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Genève. — Imprimerie Ch. EGGrmanx & Cie, 18, Pélisserie.
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BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE
ARCHIVES
DES
SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES
CENT SEPTIÈME ANNÉE
QUATRIÈME PÉRIODE
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LAUSANNE PARIS
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AUG 7 - 1923
ÉTUDE THERMIQUE
QUELQUES ALLIAGES
ZINC ET ALUMINIUM ne:
ET CUIVRE ET ALUMINIUM
PRIS EN PROPORTION DÉFINIE
PAR
W. LOUGUININE et 4. SCHUKAREFF
PREMIER MÉMOIRE
La question de la formation des alliages composés
en proportion définie et formant des substances définies
est à peine ébauchée.
Parmi les diverses méthodes qui peuvent servir dans
ces études, la détermination de l'effet thermique ac-
compagnant la formation des alliages ayant la propriété
de substances définies est probablement la plus sûre,
car il est évident que la formation de pareils alliages,
ainsi que de tout autre combinaison définie, doit être
accompagnée d’un effet thermique.
Malgré sa grande importance, l’étude thermo-chimi-
que des alliages est à peine commencée. Berthelot à
fait l’étude thermochimique de quelques amalgames et
depuis lors, durant plusieurs années, rien n’a été tenté
pour éclaircir cette question d’un haut intérêt scienti-
fique.
Ce n’est que dans ces tout derniers temps que quel-
6 ETUDE THERMIQUE
ques travaux ont été faits dans cette direction. Ainsi en
1900 J.-B. Tayler a appliqué à l’étude de la formation
des alliages une méthode qui avait déjà été employée
par le D' Galt et communiquée à la Société de physi-
que de Londres, le 11 mai 1900.
Cette méthode consiste à mesurer leffet thermique
accompagnant la dissolution dans le mercure des mé-
taux composant l’alliage et de l’alliage lui-même ; la
différence entre les qualités de chaleur ainsi mesurées
correspond à la chaleur de formation de l’alliage étudié.
Nous donnons plus loin l'indication de la théorie qui
sert de base commune à toutes les méthodes de déter-
mination de ce genre.
Les recherches de Tayler ont porté sur la chaleur
de formation des alliages ; entre plomb et zinc ; plomb
et bismuth ; étain et zinc et plomb et étain. Le mé-
moire contenant ces recherches a paru dans le Phylo-
sophical Magazine, 5"° série, vol. 50, p. 37.
Le principe de cette méthode a été également appli-
qué dernièrement par Berthelot à l'étude des chaleurs
de transformation des divers états allotropiques de
l'argent.
En 1901, il a paru dans les Phylosophical Transac-
tions, série À, vol. 196, p. 529-546, un mémoire de
Baker : « The Thermochemistry of the alloys of Cu and
Zn».
Nous devons citer enfin le travail publié par Hersch-
kowitsch en novembre 1898 dans la Zeitschrift für
Physikalische Chemie. Nous reparlerons de ces deux
dernières recherches dans notre deuxième article,
dans lequel nous traiterons des alliages de Cu et Al.
Toutes ces méthodes ainsi que celles dont nous nous
DE QUELQUES ALLIAGES. 7
sommes servis dans les recherches qui font le sujet du
présent mémoire reposent sur le postulat très connu
d’un des principes fondamentaux de la thermochimie ;
d’après ce principe, dont la découverte appartient à
Hesse , la chaleur dégagée en passant d’un état initial
d’un système à un état final déterminé, dépend unique-
ment de ces deux états et non de la manière dont le
passage de l’un à l’autre est effectué.
Le postulat dont l’application sert de base aux re-
cherches thermochimiques sur les alliages est formulé
de la manière suivante :
La chaleur dégagée lors du passage d’un état initial
A à un autre état initial B est égal à la différence entre
les chaleurs dégagées lors de la transformation du sys-
tème depuis les états initiaux À et B Jusqu'à un état
final C identique pour les deux systèmes.
Nous croyons utile de donner ici l'application de ce
postulat à nos études sur les alliages entre le zinc et
l’aluminium, dans lesquelles nous avons fait agir l’acide
chlorhydrique sur les deux métaux pris isolément et sur
l’alliage qu’on en à formé.
Notre état initial dans ce cas se compose des deux mé-
taux pris isolément et l’état final de leurs deux chlorures.
La transformation du premier état dans le second
peut être faite de deux manières différentes et la quan-
tité de chaleur dégagée est selon la loi de Hesse, la
même dans les deux cas.
A. Comme premier mode de transformation, nous
faisons agir l’acide chlorhydrique directement sur les
deux métaux non combinés : il se dégage dans cette
réaction une quantité de chaleur © que nous mesurons.
B. Nous combinons d’abord les deux métaux et nous
8 ÉTUDE THERMIQUE
en formons un alliage ; l'effet thermique accompagnant
cette réaction ne reut être mesuré directement; l’al-
liage étant formé dans un creuset chauffé dans un four
Perrot ; c’est pourquoi nous le nommons X. Nous fai-
sons ensuite agir sur l’alliage ainsi formé l’acide chlor-
hydrique qui transforme les deux métaux qui compo-
sent l’alliage en chlorures identiques à ceux obtenus
dans le mode d'opérer A ; la chaleur dégagée par l’effet
de l’acide sur l’alliage est mesurée par nous, nous la
noMMONS w, .
Comme dans les deux modes de transformation l’état
initial et l’état final sont les mêmes, nous posons l’équa-
tion © — X + w, (loi de Hesse) et nous en tirons
X — w — 0,, c’est-à-dire que X l'effet thermique cor-
respondant à la formation de l’alliage est égal à la diffé-
rence des chaleurs dégagées dans l’action de l'acide
chlorhydrique sur les métaux isolés et sur leurs allia-
ges ; ce qui était à démontrer.
Nos recherches ont porté sur deux groupes d’alliages.
Dans ce premier travail nous donnons le résultat de nos
recherches sur les alliages entre le zinc et l'aluminium.
Dans un deuxième nous traiterons des alliages du cui-
vre et de l'aluminium.
Au moment où nos expériences ont été entreprises
la méthode Tayler n’était pas encore connue ; nous
avons eu recours à la méthode employée par Berthelot
dans ses études sur les amalgames et l’avons appliquée
à nos recherches sur les alliages entre le zinc et l’alu-
minium. Nous formulerons du reste en temps et lieu
les objections que nous avons à faire contre la méthode
Tayler.
Nous avons également étudié une nouvelle méthode
DE QUELQUES ALLIAGES. 9
dont nous nous réservons l'application dans les études
que nous comptons continuer sur divers alliages, mais
qui dans les recherches que nous venions d’entrepren-
dre n’a pu être appliquée. Nous trouvons néanmoins
utile d’en exposer ici le principe.
Cette méthode consiste à faire agir sur les métaux
isolés d’un côté, et sur leurs alliages d’un autre, un
mélange composé de 100 gr. de HNO, (d — 1.40)
+ 10 gr. CrO,. Cette quantité de CrO, ne peut être
dissoute dans la quantité indiquée de HNO, qu’en
échauffant la dissolution ; au refroidissement elle dépose
des cristaux de CrO,. Pour maintenir le liquide à Pétat
sursaturé (car ce n'est qu'en employant les quantités
indiquées de CrO, que nous avons obtenu des résul-
tats concordant) il suffit d'ajouter au mélange indiqué
une goutte d'alcool. Il se produit certainement une
réduction d’une petite quantité de Cr O, et formation de
nitrate de chrome, peut-être est-ce grâce à la présence
de cette trace de nitrate de chrome que la dissolution
d’anhydride chromique dans l’acide nitrique se main-
tient à l’état sursaturé : ce qui dans tous les cas est
certain, c’est que le fait indiqué s’est toujours produit
au moins pendant un ou deux Jours.
Le liquide que nous venons d'indiquer agit sur plu-
sieurs métaux, comme le Zn, Cu, Sn, Pb, Cd et Bi.
L'hydrogène qui se dégage dans la réaction est com-
plètement oxydé par l'oxygène de lPanhydride chromi-
que, il ne se dégage aucun oxyde d’azote et une partie
de l’anhydride chromique se trouve réduite à l’état
d'oxyde de chrome. L'application de ce liquide à l’étude
des alliages dans lesquels il entre de l'aluminium n’est
pas possible, car il agit peu sur l'aluminium pur ainsi
10 ÉTUDE THERMIQUE
que sur les alliages contenant de grandes quantités de
ce métal.
C’est pourquoi nous nous sommes servis dans la pre-
mière partie de nos recherches d’acide chlorhydrique
qui agit également sur le zinc et l'aluminium ainsi que
sur leurs alliages. Nous avons eu recours dans la se-
conde partie de notre travail, c’est-à-dire dans l'étude
des alliages entre l'aluminium et le cuivre, à l’action
du brome dissout dans une solution de bromure de
potassium. Cette réaction avait été indiquée à l’un de
nous, il y a quelques années par Berthelot et a donné
des résultats satisfaisants pour quelques-uns des allia-
ges ne contenant pas plus de 50 ‘/, d'aluminium,
mais n’a pas pu être appliqué à l’étude des alliages en
contenant plus, ainsi qu'à la détermination directe de
la chaleur de formation du bromure d'aluminium. Nous
exposerons dans notre deuxième mémoire la cause à
laquelle nous croyons attribuer cet insuccès partiel.
Néanmoins pour les alliages de Cu et 47 dont la for-
mule ne dépassait pas Cu AË° l’emploi du brome dissout
dans du bromure de potassium a donné de bons résul-
tals.
Nous commençons ce mémoire par la description
des expériences dans lesquelles nous avons fait réagir
l’acide chlorhydrique sur des alliages d'aluminium et
de zinc ainsi que sur ces métaux pris isolément.
Nous nous sommes servis dans ces recherches du
petit appareil en platine avec serpentin décrit par Ber-
thelot dans son « Essai de mécanique chimique fondé
sur la thermochimie » (1% vol., p. 1#7), nous n’y
avons fait que de petites modifications ; ainsi le serpen-
tin a été allongé et toutes les pièces réunies d’une ma-
DE QUELQUES ALLIAGES. 11
nière rigide par une soudure à l'or. Cet appareil était
placé dans un calorimétre et entouré des enceintes pré-
servatrices de Berthelot.
La figure ci-après fera comprendre la disposition
dont nous nous sommes servis.
L'appareil de platine À était placé au milieu d’un
calorimêtre B contenant de l’eau qui était brassée à
l’aide d’un agitateur hélicoïdal C. L'appareil était main-
tenu en place à l’aide d’un anneau doublé de liège qui
était fixé à son col et réuni au crochet métallique M
interrompu à deux endroits par des plaques d’ébonite,
de manière à éviter toute transmission de chaleur à
l'extérieur. Ce crochet pouvait être remonté ou abaissé
à l’aide d’une tête de vis N, portant une petite roue
dentée engrenant dans une crémaillère fixe le long de
la colonne 00. Le col de Pappareil de platine était
fermé par un bouchon en caoutchouc traversé par un
tube de verre terminant un cylindre DD; ce tube por-
tait un robinet qu'on pouvait manier de l’extérieur à
l’aide de tiges métalliques, non indiquées sur le dessin.
Le tube de verre DD se trouvait ainsi placé dans Paxe
du vase de platine au-dessus de celui-ci et en dehors
du calorimètre.
Il contenait l'acide chlorhydrique destiné à agir sur
les métaux ou alliages qui se trouvaient placés au fond
de l’appareil de platine 4. Un petit agitateur annulaire
en verre servait à brasser l'acide dont la température
était indiquée par le thermomètre p portant 20 : cha-
que degré de ce thermomètre était divisé en cinq par-
ties ; on en faisait les lectures à la lunette avec une
précision d’un 50" de degré. Extérieurement le cylin-
dre DD était garanti par le cylindre en verre E fixé à
ii fi Het Rue ni pr PRE =
LL rt “ ne = — nn £ z . = ll Le Si
il CUT nl
ÉTUDE THERMIQUE, ETC. 13
l’aide de deux bouchons en caoutchouc. La tempéra-
ture de l’eau du calorimétre était mesurée par un ther-
momèêtre de Baudin dont les degrés étaient divisés en
50%. La manière d'opérer à l’aide de l'appareil ainsi
décrit était la suivante : la substance à étudier (métal
pur ou alliage) était réduite, à l’aide d’une lime, en
poudre plus ou moins fine suivant le caractère de la
substance ; des tamis métalliques permettaient de sépa-
rer la portion de la substance réduite à l’état de pous-
sière ; cette portion était rejetée ; on n’employait pour
les expériences que de la limaille ayant des dimensions
de quelques dixièmes de millimétres. On employait une
limaille d'autant plus fine que l’alliage contenait plus
de zinc sur lequel l'acide chlorhydrique agit moins vive-
ment que sur l'aluminium pur. On transformait ainsi
en limaille tout un petit lingot d’alliage ou de métal,
on le débarrassait soigneusement des parcelles de fer
pouvant provenir de la lime, en se servant pour cela
d’un aimant. L'analyse de l’échantillon pris pour les
expériences n’indiquait généralement que des traces de
fer. Quelques décigrammes pris sur la substance ainsi
préparée et analysée étaient soigneusement pesés et in-
troduits dans le petit appareil de platine À. On fixait
dans le bouchon fermant le goulot de cet appareil, le
cylindre en verre D entouré du tube préservateur E :
on y versait 50 ec. d'acide chlorhydrique soigneuse-
ment mesuré, on introduisait dans le cylindre D le petit
agitateur en verre et le thermomètre p; l’agitateur C
du calorimêtre était mis en mouvement et on commen-
çait les lectures du thermomètre qui y était plonge.
Au commencement de la période initiale on brassait
l'acide chlorhydrique à l’aide du petit agitateur en
14 ÉTUDE THERMIQUE
verre et on faisait à la lunette plusieurs lectures du
thermomètre p. La même opération était répétée à la
lin de la période initiale et en ouvrant lentement le
robinet on laissait s’écouler l’acide dans le petit vase
de platine 4, où il réagissait sur le métal et le trans-
formait en chlorures ; le robinet était ouvert plus ou
moios rapidement suivant l'intensité de la réaction. Le
thermomètre plongé dans l’eau du calorimétre montait
d’abord assez rapidement puis sa marche se ralentis-
sait, après quoi Il commençait à baisser et à partir du
moment où les abaissements de température devenaient
égaux, pour les mêmes intervalles de temps, on com-
mençait les lectures de la période finale ; en un mot on
opérait d’après la manière généralement adoptée. Le
calcul de la chaleur dégagée se faisait de la manière
ordinaire en tenant compte de la perte de chaleur par
le refroidissement, que l’on calculait à l’aide de la for-
mule Regnault-Pfaundler.
La quantité de chaleur dégagée dans lPexpérience
divisée par le poids de métal employé donnait la quan-
tité de chaleur correspondant à la transformation en
chlorures d’un gramme de substance. Dans les calculs
on réduisait les pesées au vide et on tenait compte de
la chaleur spécifique de lacide chlorhydrique employé
dont on déterminait la valeur en eau.
Cette chaleur spécifique avait été déterminée par
Thomsen (Thermochemische Studien, vol. 1).
L'une des grandes difficultés que nous avons eue à
vaincre dans ces recherches, et que nous n'avons pas
réussi à vaincre complétement, consistait dans la pré-
paration des lingots d’alliages ; ces alliages devaient
avoir et avaient généralement (du moins approximati-
DE QUELQUES ALLIAGES. 15
vement) une composition définie ; pour y arriver nous
mettions dans un creuset en terre réfractaire les deux
métaux pris en quantités correspondantes à la compo-
sition qu’on désirait obtenir, en prenant toujours un
excès de zinc dont une plus grande quantité était per-
due par volatilisation comparativement à celle de lalu-
minium relativement peu oxidable et pas volatil.
On commençait par faire fondre dans le creuset l’alu-
minium, c’est-à-dire le métal le moins fusible et le
plus stable. L’aluminium fondu, on y ajoutait le zinc.
Les métaux étaient pris en morceaux de la grandeur
d’une petite noisette ; durant la chauffe le creuset était
recouvert d’un couvercle en terre réfractaire avec tube
de même substance qui communiquait avec un appareil
dégageant de l’anhydride carbonique. Ce gaz était des-
séché avant de pénétrer dans le creuset d’où il dépla-
çait l’air. Le creuset ainsi établi était chauffé dans un
iour Perrot.
Vers la fin de la fusion on ouvrait un instant le cou-
vercle et on brassait la masse fondue au moyen d’un
tube de terre réfractaire ou d’une baguette en charbon
de cornue. Le métal liquide était versé dans des boîtes
en tôle très fine ; ces boîtes avaient la forme d’un pa-
rallélipipède deux fois plus long que large ; avant que
d’y verser le métal nous les chauffions pendant quelques
minutes dans un coin du même four Perrot qui avait
servi à la fusion ; le métal fondu, ayant rempli la petite
boîte en fer on refermait le four et on laissait lente-
ment refroidir l’alliage obtenu. Au refroidissement ce
dernier tombait de lui-même hors de la boîte en tôle
qui lui avait servi de forme. Dans un cas seulement,
celui de l’alliage correspondant à la formule 4/,Zn,
16 ÉTUDE THERMIQUE
nous avons observé le phénomène suivant : pour pré-
parer l’alliage on avait pris 62.5 gr. Al et 38 gr. de
zinc. L’alliage correspondant à la formule Al'Zn avait
été soigneusement brassé au moyen d’un crayon de
charbon de cornue et lentement refroidi dans le creuset
même, qu'on avait laissé sur place dans le four Perrot;
cet alliage est resté longtemps incandescent après que
le creuset fut déjà refroidi. Un autre échantillon de ce
même alliage fût versé dans une petite boite de tôle
pour être lentement refroidi dans le four ; durant cette
opération il s’est instantanément échauffé jusqu'à lin-
candescence et presque toute la boîte en tôle a été
brülée. Cette particularité n’a été observée par nous
que pour ce seul alliage.
Dans ce cas il s’est formé un alliage contenant Jus-
qu’à 6 ‘/, de fer.
Tous les autres alliages que nous avons préparés de
la même manière et versés dans des boîtes en tôle,
identiques à celles employées pour Palliage Al'Zn, ne
contenaient pas, ou ne contenaient que des traces de
fer. Cette particularité observée pour l’alliage Al°Zn
nous à forcé de le faire refroidir ou dans le creuset
même ou dans du sable sec et chaud.
Nous avons préparé et étudié les alliages suivants
qui tous ont été analysés :
3. Al‘Zn.
4. Al‘/n.
5. Al°Zn.
6. Al°7Zn.
LPS TE
| 7 À 1
9. Al Zne.
0. Al Zn.
tm ce mime does.
DE QUELQUES ALLIAGES. 17
Nous n'étions malheureusement pas outillés pour
déterminer les points de fusion des substances dont
nous faisions l’étude au point de vue thermochimique.
Du reste le travail de Heycock et Neville qui ont étudié
les alliages do 47 et Zn, au point de vue de leur tem-
pérature de fusion, comble cette lacune.
Nous avons commencé nos recherches par la déter-
mination du degré de concentration à donner à l'acide
chlorhydrique dont nous devions nous servir. Il s’agis-
sait d’avoir un acide agissant vivement sur le zinc et
Paluminium ainsi que leurs alliages de manière à ce
que la durée de Pexpérience ne fût pas trop longue, ce
qui rendait la précision de la détermination douteuse.
Il fallait de plus faire agir un assez grand excès d’acide,
car autrement l'expérience trainait également en lon-
sueur, la concentration de l’acide étant affaiblie par
l’action sur les métaux: il fallait pour éviter cet in-
convénient, en prendre un grand excès. Après beau-
coup de tàtonnements nous nous sommes arrêtés à un
acide ayant la composition de HCI + 10H°0 et nous en
avons toujours employé 50 cc. pour quelques déci-
grammes de métal ou d’alliage. Les expériences étaient
d'autant plus longues que l’alliage contenait plus de
zinc. Notre acide agissant plus lentement sur le zinc que
sur l’aluminium.
Suivant l’exemple de Thomsen nous avons ajouté aux
50 ec. de lacide HCI + 10H°0 un ou deux ce. d’une
solution de chlorure de platine contenant 0.1 "/, de
chlorure, cette adjonction avait pour but d’activer l’ac-
tion de l’acide.
Nos premières expériences nous ont servi de contrôle
pour notre manière d'opérer.
ARCHIVES, t. XIII. — Janvier 1902. 2
18 ÉTUDE THERMIQUE
Nous avons étudié l’action de notre acide (HCI4-10
H°O) sur l'aluminium et le zinc pris isolément (déter-
mination qui avait déjà été faite par Thomsen). Les
métaux que nous avons employés provenaient de la
fabrique de Kahlbaum à Berlin ; l'aluminium contenait
à p.p. 0.5 "/, d’impureté (S1, C, Fe), le zinc était ab-
solament pur et obtenu par distillation.
I. — Action de l'acide sur Al.
Il à été dégagé par gr. de métal :
4586.8
60 GA
UT 10 —
T — 619 ve
1693.9 Moyenne — 4612.9 cal.
4639.6
=
.
L'expérience extrême en diffère de 0.56 ?/..
Thomsen a trouvé pour un acide de même concen-
tration 4559 cal. Les deux nombres, c’est-à-dire le
résultat de nos expériences et de celles de Thomsen
différent entre elles de 1.18 */,, ce qui peut facilement
provenir du différent degré de pureté de laluminium
employé. Les recherches de Thomsen datant d’une
époque à laquelle il était difficile d’avoir de l’alumi-
nium ne contenant que 0.5 ‘/, d'impureté.
Il. — Achon de l'acide HCI + 10H°0 sur le zinc
métallique.
Les expériences ont été beaucoup plus prolongées
que celles de la série précédente; c’est certainement à
DE QUELQUES ALLIAGES. 19
cette cause qu'il faut attribuer la précision un peu
moindre des résultats de ces recherches.
1. 478.0
2. 481.1
3. 480.1
4, 489.20
5. 418.5
6. 480.0
L'expérience extrème en diffère d’à p. p. 0.68 °,..
| Moyenne — 480.0 cal.
|
Thomsen a trouvé pour la même réaction, mais en
employant un acide de la composition HCIH-50H°0, la
valeur de 529 cal. par gramme de zinc. En ajoutant au
nombre que nous avons obtenu la chaleur qui est dé-
gagée dans la dilution de notre acide pour le ramener
à la concentration de celui dont s’est servi Thomsen.
on obtiendrait certainement une concordance beaucoup
plus satisfaisante entre nos nombres et les siens. I faut
observer, du reste, que l'effet thermique provenant de
l’action de l'acide sur le zinc est relativement moins
importante dans les calculs qui vont suivre, que celle
de aluminium, du moins pour la plupart des alliages
que nous avons étudiés. Nous nous sommes servis dans
les calculs que nous donnons plus loin, des quantités
de chaleurs trouvées par nous dans l’action de l'acide
HCIH-10H°0 sur l’aluminium et le zinc.
IT. — Action de l'acide HCI + 100 sur un alliage
d'une composition relativement assez éloignée de la
formule AU Zn. y
Cet alliage à été préparé d’après la méthode indiquée
plus haut.
L'analyse a donné Al — 64.20 °,..
Zn = 35.80 ?/,.
La théorie exige pour la formule Al°Zn Al = 67.45 °;.
Zn =. 22:09 0.
20 ÉTUDE THERMIQUE
Notre alliage contenait p. c. un excès de zine et ne
se rapprochait que de loin de l’alliage correspondant à
la formule AlZn. Néanmoins il présentait certaines
particularités au point de vue thermochimique qui nous
ont amenés à publier les résultats que nous avons ob-
tenus.
Chaleur dégagée dans l’action de notre acide sur cet
alliage calculé pour 1 gr. de substance.
3258
3269
3219
3295
L'expérience extrême en diffère de 0.33 °)o.
D'après l'exposition donnée précédemment w, = 3265.0.
| Moyenne = 3265 cal.
CO 19 =
>
Un or. de cet alliage contient d’après l’analyse 0.642
de Al ; dans l’action de notre acide sur cette quantité
d'aluminium il se dégage :
0.642 XX 4612.9 = 2961.5 cal.
Les 0.358 de zinc contenus dans 1 gr. de notre
alliage dégagent par l’action du même acide 0.358 X
480 — 171.8 cal. et ensemble 3133.3 cal. c’est là
le nombre correspondant à l’action de l'acide sur les
deux métaux entrant dans la composition de lPalliage,
mais pris séparément ; c’est la valeur que nous avons
nommée . Nous avons pour l'effet thermique corres-
pondant à la formation de cet alliage X — 9 — 9, —
3133.3 — 39%.0 — — 131.7 cal. Cet alliage à
p.c. été formé avec absorbtion de 131.7 calories,
c’est-à-dire d’à p. p. #4 °/, de la chaleur dégagée. En
prenant comme base du même calcul le nombre donné
par Thomsen pour la chaleur de dissolution de lalu-
minium dans HCI-10H*0, c’est-à-dire 4559 cal., et
DE QUELQUES ALLIAGES. 21
en conservant le nombre trouvé par nous pour celle du
zinc (différant peu de celui trouvé par Thomsen), les
nombres que nous venons de citer seront modifiés de
la manière suivante :
0.642 4559 — 2926.9
0.358 X 4785 — 171.8
Somme — 3098.7 — v.
En partant de ce nombre on trouve que la formation
de cet alliage a été accompagnée de l’absorption de
(3098.7 — 3265.0) — — 166.8 cal.
Ce nombre diffère un peu de celui que nous donnons,
mais indique également que l’alliage a été formé avec
absorption de chaleur, par une réaction endothermique,
ce qui vu le mode de préparation de l’alliage n’a rien
qui doive nous surprendre.
[V. — Action de HCT 10H°0 sur un alliage
correspondant à la formule AlZn.
Cet alliage a été étudié sur un échantillon préparé
comme il a été dit plus haut, mais refroidi d’une ma-
nière un peu différente de celle des autres alliages que
nous avons étudiés dans cette série. Il a été refroidi
d’abord dans le creuset au milieu du four Perrot éteint
mais encore chaud, puis répandu avant solidification
dans du sable chaud dans lequel il s’est lentement re-
. froidi sans que l’incandescence se produisit.
M. Wyrouboff a eu l’obligeance M déterminer la
composition de cet alliage au moyen de deux analyses
concordant à 0.1 °/, prés.
Al — 62.13 °,,.
jte TUE
NN Al = 62:37 ‘0.
An = 37.63 %o.
Il a trouvé |
Théorie pour Al‘Zn
22 ETUDE THERMIQUE
Cet alliage avait p. c. une composition trés voisine
de la théorie. La chaleur dégagée dans l’action de
HCI-10H°0 sur cet alliage a donné pour 1 gr. de
substance :
4. 3050.40 col
2. 3056.40 Moyenne = 3052.3 cal. — ,.
3. 4049.99
La moyenne se confondant presque avec les données
des expériences.
Un gr. de cet alliage contient 0.6213 de Al
et 0.3771 de Zn
qui se dissolvent dans l’acide chlorbydrique en déga-
geant :
Pr l'aluminium 0.6213 XK 4612.9 — 2866.0 cal.
Pr le zinc DAMES TU 181. 3
Somme — 3047. 3
C’est la chaleur dégagée par l’action de lacide sur
les métaux isolés, c’est-à-dire ©. Suivant s' FAN
Ko — 0 — 9, — 3047,3 — 2059-real. el.
cal., valeur tellement insignifiante que nous pouvons
affirmer qu'il n’y a pas de dégagement de chaleur dans
la formation de l’alliage. Il y a simple mélange des
deux métaux.
— Acti@m de HCI+4-10H0 sur un alliage
correspondant à p.p. à la formule Al'Zn.
Même mode de préparation que pour l’alliage 4° Zn.
42
10 —243.6300 In 44.380
L'analyse a donné Al = 56.37 °/o | Théorie 53.1 2 ‘ à
DE QUELQUES ALLIAGES. 23
chaleur dégagée dans l’action de l’acide chlorhydrique
sur 1 gr. de cet alliage.
4. 2715.0 cal.
2. 2195
3. 2801
4. 2790
L'expérience extrême en diffère de 0.7 °,o.
Moyenne — 2795 — w..
Un gr. de cet alliage contenait d’après l’analyse :
Al = 0.5637 correspondant à un dégagagement de cha-
leur de 0.5637 XX 4612.9 — 2600.3 cal.
In = 0.4363 Id. 0.4363 X° 418.5 — 208.7 cal.
Somme — 2809.0 cal.
Nous avons par conséquent 2809.0 — +. D'après
l'équation X— 6 — w, — 2809.0 — 2795 — + 14.0
cal. ; la faible différence entre + et ©, — + 14 cal.,
indique que la formation de cet alliage n’est accompa-
gnée d'aucun effet thermique appréciable et que p. c.
dans ce cas également nous n’avons à faire qu'à un
simple mélange des deux métaux.
VI. — Achon de l'acide HCI + 10H°0 sur un alliage
de composition relativement assez éloignée de la for-
mule AlZn.
L'analyse a donné AI = 41.73 0/4.
Pres -2700)0€
Théorie pour la formule Al?Zn.
AD=L45"
La composition de cet alliage diffère assez notable-
ment de la valeur théorique, néanmoins s’il y avait eu
lormation d’un composé défini, l'étude thermique de
24 ÉTUDE THERMIQUE
cet alliage en aurait indiqué la présence, c’est pourquoi
nous publions les résultats obtenus,
Chaleur dégagée dans l’action de l'acide sur 1 gr.
de cet alliage :
1. 2186 |
2. 2187 Moyenne = 2185 cal. = v..
3. 2183
La quantité de chaleur correspondant à la transfor-
mation en chlorures dissouts des métaux entrant dans
la composition de cet alliage est :
Pr Al — 0.4173 XX 4612.9 — 1998.7 cal.
Pr Zn — 0.5827 XX 480.0 = 279.7 cal.
Somme — 2208.4 cal. — p.
D’après l'équation X —w—,—2208.k—2185.0
— + 23.4 cal. dégagées dans la formation de cet
alliage.
Cette quantité de chaleur n’est pas assez importante
pour qu’on puisse en conclure avec certitude à l’exis-
tence d’un composé défini voisin de la formule Al°Zn.
VII. — Action de l'acide HCIH-10H0 sur un alhage
de composition correspondant à la formule Al Zn.
L'analyse a donné Al — 29.28 °o.
In = 0 12 0
La théorie exige Al 99.64 °,0.
1n—= 410-3000
Chaleur dégagée dans l’action de l'acide sur 1 gr.
de cet alliage :
1. 1677
2. 1683
3. 1683
L'expérience extrême en diffère de 0,2 °/o.
|
|
Moyenne — 1681 — w..
DE QUELQUES ALLIAGES. 25
4
La quantité de chaleur correspondante à la trans-
formation en chlorures dissouts de laluminium et du
zinc entrant dans la composition de 1 gr. de cet alliage
est :
Pr AL = 0:2928 X 4612.9 — 1350.6 cal.
PER OM OT RES 0039 5) cal:
Somme — 1690.1 cal. — D.
Nous avons d’après l’équation X — © — w, —
1690.1 — 1681 — + 9.1 cal.
Dans ce cas également nous ne trouvons pas de va-
leur appréciable pour X l'effet thermique correspon-
dant à la formation d’un alliage en proportion définie ;
nous n'avons affaire comme précédemment qu'à un sim-
ple mélange des métaux.
VIII. — Action de l'acide HCI + 10H70 sur un alliage
d'une composition voisine de la formule AlZn'.
Analyse.
Trouvé Théorie
AI 20.96 %o- | 21.641%.
PU UE) es 640/0:
|
Chaleur dégagée dans Paction de l’acide pour 1 gr.
de cet alliage :
1. 1339
2. 14352 |
Moy — 1349 cal. = «..
à A3 loyenne — 13/2 cal Di
k. 1336
L'expérience extrême en diffère de 0.74 °/,.
Quantité de chaleur correspondant à la transforma-
tion en chlorures dissouts de l'aluminium et du zinc
26 ÉTUDE THERMIQUE
entrant dans la composition de 1 gr. de cet alliage
d'après l’analyse.
Pr AI — 0.2096 X 4612.9 — 964.9 cal.
P' Zn — 0.7904 X 480.0 — 379.4 cal.
Somme = 1344.3 cal. = ©.
D’après l'équation X — © — %, — 13443 —
1342.0 — + 2.3 cal. Il n’y a p. c, ni absorption, ni
dégagement de chaleur, donc pas de formation d’alliage
à composition définie, mais simple mélange.
IX. — Aclion de l'acide HCI + 40H 0 sur un alliage
dont la composition est voisine de la formule Al Zn°.
Analyse.
Trouvé Théorie
AMEN "70 l 17.16 °/o.
Zn = 83.25 °/0 | 82.84 °/0.
Pas trace de fer.
Chaleur dégagée dans l’action de l'acide sur 1 gr. de
cet alliage :
1. 1178 |
2. 1174 De
3 MA | Moyenne — 1176 cal. — »,.
k. 4179
L'expérience extrême en diffère de 0.42 °/,.
Quantité de chaleur correspondant à la transforma-
tion en chlorures dissouts de lPaluminium et du zinc
entrant dans la composition de cet alliage pour 1 gr. de
substance d’après l’analvse.
Pr Al — 0.1675 X 4612.9 = 772.7 cal.
Pr Zn — 0.8325 X 480.0 — 399.6 cal.
Somme = 1172.3 cal. — +.
DE QUELQUES ALLIAGES. 27
D’après l’équation X —w —%, — 1172.3 — 1176
cal. — — 4.0 cal. absorbées dans la formation de
cet alliage, quantité insignifiante. On peut affirmer par
conséquent que cet alliage est formé sans absorption ni
dégagement de chaleur appréciable. Nous avons éga-
lement à faire dans ce cas à un simple mélange des
métaux.
X. — Action de l'acide HCT + 10H70 sur un alliage
correspondant à la formule Al Zn.
Analyse.
Trouve Théorie
Al — 142.32 | 42144 %.
In — 87.60 | 87.86 ‘/o.
Il a été dégagé dans l’action de l'acide HCI--10H°0
sur À gr. de cet alliage :
|
2. 973 /
3 Moyenne — 974.0 cal. = v,.
£ 197510 +
L'expérience extrême en diffère de 0.2 °/0.
La quantité de chaleur correspondant à la transfor-
mation en chlorures dissout de l’aluminium et du zinc
entrant dans la composition de cet alliage pour 1 gr.
de substance d’après l’analyse est :
P: l'aluminium = 0.1232 X 4612.9 — 668.3
Pr le zinc — DSI680< 4800 — AU
Somme — 989.2 cal. — #.
D’après l'équation X — © — w, — 989.2 — 974.0
— + 15.2 col. correspondant à 1.4 */, de la quan-
tité de chaleur dégagée, valeur trop faible pour qu'on
28 ÉTUDE THERMIQUE
puisse en tirer une conclusion nette sur la formation
dans ce cas d’un alliage défini.
En récapitulant les résultats auxquels nous sommes
arrivés, nous trouvons pour les valeurs de X, c’est-à-
dire des effets thermiques correspondant à la formation
des divers alliages que nous avons étudiés.
3. AlSZn = — 131.7 cal. c’est-à-dire à p. p. # *% de la
chaleur totale. Ces 131.7 cal. auraient été absorbées
lors de la formation de cet alliage qui aurait été p. c.
endothermique.
k. AlZn — 5.0 cal. absorbées.
9. Al°Zn — 1.4 cal. dégagées.
6. Al*Zn — 23.4 cal. dégagées.
1. Aln — 9.1 cal. dégagées.
8. Al*Zns — 2.3 cal. dégagées.
9. Al Zn: — 4.0 cal. absorbées.
10. AI Zns — 15.2 cal. dégagées.
Toutes ces valeurs, qui correspondent aux chaleurs
dégagées ou absorbées dans la formation de ces alliages,
sont trop faibles pour permettre d’en tirer des con-
clusions précises. Néanmoins le n° 3 semblerait faire
exception, ce serait celui qui correspond à la formule
AlZn; les 131.7 cal. qui seraient absorbées par la for-
mation de cet alliage représentent, comme nous l’avons
déjà remarqué, 4 ‘/, de la chaleur dégagée dans cette
réaction, ce qui dépasse de beaucoup la valeur des
erreurs possibles. Les alliages se rapprochant des for-
mules AlZn et AlZn, semblent être formées avec un
léger dégagement de chaleur, trop faible néanmoins
pour pouvoir en tirer une conclusion certaine sur l’exis-
tence d’alliages définis correspondant à ces formules.
Il semblerait donc d’après ces recherches qu’il n’existe
pas d’alliage en proportion définie entre le zinc et l’alu-
DE QUELQUES ALLIAGES. 29
minium, du moins dans la limite de nos expériences.
Les expériences de Heicock et Neville® sur les points
de fusion de divers alliages entre Al et Zn ont amené
ces auteurs à la même conclusion que nous.
Malgré les conclusions négatives auxquelles nous ont
amenés nos recherches, nous croyons néanmoins utile
de les communiquer surtout comme illustration de la
méthode qui nous à servi et qui peut avoir d’autres
applications plus fructueuses.
JT. ch: $S..7; 11.1897, page 383.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA
MESURE DES CONSTANTEN CRITIQUES
PAR
Ph.-A. GUYE et Ed. MALLET
INTBODUCTION
La connaissance des constantes critiques Joue un
rôle capital dans la théorie générale des fluides. Les
paramètres de l’équation des fluides, sous les diverses
formes qui ont été proposées (Van der Waais, Clausius
Sarrau, etc.), en dépendent.
Néanmoins, malgré des travaux remarquables effec-
tués ces dernières années, les données expérimentales
sont encore peu nombreuses.
Les recherches qui font l’objet de ce mémoire ont
donc été entreprises avec l’idée de déterminer quel-
ques nouvelles valeurs de constantes critiques. Ces re-
cherches ont porté exclusivement sur des liquides orga-
niques, que nous avons choisis à dessein parmi des
groupes chimiquement différents de ceux déjà étudiés
par MM. Ramsay, Young, Vincent et Chappuis, Battelli,
Altschul. Nous nous sommes, en particulier, évertués
à obtenir quelques résultats aussi précis que possible,
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES, ETC. 31
sur des corps à température critique élevée, ainsi que
sur des liquides présentant d’une façon évidente, les
phénomènes de la polymérisation moléculaire.
Ce travail a été commencé en 1898 ; les préparatifs
concernant les mesures de pressions critiques avec les-
quelles nous devions nous familiariser, ont été assez
longs: toutes les observations ont été faites entre les
mois d'octobre 1898 et Juillet 1899.
Au début de nos recherches, nous avons cru bien
faire de revoir avec soin les travaux de nos devanciers
et nous avons constaté des interprétations diamétrale-
ment opposées chez plusieurs d’entre eux, en ce qui
concerne la manière d'envisager les phénomènes ca-
ractéristiques de l’état critique. Il nous à donc sem-
blé nécessaire de résumer le point de vue auquel nous
sommes arrivés, soit par l’étude de ces travaux, soit à
la suite des observations que nous avons pu faire nous-
mêmes. Nos idées sur cette matière sont exposées dans
le premier chapitre de ce mémoire. Le second chapitre
est consacré à la description des méthodes de mesures
que nous avons adoptées. Dans le troisième, nous
avons transcrit nos déterminations avec les observations
auxquelles elles’donnent lieu. Le quatrième chapitre,
enfin, contient les tableaux numériques et la discussion
des résultats.
Nous :royons utile d'ajouter que, pour la bibliogra-
phie, nous avons souvent adopté les abréviations em-
ployées dans le dictionnaire de Beilstein. (Handbuch
der organischen Chemie von D' F. Beilstein). Nous les
rappelons ici, pour plus de commodité :
A. = Liebigs Annalen der Chemie.
A. ch. = Annales de chimie et de physique.
314 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
B. — Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft.
Bl. — Bulletin de la Société chimique de Paris.
C. r. — Comptes rendus des séances de l’Académie des
sciences.
Gt. = Gazzetta chimica Italiana.
Ph. Ch. = Zeitschrift für physikalische Chemie.
R. — Kecueil des travaux chimiques des Pays-Bas.
Soc. — Journal of the chemical Society.
CHAPITRE I
L'ÉTAT CRITIQUE.
En 14822, Cagniard de la Tour ‘ fit l’observation que
certains liquides tels que l’éther, l’alcool et Peau,
chauffés dans des tubes de verre hermétiquement fer-
més, paraissent se réduire à l’état de vapeur dans un
espace de deux à quatre fois plus grand que le volume
primitif du liquide *.
Ensuite, Andrews ‘ a émis l’idée qu’au-dessus d’une
certaine température, un corps chimiquement homo-
gène ne pouvait plus exister que sous un seul état phy-
sique. Au dessus de cette température, qu'Andrews à
nommée température crilique, et qui, variable d’un
composé à l’autre, est constante pour un même corps,
une augmentation de pression, quelle qu’elle soit, ne
peut plus provoquer la liquéfaction de la substance. La
pression critique est alors la tension de vapeur corres-
1 Cagniard de la Tour. À. ch. [2] 21, p. 127 et 175; 22. p. 140.
2 Ce rapport (2 à 4) est voisin du rapport 3 admis aujourd’hui,
d'après M. Mathias, entre la densité critique et la densité du
liquide à basse température.
3 Andrews. À. ch. [4], 21, p. 208. Trans. 159. 1869.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 393
pondant à la température critique. Un composé est au
point critique quand il est soumis à la fois à la tempé-
rature et à la pression critiques. La densité de vapeur
saturante devient alors égale à la densité du liquide en
contact avec cette vapeur, en d’autres termes, il n°y a
plus ni vapeur, ni liquide, mais un fluide homogène.
Sauf cette dernière affirmation, il s’agit de faits d’expé-
rience. Ils n’ont pas été, néanmoins, admis sans con-
teste.
Nous ne nous arrêterons pas aux critiques de Wro-
blewski', ni à celles de Jamin* d’après lesquelles un
liquide peut subsister comme tel au-dessus de la tempé-
rature critique. C’est, en somme, par des extrapolations
plus ou moins hasardées, et en se basant sur la pro-
longation fictive de courbes expérimentales que ces au-
teurs ont soutenu cette manière de voir. MM. Cailletet
et Colardeau * ont tenté de démontrer que la densité du
liquide diffère de celle de la vapeur, au point critique
et même au-dessus. C’est modifier complètement la
définition d’Andrews. La température critique, n’est
plus alors qu’une limite, à partir de laquelle la vapeur
et le liquide se dissolvent etse mélangent mutuellement
au moins à la surface du contact. MM. Cailletet et Colar-
deau enfermaient dans un tube de Natterer de l’acide
carbonique liquide renfermant un peu d’iode en disso-
lution. L'iode n’est pas soluble dans l'acide carbonique
gazeux et pourtant, au-dessus du point critique, la par-
tie inférieure du tube présentait encore la coloration
caractéristique de la dissolution d'iode. Les auteurs de
? Wroblewski. Wied. Ann. 29, p. 428.
? Jamin. C. r., 96, p. 1448, 97. p. 10.
* Cailletet et Colardeau. Journ, de phys. [2]. 8, p. 388.
ARCHIVES, t. XIII. — Janvier 1902. 3
34 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
cette expérience n’ont pas hésité à conclure à la persis-
tance du liquide au-dessus du point critique.
Les belles expériences de M. Villard’ expliquent
d’une façon absolument nette ce phénomène. Cet au-
teur a démontré que, lors de la disparition du ménis-
que, la température n’est jamais uniforme dans le tube
renfermant la substance étudiée. La partie supérieure
est plus chaude et la vapeur qui s’y trouve n’est pas sa-
turée, tandis qu’il subsiste du liquide dans la partie in-
férieure plus froide. Le point critique, n’est réelle-
ment atteint, au moins au début du phénomène, qu'à
l'endroit où se produit la disparition du ménisque. Ces
différences de température proviennent essentiellement
des trois facteurs suivants :
1° A volume égal, la masse du liquide, au-dessous
de la température critique est inférieure à celle de la
vapeur.
2° La vaporisation du liquide est pour celui-ci une
cause de refroidissement.
3° Au point critique, la chaleur spécifique du liquide
devient infinie.
MM. Cailletet et Colardeau ont. en outre, observé
qu'à une température notablement supérieure à la tem-
pérature critique, tout le contenu du tube rempli
d'acide carbonique était coloré par l’iode. Or, à la tem-
pérature et à la pression considérées, les propriétés
physiques du fluide sont suffisamment voisines de celle
d’un liquide pour que l’on admette, comme l’a fait
M. Stoletow”, que le gaz puisse dissoudre un solide.
Cette hypothèse est, du reste, confirmée par d’autres
1 Villard. Soc. Phys. 1896, p. 73.
* Stoletow. Physik. Revue, II, p. 44. .
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. J9
expériences de M. Villard’. Il n’est donc nullement
nécessaire de recourir à la notion compliquée de la
persistance de molécules liquides au sein de molécules
gazeuses ; d'autant plus que, par un ensemble de
travaux récents”, il a été démontré que les molécules
liquides et gazeuses d’un même corps, ont le plus sou-
vent le même poids moléculaire. M. Battelli® à tenté,
par une série d'expériences, de réfuter l’opinion de
MM. Cailletet et Colardeau. Mais, s’il en combat la
forme, il arrive, quant au fond, à une hypothèse iden-
tique. Son point de vue, il est vrai, est plus général.
Les molécules des corps à l’état de vapeur, à mesure
que ces vapeurs se rapprochent de l’état de saturation,
tendent à former des groupes moléculaires complexes :
à l’état liquide les groupes sont formés d’un nombre
de molécules encore plus considérable. On voit par là
l’analogie qui existe entre le point de vue de M. Battelli
et celui de MM. Cailletet et Colardeau. Nous ne pou-
vons cependant l’admettre, car ces auteurs, à notre
sens, n'ont pas suffisamment tenu compte des différen-
ces de température qui peuvent se produire à l’inté-
rieur du tube laboratoire‘. Ils étaient aussi guidés par
l’idée préconçue, souvent formulée, mais jamais démon-
trée, que le poids moléculaire d’un corps est diflérent sui-
vant que celui-ci est à l’état liquide ou à l’état de vapeur.
M, Battelli” a aussi observé une différence de tempe-
rature entre la disparition du ménisque du liquide et
Villard, Loc. cit., p. 234.
? Ramsay et Schields, Ph. Ch. 12, p. 453. Guye. Arch. sc. phys.
nat. 51, p. 38 et C. r.112, p. 1257.
3 Battelli, Nuovo Cimento [3], 33.
4 Cf. Pellat, J. phys. 3, p. 225; Zambiasi, Lincei 5, p. 123;
Gralitzine. Wiedm. Ann. 50, p. 521.
® Battelli, Afti del R. Inst. Ven. {VII} IV, p. 685.
36 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
l’apparition du nuage (suivant qu’on élève la tempéra-
ture au-dessus de la température critique, ou que,
partant d’une température supérieure, on la fait dé-
croître en passant par la température critique). Ce fait
nous parait aujoud’hui très explicable: on verra plus
loin que nos propres expériences démontrent que la
divergence entre les deux lectures augmente notable-
ment quand l'élévation et l’abaissement de tempéra-
ture sont plus rapides et qu'il faut en chercher la cause
soit dans une inégalité de température à l’intérieur du
tube lui-même, soit dans une simple discordance de
conductibilité entre le tube et le thermomètre.
Au reste, M. Zambiasi' a trouvé, contrairement à
M. Battelli, que le ménisque disparaît à une tempéra-
ture supérieure à celle de apparition du nuage.
L'observation faite également par M. Battelli, que la
température d'apparition du nuage est d'autant plus
basse, que la quantité de substance enfermée dans le
tube est moindre, n’a pas pour nous l’importance que
lui donne ce savant. La variation de la densité, aux en-
virons du point critique est telle, qu'il est fort possible
que la quantité de substance enfermée dans le tube ait
été insuffisante pour remplir complètement celui-ci de
vapeur saturante à la température critique.
Par une série d'expériences effectuées à l’aide d’un
appareil fort ingénieux, M. de Heen * a tenté, lui aussi,
de prouver qu’il subsistait du liquide au-dessus du point
critique. Un des défauts de ce dispositif est que les pa-
rois de l'appareil sont opaques; l’auteur n'a par con-
séquent pu voir ce qui s’y passait. Cet appareil con-
siste essentiellement, en deux cylindres de métal, réu-
1 Zambiasi, Loc. cit.
? De Heen, Bull. Ac. R. de Belg. [3] 31, p. 147 et 379.
»
Cp
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 37
nis par un robinet et dans :....4x nénètrent due
pistons plongeurs qui se meuvent de telle sorte que
l’on peut faire varier simultanément la capacité de cha-
cun des cylindres sans changer la capacité totale.
A des expériences toujours analogues, on ne peut
présenter que les mêmes critiques. M. de Heen admet
bien une température critique, une densité moyenne
satisfaisant à la loi du diamètre de MM. Cailletet et
Mathias, mais il conclut aussi à l'existence de densités
limites, basées sur le fait, observé par lui, que le
fluide au point critique n’a pas la même densité aux
niveaux supérieurs et inférieurs. Entre ces deux limites
l’une pour la vapeur, l’autre pour le liquide, il existe,
d’après lui, toute une série de densités correspondant
à des complexes de molécules « gazogéniques » et
«liquidogéniques» . D’après la façon dontont été effectuées
les expériences (les pressions n’ont pas été mesurées),
onest en droit de se demander, bien plutôt, si M. de Heen
n'a pas, presque toujours, opéré sur un fluide unique à
température constante, qui en raison de sa compressi-
bilité infinie, se comprime sous son propre poids et
présente ainsi à chaque niveau une densité différente,
conformément à la théorie développée par M. Gouy'.
Et, pour d’autres expériences, on pourrait probable-
ment trouver des causes d’erreur analogues à celles
que nous avons signalées au sujet de l’expérience de
MM. Cailletet et Colardeau.
l Gouy, C. r. 115, p. 720; 116, p. 1289. Ce mémoire était rédigé
lorsque nous avons eu connaissance des communications faites
récemment à l’Académie royale des sciences à Amsterdam, par
M. Kamerlingh Onnes. (Communications from the physic. Labor.
at the Univ. of Leiden n° 68) dont les expériences démontrent que
le dispositif de M: de Heen peut encore être critiqué à d’autres
points de vue.
38 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
En dernière analyse, 1°" #5 explications d’après
Laoa=vtres 16 liquide subsiste au-dessus du point critique
se résument dans la supposition que les molécules de
- liquide et celles de vapeur sont des complexes diffé-
rents. En l’état actuel de la science, c’est une hypo-
thèse difficilement admissible ‘ et il faudrait, nous sem-
ble-t-il, des expériences plus serrées et plus décisives
que celles que nous venons de passer en revue pour
lui donner quelque vraisemblance.
M. Kuenen”, dans un travail très intéressant, à
signalé aussi une cause d'erreur dont l'importance est
considérable dans certains cas ; c’est l’impureté des.
composés employés. Une impureté plus volatile que le
corps en expérience doit naturellement être en plus
forte proportion dans la vapeur que dans Île liquide et
modifier ainsi la vaporisation ou la liquéfaction. Ce sera
le cas, par exemple, s'il reste de l'air dans le tube ou
dans le liquide. C’est là, à notre avis, la cause d’erreur
la plus importante contre laquelle lPexpérimentateur
ait à se prémunir pour effectuer de bonnes mesures de
constantes critiques. Et cela, d'autant plus que, même
en partant de corps chimiquement purs, il arrive très.
fréquemment que ceux-ci subissent un commencement
? Du moins dans la généralité des cas; nous ne parlons pas ici
des liquides anormaux qui sont caractérisés par un ensemble de
propriétés assez nettes pour pouvoir les distinguer des liquides,
normaux. En toute rigueur, les liquides anormaux doivent d’ail-
leurs être considérés comme des mélanges de deux liquides.
* Kuenen, Commun. du lab. de Leyde, n° 8 et 11. Voir à ce su-
jet des observations inédites de M. Chappuis relatées dans le mé-
moire de M. Guye. Ann. Ch. et phys. 6 [21]. Dans l’étude très
claire présentée par M. Mathias au dernier Congrès international
de physique sur les méthodes employées pour déterminer les
constantes critiques (Rapports 1900, t. I, p. 615), cet auteur in-
siste aussi sur la nécessité d’opérer avec des corps très purs.
»
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 39
de décomposition avant d'atteindre la température cri-
tique. Nous mentionnerons plus loin, d’ailleurs, des
observations de M. Radice' qui mettent le fait nettement
en évidence.
Quant à l'observation directe des densités du liquide
et de la vapeur au point critique, les auteurs ” qui ont
étudié complètement Ja question ont reconnu qu’elle
est impossible. La compressibilité d’un fluide à l’état
critique est infinie etson propre poids suffit à faire varier
son volume. En outre, le coefficient de dilatation est
considérable. M. Young * a démontré, par des expé-
riences remarquablement précises, effectuées sur le
pentane normal extrêmement pur, que les densités du
liquide et de la vapeur saturée deviennent égales à la
température critique, que cette température est identi-
que à celle de la disparition du ménisque ou de Pap-
parition du nuage, la température à laquelle se produi-
sent ces deux phénomènes étant identique, aux erreurs
d'expérience près. Ce qui est certain, c'est que, aux
températures voisines de la température critique, il faut
un temps très long pour que l'équilibre final soit établi”,
Il n’en reste pas moins vrai que la disparition du
ménisque ou l'apparition du nuage indiquent l'existence
de l'état critique, au point où ces phénomènes se pro-
duisent.
Nous avons donc considéré comme établi que :
1° On peut déduire la température critique de lPob-
servation de la disparition du ménisque et de l’appari-
1 Radice. Thèse, Genève 1899.
? Voir spécialement Young. Phil. Mag. 1892, 153; 1894, p. 1.
Gouy, loc. cit.
* Young. Trans. 1897, 448.
# Gouy, loc. cit.
40 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES, ETC.
tion du nuage ; la substance étudiée étant enfermée
dans un tube dont la capacité doit être égale au volume
critique correspondant au poids de matière employée ‘.
2° Au-dessus de la température critique ainsi déter-
minée, tout fluide cesse de se présenter sous deux
états physiques différents.
C’est en nous inspirant de ces principes que nous
avons effectué les mesures qui vont être relatées”.
! Mathias, loc. cit.
? En fait, les présentes recherches avaient été précédées d’ex-
périences préliminaires faites par M. Radice. (Détermination
expérimentale des températures critiques, Thèse, Genève, 1899),
en vue d'établir d’abord une liste de composés asssez stables pour
être étudiés à l’état critique. Ces expériences ont porté sur les
corps ci-dessous, dont ceux marqués du signe * ont donné des signes
indubitables de décomposition à des températures inférieures à la
température critique dont la détermination à été, de ce fait, ren-
due impossible pour certains d’entre eux (f. — ?). Les tempéra-
tures indiquées entre parenthèses, déterminées par la méthode de
Cagniard de la Tour (dont il sera parlé plus loin) représentent
les valeurs approchées des températures critiques, données par
ces essais préliminaires. Pour liode exceptionnellement cette
température a été déterminée par la méthode employée par
Nadjejdine (v. Dict. de Würtz. 2° suppl. article « Critique. »
Point, p. 144).
Corps te Corps Le
Benzène 288°,1 *Acétophénone ?
Méthylaniline 428°,6 *Anhydride acétique ?
*Ethylaniline [49504] *Valérate de méthyle (294)
*Diéthylaniline ? *8Salicylate de méthyle (436°)
Pyridine (34492) *Succinate d’éthyle (390°)
*Quinoléine (520°) *Malonate d’éthyle ?
Phénol 419,2 *Benzoate d’éthyle ?
o-crésol 422,3 *[sosulfocyanure de phényle ?
p-crésol 426°,0 P.-toluonitrile 450°
Thymol 495,1 Iode (512°)
*Menthol (421°) *Bibromure detriméthylène ?
*Anéthol ? Diphénylméthane 497°,0
(A suivre.)
DU MÉCANISME
DE
L'ACTION DL PEROXYDE D'XDROGENE
L'ACIDE on
A. BACH
Pour expliquer le mécanisme de l’action du peroxyde
d'hydrogène sur le permanganate de potasse en solu-
tion acide, deux hypothèses se trouvent en présence :
l'hypothèse de M. Traube, suivant laquelle la réduction
de l’acide permanganique par le peroxyde d'hydrogène
serait due à l’oxydabilité de l'hydrogène de celui-ci,
et l'hypothèse de M. Berthelot qui cherche à expliquer
la réduction simultanée du peroxyde d’hydrogêne et de
l'acide permanganique par la formation d’un {rioxyde
d'hydrogène instable à la température ordinaire. Tan-
dis que la première hypothèse manque totalement de
base expérimentale, la seconde S’appuie sur lPexpé-
rience bien connue, dans laquelle M. Berthelot a montré
que le peroxyde d'hydrogène décolorait, à la tempe-
rature de — 12, le permanganate de potasse en
solution sulfurique, sans donner lieu à un dégagement
4.2 ACTION DU PEROXYDE D'HYDROGÈNE
notable d'oxygène. Jusqu'en ces derniers temps, cette
expérience était généralement considérée comme con-
cluante, l'hypothèse de M. Traube ne comptait que de
rares adhérents.
MM. Baeyer et Villiger' ont répété dernièrement
l'expérience de M. Berthelot et trouvé que le ralentis
sement du dégagement d'oxygène était dû, non pas à
la formation d’un trioxyde d'hydrogène stable à basse
température, mais simplement à un phénomène de
sursaturation. Ils considérent en conséquence l’hypo-
thèse de M. Berthelot comme intenable, se rallient à
l'hypothèse de M. Traube et disent : « En l’état actuel
de nos connaissances, nous envisageons cette manière
de voir (celle de Traube) comme s’accordant le mieux
avec les faits connus et trouvons que les auteurs des
traités élémentaires auraient raison de l’adopter. »
En présence de cette affirmation catégorique, je me
permets de publier quelques observations qui tendent
à montrer que, des deux hypothèses en question, ce
n’est pas celle de M. Traube qui s'accorde le mieux
‘avec les faits.
J'ai cherché à aborder la question par le côté expé-
rimental et cela dans les conditions suivantes :
Les beaux travaux récemment publiés par MM. Baeyer
et Villiger ont fait connaître une série de dérivés du
peroxyde d'hydrogène, dont l’un — le peroxyde hy-
droéthylique H.0.0.C°H° — semblait pouvoir fournir
le moyen de vérifier par l’expérience hypothèse de
M. Traube.
On sait que le peroxyde d'hydrogène réagit avec le
! Berichte,, t. XXXIII, p. 2488 (1900).
SUR L'ACIDE PERMANGANIQUE. 43
permanganate de potasse en solution acide d’après
l’équation suivante :
2KMnO: —- 3H2S04 —_ 53H20? — 2MnSO' K?SO4
_L 8H°0 — 50°.
Il est évident que cette équation s'accorde tout aussi
bien avec l'hypothèse de M. Traube qu'avec celle de
M. Berthelot. Mais il en est tout autrement lorsqu'on
emploie, à la place du bioxyde d'hydrogène, un per-
oxyde d'hydrogène monosubstitué qui, comme le per-
oxyde hydroéthylique H.0.0.C°H”, possède un radical
inoxydable où peu oxydable. Si hypothèse de M. Traube
répond à la réalité, c’est-à-dire si l’action du peroxyde
d'hydrogène sur le permanganate de potasse repose
sur l’oxydation de l’hydrogène du peroxyde, le peroxyde
hydroéthylique, qui ne contiendrait qu'un seul atome
d'hydrogène oxydable, devrait exiger pour le titrage
moitié autant de permanganate qu'une solution de
peroxyde d'hydrogène contenant la même quantité
d'oxygène actif. Par conséquent, lorsqu'on détermine
dans des quantités exactement pesées de peroxyde
hydroéthylique, l’oxygène actif, d’abord iodométrique-
ment, ensuite par titrage au moyen de permanganate
de potasse, cette dernière opération devrait accuser —
si hypothèse de M. Traube est exacte — moitié autant
d'oxygène actif que la détermination iodométrique.
Naturellement, il est encore nécessaire de tenir compte
de lexydation éventuelle du groupe éthyle dans le
peroxyde hydroéthylique et de soustraire à la quantité
de pernanganate employée pour le titrage celle qui
correspond à l’oxydation de léthyle ou des produits
qui en déxivent.
44 ACTION DU PEROXYDE D HYDROGÈNE
Les expériences que J'ai instituées, en m'entourant
de toutes les précautions voulues, avec le peroxyde
hydroéthylique préparé et purifié d’après les indications
de MM. Baeyer et Villiger' ont donné pour le dosage
iodométrique de l'oxygène actif et pour le titrage au
meyen de permanganate de potasse, des valeurs à peu
près égales. Ces expériences paraissaient donc infirmer
complètement l'hypothèse de M. Traube et apporter une
nouvelle preuve à l'appui de l'hypothèse de M. Berthe-
lot. Mais l'étude plus approfondie de la réaction a
démontré qu’on ne pouvait faire valoir le résultat
obtenu ni contre l’hypothèse de M. Traube, ni pour celle
de M. Berthelot. Voici pourquoi :
Lorsqu'on titre la solution de peroxyde hydroëéthy-
lique au moyen d’une solution de permanganate de
potasse, on observe que la réaction entre ces deux
substances ne s’accomplit, au début, qu'avec une
extrême lenteur. Ce n’est qu'au bout de une à deux
heures que la réduction du permanganate devient plus
vive pour prendre finalement les mêmes allures que
dans le cas du peroxyde d'hydrogène. Il était à suppo-
ser que le sulfate de manganèse formé jouait un rôle
important dans l’accélération de la rédaction du per-
manganate par le peroxyde hydroéthylique. En effet,
en ajoutant à celui-ci dès le début du titrage une cer-
taine quantité de sulfate de manganèse, j'ai constaté
que la marche de la réaction était en tout point iden-
tique à celle qui a lieu entre le peroxyde d’hydrogène
non substitué et le permanganate de potasse. Il était
très probable qu’en présence de sulfate de manganèse,
! Berichte, t. XXXIV, p. 738 (1901).
SUR L'’ACIDE PERBMANGANIQUE. 45
le peroxyde hydroéthylique subissait une hydrolyse
pour se transformer en peroxyde d'hydrogène et alcool
éthylique, ce qui pouvait expliquer suffisamment le fait
que le dosage iodométrique et le titrage de l’oxygène
actif par le permanganate de potasse ont donné des
valeurs approximativement égales. Les expériences
avec le peroxyde hydroéthylique n’ont donc pas con-
duit au but que je poursuivais.
J'ai trouvé un meilleur point de repère dans l’obser-
vation que J'ai eu l’occasion de faire antérieurement”,
à savoir : que le produit de l’action de l'acide sulfu-
rique concentré ou même de l’acide sulfurique exempt
d’eau sur le persulfate de potasse sec réduisait énergi-
quement, avec mise en liberté d'oxygène, l’anhydride
permanganique dissous également dans l’acide sulfu-
rique concentré ou exempt d’eau.
Ce produit renfermait un peroxyde d'hydrogène
monosubstitué — l'acide monopersulfurique HO°S.0.0H
— réduisant l’anhydride permanganique dans des con-
ditions qui excluaient toute possibilité d’hydrolyse et
de transformation en peroxyde d'hydrogène. D’après
l'hypothèse de M. Traube, ce produit ne devrait exiger
pour le titrage que moitié autant d’anhydride perman-
ganique qu'une solution de peroxyde d'hydrogène con-
tenant ia même quantité d'oxygène actif.
Les expériences décrites antérieurement” ont été
effectuées comme suit :
0,4 2r. de persulfate de potasse contenant 0,0221 4% çr.
d’oxvgêne actif ont été traités par l'acide sulfurique
} Archives, t. XI, p. 128; Berichte, 1900, p. 3111; 1901, p. 1520.
* Loco citato.
46 ACTION DU PEROXYDE D HYDROGÈNE
exempt d’eau, la solution a été titrée au moyen d’une
solution d’anhydride permanganique dans l'acide sulfu-
rique exempt d’eau, et l'oxygène dégagé a été recueilli
sur du mercure.
Une solution de peroxyde contenant la même quan-
tité d'oxygène actif aurait dû exiger 8,3 cc. de solu-
tion d’anhydride permanganique (1 centimêtre cube
— 0,0026450 gr.) et mettre en liberté, aprés le
titrage, 30,8 cc. d'oxygène. En admettant, comme le
veut l'hypothèse de M. Traube, que l'atome d'hydrogène
du peroxyde d'hydrogène monosubstitué soit oxydé
par l’anhydride permanganique, on aurait dû employer
pour le titrage du produit 4,15 cc. de solution d’anhy-
dride permanganique au lieu de 8,3 cc, et obtenir éga-
lement 30,8 cc. d'oxygène, vu que d’après M. Traube,
l'oxygène mis en liberté dans le titrage provient exclu-
sivement du groupe -0-0- du peroxyde, dont lhydro-
gène est oxydé. En réalité, j'ai employé pour le titrage
du produit 5 centimètres cubes de solution d’anhydride
permanganique et recueilli 24,25 cc. d'oxygène (ré-
duit à 0° et 760 millimètres). Le produit a donc exigé
plus d’anhydride permanganique et fourni moins d’oxy-
gène qu'il n’était à prévoir d’après l'hypothèse de
M. Traube.
Ce déficit d'oxygène (6,55 cc.) montre déjà à lui
seul que l’oxygène mis en liberté dans l’action du per-
oxyde d'hydrogène sur le permanganate de potasse ne
provient pas exclusivement des groupes -0-0- du per-
oxyde, car, dans l’espèce, la quantité d'oxygène déga-
gée aurait dû être indépendante de la quantité d’an-
hydride permanganique employée et s'élever à environ
J0: 8:00:
F7
2
SUR L'ACIDE PERMANGANIQUE. P
Comme nous l'avons vu, le produit a exigé 5 centi-
mêtres cubes de solution d’anhydride permanganique
au lieu de 8,3 cc., c’est-à-dire 3,3 cc. de moins qu'une
solution de peroxyde d'hydrogène renfermant la même
quantité d'oxygène actif. Si maintenant on met en re-
gard la quantité d'oxygène disponible contenue dans
ces 3,3 cc. de sotution d’anhydride permanganique
employés en moins (0,008728 g = 6,05 cc. O) et le
déficit d'oxygène constaté plus haut (6,55 cc.), on voi
que les deux valeurs se couvrent presque compléte-
ment. Le déficit d'oxygène est le corrélahif de la dimi-
nution de la quantité d'anhydride permanganique
employée duns le tirage”.
Contrairement à l'hypothèse de M. Traube, l'oxygène
mis en liberté dans l’action du peroxyde d'hydrogène
sur l'acide permanganique semble donc être fourni en
parties égales par les deux corps, chaque atome d’oxy-
séne actif du peroxyde S’unissant à un atome d'oxy-
gène disponible de l’acide permanganique pour former
une molécule d’oxgyène, probablement avec produt-
tion intermédiaire de trioxyde d'hydrogène.
Si l’on tient encore compte de ce que, pour le titrage
de produit analysé, il a été employé plus d’anhydride
permanganique qu'il n’en fallait pour l'oxydation d’un
atome d'hydrogène, on sera obligé de reconnaitre que
1 La cause de cette diminution réside très probablement dans
la formation d’un peracide suroxygéné — d’un dérivé de tétroxyde
d'hydrogène — formation qui a pour conséquence de rendre inac-
tive une portion de l’oxygène actif, vu que les atomes de celui-ci
stunissent gar groupes de 3 pour former des composés renfermant
comme l’ozone une chaine de trois atomes d'oxygène dont un
seul actif.
48 ACTION DU PEROXYDE D'HYDROGÈNE, ETC.
le seul cas où l’hypothèse de M. Traube ait pu être sou-
mise à l’épreuve expérimentale, est décidément défa-
vorable à cette hypothèse.
En passant en revue tous les faits relatifs à l’action
du peroxyde d'hydrogène sur l'acide permanganique,
on arrivera nécessairement à la conclusion que l’hypo-
thèse de M. Berthelot est beaucoup plus plausible et
rationnelle que celle de M. Traube. Même en admettant
que l’existence du trioxyde d'hydrogène ne soit pas
démontrée par l’expérience de M. Berthelot, il ne
s’ensuit nullement que son hypothèse soit fausse. On
connaît nombre de réactions dans lesquelles il v a for-
mation de produits intermédiaires que, jusqu’à présent,
on n’a pas encore réussi à isoler. Comme sous tous
les autres rapports, l'hypothèse de M. Berthelot semble
être à l'abri d’objection, — on ne pourrait certaine-
ment pas en dire autant de l'hypothèse de M. Traube
— on ne voit pas bien pourquoi celle-ci doit être pré-
férée à celle-là.
Toutefois, aucune de ces hypothèses n’est encore
müre pour les traités élémentaires.
! Admettre, comme le fait M. Traube, que le peroxyde d’hydro-
gène contient de l'hydrogène facilement oxydable lié directement
à de l’oxygène actif, cela choque le sens commun.
ANALYSE
DU
7 ACL NLENE
PRODUIT PAR LES
CARBURES DE CALCIUM DU COMMERCE
ET
SA PURIFICATION POUR L'ÉCLAIRAGE
PAR
A. LANDRISET et A. ROSSEL !
L’acétylène produit par l’action de l’eau sur les car-
bures de calcium du commerce, n’est pas pur ; il con-
tient des produits gazeux en proportions variables qui
dépendent aussi bien de la composition du carbure que
de la manière dont il est décomposé par l’eau.
La pureté de l’acétylène dépend de celle plus ou moins
srande des matières premières (charbon et chaux)
employées pour la fabrication du carbure ; ce dernier
peut dégager, traité par l’eau :
1° de lazote,
2° de l'oxygène,
3° de l'hydrogène,
4° du méthane,
qui en faibles quantités ne nuisent pas au pouvoir éclai-
rant du gaz, et
? Communiqué à la réunion de la Société helvétique des Sciences
naturelles, à Zofingue.
ARCHIVES, t. XIII — Janvier 1902. 4
90 ANALYSE DU GAZ ACÉTYLÈNE PRODUIT
5° de l’ammoniaque,
6° des thiodérivés et de l'hydrogène sulfuré,
7° de l’hydrogène phosphoré,
qui, en petites quantités déjà, nuisent à son économie.
Nous avons modifié la burette de Hempel pour
l'analyse des gaz de manière à arriver à une détermi-
nation facile et exacte de la composition de l’acétylène
et obtenu des résultats concluants qui ont contribué à
trouver la méthode rationnelle de la purification du gaz.
Les analyses ont donné les résultats suivants pour les
moyennes d’un grand nombre de carbures :
Lre série 2me série dlne Série
Hydrogène 0,10 */, 0,30 ‘/, 0,25 °/, en volume.
Oxygène DDC OS TO NOT ETES »
Azote O0 25 1OIGHAIOT IT NERO SNA »
Métbane —- —— —
L’hydrogène se produit par l’action de petites quan-
tités de calcium métallique répandu dans l’intérieur de
la masse du carbure sur l’eau de réaction. Les carbu-
res des séries 2 et 3 renfermaient en partie un excès
de chaux, ce qui n’a pas augmenté la quantité du cal-
cium métallique. Une certaine quantité de cet excès de
chaux se volatilise ou forme des cristaux bien définis,
irisés de chaux cristallisée, souvent confondus avec des
cristaux de carbure pur, ce qui explique pourquoi cer-
tains carbures en pains cristallisés donnent un faible
rendement en acétylène.
L'absence de méthane démontre que nos carbures
ne contiennent pas de carbure d'aluminium.
Les faibles quantités d'oxygène et d'azote, ainsi que
l'hydrogène, sont en quantités négligeables au point de
PAR LES CARBURES DE CALCIUM DU COMMERCE. 1
vue de l'emploi de l’acétylène pour l'éclairage et son
emploi pour des travaux techniques.
Tous les carbures du commerce dégagent, traités
par l’eau, de l’acétylène contenant en plus ou moins
grandes quantités de l’ammoniaque, de l'hydrogène
sulfuré et de l'hydrogène phosphoré, en faibles quan-
tités il est vrai, mais suffisantes pour avoir une influ-
ence défavorable sur le pouvoir éclairant de l’acéty-
lène et qu'il faut éloigner par purification.
L'ammoniaque se produit entr’autres par l’oxyda-
tion du magnésium des carbures fabriqués avec des
calcaires dolomitiques, quand le métal brûle à la sur-
face en présence du carbure. Pour le démontrer, on
peut faire la jolie expérience suivante :
Dans un petit creuset de porcelaine, on chauffe au
bec de Bunsen un mélange par équivalents de carbure
pulvérisé et de magnésium en poudre :
Ca C, + 3Mg + 50 + 2N — Ca0 + 200, + Mg,N,
Le mélange devient incandescent et tandis que le
carbure brûle dans l'oxygène de l’air, le magnésium se
combine avec l'azote pour former de l’azoture de ma-
gnésium.
Par l’action de l’eau ce dernier produit de lammo-
niaque,
Mg, N, + 3H,0 — 3Mg0 + 2NH,
Nous avons cependant constaté qu'un carbure pré-
paré avec du carbonate de chaux précipité et du char-
bon de sucre donne de l'acétylène contenant également
de l’ammoniaque. De petites quantités de calcium ré-
duit brûlant à la surface du carbure, semblent donner
la même réaction que le magnésium.
59 ANALYSE DU GAZ ACÉTYLÈNE PRODUIT
La quantité de soufre dans l’acétylène est très va-
riable et dépend de la méthode employée pour la pro-
duction du gaz. En plongeant dans l’eau du carbure de
manière à ce qu'il ne soit pas submergé, on remarque
un fort dégagement d'hydrogène sulfuré ; si, au con-
traire, on laisse tomber le carbure dans l’eau, l’acéty-
lène qui se dégage ne contient aucune trace d’hydro-
gène sulfuré, celui-ci étant complètement retenu par la
chaux résiduaire, à l’état de sulfure de calcium.
La quantité d'hydrogène phosphoré est proportion-
nelle aux phosphates contenus dans la chaux de fabri-
cation et les cendres des charbons.
Nos analyses nous ont donné les résultats suivants :
Ammoniaque (chute d’eau sur le carbure) :
! Kilog de carbure donnant 300 litres d’acétylène,
dégage 0,0582 gr. à 1,262 gr. d'ammoniaque ou 738
a 1628 cc.
En fabriquant de l’acétylène par chute d’eau sur le
carbure, il peut donc se produire jusqu’à 5 litres d’am-
moniaque par mêtre cube de gaz.
Quand, par contre, le carbure tombe dans l’eau, la
plus grande quantité de l’ammoniaque produite est re-
tenue en dissolution. L’acétylène lavé dans l’eau froide
ne contient plus d’'ammoniaque.
Les carbures du commerce contiennent en moyenne
3 gr. de soufre par kilog, le maximum est de 3,5 °/,..
Cette quantité peut tomber à 1,5 °/,, pour des carbu-
res plus purs. Le maximum du soufre dosé dans le gaz
produit par du carbure tombant dans l'eau est de
0,021 gr. par 100 litres de gaz (ou 0,063 gr. pour
300 litres correspondant à 1 kg. de carbure), ce qui
PAR LES CARBURES DE CALCIUM DU COMMERCE. 939
représente 14 cc. d'hydrogène sulfuré ou 2 ”,, du sou-
fre total du carbure. Quand, par contre, l’eau tombe
sur le carbure, le minimum du soufre contenu dans
l’acétylène est de 0,141 gr. par 100 litres de gaz, ou
0, 333 gr. par kilog. de carbure, soit 222 cc. d’hydro-
gène sulfuré ou 11,1 */, du soufre total du carbure.
Ces réactions démontrent la supériorité des appa-
reils à acétylène construits d’après le principe de la
chute de carbure dans l’eau sur les appareils à chute
d’eau sur le carbure.
Le maximum du phosphore dans le gaz acétylène à
l’état d'hydrogène phosphoré, produit par kilog de car-
bure de qualité courante, est de 0,525 gr. Un grand
nombre d'analyses nous ont donné les résultats sui-
vanis :
1 kg. de carbure donne un gaz contenant :
0,063 gr. P.
0,024 »
0,291 »
0,360 »
0,450 »
On obtient la quantité totale du phosphore qui se
trouve à l’état d'hydrogène phosphoré dans l’acétylène,
en faisant passer le gaz dans une solution d’hypochlo-
rite de sodium qui oxyde le phosphore à l’état d'acide
phosphorique, que l’on dose à l’état de pyrophosphate
de magnésie.
En moyenne l’acétylène contient dans 100 litres de
gaz, 0,080 gr. de phosphore à l’état d'hydrogène
phosphoré, soit 55 ec.
Pour fabriquer de l’acétylène donnant une flamme
4 ANALYSE DU GAZ ACÉTYLÈNE, ETC.
très éclairante, exempte d’impuretés, il est nécessaire
d'éliminer complètement l’ammoniaque, l'hydrogène
sulfuré et l'hydrogène phosphoré contenus dans le gaz
brut.
On arrive à ce résultat en ayant soin que le gaz en
se dégageant se trouve en contact avec la chaux rési-
duaire, ce qui à surtout lieu pour les appareils à chute
de carbure dans l’eau. Le gaz est ensuite conduit à
travers une quantité d’eau suffisante (laveur) pour éli-
miner toute l’ammoniaque.
Quant au phosphore, l’expérience nous a démontré
que dans la plupart des cas on n’a pas à en tenir
compte vu les faibles quantités constatées. Cependant
il arrive que les charbons et la chaux peuvent en aug-
menter la proportion et donner dans les locaux où
brûle le gaz une buée blanchâtre, âcre et désagréable,
formée d’anhydride phosphorique, qu'il convient d’éli-
miner. Les essais que nous avons entrepris dans ce
but et que nous continuons actuellement, nous permet-
tront d'indiquer exactement les conditions de forma-
tion et d'élimination. Jusqu'ici ce sont les mélanges
épurateurs à base de chlorure de chaux qui paraissent
donner les meilleurs résulats.
RESUME MÉTÉOROLOGIQUE
DE L'ANNÉE 1900
GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD
PAR
R. GAUTIER
Professeur et directeur de l'Observatoire de Genève.
INTRODUCTION.
La seule différence entre ce résumé et ceux des trois
années précédentes consiste en ce que, partout, une
place y a été attribuée à l’année civile à côté de l’an-
née météorologique. Cette modification, qui persistera,
m'a paru toute indiquée pour l’année 1900 qui clôture
le XIX"* siècle. Elle est d’ailleurs motivée par le fait
que l’année civile est actuellement à la base de la plu-
part des travaux climatologiques. Mais l’année météo-
rologique ne sera pas abandonnée pour cela; elle peut
être partagée en saisons et présente ainsi de sérieux
avantages, sans compter que presque toutes les études
relatives au climat de Genève ont été fondées sur cette
période.
Les tableaux de chiffres de ce résumé, comme ceux
des résumés futurs, comprendront donc les données de
56 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
13 mois et, pour 1900, ceux qui vont de décembre
1899 à décembre 1900 inelusivement; puis viendront
les résultats relatifs aux quatre saisons, à l’année mé-
téorologique et à l’année civile. Comme précédemment,
le seul tableau des températures de cinq en cinq jours,
calculées pour Genève, est établi pour l’année civile
exclusivement.
L'ordre des matières traitées dans ce résumé sera
d’ailleurs le même que dans les précédents : Après
quelques indications d’ordre général, les différents
éléments météorologiques y seront passés succes-
sivement en revue dans l’ordre accoutumé : tempéra-
ture, pression atmosphérique, humidité de l'air à Ge-
nève, vents, pluie et neige, nébulosité et durée d'inso-
lation à Genève.
A l'Observatoire de Genève, les observations météo-
rologiques directes se font, comme précédemment, de
trois en trois heures à partir de 7 h. du matin jusqu'à
10 h. du soir. Les instruments enregistreurs fournis-
sent en outre les valeurs de la plupart des éléments
météorologiques à 1 h. et à 4 h. du matin. Les moyen-
nes diurnes de ces éléments reposent donc sur huit
observations trihoraires. Une observation directe sup-
plémentaire se fait à 9 heures du soir, pour rattacher
Genève au réseau méléorologique suisse, pour lequel
les observations sont faites trois fois par jour, à 7 h.
du matin, à 4 h. et à 9 h. du soir. Cette observation
de 9 h. n’est pas utilisée dans les résumés genevois,
mais elle est publiée par les soins du Bureau météoro-
logique central de Zurich.
Au Grand Saint-Bernard, les observations ont été
faites par les religieux sous la surveillance de M. le
»
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 51
prieur Gard. Elles ont lieu six fois par jour, en général
aux mêmes heures qu’à Genève; l'observation de 7 h.
du matin, pour la température, à cependant été faite
généralement à une heure plus précoce, 5 h. et demie
du matin, Jusqu'au mois d'octobre inclusivement. A
partir du mois de novembre 1900, elle se fait a 7 h.
du matin.
On a obvié à cet avancement de la premiére obser-
vation diurne, en continuant à se servir du mode d’in-
terpolation graphique exposé dans le résumé météoro-
logique de 1884. Cette méthode fournit en effet une
valeur approchée de la température moyenne vraie à
7 h. du matin, de même que des températures de 1 h.
et de 4 h. du matin. Pour ces deux dernières heures
de nuit, les valeurs de la pression atmosphérique seule
sont relevées chaque jour sur les diagrammes d’un ap-
pareil enregistreur. L'observation de 9 h. du soir ne
s’est pas encore faite au Grand Saint-Bernard pendant
l’année météorologique 1900.
Comme l'annonce le bulletin mensuel d'octobre
1900 des observations météorologiques faites au Grand
Saint-Bernard, une nouvelle station météorologique y à
été installée dans le bâtiment neuf de l’Hospice. Cette
station comporte des thermomètres et des hygromètres.
Ses données n’ont pas servi pour l’année 1900 en ce
qui concerne la température; il n’en sera donc fait
mention dans ce résumé qu’à propos de l’humidité de
l'air. Nous reviendrons sur ce sujet dans le résumé de
l’année 1901.
Les valeurs normales des différents éléments météo-
rologiques sont empruntées, pour Genève, aux « Nou-
velles études sur le climat de Genève, » d’Émile Plan-
58 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
tamour, qui utilisent toutes les observations faites jus-
qu’en 1875.
Pour le Grand Saint-Bernard, les valeurs normales
sont fournies par les moyennes des 27 années, 1841-
1867, calculées par E. Plantamour.
Les résumés mensuels des observations météorolo-
giques faites à l'Observatoire de Genève et au Grand
Saint-Bernard et publiés dans les Archives sont, comme
précédemment, réduits chaque mois à l’Observatoire
de Genève par les soins des astronomes et spécialement
par M. E. Schær, astronome-adjoint. Une partie des
tableaux de ce résumé annuel ont été établis par les
soins de M. H. Duaime, auquel j’exprime, ainsi qu’à
M. Schær, mes sincères remerciements.
Les observations météorologiques ont toutes été
faites à L'HEURE LOCALE, seule indiquée. Pour la trans-
former en temps de l’Europe centrale, il faut ajouter
35 minutes aux observations de Genève et 30 minutes
à celles du Grand Saint-Bernard.
[. TEMPÉRATURE.
Genève. — La détermination des températures de
nuit à 4 h. et à 4 h. du matin, a reposé, comme
l’année précédente, sur les indications du thermographe
Richard grand modéle, qui a fonctionné sans accroc
durant toute l’année.
Les résultats généraux des observations thermomé-
triques sont consignés dans douze tableaux de chiffres
à propos desquels j’ai quelques remarques à ajouter.
1° Moyennes générales de la température. — Écarts.
Le tableau I fournit, pour Genève, toutes les valeurs
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 59
moyennes des températures, de trois en trois heures, à
partir de 4 h. du matin, puis la fempéralure moyenne
des mois, des saisons et de l’année (météorologique et
civile) moyennes des huit moyennes trihoraires, enfin
les minima et les marima moyens.
Le tableau 11 fournit, pour le Grand Saint-Bernard,
les mêmes moyennes pour les six dates d'observation
directe. Les moyennes des mois, des saisons el de
l'année sont établies sur la moyenne des huit tempéra-
tures trihoraires, en se servant des températures obte-
nues par interpolation graphique pour 41 h., 4 h. et
7 bh. du matin.
Le {ableau 111 donne les écarts entre les tempéra-
tures moyennes des différentes périodes et les valeurs
normales de 1826-1875 pour Genève et de 1841-1867
pour le Grand Saint-Bernard.
Il résulte de l’examen de ces chiffres que, à Grenèce,
l’année météorologique 1899-1900, et plus encore
l’année civile 1900, ont été plus chaudes que la nor-
male, quoique à un moindre degré que l’année précé-
dente. Au Grand Saint-Bernard, où l’année 1899
avait été exceptionnellement chaude, l’année météo-
rologique 1899-1900 à une température absolument
normale, l’année civile est un peu plus chaude. Nous
retrouvons ainsi, comme entre Savatan et Dailly ", une
différence plus grande que d’ordinaire entre les tempé-
ratures de deux stations situées à des altitudes difté-
rentes.
Dans les deux stations, le printemps seul est au-des-
1 Voir Observations météorologiques faites aux fortifications de
S'-Maurice pendant l’année 1900. Archives, décembre 1900.
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RÉSUMÉ MÉTÉOROLOC
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19° L + || 16°crt+ | 67° rt
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990 + | 817 + | +0‘r +
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POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 61
II. TEMPÉRATURE AU GRAND SAINT-BERNARD EN 1900.
2 JR TRE DEV ONE ES PS ER PS
| || Tempéra. |
| ÉPOQUE. 7h. m. 10h; hs 4h12 h:s/|101h;s: | ture |
| Déc. 14899. | — 8,85| — 8,17| — 7,29) - 8,13| — 8,50| - 8,79) _ 855
| Janv. 1900 | — 9,00| - 8,55! — 7,75) - 8,54] - 9,03) — 9,00) - 8,77
| Février . . Nr 7,43 a 5,08 a 4,63 = 6,12 & 7,60! Fr 7,66 — 7,00
Mars . . . | 11,00! — 9,38) — 7,98, — S,43| -10,71| -11,32| _10.34
EN ls 80 oc au 23702508! 5,72), 4095
Mai. ... | — 0,75] + 1,67, + 3,35) 4 1,98| + 0,01| — 0,96) } 0,03
Juin. . + 345) + 5,62) + 6,63) + 6,05| + 4,24) + 3,55) 1 4,39
Juillet. . . | + 6,72| + 9,06) +10,12) + 9,12) + 7,57) + 6,43] Ï 7,44
Août . + 5,30] + 6,68) + 8,15) + 7,42) + 5,45) + 4,55) + 5,38
Septembre | + 5,60| + 6,79) + 8,41) + 7,94! + 6,15) + 5,54) + 5,87
Octobre. . | + 0,30! + 1,80) + 2,91! + 2,08! + 0,87) + 0,44! L 0,94
| Novembre. | — 6,09! — 5,35, - 4,11) - 5,32, - 5,89) — 6,25) - 5,81
| Décembre. | - 4,95 3,80| - 2,40) - 3,66| — 4,94] — 4,74| _ 4,54
Piver ee. = 8,46| -°7,5310-26.62|-"7,65) - 8,40} -"9,51|-- 8 14
Printemps | - 5,85| - 3,46 — 1,94 - 2,94) - 5,26| — 6,00, - 5,09
MÉté. - | +5,17/"+#,7,14| + 8,32) + 7,54| + 5,77| + 4,86] + 5,75
| Automne . | - 0,06! + 1,09) + 2,41) + 1,57] + 0,38, — 0,08] + 0,34
| |
|Année. mét.| - 2,27| - 0,66, + 0,58 - 0,33) — 1,85) — 2,41) — 1,76
| » civile - 1,94) - ep + 0,99! + 0.05! - 1.49) 2,06| - 1,42
| l l
TE: ÉCARTS.
EPOQUE. Température. Température. Différence
Genève. Saint-Bernard. entre les deux stations.
0 0 0
Décembre 1899. —0.,64 — 0,56 +-0,32
Janvier 1900.... +2,76 +-0,27 2.49
Hévriern 2.2.2 2,98 1,61 -4-0,97
MATS ME Sn: —2,96 —-3,02 +0,46
IIS CEE —0,16 — 1,68 1,922
MAR ne —(),89 —(0,48 —(0,%1
JTE SRE +0,78 +0,30 +-0,48
ICS +1,67 +1,28 0,39
RODR 0,16 —0,60 +0,44
Septembre. ..... —-1,89 +2,59 —0,66
Octobre... 10: +1,01 +1,12 —(,Z1
Novembre...... +1,22 —0,51 +1,73
Décembre ...... +2,32 +-3.05 —0,73
HIVER des +1,53 +0,26 +1,27
Printemps. . .... —1,,31 —1,75 +0,42
[LE PEER +-0,76 +0,33 +0,43
Automne ....... +1,36 +2,16 0,20
Année météor.. +0,58 +0,00 +0,58
» civile... —-0,83 10.34 +0,49
6? RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
sous de la normale et, au Grand Saint-Bernard, il est
assez froid pour compenser la plus-value de chaleur
des trois autres saisons. — A Genève, 5 mois, sur 13,
présentent des écarts de température négatifs; au
Grand Saint-Bernard, il v en a 6. Le mois le plus
chaud, relativement, est janvier à Genève, septembre
au Grand Saint-Bernard (décembre 1900 pour l’année
civile). Le mois le plus froid, relativement, est mars
aux deux stations. — C’est au mois de janvier que
Genève est, relativement, le plus chaud par rapport au
Grand Saint-Bernard.
Les températures moyennes mensuelles extrèmes
tombent sur les mois de mars et de juillet pour le
Grand Saint-Bernard. À Genève, cela est vrai égale-
ment pour l’année civile, mais, pour l’année météoro-
logique, le mois le plus froid est décembre. Il en résulte
pour l’amplitude de l’année météorologique :
Mois. Genève. Grand Saint-Bernard.
Le plus froid Déc. 1899 + 0°146 Mars 1900 — 10°,34
» chaud Juil. 4900 + 20°,48 Juil. 1900 + 7°.44
Amplitude annuelle 20°.32 17,18
L’amplitude est sensiblement supérieure, aux deux
stations, à sa valeur moyenne, qui est 18°,9 à Genève
et 15,2 au Grand Saint-Bernard entre les mois extrê-
mes ordinaires (janvier et juillet).
2° Température de cinq en cinq jours à Genève.
Le tableau IV fournit les températures moyennes
par pentades et, comme précédemment, pour l’année
civile seule, du 1° janvier au 31 décembre 1900. A
côté des températures, figure l’écart avec les tempéra-
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 63
2
IV. 14900. TEMPÉRATURE DE 5 EN 5 JOURS, A GENÈVE.
| | Difré- Difré-
| Tempé-| rence Tempé-| rence
Date | rature | avec Date rature | avec
moy. la | moy. la
| | formule formule
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41-45 1. | + 1,58] -1,98 | 10-14 id. #18,83| +0,10
16-20 id. + 4,13] (44,33), 15-19 id. +23,96| (45.11)
21-95 id. + 5,38) (15,41) 20-24 id. +22,41| (43,51)
26-30 id. | +0,75) +0,54 | 25-29 id. +24,08| (+5,21)
| 81- 4 Février, + 1,05) +0,54 30- 3 Aoùt 420,40! (41,63)
LES Ont + 2,95) 12,08 4-8 id +18.16| -0,43
10-14 id. + 4,14) (42,86), 9-13 id. 416,62! (-1,73) |
| 15-49 id. | + 4,82] (+3,08), 14-18 id. 417,76! -0,27
20-24 id. | +4,38) (12,15), 19-23 id. H8,41| 1076 |
| 25- 1 Mars | + 6,91| (+4,15)! 24-28 id. +16,98| -0,23 |
2 6 Mars - 3,08| (-6,40), 29- 2 Septemb.| 416,13] -0,57 |
71 id. + 1,76/ (-2,14)) 3-7 id. 415,57| -0,56
42-46 id. |! +4,55, +0,04 8-12 id. 416,09! +0,57
| 47-94 id. 3,04) (-2,09) 13-17 id. 15,15, +0,30
19296 id. | Liu -1,64 18-22 id. 418,34| (44,21)
| 27-31. id. | +1,43] (-5,00) 23-27 id. 417,95! (+4,58) |
| 4-5 Avril | + 3,23] (-3,87;) 28- 2 Octobre | +16,75| (+4,18) |
I" 6-10 id. | + 5,08| (-2,71), 3 7 id. +14,87| (43,13) |
14145 id. | 410,81! (12,32), 8-12 id. 413,06! (+2,18) |
16-20 id. + 9,56, +0,37. 13-17 id. + 9,26| -0,74 |
| 21-25 id. 412,24! (12,33), 18-22 id. + 8,26! -0,85
26-30 id. +10,16, -0,47 23-27 id. 7; —0,54
| 4-5 Mai | 112,91| +1,56 | 28- 1 Novemb.
| 610 id. | 112,49] +0,42 | 2-6 id.
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64 . RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
tures calculées d’après la formule déduite par E. Plan-
tamour de l'étude des cinquante années de 1826 à
1875". Lorsque l'écart observé dépasse la limite de
l’écart probable calculé et constitue ainsi une anomalie,
le chiffre de l’écart est mis entre parenthèses dans le
tableau.
Sur les 73 pentades, 46 présentent un écart positif
et 27 un écart négatif. Il en résulte que l’année civile
est, comme nous l’avons déjà constaté, plutôt chaude.
Ce caractère s’accuse encore davantage par le fait que,
sur les 46 écarts positifs, 26 dépassent la valeur de
l'écart probable, tandis que, sur les 27 écarts négatifs,
11 seulement dépassent cette limite.
Les plus longues périodes de chaleur relative com-
prennent neuf pentades, du 16 janvier au 1° mars et
du 28 octobre au 11 décembre. Les plus longues pé-
riodes de froid relatif sont seulement de 5 pentades,
du 17 mars au 10 avril (on pourrait même la faire
remonter au ? mars, car la pentade du 12 au 16 mars
présente un excédent de + 0°,04 seulement) et du 11
mai au # Juin.
Le plus fort écart positif, + 5,58, tombe sur la
première pentade de l’année, et le plus fort écart né-
gatif, — 6,40, sur celle du 2 au 6 mars. — Les plus
fortes hausses de la température, + 5°,03 et + 5,04,
se sont présentées entre la 20° et la 21° pentade, puis
entre la 39° et la 40°. Le plus fort abaissement de la
température, — 10,55, a eu lieu entre la 12° et la
13° pentade. — La pentade la plus froide est précisé-
ment cette 13°, du 2 au 6 mars, avec — 3°,08. La plus
! « Nouvelles études sur le climat de Genève, » p. 53.
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 65
chaude est la 42°, du 25 au 29 juillet, avec 24°,08.
Elle fait partie de cette période si chaude de l’été 1900
qui va du 13 juillet au 3 août.
3° Moyennes diurnes. Écarts. Anomalies.
Le tableau V fournit la classification des jours de
l’année, à Genève, suivant leurs températures moyen-
nes et conformément à la terminologie introduite par
Plantamour. Il en résulte que, dans l’année météoro-
logique, 28 Jours seulement ont présenté une tempé-
rature moyenne inférieure à zéro. Ce chiffre est faible,
mais il est cependant plus fort que durant les trois
années, très chaudes, qui ont précédé 1900. Il n’y a
eu que 5 jours très froids et 3 jours très chauds. L’an-
née civile a un seul jour très froid et 20 jours froids, et
est plus chaude que l’année civile 1899, à cause de la
différence de température entre les mois de décembre
1899 et 1900.
Le tableau VIT fournit une classification analogue
pour le Grand Saint-Bernard. La longue série de jours
où la température moyenne est restée au-dessous de
zéro degré, s'étend du 2 décembre 1899 au 14 avril
1900, avec interruption seulement aux 23 et 25 février.
La température moyenne n’est pas descendue au-des-
sous de zéro pendant plusieurs périodes de l’été, dont
la plus longue s'étend du 6 août au 14 octobre.
Les deux tableaux V et VII fournissent également,
pour chaque mois et pour l’année, les dates des jours
les plus chauds et les plus froids. L’amplitude entre ces
Jours à températures moyennes extrêmes est de 32 ,4
pour Genève et de 32°,2 pour le Grand Saint-Bernard.
Les tableaux VI et VIII fournissent les données
ARCHIVES, t. XIII — Janvier 1902. )
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RÉSUMÉ MÉTÉOROLOG
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70 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
habituelles sur les écarts entre les températures obser-
vées et les températures normales des deux stations.
Pour toutes deux le nombre des écarts positifs dépasse
celui des écarts négatifs, pour Genève surtout, ce qui
provient de la température de l’année, supérieure à la
normale.
Les mêmes tableaux fournissent ensuite, pour cha-
que mois et pour l’année, les valeurs moyennes des
écarts, 1° entre la valeur observée et la normale,
2° entre les températures de 2? jours consécutifs. Ils
donnent enfin les dates des écarts extrêmes, pris à ces
deux points de vue; les derniers chiffres indiquent le
plus fort abaissement de température ou la plus forte
augmentation d’un jour à l’autre, pour chaque mois et
pour l’année, météorologique et civile.
L’anomalie résultant de ce qu’il fait plus chaud
dans la station de montagne que dans la station de
plaine ne s’est présentée que tout au commencement
de l’année météorologique et au milieu de décembre
1900. Les seuls cas d’anomalie de l’année 1899, du
28 au 30 novembre, se sont continués, en effet, le
1® décembre, avec une différence de température de
0°,6 en faveur du Grand Saint-Bernard. Les anomalies
des 12 et 13 décembre 1900 s'élèvent au même chiffre
de 0 6. Ces trois jours correspondent, comme d’ordi-
naire, à du brouillard à Genève, tandis que le soleil
brillait de tout son éclat à la montagne.
4° Tempéralures extrèmes.
Les tableaux IX et X fournissent les températures
extrêmes pour les deux stations. À Genève le minimum
absolu n’a pas atteint le minimum absolu moyen des
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. TA
X. GENEVE 1900. INDICATIONS DES THERMOMÉTROGRAPHES.
Nombre de jours
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Janv. 1900.. — 5,6 le 15 +16,0 le 23 15 nr
Février. .... — 5,1 le 11 17,1 les 13et 26 10 0
Mars. — 8.9 le 5 +-12,8 le 12 21 2
AVTIE 22: — 92,9 le 3 +-24,3 le 23 b) 0
Matte. + 3,9 le 20 +-24,0 le 23 0 0
Join EE : + 5,6 le 1 429,2 le 21 0 0
Juillet...... + 5,3 le 9 33,9 le 27 () (]
ADUÉ 2. - + 8,3 le 9 +29,3 le 7 0 0
Septembre .. + 7,4 le 14 +-28,3 le 24 ()] 0
Octobre..... — 0,7 le 16 25,0 le 1 Il 0
Novembre... — 2.0 le 27 +16,5 le 2 b) 0
Décembre... — 4,9 le 21 +-17,0 le 6 18 1
Année mét.. — 9,8 le 12 déc. +33,9 le 27 juill. 81 17
1899. 1900.
» civile. — 8,9 le 5 mars » » » 79 {|
1900.
X. SAINT-BERNARD 1900. — TEMPÉRATURES EXTRÈMES.
&# ÉPOQUE. Minimum Date. Maximum Date.
absolu. absolu.
Déc. 1899... —2?0 le 12 098 les d
Janv. 1900.. —21,0 le 12 + LA Je 2%
Février. .... —17,3 le 21 + 5,7 le 25
Mars rh" —96,4 Je 5 + 17 le 16
Ari... —17,7 le 3 +140,7 le 15
LETR REX 2er à — 6,8 le 31 +41,3 Je 5
Jun... — 4,6 le 1 +-13,7 le 21
Job... — 5,6 Je 9 +1419,7 le 26
MORE: .-"..- — JA ler 16,2 le 2
Septembre .. — 3,4 le 13 +182 le 7
Octobre..... — 9,4 le 28 +-10,7 le 10
Novembre... —11,5 le 23 +- 6,2 Je 1
Décembre... —12.1 le 29 + 4,2 le 17
Année mêt.. —-26,4 le 5 mars +419,7 le 26 juil. 1900.
1900.
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74 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE. ETC.
50 années 1826-1875 traitées par Plantamour et qui
est de — 13,3. En revanche le maximum absolu dé-
passe de plus d’un degré le maximum normal qui est
de + 32,5. L’oscillation extrême de la température,
43,7, reste de 2 inférieure à l’oscillation extrême
moyenne qui est de 45,8. Au Grand Saint-Bernard,
l’oscillation extrême observée est de 46°,1.
Le tableau IX fournit en outre, pour Genêve, le
nombre de Jours de gelée, où le minimum est tombé
au-dessous de zéro et celui des jours de non dégel, où
le maximum est resté au-dessous de zéro. Ces nom-
bres, plus élevés que pour les années précédentes, sont
cependant encore inférieurs à ceux de la moyenne des
50 années 1826 à 1875, 91 et 21.
La dernière gelée blanche à glace du printemps à
Genève a eu lieu le 10 avril. La première gelée blanche
à glace de l’automne a déjà eu lieu le 16 octobre.
5° Température du Rhône.
Les tableaux XI et XII fournissent les documents
habituels sur la température du Rhône, prise, comme
antérieurement, vers midi, à la sortie du lac, sous le
pont des Bergues, à une profondeur de 1 mêtre au-
dessous de la surface de l’eau.
(À suivre.)
COMPTE RENDU DES SÉANCES
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENEVE
Séance du 21 novembre 1901.
J. Briquet. Système sécréteur dans la tige des Centaurées.
M. Briquer présente une note sur la topographie du sys-
tème sécréteur dans la tige des Centaurées. — L'origine
schizogène et la distribution des canaux sécréteurs corti-
caux et périmédullaires des Composées sont bien connus
depuis les travaux de M. Van Tieghem *.
Les canaux corticaux sont issus de la division cruciale
d’une cellule mère, suivie de divisions radiales dans Îles
cellules filles qui deviennent des éléments épithéliaux. Les
cellules mères des canaux corticaux sont situées tantôt
dans l’assise phloeotermique. tantôt dans les couches corti-
cales extérieures à celle-ci. Cette distribution topogra-
phique des canaux sécréteurs corticaux a paru si constante
aux anatomistes qui se sont occupés des Composées, qu’elle
est indiquée comme un caractère général pour cette
famille ?.
! Van Tieghem. Sur les canaux oléifères des Composées (Bull.
Soc. Bot. de Fr., XVIII, 1871); Idem. Sur la situation de l’ap-
pareil sécréteur dans les Composées (Bull. Soc. Bot. de Fr., XXX,
1883).
? Voy. Vuillemin. Tiges des Composées, p. 65 et suiv. (Paris
1884); Ph Van Tieghem. Traité de Botanique, I, p. 769; Solereder.
Systematische Anatomie der Dikotyledonen, p. 520.
76 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
A l’occasion d’une monographie des Centaurées des Alpes
maritimes, actuellement sous presse, nous avons étudié
soigneusement une vingtaine d'espèces du genre Centau-
rea dont 17 nous ont paru organisées conformément à la
règle de M. van Tieghem. Ce sont les Centaurea Rhaponti-
cum, conifera, Jacea, pectinata, Jordaniana, Aemilu, procum-
bens, uniflora, montana, Cyanus. collina, Cineraria, aplo-
lepa, solstitialis *, melitensis, Calcitrapa et sonchifolia.
Dans plusieurs de ces espèces, examinées à l’état adulte,
et chez lesquelles le phloeoterme prend tardivement des
caractères endodermiques, on voit se réaliser le cas décrit
par M. Vuillemin, dans leque! l’endoderme est refoulé ex-
térieurement par le canal sécréteur très précoce, différen-
cié bien avant cette assise ?. On distingue alors sur une
coupe transversale le canal pincé entre l’endoderme et le
péricycle stéréique. M.Vuillemin admet que, dans ce cas,
le canal est d’origine phloeotermique et que lorsque le
phloeoterme prend des caractères endodermiques, le rac-
cord entre les segments endodermiques s'opère par la
subérisation des éléments corticaux extérieurs aur canaux.
« L’endoderme, système de cellules plissèes, ne coincide
donc pas avec l’endoderme-région, fait jusqu'à présent
unique chez les Phanérogames *. »
Nous sommes convaincu, contrairement à l'opinion de
notre savant confrère de Nancy, que dans bien des cas les
canaux qui occupent la situation que nous venons de
décrire sont d'origine péricyclique, et qu'il n’y a dès lors
pas lieu d'admettre la genése, d’ailleurs fort possible,
d’un endoderme extra-phloeotermique. Ce qui nous fortifie
‘ M. Vuillemin (Tige des Composées, p. 66) cite à tort le C. sols-
sitialis parmi les Composées Cynarocéphales dépourvues de canaux
sécréteurs corticaux. Ceux-ci existent constamment au nombre de
1-3 à la périphérie des faisceaux.
? Vuillemin. Remarques sur la situation de l'appareil sécréteur
des Composées (Bull. Soc. Bot. de Fr., XXXI, 1884); et Tige des
Composées, p. 67, fig. 8.
% Vuillemin, {. c., p. 67 et 68. .
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. Ty
dans cette idée, c’est la découverte faite dans trois espèces
de Centaurea de véritables canaux secréteurs péricycli-
ques.
Chez le Centaurea Scabiosa, le péricycle sclérogène
forme au dos des faisceaux de volumineux ilôts stéréiques
entourés en général de 3 canaux sécréteurs. L'impaire
(dorsal) occupe presque toujours une position encastrée
dans le péricycle et adossée au phloeoterme. Les deux
autres canaux (corticaux) sont très souvent plonges dans
le péricycie stéréique, dont les fibres énormément sclérifiées
les enveloppent de toute part. On ne saurait admettre qu'il
s'agit là de canaux corticaux rattachés après coup au
péricycle par une sclérification des éléments parenchy-
mateux annexes. Le développement prouve bien l'ori-
gine péricyclique et d’ailleurs, même à l’état adulte, l'emploi
de la chrysoïdine (qui colore en jaune d’or les stéréides
péricycliques, et donne une teinte terre de Sienne aux
éléments parenchymateux épaissis qui séparent les fais-
ceaux) permet facilement de reconnaitre l'emplacement
péricyclique de ces canaux.
Le Centaurea paniculata var. maculosa présente une
organisation tout à fait semblable. En général, les faisceaux
angulaires sont flanqués de canaux encastrès dans Île
péricycle sclérogène suivant le mode décrit par M. Vuille-
min. En revanche, dans les faisceaux qui occupent les
faces de la tige, on voit les canaux latéraux et aussi le
canal impaire placés à l'intérieur du péricycle sclérogène
dont les stéréides l’enveloppent de toute part.
Enfin. le C. aspera possède des canaux sécréteurs à situa-
tion extrèmement variable. Il est facile de trouver dans
uue même section de tige des canaux purement corticaux,
des canaux phloeotermiques et des canaux incontestable-
ment péricycliques entourés de stéréides péricycliques.
On voit donc, d’après ce qui précéde, que la règle posée
par MM. Van Tieghem et Vuillemin est moins absolue qu'il
ne le semblait. La position des canaux sécréteurs par
rapport aux faisceaux est constante, mais l'emplacement
topographique (écorce proprement dite, phloeoterme ou
18 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
péricycle) ne l’est pas. Cette indétermination n’a rien
d’ailleurs qui puisse nous surprendre chez des plantes qui
présentent d’autres anomalies bien plus importantes (fais-
ceaux libéro-ligneux corticaux) sur lesquelles nous aurons
à revenir ultérieurement. Ajoutons que l'existence des
canaux sécréteurs n'a pas d'importance systématique. Ils
existent, par exemple, chez le GC. Scabiosa et manquent
dans l'espèce voisine, le C. collina. D'autre part, ils ne
sont pas constants chez les diverses variétés du C. pami-
culata.
Seance du 5 décembre.
J. Briquet. Observations sur le genre Physocaulos. — C. de Can-
dolle. Hypoascidie foliaire chez un ficus.
M. BRiQueT fait à la Société une communication relative
à un genre d'Ombellifères, le genre Physocaulos, dont la
place et la valeur dans la classification ont été contestées.
Il décrit l’organisation des fruits et des remarquables ren-
flements que possède la tige. Etudiant les affinités des
Physocaulos avec d’autres groupes voisins, en particulier
les Chaerophyllum, avec lesquels on les a confondus.
M. Briquet conclut en maintenant les Physocaulos comme
genre distinct.
Passant ensuite à la famille des Labiées, l’auteur retrace
l'histoire d'une plante litigieuse appartenant au genre
Mentha et dont les affinités ont été longtemps méconnues.
Bentham l'a signalée dans le Predromus sous le nom de
Mentha dahurica Fisch., mais en en donnant une description
très inexacte qui a empêché de la reconnaitre jusqu’à
présent. C’est un type très distinct particulier à l'Asie
orientale.
M. Briquet signale pour terminer quelques découvertes
floristiques importantes. C’est d’abord une graminée, la
Poa Balfourii Parn., nouvelle pour la chaîne des Alpes,
découverte en deux points des Alpes Lémaniennes. On ne
la connaissait jusqu’à présent que de la Grande-Bretagne.
de la Norvège et d’un point des Carpathes. Ensuite, M. Bri-
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 19
quet annonce qu'il à découvert à la Chambotte (Jura savoi-
sien) deux types provençaux nouveaux pour la Savoie. les
Piptatherum paradorum Beauv. et Pterotheca nemausensis.
M. C. de CANDOLLE fait une communication relative à des
ascidies foliarres d’un tout nouveau genre produites par
une espèce encore indéterminée du genre Ficus, croissant
dans le jardin royal de Calcutta.
M. le Major Prain, directeur de cet établissement, qui
avait signalé le fait à M. de Candolle., a bien voulu lui faire
parvenir quelques-unes de ces ascidies dont celui-ci à pu
ainsi étudier la structure.
Elles sont constituées de telle manière que leur surface
interne est formée par la face inférieure de la feuille, ce
qui n’avait encore été constaté que pour les urnes des
Dischidia et les bractées nectarifères des Marcgraviacées.
M. de Candolle désignera dorénavant les ascidies de
cette catégorie par le terme d’hypoascidies pour les distin-
guer de celles, beaucoup plus communes, dont la surface
interne est formée par la face supérieure de la feuille et
qu'il appellera des epiascidhes. Ces dernières se rencontrent
comme caractère normal chez un petit nombre de plantes
telles que les Sarracenia. les Cephalotus, les Nepenthes et
quelques autres, mais elles se produisent accidentellement
chez beaucoup d'espèces des familles les plus diverses. Au
contraire les hypoascidies n’ont jusqu'ici jamais été obser-
vées comme cas tératologiques.
Il est probable que celles des Ficus en question sont de
nature tératologique. Toutefois cela n’est pas certain,
attendu que ces arbres ne produisant jamais que des
feuilles en hypoascidies. il se pourrait que celles-ci fussent
un caractère normal de l’espèce encore inconnue à laquelle
ils appartiennent.
M. de Candolle montre une des feuilles qu'il a reçues de
Calcutta. Elle est en forme d’entonnoir à rebord beaucoup
plus court du côté inférieur que du côté supérieur. On
constate à première vue, que c’est la face inférieure de la
feuille, reconnaissable à ses nervures saillantes. qui cons-
S0 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
titue la surface interne de l’entonnoir. L'examen micros-
copique des diverses régions de ces hypoascidies le confirme
d’ailleurs pleinement, en montrant que leur surface interne
assez velue. est abondamment pourvue de stomates, tandis
qu'il n’y en a pas à la surface externe qui est presque
glabre et munie d’un hypoderme qui manque au contraire à
la face interne. En résumé ces hypoascidies de Ficus res-
semblent tout à fait, dans de beaucoup plus grandes
dimensions il est vrai. aux bractées en entonnoir des
Marcgraviacées et c’est la première fois que ce genre de
structure à été observé chez des feuilles proprement dites.
Séance du 19 décembre.
Ph.-A. Guye et L. Perrot. Ecoulement des liquides par gouttes. —
J. Micheli. Influence de la température sur les indices de réfraction
dans les parties invisibles du spectre. — A. Brun. Basalte du
Stromboli et points de fusion des minéraux.
En poursuivant leurs études sur l'écoulement des liqui-
des par gouttes *, MM. PH.-A. GUYE ET F.-LouIS PERROT se
sont attachés à examiner de plus près l’anfluence de la vitesse
d'écoulement et de la durée de formation des gouttes sur leur
poids.
Reprenant entre autres les expériences de M. G. Rosset ?
sur la variation du poids des gouttes avec la distance ver-
ticale Æ du niveau du liquide au-dessus de l’orifice d’écou-
lement, MM. Guye et Perrot ont constaté comme lui, mais
seulement dans certaines conditions. l'existence d’un
maximum dans le poids des gouttes.
Les mesures de M. Rosset n'ayant porté que sur une ou
deux pipettes et sur trois tubes dont les dimensions ne
sont pas indiquées, les auteurs ont jugé nécessaire d’en
étudier un plus grand nombre, de diamètres extérieurs
connus, en faisant varier aussi parfois le diamètre inté-
rieur du même tube et en les choisissant de formes diffé-
1 Voir Archives. t. XII, p. 225 et p. 345 (1901).
2? Bulletin Soc. Chim. de Paris. XXIIT, n° 7. (3° série) 1900.
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 81
rentes. Les expériences ont été faites non seulement avec
l’eau mais aussi avec le benzène.
Les divers tubes à écoulement étaient ajustés au-dessous
d’une longue burette volumétrique pouvant être remplie
jusqu'à une hauteur H de 1500", Au lieu de peser les
gouttes, on comptait les nombres n des gouttes fournies
par l’écoulemeut de portions égales chacune à 2%, préle-
vées successivement tout le long du tube à mesure que
celui-ci se vidait. La durée d'écoulement { de chacune
de ces portions était aussi notée. On mesurait chaque
fois la distance H comprise entre l’orifice d'écoulement et
le trait de jauge séparant les deux centimètres cubes. La
précision sur { et H était assez grande ; sur n les erreurs
pouvaient atteindre quelquefois 2°/,. Au maximum sur les
poids de gouttes correspondait évidemment un minimum
sur leurs nombres, puisque les portions mesurées étaient
toujours de même volume.
Les auteurs communiquent les tableaux renfermant les
résultats qu'ils ont obtenus dans de nombreuses séries
d'expériences, et en déduisent les remarques suivantes :
l° Lorsqu'il s’agit de tubes cylindriques dont le dia-
mètre extérieur (mesuré dans le plan de l’orifice) est infé-
rieur à 2% environ, le nombre n décroit d’abord très
rapidement à partir d’une distance H où la veine liquide,
après quelques perturbations, fait place à une succession
régulière de gouttes distinctes, jusqu'à une autre distance
pour laquelle » est minimum. Le niveau supérieur conti-
nuant à baisser, le nombre n recommence à augmenter,
d'abord assez rapidement, puis reste stationnaire dans les
limites de précision des expériences.
20 Si le tube est légèrement conique, le minimum est
encore plus nettement accentué.
3° Avec des tubes cylindriques de diamètres supérieurs
à 2mn on n’a jamais constaté de minimum sur n. Ce nom-
bre décroit d’abord très rapidement, puis plus lentement,
et semble enfin rester stationnaire, avec de légères oscil-
lations, de l’ordre des erreurs d'observation.
4° La pesée des gouttes, qui comporte un plus haut
ARCHIVES, t. XIIL — Janvier 1902. 6
82 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
degré de précision, montre que lorsque les durées de for-
mation des gouttes sont de plus en plus longues, la phase
définitivement stationnaire est toujours précédée d’une
phase de décroissance du poids p, autrement dit de crois-
sance du nombre ». On peut en conclure que n passe tou-
jours par un minimum avant de rester stationnaire. Ce
minimum est très peu accentué dans le cas des tubes
de diamètre supérieur à 2",
5° Les mêmes processus se reproduisent aussi bien avec
le benzène qu'avec l’eau, malgré la très grande différence
des tensions superficielles de ces deux liquides.
6° Si, conservant le même tube capillaire, on en diminue
le débit soit en y introduisant une courte paille de verre,
soit en entravant la rentrée de l'air dans la partie supé-
rieure de la burette, les diverses hauteurs À ne corres-
pondent plus aux mêmes » qu'auparavant tandis que les
mêmes { ramènent toujours les mèmes n.
Exemple avec le benzène, en prenant 1°° chaque fois.
T'abe libre Tube à débit diminué
H n t H n l
370m 46 7l 5. 483rmm 46 TRE
Le minimum sur # sera donc caractérisé par une valeur
fixe de £. plutôt que par Æ, qui varie suivant les résistances
dé frottement ou de pression atmosphérique. Si ces résis-
tances augmentent il faut une plus grande hauteur H de la
colonne liquide pour amener les mêmes valeurs de { qu’au-
paravant.
T° Les auteurs ont aussi observé que les variations de n
sont accompagnées de changements dans les formes qu'af-
fectent les gouttes avant leur détachement. Ils se propo-
sent de discuter ces questions plus à fond dans un mémoire
détaillé.
M. F.-J. Micueui. L'influence de la température sur les
indices de réfraction des corps solides transparents n'avait
été étudiée jusqu'à aujourd'hui que pour la partie visible
du spectre. L'auteur à étendu cette étude à la partie ultra-
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 83
violette du spectre et donne dans le présent travail les ré-
sultats obtenus pour les radiations visibles et ultra-vio-
lettes, Il a employé des prismes de sel gemme, de fluorine,
de quartz et de calcite, et a procédé par voie photogra-
phique de la manière suivante :
Un prisme de la substance que l’on veut étudier est
placé dans une étuve, laquelle est montable sur un spec-
tromèêtre pourvu de deux objectifs achromatiques (quartz
et spath fluor) pour lequel l’oculaire est remplacé par une
chambre photographique. L'étincelle d’induction jaillissant
entre deux électrodes de Cd, de Zn, d’Au ou d’AT, est con-
centrée sur la fente bilatérale du collimateur par une pe-
tite lentille de quartz; de plus, une plaque excentrique
pouvant tourner devant la fente permet d'en changer rapi-
dement la hauteur.
Lorsque les lunettes, l’étuve et le prisme sont bien ré-
glés, l’on faisait une première épreuve photographique à
la température t (température de la chambre) tandis que
la hauteur de la fente, et par conséquent aussi la longueur
des raies spectrales sur la plaque photographique, com-
portait 0,5%, On faisait alors circuler de la vapeur d’eau
dans l'étuve tout autour de l’espace vide central où se
trouvait le prisme, pendant quatre heures environ, jus-
qu'à ce que ce dernier ait pris la température &. L'on ex-
posait alors pour la seconde fois la plaque photographique
aux radiations émanant de l’étincelle d'induction et tra-
versant les objectifs et le prisme. Entre les deux épreuves
faites l’une à la température t:, l’autre à la température
&., l’on avait eu soin de rendre la hauteur de la fente du
collimateur égale à 1" au lieu de 0,5 "®, Sauf cela, rien
n'avait été changé à la position respective des différentes
pièces de l'appareil. Ces raies longues, correspondant au
spectre projeté par le prisme à la température {2 seront
quelque peu déplacées par rapport aux raies courtes qui
correspondent au spectre projeté par le prisme à la tem-
pérature &, puisque les indices de réfraction et avec eux
les déviations que subissent les radiations par leur passage
au travers du prisme, varient avec la température.
S4 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
Si l’on connait d’une part la petite distance dl! comprise
entre une raie longue et une raie courte correspondant à
une même longueur d'onde, et d’autre part les indices de
réfraction de la substance dont le prisme est formé pour
les longueurs d'onde étudiées et à la température #4, l’on
peut par quelques calculs simples en déduire les varia-
tions An des indices de réfraction de la substance par de-
gré centigrade d’élévation de température. Or les dis-
tances dE sont facilement mesurables à 1 ou 2 millièmes
de millimètres près à la machine à diviser , et grâce aux
M
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Fig. 1.
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 82
travaux de MM. Sarasin et Martens, les indices du sel
gemme, de la florine, du quartz et de la calcite sont con-
nus à la température & pour les différentes longueurs
d’ondes étudiées par l’auteur.
Les courbes de la fig. 4 donnent les variations AN des
indices absolus (par rapport au vide) en fonction de la
longueur d'onde x. Ces courbes montrent que la relation
existant entre AN et À est la même pour les quatre subs-
tances étudiées, savoir au sens algébrique, un accroisse-
ment toujours plus rapide de AN à mesure que À diminue,
et cela que AN soit positif dans la partie visible du spec-
tre (calcite), ou négatif (sel gemme, quartz, fluorine):
dans ce dernier cas AN est nul pour une certaine longueur
d'onde.
En se basant sur la théorie électro-magnétique de la
dispersion et en faisant les deux hypothèses suivantes,
l’on peut facilement déduire la relation existant entre AN
et À. Ces deux hypothèses sont :
1) La bande d'absorption élective de l’ultra-violet se
déplace à mesure que la température s'élève du côté des
longueurs d'ondes plus grandes :
2) La constante diélectrique des ions dont les oscilla-
tions propres sont situées dans l’ultra-violet et y causent
le phénomène de la dispersion anormale, diminue à me-
sure que la température s'élève.
M. A. BRUN communique le résultat de ses recherches
sur la constitution du basalte du Stromboli et sur la déter-
mination du point de fusion de quelques minéraux des
laves.
Basalte du Stromboli. -- Il a été constaté 31 variétés de
ce basalte, tant anciennes que modernes, variétés à diffé-
rences peu accentuées et se rapportant toujours au type
« Basalte à Labrador » Ab: Ans », avec plus ou moins
grande richesse en Péridot, Mica noir, Labrador, etc.
Le Labrador donne des extinctions de 33°-35° dans la
zone de symétrie. Nm = 1,564 à 1,565 : face g' avec traces
de p. a’ a ‘/, extinctions à 24°. Souvent zoné.
86 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
Le Basalte rejeté en fusion le # mars 1901 par le cra-
tère, présente la composition suivante :
Basalte fondu Lapilhs divers.
SiO, 50,18 —
Al, O: 18,86 20,09
CaO 10,81 11.62
FeO 7,80 1.36
FezO:s 0.48 0.88
MgO 3.54 3,80
TiO, 1.40 0.77
P,0s 0,30 0,42
K,0 2,05 2,28
Na,O 4.92 3.30
Chlore 0,145 —
VanadiumV,0: 0,045 —
Manganèse 0,03 — —
100.26
Oxygène à déduire 0,065
100,19
Soufre traces.
Cuivre traces.
Il faut noter la richesse en K20.
Point de fusion de divers minéraux. — Le désir de con-
naître la température qu'avait la lave coulante rejetée par
le Stromboli, a amené M. Brun à déterminer le pont de
fusion de divers minéraux : car une lave qui présente,
étant encore fluide, certains cristaux de première conso-
lidation nageant dans sa pâte, doit avoir à coup sür une
température plus basse que celle du point de fusion du
minéral considéré.
Les expériences ont donné sur le point de fusion, les
températures T :
pi
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 87
Péridot de l’Eifel pauvre en fer T — 17309-14750 (voisin du
point de fusion du
latine.)
Anorthite du Japon LE — 14980 (id. du nickel)
Labrador (extinction 26° sur g') 41310?
Albite de Viesch RES
Orthose de Viesch | T — 1270
Adulaire du col du Géant |
Leucite du Vésuve T = 1410°
Augite du Stromboli D — 1230
Augite de l'Etna RS 00
La lave projetée par le volcan contenant des cristaux
d’augite, sa température, dans la cheminée supérieure, ne
peut donc dépasser 1230°.
Ces recherches se poursuivent. Les résultats en seront
publiés ultérieurement, ainsi que la description de la mé-
thode d’expérimentation. Il suffira de dire, pour le mo-
ment, que le cristal en expérience est chauffé par rayon-
nement dans une enceinte complètement fermée et que.
pour éviter tout contact avec les parois chaudes, il est
porté en équilibre sur un mince pédoncule de platine.
BULLETIN SCIENTIFIQUE
MÉTÉOROLOGIE
R. BüRNSTEIN, professeur à l’École royale d'agriculture de
Berlin. LEITFADEN DER WETTERKUNDE. Vieweg et fils.
édit., Brunswick.
Cet ouvrage, où l’auteur décrit d’une manière résumée
et facile à saisir les lois atmosphériques les plus impor-
tantes, est particulièrement approprié aux personnes dont
les occupations sont liées à la connaissance du temps,
telles que les agriculteurs, les marins, etc. Il permet à
ceux-ci de tirer personnellement des pronostics météoro-
logiques ou d'interpréter convenablement ceux des autres.
En outre, il peut servir de guide aux instituteurs pour
développer leur enseignement dans le domaine de la phy-
sique. Une partie du livre s'adresse fout spécialement aux
météorologistes de profession, auxquels il fait connaitre
l'état du service météorologique dans les différents pays.
L'ouvrage est divisé en plusieurs chapitres étudiant à
tour de rôle la température de l'air, son hygrométrie, les
nuages, les autres météores aqueux. la pression atmos-
phérique, les vents, les modes de prévision du temps et le
service météorologique général. Il comprend également
un index bibliographique très complet permettant de
remonter aux sources chaque fois qu’il s'agit de posséder
sur tel ou tel sujet les connaissances les plus détaillées.
Ce guide, avec ses superbes planches coloriées, mérite
de sérieux éloges pour sa bienfacture, et il a sa place
marquée dans la bibliothèque de tous ceux qui s'intéres-
sent, pour une raison ou pour une autre, aux phénomènes
atmosphériques.
CHIMIE. 89
CHIMIE
Revue des travaux faits en Suisse.
A. HERZEN. CONTRIBUTIONS A LA PHYSIOLOGIE DE LA DIGES-
TION. Î. INFLUENCE DE QUELQUES AGENTS NUTRITIFS SUR
LA QUANTITÉ ET LA QUALITE DU SUC GASTRIQUE (Pflüger’s
Arch.. 84, 101-14. 5/3. Lausanne).
En collaboration avec F. Potapow. l’auteur démontre
que les substances pepsinogènes sont aussi accélératrices
de la sécrétion gastrique, et que l'inverse a également
lieu. La dextrine est surtout pepsinogène, l'extrait de
viande de Liebig surtout accélérateur de la sécrétion de
la muqueuse stomacale. Si on introduit ce dernier non
dans l’estomac, mais dans le rectum, la teneur du suc
gastrique en pepsine augmente, tandis que son quantum
reste le même. Si la dextrine est absorbée par la voie
æsophagienne, on constate une augmentation simultanée
de la teneur en pepsine du suc gastrique et de la quantité
totale de ce liquide.
A. HERZEN. CONTRIBUTIONS A LA PHYSIOLOGIE DE LA DIGES-
TION. II. SUR LE RÔLE DE LA RATE DANS LA FORMATION DE
LA TRYPSINE (Pflüger’s Arch., 84, 1145-29, 5/3, Lausanne).
En se basant sur des recherches anciennes de Schiff,
ainsi que sur des expériences personnelles, l'auteur pense
que la rate secrète intérieurement une substance encore
inconnue qui jouit de la propriété de convertir la protryp-
sine en trypsine.
ST. VON KOSTANECKI. L. PAUL ET J. TAMBOR. SYNTHÈSE DE
pur
LA 3-OXYCHROMONE (Berichte, t. XXXIV, p. 2475. Berne).
Schall et Dralle ont reconnu qu'un produit d'oxydation
de la brésiline était constitué par le 3-oxychromonol: il
était donc intéressant en vue d’une future synthèse dle la
brésiline et de l’hématoxyline d'étendre le champ de nos con-
naissances dans le groupe de la chromone. Les auteurs se
90 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
sont proposé en particulier de préparer la 3-oxychromone.
En condensant l’éther monoéthylique de la résacétophé-
none en présence de sodium métallique avec l’éther dié-
thylique de l’acide oxalique ils ont obtenu l’éther éthylique
de l'acide 4 éthoxry-2-oxy-benzoylpyrotartrique CAR
(OH) CSH*. CO. CH°. CO. COOC?H* qui cristallise en pris-
(2) (à)
mes. F 99-100° et dont la solution alcoolique est colorée
par FeCl° en rouge sale. Cet éther bouilli avec HCI se trans-
forme en acide 3-éthoxychromone-B-carbonique
0
ZN ccooH
|
NA
CO
C?H°O
qui cristallise dans l'alcool en aiguilles prismatiques,
F 234°. Chauffé à son point de fusion, l'acide ainsi obtenu
dégage de l'acide carbonique pour se transformer en
3-Cthoxychromone
Ce dérivé qui cristallise dans l'alcool étendu en longues
aiguilles, F 120-121°, perd son groupe éthyle par l’action
prolongée de HJ de D— 1.9, à chaud, pour donner la 3-oxy-
chromone. Le produit ainsi obtenu cristallise dans l’eau en
aiguilles blanches, F 218°; il est facilement soluble dans
la lessive de soude.
ST. VON KOSTANECKI ET L. LLOYD. RECHERCHES DANS LE
GROUPE DE LA CHROMONE (Berichte, t. XXXIV, p. 2942,
Berne).
Dans le but de déterminer la constitution des produits
décrits précédemment par Nagai. les auteurs ont étudié
CHIMIE. A1
l’action de l’anhydride acétique et de l'acétate de sodium
sur l’éther monoéthylique de la propionvirésorcine ainsi
que l’action de l’éther éthyl-acétique sur l’éther diéthyli-
que. Dans le premier, cas ils ont obtenu la 3-éfhory-4-8-
diméthylchromone qui fond à 124° et se dissout dans
H?S0“ conc. avec une fluorescence violet-bleu. Ce com-
posé bouilli pendant quelque temps avec HJ conc. se
transforme en une combinaison soluble dans les alcalis, la
3-01y-a-B-diméthylchromone qui cristallise dans l'alcool en
jolis prismes rhombiques, F = 262’, solubles dans H*SO0*
conc. avec une fluorescence bleu-violet et dont le dérive
acétylé est en longues aiguilles, F 116. En chauffant avec
l’iodure de méthyle en présence de potasse caustique, la
solution alcoolique de l’oxydiméthylchromone, on obtient
son éther méthylique la 3-méthoxry-a-B-diméthylchromone
(®)
CH°O Nc:
\ 7 CCH°
CO
qui est en aiguilles fusibles à 126-127° et est identique au
déhydrométhylacétylpéonol de Nagai. En faisant réagir
l’éther éthylacétique sur l'éther diéthylique de la propi-
onylrésorcine en présence de sodium granulé, les auteurs
ont préparé la 2.4 diéthory-benzoyl-méthylacétone qui se
présente sous la forme de feuillets blanes, fusibles à 72°.5
et dont la solution alcoolique n’est pas colorée par Fe CF.
Cette 8 dicétone bouillie pendant une heure avec HJ four-
nit la 3-éthoxy-4-B-diméthylchromone identique au com-
posé dont il a été question plus haut et bouillie plus long-
temps, la 3-0xy-4-8- diméthylchromone.
Enfin les auteurs ont examiné comment se comportait
à la méthylation la 2.4-diéthoxy-benzoylacétone et ils ont
trouvé que le produit obteuu la 2.4 diéthory-benzoylmethyl-
acetone F 72°,5 était identique à celui qui se forme lors-
qu'on fait réagir l’éther éthylacétique sur l'éther diéthyli-
que de la propionylrésorcine.
92 BULLETIN SCIENTIFIQUE, ETC.
A. WERNER ET J. KUNZ. SUR LES PHÉNANTHRYLAMINES
(Berichte, XXXIV, p. 2524. Zurich).
Les auteurs ont préparé deux phénanthrylamines en
chauffant sous pression à 200-220° les phénanthrols cor-
respondants, avec un mélange d’ammoniaque aqueuse eJ
de chlorhydrate d’ammoniaque. La 3-phénanthrylamine est
en feuillets nacrés, F 143°:; elle est soluble dans HCI
étendu et son chlorhydrate cristallise en petits cristaux
feuilletés. C’est la modification à, car chose curieuse si
l’on saponifie par HCI en solution alcoolique ou par l’acide
acétique cristallisable le dérivé acétylé. on obtient une
autre modification B de 3-phénanthrylamine qui cristallise
dans la ligroïne en feuillets, F 87°,5 très facilement solu-
bles dans l'alcool, moins facilement dans le xylène. Le
dérivé acétylé lui-même a été préparé en chauffant en tube
scellé à 280-300°, pendant neuf heures le 3-phénanthrol
avec un mélange de chlorhydrate d’ammoniaque et d'acide
acétique cristallisable. Il fond à 200-201° et cristallise en
feuillets blancs. En acétylant les deux modifications à et 8
de la 3-phénanthrylamine on obtient le même dérivé et en
saponifiant le dérivé acétylé préparé avec la modification
a. il se forme la base f.
La 2-phénanthrylamine dont le chlorhydrate est une pou-
dre cristalline a été préparée par saponification du dérivé
acétylé obtenu lui-même en partant de l’oxyphénanthrène
F 169°. Il cristallise dans le xylène en feuillets blancs et
brillants. F 225-226”. facilement solubles dans l'acide acé-
tique cristallisable, l'alcool et le xylène, peu solubles dans
la ligroïne. La base elle-même est en cristaux jaunâtres.
F 85°. FR
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE
des Travaux de Chimie faits en Suisse
Sous ce titre, les Archives, devenues l’organe officiel
de la Société suisse de Chimie, donneront dorénavant
une liste complète de tous les travaux de chimie faits
dans notre pays, ainsi que des thèses, ouvrages et au-
tres publications dont les titres Seront parvenus à la
connaissance de la Rédaction. Cette liste sera autant
que possible tenue régulièrement à jour et paraîtra
mois par mois dans tous les numéros du journal. Nous
avons cependant cru bien faire en commençant ce ré-
pertoire avec l’année 1901 et nous publierons excep-
tionnellement dans ce numéro et dans le suivant les
données concernant l’année toute entière.
La Rédaction sera reconnaissante à toutes les
personnes qui voudront bien contribuer à rendre ces
listes aussi complètes que possible en lui communiquant
les titres des publications qui auraient pu lui échapper
(comptes rendus des sociétés locales, articles parus
dans des journaux peu répandus, etc.) ainsi que tout
renseignement relatif à l’activité chimique en Suisse.
1901
Janvier
1. Bac (A.) Sur les peroxydes supérieurs d'hydrogène. Genève.
— Mon. scient. 15. (D) 25.
2. BauBerGER (Eug.) Ueber den Mechanismus der Umlagerung
(de
PS
1
(e 2
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE
von Arvylhydroxylaminen in Amidophenole. Zürich. Anal.-
chem. Lab. des Polytechn. — Berichte 34. 61.
3. BAMBERGER (Eug.) und Demura (Ed.) Ueber Nitrirung der
Mesitylensäure. Zürich. Anal.-chem. Lab. des Polytechn. —
Berichte 34. 27.
. BAMBERGER (Eug.) und LEYDEN (Paul). Weitere Beiträge zur
Kenntniss des Dimethylanilinoxyds. Zürich. Anal.-chem.
Lab. des Polytechn. — Berichte 34. 12.
. BuaTE (B.) Recherches snr la désoxybenzoïne et la diben-
zylcétone. Thèse. Genève. (Prof. Græbe).
. BLocx (Moriz). Synthesen einiger Chromonderivate. Dissert.
Bern. (Prof. v. Kostanecki).
. ConsrTaM (E.-J.) und BENNETT (3. Cora). Zur Kenntnis der
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weise von Chromonderivaten. Bern. Univ.-Lab. — Berichte
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Trioxyflavon. Bern. Univ.-Lab. — Berichte 34. 109.
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benzol auf Nitromethan, Dissert. Zürich. (Prof. Bamberger).
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benzol, Dinitrosodinitrobenzol und Trinitrophenylhydroxyl-
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. OENICKE (Hans). Versuche zur Synthese des Apigenins. Dis-
serlation. Bern. (Prof. v. Kostanecki).
. Perers (Waiter). Ueber die Einwirkung von Phenylhydrazin
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105
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAÏTES A
L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE
PENDANT LE MOIS DE
DÉCEMBRE 1901
Le 12, très forte gelée blanche le matin. persistant à l'ombre pendant tout le Jour.
2,
3,
4,
31,
très forte gelée blanche le matin, persistant à l’ombre pendant tout le jour.
forte gelée blanche le matin ; brouillard pendant tout le jour.
très forte bise depuis 10 h. du matin.
du matin.
brouillard le matin jusqu'à 1 h. du soir.
forte gelée blanche le matin.
pluie à 7 h. du matin: fort vent de 10 h. du matin à 4 h. du soir.
i. très forte gelée blanche le matin, persistant à l'ombre : brouillard depuis 10 h.
forte pluie dans la nuit: pluie, neige et grésil à 11 h. 40 m.: nouvelle neige
sur les montagnes environnantes: fort vent à 10 h. du matin.
neige dans la nuit et à T h. du matin: hauteur : 4,5: neige et pluie dans
l'après-midi.
brouillard le soir.
pluie la nuit jusqu’à 10 h. du matin.
pluie depuis 4 h. du soir: fort vent depuis 1 h. du soir.
pluie dans la nuit: fort vent jusqu’à 10 h. du matin.
légère chute de neige avant 7 h. du matin.
brouillard le matin.
verglas le matin.
. brouillard depuis 4 h. et pluie depuis 9 h. du soir.
pluie dans la nuit.
neige à 7 h. du matin.
brouillard depuis 7 h. du soir.
brouillard à 7 h. du matin: pluie depuis 1 h. du soir.
pluie dans la nuit, à 10 h. du matin et à 4 h. du soir.
pluie dans la nuit.
neige de 8 h. 40 m. à 9 h. 10 m.: brouillard à 1 h. du soir.
forte gelée blanche le matin: brouillard et neige le soir.
. pluie et neige dans la nuit: hauteur de la neige : 3.0: pluie de 10 h.
à 1 h. dusoir et depuis 9 h. du soir.
pluie dans la nuit.
forte gelée blanche le matin; rosée le soir.
Hauteur totale de la neige : 7°.,5 en 2 jours.
ARCHIVES. t. XIIL — Janvier 1902.
du matin
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108
MOYENNES DE GENÈVE. — DÉCEMBRE 1901
Correction pour réduire la pression atmosphérique de Genève à la
pesanteur normale : + (mm.02. — Cette correction n'est pas appliquée dans
les tableaux.
Pression atmosphérique : 700% -|
din bon. Thom 10h hs: 4h.s. TRS LOIRE Moyenne
1re déc. 32.22 31.714 3148 32.00 3143 30.92 3150 31.65 31.58
2e » 146.95 16.41 16.00 16.79 16.25 15.93 15.92 16.12 16.30
3e » 18.62 18.62 18.79 19.80 19.43 19.89 20.38 20.76 19.54
Mois 2247 9213 919 9276 9218 2217 2253 2278 922.37
Température.
rdéc.— 042 — 0.61 — 0.90 + 449 L 3.59 + 3.08 + 1.37 + 0.780 LAC
2e » + 017 + 0.25 — 0.40 + 1.86 + 2.81 2.929 LE 1.56 L 047 AA3
3e » L 1.93 1.68 + 149 + 2.53 + 416 + 3.67 + 2.85 + 209 + 2.84
Mois + 0.60 + 0.48 + 018 + 1.88 + 3.32 + 3.04 + 1.99 + 145 + 1.60
Fraction de saturation en ‘/;.
1re décade 85 88 90 82 71 75 79 81 82
2° » 86 87 90 82 79 79 81 37 84
3° » 86 86 87 8! 79 78 81 89 83
Mols : 86 87 89 83 76 77 QU 84 83
Dans ce mois l’air a été calme 505 fois sur 41000.
NNE 28
—— = =. — 0.42.
SSM 66
La direction de la résultante de tous les vents observés est $S. 40°.1 W.
Son intensité est égale à 19.8 sur 100.
Le rapport des vents
Moyennes des 3 observations Valeurs normales du mois pour les
(2, 1», 92) éléments météorologiques, d’après
À j _ mm Plantamour :
Pression atmosphérique... ..... 722.3 mm
NéDUIOSITE ET PET EREE CEE ete 7.6 Press. atmosphér.. (1836-1875). 727.96
TMS LU 0.58 'Nébulosité Lee (1847-1875). 8.3
ANSE 3 Hauteur de pluie.. (1826-1875). 51.0
Température 4 _ £ É É
1H+I1HL2X9 FA 1°.60 Nombre de jours de pluie. (1d.). 9
LITE Température moyenne ... (id.). —-0°.80
Fraction de saturation......... S3 Fraction de saturat. (1849-1875). 86 9/0
Le 9,
mi
Se
I
15,
109
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
CRD e-SANINT= BERNARD
DÉCEMBRE 1901
forte bise à 10 h. du soir: neige pendant tout le jour.
forte bise à 7 h. du matin et depuis 1 h. du soir; brouillard jusqu'à 10 h. du
matin et depuis 7 h. du soir; neige de 1 h. à 4 h. du soir.
peige le matin jusqu'à 4 h. du soir; brouillard depuis 7 h. du soir.
neige de 10 h. du matin à 4 h. du soir; brouillard depuis 7 h. du soir.
neige depuis 7 h. du soir.
neige à l h. du soir.
fort vent de 10 h. du matin à 1 h. du soir: brouillard depuis 4 h. du soir.
fort vent à 7 h. du soir: neige à 7 h. du matin et depuis 4 h. du soir: brouil-
lard de 10 h. du matin à 1 h. du soir.
brouillard de 7 h. à 10 h. du matin et depuis 4 h. du soir; neige de 1 h. à 4 h.
du soir. F
brouillard de 7 h. à 10 h. du matin et depuis 7 h. du soir: neige de 1 h. à 4 h.
du soir.
brouillard de 7 h. à 10 h. du matin.
neige depuis 7 h. du soir.
brouillard de 1 h. à 7 h. du soir.
brouillard de 7 h. à 10 h. du matin et depuis 4 h. du soir: neige à 1 h. du soir.
Correction pour réduire la pression atmosphérique du Grand Saint-
Bernard à la pesanteur normale : — ()mn.29. — Cette correction n'est pas
appliquée dans les tableaux.
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119
MOYENNES DU GRAND SAINT-BERNARD. — DÉCEMBRE 190!
Pression atmosphérique : 500" + Fraction de saturation en °/,.
7 h. m. 1h.s. 9 h. 8. Moyenne Th.m. 1h.s. 9h.s. Moyenne
lre décade 64.83 64.75 64.97 64.85 49 0 d0 49
use 52.62 52.03 92.35 52.44 84 83 88 85
De (Do 55.36 55.85 56.60 55.94 79 75 78 7
Mois 57.93 07 A9 57.93 57.65 71 69 72 71
Température.
Moyenne,
7h. m. 1h.8. 9h.s. TELFSC URSS
8 4
lre décade — 5.02 Mit) — 19:00 —…41:82 15 05
2e » — 10.62 OÙ — 10.52 1011 — 410.24
3e » — . 9:72 14 — 9:24 — 0.0 +-N 6-01
Mois — 8.19 — 0-80 — CO — 7.9 — 8.08
Dans ce mois l'air a été calme ( fois sur 4000.
im
Le rapport des vents —— — — —= 4.03.
À SW 96
La direction de la résultante de tous les vents observés est N, 45° K.
Son intensité est égale à A61 sur 100.
EE
Observations météorologiques faites dans le canton de Genève
Résultats des observations pluviométriques
— © s
Station | CELIGNY | COLLEX CUAMBÉSY | SATIGNY ATHENAZ | COMPESIÈRES
an | ee me amet
| |
tutur den | 115.0 | 112.4 | 90.3 | 127.5 | 99.3
| |
= — | = J —— —- = — === =
tation | VENRIER GENÈVE || COLOGNY | PUPLINGE JUSY HERMANCE
|
|
|
|
|
|
|
67.4 76.0 |. 85.9
en mm,
|
Hauteur d'eau | 72.3 90.7 | 74.9
Durée totale de l'insolation à Jussy : 43h.0
»
RECHERCHES
RADIOACTIVITÉ INDUITE
PAR
L'AIR ATMOSPHÉRIQUE
PAR
J. ELSTER et H. GEITEL
RÉSUMÉ PAR
H. GEITEL
professeur au Gymnase ducal de Wolfenbrütte].
La dispersion électrique, c’est-à-dire l’abaissement
graduel du potentiel d’un corps électrisé placé dans
l’air, peut, en faisant abstraction de la perte par le
support, se ramener comme les autres formes du mou-
vement électrique dans les gaz, à l’existence de ions
électriques dans l'air.
Un conducteur chargé négativement soutire de l'air
ambiant les ions positifs, un conducteur positif les 1ons
négatifs, Jusqu'à ce que sa charge primitive soit neutra-
lisée par l'apport de ces quantités de nom contraire.
D’après cette manière de voir ce ne serait pas une
diffusion de l'électricité libre du conducteur qui se pro-
duirait ici, mais au contraire un afflux de particules
chargées d'électricité de nom contraire provenant de
l'air ambiant.
ARCHIVES. t. XIII. — Février 1902. 9
114 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE
Si c'est bien là la marche du phénomène il doit,
semble-t-il, en rester des traces, une modification pro-
duite à la surface du conducteur par le contact des ions
qui y affluent. La comparaison s’impose ici avec l’élec-
trolyse produite par un courant très faible. II S’agit de
savoir si, par analogie avec la polarisation des électro-
des, il sera possible de constater sur le conducteur un
effet consécutif au bombardement des ions.
Nous sommes arrivés, M. Elster et moi, à nous po-
ser cette question dans le cours de nos recherches sur la
dispersion de lélectricité. Qu'il me soit permis de dé-
crire rapidement la méthode que nous avons suivie et
les expériences qu’elle nous à dictées.
Les résultats d'observations régulières et très prolon-
gées de la dispersion de l'électricité dans l'atmosphère
libre et dans les conditions météorologiques les plus
différentes, nous avaient forcés à admettre l’existence
de ions électriques dans Pair.
Tout d’abord nous arrivämes à mettre sérieusement
en doute la valeur de l’opinion généralement admise
qui attribue la dispersion électrique aux particules
étrangères suspendues dans l'air, en constatant d’une
manière tout à fait inattendue que la perte de charge
d’un corps électrisé est d’autant plus forte que Pair
contient moins de poussières et de corps étrangers.
A cela vient s'ajouter le fait que la déperdition peut
être très différente pour les deux électricités dans des
conditions données ; de telle sorte que par l’interven-
tion d’un champ électrique on peut communiquer à vo-
! Comparez ici avec le mémoire de M. Ebert : « Sur les ions
libres de l’air atmosphérique », Archives 1901, t. XII, p. 97.
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE, 115
lonté à l’air la propriété de neutraliser de préférence
ou des charges positives ou au contraire des charges
négatives. Ainsi nous acquimes la persuasion que les
agents de la dispersion électrique ne peuvent pas être
électriquement neutres, mais bien plutôt que Pair
à l’état normal contient des particules libres chargées
d’électricités de noms contraires. Pour désigner ces
dernières, nous nous crûmes autorisés à adopter le ter-
me de « ions » employé déjà sur la proposition de
M. Giese, pour désigner les véhicules des charges élec-
triques dans les gaz devenus conducteurs par élé-
vation de température, action chimique, rayons de
Rôüntgen. Avec l'adoption de cette terminologie la con-
ductibilité de l'air devient une fonction de la quantité
et de la mobilité des ions libres qui y sont contenus.
De plus comme la conductibilité normale, très faible,
de l’air paraît être de même nature que celle qui est
produite artificiellement par les causes que nous ve-
nons d'indiquer, il était naturel d'admettre qu’elle aussi
n’est pas une propriété primordiale de l’air, mais lui
est communiquée par des actions extérieures encore
inconnues.
En s’en référant aux phénomènes photoélectriques,
on pouvait supposer que l’ionisation de l'air atmosphé-
rique pouvait se produire sous l’action des rayons s0-
laires et que c'était à cette cause qu'il fallait attribuer la
conductibilité de l’air que nous avons observée même
dans des espaces clos. Dans ce cas, il devrait être
possible, en écartant cette cause, de faire disparaître ce
résidu de conductibilité.
Pour vérifier ce dernier point nous avons fait des
expériences sur des masses d'air hermétiquement en-
116 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE
fermées, d’un volume d’environ 30 Hhtres, et dont
nous mesurions la conductibilité par des manipulations
purement extérieures. Si la cause de production des
ions est extérieure, l’on doit s'attendre à ce que leur
nombre tombe vite à zéro aussitôt que ceux qui exis-
taient au début dans l’espace clos auront été détruits
par un transport d'électricité au travers de celui-ci. Or
l'expérience n’amêne nullement une diminution de con-
ductibilité, au contraire on observe une augmentation
lente et très faible de celle-ci et il se trouve que la pro-
duction des ions tend dans le cours de plusieurs jours.
vers un maximum déterminé ‘.
Il ne peut donc pas y avoir de doutes que la con-
ductibilité normale de l’air ne dépend pas directement
du rayonnement solaire *. Si elle n’est pas une propriété
primordiale de lair, elle ne pourrait être produite que
par une action encore inconnue qu'exerceraient sur lui
les parois enveloppantes.
C’est à cette phase de nos recherches sur la disper-
sion électrique, que nous avons été amenés à entrer
dans un champ ouvert récemment à la science par
M. H. Becquerel, M. et M"*° Curie, celui de la radioac-
tivité. On sait en effet, grâce à eux, que certains élé-
ments tels que l’uranium, le thorium et, surtout,
le radium découvert par M. et M"° Curie, possèdent
la propriété remarquable d'émettre dans toutes leurs
combinaisons, sans cause extérieure apparente, des ra-
diations dont les propriétés physiques sont très voisi-
nes de celles des rayons cathodiques, action sur les pla-
1 Physikalische Zeitschrift, 2, p. 116, 1900.
? Le même résultat a été obtenu par M. Wilson, Proceed. Royal
Society, 68, p. 151. 1901.
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 117
ques photographiques, phosphorescence et, ce qui nous
intéresse spécialement, production de conductibilité
électrique c’est-à-dire de ions libres dans les gaz. Ce
pouvoir rayonnant se communique à d’autres substan-
ces quelconques par le contact immédiat ou par l’inter-
médiaire de liquides ou de gaz. Cette radiation induite,
excitée de la sorte, n’est point une propriété durable,
mais disparaît d'elle-même au bout de quelque temps,
lorsque le corps actif a été éloigné.
La marche de la dispersion électrique en vase clos
décrite ci-dessus rappelle celle de la radioactivité in-
duite. Si l’espace considéré contient seulement de fai-
bles traces d’une substance radioactive, l'air enfermé
aussi bien que les parois acquièrent à leur tour et gra-
duellement une certaine activité induite qui doit se tra-
duire par une augmentation de conductibilité de Pair.
En fait il n'y a pas lieu de rejeter d'emblée lPidée
que l'accroissement observé de la dispersion électrique
pourrait provenir de quantités minimes de corps actifs
ayant pénétré contre toute prévision dans l’espace en
observation.
Sans doute nous connaissions bien l'extraordinaire
sensibilité de l’action des substances radioactives sur la
dispersion électrique. Aussi avons-nous institué les ex-
périences avec toutes les précautions possibles. Il n’en
restait pas moins des doutes résultant de ce que des
préparations de radium avaient séjourné temporaire-
ment dans le bâtiment où nous opérions. Il faut ajou-
ter que sous l’action des becs Auer maintenant si répan-
dus, il peut se faire qu'une substance, il est vrai peu
radioactive, l’oxyde de thorium, émise en quantités in-
finitésimales et sans laisser soupçonner sa présence,
118 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE
adhére à la surface de corps considérés comme passifs
et soit transportée par eux. Dans ces conditions la puri-
fication mécanique et chimique de tout l’appareil expé-
rimental ne pouvait avoir qu’un résultat insuffisant.
Comme on le voit, il s’agit maintenant de savoir si
dans des espaces complètement séparés de Pair, ou à
peu près sans communication avec lui, dans lesquels il
est certain qu’il n’a pu y avoir aucune infection par le
thorium ou le radium, il est possible de constater un
accroissement de la dispersion électrique au dessus de
la normale. La nature offre dans les grottes naturelles
des chambres d'expériences réalisant ces conditions de
pureté. Les mesures que nous avons effectuées dans la
célèbre grotte de Baumann dans le Hartz, nous ont
donné pour la dispersion électrique des valeurs
six à dix fois plus fortes que la normale et que les va-
leurs obtenues en même temps à Pair libre devant la
grotte. Plus tard nous avons également observé cette
énorme dispersion électrique dans de grandes caves
qui avaient été tenues fermées très longtemps”. Ilnous
a été particulièrement précieux de pouvoir disposer
pour ces expériences d’une très vaste cave hors d'usage,
située dans le sous-sol du bâtiment des Archives natio-
nales du duché de Brunswick, à Wolfenbüttel. La pos-
sibilité d’une infection par le thorium est ici exelue, le
bâtiment ne contenant, par crainte du feu, aucun appa-
reil d'éclairage par le gaz.
L’accroissement spontané de conductibilité de gran-
des masses d'air enfermées, en l'absence de tout corps
radioactif, serait donc ici bien établi. On peut il est vrai
! Physikal. Zeitschr., 2, p. 560, 1901.
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 119
admettre qu'il se trouve dans les parois ou dans Pair
lui-même, des traces de substances actives dont la
présence ne se trahit que par l’extrême sensibilité de
l’action qu’elles exercent sur l'appareil de dispersion.
En tout cas il était intéressant de rechercher Jusqu'où
peut se poursuivre l’analogie des propriétés électriques
de l'air naturel et de l’air qui à été fortement ionisé
par l’action des rayons de Becquerel. Il ne paraissait
pas inadmissible que le phénomène si caractéristique de
l’activité induite pût se produire sans le concours du
radium ou du thorium, par l’action seule de l'air atmos-
phérique naturel.
Mais pour réaliser cette idée, il faut que nous fassions
appel à une découverte que nous devons à M. E. Ru-
therford, et à laquelle nous n’avons pas fait encore al-
lusion'. Comme nous l’avons déjà dit, tout corps qui a
été en contact avec de Pair qui a passé sur des prépa-
rations de radium ou de thorium devient lui-même une
source temporaire de rayons de Becquerel. D’après la
découverte de Rutherford, ce rayonnement induit peut
être beaucoup renforcé si le corps considéré est main-
tenu à un potentiel négatif tout le temps où il est
soumis à l’action de l’air actif. Cela indiquerait que les
ions positifs doivent être reconnus comme les agents de
transport de la radioactivité.
Nous nous sommes appliqués alors à rechercher si
les ions positifs, se trouvant à l’état normal dans Pair
et s’y régénérant constamment d'eux-mêmes, possé-
dent aussi la propriété d’exciter la radioactivité induite.
Pour cela nous avons choisi d’abord un conducteur de
E. Rutherford, Philos. Magaz., 49, p. 1 et 16, 1900.
120 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE
grande surface consistant en un cylindre en toile métal-
lique qui se disposait sur lappareil transportable ser-
vant à la mesure de la dispersion électrique. Nous
maintenions ce conducteur à l'air extérieur et cela
pendant plusieurs heures, en contact avec le pôle né-
gatif d’un accumulateur à haute tension, lui communi-
quant un potentiel de 600 volts environ. Ensuite on
l’amenait rapidement sur l'appareil de dispersion et le
tout était recouvert d’une très grande cloche de verre.
On constatait alors dans l'air qui s’y trouvait enfermé,
un accroissement faible, mais très net, de la dispersion
électrique, lequel disparaissait au bout de quelques
heures.
Quand l'expérience était faite en donnant au cylindre
une charge positive, l'effet ne se produisait pas”.
Il résulte de là que le cylindre exposé à l’air exté-
rieur avec une charge négative a acquis la propriété
passagère d'augmenter la conductibilité de Pair, c'est-
à-dire de se comporter comme un corps faiblement
radioactif.
I restait à produire cette action sous une forme plus
marquée. Un conducteur cylindrique n’est pas le plus
approprié ici. Sa surface intérieure ne subira que d’une
manière très imparfaite l’action des ions positifs com-
parée à l’extérieure. Ceux-ci s’accumuleront de préfé-
rence sur les bords ou les lignes de forces électriques se
pressent le plus étroitement. Un conducteur formé d’un
simple fil sera ici beaucoup plus efficace. Sur lui la
densité électrique est proportionnellement beaucoup
plus grande, même avec un faible potentiel. Il est aussi
l Physikal. Zeitschr., 2, p. 590, 1901.
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 121
trés facile à installer dans l’espace, quel qu'il soit, que
l’on à à disposition. Pour mesurer ensuite l’activité
qu'il pouvait avoir acquise, nous l’enroulions autour du
cylindre en toile métallique mentionné ci-dessus, dis-
posé autour de l’appareil de dispersion.
Un autre moyen pour renforcer l’action du conduc-
teur chargé négativement est d'augmenter son poten-
tiel. A cet effet nous remplaçcämes la batterie d’accu-
mulateurs par un inducteur dont le pôle positif du cou-
rant d'ouverture était relié à la terre, les étincelles du
pôle négatif jaillissant sur une bouteille de Leyde dont
l’armature extérieure communiquait également avec la
terre. Son armature intérieure était reliée à un fil isolé
tendu en plein air, et cela par un mauvais conducteur,
une corde un peu mouillée, pour éviter la transmission
des ondulations électriques. Le courant inducteur et la
capacité de la bouteille de Leyde étaient réglés de telle
sorte que les étincelles tirées du fil fussent de 1 à 2°.
Il n’y à pas d'avantage à pousser la tension beaucoup
plus haut, parce qu’alors il se produit des pertes sous
forme d’aigrettes. Il importe en revanche d'isoler le fil
avec un soin tout particulier. Ce qu'il y a de mieux
c’est d’user des isolateurs construits d’après le prin-
cipe de M. Mascart. En été et par le soleil, il suflit
d'employer des morceaux de cire à cacheter dans les-
quels sont fixés des crochets métalliques.
Si l’appareil fonctionne bien et que Pair soit suffisam-
ment pur, ne contenant ni fumées ni brouillards, on
peut, après quatre heures d'exposition environ d’un fil de
20 m. de long, observer une activité induite qui, pour
commencer, produit sur l'appareil de dispersion le me-
me effet qu'un morceau de pechblende de quelques
centimètres carrés de surface.
122 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE
L'emploi des fils a encore un autre avantage. Comme
Rutherford l’a montré dans ses recherches sur la radia-
tion induite par le thorium, on peut, en enlevant la
couche superficielle active des métaux par des agents
chimiques qui lattaquent, lui prendre son activité qui
passe alors dans les poussières ou résidus qui provien-
nent de l’opération. On obtient ainsi le moyen de ré-
duire en un petit volume la matière radioactive qui
était dispersée sur toute la longueur du fil à sa surface.
Pour des fils de cuivre, nous usions à cet effet d’un
petit morceau de peau imprégné de quelques gouttes
d’une forte liqueur ammoniacale. En produisant de vio-
lentes frictions le long du fil avec cette peau, on re-
cueille sur elle un dépôt bleu noir d'oxyde de cuivre
ammoniacal. L’ammoniaque peut-être facilement éli-
minée en chauffant suffisamment la peau. Celle-ci pré-
sente alors une radioactivité très marquée qu’elle perd
au bout de quelques heures comme un corps exposé
directement. Pour un fil d'aluminium on n’emploie
pas l’ammoniaque, mais par simple frottement à l’aide
d’une peau sèche sous pression suffisante, on en-
traine la couche superficielle, sous forme d’une fine
poudre noire, contenant, sinon toute l’activité, dont le
fil retient une partie, au moins une forte proportion
de celle-ci.
Les dépôts de matières radioactives ainsi obtenus par
friction sur ce morceau de peau, peuvent ensuite être
utilisés pour manifester leur action sur des plaques
photographiques. Mais tandis que les préparations
d'urane même avec une faible intensité, impressionnent
d'autant plus les plaques photographiques que lon
prolonge davantage l'exposition, l’action des dépôts à
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 123
radioactivité plus fugitive considérés ici ne gagne rien
à une exposition de plus de deux heures. Si l'impres-
sion n’a pas été suffisante pour se révéler au dévelop-
pement, il n’y a qu’à remplacer une ou plusieurs fois
la masse devenue inactive par un dépôt frais. Nous
opérions comme suit :
Nous placions une plaque photographique três sen-
sible (plaque de Schleussner) dans une chambre noire,
après lavoir enveloppée de papier noir bien opaque, la
couche sensible dessus, puis sur elle une feuille très
mince d'aluminium (moins de 0,1"" d'épaisseur), et,
sur elle encore, une plaque de plomb percée de trous
disposés suivant un dessin donné. Sur ces trous furent
disposés les morceaux de peau portant le résidu actif
tout frais, qui étaient maintenus par une plaque métal-
lique d’égal contour pressée dessus. Les morceaux de
peau enduits étaient renouvelés de temps en temps
pour accumuler leurs effets. Pour que lexposition ne
subit pas d'interruption, nous tendions à l’air libre un
fil de 30 m. environ de longueur, en lui maintenant
constamment une charge négative comme il a été dit.
Toutes les deux heures nous opérions sur un tiers de
ce fil, à tour de rôle, la friction avec un morceau de peau
et, dans les six heures qui séparaient deux frictions
d’un même bout de fil, la radioactivité se reproduisait
à nouveau dans ses couches superficielles. De cette
façon, en renouvelant cinq à dix fois les résidus de fric-
tion pour une même exposition, nous obtenions des
images des ouvertures de la plaque de plomb tout à
fait comparables à celles que donnent les préparations
d'urane”.
L Physikal. Zeitschr.. 3, p. 76, 1901.
124 LA RADIOACTIVITE INDUITE
L'interposition de la lame d'aluminium a été faite
pour écarter toute supposition que la plaque photogra-
phique aurait pu être impressionnée par l’action chimi-
que de quelques vapeurs émanant du résidu de frotte-
ment. L’impression photographique obtenue au travers
de la lame d'aluminium montre au contraire qu'on a
affaire ici à des rayons Becquerel.
Tandis que la production de lPactivité induite est fa-
cile à mettre en lumière avec un bon appareil de dis-
persion même dans des conditions défavorables, lac-
tion photographique est beaucoup plus difficile à réaliser.
Elle exige un mode opératoire très rapide et un air
exempt de poussières et de fumées.
La nature du corps exposé parait être, toutes condi-
tions égales d’ailleurs, sans influence sur l'intensité du
phénomène, Des fils de platine, de plomb, de cuivre,
d'aluminium, de magnésium, donnent les mêmes ré-
sultats, de même de mauvais conducteurs comme du
papier, une corde, du femllage fraichement coupé, se
montrent capables de prendre les propriétés radioacti-
ves. La manière dont se comporte le feuillage est im-
portante parce qu# pour lui il ne peut pas être question
d'infection par les corps radicactifs, à moins qu’on ne
veuille les considérer comme répandus partout.
Comme par uu temps clair la surface de la terre est
chargée d'électricité négative et que celle-ci s’accumule
avec une densité particulièrement forte sur toutes les
pointes et saillies, on n’a pas besoin de mettre en œu-
vre une source artificielle d'électricité, pourvu qu’on
dispose assez haut dans latmosphère le conducteur
qu'il s’agit de rendre actif. Ainsi en élevant une corde
par un de ses bouts à 50 m. de hauteur, au moyen
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 125
d’un cerf volant, et l’y maintenant pendant plusieurs
heures, on reconnut ensuite par l'examen à l'appareil
de dispersion que son extrémité supérieure était de-
venue nettement radioactive.
On devine l'importance qu'a cette constatation au
point de vue de l’électricité atmosphérique. La grande
conductibibilité de l’air entourant les sommets des
hautes montagnes en été, peut-être aussi certaines
propriétés physiologiques de cet air peuvent dépen-
dre de cette radiation induite produite par le champ
électrique de latmosphère sur les points dominants de
la surface terrestre.
Les phénomènes que nous avons décrits jusqu’à pré-
sent ont tous été observés sur des conducteurs qui
avaient été exposés en plein air. Mais comme la conte-
nance de l'air en ions peut atteindre des proportions
énormes dans les espaces fermés, on pouvait s’atten-
dre à ce que les expériences donneraient des résultats
encore plus prononcés dans des caves ou des grottes.
Malheureusement on se trouve ici en présence d’une
nouvelle et très grande difficulté pour arriver à une iso-
lation suffisante. Il devient indispensable alors d’user du
procédé de M. Mascart, c’est-à-dire d’entourer les sup-
ports isolants d’une atmosphère d’air desséché artifi-
ciellement. Seulement nous l’avons un peu modifié en
employant comme agent dessicateur non pas l'acide
sulfurique qui présente d’assez graves inconvénients,
mais le sodium métallique beaucoup plus facile à ma-
nier.
Nous avons installé nos expériences dans la grande
cave de Wolfenbüttel, dont nous avons déjà parlé plus
haut, et nous avons constaté que l'air qui y avait été
126 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE
bien des mois dansle plus complet repos était extraor-
dinairement actif. Nous réussimes même plusieurs fois,
avec les veux complétement reposés, à percevoir une
phosphorescence très faible mais nette, sur un écran de
platinocyanure de baryum au dos duquel nous avions
appliqué un morceau de peau portant le dépôt de la
couche superficielle d’un fil de cuivre de 20 m. de
longueur. L'action sur les plaques photographiques et
sur l’appareil de dispersion était également très forte.
Les expériences faites ainsi dans une cave parurent
donner de meilleurs résultats en été qu’en hiver ; peut-
être qu'en hiver, par le fait de la température relative-
ment plus élevée de la cave, il s’y produit une ventila-
tion qui trouble les résultats.
En nous basant sur les expériences que nous venons
de décrire, nous croyons pouvoir affirmer que des con-
ducteurs quelconques, plongés dans une grande masse
d’air, en étant chargé négativement, se recouvrent d’une
couche superficielle possédant une radioactivité tempo-
raire.
_ On en vient alors à se demander quelles relations
existent entre ce fait et les autres phénomènes connus
de radioactivité. Evidemment la premiére hypothèse
qui se présente à l’esprit est celle de masses infiniment
petites de matière possédant une radioactivité origi-
pelle et répandues partout dans le sol et dans l’atmos-
phêre. La conductibilité propre de Pair (et probable-
ment celle des gaz en général) serait le résultat de ce
rayonnement se produisant partout dans sa masse.
On peut toutefois adopter un autre point de vue et
se demander d’une manière générale si l’on peut dis-
tinguer l’une de l’autre les radioactivités primaires et
PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 127
induites. Les lois de l'énergie suffisent déjà à nous faire
supposer que l’activité des éléments uranium, radium et
thorium n’est pas indéfinie, mais seulement de très
longue durée. Si alors on considère la radioactivité
induite comme étant un phénomène essentiellement de
même nature que la radioactivité primaire ou sponta-
née, nous aurions affaire dans nos expériences à la vé-
ritable élaboration d’une substance active. L’affaiblisse-
ment graduel de lPactivité s’expliquerait par la trés
petite quantité de matière recueillie qui est très vite
ramenée à l’état indifférent par la dispersion d'électrons
négatifs. La production de substance active pourrait
alors s'expliquer par le fait que les ions positifs de l'air
s'unissent aux électrons négatifs du conducteur électrise
sous l’action du champ électrique en une sorte de com-
binaison instable qui se détruit ensuite par lPémission
des électrons, c’est-à-dire par la production de rayons
de Becquerel. Il faut cependant reconnaitre, que
cette hypothèse n’explique pas l'extraordinaire conduc-
tibilité que possède l'air des grottes.
D'après cela, l'existence dans l'air (et dans les gaz
en général) de ions capables de former des combinai-
sons avec les électrons négatifs à la surface des conduc-
teurs, serait le phénomène primaire dont devrait se
déduire celui de la radioactivité. Cette idée se rappro-
che beaucoup des considérations analogues présentées
en dernier lieu et séparément par M. W. Nernst'et par
M. Becquerel”. Elle conduit, si on l’adopte, à se de-
! W. Nernst. Ueber die Bedeutung elektrischer Methoden und
Theorien für die Chemie. Gôttingen 1901, p. 25.
* Becquerel. Sur la radioactivité de l'uranium. C. X.
CXXXIII, p. 979.
198 LA RADIOACTIVITÉ INDUITE, ETC.
mander s'il sera possible aussi de combiner les ions
négatifs de l’air avec les électrons positifs de conducteurs
électrisés. Jusqu'à présent il ne nous a pas été possible
d'obtenir sur des conducteurs chargés positivement
des couches superficielles présentant des propriétés
analogues à celles que nous avons décrites ci-dessus
pour des conducteurs négatifs.
Il serait prématuré de se lancer dans des spéculations
plus vastes sur ce sujet avant que l'étude de ces phé-
nomênes encore si nouveaux ait été poussée plus loin.
Peut-être les lignes que l’on vient de lire provoque-
ront-elles des recherches décisives dans ce domaine.
Wolfenbüttel, décembre 1901.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES
PAR
Ph.-A. GUYE et Ed. MALLET
(Suitel.)
CHAPITRE Il
MÉTHODES DE MESURE DES TEMPÉRATURES ET PRESSIONS
CRITIQUES.
Parmi les méthodes de mesure de la température et
de la pression critiques, nous ne nous sommes arrêtés
qu'à celles qui permettent l’observation directe, de
visu, des phénomènes”, Il y en a deux. L’une due à
M. Cailletet a été appliquée par MM. Vincent et Cha-
puis, Sajotchewsti, Wroblewski, Olsewski et surtout
par MM. Ramsay et Young qui l’ont perfectionnée. Elle
consiste à mesurer simultanément la pression et la
température critiques, en se servant d’un tube de verre
renfermant la substance à étudier et relié à un mano-
! Voir Archives, janvier 1902, t. XIII, p. 30.
! Pour les méthodes indirectes (Nadjejdine, Cailletet et Colar-
deau). Voir Dict. Würtz. Loc. cit.
ARCHIVES, t. XIII. — Février 1902. 10
430 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
mètre. Le dispositif exigé par cette méthode est assez
compliqué, le montage de l'appareil et les expériences
mêmes sont d’une durée plutôt longue. Or, comme nous
le verrons plus loin, il faut pour obtenir des résultats
exacts, opérer rapidement, surtout pour les mesures
de pression critique. L'expérience nous a démontré,
en effet, qu'un commencement de décomposition très
faible altère moins la valeur de la température critique
que celle de la pression critique. En outre, la méthode
de chauffe, — forcément par des doubles enveloppes
ou jaquettes dans lesquelles circule une vapeur sous
une pression constante — devient pour ainsi dire im-
praticable pour des températures supérieures à 350.
Ces considérations nous ont amenés à déterminer sépa-
rément la pression et la température critiques.
Pour la mesure de la température critique, nous
avons utilisé la méthode de Cagniard de la Tour", ap-
pliquée plus tard par M. Pawlewski”, M. Schmidt”
puis par M. Altschul.
C’est également le dispositif de ce dernier auteur que
nous avons choisi pour déterminer la pression critique.
Il permet, en effet, des observations très rapides,
avaniage précieux, surtout quand on opère sur des
corps susceptibles d’éprouver un commencement de
décomposition et sur lequel nous croyons devoir
insister.
Nous allons décrire rapidement ces deux méthodes,
! Cagniard de la Tour, À. ch. [2], 21, p. 156.
- Pawlewski, B. 15 2461 ; 16 2634.
# Schmidt, À. 266. Ph. Ch. 7, p. 433 et 8, p. 629.
# Altschul, Ph. Ch. 11, p. 577. 1893.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 131
en indiquant les précautions à prendre pour arriver à
des résultats aussi satisfaisants que possible.
Détermination des températures critiques, dispositif
et instruments de mesure.
Un petit tube de verre” fermé, un peu épais, conte-
nant la substance à étudier est suspendu au centre
d’une triple enceinte formée de cylindres de laiton con-
centriques, légèrement distants l’un de l’autre”. Cha-
cun d'eux est plus haut que celui qu'il entoure et muni
d’un couvercle percé d’un trou par lequel passe Île
thermomètre, protégé lui-même contre les explosions
possibles du tube, par une gaine métallique. Le cylin-
dre extérieur et son couvercle sont recouverts de car-
ton d'amiante épais pour éviter autant que possible les
pertes de chaleur par rayonnement. De petites fenêtres
placées en regard les unes des autres et munies de
feuilles de mica permettent d'éclairer l’intérieur de
l’étuve (nous employons pour cela un bec Auer) et
d'observer les phénomènes qui se produisent dans le
tube en expérience. L’étuve, placée sur une plaque de
cuivre, est chauffée directement par-dessous. Une
cage de bois, suffisamment vaste, munie d’une vitre
protectrice en verre épais empêche la chaleur rayon-
! La forme et les dimensions sont à peu près celles admises par
M. Altschul, soit environ 30 à 40 mm. de longueur, 4 mm. dia-
mètre extérieur et 2 mm. diamètre intérieur.
? Voici quelques cotes, à titre d'indication :
Hauteur du cylindre intérieur 10,5 cm.
Diamètre du cylindre intérieur 8,0 »
Distance entre les cylindres DOS
Dimension des fenêtres LASQUL:8 "cm
132 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
nante d’incommoder par trop l’observateur et le pro-
tège contre des explosions trop violentes (avec les
liquides que nous avons étudiés, celles-ci ne se sont
pas produites).
Le tube lui-même est suspendu au couvercle du
cylindre intérieur par des fils métalliques et incliné à
45° environ. On l’a rempli, en le chauffant et le refroi-
dissant successivement, pendant que la pointe étirée en
capillaire plonge dans la substance que lon veut étu-
dier (fondue préalablement si elle est solide à la tem-
pérature ordinaire). On chasse ensuite, par ébullition,
la quantité nécessaire et on scelle rapidement au chalu-
meau, pendant que les vapeurs se dégagent encore. Il
faut que la substance occupe le ‘/, de la capacité du
tube afin que le ménisque disparaisse ensuite au milieu:
cette condition est indispensable pour arriver à de bons
résultats.
Quand aux phénomènes qui se produisent au point
critique, ils ont été déjà décrits par de nombreux ex-
‘ Cf. Nadjejdine. Uebungen über vergleich. Physik., p. 72,
Kiew 1886. Depuis que nos expériences ont été exécutées, M. Ma-
thias a publié une étude critique sur la méthode de Cagniard de
la Tour (Congrès intern. de physique 1900. Rapp. I, p. 649) et
montré que, si le fluide n’occupe pas au point critique exactement
le volume critique, la température critique observée peut être un
peu inférieure à la température critique vraie. En analysant de
près les conditions de nos expériences et en nous reportant aux
tables et formules numériques données par cet auteur (1. c.p. 658)
les erreurs que nous avons pu commettre de ce chef ne dépassent
pas 0°,02 à 0°,05. Elles sont donc bien inférieures à celles résul-
tant des autres conditions d'expérience, en particulier des trans-
formations chimiques que subissent la plupart des composés orga-
niques portés à leur température critique.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 133
périmentateurs'. Nous n’y reviendrons pas ici, mais
on trouvera cependant plus loin, pour certains corps,
quelques observations qui nous ont paru intéressantes.
Les températures que nous avons notées sont celles
de la disparition complète du ménisque et de l’appari-
tion du nuage opaque. Ces deux données concordent,
dans la plupart des cas, parfaitement ; lorsqu'il n’en est
pas ainsi, cela tient à la décomposition du corps étudié
ou aux impuretés qui l’accompagnent (en supposant,
bien entendu, que les mesures sont faites avec soin,
c’est-à-dire que la température de l’étuve n'est pas
soumise à des variations trop brusques). C’est la
moyenne des lectures ainsi faites que nous avons
admise, après corrections, comme valeur de la tem-
pérature critique. Dans certains cas où la décomposi-
tion était évidente, nous n'avons tenu compte que des
premières mesures.
Une condition importante pour obtenir des résultats
un peu précis, c’est de faire en sorte que la tempéra-
ture s’élève ou s’abaisse très lentement lorsqu'elle ar-
rive aux environs du point critique. Sans cette précau-
tion, il se produit dans l’enceinte une inégalité de
chauffe qui fausse complétement les lectures, car le
thermomètre n’est pas à la même température que le
tube, et ce dernier lui même étant soumis à une tem-
pérature inégale, les phénomènes ne se produisent
plus normalement.
Les deux thermomètres que nous avons employés
étaient à colonne de mercure, sous pression d’anhydride
? Altschul, Nadjejdine, Kuenen, Gouy, Battelli, Galitzine,
loc. cit.
134 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
carbonique, gradués de 200 à 550. Ils provenaient
de la maison Geissler à Bonn, (n* 2348 et 2211) et
avaient été vérifiés à la Reichs Anstalt de Berlin d'après
le thermomètre à air: les corrections à faire aux diffé-
rentes températures étaient données sur les bulletins
correspondants.
La correction due à la colonne émergeante a été
calculée d’après la formule
EE NE Mer PA 1
ee 6100 7< k
établie par expérience aux environs de 435 par
M. Radice', pour ces instruments employés avec
l’étuve précédemment décrite :
— correction en degrés (toujours additive).
n — nombre de degrés émergeants.
T — température critique observée.
Lt — température moyenne de la tige émergeante.
. Cette température £ était prise au moyen d’un ther-
momètre fixé contre la tige du thermomètre de l’étuve
et dont le réservoir était sensiblement au milieu de la
colonne émergeante.
En outre de la correction indiquée par la Reichs
Anstalt et de celle due à la colonne émergeante, il faut
tenir compte de celle provenant de la variation du point
zéro. Ce dernier a été contrôlé à intervalles réguliers.
Il s’est maintenu, du reste, sensiblement constant après
quelques expériences. Les mesures faites avec les deux
! Radice, loc. cit.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 135
thermométres sont trés concordantes, toutes correc-
tions faites, ainsi pour l’aniline :
348 — 419.6 : { corrigé
te lue au thermomètre 23! e— À
A1 — 422,9 : { corrigée = #
te lue au thermomètre 22
Nous avons pensé, au début, employer pour la cor-
rection de température de la colonne émergeante le
système des tiges auxiliaires de M. Guillaume”, évidem-
ment plus exact. En présence de la concordance de
ces résultats, nous avons admis que la formule de cor-
rection adoptée était suffisante ; la suite de ces recher-
ches nous a démontré que, dans la plupart des cas,
l'erreur que l’on peut commettre ainsi est inférieure à
celle provenant d’autres causes plus importantes que
nous avons déjà signalées (impuretés, commencement
d’altération chimique, etc.).
Nous devons ajouter que nous avons été frappés
par le petit nombre de substances organiques complexes
qui ne sont pas altérées à la température critique, Si
tant est même qu'il y en ait. En effet, l’aniline par
exemple, paraît au premier abord très stable ; il suffit
cependant d’une chauffe prolongée pendant vingt heu-
res à une température voisine de la température criti-
que pour que ce corps présente les phénomènes carac-
téristiques d’une décomposition absolument nette. Nous
insistons spécialement sur ce point pour faire compren-
dre qu'une mesure rigoureusement exacte de la tempé-
rature critique de ces corps est un peu illusoire (du
moins par les méthodes actuelles). Comme, d'autre
part, ces décompositions faussent la valeur de {, , tantôt
1 Guillaume, OC: r. 112, p. 89. 1891.
; |
136 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
dans un sens, tantôt dans l’autre, il est impossible sans
expériences répétées et surtout prolongées, de déduire
a priori, spécialement pour les corps facilement décom-
posables, quelle est, d’après la valeur observée, la
valeur réelle de {,. Et même avec ces expériences de
contrôle, cette déduction ne peut mener qu'à une va-
leur approchée.
On ne saurait enfin assez appuyer sur le fait que la
présence d’impuretés, même en quantité échappant
aux méthodes usuelles d'analyses, fausse notablement
les observations des constantes critiques. Leur influence
est peut-être moindre pour {, que pour p. mais, elle
n’est cependant en aucun cas négligeable. Nous cite-
rons comme exemple à ce sujet, encore l’aniline que
nous avons étudiée plus spécialement. La température
critique de ce corps, déterminée sur un échantillon pu-
rifié déjà avec beaucoup de soin (échantillon A) s’est
abaissée de 1°,5 environ après qu'on leût redistillé sur
le sodium.
* Détermination des pressions critiques. Disposihfs
el'instruments de mesure. — Méthode de M. Altschul.
L'appareil compresseur employé a été construit
d’après la description donnée par MM. Ramsay et
Young‘. Il se compose essentiellement d’un fort cylin-
dre de fer horizontal dans lequel entre à frottement un
piston plongeur qui se meut par l'intermédiaire d’un
pas de vis. Ce cylindre horizontal porte trois tubulures
en acier, taraudées à leur partie supérieure et dans les-
! Ramsay et Young, Ph. Tr. of Roy. Soc., 178, p. 59. Voir aussi
Dict. Würtz. 2e suppl. article « Critique », p. 1447.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 137
quelles peuvent ainsi se visser des boulons forés au
centre.
Deux de ces tubulures ont reçu les tubes de cuivre
allant aux manomètres dont nous nous sommes servis,
désignés par les abrévations I et IT; la troisième a été
reliée par un tube semblable à une douille épaisse en
acier portant le même dispositif de serrage que les
tubulures. C’est dans cette douille que se fixait le tube
mis en expérience. Après divers essais plus où moins
heureux de serrage étanche, nous sommes revenus au
dispositif initial, en nous servant de bouchons de caout-
chouc souple serrés entre des rondelles de cuir fort,
bien graissé ; ces dernières, si elles sont suffisamment
larges, empêchent parfaitement le caoutchouc de s’in-
troduire dans le pas de vis. On obtient un serrage
encore plus énergique en intercalant une rondelle
d’acier entre le cuir et le boulon, mais il est ensuite
fort difficile de la sortir, sans retourner l'appareil, si
l’on a à faire un changement des tubes.
Afin que les tubes ne puissent pas glisser et être
refoulés au dehors par la pression, ils sont munis vers
leur base d’un renflement que l’on fait entrer au milieu
du bouchon de caoutchouc. L'appareil compresseur,
les tubes de cuivre et les manomêtres sont compléte-
ment remplis d'huile de vaseline. Avec cet appareil
ainsi monté, nous avons pu arriver à une pression de
près de 70 atm. sans observer de fuite sensible.
Les tubes-laboratoire employés, en verre ordinaire,
étaient longs d’environ 30 cm., d’une épaisseur de
2 mm. avec un canal intérieur de 2 mm. de diamètre,
et fermés à une extrémité ; l’autre bout s’engage dans la
douille d’acier dont nous avons parlé. Ils sont remplis
138 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
aux ‘/, de la substance à étudier qui est séparée de
l'huile de vaseline par une colonne de mercure. Pour
le remplissage nous nous sommes servis de petits
entonnoirs terminés par un long tube de verre effilé.
Vu la rapidité de l'opération, on n'a pas à craindre
d’'hydratation de la substance. Ces entonnoirs, soufflés
dans un tube de verre, sont faits au moment de leur em-
ploi et ne servent qu’une fois. Ils sont parfaitement
propres et secs, le verre ayant été lavé soigneusement
et porté ensuite à la température de ramolissement.
On évite aussi, de cette manière, des nettoyages et des
séchages toujours longs et souvent insuffisants. Les tubes
servant à la confection des tubes-laboratoire et des en-
tonnoirs ont été lavés à l’acide sulfurique et à l'acide
chromique chauds, à l’eau distillée, à l’alcool absolu et
enfin séchés dans un courant d’air sec et chaud, puis
bouchés immédiatement.
Tout l’appareil était enfermé dans une cage assez
vaste en bois, munie de portes et d’une vitre protec-
trice épaisse. La manivelle du piston plongeur et les
manomètres étaient seuls au dehors.
Le tube était chauffé, en un point, à 8 ou 10 em. de
la pointe, par un bec Bunsen, une toile métallique
étant interposée à un demi centimètre environ du tube.
Nous avons noté comme pression critique, Îles
valeurs de la pression sous lesquelles les deux ménis-
ques, qui se forment de chaque côté du point chauffé,
disparaissent et reparaissent. Ces deux valeurs ont été
du reste identiques dans toutes nos observations. En se
plaçant sous un certain angle, on aperçoit sur le ménis-
que un point brillant dont la disparition et l’apparition
sont très nettes. Ces deux phénomènes peuvent être
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 139
facilement observés dans un intervalle de pression infé-
rieur à ‘},, d’atmosphère. Les deux manomètres utili-
sés étaient des manomètres métalliques de la maison
Richard frères à Paris. L’un (manom. I) était divisé en
atmosphères de 0 à 70 atm., le second (manom. IE) en
/,, de 20 à 50 atm.
Pour chacun d'eux, une table de correction, per-
mettant de ramener les lectures aux indications du ma-
‘ nomêtre absolu, a été dressée au laboratoire de M. le
professeur Kamerlingh Onnes à Leyde. Nous lui expri-
mons ici notre plus vive reconnaissance pour l’amabilité
avec laquelle il a bien voulu faire procéder à la vérifi-
cation de nos instruments.
Pour le manomètre I, la correction la plus forte est
de — 1,3 atm. et pour le manomèêtre II de — 0,9 atm.
Des mesures effectuées avec les deux manomèêtres sur
une même substance dans des tubes différents, toutes
corrections faites, peuvent être considérées comme
suffisamment concordantes. Ainsi pour la naphtaline :
tube 4 : pe lue ( 1) = 39,52 pecorrig. — 39,10
tube 2: » GDS » — 39,33
tube 3: » (IL) = 40,05 » — 39,26
Quant à la concordance des lectures d’une même
série, elle dépend uniquement de la pureté et de la
stabilité de la substance étudiée. Pour les corps qui ne
sont pas décomposés au point critique pendant la du-
rée de l’expérience, la précision des phénomènes est
telle que l’on aurait pu avec avantage employer des
manomètres donnant ‘/,, d’atmosphère. Avec le mano-
mètre IT sur lequelle ‘/,, d’atmosphère était facilement
appréciable, des corps tels que la naphtaline, le biphé-
140 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
nyle, le butyronitrile ont fourni des lectures ne s’écar-
tant pas l’une de l’autre de plus de 0,02 à 0,03 atm.
Et encore ces différences proviennent elles probable-
ment de l’erreur de collimation.
Les variations possibles des manomètres et en parti-
culier du manomètre IT, après quelques mois d'usage
ont été contrôlées par des mesures de la pression criti-
que du butyronitrile, faites à des intervalles à peu près
réguliers. Les écarts observés rentrent dans les limites
des erreurs d'expérience. Exemple :
Le 20 mai pe — 38,20
Le 10 juin — 38,07
Le 26 juin » 38,06
Le 7 juillet » — 38,10
ŸY
Tous les corps ne se comportent pas de la même
facon dans ces mesures de pression critique. C’est
ainsi que pour la diméthylaniline, les lectures " succes-
sives indiquent nettement une décomposition :
Pe = 36,1 — 36,15 — 36,8 —.37,0 — 36,95 — 37,0, etc.
De même pour le propionitrile :
De —= 42,1 — 42,0 —— 49,0 — 42,05 — 49,0 — 42,1 —
42 05 -- 42,1, etc.
L'influence d’une impureté se fait sentir aussi très
vivement.
La pipéridine ayant absorbé spontanément un peu
d'humidité nous a donné :
RO H0.4— 40 5 —_ 49 5 10 6 20 7 LOS
49,85 — 49,9
1 Ces chiffres indiquent les valeurs données par le manomètre,
«’est-à-dire non corrigées, comme ceux qui suivent.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 141
alors que le même produit redistillé sur le sodium con-
duit à des lectures plus concordantes :
16,85 — 46,85 — 46,9 26,85 — 46,9 — 46,85 — 46,9 etc.
La naphtaline retenant un peu d’air a fourni les
valeurs suivantes :
RONA 40 À ED 5 40 62 /40.8 — &0 7 —
LOG 08 2" £0 75
tandis que pure, elle est parmi les corps les plus sta-
bles et la pression critique en est très précise : 39,5 à
39,54 sur 10 lectures.
Ces observations viennent confirmer les remarques
formulées dans la première partie de ce mémoire au
sujet de l'influence de la pureté des corps sur les me-
sures des constantes critiques.
ILest probable que dans certains cas, les divergences
des lectures ne sont dues qu’à des impuretés. Ainsi,
d’après nos mesures, nous pensons que c’est le cas pour
le propionitrile, quoique nous n’ayons pas d’autre rai-
son de douter de sa pureté. Ce composé parait en effet
moins stable que l’acéto et le butyronitrile, ce qui n’a
pas sa raison d’être, ce corps étant placé, naturelle-
ment, entre les deux autres.
En résumé, la question de la pureté et de la stabi-
lité des corps au point critique est celle qui joue, selon
nous, le rôle prépondérant dans les déterminations de
constantes critiques. Le nombre des corps répondant
d’une facon satisfaisante à cette double condition parait
assez restreint.
Précision relative des mesures.
Pour donner une idée de la précision relative des
mesures, nous transcrivons ci-après deux séries d’ob-
442 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
servations se rapportant, la première à un corps stable,
la seconde à un corps moins stable ; on trouvera plus
loin (à propos de la diméthylaniline), des observations
relatives à un corps donnant lieu à des phénomènes
de décomposition.
4® Exemple : Naphtaline.
te obs. CONS p° obs. (non corrigée).
disparition apparition 39,5
464.0 464,0 39,5
464,0 46.9 39,5
464.0 163,9 39,6
463,9 463,9 39,5
464.0 464,0 39,5
39,6
39,5
moyenne : Le — 464.0 De — 939,92
9me Exemple : Capronitrile.
te obs. (non corrigée). pe obs. (non corrigée)
|
348.0 348,0 | 39,7
348,0 347.9 | 32,65
348,9 347.8 | 39,7
3481 347.9 | 39.75
348.1 SAT, | 32,8
348.2 347,9 | 328
348,1 347,8 | 32.9
| 32,9
moyenne : t: — 348,0 | Delon
Purelé des corps étudiés.
Nos mesures ont été effectuées sur des échantillons
qui avaient été purifiés avec grand soin pour d’autres
déterminations physicochimiques (mesures thermochi-
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 143
wiques de M. le prof. Louguinine, déterminations d’as-
censions capillaires de MM. Dutoit et Friderich, etc.).
Quelques-uns d’entre eux nous ont été fournis par M. le
professeur Louguinine auquel nous exprimons ici toute
notre gratitude. Nous les avons quelquefois redistillés
tels quels ou sur le sodium. Seules, les déterminations
relatives à l’aniline et à la diméthylaniline ont été effec-
tuées sur des échantillons que nous avons purifiés nous-
mêmes.
Pour caractériser le plus possible les échantillons
des substances sur lesquelles nous avons opéré, il nous
a semblé utile d'en déterminer l’indice de réfraction
ainsi que le coefficient de viscosité.
Indices de réfraction.
Ils ont été déterminés par la méthode usuelle, au
moyen d'un réfractomêtre de Pullfrich (ancien mo-
dêle) et uniquement pour la raie D.
Coefjicients de viscosité.
[ls ont été mesurés au moyen de lappareil décrit
par M. Ostwald', qui donne des résultats très suffisam-
ment précis. Le viscosimêtre a été gradué avec du
benzène pur. La constante de Pappareil établie ainsi.
par une dizaine de déterminations, faites à une tem-
pérature voisine des mesures subséquentes, a été trou-
vée égale à 0,00003822.
(A suivre.)
! Ostwald. Lehrb. der allg. Chem. 2e édit., t. 1, p.550. Pour les
précautions à prendre et le mode opératoire. voir Guye et Fride-
rich, B1., 3e série, t. 19, p. 163, 1898.
SUR QUELQUES DÉRIVÉS
DU
P-SULFOCHLORURE
ET DE L'O-NITRO-P-SULFOCHLORURE DE TOLUÈNE
PAR
Frédérie REVERDIN et Pierre CRÉPIEUX
Dans notre précédente communication sur le même
sujet (Archives des Scienees phys. et nat., 1901, t. XI,
p. 325), il s’est glissé deux erreurs que nous tenons à
rectifier.
1° L’éther toluène-p-sulfonique du p-nitrophénol
avait déja été décrit dans un travail qui nous avait
échappé (Berichte, t. 34, p. 240), par Bamberger et
Rising ; ces auteurs l'avaient préparé par un procédé
un peu différent.
2° La di-o-nitrotoluène-p-sulfone-m-phénylène-dia-
mine fond à 197° et non pas au-dessus de 300° comme
nous l’avions indiqué par erreur.
Nous avons, avec la collaboration de M. le D’ G. Dürr,
complété la série des dérivés des phénylène-diamines
par la préparation des composés suivants :
SUR QUELQUES DÉRIVÉS, ETC. 145
Di-toluène-p-sulfone-0-phénylènediamine
C‘H'.CH'.S0* HN (4)
C'H°
CH CHESOSEN (2)
On l’obtient en faisant bouillir, pendant une heure, les
solutions alcooliques de p-sulfochlorure de toluène et
d’o--phénylénediamine. Le liquide laisse déposer par
concentration et addition d’une petite quantité d’eau,
le composé ci-dessus qui, après cristallisation dans
l'alcool étendu, est en aiguilles blanches, fusibles à
201-202. Il est facilement soluble dans l'alcool étendu,
dans l'acide acétique cristallisable, l'alcool méthylique,
le chloroforme, le benzène et l’acétone, difficilement
soluble dans la ligroine.
019240 Sbst. "MOSS TN" (13771980)
CUHAOINES2 Calculé N—:6.73 ?/o
Trouvé 'N — 7.14
Di-o-nilrotoluène-p-sulfone-0-phénylènediamine
C'H°.N0°.CH”.SO" HN (1)
CH
C'H°.N0*’.CH°.S0* HN (2)
Préparée de la même manière que le dérivé précé-
dent en partant de l’o-nitro-p-sulfochlorure de toluène,
elle cristallise dans l’acide acétique étendu en aiguilles
blanches, fusibles à 162-163. Elle se dissout facile-
ment dans les dissolvants ordinaires à l’exception de la
ligroine dans laquelle elle est difficilement soluble.
0.1882 Shst. 19.8ccmN (18°,716m)
CAHÉO NES 0 CalculenN "11.07 "0
Trouvé N — 11.38
ARCHIVES, t. XIII. — Février 1902. 11
146 SUR QUELQUES DÉRIVÉS DU P-SULFOCHLORURE
Di-toluène-p-sulfone-m-phénylèn2diamine
C‘H'.CH°.S0° HN, (1)
)CH
C'HÉCHESOPENT (3)
Ce produit, qui peut être préparé par la méthode
habituelle, a été aussi obtenu, avec un très bon rende-
ment, en ajoutant peu à peu une solution de 4 partie
de p-sulfochlorure de toluëne dans 1 partie de pyridine,
à une solution de 1 p. de m-phénylénediamine dans
4 + p. de pyridine. Le mélange s’échauffe jusque vers
70° (en faisant la réaction avec 2.5 gr. de base);
lorsque la température a baissé, on dissout le produit
de la réaction dans l’alcoo!l et on introduit cette solu-
tion, en remuant, dans une grande quantité d’eau addi-
tionnée de HCI: la substance se précipite un peu colo-
rée, on filtre, on dissout à la température du bain-marie
dans de la lessive de soude étendue, additionnée d’une
petite quantité de noir animal et on précipite de nou-
veau par HCI; on fait ensuite cristalliser dans l’acide
acétique étendu (4,5 p. d’acide acétique et 1 p. d’eau).
Le produit ainsi purifié est en aiguilles blanches,
fusibles à 172 ; il est facilement soluble à chaud dans
l’alcool pur ou étendu, ainsi que dans l’acide acétique
étendu ou non; il est saponifié par H*SO* conc. à
froid.
0.1640 Sbst. AIDSCS EN (A D'étaDnm)
CH201:N2S? Calculé N == 6.73 °/0
Trouvé N — 7.20
ET DE L'O-NITRO-P-SULFOCHLORURE DE TOLUÈNE. 147
Di-0o-nitrotoluène-p-sulfone-p-phénylènediamine
C'H°.NO°.CH'.S0* HN. (1)
DC'H"
C°H°.NO*.CH”.SO0* HN (4)
Préparée de la même manière que les dérivés cor-
respondants de l’o- et de la m-phénylénediamine, elle
cristallise dans l’acétone étendue d’eau en prismes
légérement colorés en jaune qui ne sont pas encore
fondus à 250°. Elle est difficilement soluble dans
l’alcool, presque insoluble dans le benzène, la ligroïne,
le chloroforme et l’acide acétique cristallisable, assez
soluble dans l’acétone à chaud.
0.2220 Sbst. 22.20 N (43°,729mm)
CHLOSNSS 2 CalculéN:—=14:.07%/0
Trouvé N — 41.21
Les points de fusion des différents dérivés sont
done :
Di-toluène-p-sulfone-o-phénylène-diamine 201-202
» » » -Mm- » » 172°
LED > -p- » » au-dessus de 250°
Di-0-nitrotoluène-p-sulfone-0-phénylène-diamine 162-163°
» » » -M- » » A 97°
» » » -p- » » au-dessus de 250°
RESUME MÉTÉOROLOGIQUE
DE L'ANNÉE 1900
POUR
GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD
PAR
R. GAUTIER
Professeur et directeur de l'Observatoire de Genève.
(Suite et fin.)
IT. PRESSION ATMOSPHÉRIQUE.
Genève. — Le baromètre normal de Noblet a servi
aux six observations trihoraires diurnes. Sa correction,
déterminée en 1892, est de + 0""43. L’altitude
absolue de l’extrémité de la pointe d'ivoire, correspon-
dant au zéro du baromètre, est de 404"91, si l’on ad-
met, comme hauteur absolue du repère de la Pierre du
Niton, la valeur 373"54, indiquée comme la plus pro-
bable dans la 9° livraison du « Nivellement de pré-
cision de la Suisse ».
Les indications pour les deux observations nocturnes
de 4 h. et de 4 h. du matin, ainsi que pour les minima
et les maxima diurnes, sont fournies par le barographe
horaire de Hipp dont les constantes sont soigneusement
déterminées chaque mois. Le baromètre à enregis-
1 Voir Archives, janvier 1902, t. XIII, p. 55.
RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE, ETC. 149
trement continu de Redier, donné à l'Observatoire par
Philippe Plantamour, complète parlois ces données,
et, grâce à sa forte amplification, fournit des courbes
intéressantes lors des brusques changements de pres-
Sion.
Grand Saint-Bernard. -— Le baromètre de Gourdon,
donné à l’Hospice par Auguste de la Rive en 1829,
sert aux six observations diurnes. Sa correction, déter-
minée en 1891, était de — 0""20. Elle à été vérifiée
à nouveau en octobre 1900 et trouvée égale à
— 0% 05. Cette nouvelle valeur n’a pas été appliquée
aux derniers mois de l’année 1900, afin de ne pas
empêcher la comparaison des pressions atmosphériques
mensuelles.
Les valeurs de la pression atmosphérique à 1 h. et
à 4 h. du matin, ainsi que les minima et les maxima
diurnes sont relevés sur un barographe horaire de
Hottinger qui a été décrit dans le « Résumé » de 1884.
Dans les deux stations, la moyenne des huit obser-
vations trihoraires donne la moyenne diurne de la pres-
sion atmosphérique.
1° Moyennes générales. — Variation diurne. —
Écarts.
Le tableau XIII donne, pour Genève, les valeurs
moyennes de la pression atmosphérique pour les treize
mois, les saisons et l’année, météorologique et civile :
il donne en outre, pour ces deux périodes, la variation
diurne exprimée par les différences entre les moyennes
générales et les moyennes des huit observations triho-
raires. |
Le tableau XIV fournit les indications analogues
DLOGIQUE
MÉTÉOR(
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RESUME
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150
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EVE, 1900. — PRESSION ATMOSPHÉRIQUE.
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152 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
pour le Grand Saint-Bernard. Ce tableau fournit aussi
les différences entre les pressions moyennes de Genève
et du Grand Saint-Bernard pour les quatre saisons et
pour l’année. Ces différences correspondent au poids
de la couche d’air comprise entre les deux stations.
En prenant les moyennes de l’année météorologique
seule : 725""83 pour Genève et 563""43 pour le
Grand Saint-Bernard ; puis les températures moyennes
annuelles : + 993 et — 176 ; enfin les moyennes
annuelles de la fraction de saturation : 0,76 et 0,80,
on peut calculer la différence d’altitude entre les deux
stations.
Les tables hypsométriques dE. Plantamour donnent
pour cette différence d'altitude la valeur 20667.
Le nivellement direct exécuté avec le niveau à lu-
nette, en 1855, par E. Plantamour et le colonel Bur-
nier, avait donné la valeur 20703.
Le tableau XV donne les résultats de la comparaison
XV ÉCARTS
Époque. Genève. Saint-Bernard. Genéve-St-Bernard,
nm ram nm
Décembre 1899 ... — 3.23 SEL + 0,11
Janvier 14900...... — 1,29 — 0,67 — 0,62
HEVHIEL-A ren Ee — 6,86 —. 3,29 — 3,63
MArS 2.2 M — 1,95 — 2,93 + 1,28
TRI RE ECS À + 1.46 + 0,44 + 1,02
MAR AE LE nie | — 0,91 — 0,95 + 0,0%
| TT ER EURO À — 0,91 +- 0,25 — 0,76
Juill... 4.0 + 0,58 + 1,43 — 0,85
J:\T) FAC LROEER SRE — 0,37 — 0,97 —+- 0,20
Septembre........ + 2,70 + 3,54 — 0,54
Oelobre. LA 21. + 2,62 + 2,47 + 0,15
Novembre........ — 3,20 — 9,37 — 0,83
Décembre FE + 2,51 + 3,04 (5
Année météor..... — 0,81 — 0,49 — 0,56
Année civile...... 10,33 +- 0,09 — (j}2
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD,. 153
entre les moyennes mensuelles et annuelles et les va-
leurs normales déduites par E. Plantamour des années
de 1836 à 1875 pour Genève, et des années de 1841
à 4867, pour le Grand Saint-Bernard.
La hauteur barométrique moyenne de l’année est in-
férieure à la normale de 40 ans à Genève. Au Grand
Saint-Bernard il en est de même pour l’année météo-
rologique, tandis que pour l’année civile la hauteur
dépasse un peu la normale de 27 ans.
Parmi les écarts mensuels, il y en a 8 négatifs et 5
positifs à Genève, 7 négatifs et 6 positifs au Grand
Saint-Bernard. Les écarts ont des signes contraires au
seul mois de juin. La discordance entre les deux sta-
tions est maximum au mois de février où elle dépasse
der 0e
L'écart négatif le plus fort est celui du mois de fé-
vrier à Genève (— 6""9), et de décembre 1899 au
Grand Saint-Bernard (— 3"%3). L'écart positif le plus
marqué est celui de septembre aux deux stations.
2° Ecarts diurnes. — Anomalies.
Les tableaux XVI et XVII renferment les données
qui permettent d'apprécier la variabilité de la pression
atmosphérique dans les deux stations. Ils donnent des
indications sur les écarts entre la valeur moyenne du
baromètre pour chaque jour et la valeur normale, puis
sur les écarts entre deux jours consécutifs. Pour les
deux catégories d’écarts, ils fournissent les valeurs
moyennes et les valeurs extrêmes.
[nu 389 1899,[ ‘0440990 ZI 9]
nl
V]
a
METEOROLOGIQUE
RÉSUMÉ
154
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155
SAINT-BERNARD.
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156 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
3° Valeurs extrèmes de la pression atmosphérique.
Les tableaux XVIIT et XIX donnent les maxima et
les minima absolus pour les treize mois et pour l’année
aux deux stations.
A Genève, les extrêmes moyens et absolus ont,
d’après les publications antérieures, les valeurs sui-
vantes :
minimum extrème moyen : 705°"05
» » absolu : 70016 (26 XII 1856).
maximum extrême moyen : 741%°03
» » absolu : 748""71 (17 I 1882).
Les extrêmes de l’année 1900 ne présentent rien
d’extraordinaire. Ils se rapprochent des valeurs des
extrêmes moyens avec, cependant, une amplitude infé-
rieure à la moyenne.
Au Grand Saint-Bernard les extrêmes dépassent les
chiffres de l’année précédente et l’amplitude est plus
forte qu’en 1899. Elle est aussi plus forte qu'à Ge-
nêve.
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD,. 157
XVIII. GENÈVE, 1900.
Epoque. Minimum Date, Maximum Date. Amylitude.
absolu. absolu.
mm mm mm
Déc. 1899. 708,19 le 14 736,96 le 3 21
Janv. 1900. 706,51 le 29 738,62 le 20 32,11
Février ... 707,32 le 19 134,520 le 45 24,20
Mars ee 710,46 le 22 736,47 le 10 26,01
Avrilé cr 744,37 le 8 738,27 le 20 23,90
MAS 713,149 le 14 134,25 le 28 18,06
INT EE 147,38. le "4 733,10 le 44 16,32
Juilet-ec,72247 ler 2 1891718 Cle "17 11,58
NONt:-.E 719,80 le 27 734,60 le 12 14,80
Septembre. 724,87 le 28 735,09 le 22 10,22
Octobre... 718.09 le 26 138200410108 20,63
Novembre. 708,20 le 28 132,18 el 24,94
Décembre. 714,20 le 31 740,35 le 16 26,15
Année météor.. 706,51 le 29 janv. 00 738,72 le 8oct.00 32,21
Année civile. . , » 740,35 le 16 déc.00 33,84
XIX. GRAND SAINT-BERNARD, 1900.
Époque. Minimum Date. Maximum Date. Amplitude
absolu. absolu.
mm nm mm
Déc. 1899.. 545,30 le 15 D14,4070 Je 4 25,80
Janv. 1900. 541,56 le 29 70,26 le 20 28,70
Février... 546,40 le 20 969,16 le 25 22,76
Mars... 548,20 le 18 570,02 le 10 21,82
ANNE: 4. 549,70 le 8 572,80 le 21 23,10
NES 524,36 le 14 569,99 le 28 15,63
| TITRE 561,46 le 571,98 le 17 10,52
Juillet .... 562,80 Le 7 576,06 le 17 13,26
RoNÉ 262,64 le 5 572,30 , le 13 9,66
Septembre. 567,54 le 30 979,20 le 23 7,66
Octobre... 557,87 le 27 577,18 le 8 19,51
Novembre. 548,83 le 30 510,922 01e ru 21,69
Décembre. 550,90 le 1 973,80 le 17 22,90
Année météor. 541,56 le 29 janv. 00 577,18 le Soct.00 35,62
Année civile. .
»
» »
L)
»
158 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
IT. HOMIDITÉ DE L’AIR.
Depuis l’année 1884, la tension de la vapeur d’eau
n’est plus calculée, à Genève, et l'humidité de l'air n’est
représentée que par la fraction de saturation.
Pour les six observations diurnes, cet élément est
déduit de l’observation des deux thermomètres du psy-
chromètre. Pour les deux observations de nuit, 1 h. et
4 h. du matin, les valeurs de la fraction de saturation
sont relevées sur les diagrammes de l’hygromètre enre-
gistreur Richard.
Le tableau XX fournit, pour les huit observations
trihoraires, les données moyennes de la fraction de sa-
turation, pour les treize mois, les saisons et l’année;
puis la valeur de la fraction de saturation moyenne
pour les mêmes périodes; enfin les minima et les maxi-
ma absolus; lorsque le maximum correspond à la sa-
turation complète, le nombre des cas de saturation est
indiqué.
Afin de rendre l'évaluation des cas de saturation
comparable avec celle de l’ancien système des observa-
tions bihoraires, usité jusqu'en 1883, on a aussi calculé,
comme précédemment, la fréquence relative de la sa-
turahion pour les mois, les saisons et l’année.
Le {ableau XXI donne les écarts de la fraction de
saturation et de la fréquence de la saturation avec les
valeurs normales des « Nouvelles études sur le Climat
de Genêve », de E. Plantamour.
L'année 1900 a été plutôt sèche, quoique à un
moindre degré que la précédente. Il y a dix mois sur
159
GRAND SAINT-BERNARD,
x
POUR GENEVE ET LE
| | | | |
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SAKATTTIR NH NOILVHOLYS 44 NOILOVUA — ‘0061 ‘HAAN AN XX
A 4
160 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
treize à écarts négatifs, mais aucun n’est très élevé. Le
plus fort est celui d'octobre, avec — 31, L'écart maxi-
mum positif est celui de septembre, avec + 33.
Le nombre des cas de saturation est faible, conti-
nuant ainsi la série des années précédentes. Il n’y a que
quatre mois, sur treize, présentant des écarts positifs,
faibles, pour la fréquence relative de la saturation.
L'écart négatif le plus accusé est celui de janvier.
XXI. GENÈVE, 1900.
Fraction Fréquence relalive
de saturation. de la saturation.
ES en
Époque Moyennes Bearts pour Moyennes Ecarts pour
(1849-1875) 1900 (1849-1875) 1900
Décembre 1899.. 865 — 47 O487 006
Janvier 1900.... 857 — 24 0,145 — 0,129
1 SOI UE RE 819 — 923 0,096 — 0,078
MATE IN NES 754 — 14 0,039 — 0,019
2 VIS MEURT 697 — 99 0,016 —+- 0,001
MA CERN 704 — 5 0,016 — 0,008
ODA 698 — 22 0,010 — 0,010
Dllet- ter 679 = Fi 0,006 — 0,006
(CHERS EMROEENT 710 — 8 0,009 + 0,027
Septembre ...... 770 + 33 0,025 —- 0,029
Octobre. ee 4 831 — 31 0,083 — 0,014
Novembre....... 833 + 17 0,067 — 0,021
Décembre....... 865 + 23 0,147 + 0,043
Année météorol.. 768 411 0,055 — 0,023
Année civile... 768 — 8 0,055 — 0,015
Au Grand-Saint-Bernard les observations de l’humi-
dité ne se faisaient plus depuis l’année 1856. Elles ont
recommencé en octobre 1900 par l'installation, dans la
nouvelle station, de deux hygromètres à cheveu, dont
un enregistreur de Richard (voir au bulletin mensuel
d'octobre). Il n’y a pas de valeur moyenne à donner
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD, 161
pour cette année, mais je tiens à signaler quelques cas
de sécheresse remarquable de Pair : la fraction de sa-
luration à eu les valeurs suivantes, inférieures à 10 ?/
ne
5 ‘/,le 16 octobre, de 5 h. ‘/, à 7 h. du matin
5 "/,le 9 décembre à 1 h. du soir.
or » 9 »
IV. VENTS.
Genève. — L'observation des vents se fait de deux
manières différentes : 1° six fois par jour, à l’ancienne
girouette, en estimant la force du vent par les chiffres
de 0 à 6 de la demi-échelle de Beaufort ; 2° au moyen
de l’anémographe de MM. Richard frères, enregistrant
automatiquement la direction et la vitesse du vent.
Le tableau XXII donne les résultats généraux du
premier système d'observation. Il fournit pour les dif-
férents mois et pour l’année, le nombre de calmes
et le nombre de fois où le vent à été observé, avec la
force 1 ou avec une force supérieure, dans chacune
des seize directions de la rose des vents, le chiffre in-
diqué tenant compte du facteur (1 à 6) représentant la
force du vent.
Le tableau XXII contient les résultats que l’on peut
déduire du précédent au point de vue de la résultante
finale des vents à Genève.
Le tableau XXIV est le relevé des jours de forte bise
(NNE) et de fort vent du midi(SSW). Il y à eu 38 jours
de forte bise de plus que la moyenne (42) dans l’année
météorologique et 32 de plus dans l’année civile; puis
23 Jours de fort vent du midi de plus que la moyenne
ARCHIVES, t. XIII. — Février 1902. 12
162 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
XXII. Vents observés à Genève dans l’année 1900.
SlSl£lslsl.l ls LE) SE es
ne = = malrarire re ue
males Non) No
Calme. . 101! 60! 64! 49! 40! 44) 48) 52) 41) 70 100) 88 [106 754 759
ARTE 11! 22| 21! 31] &4| 39! 48| 49] 99! M1! 18! 14) 53641358
NNE...| 97| 40] 71143) 711108) 12) 50| 67| 22] 19] 36| 5167215380
NE...) 2] 8) 2) 3] 4| 2,3) 3} 2) &| 4! 5! 50m
ENE. DD) :0), 5] 0 01 4] 14! 4| 4! 4! AIMONS
DRE 3], 6| 1} 0] 5] 2] 0] 0! 1! 34/20
ESE 2:,4,:0| 4,4) 0! 31:43) O0 LE: 0] 00H20
SE 31140) 73) 2] 12204) 22/04 3 2 MOINS
SSE. Out! 514 rOIMIONT. O0! 0! EI510! 1 0: 40e) 00) 12
ere 6| 7, 4] 3] 4] 1| 5] 3] 3] 7] 0| 9] 2|52148
SSW. 9! 36) 70| 44| 47| 36| 48| 36] 72! 20! 24| 30| 29/1472] 92
SE 6| 7| 2| 4} 6] i| 12) 5) 4) 5! 40] 2] 6/66! 66
WSW 3| 40) 42! 3) 9! 3! 411 6| 30} 1}, 3 EP SIA
W..200! 5l % 0! 2! 2h19 70! 0! 4: 0100) 4)
WNWe 4 0 0! 4] 0! 0|, 4| 0! 0!.4|, 0! 10! 0! Amon
NW 4) 2) 2) tan à) OST NCON ASP lp NI EENEEn
NNW..| 1, 2, 2] 4] 3] 615) 47] 2] 0] 4) 4] 2] 5%) 55
| | | le [8es | LA! |
XXII GENÈVE 1900.
RAPPORT RÉSULTANTE
ÉPOQUE Vents 0 —— Calme
NNE. à SSW. Directioa. Intensité sur 400. sur 400.
Décembre 1899... 532% N 39 E 4 01it, 05
Janvier 4900. .... 1.40 N 393 E 8,3 32.3
HENPIER UNE 0,40 S 22,0-W De 36.3
AN RP RENE 3,47 N 16,3 E 66,8 26,3
AIRE 2,02 N t40tE 32,4 22,9
Un 3,90 N QE 60,0 23,1
TEE Le 1.00 N 54,0 W 15,9 26,7
He"... 2,327 TNA 30,6 28,0
Mode AU. 0 Lie 1,2% N 318 W 44,7 29.0
Septembre. ...... 2,10 N:7,5 E 18,7 38.9
Getobre ee. 1,21 N 39,0 W 6,9 53,8
Novembre ...... 1,28 N 928.6 E 5.0 48,9
Décembre....... 0,41 St19:16 W 15,4 27,0
Année météor.... 1,83 NAME 29,3 34,4
Année civile 1,62 Ne 9,2 W 17,3 34,7
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 163
(44), dans l’année météorologique et 26 de plus dans
l’année civile. L'année a donc été riche en jours où le
vent a soufflé avec force, soit du NNE, soit du SSW,
surtout en jours de bise.
XXIV. GENÈVE 1900.
Nombre de jours de
ÉPOQuE forte bise fort vent du midi
Décembre 1899 ... 7 2
Janvier 1900...... 5 5
MEVTIEr. HU el 0 11
MARS tt 12 6
ALI ne pis ce 10 8
MAL ec 15 6
AT. OMR LA 5 9
Juulets 64.2 10 7
ANOP ES ar cd 6 10
Septembre........ 4 (Q
Octobre ee 2 3
Novembre........ 4 0
Décembre........ 1 5
Hiver sn 12 18
Printemps........ 37 20
TPE NP 21 26
AUTOMNE... 10
Année météor..... 80 67
Année civile...... 74 70
Le petit tableau suivant donne les résultats du
deuxième système d'observation du vent, au moyen de
Panémographe Richard. Il indique, pour les différents
mois de l’année, la vitesse moyenne du vent, exprimée
en kilomètres par heure, sans faire de distinction sui-
vant la direction du vent :
164 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
Ka. p. h. Km. p. b.
Décembre 1899 9.48 Juin 1900..... Ta
Janvier 1900 .. 7.41 JUIIEE EE Doris
RÉVHIER. FENTE A OURS 9.14
MATE Le 11.86 Septembre .... 6.24
API AA MERE 10.30 OCtobDree 7 4,99
MARNE .<e 9.14 Novembre..... 4.81
Décembre .... 4.52
Il résulte de ce tableau que les mois les plus calmes
ont été ceux de novembre et de décembre 1900 et Île:
plus venteux celui de mars.
Si l’on recherche encore les jours pour lesquels la
vitesse du vent a dépassé en moyenne 25 kilomètres à
l'heure, on en trouve seize, plus qu’en 1899 et surtout
qu’en 1898. Ce sont tous des jours de bise ; en voici le
tableau avec l’indication de la force moyenne du vent
qui a dépassé deux fois 50 kilomètres à l’heure :
Kn. p. h. Ki. p. h.
8 Décembre 1899 34.4 1IAeMars 1900 31.3
9 » » 553 30 » » 990
10 » » BUNT. 31 » » 55.0
15 » » 43.9 [VAI » 35.0
16 » Pig 29.2 20 » 30.0
12 Janvier... 1900 30.3 198% » 3072
2 Mars... > DDPl 12 Septembre. > 97
DAMATE. > 29.3 22 Octobre... |
Grand Saint-Bernard. — La direction du vent est
observée à la girouette et la force du vent estimée sui-
vant la demi-échelle de Beaufort. Ces observations se
font six fois par jour comme à Genève. Vu la situation
de l’hospice sur le col, on n’y observe que deux vents :
ceux qui correspondent aux grands courants du NE
et du SW; mais à cause de l'orientation des vallées
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 165
au sommet du passage, ces directions, à l’hospice même,
se rapprochent plutôt d’être Est et Ouest. Le calme ne
s’observe guêre.
Le tableau XXV fournit les résultats moyens de ces
observations, avec les conclusions que l’on en peut
tirer pour la résultante des vents.
XXV. Vents observés au Saint-Bernard dans l’année 1900.
VENTS RÉSULTANTE
0 0
ÉPoque NE. SW. Rapport. Direction. Intensité Calme
sur 400. sur 100.
Déc. 1899. 130 99 11aG A N 45E 167 0,0
Janv.1900. 217 49 4,40 N45E 89,2 0,0
Février... 76 151 0,50 S 45 W 44,6 0,0
Mars... Le: 17 126.136 N4#5E 24,2 0,0
Avril... 169 64 2,64 N45E 583 0,0
MAR Le 130 92 AI N45E 20,4 0,0
Juin... 103 92 1,12 NE 5,6 0,0
Juillet.... 160 5303; 00 N45E 57,9 0,0
AOÛT 88 12100075 S 45 W 17,8 0,0
Septembre. 85 111 0,80 S 45 W 14,4 0,0
Octobre .. 106 88 1,20 N#5E 97.000
Novembre. 63 189 0,33 S 45 W 70,0 0,0
Décembre. 113 TOO AIS N 45 E 7,0 0,0
Annéemét. 1498 1235 1,21 N45%E 12,0 0,0
Année civ. 1481 1236 1,20 N45E 112 0,0
V. PLUIE ET NEIGE.
Le tableau XXVI fournit, comme dans les résumés
antérieurs, pour Genève, les données relatives à la pluie
et, pour le Grand Saint-Bernard, les données relatives
à la pluie et à la neige.
Il convient donc d’y ajouter les indications relatives
à la neige à Genève. On a récolté à l'Observatoire Îles
hauteurs de neige suivantes :
166 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
cm
5.5 en décembre 1899 en 4 jour
11.3 » janvier 14900 » 5 »
4.5 » février ND RASE
10.0 » mars DL" D SOL
31.3 dans l'année météorologique » 9 »
DB BDD ON TITIIE » 8 »
XXVI. Pluie ou neige dans l’année 1900.
GENÈVE. ___ SAINT-BERNARD.
ÉPOQUE. Nombre Eau Nombre Noubré 10 En
de jours. tombée. d'heures. de jours. tombée. de la neige.
mm nm cm
Décemb.1899. 11 32,5 22 6 81,4 76,1
Janvier 190019. 113,5 106 20 186,9 1927
Février ...... 17 91,6 52 19 270,1 292,3
MAS 2 52. 11 40,4 34 16 Del 130,8.
ALP A 2. 15 48,6 53 10 115,5 95,5
TA ve 10 73,0 51 7 149,2 75,0
HN LR ce 13 35,6 24 11 70,2 —
Joullet 1, :... 8 69,9 34 14 180,0 38,0
nont +. Se UI68;7 55 12 118,5 2,0r
Septembre.... 12 89,1 36 9 67,0 —
Octobre ...... 12 46,8 24 8 52,3 18,0
Novembre .... 14 69,2 53 14 192,8 209,0
Décembre.... 14 81,6 71 7 131,6 160,0
l'E É\ TE) JR 47 237,6 180 45 538,4 561,5
Printemps.... 36 162,0: 138 33 375,8 300,8
EE 34 ‘274,2 | 113 37 368,5 40,0
Automne. .... 38.205,1, 113 31 312,1 227,0
Année météor. 155 878,9 544 146 1594,8 1129,1
Année civile.. 158 928,0 593 147 1645,0 1213,0
Le {ableau XX VII donne les écarts entre les valeurs
normales et les chiffres obtenus en 1900, pour le nom-
bre de jours de pluie et pour la hauteur d’eau tombée.
À Genève, c’est le mois d'août qui fournit à la fois le
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 167
maximum de pluie et le plus grand écart. Le plus grand
nombre de jours de pluie se trouve en janmier.
XXVII Écarts
GENÈVE GRAND St-BERNARD
ÉPOQUE Joursdepluie. Eau tombée. Jours de pluie Eau tombée.
mm rm
Décembre 1899 + 2 — 185 — 2 + 8,3
Janvier 1900.. + 9 + 64,7 + 9 + 57,8
Février....... + 9 + 55,1 + 10 + 176,5
Mars Em ERTAER | + 1 — 6,8 + 4 + 14,2
Yi 11 0 LES LETTRE + 5 — 8,2 — 1 — 4,6
LEE ARC — 2 — 6,2 — À + 29,1
1 F1 NAT 41019 AD ET PSI
à Li M D LE AOENREEEE — 1 — 0,9 + 5 + 104,9
ANTOINE RP + 8 + 88,3 + 3 + 32,5
Septembre... + 2 — 5,1 0 — 49,0
Octobre....... 0 — 54,2 — 2 — 90,0
Novembre..... + 3 — 4,8 + 4 + 943
Décembre... + 5 + 30,6 — 1 + 58,5
UOTE —+ 20 —- 101,3 — 17 + 242,6
Printemps..... + 4 — 212 0 + 38,8
DE Leu ge Le A 470 20 + 106,2
Automne...... 1,10 — 64,1 + 2 — 44,8
Année météor. — 33 + 63,0 -+ 28 + 342,8
Année civile.. + 36 + 112,1 +- 29 + 393,0
Au Grand Saint-Bernard, c’est le mois de février
qui donne le maximum de précipitation et le plus fort
excédant d’eau. Le plus grand nombre de jours de
pluie est en Janvier comme à Genève.
Les mois les plus secs sont, à Genève, décembre 1899
et juin 1900 ; au Grand Saint-Bernard, octobre. L'écart
avec la normale est maximum pour octobre aux deux
stations.
Les saisons humides sont : à Genève, l'hiver et l'été ;
168 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
au Grand Saint-Bernard, l'hiver, le printemps et l'été.
Le nombre de jours de pluie est en excès aux deux sta-
tions pour toutes les saisons.
L'année, météorologique ou civile, a été plutôt humide
à Genève, très humide au Grand Saint-Bernard avec
près de 30 jours de précipitation de plus que la nor-
male.
La stahistique de la pluie à été, comme d'ordinaire,
poussée plus loin pour les observations de Genève.
Le tableau XXVIII donne, pour chaque mois, la plus
longue période de sécheresse ou le nombre maximum
de jours consécutifs sans pluie et la plus longue période
pluvieuse, ou le nombre maximum de jours consécutifs
où la pluie a été récoltée. La plus longue période de
sécheresse tombe en juillet , la plus longue période plu-
vieuse en août.
Le même tableau indique le nombre de Jours où la
hauteur de pluie mesurée a été inférieure à 1°" et à
‘/, de millimètre. Ces nombres sont supérieurs à ceux
de l’année précédente. Si l’on ne compte comme Jours
de pluie bien caractérisée que ceux où il tombe au moins
1% d’eau, on en trouve 108 et 112 à Genève pour
l’année météorologique et civile. Ces chiffres sont 145
et 146 au Grand Saint-Bernard.
Enfin ce tableau donne le maximum de pluie récolté
chaque mois et le nombre de jours où la hauteur d’eau
tombée a atteint ou dépassé 30 millimètres. Il n’y à eu
que quatre jours en 1900 où l’on ait enregistré des
chutes d’eau dépassant cette limite. Le tableau donne
les totaux et les dates. Le maximum correspond au
28 septembre avec 46""5.
Comme complément à ces indications, il sera inté-
169
SAINT-BERNARD.
ET LE GRAND
”]
x
GENEVE
POUR
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91 6°60
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IITAXX
170 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
ressant de noter ici, comme précédemment, le relevé
des plus violentes averses enregistrées durant un court
espace de temps au pluviographe de M. Usteri-Reina-
cher.
Date mn. nain. mm. par minute
Panals-. HE 5.2 15 0.35
DOC ANS ARR 0 4.0 3 1.33
IFMAOUT MErREETTE 12.5 21 0.60
De LOMME 4.0 4 1.00
DIN D. RNA 4.0 8 0.50
LOT Sept 486 Mere 10.0 20 0.50
Le tableau XXIX a pour but de permettre la compa-
raison des différents mois entre eux et des quatre sai-
sons entre elles, au point de vue des précipitations
XXIX 1900. GENÈVE
Époque. Durée relative Nombre moyen Eau tombée
de la pluie. d'heures par Jour. dans 1 heure.
mm
Décembre 1899 .... 0,029 2,00 1,48
Janvier 1900....... 0,142 5,58 1,07
Février... +. 0,077 3,06 1,76
Mars ee Dee 0,046 3,09 1,19
AVE RE RER One 0,074 3,53 0,92
Mai: ei 0,069 5,10 1,43
Jin. + PS I 0,033 1,85 1,48
Juillet”. Fm 0,046 4,25 2,06
Aobt eV enr 0,074 4,93 3,07
Septembre . . ...:.. 0,050 3,00 2,47
Hetobress FAURE 0,032 2,00 1,95
Nombres... 10e 0,074 3,79 L,e1
Décembre......... 0,095 5,07 1519
ETC ONE 0,083 3,83 1,32
PrIntEMPS:. |. ... 0,062 3,83 1,17
ÉRRRR.: © .. 0,051 3,32 2,43
Automne. .. .:. 0,052 2,97 1,81
Année météorol... 0,062 3,1 1,61
ANNÉE CIVILE... 0,065 3,75 1,56
=
1
RNARD,
SAINT-BE
GRAND
T LE
E
x
GENÈVE
POUR
6YG6 | 1'I9L | 6°1r8 | 0'168 | 0846
F016 | T'?6L | G'9I8 |*0' 998 | G'8L8
6008 |C'£Lr | 0'coc | S'c0z | L'208
O'FLG | S'UIG | G'66e | 9'C0c | C'FLE
F'y91 O'GYE | 6 OF | 6'L9r GO
8'996 | S'F08 | F'GIG | L'ISG | 9'LEG
6°&8 0'&S ge 2 O°IS
FES | 0'f9 G'GL 9 15160
GROS RO Tr, ee CRLO on | R'9r
Glen F0:00 | /"cucL £'8 | F'68
8'£91 | C'OSI G'LGF | 9 CGT | L'S9r
8'09 |! g'7o 8'L9 9°#9 | G°69
F'6+ | £'9c 6° re Fc | 9'ct
1°G8 (UNE XE L'6L F'GL 0'€L
0'LE 0'eg | G'eg 8° rc 9°8F
0'GY 0'O7 | S're L'LS Y'0r
SFr |-0°96 F'cS L'68 | 9'I6
S'YVT | S'ES F°VOI G 601 | S'err
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TU TUUT | uut TU | UIUL
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QOUDUUIE| lissnf oBurydnaz |: fuboon | ATP) )
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0
G'888 G 1Y8S & E86 G'€001 G L96 8°"L£OP | G GOOH | °° * 9[IAI9 oouuy
8° 698 S°YIS € 906 0 816 6° 806 C°FT66 G°0G6 | ‘:logjg'u eouuvy
6° G0G G'861 9°YCG S'606 0° c0G L'£IG 9266 A ‘auuomny
G 0GG 0'LGG G°09G G'66G S'98G 8°6G€ CRC OC HR SE DO
& 9LI 6°6€1 9°6Y+ GG} CA ML QI & 66] 8"cor |‘‘''°'sdmojuuq
G'YEc 0'0T& C'ILG 0'9c£ "696 L'Y6G Y°Y6G SE mBul9 ti]
_ a , ee
G CG 6 YG 0 GI CH LCT G'66 6 F6 G'IIL |‘ euquespq |
ÿ GL 0'19 S'8L 0°08 G 8L © 6L L°IG DT TION |
fes KS G'SF £'8r G 16 ‘17 0'£G © LE [°°° 2414090
9°GL 068 G'LG 0 98 0'CS G°T8 G'0L ‘1 ""o1quiedes
6 6€/ 0°] L'£€9I G'87l 0 £LI & 60G OTOT RSR AnnNOr
0°Y8 | 0 69 6 99 G'yG | 0°89 8° CL Y'T9 Ce LG [TC
6'96 0°GY G'0g G'O0f | G°GY 8'£G G'LG on SL ALT D
5 GS 0 #9 £ 99 0°£9 | 0'& G'YL 9°6L ee À HN A TN
L'£6 8 66 8°ye 0°cS | 078$ 0'LE (pl SN ee EE LUN
Lo (1 4 G° F7 S'y 0'O+ G L£ Y°TY 0° te RS NO SEX
Y°€G 6 68 G GG | OFF | SIT L'9c} 6G'06I RÉDÉRECRE PCR
9° FT 6 80F | O LOT | 0'G6GE | G'LFI 106} &°0GE °°° "006F 1rauef
G'0£ | 8° LG 0'SE€ | 0'£S G°YS G'LY G € | GGSE 2141099 (]
utur | ut | utur | uLUt | urut urut ur ul |
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HŒ NOLNVI NG SHADNELHNOTAN'TA SNOILVILS "VXNN
172 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
atmosphériques. Il est, à cet effet, calculé de façon à
éliminer les inégales durées des mois et des saisons.
On y trouve : 1° la durée relative de la pluie, ou la
fraction obtenue en divisant le nombre d’heures de
pluie par le nombre total d'heures de la période ; 2° le
nombre moyen d'heures de pluie par jour de pluie ob-
tenu en divisant, pour chaque période, le nombre d’heu-
res de pluie par le nombre de jours de pluie; 3° l’eau
tombée dans une heure, obtenue en divisant la hauteur
d’eau tombée durant la période, par le nombre d’heu-
res de pluie de la période ; ce dernier chiffre représente
donc l'intensité moyenne de la précipitation.
Le tableau XXX contient le relevé général des obser-
vations pluviométriques faites dans les stations du canton
de Genève. Comme je l’indiquais dans mon précédent
Résumé, le nombre de ces stations a été augmenté de
cinq nouvelles, installées au mois de novembre 1899, et
dont je publie pour la première fois les observations à
côté de celles des sept stations anciennes. Le tableau
XXX est donc plus considérable que les années précé-
dentes. J’y ai indiqué, outre le nom des stations, leur
altitude relevée sur la nouvelle carte du canton de Ge-
nève tirée de l’atlas Siegfried. Ces altitudes, réduites
au niveau le plus probable du repère de la Pierre du
Niton (373"5), doivent être exactes à quelques mètres
près. Puis viennent les noms des observateurs qui ont
bien voulu se charger de continuer ou d’inaugurer les
observations pluviométriques. Je remercie sincèrement
les dix d’entre eux qui n’ont pas de relation directe
avec lPObservatoire. Quant aux chiffres, j'ai ajouté aux
totaux mensuels ceux des saisons qui me paraissent ins-
tructifs.
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 173
Je rappelle que dans les onze stations exclusivement
pluviométriques la pluie est enregistrée d’après les
« Instructions » du Bureau météorologique central de
Zurich, c’est-à-dire qu’elle est recueillie à 7 heures du
matin (heure locale), et compte pour le jour précédent".
A l'Observatoire, suivant l’ancien usage, la hauteur de
pluie est comptée, cette année encore, de minuit à
minuit pour chaque jour. À partir de l’année 1901,
cette anomalie cessera et nous employons actuellement
à l'Observatoire, la même période diurne pour la pluie,
de 7 h. du matin jusqu’à 7 h. du matin du jour sui-
vant.
XXXI 1900. GENÈVE
ÉPOQUE. Jours d’éclairs
Jours de tonnerre. sans tonnerre.
Décembre 1899 ..... 1 0
Janvier 1900........ (D Q
Hévrier Fee 64 2 (
Mars arr UE 0 0
ral pee EE 2 0
URL Re 0 H
DUIDYET, A TTEMRENNT 4 5 0
EE SIA AE TESE 7 3
OUR ET y 6
Septembre.......... je 1
Octobre MMA 1 1
Noyemhre. Mer 0 0
Décembres 24. 41: 1 0
Année météorol..... 26 10
Année:Civile. 1. ::- 26 10
1 Le détail de toutes les observations des stations du canton de
Genève se trouve dans la publication du Bureau métérologique
central suisse, « Monatliche Uebersicht der in der Schweiz gemes-
senen Niederschlagsmengen. »
174 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
Le tableau XXXT fournit le nombre de jours d'orage
ou jours de tonnerre, à Genève et le nombre de jours
où des éclairs ont été vus à l'horizon sans que le ton-
nerre füt entendu (éclairs de chaleur). Les deux nom-
bres sont identiques à ceux de 1899, mais un peu dif-
féremment répartis dans le courant de l’année. Le
nombre des jours de tonnerre est à peine supérieur à
la moyenne (25) des trente années de 1847 à 1875.
[n’y a pas eu, en 1900, de chute de grêle enregis-
trée à l’observatoire de Genéve.
VI. NÉBULOSITÉ.
La nébulosité s'exprime par une fraction décimale,
comprise entre zéro et un. Zéro (0.0) correspond à
un ciel entièrement clair. Un (1.0) correspond à un
ciel entierement couvert. La mesure de la nébulosité
par estimation se fait à Genève et au Grand Saint-Ber-
nard aux six observations diurnes, de 7 heures du ma-
tin à 10 heures du soir. La moyenne des six observa-
tions donne la moyenne diurne de la nébulosité expri-
mée en centièmes.
Dans le tableau XXXII, la nébulosité ou l’état du
ciel aux deux stations est indiqué pour les mois, les
saisons et l’année, de deux manières différentes :
1° par le nombre de jours clairs, peu nuageux, très
nuageux et couverts, ces désignations correspondant
aux valeurs moyennes de la nébulosité comprises entre
0,004et.0,25,.0,25 et :0,90,,0,00,.et. 0,75, 0/45
et 1,00; 2° par la valeur moyenne de la nébulo-
sité.
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 175
XXXII État du ciel.
GENÈVE SAINT-BERNARD
Jours Jours Jours Jours Nébulo- Jours Jours Jours Jours Nébulo-
Sd are li Monet Net fteine
Déc ASDOPEMM MURAL 0,87 10 RG PMOEE:0 0.46
Janv.1900. O1 2 4 2% 0,85 SUN 2e EU 0,59
Hévren ee tDE CA 5) 29 0.85 GAMES AE A 0.62
Mars 6e D'ASn EU 7 0,67 JPA A2Re0 0,50
Avril Où er la 12 0,57 à Le NT A EE 77 0.44
Mae Peu LRO EAU 0.62 (ENS DE 117 0.63
amet SAONE ANT 0,58 SE 0 ADM 6,51
Juillet. . AUBRES TAN 0.43 CAUSES 0.48
ADULTE. DR) 0 0.57 NS DEEE 0.50
Septembre. 8 5 9 8 0.53 PA 7 HAN Se © Lien D 2 À
Octobre ..… 9 6 6 10 0,53 12 7 6 6 0.40
Novembre. 1 5 3 921 0.81 OUT MULAMS 0.61
Décembre. . "2 17 97926 0.88 DM GUU 0.32
ÉLNOneNS ON UNS F1 0,86 HA RONA 0,55
Printemps. 18 13 21 40 0.62 26 4%, 25,27 0,52
BTER CAIZE 1OMPDRSRT 0.53 24. 22-928! 18 0,49
Automne.. 18 16 18 39 0.62 aDNAIEU TE 27 0,47
Année mét. 57 59 75 174 0,66 103 70 94 101 0,51
»NCivile 58159. 7934175 0.66 115 67 85 100 0,50
Le tableau XXXIIT fournit les écarts de la nébulosité
aux deux stations par rapport aux moyennes calculées
par Plantamour. À Genève, l’année météorologique ou
civile a été de 4 "/, plus nébuleuse que la moyenne.
Au Grand Saint-Bernard elle est de Tet8°/, moins
nébuleuse.
Le mois le plus nébuleux, relativement, est celui de
février aux deux stations. Janvier présente le même
écart au Grand Saint-Bernard. Le mois le plus clair,
relativement, est octobre à Genève et avril au Grand
Saint-Bernard.
176 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
XXXIITI Ecarts de la nébulosité.
Époque. Genève. Saint-Berna: d.
Décembre 1899 ..... —+- 0,04 +- 0,01
Janvier 900.1, 00€ -f- 0,06 + 0,09
HÉVEeT EEE RME + 0,18 + 0,09
Mars as nr Le - 0,06 —.0,09
ANNEE Meme Me — 0,01 1029
EE (US M + 0,04 — 0,06
JUIN EE GE AN EL e + 0,04 — 0,14
TRIO SR NE, — 0,01 — 0,07
ADEME A RU — 0,10 — 0,08
Septembre.......... + 0,04 — 0,17
Detobre re. à — 0,16 — 0,21
Novembre. 72-01. —+- 0,03 + 0,07
Décembre. :.0...#4. —+- 0,05 — 0,15
ENV CE ol + 0,09 —+- 0,06
ÉTIATEMPSS. LL... - 0,03 — 0,13
19 TONNES PS CESR, +- 0,05 "010
AUÉOMMNE rc 0: — 0,04 — 0,11
Année météorol..... + 0,04 — 0,07
Année civile........ +- 0,04 — 0,08
RON GENÈVE 1900
; Brouillard Brouillard Nombre
EPOQUE. tout le jour. une partie total.
de la journée.
Décembre 1899... 6 16 22
Janvier 1900...... 0 7 7
Février eee 0 6 6
Mars eee pet 0 1 1
ETUI A MN ee de 0 0 0
Mari ft .-SihE. 0 0 0
ER AIR TES Le 0 1 1
JTE a os de 0 0 0
AOU D Se ne eetecie 0 0 0
Septembre ....... 0 7 7
OELODRE er CEE 0 12 12
Novembre........ 0 12 12
Décembre ,....... 8 13 21
Année météorol... 6 62 68
Année civile...... 8 59 67
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 177
Le tableau XXXIV donne, pour Genève, le nombre
de jours de brouillard observés. On peut, d’après
Plantamour, s'attendre à 33 Jours de brouillard dont
un tiers environ pour lesquels le brouillard rêgne toute
la journée. Il y a eu moins de jours de brouillard con-
tiou en 1900 que la normale, mais un nombre très
srand de jours où le brouillard à régné une partie de la
journée. Cela contribue a expliquer la nébulosité assez
forte de cette année.
VII. DURÉE D’INSOLATION.
L’enregistreur d’insolation du système Campbell-
Stokes a fonctionné pour la quatrième année à Genève.
J'ai établi les mêmes tableaux que pour les trois an-
nées précédentes.
Le tableau XXXV permet de suivre, heure par heure,
la marche diurne de la durée d'insolation pour les
treize mois, les saisons et l’année, météorologique et
civile. Il donne, dans ses deux dernières colonnes, la
durée totale d’insolation en heures et les moyennes
diurries d’insolation pour les mêmes périodes. Il résulte
de ces chiffres que le minimum absolu et relatif d’inso-
lation tombe sur les deux mois de décembre, 1899 et
1900. Le maximum tombe sur le mois de juillet déjà
noté comme très chaud et beau. Le total général d’in-
solation de l’année (météorologique) est inférieur à
celui de l’année 1899 de 230 heures, mais supérieur
à ceux de 1897 et de 1898.
Le tableau XXXVI permet d'apprécier la différence
de la durée d’insolation entre le matin et l'après-midi.
Comme l'appareil est réglé sur le temps solaire vrai,
ARCHIVES, t. XIII — Février 1902. 13
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F
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10
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METEOROLO(
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0064 “HAYNAL) V NOILV'IOSNIO HHHNG VI HA ANUAIG AHOUVN ‘AXXX
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 179
les périodes d’insolation théoriques sont égales; les pé-
riodes réelles sont sensiblement différentes. Elles sont
représentées dans le tableau, ainsi que la différence
soir —matin, de deux facons différentes : en heures et
en pour cent du total d'heures d’insolation.
XXXVI. DURÉE D'INSOLATION AVANT ET APRÈS MIDI.
DIFFÉRENCE
MATIN SOIR Soir —Matin
. GR EEE D. 2 TT —
EPOQUuE nombre nombre nombre
d'heures Le d'heures 2 d'heures EP
Décembre 1899 8,5 41.1 42,2 158,9 + 3,7 + 17,8
Janvier 4900. 18,2 38,3 29,3 61,7 A11 + 934
Février ...... 22,8 950,0 22,8 50,0 0,0 0,0
Mc 0... 54,9 455 65.8 545 +409 LE 9,0
ANR et 2 à 93,8 50,8 90,8 49,2 — 3,0 — 1,6
MN ee: Da re A MOLOMESET DR CG 3 "6
Tan HR ON OBS LM UAONS Ed LS SULE NS
Muller see 148:5% 54,200 441,3 48,8 — 7,27 —:,92,4
ASE 0 109,6 49,8 110,6 50,2 + 1,0 + 0,4
Septembre ... 79,5 45,0 97,0 55,0 + 17,5 -+ 10,0
Oetobre.. 609,6: 414,7 97,3 58,3 + 927,7 —+ 16,6
Novembre.... 225 41,3 32,0 58,7 + 9,5 + 17,4
Décembre.... 11,6 35,7 20,9 643 + 2,3 + 928,6
Hiver... 19,5 43,5 643 56,5 -L148 L 13,0
Printemps... 2429 485 257,6 51:55 14,7 + 3,0
RÉ 370,1 49,8. 372,7 3502 26 + O4
Automne .... 171,6 LS, 226,3 956,9 + 54,7 + 13,8
Année météor. 834,1 47,5 920,9 525 EL 868 — 5,0
Année civile.. 837,2 47,4 929,6 526 + 92% + 5,2
La prédominance de l'insolation dans l’après-midi
est très caractérisée pour presque tous les mois de
l’année. Les circonstances sont cependant renversées,
faiblement, pour les mois d'avril et de juillet et égales
pour le mois de février.
Le tableau XXXVJI à été constitué, comme les an-
nées précédentes, pour faire ressortir, entre la nébulo-
180 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE :
sité et la durée d’insolation, la relation établie d’abord
par M. Billwiller ‘. Celui-ci avait trouvé que la valeur
de la nébulosité moyenne d’une période est à peu de
chose près égale au rapport entre les heures de non
insolation ({—1) et le total d'heures d’insolation théo-
riquement possible (£.)
XXXVII. COMPARAISON DE LA DURÉE DE NON-INSOLATION
A LA NÉBULOSITÉ MOYENNE. GENÈVE 41900.
Durée théorique Rapport Nébulosité
Époque d’insolation t—i moyenne Différence
ca t
Décembre 1899 270 0,92 0,87 + 0,05
Janvier 1900... 282 0,83 0,85 — 0,02
Fevrier ee 2" 291 0.84 0,85 — 0,01
MAPS. he 371 0,67 0.67 0,00
AVRIL SC Te 408 0,55 0,57 — 0,02
MES EEE 165 0,58 0,62 — 0,04
A1 SARA n71 0,51 0,58 — 0,07
Jet EE n75 0,39 0,43 — 0,04
AO 2 1 2 tee 2 437 0,50 0,57 — 0,07
Septembre..... 379 0,53 0,53 0,00
Üctobre rer 338 0,51 0,53 — (0,02
.Novembre..... 284 0,81 0,81 0,00
Décembre..... 270 0,88 0,88 0,00
Hiver ...... ANSE) 0,87 0,86 + 0,01
Printemps..... 1944 0,60 0,62 — 0,02
Bibl. 2 dl: 1383 0,46 0,53 0,07
Automne...... 997 0,60 0,62 — 0,02
Année météor. 4467 0,61 0,66 —" 0,05
Année civile... 4467 0,60 0,66 — 1,06
Les colonnes du tableau XXXVIT s'expliquent ainsi
d’elles-mêmes et reproduisent les valeurs de la nébu-
losité moyenne contenues au tableau XXXII. Il ressort,
! Voir Archives, 1889, t. XXI, p. 404.
POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 181
cette année, de la dernière colonne du tableau, que la
relation trouvée par M. Billwiller est exacte, à peu de
chose près, pour les mois d'hiver, de printemps et d’au-
tomne, mais qu’en été la concordance est moins bonne.
Très généralement d’ailleurs, l’écart est de même signe,
accusant une nébulosité plus forte que le rapport éta-
bli comme ci-dessus. Seul le mois de décembre 1899
donne un écart assez fort en sens contraire.
L’enregistreur d’insolation installé par M. Marc Mi-
cheli sur le mur de la terrasse du château du Crest, à
Jussy, n’a donné de résultats que durant quelques mois
de l’année 1900. Voici ces résultats :
Décembre 1899 20.2 Août 1900 206.7
Ï 52°
nus Fe 49 - Novembre » 45.3
Ki Décembre » 41.6
Durant les mois d'hiver l’insolation est plus forte à
Jussy qu'à Genève. Elle est plus faible en août et en
novembre.
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE
DES SCIENCES NATURELLES
Séance du S Novembre 1901.
D' G. Borel, Les blessures oculaires au point de vue médico-légal.
M. le D' Georges BorEeL. médecin-oculiste, fait une
communication sur Les blessures oculaires au point de vue
médico-légal.
L'intérêt de la médecine légale oculaire grandit tous
les jours, d’une part à cause des contestations toujours
plus fréquentes dues aux assurances ouvrières, et d'autre
part à cause des simulations intéressées des sinistrés, qui
sont arrivés à une maitrise incomparable dans ce domaine.
Les plaies oculaires étudiées au point de vue médico-
légal peuvent être divisées en plaies directes et en plaies
par contre coup et, il peut y avoir un intérêt majeur à pré-
ciser la cause de la blessure, la manière dont elle a été
produite. et avec quels instruments tranchants ou con-
tondants.
A propos d’un cas de blessure oculaire ayant vivement
surexcité le vignoble neuchâtelois et passionné médecins
et juristes, île D' Borel présente l’œil énucléé d’un individu
qui au cours d’une rixe eut l'œil crevé et présentait une
blessure linéaire traversant la cornée en ligne droite se
continuant du reste à travers la paupière inférieure.
Etait-ce un coup de pied comme le disait l’auteur de la
blessure ? était-ce une rupture de l’œil par contre-coup,
comme le voulait l'avocat de l’aggresseur et comme le
prétendait un médecin d’Hôpital et un oculiste appelé
comme expert par la défense ?
SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE, ETC. 183
Arlt, le grand ophthalmologiste viennois, a posé des
règles de médecine légale oculaire qui font jurispru-
dence; Arlt a prouvé que les ruptures oculaires par
contre-coup, affectent toujours une direction parallèle ou à
peu près parallèle au bord de la cornée ; ces ruptures se
produisent presque toujours en haut et le plus souvent en
haut et en dedans. La place où la sclérotique se rompt
coïncide assez exactement avec un cercle, affectant la
position d’équateur par rapport à l’axe qui joint le point
frappé au point diamétralement opposé.
La rupture de la cornée par contre-coup n'existe pas
sûrement dans la science ophtalmologique : la déchirure
de la selérotique est dentelée : la déchirure de l'iris qui
résulte de la compression du globe à lieu généralement à
son insertion ciliaire,
Dans le cas présenté par le D' Borel, la section du
corps ciliaire était en biseau, la coupe de la cornée était
nette, franche, traversant la cornée de part en part, cou-
pant l'iris aussi exactement que l'aurait fait un microtome ;
et cependant un oculiste, le D' Verrey. a prétendu y voir
une rupture oculaire et a revendiqué hautement ce diag-
nostic !
Les professeurs Dufour à Lausanne, Pflüger à Berne
et Eperon à Lausanne ont partagé la manière de voir du
D' Borel, sans la moindre restriction.
Le D' Borel a écrasé des yeux de différents animaux à
coups de talon et toujours, ainsi que ses préparations en
témoignent, la rupture se fait selon les règles de Arlt qui
sont encore confirmées une fois de plus par toutes ces
expériences.
Séance du 24 novembre.
R. Weber. Appareil montrant les modifications du courant alterna-
tif. — H. Schardt, L’ébouiement du glacier de Rossboden.
M. le prof. R. WEBER présente un appareil montrant
les modifications du courant alternatif. Ce travail à été
publié dans les Archives, 1901, XIE, p. 602.
184 SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE, ETC.
M. le prof. H. ScHarDT donne quelques détails complé-
mentaires sur l'éboulement du glacier de Rossboden. Un
résumé de cette communication a déjà paru dans les
Archives, 1904, XIE, p. 396.
Séance du 6 décembre
P. Godet. L'ocapi. — O. Billeter. L'œuvre de M. Berthelot.
M. le prof. P. Goper donne quelques détails sur l’ocapi,
nouvelle espèce de ruminant découverte récemment en
Afrique.
M. le prof. O. BiLLETER expose l'œuvre scientifique de
M. Berthelot, à l'occasion de la célébration du jubilé de ce
savant.
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES
Séance du 20 novembre 1901.
Galli-Valerio. Distribution des Anopheles et de la Malaria dans le
canton de Vaud. — H. Dufour. Substances radioactives.
M. le professeur GaLLi-VALERIO montre la corrélation
qui existe entre la répartition des anciens foyers de mala-
ria dans le canton de Vaud et la distribution actuelle des
Anopheles.
M. Henri Durour. professeur, fait un exposé cle l'état
actuel de nos connaissances sur les radiations invisibles
d'origines diverses et spécialement de celles produites par
les substances radioactives découvertes par M. Becquerel
et par M. et Me Curie. Il montre les actions électriques
que produisent les radiations invisibles de l'arc voltaique,
celles produites par les rayons de Rüntgen et celles dues
aux substances radioactives. Il donne ensuite les résultats
des expériences faites au laboratoire de physique avec
deux tubes contenant chacun un gramme de chlorure de
barvum et de radium d'activité 240 et un tube contenant
0 gr. 20 du même sel d'activité 1000 provenant de Ia So-
ciété des produits chimiques de Paris.
loutes les expériences ont été faites sans que les subs-
tances actives aient été exposées à l'air, elles étaient en-
fermées dans des tubes de verre scellés à la lampe. de
186 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
sorte qu'aucune particule de substance radioactive ne soit
mêlée à l’air du laboratoire.
Ces tubes produisent deux effets tout différents : 4° Un
rayonnement invisible et actinique suivant les lois géomé-
triques de la propagation du rayon lumineux, formation
d'ombres, effets de perspective, projection d'images
d'épingles plantées dans un carton comme le font les
rayons Rôntgen; ce rayonnement actinique se produit au
travers de feuilles de papier enveloppant le tube radioactif
et au travers de carton recouvrant la plaque photographi-
que. Ce rayonnement ne se réfracte ni ne se réfléchit,
mais il se transforme, comme celui des tubes de Rôntgen
à chaque passage d’un milieu dans un autre. L’aluminium
le transmet et Le diffuse très bien ; il y a dans ce corps des
radiations transformées à l’entrée et la sortie ; le plomb
absorbe fortement et transforme en même temps les radia-
tions qui le frappent. Des effets curieux, encore inexpli-
qués, ont lieu au contact de certains corps soumis aux ra-
diations et de la plaque photographique, ainsi le bord
dépoli d’un verre donne une empreinte noire, tandis que
le bord poli donne un empreinte blanche.
Les tubes contenant des substances radioactives sont
sans action sur l’électroscope, en revanche, l’air circulant
autour de ces tubes scellés agit sur la plaque photogra-
phique : cette action est semblable comme effet à celle que
produit de l’air ayant circulé sur de la tournure de zinc ou
d'aluminium, seulement, dans ce dernier cas, des vapeurs
métalliques sont probablement entrainées, tandis que l'air
qui à passé autour des tubes radioactifs ne contient aucune
vapeur.
Séance du 4 décembre.
A. Schenk. Pithécantropus erectus. — P. Jaccard. Distribution flo-
rale dans les bassin d’Avers et des Dranses. —E. Renevier. Pré-
sentation de fossiles. — M. Lugeon. Aérolithe de Palézieux. —
H. Dufour. Plaque de zinc perforée par des larves.
M. le D' A. ScHexx présente à la Société un moulage de
la calotte cranienne du Pithécanthropus erectus, en indi-
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 187
quant dans quelles circonstances l'original à été découvert
et quels sont les caractères remarquables de cette pièce
intéressante.
M. le D' Paul JaccarD. Distribution comparée de la flore
alpine dans le bassin d'Avers et dans celui des Dranses.
Après avoir mis en relief les analogies topographiques
et géologiques des deux territoires comparés etsignalé les
différences qu'ils présentent quant à l'altitude de leurs
massifs montagneux et à leur connexion vis-à-vis des
grandes vallées (Rhin et Rhône) dans lesquelles elles dé-
bouthent, l’auteur montre que ces analogies et ces diffé-
rences se traduisent d'une façon frappante dans la com-
position et la richesse relatives de la flore alpine des deux
bassins.
Dans chacun des deux territoires comparés, la distribu-
tion de la flore alpine semble essentiellement déterminée
par les conditions biologiques actuelles.
La richesse plus grande du bassin des Dranses peut se
raltacher aux trois causes prépondérantes suivantes :
1° Altitude plus grande des massifs montagneux.
2° Proximité plus grande avec les portions inférieures
chaudes du Rhône valaisan.
3° Superficie sensiblement plus grande (approximative-
ment ‘/: de plus).
Indépendamment des différences attribuables aux trois
causes ci-dessus, la parenté florale de ces deux territoires
est considérable. Le coefficient de la communauté spécifique
atteint 65 0/0. Ce chiffre peut servir d'expression numérique
à la ressemblance biologique des deux territoires compa-
rés. Les coefficients génériques (rapport du nombre des
genres à celui des espèces) permet d'évaluer la diversité
biologique relative des deux territoires, pour l’Avers ce
coefficient est de 40 ‘, pour le bassin des Dranses. de
33-36 %.
M. le prof. RENEVIER présente à la Société deux fac-
similés de céphalopodes remarquables qu'il à fait faire
pour le Musée, d’après des originaux du Musée de Berne,
188 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
et de l’Institut géologique de Berne, qui lui ont été prêtés
pour ce but par MM. de Fellenberg et Baltzer. Grâce à
l'habileté de M. Lador, ces belles pièces sont parfaitement
imitées.
Le premier est un Turrilites Bergeri, Brong, de grande
taille, présentant 5 tours contigus complets, provenant du
Vraconnien d'Appenzell; magnifique exemplaire comme on
n’en voit guère. Le second est un Heteroceras du Sénonien
de Blackhills (Dakota), à crosse dévergondante complète,
mais dont les premiers tours de spire ne sont pas visibles
de sorte qu’on ne peut dire si c’est peut-être plutôt un
Helicoceras. Le Musée de Lausanne en possède un autre
exemplaire, plus petit, du même gisement, que M. Rene-
vier fait également circuler, sur lequel les lobes sont bien
visibles et ont pu être peints. Ce qu'il y à de curieux, c'est
que l’un s’enroule à droite et l’autre à gauche. Cette diffé-
rence, et d’autres encore, font penser à M. Renevier que
ce sont deux espèces distinctes, quoiqu'elles aient été en-
voyées d'Amérique sous le même nom: Heteroceras Ste-
phensoni, Whitf.
M. le prof. Maurice LUGEON présente l’aérolithe tombé
le 30 novembre. à deux heures de l'après-midi, dans le
bois de la Chervettaz, près de Châtillens (vallée de la
Broye). Il a été ramassé encore chaud par M. Décosterd,
garde-forestier cantonal, qui a recherché avec beaucoup
de méthode ce fragment de bolide qu'il n'avait qu'entendu
tomber. Dans sa chute, l’aérolithe a brisé une branche
et meurtri deux arbres. C’est une pierre du groupe des
sporadosidères. Le poids des trois fragments s'élève à
709 grammes. Tous les débris n’ont pu être recueillis à
cause de l'abondance des feuilles mortes. Le bruit fait par
le bolide a été entendu à bien des kilomètres à la ronde.
Il est possible de suivre sa trajectoire de l’Etivaz jusqu’à
Payerne. Un mémoire détaillé sur ce premier aérolithe
vaudois paraîtra prochainement dans le Bulletin de la
Société.
M. H. Dürour présente une plaque de zinc perforée par
des larves.
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCTETE DE CHIMLÉ DEMGENEÈVE
Séance du 14 novembre 1901.
A. Pictet et E. Patry. Décomposition des méthylhydrates de phénan-
thridine et d’acridine, — H. Decker. Décomposition des hydrates
de cyclammonium. — F. Ullmann et W. R. Forgan. Synthèse de
nitrobiphényles. — E. Ackermann. La traite fractionnée de la
vache.
M. le prof. Amé PICTET communique une observation
qu'il a faite avec M. E. Parry. Lorsqu'on ajoute un alcali
en excès à la solution aqueuse de liodomethylate de phe-
nanthridine, on obtient un volumineux précipité du mé-
thylhydrate C,,H,N.CH,OH. Si l’on dirige dans le mélange
alcalin un courant de vapeurs d’eau, il passe une huile
incolore qui se solidifie bientôt en paillettes, tandis qu'il
reste dans le ballon un autre corps qui cristallise par
refroidissement en longues aiguilles blanches.
Les deux substances ont le même point de fusion : 108°.
Elles sont cependant absolument différentes. Celle qui
n’est pas volatile avec l’eau est insoluble dans les acides
et constitue la méthylphénanthridone,
C;,H,—CO
LE Hs
Celle qui passe avec les vapeurs à des propriétés basiques
et est identique avec la méthyldihydrophénanthridine.
C,H,—CH,
CéHe-N CR,
190 SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE.
obtenue par MM. Pictet et Ankersmit' en réduisant
l'iodométhylate de phénanthridine par l’étain et l'acide
chlorhydrique.
Cette décomposition du méthylhydrate de phénanthri-
dine est tout-à-fait analogue à celle qui a été observée
par M. Decker chez les dérivés quaternaires de la pyri-
dine et de la quinoléine, à cette différence près qu'ici les
produits obtenus sont cristallisés et stables et ont pu être
analysés.
Il en est exactement de même dans la série de l’acri-
dine. L'iodométhylate d’acridine (aiguilles jaunes, fusibles
à 123°), chauffé avec la soude caustique, se décompose
en deux produits. dont l’un est volatil avec l'eau et l’au-
tre ne l’est pas. Ce dernier est lain-méthylacridone ; le pre-
mier constitue la n-méthyldihydroacridine .
CH,
. CH
6 1,< ri PE
\
GEF,
4”
Ce composé, qui n'a pas encore été décrit, se dépose de
sa solution alcoolique bouillante en gros cristaux incolo-
lores. fusibles à 96°; il est, comme la dihydroacridine
elle-même, dépourvu de propriétés basiques.
M. H. Decker expose les diverses phases de la décom-
position des iodures de cyclammonium par la soude, d’après
les observations qu'il à faites sur plus de 50 dérivés de la
quinoléine, de l’isoquinoléine, de l’acridine et de la pyri-
dine. Prenant comme exemple le méthylhydrate de quino-
léine, il montre que celui-ci se transforme d’abord en
a-0ry-n-méthyldihydroquinoléine (D, corps instable qui
se décompose immédiatement en donnant d’une part un
mélange de méthylquinolone (D et de méthylhihydroqui-
! Archives (3) 24, 606.
SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE. 191
noléine (XIE), et d'autre part un mélange de #-méthory-n-
méthyl-dihydroquinoléine (KV) et de quinoléine régénérée.
LS Se H ANS
| 5 ie Ha]
: NS N ()
NAS Non A
CH CHE
I IT
LPS DA
Vers) H
a,
nu Nos se
CH, CH,
II] IV
M. F. ULLMANN rend compte de recherches faites en
collaboration avec M. W. R. ForGaN, sur une synthèse de
dérivés nitrés du biphényle. Ces corps prennent naissance,
avec un bon rendement, dans la décomposition des solu-
tions de chlorures nitrodiazoïques par le chlorure cuivreux
à basse température. Le chlorure d’o-nitrodiazobenzène
fournit, par exemple. le di-o-nitrobiphényle selon l'équa-
tion suivante :
NO, NO 7e 0:
? oi RACUCl Où 19 CuCL + 2,
Ka
Les auteurs on préparé par ce procédé : le 4,4'-dichloro-
2,2-dinitrobiphényle (p' de fus. 136), le 5,5-dichloro-
2; 2'-dinitrobiphényle (p' de fus. 170°)et le 2,2-dinitro-
4,4-ditotyle (p' de fus. 141”). Ce dernier corps est iden-
tique à un produit accessoire observé par MM. Reverdin
et Crépieux dans la préparation du chloronitrotoluène.
M. E. ACKERMANN fait une communication sur la {raite
fractionnée de la vache et sur la teneur en graisse des dif-
férentes fractions du lait.
192 SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE.
Séance du 16 janvier 1902.
A. Bach. Action de l'acide sulfurique sur le peroxyde d'hydrogène.
— F. Kehrmann. Combinaisons des orthoquinones avec les aci-
des. — F. Ullmann. Colorants dérivant de la naphtacridime. —
C. Graebe. Préparation du chlore.
M. A. Bacx relève les observations que M. Ramsay ‘
a faites dernièrement sur son travail relatif à l’existence
de polyoxydes d'hydrogène *. Ces observations reposent
manifestement sur un malentendu. M. Ramsay attribue à
l'auteur un mode opératoire que celui-ci n’a jamais suivi
et qui est même exactement le contre pied de sa méthode
d'analyse. Les conclusions de M. Ramsay, qui sont toutes
basées sur cette fausse attribution, sont donc entachées
de nullité.
M. Bach communique ensuite quelques expériences
qui montrent incontestablement que, contrairement à
l'hypothèse énoncée par M. Armstrong. l'action de l'acide
sulfurique en solution normale sur le peroxyde d’hydro-
vène, ne donne pas lieu à la formation d'acide persul-
furique. En titrant au moyen d’une solution de perman-
ganate de potasse une solution de peroxyde d'hydrogène
dans l’acide sulfurique normal ou dans l'acide acétique
normal, l’auteur a obtenu dans les deux cas des résul-
tats identiques. Dans l’action de l'acide sulfurique nor-
mal sur le peroxyde d'hydrogène, il ne se forme donc
aucune combinaison qui ne réagisse pas avec le perman-
ganate de potasse. Ce résultat a encore été confirmé par
le titrage inverse, c’est-à-dire en ajoutant la solution ini-
tiale de peroxyde d'hydrogène à une solution de perman-
ganate de potasse acidulée par l'acide sulfurique et en
mesurant l'oxygène mis en liberté.
M. F. KEHRMANN, à observé que différentes orthoqui-
nones forment des produits d’addition avec les acides
1 Journ. Chem. Society, 1901, p. 1326.
? Archives (4) 10, 5.
SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE. 193
minéraux. Laphénanthrène-quinone fournit un ritrate de
formule C,,H,0,.HN0,., en superbes aiguilles rouges, et la
chrysoquinone un sulfate diacide bleu et un sulfate mono-
acide couleur chocolat.
Si l'on considère le fait que les orthoquinones sont les
prototypes de diverses classes de colorants, ces combinai-
sons offrent un intérêt particulier. L'auteur les regarde
comme des sels renfermant un atome d'oxygène quadri-
valent.
M. F. ULLMANN a étudié une série de colorants naphta-
cridiques en collaboration avec Me M. ROSENBAND et
MM. N. Racowirza. B. MüaLHAUSER el O. GRETHER. Ces
colorants ont été obtenus par condensation de métadiami-
nes avec l’aldéhyde benzoïque et le G-naphtol, et oxyda-
tion subséquente du produit au moyen du chlorure de fer
ou du brome.
A partir de la m-toluylène-diamine, il se forme par
exemple, d’après l'équation suivante, la 2'-méthyl-3'-
amino-9-phényl-1.2- naphtacridine :
CH, UE
CHON CNELS NON TN Lee
OH
AN Cu
AN CH |: 3no
K PACE,
D’autres composés semblables ont été obtenus avec les
dérivés alcoylés et benzylés de la m-phénylène-diamine et
de la m-toluylène-diamine. Tous ces corps teignent en
Jaune ou en rouge le coton mordancé au tannin.
M. le prof. GRAEBE entretient la Société de la prépara-
tion du chlore par l’action de l'acide chlorhydrique sur les
permanganates. AE.
ARCHIVES, t. XIIL. — Février 1902, 14
BULLETIN SCIENTIFIQUE
ASTRONOMIE
JOURNAL SUISSE D'HORLOGERIE, Vingt-cinquième anniver-
saire. Numéro spécial et supplémentaire. — Genève
1904. — 96 pages. 16 planches et 12 figures dans le
texte.
Par la belle brochure que nous avons le plaisir d’an-
noncer ici, le Journal suisse d'horlogerie, après 25 années
de fructueuse activité. prouve sa vitalité et le caractère à
la fois scientifique et artistique de sa publication. Fondé
au cours de l’année 1876, le Journal suisse d'horlogerie
a pris naissance au sein de la section d’horlogerie de la
Classe d'Industrie et de Commerce, et par là même dépend
de la Société des Arts de Genève laquelle, comme le rap-
pelle le Comité directeur du journal « à constamment con-
tribué aux progrès scientifiques de l'horlogerie à Genève,
en particulier par les concours de réglage des montres
qu’elle instituait déjà en 1790 ».
Malgré la difficulté des débuts, le Journal suisse d'hor-
logerie s’est développé grâce au zèle de son Comité-direc-
teur et de son rédacteur en chef. Il à ouvert de nombreux
concours el, à côté de ses numéros mensuels, il a publié
un grand nombre d'ouvrages qui sont d’une réelle utilité
pour les horlogers.
Tout cela, le numéro spécial le rappelle d’une façon
fort instructive. Puis il contient un travail très intéres-
sant sur « l’évolution de l’horlogerie suisse durant le
XIXe siècle ». Ce mémoire, divisé en 19 paragraphes,
est illustré de nombreuses planches, dont plusieurs en
CHIMIE. 195
E
souleur qui font grand honneur soit aux éditeurs soit à la
Société anonyme des arts graphiques de Genève.
Les Archives, actuellement centenaires, sont heureuses
«de féliciter le Journal suisse d'horlogerie arrivé à une belle
maturité et lui souhaitent cordialement longue vie et con-
inuation de son activité si utile dans le domaine où il a
déjà rendu tant de services. RAC.
CHIMIE
Revue des travaux faits en Suisse.
St. vON KOSTANECKI et J. TAMBOR. SUR LA 3° OXYFLAVONE
(Berichte, t. XXXIV, p. 1690, Berne).
Les auteurs ont préparé la 3° oxyflavone
û
(OCR OOE
\ CH
CO
en chauffant avec HI la 2-méthoxy-3" éthoxy-benzoxylacé-
tophénone. préparée elle-même par condensation de l’éther
éthylique de l'acide méthylsalicylique avec la 3-éthoxyacé-
tophénone.
Cette condensation s'opère en chauffant les deux sub-
stances ci-dessus à 115° avec du sodium métallique jusqu'à
disparition de celui-ci. Le produit introduit dans HI chaud
se transforme en 3" éthoxyflavone aiguilles blanches, F.118,
tandis que chauffé plusieurs heures avec HI fort, il se
transforme en 3-oryflavone cristallisant dans’ l'alcool
étendu en prismes blancs, F. 208°. La 3'-oxyflavone est
difficilement soluble à froid dans la lessive de soude. mais
elle s’y dissout à chaud en jaune. Elle donne un sel de Na
cristallisé en aiguilles jaune päle; son dérivé acétylé est
en aiguilles blanches, F. 97°.
196 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
St. VON KOSTANECKI et J. TAMBOR. SYNTHÈSES DANS LE GROUPE
DE LA CHROMONE (Berichte, t. XXXIV, p. 1693. Berne).
Bloch, Cricelli et l’un des auteurs ont montré qu’en fai-
sant réagir l’éther éthylique de l’acide acétique en pré-
sence de Na métallique sur les éthers diéthyliques de
la résacétophénone et de la quinacétophénone, on obte-
nait des 8 dicétones que l'acide iodhydrique bouillant
transforme en dérivés de la chromone. Dans le but de
généraliser cette synthèse, les auteurs du présent mémoire
ont remplacé l’éther éthylique de l’acide acétique par celui
de l’acide propionique et ils ont obtenu sans difffculté des
dérivés de la chromone. Avec l’éther diéthylique de la
quinacétophénone, ils ont préparé la 2.5 diéthory-propiony-
lacétophénone (C?H°O), CSH$. CO. CH?. CO. C'H$, qui cris-
tallise en feuillets incolores et dont la solution alcoolique
est colorée en rouge par le perchlorure de fer. Cette dicé-
tone, chauffée pendant deux heures avec HI de D — 1.96,
se transforme par fermeture de la chaîne en 2-oxy-8 éthyl-
chromone, longues aiguilles, F. 165°, solubles dans
H°SO* conc. avec une fluorescence vert-bleu. Son dérivé
acétylé est en aiguilles blanches, F. 92-93°, son dérivé meé-
tylé en feuillets rhombiques, F. 87-88”, et son dérivé éthylé
en cristaux F. 65-66". Ce dérivé de la chromone, chauffé
pendant quelques heures en solution alcoolique avec Na
métallique, se scinde en éther éthylique de la quinacéto-
phénone et acide propionique.
Les recherches faites avec l’éther diéthylique de la résa-
cétophénone et l’éther éthylpropionique ou l’éther éthyl-
butyrique ont donné des résultats analogues.
Dans le premier cas, on a obtenu la 3-éthory-8 éthylchro-
mone et la 3-0xy-8 éthylchromone. La première de ces
combinaisons cristallise dans l’alcool étendu en aiguilles.
F. 83-84", solubles dans H?SO* conc. avec une fluorescence
bleue ; la seconde est en prismes courts F. 186°, qui se
comportent de même envers H°SO“ conc. Le dérivé acétylé
fond à 67-68°.
Dans le second cas, on a obtenu la 3 oxy-B-propylchro-
GÉOLOGIE. 197
none, qui cristallise en aiguilles épaisses et incolores,
fusibles à 148°. Le dériré acétylé cristallise dans l'alcool
étendu en feuillets blancs et fond à 64-65°. E; À
!
GÉOLOGIE
W. BuzLock CLark et G. CURTIS MARTIN. THE EOCENE
DEPOSITS OF MaryLaxn. Maryland geological Survey.
vol. [ avec 64 planches.
Les dépôts tertiaires forment dans les plaines littorales
«lu Maryland une zone orientée du S.-0. au N.-E.: ils re-
posent vers l'O. sur un complexe de formations détriti-
ques en grande partie continentales, d'âge crétacique, qui
s'appuient elles-mêmes contre les massifs cristallins du
Piedmont-Plateau. Ils se divisent normalement en deux
parties, l’Eocène et le Néogène, séparées l’une de l’autre
par une discordance et formées toutes deux par des sédi-
ments marins, essentiellement littoraux et détritiques, qui
renferment de nombreux fossiles. Etant donnée la position
presque horizontale du Néogène., celui-ci couvre presque
partout les couches plus anciennes du Tertiaire, aussi
l'Eocène qui forme plus spécialement le sujet de l'ouvrage
analysé ici, n’affleure-t-il guère que dans les coupures
créées par l'érosion, ainsi sur les deux rives de la Baie
du Chesapeake, dans l'estuaire du Potomac et dans les
vallées du Chester River. de South et Severn River, du
Patuxent, etc.
Les dépôts éocènes sont formés par des argiles et des
grès caractérisés avant tout par la proportion importante
de glauconie qu'ils renferment; ils présentent une épais-
seur de 200 à 300 pieds. L'ensemble de ces formations
désigné par M. Darton sous le nom de couches de Pamun-
key à pu être divisé en deux parties séparées par un ni-
veau argileux très constant : les couches d’Adria à la base
qui se divisent encore en deux niveaux, niveau de Piscata-
way et niveau de Paspotansa, et les couches de Nanjemoy
198 BULLETIN SCIENTIFIQUE, ETC.
qui se composent du Potapaco et le niveau de Woodstock.
Ces différentes zones présentent un facies uniforme de
grès et de marnes glauconieux ; un examen attentif per-
met cependant de les distinguer litfologiquement el sur-
tout chacune d'elles est bien caractérisée par une faune
spéciale.
Si l’on compare maintenant ces dépôts avec les forma-
tions tertiaires des bords du golfe du Mexique, l’on est
frappé tout d’abord du grand nombre des espèces qui
existent dans une des régions et qui manquent dans l’autre.
Pourtant le nombre des espèces communes est largernent
suffisant pour permettre de paralléliser avec certitude les
formations éocènes du Maryland avec le Chickasaurien de
M. Dall, en admettant comme probable que la partie tout
à fait supérieure des couches de Nanjemoy correspond au
Claibornien inférieur de M. Dall. Quant aux formations
éocènes d'Europe, il est dificile de les comparer exacte-
ment avec celles du Maryland, vu le peu d'espèces com-
munes aux deux régions et le fait que ces espèces sont
en général de formes ayant persisté pendant une longue
durée. Il parait pourtant probable que l’Eocène du Marvy-
land représente le Suessonien, le Londinien et une partie
du Parisien.
La faune abondante, récoltée dans les formations éocè-
nes, à été décrite en détail dans l'ouvrage analysé ici et
cette description, due à huit collaborateurs différents,
constitue la partie la plus importante du livre. Des Rep-
tiles, des Poissons, des Arthropodes, des Mollusques, des
Molluscoïdes, des Coelenthérés. des Echinodermes et des
Protozoaires y sont décrits et figurés successivement ;
mais, comme de juste, pour des formations de cette na-
ture, ce sont les Lamellibranches et les Gastéropodes qui
occupent la première place. Enfin les planches qui accom-
gnent et complètent les descriptions sont faites avec le:
plus grand soin. Ch. SAR.
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EXTENSION DE LA PUBLICATION MENSUELLE
DES
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
de Genève (Observatoire) et du Grand Saint-Bernard
Durant l’année 1901 la nouvelle station thermométrique et hygrométrique,
installée en octobre 1900’, au Grand Saint-Bernard à fonctionné en même
temps que l’ancienne station thermométrique qui date de 1817. A partir de
l’année 1902, celle-ci ne sert plus et les observations se font exclusivement
à la nouvelle station. En même temps que ce changement d'emplacement,
nous avons introduit un changement dans les heures d'observation qui seront
dorénavant celles du réseau météorologique suisse, soit 7 h. du matin, 1 h. et
9 h. du soir (temps local) pour tous les éléments météorologiques.
Nous nous sommes aussi décidé à imprimer, dès cette année, ces obser.
vations in extenso. Les tableaux des observations mensuelles du Grand
Saint-Bernard comprendront donc toutes les observations qui y sont faites
trois fois par jour, et non plus seulement les moyennes et leurs écarts relati-
vement aux valeurs normales. Il à fallu, de ce fait, répartir les chiffres publiés
en deux tableaux ; on y trouvera tous les documents publiés jusqu'ici et, en
outre, les données directes des observations.
Les valeurs normales diurnes d’après lesquelles sont calculés les écarts des
divers éléments sont toujours celles que Plantamour a déduites des obser-
vations faites de 1841 à 1867, à une époque où l’on observait les instruments
9 fois par jour. Nous les avons conservées telles quelles après nous être
assuré, par la comparaison des observations faites en 1901. 8 fois par jour à
L'Archives, 1900; vol, X, p. 509.
208
l’ancienne station et 3 fois à la nouvelle, que la concordance des moyennes
était satisfaisante. Elle est complète pour la pression atmosphérique et presque
complète pour la température.
Une fois que nous modifiions le mode d'impression des tableaux du Grand
Saint-Bernard, nous avons aussi modifié celui des tableaux de Genève. Les
moyennes publiées sont toujours celles des huit observations trihoraires et tout
ce qui était donné précédemment, moyennes, écarts, extrêmes, a été maintenu
intégralement. Nous y avons seulement joint les observations directes faites
à 7 h. du matin, 4 h. et 9 h. du soir, afin que la comparaison püût se faire
avec les observations du Grand Saint-Bernard et celles des autres stations
suisses.
Nous avons conservé les modifications à la publication introduites avec le
commencement de l’année 1901 et nous avons apporté quelques modifications
de détail nouvelles : C’est ainsi que, pour gagner de la place, nous avons
supprimé les tableaux des « valeurs extrêmes de la pression atmosphérique
observées au barographe ». On les retrouve dans les colonnes des minima et
des maxima barométriques. Puis, à la dernière ligne des tableaux corres-
pondant au mois, nous avons ajouté l'indication des totaux à celle des
moyennes, ce qui nous à permis de supprimer un tableau à la dernière page.
Les caractères typographiques ont été améliorés et nous avons suivi l'usage
généralement adopté maintenant, d’imprimer en caractères gras dans chaque
colonne les valeurs extrêmes. Ce sont tantôt la plus faible et la plus forte,
tantôt l’une seulement, quand c’est une colonne consacrée aux minima ou aux
maxima eux-mêmes. Nous avons ajouté quelques indications générales qui
nous ont semblé utiles. Enfin, à cause du manque de place dans les pages
consacrées à Genève, nous avons dû reporter à la suite des observations du
Grand Saint-Bernard les indications relatives aux observations qui se font
dans le réseau des stations du canton de (renève.
R. GAUTIER.
26,
21;
28,
29,
30,
31,
209
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAÏTES A
L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE
PENDANT LE MOIS DE
JANVIER 1902
très forte gelée blanche le matin.
pluie pendant toute la journée ; très fort vent le matin jusqu’à 4 h. du soir et
à 10 h. du soir.
pluie dans la nuit.
forte gelée blanche le matin; forte rosée le soir.
gelée blanche dans la nuit.
gelée blanche le matin.
forte gelée blanche le matin persistant par places pendant la journée.
très forte gelée blanche le matin et le soir; brouillard à 10 h. du matin.
très forte gelée blanche le matin : brouillard pendant tout le jour ; givre.
, brouillard pendant tout le jour: givre.
brouillard pendant tout le jour; givre.
brouillard pendant tout le jour: fort givre.
brouillard avant 7 h. du matin: le givre tombe vers midi: faible gelée blanche
le soir.
brouillard pendant tout le jour; très forte gelée blanche le matin : très forte
bise depuis 9 h. du soir.
très forte bise le matin jusqu’à 4 h. du soir.
couronne lunaire.
gelée blanche le matin; halo lunaire.
très forte gelée blanche le matin: brouillard pendant tout le jour.
brouillard le matin et le soir: forte bise à 10 h. du matin.
brouillard pendant tout le jour.
brouillard jusqu’à 10 h. du matin.
brouillard pendant tout le jour: forte gelée blanche le matin.
brouillard à 7 h. du matin.
très forte gelée blanche et léger brouillard le matin : fort vent de 1 h. à 4 h. du
soir.
, pluie la nuit jusqu’à 10 h. du matin; nouvelle neige sur les montagnes envi-
ronnantes; grésil à 4 h. du soir; très fort vent pendant tout le jour.
grésil le matin,
neige la nuit jusqu'à 10 h. du matin; hauteur : 3em.5: pluie depuis 10 h. du
matin; très fort vent de 1 h. à 4 h. du soir.
pluie dans la nuit et depuis 1 h. du soir: fort vent de 1 h. à 9 h. du soir.
pluie dans la nuit et à 4 h. du soir.
très forte bise pendant tout le jour.
très forte bise pendant tout le jour.
Hauteur totale de la neige : 3.5 en 1 jour.
ARCHIVES. t. XIIL — Février 1902. 15
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212
MOYENNES DE GENÈVE. — JANVIER 1902
Correction pour réduire la pression atmosphérique de Genève à la
pesanteur normale : + 0.02. — Cette correction n’est pas appliquée dans
les tableaux.
Pression atmosphérique : 70077
nn Rhin ein 0. 10h mm RIRE 4h.s. He. TONNES Moyenne
dre déc. 34.44 3442 34.56 35.18 3135 34.24 3163 34.80 34.58
2 » 35.55 35.52 935.67 36.30 35.56 35.42 35.91 36.18 35.76
ge » 97.05 26.72 26.53 26.70 25.94 26.10 26.35 26.36 26.47
Mois 3248 3204 3207 3253 3175 3173 3211 3225 3208
Température.
1re déc} 0.73 + 0.3 + 0.38 + 247 + 5.60 + 470 + 2.15 + 105 + 248
2e » — 9.99 — 2.69 — 2.60 — 1.55 —- 0.68 + 0.85 — 0.22 — 12% | 443
ge » E AR + 0.79 + 0.70 + 2.45 + 4.23 + 3.52 + 2.27 H 179 +107
Fraction de saturation en ‘/;.
l'e décade 90 91 93 82 73 76 87 90 85
7e » | 92 92 93 90 82 80 88 90 88
3° » 82 84 86 79 69 72 78 79 79
Mois 88 89 : 90 83 75 76 84 86 8
Dans ce mois l’air a été calme 484 fois sur 1000.
NNE 70
Le rapport des vents SW — 5 — 1:18.
La direction de la résultante de tous les vents observés est N, 41°.6 W.
Son intensité est égale à 4.3 sur 100.
Moyennes des 3 observations Valeurs normales du mois pour les
(2, 1», 9) éléments météorologiques, d’après
. 1 . mm Plantamour :
Pression atmosphérique... ..... 132.0 mm
Nébulosité 27 2e EC ANN Re 1.4 Press. atmosphér.. (1836-1875). 127.37
SEM 1.27 Nébulosité. ....... (1847-1875). 7.9
Eh Hauteur de pluie.. (1826-1875). 45%%.7
CASRe XP Lle.l4 Nombre de jours de pluie. (1d.). 10
4 2. Température moyenne ... (id.). —0°.08
Fraction de saturation, ........ 83% Fraction de saturat. (1849-1875). S6 %
Température
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
GRAND SAINT-BERNARD
JANVIER 1902
Le 2, neige dans l'après-midi.
3, forte bise et neige à 7 h. du matin.
Du 7 au 13, grande sécheresse de l'air ; les deux hygromètres indiquent séro pour la
fraction de saturation les 8 et 9, à 1 h. du soir.
Le 16, forte bise pendant tout le jour.
25, brouillard le matin: neige dans l'après-midi.
26, brouillard pendant tout le jour.
27, brouillard le matin et le soir : neige.
28, neige à 9 h. du soir.
29, neige à 7 h. du matin.
30, brouillard à 7 h. du matin.
31, neige pendant tout le jour.
Correction pour réduire la pression atmosphérique du Grand Saint-
Bernard à la pesanteur normale : — ()7n.29, — Cette correction n'est pas
appliquée dans les tableaux.
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216
MOYENNES DU GRAND SAINT-BERNARO. — JANVIER 1902
Pression atmosphérique : 500" +- Fraction de saturation en (/,.
7 h. m. 1 h.s. CAEN Moyenne 7h.m. hs "9h:s- Moyentie
1e décade 68.81 68.93 69.07 68.94 12. - 42 30 NES
2e » 67.72 67.64 67.83 67 73 D) 34 18 LA
3e » 60.25 59.92 60.58 60.27 715) 77 85 78
Mois 65.42 6 32 65.66 65.47 53 d0 58 D4
Température.
Moyenne,
7 h. m. 1h.s. 9 h. s. Rte IR Che LÉ Do »
8 4
lre décade — 3.07 — 1.71 — 3.69 — 3.02 — 3.19
2e » — 7.43 — 4.97 — 6.31 — 6 00 — 6.08
3e » — 8.39 — 6.45 — 6.74 — 7.86 — 8.08
Mois — (6.56 — 1.92 — (6.33 — 5.70 — 5.86
Dans ce mois l'air a été calme ( fois sur 1000.
L ee 3-00
Le rapport des vents SW — 2%. — 300:
La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E.
Son intensité est égale à 55.9 sur 100.
Observations météorologiques faites dans le canton de Genève
Résultats des observations pluviométriques
= < :
; | :
Mation | CRLIGNY | COLLEX CHAMBENY | CHATÉLAINE | SATIGNY ATHENA/ COMPENIERES
| | |
rames | cms | nes
|
EEE Ds a RAR TEE 80.3 | 67.5 | 103.0 | 71.0 | 64.0
en mm.
|
Station VEYRIER OBSRRYATOIRE | COLOGNY | PUPLINGE JUSSY | HERMANCE
Deere — (ie moe amsn eee ne —
| | |
ï | | | à
Hauteur d'eau k0.4 53.9 | 59.4 | 99.8 34.5 81.0
en mm. | |
Durée totale de l'insolation à Jussy : 50h.4
INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE
SUR LA
DINPERMON DEN RADIATIONN CLTRA-VIOLETTEN
DAXS LE
Sel Gemme, la Fluorine, le Quartz et la Calcite
PAR
F.-J. MICHELI
(Avec pl. I.)
1. INTRODUCTION
S 1. L'influence qu'exerce la température sur les
indices de réfraction des corps solides transparents à
fait, pour la partie visible du spectre, l’objet de nom-
breux travaux ; elle n’avait au contraire pas encore été
étudiée jusqu'ici pour l’ultra-violet. Le présent travail
contient le résultat de cette étude faite, pour cette der-
nière région spectrale, sur des prismes de sel gemme,
de fluorine, de quartz et de calcite, grâce à une nou-
velle méthode photographique due à M. Martens. Il
contient également l'application de la méthode employée
à la partie visible du spectre, ainsi que la comparaison
des résultats obtenus pour la lumière jaune du sodium
avec ceux de précédents observateurs.
1 Voir F.-F. Martens, Ann. der Phys., 1901, 6, p. 603-640,
ARCHIVES. t. XIII — Mars 1902. 16
218 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
II. APPAREILS ET MÉTHODES
S 2. Toutes les expériences ont été faites avec un
spectromètre' construit par MM. Schmidt et Haensch à
Berlin, permettant des lectures à 10” prés, et dont la
lunette est remplacée par une chambre photographique.
Les objectifs, qui ont 30 cm. de distance focale, ont
été construits pour l’Institut de physique de Berlin par
la maison C. Zeiss, à Iéna, et se composent d’une len-
tille convergente en spathfluor, et d’une lentille diver-
gente en quartz. La position de l’objectif de la chambre
photographique est fixe, tandis que l’on peut, au moyen
d’un tirage, faire varier celle de l'objectif du collima-
»
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES, 219
teur, et l’estimer à ‘/,, de mm. prés. Le châssis qui
porte la plaque (3 X 4 cm.) entre dans une glissière,
qu'on peut, au moyen d’une vis, faire mouvoir de haut
en bas, ce qui permet de photographier sur une même
plaque plusieurs spectres les uns au-dessous des au-
tres (fig. 4).
S 3. L’étuve dont je me suis servi, et dont la cons-
truction est nouvelle, a été exécutée par la maison
Schmidt et Hænsch, à Berlin. La fig. 3, p. 226, en donne
une coupe horizontale par le plan QPQ, la fig. ? une
Fig. 2.
coupe verticale par l’axe central. Le prisme P que l’on
étudie est cimenté avec du plâtre sur une petite plate-
forme ronde, portée par trois vis de réglage, et par
une rotation convenable du cône K, on peut facilement
l’amener dans la position du minimum de la déviation.
Les rayons lumineux ou ultra-violets traversent les
220 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
deux plaques de quartz plan-parallèles QQ et le
prisme P. Ces deux plaques de quartz, taillées perpen-
diculairement à l’axe, ne sont pas parallèles entre elles,
comme, pour plus de clarté, on l’a dessiné sur la fig. 2,
mais elles forment un angle A de 36 44’ (fig. 3). Les
deux tubes, fermés par les plaques de quartz, ainsi
que l’espace vide central où viennent se placer le cône
K et le prisme, sont entourés de toutes parts d’un
second espace dont ils sont séparés cependant d’une
facon absolument étanche. La température de ce
second espace peut être maintenue absolument cons-
tante, soit qu’on le remplisse d’eau froide, soit qu'on
y fasse circuler de la vapeur d’eau. Au bout de quel-
ques heures, la température du prisme sera constante
également; on la mesure au moyen de deux thermo-
mètres qui plongent dans l’espace où se trouve le
prisme en traversant le cône K. Les parois extérieures
de l’étuve sont entourées d'amiante, et l’étuve toute
entière peut se visser sur la plate-forme du spectromètre.
_$ 4. On commence par régler l’étuve avec une lame
plan-paralléle de façon à ce que l’axe de rotation du
cône K soit parallèle à l’axe de rotation du spectromètre,
et perpendiculaire à l’axe de la lunette. On place ensuite
l’étuve dans une position telle que les rayons venant du
collimateur tombent à peu près perpendiculairement sur
la première lame de quartz Q (fig. 3). Enfin, par une
rotation du cône K, l’on règle la position du prisme de
facon à ce qu’elle soit celle du minimum de la dévia-
tion pour ceux des rayons qni donnent sur le milieu de
la plaque une image de la fente du collimateur. Pour
faciliter ce réglage, l’on a tendu en travers du milieu
de l'ouverture de la chambre photographique un fil de
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 221
cocon que lon peut viser au moyen d’une loupe (fig. 1).
Pour la partie visible du spectre, l'opération ne présente
aucune difficulté. Pour effectuer également ce réglage
dans l’ultra-violet, on a procédé de la manière sui-
vante :
Les indices de réfraction des substances dont sont
formés les prismes que l’on à étudiés étant connus, à
température ordinaire, pour toutes les raies spectrales
importantes, l’on veut, par exemple, que le prisme
soit placé dans une position telle que la raie spectrale
dont la longueur d’onde est 231 4 subisse le minimum
de la déviation. Les valeurs des indices permettent de
calculer que l'angle de déviation minimum est de 50
pour la raie 508 uu du cadmium, tandis qu'il est de
60° pour la raie 231 y du cadmium. Si la position du
prisme est telle que la raie 231 yu soit au minimum de
la déviation, la raie 508 yy, comme on le trouve par
quelques calculs très simples, sera déviée de 50° 15.
On placera done premièrement le prisme et la chambre
photographique dans des positions telles que la raie
508 yy soit au minimum, et tombe sur le milieu de là
plaque. On fera tourner ensuite la chambre photogra-
phique de 45’, puis le prisme, jusqu’à ce que la raie
508 coïncide de nouveau avec le fil de cocon. Enfin on
fera tourner encore la chambre noire de 9° 45° : dans
ces positions respectives du prisme et de la chambre, la
raie 231 pu subit le minimum de la déviation et tombe
sur le milieu de la plaque photographique.
$ 5. Cette mise au point une fois exécuée, l’on n'y
change absolument rien pendant toute la durée d’une
expérience, c’est-à-dire pendant que l’on photographie
à travers le prisme la même région spectrale successi-
vement à la température {, et à la température f..
229 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
Afin d’avoir une température {, constante, on remplit
d’eau à température ambiante l’espace compris entre
les doubles parois de l’étuve (fig. 2). Après un certain
temps lPon prend comme température {, la moyenne
de celle qui est indiquée par les deux thermomètres au
dixième de degré qui plongent dans l’étuve. L’on fait
alors jaillir pendant un instant l’étincelle d’induction
entre deux pointes F (fig. 3) de cadmium ou de tout
autre métal et l’on photographie ainsi sur la plaque un
spectre projeté par le prisme froid (température £,).
L’on fait alors circuler de la vapeur d’eau pendant
quatre heures consécutives dans l’étuve. La déviation
due au prisme est la même, que la vapeur d’eau ait
circulé pendant deux heures ou six heures. Aprés
quatre heures, l’on peut donc bien admettre que la
température du prisme est la température {, indiquée
par les thermomètres. L’on fait jaillir pour la seconde
lois l’étincelle d’induction, et l’on photographie sur la
plaque un spectre projeté par le prisme chaud (tem-
pérature £,).
En développant la plaque, l’on trouve deux spectres
quelque peu déplacés l’un par rapport à Pautre, puis-
que les indices des prismes ne sont pas les mêmes à
100° qu’à la température de la chambre. Afin de pou-
voir reconnaître facilement laquelle des deux images
d’une même raie appartient au spectre projeté par le
prisme froid et laquelle appartient au spectre projeté par
le prisme chaud, Pon avait, entre les deux photogra-
phies, fait varier la hauteur de la fente du collimateur.
Les raies les plus courtes (0,5 mm.) ont été photogra-
phiées à la température £,, les raies longues (1 mm.}
l’ont été à la température £{,. La planche I donne huit
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 223
reproductions de ces spectres doubles avec des raies
courtes et des raies longues (grossissement 3 fois).
S 6. Cette méthode photographique présente sur
toutes les méthodes subjectives employées pour déter-
miner les variations des indices de réfraction avec la
température comme avantage principal celui d’être
applicable telle quelle aux radiations ultra-violettes.
D'après la marche d’une expérience, l’on se rend
facilement compte que toutes les raies courtes photo-
graphiées sur une même plaque correspondent exacte-
ment à la même température £, du prisme, toutes les
raies longues exactement à la même température £,. En
supposant même qu'il y ait une petite erreur dans
l'estimation de £, et de £,, et par conséquent de £,-4,,
l’on peut dire cependant qu'il est possible de déter-
miner d’une facon absolument certaine la variation du
déplacement A! des raies spectrales avec la longueur
d'onde. Les méthodes subjectives au contraire, qui
exigent avec la lunette un pointage successif de chaque
raie, ne permettent cette dernière détermination que si
les températures £, et {, se maintiennent absolument
constantes.
Il est facile enfin de mesurer à la machine à diviser
la petite distance Al comprise entre une raie courte et
une raie longue avec une approximation équivalant à 1”
d’are environ; les méthodes subjectives ne permettent
une approximation semblable que lorsque l’on dispose
d’un spectromètre de la plus haute précision et que l’on
a devant soi un temps considérable.
Ce sont ces différents avantages qui m'ont engagé à
appliquer également la méthode photographique à la
partie visible du spectre.
294 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
S 7. Pour calculer les variations An des indices de
réfraction, l’on commence par pointer à la machine à
diviser toutes les raies qui se trouvent sur un même
cliché. Soient à, et x, les longueurs d'onde de deux
raies dont les distances comptées à partir de la raie qui
sur ce cliché a la plus grande longueur d’onde ,, sont
l, et !,. Soient de plus n,, n,,n, les indices du prisme
pour À,, À,, À, à la température £. Les valeurs des
indices qui ont servi aux calculs, sont celles détermi-
nées par M. Martens.
Si l’angle © du prisme était petit, les radiations 2
À,, À, seraient déviées respectivement de
do — (ny—1 )e
dy = (ny —1 Je
dy — (ny— 1).
0?
Si de plus $S désigne la distance qui sépare le cliché
du second point nodal de l’objectif de la chambre pho-
tographique, l’on aurait :
l, <= (d1—0o)S
ls = (dr —d)S ;
d’où par Conséquent :
hi
m=n +,
Se
le
M2 — No =} TT.
De
Les prismes dont on s’est servi n’ont cependant pas
un angle assez petit pour que l’on puisse confondre arc,
sinus et tangente ; on ne pourra donc pas calculer rigou-
reusement les indices », et n, en se servant de la rela-
tion ci-dessus. Il est cependant très probable que cette
relation donne pour n, et n, des valeurs exactes, lors-
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 225
qu'on y ajoute un terme du second degré et que l’on
écrit par conséquent :
(4) mn = + ah + bl
nm = 0 + al, + bE
En calculant & et b au moyen de n,, n,, n, que l’on
connait grâce aux travaux de M. Sarasin et de M. Mar-
tens, et de L, et !, que l’on mesure à la machine à divi-
ser, l’on aura pour une raie dont l'indice n est inconnu,
et dont la distance à partir de 2, est L:
n = M0 + al + bl,.
Les valeurs des indices calculées avec cette formule
concordent exactement avec celles que M. Martens à
calculées au moyen de la formule analytique rigou-
reuse.
La loi, suivant laquelle les indices de réfraction crois-
sent d’un bout a l’autre du cliché étant connue, il est
facile de calculer la variation dn de l'indice qui corres-
pond au déplacement A! de la raie longue par rapport
à la raie courte. On aura en effet simplement :
dn — aAl + 2bIAI:
et la variation de l’indice par degré centigrade d’élé-
vation de température sera :
| aA + 2bIAI
(2) An — RER
lt,
Cette variation a lieu lorsque le prisme a la tempé-
rature moyenne :
h +,
nn
Ed
(3 ) Em —=
S 8. Pour connaître le vrai déplacement A! d'une
raie, il faut corriger quelque peu le déplacement d/
2926 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
mesuré avec la machine à diviser. Celle des lames de
quartz Q de l’étuve qui est tournée du côté du colli-
mateur, est dans une position telle que les rayons qui
arrivent de ce dernier la traversent normalement ; elle
ne leur fera donc en aucun cas subir de déviation.
Après avoir pénétré dans lPétuve, les rayons seront
déviés, par leur passage au travers du prisme d’un angle
), puis ils tomberont sur la seconde lame de quartz Q'
sous un angle d'incidence à égal à A-3 (fig. 3).
Fig. 3.
Si? désigne l’angle sous lequel les rayons sortent
de cette seconde lame de quartz, l’on aura à — 1, lors-
que la température de l’air est la même des deux côtés
de la lame. Mais si l’air qui est enfermé dans l’étuve
est à la température £, et si son indice de réfraction est
u,, tandis que l'air extérieur est à la température 4, et a
u, Comme indice, l’on n'aura plus
°/
V =, mais pd — ut,
et les rayons, par leur passage à travers Q" sont déviés
d’un angle
Ha Ho
= TE —
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 227
u.-1 étant petit, l'on peut au dénominateur poser u,=1,
et l’on aura pour la correction cherchée (voir fig. 3) :
(4) AE (up) (A—5)S.
Cette correction sera suivant les cas à ajouter ou à
retrancher au déplacement dl mesuré à la machine à
diviser; on connaîtra alors le vrai déplacement AJ qui
servira d’après (2) à calculer la variation An de l’in-
dice de réfraction.
La méthode employée pour déterminer S est celle
qu'a donnée M. Martens. Nous verrons dans le para-
graphe suivant comment l’on détermine 2,-u,.
S 9. D’après ce que nous venons d'exposer, l’on
voit que la variation An de l'indice de réfraction, mesu-
rée comme nous l’avons indiqué a lieu lorsque le prisme
et l’air ambiant ont la même température. Il est utile
de connaître An lorsqu'il S’agit, par exemple, de com-
parer des indices de réfraction déterminés par différents
observateurs à des températures différentes, ou encore
lorsqu'on veut calculer la distance focale d’un objectif,
pour différentes températures.
L'on désigne An comme « variation de l’indice
relatif », ou comme « variation de lindice dans Pair
chaud ».
Cependant, au point de vue de la théorie de la dis-
persion, il est moins important de connaître An que la
variation AN de l'indice de réfraction absolu N; cette
variation AN ne dépend en aucune façon des variations
que subit l'indice de l'air, et est une propriété exclusive
de la substance dont le prisme est formé.
L'indice absolu de la substance, mesuré par rapport
au vide, a, pour les températures £, et 4, les valeurs :
N=un, N, = un,
228 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
en désignant par n,, n, l'indice relatif de la substance
aux températures {, et {,. L'on aura par conséquent :
ANS N,—N, Half
| bb lb —û
2
ce qu'on peut écrire :
(be pu)
i
AN =, LG) + n,
ee
7 Lt,
re 2 .
Dans cette formule, prenpe est pas autre chose
LUI
que la variation An de l'indice relatif; il n’est guère
possible de la déterminer avec une approximation su-
périeure à 2 ou 3 dixièmes pour cent; comme, de plus,
u, à approximativement la valeur 1,0003, l’on peut
écrire sans erreur appréciable :
ns = WoW
(5) AN ann, at
L— 1
La variation de l'indice de réfraction du prisme lors-
qu'il se trouve dans l'air froid, aura — en considérant
que l’on peut poser », — 1 — la valeur suivante :
N, N AN k
— — Res — AN.
U Ur Us
L'on voit, par cette considération, que les deux défi-
nitions de AN comme « variation de l’indice par rap-
port au vide » ou « par rapport à l’air froid » condui-
sent à des valeurs qui, en pratique, sont égales.
Pour calculer le terme u,-1,, qui se trouve en fac-
teur dans les formules (4) et (5), l’on procède de la
manière suivante : Soit x, l’indice de réfraction de l'air
à 0 et sous une pression de 760 mm., pour la lon-
gueur d'onde ? pour laquelle on veut déterminer AN ;
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 229
soit de plus d, la densité de l’air dans les mêmes con-
ditions ; la constance du pouvoir réfringent, applicable
au cas des gaz nous donnera la relation :
Han QE rULU re à
d [fn
1 d 0
c’est-à-dire :
d,
ts (te 1) an
Mais l’on a, en désignant par h la pression baromé-
trique, que l’on peut pratiquement regarder comme
constante pendant toute la durée d’une expérience, la
relation :
d, h 1
dy 160 (+ at,)
ce qui donne pour , l’expression :
h [
A — À ‘4 — 0 ———— |,
be Æ Go) 66 1 + at:
et d’une manière analogue pour 2, :
| h I
Ua = 1 + (Qt D) 760 r, 1 _u al, Ê
on tire de ces deux dernières relations :
be — db = (gd) ——— 2 ——— — — —-
SRE Po 760 M Lat)A La)
Comme il suffit de connaître u,-u, avec une approxi-
mation de deux ou trois pour cent, l’on peut, dans
cette expression, négliger au dénominateur le terme
2°1,t, par rapport à 1 {sa valeur n’est en effet que de
0,024) et écrire en tenant compte de (3):
on Us h %
(6) - — Ay, — — (y, —1{ == QE F5 45 4
15 LEE _ bo—1) 760 (4 + 2afm)
230 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
Pour toutes les longueurs d’onde de la partie visible
du spectre, l’on peut poser sans erreur appréciable
2 —= 1,000294, et l’on peut faire usage de la tabelle
donnant A4 en fonction de h et de { calculée par
M. Reed’. Cette approximation n'étant plus suffisante
pour l’ultraviolet, il a fallu calculer y, pour chacune
des longueurs d’onde pour lesquelles l’on avait effectué
des mesures, et cela par la formule de dispersion de
l'air due à MM. Kayser et Runge* :
(1) 10(u— 1) = 2878,7 + 13,16 À? + 0,316 À 4.
Pour calculer AN, l’on appliquera successivement
les formules (1), (3), (7), (6), (4), (2). (5).
$ 10. Pour photographier la région ultra-violette et
la région bleue du spectre, J'ai employé des plaques
dites « Kupferdruckplatten » et fabriquées par la mai-
son Gebhardt, à Berlin. Ces plaques, comme d’ailleurs
toutes les plaques sèches ordinaires, sont presque com-
plètement insensibles pour le rouge et le Jaune. J'ai
cependant pu photographier ces deux dernières régions
spectrales grâce à l’obligeance de M. le Prof. A. Miethe
à Charlottenbourg, qui m’a remis quelques-unes des
plaques sensibilisées pour le rouge, qu’il prépare lui-
même. Je tiens à lui en exprimer ici toute ma recon-
naissance.
$S 11. Les différentes raies spectrales pour lesquelles
l’on à mesuré les variations des indices An et AN, sont
réunies dans le tableau suivant. Les métaux employés
comme pôles de l’étincelle d’induction sont principale-
ment le cadmium, puis le zine, l’or et l'aluminium.
! J.-0. Reed, Wied Ann., 1898, 65, p. 705.
? H. Kayser et C. Runge, Wied. Ann., 1893, 50, p. 311.
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 231
Pour photographier la raie jaune du sodium, lon a
simplement éclairé la fente du collimateur pendant dix
minutes environ avec un bec Bunsen et du sel marin.
TABLEAU I
L AIR u | } en uu. | x en mu.
No Elé t = 76 | par rapport par rapport
Vo 107{ 2 — 1) KE à La | au <a
1 Al 3287,6 185,409 185.470
2 AMIS 28 0.2 186.220 186.281
3 Al 3219.0 193,529 193,591
4 Au | 3187,9 197,76 197,82
fs Al | 3179.92 198.990 199,053
6 Au 3171.,8 200.09 200,15
7 Zn. | 31959,7 202.544 202,608
8 AUS | 3143.90 204.470 204.534
9 Zn | "0F31334 206.197 206.261
10 Au | 3124,3 208.216 208,281
11 Zn . 3114,2 210,012 210.077
12 Au 3105,4 211,078 211,143
13 Cd 3087.17 214,45 214,52
14 Cd 3063.3 219.46 219,54
LCA 3043.1 224,00 224,07
16 Cd 3032,2 226.51 226,58
17 Cd 3023,4 228.81 228.88
18 Cd 3013,9 231,29 231.36
19 Cd 2934, 257,317 257,392
20 Gura! 2895,7 274.871 274,951
2 Cd | 2872.92 288,11 288,19
29 | Cd 28584 298,11 298.20
23 | Cd 2837.3 313.3 313,4
Eh. Cd 2823.8 325,5 325.6
25 Cd 2809,6 340,358 340,454
LC. 021: 27935 361.19 361,29
21 | Cd | 27525 441,587 &AA,71
28 | Cd 27440 | 467,83 467,96
29 | Cd 2740.6 480.005 | 480,14
30 Cd 2733,6 508.60 508,74
91 Na) 21749.6 989,315 989,479
32 | Cd | 2713.1 | 643.87 644.04
Le tableau contient aussi les indices de l’air pour ces
232 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
mêmes longueurs d’onde, calculées d’après la formule
(T ) et ramenés à la température de 20°. La formule
(7) a également servi pour calculer les indices de l'air
entre 231 uy et 185 pu, quoique les mesures de
MM. Kayser et Runge s’arrêtant à À = 236 pu, l’exac-
titude de leur formule n’ait pas été contrôlée pour des
longueurs d’onde plus petites. |
III. RÉSULTATS
S 12. Pour chacune des substances dont nous allons
parler, il a été fait en général deux épreuves de la
même région spectrale : Sur une première plaque on
photographiait un premier spectre, le prisme ayant la
température {, (raies courtes) puis on chauffait et l’on
photographiait une seconde fois lorsque le prisme avait
atteint la température f, (raies longues). On changeait
alors la plaque et l’on photographiait d’abord à {, puis
à t, lorsque le prisme s'était refroidi.
De plus, la dispersion des prismes employés étant
trop grande pour que l’on puisse photographier sur une
même plaque depuis le rouge jusqu'à l’extrême ultra-
violet, il a fallu faire plusieurs plaques consécutives
pour avoir le spectre complet, en tournant successive-
ment la chambre noire de 4° à 5° chaque fois.
$S 13. Sel Gemme. Les faces du prisme ont été polies
plusieurs fois pendant le cours des expériences par
Schmidt et Hænsch à Berlin. Angle moyen ç — 3933.
Dimensions des faces : 38 mm. de hauteur sur 20 de
largeur. Clichés n° 16, 40, 42, 44, 45, 46. Fig. 3 de
la planche.
Le tableau 2 contient les données complètes des
résultats obtenus sur le sel gemme. Les longueurs { qui
ont servi à calculer les coefficients & et b de la for-
»
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 233
mule (1) sont imprimés en chiffres gras. Les AI dési-
gnent les déplacements de la raie longue par rapport à
la raie courte corrigés d’après la formule (4).
TABLEAU Il. —— SEL GEMME.
D AT | :
An AN
| en MM, en MN.
— | _
E | -
ES 202,22.074 — 0.593/+ 3.134 L 2.987
"40 206[18.060/L 0.418|+ 2.229 2.085
=
1
210114.383|—+ 0.292|+ 1.57 se 1.4
ae 21( .383 + 0.29: .910 .428
O6 orties D17|:. 0-81| 1 0.712
b = —0,0000044885 |219| 6.948|— 0.046/L 0.251 + 0.113
to—ts = 75,1° 224, 4.031, — 0.030} — 0.165 — 0.302
tm — 62,29 1226| 2.551|— 0.065|— 0.359/— 0.493
* KE on 228| 1.287|— 0.103|— 0.570 — 0.704
Do bSEum: 21 to ME 0139 0 01 904
| |
Cliché N° 42 1219/22.041 + 0.042 + 0.219 + 0.081
1224119.064 — 0.039; — 0.208/— 0.345
a = 0,0041831 226/17.545|— 0.077|— 0.404|— 0.538
b — — 0,0000040731 |228116.254|— 0.119, — 0.626|— 0.760
LE — 16.9° 231/14.921 — 0.141 — 0.743, — 0.876
NU ST Et 251| 4.599|— 0.356|— 1.919|— 2.045
tm = 61,9° 214] © |— 0.430|— 2.340|— 2.463
h = 361,5 mm. | |
| | | |
I
2517121457 — 0.363|— 2.010 — 2.136
Cliché N° 46 274\16.843 | — 0.436|— 2.450 2.573
288|14.131|— 0.464|— 2.602|— 2.724
a — 0,0042949 298112.403|— 0.489|— 2.750|— 2.870
b — —0,0000035823 |313/10.172/— 0.507|— 2.862 — 2.981
.LENEPET 325] 8.738 — 0.539|— 3.050|— 3.168
NE 340| 7.115|— 0.541|— 3.070|— 3.186
tn = 61,2 361! 5.328|— 0.562|— 3.201|— 3.316
k = 751 mm. 441| 0.916|— 0.599|— 3.435|— 3.547
467| © |— Sat 3.446|— 3.548
|
Cliché N° 16 |257|21.753|— 0.381|— 2 008|— 2.135
|274/27.064— 0.449|— 2.397|— 2.521
a — 0,0042569 1298|12.563|— 0.502|— 2.705|— 2.826
b — ——0,0000044753 1325! 8.830 — 0.538|— 2.923 — 3.042
Ut = 76,9° 1340) 7.208) — 0.561|— 3.059/— 3.176
ie (361| 5.387|— 0.578|—.3.163|-— 3.278
tm — 61,59 441| 0.9271— 0.621|— 3.431|— 3.544
hk — 767 mm. 467, © |— 0.626 — 3.465|— 3.578
ARCHIVES, t. SIL — Mars 1902. 17
TABLEAU II (Suite)
INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
|
| A! 2 An | AN
en nm. | N M. |
Cliché Miethe N° 44 |340 9.830. AU 552|— 3.091 — 3.207
361| 8.027, — 0.575 — 3.229, — 3.345
a = 0,0042935 l441| 8. 590/— 0.605|— 3. 430! — 3.942
b — — 0,0000023655 1467 no) — {|}: CR De 460! =):
Re 480) 2.206|— 0.612|— 3.467|— 3.578
Fe 508| 1.538|— 0.622|— 3.521] — 3.682
tm — 02,1° 589) © |— 0.631|— 3.622|— 3.733
h = 158 mm. | | |
RARE RE ES LA 2 D > D SE EE € AD 0 ER EE
Cliché Miethe N° 45 | 310/10.542,— 0.556 — 3.051 — 3.167
3611 82739 = 10,578 13 .182?) 19: LOU
a —= 0,0043002 441| 4.801 — 0.611 — 3. 405|— 3.517
b — 0,0000035251 467) 3.379|— 0.617) — 3. .444|— 3.556
Re se |480| 3.009 — 0.621.— 3.469/-- 3:580
RL es 1508| 2.245 — 0.628 — 3.513 — 3.624
tm = 61,7° 1643] © |— 0.651 — 3.636|— 3747
A==WoSamr | |
Les variations de l’indice relatif An, et celles de
l'indice absolu AN sont exprimées en unités de la cin-
quième décimale. Le tableau 3 donne les valeurs
moyennes des variations pour le sel gemme.
TABLEAU III — SEL GEMME (, — 61,8
À | An | AN À An AN
| |
| CAT |
202 | HE 3.134 | + 2.987 À 298 | — 2.727 | — 2.848
206 2.229 | Æ 2.085:1 313 | — 2.862 | — 2.98]
210 | 1.570 | + 1.428 À 325 | — 2.987 | — 3,105
214 | + 0.851 | + 0.712 À 340 | — 3.068 | —3.184
219 | H 0.235 | + 0.097 | 361 | — 3.194 | — 3 309
294 | — IEEE = = ==:
A 0 à 0 AAA Sd ee
226 | — 0.382 — 0.516 re oUAE BTRE A
| RE + 467 — 3.454 0,506
2200 0.598 | — 0.732 480 3.468 3 Len
5 | Sn fast A ‘ Û — d. rre- O1
231 | — 0.757 | — 0.890 [ -e ar UN ee
AE #4 72 | 508 | — 3.517 3.628
291 | — 1.979 —_12"105 589 254000 LE SE
274 | — 2.396 | — 2.498 un | __ 3 636 | 32%
288 | — 2.602 | — 2.724 | LA que
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 239
Dans la fig. 4, l’on a porté en ordonnées les valeurs
des variations absolues AN et en abscisses les longueurs
d'onde }, pour toutes les substances étudiées. La ma-
nière dont se comporte le sel gemme est la plus inté-
ressante : cette substance en effet présente pour la lon-
gueur d'onde la plus petite qu’on ait pu étudier, une
variation positive de l'indice de réfraction, qui, en va-
leur absolue, est presque aussi grande que la variation
RER
PRE |
| SE Reel
236 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
négative des indices des régions rouge et jaune du
spectre.
M. Martens à pu photographier à travers le même
prisme de sel gemme Îles raies 185 et 186 uy de l’alu-
minium. La forme de la courbe de la fig. 4 fait suppo-
ser que la variation AN aurait atteint pour ces deux der-
nières raies une valeur égale à + 15 unités de la cin-
quième décimale environ. Je n’ai malheureusement pas
réussi à photographier plus loin que 202 #2", bien que
M. Schumann ait eu la grande obligeance de m’envover
deux des plaques qu'il prépare lui-même, et dont la
sensibilité est très grande pour les radiations les plus
réfrangibles de Pultra-violet”. Je ne tiens pas moins à
adresser ici tous mes remerciements à M. Schumann.
Le tableau 4 contient les données des différents ob-
servateurs pour la lumière jaune du sodium.
TABLEAU IV.
AN pour le sel gemme et la raie du sodium.
Burns | STEFAN * | LAGERBORG ° | PuLrRIca f Micueut
| Îm — D6, 5° Im = 60° lm = 58,8° lm = 61,8°
a | se) | — 3.93 | — 3.139 | — 3,133
? Cet échec est dû probablement au fait que, vu la petitesse de
l’espace destiné au prisme dans l’étuve, il n’a pas été possible de
placer ce dernier dans une position telle que ce soit arrête seule
qui réfracte les rayons incidents, car le sel gemme absorbe con-
sidérablement les radiations ultra-violettes les plus réfrangibles
en question.
? V. Schumann. Ann. der Phys., 1901, 5. p. 349.
# J. Baille. Ann. du Conserv. des À. et M., 1867, 7. p. 275.
4 J. Stefan. Wien. Ber. (II), 1871, 63, p. 239.
® N. Lagerborg. Bih. till. Sv. Vet. Akad. Handl.. 1887, 13.
5 G. Pulfrich. Wied Ann., 1892, 45. p. 635.
x
DISPERSION DES RAD,ATIONS ULTRA-VIOLETTES. 237
Ces résultats concordent entre eux d’une façon fort
satisfaisante, à l'exception de celui donné par M. La-
gerborg.
S 14. Fluorine. Le prisme qui m’a servi est la pro-
priété de M. Ed. Sarasin', à Genève, que je tiens à
remercier ici pour l’amabilité avec laquelle il Pa mis à
ma disposition. Angle du prisme © = 59 55° 23". Di-
mensions des faces 38 mm. sur 23 mm. Clichés n° 22,
25, 48, 51. Fig. 1 et 2 de la planche.
À An AN À An | AN
| |
} | ! I
185 | — 0.296 | — 0:42% 11231 | — 0.732 | — 07849
1860-3181 —"10:448 1257 110.811) —"0/924
193 | — 0:402 | — 0.530 À 274 | —- 0.855 | — 0.966
197 | — 0.451 | — 0.578 | 288 | — 0.884 | — 0.990
198 | — 0.464 | — 0.589 | 298 | — 0.904 | — 1.013
200%! — 0.493 | — 0.618 | 325 | — 0.948 | — 1.056
204 | — 0.538 | — 0.662 | 340 | — 0.964 | — 1.070
208 | — 0.582 | — 0.705 | 361 | — 0.979 | — 1.085
an needs ET ENP NEEUT
D 6-8 00 778 | 200 | ne AE ON ET)
204 10.0 696 2 0.815 120 | 7 10901 ==AIRIGO
ERA OR HUE Ki CERN E
La manière dont AN varie avec la longueur d’onde
est facile à voir sur la fig. 4, La marche de la courbe
fait prévoir que la valeur de AN doit passer par 0 pour
À égale à 170 yu environ.
Le tableau 6 permet de comparer les résultats des
différents observateurs.
! C’est ce même prisme qui avait servi à M. Sarasin pour déter-
miner les indices de réfraction ultra-violets de la fluorine. Ed.
Sarasin, Archives des sc. phys. et nat. Genève, 1883 (3) 10, p. 303.
238 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
TABLEAU VI. — FLuoRINE. AN. Lumière jaune.
FIZzEAU ! BAILLE ?
En — 0 0e —00,02 | {mn = 60,50
— ].11 | ES | — ].24 | HE 340e EHESS
|
|
REED* | MiceLt
Li — 58,50 Üm —= 61,250
— 1.196 — 1.193
|
|
$ 15. Quartz. Le prisme étudié appartient à M. Mar-
tens. Il est de quartz levogyre, et sa taille est telle que
TABLEAU -VIT. — Quartz, t, —61,£
Rayon ordinaire Rayon extraordinaire
A — EE
À
AR UAN An LIEN
— : =
202 | + 0.321 | + 0.184 | H 0.267 | 0.129
206 | -+ 0.253 | + 0.119 | LE 0.198 | + 0.063
210 | + 0.193 | + 0.059 | + 0.143 | + 0.008
214 | + 0.124 | — 0.007 À + 0.083 | — 0.049
219 | + 0.074 | — 0.057 | + 0.027 | — 0.105
224 | + 0.017 | — 0.113 | — 0.048 | — 0.179
226 NDÉOUS EM MIECMEEN0 OT ME 00 204
LOU DE 021 NO NIS SU EE NO ONE 107 222
231 |! — 0.052 | — 0.180 | =10.MN2/"—'0:241
257 | — 0.186 | — 0.309 | — 0 265 | — 0.389
214 | — 0.235 | — 0.355 | — 0.343 | — 0.464
2880 — 10270 |==:10:399 1 0.885111 —10/506
298 | — 0.311 | — 0.429 | — 0.415 | — 0.534
313 Læ 0.348 | — 0.465 | — 0.450 !: — 0.568
8251v== 083524 10:469 12104690) — 10.587
340% 03931" 10508 1 0%501"| "10.617
861 | — 0.418 | 053% /1=05% | — 0.640
441 | — 0.475 | — 0.587 | — 0.593 | — 0.705
467 | — 0.485 | — 0.596 | — 0.601 | —— 0.715
480 | — 0.499 | — 0.610 | — 0.610 | — 0.722
208 — 10-5144 0:025 4 20/6160 "0729
089 | — 0.539 | — 0.650 | —— 0.642 | 1) 76
643 ! — 0.549 ! — 0.660 L — 0.653 | — 0.764
! H. Fizeau. Ann. de Chim. et Phys., 3, 1862, 66, p. 455.
* Baille, Stefan, Pulfrich, 1. c.
* H. Dufet. Bull. Soc. minér., 1885, 8, p. 259, .
# J.-0. Reed. Wied. Ann., 1898, 65, p. 705.
»
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 239
l'axe optique est parallèle à l’arrête. Angle o — 59°56" 7”.
Dimensions des faces 30 mm. sur 30 mm. Clichés n°56,
57, 584, 59, 60. Fig. 7 et 8 de la planche.
La double réfraction du quartz étant faible, les deux
spectres provenant l’un du rayon ordinaire, l’autre du
rayon extraordinaire chevaucheraient en grande partie
l’un sur l’autre sur la plaque photographique. Pour les
séparer, l’on a placé un petit prisme de Wollaston en
quartz devant l'objectif de la chambre noire.
Les courbes de la fig. 4 montrent que pour les deux
rayons du quartz la valeur de AN devient nulle entre
210 et 21% Ut
Les résultats obtenus par différents observateurs sont
réunis dans le tableau suivant :
TABLEAU VIIL — Quartz. AN, Lumière jaune.
FizEAU Duorer MëLLer ! PULFRICH
bm — 02 | im — 60° Üm — JL | Em — 59,60
| | |
NN OR T0 COG MINE 2062 MI 011589 — 0.638
|
[ (l l
. + _ — nn
AN. R.E. — 0,694 22/0740 01 = 0754
|
REED MicHELi
tm — 61,20 | fn == 61,40
ANR ONCE T0 61 IE N0A 650
AN. RE. 10/7166 104754
® G. Müller. Publ. d. astrophys. Obs. Potsdam, 1885, 4, p. 151.
240 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
S16. Calcite. Le prisme étudié appartenait égale-
ment à M. Martens. Angle © — 49° 58° 31.2”. Axe op-
tique parallèle à l’arrête. Dimensions des faces : 22 sur
25 mm. Clichés n° 32, 33, 34, 34a, 35, 36, 37, 38
(An R.0.); 29, 30, 30a, 31 (An R.E.). Fig. #4, 5, 6
de la planche. La double réfraction de la calcite est
assez considérable pour que les plus grands indices du
spectre ultra-violet du rayon extraordinaire n’atteignent
pas la valeur des plus petits indices de la région rouge
du spectre du rayon ordinaire. On peut donc photo-
graphier directement les deux spectres dus aux deux
rayons.
TABLEAU IX. — CALGITE, {,— 61,5
Rayon ordinaire Rayon extraordinaire
— — — _
An | AN An AN
211 | 2.150 | + 1.999 se =
214 | + 2.025 | HE 1.876 | + 2.599 | — 2.434
219 | L 1.814 | 1.666 | L 2.474 2.350
224 | L 1.643 | + 1.496 — —
226 _ = 2.290 | HE 2.168
231 1.397 — 1.253 2.198 | + 2.076
257 TL 0:950 0.814 Î 1.876 | + 1.759
DTA ED ET TE D C7 TE EU EN CL .684
288 | H 0.670 | L 0.539 À EL 1.688 | + 1.574
298 | + 0.604 | HE 0.474 | + 1.641 | + 1.529
313 | + 0.510 + 0.381 — =
325 | + 0.469 + 0.341 | + 1.548 | + 1.436
340 SE 0.397 | HE 0.271 À + 1.479 | + 1.365
361 | + 0.360 | + 0.235 | + 1.449 ! + 1.340
441 | H 0 325 | — 0.205 | + 1.318 | + 1.211
467 | + 0.319 | + 0.199 — _
480 | + 0.305 | + 0.184 + 1.287 + 1.180
508 | + 0.287 | L 0.167 | + 1.234 | + 1.127
589 | L 0.240 | + 0.121 | + 1.213 | + 1.106
643 | LE 0.208 ! + 0.089 | + 1.185 ! + 1.079
Le tableau X permet de comparer les résultats des
différents auteurs :
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 241
TABLEAU X. — CaLcire. AN. Lumière jaune.
7 Î
FizEAU VocEez ! | OrFrREr? MÿüLLER
En — 400 — 59,5 | = ah tm — 9,10
AN. R.0. + 0.072 + 0.089 0.040 + 0.072
1
AN. R.E. + 1.103 + 1.024 | + 1.060 =
Reep | Micent
| Îm —= 57,1° Üm —= 61,5°
ANTON acer 0: 0787) NON el
AN. RE. + 1.094 + 1.106
Les deux ravons de la calcite présentent cette par-
ticularité que dans la partie visible du spectre déjà, les
indices de réfraction croissent lorsque la température
s'élève. Cette augmentation positive devient de plus en
plus grande à mesure que l’on avance dans Pultra-vio-
let (voir fig. 4).
IV. CONCLUSIONS
$ 17. La manière dont AN varie avec la longueur
d’onde est la même pour les quatre substances étudiées
dans ce travail, ce dont on se rend facilement compte
en jetant un coup d’œil sur la fig. 4. Elle est caracté-
ristique et signifie, au sens algébrique, un accroisse-
ment toujours plus rapide de AN à mesure que la lon-
1 F. Vogel. Wied. Ann., 1885, 25, p. 87.
2 Offret. Bull. Soc. min. franç., 10. p. 495.
249 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA
sueur d'onde diminue. Get accroissement à lieu dans
tous les cas, soit que AN soit positif dans la partie visible
du spectre (calcite), soit que AN y soit négatif (fluorine,
sel gemme, quartz); dans ce derniers cas, la valeur de
AN est nulle pour une certaine longueur d’onde. Il n’est
peut-être pas inutile de faire remarquer ici qu'en cher-
chant à calculer les valeurs de AN pour lPultra-violet
par extrapolation des valeurs de AN dans le spectre
visible, on arriverait à des résultats absolument faux.
Les anciennes théories qui veulent expliquer la va-
riation des indices de réfraction avec la température
par une variation de la densité seule, seraient complé-
tement en défaut lorsqu'on voudrait les faire cadrer
avec les expériences dont nous venons de rendre
compte. MM. C. Pulfrich' et J. Kæœnigsberger ont
montré que la variation AN dépend de deux facteurs,
qui sont tous deux des fonctions de la longueur d'onde;
l’on peut ainsi expliquer d’une maniêre qualitative
comment AN doit varier avec À.
En se basant sur des considérations semblables, et
en faisant deux hypothèses, l’on peut déduire une rela-
tion quantitative entre AN et À. Ces deux hypothèses
sont :
1. La bande d’absorption élective de l’ultra-violet
se déplace, lorsque la température s'élève, du côté des
longueurs d'onde plus grandes.
2. La constante diélectrique des ions dont les oscil-
lations propres ont une longueur d’onde située dans
l’ultra-violet, et y occasionnent le phénomène de la
1 C. Pulfrich. Wied. Ann., 1892, 45, p. 535.
2 J. Kœnigsberger. Ann. der Phys., 1891, 4, p. 796.
DISPERSION DES RADIATIONS ULTRA-VIOLETTES. 243
dispersion anormale, diminue lorsque la température
s'élève.
Dans un travail qui paraîtra prochainement, l’on
comparera les résultats de cette nouvelle théorie à
ceux des expériences relatées ci-dessus.
En terminant, je tiens à remercier M. le Prof. War-
burg qui, avec une grande amabilité, à mis des appa-
reils de valeur à ma disposition, ainsi que mon collègue,
M. le D' Martens qui a suivi mon travail avec le plus
grand intérêt. et dont les conseils m’ont été fort utiles.
Berlin, Institut de Physique, semestre d’été 1904.
SUR LES
OSCILLATIONS ELECTRIQUES
D'ORDRE SUPÉRIEUR
PAR
Marcel LAMOTTE
INTRODUCTION
En étudiant les ondes électriques stationnaires qui
se produisent dans un circuit formé de deux fils paral-
lèles, on observe, toutes les expériences sont d'accord
sur ce point, plusieurs systèmes d'ondes stationnaires,
correspondant à des longueurs d’onde décroissant à
partir de la longueur d’onde fondamentale.
Cette existence à côté de la vibration fondamentale
d’autres vibrations de période plus courte, est générale
dans les mouvements vibratoires ; elle se traduit dans
les équations par l’apparition des fonctions trigonomé-
triques inverses dont les déterminations sont en nombre
infini.
L'exemple le mieux connu de ces vibrations multi-
SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES, ETC. 245
ples nous est fourni par les vibrations sonores. On ap-
pelle, dans ce cas, ces vibrations sons supérieurs,
parce que leur hauteur est plus grande que celle du
son fondamental.
Pour ne rien préjuger de la nature des oscilla-
tions électriques qui accompagnent l’oscillation fon-
damentale, nous leur étendrons cette dénomination
et nous les appellerons aussi oscillations d'ordre supé-
rieur.
L'existence de ces oscillations d’ordre supérieur
avait été prévue par Kirchhoff dans son mémoire si
remarquable sur la propagation d’une perturbation
électrique dans un conducteur. Mais, à cette époque,
les méthodes expérimentales étaient encore trop im-
parfaites pour permettre de contrôler les résultats du
calcul. Il était réservé au génie de Hertz de trouver
la voie qui devait conduire à cette vérification et de la
réaliser lui-même au moins en ce qui concerne les os-
cillations fondamentales. Il ne semble pas que Hertz ait
Jeté son attention sur les oscillations supérieures, à la
production desquelles ses dispositifs n’étaient pas favo-
rables d’ailleurs.
En répétant les expériences de Hertz dans des con-
ditions variées dans une série de recherches remarqua-
bles, MM. Sarasin et de la Rive découvrirent le phéno-
mène auquel ils ont donné le nom de résonance multi-
ple. IIS trouvèrent que la longueur d’onde observée
variait d’une manière continue avec les dimensions du
résonateur.
Ce phénomène ne doit pas être confondu avec celui
des oscillations supérieures. Les périodes de ces oscil-
lations varient en effet d’une manière discontinue, mais
246 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
autour de chacune d’elles on peut observer dans des
conditions convenables le phénomène de la résonance
multiple (cf. expériences 2? et 3).
Les oscillations électriques d’ordre supérieur ont été
observées par Lecher, Rubens, Cohn et Heerwagen,
Salvioni, Drude, Mazzotto, Wiedemann et Ebert.
L'idée la plus naturelle était certainement de cher-
cher un rapprochement entre ces oscillations d'ordre
supérieur et les sons supérieurs de l’acoustique. C’est
en effet ce qu’on a voulu faire, mais on ne tarda pas à
abandonner cette idée, un peu prématurément d’ail-
leurs. On était habitué à trouver, dans les phénomènes
acoustiques, des sons supérieurs formant une série
harmonique, c’est-à-dire dont les périodes (et par suite
les longueurs d’onde) sont proportionnelles aux inverses
des nombres entiers consécutifs. Aucune loi de ce genre
ne paraissait régir la succession des périodes dans les
oscillations électriques. Cependant les valeurs de ces
périodes déterminées par l’expérience étaient bien
d'accord avec les valeurs calculées par la théorie (Cohn
et Heerwagen).
Faut-il en conclure que l’analogie observée entre les
vibrations électriques, quand on ne considère que les
périodes fondamentales, ne s’étend pas aux périodes
des vibrations supérieures? C’est assez peu probable,
étant donnée l’identité de forme des équations, vérifiées
par l'expérience, qui de part et d’autre représentent
l’ensemble dès phénomènes. Il est aisé de voir où le
raisonnement serait fautif.
Il suffit en effet de remarquer que l'existence des
sons supérieurs harmoniques n’est qu’un cas très par-
üuculier dans l’histoire des vibrations acoustiques, trés
D'ORDRE SUPÉRIEUR. 247
particulier, bien qu’il soit fréquemment observé. C’est
le cas en effet de tous les sons musicaux.
Mais en général les vibrations acoustiques ne sont
pas assujetties à la loi harmonique pas plus que les
oscillations électriques. S'il fallait nous borner à cette
constatation, la considération des analogies acoustiques
ne nous serait pas d’un grand secours dans l'étude des
oscillations électriques. Il importe donc que nous puis-
sions caractériser les circonstances dans lesquelles les
vibrations acoustiques sont ou ne sont pasharmoniques.
Au point de vue physique, la production des vibra-
tions supérieures répond en somme à la subdivision du
système vibrant total en systèmes partiels vibrant tous
à l'unisson, par conséquent chacun comme s'il était
seul. La période fondamentale est celle du système
vibrant dans son ensemble, la période de la vibration
supérieure est la période fondamentale commune aux
systèmes partiels.
Que faut-il pour que les oscillations supérieures
soient harmoniques? Il faut que non seulement les
périodes fondamentales des systèmes partiels soient
égales, ce qui est toujours réalisé forcément, mais de
plus que ces systèmes soient identiques. En termes un
peu différents, on peut dire, il faut qu’on puisse sup-
poser échangées les positions de deux quelconques de
ces systèmes partiels sans que le régime vibratoire du
système total soit modifié. Un exemple le montrera
aisément.
Considérons une corde vibrante homogène" : cette
! Il faut entendre ici l'expression d’homogène, dans un sens un
peu plus large que le sens habituel : elle signifie que non seule-
248 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
corde rendra, comme on le sait, une série de sons har-
moniques. Les systèmes partiels dans lesquels elle se
divise sont bien connus : ce sont les internœuds, et ils
sont identiques entre eux. On peut supposer qu'on
échange leurs positions sans que le régime vibratoire
de la corde entière soit modifié.
Détruisons maintenant l’homogénéité de la corde en
plaçant une surcharge en un quelconque de ses points.
Nous savons ce qui arrivera : le son de la corde prendra
le timbre aigre qui caractérise la présence des sons
supérieurs inharmoniques. La théorie nous conduit
d’ailleurs dans ce cas à des valeurs irrationnelles pour
les rapports entre les périodes des sons supérieurs et la
période du son fondamental. Les internœuds ne sont
plus identiques et on ne peut supposer échangé l’inter-
nœud qui comprend la surcharge avec un autre quel-
conque sans que l’état vibratoire de la corde soit changé.
La modification de la période fondamentale provoquée
par la surcharge varie en effet avec la position de cette
surcharge sur la corde.
. Supposons qu’il s'agisse à présent des oscillations
électriques, de celles par exemple qui se produisent
dans un système de deux fils parallèles.
Les équations différentielles qui représentent ces
oscillations ont une forme analogue à celle des équa-
tions de la corde vibrante. Dans une certaine mesure,
on peut dire que l'induction propre joue le rôle de la
densité, la capacité, le rôle de la tension.
ment la matière de la corde est homogène, mais que les diverses
propriétés dont dépendent les périodes des vibrations, section,
densité, élasticité, tension sont indépendantes de l’abscisse comptée
parallèlement à l’axe de la corde.
D'ORDRE SUPÉRIEUR. 249
Dans le cas de la corde vibrante, les sons supérieurs
deviennent inharmoniques, quand la densité ou la ten-
sion cessent d’être uniformes tout le long de la corde.
Par analogie, nous sommes amenés à supposer que les
oscillations électriques d'ordre supérieur sont inharmo-
niques parce que la capacité ou l’induction propre ne
sont pas uniformément réparties le long des fils.
C'est en effet ce que paraissent démontrer les expé-
riences qui vont êtres décrites maintenant.
EXPÉRIENCES.
Ces expériences ont porté sur trois types de systèmes
oscillants, qui sont classiques et qu'il est inutile de
décrire en détail : le système de Lecher, celui de Blon-
dlot et celui de Blondlot-Drude.
Les appareils employés ne présentent aucune diffé-
rence essentielle avec les appareils usuels. Les longueurs
d'onde se mesurent par la méthode des deux ponts
en se servant comme indicateur d’un tube à gaz raréfié.
Ce tube est dans l’espèce un tube de Zehnder, choisi
uniquement à cause de sa grande sensibilité, car il
n’est fait aucun usage des électrodes dont il est muni.
Le premier pont étant placé sur les fils à quelque
distance de l’excitateur proprement dit, on déplace le
second pont sur ces fils, en maintenant le tube à peu
près au milieu de la distance entre les deux ponts. Les
positions du deuxième pont qui correspondent à la
résonance sont caractérisées par un maximum d'éclat
du tube. On note ces positions : la distance entre les
deux ponts représente un internœud, c’est-à-dire une
demi-longueur d'onde. Il y a lieu toutefois de faire une
ARCHIVES, t. XIII. — Mars 1902. LS
250 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
correction : il faut ajouter à la distance mesurée la
demi-somme des longueurs des ponts (Drude). On peut
d’ailleurs déterminer directement la valeur vraie de
l’internæud, il suffit de déplacer le deuxième pont à
partir de la premiére position de résonance jusqu’à Îa
suivante ; la distance entre les deux positions est égale
à l’internœud, sans correction. A de rares exceptions
près, tous les nombres cités dans ce qui suit ont été
déterminés successivement par ces deux observations :
la correction indiquée s’est toujours trouvée suffisam-
ment exacte.
La précision avec laquelle se mesurent ainsi les lon-
oueurs d’onde est variable avec les conditions expéri-
mentales : dans les cas les plus défavorables, l'erreur
ne dépasse pas de 3 à 4 ‘/, et la plupart du temps est
notablement inférieure. On ne s’est pas attaché du reste
à réaliser dans ces mesures une exactitude qui eût été
tout à fait superflue dans le cas actuel. Il s’agit ici bien
moins de déterminer les valeurs absolues des longueurs
d’onde que leur variations avec les conditions expéri-
mentales : il y avait donc plus d'intérêt à multiplier le
nombre des déterminations qu’à accroître leur pré-
CiSiOn.
1. Excilateur Blondlot-Drude.
Cet excitateur était emprunté à un appareil de Drude
pour l’étude de l’absorption et de la dispersion élec-
triques. Ses dimensions sont les suivantes :
Diamètre des cercles 5,0 cm.
Diamètre du fil primaire Do
Diamètre des fils secondaires 01m
Ecartement des fils secondaires 2,0 »
D'ORDRE SUPÉRIEUR. 251
Les tableaux ci-après réunissent les résultats des
mesures effectuées dans ces conditions.
Dans ces tableaux / représente la longueur de chacun
des fils parallèles comprise entre le sommet du cercle
secondaire et le pont fixe, en supposant le cercle rec-
tifié. Le sommet du cercle secondaire est toujours un
nœud de vibration, ainsi qu'on le vérifie aisément en
le reliant au sol, ce qui ne modifie en rien le régime
vibratoire.
TABLEAU L.
L. Pt) fi ee ie
nm mm mm mm mm mm mm mm
il Tia) 302 ») ») D] )) » ))
225 339 ) ) D ) ) )
2719 381 » ) ) » » »
325 405 250 ) » ) » »
319 441 261 » » » » »
425 481 291 ») » ») ») »
475 521 304 220 D ) ) )
525 562 318 240 ) ) ) »
919 602 336 246 D » ) »
625 648 308 263 » ) » )
675 693 380 212. 247 ) ) )
125 144 400 291 225 » ) »
115 189 42014302. 6:2€02499, »
825 838 k43 313 248 206 » »
815 881 4265 326 296 15° » )
925 939 488 340 265 2925 » )
984 510 356 271, 234 204 )
5 1031 534 311 992 242 206 »
1075 1083 551, 389 301 249 214 »
4125 (trop faible) 57 25:
We]
1 © 1 NO
©:
250 SUR LES
OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
TABLEAU II.
nord Fu
É. À
mm
LE 1 » »
225 4.50 » »
275 1.39 » »
325 1.24 0,617. »
319 1.17 601 )
425 4.15 605 »
115 1,40 583 0.422
525 1,06 965 k27
575 1,047 558 405
625, 1,037 552 405
675 1.027 548 392
125 1,027 537 391
115 41,018 532 382
825 1.045 528 373
875 1.007 527 370
925 4,015 519 362
975 41,009 518 361
1025 1.006 518 399
1075 4,008 514 399
1125 (1.002) 5411 391
extrapol.
Série harmonique. 0,500 0,333
277
276
0,250
|
= |
245
1© © ?
Ce de
Se
0,200
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» »
» »
» »
) »))
» »
» »
0,204 »
200 »
192 »
194 0,472
0,466 0,142
Remarquons tout d’abord que les longueurs d’onde
qui figurent dans chacune des colonnes du tableau vont
en croissant régulièrement avec /. On doit donc consi-
dérer comme l’excitateur toute la portion des fils située
en deçà du premier pont.
La vibration dont la longueur d’onde est désignée
par à, mérite bien le nom de vibration fondamentale,
car elle ne présente entre les deux nœuds qui se trou-
D'ORDRE SUPÉRIEUR. 253
vent aux extrémités du système vibrant aucun nœud
intermédaire. En effet = est toujours supérieur à L.
: À
Il y a plus : à mesure que l augmente, = tend vers
l; dans les dernières lignes du tableau la différence
n’est plus que de l’ordre de grandeur des erreurs de
mesure.
L’analogie acoustique est évidente : l’excitateur est
analogue à une corde qui porterait une surcharge à
l’une de ses extrémités. La demi-longueur d'onde du
son est alors différente de la longueur de la corde,
mais tend vers cette longuenr si la corde devient très
longue. Dans l’excitateur, la demi-longueur d’onde
serait égale à la longueur de l’excitateur si la capacité
et l’induction propre par unité de longueur étaient uni-
formes. Mais la présence des cercles primaire et secon-
daire détruit cette uniformité : dans la région qu'ils
occupent, la capacité et l'induction propre sont diffé-
rentes de ce qu’elles sont dans les fils parallèles. Quand
l’excitateur devient très long, l’importance relative de
cette perturbation va en diminuant et la demi-longueur
d'onde tend vers celle de l’excitateur.
Considérons maintenant la série des tons supérieurs.
Le nombre des tons observés croit à mesure que la
longueur / augmente. Comme l'indicateur décèle seule-
ment les ondes dont l'intensité a dépassé une certaine
limite, il faut en conclure que l'intensité des tons supé-
rieurs augmente quand la longueur de l’excitateur aug-
mente. Par contre, l'intensité du ton fondamental qui
se maintient d’abord à peu près constante décroit
ensuite et finit par cesser d’être observable.
254 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
Cela constitue encore une analogie des ondes élec-
triques avec les ondes acoustiques. Chacun sait que, à
mesure qu’un tuyau s’allonge, les harmoniques se ren-
forcent aux dépens du son fondamental et que. dans
les tuyaux longs et étroits, il est très difficile d'obtenir
ce dernier.
Les rapports des longueurs d’onde du ton fondamen-
tal aux longueurs d'onde des tons supérieurs, ne sont
pas harmoniques, en général. C’est ce qui était à pré-
voir d’après l’analogie acoustique. Mais ils tendent à le
devenir à mesure que la longueur de lexcitateur aug-
mente. Ils ne le seraient tous que si cette longueur était
infinie. En pratique, quand on augmente cette lon-
sueur, les tons supérieurs arrivent à se confondre avec
les termes correspondants de la série harmonique suc-
cessivement suivant leur ordre.
Il est possible d’ailleurs de préciser davantage pour
quelle longueur du système un ton supérieur d'ordre
déterminé se confond sensiblement avec le terme cor-
respondant de la série harmonique.
Remarquons qu’une vibration supérieure présente
un ou plusieurs nœuds en arrière du pont fixe, c’est-à-
dire entre ce pont et le cercle secondaire. En fait, on
peut dans des conditions déterminées, observer plu-
sieurs vibrations simultanées n’ayant pas de nœud en
arrière du pont fixe, mais ce phénomène ne se présente
pas ici. Nous aurons à y revenir plus tard.
Les vibrations supérieures ne sont autres que les
vibrations fondamentales des systèmes qu'on obtien-
drait en reportant le pont fixe au nœud de ces vibra-
tions le plus voisin de l’excitateur.
On comprend alors pourquoi les tons supérieurs dif-
D'ORDRE SUPÉRIEUR. F5 à)
férent d'autant plus de l’harmonique correspondant
que leur ordre est plus élevé. Plus l’ordre du ton supé-
rieur est élevé, plus le système dont ce ton représente
le ton fondamental est court, plus par conséquent la
perturbation provoquée par la présence des cercles à
d'importance sur la longueur d'onde.
Un ton supérieur se confond avec l’harmonique
quand sa longueur d'onde n’est plus influencée par
cette perturbation, c’est-à-dire quand le système dont
il représente le ton fondamental est assez long pour
que la demi-longueur d’onde de ce ton soit égale sen-
siblement à la longueur du système lui-même.
A vrai dire, il est impossible de réaliser une démons-
tration expérimentale complète, parce que lPintensité
de lPonde fondamentale tombe au-dessous du minimum
observable, avant que cette condition ne soit remplie
même pour la première onde supérieure. Mais lallure
du phénomène est régulière et il ne saurait subsister de
doute sur les conclusions à tirer des expériences effec-
tuées. Si on trace les courbes qui ont pour abscisses
les longueurs ! de lexcitateur et pour ordonnées
—, 2 — 3 is 7 n ces courbes ont visible-
ment pour asymptote la droite menée par l’origine à
45 des axes.
D’après tout ce qui précède, les vibrations observées
doivent être considérées comme les vibrations propres
du circuit secondaire quand ce circuit est long. Quand
ce circuit est court, la présence du cercle primaire
influe sur la longueur d’onde; cela revient à dire en
d’autres termes, que les vibrations de l’ensemble du
primaire et du secondaire. Quant aux vibrations pro-
256 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
pres du primaire, elles n'apparaissent pas nettement
dans les expériences présentes.
Cercle secondaire oùvert. — En ouvrant le cercle
secondaire au sommet, on provoque en ce point la for-
mation d’un centre de vibration à la place du nœud
qui existait précédemment. Le système devient l’ana-
logue d’un tuyau fermé, puisque les ondes stationnaires
sont de nature différente aux deux extrémités. On
n’observe plus alors que les tons supérieurs correspon-
dant aux termes impairs de la série harmonique tout
comme en acoustique.
Influence de la position du cercle primaire par
rapport aux extrémités du secondaire. — Les fils
secondaires sont prolongés en arrière du cercle: le
pont fixe est placé d’abord très près du cercle; on
l’éloigne ensuite et chaque fois on diminue d’autant la
longueur des fils postérieurs. La longueur de l’excita-
teur reste donc constante, mais la position des cercles
par rapport aux extrémités varie.
Les longueurs d'onde varient en même temps : la
longueur d’onde fondamentale est maxima quand les
cercles sont vers le milieu du circuit : la longueur
d'onde du premier ton supérieur est alors minima. Ce
résultat s'explique aisément. Pour la première, les
cercles sont au voisinage d’un ventre, pour la seconde,
ils sont au voisinage du nœud ; leur influence est maxima
dans le premier cas, minima dans le second.
L’analogie acoustique se poursuit donc dans les ex-
périences.
2. Excitateur Blondlot.
Excilateur sans condensateur primaire. — Aux
dimensions près, l’excitateur est alors identique au
»
D'ORDRE SUPÉRIEUR. 251
précédent ; Les résultats observés sont les mêmes. Lors-
que la longueur du secondaire est assez grande, les
longueurs d'onde ne dépendent plus de l’écartement des
fils parallèles ni de leur diamètre. En effet, les vibra-
tions chservées sont alors celles du secondaire, qui se
confond sensiblement avec le système de deux fils
parallèles. Dans un tel système, la capacité et l'induc-
tion propre par unité de longueur sont l'inverse l’une
de l’autre : la période qui ne dépend que de leur pro-
duit est indépendante de chacun des facteurs: la demi-
longueur d’onde est toujours égale à la longueur du
système.
Excitateur avec condensateur primaire. — La capa-
cité du condensateur primaire influe sur la longueur
d’onde fondamentale, quand la longueur / de l’excita-
teur est assez petite : c’est qu'alors nous observons les
vibrations de l’ensemble du primaire et du secondaire.
Quand ! devient très grand, nous observons les vibra-
tions propres du secondaire dont la longueur d'onde
est indépendante de la capacité du primaire.
Si on range les longueurs d’onde simplement par
ordre de grandeur décroissante, la série obtenue ne
suit pas régulièrement la série harmonique. Mais Î:
succession est beaucoup plus régulière, si parmi les
longueurs d'onde observées pour une position déter-
minée du pont fixe, on supprime l’une d’entre elles.
Les autres forment alors une série quasi-harmonique
comme on l’a trouvée dans les expériences précédentes.
En fait, la longueur d’onde ainsi supprimée se dis-
tingue des autres par un certain nombre de caractères,
qui ne peuvent guère laisser de doute sur sa nature.
Tout d’abord elle ne croît pas comme les autres d’une
manière continue avec la longueur [/, elle oscille entre
258 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES
deux limites extrêmes assez rapprochées. Par contre,
elle varie avec la capacité du primaire.
Enfin l'intensité lumineuse du tube, qui mesure
jusqu’à un certain point l'intensité de la vibration ne
varie pas d’une maniére contine avec la longueur /,
ainsi qu'il arrive pour les autres vibrations. Tantôt elle
est très vive, tantôt suffit à peine pour déceler les nœuds.
La conclusion s'impose : cette vibration est une
vibration forcée dn secondaire, dont la période dépend
essentiellement de la période du primaire. Le phéno-
mêne que nous observons sur cette vibration est le
phénomène proprement dit de la résonance multiple;
le secondaire joue le rôle de résonateur et indique dif-
férentes périodes pour un même primaire.
La présence de ces deux séries de vibrations est con-
forme du reste à ce que prévoit la théorie; elle est une
conséquence de l’équation de résonance.
3. Excilateur de Lecher.
1. La longueur des fils primaires est négligeable.
Si les fils primaires qui relient les armatures des
condensateurs aux pôles de l’étincelle ont une longueur
très faible vis-à-vis de la longueur des fils secondaires,
on observe une série de vibrations quasi-harmoniques,
ne présentant que les termes de rang impair. Les lon-
gueurs d'onde observées sont celles qu'indique la for-
mule de Cohn et Heerwagen, appliquée au circuit
formé par les plaques sur les fils secondaires. De plus,
on trouve une vibration dont la longueur d'onde n’est
pas indiquée par cette formule, mais qu'il est facile de
reconnaitre pour la vibration propre du cireuit formé
par les plaques et les fils primaires, surtout quand on
rapproche ces expériences des suivantes.
x
D'ORDRE SUPÉRIEUR. 259
2. Les fils primarres ont une longueur notable.
On trouve dans ce cas deux séries distinctes de vibra-
tions, toutes deux quasi-harmoniques, à termes impairs.
L'une de ces séries tend vers la série des vibrations
propres du secondaire, quand la longueur de celui-ci
devient grande; l’autre série tend vers la série des
vibrations propres du primaire.
Il est à remarquer d’ailleurs que les vibrations cor-
respondant à une longueur donnée du primaire sont les
mêmes que les vibrations du secondaire ayant la même
longueur. Cela revient à dire qu’on peut échanger les
positions de l’étincelle et du pont fixe, sans modifier
les longueurs d’onde, fait démontré déjà par des expé-
riences spéciales de Apt”.
Quand le primaire et le secondaire sont relativement
courts, toutes les longueurs d’onde observées sont
modifiées, soit par une variation du primaire, soit par
une variation du secondaire; il faut donc dans ce cas
considérer les vibrations comme appartenant à l’en-
semble du système.
Si le secondaire est long, 1l joue le rôle du résonateur
par rapport au primaire et on y observe d’une part ses
vibrations propres, d'autre part les vibrations foncées,
de périodes voisines des périodes propres du primaire.
Les expériences prouvent par suite que le primaire
est le siège de vibrations multiples, dont les longueurs
d'onde tendent vers les termes impairs d’une série
harmonique quand ce primaire devient très long.
Cette conclusion n’est valable qu’autant que la réac-
tion du secondaire sur le primaire est négligeable. On
peut dire alors que le primaire vibre comme s’il était
! Apt, Wied. Ann., LXI, p. 293-314.
260 SUR LES OSCILLATIONS ÉLECTRIQUES, ETC.
isolé. Il ne diffère plus essentiellement d’un excitateur
de Hertz.
Donc, un excitateur de Hertz dont la longueur est
suffisamment grande par rapport à sa capacité émet un
système de vibrations dont les longueurs d’onde forment
une suite à intervalles finis; cette suite tend, quand la
longueur devient très grande, vers la série harmonique.
C’est en effet ce qu'ont vérifié les expériences de
M. Kiebitz', publiées depuis l'achèvement du présent
travail.
Résonance multiple et oscillations d'ordre supérieur.
Il est facile, d’après ce qui précède, de voir que le
phénomène de la résonance multiple et celui des oscil-
lations d'ordre supérieur sont de nature différente.
Rappelons d’ailleurs que Bjerknes dit expressément
que sa théorie de la résonance multiple s'applique seu-
lement à des conditions expérimentales telles qu’ils ne
se produisent pas d’oscillations d’ordre supérieur.
Les expériences qui viennent d’être décrites semblent
démontrer que le phénomène de la résonance multiple
se produit pour chacune des vibrations qui forment la
série quasi-harmonique. Il faut entendre par là que des
résonateurs dont la période propre serait voisine de la
période propre de l’une de ces vibrations, indiqueraient
pour cette vibration des périodes différentes, variant
avec les conditions d'amortissement.
Mais les expériences présentes ne permettent pas de
trancher cette question; ce qu’on ne pourrait faire
qu'après avoir étudié spécialement ce point.
Clermont-Ferrand, janvier 1902.
Kiebitz, Ann. d. Ph., V, p. 872-905.
SICNES
L'INDUCTION RADIANTE
l'exisience de rayons qui subissent la réflexion
DANS LE
rayonnement émis par un mélange de chlorures de radium et de baryum
8 PAR
Thomas TOMMASINA
Communiqué à la Société de physique et d'histoire naturelle
de Genève dans sa séance du 9 janvier 1902.
L'une des propriétés que le rayonnement des corps
radioactifs possède en commun avec les rayons cathodi-
ques, les rayons Rôüntgen, les rayons secondaires et les
rayons ultra-violets, est celle d'accélérer la décharge
des corps électrisés. Cette accélération semble être due
à une diminution de la résistance que le milieu oppose
à la transmission de la modification électrique.
En effet, on sait que si l’on tient un tube contenant
un corps radioactif à une certaine distance des disques
métalliques ou plateaux de Pélectroscope de Curie élec-
trisé soit négativement, soit positivement, l’on voit
immédiatement la divergence de la feuille d’or dimi-
nuer, celle-ci se rapprochant toujours plus de la lame
fixe. Si on éloigne rapidement le tube radiant, la feuille
262 RÉFLEXION DES RADIATIONS
s'arrête et si on l’approche de nouveau elle reprend
son mouvement de décharge ; en faisant plusieurs fois
de suite ce mouvement la feuille se meut ou s'arrête,
mais elle n’oscille jamais. Au contraire, comme l’on
sait, en présentant un bâton de verre ou un bâton de
résine frottés, la feuille d’or s'éloigne ou s'approche
suivant le sens de son électrisation et de celle du corps
influençant; mais en éloignant celui-ci elle ne reste
point dans la nouvelle position, mais reprend sa place
primitive si l’action a été suffisamment rapide. On peut
facilement trouver une distance telle que si l’on fait
des mouvements très courts de va et vient, on constale
un synchronisme parfait avec le mouvement oscillatoire
de la feuille d'or. Cette expérience élémentaire met
nettement en évidence l’état de tension qui existe dans
le milieu ambiant qui constitue le champ électro-sta-
tique, de même que la précédente en fait connaître la
diminution graduelle, laquelle se produisant également
pour les deux états opposés d’électrisation, oblige à
admettre un accroissement de la conductibilité du
milieu.
Je dis du milieu et non de l'air, car ayant découpé
deux lames de paraffine d’une épaisseur de 1.5 em. et
avant renfermé le tube radioactif entre les deux, puis
les ayant soudées l’une à l’autre, après les avoir fait en-
trer de force dans l’espace qui sépare les deux plateaux
de l’électroscope Curie, j'ai constaté que leur conducti-
bilité électrique atteint dix fois celle que possèdent les
lames de paraffine sans le tube radiant, laquelle est
trois fois plus grande que celle de l'air ambiant au
moment des expériences.
De même ayant placé sur le plateau inférieur de
DES SUBSTANCES RADIOACTIVES. 263
l’électroscope une cuve cylindrique en verre mince et
à fond plat que j'ai remplie d'alcool dans lequel jai im-
mergé le plateau supérieur, j'ai reconnu, lorsque le
tube radiant y était plongé, une sensible diminution de
résistance entre les deux plateaux.
En outre, par plusieurs modifications expérimentales
J'ai pu reconnaître la rapidité de Papparition et de la
disparition de cet accroissement de conductibilité, et
qu'elle ne continue pas à augmenter pendant toute la
durée de l’action radioactive, mais semble atteindre
immédiatement sa limite supérieure.
J'ai constaté que le tube radiant enfermé dans des
enveloppes en‘ verre ou en métal de 3 à % cm. d’épais-
seur, produit encore un effet très sensible de diminu-
tion de l’électrisation de l’électroscope et que sans en-
veloppe cet effet est encore nettement indiqué à plu-
sieurs mêtres de l’appareil, qu'il augmente avec les
dimensions de la surface radiante, et qu'il est doublé
par Padjonction d’un miroir parabolique concave, mé-
tallique, que je décrirai dans la suite. Jai constaté éga-
lement que le tube radioactif enfermé dans une double
ampoule de Dewar à vide intermédiaire, produit à tra-
vers ce vide, poussé très loin, la décharge des corps
électrisés et la fluorescence induite sur un écran au
platino-cyanure de baryum.
Tous ces faits semblent contraire à explication qu'on
donne du phénomène par l'hypothèse d’une ionisation
de Pair.
En effet, si la diminution de résistance de l'air dans
ce cas était due à une ionisation, la résistance ne pour-
rait pas réapparaitre instantanément et la décharge de
l’électroscope continuerait encore lorsqu'on a éloigné le
264 RÉFLEXION DES RADIATIONS
corps radiant. De même il est inadmissible que le phé-
noméne soit dû à un flux de particules électrisées émis
par le tube radioactif, car la diminution ne pourrait
avoir lieu que pour l’un des états d’électrisation, pour
l’autre une augmentation devrait en être la consé-
quence ; du reste leur effet ne pourrait se produire qu’à
une distance trés faible. La polarisation des atmos-
phères moléculaires, qui doit avoir lieu sous l’action de
la propagation du mouvement éthérique, suffit pour
expliquer le phénomène sans qu’il soit nécessaire de
faire intervenir une scission électro-chimique, ou la
formation de ions libres.
Faisant une étude comparative de modes de produc-
tion, des propriétés communes et de la nature complexe
reconnue des rayons d’origine cathodique et de ceux
d’origine photo-chimique, j'ai été amené à conclure que
l’émission des rayons cathodiques n’est pas une forme
particulière de la décharge disruptive cathodique,
comme le pensent MM. E. Bichat et R. Swyngedaw"',
mais l'effet d'une décharge disruptive de forme particu-
lière partant de l'anode.
La partie radiante du flux anodique * qui à son ori-
gine dans cette décharge de forme particulière est cer-
tainement de même nature que les rayous ultra-violets,
comme le démontre le fait que dans le vide de Crookes
leurs effets sont identiques. On peut se représenter que
ces rayons anodiques sont entrainés suivant les tubes de
lignes de force du champ électro-magnétique, comme
! Rapports présentés au Congrès international de physique de
1900, à Paris. t. III, p. 182.
? A. Battelli e Magri. Sui raggi anodici e sui raggi catodici.
IT nuovo Cimento, t. X, 22 semestre, 1899, p. 264.
DES SUBSTANCES RADIOACTIVES. 265
c'est le cas pour les rayons de lumière dans ies fontai-
nes lumineuses. Mais en s’approchant de la cathode, les
lignes de flux deviennent droites et normales à la sur-
face de cette dernière, où les rayons anodiques doivent
être tous ou en partie réfléchis. Ce serait cette modifi-
cation qui donnerait naissance aux différents types de
rayons qui constituent le faisceau cathodique.
Cette hypothèse donne une explication qui semble
logique de l’espace obscur de Hittorf, lequel serait dû
à un phénomène d’interférence limité par l’amortisse-
ment rapide, ce qui est d'accord avec le fait que cet
espace augmente dans les tubes à vide à mesure que la
raréfaction est poussée plus loin.
Cette hypothèse explique également les faits sui-
vanis :
Si l’on met devant la cathode, à 10 ou 15°", un
écran à trou, c’est en face de ce trou que les rayons
cathodiques se forment pourvu que l'écran soit compris
dans l’espace obscur‘.
Si l’on place, comme l’a décrit M. Schuster”, un
objet dans l’espace obscur, l’on observe qu’il porte une
ombre sur la cathode.
D’après cette hypothèse, lafflux cathodique de
M. P. Villard” ne serait que le flux radiant anodique.
Ainsi le flux radiant anodique provoque l'émission
des rayons cathodiques, ceux-ci frappant une lame mé-
tallique ou le verre de l’ampoule font naître les rayons
Rüntgen, lesquels à leur tour frappant les corps, leur
! P. Villard. Les rayons cathodiques. Paris 1900 (Scientia).
page 91.
? Proceed. Royal Society, t. XLVII. p. 557, 1890.
# P. Villard, loc. cit.
ARCHIVES, t. XIII — Mars 1902. 19
266 RÉFLEXION DES RADIATIONS
font émettre des rayons secondaires et ces derniers, de
la même manière, des rayons tertiaires, etc. Tous ces
rayons sont également complexes et composés de
rayons déviables et non déviables par un champ ma-
gnétique, de rayons peu pénétrants et d’autres très
pénétrants, etc.
En partant des rayons ultra-violets et du rayonne-
ment Becquerel l’on passe également par toutes ces
séries de transformations et l’on obtient des types
semblables de rayons.
Il est évident que la théorie balistique n’explique
qu'une partie de ces phénomènes et qu’il faut recourir
à la théorie ondulatoire. Même pour les rayons dévia-
bles qui contiennent des particules électrisées ou non,
il faut chercher par la théorie vectorielle éthérique la
cause première du phénomène. Le fait qu'un métal,
même non électrisé, frappé par les rayons ultra-violets
émet un flux ayant les caractères des rayons cathodiques
particulièrement absorbables”", semble signaler une
catégorie de phénomènes qui serviraient de liaison en-
tre ceux de même nature d’origine cathodique et les
autres d’origine photo-chimique (rayons Becquerel). Ne
pouvant connaître la disposition ou l'architecture ato-
mique qui donne naissance à ces derniers, la forme
mécanique de la transformation reste occulte, mais
nous ne pouvons avoir de doutes sur leur nature égale-
ment vectorielle éthérique qui nous est indiquée par la
phosphorescence et la fluorescence induites. Cette
phosphorescence nous conduit à admettre la nature
! P. Lenard. Erzeugung von Kathodenstrahlen durch ultra-
violettes Licht. Drude’s Annalen der Physik, t. IL, p. 359-370, 1900.
DES SUBSTANCES RADIOACTIVES. 267
secondaire ou induite du rayonnement Becquerel, qu'on
peut considérer comme provoqué par l’action d’une
certaine catégorie de rayons ultra-violets que nous
ignorons encore. A cette manière de voir est dû le titre
d’induction radiante sous lequel j’entends comprendre
tous ces phénomènes. Les variétés de rayons doivent
être illimitées, du moment qu’elles ne dépendent que
des longueurs d’onde, c’est-à-dire de la durée de vi-
bration, et leur refléxibilité doit diminuer insensible-
ment et graduellement avec l'accroissement de leur
pénétrabilité.
C’est en me basant sur les précédentes considérations
théoriques déduites des faits que je viens d’énumérer,
que j'ai entrepris les recherches dont je vais décrire
très brièvement les dispositions expérimentales et les
résultats qui m'ont permis d'établir lexistence de
rayons qui subissent la réflexion dans le rayonnement
émis par un mélange de chlorures de radium et de
baryum.
Le premier dispositif est le suivant :
Un miroir concave parabolique en cuivre argenté, de
25%% de foyer et 12 cm. d'ouverture est percé à son
centre et muni d’un tube de cuivre de 11°" de diamé-
tre intérieur. Dans ce dernier entre à frottement doux
un tube de caoutchouc un peu rigide, dans lequel est à
moitié enfoncé un petit tube radiant contenant des
chlorures de radium et de baryum. Le tube de caout-
chouc est fixé à un support à pinces tournantes, qui
permettent de modifier facilement l'orientation du mi-
! Th. Tommasina. Comptes-rendus, t. CXXXIII, p. 1299.
30 décembre 1901.
268 PBÉFLEXION DES RADIATIONS
roir sans secouer les corps radioactifs. On peut ainsi
ôter et replacer rapidement, soit le miroir, soit le tube
radiant, sans que tout le dispositif ne subisse aucun
autre changement.
Cet appareil est placé sur une table en contrebas de
celle sur laquelle se trouve l’électroscope Curie, auquel
a été enlevé pour cette expérience, le disque inférieur.
Le foyer du miroir où se trouve le tube radiant était
à 60 cm. du centre du disque supérieur et à 45 em. en
contrebas, l’axe du miroir étant dirigé vers ce même
centre.
L’électroscope a été électrisé, soit négativement soit
positivement, au moyen d'actions trés faibles, de facon
à porter la divergence de la feuille d’or un peu plus loin
que la 200% division de l’échelle de la lunette de
l’électroscope, pour éviter de faire des lectures pen-
dant les irrégularités de la marche initiale, et pour ne
pas trop influencer le milieu et l'appareil par le flux
électrique intense des bâtons de résine ou de verre
frottés. Ces expériences sont très délicates et, justement
à cause de cette dernière action, ne peuvent avoir une
longue durée.
Voici quelques-unes des séries d'observations qui
mettent en évidence l’action du miroir sur une partie
du rayonnement. Les chiffres des premières colonnes
indiquent la division de l’échelle où se trouvait la
feuille d’or après un temps toujours égal de soixante
secondes ; ceux des deuxièmes colonnes indiquent les
nombres des divisions comprises entre deux chiffres
successifs des premières colonnes, donnant ainsi la di-
minution de l’électrisation de l’électroscope après cha-
que minute.
DES SUBSTANCES KADIOACTIVES.
Séries avec électrisation négative.
Sans miroir
200 15
185 1 6
169 16
153 17
136 17
119 LG
103 HE
89 14
sn
62
Lg rs
Séries avec
19
18
18
17
16
17
15
1%
Avec mirolr
e)
200 10
160 38
122 39
CC
5 6 33
26 30
Sans tube radiant
électrisation positive.
200
160
123
89
50
40
37
34
33
200
19
Des séries plus régulières ont été obtenues ; je ne
présente que des moyennes pour donner une idée plus
exacte de l’ensemble de ces mesures, lesquelles dé-
montrent que le miroir double l’effet du tube. Cette
forte augmentation semble établir que l’action ne peut
pas être due seulement aux rayons secondaires émis par
la surface du miroir sous l’action des rayons directs et
partant normalement de leurs points d'incidence. D'au-
tant plus que ces rayons, à cause de la forme parabo-
270 RÉFLEXION DES RADIATIONS
lique du miroir, devraient venir tous se croiser le long
de la ligne axiale dans la continuation de l’axe du tube
radiant, à proximité de £e dernier et suivant la droite
qui réunit le foyer du miroir avec le centre du disque
de l’électromêtre. J'ai pensé les éliminer, de même que
les rayons directs émis par le tube dans cette direction,
par la modification suivante :
Un cylindre en fer de 8 cm. de diamètre et 20 em.
de longueur à été placé longitudinalement dans la di-
rection axiale, entre l’électromètre et le miroir, à 2 em.
de ce dernier. Le miroir concave n'ayant que 12 cm.
d'ouverture, sa zone efficace était ainsi réduite à une
bande annulaire de 2 cm. d’épaisseur. Le bord du mi-
roir est courbé en dehors de telle façon que les points
qui pourraient envoyer des rayons secondaires dans la
direction de l’électroscope ne sont pas exposés aux
rayons directs des corps radioactifs qui se trouvent dans
le foyer du miroir parabolique.
Les nouvelles séries obtenues m'ont permis d'établir
que l’action du miroir compensait celle du cylindre en
fer, de façon qu’on avait approximativement les mêmes
chiffres par le tube muni de miroir avec cylindre de fer
interposé, que par le tube sans miroir et sans le cylin-
dre, celui-ci ôtant presque les deux tiers de l’action du
tube radiant sur l’électroscope. Le phénomène de la
réflexion était ainsi mis en évidence.
La grande facilité de pénétration que possède une
partie des rayons directs ayant été déjà constatée, j'ai
remplacé le cylindre de fer par un écran métallique
mince dans le but de séparer les rayons réfléchis des
autres. Une lame de laiton de la même épaisseur que
celle des parois du miroir (0""5), a été disposée nor-
DES SUBSTANCES RADIOACTIVES. 271
malement à la ligne axiale, à 26 cm. du tube radiant,
la distance de celui-ei à Pélectromètre étant de #2 cm.
Les séries que j'ai obtenues par cette dernière mo-
dification expérimentale démontrent que l’interposition
de la lame métallique annule complètement leffet du
miroir, tandis qu’elle produit une faible diminution de
l’action du rayonnement du tube, qui est due en grande
partie aux rayons très pénétrants.
Ces observations ayant été faites à la pleine lumiêre
du jour, ou à la lumière de deux lampes à incandes-
cence, et la distance entre le tube radiant et l’électros-
cope étant relativement grande (60 cent.), je n'avais
aucun doute que la faible luminosité de phosphores-
cence de ces corps radio-actifs, visible seulement dans
l’obscurité, ne devait jouer qu’un rôle minime et négli-
geable dans le phénomène. Ainsi j'avais cru inutile
d'arrêter ces rayons, soit en couvrant le tube de papier
noir ou d’une feuille très mince en aluminium, soit en
interposant entre le miroir parabolique et l’électroscope
un écran de ces mêmes substances.
En effet, les séries que je viens d'obtenir avec le
tube radiant recouvert de papier noir et placé dans le
foyer du miroir concave, et les autres séries avec le
tube recouvert seul, puis ensuite avec le miroir mis en
place mais sans tube, donnent parfaitement raison à
ma manière de voir et démontrent qu’il y a dans le
rayonnement Becquerel des rayons non lumineux qui
subissent la réflexion et qui ont la propriété d'accélérer
la décharge des corps électrisés.
Voici les décharges obtenues avec électrisation posi-
tive de lPélectroscope :
2%
te
RÉFLEXION DES RADIATIONS
Avec tube radiant recou- Avec tube Avec
vert de papier noir et placé radiant miroir
dans le foyer du miroir recouvert sans tube
parabolique. sans miroir. radiant.
o] A 5 G},
MU ee Mer
150 bare 29,5
9 LG 0 | 9": 49,9 |
mt {
104 ; 102 28,5
s 46 24 “1 DIR
58 : 78 27,5
Ho ds 22 1
15 6 18 26,5
200 38
30
150
À la fin de la première série, j'ai électrisé de nou-
veau positivement l’électroscope et cette charge a servi
pour les deux séries suivantes. La deuxième série suc-
cède à la première sans perte de temps, ayant ôté rapi-
dement le miroir.
Entre la deuxième et la troisième série, il m'a fallu
plusieurs secondes pour enlever et éloigner de plus de
5 mètres le tube radiant et replacer le miroir parabo-
lique, mais on voit que la marche devient tout de suite
normale, c’est-à-dire que l’action du tube radiant dis-
paraît rapidement. L’on voit aussi, comme je l’ai d’ail-
leurs reconnu précédemment, que lorsque les corps
radio-actifs sont placés à plus de 6 m. des appareils,
ils n’ont plus aucune action sensible sur ces derniers.
De même les rayons secondaires disparaissent immé-
diatement et ne prennent plus naissance lorsque les
surfaces métalliques ne sont plus exposées aux rayons
primaires directs.
Le tube radiant nu étant placé dans le foyer du mi-
roir et celui-ci à une distance de 30 cent. de l’élec-
troscope muni des deux disques, j'ai reconnu qu’un
écran de papier noir laissait passer plus de la moitié
des rayons qui avaient subi la réflexion.
DES SUBSTANCES RADIOACTIVES. AT.
D’autres expériences m'ont permis également de re-
connaître l’action électrique de ces rayons, de même
que leur pouvoir inducteur de fluorescence et leur ac-
tion photo-chimique.
Ayant dirigé le miroir hors du champ de l’électros-
cope, j'ai observé immédiatement une forte diminution
de l’effet et, présentant aux rayons réfléchis une sur-
face métallique plane, j'ai pu constater la deuxième
réflexion, mais plus faiblement et moins nettement à
cause du phénomène de diffusion qui prend dans cette
dernière expérience une importance trop grande.
Le tube radiant étant dans le foyer du miroir para-
bolique, j'ai appliqué contre l’ouverture de celui-ci un
écran au platino-cyanure de baryum et par l’observa-
tion de la parfaite égalité de la tache de fluorescence
induite, j'ai pu établir que leffet des rayons émis par
le bord du miroir n’était nullement indiqué, de même
que celui des rayons directs partant du tube.
J'ai obtenu ensuite cette même constatation par l’ac-
tion photographique. Sur une plaque sensible recouverte
par un négatif sur verre, J'ai placé le miroir ayant au
foyer le tube radiant ; après quelques heures de pose
le positif développé démontrait que l’action actinique
avait eu lieu d’une manière égale sur toute la surface.
Dans d’autres expériences, le tube dépassant le foyer
et se trouvant plus près des plaques, une tache plus
foncée se produisait dans la partie centrale, ce que j'ai
également observé au moyen de l’écran fluorescent.
Champel (Genève), janvier 1902.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES
PAR
Ph.-A. GUYE et Ed. MALLET
(Suite!.)
CHAPITRE III
DÉTERMINATIONS EXPÉRIMENTALES ET OBSERVATIONS.
Nous transerivons ci-après nos diverses détermina-
tions et observations.
Nous donnons, d’une manière générale, la provenance
des corps étudiés (éventuellement le mode de purifica-
tion), les constantes critiques (température et pression)
avec indication entre parenthèses du nombre d’obser-
vations effectuées et les numéros des instruments em-
ployés (thermomètre et manomètre), l'indice de réfrac-
tion par rapport à la raie D du sodium, le coefficient
de viscosité, la densité et le point d’ébullition. Pour ces
deux dernières données, nous transcrivons, dans la
généralité des cas, les mesures d’autres expérimenta-
? Voir Archives, janvier 1902, t. XIII, p. 30; février, p. 129.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES, ETC. 275
teurs ; mais les chiffres ainsi reproduits se rapportent,
pour la plupart, comme on le verra, aux mêmes échan-
tillons que ceux dont nous nous sommes servis.
1. Durène C,H,(CH,), (4.2.4.5.).
Provenant de la Faculté des sciences de Paris.
Température critique.
te — 402,5 (8 obs. 2348).
Pression crilique.
Pe = 28,6 (6 obs. IT).
Ce corps est instable et se décompose déjà au-des-
sous de 400", en devenant jaune ; ses vapeurs perdent
alors leur transparence.
Une première série d'observations de pe a été com-
plètement faussée, par le fait d’une élévation de tem-
pérature trop rapide et trop forte. La paroi du tube
servant à l’expérience s’est même recouverte de matié-
res charbonneuses. La valeur de pe croît alors très ra-
pidement :
pe — 29,0 — 29,05 — 29,4 — 29,3 — 29,8 — 30,2, etc.
Il en est de même, bien qu’à un degré moindre, dans
la série suivante que nous avons faite avec le plus grand
SOIN :
RG 728.6 — 98,6 98 6.-— 98.6 — 928.6 —
RG URI 988.
Malgré cela, vu la concordance des 6 premières me-
sures, nous ne croyons pas que la valeur de pe — 28,6
s’écarte beaucoup de la valeur réelle qui est peut-être
légèrement inférieure.
Observations. — Cet échantillon a servi à MM. Du-
276 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
toit et Friderich ‘ pour la mesure des constantes capil-
laires.
2. Hexamethylbenzène C,(CH, )..
Provenant de la Faculté des sciences de Paris.
Température critique.
le >> 418°,0 (2348)
Le dispositif de chauffage de l’étuve ne nous à pas
permis d'atteindre dans cette expérience une tempéra-
ture supérieure à 478°, point auquel le ménisque est
encore visible; la décomposition de ce corps est, du
reste, rapide et profonde et ne permettrait pas d’obser-
vations exactes. Nous avons donc renoncé à en déter-
miner la pression critique.
3. Diphénylméthane C,H,CH,C,H
Provenant de la maison Kahlbaum.
-.
1
Température critique.
le = 497°,0 (Radice”*).
Pression crilique.
f. Ve—
28,2 (15 obs. IT).
D De = 28,2 (
10 obs. IT).
Les lectures faites très rapidement ont été concor-
dantes.
Cet échantillon a servi à MM. Dutoit et Friderich”,
ainsi que celui de lHexaméthylbenzène pour la mesure
des ascensions capillaires.
4. Biphényle C,H,—C,H..
De la fabrique Monnet, purifié par cristallisation.
1 Dutoit et Friderich, Arch. se. phys. et nat., t. IX n° 2,p. 111.
? Radice, loc. cit.
# Dutoit et Friderich, loc. cit.
»
&
te
1
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
Température critique.
te 495°,6 (6 obs. 2211).
Pression critique.
1. pe = 31,16 (45 obs. ID).
2. pe — 31,84 (40 obs. IT).
Ce corps est assez stable, mais les mesures de tem-
pérature critique présentent certaines difficultés, en
raison de la haute température à laquelle il faut chauf-
fer l’enceinte. La correction thermométrique due à la
colonne émergeante dont la température moyenne varie
de 150 à 200, devient un peu incertaine.
De plus, la répartition de chaleur dans le bain d'air
intérieur devait être fort inégale; les lectures ont dû
être faites à assez grande distance, car l’échauffement
de la vitre protectrice était considérable et incommo-
dant pour l’observateur.
Ces considérations nous font envisager la valeur de
te ci-dessus comme très approximative, et certainement
comme un minimum.
Observations. — Cet échantillon à été utilisé par
MM. Dutoit et Friderich' pour la mesure des constan-
tes capillaires.
5. Naphtaline C,,H..
De la maison Kahlbaum, purifiée par cristallisation.
Température critique.
1. te — 468°,2 (10 obs. 2244).
2, te — 468°,2 ( 4 obs. 2211).
! Dutoit et Friderich, 1. ç., p. 112.
278 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
Pression critique.
A. pe — 39,10 (8 obs. D).
2. pe —139;33 (8 0bs. I).
3: De) 0110 /0)bS."IT):
Une série d'observations effectuées sur un tube conte-
nant encore un peu d'air a donné des valeurs de pe
croissant avec la durée de l’expérience et notablement
plus élevées.
La concordance entre les trois valeurs ci-dessus est
d'autant plus remarquable que les manomètres étaient
différents. Les séries 41 et 2 ont été effectuées avec
le manomètre I et la série 3 avec le manomètre IL. La
naphtaline est, du reste, très stable au point critique.
Observations. — L'’échantillon utilisé pour les me-
sures ci-dessus est celui qui a été employé par MM. Du-
toit et Friderich" pour la détermination des constantes
capillaires.
6. Anisol C,H,0CH..
Provenant de la fabrique Kahlbaum, purifié par dis-
tillation fractionnée, très pur.
Température critique.
e — 368,5 (10 obs. 2348).
Pression critique.
4. pe = 41,2 (10 obs. IT).
2. pe = 41,3 (15 obs. ID).
Indice de réfraction.
np = 1,5173 à 20°.6.
Coefficient de viscosité.
n — 0,01039 à 29°,3.
1 Dutoit et Friderich, loc. cit., p. 113.
(RC)
7
©
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
Densité.
0,9918 (Guye et Baud').
dax.s — 0,9903
Point d'ébullition.
te — 151°,0 ss 721mm,
_
ae
Lo
(=)
1
a
L’anisol se décompose à la température critique.
Après trois heures de chauffe à 400”, la température
de disparition du ménisque est montée de 20°, soit à
390" environ.
Cet échantillon a servi à M. le prof. Louguinine pour
déterminer la chaleur de vaporisation, et a été utilisé
ensuite, ainsi que le phénétol et le métacrésol, pour la
mesure d’ascensions capillaires par MM. Guye et Baud
(loc. eit.).
7. Phénétol C,H,0C,H..
Provenant de la fabrique Kahlbaum, purifié comme
l’Anisol.
Température critique.
te = 374°,0 (8 obs. 2348).
Pression critique.
1. pe = 33,9 (15 obs. Il).
2. pe — 33,1 (15 obs. IT).
Indice de réfrachon.
np = 1,5076 à 241°.0.
Coefficient de viscosité.
n = 0,01172 à 23°,4.
? Guye et Baud. Arch. sc. ph. et nat., XI, p. 449, 1901.
280 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
Densité.
doe,o = 0,9657 (Guye et Baud!).
dass = 0,9634
Point d'ébullition.
te — 168,4 — 168.6 ss 731mn6.
Le phénétol est encore plus rapidement décomposé
que l’anisol, déjà avant que la température critique
soit atteinte. Les températures de disparition du ménis-
que et d'apparition du nuage sont notablement diffé-
rentes l’une de l’autre et vont en s’écartant de plus en
plus avec la durée de l'expérience, ainsi que le prou-
vent les chiffres suivants (non corrigés) :
Disparition. Apparition.
374°,0 3102
313°.,8 310°,%
374°,5 369°.8
315,0 369°,8
etc.
Nous avons adopté comme valeur de {c la moyenne
entre la température de disparition du ménisque et
celle d'apparition du nuage pour les premières obser-
vations seulement.
La décomposition du phénétol est assez rapide pour
influencer les observations de pe, pendant la durée de
l'expérience, quelles que soient les précautions prises.
Les valeurs de pe vont en augmentant comme le mon-
trent les chiffres suivants :
Série 1233.09. 341 SEMSLE — 31 5 RUES
34.6 — 34,6 — 34,7, etc.
Série 233,1 — 38.8 — 33912134.0 — 34,1 —3E Re
34.4 — 34.6 — 34,7, etc.
! Guye et Baud, loc. cit.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 281
Considérant ces résultats, nous avons pris pour va-
leur de pe les nombres 33,9 et 33,7 qui sont probable-
ment supérieurs aux valeurs réelles.
Cet échantillon a servi à M. le prof. Louguinine pour
des déterminations de chaleur de vaporisation.
8. m. Crésol C,H,CH,0H (1.3.).
Provenant de la fabrique Kahlbaum, purifié comme
l’anisol.
Température critique.
te — 432°,0 (4 obs. 2348).
Pression crilique.
A. pe — 44,95 (15 obs. IT).
2. pe = 45,05 (10 obs. IT).
Indice de réfraction.
np = 1,5418 à 13°,6 (Eijkmann!).
Coefficient de viscosité.
n = 0,16767 à 21°.
Point d’ébullition.
Le — 199°,9 sous 73128
Densité.
di43 — 1,0384 (Dutoit?).
dax1 — 1,0829 »
Le m. crésol est décomposé rapidement. Après deux
heures de chauffe, la valeur de fe est montée à 436”.
Cet échantillon a servi à M. Louguinine pour la dé-
termination de chaleurs de vaporisation.
Aniline C,H.NH..
Deux échantillons différents ont été étudiés (A et B).
! Eijkmann. R. 12, p. 177.
? Dutoit. Communication inédite.
ARCHIVES, t. XIII. — Mars 1902. 20
282 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
9. Aniline, échantillon À.
Provenant de la maison Kahlbaum. Préparée à par-
tir du nitrobenzène, purifiée par ébullition prolongée
sur loxyde de plomb, distillée et redistillée deux fois
sur le sodium.
Température crilique.
A. te — 425°,9 (20 obs. 2348).
2. te — 425°,7 (6 obs, 2244).
Pression critique.
1. pe — 52,3 (8 obs. L).
2. Pe — 52,5 (5 obs. D).
Indice de réfraction.
nn = 1,5848 à 22°.
Coefficient de viscosité.
1 = 0,0405 à 29°,5.
Densité.
dax = 1,0184 (Thorpe”).
Point d'ébullition.
le — 181.0 — 181,1 ss H = 7340,
Remarques. — Le tube ayant servi à la détermina-
tion 2 de température critique a été chauffé d’une façon
prolongée à 400°-420°, afin d'étudier l’action de cette
haute température sur l’aniline. On a trouvé comme
valeurs de fe les températures suivantes :
Durée totale de chauffe le
2 heures k
26°,5
k >» 497,6
64: à 428°,6
10 » 429°,5
AT > 431°,0
20 » 432°,0
! Thorpe. Soc. mars 1880.
»
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 283
Le contenu du tube, au début parfaitement limpide
et incolore a déjà changé légèrement d'aspect après 10
heures de chauffe. Après 20 heures, il était devenu
très visqueux, jaune brun, avec une belle fluorescence
verte. Nous n'avons pas examiné le produit de décom-
position, car cette étude nous aurait entrainé trop loin,
hors du cadre de notre travail. Néanmoins, nos obser-
vations nous permettent d'affirmer que les transforma-
tions qui se produisent dans ces conditions représentent
des états stables qui méritent d’être étudiés plus à
fond.
Cet échantillon À avant d’être redistillé sur le so-
dium, nous avait donné pour {e la valeur 427°,2. Cette
différence fait bien ressortir le rôle Joué par les impu-
retés dans la détermination des constantes critiques.
10. Aniline, échantillon B.
Provenant de la maison Kahlbaum et traitée comme
l’échantillon A.
Température critique.
Are 14
2. te =
Pression critique.
À. pe — 52,25 (10 obs, I)
2. De — 52,35 (10 obs. I),
Indice de réfraction.
nn = 1,5849 à 29°.92.
Coefficient de viscosité.
1 — 0,0385 à 24°,0.
Densité.
(22,2 —+ 1 .0182 Thorpe à
dos — 1,0166.
Thorpe, Loc. cit.
284 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
Point d'ébullition.
Le — 180.6 — 180,7 sous 728 mm. 2.
On voit que les deux échantillons d’aniline étudiés
donnent des valeurs três concordantes de {, p. et m.
mais qu'ils différent notablement l’un de l’autre, au
point de vue de leur point d’ébullition et du coefficient
de viscosité.
Diméthylaniline. C,H,N (CH, )..
Deux échantillons A et B ont été étudiés.
11. Diméthylaniline, échantillon 4.
Provient de la maison Kahlbaum, purifiée comme
l’aniline.
Température critique
1. te = 44,6 (14 obs. 22
2. te = ME,8 (15 obs. 22
Pression critique,
A. pe — 35,5 (10 obs. I).
2. pe — 35,3 (10 obs. I).
3. pe = 35,8 (10 obs. IT).
Indice de réfraction.
nn = 1,5565 à 23°.0.
Coefficient de viscosité.
q = 0,0137 à 21°,5.
Densilé.
d:3 — 0,9537. Dutoit et Friderich".
das = 0,9549.
Point d'ébullition.
Le — 190,3 — 190,4 sous 714 mm. 4.
1 Dutoit et Friderich, oc. cit., p. 116.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 285
Ce corps se décompose rapidement. Les phénome-
nes ordinaires qui caractérisent les corps au point cri-
tique sont troublés. Le ménisque disparaît bien sans
changer de place, au milieu du tube et progressive-
ment, mais l'apparition du nuage, puis du liquide est
tout autre qu'à l'ordinaire. Aa lieu de la formation
instantanée du nuage opaque, il se produit une sorte
de condensation au haut du tube, puis le liquide vio-
lemment agité en tourbillons et semblant en ébullition
à sa surface descend, accompagné d’un nuage dense
qui semble se fondre avec lui. Ce phénomène se produit
alors même que l'élévation de température à laquelle
le tube est soumis a été lente et progressive. Les deux
tubes étudiés ont donné lieu aux mênres phénomènes.
Si l’on répète plusieurs fois l'expérience avec un même
tube, la température de disparition du ménisque et
celle de l'apparition des vapeurs condensées au haut
du tube s’écartent de plus en plus l’une de Pautre,
ainsi que le prouvent les chiffres suivants (corrigés) :
1° Série Da Série
ST — — a —
Disparition Apparition Disparition Apparition
du ménisque du liquide du ménisque du liquide
k14°7 4146 414°8 4149
445,0 114,5 115.5 8,7
415,2 444.0 15,7 14,5
415,6 414,8 15,8 413.9
416,2 408.0 ? 113.5
HG, 4 105,7 118.9 412,7
417.0 103,8 419,9 411,9
Dans ces conditions, nous avons pensé que Îles pre-
mières observations devaient seules être prises en con-
sidération, et nous avons adopté pour températures
286 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
critiques des deux séries les valeurs & —%14",6 et
= 14 AA, 8:
Après cinq heures de chauffe, la décomposition était
assez forte pour que le ‘contenu du tube fût devenu
brun foncé.
12. Diméthylaniline, échantillon B.
Provenant de la maison Kahlbaum, purifiée comme
l’aniline.
Température critique.
lite — 414,2 (4 obs. 2348).
2. te — M4,1 (6 obs. 2348).
Pression critique.
4. pe = 36,4 (14 obs. ID).
2. Pe — 20,0, (00 005.411).
Indice de réfraction.
np = 1,5564 à 23°,6.
Coefficient de viscosité:
| 1 = 0,0432 à 23°,6.
Densilé.
des,e = 0,9532. Dutoit et Friderich !.
Point d’ébullition.
te — 190,1 sous 723 mm. 7.
Les phénomènes sont les mêmes que ceux observés
sur l’échantillon A pour les mesures de {, .
De plus, la décomposition a eu lieu aussi en partie
pendant les déterminations de p, ; la 1" série nous à
donné des valeurs constamment croissantes de 36,1 à
! Dutoit et Friderich, Loc. cit. p. 116.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 287
SG uk etc. Il est même fort probable que la valeur de 36,1
est plutôt un peu élevée. Quand à la 2" série, les cinq
déterminations effectuées rapidement ont été concor-
dantes ; nous n’avons pas tenu compte des observations
ultérieures qui accusaient une élévation graduelle des
valeurs de p, . De là résulte que les dernières valeurs
de p. fournies par l’échantillon B ne sont probablement
pas tout-à-fait aussi exactes que celles obtenues avec
l'échantillon A, surtout la série 2 dont les lectures ont
été très concordantes.
13. Diméthyl-0-toluidine C,H,CH, N (CH).
Provenant de la fabrique Kahlbaum, purifiée par
fractionnement. Echantillon A.
Température critique.
1. te — 394,8 (8 obs. 2348).
2, te — 394.8 (6 obs. 2348).
Pression critique.
l. pe — 30.8 (7 obs. IT).
2. pe = 30,8 (5 obs. IT).
Indice de réfraction.
np —= 1,5248 à23°".
Coefficient de viscosité.
n — 0,01489: à 22°,6.
Densilé.
de3 — 0,9255. Dutoitet Friderich"!.
d22,6 — 0,9258. » »
Point d'ébullition.
le — 182°.0 — 182°,2 sous 718 mm. 4.
* Dutoit et Friderich, Loc. eit., p. 117.
288 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
14. Un autre échantillon B, n’a été utilisé que pour
la mesure de l'indice de réfraction (qui a été trouvé
nn = 1,5242 à24 ,2) et a été identifié avec l’échan-
tillon À par sa réfraction moléculaire et son point
d’ébulliton. Il provenait de la même maison et a été
purifié de la même manière,
La diméthyl-o-toluidine est très nettement décompo-
sée. Les phénomènes observés sont à peu près les
mêmes que ceux qu'offre la diméthylaniline, mais
encore plus remarquables. Si l’on essaye d'observer la
température critique après 1 heure de chauffe, on voit
que le ménisque au lieu de disparaître, s’épaissit au
contraire, en devenant noir et opaque. En laissant tom-
ber la température, il se transforme alors en un nuage
très dense qui s'étend dans la partie inférieure du tube
pendant qu'un autre se forme à la pointe. Puis tous
les deux se résolvent finalement en un liquide coloré
qui semble être d’un volume moindre que le liquide
primitif. Les deux tubes examinés ont offert les mêmes
phénomènes.
‘Comme on pouvait le prévoir, d’après ces observa-
tions, la valeur de y». varie rapidement, augmentant
d’une mesure à l’autre. Néanmoins, en opérant avec
rapidité nous avons pu obtenir les cinq ou six premières
lectures parfaitement concordantes.
Cet échantillon a servi à MM. Dutoit et Friderich”
pour leurs mesures d’ascensions capillaires. |
15. Pipéridine. CH, NH.
Provenant de la maison Schuchardt, purifiée par la
méthode habituelle, redistillée sur le sodium.
! Dutoit et Friderich, Loc. cit. p. 117.
19
Q0
©
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
Température critique.
Le
Pression critique.
1. pe — 45,95 (10 obs. ID).
2. pe — 45,85 ( 8 obs. IT).
Indice de réfraction.
no — 4,4530 à 20°,7.
Coefficient de viscosité.
1 = 0,01554 à 19°6.
Densité.
doz — 0,8602 Brühl:.
dis,6 — 0,8619.
Point d’ébullition.
Le — 104,0 — 104,4 sous 729 mm. 3.
La pipéridine se décompose rapidement et les me-
sures de p, mêmes, doivent être menées avec précau-
tion et rapidité. Quoi qu'on fasse, il n’y a que les
premières lectures qui concordent, les autres s'élèvent
assez rapidement.
Avant d’être redistillée sur le sodium, cet échantil-
lon de pipéridine nous avait donné pour p, la valeur
Pe = 49,6, et la décomposition en avait lieu encore
plus rapidement.
On peut se reporter, à ce sujet, à ce qui a été dit
pour l’aniline, échantillon A, à propos de la tempéra-
ture critique.
16. Acétonaitrile. CH,CN.
Provient de la fabrique Kahlbaum.
! Brühl, Ph. Ch. 16, p. 216.
290 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
Température critique.
1. te = 270°,0 (14 obs. 2348).
2. te = 210°,3 ( 6 obs. 2348).
Pression critique.
1. pe = 47,7 (45 obs. Il).
2. pe — 47,1 (40 obs. Il).
Indice de réfraction.
no = 1,3417 à 23°,6.
Coefficient de viscosité.
n = 0,003466 à 23°,1.
Densité.
de3,6 = 0,7785 Dutoit et Friderich #.
do31 — 0,7190 » »
Point d’ébullition.
te = 19°,6 sous 718 mm.
L’acétonitrile est stable à la température critique et
donne des valeurs de #, et p. très concordantes.
17. Propionitrile C,H.CN.
Provenant de la fabrique Kahlbaum.
Température critique.
A. te = 285,1 (14 obs. 2348).
1. Le = 285,7 (12 obs. 2348).
Pression crilique.
4. pe = 1,2 (11 obs. IT).
2. pe = #,4( 9 obs. IT).
Indice de réfraction.
np = 1,3640 à 24°,6.
* Dutoit et Friderich, Loc. cit. p. 119.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 291
Coefficient de viscosité.
1 = 0.004267 à A
Densité.
des — 0,1765 Thorpe :.
Re 0 1S0T.
Point d’ébullition.
te — 95,0 à 95°,2 sous 722 mm. 8.
18. Butyronitrile C,H,CN.
De la fabrique Kahlbaum.
Température critique.
L. te — 309,1 (10 obs. 2348).
2, te — 309,0 (42 obs. 2348).
Pression crilique.
1. 37,5 (12 obs. IL).
2. pe — 317,3 (10 obs. IT).
3. pe = 31,3 (10 obs. IT).
k. pe —= 31,4 (10 obs. IT).
Indice de réfrachion.
nn = 1,3816 à 24°.
Coefficient de viscosité.
1 = 0,005747 à 22°,3.
|
Densité.
2207819 (D. et)
> 3 —= 0,7888.
Point d'ébullition.
Le — 115.4 — 115,6 sous 739 mm.
Le butyronitrile est remarquablement stable au point
critique, c’est pourquoi nous l’avons choisi, comme on
! Thorpe, loc. cit.
? Dutoit et Friderich, loc. cit., p. 121.
292 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
l’a vu, pour le contrôle des variations des manomètres
au cours de nos recherches.
19, Capronitrile. CH, ,CN
Provient de la fabrique Kahlbaum.. échantillon trés pur.
Température critique.
À. te — 348°,9 (14 obs. 2348).
2. le — 348°,6 (14 obs. 2348).
Pression crilique.
4. pe —= 32,1 (10 obs. IT).
2. pe — 32,0 (10 obs. IT).
3. De — 32,2 (10 obs. IT).
4. pe — 32,2 (6 obs. IT).
Indice de RER
Coefficient de viscosité.
n — 0,00942 à 22°,0.
Densité.
ds2.2 — 0,7990 Brühl ?-
da2.0 — 0,799.
_ Point d’ébullition.
le = 154,4 — 154,6 ss. 718 mm. 4.
Remarques. Lorsque la température critique est
atteinte graduellement, la disparition du ménisque se
fait de la manière habituelle à la place qu’il occupait
dans le tube ; mais si la température s'élève rapide-
ment, le ménisque monte dans le tube et ne disparaît
qu’à une température notablement supérieure. Le capro-
aitrile est assez stable et ne présente pas de décompo-
sition sensible pendant la durée des observations. Néan-
? Brubl, Ph. Ch. 16, p. 216.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 293
moins, aprés cinq heures de chauffe à 340 la valeur
de 4, s’est abaissée de 1° environ.
20. Benzonitrile C,H,CN.
Provient de la maison Kahlbaum.
Température critique.
l. te — 4321 (8 obs. 2244).
2. te = 428°,1 (Sobs. 2211).
3. Le — 496°,9 (6 obs. 22
2211).
k. te — 427°,3 (6 obs. 2214).
Pression crilique.
l. pe = 41,6 (15 obs. ID).
2. pe = 41,6 (15 obs. IT).
Indice de réfraction.
np —1,5212 à 23°,0.
Coefficient de viscosité.
1 = 0,01316 à 20°.9.
Densité.
93e —= 1,0016 (Kopp QE
‘20,9 — 1.0035.
Point d’ébullition.
Ra OI RAS Eye
Remarques. — On peut se rendre compte, en com-
parant les résultats des quatre séries d'observations de
t. que le benzonitrile est décomposé déjà avant que la
température critique ne soit atteinte. Afin de détermi-
ner dans quel sens cette décomposition fausse les ob-
servations, nous avons chauffé le tube ayant servi à la
série 4 pendant quelques heures à 420-425.
1 Kopp., A. XCIV.
294 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
Nous avons obtenu les résultats suivants :
Durée de chauffe le
3 heures 429,5
5: > 431.0
MS 433,5 environ.
D’après ces chiffres, la valeur de {. augmente avec
la durée de chauffe. Il est donc probable que la
valeur la plus faible trouvée est la plus proche de la
valeur réelle. C’est pourquoi nous avons choisi 4 —
426,2.
Après une chauffe prolongée entre 410 et 430°, le
même échantillon a donné un produit de décomposi-
tion brun-noir et gélatineux, qui doit être un mélange
ou une solution, car en laissant le tube se refroidir len-
tement, on trouve à sa pointe une goutte d’un liquide
incolore et parfaitement trausparent.
Tous ces échantillons de nitriles ont servi à M. le
professeur Louguinine ‘ pour ses déterminations de cha-
leur de vaporisation. IIS étaient remarquablement purs
et ont été encore redistillés avant de servir à nos me-
sures.
21 et 22. Acide propionique C,H,COOH.
L’échantillon A qui nous a servi pour nos détermina-
tions de & , ñp et n, provenant des Usines du Rhône,
était très pur d'emblée et a été purifié encore par cris-
tallisation à — 21°. Pour les mesures de nn, nous avons
eu en mains un autre échantillon (B) provenant de la
maison Kahlbaum et que nous avons reçu trop tard
pour pouvoir faire d’autres observations.
Louguinine, C. r. 132, 88.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 295
Température critique.
te — 326°.8 (10 obs. 2211)
Pression critique.
le
Indice de réfraction.
(A) nn = 1,3865 à 21°.4.
(B)nn —= 1.3859 à 21°.9.
Coefficient de viscosité.
n — 0,01081 à 23°,2.
Densité.
dois = 0,9926 (Kopp').
dage.s — 0,9905
Point d'ébullition.
le = 140.5-141 sous 758mm5 3,
L’acide propionique se décompose un peu à la tem-
pérature critique, mais les premières valeurs sont ce-
pendant suffisamment concordantes pour permettre une
détermination assez précise de £, .
23. Chloroformiate d'éthyle CICO,C,H..
Provenant de la maison Kahlbaum, très pur d’em-
blée a été encore redistillé.
Température critique.
te L 235° (2348)
Le dispositif employé ne nous à pas permis de me-
surer la température critique, car les trois tubes mis
en expérience ont sauté avant que le mercure du ther-
momètre fût visible. La disparition du ménisque et
l'explosion du tube étant très rapprochées, il serait
! Kopp. Ann. XCIV.
? Schiff. À. 234, p. 323.
296 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES, ETC.
impossible, dans ces conditions, de faire plus d’une
lecture qui n’offrirait pas, à elle seule, une précision
suffisante.
Pression crilique.
Nous n'avons pas essayé de la mesurer, vu les dan-
sers de expérience.
Indice de réfraction.
Mn 01,394) 41916295
Coefficient de viscosité.
9 — 0.00545 à 217,1.
Densité.
dass = 1,1334 (Pawlewski 1)
LETON — 1,14339
Point d’ébullition.
Le = 9M°,3—91°,35 ss. 7290m6,
Eau H,0.
Possédant un échantillon de tube en verre spécial
(verre double pour manomètres de chaudières), nous
avons essayé de mesurer la température critique de
l’eau en utilisant notre dispositif ordinaire.
Le tube en question avait 3°" d'épaisseur pour un
canal intérieur de 1°" de diamèétre. Il avait été travaillé
au chalumeau comme à l'ordinaire et recuit. Malgré
ces précautions, il n’a pu résister à la pression déve-
loppée et a sauté à 345°. Les fragments recueillis ont
permis de constater que l'attaque du verre avait êté
très vive, malgré le peu de durée de l’expérience, car
les parois intérieures étaient, à l’œil nu, visiblement
dépolies.
(A suivre.)
! Pawlewski, B. 16, p. 2634.
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Séance du 9 janvier 1902.
Th. Tommasina. Réflexion des rayons radioactifs. — E. Chaix.
Erosion torrentielle post-glaciaire. — L. Duparc. Aperçu géné-
ral de la tectonique de l’Oural.
M.Th.TommasinA fait une communication sur l’eristence de
rayons qui subissent la réflexion, dans le rayonnement émis
par un mélange de chlorures de radium et de baryum. Etu-
diant celui des effets de la radioactivité qui consiste en un
accroissement de la conductibilité électrique du milieu,
l’auteur examine la manière dont se présente cette modi-
fication.
M. Tommasina pense que la polarisation qui doit avoir
lieu sous l’action de la propagation du mouvement éthéri-
que suffit pour expliquer le phénomène, sans qu'il soit né-
cessaire de faire intervenir dans ce cas une scission élec-
tro-chimique résultant d’une ionisation des molécules de
l'air: cette dernière hypothèse ne semble pas s’accorder
avec la rapidité d'apparition et de disparition du phéno-
mène observé et avec le fait que la conductibilité n’aug-
mente pas avec le temps pendant la durée de l’action.
M. Tommasina ajoute que le phénomène n’a pas lieu seu-
lement dans l'air, car il vient de constater que le rayonne-
ment Becquerel augmente aussi la conductibilité des dié-
lectriques solides tels que la paraffine et de diélectriques
liquides tels que l'alcool.
ARCHIVES, t. XIII — Mars 1902. 21
298 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
M. Tommasina compare ensuite les modes de production,
les propriétés communes et la nature complexe reconnue
des rayons d’origine cathodique et de ceux d’origine photo-
chimique ; puis se basant sur les dernières découvertes
de M. Lénard, relatives aux propriétés électriques des
rayons ultra-violets et de M. Sagnac sur les rayons secon-
daires, il dit que l’explication de ces phénomènes par la
théorie balistique est insuffisante; même en admettant
l'émission de particules électrisées, l’ensemble du phéno-
mène restant toujours essentiellement de nature ondula-
toire éthérique.
L'auteur décrit ensuite les différents disposiufs qui lui
ont permis de mettre en évidence et de séparer du rayon-
nement Becquerel les rayons qui subissent la réflexion.
M. Emile CHaix parle de l'érosion torrentielle post-gla-
ciaire dans la vallée de Bagnes.
Il avait remarqué précédemment aux Houches,; sur la
rive droite de l’Arve, à 8 m. environ du niveau actuel de
la rivière, une roche striée parfaitement intacte, qui
n'avait certainement pas été soumise à l'érosion fluviale
depuis la période où le glacier l'avait abandonnée.
Dans la vallée de Bagnes il put constater en plusieurs
endroits la faiblesse de l’érosion torrentielle post-glaciaire
sur les barrages de roches dures qui traversent la vallée.
Le barrage de la Monnaie (gneiss) se délite trop pour
fournir des marques nettes.
Au-dessous de Sembrancher, une roche moutonnée s’ef-
frite aussi trop pour conserver des stries; mais elle ne pré-
sente pas de traces caractéristiques d'érosion torrentielle.
Elle se trouve à 18 m. environ au-dessus de la Drance.
Le barrage de Fregnoley se morcelle aussi trop active-
ment.
Au-dessus de Lourtier, en aval de La Vintzie, un pro-
montoire rocheux (schiste de Casanna), qui dévie forte-
ment la Drance, présente des traces nettes d’érosion tor-
rentielle jusqu’à 10 et 12 m. au-dessus de l’eau, des stries
vers 15 m. et des stries tout à fait nettes à une trentaine
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 299
de mètres. Les gens du pays disent que la Drance passait
par dessus ce promontoire jusqu'à l’époque d'une grande
crue en 4494: mais il ne reste pas de traces torrentielles
sur ce promontoire ni sur son versant aval.
Aux rapides de La Vintzie (sch. de Casanna), la limite
entre l'érosion fluviale et les stries glaciaires est remar-
quablement nette sur la rive gauche: elle se trouve à 6 m.
seulement au-dessus de l’eau actuelle. Comme la rive droite
est occupée par un grand talus d’éboulis, cela peut avoir
ralenti l'érosion fluviale ; cependant la rivière semble cou-
ler sur la roche en place.
En amont du barrage de La Vintzie, près des Granges-
Neuves. il y a des roches moutonnées, mais qui semblent
avoir été usées plus tard par l’eau.
Au bord de l’affluent qui descend du plan de Louvie se
trouve une roche à stries intactes, à #4 ou 5 m. au-dessus
du niveau de la rivière actuelle,
Au pont du Revers, l'érosion glaciaire est intacte à 19 m.
au-dessus de l’eau.
Au pied de la cascade de Fionnay, les rochers ont des
stries intactes à 65 m. au-dessus de la rivière. Le long de
la cascade on peut constater que le lit de la rivière a reculé
vers l’amont d’une quantité assez considérable (environ
20 mètres).
Au pied de la Tête de Fionnay, rive gauche. on voit des
stries intactes à environ 10 m.au-dessus de l’eau. Ces stries
ont une contre-pente d'environ 5°.
A 500 m. en amont de Fionnay, les stries sur la rive
gauche sont intactes depuis 13 à 18 m.
Aux rochers de Bonatchesse, rive droite, elles le sont à
A9;am;
En face du talus de débris de glace du Gétroz, l'érosion
torrentielle est parfaitement nette à 7 m., l'érosion gla-
ciaire à 27 m.; mais il y à des stries à 40 m.
Au-dessus du pont de la Petite-Chermontane, sur la
rive droite, les traces d’érosion glaciaire sont franches à
une vingtaine de mètres.
En face de Boussine, dans l’alpe des Vingt-huit, l'érosion
300 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
torrentielle est très nette jusqu’à 5 m. et l'érosion glaciaire
absolument intacte à 22 m. au-dessus du niveau actuel de
la Drance. Dans cet endroit aucun talus de débris n’a pu
atténuer l'érosion.
Au pont de Lancey et plus haut, il n’y a rien de bien
net.
En résumé, ces barrages montrent que l'érosion torren-
tielle post-glaciaire n’a pas modifié beaucoup la profondeur
de la vallée, malgré la puissance considérable de la
Drance. |
M. Chaix a fait encore quelques observations analogues,
mais beaucoup moins intéressantes, dans la vallée de
Tourtemagne et à la montée du Saint-Gothard.
M. le prof. L. Duparc résume les principaux résultats
des recherches qu'il a entreprises en 1900 et 4904 sur la
géologie du bassin supérieur de la Koswa, rivière tributaire
de la Kama (Oural du Nord). La zone explorée occupe un
rectangle d'environ 30 kilom. sur 55. La limite sud de cette
zone passe par le village de Troitsk sur la Koswa, la limite
nord s'arrête aux sources de la rivière Tilaï, vers l’est elle
passe un peu au delà de la ligne de partage des eaux asia-
tiques et européennes, vers l’ouest elle se confond avec
une ligne peu éloignée de celle qui joint les villages de
Troiïtsk et de Werkh-Koswa.
Si, partant d’un point situé sur la Koswa entre ces deux
localités, on chemine de l’ouest vers l’est, on croise suc-
cessivement les formations suivantes :
1. Première zone de devonien inférieur. Elle est déve-
loppée sur les deux rives de la Koswa, mais surtout vers
l’ouest ; sa largeur dépasse vingt kilomètres ; elle forme
les crêtes boisées et relativement peu élevées qui consti-
tuent les montagnes des deux rives de la Koswa, principa-
lement de la rive droite, ainsi que celles qui lessuivent vers
l’ouest. Elle est formée par des conglomérats quartzeux à
petits éléments, des quartzites, puis des schistes argileux :
les couches sont dirigées généralement presque NS.: le
plongement se fait vers l’est. Une observation attentive à
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 301
montré que cette zone est fortement plissée, et forme des
plis synclinaux à petit rayon de courbure, parfois écrasés,
déjetés régulièrement vers l’ouest. Cetle formation est tra-
versée en des points très nombreux par des roches érup-
tives de deux catégories : 1° des diorites et des gabbros à
olivine, nettement intrusifs, et développant des phéno-
mènes de métamorphisme évidents dans les schistes : 2° des
granits porphyres. intrusifs également, et métamorphosant
profondément les schistes, qui se chargent de minerai de
fer à leur contact.
2. Zone des quartzites et conglomérats cristallins. Elle
forme une large bande de formations détritiques, conglo-
mérats et quartzites, en partie recristallisés, et passant
manifestement aux schistes cristallins métamorphiques.
Cette bande s’amincit vers le nord et se termine à 30 kilo-
mètres environ du confluent des rivières Tepil et Tilai.
Cette bande forme une longue chaine rocheuse et en partie
dénudée dont l'altitude dépasse fréquemment 1100 mètres.
Ces quartzites et conglomérats cristallins sont d'âge indé-
terminé; ils sont en tout cas inférieurs au devonien de la
zone précédente, ils rappellent absolument des formations
analogues de l’Oural du Sud classées à la base du devonien
inférieur. L'auteur a pu établir que cette zone, dans son
ensemble, forme une immense voûte, déjetée vers l’ouest,
sans doute compliquée de replis secondaires. La Koswa
traverse cette zone par une cluse avec rapides.
3. Deuxième zone de devonien inférieur et moyen. Appelée
par M. Duparc zone de Tepil, le cours de cette rivière étant
entièrement compris dans cette formation. Elle est formée
par une bande de devonien moyen et de devonien inférieur,
qui se termine aux sources mêmes de Tepil en se réunis-
sant à la première zone devonienne indiquée. Cette zone
forme dès sa naissance vers le N. jusqu'au confluent de
Tepil, un synclinal de devonien moyen. flanqué de devo-
nien inférieur. le synclinal est déjeté vers l’ouest et accom-
pagné de replis secondaires. Un peu en amont du confluent
de Tepil. le devonien inférieur est étiré au flanc renversé,
et les dolomies noires et bituminenses du devonien moyen
302 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
entrent directement en contact avec les quartzites et con-
glomérats cristallins.
4. Zone des schistes cristallins métamorphiques. Elle vient
à l’est de la précédente et est représentée par des schistes
cristallins divers, principalement chloriteux ouséricitiques,
généralement très quartzeux. Ils sont froissés et contour-
nés, plongent vers l’est et forment des plis multiples
masqués par la végétation. Leur âge est également indé-
terminé, en tout cas ils ne sont point de la série cristallo-
phyllienne.
5. Zone des massifs éruptifs basiques. Elle est repré-
sentée par une série de gigantesques boutonnières de ro-
ches éruptives basiques, orientées à peu près NS., qui
traversent la zone # en trainées discontinues et forment
une succession de montagnes élevées et arides, situées sur
la frontière de l’Europe et de l'Asie et plus à l’est. La ré-
gion explorée comporte trois de ces grands massifs éruptifs,
qui sont du sud au nord, la montagne de Kosswinsky, le
Katechersky, puis la chaine de Tilaï-Cerebransky-Kanja-
kowsky. L'étude de cette zone a été achevée en 1901.
M. Duparc y a rencontré des roches éruptives fort curieuses
et en partie nouvelles.
Le Kosswinsky est entièrement formé par une pyroxé-
nite appelée Koswite par MM. Duparc et Pearce, et dont
les caractères pétrographiques ont été déjà décrits. Le
contrefort rocheux qui flanque le Kosswinsky à l’ouest, ap-
pelé Pharkowsky et Malinky-Ouvwal, est formé par des gal:-
bros à olivine peu feldspathiques, alternant avec des
pyroxénites. Par contre, le contrefort rocheux qui fait
suite vers le nord au Pharkowsky-Ouwal et l’éperon qui
termine le Koswinsky vers le NE., sont formés par des
dunites massives nettement intrusives dans la Koswite.
Le Katechersky est exclusivement formé par des gab-
bros-diorites présentant tous les types et les stades d’ou-
ralitisation.
Quant au Tilai-Kanjakowsky-Cerebransky, c’est une
chaine très complexe au point de vue pétrographique. Elle
est formée par des pyroxénites distinctes en partie de la
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 303
Koswite, par des gabbros variés. par des gabbros-diorites
d’un type particulier qui forment principalement le massif
du Cerebransky; puis par des dunites massives intrusives
dans les peridotites, et développées surtout aux sources de
la rivière Poloudniewaïa.
La chaine qui se trouve à 20 kilom. environ à l’est du
Koswinsky-Katechersky-Tilaï porte le nom de Kalpak-Sou-
kogorsky ; elle est entièrement sibérienne. Elle est formée
dans son ensemble par des roches éruptives abyssales
basiques, qui se rattachent aux types du Kosswinsky et du
Tilaï, surtout aux pyroxénites à olivine. La région située
entre le Kosswinsky et cette dernière chaine est couverte
d'épaisses forêts. L'auteur s’est assuré qu’elle était égale-
ment formée de roches éruptives dynamométamorphosées,.
comparables aux gabbros et aux diorites.
Séance du 23 janvier.
L. Duparc. Rapport présidentiel pour 1901.
M. L. Duparc, président sortant de charge, donne
lecture de son rapport sur l’activité de la Société pen-
dant l’année 1904. Ce travail contient les biographies de
MM. P. Chaix, Ch. Galopin et H. Gosse, membres ordi-
naires, et de MM. C.-E. Cramer, A. Hirsch, H. de Lacaze-
Duthiers et Ch. Maunoir. membres honoraires, décédés
pendant l’année.
Séance du 6 février.
R. Chodat et Crétier. Influence du noyau pour la production des
ramifications chez les algues. — R. Chodat et C. Bernard. Embryo-
logie du Cytinus hypocystis. — R. Chodat et A. Bach. Influence
des peroxydes sur les êtres vivants. — L. Duparc et Jerchof.
Plagiaplites quartzifères du Kosswinsky. — F. Pearce. Observa-
tons sur une variété de feldspath.
M. le prof. CHopar à proposé à M! CRÉTIER de rechercher
dans quelle mesure le noyau chez les algues intervient
304 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
directement dans la production des ramifications des poils
et des rhizoides.
D'une manière générale, chez les algues vertes, filamen-
teuses, la production et la naissance des rameaux qu'on
voit surgir au-dessous des cloisons supérieures des cel-
lules de l’axe, est indépendante de la position du novau.
Ce n’est que lorsque la ramification, qui est encore en
continuité avec le filament principal, est déjà formée. que
le noyau se porte vers l'insertion du rameau, se divise et
porte chacune de ses moitiés vers le centre des deux cel-
lules. Cette ramification est donc en quelque sorte un
bourgeonnement. Ces faits ont été constatés chez les Chae-
tophora, Stigeoclonium, Draparnaldia, Treutepohla.
Quant aux rhizoides, ils naissent à la façon des rameaux,
mais souvent, comme dans le cas de Draparnaldia, le
noyau se porte vers l'extrémité sensible.
Dans le cas des rhizines de Schizogonium, le noyau
n'émigre pas. Il reste en place dans la cellule mére.
Ces rhizines ne sont en réalité pas des appareils de fixa-
tion, mais sans doute des appareils d'absorption pour
l’eau.
Le disque d'adhésion d'Oedogomium africanum Lemm.,
et les papilles radicantes des Spirogyra n'ont montré
aucune influence visible du noyau.
. Il y a donc beaucoup d’exagération dans la théorie de
Haberlandt, sur la fonction membranogène du noyau.
M.le Prof. Caopar rend compte d’un travail qu'il à fait
faire dans son laboratoire par M. C. BERNARD. L’embryo-
logie du Cytinus hypocystis n'avait jamais été abordée
sérieusement. Il était intéressant de voir si les résultats
obtenus sur d’autres Hystérophytes concorderaient avec
ceux que donnerait une étude détaillée de cette espèce
parasite.
Les auteurs ont fait parfois de ce genre, qui ne com-
prend que quelques espèces, une famille spéciale ; mais,
le plus souvent, il a été rangé à côté des Hydnora et des
Rafflesia, dans la famille des Rafflesiacées. D’autres,
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 305
appuyant sur la présence de la colonne staminale, qui
rappelle de très près la gynandrie des Asarum par exem-
ple, ont fait de Cytinus une Aristolochiacée.
Les fleurs de Cytinus sont unisexuées ; toutes sont pré-
cédées d’une bractée médiane antérieure et de deux brac-
téoles latérales. La morphologie générale de ces fleurs est
connue. L'ovaire infère, surmonté d’un périgone tubuleux
généralement quadrilobé, se prolonge en un style terminé
par une tête multilobée. Les lobes correspondent, disent
les auteurs, au nombre des carpelles : il a pu être cons-
taté qu’il y a autant de lobes stigmatiques que de placentes
(ordinairement 9). — On peut homologuer la colonne cen-
trale de la fleur mâle au style de la fleur femelle. Elle se
termine par des appendices peu développés qui ne seraient
autre chose que les rudiments des lobes stigmatiques. Il y
a autour du sommet 8-12, ordinairement 10 étamines séssi-
les à deux loges assez éloignées et rapprochées au sommet
en un connectif aigu et assez proéminent.
L'ovaire a généralement 4 placenta principaux parie-
taux, très ramifiés à l’intérieur de la loge. Les ramifica-
tions ultimes des placenta, que les uns ont considérés
comme des funicules, sont pour nous des placentes. On à
vu en effet, naître dans nombre de cas, deux ovules ortho-
tropes côte à côte sur ce tissu. L'ovaire a finalement son
sommet divisé par connivence des placentes. en un
nombre variable de loges incomplètes.
La cellule mère du sac embryonnaire est sous épider-
mique; elle nait avant la croissance du tégument qui se
développe par l’activité d’un anneau de cellules mères
superficielles. Un second tégument rudimentaire, consi-
déré par Planchon comme un arille apparait de bonne
heure également.
La cellule mère se divise en # cellules superposées,
dont la supérieure grossit et écrase les autres. Le sac es
tout d’abord normal. Les noyaux antipodiaux entrent bien
vite en régression et il ne se forme jamais de cellules anti-
podiales. — À ce moment, ou déjà plus tôt, le nucelle divise
accidentellement les cellules de sa base et constitue ainsi
306 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
un tissu qui s’avance plus ou moins dans la direction du
placente et qui atteint son développement, lorsque lal-
bumen et l'embryon sont formés. C’est un tissu conducteur
nutritif. L’albumen est à 1-3 couches de cellules homo-
gènes. Le nucelle persiste un temps, puis s'écrase, de
même que les couches internes du tégument dont la couche
externe constitue le test de la semence. Malgré des recher-
ches très attentives, il n’a pas été possible de constater
la fécondation, ni même la présence d’un tube pollinique.
Y aurait-t-il apogamie ?
M. Copar présente, au nom de M. Bac et au sien, une
communication prélimaire relative à l'influence des pe-
roxydes sur les êtres vivants. On a généralement admis
que ces peroxydes et en particulier l’eau oxygénée, sont
incompatibles avec la vie des plantes et des animaux. Le
but de cette communication est de prouver tout d’abord
que cette idée est inexacte et qu'il est possible non seule-
ment de faire vivre, mais de faire croître des végétaux
dans des solutions qui contiennent des peroxydes.
Lœw., dans un travail récent, indique que dans une solu-
tion contenant 4 pr. 15000 de peroxyde d'hydrogène, le
développement du bacille typhique est retardé, 1 pr.
10000 de peroxyde d'hydrogène tue les infusoires en 15-36
minutes. en solution à 4 pr. 1000, les algues sont tuées en
peu d'instants et que, en injections intraveineuses, le
peroxyde arrête la respiration chez les mammifères.
D'ailleurs, les peroxydes d'hydrogène ne pourraient exis-
ter dans l’organisme, car celui-ci contient toujours une
diastase qui décompose l'eau oxygénée et à laquelle il
donne le nom de Catalase.
Pour élucider cette question, les auteurs ont établi des
cultures de Penicillum glaucum dans du liquide Raulin.
additionné d’eau oxygénée en diverses proportions. Ils
ont constaté que jusqu’à 14/1000 la croissance a lieu et que
des boules fongiques, atteignant 4 em., se sont dévelop-
pées à partir des spores ensemencées. Ces boules décom-
posent, les premiers jours, activement le peroxyde et, par
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 307
conséquent, émettent continuellement des bulles de gaz
qui s’en dégagent comme le gaz d’une fermentation. Au
bout de quelques jours le dégagement s'arrête ; et à ce
moment les auteurs ont constaté que sur 15 mgr. d'oxv-
gène actif, mis en expérience, il en restait 6,5 au bout de
7 jours. Transporté dans un milieu plus riche en peroxyde,
ces boules ont repris leur activité et ont immédiatement
dégagé de nouvelles quantités de gaz.
Par conséquent, les auteurs sont d'avis que dans une
certaine limite les peroxydes sont compatibles avec la vie
des végétaux inférieurs.
Le fait que dans le liquide de culture incomplètement
décomposé, le dégagement se ralentit pour disparaitre
finalement, tandis que transporté dans un milieu plus
riche, le champignon recommence son action, semble mon-
trer une certaine accomodation de la plante vis à vis des
peroxydes.
M. le Prof. L. Duparc parle de quelques roches tilonien-
nes curieuses trouvées par lui au Kosswinsky, et qu'il a
étudiées avec M. S. JERCHOFF.
Le Kosswinsky est exclusivement formé d’une pyroxé-
nite particulière, appelée Koswite par MM. Duparc et
Pearce, dont les blocs épars sont éboulés sur les pentes,
ou encore le résultat d’une désagrégation in situ de la
roche en place. Dans les excursions faites en 1900, sur le
flanc SE du Kosswinsky, et à une altitude qui dépasse
1300 mètres, nous avons trouvé parmi les blocs noirâtres
de Koswite des roches blanches, paraissant formées de
feldspath pur, d’un grain grossier, simulant certaines
aplites ou pegmatites. Les blocs, de grosse dimension,
étaient sans doute le résultat du démantellement de filons
situés dans le voisinage, qui traversent la Koswite, mais
qui étant recouverts d’éboulis, ne sont plus visibles. À côté
de ces blocs s’en trouvaient d’autres identiques, criblés de
trainées d’élément noir, y formant de véritables « schlie-
ren ».
L'an dernier, M. Duparc a retrouvé les mêmes roches
308 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
feldspathiques à l’extrémité N du flanc E du Kosswinsky.
dans les premières pentes qui dominent l’éperon qui se
trouve en cet endroit. Ces blocs étaient mêlés à des frag-
ments de Koswite, et à des morceaux de dunite filonienne
traversant cette dernière. Leur origine était évidemment la
même ; ces blocs représentent les restants de filons déman-
telés, traversant ici encore la roche du Kosswinsky. En
cet endroit, les variétés avec schlieren manquent complè-
tement : les blocs en question ressemblaient à de gigan-
tesques morceaux de sucre d’une blancheur éblouissante,
présentant quelques ponctuations d’élément noir. Ce type
presque exclusivement feldspathique est donc bien le plus
répandu ; les variétés à trainées d’élément noir sont excep-
lionnelles.
L'examen microscopique de ces roches a donné les
résultats suivants : Le feldspath est l’élément constitutif
prépondérant : parfois il est presque seul. C’est toujours
le plagioclase qui est rencontré et jamais l’orthose ; les
méthodes les plus perfectionnées n'ont pas permis de
trouver un seul cristal de ce minéral. Les plagioclases
sont mâclés selon l’albite et karlsbad, plus rarement selon
le pericline. [ls sont toujours zonés ; la détermination d’une
foule de sections faite par les faces g'—(010), les sections
Sng Snm Snp, les mâcles de l’albite et de karlsbad, celles
de l’albite et du pericline, ont montré que la basicite ne
desceud pas au-dessous de Ab3 An2, et que l'acidité
maxima comporte des termes compris entre Ab et Ab5 An2.
En général, l'acidité décroit régulièrement du centre vers
la periphérie, ce qui tient à la présence du quartz libre.
Le quartz est en effet, avec le feldspath, l'élément le
plus répandu; il est très rare dans certaines sections, plus
abondant dans d’autres, et soude les cristaux de plagio-
clases par des plages souvent cunéiformes.
Les éléments noirs manquent parfois complètement ; dans
ce cas on ne trouve avec le quartz et les plagioclases que
quelques lamelles de mica blanc incontestablement pri-
maire. Peut-être la roche a-t-elle renfermé du mica noir
en très petite quantité; on ne retrouve à la vérité plus ce
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 309
minéral, mais la présence de quelques sections de chlo-
rate verte, paraissant une épigénie selon p—(001) semble
conforme à cette manière de voir.
Le seul élément noir rencontré est la hornblende, dont
on ne trouve que quelques rares et petits cristaux dans
chaque section ; ils sont courts et trapus, les clivages
m—(110) assez nets,les contours appréciables sont formés
par les faces (4110) et (010). L’angle 4—20°, la bissectrice
aiguëé=np ng-np=—0,023, le polychroiïsme donne : ng—ver-
dâtre,nm= verdâtre plus clair, np=—jaune verdàtre presque
incolore; les mâcles selon (400) rares ; quelques grains de
magnétite se trouvent inclus dans la hornblende.
Dans les schlieren basiques, la hornblende égale le
feldspath en abondance, celui-ci devient plus basique, le
quartz disparait; dès qu'on s’en écarte et qu'on examine
les parties feldspathiques pauvres en amphibole, le feld-
spath devient plus acide, et le quartz ne manque pas.
Etant donnée la rareté des blocs avec traines d’'élément
noir, le véritable type de ces roches filoniennes est évi-
demment celui qui réalise l'association du quartz et des
plagioclases, avec éléments ferro-magnésiens en quelque
sorte accidentels. Il n’est pas improbable que ces derniers
éléments aient été pris au passage, au détriment de la Kos-
wite traversée, et qu'ils représentent d'anciens cristaux de
pyroxène ; ouratilisés par l’action du nouveau magma
acide ; la seule objection à cette manière de voir est la
rareté relative dans ces roches de la magnétite si abon-
dante dans la Koswite : mais il convient cependant d'ajouter
que cette dernière roche passe fréquemment à la dialla-
gite ordinaire très pauvre en oxydes de fer, surtout sur le
flanc oriental du Kosswinskv.
Les produits secondaires sont abondants dans ces roches.
surtout la zoisite et l’épidote, qui forment des grains, calés
entre les feldspaths et disséminés dans leur intérieur. Les
feldspaths sont très souvent kaolinisés.
Les analyses suivantes montrent la composition de ces
roches curieuses :
310 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
N° 18 N°19 N° 1024 No 1028
Si0, 0 1.56:87 56.65 62.00 60.42
UF CEEE T 25.59 22.71 23.38
Heg n— — 0.57 0.85 0.52
Ca0 == 9.55 8.29 142 7.68
M40O —= 0.66 0.34 0.21 0.36
Na,O = 6.18 6.62 6.70 6.93
K,0 Æ 0.81 0.25 0.43 0.48
Perte au feu : 4.79 2,38 1.38 1.81
101.68 100.65 101.41 101.58
N° 18 — roche feldspathique avec peu d’amphibole et
très peu de quartz.
No 19 — roche feldspathique, sans quartz avec taches
d'élément noir rare.
N° 1024 — roche grenue feldspathique avec quartz et
très peu d’élément noir.
N° 1028 — roche identique au n° 24.
Le magma de ces roches est remarquable par sa grande
quantité d’alumine et de chaux, et par sa faible teneur en
magnésie et oxydes de fer ; c’est presque la composition
d'un feldspath.
Au point de vue de la place de ces roches dans la clas-
sification, il n’est guère possible vu leur composition et la
rareté de l'élément noir, de les considérer comme des
diorites quartziféres, filoniennes. Le nom de plagiaplites
quartzifères leur conviendrait particulièrement, en rappe-
lant leur nature chimique et minéralogique, comme aussi
leur caractère filonien et leur parenté avec les plagio-
clasites.
M. F. PEARCE, présente une communication sur une
curieuse variété de feldspath rencontrée dans le granit du
Mont-Blanc et qui a déjà été constatée à plusieurs reprises
par M. le Prof. Duparc.
Ce feldspath paraît appartenir, d’après ses indices de
réfraction et d'extinction et en g', au groupe Microcline-
anorthose. Les sections g' = (010), montrent toujours un
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 311
clivage p — (004), bien marqué, des cassures h', et des
filonnets d’albite parallèles à la trace h'.
Sur g' on observe une bissectrice aiquè positive, l’angle
des axes optiques est très petit, 60° environ, l'extinction
par rapport à la trace de p se fait par la vibration négative
np à —+- 9°.
Les indices de réfraction, mesurés au réfractomètre de
M. le Prof. Wallerant, donnent pour la lumière du sodium
les valeurs suivantes :
No" 0281
Np = 1.5 253
Ces indices sont sensiblement voisins de ceux déter-
minés par M. le Prof. Fouqué, pour l’anorthose de Castella
banca (Iles Fayal, Açores), mais ce feldspath en diffère
par le signe optique: l’anorthose est négative.
Il parait donc d’après ces données que l’on est en pré-
sence d’une nouvelle variété, des recherches plus appro-
fondies sont poursuivies actuellement.
Séance du 20 février.
B. P. G. Hochreutiner. Voyage botanique dans le Sud-Oranais. —
A. Brun. Synthèse d’une roche acide. — A. Brun. Points de fusion
de quelques minéraux. — R. Chodat et Bach. Influence des pe-
roxydes sur la vie végétale.
M. BR. P. G. HOCHREUTINER, communique à la société
quelques-uns des résultats scientifiques de son exploration
botanique dans le Sud-Oranans.
Après avoir indiqué la configuration du pays. il parle de
la géographie botanique de cette région.
La flore des oasis et des points d'eau est très luxuriante.
mais d’un intérêt bien restreint. Les espèces qui la com-
posent sont en général des cosmopolites. Beaucoup sont
sans doute des adventices amenés par les cultures. Le dat-
ter, le laurier-rose et les tamarins sont les plantes carac-
téristiques de cette formation.
La flore des dunes offre beaucoup d'affinités avec l'Orient
m3 5 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
et avec le Sud. Il est à remarquer en effet que c’est dans
l'Est et vers le Sud que les dunes acquièrent leur plus
grand développement et par conséquent présentent la végé-
tation la plus variée.
La flore des montagnes est fort intéressante. On peut y
distinguer 3 zones altitudinaires : |
1° Une zone inférieure, 1000-1450 * m. environ, non
boisée, sauf le long des ouadis, où l’on retrouve égale.
ment des espèces échappées des régions supérieures. Cette
zone est relativement pauvre, elle présente peu d'espèces
caractéristiques et possède beaucoup d’analogies avec la
végétation steppique de la plaine.
20 une zone moyenne, 1450-1700 m. environ, couverte en
général de genèvriers oxycèdres. de genèvriers de Phé-
nicie et de chênes verts. On trouve là un plus grand nombre
d'espèces dont plusieurs sont caractéristiques pour cette
région, et l’on peut déjà remarquer certaines affinités avec
la flore du Maroc.
3° Une zone supérieure, 1700 à 2200 m., presque toujours
boisée, avec les mêmes essences que la zone précédente.
Ici les affinités avec la flore marocaine sont très frappantes
et le nombre des plantes caractéristiques est considérable;
parmi elles, on peut citer plusieurs espèces ou variétés
nouvelles. C’est à cette altitude que l’auteur a rencontré
parfois des bouquets de pins d'Alep qu’il considère comme
les restes d'anciennes forêts de haute futaie.
L'élaboration des collections récoltées par l’auteur n’est
pas encore complètement terminée, mais un mémoire
détaillé sur ce sujet paraîtra dans l'Annuaire du Jardin et
du Conservatoire botaniques de Genève. La communication a
été illustrée par une série de projections lumineuses repré-
sentant des paysages de la région étudiée.
M. A. Brun relate les expériences qu'il a effectuées sur
la liparite et l’obsidienne. Il montre que la cristallisation
1 L’altitude moyenne des hauts plateaux sur lesquels s’élèvent
ces montagnes est de 1000 m. environ.
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE, 313
des roches acides est due à une réaction chimique entre les
groupements ( MR ) — f SiOOH et KOH. Il se fait éli-
mination d’eau et cristallisation de l’orthose et du quartz.
Cette réaction ne peut avoir lieu qu'à une température
voisine de 800 degrés. Au dessus il y a décomposition de
l’obsidienne sans formation de cristaux. au dessous la cris-
tallisation est tellement lente qu'il n’est pas possible de
l’observer.
M. Brun a réussi a reproduire les sphérolites à croix
noire avec centre individualisé en cristal, avec les pro-
priétés optiques bien connues, et identiques aux sphéro-
lites des liparites, porphyrites. etc. Il en montre les dessins
et photographies.
Le centre du sphérolite étant individualisé, il s’en suit
qu'une période de temps suffisante et un choix convenable
des proportions des éléments et de la température amène-
raient à la synthèse des granulites.
Le développement de cette expérience paraitra dans les
Archives.
M. A. BRUN annonce ensuite qu'il a déterminé le point de
fusion de 60 espèces minérales. Ces déterminations don-
nent lieu aux remarques suivantes : Dans la série des
Feldspaths le point de fusion suit une marche parallèle à
celle des propriétés optiques. L'anorthite fond à 1510, le
labrador à 1370, l’andisine à 1280. l’oligoclase à 1260,
l'albite à 1250.
Pour les feldspaths potassiques, le microcline pur fond
à 1330, l’orthose à 1300; des variétés d’orthose sodifère à
1270, l’anorthose comme l’albite à 4250. M. Brun n'accepte
pas les chiffres annoncés par M. Dœlter pour les points de
fusion des minéraux, et donne l'exposé des causes d'erreur
du procédé de l’auteur allemand.
Les séries des amphiboles et des pyroxènes ont été
étudiées. Le quartz est détruit à 1780, mais fond plus haut.
M. Brun distingue entre le point de destruction du réseau
cristallin et le point de fusion. Les ? points ne coincident
pas toujours. Par exemple le réseau de
ARCHIVES. &. XIIL — Mars 1902. 22
314 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
Fluorine est détruit à 1230 le point de fusion est à 1270
Trémolite » 1090 » 1270
Disthène » 1310 ) ?
Triphane » 1040 ) ?
Le tableau complet des points de fusion mesurés parai-
tra encore cette année dans les Archives.
M. le Prof. Caopar expose les résultats des recherches
qui ont été poursuivies avec la collaboration de M. Bac
sur l'influence des peroxydes sur la vie végétale.
Les auteurs avaient constaté que la croissance d’un
champignon, le Penicillum glaucum., est compatible avec la
présence de 4 pour 900 d’eau oxygénée et que dans ces
conditions le champignon décompose le peroxyde tout
d’abord avec une intensité croissante puis semble s'accom-
moder à ces nouvelles conditions et ne catalyse plus le
peroxyde qu'avec lenteur.
Cette découverte a été vérifiée sur de nouvelles cultures
de Penicillum, de Rhizopus nigricans et de Sterigmato-
cyshs nigra; 27 cultures pures ont été mises entrain en
présence de doses variées de peroxyde d'hydrogène. De
ces nouvelles recherches, il résulte que la germination des
spores et le développement des deux dernières espèces se
fait en présence de doses plus fortes de peroxydes. Les
auteurs ont constaté que la limite de concentration est au
dessous de 4 pour 500 ‘car à cette concentration on obtient
des cultures encore très vigoureuses des deux dernières
espèces.
Dans une nouvelle expérience on a voulu déterminer
avec précision la quantité de gaz qui se dégage pendant la
croissance du Rhizopus nigricans qui s'est montré le plus
apte à se développer rapidement dans l'eau oxygénée. Le
gaz se dégageait par une tubulure mise en communication
avec un petit flacon laveur contenant de la potasse caus-
tique pour retenir le CO:. Le gaz venait refouler l’eau d’un
1 Pour le Sterigmatocystis nigra. la limite de concentration est
au-dessus de 1 p. 100.
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 315
eudiomètre mis en communication avec un vase commu-
niquant qui permettait d’équilibrer la pression. Cet appa-
reil était placé dans un thermostat à la température de
AAC.
Au bout de 68 heures on trouvait que le volume était de
16,7 ce., à 0° et à la pression de 760 mm.
L'analyse au moyen du permanganate a montré qu'il
restait encore 7 mmgr. d'oxygène actif, ce qui, ajouté aux
23.9 mmgr. d'oxygène donne 31,45 mmgr. Or on avait
introduit dans le milieu de culture (solution de Raulin)
40 mmgr. d'oxygène actif. Le flacon laveur n'ayant pas
augmenté sensiblement de poids on est forcé d'admettre
que le restant d'oxygène est resté dans le flacon laveur soit
à l’état de solution soit à l’état de produits oxydés.
Les lectures faites ont montré que aussi dans cette expé-
rience l’optimum de catalyse apparait assez rapidement. Au
bout de 16 h. il n’y à encore que # ec. ;: dans les 8 heures
qui suivent il y a le même volume dégagé, et durant les
22 h. subséquentes qui, à la norme précédente, auraient dû
correspondre à 41 ce. il n’y à plus que 7 ec. et dans le
même temps subséquent la quantité diminue encore pour
descendre à 4, 5 ce. (chiffres non corrigés). Or comme la
croissance va en s’accélérant, cette fonction catalytique ne
coincide pas avec cette fonction. Les auteurs serreront de
près cette question si intéressante de l’accommodation.
Les auteurs ont expérimenté également sur l’ethylhy-
droperoxyde CH°HO* ; introduit dans les cultures aux
mêmes doses d'oxygène actif, il a empêché tout dévelop-
pement.
Les cultures submergées du Pericillum ont présenté un
singulier phénomène dans les solutions les plus concen-
trées. Au lieu de produire un mycelium lâche, le champi-
gnon, dans ces conditions, a produit une espèce de sclé-
rote à filaments enchevôêtrés, à cellules courtes et plus
épaisses. C’est donc le contraire d’un étiolement. Dès que
la dose diminue, on voit partir de ce sclérote un lacis fin
formant une auréole autour du pseudo-parenchyme en
forme de Clathrus. Les autres espèces présentent égale-
316 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE, ETC.
ment un retard de croissance en longueur et la formation
de boules plus denses.
De ces premières recherches les auteurs pensent pou-
voir tirer les conclusions suivantes.
Contrairement à l'opinion courante d’après laquelle il ne
peut y avoir formation de peroxydes dans les phénomènes
de l'assimilation ou de la respiration, les peroxydes comme
dans les autres phénomènes d’oxydation lentes sont un
premier terme des oxydations et par conséquent de la res-
piration aerobie.
Le ferment que Lœæw à nommé catalase réduit à un mini-
mum la quantité du peroxyde d'hydrogène ; cette propriété
des végétaux de décomposer d’une manière progressive
l’eau oxygénée n’est pas seulement une propriété acciden-
telle, mais répond à une nécessité. La difficulté de mettre
en évidence les petites quantités de peroxydes qui se for-
ment dans les végétaux s'explique ainsi et sans doute la
quantité d'oxygène actif qui entre en réaction dans les
phénomènes de respiration est sensibilisée par une action
accessoire qui rend l'oxydation des substances ternaires
possible (peroxydase).
La possibilité de faire croître des végétaux en présence
des peroxydes montre clairement que le peroxyde d’hydro-
gène tout en diminuant l’étiolement c'est-à-dire en ralen-
tissant l'allongement, n’abolit pas les phénomènes de crois-
sance et de vie en général et que les objections faites à la
théorie de la formation de peroxydes durant le chimisme
de la cellule, ne peuvent se baser sur cette opinion démon-
trée fausse que l'organisme ne saurait exister en présence
de ces corps.
Des recherches ultérieures montreront dans quelle me-
sure ces résultats sont applicables aux végétaux supérieurs.
BULLETIN SCIENTIFIQUE
PHYSIQUE
H. GEITEL. UEBER DIE ANWENDUNG DER LEHRE VON DEN
(GTASIONEN AUF DIE ERSCHEINUNGEN DER ATMOSPHÆRISCHEN
ELEKTRICITÆT, Braunschweig, Fried. Vieweg u. Sohn.
Nous tenons à signaler tout de suite cette publication
qui reproduit l'exposé magistral présenté par M. Geitel à
là dernière réunion des naturalistes et médecins alle-
mands à Hambourg, du point de vue nouveau que M. Elster
et lui ont introduit dans la science pour expliquer les
phénomènes encore si obscurs de l'électricité atmosphé-
rique. Nous ne pouvons mieux faire comprendre l'intérêt
que présente ce mémoire, qu'en renvoyant le lecteur à
l'article que M. Geitel a bien voulu rédiger lui-même pour
les Archives et qui à paru dans notre dernier numéro.
Ap. WERNICKE. LEHRBUCH DER MECHANIK IN ELEMENTARER
DARSTELLUNG, MIT ANWENDUNGEN UND UEBUNGEN AUS DEN
GEBIETEN DER PHysik UND TECHNIK. Erster Theil, zweite
Abtheilung, Statik und Kinetik des Starren Kôrpers.
Edité par F. Vieweg & Sohn, Brunswick, ce traité de
mécanique en est à sa quatrième édition qui est complète-
ment revue et mise au niveau de l’enseignement actuel.
Le volume dont il s’agit complète la première partie et
renferme la statique et la dynamique du corps solide.
L'auteur, en commençant le premier chapitre fait remar-
quer qu'on pourrait juger à propos de le prendre pour
point de départ et qu’il a cherché à le rendre aussi indé-
pendant que possible de ce qui précède, mais ce qui suil
318 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
exige qu'on ait le premier volume à sa disposition à cause
de fréquents renvois.
La statique comprend la composition des forces appli-
quées au corps solide, le centre de gravité, les liaisons et
le frottement. La dynamique, traite de la translation, de
la rotation autour d’un axe fixe et enfin du mouvement le
plus général d'un corps solide et d’un système de corps.
Ce qui donne à l'ouvrage une valeur particulière, c'est le
grand nombre d'applications qui y sont traitées à la suite
de chacun des chapitres que nous avons énumérés, ainsi
que des problèmes dont l'énoncé seul et la solution sont
donnés. Citons l'application de la dynamique à la marche
d'un train en tenant compte de la résistance de l’air et
celle de la statique à la détermination de la charge des
fermes d’un toit d’après la méthodede Ritter. L'ouvrage est
élémentaire en ce sens que le calcul intégral n’y est pas
employé. C'est peut être regrettable en certain cas où une
notable simplification en résulterait, comme lorsqu'il s’agit
des centres de gravité ou des moments d'inertie, mais
c'est probablement une condition imposée parle degré de
connaissances mathématiques des élèves. Quoiqu'il en soit
on trouvera dans ce volume un important développement
des questions pratiques qui dépendent de la mécanique.
CHIMIE
Revue des travaux faits en Suisse.
J. SIEGRIST. SUR LA VITESSE DE PRÉCIPITATION ÉLECTROLYTI-
QUE DU CUIVRE EN PRÉSENCE DE L'ACIDE SULFURIQUE (Z.
anorq. Ch., 26, 273-321, Zurich).
Au-dessous d’une certaine concentration. la séparation
du cuivre est monomoléculaire. Pour une concentration
très élevée, elle suit la loi de Faraday. Si on exprime par
dx la quantité de métal déposée dans le temps dt, et par
a-x celle qui reste en dissolution, on a le rapport :
dr ; in Ë
PA K (a—x)
CHIMIE. 319
n. qui vaut 0 dans les fortes concentrations et 4 dans les
faibles. parcourt, par la dilution, toutes les valeurs pos-
sibles entre ces deux nombres.
Quant à la grandeur K,. elle est très variable.
R. GNEHM et A.-W.-E. GANSSER. SUR LES DÉRIVÉS DE L'ACIDE
GALLAMIQUE (J. pr. Ch. [2] 63, 77-93, 29/1 [4/1], Zurich).
I. Action des dérivés de l’acide gallique sur les éthers
des aminophénols.
Les auteurs ont ainsi obtenu l'éther éthylique du galla-
mino-p-phénol (HO ):C: H2CONH — C:H410C2Hh:, l'éther mé-
thylique correspondant, l’éther méthylique du gallamino-
o-phénol, etc.
IL. Action des dérivés de l’acide gallique sur les amines
aromatiques. On prépare de cette manière l’4 et la 8 gal-
lonaphtylamides. Avec l’aniline, on obtient la gallanilide,
avec le chlorhydrate de p-phenylènediamine, la phény-
lènedi-p-gallamide.
IL. Dérivés de l'acide gallamique.
Parmi ces combinaisons on peut mentionner la mono-
bromogallamide, CeHBr(OH x: CONEB, la dibromogallamide
CeBr2(OH)}: CON, le tribromogallamino-p-aminophénétol
CeBr,(OH);CONH — C:H:BrOC2H5, le triacétylgallamino-p-
phénétol (C2H:0 O0): — CeH:CONHC:H10C2H.
IV. Matières colorantes dérivées du bleu de gallamine.
Avec l’éther éthylique du gallaminophénol et la nitroso-
diméthylaniline, on obtient un colorant de la composition
C2sH21 O5: N:. Le bleu de monobromogallamine se forme à
côté du bleu de gallamine en traitant la monobromogalla-
mide par le chlorhydrate de nitrosodiméthylaniline. Le tri-
bromogallaminophénétol fournit une matière colorante
bleue analogue.
A. OSWALD. SUR LA THYRÉOGLOBULINE (Ztschr. phys. Ch.
32, 1421-44 [16/1], Zurich).
L'auteur a retiré autrefois de la glande thyréoide du
porc la thyréoglobuline. En répétant ses expériences avec
320 BULLETIN SCIENTIFIQUE, ETC.
ce même organe pris chez d’autres mammifères et chez
l’homme, il est arrivé à celte conclusion que sa teneur en
carbone, hydrogène, azote et soufre est constante; la
quantité d’iode seule varie. Il pense que ce n’est qu’au
moment où le principe colloïdal se forme dans les cellules
folliculaires que la thyréoglobuline non iodée renfermée
dans ces dernières se convertit en thyréoglobuline iodée
et physiologiquement active. C’est ce qui expliquerait
pourquoi les strumes parenchymateuses sans matière col-
loïdale ne contiennent également pas d’iode, tandis que
les strumes colloïdales en possèdent beaucoup.
BIOLOGIE
F.-A. FoREL. LE LÉMAN, monographie limnologique, t. LEE,
re livraison, Lausanne, F. Rouge, éditeur, 1902.
Le public scientifique attendait avec impatience la suite
du beau livre de M. Forel sur le Léman. Cette impatience
vient d’être partiellement satisfaite par l'apparition de la
première livraison du tome IL Nous aurons l’occasion
d'y revenir quand l'ouvrage sera complet, mais nous ne
voulons pas tarder un jour de plus à donner cette bonne
nouvelle à nos lecteurs. Nous nous bornons donc pour au-
jourd’hui à cette annonce, d'autant plus que l'éloge ici est
superflu. le sujet et le nom de celui qui le traite. c’est
assez pour renseigner le lecteur avide des choses de la na-
ture. Qu'il nous suffise de dire que ce dernier volume con-
tient ce qui a trait à la biologie du lac et que la seconde
livraison, qui complète le tome IE, ne tardera pas à pa-
raitre.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAiTES A
L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE
PENDANT LE MOIS DE
FÉVRIER 1902
Le 1°", très forte bise le matin jusqu’à 7 h. du soir; elle atteint une vitesse de 70 kilom.
à l'heure vers 10 h. du matin: neige et grésil de 9 à 10 h. du matin.
2, brouillard depuis 4 h. du soir.
3, brouillard le matin et le soir; un peu de neige à 9 h. 20 m. du soir.
4, neige dans la nuit: hauteur : 2em.0 ; brouillard le soir.
5, brouillard à 10 h. du soir.
6, pluie à 10 h. du matin et depuis 7 h. du soir.
,. pluie dans la nuit et pendant toute la journée.
8, pluie dans la nuit et à 10 h. du matin: fort vent à 10 h. du matin.
9, pluie de 1 h. à 4 h. et depuis 9 h. du soir.
10, pluie à 10 h. du soir.
11, neige depuis 1 h. du soir.
12, quelques”flocons de neige à 4 h. du soir.
13; neige dans la nuit; neige et pluie pendant toute la journée: hauteur : 11.0 ;
brouillard le matin.
14, neige à 10 h. du matin et depuis 4 h. du soir; hauteur : 6em,5.
15, neige à 10 h. du matin et à 4 h. du soir; forte bise de 4 h. à 9 h. du soir.
16, forte bise pendant la journée.
17, brouillard à 7 h. du matin: couronne lunaire.
18, brouillard à 10 h. du matin.
19, brouillard jusqu'à 10 h. du matin.
21, brouillard à 7 h. du matin.
22, très forte gelée blanche et brouillard le matin.
23, très forte gelée blanche le matin; couronne lunaire le soir.
24, gelée blanche le matin; pluie depuis 4 h. 45 m. du soir.
25, pluie dans la nuit, à 7 h. du matin et à 7 h. du soir ; brouillard enveloppant le
matin.
26, pluie dans la nuit; léger brouillard le matin.
27, brouillard le matin et le soir; pluie depuis 8 h. 30 m. du matin ; nouvelle neige
sur le Salève et les Voirons.
28, brouillard le matin ; pluie depuis 10 h. du matin.
Hauteur totale de la neige : 19.5 en 3 jours.
ARCHIVES. &. XIIL — Mars 1902. 23
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MOYENNES DE GENÈVE. — FEVRIER 1902
Correction pour réduire la pression
atmosphérique de Genève à la
vesanteur normale : + ()mm.02. — Cette correction n'est pas appliquée dans
les tableaux.
Pression atmosphérique : 7000" |
th om d'un: CT mn:
mm nm mm
dre déc. 21.58 21.16 20:65
Ro». 22.54, 2229 22.49
DDR) 0 025: U20025 Do
Mois 22.43 22.09 21.99
107h mm "1"h"s: 4 h. 8. fh°18 0. 10°
20.71 20.40 19.96 20.60 20.9
2208. 2279 22.10 23U4S, 12:60
22.96 22.16 21:60 21:76. 22.01
22.16 21.73 21.44 2196 22.19
Température.
Lredée + 1.67 4 LA 4 0.96 + 2.03 4 2.77 4 28 + 2462 | 2.40
2e» — OM — 0.65 — 0.74 + 048 + 4.17 + 0.86 + 0.10 — 0.53
3.» + 0.36 + 0.22 +- 0.30 + 1.99 + 4.66 + BA + 3.16 + 161
Mois L 0.35 -L 0.27 + 0.16 + 1.36 —+- 2.74 + 2.78 L 1.87 143
Fraction de saturation en ‘/,.
87 81 78 76 77 89
92 87 79 86 89 91
93 89 79 77 85 92
l'e décade 89 83
2e » ‘. 89 90
3° » 92 93
Mois 90 91
Moyenne
mm
21.99
+ 2.07
0.02
JL 248
+ 1.36
83
88
87
91 85 79 80 8 89
Dans ce mois l’air a été calme 435 fois sur 1000.
NNE
75
— 3.00.
Le rapport des vents
SSW
25
La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 17°.9 E.
Son intensité est écale à 29.5 sur 400.
Moyennes des 3 observations
(», 1», 9)
Pression atmosphérique... .. ..
NÉDULORILE RS EE See 0
3
Température
pératur THIH2XO.
4
Fraction de saturation.........
86
Valeurs normales du mois pour les
éléments météorologiques, d’après
Plantamour :
Press. atmosphér.. (1836-1875)
Nébulosité....,... (1847-1875).
Hauteur de pluie.. (1826-1875).
Nombre de jours de pluie. (1d.).
Température moyenne ... (1d.).
Fraction de saturat. (1849-1875).
726.84
6.7
360,5
s
+-1°.60
82%
Le 1er,
16,
23,
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAITES AU
GRAND SAINT-BERNARD
PENDANT LE MOIS DE
FÉVRIER 1902
neise; brouillard et fort vent pendant l'après-midi.
neige le matin et à 1 h. du soir.
neige le soir.
neige le matin; brouillard l'après-midi.
neige l’après-midi.
neive l'après-midi.
neige.
neige le soir.
neige.
neige à 1 h, du soir.
neige.
neige et brouillard.
brouillard l'après-midi.
brouillard.
neige à 7 h. du matin.
neige.
grande sécheresse de l'air : l'hygromètre à lecture directe indique 0 à 7 h. du
matin et 6 à 1 h. du soir, et l’hygromètre enregistreur 12 et 22 aux mêmes
heures.
brouillard le matin et le soir ; neige à 1 h. du soir.
neige l'après-midi.
Correction pour réduire Ia pression atmosphérique du Grand Saint-
Bernard à la pesanteur normale : — ()mm929. — Cette correction n'est pas
appliquée dans les tableaux.
8e | S'Eèl L'G |0°9 [6° |T'S | | | B6"e — [S&"LG |IPG°LG |90'2G |9T'Le ESUN
| |
| |
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328
MOYENNES DU GRAND SAINT-BERNARD. — FEVRIER 1902
Pression atmosphérique : 500" + Fraction de saturation en ‘/,.
7 h. m. 11h28: 9h. Moyenne Th.m. 1h.s. 9h.s. Moyenne
le décade 56.47 56.01 56.92 56.47 18. 83 Ve
72 » 56.29 5658 97.14 »6 67 88 8h 88 87
3e » 59.10 58.96 58.82 58.96 66 d9 72 66
Mois 97.16 >7 06 D7.2% »7.29 78 77 81 7)
Température.
Moyenne,
7h. m. 1h. 8. 9h. s. Hit TH PS
8 4
l'e décade — 9.27 T0 0-00 — 10.31 nr IR —+ 9:60
2e » =—….9 «90 "720 10125 pe eu (7) 0.
3e » 100 — 4.76 = ii 01 26-81
Mois — 9.12 0 00 er — 81 nm
Dans ce mois l’air a été calme () fois sur 1000.
I td bu 19 _ 599
.e rapport des vents —— — — — ().99.
PP ° su 66
La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 45° W.
Son intensité est égale à 56.0 sur 100.
Observations météorologiques faites dans le cantou de Genève
Résultats des observations pluviométriques
Slation CRLIGNY | COLLEX | CHAMBÉSY | CHATELAINE | NATIGNY | ATHENAZ COMPRSIÈRES
2e | | |
lauteur d'au | 133.2 | 149 9 | 429.0 | 128.0 | 134.5 | 193.5 | 138.0
|
nome TR
Slation VEYRIER | OBSBRVATOIRE | COLOGNY | PUPLINGE JUXSY | HERMANCE
| EE 2:
D SRE 07 | 122.8 | 122.2 101.6 | 98.0 | 142.8
Durée totale de l'insolation à Jussy : 44h.3
»
F.-J. MICHETI
Influence de La température sur la dispersion des radiations ultra-violettes
dans Le Sel gemme, la Fluorine, le Quartz et la Ualcite.
EXPLICATION DE LA PLANCHE I
Les chiffres spécifient les longueurs d’onde exprimées en yu.
Les raies courtes correspondent toujours au spectre projeté
par le prisme froid, les raies longues à celui projeté par le prisme
chaud.
Fig. 1. Raiïes les plus réfrangibles du spectre de l’AI. photo-
graphiées à travers la fluorine. Cliché n° 48.
Fig. 2. Spectre du Cd photographié à travers la fluorine. Cli-
ché n° 35.
Fig. 3. Spectre du Cd et raie du Na photographiés à travers le
sel gemme sur une plaque Miethe. Cliché n° 44.
Fig. 4 et 5. Spectre du Cd. photographié à travers la calcite
(rayon ordinaire). Clichés n°° 36 et 33.
Fig. 6. Spectre du Cd. photographié à travers la calcite (rayon
extraordinaire). Cliché n° 30a.
Fig. 7 et 8. Spectre du Cd. photographié à travers le Quartz
(rayons ordinaire et extraordinaire). Cliché n° 56 et 60.
Î
|
LT
1
did
L
—
=
eh
C
À
SUR LES CONDITIONS DANS LESQUELLES
CERTAINS CORPS
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE
PAR
W. SPRING
J’ai signalé, il y a déjà quelques années ‘ que la com-
pression seule ne suffit pas pour produire la texture
schisteuse des roches ou de certains corps solides.
Un solide soumis à une pression égale en tous sens
(pression hydrostatique) de près de 20,000 atmos-
phères, ne prend pas la texture schisteuse s’il est com-
plêtement homogène, tant au point de vue physique
qu’au point de vue chimique. De nombreuses expé-
riences ont prouvé, au contraire, que si l’on comprime
la poudre d’un corps, on trouve celle-ci soudée en un
bloc d'autant plus homogène, plus solide, que la plas-
ticité de la matière est plus grande. Il y a là, certai-
nement, l’opposé de la production de la schstosité.
On est naturellement conduit à penser que deux
effets aussi exclusifs que celui de la division d’un solide
en feuillets et celui de la soudure de grains de pous-
! Sur l’origine de la fissilité des phyllades et des schistes. Bull.
de l’ Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXXV, pp. 31-34, 1598.
ARCHIVES. t. XIII. — Avril 1902. 24
330 CONDITIONS DANS LESQUELLES CERTAINS CORPS
sière en un bloc continu, ne peuvent pas avoir la même
cause. Il faut que dans l’un ou l’autre cas intervienne
un facteur déterminant la direction du résultat défi-
nitif.
J'ai déjà montré (loc. cit.) que si l’on comprime
une poudre qui manque d’homogénéité, la soudure n’a
pas lieu d’une façon égale dans toute la masse. II
demeure alors des lieux, ou des tranches, moins bien
réunis, Correspondant aux points où se trouvent con-
centrées les substances moins adhésives, surtout si la
pression à lieu de manière que la matière puisse fluer
ou glisser, ne fut-ce que d’une façon à peine perceptible,
dans une direction donnée.
En un mot, la production de la schistosité, sous l’in-
fluence de la pression, paraît subordonnée à deux con-
ditions d'ordre négatif : le défaut d’homogénéilé de la
matière et l'absence d’une compression hydrostatique.
J'ai désiré m’assurer si le défaut d’homogénéité qui
a dû exister dans les roches argilenses, à l’époque où
elles ont pris la texture schisteuse, est encore décelable
aujourd’hui, au moins dans certaines d’entre elles.
Partant d’une idée suggérée par l’étude de l’in-
fluence de la lumière et des composés ferriques sur les
matières humiques en suspension ou en dissolution
dans l’eau”, j'ai pensé que les sédiments formés au
lond d’une eau calme, non brouillée par des actions
quelconques, ne sauraient être homogènes, malgré
toutes les apparences. Leur composition doit varier
périodiquement avec les successions de lumière et
d’obscurité. En effet, l’insolation déterminant les com-
! Archives, 4e période, 1898, t. V, pp. 5-26.
x
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE. 33 |
posés ferriques, contenus dans l’eau, à oxyder les matié-
res humiques et à les faire passer à un état dans lequel
elles sont moins solubles, la proportion de ces matières
déposées au fond de l’eau devra inévitablement être
plus forte après un temps d'éclairage et plus faible
après un temps d’obscurité. Les alternatives du jour et
de la nuit s’inscriront donc dans les sédiments par la
modification périodique de la composition.
Si une forte compression a pu avoir lieu alors, durant
un temps insuffisant, on conçoit qu'une masse schis-
teuse ait pu se former, ses feuillets étant d'autant plus
fins que les changements de composition étaient plus
rapprochés. La matière humique doit être regardée
comme une substance intercalaire, empêchant la prise
en masse des sédiments, si l’on juge de la facilité avec
laquelle la présence d’un végétal fossilifié, voire d’une
simple feuille, favorise le clivage de la roche à l’endroit
où il a été emprisonné.
Si ces spéculations ne sont pas vaines, on peut s’at-
tendre à voir les schistes (ou phyllades) dans lesquels
les substances carbonées n’ont pas disparu totalement
par voie d’oxydation ou autrement, présenter des dif-
férences de composition à la surface et dans l’épaisseur
des feuillets.
Pour m’assurer de la chose, j'ai raclé, à l’aide d’un
couteau, la surface fraiche du clivage de schistes noirs
des environs de Spa et j'ai dosé la proportion de car-
bone contenue dans la poudre en brûlant celle-ci, dans
un tube, à l’aide de chromate de plomb. J'ai pulvérisé
ensuite les échantillons de schiste raclés et jy ai dosé
le carbone de la même manière. Trois essais ont été
faits de la sorte ; ils ont montré qu’effectivement la
332 CONDITIONS DANS LESQUELLES CERTAINS CORPS
surface des feuillets de schiste est plus riche en car-
bone : elle en renferme, en moyenne, 1,50 °/,, tan-
dis que la masse du schiste n’en contient que 1,10.
[l y a donc près d’un tiers de carbone de plus à la sur-
face des feuillets de ces schistes que dans leur masse.
Cette différence énorme mérite de fixer l'attention‘.
J’ai vérifié ensuite si la présence de substances humi-
ques empêche vraiment l'argile de se prendre en
masse sous l’influence de la pression.
A cet effet, j'ai étendu une mince couche d'argile
pure sur le fond d’une cuvette en porcelaine et j'ai
versé par dessus, de l’eau noire provenant d’une tour-
bière. Après évaporation de l’eau, j'ai étalé une
deuxième couche d’argile sur la première et ainsi de
suite, de façon à avoir des couches d'argile alternant
avec des matières humiques. Quand le tout fut desséché
au point de ne plus contenir que 5 à 6 °/, d’eau, jy ai
découpé des carrés de quelques centimétres de côté et
ceux-ci ont été soumis à une forte compression, entre
deux plateaux de fer, dans un appareil à vis. La matière
n'étant pas soutenue latéralement a flué et s’est amin-
cie considérablement, sans que les feuillets limités par
la substance carbonée, se fussent confondus : il s’est
formé une masse imitant véritablement la schistosité,
mais dont la solidité laissait à désirer.
Un contre essai entrepris au moyen de couches d’ar-
gile superposées sans intercalation de matières carbo-
nées a conduit, dans les mêmes conditions, à une
lame homogène non schisteuse.
‘Il est inutile de dire que les schistes, ou phyllades, dans les-
quels la proportion de composés ferriques a été suffisante pour
détruire totalement, ou peu s’en faut, les matières carbonécs
qu’ils pouvaient contenir à l’origine, n’entrent pas en compte ici.
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE. 333
Si ces faits permettent de regarder les sédiments
naturels comme ayant dû manquer d’homogénéité, dès
leur origine et être préparés, en quelque sorte, en feuil-
lets, ils conduisent néanmoins à une difficulté fonda-
mentale dans l'explication de la disposition actuelle des
roches schisteuses. Ils postulent, en effet que les feuil-
lets des schistes, ou le plan de clivage de la roche,
soient parallèles à la stratification, celle-ci devant être,
de son côté, parallèle au plan de l’eau dans laquelle les
sédiments se sont déposés. Or, on sait qu'en règle
générale, la direction du clivage des schistes est indé-
pendante de celle de la stratification. Il s’agit donc de
s'assurer si ces deux conditions contraires peuvent ètre
conciliées, ou non. C’est ici qu'intervient le second
facteur de la schistosité : l’absence d’une compression
hydrostatique, ainsi qu’on va le voir par les expé-
riences que je désire encore faire connaitre.
J'ai vérifié si des feuillets, parallèles, d’une substance
quelconque, peuvent prendre une direction indépen-
dante de celle qu’on leur a donnée à l’origine, à la
suite d’une compression accompagnée d’un flux de la
matière.
J'ai pris les dispositions suivantes : une boîte carrée
A A’ (fig. ci-contre), en acier, de 6 centi-
mètres de haut, à parois épaisses pour
assurer une rigidité complète, servait de
compresseur. Un piston carré P s’y mouvait
exactement. Le fond F de la boîte était
percé d’une fente de 4 millimètres de lar-
geur et d'une longueur égale à l’épaisseur
du piston (12%%). J'ai empilé, dans une première série
d'essais, de minces lames de plomb, à plat, sur le fond
334 CONDITIONS DANS LESQUELLES CERTAINS CORPS
de la boite. Ces lames avaient été graissées, pour em-
pècher qu’elles ne se soudassent l’une à l’autre pendant
la compression. En exerçant sur le piston un effort
suffisant, au moyen d’un appareil à vis, le plomb a
passé par la fente F et formé une bande d’une certaine
longueur. Cette bande était entièrement feuilletée et les
feuillets étaient parallèles, cette fois, aux parois de la
fente ; ils avaient donc pris une direction perpendicu-
laire à celle qui leur avait été donnée dans le principe.
La figure suivante reproduit, à une échelle amplifiée,
aspect d’une section longitudinale faite
dans cette bande. Elle montre comment les
feuillets se sont incurvés, tout en s'étendant,
pour passer par la fente.
J'ai traité ensuite, de la même manière,
une pile de lamelles d'argile séparées l’une
de l’autre par un dépôt de substances hu-
= miques ainsi qu'il a été dit plus haut.
Le résultat a été le même si on le considère dans son
énsemble : les matières humiques ont empêché l'argile
de se mouler en une masse unique ; elles ont conservé
les joints et la direction de ces derniers est également
devenue perpendiculaire à la direction primitive. Tou-
tefois, comme l’argile presque sèche, est loin d’avoir
la malléabilité du plomb, les feuillets n'avaient pas
glissé l’un sur l’autre sans se déchirer en plus d’un
point ; ils n’ont donc pas formé un produit aussi réussi
que les lames de plomb. Néanmoins, la direction des
feuillets se trouvait nettement accusée sur la section
longitudinale de la bande d’argile, par les matières
humiques qui y avaient tracé, en lignes noires, les joints
successifs des couches.
»
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE. 3939
Ces essais montrent, d’une part, qu'une intercala-
tion de matières humiques dans l'argile empêche celle-
ci de former une masse compacte, unique, et, d'autre
part, qué la direction de la schistosité dépend moins de
celle de la pression que de celle de l'écoulement de la
matière. La direction de la fissilité des schistes, dans
la nature, est en somme, celle du dernier mouvement
fait par le terrain sous l'influence de la pression. Si
deux ou plusieurs mouvements ont eu lieu successive-
ment dans des directions différentes, chacun se sera ins-
crit, à son tour, dans la masse et au lieu de schistes ou
de phyllades, clivables dans une seule direction, on
pourra avoir affaire à des textures plus ou moins bacil-
laires.
x *
Il n’est pas inutile de rappeler comment on a envi-
sagé, jusqu'ici, la formation des feuillets et plus parti-
culiérement leur orientation, sous l'influence de la
compression.
Justus Roth, résumant les travaux faits sur ce sujet,
dans son traité de Géologie générale et chimique (t. I,
p. 15, note 3) dit que la schistosité développée lors
de l'écoulement d’une substance plastique par un ori-
fice, est le fait de la pression des parois et non de
celle qui fait avancer la matière, de sorte que l’on
devrait regarder la direction de la schistosité comme
étant toujours perpendiculaire à la pression. Plus tard,
Jannettaz' a admis que dans la compression des solides,
l'attraction des parties n’a pas toujours lieu dans la
* Bull. de la Société chim. (2) t. 41, p. 117, 1884.
330 CONDITIONS DANS LESQUELLES CERTAINS CORPS
direction de la pression, mais, quand les pressions
sont fortes, perpendiculairement à celles-ci.
Je crois donc devoir insister sur le fait constaté ici,
que la direction de la schistosité n’est pas nécessaire-
ment en relation directe avec la pression, mais bien
avec le mouvement possible de la matière.
x
Le *
Je passe, à présent, à la relation de quelques expé-
riences complémentaires.
S'il est établi, par ce qui précède, que la présence
de matières humiques inégalement réparties dans une
argile, ou dans un sédiment, peut produire la schisto-
sité, il n’en résulte, en aucune façon, que d’autres
substances ne pourraient pas produire le même résul-
tat. Il est particulièrement utile, même, d'examiner à
cet égard, le rôle que l’eau peut jouer, parce que l’eau
est inséparable des terrains de sédiment. J'ai repris, en
conséquence, mes essais en soumettant à un écoule-
ment sous pression, de l’argile à divers degrés d’humi-
dité et même de largile absolument sèche. Voici, en
résumé, les résultats obtenus :
L’argile desséchée à 150° jusqu’à constance de
poids, donc l'argile physiquement sèche, a refusé de
s’écouler sous pression, même sous un effort qu'on
peut estimer égal à 10,000 atmosphères (plus élevé,
par conséquent, que les pressions probables des temps
géologiques). La substance avait formé un bloc homo-
gène, dur et d’une grande résistance, mais qui man-
quait de plasticité ; quant à la schistosité, il n’en était
pas question.
J'ai préparé ensuite de l'argile humide en expo-
»
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE. 39 1
sant de l’argile sèche, de poids connu, dans une
atmosphère saturée d'humidité et déterminant l’aug-
mentation de poids, de temps en temps.
Après trois mois, l'argile n’a plus absorbé d’eau
(la température a varié de 18° à 26) ; elle en avait
pris la quantité énorme de 17,7°/, sans être devenue,
cependant, facile à malaxer. Comprimée dans lappa-
reil à fente, elle s’est écoulée en un ruban homogène
qui ne montrait aucun vestige de schistosité. En sou-
mettant alors, à la compression, des échantillons de
moins en moins humides, }’ai constaté qu'une propor-
tion d’eau de 5 à 6 */, donnait un résultat positif satis-
faisant. L’argile s'écoule alors par la fente de l’appareil
en donnant des feuillets qui se détachent facilement
l’un de l’autre et qui font voir, d'une manière remar-
quable, les surfaces de glissement, luisantes, d’aspect
un peu onctueux, que l’on observe si souvent dans les
schistes naturels. Il ne s’est, toutefois, pas formé de
feuillets de dimensions notables, par suite de chocs
particuliers qu'éprouvait la matière et qui brisaient le
ruban en formation.
Comment la schistosité a-t-elle pu se produire dans
cette substance qui avait toutes les apparences d’une
homogénéité parfaite? Il est facile de S'en rendre
compte si l’on tient compte d’un fait que j'ai signalé
dans un autre travail". L’argile humide peut, à certains
égards, être assimilée à une solution saturée dont la
formation serait accompagnée d’une augmentation de
volume des constituants. Si on la soumet à une com-
? Sur la perméabilité de l’argile. Annales de la Société géolo-
gique de Belgique, t. XXVIII, p. M. 1923, 1901.
3938 CONDITIONS DANS LESQUELLES CERTAINS CORPS
pression suffisante, elle perd de son eau. comme la solu-
tion comprimée abandonne une partie du sel dissous.
J'ai montré le fait en comprimant de l’argile humide
dans un vase poreux placé dans de l’eau et en notant
sa dessiccation dans ce milieu. Cela étant, l’argile mise
en œuvre dans les expériences actuelles, a dû se com-
porter de même et de l’eau a dû devenir libre en des
points donnés. Mais alors l’homogénéité est rompue et
l’argile peut glisser, en ces points, sur elle-même et se
laminer d'autant plus facilement que les surfaces de
glissement se trouvent lubréfiées par l’eau. Il est clair
que si la proportion d’eau est trop grande dans l’argile,
la compression ne pourra produire ces effets : la masse
passera par la fente du compresseur avant que la
force nécessaire à l'élimination de l’eau se réalise. On
pourra peut-être dire aussi que si l'argile sèche avait
la propriété de fluer sous pression, la schistosité ne se
produirait pas davantage, puisque de l’eau ne saurait
alors s’éliminer.
LS x
Occupons-nous, à présent, d’un autre fait.
On a cité, aussi, comme preuve de la production de
la schistosité par la compression seule, que les métaux
étirés ou laminés, notamment le fer, prenaient une
texture fibreuse qui serait à assimiler à la schistosité.
IL importe donc de s'assurer si, également ici, n’in-
tervient pas un défaut d'homogénéité dans le métal
comme cause principale du phénomène.
A cet effet, j’ai soumis des fragments de fer fibreux
à l’action du chlore, à une température suffisant, au
juste, à l’élimination du chlorure ferrique par la vola-
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE. 339
tilisation. En opérant assez lentement pour éviter tout
entrainement mécanique de la matière, on obtient,
aprés le départ du fer, comme résidu, un squelette
silicieux d’une ténuité extrême reproduisant fidèlement
la texture fibreuse elle-même du métal. Un examen à
la loupe ne laisse subsister aucun doute sur le fait que
les soi-disant fibres du métal étaient engagées dans un
réseau de scories. Les fibres ne sont donc pas le résul-
tat immédiat de l’étirage ou du laminage du métal,
mais elles sont un accident dû à un défaut d'homogé-
néité de la matière travaillée.
Eu vue de vérifier cette conclusion, j'ai pressé de la
rapure de plomb, imprégnée d’huile, pour rompre le
contact du plomb au plomb, dans un cylindre dont le
fond était percé d’un trou de 2 millimètres de diamé-
tre. Il s’est formé, naturellement, un long fil de plomb,
mais qui n’était pas compact; il était fibreux dans
toute sa longueur. En le ployant plusieurs fois en un
même point, on l’effilochait avec facilité. Chaque grain
de plomb s'était donc étiré, en passant par l’orifice du
cylindre, comme dans une filière, mais, n'ayant pu se
souder à ses voisins par suite de l’interposition de
l'huile, il est resté détaché, de sorte que l’ensemble du
fil reproduisait réellement la texture fibreuse.
Il me sera permis encore de citer, à l’appui de ce
qui précède, un travail de Marpmann' qui montre
également le rôle joué par une substance hétérogène
dans le développement de la texture schisteuse. Il
s’agit, cette fois, de l'air qui peut être emprisonné
dans les sédiments et qui fonctionne, d’après l’auteur,
comme une substance d’intercalation.
* Neues Jahrbuch für Min. & Geol., 1899, I, p. 93.
340 CONDITIONS DANS LESQUELLES CERTAINS CORPS
Ayant comprimé de la poudre fine, humide, de
substances terreuses, dans une boîte métallique,
Marpmann vit que toutes les fois que le piston empèê-
chait l’air de s'échapper, il se formait des « pierres
dont le noyau était composé de couches feuilletées de
quelques millimètres d'épaisseur », tandis que des
pressions exercées avec des pistons perforés donnaient
des pierres très dures, de structure uniforme, à grains
fins, qui se brisaient très difficilement en donnant des
fragments irréguliers.
L'auteur attribue, en conséquence, à la présence de
l’air un rôle prédominant dans la production de la tex-
ture schisteuse. Cette conclusion est peut-être trop
absolue ; Pair n’agit, sans doute, que parce qu'il
rompt l’homogénéité de la matière comprimée et non
par sa nature propre, car les expériences citées dans
cette note montrent que d’autres substances remplis-
sent le même office.
Conclusions.
On peut conclure, je crois, de ce qui précède, que la
texture schisteuse n’est pas une conséquence immé-
diate d’une forte compression de la matière alors même
que cette compression aurait eu lieu avec écoulement
et déplacement du solide.
L’attraction des particules comprimées n’a pas lieu
d'abord dans la direction de la pression comme plu-
sieurs expérimentateurs l'ont pensé, pour devenir fina-
lement perpendiculaire à celle-ci, quand la pression
a dépassé une certaine limite. Dans le cas d’une pres-
sion hydrostatique, on n’observe aucun changement
PRENNENT LA TEXTURE SCHISTEUSE. 341
dans l'orientation de l’attraction des particules com-
primées, même quand la pression monte aux dernières
limites qu’elle peut pratiquement atteindre.
La fissilité, ou le clivage, d’une masse formée par
compression est la conséquence d’un défaut d’homo-
généité de la matière. Les diverses substances se sou-
dent plus ou moins facilement sous forte pression. Si
l’on comprime donc un mélange hétérogène au point
de vue de la solidité et si, alors, les circonstances per-
mettent un certain laminage, ou un écoulement même
de courte durée, l'orientation des régions de solidité
différente aura lieu parallèlement à la direction de
l'écoulement et la texture schisteuse sera réalisée.
Cette texture est donc subordonnée, à la fois, à un
défaut d’homogénéité de la matière et à un défaut
d'égalité de la pression en tous sens, bien plus qu’à la
pression elle-même envisagée comme telle. (
La nature des matières occasionnant le défaut d’ho-
mogénéité peut être quelconque ; il s'ensuit nécessai-
rement que la schistosité ne sera pas le propre d’une
formation pétrographique déterminée : elle pourra se
rencontrer dans les formations plutoniennes aussi bien
que dans les formations neptuniennes ; elle ne devra
faire vraiment défaut que dans les terrains qui se distin-
suent par une homogénéité particulière, au cas où les
autres conditions n'auraient pas manqué.
Liège, janvier 1902.
SUR LE MÉCANISME
DE LA
FORMATION DES PYRROLS
à partir des sels de l'acide mucique.
PAR |
Amé PICTET et Albert STEINMA NN!
On sait que l’un des modes d'obtention du pyrrol
repose sur la distillation sèche du mucate neutre
d’ammoniaque. La décomposition a lieu selon l’équa-
tion suivante :
CHOH-CHOH-CO,NH, CH-CH
l = | >NH1#2CO,+NH,-H4H,0
CHOH-CHOH-CO,NH, CH-CH
Cette réaction, découverte en 1860 par Schwanert’,
a été étendue après lui à la préparation de toute une
série de pyrrols substitués à l'azote. Les mucates des
bases organiques primaires se comportent, en effet, à la
distillation comme le mucate d’ammoniaque et four-
nissent des composés dans lesquels l’hydrogène imidi-
! Extrait de la thèse de doctorat de M. A Steinmann : Sur
quelques dérivés du pyrrol, Genève 1901.
? Schwanert, Annalen der Chemie, 116, 278.
…
SUR LE MÉCANISME, ETC. 343
que du pyrrol est remplacé par le radical de la base
employée. C’est ainsi que l’on a obtenu les méthvl,
éthylet amylpyrrols", le phénylpyrrol”, les deux naph-
tylpyrrols”, le pyridvlpyrrol", etc.
Mais si cette réaction a été souvent utilisée, son mé-
canisme est resté Jusqu'ici peu connu, et l’on ne sait
guère quelles sont exactement les actions chimiques
qui entrent en jeu, ni dans quel ordre elles se succe-
dent.La détermination de ce point, d’un certain intérèt
théorique, semblait pouvoir se faire en isolant et en ca-
ractérisant les produits intermédiaires ou accessoires de
la réaction.
C’est à ce point de vue que nous avons étudié l’ac-
tion de la chaleur sur le mucate neutre d’aniline.
Lorsqu'on soumet ce sel à la distillation sèche, ainsi
que l’a fait Kôttnitz, en le chauffant fortement dans
une coroue sur Île bain de sable, il passe d’abord de
l’eau, puis de laniline, enfin une substance qui se so-
lidifie dans le récipient et qui est un mélange de phé-
nylpyrrol avec une petite quantité d’un autre corps.
On peut facilement séparer ces trois derniers composés
en acidifiant le produit par l’acide chlorhydrique et en
y faisant passer un courant de vapeurs d’eau. Le phé-
nylpyrrol est seul entrainé et il reste dans le ballon une
solution de chlorhydrate d’aniline et une substance so-
lide que l’on n’a plus qu’à filtrer et à faire cristalliser
dans l’alcool bouillant pour lPobtenir à l’état de pureté.
! Bell, Berichte 9, 956; 10. 1862.
? Kôttnitz, Journal für prakt. Chemie (2) 6, 148.
* Long, Thèse de doctorat, Genève 1897.
# Pictet et Crépieux, Berichte 28, 1904.
344 SUR LE MÉCANISME DE LA
Nous pensions avoir dans ce dernier corps l’anilide
phénylpyrrolcarbonique, C,.H,,N,0, soit :
CH-CH
|] Il
CH C-CO-NH-CH,
N PA
N
(0: A
Ce composé pouvait, à notre avis, constituer un des pro-
duits accessoires de la réaction. L'analyse nous a montré
qu'il n’en était rien; le corps possède la composition,
le point de fusion (235°) et toutes les autres propriétés
de la diphénylurée symétrique, CO(NHC,H, ), ‘.
Analyse : 0,2549g. subst. — 0,6894g. CO, — 0,1318g. H,0
0,2724g. subst. — 33,5 cc. N (16,5°; 717mm)
Trouvé Calculé pour 6,,H,,N,0
C 13.16 ° 73.58 %/o
H 5,15 5,66
N 13,44 13,24
La diphénylurée ne saurait être un produit de dé-
composition intermédiaire entre le mucate d’aniline et
le phénylpyrrol. Sa formation ne peut donc jeter aucun
jour sur le mécanisme de la réaction ; elle est due sans
doute à une action secondaire de Panhydride carbo-
nique sur l’aniline.
Pour obtenir les produits intermédiaires, il était né-
cessaire d’arrêter à mi-chemin la décomposition du
mucate. Nous y sommes parvenus en chauffant ce der-
nier, pendant une heure environ, à240° seulement. A
cette température, la masse fond en prenant une cou-
! M. Rudstein a, depuis lors, dans mon laboratoire, trouvé
lanilide en question (pt de fus. 176*) dans les eaux-mères de la
cristallisation de la diphénylurée. Elle prend donc bien nais-
sance, quoique en très faible quantité, dans la distillation du mu-
cate d’aniline. AE;
»
FORMATION DES PYRROLS. 345
leur foncée ; il ne se dégage presque que de l’eau et fort
peu d’aniline et de phénylpyrrol. Après refroidissement,
on pulvérise la substance et on la traite par un courant
de vapeurs d’eau pour éliminer les produits volatils. Le
résidu renferme alors, ainsi que nous l’avons constaté,
les sels d’aniline (en partie aussi les anilides) de deux
nouveaux acides : les acides n-phénylpyrrol-a-carbo-
nique (y) et n-phénylpyrrol-xx-dicarbonique (I) :
CH-CH CH-CH
| | |
CH C-COOH HOOC-C C-COOH
CH, CH,
(D (ID
Ce résidu se dissout, en effet, partiellement dans les
alcalis; si, à la solution alcaline filtrée, on ajoute de
l'acide chlorhydrique, l'acide monocarbonique I se pré-
cipite, tandis que l’acide dicarbonique IE, plus soluble,
reste dans les eaux-mères et peut en être retiré, sous la
forme d’un dépôt cristallin, par concentration du
liquide.
D'autre part, la partie restée insoluble dans les
alcalis, chauffée en tube scellé pendant 3 h. à 150°
avec de la potasse alcoolique, fournit par addition
d'acide chlorhydrique une nouvelle quantité des deux
mêmes acides.
Nous sommes done en droit d'admettre que ceux-ci
existent dans le résidu, en partie à l’état de sels d’ani-
line, en partie à celui d’anilides.
Ces dérivés sont les véritables produits intermédiai-
res dans la formation du phénylpyrrol, et leur exis-
tence nous semble expliquer le mécanisme de la réac-
ARCHIVES. t. XIII. — Avril 1902. 25
346 SUR LE MÉCANISME DE LA
tion. Voici, selon nous, quelles doivent être les phases
successives de la décomposition du mucate d’aniline :
Le premier effet de la chaleur est l'élimination de
3 molécules d’eau et la transformation du mucate dans
le sel correspondant de l'acide déhydromucique :
CHOH-CHOH
} Il
CH, NH, .HOOC-CHOH CHOH-COOH.NH,C,H.=
CH-CH
CH, NH,.HOOC-C C-COOH.NH,C,H, + 3H,0.
NA
Ô
Cette réaction est comparable à celle qui fournit
l'acide déhydromucique lui-même par la déshydrata-
tion de l’acide mucique au moyen des acides chlorhy-
drique ou bromhydrique”.
La seconde phase réside dans la dissociation par-
tielle du sel, avec mise en liberté de l’une des molécules
d’aniline. Celle-ci vient réagir sur l’oxygène du noyau
et le remplace, avec élimination d’une quatrième mo-
lécule d’eau. On sait, en effet, avec quelle facilité tous
Jes dérivés du furfurane ou des pyrones se combinent
de cette façon à l’ammoniaque et aux amines, en don-
nant des dérivés du pyrrol ou de la pyridine.
CH-CH
C.H,NH,.HOOC-C C-COOH.NH,C,H.-
J
O
CH-CH
HOOC-C C-COOH.NH.CH, -- HO.
CH,
I)
! Heinzelmann, Annalen der Chemie 193, 184.— Seelig, Berichte
12, 1083.
FORMATION DES PYRROLS. 347
Dans une troisième phase, ce sel acide de l'acide
phénylpyrroldicarbonique perd une molécule d’anhy-
dride carbonique pour se transformer dans le sel neu-
tre de l’acide monocarbonique :
CH-CH CH-CH
Il | |
HOOC-C C-COOH.NH,C,H, — CH C-COOH.NH,C,H,+C0,
4 4
CH, CH
(IV)
Ce sont ces trois premières réactions qui s'effectuent
au-dessous de 240°. A cette température, la masse”
contient, ainsi que nous l’avons dit, les sels d’aniline III
CCUN:
Mais si, au lieu d'interrompre l'opération à ce mo-
ment-là, on continue à chauffer, le sel IV se décompose
à son tour; or il peut le faire de deux manières diffé-
rentes : où en perdant les éléments d’une nouvelle mo-
lécule d’eau, ce qui le convertit dans l’anilide corres-
pondante :
CH-CH CH-CH
CH C-COOH.NH,C,H, — CH C-CO.NH.C,;H,+H,0
X N
CH, CH
ou, et c’est là la réaction principale, en se dissociant
en aniline libre qui distille, et en acide monocarboni-
que lequel, instable à cette température, se décompose
en anhydride carbonique et en phénylpyrrol.
CH-CH CH-CH
È (Il (l
CH C-COOH.NH,C,H, — CH CH + CH,NH, + CO.
N X
if, CH.
348 SUR LE MÉCANISME DE LA
Cette interprétation des phénomènes successifs qui
se passent dans la décomposition du mucate d’aniline
— et par suite dans celle des autres mucates — nous
semble justifiée par la nature des deux acides que nous
avons isolés.
Nous allons donner maintenant une brève description
de ces corps.
ACIDE N-PHÉNYLPYRROL-œ-CARBONIQUE.
Obtenu, comme nous l'avons dit, par précipitation
an moyen de lacide chlorhydrique, cet acide peut
être purifié par cristallisation dans l'alcool où dans
le benzène. Il forme des paillettes ou aiguilles blanches,
sans odeur ni saveur, fusibles à 166°; à peine fondu, il
se décompose en anhydride carbonique et en phényl-
pyrrol.
Analyse: 0,3187 g subst. — 0,8234 g CO, — 0,1421g H,0
0,3364 g. subst. — 23,2 ce N (17°; 718mm)
Trouvé Calculé pour €,,H,NO,
C 70,46 % 70,59
H 4,95 181
N 7,52 1,49
L’acide phénylpyrrolcarbonique est insoluble dans
l’eau froide ; Peau bouillante le dissout lentement en le
décomposant en acide carbonique et phénylpyrrol. Il
est très soluble dans lalcool, le benzène et le chlo-
roforme, assez soluble dans lacide acétique, moins fa-
cilement dans l’éther, et insoluble dans l’éther de pé-
trole. Sa solution alcoolique, acidulée par l’acide chlor-
hydrique, colore à la longue le bois de sapin en violet.
Il est probable que cette réaction est due à la forma-
»
FORMATION DES PYRROLS. 349
tion lente de phénylpyrrol et qu’elle n'appartient pas à
l'acide lui-même.
Le sel d'ammoniaque est dissocié par l’eau chaude ;
on l’obtient sous la forme de magnifiques cristaux
blancs par évaporation spontanée de sa solution sur
l'acide sulfurique.
Le sel d'argent prend naissance lorsqu'on ajoute du
nitrate d'argent à la solution neutre de l'acide dans la
soude ou la potasse. Il forme un précipité blanc, noir-
cissant assez rapidement à la lumière. Il ne renferme
‘pas d’eau de cristallisation.
Analyse: 0.2079 g. subst. — 0,0765 g. Ag.
Trouvé : Calculé pour C,,H,NO,Ag
Ag 36,80 % 36,72 °/o
Le sel de cuivre, préparé d’une manière semblable,
est un précipité amorphe, vert pâle, insoluble dans
l’eau, assez soluble dans le benzène et dans le chloro-
forme. Ce sel renferme de l’eau de cristallisation qu'il
perd à 410° en prenant une couleur vert très fonce.
Analyse: 0,5501 g. subst. — 0,1004 g. CuO
Trouvé Calcuié pour (C,,H,NO, ),Cu
Cu 18,57 18.33 %
Le sel de calcium se forme lorsqu'on fait digérer
l’acide dans l’eau, à une douce chaleur, avec du carbo-
nate de chaux en excès. En évaporant la solution filtrée
on obtient un dépôt cristallin blanc, qui prend peu à
peu à l'air une teinte rosée. Le sel renferme une molé-
cule d’eau de cristallisation.
Analyse : 0,3818g. subst. — 0,0497 g. Ca0
Trouvé Calculé pour (C,,H, NO, ), Ca+H,0
Ca 9.30 % 9,30 0
390 SUR LE MÉCANISME DE LA
L'éther méthylique peut se préparer facilement à
partir du sel d'argent. Il suffit de chauffer celui-ci, dans
la solution aqueuse où il a pris naissance par précipi-
tation, avec un excès d’iodure de méthyle et d’épuiser
ensuite par l’alcool bouillant le résidu insoluble, qui est
un mélange d’iodure d’argent et d’éther pyrrolcarbo-
nique. Ce dernier reste ensuite, par évaporation de la
solution alcoolique, sous la forme d’une masse solide
que l’on fait cristalliser dans l’alcool dilué. On obtient
ainsi des paillettes incolores fusibles à 88°, insolubles
dans l’eau, solubles dans lalcool et l’éther de pétrole,
très solubles dans l’éther, le benzène, le chloroforme
et l’acide acétique. Cet éther bout sans décomposition à
282° et ne colore pas le bois de sapin humecté d’acide
chlorhydrique.
Analyse : 0,1840 g. subst. — 0,4820g. CO, — 0,0959 g. H20
Trouvé Calculé pour C,,H,,NO,
C 74.84 Jo 74,64 %
H 5,79. 5.47
L’éther éthylique, obtenu de la même manière, est
un liquide incolore, bouillant à 289°. Il ne se solidifie
pas dans un mélange de glace et de sel. Ses solubilités
sont les mêmes que celles de l’éther méthylique. Il ne
donne pas de coloration avec le bois de sapin.
Analyse : 0,2737 g. subst. — 0,7245 g. CO, —0,1492 g. H,0
Trouvé Caculé pour C,;H,,NO,
C 72,13 72,56 °/o
H 6,06 6,05
ACIDE N-PHÉNYLPYRROL-2x@'-DICARBONIQUE.
Il se dépose dans les eaux-mèêres du précédent en
trés petits cristaux aciculaires, transparents, que l’on
»
FORMATION DES PYRROLS. 391
purifie par cristallisation dans une petite quantité d’eau
bouillante.
Analyse : 0,2031 g. subst. — 0,4630 g. CO, —0.,0738 g. H20
Trouvé Calculé pour C,H,NO,
C 62,12 °/ 62.34 %0
H 4,04 3.90
L’acide phénylpyrroldicarbonique ne présente pas de
point de fusion. Chauffé à 240°, il se décompose sans
fondre en anhydride carbonique et phénylpyrrol. Il est
peu soluble dans l’eau froide, très soluble dans l’eau
chaude, l'acide acétique, l'alcool et l’éther, peu soluble
dans le chloroforme et le benzène, insoluble dans
l’éther de pétrole.
Il est beaucoup plus stable que l’acide monocarbo-
nique et n’est pas décomposé par l’ébullition de sa so-
lution aqueuse. Il ne donne, ni à froid ni à chaud, de
réaction colorée avec le bois de sapin.
Son sel d'argent se précipite lorsqu'on ajoute du
nitrate d'argent à une solution neutre de l’acide dans
la soude ou la potasse. C’est un corps blanc, se colo-
rant lentement en brun clair à la lumiére.
Analyse : 0,5237 g. subst. — 0,2542 g. Ag.
Trouvé Calculé pour C12H: NO1Agz2
Ag 48.54 %o 48,54 0
Genève, Laboratoire de Chimie biologique et pharma-
ceutique de l’Université.
ETUDE
SUR LE
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX
ET SUR LES
CONSÉQUENCES PÉTROGRAPHIQUES ET SYNTHETIQUES
QUI EN RESULTENT
PAR
A. BRUN
Licencié ès-sciences
(Avec pl. IL.)
EXPÉRIENCES SUR LE POINT DE FUSION DE DIVERS MINÉRAUX
ET SUR LES CONSÉQUENCES QUE L'ON PEUT EN TIRER
Les minéralogistes ne se sont guëre préoccupés jus-
qu’à présent de déterminer à quelle température les
minéraux fondent, et cette constante physique si em-
ployée en chimie est restée lettre morte en minéralogie.
Aussi la littérature concernant cette propriété des
cristaux est-elle des plus récuite.
Il y a bien quelques expériences isolées effectuées à
certaines températures déterminées.
Ainsi par exemple celle de M. Descloiseaux, à pro-
pos des propriétés optiques de l’orthose, de M. Ver
=.
ÉTUDE SUR LE POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 359
nadsky, à propos de la transformation du disthène en
sillimanite.
Puis les travaux particuliers de Jolly et d’Oberg, à
propos des chaleurs spécifiques... mais c’est tout. Seul
M. Dœlter, en 1900, a inséré dans le Journal de
Tschermak le résultat d'expériences traitant cette ques-
tion particulière.
La méthode qu’il a employée diffère de la mienne,
et par malheur les résultats qu'il a obtenus sont pres-
que toujours aussi très différents des miens; j'explique-
rai par la suite d’où provient ce désaccord.
En résumé, tout était à faire dans ce domaine, aussi
bien la recherche de la méthode expérimentale que les
expériences définitives une fois l’outillage trouvé.
M. le professeur Mittey, de l’École des Arts Indus-
triels, dont la compétence en céramique est si grande,
a bien voulu m'aider de ses conseils, je l’en remercie
vivement ici.
Je diviserai ce travail en 3 chapitres.
I. Méthode expérimentale.
Il. Tableaux des points de fusion.
III. Conséquences à tirer des résultats obtenus et
remarques sur la synthèse d’une roche acide.
CHAPITRE I
MÉTHODE EXPÉRIMENTALE
Il s'agissait de reconnaître sûrement l'instant précis
où le cristal fond, et de déterminer à ce moment la
température.
Je ne tardai pas à m’apercevoir que le chauffage du
394 ÉTUDE SUR LE
minéral dans un creuset, alors qu'il y à contact du ereu-
set avec la flamme et contact du minéral avec le creu-
set, donnait des résultats absolument fantaisistes.
Et ceci quelles que soient les précautions prises,
que le minéral soit pulvérisé ou non, etc., ete...
De plus, je m'aperçus bientôt que le cristal devait
être chauffé dans une enceinte absolument fermée,
sans rayonnement possible extérieur. Précaution du
reste déjà connue des céramistes, et qui est la condition
essentielle d’existence d’une température stable et
uniforme dans une enceinte donnée.
C’est à l’oubli par M. Dœælter de ces précautions que
J'attribue les différences considérables qui existent entre
les résultats de cet auteur et les miens.
Je chauffai donc les minéraux dans un moufle fermé,
et pour éviter tout contæet, le cristal était porté en
équilibre sur un mince pédoncule creux de platine et
chauffé uniquement par le rayonnement des parois
incandescentes du moufle.
. L'instant de la fusion était indiqué par le fait que le
cristal, primitivement anguleux, se ramassait en une
boule, et si la température avait été un peu trop haute,
fondait et coulait dans le tube du pédoncule, d’où il
était facile de le retirer.
Son liquide y formait alors un ménisque très prononcé.
La mesure de la température atteinte était faite par
les montres fusibles de M. Seger. Ces montres, qui
sont des petites pyramides de corps silicatés fondant à
des températures déterminées, se trouvent dans le
commerce de la céramique : elles sont échelonnées de
20 en 20 degrés et montent jusqu’à 18500.
J'ai pu m'assurer de leur exactitude en comparant
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 399
leur point de fusion avec celui des métaux connus :
cuivre, nickel, palladium, platine, or.
En possession de ce thermomètre commode, il suf-
lisait donc de placer à côté du cristal une ou deux
montres fusibles, et de surveiller la marche du four
jusqu’au moment où le cristal fondait. La dernière
montre fondue indiquait la température atteinte.
Comme le moufle petit ne pouvait pas recevoir plus
de trois pédoncules de platine, une interpolation rapide
permettait en deux ou trois expériences de resserrer,
entre deux limites rapprochées, la température qu'il
était nécessaire d'atteindre, avant de procéder à l’ex-
périence définitive.
Comme le moufle était fermé, j'étais obligé d'arrêter
le feu pour voir ce qui s’y était passé. De facon à éviter
des arrêts trop fréquents, je plaçais sur le couverele du
moufle une montre fondant à une température voisine
de celle que je voulais obtenir.
Une petite fenêtre dans la paroi du four me permet-
tait de l’observer. Je savais ainsi, à très peu prés, la
température qui existait dans le moufle à un moment
donné.
Pour éviter les erreurs pouvant provenir d’un excès
de chauffe d’un des points du moufle, excès toujours
possible, l’on répétait les expériences en changeant la
place des montres et du cristal.
Description du four (voir la figure ci-après).
Pour des températures ne dépassant pas 1600, le
four était fait en argile réfractaire doublée intérieure-
ment de cristaux de zircon. Le moufle était aussi fait
_
.
396 ÉTUDE SUR LE
de zircon'. La flamme l’enveloppait complètement. Au
delà de 4600 degrés”, le zircon un peu impur se ra-
mollit un peu, le couvercle se soude aux parois et le
moufle est bientôt hors de service, parce qu'il se brise
facilement.
Pour les températures les plus élevées, le four est
fait en calcaire doublé intérieurement d’une épaisse
couche de magnésie qui a été au préalable comprimée
et calcinée au blanc ardeñt. Le moufle est aussi fait en
magnésie pure préalablement calcinée à la plus haute
température possible (1800 environ). Il résiste alors
très bien et le collage du couvercle est minime.
pe
——
J'employai le chalumeau à gaz d'éclairage et oxY-
gène comme moyen de chauffage.
1 On pulvérise du zircon, le gache avec de l’eau gommée, et le
moule. Le cuire vers 14000.
2 A l’intérieur du moufle, ce qui correspond à une T bien plus
haute des parties en contact avec la flamme.
»
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. do)1
Il est commode, facile à régler et silencieux: il per-
met d'obtenir les températures très hautes rapidement.
Un peu d'habitude permet de juger par l’intensité des
radiations de l’intérieur du four, de la température
acquise.
Il faut toujours écraser la flamme lancéolée du cha-
lumeau sur un bloc de zircon ou de magnésie, de facon
à obtenir une répartition uniforme de la flamme tout
autour du moufle et un mélange intime des deux gaz.
CHAPITRE II
TABLEAUX DES POINTS DE FUSION DE DIVERS MINÉRAUX
Remarques générales.
Le moment du point de fusion était fixé comme je
l’ai indiqué précédemment.
Les silicates basiques présentent un point de fusion
très net; le temps qui sépare le moment où le cristal
se met en boule et celui où il coule est trés court. Cer-
tains même (Wollastonite) coulent tout de suite.
Les silicates acides se mettent en boule et coulent
lentement, l’état pâteux persiste plus longtemps.
Les points de fusion sont caractéristiques pour cha-
que minéral et peuvent certainement servir comme
constante physique qui leur soit propre.
La composition chimique a certainement une influence
prépondérante sur la valeur du T. F. ainsi qu'on peut
le voir dans les séries isomorphes des feldspaths et des
pyroxènes.
En général le point de fusion coïncide avec le point
358 ÉTUDE SUR LE
de destruction du réseau cristallin mis en expérience ;
mais ce n’est pas toujours le cas.
Pour le pétrographe et le cristallographe, le point
intéressant n’est pas de savoir à quelle température le
minéral fond, mais de savoir à quelle température le
réseau cristallin est détruit. Ceci lui permettant alors
de se rendre compte des conditions de formation du
minéral considéré. Ainsi la Trémolite, qui est détruite
à 4090, a un point de fusion de 1270°. Ce dernier n’a
en réalité aucun intérêt : ce n’est qu'un point de fusion
d’un mélange chimique sans aucune raison minéralo-
gique.
Les minéraux hydratés sont dans ce cas.
Certains minéraux métamorphiques présentent les
mêmes caractères. Le point de destruction du réseau
cristallin s’annonce différemment suivant les minéraux.
Souvent le cristal limpide et transparent devient
trouble, porcelainé opaque; d’autres fois il se fait une
intumescence particulière, ou bien, sans se boursouffler,
le minéral se réduit en une poussière impalpable bien
avant de fondre, etc., ou bien il se fend. Ces résultats
sont consignés dans la colonne des observations. Voir
tableau I.
Notes spéciales.
J’ajouterai encore les observations faites sur les mi-
néraux suivants qui fondent très difficilement ou pré-
sentent des particularités.
Corindon. Dans la flamme coule rapidement liquide.
Cristallise facilement en larges lames par le refroidis-
sement.
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 359
Un corindon gris de l'Himalaya est devenu d’un beau
bleu saphir par la fusion.
Perowskite de Zermatt, trouvé par rl auteur au Rymp-
fischerwänge, fond difficilement dans la flamme en
| scorie jaunâtre.
Zircon. Blanchit, puis donne une scorie bulleuse
jaunâtre vers à peu près 1900.
Plongé dans la silice fondante, le zircon garde les
arêtes du cristal inaltérées.
Spinelle magnésien de Ceylan : à 1850 reste rose
et inaltéré; plus haut S'arrondit en restant rose et
transparent. Au point le plus chaud de la flamme donne
une scorie bulleuse incolore vers 19507 à peu près.
Quartz, à 1780 se trouble puis s’éclaircit aussitôt
en verre incolore et commence à s’arrondir en boule,
ne peut s’étirer en fil qu’à une T beaucoup plus haute. 4
1850, ne peut pas encore couler. AT = 1300 et 157
il ne subit aucune altération sauf de se cliver parallèle-
ment à (0110) par un refroidissement un peu rapide.
Comparer A. Brun, Archives, t. Il, 1892, ainsi que
Joubert, Dana, Fouqué, Michel Lévy, Lacroix, ouvrages
cités à l'index bibliographique.
M. R. Austen donne pour TF. = 1775. Nos deux
chiffres sont remarquablement concordants.
SÉRIE DES FELDSPATHS. — A, Feldspaths potassiques.
Jadmets que le type potassique pur fond le plus haut.
Il doit exister des types sodiques dont le point de fusion
est situé entre celui de l’albite et celui de lorthose.
L’anorthose en est un : l’adulaire du col du Géant
un autre.
MM. Duparc et Pearce ont du reste constaté des
360 ÉTUDE SUR LE
feldspaths semblables présentant des propriétés opti-
ques intermédiaires entre Or et Ab.
Il en est de même pour microcline.
B. Feldspaths calcosodiques.
La variation du point de fusion suit une marche
parallèle à la variation des propriétés optiques et à la
densité.
Les termes voisins de An sont les moins fusibles.
Plus le feldspath est basique, plus il cristallise facile-
ment. Je ne puis pour l’anorthite en aucune facon
accepter les données de M. Dœælter.
Ce minéral, qui fond au blanc éblouissant. à à coup
sûr T. de fusion plus haut que 1124 comme M. Dælter
l’indique. Je suis d'accord avec MM. Fouqué et Michel
Lévy.
Haüyne. AT — 1410 le minéral se scinde en deux :
un partie très liquide qui coule, une autre qui ne fond
que bien plus haut. Le minéral serait-il une combinai-
son moléculaire de deux minéraux distincts et sépara-
bles à une température plus élevée?
Fer magnétique. Commence à fondre nettement ‘à
T — 1260" si on chauffe avec précaution ce cristal, la
portion fondue s'écoule rapidement, il reste un octaèdre
géométrique diminué de volume mais conservant sa
forme ‘. Son facile point de fusion ne peut pas le faire
ranger parmi les minéraux de première consolidation.
Le Fer hiané doit être considéré plutôt comme tel
fondant à 1450, il peut être contemporain de l’anor-
thite. La masse fondue cristallise très facilement en
aiguilles par le simple refroidissement.
! La Wollastonite a présenté un phénomène semblable.
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 3061
Disthène. 1310° est le début de la destruction du
réseau. J'ai confirmé l’expérience de Wernadsky qui
annotiçait la transformation de ce minéral en sillimanite
AT 4950
Tremolite. Ce minéral est détruit à T — 1090°, il se
transforme en une masse opaque porcelainée friable.
Triphane. Les échantillons de ce minéral que j'ai ex-
périmentés se comportent singulièrement, à T = 1010,
le minéral se gonfle énormément, conserve sa forme
géométrique agrandie. En cet état, le plus petit attou-
chement le réduit en une poussière impalpable. Il fau-
drait donc que la formule de ce minéral soit élargie et
admettre H, dans la constitution de la molécule.
Fluorine. Le pouvoir émissif de la fluorine à une
température élevée est des plus faible, elle reste trans-
parente et presque invisible dans le four : ne se trouble
qu'à 1230°.
ARCHIVES, t. XIII. — Avril 1902. 26
ÉTUDE SUR LE
TABLEAU I
MINÉRAUX DONT LE POINT DE FUSION COINCIDE AVEC LE POINT
DE DESTRUCTION DU RÉSEAU
Nom du Minéral.
GROUPE DES AMPHIBOLES :
Trémolite du Gothard.
Amphibole brune du Cervin |
trouvée par l’auteur.
Hornblende noire de la Pho-
nolite du Cantal.
Actinote de Zermatt, trou-
vée par l’auteur.
Antophylhte de Kongsberg.
GROUPE DES FELDSPATHS :
Anorthite de Idsu, Japon.
Labrador (de Kiew?)
Andésine des porphyrites du
Var, don du prof. Lacroix.
Ohgoclase de Friedericks-
warn.
Albite de Viesch (péricline).
Orthose adulaire de Viesch.
Orthose adulaire du Col du
Géant. trouvé par l’aut.
Microcline.
Microcline amazonite.
Points
de fusion.
1290
1330
Observations.
Renvoyé au Tableau I.
Grosses masses laminaires du
contact des Gabbros au Cervin.
Renvoyé au Tableau Il.
Gros cristaux divers.
Extinction 26° sur g!,
Cristaux bien purs.
Très gros cristal.
Cristal laiteux.
Cristal limpide (c’est le point
moyen donné dans les travaux
des céramistes).
Semble être un peu sodifère, cris-
tal très limpide.
Cristal rouge extrait d’une syénite.
Beau cristal du Colorado. de cou-
leur bleue.
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 363
Nom du Minéral.
Anorthose de Quatro Ribey-
ras, don du prof. Lacroix.
GROUPE DES PYROXÈNES :
Wollastonite.
“Diopside d’Ala, don de feu
le prof. Marignac.
Augite du Stromboli, trouvé
par l'auteur.
Augite des Monte Rossi à
l'Etna, trouvé par l’aut.
Diallaye, trouvé par l’aut.
Hedenbergite de Fillipstad.
Enstaltite var. Bronzite.
Hypersthène de St-Paul.
Se
Achmite de Eker.
Triphane, don de feu le
prof. Marignac.
Points
de fusion.
1250
1230
4230
1210
1190
1410
1280
1270
970
Observations.
Identique à l’albite au point de
fusion, mais à 1270 est mieux
liquide.
Coule immédiatement.
Beau cristal limpide.
Fond excessivement brusquemerit
en verre foncé.extinet. 45°sur g'.
Idem.
Masses laminaires du gabbro d’A-
rolla, très beau cristal.
Très beau cristal.
Gros cristal, bien exempt d’alté-
ration, verdâtre.
La masse fondue cristallise en re-
froidissant.
Renvoyé au tableau IT.
MINÉRAUX DIVERS
rangés par ordre de fusibilité :
Spinelle noir d'Amity.
Spinelle rose de Ceylan.
Fer chromé du Kosswinsky
Kamen (Oural), don du
prof. Duparc.
Quartz.
1900 env. Voir note spéciale.
1900 ex.
1850
1780
Idem.
Petits octaédres bien purifiés au
préalable et séparés de la Ma-
gnétite.
Voir note spéciale, pourrait appar-
tenir au Tableau IT.
304
Nom au Minéral,
Péridot de l’Eifel.
Fer chromé du Var.
Apatite.
Isérine (fer titané) pseudo
octaédrique d’Isergrund.
Emeraude commune de Li-
moges, don de feu le prof.
Marignac.
Leucite du Vésuve.
Haïüyne de Laach.
Cordiérite de Finlande.
Pétalite d'Utô. don de feu le
prof. Marignac.
Néphéline Eléolite de Miask.
Fer oligiste d’'Elbe.
Magnétite de Zermatt, trouvé
par l’auteur.
Grenat, Variété Topazolite,
du Rympfischwänge.
trouvé par l’auteur.
Grenat rouge, Rympfisch-
wänge, Zermatt, trouvé
par l’auteur.
Grenat almandin des Indes.
ÉTUDE SUR LE
Points
de fusion.
1750
1670
Observations.
Pauvre en fer.
En granules, coule brusquement
sans s’arrondir, n'avait pas été
purifié avant l’expérience.
Beau cristal du Tyrol.
Cristallise en aiguilles par refroi-
dissement.
A cette température donne une
scorie dure, devrait appartenir
au Tableau IT?
A 1410 est vitrifiée à la surface,
se ramollit progressivement,
point de fusion indistinct, émet
des bulles à chaud.
1410-1450 Voir note spéciale et Tableau If.
1310
1270
1010
1070
1060
Masse compacte et cristalline.
Belle masse compacte contrôlée
par l’analyse.
Remarquer l'influence
de l'oxygène. Voir
aussi note spéciale.
Cristal.
C'est le minéral que j'ai décrit
Arch. des Sciences Phys. et Nat.,
t. XXXIV, juillet 4895.
Cristaux intercalés avec Idocrase,
cristallisation très pure.
C'est le grenat que j'ai décrit
Archives, t. XXVIIL, p. #0;
1892, comme présentant um
spectre d'absorbtion.
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX.
TABLEAU II
MINÉRAUX DONT LE POINT D£ DESTRUCTION DU RÉSEAU NE COINCIDE
Températures
Nom du Minéral. plat 21ide
DESTRUCTION FUSION
Haiyne. 1410 1450
Disthène du Gothard. 1310 —
Meionite de la Somma. 1250 1330
Sodalite de Ditrü. 1950 1310
Fluorine rose du glacier 41230 1270
de Charpoua. don de
M. Em. Fontaine et
trouvée par lui.
Sphène. env. 1190 4210
Trémolite. 1090 1270
Antophyllite. 1150 1230
Triphane. 1010 —
Epidote d'Untersalzbach. env. 900 1250
Idocrase, Zermatt, trouvé env. 980 1000
par l’auteur.
Galène. 830
Obsidienne de Lipari. 00-30 —
trouvé par l’auteur.
Néphrite de Kashgar-Ko- 950 1250
uen Lun, don de feu
le prof. Gosse.
Mica blanc. Aiguille du 850 —
Tour, M'-Blanc, trouvé
par l’auteur.
PAS AVEC LE POINT DE FUSION
Observations.
Voir note spéciale.
Voir note spéciale.
Serait peut-être un peu hvdra-
tée.
Se décolore avant 500.
Voir note spéciale, se décolore
avant 900.
Beau cristal vert.
Complètement détruite à 1150,
tombe en poussière.
Idem.
Très particulier, voir note spé-
ciale.
Beau cristal.
Se décompose à l’intant où elle
fond.
Voir synthèse des roches acides
plus loin.
Très belle masse translucide
incolore provient du Musée
de St-Pétersburg.
À 830 se trouble mais est en-
core élastique par places. A
850 est opaque ettrès friable.
366 ÉTUDE SUR LE
CHAPITRE III
CONSÉQUENCES A TIRER DES RÉSULTATS OBTENUS
Température de la lave fondante.
Les points de fusion ci-dessus déterminés donnent
lieu à deux conséquences qui ont une certaine impor-
tance géologique, savoir : |
1° La détermination de la température que peut
avoir la lave fondante projetée par un volcan et 2° la
détermination des conditions de cristallisation des ro-
ches, c’est-à-dire de l’ordre de consolidation.
Pour le premier cas, il est naturel de penser qu’une
lave qui présente, étant encore fluide, certains cristaux
de première consolidation nageant dans sa pâte, doit
avoir à coup sûr une température plus basse que celle
du point de fusion du minéral considéré.
_ Ainsi la lave coulante du Stromboli contenant de
l’augite, ne peut pas avoir une T supérieure à 1230.
Ordre de consolidation des minéraux des roches.
Le second point mérite quelques développements.
Il a été beaucoup écrit sur cela. D’après mes expé-
riences, il faut distinguer essentiellement entre les
roches acides et les basiques ; car j'admets que le pro-
cessus de formation est différent à partir du magma
originel.
Les silicates basiques ont une grande tendance à cris-
talliser, tandis que ce n’est pas le cas pour la silice et
les silicates acides.
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 367
I. Roches basiques.
Ilest évident que dans un magma fondu, et mettant
à part les phénomènes de dissolution mutuelle des élé-
ments de la roche, le minéral le plus stable, à une
température donnée, aura la plus grande probabilité de
se former. En sorte qu'un magma se refroidissant len-
tement laissera cristalliser les minéraux dans l’ordre
décroissant de leurs températures de fusion.
C’est bien ce qui a été observé en général.
Je ferai cependant quelques remarques. La facile
fusibilité du fer oxydulé lexclut du premier stade de
consolidation. Il faut nécessairement admettre que le
fer titané octaédrique dont T est 1450, est celui qui
occupe cette place dans les basaltes, etc.
Les spinelles magnésiens, le zircon, le fer chromé
sont des minéraux qui, par leur résistance, peuvent
(phénomènes de dissolution à part) se former aux plus
hautes températures et par conséquent provenir des
profondeurs du globe où la température est excessive
(2000°) alors que le peridot, l’anorthite, ne commence-
raient à cristalliser que plus tard, lorsque la lave se
refroidit en se rapprochant de la surface. Nous avons
déjà vu que la lave coulante de la cheminée du Strom-
boli ne dépasse pas 1230".
C’est donc entre 1900-2000 degrés et 1200 degrés
que l'immense majorité des minéraux des laves basi-
ques peuvent se cristalliser". Car un basalte solide ne
1 Le basalte du Stromboli se ramollit très légèrement à 1130,
il s’affaisse à 1150 ; à 1170 il commence à pouvoir céder sous la
pression comme une pâte dure. L’augite ne fond qu’à 1230, il y à
donc fusion du verre interposé ou réaction mutuelle des micro-
lites pour donner un élément plus fusible.
368 ÉTUDE SUR LE
commence à se ramollir que dans le voisinage du TF
de l’augite, un peu avant 1170.
IT. Roches acides.
Au cours de cette étude, j'ai examiné une substance
considérée comme un minéral par les anciens minéra-
logistes, comme une roche par les modernes : je veux
dire l’Obsidienne, verre transparent isotrope bien connu
comme produit des volcans acides.
L'expérience que j'ai faite sur ce verre naturel tend
à montrer que le processus de formation d’une roche
éruptive acide est très différent de celui d’une roche
basique. Or, il n’y a pas d’expérience donnant la tem-
pérature à laquelle une lave acide coule. Mais comme
l’hydrate colloïde, l’obsidienne s’étire à 830°, nous
pouvons dire que les ponces sont formées à T > 830 ,
et les liparites à T < 830.
J’expose dans les lignes suivantes la synthèse et le
mode de formation des roches acides.
A l'ile de Lipari, j'avais observé toutes les transi-
tions entre l’obsidienne vitreuse et la liparite eristalli-
sée, et l'examen sur le terrain confirmait, ce qui du
reste était déjà connu, que les liparites sont des déri-
vés de l’obsidienne.
Le problème se posait donc de déterminer dans
quelles conditions la cristallisation du quartz et des
feldspaths se fait, pour donner les roches en question.
Je vais d'abord décrire la liparite, de façon à bien
fixer les idées sur le problème à résoudre.
Cette roche est formée d’un assemblage d” immenses
sphérolites à croix noire, accolés, dont le centre est
»
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX, 369
formé d’une sphérule dont l’individualisation cristalline
est plus avancée que la périphérie, ce qui provient de
ce que le centre est plus àgé.
Ces sphérules centrales sont plus ou moins fibril-
laires, à croix noire ou non, s’éteignant entre les nicols
quelquefois comme un seul cristal; lextérieur est
formé par les longues fibrilles rayonnées du sphérolite
avec les propriétés optiques bien connues.
L'analyse montre que les sphérules sont anhydres,
les fibrilles un peu hydratées, l’obsidienne encore plus
hydratée.
La sphérule est un peu fusible.
La premiére idée qui vient à l'esprit est donc que la
cristallisation est liée au départ de l’eau primitivement
incluse dans le verre.
Il s'agissait donc de déterminer à quelle tempéra-
ture cette eau s'échappe. Mais l’obsidienne chauffée,
augmente vingt fois environ de volume en perdant son
eau, et cette deshydratation a lieu à la T — 830.
L'expérience à faire consistait donc à chauffer l’ob-
sidienne de Lipari à une température telle qu'elle ne
soit pas boursoufflée, mais que l’eau parte et provoque
la cristallisation.
Jai chauffé pendant sept jours la roche à la tempé-
rature de 700-750 ; déjà le deuxième jour il était
visible que le verre se transformait.
Le septième Jour J'ai arrêté; J'ai fait des coupes
minces. La roche chauffée est devenue presque com-
plétement anhydre, opaque, de teinte grise, un peu
fendue par des tensions intérieures et un peu bulleuse.
Tout à fait comme la liparite naturelle. L'examen mi-
croscopique a montré que les idées théoriques étaient
310 ÉTUDE SUR LE
justes et que le succès le plus complet avait été atteint.
( Voir la planche IL.) La roche artificielle est formée de
sphérolites à croix noire, à centre plus individualisé
que les fibres’. Ces sphérolites sont zonés, comme le
sont souvent les naturels, et leurs propriétés optiques
sont identiques. La seule différence à noter est que le
chauffage un peu brusque à provoqué un peu partout
des centres de cristallisation et qu’en résumé les sphéro-
lites sont plus petits que ceux de la liparite naturelle.
Mais ceci ne veut rien dire, la question de la créa-
tion du cristal avec ses propriétés optiques étant le senl
problème mis en Jeu.
Les sphérolites à croix noire sont communs dans Îles
liparites, les porphyrites et roches acides non encore
individualisées autant que l’est le granit.
Néanmoins, si je peux généraliser une expérience,
avec peut-être un peu plus de hardiesse que ne le
comporte la stricte rigueur scientifique, je puis dire
que le processus de formation des roches acides doit
être le suivant, séparable en deux temps.
1® temps : Création d’un verre colloide hydraté, ré-
sistant à une température de 830° sans se décomposer.
La formation de ce verre a certainement lieu sous pres-
sion : ou, ce qui est aussi probable, par mélange et dis-
solution mutuelle d’eau, d’hydrates d’alcalis et de sili-
cates alumineux hydratés.
L'hydrate KOH résistant très bien à 830 degrés.
ame jemps : Abaissement de la température de la
masse en fusion jusque dans les environs de 800 degrés
à cette T, réaction mutuelle des silicates acides conte-
nant le groupe — SiOOH sur KOH, avec élimination
! Centre souvent à extinction totale.
x
POINT DE FUSION DES MINÉRAUX. 311
d'une molécule d’eau et formation des eristaux d’or-
those et de quartz
O
(MRSi) — siŸ + KOH = H,0 + orthose + quartz.
n OH
Il faut faire les remarques suivantes, qui corrobo-
rent la théorie ci-dessus.
[. À une température supérieure à 830, l’obsidienne
se décompose en ponte, et si l’eau ne peut pas
s'échapper, elle forme des cavités dans la masse, la
boursouffle. En tous cas il ne semble pas que la réaction
chimique cristullisante puisse avoir lieu.
Comme corollaire il s’en suit que pour rester verre
colloïde, lobsidienne doit subir un refroidissement
assez rapide. Une certaine période de temps à T voisine
de 830° et <<, étant la condition essentielle de la cris-
tallisation.
2. Il a toujours été impossible de faire cristalliser
des silicates acides anhydres par simple chauffe.
MM. Fouqué et Michel Lévy ont échoué compléte-
ment dans de nombreuses expériences; moi-même,
après de nombreux essais poursuivis ces dernières
années, J'avais renoncé à suivre cette voie.
3. La composition chimique de l’obsidienne de Li-
pari est à peu prés :
| molécule d’orthose.
| molécule d’eau.
5 à 6 molécules de silice libre, ce qui résulte des
dosages faits. La liparite a la même composition moins
l’eau.
Cette théorie permet d'expliquer les points de pétro-
graphie suivants particuliers aux roches acides.
372 ÉTUDE SUR LE
1. La présence des inclusions liquides avec corps en
solution, contenus dans les cristaux de quartz des gra-
nits. Ce qui est naturel, l’eau jouant un rôle dans la
formation des cristaux.
2. L’apparence de deuxième consolidation du quartz.
Il peut être utile d'entrer ici dans quelques détails.
Nous avons vu que les sphérules centrales sont un
peu fusibles, elles ne sont pas du quartz pur (quand
bien même l'allongement est +).
D'autre part, mes expériences sur le quartz et le
feldspath montrent que, à la T de 800, l’orthose a
une probabilité plus grande de se former en cristaux,
et par conséquent se formera en premier; le jeu des
molécules étant plus ample pour lorthose qui fond à
1300 , que pour le quartz qui est détruit à 1780.
En sorte que l’orthose se formant d’abord, le quartz
reste comme reliquat et cristallise par la suite comme il
peut, sans contours nets, dans les intervalles laissés par
les cristaux du feldspath.
Il va sans dire qu'il faut admettre que la teneur en
eau, la durée de la chauffe, la composition de la pâte,
pourront faire un peu varier ce processus et donner les
roches acides que l’on observe dans la nature.
Il est important de rapprocher ma théorie du quartz
résiduaire, qui, ne pouvant entrer dans aucune combi-
naison stable à cause de son excès, reste comme reli-
quat, des observations faites sur la koswite. Cette nou-
velle roche, découverte par M. le Prof. Duparc au Kos-
wynsky Kamen (Oural) et décrite par lui, présente un
excès de magnétite qui remplit les intervalles laissés
par les feldspaths: comme le quartz dans le granite,
elle est repoussée des combinaisons dans lesquelles
POINT DE: FUSION DES MINÉRAUX. 9 19
elle ne peut entrer, et reste comme reliquat; elle est
aussi résiduaire. Il est donc possible d’homologuer les
deux termes extrêmes de la série des roches silicatées,
où des causes semblables provoquent les mêmes struc-
tures.
3. La présence des micas fluorés". Les micas fluorés
sont souvent essentiels dans les roches acides. Ils sont
hydratés. Or ils sont détruits à 850 . Cette température
est précisément de cinquante degrés seulement supé-
rieure à celle que j’admets pour la cristallisation des
roches acides. Il peuvent done s’y former et cristalliser.
Ceci est je pense un sérieux argument en faveur de ma
thèse.
Enfin, comme dernières confirmations de la théorie
que j’expose, j'ajouterai que c’est avec l’eau pure que
MM. Friedel et Sarasin ont réussi à faire eristalliser le
quartz et l’orthose à une température ne dépassant pas
300, de plus, M. Hautefeuille a fait cristalliser le quartz
dans les tungstates à 700°; plus haut il y avait redisso-
lution du quartz formé.
En résumé, l’ensemble de ces expériences montre
que les roches acides doivent leur mode de cristallisa-
tion à deux facteurs :
1° A l’eau, qui est créée très probablement par une
double décomposition entre les groupements (MRSi)n'
— SiOOH et KOH.
20 À une température très voisine de 800 sans dé-
passer 830.
Fait à Genève en 1901-1902.
! M. le prof. Duparc admet pro parte l’épidote comme primaire
dans la protogine du Mont-Blanc. Le raisonnement fait pour le
mica lui est applicable.
31% ÉTUDE SUR LE POINT DE FUSION DES MINÉRAUX.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Ne sont indiqués que les travaux pouvant avoir quelque rap-
port avec le sujet traité.
Descloiseaux. Manuel, 1862. Article Orthose.
Joubert. C. R. Ac. Sc., 30 sept. 1878. Pouv. rot. du quartz.
Hautefeuille. Synthèses quartz, orthose, brookite.
Oberg. Ofv. Ak. Stockholm, n° 8, 42, 43, 1885.
Joly. Proc. Roy. Soc., 41, p. 250, 1887. Chaleurs spécifiques.
Vernadsky. Bull. Soc. Min. Fr., 1889 et 1590. Disthène.
Dœlter. Zschermak. Min. et Petr. Mitt., 1900, Bd XX, Hf. 8,
p. 210. Schmelzpunkte, etc. À
Le Prospectus commercial de céramique pour la vente des mon-
tres fusibles. Seger à Charlottenbourg. Poulenc à Paris.
A. Brun. Archives Sc. Ph. et N.,t. XXV, p. 239, 1891. Repro-
duction artificielle des roches.
A. Brun. Idem. per. 4,t. II. Décembre 1896. Indice de ré-
fraction du quartz après calcination.
A. Brun. Idem, t. XIII, p. 85, janvier 1902. Basalte du Strom-
boli et points de fusion des minéraux.
Prof. Duparc. La Koswite. Comptes rendus, 1901.
Roberts Austen. Philos. Magaz., 1899, n° 1. Quartz.
Seger et Laboratoire de Charlottenbourg. Établissement des
piles thermoélectriques.
On trouve encore dans les ouvrages classiques de Dana, Fouqué
et Michel Lévy, Lacroix, des indications éparses, mais sans tem-
pératures déterminées. De même dans les publications de Mois-
san, Ditte, Stanislas Meunier, Janettaz et Le Chatelier, pile ther-
moélectrique, etc. Tous les travaux de cristallographie faits en
f{t) sont à consulter, mais ils ne sont en général pas poussés
jusqu’au point de fusion.
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-NINIQUE
PAR
F. de MONTESSUS de BALLORE.
(Avec la planche III.)
C’est en grande partie gràce au bienveillant concours
des Archives que j'ai pu mener à bien la description
sismique du Globe, malgré ce que pouvaient présenter
de fastidieux des monographies toujours les mêmes et
intentionnellement réduites à la sèche nomenclature
des centres d’instabilité à la surface des pays successi-
vement étudiés. Mais ce n’était point là le but. Il faut
en arriver enfin à la recherche des conditions topogra-
phiques, géographiques et surtout géologiques et géo-
morphogéniques caractérisant les régions à tremble-
ments de terre et les différenciant de celles où ces phé-
nomènes, s'ils n’y sont pas tout à fait inconnus — il
n’y à pour ainsi dire pas de tels pays — du moins ny
sont que des accidents sans importance ni consé-
quences.
La recherche de ces caractères supposait a priori la
description sismique de l’univers, aussi complète que
peuvent le permettre les progrès récents de la sismolo-
logie ainsi que l'avancement actuel des explorations
tant géologiques que géographiques. Il y à seulement
316 L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
50 ans, une telle entreprise eut été à peu prés illu-
soire. Cette description toute nue s’imposait encore par
ce fait que les caractères d’instabilité ne sont pas plus
uniques que les causes elles-mêmes des tremblements
de terre, et que par suite, en se limitant aux pays où
ces causes apparaissent nettement tout d’abord, on au-
rait risqué des généralisations illégitimes, en les appli-
quant à des pays où elles sont réellement différentes.
J'ai choisi pour débuter dans cette nouvelle série
l’Erzgebirge, région relativement simple, alors qu'il
aurait pu sembler plus naturel de s'attaquer à la Suisse
qui aurait certainement présenté plus d'intérêt à la ma-
jorité des lecteurs des Archives. Mais j'ai cru préféra-
ble de procéder du simple au composé, réservant pour
plus tard l'étude de ce pays où les séismes se produi-
sent dans des conditions de complexité en rapport avec
celle de la tectonique et de la géologie du pays,
D'ailleurs l'espoir serait chimérique d’arriver à ex-
pliquer individuellement tous les séismes en les attri-
buant à un phénomène géologique ou géomorphogéni-
que déterminé. Il sera suffisant d’y réussir pour Îles
principaux et surtout de parvenir à justifier la localisa-
tion des groupes d’épicentres, au moins des plus im-
p2rtants.
La région dont il s’agit est comprise dans l’angle
formé par l’Elbe et par l’Eger, à l’ouest de ce fleuve et
au nord du second cours d’eau, son principal affluent
bohémien après la Moldau. Les limites N et NW sont
assez indéterminées sans dépasser Leipzig et le Fran-
kenwald. Politiquement, c’est la Saxe, le Vogtland et
le NW de la Bohème. Orographiquement c’est le sys-
tème de l’Erzgebirge en y adjoignant le Fichtelgebirge
x
L’ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 5 ON |
et le Mittelgebirge qui le flanquent respectivement au
SW et au SE. Géologiquement, c’est le côté NW du
grand quadrilatère de l’Europe centrale qui, principa-
lement formé de gneiss et de micaschistes, et large-
ment injecté de granit, s'étend de la Saxe à l'Autriche
en écharpe sur la Bohême et la débordant légèrement
au NW et au SE. Géomorphogéniquement enfin, c’est
une partie de la pénéplaine archéenne doucement in-
clinée sur la Saxe et le Vogtland, mais tombant à pic
sur la Bohème par la vallée presque SW-NE de l’Eger
jusqu’à son confluent avec l’Elbe.
On sait que depuis les travaux de Prevost, Mallet,
Dana, Suess, etc., la plupart des géologues modernes
considèrent les tremblements de terre comme un eflet
consécutif de compressions développées dans l’écorce
terrestre par le refroidissement lent, mais continu de la
planète et, par suite, par la contraction résultante,
d’où de brusques et inévitables ruptures d'équilibre.
Cette contraction les rattache ainsi directement aux
phénomènes de surrection des chaînes de montagnes.
Mais ne fût-ce qu’en raison de la grande hétérogénéité
des couches terrestres, de leurs différences de cohésion
et de résistance, de la diversité des modes suivant les-
quels ces couches et les massifs injectés se recouvrent,
se soutiennent et se rencontrent mutuellement, on con-
coit que sous l’influence des poussées latérales de sur-
rection il ne se produise pas indifféremment tel ou tel
des phénomènes secondaires dont la nomenclature est
bien connue de tous les géologues : failles, plissements,
crevasses, remplissage de ces dernières par des filons
de toute nature, sources minérales et thermales, injec-
tions de roches éruptives, volcans et tremblements de
ARCHIVES, t. XIII. — Avril 14902. 27
318 L’ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
terre. Et c’est à chercher les relations locales de tous
ces phénomènes avec le dernier d’entre eux qu'il faut
s'attacher.
Ce n’est point le lieu de développer les théories re-
latives à tous ces accidents géologiques. Qu'il suffise
de dire ici que la compression due au refroidissement
séculaire suffit largement à les expliquer tous. L’exis-
tence d’un noyau central visqueux et plus ou moins
fluide n’a même pas besoin d’être invoquée pour la
production des séismes que l’on considère en général
comme de simples ruptures d'équilibre sous les efforts
de la compression, mais suivant des modes divers.
La compression est donc le phénomène primordial,
la cause efficiente des tremblements de terre et des ac-
cidents secondaires précités. Aussi est-il important de
rappeler que ce n’est point un simple être de raison.
Dana l’a matériellement constaté dans les grès de
Monson dont les blocs, au sortir de la carriére où on
les exploite, reprennent graduellement les dimensions
que la compression avaient notablement réduites. Les
écrasements de fossiles et même de cristaux en sont
aussi une preuve plus connue. On part ainsi d’un fait
de pure observation et non d’une déduction géologique
que des esprits timorés pourraient être tentés, à tort il
est vrai, de considérer Comme hypothétique.
Pour ne pas laisser place à d’autres objections, il
n’est pas non plus inutile de dire que la question de
savoir si sous l'influence du refroidissement le noyau
central diminue réellement de rayon, si peu soit-il, ou
non, n’a rien à faire ici. Il serait d’ailleurs téméraire
d'appliquer aux matières de lPintérieur soumises à des
pressions énormes, les propriétés observées dans les
»
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 319
laboratoires sous des pressions de beaucoup inférieures
probablement. Ce serait une extrapolation peu scienti-
fique. Mais il nous suffit que la compression tangen-
tielle soit assez grande pour produire le cortège des
processus géologiques dont on a parlé.
En résumé, des tremblements de terre, on ne dit pas
tous, paraissent dûs à des ruptures d'équilibre inévi-
tables dans les régions soumises à des compressions
orogéniques d'intensité suffisante, et l’on va montrer
que c’est bien le cas pour l’Erzgebirge et le Vogtland,
où les phénomènes sismiques se présentent avec une
fréquence et une intensité assez remarquables, relati-
vement du moins, sans toutefois y jamais atteindre une
violence destructive. Il y a plus, leur production habi-
tuelle indique que les forces qui ont dans un passé
lointain donné lieu à la surrection de la chaine, ne sont
pas encore entièrement éteintes.
Suess et d’autres géologues rattachent la formation
de la chaine erzgebirgienne à celle du système alpin.
C’est là une conception dont l’envergure étonne un peu,
sans cependant intéresser en rien la question des séis-
mes de cette région. Mais qu'il en soit ou non réelle-
ment ainsi, il n’en est pas moins vrai que ce fut depuis
les époques géologiques les plus reculées une zone dont
la compression latérale, dirigée à peu près SE-NW,
s’est traduite par trois plissements contemporains d'im-
portance très inégale. Ce sont successivement, du sud
au nord, le Mittelgebirge, l’Ertzgebirge et les hauteurs
de Liebschütz. Seuls les deux premiers nous intéres-
sent, le dernier n’ayant que très peu d'importance et
se perdant rapidement au SW sous une épaisse couche
de dépôts oligocènes et diluviens.
380 L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
Le Mittelgebirge est le pli le plus méridional. A che-
val sur l’Elbe, il est, dans la région qui nous occupe,
baigné au nord par la Biéla qui le sépare de l’Erzge-
birge, et au sud par l’Eger, dont il rejette le cours in-
férieur vers le midi. Comme d’ailleurs le cours supé-
rieur de cette rivière est à peu prês en prolongement
de celui de la Biela et qu’en outre le Mittelgebirge a
tous les caractères d’un dôme injecté de roches érup-
tives, il paraît vraisemblable que le très ancien pli qui
lui correspondrait à été presque complètement effacé
ultérieurement par ce bombement commencé, d’après
Naumann, entre le dévonien et le carbonifère avec
injections de granulite au travers des schistes archéens
et d’autres roches éruptives plus tard. C’est ainsi qu’on
peut mettre d’accord les tenants du plissement avec
ceux du bombement comme ayant donné lieu à ce
massif.
L'Erzgebirge est parallèle à l’Eger supérieure au
SW et à la dépression de la Biéla au NE. Il s'élève de
112 m. aux portes de l’Elbe, jusqu'à 1200 m. au
sommet du Keilberg, avec une altitude moyenne d’en-
viron 800 m. Son talus méridional est abrupt sur la
Bohème, tandis qu’au nord il forme, sur les plaines de
la Saxe, un glacis doucement incliné, mais profondé-
ment entaillé par les vallées des rivières. L’angle for-
mé par l’Erzgebirge NE et par l’Elbe de Dirna à Schan-
dau constitue la partie occidentale de la Suisse saxonne,
à cheval sur le fleuve, tandis qu’au SW l’Erzgebirge
est flanqué par le Fichtelgebirge. De ce dernier nœud
très important se détachent le Frankenwald puis, dans
la même direction SE-NW, le Thüringerwald, l’un et
l’autre système bornant le Vogtland à l’ouest. Enfin sur
x
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 381
la rive droite de l’Elbe, dans la partie qui nous inté-
resse, c’est-à-dire de Meissen à son entrée en Bohème,
se trouve le système de l’Elbsandstein en prolongement
des hauteurs granitiques bohémiennes du Lausitz.
En résumé, nos trois plissements du Mittelgebirge,
de lErzgebirge et de Liebschütz s'étendent parallèle-
ment entre eux en direction SW-NE, et ces trois ali-
gnements sont limités à deux autres systèmes parallèles
aussi, mais à peu près perpendiculaires aux premiers,
c’est-à-dire SE-NW, Fichtelgebirge, Frankenwald et
Thüringerwald à l’ouest, Lausitzwald et Elbsandstein
à l’est. La très grande ancienneté de ce triple plisse-
ment est attestée par le fait de la discordance entre les
schistes archéens dont ils sont formés et les dépôts pa-
léozoïques comblant les dépressions intermédiaires.
C’est ainsi que dans l’auge entre l’Erzgebirge et le
Fichtelgebirge, les cavités allongées et abruptes ont re-
cu les dépôts du silurien, du dévonien, du carbonilère
et du dias en discordance avec les roches de ces deux
chaînes. Il en est de même au nord de l’Erzgebirge.
Le Fichtelgebirge est un pays très disloqué comme
le montre la présence des protérobases, mais peu sujet
aux tremblements de terre, il n’est pas nécessaire d'en
faire d’aussi près l’histoire géomorphogénique. Toute-
fois près d’Eger, le volcan éteint du Kammersbühl in-
dique que là les forces internes ont aussi joué sous la
forme de manifestations volcaniques.
Le plissement de l’Erzgebirge a été beaucoup plus
énergique que le ferait supposer seulement son attitude
modérée. [lfauten effettenir compte de l’énorme dénuda-
tionqu'il a subie depuis les temps paléozoïques. Pendant
toutes ces périodes géologiques et celles postérieures,
382 L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
l’exhaussement plus ou moins progressif était à mesure
raboté en haut par les agents extérieurs d’érosion. Et
cette énergie du plissement est précisément attestée du
côté avant par les nombreux champs de cassures qui
s’y trouvent disséminés et ont été ultérieurement trans-
formées en filons, dont la nature, très fréquemment mé-
tallifére, a donné lieu au nom de la chaine, Erzgebirge
ou monts des métaux. Le champ de fractures de Frey-
berg est devenu classique par le nombre énorme de ceux
qu'on y rencontre, plus de 1500; ces filons se croisent et
s’enchevêtrent dans tous les azimuths et ont été injectés
des matières les plus diverses et de tous les âges, de
telle sorte qu’on a pu les grouper et attribuer leur for-
mation et leur remplissage à la répercussion des efforts
orogéniques qui ont donné lieu à la surrection de nom-
breuses chaînes même assez éloignées. Aux environs de
Plauen et d’Œlsnitz, le Vogtland a été véritablement
transformé en une brèche gigantesque dont les nom-
breux filons ont cimenté les fragments, et les directions
de ses fractures ont été mises par Liebe et par Weisse
en corrélation avec un système de cinq ensellements
ou plissements secondaires, rattachés eux-mêmes aux
failles du Frankenwald et de l’Erzgebirge.
Cette intensité des phénomènes de rupture, toute na-
turelle en avant du plissement principal, semblerait indi-
quer à priori que ces champs de fractures doivent être
des terrains d'élection paur les tremblements de terre.
La conséquence n’est pas forcée. Il arrive très bien
qu'une région riche en filons, par suite trés disloquée,
a pu se consolider ultérieurement avec la plus grande
perfection par l'injection des filons jouant le rôle de
ciment réparateur, et c’est précisément le cas des en-
,
x
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 383
virons de Freyberg et de Chemnitz, actuellement bien
plus stables que ceux de Graslitz et de Brambach ; ils
réalisent ainsi l'affirmation des raccommodeurs de porce-
laine prétendant rendre plus solides qu'auparavant les
objets à eux confiés. En fin de compte, l’état de dislo-
cation d’une région n’est que temporairement cause
de séismes. La dislocation, si elle est condition néces-
saire ou tout au moins favorable, n’est pas suffisante ;
il y faut la continuation des efforts orogéniques con-
comitants, et c’est ainsi que l'instabilité devient le cri-
térium de la persistance actuelle de ces efforts.
Les injections prolongées de granit, granulite, por-
phyre, syénite, serpentine et autres roches éruptives,
comme par exemple dans le Mittelgebirge, n'influent
pas directement sur la production des séismes, mais,
par contre, il est très souvent facile de montrer leur
influence sur les phénomènes de propagation, sur la
forme des isocéistes d’un tremblement de terre donné,
et par suite sur l'intensité avec laquelle il est perçu çà
ou là; ces intéressantes études locales sont à reléguer
aux monographies de séismes. Ces injections se présen-
tent aussi comme un important facteur dans la consti-
tution de l’Erzgebirge. Accompagnées de phénomènes
de métamorphisme, leur apparition au Jour atteste seu-
lement l'énergie de la dénudation et de l'érosion sans
donner pour cela témoignage évident de plus ou moins
d’instabilité ici que là, pas plus dans le passé que dans
le présent, sauf lorsque les dislocations les ont ulté-
rieurement affectées.
Pour en finir avec les fractures et les filons, il est
nécessaire de signaler les grandioses trainées de quartz
qui, sur des 30 km. de long et dans une direction à
384 L’ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
peu près perpendiculaire à celle du système erzgebir-
gien, en percent la surface vers le sud dans sa moitié
occidentale. On y reviendra au sujet de la répartition
de l'instabilité au milieu de tous ces accidents géolo-
giques et en particulier pour les groupes d’épicentres
de Graslitz et de Brambach.
Les grands systèmes de plis engendrent souvent
aussi à la surface du globe des failles proportionnées
qui, prenant naissance le long des lignes de moindre
résistance ou de plus grande tension et naturellement
parallèles au plissement, permettent les phénomènes
volcaniques. Cela n’a point manqué à la région qui
nous occupe. Le volcanisme s’est manifesté au sud du
plissement principal, sur le bord par conséquent de la
falaise que l’Erzgebirge présente au voyageur qui veut
par le nord sortir de la cuvette bohémienne. Il com-
mence au Fichtelgebirge, où plutôt dans le voisinage de
ce massif, où cinq injections granitiques alignées NO.
c’est-à-dire à peu près perpendiculairement à PErzge-
birge, se montrent débarrassées par la dénudation de
leur ancienne couverture de schistes primitifs. Et cette
remarquable communauté de direction avec de nota-
bles portions des cours des rivières septentrionales,
Saale, Elster, Mulde, Elôüha, etc., indique bien leftet
de poussées récentes à angle droit sur les anciens plis.
Les basaltes se sont fait jour dans le Fichtelgebirge,
jusqu’à une hauteur d'environ 300 m.et le petit cône
déjà cité du Kammersbühl en est encore le témoin.
Autour de Komotau et au sud de Teschen, c'est-à-
dire dans le Mittelgebirge, les roches éruptives se mon-
trent de nouveau avec une grande importance. Ue
massif présente de nombreux cônes volcaniques, les
»
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 382
uns fort petits, les autres atteignant 500 m. d'un seul
jet, et même 800, par exemple le Donnersberg. Ces
trois centres s’alignent parallèlement à l’Erzgebirge et
les prolongements de cette ligne passent au SW par le
Kaiserstuhl et au NE par les volcans bohémiens de la
Lusace. Il s’agit donc là d’une fracture volcanique de
très grande étendue, mais dont les extrémités précitées
n'intéressent point notre région sismique. Les roches
éruptives, basaltes, trachytes, leucilites et néphélites
se sont épanchées à une époque encore mal détermi-
née dont on peut dire seulement avec certitude qu’elle
a précédé le creusement des vallées actuelles et, par
suite, est antérieure à la fin du pliocène. En tout cas,
et pour ce qui concerne la répartition actuelle de lins-
tabilité à la surface de notre région sismique, il est vi-
sible que les parties le plus souvent ébranlées ne sont
pas en connexion directe avec la fracture volcanique
qui en passe bien plus au sud.
La ligne volcanique bohémienne est jalonnée de
thermes aussi nombreux qu'importants. Franzensbad,
Karlsbad et Teplitz sont les plus célèbres. Ils indiquent
bien une région énergiquement disloquée et fracturée
mais, ultime manifestation de l’activité volcanique, ils
ne donnent pas plus qu’elle un critérium d’actuelle
instabilité.
En résumé l’Erzgebirge, tel qu'on l’a défini en l’élar-
gissant, présente à peu prés et sur toute sa surface,
tous les phénomènes géologiques en relation avec la
surrection des chaînes de montagnes, mais les brusques
ruptures d'équilibre ou les tremblements de terre ne
s’y localisent actuellement qu’en certains points.
Voyons maintenant comment se répartit l'instabilité
à la surface de la région erzgebirgienne.
3806 L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
En premier lieu se remarque le groupe d’épicentres
très important de Graslitz, Eibenberg, Schwarzenbach
et Hartenberg, avec tout un cortège d’épicentres secon-
daires. Ces localités figurent une ellipse ayant pour
grand axe la ligne Kottenheide-Hartenberg (22 km.),
et pour petit axe Schwaderbach-Rothau (9 km.). Le
premier est perpendiculaire à la ligne de partage des
eaux de l’Erzgebirge et l’aire épicentrale, sauf Kotten-
heide près de son sommet NW, est toute entière située
sur Je talus méridional de la falaise, en tout cas au sud
de la ligne de partage. En outre le terrain v est fort dis-
loqué ; en particulier, il présente un faisceau multiple de
ces grands filons quartzeux dont il a été déjà question et
qui s'étendent d’'Eibenberg au nord à Kohling au sud
et au-delà de l'Eger, le tout encore en direction per-
pendiculaire à l’axe du plissement erzgebirgien prin-
cipal.
La seconde aire épicentrale importante est celle de
Brambach, Asch et Arnsgrün. Moins instable que la
précédente, elle en présente exactement les mêmes ca-
ractéres. Son grand axe d'à peu près même longueur,
va de Gottmannsgrün aux environs de Wildstein et son
centre est près d'Oberreuth. Elle est à cheval sur la
ligne de partage des eaux avec une faible prédominance
de surface au sud de cette ligne. Le grand filonnement
quartzeux de l’ouest s'étend dans la même direction
que précédemment, et allant de Friedrichsreuth au
NW d’Asch à Hazlau, au lieu de couper l'aire épicen-
trale près de son centre, il ne lui est que tangent à
l’ouest, tout en épousant aussi la direction du grand
axe. :
Cette coïncidence exacte à l’est, mais à l’ouest ré-
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 387
duite au parallélisme entre les grands filons quartzeux
et par suite les fractures qu’ils ont remplies d’une part
et les grands axes parallèles des aires épicentrales ellip-
tiques principales d’autre part, et cela perpendiculaire-
ment au pli erzgebirgien, est-elle fortuite ? Evidem-
ment non. On est fatalement amené à conclure que les
forces de compression qui ont donné lieu à ces fractures
ne sont pas complètement éteintes et se traduisent en-
core par des séismes. Et ces forces semblent bien en
relation avec le plissement continué en raison de la
direction de ces fractures à peu prés perpendiculaire à
l’Erzgebirge. Il faut toutefois observer que la liaison
est plus étroite à l’est qu'à l’ouest puisque le filon
quartzeux d’Asch laisse d’un seul côté toute l'aire ins-
table de Brambach, c’est à-dire qu'à l’ouest la fracture
quartzeuse ne détermine d'instabilité que sur sa lèvre
orientale tandis que les cassures semblables de l’est la
provoquent des deux côtés, mais cependant point vers
le sud puisque dans cette direction elles se prolongent
jusqu’au-delà de l’Eger, dans une région beaucoup
plus stable. La liaison entre les deux ordres de phéno-
mênes se localise donc en certains points seulement de
l’accident géologique. C’est là une observation courante
en géographie sismique.
Dans l'intervalle des deux aires épicentrales, Mark-
neukirchen, Schünbach et Wernsgrüun ont aussi été le
siège de nombreux séismes de relai, ou sympathiques,
suivant les deux heureuses expressions maintenant
consacrées, c'est-à-dire provoqués consécutivement à
l’ébranlement de ces deux aires. Toutefois Markneu-
kirchen est quelquefois le théâtre de chocs propres et
indépendants, cas encore plus fréquent pour Adorf.
388 L’ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
Nous aurons à revenir sur les tremblements de terre de
la vallée de l’Elster blanche d’Œlsnitz à Adorf.
Les deux mêmes aires épicentrales d’ébranlement ont
donné lieu à de très importants essaims ou séries de
séismes (21 octobre-29 novembre 1897; 16 juin- 21
septembre 1900), si bien étudiés par Becke, Credner
et Uhlig, et celle de Graslitz seul du 6 janvier au
5 février 1824. Pendant les deux premières, elles ont
joué à peu près simultanément certaines fois et alter-
nativement d’autres fois, de telle manière dans Île pre-
mier cas qu'il a souvent été difficile de faire la part de
chacune d'elles. À maintes reprises des tremblements
de terre de relai se sont produits en des épicentres in-
termédiaires et en particulier Schünbach a souvent rem-
pli ce rôle ainsi que Schwarzenbach, appartenant ce-
pendant à l'aire orientale. En outre la plupart des
localités de ces aires ont assez souvent à d’autres
époques été épicentres de secousses isolées ou par pe-
tites séries. Ce sont surtout Asch et Adorf à l’ouest,
Bleistadt, Prunles et Hartenberg à l'est. D'ailleurs
Brambach et Graslitz même, les points les plus insta-
bles de ces aires, ont aussi été souvent épicentres
en dehors des trois périodes précédemment indiquées.
On peut done sans hésitation admettre que les pous-
sées qui, depuis les temps archéens n’ont cessé de
plisser l’Erzgebirge, continuent d’agir à notre époque
sous forme de séismes dans la région formée par nos
deux aires épicentrales et l’espace intermédiaire. C’est
là en réalité le centre sismique de ce système de mon-
tagnes.
Au nord de l'aire instable de Graslitz et presque sur
le prolongement même de son grand axe, mais un peu
»
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 389
plus à l’est et en tout cas sur le prolongement d’un des
grands filons quartzeux qui là forment faisceau, se
montre un petit groupe d’épicentres autour de Falken-
stein, Treuen et Reumtengrün. Faut-il ou non en faire
un système différent et dans le premier cas rattacher
les séismes qui s’y produisent aux dislocations locales,
c’est là question difficile à résoudre.
Dans le prolongement des épicentres intermédiaires
de relai, Schünbach et Markneukirchen et perpendicu-
lairement aussi à la direction de l’Erzgebirge, se ren-
contre Plauen riche en séismes. Cette ville se trouve
dans une région disloquée à l’extrême, ce qui suffirait
seul à-en expliquer l'instabilité. Il faut toutefois obser-
ver que son importance propre lui a permis d’accapa-
rer à son profit un certain nombre de secousses à épi-
céntre inconnu.
A l’est de l’aire de Graslitz et à peu près symétrique-
ment par rapport à celle de Brambach, se voit une
ligne de deux épicentres importants mais isolés, Schnee-
berg et Johanna-Georgenstadt. Doit-on y voir le sque-
lette d’une troisième aire épicentrale, faute d’obser-
vations réduite à son grand axe d’ailleurs perpendicu-
laire aussi à l’Erzgebirge, ou l'effet d’une fracture, ou
considérera-t-on ces deux centres comme indépendants
et doués d’une instabilité propre en relation avec les
dislocations locales, c’est ce qu’il est encore assez diffi-
cile de décider.
Bien plus à l’est encore le petit groupe d’épicentres
non indépendants, Eisenberg, Deutsch-Neudorif et Ka-
tharinenberg, aussi aligné perpendiculairement à
l’Erzgebirge ne peut être mis en connexion qu'avec les
dislocations locales. Sayda, Dorfschemnitz et Seiflen s’y
390 L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
rattachent, les secousses qui y ont été ressenties ayant
été sans conteste sympathiques. Ce serait une autre
aire où le plissement se ferait encore sentir, mais plus
faiblement qu'à l’ouest et comme amorti par l’écran
que forme le Mittelgebirge à l’Erzgebirge par rapport à
la direction SE-NW de cette action.
A simplement examiner la carte sismique on se de-
mandera pourquoi lon n’a point établi une région ins-
table unique à cheval sur l’Erzgebirge et formant une
grande ellipse ayant pour axes Selb-Schneeberg (59 km.)
et Plauen-Hartenberg (42 km.), ce dernier axe à peu
près perpendiculaire à la chaine. Cette région sismique,
ou le Vogtland instable, ne se présenterait pas unifor-
mément sujette aux séismes, l’étant beaucoup plus dans
sa partie méridionale plus abrupte. Mais on ne tien-
drait pas ainsi compte de la maniére réelle dont les
séismes se produisent. Les groupes de Graslitz et de
Brambach sont véritablement indépendants, et si par-
fois ils jouent simultanément, c’est le plus souvent al-
térnativement qu'ils se montrent actifs. Il se produit
entre les deux une sorte de balancement harmonique
extrèmement curieux.
En dehors de ces principaux essaims d’épicentres,
dont deux très importants, il ne s’en rencontre plus que
de sporadiques. Il serait téméraire d'attribuer ceux du
nord au troisième pli erzgebirgien, ou de Liebschütz.
Mais on doit rattacher Hartmannsbach et Bôürnersdorf à
une dislocation voisine et Unterwurschnitz à la fracture
si rectiligne que l’Elster blanche suit perpendiculaire-
ment à l’Erzgebirge entre Adorf et (ÆElsnitz, eux-mé-
mes épicentres de notable instabilité.
Pour chaque épicentre sporadique secondaire, il est
»
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 391
souvent facile de trouver dans le voisinage un accident
séologique auquel on peut vraisemblablement ratta-
cher les séismes correspondants. J’estime que c’est là
recherche sans intérêt, sauf pour certains cas particu-
liers. En admettant même que l’on tombe juste quel-
quefois, cela n’a pas d'importance pour l’ensemble, et
en tout cas on risque fort de faire des hypothèses plutôt
hasardées.
Il n’en va cependant pas ainsi pour les tremblements
de terre dont les épicentres, d’ailleurs assez éloignés
les uns des autres, jalonuent la vallée de lEger de
Wunsiedel à Komotau, et même plus loin à Pritscha-
pel et Teplitz et que l’on doit sans hésitation attribuer
à la fracture volcanico-thermale. Cela prouve que Îles
phénomènes sismiques d’une part et les éruptions vol-
caniques avec les manifestations thermales qui en sont
souvent le stade ultime d'autre part, ne sont pas abso-
lument indépendants, ce dont on se doute bien. Tout ce
que l’on en peut dire c’est que lorsque les forces in-
ternes donnent lieu à ces derniers phénomènes, les
séismes n’ont pas en général chance de prendre une
grande importance. Et cela est très général à la surface
du globe en dépit de l'opinion courante qui ne sépare
guère les tremblements de terre des volcans. Comme on
l’a souvent dit, ceux-ci forment soupapes de sûreté.
Restent enfin les rares séismes de la vallée de l’Elbe,
de Teschen à Dresde. Quoique n’appartenant pas réel-
lement à notre région sismique limitée à la rive gauche
du fleuve, on ne saurait, en raison du voisinage, pas-
ser sous silence le fait qu'ils sont nettement liés à la
grande dislocation du granit du Lausitz, dont le tracé
ondulé s'étend parallèlement au fleuve en formant
l’Elbsandstein.
392 L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE.
Un examen superficiel de la question aurait pu faire
supposer que la Suisse saxonne avec ses roches déchi-
quetées et ses vallées aux falaises abruptes doit être
fréquemment agitée par des tremblements de terre. S'il
n’en est rien, C'est que l'érosion et la dénudation ont
été, plus encore que les dislocations, les principaux
facteurs de sa configuration si pittoresque.
Au point de vue numérique, l’étude de l'instabilité
de l’Erzgebirge donne les résultats suivants :
52 °/, des épicentres se trouvent sur le versant mé-
ridional de la chaine, mais avec 80 °/, des séismes,
se conformant ainsi à la loi de plus grande instabilité
du versant le plus raide.
L’aire épicentrale de Graslitz, celle de Brambach, et
enfin le Vogtland instable tout entier et compris entre
Selb, Schneeberg, Plauen et Hartenberg, renferment
respectivement 17, 14 et 52 ‘,, des épicentres avec
56, 17 et 91 °/, des séismes connus.
En résumé les tremblements de terre de l’Erzgebirge
sont en énorme proportion confinés dans son raide talus
méridional, et au milieu, si l’on ne tient compte que de
sa partie non masquée par le Mittelgebirge. Et cela
vient à l’appui de cette conclusion qu’ils sont la mani-
festation actuelle ultime de l'effort de plissement dont
le début remonte aux temps archéens. Il est en effet
tout naturel de penser que c’est sur le plus raide talus
du pli et du côté d’où vient la poussée orogénique que
doivent le plus facilement se produire les ruptures
d'équilibre. Pourquoi au milieu ? Parce qu'aux ailes de
la chaîne, le Fichtelgebirge et le Mittelgebirge arrivés
à un stade d'équilibre relatif, servent de bornes à l’effi-
cacité de l’effort SE-NW. Ils forment à l’Erzgebirge, le
L'ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE. 393
premier comme un pilier de soutien, le second un bu-
toir, et c’est au centre de la partie libre de la chaine,
à sa clé de voûte pourrait-on dire, que pourront le plus
aisément se produire les séismes, la comparaison avec
la voûte étant relative à des poussées venant de sa
concavité. Ainsi s'explique l'instabilité du segment
Brambach-Graslitz, comme forme définitive du plisse-
ment encore continué de nos Jours. Les autres causes
de séismes, très espacés dans le temps et avec des épi-
centres très disséminés sur toute la surface de la région,
ne correspondraient qu’à 9 */, du nombre total.
On peut donc dire que le plus grand nombre des
tremblements de terre de l’Erzgebirge sont des séismes
de plissement.
Cette étude a porté sur 1083 séismes, relatifs à
147 épicentres dont voici la liste :
1. Graslitz 415 20. Pechnbach 9
2. Brambach 118 21. Frankenhammer 8
3. Schwarzenbach 34 22. Konstadt »
4. Eibenberg 26 23. Annathal-Rothau 7
5. Hartenberg 22 24. Arnsgrün »
6. Markneukirchen » 25. Fleissen
7. Schneeberg 21 26. Elbogen 6
8. Plauen 20 | 27. Johanna-Georgenstadt »
9. Vogtland 17 28. Uuter-Sachsenberg »
10. Rothau 16 29, Wildstein »
11. Eisenberg 12 30. Eichelberg 5
12. Erzgebirge » 31. Kaaden
13. Schôünbach » 82. Prunles »
14. Asch 11 33. Chemnitz 4
15. Schônberg » 34. Deutsch-Naudorf »
16. Adorf 10 35. Joachimsthal »
17. Bleistadt » 36. Katarinenberg »
18. Selb » 37. Meissen
19. Falkenstein +) 38. Oelsnitz »
ARCHIVES, t. XIIL — Avril 1902. 28
394 L'ERZGEBIRGE
39. Reumtengrün
40. Saxe
41. Teplitz
42. Wernsgrün
43. Anna (S':)
44. Eger
45. Glasberg
46. Heinrichsgrün
47. Karlsbad
48. Kottenheide
49. Neuberg
50. Oberreuth
51. Pirna
52. Schomberg
53. Teschen
54. Treuen
55. Zwoda
56. Auerbach
57:
. Blasewitz
. Brunndôbra
. Ebersbach
. Ellefeld
. Fischtelgebirge
. Fischern
Bad-Elster
4. Frubüss
. Hartmannsbach
. Kônigsberg
. Pernau
. Pritschapel
. Sayda
. Schünau
. Schwaderbach
. Unter-Wurschnitz
. Ursprung
Zwickau
. Albertsberg
. Aurswalde
. Berga
. Bergen
. Brockau
. Brux
GÉOLOGICO-SISMIQUE.
4 81. Dippoldiswald
» | 82. Dorfschemnitz
» | 83. Dresde
» |! 84. Erkbach
3 85. Eulabrunn
» 86. Falkenau
1 87. Freyberg
» 88. Geilsdorf
è 89. Glauchau
> 90. Gottmannsgrün
» 91. Grossrückerswald
» 92. Grün
» 93. Grünbach
» 94. Gurth
» 95. Hauenstein
» 96. Hazlau
» 97. Himelreich
D 98. Hirchenstand
» 99. Karlsfeld
> 100. Kirchberf
» | 101. Klingenthal
» 102. Komotau
» | 103. Leipzig
» | 104. Lengenfeld
» | 105. Lichtenberg
» 106. Lunzenau
» | 107. Maldenberg
» 108. Maria-Kulm
» | 109. Münchberg
» 110. Neukirchen
» | 111. Neukirchen
» | 112. Nieder-Georgenthal
» | 113. Nieder-Wiesa
» 114. Ober-Schieda
> 115. Ottendorf
> 116. Ottendorf
117. Panitzsch
» 118. Peritz
» | 119. Plumberg
» 120. Raa
» | 121. Reuss (Principauté de)
» 122. Rommersreuth
L’ERZGEBIRGE GÉOLOGICO-SISMIQUE..
. Rossbach 1 136.
. Schünbach > 111937
. Schüneck » 138.
. Schünheide ISO
. Schünlind »> | 140.
. Schwarzbach » 141.
. Seiffen * 11142;
. Siebenlehn » 143.
. Stein » 144.
. Stollberg » | 1145:
. Stolpen » | 146.
. Thonnbrunn > POTATE
. Thum »
Unter-Morgenrothe
. Voigtsberg (Schloss).
Voitersreuth.
Waitzengrôn.
Waldenburg
Weissbach
Weisschlitz
Wernersreuth
Wiesenthal (Bühmisch)
Wunsiedel
Zittau
Züblitz
Vannes. le 27 décembre 1901.
395
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÈTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES
Assemblée générale du 18 décembre 1901.
E. Chuard et F. Porchet, Contribution à la chimie des vins. — F,.
Jaccard. Blocs exotiques de la Hornfluh. —- D' H. Schardt. Blocs
exotiques de la Hornfluh. — C. Dusserre. Lombrics et terre
arable.
©MM.E, Cauarp et F. PorcHeT. Contribution à la chimie
des vins.
M. le prof. E. Chuard présente à la Société un premier
appareil construit sur les données du laboratoire de la
Station viticole : c’est une sonde à moût à 3 échelles. L'une
porte les degrés Œchslé, l’autre la quantité de sucre indi-
quée en °/, qui correspond aux degrés densimétriques, la
troisième donne le °/, d'alcool qui sera contenu dans le vin
provenant du moût sondé.
Un graphique, résumant les résultats d’un grand nombre
d'analyses faites pendant une série d'années montre la
concordance très satisfaisante qui existe entre la quantité
de sucre indiquée par la sonde et celle trouvée par l’analyse
chimique.
M. Chuard résume ensuite la question de l'acide sulfu-
reux dans les vins et montre l'importance qu'il y a pour
un négociant de pouvoir;déterminer rapidement si ses vins
contiennent plus de 20 millig. d’acide sulfureux libre par
litre, ce qui est la quantité maximum tolérée par la plu-
part des législations. Le deuxième appareil présenté à la
»
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 397
Société est une pipette construite de façon à indiquer ra-
pidement si la quantité d'acide sulfureux libre contenu
dans un vin est comprise entre 45, 20 et 25 millig. ou si
elle est supérieure à ce dernier chiffre.
M. F. JaccarD parle des blocs exotiques de la Hornfluh.
L'existence de pointements de roches éruptives, tous situés
dans la région de la Brèche jurassique, tant Brèche du
Chablais que Brèche de la Hornfluh, a toujours excité la
curiosité des géologues.
Huit gisements de ces blocs exotiques existant dans le
Chablais ont été décrits par MM. Michel-Lévy et Lugeon :
un neuvième, découvert par Studer, dans la vallée des
Fenils (Alpes bernoises), a été décrit par MM. Schardt et
Rittener. MM. Ræssinger et Bonard en ont étudié un
dixième et onzième:. Ces pointements sont situés soit à
Wittern. soit à Weissenfluh au nord-est de Gessenay: ce
sont des gabbros hypoabyssiques très altérés.
Mis en éveil par cette trouvaille, M. Frédéric Jaccard,
après quelques recherches sur le terrain, peut signaler six
nouveaux gisements, tous au sud de Zweisimmen (carte
Siegfried 462) :
4° Celui de Halten. C’est un gros bloc de 3 mètres de
long sur 2,50 de large et 4 !/2 m. hors terre.
20 Celui de la courbe 1200, sur le même sentier, est un
gros bloc encastré dans le flisch, sur lequel reposent
d’abord une couche de roche plus compacte de couleur
jaune (60 cm. d'épaisseur), puis des schistes noirs bordés
d’un filon bréchoïde. L’affleurement a 6 mètres de long
sur 3 de large; il se continue 15 mètres plus haut, sur le
même sentier, pour se perdre ensuite sous le gazon.
3° A la cote 1298, marquée à Faug, nous avons surtout
des blocs parsemés, formant un petit monticule, blocs
pouvant atteindre de 5 à 6 mêtres en longeur. L'affleure-
ment se continue par deux gros blocs de 9 mètres de lon-
1 Bull. Soc. vaud. sc. nat.
*
398 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOJSE.
gueur cachés dans le groupe de sapins à dix mêtres à peu
près de la cote 1298,
4° Au «nn» final de Weïermatten. nous avons de nou-
veau des blocs parsemés sur une longueur de 7 à 8 mêtres.
5° A la courbe 1620, à 100 mètres sur la gauche de la
barrière qui sépare le pâturage d’Eggweid de celui de
Rindenberg, un bloc de 30 mètres de long sur 15 de large
et à peu près 6 de hauteur, dont une partie est à décou-
vert par suite de la chute d’un sapin. Dans le bloc se trou-
vent des lentilles de ces mêmes schistes noirs de l’affleu-
rement 4. Elles ont de 5 à 15 cm. La ligne de démarcation
entre la roche cristalline et le schiste a une grande net-
teté. Les schistes noirs en se décomposant deviennent
blanchâtres.
Enfin 6°, un peu au-dessous du premier «e» de Rin-
denberg, des blocs épars sur une étendue de 50 mètres à
peu près.
Tous ces blocs sont des gabbros hypoabyssiques plus
ou moins altérés. Ils sont encastrés dans le flysch qui se
trouve sous le massif de la Brèche. Ce sont les restes d’an-
ciennes lames cristallines, comme tendrait à le prouver
l'alignement des quatre premiers sur une longeur de
1 '/, km.
M. Fr. Jaccard signale en outre l'existence, en avant du
massif de la Brèche, de roches silicenses, encastrées dans
le flysch, soit à Regenmoos (S.-E. Boltigen, carte Sieg-
fried 366), roche que l’on retrouve alignées sur 2 :/, km.
au sud de Garstatt jusqu'à Zimmerboden. L'étude de ces
gisements montrera si ce sont des blocs exotiques. e
M. le prof. E. RENEVIER dépose sur le bureau un travail
de M. le D H. ScHarpr relatif également aux blocs exoti-
ques de la Hornfluh.
M. C. DusserRE parle de l’action des lombrics sur la
composition chimique de la terre arable. Depuis la publica-
tion en 4882, de la magistrale étude de Darwin. un certain
nombre d’observateurs se sont occupés du même sujet et
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 399
ont recherché surtout quelle est l’action des vers de terre
sur la matière organique du sol: on ne trouve, dans leurs
travaux, que peu de renseignements sur les transforma-
tions que pourraient avoir subies les substances minérales
de la terre.
M. Dusserre a placé des lombrics sur de la terre de
jardin, tamisée pour en séparer tousles débris organiques
un peu gros. et placée dans une caisse, ces animaux ont
avalé la terre, soit pour leur nourriture, soit pour creuser
leurs galeries et l’ont rejetée à la surface sous forme des
turricules bien connus. Ces déjections ont été analysées,
en même temps que la terre.
L'nalyse a montré que la matière organique des déjec-
tions était plus humifiée et sa nitrification environ cinq
fois plus rapide que pour celle contenue dans la terre. La
proportion d'acide phosphorique assimilable, c’est-à-dire
soluble dans les acides étendus, a été quelque peu aug-
mentée, tandisique les combinaisons de la potasse n'ont
pas subi de modifications.
La quantité de chaux totale, sous forme de diverses com-
binaisons, est la même dans laterreet dans les déjections,
mais la proportion à l'état de carbonate à été modifiée :
de 4,46 °/, dans la terre, elle a passé à 6.79 °/, dans la
déjection. Le même phénomène se présente dans les con-
ditions naturelles : l'analyse d'un grand nombre d'échan-
illons de déjections des lombries et de la terre sous-
jacente montre partout une augmentation dans la teneur
en carbonate de chaux des déjections : cette augmentation
est variable et s’est élevée de 0,1 à 1 et même 9 °/, dans
un cas.
Les lombrics possèdent de chaque côté de l’œsophage
trois paires de grosses glandes qui sécrètent une quantité
surprenante de carbonate de chaux, que l'on y trouve
sous forme de petits cristaux ou de concrétions. Cette for-
mation du carbonate s’y produit aux dépens des autres
combinaisons de la chaux, probablement surtout de l’hu-
mate, dont l'acide humique peut jouer un rôle dans l’ali-
mentation de ces animaux.
400 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
D’après Darwin. les vers de terre rejettent en moyenne,
par année, une quantité d'environ 25,400 kg. de déjections.
sur la surface d’un hectare; en supposant que l’augmen-
tation dans le taux du calcaire s'élève de 0,1 à 1 °/,, ce
serait une quantité de 25,4 à 254 kg. de cette substance
qui serait regénérée. par hectare et par an. On sait que le
calcaire tend à disparaître peu à peu des sols par l’action
dissolvante des eaux météoriques.
A côté de leur rôle sur l’aération et l’ameublissement
des sols, les lombrics exercent donc encore une action
chimique importante par la transformation des matières
végétales en humus, plus facilement décomposable et nitri-
fiable, par leur action dissolvante sur certaines substances
minérales et par la régénération du carbonate de chaux.
Séance du 8 janvier 1902.
e
G. Martinet. Sélection de la pomme de terre. — F.-A. Forel. Glaciers
du Mont-Blanc. — E. Chuard et F. Porchet. Traitements cupriques
et maturation. — M. Lugeon. Lave du Vésuve.
M. G. MARTINET présente à la Société les résultats de
ses recherches sur la sélection des pommes de terre, et met
en relief un certain nombre de faits qui permettent de dé-
gager quelques lois des conditions de l'hérédité.
M. F.-A. FOREL démontre, d’après des gravures aqua-
rellées du peintre Carl Hackert (mort à Lausanne en 1800),
l'existence d'un état de maximum des glaciers du Mont-
Blanc en 1780. Le glacier d'Argentière descendait jusqu’à
50 m. de l’Arve et atteignait les dimensions figurées sur
le terrain par les moraines de 1820 : le glacier des Bos-
sons ou d’Argentière apparaissait comme une haute mu-
raille blanche au-dessus de la moraine latérale de droite ;
le glacier des Bois s’étendait dans la plaine jusque tout
près du village des Bois, entre le rocher des Mottets et la
grande moraine latérale droite: la source de l’Arveron
sortait d’une grotte ou porte glacière aussi superbe que
+
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 401
celle décrite par les visiteurs du glacier en 1820 ou en
1850. Les glaciers du Mont-Blanc étaient donc en état de
maximum analogue à ceux de 1820 à 1855, beaucoup plus
avancé que celui de 1893.
MM. E. CauarD et F. PorcHer. L'influence des traite-
ments cupriques sur la maturation des fruits.
M. F. Porchet fait part des résultats qui ont été obtenus
pendant les années 1900 et 1901. Ceux-ci confirment les
conclusions déjà présentées à la Société. Les fruits prove-
nant d’arbustes sulfatés se montrent plus riches en sucre
et plus pauvres en acides que ceux des arbustes témoins.
Cette modification de la composition chimique doit être
attribuée, pour une large part, au fait que, les traitements
cupriques accélérant la maturation, on n’a pas, lors d'une
prise d'échantillons, des fruits également mürs dans les
deux lots d’arbustes.
Cependant les essais faits sur le framboisier ont montré
que. même dans des fruits arrivés au même degré de dé-
veloppement, on constate une plus-value en sucre dans
ceux ayant été récoltés sur des plantes traitées à la bouillie
bordelaise.
M. le D' M. LUGEOoN présente un magnifique échantillon
de lave du Vésure.
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENEVE
Séance du 13 février 1902
I. Goldberg. Préparation de l'o-oxybenzophénone. — A. Bach.
Action de l'acide chromique sur le peroxyde d'hydrogène. —
F. Kehrmann et B. Flürscheim. Sels de l'acide silicotungstique.—
C. Græbe et S. Rostovzeff. Action des hypochlorites sur les
amides.
Mlle L. GoLDBERG fait une communication sur la prépara-
tion de l'o-oxybenzophénone à partir des dérivés de l'acide
salicylique.
M. A. Bac a étudié l’action de l'acide chromique sur le
peroryde d'hydrogène. Il a, d'une part. mesuré le volume
de l'oxygène dégagé dans la réaction et, d'autre part, dé-
terminé la quantité de cet élément qui reste disponible
dans la solution après l'expérience. Ces deux méthodes
l'ont conduit aux mêmes résultats, qui sont les suivants :
1° En l'absence d’autres acides, l'acide chromique met
en liberté une quantité d'oxygène qui correspond exacte-
ment à celle de l'oxygène actif contenu dans le peroxyde.
L'acide chromique reste lui-même inaltéré et conserve la
faculté de décomposer de nouvelles quantités de peroxyde.
20 En présence d'acide sulfurique, il y a réduction simul-
tanée de l’acide chromique et du peroxyde, avec dégage-
ment d'oxygène et formation de sulfate de chrome. Pour
deux molécules de peroxyde il y a une molécule d’acide
SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE. 403
chromique qui est réduite. La réaction a donc lieu selon
l'équation :
4 CrO. + 8 H,0, + 6 H,S0, = ? Cr, (SO,), + 7 0,+ 14 H,0
M. Bach estime que les hypothèses de Traube et de Ber-
thelot ne sont pas conciliables avec ces résultats.
M. F. KEHRMANN a repris. en collaboration avec M. B.
FLUERSCHEIM, l'étude des silicotungstates, découverts et dé-
crits par Marignac. Après avoir cherché longtemps en
vain un bon procédé de séparation quantitative des acides
silicique et tungstique, les auteurs sont revenus à une mé-
thode déjà utilisée par Marignac, mais que celui ci avait
abandonnée comme inexacte. En la modifiant, ils ont
réussi à lui faire donner des résultats absolument satis-
faisants. Cette méthode repose sur l’évaporation répétée
du mélange des oxydes avec l'acide fluorhydrique aqueux.
Quant à la séparation de l'acide et des bases, dans les sili-
cotungstates, elle peut s'effectuer à l’aide du chlorhydrate
de quinoléine ; celui-ci précipite complètement l'acide, et
l’on peut doser la base, dans le liquide filtré, à l’état de
chlorure ou de sulfate.
Les recherches de MM. Kehrmann et Flürscheim ont
confirmé la composition assignée par Marignac à l'acide
silicotungstique et à son isomère, l'acide tungstosilicique.
Elles se sont trouvées, par contre, en contradiction avec
l'observation de ce savant, que ces acides forment deux
séries distinctes de sels correspondant aux formules :
2 K,0. SiO,. 12 TuO, + aq.
et 4. K,O. SiO,. 42 TuO, + aq.
Elles ont montré de la façon la plus certaine que, dans
la soit-disant transformation de la première série dans la
seconde, il y a dédoublement de l’acide. L'action du car-
bonate de potasse sur le silicoduodécitungstate acide de
potassium s'effectue, par exemple, selon l'équation sui-
vante :
2 (2 K,O. SiO,. 12 TuO.) + 7 K,CO, —
0.2 Si0: 20 P00, + Ki Tu0 E7CO:
404 SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE.
Les silicotungstates se comportent donc, à ce point de
vue, de la même manière que les phosphotungstates et
arséniotungstates, et que les dérivés analogues du mo-
lybdène.
M. le prof. GRÆBE rend compte d'essais qu'il a faits avec
M. S. RoSTOvZErF, concernant l'action des hypochlorites et
hypobromites sur les amides. La salicylamide fournit, sui-
vant les circonstances, de l’o-aminophénol ou de l’oxycar-
(8)
NH
dans le composé C,H,.CO.NHCI:; si on dissout celui-ci dans
une quantité équimoléculaire de soude caustique, on voit se
déposer peu à peu de la diphénylurée (C,H,.NH),C0.
banile C;,H,< 7 ©CO. La benzamide se convertit d'abord
Séance du 13 mars
A. Pictet et P, Genequand. Acide diacétylorthonitrique. —
F. Ullmann et L. Frentzel. Décomposition des diazoïques par le
chlorure cuivreux, — A. Bach et R. Chodat. Rôle des peroxydes
dans l’économie de la cellule vivante.
M. le prof. Amé Picret relate une observation qu’il à
faite avec M. P. GENEquan». Lorsqu'on mélange l’anhy-
dride acétique avec l'acide nitrique de densité 1,42 (lequel
renferme principalement l'hydrate HNO,. H,0), on remar-
que un vif dégagement de chaleur. Si l’on soumet ensuite
le produit à la distillation fractionnée, on parvient rapide-
ment à isoler un liquide bouillant d’une façon constante à
427,7 sous 750 mm. de pression, et possédant à 15° une
densité de 1,196. L'analyse conduit à la formule C4Ho NO.
On arrive au même résultat en mélangeant, dans des
proportions quelconques, l'acide nitrique fumant, de den-
sité 1,52, avec l'acide acétique glacial. Là encore, il y a
dégagement de chaleur, et le fractionnement fournit un
liquide identique au précédent.
Ce liquide n'est point un simple mélange d’acides acéti-
que et nitrique, mais une combinaison nettement définie ;
cela résulte :
SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE. 405
4° De son point d’ébullition, qui est plus élevé que celui
de chacun des deux constituants ;
2° De la détermination cryoscopique de son poids molé-
culaire (dans le bromure d'éthylène), qui correspond à la
formule indiquée ci-dessus :
3° Du fait qu'il possède des propriétés chimiques très
différentes de celles que l’on devrait attendre d'un mélange
d'acide acétique et d'acide nitrique.
Les auteurs considèrent ce composé comme le dériré
diacétylé de l'acide orthonitrique et estiment qu'il prend naïs-
sance par addition des deux constituants (anhydride acé-
tique et acide nitrique hydraté ou acide acétique et acide
nitrique anhydre) selon l’une ou l’autre des deux équations
suivantes :
OH OH
CH COS AN O Lie et CHR ED OS LOR
( cn..co- °*no- \: 0-CH.c0.0- HE
OH OH ul
CH COR aol CH C0:0 ur 2-0. CO:CH,
9 cn,.coon HO 0H
MM. Pictet et Genequand se proposent de soumettre à
une étude approfondie ce nouveau dérivé, ainsi que les
combinaisons analogues que pourront donner d'autres
acides organiques.
M. F. ULLMANN à continué, en collaboration avec
M. FRENTZEL, les recherches qu'il avait entreprises avec
M. W. R. Forgan£'.r ia décomposition des sels diazoïques
par le chlorure cuivreux. On obtient, suivant la nature de
l’amine dont ont est parti, ou des composés azoïques ou
des dérivés du biphényle.
L’aniline, l’ortho- et la paratoluidine fournissent les com-
posés azoiques correspondants (rendement 5-15 °/, de la
théorie) ; les trois nitranilines donnent des dérivés du bi-
phényle: la p-nitro-o-toluidine un mélange de dinitrodito-
lyle (pt de fusion 173°) et de dinitroazotoluène (pt de
! Archives, 1%, 191.
406 SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE GENÈVE.
fusion 265°) : l’o-nitro-p-toluidine, en revanche, se conver-
tit principalement en dinitro-p-ditolyle (pt de fus. 173).
La nitrotoluidine 4. 2, 3 fournit un dinitroditolyle fusible
à 409°, son isomère 4. 2. 5 un mélange des dérivés biphé-
nylique (pt de fus. 166,5) et azoïque (pt de fus. 251°).
L'acide o-nitro-aniline p-sulfonique donne exclusivement
l'acide dinitrobiphényle-p-sulfonique.
M. A. Baca expose les résultats de la première partie
des recherches qu'il a entreprises en collaboration avec
M. le prof. Chodat sur le rôle des peroxydes dans l’économie
de la cellule vivante. Tout processus d’oxydation lente don-
nant lieu à la formation de peroxydes, ceux-ci doivent aussi
se former au sein de la cellule vivante et y jouer un rôle
défini. C’est ce rôle que MM. Bach et Chodat se sont pro-
posés d'étudier. Avant tout, il s'agissait de déterminer si
les peroxydes et en particulier le peroxyde d'hydrogène,
sont effectivement. comme certains auteurs (Lüw, Pflüger)
le prétendent, des poisons protoplasmiques, qui détruisent
par oxydation les groupements atomiques actifs du proto-
plasme vivant. A cet effet, les auteurs ont cherché à culti-
ver des plantes inférieures à partir de spores dans des
milieux nutritifs additionnés de quantités variables, mais
exactement déterminées, de peroxyde d'hydrogène. Ils
ont opéré sur des cultures pures de Penicillium glau-
cum, de Rhizopus nigricans et de Sterigmatocystis nigra.
Les nombreuses expériences auxquelles ils se sont livrés
ont démontré que ces champignons peuvent prospérer
dans ces milieux contenant des proportions relativement
considérables de peroxyde d'hydrogène. Le Sterigmatocystis
nigra arrive notamment à la maturité complète dans un
milieu additionné de 4 ‘ de peroxyde. Il résulte de ces
expériences que la vie de la cellule est parfaitement com-
patible avec la présence de peroxyde d'hydrogène.
MM. Bach et Chodat poursuivent leurs expériences et cher-
cheront à se rendre compte de l'influence que la présence
du peroxyde d'hydrogène peut avoir sur l’action oxydante
exercée par certains champignons. LE
»
BULLETIN SCIENTIFIQUE
PHYSIQUE
PauL-L. MERCANTON. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PERTES
D'ÉNERGIE DANS LES DIÉLECTRIQUES. — Bulletin de la
Société vaudoise des Sciences naturelles. Décembre 1904.
Le travail que vient de publier M. Mercanton est une
contribution fort utile à l'étude des diélectriques en même
temps qu'un intéressant résumé bibliographique de la
question.
La méthode employée par l’auteur dérive de celle de
Beaulard, qui permet de suivre le phénomène de l'hyste-
résis dans ses diverses phases. Elle à été néanmoins très
notablement perfectionnée et rendue automatique, ce qui
en rend les résultats plus exacts.
Les recherches ont tout particulèrement porté sur l'éner-
gie consommée dans des diélectriques formés d'un mé-
lange de paraffine et de corps plus ou moins conducteurs
incorporés dans sa masse (charbon, aluminium graphite,
colophane, soufre. etc.) Dans ces diélectriques la perte
d'énergie s’est montrée inappréciable. Par contre le noir
de fumée associé à l'huile de vaseline ou à la paraffine.
constitue un diélectrique au sein duquel les phénomènes
d'hystérésis sont très marqués.
Contrairement à ce que l’on observe dans les milieux
magnétiques. les vibrations mécaniques, chocs, trépida-
tions, etc., ne paraissent pas influer sur la dissipation
d'énergie dans les diélectriques étudiés.
Enfin l'étude d’un condensateur paraffine-noir de fumée
a fait très nettement ressortir l'influence de la fréquence
408 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
et l'existence du maximum de consommation (énergie
rapportée au cycle et au cm*.
A noter également le fait que deux lames diélectriques
sans résidus appréciables (colophane et paraffine) juxta-
posées et formant condensateur, ne paraissent pas être le
siège d’une dissipation d'énergie; cela contrairement aux
idées émises par Micraoka. CE. G.
P. DuEeu, professeur à l'Université de Bordeaux. —
THERMODYNAMIQUE ET CHIMIE. — Lecons élémentaires à
l'usage des chimistes. Paris, 1902, chez A. Hermann,
gr. in-8, 496 p.
Le savant professeur de Bordeaux vient de publier, sous
une forme à la fois concise et claire, un excellent manuel
dans lequel se trouvent exposés les principes fondamen-
taux de la thermodynamique et ses applications récentes
à la chimie. On sait en effet que celles-ci ont pris une
importance considérable à la suite de la remarquable Loi
des phases, véritable théorème d’algèbre formulé par
J.-W. Gibbs, dont les physico-chimistes hollandais van
der Waals, Bakbuis-Roozboom, van t’Hoff ont multiplié
les applications pour résoudre les questions les plus com-
pliquées de la chimie physique contemporaine.
Ce sont ces tendances ultra-modernes que M. Duhem
s’est attaché à exposer avec le plus grand soin dans l’ou-
vrage que nous signalons à l’attention des spécialistes.
Evidemment. comme toujours, lorsqu'il s’agit de doctri-
nes nouvelles, bien des points sont encore à éclaircir et
feront l’objet de nouvelles discussions. Mais pour les me-
ner utilement jusqu'au bout il ne suffit pas de prendre
pour guide les résultats acquis de ces conceptions moder-
nes ; il faut connaître encore exactement le champ dans
lequel celles-ci peuvent être appliquées avec sécurité et
ne jamais oublier que les théorèmes les plus suggestifs et
souvent les mieux vérifiés par l’expérience, ont cependant
toujours pour bornes les limites d’exactitude des hypothèé-
ses dont iis découlent. « Celui donc qui ne sait d’où vient
CHIMIE. 409
une règle, risque de l’employer en des cas où son usage
est proscrit et de trouver en elle, non point un guide sûr,
mais une conseillère d'erreur. »
Les questions traitées dans l'excellent ouvrage de
M. Duhem sont trop spéciales pour être analysées ici une
à une ; il suffira d’avoir signalé l'esprit vraiment scientifi-
que dont l’auteur s’est inspiré et d'indiquer en terminant
les grandes subdivisions de son travail.
Les premières lecons sont consacrées aux principes
fondamentaux de la thermodynamique : travail et force
vive ; quantilé de chaleur et énergie interne ; calorimétrie
chimique ; équilibre chimique: statique chimique. Vient
ensuite l'exposé de la règle des phases et de son applica-
tion aux systèmes plurivariants et univariants, aux points
multiples et aux points de transition: ces chapitres sont
complétés par une étude du déplacement de l'équilibre
dans les divers systèmes, avec examen plus approfondi
des cas des cristaux mixtes, mélanges isomorphes, anti-
podes optiques et alliages métalliques. Les dernières
leçons sont enfin consacrées aux états critiques, à la mé-.
canique chimique des gaz parfaits, aux faux équilibres
réels et à la dynamique chimique. PC
CHIMIE
Revue des travaux faits en Suisse.
SL. VON KOSTANECKI el F. WEBEL. SUR UN ISOMÈRE DE L’API-
GÉNINE (Berichte, t. XXXIV, p. 1454, Berne).
En condensant l’éther éthylique de l'acide éthylsalicyli-
que avec l'éther triméthylique de la phloracétophénone en
présence de sodium, les auteurs ont obtenu la 2. 4. 6 tri-
méthory-%'-éthoxybenzoylacétophénone (CH*O), CH? CO.
CH?. CO. CSH*. OC?HS, qui cristallise en longs prismes
F. 1129, dont la solution alcoolique est colorée en rouge
par le perchlorure de fer. Cette cétone pourrait donner,
par fermeture de la chaine, deux trioxyflavones isomères.
ARCHIVES. t. XIII. — Avril 1902. 29
\
410 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
soit la 4. 3. 2'et la 2”. 4”. 6’ trioxyflavone. En réalité. les
auteurs, en la chauffant pendant plusieurs heures à l’ébul-
lition avec de l'acide iodhydrique, n’ont pu retirer du pro-
duit de la réaction que la 1. 3. % trioxyflavone
OH
()
HO/NAN «>
ke Jen
OH CO
Ce dérivé, facilement soluble dans l'alcool, moins faci-
lement dans l'acide acétique cristallise en aiguilles faible-
ment colorées en jaune, F, 281°. Il est facilement soluble
dans les alcalis avec une couleur jaune verdätre et se
colore en jaune lorsqu'on l’humecte avec de l'acide sulfu-
rique concentré. Son dérivé triacétylé est en aiguilles
soyeuses, F. 178°. En chauffant la trioxyflavone en solution
alcoolique avec de la potasse caustique et de l’iodure de
méthyle, on obtient la 3. 2 diméthory-1 oryflarone C'HTO?
(OCH*), OH, F. 154-156°, dont le dérivé acétylé est en
aiguilles blanches, F: 96-97°. La 3. 2 diéthory-1-oryfla-
vone, préparée d’une manière analogue, est plus facilement
soluble dans l'alcool que le dérivé méthoxylique et cristal-
lise en aiguilles jaune pâle, F. 108-110°. Son dérivé acétylé
est en aiguilles blanches, F. 420-122°, Lorsqu'on chauffe
avec précaution la 2. 4. 6. triméthory-2'-éthoxybenzoylaeé-
tophénone avec l'acide iodhydrique, la fermeture de la
chaine peut avoir lieu sans que l’éther neutre de la 1.3. 2’-
trioxyflavone soit décomposé ; on obtient donc dans ce cas
la 4. 3-diméthoxy-Ÿ éthoxyflavone C'SHTO? (OCHS), OC?H5,
qui cristallise dans l’alcool en aiguilles blanches, fusibles
à 464-165°
E. DiLLER et St. VON KOSTANECKI. SUR LA SYNTHÈSE DE LA
LUTÉOLINE (Berichte. t. XXXIV, p. 1449, Berne).
En modifiant légèrement la méthode de préparation
indiquée antérieurement de la 2. 4. 6. 3". 4 pentaméthoxy-
»
CHIMIE. 411
benzoylacétophénone, les auteurs sont arrivés à l'obtenir
sous forme cristalline, avec un point de fusion de 112-113°,5.
A cet eflet, ils çhauffent à 120° le mélange d’éther
éthylique de l'acide vératrique et l’éther triméthylique de
la phloracétophénone en présence de sodium jusqu'à ce
que celui-ci ait disparu. Avec l’éther éthylique de l'acide
vanillique, ils ont obtenu dans les mêmes conditions
la 2. 4. 6. 3 tétraméthory-#'-éthorybenzoylacétophénone
(CH°0), CH. CO. CH?. -CO. CH (OCH*) (OC), F. 406-
107°. Cette dicétone, traitée en solution dans le chloro-
forme par le nitrite d’amyle en présence d'acide chlorhy-
drique, donne une combinaison isonitrosée qui cristallise
dans un mélange d'acide acétique et d'alcool en aiguilles
jaunes, fusibles vers 179°, La dicétone ci-dessus, traitée par
l'acide iodhydrique de D — 1.7. se transforme en 1. 3, 4
triméthoxy-4" éthory-flavone, qui, cristallisée dans le
xylène, se présente sous la forme d’aiguilles blanches,
fusibles à 222-222°,5 et dont la solution alcoolique chaude
est douée d’une faible fluorescence bleue. Il faut faire
bouillir à plusieurs reprises ce dérivé avec de l'acide
iodhydriqve D — 1.9 pour le transformer en lutéoline. Il
se forme intermédiairement un éther méthylique de la lutéo-
line, que les auteurs ont reproduit en chauffant la trimé-
thoxy-éthoxyflavone avec parties égales d'acide acétique
et d'acide iodhydrique; cet éther cristallise en feuillets
F. 270°. D'après ses propriétés tinctoriales, les auteurs
sont conduits à admettre qu'il constitue la 3-méthory-
1.3". 4 trioryflavone. F.R.
W. BUTKEWITSCH. SUR LA PRÉSENCE D'UNE ENZYME PROTÉO-
LYTIQUE DANS LES GRAINES GERMÉES ET SUR SON ACTION
Zischr. physiol. Ch., 32, 4 à 53, 16/3, 4904 [14/12, 4900],
Zurich).
L'auteur décrit en détail les recherches dont il à fait un
court exposé dans deux communications provisoires (Ber.
Dtsch. Ch. Ges., 18, 185 et 358; C. 1900, II, 386. et C.
1904, E, 490).
419 BULLETIN SCIENTIFIQUE, ETC.
E.-J. CONSTAM ET J. COLA BENNETT. SUR LES HYPERBORATES.
RÉPONSE À M. TANATAR (Z. anorg. Ch., 26, 451. 21/1,
Zurich). Ê
À propos d’une publication des auteurs, Tanatar (Z.
anorg. Ch., 25, 265: C. 1900. IT, 4006) prétend que la con-
ception attribuant à l’acide hyperborique le caractère mo-
nobasique a été déjà établie par lui thermochimiquement.
Les auteurs regardent cette assertion comme erronée, car
les essais de Tanatar sur la basicité de cet acide n'étaient
aptes à fournir aucun renseignement à ce sujet et tendaient
uniquement à prouver que les hyperborates ne se com-
portent pas comme des peroxydes, mais comme des sels
d’un acide faible.
À. TscHIRCH ET B. NIEDERSTADT. SUR UN COPAI. NÉO-ZÉLAN-
pAIS (KAURI-BUSCH-KOPAL) RETIRÉ DU DAMMARA AUSTRALIS
(Arch. der Pharm., 239, 145-60, 25/3 [27/1], Berne).
Acide kaurique. Obtenu en agitant la solution éthérée
du copal avec du carbonate ammoniacal à 4 ?/, (rende-
ment en produit brut 4 ‘/, °/). Après cristallisation, la
substance fond à 192°. Pouvoir rotatoire spécifique + 51,66°.
Composition CroH:160:. Cet acide présente une certaine
analogie avec l'acide podocarpique.
Acides 4 et & kauroliques. Ces combinaisons sont reti-
rées, après élimination de l'acide kaurique, par des
extractions multiples effectuées à l’aide d’une solution de
carbonate sodique à 4 ?/, (rendement 50 °/, environ). Le
mélange incristallisable est traité par l’acétate de plomb
alcoolique qui précipite un sel plombique 4, insoluble dans
l'alcool, et un sel $, soluble dans ce véhicule. Ces deux
acides se présentent sous la forme de substances pulvéru-
lentes blanches, optiquement actives, à caractère acide
faible et solubles dans les dissolvants usuels. L’acide &
kaurolique fond à 81-83°, l'acide B kaurolique à 85-87°.
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ULLMANN (F.). RozeNBaND (M.), MüLHausER (B.) und
GRETHER (E.). Ueber 3°-Alkylamin »-9-phenyl-1.2-naphta-
cridine, Genf, Univ.-Lah. — Berichte 35. 341.
. Wacter. Ueber der Wassergehalt des Brotes. Solothurn.
— Schweiz. Wochenschr. 40. 75.
WERNER (A.) und KLIEN (J.). Ueber Tetraquodiammin-
und Diacidodiaquodiammin-Chromsalze. Zürich. Univ.-Lab.
— Berichte 35. 271.
Archives des sciences physiques et naturelles, avril 1902. T XIII. PIFIT
SYNTHÉSE D'UNE ROCHE ACIDE. A. BRUN
Sphérolite synthétique à croix noire. Nicols croisés.
Centre à extinction totale. Gross. — 80.
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Archives des Sciences physiques et naturelles, avril 1902. Tome XII
CARTE SISMIQUE.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE
MARS 1902
pluie dans la nuit, de 1 h. à 4 h. et depuis 10 h. du soir; brouillard à 7 h. du
matin ; éclairs et tonnerre à l'WNW. à midi 25 m.:; fort vent à 4 h. du soir.
pluie dans la nuit et à 7 h. du matin.
forte bise à 10 h. du matin.
très forte gelée blanche et léger brouillard bas le matin.
très forte gelée blanche le matin.
très forte gelée blanche le matin.
faible pluie à 7 h. du matin, à 1 h. et depuis 7 h. du soir; fort vent à 4 h. du
soir.
pluie à 10 h. du matin et à 1 h. du soir; forte bise à 10 h. du soir.
légère gelée blanche le matin.
très forte gelée blanche le matin: forte bise à 1 h. du soir.
forte gelée blanche le matin: halo coloré avec parhélies depuis 1 h. et une
grande partie de l’après-midi.
gelée blanche le matin.
fort vent à 7 h. du matin et de 1 h. à 4 h. du soir; pluie le matin jusqu'à 5 h.
du soir.
faible pluie à midi 30 m. et à 7 h. du soir.
très forte gelée blanche le matin; nouvelle neige sur les montagnes environ-
nantes: forte bise de 10 h. du matin à 1 h. du soir.
gelée blanche le matin.
forte gelée blanche le matin : brumeux à l'horizon l'après-midi.
faible pluie pendant la soirée.
pluie dans la nuit: fort vent de 1 h. à 4 h. du soir.
pluie le matin jusqu’à 4 h. du soir et à 10 h. du soir : quelques flocons de neige.
, pluie la nuit jusqu'à 7 h. du matin et à 7 h. du soir; nouvelle neige jusqu’au
pied des montagnes environnantes: légère averse de grésil à 3 h. du soir.
grésil à 7 h. 20 m. du matin : averse de pluie et de grésil de midi à 1 h.; pluie
à 7 h. du soir: fort vent à 4 h. du soir ; halo lunaire.
pluie dans la nuit, de 7 h. à 10 h. du matin et à 10 h. du soir: très fort vent
le matin jusqu’à 1 h. du soir.
pluie dans la nuit et à 7 h. du matin.
pluie la nuit, de Th. du matin à 1 h. du soir et depuis 7 h. du soir; la neige
tombe sans prendre pied.
pluie dans la nuit et à 7 h. du soir.
pluie dans la nuit et depuis 4 h. du soir; fort vent à 1 h. et à 7 h. du soir.
pluie la nuit, à 7 h. du matin et depuis 1 h. du soir.
pluie la nuit, à 7 h. du matin et à 4 h. du soir.
ARCHIVES. t. XIII — Avril 14902. 30
GENÈVE — MARS 1902
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE 700mm +
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MOYENNES DE GENÈVE.
420
— MARS 1902
Correction pour réduire la pression atmosphérique de Genève à la
pesanteur normale : + (Ümm.(2. — Cette correction n'est pas appliquée dans
les tableaux.
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Dans ce mois l’air a été calme 263 fois sur 4000.
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La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 9°.6 W.
Son intensité est égale à 13.5 sur 100.
Moyennes des 3 observations
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Valeurs normales du mois pour les
éléments météorologiques, d’après
Plantamour :
Press. atmosphér..
Nébulosité........
Hauteur de pluie..
(1836-1875)
Température moyenne ..
Fraction de saturat. (1849-1875)
(1847-1875).
(1826-1875).
Nombre de jours de pluie. (id.).
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421
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAITES AU
CRREND SAINT BERNARD
MARS 1902
brouillard ; neige.
neige.
brouillard le soir.
grande sécheresse de l’air pendant tout le jour.
brouillard le soir.
brouillard.
brouillard ; neige à 1 h. du soir.
crande sécheresse de l’air pendant tout le jour.
brouillard depuis 1 h, du soir.
brouillard ; neige à 1 h. du soir.
brouillard ; neige à 1 h. du soir.
brouillard le matin; neige.
brouillard , fort vent l'après-midi.
brouillard le matin et à 1 h. du soir; neige le soir.
brouillard le soir ; neige.
neige à 7 h. du matin; fort vent à 1 h. du soir.
brouillard l’après-midi; neige.
. neige le matin; brouillard à 1 h. du soir.
neige.
brouillard le matin; neige; forte bise.
forte bise le matin; brouillard pendant tout le jour; neige.
Correction pour réduire La pression atmosphérique du Grand Saint-
Bernard à la pesanteur normale : — ()""m.922, — Ceite correction n'est pas
appliquée dans les tableaux.
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424
MOYENNES DU GRAND SAINT-BERNARD. — MARS 1902
Pression atmosphérique : 500" + Fraction de saturation en ‘/,;.
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2e » 63.36 63.40 63.63 63 48 dl 48 DD dl
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Température.
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7h. m. 1h.s. 9h. s. TTITI SES
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Mois — 7.4] — 3.39 — 6.81 — D.86 —1"6:09
Dans ce mois l'air a été calme () fois sur 1000.
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Le rapport des vents SW — mi — | yÆ
La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E.
Son intensité est égale à 17.2 sur 100.
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Observations météorologiques faites dans le canton de Genève
Résultats des observations pluviométriques
| Mi 1 |
Station CELIGNY COLLEX | CHAMBESY CHATELAINE | SATIGNY ATHENAZ | COMPRSIÈRES
a | | |
Mutr dem | 154.9 | 150.5 | 128.1 | 121.9 | 161.0 | 120.5 | 103.0
en mm,
Station VEYIUER | OBSERVATOIRE | COLOGNY PUPLINGE JUXSY HERMANCE
RE ee TR EHESS es | Re ere 0 ESA TRE Mrs CS CSSS EE
nee L A BOND 120.6 102.7 | 91.0 | 94.0 | 422.1
Durée totale de l’insolation à Jussy : 121h.8
«
THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
DU
MOUVEMENT DES CORPS
COLIDES ET} EFLUIDES)
PAR
René de SAUSSURE
Dans une première note‘ intitulée : Cinématique des
Fluides, j'ai commencé l’étude géométrique du mouve-
ment d’un fluide dans un plan et montré que la forme
la plus générale de ce mouvement était définie par un
système de cercles tangents à une même droite en un
même point. Ce système de cercles peut servir aussi à
définir le mouvement le plus général d’une figure
rigide plane qui possède deux degrés de liberté dans
son plan. La théorie géométrique du mouvement des
fluides se rattache donc à la théorie du mouvement
d'un corps solide qui possède plusieurs degrés de
liberté, c’est-à-dire à la théorie des mouvements à plu-
sieurs paraméêtres. Comme on n’envisage dans Îles
théories actuelles de ces mouvements, que des mouve-
ments infiniment petits, il est nécessaire de rechercher
1 Voir Archives des Sciences physiques et naturelles, 1898, T. V.
p. 497.
ARCHIVES, t. XIII. — Mai 1902. 31
426 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
tout d’abord les lois qui régissent les mouvements finis,
avant de pouvoir appliquer ces lois au mouvement des
fluides. J’exposerai de nouveau la théorie des mouve-
ments d’une figure dans un plan, en suivant une
méthode différente de celle que j'avais d’abord adop-
tée, afin de traiter d’une manière analogue les mouve-
ments dans le plan et les mouvements dans l’espace.
CHAPITRE PREMIER
DES MOUVEMENTS DANS UN PLAN
S 1. Mouvements de translation.
Lorsqu'une figure plane F de grandeur invariable se
déplace dans son plan d’une manière quelconque, mais
en restant parallèle à elle-même, on dit que cette figure
est douée d’un mouvement de translation. Au point de
vue géométrique, un mouvement de translation est
équivalent à une série continue quelconque de figures F
égales et parallèles entre elles. Si le nombre de ces
figures est simplement infini, la translation est dite à
un paramètre et la figure F ne possède qu’un degré de
liberté ; si le nombre des figures est doublement infini,
la translation est dite à deux paramètres et la figure F
possède deux degrés de liberté dans son plan.
Des translations à un paramètre : On peut définir
tout mouvement de trauslation à un paramètre de la
manière suivante : soit F, une figure rigide fixe et G,
une courbe quelconque fixe (fig. 1); construisons les
figures F symétriques de la figure F, par rapport à cha-
que point de la courbe G, ; il est évident que toutes Îles
figures F ainsi obtenues seront égales et parallèles
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 427
entre elles ; l’ensemble ou le lieu de ces figures définit
done un mouvement de translation à un paramètre et
ce mouvement est complètement déterminé par la fi-
gure fixe F, et par la courbe G,.
Pour obtenir une définition mécanique des mouve-
ments de translation à un paramètre, construisons une
courbe G symétrique de la courbe G, par rapport à un
point à, situé sur G, ; les courbes G et G, seront tan-
gentes entre elles au point a,. Supposons que la
figure F, symétrique de F, par rapport à 4,, soit liée
à la courbe G; si la courbe G glisse sans rouler sur la
courbe G,, en entraînant la figure F, il est évident
que cette figure subira un mouvement de translation
qui sera le même que le mouvement précédemment
défini, car la figure F restera constamment symétrique
de la figure fixe F, par rapport au point de contact des
courbes glissantes. Pendant la translation de la figure F,
chaque point de cette figure décrit une courbe sembla-
ble à la courbe G,.
498 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
Réciproquement tout mouvement de translation à un
paramètre peut être engendré par le glissement d’une
courbe sur une courbe fixe qui lui est symétrique par
rapport à un de ses points, mais ce mode de génération
n’est pas unique; car un mouvement de translation
étant donné, on pourra prendre comme figure généra-
trice une figure F, symétrique d’une des figures F par
rapport à un point quelconque a, du plan, puis déter-
miner la courbe correspondante G, : toutefois la nature
de la courbe G, sera toujours la même, quel que soit
le point choisi a,, puisque cette courbe doit toujours
être semblable à la trajectoire d’un point quelconque
de la figure F.
Puisque la nature de la courbe G, détermine com-
plètement la nature du mouvement de translation, nous
distinguerons entre eux les différents mouvements de
translation suivant le nombre de points nécessaires *
pour définir la courbe G. Si n points sont nécessaires
pour déterminer G,, # positions de la figure F seront
nécessaires pour déterminer le mouvement correspon-
dant de translation, et comme il faut au moins deux
points pour déterminer une courbe, nous dirons que le
mouvement de translation est d'ordre m, m étant égal
à n-1 ; un mouvement de translation d'ordre m à un
paramètre sera désigné par le symbole Ti.
D'après ces définitions la translation du premier
ordre à un paramètre (T',) correspond au cas où la
courbe G, est une ligne droite; la translation du second
ordre à un paramètre (T',), au cas où G, est une cir-
1 On pourrait aussi classer les mouvements de translation sui-
vant le degré de la courbe G.
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 429
conférence de cercle, etc. Il faut connaître deux posi-
tions de la figure F pour déterminer une translation
T',, mais pour que cette translation soit possible, il
faut que les deux positions considérées de la figure
soient parallèles entre elles ; de même, trois positions
parallèles de la figure F déterminent une translation
T',. etc. On voit que la translation n’est pas le mouve-
ment le plus général dans le plan, puisque les positions
de la figure F qui déterminent la translation ne peu-
vent pas être choisies arbitrairement dans le plan.
Des translations à deux paramètres : Reprenons la
figure fixe F, et construisons les figures F symétriques
de F, par rapport à chaque point du plan. Toutes les
figures F ainsi obtenues seront égales et parallèles entre
elles et le nombre de ces figures sera doublement
infini, c’est-à-dire que l’ensemble ou le lieu de ces
figures représente une translation à deux paramètres ;
nous représenterons une pareille translation par le
symbole T*,, ce qui veut dire translation du premier
ordre à deux paramètres ; en effet, dans le plan toutes
les translations à deux paramètres sont du premier
ordre, car ces translations ne dépendent que de l’orien-
tation de la figure génératrice F..
Si l’on trace dans le plan une courbe quelconque G,
et que l’on construise les figures F symétriques de F,
par rapport aux différents points de cette courbe, on
obtient une translation T,, qui sera contenue toute
entière dans la translation à deux paramètres T*,, puis-
que les points de la courbe G, font partie du plan.
Donc toute translation T*,, contient une double infinité
de translations T',, car le plan contient une double
infinité de droites; autrement dit, si F, et F, sont deux
430 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
positions quelconques de la figure F dans une trans-
lation à deux paramètres, ces deux positions détermi-
nent une translation du premier, ordre à un paramètre,
qui est contenue toute entière dans la translation à
deux paramètres. De même toute translation T°, con-
tient une triple infinité de translations T',, puisque le
plan contient une triple infinité de cercles; ou encore,
SiF,, F,, F, sont trois positions quelconques de la
figure F dans une translation T*,, ces trois positions
déterminent une translation T',, qui est contenue toute
entière dans la translation T*,, etc.
Si nous insistons sur ces propositions qui peuvent
paraitre évidentes, c’est qu’en réalité la théorie que
nous cherchons à établir est basée sur la connaissance
des mouvements à plusieurs paramètres qui sont con-
tenus les uns dans les autres ; nous avons commencé
par le cas le plus simple, celui de la translation, pour
aboutir en dernier lieu au mouvement le plus général
dans l’espace.
$ 2. Mouvements de rotation.
Nous avons obtenu les différents mouvements de
translation dans le plan au moyen de figures symétri-
ques d’une figure fixe F, par rapport à une série de
points situés dans le plan, et nous avons constaté que
ces mouvements de translation n’étaient pas assez géné-
raux pour contenir des positions arbitrairement don-
nées de la figure F. Si nous voulons obtenir un mou-
vement plus général que celui de translation, il faut
remplacer les points du plan par des droites, c’est-à-
dire considérer une figure fixe F, et une série continue
*
DU MOUVEMENT DES CORPS. 431
de droites : construisons les figures F symétriques de la
iigure F, par rapport à chacune de ces droites (fig. 2);
l’ensemble ou le lieu des figures F définira géométri-
quement un certain mouvement de la figure F, mouve-
ment que nous désignerons sous le nom général de
rotation : si les droites de la série sont en nombre sim-
plement infini la rotation sera dite à un paramètre ; si
les droites sont en nombre doublement infini, la rotation
sera dite à deux paramètres.
Le sens que nous donnons ici au mot rotalion est
beaucoup plus général que le sens ordinairement attri-
bué à ce mot; cette généralisation est toutelois ratio-
nelle et permet d'établir une correspondance plus nette
entre les rotations et les translations; en outre, il ne
peut y avoir là matière à confusion, car nous classe-
rons les rotations comme les translations et nous ver-
rons que la rotation ordinaire autour d’un axe fixe
n’est autre chose que la rotation du premier ordre à
un paramètre.
Des rotations à un paramètre. Reprenons la figure
F, (fig. 2) et une série continue de droites en nombre
simplement infini ; ces droites enveloppent une certaine
courbe T,. Soit A, l’une de ces droites et F la figure
symétrique de F, par rapport à la droite A,. Construi-
sons une courbe T symétrique de F, par rapport à la
même droite À, ; les courbes F et T, seront tangentes
entre elles. Si l’on suppose maintenant que la courbe F
roule sans glisser sur la courbe F, en entrainant la
figure F, cette figure restera constamment symétrique
de la figure fixe F, par rapport à la tangente commune
aux Courbes roulantes. Le mouvement de la figure F
sera donc un mouvement de rotation. Réciproquement
4392 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
tout mouvement de rotation à un paramètre peut être
engendré par le roulement d’une certaine courbe T sur
une courbe fixe T, symétrique de T par rapport à l’une
de ses tangentes et cette génération n’est possible que
d’une seule manière, contrairement à ce qui a lieu
pour la translation. Ceci résulte directement de la
définition même du mouvement de rotation à un para-
mètre.
L
Fig. 2.
Soit v le nombre de tangentes nécessaires‘ pour déter-
miner complètement la courbe T, ; nous dirons que le
mouvement de rotation correspondant à F,, est d'ordre u,
u étant égal à v-1, car il faut au moins deux droites
! On pourrait aussi distinguer les mouvements de rotation
d’après la classe de la courbe r,;.
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 433
pour déterminer une courbe enveloppe ; ce mouvement
de rotation sera désigné par le symbole R;.
Lorsque la figure F subit une rotation, chaque point
de cette figure décrit une trajectoire qui présente un
point singulier : en effet soit M un point quelconque
de F et M, le point correspondant de la figure F, ; du
point M, on peut mener à la courbe F, un certain nom-
bre de tangentes et lorsque T roule sur FT, la tangente
commune aux courbes roulantes coïncidera successive-
ment avec toutes les tangentes issues du point M,:
chaque fois qu’une de ces coïncidences aura lieu, le
point M coincidera avec son symétrique M,. Le point M,
est donc un point multiple de la trajectoire du point M
et l’ordre de multiplicité est égal à la classe de la
courbe T'; en outre les tangentes issues du point M,
sont normales aux différentes branches de la trajectoire
du point M.
Chaque droite D de la figure F passe aussi en général
par une position singulière qui coïncide avec la droite
correspondante D, dans la figure fixe F,: en effet parmi
les tangentes à la courbe T,, il y en aura une ou plu-
sieurs qui seront perpendiculaires à D, et les droites D
symétriques de D, par rapport à chacune de ces tan-
gentes, coincideront avec D, (ce qui ne veut pas dire
que les points correspondants de ces droites coïncident).
On peut donc dire que la courbe enveloppe d’une droite D
qui subit une rotation quelconque à un paramètre touche
une ou plusieurs fois la droite correspondante D, ; cette
enveloppe possède donc une tangente multiple dont l’or-
dre de multiplicité est égal à la classe de la courbe r.
Il résulte de ce qui précède, que le mouvement de
rotation du premier ordre à un paramètre (R°,) cor-
L34 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
respond au cas où la courbe T, se réduit à un point,
puisque deux droites déterminent un point, et l’on voit
que la rotation R', n’est pas autre chose que la rota-
tion ordinaire d’une figure F autour d’un point fixe.
La rotation ordinaire se trouve ainsi définie géométri-
quement comme le lieu des figures F symétriques d’une
figure fixe F, par rapport aux différentes droites d’un
faisceau plan; le centre du faisceau est le centre de
rotation (fig. 3). Au point de vue mécanique la rota-
tion ordinaire est équivalente au roulement d’un point
sur un point. Dans une pareille rotation, chaque point
M de la figure F décrit un cercle autour du centre de
rotation et ce cercle passe une seule fois par le point
correspondant M, de la figure F, puisqu'on ne peut
mener qu'une tangente du point M, à la courbe T,,,
celle-ci se réduisant à un point; chaque droite D de la
figure F enveloppe un cercle concentrique au faisceau
et ce cercle touche une seule fois la droite correspon-
dante D, de la figure F,, car il n’y a qu’une seule droite
»
DU MOUVEMENT DES CORPS, 435
du faisceau qui soit perpendiculaire à D,. Dans le plan,
la rotation R', est le mouvement le plus général du
premier ordre (à un paramètre), car on sait qu'étant
données deux positions arbitraires, F, et F,, de la
figure F, on peut toujours faire coïncider F, avec F, au
moyen d’une simple rotation autour d’un certain point
et que cela n’est possible que d’une seule manière ; ce
que nous exprimerons en disant que par deux posihions
arbitrairement choisies d’une figure plane on peul
toujours faire passer une rotation R', et on n'en peul
faire passer qu'une seule.
Le mouvement de rotation du second ordre ‘à un
paramètre (R',) correspond au cas où la courbe F, est
un cercle, puisqu'il faut trois tangentes pour déterminer
un cercle. Ce mouvement est donc engendré par le
roulement d’un cercle F sur un cerele T, de même
rayon (voir fig. 13); chaque point M de la figure F
décrit un limaçon de Pascal, dont le point double est
le point correspondant M, de la figure F,; en effet M
passera deux fois par M, puisqu'on peut mener deux
tangentes du point M, au cercle T,; si ces tangentes
sont imaginaires, le point double M, sera isolé. Chaque
droite D de la figure F enveloppera une courbe possé-
dant une tangente double qui n’est autre que la droite
D, de la figure F,.
Montrons que la rotation R°, est le mouvement plan
le plus général du second ordre (à un paramètre). Il
faut prouver que par trois positions arbitrairement
choisies d’une figure plane on peut toujours faire
passer une rotation R', et que cette rotation est déter-
minée.
Soient F,, F,, F,, les trois positions données de la
436 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
figure F (fig. 4). Ces trois positions déterminent deux
à deux, trois rotations R,' dont on sait construire les
centres T,, [,, [,. Soit F, une figure symétrique de F,
par rapport à la droite I,, I,; la figure F, ainsi cons-
truite sera symétrique, non seulement de la figure F,
mais aussi des figures F, et F, par rapport aux côtés
correspondants du triangle I,, [,, L,, (car le lieu des
figures F symétriques de F, par rapport aux différentes
droites qui passent par le point I, est une rotation R’,
de la figure F, autour du point [, et comme cette rota-
tion passe par F,, les figures F, et F, doivent être
symétriques l’une de l’autre par rapport à une certaine
droite À passant par [,; pour la même raison, les
figures F, et F, doivent être symétriques l’une de
l’autre par rapport à une certaine droite B passant
par I, ; soit à le point de rencontre des droites A et B ;
en construisant les figures symétriques de F, par rap-
port à toutes les droites qui passent par ?, on obtient
x
DU MOUVEMENT DES CORPS. L37
une rotation R,' passant par F, et F,, c’est-à-dire que
le point à coïncide avec le point I, et par suite, les
droites A et B avec les droites I, I, et I, [,). Donc, si
l’on trace un cercle F, tangent aux trois côtés de ce
triangle et un cercle T symétrique de T, par rapport
au côté I, I, et si l’on suppose que le cercle T roule
sur le cercle F, en entrainant la figure F,, cette figure
passera successivement par les positions F, et F..
Ce problème à quatre solutions, puisqu'il existe qua-
tre cercles tangents aux trois côtés d’un triangle, mais
parmi ces quatre solutions, il n’y en a qu'une qui per-
mette à la figure F de passer par les trois positions
données sans que les points de cette figure passent par
les points doubles de leur trajectoire. C’est cette solu-
tion qui doit être considérée comme la vraie, parce
qu’elle n’introduit pas de singularité dans le mouve-
ment entre les trois positions considérées.
Les rotations à un paramètre d'ordre supérieur à
deux ne sont plus des mouvements tout à fait géné-
raux ; ainsi par exemple, si l’on considère quatre posi-
tions arbitrairement choisies d’une figure plane F, on
ne peut pas en général faire passer une rotation R',
par ces quatres positions, car il faudrait pour cela que
l’on pût construire une figure F, et quatre droites telles
que la figure F, fût respectivement symétrique des
quatre figures F par rapport à chacune des quatre
droites, ce qui en général est impossible.
Des rotations à deux paramètres. Construisons les
figures F symétriques d’une figure fixe F, par rapport
à chaque droite du plan. Les figures F ainsi obtenues
sont égales entre elles et leur nombre est doublement
infini. L'ensemble ou le lieu de ces figures définit donc
438 = THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
une rotation à deux paramètres de la figure F, rotation
qui sera représentée par le symbole R°, ; en effet, dans
le plan, il n'existe qu’une seule espèce de rotation à
deux paramètres; on peut donc dire qu’une pareille
rotation est du premier ordre.
Dans toute rotation à deux paramètres, chaque point
M de la figure F décrit tout le plan et le mouvement de
ce point M présente un point singulier au point corres-
pondant M, de la figure fixe F, qui définit la rotation ;
en effet construisons les figures F symétriques de F,
par rapport aux différentes droites qui passent par M, :
le lieu de ces figures sera une rotation R', autour du
point M,, rotation qui est contenue toute entière dans
la rotation à deux paramètres, puisque les droites con-
sidérées font partie des droites du plan; en d’autres
mots, lorsque dans une rotation R°, le point M vient à
coïincider avec M,, la fiqure F peut pivoter autour du
point M,, sans sortir de la rotation à deux paramètres.
De même, dans toute rotation R°,, chaque droite D
de la figure F décrit tout le plan et le mouvement de
cette’ droite D présente une position singulière qui
coïncide avec la droite correspondante D, de la figure
F,; en effet, construisons les figures F symétriques de
F, par rapport aux différentes droites du plan perpen-
diculaires à D, : le lieu de ces figures définira une
translation T', parallèle à la droite D,, translation qui
fait partie de la rotation R°,, c’est-à-dire que, lorsque
dans une rotation R°, la droite D vient coïncider avec
la droite D,, la figure F peut glisser parallèlement à
cette droite sans sortir de la rotation à deux para-
mètres.
Considérons une figure fixe F, et la rotation R°, cor-
DU MOUVEMENT DES CORPS. 439
respondante ; si l’on trace dans le plan une courbe
quelconque T, et que l’on construise les figures F symé-
triques de F, par rapport aux différentes droites tan-
gentes à cette courbe, le lieu de ces figures définira
une rotation R; contenue toute entière dans la rota-
tion à deux paramètres, puisque les tangentes à T, font
partie des droites du plan. En outre, si l’on considère
le mouvement d’un point quelconque M de la figure F,
le point multiple de la trajectoire du point M dans cette
rotation R; coïncidera toujours avec le point singulier
du mouvement du point M dans la rotation R°,, puis-
que soit le point multiple, soit le point singulier ne
sont autre chose que le point correspondant M, de la
figure F,. De même, si l’on suit le mouvement d’une
droite quelconque D de la figure F, la tangente multi-
ple de l'enveloppe de la droite D dans la rotation R,
coïncidera avec la position singulière du mouvement de
la droite D dans la rotation R°,, puisque soit la tangente
multiple, soit la droite singulière ne sont autre chose
que la droite correspondante D, de la figure F,. Réci-
proquement {out mouvement à un paramètre de la
figure F, contenu dans une rotation R°, est une rota-
tion, c’est-à-dire que ce mouvement peut être produit
par le roulement d’une courbe sur une courbe égale et
symétrique.
Toute-rotation R°, contient une double infinité de
rotations R°,, puisqu'on peut grouper les droites du plan
en faisceaux de droites issues d’un point et qu’à chaque
point du plan correspond un de ces faisceaux ; dans
toutes ces rotations R°,, chaque point M de la figure F
décrit un cercle qui passe par le point fixe M, et chaque
droite D enveloppe un cercle tangent à la droite fixe D...
440 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
Toute rotation R°, contient une triple infinité de ro-
lahions R',, car on peut grouper les droites du plan en
séries de droites tangentes à un même cercle et à cha-
que cercle du plan correspond une de ces séries ; dans
toutes ces rotations R”,, tout point M de la figure F,
décrit un limaçon de Pascal qui présente un point dou-
ble au point fixe M, ; ce point double est donc le même
quelle que soit la rotation R', considérée. De même
toute droite D enveloppe une courbe qui possède une
tangente double ; cette tangente est la droite D, quelle
que soit la rotation R', considérée, ete.
SiF,, F,, F,, etc. sont des positions de la figure F,
choisies arbitrairement dans une rotation à deux para-
mètres, deux de ces positions, F, et F, par exemple,
déterminent une rotation R', qui sera contenue toute
entière dans la rotation R°, ; trois de ces positions, F.,
F,, F,, déterminent une rotation R', qui sera aussi
contenue dans la rotation R°,, etc.
Montrons maintenant que la rotation à deux para-
mêtres est le mouvement le plus général (à deux pa-
ramêtres) dans le plan, c’est-à-dire que par trois posi-
tions, arbitrairement choisies, d’une figure F dans le
plan, on peut toujours faire passer unerotation à deux
paramètres el on n’en peut faire passer qu'une seule.
Nous avons vu que ces trois positions F,, F,, F, dé-
terminent deux à deux trois rotations R', dont les cen-
tres L,, L,, L,, forment un triangle et qu'il existe une
seule figure F, respectivement symétrique des trois
figures données par rapport aux trois côtés de ce
triangle (fig. 4). Si l’on construit les figures F symétri-
ques de cette figure F, par rapport à chaque droite du
plan, le lieu des figures ainsi obtenues définira une
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 441
rotation R°, qui contiendra évidemment les trois figures
données et la solution est unique. Dans le cas où les
trois figures F,, F,, F, sont parallèles, la rotation R°,,
se réduit à une translation T°.
Nous mentionnerons quelques autres propriétés de
la rotation à deux paramètres dans les paragraphes
suivants.
S 3. Application de la théorie précédente au
mouvement d'un fluide dans un plan.
Considérons un fluide en mouvement dans un plan.
En chaque point M du plan se trouve une molécule du
fluide, animée d’un mouvement dans une certaine di-
rection D; la figure (MD) constitue donc un élément
fluide. Le fluide contient une double infinité d'éléments
tels que (MD), distribués sur tout le plan.
Comme exemple de fluide en mouvement dans un
plan, on peut citer les champs magnétiques produits
d’une façon quelconque dans un plan; si l’on place en
un point M du plan une petite aiguille aimantée, cette
aiguille prendra sous l'influence des forces magnétiques
une certaine direction D, qui n’est autre que la tan-
gente à la ligne de force passant par le point M. Ainsi
dans tout fluide en mouvement dans un plan il existe
un système de lignes de flux telles que toutes les molé-
cules situées sur une même ligne de flux sont animées
d’un mouvement dans une direction tangente à cette
ligne et un fluide en mouvement dans un plan est com-
plètement déterminé lorsqu'on connaît ses lignes de
flux.
Nous nous proposons de rechercher quel est le
ARCHIVES, t. XIII. — Mai 1902. 32
442 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
système le plus général de lignes de flux dans le plan
et d'étudier les propriétés de ce système. Pour résou-
dre ce problème, il suffit de remarquer qu’un élément
fluide (MD) est équivalent à une figure de grandeur
invariable F, car si l’on connaît la position d’un point
M de cette figure et la direction d’une droite D passant
par M, la position de la figure F sera complétement
déterminée ; on peut dire qu'un élément fluide est
l'expression la plus simple d’une figure plane de gran-
deur invariable.
Fig. 5.
Les systèmes les plus généraux d'éléments fluides
correspondront donc aux mouvements les plus généraux
d’une figure de grandeur invariable.
Des lignes d'éléments fluides : Nous appelons ligne
d'éléments fluides toute série continue d’éléments flui-
des (MD) en nombre simplement infini (fig. 5). Le lieu
des points M ést une certaine courbe m et l’enveloppe
des droites D est une autre courbe d. Pour obtenir la
ligne la plus générale d'éléments fluides, il suffit de
faire subir à un élément fluide (MD) une rotation R',:
x
DU MOUVEMENT DES CORPS. 443
nous donnerons à cette ligne le nom de couronne (fig.
6). Le lieu du point M est an cercle m qui constitue la
base de la couronne et l’enveloppe de la droite D est
Fig. 6.
Fig. 7.
un cercle concentrique d qui forme la gorge de la cou-
ronne,
Lorsque l'élément MD est tangent à la base de la
couronne, les deux cercles coïncident et la couronne
devient une couronne de flux (fig. 7). Lorsque la base
444 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
de la couronne a un rayon infiniment grand, tous Îles
éléments fluides sont parallèles et la couronne est dite
à base rectiligne (fig. 8);
au contraire, si la base à
D un rayon nul la couronne
" se réduit à un faisceau de
Fig. 8. droites dont le point M est
le centre (fig. 9) et dans ce cas le point M prendra le
nom de pôle, parce qu’en un tel point
la direction de l'élément fluide est in-
déterminée.
\\ Par deux éléments fluides situés
Pie. 9. d'une manière quelconque dans le
plan, on peut toujours faire passer une couronne el on
n'en peut faire passer qu'une seule. Ceci résulte des.
propriétés de la rotation R',. On pourra construire le
centre de la couronne cherchée de la facon suivante :
soient (M,D,) et (M,D,) les éléments donnés (fig. 10);
on élévera une perpendicu-
laire sur le milieu de la
droite M,M, et on tracera la
bissectrice du supplément
de l'angle formé par les
! droites D, et D, ; cette bis-
à sectrice rencontrera la per-
s ! pendiculaire au point cher-
21 ché L
LYS Considérons une ligne
Fig. 10. quelconque d'éléments flui-
des et un élément (MD) de cette ligne (fig. 5). Par cet
élément et par l'élément infiniment voisin, on peut faire
passer une couronne qui sera dite {an gente à la ligne
\
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 445
d'éléments fluides ; le centre I de cette couronne tan-
gente est déterminé par l'intersection des normales cor-
respondantes aux courbes m et d, car si l’élément (MD)
tourne autour du point I, cet élément décrira une cou-
ronne dont la base sera tangente à la courbe m et la
gorge tangente à la courbe d. On peut donc considé-
rer toute ligne d'éléments fluides, comme formée de
fragments infiniment petits de couronnes.
Etant donnés trois éléments fluides situés d’une ma-
mère quelconque dans le plan, la ligne la plus simple
d'éléments fluides que l’on puisse faire passer par ces
trois éléments est la ligne décrite par un élément qui
subit une rotation R',. Ce théorème résulte des pro-
priétés de la rotation R', et ilsuffit, pour le démontrer,
de remplacer dans la figure 4, les figures F par des
éléments fluides. La fig. 13 montre la forme de la tra-
jectoire d’un élément fluide qui subit une rotation R',,
c'est-à-dire qui est lié à un cercle T qui roule sur un
cercle T, de même rayon,
Des fluides plans: Un fluide plan est un système
d'éléments fluides en nonibre doublement infini, puis-
que le fluide contient un élément en chaque point du
plan.
Le fluide plan le plus général, ou si l’on veut, la
forme la plus générale d’an tourbillon dans un plan,
s'obtiendra en faisant subir à un élément fluide une ro-
tation à deux paramètres, c’est pourquoi nous désigne-
rons ce fluide particulier sous le nom de couronoïde".
Ainsi un couronoïde peut être défini comme le lieu des
* J’ai remplacé le nom précédemment choisi de système cireu-
laire par celui de couronoïde, plus conforme aux propriétés de ce
système.
446 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
positions d’un élément fluide (MD) symétriques d'un
élément fixe (M,D,) par rapport à chaque droite du
plan. Le couronoïde est donc entièrement déterminé
par l'élément fluide (M,D,).
Pour se former une idée nette de la constitution
d’un couronoïde, il suffit d’en déterminer les lignes de
flax. Ces lignes de flux se composent de tous les cer-
cles tangents à la droite D, au point M, (fig. 114), caril
est évident que si l’on construit en un point quelcon-
que M la tangente D au cercle passant par M, l’élément
(MD) sera toujours symétrique de (M, D,) par rapport
à la droite perpendiculaire sur le milieu de MM,. On
peut remarquer que cette perpendiculaire passe par le
point de rencontre de la droite D avec la droite fixe D,
n°
DU MOUVEMENT DES CORPS. 447
et que le sens du mouvement sur les lignes de flux du
couronoïde est opposé au sens du mouvement de l’élé-
ment (M, D,). Nous dirons que la droite D, est l'axe
du couronoïde et que le point M, en est le pôle, car il
résulte des propriétés de la rotation à deux paramètres
que lorsque le point M coïncide avec le point singulier
M,, la figure (MD) est libre de pivoter autour du point
M,, de sorte qu'en ce point la direction de l’élément
fluide est indéterminée.
Fig. 12.
Les propriétés des couronoïdes sont évidemment les
mêmes que.celles de la rotation à deux paramètres et
peuvent se résumer ainsi : Tout couronoïde contient
une double infinité de couronnes, dont les bases pas-
sent toutes par le pôle M, et dont les gorges sont toutes
tangentes à l’axe D,; en effet. tout cercle passant par
le pôle est la base d’une couronne faisant partie du
couronoïde (fig. 12), c’est-à-dire que tous les éléments
148 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
fluides du couronoïde qui sont situés sur ce cercle font
un angle constant avec ce dernier ; car ce cercle, ren-
contrant toutes les lignes de flux sous un même angle
au point M,, recoupera une seconde fois toutes ces
lignes sous le même angle puisque deux cercles quel-
Fig. 13.
conques qui se rencontrent, se coupent toujours deux
fois sous le même angle. Si une courbe quelconque T
roule sur une courbe égale et symétrique T, en entrai-
nant l'élément fluide (MD) symétrique de (M,D,) par
DU MOUVEMENT DES CORPS. 449
rapport à la tangente commune aux courbes roulantes,
cet élément fluide ne cessera pas d’appartenir au cou-
ronoïde défini par (M,D,). La fig. 13 représente le cas
où les courbes T sont des cercles égaux. La couronne
qui joint deux éléments quelconques d'un couronoïde
fait elle-même partie du couronoïde, car la base de
cette couronne est le cercle qui passe par les deux
points donnés et par le pôle M,. Par chaque point M
d'un couronoïde passent une infinité de couronnes dont
les centres sont tous situés sur une droite perpendicu-
laire sur le milieu de MM,, car cette droite est le lieu
des centres de tous les cercles passant par les deux
points M et M,. Tout couronoïde peut ètre engendré en
faisant tourner successivement un même élément fluide
(M D) autour de tous les points d'une droite el celte
génération est possible d'une double infinité de manie-
res différentes; ceci résulte de la proposition précé-
dente. Par trois éléments fluides quelconques, on peut
loujours faire passer un couronoïde et on n'en peut
faire passer qu'un seul ; en effet, nous savons que ce
couronoïde existe puisqu'il existe une rotation R°, pas-
sant par trois positions arbitraires d’une figure inva-
riable ; pour le déterminer, il suffit de tracer les trois
couronnes (fig. 14) qui réunissent deux à deux les trois
éléments fluides donnés (M, D,), (M, D.) et (M, D.) ;
les bases de ces trois couronnes se recouperont en un
même point M, et leurs gorges seront tangentes à une
mème droite D, passant par M. La figure (M, D,) dé-
finit le couronoïde cherché. Si l’on fait tourner un
couronoïde de 90 degrés autour de son pôle, on obtient
un nouveau couronoïde orthogonal au premier, c’est-
à-dire que, si les lignes de flux du premier couronoïde
450 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
représentent les lignes de flux d’un fluide, celles du
second couronoïde représenteront les lignes équipoten-
tielles de ce fluide (fig. 15). Deux couronoïdes quel-
conques ont loujours une couronne commune, en effet
soit (M D) un élément fluide commun à deux couronoi-
des (M, D,) et (M', D',); par les trois points M, M,, M’,
DU MOUVEMENT DES CORPS. 451
on peut toujours faire passer un cerele et ce cercle sera
la base d’une couronne appartenant aux deux couro-
noïdes ; d’ailleurs les deux couronoïdes n’ont pas d’an-
tre élément commun, sans quoi ils coïncideraient. Trois
couronoïdes quelconques ont toujours un seul élément
fluide commun, car si (M, D,), (M, D',), (M”, D”,) sont
les éléments qui définissent ces trois couronoïdes, il
existe un couronoïde passant par ces trois éléments; si
M est le pôle et D l’axe de ce couronoïde, l’élément
fluide (M D) sera l'élément commun aux trois couronoiï-
Fig. 16.
des. Il y a donc réciprocité entre les éléments (M D) et
les éléments (M, D,).
Considérons maintenant un fluide quelconque dans
le plan et un élément (M D) de ce fluide; il existe
toujours un couronoïde tangent au fluide, relatif à cel
élément; en effet, soient (M, D,) et (M, D,) deux élé-
ments du fluide infiniment voisins de (M D); les trois
éléments (M D), (M, D), (M, D,) déterminent deux à
deux trois couronnes, ou trois rotations R',, dont l’une
est la résultante des deux autres (fig. 16). Comme ces
452 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
rotations sont infiniment petites, les centres I, L,, I, de
ces trois couronnes sont en ligne droite et ces couronnes
passent toutes trois par l'élément (M D) à un infiniment
petit près; en déplaçant respectivement les éléments
(M, D,)et (M, D,) sur les couronnes [, et [,, le centreI
se déplacera sur la droite I, I, et la couronne I passera
successivement par chacun des éléments infiniment voi-
sins de (M D); or, cette couronne I engendre un cou-
ronoïde puisqu'elle ne cesse de passer par l'élément
(M D) et que son centre décrit une droite, ce qui dé-
montre la proposition. Ce couronoïde sera dit {angent
au fluide considéré, l'élément de contact étant l’élé-
ment (M D); l’élément (M,D,), symétrique de (M D)
par rapport à la droite I, L,, détermine le pôle et l’axe
du couronoïde tangent.
On peut aussi dire que tout fragment infiniment
pelit d’un fluide plan est un fragment de couronoïde, et
l’on voit qu’à chaque élément (M D) d’un fluide corres-
pond un élément (M, D,) formé par le pôle et l’axe du
couronoïde tangent au fluide en (M D). Lorsque (M D)
décrit le fluide considéré, (M, D,) décrit un fluide qu’on
peut appeler fluide dérivé. Il y a réciprocité entre un
fluide et son fluide dérivé, parce qu'il y a récipro-
cité entre les éléments (M D) d’un couronoïde et l’élé-
ment (M, D,) qui définit ce couronoïde; done si un
fluide est dérivé d’un autre, réciproquement cet autre
est dérivé du premier.
Comme application de la théorie précédente, propo-
sons-nous de résoudre le problème suivant : Considé-
rons un fluide en mouvement dans un plan ; on a déter-
miné expérimentalement la direction du mouvement de
ce fluide en un certain nombre de poinis 1, 2, 3, 4,5,
DU MOUVEMENT DES CORPS. L53
ele. On demande de déterminer d'après ces données,
toutes les lignes de flux du fluide.
Ce problème peut s’énoncer ainsi : déterminer un
fluide plan contenant un certain nombre d'éléments
fluides donnés. Il s’agit de faire une interpolation
géométrique.
Soient (M D), (M, D,), (M, D,) trois des éléments
donnés (fig. 17); construisons le couronoïde (M, D,)
? (AT /
TN IMPORT
Ç2 Ve —
RNA 27
qui contient ces trois éléments et tracons les lignes de
flux de ce couronoïde, ainsi que les bases des couronnes
qui joignent deux à deux les éléments donnés. Ces
bases forment un triangle curviligne et les lignes de flux
comprises à l’intérieur de ce triangle constituent un
fragment de couronoïde, que nous appelerons le flux
relatif aux trois éléments (M D), (M, D.), (M, D,); le
45% THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
point M, est le pôle du flux relatif à ces trois éléments
et l’on peut remarquer que ce pôle est toujours situé
sur les trois côtés du triangle curviligne M M, M,. En
Fig. 18.
général, ce pôle est virtuel, c’est-à-dire qu'il ne fait
pas partie du flux relatif au triangle M, M,, M,, étant
*
DU MOUVEMENT DES CORPS. 455
situé sur le prolongement des trois côtés de ce trian-
gle ; mais il peut arriver que le pôle du flux d’un trian-
gle soit situé entre deux des sommets, dans ce cas,
le pôle est réel et fait partie du flux du triangle.
Ceci posé, pour déterminer les lignes de flux d’un
fluide, dont on connaît la direction du mouvement en
un certain nombre de points 1, 2, 3, 4, 5, etc., il suffira
de grouper ces points trois par trois et de tracer les flux
de tous les triangles ainsi formés (fig. 18). En effet;
tous ces flux se raccordent entre eux exactement, de
manière à former un fluide unique remplissant les con-
ditions demandées, car deux triangles adjacents ayant
toujours deux sommets communs, la couronne qui joint
ces deux sommets fait partie des flux de ces deux trian-
gles; le mouvement du fluide ainsi obtenu à bien la
direction voulue en chacun des points donnés 1, 2, 3,
4, 5, etc. Dans la fig. 18, les flux de tous les triangles
ont des pôles virtuels, excepté les flux des triangles
2, k, 5 et 9, 10, 11; le fluide possède donc deux
pôles réels dont l’existence et la situation n’apparais-
saient pas dans les seules données du problème ; ces
deux pôles sont de nature différente, car le mouvement
du fluide émane de l’un (pôle négatif) et converge vers
l’autre (pôle positif).
S #. Application de la même théorie au mouvement
d'une figure plane de grandeur invariable.
Dans la théorie ordinaire du mouvement d’une figure
F dans un plan, on ne fait usage que de la rotation R', :
cette rotation est en effet le mouvement type du pre-
mier ordre à un paramètre. Mais nous avons vu qu’il
456 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
existe dans le plan deux autres mouvements types,
savoir la rotation R”, et la rotation R°,, et la considé-
ration de ces deux rotations permet de développer cette
théorie.
Tout d’abord la rotation R°, jouera dans les mouve-
ments plans à deux paramêtres le même rôle que la
rotation R', dans les mouvements à un paramètre,
c'est-à-dire que {out mouvement infiniment petit de la
figure F à deux paramètres peut ètre considéré comme
une rotation R°, infiniment pelite et si l’on se donne
un certain nombre de positions F,,F,, F,, F,, etc. de
la figure F dans un mouvement quelconque à deux pa-
ramètres, on pourra déterminer par interpolation le
mouvement complet de la figure, en groupant les posi-
tions données trois par trois et en remplaçant dans cha-
que groupe le mouvement réel par une rotation R°,
comme nous l'avons fait pour les fluides.
Mais la rotation R°, peut servir aussi à l’étude des
mouvements à un paramètre; pour en comprendre le
rôle, il suffit de comparer la position d’une figure F
dans un plan à la position d’un point dans Pespace : à
tout mouvement à un paramètre de la figure F corres-
pondra une courbe dans l’espace ; en particulier, à la
rotation R', correspondra une ligne droite et à la rota-
tion R',, un cercle ; à tout mouvement à deux paramé-
tres de la figure F correspondra une surface dans l’es-
pace ; en particulier, à la rotation R°, correspondra un
plan dans l’espace. Donc, dans l’étude des mouve-
ments à un paramètre de la figure F, la rotation R',
joue le même rôle que la tangente dans l’étude d’une
courbe gauche ; la rotation R', joue le rôle du cercle
osculateur et la rotation R°,, celui du plan osculateur.
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 457
Considérons donc un mouvement quelconque à un
paramètre d’une figure plane et soit F une position de
cette figure faisant partie du mouvement; soit F,, la po-
sition infiniment voisine ; les deux figures F et F, déter-
minent une rotation R', tangente au mouvement donné,
le centre I de cette rotation est désigné habituellement
sous le nom de centre instantané, nous l’appellerons
centre instantané du premier ordre ; pour déterminer ce
centre il suffit de connaître les trajectoires de deux
points quelconques M et M' de la figure F et de tracer
en ces points les normales M I et M'I à ces trajectoires
(fig 19), soit F, la position‘de la figure, infiniment
voisine de F,; les trois figures F, F,, F, déterminent
une rotation R', osculatrice au mouvement donné. On
a vu qu'une rotation R', est produite par le roulement
d’un cercle T sur un cercle fixe T,, de même rayon;
pour déterminer la rotation R', osculatrice au mouve-
ment donné, je dis qu'il suffit de déterminer le centre
® du cercle fixe FT, et je désignerai le point æ sous le
nom de centre instantané du second ordre ; en effet,
si l’on se reporte à la figure 4 et que l’on suppose les
trois positions de la figure F infiniment voisines, les
trois centres I seront aussi infiniment voisins et deux
de ces centres se trouveront sur le cercle F,; c’est-à-
dire que, le centre instantané du second ordre étant
‘connu, le cerele FT, de la rotation R', osculatrice s’ob-
tiendra en décrivant autour de ce centre æ un cercle
passant par le centre instantané du premier ordre I.
Pour déterminer le centre & au moyen des trajectoi-
res des deux points M et M’, nous utiliserons la pro-
priété suivante de la rotation R', : lorsqu'un cerele
roule sur un cercle égal en entraïnant une figure EF,
ARCHIVES, t. XIII. — Mai 1902. 33
458 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
tout point M de cette figure décrit une trajectoire dont
la normale est la droite M I qui passe par le point de
contact I des deux cercles et si l’on projette le centre æ
du cercle fixe sur cette normale, on obtient un point w
tel que :
étant le centre de courbure de latrajectoire du point M.
Cette relation permet de déterminer facilement le
point © lorsqu'on connaît uw, ou réciproquement. En
outre cette relation sera vraie pour un mouvement
»
DU MOUVEMENT DES CORPS. 459
quelconque, & désignant alors la projection du centre
instantané du second ordre æ.
Puisque l’on connaît les trajectoires de deux points
M et M de la figure F, on connaît les normales M I et
M'I de ces trajectoires et leurs centres de courbure y
et y’ (fig. 19); la formule précédente permet donc de
construire les points correspondants w et w' et par suite
le centre instantané du second ordre ®, en élevant par
ces points des perpendiculaires aux normales. La rota-
tion R', osculatrice est ainsi complètement déterminée
et cette rotation permet de déterminer le centre de
courbure de la trajectoire d’un point quelconque N de
la figure F; on projettera le centre æ sur la droite NI
en 4 et le centre de courbure » sera donné par la for-
mule :
1
MP à
Nous ajouterons que dans tout mouvement, le cerele
des inflexions ? est tangent en [ au cercle r, et le dia-
mètre du cercle des inflexions est toujours égal à la
moitié de la distance des centres instantanés I et ®,
car lorsque le centre de courbure v' est à l'infini,
1)'— «+ et la formule précédente se réduit à Ib — 2 N'1,
EL étant la projection de‘I® et N'I la projection du dia-
mêtre [A du cercle des inflexions.
Reprenons maintenant les trois positions consécuti-
ves F, F,, F, de la figure F animée d’un mouvement
à un paramètre (fig. 19) ; ces trois positions détermi-
nent non seulement une rotation R', osculatrice mais
aussi une rotation R°, osculatrice et il résulte de ce que
nous savons sur les rotations que soit la rotation tan-
460 THÉORIE GÉOMÉTRIQUE
gente R',, soit la rotation osculatrice R', seront con-
tenues entièrement dans la rotation osculatrice R°, (de
même que la tangente et le cercle osculateur d’une
courbe gauche sont contenus dans le plan osculateur).
Si l’on construit la figure F, symétrique de la figure F
par rapport à la tangente en I au cercle T,, la rotation
osculatrice R°, se composera de toutes les figures symé-
triques de F, par rapport aux différentes droites du
plan ; cette rotation passe évidemment par F ; elle con-
tient la rotation R', tangente au mouvement puisque la
droite I T passe par le centre de cette rotation; enfin
elle contient la rotation osculatrice R',, puisque IT est
tangent au cercle T,. Ajoutons que la droite I Test aussi
tangente au lieu des centres instantanés I.
Remarque sur la composition des rotations : Comme
conséquence des propriétés de la rotation à deux para-
mètres, on peut encore indiquer une nouvelle règle de
composition des rotations de grandeur quelconque. Soit
à composer une rotation d’un angle & autour du point
À avec une rotation d’un angle B autour du point B
(fig. 20); pendant la première rotation, un point quel-
DU MOUVEMENT DES CORPS. 461
conque M décrira un arc de cercle MM’ autour du point
A et pendant la seconde rotation, ce point décrira un
arc M'M” autour du point B. Les arcs MM° et M'M” pro-
longés se coupent en un second point M,; Je dis que
le cercle passant par les trois points M M, M” détermine
complètement la rotation résultante, c’est-à-dire que le
centre C de ce cercle est le centre de la rotation résul-
tante et que la grandeur de cette rotation est exprimée
par l’arce MM” ou par l’angle au centre MCM”. En effet
la rotation R,° qui passe par les trois positions M, M',M”"
de la figure doit contenir les trois rotations R,° qui Joi-
gnent deux à deux ces trois positions, donc les trois arcs
de cercle décrits par un point quelconque M doivent
passer par un même point qui est le point singulier M,
(relatif au point M) de la rotation R,'.
On voit que deux rotations R,' qui ont une position
commune M, déterminent une rotation R,° qui contient
la résultante de ces deux rotations R,° quels que soient
les angles de ces dernières et l’on peut dire que la règle
de composition que nous venons d'indiquer constitue
une généralisation du triangle de composition des trans-
lations, car le triangle curviligne MM'M” devient recti-
ligne lorsque les centres de rotation A et B sont à l’in-
fini. Le triangle curviligne MM'M” à ceci de remarquable
que la somme de ses angles est toujours égale à deux
angles droits, car si l’on transforme ce triangle par
rayons recteurs réciproques issus du point M,, on
obtient un triangle rectiligne.
(A suivre.)
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES
Ph.-A. GUYE et Ed. MALLET
(Suite et fin.)
CHAPITRE IV
TABLEAUX NUMÉRIQUES
Dans les tableaux ci-après, nous avons consigné les
résultats de nos observations, ainsi que les constantes
et coefficients physico-chimiques que le calcul permet
d'en tirer. Les valeurs marquées du signe * sont em-
pruntées, sauf mention spéciale, à divers observateurs
déjà cités.
Le tableau I donne les valeurs observées de y. et
de { ainsi que le point d’ébullition sous H,.
Dans le tableau IT, on trouvera les valeurs de p, et
T,(en valeur absolue — t, + 273), le coefficient cri-
tique”, les valeurs des coefficients a et b de l'équation
de M. van der Waals, déduites des constantes critiques,
! Voir Archives, janvier 1902, t. XIII, p. 30; février, p. 129;
mars, p. 274.
? Voir Guye. C. r. 110, p. 141 et 1128 (1890). B1. [3] 3, p. 511.
Arch. sc. phys. et nat., Genève [3] 23, p. 197 et 27, p. 605.
A. ch. et phys. [6] 21, p. 206 et 212, et 26.
»
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES, ETC. 463
pour l’équation rapportée à la molécule gramme et
pour l’équation rapportée au volume initial unité‘.
Le tableau IT donne les valeurs relatives à l'indice
de réfraction par rapport à la raie D du sodium, c’est-à-
dire : la température à laquelle a été faite l’observation:
la densité et l’indice de réfraction à cette température,
la réfraction moléculaire calculée, à partir de l'indice
de réfraction observé, au moyen de la formule Lorentz
n° —1M
et Lorenz —————, et celle obtenue en faisant la
n° +2 d
somme des réfractions atomiques ‘; enfin, dans la der-
! Les unités sont les mêmes que celles admises par MM. Guye
et Friderich, Arch. sc. phys. et nat. !4]t. IX, p. 505 c’est-à-dire
Re ai) ES £a De AAC e
pour l’équation (» ee ) (2=0) = "RT, “soit 0 — ais
2 4 22410
et a = 27 p. b?, le système cm° atm. R — FN 82,09. Les va-
leurs des constantes 41 et b1ù rapportées au volume initial unité
sont calculees par la formule approchée donnée par ces auteurs :
mi Te \°
bi — 0,0004496 + 0,000001835 É )
? Les réfractions atomiques dont nous nous sommes servis sont
celles indiquées par M. Brühl (Ber. 28, p. 2397 à 2402) et M. Con-
rady (Ph. Ch. 3, 216) soit :
Carbone simplement lié —12,501.
Hydrogène = 051
Oxygène d’hydroxyle — 1,521
Oxygène de sarbonyle 19/2891:
Azote dans les nitriles gras — 3,056.
» » > aromatiques — 3,790.
» de NH: d° la série aromatique — 3,218.
CH:
» de N » » — 4,363.
NCH
» type — NH — 2,649.
Liaison éthylénique 440%
Chlore —15,998.
464 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
nière colonne, les réfractions moléculaires calculées
pour le rayon de longueur d’onde infinie.
Le tableau [V donne le coefficient de viscosité(=kd0)'
la température { à laquelle les mesures ont été faites,
le temps d'écoulement 0 en secondes et la densité d à
la température indiquée.
Dans le tableau V, on a réuni :
a) Les valeurs des rapports de la réfraction molécu-
laire (relative à la raie D et à À — ) au coefficient
critique. On sait que, pour les corps non polymérisés
ou non décomposés au point critique, ce rapport est
voisin de 4,8 lorsque les réfractions sont calculées
avec l'indice de longueur d'onde infinie, et de 4,9 à
2,0, avec l’indice relatif à la raie D*.
b) Les valeurs du coefficient f — log pe nu PT
Te-T>
calculées au moyen des données critiques T, et p. et
des données relatives au point d'ébullition à la pres-
sion ordinaire T, et p, empruntées au tableau I. Pour
les liquides normaux, c’est-à-dire conservant le même
degré de complexité moléculaire entre les températu-
rest, et &, ce rapport est voisin de 3,1°, les pres-
sions étant exprimées en atmosphères.
c) Les valeurs des rapports entre la température cri-
tique et la température d’ébullition sous la pression
€
rl
ue TenpE 2 48 ta
ordinaire Ti. généralement voisins de 1,5°.
e
! Le coefficient k, constante de l’appareil — 0,000038223 aux
environs de 20°.
? Guye, loc. cit.
$ Guye. Arch. sc. ph. et nat. [3] 31, p. 38, 164.
# Guldberg. Ph. Ch. 5, p. 374. — Guye. BI. [3] 4, p. 262.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 465
d) les différences T, — T, qui, d’après Pawlewski',
devraient être constantes pour une même série, mais
ne le sont cependant pas rigoureusement.
Dans le tableau VI, on a réuni les valeurs de la den-
sité critique (D,) calculée par la règle de M. Mathias,
soit en adoptant pour celles-ci des valeurs égales au
tiers des densités (d, ), à basse température (f). En
regard de ces valeurs, on a inscrit les poids moléculai-
res (M) et les densités théoriques (D), calculées d’après
les lois de Mariotte, Gay-Lussac et Avogadro, et enfin
ie
e rapport —-
poor
Nous croyons bien faire d'ajouter que les valeurs
Deer re
de D, et Et ainsi obtenues ne peuvent avoir la préci-
sion de celles qui résultent des déterminations par la
méthode du diamètre (Cailletet et Mathias). Nous pen-
sons néanmoins que l’erreur absolue ne dépasse pas en
moyenne */,,,; &esf la conclusion qui résulte d’études
numériques, encore inédites, faites dans ce laboratoire.
Le tableau VII contient les valeurs de la constante K
proposée par M"° K. Meyer dans son mémoire : « Ueber
korrespondierende Zustände der Stofte » (Ph. Ch.,
XXXII, 1) sur l'étude des conditions de correspondance
des fluides. On verra plus loin que cette constante a
été calculée de deux facons différentes donnant les
valeurs K, et K,, en général assez concordantes. En
regard des valeurs numériques de K, et K,, on a ins-
crit les températures critiques absolues et les diffé-
rences Te —kK;,et T, — K..
Dans le tableau VIIT on à inscrit les valeurs de
‘ Pawlewski. B. 15, 1882, p. 2462.
466 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
t et p. calculées par voie indirecte et comparées aux
valeurs expérimentales. On indiquera plus loin le mode
de calcul et la signification des lettres inscrites au haut
de chacune des colonnes de ce tableau.
TABLEAU I.
Corps. pe lc te sous Ho (mms de mercure)
. atm. 0 0
1'IDUÉÈNE. Re Leo 28,6 402,5| *190 sous 760.0 :
2 Hexaméthylbenzène.. — 1=-478,0| *260 sous 760,0 !
3 Diphénylméthane .... 28,2 |} *497,0| *261— 962 sous 760.0 ?
k Biphényle.…......... 31,8 495,6! *25% sous 762,0 *
DANADITAIIRE 2... 39,2 468,2| *218 sous: 7530
AAC EC: LHERARI.E 41,95, 368,5, “151.0 sous 721,0
7. Phénétol 41. HA 1007! 33,8 374.0| 168,4 — 168,6 sous 731,6
DITECRÉSOL agua hors de 45,0 432.0] 199,9 const. sous ÉTÉ 8
9'Anilinel As yee Musdie 92.4 425,8! 181,0 — 181,1 sous 731,0
LOS QUE NE 529 495,5! 180.6 —- 180,7 sous 728.2
11 Diméthylaniline A.... 35,6 414,7| 190.3 — 190.4 sous 714,4
12 » B: :45,36,0 414,2! 190.1 const. sous 723,7
13 Diméthyl- O- -toluidine À 30,8 394,8, 182,0 — 182,2 sous 718,4
14 » B — — 182,1 — 182,3 sous 718,6
15 -Pipéridine:.ss ntfs de 45,9 —- 104,0 — 104,4 sous 729,3
1A6"Acétonitnile . . . ...... 47,7 270,2 79,6 const. sous 718
17 Propionitrile. 7. 41,3 285,7| 95.0 — 95,2 sous 722,8
18 Butyronitrile..…....... 37.4 | 309,1! *115,4 — 115,6 sous 739,0
19 Capronitrile ...:..... 32,15, 348,8) 154.4 — 154,6 sous 718,4
20 Benzonitrile ......... 44,6 426,2! 187.6 const. sous 727,1
91 Ac. propicnique A...., — | 326,8, *140,8 — 141,3 sous 760,8 5
99 ; et eh nu" | 140.8 — 141,3 sous 760,8
23 Chloroformiate d’éthyle| ! 91.3 — 91,35 sous 729,6
ot C2 æ ts _.
Ador, Rilliet. B. 12 331.
Zincke À 159.
Schultz À. 174.
Crafts Bl. 39 282.
Schiff, À 234 323.
»
OC > CO pO bem
) Pipéridine
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
BUFÉTIGE EN. BE LC,
Hexamèéthylbenzène ..
Diphénylméthane
Biphényle
Naphtaline
….....
Satis e cie ‘es ©) 6 .e
dan Uine °fs1otlp |
“utero ler iele D ielels Vs
Aniline A
» B
Moretore plele ere’ = 'e eli|
seller ete |
Diméthyl- o-toluidine A.
»
satsle m5 e c)0/elel.e
Acétoatiriler: "15.
Propionitrile..........|
Butyronirile...". =... |
CADEOMEPUE. 0... |
Benzonitrile |
see) ere
AC. DPRPPnRaUE A
TEE
Chlorofor miate d'éthyle.|
.L>7540! —
TABLEAU II
Pare 22
|
675,5128,6
*770.0 28,2
768,6 318
741,9 39.2
19,32
19.09
11, gg)
13,53
15. 56
15 19,34
©OE
Æ
Ce
©
©
Lo9
621,
699,2
î
_ © œ = STRO
509,8
15,85
A4
5,0: |15,67|
13,34
1336
21,68
|
|
|
16,81
467
Volume
initial unité
form. empirique
|
le. -—
| 4.
Las 40 | x 10 laxlO |
23,62 1046
27 30 1419
124,17 122%
18,89
886,6
615,8
785.6
6829) 7
566,0
566,7
844,2 9
832,2 9!
036,3.
369,9
459.6
559.0
764,1
739,7
116, L |45,36
136,3
Cm* atmosph.
R=—82,09
___—
b
a Lan...
4 | —6!
249 4
IC
38,25 224,1
119,4 5281 248,0
91,49 139, 79,193,8
74, 26 28, 33 139,6
pe. 78 35.20 196,4
2.97,31.41 160.8
63.25 26,91 eu
63,35 26,54 137,1
93,72! 37. 78 198.2
92,53 37,30 195,9
106,1 41,15 222,5
D3. 59 17,59 116,9
64. 20 21.49 138,8
74.40125.74 159,7
93.82 34,19 198,5
80,77,133,42 172,5
468 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
TABLEAU III.
ra + raie D |raie D
Cet | : | de | 7? |RMobs.|RMcalo
LADORenE PR ES Liver. Le CL 81.3 0,8380 *1,4833 *45,69! 44,85
2 Hexaméthylbenzène!.| — — — |*55,03| 54,05
3 Diphénylméthane’....)*131,1/*0,9181/*1,5252) *56,09! 55,36
MARIDHENyIe Leurs * 73,0,*0,9919,*1,5896 | *52,37| 50,76
BeNaphtalinefs..4i24 0 * 98,4,*0,9621,*1,5823|*44,42| 41,95
OPANISDL 2 ANAMRNRNUER, | 20,6! 0,9918, 1,5173| 32,95| 32,56
HAPHÉNÉTOIN RE: ce on L 21,0! 0,9657| 1,5076| 37,63] 37,16.
B'IMÉCrÉSOM AC. ALIC. A * 43,6/"1,0350,*1,5418|*32,83| 32,56
DPAUNIENTEVAC EL. Emo. LU 22,0, 1,0184! 1,5848| 30,60! 30,70
10 -» ERA SAT 22 2| 1,0182| 1,5849| 30,61! 30,70
11 Diméthylaniline A.. 23,0! 0,9537| 1,5565| 40,81| 41,05
12 » B. 23,6! 0,9532) 15564! 40,83! 41,05
13 Diméthyl-0- -toluidine A 23,0! 0,9255| 1,5248| 44 58, 45,66
14 » B, 24,92) 0,9245| 1,5242| 44,70! 45,66
15 Pipéridine.......4...… 20,7| 0,8602 1,4530) 26, 74 | 26,7 12)
|
10 Acétonitrile. 22:00. 23,6! 0,7785| 1,3417| 11,09) 14,21
17 /Propionitrile:...." 2291 24,6! 0,7765| 1,3640! 15.79] 15,81
18 Butyronitrile......... 24,0! 0,7872| 1,3817| 20,38, 20,42
19: Capronitrile ...:..4... 22,21 0,7990! 1,4048| 29,741 29,61
20tBenzbnitrile. (4e. 40 23,0! 1,0016! 15272) 31,63) 31,67
21 Ac. LENS 21,4! 0,9926! 1,3865) 17,53) 17,62
92 B. 21,9, 0,9920 1,3859 17,52] 17,62
23 Coton iate d éthyle 21,21 1,1334 1.3949 22,941 29,73
et
* À—=5o
R'Mobs
43.88
53,10
33.55
49 44
41.89
3154:
3616:
SINTE
28,97 !
28,97 !
38,68 *
42,80 ?
17,20:
17,20
22,29 !
! Eijkmann. R. 12 p. 157 et 268. Les valeurs de R'M pour l’'Hexaméthyl-
benzène et le Butyronitrile sont calculées par pentaméthylbenzène et le pro-
pionitrile+-1CH.
? Calculés par la formule de Cauchy à partir des valeurs de Brühl pour Hz
Nap (Ph. Ch. 16 p. 217).
3 Nasini G. 15 p. 84.
4 Calculé d’après les cœfficients atomiques (Brühl À. 235 p. 35).
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
TABLEAU IV.
Corps. l
Dauréne tes. 0.2. LA —
Hexaméthylbenzène ....) —
Diphénylméthane ...... A
Brpnényie Lt. ..#4.8 er | |
Napianiner .{. seu |
LR ER NNENERT 29,3
Phénétole 432194. tu: 23,4
MÉCTÉSODS 4. 2. 450 -Rt 24,1
ANNE ARTE. UT 22,6
OS 9 PU IT EP e 24,1
Diméthylaniline A...... 21,5]
» Berre 23,6!
Diméthyl-o-toluidine A..!22,6
» B..| —
EN TONNERRE 19,6
ACÉLONHEMeS. 2.0.4 23,1
Éropionmirile: 21..." 21,0
Butyronitrile... ‘4.2.1 22,3
L'ENTIRITOUN | CRNRENEPRORERSS 22,0
Benzonitrile ........... 20,9
Ke. BÉRRnque Asnyere 23,2
HSE —
Bnerottminte d’éthyle.|21,1
274,4 09903
3183 09634
246.7 10329
1040,71,0179
990.9 10166
375,8 0.,9549
363,4 0.9532
420.9 0,0258
471,7 08619 |
116,4 0,7790
143. l 0, 7801
189, 6 0. 7888
308,2 2 0! 7992
343,2 L ,0035
285,5 0 9905
|
469
0,01039
0,01 172
016767
0,04049
0,03850
0,01372
0,01324
001489
0, 01554
0.00347
0,00427
.0,00572
0.009492
0,01316
:0,01081
193 91 13355 0 005455
470 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
TABLEAU V.
EM, RM | |
Corps. Ke Ke nas if Te = Te
(Raie D) | (4:=c) | Te |
LR re on 193| 186 | 146317) 2125
2 Hexaméthylbenzène.. ...| —| — [14 — 218
3 Biphénylméthane....... 12,05! 196 | 1,4413,29) 235,5
&DiDhényle tee ee 2,47] 2,05 | 1,4613,27| 242
5 Näphtaline,s +." re MEME 12,35) 2,22 1,51,3,43| 250
ie US 0 AÉRIENNE. 12,42! 2,03 1511349! 2175
rehénelol 5. ACER OT) 1,47,13,32| 205,5
Fe 5 OO ea PAL MP 12,10! 2,01 1,4913,40| 232
eu M NL EE RP RU 2,29| 2,17 1,5413,22!) 245
3 LE a) LE en PERNES AONQRS A 2,29| 2,17 1,5413,22| 245
11 Diméthylaniline A...... 2,41] 2,00 1,4813,26| 224
12 y be rl à MAUHAE 2,14! 2,03 1,48,3,26| 224
13 Diméthyl-o-toluidine A../2,06 1,97 1,4713,24| 213
14 » B. —, — — |— , —
AO PPIDONMNNE RER ae | — — |— | —
1024 r6toniinile js 76 10,97, 0,95 1,5413,15| 191
1TSPTODIONnIANTES LS ee (1,471 4,14 15213,16| 191
1SÉBHNTONIENNE Es ner 1,31! 1,28 | 1,50/3,17| 194
1OMCADrONILQEN RARE 1,54! 1,50 1,4613,37| 19,4
20 Benzonitrile.:..........1"1,88| 1,79 1,5213,16| 239
21 Ac. propionique A...... — | — L45 4,00) 186
22 » LL PSP æ— |. = — -
23 Chloroformiate d’éthyle..! — | — — let —
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
TABLEAU VI.
:orps M |; NI ne
Corps. : t | dt De ) | D
| |
dBurénes.:s. 0x. (0, 81, ‘al 0. 838 0,280 134,1 n 0686 4,09
2 Hexaméthylbenzène.... _ | Era:
3 Diphénylméthane ...... 131. A 0. 918 0,306/168,1 0, 0750 L, .08
4 Biphényle:.. "1... 73,0 0.992 0,331 154.1 0.0777 4,26
B'Naphtaline 1.117. 5.1, 98,4 0,962 0. 321 128,1 0. 0826 3.88
2 ATEN) LM 20,6 0,992 0.331 108,1,0,0847 3,91
HMPMENÉLOL. 5. Len 21,0 10,96610,322 122,1 0,0777,4, F
nEcres0l 1.0... 14,3 1.038 0,346 108.1 0,0840 4
LAN RER | 22.0 4,018 0.340) 93.1 PTE
Le CT MR ET TNR 22,211,018:0,340| 93,1 0,0849 4.01
11 Dimétylaniline A ...... 23.0 0.954 0,318 121,1 0,0764 4, 16
12 » Pen: 4° 18 23,6 0,953 0,318. 121,1 0, 0772 4,11
13 Dimétyl-o-toluidine A...! 23,0 0,926 0,309 135.10 0759 4.08
14 » B 24,2 0,925 0,309 135,1 — | —
PPipériqine..:.l..".1,... : 20,7 0,86010,287 84,1! — PE
M Akétonitrile. (42. :.,14 | 23,6 0,779 0,260! 41,0 0,0439 5,93
PPropionitrile .:.F1:...!. 24,6:0.777 0,259: 55,010,0496 5,22
48 Butyronitrile .......... 24,0 0,787,0,263, 69,1,0,0541 4.86
19 Capronitrile ...........| 22,2,0,799,0,267, 97,110,0598 4,46
2DNÉenzonitrile*:...."!.... | 23,0 1,002 0,334 103,0 0,0746 4,48
21 Ac. propionique A... | 21%/0,993/0,331| 740| — | —
29 » Bai 21,910,99210,331! 74,0! — | —
23 Chloroformiate d’éthyle.l 21,211,43310,3781108.5! — | —
S
=
19
TABLEAU VII
CORPS Te
1Durène: 0:t.3ft: cage 675,5
2. Hexaméthylbeuzène... | —
3. Diphénylméthane ..... 770,0
L1Biphényle.L 2533. EeR Rs 768,6
o#Naphtalinet ui EEE 141,2
GANISOL ES 6 bee Le 641.5
HAPNOREl AIS 2 ae st 647.0
BOMECHeSOIE ET 3. Eee 105,0
SÉAnine AL... due 698,8
10. Nu ROMA ET A | 698.5
11. Diméthylaniline A..... 687.7)
12. » 11 SNA 687.2
13. Diméthyl-o-toluidine A. | 667,8
14. » B. —
DS APIDÉTINERAMAILTE EL | —
16. Acétonirilé . 2:02. 543,2
\1*Propimmitrilel 040444 598,7
18. Butyronitrile ......... 582,1
19:1Capromitrile 2er 60517 621,8
20::Benzonitrile : 2. .%4%:14 699,2
21. Ac. propionique A..... | 599,8
22:11» » Be À,
23. Chloroformiate d’éthyle | —
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
K,:| K, (TK
| |
640,0) 642,0) + 35,5 | L 33,5
744,5) 740,6) + 58,5 | 59,4
714,9) 745,8| L 53,7 | L 52,8
71122] 740,5| — 30,0 | 2 30,7
607,5| 608,0! + 34,0 | L 33,5
506.5! 593,4| L 50.5 | L 53.6
640,0! 637,7| + 65.0 | L 67.3
659,5] 660,4| 39,3 | L 38,4
658,6! 660,4, + 39.9 | L 384
641.8! 638,5, L 25.9 | L 499
641.8) 638.5) L 48.4 | L 487
626,5| 624.3) + 41.3 | L 433
520,4! 518,2! + 22,8 | | 95,0
533,5| 584,0) L 25,2 | L 947
553.5 552,2 -L 98.6 | L 299
564.8! 563,8) L 57,0 | L 58.0
667,6] 668,2) + 34,6 | 31.0
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES.
TABLEAU VIII
| te obs. |
47
te Cale. LPe OÙS. |Pe: Cale. |pecale. |Extra-polatur,
atm.
28,5
NO © CO Où: Or
© D D el =I
19 © Q O6 Or
DOS ——>
| ER
Le]
|
1O
(=
ES RO:
+ —>
++
++
LS NN
CN
HE
CORPS
| : & atm.
LE Durénest M SMF. se 409,5128,6
2. Hexaméthylbenzène.. | | —
3. Diphénylméthane . ..…. 5 197. .0| 525,6128,2
ÉBiphényie ss". ....:.. | 495,6! 518.8131.8
D Naphialmess .:2° 216,0 | 168,2! 456,5 39,2
DA OR...... 2... ... | 368.5] 364,9141.,95
HPAPhéneétol.22, 01... 374,0! 362,6133,8
DEC TPSOl M. 0. : 432,0! 458.2145.0
A PANTNe ATLAS. LU CU 425,8| 542,7152,4
10. De 1: € PRE 425,5! 542,7152,3 |
11. Diméthylaniline A..... | 414,1] 404,3135,6 |
12. » B..... | 414,2] 401,3136,0 |
13. Diméthyl-o-toluidine A. | 394,8) 374,0)30.8
14. » B.| — — |—
A Pipéridine 221: 1: — — 1499 |
46. Acétonitrile........... 270,2! 285,2147.7
APropionitrile,:.;.. 1. 285,1! 318,7|41,3
48. Butyronitrile ......... 309,1 SE 31,4
19 Capromirilé. 2%. 0: 348,8! 2,15)
20. Benzonitrile.....:.... 426,2) 320, 41416
24. e DESCRRNE A ALES À: 326,8) — |—
22. D: — — |—
23. D niste d' éthyle — = ie
ARCHIVES, t. XIII — Mai 1902.
34
47! RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
CHAPITRE V
DISCUSSION DES RÉSULTATS
En parcourant les données réunies dans les tableaux
qui précèdent et en les rapprochant de diverses obser-
vations présentées dans le premier chapitre de ce mé-
moire, on est conduit à formuler les quelques conclu-
sions générales suivantes :
I. Stabilité des corps à l'élat critique.
Les mesures de constantes critiques consignées dans
ce mémoire et les essais preliminaires de M. Radice
ont porté sur une quarantaine de composés organiques
réputés parmi les plus stables. Sur ce nombre, la moitié
environ a donné lieu à des signes manifestes de décom-
position à des températures inférieures aux tempéra-
tures critiques ; sur vingt-quatre d’entre eux seulement
on a pu effectuer des mesures de constantes critiques.
Mais, parmi ceux-ci, il n’y en a qu’un très petit nom-
bre qui ne soient pas altérés lorsqu'on les expose à
l’action prolongée d’une température voisine de la
température critique. Des divers corps que nous avons
étudiés, seuls des composés comme la naphtaline, le
biphényle, l’acétonitrile, le butyronitrile paraissent se
maintenir identiques à eux-mêmes lorsqu'on les sou-
met à cette épreuve.
De là résulte, qu'il faut admettre aujourd’hui comme
un fait bien démontré, que les liquides organiques sus-
ceptibles d’être amenés jusqu’au point critique sans
subir d’altération sont très rares; que ceux qui rem-
plissent cette condition constituent plutôt des excep-
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 75
tions et que, dans la plupart des cas, on peut admettre
a priori qu'un liquide organique n’est généralement
pas stable jusqu’au point critique.
Lorsque la détermination expérimentale des cons-
tantes critiques est possible, et en supposant, bien
entendu, que les corps à étudier sont aussi purs que
possible, il faudra, par conséquent, attacher de l’im-
portance aux points suivants :
1° Toutes choses égales d’ailleurs, les observations
faites par des méthodes rapides ont plus de chances de
donner des résultats exacts que celles qui obligent à
maintenir pendant un temps prolongé les liquides en
expérience à une température voisine de la tempéra-
ture critique. À cet égard, le procédé de M. Altschul
pour la mesure des pressions critiques nous paraît pré-
senter une grande précision ; il est désirable qu'il soit
employé plus fréquemment.
2° Lorsqu'un corps présente des signes de décom-
position au point critique — ce dont il est facile de
s'assurer en répétant après un certain temps de chauffe
les mesures de constantes critiques — ce sont généra-
lement les premières observations qu'il faut prendre
comme étant les plus voisines des valeurs exactes.
Les constatations précédentes nous amènent égale-
ment à conclure que les méthodes indirectes pour la
détermination des constantes critiques joueront dans
l'avenir un rôle beaucoup plus considérable que celui
qu’on leur à attribué jusqu'à présent, puisque dans la
très grande majorité des cas, elles permettront seules
de déterminer des valeurs des éléments critiques. Bien
loin d’être laissées dans l'ombre, ces méthodes doivent
donc être perfectionnées et précisées, si l’on veut faire
476 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
progresser la théorie générale des fluides pour laquelle
la connaissance des éléments critiques a une si grande
importance.
IT. Complexilé moléculaire.
Si l’on ne considère que les liquides susceptibles de
se prêter aux mesures de constantes critiques résumées
dans les tableaux précédents, celles-ci peuvent servir
de critérium pour juger de leur complexité moléculaire
soit à l’état critique, soit dans l'intervalle de température
compris entre le point d’ébullition et le point critique.
En ce qui concerne d’abord l’état critique, les valeurs
numériques des rapports tin et Li
Ke Ke
fournissent des indications fort utiles :
1° Le groupe des hydrocarbures (1 à 5) conduit à
des valeurs comprises entre 1,93 et 2,35 pour la raie
D et entre 1,86 et 2,22 pour À — c. Bien que des
contrôles récents" aient montré que ces rapports ne
conservent pas une valeur unique, ceux obtenus pour
les corps 4 à 5 ne laissent aucun doute sur la grandeur
des poids moléculaires à l’état critique; ceux-ci corres-
pondent aux valeurs qui se déduisent des formules
usuelles de ces hydrocarbures.
2° Dans le groupe des composés aromatiques oxygé-
nés et azotés, (6 à 14) les valeurs de ces rapports
oscillent entre 1,97 et 2,29 pour la raie D et entre
1,89 et 2,17 pour À — ce.
Ces nombres dépassent un peu la valeur moyenne 1,8
(À — ©) donnée par la théorie”, probablement à
(tableau V)
1 Guye et Démolis. Inédit.
2? Heiïlborn, Ann. ch. (1891). Voir une reproduction de cette
démonstration. Guye. Thèse. Paris (1891), p. 111. |
1
=
Î
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 47
cause de la dispersion un peu plus élevée des compo-
sés aromatiques oxygénés ou azotés; ce qui, vu l’insuf-
fisance de toutes les formules de dispersion conduit à
des valeurs de MR (pour À — +) un peu trop fortes.
Les écarts sont cependant du même ordre que ceux
observés pour le benzène et le chlorobenzène, dont la
complexité moléculaire simple, au point critique, ne
peut être mise en doute. Comme Îles corps polymérisés
à l’état critique conduisent à des valeurs du rapport
MR
Ke
clure que les dérivés du phénol et de laniline que
nous avons étudiés, doivent être considérés comme for-
més essentiellement de molécules simples à létat cri-
tique. Il n’en est pas de mème du groupe des nitriles
(16 à 20); les valeurs trop faibles fournies par les nitri-
les aliphatiques (0,97 à 1,54 pour la raie D et 0,95 à
1,50 pour À —) démontrent que ceux-ci sont encore
polymérisés à l’état critique, et que les premiers ter-
mes de la série le sont davantage que ceux qui les sui-
vent. Le même fait a été déjà observé pour le groupe
formé par les alcools méthylique, éthylique et propy-
lique. Les valeurs 1,88 et 1,79 obtenues pour le ben-
zonitrile, un peu faibles pour un composé aussi dis-
persif qu'un nitrile aromatique permettent de supposer
que ce composé est encore partiellement polymérisé à
l’état critique, quoique très faiblement. Les conclusions
que nous venons de développer pour les trois groupes
de corps sur lesquels ont porté nos recherches sont
confirmées par l'inspection des nombres consignés au
tableau VI pour les valeurs du rapport D, ; D : les car-
bures et composés aromatiques oxygénés et azotés con-
plutôt trop faibles, on est donc en droit de con-
478 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
duisent à des valeurs assez rapprochées du coefficient
3,9 trouvé jusqu’à présent pour les corps à molécules
complexes”, les nitriles au contraire, et surtout les ni-
triles aliphatiques fournissent des valeurs comprises
entre 4,4 et 5,9 qui accusent nettement une polyméri-
sation plus ou moins accentuée à l’état critique.
Si l’on considère, en second lieu, ce qui se passe
dans l'intervalle de température compris entre le point
d’ébullition et le point critique, il convient de rappeler
tout d’abord les divers cas qui peuvent se présenter :
1° La complexité moléculaire reste normale dans
cet intervalle de température, aussi bien pour la phase
liquide, que pour la phase vapeur saturée; les pre-
miers termes des hydrocarbures aliphatiques et aroma-
! D’après une revision de M. S. Young (Phil. Magaz., sept.
1900, p. 303), les plus fortes valeurs observées pour des liquides
normaux sont :
De D
Formiate de méthyle ......... 3,926
Acétate le propylech 71.270008 3,934
Acétate de méthyle........... 3,942
Acétate d’éthyle ..::........: 3,944
D'autre part, M. D. Berthelot (Soc. phys. 7 juin 1901) a fait
observer que le rapport Dc : D paraît être une fonction de la com-
plexité moléculaire, comme le rapport des chaleurs spécifiques ; la
quantité De : D tendrait vers une limite voisine de 4 à mesure que
la complexité moléculaire augmente, en même temps que le rapport
Cp : Ce tend alors vers l’unité. La valeur théorique 2,67 du rap-
port De : D ne s’appliquerait qu'aux corps à molécules monoatomi-
ques (Argon, par exemple) de même que le rapport Cp : Co = 1,67
n’est exact qu'avec les gaz monoatomiques.
Il ne serait pas impossible enfin que les valeurs de De calculées
et insérées dans le tableau VI fussent toutes un peu trop fortes
On sait que la règle du « tiers de la densité » conduit à des ré-
sultats tantôt trop forts, tantôt trop faibles, sans qu’il soit possi-
ble de prévoir ke sens des écarts.
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 479
tiques satisfont à cette condition ‘. Dans ce cas, le rap-
port est voisin de 1,8 le rapport ee voisin de 3,9
et la valeur de f — Bree MER, T, voisine de 3,1.
2° Le fluide est polymérisé dans la phase liquide et
à peu près dépolymérisé dans la phase vapeur saturée.
Les premiers termes des alcools saturés rentrent dans
cette catégorie ; leurs densités de vapeur saturée sont
alors à peu près normales ; leurs constantes capillaires
accusent une polymérisation notable dans la phase
liquide, qui va s’affaiblissant à mesure que la tempéra-
ture s'élève et qui, toutes choses égales d’ailleurs, est
en général d'autant moins accentuée que l’on considère
les termes plus élevés dans la série. (Sauf pour l'alcool
méthylique, la polymérisation est à peu près nulle au
point critique). Cette anomalie conduit à des valeurs
He log pe —10g p
Te — Te
à 3,1 ou, ce qui revient au même, les courbes de ten-
sions de vapeur des fluides de cette seconde catégorie
intersectent celles des liquides normaux non polyméri-
sés où du moins conservant le même degré de com-
plexité moléculaire dans tout l’état liquide.
3 Le fluide est polymérisé dans la phase liquide et
dans la phase vapeur. L’acide acétique était, jusqu’à
présent le seul exemple connu de ce genre; les densi-
tés de vapeur saturée et les constantes capillaires accu-
sent toutes deux, la présence dans les deux phases de
molécules complexes, probablement de grandeur
(C,H,0,),. Cet état persiste jusqu’au point critique,
avec une tendance plus ou moins marquée à la dépo-
T, généralement supérieures
! Guye, B1: (3). 13, p. 34.
480 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
iymérisation à mesure que l’on se rapproche de la
température critique. Cependant, même à cette tem-
MR
Ke
— 5,0 indiquent nettement que l’acide acéti-
pérature, le rapport — 0,80, ainsi que le rap-
c
D
que est encore polymérisé, au moins partiellement.
Pour les corps appartenant à ce troisième groupe, on
trouvera donc une valeur normale de f, c’est-à-dire
voisine de 3,1, si le fluide conserve dans tout l’inter-
valle de température le même degré de polymérisation
et une valeur un peu supérieure à 3,1, s’il subit à me-
sure que la température s'élève, une dépolymérisation
partielle, mais non totale. D'autre part, les rapports
D, : Det MR : K, seront, le premier notablement supé-
rieur à 4, et le second inférieur à 1,8.
En résumé, les caractéristiques des trois cas typiques
sont les suivantes :
14® cas. — Fluide de complexité moléculaire nor-
male, dans les deux phases, entre le point d’ébullition
et.la température critique.
Caractéristiques : MR : K, voisin de 1,8. — D, : D
voisin de 3,9. — fvoisin de 3,1.
2% cas. — Fluide polymérisé dans la phase liquide
à basse température, dépolymérisé dans la phase va-
peur et dépolymérisé à l’état critique.
Caractéristiques : MR : K, voisin de 1,8. — D, : D
voisin de 3,9. — f supérieur à 3,1.
3" cas. — Fluide polymérisé dans les deux phases
jusqu’à l’état critique, avec faible dépolymérisation sous
cet état.
Caractéristiques : MR : K, inférieur à 1,8. — D, : D
supérieur à 3,9 — f voisin de 3,1.
port
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 481
Cela posé, si lon considère les valeurs de f cousi-
gnées au tableau V, on en conclut d’abord que les
hydrocarbures (1 à 5) appartiennent, sans aucun doute,
au premier groupe ci-dessus, des liquides normaux.
Les valeurs de f, fournies par le groupe des com-
posés aromatiques oxygénés et azotés dépassent un peu
la moyenne ; cependant on trouve parmi les observa-
tions antérieures ‘, plusieurs corps normaux condui-
sant à des valeurs égales à 3,2 et exceptionnellement à
3,3 (décane). On peut donc considérer ces liquides
comme normaux entre le point d’ébullition et la tempé-
rature critique, bien que l’on sache que l’aniline est
faiblement polymérisée à basse température (en des-
sous de son point d’ébullition) d’après les valeurs de
ses constantes capillaires”.
Seul, le métacrésol conduit à une valeur plus forte,
de 3,40, qui ne doit nullement surprendre, si l’on se
reporte au fait déjà établi que ce corps est partielle-
ment polymérisé à l’état liquide, à des températures
voisines de son point d’ébullition. La valeur de { — 3,4
prouve qu'il se dépolymérise lorsque la température
s'élève ; cette dépolymérisation doit être complète au
d He M
point critique, le rapport —
r
(2
étant égal à 2,01 pour
À —.<.
Quant au groupe des nitriles, il est particulièrement
intéressant, attendu que les recherches de MM. Dutoit
et Friderich, déjà citées, sur les constantes capillaires
1 Guye, Arch. se. phys. et nat. (3) 31, p. 164. Bl; (5)'15,
p. 38.
? Dutoit et Friderich, Arch. sc. phys. et nat.,t. IX, no 2, 114.
* Guye et Baud, Arch. sc. phys. et nat., XI, 1901.
482 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
de ces corps ont montré qu’à l’état liquide ils sont cer-
tainement polymérisés ”.
Les trois premiers nitriles aliphatiques et le benzoni-
trile conduisent à des valeurs normales de /, comprises
entre 3,15 et 3,17. C’est la preuve qu'entre la tempé-
rature d’ébullition et le point critique, ils conservent à
peu près le même degré de polymérisation. Le capro-
nitrile avec f— 3,37 est celui qui se dépolymérise le
plus, entre le point d’ébullition et le point critique ;
cela résulte aussi de la comparaison des valeurs du
rapport MR : K, et du rapport D, : D.
Les considérations que nous venons de développer
nous ont donc permis de distinguer nettement les corps
normaux de ceux qui présentent des phénomènes de
dépolymérisation, soit dans la phase liquide, soit dans
la phase vapeur.
Comme l’équation caractéristique des fluides ne s’ap-
plique en toute rigueur qu'aux liquides normaux, et que
les autres liquides doivent être envisagés comme des
mélanges et traités par des formules beaucoup plus
compliquées — établies ces dernières années par
M. van der Waals pour ces cas complexes, — on recon-
naîtra que la possiblité de faire facilement cette distinc-
tion a, pour les applications, une grande importance.
Nous nous proposons de donner dans un mémoire
ultérieur quelques développements numériques à l’ap-
pui de cette thèse.
! Il convient cependant de noter que les chaleurs latentes de
vaporisation des nitriles suivent la règle empirique de Trouton,
d’après les mesures récentes de M. Louguinine (Arch. des sc. phys.
et nat. [4], t. IX, p. 5).
*
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 483
III. Constantes de correspondance.
Dans un remarquable mémoire, M" K. Meyer Bjer-
rum' à établi, indépendamment de toute hypothèse,
que les écarts des lois des états correspondants devien-
nent nuls, lorsqu'on compare tous les corps à un
liquide choisi comme type, le fluorobenzène, en ayant
soin de faire cette comparaison, d’une part, à partir
de la température critique, et, d'autre part, à partir
d’une température située à K degrés en dessous de la
température critique absolue du corps considéré ; K
étant un nombre variable d’un corps à l’autre.
Nous avons jugé utile de calculer les valeurs de cette
constante K, ce que nous avons fait de deux manières
différentes :
1° Graphiquement, d’après une courbe que nous
avons tracée en prenant pour coordonnées les va-
Te—T à
leurs de TR données par M" Meyer et celles de
P_ correspondantes. (Table II, p. 186-187 du mé-
(4
moire danois). (Ph. Ch., table 2).
; à Te—T
2° Par interpolation des valeurs de Eee
Pe we P : : À me
——— correspondantes données par M"° Meyer (Ta-
(3
pour
ble, p.193 et ss., Mém. danois).
T, — température critique observée en ‘ absolus.
T — température d’ébullition observée en absolus
sous la pression P.
1 K. Meyer, Z. f. ph. Ch., XXXII, 1. Cf. Mém. Acad. roy. se. et
lettr. de Danemark. Copenhague, 6% série, section sciences,
De Lx n°3:
484 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
P, — pression critique observée.
Les valeurs obtenues par ces deux modes de procéder
sont réunies au tableau VIT; on remarquera qu'elles
sont en général assez concordantes ; le plus grand
écart est de 3,3 et la moyenne des écarts en valeur
absolue ne dépasse pas 1”,6.
Une des applications les plus intéressantes que com-
portent ces valeurs de K réside dans le calcul des tem-
pératures d’ébullition d’un liquide sous diverses pres-
sions. Nous l’avons effectué à titre d’exemple pour l’un
d’entre eux, la naphtaline.
En utilisant les valeurs des coefficients numériques
consignés au tableau 2 du mémoire de M Meyer (Z. f.
ph. Ch., loc. cit., p. 186-187) on en déduit très faci-
lement les valeurs des températures d’ébullition sous
les pressions indiquées. Ce calcul a été effectué sur les
valeurs K, et K, définies plus haut à propos du tableau
VII, ce qui conduit à deux séries de valeurs de T, soit
T,et T,. On trouve ainsi :
) | |
Le | D. (2/m Hg) 123 1 T (moyenne)
De
RER vu, OR E OE RRRS
0.002949 87,856 | 416.3 | 416,6 | 416,45
0.005898 | 175.74 | 437,0 | 437,3 | 437,5
0,04480 351.54 | 460.6 | 460,8 360,7
0,02241 667,64 485.2 185.4 485,3
0,04423 1317,7 515,5 | 515.8 515.65
0,08846 2635.4 554,6 | 551,8 554,7
0,14745 4392,8 582.7 | 582,8 582,75
0,2064 6449.14 | 605.5 | 605.6 605.55
0.2949 8785.6 632.0 | 632.1 632,05
0,4423 13177 | 665.0 | 665.0 665,0
0,5898 | 17571 |. 690.6 690,6 690,6
0,7373 21965 744,3 | 711,3 711.3
0.8257 24599 122,1 722.1 722,1
0.8846 26554 129,0 129,0 129.0
0,9436 28112 185.40!" 735,4 735,4
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 485
Bien que, en général, les relations trouvées par
M"° Meyer présentent un accord remarquable avec les
données de l’expérience, surtout lorsqu'il s’agit de
liquides non polymérisés, permettant par conséquent
d'attribuer aux résultats numériques qui s’en déduisent
un haut degré de probabilité, il conviendra cependant
de n’accepter les valeurs de T ainsi calculées qu'avec
une certaine réserve, Jusqu'à ce qu'elles aient été l’ob-
jet d’autres vérifications. C’est un travail auquel nous
nous proposons de donner suite. En attendant, il n'aura
pas été inutile de montrer, au moins par cet exemple,
combien ces relations pourront être utiles lorsqu'elles
auront été encore mieux vérifiées.
VI. Caleul indirect des constantes critiques
Bien que notre but ne soit pas de traiter ici la ques-
tion du calcul indirect des températures et pressions
critiques, il sera utile de résumer les vérifications aux-
quelles se prêtent nos observations. Elles ont été faites
d’une façon sommaire par MM. Dutoit et Friderich" et
par l’un de nous en collaboration avec M. Baud”; à
cette époque nos mesures de pression critique n'étaient
pas encore ramenées aux indications du manomètre
absolu. Ilne sera donc pas sans intérêt de résumer ici
d’une façon complète et définitive les données relatives
aux vérifications de ce genre.
Nous rappelons au préalable en quelques mots, les
méthodes adoptées pour le calcul indirect des constan-
tes critiques.
! Dutoit et Friderich, loc. cit., p. 131.
? Guye et Baud, loc. cit.
4806 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
Les températures critiques sont données par la re-
lation :
4 (MY = k (te — 1 — d)
indiquées par MM. Ramsay et Shields, expression dans
laquelle y (Mv)/: représente l'énergie superficielle mo-
léculaire à la températute {, {la température critique,
d une constante spécifique mais toujours voisine de 6
et À une constante qui doit être unique pour tous les
corps non polymérisés et égale à 2,12 (2,06 à 2,26).
Pour le calcul indirect de &.il est préférable d'employer
la valeur de k fournie par la mesure des tensions su-
perficielles.
Les pressions critiques se calculent au moyen de la
relation suivante, due à MM. Dutoit et Friedrich :
(Mo)
RS ME
AUS Mo
dans laquelle p. représente la pression critique en
atmosph. y (Mv)/: et Mv, respectivement l'énergie
superficielle et le volume moléculaires à la température
d’ébullition sous 760"", et Q une constante égale à
14,1. Les résultats obtenus par l’emploi de ces deux
relations sont consignés au tableau VIII.
Il est à remarquer que ces deux relations ne sont
qu’approchées et qu'en outre, pour appliquer la der-
nière, on a généralement déterminé la valeur dey(Mv)/:
par une extrapolation d'environ 50 ; le nombre de
degrés que comporte cette extrapolation est indiqué
dans la dernière colonne du tableau VIII.
Il faut enfin noter que l’extrapolation qui donne la
valeur de y (Mv)/: au point d’ébullition peut être faite
de deux façons : 1° en prolongeant jusqu’au point
d’ébullition la courbe des valeurs de y (Mv)/: déter-
%
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 487
minées expérimentalement en dessous de cette tempé-
rature, ce qui donne les valeurs calculées p,, ; 2° en se
servant de la température critique #, observée et de la
valeur de y (Mv)/: déterminée à la plus haute tempé-
rature pour calculer K dans l’expression y (Mv)/,
= K({,— 1— 6) et en déduire la valeur de y (Mv}/,
pour la température d’ébullition {, ; on obtient ainsi les
valeurs p,2.
La comparaison des valeurs de p, calculées de ces
deux manières, avec les valeurs expérimentales, dé-
montre qu'en général la seconde manière d’interpoler
donne de meilleurs résultats ; cette constatation est par-
ticuliérement nette si l’on fait abstraction des corps
16. 17. 18. 20 qui paraît justifiée.
En effet, il est évident que les formules employées
pour le calcul indirect des constantes critiques n’ont
un sens que si les corps auxquels on les applique con-
servent dans toute l’étendue de l’état liquide le même
degré de complexité moléculaire. Il résulte des déve-
loppements précédents que les nitriles aliphatiques plus
ou moins polymérisés dans la phase liquide, ne peuvent
donner que des résultats inexacts ; un fait est cependant
digne de remarque, c'est que les températures criti-
ques calculées au moyen de données relatives à un état
de polymérisation sont toutes plus élevées que les va-
leurs expérimentales. Il devait en être ainsi si lon
considère comme un fait général qu'un polymère bout
plus haut que le composé simple (exemple paraldehyde
et aldehyde, benzène et acétylène, etc.).
Sans insister davantage sur ces résulats, nous croyons
cependant pouvoir en conclure que les tensions super-
ficielles des liquides sont certainement, au nombre des
constantes facilement mesurables, celles qui paraissent
188 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA
se prêter le mieux, à l’heure actuelle, à la détermina-
tion indirecte de valeurs approchées un peu exactes de
la température et de la pression critiques.
M. le prof. Mathias a attiré notre attention sur le
fait que nos mesures de pression critique relatives à la
série des nitriles aliphatiques, vérifiaient bien la for-
mule empirique qu'il avait donnée‘ pour calculer la
pression critique des séries homologues. Cette relation
est de la forme suivante :
(Pe—a4a)(n —b)= 0e
a, bete sont des constantes spécifiques dans chaque
série homologue, n représente le nombre d’atomes
de carbone; donc pour l’acétonitrile n — 1.
A l’aide de nos données, M. Mathias calcule les Ya-
leurs numériques suivantes des constantes :
a = A1 b =.3 c — 194,6
Les valeurs des pressions critiques calculées de cette
façon, en regard des valeurs observées, sont consignées
ci-après.
Corps Pe Obs. pe cale.
Acétonitrile k7,1 27,4
Propionitrile 41,3 k1,3
Butyronitrile 37,4 3149
Capronitrile 32,15 32,2
L'accord est certainement remarquable, puisque la
formule de M. Mathias reproduit à ‘/,,, près les don-
nées de l’expérience.
On peut s'étonner au premier abord du fait que les
nitriles, bien que polymérisés dans la phase liquide,
‘ Mathias, C._R. 117, p. 1082 (1893).
MESURE DES CONSTANTES CRITIQUES. 489
satisfassent aussi bien à la relation de M. Mathias. Si
l’on tient compte du fait que dans les séries homologues
toutes les propriétés se modifient progressivement, qu’il
doit en être de même de l’aptitude à se polymériser,
et que la détermination des valeurs numériques de 4,
b, c est précisément faite de façon à tenir compte de
ces variations progressives, On reconnaitra que cet
accord n’a rien que de très naturel et n’infirme pas les
conclusions précédemment établies par la complexité
moléculaire des corps que nous avons étudiés.
Il convient enfin de signaler le fait que le calcul indi-
rect de T, au moyen desrelations : - — COns® — 1.5
. €
ou T, — T, — constante, ne peut conduire qu'à des
valeurs peu certaines. Même en restreignant l'emploi
de ces formules aux corps à complexité moléculaire
constante dans toute l’étendue de l’état liquide, il ré-
sulte des vérifications consignées au tableau V que la
seconde peut facilement donner des erreurs de 40 à
1 LEE à *
50 degrés. La première Cr — Cons“) paraît donner
€
des chiffres un peu plus précis, surtout si l’on a soin
de prendre une valeur différente de la constante pour
les composés appartenant à des groupes chimiques dif-
férents. Les valeurs indirectes de T, ainsi obtenues
seront néanmoins toujours plus incertaines que celles
déduites des valeurs des tensions superficielles molé-
culaires.
Genève, Laboratoire de chimie-physique de l’Université,
juillet 4904.
ARCHIVES, 1. XIIL — Mai 1902. 39
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE
pendant l'année 1901
RÉSUMÉ
R. GAUTIER
Directeur de l'Observatoire de Genève
I. INTRODUCTION. .
Les observations météorologiques ont continué en
4901 aux fortifications de Saint-Maurice comme durant
les trois années précédentes. Je n'ai qu'à me rélérer,
pour ce qui les concerne, à mes trois « Résumés »
antérieurs ‘, et spécialement à celui de 1898, dans
lequel se trouvent consignées toutes les Indications sur
les stations de Lavey, Savatan, Dailly et l’Aiguille, ainsi
que sur les instruments qui y sont observés. Il n’a rien
été changé à ceux-ci.
Quant aux stations, celles des forts de Savatan et
de Dailly sont seules des stations météorologiques de
second ordre. Les deux extrêmes, celles de Lavey-
Village et de l’Aiguille, sont seulement des stations plu-
viométriques. Pour cette année, comme je l’annonçais
dans le résumé pour 1900, le pluviomètre de l’Aiguille
a été transféré sur le revers méridional de Parête, II
? Voir Archives, 1900, t. IX, p. 209, et 1901, t. XII, p. 255 puis
p. 514.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, ETC. 491
y est placé plus bas qu'autrefois, à 1446 m. d'altitude
au lieu de 1462 m. Les hauteurs d’eau recueillies dans
cette station ont, du fait de ce déplacement, sensible-
ment augmenté; il en résulte que la faible hauteur des
quantités récoltées les années précédentes provenait
bien de ce que le pluviomètre était trop exposé au vent
dans son premier emplacement.
Le service des observations est, comme précédem-
ment, confié aux sous-officiers des forts, Je ne puis
d’ailleurs que renouveler l’expression de ma recon-
naissance à M. le lieutenant-colonel Dietler et à MM. les
officiers ‘ placés sous ses ordres, pour la manière dont
le service météorologique a marché durant cette année.
M. Henri DUAIME, que J'ai aussi à remercier pour sa
collaboration, a continué la réduction des observations
et à établi les tableaux de chiffres publiés ci-après. Ces
tableaux sont, comme précédemment, divisés en deux
parties distinctes : les tableaux des observations men-
suelles et le résumé annuel.
II. OBSERVATIONS MENSUELLES.
Une première série de tableaux fournit les valeurs
moyennes des différents éléments météorologiques. Ces
tableaux mensuels comprennent : 1° pour les deux sta-
tions de Savatan et de Dailly, les valeurs moyennes de
la pression atmosphérique et de la température; 2° pour
les trois stations de Lavey, Savatan et Daiily, les valeurs
moyennes de la nébulosité ; 3° pour les quatre stations,
! Ce sont : à Lavey, M. le capitaine Grosselin ; à Savatan M. le
capitaine Guibert et M. le lieutenant Wolf; à Dailly, M. le
1°: lieutenant Zbinden. |
492 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
la valeur exacte des hauteurs d’eau récoltées, en milli-
mètres et des hauteurs de neigne fraiche, en centimètres.
Les hauteurs barométriques publiées sont les moyen-
nes arithmétiques des trois hauteurs diurnes observées
à 7Th.,1h.et9 h. (temps moyen de Berne), réduites
à zéro, en tenant compte des corrections des baromé-
tres : — 0"*,87 pour Savatan et + 0*",21 pour
Dailly. Les températures sont les moyennes arithmé-
tiques des trois températures diurnes. La nébulosité
moyenne est également la moyenne arithmétique des
trois observations de la journée. Les hauteurs de pluie
pour chaque jour sont récoltées à 7 h. du matin (7'/, h.,
temps moyen de l’Europe centräle) comme dans toutes
_les stations dn réseau météorologique suisse. Elles four-
nissent done l’eau tombée de 7 h. du matin de chaque
jour de pluie jusqu’à 7 h. du matin du jour suivant.
Une deuxième série de tableaux donne, comme pour
Genève et le Grand-St-Bernard, le détail des observa-
tions aux différentes heures de la journée, mais grou-
pées par décades, de manière à fournir, dans la mesure
du possible, l’image de la variation diurne des deux
éléments les plus importants : la pression atmosphé-
rique et la température. J’y ai joint aussi, comme de
1898 à 1900, les valeurs moyennes des températures
minimum et maximum par décades. Chaque mois à
toujours trois décades, ce qui fait que la dernière
compte 11 jours pour sept mois et 8 jours pour février.
De même que pour Genève et le Grand-St-Bernard,
J'ai pris comme période annuelle, l’année météorologi-
que commençant avec décembre 1900 et finissant en
novembre 1901. Les tableaux mensuels ne compren-
nent donc pas le mois de décembre 1901.
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493
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3me
lre
2me
9me
1re
9me
gme
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE.
305
MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1900
Pression atmosphérique.
moyen
Savatan Daiïlly
Th.m 1h.s. 9 h.s. T1h.m 1h.s Je
mm mm. mm. mm mm. mm,
Pdécäde 2... 703.94 704.49 704.86 657.09 657.29 657.90
MA. HE: 142554 712.2211712:37 665.09 664.69 664.85
MR, EU + 4 : 103:47 703.25 703.23 656.71 656.09 656.39
Mois 706.53 706.54 706.70 659.53 659.25 659.60
Température.
Savatan
7 h. m. 1h.s. MES: Minimum moyen Maxim. moyen
0 [e) : 0 [a] o
décade........ +2.38 44.01 19.89 41.5 +5.0
EE - -0.46 42.90 +0.22 1.1 13-4
DR: +2.67 +4.55 43.35 +1.0 +5.5
Mois ..... 1.57 +3.84 42.19 40.5 4.8
L Dailly Æ
décade.. :.:.. +0 67 41.79 1.17 1.8 +3.6
Ac: : 12.92 +6.21 492.77 0.6 07
: TT +0.82 12.79 1.35 -1.6 +5.5
LT PME FP-25 43.57 1.75 -1.3 +5.4
MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly _
7Th.m 1h.s Jh°s- 7 b. m. Ai hs 9 b.s.
Inn mm mm. mm. mm mm.
décadens.- ….." 702.95 703.01 703.37 655.02 654.91 655.47
8 PÈRE 709.00 708.87 709.71 661.14 660.89 661.78
A: CPE 705.15 704.96 704.45 657.64 657.42 657.01
Mois 705.68 705.59 705.80 657.92 657.73 658.05
Température.
LT NE
7h.m 1h.s. 9h.s. Minimum moyen Maxim.
0 (e) (e) 0 0
décade........ -2.56 -0.14 -2.34 4.0 40.7
RE rie. -2.70 +0.64 -1.28 4.1 +2.0
REINE 40.36 +1.87 +0.91 -1.3 +3.6
Mois: -1.57 +0.83 —).85 -3.1 +2.1
; Dailly MRC
Héradei:.....… 5.09 =9:99 — .82 -7.1 -0.6
: L'EORRNE —0.28 +3 09 -0.06 -2.1 +5.1
DR... +0.39 +2.43 +0.32 -3.3 +3.9
(FITNESS -1.59 +1-29 -1.46 4.4 +2.8
ARCHIVES, t. XIII. — Mai 1902. 36
506 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
MOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly
— ... ——
Th.m 1h "s 9h. s- Th.m 1bh.s 9b.s8
mm. nm. mm. In m. mm. mm.
lre décade........ 698.53 698.89 699.32 650.80 651.07 6551.31
Aer NA er: 5 CU. 704.80 704.29 704.44 655.66 655.58 699.30
Sue ot 0: LOU, 701.95 701.30 701.27 654.09 653.78 653.69
Mois... 701.74 704.51 701.70 653.48 653.46 653.41
Température.
menant SET
7 h. m. 1 h.s. 9h.s. Minimum moyen Maxim. moyen
0 0 0 0 0
1re décade.......… -3.02 +0.24 -2.00 -3.6 +1.4
FR TR CENT SP -8.70 -5.38 -7.30 -9.3 4.1
See MMS. Lee LL —L.67 40.57 -1.63 —.h +2.4
MOIS. 2... 5.52 -1.67 3.79 -6.1 -0.3
Dailly
A
lre décade ........ = 6.45 -3.55 = 5.11 =I7US -1.8
SD NE ie 20 -10.33 -8.12 -10.22 -12.8 6.4
SOS AS EPP - ).26 -0.59 - 2.81 - 7.1 +1.1
L 10 ERA - 7.50 -Lh.34 - 6.28 - 9.4 -2.6
MOYENNES DU MOIS DE MARS 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly
CR ——— TT — ——
7 b. m. 1h.s. 9 h.s. 7 b. m. 11h78: 9h...
mm. mm. mm. mm. mm. mm.
1re décade, .....…. 699.10 698.57 698.31 651.94 651.66 651.64
OEM EE 694.55 694.07 695.05 648.22 647.64 648.22
6) JP RM er ___ 697.82 697.93 698.66 649.82 650.18 650.70
Mois 07 697.18 696.89 697.38 649.99 649.84 650.20
Température.
er Savatan
7 b. m. 1h.s. 9 b.s. Minimum moyen Maxim. moyen
Q 0 0 Le) 0
leWdécade. 1,0 +0.30 14.36 12.90 0.2 +5.6
LRO EURE +3.74 +6.90 +4.50 +1.7 +8.5
gne DR rt 3. +0.96 0.85 3.0 +1.9
MIS an... +0.24 43.86 +1.86 0.7 +.2
. Dailly
li /déade Mr. ::.° -1.53 +1.12 -0.58 3.1 +3.2
ONE ENCRES +0.39 12.74 1.11 -1.8 +4.6
DR np -6.51 -3.15 -4.73 -8.1 1.5
Mon -2.68 +0.12 —À.54 ‘© -4.5 +2.0
Savatan Dailly
- nn
7 b. m. Fbr:s. 9 b.s. 7 b. m. 1h.s. 9'h.'s.
mm. Inm,. mm. rm, mm. mm.
lredécadel:1..4. 704.26 704.73 705.13 658.40 658.76 659.46
ÉCART EE 702.05 702.20 702.44 655.34 655.78 656.05
ÉOUSR. Dre. 4 700.87 700.37 701.01 651.83 654.58 655.09
Mois ir : SN. 702.39 702 43 702.86. 656.19 656.37 656.87
Température.
nv: Savatan
7 b.m. 1h.s 9 h. 8. Minimum moyen Maxim. moyen.
0 (e) (9) (e] 0
lérdécade..-...-4 +9.50 113.42 +10.12 +7.7 414.6
SEC | F0 ESP 2.94 7.68 L.98 1.3 10.1
ORPI 0 de 6.98 12.54 8.84 5.9 15.0
MOIS nu 8 +6.47 411.91 + 7.98 +4.9 413.2
ke Dailly 22.
lreÉcade......." +6.39 19.98 16.83 +4.3 411.8
DES à ES CE 0.53 3.060 2.58 -2.! D.7
gne » 4.51 Te? 5.5 +3.2 10.2
Mois 3.81 +6.87 4.98 FL.8 + 9.2
MOYENNES DU MOIS DE MAI 190:
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly
7 b. m. iPhes: 9h45. 7h.m 1h.s 9 h.s
mn, mm. mm, min. mm. mm.
oPdécadenst. 3. 701.57 700.84 701.45 655.33 655.07 655.22
Duo) "EM: 18 : 704.31 703.70 704.12 658.16 658.23 658.48
SONT NT 0 RTE 704.02 703.28 703.55 658.63 658.37 658.69
Mois. LV. 703.32 702.63 703:05 657.42 657.26 657.49
Température.
eee … Savatan ss
7 b. m. 1'hè1s. 9 h.s. Minimum moyen Maxim. moyen
(e] [e] (e o Le)
lre décade........ +9.84 412.32 + 8.64 +5.2 14.9
nee M MM "2. 8.74 16.02 12.84 7.9 18.1
Sue UE x... 13.40 19.85 16.40 12.4 222
Mare 9.46 16.19 12.75 8.6 18.5
ist... Dany n
lre décade.….... 42.66 + 7.26 + 4.78 H.6 + 9.5
IEC NOTAIRES 6.04 10.18 8.61 L.8 12.8
SR TE: . | 10.60 14.79 13.29 9.2 17.1
Mois . 6.57 10.87 9.04 5.4 13.3
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE.
MOYENNES DU MOIS D'AVRIL 1901
Pression atmosphérique.
©:
508 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 41901
MOYENNES DU MOIS DE JUIN 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly
7 h. m. 1h07: 9 h.s. 7 h. m. 1 nes 9'h:.s.
mm. mm. mm. mm. mm, mm.
lre décade........ 704.49 703.92 704.52 660.04 659.84 660.07
De LU Die. Aie 702.97 702.86 703.34 656.91 657.12 657.47
Due na Ur. CO, : RO. 4 707.23 706.41 706.62 661.98 661.60 661.97
Moisi.…. [4 ! 704.90 704.40 704.83 659.65 659.52 659.8
Température
; Savatan
7h.m. 1MROte: 9 h.s. Minimum moyen Maxim. moyen
0 (9) 9 (o) Le)
IxePdécanés... : 2: +16.07 +22. 60 +18.28 +15.0 +24.4
DO UN € SP 9.42 13.98 10.92 8.2 15.9
2 CONNUE] APRES 14.62 21.52 18.12 13.8 23.8
MOIS eee 13.37 19.37 19.77 12.3 21.4
A Doi 7e
lewdécades....... +13.54 +17.85 +414.60 +12.2 19.4
LORS D ARR 6.27 9.01 6 6% 4.2 144
URLS Le... 12.50 16.78 15.10 10.6 19.0
Mois... 10.77 14.55 12.11 9.0 16.5
MOYENNES DU MOIS DE JUILLET 1901
Pression atmosphérique.
sayatan , Dailly
7 h. m. 1h25. 9h.s. 7 h. m. 1h.8s. SMS:
mm. mm. mm. mm, mm, mm.
lre décade........ 703.51 703.15 703.20 658.19 658.41 658.49
Aer. PA MU RE: 705.82 705.31 705.73 661.09 660.91 661.28
Due SUR. LL ____ 703.03 702.46 703.22 657.88 657.58 698.08
Mois... 704.08 703.60 704.02 659.02 658.92 659.2
Température.
5 Savatan
7 h. m. 1h.s. 9 h.s8. Minimum moyen Maxim. moyen
0 0 (0) 0 [o)
Jretrdécade 7... +13.86 +18.80 415.84 +13.0 +21.7
FLE, C'HORPRERREN 16.94 24.18 21.18 16.6 26.8
DD RS use 14.58 19.73 16.29 137 20.4
MS ee 208 15.11 20.88 17.72 14.4 22.9
. Dailly |
lre décade........ +11.30 H44.60 +12.82 + 9.6 +16.7
LT ES RER 15.21 19.10 17.64 13.6 20.7
MESA UE. 2, 11:79 15.07 13.18 10.0 17.1
MISE er. 12.74 16.21 14.51 11.0 18.1
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE.
MOYENNES DU MOIS D'AOUT 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly Es
7 b. m. nee 9:18. 7 b. m. 1h.s 9 b.s
mm. mm. mm. mm. mm. mm.
edériders.. #5. ! 705.11 705.02 705.56 659.97 659.88 660.18
EN (1... US.2 706.04 706.09 706.41 660.60 660.68 660.89
FCO", RESTE LE 705.64 705.16 705.48 660.28 660.03 660.14
Mois. 705.59 705.41 705.80 660.29 660.19 660.39
Température.
| Savatan
7 b. m. 1°h°18, 9 h. s. Minimum moyen Maxim. moyen
0 0 0 0 0
Po décades-....<. 414.66 119.28 +17.10 113.9 +21.0
RL... 5. 44.06 18.34 16.44 13.3 21.0
Ti. 13.04 17.98 15.62 19.3 20.2
eu 13.89 18.52 16.36 13.2 20.7
Dailly er
Jr décade...... 7. +12.36 415.48 +14.48 40.7 +17.0
DC T'ES TRE 11.55 14.65 12.97 10.0 16.4
OM 1.2 10.70 14.85 12.41 9.4 16.9
MORE 2. 11.51 14.99 13.26 10.0 16.8
MOYENNES DU MOIS DE SEPTEMBRE 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly
7 h. m. 1h.s. 9 h.s. 7 b. m. EE 9e
mm. mm. mm. mm. mm. mm.
dre décade........ 702.09 701.57 702.14 657.12 656.95 657.10
Anne. je AE 701.09 700.93 701.20 656.06 655.88 699.79
SOEUR CONTRE 703.44 703.07 704.16 657.86 658.13 698.76
Momie 23 .: 702.20 791.85 702.50 657.01 656.98 657.22
Température.
Savatan
7 b. m. ishiis: SNS: Minimum moyen Maxim. moyen
0 0 0 0 0
lr décade........ 4413.96 149.18 115.92 +13.5 +20.8
nn PE... 22 10.42 13.96 11.74 9.8 15.1
dl ne 12.88 16.60 13.60 11.6 18.1
Mois SA 12.42 16.58 13.75 11.6 18.0
L Dailly :
HAdScade....:..[: +11.69 45.56 +13.91 +10.0 17.3
EE... ..: 7.94 10.67 8.33 6.3 11.8
D... 10.26 13.21 10.94 9.0 14.8
LISTER 9.96 13.45 11.06 8.4 14.6
510
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. ETC.
MOYENNES DU MOIS D'OCTOBRE 1901
Pression atmosphérique.
Savatan Dailly
7h.m 1h.8. 9. 7 b. m. 11h18: 9 b.s.
nm, mm. mm, mm. mm. mm.
702.91 702.25 702.62 657.03 656.72 656.72
700.95 700.17 700.38 655.20 654.70 654.52
703.70 703.16 704.02 657.11 656.81 657.28
702.56 701.90 702.40 656.47 656.10 656.21
Température.
LA Savatan #
7 h.m THERE 9 h.s. Minimum moyen Maxim. moyer
(a) (e] (e] (0 Lo)
+9.06 411.74 +9.30 +8.3 412.9
6.92 11.46 8.64 6.2 12.7
5.4 8.76 6.35 5.1 9.5
7.04 10.59 8.0% 6.5 11.6
4 Dailly L
+6.43 +8.51 47.927 44.7 +10.3
4.86 9.10 6.7 3.9 10.0
3.09 D.8 LL. 40 225 8.0
4.74 7.85 6.09 3.6 9.1
MOYENNES OÙ MOIS DE NOVEMBRE 1901
Pression atmosphérique.
lre décade.... 22.3
gme DOUUE . ir:
GONE ENT SUR NE
Morse - 46.1
lretdécader. 4
ème ARE ee ere
gme Sa +: PR
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lrendécades,. 01.1
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708.34
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706.47
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»
Savatan
dns: 9h: s.
min.
mm.
707.87 708.73
Dailly
ES
7 b. m. {he 9 h. 8.
mm. mm, ;
660.94 660.65 661.18
702.38 702.70 655.32 655.34 655.78
706.38 707.15 658.:6 658.45 68.76
705.55 706.19 658.24 658.15 698.97
Température.
cel Savatan É
lh.e. 9 b.s. Minimum moyen Maxim. moyen
0 0 0 0
+5.04 42.10 0 +5.7
+4.36 +2.62 +0.6 +5.1
-0.18 -1.02 -2.9 H.5
+3.07 +1.23 -0.6 +4.1
À Dailly Pat
+6.60 +2.55 -0.6 +8.5
+2.11 —0.28 -2.5 Fa
-2.07 -3.95 -6.1 -1.3
+2.01 —0.56 -3.1 +3.
(A suivre.)
COMPTE RENDU DES SEANCES
DE LA SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE
DES SCIENCES NATURELLES
Séance du 20 décembre 1901.
A. Bellenot. Un ampèremètre à courant maximum. — Aug. Dubois.
Sur deux essais de coloration de la Noiraigue à la fluorescéine. —
H. Schardt. Les conditions géologiques de la source de la Noi-
raigue.
M. A. BELLENOT, ingénieur, présente à la Société un
ampèremètre à courant maximum de Wright. Cet appareil,
construit par la maison Lux, à Mannheim, est basé sur
l'emploi d’un thermomètre à air d’une construction spé-
ciale.
Il est d’une construction très simple et donne des résul-
tats relativement très exacts. comme l’ont prouvé de nom-
breuses expériences du conférencier.
Son emploi dans les distributions de lumière électrique
permet de faire jouir du rabais, consenti aux forts consom-
mateurs, les clients qui ont une grande durée d'éclairage
et non plus seulement ceux qui ont un grand nombre de
lampes installées. Le petit consommateur ayant une instal-
lation de deux ou trois lampes peut être un excellent
client et avoir une durée moyenne d'éclairage très grande,
il doit pouvoir jouir d’un rabais. L'appareil en question
rend la chose possible et a eu de ce chef beaucoup de
succès en Angleterre.
M. Aug. Dugois, prof., présente une communication
sur deux essais de coloration de la Noiraique à la fluores-
céine.
512 SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE
La Noiraigue, qui jaillit au pied de l’escarpement des
Roches Blanches, est le trop plein de la vaste cuvette for-
mée par les marnes séquaniennes et argoviennes sous la
vallée des Ponts. La nappe souterraine est alimentée par
les eaux des flancs et du fond de la vallée qui viennent se
rassembler dans un certain nombre d’emposieux alignés
au pied des coteaux qui bordent le marais tourbeux. Ces
eaux s’engouffrent dans les fissures des roches sous-
jacentes pour reparaître à Noiraigue après un trajet plus
ou moins long. Le plus important des emposieux de la
vallée est celui du Voisinage, à un kilomètre à l’ouest
des Ponts, car c’est là que viennent se déverser les deux
Bieds qui coulent au milieu du marais. Même en temps de
sécheresse, il recueille toujours une certaine quantité
d’eau, tandis que tous les autres tarissent pour un temps
plus ou moins long. Malgré cela, le volume d’eau qu'il
recueille ne dépasse guère la vingt-cinquième partie de
celui qui réapparaît à Noiraigue. En 1864 déjà, Desor avait
tenté de déterminer la durée du trajet souterrain des eaux
de la Noiraigue entre le Voisinage et la source de la ri-
vière en recourant à la réaction de l’iode sur l’amidon.
Le 30 septembre, il fit verser un fort volume d’empois
d’amidon dans l’emposieu, puis descendit à Noiraigue pour
essayer de reconnaitre la présence de cette substance dans
l’eau de la source (voir Bull. de la Soc. des Sc. nat. de
Neuchâtel. t. VIE, p. 35). Malgré le résultat très peu décisif
de l'expérience, Desor crut pouvoir admettre que l'eau de
l’'emposieu du Voisinage employait $ heures à parcourir le
trajet qui sépare ce point de la source de la Noiraigue, et
ce résultat fut généralement considéré comme un fait
acquis.
Or, en 4900, j’appris qu’un essai de coloration des eaux
de l’entonnoir du lac des Taillères, qui se déversent dans
le lit souterrain de l’Areuse, avait prouvé qu’elles n’attei-
gnent Saint-Sulpice qu'après treize jours, pour un trajet
d’une longueur de 6 kilomètres. La distance du Voisinage
à Noiraigue étant de 4 kilomètres, il paraissait ainsi très
probable que le chiffre de huit heures, obtenu dans l’expé-
DES SCIENCES NATURELLES. 513
rience du 30 septembre 1864, était erroné et que la colo-
ration bleue, d’ailleurs extrêmement faible, que Desor
avait cru observer, était le fait d’une illusion. Il m'a donc
semblé qu’il y avait quelque intérêt à répéter l'épreuve en
utilisant la fluorescéine. J'ai donc tenté, au cours de
l'année 1901, deux essais de coloration qui ont été exé-
cutés dans les circonstances suivantes :
1® essai. Le 4 mai 1904, à cinq heures et demie du soir,
je versai dans l’emposieu du voisinage deux kilogrammes
de fluorescéine. Les eaux étaient hautes et la Noiraigue
débitait environ 2500 Im. Dans les jours qui suivirent,
quatre échantillons d’eau par vingt-quatre heures furent
prélevés à la source. La coloration verte réapparut Île
43 mai, à cinq heures du matin et se maintint jusqu'au
lendemain. Elle a donc mis huit jours et demi à passer du
Voisinage à Noiraigue.
9me essai. Le 26 juillet 4904, à cinq heures du soir, je versai
de nouveau cinq kilogrammes de fluorescéine dans l’em-
posieu du Voisinage. La Noiraigue était cette fois à l’étiage,
mais dans la semaine qui suivit, une série de violents
orages firent enfler les cours d’eau à tel point que le jour
où la couleur réapparut, la Noiraigue débitait au moins
3000 Im, soit un volume supérieur à celui que je notais
lors du premier essai.
La fluorescéine se montra à Noiraigue avec assez d’in-
tensité pour être visible à l’œil nu, le 2 août, à six heures
du matin, et persista durant trente-six heures. Dans ce
deuxième essai, l’eau à donc mis sur jours et den pour
passer du Voisinage à Noiraigue.
Dans ces deux expériences, la coloration a réapparu
très affaiblie, à tel point même que dans le premier essai
elle ne fut reconnaissable que grâce au tube noir. Ce
résultat est peut-être dû à une action destructive de l'acide
ulmique de la tourbe, mais je crois devoir plutôt l’attribuer
à l'énorme masse de l’eau emmagasinée dans la cuvette
souterraine de la vallée.
M. le prof. ScHARDT ajoute quelques détails sur les con-
514 SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE
ditions géologiques qui président à la formation de la
source de la Noiraigue. Cette source débite la totalité des
eaux du synclinal des Ponts; la nature du champ collec-
teur, qui est tourbeux, se retrouve dans l’eau de cette
source, qui est ordinairement jaunâtre, surtout au moment
des crues, où les tourbières subissent une forte lessiva-
tion. Le point d’émergence de cette source est déterminé
par un accident géologique, une faille transversale qui
met en présence l’Argovien de la lèvre SW et le Séquanien
de la lèvre NE de la rupture. C’est le point le plus bas où
les calcaires perméables du séquanien affleurent au niveau
de la vallée, c'est donc là que l’eau du réseau souterrain
doit déborder.
Séance du 10 janvier 1902.
J. Jeauprêtre. Curieuse influence du soufre sur la fermentation
alcoolique. — J, Jacot-Guillarmod. Les forêts des côtes de Chau-
mont.
J. JEANPRÈTRE. Curieuse influence du soufre sur la fer-
mentation alcoolique.
En étudiant l’action du métasulfite de potasse S205:K2
sur la fermentation du moût de raisins. l’auteur a reconnu
que l’acide sulfureux ainsi introduit ne communiquait pas
au produit de la fermentation le goût désagréable d'acide
sulfhydrique qu'ont en général les vins provenant de
moûts brantés avec des mèches soufrées selon la méthode
usuelle. Si l'acide sulfureux n’en était pas la cause, ce
goût devait nécessairement être dû au soufre fondu ou
sublimé qui tombe dans les tonneaux pendant le bran-
tage ; un essai de fermentation fait avec diverses levures
sélectionnées et des moûts stérilisés additionnés de quel-
ques centigrammes de fleur de soufre par litre a pleine-
ment confirmé cette manière de voir : même en présence
de quantités de métasulfite variant de 0,05 à 0,20 gr. par
litre, le soufre a communiqué aux vins résultant de la
fermentation le goût et l’odeur caractéristiques des vins
DES SCIENCES NATURELLES. 545
brantés. A côté de cette constatation intéressante, l’ana-
lyse des produits de la fermentation a révélé quelques
faits très curieux qui font l'objet principal de ce travail.
Dans tous les moûts additionnés de soufre (fleur) à la
dose 0,01 à 0,20 gr. par litre et d’un mélange de soufre et
métasulfite (0,02 soufre et 0,20. métasulfite) la fermenta-
tion a complètement différé de celle des monts témoins ou
des moûts additionnés seulement de métasulfite, la clarifi-
cation a été plus lente, la couleur des moûts a pâli, il s’est
dégagé avec l'acide carbonique un peu d'hydrogène sulfuré
et à fin de fermentation la levure examinée au microscope
a présenté des cellules déformées, granulées, vacuolisées,
mortes pour la plupart, tandis que celles des fermenta-
tions sans soufre étaient parfaitement vigoureuses. Le
dosage de l’alcool a montré dans ces moûts, fermentés
tous exactement dans les mêmes conditions, des diffé-
rences très sensibles ; avec les moûts soufrés, le pour cent
d'alcool est régulièrement plus élevé et l'acidité volatile
(acétique) beaucoup plus faible. La divergence entre les
pour cent d'alcool des moûts soufrés et des moüts témoins
peut aller jusqu’à 3 °/, lorsqu'on a affaire à des moûts
fortement. sucrés (saccharose). Voici à titre d'exemple
l’une des séries d'essais citées par l’auteur.
Moût de raisins additionné de sucre, poids spécifique
1,100. Durée de l'expérience, 31 jours; température de
l'étude 20° à 25°.
Poids Alcool Acidité volatile
spécifique vol.» er: pl
Levure Volnay, Témoin. 1,01689 11,3 0.68
» 0,02g. soufre p. litre 14.005147 12,8 0.38
Levure « Diable », Témoin 1.030142 9:57 0,89
» 0,02 gr. soufre 1,00376 12,9 0,46
Levure Bevaix, Témoin 1.02538 10.3 0.64
» 0,02 gr. soufre 1:00742 12.4 0.38
Levure Champagne, Témoin 1,01827 10,8 0,88
» 0,02 gr. soufre 0:99640 13,7 0,45
» 0,15gr. S:0:K:2 1.003719 13.0 1.00
» 0,02S+0,15S20:Ke 0,99526 137 0,63
516 SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE
Des composés tels que des sulfates sulfites et hyposul-
fites essayés concurremment avec le soufre n’ont pas amené
de changements sensibles dans la marche de la fermenta-
tion, cependant, avec l’hyposulfite, il s’est produit un
léger dégagement d’acide sulfhydrique comme avec le
soufre. Si, au lieu de sucrer les moûts avec du saccha-
rose, on emploie du sucre interverti, les différences dans
l'alcool produit sont moins fortes, mais toujours assez
accusées, ainsi que l’abaissement de la teneur en acides
volatils. Des expériences faites avec des levures mélan-
gées dès l’origine à du ferment acétique n’ont pas donné
pour le moment de résultats précis quant à l'acidité
volatile.
En résumé, la présence de 0,01 gr. de soufre dans un
litre de moût sucré suffit pour rendre la fermentation plus
complète et plus rapide, pour diminuer sensiblement la
production d'acide acétique, enfin pour épuiser plus vite
les forces de la levure. Cette influence est particulière-
ment forte quand des disaccharides tels que le saccharose
gènent l’action du ferment et augmentent la proportion des
acides volatils. On peut en conclure que le soufre favorise
spécialement la diastase hydrolysante ou sucrase du sac-
charomyces ellipsoïdeus. De nouvelles expériences devront
être faites pour s'assurer si d’autres di et trisaccharides
pourraient, en présence de traces de soufre, devenir plus
facilement fermentescibles par les diverses races de sac-
charomyces.
M. J. JACOT-GUILLARMOT, forestier, présente une com-
munication sur les forêts des côtes de Chaumont et le danger
qui les menace.
Séance du 23 janvier.
O. Fuhrmann. La copulation et la fécondation chez les cestodes. —
H. Rivier. La fabrication de l'acide sulfurique par le procédé de
contact.
M. O. FUHRMANN, prof.. présente un travail sur la copu-
lation et la fécondation chez les Cestodes.
Si nous regardons comment se fait la copulation chez
“
DES SCIENCES NATURELLES. 517
les cestodes, nous voyons qu'elle s'opère d’une manière
très différente chez les diverses formes.
Chez les cestodes à sexes séparés appartenant au genre
Dioicocestus mihi, la copulation se fait toujours entre deux
individus différents, le mâle et la femelle. Chez les Ténias,
qui possèdent un pénis fort bien développé et fortement
armé, et qui en même temps se trouvent toujours en
nombre relativement très grand dans un même intestin.
comme par exemple T. inflata, T. cirrhosa, etc., nous
avons certainement aussi la copulation croisée entre indi-
vidus différents, ou au moins entre proglottis différents du
même strobila. Par contre, là où le cirrhe est relativement
mal développé ou très court, comme chez beaucoup d’Ano-
plocephalides, Davainea et Acoleinæ,, etc, j'ai pu très sou-
vent constater l’autocopulation, sans que toutefois la copu-
lation croisée soit empêchée et ne puisse se faire de temps
en temps. Chez les Aporina, n. gen., par contre, nous
avons ce phénomène rare dans la nature, que toute fécon-
dation croisée, toute amphimixie est rendue impossible.
Ce nouveau genre peut être caractérisé ainsi : Anoploce-
phalides avec appareil sexuel simple. Le vagin et le cirrhe
rudimentaire ne débouchent pas à l'extérieur, mais se
réunissent dans le parenchyme interne. Les testicules,
très nombreux, sont dorsaux. Glandes sexuelles rappro-
chées du bord vers lequel court le vagin. Œufs avec deux
coques. Espèce typique : Aporina alba de Pyrrhna.
M. H. Rivier, prof., expose le nouveau procédé de la
Badische Anilin- und Sodafabrik pour la fabrication de
l’anhydride et de l’acide sulfuriques, par la méthode de
contact au moyen de l'amiante platinée.
Séance du 7 février.
A. Berthoud. L'unité de la matière. — F. Conne. Falsifications et
altérations de denrées alimentaires en 1901. — Ed. Cornaz. Trois
cas de tératologie végétale.
M. Alf. BERTHOUD, prof., expose l’état où en est actuel-
lement la question de l’unité de la matière.
518 SOCIÉTÉ NEUCHATELOISE, ETC.
M. F. ConNE, chimiste cantonal. communique les cas
les plus intéressants de falsifications et altérations de den-
rées alimentaires qu’il a eu l’occasion d'observer au labo-
raloire cantonal en 1901.
M. le D' Ed. Cornaz présente à la Société trois faits de
tératologie végétale.
1. Une feuille d’Alchimilla asterophylla (Tausch.) = 4.
Hoppeana (R. Bus.) munie de huit folioles ; or, on sait que
dans le groupe des alpinæ, cette espèce a ordinairement
sept folioles, et plus rarement neuf, d’où le nom d’A/chi-
milla alpina vulgaris heptaphylla et enneaphylla que lui
donnait Scheuchzer. Dans le cas particulier, la huitième
foliole est latérale à la base de la feuille et pourrait bien
être regardée comme une feuille ennéaphylle avec avor-
tement d’une des folioles à la base; toutefois les autres
feuilles de cet exemplaire sont toutes heptaphylles. Elle a
été trouvée dans les bois au pied S. du Chasseron.
2, Une feuille à cinq folioles sur un exemplaire du Tri-
folium hybridum (L.). Les deux folioles supplémentaires
sont à la base des trois normales et moins grandes que
celles-ci. Cette espèce assez rare se trouve entre les Rasses
et Mauborget (Jura vaudois).
8. Sur un rameau à deux fleurs d’un rosier hybride, le
Rosa pimpinellifoha alpina, forme très voisine du R. sor-
bifolia (Godet) de Chaumont, se trouvent des sépales à
aspect foliacé, dont l'extrémité externe est élargie et
forme une expansion plus ou moins découpée.
COMPTE RENDU DES SEANCES
DE LA
SOCIETE DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Séance du 6 mars 1902.
Le Secrétaire. 1°" fascicule du volume 34 des Mémoires de la Société
de Physique. — A. Bach. Action de l’acide chromique sur le per-
oxyde d'hydrogène. — F. Kehrmann et Flürscheim. Recherches
sur les acides silicotungstiques. — KR. Chodat et Nicoloff. Mor-
phologie des Juglandées. — F.-Louis Perrot. Coucher de soleil
axec apparences mobiles autour de l’astre.
M. LE SECRÉTAIRE DES PUBLICATIONS présente le 1° fas-
cicule du volume 34 des Mémonres de la Société de physique
et d'histoire naturelle de Genève, qui vient de paraitre.
M. A. Baca a étudié au point de vue quantitatif l'action
de l'acide chromique sur le peroxyde d'hydrogène, en vue
d'obtenir de nouvelles données sur la réaction qui a lieu
entre ce peroxyde et les agents oxydants. Dans ses expé-
riences, il a fait agir une solution exactement titrée
d'acide chromique sur une solution également titrée de
peroxyde d'hydrogène. Après avoir mesuré l’oxygène
dégagé. il a de nouveau dosé iodométriquement l’acide
chromique qui restait dans le liquide à la fin de la réac-
tion. De cette manière, M. Bach a constaté qu’en l’absence
d'acide, la quantité d'oxygène dégagé correspondait exac-
tement à la teneur en oxygène actif du peroxyde employé.
L'acide chromique se retrouvait intact à la fin de la réaction
ei pouvait décomposer une nouvelle quantité de peroxyde.
20 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
En présence d'acide sulfurique, il y a réduction simultanée
de l’acide chromique et du peroxyde d'hydrogène avec
dégagement d'oxygène et formation de sulfate chromique.
Pour une molécule d'acide chromique, deux molécules de
peroxyde d'hydrogène sont décomposées. La réaction a
donc lieu suivant l’équation :
k CrOs + 8H202 + 6H2SO4 — 2[Cre(SOs)s]
+ 702 + 14H20
M. Bach parle ensuite des hypothèses de Berthelot et
de Traube et fait ressortir que celles-ci ne s'accordent pas
avec les résultats de ses expériences.
M. KEHRMANN expose les résultats d’un travail entrepris
par lui en collaboration avec M. FLüRSCHEIM*, en vue de
vérifier /a composition des combinaisons silicotungstiques
découvertes et étudiées par Marignac*.
Après un assez grand nombre d'essais, les auteurs ont
finalement réussi à séparer quantitativement l'acide tungs-
tique de l’acide silicique, et à en déterminer très exacte-
ment les proportions. Cette séparation se fait en évapo-
rant avec de l'acide fluorhydrique étendu le mélange des
deux anhydrides, préalablement calcinés au rouge sombre,
et en répétant l'opération jusqu'à poids constant. L'anhy-
dride silicique est ainsi complètement éliminé.
Le dosage des bases dans les différents silicotungstates
réussit très bien par précipitation de l'acide complexe
sous forme de son sel quinoléinique. La base est dosée
comme chlorure dans le liquide filtré. Cette nouvelle mé-
thode analytique a permis aux auteurs de confirmer la
composition des deux acides silicotungstiques telle que
Marignac l’avait attribuée à ces substances. En revanche
les données de ce dernier concernant l'existence de deux
séries de sels des acides en question, ne peuvent pas être
maintenues. La transformation mutuelle de ces sels est
1 B. Flürscheim. Inaug. Dissertation. Heidelberg 1901.
2 Jieb. Ann. Chem., 125, 362 (1863).
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 521
toujours accompagnée d'un dédoublement de leurs molé-
ules. C’est ainsi que, par exemple, le sel potassique de
l'acide silicotungstique se transforme sous l'influence d'un
petit excès de carbonate de soude, selon l'équation sui-
vante :
2(2K20. SiOz. 12W03:) 7K2COs — (7K20. 2S102. 20WOs)
+ 4K2:WO: + 7COz.
De même. le nouveau sel, tout en résistant assez bien
à l’action des carbonates, subit à son tour une scission
semblable, lorsqu'on l'attaque par l'acide chlorhydrique.
Dans cette réaction, le sel potassique normal de l'acide
silicotungstique est régénéré à côté d’une certaine quan-
tité de chlorure de potassium et d'acide silicique.
M. le Prof. CHonar présente au nom de M. NICOLOFF une
communication au sujet du type floral des Juglandées.
De nombreux auteurs se sont déjà occupés de cette
question, et les avis sont très partagés sur le développe-
ment de la fleur de cette famille. Comme il règne une
grande uniformité dans la disposition de ces appareils,
M. Nicoloff s’est surtout attaché à élucider la morphologie
de la fleur et du fruit chez Juglans reqia L. qu’il prend
pour type de toute la famille.
A l’égard de la fleur mâle, 1l confirme le diagramme
construit par M. Casimir de Candolle plutôt que celui d'A.
Eichler. Cependant il nomme préfeuilles les pièces 1 et 2
du diagramme de M. de Candolle, les quatre pièces
internes constituant seules le périgone. En outre l’épi-
phyllie de la fleur constatée par M. de Candolle dans le
châton mâle de Juglans à été pleinement confirmée par
des coupes faites dans des châtons très jeunes de Carya.
où le primorde floral se différencie nettement sur la brac-
tée dans le voisinage immédiat de l'axe.
L'étude de la fleur femelle à prouvé son analogie avec
la fleur mâle, analogie prévue déjà par M. de Candolle.
Des coupes longitudidales et transversales dans des fleurs
très jeunes ont démontré clairement la présence d’une
ARCHIVES, t. XIII. — Mai 1902. 37
Hu SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
bractée et de deux préfeuilles soudées à l'ovaire, et dont
la disposition dans le diagramme est identique à celle de$
pièces correspondantes de la fleur mâle.
Quant à l'ovaire infère de Juglans regia L., M. van Tie-
ghem le considère comme étant d’origine appendiculaire,
et il se base pour formuler cette opinion sur la marche
des faisceaux qui est identique à ce qu’elle serait si l’ovaire
était infère. M. Nicoloff admet au contraire l'ovaire comme
étant de nature axile. La marche des faisceaux n’est pas
un argument contre sa manière de voir, car, comme les
nervures se rendent aux pièces florales qui surmontent
l'ovaire, elles doivent nécessairement avoir la même dis-
position que si l'ovaire résultait de la soudure de ces
mêmes pièces.
L'ovule est pour M. van Tieghem un lobe de la feuilie
carpellaire, L'ovaire comprendrait typiquement quatre
ovules, innervés chacun des ramilications nées des ner-
vures marginales des deux carpelles, mais un seul de ces
ovules se développerait: il serait porté au centre de
l'ovaire et serait innervé par une seule «les quatre ner-
vures marginales des carpelles. M. Nicoloff a pu constater
que les faisceaux que M. van Tieghem considère comme
les nervures marginales des carpelles participent tous à
l’innervation de l’ovule, et il n'a jamais rencontré les
reliques fasciculaires des trois ovules soi-disant avortés.
Les coupes en série qu'il à faites sont particulièrement
propres à élucider ce côté de la question et prouvent clai-
rement la nature axile de l’ovule et son mode d'inner-
valion.
Dès la première indication du mamelon ovulaire, on
voit au fond de l'ovaire se manifester des inégalités de
croissance qui déterminent dans le sens transversal
d’abord. puis dans le sens antéro-postérieur, des cloisons
qui s'élèvent en soulevant l’ovule, constituant ainsi quatre
loges incomplètes. Dans le cours de développement de
ces cavités inférieures, le parenchyme de la région supé-
rieure de l'ovaire s’accroit inégalement pour former quatre
fentes correspondant comme position aux fentes infé-
rieures de l'ovaire.
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 523
A la base du tégument unique et aux dépens du tissu
parenchymateux du placenta on voit de bonne heure se
développer en avant et en arrière de l’ovule des appen-
dices en forme de cornes qu'on à regardés comme un
second téqument incomplet. L'origine et le mode de déve-
loppement de ces corps permettent à M. Nicoloff de les
considérer comme des excroissances du placentaire. La
fonction de ces corps n’est pas encore élucidée.
M. F.-Louis PERROT donne les détails suivants sur un
coucher de soleil remarquable, qu'il a observé à Genève Île
4°: février 1902.
Passant le long du quai des Bergues un moment avant
le coucher du soleil, il remarqua d’abord à l'occident une
sorte d'échancrure comprise entre la calotte grise géné-
rale du ciel et l'horizon formé par les toits des maisons du
côté de la Coulouvrenière. Cette échancrure était vive-
ment colorée en rouge, sans qu'on pût d'abord y distin-
.guer les contours du disque solaire. Peu à peu ce dernier,
perçant la brume rouge, se détacha au milieu d'elle en
plus clair. Quelques secondes après, le disque parut
encerclé d’effluves blanchâtres qui embrassaient une par-
tie de ses bords, tournant rapidement autour de lui, tantôt
dans un sens, tantôt dans l’autre, sautant aussi parfois
brusquement de son bord inférieur à son bord supérieur,
ou du bord gauche au bord droit, et vice-versa. Ces lueurs
contrastaient par leur éclat blanc, rappelant la lumière
électrique, avec le rouge du fond et le rose du disque, qui
lui-même semblait palpiter. Le fond de l’échancrure pré-
sentait un état de mobilité indéfinissable. Cela dura envi-
ron cinq minutes, au cours desquelles l'observateur, dési-
rant contrôler ses propres impressions visuelles, inter-
rogea une personne, qui lui exprima son admiration au
sujet des dimensions exagérées du disque et des apparen-
! Ce jour-là l'Observatoire indique : très forte bise le matin
jusqu’à 7 heures du soir ; elle atteint une vitesse de 70 kilomètres
à l’heure vers 10 heures du matin.
524 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE, ETC.
ces mobiles qui l’accompagnaient. Le spectacle était en
effet très impressif et rappelait, avec autrement de ma-
jesté, certaines pièces d'artifice allamées dans la buée des
feux de Bengale.
L’astre ayant disparu derrière les toits, le ciel conserva
quelques minutes une intense coloration rouge foncé qui
ne pourrait mieux être comparée qu'à la couleur carminée
d’une flamme saturée d’un sel de lithium.
L'observateur ayant dû se transporter sur un autre
point de la ville, constata que, cinq minutes après le cou-
cher du soleil, le ciel ne présentait plus à l’horizon qu’une
teinte jaune uniforme et sans caractères particuliers.
Pendant toute la durée du phénomène, l'éclat du soleil
lui-même était tellement adouci que les yeux n’éprouvèrent
aucune fatigue après cet examen relativement prolongé.
L'épaisseur des effluves, appréciée dans le sens du dia-
mètre apparent du soleil, pouvait être, en moyenne, d’en-
viron un sixième de ce diamètre ; elle variait du reste
rapidement.
Il est intéressant de rapprocher cette observation de
celle qui a été faite Le 17 août 4904 à Saint-Malo par M. C.
Gilault, de Poitiers (voir : Boite aux lettres du journal La
Nature, n° 149%, 11 janvier 1902). Cet observateur parle
d’une zone dentée qui tournait autour du soleil, tantôt
dans un sens, tantôt dans l’autre, peu d’'instants avant le
coucher de l’astre.
BULLETIN SCIENTIFIQUE
PHYSIQUE DU GLOBE
ANDREAS HOLMSEN. ISFORHOLDENE VED NORSKE INDSJOER.
CONGÉLATION DES LACS DE NORVÈGE. — Christiania, 1902,
un vol. gr. in-8. 271 p. et 12 planches.
L'Université de Christiania a couronné l'important tra-
vail de l'ingénieur A. Holmsen, directeur du service des
canaux de Norvège. Un court résumé en montrera l’in-
térêt:
Après une introduction sur la littérature indigène et
étrangère du sujet, M. Holmsen donne un tableau compa-
ratif des dates et de la durée de la congélation de 401 lacs,
avec les indications nécessaires de leur position géogra-
phique : latitude, altitude, superficie, profondeur. On y
voit des différences considérables dans la date de la prise
du lac qui varie d'octobre à février (5 mois), moins consi-
dérables dans la date de la débacle qui varie seulement
d'avril à juin (3 mois) « Certains lacs de la côte sud-ouest
ne sont couverts de glace que très exceptionnellement. En
général il semble que les lacs les plus élevés en altitude
et en latitude se congèlent les premiers, de même que les
lacs situés près du littoral subissent plus tard que ceux
de l’intérieur l’action de la gelée. Mais cette règle a telle-
ment d’exceptions qu'il est fort difficile de s’y tenir. Il y a
en Norvège des lacs situés sur des montagnes très élevées
et qui ne sont que fort tard couverts par la glace; il y en à
dans la partie la plus septentrionale du pays qui ne se
prennent que longtemps après les lacs de la partie sud, et
nous pourrions trouver beaucoup d'exemples où des lacs
du littoral ont été congelés bien avant les lacs de l'inté-
rieur ». La durée moyenne de la congélation des divers
lacs varie de 0 à 33 semaines.
L'auteur étudie les facteurs qui déterminent la congé-
lation. Le plus important, celui dont l’action est domi-
526 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
nante, est la température de l'air; plus l'atmosphère est
froide, plus la congélation est hâtive et de longuedurée. La
nébulosité ne joue pas un rôle constant dans la congéla-
tion des lacs; cependant la prise soudaine d’un lac assez
refroidi pour être prêt à la congélation, a lieu le plus sou-
vent pendant une nuit sereine et calme. Les vagues du
vent retardent la congélation en mettant obstacle à l’adhé-
rence des aiguilles de glace et en mélangeant les couches
d’eau de températures différentes. L'action de la profon-
deur est mise en évidence par un calcul qui donne le nom-
bre de semaines écoulées entre le moment où la tempé-
rature atmosphérique est descendue au-dessous de zéro et
celui où le lac a été congelé. Cette durée esten moyenne :
De 1 ‘2 à 3 semaines pour les lacs peu profonds, de
moins de 30 m.
De 4 à 8 semaines pour les lacs moyennements profonds,
de 30 à 100 m.
De 10 à 12 semaines pour les lacs très profonds, de
100 m. et plus.
Quant aux autres facteurs, affluents du lac, courants
de ses eaux, forme et étendue de la surface, relief de la
contrée environnante, leur effet est minime ou secondaire,
dans les grands lacs tout au moins.
‘ M. Holmsen étudie avec soin les lacs polaires de la clas-
sification de Forel, les lacs dont la température ne s'élève
jamais au-dessus de 4° (le maximum de densité de l’eau).
Ces lacs se retrouvent dans les hautes montagnes, là où
l'effet de l'altitude se joint à celui d’une latitude élevée
pour créer un climat polaire; quelques uns de ces lacs ne
dégélent pas toutes les années.
M. Holmsen traite ensuite de la formation de la glace ;
la production des aiguilles de glace, leur aggrégation en
glaçons ou en lames. L’épaisseur de la glace des lacs
varie peu : elle atteint en général de 40 à 50 cent.; elle
s'élève parfois jusqu'à 70 cent.
Le dégel ou la débâcle arrivent lorsque la température de
l'air dépasse notablement zéro degré. La date de la debà-
ele est en rapport plus intime avec la température de Pair
CHIMIE. 527
que la prise par congélation du lac. Les facteurs locaux,
profondeur de l’eau en particulier, ont moins d'importance
que pour la congélation: l'action du vent, sitôt qu'une
trouée est faite à la nappe de glace, peut en revanche être
importante pour accélérer la libération définitive du lac.
La date de la débâcle est si bien en relation avec les
éléments géographiques, que l’auteur a pu donner dans une
carte les courbes exprimantla date du phénomène. Cette
date est d'autant plus reculée que le lac est situé plus loin
des côtes, à une latitude plus élevée, à une altitude plus
considérable.
Ce compte-rendu, qui résume brièvement les conclusions
générales du livre, fera deviner le nombre énorme d’ob-
servations qui y sont analysées. C’est un bel et bon travail
de physique du globe, rempli d’aperçus nouveaux et inté-
ressants. Ajoutons que les conclusions sont condensées
en huit pages de langue française, ce qui les met à la por-
tée plus facile des lecteurs occidentaux.
CHIMIE
Revue des travaux faits en Suisse.
C. RADZIKOWSKI. CONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE DE LA
DIGESTION. III. UNE SUBSTANCE PUREMENT ACCÉLÉRATRICE
DE LA SÉCRÉTION GASTRIQUE (Pflüger’s Arch., 8k, 513-526,
26/3, Lausanne).
L'auteur démontre que l'alcool est une combinaison
purement accélératrice de la sécrétion gastrique et com-
plètement dépourvue de propriétés pepsinogènes. Comme
tous les corps oïtrant cette propriété il développe surtout
son activité dans les applications locales sur la muqueuse
stomacale.
M. CLOETTA. SUR LA PRÉPARATION ET LA COMPOSITION DES
GLYCOSIDES DE LA DIGITALE (Arch. exp. Pathol. u. Phar-
mak.. #5. 495-446, 19/4, Zurich).
I. Digitonine cristallisée. — L'auteur prépare ce corps de
528 BULLETIN SCIENTIFIQUE, ETC.
la manière suivante : une solution de digitalinum germa-
nicum dans de l'alcool à 90 ° est traitée par l’éther. Il se
dépose ainsi un mélange de digitonine amorphe et de
digitonine cristallisée, Ce précipité est redissous dans
l’eau chaude, et, après addition d'alcool, la liqueur est
agitée avec de l’éther ; elle abandonne alors la digitonine
cristallisée que l’on purifie tout à fait en répétant plusieurs
fois ce traitement. La substance obtenue de cette manière
ne fournit plus de coloration rouge avec l’acide chlorhy-
drique concentré, mais une teinte jaune qui passe peu à
peu au vert olive.
IT. Digitonine amorphe. — Elle s'obtient en redissolvant
dans l'alcool à 90° le résidu laissé par l’évaporation des
eaux-mèêres de la digitonine cristallisée, et en traitant
ensuite la liqueur par l’éther. Pour purifier le précipité
formé, on le redissout dans un mélange à parties égales
d'alcool et de chloroforme. et on additionne la solution
d’un excès d’éther. Il se dépose ainsi une poudre hygros-
copique blanche, très soluble dans l’eau, qui fournit, sous
l'influence de l’acide chlorhydrique concentré, une belle
coloration rouge.
BIOLOGIE
M. J. COSTANTIN. L'HÉRÉDITÉ ACQUISE. — 1 vol. in-8.
Paris 14901.
Ce petit volume contient un exposé à la fois succinet et
“clair des principaux arguments qu'on peut faire valoir à
l'appui de la théorie controversée de l'hérédité des carac-
tères acquis sous l'influence du milieu. On y trouvera la
discussion d’une foule d'observations et d'expériences se
rattachant au sujet et tirées soit de la botanique, soit de la
zoologie. L'auteur insiste sur les conséquences pratiques
de la théorie pour l’agriculture, l’horticulture et la méde-
cine, et répond, chemin faisant, aux objections fonda-
mentales des négateurs de l’action héréditaire du milieu,
tels que M. Weissmann.
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23
24,
25
26,
27,
28,
29,
30,
…
529
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAÎTES A
L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE
PENDANT LE MOIS DE
D'AVRIL 1902
très forte rosée le matin.
faible pluie à 11 h. 30 m. et à 1 h. 15 m.
pluie dans la nuit et à 9 h. du soir; fort vent à 1 h. du soir.
faible pluie dans la nuit et dans la matinée; fort vent à 1 h. du soir ; lumière
zodiacale assez intense, elle s'étend jusqu'aux Gémeaux,
très forte rosée le matin; fort vent à 4 h. du soir.
fort vent à 1 h. du soir.
très forte bise du matin jusqu’à 7 h. du soir.
pluie depuis 4 h. du soir.
pluie dans la nuit et depuis 4 h. du soir.
pluie dans la nuit et à 4 h. du soir.
forte rosée le matin.
fort orage depuis 6 h. 45 m. ; pluie à 7 h. du soir.
pluie dans la nuit et depuis 3 h. du soïr; orage de 4 h. 30 m. à 5 h. 30 m. du
soir.
forte pluie dans la nuit et jusqu’à 4 h. du soir.
très forte rosée le matin,
forte rosée le matin : pluie à 7 h. et à 9 h. du soir.
rosée le matin.
forte rosée le matin.
pluie dans la nuit et à 7 h. du matin.
orage de 5 h. à 5 h. 15 m.; pluie depuis 5 h. du soir; arc-en-ciel lunaire
double à 11 h.
pluie dans la nuit.
pluie depuis midi 30 m.
pluie dans la nuit; forte bise depuis 1 h. du soir.
forte bise jusqu’à 4 h. du soir: lègère averse à 9 h. du matin.
forte bise à 7 h. du matin; pluie à 10 h. du matin et à 1 h. du soir.
forte bise à 10 h. du matin et à 7 h. du soir.
ARCHIVES. t. XIIL — Mai 1902. 38
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532
MOYENNES DE GENÈVE. — AVRIL 1902
Correction pour réduire la pression atmosphérique de Genève à la
pesanteur normale : + (mm.02. — Cette correction n’est pas appliquée dans
les tableaux.
Pression rtmosphérique : 700" +
tpm 4 boom hu. 210/h-mtPns 4h.s. Th°s MOINE: Moyenne
dre déc. 24.84 24.70 24.98 24.86 24.26 23.64 23.82 24.41 24.4
2 » 923.63 23.54 2396 24.16 23.77 23.18 23.70 24.56 23.81
Bts 1083.74 0029.02 1293-7000925-7450023 2h, 092-647 "22-017 2348 23.33
Mois 2407 23.92 212 24925 93.76 93.12 92348 24.05 23.86
Température.
jee déc. 7.67 + 6.69 + 7.26 10.0 HAE 1315 10.53 + 912 + 9.88
2e » 44027 9.30 40.09 13.09 41494 15.57 1294 1186 1296
de» 4023 9.50 9.89 12.09 1407 1859 1216 10.89 11.68
Mois + 9.39 -L 8.50 + 9.08 42.03 44.15 14.54 1188 410.62 11.27
Fraction de saturation en ‘/,;.
lre décade 79 83 80 64 JU 5% 0% 72 68
2e » 87 89 91 74 65 6% 80 8 79
3° » _ 8U 80 80 70 60 D8 73 77 72
Mois 82 84 84 69 58 D9 12 78 73
Dans ce no l’air a été calme 341 fois sur 41000.
NNE 99
Le rapport des vents sw — ET Ees 3.00.
La direction de la résultante de tous les vents observés est N. (°.6 E.
Son intensité est égale à 34.9 sur 100.
Moyennes des 3 observations Valeurs normales du mois pour les
(2, 1n, 9b) éléments météorologiques, d’après
c nm Plantamour :
Pression atmosphérique... .. . 123.98 mm
NEBHIDEReEE--ec re e-eccre 6.9 Press. atmosphér.. (1836-1875) 724.77
TRE 11e 4866 Nébulont Eee (1847-1875). 5.8
T : 3 Hauteur de pluie.. (1826-1875). 56".8
empérature 4 _ ; s- : k :
EME CUr L 110,33 Nombre de jours de pluie. (id.). 11
Ar NT Température moyenne... (id.). —-8°.97
Fraction de saturation. ..... me 13% Fraction de saturat. (1849-1875). 70 %
033
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAITES AU
GEAND-SATNT-BERNARD
PENDANT LE MOIS DE
AVRIL 1902
Le 2, brouillard le soir; grande sécheresse de l'air, 10 °/, à 11 h. du matin.
3, neige le matin.
4, neige et brouillard ; grande sécheresse de l'air, 7 °/, à 11 h. du soir.
5, grande sécheresse de l’air, 6 °/, à 1 h. du matin.
6, neige le matin et brouillard le soir.
7, brouillard le matin.
9, brouillard le matin; neige le soir.
10, brouillard le matin; neige depuis L h. du soir.
11, brouillard pendant tout le jour: neive.
12, brouillard pendant tout le jour ; neige.
15, brouillard le matin.
16, neige.
17, brouillard et neige.
18, brouillard le matin; neige.
21, brouillard le matin.
23, neige le matin.
24, brouillard le matin et à 1 h. du soir: neige.
25, neige.
26, brouillard pendant tout le jour.
27, brouillard le soir; neige.
28, neige le matin; brouillard le soir.
29, brouillard depuis 1 h. du soir: neige.
Correction pour réduire la pression atmosphérique du Grand Saint-
Bernard à la pesanteur normale : — ()®m.22. — Cette correction n'est pas
appliquée dans les tableaux.
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536
MOYENNES DU GRAND SAINT-BERNARDO. — AVRIL 1902
Pression atmosphérique : 500%"
Fraction de saturation en °/,.
7 h. m. 1h.s. 9h18; Moyenne Th.m. 1h.8 9h.s. Moyenne
re décade 62.08 62.53 62.68 62.46 69 © À 67 SON
2e » 62.99 63 50 63.81 63 42 90 78 89 86
3e » 61.78 61.93 61.93 61.88 91 74 90 85
Mois 62.28 62 66 62.81 62.58 83 70 83 79
Température.
Moyenne,
7h. m 1h.8. 9 h. s. LE pr RO T+TI1+2X9
8 4
AU A En 4j 007.1, SU
2e » — 1.46 + 1.16 — (0.59 — 018 — 0.29
3e » == + 0 59 — 1.81 — 1.02 — 1.22
Mois 221 + 4.01 — 41.96 — 1.07 — 1.99
Dans ce mois l'air a été calme () fois sur 4000.
NE 23
Le rapport des vents
La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 45° W.
Son intensité est égale à 55.6 sur 100.
————
Observations météorologiques faites dans le canton de Genève
Résultats des observations pluviométriques
Station | GÉLIGENY COLLEX | CHAMBÉSY | CHATELAINE | SATIGNY | ATHENAZ | COMPRSIÈRES
nee dense RER CES A Re + 2
| |
= | PR
pense Fe 19.7 75.7 84.8 | 107.6 | 63.5 ? 79.5
|
= : | :
Station VEXIUER OBSRRYATOIRE | COLOGNY | PUPLINGE JUSY HERMANCE
ns | | Es ee |
| | |
Le BE 111.8 | 408.1 | 79.3 82.1
|
Durée totale de l'insolation à Jussy : ...h..
FLUORESCENCE INVISIBLE
PAR
Henri DUFOUR
Professeur à l’Université de Lausanne.
Les expériences suivantes ont été faites avec des
substances radioactives fournies par la Société centrale
de produits chimiques (ancienne maison Rousseau) à
Paris. Ces substances sont désignées sous le nom de
Chlorure de Baryum et de Radium, activité 240 et ac-
tivité 1000 ; elles sont arrivées de la fabrique dans des
tubes de verre scellés à la lampe, chaque tube conte-
nant un gramme de substance d’activité 240, la quan-
tité de substance à l’activité 1000 est de gr. 0,2 seu-
lement. Ces chlorures sont lumineux, l’intensité de leur
lumière visible ne parait pas avoir changé pendant la
durée des expériences; le plus ancien des tubes date
de juin 1900 ; les tubes ont été ordinairement à l’obs-
curité, mais beaucoup de manipulations ont été faites
avec eux à la lumière du jour et ils ont souvent été
abandonnés sur des tables pendant des journées sans
aucune protection contre l’action de la lumière. Le
plus grand nombre des expériences sur les actions pho-
tographiques des radiations directes ou transformées
ont été faites avec des plaques Lumière ordinaires
ARCHIVES, t. XIII. — Juin 1902. 39
538 FLUORESCENCE INVISIBLE.
développées à l’hydroquinone. Enfin nous devons ex-
pressément remarquer que les substances radioactives
que nous avons employées n’on jamais été exposées à
l’air dans les salles du laboratoire ; les tubes sont res-
tés scellés, il n’y a donc jamais eu d'action directe des
substances radioactives sur l’air des locaux dans les-
quels les expériences ont été faites.
Nous constatons tout d’abord que les tubes scellés
d’activité 240 et 1000 n’ont qu’une action trés faible
pour décharger un électroscope, soit qu’on lesfixe direc-
tement sur l’électroscope ou qu’on les place entre deux
plateaux d’un condensateur dont l’un communique avec
l’électroscope et l’autre avec le sol.
Action sur l'air. — Les radiations émises par le
verre du tube sous l’action du chlorure de radium ou
transmises par lui, agissent sur l'air pour le rendre
radioactif. C’est ce qu’ont montré les expériences sui-
vantes :
1” Le tube de verre (240) est placé dans l’axe d’un
tube plus gros dont l’extrémité est courbée à angle
droit et débouche au-dessus d’une plaque photographi-
que placée horizontalement dans une caisse noire. Un
courant d’air fourni par une trompe et dont le débit est
mesuré par un compteur à gaz puis desséché par de
l’acide sulfurique, circule dans le tube et passe ainsi
autour du tube radioactif avant d’arriver à la plaque;
le tube radioactif ne voit pas la plaque, l’air parcourt
10 à 12 centimètres depuis le tube actif jusqu’à la
plaque.
En faisant passer 6290 litres d’air en 23 heures
autour du tube d’activité 240, on obtient une tache
noire intense devant l’orifice d'arrivée de l'air.
FLUORESCENCE INVISIBLE. 539
Le résultat est le même avec le tube d’activité 1000,
la quantité d’air qui a passé est de 14,100 litres en
28 heures, l'empreinte noire est très forte devant l’ori-
fice, puis autour du tube d'écoulement, tandis que
Pintervalle compris entre l'extrémité du tube et la pla-
que est plus clair ; c’est dans cette région que la vitesse
de circulation de Pair s’échappant en lame mince, est la
plus grande. Dans cette expérience, l'air qui avait
passé sur le tube radioactif traversait un tampon de
ouate avant de sortir du tube, cela pour retenir les
poussières qui auraient pu être entrainées.
29 Expériences analogues. — On a constaté tout
d'abord que l'air circulant dans les appareil précédents,
n'a aucune action sur la plaque photographique lors-
qu'il n’y a pas de tube radioactif sur son passage.
En introduisant sur le passage de l'air de la tour-
oure de zinc fraichement préparée, on constate que la
plaque photographique est impressionnée après avoir ”
été soumise à l’action du courant d’air ; 40000 litresont
circulé en 24 heures. Le même résultat est obtenu par
l’action de l'air traversant de la tournure d'aluminium,
la plaque photographique est fortement impressionnée.
L’impression d’une plaque photographique est très
aette sous l’action d’une plaque de zinc amalgamée,
sur laquelle on a buriné les lettres : Zinc ; elle est nette
également sous l’action d’une plaque d’aluminium sur
laquelle on avait gravé en 1899 le mot : Alumin. et qui
était restée dès lors exposée à l'air.
On constate de même une action directe de la limaille
de zinc posée sur la plaque photographique; elle se
manifeste sous la forme d’un voile grisâtre uniforme,
dû, semble-t-il, aux vapeurs, sur lequel se détachent
540 FLUORESCENCE INVISIBLE.
des points noirs correspondant aux points de contact
direct du métal et de la surface sensible”.
L'expérience a montré, comme on pouvait le pré-
voir, que les limailles de zinc et d'aluminium enfer-
mées, comme les substances radioactives, dans des
tubes de verre, n’exercent aucune action sur l'air qui
circule autour d’elles et que le contact des tubes sur
une plaque photographique n’en a pas davantage.
Ajoutons enfin qu’un tube radioactif laissé en contact
pendant sept jours avec une plaque de verre, n’a donné
à la plaque aucune propriété nouvelle appréciable, elle
est sans action sur la plaque photographique. Nous
avons constaté de même qu’un tube de verre qui avait
contenu pendant six mois un gramme de substance
radioactive (240), n’a exercé aucune action sur la pla-
que photographique après qu’on eut enlevé la substance
et essuyé, mais non lavé, le tube.
Rayonnement et transformation des radiations. —
La direction rectiligne du rayonnement émis par un
de ces tubes, a été constatée avec le tube de verre
sans enveloppe ou enveloppé de papier rouge ou noir
imperméable aux radiations lumineuses, il n’a pas été
modifié en vernissant entièrement en noir le tube de
verre , enfin on a constaté la même émission rectiligne
en plaçant la poudre radioactive dans un tube d’alumi-
nium fermé. La direction des rayons était fixée par
l'expérience du prince Galitzine, c’est-à-dire en posant
sur la plaque photographique sensible un carton mince
hérissé d’épingles plantées verticalement, les ombres
. 1 M. Rutherford a déjà signalé ces faits qu’il attribue à une
émission de vapeurs du métal.
FLUORESCENCE INVISIBLE. 541
de ces épingles se projettent sur la plaque lorsqu'on
place au-dessus et à une certaine hauteur, un tube
radioactif vertical dont l’extrémité inférieure seule agit,
le reste du tube étant enveloppé de plomb. Les direc-
tions des ombres sont toujours celles qu'elles auraient
avec une source lumineuse de même forme occupant la
même position, aussi longtemps qu'aucune substance
transformatrice ou absorbante n’est interposée entre le
tube et la plaque.
Dans ce dernier cas, les choses changent, comme le
montre l’expérience suivante. Sur une plaque photo-
graphique 13 X 18, enveloppée d’un papier noir et
d’un papier rouge, on a placé verticalement, au milieu
de la plaque, un tube radioactif (240) ; tout autour du
tube et distribués sur un ovale, on a posé quatorze
objets différents, entr’autres des morceaux de plomb,
de zinc, d'aluminium, de laiton, de fer, de paraffine,
d’ébonite, de bois, d’agathe, un petit flacon vide et un
flacon semblable contenant une substance radioactive
d'activité 100. Tous ces corps ont projeté leur ombre
géométrique, mais des transformations de radiations et
de nouvelles émissions de radiations ont été produites
par plusieurs d’entre eux.
La substance d’activité 100 a naturellement produit
une impresion énergique au-dessous d'elle et légère-
ment voilé ombre géométrique que projette le flacon
sous l’action du tube de 240. Le plomb a émis des ra-
diations au-dessous de lui, mais son ombre géométrique
est claire; le zinc se comporte comme le plomb, mais
l’ombre est moins claire ; le cylindre d'aluminium pro-
tège parfaitement la plaque au-dessous de lui, mais
émet des radiations derrière lui ou laisse passer des
54 FLUORESCENCE INVISIBLE.
radiations dans son ombre géométrique. La paraffine
est trés transparente et ne fait presque pas écran. Le
tube d’ébonite et le cylindre de bois impressionnent la
place sur laquelle ils reposent, tandis que l’agathe
protège la plaque aux points où elle la touche, mais
l’ombre qu’elle projette est voilée de rayons émis par
sa surface, on qui l’ont traversée.
La complexité de ces apparences nous à engagé à
faire quelques expériences plus complètes sur lémis-
sion et la transmission des radiations des corps éclairés
par les substances radioactives.
Action du verre et de l'aluminium. — Le tube ra-
dioactif enveloppé de papier rouge, est posé sur Île
fond d’un gobelet en verre à bord finement rodé, qui
appuie par le bord sur la plaque sensible ; celle-ci a
une teinte uniformément grise dans l’intérieur du gobe-
let, ce cercle grisâtre, est entouré d’un bord noir fonce,
qui dessine le contact du bord rodé du verre et de la
plaque qui n’était pas enveloppée. La teinte de la pla-
que sensible est beaucoup plus foncée dans l’intérieur
du verre qu’à l’extérieur. Dans une autre expérience,
on a placé entre le verre et la plaque l'écran à épin-
gles de lexpérience de Galitzine; les ombres des
épingles se réduisent à des points, comme si le verre
était une surface éclairante dépolie.
La même expérience répétée avec un gobelet d’alu-
minium, donne également une empreinte en gris foncé
uniforme dans l’intérieur du vase; ce cercle foncé est
entouré d’un bord blanc au contact de l’aluminium et
de la plaque.
Les rayons qui traversent l'aluminium projettent en-
core des ombres avec l’écran à épingles.
»
FLUORESCENCE INVISIBLE. 543
Ces expériences s'expliquent en admettant que le
verre a une fluorescence invisible qui agit sur la plaque
et dont l’action est surtout sensible, comme dans la
fluorescence visible, aux points où le verre est dépoli
et, sur les arêtes, c’est la luminosité invisible du bord
du verre qui produit le rond noir ; le verre transforme
les radiations qui le pénètrent et donne un éclairement
invisible de toute sa masse.
L’aluminium est surtout transparent, il laisse passer
les radiations directes lorsque son épaisseur n’est pas
très grande, c’est le cas du fond du verre, mais les
absorbe en grande épaisseur, ce qui détermine le bord
blanc au contact du gobelet et de la plaque.
L’aluminium cependant transforme aussi partielle-
ment les radiations excitatrices; ces radiations nouvel-
les traversent difficilement le verre qui est très peu
transparent pour elles, où sur lequel elles provoquent
une trés faible excitation. On le constate en plaçant
sous une partie du gobelet d'aluminium de l’expérience
précédente, une plaque de verre mince; elle affaiblit
beaucoup les radiations émises dans l’intérieur du go-
belet, en outre le bord blanc très net dans la région
de la plaque sur laquelle appuie le verre d'aluminium,
devient flou et disparaît dans la région qui, légère-
ment soulevée par la lame de verre, n’est plus en con-
tact avec la plaque sensible.
Cette fluorescence invisible qui se combine avec une
transparence relative sous l’action des radiations éga-
lement invisibles des substances radioactives, est dé-
montrée par les expériences suivantes :
On place dans l’intérieur d’un verre à boire en alu-
mipium, un vase en verre mince de diamèêtre plus pe-
544 FLUORESCENCE INVISIBLE.
tit et moins haut ; les deux vases sont retournés sur la
plaque photographique sur laquelle ils appuient par
leurs bords. L’impression de la plaque est plus forte
dans l’espace recouvert par les deux vases que dans
l’espace annulaire compris entre l’aluminium et le verre;
on ne distingue aucune trace de la forme du tube ra-
dioactif posé à plat sur le fond du gobelet d'aluminium ;
les radiations ont été transformées et diffusées et celles
émises par le verre ont agi plus énergiquement que
celles de l'aluminium. Comme contre-épreuve, on place
un gobelet d'aluminium sous un vase de verre de
même espèce mais plus grand que le précédent; un
tube d’activité 240, enveloppé de deux doubles de
papier, est posé sur le fond du gobelet de verre. Dans
ce cas, C’est l’espace annulaire soumis à l’action des
radiations du verre seul, qui est le plus fortement im-
pressionné ; l’aluminium paraît former écran pour les
radiations émises par le verre; dans cette expérience
encore, la forme du tube n’est pas appréciable. L’opa-
cité relative de l’aluminium pour les radiations émises
par le verre, a été confirmée par plusieurs expérien-
ces où on superposait l'aluminium et le verre; on a
constaté par exemple, qu'une plaque de verre sillonnée
de traits de crayon d’aluminium (procédé de M. Mar-
got), faisait paraître ces traits en tons plus clairs sur la
plaque photographique, ce qui indique une absorption
des radiations.
L'émission des radiations du verre, la fluorescence
invisible, se combine avec l'absorption que ce corps
exerce en épaisseur même modérée, sur les radiations
directes des chlorures de radium et de baryum et donne
parfois des résultats qui paraissent au premier abord
»
FLUORESCENCE INVISIBLE. 545
inexplicables ; ainsi on pose sur une plaque de verre
rectangulaire de 2 millimètres d'épaisseur (porte-objet
pour préparations microscopiques), un tube radioactif
(240) enveloppé de plusieurs couches de papier rouge.
Les bords de la plaque, qui a été coupée au diamant,
ne sont ni polis ni rodés. L’épaisseur de la plaque pro-
jette autour d’elle une ombre qui se manifeste sous
forme d’une bande blanche dont la largeur est cons-
tante, l’axe du tube étant parallèle à celui de la plaque;
mais on constate en même temps un bord noir très
foncé au contact immédiat du bord de la plaque, dont
il suit exactement les plus petites irrégularités; c’est le
résultat de la fluorescence invisible du verre qui a émis
des radiations propres très photogéniques mais très peu
pénétrantes, le bord noir est beaucoup plus étroit que
la zone d'ombre et l'intensité du ton noir décroit très
vite quand on s'éloigne du bord de la plaque.
Cette très faible pénétration des rayons émis par le
verre sous l’action des rayons excitateurs du chlorure
de Ba et Ra, explique, croyons-nous, un phénomène
que nous avons constaté plusieurs fois, mais qui ne se
produit pas toujours à coup sûr.
Un petit morceau de verre dit « plot d'épaisseur »,
servant à vérifier la constance des pas-de-vis, porte,
tracé au diamant sur une de ses faces finement dépo-
lie, un rond à côté duquel est inscrite l'épaisseur du
plot : 7""95; placé directement en contact avec la
gélatine de la plaque sensible et soumis aux radiations
invisibles d'un tube d’activité 240, il donne une em-
preinte uniforme, noire ou grise, de la face du verre,
sur laquelle se détache en clair le rond et les chiffres ;
les expériences ont donné trois fois le même résultat ;
546 FLUORESCENCE INVISIBLE.
dans deux cas les rayons émanaient d’un tube de verre
enveloppé de papier rouge, dans le troisième ils étaient
produits par un tube d'aluminium contenant la subs-
tance active. Il semble que l’émission superficielle du
verre est moins intense dans le sillon tracé dans le
verre qui n’est plus en contact intime avec la plaque ;
il y a lieu de varier encore ces expériences.
Une plaque de quartz à faces parallèles, de 6°"56,
obligeamment prêtée par M. F.-J. Micheli, s’est montrée
remarquablement opaque pour les radiations émanant
d’un tube radioactif de verre enveloppé de papier : elle
paraît plus opaque que le verre dont la transparence
pour l’ultra-violet est pourtant bien inférieure. Ce fait
s'explique parce que le verre impressionne la plaque
surtout par sa fluorescence invisible, qui est nulle ou
très faible pour le quartz. Le verre est très opaque ; un
bloc de verre ou la même masse de verre pilé, présen-
tent la même opacité. Le même fait a lieu pour les
rayons Rôntgen
La fluorescence invisible est, comme on pouvait s'y
attendre, très forte avec le spath fluor. Ce fait avait été
signalé, sousle nom de phosphorescence, par M. P.Spiess,
qui montra qu’un cube de spath fluor impressionne for-
tement une plaque photographique lorsqu'il est soumis
à l’action des rayons de Becquerel, tandis qu’il l’impres-
sionne faiblement s’il n’est pas soumis aux rayons ac-
tifs. Nous avons varié les expériences avec cette subs-
tance, et deux autres cubes identiques, l’un de verre
de didyme, l’autre de verre d’urane. Les trois cubes
d'épaisseur commune, 14"", sont posés directement
sur une plaque photographique ; un tube radio-
actif 240 enveloppé, repose sur les trois cubes; le
x
FLUORESCENCE INVISIBLE. 547
spath impressionne fortement la plaque, le didyme
produit beaucoup moins d'effet et le verre d’urane se
dessine en clair, c’est-à-dire n’a pas d'action. Dans
cette expérience, les radiations émises par fluorescence
s'ajoutent, si elles existent, à celles qui traversent les
substances ; la fluorine laissant passer les radiations de
185,7 (E. Sarasin), son action énergique peut pro-
venir de sa transparence ou de sa fluorescence. L’ex-
périence suivante montre que c’est probablement à cette
dernière action qu’il faut attribuer le rôle le plus im-
portant.
On place les trois cubes sur une plaque photogra-
phique enveloppée d’une feuille de papier ; les trois
empreintes sont également blanches, les radiations
émises par fluorescence ont une très faible puissance
de pénétration, elles n’ont pu traverser le papier qui est
très transparent pour les radiations directes du tube de
radioactivité 1000, employé dans ce cas. C’est aussi
par l'effet de la fluorescence invisible que s’explique le
fait qu'un cube de spath fluor placé sous une plaque
d’ébonite et soumis à l’action des rayons agissant à
travers l’ébonite, donne une empreinte grise de sa
forme, qui se détache en foncé sur le fonds plus clair
des rayons affaiblis, non transformés par l’ébonite.
Mais on peut reconnaître encore mieux la fluores:
cence invisible des divers corps, en disposant l’expé-
rience comme suit : On pose sur le cube de fluorine
une plaque sensible de celluloïde au gélatino-bromure
qui est très transparente pour les radiations directes ;
la face sensible repose sur les substances à étudier et
un écran de carton est placé entre la feuille sensible et
le tube pour annuler les rayons visibles, le tube étant
548 FLUORESCENCE INVISIBLE.
lui-même enveloppé de papier rouge. Le cube de spath
fluor se dessine en gris foncé sur la teinte gris clair de
la feuille sensible uniformément impressionnée; cette
tache grise, qui a la forme de la face du cube, est due
à l'émission des radiations invisibles par la fluorine.
Cette fluorescence invisible peut être constatée par ce
procédé pour le verre ordinaire dont est formé le plot
d'épaisseur de 7""25 précédemment employé; elle est
très forte pour le-verre lourd, dit verre de Faraday,
qui sert à montrer la polarisation rotatoire magnétique,
elle est assez forte pour le verre de didyme, moins pro-
noncée pour le verre d’urane ; elle est assez forte éga-
lement pour le spath d’Islande.
Cette fluorescence invisible ne se produit plus si on
place, sur le trajet des radiations du tube actif, une
plaque de verre, cette substance produisant déjà une
transformation énergique des radiations qui la péné-
trent.
En terminant, je tiens à exprimer ma reconnaissance
à M. Pierre Dufour, étudiant de la faculté des sciences,
pour son aimable et active collaboration dans ces re-
cherches.
Laboratoire de physique, avril 4902.
PRÉPARATION
ET
EAN DE MITRATION DE QUELQUES DÉRIVEX
DU
PSULFOCHLORURE DE TOLUENE
PAR
Frédéric REVERDIN et Pierre CRÉPIEUX !
A l’occasion de recherches qui ont été publiées pré-
cédemment*, nous avions observé que la toluène-p-sul-
fone-anilide se comporte à la nitration autrement que
l’acétanilide, en ce sens qu’elle fournit immédiätement,
même par l’action de l’acide nitrique de D — 1.34, un
dérivé dinitré. Nous avons pensé qu'il serait intéressant
d'examiner à ce point de vue d’autres dérivés du p-sul-
fochlorure de toluène avec des amines et des phénols;
c’est dans ce but que nous avons préparé les dérivés
des trois toluidines, de la diphénylamine, du phénol et
des trois crésols; le dérivé de la p-toluidine seul était
déjà connu.
! Une grande partie de ces recherches ont été faites avec la
collaboration de M. le D' G. Dôrr, auquel nous exprimons tous
nos remerciements.
? Archives (4), 12, 325.
550 PRÉPARATION ET NITRATION DE QUELQUES
Toluène-4-sulfone-2-toluide.
CH ICHSOUNEECHCH
(1) 2) a) (1)
Ce composé a été obtenu soit en faisant réagir le
p-sulfochlorure de toluène en solution dans l’éther sur
une solution de chlorhydrate d’o-toluidine, en présence
de carbonate de soude, soit en mélangeant le p-sulfo-
chlorure de toluène avec une demi-partie de pyridine
et ajoutant à ce mélange de l’o-toluidine.
Dans ce dernier cas la masse s’échauffe fortement,
on laisse refroidir et on ajoute de l’eau qui provoque
la séparation du produit de la réaction sous forme
solide. En le faisant cristalliser dans l’acide acétique
étendu, on obtient la foluène-p-sulfone-o-toluide en
aiguilles blanches, F — 108°. Elle est facilement solu-
ble à froid dans l'alcool, l’éther, l'acide acétique, le
benzène, l’acétone et le sulfure de carbone, difficile-
ment soluble dans la ligroïne. Elle cristallise le mieux
dans l’acide acétique ou dans l’alcool étendus, ainsi
que dans un mélange de benzène et de ligroïne.
0.1728 Sbst; 0.4050 CO? ; 0.0928 H°0
0.2095 » 10.8 cc N (11°, 734%)
C'H ‘O'NS. Calculé. C = 64.36 °/, ; H =5.74°/,; N=5.36 °L
Trouvé 63.92 5.96 5.93
Nitration de la toluène-p-sulfone-0-toluide.
Lorsqu'on nitre le dérivé ci-dessus au moyen d’un
mélange d'acide nitrique de D — 1.51 et d'acide acé-
tique, à basse température et dans les conditians indi-
=
DÉRIVÉS DU P-SULFOCHLORURE DE TOLUÈNE. 591
quées par Lellmann et Würthner”, ainsi que par nous-
mêmes” pour la nitration de l’o-acettoluide, on obtient
comme produit principal un dérivé mononitré qui cor-
respond à la formule :
C‘H:.CH:.SO*NH.C'H*NO°.CH:
(1) (4) @) EYE)
et cristallise dans l’acide étendu, en belles aiguilles
légèrement jaunes, F — 174.
0.2220 Sbst 166 ICLN (TS, 133%)
CEHCO SN: Calculé N — 9.15 °/,
Trouvé 9.65
Ce dérivé possède bien la constitution indiquée ci-
dessus, car il fournit par saponification, au moyen de
l’acide sulfurique concentré à froid, la mononitrotolui-
dine C‘H°.CH°.NH°.NO* 1.2.5, qui cristallise dans
l'alcool étendu en feuillets jaunes, F— 129-130. On
a retiré en outre, des eaux-mèêres de la cristallisation
du dérivé mononitré ci-dessus, un mélange d’un dérivé
mononitré et d’un dérivé dinitré, qui a fourni par
saponification au moyen de l’acide sulfurique concentré
la mononitrotoluidine C°H°.CH°.NH°.N0O* 1.2.3 F —
97° et la dinitrotoluidine C°H*CH°NH°.NO*NO* 1.2.3.5
F — 208-209. Ces deux produits ont été séparés l’un
de l’autre par distillation à la vapeur d’eau, le premier
distillant facilement, tandis que le second ne distille pas.
D'après les essais comparatifs de nitration que nous
avons effectués avec l’o-acettoluide et avec la toluéne-
p-sulfone-0-toluide, il paraît résulter que l’on obtient
1 Jaebig's Annalen, 228, p. 239.
? Archives, (4), 10, 112.
552 PRÉPARATION ET NITRATION DE QUELQUES
dans la nitration de la première, un mélange des déri-
vés mononitrés correspondants aux nitrotoluidines
1.2.3 et 1.2.5, tandis que dans la nitration de la se-
conde, on obtient principalement le dérivé de la nitro-
toluidine 1.2.5, ainsi que de petites quantités des dé-
rivés de la nitrotoluidine 4.2.3 et de la dinitrotolui-
dine 1.2.3.5.
Toluène-4-sulfone-4-toluide .
CE .CH"-S0°-.NA:C'HCH
() (4) (@) (1)
Ce dérivé, déjà décrit par Müller et Wiesinger ‘ à
été préparé en faisant réagir le p-sulfochlorure de
toluène sur la p-toluidine en présence de pyridine. Il
fond à 417°et fournit par nitration, en solution acétique
et à froid, au moyen de l’acide nitrique de D— 1.518,
un dérivé mononitré, F — 145-146°, qui nous a donné
par saponification au moyen de lacide sulfurique con-
centré, la 3-nitro-4-loluidine, en cristaux rouges
F. 114". Il s'était donc formé le dérivé
C'HCH*.SO°.NE.NO?-C'H° CHE
() (4) (@) (8) (U
de constitution analogue au produit de la réaction de
l’acide nitrique sur l’acet-p-toluide.
Toluène-4-sulfone-3-toluide.
CSH::CH°.S0*-HN:CHT:. CH
() (4 (G) (1)
Préparée de la même manière que les précédentes,
1 Berichte d. d. ch. Ges., t. 12 (1879), p. 1348.
x
DÉRIVÉS DU P-SULFOCHLORURE DE TOLUÈNE. 3
elle n’en diffère pas sensiblement par ses propriétés et
fond à 144°.
Toluène-4-sulfone-diphénylamide.
C'HCHS SO N:CH.C'H:
COTE)
Ce produit peut être obtenu en chauffant au bain
d'huile vers 450°, un mélange de p-sulfochlorure de
toluène et de diphénylamine, mais il se produit en
même temps, dans ce cas, une matière colorante bleue
et des produits résineux. En ajoutant au mélange, une
quantité de carbonate de soude en poudre, égale à la
quantité de sulfochlorure, on évite en partie la forma-
tion de ces produits secondaires et lon peut plus faci-
lement isoler du produit de la réaction un composé
pur. Mais, on y arrive avec la plus grande facilité en
faisant réagir le p-sulfochlorure de toluène sur la diphé-
nylamine en présence de pyridine. On obtient alors
avec un très bon rendement un produit qui peut être
purifié par une seule cristallisation dans Palcoo! ou
dans l’acide acétique.
On mélange, par exemple, 20 gr. de p-sulfochlo-
rure de toluène avec 10 ce. de pyridine, puis on y
introduit en remuant 18 gr. de diphénylamine et on
chauffe pendant trois quarts d'heure au bain-marie. Le
produit de la réaction, qui se concrète par le refroi-
dissement, est trituré à froid, avec de l’alcool pour
éliminer la pyridine ; on le filtre et on obtient ainsi une
substance qui, purifiée par une seule cristallisation dans
l’acide acétique étendu ou dans lalcool, est en belles
aiguilles blanches, F — 141. La toluène-sulfone-
ARCHIVES, t. XIII. — Juin 41902. 40
554 PRÉPARATION ET NITRATION DE QUELQUES
diphénylamide est très soluble à froid dans le chloro-
forme, le benzène, le sulfure de carbone, peu soluble
dans l’alcool froid, facilement soluble à chaud; elle
n’est saponifiée ni par les acides chlorhydrique ou sul-
furique étendus, ni par la potasse alcoolique après une
ébullition de deux heures; elle l’est en revanche par
l’acide sulfurique concentré, à froid.
0.1698 Sbst C'OICCN 2 58e)
0.2058 » S'CCANIIG 738%)
C'*HYO?NS Calculé N — 4.33°,,
Trouvé 4.27; 4.40
Lorsqu'on nitre la toluène-p-sulfone-diphénylamide
en solution acétique, au moyen de l’acide nitrique de
D— 1.518, en laissant monter la température pen-
dant l'introduction de l’acide nitrique jusque vers 50”,
puis en chauffant ensuite une heure au bain-marie, on
obtient un mélange de deux dérivés dinitrés, dont lun
moins soluble dans l’acétone et l’acide acétique dilué a
été isolé et purifié par cristallisation ; il est en feuillets
nacrés, F — 167-168 et donne par saponification la
p-dinitrodiphénylamine.
0.1843 Sbst 16.6 CCE" 73672)
C'HSOSN'S Calculé N — 10.17 ?/,
Trouvé 10.26
Le mélange ci-dessus, saponifié par l'acide sulfuri-
que concentré, fournit un corps rouge et un corps Jaune.
Le premier a été caractérisé, comme correspondant par
ses propriétés à une dinitrodiphénylamine, F— 216",
déjà décrite par Nietzki, Witt et Lellmann' et dont la
1 Witt. Berichte d. d. chem. Ges., t. 11 (1878), p.758. — Nietzki
et Witt, Id., t. 12 (1879), p. 1400. — Lellmann, 1d.,t. 15 (1882),
p. 828.
DÉRIVÉS DU P-SULFOCHLORURE DE TOLUÈNE. 999
constitution a éte établie plus tard par Nietzki et Baur'
comme étant celle d’une o-p'-dinitrodiphénylamine.
0.1364 Sbst 19.5 ce N (12°, 738m)
C'?H°O'N* Calculé N — 16.22 °,
Trouvé 16.47
Le second composé, corps jaune, F— 214 a été
identifié avec la p-dinitrodiphénylamine également
connue.
0.1652 Sbst DA D CCINECI2 NE TA)
C'?H°O:N: Calculé N —16.:22°),
Trouvé 16.98
Tandis que Lellmann avait obtenu en nitrant la ben-
zoyldiphénylamine un mélange, renfermant à peu près
parties égales des dérivés nitrés ortho-para'et di-para,
nous avons observé qu'il se forme dans la nitration de
la toluène-p-sulfone-diphénylamide le dérivé di-para
en quantité prépondérante. La différence dans les
rendements réciproques des deux isomèêres, est encore
plus sensible si l’on opère la nitration de la toluène-
sulfone-diphénylamide en introduisant cette substance
réduite en poudre, dans six parties d’acide nitrique de
D = 1.34 et portant le mélange pendant quelques
minutes seulement à l’ébullition. Dans ces conditions
on obtient un dérivé qui, après saponification, parait
constitué principalement par la p-dinitrodiphénylamine.
Ethers toluène-sulfoniques et o-nitrotoluène-p-sulfoni-
ques du phénol et des crésols.
Ces éthers ont tous été obtenus de la même manière,
* Nietzki et Baur. Berichte d. d. chem. Ges., t. 28 (1895), p. 2976.
556 PRÉPARATION ET NITRATION DE QUELQUES
c’est-à-dire en ajoutant à une solution du phénol ow
des crésols dans une quantité égale de pyridine la quan-
tité caiculée des sulfochlorures. Le mélange s’échaufle,
on le coule dans l’eau au bout de quelque temps, puis
on fait cristalliser le produit de la réaction dans lalcool:
tous ces éthers sont solubles à chaud dans lalcool et la
ligroïne, facilement solubles à froid dans l’acétone, le
benzène, l’éther, le chloroforme et l’acide acétique
cristallisable.
Ether toluène p-sulfonique du phénol.
CSHi.CH*.SO?.OCfH*; aiguilles blanches
(1) (4) F — 95-96°
0.2072 Sbst 0.4778 CO? ; 0.0943 H°0
C'*H20'S Calculé C — 62.90 : H = 4.84 0,
Trouvé 62.89 5.05
Lorsqu'on fait réagir l'acide nitrique de D — 1.48
sur cet éther, à basse température, il se forme presque
exclusivement l’éther toluène-p-sulfonique du p-nitro-
phénol, F — 98, déjà décrit par Bamberger et Ri-
sing".
Ether toluène-0-nitro-p-sulfonique du phénol.
CSH.CHS.NO*.SO?OC'H5 aiguilles blanches
(1) (2) (4 F == 59-60°
0.3165 Sbst 13.4 cc N (17°,743"")
C'HOSNS Calculé Ne 477.2)
Trouvé 4.80
1 Berichte d. d. ch. Ges., t. 34 (1901), p. 240.
(er
7
DÉRIVÉS DU-P-SULFOCHLORURE DE TOLUÈNE. 9:
Ether toluène-p-sulfonique de l’o-crésol.
CS5H:.CHESO2.OCSH*.CH* longues aiguilles blanches
(1) 4) G) (2) F — 54-55°
Plusieurs analyses faites avec ce dérivé ont toujours
donné un chiffre trop faible pour le carbone, la subs-
tance étant sans doute difficile à brüler ou retenant
énergiquement une impureté; le dosage du soufre ainsi
que les résultats obtenus dans la nitration et qui sont
consignés ci-dessous, ne laissent cependant aucun doute
sur la constitution de l’éther en question.
L'analyse la meilleure a donné les résultats suivants :
0.2930 Sbst 0.6820 CO*; 0.1422 H°0
CMOS Calculé C'—=164:12 ‘/,; À = 5.34%
È Trouvé 63.48 5.39
0.2794 Sbst 0.2564 BaSO“
Calculé S — 12.21 ?},
Trouvé 12.61
Lorsqu'on nitre l’éther ci-dessus au moyen de l'acide
aitrique de D— 1.48, à une température ne dépas-
sant pas 3 à #,on obtient un mélange de dérivés
mono et dinitrés; on n'a pu isoler de ce mélange,
après l’avoir saponifié au moyen de la potasse alcooli-
que, qu’un seul produit, qui a été identifié avec le
nitrocrésol C°H°.CH'.OH.NO* 1.2.6 caractérisé par son
point de fusion 142 à 143°, sa saveur sucrée intense et
sa forme cristalline. Les autres produits de la nitration
n’ont pas pu être identifiés.
En nitrant au moyen d’un acide plus concentré de
D— 1.518 à 25 environ et abandonnant le mélange
pendant une à deux heures à 30°, on obtient après
558 PRÉPARATION ET NITRATION, ETC.
cristallisation un produit homogëne, F — 108-109°
correspondant à l’éther toluène-p-sulfonique du dinitro-
crésol
CSH:CH:.SO?.OCSH'CH'NO*NO°
MED 3)
0.2812 Sbst 21 cc N (15°, 721»)
CHAFEO'SNE Calculé N — 7,95 °/,
Trouvé 8.29
Ce dérivé a fourni par saponification au moyen de la
potasse alcoolique le dinitrocrésolC‘H°.CH*.O0H.NO*N0*
1.2.3.5, déjà connu et qui cristallise dans l'alcool
étendu en aiguilles jaunes F — 85-86. Il se forme,
donc dans ce cas le dérivé correspondant à celui qu’on
obtient en nitrant l’éther éthylique de l’o-crésol”.
L’éther toluène-p-sulfonique du m-crésol ainsi que
celui du p-crésol cristallisent en aiguilles blanches; le
premier fond à 51°, le second à 69-70.
Ether toluène-o-nitro-p-sulfonique de l'o-crésol.
_ CSHS.CH*.NO°.SO2.OC‘H:.CH® aiguilles blanches
(1)-@) &@ (D) (2) F 68-69°.
Les éthers correspondants du m et du p-crésol cris-
tallisent aussi en aiguilles blanches, F — 63-64 et 95.
Analyse du dérivé para.
0.2860 Sbst. l22CO INC (Sr, Tone)
CONS Calculé N — 4,56
Trouvé 4.90
! Staedel. Liebigs Annalen, t. 217, p. 153.
ÉTUDES NUMÉRIQUES
SUR
L'ÉQUATION DES FLUIDES
(Deuxième Mémoire)
PAR
Ph.-A. GUYE et KE. FRIDERICH
Dans un précédent mémoire ‘ nous avons indiqué
les méthodes de calcul à employer pour fixer les valeurs
numériques des constantes & et b de l’équation de
M. van der Waals et publié des tableaux donnant les
valeurs de ces coefficients déduites de 83 détermina-
tions de constantes critiques choisies parmi celles qui
nous ont paru présenter le plus haut degré de confiance.
Le présent mémoire à pour objet :
1° De compléter les tableaux précédents des valeurs
de a et de b au moyen des données récentes relatives
aux mesures de constantes critiques.
2° De préciser les méthodes de calcul des constantes
-& et b dans des conditions autres que celles qui carac-
térisent l’état critique.
* Arch. Sc. ph. nat., IX. 505.
560 ÉTUDES NUMÉRIQUES
[. — TABLEAUX COMPLÉMENTAIRES DES VALEURS
DE @ ET DE D AU POINT CRITIQUE
Pour les formules, les notations et les unités adop-
tées, nous nous reportons à notre mémoire précédent ;
nous rappelons seulement que le tableau I ‘ est relatif
à l'équation des fluides rapportée au volume initial
unité et le tableau IT à l'équation des fluides rapportée
à la molécule-gramme. Pour établir le tableau I on
s’est servi de la formule empirique précédemment éta-
blie.
it 2
b — 0,0004496 + 0,00000 1835 (5)
Pe Pe
Les numéros en regard du nom de chaque corps
font suite à ceux de nos précédents tableaux.
? Dans les comptes rendus qui ont été publiés au sujet de notre
travail quelques auteurs ont jugé inutile d'indiquer les résultats
concernant l’équation rapportée au volume-unité comme si l’équa-
tion rapportée à la molécule-gramme s’appliquait seule à toutes les
questions. Nous croyons devoir insister sur la nécessité de calcu-
ler les constantes de l’équation des fluides pour les deux formes.
Diverses raisons parlent en faveur de cette manière de voir : C’est
ainsi que dans son ouvrage classique « Sur la continuité etc. »
M. van der Waals raisonne exclusivement sur l’équation rappor-
tée au volume unité, tandis que M. Boltzmann (Vorlesungen über
Gastheorie 1896-98) et M. Sarrau (Conf. Soc. chim. Paris 1892,
p. 99), ne discutent que sur l’équation rapportée à la molécule-
gramme. D'autres auteurs enfin paraissent avoir confondu les
deux formes. Dans une communication ultérieure nous montre-
rons que certaines questions ne peuvent être résolues que par
l’équation rapportée au volume-unité.
SUR L'ÉQUATION DES FLUIDES. 561
TABLEAU I
Corps lien} La | b |obs.
| | 0, | 0,0
84 Diisopropyle |500°. &[30, 12 5008 10777 TE
85 Octane 1569°,2/24,65 8574/1435 “
86 Diisobutyle 54978 24,55 1531114066 Y.
87 Durène 675,5 28,6 1046/1646.
88 Diphènylméthane 110,0128.2 1141914365| id.
89 Naphtaline | 741.2 39.2 |0887. 0915, id.
90 Biphényle 768,6 31,8 4224/4194) id.
91 m-crésol :705,0,45,0 10683,0750 id.
|
92 Anisol | 641,5,41,25,0616,0744| id.
93 Phénèétol 647.0 33.8 1078610928) id.
94 Aniline 698,5,52,3 1056710633, id.
95 id. | 698.8,52,4 1056610633) id.
96 Diméthylaniline | 687.2,36.0 1083210925) id.
97 id. | | 687.7,35,6 (08440937) id.
98 Diméthyl-o-toluidine | 667,8 30.8 one) 1061! id.
|
99 Acétonitrile SAS 214737 10370 0536) id.
100 Propionitrile | 558,7 41,3 |0460,0642! id.
104 Butyronitrile | 582,1,37,4 10559/0744) id.
102 Capronitrile | 621,8 32,2 1076410938) id.
103 Benzonitrile | 699,2|41 ,6 [0733 |0808 id.
104 Oxysulfure de carbone 378°,0 65,1 Lo4 2610267, H
0256 0134/R.T.
105 Argon 155°,6/52,9
106 Crypton 210°.5 54.26 04600177! id.
107 Xénon 287°.7157.2 |0823 0231! id.
©:
©
[RS
ÉTUDES NUMÉRIQUES
TABLEAU II
Mol.- "am
Chen " K lol.-gramme Gramme
| axi0—$ b ax10— 1 b
84 Diisopropyle 86,13 16.26. 23.08 166,8! 311,2! 1.937
85 Octane 114,2 123.09! 37.35 | 236,9 | 286,6 | 2,075
86 Diisobutyle 114,2 122,40) 34,97 | 229,7 268,1) 2.011
87 Durène 134,1 193,62 45,36) 249,4 | 252,2! 1,808
88 Diphenylmethane 168,1 127.30! 38,25 | 224.1 | 135.3 | 1.333
89 Naphtaline 128,1 118,89] 39,79 | 193.8 | 242,5 | 1,513
90 Biphenyle 154,1 124.17! 52,81 | 248.0 | 222,4 | 1,609
91 M-Crèsol 108,1 |15,67| 31,41 | 160,8! 268,8) 1.487
92 Anisol 108,1 115,55! 28.35 | 159.6) 242.6| 1,476
93 Phenètol 1221 119,14) 35.20 | 196,4 | 236,1 | 1,609
94 Aniline | 93,06113,36| 26,54 | 137.1 | 319.7! 1,583
95,5 | 93,06113,34| 26,51 | 136,9! 319,2! 1,581
96 Dimethylaniline 121,4 119.09! 37,30 | 195,9 | 254,3 | 1,618
ayl id. 121,1 119,32) 37,78 | 198.2 | 257,6 | 1,637
98 Diméthylo-toluidine |135,1 21.68) 41,15 | 292,5 | 995.4 | 1.647
99 Acétonitrile 41,02/11.,39! 17,59 | 116,9 | 104,5 | 2.847
100 Propionitrile | 55,04113.53| 21,49 | 138,8| 711.0 | 2,522
104 Butyronitrile. 69,06,15,56| 25,74 | 159,7 | 539,8 | 2,312
102 Capronitrile 97,09119,34! 34,19! 198,5 | 362,7 | 2,044
103 Benzonitrile 103,0 [16,81 | 33,42! 172.5 | 315,0 | 1,675
| |
104 Oxysulfure de carbone ul 5.81| 6.24| 58.2,173 | 0,970
105 Argon 40 | 2,94| 1.30! 30,2! 81,3) 0,755
106 Crypton 82 | 3.88! 2,32] 39,8] 34,3| 0,485
07 Xénon 128 | 5,03| 4.11] 51,6| 25,1| 0.403
Les données expérimentales Te et Pe des tableaux
let II sont empruntées aux auteurs suivants :
Y. S. YounG, Chem. Soc. "117, 1145.
À 1
»
YounG et FoRTEY, Chem. Soc: 77, 1126.
SUR L'ÉQUATION DES FLUIDES. 563
R.T. Ramsay et TRAVERS, Phil. Trans. of. the R. Soc.
197, 51.
G.M. Guye et MALLET, Arch. Sc. Ph. et Nat., 1902.
H. HEwpec, Z. f. angew. Ch. 14. 865.
IT. — VALEURS NUMÉRIQUES DU COVOLUME ET DE LA
PRESSION INTERNE DANS LA PHASE LIQUIDE ET DANS LA
PHASE VAPEUR.
1. Les travaux récents sur l’équation caractéristique
des fluides, notamment ceux de M. Van der Waals et
de M. Boltzmann ‘, ont montré qu'au point de vue
théorique, le covolume et le coefficient de pression
interne doivent être considérés comme des fonctions du
volume occupé par le fluide ;: dans les formules de
Clausius et de M. Sarrau, la pression interne est déjà
une fonction du volume plus complexe que la fonction
admise par M. Van der Waals. Si l’on prend, pour
simplifier, la forme d’équation proposée par M. Van
der Waals :
(p++) HD RT 2 (4)
il en résulte qu’au dessous du point critique, à une
même température et sous une même pression, les
valeurs numériques, pour un corps donné, des coeffi-
cients a et b seront différentes dans la phase liquide et
! Van der Waals. Continuität etc., 2e édit. 1899. t. I, p. 180.
Boltzmann, Gasthéorie 1898, t. II, p. 9, 13, 163. Voir aussi
Reiganum, Zustandgleichung, Inaugural-Dissertation, Gôttingen
1899, p. 90. — Brilloin, Journal de physique 1593, p. 113. —
Tait, Théorie cinétique des gaz. Trans. Roy. Soc. Edinburgh
XXX VI. Consulter aussi la bibliographie de ce sujet : Van’t Hof,
Vorlesungen 3, p. 8 (1900). -
564 ÉTUDES NUMÉRIQUES
dans la phase vapeur, puisqu'elles sont fonctions du
volume.
Il nous à paru intéressant de mettre ce fait en évi-
dence et, pour arriver à ce but, de préciser les mé-
thodes de calcul qui permettent de fixer les valeurs
numériques de ces coefficients dans les deux phases.
2. Détermination de a et b dans la phase liquide
1" méthode. — Lorsqu'un liquide est suffisamment
éloigné de son point critique, et sous une pression
égale à sa tension de vapeur, les valeurs de p sont né-
a A
gligeables par rapport à celles de —; , ainsi que l’a
fait remarquer M. Lewis". L’équation (1) devient
alors :
a EVE
LÉ (o — b)
(2)
Considérant ensuite le fluide à deux températures
peu éloignées l’une de l’autre, {, et f,, et introduisant
dans (2) les valeurs, v,, v, correspondantes, il en
résulte deux équations :
av, — ab = RTi v,°
ave — ab — RT: v,°
d’où l’on tire :
LP DES
DU;
d'—R (3)
et par suite la valeur de b.
Les valeurs de a et de b ainsi obtenues sont les
valeurs moyennes de ces coefficients pour l'intervalle
de température {, à t, défini plus haut, entre les
volumes v, et v,.
1 Proc. Amer. Acad. of. Arts and Sc. 85. 1.
»
SUR L'ÉQUATION DES FLUIDES. 565
2 Méthode. — On arrive à un résultat un peu plus
précis si l’on connaît la courbe de dilatation du liquide,
ce qui est généralement le cas. En effet, différentiant
alors l’équation (2) on a :
dv 35 art
d’où
:
D ENS
Go)
expression dans laquelle la valeur numérique de
() est tirée de la courbe de dilatation du liquide.
Connaissant @, la valeur de b se déduit de Péquation (2)
comme précédemment.
3° Méthode. — Prenons enfin le cas général d’un
liquide se dilatant à pression constante A une varia-
tion de température dT correspond une variation de
volume do; on a en outre, par hypothèse
dpi À da don 1: dose da .‘dv
duo no IAE
db dx
La ar De sont pas rigoureusement nuls mais sont
suffisamment petits pour être négligés pratiquement.
Différentiant l’équation (1), on obtient facilement :
G—Ro)2T +7) —po(3v—26) (5
relation qui ne diffère de l’équation (4) que par le
terme correctif po (3 © — 2 b), composé de trois fac-
teurs qui deviennent chacun d’autant plus petit que
l’on considère le liquide à une température plus basse.
566 ÉTUDES NUMÉRIQUES
On pourrait éliminer b entre les équations (4) et (5)
mais comme le terme correctif (3 v — 2 b) pv est tou:
jours très petit, il est suffisamment exact, et plus
rapide, de calculer une première valeur de b au moyen
des relations (2) et (3) ou (2) et (4) et d'introduire
cette valeur dans la relation (5); a étant alors connu
on calcule la valeur définitive de b au moyen de lé-
quation (1).
Dans l’expression (5) on doit prendre pour valeur
A 1) = +
numérique de (+) celle qui se déduit de la courbe
de dilatation isobare. Mais, pratiquement, lorsque le
liquide est considéré à des températures peu élevées,
do dns à :
les valeurs de (5) déduites des courbes de dilatation
(0 |
isobare et orthobare se confondent, ceci, en raison de
la faible compressibilité des liquides envisagés dans ces
conditions. Il est donc indifférent de prendre l’une ou
; d
l’autre des deux valeurs de e s
3. Délermination de a et b dans la phase vapeur.
— Pour les isochores, notamment à l’état de vapeur,
M. S. Young et d’autres savants ont vérifié la formule
bp = fx
qui, comparée à celle de M. Van der Waals
R a
Ps nee
p Ù — b v°?
donne, pour & — constante,
R a
PCR GER) PTS je
d’où l’on tire
b ù R et «a v?
= D — — =
B
4. Application à l’isopentane. — Les travaux de
SUR L'ÉQUATION DES FLUIDES. 567
M. Young ‘ relatifs à ce corps, fournissent les données
nécessaires pour appliquer les formules précédentes ;
les tableaux ci-après donnent les résultats des calculs
y relatifs par les formules (3), (4) et (5), dans le sys-
tème cm'-atm. et rapportés à la molécule-cramme
(RESUME
Phase liquide.
Formule (3)
TT ES
t v CAO b
0° 112,81
10° 114,55 11,35 87,8
20° 116,40
30° 118,39 11.60 88.3
40° 120,43
50° 122,63 11,96 89.3
60° 124,95
(LP. Formule (4) Formule (5)
(ose UE 2 v \ Er aKI0 5 b aid b
OO SARA 50 79e 44,34 87,6 14,30:2:87:6
3021.07: 118,35 © 0,202: 14:58 : :88,3 ,, 41,54 88,2
602202012203: 20,227, 11,9%, 899 1187 . 89,1
Phase vapeur
t v a CSCIOE RD
10° 43270 0,051% 0,00195 58,78 1260
30° 21635 0,0868 0,00387 40,63 /1B)
90° 11538 0,276 0,00738 30,74 428
Remarque. — Pour la formule (3) on considère
comme valeurs de & et b à la température de 10 et
sous le volume de 114,55 cm’, celles obtenues au
moyen des données à 0° et 20 , et ainsi de suite.
Si l’on compare les valeurs des coefficients a et b, à
la même température, sous des volumes différents
! Proc. Phys. Soc. London 1894-95. 602.
? Sur le système d’unités, voir notre travail : < Etudes numéri-
ques sur l’équation des fluides ». Arch. Sc. phys. nat. (4), t. IX,
p. 505 (1899).
568 ÉTUDES NUMÉRIQUES, ETC.
(liquide et vapeur), on constate qu’elles varient dans
des proportions considérables. À 30°, par exemple,
on à :
ASUOSE b
ou — 118,35 cm° (liquide) 11,54 - 88.2
vu — 21635 cm° (vapeur) 40,63 415
tandis qu'à partir des éléments critiques (Te et Pe)
nous avons trouvé précédemment 4 X 10° — 18,33
ED 143,6:
Il résulte de là que si lon considère un fluide en
dessous de sa température critique et sous des pres-
sions égales aux tensions de vapeur, on aura deux
séries de valeurs de a et deux séries de valeurs de b,
les unes se rapportant à la phase liquide, les autres à
la phase vapeur; en d’autres termes, on aura deux
équations, en confirmation des vues théoriques émises
par M. Tait : 1
/
(o —— # (1 — la) —"RT et (p+—) (t — b,) LT
|
dans lesquelles les termes &,, &,, b,, b, seront des
fonctions du volume.
Si l’on compare enfin les valeurs de a et de b obte-
nues par les trois relations indiquées pour la phase
liquide, on constate que, pour des températures infé-
rieures à la température d’ébullition, la relation appro-
chée conduit à des résultats qui diffèrent de moins de
3°/,, de ceux fournis par la relation plus exacte (5). La
relation (3) peut donc être employée dans toutes Îles
applications numériques où l’on n’a pas besoin d’une
précision plus grande.
Genève, novembre 1904.
Laboratoire de Chimie phys. de l’Université.
DE LA
GRADATION DEN EFFETS DEN ANENTHÉNIQUES
PAR
Mlies les D'S J. Joteyko et M. Stefanowska
Communication faite au Ve Congrès international de physiologie,
Turin, septembre 1901.
C’est à Claude Bernard que nous devons la première
notion sur la gradation des effets des anesthésiques.
C'est sur le protoplasme des centres nerveux que
l’anesthésique porte d’abord son action ; les phéno-
mênes de la conscience et de la perception sensorielle
disparaissent les premiers, tandis que le protoplasme
des nerfs, des muscles et des glandes n’est pas encore
atteint. L'agent anesthésique, ajoute Claude Bernard,
n'agit pas exclusivement sur le système nerveux, il
porte en réalité son action sur tous les tissus animaux
ou végétaux ; il atteint chaque élément à son heure.
Il suit la gradation des êtres et aussi la gradation des
tissus. D’après les expériences de Cl. Bernard il est
possible d'établir un classement des organes nerveux
par ordre de susceptibilité à l’action anesthésique : le
premier rang est dévolu aux hémisphères cérébraux,
le dernier appartiendra au bulbe, et entre ces deux
extrêmes prendra place la moelle épinière.
ARCHIVES, t. XIIL — Juin 1902. 4
570 DE LA GRADATION
L’anesthésie chirurgicale n’est donc autre chose
qu'un empoisonnement limité, le premier stade de
l’empoisonnement général. Cette classification a été
formulée par Willième (cité par Dastre : Les Anesthé-
siques, p. 36) au Congrès de Bruxelles en 1876 et
reproduite dans la thèse d’agrégation de Duret. Les
chirurgiens distinguent dans la marche de l’anesthésie
quatre périodes : la première est marquée par la sus-
pension des fonctions du cerveau, d’où résulte le som-
meil ; la seconde est marquée par l’abolition des fonc-
tions de la moelle considérée comme organe de la
sensibilité réflexe ; la troisième est marquée par l’aboli-
tion des fonctions des territoires de la moelle qui pré-
sident aux réactions musculaires, d’où linertie et la
résolution des muscles. Enfin, en tout dernier lieu, le
bulbe est atteint, d’où la cessation de la respiration et
l'arrêt du cœur. (Dastre, loc. ct.)
L'analyse physiologique peut aller au-delà. Nos
recherches ‘ permettent d'élargir le cadre générale-
ment admis relativement à la gradation des effets des
anesthésiques, de poursuivre l’action de ces substances
même sur les parties périphériques des neurones (qui
! Voir M. Stefanowska. Localisation des altérations cérébrales
produites par l’éther, Chapitre II : Etat physiologique des souris
pendant et après l’éthérisation. Annales de la Soc. Roy. des
Sciences méd. et nat. de Bruxelles, t. IX, 1900, et Travaux Ins-
titut Solvay, vol. III.
J. Joteyko et M. Stefanowska. Influence des anesthésiques sur
Pexcitabilité des muscles et des nerfs. Annales, etc., vol. X, 1901,
et Travaux Institut Solvay, vol. IV.
J. Joteyko et M. Stefanowska. Anesthésie générale et anesthésie
locale du nerf moteur. Comptes-rendus de l’Académie des sciences
de Paris, CXXVIIL, p. 1606. 1899.
DES EFFETS DES ANESTHÉSIQUES. 71
ont des propriétés totalement différentes des parties
centrales, étant douées d’une très grande résistance à
l'égard des intoxications) et d'établir une comparaison
entre le mode de se comporter des différents organes
nerveux.
Tout d’abord, la suspension des fonctions du cerveau
est successive et présente deux périodes (abstraction
faite de la perte des facultés psychiques supérieures,
telles que l'intelligence, etc.) : perte de la sensibilité et
perte de la motilité. Ces expériences. ont été faites sur
les souris blanches et sur les grenouilles. Comme
l’anesthésique porte son action en tout premier lieu
sur le cerveau, on peut étudier cette phase de l’anes-
thésie sans que les symptômes médullaires, qui sont
plus tardifs, viennent troubler la pureté de l’expé-
rience.
En plongeant les animaux dans une atmosphère
chargée de vapeurs anesthésiantes, on peut s'assurer
que la perception consciente disparaît bien avant le mou-
vement volontaire. Ceci s’observe aussi bien pour les
souris que pour les grenouilles, mais chez ces dernières
les phases de l’anesthésie sont mieux marquées, en
sorte qu'il est possible d’assister au spectacle vraiment
curieux d’un animal qui ne réagit plus aux impressions
sensorielles les plus diverses, mais qui a conservé
encore le mouvement volontaire : la grenouille placée
sous la cloche à expériences exécute encore des bonds
spontanés.
Pour la souris, la différence dans la résistance dés
centres sepsitifs et moteurs de l’écorce apparaît surtout
dans le réveil après l’anesthésie. Les mouvements qui
ont disparu les derniers apparaissent les premiers
JT DE LA GRADATION
è
aussitôt que les souris sont remises à l’air libre ; d’au-
tres mouvements succèdent; ensuite l’animal peut se
relever et se placer sur ses quatre pattes, mais la sensi-
bilité tactile et la sensibilité à la douleur sont encore
longtemps absentes, si l’animal a subi une anesthésie
violente et prolongée. Ainsi, par exemple, dans une
expérience, la souris est restée sous la cloche avec
léther pendant trente minutes. Elle était complètement
insensibilisée et paralysée. Remise à l’air, elle com-
mence aussitôt à faire des mouvements avec ses mem-
bres ; au bout de dix minutes elle se lève spontané-
ment. Pendant ce temps, cette souris ne réagit pas
quand on lui pince les oreilles et le bout de la queue.
La sensibilité à la douleur ne lui est revenue qu’au
bout de 40 minutes.
En général, les mouvements et la sensibilité revien-
nent d'autant plus tard que l’anesthésie à été plus
violente et de plus longue durée; c’est dans les cas
d’anesthésie prolongée que l’écart entre la réapparition
de la motilité et de la sensibilité est le plus accentué.
Ces expériences sur l’état physiologique des souris
et des grenouilles anesthésiées par l’éther ne laissent
aucun doute sur la réalité du phénomène, à savoir que
le mouvement spontané (fonction psycho-motrice) peut
exister en l'absence de toute perception sensitive (fonc-
tion psychosensitive). En d’autres termes, il existe une
gradation dans l’envahissement des hémisphères céré-
braux par les anesthésiques ; la sensibihité disparaît
avant la motilité; le réveil de la motilité précède le
réveil de la sensibilité.
Cette dissociation permet en outre de supposer que
les centres nerveux cérébraux sont doués d’automa-
tisme à un certain degré.
DES EFFETS DES ANESTHÉSIQUES. STE:
Un animal anesthésié perd toute sensibilité et toute
motilité par paralysie de ses éléments centraux. Quel
est l’état de son système nerveux périphérique à ce
moment ? À-t-il perdu ou conservé son irritabilité ?
L’excitabilité des muscles et des nerfs est légérement
atteinte dans l’anesthésie générale des organismes par
l’éther (Vulpian, P. Bert, Pereles et Sachs, Joteyko et
Stefanowska); le chloroforme reste sans effets sur le
nerf dans les mêmes conditions (Bernstein, Pereles et
Sachs, Joteyko et Stefanowska). Cette différence dans
le mode d’action de ces deux anesthésiquestient d’après
Pereles et Sachs à leur degré de volatilité. L’éther,
étant plus volatile que le chloroforme, agit plus rapide-
ment et détermine des symptômes que le chloroforme
n'avait pu produire, la réaction étant limitée par l'arrêt
du cœur.
Cette légère influence périphérique ne participe pas
apparemment à la production des phénomènes de para-
lysie motrice qu’on observe dans l’anesthésie générale
des organismes, la totalité de l’effet devant être attribué
à une action de l’anesthésique sur les centres nerveux.
L'examen de l’excitabilité des nerfs périphériques (nous
l’avons pratiqué sur le chien, le cobaye et la grenouille)
montre uniquement, que les parties périphériques des
neurones sont incomparablement plus résistantes à
l’action des anesthésiques que les parties centrales,
sans nous fournir des données plus précises.
Aussi, pour pouvoir pousser plus loin cette étude,
faut-il recourir à d’autres procédés d’anesthésie du
nerf. En effet, dans les expériences précédentes, l'arrêt
du cœur limite fatalement l’absorption de l’anesthé-
sique par les tissus et son action périphérique n’a pas
le temps de se manifester.
574 | DE LA GRADATION
Nous nous sommes adressées à la méthode graphique
pour rechercher l’influence qu’exercent les anesthési-
ques sur lexcitabilité des muscles et des nerfs (patte
galvanoscopique ou grenouille entière). Deux procédés
ont été mis en œuvre. Le premier procédé, que nous
avons appelé anesthésie générale ou totale du nerf,
consiste à placer une préparation névro-musculaire
dans une petite cloche renfermant des vapeurs anes-
thésiantes et à examiner les variations d’excitabilité
au moyen d’électrodes exploratrices. Pour étudier
graphiquement les variations d’excitabilité, on n’a qu’à
introduire dans la cloche à expériences un tambour de
Marey, dont le tube en caoutchouc traverse une ouver-
ture du bouchon et se trouve mis en rapport à l’exté-
rieur de la cloche avec un second tambour, muni d’un
levier inscripteur. Le second procédé, auquel nous
avons réservé la dénomination d’anesthésie locale du
nerf (block-system) consiste à dénuder le nerf sciatique
sur toute sa longueur et à l’entourer sur une petite
étendue d’un mince bourrelet d’ouate, qu’on humectait
avec de léther, du chloroforme ou de lPalcool. Les
électrodes étaient mises en rapport avec la partie su-
périeure du nerf, plus haut que le point anesthésié, et
l’inseription de l’excitabilité se faisait sur un myographe
direct.
Nous n’entrerons pas dans cette communication sur
tous les détails des variations de l’excitabilité du nerf
anesthésié, cette étude a été faite ailleurs‘. Il suffit de
! J. Joteyko et M. Stefanowska. Influence des anesthésiques
sur l’excitabilité des muscles et des nerfs. Annales de la Société
Royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, t. X, 1901.
et brochure de 64 pages, Lamertin, éditeur.
DES EFFETS DES ANESTHÉSIQUES. 119
rappeler ici les faits les plus saillants. Les traits prin-
cipaux de l’anesthésie des nerfs périphériques sont les
mêmes que ceux que présentent les centres nerveux.
Il y a, au début, augmentation d’excitabilité, si la dose
n’est pas très forte, suivie peu après d’une diminution
et de la perte complête de l’excitabilité. Après que
l’anesthésique s’est dissipé, le retour des fonctions est
complet. Dans l’anesthésie locale du nerf, l’action de
l’anesthésique reste strictement limitée, et il n’y à pas
de propagation centrifuge ou centripète. Le chloroforme
est plus toxique que l’éther; les cas de mort de la
préparation sont beaucoup plus fréquents avec l'emploi
du chloroforme, aussi bien dans lanesthésie générale
du nerf que dans l’anesthésie locale. Un point intéres-
sant, c’est que dans l’anesthésie générale du nerf,
c’est-à-dire quand la préparation névro-musculaire
entière est plongée dans une atmosphère chargée de
vapeurs anesthésiantes, les différentes parties d’un
mème nerf ne ressentent pas simultanément l'influence
paralysante de Pagent anesthésique. Le phénomène
observé présente tous les caractères d’une loi, que
nous avons formulée comme suit : Sous l'influence de
l'agent anesthésique (chloroforme, éther, alcool), qui
atteint simullanément le nerf sur toute sa longueur,
l'excitation de la partie supérieure du nerf cesse d’être
efficace bien avant l'excitation de sa partie inférieure.
Plus un trajet du nerf est éloigné du muscle et plus
vite disparaît son excitabilité. L'ordre inverse est suivi
pour le rétablissement des fonctions après l'anesthésie :
c'est la partie inférieure du nerf, voisine du muscle,
qui récupère la première son excilabilité. Nous avons
rapporté un graphique illustrant cette action remar-
50 DE LA GRADATION
quable, qui est l’équivalent de la loi de Ritter-Valli
concernant les nerfs anémiés et mourants. Nous avons
aussi discuté les interprétations diverses qu’on pour-
rait mettre en avant pour expliquer ce phénomène
(loc. cit). Il est fort probable que l’ingénieuse théorie
de Herzen sur l’amortissement de lébranlement fonc-
tionnel pourrait lui être applicable.
On peut maintenant se demander, quelles sont les
conclusions de cette étude faite sur l’excitabilité des
nerfs périphériques et des muscles, relativement à la
question qui a servi de sujet à cet entretien, c'est-à-
dire relativement à la gradation des effets des anesthé-
siques ?.. Disons tout d’abord, que le muscle est
beaucoup plus réfractaire que le nerf à l’action des
anesthésiques. Au moment où sous l'influence de
l’anesthésie de la patte galvanoscopique, l'excitation
nerveuse est devenue inefficace, l'excitation du muscle
l’est encore. Mais à notre point de vue, il existe un
autre fait bien plus démonstratif : c’est la persistance
de. la contraction idio-musculaire après la cessation de
toute contraction névro-musculaire. La contraction
idio-museulaire est la dernière à disparaître.
Enfin, nous avons recherché l’ordre de disparition
de l’excitabilité des fibres nerveuses sensitives et des
fibres nerveuses motrices sous l’influence de l’anes-
thésie. Cette étude avait d’ailleurs été faite déjà en
1892 par Pereles et Sachs qui adoptèrent la méthode
des réflexes et montrèrent, que dans l’anesthésie locale
du nerf, l’excitabilité des fibres sensitives disparaît
avant l’excitabilité des fibres motrices, et que le réveil
des fibres motrices précède le réveil des fibres sen-
sitives.
=
1
DES EFFETS DES ANESTHÉSIQUES. 57
Dans cette étude d'ensemble, la reprise du même
sujet nous à paru justifiée, d'autant plus que nous
avons appliqué une nouvelle méthode aux expériences.
C’est la méthode de la réaction à la douleur qui nous
a permis de dissocier l'effet produit par les anesthési-
ques sur les fibres nerveuses de la sensibilité et sur les
fibres nerveuses de la motricité, et de voir, d’accord
avec Pereles et Sachs, que ce sont les fibres sensitives
qui sont atteintes en premier lieu. Nous procédons de
la façon suivante : A une grenouille entière et vivante,
dont le nerf sciatique est dénudé, on anesthésie un tra-
Jet nerveux situé vers le milieu du nerf (voir fig. 1).
Fig. 1. — Schéma de l'expérience montrant l’envahissement successif par
l’anesthésie des fibres nerveuses sensitives et des fibres nerveuses motrices.
A — point du nerf anesthésié ; E, E’ — électrodes; C — cerveau.
Une paire d’électrodes est placée en amont (E') du
point éthérisé ; une seconde paire est placée en aval
(E) du point éthérisé. Avant le début de l’anes-
thésie du point intermédiaire, l’excitation du point
E' aussi bien que du point E détermine les deux
réactions : @& la réaction motrice, contractions du
gastrocnémien; b la réaction sensilive ; la grenouille
réagira à la douleur causée par le passage du courant
par des contorsions désordonnées de tout le corps. Il
s’agit maintenant de savoir laquelle de ces deux réac-
578 DE LA GRADATION
tions disparaîtra la première sous l'influence de lPanes-
thésie locale du tronc nerveux et laquelle sera la pre-
mière à revenir. Voici la succession des symptômes
qu’on observe en anesthésiant le trajet intermédiaire :
1° L'excitation du point E' (en amont du trajet anes-
thésié) produil encore une réaction motrice (preuve
que la transmission centrifuge peut s’accomplir) alors
que l'excitation du point E (en aval de l’obstacle à la
transmission) ne détermine plus de réaction à la dou-
leur (preuve que la transmission centripête est arrè-
tée), 2° Dans une seconde phase, l'excitation du point
E" cesse de provoquer la réaction motrice (preuve que
la transmission centrifuge est arrêtée); 3° Quand on
enlève l'anesthésique, la réaction motrice obtenue en
excitant le point E' précède la réapparition de la réac-
tion à la douleur obtenue par l'excitation du point E ;
4° La réaction a la douleur déterminée par l'excitation
du point E apparaît en dernier lieu. Dans l’anesthésie
locale des troncs nerveux, l’excitabilité des fibres sen-
Sitives disparaît avant l’excitabilité des fibres motrices ;
le réveil des fibres motrices précède le réveil des fibres
sensitives. D'une manière générale, la fibre sensitive
est plus sensible, la fibre motrice plus résistante à l’ac-
tion des anesthésiques,
Grâce à ces recherches, il nous est permis d'établir
un classement plus complet des organes nerveux par
ordre de susceptibilité à l’action anesthésique. Voici la
liste des appareils par ordre de susceptibilité : 4° Cen-
tres sensilifs de l'écorce ; 2° Centres moteurs de l'écorce;
3° Territoires sensilifs de la moelle ; 4° Territoires mo-
leurs de la moelle; 5° Bulbe; 6° Fibres nerveuses sen-
siives ; T° Fibres nerveuses motrices: 8° Muscle.
DES EFFETS DES ANESTHÉSIQUES,. 579
L’inspection de cette liste suscite quelques remar-
ques. Tout d’abord, nous n’y trouvons aucune notion
relativement à la place occupée par les terminaisons
motrices. C’est une lacune que nous allons combler
prochainement. Qu'il nous suffise de dire, que l'examen
des propriétés des terminaisons nerveuses n’est pas
aussi simple qu'il paraissait l'être, car les anciens pro-
cédés de dissociation des propriétés de la substance
musculaire d'avec celles des terminaisous nerveuses
intra-musculaires ne sont plus suffisants aujourd’hui (la
curarisation est dans ce cas). Quoiqu'il en soit, les
anesthésiques n’exercent pas une action curarisante
dans le sens que Vulpian avait supposé. Il est vrai
qu’au moment où, sous l'influence de l’anesthésie, lex-
citation nerveuse est devenue inefficace, lexcitation
musculaire l’est encore. Mais rien ne s'oppose à ad-
mettre que l’inefficacité de l’excitation nerveuse ne
soit due à une influence de l’anesthésique sur la fibre
nerveuse elle-même. Bien plus, nous possédons des
preuves expérimentales directes de cette influence de
l’anesthésique sur la fibre nerveuse. Il est donc impos-
sible d’attribuer aux anesthésiques une action curari-
sante.
Mais le fait le plus intéressant qui se dégage avec
évidence de l’examen de cette liste, &’est la prédilection
constante de l’agent anesthésique pour les appareils
sensitifs. Cette prédilection n’est pas absolue, car
l’agent anesthésique ne frappe pas de prime abord
tous les appareils sensitifs, pour porter consécutive-
ment son action sur tous les appareils moteurs, mais
elle est régionale. En effet, abstraction faite du bulbe
et du muscle, nous voyons qu’en prenant l’action
580 DE LA GRADATION, ETC.
anesthésique pour mesure, on peut diviser tout le
système nerveux en trois étages, comprenant les hémis-
phères cérébraux, les territoires de la moelle et le
tronc nerveux mixte. En descendant l’arbre nerveux
nous abordons des territoires de plus en plus réfrac-
taires à l’action anesthésique. Chaque territoire pos-
sède en outre des éléments qui sont doués d’une résis-
tance inégale, l’élément sensitif étant plus susceptible
à l’action anesthésique que l'élément moteur.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAITES AUX
FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE
pendant l’année 1901
RÉSUMÉ
PAR
R. GAUTIER
Directeur de l'Observatoire de Genève
(Suite et fin.)
IIT. RÉSUMÉ ANNUEL.
La forme de ce résumé sera, comme précédemment,
analogue à celle des résumés météorologiques pour
Genève et le Grand Saint-Bernard. De même que pour
ces deux stations, j’ai adopté, comme période totale,
l'année météorologique 1900-1901, afin de pouvoir
grouper les résultats par saisons. Mais comme l’année
civile est actuellement à la base de la plupart des tra-
vaux météorologiques, j'ai introduit partout les résul-
tats du mois de décembre 1901, qui ne sont pas encore
publiés en détail, etceux de l’année civile 1901.
Ce résumé a été réduit aux tableaux principaux. Il
ne porte naturellement que sur les quatre éléments
météorologiques observés aux fortifications de St-Mau-
rice : la température, la pression atmosphérique, la
l Voir Archives, mai 1902, tome XIIE, p. 490.
582 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
nébulosité et la pluie et la neige. Je me bornerai d’ail-
leurs à quelques explications relatives aux tableaux
suivants dont les éléments se trouvent, pour la plupart,
dans les tableaux mensuels.
I. Température.
Les tableaux 1 et 11 fournissent, pour les deux sta-
tions de Savatan et de Dailly : 4° Les valeurs moyennes
des températures des différentes périodes (mois, sai-
sons, année) pour les trois époques diurnes d’obser-
vation; 2° les températures moyennes des mêmes
périodes calculées, comme dans les publications du
Bureau central météorologique suisse”, sur deux for-
mules différentes : a) en prenant la moyenne arithmé-
tique des trois températures moyennes diurnes, b) en
attribuant un poids double à Pobservation de 9 heures
du soir; ce sont ces dernières moyennes que J'ai
employées plus loin; 3° les valeurs moyennes, pour
les mêmes périodes, des températures minima et
maxima.
L'année météorologique 19041 à été un peu plus
froide que la normale à Genève, de — 0°.1, et un peu
davantage au Grand Saint-Bernard, de — 0°.3. Les
températures moyennes de l’année 19041 à Savatan et
à Dailly (8.0 et 5.5) doivent donc, selon toute pro-
babilité, se rapprocher de la température moyenne
vraie de ces deux stations, tout en restant probable-
ment un peu au-dessous.
L'année civile est plus froide que l’année météoro-
logique, de 0.2 à Savatan et de 0.3 à Dailly, à cause
! Annalen der schweizerischen meteorologischen Centralanstalt.
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE. 583
I. TEMPÉRATURE. Rat 1901
| | | Températ. moyenne |
| | e.. E M
Périons |h.m. 1h.s. | 9h.s. || 74149 |7+142x9 ri Maximum
3 4
| (9 | (o 0 (o)
Déc. 1900.| + 4.57) + 3.84] + 2.19) + 2.53] + 2.45}+ 0.514 4.8
Janv. 1901| - 4.57. + 0.83| - 0.85|| - 0.33) - 0.61/- 3.1/4 2.0
Février ...| - 5.52| — 1.67| - 3.79|| - 3.66! — 3.69 - 6.1 - 0.3
Mars + 0:24] + 3.86| + 1-86! + 1.99; + 1.95|- 0.7,+ 5.2
Avril. et (MG: A7I AA. 21114 7:98 8.55! 8.M\+ 4.9! 13.9
NEO RE 9.46: 16.149| 12.75||. 12.80! 12.79 8.614185
Titane fo 13-371 49:37| 145:77|| 46-47! 16.07! 12.3! 21.4
Juillet... |. 15.44! 20.88| 17.72 47.91| 47.86! 14.4| 92.9
Août......| 13.89| 18-52| 16.36] 16.26| 16.28] 13.2) 20.7
Septembre.| 12.42 16.58! 13.75! 14.25 14.12) 11.6 18.0
Octobre ...| + 7.04! 140.59! 8.04] 8.56, 8.43!+ 6.5! 11.6
Novembre.| — 0.12, 3.07, 1.23| 1.40 1.351 0.6| 4.1
Décembre .| — 0.74 + 2.092! + 0.2%|| + 0.50! + 0.44|- 1.8/+ 3.9
Hiver... = 4-72! + 1.091 - 0.74! = 0.45| - 0.511- 2.8!+ 2.3
Printemps.| + 5.38! 10.41! + 7.52|| + 7.77) + 7.74\4 4.3) 12.3
Hiérrenie 14.143, 19. 9 | 16.65 16.78, 16.74) 13.3, 21.6
Automne.. 6.45| 10.09! 7.68 8.07 7.97|| 5.8! 14.2
Annéemét.| + 6.10, 410.35! + 7.83) + 8.09! + 8.034 5.2 411.9
Année civ.l + 5.94) 410.19! + 7.66! + 7.921 + 7.851+ 5.0 +1.8
II. TEMPÉRATURE. DAILLY, 1901
| Températ. moyenne! |
Périone |'7h.m.| 1h.s. 9h.s. HITS 1+142x9 in) pou
LORS mue 23 —|| inoyen moyen
EX. NET
0 [eo] o (a)
Dée. 1900:| + 4.951 + 3.57, + 4.75 + 2. 19: -+ 2.08/- 1.31+ 5.4
Janv. 1901! - 4.59! + 1.29) — 1.46, - 0.59! — 0.80 |- 4.4|+ 2.8
Février | — 7.30) - 4.34| — 6.98] - 6.04| - 6.10|- 9.4|- 9.6
Mars - 2.68, + 0:12! - [54 = 4:37, = 1.41|- 4.54 2.0
Avril + 3.81 6.87| + 4.98) + 5.22] + 5.16|H 1.8) 9.9
MAN: 6.97, 10.87 9.0 8-83 8-88|l 5-1| 13.3
liner, 10.77, 44.55! 42.44): 12.48) 142.39. 9.0! 46.5
Juillet. ..| 419.74] 146.21) 44.51 14.49) 14.49) 411.0! 18.1
Aoûb.E SOU {4:51 ) 44.991 413.261! 43.95, 43.95] 10.0! 16.8
Septembre| 9.96! 43.15, 11.06] 11.39| 11.31] 8.4! 12.6
Octobre ...! +4,74 7.85! + 6.09 6.93| + 6.194 3:6! 9.4
Novembre.| 4.041 9.01! = 0.56! + 0.44| - 0.041- 3.41 3.5
Décembre .| — 9 37| + 0.91! — 1.51 = 1.99 - 1 29 |- k.4 + 1.9
Hiver... = 2.45) + 0.33) - 1.85| - 1.33! - 1.45|- & 9:4 2.0
Printemps | + 2.55] 5.94) + 4.15} + 4.22) + 4.99/4 0.9! 8.1
Eté ...….| 411.68! 15.26, 13.30 13.42! 13.38] 10.0! 47.1
Automne. k.56 HN07 5.54 5.92 D.83|| 3.0! 9.1
Année mét.| + 4.12! + 7.34) + 5 39) + 5.59) + 5.524 2.3/+ 9.1
Année civ.| + 3.811 + 7.05! + 5.051 + 5.30! + 5.24]H4 2.0!+ 8.8
584 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
du mois de décembre 4904 qui est plus normal que le
mois chaud de décembre 1900.
Les températures moyennes mensuelles extrèmes
sont : la plus élevée, celle de juillet aux deux stations ;
la plus basse, celle de février aux deux stations égale-
ment. L’amplitude totale est de 21°.6 à Savatan et de
20°.6 à Dailly, sensiblement plus forte qu’en 1900.
En comparant les températures des deux stations
dans le courant de l’année, on trouve, comme toujours,
une décroissance variable avec l'altitude suivant les
saisons et les mois. La différence de hauteur des ther-
momètres est de 563 m.
L'hiver donne une décroissance faible de 0°.94, soit
0°.17 pour 100 mètres d’élévation, avec une décrois-
sance minimum de 0.19 en janvier, ou 0.03 seule-
ment pour 100 m. Le printemps fournit la décroissance
la plus forte, 3.51, soit 0.62 pour 100 m. avec la
décroissance maximum en mai, 3.91, soit 0°.69 pour
100 m. L'été donne une décroissance de 3°.36, soit
0°.60 pour 100 m. L'automne 2.14, soit 0°.38 pour
100 m. — L'année méléorologique donne, comme
moyenne, 2.51, soit 0.44 pour 100 m., et l’année
civile 2.61, soit 0°.46 pour 100 m.
Les cas d’inversion de la température entre les deux
stations sont indiqués dans le petit tableau suivant re-
levé sur les tableaux des températures diurnes des dif-
férents mois :
Jours d’inversion de la température.
Décembre 1900 13 jours Octobre 1901 1 jour
Janvier 1901 12 » Novembre » 9 »
Février » 4 45 Décembre » 6 »
Année météorol. 38 jours Année civile 31 jours
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE. 289
II. CLASSEMENT DES TEMPÉRATURES DIURNES. SAVATAN, 1901
Nombre de jours dont la température ,
est comprise entre 8; I ’
ÉRIODE Le “ Si AC PP M AA SZ pl Aa
: 15-10 |- 5} 0 + 50/15/2201 Je plus froid | le plus chaud
el | et et | et | et | et | et | et
Déc 190011024103 1196 posent 2e orne 7.71le 6
Janv49011 —|. 4°! 10 | 47} —| —| —| —|!- 9:24 lesiet6l 4.4 le 8
Février. . A1 10 | 42 5 —| —| —| —|}-11.3 le 15 b.0 le 28
Mars: 41 —| 1:14 8 | Ak&ilu 8, —|r— | —|1=:5:41le:28 9,5 le 17
Avril ll Nh— DAS AE 0 7e 47 14.5les8et9
Musee: URI MES 91431» 81 11 ©6.5 le 8 20.7 le 31
Juin . | — | — | — h\ A] A8] Al 6.9 le 19 22.5 le 1
Juillet. . = == | 0545) AAI 42 1 le 22.3 le 19
PR A Re ES 24, 21411" le 28 20.7 le 24
Séphons. trente 41 161 43| 1 8.9 le 14 19.3 le 21
Dore AMEL SUN EET 3 le 3 16.1 le 1
Nov AH NES 8 | 21 AU MEN 3 MA Je197 9.3 le 13
DÉCater = NE NES EM MEr L,7 le 43
An. mét.l 4! 145 | 41 | 90 | 59! 65! 76! 181-11.3 eus ter. 1001-2295 le 4 juin 4904
An. Civ.: Et 4501! 5111-82 1-57! 65176148 » » » »
IV. CLASSEMENT DES TEMPÉRATURES DIURNES. DAILLY, 1901.
=
Nombre de jours dont la température
est comprise entre
APTE Jour Jour
0 Le 0 | e)
51-10) - 5) 0 +5 ‘|H0 +15 +20[ Je plus froid [le plus chaud
APEMMeET I el et 2l'et Rethel
PÉRIODE
—A101—= 510 |+2 5 € 10/415/-2201295
DD = G 19, GNT Etes Fe Toile b
Janv19011 1! 5 914 A = He 11.1 le 5 7.L le 24
Février. .| 6! 12|/ 7 QE NL SAUCE 1.8 le 28
Mars. 042 | 42) =D =) | 8:51le 28 4.5 le 19
Avril... —| —| 3 ENS FRE, RCA EE 12:7 le 8
MAS —# —\ = 7.| 40° A4| 3] —H2.31e8 17.5 le 31
LT IN ee 3 k | 44) 9! —! 1.8 le 19 191 le 30
Ile) MS nd ee 2: | 45! 14] 1 8.8lez 18.8 le 19
Août....] —| —| — | — Lk | 18 ce] 1" 7:8le,29 17 . 4 les 9, 10 et 19
Sept ....| —| —| — | — | 9,16, 5] —!1 5.8 le 12 17.21le 9
Octobre, | —!| —| — 1%, 14% AIN O7 11.8 le1
Nov... —, D 7,44) 4, —) — | —}- 6.7 le 27 6.6les2et3
Déc. bn EUR? 1|—|—| 91e | 54e 3
| | |
An. mét. 7| 28| 45 | 95 | 72 | 78, 40! —#-12.3 1645 ter. 190419. 1e 30 juin 41904
Mn | 7) 2100! es | 67 | 78l 401 , . op”
0
ARCHIVES, t. XIIL — Juin 1902. 42
586 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
Cette anomalie s’est présentée le plus souvent au
commencement de l’hiver, en décembre 1900 et janvier
1904. Le nombre de cas d’inversion'est plus du double
de celui de l’année précédente.
Les tableaux II et IV fournissent, pour les deux sta-
tions, le classement des jours de chaque mois et de
l’année d’après leur température moyenne, ces tempé-
ratures étant groupées entre des limites variant de 5 en
5 degrés, de —15%° à + 25° pour les deux stations.
Les tableaux V et VI donnent les températures
extrêmes observées à Savatan et à Dailly ainsi que les
indications sur les nombres de jours où le minimum ou le
maximum sont restés au-dessous de zéro, ce qui fournit
les jours de gel et les jours de non-dégel. Toutes ces
indications ne peuvent être prises sur les tableaux
V. TEMPÉRATURES EXTRÈMES. SAVATAN, 1901.
Nombre de jours
PÉRIODE Mine Date DRE Date Re Maximum
; au-dessous au-dessous
de 0° de 0°
Décemb.1900. — 4.0 le 19 L10.0 le6 14 —
Janvier 1901. 12.2 le 6 7:27004le419 22 10
EÉVRICRE AE, —13.8 le 16 9.2 le 28 25 44
MAS RATE — 8.0 le 29 13.6 le 19 21 3
URL EME. HDI LS 20 0e 2 —
Mai ne 2 - +2.4 Jle8 26.8 le 31 = ==
TUNER ES D 10M]e 0 28.2 le 30 = _
Ie Aer Sole à 28.6 le 21 — _
AOÛT EE SE ROME T2 20: DIE et 20e —
Septembre... 8.0 le 1% 24.8 le 21 — —
Octobre ..... +392 le 30 18.6 lel = =
Novembre ... — 4.2 le 28 11.8 le 13 21 2
Décembre ... - 5.2 Jle7 11.8 le13 21 9
Année mét... 13.8 le 16 fév. 01 228.6 le 21 juill. 01 105 29
Année civile. » » » » 118 31
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE.
VI. TEMPÉRATURES EXTRÈMES. DAILLY, 1901.
Minimum
Maximum
587
Nombre de jours
A
le ne po cn
de 8% de 0°
Décemb.1900. - 5.5 le 4 +10.6 le 18 23 2
Janvier 14901. 14.3 les 5et6 412.6 le 24 28 7
Février.....: :-17.2: le 45 6.1 le 26 28 21
MARS UE 11.9 le 29 9.2 Je 19 27 10
AVRIL Me 5:00 leus 17.5 le 8 A1 ==
Mae er = 1.3 led A:7 ve. 31 4 —
In: = 0.5 Je 19 23:8-1tle 30 2 ==
Juillet). + 6.3 lea 23.5cle 21 — —
Dole +... 42.9 le 27 22.5 le 24 --
Septembre... +%4.1 le 16 20.5 leg — —
Octobre ..... =D AMIETS 15.2 Je 6 1 —
Novembre ... - 8.8 le 28 11.4 Je 49 3 8
Décembre.... - 7.8 le 12 9.4 le31 29 10
Année mét... —17.2 le 15 fév. 01 123.8 le 30 juin O1 147 A8
Année civile : » » » » 153 56
mensuels publiés plus haut, mais elles ont été relevées
sur les feuilles d'observation originales et les feuilles
de réduction conservées à l'observatoire de Genêve.
D’après ces tableaux, l'amplitude extrême est de
42,4 à Savatan et de 41.0 à Dailly.
IT. Pression atmosphérique.
Les tableaux VII et VIII donnent d’abord, pour
Savatan et pour Dailly, les valeurs moyennes de la
pression atmosphérique pour les mois, les saisons et
l’année météorologique et civile. Ces valeurs moyennes
sont les moyennes arithmétiques des pressions moyen-
nes des mêmes périodes prises aux trois époques des
observations diurnes. Les colonnes suivantes des ta-
bleaux fournissent les différences entre ces moyennes
des trois observations diurnes et la moyenne générale
588 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
VII. PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. SAVATAN, 1901.
Périone A ne Jin. 1m. 4 hs. 9h.s.
mm, 1 min, mm. mn.
Décembre 1900.... 706.59 — 0.06 - 0.05 + 0.14
Janvier 1904... ..... 705.69 — 0.01 - 0.10 + 0.44
Février 2,26... 701:65% "+ 0:09. - 0.14 EUR
MARS SO LL Le 697.15 + 0.03 - 0.26 + 0.2
ADS EE 0: 702.56 - 0.17 - 6.43 + 0.30-
Mae MER ne 0800 1 0395: 210137 1 NE
nie Me Dhs ke 704.71 + 0.19 - 0.31 + 0.42
JBL ARE ce ur 703.90 + 0.18 — 0.30 + 0.12
JO OR ANRT 705.60 - 0.01 — 0.19 + 0.20
Septembre .:...... 702.18 + 0.02 - 0.33 + 0.31
OCIDDTE ET als 702.28 + 0.27 - 0.38 + 0.11
Novembre" ..: 705.83 — 0,08 — 0.28 + 0.36
Décembre......... 698.59 — 0.24 — 0.143 Eu003T
Hiver #8 ch 704.75 + 0.01 - 0.10 + 0.09
Pontemps. ....... 700.89 + 0.06 - 0.25 + 0.19
HORAIRE, CRE 704.74 L 0.142 - 0.27 + 0.15
Aniomnets:s.:t{.. 703.42 + 0.07 - 0.33 + 0.26
Année météorolog.…. 703.44 + 0.07 - 0.24 + 0.17
Année civile....... 702.76 + 0.05 — 0.925 1, 0.29
VIII. PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. DAILLY, 1901.
PÉRIODE D 7 h. m. ins. 9h.
‘ mm, mm. mm, mm
Décembre 1900.... 699.46 + 0.07 0.21 + 0.
Janvier 1901 . …... 657.90 + 0.02 - 0.17 + 0.
DER NS ANNE 653.45 + 0.03 + 0.01 - 0.
MAROC EN LA 690.01 - 0.02 - 0.17 + 0.
VERRE une ee dE 656.48 - 0.29 - 0.11 + 0.
DUT ES Urur 657.39 + 0.03 - 0.143 + 0.
IÉTÉSEET ER ANR 629.67 - 0.02 - 0.15 + 0.
JOIE ANNE, | 659.06 - 0.04 - 0.14 + 0.
D TIOUE À SRE CIN 660.29 0.00 - 0.10 + 0.
Septembre......... 657.07 - 0.06 - 0.09 + 0.
Oohrease. EL … 656.26 + 0.21 - 0.16 - 0.
Novembre.:.:.,7.. 658.32 - 0.08 - 0.17 + 0.
Décembre. ........ 651.52 - 0.25 - 0.09 + 0.
HO Me à 657.05 + 0.04 - 0.13 + 0.
Printemps........, 654.60 - 0.09 — 0.14 + 0.
BARRE nr sue een à 659.67 - 0.02 - 0.13 + 0.
Automne. ,::1181/! 657.20 + 0.03 - 0.14 + 0.
Année météorolog.. 657.13 - 0.01 - 0.143 +0.
- 0.12 + 0.
Année civile....... 656.46 - 0.04
Se
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE. 589
de la période. On ne peut naturellement, au moyen de
ces trois données, déduire la courbe de la variation
diurne de la pression atmosphérique, mais on peut
cependant constater une différence assez sensible dans
l’allure des oscillations diurnes des deux baromètres
placés à des altitudes différant de 5647.75.
Quant à la variation annuelle de la pression atmos-
phérique, elle ne se ressemble guère d’une année à
l’autre. En 1901, on constate aux deux stations un
minimum principal en mars et un minimum secondaire
important en décembre 1901. Puis il y a un minimum
secondaire en juillet et un autre en septembre à Savatan,
en octobre à Dailly. Les maxima principaux sont en
décembre 1900, en août et en novembre 1901. Le
premier est plus accusé à Savatan, le deuxième à Dailly.
Puis il y a un maximum secondaire en Juin.
La différence moyenne annuelle de la pression entre
les deux stations est de 46"".,31. Si l’on tient compte
des valeurs moyennes annuelles : 4° de la pression,
703"".44 et 657.13; 2° de la température, 8°.03
et 5°.52; et que l’on adopte 0.75 pour la fraction de
saturation moyenne aux deux stations, les tables hypso-
métriques de Plantamour donnent, pour la différence
d'altitude entre Savatan et Dailly, 561%.1, valeur qui
ne diffère que peu de celle qui résulte du nivellement.
Les tableaux IX et X reproduisent, pour les deux
stations, les valeurs extrêmes de la pression atmosphé-
rique, relevées sur les tableaux conservés à l’observa-
toire de Genève et contenant toutes les valeurs de la
pression mesurée trois fois par Jour et réduite à zéro.
590 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
IX. PRESsIONS EXTRÊMES. SAVATAN, 1901.
PÉRIODE Minimum Maximum Amplitude
Décembre 1900 ....... 690.6 le 31 715.8 le 16 22
JANVIERMIODIR ENT 691.6 le 29 714.9 le 23 23.3
ÉVITE. MERE, 1 689.7 le 5 710.3 le 10 20.6
LCR PONT EEE 679.2 le 19 707.7 le 5 28.9
ELA des PAR TR 693.6 le 26 711.9 %e03 18.3
1 ERP ONR SLT ere 692.7 le 7 707.8 le 21 15.1
LUE de RP e 696.7 le 13 710.2 le 25 13.5
Jouet DOUAI. E A 697.1 le 3 709.8 le 17 197
AO LE en me Re us TenE 698.4 le 26 708.4 le 23 10.0
SEDIPIDRTE 02e. Peu 694.4 le 21 710.9 le 30 16.5
Hctobrelals ELALE. 22 692.8 le 6 709.7 le 27 16.9
Novembre... 690.3 le 13 714.5 le 19 24.2
Decembre: SIRET 683.5 le 22 712.3leslet7 28.8
Année météorologique. 679.2 le 19 mars 715.8 le 16 déc. 36.6
1901 1900
AMP CIVILE... eee 679.21e19 mars 714.9 le 23 janv. 35.7
1901 1901
X. PRESSIONS ExTRÈMES. DAILLY, 1901.
PÉRIODE Minimum Maximum Amplitude
Décembre 1900 ....... 645.0 le 31 668.3 le 16 23.3
Janvier 1901... .2.1. 645.1 le 29 667.3 le 23 22.2
FÉVMEnE ENS M, 641.9 le 5 660.0 le 10 18.1
Mars Peel Ie 634.8 le 19 660.5 le 5 25:7
ARLES ee A and 649.0 le 26 665.4 le 3 16.4
MARI PR RM ARS 647.5 le 7 662.1 le 21 14.6
INDTS SANTE PER R 652.1 le 13 664.8 le 25 12.7
LUS ARE SRE 652.5 ler 664.4 le 17 11.9
AONÉELPUE 3 RO. € 653.8 le 26 663.2 le 21 9.4
SOpiemDre.s ie .- 2... 651.0 le 13 665.1 le 29 14.1
DIODTE A eee enr eu 648.0 le 6 662.7 le 24 14.7
Novembre: 420. 645.9 le 13 664.8 le 19 18.9
DÉCOMDrE. RE. Lex -«- 638.5 le 22 664.7 le 31 26.2
Année météorologique... 634.8 le 19 mars 668.3 le 16 déc. 33.5
1901 1900
Année civile.......... 634.8 le 19 mars 667.3le23janv. 32.5
1901
IL. Nébulosité.
D'après les conventions météorologiques, la nébu-
losité s'exprime par un nombre compris entre 0 et 10.
Léro (0) correspond à un ciel entièrement clair; dix
591
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE.
(10) à un ciel entiérement couvert. On déduit les
nébulosités moyennes des mois, des saisons et de Pan-
des valeurs de la nébulosité d
fournies dans les tableaux mensuels.
ents Jours
ér
s diff
e
née
Dans le fableau XI, la nébulosité ou l’état du ciel
92p. O0
9:7 = 66
TGANTE
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6G
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592 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
aux trois stations où on l’observe est indiqué de deux
manières différentes : 1° par le nombre des jours
clairs, peu nuageux, très nuageux et couverts, ces
désignations correspondant aux valeurs moyennes de
la nébulosité diurne comprises entre les limites : 0.0
e162,5,./2.5.et 5.0, 6-04et 7.5,.7.5: et 10-02
par la valeur moyenne de la nébulosité de chaque
période.
Le mois le moins nébuleux a été janvier à Dailly,
février à Lavey et août à Savatan. Le plus nébuleux a
été mars aux trois stations. Le printemps et l'automne
ont été les saisons les plus nébuleuses, la moins nébu-
leuse a été l'hiver aux deux stations extrêmes et l’été
à Savatan.
Si l’on compare les trois stations entre elles, on
trouve de nouveau en 1901 que c’est Savatan qui a la
nébulosité minimum pour l’année et pour la majeure
partie des saisons.
IV. Pluie et neige.
Le tableau XII contient le relevé de tout ce qui con-
cerne les précipitations atmosphériques, hauteur de
pluie et nombre de jours de précipitations, d’après les
tableaux mensuels. Rappelons ici les altitudes actuelles
des différents pluviomètres :
Station : Lavey Savatan Dailly Aiguille
Altitude : 140% 674" A2LEm 1446
L'année 1901 conserve le caractère d'année humide
qu'avait déjà l’année 1900, et les hauteurs de pluie
sont peu différentes entre ces deux années.
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE. 593
XII. PRÉCIPITATIONS ATMOSPHÉRIQUES DANS L'ANNÉE 1901.
Nombre de jours
Hauteur d’eau tombés en mm. de précipitations
EE a
Périone Larer Saratan Dailly Aiguille Laver Saralan Dailly Aiguille
mm. mm. mm. mm.
Déc. 1900. 78.0 : 87.0 87.5 76.2 9 CRE || 10
danvs 10012052 %4220939:7: 41.5 . 49,
8 S 8 8 5
REVrier ME SA OM 0. 00 SL MORE 7 ST 1 19°
Mars -#er4 AAA 701189 .8c006.76nm52:9 LAS A6 15
AVE 145.9 149.5 147.5 126.8 18 17" T8 18
Martina DA OMR 07507 11 74 10
Tuins 2 85.0 90.1 110.0 88.Z 19 16 20 19
ere O2 100 MOD 2102 ET LD 7 019 15
AOÛG. 211: 88.8 89.8 94.0. 101.4 49,1 4011044 12
Septembre. 127.1 129.7 168.2 166.7 46 417 145 19
Octobre... 60.6 67.7 68.9 66.6 A1 41 712 12
Novembre. : 45.3 448 37.3 98.5 1 6 7 7
Décembre. 73.7 68.0 . 67.8 53.4 11 9° "11 11
ver UC LA MM AA 5983 A y cf 30
Printemps. 291.6 264.5 277.2 238.1 &3. 391,45 h3
LD HSNENRE 265.9 970.5 304.9 994. 39 43 50 AG
Automne.. 233.0 242.2 974.4 961.8 SH ON LONS 38
Annéemét. 955.9 929.9 1008.2 947.0 140 141 161 157
Année civ. 951.6 910.9 988.5 924.2 142 141 161 158
A Genève l’année 1901 est sensiblement plus humide
que 1900. Au Saint-Bernard, elle est très humide au
même degré. Voici, à titre de comparaison, les chiffres
obtenus :
Genève (406=) Gd St-Bernard (2476)
Année mét. 956mm,9 4149 jours 141594"m.0 145 jours
> npcivile. 966,0 . 450: » 1657mm 4 4149 »
Si l’on néglige pour les quatre stations de St-Mau-
rice ainsi que pour Genève et le Grand Saint-Bernard
les jours où il est tombé moins de 1"" d’eau, on trouve :
Genève Lavey Savatan Dailly Aiguille S‘-Bernard
Année mét. 4107 117 118 417 411 141
» civile 409 1448 119 420 4143 149
Si l’on compare ensuite les quatre stations entre
594 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE 1901
elles, on trouve, comme précédemment, que c’est à
Dailly que la quantité d’eau est la plus abondante. A
l’Aiguille, les précipitations mesurées sont beaucoup
plus considérable que les autres années; elles ne dépas-
sent pas celles de Dailly, comme je l'ai indiqué un peu
prématurément dans le résumé de l’année 1900; mais
elles sont tout à fait comparables à celles des deux sta-
tions inférieures. Quoique le pluviomètre soit mieux
abrité qu'auparavant, le vent règne naturellement tou-
jours plus fort à une altitude de 1450 mêtres, près
d’un sommet, que plus bas dans la vallée. On peut
remarquer que, en hiver et au printemps, c’est la sta-
tion de Lavey qui accuse les précipitations les plus
abondantes. En été et en automne, l’augmentation des
chutes d’eau avec la hauteur s’accuse en revanche très
nettement.
Le fableau XIII fournit la récapitulation des hauteurs
de neige mesurées aux quatre stations, ainsi que l’indi-
XIII. NEIGE pas L'ANNÉE 1901.
Hauteur de neige en centimètres Nombre de jours de neige
TT — EE —
PÉRIODE Lavey Savatan Dailly Aiquilie Laver Naratan baillx Aiguille
cm. em. em. em.
Déc. 1900. — — 19 20 — — Le 5)
Janv. 1901. 17 49 | 12 1 3) 7 8
Février ... 40 49 6% 63 6 7 13 12
Mars. 21 57. . 131 118 4 8 14 1%
ANMIPROUNEE QUE EG RES en: | 2i(fe (RE 5
Ma nu a N
LT AE — — 2 8 — _ 1 2
Octobre ... — — | 3 — — il 2
Novembre. — — 11 20 — — 5 5)
Décembre. 4 22 h4 36 2 5 8 10
Année mét. 78 125 395 379 11 18 56 56
Année“civ. 182 = 447: 350 ° 395 13 93 D4 61
AUX FORTIFICATIONS DE SAINT-MAURICE. 595
cation des nombres de jours de neige. C’est naturelle-
ment à l’Aiguille que nous trouvons la quantité de neige
maximum et le plus de jours de neige.
En 1901, la neige a encore fait une apparition en
juin aux deux stations supérieures, tandis qu'en 1900
elle avait disparu au mois d’avril aux quatre stations.
Elle à reparu en octobre à Dailly et à l’Aiguille et en
décembre 1901 seulement à Lavey et à Savatan.
NOTES POUVANT SERVIR DE BASE
THÉORIE DE L'EXPLOSION VOLCANIQUE
PAR
A. BKUN
Licencié ès-sciences
Jusqu'à présent, i! n’a pas été présenté de théorie
incontestable du phénomène volcanique explosif.
Il est naturel de penser que, durant l’explosion,
toute observation scientifique complète est impossible,
et que l’on ne peut que se borner à observer les effets,
sans qu’il soit possible d'étudier les causes. Aussi les
imaginations se sont-elles donné libre carrière et les
explications n’ont pas fait défaut.
Il est certain que les analyses des gaz de l’explosion
faites aussi rigoureusement que celles fournies par les
fabricants de poudre à canon donneraient satisfaction
aux géologues, mais ce travail étant en dehors de la
possibilité humaine, nous devons tourner la difficulté.
Raisonnant par analogie, des savants ont émis et
soutenu des idées ayant quelque apparence de vérité.
Des chimistes enthousiastes du four électrique y ont
puisé des généralisations mondiales et décrit hardiment
NOTES POUVANT SERVIR DE BASE, ETC. 597
les réactions chimiques qui peuvent se passer au centre
du globe. ,
Mais tout cela ne satisfait pas le géologue, car la
base expérimentale réelle lui manque encore.
En 1904 et 1902, M. Armand Gautier et moi-même
avons fait des expériences qui, à mon avis, peuvent
servir de prolégomènes à l'érection d’une théorie.
Ces expériences étant incontestables, il ne peut y
avoir de différences que sur leur interprétation et sur
la généralisation plus ou moins grande qu’on voudra
leur prêter.
Mais je le dis de suite, elles peuvent à elles seules
donner une explication suffisante du phénomène explo-
sif d’un volcan et ceci à l’exclusion de toute hypothèse
plus ou moins hasardée.
Dans le rapide résumé que je fais ici Je considérerai
les points suivants :
1. La température à laquelle sont portés les pro-
duits de l'explosion.
2. La nature et l’origine de l’explosif.
3. Accessoirement, la quantité d’explosif nécessaire
pour produire un effet donné.
I. Température.
J'ai eu l'honneur de publier dans les Archives (avril
1902) des expériences permettant d'établir expérimen-
talement la température des laves coulantes.
J'ai montré que la lave coulante de la cheminée du
Stromboli ne dépassait pas 1230° et qu’au sein de cette
lave se produisaient des explosions violentes.
Que d’autres laves leucitiques pouvaient atteindre
une température de 4410° maximum.
598 NOTES POUVANT SERVIR DE BASE
Mais si nous remarquons qu’un objet chauffé à 1400
est blanc pour notre œil et qu'aucun observateur n’a
vu à l'émission des laves portées au blanc incandes-
cent, mais seulement à l’orangé, Je dirai que la tempé-
rature des masses chaudes externes du phénomène
volcanique apparent est comprise entre 1230° et 1400°
comme extrême limite.
Ces expériences nous donnent donc la température
du phénomène volcanique externe, y compris l’explo-
sion, et n'implique pas ce qui se passe dans Îles pro-
fondeurs terrestres.
Les mêmes expériences montrent du reste que [a
température moyenne d'élaboration d’une lave basique
devra être 4500" (point de formation de l’anorthite) et
que les régions portées à cette température-là sont le
siège de phénomènes n'ayant pour ainsi dire pas de
répercussion sur la zone la plus externe de lécorce.
En effet, tout confirme le fait que le phénomène
explosif est essentiellement superficiel et appartient aux
couches les plus extérieures de la croûte terrestre.
Ceci amène donc à séparer en deux zones l’ensemble
des actions volcaniques : une zone tout à fait périphé-
rique, seule apparente, dans laquelle la température
des laves rejetées et des lapillis ne dépasse pas 1230° à
1400 maximum, et une seconde zone inaccessible aux
investigations humaines dont la température dépasse
1400" et dans laquelle nous ne pouvons pas savoir ce
qui se passe. Le vouloir, c’est quitter le terrain de la
séologie expérimentale et entrer dans le domaine des
fictions et des hypothèses chimériques.
Ce point étant établi, passons à la question 2.
A UNE THÉORIE DE L'EXPLOSION VOLCANIQUE. 599
Il. Quelle est la nature de l’explosi].
Les expériences d’A. Gautier, publiées dans les
Comptes rendas Acad. sc., 1901, montrent que toute
roche de la croûte terrestre, chauffée au rouge, dégage
des gaz dans lesquels prédomine H. Celui-ci étant
formé par la réaction de l’H,0 de constitution sur des
sels ferreux. A. Gautier ajoute que ces gaz sont en
quantité suffisante pour pouvoir expliquer le phéno-
mène volcanique (voir le mémoire original). En rappro-
chant ces expériences des miennes faites sur l’obsi-
dienne, on voit que ces roches peuvent supporter sans
altération une T de 830° dans les couches profondes.
Le fait de dépasser cette température amène la réaction
de Gautier et le phénomène explosif (voir aussi mes
expériences sur les mica, épidote, meïionite, etc.).
Il est donc naturel d'admettre que l’échauffement des
roches étant une source d'hydrogène, c’est celui-là qui
forme l’explosif cherché.
Chauffé déjà par le fait de sa naissance à une T.
voisine de 4000 Ù arrive au contact de l'air, s'y
allume et produit le phénomène que l’on sait.
Les autres gaz inertes ajoutant leur détente à celle
poussée explosive.
Les chiffres donnés par À. Gautier permettent de cal-
culer combien de mêtres cubes de roches donnent de
kg. de H.
J’ajouterai que les produits lancés au loin sont tou-
jours extra-superficiels. C’est la lave seule qui peut
amener au jour les minéraux des profondeurs.
IL. Quantité d'explosif nécessaire à un effet donné.
On peut se livrer à de petits calculs en prenant pour
600 NOTES POUVANT SERVIR DE BASE
base les chiffres de Gautier et la température que j'in-
dique, ou assimiler les projections volcaniques à une
suite de coups de canon tirés par l’homme.
Sans attacher plus de valeur qu'il ne faut à ces
exercices d’arithmétique, on verra cependant qu’une
roche simplement échauffée et contenant 4 ‘/, d’eau de
constitution, fournirait assez d’explosif pour lancer son
double à 5 km. de distance, en acceptant un rende-
ment volcanique égal au rendement d’une bouche à feu.
Ceci montre simplement qu'il suffit de masses géolo-
giques minuscules pour produire des effets humaine-
ment parlant énormes. Mais il est possible de pousser
l’'investigation encore plus loin.
Certaines projections présentent une soudaineté et
une violence qui ne paraissent pas correspondre à la
quantité d’explosif H, + O apparente.
Nous pouvons expliquer cette difficulté en introdui-
sant dans l’étude du volcan la notion du co-volume. Ce
principe dit (pour les explosifs) : Que la pression de-
vient théoriquement infinie, lorsque la densité de char-
gement atteint une valeur égale à l'inverse du co-
volume.
Ce qui, traduit en langage minéralogique, exprime
que : Une roche échauffée, en dégageant des gaz, pro-
duira sur son enveloppe une pression plus grande que
toute grandeur connue, si la densité des produits après
la chauffe, est plus petite que la densité de la roche
primitive.
Pour l’obsidienne que j’ai expérimentée, nous som-
mes très près de cette densité limite. Cette roche
chauffée dans son propre volume à une T > 830° déga-
gera une pression plus grande que toute grandeur
connue.
A UNE THÉORIE DE L'EXPLOSION VOLCANIQUE. 601
Donc la température seule, sans qu'il soit nécessaire
d’y ajouter la réaction productrice d’H, peut suffire
pour expliquer le soulèvement des masses, et si en
outre H, s'allume, l’explosion atteint son paroxisme.
Origine de la chaleur.
Pour ce qui est de l’origine de la chaleur, l’accepta-
tion du feu central n'offre pas de difficulté, pas plus
que le transport sismique d’un paquet de roches dans
une région plus chaude. La température de la région
considérée pouvant encore être augmentée par la cha-
leur dégagée par les frottements des voussoirs.
Les notions que je viens d’exposer ont l'avantage
d’être basées uniquement sur des expériences.
Cette théorie demande évidemment à être complé-
tée, et je serais heureux si Je pouvais provoquer une
discussion ou de nouvelles recherches permettant
d'avancer l'explication du phénomène le plus formi-
dable que l’homme puisse contempler.
Genève, juin 1902.
ARCHIVES, t. XIII. — Juin 41902. 43
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES
Séance du 22 janvier 1902.
E. Chuard et F. Porchet. Statistique des vins suisses. — H. Fæs.
La chenille du chou. — B. Galli-Valerio. Purification des eaux
par le bisulfate de sodium. — Dr L. Pelet. Présentation de miné-
Taux.
MM. E. Cauarp et F. PorcHET remettent à la Bibliothé-
que le premier volume de la Statistique analytique des vins
de la Suisse, publié par la Société suisse des chimistes
analystes. Dans ce travail sont consignés les résultats des
analyses de 794 échantillons de vins suisses. Le canton de
Vaud y est représenté par 234 analyses groupées par ré-
gions de production.
La région de Lavaux donne pour la quantité d'alcool
une moyenne de 44.1 °% et 6.2 gr. par litre d’acidité. Les
régions les moins privilégiées atteignent encore une
moyenne de 8.7 °/, d'alcool.
La richesse alcoolique maximum qui a été constatée est
de 43.4 ° ; l'acidité minimum de 4.3 gr. par litre.
M. H. F4AES parle d’une envasion de chenilles du chou
constatée l’année dernière.
La chenille du chou ayant causé de grands ravages dans
tout le canton de Vaud, le Valais, le nord de l'Italie, etc.
l’auteur a fait une enquête dans un grand nombre de com-
munes du canton pour savoir :
1° Si les chenilles étaient apparues en masse dans les
dites localités ;
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 603
2° A quelle date elles étaient apparues ?
3° Dans quelle exposition se trouvaient les plantages les
plus attaqués ?
Les papillons peuvent paraitre en grandes masses et on
en observe souvent des vols considérables, émigrant, vols
comprenant plusieurs millons de papillons, De même les
chenilles peuvent être très nombreuses. Dohrn raconte
qu'elles arrêtèrent, en 1854, un train entre Prague et
Brünn. Les roues couvertes de graisse patinaient et le
train dut stopper quelque temps.
L’altitude a excercé dans le canton une influence sur
l'apparition des chenilles. A la montagne, elles sont appa-
rues environ quinze jours plus tard qu’en plaine. Le froid.
comme on le sait, retarde l’éclosion des chrysalides.
Les « potagers » situés près des maisons ont été le plus
ravagés ; ceux en plein champ très souvent laissés indem-
nes. C’est une précaution du papillon, pour que les chenil-
les puissent se chrysalider sous les bords des toits, des
fenêtres, etc., car en plein champ elles manqueraient fré-
quemment d’abris.
S'il y a toujours peu de papillons en avril et mai, c'est
que les chrysalides d'hiver ont péri en quantité sous
l’action des oiseaux insectivores, insectes parasites et
rigueurs de la mauvaise saison. Au contraire, les chrysa-
lides d'été ne vivent que trois semaines et donnent alors
presque toutes des papillons en juillet et août,
M. Fæs fait ensuite une comparaison entre les années
1892 et 1901, toutes deux riches en chenilles, et montre
que dans les deux cas les circonstances météorologiques
avaient été très favorables au développement du papillon
du chou et de sa chenille.
L'auteur parle enfin des divers insecticides à employer
contre la chenille. C'est une solution de savon noir et
d'alcool amylique (2 ‘/, °/ savon noir, 4 o/o alcool amyli-
que) qui lui a donné les meilleurs résultats.
M. le D' Goxin ne pense pas qu'il faille attribuer aux
froids de nos hivers la destruction d’un grand nombre de
chrysalides, celles-ci étant protégées, dans leurs parties
604 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
extérieures, par une couche chitineuse dont M. Gonin
expose le mode de formation ; il pense que les insectes
parasites, ichneumons en particulier, doivent jouer un
rôle plus important.
M. le prof. B. GALLI-VALERIO présente, à titre de com-
munication préalable, quelques plaques de gélatine ense-
mencées avec de l’eau à laquelle on a ajouté 20 gouttes
d’une culture de 48 heures de B. typhi et avec cette même
eau traitée avec du bisulfate de soude (2 °/00) suivant la
méthode proposée par MM. Parkes et Rideal. Les plaques
démontrent nettement l'influence favorable exercée par le
bisulfate de soude dans la destruction du B. typhi. L'eau
traitée par cette substance est agréable à boire et ne sem-
ble pas provoquer d’action nuisible sur l'organisme.
M. le Dr L. Pgzer fait circuler quelques beaux échan-
tillons de fer uni à différents métaux rares et donne quel-
ques renseignements sur les nouveaux procédés métallur-
giques.
Séance du 5 février.
A. Vautier. La téléphotographie. — F.-A. Forel, Mouette et Anodonte.
M. VAUTIER fait part à la Société des travaux qu'il a faits
avec différents télé-objectifs et décrit ensuite la construc-
tion d’une chambre de 2 m. 70 de longueur à laquelle il
avait adapté un objectif de 2 m. 40 de foyer.
Après avoir parlé des essais satisfaisants faits avec cette
chambre, M.Vautier donnela description d’un nouvel appa-
reil avec objectif à long foyer raccourci par l’interposition
de deux miroirs entre l'objectif et l'emplacement de la pla-
que photographique, procédé de raccourcissement inventé
par M. Schær, astronome adjoint à l'Observatoire de
Genève.
M. Vautier présente à la Société ce nouvel appareil long
de 4 m. 410 avec un objectif de 3 m. 10 de foyer et 10 em.
de diamètre et grossissant directement dix fois ; il fait
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 605
remarquer à la Société qu’un appareil grossissant quatre
fois et construit d'après ce système n'aurait plus que 40
cm. de longueur et que la pose avec ces nouveaux ap-
pareils ne dépasse pas cinq secondes avec l'emploi d’un
écran jaune tandis que sans écran jaune l'instantané ra-
pide peut être obtenu.
M. Vautier projette pendant sa communication des vues
faites avec l'objectif ordinaire, avec le télé-objectif, et avec
son nouvel appareil et présente également à la Société
une série de photographies obtenues avec ces divers ap-
pareils.
Par de vifs applaudissements, l'assemblée, trés nom-
breuse, présente à M. Vautier ses félicitations ; M. le Pré-
sident y joint celles de la Société.
M. F.-A. FoREL décrit et discute l'observation faite par
M. François Doge, de la Tour-de-Peilz, d'une mouette
rieuse trouvée noyée devant Montreux, en mai 4901, flot-
tant à la surface du lac, la tête sous l’eau, le bec serré
entre les valves d’une Anodonte du canard.
L’Anodonte a sa station normale sous un mètre d’eau et
plus : la mouette ne nage pas sous l’eau. Comment les
deux animaux ont-ils pu se rencontrer ? La mouette peut
se laisser tomber sur l’eau de quelques mètres de hauteur :
elle disparait alors sous l’eau. mais n’y reste pas plus
d'une demi-seconde : elle ne descend pas à plus de 10 cen-
timèêtres de profondeur. Pour expliquer l'observation de
M. Doge, M. Forel localise l’aventure ou bien dans une
anse abritée, plantée de roseaux, où l’Anodonte, à l'abri
des vagues, serait venue s’égarer dans un fond de quel-
ques centimètres seulement d'épaisseur d'eau; ou bien sur
la grève, où l’Anodonte aurait été jetée par les vagues
d'une tempête.
Séance du 19 février.
F.-A. Forel. Ecrevisse du Léman. — D' Schardt. Géologie et hydro-
logie du tunnel du Simplon.
M. F.-A. Forel fait circuler un Ecrevisse Astacus fluvia-
tihis, capturé à Morges dans les filets des pêcheurs, à 60 m..
606 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
de profondeur. C’est un mâle de grande taille, fort âgé,
pesant 57 gr., en bel état de croissance. Les pêcheurs de
Morges disent avoir déjà trouvé quelquefois des écrevisses
dans cette région du lac.
M. le prof. ScHarpt parle des résultats géologiques acquis
Jusqu'iei pendant le percement du tunnel du Simplon.
Le tunnel à pénétré jusqu'ici, du côté nord, à une pro-
fondeur de 6650 mètres et du côté sud 4425 m., point où
la rencontre d’un terrain calcaréo-schisteux micacé, tout.
broyé et friable, de plus soumis à une forte pression à
arrêté les travaux dès le mois de décembre 1904.
Le massif du Simplon se compose d’un nombre relati-
vement petit de groupes de terrain, qui sont :
A. Les schistes lustrés, se divisant en schistes lustrés
micacés et calcarifères, avec bancs calcaires, intercala-
tions de schistes verts et roches amphiboliques (Sk.);
2. Calcaires dolomitiques, gris, saccharoïdes, micacés
(cipolin), gypse et anhydrite, avec schistes intercalés ;
3. Micaschistes el qneiss schisteux séricitiques, souvent
granatifères et quelquefois calcarifères, avec intercalations
d’amphibolites, de schistes chloriteux et d’amphibolites.
(Gneiss récents, qe.) ;
4. Gneiss schsteux et fibreux (gneiss du Monte Leone)
et Gneiss massif (gneiss d’Antigorio).
Le groupe ! est certainement d’âge mésozoïque (juras-
sique). Le groupe 2 doit par analogie être rangé dans le
Trias. Le groupe 3 est probablement une forme plus méta-
morphique du groupe 1 : il est en tout cas d’origine sédi-
mentaire, tandis que les roches vertes intercalées sont,
comme celles du groupe 1, des roches éruptives ou leurs
tufs. Le groupe 4 représente le terrain primitif peu modifié
par la pression lorsqu'il est massif et fortement laminé
lorsqu'il est à l’état schisteux.
La pétrographie est, comme on voit. en somme assez
simple ; il n’en est pas de même de la géologie techtoniqué
du Simplon. Tous ces terrains sont bien des fois répétés
et s'enchevêtrent si bien qu'il est nécessaire d'admettre
une série de replis superposés.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 607
M. Schardt montre les divers profils géologiques publiés
à l’occasion des expertises de 1877, 1883 et 1890 et rap-
pelle que Gerlach avait, en 1868. et plus anciennement,
tout au début des études en vue du percement du Sim-
plon, construit des profils géologiques de ce massif; celui
de 4869 montre en particulier la vraie situation du gneiss
d’Antigorio, ayant l'apparence d’un pli couché vers le nord,
si bien que les micaschistes calcarifères qui lui sont infra-
posés deviennent en réalité la continuation de ceux que
le gneiss supporte, et ne forment pas, comme on l’a admis
plus tard, le noyau du massif du gneiss d’Antigorio. Il y à
encore d’autres points où le profil définitif sera sensible-
ment modifié au point de vue tectonique.
M. Schardt se réserve de consacrer à cette question
une communication ultérieure, lorsque les études qu'il
poursuit simultanément à la surface et dans le tunnel
seront plus avancées. Les modifications qui résulteront de
ces nouvelles études passeront pour ainsi dire inaperçues
pour l’entreprise, car, au point de vue technique, il n’y à
que trois sortes de terrains : les schistes lustrés avec leurs
intercalations, les micaschistes et gneiss schisteux et le
gneiss d’Antigorio. Du côté nord, les prévisions se sont
sensiblement réalisées. Ce n’est que relativement à la lon-
gueur du trajet dans le gneiss d’Antigorio, du côté sud,
qu'il s’est présenté jusqu'ici une différence notable.Tandis
que les profils préliminaires prévoyaient une longueur
de 5 à 6 km. dans cette roche, avec probabilité de la ren-
contre des calcaires et micaschistes sous-jacents, on à
quitté le gneiss déjà au km. 4325, pour entrer dans le
calcaire, sans avoir rencontré auparavant les schistes
sous-jacents et les calcaires qui les accompagnent. Pour-
tant, près de Gebbo, à 2 km. au nord-est, ces schistes
sont visibles à l’altitude de 1000 m.. au-dessous du gneiss
d'Antigorio : ils s’enfoncent donc fortement du côté du sud-
ouest.
Ces différences d'avec les prévisions étaient certaine-
ment bienvenues pour l’entreprise. Il n’en a pas été de
même pour les venues d’eau énormes rencontrées ensuite
608 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
entre les km. 3,800 et 4,420, et pour le terrain à pression
au km. 4.420.
On avait effectivement prévu d’assez fortes infiltrations
d’eau au contact et dans le calcaire de Teggiolo. quand
même la grande distance de la surface — près de 1200 m.
— ne paraissait pas rendre la chose très probable. La joie
d’avoir quitté la gneiss très dur presque 1500 m. avant le
point prévu a donc subi une forte « douche » par ces
venues d’eau qui, au surplus, ont accusé des températures
de plus en plus froides.
M. Schardt montre à l’aide d’un grand profil géologique
au 1: 5000 la position des venues d’eau par rapport à la
répartition des terrains. Elles ont apparu d’abord dans le
gneiss, mais les plus volumineuses sortent du calcaire
près du km. 4,400.
Un profil de la zone aquifére avec plan horizontal des
deux galeries au 4 : 250, montre les détails de la situation
de plus de 80 sources ou groupes de sources, atteignant
un volume total de 850 litres par seconde, presque une
rivière! Un seul jet, apparu au km. 4,397, a arrêté les
travaux pendant plus d’un mois, dès le 30 septembre. Le
profil montre aussi l’impossibilité de la provenance de ces
eaux du Lago d’Avino. Un essai de coloration pratiqué sur
la Cairasca, le 3 décembre 1904, a donné également un
résultat absolument négatif.
M. SCHARDT à soumis en outre les sources du tunnel du
Simplon à des observations thermométriques et hydratimé-
triques, en vue de suivre de près les variations qui doivent
nécessairement se produire lorsque par un travail souter-
rain on saigne des eaux traversant le rocher. D’importantes
indications concernant leur régime peuvent être recueillies
de cette manière. Il montre, par quelques exemples, com-
ment les percées de nouvelles ouvertures aquifères ont mo-
difié l’état des précédentes et comment, au fur et à mesure
de l’avancement, les sources sont devenues de plus en plus
froides. Mais il y a mieux : les mêmes sources ont débité au
fur et à mesure de l'avancement des travaux et même depuis
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 609
l'arrêt de ceux-ci, de l'eau de plus en plus froide. De plus, le
degré hydrotimétrique à aussi varié en même temps; tou-
tes ces eaux sont devenues plus dures, c’est-à dire gyp-
seuses. Les plus froides n’ont plus qu’une température de
11°5 C. et 75° de dureté'. En même temps, le rocher lui-
même s’est refroidi sensiblement. Au km. #,400, où il y
avait au début 18°2 C.. il n’y avait plus, au 31 décembre, que
16°2?, et ainsi proportionnellement aux autres stations à
3,800, 4,000 et 4,200. Il faut en conclure qu'il ne s'agit pas
de venues d’eau permanentes correspondant à un cours d'eau
souterrain, qui, conséquemment, devrait rester constant, ce
qui serait une grande calamité, vu l'insuffisance, dans ce
cas, du canal déjà construit sur plus de 3 km. 1! s’agit de la
vidange d'un réservoir souterrain, c'est-à-dire d'une masse
d’eau remplissant des fissures multiples et des cavités sou-
vent en communication les unes avec les autres, formant un
vaste réseau de vides souterrains, dont la vidange est en
voie de s’accomplir. Ce mode de pénétration de l’eau ex-
plique la différence de température et de dureté. La circu-
lation se fait surtout dans le calcaire, aussi est-ce là que
se trouvent les eaux les plus froides. C’est du calcaire que
l’eau pénètre en éventail dans le gneiss et se chauffe.
Aussi les sources les plus éloignées du calcaire sont les
plus chaudes. Malgré leurs différences réciproques, ces
venues d’eau communiquent les unes avec les autres. L'im-
prégnation du rocher devait s'étendre primitivement jus-
que tout près de la surface, où existaient les plus grandes
cavités, et aboutir au trop plein, soit aux sources super-
ficielles alimentées par l’eau souterraine. Ces sources sont
‘connues. M. Schardt a constaté en effet que les sources de
Nembro d'environ 400 1. s. (1300 m. d'altitude) qui cou-
laient encore abondamment fin octobre, avaient tari avant
le 20 novembre. Elles nous donnent la mesure du mimi-
mum d'eau pouvant subsister après la vidange des réser-
! Degrés hydrotimétriques français.
? La température normale prévue aurait dû être de 37 à 39°,
donc 21 à 23° de déficit de chaleur.
610 SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE.
voirs souterrains. C’étaient des sources non gypseuses. Il
est donc juste d'admettre la possiblité que d’autres sour-
ces soient asséchées à leur tour. Cela pourrait être le cas
des sources de la Prese de Gebbo (1010 m.) qui sont gyp-
seuses. Leur débit est de 150-2001. s.: elles coulaient en-
core le 12 février 1902. Si ces sources disparaissent à
leur tour, on devrait s'attendre à un volume d’eau cons-
tant de 300 1. s. Déjà la vidange des réservoirs souterrains
semble s'approcher de sa fin, car les dernières observa-
tions (11 février 1902) ont accusé une augmentation de la
température de plusieurs sources. La fin sera indiquée
par un échauffement général des sources et du rocher
conduisant à l’établissement d’un régime stable. Le refroi-
dissement n’est dû qu'au passage d’une grande masse
d’eau froide à travers les fissures voisines du tunnel
(10.000.000 m°. depuis le 30 septembre 1904). La position
du trop-plein du réservoir souterrain à près de 650 m. au-
dessus du tunnel explique la formidable pression ; elle
rend cependant presque inexpliquable l'arrivée de l’eau
par des passages relativement spacieux à de telles pro-
fondeur. Ces passages, au moins ceux du calcaire, étaient
corrodés par dissolution ; pour corroder il faut que l’eau
circule dans le rocher. Elle ne formait donc pas seulement
un réseau d'imprégnation mais une masse circulante, jus-
qu'à 650 m. et plus au-dessous du niveau du déversoir |
C’est là un phénomène peu connu jusqu'ici. L’eau coulant
superficiellement ne peut éroder qu'à une assez faible
profondenr au-dessous de son niveau et encore faut-il
qu'elle circule avec rapidité. Quel est donc l’agent qui peut
faire circuler ainsi l’eau souterraine à des centaines de’
mètres de profondeur? Les observations thermiques du
tunnel du Simplon l’ont démontré en accusant dès l’ap-
proche des passages d'eaux un refroidissement graduel du
rocher. C’est donc la chaleur souterraine qui actionne une
véritable circulation formée dans les innombrables canaux
du calcaire surtout. L'eau froide descend dans les uns et
remonte dans les autres, après s'être chauffée dans la
profondeur, comme dans un gigantesque thermosyphon. En
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE. 611
circulantelle corrode: les fissures capillaires préexistantes
dans tous les calcaires s'ouvrent graduellement par corro-
sion lente et permettent à cesystèmedes’enfoncer toujours plus
profondément, presque sans limite! L'emprunt de chaleur
est dépensé pour actionner cette crculation incessante, qui
n’a pas pour cause directe la gravitation seule, mais la dif-
férence de densité entre l’eau froide et l’eau chaude! Ce
problème est certainement un des plus intéressants qu'il
ait été donné à l’homme de scruter.
Quant au terrain tendre qui a arrêté les travaux du côté
sud, dès le mois de novembre, M. Schardt remarque que
c'est une roche broyée calcaréo schisteuse et micacée rem-
plissant une faille, qui consèquemment ne peut pas avoir
une grande épaisseur. On y a pénétré jusqu'ici sur une
dizaine de mètres. Son épaisseur ne dépassera guère 30 m.
COMPTE RENDU DES SÉANCES
SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Séance du 20 mars 1902.
Th. Tommasina. L'éther et les phénomènes électrostatiques. —
J. Briquet. Observations sur le genre Thorea, — L. Duparc.
Roches du Kosswinsky. — B.-P.-G. Hochreutiner. Nouvelles
malvacées.
M. Th. TommASINA expose quelques notions déductives
sur l'existence de l'éther et sur son rôle dans les phénomènes
électrostatiques.
Se basant sur le fait établi de la vitesse finie de la
lumière et des ondes hertziennes, il en déduit les consé-
quences logiques suivantes : |
1° Que les actions à distance sans intermédiaire sont
inadmissibles.
20 Que l’éther existe comme substance matérielle.
3° Que l’éther possède comme transmetteur perpétuel
des radiations une énergie active variable.
4° Que les éléments intégrants de l’éther possèdent une
énergie propre constante.
5 Que le fonctionnement des éléments de l’éther
comme transmetteurs de vibrations nécessite un état de
tension variable mais toujours supérieur à zéro.
M. Tommasina déduit de la non existence des actions à
distance que, sans l’éther qui entoure et pénètre tous les
corps, la gravitation ne pourrait avoir lieu, et que d’autre
part la présence de l’éther rend impossible la transmis-
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE, ETC, 613
sion de l'énergie avec une vitesse infinie. Ainsi, comme
de toutes les forces de la nature, seule la force de la gra-
vitation universelle devrait se propager avec une vitesse
infinie, il faut en déduire que la gravitation doit être due
à une force agissant continuellement par pression sur les
particules intégrantes de tous les corps, et, en conclure
que c’est dans l’action de l’éther qu'on doit chercher le
mécanisme de la gravitation universelle.
D’après ces notions déductives M. Tommasina dit qu'on
ne peut envisager les phénomènes autrement que comme
étant des modes de mouvement de la matière, et il ajoute
qu'une théorie des phénomènes électrostatiques doit servir
pour expliquer non seulement les charges des corps, mais
aussi celles des particules. Or, il est évident que la théorie
balistique une fois arrivée à ces dernières n’explique plus
rien et qu'il faut alors recourir nécessairement à une
théorie éthéro-dynamique.
M. Tommasina décrit ensuite quelques expériences élec-
trostatiques. lesquelles, ainsi que plusieurs autres qu'il a
pu éxécuter pendant ces dernières années, l’ont amené à
établir les conclusions suivantes :
1° Il n'existe aucune décharge disruptive partant d’un
corps électrisé négativement.de même il n’en existe aucune
partant d’un pôle négatif.
2° Aucune émission de fluide électrique négatif n’a
lieu, ni ne peut avoir lieu, car ce fluide n’existe pas.
3° Les charges négatives sont en réalité des états de
sous-électrisation, dans lequel les vecteurs sont conver-
gents et représentent une propagation de mouvements
venant du milieu ou d’un autre corps quelconque qui se
trouve à un potentiel plus élevé.
La conclusion de M. Tommasina est que la seule sub-
stance matérielle qui joue un rôle dans les charges élec-
trostatiques est l’éther luminifère, et que ces charges sont
des modifications éthérées qui ont toujours pour résultat
le rétablissement de l'équilibre préexistant.
M. J. BRIQUET continue ses observations sur la famille
des ombellifères et présente une note sur un nouveau type
614 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
générique qu'il désigne sous le nom de Thorea. Il s’agit
d’une singulière petite plante stolonifère localisée dans les
marais et les étangs du sud-ouest de la France. Primitive-
ment décrite par Thore en 4803 sous le nom de Sison
verticillato-umbellatum. elle a été placée par A.-P. de Can-
dolle en 4815 dans le genre Suim, par Koch en 1824 dans
le genre Helosciadium, par Lespinasse en 1847 dans le
genre Carum, par Grenier et Godron en 1848 dans le
genre Ptychotis, enfin par Reichenbach en 1867 dans le
genre Petroselinum. Ce dernier auteur, qui à fait l’ana-
tomie du fruit, signale dans les méricarpes de cette plante,
outre les grandes bandelettes valléculaires, un second
système extérieur de bandelettes cloisonnées. Si cette
indication était vraie, nous aurions là un cas unique et
extraordinaire dans la carpologie des ombellifères. M. Bri-
quet expose en détail l’organisation du fruit et montre
qu'il n’existe qu'une seule bandelette par vallécule. Ce
que Reichenbach a pris pour des bandelettes cloisonnées
extérieures est une couche de parenchyme macrocytique,
dans laquelle l'huile des bandelettes se déverse lorsqu'on
fait des coupes du fruit. Une technique un peu soignée
permet facilement d'éviter cet accident et ne laisse aucun
doute sur la nature cellulaire des petites chambres figu-
‘rées par Reichenbach. — M. Briquet étudie en détail les
affinités de la plante de Thore et constate qu’elle ne peut
se classer qu'artificiellement dans les genres auxquels on
l’a rapportée. Il la considère comme un genre monotype,
qu’il appelle Thorea, et qu'il place dans le voisinage des
Petroselinum. — Un mémoire détaillé sur cette plante si
controversée paraîtra cette année dans l'Annuaire du Con-
servaloire botanique de Genève.
M. le prof. Duparc, pour faire suite à la communication
qu'il a faite dans la séance du 6 février, entretient la
Société de quelques nouvelles roches dont il explique la
composition et qui proviennent de la région du Kosswinsky.
M. B.-P.-G. HOocHREUTINER communique à la Société
quelques remarques sur une série de Malvacées nouvelles
ou rares étudiées par lui à l'Herbier Delessert.
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 615
Les unes sont intéressantes à cause de leur distribution
géographique, les autres à cause de particularités mor-
phologiques.
Parmi les premières : Une nouvelle espèce de Mada-
gascar l'Abutilon pseudoanqulatum Hochr, appartient au
groupe des Cephalabutilon uni ou bi-ovulés qui sont afri-
cains ou américains. Les affinités de cette plante, sont
donc orientales et c’est un cas rare parce que la flore de
Madagascar est plutôt aftine de celle de l'Australie comme
on l’a montré souvent et comme l'auteur a pu déjà le cons-
tater pour certains Hibiseus *.
Une nouvelle preuve de ces relations avec l’Australie
est apportée par la distribution singulière du Sida supina
L'Her. Cette plante n’était connue qu'en Amérique et aux
Seychelles, où sa présence sur plusieurs îles faisait croire
qu’elle était indigène. M. Hochreutiner a retrouvé cette
espèce parmi des plantes recueillies par Latrobe en Aus-
tralie. C’est donc par là qu'il faudraitunifier l’aire disjointe
du S. supina et non pas au travers de l'Afrique où elle fait
défaut.
Deux autres plantes sont intéressantes à cause de la
localisation de leurs variétés : L’Abutilon indicum Sw. est
une espèce très polymorphe êt cosmopolite, mais dont le
centre de dispersion parait être les Indes orientales. A
partir de là, si l’on s'éloigne vers le S.-E., on voit cette
plante se modifier de plus en plus, pour aboutir à la variété
australiense Hochr. qui est particulière à l'Australie, et
dont le port est tout à fait distinct. Plus caractéristique
encore est le Sida grewioides Guill. et Perr. dont la forme
typique se trouve au Sénégal; elle possède des tiges
dressées, hautes, ligneuses et des feuilles relativement
grandes. L'auteur a reconnu cette espèce dans une plante
récoltée par Wellstedt à Socotra. Celle-ci est un chétif
petit végétal herbacé à tiges appliquées contre le sol et à
* Hochreutiner. — Revision du genre Hibiscus in Annuaire du
Conservatoire et du Jardin bot. de Genève. 4° année, 1900, p. 37,
47, 51 et 153.
616 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
feuilles réduites. M. Hochreutiner en fait une var. micro-
phylla car il à pu observer tous les termes de passage
rangés en série linéaire, depuis le Sénégal jusqu’à Socotra,
en passant par le Soudan et l’Abyssinie.
Parmi les espèces intéressantes au point de vue mor-
phologique, deux sont mentionnées.
L'Abutilon Lauraster Hochr. de Madagascar possède un
fruit de forme inaccoutumée. Les carpelles sont fortement
étirés vers l'extérieur de telle sorte que chaque méricarpe
est un tube terminé en pointe. A la base du tube se trou-
vent les graines groupées sur un espace minuscule com
paré à la dimension de la loge. Le fruit entier a l'aspect
d’une étoile à longues branches et il est supporté par un
long pédoncule assez rigide qui vibre comme un ressort
lorsqu'on frôle seulement les pointes déhiscentes des méri-
carpes. C’est ainsi que cet organe est un excellent moyen
de dissémination des graines devenues libres dans chaque
loge.
Le Sida Dinteriana Hochr.possède aussi un fruit remar-
quable à cause de son appareït de déhiscence par le fait
qu'il établit un terme de passage entre les Wanadula, les
Cristaria et les Sida. La face supérieure des méricarpes
est lisse comme chez le Sida rhombifolia L., et elle présente
aussi deux bourrelets longitudinaux séparés par une vallé-
cule, le tout servant à faciliter la déhiscence en une fente
sagittale. Mais chez le Sida Dinteriana cette face au lieu
d’être plate est bombée en demi-cercle, de sorte qu’au
moment de la déhiscence, il se forme deux ailes membra-
neuses, rétrécies un peu vers le bas. Ainsi la partie infé-
rieure du carpelle contenant la graine unique ne s'ouvre
pas assez pour laisser échapper cette dernière.
On comprend donc facilement que cet appareil ait pu se
modifier, d'une part en accentuant la séparation qui existe
entre la loge du carpelle et sa partie membraneuse pour
aboutir aux méricarpes ailés des Cristaria. D'autre part en
augmentant la facilité de déhiscence des méricarpes et en
créant une sorte de loge supplémentaire à la partie supé-
rieure de chacun d’eux, l’appareil en question créait la
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 617
possibilité de méricarpes multiovulés semblables à ceux
des Wissadula.
Ces affinités si multiples suggèrent l'hypothèse que ce
genre Sida, avec ses innombrables formes, doit être con-
sidéré comme une des souches des Walveæ.
Séance du 3 avril.
A. Pictet et P. Genequand. Action de l’acide nitrique sur l’acide acé-
tique et ses homologues. — L. Duparc. Massifs du Tilaï et du
Katechersky.
M. le prof. Amé PICTET communique une observation
qu'il a faite avec M. P. GENEQUuAND. Lorsqu'on mélange,
dans des proportions quelconques, l'acide acétique qlacial
avec l'acide nitrique famant et que l’on soumet le liquide à
la distillation fractionnée, on obtient une fraction bouillant
à 427,7° sous 730%% de pression, et possédant à 15° une
densité de 1,196. L'analyse conduit à la formule C,H,NO,.
Ce produit n’est point un simple mélange d'acides acé-
tique et nitrique, mais une combinaison nettement définie,
que les auteurs nomment acide acétonitrique. Cela résulte :
1° De son point d’ébullition. qui est plus élevé que celui
de chacun des deux constituants.
2° De la détermination cryoscopique de son poids molé-
culaire, qui correspond à la formule ci-dessus.
3° Du fait qu'il possède des propriétés chimiques très
différentes de celles que l’on devrait attendre d’un mélange
d'acide nitrique et d'acide acétique.
Les auteurs considèrent l'acide acétonitrique comme le
dérivé diacétylé de l'acide orthonitrique, N(OH),. et esti-
ment qu'il prend naissance par simple addition de ? molé-
cules d'acide acétique à 1 molécule d'acide nitrique, selon
l'équation :
OH OH
CH, - COOH 2 | : CH,:COO. | -00C.CH,
CHU EU PTE LE M 2
L'acide acétique n’est, du reste, point le seul acide orga-
ARCHIVES, t. XIII. — Juin 1902. 44
618 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
nique capable de se combiner ainsi à l'acide nitrique. Ses
deux homologues, l'acide propionique et l'acide butyrique
normal, fournissent des dérivés semblables. L'acide pro-
pionitrique (C;,H,;COO),N(OH), bout à 141” et possède
à 15° une densité de 14,057. L'acide butyronitrique
(C,H,C00),N(OH), distille à 455° et a une densité de 1,003
à 15°.
MM. Pictet et Genequand ont l'intention de soumettre à
une étude approfondie cette nouvelle classe d’anhydrides
mixtes.
M. le prof. Duparc parle des massifs du Tilaï, du Kate-
chersky et du Cerebransky. qu'il a eu l’occasion de visiter
l'an dernier; une particularité de cette région, c’est que la
ligne de partage des eaux ne suit pas la ligne de faite. La
chaîne du Tilaï est formée par des gabbros ouralitisés.
M. Duparc y a rencontré un plissement platinifère de fer
chromé.
Séance du 17 avril.
R. de Saussure. Mouvement des fluides. — L. Duparc. Voyage
d'exploration dans l’Oural. — R. Chodat et Th. Nicolofi. Sac
embryonnaire de Juglans regia L.
M. RENÉ DE SAUSSURE fait une communication sur une
Théorie géométrique du mouvement des corps, basée sur
les lois de la symétrie. Il considère tout déplacement con-
tinu d'un corps C comme une série continue de corps
égaux entre eux : cette définition comprend tous les mou-
vements à un ou plusieurs paramètres. Il montre ensuite
que tous les mouvements fondamentaux (translation, rota-
tion, torsion) peuvent être considérés comme des séries
de corps C symétriques d’un corps fixe Co par rapport à
une série d'éléments (points, plans ou droites). Cette
manière de voir le conduit à l'étude de nouveaux mouve-
ments fondamentaux : les mouvements fondamentaux à
plusieurs paramètres: en particulier, les mouvements
fondamentaux à trois paramètres qui permettent d'établir
ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE. 619
les lois géométriques du mouvement des fluides ; car si
l’on désigne par un point M une molécule quelconque
d’un fluide et par une droite D la direction du mouvement
de cette molécule. la figure (MD) peut être considérée
comme une figure rigide et le fluide lui-même comme une
série en nombre triplement infini de figures telles que (MD).
Pour l’exposé complet de cette théorie, voir les Arch.
des Se. phy. et nat., t. XIIL, p. 425.
M. le prof. Dupare a fait un récit de ses derniers voyages
à travers l’Oural ; après avoir donné un aperçu général de
la région parcourue au point de vue géologique, géogra-
phique et hydrographique, M. Duparc présente une série
de vues de l’Oural du Nord et des bords de la Kama et de
la Kosswa.
M. le prof. CHopaT présente au nom de M. TH. NICOLOFF
une communication au sujet du sac embryonnaire du Ju-
glans reqra L.
M. Nicoloff a été amené à s'occuper de cette question
au cours de ses recherches sur la fleur et le fruit de la dite
espèce. La question de l’origine du sac embryonnaire de
Juglans reqia est devenue particulièrement intéressante
surtout depuis que M. le prof. Karsten de Bonn a émis, il
y a quelques mois de cela, l'opinion que le nucelle
de Juglans regia contiendrait un archéspore à l'instar
de celui que Treub a trouvé chez les Casuarinées.
L'archésphore n'a été jusqu'à présent constaté dans le
groupe des Angiospermes que chez les Casuarinées par
Treub et chez Corylus Avellana par Nawaschin. On sait
combien sont significatifs les résulats des recherches de
Treub au point de vue de la phylogénie. Les Juglandées
auraient été une nouvelle famille à ajouter aux plantes
possédant l'archéspore. vestige caractérisant les Crypto-
games Vasculaires, et on voit par conséquent quelle im-
portance se rattacherait à la découverte de M. Karsten, si
cette découverte venait à se confirmer. Dans son travail
M. Karsten donne un dessin d’archéspore dans le nucelle
620 SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE, ETC.
de Juglans regia. M. Nicoloff a fait dans l’ovule de la même
plante des coupes en série au microtome. Comme il à eu
tous les âges de ces ovules, il a pu suivre le tissu nuceilaire
dés le début de la formation du sac embryonnaire, jusqu’au
complet développement de celui-ci et il a contaté que :
1° Le sac embryonnaire a une origine très profonde.
Au moment où la cellule qui va devenir sac embryonnaire
commence à grossir, le nucelle présente la structure histo-
logique suivante : La partie inférieure au sac (celui-ci se
trouve à peu près aux deux tiers de la hauteur du nucelle)
comprend une bande centrale de cellules allongées suivant
le sens longitudinal et des deux côtés de cette bande se
trouve un tissu périphérique formé de cellules sensiblement
isodiamétriques. La région du nucelle, supérieur au sac
embryonnaire, est formée de cellules rangées en files
rayonnantes disposées en éventail, le sac embryonnaire
occupe le centre dont partent et divergent les files formant
cet éventail. '
2 Le sac embryonnaire de Juglans regia est ordinaire-
ment unique ; sa place de formation est fixe: il parait
provenir dans tous les objets examinés, de la cellule la
plus profonde du rayon cellulaire médian. Les détails de
sa formation seront donnés ultérieurement.
3° On ne trouve à aucun âge une délimitation claire
entre un tissu enveloppe et un tissu archésporien central.
C’est là un point capital pour la résolution du problème et
M. Treub insiste avec raison sur l'existence de cette
délimitation dans le nucelle des Casuarinées.
Le fait qu'il peut exister deux noyaux dans certaines
cellules du nucelle de Juglans regia ne peut pas être d’une
valeur notoire pour la question, comme parait le croire
M. Karsten, des cellules végétatives de n'importe quelle
provenance pouvant contenir deux novaux.
Toutes les considérations permettent à M. Nicoloff de
conclure à l’absense d'un archéspore caractérisant le
nucelle de Juglans regia L.
BULLETIN SCIENTIFIQUE
CHIMIE
Revue des travaux faits en Suisse.
BULLETIN DU CHIMISTE CANTONAL DE St-GALL POUR 1899.
LES FALSIFICATIONS EN SUISSE (Rev. intern. falsif., 14,
5-10, janvier-février).
Lait. — Deux échantillons de lait prélevés l’un le soir.
l'autre le matin dans un même établissement ont accusé :
le premier 2,30 *;, de graisse et 11,12 °/, de résidu sec
avec une densité de 1.0354, le second 5.25 t/, de graisse
et 13,87 °/, de résidu sec avec une densité de 1,0291.
Beurre. — Le beurre de provenance galicienne fut re-
connu pur, mais avec une acidité de 28 à 46 degrés.
Pain. — L'examen d’un pain fit reconnaître qu’il contenait
le bacillus prodigiosus, un autre le bacillus mesentericus.
Des larves de tenebris molitor furent rencontrées à diffé-
rentes reprises dans de la pâte à saucisse falsifiée avec de
la farine.
Miel. — Le miel de Galicie a été reconnu de qualité très
médiocre ; {les dissolfitions aqueuses ont présenté une
réaction alcaline et ont dégagé l'odeur ammoniacale à la
distillation.
Sucre.— Un grog a donné lieu, par addition d’une tranche
de citron, à un dégagement abondant d'acide sulfhydrique,
le sucre qui avait servi à sa préparation ayant été bleuté
au moyen d'outremer.
Boissons. — Parmi celles-ci, un vin d’Apulie renfermait
4-5 gr, de sulfate de potasse par litre, un Sherry 5.5 gr.:
un vin mousseux du Tyrol était coloré avec de la fuchsine :
un cidre contenait 8.2 °/, d'acide acétique.
44%
622 BULLETIN SCIENTIFIQUE.
À. BiSTRZYCKI ET C. HERBST. SUR QUELQUES ACIDES ALDÉ-
HYDIQUES DES SÉRIES &œ ALIPHATIQUE ET ORTHOAROMATIQUE
(Ber. Disch. Chem. Ges., 3k, 1040-21, 20/4 [27/3]. Fri-
bourg). : k NAD'HENRMIT
Les auteurs ont trouvé que les acides aldéhydiques réa-
gissent avec une série de substances, en donnant nais-
‘sance à des produits solubles dans le carbonate de soude,
et renfermant par conséquent un groupe carboxylique. Ex.
Br —C—COOH ANT Br—C—COOH
| EL 7 Fi
BEL UGHO NCOCH, Br—C—CH
*OCOCH,
Dans une seconde phase, l'acide formé est converti en
lactone :
Br—C—COOH Br —C—CO
| pri tu IL HÉO + Hl
Br—C—CH< —_Br—C—CHOCOCH,
‘OCOCH,
Avec la phénylhydrazine, on à :
Br-C-COOH Br-C-COOH
a ai CH, NENH, Le ]
Br-C-CHO Br-C-CH = N-NHC,H,
Br—C—CO0H Br-C-C0: NC
] = |. |
BEC CR = 'N <NHC,H.», Br 0 CHEN
* Avec la phénylhydroxylamine, l’acide opianique fournit
la combinaison suivante :
CH,-0 C00H
DR + NHOHCH, —
CH,-0/ NCHO
CHION C
Y +6 14 /N=CHs
CH; 0 Ne
CHIMIE. » : 623
“A. HErFT£R. L'ACIDE CACODYLIQUE, AU POINT DE VUE DE SES
RÉACTIONS DANS L'ORGANISME, ET DE LA MANIÈRE DE LE
DÉCELER DANS L'URINE (Schweiz. Wochschr. der Pharm.,
39, 193-95, 13/4, Berne).
Moins vénéneux que l'acide arsénieux, l'acide cacody-
lique provoque, à hautes doses, des intoxications dues à
sa transformation en acide arsénieux ou arsénique sous
l'influence de l'oxydation. L'auteur a encore démontré
qu'une partie seulement de l'acide cacodylique introduit
dans le corps subit l'oxydation, tandis que la plus grande
quantité n’est pas transformée. Certains organes, particu-
lièrement le foie, les muqueuses stomacale et intestinale,
etc., provoquent une réduction de l'acide cacodylique qui
le convertit en oxyde de cacodyle.
Pour la détermination quantitative de l'acide cacodyli-
que dans l'urine, on fond cette combinaison avec une
partie de potasse et trois à quatre parties de salpêtre, et,
après dissolution du produit dans l’eau chargée d'acide
chhlorhydrique, on traite la liqueur par l'hydrogène sul-
furé. Le sulfure d’arsenic ainsi précipité est ensuite dosé
par la méthode usuelle.
R. SUCHY. SUR LES CHAINES PYROCHIMIQUES DE DANIELL
(Z. anorg. Ch.. 27, 152-98, 2/5, Zurich).
A. TSCHIRCH ET B. NIEDERSTADT. SUR LE COPAL NÉO-ZÉLAN-
DAIS (KAURI-BUSCH-KOPAL) RETIRE DU DAMMARA AUSTRALIS
(Arch. der Pharm., 239, 4161-67, 30/4, Berne).
En traitant par l’acétate de plomb les acides résiniques
extraits du copal au moyen de la lessive potassique à 4 ?/,.
les auteurs ont obtenu les sels de deux acides inactifs
qu'ils ont séparés en se basant sur leurs différences de
solubilité dans l'alcool.
L'acide kaurinolique C11H3:0:, F — 128-130°, est une
poudre amorphe blanehe., soluble dans les dissolvants
624 BULLETIN SCIENTIFIQUE, ETC.
usuels. L'acide kauronolique C12H2102, F — 86-89°, égale-
ment amorphe, présente les mêmes solubilités que le
précédent.
Le copal renferme encore une résine jaune clair, la
kaurorésène (12 °/,) F — 63-65", une huile éthérée, douée
d’une odeur analogue à celle du citron (42,5 °/,). Dis —
0,835, enfin une petite quantité d’un principe amer (4 ?/,
environ). .
A. TSCHIRCH ET B. NIEDERSTADT. SUR LA RÉSINE DU PINUS
SILVESTRIS (Arch. der Pharm., 239, 167-841, 30/4 [27/1],
Berne).
Cette résine, qui est soluble dans les dissolvants usuels,
se dépouille d’un principe amer par agitation avec l’eau.
Son produit de distillation renferme de l’acide succinique.
Le carbonate ammoniacal n’enlève rien à sa dissolution
éthérée, tandis que la lessive de carbonate sodique à 4
en extrait la totalité des acides (60 °/, environ). Après
précipitation, le mélange de ces derniers est soumis à la
cristallisation. Il se dépose ainsi, au bout de quelques
semaines, l’acide silvéolique C:14H2002, se présentant sous
la forme de feuillets quadratiques solubles dans les dissol-
vants usuels, insolubles dans l’eau.
Les eaux-mères de l'acide silvéolique abandonnent
ensuite la majeure partie des acides résiniques (60 °°
environ), qui sont séparés au moyen de la solution alcoo-
lique d’acétate de plomb. On obtient de cette manière
l’acide 4 silvinolique C15H2602, F — 90° et l'acide f silvi-
nolique C14H2402, F — 95°.
La résine contient en outre le silvorésène (20 °/,),
F — 58-60°, ainsi qu'une huile éthérée, d’odeur agréable
(15 °/,) Dis — 0.84.
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629
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAÎTES A
L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE
PENDANY LE VOIS
DE MAI 1902
Le 1°", nouvelle neige sur le Salève et le Jura ; pluie à 7 h. du matin et depuis 4 h. du
soir : fort vent de 10 h. du matin à 9 h. du soir.
pluie dans la nuit, à 7 du matin, à 4 h. et à 7 h. du soir.
2, pluie dans la nuit.
3, fort vent de 10 h. du matin à 1 h. du soir; pluie depuis 7 h. du soir.
4,
5, pluie dans la nuit et à 1 h. du soir; nouvelle neige sur le Salève:; fort vent de
1 h. à 4 h. du soir.
. faible pluie dans la nuit et à 9 h. 30 m. du matin : nouvelle neige sur le Salève
œ
et le Jura.
[we]
, forte bise pendant tout le jour.
S
, forte bise le matin jusqu’à 4 h. du soir; faible pluie à 7 h. 30 m. du matin et
depuis 4 h. du soir.
10, forte bise le matin jusqu’à 7 h. du soir.
11, faible pluie à 4 h. du soir.
13, pluie à 7 h. et à 10 h. du soir.
15, fort vent à 4 h. et pluie depuis 10 h. du soir. -
16, pluie la nuit jusqu’à 10 h. du matin; fort vent de 10 h. du matin à 1 h. du soir:
nouvelle neige sur le Môle, les Voirons et le Jura.
17, pluie depuis 1 h. du matin et pendant tout le jour; très fort vent pendant tout
le jour.
13, pluie dans la nuit et à 10 h. du matin; fort vent le matin jusqu’à 1 h. du soir ;
nouvelle neige sur toutes les montagnes environnantes : tonnerres à l’W. de
de 2 h. à 2 h. 45 m.
19, pluie dans la nuit, averse à 6 h. 50 m. du soir; fort vent jusqu'à 10 h. du matin.
21, très forte rosée le matin.
22, faible pluie à 7 h. du matin.
23, pluie de 1 h. à 7 h. du soir ; halo lunaire.
24, rosée le matin.
25, forte bise de 4 h. à 9 h. du soir.
26, forte rosée le matin.
27, rosée le matin.
29, fort vent à 10 h. du matin.
30, faible pluie à 1 h. du soir.
ARCHIVES. t. XII — Juin 1902. 45
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632
MOYENNES DE GENÈVE. — MAI 1902
Correction pour réduire la pression atmosphérique de Genève à la
pesanteur normale : + Ümm.(02. — Cette correction n’est pas appliquée dans
les tableaux.
Pression atmosphérique : 700%" +
ham 4h mn. hu d0N on TN :S: 4h.s. 7h82 041 0h: Moyenne
fre-déc. 25.45 2477 2501 2505 2467 2456 2:75 21.43 24.89
20 »..92.00 92.76 : -23.19- 23.27 : 22:84 + 2284 23.41k 23.65 23.09
3e »° ‘99.70 ‘29.58 29.88 29.64 2940 2843 2848 29.12 29:24
Mois 96.07 25.83 926.15 96.41 25.65 25.38 25.56 26.07 25.85
Température.
Lre déc + 5.92 - 5.97 + 6.09 + 8.98 + 991 + 9.84 + 7.73 | 6.30 +07:62
2° » 6.33 D.83 7.57 9.96 11.68 11.33 9.33 1.63 8 71
3 » 9:66-:: 7:74 41.06 14.74 17.12 17.58. 15.98 12:55 13.30
Mois + 7.37 -+ 6.49 + 8.33 +1133 +13.0% +13.07 11.17 + 9.01 + 9.99
Fraction de saturation en ‘5.
l'e décade 7 79 79 64 d7 DJ 7% al 71
22 » 76 74 7% 60 D DJ 66 77 67
3° » 81 8 74 d7 48 16 DE 67 6%
Mois 78 80 76 60 D3 52 6% 75 67
Dans ce mois l’air a été calme 242 fois sur 1000.
NNE 9
SSW 86
La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 28°.9 W.
Son intensité est écale à 8.2 sur 100.
— 1.07.
Le rapport des vents
Moyennes des 3 observations
(2, 1, 9) éléments météorologiques,
mu Plantamour :
Pression atmosphérique... .. 125.93
NéDulOSité, sent et 38 Press. atmosphér.. (1836-1879)
. Po en +100.81 Nébulosité.: ..... (1847-1875);
ME Se 3 Hauteur de pluie.. (1826-1875).
! Température 4 _ = : : :
IHI+RXI 100.12 Nombre de jours de pluie. (id.).
HT AE Température moyenne .
Fraction de saturation........ 67% Fraction de saturat. (1849-1875)
Valeurs normales du mois pour les
d’après
mm
125.24
.8
Lions
12
-
‘id.): 413.20
10 %,
633
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAITES AU
GRAND SAINT-BERNARD
PENDANT LE MOIS
DE MAI 1902
Le 2, neige dans la nuit et à 7 h. du matin: forte bise à 7 h. du matin.
3, neige; fort vent à 9 h. du soir.
5, brouillard le matin et le soir: neice.
6, brouillard le soir.
7, brouillard le soir. :
8, brouillard le matin; neige l’après-midi.
9, neige le matin : brouillard l'après-midi.
10, neige.
11, neige.
13, neige.
14, brouillard pendant tout le jour.
15, brouillard à 7 h. du matin.
16, neige à 1 h. du soir.
17, neige pendant tout le jour.
18, neige.
19, neige et brouillard l'après-midi.
20, brouillard le matin et le soir.
21, srouillard le soir.
22, brouillard le matin et le soir.
23, brouillard le matin.
24, brouillard le soir.
25, forte bise et brouillard le soir.
26, brouillard le soir.
29, brouillard le matin; fort vent le soir.
30, fort vent l'après-midi.
31, brouillard le matin et le soir; pluie à 1 h. du soir.
Correction pour réduire In pression atmosphérique du Grand Saint-
Bernard à La pesanteur normale : — ()m".29. — Cette correction n'est pas
appliquée dans les tableaux.
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MOYENNES OÙ GRAND SAINT-BERNARO. — MAI 1902
Pression atmosphérique : 5000" + Fraction de saturation en ‘/,
7 h. m. 1h.s. 9 h.s. Moyenne Th.m. 1h.s. 9h.s. Moyenne
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20 Lio DB 580 8101205977 59 09 87 62 88 79
3e » 66.97 Qu 24-::67.68:.767-29 86 60 9% 80
Mois 61.85 62 A5 62.64 62.21 86 62 90 79.
Température.
Moyenno,
Th.m 1h.s 9h.s ü ais TETE
3 4 A
lre décade — 6.97 RAS) Te Pt — 5 50
2e » — 5.52 TA AO — 5.53 — 4107 —! &.43
BE 10e — , 2.43 Em — 41.25 — : 0.58 + 0.75
Mois —" 4.69 — 0.16 D dt 1 — 9.21 — #8" 41
Dans ce mois l'air a été calme ( fois sur 4000.
L 1 t "E 72 — 9.32.
C PADDOP AE EE —
PP PPT EN 31
La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E
Son intensité est égale à 44.1 sur 400.
0
Observations météorologiques faites dans le canton de Genève
Résultats des observations pluviométriques
\tation | GÉIENY | COLLEX | CHAMBÉSY | cmreraie | SATIGNY | ATHENAZ | COMPESIÈRES
| | |
| | |
| | |
|
futur d'en | 102.8 | 77.1 | 61.8 | ‘70.9 | 108.0 bre. 37.0
l (l
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Station VEVIIER | OBSRRVATOIRE || COLOGNY | PUPLINER JUS HEIMANCE
| | | | |
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Durée totale de l’insolation à Jussy : ...h..
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BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE
ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME TREIZIÈME
(de PÉRIODE)
4902. — Nos 1 à 6.
Etude thermique de quelques alliages entre zinc
et aluminium et cuivre et aluminium pris en
proportion définie, par W. Louguinine et
Men L 0 | PRRANNEONRNON EU à 103 LR EYES
Recherches expérimentales sur la mesure des
constantes critiques, par Ph.-4A. Guye et Ed.
NISSAN IT LEGS (LE ARE RE ELA EU TIR OUT R
Menu) LA TIMONLO CO RME EX GE
Am Suite) ee 2 LCRERARERC FENETRE
HdemASuitenetin) MIS EPA NUE HR OS A BE
Du mécanisme de l’action du peroxyde d’hydro-
gène sur l'acide permanganique, par À. Bach.
Analyse du gaz acétylène produit par les carbures
de calcium du commerce et sa purification
pour l’éclairage, par 4. Landriset et 4. Rossel.
Résumé météorologique de l’année 1900 pour
Genève et le Grand Saint-Bernard, par R. Gau-
HER PRRMIO EE RAREMENT NE
Ldem (Suite et Dm). LRO TER à
Recherches sur la radioactivité induite par l'air
atmosphérique, par J. Elster et H. Geitel,
résumé Dar GORE PR enner
ARCHIVES. t. XIII. — Juin 1902.
Pages
Qc
30
129
974
Æi
638 TABLE DES MATIÈRES.
Sur quelques dérivés du p-sulfochlorure et de
l’o-nitro-p-sulfochlorure de toluëne, par Fré-
déric Reverdin et Pierre Crépieux.........
Influence de la température sur la dispersion des
radiations ultra-violettes dans le sel gemme,
le quartz et la calcite, par F.-J. Michel (avec
MARGE LS SRE SAR NL RE
Sur les oscillations électriques d’ordre supérieur,
DA ManCe Emo lle REC R SRE
Sur l'induction radiante et sur l’existence de
rayons qui subissent la réflexion dans le rayon-
nement émis par un mélange de chlorures de
radium et de baryum, par Thomas Tommasin«.
Sur les conditions dans lesquelles certains corps
prennent la texture schisteuse, par W. Spring.
Sur le mécanisme de la formation des pyrrols à
partir des sels de l’acide mucique, par Amé
Pictet et Albert Sleinmann ..............
Etude sur le point de fusion des minéraux et sur
les conséquences pétrographiques et synthéti-
ques qui en résultent, par 4. Brun (avec la
planchel)s 6liiepnar sa again EC
L'Erzgebirge géologico-sismique, par F. de Mon-
tessus de Ballore (avec la planche IIT)......
Théorie géométrique du mouvement des corps
(solides et fluides), par René de Saussure . : .
Observations météorologiques faites aux fortifica-
tions de Saint-Maurice pendant l’année 1904,
résumé par R. Gautier .............. sb
Idem (suite et fin)... Load lo: lee
Fluorescence ble. par Henri cer Ton
261
»8 1
TABLE DES MATIÈRES.
Préparation et essais de nitration de quelques
dérivés du p-sulfochlorure de toluène, par
Frédéric Reverdin et Pierre Crépieux.......
Études numériques sur l’équation des fluides
(deuxième mémoire), par Ph.-4. Guye et
RP TER Re amis se gerer à bla
De la gradation des effets des anesthésiques, par
Ms les D" J. Joteyko et M. Stefanowska . . .
Notes pouvant servir de base à une théorie
de l'explosion volcanique, par 4. Brun.....
Compte rendu des séances de la Société neuchâteloise
des sciences naturelles.
Séance du 8 novembre 1901. — D" G. Borel. Les blessures
oculaires au point de vue médico-légal, ....... HAVALS, SN
Séance du 24 novembre. — R. Weber. Appareil montrant
‘ les modifications du courant alternatif. — H. Schardi.
L’éboulement du glacier de Rosshboden.............,....
Séance du 20 décembre. — A. Bellenot. Un ampèremètre à
courant maximum. — Aug. Dubois. Sur deux essais de
coloration de la Noiraigue à la fluorescéine. — H. Schardt.
Les conditions géologiques de la source de la Noiraigue..
Séance du 10 janvier 1902. — J. Jeanprêtre. Curieuse
influence du soufre sur la fermentation alcoolique. —
J. Jacot-Guillarmod. Les forêts des côtes de Chaumont....
Seance du 23 janvier. — O. Fuhrmann. La copulation et la
fécondation chez les cestodes. — H. Rivier. La fabrication
de l’acide sulfurique par le procédé de contact...........
Séance du 7 février. — A. Berthoud. L'unité de la matière.
__ —F.Conne. Falsifications et altérations de denrées alimen-
taires en 1901. — Ed. Cornaz. Trois cas de tératologie
VÉROLAI CEE CES Cie sie dei Liu copie die ed e sie estelle
516
517
Compte rendu des séances de la Société vaudoise
des sciences naturelles, à Lausanne.
Séance du 20 novembre 1901.—Galli-Valerio. Distribution
des Anopheles et de la Malaria dans le canton de Vaud. —
H. Dufour. Substances radioactives ......:..............
Séance du 4 décembre. — A. Schenk. Pithécantropus erectus.
185
640 TABLE DES MATIÈRES.
— P. Jaccard. Distribution florale dans les bassins d’Avers
et des Dranses. — E. Renevier. Présentation de fossiles. —
M. Lugeon. Aérolithe de Palézieux .....................
Assemblée générale du 18 décembre. —E. Chuardet F. Por-
chet. Contribution à la chimie des vins. — KF, Jaccard.
Blocs exotiques de la Hornfluh. —- D' H. Schardt. Blocs
exotiques de la Hornfluh. — C. Dusserre. Lombrics et
terre arable...... nee eeRL ETC Re bre CRIS
Séance du 8 janvier 1902. — G. Martinet. Sélection de la
pomme de terre. — KF.-A. Forel. Glaciers du Mont-Blanc.
— E. Chuard et F. Porchet. Traitements cupriques et ma-
turation. — M. Lugeon. Lave du Vésuve............,..
Séance du 22 janvier.— E. Chuard et F. Porchet. Statistique
des vins suisses. — H. Faes, La chenille du chou. —
B. Galli-Valerio. Purification des eaux par le bisulfate de
sodium. — L. Pelet. Présentation de minéraux ..........
Séance du 5 février. — A. Vautier. La téléphotographie. —
F.-A."Forel./Mouette et Anodonte.. 1112. ML Re E
Séance du 19 février. — F.-A. Forel. Ecrevisse du Léman.
—— Schardt. Géologie et hydrologie du tunnel du Simplon.
Page-
186
400
602
604
605
Compte rendu des séances de la Société de physique
et d'histoire naturelle de Genève.
Séance du 21 novembre 1901.—J. Briquet. Système sécré-
teur dans la tige des Centaurées.......................
Séance du 5 décembre. — J. Briquet. Observations sur le
genre Physocaulos. — C. de Candolle, Hypoascidie foliaire
CHEZIUNAICUSE ee cle sienne me ile eue es cscpe-rer EE
Séance du 19 décembre. Ph.-A. Guye et L. Perrot. Ecoule-
ment des liquides par gouttes. — J. Micheli. Influence de la
température sur les indices de réfraction dans les parties
invisibles du spectre. — A. Brun. Basalte du Stromboli et
points de fusion des minéraux ....................... :
Séance du 9 janvier 1902. — Th. Tommasina. Réflexion
des rayons radioactifs. —- E. Chaix. Erosion torrentielle
post-glaciaire. — L. Duparc. Aperçu général de la tecto-
nique/dedOnrateer". CE PCR E ER C0
Séance du 23 janvier. — L. Duparc. Rapport présidentiel
Dour IL boonossbescbetadistnonéneeeee D HÉDBeRRTE LE
Séance du 6 février. — R. Chodat et Crétier. Influence du
noyau pour la production des ramifications chez les algues.
— R. Chodat et C. Bernard. Embryologie du Cytinus hypo-
cystis. — R. Chodat et A. Bach. Influence des peroxydes
80
297
303
TABLE DES MATIÈRES.
sur les êtres vivants. — L. Duparc et Jerchoff. Plagiaplites
quartzifères du Kosswinsky.— F. Pearce. Observations sur
une variété de feldspath..... A NP State sat Lo ae no
Séance du 20 février. — B.-P.-G. Hochreutiner. Voyage
botanique dans le Sud Oranais. — A. Brun. Synthèse d'une
roche acide. Points de fusion de quelques minéraux. —
R. Chodat et Bach. Influence des peroxydes sur la vie vé-
Séance du 6 mars. Le Secrétaire. 1°" fascicule du volume 34
des Mémoires de la Société de physique. — A. Bach. Action
de l’acide chromiqne sur le peroxyde d'hydrogène. —
F. Kehrmann et Flürscheim. Recherches sur les acides
silicotungstiques. — R. Chodat et Nicoloff. Morphologie des
Juglandées. — F.-Louis Perrot. Coucher de soleil avec
apparences mobiles autour de l’astre....................
Séance du 20 mars. — Th. Tommasina. L'éther et les phé-
nomènes électrostatiques. — J. Briquet. Observations sur
le genre Thorea, — L. Duparc. Roches du Kosswinsky. —
B.-P.-G. Hochreutiner. Nouvelles malvacées.............
Séance du 3 avril. — A. Pictet et P. Genequand. Action de
l’acide nitrique sur l'acide acétique et homologues. —
L. Duparc. Massifs du Tilaï et du Katechersky ..........
Séance du 17 avril. — R. de Saussure. Mouvement des
fluides. — L. Duparc. Voyage d'exploration dans l’Oural.
— R. Chodat et Th. Nicoloff. Sac embryonnaire de Juglans
regia L
sed eo niojele ip bjeie)e cola os ele lsiein o ejeus ele) eo elec ls)ofe)e so; «| {els
641
Pages
303
311
612
617
618
Compte rendu des séances de la Société de chimie
de Genève.
Séance du 14 novembre 1901. — A. Pictet et A. Patry.
Décomposition des méthylhydrates de phénanthridine et
d’acridine. — H. Decker. Décomposition des hydrates de
cyelammonium. — F. Ullmann et W. R. Forgan. Synthèse
de nitrobiphényles. — E. Ackermann. La traite fractionnée
CEE: LOST PERTE CAGE NE RE EE CO ARRERE EE
Séance du 16 janvier 1902.— A. Bach. Action de l'acide sul-
furique sur le peroxyde d'hydrogène. — F. Kehrmaun. Com-
binaisons des orthoquinones avec les acides. — F. Ullmann.
Colorants dérivant de la naphtacridine. — C. Græbe. Pré-
PARANONNAINCNIOTE RE ECR IE secte celine eee ci ile
Séance du 13 février. — 1. Goldberg. Préparation de l'o-
oxybenzophénone. — A. Bach. Action de l'acide chro-
mique sur le peroxyde d'hydrogène. — F. Kehrmann et
189
192
642 TABLE DES MATIÈRES.
B. Flürscheim. Sels de l'acide silicotungstique. — C. Græbe
et S. Rostovzeff. Action des hypochlorites sur les amides..
Séance du 13 mars. — A. Pictet et P. Genequand. Acide
diacétylorthonitrique. — F. Ullmann et L. Frentzel.
Décomposition des diazoïques par le chlorure cuivreux, —
A. Bach et R. Chodat. Rôle des peroxydes dans l’éco-
nomiede licellule viyantes st: 86.206 «se .2 ee
BULLETIN SCIENTIFIQUE
ASTRONOMIE
Journal suisse d'horlogerie................. re
MÉTÉOROLOGIE
R. Bôrnstein. Guide de météorologie dynamique ...
PHYSIQUE DU CLOBE
Andreas Holmsen. Congélation des lacs de Norvège.
PHYSIQUE
H. Geitel. Application de la théorie des ions des gaz
à l'interprétation des phénomènes de l'électricité
AMOR TIQUE AT EURE Re fs are
Ad. Wernicke. Traité élémentaire de mécanique
avec applications et exercices de physique et de
technique, 4400 &F ae sion D dEsbdioi
Paul-L. Mercanton. Contribution à l'étude des pertes
d'énergie dans les diélectriques ...............
CHIMIE
A. Herzen. Contributions à la physiologie de la di-
gestion. [. Influence de quelques agents nutritifs
sur la quantité et la qualité du suc gastrique ....
A. Herzen. Contributions à la physiologie de la di-
gestion. IL. Sur le rôle de la rate dans la forma-
ON CIRE à au 7 ete er ee siens s
St. von Kostanecki, L. Paul et J. Tambor. Synthèse
de la 3-oxychromone ............ TR 0
St. von Kostanecki et L. Lyod. Recherches dans le
groupe de la chromone::.5:.., 008. :.4, 2 m2:
»
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402
404
194
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Qt
19
Qt
317
317
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89
89
89
TABLE DES MATIÈRES.
A. Werner et J. Kunz. Sur les phénanthrylamines.
St. von Kostanecki et J. Tambor. Sur la 3° oxyfla-
LUCE LES SARNIA TOUS SAT CE AE APR EPRSAR ARR EEE
St. von Kostanecki et J. Tambor. Synthèses dans le
Probe De lMPHEOmone. uit...
J. Siegrist. Sur la vitesse de précipitation électroly-
tique du cuivre en présence de l'acide sulfurique.
R. Gnehm et 4.-W.-E. Gansser. Sur les dérivés de
PACA RUE ee | Sete
A. Oswald. Sur la thyréoglobuline ...............
St. von Kostanecki et F. Webel. Sur un isomère de
Papigénine-........... 2H iso a HIER
E. Diller et St. von Kostanecki. Sur la synthèse de
la lutéoline.. ...... M MSN ITR OR OUES ane
W. Butkewitsch. Sur la préseñce d'une enzime pro-
téolytique dans les graines germées el sur son
D ana nan es os ui een
E.-T. Constam et J. Cola Bennett. Sur les hyperbo-
rates-Réponse à M. Tanalar::2.tluse. sl oi ice
A. Tschirch et B. Niederstadt. Sur un copal néo-
zélandais (Kauri-Busch-Kopal) retiré du Dam-
mara australis..... nn ee ae Lee Tr
D. Radzikowsky. Contribution à la physiologie de la
digestion. [II. Une substance purement accéléra-
inice dela sécrétion gastrique :.: :........::2..
M. Cloetta. Sur la préparation et la composition des
cipensides de lardigalés 5e Un LE
Bulletin du Chimiste cantonal de St-Gall pour 1899.
EEE CARO EN SSSe JT ET ET
A. Bistrsycki et C. Herbst. Sur quelques acides aldé-
hydiques des séries 4 aliphatique et orthoaroma-
A. Heffter. L'acide cacodyhique au point de vue de
ses réactions dans l’organisme ét … la manière
de lé décelér dans l’ürine. ::.;:.:. PA a let ARE
R. Suchy. Sur les chaines pyrochimiques de Daniell,
A. Tschirch et B. Niederstadt. Sur le copal néo-zélan-
643
Pages
92
623
623
644 TABLE DES MATIÈRES.
dais (Kauri-Busch-Kopal) retiré du Dammara
austrahs es, di snCE TS SOC EN, MT
A. Tschirch et B. Niederstadt. Sur la résine du Pinus
SAMÉSPIBALE A un RS 1 ant EU
GÉOLOGIE
W. Bulloch Clarck et G. Curtis Martin. Dépôts
éocénes du Mar land Es LL LR
Liste bibliographique des travaux de chimie faits
ER SUIS. An Nr Deal tee ar AE ES
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PEU OR ST CES ÉD CAD RE TOR ES RE ben te fer
Extension de la publication mensuelle des obser-
vations météorologiques de Genève et du Grand
SD RerDArA EYE TM ER ETES DE NE
Pages
623
207
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
faites à Genève et au Grand Sant-Bernard.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pendant le mois de
HÉUNEDEMDTE 100100. Ne ARR PR A RERS
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pendant le mois de
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pendant le mois de
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pendant le mois de
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pendant le mois
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pendant le mois de
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