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Full text of "Archives du diocèse de Chartres"

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ARCHIVES DU DIOCÈSE DE CHARTRES 
II. 



ÉGLISES & CHAPELLES 



DIOCÈSE DE CHARTRES 

PUBLIÉES PAR 

M l'Abbé Ch. HÉTAIS 

Chan. Aon. de Chtrtrt* 



1" SÉRIE 



CHARTRES 

CH. MÊTAIS. ÉDITEUR 



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ÉGLISES ET CHAPELLES 

DU DIOCÈSE DE CIIAK'IRES 



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AKCH1VES DU DIOCÈSE DE CHARTRES 
' II. 



ÉGLISES & CHAPELLES 



DIOCESE DE CHARTRES 

' PUBLIÉES PAR 

H. l'Abbé Ch. HÉTAIS 

CJun. hon. de Chartres 



1" SÉRIE 



CHARTRES 

CH. MÉTAIS. ÉDITEUR 



y 



4 -S - 2.7 

''lettre de Mgr MOLLI EN, Eveque de Chartres 



-•^oo-o • o-o-©**- 



Cl/ftrut Chartres, le *3 Novembre 1897. 

DE 

CHARTRES 



Monsieur le Chanoine, 



Au moment où vous livrez au public vos études si intéressantes 
sur les u Eglises et Chapelles du diocèse de Chartres », 
laissez- moi vous adresser, en même temps que mes félicitations, 
un cordial merci. 

Dans ces pages qui sont le fruit de longues et patientes recherches, 
vos lecteurs, Monsieur le Chanoine, seront charmés de rencontrer 
des détails nouveaux et inédits sur l'histoire locale. 

Surtout, en élevant plus haut leurs pensées, ils auront Voccasion 
de bénir la Providence qui a inspiré au clergé Chartrain tant 
d'intelligentes réparations et aussi de remarquables créations 
d'Églises et Chapelles. 

Qui sait même si plusieurs d'entreux, à la suite de cette lecture, 
n auront pas a cœur, par leurs offrandes généreuses, de venir en 
aide aux paroisses pauvres et de contribuer ainsi à la gloire de 
Dieu et à V honneur de son nom. 

Agréez , Monsieur le Chanoine , l'expression de mon attache- 
ment en J. et M. 

•j- B. Gabriel, év. de Chartres. 



TABLE 

("Nous donnons la liste des Églises dans l'ordre de leur publication). 



Au Lecteur 



— Fontenay sur Eure 

— Ollé .... 
Chapelle de Nantilly . 
Eglise d'Oiilins . 

— Sainl-Denis de Mo- 
ronval 

— Sain t- Jean de Rebcr- 

villiers 



3 
I 
1 
3 

1 



<•) 



Ancienne chapelle de la Brèche, a 
Chartres 2grav. 

Chapelle moderne de la 

Brèche à Chartres . ° — 

Eglise de Sours. 

— Soizé .... 

— Char tain villiers. 

— Francourville 

— Garancières en 

Beauce. . . 

— Santeuil . 
Chapelle Saint-Julien, i 

Chartres .... 
Eglise de Baigneaux . 

— Guainville . 

— Poin ville. 

— Saint -A vit les Gués 

pières . 
Bas-relief du grand autel 

de Saint-Avit. . 
Eglise de Saint-Ouen . 

— Santilly . 

— Rouvres. 
Chapelle de Villeprevost 
Eglise de Courtalain . 

— Tardais . . . 

— Margon . . 

— Fontainc-la-Guyon 

— Dambron. . 

— Denonville . 

— Jouy .... 

— M on tain vile 

— Béville-le-Comlc 

— Gasville . 

— Pierres . , . 

— Bailleau-le-Pin . 



1 — 

1 — 
1 — 



1 — 

1 - 

1 - 

1 — 

l — 

1 — 

5 — 

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1 — 

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1 — 

1 — 

1 — 

1 — 

1 — 



Église de La Ferlé-Vidame . 

— La Chaussée d'Ivry 

— Nogenl-le-Roi . 
Clocher de Lormaye. 
Eglise de Soulaires. . 

— de Vitray en Beauce 

— St-LégerdesAubées 

— Oysonville . 
Chapelles d'Oysonville. 
Abside de la Cathédrale 

de Chartres . 
Eglise de Sandar ville. 

— Armenonville-les 

Gastineaux . 
La Gadelière. . 

— Pezy . . . . 
-— Berchères -sur 

Vesgres. . 

— Nogent- sur -Eure 

— Montigny - sur 

Avrc . 

— Chaulîours . 

— Germignonvillc 

— Saint-Pellerin . 

— Champseru. 

— Meslay-leGrenet 

— du Prieure Sl-Tho 

mas d'Epernon 

— de Chaudon 

— Grandville . 

— Gaudreville 
Chapelle de Bouthonvil 

liera . ... 

Eglise d'Uni peau . 

— Voise. 
Chapelle des Pezeris, à 

Fermai n court. . 
Eglise Saint-Martin, à Fer 
maincourt. 

— deGommerville. 

— Saint-Aignan de 

Chartres . 

— Marbouc . . 



grav. 
3 — 



. . . 1 — 
Total : 70 églises et chapelles, et 1 17 gravures, le volume a 440 pages. 



Errata 

Eglise de Nogent le-Roi, p. a, ligne 33, ajouter le mot mesmes avant 
nervures. 

Saint-Léger-desAubées, p. r% avant dernière ligne; Trois verrières^ 
etc., mettre cette phrase après la suivante. 



j 



AU I.KCTKl'R 



Qitf j'ftinir wi.'i hruyi*r** 
Ht mon cloi'hrr il jour. 

Xous crayon* répondre à un désir général, en en /reprenant la 
publication des vues de toutes les églises, chapelles et monuments 
religieux du diocèse de C lia r très. 

Tout monument qui est ou a été consacré pour le culte divin, 
mérite respect et vénération : et nous voulons en / ter] te tuer le 
souvenir. 

Malgré leur stabilité privilégiée, nos églises se traits for ment . 
disparaissent même, rapidement. Les anciennes, emportées avec 
leurs vieux souvenirs, de nouvelles surgissent sans être assurées 
d'un sort plus heureux. 

Je ne veux pas médire de mon siècle, et prétendre que tous 
ses monuments sont défectueux, sans style et sans goût ; mais 
a-t-il été toujours plus habile que ses devanciers ? 

Quoiquilen soit, les vieilles églises ont un charme particulier, 
un attrait irrésistible ; et si Vieil n est pas toujours charmé, la 
curiosité est toujours du moins excitée par ces témoins restés 
debout d'un autre âge. 

Et si les Pièces inédites du règne de Charles VI, (/. &J) 
me parlent de la « forteresse de V église de Lumeau en Beauce, » 
que j'aimerais a en voir la porfraicture exacte et fidèle ; l'église 
actuelle n'ayant, hélas! rien conservé de son aspect martial. 

A 'os petits neveux seront /tins heureux que nous, si nous ré us- 



sissons à former la collection complète de tous les édifice* reli- 
gieux de ce beau diocèse de Chartres. 

Sans doute, un grand nombre d'ég lises n'ont rien de remar- 
quable prises séparément ; l'ensemble toutefois sera précieux et 
d'un grand intérêt. 

Une petite notice historique, brève et succincte, niais fidèle et 
nourrie, donnera un nouveau relief a la gravure. 

Nous avons donc confiance dans le concours de tous pour mené** 
à bien cette œuvre. 

Tous ceux qui savent manier la plume ou le crayon, mettre à 
point V objectif d f un appareil photographique, recueillir dans 
les vieux manuscrits et les titres poudreux les faits curieux des 
âges passés viendront à notre aide ; et de ce concours aimable et 
fraternel sortira, nous aimons a l'espérer, une œuvre sérieuse et 
utile. 




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ANCIENNE CHAPELLE DE LA BRIXHE 

A Cil A HT H ES 



Le dessin de l'ancienne chapelle de la Brèche est dû au cra3'on 
de M. Lecoq ; il est actuellement la possession de M. Gaston 
Duval, qui a bien voulu nous en donner la copie fidèle. 

Quelques années après le siège de 1568, les Chartrains recon- 
naissants élevèrent, non loin de la brèche de la porte Drouaize, 
une image de la Vierge, « ayant au costé droit un nombre d ec- 
" clésiastiques et habitants à genoux, et de l'aultre plusieurs 
«« hommes armés, tirans contre le Vierge, en mémoire des hagio- 
« maques repoulsés par la dite Vierge. » 

Chaque année, le 15 mars, la ville y venait en procession chan- 
ter des motets et des cantiques ; mais ce monument parut bien- 
tôt trop modeste et un bon et pieux chanoine de l'église voisine 
de Saint-André, Simon Berthelot, y fit élever une chapelle com- 
mémorative ; mais il mourut avant de la terminer. Son neveu, 
Simon Sauquet, chanoine de la même église, présenta < requeste 
au chapitre à l'effect d'avoir la permission de faire parachever 
une chapelle construite en l'honneur de la Sainte Vierge par les 
soins de maître Simon Berthelot... à laquelle on va profession- 
nellement tous les ans, en 16HH). Avec la permission du chapitre 
au bas de la dite requeste 1 . » 

Une pierre sculptée servant de clef au cintre de la porte d'en- 
trée en conserva jusqu'à nos jours le souvenir. On y lit l'inscrip- 
tion suivante : NOSTRE DAME DE LA BRÈCHE et sur un 
écusson entre les bras dune cr^ix de Saint- André : M KK - S. S. 
PBRE, c'est-à-dire maître Simon Sauquet presbtre, enfin de 
chaque côté de Técusson, les dates 1568, année du siège, et 1595), 
année de la construction de la chapelle. 

' Archives départ. dTiurt'-et-I.oire, (î. l'JI< 



Sur une autre pierre au-dessus d'une petite porte latérale on 
vnit tin ét-usson plus petit, et de chaque enté d'une croix de Saint- 
André, les lettres S. B. Simon liertlielot. 

t'es deux pierres sont encore conservées dans In chapelle 
actuelle de la Brèche. 

Dans son ensemble, la construction de cet antique sanctuaire 
n'avait rien de remarquable. Les deux pilastres s'élevant près 



de la porte principale, surmontés de deux chapitaux à peine 
ébauchés, émargeant faiblement en dehors du mur. le plein 
cintre des portes, laissent soupçonner le style grec bâtard, 
malheureusement en vogue au XVII* siècle 1 . 

Ce monument fut profané pendant la Révolution. A'endue le 
28 octobre 1791 avec Ja maison attenante pour 3100 livres, elle 
fut convertie en habitation et en partie démolie. M. Lecoq en prit 
une rapide esquisse avant sa disparition définitive en 1843. 

€. M. 

• Voir la brochure : Le Bref iliiconr» du liège de Churtret, par Simon de 
liirts. avec uno notice pnr hibbt 1 Ch. Meta i s. — Chartres, imprimerie 
Durand. IBM. 



yi'L'EM.E Ml LA BU ECHU 



CHAPELLE MODERNE DE LA BRÈCHE 

A CHARTRES 



La Notice historique sur Notre-Dame de la Brèche*, nous fait 
connaître les dates précises de la construction de cette modeste 
et gracieuse chapelle. 

La maison et le jardin de la Brèche ayant été acquis le 25 mars 
1843 par le chanoine Barret, vicaire de la cathédrale, un 
nouveau sanctuaire fut aussitôt projeté sur remplacement de 
l'ancien, mais dans de plus larges proportions ; la première 
pierre fut bénite le 7 avril par M. Lecomte, vicaire général et 
archiprêtre de la cathédrale, délégué par Mgr Clausel de Montais, 
évêque de Chartres. Le 1" juin suivant l'édifice était assez 
avancé pour, recevoir au milieu d'une manifestation populaire 
l'antique statue de Notre-Dame de la Brèche, placée depuis la 
Révolution au coin de la dernière maison de la rue du Chat-qui- 
péche, près le pont Bouju, offerte gracieusement par M. Cathe- 
linays pour être le premier ornement de la chapelle ; enfin la 
bénédiction solennelle du monument eut lieu le 21 septembre 
par M. Lecomte. 

Nous ne dirons rien de l'extérieur, notre gravure dessinée par 
M. Rousseau le fait suffisamment apprécier. Voici, d'après 
la Notice précitée, la description fidèle de l'intérieur : 

« Il se compose de deux petites travées et du chœur semi- 
circulaire. La largeur est de 4 m 40, la longueur de 7 m 15, la hauteur 
de voûte, sous clef, de 8 m ; il est éclairé par deux fenêtres en 
ogive. Les divisions des travées sont décorées, dans la voûte 
ogivale,, de nervures croisées jusqu'à la rosace pendante formant 
milieu et supportant un lustre en cristal. Au-dessus du chœur, 
à la réunion des nervures de la voûte, un clou pendant à feuilles 
soutient la lampe d'argent du sanctuaire. 

« L'autel est porté par une suite de colonnes surmontées 
d'ogives découpées, entre lesquelles sont placées les statues des 

1 Chartres, Garnier, 1843; Durand, 1861 



douzes apôtres ; le tabernacle, en bois de chêne, comme l'autel, 
représente la porte Drouaize ; au-dessus du tabernacle, l'antique 
statue de Notre-Dame de la Brèche voit à ses pieds plusieurs 
boulets en fer, bronze ou en pierre. Au pourtour de la nef, les 
statues des patrons des anciennes paroisses de la ville : saint 
Michel, saint André, saint Martin, saint Hilaire, saint Saturnin. 
saint Aignan, sainte Foy et saint Lubin ». 

A ce petit sanctuaire, fut ajoutée en 1839, par les soins de M. 



STATU h DE NU l KE-DAME DE LA HRECHE 

l'abbé Bfinnier, une salle spacieuse nécessitée par les cérémonies 
du culte en faveur de la population du quartier, et des nombreux 
pèlerins. Mais elle est dénuée de tout style et sans intérêt. 
Toutefois à côté de l'autel, sur une colonne en pierre surmontée 
d'un vieux chapiteau, on vénère l'antique statue do la porte 
Drouaise. la protectrice de la ville, tuf eh Carnnlam*. C. M. 

' Voir lu Bref âtienurs da siège de (iM, Chartres. Durand, 1893. 



SK DL SU LUS. 



JMioljpit I Pnvll. Rouen CUcM M M C. Blin, phot. i Ourtrat 



Edouard III, roi d'Angleterre, signe le traité de Brétignyen 1360 

Fresque exécutée dans l'Église de Sourspar M. J. BRAULT, peintre à Rouen 
( Médaille d'or de i" classe, 1893 ) 



ÉGLISE DE SOURS 



L'église de Sours est dé construction récente. L'ancienne a été 
détruite par l'ouragan du 13 juillet 1788, signalé pour sa violence 
dans V Annuaire du bureau den Longitude* 1 . Il n'est resté debout 
que la tour qui a résisté, grâce à la solidité de ses murs et de ses 
fortes arcatUres à l'intérieur. Ce clocher semble remonter à la fin 
du XII" siècle. La cloche porte l'inscription suivante : « L'an 1802. 
j'ai été bénie par Pierre-Claude Chasles,et nommée Pierre-Marie, 
par Paul-Hippolyte Peluche etdemoiselle Antoinette-Marie-Caro- 
line Cambis, Nicolas Lannelongue adjoint, Jean-François Petit, 
maire, André Doublet et Luis Auboint, Mgrs. « 

On raconte qu'à la restauration du culte, vers 1802, les habi- 
tants de Sours allèrent à Chartres, chercher avec leurs voitures 
les restes do l'église de Saint-Hilaire, pour la reconstruire chez 
eux, à leur usage. Très régulière, d'un bel effet dans son ensem- 
ble, elle mesure 40 mètres de longueur et 17 de largeur : ses 
trois nefs sont éclairées par 14 fenêtres ogivales. 

Le baptistère est remarquable et doit 
remonter au XII* siècle. Il se compose 
d'un chapiteau de colonne renversé sur- 
monté d'une cuve à huit pans où sont 
gravés des écussons et des emblèmes 
d'agriculture . entre autres un coutre. 
une charrue, etc. 

L'église est décorée de plusieurs ta- 
bleaux. Au maître-autel, saint Germain, 
évêque d'Auxerre et patron de l'église. 

impose à sainte Geneviève le voile des cvvk baptismale 

vierges, et lui met au doigt l'anneau des divines fiançailles. Ce 
tableau a été fait en 1852, par les soins de M. l'abbé Laisné. 

1 Voir le récit de cet événement dans les registres de l'état civil de In 
pn misse, et Inventaire det Archive» départementale», série F., supplément G, (1. 
il. — Voir aussi série G, n» 4184, une assemblée des habitants pour le* 
réparations des chapelles de l'église en 1688. 



L'autel de la Vierge est d'un bon style de la renaissance. Les 
colonnes du rétable sont enlacées de légères branches de vignes, 
jetant tout autour leurs feuilles et leurs grappes d'or. Au-dessus 
du tabernacle, un tableau de réelle valeur représente la sainte 
Vierge et l'Enfant Jésus donnant le rosaire à saint Dominique. 
Les mains de la vierge sont très fines, son visage d'une bonté 
très expressive. Saint Dominique surtout, ravi dans les ardeurs 
de l'extase, les mains avides de recevoir le don de Marie, est du 
plus bel effet. 

Enfin nous devons signaler sur le mur gauche du chœur une 
grande fresque,. peinte en 1891, par un artiste, M. Brault ; elle 
représente Edouard III, roi d'Angleterre, terrifié par l'orage qui 
s'abat sur son camp, offrant à Notre-Dame de Chartres le traité 
de Brétigny. 

A l'entrée du chœur, on lit difficilement quelques lignes d'une 
pierre tombale, de Angélique de Lignery, femme de Nicolas de 
Dangeul, décédée le 16 décembre 16... 

Le croquis de cette église 1 a été pris en 1875 par un artiste 
Vendômois, M. Gervais Launay, pendant un séjour chez son 
intime ami, M. A. de Trémault, de Sours. La fontaine, dont la 
voûte s'avance sous le chevet de l'église, autrefois à jour, et 
sous laquelle s'abrita en 17881e curé Guillon, pendant le désastre 
de son église, est aujourd'hui couverte et munie d'une pompe 
à godets, et les abords du monument dégagés. La paroisse de 
Sours, disent quelques auteurs, aurait été ainsi dénommée à 
cause des sources nombreuses qui jaillissent sur son territoire. 

GÉHOXDEAU, 

Curé de Sours. 

* M. Duchon, libraire à Chartres, a publié une autre vue, dessinée et 
lithographiée par M. L. Vinsot. 



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ÉGLISIi DE S01ZK. 



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EGLISE DE SOIZK 



L église de Soizé aurait été construite en l'an 1117, par un 
prêtre Hervé, sur les terres de Girard de la Bazillière, sei- 
gneur de Luigny, qui l'aurait donnée au prieuré de Saint-Gilles 
des Châteigniers, fondé depuis peu par Guillaume Gouet. 

Le monument conserve encore quelques caractères du 
XII # siècle ; mais il a subi de nombreuses modifications. Des 
sept fenêtres de la nef, deux seulement sont romanes (3 autres 
sont aveuglées par les soubassements du clocher,). Les autres 
sont ogivales, ornées de verres peints par M. Lorin, de Char- 
tres, en 1866, où sont représentés, dans celle du sanctuaire, 
l'Apparition de Notre-Seigneur à saint Thomas, et dans deux 
autres, les quatre évangélistes. Cette nef est voûtée en bar- 
deaux, les entraits terminés par des dragons dévorants. 

Deux chapelles latérales forment avec la nef la croix latine . 
Celle de droite, dédiée à la sainte Vierge, a été construite en 
1550, d'après la date gravée, au-dessus de la petite porte 
d'entrée, avec ces mots : Sancte Thoma, ora pro nobis. Dans 
les quatre fenêtres ogivales se trouvent les figures de N. D. du 
Rosaire et de Lourdes et l'Annonciation et le Couronnement 
de la Vierge. On y voit, derrière l'autel, un vieux rétable en 
pierre, une jolie châsse en cuivre doré, style du XV - siècle, 
renfermant des parcelles du voile de la sainte Vierge, et des 
ossements de S. Gilles et du bienheureux Benoît- Joseph 
Labre; les statues de N. D. du Sacré Cœur, de l'Immaculée 
Conception, de N. D. des Victoires, de S. Gilles, caressant sa 
biche, de S. Evroult et de S. Avertin, ces dernières objet d'un 
antique pèlerinage encore assez fréquenté. Elles ont été 
récemment décorées par M. Brault, peintre à Rouen. Sous le 
badigeon, on a découvert les traces d'une litre seigneuriale. 
La voûte primitivement, ogivale, en bardeaux à fait place à 
une nouvelle en briques, mais surbaissée. 

La chapelle de gauche est sous le vocable de S. Louis. Elle 
a été construite en 1863, par les soins de M. Louis Vasseur, 
curé, avec le concours de M. J. B. Morin, en prolongement de 
la chapelle des seigneurs du Saulce*. Elle est aussi voûtée en 

1 En 1843, M"* de Saint-Remy, propriétaire du domaine du Saulce- 
Gouét, réclama, mais en vain, le droit de se placer dans cette chapelle. 



briques et éclairée par quatre fenêtres, avec les scènes de 
S. Louis rendant la justice à Vincennes et mourant à Tunis, 
de l'Apparition de Notre-Seigneur à la bienheureuse Margue- 
rite-Marie, et les images de N. D. du Pilier et de Sous-Terre, 
de Chartres. On y a placé les statues de S. Louis, S. Sébas- 
tien, S. Biaise, S. Pierre, et S. Paul ; 14 tableaux peints sur 
bois représentant les douze apôtres, S. Paul et Notre-Sei- 
gneur ; et de plus les stations du chemin de la Croix et les 
15 mystères du Rosaire. 

Le clocher est en charpente de bois de châtaignier, soutenu 
dans Tin térieur de l'église par 8 gros piliers. Il s'élève au- 
dessus de l'église en un massif octogone, dont la flèche, au- 
trefois aiguë et surmontée de la croix et du coq traditionnel, 
a été abattue par la foudre. Elle ne renferme qu'une seule 
cloche, fondue par Husson, bénite en 1824 et nommé Marie- 
Elisabeth par messire le baron de Tahureau, Jacques-Charles, 
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien 
officier des chevaux-légers de la garde du roy, maire de 
Souazé, et dame Marthe-Marie Bellanger le Vacher, la plus 
insigne bienfaitrice de l'église en ce siècle. 

Il y avait autrefois deux cloches, souvent cassées et re- 
fondues. En 1697, la grosse portait empreintes « les armes de 
messeigneurs de Loubbes, baron du Saulce, qui sont des /o- 
zanges d'or et d'azur sans nombre, et des Graffards, qui sont 3 
griffes, 2 en chef et 1 en pointe, » 

La sacristie a été construite en 1814. 

L'église a 28 OI 20 sur 7-50 ; la chapelle de la Vierge, 12 mètres 
sur 6-30, celle de Saint-Louis 13*10 sur 4. 

A l'extérieur, six contreforts en pierres détaille soutiennent 
les murs, épais parfois de plus d'un mètre. L'entrée principale, 
de la renaissance, est carrée, en pierres sculptées, en côté les 
statues de S. Pierre et de S. Thomas ; dans l'encadrement, 
des salamandres et des fleurs de lis en relief; la porte en 
bois, avec de fines sculptures encore bien conservées, est 
cachée par un chapiteau ou porche sans caractère. 

Le dessin a été fait, d'après une photographie, par M. Mi- 
chel Vocgelin. graveur, 34, rue de Paris, à Pantin, Seine. 

E. Chevalier, Curé de Soizé. 



] DK CHARTA1NVILLIEKS 



ÉGLISE DE CHARTAINVILLIERS 



Le village de Chartainvilliers (Carnutense rillare) n'était 
jadis qu'une ferme perdue dans les terres. 

Henri de Saint- Yon la vendit, en 1380, aux chanoines de 
Notre-Dame de Chartres et ceux-ci en dotèrent le chapitre de 
Saint-Piat 1 , récemment établi dans une dépendance de la 
Cathédrale. Le chapitre devint seigneur. C'est lui sans doute 
qui fit bâtir cette modeste église, sous le patronage de saint 
Piat. 

Elle mesure 24 mètres de longueur sur une largeur de 
7"85, Elle est éclairée par 6 fenêtres dont la forme ogivale 
indique le XIII* ou XIV siècle. 

Jean Le Mée, curé de Bleury, Antoine Bouchet, curé de 
Néron, et Joachim de Moncelas, prieur d'Ouarville, tous trois 
doyens ruraux du doyenné d'Epernon, la visitèrent en 1664*. 

Au pignon qui semble avoir été refait plus récemment, on 
remarque les armoiries de M mt de Maintenon, mais rien autre 
chose n'atteste en cette église l'influence de l'amie du grand 
roi. 

D'après un pouillé manuscrit du XVIII* siècle, conservé au 
grand séminaire de Chartres, l'église était propre, le presby- 
tère en mauvais état et le cimetière bien clos. 

Jusqu'à la Révolution, cette église, privée du titre de pa- 
roisse, était une annexe de Saint-Piat. Elle avait cependant 
son pasteur particulier, avec le titre de desservant, résidant à 
Chartainvilliers, et quelquefois même uû vicaire. Mais de 
temps à autre, le curé de Saint-Piat élevait ses prétentions. 
Tous les ans il faisait recueillir la dîme à son profit ; en 1740 

1 Cart. N.-D. I. 73. 

f Arch. départ. G. 792, 793, 806. 



il voulut obliger les habitants de Chartainvilliers de descendre 
à Saint-Piat pour les actes principaux de la vie religieuse, 
mais une sentence vint le débouter de sa demande 1 . 

Depuis la Révolution, l'église devenue paroissiale a été 
restaurée peu à peu, par les soins et souvent aux frais des 
curés qui se succédèrent. 

L autel principal a été construit en 1821, d'après l'inscrip- 
tion gravée sous un ancien socle de la croix du tabernacle : 
« Fait par Brigitte Le Conquérant, à Chartre, ché monsieur 
Guitar, 1821. — Setehautele a été faite à Chartres par Gui tard, 
mètre menuisier et posé dans les premier du mois d'avril 1821 , 
et a été donné par M. Luquat (Lucas\ curé déservant ladite 
paroisse de Chartainvilliers, décédé avant que l'ouvrage soit 
posé en place. » 

De nos jours, M. Humily, depuis peu curé de Brunelles, a 
continué avec zèle cette restauration et. à lui seul, a fait plus 
que tous ses devanciers. 

A son arrivée le lambris du chœur tombait en ruines ; dans 
la nef, de grossières planches étaient clouées sur les poutres et 
formaient plafond, quatre gros poteaux au milieu de l'église 
soutenaient un minuscule clocher. Le lambris a été refait, les 
poteaux ont été supprimés, et le clocher, fixé sur la char- 
pente par un ingénieux système de croix de Saint-André en 
fer, semble défier les années et les tempêtes. 

La cloche date de 1874. La chaire et le confessionnal sont 
de 1894. 

Nous devons le dessinde cette église à M. Rousseau, grawur 
à Chartres. 

L'abbé Haye, curé de Jouy. 

' Arch. départ. E. rv» 2008. 



1 






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ÉGLISE DE FRANCOURVILLE 



Cette église ne remonte pas au delà du Nil" siècle. La fa- 
çade occidentale, romane, ne comporte qu'une seule nef, de 
27 m. de longueur et de 18 m. de largeur, à laquelle on 
ajouta, au XVI' siècle, un bas côté, dont les clefs' de voûte 
sont assez curieusement travaillées ; quatre piliers en pierre 
supportent cette voûte ogivale. Probablement à la même 
époque, on partagea en deux la nef primitive, afin de faire un 
bas côté méridional, séparé de la nef principale par quatre 
poteaux en bois formant ogive ; les deux nefs furent voûtées 
en lambris de bois de chêne, avec entraits sculptés. On voit 
encore onze croix de consécration encastrées dans les parois. 
L'église est éclairée par 8 fenêtres : au nord et à l'est, ces 
fenêtres étaient ogivales, garnies de meneaux aujourd'hui 
détruits. Les deux du sanctuaire furent décorées de nervures 
en pierre et de verres de couleur découpés par l'abbé Le- 
moine, curé de 1838 à 18a6. Les deux fenêtres du midi sont 
hors de proportion et sans style. 

Les 
fonts 
baptis. 
maux 
sont à 
double 
cuvette 
d'un 
travail 
délicat 
et cu- 
rieux, 
dont les 
; sculp- 
tures du XVI siècle ont subi de nombreuses mutilations. 
Le confessionnal est remarquable par ses sculptures style 
Renaissance. 

Dans le chœur se trouvent les pierres tombales de deux 
curés de la paroisse : Nîcollas Le Maire, mort le 28 juin 1729 
et de Lopis-Florent, écuyer, membre de la famille de Saint- 
Loup, mort le 16 novembre 1773. Le dallage de la principale 



nef est formé d'ailleurs de nombreuses pierres tumulaires, por- 
tant des croix de différents styles; sur l'une d'elles sont gravés 
un coutre, une croix et un soc de charrue, avec cette inscrip- 
tion : « Icy gist et repose le corps d'honneste personne Claude 
Le Roy, laboureur, lequel est décédé le jeudi 4 janvier 1663. » 
La tour a été rebâtie en 1842 au sommet de la nef méri- 
dionale, elle est surmontée d'un clocher, couvert en ar- 
doise, haut de ÎB^SO. Avant la Révolution il y avait trois 
cloches : Jeanne (1150 livres), Marie- Antoinette (950) et Ma- 
thurine-Marguerite (730), bénites le 14 juin 1753. Deux dis- 
parurent en 1791, et la dernière fut refondue à Francour- 
ville en 1834, et bénite, le 29 juin, sous le nom de Anne-Sté- 
phanie, elle pesait 1057 livres ; elle fut remplacée en 1893 par 
la cloche actuelle pesant 600 kilos, fondue à Orléans par 
M. Bollée et bénite, le 12 mars, sous le nom de Thérèse-Andrée. 
Deux portes donnaient accès dans l'église : l'une à l'ouest, 
ogivale et murée; la seconde au midi, à plein cintre et d'un 
beau style. Elle était 
précédée, il y a quel- 
ques années, d'un mo- 
numental chapiteau 
ou porche, de 5"80 de 
largeur sur 4"50 de 
hauteur; il est rem- 
placé par unnouveau, 
commun et peu gra- 
cieux. Ce chapiteau 
porte encore aujour- 
d'hui le nom de fort, 
en souvenird'une an- 
cienne tourelle, aux 
épaisses murailles, 
garnies de meurtriè- 
res, et faisant partie de l'enceinte de l'église appelée fort. Un 
acte notarié de 1680 et un procès-verbal du 17 mars 1788, font 
mention de cette enceinte fortifiée ; elle n'aurait été détruite 
qu'en 1795. 

Les dessins de cette église sont dus à feu M. Gervais 
Launay, ancien maître de dessin au lycée de Vendôme. 

Capi.ain. Ciin- -le Frnnronmïle. 



ÉGLISE DE GARANC1ÈRBS EN I1EAICE 



ÉGLISE DE GARANCIÈRES EN BEAUCE 



Cotte bourgade, dune origine probablement celtique, eut 
une certaine importance sous les Homains : Grégoire de 
Tours la nomme, des chevaliers puissants et chrétiens géné- 
reux : Guntard, Arnoul, Hugues, Victor de Garancières 
l'illustrèrent pendant le Moyen- Age. Son égliseest monumen- 
tale. M. Lefevre, dans Y Annuaire d'Eure-et-Loir de 1868, en 
donne une description fidèle. 

« Le vocable de saint Etienne, patron de la paroisse indique 
l'ancienneté de la fondation ecclésiastique de l'église. Le corps 
principal de l'édifice construit en moellons de maçonnerie 
avec baies, angles et contreforts en pierres de taille, comprend 
la nef et le chœur, du style roman de transition (XII- 
XIII' siècle) ; il forme un rectangle de 28 mètres 80 de lon- 
gueur sur 9 mètres de largeur. La sacristie, bâtie en hors 
d'œuvre, a 4 mètres sur 3 mètres 8() et ouvre dans le chœur. 

La grande porte d'entrée est à l'ouest de la nef. Sa jolie 
baie à plein cintre est accostée de [deux colonnes placées entre 
des piliers : elles soutiennent des arceaux cylindriques. A 
gauche se trouve une petite porte séparée de la grande par 
un contrefort terminé en larmier. 

« L'intérieur de l'église est éclairé par huit fenêtres a plein 
cintre, garnies de verres blancs en losanges. La nef et le chœur 
sont voûtés en lambris de chêne. Le maitre-autel en chêne 
sculpté de la Renaissance, est orné de colonnes et de deux 
belles statues en bois. La chaire, du même style, porte la date 
de 1047. 

« Le clocher, appelé dans le pays, la Tour de Garancières^ 
accolé postérieurement à l'église, est remarquable par son 
élévation (29 mètres 40) et sa solidité* On le dit construit au 



XVI 1 siècle, plusieurs détails sont certainement de cette 
époque. Cette tour, formant un carré de cinq mètres, est cons- 
truite en pierres de taille avec contreforts s'élevant jusqu'au 
toit qui a 5 mètres 90 d'élévation. Au quatrième angle se 
trouve une svelte tourelle contenant l'escalier en pierres. Le 
cadran de l'horloge est encastré dans une fenêtre géminée du 
troisième étage. La cloche porte la date de 1836, elle est 
sortie des moules de Hildebran, fondeur à Paris. 

« L'église, autrefois ceinte d'une muraille très épaisse a 
dû servir de chàteau-fort, comme celle de Francourville et 
tant d'autres de cette contrée. La belle tourelle qui renferme 
l'escalier du clocher, percée de onze meurtrières dirigées vers 
la place, où aboutissent trois entrées de Garancières, en dé- 
fendait l'approche de ce côté ; deux autres entrées de Garan- 
cières, celle du côté d'Oinville et celle du côté d'Allainville, 
étaient protégées par deux petites tours formant les angles du 
mur d'enceinte. 

« A quelle époque a-t-on cessé d'entretenir l'enceinte, ainsi 
que les petites tours ? Rien ne l'indique, mais on doit suppo- 
ser que leur ruine date au moins de 200 ans; on remarque, 
en effet, dans les contreforts qui soutiennent le pan méri- 
dional de l'église, des pierres de taille qui ont servi à former 
des meurtrières. Ce pan aura sans doute été réparé avec 
les débris du mur d'enceinte et des tours à une époque que 
l'on ne peut préciser. » 

La commune de Garancières et la fabrique ont fait de 
louables sacrifices pour l'entretien de ce monument. En 1855. 
il fut un instant question de le raser par le pied et de cons- 
truire une église nouvelle. Ce projet fut heureusement repoussé 
et les réparations urgentes exécutées. En 1881 , les fenêtres 
furent remises en état, et en 1893, le clocher consolidé. 

Le dessin que nous publions est l'œuvre de M. l'abbé Belaue, 
il y a peu d'années encore curé de Garancières ; M. Lefevre 
en avait donné une autre en 1868, à côté de sa notice. 



ÉGLISE DE SANTEUIL 



Deux époques bien distinctes se remarquent dans cet édifice. 
La nef est du XII - siècle. La porte d'entrée, en plein cintre, sans 
ornement, est précédée d'un porche peu ancien et sans carac- 
tère, mais on y voit une pierre tombale, où sont gravés une 
croix, un coutre et un soc de charrue, et un fragment d'une se- 
conde, plus orné, où Ton déchiffre avec peine ces mots : Amavit 
ecclesiam, qui désignent évidemment un curé de la paroisse ; un 
bénitier massif, incrusté dans le mur, rappelle l'antique usage 
de placer l'eau bénite en dehors des églises. 

La nef, éclairée par six fenêtres romanes, est voûtée en bar- 
deau, récemment refait à neuf (1873). Le chœur, du XIII - siècle, 
s'ouvre par un grand arc ogival, privé de sa poutre de gloire et 
de son crucifix ; à gauche et à droite, les murs sont percés par 
une double fenêtre à lancette ; la voûte en pierre est soutenue 
par de solides nervures reposant sur des chapiteaux ornés de 
feuilles ; au-dessus s'élève, haut de 18 m 70, le clocher, massif et 
robuste, mais découronné de sa flèche primitive ; trois cloches 
l'habitent, dont Tune naquit en 1638 et les autres en 1817 et 1820. 

Le sanctuaire, de forme pentagonale, reçoit la lumière par 
cinq fenêtres, hautes de 6" sur l ro 75, autrefois murées ou aveu- 
glées par l'immense rétable de l'autel, mais aujourd'hui closes 
par de magnifiques vitraux, imitation du moyen-àge. Entre les 
baies, des colonnettes légères supportent, appuyées sur leurs 
chapiteaux, les nervures de la voûte; à droite,' une niche tri- 
lobée, surmontée d'un fronton, recevait autrefois la lampe du 
Saint-Sacrement. 

« Il faut admirer ce beau et vaste chœur, et plus encore le 
sanctuaire, exacte reproduction du plan suivi à la chapelle ab- 
sidiale de la cathédrale de Chartres. » 

Ce magnifique vaisseau, long de 30 mètres sur 7 U1 30 de large, 

contient un ban d'oeuvre et une chaire finement travaillés. Sur 

cette dernière on lit : « Denis Paragol, curé de Sanleuil, et Claude 

Alix, Jean Bonnet, gagers : Fet par moy Gromard, m. à Auneau^ 

4743. » 



A l'extérieur, des saillies sculptées suivent les ogives des 
fenêtres, et se terminent par des têtes, dont l'une semble cas- 
quée. Les contreforts ont été remis en état en 1864, au prix de 
2205 fr. et en 1873. Les réparations faites cette dernière année, 
grâce à l'initiative de M. l'abbé Cantenot, curé, sont dignes de 
tout éloge (voûte de la nef, vitraux, contreforts ; coût: 11842 f. 25.) 
Enfin sur le cadran de l'horloge était peint de temps immémo- 
rial un balai, en signe d'une curieuse redevance annuelle « d'un 
denier et d'un balai n que l'église de Chartres, d'après la tra- 
dition, devait à celle de Santeuil, comme.à son ainée. » 

« L'église de Santeuil était autrefois ceinte d'une muraille très 
épaisse, nommée le Fort, garnie de tours, de meurtrières et de 
barbacanes ; il reste à peine quelques vestiges de ces fortifica- 
tions détruites en 1793. De même a disparu depuis longtemps 
une chapelle qui s'élevait autrefois sur la place ; mais il existe- 
rait encore au même lieu de vastes souterrains, qui aboutissent. 
dit-on, au puits public. 

—-^= — — _.-£ On remar- 

- — T-^l__" ~ -~ que enfin le 

" ""-_ -_L :_;--% - . portail de 

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" ~. -.tv-L - '" **-'■ metière.dont 

le des s i n . 
comme celui 
de l'église .est 
dû à la plu- 
me du re- 
grettéM.Lau- 
nay. M. Gil- 
lard dans 
Souvenir* 
d'Eure- et - 
Luira public 
une a utre 
vue de cette 
église, prise 
du côté de la porte d'entrée. 



CHAPELLE SAINT-JULIEN, A CHARTRES. 



CHAPELLE SAINT-JULIEN, A CHARTRES 



Cette modeste chapelle se cache humblement dans la rue qui 
porte son nom. Sa flèche timide, en charpente, sa porte au lin- 
teau orné d'une croix à peine tracée, et surmontée d'une niche 
avec une statuette, deux fenêtres au-dessus de cette porte, deux 
autres au-dessus de l'autel, quatre au côté gauche et deux au 
coté droit, à plein cintre, mais étroites, n'offrent aucun attrait à 
l'archéologue. 

Ses dimensions sont très restreintes : 13 mètres 50 sur 6 mè- 
tres 60. 

Elle remplace une autre chapelle construite en 1294, avec l'au- 
torisation de Tévêque Simon de Perruche et des chanoines de 
Notre-Dame, en dehors de la ville, entre la porte Drouaise et 
Saint-Maurice, pour les aveugles, ou mieux pour les gens pi- 
toyables, voyants ou non voyants. Ce petit hôpital avait été 
moult pauvrement fondé en vertu de lettres patentes de Phi- 
lippe-le-Bel, de janvier 1291, par son amé et féal Renaud Babou le 
Vieux, à son retour de Terre Sainte. Saccagé en 1357 par les 
Navarrais, en 1432 par les Anglais, il disparut de fond en comble 
pendant le siège de 1568, et « les démolitions de l'église furent 
employées pour réparer la brèche de la porté Drouaise ». Il fut 
alors transporté au lieu dit la Bufleterie, en la rue neuve Saint- 
André « mal pavée, et,à cause du mont et du val, malaisée, sur tout 
en hiver, pour les pauvres aveugles » ; aussi Charles IX, le 7 oc- 
tobre 1568, leur permit d'y construire une chapelle. Celle-ci hé- 
rita des faveurs de l'ancienne et en reçut de nouvelles, confirmées 
par 31 bulles des papes, de 1330 à 1685 : 100 jours d'indulgences à 
ceux qui la visiteront aux fêtes de saint Julien et de saint Gatien 
(i487) f autres indulgences pour les âmes du purgatoire atta- 
chées à l'autel de saint Evroult dans l'église des Six-Vingt. 
Aveugles de Chartres, « institués, selon le vœu de saint Louis, 



I 



pour les gens de guerre qui s'étoient croisés et auxquels les 
Sarrazins avoient crevé les yeux. » (166t-1685). 

Vêtus d'un manteau à fleurs de lis, nos aveugles étaient les 
émules de ceux de Paris ; ceux-ci se plaignirent de cette concur- 
rence, la similitude des vêtements faisait naître une confusion 
fâcheuse; une sentence du 14 novembre 1477 força ceux de 
Chartres d ajouter aux fleurs de lis un croissant de couleur 
blanche ; mais, moins riches, ils ne dépassèrent pas le nombre 70, 
réduit à 15 au XVIII # siècle et à 3 en 1821 . Ils avaient chacun 
leur chambre séparée et devaient pourvoir à leur entretien et 
nourriture, avec la somme de 21 fr. qui leur était allouée, en 
1819. Le 7 novembre 1828, Marie-Charlotte Nicolas Midy, veuve 
de Charles- André Renouard de Saint-Loup, devenue elle-même 
aveugle, leur légua un revenu de 14000 fr. qui permit de les 
établir confortablement à Saint-Brice, oa ils sont aujourd'hui au 
nombre de 25 ou 30. 

L'ancienne maison et la chapelle furent vendues 9000 fr. à 
M. Pierron de Mondésir, curé du Coudray, à charge expresse 
d'entretenir la chapelle et d'y continuer le divin service et de la 
transmettre viagèrement à des ecclésiastiques sous la même 
condition. 

Depuis lors, les Pères Maristes y eurent leur première de- 
meure pendant les travaux de réparations de Sainte-Foy. Il y a 
quelques années, la chapelle fut restaurée avec goût et ornée de 
deux vitraux, sortis des ateliers de M. Lorin de Chartres, re- 
présentant saint Julien, patron de la chapelle, et saint André, pa- 
tron du quartier. Elle est toujours le centre d'un pèlerinage ; les 
petites statuettes 1 qui ornent ses murailles reçoivent les visites 
des malades et des enfants. L'affluence est surtout considérable 
à la Saint-Jean et à la Notre-Dame de septembre. On y admire 
une toile remarquable : Jésus guérissant les malades, due au 
pinceau de Camille Marcile, et donnée par lui à cette chapelle, le 
7 avril 1852. 

Le croquis de la chapelle a été pris par le R. P. Belaue, des 
Pères Blancs deCarthage, pendant un de ses séjours à Chartres. 

Abbé Reinert. 



1 A gauch* : saint Joseph, saint Radegonde, saint Julien, saint Evroult, 
saint Antoine, abbé, sainte Appoline. A droite : la sainte Vierge (autel), le 
Sacré-Cœur, saint Jean-Baptiste, saint André, saint Vrain, saint Maur, 
sainte Catherine de Sienne. 



EGLISE DE EJA1UNUA 



ÉGLISE DE BAIGNEAUX 



Aimée des habitants du village, qui avec « un véritable enthou- 
siasme » souscrivirent généreusement pour sa restauration en 
1858, cette église est agréable à voir. 

Cest un édifice régulier, simple, mesurant en œuvre 23 mètres 
90 de longueur sur 10 mètres 80 de largeur. Il est construit en 
moellons, avec baies, corniches et contreforts en pierres de 
taille. Les fenêtres les plus anciennes sont du style gothique et 
datent du XIV* siècle, comme l'église elle-même. La voûte, 
également ogivale, est en maçonnerie de moellons ; les piliers qui 
la soutiennent sont ornés de petites moulures, mais sans cha- 
piteau. 

Il y a deux nefs. La petite nef latérale fut complétée par l'ad- 
jonction de deux travées, en 1858. La population du hameau 
avait presque doublé depuis le commencement du siècle : le zélé 
pasteur, M. l'abbé Grégoire, voyant le temple de Dieu insuf- 
fisant, se résolut à l'agrandir ; ses désirs furent parfaitement 
secondés par la population entière ; une souscription produisit 
en quelques jours 2566 fr. 75. Il en fallait 5356 fr. 75, la commune 
et l'Etat y suppléèrent* 

L'église était dès lors plus régulière et suffisamment restaurée 
à l'intérieur, mais la flèche et la toiture restaient en souffrance* 
Une somme de 2656 fr. 95 fut employée à ces travaux urgents en 
1878. Déjà, en 1851, une sacristie avait été adossée au pignon de 
l'église (6", 30 sur 3 n ,20)\ le clocher avait reçu en 1871 une cloche 
nouvelle, payée 1140 fr., grandement au large dans lebeffroy 
qui dans le siècle dernier en abritait deux d'une noble origine. En 
effet nous trouvons, à la date du 23 novembre 1723, le baptême 
de deux cloches, fondues à Andeglou : l'une, pesant 545 livres* 
fut nommée Anne par messiré Charles de Beauharnais et par 



dame Anne de Beauharnais, femme de messire Pierre Le Juge, 
seigneur de Loygny, Goury-le-Château, Bazoches-les-Hautes. 
Baigneaux, etc. : la seconde, pesant 410 livres, fut appelée Hen- 
riette par messire Pierre Le Juge et Alphonsine Henriette de 
Châteauverd, veuve de feu André David de Gravelle, seigneur 
de Beauterne, Lestourneau, etc. 

Ces deux cloches ne vécurent pas longtemps : elles furent re- 
fondues, la petite le 16 juin 1732 et nommée Louise-Marie par 
Louis de Mervillier, seigneur de Menainville, et par demoiselle 
Marie-Jeanne Arondelle, épouse de François Le Juge ; la grosse, 
le 25 octobre 1735, reçut le nom d'Elizabeth par François Le Juge, 
seigneur de Baigneaux, la Médonnière, etc., et par 'Elizabeth de 
Vaudebergue, épouse de Jacques Colas de Branville, seigneur 
de Lumeau. 

Le dessin de cette église nous a été offert par M. l'abbé Belaue, 



curé de Lumeau et desservant de Bsijneaux. 



C M. 



^L- 



EGLISE DE GUA1NV1LLE. 



ÉGLISE DE GUAINVILLE 



Guainville-Ie-Chastel ou Guainville-Ie-Moustier possède l'une 
des plus charmantes églises de toute la contrée par son architec- 
ture délicate et l'harmonie de son plan. Elle a 26 mètres dans sa 
plus grande longueur , 11-50 en largeur et 13"60 de hauteur. 
L'abside pentagonale avec ses fenêtres ogivales à meneaux, 
trèfles et compartiments finement sculptés et d'une grande élé- 
gance ; les arcades formant le transept également en ogives, 
soutenues par des piliers d'une remarquable légèreté ; les deux 
chapelles latérales, à gauche celle de la Vierge (S^ôO sur 4"50), à 
droite celle de saint Joseph {idem); la tour, du moins dans sa 
base, se rattachent au style gothique flamboyant. La Renaissance, 
encore à son aurore, brille dans les deux dernières arcades et 
surtout dans les deux portes, septentrionale et méridionale, & 

plein cintre. Cette 

dernière surtout, 
surbaissée, ornée 
des statuettes des 
douze Apôtres , 
s'élance en fines 
etgracieuses ara- 
besques du plus 
heureux effet. 
Uneautre porte, 
à l'ouest, aujour- 
d'hui murée, est 
surmontée d'un 
écusson, écart elè 
de .iol a rit et de 
losanges, cime 
d'un casque sou- 
tenu par deux 
singea décapités. 
Ce sont les ar- 
moiries des an- 
ciens seigneurs 
de Gilles, qui les 
ont fait graver.en 
tout semblables, 
au-dessus de la porte d'entrée de leur château de Vitré. 



La face latérale gauche de la grande nef était percée jadis de 
quatre grandes arcades, dont deux ouvertes en ogive faisaient 
suite aux deux arcades du transept ; les deux autres en plein 
cintre, dans la partie inférieure, présentaient une colonnade re- 
marquable par son architecture svelte et légère. La chute du 
deuxième pilier, qui soutenait l'angle sud-ouest de la tour , força 
de boucher la première, en 4822, et enleva du coup à l'ensemble 
de l'édifice une grande partie de son élégance et détruisit sa 
régularité. 

Au pied de ce pilier était jadis adossé l'autel de saint Joseph, 
transporté depuis dans la chapelle de droite, autrefois dédiée à 
saint Jean, et nommée la chapelle des Bergers, parce que les 
bergers de la contrée s'y réunissaient pour entendre la première 
messe. 

La petite nef latérale , à gauche , commence au clocher, et 
mesure 9 m /i0 de long, sur 3 m ,50 de large et 8™, 15 de hauteur ; elle 
se poursuit sous le clocher et se termine à la chapelle de la Vierge 
à laquelle est adossée la sacristie, construite en 1845. 

Une dalle porte la date de MCXII ; les lambris, au-dessus du 
lutrin, celle de 1773, gravée à côté du mot chorus. 

Le clocher, orné de pilastres, est percé dans sa partie supérieure 
de fenêtres géminées à plein cintre 11 était autrefois terminé par 
une flèche élancée abattue par la foudre à la fin du XVII e siècle ; 
il n'a plus que 32 mètres de haut sur 4 de large. Son toit aigu 
porte sur le faîte les trois timbres de l'horloge et protège une 
seule cloche, bénite en 1808. 

îles dessins sont de M. Rousseau, de Chartres. 

(Annuaire cl Eure-et-Loir, /tfti.V-. 



; POINV1LLE 



EGLISE DE POINVILLE 



Coquette et jolie dans sa pa- 
rure toute neuve, l'église actuel le 
de Poinville est bien différente 
de l'ancienne. 

Le petit croquis ci-joint, con- 
servé par M. L. Merlet, et sur- 
tout le portrait tracé par un 
ancien curé de Poinville, vers 
1869, nous donnent de celle-ci 
une idée assez exacte : 

'< C'était une construction 
sans caractère, dît-il, sans faça- 
de, sans solidité. La première grange de petit cultivateur aurait 
de plus de style, de grandeur et serait plus facilement appropriée 
aune destination religieuse. Voyez cet humble petit clocher, à 
peine visible à l'horizon ; il s'incline, le pauvret, et honore d'un 
modeste salut le visiteur assez peu rassuré qui le considère. La 
voûte est en planches brutes, au fond un rétable en pierre tendre, 
genre Louis XIV, avec colonnesà chapiteaux corinthiens, qu'on 
a transporté là du monastère d'Ambert, dans la forêt d'Orléans : 
à l'extérieur, sept contreforts, (dont quatre aux angles) où l'on 
voit d'anciennes pierres de consécration, qui feraient penser que 
jadis l'église était de meilleur style. Sous le crépis des murs, on 
a découvert une litre seigneuriale avec écussons aux armes des 
Nicolay : D'azur à la levrette d'argent, colletée Je gueules, bordée et 
bouclée d'or, » 

C'était un long parallélogramme de 22 mètres sur 6 ; à 
l'entrée un porche de 2*75 de long, au pignon opposé la sacristie 
de 4 mètres ; l'intérieur avait 9 m 60 du faite de la charpent eau sol, 
et était éclairé par une fenêtre au nord et cinq au midi. La flèche 
en bois, haute de 18 mètres, avait longtemps abrité deux cloches : 
la petite, nommée Suzanne en 1720, Marguerite-Françoise en 1729, 
et la grosse, nommée Suzanne-Louise-Charles en 1739, et André- 
Julet-Marie-Françoise-Suzanne en 1753 (celle-ci est encore con- 
servée.) 
Au rétablissement du culte, en 1802, Poinville perdit le titre 



de paroisse, et fut réuni à Janville. Il fut question de démolir 
l'église et le presbytère, et un expert en fit l'estimation à 2783 
livres. Les habitants ne restèrent pas insensibles à cette menace. 
Le 13 messidor an XI (2 juillet 1803),ils sollicitèrent leur séparation 
d'avec Janville. Malgré l'appui de l'évêque diocésain (de Versail- 
les), leur vœu ne fut exaucé qu'en 1854, par un décret du 16 août. 

De nouveau paroisse, Poinville fit reconstruire son presbytère 
en 1854(6630 fr.), approprier la sacristie, 1859 (413 fr. 25), res- 
taurer la porte d'entrée et Tin teneur de l'édifice, en 1860 ;317 fr.), 
réparer la toiture en 1874 (675 fr. 35). 

Bientôt, un projet plus grandiose, la reconstruction entière de 
l'église, fut adopté par le conseil de la commune, le 22 mars 1875. 
Le curé avait recueilli de fortes souscriptions :deM. de Nicolay, 
10000 fir. augmentés de 5000 fr. un peu plus tard, 1000 fr. de 
M« r Regnault, 1000 fr. de M. le curé de Toury, 1000 fr. de M. le 
curé d'Auneau, 2000 fr. de M m * veuve Linget d'Orléans et 700 fr. 
des habitants. La commune en offrit 5700, l'Etat 5000, le départe- 
ment 1500. Il en fallait 40000, le déficit occasionna des retards ; 
Tardent curé, M. Pottier, écrivit au ministre des cultes, le 17 
novembre 1878 : t J'ai grandement à cœur de réussir, car mon 
église actuelle est affreuse. » Il dût abandonner cette satisfaction 
à M. l'abbé Giroux, son successeur. Le plan de M.. Ricard, ar- 
chitecte à Orléans, fut accepté ; les travaux, commencés en juin 
1881, étaient achevés en 1882 pour 38 328 fr. 25^ et l'église bénite 
le 26 septembre 1882. 

D'une grande régularité, d'un beau style du XIII* siècle, ce 
monument a tout le confort et la grâce des églises modernes. 
Elle mesure 28 m . sur 6 m .50, le transsept à 13 m 70 sur 6 œ 50, la 
flèche 26^ de haut ; onze fenêtres l'éclairent, 6 dans . la nef, 3 
dans le sanctuaire, 2 dans les bras de la croix. La voûte, en 
briques doubles, laisse retomber ses arceaux sur des colonnes 
rondes à chapiteaux. L'autel, avec ses ornements, a été donné 
par la marquise de Nicolay. 

Vers 1855, on montrait à la ferme de la Grand maison « une 
cave admirablement voûtée ; quatre voûtes d'arête reposaient 
sur un pilier central avec chapiteau à feuillages, qu'on disait 
être une chapelle du XIII* siècle. » 

C. M. 



■ - - • ) 



'S 



ÉGLISE DE SAINT-AVIT-LES-GUESPIÈRES 



Vers le onzième siècle les habitants de Saint- A vit se cons- 
truisirent un édifice religieux dont la majeure partie forme la nef 
de l'église actuelle. Il était éclairé par de très petites fenêtres 
placées au haut des murs. Une était à gauche en entrant. Elle 
était aveuglée depuis longtemps. Elle est maintenant détruite 
par suite de l'ouverture d'une fenêtre plus grande, en 1877. Une 
seconde qui est fermée se voit encore à l'intérieur, à droite, au- 
dessus d'une porte latérale murée dont on remarque les linteaux 
et les pieds-droits. Celles qui pouvaient exister ailleurs ont dis- 
paru au XIII* siècle, quand trois fenêtres au midi et une au nord 
furent ouvertes ou agrandies. Les deux autres au nord sont 
de 1877. La nef était au deux-tiers fermée par un mur en ressaut 
contre lequel se dressaient deux autels, l'un dédié à la sainte 
Vierge, l'autre à saint Sébastien. Entre eux une ouverture à plein- 
cintre donnait accès dans un chœur exigu, terminé par un pignon 
en carré dont nous avons vu les substructions en faisant refaire 
le dallage. La petite église resta ainsi jusqu'au XVI 6 siècle où 
elle reçut des modifications considérables. Une tour fut élevée au 
bas. Elle était surmontée d'une flèche qui était «la plus belle du 
canton 1 » et qui depuis fut incendiée et détruite par l'orage, le 
20 juin 1763. Le chœur fut démoli et rebâti en 1552, comme 
l'indique une inscription sur la clef de voûte de la fenêtre absi- 
dale. Il est dû à la générosité de François Levavasseur, seigneur 
d'Eguilly, qui avait en mourant chargé Marie de Théligny, sa 
mère, de payer pour « Paccroistre et l'agrandir* ». Il est éclairé 
au midi par trois grandes fenêtres à plein-cintre et par une seule 
au nord. Une autre en ogive avait été percée au rond-point. Elle 
est masquée par le rétable. 

On avait projeté d'abattre aussi la nef et de la reconstruire 
sur un plan plus vaste ; des pierres d'attente ont été placées à 
cette intention. Les guerres de religion, la ruine du château de 
Rabestan, après le siège de Chartres, les déprédations des 
Reitres et même les excursions des compagnies du roi Henri IV, 

1 Registre de la paroisse 1763. 

' Inventaire des titres de Rabestan et de Frazé, mss. de la bibliothèque 
de Chartres. 



qui était au pays le 6 juin 1589% arrêtèrent ce . bel élan de restau- 
ration. Il ne fut repris que de nos jours. Le pignon oriental de la 
petite église avait été conservé et l'ouverture qui suffisait pour 
l'entrée du chœur primitif était loin d'être assez grande pour 
le nouveau. Elle était si basse et si étroite que la vue du chœur 
et du sanctuaire était impossible aux fidèles de la nef, tandis que 
la chaire disparaissait pour ceux du chœur. En 1875, les autels 
furent déplacés, le vieux mur séparatif fut démoli et l'on pra- 
tiqua dans le nouveau une arcade aussi large et aussi élevée que 
la nef. Dès lors l'aspect intérieur de l'église changea complè- 
tement. 

Le bénitier en pierre, incrusté dans le mur, paraît appartenir 
au XII 6 siècle*. Deux litres superposées, ornées d'écussons sup- 
portés par des animaux héraldiques, étaient peintes sur les parois 
de la nef, et dans l'angle du nord-ouest on découvrit, sous un ba- 
digeon de poussière et de chaux, une partie de la représentation 
du lai bien connu des «trois morts et des trois vifs ». Auprès du 
banc d'oeuvre, une antique Pieta de bois est honorée sous le vo- 
cable de Notre-Dame de Compassion. Dans le cœur, on voit une 
vierge tenant l'Enfant Jésus, assez bon tableau à l'huile daté de 
1672. Il a été donné par M. Desmier, instituteur, qui l'avait reçu 
de M. de Saint-Laumer d'Eguilly. Les tirants sont enjolivés de 
guivres avec d'immenses gueules. Des armoiries, que taillada le 
vandalisme de 1793, sont sculptées sur la base des poinçons. Le 
tabernacle et les gradins qui l'accompagnent remontent au 
XVI* siècle et sont peut-être les restes d'un ancien autel. Le 
grand rétable en bois date du XVII 6 siècle, il est orné de quatre 
colonnes corinthiennes de bonne exécution. Au-dessus des gra- 
dins on admire des bas-reliefs en albâtre et un grand tableau sur 
toile qui n'est pas sans mérite. Le tableau figure un saint en 
prière. Il est signé d'un nom connu dans les annales de la pein- 
ture «Z/. Vincent fecit », et fut donné par Charles Fournierdes 
Ormes, propriétaire de la ferme des Ormes, peintre lui-même 
assez habile, auquel on doit le grand tableau de l'incendie de la 
cathédrale,exposé dans la sacristie des chanoines de Notre-Dame. 

Le dessin de l'église a été fait par M. l'abbé Belaue sur une 
photographie prise par M. Bucquet, maire de Bullou. 

L'abbé Haye, curé de Jouy, précédemment curé de Saint-Avit. 

« Registre de la paroisse 1589. 
» i^rocés-verbaux d e la Société archéol. d'Eure-et-Loir, t. i. 






/"<*■ 



BAS-RELIEFS DU GRAND AUTEL DE SAINT-AVIT 



L'église de Saint- A vit possède des bas-reliefs en albâtre dignes 
d'attention. Nous connaissons ceux de Villebon, nous en avons 
admiré d'analogues en Bretagne, et nous en avons vu quelques 
débris dans plusieurs musées, mais nous en avons trouvé peu 
d'aussi remarquables. Dans une séance des Sociétés Savantes 
à la Sorbonne, M. le président fit ressortir la ressemblance qui 
existe entre nos bas-reliefs et un grand nombre de groupes 
d'albâtre exécutés entre 1350 et 1450 et que l'on rencontre en 
abondance, dit-il, dans tous les pays d'Occident. Il pense que 
les carrières d'albâtre des environs de Poligny (Jura) fournirent 
la matière première et que tous ces bas-reliefs proviennent du 
même atelier dont l'emplacement est inconnu 1 . 

Nous avons cinq tableaux de la vie de Notre-Seigneur et six 
statues d'apôtre. Les statues représentent saint Jacques avec 
son bâton de pèlerin et des coquilles ; saint Mathias avec une 
hache ; saint Jean l'évangéliste, avec un calice d'où s'échappe 
un dragon ; saint Paul avec l'épée ; saint Thomas avec une lance 
et saint Pierre tenant d'une main le vaisseau, symbole de l'Eglise. 
La première scène rappelle la Flagellation. Notre-Seigneur 
est nû, sa tète est nimbée, sa bouche un peu ouverte laisse en- 
trevoir ses dents ; sa barbe est fendue et dorée. A ses côtés sont 
quatre licteurs. Le premier détourne singulièrement la tète ; de 
la main gauche, il tient ses verges abaissées et de la droite il tire 
la corde qui lie Notre-Seigneur ; le deuxième abaisse aussi ses 
verges : les deux autres frappent à coups redoublés avec des 
lanières garnies de gros nœuds. 
Le portement de la croix contient onze personnages. 
Jésus est chargé de sa croix. Le même bourreau qui l'avait 
attaché à la colonne le tire violemment et des deux mains. Il a 
passé ses verges à un garçonnet qui suit le Christ en côté et lui 
donne un coup de pied. Un autre adolescent est chargé du 
marteau et des clous ; un des soldats huche sur les épaules de 
son voisin appuie ses mains sur la croix ; en avant un vieillard, 
casqué d'un morion, ouvre et sonne la marche avec un instru- 

1 Journal Officiel, 19 avril 1895. 



ment en forme de corne ; au-dessus du Sauveur un borgne, dont 
l'œil droit sort de l'orbite, passe la tète et le cou dans une échelle, 
une excroissance charnue déforme son front. La sainte Vierge 
allège le fardeau de la croix ; saint Jean porte une palme dorée ; 
un soldat tient une longue pique et une couronne tressée et sans 
épines ; un autre armé d'une hache en forme de croissant ferme 
la marche. 

Le panneau du milieu avait disparu depuis longtemps. Il a été 
remplacé aux frais de M. le M 1 * de Maupeou qui a trouvé à 
Paris un sculpteur assez habile pour imiter le travail de l'ar- 
tiste du moyen-àge. Il représente la Crucifixion. Jésus est atta- 
ché à la croix ; trois anges reçoivent son sang dans des calices 
la Vierge soutenue par deux saintes femmes élève les yeux vers 
son fils ; saint Jean est près d'elle ; Longin perce le côté du 
Sauveur ; le centurion détourne la tête pour dire à ses deux aco- 
lytes : Cet homme est vraiment fils de Dieu. 

Embaumement. Notre-Seigneur, la tète entourée d'une cou- 
ronne sans épines, le corps enveloppé d'un linceul, est placé 
dans un sarcophage. Madeleine, qui a près d'elle un vase à 
parfums, essuie de ses longs cheveux la main droite du Sauveur 
qui est pendante ; Joseph d'Arimathie replie le côté gauche du 
linceul ; Nicodème une main sur la poitrine relève de l'autre la 
tête de Jésus ; la divine mère contemple le corps de son fils ; 
Marie Jacobé dont on ne voit que la tête et Marie Salomé, sa 
fille, la soutiennent et le disciple bien-aimé porte une palme 
dorée. 

Sur le dernier tableau qui représente la descente de Notre- 
Seigneur aux Limbes, on voit un monstre dont la gueule béante 
laisse sortir Adam, Eve et la suite des patriarches figurés par 
cinq personnages. Le Christ est revêtu d'un long et large man- 
teau très ouvert. Il porte une croix à laquelle flotte un labarum 
étroit et long, d'une main il saisit le bras d'Adam, démesurément 
allongé par quarante siècles d'attente, et invite les justes à le 
suivre dans la céleste Jérusalem. 

La gravure des bas-reliefs a été faite par M. Gillard sur une 
photographie prise par M. le M iB de Maupeou d'Eguilly. 

Haye E. curé de Jouy. 



^_ 



EGLISE DE SA1XT-OUKN 



ÉGLISE DE SAINT-OUEN 



L'église de Saint-Ouen, dépendant de l'abbaye des bénédictins 

du Bec-Hellouin (Eure), peut remonter au XIV e siècle. Le patron 

fut toujours saint Ouen, évêque de Rouen. A l'époque de la 

Renaissance, le nom du saint a été donné à la paroisse, ayant 

prévalu sur l'ancienne dénomination des XII etXIILVsiècles, qui 

était Marcilly super-Vesgram. 

Le corps de l'édifice est en maçonnerie de cailloux, avec con- 
treforts en grès. 

La nef de l'église à 30 M de longueur sur 7 m 3o de largeur ; la 
voûte est en bardeau de forme ogivale supportée par des entraits 
ouvragés, ornés de moulures et de chimères aux extrémités et 
au centre. 

Le sanctuaire, d'après le mauvais goût du XVIII* siècle, avait 
été obstrué par un retable sans valeur, dont les planches for- 
maient une sacristie derrière l'autel ; les 3 fenêtres étaient 
masquées. Outre ces trois verrières, aujourd'hui ouvertes, la 
lumière pénètre par sept autres baies ogivales, sans meneaux. 

Une restauration intelligente fut commencée vers 1850, par 
M. Gromard, curé de la paroisse. L'ancien autel a été remplacé 
par un autre en chêne sculpté, dont le tombeau est décoré des 
statuettes de saint Pierre, de saint Paul et des évangélistes. La 
verrière du patron est posée dans la baie du fond. 

Aux angles de l'abside polygonale sont accolées des colonnes, 
surmontées de 4 statues, représentant la famille de Jésus-Christ, 
garde d'honneur du Tabernacle. 

Le plan de restauration a été continué par M. l'abbé Chevalier. 
La tour, formant un quadrilatère spacieux et régulier, était très 
favorable à l'établissement d'une chapelle. D'ailleurs les pierres 
d'attente, les deux larges baies gothiques, montraient que telle 
était l'idée primitive des architectes. Une voûte en pierres pour 
les arcs-doubleaux, et en briques dans les tympans, a été cons- 
truite en 1875. 

En face de cette chapelle dédiée au Sacré-Cœur, la symétrie 
demanderait une chapelle de la Vierge, suivant le même plan, 
pour former la croix latine. 



Aux murailles du chœur sont suspendues quatre toiles données 
en 1840 par M. de Parron et M* d'Aure. Elles proviennent de 
Marchefroy, de la chapelle, aujourd'hui démolie, de leur château 
de Lascanne, propriété qui fut, sous Charles IX et Henri III, 
la résidence du célèbre médecin Ambroise Paré. 

Ces tableaux représentent : 

a). Saint-Pierre-aux-Liens délivré par un Ange. 

b). Jésus-Christ pleurant sur Jérusalem. 

c). Sainte Madeleine dans la solitude de la Sainte-Baume. 

d). Saint Bruno agenouillé dans les rochers de la Grande- 
Chartreuse, l'âme élevée au ciel, dans l'extase d'une prière. 

Le tableau de saint Ouen (de l'ancien retable) a été transporté 
au-dessus de la porte d'entrée. 

Le clocher, haut de 30 mètres, est d'une belle structure en 
pierres de taille. On y accède par un escalier de 70 marches en 
pierres dans une élégante tourelle polygonale. L'étage supérieur, 
percé de quatre fenêtres ogivales, reçut deux cloches bénites le 
28 décembre 1744 : Tune nommée Jeanne, l'autre Antoinette par 
Antoine-Nicolas Charpentier, chevalier, et Jeanne-Françoise- 
Madeleine Chardon, sa femme. Enlevées vers 1793, une nouvelle, 
Louise-Rose, fut bénite en 1813 et remplacée le 29 septembre 1895, 
par Marie-Désirée. 

Entre l'église et le cime- . A on voit cinq croix », appe- 

tière se trouve le terroir , lés les 5 croix de France, 

dit : Champ de la Batterie, , . Ce monument rappelle 

où de temps immémorial I . Il les épisodes glorieux des 
guerres entre la Normandie anglaise et le roi de France. Tom- 
bant de vétusté, ou renversées par la malice des révolutions, 
ces croix ont toujours été relevées. 

Le splendide dessin de l'église de Saint-Ouen est dû à la plume 
de M. A. de Caraman, en 1859, et appartient à M. l'abbé Gromard. 

Abbé A. B. 

' Voir la brochure curieuse de M. Jules Job : Les cinq croix de France à 
Saint-Ouen-Marchefroy, Chartres, Garnier, 1877. 





-J 



ÉGLISE DE SANTILLY 



Il est fait mention de l'église de Santilly à une époque très re- 
culée, peut-être au VI* siècle. Charlemagne en parle dans ses 
diplômes. Elle fut donnée au chapitre de Saint-Aignan d'Orléans 
et dédiée à saint Pantaléon. 

Primitivement, elle était située à Santilly-le-Vieux. Ruinée 
pendant les guerres du Puiset, au XII' siècle, elle fut rebâtie 
avec les matériaux de l'ancienne, au lieu où nous la voyons au- 
jourd'hui, à Santilly-le-Moutier. Le chœur et la tour, sauf le 
sommet, sont certainement de cette époque, leurs fenêtres ont 
conservé le plein cintre du plus pur roman ; mais la nef et l'étage 
supérieur du clocher semblent être d'une date postérieure; 
l'ogive des ouvertures y est bien formée. Les clefs de voûte de 
ces différentes fenêtres sont mal rajustées et accusent des rema- 
niements successifs depuis le XI e ou XII» siècle, jusqu'au XVI*. 
L'entablement se compose d'une rangée de corbeaux sculptés de 
figures grimaçantes d'hommes et d'animaux. La pierre sans silex 
parait avoir été extraite de la carrière du pays. Les murs n'ont 
pas moins de l m ,25 d'épaisseur, consolidés encore par des saillies 
à l'intérieur et par d'énormes contreforts à l'extérieur. 

La grande porte d'entrée, ouvrant sur la nef, est à plein-cintre 
ainsi que la petite du nord ; celle du midi, en forme d'anse de 
panier, a des moulures supportées par une espèce de soubasse- 
ment ; quoique plus ancienne que la muraille, sa pose y est 
postérieure. 

L'édifice se divise en deux parties rectangulaires. La première 
comprend le chœur et mesure 9" sur 5 m ,50; la seconde, où la nef 
est un long parallélogramme de 34 m ,40 sur 40 m . Le chœur est 
voûté en pierres, les nervures carrées et sans le moindre chan- 
frein, se coupent à angles droits curvilignes et viennent s'ap- 
puyer sur quatre grosses colonnes massives, également carrées 
et sans ornement. Pas un seul coup de ciseau du sculpteur aux 
chapiteaux, ni sur les tailloirs des piliers. 

La nef est voûtée en bardeaux, mais le cintre est plus étroit 
que la nef et repose, non sur les murs directement, mais sur 
deux bandes plates formant plafond; ce qui divise cette nef en 
trois parties, la grande nef cintrée en berceau avec entraits ap- 



parents et deux plafonds de chaque côté. Depuis 1850, un enduit 
de plâtre recouvre le tout d'une croûte uniforme. Cet ensemble 
ne saurait être plus disgracieux. 

Au fond de l'abside est un rétable de bois peint. En 1762, le 
curé de Santilly reçut du chapitre de Saint- Aignan une gratifica- 
tion de 48 livres pour « contribuer à la construction du nouveau 
tabernacle. » 

Outre les fenêtres mi-partie ogivales et romanes qui l'éclairent 
actuellement, l'église en avait encore deux autres de grandes di- 
mensions et à ogive, au midi, et trois petites en plein cintre au 
nord, toutes murées. 

La tour carrée repose sur les piliers de l'avant-chœur et se 
termine par un toit aigu supporté par deux pignons. Celui du 
levant a trois fenêtres, deux plus grandes et à lancette, l'autre 
plus petite et arrondie. 

Jadis deux cloches chantaient à leur aise dans la chambre 
spacieuse du beffroi. La grosse appelée Antoine-Marguerite- Fran- 
çoise avait été donnée par Antoine Dadoue, ancien curé de la pa- 
roisse , chanoine syndic de Saint- Aignan d'Orléans, 1787. En 
1861, la commune vota2000fr. pour la fonte d'une cloche de 700k., 
exécutée par M. Bollée; l'ancienne était estimée 1002 f ,50. 

Les chanoines d'Orléans et les habitants se partageaient au- 
trefois les frais d'entretien de l'église. Les paroissiens se réu- 
nissent dans ce but en 1741 et 1742, ils font accord avec les cha- 
noines en 1755 et 1756. Le 24 fructidor an XII (11 7 bre 1804) la com- 
mune, désormais abandonnée à ses seules forces, vota la somme 
de 1732 livres pour réparer la toiture et le lambris : en 1826, vote 
d'un centime le franc pour faire la somme de 908 fr., pour sem- 
blables réparations ; en 1856, le carrelage coûta 1032 r ,50, et la 
sacristie construite en 1875 la somme de 1400 fr. 

Avec la ceinture serrée de ses nombreux contreforts à retraits 
et larmier, l'église a l'aspect d'une formidable forteresse, capable 
de résister à tous les assauts, mais la solidité ne répond pas à 
l'apparence. 

Dessin de M. l'abbé Belaue. 

(Annuaire de 4817 et conférences de 4869J. 



# 



EGLISE DE ROUVRES 



ÉGLISE DE ROUVRES 



« Le vocable de saint Martin sous lequel cette église est con- 
sacrée indique que la paroisse est d'une origine fort ancienne et 
au moins mérovingienne. 

« Cet édifice, situé à l'extrémité du village, présente un paral- 
lélogramme long de 24 mètres, large de 19, dans œuvre, et divisé 
en trois parties d'époques différentes. La première, celle du 
milieu, composée de la grande nef (13 mètres) du chœur (7 m.) et 
du sanctuaire (4 m.) paraît dater du XI e siècle. La voûte en bar- 
deau est en plein-cintre avec poutres et aiguilles apparentes. La 
nef latérale, construite ou au moins restaurée en 1565, porte 
tous les signes authentiques de la Renaissance, accusés par les 
jolies sculptures des contreforts, des fenêtres et de la svelte 
tourelle triangulaire du clocher, terminée par une haute et élé 
gante flèche, couverte en ardoises. On communique de ce bas 
côté à la grande nef par trois arcades plein-cintre reposant sur 
des pilliers cylindriques dont les ornements et les chapitaux ont 
malheureusement été mutiles dans la révolution de 1793. Toute 
cette partie, construite en pierres de taille tirées des carrières 
de Vernon, est vraiment remarquable. Le prolongement de cette 
nef contient la sacristie, longue de 5 mètres 50. La nef latérale 
de gauche, large de 5 mètres communique à la grande nef par 
une arcade également en plein cintre, soutenue par des pilliers 
carrés en pierre de grès. Cette utile addition à l'église date de 
1820 ; on la doit aux pieuses largesses de Madame la Dauphine, 
de M |r Tévêque d'Hermopolis et au zèle désintéressé des habi- 
tants de la commune. Ce bas côté se termine par une chapelle 
qui fait corps avec l'abside. 

« Des dix fenêtres qui éclairent l'édifice, les unes ogivales, les 
autres à plein cintre, celles de l'aile droite sont les plus remar- 
quables. On ne peut méconnaître l'œuvre du XVI* siècle dans 
l'ornementation des baies coupées par des meneaux perpendi- 
culaires; l'une d'elles porte encore quelques débris de vitraux 
coloriés, dont ces fenêtres étaient ornées. 

a La tour du clocher renfermait autrefois deux cloches, dont 



Tune a été soustraite par Je comité révolutionnaire. Celle qui 
reste pèse 1600 kilog. et porte le millésime de 1760. 

E. Lefevre, Annuaire de 1863. 

« Le lambris de l'église de Rouvres porte plusieurs inscrip- 
tions qui rappellent que cette partie de l'édifice, ayant été sinon 
détruite du moins considérablement endommagée par les guerres, 
a été restaurée en 159B par plusieurs personnes, dont les tioms 
sont ici consignés. Ces inscriptions se composent des petits 
quatrains suivants. 

1. — Lan 1536 3. — M'ont fait Tangrel le greffier 
A la guerre fut détruit Et Jacques Merbouton 

Fut faict réassis ce lambris Céans ils étoient trésoriers 

Par Denis Binet et F» Jourdain. Du fait auront l'affection. 

2. — Il jouit de Dieu et de sa mère 4. — M r * Etienne Merbouton 
Absous entre leurs tous amis Et le bon Nicolas Mordant 
Ceux celles qui m'ont fait faire De ces ii courb. ont fait le don. 
En leur fin auront Paradis. Priez pour eux t>ater disant. 

« Enfin sur le dernier panneau du lambris, au-dessus de l'au- 
tel il est dit que ce courb. a été fait par quatre prêtres dont les 
noms sont cités, mais quelques écailles ressortant du bardeau 
moins bien conservé ne permettent pas de saiàir tout le sens de 
la phrase. 

« Sur l'une des pierres de la petite tourelle du bas côté de 
droite, la date de 1565 indique l'époque probable de la construc- 
tion de ce gracieux pfetit monument, la partie la plus intéres- 
sante de l'élise de Rouvres. 

« Une pierre tombale très bien conservée se trouve dans le 
côté gauche de la grande nef. Des deux personnages qui y sont 
gravés, l'un est caché par les bancs de l'église; le seul qui soit 
apparent, représente un religieux, sans doute l'un des anciens 
prieurs dé Rouvres. Quant à l'inscription, l'humidité habituelle 
de l'église qui a maculé la pierre ne permet pas d'en dkftiagaer 
suffisamment les caractères . » 

A. Cibois, curé de Rouvres, en 1 869. 

Le dessin de l'église est de M. Rousseau, de Chartres. 



CHAPELLE DE VILLEPRÈVOST 



Cette chapelle a été construite en 1873. Elle fut bâtie à la suite 
d'un vœu fait par les propriétaires actuels du château, M. et 
M" - E. Fougeron, pendant le siège d'Orléans, en 1870. Les Ba- 
varois bombardaient alors la ville et les habitants pouvaient 
concevoir les plus justes craintes pour leurs personnes et pour 
leurs biens. En reconnaissance d'une préservation quasi-mira- 
culeuse et pour en perpétuer le souvenir, M. et M mt Fougeron 
ont élevé ce gracieux monument dans leur propriété beauceronne. 

La chapelle, construite d'après les plans et sous la direction 
de M. Thieulin, architecte, est de style gothique, genre XIII" 
siècle. A l'extérieur, au-dessus du pignon, un campanile en 
pierre ajourée renferme la clochette, dont le son argentin égayé 
le village, pendant la belle saison. 

Au-dessus de la porte à ferrures bien ouvragées, on voit sur 
le linteau demi-circulaire le monogramme du châtelain, un F 
monumental ; plus haut, une rosace en forme de croix lobée. 
Huit contreforts, deux de face et trois de chaque côté ornent et 
consolident l'édifice, enfin la toiture est couronnée par une crête 
en zinc repoussé. 

Pénétrons dans l'intérieur, tout y est dans une admirable 
proportion. La voûte élégante, avec ses clefs, ses arceaux et ses 
colonnettes, s'élève à 6 m 50 au-dessus du sol, la longueur de l'é- 
difice est de 9*50, la largeur de 5 mètres. Les sept fenêtres, 
ogivales et sans meneaux sont garnies de belles grisailles sor- 
ties des ateliers de M. Testeau d'Orléans, trois de ces fenêtres 
éclairent le sanctuaire plus étroit que la nef dont il est séparé 
par une arcade en pierres taillées. Le carrelage en mosaïque, 
noir et blanc, brille comme le marbre ; l'autel en pierre, dont la 
table repose sur deux fûts de colonnes, porte gravé sur son tom- 
beau le chiffre de la Très Sainte Vierge, patronne de la châte- 
laine. Le très joli chemin de croix en vieil argent repoussé, vé- 
ritable œuvre d'art, est sorti de la maison Oudry ; la première 
station porte la signature du sculpteur Germain, 1867. A droite 
et à gauche, adossées au mur, les statues du Sacré-Cœur et de 
Notre-Dame de Lourdes. 



M. et M m • Emile Fougeron ont voulu manifester, d'une façon 
touchante, leur gratitude pour les hauts personnages ecclésias- 
tiques qui tour à tour sont venus célébrer la sainte messe dans 
leur chapelle. Derrière l'autel, à droite et à gauche de la porte 
de la sacristie, sont quatre plaques, deux en marbre noir et 
deux en marbre blanc, dont le texte est assez explicite. 



Mgr LAROCHE, 

évkquk dk Nantes, 

anc. vicaire général 
d'Orléans, 

a célébré la sainte 
messe dans cette 
chapelle. 

1873-1893. 



Mgr F.LAGR ANGE 

kvkq. dk Chartres 

et anc. vie. gén. de 
Mgr Dupanloup, 

a érigé le Ch. de 
Cr. de cette ch. 

le 25 sept. 1892. 



Mgr DUPANLOUP. 

evkquh d'Orléans, 

a daigné visiter 
cette chapelle 

le 6 octobre 1877. 



AUTEL PRIVI- 
LÉGIÉ 

deux fois la se- 
maine. 

LÉON XIII, 

le 25 sept. 1893. 



A ces illustres visiteurs, il faut ajouter M* r Foucault, évêque 
de Saint-Dié. 

Une autre inscription sur une grande plaque de marbre blanc 
bi-lobée, placée au-dessus de la porte d'entrée, rappelle l'origine 
et la bénédiction de la chapelle. 



* 

Cette chapelle a été érigée 


La bénédiction de cette 


par M. et M- E. FOUGERON, 


chapelle a été faite 


en accomplissement 


par M. E. CLESSE, 


d'un vœu forme par eux, 


vicaire général. 


lors du bombardement 


curé de la paroisse 


d'Orléans, 


de Saint-Paterne 


par l'armée bavaroise, 


d'Orléans, . 


le 11 octobre 1870. 


le 3 septembre 1874. 



Rien ne manque à cette chapelle, où le calme porte à la 
prière. 

Le dessin de cette chapelle a été pris sur une photographie par 
M. l'abbé BeJaue. 

Baumer, 

Curé de Tillay. 



EGLISE DE C0URTALA1N 



ÉGLISE DE COURTALAIN 



Au douzième siècle et pendant une partie notable du moyen- 
âge, la paroisse de Courtalain fut la plus petite des paroisses du 
diocèse de Chartres. Les dimensions de son église étaient donc 
fort restreintes. Divers agrandissements l'ont amenée là où elle 
est aujourd'hui. Le dernier est de 1809. L'aménagement du bas- 
côté est de 1836 ; la construction du clocher et l'établissement 
de la tribune qui est au-dessous sont de 1858, et dus à la généro- 
sité de M. de Montmorency. 

D'après M. M arquet, ancien curé de Courtalain,décédé chanoine 
de Chartres, l'homme exact par excellence, la longueur de la 
grande nef serait de 31 m. 80, et sa largeur de 9 m. 45, le bas- 
côté aurait 17 m. 40 sur 3 m. 90. « On a retrouvé, en 1858, 
dans une muraille, une pierre portant le millésime de 1592, qui 
ndique que les travaux de l'église ont été terminés cette année. » 
Le monument porte bien en effet tous les caractères de cette 
époque. 

Le sanctuaire, aujourd'hui dégagé du rétable informe qui l'en- 
combrait, est orné, ainsi que le chœur, de croisées en plein cintre, 
avec vitraux de couleur et personnages. Des peintures romanes 
assez bien réussies, six grands tableaux, dont plusieurs ne sont 
pas sans mérite, garnissent les murailles. L'unde ces tableaux 
porte l'écusson mi-partie de messire Pierre II de Montmorency 
et de dame Charlotte du Val, son épouse, qui vivaient à la fin du 
XVI e siècle. L'entrée du chœur est accompagnée de deux belles 
colonnes cannelées, à chapiteaux corinthiens, surmontés d'un 
très beau fronton. 

Le bas-côté est séparé de la nef principale par trois colonnes 
exagonales, et éclairé par trois fenêtres ogivales, dépourvues 
d'ornement. L'autel de la sainte Vierge qui en occupe le chevet 
n'offre rien de remarquable, quatre colonnes à chapiteaux com- 
posites l'encadrent et le caractérisent. 

L'autre extrémité est consacrée à sainte Anne, la patronne des 
Montmorency. Une niche en reçoit la statue. Tout auprès l'on 
peut voir encastrée dans la muraille la pierre tombale de demoi- 
selle Perrette deBaïf, épouse de Guillaume d'Avaugour, décédée 



en 1525. Quant à l'autel, dédié à l'auguste mère de la Vierge, 
il a été donné par M. le marquis de Gontaut Saint-Blancard, 
en 1694 ; c'est un vrai bijou. 

En sortant de l'église par la porte latérale qui donne sur la 
place, on se détourne instinctivement pour en admirer l'orne- 
mentation, en style du roman le plus pur et le plus riche. 

Tout auprès se trouve adhérente à la muraille une plaque en 
marbre, où se lisent les noms des jeunes militaires, qui ont péri 
lors du combat livré à Courtalain, le 31 décembre 1870. 

Le dessin a été copié sur photographie par M. l'abbé Belaue. 

C. 



EGLISE DE TARDAIS 



1 




_J 



ÉGLISE Dfc TARDAIS 



L'église de Tardais est agréablement située sur Le sommet d'une 
colline assez rapide au pied de laquelle coule un petit ruisseau, 
qui, sorti d'un étang voisin, va se jeter dans 1 étang de Dampierre. 

Elle se trouve avec le château et les vingt à trente maisons 
dont se compose le village, dans une éclaircie de la forêt de 
Senonches, qui en cet endroit s'est ouverte en forme de fer à 
cheval pour faire place à cette commune peu étendue, annexe 
de la paroisse de Senonches depuis la Révolution. 

Cet édifice est tout ce qu'il y a de plus simple ; il a 20 mètres 
de long sur 6 de large, se termine en avant par un pignon flan- 
qué de deux contreforts peu saillants, et percé d'une porte très 
ordinaire affectant cependant une légère prétention à l'ogive, 

A droite, une porte latérale est surmontée d'un sujet d'orne- 
mentation tout moderne. 

Elle se termine à son chevet par un pignon sans ouverture 
apparente. 

Le mur extérieur porte tout autour une bande d'enduit d'en- 
viron 10 centimètres de largeur; c'est l'ancienne litre seigneuriale. 

Le clocher à cheval sur la toiture et le pignon d'ayant, est 
soutenu par deux piliers en bois qui reposent sur le sol. C'est, à 
la base, un rectangle carré surmonté d'une flèche octogone ; il est 
assez gracieux et en bon état. 

La cloche pèse 203 kilos, elle n'a d'autre inscription que : 
< Auguste Hildebrand, fondeur de l'Empereur. » Elle fut bénite 
vers 1856. 

A l'intérieur, l'église est partagée eu deux par une grille de fer 
assez élégante, à hauteur d'appui de communion, placée en 1894. 

Le chœur , qui sert aussi de sanctuaire , occupe le tiers de 
l'église ; son pavé en céramique fait bon effet. Il est couvert par 
un plafond en planches qui n'est pas à plus de 4 mètres de hau- 
teur. Le reste est un lambris ordinaire en forme de yoûte, le tout 
assez bien conservé. Au fond de l'église on aperçoit la charpente 
du clocher et l'échelle qui y conduit. 

Il y a deux dates gravées dans la muraille « 1827 et 1829 ». 
C'est sans doute l'époque de sérieuses réparations. 

Les fenêtres, au nombre de cinq, 3 à droite et 2 à gauche, sont 



un peu étroites ; mais pour donner plus de place à la lumière, les 
embrasures sont très évasées. Elles sont romanes, et le plein 
cintre est formé de pierres appareillées ; elles permettent de pré- 
ciser l'époque de la construction, le XII - siècle. 

L'autel, avancé de deux mètres, laisse par derrière un empla- 
cement servant de sacristie. C'est un simple rectangle allongé 
sans autres ornements qu'une moulure saillante et des baguettes 
dorées en forme de cadre. 

Le tabernacle avec ses deux colonnes rappelle vaguement le 
style grec. Le retable qui prend toute la largeur de l'église est 
en bois peint, en vieux chêne ; deux planches en saillie un peu 
travaillées et garnies de quelques dorures font comprendre qu'on 
aurait voulu mettre là des colonnes d'ordre corinthien. 

Un tableau sur toile, formant le fond du retable, représente 
l'Ascension. Deux vieilles statues reposent de chaque côté sur la 
boiserie ; l'une, saint Maurice à cheval, l'autre, la Vierge mère 
ayant un oiseau sur la main droite ; c'est la Vierge à l'oiseau, 
dont le modèle, disent les archéologues, remonte à saint Louis. 

Il y a encore en dehors du chœur, à gauche, un petit autel en 
bois avec un tableau de la sainte Vierge, en chromo, imitation 
de toile. 

Puis des statues modernes et bien décorées : le Sacré-Coeur, 
$aint Joseph, saint Antoine de Padoue, la Sainte-Face, et enfin 
vers la porte latérale, une Notre-Dame de Lourdes avec grotte 
entaillée dans la muraille, aménagée en 1893. 

Tous ces sujets bien ornés, garnis d'appliques et de candé- 
labres sont dûs à la munificence de la famille de Dorlodot, pro- 
priétaire actuel du château, qui contribue si généreusement à 
l'embellissement et à l'entretien de ce modeste sanctuaire. Le 
dessin de l'église a été pris par M. Sausserousse, sur Une photo- 
graphie de M. Lépine, de Senonches. 

C. 



KGL1SE DE M ARGON 



ÉGLISE DE MARGON 



A deux kilomètres de Nogent-Ie-itotrou s'élève la petite église 
de Margon. Sa situation pittoresque attire un grand nombre de 
visiteurs ; elle est bâtie sur un monticule et ce monticule forme 
un angle devant lequel se réunissent les deux belles vallées de 
l'Huisne et de l'Osée ; aussi de cette hauteur, aux pieds des arbres 
qui ombragent le cimetière, se déroule un paysage varié, poé- 
tique, délicieux ; s'il faut en croire l'admiration des touristes 
parisiens, ce serait une petite Suisse. 

Remarquable par sa situation, l'église de Margon ne l'est pas 
moins par son antiquité et sa restauration. Elle remonte au 
onzième siècle. Les petite fenêtres romanes qui l'éclairaient au- 
trefois, ne laissent aucun doute sur ce point. Les traces d'une de 
ces fenêtres se voient encore à la partie orientale. L'abside circu- 
laire, soutenue à l'extérieur par trois petits contreforts peu éle- 
vés et saillants, conserve également ce caractère primitif. Elle fut 
donnée par l'un des Rotrou aux moines de Saint-Denis, établis 
à Nogent ; aussi la collation de la cure appartenait au prieur de 
cette communauté. D'abord de dimensions restreintes elle fut 
transformée au seizième siècle pour le besoin de la population et 
agrandie d'un bas-côté. La tour, massive et carrée, les gargouilles 
grossièrement sculptées qui l'ornent remontent à cette époque. 
En 1793, elle fut quelque temps une poudrière ; au sortir de la 
Révolution, elle tombait en ruines et personne dans la munici- 
palité ne s'en inquiétait. M. Masson, curé de la paroisse, (1836- 
1860), archéologue distingué, se mit tout seul à l'œuvre, et pen- 
dant vingt-quatre ans il l'a remaniée en tous sens. Le dehors, 
le dedans, tout a été remis à neuf. Il est probablement le pre- 
mier qui, depuis la renaissance de l'art ogival, ait composé en 
plafonnage une voûte gothique avec nervures. Celle-ci imite, à 
s'y méprendre, une voûte en pierre ; elle se maintient parfaite- 
ment et offre aux curieux, dans toute la longueur de la nef, un 
aspect toujours admiré. Le bas-côté voûté en pierre, a servi de 
modèle. Le style gothique a reparu partout et l'église mainte- 
nant présente une belle uniformité, à l'exception de la porte en 
style roman que l'on a conservée avec un respect religieux. 

Cette église est longue de 23 mètres, large de 8 mètres, haute 



de 9 mètres 30 centimètres sous la voûte ; avec le bas-côté elle a 
une largeur de 12 mètres. Elle possède un autel monumental, 
en pierre, orné de huit colonnes et couronné par une demi cou- 
pole ; à droite et à gauche de l'autel, deux vieilles statues en 
bois représentent saint Benoit et sainte Scholastique, (ces 
statues échappées à la rage des révolutionnaires proviennent de 
l'ancienne abbaye d' Arcisses, commune de Brunelles) ; dans le 
sanctuaire, deux vitraux, de date récente, où Ton voit en petits 
médaillons les mystères de la vie de la sainte Vierge et de la 
divine enfance ; dans le chœur, un orgue à tuyaux, de cinq jeux, 
âgé d'un demi siècle, par conséquent étranger aux perfection- 
nements de la facture contemporaine ; dans la nef, un vitrail qui 
offre aux regards une famille reconnaissante devant la grotte 
et l'image de Notre-Dame de Lourdes. 

L'église de Margon est dédiée à Notre-Dame du Mont-Carmel 
dont la fête tombe le 16 juillet. Le jour de la fête, même en se- 
maine, a lieu, à six heures du matin, un pèlerinage des plus édi- 
fiants, organisé il y a 30 ans par feu M. l'abbé Lévêque, supé- 
rieur du petit séminaire de Nogent-le-Rotrou ; il est composé d'une 
foule déjeunes pèlerins, des enfants du séminaire, des divers pen- 
sionnats et écoles de la ville. Après la messe de communion 
célébrée par M. le supérieur, le curé de la paroisse bénit et dis- 
tribue le scapulaire du Mont-Carmel. 

Le dimanche soir, la solennité est terminée par un spectacle 
singulier qui attire dans le village de Margon une multitude 
de curieux; c'est l'autodafé solennel, ou commémoration d'un 
supplice infligé jadis à la châtelaine de ce pays, condamnée 
à être brûlée vive en punition d'un faux que l'amour fui fit 
commettre. L'histoire romanesque de la Bourbonnaise (c'est 
ainsi que le peuple la nomme) remonte, disent les chroniqueurs, 
à l'époque des croisades et depuis lors l'exécration publique 
vouée à la mémoire de cette femme se manifeste, chaque année, 
depuis six ou sept siècles, par l'embrasement d'un mannequin ou 
effigie représentant une grande dame. 

Le dessin de cette église a été pris sur photographie par 
M. l'abbé Belaue. 

PlTARD - Pour extrait. 

F. B. 



ÉGLISE DE FONTAINE-LA-GUYON 



Le site de Fontaine-la-Guyon est pittoresque. La flèche de 
l'église s'élève élégante et légère au-dessus des grands arbres et 
attire de loin le regard du voyageur ; mais, si Ton pénètre dans 
l'édifice, le charme s'évanouit. Au fond, un autel avec son rétable 
massif ; au milieu, des poutres énormes, des poteaux encom- 
brants, une voûte en bardeaux trop basse, rien pour flatter le 
regard ni fixer l'attention. 

De forme rectangulaire, l'édifice a 34 mètres de longueur sur 
9 m 65 de largeur et 6 mètres de hauteur des entrais au sol. 

Il y a quatorze fenêtres ogivales et sans meneaux ; les deux 
grandes baies à lancette du pignon oriental ont été murées pour 
y appuyer la charpente du maître-autel, trois sont garnies de 
vitraux exécutés par M. Lorin de Chartres. On y a représenté 
Notre Dame du Pilier et la Vierge Noire de Chartres avec la 
cathédrale et la sainte châsse, saint Gorgon en costume de sol- 
dat, et enfin le Sacré-Cœur. Sur ce dernier se trouvent accolés 
deux écussons : l'un au lion tenant trois épis de blé dans ses 
griffes, et l'autre chargé d'un chevron. Devise : Semper augusius 

L'entrée principale de l'église s'ouvre dans le côté ouest, pro- 
tégée par un chapiteau surbaissé, construit en 1850. Elle est en 
plein cintre, retombant de chaque côté, sur trois colonnes. Au- 
dessus une large fenêtre, fermée par une riche grisaille. Deux 
contreforts à ressauts terminés en larmiers encadrent le tout. 
Enlevez le porche informe, cet ensemble ne manquerait pas d'é- 
légance. 

L'extérieur n'est pas désagréable. Ce long corps de bâtiment, 
cette ceinture de huit contreforts à deux ou trois ressauts, les 
lignes des deux grandes fenêtres du pignon à demi-voilées sous 
le lierre, la flèche octogone, la base ajourée, ornée de huit fron- 
tons aigus entaillés par de gracieuses ogives, brisant heureuse- 
ment la longue ligne uniforme de la toiture, s'élançant légère 
comme un mat au-dessus d'un solide vaisseau ; à côté la jolie 
porte renaissance de l'ancien château, avec ses arabesques et ses 
armoiries, mystérieusement ombrée par les arbres séculaires ; 
plus loin, resplandissant dans une vive lumière, le château 
actuel, puis la forêt, le coteau ; l'œil est ravi. C'est un oasis sur 
les limites de la Beauce. 

L'église, dans son ensemble, ne parait pas beaucoup anté- 



rieure .au XlV § siècle ; les deux fenêtres aveuglées du pignon 
oriental, celles du côté nord, à lancette, sont bien de cette épo- 
que ainsi que les contreforts. L'intérieur au contraire, la voûte, 
la charpente, la flèche sont du XVI» siècle. L'église fut alors 
remise en état. La sacristie, pentagonale, avec fenêtres ogivales, 
ados&ée au côté ouest du sanctuaire, a été construite en 1784, par 
M** Renault, curé, pour 1800 livres. 

Mais elle était richement ornée avant la Révolution. « Les 
trois autels étaient décorés de colonnes torses festonnées de 
pampres avec des oiseaux qui becquetaient les grappes. L'autel 
principal, placé au milieu du sanctuaire, portait sur quatre 
colonnes un petit dôme orné de figures d'anges et tout doré. 
Draperies, tableaux, statues, peintures revêtaient les murailles. 
La voûte lambrissée offrait des cordons et une large bordure 
peinte, divisée en compartiments, dans lesquels on voyait les 
images de Jésus et de sa Mère, et plus bas un chevalier avec sa 
dame, sous forme de pèlerins à genoux et les mains jointes. Une 
inscription constatait que l'église avait été consacrée et livrée au 
culte en 1533. Un vieux lutrin, sculpté en bois de chêne, s'élevait 
sur un socle triangulaire à volutes, surmonté de trois dauphins 
soutenant sur un coussinet un aigle à deux têtes » 

La fureur révolutionnaire a tout lacéré, tout brisé, les riches 
ornements, les meubles précieux, jusqu'aux deux antiques clo- 
ches ; et le lieu de la prière, profané, devint une fabrique de 
salpêtre. 

Aujourd'hui, un lambris en chêne recouvre la base des murs 
du sanctuaire. Les trois autels, de face, placés au fond, sont 
divisés par quatre grosses colonnes avec chapiteau, entablement, 
corniche et fronton d'ordre composite. Guérineau, menuisier, les 
fit vers 1830, pour le prix modique de 1800 fr. Cette habile ouvrier, 
a été plus heureux dans le travail de la chaire avec sa rampe, 
ses bordures et ses encadrements, dans l'agencement du banc- 
d'œuvre et de son couronnement, et dans la découpure gothique 
de deux niches en bois de chêne. 

La voûte en bardeau a été récemment restaurée. On remarque 
encore une pierre tombale très effacée, et dans un cadre, une bulle 
authentique du pape Innocent X, du 15 mars 1650, accordant de 
nombreux privilèges à la confrérie de saint Gorgon. 

Le dessin de l'église a été exécuté par M. Rousseau. 

C. M. 



EGLISE DE DAMBRON 



ÉGLISE DE DAMBRON 



Cette église est vénérable par son antiquité. Elle remonterait, 
d'après quelques-uns, au XI e siècle. Les fenêtres en plein cintre, 
dernièrement restaurées, le pignon occidental avec son petit ap- 
pareil, le chœur arrondi, et tout autour, sous le toit, la longue 
rangée de corbeaux régulièrement espacés se rapprochent plutôt 
du XII* siècle. Le portail, au contraire, où Ton voit poindre 
l'ogive, avec ses colonnettes et ses voussures en ébrasement, les 
énormes contreforts très saillants, accusent davantage le 
XIII- siècle. 

La voûte est en pierres et soutenue par des nervures qui s'ap- 
puient sur des piliers aux chapiteaux ornés de figures gro- 
tesques. Aux clefs de voûte sont sculptés quatre écussons, où 
ont été gravées tout dernièrement le chiffre du Christ, les armoi- 
ries du Pape et celles de Jeanne d'Arc ; le quatrième attend 
celles du futur évêque de Chartres. 

Cet ensemble offre un agréable coup d'oeil. 

Tout en conservant son caractère antique, cette église vient 
d'être entièrement restaurée dans l'intérieur, grâce à la générosité 
inépuisable d'une insigne bienfaitrice. 

Cette restauration a porté, 1°) sur le recrépissage des murailles 
et de la voûte, d'un ton gris avec filets blancs en creux, 2°) sur 
le pavage refait en ciment, imitant les dalles, 3°) sur la régula- 
risation des sept fenêtres, mesurant chacune 1"\50 de hauteur 
sur 0",50 de largeur. 

Ces fenêtres ont été garnies, les quatre de la nef de grisailles, 
et les trois du sanctuaire de personnages, savoir le Sacré-Cœur, 
Bernadette aux pieds de Notre-Dame de Lourdes, et Jeanne 
d'Arc écoutant ses voix. Ce travail, d'une heureuse exécution, 
sort de l'atelier de M. Testeau d'Orléans. 

A l'extérieur, les murailles sont soutenues par dix énormes 
piliers à soubassement, terminés par des larmiers. Enfin, à che- 



val sur la charpente, s'élève dans les airs, un gentil petit clocher 
rectangulaire surmonté d'une flèche élégante. Une cloche fut bé- 
nite le 21 janvier 1777 et nommée Augustine-Elisabeth, par M r * 
Augustin Rocheron, chevalier, seigneur d'Amoy, etc., et par dame 
Elisabeth Jogues de Guédreville, son épouse, par les soins de 
M ra Jacques Lemoine, curé, qui, trois ans plus tôt, avait fait ré- 
tablir la croix d'Ussaulne. 

Mais partout, sunt mixta mala bonis ; le pignon, sans menacer 
ruine pour le moment, ne jouit pas d'une grande solidité, et il est 
à craindre qu'au relèvement de ce mur, on ne puisse conserver, 
faute de ressources, son antique et majestueux portail. 

Azais-, curé de Ponpry et Dambron. 



ÉGLISE DR DENONVILLE (nord) 



ÉGLISE DE DENONVILLE (SUD) 



PORTE D ENTREE DE L EGLISE DR DRNONVH.LE 



EfiLISIÎ DR DENONVII.LK .'SANCTUAIRE 



(■ 



ÉGLISE DE DENONVILLE 



L'aspect extérieur de cette église n'est point ravissant d'élé- 
gance. Le corps principal, comprenant les trois nefs, semble 
gémir sous une interminable couverture en tuiles qui, de chaque 
côté, descend l'espace de quatorze mètres pour venir se reposer 
sur des pans atteignant à peine 3» 20 de hauteur. Seule la tour, 
par sa construction élancée, hardie dans sa simplicité, paraît 
vouloir protester contre l'écrasement général. 

A l'intérieur, le coupd'œil de l'édifice est plus satisfaisant. 

Le vaisseau est formé de trois rectangles dont les deux latéraux 
ont 20 m 50 de longueur et 3 m 40 de largeur. Celui du milieu est 
large de 7 m 20, non compris l'épaisseur de chacune des arcades 
en tiers-point qui donnent communication entre cette nef et les 
deux autres, et qui reposent sur des piliers carrés de 80 e de côté. 

La longueur de la grande nef est aussi de 20 m 50; mais de plus 
elle est terminée par une abside ou hémicycle prolongé, large 
de 4 B 50 et long de 8*50. L'église, dans œuvre, a donc une lon- 
gueur totale de 29 m et une largeur de 15* 60. 

L'abside et la partie inférieure du pignon à l'ouest sont les 
seuls restes de la première construction, et leur architecture 
nous reporte àl'époque romanedu commencement du XII* siècle. 

En effet, la porte principale qui ouvre dans le pignon occi- 
dental a deux voussures concentriques. La plus grande repose 
sur'deux colonnettes rondes avec chapiteaux à faces plates,sans 
autre ornement que de simples volutes aux trois angles visibles. 
La plus petite, en retrait, présente à son extrados deux 
rangées dé chevrons brisés qui descendent jusqu'au soubasse- 
ment. L'ouverture a 2" 40 d'élévation sur l m 40 de largeur. 



10 ÉGLISE DE DENONVTLLE 

De chaque côté de l'entrée de l'abside, et aux deux points où 
commence la partie semi-circulaire, sont quatre colonnes cylin- 
driques engagées supportant des arcs ogivaux. Les chapiteaux 
n'ont que des volutes ordinaires légèrement dissemblables ; un 
seul, au lieu de volutes aux angles, a deux figures plates. 

La voûte ogivale de l'abside, d'une hauteur de 6 m 50 à la clef, 
est construite en moellon noyé dans le mortier ; elle n'a pas de 
nervures. Les voûtes des nefs sont faites de bois de sapin. La 
grande, datant du commencement du XVI siècle, est .à plein 
cintre ; celles des bas-côtés ne sont que des quarts de cercle ap- 
puyés dans leur partie supérieure contre les murailles de la 
grande nef. En 1859, elles furent toutes entièrement refaites, et 
en 1891, décorées de broderies peintes , par M. Turquin , de 
Chartres. 

Les deux pans de la grande nef, surmontés de sablières, sont 
reliés, à leur partie supérieure, par sept entraits. Ces énormes 
poutres sont ornées dans le sens de leur longueur, comme les 
sablières, de moulures variées qui réussissent assez bien à en 
faire oublier la lourde grosseur. 

En outre, les trois premiers entraits près du chœur ont, à 
chacune de leurs extrémités, une guivre gigantesque qui semble 
vouloir les dévorer entre ses dents formidables. 

Le quatrième, au lieu de ces gueules immenses, porte à un bout 
une tête de cavalier avec son casque, et une tête de cheval ; à 
l'autre bout une tête de sanglier, et la tête d'un autre animal 
qu'on ne saurait préciser. 

Il présente de plus, au milieu, au-dessous du poinçon, une 
grande feuille de vigne, accompagnée d'une belle grappe de raisin. 

Les trois autres entraits ne devant guère être vus, même par 
les personnes placées à l'entrée de l'église, n'ont aucune sculp- 
ture à leurs extrémités. Mais tous, sauf le l ,r et le 4 - , ont un 
écu, sans armoiries, placé au-dessous de l'endroit où ils reçoivent 
les poinçons. 

Les poinçons qui relient ces entraits à la voûte ont aussi, excepté 
I les deux derniers, subi un travail aussi varié qu'élégant. 

I Celui qui touche le pignon du chœur a sa surface garnie d'é- 

cailles dans sa partie supérieure. Le bas est caché par le crucifix. 

Le deuxième se voit enroulé, d'un demi-tour seulement, par 



ÉGLISE DE DENONYILLE 



11 



8 gorges alternant avec 8 lis- 
teaux montant de gauche à 
droite. Mais au milieu de la 
hauteur, ces dessins sont 
interrompus par un écu sans 
armoiries , pour reprendre 
ensuite leur élan jusqu'au 
sommet. 

Le troisième s'élève aussi 
en torsade, mais de droite à 
gauche, il est façonné de 
plusieurs rangées de grosses 
perles , imitant d'énormes 
chapelets. La hauteur en est 
également partagée par un 
écu non armorié. Mais à la 
moitié supérieure, la surface 
qui regarde le bas de l'église 
est garnie d'écaillés au lieu 
de perles. 

Le quatrième est couvert, 
jusqu'à la moitié, de baguet- 
tes en torsade montant de 
droite à gauche. Au-dessus, 
quelques rangées d'écaillés 
alternent avec d'autres des- 
._., sins pour arriver à la voûte. 

Le cinquième est bien , 
comme le deuxième, fouillé de gorges, de gauche à droite, mais 
il les a plus profondes, plus inclinées, et il les fait grimper jus- 
qu'au sommet sans interruption. 

Les deux derniers n'ont pour tout décor que la forme arrondie, 
avec quelques saillies imitant les nœuds naturels d'un arbre. 

Vers la fin du quinzième siècle, quelques années avant que 
J'on fit l'admirable charpente dont il vient d'être parlé, dut être 
ouverte la grande fenêtre occidentale avec son style flamboyant. 
On pourrait même assigner une date précise. Le contrefort qui 
soutient l'angle nord- ouest du pignon est terminé à son sommet 



12 ÉGLISE DE DENONVILLE 

par une. niche actuellement vide. Le piédestal porte cette ins- 
cription : Jehan Garson lene, et au-dessous Jehanne. Or, Tan 
1500, ce Jean Garson l'aîné était gager et proviseur et avait pour 
femme Jeanne Landry. D'où l'on peut conclure que ce pilier et 
tout le haut du pignon furent faits Tan 1500. 

L'église reconnue trop petite fut agrandie Tan 1770 par la 
construction de la nef latérale du nord. La fenêtre, à lancette 
avec trèfle, qui se trouve à l'extrémité occidentale, y a certaine- 
ment été rapportée d'un autre endroit de l'église. 

La même remarque doit être faite au sujet de la porte septen- 
trionale, au bas-côté de cette nef. Elle est à cintre surbaissé 
soutenu par deux colonnes torses. 

Les modillons épars , sur lesquels s'appuie la saillie de la 
couverture actuelle, doivent également provenir du haut de l'an- 
cienne grande nef. 

A l'extrémité orientale de ce bas-côté se trouve la chapelle 
seigneuriale, petit monument construit en hors d'oeuvre, le long 
du chevet de l'église. On peut remarquer, au-dessus de l'autel, 
une Vierge-mère en statue de demi-bosse, de marbre blanc sur 
fond de marbre noir. La clef de voûte en pierre porte les armes 
peintes de la famille de Brisay (£ fascesdont 4 de gueules) accostées 
du millésime 1722. Cette date est celle de l'agrandissement et de 
la restauration de la chapelle ; elle n'était auparavant qu'un 
simple oratoire au-dessus du caveau de sépulture. La première 
construction date de 1559 par suite des dispositions testamen- 
taires de Jacques de Hémard, seigneur de Denonville. 

La grande ouverture qui lui donne communication avec le 
chœur de l'église fut faite vers 1718. 

Le caveau, profané en 1793, renferme maintenant le cœur de 
M. Ange-René de Brisay ; les restes de M m * de Vernon, sa 
veuve ; de M lli Albertine de Guermantes ; de Louis-René, mar- 
quis de Brisay; de Jean-Baptiste, marquis de Tholozan, et de sa 
veuve Eulalie de Brisay. 

La nef latérale du sud fut construite en 1778. Mais, avant de 
bâtir, il avait été nécessaire de démolir une sacristie, qui n'avait 
que 60 ans d'existence et qui fut rebâtie le long du nouveau 
pan méridional. 

Cette nef est terminée à l'ouest par le clocher. C'est une tour 



ÉGLISE DE DENONV1LLE 13 

carrée, large de 4 mètres à l'intérieur, haute de 23 mètres, en ma- 
çonnerie. Le toit couvert d'ardoises a 9 m 50 d'élévation, ce qui 
donne au clocher une hauteur totale de 32 m 50, non compris la 
tige de fer qui porte le coq traditionnel, ni la croix, également de 
fer, dop>la hauteur est de plus de 3 mètres. 

Les angles de la tour sont soutenus par quatre contreforts qui 
montent jusqu'à l'entablement. 

Adossée au contrefort sud-est, et à mi-partie du mur méridional, 
s'élève une tourelle octogonale dont la maçonnerie atteint le ni- 
veau de celle delà tour, et dont le toit en pyramide,également oc- 
togonal, a seulement une hauteur de 6 mètres ; elle renferme l'es- 
calier avis de 90 marches, avec accès aux deux voûtes delà tour. 

La construction de ce clocher était terminée en 1528 et le mar- 
ché fait avec l'ouvrier par les gaigiers pour la charpente date du 
14 mars 1529; le prix de tout ce travail était fixé à sept vingt- 
quinze (155) livres. Cette charpente fut refaite en 1824. 

Deux voûtes séparent la hauteur intérieure de cette tour. La 
clef de la voûte supérieure porte un écusson armorié. Celle de la 
voûte inférieure, formée d'un grand cercle de pierres, d'environ 
1"50 de diamètre, présente au sommet de chacun des quatre ar- 
ceaux un écusson avec des armes. Mais comme ces armes sont 
un peu mutilées, il es{ difficile de les lire avec certitude. Les unes 
avec trois ou quatre fasces jumelles, ou peut-être six burelles 
sont, sans doute, de Hémard ou de Brisay. Les autres semblent 
mi-partie de Brisay, et mi-partie d'Orléans-Longueville. 

La cloche a 1 BI 28 de diamètre; elle donne la note ré et doit 
peser environ 1150 kil. Elle fut « nommée Claude par dame Claude 
de Mauny, dame de Denon ville et de Saint- Aignan », entre les 
années 1550 et 1558. Il y en avait une autre, faite en 1608, qui fut 
brisée à l'époque de la Révolution. 

La tour, à la hauteur de son dernier étage, est percée vers 
chacun des quatre points cardinaux de deux fenêtres géminées. 
Il faut en excepter le sud dont une des deux ouvertures était 
impossible à cause de la tourelle. 

L'étage au-dessus de la première voûte ne reçoit de lumière 
que par une fenêtre au couchant. A environ 3 mètres du sol, la 
tour avait, pour l'éclairer à l'intérieur de l'église, une fenêtre à 
l'ouest et une autre à Test. Celle-ci n'existe plus par suite de la 



14 ÉGLISE DE DENONVILLE 

construction du bas côté. Le reste de l'église a douze fenêtres : 
trois dans l'abside, dont l'une presque carrée, en briques, date 
de 1718 ou environ, une au-dessus de la grande porte d'entrée, 
trois dans la nef latérale sud, quatre dans la nef latérale nord, 
enfin une dans la chapelle seigneuriale. 

Toutes ces fenêtres, sauf deux, sont en verre blanc monté sur 
plomb, avec quelques croix ou étoiles en verre de couleur semées 
çà et là, le tout entouré d'une bordure de verre de couleur. 

Le vitrail de la chapelle seigneuriale représente un évéque, 
saint René : c'est le prénom héréditaire des aînés de la famille 
de Brisay, depuis 1637, époque où, abandonnant le protestan- 
tisme, elle est renée à la foi catholique. 

La fenêtre du fond de l'abside, murée pendant longtemps, fut 
dégagée en 1875. Le vitrail, fait par M; Moulin, peintre verrier 
à Dreux, d'après les dessins de M. Paul Durand, artiste décora- 
teur à Chartres, fut donné par M. de Morain ville. 

Il représente Jésus assis et enseignant. Sur le livre qu'il tient 
de la main gauche, est écrite cette maxime de l'Evangile : DUcile 

a me quia mitis s uni et humilis corde La main droite, élevée à 

la hauteur de la poitrine et tournée la paume vers le peuple, 
semble réclamer l'attention. 

Les bras du fauteuil sont décorés, en avant, de deux têtes avec 
ces inscriptions en guise de couronnes : Mûericordia — Veritas^ 
devise de M« r Regnault dont l'artiste a voulu perpétuer la 
mémoire. 

Toutes les peintures qui décorent le chœur furent exécutées 
en 1879, sous la direction de M. Paul Durand, par M. Albert 
Antoine, peintre à Chartres. 

Elles sont toutes symboliques. A l'autel, elles parlent, ici des 
trois principaux mystères de la foi, là delà sainte Eucharistie. A 
côté, sur les murailles, sont indiqués les sacrements, la prière, 
les qualités et les gloires des justes. 

La draperie, qui forme le bas, est semée de croix de différentes 
formes, au-dessus une galerie romane ornée dans les baies, de 
palmiers, de cèdres et de lampes ardentes ; puis des assises de 
pierres avec une croix au milieu de chacune ; un bandeau, avec 
une triple rangée de rosaces, ménage la transition avec la voûte 
où resplendit au milieu des étoiles une croix adorée par des anges. 



ÉGLISE DE DEN0NV1LLE 15 

• 

Enfin sur le grand arc qui limite cette voûte on lit cette maxime : 
•j- Quiconque invoquera le nom de Dieu, sera sauvé. + 

Le maître-autel en pierre, de style roman, fait par M. Bou- 
themard, entrepreneur des restaurations de la Cathédrale , à 
Chartres, d'après les dessins de M. Paul Durand, fut placé en 
janvier 1876, et payé 2,000 fr. en grande partie par la générosité 
de la famille châtelaine de Denonville, et, pour le reste, par les 
offrandes volontaires des habitants. Le devant du tombeau 
finement sculpté, présente comme un délicat réseau de dentelle 
semé de nombreux fleurons. Au milieu de ceux-ci, sont espacées 
trois croix grecques, refouillées dans la pierre, et entourées de 
rosaces. Le tabernacle rappelle par sa forme l'ancienne église 
du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. 

L autel de la sainte Vierge et les deux petits placés de chaque 
côté de l'entrée du chœur, tous trois de Tordre corinthien, furent 
faits à Denon ville, ainsi que les bancs, la chaire et le banc 
d'œuvre en 1782. 

Les deux statues en terre cuite des deux patrons S 1 Léger et 
et S 1 Etienne, remplacèrent en 1879 d'autres statues en buis qui 
tombaient de vétusté. La statue de S 1 Joseph fut achetée en 1863, 
celle du Sacré-Cœur en 4877. Celles de la S te Vierge et de 
S» Eutrope viennent de l'église de Morainville maintenant 
détruite. Celles de S 1 Sébastien et de S u Barbe datent d'avant 
la Révolution, ainsi que celles de Notre-Dame-de-Pitié , de 
S 10 Madeleine et de S 1 Jean qui accompagnent le crucifix au-dessus 
de l'entrée du chœur. 

De la litre seigneuriale, on a pu conserver à peu près intactes, 

près de la chapelle, les armes de Brisay, avec la couronne de 

comte, et les aigles qui servent de soutiens à l'écusson. Cette 

église eut pour fondateurs les ancêtres de M m * la baronne 

de Lareinty, propriétaire actuelle du château de Denon ville. 

Celui-ci n'a pas changé de famille depuis au moins l'an 1000. 

M. Rousseau a exécuté les dessins de l'église. 

Hermeline, curé de Deno avilie. 



Kgi.lse du Joi:y [EflMeiir] 



ÉGLISE DE JOUY (INTÉRIEUR) 



L'intérieur de l'église de Jouy, de 10 mètres sur 29 m. 35, se 
termine par un rond-point en retrait de chaque côté de 0,30. La 
hauteur sous lambris est de 14 mètres. Jusqu'en 1854. les fenêtres 
furent en^auvais état. M. Chesneau alors curé se fit représen- 
ter dans celle de l'abside et fit mettre des grisailles dans les deux 
autres. Mais ayant bientôt jugé que son portrait figurait mal à 
cet endroit, il légua 450 fr. pour qu'il soit remplacé par limage 
du Sacré-Cœur. Ce qui fut fait en 1861 par M. Dubois, éditeur 
d'images à Chartres et peintre verrier à Précigné (Sarthe). Les 
douze autres fenêtres sont garnies de verre blanc avec bordure 
de couleurs variées. Nous ne connaissons pas le màitre-autel qui 
était à l'église au commencement de ce siècle, mais nous venons 
de voir dans les combles de la sacristie les débris de celui que 
M. Guittard, fils, menuisier à Chartres, s'obligeait de fournir en 
bois de chêne, pour 950 fr' . Cet autel a été peint et doré par Baul- 
lac de Chartres en 1817. Il fut orné en 1822 d'un grand tableau 
de l'Assomption qu'on paya 150 fr. au sieur Perrineau, peintre à 
Chàteaudun et dont sans doute le pinceau avait décoré cette toile 
aujourd'hui conservée au banc d'œuvre des marguilliers. Le 
maître-autel actuel, destiné primitivement à la chapelle de la 
communion de la cathédrale, a été acheté en 1876 de M. Bouthe- 
mard. Il est en pierre de Lavoux et de Chauvigny. La table est 
soutenue par quatre colonnes détachées : les bas-reliefs du sou- 
bassement, les gradins, le rétable, le tabernacle sont richement 
décorés de raisins et d'épis de blé. Le ciborium a été ajouté en 
1879 et son dôme un peu lourd jure avec la légèreté gothique de 
l'ensemble. Deux anges supportés par des colonnes sont en ado- 
ration de chaque côté. Ce travail n'a pas coûté moins de 5000 fr. 
Le sanctuaire reçut des modifications variées selon les goûts 
du jour. En 1810, Moufle-Jumentier de Chartres le peignit en 
c petit gris m ; dans le courant de Tannée 1843 une boiserie fut 
faite v pour parer à la grande humidité » ; en 1863 on fit « repi- 
quer et recrépir » les murailles du sanctuaire et du chœur ; l'en* 
duit fut renouvelé en 1876 et enfin en 1883, M» Turquin de Char- 
tres exécuta la décoration actuelle qui mériterait d'être signalée 
si l'humidité ne la détériorait quotidiennement. En soubassement 
a été peinte une colonnade romane formant galerie sur un fond 
de tenture, et entre chaque cintre des épis alternent avec des 
grappes de raisin. On lit l'inscription suivante : Quid Domini 
bon u m est et quid pulchrum ejus nisi fruhienlum electorum et vinum 
fjerminans virgines. Au-dessus circule un riche bandeau avec 

1 Guittard fit 1 autel de Chartainvilliers en 1821. 



entrelacs fleuris et le reste jusqu'à la voûte imite des pierres de 
taille dont le centre est orné d'une croix dorée, accostée de part 
et d'autre d'une fleur de lis rouge. Six statues de saints sont 
posées sur des encorbellements en pierre : quatre achetées en 
1843 représentent les patrons de la paroisse : saint Cyr et sainte 
Julitte, saint Vincent, saint Georges, et saint Maur. v Les deux 
autres, saint Pierre et saint Paul, sont de 1880 En 1573 Jean 
Lochon, prêtre, fait un legs en faveur de la chapelle de saint 
Georges qui n'était peut-être qu'un autel. (Arch. Dép. G. 4054). 
Le pavage a été remanié plusieurs fois. En 1844, le conseil de 
fabrique « considérant l'humidité de l'église » fit enlever la terre 
pour la remplacer par des cailloux. Une souscription de 200 fr. 
paya un tiers de la dépense. Le chœur fut repavé en 1865 et en 
1880 de grandes dalles furent posées dans le sanctuaire. La table 
de communion en fer et fonte date de 1882. Par contrat de 1806, 
devant Jean Gautier notaire à Soulaires, Jacques Lecomte de 
Jouy s'engage à faire quatorze bancs. En 1858, le conseil pré- 
tendit les remplacer par d'autres a plus commodes» et l'année 
d'après il reçut les travaux des menuisiers « Chefdhôtel et 
Hoyau « pour 1674 francs. Les stalles furent faites en 1865 pour 
1400 francs. A l'entrée du chœur il y avait jadis une porte 
triomphale. En 1809, un ouvrier refit le « sïntre » de cette porte 
pour y placer un o criste » acheté à Epernon, et l'année suivante 
ce t saintre » fut peint à la colle en différentes couleurs. La voûte 
en bardeau semble très ancienne. Elle remonte peut-être à l'in- 
cendie de l'église par les huguenots. Elle est soutenue par sept 
tirants avec leurs poinçons, sans ornementation. Plusieurs fois 
réparée, notamment en 1810 et 1842, elle a été peinte en 1884 et 
ornée d'un semis d'étoiles. La chaire est un vrai monument 
qu'on trouve généralement déplacé pour une église de campagne. 
Construite en pierres blanches finement sculptées dans le goût 
du XIV siècle, elle se compose de deux escaliers aboutissant à 
une tribune peu saillante, supportée par un pilier à double cha- 
piteau très orné. Comme toutes les chaires du moyen-âge, elle 
n'a pas d'abat-voix. Elle n'est cependant pas achevée. D'après 
le projet de 1886, quatre colonnes devaient accompagner les 
escaliers et supporter les statues des quatre évangélistes. Et 
l'image de Notre-Seigneur enseignant devait dominer le prédi- 
cateur. Elle a déjà coûté 4,200 francs. Une chapelle dédié à 
N.-D. du Rosaire est mentionnée dans un testament de 1539. 
(G. 4054). La chapelle sous le clocher est voûtée et les arcs dou- 
bleaux retombent sur de simples culs de-lampe. L'autel en 
pierre, dû au ciseau de M. Alban de Chartres, fut construit en 
plusieurs fois, de 1868 à 1873, et revient à 4410 francs avec les 
statuts de la Sainte Vierge, de Saint Joseph et de Sainte Anne. 

Haye E. 

Cure de Jouy. 



ÉGLISE DE JOUY (extérieur) 

L'église de Jouy par sa solide et élégante construction rappelle 
la foi, l'aisance et la générosité des habitants de la paroisse. Le 
sanctuaire en abside est éclairé par cinq fenêtres romanes du 
XII* siècle. Elles sont déjà plus grandes que celles du siècle 
précédent, mais elles sont encore en roussards ou'grisons. Entre 
chacune d'elles est un contrefort également en roussards et 
cailloux, peu saillant, sans retrait. L'entablement du rond-pont 
à été refait au XIII e siècle. Le chœur et la nef sont aussi de 
cette époque. Ils sont dûs peut-être à la munificence de l'illustre 
évêque de Chartres, Mathieu Deschamps (1259), fils de Gautier, 
de Jouy'. Les fenêtres sont de la même dimension et de la même 
forme que celles de l'abside ; les contreforts n'ont pas plus de 
saillie que les précédents, mais les contreforts et les fenêtres au 
lieu d'être en roussards sont en belles pierres de taille. Il y a 
ainsi pour le chœur et la nef cinq fenêtres du] côté nord et 
cinq contreforts. Il y en avait sans doute autant au sud. Main- 
tenant de ce côté la première auprès du sanctuaire est aveu- 
glée et à moitié cachée, les deux suivantes ont disparu dans 
l'arcade ogivale entre l'église et la chapelle, sous la tour. Il ne 
reste plus que la quatrième et la cinquième, au bas de la nef. Le 
pignon appuyé -par quatre contreforts semblables à ceux des 
cotés est percé de trois fenêtres romanes. L'église formait donc 
primitivement un parfait parallélogramme et était des mieux 
éclairée par dix-huit fenêtres à plein-cintre. La porte d'entrée 
est delà même époque. On y remarque le même appareil et la 
même pierre. Elle est cependant en ogive et comprend trois 
archivoltes supportées par trois colonnettes dont les deux pre- 
mières sont ornées de chapiteaux à feuillage varié Sur le tout 
règne une bordure à dents de scie. Un porche informe, renou- 
velé en 1812, a été enlevé en 1885 et remplacé à l'intérieur par un 
tambour qui, en quelque sorte, rend le même service. Une autre 
porte placée au midi est à cintre surbaissé. Elle a été murée en 
1846 quand, pour agrandir la sacristie, on supprima un couloir 
entre celle-ci et l'église. La clochette qu'on voit sur le faîte du 
toit sert de timbre à l'horloge dont le mécanisme est dans la tour 
et le cadran sur le pignon. La tour carrée est accolée au monu- 

' Cartul. N. D. III. 5. 



i 



ment du côté sud. La base est une chapelle. Il est probable qu'on 
voulait en faire la tête d'un bas-côté qui se serait poursuivi 
parallèlement à la grande nef. La muraille sous l'arc-doubleau 
qui soutient la voûte n'est pas liée avec le reste de l'édifice, d'où 
l'on peut supposer qu'elle n'a été placée provisoirement que pour 
clore vers la sacristie ce bas-côté inachevé. Cette tour est de la 
fin du XV* siècle ou du commencement du XVI* comme le prou- 
vent l'ogive des arcs-doubleaux, la grande fenêtre gothique, dont 
les meneaux ont été refaits en 1866, et l'énorme contrefort de 
l'angle sud-ouest. La fenêtre à plein-cintre aujourd'hui aveuglée 
derrière l'autel de la Vierge ne suffit pas pour nous faire reculer 
la date de cette construction, car il n'est pas rare au XVI* siècle 
de voir le gothique s'unir au roman et l'ogive au plein-cintre. 
Par un acte passé en 1535 devant Mathieu Bérault, tabellion à 
Epernon, les gagers de Jouy achètent du bois en la forêt de Ram- 
bouillet « pour construire et édiffier ung bout de l'églize dudit 
Jouy qui est jà encommencé. » (Arch. dép. E. n° 2635). Ce bout 
de l'église n'est pas l'édifice principal qui est bien antérieur, mais 
sans doute cette chapelle et cette nouvelle nef. Une tourelle 
hexagonale renferme l'escalier; un piédestal avec moulure en 
pierres taillées sert d'assises à tout l'édifice, à la hauteur de la 
voûte un cordon de pierres forme larmier, et si l'imagination 
peut se figurer une flèche élégante et . svelte que le malheur des 
temps aurait détruite, il faut avouer que le clocher avec sa base 
et son toit iquadrangulaires couvre aujourd'hui sans grâce cette 
massive construction. Mais l'honneur de l'architecte est sauf. Le 
plus ancien de nos registres permet de supposer que la tour 
n'est pas restée inachevée et de croire que les huguenots qui 
incendièrent plus de cinquante églises aux environs de Chartres 
l'ont découronnée. On y lit : Ecclesia, per duellum hereticorum 
suh duce Condeto, comhusla fuit an no fô88. » L'église fut brûlée 
mais les murailles ne furent pas détruites. Une pièce de la char- 
pente auprès de la cloche rappelle : « G.,Dhuit — lievten — ant 
de — Jouy - natif — de cette — paroisse — 1737. » 

La cloche cassée le 15 août 1811, refondue le 20 septembre, fut 
bénite le 29 du même mois et eût pour parrain Armand-Pierre- 
Auguste Lenoir-de-Jouy et pour marraine Françoise-Marie- 
Charlotte Bailly-Grandet de la]Villette. Elle fut descendue et 
remontée par une ouverture faite dans la voûte de la chapelle. 

Haye E. 
Curé de Jouy. 



EGLISE DE MONTAINVILLE 



Rien dans la forme extérieure de cette église n'est fait pour 
plaire à l'œil et flatter les goûts artistiques du touriste. On dirait 
presque une de ces longues granges beauceronnes, flanquées d'un 
pigeonnier carré. Et ce qui accentue encore cette impression pre- 
mière désagréable c'est que, pour accéder à cette tour, il n'y a, 
comme dans les fermes, qu'une longue échelle de fer scellée dans 
la muraille. De plus cette tour massive avec sa couverture en 
batière à peine ajourée par quelques baies étroites, s'appuie à une 
muraille, entièrement aveuglée sans la moindre fenêtre. 

Heureusement l'autre côté est percé de cinq ouvertures assez 
élégantes, du même style ogival et de mêmes dimensions. 

Le clocher primitivement était placé à cheval sur le pignon 
ouest de l'église ; mais dans la nuit du 12 au 13 décembre 1618, 
l'église par l'imprudence d'un ouvrier, devint la proie des flammes. 
Le clocher, complètement détruit, ne fut pas relevé, mais en 1649 
on construisit la tour et le bas-côté gauche. 

Le corps de l'église peut remonter au XIII siècle, la porte 
d'entrée à gauche encore à plein cintre, les fenêtres gothiques à 
simple lancette, nous le font croire. L'église a 27 m. de longueur, 
6 m. 50 de largeur, 8 m. de hauteur, plus la toiture de 4 m. 50 ; 
la tour environ de 17 mètres. 

L'intérieur de l'église a été entièrement transformé en 1864. 
La toiture fut enlevée, les murs exhaussés de 1 m. 30, les anciens 
lambris firent place à une voûte en briques, élégante, de forme 
gothique, simple et régulière dans ses proportions. 

L'autel remonte à 1789, cependant deux belles statues de sainte 
Anne et saint Damien semblent antérieures. Le retable est fine- 
ment sculpté, avec un élégant fronton supporté par des colonnes 
d'ordre corinthien. En 1874 la fabrique le fit nettoyer et repeindre. 
La statue du Sacré-Cœur date de cette époque. Pour lui donner 
un trône plus digne, on a réouvert une ancienne fenêtre, qui fut 
garnie de riches mosaïques. Les trois fenêtres qui éclairent le 
chevet et dominent ce retable, furent ouvertes à cette même 
époque et munies de grisailles. 

Signalons les anciens bienfaiteurs : 

En 1671, Claude Mathieu, femme de Christin Grauvelle, lieute- 
nant de la Vénerie du roi, seigneur de Reverseau, donna 100 
livres « pour ayder à faire un hostel de menuizerie à la chapelle 
de Nostre-Dame de l'église de Mon tain ville » . En 1679, 19 sep- 



tembre, Philippe Gravelle, sieur de Reverseau donne 100 livres. 
En 1683, Charles de Chambon, seigneur de Rigny, 600 livres. 
César Vaillant de Mihandouin, chancelier de l'église Notre-Dame 
de Chartres, 300 livres, pour être employées aux réparations du 
chœur et cancel (5 octobre 1705). Martin de Gravelle, de Rever- 
seaux, aumônier du roy, abbé commenditaire des abbayes de 
Notre-Dame de Lignes et de Saint-Léonard-de-Chaumes, la 
somme de 1000 livres 1 (8 septembre 1784). 

Trois écussons, récemment rétablis à leur place primitive sont 
encastrés dans les piliers de la tour ; sur l'un sont gravés trois 
oiseaux aux crêtes allongées et au-dessus un lambel à trois pen- 
dants ; le second a un chef effacé, il est parti au 1 er des trois 
oiseaux du précédent écusson, au 2° à trois lézards, le chef orné 
de six roses ; enfin le 3' porte un griffon ailé. Seul le premier est 
surmonté d'un casque grillé avec un oiseau pour cimier. On 
attribue ces armoiries à la famille de Reverseau qui, plus que 
tout autre, a contribué à construire le clocher. 

D'autres, écussons existaient encore, mais le 4 novembre 1796, 
la municipalité adjugea 32 livres au citoyen Lhoste pour « avoir 
à descendre une des cloches et briser, détruire dans l'église et 
autour de l'église, toutes les fleurs de lis et autres armoiries qui 
peuvent s'y trouver. Aujourd'hui le clocher ne contient plus que 
la petite cloche de 1699, nommée Louise, par Jacques Pollart et 
Louise de Hallot. 

En 1802, madame la maréchale de Gouvion-St-Cyr achetait à 
Madrid un tableau de grandes dimensions représentant saint 
Augustin méditant sur la Trinité. Elle le paya la somme alors 
considérable, de 5000 livres ; le donna, vers 1820, à l'église. Ce 
tableau était réputé un chef-d'œuvre, mais une réparation mala- 
droite faite en 1874, son mauvais état et l'emplacement obscur 
qu'il occupe, semblent lui enlever toute valeur. 

Les registres contiennent encore la mention d'un autre bien- 
faiteur. En 1782, « la contretable des fonds baptismaux fut 
donnée à l'église par M, de Goillon de Maisonfort, seigneur de 
Meigneville, lorsqu'il a détruit la chapelle de sainte Barbe, et au 
lieu du tableau de cette sainte, il a donné celui du baptême de 
N.-S. comme plus analogue à la décoration des fonds. 
Le dessin de l'église a été fait par M. l'abbé Belaue. 

D'après les noies de M. Aiylefwuur, curé de Monlninville. 



Archives départementales d'Eure-et-Loir, G. 5,279. 



> y 



ÉGLISE DE BÈVILLE-LE-COMTE 



L'église de Béville paraît remonter au XII e siècle. Elle avait 
alors la forme d'une croix latine et ne comprenait que le chœur, 
la nef et deux chapelles formant transept. A une époque que Ton 
ne peut préciser, assez probablement pendant les guerres du 
XV e siècle, elle fut incendiée. L'arcade en plein cintre, formant 
l'entrée du transept de gauche, tomba. Il n'a jamais été relevé. 
Les pierres furent employées dans la reconstruction partielle de 
la nef qui avait particulièrement souffert . On rapporta sur ces 
murs dénudés une charpente d'occasion, et, au lieu de reconstruire 
le côté sud, on agrandit l'église en y ajoutant une nef latérale 
plus large que la principale, mais un peu moins longue. Cette 
seconde nef est formée de trois chapelles successives, s'ouvrant 
sur la nef et le chœur par des arcades ogivales dans le style de la 
fin du XV» siècle, et soutenuedans la nef par deux piliers ronds 
sans caractère, dans le chœur par des piliers carrés taillés dans 
la muraille. En même temps on voûta en pierre le chœur, le sanc- 
tuaire et la partie du bas-côté formant la chapelle de la sainte 
Vierge. Ces voûtes en ogive surbaissée sont correctes mais un peu 
trop basses. Les arcs-doubleaux en amande de celles du chœur 
et du sanctuaire sont remarqués cependant par les archéologues, 
et les colonnettes sur lesquelles ils retombent sont assez élégan- 
tes. L'arc triomphal séparant la chapelle de la Vierge du reste 
du bas-côté, est mal construit et d'un mauvais effet. 

Sur le comble, à l'entrée et dans l'axe du chœur, dont la toi- 
ture est plus élevée que celle des nefs, on avait édifié un minuscule 
clocher, en charpente, revêtu de planches et couvert d'ardoises. 
Grâce à la générosité de M. le marquis de Pomereu, ce disgra- 
cieux édicule a fait place, vers 1882, à la flèche élégante et hardie 
que Ton admire aujourd'hui. L'élan était donné. Le riche châte- 
lain de Baronville fit placer une belle tribune à l'intérieur. En 
1886, les pignons des chapelles du bas-côté fléchirent, deux furent 
reconstruits, et sur la nef latérale fut établie une voûte plate en 
briques d'un effet déplorable. 

La grande nef, voûtée en bardeaux, a 20 mètres de long jusqu'au 
chœur ; celui-ci a 12 mètres y compris le sanctuaire, longueur 
totale, 32 mètres sur une largeur moyenne de 6 m 80. 

La nef latérale a 20, 50 de longueur totale sur 7, 30 de largeur. 
La chapelle, reste de l'ancien transept, voûtée en plâtre, a 5,85 de 
largeur sur une profondeur de 6, 85. A cet endroit l'édifice a 



20 m. 80 de largeur. Les fenêtres du chœur, au nombre de 4 seule- 
ment, sont longues, étroites, en plein cintre avec légère tendance 
à l'ogive. Derrière le maître-autel il y en a trois accolées et bou- 
chées en maçonnerie que l'on espère ouvrir un jour. La nef prin- 
cipale n'a qu'une fenêtre en plein cintre : quatre verrières sans 
meneaux éclairent la nef latérale. 

Signalons encore, outre la tribune du château, l'élégante chaire 
gothique due au ciseau de M. Malenfant, de Charonville ; la 
porte d'entrée romane dont la voussure se compose de deux 
archivoltes concentriques à colonnettes arrondies, et, au-dessus 
d'une arête en relief très ornée dans le style du XII e siècle, et 
enfin, reléguée à l'extérieur, une antique cuve baptismale avec des 
figures primitives aux angles et sur le devant un écusson chargé 
de trois losanges : 2, 1 . 

Dernièrement, en creusant les fondations d'une nouvelle 
sacristie, à l'angle du transept nord, on a découvert une base de 
pilier en maçonnerie très dure, et de nombreux décombres, et 
derrière le confessionnal, recouverte par l'enduit, une inscription 
d'une lecture difficile, incomplète, à "moitié effacée et sans intérêt. 

Sous le dallage du chœur se trouve un caveau renfermant les 
corps de plusieurs membres de la famille Lattaignant de Bain- 
ville, anciens seigneurs du pays. 

Au dehors, le vieux cimetière a disparu. Il formait jadis une 
sorte de citadelle, dominant la rue et le vallon voisin. Soutenu 
par un mur d'enceinte, et flanqué de deux grosses tours, on lui 
donnait le nom de Fort. Comme bien d'autres, dans la Beauce 
l'église a certainement été fortifiée. 

L'enlèvement des terres a mis au jour un souterrain se diri- 
geant de l'ouest à l'est, passant sous la chapelle de sainte Ju- 
lienne. Les habitants affirment qu'il en existe deux autres: l'un 
longeant les murs de la ferme de la Bretonnerie. l'autre traver- 
sant la nef de l'église pour aboutir à la ferme du Porteaut. 

Nous avons reconnu les mêmes particularités à Santëuil, et 
ailleurs. 

Perrier. 









i 



ÉGLISE DE GASVILLE 



Gasville remonte à peine au XII* siècle. Son église est un 
édifice régulier mais sans art. C'est un long parallélogramme, 
terminé par une abside semi-circulaire, soutenu, à espaces égaux, 
par 15 contreforts en pierres de taille avec un soubassement et 
un léger retrait. A gauche un appendice 1 de forme carrée, lourd 
et sans grâce, s'attache au mur et sert de beffroy. Un cordon en 
pierres taillées, avec moulure en dessous, en forme de larmier, 
le sépare en deux étages ; un toit en bàtière le recouvre ; deux 
contreforts plus soignés en soutiennent les angles, et dans l'un 
d'eux, plus massif, un système ingénieux a ménagé un escalier 
en pierres. 

Un vieillard nous a dit qu'un bon vieux curé, honteux de ce 
minuscule campanile, avait formé le projet de l'exhausser de 
plusieurs mètres, de le couronner de créneaux gothiques et d'en 
faire ainsi comme la garde avancée des merveilleuses tours de 
Notre-Dame de Chartres, qui au loin semblent atteindre et 
percer la voûte du ciel. 

Ne serait-ce pas d'ailleurs une simple restitution ? Cette église 
en effet est de construction récente. Ses contreforts, ses fenêtres, 
la date de 1547 inscrite sur un bénitier en pierre (actuellement 
conservé dans le jardin du presbytère) et sur une planche de 
l'ancienne voûte, ne laissent aucun doute à cet égard. L'une des 
poutres du clocher porte encore très visibles plusieurs traces de 
feu, et quelques pierres encastrées dans l'embrasure des fenêtres 
seraient effritées par la violence de la flamme. Détruite ou incen- 
diée, l'église à été reconstruite à cette époque. 

L'intérieur du temple console du peu d'élégance du dehors. 

On y pénètre par une porte à voussure surbaissée ornée de 
moulures gothiques, au-dessus de laquelle on distingue la ligne 
noire de la litre seigneuriale, honteusemement cachée sous un 
informe chapiteau. Sous cet indigne abri gît une pierre tumulaire 
en marbre d'une seigneur de Gasville avec la date de 1709. 

Le voyageur pénètre à la hâte dans Péglise propre et parfaite- 
ment ornée, et pieusement s'agenouille en reconnaissant le 
temple de Dieu. 

Une vieille tradition raconte que la cathédrale de Chartres 
payait chaque année une tête de loup, à l'église de Gasville ; de 
là sans doute la propreté minutieuse quand on y admire aujour- 
d'hui. 

Longue de 28 mètres, large de 7 mètres 50 et haute de 14 m., 
elle est éclairée par 11 fenêtres simples, de forme ogivale, dont 
six sont garnies de vitraux à personnages, sortis des ateliers de 
M:Lorm,deChartreset payés par de pieux bienfaiteurs; Ceux -iïu 



fond, faits en 1890, représentent saint Pierre, saint Paul et saint 
Joseph, puis saint Liguori, sainte Marie-Madeleine et saint Gré- 
goire, patron de la paroisse, 1895. 

• Tout le chœur de l'église est garni de belles boiseries gothiques 
artistetnent sculptées par M. Cissey, de Saint- André (Eure), vers 
1890. Les fines ciselures, les ogives aiguës, les clochetons ajourés 
s'élèvent avec harmonie depuis les stalles du chœur, les élégantes 
cathèdres des prêtres officiants, les reliquaires, les niches à 
flèches élancées de saint Grégoire et de saint Jean-Baptiste, 
jusqu'au dôme qui recouvre de son clocheton aérien la statue du 
Sacré-Cœur de Jésus. Peut-être l'effet serait-il plus agréable si 
ce dôme et toute la galerie sur laquelle il s'appuie, détachés du 
tabernacle, s'adossaient au mur de l'abside, laissant pénétrer 
plus abondante la lumière des deux fenêtres du fond à moitié 
aveuglées. 

L'autel mérite une attention spéciale. Le tombeau sous ses 
arcades légères abrite les statues de Notre-Seigneur et des douze 
apôtres, le rétable présente les figurines symboliques de la Foi, 
de l'Espérance et de la Charité, puis de la Force, de la Justice et 
de la Bienfaisance. Cet ensemble est digne de toutes les louanges. 

Sous le clocher, on a ménagé une chapelle de la sainte Vierge, 
voûtée en maçonnerie avec arêtes en pierres taillées. (5 mètres 
sur 6), éclairée par une seule fenêtre avec un vitrail de l'Annon- 
ciation. Deux autres fenêtres, murées, réclament impérieusement 
à être ouvertes, pour donner à ce petit sanctuaire la lumière et 
la régularité qui lui font défaut. 

Cette chapelle est ornée d'un autel et de boiseries sculptées 
comme celles décrites plus haut. Outre la statue de la sainte 
Vierge au-dessus du tabernacle, on y vénère aussi celles de N.-D. 
de Lourdes, de saint Joseph et de sainte Philomène. 

On y voyait encore il y a quelques années^ des peintures 
murales représentant la création d'Adam et d'Eve, la fuite en 
Egypte, la consécration de la paroisse. On les a effacées vers 1871 
pour placer les boiseries modernes. Une autre peinture occupe 
en entier le pignon nord, au-dessus de la porte d'entrée. C'est le 
jugement dernier. D'un côté les justes, de l'autre les damnés 
précipités dans les flammes de l'enfer par d'effroyables démons. 
Ces peintures furent exécutées gratuitement par M. Marcille, 
peintre non sans mérite, propriétaire à Gasville, sous la direction 
de M. Popot, curé. Elles rivalisent avec les vieilles peintures 
murales du moyen-âge, la danse macabre de Meslay-le-Grenet, 
etc. et atteignent le même but. Malheureusement pour les exécuter 
il a fallu murer une grande fenêtre qui ajourait cet énorme pignon. 

La voûte en bardeau, soutenue par neuf entraits et leurs 
aiguilles, est de forme ogivale, parfaitement régulière, refaite 
entièrement à neuf, en 1895, par M. Bonnelle de Châteauneuf,pour 
4.000 francs. Elle remplace une voûte placée en 1749 d'après l'ins- 
cription gravée sur un des entraits : « P ri DEMARAIS CVRÊ, 



1749, T-GADE, L" DIMPAV, ES»» HO Y AU, LES GAGÉ. 
I. B. CH. (Jean Bidault charpentier). La date de 1547 qu'on lisait 
sur une planche au-dessus du sanctuaire rappelait la date de la 
construction de l'église. Cette voûte de 1749 était ornée de quel- 
ques arabesques. On y voyait aussi des emblèmes, le soleil, la 
lune, un cœur, des fleurs, même la statue de saint Grégoire qui, 
placée aujourd'hui dans une niche du chœur, est loin de le 
déparer. Une autre statue de la même époque, une vierge au 
raisin tenant en ses bras l'enfant Jésus,malgré quelques atteintes, 
mériterait aussi d'être conservée. 

Près de la chapelle de la S ,e Vierge, deux pierres tombales servent 
dépavés. Au-dessous d'une croix, d'un soc et d'un coutre,on lit: 
« Cy gist Geoffroy Povllin, laboureur, lequel décéda le VIU d'a- 
« vril Tan M VI e LVII, de son âge le LIX C . Priez Dieu pour lui. » 

Les registres nous rappellent plusieurs sépultures semblables. 
Dans le chœur,aoust 1652, F. Houssaye, prestre curé de Gasville; 
14 avril 1652, demoiselle Marie de Cosne, veuve de Daniel 
Herouard, sieur de Gasville ; 9 nov. 1693, François de Paris 
écuier, seigneur de Gasville, Couttes, etc. âgé de 16 ans ; le 20 
may 1706, Marie Fleuriau, veuve de M. Français de Paris, cheva- 
lier, seigneur de Gasville, Couttes; le 21 mars 1763; dans l'église, 
J.-B. Duprat, prêtre, ancien aumônier de feu S. A. Mgr le duc 
d'Orléans, régent de France, abbé commandataire de S. Jean en 
Vallée de Chartres, âgé de 80 ans. 

Dans le vieux clocher, nous espérions trouver une cloche non 
moins antique. Hélas, elle est sans nom, ni parrain ni marraine : 
« L'an 1837, j'ai été bénite par M. Gobet, curé de cette paroisse 

« et nommée.... par M et M*.... en présance de M. Bourgeois 

« maire. » Elle remplace deux cloches, la première fut bénite le 
dimanche l* r septembre 1675, et nommée Marie par M. Pierre 
Félibien, bachelier en théologie, prieur de S. Clementin, conseiller 
aumosnier du roi et Marie Monnot, épouse de M rt Jean-Pierre 
de Herouard, chevalier, seigneur, de Gasville ; la seconde nommée 
Casimir Olive, le 17 juin 1773, par M" Joseph-Casimir- Alexandre, 
comte de Montvallat, et Louise-Olive-Félicité Bernard, comtesse 
d'Antraigues, veuve de Nicolas-Hyacinthe de Montvallat, comte 
d'Antraigues. 

Si modeste qu'elle soit cette église a toujours été aimée par ses 
dévoués paroissiens. Après sa construction en 1547, il fallut 
l'entretenir. 

En 1734,1e curé écrit dans ses registres : « Nous avons fait au 
dedans de l'église refaire le pan de muraille entre les deux der- 
nières vitres du costé de la chaire, recrépir l'église en entier 
depuis le haut jusqu'en bas, raccommoder la voûte de la chapelle 
qui menaçoit ruine. De plus nous avons fait défricher le cime- 
tière qu'avoit plutôt l'air d'une retraite de bêtes fauves que d'un 
cimetière. — 1736, Nous avons fait raccommoder la tour et cou- 
vrir l'église en partie, nous avons mis quelques pièces de bois ; 



au dehors nous avons fait raccommoder cinq piliers. Cette église 
qui est très belle serait immanquablement tombée si nous n'a- 
vions donné tous nos soins pour la faire réparer. Çà n'a pas été 
sans beaucoup de peine... » 

1742. Achat d'une bannière. 1749, réfection de la voûte, .citée 
plus haut. De nos jours, sous la direction de l'honorable M. Cap- 
lain, maire, l'œuvre se poursuit. La commune a prélevé sur son 
budget la somme considérable de 10.000 fr. On ne saurait pas 
s'arrêter en si bonne voie.. 

Les bienfaiteurs ont toujours été nombreux. 

En 1282,Pierrede Castelleset, enl500,Esprit de Harville, chan- 
celier, en l'église de Chartres donnent des terres. En 1549, Pierre 
Thierrau, laboureur, lègue des champs et de plus un calice en 
argent, une chappe et des tuniques à diacre et sous-diacre ejx 
velours violet ; en 1591, Jacques Ruelle, curé, donne une maison 
pour servir de presbytère. Nommons sans autre détail quelques 
généreux testateurs : Mathrie Hullot, Pierre Thierrée, 1544 ; 
Pierre Mignon, de Coutte, 1583 ; François, Jean et Thomas Dim- 
pault* Jean Capelain, Marguerite Mouton, Martin Lefèvre 1591 ; 
Martine, Jacquette, Mathrie, Catherine, Jeanne, Claude, Martin 
et Jacques Torcheux, de 1595 à 1689; Jeanne Lestandu, Jacques 
et Denis Marigault, 1612 ; Catherine et Jeanne Locquet, 1612; 
Georges Chalumeau, 1596; Guillaume, Marin et Pierre Honnard, 
1623 à 1677 ; Louise Logiet, Jacques Maulay, 1611 ; Jacques 
Delaunay, 1631; Marie, Georges, Geoffroy et Julien Paulin, 1622; 
Louise et Georges Rigault, Claude Lallemand, 1600 ; Georges 
Pichon, 1726; Claude Guineau, Jean Goudard, Marie le Duc, Jean 
Cirasse, Noël Renault, Jeanne Bisson, Guillaume Bouchard, 
Pierre Corneville, et tant d'autres ignorés des hommes mais con- 
nus de Dieu. Leurs donations permettaient de pourvoir largement 
aux frais du culte. Nous voudrions nommer aussi les généreux 
bienfaiteurs de notre siècle, Jean-Pierre-Désirée . Loigneau, 
léguant en 1857, 2000 fr. à 1 église ; mais la discrétion nous com- 
mande le silence : l'ange de la paroisse a 'fidèlement inscrit leurs 
noms dans le grand livre dé l'Eglise éternelle et triomphante. Ils 
n'en seront jamais effacés; 

Les dessins 1 de l'église sont de M. Rousseau. 

CM. 



1 Uu autre dessin de cette église a été publié par M. Duchon, d'après une 
lithographie de M. Vinsot. 



ÉGL1SR DR PIERRES 



ÉGLISE DE PIERRES 



Le magnifique portail, que nous reproduisons d'après une gra- 
vure de M. Paul Gillart, (Souvenirs d'Eure-et-Loir, 3 - série) porte 
la date de 1540, gravée sur la frise au-dessus du chapiteau du 
pWastre gauche. 

Nous devons l'attribuer à la générosité des d'Angennes, sei- 
gneurs de Maintenon et de Pierres, mais nous ignorons le nom de 
l'habile sculpteur. Toutefois nous croyons apercevoir entre ce 
portail et celui de l'église de Saint Aignan de Chartres, daté de 
1541, une véritable parenté qui se révèle tout spécialement dans 
détails des intrados. 

L'église de Pierres d'ailleurs n'a rien autre chose de remarqua- 
ble. La perspective que nous en donnons, dans l'ouverture même 
de la porte, suffit pour en avoir une juste idée. 

Elle mesure 30" 1 sur 10. Les murs, hauts de 8*, sont percés de 

13 fenêtres gothiques, toutes autrefois munies de meneaux. Celle 

au-dessus de la porte d'entrée vient d'être rétablie en entier et 

garnie de grisailles avec le portrait du curé actuel, qui également 

a restauré les autres fenêtres de la nef. Le sanctuaire, qui est à 

pans coupés, est éclairé par trois fenêtres : celle du f6nd est 

ornée de vitraux représentant l'Adoration des Mages, les deux 

autres de figures de saints, exécutés en 1862, 1869 et 1895 par 

M. Hucher du Mans. 

La voûte est en bardeau et de forme ogivale avec entraits et 
aiguilles sans ornement, sauf l'un ou l'on distingue un 
écusson sans armoif ies. Quatre poteaux supportent le clocher et 
encombrent la nef. Les autels et les statues sont modernes : 
deux cependant, placées à coté de la petite porte d'entrée, sont 
anciennes, mais couvertes d'une épaisse couche de peinture qui 
leur enlève Je peu d'intérêt qu'elles pourraient avoir. 

Presque au seuil de cette porte, on voit une petite pierre tom- 
bale ornée d'une croix dont l'inscription, a demi cachée sous un 
banc, est à moitié lisible : 

... ABLE HOMME PIERRE MASSART PROCVR... 
DE MAINTENON. LEQUEL DECEDA. 



Cette famille Massard joua un certain rôle dans le pays. Un 
Jean Massard fut chefcier, curé chanoine de l'église collégiale de 
Saint-Nicolas de Maintenon, de 1648 à 1687, mort le 2 novembre 
de cette dernière année à 70 ans. 

Thomas Massard, 1599, Florent Massard, 1602, habitaient 
Pierres et y étaient assez considérés pour avoir pour parrain de 
leurs enfants la demoiselle des Bois-Bucheux, veuve de Marie 
Gaulet, procureur du roi à Chartres, Pierre de Françoj's, 
escuyer, sieur de la Fontaine. 

L'église est soutenue à l'extérieur par 14 énormes contreforts 
en pierres de tailles avec soubassement, retraits et larmiers. 

Le clocher, hexagonal, fut recontruit après 1619, car « le mer- 
credy, 7 e jour de febvrier 1619, entre onze heures et minuit, 
arriva vng si grand fouldre qu'il ruina plusieurs batimens,arbres, 
et entre aultres le clocher de Téglize de M r ' Saint Gervais et Saint 
Prothais de Pierre. » Cette petite flèche a contenu jusqu'à trois 
cloches, baptisées le 8 novembre 1625, la l re , Françoyse, fut 
nommée par H. et P. dame Fransoyse Juliette de Rochefort 
Salvert, veuve de Charles d'Angennes, sgr baron de Maintenon, 
et Louis d'Angennes son fils ; la moyenne, Louyse, nommée par 
Louyse et Bernard d'Angennes, la petite, Roze, par Roze d'An- 
gennes et Jehan du Thiers. 

Celle-ci fut refondue en 1727, baptisée le 17 août et nommée 
Adrien Maurice par Adrien Maurice, duc de Noailles, etc., de 
nouveau, le 12 avril 1769, « la belle et la bonne », disait le curé, et 
nommée Louise par M. Louis, duc de Noailles, marquis de Mainte- 
non et la duchesse d'Agen, et enfin le 12 juin 1782 et nommée 
Julienne Geneviève par Geneviève Marie Barbier, nièce du curé ». 

Le dessin de l'Eglise est de M. Rousseau. 

G. M. 






KGUSE DE UA1LLEAU-1.E-PIK 



ÉGLISE DE BAILLAOLE-PIN 



Les différentes époques de la construction de cette église sont 
bien et dûment constatées. 

En 1547, M" Roulland, prieur de Saint-Solemne de Blois et 
curé de Bailleau-le-Pin, fit accord avec les habitants pour « les 
moyens à prendre afin de réparer le chœur de l'église et le pres- 
bytère. Il fit valoir une bulle de Clément VII pour vendre, avec 
Vassentiment du chapitre de Chartres, 28 setiers de terre labou- 
rable dont le revenu servirait à rétablir le chœur qui tombait en 
ruines et pour l'entretien des ornements et vases sacrés ». Il reste 
peu de chose de cette restauration, sauf toutefois la partie infé- 
rieure de l'abside et des deux travées qui suivent, c'est-à-dire le 
soubassement en pierres de taille et le cordon avec moulures 
qui règne tout autour de cette partie de l'édifice. 

Un joli portique au pied du clocher donne entrée dans l'église. 
Cette porte est en plein cintre, accostée de deux colonnettes , 
surmontée d'un fronton triangulaire, au milieu duquel est un 
écusson, soutenu par deux anges aux ailes éployées, et chargé 
d'un pin (pinus), armoiries parlantes appropriées au nom de la 
paroisse. Sous la clef du cintre de la porte est gravée la date 1580, 
et à côté, sur un des vanteaux en bois de chêne, une autre date : 
1582. Le clocher est évidemment de cette époque ; cependant 
l'année 1608 a été burinée en creux sur une des pierres du contre- 
fort d'angle à droite de cette tour. La flèche, octogonale, en bois, 
couverte en ardoise a été renversée, au commencement du siècle, 
et diminuée d'up tiers. 

Le reste de l'église, la partie supérieure du chœur et du sanc- 
tuaire, depuis le cordon en pierre jusqu'au sommet et les deux 
dernières travées jusqu'au clocher ont été complètement recons- 
truites de 1773 à 1775. La première pierre de cette restauration 
« fut bénite le 21 juin 1773 etposée au milieu du rond-point, assise 
sur une simple couche de mortier portant contre la terre, la dite 
pierrre couverte d'ardoise ». Le 17 juillet suivant, le curé bénissait 
une salle de son presbytère pour y célébrer la sainte messe 
pendant les travaux ; enfin le 18 octobre 1775 l'église fut « bénite 
solleviieUement par M re du Juge de Brassac, vie. g 11 de M fr l'évêque 
de Ciarfres, en présence de M. Grandet de Villette, subdélégué 



de la ville de Chartres et des prêtres des paroisses voisines. 
Une inscription gravée sur la pierre, placée près de la chaire 
dans l'église, rappelle ce fait 



IAI ÉTÉ RECONSTRUITE 

PAR LES SOINS DE 

M" PIERRE CHARLES 

BESNARD CURÉ, ET 

DE IEAN DUMEST 

ET FRANÇOIS MERCIER 

GAGIERS, ET BÉNITE 

LE 18 OCTOBRE 1775. 



Dans son ensemble l'église est un grand vaisseau large 10 m 50, 
long 36 m ; l'abside est pentagonale, éclairée par trois larges fenê- 
tres a plein cintre, garnies de vitraux, celui du centre sorti, de 
l'atelier de M. Lorin.de Chartres en 1891, représente la descente 
de croix ; les deux autres, placés en 1852 et 1853, sont indignes 
d'être mentionnés. La voûte en ogive, soutenue par des aiguilles 
et des entrais sans ornements, a été refaite en 1895 pour 6.000 fr. 

Les trois autels, de style grec, ont été placés par les soins de 
Timon, curé de 1818 à 1828. Son successeur, M. Paty, 1828 à 1878, 
fit enlever la partie supérieure du retable et les 4 colonnes du 
maître-autel pour en orner les autels de la S le Vierge et du Sacré- 
Cœur. Il construisit une tribune de mauvais goût et des orgues 
plus mauvaises encore, fit faire des boiseries tout autour de 
Téglise et peindre sur chacun des panneaux les figures de 55 
bienheureux, et de chaque côté de l'autel deux scènes, Jésus 
bénissant les enfants, et Jésus avec les disciples d'Emmaûs. Ce 
ne sont pas des chefs-d'œuvre, mais ces figures valent bien celles 
du moyen-âge et atteignent le même but, l'édification des fidèles. 

Le bon curé ne négligea pas de faire exécuter son portrait, 
mais il se mit humblement sur un panneau de la porte, à l'inté- 
rieur de la sacristie. Que ses traits restent longtemps gravés 
dans le souvenir de ses paroissiens ! 

L'extérieur de l'église, les 14 contreforts à larmier qui la 
soutiennent et son solide clocher, forment un ensemble assez 
agréable. 

La sacristie a été construite en 1890. C. M. 



! DU FONTENA.Y-SLK-EIHE 



ÉGLISE DE FONTENAY-SUR-EURE 



L église de Fontenay-sur-Eure, située au milieu du village, 
s'élève sur un versant de la vaste colline qui aboutit, un peu plus 
bas, sur la rive gauche de l'Eure. En face dans la vallée jaillissent 
de nombreuses fontaines, l'une des plus abondantes est placée 
sous l'invocation de Saint-Se vérin, patron de la paroisse. C'est 
évidemment cette réunion de sources, chaudes en hiver, fraîches 
en été, qui, à l'époque gallo-romaine, a fait donner à la localité le 
nom de Foutanetum super Audur.-un. Cette antiquité est attestée 
par deux monuments druidiques et quantités de briques à rebord 
enfouies dans le sol environnant. 

L'église présente dans sa construction deux styles distincts. 
Le sanctuaire et le chœur sont du onzième siècle, ainsi que la 
muraille méridionale de la nef percée, à une grande hauteur, de 
petites fenêtres romanes ressemblant à des meurtrières, celle du 
nord a été reconstruite au 16 e siècle, avec trois fenêtres ogivales. 
Un titre authentique fait supposer un sérieux remanîment vers 
cette époque dans l'édifice ; c'est l'acte d'une nouvelle consécra- 
tion dressé le 28 juillet 1527 par M« r Louis Guillard, évêque de 
Chartres, 

Voici les dimensions intérieures de l'église, du seuil du chapi- 
treau 1 , reconstruit en 1863 sur l'emplacement de l'ancien qui 
était en ruine, jusqu'au fond du sanctuaire, elle a 30 mètres : 11) 
pour la nef, 6 pour le chœur, 4 pour le sanctuaire qui se termine 
en rond-point. La nef qui a onze mètres de largeur est plus large 
de quatre mètres que le chœur, qui lui-même est plus large de 
deux mètres que le sanctuaire. On entre dans le chœur en passant 
sous une haute arcade en plein-cintre reposant sur deux piliers 
demi-engagés de style roman. La même disposition existait à 
l'entrée du sanctuaire ; mais la voûte qui le recouvrait a été 
détruite à une époque inconnue ; il ne reste plus que les deux 
antiques pilliers. 

Tous les murs à plusieurs mètres de hauteur sont revêtus de 
boiseries. Les unes sont modernes, d'autres datent du 17 ou 18 ê 
siècle. Elles proviennent VAbbaye-de-VEau, située jadis sur la 
paroisse de Ver-les-Chartres. 

Celles du chœur sont ornées de groupes de feuillages, de fruits 
ctéi/catement sculptés et de volutes bien fouillées. 

* Les habitants de la Beauce disent encore chapiteriau ; il faudrait donc de 
préférence écrire chapitre* u et non chapiteau. 



Celles de la nef, couronnant la porte d'entrée et le dessus du 
banc-d'œuvre se composent de larges panneaux dont les riches 
moulures en relief encadrent des écussons armoriés, surmontés 
de la couronne baronale avec guirlandes imitant des feuilles de 
laurier. Le tout, bien adapté, est très décoratif. 

A l'extérieur de l'édifice, sur le côté nord, à la jonction de la nef 
et du chœur, s'élève, solide et bien proportionnée dans toutes ses 
parties, la tour du clocher. Elle est de forme carrée, flanquée aux 
quatre angles dédoubles contreforts en belle pierre de Berchères 
et montant jusqu'au comble. Deux baies, longues et étroites, mais 
largement évasées à l'intérieur, éclairent la chambre de la sonne- 
rie ; du sommet de cette tour s'élance vers le ciel une flèche dont 
la charpente, aussi belle que solide, est recouverte d'ardoises. Le 
tout mesure près de 30 mètres dç hauteur 

Nous voici au pourtour du chœur. L'aspect est charmant. Trois 
contreforts avec soubassement et chapiteau appuient 1^ murail- 
le. Ils séparent trois fenêtres plein cintre, malheureusement mu- 
rées. Au dessus, on remarque un entablement fort curieux. Il se 
compose d'une série de douze figures sculptées dans la pierre et 
surplombant le mur en forme de mascarons, tout à la fois, selon 
l'usage du temps, drolatiques et symboliques. Ce sont des félins, 
chats ou tigres, dévorant leur proie ; des animaux, singes peut- 
être, s'embrassant ou se combattant; un animal ayant la posture 
de Tàne qui vielle ; un bec ouvert et un bec fermé d'oiseaux fantas- 
tiques ; tête grimaçante ; tête couronnée. Ces sculptures sont bien 
conservées, malgré les sept cents hivers qu'elles ont affrontés. 

Nos ancêtres, croyants et gais, les ont placés la afin de nous 
donner à nous, leurs arrières descendants, une salutaire leçon. En 
effet, elles nous disent que la vie de l'homme est une guerre con- 
tinuelle contre le vice et l'erreur ; et qu'à tout prix il faut en sor- 
tir vainqueur. 

Terminons par ces vers bien connus et ici de circonstance. 

« C'était une humble église au cintre surbaissé, 

« L'église où nous entrâmes, 

« Où depuis sept cents ans avaient déjà passé 

Et pleuré bien des âmes. 

« A genoux longtemps nous priâmes, 

Et longtemps la prière en nos cœurs a laissé, 

Le parfum dont vivent les âmes. 

M. Rousseau a dessiné cette église. M. Duchon en a publié 
une litgographie de M. Vinsot. 

Ch. Germont. 



ÉGLISE [>'ul.L.K 



ÉGLISE D'OLLÉ 



L'église de Saint-Martin d'Ollé est tout entière d'un beau 
style gothique flamboyant. C'est un long parallélogramme large 
de 10 mètres, long de 38, terminé par une abside pentagonale. 
Quatorze fenêtres larges et ogivales l'éclairent ; deux conservent 
encore des restes importants de vitraux, dont l'un porte la date 
de 1605. Ils sont d'une bonne facture et on y voit représentées 
la Création dumonde,laNativitédeN. -S., l'Adoration des Mages 
et deux saintes. 

La voûte en bardeau et de forme ogivale, a été refaite en 
1865 par E. Guyon, d'Ollé. Les filières et les entraits finement 
sculptés sont de la primitive construction. On y voit plusieurs 
écussons ; l'un soutenu par deux monstres est chargé d"un lion, 
l'autre porte une bande et trois croissants, deux en chef et un 
en pointe. Ce sont évidemment les armoiries des seigneurs et 
bienfaiteurs de la paroisse, dont la lître seigneuriale se voit en- 
core bien apparente à l'intérieur et à l'extérieur de l'église. Quel- 
ques vieilles statues : saint Sébastien , saint Martin, saint 
Antoine, cette dernière objet d'un pèlerinage assez fréquenté. 

Les fonds baptismaux sont en marbre et bien sculptés. 

A l'extérieur, 15 contreforts en pierres taillées, avec soubasse- 
ment et larmier soutiennent les murs. A côte d'une petite porte à 
voussure surbaissée, à droite, on a trouvé, il y a quelques années, 
l'entrée d'un souterain, se dirigeant sous le chœur de l'église. 

Une jolie porte ogivale et au-dessus une grande fenêtre sem- 
blable ajourent le pignon aigu, dont les arêtes sont recouvertes 
de pierres à crochets finement taillés. 

Le clocher n'était autrefois qu'un énorme 
quadrilatère, haut à peine de 9 mètres, 
*AW\Ajjlfr^ coiffé d'une toiture massive et écrasée. 
£± •JMr,3ËI Juk I Depuis longtemps, on ne le supportait 
BF^^K^gjMwJM qu'avec confusion. Les murs épais, percés 
IrWiKfcEj de 3 belles fenêtres gothiques, l'élégant 
escalier, renfermé dans une tourelle pentagonale, appelaient un 
couronnement plus digne. Dès 1852, le curé, M. l'abbé Sagot, de 
concert avec le conseil de la commune, avait décidé de remédier à 
cet état, M. Bourgeois, architecte, fut chargé de dresser un 




plan. Son projet, signé du 31 décembre 1852, comportait l'ex- 
haussement de la tour de 11 mètres, et la construction d'une 
flèche hexagonale de 12 mètres avec 4 clochetons à sa base. Le 
coq traditionnel était perché à une hauteur de 33 mètres au- 
dessus du sol. 

Des critiques s'élevèrent, on craignait pour la solidité, et le 
vénérable M. Sagot vit son désir ajourné. Son successeur, l'abbé 
Ménager, fut plus heureux, et, le 14 juin 1883, il bénissait la 
première pierre du nouveau clocher. Un croquis, répandu à pro- 
fusion, faisait connaître à tous le projet adopté à la satisfaction 
générale. Le nouvel architecte, M. Plassard, fier de son œuvre, 
publia son dessein dans a La Construction Moderne», l p * année, 
planche 28. C'est celui que nous reproduisons, avec les change- 
ments qui lui furent imposés pendant les travaux. 

Ce clocher avec sa flèche en charpente s'élève à 40 mètres et 
domine fièrement tous ses voisins, les 4 cloches sont modernes, 
mais il y en avait autrefois une nommée Marie le 6 novembre 1644, 
par M. Luc du Lis, escuier, et Jacqueline du Lis, dame deRain- 
nemoulin, femme de Jean de Champrond, conseiller du roi, sei- 
gneur châtelain d'Ollé et de Douville. 

C. M. 



CHAPELLE DE XANT1LI.Y 



CHAPELLE DE NANTILLY 



Par un triste revirement des choses humaines, Nantilly, de 

chef-lieu de paroisse qu'il était depuis le principe, est tombé au 

rang de simple hameau, et son église est devenue un tout petit 

sanctuaire, tout délabré, sous la dépendance de celle de la 

Chaussée d'Ivry qui était autrefois son annexe. 

On disait alors : « Ecclesia de Nantilliaco , eu m cape lia de 
Calciata ». Aujourd'huy, déchu toutes ses gloires, ce temple 
antique n'a pas même été jugé digne d'être conservé dans son 
intégrité ; au nom d'une économie barbare, la nef tout entière a 
été démolie en 1825, seul le chœur fut épargné. On y dit la sainte 
messe une seule fois l'année, le jour de la fête patronale de 
Saint-Pierre. 

Ce petit édifice remonte à une haute antiquité et ne doit pas 
être de beaucoup postérieur au X e siècle où il en est fait mention 
pour la première fois ; au XI" siècle, il était la propriété du 
chevalier Bernard, seigneur d'Ivry, qui en fit don à l'abbaye de 
Saint-Père. Le pape Honorius, en 1127, les évêques de Chartres, 
Geoffroy de Lèves, en 1126, et Regnault de Moucou, en 1215, le 
pouillédudiocèse,enl250 J nommentrégliseparoissialedeNantilly. 
Les revenus étaient relativement considérables, et en 1759 ils se 
montaient à 700 livres. Parmi les bienfaiteurs nous devons 
mettre au premier rang Gilles Thezon, prêtre curé de Nantilly, 
qui légua une pièce de terre située devant le château de Guainvil le 
à sa chère église de saint Pierre de Nantilly, où il avait été nourri 
de pain du ciel : a in qua pabulo celesti nutritus est. » 

A l'intérieur, pauvreté et dénuement extrêmes ; au dehors, rien 
pour flatter l'œil. Trois fenêtres à peine ébauchées, pas de con- 
treforts ; sur un humble pignon une pauvre clochette, impuis- 
sante et débile, écho lointain de la b|lle cloche « nommée Fran- 
çoise,, Je 21 janvier 1651, par Urbain de Loubert, escuyer, seigneur 



de Nantilly et demoiselle Marguerite de Soultière, veuve de feu 
Gilles du Buat, vivant escuyer seigneur de Flacourt, pour 
l'absence de Mgr et dame de Vendosme. » 

M* A. Bourdon, dont nous publions le dessin, a su rendre 
avec art et fidélité l'aspect triste et désolé de ce débris des siècles 
passés. CM. 



EGLISE D'OULINS 



L'église de Saint-Pierre d'Oulins « Ecclesia de Olins » est men- 
tionnée au XII a siècle, comme appartenant aux religieux de l'ab- 
baye de Saint-Père de Chartres. Ils furent confirmés dans cette 
possession par un privilège de Geoffroy, évêque de Chartres, 
27 novembre 1126, par un autre dn pape Honorius, 8 mars 1127, 
et par une charte de Renault de Mouçon, évoque de Chartres, 
septembre 4215. 

Cet édifice, situé à l'extrémité du village d'Oulins, vers Bon- 
court, est construit en pierres extraites des carrières de la com- 
mune. Il ne formait dans l'origine qu'un rectangle de 7 mètres 00 
de largeur sur 19 mètres de longueur dont 3 pour le chœur, sous 
lequel s'étendent d'anciens caveaux. On y a successivement 
ajouté le sanctuaire, qui a 7 mètres de long sur 5 de large, une 
sacristie à gauche du sanctuaire et un porche long de 2 mètres 50 
et large de 3 mètres, appliqué en hors-d'œuvre au pignon occi- 
dental. 

Un petit clocher quadrangulaire repose sur un plancher entre 
la nef et le chœur. 

A l'entrée de ce dernier sont établis de chaque côté deux autels 
en baldaquin remarquables au point de vue artistique. On y voit 
deux tableaux peints sur toile représentant le crucifiement de 
Saint Pierre et une Assomption. Un autre petit tableau, peint 
sur bois reproduit la sépulture de Jésus-Christ. Plusieurs figures 
en pierre et en bois sont appréciées des archéologues. 

La voûte de l'église, cintrée en bois, a conservé dans sa partie 
supérieure des peintures figurant le soleil, la lune et les étoiles. 

Par suite des réparations faites à Péglise, deux anciennes 
pierres tombales qui étaient incrustées dans la muraille, ont été 
enlevées et déposées au presbytère ; les inscriptions qu'elles por- 
taient sont en parties effacées. 

Le cimetière renferme aussi une base de croix quadrangulaire 
sur laquelle est scupté un serpent qui parait l'envelopper de ses 
replis. Ce morceau d'architecture, qui peut remonter au XVI* 
siècle, est malheureusement bien dégradé. 



Une confrairie de Sainte-Barbe fut établie en 1535, à la sollici- 
tation de maître Allain de Billy, curé, et des principaux habitants, 
et de noble homme Artus de Barrât, seigneur du lieu. 

Lefebvre, Annuaire de 1863, p. 262. 

Une cloche pesant 825 livres a été fondue à.Ezy par les MM. 
Dormois, de Beauvais en Picardie. Elle été nommée Pierre par 
les habitants et bénite par Le Gravesent, curé. 

La toiture a été réparée en 1887. 

Le dessin de cette église est l'œuvre de M* A. Bourdon. 



I.GLISi: DK SAINT-UKSIS l>E MORONVAl 






ÉGLISE DE SAINT-DENIS DE MORONVAL 



La charmante gravure de M. H. Vallois, que nous reprodui- 
sons, vaut tout un poème. Elle dit le charme, et aussi le délabre- 
ment et la pauvreté de cette antique église. 

Le vocable de Saint-Denis, sous lequel elle en est aujourd'hui, 
remplace son vrai nom Saint-Symphorien que les habitants se 
plaisent toujours à lui donner. 

A défaut de tout autre renseignement, transcrivons les notes 
rapides mais précises de M. Lefebvre. (Annuaire, 1860, p. 242). 

« L'église de Saint-Denis de Moronval est située dans la vallée 
de l'Eure, près le moulin Bescheret, à un kilomètre de Sainte- 
Gemme, principal hameau de la commune. Cet édifice, construit 
en maçonnerie de caillou avec angles et contreforts en grès brut, 
forme un parallélogramme de 7 m 05 de large sur 31 m 25 de long, 
y compris la sacristie, adossée à l'abside. La nef a 46 m 40, le 
chœur 6" 20, le sanctuaire 2 m 40, la sacristie 3 m 25. 

« A gauche du portail, on a établé en hors-d œuvre une touf 
carrée, large de 4 Itt 50, comme l'église, et sur laquelle s'élève le 
clocher, pyramide hexagonale, haute d'environ 30 mètres, cou- 
verte en ardoises et surmontée d'une croix. 

« Les onze fenêtres de l'église, petites et en plein cintre, comme 
la porte d'entrée, sont garnies de vitraux blancs ; la voûte est en 
ogive avec bardeau de chêne. 

« L T n vaste cimetière, en partie clos de murs, entoure l'édifice.» 

Ajoutons seulement la mention du baptême d'une cloche. « Le 

22 jour de novembre 1702, a été bénite la petite cloche de ce lieu, 

nommée Marie-Françoise. Le parrain François de Jary, écuyer, 

sieur du Parcq-de-la-Tour, la marraine dame Marie Fay, son 

épouse. » 



EGLISE DE SAINT-JEAN DE REBERVILLIliRS 



ÉGLISE DE SAINT-JE^N DE REBERVILL1ERS 



L'église primitive de cette paroisse a été détruite pendant les 
guerres des Anglais, sous les premiers Valois. Elle était située 
au lieu nommé le Vieux-Cimetière, dans l'angle formé par la 
grand route et par l'ancien chemin de César. Un bois a poussé 
sur les ruines de l'église et du bourg, comme sur le vaste village 
de Oudainvilliers et le hameau de Frainvilliers. 

Les habitants, lanquam apis argumentosa, transportèrent plus 
loin leurs habitations, près d'un prieuré dit de Saint-Jean. Ils 
ajoutèrent à l'antique sanctuaire des moines un chœur vaste et 
spacieux à l'abside à pans coupés, suffisant pour contenir à l'aise 
toute la population. 

La première partie, l'antique nef, longue de 9 mètres et large 
de 6, est du douzième siècle ; les murs latéraux sont absolument 
aveugles, seul le pignon a été percé après coup d'une unique fe- 
nêtre ogivale. 

La seconde partie, ou le sanctuaire, est du XV e siècle ; les deux 
premières travées sembleraient même antérieures : trois fenêtres, 
une que Ton voit sur notre gravure et les deux autres du coté 
opposé, au midi, sont à plein cintre ; les contreforts extérieurs 
sont plus massifs et moins élevés et en grisons appareillés. Les 
trois autres fenêtres au contraire sont plus larges, ogivales avec 
meneaux. Les contreforts extérieurs sont plus élevés, avec des 
assises alternées de briques et de pierres taillées. 

Au fond du chœur est accolée la sacristie semi-circulaire. 

Cette partie mesure 13 m 25 sur 8 m 7(). 

Le clocher, de construction relativement récente, est carré, 
sans grâce ni élévation. 

Le lierre en recouvre la base, comme à peu près tout le coté 
nord de l'église. Le 14 juillet 1763, il fut procédé à la bénédic- 
tion d'une cloche, nommée Marie par messire Guillaume André, 
prêtre, docteur en théologie de la Faculté de Paris, abbé de 
l'abbaye de Saint-Vincent-aux-Bois, vicaire-général de M« r TE- 



vesque de Chartres, chanoine et sous-doyen de l'église cathé- 
drale de Notre-Dame de Chartres, et par dame Marie- Anne 
Perichon, veuve de messire Jean-Baptiste Paignon, écuyer, 
conseiller du roy, maison et couronne do France et de ses 
finances, dame de Fontaine les Ribouts, Champnéron, etc. 

Le dessin a été exécuté par M. Ryckbusch. 

C. M. 




KGI.ISK HK I.A FEBTH-VIRAMH 



ÉGLISE DE LA FERTÊ-VIDAME 



Ce monument d'un style noble et pur est dû à la générosité 
du duc de Rouvroy de Saint-Simon, père de l'auteur des Mé- 
moires. Il fut construit d'après les plans de Palladio, célèbre 
architecte italien, mort en 1580, rapportés par le duc, sur l'em- 
placement de l'église primitive démolie en 1658. L'œuvre fut 
menée rapidement : et « le samedi, l ,r novembre 1659, l'église de 
Saint-Nicolas de la Ferté a été bénite par vénérable et discrète 
personne messire Louis Oudart de Germens, prêtre, chanoine 
de Chartres, suivant la permission donnée de M 1 ' de Chrême, 
évoque ». 

L'édifice a la forme d'une croix latine. 

Deux belles statues de saint Pierre et de saint Paul décorent 
la façade. Un peu plus haut se trouve une jolie rosace, et au- 
dessus un fronton sur lequel étaient gravées autrefois les ar- 
moiries de l'insigne bienfaiteur. La Révolution les a fait dis- 
paraître. 

Admirons les belles proportions de la tour, située à gauche 
de l'église, et entrons dans le temple dédié au : Deo, Optimo, 
Maximo, selon l'inscription gravée au frontispice avec la date i 659. 

L'œil du connaisseur est aussitôt satisfait par la pureté du 
style roman, par les onze belles fenêtres très régulières munies 
de vitraux. Le tabernacle du maître-autel finement sculpté en 
plein chêne et doré est d'un très grand effet. Au milieu est repré- 
senté Notre-Szigneur avec les disciples d'Emmaûs, et de chaque 
côté Y Annonciation et Y Adoration dans rétable de Bethléem. 

Dans le sanctuaire, quatre belles statues : la Sainte-Vierge, 
Saint-Jean-Baptiste, Saint-Nicolas, patron de la paroisse, et 
Saint-Roch,patron d'une confrérie établie par M*" Pierre Augustin 
Bernardin de Fleury, évêque de Chartres, le 2 octobre 1760. 

Ê 

A signaler aussi plusieurs tableaux de l'Ecole espagnole, et 
surtout la magnifique toile de la Cène, d'une haute valeur, ap- 
portée d'Espagne par M. le Duc. 



ÉGLISE DE LA CHAUSSÉE D'IVRY 



Au XII - siècle, on trouve pour la première fois mention d'une 
chapelle à la Chaussée. On y vénérait les reliques transportées 
là de l'abbaye de Saint-Père de Chartres, et les religieux y célé- 
braient l'office divin. 

En 1215, Regnault de Mouçon, évêque de Chartres, signale 
cette chapelle comme annexe de la paroisse de Nantilly ; mais 
en 1792, cette dernière fut supprimée et l'église de la Chaussée 
devint paroissiale. 

C'est un édifice rectangulaire, long de 23 mètres et large de 
H mètres 50, construit sans contreforts en mauvaise maçonnerie 
de cailloux. On y entre par une petite porte carrée, qui ouvre au 
sud dans la nef. A côté s'élève la tour carrée du clocher, sur- 
monté d'une croix placée en 1880. La cloche et son beffroi ont 
été réparés en 1888 par M. Bollée d'Orléans. 

Une chapelle, longue de 7 mètres, fait suite à ce clocher. 

Les fenêtres à plein cintre sont trop petites et en trop petit 
nombre, aussi les murs sont-ils humides et salpêtres. 

Là voûte, en plein cintre, avec aiguilles et poutres apparentes, 
est en bardeau ; des réparations importantes lui ont été faites 
en 1885. 

La sacristie, construite en hors-d'œuvre à l'angle nord de l'ab- 
side, a 6 mètres de longueur sur 4 mètres de largeur. 

L'aspect général de cette église est agréable. La tour surtout, 
divisée en quatre étages, ajourée par des fenêtres ogivales, cou- 
verte d'un toit aigu, flanquée à gauche d'une tourelle servant de 
cage à l'escalier, est élégante et gracieuse. Les timbres de l'hor- 
loge placés sur le faite complètent le pittoresque de cet ensemble. 

La Chaussée dlvry avait autrefois des revenus relativement 
considérables. D'après le relevé fait récemment par M. l'abbé 
Poyeau, alors curé de cette paroisse, la fabrique, avant la Révo- 
lution, avait des terres nombreuses louées à 21 fermiers qui lui 




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église de nogent-le-hoi (Intérieur) 



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église dp: nogent-le-»oi (Armoiries) 



ÉGLISE DE NOGENT-LE-ROI 



L'église de Saint-Sulpice de Nogent-le-Roi, si nous en croyons 
M re Laurent Bouchet, un des plus doctes curés de cette ville 
(1670), est « une des mieux bâties du royaume si Ton considère 
sa magnificence ». 

Vue du côté de l'abside, ainsi qu'elle se présente dans notre 
première gravure, elle offre au regard un ensemble à la fois gra- 
cieux et imposant. Ses multiples fenêtres à menaux, terminées 
par des trèfles et des roses du XV e siècle, ses contreforts à clo- 
chetons aigus, les arcs-boutants jetés dans le vide, la frise 
circulaire qui marie si agréablement les murs au toit, les basses- 
nefs à baies plus larges, à droite l'édicule de la chapelle de la 
Vierge, à gauche dans l'angle, la tourelle de rescalier,hexagonale, 
terminée par un double companile à dôme ajouré, la flèche en 
charpente qui s'élance légère et à claire-voie au-dessus du tran- 
sept, tout cela justifie l'appréciation du vénérable pasteur. Le 
clocher lourd et massif, véritable repoussoir, fait mieux ressortir 
encore l'élégance de l'édifice et le génie de l'artiste. 

La première pierre fut posée en 1494, par Louis de Brézé, 
seigneur de Nogent, premier chambellan du roi, chevalier de 
son ordre et grand sénéchal de Normandie. Le plan adopté était 
grandiose, mais des malheurs de vie intime empêchèrent le bien- 
faiteur de réaliser son vaste projet. 

L'église comprend le chœur, le transept et deux travées de 
la nef. Elle mesure environ 42 mètres sur 30. Si l'on retranche 
la chapelle absidaleou de la sainte Vierge, profonde de 5 m 45, elle 
forme une croix imparfaite et tronquée, trop courte de trois ou 
quatre travées ; la voûte est élevée de 52 toises au-dessus du 
pavé. Elle n'a ni façade ni grand portail. Une clôture provisoire 
ferme l'église à l'occident, et n'a qu'une trop modeste ouverture. 

Une seconde porte percée dans le transept sud offre une par- 
ticularité remarquable. Elle est surmontée d'une galerie crénelée 
et de mâchicoulis récemment restaurés. La destination guerrière 
de ce travail est évidente. Il s'agissait de défendre l'approche ed 
l'église de ce côté, trop faiblement protégée par le fossé alimenté 
par l'Eure et connu par le nom de Roulebois. C'est en petit le 
système de^ fortification employé dans la principale église 
d'Etampes. 

Une troisième porte, aujourd'hui murée, donnait entrée dans 
la chapelle Saint-Hubert, à l'extrémité du bas côté gauche. 

Elle est ornée de jolies sculptures, encadrement, frises, fronton, 
pinacles , clochetons ajourés , style le plus riche de la Re- 
naissance. 

L'intérieur est réellement admirable. La grande nef est claire, 



2 EGLISE DE NOGENT-LE-KOl. 

élancée, majestueuse ; les basses-nefs (9 mètres de largeur) 
spacieuses, contournent le chœur, et l'irisent des mille couleurs 
de leurs vitraux ; la chapelle du fond, moderne il est vrai, mais 
du style le plus pur, complète cet harmonieux agencement. 

14 colonnes soutiennent les voûtes, 10 limitent le chœur et 
sont reliées à la base par un mur en maçonnerie, surmonté 
d'une grille en fer forgé. Celle qui ferme le chœur par devant, 
a été posée en 1763, pour la fête de la Pentecôte, par M. Bouché, 
serrurier à Nogent;elle a coûté 1925 livres,plus 100 livres données 
à l'artiste en témoignage de satisfaction. Elle a été dorée en 
1764 par Fradin pour 600 livres, et la première feuille d'or a été 
posée sur la mître du fronton pçir le curé. Trois autres travées 
furent placées en 4775 par un autre serrurier de Nogent, Charles 
Lenoir, pour 1500 livres ; les dernières furent érigées en 1870, grâce 
à un don de 5000 fr. de la famille Genet-Balagny. 

La Révolution avait décidé l'enlèvement du chef-d'œuvre de 
Bouché ; le fronton seul a disparu avec sa mître, sa crosse et la 
croix. Le fronton actuel date de 50 ans ; il est orné de deux S en- 
trelacés, initiales du patron de l'église. S(anctus) S(ulpicius) 

Le chœur et le transept voûtés en pierres avec nervures et 
arêtes, sont bien de la fin du XV* siècle (1498). Les deux travées 
de la grande nef sont du XVP. Elles sont voûtées en bois et très 
richement ornées ; les nervures s'enchevêtrent, se croisent, 
repoussant leurs clefs de voûte en forme de pendentifs sculp- 
tés avec art et ornés des écussons des bienfaiteurs. L'un (PI. 3, 
n° 13) montre un chevron accosté de deux quintefeuilles en chef 
et d'une tête de loup en pointe, l'autre fn° i 4) a les mêmes pièces, 
mais doublées. Ce sont les armoiries de Nicolas Beautru (1628- 
1661). Celles de sa femme, Marie de Coulon, portent 3 merletles, 
2 en chef et 1 en pointe. 

Cette voûte imite à la perfection la voûte en pierre, (comme à 
Saint-Eustache de Paris). Ce sont les mêmes moulures les 
nervures, les mêmes ornements ; mais elle a l'avantage de ne 
pas charger les murs. On l'attribue à Philibert Delorme qui 
l'aurait imaginée pour les églises dépourvues de contreforts. Elle 
a été réparée récemment par l'habile architecte Alfred Chapelain. 

Les clefs de voûte du transept, du chœur et des bas-côtés ne 
sont pas moins remarquables. 

Le n° 9 : D'azur à 3 fleurs de lis d'or, 2, 1 » avec deux anges 
pour soutien, est de France ; le n° 11 , portant d'hermine, est d'Anne 
de Bretagne ; ils sont à la première travée du chœur. Nous ne 
saurions attribuer les n os 10 et J3. 

En avant du chœur, se trouve l'entrée d'un caveau, l'escalier 
qui y conduit fut remis en état en 4885. On y a trouvé une plaque 
avec cette épitaphe : « Cy gist haute et puissante dame Marie 
Collon, veufve de haut et puissant seigneur messire de Beautru, 



ÉGLISE DE NOGENT-LE-KOI. 3 

chevalier, comte de Nogent, marquis du Tremblay le vicomte, 
conseiller du roy en ses conseils, capitaine des gardes de Sa 
Majesté, décédée le 6' jour de janvier 1668, en son hostel à 
Paris. » C'est à l'occasion de la sépulture de ce dernier qu'au- 
rait été tracée ou plutôt repeinte la litre seigneuriale tout autour 
de l'église ; 3 écussons en ont été conservés. 

Citons pour mémoire une autre inscription encastrée dans le 
mur de la cnapelle des fonds baptismaux, et plusieurs fragments 
trop incomplets, dont l'un en caractères gothiques, déposé dans 
le rez-de-chaussée du clocher 1 . 

Toutes les fenêtres sont ogivales et à meneaux, autrefois fer- 
mées par de splendides vitraux, la plupart détruits ou endom- 
magés ; il en reste cependant une notable partie. 

Au-dessus de la porte fortifiée du transept méridional, s'épa- 
nouit une rose magnifique, dont les vitres, du XV e au XVI* siècle, 
sont consacrées à la glorification de la Vierge. Au centre de la 
rose, Marie, assise avec majesté, tient l'enfant Jésus dans ses 
bras, les anges les environnent chantant les divines louanges, et 
David, placé au-dessus de Marie, préside à ce concert céleste ; 
Au-dessous, un arbre de Jessé. Au plan inférieur sont repré- 
sentés les donateurs. Dans les flammes du sommet, 2 écus- 
sons, à la bande chargée d'une coquille entre deux dauphins 
(planche 3, n° 2 et 5), plus les chiffres, entrelacés d'une corde- 
lière (n° 1 et 3), de Henri II et de Diane de Poitiers. 

Dans l'angle de cette chapelle dite de Saint-Jacques, s'ouvre une 
petite porte à plein cintre donnant passage à l'escalier renfermé 
dans l'élégante tourelle signalée plus haut, dans la l re gravure. 

La 1" fenêtre de la nef latérale contient la Fuite en Egypte et 
le Baptême de N.-S. ; la 2*, la Rencontre de saint Joachim et de sainte 
Anne devant la porte dorée de Jérusalem, et autres circonstances 
relatives à la naissance de la sainte Vierge d'après les traditions 
orientales, et enfin V Apparition des Anges aux Bergers ; la 3 e , iV.-S. 
déposé de laCroix, l'Adoration des Mages, etc.. la 4°, l* Arbre de Jessé. 

La "chapelle absidale, consacrée à la Vierge, a été construite 
en 1882, d'après le plan de M. Mouton, architecte, pour 16327 fr. 75 
à la place de l'ancienne, de forme carrée, éclairée par 3 fenêtres, 
menaçant ruine par suite de la démolition de l'antique rempart 
qui lui servait d'appui. Elle est ornée de vitraux modernes con- 
sacrés au Rosaire ; cependant un panneau, à gauche, représente 
saint Louis, et un second à droite, sainte Jeanne de Valois, 
seigneur [et dame de Nogent. Ils ont remplacé quelques débris 

' La Société archéologique cl' Eure-et-Loir, ayant entrepris la publication 
°fes Dalles Tamulnires et Pierres Tombales du département, nous devons nous 
astreindre, on le conçoit, à signaler ces monuments parfois d'un si haut 
'ttteYèt historique. 



4 EGLISE DE NOGENT-LE-ROI. 

• 

de vitraux du XVI e siècle, sur l'un desquels on lisait : « L an 
» mil V - XLII trespassa noble homme Michel Manterne, le 
» 11* jour de juillet, curé de ce lieu, pour luy priez Dieu. » A 
gauche, se voit un bas-relief, style bysantin du XIV e siècle, 
représentant le Crucifiement. 

La nef latérale gauche est non moins intéressante. Le premier 
vitrail renferme V Assomption , Marie au Cénacle, Jésus sur le lac 
de Génésareth, son Apparition a Marie-Madeleine, le Baptême de 
Clovis, etc., et deux écussons semblables à ceux décrits dans 
la rosace méridionale, un écu à une bande chargée d'une coquille 
entre deux dauphins. 

Dans le 2 e vitrail, on voit : la Bénédiction des cinq pains dans 
le Désert, V Entrée de Jésus à Jérusalem le jour des Rameaux et la Ré- 
surrection de Lazare. 

La 3° fenêtre est consacrée à la présence réelle, des inscrip- 
tions nous font connaître la nature des miracles représentés : 
« Ung payen sans honneur passa par devant le Saint-Sacrement 
mais son cheval se humilia, puis le payen crut fermement. — 
Un pécheur qui indignement reçut la très sacrée hostie mou- 
rust tost et visiblement par la gorge (l'hostie) fist sa sortie. » 
Le miracle des Billettes à Paris, un Juif perce les saintes Es- 
pèces avec son canif et en fait jaillir le sang. Un autre jette l'hos- 
tie dans l'eau bouillante qui se teint de sang, tandis que Jésus 
paraît de nouveau crucifié. Des abeilles enveloppent un ciboire 
renfermant l'hostie d'un petit édicule de miel en forme de ta- 
bernacle. Au bas, un écusson à 3 annelets, 2, 1. 

Dans le transept septentrionnal, on voit dans une fenêtre les 
principales vertus avec leurs attributs : la Foi, l'Espérance, la 
Justice, Ja Patience, la Charité ; dans une autre, les principales 
circonstances de la naissance deN.-S. Ce dernier est daté de 1546. 

Près de là, Pancienne chapelle Saint-Hubert servant autrefois 
de sacristie renferme un vieux rétable, richement sculpté dans le 
style de la Renaissance, représentant la légende de saint Hubert, 
malheureusement trop mutilée. 

Les grandes fenêtres du chœur sont consacrées au crucifie- 
ment, d'après le style maniéré, mais riche du XVII* siècle. Le 
bon larron a été artistement gravé par M. Paul Gillard. 

On remarque encore dans le mobilier plusieurs tableaux, 
dont quelques-uns ne sont pas sans mérite : Le Christ en Croix 
avec la Vierge et saint Jean à ses pieds, d'après l'École flamande, 
œuvre de Dovet en 1605 ; la signature est près le pied de la croix. 
le Martyre de Saint-Laurent, peint par Pigeon de Chartres en 
1636, signé par lui sur la traverse supérieure du gril. L'artiste 
s'est inspiré du Titien. La toile a subi des nettoyages qui l'ont 
dégradée, la Révolution lui fit subir une transformation soi-di- 
sant patriotique, les bourreaux furent coiffés du bonnet phry- 



EGLISE DE NOGENT-LE-ROI. 5 

gien. Comme presque tous les autres, il a été restauré en 1858. 

Saint Paul sur le Chemin de Damas, attribué à Tempeste, 1545- 
1620, peint sur bois de chêne, a beaucoup souffert. 

Sainte Geneviève, dans la chapelle de ce nom, est représentée 
gardant ses moutons près de Paris, qu'on apperçoit au fond avec 
le moulin à vent de Montmartre ; à côté un Ecce Homo, éga- 
lement peint sur bois, très minutieux dans les détails, modifié 
en certaines parties en 1858 ; on le fait remonter vers 1500. 

Citons pour mémoire : le Baptême de Notre-Seigneur, Y Adoration 
des Mages, la Fuite en Egypte, la Visitation, Y Adoration du Saint- 
Sacrement, la Salutation Angélique ; ce dernier peint par Gambies 
en 1735. Plusieurs autres tableaux cités dans un registre de 
1767 sont perdus 

M. Paul Gillard a gravé, une colonne funéraire, autrefois sur- 
montée d'un chapiteau, d'après un dessin de Gaignières, sur lequel 
était représenté, dans une sorte de monstrance, un cœur cou- 
ronné. Sous le piédestal on a trouvé une boîte en plomb con- 
tenant, le cœur d'un seigneur, de Nogent. Dès 1753, cette 
colonne était transformée en lutrin, et le sommet remplacé par 
un aigle en cuivre du poids de 122 livres, payé 300 livres. 

Sur le piédestal on lit encore : 

« Auro cor purum puro latet, orbe, columna » 

« Perfectum, constans, prudens, triplici angue vigilque. » 

M. P. Gillard prépare également la gravure d'un monument 
funèbre remarquable, autrefois placé dans le chœur de l'église, et 
dont le dessin a été conservé par Gaignières. Cette eau-forte sera 
l'un des principaux attraits d'une Notice historique de Nogent-le- 
Roi, sur le point de paraître. 

II y avait aussi un orgue, dont le buffet, transformé en armoire 
aux archives, fut détruit en 1750. En 1782, on dépensa 1000 livres 
pour en placer un autre, sans y réussir. Un christ en ivoire, du 
prix de 30 livres, donné en 1755 par Antoinette Alard de Paris, a 
disparu. Le banc d'œuvre, le couronnement de la chaire avec le 
cul de lampe, ont été faits en 1757, par Cauchois, menuisier à 
Houdan, pour 800 livres. Les deux coquilles, servant de béni- 
tiers, ont été achetées à la même époque pour 12 livres chacune. 
L'horloge fut raccommodée en 1759 par un passant, et en 1761 
par Gueroalt, horloger à Chartres ; son timbre fut béni le 28 mai 
1773, et pèse 379 livres ; il avait été refondu à Nonancourt par 
Simonneau pour 307 livres. Un encensoir, du poids de 4 marcs 
6 onces (1 kil. 190 gr.) fut acheté en 1765 pour 350 livres. Les fonds 
baptismaux,fournis en 1766 par Janniau,marbrier,rue Boucherat, 
au Marais, à Paris, ont coûté 440 livres. Les stalles du chœur 
furent payées 1200 livres à M. Marchand, menuisier à Nogent 
en 1774. 



6 ÉGLISE DE NOGENT-LE-ROI. 

La tour située à l'extrémité occidentale est lourde et massive. 
Elle se termine par un toit en charpente couvert d'ardoises, sur- 
monté par un petit pavillon à jour Elle fut construite vers 1611, 
car en cette même année, Noël Jehannes, boulanger, donna 40 
écus sols pour faire sonner midi tous les jours, « lesquels 40 écus 
ont été employés pour aider à faire la tour, qui est commencée 
à mettre les cloches. » 

L'escalier en bois a été fait par M ra Benois, charpentier, en 
1783. A signaler à l'extérieur, en partie noyées dans la maçon- 
nerie , deux anciennes pierres sculptées représentant Tune le 
Père Eternel et l'autre saint Jean TEvangéliste. 

Les registres de chrétienté de la paroisse ne donnent pas moins 
de 4 procès-verbaux de bénédictions de cloches. Le 25 novembre 
1674, les trois grosses cloches sont bénites : Louise nommée par 
le comte de Nogent et M e de Bautru, la 2* Sulpice par Louis Graf- 
fard et Françoise Desprez ; la 3° Marie-Anne par M. Moreau, et 
Anne Guérin. Le 2 janvier 1689, nouvelle bénédiction de trois 
grosses cloches nommées, la première, Dominique par le mar- 
quis de Biron et M ,lc de Serrant, la 2° Louisej>ar le comte de No- 
gent et la marquise de Biron, la 3° Nicolle par le chevalier de 
Nogent et la comtesse de Nogent; poids : 1572, 1167 et 828 livres. 

Le 14 septembre 1750, troisième bénédiction des trois grosses 
cloches, la première nommée Charlotte par le duc de Noailles, 
et M 11 * Françoise-Charlotte de Cossé-Brissac, duchesse d'Ayen, 
la deuxième Anna par Louis de Noailles, duc d'Ayen, comte de 
Nogent etc., et Anne-Claude-Louise d'Arpajon, comtesse de 
Noailles ; la S* Louise par Jaan-Paul-Françoise de Noailles, comte 

d'Ayen et demoiselle Louise de Noailles, demoiselle de Mou- 

chi. Poids, 1714. 1186 et 785 livres. 

, Le l fr août 1783, les trois cloches bénites pèsent 2354, 1645 et 
1223 livres. Des trois cloches actuelles, Tune provient de l'abbaye 
de Coulombs. Elle est datée de 1758, nommée Marie-Louise- 
Charlotte-Françoise, par M. Charles-François de Salaberry, et 
Marie-Louise dès Gasseaux, bénite par dom Anne-Joseph- 
Geffroy de Villeblanche, prieur de l'abbaye de Coulombs. Une se- 
conde plus grosse, Charlotte-Madeleine-Françoise, avait été bénite 
par le même et nommée par Charles-Vincent de Salaberry, 
abbé commendataire de Coulombs, et par Françoise-Madeleine 
Chauvelin. Elle fut cassée le 22 janvier 1844, et descendue le 
l ,r août 1845, elle pesait 2767 livres. Grâce au zèle de M. l'abbé 
Piébourg, récemment décédé curé de cette paroisse, elle a été 
remplacée par deux nouvelles, bénites en 1872. 

La l r * planche a été prise sur une photographie ; les deux 
autres sont reproduites sur les gravures de M. Gillard, dans ses 
Souvenirs d'Eure-et-Loir et dans ses Annales de Nogent-le-Roi. 

C. M. 



CLOCHER DE LOBMAYE. 



i 

i 



\. 



ÉGLISE DE LORMAYE 



/ 



De l'ancienne église de Lormaye il ne reste que le clocher, 
auquel on a donné le nom de Tour de Lormaye. Dans ce vénérable 
débris, on a établi la mairie. Il y est même resté une cloche, mais 
dont l'installation ne remonte qu'à soixante ans environ, époque 
à laquelle elle a été fondue. Cette cloche ne sert plus que*dans 
certaines circonstances, telles que les mariages, les incendies et 
notamment la veille de la fête de saint Jean-Baptiste, patron de 
l'ancienne église. Chaque année, à cette époque, les habitants 
préparent un feu sur la place voisine, appelée le Pilori. Le clergé 
de Nogent-le-Roi vient processionnellement à cette cérémonie, 
et le prêtre officiant allume le feu pendant que la cloche sonne à 
toute volée accompagnée des chants liturgiques. Le clergé ne 
quitte la place que lorsque le feu est éteint, mais à peine est-il 
parti que les assistants, toujours en grand nombre, se préci- 
pitent sur le foyer encore ardent pour en retirer un morceau de 
charbon plus ou moins gros, que chaque ménagère place reli- 
gieusement dans son armoire, espérant ainsi que cette relique 
garantira la maison de la foudre. Le lendemain de cette cérémo- 
nie, dite du Feu de la Saint Jean, a lieu, sur le même emplace- 
ment, une fête foraine, qui attire toujours beaucoup de monde. 
L'église de Lormaye, construite au XV e siècle, ne devait pas 
manquer de caractère, si l'on en juge par les arceaux restés 
attachés à la tour et par divers chapiteaux, en belle pierre de 
liais, bien fouillés et dont quelques spécimens sont restés dans 
le pays jusque dans ces derniers temps. Actuellement, il n'en 
reste plus qu'un. La tour est très bien construite, en pierre de 
taille, avec escalier hors œuvre et contreforts, le tout coiffé d'un 
toit couvert en ardoises. Elle' mesure 28 mètres 80 de hauteur, 
dont 7 mètres 70 pour le toit. 

Lormaye eut jadis plus d'importance qu'il n'en a aujourd'hui. 
On y fabriquait du drap coté au marché de Nogent-le-Roi. Il y 
avait aussi des tanneries et le petit bras de l'Eure qui sépare le 
territoire de Lormaye de celui d,e Nogent porte encore le nom de 
rivière des Tanneurs. Ces industries furent prospères jusqu'au 
XVIII e siècle, mais les grandes usines d'EIbouf et autres tuèrent 
ces petites fabriques ; aussi les habitants de Lormaye devinrent- 
ils bien misérables au XVIII* siècle. Ils en furent réduits à 



élever des enfants, ce qui fit de ce village une véritable pou- 
ponnière. 

Le cimetière qui entourait l'église a été converti en jardin. Il 
appartient encore à la commune. Quant au presbytère, il est 
actuellement habité par plusieurs familles. 

L'église, qui menaçait ruine, a été démolie 1 en 1836, après avoir 
servi de grange ; les matériaux furent adjugés à la commune de 
Nogent pour 3,151 fr. 60. La paroisse de Lormaye fut alors 
réunte à celle de Nogent. Il n'y a du reste aucune solution de 
continuité entre les deux localités, à ce point que plusieurs 
maisons se trouvent construites sur les deux communes à la fois. 

Nous avons relevé sur les registres de l'état civil le décès de 
l'abbé Louis Delaunay, arrivé à Lormaye le 18 septembre 1783, 
alors qu'il était curé de cette paroisse. L'abbé François Boutroue 
lui succéda le 9 avril 1786 et bénit la croix de Chaudres, dont il 
ne reste plus trace aujourd'hui. Ce curé administra la paroisse 
de Lormaye jusqu'au 13 janvier 1793. A partir de cette époque, 
il continua à tenir les registres de l'état civil, mais avec le titre 
d'officier public jusqu'au 29 prairial an II. 

Nous ne savons pas ce qu'est devenu le dernier curé de Lor- 
maye, les registres de l'état civil ne nous ayant fourni aucun 
renseignement sur ce sujet. 

La gravure de la tour est de M. Paul Gillard. 

Nogent-le-Boi, le 21 septembre 1 896. 

A. Gillard. 



1 Le projet de démolition était déjà conçu en 1806. Le G décembre les com- 
missaires chargés de l'estimation et de la visite donne de l'église la des- 
cription suivante : « Elle consiste en un seul corps de bâtiment en deux 
parties parallèles, la l r « formant la nef et le chœur, de 27 m ,28 c de long sur 
6*,82 de large et 7 ra ,79 de hauteur, sans égoux; de construction, savoir un gros 
mur de moellon sur la face, vers le nord, fortifié de petits pilliers en grais- 
serie, et aux deux extrémités surmontée de pignons, et la face, vers le sud, 
de six gros pilliers avec arcades et arases en pierre de taille, de pareille 
hauteur. La 2« partie formant une aile latérale de 22 m ,40 de long sur 4*,22 
de large et 7 m ,79 de haut, de construction d'un mur de face seulement en 
pierre ou graisserie, fortifié de 6 gros pilliers butant; comble en charpente 
sur le tout en deux égoux, couvert de tuiles; plus à l'extrémité de ladite aile, 
vers l'ouest, est une tour de clocher, aussi de construction en graisserie de 
15 m ,59, surmonté d'un comble en pavillon couvert en ardoise avec une 
cloche, laquelle pèse environ 225' kil., évaluée à 500 fr. — Evaluation de 
l'église entière : 3990 livres. » C. M. 




kg use dr soulairrs (traverse armoriée) 



ÉGLISE DE SOULAIRES 



L'église . de Soulaires a été construite à deux époques bien 
distinctes. 

En avant, une petite nef, longue de 7 m 60, peut remonter au 
XII e siècle. Elle est éclairée par trois fenêtres, romanes, petites 
et à plein cintre avec commencement d'ogive, dont Time dans le 
pignon au-dessus de la porte d'entrée. C'est la partie la plus an- 
cienne. Au bout de cette nef, il y avait sans doute un chœur de 
petite dimension, mais assez grand pour la population alors peu 
nombreuse. Un Pouillé du XIII* siècle porte à 40 le total des 
paroissiens adultes de Soulaires : « Solerres, parochiani 40, 
estimationes ou revenu, 25 livres, doyenné, Epernon, patrons, 
S. Jacques et S. Philippe 1 . » 

Mais la population ayant augmenté comme partout, on fut 
obligé d'agrandir l'église. Le chœur fut démoli et remplacé par 
une construction plus grandiose,composée d'une seconde nef, d'un 

1 C'est sans doute à cause de la similitude de nom que les habitants de 
Soulaires eurent toujours grande dévotion à saint Jacques de Compostelle en 
Espagne. Nous lisons dans les registres : « Le jeudy, 16* jour de mars 1651. 
sont allez à M. saint Jacques en Espagne Jacques-Marie, aagé de 50 ans, 
Guillaume Langlois, aagé de 44 ans, Claude Leviste, aagéde 35 ans, Mathery 
Poisvillier, fils de Mathery Poisvillier, aagé de 25 ans, Marin Milsot, aagé de 
23 ans, fils de Jehan Milsot. Nous sommes allés les conduire avec la croix et 
bannière jusques au chemin de Chartres ; à leur retour les sommes allés 
quérir audit chemin avec croix.et bannière : Jacques-Marie et Claude Leviste 
sont revenus le 20 mai, Guillaume Langlois le 27 du mesme mois, Mathery 
Poisvillier et Marin Milsot ne sont revenus qu'en 1654. » On nomme encore 
d'autres pèlerins : Guillaume Milsot parti le 1 mars 1654, revenu le 30 may, 
Pierre Vuadier. serviteur chez M. de Soûl lai re, Macé Vatonne, Mathurin 
Baudry, partis le 11 septembre 1656, revenus le 7 janvier 1657, sauf Macé 
Vatonne mort en revenant; Noël Langlois et Pierre Renou, partis le 12 mars 
1665, revenus le 9 juin ; Guillaume Legrand, Eustache Renou, partis le 18 
septembre 1768, conduits avec la croix et bannière jusqu'au bas du Haut- 
Roussi n, chemin de Chartres à Epernon, où le curé Poirier leur donna sa 
bénédiction, revenus le 27 décembre ; Jacques Degast, Jean-Pierre Lambert, 
Louis Florent Soupace. partis le 12 septembre 1773, revenus le 19 octobre. 



bras de croix formant deux belles chapelles et d'un sanctuaire à 
pans coupés dans le plus beau style gothique. Cette partie a 23 
mètres de long, sur 8 mètres de large et 15 mètres de hauteur, le 
bras de croix mesure 17 m de long sur 5" 10 de large. Trois belles 
fenêtres gothiques géminées éclairent le sanctuaire ; dans celles 
du milieu sont représentés les sacrés cœurs de Jésus et de Marie. 
Les bras de croix ont quatre fenêtres ; celles des pignons sont 
ornées Tune du mystère de l'Annonciation et l'autre de la mort 
du bon patriarche saint Joseph entre les bras de Jésus et de Marie. 
Les autres sont fermées par des grisailles. Ces vitraux ont été 
exécutés, en 1875 par la maison Lorin de Chartres. 

Les quatre autres fenêtres gothiques de la nef sont garnies de 
verres blancs. 

Le mauvais goût du XVII e siècle avait fait murer la fenêtre du 
sanctuaire, obstruée d'ailleurs par un immense autel à rétable. 
Deux autres des bras de croix avaient reçu la même injure. Elles 
furent ouvertes en 4875, par les soins du curé de la paroisse. M. 
Thé vert. 

La porte du bas de l'église à l'ouest et celle du midi sont sem- 
blables, quoique percées dans des murs d'une époque différente. 
Elles ne sont ni en ogive ni en plein cintre, mais les linteaux 
d'une seule pierre reposent sur des pieds-droits. Elles datent du 
XVI e siècle. Une autre porte en plein cintre dans le pignon de la 
chapelle au nord est murée. 

Les meneaux des deux dernières fenêtres de la nef du XVI - 
siècle ont été enlevés et la travée elle-même refaite en entier, 
probablement peu après leur primitive construction. C'est en 
effet sur cetjte partie que se trouve le clocher. Il est facile de se 
convaincre que tel qu'il est aujourd'hui il a été reconstruit en 
entier. Les énormes poutres qui le soutiennent à l'intérieur de 
l'édifice, sont à peine équarries et jurent avec la riche ornemen- 
tation du reste de la charpente. Sa forme extérieure n'a rien de 
l'élégance et de la légèreté gothique des XV' et XVI § siècles. 

De là, nous devons conclure que le campanile primitif, garni de 
ses deux cloches, perché directement sur la charpente, s'élevant 
sans doute à une grande hauteur, avait ébranlé les murs qui le 
supportaient. Il aura fallu le démolir et le remplacer par un autre 
plus modeste et reprendre par la base les murs qui menaçaient 
ruine. En effet à l'extérieur la reprise est évidente, la maçonne- 
rie n'est plus la n>ên>e, les contreforts sont en pierres plus gros- 



sières, ceux qui ceignent le reste de l'église en pierres d'Epernon, 
plus fines. La fenêtre est encore gothique, mais on n'a pas réta- 
bli les meneaux élégants et élancés de la primitive construction. 
Sur un de ses contreforts extérieurs on a gravé dans un car- 
touche la date de la construction de l'église, MD1V, bien lisible, 
quoique l'M et le D soient unis ; à côté se voit une salamandre 
ou un serpent ; nous la retrouvons à l'intérieur de l'église gravée 
dans un écusson sur la poutre de gloire, mais elle est repliée sur 
elle-même. L'autre partie de l'écusson est chargée d'une tour 
crénelée. Ce sont là sans doute les armes d'un insigne bienfaiteur 
de l'église, et peut-être du seigneur de la paroisse. 

D'ailleurs la charpente entière, sauf celle du clocher, pour le 
motif exposé ci-dessus, est d'un travail très soigné. Dans la par- 
tie du XII - siècle, les poutres sculptées au XVI* siècle sont 
ornées à leurs extrémités de têtes de guivres, au centre, d'un 
crocodile entier, d'un cep de vigne enroulé avec ses feuilles et ses 
grappes, des clous de la Passion et de la couronne d'épine. Au- 
dessus du chœur et du sanctuaire l'ornementation est un peu 
moins chargée. Sur les en trait s et les filières on voit aussi des 
têtes de monstres, des branches couvertes de feuilles, des têtes 
d'animaux domestiques : bœufs, lévriers, oiseaux ; des têtes 
d'hommes, Tune coiffée d'un chapeau roulé sur la nuque, le cou 
découvert mais le menton garni de sa barbe. Les angles formés 
par l'abside et les chapelles sont ornés d'une dizaine de têtes 
d'hommes, de femmes, d'enfants coiffés à la mode du XVI* siè* 
cle. Enfin sur la clef de voûte elle-même sont sculptés quatre 
corps humains accroupis soutenant de leurs mains les arceaux 
qui viennent y aboutir. 

Le sanctuaire, dont nous donnons une vue exacte, a été orné 
de peintures, en 1875, par M. Albert Antoine ; et de boiseries 
faites par M. Bégagon, de Chartres ; les peintures de la voûte et 
des chapelles ont été exécutées, en 1889, par M. Turquin de 
Chartres ; l'ancien autel, formé d'un massif de pierres et de 
cailloux avait pour table la pierre tumulaire d'Agnès de Sou- 
laires. Sur une partie portant des traces évidentes de feu, et 
recouverte par du plâtre on avait tracé la date de 1656. C'est 
donc à cette époque que le massif rétable avait été dressé et les 
fenêtres murées. 

Le tombeau de cet autel était entouré d'un vaste rétable en 
bois avec panneaux et placards. En haut se trouvait un grand 



médaillon représentant les insignes de saint Jacques de Compos- 
lelle, chapeau de pèlerin, gourdes et coquilles ; le devant de 
l'autel était garni de tapisseries. 

Mieux inspiré, M. l'abbé Thevert, pour compléter l'ornemen- 
tation de son église, fit enlever ce massif autel 1 , dresser le long 
du mur la pierre d'Agnès et enfin, à l'aide des offrandes de ses 
paroissiens, construire un bel autel gothique, surmonté d'un 
élégant ciborium. 

La chaire est modeste, mais un souvenir s'y rattache. Enlevée 
et transportée à Maintenon, où elle servit pour un club en 1793, 
elle n'en fut rapportée qu'après la tourmente révolutionnaire, 
mais son abat-voix fut égaré et remplacé par un autre d'emprunt. 

Sous le crépissage des parois de la nef, on distingue quelques 
traces de la litre seigneuriale. 

La cloche est récente, voici son inscription : 

« L'an de grâce 1880, le 12 septembre, j'ai été bénite par Char- 
les plot, ancien curé de Soulaires, donateur, et nommée Jacque- 
line- A Ibertine-Marie-C&therine-Andrèe-Henriette-Pauline par Léon- 
Emile- Albert Lelong, parrain, et Emelina- Sophie -Delavallée, 
dame Maunoury, marraine. M. Thevert, curé, et Fortin, adjoint. 
— Georges Bollée, fondeur à Orléans, 1880. » Elle pèse 980 
livres. 

Les deux anciennes cloches ont leur histoire : 

« Le dimanche, 10* jour d'octobre 1666, a esté béniste la petite 
cloche et nommée Jacquette et Charlotte : le parrain Jacques Le- 
febvre,beuvetier en la première chambre des enquestes au Palais; 
la marraine damoiselle Charlote de Morant, fille de feu Charles 
de Morant, escuier et seigneur du Couderay, et de damoiselle 
Jacqueline Dupuis, sœur de mademoiselle de Soullaires : a esté 
fondue par Jehan Gabois, demeurant au bas de la Petite-Bou- 
cherie de Chartres. Elle pesoit auparavant la fondre 330 livres, 
à présent pèse 375 livres. La première foys qu'elle a esté fondue 
en l'an 1612 nommée Catharine ; les parain et maraine Eustache 
de Viol le et damoiselle Catherine Juppitre, seigneurs de Soul- 
laires. La grosse cloche a esté béniste le 10 f d'octobre 1664. Le 
parain Louis de Laube, seigneur en cinquième portion de la terre 
de Soullaires ; le nom est Louise à présent, et la première fois 

i En fouillant la terre au pied de cet autel, on a trouvé deux pots en terre 
cuite, mesurant 8 cent, de hauteur, et 6 cent, de largeur à la panse, remplis 
de cendre et de morceaux de charbons. 



estoit Marie ; fondue en l'an 1530, elle pesoit 420 et à présent elle 
pèse 412, fondue par Jehan Gabois. » 

La petite cloche fut refondue le 28 mai 1719 et nommée Louise- 
Renée et de nouveau Je 4 août 1726 et nommée Louise-Françoise. 
En 1824, la cloche qui avait traversé la Révolution fut remplacée 
par une nouvelle bénite le 23 mai par M. Guyot, curé de Jouy, 
desservant de Soulaires, et nommée Louise-Emélie par M. Emile 
Zacharie Lelong, parrain, et Louise-Elise Lelong, marraine. 

Parmi les plus généreux bienfaiteurs de l'église nous devons 
placer les de Violle, seigneurs de Soulaires. Les membres de cette 
famille jouissaient en effet des privilèges des fondateurs. Ils 
étaient enterrés dans le chœur même de l'église, vis-à-vis le 
crucifix, comme Louis de Violle, le 13 février 1675. 

Un vieux registre, récemment trouvé dans un grenier du vil- 
lage, donne des extraits des donations faites à l'église, il corrobore 
les indications plus laconiques du martyrologe de Soulaires, 
actuellement conservé aux archives départementales d'Eure-et- 
Loir. 

En 1638 ; Guillaume de Violle, escuier, seigneur de Soulaires, 
prêtre et prieur d'Yvette, léguait 6 livres de rente à Péglise de 
Soulaires, à prendre sur le moulin de Soulaires, à charge d'une 
messe haute. En 1658 et 1662, Louis Le Violle, seigneur de 
Soulaires,et Catherine du Puit,sonépouse,donnent81ivres6sols 
de rentre à charge d'un service pour sesçère et mère, Eustache 
de Violle et Catherine Jaupitre, son épouse 1 . 

Citons encore rapidement parmi les bienfaiteurs : M. Jean 
Potier, prêtre, protonotaire apostolique du Saint Siège, léguant 
101 livres 5 sols pour 7 messes ; Mlle de TAubbe de Souslerre, 
qui mourrut dans la paroisse de Saint-Sulpice, à Paris, en 1690, 

* Louis de Violle eut plusieurs frères : Robert, Louis- Armand et Daniel- 
Georges, qui embrassèrent l'état ecclésiastique. Louis-Armand fut con- 
seiller et aumônier du roi, prieur de Sainte-Maure et d'Yvette : Robert, 
chevalier de Tordre de Saint-Jean de Jérusalem ; Daniel-Georges fut béné- 
dictin,et prieur successivement de Saint-Lômer de Blois, de Saint- Benoit sur 
Loire, de Corbie de Saint-Fiacre de Meaux et de Saint-Germain d'Auxerre ; 
il composa plusieurs ouvrages imprimés et manuscrits, et en particulier la 
« Légende de Saint-Prest, près Chartres ». Cf. Merlet, Bibliothèque Char traîne. 
On sait que la statue de Pierre de Violle, prévôt des marchands, est placée 
sur la façade principale de l'Hôtel-de- Ville de Paris. En 1533, il avait posé 
la première pierre de l'ancien Hôtel-de- Ville, brûlé en 1871.— Les armoiries 
de cette famille, probablement peintes sur la litre seigneuriale, étaient 
« De sable à trois chevrons brisés d'or. » 



et donna 200 livres pour avoir des ornements à ladite église et 16 
livres de rente sur le moulin de Lèves pour 8 messes basses ; 
Catherine de la Guérinière, 5 minots de terre pour un service ; 
Jehanne Harleville, 1560, Loïse Le Brun, 1561, Pierre Hocque- 
reau 1561, Regnault Hocquereau, 1570, Agathe Goupillon, 1574, 
Jehanne Chantepie, 1584, Geneviève de Lorme, Julianne Baul- 
dry, Louise Pichard, Catherine le Jumentier, Jacques de Lorme, 
1605, Hillaire Noguette 2 , Mathurin Danvillier, Louis de L'Aubbe, 
sieur de l'Artoire, 1669, Alexis Camialle, et mille autres, parois- 
siens dévoués à leur église, chrétiens fidèles et craignant Dieu. 
Memoria, illorum in setemum manebiL 

Le premier dessin et le quatrième sont de M. Denisard, le 
deuxième et le troisième de M. Rousseau. 

H. 

1 Gervais Noguette, notaire à Soulaires rédigea l'inventaire des biens de 
l'église en 1662. Il était sans doute parent de Robert Noguette, né vers 
1635 aux environs de Chartres, qui fut chanoine de Notre-Dame, puis mis- 
sionnaire et évèque de Faifo, Cochinchine, et mourut à Pondichéry en 1703. 
(Merlèt, D. Liron). 



: DE VITRA Y-EN-BEAIXK. 



EGLISE DE VITRAY-EN-BEAUCE 



Comme un grand nombre d'églises de la Beauce, celle de Vitray 
a été construite à deux époques bien distinctes. 

La nef est du XII* siècle ; les fenêtres et les deux portes d'en- 
trée romanes ne laissent aucun doute ; celles de gauche sont plus 
petites et murées, celles de droite sont plus grandes ; une a été 
remaniée au XI V § siècle et est ogivale, la troisième est ornée au 
dehors d'une moulure saillante à dents de scie, soutenue par deux 
piédestaux où sont sculptés des figurines encore bien apparentes. 
Sous le toit un encorbellement en pierre couronne les mura 
soutenus de chaque côté par quatre contreforts simples et peu 
épais. La grande porte d'entrée est à plein cintre ; l'archivolte, 
découpé en dents de scie, retombe de chaque côté sur une colon- 
nette engagée avec chapiteau à feuillage. Cette partie de l'église 
a 17 mètres sur 8" 50. 

Le chœur est plus élevé et plus large. Il mesure 14 mètres de 
long sur 10 m 20 de large. Il est soutenu à droite et à gauche, par 
trois contreforts plus massifs. Cinq larges baies flamboyantes 
dont une dans le pignon, à double meneau indiquent l'époque de sa 
construction. Une inscription placée près du premier contrefort, 
à la hauteur du larmier, en précise l'année : « L'AN. M. 
V*. CINQVANTE. A. ESTE. RÉÉDIFIÉ. LE. CEVR. DE. 
CESÏE. PRESENTE. EGLISE. IOH AN. MATHRA. CVRÉ(?). 

PIERRE. S AD YELE (?). JACQVES. BOVARD LORS. 

GAGIERS. DE. CEANS. 

Le pignon aigu a un entablement en pierres de taille avec 
crochets et deux lions à la base. 

L'intérieur de l'église est régulier, mais d'une extrême pau- 
vreté. Le grand autel élève son énorme rétable en bois presque 
jusqu'à la voûte et le soutient par quatre colonnes torses enrou- 



lées de feuillages et de grappes de raisin. Cet autel proviendrait 
de l'église de Saint-Germain-les-Alluyes. 

La voûte est en bardeau, les entraits et aiguilles dépourvus 
de Ja moindre moulure. Quelques figures et arabesques étaient 
peintes au-dessus du chœur. 

Une charpente lourde et disgracieuse soutient le clocher et sa 
flèche aiguë. La cloche a été bénite le 10 juillet 1887, par M. Mau- 
demaîn, doyen de Bonneval, et nommée Pauline Clémentine 
Antoinette, par M. Victor-Joseph Glin, maire de Vitray, parrain, 
et par Clémentine de Villers du Terraye, baronne Auvray, qiar- 
raine. Elle pèse 447 kilog. et sonne le la. 

Messire Jehan Perrault, curé de céans, pèlerin de Notre-Dame 
de Liesse en 1610» nous apprend que « la grosse cloche étant 
tombée le 12 décembre 1612, il avait béni solennellement le 7 
mars 1621, la grosse cloche qui est au clocher, nommée Catherine 
par noble et dévoste dame Catherine d'IUiers, abbesse de Saint- 
Avit, dame de ce lieu. La dicte cloche a esté fait refaire par les 
habitants de ceste paroisse, qui tous, tant pauvres que riches, 
y ont fait leur debour, selon leur promesse : M. de Victray a 
donné quatre livres de carreau pour réparer l'église et M. Gobi- 
neau, conseiller au siège présidial de Chartres, une pistolle. » 

De même en 1605, le 1" octobre, « les gagiers firent refaire la 
vistre qui est au costé du maîstre-autel, vers senestre, ensemble 
aussi les meurs du cimetière et tout de neuf en deux endroits. » 

Est-ce à lui que l'on doit l'inscription qu'on lit encore gravée 
sur la pierre d'entablement, à l'entrée du cimetière : « Par où 
tous ont passé je passe ; par où f ai passé, tu passeras. » 

Enfin, en 1769, le mardi 20 juin, maistre Jean-Michel 
Bichon étant curé, « fut repavé en entier le cœur de l'église par 
les soins de dame Marie-Rose de Mausabré, abbesse de l'abbaye 
royale de Saint-Avit-lès-Chàteaudun ; le premier pavé dudit 
cœur placé par Jean-Claude Galerne, entrepreneur, et l'église 
ensuite réparée en entier. » 

Que Dieu suscite un nouveau et généreux bienfaiteur pour 
donner à ce pauvre édifice le confort et la décence nécessaires au 
temple de Dieu. 

Le dessin de l'église a été exécuté par M. Hoyau. 

C. M. 



AINT-I.KOKR lit 



église de saint-léger (porte d'entrée) 



ÉGLISE DE SAINT-LÉGER-DES-AUBEES 



Cette église existait déjà en 1450, à une époque où la paroisse 
de Saint-Léger-des-Aubées n'était encore qu'une villa portant 
le nom d'Albereth. Dans une charte de 1171 elle est déjà indi- 
quée sous le vocable de Saint- Léger : Ecclesia, sancli Leodegarii 
de Alberiis. Dans la basse latinité le mot Albereta signifiait « lieu 
planté de peupliers blancs »[Alberus... populus alba. seu Iremula). 
Le sanctuaire est en effet d'architecture romane de transition. 
Quant à la nef, elle a été presque entièrement reconstruite il y a 
à peine vingt ans (de 1874 à 1880. Les devis s'élevèrent à 21968 fr.) 
par les soins de M l'abbé A. Légué, actuellement curé d'Ymon- 
ville. A en juger cependant par la porte romane qui n'a pas été 
remaniée, l'église primitive était tout entière de la fin du XII* 
siècle. M. Légué a fait preuve dans cette restauration d'une 
sûreté de goût et d'une science en archéologie vraiment remar- 
quables. Lorsqu'on franchit pour la première fois le seuil de 
cette petite église, on est immédiatement saisi par le charme 
pieux qui s'en dégage. La nef est en moellon et voûtée en briques 
recouvertes de plâtre. Les arcs doubleaux retombent sur des 
pilastres très simples. Il n'y a ni bas côté ni nef latérale. Entre 
chaque pilastre une verrière en ogive surbaissée rappelle d'un 
côté de l'église les traits principaux de la vie de N.-S ., de l'autre, 
ceux de la vie de la sainte Vierge. L'arc triomphal séparant le 
sanctuaire du reste de l'église est de la forme la plus gracieuse. 
De chaque côté de cette arcade on remarque un élégant petit 
autel en pierre sculptée. Celui du côté de l'évangile est surmon- 
té d'une statue en pierre de la sainte vierge, très ancienne, et fort 
belle. L'enfant Jésus y est représenté tenant dans sa main l'Es- 
prit-Saint sous la forme d'une colombe, tandis que sa divine 
mère tient la verge de Jessc. En 1887, M* r Regnault attacha 
40 jours d'indulgence à tous ceux qui viendraient vénérer cette 
pieuse image. Trois verrières en ogive très surbaissée l'éclairent 
sans lui enlever son air mystérieux. Le sanctuaire, un peu plus 



étroit que la nef, est voûté et bâti en pierres de taille. Avec ses 
nombreuses colonnettes il rappelle beaucoup les bas côtés de la 
cathédrale de Chartres II est entouré de petites arcades en ogive 
surbaissée, taillées dans l'épaisseur des murs, et qui devaient 
servir dans l'origine de stalles ou sièjes pour les prêtres. Au 
milieu s'élève un bel autel gothique aussi en pierre et de fabri- 
cation moderne. D'un côté de cet autel on remarque une tor- 
chère en bois sculptée, du XVI* siècle, d'un grand prix, et de 
l'autre, un curieux petit sacraire servant en même temps de 
piscine. 

L'édifice, de forme rectangulaire, a 30 m 80 de long sur 7 m 95 de 
large. L'extérieur n'a rien de remarquable. Une petite tour 
carrée donne entrée dans les combles. Le sanctuaire est cou- 
ronné par un clocher «de 16 mètres 50, y compris sa base, et 
d'aspect un peu lourd. Sur l'un des contreforts on remarque 
une partie droite surmontée d'une sorte de corniche. Les 
marquis de Gaimpy, autrefois seigneurs du village, avaient 
droit de haute et basse justice. Il est probable qu'on se 
trouve en face d'un ancien pilori ou d'un siège de justice jadis 
surmonté d'un petit toit comme cela se voit au chevet de plu- 
sieurs autres églises en France. L'entrée de l'église de Saint- 
Léger était autrefois précédée d'un porche en pierres qui a 
disparu. Sous ce porche on remarquait alors une fort belle pierre 
tombale portant deux figures de femmes, ornées de la coiffure 
italienne du XVI e siècle, avec robe montante, collet rabattu, 
larges manches, cordelière et gros chapelet à la ceinture. On y 
lisait l'inscription suivante en lettres gothiques : « Cy gist Ma- 
thurine Bouthroue, en son vivant femme de feu Jehan Dumaitz, 
laquelle décéda le XXII e jour de juing MV e LXVI. — Aussy 
gist Guillemette Dumaitz, leur fille, laquelle décéda le VII e jour 
d'octobre MV C LXXXVI. » Il est regrettable que cette pierre 
ait été coupée et employée à couvrir deux des petites pyramides 
qui surmontent les contreforts du sanctuaire. Quand le soleil bril- 
le, on aperçoit parfois en l'air les cornettes, plates sur le devant, 
traînantes en arrière, de Mathurine Boutroue, femme Jean Du- 
maitz de Goimpy et de Guillemette leur fille. Signalons, pour 
terminer, le beau baptistère roman d'un mètre de largeur sur 
0,90 de hauteur placé au fond de l'église et servant encore au 
culte quoique le baptême ne se donne plusj>ar immersion depuis 
longtemps. A remarquer aussi le tambour monumental cons- 



truit avec l'ancien rétable renaissance, devant la grande porte 
de Péglise. Cette manière d'utiliser des boiseries parfois très 
belles est fort ingénieuse. La restauration de 1875, a fait dispa- 
raître l'ancienne voûte en lambris de chêne qu'un rapport officiel 
nous décrit ainsi : c La voûte forme dans la coupe transversale 
de la nef deux parties de plafond d'un mètre de largeur de chaque 
côté et deux demi-circonférences au milieu. Elle offre six tra- 
vées séparées lune de l'autre par des entraits qui ne sont que 
de simples poutres sans aucun travail, de même que les poin- 
çons qui ne portent pas la moindre sculpture. Chaque travée 
renferme trois rangées de panneaux en planches de sapin gros- 
sièrement assemblées. 

« Chaque panneau, formant une surface plane de 1 mètre 50 
cent, carré environ, ne peut pas concourir à la courbe d'un 
cintre régulier, aussi la voûte est-elle formée d'autant de lignes 
brisées qu'il y a de panneaux. Chaque panneau forme un tableau 
séparé et représente un sujet de l'Histoire Sainte. Des paysages 
bibliques, des attributs religieux, des emblèmes chrétiens, des 
instruments de musique : tambours, harpes, guitares, violons, 
trompettes avec des drapeaux et des armes assez disparates. 
Tous ces tableaux sont au-dessous du médiocre pour le dessin 
et ia couleur. Les deux travées voisines du sanctuaire sont plus 
correctes et révèlent une main plus exercée. Ce qui est le mieux 
réussi en général ce sont les instruments de musique que le 
peintre a répétés avec complaisance. » 

« Les douves qui enveloppent les sablières portent aussi une 
guirlande d'ornements passablement dessinés, mais lourds. Les 
entraits et les poinçons n'ont pas échappé au pinceau de l'artiste 
qui partout a voulu remplacer la sculpture absente. La travée 
au bas de l'église n'a que des panneaux vides, l'un d'eux porte 
la légende suivante : « L'an 1696, avec l'aide de Dieu et le secours 
de plusieurs bons et zélés paroissiens, et à la diligence de Claude 
Boutroure et de Marin Roger, gagers, a été fait le lambris de 
cette église, par les soins de missire Jean Bçulard, curé qui l'a 
peint de sa propre main. Priez Dieu pour lui, 1696. » 

« Ce qui donne de l'intérêt à cette travée inachevée, c'est une 
tradition admise dans le pays, qui attribue l'interruption des 
travaux à la mort du curé Brulard, tué dans l'église en tombant 
des échafaudages. Il faut l'avouer, malgré la pauvreté du dessin, 
malgré la crudité des teintes, cette peinture presque enfantine 



donne à l'ensemble de l'intérieur un certain charme inconnu aux 
églises froides et nues des environs. La vivacité des couleurs au 
haut de cette nef étroite et svelte prête à la lumière des tours 
harmonieux. Cet essai d'art fait comprendre l'effet que devaient 
produire des voûtes magistralement décorées. » 

On remarque également un chandelier de bois destiné à 
supporter le cierge pascal, richement sculpté et orné de dau- 
phins, trois à trois, aux armes du Dauphin de France. Enfin 
sur le banc d'œuvre on la date de 1605 avec les noms des mar- 
guilliers : H. IEAN = ILLEI = C. COLLIVIVIER = F. 
BERNARD. Sur le dernier banc de la nef: D. Boudinet — F. 
Puissant. 1610. 

La porte d'entrée a été dessinée par M. Launay, de Vendôme. 

Perrier. 



BAPTISTERE DE SAINT-LÉGER-DES-A.UBÉES. 



EGLISE IJOYSONV1LLK 



EGLISE D'OYSONVILLE 



L'église Saint-Pierre et Saint-Paul d'Oysonville est plutôt re- 
marquable extérieurement par la masse importante qu'elle forme 
avec son massif clocher carré que par sa grâce. Elle est formée 
dune nef principale et d'un bas côté et tient de deux parts au châ- 
teau C'est un édifice du XIII e siècle, remanié à plusieurs reprises, 
principalement au XV e siècle où elle fut brûlée coftime le château 
par les Anglais. Elle ne fut consacrée à nouveau qu'en 1539 par 
Barthélémy, évêque de Sébaste, en présence des seigneurs du lieu. 
Si l'extérieur d'Oysonville n'offre qu'un aspect imposant, l'inté- 
rieur au contraire charme l'œil par la magnificence et la beauté de 
sa décoration ; c'est le cas de rappeler à ce propos une phrase de 
M. le vicaire général Sureau en 1854 ; « L'église d'Oysonville est 
dans un village, mais ce n'est pas une église de village. » Il y a 
environ cinquante ans que l'église reçut sa dernière transforma- 
tion, grâce à la générosité du marquis Théodore d'Oysonville. On 
remarque dans le chœur plusieurs pierres tombales des seigneurs 
du lieu, la principale est l'un des plus beaux spécimens des dalles 
tumulaires du XV e siècle que l'on puisse voir ; le seigneur et la 
châtelaine y sont représentés au milieu d'une merveilleuse ri- 
chesse d'ornementation. C'est au chœur principal que s'ouvrait, 
sous le banc seigneurial encore existant aujourd'hui, le caveau 
où Ton inhumait les barons et marquis dont le descendant habite 
encore le château, tandis que dans le bas côté, dit autrefois Notre- 
Dame du Château, que desservait le chapelain fondé le 23 août 
1699 par Anne-Françoise Le Prévost, marquise d'Oysonville, 
veuve de Bernard Briçonnet 1 , pour satisfaire à de nombreuses 
fondations, et où Ton Vénérait une antique statue de la Vierge à 
laquelle la population attribuait la grâce d'être épargnée de la 

« Archives d'Eure-et-Loir. G. 4440. — Le 19 février 1660, Paul le Prévost, 
baron d'Ovsonville donnait à l'église 100 livres de rente et 600 livres une fois 
pavées pour prières et entretien d'un vicaire, (G, 4459). 



grêle, dans ce bas coté, disons-nous, étaient ensevelis les curés 
morts dans l'exercice de leur ministère. Le clocher renferme 

• 

trois belles cloches : Tune d'elles, la plus petite, date du XVIP 
siècle et porte le nom du marquis Bernard d'Oysonville, son do- 
nateur et son parrain 1 ; les autres, de dimension assez importante, 
sont dues au marquis Théodore d'Oysonville. Remarquons en- 
core la jolie boiserie du chœur, les fines sculptures de la chaire et 
du banc d'oeuvre, le rétable de l'autel Saint- André qui ornait jadis 
celui de la Sainte-Vierge « fait et placé en 1693, par Mathurin 
Mesnager, menuisier à Chartes » moyennant 180 livres ; de 
beaux vitraux modernes, parmi lesquels une grisaille à bordure 
héraldique qui éclaire la tribune du château au fond de la nef ; 
différentes statues anciennes ou modernes, enfin l'éclat des 
couleurs qui décorent les voûtes et les murailles, toutes choses 
qui contribuent à donner à l'intérieur du monument l'aspect de 
bon goût et de richesse qui frappe le visiteur. 

L'église d'Oysonville reconnaissait pour fondateurs les sei- 
gneurs du lieu, comme nous l'avons dit, ancêtres depuis près de 
sept cents ans de M. le comte de Rilly, propriétaire actuel du 
château. 

Le dessin de l'église est de M. R. Ravault, et nous a été gra- 
cieusement communiqué par M. le comte de Rilly. 

R. 



1 En 1672, il fut payé « aux fondeurs qui ont fondu la cloche neufve, tant 
pour le métal qu'ils ont fourny que pour la façon, 163 livres 6 sols. » Vers 
1730, la fabrique reçut « de M. le marquis d'Oysonville à la bénédiction des 
cloches 144 livres. » — En 1720, marché fut conclu entre les fabnciens et les 
sieurs Jean-Baptiste Le Brun et Jean Salvia, natifs de Bréval en Lorraine, 
fondeurs de profession, pour la fonte des deux cloches, pour 120 livres. 

Enfin, le 7 novembre 1629, le seigneur d'Oysonville dota l'église de sa plus 
grosse cloche, baptisée par son fils Charles, chanoine de Chartres, et 
nommée Madeleine par Paul, son autre fils (Voir Oysonville, son chàiean, 
zen seigneurs, p. 34. 



Chapelle de Saint-André Chapelle de N.-D. Auxiliatriee 

a Oysoxville 



LES CHAPELLES D'OYSONVILLE 



La paroisse d'Oysonville, outre son église, renferme aussi sur 
son territoire deux chapelles : Tune, celle de Saint-André, est 
située dans la maison des religieuses fondée, il y a cinquante- 
deux ans, par le marquis Théodore d'Oysonville. La messe aux 
intentions du fondateur y est dite, une fois par semaine. Notre 
planche en donne la vue intérieure. L'autre, sous le vocable de 
Notre-Dame Auxiliatrice, s'élève dans le parc du château. On y 
remarque un splendide dallage sorti des faïenceries de Nevers, 
c'est un heureux composé d'armoiries alternant avec des rin- 
ceaux, style renaissance, le tout sur un fond bleu du meilleur effet. 
Cette chapelle, enrichie d'indulgences par le Saint-Père, renferme 
le caveau funéraire de la famille d'Oysonville, dont les armoiries 
sont gravées à l'angle droit du dessin de M. R. Ravault, exécuté 
aux frais de M. le comte deRilly. 



ACTE DE CONSÉCRATION DE L'ÉGLISE D'OYSONVILLE 

/•• juin l>39. 

Ludovicus... episcopus Carnotensis, Univers) s, etc.. Notum facimus quod 
reverendus... Bartholomeus, Sebastiensis episcopus, de nostris licentia et 
permissione, anno et die date presentium, ad instant iam, supplicationem 
et requestam dni Stephani Maulle.presbvteri vicarii parochialis ecclesie de 
Ouason villa, nostri diocesis Carnot., nec non nobilis viri Francisci Dalon- 
villa, scutiferi, domini temporalis dicti loci et domi celle Ludovice de Bu, 
ejus uxoris, atque Constantis Blanchet et Mathurini Lambert, gagiariorum 
sive provisorum fabrice dicte ecclesie dicti loci, eamdem parochialem ec- 
clesiam et majus altare ipsius ecclesie in honore beatorum Pétri et Pauli 
apostolorum una cum duobus aliis magnis altaribus, uno videlicet in honore 
beatissime Virginis Marie genitricis Dei, altero vero sancti Johannis-Bap* 
tiste, cum reliquiis sancte Barbare in eisdem altaribus, vasis stanneis appo- 
sais et inclusis, rite et canonicejuxta et secundum ritum,formamet modum 
ecclesie, Spiritus Sancti gratia suffragante, benedixit, consecravit ac Deo 
dévote dedicavit, et deinde missam in pontificalibus super dictum majus 



altare ipsius ccclesic solcmniter celebravit ac hujusmodi dcdicationis 
festum anno quolibet, die festiva béate Barbare! virginis et martiris, 
quarto videlicet decembris a singulis parochianis celebrari et festivari pre- 
cepit auctoritatc nostra et injunxit, et quod festum dicta die celebrari et 
festivari precepimus et injunximus. Et ut Christi fidèles ipsam adeamdem 
ecclesiam, devotionis causa, anno quolibet libentius confluant et adeant, nos 
omnibus et singulis utriusque sexus Christi fidelibus, vere penitentibus et 
confessis, qui dictam ecclesiam anno quolibet dictadie visita verint et ad libro- 
rum etaliorum ornamentorum ecclesiasticorum augmentationem de bonis 
a Deo sibi collatis largiti fuerint, dederint seu contribuerint manusque 
suas adjutricesporrexerint, quoties id fecerint, XL dies de injunctis eis 
penitentiis de omnipotentis Dei misericordia beateque et gloriose Virginis 
Marie ejus genetricis ac beatorum apostolorum Pétri et Pauli, ejus auc- 
toritate confisi gratia in Domino misericorditer relaxamus. In cujus rei 
testimonium, sigillum camere nostre... duximus apponendum, anno Domini 
MDXXX1X, die prima mensis junii, presentibus domno Stephano Maulle, 
Clémente Barbier et Francisco Cheuvron presbyteris, nec non Francisco 
Sergent, Jacobo Guermer, Petro Souldrier, Mathurino Baron cum pluribus 
aliis parochianis ibidem assistentibus. Le Gaigny. 

Archives d'Eure-et-Loir, G. — Parchemin. 

On trouve aussi la bénédiction du cimetière, donnée le 22 septembre 
1544 par Jean, évèquede Meaux, « présente Francisco Dallonville, domini 
temporalis predicti loci de Oysonvilla. » 






L'ABSIDE 



DE LA 



CATHÉDRALE DE CHARTRES 



Une gravure inédite de la cathédrale de Chartres pourrait 
sembler un paradoxe, surtout avec la prétention de reproduire 
Tune des parties les plus remarquables du célèbre monument. 

On ne peut cependant dénier cette qualité à l'abside extérieure 
de la basilique, après le verdict autorisé de Viollet-le-Duc. 
« Parmi les absides les plus remarquables et les plus complètes, 
on peut citer celle de la cathédrale de Chartres 1 . » 

Or ni Lassus, dans son magnifique Allas, ni l'abbé Bulteau, 
dans sa Monographie, ne lui ont consacré le plus petit dessin. 

Quelques vues générales de la cathédrale en donnent, il est 
vrai, un aperçu, mais trop lointa ; n et par suite confus et 
indistinct. 

D'ailleurs, jusqu'au mois de mai dernier, cette partie était 
obstruée et voilée par les échafaudages élevés, depuis plus de 25 
ans*, pour les restaurations urgentes. L'artiste le plus habile 
n'aurait pu en reproduire l'harmonieux ensemble, ni la délicatesse 
et le fini des détails. 

Le dessinateur, d'autre part, empêché par les bâtiments de 
1 evéché, qui entourent ici le monument, ne pouvait trouver un 
point de vue favorable et complet. Mais la photographie, avec 
ses progrès merveilleux, nous a permis de mieux faire, et d'une 
fenêtre de nos appartements, à une distance de moins de trente 
mètres, à la hauteur de la 1 er galerie, nous avons pu, avec un 

* Dictionnaire raisonné d'Architecture. 

* Les restaurations ont été exécutées sous la direction de M Bœswil- 
wald, avoc le concours de MM. Mouton, architecte, Bouthemard, entrepre- 
neur et Fritel sculpteur. Les travaux de l'abside ont commencé en 1882. 



objectif puissant, embrasser le monument tout entier, depuis les 
fenêtres de la crypte jusqu'à l'angelot du faite de la toiture, 
sans la moindre déformation dans les lignes. 

A droite, la tour, dite du chevet, conserve toujours son vête- 
ment de charpente, comme il y a quelques jours encore l'abside 
elle-même. C'est pourquoi nous avons dû la supprimer dans 
notre gravure. 

Dégagée, désormais, cette abside justifie pleinement le jugement 
du maître. Elle supporte facilement la comparaison avec celles 
de Notre-Dame de Paris et des cathérales de Bourges, de 
Beauvais, etc. Elle ne leur paraîtra pas inférieure. 

A cette vue générale, nous en ajoutons une seconde, qui, prise 
sous les arcades, complète la première et facilite l'intelligence 
de cet étonnant morceau d'architecture. 

Les arcs-boutants sont à double-volée et à trois étages. La 
trop grande largeur des deux nefs du déambulatoire nécessitait 
ce dédoublement, qui à la force ajoute la grâce et l'élégance. 
La première rangée de contreforts s'appuie sur les puissantes 
colonnes de l'intérieur, la seconde sur les murs d'angles des 
chapelles rayonnantes. Ces murs s'arc-boutant eux-mêmes ont 
permis à l'architecte de supprimer le développement excessif de 
la base de ces contreforts et de ne pas aveugler ainsi par leur 
masse les fenêtres de la crypte. Chose digne de remarque, les 
contreforts même des chapelles ne descendent pas jusqu'à terre, 
mais s'appuyent sur un large revêtement en pierres taillées, qui 
cache les murs de la crypte du "SLÏl* siècle, trop faibles pour 
supporter la charge des constructions gigantesques du XIII* 
siècle. Ce mur nouveau, épais souvent de deux mètres, s'en- 
tr'ouvre par de larges baies pour éclairer les petites fenêtres 
romanes de la cathédrale de Fulbert, et supporte sans fléchir les 
contreforts qui souvent tombent à faux sur la pointe même de 
l'ogive, comme on peut le voir dans la partie inférieure de notre 
gravure. 

Viollet-le-Duc a expliqué la théorie de cette double volée des 
contreforts. 

La seconde volée, extérieure, est simple et ne se compose que 
d'un seul arc-boutant qui retombe sur un large pilastre terminé 
par une sorte de niche. Celle-ci se compose d'un fronton trian- 
gulaire, surmonté d'un fleuron fleurdelisé. Il est porté par quatre 
colonnettes légères et un éperon avec chapiteau à feuillages. 

Les arcs de la seconde volée, comme à Beauvais et à Bourges, 






sont à triple étage, espacés également dans la hauteur. Ils déve- 
loppent un peu plus du quart du cercle. L'arc inférieur, à son 
point d'appui au mur de la cathédrale, est soutenu par une forte 
colonne ou éperon, avec chapiteau à feuillages très fouillés. Ces 
éperons, alternativement de forme ronde ou hexagonale, étaient 
nécessités par le passage circulaire ménagé tout autour de la 
cathédrale sur la corniche établie à la base des vitraux ou du 
clérestory. 

Le second arc, le plus puissant, est aussi le plus orné. Une 
moulure profonde, à talon, amène la transition entre la voussure 
de Tare et son affleurement aux ogives aiguës du rayonnement 
inférieur. C est là une des" particularités les plus ingénieuses de 
cette abside. 

On la remarque également le long de la nef, et Yiollet-le-Duc 
en donne un spécimen. Les colonnes sont plus courtes, plus 
massives, les chapiteaux ornés de feuillages, et les arcs en plein 
cintre. Ici elles sont plus frêles, plus élancées, sans chapiteau et 
se terminent en une ogive lancéolée. Les arcades sont séparées 
par une petite rose, et un joli trèfle, trilobé, vient ajourer l'espace 
libre entre le dernier rayon et le contrefort. 

Il y a ainsi quatre baies formant la roue et tendant à un centre 
commun. Le second arc-boutant n'est point appuyé sur un 
éperon, comme l'arc inférieur, mais il s'engage franchement 
dans le mur. 11 est recouvert d'un chaperon de pierres canne- 
lées. * 

Ces deux arcs ainsi reliés et rendus solidaires ont une puis- 
sance extraordinaire de résistance que les architectes auraient 
dû partout imiter. Aussi la voûte est restée intacte, sans la plus 
petite lézarde, sans le moindre écartement. 

La cannelure de la pierre de recouvrement ou du chaperon, et 
plusieurs détails de l'arc supérieur, semblent indiquer que dans 
le plan primitif le système de soutien des voûtes devait s'-arrêter 
là. Mais soit pour augmenter la force de résistance, soit pour 
donner à ce chevet plus de grâce et d'élévation, on ajouta, sur 
cette première volée seulement, un troisième arc simple qui s'at- 
tache à l'entablement supérieur et à la corniche elle-même. 

Son point d'appui n'y avait point été préparé, il brise la ligne 
des moulures et les attaches des crochets ou crosses végétales 
des balustrades. (Voir la figure ci-jointe au point B). 

La retombée de l'arc sur le contrefort est encore plus anor- 
male, surtout si l'on se transporte de l'abside à la nef. 




Après avoir reçu le second arc, le 
contrefort se rétrécit assez rapide- 
ment par plusieurs assises de mou- 
lures décroissantes (voir la figure au 
point A), pour se terminer comme 
les deux frontons inférieurs par un 
crochet fleurdelisé ou même par une 
statue. (Nous avons figuré un cro- 
chet). 

Là, plus encore qu'à l'abside, la 
superposition du troisième arc après 
coup paraît évidente. 

Autre remarque, les deux pre- 
miers arcs avaient un centre com- 
mun ; Tare supérieur est plus ouvert, 
son point central n'est plus le même et la régularité des lignes 
concentriques est rompue. 

L'éperon, ou colonne qui est au-dessous, n'avait point pour 
but, comme à l'étage inférieur, de consolider cet arc, mais uni- 
quement de soutenir les refuges ou replis de la corniche, qui 
s'avancent comme des tribunes dans le vide. Il en est ainsi dans 
tout le pourtour de la cathédrale. Il faut donc considérer ce troi- 
sième arc comme postiche. 

Quel aspect aurait la cathédrale si cette addition venait 
à être enlevée ? N'en paraîtrait-elle pas plus élégante, plus 
hardie ? Les roses*, merveilleusement dessinées, des fenêtres qui 
éclairent la nef, les lancettes aiguës de l'abside ne seraient plus 
à moitié voilées et feraient admirer la pureté de leurs lignes 
savantes. Les pinacles élancés des contreforts laisseraient 
s'épanouir les fleurs de leurs crochets, ou soutiendraient avec 
grâce une couronne de statues. 

Quoi qu'il en soit, l'agencement très rare de nos contreforts et 
des arcs-boutants, leur merveilleuse solidité méritent de fixer 
l'attention des archéologues ; nos gravures leur permettront de 
les étudier dans les moindres détails. 



C. Métais. 



Chartres, le 28 mai 1896. 



ÉGLISE DE SANDAKVILLE 



Longue de 28 mètres, large de 10, cette église forme un quadri- 
latèrj régulier. Ses principales fenêtres sont ogivales ; celle du pi- 
gnon L"st(murée)a deux meneaux élégants, surmontés de flammes, 
les trois de droite et les deux de gauche sont simples. Le pignon 
Ouest est percé d'une fenêtre, également ogivale, accostée de deux 
petites ouvertures à plein cintre, comme la porte d'entrée elle- 
même., et une autre petite porte latérale qui s'ouvrait à côté de 
l'autel de la sainte Vierge. 

La voûte est en bardeau avec filières, ornées de fleurs, de têtes 
d'hommes, d'oiseaux et de monstres sculptés; on aperçoit aussi 
sur le bardeau quelques traces de peinture a personnages. 

Le grand autel est en bois avec un retable de style grec, en- 
richi d'un tableau représentant l'Adoration des Mages,et des sta - 
tues de saint Martin, patron, et de saint Jovin, but d'un pèleri- 
nage assez fréquenté. A l'extérieur, le pignon Est est soutenu 
par trois contreforts à larmier, celui de l'Ouest a ses deux ram- 
pants terminés par deux griffons bien sculptés. 

Le clocher en charpente, bien modeste, contient une seule 
cloche, baptisée en 1839 sous le nom de Marthe- Augusline-Marline. 
Elle avait été fondue avec les restes dune cloche ancienne nom- 
mée Jovinne en 1484, et donnée par un sieur de Saint-Viroix. 
Une cloche plus petite avait disparu à la Révolution, elle portait 
la date de 1480 et le nom de Martine, et avait été donnée par un 
seigneur de Fadainvillier. 

Ce clocher n'était pas 
dans le plan primitif. On 
remarque en effet dans 
le mur latéral nord une 
grande arcade gothique, 
à moulures profondes, 
destinée à soutenir 
une tour, dont la cons- 
truction fut empêchée 
par des causes incon- 
nues. L'acte suivant 
nous fait connaître ce 
projet. 
« En 1548, marché des gagers de Sandarville avec Mathurin 
Danjouan, pour asseoir une tour carrée ayant les fondements 
suffisamment bas, de 5 pieds de large sur 18 pieds de haut, et 



au-dedans un hostel honeste de maçonnerie, deux pilliers garnys 
d'une arche en la muraille de l'église, icelle tour voustée et ayant 
une creusée au milieu de pierres de taille pour porter ladite 
vouste ; au bas d'icelle tour, à l'entour d'icelle, trois assiettes de 
pierres de taille ; au-dessoubz des vitres ung lermier ; deux vitres, 
l'une au bout de l'autre ; au costé en ung des pilliers corniers une 
vis et montée de la haulteur à monter au-dessus de la vouste de 
ladite tour, de la façon de icelle de l'église de Thivars. » 

Au rétablissement du culte, l'église faillit être abandonnée et 
détruite. Sandarville était réuni pour le culte à Bailleau-le-Pin. 
On avait déjà estimé le produit des matériaux de démolition à 
1500 francs, l'emplacement de l'église et du cimetière à pareille 
somme. Les habitants émus firent une pétition. 

« Les exposants, disent-ils, ne peuvent concevoir pourquoi une 
commune moyenne, telle que celle de Mesley-le-Grenet, d'une 
population au plus égale à celle de Sandarville, une autre com- 
mune des plus petites du canton, celle de Méréglise, dont la po- 
pulation ne s'élève qu'à 130 individus et dont l'église ne semble 
qu'un petit oratoire, sont conservées, tandis que Sandarville, 
dont l'église est commode, seroit supprimée. » 

Le doyen d'Illiers reçut mission de se rendre sur place. 

« L'église est dans un état affreux de dévastation, tout y est à 
réparer pour le corps du bâtiment, tout à recréer pour les objets 
du culte dont aucun n'a échappé au vandalisme irréligieux et 
révolutionnaire. Au surplus ce fléau semble avoir spécialement 
frappé les communes de Bailleau et de Sandarville ; peut-être 
même sur ce point, cette dernière auroit-elle plus de reproches 
encore à se faire et à encourir. Les habitants de Sandarville sont 
opposés à tout projet de réunion à Bailleau et me paraissent 
porter dans leurs discours une sorte de virulence, etc.. » 

La décision du préfet, du 4 messidor an XI, conclut à la 
réunion. En 1809, les habitants de Sandarville revinrent à la 
charge et demandèrent l'érection de l'église en chapelle vicariale, 
offrant de payer 500 fr. d'honoraires au chapelain. L'évêque dio- 
césain de Versailles fit mieux. Il démontrâtes grandes difficultés 
de ce titre de chapelain donné au ministre du culte et statua que 
Sandarville devait porter le titre d'annexé ou de desserte, que le 
prêtre desservant relèverait de lui seul et non du curé de Bailleau- 
le-Pin. (23 mai 1809). Cette décision fut confirmée le 29 janvier 
1816. Depuis, la commune a acheté un modeste presbytère, et 
a fait restaurer son église qui est toujours pauvre, mais propre 
et convenable. 

Le dessin de l'église est de M. Rousseau. 

C. M. 



RG1.ISR U AR.MKNO.WILLE-LËS-GATINEAUX 



ARMENONVILLE-LES-GATINEAUX 



Cette modeste église a le rare avantage d'avoir eu plusieurs 
curés, chroniqueurs fidèles des événements dont ils furent les 
témoins. Leurs notes précieuses sont encore conservées dans 
les archives du hameau, et elle nous font connaître par le détail 
toutes les phrases historiques du petit monument. 

D'abord humble chapelle, elle aurait été construite par les- 
seigneurs de Remenonville. « En 4206, un Hugues de Remenon- 
ville, chevalier, fonda trois messes en ladite chapelle et donna 
pour cet effect aux curés de Gays (Gâs), dont le hameau et 
seigneurie d'Armenonville dépendoit, les dîmes inféodées qui 
luy appartenoient. » Et l'historien cite à l'appui un titre de 
Renaud, évéque de Chartres, conservée dans le Cartulaire de 
Josaphat. 

<« On tient par la tradition que cette chapelle a esté dédiée par 
S. Thomas de Cantorbéry, durant son exil, en mémoire de 
quoy on bâtit en son honneur un autel dans la nef. 

En 4671, M" Charles Fleuriau, seigneur d'Armenonville , 
demanda et obtint l'érection de l'antique chapelle en église pa- 
roissiale indépendante. Le décret de l'évêque de Chartres est du 
28 mars 4671, homologué le 22 décembre 1672. 

Déjà les bienfaiteurs avaient orné le petit sanctuaire de 
lambris, en 1658, d'un grand autel, en 1659, d'une sacristie en 
1660, des statues de saint Pierre et saint Paul en 1667, faites 
par un sculpteur de passage, Jacques Monnoye ; trouvant alors 
leur chapelle trop petite, « ils la firent accroistre d'environ trois 
toises et en mesme temps firent faire un clocher que tout le monde 
trouve d'une architecture fort jolie, et ce fut la mesme année 
1671. » Lorsque l'église n'était encore que chapelle, elle avait, pla- 
cées dans le haut du pignon, deux cloches qui dataient de 200 ans ; 
l'une d'elle se cassa aussitôt après son transport dans le nou- 



veau clocher, on en profita pour les faire refondre toutes les 
deux ; en 1676, on plaça une autre petite cloche de 40 livres dans 
le petit dôme, pour les usages civils. 

Ces deux cloches furent elles-mêmes remplacées plus tard, et 
celle qui habite aujourd'hui le joli campanile est datée de 1743 ; 
elle est malheureusement fêlée. 

En voici l'inscription : « En 1743, j'ay été bénie par M- Jean 
Thuault, curé d'Armenon ville et prieur de Notre-Dame de 
Surmont, nommée Marguerite par très haut et très puissant 
seigneur Alexandre de la Rochefoucault, marquis de Surgères, 
seigneur d'Armenonville, brigadier des armées du roy, colonel 
d'un régiment de dragons, son nom (sic), gouverneur et grand 
bailly de Chartres, et très haute et très puissante dame Margue- 
rite Charlotte Fleuriau, épouse de très (sic) et puissant seigneur 
Pierre Emmanuel de Crussol, marquis de Crussol et de Sa- 
mectere. — Broccard nous a faictes. Roland Poittevin et Martin 
Ron terre, gagers. » 

L'intérieur de l'église est dans le plus grand dénuement. Au 
fond le maître-autel avec boiserie formant retable ; à gauche, 
l'autel de la Vierge. La voûte de la nef est à trois pans, elle est 
transformée en un plafond au-dessus du sanctuaire, et ornée de 
carrés où sont peints en rouge et en noir une clef et un glaive en 
sautoir. Six fenêtres à plein cintre renaissance sont garnies de 
verres blancs. 

L'église a deux portes ; une petite du côté de la rue, surmontée 
d'une niche où trône une vierge noire de Chartres. La grande, 
dans le pignon ouest, à plein cintre ; au dessus un œil de bœuf, 
accosté de deux niches où se voient les statues de saint Pierre 
et de saint Paul, d'une facture grossière, faites par un habitant 
du hameau, mort depuis 50 ou 60 ans. Signalons une autre œuvre 
du même artiste. Au-dessus de la porte de la sacristie, on voit, 
dans un cadre, un Christ sur la croix à laquelle sont fixés les 
instruments de la Passion : la lance, l'éponge, les tenailles, le 
marteau, l'échelle ; aux pieds de la croix, la sainte Vierge et lange 
recueillant le sang qui jaillit du côté du Sauveur, enfin le serpent 
qui se dresse, furieux de sa défaite. A défaut d'art, il y a une foi 
naïve et ardente, et de la bonne volonté. 

Que n'y a-t-il un nouveau seigneur d'Armenonville pour res- 
taurer cette église et lui rendre son titre de paroisse 
Le dessin est de^M. l'abbé Belaue. 



c,ae)EI.!f:e(r 



HGLISE DE LA GADELIÈRE 



C'est un vaisseau de moyenne grandeur, long de 25 mètres, 
large de 8 mètres dans la nef et de 7 dans le sanctuaire. La 
maçonnerie est en caillou, et les contreforts et piliers en pierre 
de Ver non. 

Le chœur est plus ancien et d'après ses fenêtres à plein 
cintre peut remonter au XIP* siècle. La nef est du XVI e avec 
ses belles fenêtres ogivales à meneau et flammes. 

Quelques débris de vitraux échappés aux ravages des temps 
sont également de l'époque de la renaissance ; les couleurs en 
sont vives, et les figures qui restent bien faites. 

Le rétable du maitre-autel est assez bien conservé et se 
compose de 4 colonnes torses striées en spirales et portant à 
la base des grappes de raisin sculptées. Un vieux tableau sans 
valeur représente l'Ascension du Sauveur, ou plutôt la Transfi- 
guration. Les deux personnages qui accompagnent le Christ 
sont à moitié enveloppés de nuages. Dans deux niches de 
chaque côté de l'autel les statues de saint Roch et un évêque, 
sans doute saint Martin, patron; parterre un saint Sébastien. 

Une statue en pierre, massive, représentant la sainte Vierge 
avec un enfant Jésus au bras, est vraiment remarquable. Elle 
était posée sur un autel en bois avec rétable, dans le style de 
l'autel principal. Les 4 petites colonnes torses de cet autel ornent 
aujourd'hui le banc d'oeuvre de Rueil. La voûte en lambris est 
à plein cintre avec poutres et aiguilles apparentes. 

Depuis plus de 30 ans, on ne dit plus la messe dans l'église 
de la Gadelière ; la cour du château s'étend sur l'ancien cime- 
tière, qui est devenu avec l'église propriété de^. Albéric de 
Montuel, propriétaire du château 1 . La cloche a été placée dans 

* La commune de la Gadelière a été réunie à celle de Rueil par décret du 
23 janvier l(ëJB)B. De là, la vente de l'église. 



le clocher deRueil ; c'est presque un malheur, car elle ne peut 
s'accorder avec la cloche de Rueil et ne sert à rien. Il eût mieux 
valu sans doute la laisser dans son clocher et alors elle eût pu 
de nouveau convoquer les fidèles à l'office, car M. de Montuel 
ne manquera point, un jour à venir, de restaurer l'intérieur de 
cette petite église qui servira de chapelle privée au château. 

Voici ce qu'on lit sur la cloche : « L'an 1736. J'ai été baptisée 
par M e Louis Choiseau, prestre, curé de ce lieu, nommée Char- 
lotte-Marie par Charles Dufour, escuyer, seigneur de la Gadelière 
et autres lieux, et par dame Marie-Claude Camusat de Riancé, 
femme de messire François-Louis-Joseph de Loynes, chevalier, 
seigneur de la Potinière, Bertin, Rueil en partie et autres lieux, 
conseiller du roy, auditeur ordinaire en sa Chambre des Comptes. 
Vincent Moreau et Thomas Lebouc, trésorier. » 

Sur la croix un Christ, une Madeleine cheveux épars tient em- 
brassé le pied delà croix, puis une vierge et la marque du fon- 
deur : une cloche dans un écu orné d'acanthe et le nom, Ni- 
colas Simono. 

Le dessin de l'église est de M. Ryckebusch. C. H. 



UI.ISK DK l'EZY 



ÉGLISE DE PEZY 



Les habitants de Pezy tiennent de leurs ancêtres que leur 
pauvre petite église serait aussi ancienne que la cathédrale de 
Chartres. Que n'ont-ils appuyé cette prétention par un soin 
jaloux à l'entretenir, orner et embellir ? 

Elle est construite en moellon calcaire, les angles du pignon 
ouest et les contreforts du chevet sont en pierre de taille. 

Outre la grande fenêtre ogivale à meneau, du côté nord, l'église 
est encore éclairée par 4 fenêtres, intermédiaires entre le plein 
cintre et l'ogive ; une au sud, deux autres au nord et la der- 
nière au-dessus de la porte d'entrée ; celle-ci est à plein cintre. 

Elle mesure 20 mètres sur 8. Elle se divise à l'intérieur en 
une grande nef de 5 m 70 de large à pans coupés, et par une nef 
latérale de 2 m 30 composée de trois travées soutenues par quatre 
colonnes en pierre, dont deux engagées dans les murs. La der- 
nière travée sert de sacristie, les deux autres forment la cha- 
pelle de la sainte Vierge. 

Le maître-autel est en bois avec un rétable orné de deux co- 
lonnes sculptées et d'un tableau, représentant le second patron, 
saint Biaise, instruisant le peuple. Le patron principal est saint 
Taurin. En temps de grande sécheresse, les paroisses voisines 
viennent processionnellement lui demander de la pluie. 

La voûte est en bardeau, sans ornement. 

La cloche nommée Charlotte porte la date de 1680 et a été 
bénite par maître Fougeau, docteur en Sorbone, chanoine de 
Notre-Dame de Chartres, assisté de M re François de Tou- 
rouveteil, curé de Pezy. 

Quelques travaux d'entretien ont été faits à l'église en 1891 et 

1892. 
Le dessin de l'église a été fait par M. Rousseau. 

L. 



ÉGLISE DE BERCHÈRES-SURVESGRES 



« L'église de Berchères-sur-Vègre, « Bercherie super Nigran » 
est mentionnée au XIIP siècle, sous le vocable de saint Rémy, 
parmi les paroisses du chapitre de Chartres, dans l'archidiaconé 
du Pinserais et le doyenné de Mantes. 

« Cet édifice, l'un des plus remarquables du canton d'Anet, a 
25 mètres de longueur sur 16 mètres de largeur. Il se compose 
dune nef principale 15 m sur 6), de deux nefs latérales ayant 
chacune 5 mètres de large ; le chœur a 7 mètres; au côté droit du 
sanctuaire, quia 3 mètres, est accolée une petite sacristie trian- 
gulaire d'un effet disgracieux. La porte d'entrée principale,placée 
à TOuest,est précédée d'un porche ; une autre petite porte s'ouvre 
entre la 3* et la 4 € fenêtre de la nef latérale de droite. A l'angle de 
cette nef s'élève une belle tour quadrangulaire surmontée d'un 
clocher polygonal. Les fenêtres qui l'éclairent sont à plein cintre 
comme celles de l'église ; on y voit du côté du midi deux cadrans 
d'horloge et un méridien. » 

La voûte est en plein cintre et en bardeau de sapin. 

1509. M ma de Ligny fut autorisée par le chapitre de Chartres, 
à faire quelques changements au chœur de l'église, déclarant 
que cela ne peut se faire sans la permission dudit chapitre. 

1639. Le vicaire perpétuel et les habitants de Berchères 
obtiennent du chapitre quelques secours pour parachever les 
réparations nécessaires à l'église. 

1660. Permission accordée par le chapitre à dame Anne Seguier, 
veuve messire Jean de Viallard, dame de Herses, de faire bénir 
une chapelle qu'elle avait fait construire à ses dépens, à coté du 
chœur de l'église de Berchères, et la décorer d'ornements con- 
venables et propres à la célébration du service divin. 

1760. Procès -verbal dressé par les officiers de la justice du 
chapitre à Berchères-sur-Vesgres de la position d'un banc 



seigneurial avec les armes du chapitre dans le chœur de l'église 
Saint-Rëmy dudit Berchères. 

En 1852, M n# la comtesse de Bastard, propriétaire du château 
de Herse, fit avec la fabrique de l'église de Berchères un arrange- 
ment portant qu'elle construirait à ses frais un autel dans la 
chapelle nouvellement édifiée par M. le curé, qu'elle ornerait 
cette chapelle et entretiendrait le mobilier à perpétuité ; de son 
côté la fabrique concédait à la dite dame le droit d'établir un 
banc parallèle à l'autel et d'ouvrir une "porte pour accéder à la 
chapelle. 

(Lefèvre, Annuaire de 1863, p. 318 à 320). 

Nous lisons dans les registres de la paroisse le procès-verbal 
suivant : 

« Le 10 may 1759, a été fondue la grosse cloche de cette pa- 
roisse, pesante 335, bénite l'an 1717 et nommée Marie-Louise par 
messire le comte de Lignières et M"*' la comtesse son épouse. On 
l'a augmentée de 111 livres. M. le marquis de Colbert, fils des 
susdits parein et mareine, ayant remercié à cause que sa terre 
de Herses, en vente depuis six ans, était sur le point d'être ven- 
due, j'ai choisi M. Leguay, marchand et procureur fiscal de cette 
paroisse, avec M me Marguerite Chapelain, épouse de M. Jean- 
Baptiste Angiboust , fermier de la Malmaison de Ruel. 
Signé : S. F. G. Lehaut. » 

« Il y avait aussi une chapelle attenante au château de Herces. 
où fut célébré le 15 juin 1733, le mariage de messire Charles- 
Louis- Auguste , comte de Maridort, avec demoiselle Julie- 
Hertense de Colbert, fille de Leuis de Colbert, chevalier, comte 
de Lignières, seigneur de Herces. » 

Le dessin de l'église est de M. Emile Boursier. 

C. M. 



ÉGLISE DE NOGENT-SUR-EURE 



Si Ton en croit une tradition, locale , l'église paroissiale de 
Nogent se trouvait autrefois dans un hameau appelé Oysemont, 
au lieu dit les Vignes. Eglise et village ont disparu , à peine si le soc 
de la charrue soulève parfois quelques pierres et décombres des 
anciennes habitations. 

L'église actuelle était la chapelle du château ou forteresse, 
dont l'emplacement, de forme carrée et très restreint, est tout in- 
diqué par les fossés pleins d'eau, sur lesquels un pont-levis éta- 
blissait les communications. Les châtelains de Nogent ne se sont 
pas ruinés dans la construction de leur chapelle. S'ils ont toujours 
maintenu leur litre seigneuriale à l'extérieur, s'ils y ont cloué 
leurs armoiries dans les grandes circonstances (litre et points 
d'attache sont toujours apparents), ils ne l'ont ornée d'aucun 
chef d'œuvre. 

C'est une pauvre construction romane terminée par une ab- 
side semi-circulaire, éclairée par 6 fenêtres, agrandies depuis, 
avec bordure en briques ; 3 autres sont murées, dont Tune der- 
rière le maître-autel, étroite, largement évasée, d'après le style 
du XII siècle ; l'embrasure extérieure était ornée d'un tore 
simple et non sans élégance dont il reste une partie à la fenêtre 
voisine de la sacristie. 

Vers la fin du XV* ou du XVI e siècle, la porte d'entrée fut 
agrandie ; elle est ogivale, encadrée d'un tore ; les murs ébranlés 
furent soutenus par des contreforts en pierres taillées, élevés ça 
et là sans symétrie, d'après les seuls besoins de l'édifice. Les 
croix de consécration encastrées dans les parois, à l'intérieur, 
sont de la même époque et révèlent une restauration complète, 
sans doute à la suite des guerres de Religion. 

Deux chapelles forment le bras de croix, l'une construite au 
siècle dernier, et l'autre par M. l'abbé Bordier, il y a quelques 
années. Elles sont peu profondes et s'ouvrent sur l'église par 
une grande arcade à plein cintre. 

Le clocier est tout récent. Certains vieillards en ont vu trois 
se succéder. Le 1 er , construit sur la charpente de l'église, datait 
de 1602. Le 26 juin de cette année « furent remontés les closses 
de cette église, lesquelles avoient été Rabattues pour refaire le 



closser, lequel fut fait tout de bois neuf et coûta ledit closser 
tant de bois que de façon la somme de 150 livres. » Le second 
date du commencement du siècle. On construisit en maçonnerie 
devant le pignon ouest une tour carrée, surmontée d'une flèche 
aiguë, carrée à la base et terminée à 8 pans. Deux murs s'écrou- 
lèrent en 1864, laissant la charpente suspendue en l'air ; on s'em- 
pressa de descendre la cloche restée intacte. Enfin, le dimanche 
15 novembre 1868, fête de la dédicace des églises, M. Barrier, 
vicaire général, bénit solennellement un nouveau campanile, 
élevé par les soins du conseil municipal, M. Leloup de Chartres 
architecte, Julien et Pierre Roseau de Friaize, maçons, et Leroux 
d'OIlé, charpentier. Plus élégante que la précédente, avec sa 
cage ajourée, cette flèche verra -t-elle de longs jours ? 

La cloche porte l'inscription suivante : « L'an 1793, 2' de la 
République, j'ai été bénite et nommée Alexandre-Marie par 
Alexandre Moreau, officier public et curé de Nogent, et par 
Marie-Anne Clément, épouse de Mathurin Bigot, les citoyen 
(sic) P. Beaupère, maire, J. L. Vassort, M. Bigot, officiers 
J. Thireau procureur de la commune, les Husson fondeurs. » 

Rien digne de remarque, sauf quelques anciennes statues 
placées dans le sanctuaire, représentant saint Silvin, évêque, et 
saint Sulpice, patrons, sainte Barbe, sainte Catherine, et une 
autre statue non dénommée. Elles sont en bois, finement 
sculptées avec tous les caractères du XVII* siècle. 

La chapelle de gauche est dédiée à la sainte Vierge avec les 
statues de sainte Anne et de sainte Appoline ; celle de droite au 
Sacré-Cœur avec les statues de saint Maur et de saint Jean- 
Baptiste. 

On y vénère aussi une toute petite statuette de saint Maur 
qui attire chaque année, les 15 janvier et 24 juin, un assez grand 
nombre de pèlerins, pour obtenir laguérison de leurs douleurs. 
Elle provient d'une chapelle autrefois située dans le hameau de 
Pont-Tranchefétu, plusieurs mariages y ont été célébrés au 
XVII e siècle par le curé de Nogent. Les derniers restes en ont 
été enlevés vers 1850 pour construire une maison où l'on con- 
serve, avec une statue du saint, le souvenir du pieux édifice. Tout 
auprès se trouvait aussi un hospice qui, vers la fin du XVII e 
siècle, fut réuni à THôtel-Dieu de Notre-Dame de Chartres. 

Le dessin de l'église est de M. Rousseau. 

C. M. 



) 



HGLISE DE MONTIGNY-SUR-AVRE 



Le vocable de Saint-Martin. sous lequel est placée cette église, 
ferait remonter l'origine de la paroisse à la plus haute antiquité. 

L'édifice lui-même fut élevé, tel qu'il est, vers la fin du 
XVI* siècle, la dédicace eut lieu en 1018, comme le constate 
l'inscription scellée dans le chœur, à l'angle de la chapelle Saint- 
Joseph : 




LAN. MIL. SIX. CENS. DIX-HV 
ICT. LE. NEVF*. IOVR. DE. SEP 
TEMBRE. GESTE. EGLISE. FVT. 
DÉDIÉE. PAR. MONSEIGNEVR. 
LE. REVERENDISSIME. PERE. 
EN. DIEV. MESSIRE. FRANÇOIS. 
DE. PÈRICARD. EVESQUE. DEY 
REVX. PO VR. LORS. ESTOYENT. PRIE 
YR. NOBLE. D. CLAVDE. LEGRIX. 
DOCTE VR. VICAIRE. M«. PAS 
OVER. DVGAY. SEIGNEVR. MESSI 

RE. IIVGVES. DE. LAVAL. CHEV 
ALLER. ET. ILLYSTRE. DAME. MIC 

HELLE. DE. PERICARD. SON. ES 

POVZE. CHARLES. DE. RECVSSON. 

ESC VIEIL IACQVES. FORCVIR. 

GILES. MOVLINET. IACOVES. 

BVSOT. TRÉSORIERS. 



Elle est construite en forme de croix latine très régulière, avec 
transept. Les angles, les contreforts et l'entablement sont en 
pierre cTAlençon. Le sanctuaire est à pans coupés, penta- 
gonal, éclairé par cinq fenêtres ogivales avec menaux d'une 
hauteur de 3 m ïA) sur une largeur de panneaux de () m 60. Trois 



sont ornées de magnifiques vitraux Renaissance. Celui du fond 
représente la Passion deNotre-Seigneur; il est remarquable par 
la vivacité des couleurs et la perfection du dessin : les deux 
autres sont moins corrects et mutilés en plusieurs endroits. 

La longueur totale est de 30 mètres, dont 10 pour la nef, 
8 pour le chœur et 6 pour le sanctuaire ; sur une largeur totale 
de 8"40 et une hauteur de 10 mètres sous lambris. 

La nef reçoit le jour par 4 fenêtres également ogivales, dont 
2 sont garnies de grisailles. 

Les chapelles de la sainte Vierge et de saint Joseph, formant 
transept, ont une profondeur de 4 m 70, éclairées chacune par une 
fenêtre gothique. 

La voûte ogivale en bardeau, avec poutres et aiguilles appa- 
rentes, et une corniche en bois, ornées de palmettes et moulures 
bien conservées, était enjolivée, au-dessus du chœur, d'anciennes 
peintures encore bien apparentes en 1850. Cette voûte a été en- 
tièrement refaite en bardeau de chêne en 1888, sous la direction 
de l'architecte Vaillant. On enleva deux porches informes placés 
en avant des portes ; l'entrée principale fut élargie et exhaussée, 
la sacristie refaite en de plus larges proportions. 

Si l'intérieur porte au recueillement et à la prière, l'extérieur 
charme le regard par son harmonieux ensemble, et en particulier 
par sa flèche, svelte et gracieuse. 

La cloche est de 1824, en voici l'inscription : 

« L'an de J.-C. 1824, j'ai été bénite par M. -Chaland, curé de ce 
lieu, et nommée Henriette par Monsieur Claude Ernest, comte 
de Malart, ancien mousquetaire du roy, propriétaire du château 
de Montigny , et noble dame Virginie Dufour de Saint-Léger, son 
épouse, représentés pour la bénédiction de cette cloche par leurs 
enfants Guillaume-Désiré-Gustave de Malart et Aglaé-Ernestine- 
Henriette de Malart. Fondue sous la surveillance de M. Le Bel, 
Eloy, maréchal expert à Montigny. MM. Dominique Chévrier, 
maire, J.-P. Moulinet, adjoint, J. Havard,P. Engaux, trésorier.» 

Il existait une chapelle ; dans le chateau,qui a disparu, il y a à 
peine 50 ans. Elle avait été bénite le 7 juillet 1744 « à la requesto 
de Messire Joseph Durey de Sauroy, conseiller du roy en tous 
ses conseils, commandeur et trésorier général de l'Ordre royal 
et militaire de Saint-Louis, seigneur du duché-pairie de Dan- 
ville, delà baronnie de Saint-André, de la Motte-du- Colombier, 
grand et petit Beauvillier, Montuel et Montigny-sur-Avre, qui 
Ta fait construire depuis peu dans son château de Montigny, 
sous l'invocation de la très sainte Vierge, mère de Dieu. » 

Le dessin de l'église est de M. Sausserousse. 

E. GurriiL, curé de Montigny. 



IiGLlSE I)Iî CIIAUFFOURS 



Consacrée à saint Pierre et à saint Paul, l'église de Chauffours 
était sous la dépendance du chapitre de Notre-Dame de Chartres. 
La chemisette se voit à la serrure de la petite porte de droite et 
est peinte sur les parois du chapiteau avec des étoiles et la date 
173). L. M. M P. 

L'église se compose de deux nefs. La principale, longue de 
25 mètres, large de (>, se termine en rond-point, et est éclairée 
dans le sanctuaire par deux petites fenêtres étroites, comme des 
meurtrières, à la façon des XI" et XII* siècles. Plus loin, à 
gauche, est la sacristie, antique chapelle qui s'ouvrait sur la nef 
par une grande arcade, à peine ogivale Les autres fenêtres ont 
été élargies. La porte d'entrée, intermédiaire entre le plein cintre 
et l'ogive, est ornée d'une bordure en dents de scie et surmontée 
dune petite fenêtre romane. 

La voûte de cette nef est en bardeau ; une inscription conser- 
vée dans la sacristie en donne la date : IGfTO, ce Jambry a esté 
faict pour lors M. F. Larcher, curé, N. Brault, I. Delaville, 
gag i ers. » 

Le tableau du maître-autel, représentant saint Pierre, est 
signé : A. Bucan, 1859. 

L'abside à l'extérieur est soutenue par des petits contreforts à 
peine saillants. 

Cinq arcades, portées par quatre piliers en pierre, donnent 
communication sur la nef latérale. Celle-ci, longue de 22 mètres 
et large de 5, a été construite à deux fois. Les 2* et 3* travées 
sont plus anciennes ; les moulures des colonnes et des arêtes de 
la voûte plus simples, à l'extérieur, deux contreforts d'angle 
ne laissent aucun doute sur la priorité : nous l'attribuons au 
XIV e siècle. Les l r ', 4° et b* travées sont évidemment posté- 
rieures d'au moins un siècle. Les arêtes de la voûte sont plus 
vives, mieux travaillées, les embrasures des fenêtres ont une ou 
deux moulures, les chapiteaux de la cinquième travée sont d'un 
travail réellement achevé et de la fin du XVI* siècle, dans le 
style de la Renaissance. On y distingue plusieurs écussons 
(comme aux clefs de voûte), sur l'un sont gravés trois chevrons 
et au dessus deux crosses adossées. Des figurines, des médail- 
lons des feuillages, des petits génies et des amours avec leur 
carquois, des têtes de cerfs, etc. révèlent la main d'un artiste. 

Au point de réunion des deux nefs se trouve lescalier en 
pierre de l'ancien clocher, dont l'exitence ne fait pas de doute ; la 
voûte est encore percée de deux trous pour les cordes des deux 



lcoches. Les massifs contreforts qui en soutiennent la base, les 
cordons en pierre, laissent deviner une tour d'une certaine éléva- 
tion. Comment fut-elle abattue? Par le vent ou le feu du ciel? 
Peut-être par ce dernier. Les registres de la paroisse nous ra- 
content un triste accident qui pourrait le faire supposer : 

« Le mardi, 29 de juin 1660, jour et fête de saint Pierre et 
saint Paul, sur les neuf heures du soir, furent frappés du ton- 
nère, sonnant dans 1 'église, Laurent Benoist, texier en toile, 
Denys Foubert, fils de Pierre Foubert, Jehan Courbe, fils de 
deffunct Guillaume Courbe, et Gilles Girard, fils de deffunct 
Marin Girard, dont les trois derniers moururent sur-le-champ 
et le premier vescut jusqu'au lendemain, 2 heures du matin, 
qu'il décéda, après avoir été confessé et reçu le Saint-Sacrement 
de l'extrême-Onction, et furent enterrés sçavoir lesdits Foubert 
et Courbe, cousins-germains, dans l'église, au bas des chapelles, 
et les deux autres au cimetière de céans. J. Touroude, curé. >* 

La petite flèche, construite sur la charpente de la nef princi- 
pale, est évidemment de la même époque que le lambris, de 1679. 
Elle a contenu deux cloches ; une seule est conservée dont voici 
l'inscription : « L'an 1724, j'ai été nommée Marie- Anne, par 
messire Paul-Alexandre de Guenet, prêtre docteur de Sorbonne, 
chantre en dignité de l'église de Chartres et vicaire général, et 
par dame Anne Gueau, épouse de messire Jacques Despinay, 
chevalier seigneur de Paincuit et autres lieux, et bénite par 
messire Pierre Vallau, prêtre licencié de Sorbonne et chanoine 
de l'église de Chartres, à la prière de messire René Pavye, mon 
curé et bienfaiteur, avec R. Bélier, P. Guillaume, J. Peye ? 
M. Pineau et P. Chron, gagers. » 

L'église, au XVIII siècle, avait un riche ameublement. 

« L^n ciboire d'argent doré, un petit ciboire d'argent doré pour 
le viatique, un autre ancien ciboire de cuivre, esmaillé au de- 
hors et doré au dedans ; un soleil d'argent servant pendant l'oc- 
tave de la fête Dieu ; un calice d'argent doré au dedans et sur 
l'ornement, 2 vases d'argent se tenant l'un l'autre pour les bap- 
têmes, un vase d'argent servant pour l'extrême-onction : une 
croix servant aux processions estant d'arquemil en façon d'ar- 
gent ornée d'un bouquet, et escharpe de tafetas rouge. Pour la 
Vierge, une robbe de satin à fleurs a vecque passement et frange 
d'or et d'argent. Une bannière de damas rouge, en laquelle sont 
les images de saint Pierre et saint Paul, en broderie. >» 

En 1781, les recettes s'élevaient à 669 livres, 10 sols 5 deniers 
et les dépenses à 610 livres ; sommes alors relativement consi- 
dérables. Aujourd'hui elle est d'une extrême pauvreté. 

Le dessin de l'église pst de M. Rousseau. C. M. 



SIlMUlNUNVILl.t: 



ÉGLISE DE GERMIGNONVILLE 



La cure de Saint-Pierre de Germignonville était à la collation 
de l'abbé de Saint-Père en Vallée. 

L'église avait été donnée à cette abbaye par Ragenfroid, évo- 
que de Chartres, vers 954, d'après l'éditeur du Cartulaire de 
Saint-Père (p. 28, 29, et 52). 

Pascal II, en 1107, Honorius III, en 1220, et enfin Renault de 
Mouçon, évêque de Chartres, confirmèrent à la même abbaye 
les droits de patronage, de présentation et les dîmes de l'église. 

En 1220, Philippe II, roi de France, ordonna que les hommes 
de Germignonville, qui ne voudraient pas obéir à son ami et 
fidèle abbé de Saint-Père, seront saisis partout où on les trou- 
vera, hors le cimetière et l'église, et mis sous bonne garde pour 
n'être délivrés que par ordre de l'abbé. 

Ce droit d'asile est précieux à consigner. Il était évidemment 
doublé du droit de franchise et d'immunité monacale. 

Nous pouvons sans crainte attribuer la construction primitive 
de l'égliseaux moines, ces grands logeurs du bon Dieu. En effet, 
au dire de tous les archéologues, elle remonte au onzième ou 
douzième siècle ; elle est simple, peu élevée, et en conserve encore 
les principaux caractères. Elle est composée d'un long parallélo- 
gramme terminé en rond-point, auquel on a ajouté bien plus tard 
un bas-coté qui s'ouvre sur la grande nef par quatre cintres sou- 
tenus par trois colonnes. Elle est construite en moellon calcaire, 
les angles, baies et corniches en pierre de taille sans moulures ni 
ornements. 

La nef principale a vingt -neuf mètres quatre-vingt-cinq centi- 
mètres de longueur sur six mètres quatre-vingt de largeur ; le 
bas-côté mesure quatorze mètres trente sur quatre mètres trente, 
mais le chœur conserve encore sa jolie voûte en pierre delà pri- 



mitivc construction : la nef ou contraire est voûtée en bardeau, 
recouvert de plâtre depuis une quarantaine d'années ; cette voûte 
est réputée remonter au XV e siècle et remplace une charpente 
brûlée par le feu du ciel à une époque indéterminée. Les onze 
fenêtres sont à plein cintre, sauf dans la basse nef où elles ont reçu 
la forme ronde, dite œil de bœuf. La porte d'entrée est du style 
roman très pur, l'archivolte à boudin retombe sur deux colonnettes 
avec chapiteaux, elle est surmontée d'une fenêtre, et est accompa- 
gnée aux angles de contreforts en pierre de taille ; elle donne au 
pignon une apparence grave, sévère et cependant agréable sinon 
jolie. Les ontreforts du chœur ont triple retrait pour soutenir la 
voûte. Elle a de ce côté l'apparence d'une véritable forteresse. 
Nous savons d'ailleurs qu'elle reçut, pendant les troubles, une 
destination guerrière : « Le 15* jour de juin 1652, lisons nous 
dans les registres de baptême de cette année, est allé de vie à 
trépas un jeune garson limosin, lequel fouillant de la terre pour 
faire une tourelle à l'église de Germignonville, pour se conserver 
des gens de guerre, il est arrivé qu'il est tombé une descomble 
sur sa tête et son corps, qui Ta tué et estouffé ». 

Le bas-côté a été construit en 1770. « Le 21 décembre 1770, 
l'aille basse de la nef du côté du nord, dont la pierre fondamen- 
tale première fut posée par nous, le 2 novembre 1770, fut aussi 
bénite par nous, Charles-Louis Pegot, prêtre, maître es art de 
l'Université de Caen, curé de Germignonville. L'œuvre a coûté 
1800 livres. . . » Signé : Pegot, curé de Germignonville. 

Au dehors, l'église n'a pas, en réalité, une belle apparence, mal- 
gré le soin que notre artiste a mis à la dessiner. 

Le clocher^ placé au-dessus du chœur, a trente-trois mètres du 
sol à la croix ; tandis que les murs n'en ont que huit, et la 
toiture quinze de déclivité, du faite à la gouttière 

Six baies lui donnent le jour et laissent s'envoler au loin les 
ondes sonores des deux cloches, l'une, la petite, vieille de plu- 
sieurs siècles, et l'autre, plus grosse, bénite en 1755. 

L'égoût du chœur est supporté par de grandes pierres appelées 
corbeaux, sur lesquelles on a sculpté des figures plus ou moins 
grotesques et convenables. Ces figures, d'après l'explication très 
vraisemblable des savants, représenteraient les péchés capitaux. 
Le chœur étant beaucoup plus élevé que la nef à l'extérieur, 
on dirait deux édifices différents ; on est tout étonné, une fois 
rentré à l'intérieur, de son agréable ensemble, les deux voûtes se 
mariant à la même hauteur et ne formant qu'un seul vaisseau. 



A l'entrée, les fonds baptismaux, en pierre du pays, sont ornés 
de sculptures assez bien réussies ; l'artiste a su donner à son 
œuvre, toute moderne, un véritable cachet d'antiquité. 

tes douze croix que l'on remarque ensuite, fixées aux murailles, 
ne laissent aucun doute sur sa consécration, dont la date n'a pas 
été consignée. 

Le maître-autel, malgré la différence de son style qui est ogi- 
val-flamboyant, en pierre de Poitiers, produit un heureux effet, 
grâce en particulier à la grande fenêtre à meneaux garnie de 
vitraux peints où est représentée la Mission des Apôtres. Cet 
autel et ce vitrail ont été posés en 1882. C'est le dernier don de 
madame la baronne de Cambray, décédée en 1878, à Germignon- 
ville, sa paroisse. 

La chapelle, qui fait suite à la basse nef et qu'on aperçoit dans 
Tune de nos gravures, est le lieu de sépulture des membres de la 
famille de Cambray. C'est là que repose, depuis 1852, la sœur 
ainée de Mgr d'Hulst, première épouse du baron Lambert de 
Cambray, châtelain actuel de Germignonville. 

Etait curé, au moment de la grande Révolution, l'abbé Mercier ; 
il y resta, sans être inquiété, jusqu'à son décès arrivé le 14 avril 
1823. Ce qui prouve que les habitants étaient favorablement 
disposés à son égard. Toutefois l'église subit les outrages révo- 
lutionnaires et servit de fabrique de salpêtre. Tout y a été bou- 
leversé à l'intérieur, il n'en était resté que les quatre murailles. 
La piété des paroissiens^ la charité de nobles bienfaiteurs, le zèle 
entendu des curés, y a po.irvu abondamment depuis, et Dieu y 
est dignement adoré. 

Les deux dessins sont de M. l'abbé Belaue. G. C. 



ÉGLISE DE SAINT-PKLUiHIN. 



ÉGLISE DE SAINT-PELLERIN 



Par ses caractères archi tectoniques, l'église de Saint-Pellerin 
accuse la belle époque de la renaissance. Sa principale porte 
d'entrée avec ses montants ou pieds-droits à chapiteaux grecs, 
le linteau plat à moulures, la belle coquille finement ciselée 
placée là sans doute comme armoirie parlante),la figurine qui 
la surmonte, les rampants à crochets des deux pignons, les 
lions et monstres assis fièrement à leurs extrémités inférieures, 
le petit dôme ajouré de la pointe extrême, la splendide fenêtre 
flamboyante à trois baies terminées par des trèfles, tout cet en- 
semble révèle un travail artistique. Le généreux bienfaiteur, 
qui habitait le fastueux château de Courtalain, et se plaisait à se 
proclamer seigneur fondateur de la paroisse, avait voulu sans 
doute mériter ce beau titre. Pourquoi n aurait-il pas détaché 
quelques-uns des habiles manouvriers qui édifiaient sa demeure 
princière, à Courtalain, pour leur faire construire ou plutôt 
réparer l'église de sa paroisse ? Nous avons dit réparer, car les 
murs de la nef, soutenus par d'énormes contreforts en pierres 
de roussard taillées et les fenêtres, petites et à plein cintre, in- 
diquent une époque beaucoup plus reculée. 

En effet, Rahier de Montigny donnait en 1039 à l'abbaye de 
Marmoutier un aleu situé dans le pays Dunois et appelé Saint- 
Pellerin a sanctus Peregrinus ». 

Vers 1100, Hamelin de Montigny concédait gracieusement 
aux moines le droit de prendre dans ses forêts tout ce qui 
serait utile pour la construction « ad opus scilicet ecclesia» » et 
l'entretien du prieuré et de l'église de Saint-Pellerin. Nous ne 
sommes pas éloigné d'attribuer à cette époque la construction 
des murs latéraux de cette église et de la tour qui lui servait de 
clocher. Les fenêtres ont été agrandies plus tard, au XV I" siècle, 
le seigneur de Courtalain la restaura par la réfection des deux 
pignons est et ouest. La persévérante générosité de l'illustre 
famille des Montmorency n'est pas douteuse ; n'aurions-nous 
pour l'attester que les deux actes suivants relatant la bénédic- 
tion de deux cloches pour leur église paroissiale. 

« Le 29 e juin 1716 ont été bénies deux cloches, une pour cette 
paroisse, destinée pour être la cloche de cette paroisse pesant 
environ 700 livres, et l'autre destinée pour la chapelle de Notre- 
Dame de Pitié du bourg d'Arrou pesant environ 100 livres ; les- 
quelles ont été nommées, sçavoir: celle de cette paroisse de Saint- 
Pellerin, Marie-Magdeleine, et celle de Notre-Dame de Pitié, Marie, 
par haut et puissant seigneur messire Léon de Montmorency, 



chevallier, premier baron chrétien de France, chef du nom et 
des armes de la maison ,;seigneur de Courtalain, de cette paroisse 
de Saint-Pellerin, Arrou, Boisrufin et autres lieux, et par haute 
et puissante dame M m- Marie-Magdeleine de Léthoile de Mont- 
briseuil, épouse de mondit seigneur. — Boucher, curé de Saint- 
Pellerin. » 

« Le mercredi, 7 novembre 1753, a été bénite la grosse cloche 
de cette église, nommée Anne-Marie -May deleine, par très haut 
et très puissant seigneur M« r Anne-Léon de Montmorency, che- 
vallier, premier baron chrétien de France, chef du nom et des 
armes de la maison, lieutenant général des armées du Roi, cheva- 
lier de ses ordres, chevallier d'honneur de Mesdames de France, 
gouverneur pour le roy de la ville de Salins, seigneur châtelain de 
Courtalain, Arrou, Boisruffin et autres lieux, seigneur fondateur 
de cette église, et par très haute et très puissante dame M 1 " Marie- 
Magdeleine de Montbert, son épouse. Signé. Marguerite -Françoise 
Lebrun de Bulliond. . . P. Miel, curé de Saint-Pellerin ». 

Vers 1789 la cloche fut refondue et on fit des réparations au 
clocher et aux lambris de l'église. Mais quel était le mobilier 
dont on l'orna? La Révolution et surtout un sinistre incendie n'en 
n'ont rien laissé. 

Le 22 février 1812, le tonnerre tomba sur la pointe du clocher 
dont la flèche d'une belle dimension s'élevait sur une tour 
carrée en maçonnerie, formant aile du côté de la sacristie. Cette 
tour voûtée en pierres renfermait à sa base une chapelle dédiée 
à sainte Barbe. La foudre mit le feu à la flèche. En peu d'heures, 
sans qu'il fut possible de porter secours, le clocher fut con- 
sumé ainsi que la charpente et le lambris, de sorte qu'il ne 
resta plus que les quatre murailles. 

La construction de l'église fut 'décidée au mois de mai 1819. 
Les principaux habitants se réunirent au bourg, en la maison de 
M. Louis Dorillau. M. Boret, propriétaire à Saint-Pellerin, 
architecte à Chàteaudun, fit un devis qui fut approuvé. Alors tous 
les habitants offrirent des dons soit en argent, soit en nature. Des 
pauvres journaliers, des pauvres femmes même, ont donné des 
journées sans en demander le moindre salaire. Les cultivateurs 
ont fait gratuitement l'approche de tous les matériaux. 

On mit deux ans à reconstruire l'église, dont la bénédiction 
eut lieu avec une grande | solennité le 20 septembre 1821 par 
monsieur l'abbé Coquery, membre du conseil épiscopal de l'évè- 
ché de Versailles et résident à Chartres, en présence de mon- 
sieur le comte Destourmel, préfet d'Eure-et-Loir, et du sous- 
préfet^de^Chàteaudun. 

Cinq mois avant cette bénédiction, le 4 avril 1821, l'église de 
Saint-Pellerin avait été érigée en succursale par la protection 
spéciale de M* r Charrier de la Roche, évoque de Versailles, du- 



quel diocèse l'église de Saint-Pellerin ressortait à cette époque. 
Les paroissiens d'ailleurs lui avaient adressé une pétition tou- 
chante , s'engageant à faire le traitement intrégal du curé. 
Saint-Pellerin fut officiellement érigée en paroisse autonome et 
distincte de Courtalain qui dans l'origine, avant la Révolution, 
n'était qu'un de ses hameaux. Le dimanche 21 septembre 1823 
bénédiction de la cloche. Le baron de Montmorency en fut le 
parrain et M" e Boudon, la marraine. Cette cloche, ayant été 
brisée, fut remplacée le 27 septembre 4846, par une autre qui fut 
nommé Anne-Euphérnie. Ce fut l'abbé Pie, vicaire général, plus 
tard évéque de Poitiers, qui en fit la bénédiction. Le parrain a été 
M. Anne-Louis-Raoul-Victor duc de Montmorency, et la mar- 
raine M m# Théodore-Valentine-Euphémie, duchesse de Montmo- 
rency, tous deux les grands bienfaiteurs de la contrée. 

Le 28 octobre 1860, bénédiction de la chapelle de la sainte 
Vierge, construite par les soins et aux frais de M. l'abbé Porchée, 
curé de Saint-Pellerin. 

Quant au mobilier actuel de l'église, il a été également donné 
par M. Porchée. L'antique clocher n'a pas été rétabli. Une 
modeste petite flèche fut élevée sur la charpente. La grande 
fenêtre du chœur au contraire a été munie de vitraux à person- 
nages. Au milieu, le Sacré-Cœur, à droite saint Pierre ; à 
gauche, saint Pellerin ; au-dessus, dans les trèfles et flammes du 
sommet, le Père Eternel et le Saint-Esprit, entourés d'Anges. 

Le bardeau de la voûte est en bois blanc, et laisse à désirer. 

Avec son aspect gothique, cette église, longue de 26 mètres 35 
et large de 7 mètres 65, ne dépare point le gracieux paysage de 
la jolie vallée du Loir. 

Les dessins de M. Emile Boursier, faits d'après une photo- 
graphie de M. Henri Lecomte de Courtalain, font voir l'église 
dans son ensemble et en détail. 

Deux inscriptions font connaître et la restauration de 1819 et 
une généreuse fondation de zélés paroissiens qui ont donné là 
un exemple trop rarement imité. 

I 

« Les auteurs de ce rétablissement, Jean Jacques Ruel, prêtre, 
ancien curé de S l -Pellerin ; Pre. Jean Hy. Loger, chevalier de S l - 
Louis, ancien maire de S^Pellerin; A. Q. Antoine Boudon, an- 
cien officier de cavalerie légère et aussi ancien maire ; et Jn. L. 
B. Constant Leclerc, chevalier de S'-Louis et de la Légion 
d'Honneur, commandeur de Tordre de Hesse, en ce moment 
maire de S'-Pellerin. » 

« Fait par les Dorillau. 1819. » 



II 

Pour mémoire a la postérité 

« Cy devant gisent sous la tombe de pierre les corps de Jean 
Chavigny et de Magdeleine Houdebert sa femme et d'Hector 
Chavigny leur filz. Lequel Jean Chavigny décedda le dimanche 
des Rameaux, 30" mars 1624. Lequel a donné à l'église de Saint- 
Pellerin six livres de rente foncière à la charge de faire dire 
une messe basse et l'office des trépassez tous les premiers ven- 
dredy de chacun mois de Tannée et faire la prière pour le repos 
de son âme aux quatre festes annuelles et autres conditions 
portées par son testament passé par Foucault, notaire à Chà- 
teaudun. Ladicte rente assignée sur tous et chacuns ses héri- 
tages, assis à Chamchabot. 
« Ledict Hector Chavigny est déceddé le lundy 7 # juin 1622. 
« Et ladicte Houdebert est déceddée le jour de Noël 25* décem- 
bre 1650. Laquelle adonné vingt-quatre livres de rente foncière à 
prendre sur certains héritages assis aux environs de Saint- 
Pellerin dont jouist M 9 Pierre Pasnaye au moyen du bail à lui 
faict à toujoursmais par la dicte vefve passé par devant le Jars, 
notaire à Boisgasson, le 22' febvrier 1649. Et sur la fosse du 
Pain-Perdu dont jouist Jean Brouillart au moyen du don à lui 
faict par testament passé par devant messire Michel Desmaires, 
Pbre, curé de Saint-Pellerin, le 9' novembre 1650. A la charge 
de dire à toujoursmais, tous les premiers lundy de chacun 
mois de Tannée, une messe et l'office des trépassez, et une messe 
et l'office de Nostre-Dame les premiers samedy de chacun mois 
de l'année, le tout à voix haulte pour le repos de son àme, et 
annoncer les dites messes et faire la prière pour le repos de son 
àme le dimanche préceddant avec un Suhvenite. 

« Elle a aussi donné aux marguilliers de l'église de Saint- 
Pellerin la somme de six livres par moitié chacun an de rente 
foncière, à prendre sur certains héritages assis au terrouer du 
Souche, qu'elle a léguée par son dict testament audict Pasnaye, 
à la charge de faire sonner midy tous les jours à toujours. 

Cette pierre de marbre et épitaphe a esté posée à la dilligence 
de Jacques Despierres, escuyer, sgr de Chanchepot, et de Jean 
Brouillart, exécuteurs testamentaires de la dicte défunte Hou- 
debert, le 10 e mars 1652. 

« Priez Dieu pour le repos des âmes desdietz Chavigny et 
Houdebert. » 



GLISB DE CHAMI'SERU. 



•N-"// \ 



ÉGLISE DE CHAMPSERU 



Le monument se présente bien aux yeux de l'archéologue avec 
son mélange de styles roman et ogival, et son énorme tour 
carrée appuyée sur de solides contreforts à deux ou trois retraits. 

Il comprend deux parties bien distinctes. La nef principale, 
soutenue à l'extérieur par des contreforts à peine saillants, 
éclairée de six fenêtres en plein cintre de moyenne grandeur, se 
termine en hémicycle. Ses dimensions sont 28 mètres de lon- 
gueur et 7 mètres de largeur. La voûte est en bardeau avec 
entraits et aiguilles apparents et bien sculptés ; sur l'un est repré- 
senté avec art saint Martin, patron de la paroisse, coupant son 
manteau pour en donner la moitié à un pauvre. Cette voûte est 
d'une facture plus moderne, environ du XVI' siècle. 

La porte d'entrée, surmontée d'une fenêtre romane et de deux 
œils de bœuf, est également a plein cintre, et accostée de deux 
colonnettes dont les chapiteaux sont sculptés en forme d'étoiles 
imparfaites ou mieux en forme de giron, d'après te style héral- 
dique. 

Le baptistère en pierre est très antique ; ses scluptures rudi- 
mentaires indiquent le XII siècle. 

On peut également voir dans cette église des restes de peintu- 
res murales. Les plus apparentes sont deux corbeilles de fleurs, 
de chaque côté de la grande porte. M. l'abbé Gauthier, vers 1868, 
a soigneusement enlevé le badigeon qui les cachait. 

On en découvre aussi quelques restes aux clefs de voûte de la 
nef latérale. 

Ce bas-côté, composé de quatre travées, est long de 15 mètres 
20 et large de 4. Il s'ouvre sur la grande nef par quatre grandes 
arcades de forme ogivale et à moulures, ayant chacune l\ mètres 
80 d'ouverture et reposant sur trois pilastres en pierres de taille et 
de forme octogonale avec chapiteaux ornés de diverses sculp- 
tures, de figurines, de feuillages, etc. Il est éclairé par cinq fenê- 
tres ogivales à meneaux et flammes ; la cinquième est dans le 
pignon ouest. 



La voûte est en maçonnerie avec arêtes saillantes, dont les 
clefs de voûte portent des écussons malheureusement effacés. 

Cette addition est évidemment du XA 7 I* siècle. Les contreforts 
en pierres de grès appareillées, très saillants avec retraits et 
larmiers, les gouttières à gargouilles de formes bizares et bien 
fouillées sont du meilleur style de cette époque. 

L'église a dû alors subir une complète restauration, comme 
nous le relèvent et la voûte décorée de la nef principale, et les 
peintures, et enfin les pierres de consécration encastrées dans 
les parois. 

La tour qui termine le bas-côté, à l'est, est du même style. Au 
rez-de-chaussée elle est voûtée en maçonnerie et sert de sacristie. 
Un escalier en pierre, ménagé dans un angle, conduit à la cloche, 
sur laquelle le chapitre de Notre-Dame a fait graver la chemisette, 
en sa qualité de seigneur de la paroisse. En voici l'inscription : 

« L'an 1690, j'ai esté nommée Marie- Jeanne par M rc François 
de Brisay de Denonville, prêtre, abbé de N.-D. de la Bussière. 
chanoine et chambrier de l'église de Chartres, et par dame 
Marie de Trémault, veuve de M" Louis de Moulins, chevalier, 
seigneur de Spoir. M ,e Charles Morain, prêtre, curé de Chan- 
ceru ». 

En 1760, M" Louis-Pierre de Borville, prêtre curé de Châmp- 
seru, fit adopter par ses paroissiens un accord intitulé les Usages 
de Véglise paroissiale de Saint-Martin-de-Champseru, publié dans 
les Mémoires de la Société archéologique d Eure-et-Loir \ I. p. 250. 

Le dessin de l'église est de M. l'abbé Belaue. 

C. M. 






KI1L1SK DK MKSI.AY-I.K-liHENP' 



ÉGLISE DE MESLAY-LE-GRENET 



Longue de 22 m , 50 et large de 12 01 , 80, l'église Saint-Orien de 
Meslay-le-Grenet comprend dans son architecture deux styles 
bien distincts, selon que nous considérons la nef principale ou 
l'aile latérale dont se compose l'édifice. 

La nef principale, par le plein cintre de sa porte d'entrée et des 
six fenêtres qui Téclairent . par son abside demi-circulaire, nous 
annonce le douzième siècle, l'époque romane, comme date de sa 
naissance. 

L'aile nord ne fut construite que plus tard, en 1540, par les 
soins des membres de la famille des Grenet, devenus alors sei- 
gneurs du village de Meslay, auquel ils ajoutèrent leur nom. Les 
fenêtres de cette nef, au nombre de quatre, sont de style ogival. 
Une de ces fenêtres est assez remarquable par ses grandes dimen- 
sions, ses sculptures et ses nombreux trèfles, mais malheureu- 
sement elle est à demi bouchée. D'un autre côté elle se trouve 
masquée par le rétable de l'autel de la sainte Vierge, rétable d'un 
fort mauvais goût. 

A partir du douzième siècle le petit sanctuaire était devenu 
insuffisant pour contenir les nombreux pèlerins qui y affluaient 
de tous les points, venant implorer saint Orien et saint Biaise, 
patrons de la paroisse, pour leurs infirmités personnelles et 
pour celles de leurs bestiaux. — Si le cadre de cette petite mo- 
nographie le permettait nous pourrions raconter tout au long le 
pèlerinage que fit en 1 460, la paroisse Saint-Saturnin de Chartres, 
sous la conduite de son digne curé, M e Chadellier, à la chapelle 
de la Madeleine de Bérou et à l'église Meslay-les-Chartres. Le 
registre du tabellion Jehan Saillard nous apprend qu'à l'époque 
de ce pèlerinage, connu sous le nom de « procession ambulatoire », 
Meslay avait pour curé u Jean de Luhère ». 

Les deux autels de l'église n'ont rien de remarquable. Près 
de celui de la Vierge est fixée l'antique quenouille de la mariée 
présentée encore aujourd'hui à la nouvelle épouse. Le manche 
de cette quenouille est fort admiré des visiteurs ; c'est un cu- 
rieux et singulier travail de gravure datant du commencement 
du XVIII siècle. 

D'après M. Lecoq, à droite et en regard du chœur se trouvait 
le banc des seigneurs de la paroisse. Sur un des panneaux 
étaient sculptées des armoiries : D % argent à dix annelets de gueules, 
appartenant à la famille des Vieux-Pont, seigneurs de Courville 
et autres lieux ; on les voyait encore peintes au-dessous d'une 
fresque représentant une sainte, la tête entourée d'une auréole, 
tenant dans une main la palme du martyre, et enfermée derrière 
une grille formée de nombreux rinceaux et d'enroulements fili- 
granes. C'était sans doute la patronne de l'un des membres de la 



famille des Grenet ou de celle des Vieux-Pont, de celui-là môme 
qui aura fait exécuter les peintures murales qui ornent le chœur 
et la nef principale. Les sujets qui décorent les murs du chœur 
représentent huit scènes de la Passion de N.-S. Jésus-Christ. Ces 
épisodes sont peints à 2 m 50 du sol et divisés en deux parties 
égales de chaque côté de l'autel En commençant à gauche l'on 
voit : i° Jésus au Jardin des Oliviers, — 2° La Trahison de Judas, 
— 3° Jésus devant Pilate, — 4" Jésus flagellé, — 5" Le Portement 
de Croix, — G' Le Crucifiement, - 7" La descente de Croix, — 8° 
La Mise au Tombeau. 

Mais la gloire de l'église de Meslay est sans contredit la Danse 
des morts ou Danse macabre peinte sur ses murailles. Les 
personnages de cette danse ont l n, 26 de haut et forment trente 
groupes à chacun desquels se voit la mort figurée par un 
cadavre m ani d'une faux ou portant un cercueil et conduisant 
devant elle un nombre infini de personnages de tout âge et de 
toute condition. 

Ces peintures furent exécutées au commencement du quin- 
zième siècle et recouvertes plus tard, on ne sait par qui et pour 
quel motif, d'une couche de badigeon. Elles furent découvertes 
fortuitement en 1863 par M. Bézard, alors curé de Meslay, et 
restaurées en 1864 par les soins de la Société Archéologique. 

Les voûtes sont un lambris de chêne soutenu par treize 
tirants et poinçons. Deux de ces tirants sontartistement sculptés 
et ont à leurs extrémités deux dragons dévorants bien dessinés. Le 
lambris de l'aile nord a été refait en 1046 par les soins de M e 
Mathurin Peigné, curé de Meslay, selon cette inscription que 
nous avons pu découvrira la voûte 

« Le présent reste de lemhri a esté donné, par M* Mathurin Pégnè 
phre curé de Céans cl pour lors gager Jehan Allard ; Faict par moy 
E. Goveurot ». 

Ce lambris devait être décoré de peintures, car on y voit encore 
des vestiges de personnages et de fleurs. 

Les deux voûtes forment noue, et cette noue est soutenue par 
cinq arcades ogivales en pierres blanches et d'une grande élégance. 

Le clocher n'a qu'une seule cloche ; elle est ornée de nom- 
breuses moulures ; en voici l'inscription. 

« L'an 1861 j'ai été bénite par M. Bézard, curé de Meslay-le- 
Grenet, nommée Marie-Françoise par M. F. N. Manceau, pp re à 
Thivars, et par dame P. A. Auroy, ép. de M r J. Aubert, pp r- à 
Meslay-le-Vidame. Cailleaux maire, M r L. Cochin, S. Chapron, 
J. Girard marg" ». 

Cette cloche n'est autre que l'ancienne qui, s'étant cassée, a été 
refondue aux frais de la commune par M e Bollée aîné, fondeur à 
Orléans. Son poids a été porté à 303 kilos, 500 grammes de 
plus que l'ancienne. 

Le dessin de l'église est de M. Rousseau . 

M. Gauthier 
cure de Moslaij 



L'EGLISE DU 



PRIEURÉ SAINT-THOMAS D'ÉPERNON 



La ville d'Epernon possédait au siècle dernier trois églises 
paroissiales outre plusieurs chapelles. L'église Saint-Pierre, la 
seule qui ait survécu à la Révolution, présente quelques parties 
datant du XI siècle ; de l'église Saint-Jean il reste des pans de 
murs engagés dans les maisons et qui paraissent du XIII* siècle ; 
la troisième était Saint-Nicolas qui n'était qu'une partie sé- 
parée, en 1551, de la grande église du prieuré de Saint-Thomas. 



Par acte solennel donné à Etampes, en 1052, le roi Henri I er 
confirma le don fait à l'abbaye de Marmoutier par Amaury, 
seigneur de Montfort et d'Epernon, d'un ancien monastère 
nommé la Trinité de Seincourt. Les moines ajoutèrent un vaste 
chœur à l'église primitive. Au XVI' siècle, ils abandonnèrent la 
nef aux habitants pour y établir la paroisse Saint-Nicolas» 

Fort négligée par les abbés commandataires, cette église fut 
dévastée à la Révolution, puis vendue en 1791 et peu à peu 
démolie par les propriétaires successifs. En 1865, ses ruines 
offraient encore un aspect imposant ; deux ans plus tard il n'en 
restait que des débris destinés à disparaître à leur tour. Il était 
facile déjuger par le bon état des voûtes subsistantes et par le 
parfait aplomb des murs et des colonnes, que la destruction 
partielle était le résultat d'un long abandon et de démolitions et 
que l'édifice, vieux de huit siècles, aurait pu avec quelques soins 
durer encore longtemps. 



2 SAINT-THOMAS D'ÉPEKNON 

Jai signalé cette église avec quelques dessins à l'appui au 
Congrès scientifique tenu à Chartres, par M. de Caumont, en 
1867, puis au Congrès archéologique d'Angers, en 1871, enfin au 
Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, en 1890. Les 
planches jointes ici sont la réduction des dessins qui accompa- 
gnaient cette dernière communication 1 . 

En 1878, M. Moutié et moi avons publié dans le quatrième vo- 
lume de la Société de Rambouillet un petit cartulaire du prieuré 
d'Epernon, renfermant 133 pièces ; mais aucune d'elles ne don- 
nait de renseignements sur l'église. 

La planche I donne en plan et en coupe tout ce qui subsistait 
du monument en 1865. Le bas de Saint-Nicolas servait d etable 
à un marchand de bœufs et, au-dessus, un plancher portait un 
magasin de fourrages ; le bas-côté nord, coupé par un plancher, 
abritait sous ses voûtes des magasins de laines ; enfin les cha- 
pelles du rond-point étaient utilisées comme écuries. Il ne reste 
plus aujourd'hui qu'une partie du mur du bas-côté nord formant 
limite avec les propriétés voisines, et le pignon de l'église Saint- 
Nicolas. 

11 est facile de voir, dès cette première planche, que notre mo- 
nument se compose de deux édifices d'époques différentes pla- 
cés l'un au bout de l'autre. Nous allons les étudier l'un après 
l'autre, en donnant les raisons qui nous les font attribuer, le pre- 
mier à la fin du X e siècle, le second à la fin du XI . 



1 Nous devons prévenir qu'ayant oublié d'effacer sur ces planches avant 
la photogravure les mentions 1/100, 1/10, et ces planches se trouvant ré- 
duites de plus de moitié, il ne faut pas tenir compte de ces indications et 
s'en tenir aux cotes inscrites ou mentionnées dans le texte. 



SAINT-THOMAS D'ftPKKNON 



I. — ftf.LISE DE LA TRINITÉ DE SEINCOURT, DEVENUE, EN 1551 , 

l'église de saïnt-nicolas (PI. 1 à VIT . 

Au-dessous d'une des croix de consécration de la nef on lit 
l'inscription suivante : 

l'an mil cinq cens 

CINQ* t'NT, LE X J r 
DE MAY CESTE ESGLISK 

Kir dédiée 

Il n'est pas besoin d'être archéologue bien exercé pourvoir que 
cette nef appartient non au XVI* siècle, mais à Pépoque du roman 
primitif. Sans parler des chapiteaux si particuliers, l'appareil est 
irrégulier et des briques se trouvent intercalées par place soit 
entre deux assises, ou placées dans des joints verticaux. On voit 
aussi par place l'appareil en arête de poisson. Tout autre est 
l'appareil du chœur, beaucoup plus régulier et plus soigné. 

Nous avons dans cette première partie l'église de la Trinité 
de Seincourt qu'Amaury avait trouvée au premier quart du 
XI e siècle dans l'héritage de ses ancêtres,et qu'il donne, quelques 
années avant 1052, à l'abbaye de Marmoutier. Dans le chœur 
nous avons la partie ajoutée par les moines à la suite de cette 
donation. 

Au X* siècle, Epernon et toute la contrée y compris Rambouil- 
let dépendaient du comté de Nogent-l'Erembert, devenu, en 1218, 
Nogent-le-Roi. Hugues-le-Grand, duc de France, mort en 1KV0, 
avait donnéNogent avec l'abbaye de Coulomb à un comte Hugues, 
surnommé l'abbé à cause de la possession de ce monastère. Il 
n'avait réservé qu'un hommage féodal en faveur de l'abbaye de 
Saint-Germain-des-Prés, qui, comme nous l'apprend le polyp- 
tique d'Irminon, avait possédé tous ces biens au IX* siècle. 

Ce comte Hugues, ou son successeur du même nom, avait 
fondé un établissement religieux et bâti une église dans la pa- 
roisse de Hanches, en un lieu nommé Seincourt, au pied de la 



colline où s'éleva un peu plus tard le chàteau-fort d'Epernon. Il 
donna à ce monastère un moulin qui lui était contigu sur le ruis- 
seau nommé Tahu, descendant de la forêt de Saint-Léger par 



6 SAINT-THOMAS D'KPERNON 

Hermeray. Tl y ajouta le droit de patronage sur plusieurs églises 
du comté de Nogent : Hanches , Hermeray, Rambouillet, Ga- 
seran, Villiers-le-Morhier, Prouais au nord de Nogent, et Os- 
moy à l'ouest de cette ville. 

A cette époque troublée, la fortune des établissements reli- 
gieux était très précaire ; les héritiers de leurs fondateurs s'at- 
tribuaient volontiers leurs revenus en chargeant un ou plusieurs 
prêtres payés par eux de desservir l'église. Tel fut le sort de la 
Trinité de Seincourt, qu'en 1052 Amaury de Montfort déclare 
faire partie de l'héritage de ses ancêtres. La mère d' Amaury 
était une dame de Nogent, mariée à Guillaume de Hainaut, pre- 
mier seigneur de Montfort et d'Epernon. Elle était très proba- 
blement fille du comte palatin Hugues de Beauvais, qui avait 
été gouverneur du roi Robert et que nous savons, par des mon- 
naies portant son nom, avoir été comte de Dreux et de Nogent. 
Lorsqu'il eut été tué, en d008, à la chasse, par les émissaires du 
comte d'Anjou et de la reine Constance, son fils Roger, chance- 
lier de France en 992, évèque de Beauvais de 1002 à 1022, lui suc- 
céda à Dreux et à Nogent; sa fille Héloïse eut Pithiviers qu'elle 
apporta à son mari Renaud, dont les descendants prirent le nom 
de Broyés ; enfin la dame de Nogent, épouse de Guillaume de 
Hainaut, eut Epernon, des droits à Nogent, et la charge de gru- 
yer de l'Iveline qui passèrent à son fils Amaury et à ses succes- 
seurs dans la chàtellenie de Montfort. Amaury fit même frapper 
des deniers à Nogent. 

Deux petites villes s'étaient formées sous la protection des 
châteaux de Montfort et d'Epernon. Amaury construisit dans 
chacune d'elles une église dédiée à saint Pierre. Puis il voulut 
faire plus et, pour assurer la régularité et la dignité du ser- 
vice divin, pour pourvoir au soin des pauvres et des malades 
et à l'instruction de la jeunesse, fonder dans chacune d'elles un 
prieuré. A Montfort il commença la construction du prieuré 
Saint-Laurent, qui fut terminé par son fils Simon et donné par 
lui à l'abbaye de Saint-Magloire, en 1072 ! . 

A Epernon une église se trouvait toute construite dans un 
faubourg; il n'y avait plus qu'à lui rendre les biens qu'elle avait 
eu jadis. C'est ce que fit généreusement Amaury, du consente- 
ment de sa femme Bertredis, ou Bertrade, et de ses fils Simon 

1 Voir pour ce prieuré le t. VIII des Mémoires de la Société de Rambouillet. 



é--,,,- 



SAINT-THOMAS D'ÉPEKNON 9 

et Mainier. Mais, sachant que rien n'était plus difficile que de 
maintenir la régularité dans ces petits établissements, il mit le 
sien sous la direction de l'abbaye de Marmoutier, qui sous l'abbé 
Albert fondait alors des prieurés de tous côtés. A sa prière, 
cette fondation fut confirmée par le roi Henri I ,r dans une réunion 
des grands du royaume, tenue à Etampes en 1052. Cet acte fut 
signé par le roi et les donateurs, puis par Eudes, frère du roi, 
parles comtes de Blois et de Meulan, et par les principaux voi- 
sins et amis d'Amaury : Gaston de Dreux, seigneur de Château- 
neuf, Nivard de Montfort, seigneur de Septeuil ; Hervé de Ga- 
lardon, Avesgaud de Maintenon, Gautier de Vilette et Raoul de 
Vacheresses 1 . 

Les moines de Marmoutier, en possession du prieuré, n'eurent 
pas de peine à persuader à Amaury que l'église de la Trinité, 
avec son chœur sombre et ses dimensions restreintes, ne répon- 
dait pas à sa richesse et à sa haute position dans le royaume, 
et qu'il fallait un monument plus grandiose pour servir à la 
sépulture de sa famille. Ils construisirent un chœur aussi grand 
que l'église primitive avec un rond-point entouré d'un bas-côté 
et accompagné de trois absides. Nous l'étudions dans la seconde 
partie de cet article. 

Le monastère de la Trinité, remplacé par le prieuré Saint- 
Thomas, était situé sous les murs d'Epernon, entre la grande 
route de Chartres et la rivière de la Guesle, autrefois Tahu, en 
amont de son confluent avec la Drouette augmentée de la Gué- 
ville. Le moulin de Seincourt lui était contigu au nord. Plusieurs 
chemins se sont de tout temps rencontrés sur ce point. Une 
petite cour carrée précédait l'église dont la planche II donne la 
façade telle qu'elle était en 1865. Tl n'y a d'ajouté par restitution 
que la partie haute de la tour centrale. Deux contreforts soute- 
naient cette façade traversée, en outre, par une mince corniche 
en damier. La porte avait été remplacée par une large ouverture 
pour les voitures. Au-dessus s'ouvrait une belle fenêtre dont la 
planche III donne le détail, et qui subsiste encore. Elle a l m ,70 
de large sur 4 m ,25 de haut, et est accompagnée de deux minces 
colonnettes de six pouces de diamètre surmontées de chapiteaux 
allongés qui portent les extrémités de la corniche formant l'im- 
poste de la fenêtre. L'archivolte large, mais d'une faible saillie, 

1 Voir cet ucte, t. IV dis Mémoires de h Société de llunihouillet. 



tO SAINT-THOMAS D'tiPKUXON 

est ornée d'un rang de chevrons surmontés chacun d'une fleur 
à quatre pétales et au-dessus de deux rangs de damiers repro- 
duisant le dessin de la corniche. L'ensemble est élégant, malgré 
le peu de relief de la sculpture. On peut citer comme présentant 
dans leurs façades une fenêtre de cette importance et de ce ca- 
ractère, la Basse-œuvre de Beauvais, la cathédrale du Mans et 
quelques anciennes églises du Poitou. 

On remarquera la trace de l'exhaussement du pignon, tant de 
la grande nef que des bas-côtés, et qui correspondent à des mo- 
difications faites à l'intérieur, au XVI e siècle. 

Nous donnons, planches IV et V, le plan et la coupe de l'église 
de la Trinité restituée dans son état primitif. Il est facile, en les 
comparant à la planche I, de voir les restitutions proposées et 
de juger de leur légitimité. 

Elle se composait d'une triple nef fort courte de 17 m ,50 de 
long surl6 m ,70 de large. A la suite une partie centrale carrée 
surmontée d une tour, et sur laquelle s'ouvraient trois absides, 
ce qui donnait au plan la forme d'une croix aux bras arrondis. 
Ce plan tréflé est fort ancien et se retrouve dans les chapelles 
des catacombes et aussi dans quelques tricliniums des villas ro- 
maines. Comme il est assez coûteux à exécuter et qu'il laisse 
peu de place à l'intérieur, il a été en général réservé pour des 
chapelles de petite dimension que leur forme a fait dédier le 
plus souvent à la sainte Trinité ou à la sainte Croix. On trouve 
dans tous les manuels d'archéologie les plans de Querque ville, 
Sainte-Croix de Munster, Sainte-Croix de Montmajour, la Tri- 
nité de Saint-Honorat, etc. M. Corroyer dit à tort que, du temps 
de Charlemagne, c'était le plan ordinaire des églises rurales. 
Celles-ci se sont toujours composées, comme elles le sont encore 
et le seront toujours, par raison d'économie, d'une salle rectan- 
gulaire terminée par un chevet plat ou une abside. On peut dire 
que, dans notre pays, toutes les fois que l'on trouve une église 
rurale coupée par une nef transversale, on peut.conclure à une 
influence monastique. 

Le plan tréflé a cependant été adopté pour de plus grands mo- 
numents. Au IX e siècle, Théodulphe, évéque d'Orléans, élevait 
l'église de Germigny ; au XI , on bâtissait l'importante cathé- 
drale de Tournay, qui a servi de modèle à la cathédrale de Noyon, 
au transept sud de la cathédrale de Soissons, et à quelques 



SAINT-THOMAS D'RPEKNOX ! S 

autres églises. En cherchant bien on en trouverait une douzaine 
d'autres en France, comme celle de Saint-Macaire (Gironde; et 
celles de l'Agénais, signalées par M. Tholin. Les exemples sont 
plus nombreux en Allemagne : les cathédrales de Bonn et de 
Mayence, les églises de Notre-Dame et des Saints- Apôtres à 
Cologne, etc. 

Ce plan prit en Italie une faveur générale lorsque l'on com- 
mença à construire des dômes à limitation des églises bysan- 
tines. Tl suffit de nommer Saint-Pierre de Rome, les cathédrales 
de Florence et de Milan, la chartreuse de Pavie, etc. 

Au XVI f siècle, lorsque les moines abandonnèrent aux habi- 
tants la partie antérieure de leur grande église qui leur était inu- 
tile, ils se réservèrent la partie centrale, que surmontait le clo- 
cher, en la fermant par un gros mur. La paroisse Saint-Nicolas 
ne comprenait que la nef d'une superficie très restreinte d'en- 
viron 280 mètres carrés. Le fait qu'elle fut dédiée à nouveau fe- 
rait croire que cette partie de l'église était alors abandonnée et 
en fort mauvais était. C'était un vaisseau pauvre et sombre. 

La nef était couverte par une voûte de douves, les bas-côtés 
par des charpentes apparentes. On voit dans la planche I que le 
haut de la nef était éclairé de chaque côté par cinq ouvertures ron- 
des de m ,66 à l'extérieur. Mais nous avons signalé dans la façade 
les traces de l'exhaussement de la toiture des bas-côtés. Lors- 
qu'elle était moins inclinée, elle laissait la place pour des fenêtres 
semblables à celles qui s'ouvrent dans les bas-côtés. En suréle- 
vant le toit, on a obstrué leur partie inférieure et on a fait un 
œil-de-bœuf de leur partie supérieure. Aussi nous n'avons 
pas hésité à les rétablir entières dans la coupe de l'église pri- 
mitive. 

Les quatre premières travées de la nef s'ouvraient sur les bas- 
côtés par des arcades portées sur des colonnes trapues : la cin- 
quième était fermée d'un mur pour mieux soutenir la partie 
centrale. Ces colonnes avaient 0", 80 de diamètre pour une hau- 
teur probable d'environ .** mètres. Un plancher a empêché de 
constater cette hauteur, comme de connaître la forme des bases. 

Les planches VI et Vil donnent les chapiteaux qui sur- 
montent ces colonnes. Ils sont fort bas d'assise, étant pris dans 
une pierre de huit pouces, n, 22 d'épaisseur pour une largeur de 
1 mètre. La moitié de cette épaisseur conserve la forme carrée et 



14 SAINT-THOMAS D'KPEKNON 

sert de tailloir, de sorte qu'il ne reste plus que quatre pouces de 
hauteur pour les moulures du chapiteau. Presque toujours à la 
première époque romane on imitait plus ou moins gauchement 
les chapiteaux composites d'une époque de décadence. Ceux-ci 
dérivent du chapiteau dorique et font exception. M. Viollet-le- 
Duc, dans son dictionnaire, n'en cite aucun de ce genre. Il s'ex- 
cuse en disant que les chapiteaux antérieurs au XI siècle n'ont 
qu'un intérêt de curiosité. Il a raison s'il ne parle que de la sculp- 
ture restée barbare dans quelques provinces jusqu'au milieu du 
XII* siècle; il a tort pour ce qui concerne leurs formes générales 
qui dépendent non de la fantaisie du sculpteur, mais du goût de 
l'architecte. Nous ne trouvons guère ailleurs des chapiteaux 
aussi bas, et nous devons chercher des termes de comparaison 
dans les bases de la même époque, qui, selon la remarque de 
M. Viollet-le-Duc, ne sont souvent que des chapiteaux très bas 
retournés sens dessus dessous. La ressemblance est surtout re- 
marquable pour le premier chapiteau de la planche VI où les 
angles du tailloir sont soutenus par une forte moulure semblable 
aux griffes de beaucoup de bases. 

La décoration du second chapiteau se compose de trois tores 
cordés superposés. Dans le troisième, une corde suit la forme 
carrée du tailloir ; une seconde sert d'astragale et, par un double 
repli, vient soutenir chaque angle du tailloir; enfin un damier 
occupe l'espace intermédiaire. 

L'imposte de la planche VII soutenait la grande arcade sous 
le clocher. Selon l'habitude du X e siècle, elle ne se retournait pas 
sur les cotés et ne dépassait pas l'épaisseur de l'arcade. Son pro- 
fil était accentué par un quart de cercle profondément tracé sur 
le côté et dont le centre était l'angle de la pierre avant la taille. 
Deux scoties étaient creusées l'une au-dessus, l'autre au-dessous, 
et l'angle restant abattu en biseau pour former un cartouche. 
M. Ramé décrit cette forme comme propre à l'époque carlovin- 
vingienne 1 . Seulement, dans le chapiteau de la crypte de Saint- 
Avit d'Orléans, dont il donne le croquis, le cartouche, au lieu 
d'une surface plane, offre une surface concave déterminée par 
un arc de cercle concentrique au premier. 

Le chœur de l'église de la Trinité se composait dune travée 
carrée de 7 w ,b0 de côté. Il était couvert par une voûte d'arête 

' Bulletin monumental, 1800. p. 67. 




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SAINT-THOMAS b'ÉPBKXOX * 17 

portée par quatre colonnes placées dans les angles, comme celles 
qui supportent la voûte de la tour centrale de Saint-Martin d'An- 
gers. Leur diamètre était de 80 centimètres, comme celle de la 
nef, mais leur hauteur d'environ 7 mètres. Elles étaient surmon- 
tées d'un chapiteau très bas. Le chœur était séparé de la nef par 
une large arcade sans moulures. Sur les trois autres cotés s'ou- 
vraient trois profondes absides voûtées en cul-de-four, dont celle 
du nord subsistait encore en 1867, avec l'entrée des deux autres. 
Deux petites ouvertures rondes au-dessus des voûtes des absides 
donnaient de l'air aux charpentes qui les surmontaient. 

Lors de la construction du chœur, au milieu du XI* siècle, 
l'abside centrale fut renversée pour mettre l'ancienne église en 
communication avec le nouveau chœur. A côté de l'abside nord 
était l'escalier en spirale pour monter dans la tour au-dessus de 
la voûte centrale. La planche I montre qu'il restait assez de cette 
tour pour permettre de la restituer. Le peu d'épaisseur des murs, 
70 centimètres, ne permettait pas de l'élever bien haut, ni de la 
couvrir autrement que par une légère charpente. Dans le côté 
ouest on voyait le départ de deux larges fenêtres, et il est na- 
turel d'en supposer de semblables sur les autres faces et de leur 
donner une hauteur proportionnée. Il se pourrait cependant que 
ces larges fenêtres fussent divisées en deux par une colonne ce 
qui permettait de les faire moins hautes et de diminuer l'éléva- 
tion de la tour. 

En résumé, la Trinité ne couvrant pas 600 mètres superficiels 
et n'ayant guère que 400 mètres de surface intérieure, était une 
petite église, d'une ornementation modeste ; mais elle était soli- 
dement construite, et sa ruine n'a été que le résultat d'un long 
abandon et de fréquents changements de destination. 



M 



18 SAINT-THOMAS D'ËPKUXON 



II. — Chœuk de LK(i lise Saint-Thomas. 



A la suite de la donation d'Amaury confirmée par la charte 
royale de 1052, les moines de Marmoutier établirent, dans l'an- 
cien monastère de la Trinité, un prieuré sous l'invocation de 
saint Thomas. Mais à une nouvelle fondation il fallait une nou- 
velle église. L'ancienne était petite, son chœur surtout était 
étroit et sombre ; mais elle était solide, bien construite, et on ne 
pouvait songer à l'abandonner. Us résolurent donc d y ajouter 
un chœur de grande dimension, d'une architecture plus élégante 
et d'une disposition plus heureuse. Il suffisait alors de renverser 
l'abside du milieu pour mettre l'ancien vaisseau en communi- 
cation avec le nouveau. Il est probable qu'ils se mirent à l'œuvre 
peu après 1052, la confirmation royale leur donnant toute sécu- 
rité. On ne peut en tout cas attribuer cette construction au XII* 
siècle, car, dès les premières années de Louis VI, la fondation 
du prieuré de Hautebruyère par la reine Bertrade de Montfort 
vint enlever à l'église Saint-Thomas le privilège de servir à la 
sépulture des seigneurs de Montfort. On sait qu'à cette époque 
surtout le désir de s'assurer une pompeuse sépulture était le 
motif déterminant pour les familles puissantes de faire cons- 
truire des églises et de fonder des prieurés. 

L'adjonction de ce nouveau chœur porta la longueur hors 
d'oeuvre de l'église de 34 mètres à 66 ; la contenance intérieure 
fut plus que doublée à 960 mètres "superficiels; et la surface oc- 
cupée par la construction tut de 1160 mètres carrés. C'était donc 
une grande église, et nos planches nous permettent d'ajouter 
une belle église. 

Le plan de la nouvelle construction était une triple nef ter- 
minée par un rond-point de quatre colonnes, entouré d'un bas- 
côté circulaire formant péribole ou déambulatoire, sur lequel 
s'ouvraient trois chapelles en abside séparées par des fenêtres. A 
propos de ce plan, nouveau alors, on nous permettra une digres- 
sion sur la forme générale des églises. 

Pendant trois siècles les chrétiens avaient du se contenter 
pour leurs réunions religieuses de salles de toutes formes mises 






SAINT-THOMAS DKPEKNON 21 

momentanément à leur disposition. Cette diversité de plan con- 
tinua lorsqu'ils furent libres de construire des églises à leur gré. 
Ils ne pouvaient songer à copier les temples à colonnades exté- 
rieures disposés pour un culte en plein air. On n'essaya pas 
d'imiter les grandioses constructions des palais de Rome. Ce ne 
fut que plus tard que dans les églises bysantines on mit à profit 
les procédés de construction de monuments qui, comme la salle 
des thermes de Caracalla et le temple dit de la Paix, feraient 
même de nos jours, avec quelques modifications, de magnifiques 
cathédrales. Trois plans paraissent avoir été dès lors adoptés, 
et, par leur développement et leurs combinaisons entre eux, 
avoir donné le plan de toutes les églises construites depuis. 

Le plus important, qui a fait souvent méconnaître les deux 
autres, est le plan allongé ou basilical. Les basiliques civiles des 
Romains, consacrées au commerce et aux affaires, étaient des 
salles largement ouvertes de toutes parts et entourées des quatre 
côtés de portiques surmontés de tribunes. Elles étaient souvent 
accompagnées d'absides, de temples et de constructions diverses. 
C'étaient des forums couverts, ne pouvant aucunement servir au 
culte chrétien 1 . Mais il y avait dans les palais des riches Romains 
des basiliques privées de la même forme rectangulaire et entou- 
rées de portiques, mais fermées et propres à des réunions par- 
ticulières. Quelques-unes, comme celle de Latran, servaient 
déjà aux chrétiens du temps des persécutions, et c'est elles qui 
devinrent le modèle des basiliques chrétiennes construites sous 
Constantin. 

La basilique chrétienne n'a qu'une entrée principale souvent 
précédée d'un atrium et d'un portique extérieur : ses trois nefs 
s'allongent séparées par deux files de colonnes ; la colonnade 
du fond est remplacée par une abside. Plus tard une nef trans- 
versale coupe les trois nefs en avant de l'abside et donne et à 
la basilique la forme de la croix. 

Les deux autres types sont le plan en croix dont nous avons 
parlé en commençant et le plan circulaire. 

Le plan circulaire a été rarement suivi. Saint-Etienne-le-Rond 
à Rome au IV* siècle, Saint-Vital de Ravenne au VI*, la rotonde 



1 Le plan de basilique civile donné dans l'architecture romane de M. Cor- 
royer, fi g. 4, est une fantaisie et reproduit le plan des basiliques chrétiennes. 



22 SAINT-THOMAS D'ÉPELINON 

d'Aix-la-Chapelle au IX e , en sont les principaux exemples en 
Occident. Il faut y ajouter les baptistères et un certain nombre 
de chapelles funéraires. Cette forme, lorsqu'une couronne de 
colonnes est entourée d'un bas-côté circulaire, offre une rare élé- 
gance, mais peu de commodité pour l'exercice du culte et des 
difficultés de construction. La basilique au contraire, d'une cons- 
truction plus simple et moins coûteuse, peut prendre toutes les 
dimensions et satisfaire à tous les besoins, mais sa terminaison 
par un mur plat et une petite abside est peu agréable. L'idée 
vint à une certaine époque de réunir ces deux formes, la basi- 
lique pour la nef, et pour le chœur un rond-point, c'est-à-dire 
la moitié d'une église ronde. Si l'on coupe la nef par une nef 
transversale ou transnef pour donner la forme en croix, on ob- 
tient le résumé des trois types primitifs. 

C'est le plan adopté dans les grandes églises françaises, soit 
monastiques, comme Saint-Benoit-sur-Loire et Saint-Denis, soit 
cathédrales comme celles de Chartres, de Paris et d'Amiens. 

Nous le nommerions volontiers plan Martinien, s'il était 
mieux prouvé qu'il fut adopté en premier lieu dans la basilique 
de Saint-Martin de Tours. On peut aussi chercher son origine 
en Auvergne, d'où il aurait gagné les bords de la Loire, puis la 
france du nord, pour passer plus tard en Italie et en Allemagne. 
Toutes les fois, dit M. Roisin, que l'on trouve en Allemagne 
un rond-point et un bas-côté contournant le chœur, on peut con- 
clure à une influence française. L'Angleterre conserva ses 
chœurs carrés, sauf à Cantorbéry et Westminster. 

Le chœur de Saint-Thomas d'Epernon nous offre un rond- 
point, mais pas de nef transversale. Il est à croire que l'on esti- 
ma que les deux absides opposées de l'ancien chœur de la Trinité 
suffisaient à réaliser le plan symbolique de Ja croix. 

La nef centrale, large de 7 m ,40, avait cinq travées jusqu'au 
rond-point : la première joignant l'ancienne construction simple, 
les autres réunies en deux travées doubles, séparées par de 
gros piliers accompagnés de colonnettes engagées, tandis 
qu'entre ces gros piliers les arcades portaient sur des colonnes 
isolées d'un mètre de diamètre. Les archivoltes de ces arcades 
en plein cintre, sans moulures, d'une épaisseur de 54 centimètres 
retombaient, d'une part sur une colonne engagée du gros pilier, 
de l'autre sur le chapiteau de la colonne intermédiaire. Du côté 



HCADI-: UK SA1NT-1 



SAINT-THOMAS D'ÉPËRNON 25 

du bas-côté cette archivolte était doublée dune autre, moitié 
moins épaisse, retombant sur une colonnette du gros pilier et 
sur le chapiteau de la colonne. Mais ce chapiteau n'occupait que 
les trois quarts de la circonférence de la colonne et ne coupait 
pas celle-ci du côté de la nef ; un quart du fût montait à une 
hauteur double pour y recevoir la partie complémentaire du 
chapiteau et porter une troisième archivolte qui donnait à la 
partie supérieure du mur au-dessous des fenêtres hautes une 
épaisseur totale de l m ,08 

Nos planches I, VII et IX donneront plus clairement qu'une 
description l'idée de cette disposition fort rare que nous ne pou- 
vons signaler que dans la partie de la nef de Notre-Dame d'E- 
tampes que Ton peut attribuer au roi Robert, et pour le XIV e 
siècle dans l'église tle Dole (Jura). 

Outre les trois colonnettes de chaque côté pour porter la 
triple archivolte les gros piliers en avaient trois autres faisant 
saillie sur la nef ; mais toute trace de la construction supérieure 
ayant disparu à partir d'une hauteur d'environ 10 mètres, on ne 
peut faire que des conjectures sur leur couronnement et sur la 
manière dont la nef était couverte. L'alternance d'un gros pilier 
et d'une colonne pourrait faire supposer que l'on avait prévu 
non une voûte sexpartite dont on n'a d'exemple qu'un siècle 
plus tard, mais des voûtes d'arête. On ne peut dire si elles ont 
jamais existé, ou même si elles étaient possibles, ces piliers n'é- 
tant soutenus ni par des doubieaux au travers des bas-côtés, ni 
par des arcs-boutants supérieurs. La double travée près du rond- 
point aurait offert plus de résistance que la suivante ; sa lon- 
gueur de 7 m ,70 donne pour la surface à couvrir par la voûte 57 m 
superficiels, et les quatre piliers destinés à la porter ont chacun 
près de 2 mètres de section. La double travée suivante a 9 m ,60 
de longueur, ce qui donne 72 mètres carrés à voûter, et deux de 
ses piliers n'ont que 1 mètre 1/3 de section. Il est donc possible 
que ces gros piliers n'eussent porté que des arcs transversaux 
destinés à soulager les charpentes, comme à Saint- Etienne de 
Caen, Cérisy-la-Forêt et d'autres églises de la Normandie. Un 
parti semblable existait avant 1156 dans l'église Notre-Dame-en- 
Vaux à Chàlons-sur-Marne. En tout cas, le parfait aplomb des 
tours et des colonnes prouvait que l'ensemble de la construction 
avait été bien calculé. 



I 

I. 



! 



26 SAINT-THOMAS D'KPKKNOK 

Le rond-point se composait de quatre fortes colonnes ayant, 
comme les autres, 1 mètre de diamètre et portant de même trois 
archivoltes dont celle du côté de la nef à une hauteur double. 
Cette construction paraissait massive en la comparant aux chefs- 
d'œuvre de légèreté des ronds-points gothiques, mais, en la sup- 
posant surmontée d'un rang de fenêtres supérieures, elle ne de- 
vait pas manquer de grandeur. Ce qui l'alourdit beaucoup, c'est 
que la grande tribune qui surmonte les bas-côtés n'ouvre sur la 
nef que par de rares ouvertures. Une arcature tout autour du 
chœur lui eût donné l'élégance qui lui manquait. 

D'ailleurs, si la disposition d'un chœur en demi-cercle entouré 
d'un bas-côté offre d'heureuses proportions, elle présente aussi 
de sérieuses difficultés que les architectes n'apprirent que peu à 
peu à surmonter. Celui de Saint-Thomas, après avoir couvert la 
partie rectiligne de ses bas-côtés de voûtes d'arêtes régulières, se 
trouva embarrassé pour les disposer dans la partie en demi- 
cercle. Le rond-point avait cinq arcades, tandis que le mur de 
précinction concentrique offrait sept divisions, trois chapelles en 
abside et quatre trumeaux ajourés d'une large fenêtre. Il traça 
la voûte d'arête du milieu, en face de l'abside centrale, en trapèze 
régulier ; les deux voûtes adjacentes furent posées en biais ; en 
face de la chapelle nord la voûte d'arête biaise encore plus et une 
portion de voûte en berceau est ménagée entre la fenêtre et le 
gros pilier. En face de la chapelle sud il s'y était pris autrement : 
la voûte était en berceau suivant la courbe et pénétrée d'un côté 
par le prolongement du cul-de-four de la chapelle en abside, de 
l'autre par l'arcade du chœur, les deux pénétrations ne se ren- 
contrant pas . 

L'abside du milieu avait une ouverture de 5 m ,30 pour 4 mètres 
de profondeur. Elle était éclairée de trois fenêtres de 1 mètre 
d'ouverture s'ébrasant à l m ,80 à Pintérieur, mais sans ébrase- 
ment extérieur. Sa voûte en cul-de-four était séparée de celle du 
bas-côté par un mince arc-doubleau. Les deux autres chapelles 
avaient une ouverture de 4 m ,20 pour 3 mètres de profondeur, 
leur voûte en cul-de-four se perdait dans la voûte d'arête du bas- 
côté. Leurs trois fenêtres larges, de 1 mètre à l'intérieur, n'a- 
vaient que m ,50 d'ouverture à l'extérieur, n'étant accompa- 
gnées d'aucune moulure, ni surmontées d'une archivolte sail- 
lante. Les fenêtres entre les chapelles étaient plus larges et plus 
hautes. 



SAINT-THOMAS D'KPKRNON ?9 

Dans cette partie de l'église on distinguait par place des lignes 
rouges simulant un appareil, et dans l'abside nord la partie infé- 
rieure d'une femme à longs vêtements, qu'une roue placée der- 
rière elle faisait reconnaître pour sainte Catherine. Le fond était 
semé de fleurons et le sol était représenté par des carreaux trian- 
gulaires blancs et rouges. 

Tout ce qui subsistait de ce chœur en 1865 était d'un seul jet 
et sans reprises apparentes. La construction en était soignée, 
Fappareil régulier; les layures de la pierre étaient obliques. Le 
plus remarquable des chapiteaux est reproduit dans la planche 
VIII ; les autres, sauf un chapiteau cubique qui se trouve dans 
la même planche, ressemblaient beaucoup aux chapiteaux du 
prieuré Saint-Laurent de Montfort, commencé par Amaury, et 
que son fils Simon donna en 1072 à l'abbaye de Saint-Magloire. 
Les colonnes isolées ont une base circulaire séparée du fût par 
un ou deux tores fort minces. Il y a là une sobriété bien rare à 
Tépoque romane. 

Une chapelle rectangulaire accolée au flanc nord de l'église et 
s'ouvrant sur le bas-côté par une arcade de 5 m ,40 de large doit 
remonter à la même époque. Elle a 7 mètres de long sur 3*,20 de 
large et est couverte d'une voûte en berceau plein cintre que pé- 
nètre l'arcade qui s'ouvre sur le bas-côté. Il est probable qu'à 
l'origine elle se terminait par une abside. Mais, au XIV° ou au 
XV e siècle, cette abside fut remplacée par une petite travée rec- 
tangulaire de 2 mètres de large et dont la voûte est soutenue 
par une croisée d'ogives. Une large fenêtre en tiers-point était 
partagée en quatre par trois meneaux surmontés de divisions en 
style flamboyant. 

Le sol de cette église a été trop bouleversé pour que l'on puisse 
espérer y trouver des traces de sépultures des premiers seigneurs 
de Montfort. Le cartulaire du prieuré est totalement muet sur 
cet édifice et sur les monuments funéraires qu'il devait renfermer. 
Sauf un profil plus ou moins exact dans la vue d'Epernon par 
Châtillon 1 , il n'en existe à ma connaissance aucune représenta- 



1 Voir notre dernière planche. Saint-Thomas se trouve à gauche, à 
l'angle inférieur. Les armoiries dessinées dans cette planche sont celles de 
Nogaret de La Valette, que la ville d'Epernon a adoptées pour siennes. 



30 SAINT-THOMAS D'IÎPERNON' 

tion. Je Jme trouve donc heureux d'avoir pu en lever le plan, 
lorsque la chose en était encore possible, et de conserver ainsi 
le souvenir d'un monument curieux et important élevé parle 
premier seigneur de la puissante famille de Montfort. 

A. dr Dion. 



/ 



ÉGLISE DE CHAUDON 



Chaudon, comme fief, existait déjà du temps de Charles-Mar- 
tel et aurait été môme une résidence royale, d'où son nom : 
Casa Domini, Chaudon. Les polytiques d'Irminon nous donnent le 
détail de ses manses seigneuriales et ingénuités, que Rollon et 
ses Normands réduisirent en ruines ; il vint en effet à Villemeux 
et pilla tout le pays environnant. 

« IndeadVilemeltvenit, finit im as terras prœdavit. » 

Une église fut construite dès les temps les plus reculés sous 
le vocable de saint Médard. D'après une antique tradition une 
fontaine jaillissante près du manoir de Chaudon servit de bap- 
tistère ; on Tenferma dans l'enceinte d'une petite chapelle, où 
Von vénérait une statue de S. Médard, objet d'un pèlerinage 
pour diverses maladies, surtout pour la colique. La chapelle 
étant tombée en ruines, la statue fut transportée dans l'église 
paroissiale, qui recouvra par le fait même son vocable primi- 
tif, auquel on avait substitué depuis quelque temps celui de 
saint Martin. 

Au commencement du XII* siècle, cette église fut donnée par 
un nommé Simon à l'abbaye voisine de Coulombs. Elle est 
mentionnée dans une charte 1120 parmi les églises dont la 
possession est confirmée à l'abbaye par Geoffroy de Lèves, 
évoque de Chartres : 

Aucun titre ne nous indique l'époque précise de la construc- 
tion du monument actuel, mais les fenêtres qui existaient avant 
1861, petites, inégales, et à plein cintre, comme celle qui 
se trouve encore derrière le maître-autel, mais murée, accusaient 
une origine lointaine, en tout cas antérieure au XIV e siècle. 



4 EGL1SK I)K CIIAUDON 

La nef principale, mesurant 2H mètres sur 8. est terminée 
pas une abside pentagonale. 

Le bas-côté, édifié probablement au XIV* siècle, a 20 mètres 
sur 7 m St). Il est composé de trois travées dont deux forment 
pignon à l'extérieur et le troisième est sous le clocher. Ce 
dernier a été construit en 1549, comme le prouve la date gra- 
vée sur le linteau de la gracieuse porte latérale qui s'ouvre 
près de la tourelle hexagonale de l'escalier. La tour massive et 
puissante, avec ses assises régulières en grès, appuie ses 
angles sur d'épais contreforts et se termine par une toiture en 
charpente aiguë couverte en ardoise. 

La porte d'entrée à plein cintre est surmontée de deux petites 
fenêtres également cintrées et sans ornement. Les neuf autres 
fenêtres sont ogivales et munies en 1865, savoir les cinq delà 
grande nef de grisailles et les quatre delà nef latérale de vi- 
traux où sont représentés la sainte Vierge, sainte Thérèse, et 
sous le clocher, saint André et saint Louis. 

Dans la bordure des grisailles de la nef se voient les armoi- 
ries des donateurs : Le n° 1 : D'azur au chevron d'or accompagné 
de .'( étoile* A cinq raie» de même, deux en chef et une en pointe, qui 
est de Chevrigny. 

1 



Le n" 2 : 

épouse de 



If azur ii troi* h 
I. de Chevrigny. 



-, qui est de Malngoval. 



Ê<iLlSE 1)F CHAUDON S 

Le n" 3 : Eearlelè au 1" et au 1' d'aznr à > bandes d'or ; nu ?* et 
.'I e d'or an cerf passant de (fneulex portant entre ses hoîs un croissant 
de lune de même, qui est de M. Kainlis, mari de M" de Chevrigny. 
Le 3 bis, que nous donnons à côté, figure dans le vitrail et a été 
dessiné d'après une fausse lecture du peintre. 

3 " 3 Ai* 



DE KAIM.tS. 

Et enfin le chiffre de M. le comte Lafond 



4 



Avant la Révolution, d'après un rapport daté de 1746, les 
armoiries des seigneurs de Chaudon et de Mormoulin étaient 
également peintes sur les vitres de la principale croisée du 
chœur. On y distinguait une étoile et un croissant. 

Ces armoiries se voyaient aussi sur les murs à l'intérieur, 
probablement sur la litre seigneuriale qui avait été renouvelée 
même à l'extérieur, à la mort du sieur de la Bachellerie. Elles 
étaient encore gravées sur deux pierres tombales placées dans 
le sanctuaire. 

Ces tombes portaient les inscriptions suivantes : 

» Cy gist noble damoiselie Roze d'Oinville, en son vivant 
dame de Mormoulin, Crois! Iles, Chaudon et du Puiset, à cause 
de son mary, décédée le XXI* juillet quinze cent cinquante trois. 

« Cy gist noble homme Florent de Fontaine, son mary, sei- 



fi EGLISE DE CHALDON 

gneurde Mormoulin et de Chaudon, capitaine de cent gentils- 
hommes de la maison du roy, lequel mourut quelque temps 
après sa femme, décédé, le XI juin quinze cent cinquante cinq. » 

Les deux cloches avaient également été données par les 
seigneurs de Mormoulin, la première par la grand'mère et la 
seconde par la veuve de messire J.-B.de Loyac delà Bachellerie, 
chevalier, seigneur de Mormoulin et Chaudon en 1609. 

L'une fut enlevée à la Révolution, l'autre fut refondue en 1836, 
et nommée Adrienne-Elisabeth par Adrien Vigneron et Marie- 
Elisabeth LeTellier, femme de M. Téton, maire. 

Elle porte l'inscription suivante : « Refondue en 1836 par les 
soins de M. Téton, meunier et maire : M. Jacques-Julien Lahaye 
étant adjoint : M. Simon Bouffé, président de Fabrique : 
M. Walsch, curé. Pèse 500 kilogrammes. »> 

L'église, exposée aux inondations de l'Eure, fut remblayée de 
plus d'un mètre, et une petite porte communiquant avec le 
clocher est devenue trop basse ; l'édifice désormais sans éléva- 
tion, était par trop disgracieux. Depuis plus d'un demi-siècle, 
les nobles châtelains ont repris les traditions d'inépuisable cha- 
rité de leurs prédécesseurs à Mormoulin. 

En 1861, M 1 de Chevrigny, à l'occasion du mariage de sa fille 
cadette avec M. de Kainlis,fit restaurer les croisées. M m « Lafond, 
sa fille aînée, donna le maître-autel, en bois sculpté dans le 
style gothique flamboyant, à la fois riche et gracieux. Elle-même, 
avec un goût artistique et religieux le plus pur, a voulu peindre 
les tableaux du rétable, dont le principal représente Jésus en croix 
avec Marie et saint Jean, copie du chef-d'œuvre de Philippe Cham- 
pagne, et ceux de chaque côté, les Anges du sacrifice. Le tombeau 
de l'autel est orné de figures non moins belles : au milieu, la sainte 
Vierge ; à gauche saint Charles Borromée, sainte Elisabeth et 
sainte Claire; adroite, saint Louis, sainte Agnès et sainte Cécile. 

Le tableau de la nef latérale est de la même époque et de lu 
même main, il représente Jésus dormant. De chaque côté de 
l'autel sont placées les anciennes statues en bois de saint Médard, 
patron de la paroisse, dont il a été parlé plus haut, et de saint 
Mamert. On remarque encore, dans ce bas-côté, deux vieilles 



EGLISE DE CUAUDON 7 

statues en pierre, fort estimées des amateurs, une sainte Véro- 
nique et un saint Laurent; et, près de l'autel, deux statues nou- 
velles, le Sacré-Cœur et Notre-Dame des Victoires 

En 1862, M we Lafond offrit les tableaux du chemin de la 
Croix auxquels son pinceau a su donner une forme très simple 
et à la fois un caractère religieux très vif, en parfaite harmonie 
avec des scènes douloureuses de la Passion du Sauveur. 

De son côté, M. de Chevrigny fit restaurer la voûte sous le 

clocher en 1863. 

■ • 

Malgré ces améliorations, l'église restait disgracieuse ; s«s 
murs lézardés, sa charpente étayée appelaient une restauration 
totale. Ce fut l'œuvre de ces dernières années. 

En 1893, M. le baron de Kainlis en prit l'initiative par une 
offre généreuse, on peut dire illimitée, qui fut accueillie avec joie. 
La municipalité et la fabrique donnèrent leur concours em- 
pressé ; on se mit au travail, et, sans rien modifier aux anciennes 
dispositions, le monument fut presqu'entièrement refait. 

Les murs du midi furent surélevés pour rendre à la nef les 
proportions premières, les cintres du bas-côté qui ouvrent sur 
la nef principale, furent consolidés, la charpente et la couverture 
mises d'aplomb ; le vieux bardeau de la voûte, autrefois peint 
en rouge et semé des initiales S. M. de saint Médard, de mitres 
et de crosses, tracées en noir, fit place à un nouveau couleur de 
chêne uniforme ; la sacristie reconstruite, les bancs mis à neuf; 
un tambour placé devant l'entrée, le pavage fait d'après les 
goûts modernes, le chauffage assuré pour l'hiver. 

Mais au dehors les contreforts à larmier, laissés dans leur 
état primitif, s'arrêtent à mi-hauteur, et accusent d'une manière 
trop évidente leur impuissance. Us s'élèveront sans doute bien- 
tôt à une hauteur normale. 

Œuvre de tous, du conseil de la commune et du conseil de la 
fabrique, du riche et du pauvre, cette église est vraiment belle. 
M* r de Mollien, évéque de Chartres, a voulu récompenser et les 
nobles bienfaiteurs et les pieux paroissiens de leur zèle pour la 
maison de Dieu en donnant au monument renouvelé sa solen- 
nelle bénédiction, le 22 novembre 1896. 



H KGMSU DE CIL AU DON 

Le dessin de l'église est de M. Rousseau. 

Nous donnons ici le texte d'une charte inédite de l'abbaye de 
(Coulombs, où Vêiflise de Chaudon et plusieurs autres voisines sont 
nommées : 

« Carta Gaufredi episcopi data anno ab incarnatione Domini 
MCXX, régnante Ludovico, Francorum rege, et Adeleide regina, 
confirmata sigillis Sansonis decani, Garini cantoris, Hugonis 
decani, Gauterii, Odonis, Zacharie et Ausgerii archidiaconorum, 
Bernardi capicerii, Hugonis prepositi, de ecclesiis et decimis ad 
Columbense monasterium spectantibus, ybi annumerantur 
ecclesie Novigenti (Nogent-le-Roi), de Senantes, de Serasetis, 
(Serazereux), de Roberticuria (Revercourt), Gessunville, Boletide 
Ulmis (Ormoy), Boleti duarum ecclesiarum (Boulay les deux 
églises), Chosd un (Chaudon), Villemundis (Villemeux), Sera- 
pontes (Charpont), Matrisviile (Marville-Moutiers-Bruié),Offard- 
ville (Auffer ville), Sancti Leonardi Drocensis, Saumeriarum 
(Saumeray), Levoisville (Levasville), Catencuriis)(Chataincourt), 
de Escorpeon (Escorpain), Garenceriarum(Garencières), Alen ville 
(Allainville], Sancti Remigii super Arvam(Saint-Remy-sur-Avre\ 
Pratidomanchi (Prudemanche), Sancti Leobini Craventi (Saint- 
Lubin 7 de-Crevant), Sancti Laurenti de Campania (Champagne), 
Brioli, Germeoville (Germainville), Folenville, Sancti Leobini de 
Searasato, Mundreville, Sancti Bartholomei de Scoreio, Sancti- 
Hilarii de Montigniaco (Montigny-sur-Avre), Sancte Marie 
Abenville, Sancti Hilarii de Bohon, Guerreville, Herleville, 
Timervalles, de Cuneriis, Sanctorum Cosme et Damiani Orge- 
vallis, de Maisons, de Frameville, de Carcereiis, de Villers, 
Landal, de Frassineto. 

Mss. franc, 24133, f. 109 « Extrait du vieil cartulaire de Coulombs » et 

mss latin 170*8, f. 438. 

C. M. 

1 Alias Loudal. 



ÉGLISE DE GRANDVILLE 



L'église de Grandville est formée d'une seule nef terminée par 
un]chœur plus large, qui contient le maître-autel ef deux autres 
de chaque côté, sur le même plan ; à droite s'ouvre une jolie pièce 
voûtée, servant aujourd'hui de sacristie qui n'est autre que 
l'ancienne chapelle seigneuriale ajoutée au XVI e siècle. L'édifice 
qui montre encore des traces du XIII* siècle a été rem aniéà 
plusieurs reprises, il a été le théâtre d'événements dont l'un qui 
nous est conservé dans les registres paroissiaux mérite de 
trouver place ici. 

» En Tan 1619, le cœur de l'église de Grandville est tombé en 
ruine, le tout en général et aussi que le S. ciboire a esté tout 
englouti et caché de bois, pierres et thuilles. Neantmoingts le 
ciel, la coupe où repose le corps de Notre-Seigneur Jesus-Christ 
n'ont eu nulle fracture ni rompure ni gast quelconques. Le saint 
cierge du Saint-Sacrement de la confrairie est demouré en son 
entier ainsi qu'il a esté veu de tout le peuple sans aultre fracture 
ni rupture ; et a esté mis et relevé le saint ciboire par moi curé 
dudit lieu et mis à l'autel Notre-Dame en la dite église, en at- 
tendant que le cœur de la dite église fut relevé comme il l'est à 
présent. Vouttes, thuilles, pierres et bois, tout était dessus, il 
est demouré en son entier, le tout par la garde et grâce de Dieu. 
Des Huguenoz voulurent voir le beau miracle qui fut Madame 
de la Noue et toutte sa suitte vindrent sur le lieu pour en porter 
le tesmoignage à la reyne qui voulust sçavoir la vérité. La fortune 
arriva à la dite église le 24 novembre, environ le jour couchant, 
par une grande orage, fouldre et tempeste de vents et eaux avec 
en l'église. » Plus loin le curé nous apprend encore que « le 27 
septembre 1639, le bo}\s de l'église de Grandville a commencé à 
se monter et a esté parachevé le samedi 12 octobre 1640. » 

« Le 3 novembre 1683, fut baptisée la petite cloche de l'église 
et nommée Jeanne-Marie par M. de Juvencour, secrétaire de 



M. Amelot de Bisseuil 1 et par madame de Thionville. "Cette 
cloche fondue de longues années avant n'avait pu être montée 
dans le clocher par suite de l'accident relaté plus haut. 

En 1754, fut posé le banc d'œuvre que Ton admire encore au- 
jourd'hui comme un modèle de sculpture. En 1852, l'église de 
Grandville était à peu près abandonnée, le presbytère servait 
d'école lorsque le marquis Théodore d'Oysonville, principal 
propriétaire de la paroisse, résolut de remédier à cet état de 
choses, il consacra plus de quarante mille francs à la réparation 
de l'église, lëvêque de Chartres accorda dès lors un curé à cette 
paroisse qui en était privée depuis si longtemps : « la paroisse de 
Grandville, écrivait alors M. le vicaire général Sureau au mar- 
ques d'Oysonville, vous devra le bonheur d'avoir un prêtre au 
milieu d'elle, car jamais elle ne se serait décidée à faire la double 
dépense d'un presbytère et d'une école. » L'église de Grandville 
voit, tous les ans, le second dimanche de septembre, une foule 
nombreuse venir y prier, c'est quelle possède de temps immé- 
morial une chasse contenant des reliques insignes parmi les- 
quelles des ossements considérables des SS. Clément et Féiicis- 
sime, objets dune dévotion encore très vivante dans la contrée. 

Le dessin exécuté par M. Ravault a été offert par M. le comte 
de Riïlv. R. 



1 Le vicomte de Bisseuil, seigneur de Grandville. par héritage des le 
Prévost d'une branche cadette des Barons d'Ovsonville, qui s'éteignit par 
alliance en 1fi64 dons la maison de Birçonnet. 



:iiapfi.l[': ni'! r.ArmiF.vii.T.rc 



CHAPELLE DE GAUDREVILLE 



PAROISSE DE GRANDYILLE 



Le hameau de Gaudreville, aujourd'hui réuni à la commune 
de Grand ville, jouissait jusqu'à la Révolution du rang de paroisse 
dont les marquis d'Oysonville étaient seigneurs du commence- 
ment du X VIII* siècle, succédant, quoique par acquisition, à leurs 
parents les Camus de Saint-Bonnet, dont était le célèbre prince 
évoque de Beiley qui fut lui-même seigneur de Gaudreville. 
L'église sous le vocable de la Sainte Trinité menaçait ruine ainsi 
que le presbytère. Une première réparation y avait cependant 
été faite en 1706, époque à laquelle on y bénit une grosse cloche, 
qui eut pour parrain et marraine François-Bernard de Briconnet, 
marquis d'Oysonville, et Marie-Madeleine de Sève Rochechouart, 
marquise d'Oysonville. Une autre cloche y fut bénite en 178M 
et tenue par René-Jacques du Pont d'Aubevoye, comte de la 
Roussière et d'Oysonville, et par sa mère Claude Geneviève de 
Briconnet, marquise d'Oysonville et delà Roussière. dame de 
Gaudreville, Gommerville, Congerville. Ezeaux, Gueurville, etc. 
etc. Au petit-fils de cette dernière André-Charles-Théodore, 
marquis d'Oysonville, était réservé non pas de rétablir la pa- 
roisse, ce qui était devenu impossible, mais d y rétablir le culte 
et d'assurer aux habitants les secours religieux qu'ils ne trou- 
vaient qu'aux environs; il construisit une chapelle qui reçut le 
nom de Notre-Dame de la Sainte Trinité et la dota de rentes 
suffisantes pour son entretien et son embellissement. Cette cha- 
pelle renferme un bel autel surmonté d'un vitrail aux armes 
d'Oysonville. Elle donne sur une place du village et fait presque 
face à un calvaire dit des Corps Saints, dû également à la géné- 
rosité du marquis d'Oysonville. Une belle inscription gravée 
sur cuivre et placée à l'entrée du chœur de la chapelle relate sa 
fondation ; en voici le texte. 



« Cette chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame de la 
Très Sainte /IVinité et sous la protection toute spéciale de l'a- 
pôtre Saint André, a été érigée en l'année 1859 par M. André- 
Charles-Théodore du Pont d'Aubevoye, marquis d'Oysonville, 
capitaine de vaisseau, etc. etc. Elle a été bénie le 11 octobre de 
cette même année par M. Duthuilé, curé-doyen du canton, as- 
sisté de M. P. Prieur curé de la paroisse et d'un nombreux 
clergé des environs. Elle est construite sur remplacement de 
l'ancienne église de ce lieu qui était sous le vocable de la Très 
Sainte Trinité, en commémoration de tous ses parents et pour 
appeler la miséricorde divine pour le repos de leur àme. Elle est 
aussi commémorative pour les âmes des anciens habitants de 
(xaudreville. ftequiescanl in pave. 

Cette chapelle a été reconnue comme chapelle de secours 
pour la paroisse de Grandville Gaudreville par décret impérial 
du 12 août 186!. 

Le dessin exécuté par M. Ravault,a été offert par M. le comte 
deRillv. R. 



CHAI'KM.B DE HOUT1IO 



\ DANOKAl'. 



CHAPELLE DE B0UTH0NV1LLIERS 

A DANGEAl" 



La chapelle de Bouthonvilliers fut installée en 1878 dans un 
ancien et beau colombier construit vers 1550. Elle fut bénite et 
livré au culte le l!î septembre 1879. Quatre fenêtres à plein 
cintre à meneaux et garnies de grisailles, éclairent une salle 
ronde pouvant contenir cinquante personnes. Un autel en 
pierre et une voûte fort élevée lui donnent une grande élégance. 
Les murs très épais sont recouverts de lierre; la toiture en 
tuiles est surmontée d'un campanille terminé par une croix 
et renfermant une cloche 

H. P. 



ÉGLISE D'UMPEAU 



L'église d'Umpeau est bien caractérisée par la fenêtre à deux 
meneaux, avec trèfles et flammes du pignon ouest. Le chœur est 
à pans coupés quadrilatéral, ce qui lui donne une apparente in- 
clinaison. 

Elle est éclairée par 9 fenêtres ogivales dont 4 à meneaux. Le 
vitrail du sanctuaire, donné par la famille Denfer-Houy, repré- 
sente saint Lubin, patron et saint Casimir. Il a été peint en avril 
1891 par Dalleinne, de Rouen. Un second vitrail , offert par la 
famille Corbin, est consacré au Baptême de Notre -Seigneur. 

Signalons de suite le maitre-autel en terre cuite, placé en 1891, 
par les soins de M. Vaurabourg, curé. 

La tour carrée, massive, couverte en bàtière, placée au nord, 
en hors-œuvre, forme à sa base un réduit qui servait de sacristie 
jusqu'à ces derniers jours, où une nouvelle sacristie large et spa- 
cieuse a été construite au sud, à proximité du chœur. 

Les notes des anciens curés nous feront connaître les autres 
détails. 

« Il y avoit ici autrefois une espèce de château qui pouvoit tenir 
en échec les ennemis : aujourd'huy on donne le nom de fort à 
l'espace qu'il y a entre le côté de l'église en dehors qui est au 
nord jusqu'au mur qui en fait la séparation. Il peut être arrive 
que de ce château on en ait formé l'église telle qu'elle est ; j'ai 
ouy dire aux fossoyeurs que, par dans l'église, au midy, on trouve 
des fondements qui ne font point partie de notre église. En 1525, 
le tonnerre tomba sur le clocher ; j'ay encore trouvé des ardoises 
et j'ay lu, si je ne me trompe, au lambry du chœur qu'il fut refait 
en cette année. Depuis ce temps, on n'a point pensé à refaire le 
clocher ». 

« Sous M. Bleicher (curé), il y avoit un autel contre le mur du 
chœur; mais M. Bouvet fit faire l'autel comme il est, et M. Beu- 
zelin le fit dorer. Le doreur qui étoit un nommé Desmoulins, de 
Gallardon, fit venir un doreur de Paris, qui non seullement man- 
gea le profit, mais en bien des endroits n'a fait que bronzer, et a 
si mal appliqué sa dorure que la pluspart tombe en esquilles. 
Louis-Pierre Dreux a vu poser la boiserie du chœur, très mal 
faitte par Jonquet, menuisier à Gallardon. Autrefois, quand le 



curé faisoit son prône, il était comme un Diogènc dans une es- 
pèce de tonneau; ce qui donnoit à rire, aux étrangers ; M. Beu- 
zelin fit faire la chaire, la clôture du chœur et le banc-d'œuvre. 
Comme il étoit petit, il n'a pas fait donner assez de profondeur 
à la chaire, et pour peu qu'on soit grand, il faut prendre garde de 
tomber la tête la première. — J'ai fait faire des bancs au nombre 
de 16, un confessionnal, celui qui est encore aujourd'huy (style 
renaissance, assez remarquable). J'ai fait faire des fonts baptis- 
maux (à double cuvette) dans lesquels est entrée une pierre qu'ils 
appeloient mortuaire, vis-à-vis la chaire au midy, qui ne faisoit 
qu'embarrasser ; je fis faire une demi-lune au sanctuaire. Je vou- 
drois bien qu'il y eust encore une marche de pierre qui fist en- 
core la demi-lune, et par-dessus une balustrade de fer pour la 
communion (1643). 

« M. Beuzelin, avec le secours d'un habile menuisier qui étoit 
d'Auneau, fit faire l'hôtel Saint-Eloi, travaillé sur le modèle de 
celuydela sainte Vierge. Son successeur a fait faire une hor- 
loge qui n'a jamais coûté que 220 livres, et elle va très bien. 
(Après 1729). 

« M. Beuzelin, qui fit fondre la grosse cloche, eut le malheur de 
ne sçavoir pas quand une cloche étoit ou n 'étoit pas d'accord 
avec sa compagne, et les fondeurs l'ont fondue d'une tierce, 
tandis qu'il ne devoit y avoir qu'une seconde de différence. Au 
mois d'avril 1771, cette cloche a été refondue avec le même 
défaut. 

« L'an 1779, le 8' jour de décembre, j'ai donné la bénédiction à 
la grosse cloche fondue par J. B. Julliot, d'Ulout en Loraine, 
qui nous Ta remise pesante 725 livres, présentée pour recevoir 
cette bénédiction par M. Claude- Jean-Marie Duplessis, chanoine 
de Chartres et archidiacre de Dunois, et par noble damoiselle 
Geneviève-Louise L'Ecuyer de la Papotière, sous l'invocation 
de saint Claude et de sainte Geneviève. » 

« En 1784, on me demanda un chapiteau. Je ne sçavois pas 
qu'il y avoit eu un scrutin entre quelques habitans qui disoient 
que si je n'y consentois pas qu'ils le feroient faire malgré moi. 
Je ne seus ce procédé qu'après que j'eus donné mon consente- 
ment. En conséquence, il a été fait par Pontgouin ou Louis 
Haye, maçon de Gallardon pour la somme de 500 livres. Je ne 
le désapprouve pas tout à fait; mais c'est un réservoir pour 
les moins religieux de ma paroisse ou cacquetoir. » 
Le dessin de l'église est de M. Rousseau. 



ÉGLISE DE VOISE 



Extérieurement l'église de Voise ne dit rien. Enserrée d'un 
côté par les murs du presbytère et de l'autre par ceux de la ferme 
établie à la place de l'ancien château seigneurial, elle n'excite 
pas la curiosité de l'étranger, mais si, pourtant, cédant à une 
bonne inspiration, celui-ci en franchit le seuil, il éprouve une 
agréable surprise, car l'intérieur est au moins agréable, et les 
habitants du village en sont fiers ajuste titre. 

Nous savons que la paroisse de Voise était constituée au 
XIII e siècle, et, selon toutes les apparences, son église dédiée à 
saint Vincent, diacre et martyr, fut bâtie vers la fin du XII e . La 
porte romane servant d'entrée principale et les baies à ébrase- 
ments profonds en berceau du sanctuaire appuient cependant 
seuls la tradition à ce sujet. En effet, cet édifice, déjà profondé- 
ment remanié au commencement du XVI e siècle, a été presque 
entièrement reconstruit il y a une trentaine d'années par M. l'abbé 
Rivière, curé de la paroisse à cette époque, aidé dans cette œuvre 
par la commune, la fabrique, quelques pieuses familles et le 
comte de Chamailles, alors préfet d'Eure et-Loir. Malgré les 
efforts de ce prêtre intelligent et actif pour donner à son église 
un style uniforme, elle porte le cachet de ces transformations 
successives Elle comprend une nef principale de 18 Π50 de lon- 
gueur sur 7 de largeur, à laquelle est accolée au sud, une autre 
nef latérale un peu moins longue et moins large, le tout voûté 
en briques recouvertes de plâtre. Cette nef est terminée par une 
abside circulaire ornée d'arcatures en plâtre, et d'un autel go- 
thique de bon goût, mais dont le tabernacle seul est en pierre. 
Les trois fenêtres qui éclairent ce petit sanctuaire, étaient pri- 
mitivement en plein cintre, on leur a donné la forme ogivale lors 
des réparations dont nous venons de parler. A la même époque, 
les ouvriers firent disparaître la piscine traditionnelle qui se 



trouvait du côté de l'épitre, et larmarium ou sacraire qui exis- 
tait encore du côté de l'évangile, comme dans la plupart de nos 
églises romanes. Le bas-côté n'était jadis qu'un humble appentis 
péniblement éclairé par deux tabatières. M l'abbé Rivière le 
fit reconstruire et l'orna de deux verrières aux vives couleurs 
dans lesquelles brillent saint Napoléon, sainte Eugénie et les 
armoiries du préfet de Chartres, auquel le bon curé voulait 
témoigner sa reconnaissance. 

La façade principale de l'église de Voise s'ouvrait jadis sur le 
manoir féodal dont la porte crénelée et les vieux fossés attirent 
encore les regards quelques pas plus loin. Le peuple avait son 
entrée sur le côté. On a conservé ces deux ouvertures ; mais, l'édi- 
fice étant devenu purement paroissial, on construisit devant la 
porte seigneuriale un mur sur lequel on jeta un toit en appentis : 
de là ce couloir un peu étrange qui donne accès dans l'église 
quand la grande porte est fermée. A noter en terminant la belle 
chaire genre XV e siècle due au ciseau du sculpteur bien connu 
de Saint- André (Eure), et la tribune ménagée avec art au fond 
de l'église. Ce n'est pas que cette tribune ait un mérite architec- 
tural, mais elle résout bien une difficulté qui se rencontre sou- 
vent lorsqu'on entreprend la restauration d'une église de cam- 
pagne. Construite entre les pièces de bois visibles qui soutiennent 
le clocher, elle les utilise et les dissimule toutes parfaitement. 

Perrier. 



CIIAI'KLLK l)i:S 



HUIKKS DK 1. ANCIENNK KOI.ISK SAINT-MARTIN 
A l'KHMAINCOI'RT 



*. s. 



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ÉGLISE ET CHAPELLE DE FERMA1NC0URT 



Le village de Fermaincourt, situé à 4 kilomètres de Dreux, 
au confluent de l'Eure et de la Biaise, appartient aux communes 
de Montreuil, Cherizy et Abondant ; il est traversé par la route 
nationale n° 19 de Dreux à Anet et par la ligne du chemin de 
fer d'Orléans à Rouen ; on y a établi une halte. 

Sa fondation remonte à une époque très éloignée. Ce fut d'a- 
bord, dit le géographe Baudran, une ville gauloise jouissant 
d'une grande importance (oppidum alias aniplum Carnutum). Les 
Druides y faisaient leurs sacrifices (ubi sacrificiel hahebant Drui- 
dœ). Près de ce village, on peut encore admirer aujourd'hui deux 
beaux dolmens : l'un à Cocherelle, qui passe pour le plus considé- 
rable de tous les monuments de la contrée, et l'autre à la Ferme- 
Brûlée, sur les bords de l'Eure, découvert en 1875 par M. le 
comte de Reiset et possédant sa curieuse pierre striée. Il y avait 
à Fermaincourt un autel dédié à la Vierge qui doit enfanter (ibi 
clim altare virgini pariturae dicatum) ; suivant certains auteurs, ce 
serait la statue même se trouvant sur cet autel qui aurait été 
transportée à Chartres dans la cathédrale. 

Le mot castrum, sur lequel divers écrivains ont désigné Fer- 
maincourt, semblerait indiquer que cette ville devint plus tard 
une place forte romaine. Le mot firmitas, qui est une étymolo- 
gie de son nom, indique d'ailleurs que ce fut une villa changée en 
forteresse. 

Lorsque Clovis eut fondé l'unité de la nation franque, les rois 
de France, ses successeurs, établirent une résidence à Fermain- 
court (cum castro regum Galliœ primw slirpis). « On prétend, lisons- 
nous dans la Description de la Généralité de Paris en 1759, que 
nos rois y ont tenu leurs Etats généraux. » 

Ce fut sans doute sur l'emplacement qu'occupait le palais des 
rois francs qu'au commencement du X* siècle fut bâti le château 



de Fermaincourt, au confluent de l'Eure et de la Biaise, à droite 
du pont actuel. 

Robert I ir , comte de Dreux, le fit réparer vers 1160 et y sé- 
journa souvent ; nous avons en effet plusieurs chartes et lettres 
de ce prince datées de Fermaincourt. 

Ce château resta toujours par la suite dans la mouvance du 
comté de Dreux. Henri IV l'assiégea en 1590, et, furieux de la 
résistance qui avait duré plusieurs mois, il le fit raser entière- 
ment. 



EGLISE SAINT-MARTIN 

Fermaincourt, qui était alors bien plus important qu'il ne Test 
de nos jours, avait une église dont on voit encore les ruines à 
l'entrée du village et qui devait être entourée de maisons. Nous 
en donnons ci-joint la gravure, d'après une photographie faite 
en 1885. 

Cette église était placée sous le vocable de Saint-Martin (ec- 
clesia sancli Martini de Firmacuria). Elle est mentionnée dès le 
commencement du XII* siècle dans le Cartulaire de Saint-Père 
de Chartres : deux privilèges, l'un de Geoffroy, évoque de 
Chartres (27 novembre 1126\et l'autre du pape Honorius(8 mars 
1127), en confirment la possession aux religieux de cette abbaye. 

Elle ne figure plus dans le Pouillé de 1738 que sous le titre de 
prieuré, à la collation de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés 
de Paris. Elle fut détruite en 1793. 



PRIEURE DES PEZERIS OU DES SEPT-JOIES 

Par une charte de 1185, Robert II, comte de Dreux, fonda, en 
face du château de Fermaincourt, la chapelle Notre-Dame-des- 
Pézeris ; nous avons la teneur de la charte qui fut dressée à ce 
sujet. L'abbaye de Saint-Vincent-aux-Bois, à laquelle fut donnée 
cette chapelle, était tenue à y établir et entretenir à perpétuité 
trois chanoines-prêtres pour y servir Dieu; l'un d'eux était 
chargé de célébrer chaque jour une messe pour les morts, à> 
l'intention de Robert II, de Yolande, son épouse, de Pierre, son 
frère, de son père, de sa mère et de ses prédécesseurs. 



Par suite de contestations entre Robert et le chapitre de 
Chartres, qui réclamait comme son bien l'endroit désigné pour 
l'édification de la chapelle (prœdicta terra quœ est inter fossata Fir- 
mœcuriœ et Mosterellium), celle-ci ne fut commencée qu'en 1187 ; 
la transaction qui fut faite, le 4 février 1187, portait que le comte 
de Dreux garderait les biens usurpés, à titre de mouvance du 
chapitre, moyennant la somme de 50 sols de rente, monnaie de 
Dreux, payable chaque année le jour de la fête de saint Rémi 
iannuatirn in festo sancti Remigii solidos Drocensis monete in pre- 
positura nobis assignavit aut procuratori nostro libère persolvendos). 

En 1189, Robert II érigea la chapelle en prieuré, lequel fut 
gouverné par des moines de Saint-Augustin et continua à relever 
de l'abbaye de Saint-Vincent-aux-Bois, en Thymerais. 

Robert IV octroya en 1279 le prieuré aux moines de l'abbaye 
de Saint-Yves-de-Braine, avec une rente perpétuelle de 100 sols 
pour la célébration d'un service annuel. Cette donation est ainsi 
mentionnée au Martyrologe de cette abbaye : 

« XVI II Kal. Décembres commemoralio pue mémorise illustris viri 
domini lioherli comitis Drocarum et Monlisfortis, Domini Branœ 
etS.-Walerici, religionis zelaloris, qui dédit nobis prioratum de 
Firmaeuria cum appenditiis suis et centum solid. Turon. recipiendos 
singulis annis in theloneo hujus villœ, ad pitantiam Contentùs, in 
die obitûs sui. » 

u Le 18 des calendes de décembre, commémoration de la 
pieuse mémoire de l'illustre seigneur Robert, comte de Dreux 
et de Montfort, seigneur de Braine et de Saint- Valéry, zélé 
défenseur de la religion, qui nous a donné le prieuré de Fer- 
maincourt avec ses dépendances et cent sols tournois que l'on 
perçoit chaque année, le jour anniversaire de sa mort, sur le 
tonlieu 1 de cette ville, pour la nourriture du couvent. » 

En 1282, Robert IV fit construire, à côté du château, une nou- 
velle chapelle, qui prit le nom de Notre-Dame des Sept-Joies et 
qu'il fit également dépendante de l'abbaye de Saint-Yves-de- 
Braine. 

Plus tard, cette chapelle fut réunie au prieuré, que l'on dé- 
signa à partir de ce moment sous le nom de prieuré des Pézeris 
ou des Sept-Joies. 

• Le tonlieu était un droit seigneurial que l'on faisait pajer aux vendeurs 
de bestiaux et de marchandises pour la place qu'ils occupaient dans les 
foires et marchés. Or, Fermaincourt avait une foire importante qui se 
tenait le lundi de Pâques et qui existait encore au siècle dernier. 



Nous voyons dans un procès-verbal du 22 septembre 1711 que 
le prieuré avait de fondation une messe par semaine, acquittée 
par M e Thomas le Torchu, prêtre du diocèse de Coutances, 
commis par M« r l'évêque de Chartres avec des lettres d'appro- 
bation limitée ; que tout dans la chapelle était en bon état, 
l'autel bien décoré ; qu'il y avait du linge et des ornements de 
toute couleur pour la sainte messe, et un tabernacle dans lequel 
était enfermé le Saint-Sacrement, par un privilège particulier de 
M« r l'évêque de Chartres. 

Un acte du 14 septembre 1731, signé Lefeuvre de la Salvère, 
nous apprend que chaque dimanche la messe paroissiale était 
dite au village de Fermaincourt. 

Le Pouillé de 1738 porte que le prieuré de Fermaincourt, dédié 
à la Vierge et d'une valeur de 500 livres, était encore à la nomi- 
nation de M. l'abbé de Saint-Yves-de-Braine, diocèse de Soissons. 

Ce prieuré fut supprimé à la Révolution et mis en vente le 
7 février 1791. 

La chapelle des Sept-Joies, avec la ferme, les terres, prés et 
bois en dépendant, fut adjugée à un M. Dantu, moyennant 
84,500 livres. 

La chapelle des Pézeris, avec les terres et prés en dépendant, 
fut adjugée à M. Le Mercier des Hautes-Loges, vicaire général, 
chanoine de Sainte-Opportune, à Paris, moyennant 20,100 liv. 

Cette dernière chapelle, située à gauche de la route, dans 
l'ancienne propriété Robillard annexée depuis une quinzaine 
d'années au domaine d'Ecluzelles (le château actuel), servit 
pendant longtemps de bûcher. Restaurée et remise en état par 
M. le comte Potocki, le précédent propriétaire du château, elle a 
été rendue au culte. 

Nous en publions ci-joint une gravure, telle qu'elle existe 
aujourd'hui. 

Ch. Lemenestrel. 



■ ne ' ) 

-■y 



ÉGLISE DE GOMMERVILLE 



L'église de Gommer ville,placée sous le vocablede Saint-Martin, 
ne possédait jusqu'au seizième siècle qu'une nef à laquelle, à cette 
époque, on adjoignit un côté qui forme, encore aujourd'hui, grâce 
à ses heureuses proportions et à ses voûtes légères, la partie la 
plus remarquable de 1 édifice II semble que la dépense que l'on 
avait faite ait nécessité le long abandon dans lequel fut laissée la 
nef : jusqu'au milieu de notre siècle, en effet, elle resta simple- 
ment plafonnée, c'est alors que sur l'initiative d'un curé de la 
paroisse, M. l'abbé Trochard, fut entreprise la restauration de 
cette partie de Péglise. Grâce en partie à la générosité de M. le 
baron Choppin d'Arnouville et de sa famille, on put mener le 
travail à bonne fin, exhausser la nef et la voûter. On distingue 
aujourd'hui dans l'église de Gommerville le banc d'œuvre et la 
chaire habilement sculptés au XVIII e siècle, un superbe confes- 
sionnal dû à un véritable artiste contemporain et un vitrail re- 
présentant un épisode de la vie de saint Martin, sorti des ateliers 
Lorin de Chartres. Gommerville formait autrefois deux seigneu- 
ries,l'unedite de Gommerville, l'autre de la Grande-Cour,cesdeux 
fiefs appartinrent successivement, aux Hurault de l'Hôpital, aux 
Rochechouart et de là par alliance, aux Sève et aux marquis 
d'Oyson ville. L'église, qui se trouvait dans la seigneurie de Gom- 
merville proprement dite, reconnaissait pour patron temporel la 
célèbre abbaye de Morigny, près d'Estampes. 

A peu de distance de Gommerville et sur son territoire s'élève le 
château d'Arnouville qui depuis le quinzième siècle appartient à 
la famille du célèbre jurisconsulte René Choppin, qui en fut lui- 



môme seigneur. Au XVIII' siècle, on y adjoignit en aile une 
petite chapelle dans laquelle fut dès lors célébrée la messe le 
dimanche et où furent bénis jusqu'à nos jours les principaux 
mariages de la famille. Cette chapelle, qui ne forme à vrai dire 
qu'un petit chœur s'ouvrant sur une des salles du château, ne 
contient rien de particulièrement remarquable. 

Le dessin de I,' église, .offert par.M. le comte de Rilly. a été exé- 
cuté par M. ft. Ravnult. 

R 



ARCHIVES HISTORIQUES DU DIOCÈSE DE CHARTRES 



EGLISE 



Saint-Aignan 



DE CHARTRES 




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IHU7 



ÉGLISE DE SAINT-AIGNAN 

DE CHARTRES' 



«•» 



T. — EXTERIEUR. 

« Saint-Aignan était la paroisse des comtes de Chartres, dont 
le château, appelé la Tour-du-Roi, s'élevait à l'endroit dit main- 
tenant la place Billard. Au XIII* siècle, cette église possédait un 
chapitre de sept chanoines 2 . 

« Bâtie vers Tan 400.par saint Aignan\ et placée sous le patro- 
nage de saint Denys ou de saint Pierre et de saint Paul, elle 
devint la sépulture de cet évéque de Chartres et de ses trois 
sœurs Donde, Monde et Ermemonde ; ce n'est que dans la suite 
qu'elle prit le nom de son fondateur. Elle a été plusieurs fois la 

1 La partie principale de cette notice a déjà été publiée par M. l'abbé. 
Langlois, en 189G, dans « Chartres % sa cathédrale % ses monument*,» et dans 
deux tirages à part en 1890 et en 1897. 

Pour répondre davantage au but de notre Revue, nous avon9 ajouté plu- 
sieurs paragraphes, abrégé et modifié quelque peu la description des vitraux. 
LVpendant,ne voulant rien enlever au mérite de notre confrère, nous mettons 
entre guillemets* » les parties que nous reproduisons intégralement ou en 
abrégé, d'après la notice et ses notes. 

Nous assumons entièrement la responsabilité de tous les paragraphes 
non munis de ces guillemets. 

Nous avons fait graver les planches qui l'enrichissent, sauf celle du 

maltre-autel dont M. Langlois a fait les frais, et celles du reliquaire de 

Saint-Aignan, qui nous ont été gracieusement prêtées par M. F. de Mély, 

déjà publiées par lui dans son savant ouvrage le Trésor de Chartres et enfin 

celle de l'orgue, communiquée par M. Merklin. Les dessins.de la façade, 

du chevet, de l'intérieur et de la crypte ont été exécutées par M. Hoyau ; 

celui de l'ancien sanctuaire par M. E. Boursier, d'après une photographie 

de M. Galias 

L'éditeur, C. Métais. 

5 « Cinq cents ans plus tard, M. Brillon signale six chanoines : Bourgeois. 
Beaunîer, Lemoine, Hervé, Langlais, marguillier. et Langlais, clerc de 
l'œuvre, le 7* était absent depuis 20 ou 30 ans. Ces messieurs prétendaient 
qu'autrefois MM. les d'Illiers avaient donné à leur corps le privilège de nom- 
mer le curé de Saint-Aignan. » 

1 « C'estoit jadis sa maison, dit Roulliard, selon la créance commune, 
laquelle icelui saint Aîgnnn dédia premièrement en l'honneur de saint Denis 
ou selon autres de saint Pierre et de saint Paul. » (Parthénie, 2* partie, page 
149. L'éditeur-. 



'I l-'.GMSK OK SA1NT-AIC.NAX 

proie des flammes, notamment le 2 septembre 1134, le 10 juin 
1262 1 et vers le commencement du XVI" siècle. 

« De cette époque date le monument actuel, où la Renaissance 
a laissé l'empreinte incontestable de son génie. Le petit portail. 
h gauche, d'un dessin si pur et si gracieux qu'il peut être montré 
comme modèle du genre (Voir la planche II", porte la date de 
1541, gravée sur le sommet de son pinacle. » 

Qui n'admirerait la délicatesse du plein cintre ou archi- 
volte et du bandeau supérieur à fleurs et feuillages perlés et 
enroulés ; l'élégance des colonnettes ioniques superposées ; l'har- 
monie des trois arcades de l'étage supérieur accostées de deux 
petits dômes à base festonnée ; et, malgré sa mutilition, la statue 
qui remplissait la niche du milieu avec son ample manteau aux 
plis ondulés. Cette sobre et savante disposition des lignes, 
cette richesse d'ornements, tout cet ensemble font de cette porte 
un petit monument digne de fixer l'attention. Qu'on le compare 
avec la porte de l'église de Pierres (1540) et plus près de nous, 
à Chartres, avec la porte de la maison du médecin. XVI siècle , 
rue du Grand-Cerf, et on ne le trouvera inférieur ni à l'un ni à 
l'autre. Malheureusement l'artiste de ce petit chef-d'oeuvre 
comme des précédents est inconnu et nous ne pouvons que louer 
son œuvre, sans glorifier son nom. 

« « L'an 1134 (lisez le 2 septembre), la ville de Chartres avant esté toute 
brûlée du feu du ciel et toutes ses églises, fors celle de Nostre-Dame, celle 
de Saint-Aignan n'en fut exempte non plus que ses compagnes. Et sur ce 
qu'après le feu esteint on trouva sa châsse entièrement bruslée et ses osse- 
ments nullement endommagés, l'évesque Geoffroy, soubs qui advint ce mes- 
chef et désastre, les recueillit avec tant de dévotion, et remit iceux dans 
une saincte châsse qui demeura longtemps dans l'église de Saint-André, 
lors estant hors la ville. Finalement fut reportée dans la nouvelle église 
dudict sainct, depuis qu'elle eut esté refaicte et rebastie. 

«Par après et l'an 1272 (lisez 1202), la nuict. veille de Saint-Barnabe (10 juin . 
la fouldre du ciel tomba.. . la plupart de la ville fut embrasée du feu avec 
toutes les églises, mesmement celle dudict saint Aignan.... La châsse dudit 
saint Aignan fut encore bruslée et néantmoins les ossements d'iceluy de- 
meurèrent entiers. I/évesque v Pierre deMincv. les remit enuneWlle châsse 
neuve qui se voit encore couverte partie de lames d'argent et de cuivre 
doré, et fut restablie en son église après icelle restaurée. > (Parlhénie. 
2* partie, pages 8 et 9) — M. l'abbé Clerval a rectifié et précisé les dates de ces 
deux incendies : il n'est pas non plus et à bon droit de l'avis de Roulliard 
en ce qui concerne les reliques «... harum pcrparva tamem fragmenta réma- 
nent adhuc. ut fertur. ftiso vitro cohaerentia. . . » < Translation?* S. Aniani... 
p. 9;. L'éditeur . 




PI. 1. — Saixt-Aic.nan. Façade. 



OF 



KGL1SE 1)1% SA1.VT-AIGNAN 7 

La porte principale de l'église, ogivale, surmontée d'un tore 
en guise d'archivolte, semble conservée de l'église antérieure et 
a tous les caractères du XIV* siècle. 

Au contraire, la baie géminée et la rosace qui ajourent le haut 
du pignon, les deux contreforts des angles sont bien du XVI e 
siècle. On remarque dans le tympan ogival de la grande porte 
trois socles en pierre, formés de trois corps d'hommes ou d'anges, 
qui devaient supporter autrefois autant de statues dont le rétablis- 
sement serait bien désirable. (Voiries vignettes du titre,. 

La petite tourelle hexagonale, qui flanque le bas-cùté gauche, 
renferme un escalier, qui communique avec les combles par des 
degrés ménagés sur le dos de l'arc-boutant qui va de la tour à 
l'entablement de l'édifice. Cette disposition a l'avantage de 
donner à cette façade du mouvement et quelque peu de légèreté. 

La tour du clocher, que l'on aperçoit à gauche dans la gra- 
vure de la façade et à droite dans la gravure du chevet, manque de 
grâce et de hardiesse. Ses pilastres ioniques, ses cintres moulurés 
ses rares sculptures sont du milieu du XVI e siècle. Une porte cin- 
trée donne accès dans la crypte; quelques enjoliements, feuillages 
et figurines qui ornent cette entrée, accusent une certaine 
parenté avec le petit portail du pignon ; mais ils ne sont pas de 
la même main. 

Une tourelle appliquée dans l'angle conduit à l'étage supérieur 
ou chambre des cloches. 

« Le chevet, vu du quatrième étage d'une maison voisine, 
apparaît comme une forteresse assez lourde et mal affermie sur 
ses bases ; Saint-Aignan occupe en effet un des points culminants 
de la ville. Pour s'en convaincre, il suffit de descendre les 24 
marches de la crypte et de constater qu'on est encore au-dessus des 
toits de la rue Saint-Pierre. En plusieurs endroits les contreforts 
sont à peu près nuls; aussi les éboulements continuels des terres 
du rond-point et du cimetière obligèrent-ils la fabrique, dès le 
XVI* siècle, à entreprendre une restauration complète dont 
on retrouve les traces dans là chapelle de la Sainte-Vierge, les 
fenêtres de ia crypte, la tour et son portail. Depuis on a dû s'en 
préoccuper constamment ; des témoins en plâtre, placés de dis- 
tance en distance pendant ces dernières années, semblent af- 
firmer qu'on a conjuré le danger avec succès et que la solidité de 
l'édifice n'est plus un problème. » 



X l'iGLlSK DE SAINT-AIGXAN 

Signalons de suite la construction assez hardie et bizarre de 
la chapelle de la sainte Vierge, élevée sur la croupe même de la 
crypte entre deux contreforts. Plus profonde que le reste du 
déambulatoire, elle s'avance à l'extérieur sur l'extrême bord du 
grand arc évidemment construit pour la soutenir. Elle est à trois 
pans ajourés par trois fenêtres flamboyantes à meneaux, celle 
du fond murée. Ses deux angles sont appuyés par deux pilastres 
à retraits, dont les piédestaux sont à moitié suspendus dans le 
vide, les sommets en forme de clochetons, sont ornés de mou- 
lures et de crochets végétaux, à l'intérieur, son grand cintre d'en- 
trée vient s'accoler aux piliers et à l'arc de la voûte du déam- 
bulatoire, sans se marier avec eux ; la juxtaposition faite après 
coup est évidente. 

Les fenêtres gothiques à double et triple baie du déambula- 
toire, celles de la crypte dans le même style, les contreforts 
massifs, le soubassement quasi-crénelé avec son chemin de 
ronde, donnent à cet ensemble un certain caractère architectu- 
ral, qui fait trop défaut dans le reste de l'édifice. La grande nef, 
dont on aperçoit le rond-point avec ses fenêtres à plein cintre, 
n'est point un couronnement digne de la base. Elle s'éloigne trop 
de la hardiesse du style ogival et de l'harmonieuse richesse du 
roman. Point de contreforts ni d'arcs-boutants lancés dans l'es- 
pace pour soutenir la voûte en pierre, qui d'ailleurs fait défaut. 
Point d'entablement aux riches sculptures, aux capricieuses 
figurines. Rien non plus des lignes prétentieuses et savantes du 
beau style grec de la Renaissance. Entre la Cathédrale et Saint- 
Pierre, ce chevet de Saint-Aignan devait dans le principe jouer 
un rôle bien différent. 

L'aspect de forteresse de ce chevet s'accentue peut-être si de 
la rue Saint-Pierre on monte par les degrés Saint-François. 
Les énormes contreforts, qui soutiennent le chemin de ronde, se 
poursuivent à droite de cette rue, non moins robustes et imposants 
malgré leur rôle secondaire, pour retenir les terres de Fancien ci- 
metière de la paroisse, jardin du presbytère actuel. Nous pouvons 
déterminer les époques précises des différentes parties décrites 
plus haut. 

Les murailles à contreforts, qui longent le tertre Saint-Fran- 
çois et se replient ensuite derrière l'église dans les jardins de la 
maison de la fabrique de Saint-Pierre, venaient d'être finis en 




PI. H. — Saint-Ahinax, L > et it portail. 



KGLISF DE SAINT-AÏGNAN M 

1510. Le dimanche 29 septembre 1510, après la messe paroissiale. 
M r * Raoullet Chifflet, gagierde Saint-Aignan, fit faire assemblée 
des paroissiens, qui « après avoir vu et visité icelles murailles 
de pierres et maçonnerie pour soutenir les terres de semetière, 
ont dit et respondu que les dites murailles et édiffices estoient 
bien, deuement, justement et loyaument faitz. >» 

Cependant quelques paroissiens, intéressés sans doute dans 
l'affaire, en particulier un sieur Pierre le Doys, en appela aux 
tribunaux pour faire « procéder à la démolicion de certains 
grous pilliers de pierre de taille qui sont parfaiz depuis plus de 
deux ans et qui soutiennent tout le fez du cueur et corps de la- 
dite église, laquelle est une des anciennes de la ville de Chartres, 
et en est le cueur fondé sur le pan d'un haultroc; lesquels 
pilliers ont costé à faire à ladite fabrique bien mil escus et autre 
grant somme. » Il obtint de M r * Regnault de Gyvès, prévôt 
du roy, une sentence conforme à ses désirs. Robert Houic, 
Raoullet Chifflet et autres gagiers, «< voyant que telle démolition, 
et rupture seroit irréparable et au grand détriment et dommaige 
de ladite église », en appelèrent au roy. qui écrivit à son bailly à 
Chartres que le jugement était corrigé et amendé : « Fesons in- 
hibition et défense de procéder à aucune démolition et roupture 
desdits pilliers de ladite église parochiale de Saint-Aignan de 
Chartres. A Paris, le 8* jour de décembre 1510 ». 

Ces travaux préliminaires de consolidation faits, les parois- 
siens en entreprirent de plus grande importance. Le dimanche, 
3 e jour d'avril 1513, avant Pâques (N. S. 1514^, devant les pa- 
roissiens réunis, « Jehan de Beaulce, maistre maçon de l'œuvre 
de l'église Notre-Dame de Chartres a dit, rapporté et certifié 
qu'il s'est transporté en ladite église et cymetière de Saint- 
Aignan et à lentour dicelle, pour voir et visiter les réparations 
nécessaires à faire pour refaire le meur de ladite église, selon et 
ainsi que la taille d'icelluy estoit et est commencée à faire, et 
qu'il avoit trouvé au circuit dudit cœur, par le devant d'icelluy. 



* En 1513. Pâques tombait le 27 mars, en 1514 le H> avril. Il n'y a donc pas 
de doute, il faut compter 1514 : mais le M avril était un lundi. Le scribe du 
notaire aura rédige* son acte le lendemain de la réunion, le lundi, et aura 
combiné par inadvertance le dimanche, jour de la réunion, avec la date du 
jour de la rédaction. La date exacte est donc li 1 dimanche delà Passion, 
2 avril 1514. 



12 iViLISh" l)K SAINT-AÏGNAN 

ung gros mcur de pierre et matière fort et puissant, bien enpàté, 
bons piliers de pierres de tailles, bonnes arches fortes et puis- 
santes aussi de matière et pierre, accompagnyée, garnye et sous- 
tenue de deux autres meurs d'une maison estant a l'endroit du- 
dit cœur de ladite église, lesquels deux meurs estoient et sont 
de bonne maçonnerie, matière et estoffe, respondant à la rue 
Saint-Père et estant de grande haulteur, depuis rez-de-chaussée 
comme de deux estages ou environ, et de espesseur et haugteur 
de masçonnerie de 4 pieds chacun, lequel est puissant et très 
suffissant pour tenir et soutenir les terres de ladite église et dudit 
cimetierre, ensemble le fez et charge que ledit cœur d'icelle 
église qui sera mis, faict de nouvel, pourra contenir... et es caves 
dudit cœur, a trouvé les voultes dicelles caves estre saynes, en- 
tières, bonnes et suffisantes, et ceintes de gros murs (épaix ; de 
six ou sept pieds, et au bout, y a un roc lesquels sont puissants 
pour porter et soutenir les terres, et ne peuvent les caves aucu- 
nement nuyre ne prejudicier audit cœur ne à faire l'ediffice d'i- 
celluy. Oultre a dit iceluy Jehan de Beauce maçon qu'il estoit 
d'advis et opinion que les fondemens, qui seront faits pour por- 
ter et soutenir lesdits quatre piliers de circuit dudit cœur, soient 
faitz et liez ensemble et s'entretiennent sans les faire chacun en 
particulier, parce que c'est la clef de l'ediffice de toute ladite 
église et que iceux fondemens en vauldront mieux et seront plus 
seurs. Semblablement a rapporté ledit Jean de Beauce que le 
meur sur lequel est à présent fondé le pignon de ladite église 
estoit et est suffisant pour porter et soutenir les deux piliers du 
derrière dudit cœur, et vault myeux que iceux deux pilliers soient 
fondez sur ledict vieil meur que sur les terres. Outre a dit et 
rapporté que le cœur qui sera ainsi faict ne sera pas de si gros 
fez, charge et pesanteur, comme celui qui est à présent eddifié, 
parce qu'il se retirera et sera fait en rompant et celuy qui est 
de présent y est tout plat. 

« Après lequel rapport ainsy fait par ledit Jehan de Beausse... 
les susdit paroissiens assemblés... présentant la plus grande et 
saine partie des paroissiens ont consenti et accordé ledit cœur 
estant à présant à ladite église soit par lesdits gagiers fait des- 
mollir et abattu et mys par terre et icelluy après ce refait selon 
ledit rapport et ad vis dessus dit, qui est pour la décoration, 
honneur et embellissement d'icelle église, après et ainsy que 






PI. III. — Saint-Aicnax, Chevet. 




**h< 



KGL1SE DE SAINT- AIGNAN 15 

celluy de Beausse a rapporté ny avoir en ce aucun péril ne 
préjudice à ladite église. » 

Il résulte de là que l'église de Saint- Aignan était terminée 
primitivement par un pignon droit parallèle au pignon de fa- 
çade ; que le nouveau chœur a été construit à pans coupés sur 
les plans de Jean de Beauce pour sa partie inférieure. 

Les travaux furent commencés peu après 1514. On n'y pro- 
céda qu'avec la plus grande prudence. La haute compétence de 
Jean de Beauce ne parut même pas suffisante. En effet « le 
mardy des féeries de Pasques, 25 mars 1516, Nicolas de Laborde, 
maistre des maçons de cette ville, et Jehan Desmoullins, maître 
maçon de l'œuvre Notre-Dame de l'Estrée, Colin Potier, maître 
maçon à Chartres, et Clément Montaiseau, maître maçon à No- 
nancourt, ont visité l'ouvraige fait en ladite église Saint- Aignan, 
au rond-point qui est desia hors de rez de chaussée de neuf à 
dix pieds par derrière, sur lequel ouvraige y a une arche com- 
mencée qui sort des pilliers, et ont trouve qu'elle sera bonne et 
souffisante et bien portée et pour porter ladite maçonnerie 
qu'on portera dessus ainsi qu'il appartient, ainsi que le disoit 
un rapport par Jehan de Beaulce, maistre de l'œuvre de l'église 
Notre-Dame de Chartres daté du 3 avril 15K1. » 

En 1624, on décida de rehausser l'église depuis le rond-point 
jusqu'au pilier de la tablette ou banc de fabrique « après qu'on 
se fut asseuré que les piliers et fondements de ladite église sont 
assez forts et solides pour soustenir la maçonnerie et les bois 
de la charpente. » 

Revenus devant la façade de l'église, nous déplorerons, avec 
tous les étrangers, que les édiles de la cité n'aient pas encore 
complètement dégagé la façade de l'église 1 ; le bas-côté de droite, 
autrefois complètement masqué, reste encore en partie caché 
derrière les constructions de la maison du docteur Bouchard. 



« t Ed 1850, la ville, avec le concours de la fabrique, acheta les maisons 
Bouilly et Vintant qui obstruaient l'entrée principale de l'église et ne lais- 
saient pour y pénétrer qu'une espèce de couloir, étroit et infect. Elles furent 
démolies, et la ville s'est engagée à n'y faire jamais de construction. En 1886, 
a maison Greslou eut le même sort. » 



d6 ÉGLISE I)K SAINT-MGNAN 



II. — INTERIEUR 



L'église de Saint- Aignan est remarquable par son heureuse 
disposition intérieure. Une lumière abondante tombe d'en haut 
et permet aux fidèles de suivre aisément les cérémonies du culte ; 
des colonnes légères et largement espacées laissent apercevoir 
l'autel de toutes parts. Ce n'est pas la grandiose majesté de la 
cathédrale, la hardiesse incomparable de Saint Pierre, c'est une 
pénétrante harmonie, adoucie encore par les reflets des vitraux 
et toujours recherchée dans le lieu de la prière. 

« Le plan de l'église, bas-côtés compris, forme un parallélo- 
gramme allongé vers l'orient, l'abside offre une légère courbure. 
Dix-huit piliers et vingt pilastres la soutiennent ; au-dessus des 
arcades ogivales règne une travée, ou galerie en style Renais- 
sance, qui a été construite en pierres de Chàteaudun, vers 1625 
et pendant les années suivantes. C'est alors qu'on éleva le toit 
de la nef à la hauteur de celui du chœur ; une plaque d'argent 1 
aux armes de l'évèque de Chartres, Léonor d'Estampes de Va- 
lençay, fut placée sur la première pierre posée solennellement 
par ce prélat. 

« Des fouilles exécutées en 1889, pour la pose du calorifère, ont 
mis à jour un mur parallèle à la façade, qui indique qu'à un 
moment donné l'église fut agrandie de deux travées, on peut 
d'ailleurs constater l'écart des dernières ogives du bas de la nef. 

« Voici les dimensions à l'extérieur ; longueur, 47 u, 65 ; nef, inté- 
rieur, 22 m 75 ; chœur, 14 m 50 ; largeur, 29 m 90 ; nef centrale, 10 m ; 
hauteur de la voûte, 20 m . 

« Saccagé à la Révolution, Saint- Aignan devint hôpital mi- 
litaire et prison sous l'Empire*, puis magasin à fourrages. Rendu 
au culte par ordonnance royale du 2 octobre 1822, grâce à la 
famille Remond de Chartres, qui en fit l'abandon spontané à la 



1 «Cette plaque fut gravée par Innocent Clément pour 13 livres». (Archives 
départementales, G. 3630). 

1 «Le dimanche 1814, environ 20Û0 Russes, Prussiens. Autrichiens et An- 
glais y furent internés: le lendemain, on dirigea les plus valides sur Foi- 
tiers par la route de Bonne val »>. • 



van. Intérieur. 



f 



k(;msi*: i>k saint-auînan . 19 

ville, à la charge de la faire servir exclusivement au culte ca- 
tholique, cette église est maintenant classée parmi les monu- 
ments historiques. Mais de toutes ses antiques richesses, 
sculptures, verrières 1 et tableaux, il ne reste que des vestiges, qui 
suffisent pourtant à faire regretter amèrement ce qui n'est plus. • 

L'aspect intérieur de l'église a bien changé, non seulement de 
ce qu'il était avant les travaux de Jehan de Beauce, mais même 
depuis la Révolution. 

Nous verrons plus loin qu'une grille en bois séparait le sanc- 
tuaire et le chœur de la nef. Deux autels y étaient adossés-, 
finissant de masquer la vue. Une simple ouverture ménagée au 
milieu permettait seule aux assistants d'apercevoir le prêtre à 
l'autel. 

Les colonnes qui ferment le sanctuaire et dont les lignes en 
ogive sont si gracieuses avaient été transformées en arcades plein 
cintre moulurées, sans doute dans le goût des ornementations 
postiches qui déshonorent toujours le sanctuaire de la Cathé- 
drale. La gravure n° V donne la reproduction exacte de cette 
riche ornementation. 

Saint-Aignan, plus heureux, a repris sa forme primitive 3 . 

' « Attribués au pinceau de Nicolas Pinaigrier, neveu du célèbre peintre 
Kobert Pinaigrier. » 

• Chapelles de Nostre-Dame de Pitié et de Notre-Dame du Mont-Cnrmel. 
attachées à la balustrade de bois qui est à l'entrée du chœur. 

3 En 18*>7, M. Elie Dubois « a enlevé les riches sculptures en pierre de 
Tonnere qui ornaient le sanctuaire, oeuvre à plein cintre du commencement 
du XV!!!* siècle, pour faire apparaître la forme ogivale de ses arcatures 
primitives qui étaient masquées. 

Dans le vide laissé par la forme plein cintre et l'ogive d'une arcade, on 
trouva un petit sabot à coude-pied, ayant servi à un enfant, dans lequel 
était une pièce de monnaie en cuivre à l'effigie de Louis XV. au millésime 
de 1719, avec une feuille de papier contenant cette inscription : « Lan 1721, 
le 25 janvier, nous Louis de la Grange, sculpteur à Chartres, et Louis-Fran- 
çois et Barthélémy, mes deux fils, avons, par laide et secours de Dieu notre 
père, fait placer et poser la première pierre par hon. personne maître 
Philippes Le Beau, premier président au bailliage et siège présidial de 
Chartres..., avons mis cette présente inscription et l'avons renfermée dans 
le présent sabot, pour faire connaître à la postérité les ouvriers de ce bel ou- 
vrage. . . Nous avons eu pour faire cet autel la somme de 2320 livres. >. 

Cette ornementation du sanctuaire, ajoutait M* Lecoq. accuse une main 
habile et un choix de motifs de bon goût. La Société Archéologique avait 
fait reproduire par la photographie l'ensemble décoratif de ce sanctuaire 
qui a un cachet architectural du haut style du XVllP siècle. » 

Société Archéologique, Procès-ver haiu-, t. iv, p. 1*5. 'L'Editeur). 



20 KCÏ.ISK DK SA1NT-A1C.NAN 



IIj. _ VITRAUX 



« Pour visiter une église et voir les vitraux, on commence 
ordinairement par le bas en allant de gauche à droite. 

« Ici la disposition du lieuelle-méme nousy invite. Chapelle des 
Fonts, appellée autrefois chapelle de Saint-Biaise et de Sainte- 
Catherine et encore de la Grecque. Les fonts baptismaux actuels 
sont insignifiants. Les anciens avaient « esté apportez de Paris 
au mois de juillet 1707, sçavoir # les pierres des deux marches, le 
pavé de marbre, la balustrade de fer et le bassin de marbre avec 
son pied de même et le couvercle de cuivre à deux ouvertures et 
donnez par une personne qui n'a point voulu estre connue. Son 
nom, celuy de gagers lors en charge, qui sont Léonord de Brac- 
quemont, sieur de Fugerolles, conseiller du roy et assesseur en 
la mairie de Chartres, maistre Nicollas- Simon, bourgeois et 
Louis Euchedé et l'année sont gravés sur une plaque de plomb, 
qui a esté mise adroitement et sans que personne l'ait vue, par 
Sarotte, chanoine de Notre-Dame de Chartres, sous une pierre 
des deux marches. Il y a encore une plaque de cuivre sous un 
des pavez de marbre, proche le pied qui porte le bassin, sur la- 
quelle sont gravez quatre vers latins et l'année que les dits fons 
ont esté donnez. Le tout revient à 800 livres. » 

« En 1090, un escalier de pierre conduisait sous cette chapelle 
à un petit caveau où l'on voyait sur des tréteaux deux cercueils 
en plomb, celui de Jean Chouayne, sieur de Grands-Champs et 
de Montigny et celui de sa fille ; sur deux plaques de cuivre on 
lisait ces inscriptions : 

« Cy gist Jehan Chouane, seigneur des Grands Champs secret, 
de la Reine, lequel est mort à l'aage de L ans, le 12 décembre 
1590. >. 

« C gist Jehanne Chouane, fille de Jehan Chouane, seigneur 
des Grands Champs secrett. de la Reine de Navarre, et de 
Catherine Avhi\ laquelle est deceddée de reyret de voir son père 
mnlnde i\ l'aage de IX ans IX mois, le IX décembre 1598. 

« C'est ainsi que le surnom de Catherine. tr/n ; dite la Grecque, 
passa à cotte chapelle. 



\ 



, Sanctuaire avant 1807. 



KCf.lSK I)K SAINT-AKJNAN 2H 

« Le vitrail est du XVI e siècle. Il est composé de fragments 
transposés. 

« Au l -r plan, dans deux écussons, à gauche, sainte Margue- 
rite, et à ses pieds, un dragon dévorant le pan de son manteau, à 
droite, trois anges vénérant un reliquaire. 

« Au 2* plan, à gauche, sainte Catherine, visitée dans sa 
prison par l'impératrice femme de Maximin et sa suivante, à 
droite, saint Jean avec son calice d'où émerge le serpent, et à 
côté un apôtre avec le livre des Epitres ; un ange tient en ses 
bras un enfant, image sans doute d'un élu. 

« Le donateur de vitrail, sa femme, ses cinq fils et ses sept 
filles sont représentés à genoux et patronnés par saint Pierre et 
saint Aignan. 

La voûte à arêtes entrecroisées avait autrefois des blasons 
sculptés aux clefs, ils ont été mutilés à la Révolution. 

Le premier pilier en face a son histoire. 

« D'après une légende du XVI* siècle 1 , un pauvre tailleur de 
Chartres aurait un jour, dans un moment d'aliénation, signé 
l'engagement de se livrer corps et àme au démon, dans un an, si sa 
fille unique retrouvait avec la santé le beau parti de ses rôves. Et 
il fut exaucé. A l'époque fixée, Satan se présente, c'était le soir. 
Sa femme se jeta aux genoux du mécréant et fit tant et si bien 
qu'elle obtint que le pacte infernal ne serait pas appliqué tant 
que durerait l'humble chandelle qui les éclairait. Satan le jura 
par tous ses suppôts. Alors la rusée commère se relevant 
souffla' la chandelle et courut à toutes jambes à l'église Saint- 
Aignan, où elle la cacha, près du bénétier actuel, dans le premier 
pilier de gauche, à la construction duquel travaillaient alors les 
ouvriers, qui, chose incroyable, l'achevèrent sur l'heure. Le diable 
court encore. » 

« Ancienne chapelle Saint-Etienne. Le vitrail, également du 
XVI e siècle, représente Adam et Eve chassés du Paradis ter- 
restre. Les fragments d'inscription ne laissent aucun doute ; 
d'après l'une, Marie, la nouvelle Eve, devait aussi y être repré- 
sentée « Quœ est ista quiv proyreditur ut aurora vonsurgens, etc. >» 

« Puis les martyrs saint Denis, saint Rustique et saint Eleu- 
thère, sont garrotés et traduits devant le proconsul Fescennius : 

• Jfoyau. Messager de la llaucc cl du Perche de 18Ô9. p. (W-78. 



24 kc;lisk dm saini-aignan 

« ... Rustique... furent amenez... tuez... volunte... les ydolles. » 
Plus loin, saint Denis et ses compagnons reçoivent la commu- 
nion des mains du Sauveur. 

« Deux scènes sont relatives à sainte Barbe : la l re représente 
u comment son père la veult (occire) » ; la 2 6 « comment Notre 
(Seigneur la console). » 

« Une autre inscription nous fait connaître la date du vitrail : 
« J'ay esté donné par Jean Vacher, (15) 66. » 

« Enfin deux écussons, probablement des donateurs : Parti nu 
i* T d'azur au croissant d'or et en chef et en pointe un sabre et une épée 
croisés en sautoir; au 2* d'azur au chevron d'argent accompagné en 
chef et en pointe de deux cignes de même, becqués et membres de 
sable y qui est de Symon. (Planche VI n° 1). 

La famille Symon et celles des Ligneris y avaient un banc et 
leur sépulture. 

Le second écusson est attribué à la famille Lebeau ; il porte : 
1 ï azur h la fasce d'argent accompagnée en chef de trois coquilles 
rangées de même, et d % une étoile d'or h cinq rais en pointe, sommé 
d'un heaume de profil. (PI. VI, n° 2). 

A remarquer deux petites fenêtres à plein cintre, percées dans 
le plan inférieur. Une fenêtre semblable dans la chapelle précé- 
dente a été murée. 

« Le cinquième vitrail de la même époque que les précédents, 
est consacré à la Mort de la très sainte Vierge, à son Assomption 
et à son Couronnement dans le ciel. Il est divisé en six scènes, 
dans l'une le donateur est à genoux avec sa femme, son fils et 
ses cinq filles, présentés par saint Aignan et saint Jacques le 
Majeur. 

Le vitrail qui suit est dit le vitrail des évêques : saint Martin, 
évêque de Tours, saint Denis, tenant sa tête en ses deux mains, 
conduit par deux anges, saint Nicolas et les 3 petits enfants dans 
un bacquet. — A ses pieds, le portrait du donateur, un clerc : le 
4* évêque est « saint Aygnen », le château paternel, Vauventriers, 
est dessiné dans le lointain. 

Dans la flamme, représentation de la sainte Trinité, X VI* siècle. 

« Au-dessous s'ouvrait autrefois la porte du presbytère ; elle 
est aujourd'hui murée, mais le bénitier est toujours adhèrent 

au mur. 

« Ancienne chapelle Sainte-Anne. Le vitrail est sorti des ate- 
liers de M. Lorin, de Chartres, en 1893. 11 relate surtout l'épi- 





* 




T 




PI. VI. — Sai.nt-Ak.xan. Annoirks 



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le 



K<iI.ISl-; tiïï. SAÏXT-AÏCNAN 27 

sode de l'épiscopat de Saint-Aignan et de la construction de 
l'église. Les quatre donateurs sont à genoux devant le saint 
évéque faisant son entrée triomphale à Chartres. 

« Cette chapelle était autrefois éclairée dans sa partie infé- 
rieure par deux petites fenêtres à plein cintre ; elles sont murées 
et cachées par le confessionnal Les familles Pierre et Lebeau 
on étaient propriétaires. 

« La sacristie, ménagée au premier étage de la tour du clocher, 
occupe l'emplacement des chapelles de Saint-Laurent 1 et de l'An- 
nonciation 5 . On y voit au cintre de la voûte des motifs finement 
sculptés dans le goût du XVII e siècle. 

« Les deux vitraux qui suivent ont été exécutés par la maison 
Lorin en 1887 et 1888 : ils sont consacrés à des scènes de l'ancien 
Testament, depuis nos premiers parents au Paradis terrestre 
jusqu'aux prophètes. 

« La chapelle de la Sainte-Vierge (à\te aussi de Saint- Joseph au- 
trefois) plus profonde, ainsi que nous l'avons indiqué, est voûtée 
en pierre, les nervures ou liernes se croisent et s'entrelacent en 
tous sens formant une véritable mosaïque : les clefs de voûte 
sont transformées en pendentifs très ornés. Elle est attribuée 
à Jehan de Beauce.Ie célèbre architecte du clocher neuf de la 
Cathédrale, qui fut souvent consulté pour les travaux à faire 
à Saint-Aignan. 

« Au retable de l'autel, copie d'une vierge attribuée à Bridan. 

« De chaque côté, les fenêtres sont munies de vitres peintes 
par les Carmélites du Mans, en 1857, représentant les mystères 
joyeux et douloureux du Rosaire. 

« La grille du chœur, en fer forgé, a été placée vers 1750. 

<« Les deux vitraux suivants retracent la vie de Notre-Seigneur ; 
ils sont signés par M. Lorin, 1889 et 1891 . 

« Dans la chapelle du Sacre-Cœur, le vitrail nous montre le 
Sacré-Cœur, prisonnier au tabernacle : les âmes pieuses, sont 
représentées sous forme de colombes (Lorin, 1878\ 

Cette chapelle dite aussi Fougeu d'Escure, Thorin et Garnier 
de Ligaudry, a été construite en 1624. Par devant notaire, en 



1 Possédée par les familles de Oivès, Lescureau et Sédillot. 
s Possédée par les famillps FMeline. Coimrt et de Feugerolles. 



28 ÉGLISE DE SAINT- AÏC.NAX 

assemblée publique, « il fut accordé par les paroissiens, à mon- 
sieur d'Escures de construire et édifier à ses despens, une cha- 
pelle, à costé du chœur, hors œuvre, respondant sur le cymetière, 
en la deuxiesme arcade , après la chapelle de Saint-Claude, 
attendu que luy, sa femme et famille n'ont aucune place en 
ladite esglise convenable à sa qualité » (Archives d'Eure-et-Loir* 
G, 6327Ï. 

« Le blason de cette famille : Bordé à la divise à cinq croisettes 
accompagnée d'un croissant en chef et en pointe d'une étoile à six 
pointes (PI. VI, n° 3) est gravé sur la clef de voûte au-dessus de 
la porte d'entrée de la crypte. A droite de l'escalier se trouve le 
caveau sépulcral. 

« La fenêtre au-dessus de la porte de la crypte est consacrée à 
Marie-Madeleine, recevant la visite de Jésus avec Marthe sa 
sœur, et favorisée de la première apparition du Christ ressuscité 
sous la forme d'un jardinier. 

« La chapelle Saint-Michel, autrefois de Saint-Claude, possède 
un vitrail aux couleurs brillantes et variées, du XVI e siècle. 
L'archange saint Michel met en déroute, sous le regard de Dieu, 
Lucifer et ses anges rebelles dont les formes sont hideuses. 

La donatrice est assise, tenant un livre sur ses genoux; à 
côté, le blason des Chalines : D'azur au chevron d'argent, accom- 
pagné en chef de deux croix de Jérusalem d'or et en pointe d'une 
feuille de chêne d'argent (PI. VI, n° 4 . 

« A la voûte, on lit dans un cartouche : <* A esté achevée le 
XIII e jour de septembre » et dans un autre : « 1543 ». 

« Au plan inférieur, deux petites fenêtres renaissance,dans l'une 
saint Michel, et dans l'autre, Jeanne d'Arc, peints par M. Lorin 
de Chartres. Une plaque de marbre porte l'inscription suivante : 
« Archange saint Michel, protecteur de la France, défex- 
dez-noi's dans le péril. » Les Lemaire et les Bouvart de 
Bonnescures y avaient droit de banc et de sépulture. 

« Ancienne chapelle des Givès et des Bouvart, le vitrail est du 
XVI e siècle et comprend plusieurs sujets. 

« Les Athéniens avaient élevé un autel au dieu inconnu : deo 
ignoto; un homme prie, Denis l'aréopagite médite; saint Paul 
parait et leur annonce à tous deux la vérité évangélique, qui en 
fait des chrétiens et des apôtres. 

« Saint Michel pèse les hommes au sortir de la vie, les élus 



k<;msf: dk saixt-aic.xax 29 

sont réprésentés dans une nudité absolue, pour montrer qu'on 
n'emporte rien des biens de la terre et que les mérites seuls ont 
quelques poids dans la balance de l'éternité. Sur le témoignage 
de l'archange, saint Pierre consent à ouvrir les portes du Paradis 
à ceux qui en sont trouvés dignes. 

u Nazareth : Jésus dort dans son berceau, Marie file la que- 
nouille, Joseph travaille silencieusement, deux anges recueillent 
les copeaux dans une corbeille pendant qu'un autre ange veille 
au chevet du roi du monde. 

« Ce tableau d'une exquise fraîcheur, est attribué comme la 
plupart de ceux du XVI e siècle, à Nicolas, frère de Pierre Pinai- 
grier 1 dont les chefs-d'œuvre sont surtout admirés dans l'église 
Saint-Pierre. 

« On voit encore dans ce vitrail saint Joachim et sainte Anne, 
enseignant la lecture à Marie enfant. 

« Saint Jean avec son calice d'où s'échappe un serpent, 
saint Jacques orné de ses coquilles et de son bourdon, et quelques 
autres apôtres. 

« Il y a deux blasons, l'un : De gueules à deux fasces d'or, qui est 
d'Harcourt (PI. VI, n" 5), le deuxième : D'azur à trois fusées ondées 
d'argent, sans attribution* (PI. VI, n° 9). Les deux petites baies 
inférieures, comme celles de la chapelle suivante, sont ogivales 
et non plein cintre. 

Cette chapelle aurait été construite vers 1504, d'après un 
contrat dont voici le sommaire donné par Laine : « Contrat passé 
le samedi 18 may 1504, par lequel Philippot Bichot et Martin 
Edeline, gagiers de la fabrique de Saint-Aignan de Chartres, 
baillent et laissent à M T * Regnault de Gyves, licentier en loix, 
prévost de Chartres, une place en l'église de Saint-Aignan, pour 
y faire bastir une chapelle, afin d'y construire ung hostel et d'y 
eslire la sépulture moyennant 60 livres et 40 sols de rente 3 . » 

« Les Pinaigrier, par Doublet de Boisthibault, Revue archéologique, 
X" année, pi. 228, gravure de 0.147 x 0.138. 

* c Désarmes analogues se trouvent plusieurs fois répétées dans le plus 
ancien livre chartrain que Ton connaisse : un magnifique missel imprimé à 
Chartres en 1482, sur vélin, parles soins du chanoine Pierre Plumé, et ayant 
appartenu au chanoine Boufhneau iBibliothèque de Chartres) : « Parti d'azur 
au /«' de trois fa se es ondées d'argent, et au ** de trois étoiles d'or vides et h 6 
pointes, au chef cousu de gueules, charge à dextre d'un croissant d'or. » 

3 Guillaume Laine, vol. VI, 347 (Bibliothèque nationale), communiqué par 
M. R. Durand. 



30 iWlI.ISK DK SAINT-Air.NAX 

« Le vitrail de la chapelle de Sain (-Joseph, autrefois des Trois 
Marie, et plus tard du Calvaire, possédée par les familles Laisné 
et Gougis, a été peint par M. Lorin vers 1865. Il est partagé en 
six scènes qui sont les principaux épisodes de la vie du pa- 
triarche. 

« La dernière chapelle dite de Sainf-Roch et de Saint-Christophe. 
réservée à la famille Travers), possède des vitres peintes au 
XVI e siècle et non les moins remarquables. 

« Saint Pierre sort de Rome pour fuir la persécution ; près de 
la porte appelée de Sainte-Marie-aux-Pas, il rencontre le Sau- 
veur qui porte sa croix et vient à lui. Confus, l'apôtre dit : « Mais. 
Seigneur, où allez vous? Domine quo vadis? » et Jésus de répondre : 
« Pierre, je vais à Rome, pour y être crucifié de nouveau. » 

« Le second panneau représente la conversion de saint Paul , 
il est renversé de cheval : ses compagnons effrayés prennent la 
fuite. Dieu parle dans le lointain. 

«« Deux blasons : le premier : De gueules h trois bandes d'argent 
qui est de Godeffro}' i PI. VI, n° . Le second est : Ecartelè nu /* r 
et au 1* de GodefTroy, an ?' et an .>, d'azur à la hande d'argent 
accompagnée d'un lis d'or et d'un hesan d'argent. (PI. VI, n° 7;. 

<( Ce vitrail a été remarqué par F. de Lasteyrie, qui lui a con- 
sacré une chromolithographie de 0,181 X 0192 dans son Histoire 
de la peinture sur verre d'après ses monuments en France (PI. XC1II j. 

« Enfin au-dessus de la porte du presbytère (ancienne porte du 
cimetière;, sont représentés les patrons des anciennes paroisses 
de la ville: saint André, saint Saturnin, saint Barthélémy : dans 
l'ogive on admire le crucifiement de saint Pierre, rendu d'une 
manière saisissante (XVI e siècle,. 

« On vient de placer dans l'ogive ou tympan de la 3 e porte, 
masquée à l'extérieur par la maison Bouchard, 1°) le blason des 
Lenoir : D'azur au chevron d'or, accompagné de trois tètes de Maures 
de sable Journées à dextre, au tortil d'atgent, sommé d'une heaume de 
profil PI. VI, n°8i, et 2') les blasons accolés des Chabannes et 
des La Morre, sommés de la couronne de comte, 1897 : De gueules- 
an lion d'hermine armé, lampassè et couronné d'or qui est Cha- 
bannes : D'azur a cinq chevrons d'argent, qui est de La Monv 
(PI. VI, n° 11 et 12), soutiens du côté des Chabannes une levrette 
et du côté des La Morre un lion. 

« Les fenêtres de l'étage supérieur sont en verre blanc. Toutefois 



ÉGLISE DE SAINT- A1GN AN 31 

dans la belle rosace du pignon ouest on distingue Jésus, soleil de 
justice, XVII e siècle ; dans les autres on a placé quelques armoi- 
ries et emblèmes des bienfaiteurs. 

Dans la 8° fenêtre, à gauche, vers le bas : « Messieurs le dra- 
piers et chostiés (chaussetiers) ont donné ces deux présantc 
vitre, 1625. » La 12 e fenêtre a l'écu de Lebeau, et la 13 e lécu 
des Lenoir, déjà décrits plus haut. 

« Dans la 15 e , on voit un blason : D'azur, au dectrochcre d'argent 
paré d'or, mouvant de flanc dexlre, portant une sphère d'or à bande 
d'argent, sommé d'un heaume de profil. Devise : Spcs tnea Deus. 

«< Dans la 16% un blason : If azur à deux monts d'argent aux 
vantons dexlre et senestre de la pointe, flammés d'oi\ au glaive d'ar- 
gent, posé en pat, la pointe en haut ; ceint d'une cordelière. Devise : 
Sinaïardes in Sion. (PI. VI, n° 10). 

« Dans la 17 e , l'emblème des menuisiers : D'azur au compas 
d'argent ouvert en chevron, surmonté de trois peupliers d'or; (PI. VI, 
n° 13). 

« Dans la 20* : D'azur à la coupe d'or jaillissante d'argent ac- 
costée de deux rameaux de sinople naissants en pointe, et accompa- 
gnée en chef, à dexlre, d'une verge d'argent, a senestre, d'une étoile 
d'or, accolé de deux branches d'olivier. Ce sont peut-être les armes 
de M. Lemaire (1630;, curé de Saint-Aignan. 

L'écusson de la 23* fenêtre est chargé de saint François d'As- 
sise en prière. 

« Signalons deux grandes fresques à coté de la rosace à la 
hauteur de l'orgue, représentant saint Michel et saint Aignan ; 
(par M. Courbe, 1871) ; et plus bas trois autres fresques : l'arche 
d'alliance, le très Saint-Sacrement porté par deux anges et les 
pains de proposition. 

« La décoration polychrome des murs, des piliers et de la 
voûte est l'œuvre de M. Boeswiswald. On conteste le bon goût 
de quelques parties, malgré le fini de certains détails. 

« La date (1625) repeinte sur les murs latéraux dans un car- 
touche, et sur la poutre principale au-dessus du chœur, est 
approximativement celle de la construction ou d'une restauration 
importante de l'église. » 

Les vitraux du XVI e siècle ont pour la plus part un réel 
mérite. Plusieurs furent sérieusement endommagés pendant 
le siège de 1568. Les assiégés avaient placés dans le cimetière 



32 £<;lise dk saint-aignax 

de Saint- Aignan, si admirablement disposé pour la défense, une 
de leurs principales pièces de canon qui éclata et fit tomber 
les vitres. Une inscription placée au bas de. saint Denis, trans- 
porté aujourd'hui de l'autre coté, rappelait cet accident : « Au 
mois de mars 1568, ces vitres ont été mises en pièces du son du 
canon qui estoit dans le cimetière. » 

Les comptes de 1030 à 1634 portent une dépense de (380 livres 
16 sols « à Pierre Dubois, maistre vistrier, pour avoir fait la 
quantité de 14 vitres en la nef, contenant chacune vitre 50 pieds 
environ, à raison de 16 sols le pied, et 100 pieds et plus de verre 
employés à la roze, à raison de 25 sols le pied. Au même, 49 livres 
10 sols pour avoir refait plusieurs vistres tant aux aisles de l'é- 
glise que aux grottes. » 

De 1634 à 1636. « Au sieur Massonnet, vistrier, la somme de 
186 livres 13 sols, pour avoir fait et fourny les deux grandes vitres 
posées au-dessus de la grande porte, lesdittes vitres contiennent 
chacune 96 pieds, à raison de 16 sols le pied, tant blanc que peint. 
Au même, 16 livres, pour avoir fait et posé les armoiries de 
•M. Lemaïre, curé de ladite paroisse. » 

De 1645 à 1646. « Aux sieurs Massonnetz, vitriers, la somme 
de 375 livres, pour refaire tant la grande roze que les deux 
grandes formes au bas de l'église et tout le reste des haultes 
vistres. A Pierre Massonnet, maistre painctre vitier, la somme 
de 40 livres pour avoir refait les vistres de la sacristie et accom- 
modé ung panneau de la vistre qui est au-dessus de la porte 
du simetière. Au même, 94 livres pour les paintures, fournitures 
de verre et plomb que pour avoir refaict les vitres de ladite église, 
et ce non compris ce qu'il a fait en la chapelle Saint-Claude. » 

Nouveau désastre en 1724 : « La gresle extraordinaire qui 
tomba le 4 e jour de may 1724, ayant absolument cassé et brisé, 
pour la plus grande partie, toutes les formes de vitrage du costé 
du cimetière, on donna au rabais la réparation dudit vitrage au 
nommé Hubert, maître vitrier à Chartres. » 



pi. vil. — Saint-Aionan. Mailre-auU'l. 



K<iMSI<: DK SAINT-AHÎNAX i& 



IV. — I-E MOBILIER 

1* AUTKL. 

laissant do coté la tribune, construite en 1842, et la chaire, 
appelée, nous l'espérons, à disparaître bientôt pour une nouvelle 
plus digne, dirigeons de suite nos regards sur l'autel 1 en pierre 
avec de- riches encadrements bronze doré. Œuvre moderne 
1893 et 1894 1 elle en a tout la richesse et le fini (Voir notre 
gravure, planche VII). 

Sous une impulsion active et avec le concours généreux des 
paroissiens, « l'église a subi d'importantes et d'heureuses modifi- 
cations dans ces dernières années, elle a été dotée : d'un calori- 
fère- (1889), de dalles en mosaïque 3 et de parquet (1893), de 
plusieurs vitraux Le chœur agrandi est fermé par une belle 
grille 1 en fer forgé (1893;: depuis 4895 (décembre) une crèche 3 
ravissante occupe la chapelle du Sacré-Cœur pendant le temps 
de Noël. 

On peut désirer encore la restauration de la chaire et du banc- 
d'œuvre, de la sacristie et spécialement de la crypte, Celle-ci 
même serait bientôt l'objet de travaux de consolidation et d'em- 
bellissement que réclament les pieux souvenirs dont elle est 
remplie. 

1 Trioullier, Paris. 
» Hervé. Chartres. 

* Coignet, Paris. 

* Trioullier. Paris. 

* L. Chifflet, Caen (artiste chartraim. 

é L'église* est déjà éclairer au gaz (1880;, meublée de chaises et de pne-Dieu 






M KG LISE DK SAINT-AIGXAX 



2° Lks Orgues. 

Un de ces projets importants a été récemment réalisé avec 
bonheur, nous voulons parler des nouvelles orgues. 

M. J. Merklin jfc C ^ >J( ijfc 1 de Paris, dans l'exécution de cette 
œuvre, est resté à la hauteur de sa réputation. Dans des dimen- 
sions plus restreintes, il a réuni toutes les perfections des instru- 
ments plus grandioses sortis de ses ateliers, « le fonctionnement 
du mécanisme ne laisse rien à désirer, les jeux ont bien été 
installés sur leurs sommiers respectifs, et leur timbre a bien le 
caractère particulier qui leur est propre et se distingue par une 
pureté et une sonorité remarquables ; le style du buffet s'har- 
monise très bien avec l'architecture de l'église »> (Procès-verbal 
d'expertise, 30 mars 1897). 

Cet orgue fut solennellement inauguré, le 28 mars 1897, sous la 
présidence de M* r Mollien, évéque de Chartres, avec le concours de 
M. Dallier, organiste à l'église Saint-Eustache, à Paris, u Le mé- 
canisme de cet orgue, écrit ce dernier, m'a paru très docile et 
très rapide, les jeux de fond ont une sonorité pleine et grasse, 
si l'on me permet ce mot, qui rend ma pensée; certains jeux de 
détail : voix céleste, hautbois, voix humaine, offrent à l'organiste 
des ressources précieuses et leur timbre m'a particulièrement 
séduit. » 

Il nous sera donc bien permis de souligner la phrase suivante 
d'un juge de haute compétence : « Je présente aussi mes félicita- 
tions à M. le curé et à MM. les membres du conseil de fabrique 
d'avoir doté l'église Saint-Aignan de Chartres d'un si magnifique 

1 M. Merklin, fils de facteurs d'orgues, a acquis depuis 1843, une véritable 
célébrité, consacrée par les plus flatteuses récompenses : croix de Tordre de 
Léopold de Belgique (exposition de 1855), croix d'Isabelle la Catholique (à la 
suite du placement d'un orgue monumental à la cathédrale de Murcie en 
1857), croix delà Légion d'honneur (exposition universelle de 1867), croix de 
commandeur de l'ordre pontifical de Saint-Grégoire le Grand (à la suite du 
placement du grand orgue de Saint-Louis des Français, à Rome, 1881). La 
liste des chefs-d'œuvre exécutés par M. Merklin est trop longue pour être 
citée ici; mentionnons seulement le grand orgue de Saint-Eustache (1878). 
de la cathédrale de Clermont-Ferrand (1878 , l'orgue de chœur de Notre- 
Dame de Paris (1890), l'orgue électrique de N.-D. de Valenciennes 1891), les 
orgues de Saint-Jacques du Haut-Pas 1890). 



PI. VIII. — Saint-Aic.nan. Nouvelles Orgues. 



Hil.ISK Î)K SAIXT-AICiNAN 



;«) 



instrument. >» (Lettre de M. Georges Mac-Master, organiste, maî- 
tre de chapelle de. Saint- Ambroise de Paris). 

Tous les paroissiens de Saint- Aignan ont droit à une large 
part de ces éloges. L'obole du pauvre et l'offrande du riche se 
sont unies pour élever un monument digne de leur foi, digne de 
leur Dieu. Les notes harmonieuses et puissantes, mieux que 
toutes les voix humaines, rediront leurs louanges pendant de 
longs siècles. 

A la gravure du buffet artistique de cet orgue, nous joindrons 
seulement l'énoncé succinct de sa composition : 



1 er clavier. Grand orgue 56 notes ut à sot, 11 jeux. 

2 e — Récit expressif. . 56 — ni à sot, 9 — 
3* — Pédales séparées. 30 — ul k fa, 5 — .Oooupar u ans mission) 

Total 25 jeux. 

4 e Série de 12 pédales d'accouplements et de combinaisons. 



Description des jeux. 



1 er Clavier. — Grand orsrue. 



1° Montre 


8 pieds 


2° Bourdon. . . 


. 16 — 


3° Bourdon . . . 


S - 


4° FI Ci te harmonique 


. 8 — 


5° Salicional. . 


S — 


6° Prcstant. . . 


. i — 




S — 


Jeux de combina 


Isons. 


<S" Fourniture. . . 


. 2\ 3 Pi*»* 


î)° Bombarde. . 


. 16 — 


10° Trompette. . 


. 8 — 




. 4 — 



2 e Clavier. — Récit expressif. 



1° FI ùte tra versiére . 
2° Cor de nuit. . 
3° Viole de gambe. 
4° Voix céleste. . 
5° Flûte octaviante. 
6° Oc ta vin. . . 



8 pieds 

8 -- 
8 — 
8 — 
4 — 
2 — 



Jeux de combinaisons. 
7° Trompette harmo- 



nique. 
8° Basson hautbois 
Î)" Voix humaine. 



8 pieds 
8 — 
8 — 



3 e Clavier. — Pédales séparées. 



1° Contrebasse. . . 16 pieds 
2° Sou basse ^par transmis. . 16 — 
.T Violoncelle. ■- 8 — 



'l° Bourdon (par transrais. . 8 pieds 

Jeu de combinaison. 
5" J Joui barde (par muute.;. 16 — 



'<0 



KG USE DE SA1NT-AIGNAN 



Pédales d'accouplements et de combinaisons. 



t° Pédale de tonnerre. 



90 



3° — 



i° 



5° — 



6° — 



réunissant le i* r clavier 

sur le Pédalier, 
réunissant le 2 e clavier 

sur le Pédalier, 
d'appel des jeux du 1 er 

clav. à la machine 

pneumatique. 
réunissantle2 c clav. sur 

le 1 er à l'unisson. 
réunissantle2 e clav. sur 

le 1 er à Foctave grave. 



8° 
9° 



10° — 



11° _ 



12' 



Pédale d'expression. 

— de forte général. 

— d'appel du jeu de combi- 

naison de la Pédale 
séparée . 

d'appel des jeux de com- 
binaison du 1 er clavier. 

d'appel des jeux de com- 
binaison du 2 e clavier. 

de Trémolo. 



3° Reliquaires. 

Le zèle pour la gloire de la maison de Dieu est de tradition à 
Saint-Aignan. Nous lisons en effet dans les archives, « que le 
dimanche 29 décembre 1737, les paroissiens étant assemblés à la 
tablette, issue de la grand'messe, il a été représenté par lesga- 
gers que plusieurs personnes zélées pour la décoration de cette 
église susceptible d'ornements et embellissements , désiroient 
depuis longtemps que la cloison de bois, qui sépare le cœur 
d'avec la nef, comme trop emplissante et matérielle, fut ostée, 
et qu'en la place il y fut mis une grille ou cloison de fer à pied du 
haut en bas, propre et convenable pour dégager le coup d'œil du 
vaisseau et découvrir plus facilement l'autel, qu'il y a voit même 
déjà des deniers donnez et destinez pour cet ouvrage ; l'affaire 
mise en délibération, lesdits gagers ont été authorisez de tra- 
vailler incessamment au dessein proposé ; laquelle grille ou de- 
vanture du cœur a esté faite et posée par le sieur Guiot, serrurier 
à Paris, le 25 septembre 1738, moyennant une somme de 3000 
livres, et dorée par les sieurs Hainaut, père et fils, aussy demeu- 
rants à Paris, moyennant la somme de 400 livres 1 . » 

En 1740, Catherine Martin avait légué à l'église de Saint- 
Aignan 600 livres pour ayder à faire des grilles autour du chœur. 

En 1631, Guillaume Le Houic, archidiacre de Vendôme, curé 



1 Archives départementales (VEure-el-Loir^ G, 3027. 



PI. IX. — Saint-Ahinan, Triptyque du N.1I1* siècle (ouvert). 



l'uiMSK 1>E SAIXT- AIGNAN* W 

de Saint-Aignan, fonde « le service de Notre-Dame du Carmel 
en la chapelle de Nostre-Dame, qui est derrière le ch«eur de 
l'église de Saint-Ainan, qu'il a faict peindre. » 

Mais l'objet le plus remarquable de l'ancien mobilier est bien 
le reliquaire dit de Saint-Aignan, aujourd'hui conservé dans le 
Trésor de la Cathédrale, sous le nom de Chasse de saint Aignan. 
C'est l'un des plus beaux morceaux de rémaillerie occidentale 
du XIII e siècle. 

En voici la description donnée par M. de Mél\ . dans son opus- 
cule du Trésor de la cathédrale de Chartres, publié en petit format 
carré de 29 pages en 1891. 

« Ce n'est que depuis la Révolution que ce Tabernacle émaillé 
appartient au Trésor de la Cathédrale. Il était au XVIII e siècle 
dans l'église de Saint-Aignan de Chartre. Pendant longtemps, 
on a supposé que c'était la châsse que Pierre de Mincy, évéquc 
de Chartres, avait fait faire en Ï271, pour renfermer les reliques 
de saint (Aignan, échappées miraculeusement à un formidable 
incendie. Mais il résulte de nouvelles recherches que la châsse 
des reliques de saint Aignan était d'argent et non d'émail. 

« Les deux panneaux des cotés intérieurs seuls ont été forts 
éprouvés : Y Incrédulité de Saint Thomas a été refaite avec assez de 
style, mais le Renoncement de saint Pierre a été composé par un 
ouvrier absolument inhabile, qui a rempli les cloisons du cuivre, 
non pas d'émaux mais de simples vernis de couleur. 

u Dans le fond du tryptyque, se trouve une crucifixion. PI. îx). 
Le Christ bysantin a disparu de la Croix, au bas de laquelle Adam 
élève ses mains vers le Sauveur : il a été remplacé par un 
Christ du X\ r IIT e siècle; à droite et à gauche, sur les bras de la 
croix, le soleil et la lune, supportés par des anges ; au pied de la 
croix, à droite, saint Jean et la Synagogue, reconnaissable à sa 
lance brisée et à son bandeau ; à gauche, la sainte Vierge et 
l'Eglise nouvelle, qui tient le calice de la main droite et la lance 
intacte de la main gauche ; sur les panneaux intérieurs de droite 
et de gauche, V Incrédulité de saint Thomas et le Renoncement de 
saint Pierre. A l'intérieur des volets, deux personnages debout, 
en relief, remplacent les statues primitives, qui, d'après les con- 
tours du champlevage, devaient être, à droite, le Christ en Ma- 
jesté, dans une ellipse émaillée, entourée des symboles des 
quatre évangélistes, à gauche, la Vierge. L'extérieur des volets 



44 fa; LISE DK SATNT-AÏGNAX 

représente sous douze portiques les douze apôtres assis (PI. x) : 
deux mains divinesau sommet laissent descendre sur eux lps lan- 
gues de feu dont la pointe se voit sur la tète de chaque disciple du 
Seigneur : c'est la Pentecôte. Le reste du monument est couvert 
de plaques de cuivre gravé, représentant des anges, qui tiennent 
dans leurs mains le livre des évangiles. » 

Un autre reliquaire dont en a perdu toute trace a été fait en 
1479, d'après le document ci-joint : 

1479, 20 janvier. — « Colin Touroul orphevre demeurant à 
Chartres a eu et receu de Pierre d'Estampes, marchant demeu- 
rant audict Chartres la somme de vîij " vij livres v sols tournois, 
c'est assavoir vj " xviij livres tournois pour lxix livres tournois, 
de cuivre par ledict Touroul orphevre baillé et livré mis et em- 
ployé par luy en la façon de la chacede l'église parochialde sainct 
Aignan de Chartres et xxix livres v sols tournoys pour xiiij 
marcs, cinq onzes et deux groux d'argent baillez et livrez par 
ledit d'Estampes audict orphevre et lesquels iceluy orphevre a 
mys et et employez en la fasson de ladite chasse, de laquelle 
somme de viij " vij livres v sols tournois, tant pour ledit cuy vre 
livré, par ledit orphevre, comme dit est comme pour la façon et 
ouvraige faiz mys et employez diceluy cuivre et dudit argent en 
ladite chasse, ledit Touroul se tint et quicte ledit d'Estampes. 

« Ledit d'Estampes doibt audit orphevre vj livres 1 sol ix 

deniers tournois restant de ladite somme pour ladite cause 

dont payement tout incontinent que ladite chasse sera achevée 

et parfaite par iceluy orphevre. 

Minutes B a doux. 

« La communauté de la Providence possède un calice d'ar- 
gent, orné de tètes d'anges en bosse, qui fut celui de la Con- 
frérie de la Croix de Saint-Aignan ; il porte cette inscription : 
« Aux. Soeurs, de. la. Croix ». Sur la patène onlit:« S. de. la.ijji ». 

En 1562, l'église de Saint-Aignan offrit pour subvenir aux né- 
cessités du royaume « une croix d'argent doré, servant à porter 
le sacraire, en la patte de laquelle il y a un saint Aignan en émail 
et de l'autre les armoiries de Jean Fauchet, ancien curé de ladite 
paroisse (1519-1524), pesant 4 marcs 1 once et demie; une écuelle 
plate d'argent pour quêter, au milieu de laquelle sont les ar- 
moiries de Philippot Bichot, pesant 1 marc demi once : un en- 



PI. X. — Saint 
Triptyque du XIII e s 



EGLISE DE SAlN'T-AKiNAN 47 

ccnsoir d'argent, garni de 4 chaînes pesant 3 marcs 7 onces ; un 
calice et une patène d'argent doré pesant i marc 4 onces. » 

« Avant de quitter l'église, relatons, d'après un manuscrit, 
du XVII e siècle, papier journal des biens et revenus, menues 
debtes de la paroisse Saint-Aignan de Chartres commençant le 
jeudi 23 de juin 1689 et finissant au plaisir de Dieu, une curieuse 
redevance : « Monsieur Lemaire, archidiacre de Pincerais et 
chanoine en l'église de Chartres doit tous les ans un pigeon blanc 
à ta fabrique de Saint-Aignan au jour et feste de la Pentecoste 
pour servir à la solennité dudit à cause d'un jardin situé près des 
anciens fossés de la porte Guillaume. » 

« Le pigeon blanc, symbole de l'Esprit-Saint, était exposé dans 
le chœur pendant la grand'messe et offert ensuite « par honnes- 
teté • à M. le Curé, aux pauvres de la paroisse ou aux gagers de 
la fabrique; il y a des preuves de cette coutume depuis 1630 jus- 
qu'à 1721. » 

V. - LA CRYPTE 

La crypte de Saint-Aignan est également du XVI* siècle. Ses 
piliers prismatiques sans chapiteau, les arêtes de la voûte, les 
ogives et les meneaux des fenêtres sont de la même époque que 
le rond-point de l'église. 'PI. XI). Un des piliers, celui du milieu, 
est d'une légèreté remarquable ; d'autres au contraire, déjà mas- 
sifs, ont encore été renforcés par des additions postérieures. Aux 
clefs de voûte, quelques écussons effacés : sur l'une la date de 
1517, écrite à l'envers 7151 avec les initiales M. P. Cette date est 
bien conforme aux documents donnés plus haut. 

« Les cinq baies garnies de verre blanc en font une chapelle 
fort bien éclairée, et, si elle perd tout aspect mystérieux, elle 
n'en est que plus agréable pour les catéchismes, et même pour 
les cérémonies du culte en hiver. 

« Ses dimensions sont : longueur, 19 m 80, largeur, 8 m 3(), hau- 
teur, 4 m 30. 

«< On la regarde comme fort ancienne ; d'après la tradition, 
saint Aignan et ses trois sœurs y furent enterrés ; sur le tom- 
beau du saint évêque on lisait autrefois ce distique : 

Corpus in his cryptis Aniani pncsulis olini 
Carnutum recubat, spiritus aslra colit. 



48 KGLISK DK SAINT-AKiNAN 

<* Les d'Escure avaient droit de sépulture dans le premier caveau 
à droite. On voit fixée au mur septentrional la pierre tombale 
de Jean Cadou et de sa femme Marguerite Thomas 1 . 

« Cy devant gisent nobles personnes [ maistre Jehan Cadou 
en son vivant | licencié es loiz et sieur de Coustes et | maire du 
chapitre de Chartres le | quel trespassa le samedi dernier | jour 
de juillet lan mil cinq cens | et sept. Et Marguerite Thomas | 
jadis féme dud 1 s r laquel trespassa | le XXVI e jour d'aoust lan 
mil cinq | cens et tros : Priez Dieu pour eulx | . « Au-dessous, 
le personnage couché dans un linceul (voir à la fin de cette 
notice) et cette prière : <• Miseremini mei | miseremini mei | sal- 
tem vos amici mei » avec le blason des Cadou, à droite, et celui 
des de l'Erable ou des Thomas à gauche (voir PI. IV, n ni 14 et 15); 
l'inscription est d'une excellente gothique. 

« Là furent inhumés quelques curés de saint-Aignan*,M. Pierre 
Suyreau, professeur de rhétorique au collège Pocquet, plu- 
sieurs membres des principales familles de la ville, un évéque de 
Sébaste et Mgr Jacques Lescot, évéque de Chartres 3 . Ce dernier, 
mort à Paris le 22 août 1650 et transporté dans son diocèse, 
faillit être privé des honneurs de la sépulture, par suite d'une 
querelle très aiguë survenue pendant la cérémonie entre M. 
Martin, curé de Saint-Aignan, et le doyen du chapitre N.-D. 
au sujet du droit déporter l'étole. Les chanoines obtinrent gain 
de cause et le prélat reçut les derniers devoirs le 16 septembre 
suivant (Archives départ. VI, G. n° 700, 7 pièces). En 1758, 
ils gagnèrent un autre procès, les maintenant en possession de 

. « M l'abbé Bultcau et M. Lefèvre ont lu en 187>0 et en 1858 « Marguerite- 
Thérèse Mabile », et M Lucien Merlet récemment dans sa notice sur Jean 
Cadou, seigneur de Couttes « Marguerite de l'Erable » : nous ne vovons-là 
qu'une faute du graveur qui avait mis d'abord le nom et les armes de Mar- 
guerite de l'Erable et qui pour se conformer à la rectification demandée 
changea de Y Erable en Thomas. C'est ce qui ressort clairement du contexte 
de la planche XXXVI des Pierres tombales et aussi de la communication 
faite en 1895 à la Société archéologique par M. Roger Durand. Procès- 
verbaux, t. IX, p. 227. » 

* Epitaphe : « Petrus Martin, huj. ecclesiic rector ac p ri mus pra a positus 
seminarii Carnotensis. Obiit an. D. MOI, die 23 septembris, aetat. suae, 51.» 

s Epitaphe: «Jacobus epus Carnot. Obiit an. D. 1G56, die 22 Aug. aet. sua» 
M. » Celle que donne la Gallia Christiana n'est pas tout à fait identique. Voir 
la reproduction du cette plaque par (billard dans le travail de M. Re- 
nard. 



PI. XI. - SilNT-Air.NAS, Crypte. 



ÉciiJSK de saint-ak;xan 51 

chanter, le jour de l'Ascension, tierces et d'autres prières dans le 
chœur de saint- Aignan, malgré le curé. 

« Voyci Tépitaphe de M. Suyreau. Elle sent son XVII e siècle, 
mais elle prouve au moins que les lettres connurent de beaux 
jours, au collège, sous l'administration ecclésiastique : le cha- 
noine Brillon l'a conservée dans ses notes sous cette rubrique : 
Hommes remarquables. Elle était sur une plaque de cuivre. 

« D. O. M. / Siste Viator / tribus verbis te volo. . . . / Petrus 
Suyreau occidit / qui plura loquerer? / Eo moriente / Rhetorica 
siluit, aruit Hypocrene / Musœ omnes obmutuerunt / Humanum 
dixi , at / de eo qui vere christianus erat, christiane lege et in- 
tell ige / Petrus Suyreau vixit / perfectus clericus / prœclara 
Christo hœreditas / cui mundus nihil et Deus omnia, / praesbiter 
sine crimine / omnis mali acerrimus et indefessus propulsator, 
omnis boni operarius inconfusibilis et perpetuus propugnator, / 
His / totam ad momentum vitam expressam habes, / sed in Epi- 
taphio / responsum mortis expectas / preesto est / immo potius 
vite / qui in vita Christum secutus est, in morte est assecutus, / 
expressa ad vivum imago Jesu, / ut vitam peccatoribus daret 
mortem appetiit / et casti divinique amoris actus ultimus vitœ 
fuit, viri vere facti obedientis usque ad mortem / propter quod, 
ut speramus, Deus exaltabit illum ; / adeoque / meliore sui parte / 
Petrus Suyreau vivit / quo^ ut faciat justus judex patrem 
nostrum precare, quisquis es, frater/et ut altéra expectans beatam 
spem et adventum magni Dei / in pace in idipsum dormiat et re- 
quiescat. / Perge viator et sic ambula ut pariter requiescas — / 
Beati immaculati in via qui ambulant in lege Dni. / Obiit an. 
rep. sal. M.DC.LIX.XIcal. junii, postredieAscensionisDnicœ/ 
annos natus II supra XXXX, mens. IIII, dies IX, horas scit 
nemo. » 

Nous terminerons cette notice en donnant les inscriptions 
des 3 cloches : 

1° « Par la grâce de Dieu, Tan 1823, du règne de Louis XVIII, 
roi de France, j'ai été baptisée par Monseigneur Jean-Baptiste - 
Marie- Antoine de Latil, évéque de Chartres, pair de France, 
premier aumônier de S. A. R. Monsieur, frère du roi, etc., etc., 
et nommée par M. Jacques Caquet de Barenne, député d'Eure- 
et-Loir, et par M"* Anne-Victoire Feuillet, épouse de M. Fo- 



reau, ancien magistrat : Jae que» Marie- Victoire, en présence de 
M. Lesage. curé, et de MM. E" F. Simonneau, F. J. B. Bellier. 
J. A. Soissons, G. Foreau, et L. F. Raimbert, marguilliers. 
(poids : 696 kilos). 

Osmond Dubois, fondeur à Paris. » 

2* ■< L'an 1844, j'ai été bénite par M' P. Gougis, curé de Saint- 
Aignan, en présence de M" J. B w Gabriel Mornac, docteur en 
médecine, président de la F' 1 "', G. R. Ravault Ch. N. Hanras. 
L" MauginetH. A. Delachausme, marguilliers. Fonderie d'Or- 
léans de Bnllée, aîné. 

Gaullieb a Chartres C'. » 

;i* u Paroisse Saint- Aignan de Chartres, l'an de N.-S. J.-C. 
M D CCC LXXIX, sous le pontificat de Léon XIII. Jules Grévy 
président de la R. F. ■{■ j'ai été baptisée par M»' L. E. Regnaul*., 
é\ ( éque de Chartres et nommée Anne-Maurice-G&brielte par 
Maurice Rossard de Mianville, écuyer et Gabriel le-Marie-Fran- 
goise Marchand, en présence de M. H. D. Houlle, curé de Saint- 
Aignan, chanoine, et de Messieurs les fabriciens : L. F. E. Se- 
, mien, E. P. D. Lamiray, E. A. Barué . A. C. Baudouin, E. V. 
Dhaussy. 

S" Aniline, orn pro nobis. 

Geohces Bollée, fondeur à Orléans, 1879. n 



• loi» /m te île la Crypte. 



KGLlSli Uli MA 



ÉGLISE DE MARBOUÉ 



Avant le XV # siècle, il y avait à Marboué deux églises parois- 
siales : Saint-Martin et Saint-Pierre. L'église de Saint -Martin, 
ancien temple de Mars, consacré au vrai Dieu par la religion 
chrétienne, était située à 300 mètres environ au levant de l'église 
Saint-Pierre, sur une petite éminence factice appelée vulgaire- 
ment la Motte à Gallou, qu'on voit à l'angle sud-est formé par 
le chemin de Saint-Christophe et par le chemin qui va du Bas- 
Bourg aux Coudreaux. Cette paroisse de Saint-Martin de Mar- 
boué est encore inscrite au Pouillé du diocèse de Chartres, im- 
primé avec le Cartulaire de Saint-Père de Chartres et dressé 
vers l'an 4280 ; mais elle fut supprimée et détruite dans le cou- 
rant du XIV* siècle. 

A cette époque, l'église paroissiale de Saint-Pierre se bornait 
presque à la nef actuelle, dont la construction remonte, au plus 
tard, au XII* siècle, c'est-à-dire à la période romane, nettement 
caractérisée par six petites fenêtres à plein cintre garnies de 
verre blanc. Cette paroisse est mentionnée, dès l'an 1228, dans 
une charte de Gautier, évêquede Chartres, relative aux dixmes 
de l'abbaye de Saint- Avit. 

Quand cette église devint seule paroisse et qu'elle dut servir 
à la population toute entière, elle fut considérablement augmentée 
par l'adjonction d'un clocher, au couchant, et de trois croisillons 
au levant, en sorte que dans son état présent, elle forme une croix 
latine très régulière, mesurant 35 mètres de longueur, 8 de 
largeur et 12 de hauteur. Elle a 20 mètres de l'extrémité d'un 
transept à l'autre. 

Chaque pignon est percé d'une fenêtre ogivale, à trois baies, 
surmontées de trois cœurs, et mesurant ensemble 4 mètres de 
haut sur 2 m 70 de large. Il y a aussi, de chaque côté du maître- 
autel, une fenêtre de même style, à deux baies, séparées par un 
meneau surmonté d'un cœur, chacune mesure 3*50 sur l w 40. 

La grande fenêtre, placée au-dessus du maître-autel, est murée 
et complètement masquée par le retable. Les quatre autres ont 
été récemment garnies de riches vitraux peints, qui font autant 
d'honneur à la générosité des donateurs qu'à l'habileté des 
artistes. 

Les deux fenêtres qui sont aux côtés de l'autel représentent 
saint Augustin, saint Victor, saint Charles et saint André, 
patrons des Messieurs Reille, dont l'église n'a jamais reçu que 
des bienfaits, principalement de M. le comte Reille, qui a {ait 
refaire à ses frais toute la toiture et s'est toujours préoccupé 



4 ÉGLISE DE MARBOUK 

utilement des améliorations à introduire. Les lobes du haut 
contiennent les armes de la famille savoir : Reille et Masséna, 
Reille et Dreux-Brézé. 

La fenêtre de la chapelle nord représente Notre-Seigneur, la 
sainte Vierge et saint Joseph; et dans les lobes supérieurs le 
Père Eternel, le Fils et le Saint-Esprit. C'est le don reconnais- 
sant d'un ecclésiastique originaire de Marboué. 1 

Celle de la chapelle sud représente saint Pierre, patron de la 
paroisse ; saint Martin, patron de l'ancienne paroisse supprimée 
au XIV* siècle, et saint Lubin patron du prieuré-cure de Saint- 
Lubin d'Isigny dont les paroissiens ont été partagés entre Mar- 
boué et Logron et dont l'église était située sur le territoire actuel 
de la paroisse de Marboué. Au-dessus, dans les lobes, on voit les 
archanges saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël. C'est le 
don de la famille Péan dont le nom, avant de devenir célèbre 
dans le monde des sciences, s'était recommandé ici à la recon- 
naissance publique, par des bienfaits séculaires. 

Les deux fenêtres du sanctuaire ont été exécutées par M Cla- 
mens d'Angers ; les deux autres sortent des ateliers de M. Lorin 
de Chartres. Je laisse aux connaisseurs le soin déjuger, si c est 
possible, lequel des deux artistes a surpassé son émule. 

Les trois bras de la croix sont ornés d'autels avec retables 
grecs du XVII " siècle, d'un grand et majestueux effet, très remar- 
quables par leurs belles colonnes corinthiennes cannelées, leurs 
nombreuses et délicates sculptures sur chêne, et la richesse de 
leurs peintures imitant, à s'y méprendre, toutes les variétés des 
marbres les plus rares. C'est l'œuvre de Jean Mourot 1 , menui- 
sier à Chàteaudun, en 1650. L'autel de la Vierge, exécuté par M. 
Haussaire de Reims et représentant une Descente de croix dans 
un beau morceau de sculpture sur chêne, est un don de M. l'abbé 
Hautin, naguère curé de Marboué. Les retables servent d'en- 
cadrement à trois tableaux de mérite représentant la Transfigu- 
ration, la sainte Vierge, et saint Vincent, diacre et martyr. 

Tout autour de l'église règne une belle boiserie en chêne, a} r ant 
plus de trois mètres de hauteur. Celle qui orne le sanctuaire, 
richement sculptée dans la masse du bois, représente les diffé- 
rents attributs de la religion et du ministère ecclésiastique. Le 
banc-d'œuvre est du même travail ainsi que les boiseries des 
chapelles. Toute cette partie a été exécutée en 1737, date inscrite 
au-dessus de la porte de la sacristie avec les initiales de l'auteur 
L. N. entrelacées. Le reste est dû à Clément et Messtbon, menui- 

* M. l'abbé Chauvin, curé de Fresnav-le-Comte. 
1 Notaires du comté de Dunois. Série E. X* 775. 



ÉGLISE DE MARBOUE b 

siers à Chàteaudun, en 1750. Tous ces magnifiques lambris, 
vendus par l'administration révolutionnaire du lieu,furent acquis 
par M. André Péan qui les fit remettre en place, au rétablis- 
sement de la paix religieuse. (Registres paroissiaux). 

En 1894, grâce à l'économie persévérante du Conseil de fa- 
brique et aux libéralités testamentaires de M. le chanoine Hau- 
tin, mon vénéré prédécesseur, la voûte de l'église a été toute en- 
tière redressée et refaite en bois de pitchpin. Ce travail a été 
exécuté, dans la perfection de l'art, par MM. Chaillou et Mesnil 
de Marboué. 

Cet ensemble vient d'être complété par un brillant pavage en 
mosaïques de marbres, produit ingénieux inventé par M. Lar- 
manjat de Juvisy. Tous les travaux récents ont été conçus et 
dirigés avec intelligence et désintéressement par M. Buisson, 
architecte à Chartres, qui, depuis longtemps, regarde Marboué 
comme une seconde patrie, dont il a fini par rendre l'église 
presque digne de son clocher. 

En effet, le clocher demeure toujours, dans son genre, le monu- 
ment le plus remarquable de toute la contrée. Construit à l'occi- 
dent de l'église et dans son axe il en forme pour ainsi dire 
le vestibule. De la base au sommet, il est en pierre tendre 
nommée tuffeau, provenant des carrières du Croc-Marbot (pa- 
roisse de Marboué), très bien appareillée, et forme la principale 
entrée. 

« Cette entrée consiste en une belle porte gothique avec deux 
« arcs surbaissés, à moulures prismatiques, insérés dans une 
« arcade ogivale à voussure profonde et à quatre archivoltes, 
« également prismatiques. Toutefois le bandeau mouluré, qui 
« sert d'encadrement à la partie supérieure, forme une ogive en 
« accolade garnie de belles feuilles recourbées et couronnée d'un 
c- panache pédicule. Les piédroits et les socles sont aussi cou- 
« verts de moulures, pour la plupart à vive arête. Entre l'ogive 
« et l'arc surbaissé se trouve le tympan, nouvellement orné d'un 
« trèfle et de flammes en triangle, pour compléter l'ornementa- 
« tion et éclairer le rez-de-chaussée de la tour. Le sommet de 
a la porte est couronné par une console très simple et un joli dais 
u qui servent de niche à un saint Pierre en bois sculpté, passa- 
it blement mutilé. 

« Sauf la porte, et surtout dans la partie qui dépasse le premier 
« cordon, le clocher présente la môme disposition et la môme 
« décoration, sur toutes ses faces. 

« C'est d'abord, une tour quadrangulaire flanquée à chaque 
« angle de deux contreforts en ressauts — excepté à l'angle 



6 fîGLISE DE MAHBOUÊ 

« sud-est, où une cage d'escalier en hors-d'œuvre en tient lieu - et 
« percée sur chaque côté, aux deux tiers environ de sa hauteur, de 
« fenêtres géminées, à cintre mouluré ; puis au sommet, d'une 
« lucarne également cintrée, avec gable à crochet. 

« Ce dernier ornement dissimule en partie la naissance d'une 
« pyramide octogonale toute en pierre et sans aucune charpente 
« intérieure. A la môme hauteur, entre la tour et la base de la 
« flèche, dont les principaux ornements sont des crochets frisés, 
« placés sur les arêtes, existe une jolie galerie, quelque peu 
« mutilée. Un globe, surmonté d'une croix et d'un coq doré, cou- 
rt ronne le charmant édifice, dont la hauteur totale est d'environ 
« cinquante mètres. » 

(Un coin du Danois par M. Coudray de Chàteaudun). 

Les architectes ne sont pas d'accord pour déterminer l'âge de 
ce clocher Les uns veulent que la base soit du XIII - siècle, la 
partie au-dessus du portail du XV - , et la flèche du XVI*. D'autres 
prétendent que dans son ensemble il est de la fin du XV e siècle 
et appartient au règne de Louis XI. (Coudray). 

Laissant aux hommes du métier le soin de déterminer l'époque 
de ces diverses parties, soit par leur caractère intrinsèque, soit 
par leur apparence extérieur, je m'efforcerai de rechercher l'o- 
rigine de ce clocher en reconstituant, en quelque sorte, son acte 
de naissance. C'est un moyen que je crois moins sujet à l'erreur, 
car certaines personnes ont, avant l'âge, les rides et les infirmités 
de la vieillesse ; tandis que d'autres ont trouvé le secret de chan- 
ger en perpétuel printemps leur véritable automne. Il peut en 
être quelquefois ainsi des monuments. 

C'est ici une tradition constante que les adjonctions faites à 
l'église primitive, c'est-à-dire le clocher et les trois bras de la 
croix, sont dues à la générosité d'un membre de la famille de 
Beauvilliersen Beaucequi possédait, sur la paroisse de Marboué, 
le château du. Tronchet dont la motte, improprement appelée 
menher, se voit encore entourée de murs et de fossés, sur le côté 
droit de la route de Châteaudun à Brou. 

Cette tradition est confirmée par un blason qui se voit découpé 
dans la masse du bois sur une poutre du beffroy et sur deux 
faces de la deuxième aiguille de la charpente de la nef. Ce blason 
représente précisément les armoiries anciennes de la maison de 
Beauvilliers et doit se lire : D'argent aux trois fasces d azur, c'est- 
à-dire qu'il se compose de sept bandes horizontales, quatre 
blanches et trois bleues. 

C'est donc bien un membre de cette famille qui a fait construire 
le clocher et la partie la plus considérable de l'église de Marboué. 



ÉGLISE DK MARBOUfi 7 

Or, il n'y a que deux personnages du nom de Beauvilliers, qui 
aient possédé la terre et seigneurie du Tronchet. 

D'abord Jean de Beauvilliers, dit le Bœuf, seigneur de Beau- 
villiers en partie et de Saint-Léger des Aubées, marié à Jeanne, 
fille duvicomtedu Tremblay, acquéreur du domaine du Tronchet 
vers 1370 et décédé en 1380. (Nobiliaire du P. Anselme, IV, 7:*) ) 

Par sa mort, la seigneurie du Tronchet passa à sa fille, Jeanne 
de Beauvilliers, femme d'Oudardde la Hoche, chevalier seigneur 
de la Roche-Bernard, paroisse de Saint-Denis-ies-Ponts. Deve- 
nue veuve elle épousa en 1387, Foulques de Marcilly-sur-Eure, 
veuf de Guillemette, fille du baron d'Ivry en la Marche, aujour- 
d'hui Ivry-la- Bataille. En 1400, elle hérita des biens de sa sœur, 
Catherine de Beauvilliers, veuve d'Oudard de Cloyes 1 , décédée 
sans enfants. Elle-même était veuve une seconde fois en 1403. 
Elle obtint, en 1410, le privilèged'un autel portatif pour son usage 
particulier et mourut en 1422. (Anselme IV, 730). 

Elle fut ensevelie dans un caveau voûté 1 creusé dans l'église 
de Marboué. {Histoire du Dunois, par l'abbé Bordas, curé d'Ymon- 
ville et Saint- Avit). 

Après sa mort, la terre et seigneurie du Tronchet passa à sa 
fille, Jeanne de la Hoche, qui épousa le fils de son beau-père, 
nommé aussi Foulques de Marcilly. (Minutes des notaires du 
convié de Danois, série E, 39) et pendant deux cents ans co 
domaine se transmit par héritage, de mère en fille, dans les 
familles de Loré (Anselme VIII, 99), d'Estouteville (Anselme 
VIIl,99),de Chateaubriand (Anselme VI 1,7 07.— Notaires, 60), de 
de Chambes M ontsoreau (Anselme VII, 706. — Notaires, i ù I), de la 
Noue (.4 melme VU, 706 . — Notaires Jt 7 à . - . archives municipales de 
Chnleaudun 66). — Vie de François de In Noue, dit Bras de Fer, par 
Moyse Amirault, pasteur de la religion réformée), de la Porte 
Larchapt (Notaire*-, 323, 3 79), sans jamais rentrer en possession 
d'un Beauvilliers. 

1 Le clocher de Cloyes, qu'on attribue aux mêmes ouvriers que celui de 
Marboué, à cause de sa ressemblance, pourrait bien être aussi l'œuvre de 
Jeanne de Beauvilliers qui y aurait consacré toutou partie de l'héritage de 
sa sœur.Catherine de Beauvilliers, dame de Cloyes. Dans cette hypothèse, le 
clocher de Cloyes et celui de Marboué auraient non seulement la similitude 
de la forme, mais aussi la communauté d'origine; et comme c'est le propre 
des œuvres humaines de procéder de l'imparfait au parlait, on comprendrait 
que le clocher de Cloyes, plus ancien en date, soit moins svelte et moins dé- 
gagé que celui de Marboué. 

* L'emplacement précis de ce caveau est aujourd'hui inconnu. On croit 
communément qu'il est dans la chapelle du nord t dédiée à la sainte Vierge. 
Des fouilles récentes ont démontré qu'il n'est ni sous le clocher, ni dans la 
nef, ni dans le chœur. On a seulement trouvé vers le milieu du chœur, le 
pied d'un mur, allant du nord au midi, qui parait avoir servi de fondation 
au chevet de l'ancienne église. 



<s EGLISE DE MAKBOUE 

1 /honneur d'avoir construit le clocher et la plus notable partie 
de l'église de Marboué ne peut donc se partager qu'entre Jean de 
Beauvillicrs et Jeanne de Beauvilliers, sa iille. 

On ne peut guerre raisonnablement dire que c'est l'œuvre de 
Jean de Beauvilliers, et en placer la construction entre les 
années 1370 et 1380 ; car ce serait en reculer l'origine gratuitement 
et sans raison bien au-delà du temps désigné par le caractère 
général de l'œuvre, et fixé par la tradition commune. 

Il faut donc que ce travail soit dû aux libéralités de Jeanne de 
Beauvilliers, dame du Tronchet. 

Cette entreprise presque princière, témoignage le plus évident 
d'une âme profondément religieuse et toute dévouée à la splen- 
deur du culte divin, s'accorde parfaitement avec le peu que nous 
connaissons de l'histoire de Jeanne de Beauvilliers. En effet, la 
notice si restreinte que nous avons de sa vie, nous fait remar- 
quer que l'autorité ecclésiastique soit pour encourager les efforts 
de sa munificence, soit plutôt pour la récompenser des marques 
effectives de sa libéralité, lui accorda le privilège d'un autel 
portatif. 

De ce que le blason, figuré dans l'église de Marboué, ne se 
trouve accolé ni à celui de la Roche, ni à celui de Marcilly, on 
doit, il semble, inférer que Jeanne de Beauvilliers n'a dû se con- 
sacrer à cette œuvre qu'après être sortie des préoccupations et 
des travaux inhérents à l'établissement des enfants et à l'admi- 
nistration d'une grande maison, c'est-à-dire après son deuxième 
veuvage arrivé en 1403, en sorte que la seconde fondation de 
l'église de Marboué remonterait au commencement du XV e siècle 1 . 
Au nom de Jeanne de Beauvilliers, nous devons unir dans notre 
reconnaissance devant Dieu, le nom de M. André Péan, qui, 
pendant la tempête révolutionnaire acheta le joli clocher comme 
bâtiment à démolir, le sauva de la destruction et le rendit intact 
à la religion, à la civilisation et aux arts. 

. A remarquer la litre seigneuriale bien apparente sur les murs 
extérieurs. 

On a trouvé quelques traces d'armoiries à l'intérieur, mais 
trop effacés pour être reconnues. 

Marhoué, le 15 mai 1897. 

Florent d'Arsonville. 

1 Cette conclusion est conforme à une anecdote assez plaisante qui se 
récite dans le pays. On raconte qu'un prélat de la maison de Matignon, 
parent des la Noue, demandait un jour: « De quelle époque et de quel style- 
est ce clocher? — Monseigneur, lui fut-il répondu, ce clocher est ati^lo 
roman. — En effet, repartit l'évèque. on voit bien que ça n'a pas été fait en 
France. »»