moins de la plupart), 
les principaux caractères communs des langues malaise et tagale. 
Un examen sommaire des diverses parties du discours donnera 
une idée de leurs différences essentielles. 


1. Arricce. — L'article manque en malais, à moins qu'on ne 


% Grammaire de la langue malaise. Vienne et Paris, 1876. 


— 391 — 


veuille considérer comme tel yang, qui est plutôt un pronom rela- 
tif. Le groupe tagaloc possède deux articles : si pour les noms 
propres et ang pour les noms communs; ils servent pour les deux 
genres. Ang est invariable; son pluriel se forme en ajoutant mÿa, 
magna, mna. 

L'article st se décline de la facon suivante : 


TAGALOC. BICOL. BISAYA. 
D A  — — — Re. 
singulier. pluriel, singulier. pluriel (1). |singulier. pluriel. 

Nominatif... si. sina. su. sa. si. sa. 
Génitif..... cay ou ni. nina. qui ou nm). na. ni. na. 
Dati 2. cay ou nu. cana. qui. na. can. cu. 
Accusatif ... cay. can«. qui. na, can. ca. 
ANSE ENS cay. canda. qui. na. can. ca. 
Nominatif... ang. an. anq. 
Génitif..... sa Où nant. TU, CAN OU S&. sa. 
Datifesains:s sa. sa. sa. 
Accusatif . .. sa ou nan. niN , Can OU SA. sa. 
Ablatif..... sa. nin, can ou sa. sa. 


I est évident que ce n’est pas là une déclinaison proprement 
dite; les diverses personnes sont simplement indiquées par les 
particules sa, ca, can, ni, etc., qui sont identiques à celles du ma- 
lais ou en dérivent : kan, akan «à, pour »; deri, di «à, par » (. 


2. Sussranrir. — En malais comme dans le groupe tagaloc, la 
racine isolée est rârement employée comme substantif; elle ac- 
quiert celte signification au moyen de particules, préfixes et suf- 
fixes, employées seules ou réunies. Ex. : 


MALAIS. 
RACINE. SUBSTANTIF, 
Mokan-manser "260. makan-an, vivres. 
Mt mouriL 2-24 20e ner ka-mati-an , la mort. 
Adjar, apprendre. ..........4 peladjar-an , instruction. 
Bunoh, tuer, : 21: v0in4 atr-anek pem-bunoh-an, meurtrier. 
Djaib , poudre. 0. Vétateie pen-djaib , tailleur. 
ÉTRAPAN ONE Pr Ce MN ont peng-lihat-an , la vue. 
Mandr, se baigner. 2.0, per-mandi-an , lieu où l’on se baigne. 


M Le pluriel se forme aussi avec mÿa et mgna (bic.) = St Mja Pedro «les 
Pierre». Sa Pedro signifie plutôt : Pierre et les siens, Pierre et ses camarades. 

) J'écris can, qui, au lieu de kan, ki, pour me conformer à l'orthographe 
adoptée par tous les auteurs espagnols. 


RACINE. 


Pusuli, se baigner... 
Sama, faute, péché. .. 
Masid , observer. ..... 
num, (boite te 
Dlarmpluie eee Eee 
Tanod, garder....... 
Saquing, banane. .... 


RACINE. 


Raut nuire  PARCEUE 
Haron, maison....... 
Bansay, beauté....... 
Tacot, craindre...... 


Surat, écrire. 


Mahé coudre Perte 
L4 


Cacan, manger. ..... 


RACINE. 


PUS ANT Er 
Bios piele EEE 


Hubug, s’enivrer. .. 


Tahom, être beau..... 


Sulat, écrire. ....... 
TMNOL CL AMENE 
Putssblanc re Re 


Cele neeltetr 


ss. 


DÉC ON MOLC 


ss... 


sus 


_........ 


_.... eo 


_.s....., 


— 392 — 


TAGALOC. 


SUBSTANTIF. 


pusali-an, lieu où lon se baigne, 
ca-sama-an, pécheur. 
mapag-masid, observateur. 
pala-inum , buveur. 

tag-ulan, temps de pluie. 
taga-tanod, pasteur. 

saguinq-an , jardin de bananiers. 


BICOL. 


SUBSTANTIF, 


ca-raut-an, méchanceté. 
cag-haron, propriétaire. 
ca-bansay-an, beauté. 
pagca-tacot, crainte. 
para-surat, écrivain. 
para-tahé, tailleur. 


cacan-on, ViVres. 


BISAYA. 

SIDHSULNANES 
ca-tapus-an, fin. 
ca-balo-an, carrière. 
pala-hubug, ivrogne. 
pagca-tahum, beauté. 
pag-sulat, écrivain. 
en Pol ca-ilum, noirceur. 


ca-puti-an, blancheur. 


Parfois la première syllabe de la racine se modifie ou est re- 


RACINE. 


Sapu, balai, torchon. . 
Samun, püler........ 


RACINE. 


Tahi, coudre....... 


Säca, labourer....... 


Holog, tomber. ..... 


doublée au contact du préfixe. 


MALAIS. 

SUBSTANTIF. 
LADA FACE pegn-apu , balayeur. 
SARA rs pegn-amun, Voleur, pilard. 

TAGALOC. 

SUBSTANTIF. 
Rand à mana-nahi, tailleur. 
RL S Face mag-sa-sâca , laboureur. 


ca-ho-holog-an , passage difficile, lieu où 


les chutes sont fréquentes. 


— 393 — 


BISAYA. 
RAGINE. SUBSTANTIF. 
Sala faute/ péché. Ris. 2.1. maca-sa-sala, pécheur. 
Daldiscouci seen AE mog-u-uali, orateur. 
Hasomenseioner. 0-0 deu mag-to-toon , professeur. 


Dans le tableau précédent, la signification de chaque racine est 
indiquée par un verbe ou un adjectif, afin d'abréger. I ne faut 
pas oublier que cette traduction n’esl pas rigoureusement exacte; 
putus, par exemple, ne signifie pas plus fin que finir; cette racine ex- 
prime seulement une idée abstraite de conclusion, d’accomplissement. 
Quant aux mots formés par l'union de la racine et des affixes et 
que nous avons classés parmi les substanlifs, afin de suivre dans 
cette étude l’ordre adopté pour les langues européennes, il faut 
être averti que, dans le groupe tagaloc, ils ne représentent pas 
ious exactement cetle partie du discours; plusieurs sont, à vrai 
dire, aussi bien adjectifs que substantifs, et même peuvent étre 
considérés comme des verbes. Pagsulat (bis.), par exemple, peut 
être employé comme un infinitif et se traduire par écrire, le sens 
précis de tous les mots n'étant indiqué que par des particules in- 
dépendantes et par leurs rapports mutuels dans le discours. Ex. : 

Pourquoi écrirais-je cela? Onsaon co pagsulat niaca ? (bis.) Litté- 
ralement : Pourquoi je écrire cela? 

Le sens de cette phrase est absolument précis, et cependant, 
sur les quatre mots qui la composent, il en est deux qui, pris 
isolément, n’ont pas un sens déterminé, car onsaon (racine : 
onsa) signifie tout aussi bien que faire? Exemple : Onsaon cd? 
« Que ferais-je ? » 


3. Ansecrir. — Dans tous les dialectes, l'adjectif est invariable 
el suit le substantif. En malais, la racine. seule est fréquemment 
employée comme adjectif : kuda itam «le cheval noir »; orang beçar 
«homme grand, grand personnage »; souvent aussi l'adjectif est 
formé au moyen des préfixes ber, ter : ber-laki « mariée», de laki 
« homme, époux »; ber-buluh « garni de plumes », de buluh « plume »; 
ler nama « célèbre », de nama «nom ». Dans les deux cas, le sub- 
stantif est souvent séparé de l'adjectif par la particule yang, dont 
le sens peut être assimilé à celui de notre pronom qui : 

Le cheval noir : kuda ilam ou kuda yang itam. Une femme ma- 
riée : Perampuan berlaki où yang berlakr. * 


— 99h — 


Dans le groupe tagaloc, l'adjectif, comme le substantif, est tou- 
jours formé par l'union de la racine et d’un ou de plusieurs af- 
fixes. 


TAGALOC. 
BAGENIE SDPECRUE 
Put blancs eh pale ONE ma-puti, blanc. 
Casugeiétie ton RP EEE ma-cusugq, fort. 
AU IT NS AN En sent ma-taua-in , rieur. 
Tacot, craindre. ............. ma-ta-tacot-in, peureux. 
CONS RARE ae ee de es galis-in , galeux. 
Dion ROC A dtotoho bot a 2er qua pala-usup , processif. 
BICOL. 
RACINE. ÉDTECREE 
Dutrihlancs ei ire entr ma-puli, blanc. 
Cote Été Osborne ma-cusug, fort. 
Hindqenunn CCE POCEECEE ma-hinug, mür. 
Dis PUS déni br oiole para-daya , trompeur. 
Hamisidoux LE UE MENT ma-hamis , doux. 
Anac Mtqueursiforte AA LN GE 20 maqui-arac , adonné à la boisson. 
Babay.Hfemimey 16 Mr Out maqui-babay, débauché. 
BISAYA. 
RACINE. ADJBCTIF. 
Putuaiblan ce Arr ma-puli, blanc. 
Buhat "travailler. 4.1. MU himuhat , laborieux. 
Gaoniimanoenter "HO AC ERORE hinÿ-caon , vorace. 
Gagmatenner EP EEE hili-gugma-on, estimable. 
Polongparles-1330. 0e. tig-polong , bavard. 
Gahom, dominer. ............ maca-qa-gahom , puissant. 
Babuy-Mermme 22" PeRERRErEE maquig-babay, débauché. 
Tao thommen nee teen quina-tao, humain. 


Dans ces trois dialectes, encore plus fréquemment qu'en ma- 
lais, le substantif est séparé de l’adjectif par une particule, le nga 
(n + ha), transformation évidente de yang et qui a la même valeur. 


Le comparatif est formé en malais au moyen de l'adverbe lebeh 
« trop» et des prépositions deri, deri pada «de, de là ». 
Orang ini lebeh baïq deri pada yang lain : Cet homme est meïlleur 


que l’autre. 


Le superlatif est exprimé soit au moyen du préfixe ter, soit 


— 395 — 


au moyen des adverbes terlalou «extrêmement » et sakali « comple- 
tement, tout à fait». 


Kapal ter-beçar «très grand navire». Di atas bukit terlalu tinggi 
«sur une montagne très élevée ». 


Dans le groupe tagaloc, ie comparatif se forme soit au moyen 
des adverbes labi « davantage » ei pa «encore », isolés ou réunis, soit 
simplement au moyen de la préposition sa «à », précédent l’objet 
pris pour terme de comparaison. ; 


Ex. en bisaya : 

Le buffle est plus courageux que les chèvres : Labi nga maisuc 
ang carabao sa mÿa canding. 

Louis est le meilleur des hommes : Si Luis labi pa nja maayo 
sa n{lanan. 


Les fleurs sont encore plus belles que les perles : Ang mga bulac 
labing pa maanag sa mÿa mutia. 


L'or est plus précieux que l'argent : Ang bulauan mahal sa 
salapi. 

Le superlatif est simplement caractérisé par un adverbe, tel 
que caayo «extrêmement ». 

Bata na maalam caayo «enfant très sage ». Tao nga palabila-bi- 
hin caayo « hommes très orgueilleux ». 


Le tagaloc forme des diminutifs pour les adjectifs, comme 
aussi pour les subslantifs, au moyen du préfixe ma et de la rédu- 
plication de la racine : ma-buti-buti « médiocrement bon » U). 


Les nombres cardinaux ne présentent que de légères différences 
en malais et dans le groupe tagaloc. Les nombres ordinaux se for- 
ment à (lexceplion de premier) au moyen des préfixes ka, ica. 


MALAIS, TAGALOC. BICOL. BISAYA. 
Premier. ...  pertäma. naon«. nahona, nahauna. 
Second. .... la dua. ica-laua. ica-dua. ica-dua. 
Troisième... ka tiga. ica-llo. ica-tolo. ica-llo. 
Dixièéme.... ka pulu. ica-puo. ica-polo. ica-polo. 


D Ensayô de gramatica hispano-lagala, par le R, P. Fr. Toribio Minguella, 
Manila, 1878. 


— 9396 — 


ÎL. PRONOM. — PRONOM PERSONNEL MALAIS. 


aku (peu usité); saya et samba, employés habituellement, sont des 
substantifs dont le sens littéral est : serviteur, esclave. 


ku se place après le substantif et s’unit à lui; tuanku «seigneur de 
moi, monseigneur ». 


kami, désignant la personne qui parle et celle à qui l’on parle. 
ktta, excluant la personne à qui l'on parle. 


angkaw, inusité; est suppléé par le nom ou la qualité de la per- 
sonne à qui l'on parle. En s'adressant à un domestique, par ex., 
on ne dit pas : Ta viendras, mais Ali viendra. 


ANT RE 


| 
vas 
| 
| 


(lu, terme de mépris, est une importation chinoise). 


{ kamu, peu usité. 

fl r x : 
Vous... mu, employé dans le même cas que hu : tuan-mu «votre seigneur, 
; l 3 

U votre maitre ». 

{ iya, inya, diya, dia. 
IL, elle La contraction nia, na est très usitée après le substantif : rupa- 
= L 


Hs. elles | 92 la forme de lui, sa forme». Très souvent aussi, ce mot est em- 
; ‘} ployé uniquement par euphonie entre deux mots ou à la fin d’une 
phrase. 


Les divers cas sont indiqués au moyen des prépositions, etc., sama, akan, ka, 
pada , etc. 


PRONOM PERSONNEL DU GROUPE TAGAELOC. 


Dans ce groupe, le pronom personnel parait moins simple au pre- 
muer abord; mais il suffit du plus léger examen pour se convaincre 
qu'il ne diffère du malais que par des particularités peu impor- 
tantes et que sa prétendue déclinaison n'existe pas. Mais tandis 
qu'en malais la moitié des formes du pronom personnel sont inu- 
sitées ou peu usilées, toutes les formes sont également employées 
dans le groupe tagaloc. En outre, inversement de ce qui a lieu en 
malais, kita est pris dans le sens général et kami dans le sens 
exclusif. 


TAGALOC. BICOL. BISAYA. 
Nominatif. ac. ac. aco. 
Génitif... co, aquin. CO , NIACO , SaCO , sa-| aco, co, naco. 
coya. 
Je sous 5 . 2 
Datif.... sa aqun. sacÔ, sacoya. canaco. 
Accusatif. sa aquin. sac, sacoya. canaco. 


Ablatif... 5a aquin. sacô, sacoya. canaco. 


D. 


Nous!. =. 
(général) 


Nous. 
(exclusif) 


Il, elle... 


Ils, elles... 


Nominatif. 
Génitif.…. 


Dati 
Accusatif. 
Ablatif. .. 


Nominatif. 
Génitif.…. 


Date re 
Accusatif . 
Ablatif. .. 


Nominatif. 
Géniif.….. 
Date: 
Accusatif . 
Ablatif. .. 


Nominatif. 
Génitif... 
Date 
Accusatif . 
Ablatif. .. 


Nominatif. 
Génitif.…. 
Datits en 
Accusatif . 
Ablatif... 


Nominatif, 
Géniuf... 
DAC 
Accusatif . 
Ablatif. .. 


= op 


TAGALOC. 


tayo. 


alin , natin. 


sa atin. 


kami. 


amuin, namin. 


sa amin. 


Îcao, ca. 


Tyo, mo. 
s& 1y0. 


kay. 


into , ninty0. 


sa iny6. 


siya. 


caniya , nya. 


sa caniy«. 


sila. 
sila, canila. 


sa canila. 


BICOI.. 


kila. 

nialo, ta, saloya, 
sato. 

satoya, sat6. 

kan. 

niamo , SANO , Ni sa- 


moya. 


Samo , samoya. 


ict. 


imo, mo. 


catmo. 


kamo. 


into. 
caninto. 


stya. 


T& , canya. 


cania. 


sinda. 


ninda , caninda. 


caninda. 


BISAYA, 


kita. 


ato, ta, nato. 


canato. 


ami. 


amo , namo. 


canamo. 


Icao. 


imo, MO, NUNO 


canimo. 


kamo. 


Inio, niniyo. 


caninio. 


‘sta. 


ya, na. 


cania. 


sila. 


ila, nila. 


canila. 


On voit qu'il n'y a là rien qui ressemble à une déclinaison 
proprement dite et que les cas sont indiqués par les particules ka, 
sa, la, ni, sauf peut-être pour la première personne du tagaloc. 


Pronom possessir. — Les exemples précédents rendent inutile 
un tableau comparatif détaillé pour les autres pronoms. 

Le pronom possessif malais, invariable pour tous les genres, 
les cas et les nombres, est pugna, toujours placé après le sujet : 


— 398 — 


«mon embarcation» saya pugna praw; «leur maison» dia pugna 
rumah. 

Dans le groupe tagaloc, le pronom possessif est formé par le 
génitif du pronom personnel, toujours suivi, par euphonie, des 
consonnes ng. Ex. : aquing amin (tag.) «mon père». Ce pronom 
précède toujours le substantif. 

Ce pronom suit la pseudo-déclinaison indiquée pour le pronom 
personnel. 

Dans ce groupe, comme dans le malais, le pronom possessif est 
souvent remplacé par une des formes brèves du pronom personnel, 
toujours placée après le substantif. La forme anac-mo «ton enfant », 
par exemple, est commune au malais et au groupe tagaloc. 


PRONOM DÉMONSTRATIF. — Le malais ne possède que deux pro- 
noms de ce genre : ini «ce, celui-ci»; tu «celui-là, cela». Le 
groupe tagaloc en a trois et quatre : 


TAGALOC. BICOT.. BISAYA. 
[ Nominatif... «to. ini. quini. 

Ce, cette, Genitif, etc..  dito, nito. caini. ntüunt. 
celui-ci, Nominatif... vert, art. At APTE cart, caron. 
celle-ci , Gémuts ete dineidini MIRE SRE CE niari, niaron. 

ceci. Re : : 
Nominatif...  zyan. tyan. cana. 
Génitif, etc..  diyan, niyan. caiyan. nian«. 
Celui-là, { Nominatif... yaon, yobn. idto. cadto. 
celle-là, cela.| Génitif, etc..  doon, niyoon. caidlo. niadto. 
Pronom RELATIF. — La particule yang remplit ce rôle en malais 


pour tous cas et pour tous les genres. Xapal yang beçar «le navire 
qui (est) grand»; contractée en nga et ng, elle est employée de 
même dans le groupe tagaloc. 

Yang, nÿa et ng sont aussi employés très fréquemment par 
euphonie, alors même qu'ils sont absolument inutiles à la clarté 
du discours. Bunga yang merah (mal.) signifie « fleur rouge » aussi 
bien que « la fleur qui est rouge ». Kami nÿa mga tao ou kaming 
nga mÿa tao (bis.) «nous, hommes », ou «nous qui (sommes des) 
hommes ». 


9. Verre. — De toutes les parties du discours, c'est celle qui 
s'écarte le plus des règles suivies dans les langues à flexion. Dans 
le groupe tagaloc, les moyens d'exprimer l’action sont nombreux, 


— 399 — 


complexes et l'étude en est hérissée de difficultés. Quoique très 
différent du verbe des langues néo-latines par exemple, le verbe 
malais a du moins une existence propre et il est facile d'exposer 
la loi qui préside à sa formation. 

Les verbes auxiliaires étre et avoir manquent en malais; l'idée 
qu'ils expriment est représentée par ada, invariable, et qui ne 
contribue jamais à la formation des temps. 

Les autres verbes sont forinés par l'union de la racine et d’un 
ou de deux affixes, comme dans les exemples suivants : 


PRINCIPAUX AFFIXES DONT L'UNION AVEG LA RACINE CONSTITUE LE VERBE 
EN MALAIS. 


ATCSRIREE 
AFFIXE. RACINE. VERBE. 
© baïq, bien. ber-baiq-an, faire le bien. 
bau, odeur. ber-bau, exhaler une odeur, 
Ber, Ber-an.. 
| anaq, enfant. ber-anaq, enfanter. 
| anag, enfant. ber-anaq-an , avoir des enfants. 
RO EE 7e adjar, lecon. bel-adjar, apprendre. 
12 AO makan, manger. me-makan , manger. 
Meng, hikis , effacer. meng-hikis , effacer. 
Meng-kan. hangat, chaud. meng-hanqat-kan , faire chauffer. 
Megn, sutji, net, propre. megn-utji, laver. 
Megn-kan. | sutjr, net, propre. megn-utji-han, purifier. 
M djatuh , renverser. men-djatuh-kan, renverser. 
en, : à ge À 
ï djaga, veïller. men-djaga, veiller, garder. 
Men-kan. : : Ë TES : : 
djaga, veiller. men-djaga-han , réveiller, faire veiller. 
Mem, balit, enveloppe. mem-balit, envelopper. 
Mem-kan. balit, enveloppe. mem-balit-kan, envelopper. 


On voit que les verbes dans la formation desquels intervient 
le suffixe kan expriment une idée de puissance, de causalité; ce 
fait ne souffre guère d’exceptions. 


PASSIF. 


Le préfixe di est celui dont l'usage est le plus fréquent; ül est 
employé seul ou avec le suffixe kan; il en est de même de ber et 
de ka. 


Di lina, vil. di-hina-kan, être avili. 
Dik é bunoh, tuer. di-bunoh, être tué. 
i-kan. à Ù L 
buang, renverser. di-buang, être renversé. 
9» fl 
Ber, kasnt, chaussure. ber-kasut-kan, être chaussé. 
Ber-kan. hirit, traîner. ber-hirit, être traîné. 


Naam 2 malkan , manger. ka-mal:an-an , être dévoré. 


— 100 — 


Les participes passés sont plus spécialement formés par le pre- 
fixe ter : 


surat, écrire. ter-sulat, écrit. tunu , griller. ter-tunu, grillé. 


tulong , aider. ter-tulong , aidé. tulis, dessiner. ter-tulis, dessiné. 


Cette divison en verbes actifs et en verbes passifs n’est pas ri- 
goureuse; ber, par exemple, indique aussi bien une action exercée 
que subie, ex. : ber-hirit signifie «être entraîné», ber-tangoh — 
mugissant, et ber-adang — être en embuscade. 

D'un autre côté, presque tous les verbes à forme active pour- 
raient être interprétés dans un sens passif; ber-anaq répond en- 
core mieux à l’idée être pourvu d'enfants qu’à celle d’enfanter; 
de même, bel-adjar — être enseigné, et megn-uli-kan — être pu- 
rifié, etc. 

H n'existe pas de conjugaison; les divers temps sont indiqués au 
moyen des racines nanti — attendre, signe du futur; soudah — 
déja fini, signe du passé; et au moyen de plusieurs conjonctions 
ou adverbes, dont les plus fréquemment employés sont kalu, dji- 


kalaw, djika — si. Ex. : 


Faire, travailler. 


Je travaille. 

Tu travailles. 

Il ou elle travaille. 
Nous travaillons. 


Vous travaillez. 


Ts ou elles travaillent. 


Je travaillais. 

J'ai travaillé ou 

j'a fini de travailler. 
Je travaillerai. 


Je travaillerais. 
Si je travaillais. 
Si j'avais travaille. 


Travaillé. 
Travaïlant. 


INFINITIF. 


Mem-buat. 


INDICATIF. 


Saya membuat. 

N, membuat. 

Dia ou iya membuat. 
Kita ou kami membuat. 
N. ou kamu membuat. 
Dia membuat. 


Sayä sudäh membuat. 


Sayä sudäh membuat. 
Sayä nanti membuat. 
CONDITIONNEL. 


Djika..…. 


Djika sayà membuat. 


sayä nant membuat. ° 


Djika sayà sudäli membuat. 


PARTICIPES. 


Ter-buat où di-buat, ou per-buat. 


Ber-buat où ber-buat-kan. 


— AOL — 


l'impératif est formé par le suffixe lah : buat-lah «travaille». 
Le suffixe Eah sert pour l'interrogation : Buat-kah ? « travaïlles- 
tu?» 


VERBE DANS LE GROUPE TAGALOG. — Les moyens d'exprimer l’ac- 
tion sont, dañs ce groupe, beaucoup plus précis et infiniment plus 
compliqués qu'en malais, pour les raisons suivantes : 

Les modes et les temps ne sont déterminés que d’une façon sub- 
sidiaire par les particules équivalentes aux conjonctions et aux pré- 
positions du malais. Les divers affixes déterminent non seulement le 
moment de l’action, mais encore la manière doni celle-ci est effectuée, 
et souvent aussi le lieu. La signification de chaque aflixe n’est pas 
invariable, mais souvent elle change suivant la racine à laquelle elle 
est liée, et aussi suivant que le verbe est employé à lactif ou au 
passif. 

La voix active est rarement employée; chaque voix passive a 
trois formes distinctes, caractérisées par des affixes spéciaux non 
seulement pour chacune de ces trois formes, mais encore pour les 
divers temps de chaque forme. 

Les trois formes du passif ne peuvent être indifféremment mises 
l'une pour l’autre; les règles qui déterminent leur emploi, variant 
avec chaque racine et d'après le mode de l'action, paraissent 
échapper à toute classification. 


Une des conséquences les plus importantes des principes pré- 
cédents est que le verbe (il serait plus exact de dire le mot com- 
posé qui exprime l’action) ne peut que rarement être traduit par 
le verbe français seul. 

C’est dans ces expressions verbales que le génie des langues de 
la famille malayo-polynésienne se développe d’une façon caracté- 
ristique; à l’état naissant dans le malais, il domine dans le groupe 
tagaloc et acquiert là sa propriété la plus remarquable, savoir, la 
faculté de rendre, par la simple union d’une racine et d’un af- 
fixe, des idées qui ne peuvent être exprimées, dans les langues à 
flexion, que par une phrase entière ou par des métaphores. Ex: 


PisATAE ei NaGaqQuina-cuiza ug bisti. I aime à s’habiller comme un Espagnol. 
TAGALOG ...  SUMASA-BAITAY siya. I reste continuellement chez lui. 
BIÉOC 2, NAQUIQUI-0LAY ac6 saimo. Je te parlerai, st tu le permets. 


Une même racine pouvant être unie à un grand nombre d’af- 


MISS. SCIENT, -— XI, 26 


LMPNIMUNIE NATIONALE, 


ee  — 


fixes et de particules exprimant des modalités différentes de l'action, 
et à plusieurs particules (adverbes, prépositions, etc.) précisant les 
circonstances de temps, etc., la plupart des auteurs ont considéré 
beaucoup de préfixes comme donnant lieu à autant de conjugai- 
sons. L'un d'eux (1) en compte seize pour le dialecte bicol, cha- 
cune de ces seize conjugaisons principales comprenant plusieurs 
conjugaisons collatérales qui expriment la même idée ou une idée 
analogue dans chacune des deux voix, au moyen d’affixes peu dis- 
semblables, mais qui ne peuvent être indifféremment pris l'un 
pour l’autre. Par exemple, la treizième conjugaison de cet auteur 
comprend les conjugaisons collatérales : 

Nani, nagui, napani et nacani, pour l'actif; 

Pani et pacani, pour le passif, 


Nani, plus usité, indique que le sujet est modifié, transformé, 
et acquiert la qualité indiquée par la racine du verbe : 
Nani-sukà idtong arac. 


Devenu vinaigre ce vin. 
Ce vin s’est changé en vinaigre. 


Nani - tao an aqui nin Dios. 
Devenu homme le fils (de) le Dieu. 
Le fils de Dieu se fit homme. 


Cette conceplion du verbe ne me paraît pas tenir suffisamment 
compte de l'esprit des dialectes de la famille malaise; en outre, 
elle en complique l'étude. 


Dans le groupe tagaloc, de même qu’en malais, il n'existe ni 
conjugaison proprement dite, ni verbes auxiliaires; la fonction auxt- 
liaire de ces verbes est remplie par les affixes. 


Etre et avoir signifiant: existence, présence, qualités, possession, 
abondance, sont sous-entendus, ou exprimés par : 


TAGALOC. BICOL. BISAYA. 
A . 
Etre..... may,ay,na sa, cay. | yaon, na pa. mao, MAN, ANA, ANAQ, tUG. 
Avoir.... may, Mmayroon. mey,1qûa, MA, MAN. duna , may. 
Tues bon. Îcao ai magaling. | Icao na marahay. Icao man marayao. 
J’ai duriz. Mayroon cé palay. | Mey cé palay." Duna cé palay. 


() Arte de la lengua bicol, por M. R. P. Fr. Andrès de S. Agustin, dado à luz 
por el M. R. P. Fr. Manuel Crespo. Manïla, 1870. 


— A0 — 


Ces particules n’ont aucun des caractères du verbe, car elles 
sont invariables; elles répondent mieux à l’idée que nous nous 
faisons des adverbes, sens dans lequel elles sont fréquemment em- 
ployées, tandis qu'elles sont le plus souvent sous-entendues dans 
les cas où elles rempliraient la fonction de verbe. Ex : 


LÉ 


TAGALOC. BICOL. BISAYA. 
Où est-11?. ... Nasadn sia? Haen sia? Haïin sia? 
Où id? Où il? Où id? 


Les affixes qui donnent à la racine un sens verbal doivent être 
divisés en deux catégories, suivant que ce sens est actif ou passif. 

En malais, les aflixes employés pour former le passif sont peu 
nombreux; dans le groupe tagaloc, les affixes du passif sont 
presque aussi multipliés que, ceux de l'actif. 

Voici les principaux affixes, actifs et passifs : 


26. 


— 04 — 


SENS 


DONNÉ PAR L’AFFIXE À LA RACINE. 


1. Habitude, fréquence; usage de 
l'objet indiqué par la racine. . 


2. Potentiel, causal....... AR 
3. Demander, permettre ........ 
4. Ordonner, permettre... ...... 


5. Réciprocité, égalité. . ....... 


6. Réciprocité, simultanéité ; se 


joindre à une action déjà 
COMMENCÉ: se eo lee ee en» » 


7. Réitération- "#0..." 0." 
8. État; apparence; qualité durable. 
9. Être RÉDUÉ ee eeepc 


10 SUMUlATIONS TEEN Re 


11. Erreur, hasard: acte soudain ou 
L involontaire... ............ 


12. Transformation... ........... 
13. Signification très variable; fré- 


quemment usité dans le sens 
neutres TE rie liens lets liens 


TAGALOC. 
ES 
ACTIF. PASSIF. 
na, nan, NAN. | -pinan, ipinan. 
EXx.: bangca, embarcation; ma-m-angca , aller e 
bateau. 
naca. | na, nai. 
Ex. : gaua, faire; maca-qaua, pouvoir faire. 
napa. | pina, ipina. 
Ex. : ampon, protéger; pa-ampon, demander pro 
tection. 
nagpa. | pina, ipina. 


Ex. : gaua , faire; magpa-qaua, ordonner de faire. 


na: pinag, ipinag. 
Ex. : tus, souffrir, supporter; mag-tus, se supporte 
mutuellement. 
naqui. pinaqui, ipinaqui. 


Ex. : usap, parler; maqui-usap, se mêler à la con 
versation. 


essor ve s esse eee eos ec ee ee ee te 


naqca. ; pinagca, ipinagca. 
Ex. : palad , bonheur; magca-palad, être habituel 
lement favorisé par Îa fortune. 


ses eee es eee eee see eee 0e ee 0e ee 


nag. pinag , ipinaq- 
Ex. : matapang, brave; nag-matapang , faire le fan 
faron. 
nacan. | ipinagcan, pinagcan. 


Ex. : taua, rire; nagcan-ta-taua, rire malgré soi. 


naquin. ‘| pinaqgun, ipnaquin. 


Ex. : bato, pierre; maquing-bato, se changer e 
pierre, devenir aussi dur que la pierre. 


N. B. Il y a encore en tagaloc une particule essentiellement active um (ibig, vouloir; um-big, passé; tubt 


en bisaya : abu 


PASSIF. 


———————_——————— 


ACTIF. 


dina , na. | ma, min«. 
Ex. : surat, écrire; muüna-surat, écrire 


habituellement. 
acu. na. 
Ex. : sopog, honte; 'naca-so-sopog , faire 
honte. 
aqui. |  paqui. 
Ex. : olay, parler; naqui-qui-olay, de- 


mander la permission de parler. 
apa, nagpa. | pa, pagpa. 


Ex. : gubo, faire ; napa-quibo, ordonner 


de faire. 
agpa. | pagpa. 
Ex. : tabang, aider; nagpa-tapang, S'en- 
tr'aider. 


0. . 


Lagctaga. pagpaca. 
Ex. : lupig, violent; nagtaga lupig, se 
mettre fréquemment en colère. 


agpar«. |. pagpara. 


Ex. : tahé, coudre; nagpara-tahé , coudre 
continuellement, sans repos. 
\apacang. | pacang. 


Ex. : caut, voleur; napacang-caut, avoir 
la réputation d'être un voleur. 


ani, naqui , uapant, pant , pacanL. 
nacant. 
Ex. : suka, aigre, vinaigre; nani-sula , 


s'aigrir, se changer en vinaigre. 


futur) qu'il faut éviter de confondre avec la 
venir, impératif um-abut, 


2 


2e passive tagale et avec les modifications présentées par mu 


EE ——————————————— ro 


BIS AYA. 


PASSIF. 


mu. | gu. 
Ex. : sacay, embarcation ; nu-sacay, s'embar- 
quer. 
naca, naCay. | qguica, ca, hin. 
Ex. : sulat, écrire; nana-sulat, pouvoir écrire. 


nanqut. ipan jui. 
Éx. : ilaba, aider ; nañg-laba, demander appui. 


napa. | quipa. 
Ex. : uban accompagner; napa-uban , ordonner 
de suivre. 
naqaca , nagCa. | guica. 


Ex. : matay , mort; nagaca-matay, s'entre-tuer. 


naqui , naqui. quipaqui , ipagui. 
Ex. : auay, se disputer, se battre; naquE-auay, 
frapper l'un sur l'autre. 
nagahi, naghi. | guihi, hi. 
Ex. : tolog, dormir; nahi-tolog , s'endormir à 
plusieurs reprises. 
naga, nag. gui 
Ex. : insic, Chinois; naga-insic , ressembler à 
un Chinois, vivre comme un Chinois. 
nagapinaca , nagpaca | pinaca. 
Ex. : dato, seigneur; nagapinaca-dato , avoir la 
A Q © A ? P ñ 
réputation d’être un seigneur, un homme 
puissant. 
nujapaca , naJpaCa. | guipaca, paca. 
Ex. : ual4, perdre, manquer; nagapaca-ualé , 
feindre d’avoir perdu quelque chose. 


naha, | gui, hi, hin. 
Ex. : tué, rire; naha-tué, rire malgré soi. 


nd, C4, QUIC, quina. 
Ex. : Aulug, tomber; nahulug, faire attention 
q 5 q 
pour ne pas tomber. 


na. 


— 406 — 


La plupart de ces affixes, formés par la réunion de particules 
qui, comme pa et na, ont un sens propre lorsqu'elles sont isolées, 
ne subissent que d’insignifiantes altérations en s’unissant aux ra- 
cines. Parfois la racine est modifiée à leur contact, soit par la sup- 
pression ou par le changement de sa première lettre (Ex. : fauag (bis.) 
mang-auag « appeler »; bonÿa (tag.) « fruit», ma-monga « porter des 
fruits »), soit par le redoublement de sa première syllabe, altérée ou 
non ([x. : dité (tag,) «ici», pa ri rit « Venir ici », luha (tag.) « pleu- 
rer», magcan lu-luha « pleurer involontairement »). Ces modifica- 
tions, qui varient à la fois suivant la racine et suivant l’affixe em- 
ployés, paraissent ne pouvoir être ramenées à des règles générales. 

Toutes les racines ne peuvent être unies aux divers affixes; 
l'usage seul peut renseigner à cet égard. 

Les affixes, bien qu'ils aient, pour la plupart, une ressemblance 
phonétique, seraient d’un immense secours pour l'intelligence des 
dialectes du groupe tagaloc, si le sens qu'ils impriment à la racine 
était invariable; mais il n’en est rien. La signification, dans chaque 
afhixe, n’est constante que pour les divers temps d’une même racine; 
la signification indiquée dans le tableau précédent est seulement 
celle qui paraït être la plus fréquente pour chaque affixe, et d 
faut être averti qu’elle peut beaucoup varier; ainsi : 


Nagaca-matay (His.) signifie « s'entre-tuer », nagaca-tabang « s’en- 
tr'aider»; mais nagaca-himungut signifie simplement «devenir 
barbu », etc.; à côté de naha-samad (bis.) « se blesser par mégarde », 
naha-higda n’a d'autre sens que celui d’« être couché». Pa (tag.) 
donne paaua «implorer le pardon », et pa-raya «se laisser trom- 
per », etc. 


CONJUGAISONS. 


Comme tous les mots de ces dialectes, l'expression verbale ne 
subit aucune modification relative aux nombres et aux personnes; 
ces particularilés sont simplement indiquées par le pronom, qui 
se place indifféremment avant ou après l'expression verbale. 

Les divers temps sont indiqués par les trois moyens suivants, 
réunis ou isolés : 


À.— Adverbes, conjonctions, prépositions, particules, indiquant 
l’accomplissement, une idée conditionnelle, le désir. Parmi ces 
mots, souvent combinés, et dont l'emploi varie suivant la préci- 


— 107 — 


sion, la fréquence, etc. de l'action exprimée; les plus usités sont 
les suivants : 


TAGALOC. BICOL. BISAYA. 

Particules de conjonction, " FE se 

souvent simplement eu- 

phoniques -......... at, &y, nu. ca, na. ca, TA, UJ. 
DEA HN na. na. na. 
Bucore, déja 0... pa. pa. pa. 
SRE ipays ire où cundi. cundi. cundi. 
TOUS: 0 A EE con. con. cun, ug. 
Puisset-il!...... MRC: nau«. unté. untä. 
PER, TS SRE lapus. tapus. tapus. 


Ces mots ou particules n’ont pas une valeur absolue; un de 
ceux dont l'emploi est le plus fréquent et le moins variable, et que 
l’on donne comme un signe d’une action passée, déjà accomplie, 
est cependant loin d'avoir un sens précis. Ex.: Nagabuhat pa ac6 sa . 
sinina : « Je travaille encore à cette chemise. » Nagsulat sia cahapon 
sa iang amahan : «Il écrivit hier à son père.» Dans le premier 
exemple, l’action exprimée est actuelle, malgré la présence de pa; 
dans le second, elle est passée, malgré l'absence de cet adverbe. 


B. — a. Répétition de la première lettre ou de la première syl- 
labe de la racine. 


b. Transformation ou suppression de lettres de l’affixe. Ex. : 


PRÉSENT. PASSE. FUTUR. IMPÉRATIF. 
RACINE, ÆE. Sn — — 
Lacad (tag.), aller.  naca-la-lacad. | naca-lacad. | maca-la-lacad| maca-lacad. 
Buhat (bis.), tra- 
vailler, faire...  naga-buhat. nag-buhat. maga-buhat. mag-buhat. 


Mais les règles, si elles existent, qui président à ces modifica- 
tions échappent à toute classification; il est certain, du moins, 
que, dans la plupart des cas, elles ne sont pas fixes, car on trouve 
souvent dans le même auteur des exemples semblables aux suivants : 


PRÉSENT. PASSÉ. 
HACINE: ES = 
Buhat (bis.), travailler, faire... naga-buhat. naga-buhat. 
Buhat (bis.), travailler, faire. . nag-buhat. nag-buhat. 
Cayo (bis.), demander... .... nang-«y0. nang-ay0. 
Tolog (bis.), dormir. ....... na-toloy. na-tolog. 


et de même pour les futurs et l'impératif. 


— 108 — 


c. Changement de a première lettre de l'affixe. 

C'est de cette modification que résulte essentiellement l'idée de 
temps. Les lois qui président à cette modification ne sont pas plus 
absolues que les précédentes ; néanmoins, je crois pouvoir formuler 
les règles suivantes, tout empiriques d’ailleurs et sujettes à excep- 
tions, mais qui me paraissent vraies dans la très grande majorité 
des cas : 


1. Pour l'infinitif: la lettre initiale de tous les affixes devient p, 
et presque toujours les affixes se changent en pag; cet infinitif 
est très fréquemment employé comme substantif : Ang pag-buhat 
maayo (bis.) «il est bon de travailler, » littér. : le travailler est bon. 


2. Les affixes tels qu’ils ont élé donnés dans le tableau ci-dessus 
sont les signes du présent et des passés. 

Au futur et à l'impératif actifs, leur n initial se change en m; 
ainsi les affixes na, naca, nagaca, etc. deviennent ma, maca, ma- 
gaca. 


ACTIF. 


Conformément à ces règles, la conjugaison active du groupe 
tagaloc peut être représentée par le type suivant : 


TAGALOC. BICOL. | BISAYA. 
INFINITIF. 
Chercher. Pag-hanap. Semer. Pag-tanom. Travailler, Paq-buhat. 
1 faire. 
INDICATIF. 
PRÉSENT. 


Je cherche.  Nag-hahanap | Je sème.  Nag - tanom | Je fais. . Naga - buhai 
CO. CO. co. 


Tu cherches. Nag-hahanap | Tu sèmes. Nag - tanom | Tu fais.  Naga - buhat 


ca. ca. ca. 
Hs cherchent. Nag-hahanap | Hs sèment. Nag - tanom | Ils font.  Naga - buhat 
stya. sinda. sila. 
IMPARFAIT. 


Je semais. Nag-tatanom 
cé. 


Je faisais. Naga - buhat 


Je cherchais. Nag-hahanap 
) cô. 


co. 


PASSÉ DEFINI. 
Je cherchaï. Nag - hanap 


co. 


Je semaï. Nag - tanom 
co. 


Je fis. Nag - buhat 


J 
ca, 


— 109 — 


TAGALOC:. | BICOL. | BISAYA. 


PASSÉE INDEFINI. 


J'ai cherché. Naq - hanap | J'ai semé. Naq - tanom 
G P q 


J'ai fait. Nag-buhat na, 


na CO. na, CO. co. 
FUTUR. 
Je cherche - Mag-hahanap Je sèemerai. Mag - tanom | Je ferai.  Maga - buhat 
ral. cô. cô. C0. 
IMPÉRATIE. 
Cherche. Mag - hanap | Sème. Mag - tanom | Fais. Mag-buhat ca. 
ca. ca. 
CONDITIONNEL. 
Je cherche - Mag - hanap | Je sèmerais. Mag - tanom | Je ferais. Mag - buhat 
rails. pa, CO, con. . pa, cé, con. pa, co, con 
ou ug. 
SUBJONCTIF. UE 
Que je cher- Mag - hanap | Quejesème. Mag - tanom Que jefasse. Mag - buhat 
che. cÔ, naua. cÔ, untd. co, untd. 


La traduction littérale du conditionnel indique le mécanisme 
de la formation des temps qui ne sont pas caractérisés par l'af- 


fixe. Ex. 
Mag-buhat pu cô, con. 
Travaillerai encore je, si. 


Tous les temps composés sont de même rendus au moyen de 
particules qui sont indispensables dans ce cas, mais qui, le plus 
souvent, interviennent aussi dans les temps simples pour préciser 
le moment aussi bien que la nature de l’action. 


PASSIF. 

Les règles précédentes ne s'appliquent qu'à la conjugaison 
active, dont l'usage est restreint; la conjugaison passive, est habi- 
tuellement employée; elle présente une grande complication. 


La conjugaison passive du groupe tagaloc comprend trois formes, 
désignées sous le nom de passives de : 


TAGALOG. BICOL. BISAYA. 
In. P I. 
JL. On. Um, un, on. 
An. An. An. 


— 10 — 


Théoriquement toutes les racines sont aptes à former un verbe 
et à être conjuguées indifféremment avec chacune des trois pas- 
sives; mais, en réalité, plusieurs racines ne sont employées qu'avec 
une seule ou avec deux des trois formes. 

Afin d'éviter de trop longs détails et la confusion, je ne parlerai 
que du passif dans le dialecte bisaya; les deux autres dialectes 
suivent d’ailleurs des règles semblables, sinon identiques. 

Les diverses racines du bisaya ne forment pas leurs passives 
d'une façon exactement semblable; cependant il me paraît possible 

‘établir pour ces formes des règles à peu près aussi générales que 
pour l'actif. 


1. Pour les trois formes, l’affixe de-l'infinitif est presque tou- 
jours pagca; l'infinitif passif, formé par l’adjonction de ce préfixe, 
est aussi employé comme substantif et renferme une idée d’abstrac- 
tion : Ang pagca-dios « la divinité ». 


2. Les préfixes qui, quica, quihi, qui, quipa, indiquent le pré- 
sent et les passés pour les trois formes; en outre, la passive dite de 
an prend, aux mêmes temps, le suffixe an. 

Pour les futurs et pour l'impératif: 

æ. Passive de :. Les préfixes se changent en à, iq, iga. 


B. Passive de on. La racine prend le suffixe on, um, un; le 
futur redouble, en outre, la première syllabe de la racine. 


y. Passive de an. Cette passive prend le suffixe an et redouble, 
en outre, la première syllabe de la racine pour le futur. 


Exemple % de conjugaison passive dans les trois formes : 


Racine : buhat, faire, travailler. 


PASSIVE DE 1. PASSIVE DE UN. PASSIVE DE AN. 
INFINITIF. 
Pagca-buhat. | Pagca-buhat. | Pagca-buhat. 
INDICATIF. 
PRÉSENT. 
Gui-buhat co. | Gui-buhat co. | Gui-buhat-an co. 


@) Emprunté à Apuntes para una grammética bisaya-cebuana, por D. Tomas 
Oleros, Manila, 1869; œuvre peu volumineuse, mais d’une grande valeur. 


— All — 


PASSIVE DE 1. | PASSIVE DE UN. | PASSIVE DE AN. 
IMPARFAIT. 
Gui-buhat co pa. | Gui-buhat co pa. | Gui-buhat-an co pa. 
PASSE. 


Gui-buhut-an co na ou ta 
pus co na buhat-an. 


Gui-buhat co na ou tapus 
co na buhat-on. 


Gui-buhat co na ou tapus 
co na igbuhat. 


FUTUR. , 
Tbuhat on 1q-buhat. | Bu-buhat-on co. | Bu-buhat-an co. 
CONDITIONNEL. 
1 buhat ou ig-buhat co pa | Bu-buhat-on co pa ou ug. Bu-buhat-an co na con ou 
con ou ug. ug. 
+ Guibuhat co na, ug ou {a- Gui-buhat co nu con ou Gui-buhat-an co na ug ou 
pus co na 1gbuhat cun. ubus co na buhaton ugq. tapus co na buhatan con. 
IMPÉRATIF. 
Ibuhat mo. | Buhat-on mo. | Buhat-an mo. 


On voit que les particules jouent ici un rôle aussi nécessaire que 
dans la forme active, et qu'elles peuvent être employées indiffé- 
remment dans un grand nombre de cas : J'aurais fait, s'exprime 
aussi bien par: 

Gui-buhat co na u, 
Travaïllé de moi déjà si... 


que par : 
Tapas co na igbuhat cun. 
Fin de moi déjà travaillé si. 

Dans les trois dialectes du groupe tagaloc, les trois passives 
sont également usitées de préférence à la forme active, el c’est de 
cette multiplicité de formes que résulte la seule mais grande 
difficulté que l'étude de ces dialectes oppose aux étrangers. 

Dans la forme passive, l'agent est invariablement au génitif, 
et l'objet ou la personne sur qui s’accomplit l'action est au nomi- 
natif. 


Exemples : 
Passive de 1 (bisaya et bicol), in (tagaloc). 


Bis... Ihatud mo  aco num. 
Soit porté de toi à moi cela. 
Apporte-moi cela. 


— 412 — 


Brcorrt 44 Itäo mo ang mÿna 1yang  qubing sa magna helang. 
Soient donnés de toi ces vêtements à les malades. 
Donne ces vêtements aux malades. 


TagaLoc.... Papartitohin co sa  bahay. 
Sera venu de moi à maison. 
J'irai à la maison. 


Passive de un, on (bisaya), on (bicol), 1 (tagaloc). 


BIS VAE Palitun mo ang humay. 
Soit acheté de toi le riz. 
Achète du r12. 


Bicor... 2. Cananon mo  iyan tinapay. 
Soit mangé de toi ce pain. 
Mange ce pain. 


TaGaroc.... Îpinatolong mo tyang mangaqau«. 
Sera aidé de moi cet ouvrier. 
J’aiderai cet ouvrier. 


Passive de an. 


BisayA..... Guilodhan co icao. 
Agenouïllé de moi toi. 
Je m'agenouille devant toi. 


DICO ee Si Juan an pinagpabacalan  cong  qubing. 
Le Juan le être acheté du mien habit. 
Jean a acheté mon habit. 


TaGazoc....  Pinaardlan mo ang mÿa bata. 
Etaient enseignés de toi les enfants. 
Tu étais le maître de ces enfants. 


Il y a encore une autre forme de passif; elle est impersonnelle 
et n'est bien usitée qu'avec les passives de on et de an; on n’em- 
ploie dans cette forme que l'impératif : 


PASSIVE DE 1. PASSIVE DE ON. PASSIVE DE AN. 


Buhat (bisaya), faire. . Buliatan. Buhata. Buhau. 


Dans cette forme de passif, le sujet ou le régime sont sous-en- 
tendus, suivant l'importance du rôle qu'ils ont dans l’action. 
Exemple : « Donne-moi de l'argent : » 
Hatagut  aco ug salapt; 
Soit donné à moi (de toi) de l'argent; 
si le fait essentiel est recevoir l'argent; 


Hataqut mo ug salapt; 
Soit donné de toi (à moi) de l'argent; 


si le fait essentiel est donner. 


— 13 — 


L’interrogation se fait au moyen des pronoms relatifs : 


TAGALOC. BICOL. BISAYA. 
Sino, ano, alin. An, arin. Quinsa, haïn. 
Anong. 


Le bisaya possède, en outre, la particule interrogative ba, dont 
l'usage est très fréquent : Onsa B4 ang quidala nia? « Qu'a-til em- 
porté? » 


Parfois na (bicol) «déja» est employé dans le même sens : 
Anong panahon x4? «Quel temps fait-il?» 


Ainsi qu'il a été dit, la faculté d'acquérir la signification verbale 
est inhérente à toutes les racines du malais aussi bien qu'à celles 
du groupe tagaloc; mais c'est seulement dans ce dernier qu'elle 
atteint tout son développement. Par rapport aux quelques formes 
malaises telles que ber-sama-sama (de sama « avec ») « agir avec cor- 
rection », seka-dua-kan (de dua « deux ») « agir d’après un consen- 
tement mutuel », les formes analogues du groupe tagaloc sont innom- 
brables, et celles dont les racines répondent à nos adverbes et à nos 
prépositions sont les plus usitées. En voici quelques exemples en 
bisaya : 


LENS 

ArDAIEL De cute ae n ae ae Umari ca : Viens ici. 

ATARICINe tt cle ee ee Gaule Arion mo canila : Approche-toi d'eux. 

Pie Re RER See Quipadalian aco nia : H m'a surpris brusquement, il 
m'a fait peur. 

Daianitennsrna tuner Dalion mo can pag buhat : Fais vite ce travail. 

Laïn, autrement ....... Ngano quilaïnan mo cana? Pourquoi as-tu mis cela de 
côté? 

Naog, en bas..... .... Pacanaogon mo nia : Dis-lui de descendre. 

Onsa, comment; quoi? .. Onsaon mo? Que ferais-je? 

Onsa, comment; quoi?... Guionsa ang imong pagbuhat ? Comment as-tu fait ce 

. travail ? 
ENTRE RTE Ulian mo añg imong ama: Retourne auprès de ton père. 
Piheons Ext UT à Ayao pagdili canila : Je ne le leur défends pas. 


DITS RON: ARS ANTUE Guidilian co na sia : Je le lui ai déjà refusé. 


— la — 


6. ADVERBE, PRÉPOSITION , CONJONCTION , INTERJECTION. 


Plusieurs adverbes se rapprochent de nos locutions adverbiales, 
la racine étant le plus souvent précédée d’une préposition ou d’une 
particule, tels sont: 


MALAIS. TAGALOC. BICOL. BISAYA. 


Dedans.. Lee dalam, di da-| sa loob. sa irarum. sa alum, sa 
lam. ilalum. 

Dehors......... di kluar. sa labas. duman. so qauas, qué. 

En bas, dessous.. di bäwa. sa 1lalim. sa hilig. sa obus. 

En haut, dessus.. di atas. sa ibabao. sa ibabao. taas, ha taas. 

Un;peu :: siket, sa diket.| munti,caunti.| ca diquit. sa diot. 

À la fin, complète- 

Miernits I sa kali. tapus , tapus| tapus na. tapus, tlapus 

na. na. 

En arrière. ..... di blakan- sa licod. sa ribog. sibog,salibog. 

ET AR si ni. dini, dit ,| digdi, digdi-| dinhi, sa din- 
diyan. ho. hi. 

M en ee sa na. doôn. duman. diha, anha. 


Les prépositions le plus souvent usitées sont les suivantes : 


INR NT NE e di, ka, pada,| sa, ca. sa, can. sa, can. 
kapada., sa. 
De ER EE di, dert. sa, Ca. sa, can. ni, S4, Can. 
Pour tie veus ka, pada, ka-| sa, ca. sa, can. sa, Can aron. 
pada. 
CONJONCTIONS. 
Etre stat nie. dan, dangan.| at, ay, ni. 6. ug. 
Avec Li use sama. sa,nang,cay.| sa, can. uban, pal. 
On. 6-07 ataw. .| cun, caya. 6. con. 
ST LUEUR E kalu, djtka. | cun. cun. uq. 


Les conjonctions du malais correspondent exactement aux con- 
jonctions françaises et elles sont employées dans les mêmes cas; 
il n'en est pas de même dans le groupe tagaloc, où elles ne sont 
presque pas usitées dans le sens de et, l’énumération n'’exigeant 
pas cette particule; les affixes suppléent aux mots pour, avec, ou, 
si, d'un usage si fréquent dans notre langue; en revanche, sa entre 
dans presque toutes les phrases sans avoir une signification bien 
précise et sert plutôt de liaison. 


— 415 — 


INTERJECTION. 


MALAIS. TAGALOC. BICOL. BISAYA. 


Djangan. Houag. Hareé. Ayao. 


ont un sens prohibitif; elles s’'emploient isolément ou au début de 
la phrase toujours dans le sens de : Ne fais pas cela! 

Le malais est riche en interjections; elles sont surtout tirées 
de l'arabe, qui a exercé et exerce encore une grande influence sur 
la littérature. Le groupe tagaloc possède beaucoup moins de ces 
particules; la plus fréquemment employée est : Aroy, Harao, 
expression d'étonnement et d'admiration. 


PARTICULES DE LIAISON. 


L'usage de ces particules, très fréquent en malais, l’est encore 
davantage dans le groupe tagaloc. Les principales particules sont : 


MALAIS. TAGALOC. BICOL. BISAYA. 

. he æ Me He 
Qui, lequel, que. yang. nan gq. na, Cang. nang , nÿa. 
Sans signification, 

simplement eu- 

phonique... ... :...:.:....| ng. ng. ng. 
AR red ttes nc ye sa, ka. sa, Ca. sa, can. sa, ca, can. 
O0 SO ES at, at. a. ug. 
Interrogative .... kah. A AU: ba. 
A lui, le sien.... gna ou niya. 
Certes, encore...  pun. pa. pa. pa. 
LH E Do RÉE RE PDE na. na. na, da. 


On voit qu’à l'exception de nq toutes ces particules ont une valeur 
q 
ropre, et elies sont aussi emplovées dans ce sens. Ex. : 
propre, y: 


Marais... Kitab YANG dikarang uleh pengarang itu: Les livres qui ont été com- 
posés par cet auteur. 

Bisaya... Umingon ca cania NGA umabut sie: Dislui qu'il vienne. 

Bicor..…... Sisay idtong aqui NA nagsasacat sa cahoy ? Quel est l'enfant qui grimpe 


à cet arbre? 


Mais le plus souvent ces particules ont une valeur est purement 
euphonique et elles ne modifient pas plus le sens général du dis: 


cours que notre t (dans a-t-il), dont elles remplissent exactement 
le rôle. 


— AIG — 


Gna — niya, pun (mal.) ng sont toujours suflixes; les autres par- 
ticules sont employées isolément; il n’est pas une phrase du groupe 
tagaloc qui n’en contienne une ou plusieurs. : 


MaLais... Timbang-kan semua-GNA barang-barang  yang  saya sudah  bl. 
Pèse toutes marchandises lesquelles je déjà acheté. 
Bisaya ... Naauay man  sila-NG duha. - 


Ennemis vraiment eux deux. 
Ces deux hommes sont ennemis. 


Marais... Maka radjah PUN menagnakan. 
Alors roi (certes) interrogea. 


Le roi s'informa. 
LE} 


Bisaxa... Labot PA  NGA masaquit sia guihapon. 
En outre (encore) (qui) malade lui toujours. 
NH est toujours malade. 


Bicoz.... Dacol NA  maÿna mayaman sa banuan NA iyan. 
Beaucoup (lequel) riches à village (lequel) ce. 
I y a beaucoup de riches dans ce village. 


La faculté dont jouissent toutes les racines, dans le groupe ta- 
galoc, d'acquérir un grand nombre de significations au moyen des 
affixes et d'occuper dans le discours la place de notre verbe, donne 
à ces dialectes une précision supérieure à celle du malais. Tous les 
actes de la vie matérielle : postures, exercices, travaux, arts ma- 
nuels, stipulations, rapports de personnes et de choses, sont par ce 
moyen exprimés avec autant d'exactitude que de concision. Il est 
loin d'en être de même pour les idées abstraites, et les mission- 
naires ont besoin d’avoir recours à beaucoup de périphrases pour 
traduire une partie seulement des idées qui chez nous sont fami- 
lières aux enfants. Encore n'est-il pas certain que la traduction soit 
toujours absolument satisfaisante. Ainsi : Sila nahagugma sa 
maayong buhat (bis.), est donné comme signifiant : Ils aiment la 
vertu; or, à moins d'être averti par une phrase ou une allusion 
antérieures, il est impossible de traduire ces mots autrement que 
par : ls aiment un beau travail, et mieux : Ils aiment que le travail 
soit bien fait. 

On trouvera ci-après l'oraison Ann rene en malais, en tagaloc, 
en bicol et en bisaya, et la comparaison du premier texte avec les 
trois suivants permettra de voir combien est faible en théorie et 
considérable dans la pratique la différence qui sépare le malais du 
groupe tagaloc. 

On trouvera aussi deux pantum; ces quatrains rimés propres 


— 17 — 


à la langue malaise contiennent le plus souvent dans les deux 
premiers vers une énigme ou une demande à laquelle répon- 
dent les deux derniers. Je n'ai pu me procurer, pour le groupe 
tagaloc, aucune pièce analogue aux pantum ou aux autres pro- 
ductions si nombreuses du malais; la littérature du groupe taga- 
loc est à peu près nulle; elle n’a jamais subi, comme le malais, 
l'influence du génie arabe, et si elle a eu, avant la conquête espa- 
gnole, quelque vitalité, ses productions sont aujourd’hui tombées 
dans l'oubli; les auteurs modernes copient servilement les idées et les 
procédés de la littérature espagnole ; leurs œuvres, peu nombreuses 
d’ailleurs, n'ont aucune valeur littéraire. Cependant, d'après 
le R. P. Torribio Minguella(), la poésie tagale comprend les 
formes suivantes : Cundiman, chanson érotique dansée; Diona;, 
poésie amoureuse, épithalame; Sambitan et Ombayhan, chant fu- 
nèbre. Mais cet auteur n’en donne pas d'exemples. Les caractères 
de l'écriture nationale sont depuis longtemps sans usage, et les in- 
digènes en ignorent la valeur. 
Voici les caractères des alphabets tagaloc et bisaya : 


TAGALOC. BISAYA. TAGALOC. BISAYA. 

Mie ec CA 1/ MR Le) \f 
Be at e à y VE: V2 Sr qe LS nd [3\ (e\ 

Me 9 EniO, a 3 GA al BA y 9 

BEL rE (où) © DÉC RCEEE (d+ FF 
D. = La Vos et 2: nn 

ÉD MES cn ai CARTE AN AU a (D) Con 

; : OPA (@e) (Se) W D ©) 

| TATE SL EUR Es 5 El | SOON LE (de) TO 

Le VÉSR < mp 


Les voyelles sont aussi indiquées par un point, placé soit au- 
dessus de la consonne (pour é et i), soit au-dessous (pour u et 0). 


® Ensay de gramatica hispano-tagala. 


MISS, SCIENT. — XI, , 27 


IMPRIMEIUIE NATIONALE» 


— 18 — 


MALAIS. 


Bapa Rkami yang ada di sorga, namä 


Père de nous qui être à ciel, nom de 


nu djadilah kudus; karadjaan mu datanglah; 


toi devienne sacré; royaumedetoi arrive; 


kaendak mu 


djadilak 


volonté de toi soitaccomplie, demême dans 


seperti didalam 


sorqa, demkienlah di atas bumu. Rôti kami 


ciel, ainsique sur terre. Pain à nous 


saari-ari brilah  kami pada ari in; 


de tous les jours apporte à nous pour jour ce; 


dan amponilah pada kamu segala sala  kamui 


et pardonne à nous tous péchés denous 


sepert lagui kamt im mengampont pada 


comme aussi nous cela pardonnons à 


pada  kami; dan 


orang Yang bersala 


individus qui ont péché contre nous; et 


djanganlah membäva kami kapada pertjobataan, 


ne fais pas porter nous vers tentation, 


âgna lapaskanlah kämr deri tu 


mais au contraire délivre nous de cela 


yang  djaat. 


qui nuisible. 


TAGALOC. 


Ama namin sumasalangit ca; sambahin 


Pére de nous être au ciel toi; adoré soit 


ang ghalan mo;  mapasa amin ang caharian 


le nom de toi; vienne à nous le royaume 


mo;  sundin ang loob mo,  dito sa lupa 


de toi; soit faite la volonté de toi, ici à terre 


cami 


biggyan mo 


para nang sa lañgit ; 


comme à ciel; soyons donnés de toi Nous 


ngayon nang amunç CaTuTt sS4  arao- 


maintenant la notre nourriture pour chaque 


arao: at patauarin mo  Cami nang 


jour; et soyons pardonnés de toi Nous les 


aminq manga ulang, para nang pagpatauad 


nôtres dettes, comme est pardonné 


namin sa mañqag Ca cautangq 


de nous à ceux qui ont contracté des dettes 


sa  anun; at houag mo Camuüng ipah- 


envers nous; et non pas detoi Nous être 


intulot sa  tocso, at idya 


portés à tentation, mais soyons délivrés 


mo  cami sa dilang masama. 


de toi nous de tout mal. 


MINICALE. 


BICOL. 


Ama niano na yaon ca sa laÿnit, 


Père de nous qui setrouve toi à ciel, 


ambahon an giaran mo,  mapasa-muya 


soit adoré le nom de toi, arrivé veuille 


cahadean mo; cucuyogon an boot mo 


royaume de toi; soit faite la volonté de toi 


igdiho sa daga, nin siring sa lagnit an samonq 


ici à terre, comme à ciel. Le notre 


acanon sa  aroaldao 1tao mo 


anger de tous les jours soit donné de toi 


amuya gnunian ; patauadon mo 


nous maintenant; soyons pardonnés de toi 


Kami can samong maÿna casalan nin siring 


ous pour nos péchés comme 


an pagpatauud niamo sa magna maraot an 


à pardonner de nous à méchants la 


boot sa muya.  Gnaning day 


olonté à nous. Semblablement ne fais pas 


ami madaog nin sugot, alagad 


ous aller à tentalion, au contraire 


agauon mo  Cami sa tibaad 


yons délivrés de toi nous quant à action 


nang maraol. 


aquelle nuisible. 


h19 — 


BISAYA. 


Amahan namu nga anaa ca sa lanÿu, 


Père de nous qui se trouve toi à ciel, 


ipapagdayeg mo ang nÿalan 


soit ordonné être honoré de toi le nom 


mo; umabut canamu ang pagcahari mo; 


de toi; vienne à nous le règne de toi; 


ipapagtuman mo ang buut 


soit ordonné s’accomplir de toi la volonté 


mo dinhi sa yuta, maiñgun sa lañgit. Ang 


de ioi ici à terre, de même à ciel. Le 


calanon namu sa  matagadlao thatag 


manger de nous pour tous les jours soit donné 


‘mo caron nÿa adlaua,ug  pasiloon 


de toi présent lequel jour, et soyons délivrés 


mo cami Sa uUlang canimo, munqun sa 


de toi nous quant à dette à toi, comme à 


panagpasaylo namu sa mÿa nanaq pacautangq 


il est délivré de nous quant à dettes 


canamu, ug dit mo usab cami 


à nous, et non de toi semblablement nous 


ipapagdaug sa  panulay, hinonoo 


soyons conduits à tentation, mais plutôt 


panlabanan  kami : sa  mÿa cadautan. 


soyons protégés nous quant à maux. 


27 « 


== 190 


PANTUM 0). 


AE LU» JE Kalaw tuan daulu, 


zn$ Uo)s «sl Ur Tcharikan saya daun kanbodja:; 
AU usLe US JE Kalaw tuan mat daulu, 
du pi S «sl LAS Nantikan saya di pintu sorga. 


Si tu me laisses en promenant, 

Cueïlle pour moi la fleur des tombes; 

S'il faut qu'avant moi tu succombes, 

À la porte du ciel demeure en m'’attendant. 


SES &y EC £pæ  Burong puieh terbang ka djati, 
LA GUI LS Sy ON) Lagi tuturgna di makan semut: 
cl is &sLe & Bidji mata, djantong hat, 
CAS CAS Yes du Sorga di mana kita menurut? 


Sur l'arbre à teck un oiseau blanc s'envole, 
En gazouillant il happe les fourmis; 
Eumière de mes yeux, ô mon idole, 

Te suivre aux cieux me sera-t-il permis? 


IT 


DIALECTES NÉGRITO | LUCON), BULED-UPIH (BORNÉO), SUOLOUAN (ÎLE SOULOU), 
SAMAL, MANOBO, BAGOBO, TAGACAOLO, ATAS, BILÂN (MINDANAO). 


On pourrait croire que les tribus sauvages refoulées dans les mon- 
tagnes conservent au moins quelques vestiges d’une langue étran- 
gère à la famille malayo-polynésienne. Il m'a été impossible de 
constater ce fait pendant mon voyage. Dans la péninsule de Ma- 
lacca, je pouvais à peine saisir quelques mots malais. dans le 
langage des Manthräs, des Jakuns, des Knabuïs, des Udaïs. Le 
temps m'a fait défaut pour recueillir un vocabulaire de leurs dia- 
lectes; mais un missionnaire de la région, le R. P. Pouget, ma- 
laïsant distingué, m’a affirmé que ces dialectes ne sont que du 
malais plus ou moins altéré, mêlé de quelques mots siamois. 


®) W, Marsden, À Grammar of the malayan language. London, 1812. 


= MON 


I. Négrito. 


Les Négritos de la Sierra de Marivelès (province de Bataan) 
ne parlent pas une langue spéciale, bien qu'ils soient incontes- 
tablement les plus anciens parmi les habitants des Philippines. Le 
vocabulaire n° 1 Ü), quelque écourté qu'il soit, lève toute incerti- 
tude à cet égard. Ce vocabulaire a été recueilli et publié par M. le 
docteur Meyer). Je n’ai eu qu’à en constater la parfaite exactitude. 
Il ne m'a pas été possible de l’'augmenter, car je n'ai pas séjourné 
longtemps au milieu des Népritos et l'effort que ceux-ci étaient 
obligés de faire pour répondre à mes questions leur causait, au bout 
de peu d’instants, une gêne et un malaise inexprimables. J’ai mis en 
regard des mots négritos les racines ou mots correspondants en 
malais et en tagaloc, et on peut voir qu'ils sont pour la plupart 
identiques; quelques autres sont facilement reconnaissables, malgré 
leur altération : bomilé — mal. bi « acheter »; alé « tante » — mal. 
adeq «frère ». Une connaissance approfondie du malais et du ta- 
galoc permettrait peut-être de réduire tous les mots de ce vocabu- 
laire à des racines malaises. Ces faits n’établissent pas la non-exis- 
tence d’une langue propre à la race négrito; l'hypothèse contraire 
est beaucoup plus vraisemblable. Il serait nécessaire, pour résoudre 
cette question, d'être familiarisé avec les dialectes négritos des 
Philippines aussi bien qu'avec ceux des Sakkayes de Pérak et des 
Mincopies. Peut-être aussi retrouvera-t-on les éléments dispersés 
de la langue primitive des populations noires de l'archipel dans 
divers dialectes qui, selon M. Miklucho-Makay, retiennent quelques 
vestiges d’un vieil idiome qui s’efface chaque jour. M. de la Croix 
a publié un vocabulaire sakkaye () dont trois mots seulement me 
paraissent plus ou moins semblables à ceux du dialecte des Négri- 
tos de Marivelès; M. E.-H Man () a donné quelques phrases du 
dialecte des îles Andaman; ce dialecte paraît n’avoir aucune rela- 
tion avec celui des Négritos de la province de Bataan. 


9) Voir à la fin du chapitre. 

®  Uber die Negritos oder Aëtas der Philippinen. Dresden, 1878. 

(3) Etude sur les Sakkaies de Pérak, dans la Revue d'ethnographie, Paris, 1882. 
« Poule, oiseau » : sakk., manok, négr., manok; «homme » : sakk., toh., négr. , tao, 
«femme» : sakk., baba, négr., babay. 

(The Journal of the anthropological Institute (août et novembre 1882). Lon- 
don. 


— 122 — 


J'ai recueilli parmi les Négritos de la Sierra de Marivelès les 
phrases et la strophe suivantes, qui établissent que leur dialecte 
se rapproche autant du tagaloc par la grammaire que par les 


‘ racines : 


1. Lumacal acô bucas. 
2. Ibug mo lumacal? 
3. Ibug c6 lumacal. 
4. Alika muna. 
. Tbug co man-hasso. 
. Main cô malake bai. 


5 

6 

7. Ac na-lu-lunus. 
8. Ac6 na-la-lata. 

9. Kuhum maca-quita cô panilan, 
o. Biquian ta ca sabu. 


11. Bayum bayum luma. 
Jeune jeune vieux. 


12. Ait : 

Maca-alis ako, ina: 

Pars je, amie; 
magpaca-bait ca, ina; 

sois bien toi, amie. 

Ta ma  papaca sayon aco, ina, 

Tandis que être éloigné je, amie, 

into ca man Sa biling ianmo, 
là toi se trouver à demeure detoi, 


hauag  banuan dalipatan co. 
non pas village, pays, être oublié de moi. 


J'irai demain. 

Veux-tu aller? 

Je veux alier. 

Viens ici. 

Je vais chasser. 

J'ai un grand arc. 

J'ai faim. 

J'ai soif. 

Si je trouve un nid (d’abeilles), 
Je te donnerai le miel. 


Quoique jeune, tu es aussi lent qu'un 
vieiard. 


Chanson : 
Je pars, amie; 


sois bien sage, prudente, amie. 
Tandis que je serai éloigné, amie, 
et que tu demeureras dans ton habita- 


tion, 
re ; 
je n’oublierai pas ton village. 


Quelque brèves qu'elles soient, ces phrases montrent tous les 
traits caractéristiques du tagaloc, savoir : 


Les pronoms dans tous les exemples; 

Le redoublement de la première syllabe de la racine pour la 
formation de l’expression verbale : na-zu-lunus (7); na-L14-lata (8); 

Le rôle des affixes dans le même cas : maca-alis, magpaca-bait (12). 

L'usage prédominant du passif : Biqui-an mo ta ca (10) «sera 
donné de moi, toi»; dalipat-an co (12) «être oublié de moi »; formes 


qui reproduisent la passive de an. 


IT. Buled-Upih. 


J'ai recueilli ce vocabulaire n° 2 chez les Buled-Upih de la rivière 
Sagaliud (baie de Sandakan ; N. E. de Bornéo). J'ai mis en regard de 


— 1h93 — 


chaque mot les racines ou mots correspondants malais, bisayas 
et, autant que je l'ai pu, soulouans. 

La communauté des racines, soit avec le bisaya, soit avec le ma- 
lais, est ici moins complète. Évidemment lugui, « perdre »; — mal. 
rugui; et hendong, «nez» — mal. idong; mais il est d’autres mots 
absolument différents, soit du malais, soit du soulouan et du bisaya. 
Il se peut cependant que cette différence ne soit qu'apparente. Par 
exemple, supa «eau » ne rappelle en rien ayer (mal.) ni tubig (tag. 
et soul.). Mais c’est le suba « rivière » de ces deux derniers dialectes. 

De même, sawer « mari » doit être rapproché non de bana, mais 
de asaua (bis.) «épouse», djuga «suivre» — mal. djuga et non 
turut; lipandey «ignorant» — dili (bis.) «non» et panday (bis.) 
«ouvrier habile, savant ». 

Le buled-upih se rapproche du malais par le défaut d'articles, 
et du bisaya par la valeur des préfixes : ma-hohé « soir » (bis. ca-ha- 
pon) ; ma-apoy « faire bouillir », de apoy ; ma-quling « rôtir », de guling; 
et aussi par la numération. Ce dialecte pourrait donc être considéré 
comme constituant une transition entre le malais proprement 
dit et le groupe tagaloc. 

Les Buled-Upih, réduits à quelques tribus sans importance, ne 
savent en général ni lire ni écrire, et n'ont aucune idée de carac- 
tères spéciaux à leur dialecte. Quelques-uns d’entre eux, en rap- 
port avec les trafiquants de la côte, parlent le maiais, et quand ils 
savent tracer quelques mots, se servent, comme les Malais, de 
caractères arabes. 


IL. Soulouan. 


Le soulouan n’est qu'une variété du bisaya; les sons et la plus 
grande partie des racines sont les mêmes; il comprend cependant 
plus de mots malais proprement dits. 

Le R. P. Frederico Vila a bien voulu me communiquer une 
grammaire et un vocabulaire manuscrits rédigés par le R. P. Batilô 
pendant son séjour à Soulou. C'est à cette source que j'emprunte 
les détails suivants : 


Le soulouan ne possède pas d'article spécial pour les noms propres. 
In — ang (bis.) sert à la fois pour les noms propres et les 
substantifs : Nom. in. Génit. sina ou ni. Dat, acc. ablat. in ou 


SL. 


— 1924 — 


Le pluriel est indiqué par la particule mÿa : In kuda «le che- 
val»; in mÿa kuda «les chevaux ». 


Le substantif et l'adjectif, indéclinables, se forment comme en 
bisaya : ca-lapus-an «fin», de tapus; ca-usba-han «héritage», de 
usba «héritier»; pa-mumucut «pêcheur», de mumucut; ma-tigas, 
de tigas «fort, solide»; ma-hagqud, de haggud «froid, frais»; 
ma-manis, de manis « beau ». 


Le comparatif et le superlatif se forment soit par la répéütion 
du positif, soit avec labi « plus », soit avec les particules dent, sin. 
Ex: € 

Marayao, bon; marayao-marayao ou maraÿo deni, meilleur ; ma- 
rayao sin, exceHent. 

Ing carut ini asibi, sagua in yatto in labin asibi, in caimo labi pa 
asibi tund : Ce sac est pelit, mais cetui-là est plus petit et le tien 
est le plus petit de tous. 


La formation de l'expression verbale est celle du bisaya. 


Étre et avoir, rendus par les particules man, hay, aun, sont 
très souvent sous-entendus; hay se contracte aussi en y suffixe. 
Acô-y ma-saquit «je suis malade ». ]cao misquin na «tu es pauvre ». 
Maraun karabao aco «j'ai beaucoup de buffles ». La formation des 
verbes : mag-sumpan « servir »; mah-sasat «conseïller, pousser à», 
et les conjugaisons, paraissent conformes à celles du bisaya. 


Les pronoms et les adjectifs numéraux ne diffèrent du bisaya 
que par des particularités insignifiantes suffisamment indiquées 
par le vocabulaire n° 3. 


Les pandita et les dato de Soulou savent tous écrire couram- 
ment. Ils se servent, comme les Malais, de caractères arabes, mais 
légèrement modifiés. 


Les voyelles sont indiquées ainsi : 
A =" Bals hatas (trait supérieur), ex. : na = O° 
E eti— Balis habata (trait inférieur), ex. : ne ou n = () 


. . re J 
U et o—” Bas dapan (trait antérieur), nu ou n0 — O° 


Un quatrième signe * ou 7” indique que la consonne ne 


— 125 — 


s'appuie pas sur une voyelle : &2 — dun ou don, tandis que o2 
— dunu. 


Les Malais ne se servent presque jamais des signes de voyelles : 
les Soulouans, au contraire, ne les omettent jamais, et même 
ceux qui connaissent le malais sont incapables de lire les écrits 
où ces signes manquent. C'est du moins ce que m'a assuré le dé-, 
funt sultan de Soulou , qui était le plus fameux lettré de son empire. 


Le dialecte soulouan est parlé par tous les Malais ou Moros de 
Mindanao, de Palawan, de Balabac, de Basilan, des archipels de 
Soulou et de Tawi-Tawi, et du nord de Bornéo. 


IV. Samal, manobo, bagobo, atas, tagacaolo, bilän. 


Ces dialectes sont parlés dans les régions suivantes : 

Samal : dans l’île Samal, au nord du golfe de Davao; 

Manobo : dans tout le bassin du Rio Agusan (est de Minda- 
nao) et sur quelques points de la province de Davao; 

Bagobo : sur les versants N.E., sud et S.O. du volcan Apo 
(province de Davao); 

Atas : sur le versant N. O. du même volcan; 

Bilan : dans les montagnes qui séparent le golfe de Davao du 
bassin du Rio Grande de Mindanao: 

Tagacaolo : sur le même point et dans la cordillère qui s'étend 
entre le golfe de Davao et l'océan Pacifique, dans la péninsule 
S.E. de Mindanao. 

J'ai recueilli sur place les six vocabulaires et les quelques 
phrases donnés ci-après (vocabulaire n° 3); j'aurais voulu qu'ils 
fussent plus complets, mais il m'a été impossible d'obtenir davan- 
tage des indigènes de Mindanao, qui vivent à l’état sauvage et n’ont 
aucune notion de l'écriture. 

Tous ces dialectes doivent être classés dans le groupe tagaloc. 

La phonétique est celle du tagaloc et du bisaya, sauf les par- 
ticularités suivants : 

Les sons é, à sont plus fréquents, surtout en bilän : éèl «eau »; 
yéé «amère»; balnem «donner», etc. En cela, ce dialecte se rap- 
proche du bicol, où le son é est relativement fréquent : ogalé 
« qualité, nature »; hematé « écouter »; canalé « marmite», etc. 

Le f, qui n'existe en malais que pour les mots d'importation arabe 


— 1926 — 


et qui est inconnu dans tous les autres dialectes examinés plus 
haut, se rencontre dans le tagacaolo et le bilân : fo, nagfuo 
« sept» (bis. pito); folo, faolan « dix » (bis. polo); tifay « coquillage » 
(bis. tipay); tagacaolo : fali «blesser», fandas « être malade», et 
bilân : sfalaa «dire», fuleh « poser ». Il est remarquable que ce 
son f, spécial aux tribus les plus sauvages et les moins accessibles 
de Mindanao, se retrouve dans le malgache; le f existe aussi en 
ibanag, dialecte parlé par quelques sauvages de la province de 
Cagayan, dans le nord de Luçon. 
Le samal adoucit les sons du bisaya; le bagobo, au contraire, 
est plus rude et remarquable par la fréquence de r, particularité 
qui distingue aussi le bicol. Ex. : 


BISAYA. SAMAL. BAGOBO. 
En arrière ..... olaghi. maulr. tapurt. 
Beaucoup et CRE madiao. madiqur. 
Combien?....... PAL MO TARN RE CRSALERS pira? 
Nana ao. dili. PAM D A diri. 
Mer Het puloïn tone Ma ctete poro. 
Tone sed: hilabihan. calabian. 
Maintenant... .... caron. adun. 
Butler karabao. kabao. 
Labourer....... daroh. dadoh. 
ROIS eee eee à totlé. to0. ribu. 
Me NPA lib6. 


Le bilän change a du bisaya en o. 


Suba (bisaya) — subo (bilan). 
Hangap (bisaya) — amkop (bïilän). 
Lima (bisaya)  — limo (bilän). 


Quant à l'étymologie, il faut se rappeler la réserve déjà faite à 
propos du buled-upih. Par exemple, blem (bilän) « vendre» n’est 
pas réductible au malais djual; cette racine doit être rapportée au 
malais bli «acheter», interversion de signification fréquente dans 
les dialectes de l'archipel. 

L'article du nom propre et celui du nom commun avec la par- 
ticule du pluriel existent dans tous ces dialectes, à l'exception du 
bilân, où la particule ni paraît remplacer à la fois les deux articles 
et les pronoms relatifs el démonstratifs bisayas. 

Les pronoms personnels sont, à peu de chose près, ceux du 
groupe tagaloc. Si kandan (manobo et bagobo) « nous » doivent être 


— 197 — 


rapprochés du pluriel de la troisième personne du bicol : ninda, 
caninda; et kamuyan (tagacaolo), quoya (bilàän) — samoya (bicol). 
Ils se déclinent de la même facon, même en bilän, ainsi qu’on peut 
le voir dans l'exemple : Bongnaua yéé TAG : « Mère est aimée DE Mot. » 

Les adjectifs numéraux sont les mêmes qu'en bisaya, avec 
quelques différences assez sensibles cependant pour le tagacaolo 
et surtout pour le bilän. 

Le rôle du préfixe ma estle même dans tous ces dialectes pour la 
formation des adjectifs : ma-ïtum «noir», ma-puti «blanc», sauf 
pour le bilàn. 

Le bilän paraît du reste faire un emploi beaucoup moins gé- 
néral des affixes. Le vocabulaire ci-après contient les mots tels 
que je les ai entendu prononcer; il est probable que les indigènes 
interrogés me donnaient les mots racines avec ou sans affixe, au 
hasard, car la plupart du temps ils joignaient au verbe demandé 
un pronom ou un adverbe. Tel qu’il est cependant, ce vocabulaire 
montre que le bilän est pauvre en affixes, tandis que ces particules 
remplissent dans les autres dialectes le même rôle qu'en bisaya, 
soit pour la formation du substantif, soit pour celle du verbe : 


Daroh (bis.) «labourer» — mag-da-dudoh. (manobo). Gahom 
«pouvoir», maca-qahom (bis.) «puissant» — dacul, magcadacul 
(bagobo); gaus, maca-qaus (tagacaolo). 

Mag-inom, de inom (bis.) « boire ensemble, en compagnie » — 
mag-inom (samal), mag-inung-i (manobo), miga-inum (bagobo). 

Pag-tolog, de tolog (bis.) « dormir » — ma-tuug (samal), ma-toloq 
(tagacaolo); pag-tabacco (bis) — mag-siquparn (bagobo) « fu- 
mer », etc. 


L'analyse des phrases reproduites à la suite des vocabulaires 
démontre la valeur et la fréquence des affixes et des particules 
dans ces dialectes, à l'exception du bilan. Ex. : 


MaAxoo N° 4... MaAcA xunGux sicandin : Il est marié. 


B4G0BO N° 7... Yan PAG-BUNAL TA ca  bata MAN. 
Le battre (partic. de liaison) à enfant (partic. euphon.). 
4 Ï est mal de battre les enfants. 
TacacaoLo N°8.  PAG-B1£1 cao nadto SA humuy. 
Acheter toi ce à riz. 
Achète ce riz. 


he 


Dans tous les dialectes sans exception, la forme passive est em- 


ployée comme en bisaya : 
Gui-pali-an 
(passive de an). 
Bilino 
{passive de on). 


ManoBO N° 11. 
BAGoBo N° 8. 


Umatum 
(passive de on). 


TAGACAOLO N° 9. 


Brr Ân N° 12... Bongnaua 


to cuadriyero : À été blessé le cuadrillero. 
yan omé : Soit acheté ce riz. 
ambuctun : Soit étendu le bras. 


yé tago: Aimée mère de moi. 


Les phrases suivantes, obtenues d’un Bagobo un peu moins sau- 
vage que les autres, sont un bon exemple de laffinité du bagobo 


et du bisaya : 


BAGOBO. 
H y a un mois, Nabulanan don ; 
Un mois accompli déjà, 
je vis Pierre. migquita si Pedro, 


Je lui dis : 

Si tu me fais l'avance 

de six brasses de cotonnade, 

j'irai dans la montagne de l'ile, 

j'y couperai des palmiers, j'y chereherai 
de la résine. 

Tu me donneras en outre 

deux mesures de riz, 

et je te rembourserai tes avances. 

Je suis allé dans l'ile, 

j'ai recueilli beaucoup de résine, 

j'ai remboursé Pierre, 

et maintenant nous pouvons passer 


longtemps sans travailler. 


a été vu, rencontré, le Pierre, 

ug Cagin Cas con« : 

et parler à lui: 

Moké canac angcat 

Donne à moi prêt 

annom dupa na  crudo, 
six brasses qui cotonnade, 

daton ia patongan sa poro, 

là-bas à montagne de île, 


pélec basac, canhé  sulô; 
couper palmier, chercher résine; 

cono  sumoké pasiq, 
aussi être donné également, 

doa bakid ommé cosacon, ï 
deux mesures riz à moi, 

moli ca bayadan  angcatan. 


rendre pour payer la chose prêtée. | 
Daton sa poro 
Là-bas à ile 

pagcanhé  madita sul6, 
avoir recueïll beaucoup résine, 
mekimpas Pedro, 

payé Pierre, ë 


gamma  cabatog 


maintenant pouvoir 


modo madogé daa paglomo. 
long temps sans travailler. 


2 R991 2 


VOCABULAIRE N° 1. 


NÉGRITO 
MALAIS. TAGALOC. de 
LA PROVINCE DE BATAAN. 

THERE NREnEE kita. maquica, manÇusap | maqusap. 
interroger. . Ste EE. tagna. tumanonq. tanunquin. 
ADD pangqil. tumauaq. tauagin. 
entendre . à dengar. dingig. magineo. 
CHIEr ----.. | triak. mauwvt. hiawan. 
FEPANTED.- tingoq. tuminquin. üingnan. 
FENNOYE. - - - - - : balas. paalisin. isalian. 
marcher....... djalan. lumacad. lomagat. 
COUTIP.: Late lari. tumacbo. tumacbo. 
sauter... .......| megnuçong. lumocs6. lemocs6. 
danser 2 mendri. sumayao. magscao. 
HIRS SAONE tertawa. tumawa. tomatawa. 
pleurer: .....- menangis. tumanÿis. omiac. 

| acheter........ membli. bumili. bomule. 
se marier.......| hawin. pagasaua. sagad. 
MOUTIE » + + 2e ee matt. mamatay . patay. 
HER eee bunoh. pamatay. patain. 
MAUPErI- Se. makan. cumain. caïn. 
pires fran minom. ninum. minum. 
dormiL:-t 2. tidor. matulog. matuloq. 
(TTL S MONET ya. 06. 06. 
non...........| djangm, tida. hindi. ayaw. 
POP OPERA ES akou. ac. ac. 
ES AU LE augkaw. iCaO , Ca. Cao. 
le RON ELLE LE ia, dia, siya. sta. 
TOUS: 0.200) kami, kita. kami , tayo. 
NO HS CN kamu. cay. 
ASS MARS dia, siya. sila. 
ANAL les à ne se ITA AS. ang. 
RAR ÉENe nee aie IN angmqa ang mÿa. 
Ds 4m pur, salu. isa. 154. 
ns J dua. delawa. delawa. 
A en a nn tiqa. tatlé. tatlô. 
CAPE ERP PTE ampat. apat. apat. 
LP PEER UE A ERE lima. lima. lima. 


15 ÉTÉ DA. 


PONTHEL EEE 
VENTE: 2e sue 


Leg 
VOCABULAIRE N°1. (Surr.) 


MALAIS. 


tudju. 
delapan. 
sembilan. 
sa pulu. 
sa ratus. 


becoq. 
sine | 
lakas. 
lambat. 


laki, orang. 
perampuan. 
bapa. 
mama, Lou. 
anaq. 
budagq. 
neneq. 

pa ua. 

pa tua. 
sudara. 
sudara. 


mala. 
idong. 
mulut. 
telinga. 


hulu , kapala. 


rambot. 


_tangan. 
langan. 


sunggey. 
ayer. 
ulan. 


TAGALOC. 


anim. 
pitô. 

ualé. 
slam. 
sangpub. 
sangdaan. 


bucas, umaga. 
dini. 

madali. 

dahay dahay. 


lalakxr. 
babay. 
amd. 
ind. 
anag. 
bata. 
nuüno. 
al. 
amaïin. 
capatid. 
capatid nGababay. 


mata. 
ilong. 
bibig. 
taiñga. 
ulo. 
buhoc. 


camay. 
camay. 
dal. 
hita. 
sus0. 
tan. 


ilog. 
tubuq. 


ulan. 


NÉGRITO 
de 
LA PROVINCE DE BATAAN. 


anem. 
pitô. 
ual6. 
s1am. 
sampo. 
sandaan. 


bucas, umaqeL. 
mayondin. 
madali. 
maginleca. 


lakalke. 
babay. 

amd, totanq. 
inang. 

anaq. 

anaq. 

apo. 

alé. 

mama. 
capatid. 
capatid na babay. 


mata. 
ilong. 
bebec. 
taenqa. 
ulo. 
bohoc. 


camay. 
camay. 
daliri. 
pad. 
debdeb. 


tian. 
ilog. 
tubig. 


ulan. 


DIEM EE 
colline 17: « « 


_........ 


_.......... 
ss... 
ss... 
.......... 
ss... 


ss... 


....... 


grenouille. . . .... 
faucon. ..... 


— 31 — 
VOCABULAIRE N° 1. (Surre.) 


TAGALOG. 


bato. 
bukid. 


apoy. 
maginao. 
maput. 
maitim. 
hilao, mura. 
baghao. 
madilao. 
mapula. 


Usa. 
alimango. 
tugac. 


himbubulr. 


_— 
NEGRITO 
de 
LA PROVINCE DE BATAAN: 


bato. 
parang. 


apoy. 
maginao. 
maputi. 
maitim. 
mur «a. 
baghao. 
madilao. 
mapula. 


usa. 
alimasaq. 
palaga. 
ibu. 
cambubule. 


SAIS LE EE burong. ibun. ibun. 


NN E *.- Nbabr: babuy. baboy. 
De CRE kan. isda. isda. 
nr kupu kupu. paroparo. campubulac. 


a re RS thus. daga. daqa. 
SERPENT. are ular. ahas. ahas. 
SCATADEE . + lee à » à oc db 006 0 001 UOTE üwang. 


tourterelle . ..... tekukur. calapati. bato bato. 


volaïlle....... . | ayam. manoc. manoc. 


maison.........| rumah. bahay. bahay. 
ME NON tuan. panginoon. panqinoon. 
esclave... ..... amba, abdi. alipin. alila. 


CHE -.| pand. busogq. busoc. 
DATE ne anaq pand. pana. pana. 


1 APCE 1 pisaw. pisaw, campit. campit. 


HSE EX pohon, kayu. pono: cahoy. 
MÉRRS De daun. dahon. dahon. 
AMENER Lee bunga. bulac. blaclac. 
Hé Comet 0 buah. bunga. bunga. 
AR LC bras. biqus. bigas. 


demain.... 


combien ?.. 
pas encore. 
parce que. . 


ÉLe-ce 
AVOIT 
faire . ... 


former... 
vouloir.... 
pouvoir ... 
IÉHTPS 0 Ole 
donner.... 
prendre. 
prétenrebr 
perdre... 


marcher . . 


courir... 
TeSLErS ce 
suivre. . . . 
attendre... 
EnITEr ere 
sortir... 


garder, rete- 


éloigner. .. 
veiller .... 
descendre... 


Tamer . ... 


— 132 — 


VOCABULAIRE N° 2.: 


MALAIS. 


ari int. 
kalmarin. 


becogq. 


brapa. 
beiom. 


sebab. 


ada. 
ada. 
bekin, buat. 


merupakan. 
mao! 
buleh. 
memutus. 
kaci. 
ambil. 

kaci pindjam. 
meru qui. 
berdjalan. 
pequi. 
datang. 
lari. 
tingqal. 
turut. 
menanti. 
macoq. 
kluar. 


simpan. 
malay. 
mendjaga. 


turon. 


mendayongkan. 


SOULOUAN. 


hati. 
sarang. 
adlau mi. 
cahapun. 
quinsum. 


nan. 
aun. 
buhat. 


magqinang. 
mabaya. 
magcadhart. 
maubus. 
dihil. 
cauaan. 
guipabuut. 
malau«. 
magid. 
panao. 
dumatung. 
dumagan. 
nacabin, 


tumagad. 
masulut. 


djumaga. 
nauq. 


lumupad. 


BISAYA. 


niadt6. 
higho. 

caron adlao. 
cahapon. 


ugma. 


mao, Man. 
duna, may. 


pagbuhat. 


pagbunt. 


gahom. 
ubus, human. 
hatag. 
cugha. 
bailo. 

uala. 

lacao. 

adto. 

abut. 
pagdalagén. 
pabilin. 
sumunod. 
tagad. 
pagsulut. 


pagqua. 


simpan. 
malayo. 
mao ingat. 


nauq. 


paglupat. 


BULED-UPIH. 


sembt. 
gunap. 
hohé. 

ada swabt. 


swog. 


komero. 
dapan. 
sebab. 


akay. 

akay. 

buat, mohong- 
kot. 


man yasa. 
malo. 

buleh. 
nopod. 
magcay. 
lapo. 
pintamacon. 
lugui. 
mogad. 
tomidor. 
madjan: 
melaui, maïlo. 
matinibas. 


djuga. 


niambe. 


rokopan. 
komaro koro. 
masun. 
hantiba. 


omao , gayon- 
g C7 


go. 


Ut 


VOCABULAIRE N°2. (Surte.) 


MALAIS. 
passer une| 
rivière . ..| megnabranq. 
nager.....| bernang. 
plonger . . .| tenggelam. 
voler :.... terbang. 
grimper …. . pandyat. 
tomber... .| djato. 
se remuer .| begra. 
pousser . ..| menurung. 
s'asseoir .. .| dudog. 
se lever ...| banqun. 
se coucher.| telantang. 
boire .....| minom. 
manger ...| makan. 
dormir....|l tidor. 
mordre. ...| giqit. 
dire......| kata. 
parler... ..| bitjara. 
appeler... .| pangil. 
crier......| triak. 
- écouter... .| tinggoq. 
"entendre...| dengar. 
pleurer... men «an qUs. 
craindre. .| talut. 
désirer. ...| suka. 
mépriser . . menghinakan. 
comprendre] mengart L. 
ignorer . ..| bebal. 
PACE : salu, 
DNS ne dua. 
AN nee ee liga. 
LE PRE PENSE ampat. 
RSR RC lima. 
M189. SCIENT, — XI, 


SOULOUAN. 


lumanguy. 


lumupad 7 


mahulug. 
magcagibal. 
lincut. 
pagtindogq. 
paghida. 


minum. 
macaun. 


matuuç 
manquicu le 


maman - 
bijara. 
maqlaudq. 


mabucaq. 
pagdunque. 
maycaingat. 
matangis. 
mabuga. 


bauqan. 


magcaïingat. 
magdupang. 


isa, hambuc. 
dua. 

tu. 

upal. 


lima. 


BISAYA, 


paghangap. 
pagholog. 


uyoga. 


paglingcud. 
pagtindog. 
pagh igda. 


paginom. 
paqcaon. 


pagtolog. 
panqut. 


pagpamulun g- 
pagsultr. 
pagtaoaq. 


sigao. 
taling hoc. 
pagdunqugq. 
tumanqgis. 


matacot. 


mag nas«. 
lumémac. 
pagsabut. 


totlé. 
upal. 


lima. 


BULE-DUPIH. 


montus  kadi- 
paw. 

malong. 

moy0g. 


tamalud. 


komow. 
magañginhkom. 
goyango. 
surun. 
moqom. 

mudé. 


komilia. 


malisop. 


mamalan , 
anun. 


camahap. 
manhabut. 


mano. 
unt. 


tumacad, ma- 
na go, 


-manaï, loco. 


moboonq. 
magron(o. 
tâta. 
lama. 


apao. 
marilo. 
mulré. 


l ipandé. 


idloo. 
dulio. 
talo. 

apat. 


limo. 


28 


IMONIMEIIT NATIONALE. 


— 34 — 


VOCABULAIRE N° 2. (Surre.) 


MALAIS. 


delapan. 


sembilan. 


sa blas. 

dua blas. 

dua pulu. 

dua pulu satu. 


tiqa pulu. 
sa TaAtus. 
sa ribu. 


angkav. 


hita, kami. 


kamu. 


puteh. 


idjaw. 
biru. 
kuning. 


merah. 


suka. 


ijium. 


goûter ....| racd. 


travailler . .| kerdju, buat. 


battre... ..| pukul. 
pukul. 


hat. 


frapper. . . . 
attacher... 


SOULOUAN- 


unum. 

pito. 

ualé. 

siam. 

hampd. 

hampé tag isa. 

hampé tag dua. 

cahuhaan. 

cahuhaan caq 
isa. 

catloan. 


hangatus. 


hangibu. 


in. 


in mÿa. 


aco. 

Cao. 

sia. 

kita, kami. 
kamu. 

sila. 


maput. 
maitum. 
sayulan. 
bilu. 
bianing. 
mapulah. 


mag qinang. 


mag pagu UD 
mag pagut. 


lucutan. 


BISAYA. 


unum. 
pité. 
ualô. 
Siam. 


na polé. 


na polo ug usa. 


na polo ug dua. 


caluhaan. 


caluhaan ug 
usa. 


catloan. 
usa Ca galus. 
usa ca Lbo. 


ang. 
anq mya. 


aco. 

iCUo. 

Sia. 

kita, kan. 
kamu. 

sila. 


mapulr. 
maitum. 


caluhuhao. 


madalaq. 
mapulak. 


paghiqu ma. 
humalic. 


pagbuhat. 
hampac. 
bonal. 


paghigot. 


BULED-UPIH. 


onom. 

taro. 

ualé. 

shuo. 

napulu. 
napulu idoo. 
na pulu duho. 
duho na pulu. 


duho na pulu 
idoo. 


talo na pulu. 
na «lus. 


co. 
1kanc. 

ano. 

kita, kamu. 
lkamu. 
loswangan. 


putr. 
sarob. 
gadong. 
bilo. 
sibow. 


muiang. 


suka. 


Jutu. 
mangrac«. 


manogo. 
mununto. 
meriço. 


hawdimoronq. 


couper . - . . 
porter ie 
laisser . . .. 
presser... 
broyer : . . 
brüler . ... 
chauffer. .. 
éteindre ... 


bouillir . .. 


LOUE ne 


bon 2-2. 
mauvais .. . 
propre... 

vaillant. . .. 
silencieux. 
inquiet... . 
endormi... 
fatigué .…. . 


humide ... 
chaud... 
AE ! 
solide. 
raides. :. 
mou, flexi- 
bles... 
faible. .... 
fin, ténu.. 


diable... ... 
science , art. 


poitrine. . 


MALAIS. 


petya. 

antar. 
tingalhan. 
apit. 
tumbuq. 
anqus, tunu. 
panaskan. 
padam. 


rebus. 
gorinq. 
baïq. 
burug. 
sut. 
bränt. 
diam. 
souçà hat. 
bertidor. 
lelah. 


basa. 
panas. 
bras. 
lkuat, 


tegar. 


tambeq. 
lema. 


alus. 


antu. 
imu. 


hukum. 


hulu, hapala. 


mulia. 
rambot. 
idong. 
mata. 


dada. 


— 135 — 


SOULOUAN. 


putul. 


magbalung. 


gibun. 


ss... 


magsunuc. 
papasua. 
palitaan. 


manubun«. 
bansing. 


mar ay ao. 


man Qui. 


matchutchi. 


MAISUC. 


ss... ee 


7 
matuuc. 


liaul. 


alu. 
mapasuq. 
matiqas. 
matiqas. 
matiqas 


malunuq. 
macayüq. 


Mantpis. 


saitan. 


hul:um. 


ut. 
dagbus. 
buhuc. 
ilung. 
mala. 


daga. 


VOCABULAIRE N° 2. (Surre.) 


BISAYA. 


putul. 
paghatud. 
pagbia. 


ss... 


cot cot. 
sonog. 
init. 
pagtaun 
apoy. 
bocal. 
pagtapa. 
maay0. 
dautan. 


ee ee te 


maisuc. 


lahinuc. 


........... 


mabasa. 
mapaso. 
matiqas. 
mali qas. 
magaht. 


mahomoq. 
mahina. 


MANIP. 


ol6. 
nauong. 
buhuc. 
ilong. 
mala. 


dughan. 


BULED-UPIH. 


mamintos. 
manondung. 
kakatog. 
karunsoy. 
manshor. 
mampé. 


sunginamot. 


pada. 
ma apoy. 
ma quling. 


horon. 

rar ay. 
tchutchey. 
pusu. 
mangopoc. 
mentagal. 
alud mango. 


wab. 


murung. 
panas. 
alang. 
pagon. 
alanut. 


lum. 
lama. 
atis. 


antu. 
ilmu. 
hukum. 


hulu. 
parus. 
abok. 
hendonq. 
malo. 


kuap. 


28, 


venire .... 
os nS 
épaule. ... 
bras tete 
main..... 


cuisse . . 
genou... . .. 
jambe . ... 


maladie... 


maladie de 
la peau .. 


sourd..... 
aveugle ... 


homme ... 
femme .. .. 
jeune fille . 
jeune gar - 


tourbillon... 


— 136 — 


VOCABULAIRE N° 2. (Surre.) 


MALAIS. 


tian. 
blukan. 
bahu. 
langan. 
tangan. 
djari. 
kuku. 
pahu. 
lulut. 
betrs. 


kaki. 


sakit. 


laki, orang. 
perampuan. 
dara. 


budag. 
bapa. 
mama, tbu. 
anagq. 

adep. 


lakr. 


mala art. 
bulan. 
bintan. 
siang , ant. 
malant. 
paguu. 
pelang-. 


sorga, langit, 
angin. 


pusaran. 


SOULOUAN. 


tan. 
taicud. 


cuccu. 
paa. 
tahud. 
bitis. 


siqui. 


saquit. 


an«aq . 
taymanhud. 


bana. 


adluo. 

bulan. 

bituun, bintan. 

adlao. 

malam, duum. 

maginand. 

iapun , maqa- 
pun. 

langit. 

hangin. 


hangin. 


BISAYA. 


tiyan. 
licud. 
balicat. 
boclon. 
camot. 
todlé. 
cuCO. 
paa. 
tohod. 
paa. 
téel. 


saquit. 


ao, lalakt. 
babay. 
daraga. 


bata. 
amahan. 
inahan. 
anaq. 
igsoon. 


bana. 


adlao. 
bulan. 
bitoon. 
adlao. 
gabr. 
bungtag. 
kapon. 


lanqu. 
han Gin. 
onos, lbot. 


BULED-UPIH. 


tian. 
lakud. 
sidong. 
longon. 
amplan. 
tandudok. 
pasow. 
pd. 
alud. 
bites. 
hakad. 


saquit. 


gagayan. 
bongol. 


bua. 


cohe, ulun, labo. 
wine, liun. 


kara. 


waju. » 
am. 
ina. 
lili. 
ad. 


Sawer. 


rmatarunat. 
bulan. 
bitterlin. 
runut. 
awar. 

sosu ab. 


mahohèe. 


bulinton. 
wWasSt. 


berawad. 


terre 

mont (place 
de désir). 

haute mon- 
tagne. at 

colline. ... 

plaine. . ... 


rivière . :.. 
courant .. 


nuage... 


année. .... 


cheval .... 
crevette . .. 
crocodile . . 
éléphant... 
écureuil .. . 
grenouille . 
iguane. ... 
moustique . 
OCR. er 


orang - OU - 
tang.…. . 


— 37 — 


VOCABULAIRE N° 2. (Surre.) 


MALAIS. 


guniur. 
kilat. 


tanah, darat. 


gunong. 


buçut, bukit. 


padang. 
uian, kayu. 
lalang. 
djalan. 
lompur. 
pagir. 
TAWG. 

ater.. 
sunggey. 


aTrus. 


awvarr. 


taon. 
bulan. 


leba, 
karbaw. 
sapi 
TUSGL. 
huda. 
udang. 
buaya. 
gadja. 
tupé. 
kataq. 
biavagq. 
niamo0q. 


oranq utan. 


SOULOUAN. 


ulan. 
ducduc. 
lintic. 


tanak, lupa. 


but, bulut. 
bat, bukit. 
daiagq. 
gulangan. 
cogon. 
daan. 
pisac. 
buhanqur. 


tubiq. 

suba. 

suluc. 

tagganquin , 
awan. 


tahun. 
bulan. 


puchucan. 
karbaw. 
sapL. 

Usa. 
kuda. 
pasan. 
buaya. 
gadja. 


oranq ulan, 


BISAYA, 


ulan. 
dabugduq. 


lintic, kilat. 


lupa, yata. 


bukidnon. 
bukid. 
capataqan. 
cacahuyan. 
cogon. 
dalan. 
lapoc. 
balas. 
patubigan. 
tubig. 
suba. 
sulug. 


dagum. 


tuiq. 
bulan. 


camumo. 
carabao. 


cabayo. 
hipon. 
buaya. 


lugac, 
bayanac. 
lamoc. 


BULED-UPIH. 


ur an. 
tankarud. 


tingkiloq. 


tana, dunia. 
buled. 


buled buled. 
kudu. 


gana. 


kayu. 


naiqus. 
lavan, 
butagq. 
aqus. 
gaçop. 
supa. 
sungqey. 
pudug. 


Was. 


1aon. 
bulan. 


manapo. 
karbaw. 
sapt 

payo. 

kuda. 

pagan. 
buaya, wain. 
Lima, gadingan. 
WASUG. 
krataq. 
mendatan. 
namog. 
bawan. 


— 138 — 
VOCABULAIRE N°2. (Surve.) 


..... 


SINSe NA 
grand singe. 
petit singe. 
serpent. ... 
scolopendre 
scorpion. . . 


oiseau . ... 
poisson. . .. 


arbre. ,... 
arbuste. . . 

banane. ... 
bambou ... 
branche... 
concombre. 
camphre .. 
cocotier . .. 


durian. ... 


écorce .... 
feuille . ...| 


gutta-percha 
gambir. .…. : 
herbe..:.. 
nipong .. .. 
patate.,... 
riz en grain. 
riz en herbe. 
riz bouili... 


ss... 


maison. ... 
fenêtre... 


MALAIS. 


ess ee 


CCE 


burong. 
than. 


pohon, kayu. 
pohon. 
pisang. 
Buluh. 
rangkas. 
ketimun. 
kapor. 
klapa, nor. 
durian. 
kulit. 

daun. 

bunga. 

buah. 


geta pertja. 


bras. 
paddi. 
naeL. 
rotan. 
siri. 
roko. 


rumah. 


djenela. 


SOULOUAN. 


babuy. 
amban. 
anul. 
kalanat. 


ss... 


lipan. 
calahangkin. 


manogq mano (. 


isn«. 


kayu. 


ss... 


saquing. 
patong. 
sanÿa. 
mars. 
capul. 


laging. 


ss... 


ass... 


dahun. 
sumping. 
bunga. 

geta pertja. 
gambir. 
sagbut. 


camote. 


buqao. 
palay. 


canaur. 
ua. 
buyo. 


roko. 


bahay. 


tandauan. 


BISAYA. 


babuy. 
daga. 


am. 


akas. 
alopihan. 


atang-atanç- 
langam. 
isda. 


cahéy, péno. 


...... 


saquing. 
canñ«. 
sanÿa. 


banacal. 
dahun. 
bülac. 
bunÿa. 


camôte. 
bigas. 
paléy. 
canaur. 
palaçan. 
büyo. 


tabdco. 


balay. 


BULED-UPIH. 


kalos. 
thus. 
pagoy. 
baladan. 
sandayan. 
ulan. 
lapan. 
punlu. 


losaq. 
pit. 

kayu. 
naron gp. 
puttr. 
taring. 
rahan. 
sanghun. 
dadog. 
ruob. 
nur an qe 
kuli. 
antoh. 
bobuah. 
buah. 
pulut. 
gambur. 
rompot. 
Tipun qe 
patila, pitteul 
waqas. 
paray. 
kanun, 
ganot. 
bayu. 


siqup. 


waloy. 
bila. 


— 139 — 
VOCABULAIRE N°2 


. (SUITE. ) 


porte. 
lumière... 


_..... 


viande. . -. 
graisse. . .. 


_....... 


SHCRE 
liqueur forte 
chaux. ... 


cheville, 
ÉlOUL.. : + 


oreiller... .. 
vêtement. . 
sarong. ... 
linge, mou- 
ROIS. ee 
fusil, canon. 
embarca- 


MALAIS. 


put. 
trang. 
api. 

beci api. 
tepayan. 
daging. 
gumoq. 
mignaq. 
«sin. 
gula. 
arac. 


kapor. 


palu. 

bantal. 
pelkaïn. 
sarong. 


sapu. 
lentaca. 


praw, sampan . 


SOULOUAN. 


lauang. 


tepayan. 
umud, ist. 
daguing- 
lana. 

Qsin. 

gula. 

arac. 


banquit. 


lauchang. 


UŒIL. 


pagcayan. 


suronç. 


sapu. 
sinapang. 


praw,, sacayan. 


BISAYA. 


pinté. 
suqa. 
calayo. 
tepayan. 
unod. 
tabd. 
lana. 
sun. 


tuba. 


apog: 


lansang. 


saplot. 


panyo. 


CCC 


sacayan. 


BULED-UPIH. 


kibaban. 
laput. 
apoy. 
sentekan. 
kubogq. 
hamse. 
lomog- 
anaçaqe 
masin. 
gula. 
alap » garô. 
apoq: 
landsang. 
bantal. 


monkalaman. 


belag , tadjoug. 


teloas. 
lentaca. 


alud. 


d’abord ,......| sebermula. 
alors ........,| maka. 
ANS, ..e--e| VEQUU: 


di adapan. 


en avant ..... 
di blakan. 


en arrière 


. 
. 

. 
. 


ASSEZ Re] URL 
aujourd'hui ....| ari tu. 
auprès ........| dekat. 


lagi, djuga. 


AUSSI CRU UUE 


autrefois... ....| daulu lala. 


après..:......| kemdian. 
beaucoup... ...| bagnaq. 
biens 7e ADGITE 
combien . .....| brapa. 
comment......| bequimäna. 


conte. 20 | Sepentr. 


lébéh. 


tentu. 


davantage . ... 


certainement . . 


dedans ........| di dalam. 


dehors........| di kluar. 


devant ........| di muka. 


derrière. ......| di blakan. 


ka kanan. 


ANdEOIE EE 
apauche. 27277 ka kiri. 


au milieu......| di tenga. 


déja. | Soudah. 


demain beçoq. 


di bawah. 


dessous EE 
dessus UN di atas. 


bio éo Big sama SAME. 


EXCEDIES = ee melainkan. 


CNCOTE EN UNE 


lag. 


AA Ce belom. 


MN SE kalmarin. 
M ERA sint. 


depuis: ©" ...| deri pada. 


JUSQUE ne sampé. 


MALAIS. 


— 10 — 


BISAYA. 


salinugdan. 
niadt6. 
inqun nian«. 
panao. 

sa olaghi. 
highô. 
caron adlao. 
sa luyo. 
usap. 
tanÿqin. 
onta. 
dahan. 
mayo. 


pila. 


uns«y, quionsa. 


injun. 
labing. 
malood. 
sa sulud. 
sa qoa. 


sa tubangqan. 


sa licud. 
S& to0. 
sa uald. 
sa tunÿa. 
na. 
ugma. 

sa ubus. 
sa 1taas. 


uban. 


pa. 


cahapon. 
dinghi, düu. 
culub. 


culub. 


maAcaun«. 
hat. 
biayaan. 
unacan. 
mahuli. 
sarang. 
adlau üu. 
masuuc. 
isap. 
tagnaan. 
gana gana. 
malaud. 
mar ay4o. 
pila. 
subay. 
subay. 
labr. 
tuud. 
palaum. 
hagoa. 
mahadarat. 
hulr. 

tuu. 
pau. 

sa tunÿ«. 
na 
quinsum. 
hababa. 
alaas. 


iban. 


pa. 


cahap un. 
dir. 
deinduun. 


$ ampay . 


SOULOUAN. 


£ 


VOCAB 


SAMAL, 


mun«. 
unian. 
magunt. 
maul. 
sugadd. 
aduun. 
masaïd. 
ninian. 
cagayada. 
madaïd. 
madido. 
pila. 
unian. 

sa suud. 
sa lugua. 
sa tubanhan. 
calinto. 
caud. 

sa atunÿa. 
na. 
tinsom. 
daum. 

sa taas. 
magducut. 


pd. 


sa caagabr. 
dini. 

sepat. 
sepai. 


— ll — 


IRE N°3. 
MANOBO. BAGOBO. TAGACAOLO. BILAN. ATAS. 
una. satigcanacan. 

nian. toccunun. 

= LOT iring ani. 

aquné. tasight. und. 
ali. sa tapurt. mul. 

gédda. purghadum. umbada. 

un. mant adlé. aduun adlao. 
asaïd. nigbaluy. malapit. 
nian. punan. 

: SOON cannum. 
nadlao. cant. 
hadite. madita. madaïq. 
natia. madiqur. madiao. 
bila. pira. pila. 

Lan. undin iaan. 
|. SRE gamac no. 
| LL pe sunnud. 

LÉ RSENTE t06. 
emuud. tundalun. sulud, 
paluqua. sa lua. lua. 

ap. patubangr. 

M . 5 sa bucc6. 

alinto6. sa cauanan. kalintuq. 
biban. sa hiban. cauald. 

a atunÿa. tungaan. ‘tunÿa. 
na. na. na. 
caaldao. simag. cunadlao. 
sium. siruq. dalug. 
ilatas. sa bu. itaas. 
magidapan. mag-hin. maq-ipid. 
pa. pa. pa. 
gabaninipa. ban. pagabr. 
dini, dinc. dini. 
ipat. tacudl. ulub. 
ipat. sippan. utub. 


longtemps . ... 


maintenant. .... 


MOINS TE el 


NON... -e 


partout... CT 
pourquoi ..... 


parce que...... 


PEU...ss.e..e 


quande eee 
SouVente ere 


peut-étre- 


MN(ICoN. ee 


{rop........, © 
LRES) tuerie es 
tout à fait, com- 

plètement fini. 
vraiment ...... 
Été Re ee 
ANONP 5 pd0 0 0: C2 
faire SU 


VOUIOIT ee 
POUVOIT . . . ... 
puissant... 


accomplir... ... 
EMAYET ee chee 
commencer ..., 


MALAIS. 


la perna. 
sana, di situ. 
djaw. 

di sana. 


sekarang. 
lébéh baïq. 


korang. 


tida, bucan. 

di mana. 

di semua tampat. 
apa, mengapa. 
sebab. 


sadiket. 


apabila. 
ulang ulang. 
sadya. 


barangkal. 


kalu. 
dekat. 
selalu. 


lébeh. 
terlalu. 


sudah abis. 
betul, tentu. 


ada. 
ada. 
buat, bekin. 


mao. 


buleh. 


tyoba. 


mulay. 


PER CU 


BISAYA. 


uala sugal. 
didté, ah. 


malayu. 
dugay. 


caron. 
labiny maayo. 


labing diutay. 


dili, ayao. 


haïn. 


kalap nan banua. 


nano. 


cay. 
diutay. 


canusa. 
masupsup. 
léman. 


magim. 


cun. 
malapit. 
guthapon. 


hilabihan. 
caayo. 


tapus nt. 
matood. 


mao, MAN, AN. 


duna, may. 


pag buhat. 


buut. 
gahom. 


macagagahon. 


tuman. 
sayud. 


sugdan. 


VOCABULAIR 


SOULOUAN. 


haumul. 

ditto. 

maayo. 
maayong Mau. 


bihnnd. 


labid mar«yao. 
culang. 


di, indi, bucan. 
harin. 

magiita. 
magilla. 

lit tit. 


cuunt. 


calo calô. 


cun. 
masuuc. 
tab tab. 


masaua luud. 
tuud. 


ubusun. 
budnal. 


man, hay. 
aun. 


magqinang. 


mabaya. 
magcadhart. 


00e me 


sulayan. 
sugud. 


SAMAL. 


adt. 
mantat. 


madaïn adlau. 


adun. 
madiaé. 
kuan. 


di. 

lohen. 

kadita tampaan 
ngano. 


canupa. 
madai. 
minian. 


dimaïmé. 


cun. 
masaïd. 


diapun. 


calabian. 


madayquy. 


tapus da. 
butnad. 


man. 
aun. 


s J 
1mo. 


kalin. 


bansa. 


tuman. 
tamauan. 
punuq. 


MANOBO. 


adaïin adlao. 


sin. 
matia. 
kua. 


hocud. 
kanaan. 
anana. 


nga alay. 
düto. 


canupa. 
marita. 

sa tan. 

hocod kabaal. 


inang. 


kalim. 


macating. 


tumuman. 
talamanan. 
tunug. 


. BAGOBO. 


dutun. 
madio. 


Say an. 


adun. 
madiao. 


dilug. 


diri. 


hunda. 


manan. 
cay. 
diluc. 
cadunÿan. 
tinunan. 


manun. 


mimé. 


cun. 
marant. 


tinunan. 


misun-nudan. 
madiqut. 


punghadun. 


t06. 


too. 
duun. 


pagimu. 


magcaliaq. 
cagatiqan. 
magcadacul. 


tumuman. 
nagasud dur. 
tigcaanaya. 


TAGACAOLO. 


adto. 
maanat. 


mauat na gabi. 


adun. 
magtu qad : 


manqud. 


dilr. 


tacbr. 


tinunu. 
madaïq. 
iandagao. 


maimo. 


cun. 
malapt. 


palaban. 
adun adun. 


abus da. 
butnal. 


man. 
aun. 
pag im. 


malim. 
cabagsugan. 
macaqais. 


pulus. 
talamanun, 
tugbuan. 


ago ni, 
nunda. 


nimo. 


mayo. 
tud. 


tumuman. 
nayu. 
tunugs 


man. 
duan. 


quinaua. 


luman.. 


gaddam... 


HITS NUE De 
donner........ 
recevoir. ..... 

ENEN Se Le 
rendre........ 
CHOISIE AR EEE 
acheter........ 
Vendre =: 
changer. . 1... 
NE 20000 7 

A 
prêter......... 


louer (donner en 
location) ..... 


emprunter..... 
DAUTIEL = cie ee cie 
Data ot ce 
chercher...... 
(TOUVETE NET EEE 
promener . .... 
aller: 2. 2e 


Monter -ee 
descendre... .... 


remonter une ri- 
Niere 22 ut 


descendre une ri- 


TAMET eee 
voler (dans l'air). 
nager ele 
danser,....... 
SAUCE pe 00e 


MALAIS. 


habiskan. 
kaci. 

trima. 

ambil. 

kaci kombal. 
pi. 

memblr. 
dyual. 

gant. 


bayar. 


kaci pindjam. 


bri sewa. 
pudjam. 
ontong. 
meruqui. 
tjari. 
dapat. 
berdyalan. 
pegui. 
pulang. 
djalan. 
datang. 
lart. 
meningqal. 
menant. 
macog. 
kluar. 
naïq. 
turon. 


mudiq. 


ilir. 
dayong. 
terbang. 
bernang. 
mendrt. 


megnucong. 


— ll — 


BISAYA. 


human. 
hatag. 
dauat. 
cugha. 
ul. 

pui. 
palit. 
baliquia. 
ilis. 
bayad. 


bailo. 


abang. 
utanq. 
pagpulus. 
uala. 
quiia. 
quita. 
lacao. 
adt6. 
balic. 
lacao. 
abut. 
dumagan. 
pagquican. 
tagat. 
pagsulut. 
pagqua. 
pagsaca. 
naug. 


suba. 


iliq. 
gumaod. 
lupad. 
lanÿoy. 
pagsayao. 
locso. 


SOULOUAN. 


maubus. 
dihil. 

mac sambut. 
cauaan. 
giulr. 
pilian. 
mihi. 
pabihihan. 
magqant. 
pagbayat. 
guipabuut. 


tahumucay. 
buus. 
maunlung. 
malaua. 
lumauag. 
magbaac. 
lunsul lunsul. 
panau. 
balig mari. 
magud. 
dumatung. 
dumagan. 
mui. 
tumagad. 
masulud. 
mui. 
masacat. 
manaug. 


lumupad. 
lumanguy. 
manÿalay. 
malucsu. 


. VOCABULAIR 


SAMAL. 


tapus. 
hatag. 
dauat. 
habidan. 
muli. 
pi. 
bulit. 
baliquia. 
malilim. 
bayad. 


pantanqun. 


tumandan. 
pangcatun. 
CS - 
miatanaq. 

man ap. 

quita. 


panéo. 


ee... + 


dumatun. 
dumagan. 
manao. 
magtagad . 
tumuud. 
tumuqud. 
panig. 


manaug. 
sumüba. 
suüq. 
lupad. 
lumanguy. 


sayao. 
lumüpad. 


3. (Surre.) 


Ne 


MANOBO. 


BAGOBO. 


TAGAGAOLO. 


| —_———_————————— || 


pus. 
La qay. 
unau«. 
abidan. 
ul. 
il. 

ul. 
agan. 
alilin. 
ayad. 


antanqun. 


amandan. 
angad. 
talun. 

Lan ap. 


_.........,.. 


uno. 


amatun. 
uma gran . 
\anan«o. 
umaqad. 


Ldalum. 
UqU«. 


\anaic«. 
an «au. 


umiba. 

nasulnq. 
nalupad. 
umayuq. 


Un ay A0. 
mm pad / 


bungha. 
bugdi. 
dauatum. 
canÿhahiun. 
uli. 

sumali: 
bal-li. 
pagpabal-lr. 


. balié. 


bayad. 


bulasan. 


sangda. 
angcat. 


minal-la. 
namaat. 
migquita. 


dulun. 


pano. 
magdalo. 
pumanaqui. 
pagpanao. 
mandat. 
maghuc. 
pané. 
magpaniq. 
manu. 


sumubat. 


musau. 


layang. 
lanÿoy. 
sayao. 


maqgtucpo. 


abus da. 
täqan. 
auatan. 
kamaun. 
buadi. 
dimalim. 
bili. 
baliquia. 
sayugan. 
bayadan. 
pangcat. 


utanq. 
malagap. 
paninaun.. 
quinita. 


adtô. 


panao. 
dumatan. 
dumalagan. 
panao. 

tagad. 

laçoq. 
D La D 
paniq. 

panauq. . 


sumubas. 


musaq. 


l uméyam. 
dumangoy. 
sumAya0. 


lumucpad. 


tacn. 
balnem. 
tinaam. 
nagot. 
malep. 
su6. 
blem. 
duluc. 
mayad. 
mubuq. 


laua. 
maabal. 


tataon. 


maago. 


tacol. 
nuld. 
maqui. 
patanam. 
gadilam. 
lamua. 
miap. 
maaqo. 


sub6. 
pol. 
moyônq. 


cahun q- 


say ao. 


Jfaltug. 


bagqay. 
induq. 
anÿay 
ulr. 
pu. 
badliq. 
balikid. 
alinan. 
bayad. 


paanqcad. 


anghkatan. 
dununtun. 
ualad. 


quita. 


panoad. 


thuma. 


ipando. 
taqgat. 
ligauan. 
lua. 
penegq. 
ponoq. 


layan. 


ins&y «to. 


luncasé. 


Mr 7e 1e 


grimper ..... Fe 
10tn Der 


Temuer..... 
S'ASSEOIr 2e 
SeHEVEr.. eee 


SATER ee NT 


Doirés re 
boire ensemble... 
S'ENIVTE.. 
matter te 
NIVEGS ec giente 
glouton. ...... 
dormir. eee 
fumer (du tabac). 
mMAcherS ee. 
AAC RCE 


MOFUTE Lee 0 


APDCIER OR 
questionner . ... 
répondre ei 


demander, solli- 


PHÉLÉEC eee 
accorder (donner) 
refuser........ 
ordonner....., 
ENVOYEF - - » - - - - 
Obére 2 HET 


MALAIS. 


bangun. 

telantanq. 

berlatud. 

kaçihormat, me- 
quamba. 

minom. 

maboq. 

makan. 


makanan. 


CPC 


minum roko. 


pepaq. 


telan. 
gigi. 


kata. 
butjara. 
pan ggil. 
tagna. 
djawa. 


minta. 
tingg0q. 
simbayar. 
bri. 
engqan . 
surôh. 
kirim. 
pateh. 
antar. 
bäwa. 


taro. 


BISAYA. 


paghangap. 
pagholog. 
pagpandul. 
paglihog. 
paglingcud. 
pagtindog. 
paghigda. 
paglohod. 
pag abi abr. 


paginom. 
maginom. 
hubuq. 
pagcaun. 
calanon. 
hingaon. 
pagtoloq. 
pagtabacco. 
pagosap. 
pagtulun. 
pangut. 


pagpamulunq. 


pagsulir. 
paglaoagq. 
cutan«. 
tubag. 


pangqain. 
talinghog. 
pangaddi. 
hatag. 
pagdilr. 
pagandam. 
s6go. 
tuman. 
hatud. 
pagdala. 
pagbutang. 


VOCABULAIR 
SOULOUAN. SAMAL. 
PR ir © cc cumaniq. 
mahulu q. maug. 
mabanca. salumpacan. 
macqagibal. 
lincul. pagincud. 
tumindug. mindoq. 
paghiyda. moang. 
pagluhud. Va ee 
sa 5 Lo bäsa. 
minum. inom. 
RAC 0 à maginom. 
maghilu. langu. 
macaun. cumaan. 
PS oo pagcanum. 
A NO © à tugcaon. 
matuug. matuug. 
magsiqupun. siqüpan. 
sumpaun. supé.. 
sntoltle ee clore tunun. 
manqgutcut. cägat. 
mamunrg. | magbao. 
bitjara. sie à 
magtauaq. taoaq. 
magsubu. pagutana. 
ere ........| tubag. 
mangay0. .mangao. 
pagdunguc. paninÿhud. 
Mmanqadyt.” -. PEINE R CREER 
dihil. 
du. magdi. 
daägq. pagdat6. 
magpahatud. saqu4. 
parigsa. 
magbalung. pusdnum. 
pag dala. 
butan. 


mabu tan. 


3. (Surre.) 


MANOBCO. 


—_—_———————— 


Lan «ic. 
aragdaca. 
niuluyan. 


\anonootL. 
mundo gti. 
ubadti. 


agbasa. 


unom. 

La ginunqL. 
an qu. 
umaan. 
agcanum. 
ngCaon. 
umadu qui. 
iqupan. 
upa. 
mllun. 
ägat. 


agit. 


aoar. 
nsay. 
bag. 
AMTU ( 
analalan. 


DTA 
pagdaté. 
ri qud , 


fiénum. 


sauli, 


. BAGOBO. 


menegq. 
madabo. 


mano go. 


munsad. 
tuminduq. 
dumagqa. 
lincohod. 
manghalu. 


minom. 
miqunum.. 


# 
0. 


cuman. 
malaan. 
toloq. 
magsiqupan 
ulion. 
milamun. 


pangit. 


pagcaqt. 
patongcoy. 
magtanaq. 
dinsa. 
tuba. 


mamuio. 
mMANENU q. 
pangadidi. 
diri. 

nilam. 

5096, nunug. 


piil. 


tag6. - 


= HT 


TAGACAOLO. 


mant q- 
maholog. 


nanucp, 


incud. 
indog. 
mulong. 


pamdsa. 


inom. 
minom caucadaïd. 
ngabalug. 
cumaan. 
canunun. 
lagucun. 
matologq. 
siqupan. 
supaun. 
tuliunun. 
banga. 


magbalao. 


ss... 


sicun. 


manÿaio. 
mamantq. 
inday. 

sumogoh. 
magbaba. 


aliunda. 


BILAN. 


amhkop. 
labüg. 


lidos. 


LA 
und. 
tadaq. 


mul. 


ma/f6. 


minom. 


langal. 
cumaan. 


canan. 


kudaan. 
sumaqu/adn. 
mama. 


palnoom. 


00 


sfalac. 


000 ee 


iqufdun. 


maqud. 
Jlinogt. 
uantd. 
doc tacu. 
malt. 


fuléh. 


ATAS,. 


poméneq. 


nacaholoq. 


unsad. 


lag.hinad. 


inom. 
yaphiaplkan. 
kaan. 
kakaan. 
truçan. 


siqupan.. 


sappa: 


ibal-lan. 
aroq. . 


hikagu. 


intood. 


baggay. 


piad. 


sabo. 


— LS — 


VOCABULAI 
MALAIS. BISAYA. SOULOUAN. SAMAL. 
laisser ........| tinggalkan. pagbia. gibun. NPA. LS TRE 
enlever........ buka. dala, hatud. cauaan. haïawan. 
soulever .......| anghat. paglaas. magtinduc. hungat. 
allumer.......| pacang. ducut. magsau«. sugaän. 
brûler ........| angus, tunu. sonoq. maysunuc. sandab.. 
chauffer. ......| panaslian. init. papasua. init. 
éteimdre.......| padam. pagtauin aug apoy.| palilaan. 
CUITE...» - | MaÇay. paglots. maglutu. paunun. 
bouillir........| rebus. bocal. manubuna. magtanqun. 
rôtir, griller. ...| goring. pagtapa. bansing. maqicu. 
AiMEr..- +20 |NSURO. paghigugma. maccasL. canian. 
honorer.......| hormad. pagtacud. pagtahud. SONDANIIUNES 
hair PUR EEE |MUin pagdumut. mabunhi. matanginau«. 
plaindre... ....| sayang. RO Dj 1 OP NENENEESRERTS pee 
se souvenir... « ..| 1nqüt. pagdundum. catumtuman. dundum. 
battre, frapper. pukul. bonal. mag pagut. badasun. 
fouetter .......| tjabugq. hampac. sampag. FIAOMNETS 
combattre... ...| prang. pangÿubat, pag- pagbun:. maqau«y. 
lalio. 
couper ........| patéh. putul. pulul. hutudun. 
briser.........| peljà. bucts. baliun. apsaun. 
fendre ........| bela. liku. malikt. 
arracher.......| tabot. abôt. gilaun. gabnutun. 
piquer........| ljutjuq. ibul. umastul. tucbuc. 
blesser ........| meluka. samad. pialian. samad. 
tuer..." |Nburoh. pagmatày. magbunac. pataïun. 
MOUTIT .. oo +| ML. patay. manatay . matay . 
guérir ........| megnumbo. tambal. yubatan. pagdayun. 
vivre. en. INRtanp. buÿhi. mabagi: "MERE ER 
être malade. ...| sakit. maAsAqUEL. masaquit. masaquit. 
SEMOYCe EURE IR ER EE lumus. nalumus. ilumus. 
travailler . ....,| buat, kerdja. pagbuhat. magqinang. lamunun. 
travailleur 2 2. As himuhat. LT ST ATRNRE maghinanq. 
labourer . .....| menangqala. daroh. tauhul. dadoh. 
semer......,...| tanam. tamn«. tanum. tanum. 
creuser . ......| koreq, qu. cutcut. cutcul. amas. 
aiguiser. ......| mengaça. baid. yabaun. 
HOPSOR Se + 210 6e AP TENDE. VE SI CRE CE IR EE RE CEE 
attacher.s 0: .| that. baat. lücutan. bagcutun. 
, 


3. (SurTe.) 


MANOBO. 


! nant. 
nâti. 
bniomt. 
angab. 
it. 


Ratay an. 
hagalum6. 
acambaiat. 
aiduan, dacal. 


ss... 


adaat. 


nUATUM.. 


adasin. 


ulao. 


apuun. 
urbakun. 


ugätun 

tuhkun. 
li. 
ataïan. 
ataidun. 


bagdayun. 


tumuhun. 
maghinang. 
nagdadudoh. 
inanum ’ 


amas. 


, agcasan. 


MISS, 


BAGOBO. 


pagbaïan. 


natun. 
rucut. 
gobbo.… 


init. 


mumAun ge 
laccaddagq. 
pat. 
pagdacul. 
tinqud. 
caniqua. 
manundum. 
tigbas. 


pasocoy. 


tampol. 


buctus. 


bittot. 
ubut. 

nina. 

maté. 
minati. 
baui. 
manté. 
kabogocan. 
milumus. 
bagcus. 


maglaluma. 


pam ula. 


magcutcut. 


salsal. 
lagus. 


SCIENT. — XI. 


— 49 — 


TAGAGAOLO. 


tontama. 


es eee 


caïnit. 


caliman. 


anumanum . 


_bunalan. 


+ ee + ° 


bulao 


mactibasin. 


gabutum. 


Jali. 


miatay . 
babulun. 


kasaquitan. 
lumus. 


mal ITA 


magdadoh. 


MANnCILUn. 


dre 0 vd 0 6 00 019 °71 


butucunta,. 


BILAN. 


antaman. 


tabal. 


cat. 


20e 


Jaldam à 
sunal. 


macasduum. 


mibol. 


00 + 


nansôc. 


macsaoy. 


namatt. 


buluun. 


fandas. 
namlimas. 


namimo. 


kamloh. 


molo6. 


almafuta, 


ATAS. 


matihan. 
dakat. 
katutun. 


init. 


iloto. 


lacadda. 


hipat. 
tingad. 
kéruan. 
palundum. 
lampos. 
qubat. 


tempo LE 
kabuctus. 


barot. 
tu. 
napalian. 


imatay. 


kasakitan. 


kalannad. 


ilamun. 


pamula. 
kali. 
dakop. 


29 


TMPAIMENTE NATIONALE, 


détacher ...... 
délivrer . ...... 
coudre........ 


clouer, enfoncer 
une cheville... 


mi 
. . . 
Û . . 
. . e 
Û . Û 
e ° . 
, « 
. . 
. . 
, , 

. 


. 
. 
. 

. 

0 
e 
. 
. 


. 
e 
Û 
. 
. 
e 
. 
e 
e 
. 


. 
. 
. 
. 

. 
. 
. 
. 
. 
. 


D I OO Or Æ © À 


. 
. 
. 
. 

. 

. 
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, 
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0 
. 


gens ME CE 
HO MUR TRS 
Too... 
12 TC OMAN . 
DO RUN DA 
DD En EVENE A 
D'OR EU de 
LODEL RE 
DO0 une 
ROOO0O0 Re 


1e la: crane 


CÉS: > 2: TUE 
homme ("tr 
lemme tree 


MALAIS. 


urey. 
melepaskan. 


dyaïb. 
pakukan. 


salu. 
dua. 
tiga. 
ampat. 
lima. 
anam. 
tudyu. 
delapan. 
sembilan. 
sa pulu. 
sa blas. 
dua blas. 
dua pulu. 
dua pulu satu. 
üiga pulu. 

sa ratus. 

sa ribu. 

sa laksa. 


ses... 


0e se 


alu (inusité). 


angkaw (inusité). 


dia. 

kita, kami. 
kamu. 

dia. 

uu, int. 
lu, uu. 
lakt, orang. 
perampuan. 
bapa. 


mama, bu. 


— 150 — 


BISAYA, 


bug. 
pasaylo. 
taïb. 


paglangsang. 


usa. * 

dua. 

toulo. 

upat. 

lime. 

unum. 

pulé. 

ual6. 

sam. 

na polo. 
napolo ug usa. 
napolo ug dua. 
calähaan. 


caluhaan ug us«. 


catloan. 

usa Ca qalus. 
usa ca libo. 

na polo ca libo. 


an. 

ang mÿa, 
ac. 

iCA0. 

sia. 

kita, kami. 


kamu. 


sila. 

quini. 

ang mÿa quini. 
{ao. 

babay. 
amahan. 


inahan. 


SOULOUAN. 


bugr. 
pasaylu. 
tagt. 


lausang. 


isa, hambuc. 
dua. 

tuu. 

upat. 

lima. 

unum. 

pitô. 

valô. 

sam. 

hampo. 

hampo tag isa. 
hampo tag dua. 
cauhahan. 


cauhahan cay isa. 


catloan. 
hangatus. 
hanibu. 


hampo sa ibu. 


in. 

in mya. 
ac. 

icao. 

sia. 

kita, kami. 
kamu. 
sila. 

int. 

in ma int. 
tao. 

babay. 
ama. 


ina. 


VOCABULAIR 


SAMAL. 


butauanan. 


bayaanda. 


tay. 
lansan. 


1. 

dua. 

t06. 

upat. 
lima. 
icaunum. 
icapttô. 
ua6. 

Siam. 
sampo. 
sampo 154. 
cauaan. 
atloan. 
sang qatus. 
sang man. 


eee 


Jan. 


yan mya. 
aco. 
iCao. 
aan. 
kita, kanu. 
kamu. 
silan. 
int. 
inian. 
usug. 
bubay. 
_ama. 


inah. 


M3: (Surre.) 


MANOBO. 


butauian. 
bayaanda. 


magtabir. 


lansan. 


sabad. 

cadua. 

icatlô. 

upat. 

lima. 

icaunum. 
icapitô. 

ualé. 

s1a6. 

pol. 

polo isa. 

dua polo. 

lolo polo. 
sabad da qatus. 
sabad mararan. 


sms... 


Jan. 


yan mÿa. 
SL acon. 
icuna. 
lan, 
sikami. 
sikaum. 
silkandan. 
iani. 
minian. 
maam«. 
bay. 
amay. 
inay. 


BAGOBO. 


lungaan. 
pasasagsagad. 
tubbil. 


pagpagcun. 
sebag. 


dua. 

tatlô. 

apat. 

linia. 

unum. 

putté. 

ualô. 

st6. 

sa polo. 

sa polo sabbat. 
sa polo dua. 
dua polo. 

dua polo sabbat. 
tatlo polo. 
sabbat qatus. 
sabbatmararanou 


sabbat ma ribu. 


Jan . 


Jan mqu. 
sacon. 
sicun«. 
sicandin. 
kita, Lam. 
sikio, 
sihandan. 
lan, 

ini, 
manobo. 
bay. 

am“, 


inah . 


— 51 — 


TAGAGAOLO. 


badunta. 


mata. 


magbiusa. 


isa. 

dua. 
catlo. 
ufat. 
lima. 
canuon. 
Jito. 
caulian. 
sam. 
sam folo. 
samfolo tag 1sa. 


03e... 


karuan. 


catloan. 
san gatus. 
sang maala. 


00 °° + 


ang. 

ang ma. 
aco. 
iCA0. 
aan. 
lkaray qan. 
lamu. 
kamuyan. 
ini. 

inian. 
usug. 
bubay. 
am. 


inah. 


BILAN. 


ambool. 


tambol. 


nam/uq. 


anisu. 
aluu. 

atlé. 
Jaat. 

limé. 
aguaman. 
naqfité. 
qualé. 
gasium. 
gasfaolan. 
sanfalo satu. 


s..…0. eee 


aluu falo. 


atlo falo. 
am libo. 


nu. 

ni. 
aqu. 
qufa. 
sanito. 


quictodoon. 


00... 


qguoya. 


ant. 
anian. 
laguig6. 
libun. 


ma. 


yèé. 


ATAS. 


subucan. 


tabbil. 


pansal. 


saccad. 

arua. 

tatlô. 

appat. 
limma. 
annam. 

puttô. 

ualô. 

saw. 

sa pulo. 

sa pulo isagcad. 
sa pulo arua. 
aruan pulo. 


atadlum pulo. 
saccad na qatus. 
saccadnamararan. 


manque. 


ang. 

ang mÿa. 
siccao. 
siap. 

sia. 
sukamt. 
si kiu. 
sikandan. 
ini. 

inLan., 
minobo. 
bahay. 
amay. 


inay. 


20. 


— 52 — 


VOCABULAIR 


MALAIS. 


enfant, fils, file.| anagq. 
IREM IE adegq. 
SŒUR LUE sudara. 
MAT ee ele lakr. 
épouse. Her bini. 
Mers Let laut. 
LIMIÈRE SE sunggqey. 
BUISSEAUS AS AA Re 
AUS ns ayer. 
Sable sets EE pagir.. 
Dents HO batu. 
ARR oLRBE tanah. 
Dois A a ENS kayu. 
caverne ....... qua. 
CERTES rene langit, sorqga. 
ÉVITE RE Cu angin. 
SOLE ARR ee art. 
HOUR RÉBSE e art, Stan q. 
MU a tes ! malam. 
lune een bulan. 
EtOHE- Ma see ee bintang. 
ANDÉR SNS ee eee taon. 
MOIS: 0. em ae bulan. 
PACE CAEN üulan. 
VEN AREAS an qin. 
RUADE: > AN .| awan. 
éclair EE kilar. 
tonnerre....... guntur. 
RANCE becar. 
petit... "nt. letchi!. 
Cher. pe maal. 
bon marché....| mura. 
Chaude SERRE panas. 
RO A EE ETS dinn gin 
blanc: "rer puteh 
MOIP ee NT t itam. 
VEN E... - é idjau 
bleues biru. 
Jaune . 2%: 2. sure luning. 


BISAYA. 


bata, anaq. 
1/s00n. 
1gsoon nga babuy. 
bana. 

asau «. 
dagat. 
suba. 
sappa. 
tubiq. 
balas. 
bato. 


langit. 
hangin. 
adlao. 
adlao. 
gabi. 
bulan. 
buoon. 
tuig. 
bulan. 
ulan. 
hangin. 
daqum. 
lintie, kilat. 
dalugdug. 
dacü. 
diutay. 
maal. 
mur «a. 
manie. 
bugn6. 
rRApUEL. 
maitum. 


caluhuhao. 


madalag. 


SOULOUAN. 


anagq. 
taymanhud. 
taymanhud. 
bana. 

asaua. 

laut, dagat. 
suba. 


tubiq. 
buhanqui. 
bato. 

tanah, lupa. 
kayu. 

lugan. 

sorqga, langut. 
hangin. 

adlao. 

adlao. 
malam, duum. 
bulan. 

bituun, bintan. 
taun. 


anaq. 
lumun. 
lumun, 
saua. 
saua. 
dagat. 
saub. 

.| saub na tacbr. 
tubiq. 
pantad. 
ampasun . 
lupa. 
kaut. 


samut. 
suga. 
adlao. 
gabi. 
buan. 
bitoon. 


sa cahumay. 


bulan. san buan. 
ulan. uan. 
hangin. hanÿin. 
taggqanquin, avan. panghamud ù 
lintic. lintic. 
ducduc. kilat. 
dacula. dacua. 
asibt. tacbi. 
mahal. maal. 
mura. magan. 
mapasuq. maïnit. 
mahagqud. maticnao. 
maputr. maputz. 
maitum. maïtum. 
sayulan. malunao. 
bilu. gadum. 
bianing. dinant. 


° 3. (SuITE.) 


MANOBO. 


bata. 
kadua. 
kadua. 
sau«. 
sau«. 
dagat. 
baub. 
üug nÿa baub. 
uayu. 
anay. 
ampasun. 
tanah. 


karamag. 
aldao. 
aldao. 
dalam. 
bulan. 
bitoon. 
subat sa humay. 
subat sa bulan. 
udan. 
karamag. 
panharap. 
kirum. 
kilat. 
 ducul. 
ituc. 
mabugat. 
maacce. 
maïnit. 
maganao. 
mapuli. 
maïtum. 
malunao. 
gadum. 


dinani. 


BAGOBO. 


bata. 
kataladi. 
tebbé. 
saua. 
saua. 
dagat. 


uai. 


uaiq. 
baclayan. 
bato. 
tanah. 


karamag. 
adlô. 

adlô. 
dukilam. 
bulan. 
karamu. 
sebag homme. 
sebag bulan. 
udan. 
karamag. 
labun. 
kirum. 
dilam dilam. 
ducal. 
dilog. 
malagat. 
bagqt tauan. 
maïnit. 
maonno, 
maputi. 
maitum. 
malunao. 
gadum. 


malaraq. 


TAGACAOLO. 


isok. 


inuluq. 


inuluq nÿa bubay. 


asau«. 
asaua. 
dagat. 
alu. 


tubiq. 
pantad. 
bato. 
lufah. 


kaut. 


samod. 
seqa. 

sega. 

gabr. 

bulan. 
bitoon. 

sa cahkumay. 
sa bulan. 
ulan. 
samod. 
labun. 
kilat. 

kulat. 
dacula. 
tacbr. 
dacula alaga. 
tacbi alaga. 
sua. 
maniqui. 
maputr. 
maïlum, 
malunao. 
gadin. 


malalag. 


BILAN. 


maaq. 
lonoq. 
libun. 
asau«. 
asau«. 
TOM. 


suba. 


éèl. 
halap. 
bato. 
tanah. 
kayu. 


es 0e" 


nus. 

do6. 

doé. 
butan. 
bulon. 
blatic. 
safadr. 

sa bulon. 
ulon. 
nus. 
labun. 
sila. 
logom. 
dacal. 
dilog. 
bungit tasan. 
tucaïb tasan. 
mamanit. 
natn6. 
balantan. 
Jitam. 
lunu. 
ulol. 


malalal. 


ATAS. 


anaq. 

sulad. 
sulad. 
asaua. 
asau«. 
dagat. 
suba. 


uëeq. 
paloc. 
bato. 
labuta. 
kayu. 
badlayan. 


kalamag. 
adlao. 
adlao. 
bul-l. 
bulan. 
bituan. 
sacad malagun. 
sacad na bulan. 
udan. 
karamuag. 
saçgulapun. 
kilat. 
balanst. 
dacol. 
desog. 
mata ao. 
magagea. 
maïnut. 
magadno. 
maputr. 
maitom. 
maludnao. 
malalag. 


malalag. 


— 54 — 
VOCABULAIE 


MALAIS. BISAYA. SOULOUAN. 


mapulah. mapulah. mapua. 
bulauan. bulauan. buauan. 
salapi. pilac. sapt. 
tumbaga. bauat. gaan. 
puthao. baci. putao. 
multi. mutia. mutLe. 
coquille LYC. taclobo. pay. tipay. 
poisson kan. isda. isnQ. isda. 
crocodile buaya. buaya. buaya. buaya. 
SEHDENÉT Eee ular. haas. 
oiseau langam. manog mano. langam. 
VOlAIe seen ayam. manoc. manoq. manoc. 


usa. usa. | USE. 


babuy: babuy. babuy. 


kuda. cabayo. kuda. kuda. 
bacca. sapt. 

karbaw. karabéo. karabao. kabdo. 

tikus. amban. 

antjing. TO. tré. idé. 


kutying. ring. cutinq usUg. mink6. 


— 55 — 


e 


3. (Suire.) 


MANOBO. BAGOBO. TAGACAOLO. BILAN. ATAS. 
maracdac. maluto. mapulah. fulah. maluto. 
bulaua. bulauan. bulauan. blauon. bulauan. 
sapt. salapr. sapt. safr. salapi. 
galan. galan. galan. nagalaan. galan. 
putao. puto. putao. natop. putao. 
mutia. buntia. mutL«. mutLcL. muntia. 
tipay. tipay. tufay. tifay. üipay. 
kan. salda. isda. nalaÿ. luddon. 
buaya. buay a. buaya. buayc. buaya. 
upa. upa. upa. upu. manoc. 
manoc. manoc. manoc. manoc. mamoppo. 
usa. 'ATTE usa. isdo. usa. 
babuy. babuy. babuy. blac. babuy. 

LHuda. kuda. kuda. kuda. kuda. 
karabdo. karabo. harabao. karabao. karabo. 
| fuian. asé. ido. aium. ido. 


mio. mudo. mido. 140. upus. 


. Le père de Bitil et la mère de Mani. 


. La troisième maison du chemin est la 


plus belle du village. 


. Les fleurs sont encore plus belles que les 
perles. 


. H est marié. 

. Nous, les Espagnols, nous avons plus 
de barbe que vous, Bisayas. 

Ce chapeau est noir, celui-là blanc. 


I1 est mal de battre les enfants. 


. Achète du riz en grain. 


9. Étends le bras. 


. Prends ce tabac. 


. Le voleur blessa le cuadrillero. 


. J'aime ma mère. 


. Le père de Bitil et la mère de Mani. 
. Les fleurs sont encore plus belles que les 
perles. 


). Ce chapeau est noir, celui-là blanc. 


. Achète du riz en grain. 


9- Étends le bras. 


. Prends ce tabac. 


2. J'aime ma mère. 


BISAYA. 


. Ang amay n1 Bitil cong ang amay ni 


Man. 


. Ang icatolo ca balay sa dalan ang labing 


maayo sa longsod. 


3. Ang mÿa bulac labing maanag sa ma 


mutla. 


. Mino sia. 


. Camüng, nÿa Gachila, labi nga bunquiun 


canimong nÿa Bisaya. 


. Quining calo nÿa maitum, quinung ma- 


puir. 


Ang paghampag sa mÿa bata, dautan 
caayo. 


. Palitun mo ug palay. 
9. liuyud mo ang camut. 
. Pagcoahan mo quiing tabaco. 


. Ang cauaian nagasamad sa cuadriyero. 


. Nahagugma co sa inahan mo. 


BISAYA. 


. Ang amay ni Bill cong ang namay ni 


Mani. 


3. Ang mÿa bulac labing maanag sa mÿa 


mutia. 


4 Quining calo nÿa maïtum , quining ma- 


puti. 


. Palitun mo ug palay. 
. Jtuyud mo ang camut. 
À Pagcoahan mo quining tabaco. 


. Nahagugma c6 sa inahan mo. 


— 157 — 


MANOBO. 


1. To amay ni Bitil ug to inay ni Mani. 


2. To icadlo no bahuy sa int no dalan 
maoy madio pa to duma to longsod. 


3. Sicaan Labin payal no bua sican mutia. 


4. Magahunqun sicandin. 


3. Si kanu, no Cachila, daug canio to 
pagnabuntun. 


6. Sicang calo no maïtum, ug suya maputi. 


=] 


. Maduut sican paghampagq si ini no mÿa 
bata. 


8. Magpabilya ke ta humay. 
9. Unatin sa babanayan mo. 
. Abati dini ang tabaco. 


Guipalian to cuadriyero sa üu pagpa- 
nindacao. 


12. Dacal saquimana inay Mo. 


TAGACAOLO. 


1. Ang ama ni Bitil iang ang inah ni Mani. 


[SE] 


. Ang mÿa bulac lumabi sa caday nÿa 
mulia. 


6. Ini talanda maïtum, tang ini talanda 
maputr. 


8. Pagbili cao nadto sa humay. 
9. Unatum ambuctun. 
10, Canmula ini tabaco. 


12. Malim ac6 sa inahmo. 


1. 


© 


k. 
9. 


6, 


9: 


10. 


BAGOBO. 


Yan ama ni Bitil ango inah ni Mani. 


Yan tetlo ca balé ta dalan Yan sunod ma- 
digor sa banua. 


Yan ma caboGadan madiqor ta mÿa bun- 
ta. 


Don saua din. 


Canu, Cachila, sunod bunÿoton nio, bi- 
saya. 


Oquet matom, sapot mapott. 


Yan pagbunal ta ca bata madat man. 


. Bilino yan omé. 


Pagsangal no yan lima mo. 


Canhayon mo yni tombacco. 


11. Mesaso Jan taccaon sa tartomon. 


8. 
9: 


Dacol ac inah nico. 


BILÂN. 


. Mad ni Biuil yèé ni Mani. 


Fiu bulac sa mutia. 


Caloni fiatam, calo ni bukay. 


Asu itu falr. 


Monotum sigalun. 


10, Anuan fint tabaco. 


12. 


Bon gnaua yèé tago. 


> A5 


CHAPITRE VL. 


GÉOGRAPHIE POLITIQUE. — AGRICULTURE. — COMMERCE. 


Géographie politique. — Les îles Philippines comprennent trois 
grands gouvernements, qui correspondent à la division géogra- 
phique de l'archipel : 1° Luçon, 2° les îles Bisayas, 3° Mindanao. 

Un capitan general, chef suprême de la colonie, commande 
les forces de terre et de mer, et administre directement Lucon; les 
deux autres régions sont commandées par des officiers généraux 
d'un grade moins élevé. 

Chacun de ces gouvernements est divisé en provinces, à la tête 
desquelles sont placés des gouverneurs, soit militaires (goberna- 
dores politico-militares), soit civils (alcades de première ou de 
deuxième classe). 

L’alcade gouverneur d'une province est en même temps juge 
civil et criminel en première instance. Les gouverneurs militaires 
sont assistés d’un alcade de troisième classe, pour l’administra- 
tion de la justice. Un promotor fiscal remplit les fonctions de 
ministère public, et un escribano, souvent indigène, celles de 
notaire et de greffier. Fous ces fonctionnaires sont amovibles. 

La province est divisée en pueblos, terme qui désigne à la fois 
la circonscription et son cheflieu. Dans la première acception, le 
pueblo répond plutôt à notre canton qu'à notre commune. Il com- 
prend en effet plusieurs villages et hameaux (visitas, barangay), à 
la tête desquels sont placés des tenientes, qui relèvent du chef du 
pueblo (gobernadorcillo), lequel remplit des fonctions assez sem- 
blables à celles de maire et de juge de paix. 

Le gobernadorcillo et les tenientes, fonctionnaires indigènes, 
sont élus pour trois ans par les habitants du pueblo. 

Le capitan general réside à Manille, capitale des Philippines; 
auprès de lui sont instilués deux commissions consultatives 
(Junta de autoridades et Consejo de administracion), formées des 
principaux fonctionnaires des divers services. 

La justice esi rendue au premier degré par les gobernadorcillos 
(indigènes) pour les contraventions et les causes minimes, par les 
alcades pour les causes civiles plus importantes, pour les délits 
et les crimes; il peut être fait appel de tous les jugements devant 
la cour de Manille (Real Audiencia). 


— 159 — 


L'armée comprend 1,449 soldats européens peninsulares, qui 
forment un régiment d'artillerie; tous les autres corps sont indi- 
gènes 1), et sont commandés par des sous-officiers et des officiers 
pour la plupart européens. Voici les effectifs des divers corps. 


Européens. — Régiment d'artillerie à 2 bataillons. . 1,449 hommes. 


Indigènes. — 7 régiments d'infanterie à un bataillon. 3,780 
Indigènes. — 2 escadrons de lanciers........... 300 
Indigènes. — 1 bataillon du génie............. 433 
Indigènes. — Service de santé....,...,....... 202 


TorTaz (non compris les officiers)... 4,715 


À ces troupes, il convient d'ajouter les corps suivants, qui, en 
cas de troubles ou de guerre, rendraient de très bons services : 


Indigènes. — Guardia civil (gendarmerie)....... 3,374 hommes. 
Indigènes. — Carabineros (douaniers).......... 2,206 


Toraz (non compris les officiers). . 5,580 


Ce chiffre, joint à celui des troupes de ligne, donne un total 
de 11,744 hommes, dont 10,295 indigènes et 1,449 Européens. 

La marine est représentée par 2 corvettes, 6 avisos et 16 ca- 
nonnières, montés par 1,999 hommes, y compris la garnison des 
arsenaux de Cavite (Luçon) et de l’île de Basilan; tous les états- 
majors et la moitié environ de cet effectif sont européens. Les 
forces de l'Espagne aux Philippines s'élèvent donc a 13,744 hom- 
mes, dont 2,500 européens; elles suffisent pour garder une co- 
lonie qui compte 9 millions de sujets (voir, ci-dessous, Popula- 
tion), et pour tenir en respect les pirates toujours hostiles de 
Mindanao, de l'archipel de Soulou et du nord de Bornéo ©). 


() Le recrutement des corps indigènes s'opère das chaque province par voie 
de tirage au sort annuel parmi tous les jeunes gens âgés de 18 à 24 ans. Les 
exemptions pour cause de faiblesse de constitution sont nombreuses. (Voir, plus 
haut, ch. 1xr.) La durée du service est de huit années. Le contingent annuel de la 
colonie est en moyenne de 1,200 hommes. 

Dans la province d’Albay (Lucon), le contingent annuel est en moyenne de 
60 hommes (pour une population de 250,000 âmes). 

Le remplacement est autorisé, Dans la province d’Albay (une des plus riches), 
le prix d’un remplaçant varie de 40 à 50 $ (200 à 250 francs). 

®) M est intéressant de comparer les eflectifs entretenus par les diverses puis- 
sances dans leurs colonies. Le tableau suivant donne quelques-uns des éléments 


— 160 — 


Les finances sont administrées par l’Intendencia de hacienda, 
dont les actes sont contrôlés par une Contaduria general qui les 
soumet au jugement du Tribunal superior de Cuentas. 

Le budget des Philippines est établi parles Cortès de Madrid, sur 
le rapport du ministère de Ultramar. 

Le régime économique de la colonie vient de subir deux modifica- 
tions très importantes. La culture du tabac était limitée à certaines 
provinces; elle y était obligaloire et le gouvernement était le seul 
acheteur des produits à un taux fixé par lui-même; ce monopole 
a été aboli en 1882 et la culture du tabac est devenue libre, 
mesures qui font le plus grand honneur à S. Exc. M. D. Léon 
Castillo, ministre de Ultramar. D'un autre côlé, l'impôt direct 
vient d'être considérablement augmenté par la création d’un impôt 
sur la propriété bâtie et d’une contribucion urbana, ou impôt de 
patentes, dont le tarif est élevé; 1l varie d’ailleurs suivant l'impor- 
tance des villes, qui sont divisées à ce point de vue en trois caté- 
gories. 

Avant l'établissement de ces taxes, les seuls impôts directs étaient 


de cette comparaison. L’effectif attribué plus haut à l’armée de terre des Philip- 
pines serait un peu trop faible, car il ne comprend pas les officiers ; j’augmente 
en conséquence cet effectif de 10 p. 0/0, soit de 1,180 Européens, plus quelques 
autres officiers pour les états-majors et le corps de santé. Cette évaluation, assu- 
rément très large, donne en chiffres ronds, pour l'effectif européen , 2,680 hommes, 
et pour l'effectif total, 12,980 hommes. 


FORCE ET COMPOSITION DE L'ARMÉE DANS QUELQUES COLONIES, ET PROPORTION 
DE L’EFFECTIF PAR RAPPORT À LA POPULATION INDIGÈNE DE LA COLONIE. 


PROPORTION, 
POPU- TROUPES pour 1,000habit. , 
N de l'effectif 
PUISSANCES. |  COLONIES. ATOM le M LI es e l'effecti 
euro- indi- euro-| indi- 


INDIGÈNE. : : : 
péennes| gènes. | TOTAL. | Léen.| gène. 


habitants. | hommes |hommes|hommes 
Espagne... Philippines 9,000,000 2,680| 10,300! 12,980| 0.30 
Pays-Bas... . | Indes néerlandaises.| 24,000,000| 15,513| 23,518| 39,031| 0.64 


G-Bretagne. | Inde anglaise 255,000,000 | 64,520/124,078|189,498| 0.25 


Cochinchine 1,020,000 3,300| 2,200| 9,500! 2.13 


Algérie. 3,300,000 | 32,000! 13,000| 45,000! 9.69 


%) Cet impôt est de 10 P- o/o de la valeur locative pour les habitations dont 
la toiture est en tôle ou en tuiles, et de 5 p. o/o de la même valeur pour les 
cases recouvertes en feuilles de nipa (palmier). 


VONT = 


le tributo et les polos y servicios, auxquels ne sont pas soumis les 
Européens (). 

Ces deux impôts sont perçus par le gobernadorcillo, les tenientes 
et les notables (cabezas), responsables du recouvrement chacun 
pour leur circonscription. Ils en versent le montant entre les mains 
du director de hacienda de la province. 

Le tributo est une cote personnelle payée par un couple indi- 
gène; un tributo entier représente donc la part de deux personnes; 
un célibataire, homme ou femme, ne paye qu’un demi-tribut. 

Un tributo s'élève à la somme de 7 piastre 15 cuartos (environ 
5 fr. 45) 0) et se compose des articles suivants : 


Tribut proprement dit......... M AA Te 3060 
Manéonemeliraistde-culte): "#03 RS MES: «ue st 
Caja de comunidad (fonds communaux).......... 


1 65 


Les hommes doivent en outre 4o journées gratuites, 
soit pour l'entretien des routes, soit pour le service de 
cuadrillero (milice communale). Ils peuvent s'exonérer de 
ces Ao jours de travail, qui constituent les polos y servi- 
cios, en versant la somme de 3 $ (piastres), soit. ..... 15 00 


La somme à payer par un indigène mâle qui s’est 
exonéré des polos y servicios s'élève donc au total de.... 20 A5 


Le tribut est payé par tous les Indiens valides des deux sexes 
jusqu’à 60 ans, depuis l’âge de 20 ans pour les femmes, et de 
16 ans pour les hommes. 

Les chiffres précédents ne concernent que les indigènes; le tri- 
but des Chinois s'élève à 6 $ (30 francs), et celui de leurs métis 
à 3 $ (15 francs). Les métis d'Européens ne payent pas de tribut. 

L'énumération suivante des chapitres du budget des Philippines 
indique l'importance des diverses contributions et la nature des 
impôts indirects : 


(1) D'après les dernières nouvelles, les polos y servicios seraient devenus exi- 
gibles pour les Européens et l'administration étudie les moyens de remplacer le 
tributo par un impôt d’un caractère moins personnel. 

2) En admettant que 1 $ (piastre) — 5 francs (le plus souvent elle n’atteint 
pas tout à fait ce cours), 1 $ — 8 réaux fuertes ; 1 réal fuerte — 20 cuartos, 


— 62 — 


BUDGET DES PHILIPPINES POUR 1880-1881. 


RECETTES. 
Tributs et impôts sur la propriété (dont 74,000 $ pour 
la propriété urbaine et 136,488$ pour taxe sur 
la fabricahon du rhum): 5006 2e ee 27024188 
Contribucionandustrial. "23000-10092 000 


Douanes et impôt de sanpañon ONE cree 1200) 708 
Vente de tabac à l'intérieur et à l'xporaion OR 6,571,200 
Férmede opium "2H ER ERCR PEACE EL 1 S 09 620 : 
Papier timbré, timbres-poste, Ro etc... 500,500 
Droits sur les combats de ee Re 118,900 
IE A ONE alle réter 7 85 aothoih o à ve es 892,900 
Domaines eco EAU se US RE FRERES 219,600 
DNVÉRE OS Mon odMerAdTeNmo one TAN 726,000 
Torre tas diese ...... 14,630,486 
SOLDES | RON ROUE A0 PARENTS 1 73,152,430° 


DÉPENSES. 
Pensions, retraites, indemnités, crédits divers, dont : 


Entretien de la colonie de Fernando-Pô 

PAIEqUE)- en eeee ec Ce 20 200 
Amortissement de bons du Trésor.. 600,000 2,051,639 
Reliquats d'exercices antérieurs.... 278,632 


Dépenses pour les légations et consulats d'Espagne 


none AUIAPOn EAU RL CU 71,900 
Justice et'cultesho Er ae ne AVS TEE de 980,120 . 
Armée ee UNE DÉS 10 CDD I0 TEA DC oe 


Finances (y compris les frais relatifs à la surveillance 

de la culture du tabac et à la fabrication ®)..... 5,860,686 
LE RE US D don one aoaiteelr etait O7 
Administration (intérieur), postes, télégraphes, pre- 

suis (bagnes) epson 62.00 Are ta: 644,134 


Instruction publique, travaux sb mines, eaux 


ÉPHDrELS- ee EEE  prrcicile ACL Dre De 209,792 
ARORTNS RUE MONS SEP UD 165090 


DÉPENSES EXTRAORDINAIRES. 
LT 


Achat et réparation de matériel naval. — Construc- 
tions de lignes télégraphiques et divers........ 639,339 


FOTAR, 2604 EU FAN MAN ÉS,62 4008 
SO ronde t Je 0000 dr MISE 


() Article supprimé aujourd'hui. 
} Frais supprimés aujourd'hui, 


= 108 22 


Les dépenses s’élevant à 15,824,969 $, soit, en chiffres ronds, 
79,124,845 francs; les recettes s'élevant à 14,630,486 $, soit, en 
chiffres ronds, 73,152,430 francs; la Gifférence est donc de 
5,972,415 francs, sur lesquels 5 millions environ sont imputables 
à des déficits résultant d'exercices antérieurs. 

Dans le budget des dépenses figure une somme de 475,000 francs 
environ pour l'entretien de la colonie de Fernando-Pô et du corps 
diplomatique espagnol en Chine et au Japon, charges que les 
Philippines ont supportées de tout temps. 

Je n’ai pas de renseignemenis sur le chiffre des bons du Trésor; 
l'amortissement de ces bons figure aux dépenses pour 3 millions 
de francs. 


Instruction publique. — Manille possède un grand nombre d'in- 
stitutions dues à des fondations particulières où sont élevées les 
garçons et les filles, européens et indigènes. 

En outre, l’enseignement secondaire est donné dans deux col- 
lèges : Colegio de San Tomas (Pères Dominicains), Afeneo municipal 
(Compagnie de Jésus). Les PP. Jésuites dirigent aussi l’Observa- 
toire (voir chap. x) et une école normale qui forme des institu- 
teurs primaires indigènes. Il y a d’autres écoles normales dans les 
provinces. 

À l'Université de Manille, dirigée par ies Pères Dominicains et dont 
plusieurs professeurs sont laïques, est donné l’enseignement supé- 
rieur pour la théologie, la philosophie, les sciences et la médecine. 

Le collège de San José, annexe de l'Université, forme des prac- 
ticantes (médecins et pharmaciens qui ne suivent que des cours 
élémentaires) et des sages-femmes. 

Presque tous les pueblos sont pourvus d'instituteurs ou d’insti- 
tutrices primaires indigènes parlant l'espagnol; l’enseignement de 
cette langue est une de leurs principales obligations. 


Culte. — Un archevéché à Manille et trois évêchés dans les pro- 
vinces. Les grands séminaires de Manille et des évêchés de Nueva- 
Caceres (Luçon), Jaro (Panay) et Cebu forment le clergé séculier 
indigène. La plus grande partie des pueblos est desservie. par le 
clergé régulier peninsular; le clergé séculier espagnol, peu nom- 
breux, n’occupe que de rares postes dans les provinces ; il compose 
le chapitre de la cathédrale de Manille. 


— 64 — 


Population. — Le recensement de la population se fait non par 
têle, mais par tributo, condition qui, sans parler d'autres causes 
d'erreur, suffirait à expliquer les divergences des divers auteurs. 
On n’est point d'accord, en effet, sur le nombre d'habitants de tout 
âge et de tout sexe que représente un tributo, c'est-à-dire un 
couple adulte. Certains auteurs n’admettent que quatre habitants 
pour un f{ributo, tandis que d’autres élèvent cette proportion à 
7 habitants. 

M. J.-F. del Pan D), en admettant que 1 tributo égale G habitants, 
estime la population totale des Philippines en 1875 (y compris le 
petit archipel des Mariannes) à 9,053,598 habitants, dont : Euro- 
péens, 10,000; Chinois, 40,000; Infieles © de Lucon, 50,000; 
des îles Bisayas, 10,000; de Mindanao, 150,000. à 

Les chiffres fournis pour 1873 par M. Jagor 6) donnent aussi 
un total d'à peu près 9 müllions d'habitants. 

C'est également le nombre auquel s'arrête le R. P. Baranera (1) 
et qui paraît le ‘plus probable. Cet auteur admet 50,000 Chinois, 
augmentation qui a pu se produire, en effet, de 1875 à 1878. 

Les documents sur le mouvement de la population manquent. 

Riquelmi, cité par M. del Pan, estime que, pour les indigènes, 
l'augmentation annuelle est à Manille de 2.24 p. 0/0. 

Agriculture. — Le sol des Philippines est excessivement fertile 
et convient à toutes les cultures tropicales; les plus répandues 
dans l'archipel sont: le riz, la canne à sucre et l'abaca. 

Le riz est cultivé partout. Cette céréale forme la base de Pali- 
mentation; elle est semée au commencement de la saison des 
pluies, dont l’époque varie suivant les régions (voir chap. n), et 
récoltée cinq à six mois plus tard. Les plaines d’alluvion du Rio 
Grande (sud de Mindanao), cultivées par les Moros, sont spé- 
cialement favorables à ce genre de culture et donnent des ré- 


(M Revista de Filipinas. Manïla, 1879. 

@) Populations idolâtres et indépendantes existant dans l'intérieur des diverses 
îles. Sans doute sous cette dénomination M. del Pan comprend aussi les Moros, 
Malais mahométans du sud de archipel, qui sont plus habituellement dé- 
signés sous ce dernier nom. 

() Reisen in den Plulippinen, Berlin, 1873, et trad. par M. D. Sebastian Vidal 
y Soler { Viajes por Filipinas. Madrid , 1875). 

® P. Francisco-X. Baranera, de la Compagnie de Jésus , Compendio de geografia 
de los archipielagos de Filipinas, Marianas y Jolé. Maniïla, 1878. 


— 165 — 


sultats extraordinaires. Dans les années de sécheresse, les Philip- 
pines ne produisent pas la quantité nécessaire à la consommation 
locale; la différence doit être demandée à l'importation, qui grève 
lourdement les ressources de la colonie; mais, dans les années 
normales, les besoins sont dépassés, et l'exportation du riz est assez 
considérable. | 

La canne à sucre est surtout cultivée dans les îles Bisayas; la 
plus grande partie des moulins sont mus par l’eau, mais l'usage 
des machines à vapeur commence à se répandre. 

Dans la province de Bataan (Lucon), où comme partout on cul- 
tive le riz et où il existe aussi quelques plantations de canne à 
sucre, le prix de la terre varie, en nombres ronds, de 900 à 
1,800 francs l’hectare (1), suivant sa qualité et la proximité des 
pueblos. Le revenu net est généralement de 10 à 15 p. 0/0 quand 
la terre est cultivée en riz; il atteint 30 p. o/o quand elle l’est 
en canne et que les labours se font au moyen de buffles et non 
à bras. Le matériel agricole est, dans les deux cas, très rudimen- 
taire : les instruments aratoires sont en bois, à peine si le soc des 
araires est garni de fer. Beaucoup d’indigènes de cette province 
sont petits propriétaires; les propriétés d’une certaine étendue 
sont cultivées par des travailleurs gagés soit à l’année, soit à la 
journée. Le prix moyen de la journée d’un homme adulte est de 
un real fuerte (62 centimes et demi); ia journée de labour d’une 
paire de buffles et de leur conducteur est évaluée à 1 fr. 5o. 

Dans les environs de Manille, le prix moyen de la balita est de 
5oo francs; mais certaines prairies, qui donnent tous les A5 jours 
une coupe de fourrage, atteignent un prix beaucoup plus élevé. 

Dans les provinces reculées, à Nueva-Ecija par exemple, la 
terre est presque sans valeur. 

L'abaca est une source de richesse pour toutes les provinces, 
notamment pour celle d'Albay. On désigne sous le nom d’abaca 
un bananier (Musa troglodytarum textoria. BI.) et les filaments 
qu'on en retire; ceux-ci ont, suivant leur grosseur, un grand 
nombre d’usages : par exemple, ils servent à la fabrication des 
câbles et à celle des tissus les plus délicats. 


(1) 


50 à 100 $ la balita; la balita — 27 ares 95 centiares; elle se divise en 
10 loanes; 1 loane — 100 brasses carrées: une brasse carrée — 2 centiares 79. 
Le multiple de la balita est le quiñion, qui équivaut à 10 balitas. 


M1S$. SCIENT, — XI. 30 


IMDRIMENLE NATIONALE. 


— 166 — 


Le procédé au moyen duquel les indigènes dégagent les fibres 
de l’abaca est des plus primitifs et fait perdre une quantité no- 
table du produit. L'arbre est abattu au moment où le fruit com- 
mence à se former; on coupe d’abord les feuilles, puis on enlève 
un à un les pétioles; ces’pétioles sont débités en longues lanières 
de deux doigts de largeur. L'ouvrier saisit une lanière par l'une 
de ses extrémités et la pose à plat sur une lame de bois élas- 
tique; il appuie sur la face supérieure de la lanière, et normale- 
ment à celle-ci, près de l'extrémité saisie, le tranchant d’un cou- 
teau ébréché en dents de scie, et tire fortement à lui: cette 
opération répétée plusieurs fois donne une mèche de filasse qui 
renferme des fils de toute grosseur ultérieurement triés par des 
femmes. 

Les plantations d'abaca donnent un tiers de récolte au bout de 
deux ans; à la fin de troisième année, la terre est en plein rap- 
port. 

Un quiñon planté en abaca donne par an 5 picos de fibres 
(1 pico — 63 kilogr. 262); à mon passage dans la province d’AIÏ- 
bay, le prix du pico, jugé excessivement bas, était de 5 $. 

La culture et la récolte de l'abaca s’opèrent habituellement à 
moitié fruit, le produit en nature étant partagé entre le pro- 
priétaire et l’ouvrier. 

Le prix moyen de la journée des ouvriers agricoles est plus 
élevé dans la province d’Albay que dans celle de Bataan. Généra- 
lement les ouvriers sont engagés à raison de 5 $ (25 francs) par 
mois, plus la nourriture, dont la valeur varie de 30 à 4o cen- 
times par jour. 

Les plaines seules sont cultivées dans la province d'Albay; les 
hauteurs couvertes de forêts, propriétés de l'État, sont vendues 
au prix de 1 à 3 $ le quiñon; les forêts dont la situation permet 
une exploitation facile sont vendues à un prix variable suivant la 
valeur des essences. 

Le café est très inégalement cultivé dans les diverses provinces; 
Batangas, l'une des plus riches, est celle qui en produit le plus; 
la qualité est celle du café de Java. Les Moros de Pollok (sud de 
Mindanao) cultivent une qualité bien supérieure, mais cette pro- 
duction est peu importante. 

Le cacao est peu cultivé; dans la province d’Albay, le cacaoyer 
se reproduit spontanément dans les jardins, et ses fruits tombent 


— 67 — 


le plus souvent sur le sol sans que les habitants se donnent la 
peine de les recueillir. 

La meilleure qualité de cacao provient des hauteurs situées à 
l'ouest du golfe de Davao, où les Jnfieles le cultivent sur une assez 
grande échelle comme objet d'échange avec les négociants espa- 
gnols de Davao. Le cacao est semé en mai et transplanté deux 
mois plus tard; la plantation est en rapport au bout de trois ans 
ou un peu plus. Les arbres portent des fruits pendant toute l’année, 
mais la récolte n’est abondante qu’en juillet et en décembre. Un 
cacaoyer produit deux et même trois gantas (1 ganta — 3 litres) 
par année. Le prix du cacao était à Davao de 1 piastre la ganta. 

Le tabac, de qualité supérieure, était cultivé partout en petite 
quantité sur les points qui n'étaient pas soumis au monopole. 
Je n'ai pas visité les provinces de Luçon où la culture était 
forcée et l'achat monopolisé par l'État, régime aboli en 1882, 
ainsi que je l'ai dit, par S. Exc. M. D. Léon Castillo, ministre 
de Ultramar. 

Avant l'occupation espagnole, l’île de Soulou était fort bien cul- 
tivée, grâce aux nombreux esclaves possédés par les propriétaires 
Moros. Lors de mon passage, la plupart des plantations de la partie 
ouest de l’île avaient été abandonnées, et le prix du café était, à 
Maïbnun même, beaucoup plus élevé qu’à Singapore. Un planteur 
anglais a obtenu à Soulou une concession dé terre du sultan; il 
la cultivait au moyen de coolies chinois recrutés à Singapore; le 
prix du passage par steamer de Singapore à Soulou est de 18 $ 
(90 francs) par coolie; le salaire mensuel est de 7 $ (35 francs) 
plus la nourriture et le tabac, que ce planteur évaluait à 3 $. 


La richesse forestière des Philippines est immense ; presque 
toutes les montagnes, propriétés de l'État, sont couvertes d'es- 
sences dont plusieurs présentent des qualités de premier ordre, 
soit pour les constructions urbaines el navales, soit pour l’ébénis- 
terie et la menuiserie. 

Voici la liste des essences dont j'ai rapporté des échantillons 
(déposés dans les collections du Muséum). Toutes ces essences 
proviennent de Mindanao; elles sont communes, à l'exception du 
Mag Cono (voir plus bas) dans les diverses parties de l'archipel. 
Le numéro qui précède chaque essence est celui que porte l’échan- 
tion dans ma collection. 


0] 
20. 


USAGES 


NOM INDIGENE. ESPÈCE. Fi 
ET PROPRIETES. 


NUMÉROS. |} 


Mangachapui.. | Dipterocarpus Mang. BI. (Dipt) Très résistant. Mä- |} 


ture et charpente. 
Anülao.......| Colombia An. BI. (Til.) 
Bolongita . ...| Diospyros pilosanthera BI. (Ébén.) Analogue à l’ébène.|k 


Molave.... Vitex geniculata. Bartl. (Vitic.) Incorruptible. Char- 
pente. 


Calompang. Sterculia fœtida. L. (Bitiner.) Bois tendre; fré- 
quemm!t employé pour 
la sculpture. 


Duclitan. .. Sideroxylon Ducl. BI. (Sapot.) 
Talisay.... Terminalia mauritiana, Lam. {Com- 


brét.) 


Narra colorada.| Pterocarpus santalinus. L.{Léoum.)|  Analogue à l’acajou; 
beau bois d'ebenisterie. 


Dungon.... Sterculia cimbiformis. D. C. (Malv.)|  Quilles de bateau. 


Anagap .... Mimosa scutifera. BI. (Légum.) nrreaue incorrup- 
tible. 


Alintatao .....| Diospyros? (Ébénac.) Charpente. 

Alimbabao . .. | Broussonetia Luzonica ({Morées.). 

Lanutan .....| Unona latifolia. Dun. (Anonac.) Bois dur etrésistant, 

Camagon.....| Diospyros discolor. Wild. (Ébén.) | Analogue à l'ébène; 
bois magnifique. Char- 


pente et menuiserie. 


Malapapaya... | Aralia pendula. BI. (Aral.) 

Palo Maria... . | Calophyllum inophyllum.L.(Guttif.)|  Mäture. 

Amuguis .....| Cyrtocarpus quinquestila.(Anacard.)| Charpente. 
Dipterocarpus g. BI. (Dipt.) Charpente. 


Calantas.....| Cedrela odorata. L. (Méliac.) Embarcalions et ta- 
\ er , bletterie. 


Bitoon.......| Barringtonia speciosa. L. (Myrt.) 

Calamansanay.| Gimbernatia C. BL. (Combrét.) Parquets. 

Culin manoc ..| Laurus? (Laurin.) 

Anajao . .....| Corypha minor. Bi. (Palm.) Lattes pour plan- 


ù : ; chéier les cases indi- i 
Malatapay. . . . | Diospyros embryopteris. Pers. (Eb.)| gènes. 
Banabe...... Lagerstræmia speciosa. Pers. (Ly- 

trar.) 
Dalisay. ? 


Bangcal......| Nauctea glaberrima. D.C. (Rub.) . Très durable. Em- 
J barcations. 


Camongsi....| Artocarpus Cam, BI. (Artocarp.) 
Pagatpat.....| Sonneratia p. (Rhizophor.) 
Narra blanca ..| Piterocarpus pallidus. BI. (Légum.) Comme le numéro 8. |f 


Antipolo Arcocarpus incisa. BI. (Artoc.) Très durable. Em- || 
barcations. 


— 69 — 


USAGES 


ET PROPRIÉTÉS. 


NOM INDIGÈNE. ESPÈCE. 


NUMÉROS. 


9 


Balete Ficus elastica. Roxb. (Morées.) Charpente. 
Banay-banay. Müllingtonia pinnata. BI. (Bignon.) 


Evo Sr 
Lanete ..... Anasser Laniti. BI. (Apocyn. | Ébenisterie. 


Avilo ........| Icica avilo. BI. (Bursérac.) 
Cana fistola.. | Cassia fistula. BL. (Légum.) 


Baticulin .....| Olax baticulin. BL. (Olacin.) Tendre et incorrup- 
tible. Sculpture. 


Balangi ......| Exœcaria? BI. (Euphorbiac. ) 


Mag Cono … Xanthostemum verdugonianum. Charpente, Incor- 


Narés. (Myrt.) ruptibilité extraordi- 
are; ne croit que 


dans la péninsule de 

Surigao et près du golfe |} 
de Pujada ({ Mindanao). |E 
Camonchïile...| Inga lanceolata. Willd. (Légum.) 


Anonan ......| Cordia anonanço. Bi. (Cordiac. ) . Instruments de mu- |Ë 
sique. H 


Eperua decaudra. BI. (Légum.) Incorruptible. Char- 


pente. 
Sibucao..... Cæsalpinia Sappan. BI. (Légum.) Idem. 
Yacal.. ......| Dipterocarpus plagatus. N. (Dipt.) Très resistant. 
Tangile.,....| Dipterocarpus polyspermus. Bl.| Embareatiors, 
(Dipt.) 


Lauan Mocanera polysperma. BI. (Ternstr.) Embarcations. 


Les indigènes connaissent bien en général tous ces bois, leurs 
propriétés et leur habitat. Beaucoup de noms de lieux sont ceux 
des arbres ou des autres plantes qui abondent sur ces points. Je 
crois même qu'une connaissance complète des dialectes permet- 
trait de retrouver dans la flore des Philippines l’étymologie de 
presque tous les noms géographiques. J’ai réuni à la fin de ce rap- 
port (voyez Appendice) ceux de ces noms dont j'ai pu retrouver la 
signification. 

L'exploitation des forêts a pris un assez grand développement, 
notamment dans la province de Tayabas (Luçon) et sur quelques 
autres points. L'administration des forêts (Montes) a divisé les di- 
verses essences en cinq séries (1). Chaque série est cotée à deux prix 


® D, Domingo Vidal y Soler, Manual del Maderero en Filipinas. Manila 
1877. 


— 70 — 
différents, suivant la province où a lieu la vente. Le prix le plus 
élevé est payé dans les provinces de Manille, la Laguna, Morong, 
Pampanga, Tarlac, Bulacan, Nueva-Ecija; le prix inférieur est 
payé dans tout le reste de l'archipel. Ces prix sont, pour un pied 
cube : 


Première série (Camagon, Molave, etc.)......,.... . 030 eto' 25 
Deuxième série (Ipil, Yacal, etc.)............. ... O 24 eto 20 
Troisième série (Amuguis, Calamansanay, etc.)...... © 18 eto 15 
Quatrième série (Balete, Dapdad, etc.)............ o 12 eto 10 
. Cinquième série (Anajao, etc.), pour tout l'archipel. . o 04 


Ces prix ne sont payés que pour les quantités cubées après que 
le bois a été équarri. 


Commerce. — Le commerce et le régime économique des Philip- 
pines ont été longtemps subordonnés à des règlements étroits, in- 
compatibles avec le développement des échanges et de la fortune 
publique; ces règlements sont aujourd’hui abolis. L'histoire éco- 
nomique de la colonie a été résumée de la façon la plus claire et 
plus aitachante dans un excellent ouvrage de M. Azcärraga Ü), 
promoteur des principales réformes qui.ont été introduites depuis, 
au grand avantage de la richesse du pays. 

Quatre ports sont ouverts au commerce extérieur, mais il prend 
presque tout entier la voie de Manille; cependant, à mon passage 
à Io-Ilo (île de Panay), il y avait sur rade plusieurs clippers des 
États-Unis, de 1,200 à 1,500 tonneaux, qui venaient prendre dans 
ce port des chargements complets de cassonade. 

Pour 1880, la valeur de l'exportation et de l'importation, pour 
tout l'archipel, a été, en nombres ronds, de: 


Importation bee PRIT 2880 Se Ne eee e AMONT OU ENTER 88,600,000! 
Exporuon eee SPAS DE CES De 94,000,000 


Les droits de douane (à l'entrée et à la sortie) ont produit plus 
de 9,500,000 francs. 


%) Don Manuel Azcärraga y Palmero, La Libertad de comercio en las islas Fih- 
pinas. Madrid, 1872. 


— 471 — 


Les principaux articles exportés sont : 


Abaca, pour plus de........... he EE Dr A .... 16,000,000! 
Or monnayé et en lingots........ SON RE AE +... 11,000,000 
SHICRE: 2 rdiiel. dau D ARC A DR CAE 22,500,000 
Gale... 7: DS CPAS PANNE RE APRES ass 6,000,000 
RabaC ss re de à CES PP ES EE ER EC ..«  6,500,000 


Les principaux articles importés ont consisté en : 


Hnssus ide cotonsiihtucus de met oaturb is ... 22,50C0,000! 
Argent monnayé et en lingots..... Se a RARE Et le 17,900,000 
Mn ete url ants en soie cuh ei ele se...  13,000,000 


La plus grande partie du commerce est représentée par les 
marchandises et par le-pavillon anglais. La part de l'Allemagne, 
restreinte encore, tend à s’accroiître; ses produits font à ceux de 
notre pays une concurrence sérieuse, notamment pour les soie- 
ries destinées aux vêtements, qui autrefois étaient exclusivement 
fournies par nos fabriques de Lyon. 

La très grande partie de la navigation au long cours est effec- 
tuée par de grands steamers; plusieurs ont un service régulier. 
La vapeur tend aussi à se substituer à la voile pour le cabotage; 
depuis le mois de juillet 1879, plusieurs lignes à service pério- 
dique desservent le chef-lieu de chaque île et beaucoup d’autres 
points. 

Les principales maisons de commerce sont anglaises, allemandes 
et américaines; quelques négociants chinois sont aussi à la tête de 
maisons très importantes. 

Le commerce de détail est presque tout entier entre les mains 
des commerçants chinois; leur clientèle est souvent onéreuse aux 
maisons de gros, vu l'habitude enracinée aux Philippines d’ou- 
vrir de larges crédits et la difficulté de se renseigner sur la sol- 
vabilité de ces étrangers. 

Depuis que l'Espagne s’est établie dans l’île Soulou, le port de 
celle-ci a été déclaré libre. Ce marché peut devenir important, 
surtout pour l'exportation, à cause des produits spéciaux, qui sont 
abondants dans les nombreuses îles qui l'entourent. 


Les produits principaux du marché de Soulou sont : 


Le trepang (holothuries desséchées), exporté en Chine, où il at- 
teint un cours très élevé, sans doute à cause de sa réputation 
d'aphrodisiaque ; 


— 172 — 


Les paye) ou concha (Placuna placenta), dont le test découpé 
en lames minces est employé comme vitres dans toutes les Phi- 
lippines. À mon passage, le cours était de 3 fr. 15 le kilogramme, 
ce qui portait le prix d'une paire de valves moyennes à 7 fr. 5o; 


La gutta-percha, de diverses sortes. Le prix de cet article est 
des plus variables. 


() L’huître perlière, abondante à Soulou et aussi désignée sous le nom de 
tipaye, est la Meleagrina margaritifera. Les perles ne sortent guère de l'archipel 
de Soulou, où elles grossissent le trésor du sultan et des datos; elles ont d’aïl- 
leurs à Soulou une valeur supérieure à celle qu’elles atteindraient en Europe. 


APPENDICE. 


—_— 


ÉTYMOLOGIE BOTANIQUE DE QUELQUES NOMS GÉOGRAPHIQUES 
DES ÎLES PHILIPPINES. 


Nora. Dans l'indication des divers dialectes, tag. — tagaloc; bis. — bisaya; bic. — bicol; 1loc, 
— ilocano; pamp. — pampango. 


Lun DIALECTE. SITUATION. SIGNIFICATION BOTANIQUE. 
Abacasies 2e Tag. bis.| Village, Panay............| Musa troglodytarum textoria. 
(Palmiers.) 

Agaga ...... Joc....| Mont, prov. Hocos-Norte.Lucon| Trichilia tripetala? (Méliac.) 
Agoho ...... Tag....| Village, prov. Pangasinan. Lu- 

ÉQUE Ad do bee 0e dela bp Ipomœæa quamoclit. (Gonvolv.) || 
Agonoy...... Bises Hois, baie de Bislig. E. Min- É 

à Hé bob bAobodoe ane Spilanthes acmella. (Compos.) 

Aguiu....... Dis ne Nilasé, Panay-- ee Turrœa decandra ? {Méliacées.) 
Alang-Alang .… Malais ..| Village, Leyte........ ... | Imperata arundinacea. (Gram.) 
Alang-Hang . .| Tag Village, prov. Bulacan. Luçon. | Unona odorata. (Anonac.) 
ASE RE 0: Tag....| Baie, ouest de l’île Masbate.. | Pandanus exaltatus. (Pandan.) 
Maya... .. «.. Tag....| Pointe, est de Mindoro...... Quercus molucca? (Cupulif.) 
Alibanbang ..| Bis. ....| Pointe, est de Samar....... Bauhinia tomentosa. (Cæsalp.\ |h 
Alibuns: 33 Bis Vil. Cent a ee DR Conyza balsamifera. (Compos.) 
Alintatao . ...| Bis.....| Mots, nord-est de Mindanao, . | Diospyros? (Ébénac.) 
Alipata......| Bis... Pointe sud de Samar. ...... Exæcaria agallocha. (Euphorb.) 
Amolong ....| Hoc.,..| Village, prov. de Cagayan, Lu- 

con PEN en UE Pothos pinnata. { Aroïdées.) 
Amuraon, ...| Bis,....| Pointe, est Mindanao. ...... Vitex latifolia. (Viticées.) 
AA ne Tag....| Village, prov. Hoc.-Norte. Lu- 

CON. ASH OUT Corypha minor. (Palmiers.) 
ATLAS. BIS r27 MiHace Banay: 2: ePApammNE Erythrea picta. (Gentianées.) 
Anïilao ...... Bises Village, Panay............| Columbia anilao, (Tiliac.) 
Antipolo . ...| Tag....| Vi, prov. Manille, Luçon. . | Artocarpus incisa. (Morées.) 
Apalit....... Pamp...| Vill., prov. Pampanga. Lucon.| Pterocarpus santalinus. (Lé- 

gum.) 

Aparri...... Tag....| Vil., prov. Cagayan. Luçon. . | Urtica umbellifera, (Urtic.) 
Apiton...... Bis. . 1 Port, côte est de Panay...., Mocanera grandiflora. (Terns- | 


træm.) 


— 74 — 


NOMS 


À DIALECTE. SITUATION. SIGNIFICATION BOTANIQUE. 
GÉOGRAPHIQUES. 


Vil., Gebu.….. +... | Premna odorata? (Verbenac.) 
Hameau, prov. Abra. Luçon. | Adelia Bernardia. (Euphorb.) 


Vi. , prov. Pangamian. Lucon.| Pterocarpus pallidus. (Légum.) 


Bacong...... Bis. .... DMALPAINESTOS EEE RE Hæmanthus pubescens, { Ama- 
ÿ ryllid. ) 

Badoc....... Hoc. .. | Viüll., prov. Hoc.-Norte. Luçon.| Xeranthemum. {Compos.) 
Bago ....... Tag... | Vi, prov. Pangasinan. Lucon.| Gnetum gnemon. (Conifères.) 
Bahayen- #0"... Rivière, Mindanao. ........ Dioscorea Bolojonica? (Diosc.) 
Balabac. .....| ....... lefetidetroit. 22e 200. Jussieua erecta. (Onagrariées.) 
Balatong.....| Tag....| Vi, prov. Bulacan. Lucon.. | Phaseolus mongos. (Légum.) 
Balayan. . ... Tag....| Baie au sud-ouest de Lucon.. | Eperua falcata? (Légum.) 
Balete.. =....| Bis. .... Plusieurs caps, notamment 


au sud-ouest de Mindanao. | Ficus indica. (Morées.) 
Balibago... ..| Tag... .| Pointe au sud de Luçon... ..| Hibiscus tiliaceus. (Malvac.) 


Balili....... Bis. Cap à l’ouest de Gebü...... Imperata arundinacea. (Gram.) | 
Balimbin....| ....... Pointe au sud de Tawi-Tawi..| Averrhoa carambola. (Oxali-| 
dées.) | 
Balod eee te Qt Hots du groupe de Basilan.. . | Nauclea latifolia (Rubiac.) | 
Balogo.. .... Hoc....| Vill, prov. Camarines-Sur. 
Lucon ee einen Cassuvium reniforme. (Ana- 
card.) 
Balugo .. . ... Bis 0" Vill., Samar... ........ .... | Adenanthera gogo. (Mimosées.), 
Banaba.. .... Bic... ..| District, prov. d’Albay. Lucon.| Munchausia speciosa. (Lytra- 
: riées.) 
Bancoran....| ....... Île de la mer de Mindoro....| Cyperus difformis. (Cypérac.) 
Banag....... Bissau, Vill., prov. d'Albay. Luçon. .| Smilax pseudo-china. (Smila- 
cées.) 
Banati . . . ... Bis. .... Vi, Panay.. te db st cs Connarus fœtens. (Connarac.) 
Banbang.....| Iloc....| Väl., prov. Nueva-Vizcaya. Lu- 
ÉD eee ec HO oc Plumbago viscosa. (Plombagi- 
nées. ) 
Bangan ..... Hoc ....| Riv., prov. Cagayan. Luçon... | Sterculia fœtida. (Sterculiac.) | 
Bangcal..... | Tag....| Riv. Mindoro............, Nauclea lutea. ( Rubiac.) 
Banot....... Bis... Pointe au sud-ouest de Marin- É | 
dUQUE RE Rec Bauhinia scandens. (Cæsalp.) | 
Baras....... Tag....| Port, île Catanduanes.. ....| Smilax pseudo-china? (Smilac.) 
Barilis ...... Bis. .... Ni ACebue ee Pre Diospyros. (Ebénac.) 
Batang...... Bis... Pointe, côte nord de Panay..| Cissampelos pareira. (Mémi- 
é spermées.) 


Bato-Bato....| Bis..... Anse, golfe de Davao.Mindanao.| Laurus lanosa. (Laurinées.) | 


NOMS 


GÉOGRAPHIQUES. 


Bayabas. . ... 
Bayanga..... 


Bayati.. ..... 


Botuan...... 


Bucacao.. . .. 


Bulacan. . ... 
Bulalan . .... 
Bulaon...... 


DIALECTE. 


— 175 — 


SITUATION. 


Vi, prov. Bulacan. Luçon... 
Vill., Mindanao. ......... : 
He du groupe des îles Batanes. 


Riv., prov. Pampanga. Lucon. 
Vill., île Catanduanes...... 
Pointe au N.-E. de Mindanao.. 
Anse du golfe de Davao..... 
Baie de 
Île au nord-ouest de Négros.. 


M Lea Ne 0 MM le ni 0 


Vil., prov. Bulacan. ....... 


Vill., prov. de Zamboanga. 
Mind Se et 


Pointe à l'est de Lucon..... 
Vil., Mindoro et Lucon..... 


Ïlot au nord-est de Masbate.…. . 
Mont. Luçon. :.....:424:.. 
Pointe au nord-ouest de Min- 


Îles au nord de Culion...... 
Vill., prov. Nueva-Segov. Lu- 


Vil., prov. Hoc-Sur, Luçon... 


Bray Bacon RER 
Pointe au sud de Négros.... 
Fix. Euçcons 002, 5000 
A 

He à l'ouest de Samar...... 
Rivlucomémiisan del. : 


Vill., prov. Bataan. Lucon.. . 


Île voisine de Mindoro. . ,... 
Mouillage au sud-ouest de 
SIArga0. . .. se 


0.9 


SIGNIFICATION BOTANIQUE. 


Psidium aromaticum. (Myrta- 
cées. ) . 

Amaranthus spinosus. (Ama- 
rantac.) 


Menispermum cocculus. (Mé- 
nispermées.) 

Azaola Betis. BI. 

Calla maxima. (Aroïd.) 

Crotonalacciferum. (Euphorb.) 

Cambogia. (Guttifères. ) 


| Barringhtonia speciola. (Myrt.) 


Scævola lobolia. (Goodeniac.) 
Bambusa diffusa. (Gramin.) 


Costus luteus? (Zmgibérac.) 
Areca catechu. ( Palmiers.) 


Achyranthes villosa. (Amaran- |} 
tacées.) 


Oryza aristata. (Gram.) 
Gicca pentandra. (Euphorb.) 


Barringhtonia speciosa. (Myrt.) 
Musa troglodytarum. (Musa- 
cées.) 


Panicum miliaceum. (Gram.) 
Gossypium herbaceum (Malva- |} 
cées.) 
Plusieurs esp. de Convolvalus. 
Nauclea lutea? ({Rubiac.) 
Vitex latifolia. (Viticées.) 
Corypha umbraculifera. (Pal- 


miers.) 
Portesia rimosa. {Méliacées.) 


Polypodium  quercifolium ? 


(Fougères.| 
Erythrea carnea. (Légumin.) 


Unona cabug. (Anonac.) 


NOMS 


GÉOGRAPHIQUES. 


Calantas..... 
e 


Calamias . .. 


Calobcob . .. 
Calumpance... 
Calumpit... 


Camiring. ... 
Camotes.... 


Campopot.. . 


Catmon 


Colasiman .. 


Dalaguit.. ... 
Dancalan . ... 


Dinglas 
Dumali 


DIALECTE. 


— 176 — 


SITUATION. 


Banc au sud-est de Luçon... 
Vill., prov. Batangas. Lucon. 
He à l'ouest de Bohol. ... . 
Riv., prov. Cavite. Luçon... 
Riv., prov. Cavite. Luçon... 
Île, prov. Bulacan. Luçon... 
Vil., prov. Bulacan. Lucon., 


Vill,, prov. Pangasinan. Lucon. 
Tes à l'est de Cebu 
Baie, côte ouest de Leyte..….. 


Pointe de l'ile Sibuyan 
Vill., prov. Pampanga. Luçon. 


Val. , prov. Hocos-Sur. Luçon. 
Viil., prov. Bulacan. Luçon. 


Mont., prov. Cam.-Nort. Lucon. 


Pointe à l’ouest de Panay.... 
Vil., prov. Pampanga, Luçon. 
Riv., prov. Bulacan. Luçon... 


Väl., Leyte 

Pointe à l'est de Cebu 
Pointe au sud-est de Lucon. . 
Vi. de l'Abra. Luçon 

Pointe au sud-est de Lucon.. 
Île au nord-ouest de Cebu... 
Pointe à l'est de Mindoro..…. 
Vil., prov. Manille. Lucon.. 
Väl., prov. Hoc.-N. Luçon... 
Pointe à l’est de Mindoro... 


Vil., prov. Zambales, Luçon. 


SIGNIFICATION BOTANIQUE. 


Cedrela odorata. (Cédrélac.) 

Averrhoa Bilimbin. (Oxalid.) 

Calamus maximus. (Palm.) 

Abrus precatorius. (Légumin.) 

Eugenia malac. (Myrtac.) 

Sterculia fœtida. (Sterculiac.) 

Terminalia angustifolia. {Com- 
brétac. ) 

Semecarpus anacardium ? (Ana- 
cardiac.) 

Convolvulus batatas. (Convol- 
vul.) 

Tabernæ montana datifolia. 
(Apocynées.) 

Pæderia fœtida, (Rubiac.) 


Gossypium paniculatum. (Mai- 
vac.) 
*) 


Mimosa carisquis. ( Légumin.) 
Mimosa scutifera. (Légumin.) 
Dillenia indica. (Dilléniac.) 
Portulacca oloracea. (Portula- 
cées.) 
Petaloma alba. (Mélastomac.) 
Thoa pendula. { Gnetacées.) 
Mimosa peregrina. {Légumin.) 


Rubus molucca. (Rosacées.) 
Ficus indica. (Morées.) 
Calophyllum. (Clusiac.) 
Vitex trifolia. (Viticées.) 
Erythrina carnea. (Légumin.) 
Poupartia pinnata. (Anacard.) 
Citrus notissimus. {Aurantiac.) 
Curcuma delagen. (Zingibér.) 
Bucida comintana. ( Combrét.) 
Oryza sativa precox. (Grami- 
nées. ) 
Kaempferia rotunda. (Zimgibé- 
rac.) 


en ne 
5 Le DIALECTE. SITUATION. SIGNIFICATION BOTANIQUE. 
GÉOGRAPHIQUES. 
ue) ac. Vill, Panay- ee "0e cr Sapindus saponaria. {Sapinda- |} 
cées. ) 
ba eek à: Pamp...| Pointe au sud de Lucçon....| Gicca acidissima. {Euphorb.) 
Nha... Tag....| Vill., prov. Batangas. Lucon. | Cnestis diffusa, (Connarac.) 
Ho-Ho.. ..... Bis.....| Capitale de l'ile Panay...... Argophyllum ? {Saxifrag.) 
ARR ee Bisdirier Île près de Gebu..... ..... | Eperua decandra. (Légumin.) 
ÉCRIS DROLE Disdei-isre Vi. de Négros.......,....| Ficus hisp. (Morées.) 
Labor... Bic 01 Riv., prov. Cam.-N. Lucon. . | Anbroma alata. (Bitnériac.) 
Laguio ...... Tag....| Riv., prov. Tayabas. Lucon..| Acanthus Doloariu. (Acanth.) 
Lanhil...... Bis... ..| Ile au nord-est de Basidlan...| Mimosa rebek. (Légumin.) 
Lapo.….;:.1.:. Hog:.r4. Vil., prov. Hoc.-N. Lucon.. . | Mocanera? (Ternstræm.) 
Harac--shact Tag....| Île voisine de Mindanao...….. Capsicum minuum. (Solan.) 
Havaan Tag....| Baie à l’est de Tablas....... Mocanera thurifera, (Terns- 
troem.) 
LATE OR Tag....| Vil., prov. Hoc.-S. Lucon.. . | Paliurus dubius. (Rhamnées.) 
Layohan.… . Bis... ..| Vill., prov. Misamis. Mindanao.| Cicca acidissima. (Euphorb.) 
Libong...... Pico Vil., prov. Nueva-Cac. Lucon.| Cacalia sonchifolia. (Compo- 
sées.) 
non. Bis 0. Île à l'est de Samar. ....... Morinda citrifolia? (Rubiac.) 
Li TE ORNE Tag....| Plusieurs riv. de Lucon.....| Urtica umbellata. (Urticées.) 
Lipata ...... Bis nat Baie sur la côte est de Cebü.. | Exœcaria agallocha. (Euphor- 
biac.) 
Éipay.--.: Tag Vill. des Iguorottes. Luçon... Nigretia urens? (Légumin.) 
Luchan...... Tag....| Me à l'ouest de Romblon... . | Citrus decumana. (Aurantiac.) | 
Lumbang ....| Tag Vil., prov. Laguna. Lucon. . | Aleurites lobata. (Euphorbiac.) 
Macapilao . ..| Bis. .... Pointe, sud-ouest de Siquijor.| Amerimnium mimosella. (Lé- 
gumin.) 
Malabago....| Bis. ..., Îles à l'est de Panaye Er Hibiscus tiliaceus. (Malvac.) 
Malagui. . ... Bic..,.,| Pointe, prov. Cam.-Norte. Lu- 
MÉON EPS ECTS SA ES Oryzasativa glutinosa. (Gram.) 
Malabatuan . .| Tag....| Mots entre Lubang et Luçon. | Willoughheïa multilocula. 
(Apocynées. ) 
Malaho...... Tag....| Pointe au sud-ouest de Samar. | Paliurus edulis. (Rhamnées.) 
Malapacun ...| Bis.... - Îles à l'ouest de Palawan. . . . | Justicia crecta. (Acanthac.) 
Malarayat.. ..| Tag....| Mont., sud de Lucon....... Calyptranthes makal. (Myrtac.) 
Malaubi. . ... Tag....| Pointe au sud de Marinduque.| Aristolochia indica. (Aristol.) 
LL FN CNP Tag....| Vill, prov. Bulacan. Lucon..| Sida indica, (Malvac.) 


NOMS 


À DIALECTE. 
GEOGRAPHIQUES. 
Malunai..... Tag 
Mananoag.…. Tag... 
Manga...... HAneee 
Naga Re Bic 
Nangca...... Tag 
Nato: = 12020 Tag 
NI ER EEE Tag 
Niogan...... Tag 
Nipas-crser Bises: 
Nonoc....... Bis.phret 
Olango . ....| Bis..... 
Opons EE Bises Eu 
Paco ere rer Tag 
Pagatpat.....| Bis..... 
Palads: 417" Bisseure 
Palapa. . ..-.. Bis see 


Pandacaqui. .| Tag... 


Pandan ..... Bis:e:22 
Papaya...... Tag 
Payapa. .| Tag 
Php deecee Bis: 22% 
PAS SU Hoc 
Piris.. Tag 
Pitogo ...... Tag 
Dérisedoanes Tag 
Popotan Bis: 
Quiapo...... Tag 


— 478 — 


SITUATION. 


Vil., prov. Tayabas. Luçon. 
Vil., prov. Pangas. Luçon... 
Vil., prov. N.-Ecija. Luçon... 


Capitale de Camar.-Sur. Lucon. 
Mes du Rio San-Mateo. Lucon. 
Riv., prov. Batangas. Luçon... 


Vill., prov. Bulac. Luçon... 


Vill., prov. Bulac. Lucon.... 
Pointe au nord de Panay; lots. 
Vi. , prov. Surigao. Mindanao. 


Vil., prov. Manille. Lucon.. 
Vi. île de Sibuyan, près Capiz. 


Banc, prov. Tayabas, sud de 
ÉUÇOMRE SALE SASLEL EUR. 


Riv., prov. Pamp. Luçon... 
Îles à l'ouest de Mindoro, etc. 


Väl., prov. N.-Ecija. Luçon. 
Vill., prov. Batang. Luçon... 
Pointe à l'est de Luçon..... 
Ruisseau, prov. Abra. Lucon. 
Baie, prov. Tayabas. Luçon. . 
Îles au sud-est de Luçon... .. 
Pointe au sud de Lucon.... 
MAS Panav ee Rene r ere 


Füv. et vil. Luçon: . ....... 


SIGNIFICATION BOTANIQUE. 


Moringa oleifera. (Rubiac.) 


Ignatia amara. (Loganiac.) 
Mangifera indica. (Anacard.) 


Pterocarpus pallidus. (Légum.) 
ÂArtocarpus maximus. (Artoc.) 


Terminalia latifolia. (Combré- 
tac.) 

Xïlocarpus granatum. (Cédré- 
lac.) 

Ficus pseudo-palma. (Morées.) 

Nipa littoralis. (Palmiers. ) 

Ficus indica. (Morées.) 


Pandanus radicans. (Pandan.) 


Cucurbita lagenaria  villosa. 


(Gucurbit.) 
Hemionitis incisa. Fougères.) 
Sonneratia pagatpat. (Rhizo- 
phorées.) 


Ruellia repens. (Acanthac.) 
Sonneratia pagatpat. (Rhizo- 
phorées.) 
Tabernæœmontana laurifolia. 
(Apocyn.) 
Terminalia latifolia. {Combré- 
tac.) 
Carica papaya. ( Papayacées.) 
Ficus papaya. (Morées.) 
Avicennia nitida. (Verbénac.) 
Averrhoa balimbin. (Oxalid.) 
Bergera compressa. (Aurant.) 
Cycas circinalis. (Cycadées.) 
Canarium album. (Anacard.) 
Rhizophora candel. (Rhizopho- 
rées.) 


Pistia stratiotes. (Aroïd.) 


NOuS 


GÉOGRAPHIQUES. 


Sampaloc …. .. 


Santol 


DIALECTE. 


— 179 — 


SITUATION. 


Väll., prov. Misamis. Mindanao. 


Pointe à l'est de Luçon 
Pointe, lac, etc. Luçon 
Mont., prov. Bulacan. Lucon. 
Riv., prov. Albay. Luçon... 


Mont., prov. Bulacan. Lucon. 


Pointe au nord-est de Samar... 


Pointe au nord de Mindanao.. 
Vi, Négros 


Lac et volean, prov. Bat. Luçon. 


Hots à l'ouest de Leyte 
Pointe au sud-est de Négros.…. 


Île du golfe de Davao (Minda- 


Pointes et vili., prov. Batangas. 
Luçon, etc 


Pointe au sud-est Lucon, etc. 
Hot à l'ouest de Basilan 

Pointe à l’est de Calamianes. 
Vill., prov. Abra. Luçon. ... 


Riv., prov. Bat. Luçon... ... 
Baie, prov. Misam. Mindanao. 
Pointe à l’ouest de Samar, etc. 


Pointe au sud-ouest Mindanao. 


Riv., prov. Cavite. Luçon... 


SIGNIFICATION BOTANIQUE. 


Andropogon Schænanthus. {f 


(Gramin.) 
Pinus tœda. (Conifères.) 
Tamarindus indica. {Légum.) 
Sandoricum ternatum. (Mél.) || 
Cœsalpinia sappan. (Légum.) 
Mimosa tenuifolia. (Lécum.) 


Pterocarpus frutescens. (Légu- || 
min.) 


Erythrina carnea ? (Légumin.) | 


ÂAgeratum quadriflorum. (Com:- | 
posées.) 

Eperua decandra. (Légumin.) 

Sida indica. (Malvac.) 

Renealmia graciülis. (Zingib.) 


Ficus dicarpa. (Morées.) 


Terminalia latifolia. (Combré- 
tac.) 


Arundo tecta. (Gramin.) 
Costus luteus. (Zingibérac.) 
Phlomis ceylanica. (Labiées.) 
Marsdenia tagudinia. (Asclé- 
piad.) 
Mussænda fondosa. (Rubiac.} 
Acanthus. (Acanthac.) 
Morinda citrifolia. (Rubiac.) 
NymphϾa? (Nymph.) 


Diospyros? (Ébénac.) 


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Planche Î. 


N° 45. 


Négrito de la Sierra de Marivelès. 


(Province de Bataan. Luçon.) 


Phototypie A. Quinsac. Toulouse. 


Planche Il. 


N° 54. N° 535. 
Négritos de la Sierra de Marivelès, 


(Province de Bataan. Luçon.) 


Phototypie A. Quuwsac. Toulouse. 


N° 55. N° 56. 


Négritos de la Sierra de Marivelès 


(Province de Bataan. Lucon.) 


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Planche VIL. 


N° L. 


Jeune fille bisaya de Carag 


(Est Mindanao.) 


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Planche VII. 


N° VII. 


À. Métisse sino-tagale de Manille 


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B. Tagale de Zamboanga. (Mindanao | 


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Planche X. 


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N° V. 
Femme more de l'île Soulou. 


N° 84. 
Bicole de Ligao. 


(Province d’Albay. Luçon.) 


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Planche XL. 


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Brahamuddin, sultan de Soulou (1888) et deux datos. 


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À. Pandita de l'île Soulou. 
B. Tagaloc de Zamboanga (Mindanao). 


C D.E. Esclaves mores de Soulou. 


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Planche XVII. 
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Jeunes filles atas du versant occidental du volcan Apo. 


(Mindanao.) 


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Planche XX. 


N°: 155, 156, XLYV, XLVI. 
fandavas des sources du Rio Matiao 


(S.-E. Mindanao.) 


Phototypie À. Quinsac. Toulouse 


Planche XXI. 


N° 154 N° 153. 
Mandayas des sources du Rio Matiao 


(S.-E, Mindanao.) 


Phototypie À. Quinsac. Toulouse 


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Planche XXIL. 


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Manthra o' (face et profil) des forêts de Kessang. 
(Péninsule de Malacca.) 


Phototypie A. Quinsac. Toulouse. 


Planche XXII. 


NA 
Malais déformé (face et profil) de la grotte du Levant, île de Cagraray. 
(Golfe d’Albay. Luçon.) 


Phototypie A, Quinsac. Toulouse. 


Planche XXIV. 


N° 6. 
Malais déformé d (face et profil) de la grotte du Levant, île de Cagraray. 


(Golfe d’Albay. Lucon.) 


Phototypie À. Quivsac. Toulouse. 


Planche XXV. 


N° 9. Indonésien © de la grotte du Levant, île de Cagraray. 
(Golfe d’Albay. Luçon.) 


N° 8. Négrito 9 de la grotte du Levant, île de Cagraray. 
(Golfe d’Albay. Luçon.) 


Phototypie À. Quinsac. Toulouse. 


fi 
fe 

mn 

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Planche XXVL. 


No 418. Bisaya d' de la grotte de Tinagho. 
(N.-E. Mindanao.) 


No 48. More d à type sémitique de l'île soulou. 


Phototypie À. Quinsac. Toulouse. 


pr 


Planche XXVII. 


No 115. Type négritoide © de la grotte de Tinagho. 
(N.-E. Mindanao.) 


N° 417. Indonésien c' de la grotte de Tinagho. 
(N.-E. Mindanao.) 


Phototypie A. Quixsac. Toulouse. 


Planche XX VII. 


N° 114. 
Dato manobo (face et profil) du Rio Agusan. 


(Est Mindanao.) 


Phototypie À. Quinsac. Toulouse, 


.__ Planche XXIX. 


Ne V. Bagobo o‘ du volcan Apo. 
(S.-E. Mindanao.) 


N° 458. Mandaya d' du Rio Pandisan. 
(Est Mindanao.) 


Phototypie À. Quinsac. Toulouse. 


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1. 


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Now, 


Planche XXX. 


N° 88. More ® de l’île Soulou. 


Bagobo d' du volcan Apo. (S.-E 


Pholotypie A. Quinsao, Toulouse. 


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Tracé du sismomètre horizontal de l'observatoire de l'Ateneo municipal de Manille, 


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io de Manille du 31 juillet 1880. 


le 18 juillet 1880, à 


d’après la publication d'El Comerc 


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Planche XXXIV. 


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Tracé du sismomètre horizontal 
de l'observatoire de l'Ateneo municipal de Manille, 


le 20 juillet 1880, à 40 heures Lo minutes du soir, 


d'apres la publication d'El Comercio de Manille du 31 juillet 1880. 


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CGravé etImprimé par Erhard 350$ Rue Denfert-Rochereau, Paris. 


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