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GIDE, ÉDITEUR à
RUE DE SEINE SAINT-GERMAIN, N° 6 BIS.
PTS 1859.
A. Pinax pr LA Forgsr, mp. de la Cour de Cassation ,
rue des Noyers, 87.
ARCHIVES
DU MUSEUM
D'HISTOIRE NATURELLE,
PUBLIÉES
PAR LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS
DE CET ÉTABLISSEMENT.
TOME I.
GIDE , ÉDITEUR ,
RUE DE SEINE SAINT-GERMAIN, N° 6 BIS.
1859.
NOMS
DE MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS
DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ.
MM. Gsorrroy-SainT-HiLaiRE , professeur de zoologie (mammifères et oï-
seaux).
Cornier, professeur de géologie.
BRonGxrarT (Alexandre), professeur de minéralogie.
Dumériz , professeur de zoologie (reptiles et poissons).
De Jussieu, professeur de botanique (cours à la campagne).
Mirgez, professeur de culture.
CHevreuL, professeur de chimie appliquée.
DE BLAINvILLE, professeur d'anatomie comparée.
Gay-Lussac, professeur de chimie générale.
FLourexs, professeur de physiologie comparée.
VALENCIENNES , professeur de zoologie (mollusques , annélides et
zoophytes).
Aupouin, professeur de zoologie (arachnides, crustacés et insectes).
BronGniaRT (Adolphe), professeur de botanique et de physique végétale
(cours au Muséum).
BECQUEREL, professeur de physique appliquée à l’histoire naturelle.
SERRES, professeur d'anatomie et d'histoire naturelle de l’homme.
+
AVERTISSEMENT.
À l’époque où le Muséum d'Histoire naturelle re-
çut, avec son nom, l'organisation qu'il a conservée
depuis plus d’un demi-siècle et qui l'a porté au de-
gré de splendeur où nous le voyons aujourd'hui,
après plusieurs années consacrées à la détermination
et à l’arrangement de toutes ses collections créées ou
agrandies, les professeurs-administrateurs de cet éta-
blissement entreprirent, comme complément de leur
tâche, la publication d'un grand ouvrage périodique
où seraient successivement décrits les objets les plus
intéressants de ces collections, où seraient enregistrés,
avec leurs conséquences, Les faits instructifs pour l’his-
toire naturelle. Ainsi furent commencées les Annales
qui se sont continuées sous des titres différents jus-
qu'à ces dernières années ‘. Un recueil qui fit con-
* Annales du Muséum national d’Histoire naturelle, par les professeurs
de cet établissement, 20 vol. m-4°, 1802 à 1813.
Mémorres du Muséum, 20 vol. in-4°, 1815 à 1832.
Nouvelles Annales du Muséum, A vol. in -4°, 1832 à 1835.
VI AVERTISSEMENT.
naître au monde savant les études cristallographiques
de Hauy, les recherches zoologiques et paléontologi-
ques de Cuvier, les développements des familles natu-
relles de Jussieu et tant d’autres travaux recomman-
dables, a été justement apprécié depuis longtemps;
et il nous est permis à nous-mêmes de le louer, main-
tenant que le temps a consacré la plupart de ces tra-
vaux et la mort le nom de leurs auteurs.
.
L'époque actuelle pourra être considérée comme
également importante dans l’histoire du Muséum, par
le développement nouveau que lui a donné l'appui
bienveillant et libéral du gouvernement, qui n’a cru
compléter son œuvre et lui faire porter tous ses fruits
qu'en assurant pour l’avenir la publication régulière
de nos Annales, ralentie involontairement depuis
quelque temps.
Les matériaux intéressants ne nous manqueront
pas. En effet, le Muséum, déjà si riche auparavant ,
non seulement a continué à s'enrichir régulièrement
chaque année par les acquisitions que son revenu aug-
menté lui permettait de multiplier, par les recher-
ches de ses voyageurs, par les dons des amis de la
science; mais il a vu en peu de temps ajouter à ses col-
cn Rs nn nee t nTi oon
AVERTISSEMENT. VII
lections d’autres collections tout entières précieuses
et bien connues du monde savant :.
On doit espérer que ces matériaux ne resteront
pas stériles. La mort, il est vrai, a effacé en peu d'’an-
nées bien des noms illustres de la liste des profes-
seurs du Muséum; mais le désir de les égaler sera un
aiguillon de plus pour l’activité de leurs successeurs,
une garantie pour la conscience de leurs travaux.
Le plan auquel ils se conformeront, restera tou-
jours le même; c'est celui que M. Cuvier a développé
dans l'avertissement qui précédait les Nouvelles An-
nales. L'expérience a dû apprendre à tous ceux qui
s'occupent d'histoire naturelle, que, dans les recueils
scientifiques, ce qui conserve de l’intérêt même après
de nombreuses années, ce qu'on va y rechercher tou-
jours, ce sont Les faits, surtout Les faits nouveaux cons-
tatés rigoureusement par des descriptions exactes et
des figures vraies.
! La collection de crànes du docteur Gall; celle des ossements fossiles de
l'Auvergne de M. l'abbé Croizet; celle des papillons de M. Lacordaire; les
collections conchyliologiques de MM. Rang, Férussac et Roussel de Bor-
deaux; la collection minéralogique de M. Gillet-Laumont ; et le cabinet de
physique de M. Tréméry, acquis tout récemment pour le service de la nou-
velle chaire de physique appliquée à l’histoire naturelle , fondée en 1838.
VIII AVERTISSEMENT.
Nous tâcherons donc que notre publication offre
particulièrement ce genre de mérite, qu'elle fasse con-
naître un grand nombre d'objets intéressants, nou-
veaux ou, ce qui peut-être importe encore davantage,
mal connus jusqu'ici, et qu'elle ajoute ainsi du prix
à nos collections en leur en empruntant. Loin de no-
tre pensée l’exclusion complète des théories, qui ont
tant fait pour l'avancement des sciences. Mais elles
n'y ont contribué véritablement que quand, destinées
à lier et interprêter les faits, elles se sont appuyées
sur eux et ont su les présenter neufs ou sous une face
nouvelle. Autrement ce sont de pures abstractions de
l'esprit, qui prouvent quelquefois assez inutilement sa
force, le plus souvent seulement sa présomption, et
qui, dans tous les cas, ne doivent pas chercher leur
place ici. Les Archives du Muséum ne sont que l’ex-
pression fidèle de cette institution vouée à l'observa-
tion et à l'expérience, dont elles offrent au public
studieux les matériaux et les résultats.
DESCRIPTION
DE L'ANIMAL
DE LA PANOPÉE AUSTRALE,
ET RECHERCHES SUR LES AUTRES ESPÈCES VIVANTES OU FOSSILES
DE CE GENRE,
PAR
A. VALENCIENNES.
Je me propose de décrire dans ce mémoire un mollusque que les
zoologistes n’ont pas encore examiné et dont ils n’ont, jusqu'à pré-
sent, fait connaître que la coquille. La grandeur de Panimal, la lon-
gueur de ses tubes, et les circonstances particulières dans lesquelles
il a été pris le rendent digne d’attention. Mais ce qui est plus impor-
tant encore, c’est que les rapports zoologiques de ce genre vont être
fixés par suite de cette description, et que je remplirai une lacune qui
existait dans cette famille de la classe des mollusques.
On sait que ce genre fut établi par M. Ménard de la Groye, dans
un mémoire publié dans les Annales du Muséum, IX, p. 151, sur
une coquille fossile d'Italie, rapportée par M. Faujas de St-Fond,
du dépôt de Stramonte, à six milles de Florence. Une coquille vi-
vante, originaire de la Méditerranée et des côtes d'Espagne, très sem
blable à celle-ci, était connue depuislong-temps, car M. Ménard mou
blia pas de rapprocher le fossile, sujet de son mémoire, de l'espèce figu-
rée par Aldrovande, par Lister, par Chemnitz et par d’autres conchy-
liologistes. Cette espèce vivante était inscrite dans la 15° édition du
Systema Naturæ dans le genre Mye, sousle nom de z2ya glycimerts;
Anrcouves pu Muséum, TouE [. 1
2 PANOPÉE AUSTRALE.
et les différens auteurs dont je viens de parler regardaient tousle mol-
Jusque de cette grande coquille comme intermédiaire entre les myes
etlessolens. Lamarck, en adoptant le genre établi par M. Ménard, le
plaça dans la famille des solénacés, et M. Deshayes adopta cette opinion
en croyant même que l’animal devait être très voisin de celui du s0-
len radiatus, dont M. Blainville à fait un genre distinct sous le nom
de Solecurtus. Ce savant regarde l’animal des panopées comme fort
semblable à celui des myes : mais toutes ces conjectures étaient ti-
rées de lexamen du test, personne n’avait encore décrit et figuré
l'animal qui construit cette grande et belle coquille.
Un heureux hasard m'a procuré l'animal d’une espèce de pano-
pée, qui n’est pas celle de nos mers d'Europe. Les ofliciers de la
frégate française l Héroëne, commandée par M. le capitaine Cécile,
en croisière sur les mers de la pointe australe de l'Afrique, virent,
en descendant au pied de hautes dunes qui bordent, sur la côte
Naial, la baie des Tigres, par 16° 40! de latitude sud, un mollusque
enfoui dans le sable, dont le tube se montrait près de la surface.
Ils eurent l’envie de faire tirer cet animal par le tube; mais le mol-
lusque, dès qu’on le touchait, cherchait à enfoncer sous Le sable et s’y
tenait avec tant de force, que les matelots ne purent jamais ürer du
trou un seul mollusque, le syphon se déchirant toujours et venant seul
par les efforts de homme qui Parrachait. Quand l’on ne saisissait pas
promptement le tube, lanimal senfonçait si profondément qu'il
échappait avec vitesse et qu’on ne pouvait plus l’atteindre. La curio-
sité des marins, excitée par ce fait, les fit se mettre à l’œuvre pour
semparer de cet animal, et ils firent, avec des bêches, des trous
autour du mollusque afin de le prendre. Ils réussirent à en saisir
après beaucoup de peine, car on m'a rapporté qu'il avait fallu
creuser à plusieurs pieds de profondeur autour de lanimal, qui
s'enfonçait à mesure qu'il se sentait poursuivi. Les officiers de cette
PANOPÉE AUSTRALE. 3
frégate parvinrent à s’en procurer plusieurs individus qu’ils ont con-
servés dans l’alkool et ils les ont rapportés en Europe. Un de ces
mollusques a été depuis acheté par ladministration du Muséum,
pour le placer dans le Cabinet du Roi. Les faits que je viens de
rapporter sont curieux à consigner, car ils prouvent que ce mol-
lusque vit en famille sur les côtes sablonneuses de cette plage, que
les trous dans lesquels il se tient, comme tous ceux des mollusques
psammocoles, sont creusés assez profondément et d’avance ;
mais ce qui est plus difficile à expliquer, c’est la force avec
laquelle le mollusque peut se retenir dans le sable qui l'entoure
et qui n’était pas tellement dur que l’on ne püt fouiller avec une
bèche, et avec assez de promptitude pour suivre l'animal dans sa
fuite souterraine. Il a fallu que l’adhérence fût grande pour rom-
pre un muscle aussi fort que celui du syphon. En faisant ainsi
connaître la manière de vivre de cette panopée des mers de lAfrique
australe, je mettrai sur la voie les naturalistes collecteurs qui vou-
dront poursuivre la panopée de nos mers et nous faire connaitre
et montrer dans nos collections un animal qui doit différer seule-
ment par les proportions relatives de ses parties de l’espèce que je
vais décrire.
DE LA PANOPÉE AUSTRALE.
(Panopæa australis, Sowerby.)
PL. IL, fig. 1, a et b.
La Panopée de la côte Natal est un mollusque acéphale lamellibranche
enfermé dans une coquille ovale, étroite en avant, élargie en arrière et
-bäillante sur tout le bord inférieur, et principalement aux deux extré-
mités. Le bord est sinueux ou flexueux; sa courbure est plus régulière
da côté des syphons qu’en avant, et l'on peut dire que sa hauteur pos-
A PANOPÉE AUSTRALE.
térieure n’est guère que des trois cinquièmes de l’antérieure, laquelle surpasse
un peu la moitié de la longueur totale de la coquille. La plus grande épais-
seur mesurée d’une valve à l’autre, est près des quatre cmquièmes de la hau-
teur du test. Vue du côté du ligament, elle montre des bords postérieurs re-
levés et arrondis, et formant, surtout près de la charnière, une goultière pro
fonde dans laquelle est placé le ligament. Les natès, eux-mêmes, sont re-
courbés et leur sommet ne se voit pas quand les deux valves sont réunies.
De l'autre côté ou antérieurement, les deux bords sont rapprochés, à peu
près linéaires, et non enfoncés. Vers l'extrémité, les bords mêmes se
relèvent et s'étendent, ce qui contribue à augmenter la hauteur de la
partie antérieure; de ce côté, comme auprès des syphons, la coquille
parait un peu feuilletée ; mais bientôt les lames d’accroissement devien-
nent si fortement unies, qu’elles ne forment plus qu'un test solide,
épais, fibreux, sur lequel cependant on apercoit de nombreuses stries d’ac—
croissement plus ou moins grosses, se changeant fréquemment en rides
assez fortes et parallèles au bord. Il est recouvert d'un épiderme gris-jau-
nâtre sur la moitié postérieure, mais devenant terne et plus rembruni près
du bord.
Pour ne pas revenir plus tard à la descripüon de la coquille, je vais conti-
nuer à faire connaître les formes intérieures de cette partie de l'animal, quoi-
qu'il semblerait plus naturel de parler de suite des parties molles et extérieures
qui se voient en dehors du test ou entre ses bords bäillants.
L'intérieur de la valve droite offre une grande impression palléale assez
rugueuse ; entre elle et le limbe, on voit l’attache d’un grand muscle en ru-
ban étroit, continu à celles du muscle antérieur et postérieur. C'était né-
cessaire pour augmenter les adhérences d'un si gros mollusque dans une
coquille aussi bäillante que celle de la panopée. L'impression antérieure est
plus oblongue et plus étroite que la postérieure. En dehors de ce muscle est
un large limbe, ayant du côté postérieur une sinuosité ou sinus peu ren-
tant, ce qui montre que les tubes ne sont pas très rétractiles. Nous voyons à
la charnière une dent assez haute, comprimée, mousse, et derrière elle une
fossette oblongue transverse, destinée à recevoir la dent de l’autre valve,
laquelle dent a en avant une fossette correspondante à celle de la valve
PANOPÉE AUSTRALE. LA
droite. Les nymphes qui la suivent sont grosses et saillantes. Il n'y a point
de dent latérale. Ces nymphes bordent la gouttière assez profonde dans la—
quelle s’insère le ligament. Il est tout-à-fait externe, convexe en dessus,
concave du côté de l'animal, très fort et doit ouvrir les valves par la force
rétractile de ses fibres élastiques.
Sous les ‘crochets la cavité n’est pas très profonde; au-dessous et en ar—
rière des nymphes, on voit les traces des insertions de paquets de fibres
musculaires.
Ce test laisse apercevoir du mollusque qu'il recouvre un très long tube
proboscidiforme , ayant une fois et demie la longueur de la coquille. Il est
un peu renflé à l'extrémité; son diamètre est compris plus de douze fois dans
sa longueur. Ce tube contient, comme dans tous les mollusques de la même
famille, deux syphons: le supérieur qui correspond avec lerectum, et l’infé-
rieur qui donne passage à l’eau abreuvant les lames des branchies. Ces syphons
à parois épaisses et musculeuses, sont revètus d'une enveloppe cornée bour-
soufflée, paraissant comme détachée en plusieurs endroits des muscles qu’elle
recouvre, et fortement ridée en tous sens, ce qui prouve que pendant la vie de
l'animal ce tube doit être encore beaucoup plus long, et qu'il s’est fortement
contracté par l'immersion du mollusque dans l’alkool. Cet épiderme croît par
une suite de lames cornées qui s'appliquent sur le bord du limbe de la co-
quille, et y laissent une impression facile à suivre; il se prolonge sur le dos
en une languette cornée convexe, qui s’unit avec le ligament et contribue
sans aucun doute à l'accroissement de cet organe. Ces lames, vers le bord pos-
térieur dn test, se continuent avec le drap marin de la coquille. On voit cet
épiderme s'étendre aussi sur la partie dorsale en une lame qui s’avance de
même entre les deux valves, qui s'y attache le long des bords &e la lunule,
passe sous les crochets, et va rejoindre le ligament. La portion visible du man-
teau entre les deux lames inférieures ou antérieures est de même revêtue de
son épiderme également chargé de rides. A la partie de l'animal opposée aux
syphons, le manteau prend une épaisseur et une largeur telles qu'il présente
un grand disque ovale un peu rétréci vers le haut, et percé dans le centre
d’un trou ovale pour le passage du pied. Le diamètre vertical de ce trou
n’est pas double du diamètre transversal ; et il est à peu près le quart de la
hauteur du disque charnu du manteau.
6 PANOPÉE AUSTRALE.
Pour continuer la description du mollusque , il faut enlever la coquille.
Celle-ci étant détachée, laisse voir le manteau dont la plus grande portion
n'est qu’une membrane molle et très mince, comme dans les autres acéphales.
Mais le bord en est épaissi et devient un muscle épais, composé de nom-
breux faisceaux réunis et formant une suite de festons , en dehors desquels
est le limbe du manteau à surface très unie. Ce ruban charnu va du
muscle transversal antérieur au postérieur, et on concoit qu'un mollusque
aussi gros, ayant un tube syphonifère aussi long et aussi fort, un disque
postérieur aussi grand, double disposition qui rend la coquille très bäil-
lante, avait besoin d’être plus fortement attaché à sa coquille. Les tridacnes,
dans un autre sens, offrent une organisation analogue. Le muscle transver-
sal postérieur est assez fort et à peu près cylindrique. Le muscle antérieur
est plus ovale, plus puissant, mais ses fibres musculaires sont plus courtes. Sur
le côté postérieur, on voit dans le ruban musculaire d'attache un feston large
mais peu profond, qui recoit l'extrémité des fibres des muscles rétracteurs
des syphons. On juge d’après leur largeur et leur brièveté, que l'animal peut
mouvoir avec facilité le long tube charnu qui sort de sa coquille, mais qu'il
ne doit pas l’y faire rentrer en entier. Du côté de la charnière, ou sur la région
dorsale, on trouve, sous la languette cornée qui va rejoindre le ligament, une
petite surface plane oblongue. En avant, deux petites lames convergent l’une
vers l'autre et se réunissent en une seule crète longitudinale, à l'extré-
mité de laquelle et sous les nates est une émimence charnue, transversale, qui
se place le long de la dent cardinale élevée sous la charnière.
En ouvrant le manteau, on est frappé de la masse de viscères de
Panimal réunis en une sorte de bulbe ou de toupie, arrondie et renflée
en avant, rétrécie en arrière. Au-dessus de cette masse, on voit la bou-
che, ouverture petite, ronde, entourée d’une espèce de lèvre épaisse,
échancrée sur les côtés, qui donne attache aux palpes labiaux. Ils sont an
nombre de quatre, réunis par paire de chaque côté, lisses extérieurement et
chargés de rides fines et nombreuses sur la surface interne. Ces organes, que
les naturalistes ont jusqu'à présent nommés palpes labiaux, me paraissent
avoir beaucoup d’analogie de structure avec les narines des poissons, dont
l'organe sensitif est de même composé d'une muqueuse repliée plusieurs
fois sur elle-même; je pense que ces palpes remplissent un usage analogue,
PANOPÉE AUSTRALE. 7
et pourraient être considérés comme l'organe olfactif des mollusques acé—
phales.
Les deux feuillets branchiaux ne sont pas très élevés. L’interne commence
entre les palpes labiaux, l'externe naît plus en arrière. Cette branchie est
beaucoup plus courte.
De chaque côté de la partie amincie et postérieure de la masse abdomi-
nale, à l'endroit où l'intestin va s'engager dans le syphon, on voit les deux
orifices des organes génitaux; un antérieur formant une petite ouverture
ovale, entourée d’une papille saillante, et, par derrière, une seconde ouver-
ture plus grande, sans papille ni bourrelet.
L'ésophage est très court ; il se dilate en un estomac assez large, plissé in-
térieurement et comme divisé en plusieurs compartiments par les crètes for-
mées par les replis de la tunique interne. Il occupe la région supérieure de
l'abdomen; l'interne se contourne une douzaine de fois sur lui-même avant
de se prolonger dans le syphon. Le pied est plem et musculeux, l'intestin
n'y pénètre pas.
Cette description prouve que la panopée est très semblable à
VPanimal des myes (mya arenaria, Lin.), et je connais dans ce genre
ane espèce originaire des côtes de l'Amérique septentrionale que je
nommerai la mye aux longs tubes (”1ya macrosolen), qui n’en dilière
pas par des caractères anatomiques sensibles. La différence externe
la plus apparente consiste dans la minceur du manteau par où sort
antérieurement le pied comprimé de Panimal.
Il a aussi des affinités avec les glycimères, mais celles-ei ont les
tubes plus courts et sans muscles saillans et reconnaissables à l'im-
pression palléale rentrante en sinus. Le genre panopée devra donc
former avec les myes et les glycimères une famille naturelle, carac-
térisée par la réunion de son manteau fermé sur toute sa longueur,
celle des deux syphons, constituant une grosse et longue trompe; et
la nature des dents de la charnière, et la position externe ou interne
du ligament deviendront les caractères distinctifs des genres.
8 PANOPÉE AUSTRALE.
Il est possible aussi que l’on devra en rapprocher les Solétellines
Blainv. (solen rostralus Chemn.), qui prendront aussi leur caractère
dans les deux dents cardinales de la charnière, si toutefois ils n’ont
pas les deux tubes séparés dans toute leur longueur, comme le s0/e
radiatus et le solen Dombeyamus, qui, sous ce rapport, ne doivent
pas être confondus avec les solecurtes de M. de Blainville, et qui ont
plus d’aflinités avec les solemyes de Lamarck.
Dans un prochain travail je présenterai ces nouvelles considéra-
tions sur la famille des solénacées.
La panopée que je viens de décrire est, je crois, celle dont on
trouve une petite figure dans le Gezera de Sowerby '. Ce natu-
raliste dit qu'il possède depuis long-temps cette coquille dans sa
collection. Elle lui avait été envoyée de la Nouvelle-Galles du sud
par G. Humphrey.
Cette localité est assez éloignée de celle où lindividu décrit dans cet
article a été trouvé, pour qu'il soit possible, si toutefois elle est bien
exacte, que l'espèce de Sowerby, comparée directement avec la nôtre,
en soit distincte. Cependant, nous avons Pexemple que tant de coquil-
les sont prises en route par des navires à leur relâche ou portées d’un
lieu à un autre de la même manière, qu'il est à regretter que M. So-
werby n'ait pas donné quelques renseignemens qui rendissent plus
précise la localité indiquée par lui. C’est un point qui reste à vérifier.
M. Deshayes a, dans la nouvelle édition qu'il publie de Pouvrage
de Lamarck, ajouté cette espèce d’après la figure de Sowerby, car,
à l’époque de sa publication, on ne possédait pas encore à Paris
l'espèce de la côte d'Afrique. I s’est demandé si cette espèce vivante
n'était pas la même que le Parnopæa reflexa de Say.
M. Alex. Brongniart a bien voulu donner au Cabinet du Roi un
: G. B. Sowerby, Gen. of recent and fossil Shells, n° XL, pl. 3, fig. 2.
PANOPÉE D’'ALDROVANDE. 9
exemplaire de l'espèce du naturaliste américain, et je me suis prompte-
ment convaincu de son affinité avec celle que je viens de décrire,
mais j'ai vu qu’elle en était distincte. M. Deshayes m'en a également
“montré un second individu; et comme il a poussé l’obligeance jusqu’à
mettre à ma disposition les nombreux matériaux qu’il a réunis dans
sa belle collection, j'ai étendu mon travail, et je me suis alors décidé
à donner une revue générale des espèces que j’ai pu connaitre et dé-
crire d’après nature; et à faire ainsi la monographie d’un genre dont
je viens de présenter les rapports naturels.
LA PANOrÉE D'ALDROVANDE.
(Panopæa Aldrovandi, Lam.)
PI. IV, fig. 1, a et b.
Cette espèce, dont nous avons rapproché plusieurs individus des
mers de Sicile, paraît être la plus grande de ce genre. Nous n’en
avons encore vu que la coquille.
Sa hauteur est moitié de sa longueur, et son épaisseur fait à peu près les
deux tiers de sa hauteur ; le côté postérieur est plus long d’un cinquième
que le côté antérieur ; le bord de ce coté est droit, mince, et n’a sous lu
qu’une médiocre callosité qui va se rattacher à la nymphe ou au limbe de la
coquille. Ce bord se contourne assez régulièrement pour descendre ensuite
obliquement et en ligne droite vers l'inférieur qui est légèrement fes-
tonné, et va rejoindre ainsi la portion postérieure de la coquille par où sor-
tent les syphons. Cette portion est sensiblement plus large et plus haute que
dans l’espèce dont je viens de faire connaître l'animal. Il n’y a presque pas
de différence entre la hauteur de ce côté postérieur et celle de l’antérieur.
Le bord postérieur et supérieur est mince et fait une légère sinuosité con-
cave; l'angle postérieur est plus droit que Pantérieur; le bord par où
sortent les syphons est moins oblique. La nymphe est très épaisse, calleuse,
Ancmves pu Muséum, To I. 2
10 PANOPÉE D’ALDROVANDE.
plus courte que celle de la panopée australe. Comparée à la longueur du
bord postérieur, on trouve que la nymphe y est comprise quatre fois environ,
c’est-à-dire qu'elle n’en est que le quart. En avant de la nymphe et sous le
crochet est une fossette oblique étroite, et au-devant d'elle une dent trian-
gulaire, comprimée et pointue. Le ligament qui s'attache sur la nymphe est
épais, convexe, et la dépasse à peine.
L'impression musculaire antérieure est alongée, irrégulièrement triangu-
lare, se prolonge en haut sur le bord, mais se termine avant d'atteindre le
crochet; en dessous, elle est continue avec l’attache musculaire du bord du
manteau ; qui est très marquée et continue entre l'impression palléale et
celle du limbe. L'impression postérieure est plus large, plus arrondie,
mais moins haute que l’antérieure.
Le sinus rentrant que fait le muscle moteur des syphons est plus profond,
plus aigu au sommet que celui de la panopée australe. Il atteint presque
jusque sous l’à-plomb de l'extrémité de la nymphe. L'impression du manteau
estirrégulièrement granuleuse, Sur la valve gauche la fossette qui recoit la dent
de droite est petite, mal déterminée ; la dent est pointue et sa base est plus
confondue avec la nymphe.
A l'extérieur la coquille est assez lisse et brillante, quoique sillonnée par de
nombreuses rides d’accroissement. Une légère dépression se remarque sur la
coquille derrière l'élargissement du manteau de l'animal; mais elle est
moindre que dans la panopée australe. Sa couleur est blanche sous un épi-
derme plus où moins gris mêlé de jannâtre.
Le cabinet du Roi en possède deux très beaux individus, longs de
dix à onze pouces, et qui viennent de la mer de Sicile. L'un a été
donné par M. Lucas, garde des galeries, et l’autre, plus nouvellement
placé dans le Muséum, est dû aux libéralités de M. Benoist de
Messine.
Ce même amateur nous a donné plusieurs individus d’une variété plus
courte, mais plus haute, car la longueur ne surpasse la hauteur que d’un tiers.
D'ailleurs le caractère tiré de la profondeur du sinus rentrant de l'impression
des muscles des syphons est toujours le même. On retrouve encore les
/ ‘
PANOPEE D ALDROVANDE. 11
mêmes proportions de la nymphe. Les individus varient de huit pouces à
huit pouces et demi.
Enfin, il existe dans les collections du Muséum un très jeune in-
dividu qui doit appartenir à cette espèce, quoique, sans un examen
attentif, on pourrait le regarder comme d’une espèce distincte, à
cause de la différence dans les proportions.
Cette petite panopée a la coquille plus ovale et plus régulière. Le côté
antérieur est plus régulièrement arrondi que celui de la grande que je viens
de décrire; le côté postérieur fait en arrière de la nymphe une légère
sinuosité pour remonter vers l'angle postérieur; cet angle est plus arrondi et
le côté est tronqué moins obliquement; les impressions musculaires et sur-
tout la postérieure sont assez visibles; on peut également suivre la trace du
muscle longitudinal, et l’on voit aisément que le sinus rentrant pour les
syphons est tout aussi profond, mais qu'il est plus tronqué au sommet
Le limbe est lisse et assez large. La dent est petite et la fossette qui la recoit
est peu large. La nymphe est aussi très courte.
Cette coquille est mince, chargée de rides transversales assez grosses rs
couleur est d’un beau blanc, sur lequel on voit des rayons verticaux qui se
détachent en mat sur le fond de la coquille, et qui partent des nates où ils
sont peu visibles en se rendant vers le bord où ils deviennent plus faciles à
distinguer. Il paraît qu'ils s'effacent sur les coquilles adultes; on peut encore,
en y regardant avec soin, en retrouver quelques traces près des crochets.
La longueur de ce petit individu est de trois pouces deux lignes,
et sa hauteur de vingt-trois lignes. Il faisait partie du cabinet de
mon oncle P. H. Valenciennes, connu par ses paysages historiques,
et dont le cabinet a été souvent cité par M. de Lamarck. Il avait ce-
pendant oublié cette jolie coquille que mon oncle avait rapportée de
ses voyages en Sicile.
M. Deshayes possède dans son cabinet :
12 PANOPÉE D'ALDROVANDE.
Un individu que l’on peut dire monstrueux. L'animal, gêné dans sa partie
postérieure, n’a pu développer à son aise le côté des syphons; aussi est-il de
moitié plus court que le côté antérieur ; il est facile de se rendre raison de
cette proportion inverse dans la proportion générale du test.
Cette panopée a été figurée, comme le prouve la synonymie que
M. Deshayes a ajoutée à celle de Lamarck, par un grand nombre
d'auteurs. La plus ancienne figure et une des meilleures est celle
d'Aldrovande.
Lister' a fait graver la variété courte en indiquant qu'il con-
naissait l’espèce de la mer Méditerranée et des côtes d’Espagne. La
figure de Bonani* est très mauvaise et à peine reconnaissable. Celles
de Gualtièri et de Born ‘ représentent la variété plus régulière et
oblongue, tandis que Chemnitz° a donné comme Lister la variété
tronquée. :
M. de Blainville‘ a donné très probablement une figure de la va-
riété elliptique, mais je trouve que la hauteur y est un peu trop
forte. Quant à Sowerby,? il n’a fait dessiner que la charnière.
Il existe dans les formations supérieures où quaternaires de la Si-
7
cile des panopées fossiles qui ne diffèrent pas de celles qui vivent
aujourd’hui dans la mer qui baigne le pied de ces collines. Nous en
avons une variété qui, par sa grande brièveté, mérite d’être signalée
particulièrement.
La hauteur fait plus des deux tiers de la longueur, le bord est ré-
" 258, pl. 416.
# Bon. recr. 2, p. 59.
® Gualt. tab. go, A.
4 Born. test. nus. Vind. tab. 1, fig. 8.
5 Chemn. conch. VI, tab. I, fig. 25.
5 BI. malac. pl. 80, fig. 2.
7? Sow. Gen. of rec. and foss. Shells, pl. /o, fig. 1.
PANOPÉE DE FAUJAS. 13
gulier, arrondi vers le bas, oblique du côté antérieur; le côté des
syphons est large et court, car ce bord supérieur n’est pas plus long
que le côté antérieur. La dent est grosse et assez arrondie; la nymphe
est saïllante et épaisse.
M.R. A. Philipi' a distingué deux espèces de panopée, en disant
que Lamarck a eu tort de les confondre.
Je crois que cet habile naturaliste a eu sous les yeux la variété
tronquée de notre panopée vivante; et c’est ce qui n’explique
comment il insiste sur le bâillement des deux valves; sa seconde
espèce, qui serait fossile, est une de ces variétés dont j’ai cité les plus
notables ; mais je ne crois pas que les deux coquilles de M. Phillipi
doivent être distinguées, et que son Panopæa Faujasu soit de la
variété qui se rencontre fossile dans les autres parties de PTtalie.
La PANOPÉE FauJas.
(Panopæa Faujasi, M. G.)
Depuis le mémoire de M. Ménard de la Groye, Lamarck publia son
Histoire des animaux sans vertèbres, et ne mentionna qu’une seule es-
pèce de panopée, celle qui vit actuellement dans nos mers. Ilrappelle
le travail de son prédécesseur en ajoutant ces mots : «M. Ménard
« considéra la panopée fossile comme une espèce distincte. »
* Lamarck d’ailleurs ne cite pas Brocchi, qui, dès 1814, compte
une panopée sous le nom de z14ya paropæa, la regardant comme
identique de la panopée Faujas de Ménard de la Groye.
Lamarck, en laissant donc la question douteuse, semblait plutôt par-
tager l'opinion de M. Ménard de la Groye et admettre les deux es-
pèces de panopées établies dans le mémoire cité. En 1825, M. de
1 Enumerat. moll. sic. pag. 7, pl. IL, fig. 2 et 3.
14 PANOPÉE DE FAUJAS.
Blainville dit que ce genre ne contient encore que deux espèces con-
nues, l’une vivante et l’autre, analogue, fossile en Italie. « Nous
« avons vu, dit-il, la fossile, et il n’y a qu'une dent sur la valve
« droite, pénétrant dans une excavation de la gauche. » Cette ré-
daction est évidemment inexacte, car elle indique qu'il n’y aurait
pas de dent sur la valve gauche; sil en était ainsi, le fossile ne
pourrait être analogue de la coquille vivante; il n'aurait plus les
caractères du genre des panopées. Mais dans l'excellente figure de
M. Ménard, qui a sans doute été consultée par M. de Blainville, la
dent sur chaque valve y est bien clairement représentée, conformé-
ment à la nature. Quand cette dent, qui se casse facilement, est tom-
bée, on en trouve toujours la place par l'empreinte que laisse la
cassure de la base.
M. Deshayes publia ses observations sur les mollusques dans PEncy-
clopédie en 1852, et il y établit que la panopée fossile d'Italie n’est
qu’une variété de espèce vivante; aussi, dans la seconde édition de
l'ouvrage de Lamarck, a-tAl cité la panopée Faujas (panopæa Fauja-
si, M. G.) comme une variété et parmi les synonymes du pano-
pæa Aldrovandi.
J'avoue que je conserve encore beaucoup de doutes sur ce rap-
prochement. Voici ce que l'examen des nombreux individus fossiles
réunis dans le cabinet m’a paru démontrer.
Ils viennent des différentes parties de lftalie, de la montagne de la
Sulicata, dans le royaume de Naples, des environs de Florence, des
collines de l'Astésan, dont nous devons de fort beaux échantillons
à M. Gené, l’un des conservateurs du Musée de Turin.
Le côté antérieur me paraît toujours plus arrondi, moins oblique, la co—
quille est plus déprimée dans le milieu ; le côté postérieur est plus étroit, le
sinus rentrant est peut-être moins ouvert; je crois que les syphons de l'animal
devaient être plus courts et plus gros, mais on verra bien que ce n'est ici
"
PANOPÉE DE SPENGLER. 15
qu’une conjecture impossible à vérifier, Ce qui est très certain, c'estfque la
coquille est toujours moins bâllante du côté antérieur.
Si on place cette coquille comme une variété de la précédente,
il devient dificile de préciser dans ce cas ce qu’on appellera variété,
ou ce que l’on élèvera au rang d’espèce; les naturalistes qui se range-
ront de l'opinion de M. Deshayes devront faire de ce fossile une va-
riété tellement distincte, qu’il me semble plus clair de la regarder
comme d’une espéce séparée. On voit que c'était aussi Popinion
de M. Cuvier, par ce qu'il en dit dans le règne animal.
LA PANOPÉE DE SPENGLER.
(Panopæa Spengleri, Nob.—Mya Norwegica, Spengl.)
PI. V, fig. 3, a et b.
Spengler' possédait une coquille qu'il dit avoir été trouvée à
Drontheim, sur les côtes de Norwége, et que l’on doit d'autant
moins hésiter à placer dans le genre des panopées, que cet habile
conchyliologiste avait déja fait ce rapprochement. Il l'avait, en ef-
fet, rangée à côté de son 72ya glycümerts dans le cinquième sous-
genre de ses myes.
C’est une coquille plus ridée que la panopée d’Aldrovande, épaisse, plissée
transversalement, bombée sur le côté antérieur et sur le postérieur, l'inter-
valle qui les sépare étant un peu concave, d’où il résulte deux arrêtes à
angles obtus rayonnant du crochet vers le bord; elle a le côté postérieur
très (ronqué et coupé obliquement d'avant en arrière; le côté antérieur
est en angle arrondi, ce qui rend le bord supérieur beaucoup plus court
que linférieur. Les nymphes sont grosses et épaisses; une petite fos-
sette mal déterminée est au-devant de cette nymphe. Spengler dit que la
1 Mém, de Ja Soc. d'Hist, nat. de Copenhague, tom. I, 1"° part. pag. 46, pl. I, fig. 18.
16 PANOPÉE DE SPENGLER.
dent est nulle; mais, comme il a commis cette même erreur pour la panopée
d'Aldrovande, on doit croire qu'il a eu un individu fruste de cette espèce, ou
que, du moins, la dent était tellement empatée dans l'épaisseur de la callo-
sité des nymphes qu'il ne l'en a point distinguée. Sa figure nous montre une
impression musculaire postérieure, étroite, oblongue, tracée, à angle aigu
avec le bord antérieur de la coquille. L'impression de lattache palléale
est tout-à-fait distincte de l'insertion musculaire, et consiste en une lan
guette assez longue, arrondie et plus large en arrière, ondulée du côté an-
térieur, qui se subdivise ensuite en quatre ou cinq impressions inégales, qui
vont rejoindre l’attache petite et ronde du muscle transverse antérieur.
I n'y a pas, sur la figure, de trace nette du sinus rentrant qui laisse juger de
la mobilité et de la rétractilité des tubes de l'animal; je pense qu'ils étaient
petits et très gros; je tire cette induction de la grandeur de l'ouverture du
bâllement postérieur des deux valves. Le pied et l'épaisseur de la portion
antérieure et tronquée du manteau par où sort le pied, deviennent très petits.
Cette sortie du pied se faisait aussi beaucoup plus bas, et par le sinus de la
partie inférieur du bord de la coquille. Je crois que l'animal de cette espèce
ressemble plus par la proportion de ces tubes à la glycimère qu'aux myes.
Spengler dit que sa coquille avait deux pouces deux lignes de long (me-
sure danoise ?), et que la largeur du côté postérieur *, plus grande que celle
du côté antérieur, est de deux pouces.
Spengler regarde son Mya Norwegica comme une coquille rare
des mers du Nord.
M. Deshayes, qui a vu Poriginal du glycimerts arclica de La-
marck dit, dans sa nouvelle édition de l'ouvrage du célèbre professeur
du Jardin des Plantes, que l'espèce désignée comme une glycimère
est du genre panopée *, et, d’après la phrase caractéristique et les
NB. Il ne faut pas oublier que Spengler placait sa coquille en sens inverse de nous, et
j'ai traduit Spengler en adoptant à sa traduction la manière dont nous placons la coquille par
rapport à l'animal.
2 Deshayes apud Lam. an. sans. vert. tom. VI, pag. 66 et 68, notes.
PANOPÉE DE SPENGLER. 47
courtes explications qui Paccompagnent et l’éclaireissent , il est im-
possible de ne pas admettre l'identité du glycüneris arctica Lam.
avec le zya Nortwegica de Spengler. M. Deshayes partage tout-à-
fait cette opinion.
Lamarck dit que sa glycimère arctique vient de la Mer Blanche ;
voilà donc une seconde autorité pour admettre l’existence de cette
espèce vivante dans les mers du Nord. J'avoue que j'avais besoin de
celte double assertion , car, si je n’avais eu que l'autorité de Spen-
gler, j'aurais beaucoup douté de l'authenticité de cette localité. On
sait que dans le cabinet de Spengler il y en avait plusieurs qui ont
été long-temps et sont même encore regardées comme des coquilles
vivantes. M. Llyell n’a assuré que M. Beck, conservateur du ca-
binet du prince royal de Danemarck, dans lequel sont les individus
de la collection de Spengler, lui a montré le dentalium eburneum,
et que c’est un fossile de nos terrains tertiaires dans un si bon état
de conservation qu’on le prendrait, comme tous les autres individus,
pour une coquille vivante.
J’inclinais à avoir la même pensée pour le z7y7a Norwegica
(Spengler), car cette panopée est tout-à-fait identique, sans aucune
différence, avec des fossiles évidemment de la même espèce qui
abondent dans les marnes de formation très récente des environs de
Palerme.
Je n’ai à ajouter que peu de chose à la description précédente, si ce n’est
que sur les nombreux individus fossiles que j'ai rassemblés, je vois beaucoup
de variations dans les impressions d'attache du manteau, et que les jeunes
individus sont beaucoup plus alongés, car la hauteur n’est que moitié dans
des individus de o-mètre 62 millimètres de long, et qu’elle devient des trois
quarts de la longueur dans des individus de o mètre 95 millimètres, et sur
lesquels on voit encore par les anciennes stries d’accroïssement Les propor-
tions précédentes des jeunes de cette espèce;’et, cependant, dans ces indi-
Arouives pu Muséum, rome I. à
18 PANOPÉE RACCOURCIE.
vidus plus adultes, le bord postérieur devient presque vertical, ce qui rend
la coquille plus large supérieurement et proportionnellement plus longue.
Sur un de ces petits individus je vois des traces du sinus rentrant; il est
large, peu profond, et n’a pas d'impression évidente d'attache de fibres
musculaires. Le sommet de ce sinus dépasse à peine l'insertion musculaire
postérieure. Quoique effacé, on en retrouve des tracessur les grandsindividus,
mais onne le voitquepar reflet. Une autre observation, beaucoup plus impor-
tante en ce qu’elle fixe les caractères du genre dans lequel on doit placer cette
coquille, consiste dans la présence de la dent sous les crochets sur les deux
valves. Cette dent existe-t-elle sur la coquille vivante , lorsque les deux sa-
vans observateurs qui l'ont décrit en nient l'existence? M. Deshayes me pa-
raît avoir résolu ce doute, en affirmant que la coquille de Lamarck examinée
par lui est une panopée.
Un grand individu fossile a été très bien figuré par le D' R. A.
Phillipi et décrit sous le nom de panopæa Bivonæ.
Quoique la. dent cardinale existe sur tous les individus du cabinet
du Roï, il paraît qu’elle manque quelquefois ou qu’elle est difficile à
apercevoir, car M. le D' Phillipi ajoute ces mots à sa caractérisque :
Cardine plerumque edentulo. Je ne vois pas que le savant conchy-
liologiste de Berlin se soit servi du travail de Spengler.
On n’a pas encore trouvé cette espèce vivante dans la Méditerranée.
LA PANOPÉE RACCOURCIE.
(Panopæa abbreviata, Nob.)
PI. VI, fig. 1, aet b.
M. D'Orbigny a aussi trouvé sur les côtes de Patagonie une nou-
velle espèce de panopée qui se distingue entre toutes les autres par
ses formes raccourcies.
La hauteur est de plus des trois quarts de la longueur; le bord inférieur
PANOPÉE ZÉLANDAISE, 19
est arrondi, convexe dans le milieu, ce qui augmente encore à l'œil la briè-
veté de la coquille. La portion antérieure du bord supérieur, un peu plus
longue que la postérieure, est généralement droite, mais elle devient quel-
quefois irrégulière et même s'incline beaucoup vers le bas. L’angle antérieur
et tout le bord qui en descend sont arrondis; le bord postérieur est sinueux,
concave, et prouve que la coquille est très bäillante. Tout près de ce bord
est l'impression musculaire postérieure qui est ovale, oblongue, et donne
ensuite un long ruban faisant d’abord un smus rentrant assez large et pro-
fond , surtout par rapport à la brièveté de la coquille.
La callosité de la nymphe est grosse et saillante, mais peu alongée; la
dent est oblique et grosse, la fossette qui la reçoit est triangulaire et peu
profonde. A l'extérieur la coquille est marquée de nombreuses stries d’ac-
croissement ; elle est d’un beau blanc.
On peut juger par la minceur du limbe, par le grand bäillement
des deux extrémités, que l'animal est gros et épais, que sa tronca-
ture antérieure est peu forte, que le pied est mince, mais que du
côté postérieur les syphons formaient un tube très gros, du moins à
sa base, assez long, mais assez peu rétractile.
La plus grande des deux coquilles que M. D’Orbigny a déposées
dans le cabinet du roi a o mètre 70 millimètres de long, et o mètre
56 millimètres de haut.
La PANOPÉE ZÉLANDAISE.
(Panopæa Zelandica, Q.)
PI. IE, fig. 2, a et b.
Nous voyons aussi les panopées habiter les mers australes de
l’Inde. MM. Quoy et Gaimard ont rapporté de la Nouvelle-Zélande
une panopée que l’on trouve figurée pl. 83, fig. 7-9, de l'Atlas
des mollusques de l'Astrolabe.
20 PANOPÉE DE DESHAYES.
Elle diffère essentiellement par les formes de celle que nous venons de
décrire. Son ovale est plus régulier, le côté antérieur est plus court et des-
cend plus rapidement et plus obliquement vers le bord arrondi de ce côté.
Le postérieur est de même plus oblique et n'a pas de sinus derrière la
nymphe; ce bord, qui est arrondi, est excavé, ce qui rend la coquille
très büllante, et ce qui montre qu'un tube très gros sortait par cette ou
verture.
L'impression musculaire antérieure est seule un pen apparente, la posté
rieure est très fable; on ne peut distinguer l’impression palléale du limbe ,
on ne voit pas non plus de trace de muscle circulaire autour de ce limbe.
La dent de la valve droite est conique, assez forte, et laisse derrière elle
une petite fossette suivie de la nymphe qui est courte et donne attache à un
ligament peu épais.
La couleur est blanche et uniforme.
Le seul individu que nous avons vu est long de o mètre 83 milli-
mètres et haut de o mètre 8 millimètres. Les naturalistes l'ont
trouvé mort sur la plage.
Après ces espèces vivant aujourd’hui dans les différentes mers
du globe, je vais en faire connaitre quelques autres qui ne se sont
encore montrées aux naturalistes que parmi nos dépôts tertiaires.
On en voit même descendre une espèce jusque dans la craie.
LA PANOPÉE DE DESHAYESs.
(Panopæœa Deshaysü, Nob.)
PI. IV, fig. 2,aet b.
M. Deshayes' a trouvé dans le calcaire grossier de Chaumont, dé-
! Corbula dubia, Desh. Foss. Paris, pag. 59, n° 21, pl. IX, fig. 13 et 14.
PANOPÉE DE DESHAYES. 24
partementi de l'Oise, une panopée fossile fort intéressante, et dont
_nous pouvons parler, grace à la complaisance qu'il a eue de nous
en communiquer un individu.
Cette coquille, de forme elliptique, assez régulière, est très semblable à la
Lutraire solenoïde (Lutraria solenoïides, Lam.), mais elle n’a aucun des ca-
ractères génériques de cette coquille.
Le côté antérieur et supérieur est rectligne, puis il s’arrondit pour re-
joindre le bord inférieur de la coquille, sans faire de sinuosité, ce qui prouve
que dans ce fossile le manteau de l'animal n’avait pas cette grande épaisseur
que nous trouvons sur la plupart des autres espèces. Le côté postérieur est
également droit, deux ou trois fois plus long que l’autre. Il se continue en
s’arrondissant un peu, mais en s'évasant beaucoup, ce qui montre que l'ani-
mal avait des tubes saillans assez gros. La nymphe est courte, peu épaisse ;
la dent est haute, comprimée d’avant en arrière; la fossette qui la sépare de
la nymphe est petite et triangulaire. Sur l’autre valve, à en juger par la trace
qu'elle a laissée, la dent était de même assez mince, mais la fossette qui la
précède est beaucoup plus large.
L'impression palléale est assez rugueuse et grande; le limbe est lisse et
droit. L'impression musculaire antérieure est en ovale alongé et étroite; la
postérieure est plus arrondie et plus large ; cependant le muscle postérieur
était moins épais que l'antérieur. Entre le limbe et l'impression palléale on
voit une bandelette étroite et parallèle au bord, ce qui prouve que Panimal
adhérait encore par cette attache à la coquille. Le sinus rentrant que laisse
l'attache du muscle rétracteur des tubes est très profond. Il atteint au-delà
de la moitié de la longueur de la coquille. Cette proportion est double de la
hauteur de la valve, et l'épaisseur des deux valves rapprochées n’en est guère
que le tiers.
A l'extérieur on remarque que les crochets sont très saillans et recourbés
sur eux-mêmes ; que la coquille est chargée de rides correspondantes aux
stries d’accroissement, mais près des nates il y a des rides qui paraissent
plus indépendantes de ces stries.
J'ai lieu de croire que cette panopée avait des tubes moins gros
22 PANOPÉE DE BASTEROT,
et plus faciles à cacher dans le test que les espèces vivantes connues
jusqu'ici, parce que la grandeur de l’impression du muscle rétrac-
teur du tube laissait plus de jeu à ces organes. Cette induction se dé-
duit de ce que les myes vivantes nous montrent.
L'individu que M. Deshayes m’a prêté a o mètre 90 millimètres
de long.
C’est bien certainement la corbule douteuse (corbula dubia) de
cet auteur. L’épithète qui convenait quand M. Deshayes a placé cette
coquille dans le genre des corbules ne pent être conservée quand on
la place dans le genre des panopées, c’est ce qui nous a forcé de
changer le nom spécifique que M. Deshayes a donné à cette espèce,
et que nous nous serions fait un devoir de garder. L'espèce est
indiquée dans le bel ouvrage que nous citons, origmaire de Rétheuil,
entre Compiègne et Soissons.
Je regarde encore comme de cette espèce le 7z2ya intermedia que
Sowerby a figuré deux fois, lune pl. 76, mais dont il a donné
ensuite pl. 410, fig. 2, un second dessin, qui est trés correct.
Quant à son »7ya plicala représenté sur la même planche 419,
fig. 5, je pense qu'il doit encore rentrer dans cette espèce, quoique
le côté postérieur paraisse plus tronqué.
LA PANOPÉE DE BASTEROT.
(Panopæa Basteroti, Nob.)
PI. VI, fig. 2, a et b.
Les sables coquillers des environs de Bordeaux ont aussi leur pa-
nopée, qui est plus alongée et plus étroite de l’arrière que celle de
nos environs de Paris.
PANOPÉE DE BASTEROT. 23
Je la trouve mentionnée dans le mémoire : de M. Basterot sur les
bassins du sud-ouest de la France. Il n’en a vu que des fragmens in-
complets, ce qui l’a empêché d’en reconnaitre l’espèce, aussi il Pa
confondue avec celles de Ptalie. Les individus en bon état que je
possède me permettent d’en fixer les caractères par la description
suivante :
La hauteur du côté antérieur fait un peu plus que la moitié de la longueur,
tandis que celle du côté postérieur est contenue deux fois et demie dans
cette même longueur. Le côté antérieur est rectiligne, mince, et se con-
tourne par un angle très arrondi pour descendre vers le côté inférieur; La
distance du crochet au bord antérieur est contenue un peu plus que deux
fois et demie, mais moins que deux fois et un tiers dans l’autre distance
prise du crochet au côté postérieur. Le côté postérieur est un peu sinueux
et concave , et le côté de la coquille s'avance et contribue à l’alonger ainsi.
La nymphe est petite et peu saillante. On retrouve presque toujours sur
ces individus le ligament bien conservé et réduit à un état crétacé très
friable. La fossette qui sépare la nymphe de la dent est petite, et celle-ci
est élevée, comprimée, tranchante et placée comme en travers sur la char—
nière.
L'impression musculaire antérieure est ovale, régulière , peu profonde ;
Vattache du bord du manteau laisse une trace étroite, smueuse, qui fait en
arrière un sinus rentrant beaucoup plus profond que dans aucune autre es-
pèce connue; car le sommet de cet angle atteint jusque sous le crochet.
L'impression postérieure est ronde et plus petite que l’antérieure.
A l'extérieur, cette coquille paraît bombée, surtout de l’avant; ses rides
d’accroissement sont très marquées et souvent relevées. La couleur de ces
fossiles est uniforme et jaunâtre ; souvent prenant une teinte d’oxide de fer
très marquée.
Les individus que possède le Museum d'histoire naturelle sont
* Bast Mém. sur les fossiles de Bordeaux. Soc. d'hist. nat. de Paris, tom. I], p. 95.
24 PANOPÉE DE RUDOLPHI,
dus à la complaisance éclairée de madame L. Baour, qui a bien
voulu faire faire, pour notre établissement, des fouilles dans sa
propriété de Merignac, et en envoyer des individus bien con-
servés parmi un grand nombre d’autres fossiles dont cette dame
a eu la bonté d'enrichir nos collections. Maïs jen ai vu de beau-
coup plus grands dans la collection de M. Deshayes; ils ont
plus de © m. 150 millimètres de long.
LA PanoPée pe Rupozrut.
(Panopæa Rudolphii, Eichw.)
PI. V, fig.1, a et b:
M. Dubois de Montperreux a rapporté des sables de Szuskowcee,
en Wolhynie, une panopée qu'il a cru aussi être de la même es-
pèce que celle décrite par M. Ménard. Mais il est facile de se con-
vaincre de leur différence spécifique en la comparant à celles que
nous avons déja réunies dans le cabinet du Roi.
J'ai pu faire cette comparaison parce que M. Dubois a eu lPex-
trême obligeance de n’envoyer de Neufchâtel, à la prière de notre
ami commun, M. Agassiz, l'espèce qu'il a trouvée. Je le prie de re-
cevoir ici les expressions de ma vive reconnaissance pour le service
qu'il a rendu à mon travail.
Elle est beaucoup plus large et plus arrondie de l'avant que notre panopée
de Basterot.
La longueur du côté antérieur n’est que de la moitié de celle du côté
postérieur. Le bord est épais et renflé, et forme une gouttière sensible sous
le côté antérieur, Le nates est recourbé, peu bombé, et la pointe est dirigée
en avant. L'impression musculaire antérieure est ovale, peu enfoncée, et se
continue en un ruban flexueux et découpé en festons mégaux et irréguliers
PANOPÉE DE RUDOLPHI. 25
du côté du limbe. L'impression palléale lisse, mais épaisse, est relevée en saillie
sur le limbe.
La nymphe est une grosse et forte callosité, ayant à peu près le cinquième
de la longueur du côté postérieur. La fossette qui la sépare de la dent fixée
sur l'extrémité du côté antérieur, sous le natès, est large et profonde.
La dent cardinale était cassée, il est probable qu’elle était assez haute, à en
juger du moins par la nature de læ-fossette qui devait la recevoir, mais la
trace de sa base ne fait pas croire qu’elle fut très épaisse. La gouttière dont
j'ai parlé sur l’autre côté existe aussi sur celui-ci. L'impression musculaire
postérieure est arrondie, assez bien marquée, et se continue en un petit ru
ban étroit qui va rejoindre celui qui est tracé autour du limbe par le muscle
d'attache du manteau. Le sinus rentrant qu'il forme est étroit, à sommet
pointu, et très rapproché de l'impression qui longe le limbe. Ce limbe est
lisse, épais vers le bord. Le bord antérieur est tronqué obliquement, mais peu
sinueux, ce qui doit faire croire que la coquille était peu bäillante ; le peu de
largeur du eôté postérieur et la profondeur du sinus montre que le tube était
étroit mais assez long.
Le dessus de la coquille est lisse et même assez luisant, quoique l’on voie
de très nombreuses stries d’accroissement serrées et parallèles au bord.
La coquille que je viens de décrire à o mètre 115 mill. de lon-
gueur et o m. 92 mill. de hauteur antérieurement, et seulement
o m. 42 mill. par le travers du muscle postérieur.
M. Dubois de Montperreux l’a décrite dans sa Conchyologie fos-
sile du plateau Wolhynie-Podolien, p. 51, et en a donné une figure
pl. IV, fig. 1, 2, 3, 4. M. Dubois, qui la considérait comme de la
même espèce que la panopée Faujas, remarquait déja que le côté anté-
rieur de la coquille est plus arrondi. Il faut noter ici que cette espèce
n’est pas identique avec celle figurée à la pl. 602 de l'ouvrage de
Sowerby.
Je vois dans ce travail que M. Eichwald, dans son ouvrage sur le
même sujet, avait trouvé cette panopée qu’il publia comme une es-
Anrcnives pu Muséum, rome I. 4
26 PANOPÉE RÉFLÉCHIE.
pèce distincte dédiée par lui au célèbre professeur de Berlin dont
les sciences anatomiques regrettent la perte, M. Rudolphi. Je me suis
empressé de conserver le nom spécifique.
LA PANOPÉE RÉFLÉCHIE.
(Panopæa reflexa, Say.)
Les formations tertiaires de l'Amérique septentrionale contiennent
aussi des panopées. Le cabinet du Roi, comme je V’ai dit plus haut,
possède un très bel exemplaire d’une espèce décrite et figurée par
M. Say, et qui y a été déposé par notre savant confrère M. Alex.
Brongniart : j'en ai vu un autre plus petit dans les collections de
M. Deshayes qui a bien voulu aussi me le communiquer.
Elle à été nommée par M. Say Panopæa reflexa.
Elle est très remarquable par son raccourcissement, par sa largeur du
côté antérieur et son épaisseur sous les crochets; dans cette espèce, la plus
grande hauteur est sur le côté antérieur et fait les deux tiers de la longueur
de la coquille; celle du côté postérieur n’est que la moitié de la longueur.
Le bord antérieur et supérieur est convexe en dessus, et, de l’autre côté du
crochet, il devient, au contraire, concave, ce qui donne au côté supérieur
de la coquille une double courbure en w que nous n’observons dans aucune
autre espèce. La nymphe est courte, épaisse, saillante. La fossette est pro-
fonde, mais peu large; la dent est haute, comprimée, pointue et crochue à son
extrémité, et située comme en travers, mais obliquement, sur la charnière.
Le bord antérieur et l'inférieur sont arrondis et réguliers; l'impression mus-
culaire antérieure est haute, étroite, pointue en haut, arrondie en bas.
L'impression de l’attache du manteau est assez large et fait un sinus rentrant
assez ouvert, mais assez profond, si on le compare au raccourcissement de
la coquille. L’impression musculaire postérieure est petite et ronde.
A l'extérieur les stries d’accroissement sont fortement marquées; la cou-
leur est d’un gris rougeâtre.
PANOPÉE DE SOWERBY. 27
Je vois que M. Deshayes à reçu de la Virginie l'individu qu'il n’a
communiqué. Il a o mètre 95 millimètres de longueur; mais
M. Th. Say en avait vu de plus grands dans la collection qui a fait le
sujet du mémoire" où il a fait connaître cette espèce. Il leur donne
de cinq à sept pouces. Sa figure représente d’ailleurs une coquille
plus semblable aux formes ordinaires des autres panopées. Le côté
postérieur étant proportionnellement plus long, le bord supérieur
moins contourné , le côté antérieur est toujours plus arrondi, plus
régulier : ce fossile vient du Maryland. La coquille du cabinet, qui
est longue de o mètre 120 millimètres, ressemble plus à la figure
donnée par M. Say que celle possédée par M. Deshayes; afin de
mettre les zoologistes à même d’en connaître les variations de forme,
j'ai fait figurer cette dernière variété.
LA PANOPÉE DE SOWERBY.
(Panopæa Sowerbyi.)
Je crois que l’on doit encore regarder comme étant d’une espèce
distincte la panopée décrite par Sowerby, tom. VI, p. 212, sous le
nom de panopée Faujas et dont il a donné une figure à la pl. 602,
fig. 1 et 2. Il n’en a malheureusement que des individus plus ou
moins frustes; mais on voit sur la figure supérieure de cette planche
que
La coquille devait être courte et haute, que le côté antérieur est arrondi
et très court, que le postérieur descend plus obliquement, et que la coquille
devait être moïns bâillante de ce côté.
Cette panopée de la formation du London-clay est bien certaine-
! Th. Say, Journ. soc. phil. tom. IV, pag. 153, pl. XIII, fig. 4.
28 PANOPÉE ABRUPTE.
ment distincte de la panopée Faujas. Elle ressemble le plus à celle
que nous avons décrite sous le nom de Panopæa Deshaysü, et qui
vient du calcaire grossier de Chaumont.
Quant aux fragments que M. Sowerby a figurés sur la même
planche et qui viennent du crag d’Ipswich, ils ne sont certainement
pas de l'espèce de la panopée Faujas, ni les mêmes que celles du
London-clay qu’il représente sur cette planche.
La saillie de la nymphe et la concavité de son bord sufliraient pour
la caractériser; quand on aura des individus entiers, on trouvera
certainement des caractères qui établiront l’espèce que je propose de
nommer en attendant Panopæa Ipswisiensis.
LA PANOPÉE ABRUPTE.
(Panopæa abrupta, Deshayes.)
Quoique je n’aie pas vu cette coquille, je me range assez volon-
tiers de l’avis de M. Deshayes qui a donné, dans la nouvelle édition
de Lamarck, comme une panopée, le pholadomya abrupla de
Conrad.
Cette coquille oblongue, comprimée, a le côté antérieur arrondi, plus
long que le postérieur et quatre à cinq côtes longitudinales divergentes en
. dessus. On ne voit pas sur la figure le sinus rentrant de l'impression palléale,
caractère qui est pour nous d’une grande importance; mais le reste de l'inser-
tion du manteau semble justifier encore le rapprochement que nous faisons d’a-
près la forme générale de la coquille. Je trouve cependant la nymphe bien
peu saillante, pas de trace de dents, et les côtes saillantes sur le test sont, il
faut l'avouer, une anomalie dans ce genre.
* Fossils Shells of the tertiary formations of North America, vol. I, n° 2, tab. 12.
PANOPÉE NACRÉF. 29
Ce fossile vient des couches supérieures des formations tertiaires
des environs de Yorck-Town ; je ne le connais dans aucune collec-
üon de Paris.
La PANOPÉE NACRÉE.
(Panopæa margarilacea, Nob.—Glycimeris margaritacea, Vam.)
PI. V, fig. 2, a et b.
Je crois devoir aussi ranger parmi les panopées la coquille fossile
de Grignon, dont M. de Lamarck a fait sa glycimère nacrée”’. Bien
que cette épithète ne traduise pas le caractère le plus saillant de cette
espèce, je la lui conserverai pour ne pas introduire encore un
nom nouveau.
C'est une coquille bivalve dont les deux côtés sont à peu près réguliers et
égaux. Elle est plus étroite de l’avant que de l'arrière, qui est coupé carré-
ment. Le crochet est court, mais assez bombé; le bord supérieur est mince ;
au-delà du crochet est une nymphe assez saïllante, mais courte; au-devant de
laquelle est une petite fossette qui se prolonge en un sillon très peu senti sous
la nymphe; en avant de la fossette et sous le crochet on voit, en y regardant
avec soin, un petit tubercule odontoïde qui me semble compléter l'appareil
de la charnière d’une panopée. Je ne puis voir l'impression musculaire anté—
rieure. Cette partie de la coquille a été cassée; mais l’impression de Pattache
palléale forme un ruban mince, bien marqué, parallèle au bord, et telle-
ment large par rapport à la coquille, que l'on peut dire qu’elle est plus forte-
ment adhérente à l'animal que nos grandes espèces. Le sinus rentrant est
large , haut et profond; il atteint jusqu'à la moitié de la longueur du test.
L'impression musculaire postérieure est arrondie, et, au-dessus d’elle et
sur chaque valve, il existe une crète calcaire tellement symétrique et sem—
! Lam. An. sans vert, tom. VI, pag.
30 PANOPÉE NACRÉE.
blable sur les deux, que je ne puis douter qu'elles ne soient aussi caracté-
ristiques de l'espèce. La coquille est fortement bäillante postérieurement.
A l'extérieur le test est finement granuleux. Ses stries d’accroissement sont
très marquées.
Le brillant nacré de l'intérieur est en effet fort remarquable dans cette
coquille.
En étudiant cette espèce sous tous les rapports que je viens de
signaler, on voit qu’elle n’offre pas les caractères des glycimères, et
surtout que l’animal avait un long syphon comme les myes et les
panopées, et devait plus leur ressembler qu’à la glycimère, qui ne
laisse point d'impression sinueuse sur son test.
M. Deshayes, à qui j'ai communiqué ces observations, partage
tout-à-fait cette opinion, quoique, d’après l'examen d’un seul frag-
ment de valve, il' ait regardé cette glycimère nacrée comme éta-
blie sur une valve intérieure de clavagelle.
En examinant aussi, sous cet autre point de vue, ce que Lamarck
avait à sa disposition, on ne peut douter que sa coquille ne fût com-
posée de deux valves symétriques et libres ; ce qui léloigne tout-à-
fait des clavagelles.
Cest en écrivant d’après les idées énoncées dans la seconde
édition de Lamarck, que M. Caillat, professeur à l’Institut agricole
de Grignon , a publié cette même espèce comme une clavagelle, à
laquelle il a donné le nom de clavagelle de Louise (clavagella Lo-
doiska) *. On voit qu'il s'est trompé dans le genre et dans l'espèce,
car il n’a pas reconnu dans sa coquille la glycimère nacrée de La-
marck.
Lamarck n'indique que o mètre 30 pour la longueur de sa co-
! Deshayes, apud Lam. ani. sans vert, 2° édit. tom. VI, pag. 68, note.
* Descript. coq. foss. de Grignon, Ann. soc. des scienc. de Seine-et-Oise, pl. IX, fig. 9.
PANOPÉE SUBSINUEUSE. —— PANOPÉE D'AGASSIZ. 34
quille, mais le fait est qu’elle en a 0,054. Je n'ai vu que le seul
individu décrit par ce savant.
LA PANOPÉE SUBSINUEUSE.
(Panopæa subsinuosa, Nob.)
Les espèces fossiles que nous venons de mentionner se sont mon-
trées depuis les couches les plus récentes du calcaire grossier jusque
dans celles plus inférieures de Chaumont. Mais nous les voyons
descendre encore plus bas dans nos formations tertiaires; car on
trouve dans la craie des moules qui ont évidemment été formés
dans l'intérieur de la panopée dont le test a été détruit.
M. Deshayes nous a communiqué une de ces empreintes des environs de
Tours. On peut juger que le côté antérieur était court et tronqué, que l’im-
pression musculaire était plus basse que dans les autres espèces. Le côté
postérieur plus alongé, le muscle de ce côté plus petit, et le sinus rentrant
de l'impression palléale est ici nul ou, du moins, réduit à une simple si-
nuosité peu profonde. Le limbe n’est pas très large; le bord supérieur est
droit; les crochets sont peu saillants; la profondeur de la fosse qui les sépare
me fait penser que les dents de la charnière étaient grandes.
Ce moule a o mètre 116 millimètres de longueur, et o mètre
81 millimètres de hauteur.
LA PANOPÉE D'AGASsIZ.
(Panopœa Agassizi, Nob.)
Les molasses de la Suisse ont aussi leurs panopées ; car il est im-
possible de méconnaitre le genre auquel on doit rapporter les mou-
les de cette formation que nous allons décrire.
32 PANGPÉE D'AGASSIZ.
Sur les individus bien conservés que j'ai examinés, je trouve que la hauteur:
surpasse de beaucoup la moitié de la longueur ; que l'épaisseur est moindre que
la moitié, mais plus forte quele tiers de cettemême longueur totale. Les natès
sont saillants et bombés. Le côté antérieur est court, arrondi et peu bäillant ;
le côté inférieur est sinueux ; le postérieur est arrondi, et relevé vers les natès
et replié en dehors. De ce côté la coquille était très bäillante, ce qui devait dé-
pendre de la grosseur de la base des tubes. Les deux impressions musculaires
sont peu marquées, et celle de l’attache du limbe l’est davantage. Le sinus est
en angle rentrant, peu profond, mais placé plus haut que dans les autres es—
pèces de panopées.
La longueur de nos individus varie depuis o m. 80 mill. jusqu’à
0 m. 150 mill. Ces moules faisaient partie de la belle collection de
coquilles de M. le baron de Férussac et dont le ministre de l’instruc-
tion publique, M. Salvandy, a enrichi le Muséum d'histoire natu-
relle. C’est M. Studer de Berne qui les avait envoyés à M. de Fé-
r'ussac.
Si l’on veut rapporter à quelques espèces de panopées le moule
liguré par Sowerby, pl. 42, sous le nom de Lutraria gibbosa, il
me parait qu'il se rapproche le plus de cette espèce.
En résumant ce travail sur les panopées, on voit que ce genre se
compose aujourd’hui de quinze espèces, dont quatre vivent dans nos
mers, et peut-être même cinq, si nous nous sommes pas trompé sur
la Panopæa Spengleri, et de dix espèces fossiles, dont deux sont seu-
lement connues par les moules de leur coquille. Parmi celles-ci, une
d'elles, la panopée d’Aldrovande, se montre déja fossile dans les cou-
ches supérieures du calcaire quaternaire de la Sicile. La panopée de
Spengler offrirait la même identité, mais les autres sont des espèces
PANOPÆA, 33
distinctes de celles qui vivent actuellement sur le globe ;- on peut
présenter le synopsis de ce genre de la manière suivante :
PANOPÆA.
Animal tubis longis, in unico syphone coalitis, munitum. Pallium clausum
crassum, antice truncatum, et in medio, pro emissione pedis, apertum. Pes
brevis compressus.
Testa æquivalvis, transversa, antice et postice inæqualiter hians. Dens
cardinalis unicus, conieus in utraque valva. Fossula denti opposita. Nympha
callosa compressa, ascendens non exserla. Ligamentum externum nymphis
affixum. Impressio palli lata elongata musculosa. Sinus palliaris plus vel
mious profundus.
1. Pañopæa ALprOvANDI, Tesla mazxima, ovato-oblonga, utrinque valde
hiante; latere antico breviori, oblique truncato, postico latiori; sinu
palliarti lato, parum intrante.
Chama glycimeris Aldr. de exang., p. 473 et 474.
Lister. conch., tab. 414, fig. 258.
Chemnitz, tom. VI, p. 33, tab. 3, fig. 25.
Mya glycimeris. Spengler, Mem. Copenh., vol. ILE, p. 43.
Mya glycimeris Gmel.
Ménard, Ann. mus., tom. IX, p. 131, n.1.
Lam., Anim. sans vert., 1®édit. VI, p.457, et Lam. Desh., 2% édit, VI,
p. 67.
Blainv., Malac., pl. 80, fig. 2.
Phillipi, Enum. moll. Sicil., p. 7, pl. I, fig. 2.
Habitat in mari Mediterraneo ad oras Siciliæ prope Panornum ; et fos-
sis in Sicilia.
Ancmves pu Muséux, rome I. 5
34 PANOPÆA.
9. PANOPÆA AUSTRALIS, Testa maxima, ovato-oblonga, utrinque valde
hiante, latere antico latiori, postico coarctato; sinu palliari subacuto
et angusto.
Sow., Gen. of shells, pl. 40, fig. 2.
Habitat ad oras Natalienses Africæ australis.
3. PanoPÆA Fausastr, Testa maxima, oblonga, utrinque parum hiante,
antice subgibbosula; sinu palliari lato parum intrante.
Ménard, Ann. mus., tom. IX, p.131, n. 2, pl. XII.
Philipi, Enum. moll. Siail., p. 7, pl. 11, fig. 3.
Mya panopæa. Brocchi conch. subapp. 11, p. 532, n. 4.
Habitat . . .. fossilis in Italia.
4. PaNopEA SPENGLERI, Testa parva, solida, corrugata, antice truncata,
impressione palliart interrupta ; sinu magno, parum profundo.
Mya norwegica. Spengler, Act. soc. d’hist. nat. Copenh., p. 46, pl. I,
fig. 18.
Glycimeris arctica Lam., 1" édit. VI, p. 458, n. 2, et Lam. Desh.,
2" édit. VI, p. 68, note.
Panopæa Bivonæ. Phill., Enum. moll. Sicil., p. 8, pl. IT, fig. 41.
Habitat in oceano septentrionali, Spenglero teste, et fossilis in argilla
prope Panornum.
D. PaNoPÆA ABBREVIATA , Testa parva, solida , subplicata , candida ; valde
ablreviata et hiante, sinu palliari lato et profundo.
Habitat ad oras Americæ australis, prope Patagoniam.
PANOPÆA. 35
6. Panopæa Zecanpica, Testa parva, læviuscula, ovata, candida ; sinu
palliart obsoleto, subprofundo.
Quoy, Astrol. mollus., pl. 83, fig. 7-9.
Habitat in mari ad novam Zelandiam.
7. Pavoræa Desnaysur, Testa lævr, ovata, parum hiante ; sinu pailiart im-
presso profundo.
Corbula dubia Deshayes, Foss. par., p. 59, pl. IX, fig. 13-14.
Mya intermedia Sow., pl. 76 et 419, fig. 2.
Mya plicata ? Sow., pl. 419, fig. 5.
Habitat . . . fossilis in Gallia, prope Calvimontium, et in Anglia.
8. Panoræa Basreroni. Testa lævi, elongata, ovata, postice angusliort; sinu
palliari valde profundo.
Panopæa Faujasü. Bast., Mém. foss. de Bordeaux. Ann. soc. hist. Par.
tom. II, p. 95.
Habitat . . . fossilis in Gallia, prope Burdigalam.
9. Panopæa Rupozrmir. Testa subcrassa, elongata ovaia, postice angus-
tiori, sinu palliari magno, subprofundo.
Eichwald, p. 204.
Panopæa Faujasüi. Dubois de Montpereux, Foss. Wolh. Pod., p. 51,
pl. IV, fig. 1, 2, 3, 4.
Habitat . .…. fossilis in Wolhynia, prope Szuskowce.
10. PANOPæA REFLEXA. Testa transversa ovata, antice latiort; margine
posteriort sinuoso et reflexo; sinu palliari lato, profurdo.
Say. Journ. soc. phil., tom. IV, p. 155, pl. XIIT, fig. 4.
Habitat . . . fossilis in America septentrionali ad Virginiam et Maryland.
36 PANOPÆA.
11. Panoræa Sowergyi, Testa lœvr, fragih, transversim sulcata; margine
declivr, et ad nates angulato.
Panopæa Faujasii. Sowerby, 406, fig. 1 et 2.
Habitat . . . fossilis in Anglia.
11. Panoræa IPwisiciensis, Testa . ... nymphus crassis, marginem versus
COnCapis.
Sowerby, pl. 406, fig. 3 et 4.
Habitat . . . fossilis in Anglia.
12. PaNoPÆa ABrurra, Testa compressa oblonga, antice rotundata; costis
quatuor vel quinque munita.
Pholadomya abrupta. Conrad, Shelles of tert. form of. North Amer.
vol. I, tab. 192.
Habitat . . . fossilis in America septentrionali.
13. PANOPÆA MARGARITACEA. Testa minima, fragili, margaritacea , intus
carinata ; sinu palliari lato et profundo.
Glycimeris margaritacea , Lam.
Clavagella Lodoiska. Caillat, Ann. se. Seine-et-Oise, pl. IX, fig. 9.
Habitat... fossilis in Gallia, prope Grignon.
14. PanoPÆA AGassizi. Testa... latere antico rotundo, parum hiante,
margine posteriort reflexo et aperto.
Habitat . . . fossilis in Helvetia.
15. PANOPÆA SUBSINUOSA. Testa. . . latere antico abbreviato aique truncato,
sinu palliari fere nullo.
Habitat . .… fossilis in Gallia, prope Turones.
SR 9
»
EXPLICATION DES PLANCHES.
—#r O8 de——
PI. I, fig. 1. L'animal de la panopée australe, vu par le côté, renfermé dans sa
coquille, et avec le syphon. Moitié de grandeur naturelle.
Fig. 2. Le même, vu par le dos. Moitié de grandeur naturelle.
Fig. 3. Le même, vu par le côté inférieur et montrant le trou « du man-
teau par où sort le pied. Moitié de grandeur naturelle.
PI. IT, fig. 1. L’animal retiré de sa coquille et vu de profil, montrant les muscles
d'attache antérieur &, et postérieur D, le muscle palléal c c, le sinus ren-
trant d, eele limbe; f fles lames cornées qui se confondent sur la coquille
avec le drap marin.
Fig, 2. L'animal vu par le dos, montrant ses muscles d’attache a a b b,
la languette cornée c qui va rejoindre le ligament, et d les lobules charnues
de la charnière.
Fig. 5. L'animal vu par le côté inférieur, pour montrer la grandeur des
lames cornées ff, leurs raphés médiaux et le trou du passage du pied g.
Fig. 4. L'animal vu par le côté antérieur, pour montrer la largeur du
disque charnu À À du manteau percé au centre pour le passage du pied g.
Fig. 5. L'animal mis sur le dos, et ouvert pour monirer les organes in-
ternes : : la bouche, Bses palpes labiaux, y les feuillets branchiaux , 9 le
trou du syphon qui ramène l’eau aux branchies; € : la masse des intestins et
du foie dans leur tunique restée intacte; g le pied ; 6 les pores génitaux.
Fig. 6. L'ouverture de la bouche de grandeur naturelle, pour faire voir
sa lèvre festonnée, ses palpes labiaux, et l'insertion de la branchie externe
entre les palpes.
PI. HT, fig. 1, La panopée australe, Parnopæa australis ; a côté externe, b côté in-
terne de la valve droite.
Fig. 2. La panopée zélandaise, Panopæa zelandica, a côté externe, b côté
interne de la valve droite.
38 EXPLICATION DES PLANCHES.
PI. IV, fig. 1. Panopée d’Aldrovande, Panopæa Aldrovandi; a côté externe, b
côté interne de la valve droite.
Fig. 2. La panopée de Deshayes, Panopæa Deshaysü; a côté externe,
b côté interne de la valve droite.
PI. V, fig. 1. La panopée de Rudolphi, Pazopæa Rudolphii; a côté externe,
b côté interne de la valve droite.
Fig. 2. Panopée nacrée, Panopæa margaritacea; a côté externe, b côté
interne de la valve droite.
Fig. 3. Panopée de Spengler, Panopæa Spengleri ; a côlé externe, b côté
interne de la valve droite.
PI. VI, fig. 1. Panopée raccourcie, Panopæa abbreviala; a côté externe , b côté
interne de la valve droite.
Fig. 2. Panopée de Basterot, Panopæa Basteroti; a côté externe, b côté
interne de la valve droite.
Fig. 5. Panopée réfléchie, Panopæa reflexa; a côté externe, b côté in-
terne de la valve droite.
RECHERCHES
SUR LA TEINTURE,
Par M. CHEVREUL.
DEUXIÈME MEMOIRE :.
Dr PROPORTIONS D'EAU QUE LES ÉTOFFES ABSORBENT DANS DES ATMOSPHÈRES A 65°, 75°, 80°
(l
ET 100° DE L'HYGROMÈTRE DE SAUSSURE.
Lu à l’Académie des Sciences, le 21 mars 1836.
—"1H C3 t———-
Avant de chercher à reconnaître la quantité d’eau à l’état de
vapeur que prennent, dans des atmosphères à divers degrés de
l'hygromètre de Saussure, des étofles préalablement desséchées,
je fis différents essais, afin de constater le procédé le plus con-
venable pour dessécher les étoffes aussi bien que possible. Celui
auquel j'ai donné la préférence est le suivant:
Jintroduis dans un tube courbé de 0",03 de diamètre des
quantités d’étofle qui n’excèdent pas 3°”,5, et qui ne sont pas
au-dessous de 0""”,43; la partie courbe du tube où se trouvent
les étoffes plonge dans un bain d'huile dont la température est
maintenue pendant trois heures à 120° centigrades. Les deux
branches du tube communiquent chacune avec un tube de verre
droit rempli des fragments de chlorure de calcium. L'un des tubes
Le premier mémoire de ces Recherches sur la teinture a été publié dans les Nouvelles
Aunales du Muséum, t. IV, p. 409.
40 RECHERCHES
droits, d’un mètre de longueur, reçoit, d’un soufflet à pédale, de
l'air qui arrive sec dans le tube courbé, tandis que l'autre tube
droit, de 0",200 de longueur, permet à l'air qui a passé sur les
étofles de s’écouler dans Patmosphère, après qu'il a soulevé quel-
ques millimètres de mercure. Les étoffes, une fois séchées, sont
tirées rapidement du tube et renfermées aussitôt dans une capsule
de verre mince, qui est fermée hermétiquement au moyen d’une
glace dépolie. C’est dans cet état qu'on les pèse par substitution,
avec une excellente balance de Fortin.
En répétant la dessiccation à la même température, et durant
le même temps, dans un tube où le vide était fait et maintenu, et
où une quantité suflisante de chlorure de calcium absorbait toute
la vapeur d’eau qui pouvait se dégager des étoffes, je n’ai point ob-
tenu une dessiccation plus forte que par le procédé précédent; et
il y a plus, c’est que, pour peu que les étoffes soient un peu pres-
sées, la dessiccation ne s’en fait pas aussi bien que si elles étaient
exposées à 100 degrés dans une capsule où l'air se renouvellerait,
même lentement.
Je fais observer qu'ayant prolongé la durée de l'opération jusqu’à
cinq heures, je n’ai pas obtenu une dessiccation plus forte que celle
qui résultait d’un séjour des étoffes de trois heures dans le tube.
Enfin, je n’ai pas eu de différence notable, 1° en exposant d’abord
les étoffes dans des atmosphères humides etles séchant ensuite ; 2° en
desséchant d’abord les étoffes, puis les exposant dans des atmo-
sphères humides.
Je dépose sur le bureau de l’Académie un tableau renfermant
les résultats des expériences que j'ai faites sur vingt et un échan-
, de lin, de coton, de soie et de lame
à l’état de filasse, de poil où de bourre, à état de fil et à Pétat
de tissu.
tillons d’étoffes de chanvre
SUR LA TEINTURE. 41
Ce tableau se compose de onze colonnes. La première com-
prend les noms des échantillons;
La seconde, les poids des étoffes séchées pendant trois heures
à 120 degrés, soit dans le vide sec, soit au moyen d’un courant
d'air sec;
La troisième, les poids des étoffes après dix jours dans une
atmosphère à 65 degrés de l’hygromètre et 20 degrés du ther-
momètre ;
La quatrième, les poids des étoffes après dix jours dans une
atmosphère à 75 degrés de l’hygromètre et 20 du thermomètre ;
La cinquième, les poids des étoffes après dix jours dans une
atmosphère à 80 degrés de l’hygromètre et 20 du thermomètre.
Je n’assurai qu’au bout de dix jours les étoffes étaient en équilibre
d'humidité avec l'atmosphère ambiante.
Enfin, les six dernières colonnes comprennent les poids des
ctoffes exposées dans une atmosphère saturée de vapeur d’eau à la
température de 20 degrés, après un séjour de 24, 96, 192, 288,
324 heures; enfin, après vingt jours.
J’ai fait tous mes efforts pour maintenir constamment la tempé-
rature et l’humidité aux mêmes degrés. Je n’oserais pas dire qu'il
n’y ait eu aucune variation; mais je puis affirmer que celles qui
ont eu lieu n’ont exercé aucune influence sur mes résultats.
Je vais tirer maintenant plusieurs conséquences de mes obser-
vations.
Chanvre.
La filasse de chanvre sérancée, non blanchie, absorbe plus
d'humidité que le fil de chanvre non blanchi : mais la différence
est faible.
La toile de chanvre a absorbé très sensiblement moins d’eau
Ançsives pu Muséum, Tome I. 6
42 RECHERCHES ’
que le fil et la filasse; mais la différence ne doit pas être attribuée
exclusivement à la forme de tissu, puisque la toile soumise à lex-
périence avait été blanchie, et que la filasse et le fil ne Pavaient
pas été.
Lin.
La filasse de lin non blanchie et le fil de lin écru ont absorbé
plus d’eau que la filasse et le fil blanchis.
D'une autre part, les filasses ont notablement plus absorbé d’eau
que leurs fils respectifs, même dans une atmosphère saturée ; ce
qui est conforme à ce que j'ai observé pour le chanvre.
Coton.
Le coton en poil absorbe plus d’eau que le coton filé et le coton
tissé, et sensiblement moins que les filasses de chanvre et de lin
non blanchies.
Le coton filé a absorbé un peu moins que le coton tissé. Je
n’oserais aflirmer que cette différence, qui est très légère d’ailleurs,
fût essentielle; car, dans une série d’expérience autre que celle du
tableau, j'ai obtenu le résultat inverse, 100 de fil de coton absor-
bèrent 25,95 d’eau, tandis que 100 de toile de coton en absor-
bèrent 25,12.
On doit remarquer que le pouvoir absorbant de la toile de coton
blanchie est sensiblement le même que celui de la toile de chanvre
blanchie.
Sote.
La soie écrue, soit grége, soit grenade, contient une matière
qui est soluble dans l’eau bouillante et dans l’eau de savon, égale-
SUR LA TEINTURE. 43
ment bouillante, tandis que la soie est insoluble dans ces liquides.
Eh bien, cette matière, que l’on appelle improprement gomme ou
vernis de la soie, augmente le pouvoir qu’a cette étoffe d’absorber
la vapeur d’eau ; les soies écrues absorbent donc sensiblement plus
d’eau que les soies décreusées.
Dans une atmosphère saturée, la soie tissée a absorbé un peu
plus que la soie grége décreusée. Je n’oserais aflirmer qu'il en soit
ioujours ainsi, ayant eu un résultat différent dans une autre série
d'expériences, où la soie tissée n’absorba pour 100 que 28,10.
Laine.
Avant d'examiner les quantités d’eau absorbées par les divers
échantillons de laine, je ferai quelques observations sur la laine
en suint.
Cette matière est la seule des étofles soumises à la dessiccation
qui ait été traitée par le procédé suivant : On a commencé par en
exposer, pendant dix jours, dans une atmosphère à 75 degrés de
l’hygromètre et à 20 degrés de température ; la laine, au bout de
ce temps, pesait 1,349; on l’a ensuite exposée dans des atmo-
sphères à 8o et 100 degrés, puis on l’a exposée vingt-quatre heures
au vide sec : son poids a été trouvé alors de 1,147. Soupçonnant
que la dessiccation n’était pas parfaite, je l’ai soumise pendant trois
heures au procédé de dessiccation décrit ci-dessus; son poids s’est
réduit à 1,127. Le tableau contient le pouvoir absorbant calculé
dans les deux suppositions que le poids réel était 1,147 et 1,127;
mais je ferai remarquer que le premier poids est trop fort, parce
que la laine retenait certainement de l’humidité, et que, d’un
autre côté, le 'second est trop faible, parce que l'air avait entrainé
une matière odorante, et que la laine avait abandonné des traces
44 RECHERCHES
de matière grasse sur les parois du tube à dessécher. Quoi qu’il en
soit, les différences ne sont pas très grandes, et le résultat moyen
doit s'approcher beaucoup de la vérité.
La laine en suint absorbe des quantités considérables d’eau,
puisqu'elle peut plus que doubler de poids dans une atmosphère
saturée. Ce grand pouvoir absorbant est dû à des principes immé-
diats du suint, qui sont déliquescents.
Il n’est pas permis de mettre en doute que la laine désuintée,
qui a été dépouillée des deux matières grasses que j’ai fait connaitre
antérieurement à l’Académie, est plus hygrométrique que la laine
qui a été désuintée, c’est-à-dire, simplement lavée à l’eau.
Le cachemire en poil non lavé a probablement, à cause de sa
division et de la petite quantité de suint qu'il contient, un pouvoir
absorbant un peu plus grand que celui de la laine de mérinos sim-
plement lavée, et qui finit même par dépasser celui de la laine de
mérinos privée de ses matières grasses.
Le fil de laine a un pouvoir absorbant plus grand que la laine
désuintée. Je n’oserais affirmer que ce résultat soit toujours constant ;
Car, dans une série d’expériences, j'ai observé l'inverse.
Enfin, la laine confectionnée en drap a un pouvoir absorbant
un peu plus grand que celui de la laine lavée à l’eau. J'ai eu ce
résultat dans deux séries d'expériences, et l’inverse dans une troi-
sième série; mais la différence était faible.
Je dois maintenant signaler le phénomène suivant, qui s’est cons-
tamment reproduit dans mes recherches.
C’est qu'après une exposition de vingt jours dans une atmosphère
saturée de vapeur d’eau, tous les échantillons d’étoffes de ligneux
et de soie ne présentaient pas de gouttelettes d’eau, même quand
on les examinait à la loupe; dans la même circonstance, la laine
en suint, la laine en fil, la laine en drap, le cachemire en poil,
SUR LA TEINTURE. 45
en présentaient, et même la laine lavée et la laïne traitée par l’eau
et l’alcool. |
Si les étoffes de ligneux et de soie ne se recouvrent pas de gout-
telettes dans les circonstances où il s’en manifeste sur les étoffes de
lame, cependant elles sont susceptibles d’en présenter lorsqu'on les
conserve pendant plusieurs mois dans une atmosphère saturée de
vapeur. Une fois que l’eau s’est condensée en gouttelettes à leur
surface, elles peuvent augmenter beaucoup de poids en sus de celui
qui est indiqué dans la dixième colonne du tableau, et, si les cir-
constances ne permettent pas qu’elles se dessèchent, elles pourront
s’altérer très rapidement, dans le cas surtout où il pourra se déve-
lopper des moisissures.
Si je ne puis démontrer que, dans les circonstances où j'ai ob-
servé beaucoup de gouttelettes sur d’autres étoffes que des étoffes
de laine, ces gouttelettes ne provenaient pas d’un refroidissement
que la vapeur aqueuse de Patmosphère ambiante avait éprouvé, j'ai
suivi trop attentivement la production des gouttelettes sur les étoffes
de laine, quand il n’y en avait pas de déposées sur les étoffes de
ligneux et de soie, pour ne pas croire que, dans ce cas, la produc-
tion des gouttelettes n’était pas due à une précipitation de vapeur
occasionée par un refroidissement qui aurait agi hors de la sphère
d'activité des étoffes de laine.
Mes expériences donnent les quantités d’eau que les étoffes peu-
vent absorber à l’atmosphère, sans paraître mouillées à la vue,
puisque j'ai eu l'attention de signaler l’apparition du phénomène par
le mot gouttelette, écrit au-dessus de Pétoffe qui en présente ; mais
j'ajouterai que des étoffes, sur lesquelles on ne voit pas de goutte-
lettes, peuvent contenir cependant assez d’eau pour humecter sen-
siblement, quoique légèrement, le papier joseph contre lequel on
les presse.
46 RECHERCHES
Si nous prenons maintenant les extrêmes des quantités d’eau ab-
sorbées par les étoffes de diverses natures, en excluant celles qui
contiennent une quantité notable de matière étrangère, telles que
la soie écrue, la laine en suint et en excluant les cas où il s’est
manifesté des gouttelettes d’eau à la surface des étofles soumises à
l'expérience, nous aurons, pour 100 d’étoffe sèche :
Pour les étoffes de chanvre, 35,40 et 24,54
Pour les étoffes de lin, 32,87 et 25,65
Pour les étofles de coton, 30,87.et 23,30
Pour les étofles de soie décreusée, 55,20 et 28,91
- Pour les étoffes de laine, 56,70 et 28,01
On voit donc que les étoffes de diverses natures chimiques ne
présentent pas de grandes différences dans les poids d’eau qu’elles
sont susceptibles d’absorber respectivement dans les mêmes cir-
constances.
Il serait superflu, sans doute, de faire remarquer les consé-
quences que l’on peut déduire du tableau que j'ai déposé sur le
bureau de l'Académie, pour éclairer plusieurs questions qui se pré-
sentent assez fréquemment dans le commerce, relativement au
poids très différent que peut avoir la même étoffe, suivant qu’elle
est plus où moins sèche. J'ai tout lieu de croire mes expériences
exactes, parce que, depuis huit ans que je me suis occupé de ce
sujet, j'ai apprécié les difficultés qu'il fallait surmonter pour arriver
à des résultats satisfaisans.
47
SUR LA TEINTURE.
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48 RECHERCHES
INTRODUCTION
AUX 3:, 4, 5° ET 6° MÉMOIRES DE CES RECHERCHES.
Lue à l’Académie des Sciences, le 2 janvier 1837.
1. Je me propose, dansles 5°, 4°, 5° et 6° mémoires de mes recher-
ches chimiques sur la teinture, de constater d’abord les changemens
que les agens les plus généraux, tels que l’eau pure, Patmosphère,
la lumière du soleil et la chaleur peuvent faire éprouver dans des
circonstances bien définies, à plusieurs matières colorées fixées sur
les étoffes, afin de démêler ensuite l'influence des forces simples
capables de produire ces effets, soit en agissant seules, soit en agis-
sant simultanément.
2. Si tout le monde sait avec quelle rapidité certaines matières
colorantes, telles que le curcuma, le rocou, le carthame, l’orseille,
etc., s’altèrent lorsque les étoffes sur lesquelles le teinturier les a
fixées, reçoivent dans le sein de l'atmosphère la lumière directe du
soleil, personne à ma connaissance n’a entrepris de déterminer /a
part que la lumière prend précisément à ces phenomènes d’alté-
ralion, en recherchant si elle est capable de les produire en agis-
sant seule à l'exclusion de la vapeur d’eau et surtout de l’oxigène,
qui sont aussi deux causes d’action par lesquelles l'atmosphère inter-
vient dans beaucoup de phénomènes : personne à ma connaissance,
SUR LA TEINTURE. 49
sous un autre rapport que celui que je viens de considérer, n’a
entrepris de déterminer par des observations précises, st /4 méme
matière colorante fixée sur le colon, la soie et la laine est plus
allérable dans un cas que dans les autres.
3. Ce sont des recherches suivies sous ce double rapport pendant
plusieurs années qui font l’objet de trois mémoires (3°, 4 et 5°). Les
phénomènes dont je vais parler ont exigé un temps si long pour
être observés et des expériences si multipliées pour être étudiés dans
plusieurs matières, que je me vois forcé, malgré la conviction où je
suis de la nécessité d'entreprendre de nouvelles recherches dans la
voie où j'ai commencé à m’engager, de négliger maintenant d’en-
visager mon sujet sous un troisième rapport, celui des relations
existantes entre les principes colorans et les produits de leur
altération.
4. Cette recherche exige beaucoup de connaissances, entre
autres celle de la composition immédiate des matières colorantes
fixées sur les étoffes, celle de la composition élémentaire des prin-
cipes immédiats qui les constituent, enfin la connaissance de leurs
propriétés, y compris celles qu’elles manifestent lorsqu'il survient
des changemens plus ou moins légers et plus ou moins profonds
dans l’arrangement de leurs atomes, et qu’elles les éprouvent dans
des circonstances plus ou moins analogues à celles où elles
S'alterènt sous l'influence des agens atmosphériques après avoir
été fixées sur des étoffes. Ce n’est donc pas à une époque
où la composition immédiate des matières colorantes est à peine
connue, où il n’existe qu’un très petit nombre d’analyses élémentaires
de quelques-uns de leurs principes immédiats, que le travail dont
je parle peut être entrepris avec quelque chance de succès : mais
parce qu’il est le complément de la science appliquée à la teinture,
il y aurait, suivant moi, une grave omission de ma part, si je ne
Anomives pu Muséum, vom I. 7
50 RECHERCHES
l'avais pas signalé ; et, il y a plus, pour en démontrer l'importance,
je consacrerai a un mémoire spécial (le 6° de mes recherches chimi-
ques appliquées à la teinture) lexamen particulier des changemens
qu'une matière colorante qui passe généralement pour être assez
bien connue dans sa composition, et qui commence à être d’un
usage assez fréquent en teinture, est susceptible d’éprouver dans
plusieurs circonstances où elle peut être placée : je veux parler du
bleu de Prusse.
… B. Avant d’entrer dans l'exposé de mes recherches, je crois devoir
rappeler que les changemens que le chimiste observe dans les corps
sujets de ses études, peuvent, dans l’état actuel de la science, être
rapportés à trois causes distinctes, lesquelles sont susceptibles d’agir
simultanément du moins relativement aux moyens que nous avons
d’en observer les effets.
6. 1° cAUSE. Agent dit impondérable tel que la chaleur, la
lumière, l'électricité. — La décomposition du peroxide de mer-
cure chauffé dans le vide; celle de l’oxide d’or exposé au soleil dans
le vide; celle de lammoniaque gazeuse par des étincelles électriques
sont des exemples que nous citons d’effets produits par des causes
que nous considérons dans l’état actuel de la science comme sim-
ples.
7. 2° CAUSE. Æffinité mutuelle des corps. — Va dissolution du
sucre dans l’eau , lunion d’un acide avec un alcali, sont des exem-
ples de Paffinité.
La conversion de l’acide hydrochlorique et de l’oxide d'argent
en eau et en chlorure d’argent ; la production de lacide hydrochlo-
rique lorsqu'on fait passer dans un tube rouge de feu deux volumes
de chlore et deux volumes de vapeur d’eau, ou bien lorsqu'on expose
à la lumière du soleil du chlore dissous dans l’eau, sont des exemples
de combinaisons opérées en vertu de l’aflinité, aux dépens de com-
SUR LA TEINTURE. 54
posés dont l’équilibre des atomes constituans est détruit sous lin-
fluence d’une certaine température ou sous celle de la lumière du
soleil.
8. 5° cause. Onjadmet assez généralement aujourd’hui que cer-
tains corps en contact avec d’autres déterminent en ceux-ci des
changements chimiques, sans qu’on puisse les faire dépendre de
l’aflinité, ou sans qu’on soit fondé, dans l’état actuel de nos connais-
sances, de les rapporter à une force connue telle que l’électricité, par
exemple, qui exercerait son action par l'intermédiaire de ces corps.
Citons des exemples : la décomposition de l’eau oxigenée par le
peroxide de manganèse, la fibrine, etc.
Dans ces derniers temps M. Berzelius a proposé de désigner la
cause de ces phenomènes par l’expression de force catalytique.
52 RECHERCHES
TROISIÈME MÉMOIRE.
DE L'ACTION DE L'EAU PURE SUR DES ÉTOFFES TEINTES AVEC DIFFÉRENTES MATIÈRES COLORANTES.
Lu à l'Académie des Sciences, le 2 janvier 1837.
9. L'eau peut être envisagée sous des pots de vue fort différents
en teinture; elle peut l’être é
1° dans ses relations hygrométriques avec les étoffes, ainsi que je
l'ai fait dans le second mémoire de ces recherches;
2° dans ses relations de dissolvant liquide avec les étoffes déja
teintes lorsqu'elle agit pour en séparer la matière colorante, ou la
modifier, l’altérer; c’est sous ce point de vue que je l’étudie dans ce
mémoire ;
3° dans ses relations de vapeur avec les étoffes teintes lorsqu’elle
agit soit avec le contact de la lumière seulement , soit avec le con-
tact de la lumière et les agents atmosphériques ; c’est sous ce point
de vue que je l’étudierai dans mon quatrième mémoire ;
4° dans ses relations de vapeur avec les étoffes teintes lorsqu’elle
agit à une température de 100 degrés et plus, soit seule soit avec les
agents atmosphériques ; c’est sous ce point de vue que je l’étudierai
dans mon cinquième mémoire.
10. Sous le second, le troisième et le quatrième point de vue,
l’eau est envisagée soit à l’état liquide, soit à l’état de vapeur, dans
SUR LA TEINTURE. 53
sa tendance à modifier ou altérer les matières colorantes fixées déja
sur les étoffes; pour compléter l'étude des points de vue généraux
suivant lesquels l’eau peut être envisagée en teinture, il ÿ en a deux
encore qui se rapportent à la fixation même des matières colorantes
sur les étoffes. Dans l’un de ces points de vue, on considère l’eau à
l’état liquide servant d’intermédiaire à la matière colorante et autres
corps qui se fixent sur l’étoffe; dans l’autre on considère l’eau à l’état
de vapeur chande à 100° déterminant la fixation des matières qui ont
été appliquées sur les étoffes soit par imprégnation, soit par impres-
sion. L'étude de l’eau, envisagée sous ce dernier point de vue, fera
le sujet d’un mémoire spécial où je développera les résultats géné-
raux d'expériences multipliées sur la #héorie du fixage par la
vapeur.
DE I'ACTION DE L'EAU LIQUIDE SUR DES ÉTOFFES TEINTES.
11. L'eau à la température ordinaire et absolument privée d’air,
mise en contact avec les étoffes teintes, ne peut exercer d'action que
sur celles dont la matière colorante est de nature à s’y dissoudre soit
en totalité, soit, ce qui est le plus ordinaire, en partie seulement.
Ainsi l’eau sera sans action sur une étoffe teinte avec l’indigotine,
tandis quelle tendra à dissoudre l'acide sulfo-indigotique qui aura été
appliqué sur un autre échantillon de la même étoffe soit seul, soit par
l'intermédiaire du peroxide d’étain, de l’alumine etc., mais dans
aucun cas connu aux températures ordinaires, l’eau pure ne tendra
a altérer la composition élémentaire des: principes qu’elle pourrait
dissoudre, du moins dans les circonstances où l’étoffe elle-même
n’est pas altérée.
12. J’ai conservé pendant un mois, dans l’eau distillée, les étoffes
de laine que je vais nommer, sans avoir remarqué aucun change-
ment sensible.
54 RECHERCHES
Laine mordancée avec l’alun teinte avec la gaude.
Laine — avec l’alun et le tartre teinte avec la gaude.
Laine — avec l’alun teinte avec le bois jaune.
Laine teinte avec le rocou.
Laine mordancée avec l’alun et le tartre teinte avec Porseille.
Laine mordancée avec l’alun et le tartre teinte avec le bois de
brésil.
Laine mordancée avec l’alun et le tartre teinte avec le bois de
campèche.
Laine mordancée avec l’alun et le tartre teinte avec la garance.
Laine mordancée avec l’alun et Le tartre teinte avec la cochenille.
15. Au bout de trois ans les changements étaient pour ainsi dire
insensibles, car ils se bornaïent à une très légère teinte rousse que les
jaunes avaient prise et à une couleur légèrement brune que le cam-
pêche présentait. Jai tout lieu de penser que cette légère altération
tenait à l’action de l’oxigène atmosphérique qui avait pénétré dans
les flacons, quoique bouchés à l’émeri et remplis, et ce qui me parait
le démontrer, c’est que les mêmes laines teintes conservées dans les
mêmes circonstances dans des flacons d’eau d’acide hydrosulfurique,
n’avaient pas changé : les jaunes étaient francs, et le campêche
était violet.
14. J’ajouterai à ce que je viens de dire qu’au bout des quelques
jours de séjour dans l’eau d’acide hydrosulfurique :
La laine teinte avec Pacide sulfo-indigotique était complétement
décolorée, elle redevenait bleue à Pair.
La laine teinte avec l’orseille était décolorée, elle redevenait vio-
lette à l'air.
La laine teinte avec le bois de brésil était très affaiblie au bout
d’un mois.
15. Au bout de trois ans,
SUR LA TEINTURE. 55
La laine teinte avec l’orseille était absolument incolore. L'eau
était saturée d'acide hydrosulfurique par le contact de lair. La laine
reprit la couleur violette. Elle n’était pas sensiblement altérée.
La laine teinte avec le bois de brésil était excessivement affaiblie,
cependant elle était encore rosée. L’eau contenait de l'acide hydro-
sulfurique. La laine retirée du flacon n’était pas sensiblement al-
térée. Elle conservait sa couleur rosée pâle, il y avait donc en dé-
composition d’une partie de la couleur, et cependant l'hydrogène
sulfuré était en excès.
La laine teinte avec le rocou était absolument incolore. L'eau ne
retenait plus d'acide hydrosulfurique. La laine retirée du flacon
n’était pas sensiblement altérée. Elle ne redevenait pas jaune-orangé
à l’air. On peut croire que la couleur avait été altérée par l’oxigène,
puisqu'il n’y avait plus d’acide hydrosulfurique dans le flacon.
16. Les expériences précédentes se rapportent à un cas où le
poids des étoffes teintes était à l’eau dans le rapport de 1 à 500;
mais je dois faire observer que les choses auraient pu se passer autre-
ment si la masse de l’eau en contact avec l’étoffe pendant un certain
temps eût été en quantité infiniment grande par rapport à elle. Il
aurait pu arriver des modifications résultant de l’action dissolvante
du liquide sur quelque principe soluble de la matière colorante.
C’est ce qui a lieu par exemple, lorsqu'un écarlate de cochenille et
un rouge de garance fixé sur la laine par la composition d’étain, sont
en contact avec une grande masse d’eau pure; ils perdent de l'acide
et la couleur de l’étoffe, en perdant du jaune, tire sur le rouge ou
le cramoisi.
56 RECHERCHES
QUATRIÈME MÉMOIRE.
DES CHANGEMENS QUE LE CURCUMA, LE ROCOU, LE CARTHAME, L'ORSEILLF, L'ACIDE SULFO-INDIGOTIQUE,
L'INDIGO ET LE BLÉU DE PRUSSE, FIXÉS SUR LES ÉTOFFES DE COTON, DE SOIF ET DE LAINE, ÉPROU-
VENT DE LA TART DE LA LUMIÈRE, DES AGENTS ATMOSPHÉRIQUES ET DU GAZ HYDROGÈNE.
Lu à l’Académie des Sciences, le 2 janvier 1837.
CHAPITRE PREMIER.
Dispositions expérimentales.
1. Des étoffes de coton, de soie et de laine en fils ou tissées, tein-
tes avec le curcuma, le rocou, le carthame, l’orseille, l'acide sulfo-
indigotique, l’indigo et le bleu de Prnsse ont été exposées après
avoir été, fixées sur des cartons, à recevoir l'influence de la lumière
directe du soleil dans les sept circonstances suivantes :
1° Dans un flacon où l’on avait fait le vide et qui contenait en
outre du chlorure de calcium ;
2° Dans un flacon contenant de l'air séché par du chlorure de
calcium ;
3° Dans un flacon contenant de l'air saturé de vapeur d’eau;
4° Dans l’atmosphère ;
5° Dans un flacon contenant de la vapeur d’eau pure ;
6° Dans un flacon contenant du gaz hydrogène séché par du chlo-
rure de calcium ;
SUR LA TEINTURE. 57
7° Dans un flacon contenant del’hydrogène saturé de vapeur d’eau.
2. Les flacons dans lesquels on avait fait le vide étaient munis d’un
bouchon de liège traversé par un tube de cuivre à robinet qui s’adap-
lait à une machine pneumatique. Le bouchon était en outre assujéti
au goulot du flacon au moyen d’une enveloppe de caoutchouc for-
tement ficelée. Enfin ce goulot plongeait dans un bain d’huile de
colza de manière que si le flacon n’avait pas tenu le vide, le liquide
s’y serait introduit. Les flacons dans lesquels on avait fait le vide
étaient ceux de la 1° et 5° circonstance , on l’avait fait également
dans ceux de la 6° et 7° circonstance, avant de les remplir de leurs
fluides élastiques.
3. Les flacons de la 2° et 5° circonstance étaient fermés au moyen
de bouchons usés à l’émeri.
4: On a pris toutes les précautions imaginables afin que les divers
“échantillons soumis à l'expérience reçussent également l'influence
de la lumière. Tous étaient placés sur la même table de manière à
être frappés durant la plus grande partie du jour par le soleil qui
leur parvenait après avoir traversé le toit de verre d’une chambre
que j'ai fait construire aux gobelins pour cet usage. Dans les jours
chauds la température y est de 36 à 42, et quelquefois elle s’elève
jusqu’à 60° et plus. Je doisfaire observer que les étoffes de la 4° cir-
constance, exposées au sein de l’atmosphère de la chambre, étaient
dans une condition à recevoir, toutes choses égales d’ailleurs, une
plus forte action de la part de la lumière que les autres qui se trou
vaient renfermées dans les flacons; car j’ai remarqué qu’un verre
interposé entre le soleil et une matière altérable par ses rayons ra-
lentit sensiblement l’altération de cette matière, mais je dois ajouter
que dans les flacons les échantillons étaient soumis à une tempéra-
ture plus haute que ceux qui étaient simplement dans l'atmosphère.
5. On notait les changements que les étoffes pouvaient éprouver
Arcmves pu Muséum, roues I. 8
58 RECHERCHES
en les comparant à des échantillons identiques que je nomme 70r-
mes. Durant le temps que les normes ne servaient pas, ils étaient
enveloppés de papier noir et renfermés dans une boîte de fer-blanc.
Les comparaisons des normes avec les étoffes exposées à la lumière
ont eu lieu d’abord toutes les 24 heures, puis tous les trois jours,
tous les cinq jours, tous les dix jours, enfin tous les mois. La durée
de lPexposition a été de deux ans.
6. J'ai remarqué que la face des échantillons qui ne voyait pas le
soleil et qui ne recevait que la lumière réfléchie par les murs était
à peu près aussi changée que la face qui recevait la lumière directe.
Cette remarque sera prise en considération à la fin de ce mémoire
(129).
7. Je me suis assuré par lexpérience suivante que les flacons où
Von avait fait le vide ne contenaient pas d’oxigène après les deux ans
qu'avait duré leur exposition au soleil, en les adaptant au moyen du pas
de vis du robinet R? à un petit récipient à robinet R° placé sur le pla-
teau de la machine pneumatique comme le représente la figure ci-
jointe. Un tube de verre large contenant du phosphore rouge divisé,
spontanément inflammable, était sur le plateau de la machine; lors-
que le vide était fait dans l’obscurité sous le récipient que le phos-
phore n’était plus lumineux, on ouvrait le robinet R, sur-le-champ
il y avait imflammation à cause de la petite quantité d’air resté entre
les robinets R et R’; on faisait le vide. Enfin en ouvrant le robinet
R° qui mettait la capacité du flacon en rapport avec le phosphore, il
n’y avait pas trace de lumière, et on pouvait constater en même
temps que le vide était à peu de chose près aussi exact qu’au com-
mencement de Pexpérience.
0 QG ————
SUR LA TEINTURE. 59
CHAPITRE II.
Résultats des observations faites pour apprécier les changements que les
étoffes soumises à l'expérience ont éprouvés de la part de la lumiere,
des agents atmosphériques et du gaz hydrogène.
8. Je vais présenter, dans autant de tableaux que j'ai examiné de
matières colorantes, les changements que les échantillons de coton,
de soie et de laine, teints avec une de ces matières, ont éprouvés
dans les sept circonstances indiquées dans le premier chapitre, Je
résumerai à la fin de chaque tableau les faits Les plus remarquables
qu'il présente.
9. Je me servirai de l’expression de couleur passée quand il ne
restera plus rien qui rappelle la couleur franche primitive, ce qui
ne signifie pas que l’étoffe passée ne réfléchit plus de rayons de cette
couleur, mais qu’ils sont tellement éteints que l’étoffe est fauve ou
grise.
10. Je ferai remarquer qu'il y a eu deux séries d’expériences,
pour les étoffes teintes avec le curcuma, le rocou, le carthame
et l’orseille.
La première comprenant les circonstances 1, 2, 3 et 4, a été
commencée le 6 mai 1834, et terminée le 6 mai 1856.
La seconde comprenant les circonstances 5, 6 et 7, a été com-
mencée le 28 août 1834, et terminée le 28 août 1856.
Enfin, pour les étoffes teintes avec l’acide sulfoindigotique, lin-
digo et le bleu de Prusse, il y a eu une série d’expériences com-
mencées le 24 mai 1834, et terminées le 26 mai 1856.
RECIIERCHES
60
Mais je crois que, sans er
mes résultats comme ayant été
riences.
reur notable , on peut considérer tous
obtenus dans une seule série d’expé-
| ÉONONIEONNSUR LA TEINTURE. 61
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62
ÉTOFFES:.
MATIÈRE
COLORANTE.
CURCUMA.
COTON...
SOIE,..
LAINE, .:
Après une exposition
de 24 heures,
|
{ ss
{one
LAINE...
\
— 72 heures.
COTON..,
SOIE.....
LAINE. ,.
7 jours.
COTON ..*
LAINE...
11 jours.
COTON...
SOIE....
LAINE...
15 jours.
COTON...
18 jours. SOL.
24 jours.
28 jours. de
— 63 jours.
— 80 jonrs.
LAINE...
G) |
RECHERCHES
1e CIRCONSTANCE.
VIDE SEC ET LUMIÈRE.
|
Une
Presque riens, sssssssssnss.se
Changement. .,..
|
Très affaiblis, mais encore du
jaune dans le fauve........
aux normes..
Encore jaune...........«
Encore jaune......:
Jaune fauve...
smossvenssee
jaune dans le fauve.........
Encore du jaune....... css.
ds affaiblis, mais encore du
Fauve. Passeë,....,
Gris-fauve .....
Roux-fauve .
Blanc-fauve-gristre........ de
Fauve-gris.....
Fauve-roux-brun......:
Beaucoup baïsés relativement Plus altérés que À
2e CIRCONSTANCE.
AIR SEC ET LUMIÈRE.
Changement presque insensible.
Changement léger............
}Plus afaiblis que 1....
{ Plus brune que ASeemeeser
Plus affaibli que 4............
Plus affaiblie que 4...........
Fauve plus brun que f..... Sen
Plus aMaiblis que 1, presque plus
de jaune dans Île fauve.....
|
fe Oboc Te
fauve.
Plus de jaune dans à
Le passés...
ennnnnsnenssurese
Moins foncés que 4..........
Blanchätre............ no)
Gris de paille bien moins hau
que 1
Fauve léger bien moins haut
g
Lt
3e CIRCONSTANC
AIR HUMIDE ET LUMH
Idem. ..ssssesosee 1
| changement plus grand qu
orteus absolument ch
Il n'y a plus de jaune br
Couleur de paille...
**** | Fauve sans jaune brillant... | Fauve sans jaune brillañ
Presque blanc........2
Plus affaiblie que 2.
Fauve..
|
13 CHODOITIDOOTOONLIOO
Gris-fauve.........
Fauve-roux ........
pu pass que2..,.. À
Plus blanchâtre que 2
Grisâtre.......s.s.
Grisâtre. susussure
Un peu plus foncés qu
Fauve-gris moins jaune
plus foncé que 2...
Fauve un peu plus haut
SUR LA TEINTURE, 63
——@——————
CONSTANCE. 5e CIRCONSTANCE. 6e CIRCONSTANCE. 7e CIRCONSTANCE.
RE ET LUMIÈRE. VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE. |GAZ HYDROGÈNE SEC ET LU-| GAZ HYDROGÈNE, VAPEUR D'EAU
MIÈRE. ET LUMIÈRE.
Deus. [reuerien Comme 1,:..4%..0. 0... | Comme 5.
sons chneemen te éger… Gomme... ess... | Comme 5.
bsolument changées.
oïns changé que 3.
Plus haut que norme...,.....
Orange-roux....... sent ceisies Comme ...sss.seenves
... Jaune-roux passé........,...
Presque comme 5. Coton moins
jo pris du rougeâtre.,..... .. | Comme 1....,..:.. So |
: } Plus haut que norme... ... see Æ à
pass S-}Roux, DR Re he Gomme 1... .ctmiestat ..... | Un peu plas altérés que 5.
|Moins haut que norme...,..,
Digne...) pee COPIE CE LE peu plus affaiblis que 5.
TRES AM mere secs es
*" }Roux- auve.,,.,,
jésques.....,.. | Presque identique à 5.
«rss... | Presque passé.
Moins décolorés que 4......,. | Comme 1,,,.......... Nas = Presque identiques à 5.
64 RECHERCIHES
CURCUMA.
Sous l'influence de la lumière.
11. Le curcuma passe dans le vide et l’hydrogène sec; mais plus
lentement que dans Pair sec, V’air humide et latmosphère, et d’un
autre côté Les étoffes, surtout la laine et la soie, ont une couleur fauve
grisâtre assez prononcée que n’ont pas celles qui ont été dans Pair
sec où humide et l'atmosphère.
12. Îl passe à peu près également dans Pair sec et l'atmosphère,
cependant un peu davantage dans l'atmosphère, surtout sur la soie
et la laine.
15. I laisse plus de couleur à la soie et à la laine exposées dans
Pair humide, qu'aux échantillons qui le sont dans l'atmosphère ou
Pair sec. C’est l'inverse pour le coton.
14. I se comporte dans la vapeur d’eau et dans l'hydrogène hu-
mide sensiblement de la même manière; mais l’action qu’il reçoit de
la vapeur d’eau, sil est fixé sur le coton, est des plus remarquables.
En effet, la couleur du curcuma se fonce d’abord beaucoup, puis
elle s’affaiblit lentement, de manière qu'il faut plus de temps pour
que la couleur passe dans la vapeur d’eau qu'il n’en faudrait si elle
était dans le vide sec; ce résultat est d’autant plus digne d’attention,
que la soie et la laine ne donnent pas la même stabilité au curcuma
que le fait le coton.
PANOAMMSUR LA TEINTURE.
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CTISTIT SECTUILELTA
66 RECHERCHES
MATIÈRE ÉTOFFE. re CIRCONSTANCE. 2° CIRCONSTANCE. 3° CIRCONSTANCE.
COLORANTE. _— VIDE SEC ET LUMIÈRE. AIR SEC ET LUMIÈRE. AIR HUMIDE ET LUMIÈRE,
——
ROCOU. 2
Après une exposition £
de 24 heures. Mass ccr=ereceellRIEn-s eee APOOND ss. | Presque riehsreeuseses es
— 72 heures. DE Lie ra pensant ADS | Changement léger........... TE un peu plus grand
PR que Aerorooosne es
... [Rien........ na daseessmes ee Plus rouge que 1.-..sess.ee ;
— 7 jours. SOLE... Rien..sssssesemsessess ..... | Faible changement. . ne rare Plus altérés que 2..-..+..#
LAINE... | Changement léger. Response Plus altérée que coton et soie.
COTON. « Rigmessoseseserertsrrertes a Plus rougeätre. cesse
— 11 jours. SOIE..... Rien.s.soosssssensssvese de sensible......... *Moins jaune que norme...
LAINE. Affaiblie sensiblement........ | Plus affaiblie que 1....--. Plus affaiblie...........s.
5 COTON... [Rien.....sssssessssseseres : [Rougedre .--ssessesrerereee Rouge pile sam june ed
— 15 jours. SOLE... Hins 27e neue cents En RS Fe Orange pâle.. te
LAINE... .. | Fauve orangé..essssss.es D'un fauve clair.-.ssseouss.e Fauve léger, passée. ss
COTON... « RE ee Re Rouge... sil nets Rouge très affaibli OO
— 18 jours. {som 3000 aveemcsstese Un peu sise evo ass e nee orange, très affaibli
LAINE Paire Orangéeesssrsmnsenres Fauve, passée. sucer Fauve léger, passée...
COTON... | Riemesssssssesessrseesesees Rouge. ... decsesssse À Très affaiblis, encore rouge
— 21 jours. SOIE,.. + Rien.sssesmssnssssses ..... Orange rouge, ñ peu ; affaiblies. : DES OS.
LAINE... | Fauve orangé---sessssseese Fauve..rsssmssses Denon 1 Fe
COTON. Rien.s.sonsosensosenesseuee Rouge. «us... note
— 28 jours. Es: se. Rien... sesassose scuotee Orangé rouge... a elterlsteists Plus faibles que 2°...
LAINE» s. En soso ns see Faupe...smmessss Huoban taie | Blanc fauve.....s.......
COTON.. ss...
— 39 jours. SOLE... DURE dalle nelasiaeiale ee
LAINE. on MR esterete
COTON. « ‘ Rougeâtres «.esssseesssrete
— 63 jours. SOI... eos sen Pelure d'oignon....-
ete IN Fainlies ccerperere-rese one CEELRECt SES
COTON... « .e ess es nm cisteentaelsfeleiate
— 110 jours. SOIE...... .... Ace toocbi 0100 HODDC ensnseonesseree
HAE Lille see ccetsrtemeejeisteleiette js ele QE EEE CES S O0
COTON . [ Rougeâtre . Ares maniere
— 123 jours. {sos Fhnoon Pelure d’oignon faible........ Plus altérés que 2........1.
LAINE : cree Fauve très parc. Dole selstmoisieste
COTON nc A lmorodoinuonndnod Se haie
— 264 jours. SOIE....e ee nelleeanssenees Lust srererc
LAINE RE Deteente ;
COTONe- celle moe slosetse misstemisjeeteejnjeis eo sieloh] 10e tte CREER soso sosssusse
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A nl So oo Tan beduob donnons onn| | 02ETonQUA CNRC
COTON... : se Encore rougcâtres.s.ssses+e
SOLE. Moins altérés que normes... « [égirement , pelure d’oignon.. Plus päle que 2.
— ans
Plus haute que 2.
tien)
. [Très affaiblie........ Shore . [Blanc fauve.s..ssssssssesese
SUR LA TEINTURE. 67
4? CIRCONSTANCE. 5° CIRCONSTANCE. 6e CIRGONSTANCE. 7° CIRCONSTANCE.
MOSPHÈRE ET LUMIÈRE. VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE, |GAZ HYDROGÈNE SEC ET LU- | GAZ HYDROGÈKE, VAPEUR D'EAU
MIÈRE. ET LUMIÈRE,
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Presque identiques à 5.
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Pelure d'oignon très aflaiblie. comme TA ARCS cs... ]Hdentiques à 5.
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Pelure d’oignon..
Blanc fauve
Presque identiques à 5.
sque identique à 3....
GS RECHERCHES
ROCOU.
Sous l'influence de la lumière,
15. Le rocou ne s’altère pas dans le vide et hydrogène sec, quand
il est appliqué sur le coton et la &oie; mais il s’altère sur la laine.
16. Il s’altère dans l'air sec, mais plus facilement sur la laine, et
même sur la soie que sur le coton.
17. La vapeur d’eau dans Pair facilite sa décomposition sur le
coton; elle n’a pas la même influence sur la soie et la laine, de sorte
que ces deux étoffes, après une exposition de deux ans dans l'air sec,
l'air humide et l’atmosphère, sont à peu près identiques.
18. On remarque, malgré cela, que dansles premiers temps de l’ex-
position l’altération va plus vite dans l'air humide que dans l’atmo-
sphère, et que, dans la dernière, c’est l’inverse. Le coton à Pair
humide est plus blanc que les échantillons de coton de Pair sec et
de l’atmosphère.
19. Le rocou saffaiblit moins rapidement dans la vapeur d’eau,
que dans l'atmosphère, et il est remarquable qu'il est plus solide sur
la soie que sur le coton, et sur Le coton que sur la laine, tandis que
nous avons vu que le curcuma dans les mêmes circonstances est
plus solide sur le coton que sur la soie et la laine.
OMMOAANSUR LA TEINTURE.
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COLORANTE. — VIDE SEC ET LUMIÈRE, AIR SEC ET LUMIÈRE. AIR HUMIDE ET LUMI}}
CARTHAME.
Après une exposition (COTON...) ; | Rose tirant sur le lilas. 4
de 24 heures. som Mr. Presque fee ernrentre Changement ge 1
COTON... l Rose lilas. ...........4
U| — 72 heures. SOIE .-..- pRIEN Peso ooososseessee Changentene Merise se png eos +
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= 7e {oo Ju ‘je resque identiques aux normes} Il reste peu de rose........... } Plus de rose, passées. «à
COTON à .« Rose très affaibli............. | Rose lilas, mais affaibli
— 11 jours. SOIE . .…... Presque ülentiques aux normes {Encore du rose. . . }2 |
LAINE, ce. Fauve TOSÉ ur …. BSSÉES + ones» + » « 2
COTON...
SOIE ....
LAINE. ..
à À | Rose très affaibli. . | Rose lilas affaibli.
: Vpresque identiques aux Res Encore du rose......,....,.. }Passées bouc
— 15 jours,
COTON... Rose très affaibli............. 2: Lilas léger..........4
— 18 jours. SOIE ... nr identiques aux normes. f Encore du rose...
LAINE... Hiver os Un Fauve sans rose, passk
COTON ... | Très peu de rose. .. | Lilas haut comme le ra
_ j - SOLE... . + i i à ’
ALORS o à DA identiques aux normes Fauve rosé. sesoncsosooosse À PASSÉES es « « m0 0 0 00 0
LAINE. . .
COTON ... | Trace de rose................ | Lilas plus affaibli que
— 28 jours. SO... Presque identiques aux normes. + : : 5
J ARR Pelure d’oignon rosée, passées. } Plus passées que 24. . 1
COTON . l'Trace de roses. ess sas: | Tale ec. ec.
— 63 jours. E. Presque identiques aux normes. f Pelure d’oienon fau- , :
DRE .… fPassées.. { Passées............
] Trace de rose... soso... | Trace de lilas,...,..
FPassées …................ }Passéese....... 0
COTON... | Presque passé...............| Presque PASSÉ «eus d
sO1E ..... | Presque identiques aux normes.
Passees......
LAINE. ..
COTON..
— 194 jours. SOIE ...
— 110 jours. .. ru identiques aux normes.
LAINE...,.
— 123 jours,
van non coroconse se { PASSES sance ssons
LAINE... _
COTON...
ss »
COTON...
— 1 an. SGIE . .
Presque identiques M ee Passes. issues
— 261 jours.
LAINE. . …
COTON...
SOTE .
LAINE .
Blanchätre rosé.............. | Plus blanc que 2....
Très légèrement affaiblis..,... {une gihies ar RS LU foncés que 2 2
SUR LA TEINTURE. 71
RCONSTANCE. 5° CIRCONSTANCE, 6e CIRCONSTANCE, 7e CIRCONSTANCE.
HÈRE ET LUMIÈRE VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE. |GAZ HYDROGÈNE SEC ET LU-| GAZ HYDROGÈNE, VAPEUR
MIÈRE. D'EAU ET LUMIÈRE.
Rose tendant au lilas....., ue
hd. {changement semble." 2222"! }Come V2. DIN. OL AL Come 3:
Changement très grand.......
Rose tirant au lilas. ..........
nt léger... {Ghamgement très sensible... ... } Comme Hoccoa sesssssessses | Comme 5
Peu de rose... .....sssessssee
bque 3..... ......., Rose violet plushaut que norme:
3 Très affaiblie en rose......... comme Yann ces ces qsen-e. OMC D:
CS QUE Pere | Absolument jaune. ....cess ;
de rose...
Jaune rosée.....,..........
Jaune passée. ....sssuuusss
Rose violet plus haut que fre} comme LE à AA — 8. Soie plas ahérée ce
pendant,
nn ten ra
Le
SSCESenssrennrensss
de rose.......... | Légèrement affaibli. .........
Jaune de paille, passée... :: }comne Motte ee came Comme 5.
Jaune passée................
ie MOSS Rer PEN rte RES conne s
| Affaibli........
ET ’ comme Xe sr. .. | Comme 5.
Sion dandade sonde
3 dé MANGER RSS TM AT AE
tr. | 7e p comme: Mrs CS dll va ,.: | Comme 5,
; PASNPES eee ares es Jhgonae
ARABES ee--e--c--e
D rs 0 .9D. LL Pomme Tissssmssesseussouse | Gomme 5.
[Affaiblr......,...,.,..,,,,.,
A roc. Hier comme 1 ADOBE 0e nr Comme 5.
; PATADIL Eee ess csst een
A Pur... CÉRREEOT comme 1 ae oo Comme 5
COOL IAE Niéaoncoocones re 2e
Passé }comme : Pie eisils Éderiau Comme 5
a. FE Gode edoc once roc
LafRibli
….. s........ | Pelure d’oignon... | Gomme : AOC DO OC asser Comme 5.
Ht0............. | Blanc fauve...
_.. . | Encore rose....v..seocrosese
noaad Bla grille 22:22 2: Comme F-H004000c 6000000 inn Comme 5,
sonnnssss..s. | Blunc fauve..... 208-0C0 dc 00 c
J
Nn
RECHERCHES
CARTHAME.
Sous l'influence de la lumière.
20. Le carthame, dans le vide et dans le gaz hydrogène sec, ne
s’affaiblit qu’extrémement peu, et plus sur la laine que sur le coton
et la soie.
21. Il s’altère dans l’air sec et plus vite sur la laine et la soie que
sur le coton; cependant il n’est point aussi stable que le rocou dans
cette circonstance.
22. Il s’altère bien plus vite dans l’air humide sur la laine et la
soie que cela ne lui arrive dans l'air sec, et on doit noter que la va-
peur d’eau dans l'air ne le rend guère plus altérable sur le coton
qu'il ne l’est dans l'air sec, seulement la couleur tire sur le lilas;
quand il est complétement altéré, le coton est plus blanc que
l'échantillon qui a été exposé dans Pair sec.
25. Dans l’atmosphère, le carthame s’efface plus vite sur le coton
que dans l'air sec et l’air humide. |
24. Dans la vapeur d’eau, le carthame s’altère assez rapidement sur
la soie et surtout sur la laine, tandis qu'il conserve encore une quan-
tité notable de rose lilas après une exposition de deux ans. Il est
sans doute remarquable de voir d’abord le ton de la couleur du co-
ton s'élever au-dessus du ton du norme en prenant du violet, puis
baisser peu à peu, sans cependant disparaitre.
Enfin l’air humide décolore moins la soie et la laine teintes en
carthame que ne le font l'air sec et l’atmosphère.
SUR LA TEINTURE. 73
EAU VAN !
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1 +. 1
RECHERCHES
ne CIRCOXSTANCE. 3: CIRCONSTANCE
1re CIRCONSTANCE. ]
AIR HUMIDE ET LUMIER
MATIÈRE ÉTOFFES.
VIDE SEC ET L! MIÈRE. AIR SEC ET LUMIÈRE:
COLORANTE. —
ORSEILLE -
COTON...
SOIE .....
sJienss Rien. rene enr mn ee |Premne siens"
LAINE...
COTON.... ,
SOIE .... Fine Péusque emrrrrrerer eee [Changement ile :
|
| |
|
Après une exposition
de 24 heures.
— 72heures.
LAINE...
Presque blanc.......+.:s#
— 7jours. SOIE LATI PPREEEPEEEEEEEEEEEEECEE Wiolet jauni.........s.....t.}
Plus changées que 2....41
oO q
LAINE....
COTON...:
SOLE ....+
LAINE...
Fauve violâtre..... .
Tendance à prendre du bleu... | Très affaiblis, tendance à jaunir.
Violet mêlé de fauve .... #1
— 11 jours.
ti
.
Presque blanc..........
Lie de vin. Passée
tetttt URougeâtre. +...
[Très affaiblis......resesssse
Comme ci-dessusrers.sssrse. :
Fauve augmenté......
j
{rue hlanc........e 4
COTON...
— 15 jours. SOIE ....
LAINE + » » «
x COTON:..: | Fauve. Passeé...vsssssesses PBlanchätre. Passé. » « « » « #4]
— 16 jours. SOIR «.. Comme ci-dessus........,.. F \ RS es 4
re Re auve roUugealrE. res senenese Fouve rougeälre-.se.ss J
| Blanchätre. Passé... #1
} Encore rougeëtres. Passees
— 241 jours.
coTox.…... | Unpeupluspâle.............. | Presque blanc. Passésusenves
Fauves rougeàtres - Fatnicisetelste ls
. | Comme ci-dess.. ...
LAINE...
COTON. ci NE an ere maraesaneeee | Passé..svessesseresse vil
SOIE Comme ci-dessus...
Fauve lie de vin violâtre...... Plus passées que 2.++.++
— 28 jours.
LAINE....
fer Paie ne ce eee rarr ol Passé honte eues |
SOIE Comme ci-dessus........... : De a :
Se Fauve lie de vin violàtre...... Fauve-brun trace de violel
— 65 jours.
LAINE...,
[Passe eos sesscerseesrebe-eetfassée <> "test sets
Comme ci-dessus. .s.sssssses : ds
: L }Fouve encore violätre.s....e } Fauve sans vioéet. Passeë
LA
COTON....
SJIE «....
LAINE...
— 118 jours.
| Passé. .sssssse
LS
É
3
Fauve-c.ssssssresssesst
— 153 jours. som... .. Comme ci-dessus. + serre} pe encore violätre ee
LAINE.,..
PROG AT AQU HOACDONO | LOL CELL TES
…..
ACT IOATOMODOODODOONODO QUI EC ML .
COTON... .
— 231 jours. SOIE .
COTON... « | Passé sen een ane ceneeecne il 2e
—""1an. SOIE... _- De ste els oise : ee -
RS Comme ci-dessus ue Encore Re légèrement vineux.« |
| Blanc plus clair que 2...
ps identiques à 2,4
plus hautes..........:
| Blanc légèrement rosäLrE..
SOIE
LAINE,
= 2 ans.
fo .. | Légèrement violet...........
: JBien plusbleuâtres que normes: Fauve violätre,...s.sesssesee
SUR LA TEINTURE. 75
é , 4
RTE æ À
GIRCONSTANCE. 5e CIRCONSTANCE. 6° CIRCONSTANCE. 7e CIRCONSTANCE. 2]
SPHÈRE ET LUMIERE. VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE. GAZ BYDROGÈNE SEC ET LU |GAZ HYDROGÈRE, VAPEUR D'EAU
MIÈRE. ET LUMIÈRE,
COOP Rien D608060 He coast e ion Cor blonde oo saoberiue Rien
f
RE nsible. ce Biens eat 103.34 sas PRlemes. cache de serre [en
Identique au norme, sauf un
ment moindre que 3... REU plus bleuâtre....... He PET LAS dû ve comais tie | Comme.
| }Tdentiques Aux NOFMES.......e
|
k ement moindre que 3... À ie MTS ALL. us à prendre du bleu... | Comme 5,
|
des is dessus.......,... | Gomme 1...... cvs... | Gomme 5.
Hanchätre que CPEETE
| Déc que 3 PELECEES : comme ci-desaus.… Comme!r.. see ses oo oo o so ... | Comme 5.
assée que Le eee POP
ü anchätre que 3. Passé
» sees que 3.
| Presque identiques aux normes. s
oo 0 0 ne Ur NII Comme tee, sueuuvenes ss e « | Comme 5.
: Tendance à jaunir...........
: Comme ci-dessus........, ... [Gomme 1.....0...,0. cena - Comme 5.
usique 3 .......... Comme ci-dessus............ | Comme 1......-... Ab + | Comme 5.
+
OO Comme ci-dessus.......,.. eh (Go ik rpgou dd tout Comme 5.
Comme 5, sauf qu'il y a ten-
comme ci- “dessus. Focodoart Comment. -r-s-crserracvees { HRerA Pre LES
| | Affaibli beaucoup MR DOCoe Passé.
Ce PRE joue identiques aux normes, }Counme Lannisie cata sa rois ne Très affaiblie.
mais moins bleues......... Violet-brun-roux.
Sâtre comme 3.... Blanchätre.
... Comme ci-dessus............ Comments: ner iesten ee {ansibte.
.. Violet plus brun que norme.
6 RECHERCHES
ORSEILLE.
Sous l'influence de la lumière.
2b. L’orseille dans le vide et le gaz hydrogène persiste sur les
étoffes avec cette différence quelle tend au violâtre; eîle baisse sur le
coton, mais excessivement peu.
26. Elle saltère dans Pair sec en prenant du jaune; après deux ans
la soie et la laine ont encore une teinte vineuse.
27. Si la vapeur d’eau favorise son altération sur le coton dans
Pair, elle n’a guère d'influence dans la même circonstance sur Por-
seille fixée à la soie et à la laine, car après deux ans ces deux étoffes
ressemblent aux échantillons correspondants de Pair sec. Ce fait est
d'autant plus remarquable que dans Patmosphère, Paltération de
lorseille est plus grande, car il ne reste plus sur les deux étoffes de
trace rougeatre.
28. L’orseille se conserve dans la vapeur d’eau pure sur la soie et
la laine, moins sur le coton, et il est remarquable qu'après avoir
pris du bleu elle prend du jaune.
Elle se comporte au commencement de Pexposition de la même
manière dans l'hydrogène et la vapeur d’eau, mais il arrive une
époque où après avoir jauni elle semble reprendre du bleu.
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MATIÈRE ÉTOFFES.
COLORANTE. VIDE SEC ET LUMIÈRE.
ACIDE SULFO-INDI-
GOTIQUE.
Après une ai} coron ... | Affaibli très légèrement...
de 3 jours. {sors .... | Identique au norme...ss.see
LAINE... | Presque idenlique..........-
{son Affaibli très légèrement..
— 10 jours. {sorr ..... | Identique au norme...
L AINE : Perdu son éclat, sans AIPble
COTON. Affaiblis. sos...
— 15 jours. sore.….... | Identique au norme...
LAINE... | Vert-ardoisées.ssssssesse :
COTON ...
— 25 jours. SOrE + Comme ci-dessus. sssssssssee
LAINE,..
coron ... | Affaibli.....se..ssseecesee
— 35 jours. so... | Plushaute en violet que norme.
LAINE... | Ardoisé-verdâtre ..c.s+ssesee
COTON . Gris de lin...ss.ssssesse
— 45 jours. SOIE.. Très peu changée...
LAINE Ardoisé-verdätre affaibli...
corox .. | Gris de lin presque. passées...
EN jours. SOIF... . l'Iès peu changée, pl. xiol. que norme:
Re DA. ee Passéess.s.sse
COTON .
— 75 jours. {so Re ci=dessugessrssssesse
LAINE.
COTON... fl Très affaibli...
— 85 jours. SOLE.» «+ « :} û
mme ci-dessus.srssenrsee
PRES a (LE CCR
COTON :
— gù jours. SOIE...... Comme ci-dessus.....-..
LAINE.
COTON .
— 105 jours. fe u... Comme ci-dessus. .
LAINE...
COTON .
— 119 jours. sore.….... YComme ci-dessus...
LAINE...
COTON... . >]
— 135 jours. = Me ci-dessus. ««
Es
a.
— 237 jours. F A
. | Ardoisée-verdätre.......
COTON . Encore bleu........
— 1on. Violette, peu affaiblie
Ardoisée, très affaiblie
COTON « Encore bleuâtre.......
— “ J'ans. pur PI. vivl. que norm.
LAINE, « Ardoisée sans bleu
1e CIRCONSTANCE.
Encore bieu........
TR ;
Lrès peu changée.
RECHERCHES
3e CIRCONSTANCES
2e CIRCONSTANCE.
AIR HUMIDE ET LUMIÉE
AIR SEC ET LUMIÈRE.
Très affaibli.........
Peu affaiblie....
Bleu verdâtre....... 4...
Blanc jaunétre. Passé.
Très affaiblie.......s.
Verte, très affaiblie. +...
Blanc jaunâlre.......s#
fe affaiblie .... À
Verdâtre, très affaiblie.. 4
| Vert grisätre..
Passé...
Très aliérée....
Verdâtre, très difaiblie..
! Passe.
“* JTès + altérées.sssse.ssst
. identiques aux normes.
oi Presque identiques aux normes.
| Presque identique à 1...
ï]
Comme ci-dessus......sssese
Comme ci-dessus... Comme ci-dessus..
Plus affaibli..... A
Peu affaiblie....
Moins ardoisée que 1.........
Très affaibli......
Affaiblie .....
Ardoisée ....
Très affaibli ...ssos...ssees
Plus violette que norme.......
Moins altérée que 1e.......e.
nus. APPART EDOOOOOC
nnnnnonnensss
À
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: Ds affaibli que 1..
Passé .........
Presque passée.: «ee
Presque passée, jaune ct ble
....... | Comme ci-dessus.....s#
Comme ci-dessus. «...
Passe...
Jaunâtre. Passée. «#4
Jaune et encore verdàire
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a.
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|
Plus affaiblie que ne]
Plus pâle que 1, mais plus brill. | Presque passée.
Blanchätre...
Jaunätre.......
Jaunâtre, trace de bleu:
Blanchätre.......seses
Comme ci-dessus. ,......sse Vanne re
Jaunätre sans bleu. Pas
....
Passes...svusrs.
ss...
Violet très peu affaibli........
Très affaiblie,...........
douces | Passésessroosssesee dei
Plus affaiblis que 1...
5
-
Encore bleus ve SPnis
Bien plus faible que 1.
Moins foncée que 1...
+ Ÿ Passés resserre ts
Presque identiques à 1, moins :
de tendance au violet...... Passésuserseserssssts
Un peu affaiblie
l'rfaRe AAC sacre À
4
Blanc sale..........
Fauve rougvätre..
Fauve sale.....
Encore bleuätre......
....
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SUR LA TEINTURE.
CONSTANCE.
ÈRE ET LUMIÈRE.
5e CIRCONSTANCE.
VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE.
+
#
identiques aux normes.
identiques aux normes,
; violctée.
entre 2 et 3.
6e CIRCONSTANCE.
GAZ HYDROGÈNE SEC ET LU-| GAZ HYDROGÈNE, VAPEUR D'EAU
MIÈRE.
7e CIRCONSTANCE.
ET LUMIÈRE.
79
80 RECHERCHES
ACIDE SULFO-INDIGOTIQUE.
Sous l'influence de L1 luiumivre.
29. L’acide sulfo-ndigotique dans le vide sec ne tient pas sur le
coton , il s’altère sur la laine et pas ou presque pas sur la soie, il
prend un peu de violet comme cela arrive à Pindigo.
30. Dans l'air sec il s’affaiblit un peu sur la soie, beaucoup sur le
coton et même sur la laine ; mais la couleur de cette dernière étoffe
est moins terne, moins haute que celle de la laine qui a été dans le
vide, et celle-ci, loin d’être verte, est ardoisée violâtre par contraste
avec la précédente.
31. Dans l'air humide l'acide sulfo-indigotique s’altère sur la soie
aussi bien que sur la laine et le coton; le bleu s’évanouit d’abord sur
le coton, puis sur la soie, enfin sur la laine.
52. Dans l’atmosphère l’altération de Pacide est complète sur la
laine et le coton, tandis que la soie est encore notablement colorée.
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SUR LA TEINTURE.
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82 RECHERCHES
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MATIÈRE ÉTOFFES. 5": CIRCONSTANCE. 2e CIRCONSTANCE. 3e CIRCONSTANCE:
COLORANTE- — VIDE SEC ET LUMIÈRE. AIR SEC ET LUMIÈRE- AIR HUMIDE ET LUMIÈRE
INDIGO.
Après uue exposition { COTON..-. Presque identiques aux normes,
de 72heures. SOIE .... “Yen. remec-s-erarere ......Ù peut-être moins verdâtres ou | Presque identiques . » : + » « «##
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— 10 Jours. SOIE -.….. 1 He Presque identiques aux normes. surlout........e.r...s
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LAINE.... | Presque identique au normé
COTON... De
— 15jours. so1E..... yComme ci-dessus.......-.. Comme ci-dessus. . ..- EDS Très affaiblis...........
LAINE... | Presque identique au norm
COTON... L : : |
— 25 jours. sore ..... Comme ci-dessus. .... es... | Comme ci-dessus...........: Comme ci-dessus .......M
LAINE... |
COTON... + :| 12.
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— 35 jours. 8orE .... . à Comme ci-dessus...... cesse | Comme ci-dessus........: COL Très affaiblis
LAINE-.. | Presque pas............
je Core JAfTaiblis........ {Très affaiblis, plus vec
- 45 jours. so1E ..... ÿ Plus violets que normes,...... à : à que normes ..........4
LAINE... | Presque identique à 1....-:-- | Très peu...............4
COTON... 4 Le
— 95 jours. SOIE +... comme Ci=dEssus-- career Comme ci-dessus. ..... RCE affaiblis, tirant au verd
LAINE... [Peu..................1%
coton... { Comme norme, tend. au violet. | Affaibli...........:.-...... Très affaibli ..........
— 135 jours. sore..... | Plus haute que norme... ...: Plus affaiblie que coton...... Presque passée en partie .4
LAINE... | Comme norme, tend. zu violet | Presque identique au norme... |'Très peu.............. 1
Très affaibli...........0
À peine bleue.....,...4,
Très peu...............,
Affaibli............. Boat on
Très affaiblie...,..........
Presque identique au norme...
| Très affaibli............
— 20h jours. SORA C Re du violet …..
COTON.- ++) plus hauts que normes, à cause
LAINE...
COTON ... x
— 265 jours. SOIE..... } Jomme ci-dessus..... hocid | Gomme ei-dessus..... FAO {Des taches jaunes.......
LAINE... Sensiblement affaiblie. . :
à Très affaibli..........
— 33; jours È Rome ci-dessus... .. | Comme ci-dessus ........, ... à Passée en partie......
he nc Sensiblement affaiblie. . .
Tant {so om ci-dessus... Comme ci-dessus..,..... .... | Comme ci-dessus......:
LAINE. +.
: COTON... . ANEMDI ee senoesosmssecere | Presque decolorEm. ee
= a. a : {soi ne... Comme ci-dessus. ....e.e.. +4 Plus affaiblies... | Bleu verdätre ardoisé..
SR PARTOUT" LAINE. «. Peu affaiblie................ | Plus affaiblie que 2.....
COTON ... ed . (Affaibli, mais d'un beau bleu... | Presque decoloré-jaunä
an { SOLE...» re ren PURE: { Plus affaiblie , verdâtre....,... Pésie décolor., verdâtr.
LAINE +. F OC AE EN OER Un peu affaiblie............ . | Plus affaiblie que 2....8
SUR LA TEINTURE. 83
GIRCONSTANCE. 5e CIRCONSTANCE. 6e CIRCONSTANCE. 7° CIRCONSTANCE.
DSPHÈRE ET LUMIÈRE. VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE. |CAZ HYDROGÈNE SEC ET LU-| GAZ HYDROGÈNE, VAPEUR D'EAU
MIÈRE. ET LUMIÈRE,
identiques.
affaiblis.
ë identique au norme.
iblement affaibli.
affaiblie.
ci-dessus,
1 iblis que 3,
ffaiblis que 3.
is, tirant au vert.
nsiblement affaiblie.
2
ndance au vert.
sibl. q. 3, tend. au vert.
fiblis que 5.
presque aulant que 3.
nt affaiblie.
assé.
t affaiblie.
nt affaiblie.
84 RECHERCHES
INDIGO.
Sous l'influence de la lumière.
55. L'indigo daus le vide se conserve sur les trois étoffes, en pre-
nant du violet. [1 semble plutôt monter en ton que s’abaisser.
54. Dans l’air sec l’indigo sur la laine ne s’affaiblit que très peu. Il
s’affaiblit davantage sur le coton, mais en conservant sa fraicheur ;
il s’affaiblit encore davantage sur la soie, mais il prend du jaune.
55. Dans Pair humide il s’affaiblit plus que dans Pair sec.
56. Dans l'atmosphère la décoloration est à peu près la même que
dans l'air humide; cependant elle me paraît être un peu moindre sur
la laine, égale sur le coton et un peu plus faible sur la soie.
37. Mais si je ne me suis pas fait illusion, ou sil n’y à pas eu quel-
que inégalité dans la manière dont les échantillons contenus dans l'air
humide et ceux exposés à l'atmosphère recevaient l’influence de la
lumière, l’altération aurait été plus vite dans l’atmosphère que dans
Pair humide; puis il y aurait eu plusieurs autres alternatives jusqu’au
résultat définitif.
38. Je parlerai ailleurs de l’action de la vapeur d’eau et de lhy-
drogène sur lindigo, etc.
=
*
77
SUR LA TEINTURE.
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86 RECHERCHES
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COLORANTE. VIDE SEC ET LUMIÈRE. AR SEC ET LUMIÈRE- AIR HUMIDE ET LUMIËÏ
BLEU DE PRUSSE. ;
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LAINE... | Verdätre très affaiblie........
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LAINE. ... Bleu-foncé verdâtre.. ..
Peu affaibli...........
Presque décolorée . ....}
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LAINE | Verde eee reel Montéeten violet"); Bleu-verdätre -....
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Blanchätre..........
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LAINE...
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COTON.
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— 268 jours. cl Gide + ER EL EE ep ee à
LAINE ... | Verdätre ..... dussceuseese. (Brune verdâtre............ -. | Foncée verdâtre...... bu
Très affaibli...
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LAINE. . | Plus foncée............s..
Très affaibli. ........)
Vert jaunâtre........ [Jun
Ardoisce verdätre. ...f)#
A peine affaibli..............
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Verte-brunc...sssssessssses
Blanchätre.....…,
Blanchätre................
| Enc. verdâtr., mais très affaibl.
COTON .
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LAINE.
(
SUR LA TEINTURE.
6e CIRCONSTANCE.
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MIÈRE.
5e CIRCONSTANCE.
VAPEUR D'EAU ET LUMIÈRE.
ONSTANCE.
HÈRE ET LUMIER®.
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éntiques aux normes. | Plus changés que rv.
ment affaibli... ....
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Fes changés que #1.
RP us........... [rs changés que 1.
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Plus changés que 1 , dépôt roux
nlique au norme...
sur les ctoffes.
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.. Pluschangés que 1, dépôt roux.
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Blanchätre passe.
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Presque blanchätre.
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moins que 3..:...... Comme ci-dessus.
me } Gomme ci-dessus.
mais moins que à
7e CIRCONSTANCE,
GAZ HYDROGÈKE, VAPEUR D'EAU
ET LUMIÈRE.
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te) RECHERCHES
BLEU DE PRUSSE.
Sous l'influence de la lumière.
39. Le bleu de Prusse devient blanc dans le vide, sur la soie
d’abord, sur le coton ensuite ; il persiste davantage sur la laine; ce-
pendant il s’'évanouit pour la plus grande partie.
40. Dans la vapeur d’eau la décoloration est plus rapide que dans
le vide sec, et au bout d’un mois environ d’exposition il se produit
un dépôt roux qui colore les étoffes et les parois humides du flacon
qui les renferme.
41. Dans l'air sec il s’affaiblit à peine sur le coton, très peu sur la
soie ; il passe au vert brun sur la laine.
42. Dans Pair humide il s’affaiblit davantage.
43. Dans l’atmosphère 11 $affaiblit un peu moins que dans l'air
humide.
SUR LA TEINTURE. 89
44. Les observations précédentes laisseraient quelque chose à dé-
sirer, si je ne parlais pas de légers changements que les normes eux-
mêmes ont éprouvés, sans doute de la part de la lumière à laquelle
ils ont été exposés pendant qu’on les comparait avec les échantillons
soumis à l’expérience. 4
Curcuma.
Le coton avait un peu baissé de ton.
La soie avait aussi un peu baissé, mais moins que le coton.
La laine avait pris une légère nuance de roux.
Rocou.
Le coton avait pris du rouge et perdu du jaune, et certaine-
ment le norme était plus changé que l'échantillon du vide.
La soie était mieux conservée que le coton.
La laine avait légèrement baissé de ton.
Carthame.
Le coton avait perdu de son ton, mais légèrement.
La soie davantage ; elle avait pris du jaune.
La laine davantage encore.
Orseille.
Tous les normes d’orseille s'étaient affaiblis en prenant du jaune.
Acide sulfo-indigotique.
Le coton était légèrement affaibli de ton.
Arouives pu Muséum, TOuE I. 12
ga RECHERCHES
La soie moins; elle tirait sur le violet.
La laine était plus affaiblie; elle tirait sur le vert.
Indigo.
La couleur était devenue plus haute en prenant du violet.
Bleu de Prusse.
La couleur était plutôt montée que baissée; elle avait pris du
violet plutôt que du vert.
45. Afin d'éviter à mes lecteurs la peine de tirer de mes obser-
vations les conséquences qui en découlent, je vais les considérer :
1°. Relativement aux diverses matières colorantes mises en ex-
périence, comparées entre elles, eu égard à une même étoffe et à
une même circonstance ;
2°. Relativement à la nature des étoffes de coton, de soie et de
laine sur lesquelles une même matière colorante est fixée, et eu
égard à une même circonstance ;
3°. Relativement à la lumière et aux agens pondérables qui ont
amené des changements dans la même matière colorante, fixée sur
une même étofle, mais sur des échantillons placés dans les sept
circonstances définies précédemment.
4. Relativement à la théorie du blanchiment.
5°. Relativement à l'essai de la stabilité des couleurs des étoffes
teintes.
6°. Relativement à la conservation des objets colorés.
7°. Relativement à desphénomènes de la nature organique vivante.
SUR LA TEINTURE. 91
CHAPITRE II.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement aux diver-
ses matières colorantes comparées entre elles, eu égard à une méme
étoffe et à une méme circonstance.
46. Si aujourd’hui qu’on emploie en teinture un grand nombre de
matières colorantes minérales, et qu’on les emploie fréquemment et
souvent concurremment avec les matières colorantes d’origine organi-
que, il n’est pas permisde méconnaîtreabstraction faite de leur origine,
les extrêmes différences que présentent entre elles plusieurs de ces ma-
tières, différences qui ne permettent pasdelesréunirenun seul groupe,
il n’en était pas de même autrefois, lorsqu’on ne teignait guère qu’avec
des matières colorantes empruntéesaux plantes etaux animaux, car des
chimistes très distingués les regardaient soit comme des espèces congé-
néres, soit comme de simples variétés d’une même espèce. Il y a long-
temps que je me suis élevé contre de tels rapprochements qui con-
fondent dans un groupe d’un ordre aussi peu élevé que l’est le genre,
des corps différents par le nombre des éléments constituants" et par
la composition immédiate. En effet, il y en a de ternaires comme le
principe colorant du bois de santal, de quaternaires comme l'indi-
gotine, etc. Il en est que l’on considère comme formés immédiate-
ment de deux corps composés, tel est l’acide sulfo-indigotique. Les
matières colorantes d’origine organique ne diffèrent pas moins entre
elles sous le rapport des propriétés chimiques de l’ordre le plus
élevé; car si la plupart sont neutres aux réactifs colorés, quelques
unes, l'acide sulfo-indigotique par exemple, jouissent d’une acidité
“ju 7 + Ü [J « e 4
2 Consiléraions générales sur l'analyse organique et sur ses applications. Paris, 1824,
page 167.
92 RECHERCHES
sensible ; enfin relativement aux dissolvants, on en trouve qui par
leur grande solubilité dans l’eau semblent être analogues aux prin-
cipes immmédiats qui contiennent une quantité notable d’oxigène
relativement au carbone et à l'hydrogène, tandis que d’autres par leur
insolubilité dans l’eau et leur solubilité dans l’alcool et l’éther, sem-
blent se rapprocher des corps gras ou résineux dans lesquels le car-
bone et l'hydrogène sont les élémens dominants.
47. En considérant les résultats de mes expériences relativement
à la question de savoir, si les matières colorantes d’après la manière
dont elles se sont comportées individuellement dans les circonstances
où je les ai mises, doivent être rangées dans un même genre (je ne
dis pas une même espèce, parce que aujourd’hui il n’est heureusement
personne qui poserait ainsi la question ), je ne doute pas qu’on ne
trouve la diversité des phénomènes qu’elles ont présentés trop grande
pour justifier une réunion de cet ordre; mais quoi qu'il en soit de
cette diversité, c’est la grande différence de composition qui s’op-
pose essentiellement à un pareil rapprochement.
48. L'indigo appliqué sur le coton, la soie et la laine se conserve
dans le vide quoiqu'il soit frappé par la lumière , tandis que le bleu
de Prusse appliqué sur les mêmes étoffes et dans la même circon-
stance devient blanc!
49. Le curcuma appliqué sur les mêmes étoffes s’altère dans le
vide sous l'influence de la lumière, mais il différe du bleu de Prusse
devenu blanc en ce qu’il ne reprend pas sa couleur comme cela ar-
rive à celui-ci, lorsqu'il reçoit le contact de l'air.
5o. L’orseille, le carthame, le rocou résistent à la lumière dans
le vide et dans des circonstances où le curcuma faltère.
51. L’acide sulfo-indigotique fixé à la laine, s’altère sous l’in-
fluence de la lumière dans le vide et l'air humide tandis que l’indi-
gotine n’éprouve pas de changement ou n’en éprouve que très peu.
SUR LA TEINTURE. 93
52. L’orseille fixée à la laine et à la soie résiste beaucoup plus
dans air humide que le rocou et le carthame.
53. L’altérabilité des matières colorantes d’origine organique dans
les circonstances où je l’ai observée, est évidemment trop différente
relativement au temps nécessaire à ce qu’elle se manifeste au même
degré dansles diverses espèces de ces matières, pour que conformé-
ment à une opinion assez répandue on soit fondé à en tirer un
caractère commun à toutes ces espèces et propre à les distinguer des
matières incolores qui ont la même origine.
54. D’un autre côté ce serait une grave erreur de croire à la stabi-
lité des matières incolores dansles circonstances où les matières colo-
rées S’altèrent, car parmi les faits que je puis citer, il en est un remar-
quable, c’est que du carton fin à étiquette et conséquemment couvert
de papier collé, ayant été exposé à l’action de la lumière et de Pat-
mosphère conjomtement avec des étoffes colorées, à blanchi en
même temps qu'il a acquis la propriété de boire l’encre par suite de
Ja destruction de la colle qui le rendait propre à l'écriture avant son
exposition à la lumière et à l'atmosphère.
55. Sil’on recherche la cause qui a conduit à faire penser que les ma-
tières colorantes d’origine organique sont plus altérables par la lumière
(êt il faut ajouter d’après mes observations sous l’influence des agents
pondérables de l'atmosphère), que ne le sont lesmatièresincolores de
même origine, on la trouvera dans cette circonstance que l’altéra-
tion a été remarquée sur une matière colorante dont le poids était
plus ou moins faible relativement à celui de l’étoffe qu’elle teignait,
et que dès lors la matière colorante pouvait être altérée ainsi qu'une
certaine quantité de la matière de l’étoffe, sans que l’altération de
celle-ci devint sensible comme l'était celle de la première qui en
définitive avait pour résultat une décoloration, phénomène frappant
pour tous les yeux.
94 RECHERCHES
56. Cette explication lie plusieurs faits qui sans elle, manque-
raient de corrélation, si quelques uns même ne semblaient pas
contradictoires aux autres.
57. Ainsi l’indigotine appliquée sur les étoffes de laine de manière
à les teindre en ces bleus foncés qui sont les tons de la gamme d’in-
digotine, presque exclusivement d’usage pour nos vêtemens de laine
de couleur bleue, passe pour un des principes colorants les plus
solides qu’on connaisse, parce qu’en effet ( sauf le blanchiment sur
les coutures ou sur les parties du vêtement exposées au frottement,
que peuvent présenter certains draps bleus) la couleur de l’étoffe
parait être la même depuis le moment où on la prend comme véte-
ment neuf jusqu'a celui où on la quitte comme véfement vieux.
Cependant l'apparence n’est pas la réalité; car si l’indigotine ne forme
qu'un bleu clair sur la laine, et à plus forte raison sur la soie et
même le coton, cette teinte est détruite très promptement sous l’in-
fluence de la lumière et des agens pondérables de atmosphère; par
conséquent, si on ne portait que des vêtemens teints en bleu clair
avec de l’indigotine, ou en conclurait que ce principe colorant est
très altérable.
58. Si maintenant nous considérons que dans une étoffe teinte
en bleu clair, il n’y a que très peu d’indigotine relativement au poids
de la matière de l’étoffe, nous concevrons d’après ce qui précéde,
comment une petite quantité du principe colorant pourra disparaitre
sans que la matière de l’étoffe paraisse changée dans sa ténacité et
ses propriétés physiques autres que sa couleur ; si ensuite nous con-
sidérons que dans l’étoffe teinte en bleu foncé, il y a beaucoup plus
d’indigotine relativement à ce qu’il y en a dans l’étofle teinte en bleu
clair ( ce qui ne signifie pas qu'il y en a beaucoup relativement au
poids de la matière de l’étoffe), nous concevrons comment il arrive
qu'un vêtement de drap bleu foncé soit hors de service avant que
SUR LA TEINTURE. (b)
la proportion du principe colorant qui s’est altérée deviennesen-
sible à l'œil.
59. C’esten comparant ainsi la lenteur avec laquelle s’affaiblit la cou-
leur destons foncés d’ane gamme et la rapidité avec laquelle s’évanouit
celle destonsclairsdelamême gamme qu’on peuts’expliquer l'influence
du temps sur les tapisseries des Gobelins et les tapis de la savonnerie
pour détruire les harmonies de la dégradation des lumières colorées
et des ombres, et combien il serait nécessaire dans le travail techni-
que de ces beaux produits de Vart.et dans le choix de leurs modèles,
de prendre en considération les observations que je viens de faire
pour atténuer autant que possible un inconvénient qu’on ne peut
détruire complétement.
CHAPITRE IV.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement à la nature
diverse des étoffes sur lesquelles une méme matière colorante est appliquée,
eu égard à une méme circonstance.
60. On professe assez généralement l'opinion que la laine est l’étoffe
qui a le plus d’aflinité pour les matières colorantes, comme le li-
gneux (coton, lin, chanvre) est celle qui en a le moins, et c’est con-
formément à cette maniéré de voir que l’on a avancé dans un mé-
moire lu à Institut que l’objet de plusieurs opérations pratiquées
dans la teinture du coton en rouge turc est d’augmenter l’affinité de
l’étoffe pour la matière rouge de la garance, en y combinant une
matière animale, ou comme on l’a dit, en l’animalisant.
61. L’opinion qui assigne à la laine une affinité pour les matières
colorantes supérieures à celle des ligneux et même à celle de la soie,
96 RECHERCHES
ne repose sur aucun système d'expériences; elle résulte de quelques
observations éparses qui se rapportent à deux circonstances; dans
l’une on a observé que la laine se combine plus facilement à des ma-
üères colorantes que le ligneux et que la soie même ; dans l’autre que
la laine teinte résiste plus que le ligneux et que la soie même à la lu-
mière ou plus généralement à des agens quelconques qui tendent à
décolorer les étoffes.
62. Mes observations ôtent toute généralité à cette opinion, car
63. Dans le vide sec la lumière est sans action sur le rocou fixé
au coton et à la soie, tandis qu’elle agit sensiblement sur celui qui
l’est à la laine.
64. Daus la vapeur d’eau la lumière altère le curcuma fixé sur la
laine et la soie, dans le temps où elle rehausse celui qui l’est sur le
coton.
65. Dans la vapeur d’eau la lumière altère le carthame fixé à la
laine et à la soie, dans un temps où le coton qui en est teint con-
serve sa couleur rose ; le seul changement qu’on observe alors est
une tendance au violet dans la matière colorante.
66. Dans la vapeur d’eau la lumière n’altère pas l’orseille fixée sur
la laine et sur la soie tandis qu’elle décolore celle qui l’est sur le
coton.
67. Dans le vide sec la lumière n’altère pas l’acide sulfo-indigoti-
que fixé à la soie comme elle altère le même acide fixé à la laine et
au coton. Dans l'air sec et l'atmosphère l’altération de lacide fixé à
la soie a lieu, mais bien moins facilement que celle de l'acide fixé
aux autres étoffes.
68. L'indigo fixé aux étoffes présente précisément sous l'influence
de la lumière et de l’air sec le cas inverse de celui de l'acide sulfo-in-
digotique, car le premier est moins stable sur la soie que sur le
coton et la laine.
SUR LA TEINTURE. 97
69. Ainsi en résumé dans les circonstances que j'ai définies avec
Soim :
1° Le rocou est plus stable sur le coton composé ternaire non
azoté et la soie composée quaternaire , qu’il ne l’est sur la laine com-
posée quaternaire azoté plus analogue à la soie qu’au coton.
2° Le carthame et le rocou sont plus solides sur l’étoffe ternaire
qu’ils ne le sont sur les étoffes quaternaires.
3° L’orseille est plus stable sur les étoffes quaternaires qu’elle ne
l'est sur l’étoffe ternaire.
4° L’acide sulfo-indigotique est plus stable sur la soie étoffe qua-
ternaire, qu’il ne l’est sur la laine étoffe quaternaire et sur le coton
étoffe ternaire.
5° L’indigo présente précisément le cas inverse lorsqu'il reçoit
l'influence de la lumière dans l'air sec.
70. Ces exemples suffisent, je crois, pour démontrer qu’on ne
peut établir une échelle d’affinité absolue entre lestrois étoffes, laine,
soie et coton et les divers principes colorants indifféremment.
71. Examinons maintenant si la matière colorante qui s’est fixée
sur le coton, la soie et la laine qu’on a teints dans un bain préparé
avec l’indigo (cuve d'inde), l’acide sulfo-mdigotique, le eurcuma,
le rocou, le carthame et l’orseille est identique sur les trois étoffes.
72. Lorsqu'on teint le coton, la soie et la laine dans un bain qui,
comme la plupart de ceux qu’on prépare dans les ateliers avec des
plantes ou quelques-unes de leurs parties, telles que l’écorce, le bois,
la racine, etc., contient plusieurs corps colorants ou incolores sus-
ceptibles de se fixer inégalement sur les étoffes concurremment avec
le principe colorant qui imprime à la matière colorante végétale son
caractère spécifique, on peut se demander si les différences que
peut présenter le même principe colorant appliqué sur le coton,
la soie et la laine, ne tiendraient pas tant à la nature diverse des
Ancuives pu Muséum, Tone I. 13
98 RECHERCHES
étoffes qu’à l'influence de corps colorans ou incolores qui ont pu
se fixer inégalement sur chacune d'elles, ct je dois d’autant moins
négliger de traiter cette question, que j'ai donné une attention par-
ticulière au fait sur lequel elle repose dans mon premier mémoire.
Examinons donc quelles modifications il y aurait à faire aux con-
séquences que j'ai déduites de mes expériences, dans le cas où il y
aurait eu quelque influence exercée par la cause que je signale ici.
73. D’après de nombreuses observations je suis porté à croire
qu’en général la laine d’abord et la soie ensuite sont plus disposées
que le coton à prendre à la fois dans des bains préparés avec des
matières tinctoriales d’origine organique, plusieurs des principes im-
médiats de ces bains; c’est pourquoi en général le coton prend des
couleurs plus franches que la laine et la soie dans les circonstances
dont je parle.
74. Dans la cuve d’indigo la laine et la soie prennent plus de ma-
tière étrangère avec l’indigotine que n’en prend le coton. Eh bien!
si l’indigotine, qui dans l'air sec est plus stable sur la laine que sur
toute autre étoffe, devait cette supériorité de stabilité à une matière
qui s’est fixée en même temps qu’elle sur la laine, l’indigotine qui
s’est fixée sur la soie devrait dans la même circonstance être plus
stable sur la soie que sur le coton; or c’est le contraire qui a lieu.
L'étoffe semble donc bien avoir de l'influence.
D'une autre part la solution sulfurique d’indigo s'approche plus
d’une matière pure que la cuve d'inde; eh! bien, l'acide sulfo-indi-
gotique est plus stable sur la soie que sur la laine non seulement dans
Pair sec, mais encore dans l’atmosphère. Il serait difficile de se re-
fuser à admettre dans ce cas l'influence de Pétoffe.
75. Le curcuma et le carthame donnent au coton des couleurs
plus franches qu’à la laine et cependant le coton conserve plus long-
temps ces couleurs que la laine dans la vapeur d’eau. Si cette diffé-
SUR LA TEINTURE. 99
rence ne dépendait pas de l’étoffe il faudrait la rapporter à la matière
étrangère fixée à la laine; dès lors cette matière étrangère produirait
l'effet opposé à celui qu’on attribuerait à la matière étrangère qui se
fixe sur la laine en même temps que l’indigotine de la cuve d’mdigo.
Si nous considérons maintenant le coton et la soie relativement
au rocou, nous verrons que les deux étoffes, à en juger par la hau-
teur et la qualité de la couleur qu’elles en tirent, doivent s’être
unies à une matière colorée identique; or le rocou fixé sur la soie
s’altère plus dans l’air sec que celui qui est fixé sur le coton, tandis
que c’est l'inverse dans la vapeur d’eau. Il serait bien difficile, je
pense, d'admettre ici que létoffe est étrangère au phénomène.
76. Quoique je ne donne pas comme prouvé tout ce que je viens
de dire dans les alinéas (73, 74, 75) et que je sois dans l'intention
de vérifier mes mductions pour chacune des matières tinctoriales en
n’employant que leurs principes colorants respectifs à l’état de pu-
reté, cependant je ne pourrais sans pousser le scepticisme trop loin,
mettre en doute que le même principe colorant peut être inégale-
ment stable sur les diverses étoffes.
77. Comment doit-on interpréter ce fait de la stabilité d’un principe
colorant sur une étoffe et de son altérabilité sur une autre dans les
mêmes circonstances, fait qui est démontré, je crois, pour la pre-
mière fois?
78. Est-ce un phénomène d’affinité ?
Faut-il admettre que dans le cas où une étoffe conserve sa cou-
leur sous l'influence de la lumière , c’est en vertu de l’affinité pour le
principe colorant, tandis que dans le cas où une autre étoffe ne con-
serve pas la couleur que lui donne le même principe, cela tient à
ce que la lumière met en jeu les affinités divellentes des atomes de
ce principe et même ceux de l’étoffe? (Introd. aux 3°, 4°, 5° mé-
moires [7].)
100 RECHERCHES
79. Est-ce un phénomène qui n'appartient pas exclusivement
à laffinité ?
Par exemple dans le cas où une étoffe conserve sa couleur, ne
pourrait-il pas se faire qu'il y eùt absence d’affinité entre létoffe et
le principe qui la colore? et que dans le cas où la même couleur
disparait d’une autre étoffe, il arriverait que l’influence de la lumière
exciterait en elle une force catalytique qui, rompant l'équilibre
des atomes du principe colorant (Introd. aux 3°, 4°, 5° mémoires
[8]) le changerait en corps incolores ou d’une autre couleur que
la sienne ?
80. Ces questions ainsi posées m'ont conduit à entreprendre une
série d’expériences où j'examine comparativement avec l'influence
des diverses étoffes sur ur méme principe colorant exposé à la lu-
mière , l'influence que peuvent avoir sur lui diverses matières telles
que la porcelaine vernissée, la porcelaine non vermissée, etc., qui
passent généralement pour être sans action chimique sur l’ordre des
composés auxquels ce principe colorant appartient.
CHAPITRE V.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement à la lumière
et aux agents pondérables qui ont amené des changements dans la méme
matière colorante fixée sur une même étoffe, mais sur des échantillons pla-
cés dans les sept circonstances définies précédemment.
1. Action de la lumiere.
81. Lorsqu'on jette les yeux sur les échantillons des trois étoffes
teintes avec l’indigo, l’orseille et le carthame, les échantillons de
coton et de soie teints avec le rocou et la soie teinte avec l’acide
D CR
SUR LA TEINTURE. 101
sulfo-indigotique, qui ont été exposés pendant deux ans à recevoir
l'influence de la lumière du soleil dans le vide, lorsqu'on jette les
yeux, dis-je, sur ces échantillons afin de les comparer à leurs nor-
mes respectifs, on est étonné de la fraicheur et de la hauteur du
ton de leurs couleurs, si l’on se rappelle ce qu’on dit communé-
ment de l’altérabilité de l’acide sulfo-indigotique, de l’orseille, du
carthame et du rocou par la lumière ; mais l'étude du changement
du bleu de prusse en une matière blanche telle que je l’exposerai
dans mon 6: mémoire, démontre que cet agent est capable d’agir sur
certaines matières conformément à ce qui est dit. (Introd. aux
3°, 4°, 5° mémoires [6].)
82. Il reste à examiner si c’est par l’influence seule de la lumière
que même le curcuma est altéré dans le vide, ou si l’altération qu'il
a subie tient à la petite quantité d’air resté dans le flacon, soit à l’état
gazeux, soit condensé par l’étoffe où même par le bouchon de liége
qui fermait le flacon. à
83. Enfin on peut se demander si la lumière ne pourrait pas agir
sur l’indigo, lorseille, le carthame, etc., dans une exposition pro-
longée au-delà de deux ans sans l’intervention d’aucun agent pon-
dérable.
2. Action de la luruëre et de l'air sec.
84. La lumière amène des changements bien plus grands dans
l'air sec que quand elle agit seule dans le vide, mais ces changements
ne sont pas également prononcés sur toutes les matières colorantes.
85. Le changement peu sensible sur le bleu de prusse fixé au co-
ton, l’est davantage sur le bleu de prusse fixé à la soie et à la laine.
86. Il est peu prononcé sur l’indigo fixé à la laine et au coton,
il l’est davantage sur l’indigo fixé à la soie.
87. L’acide sulfo-indigotique est peu affaibli sur la soie, tandis
qu’il est beaucoup sur la laine et le coton.
102 RECHERCHES
88. L'orseille est détruite sur le coton tandis qu’elle laisse une
trace très sensiblement rougeûtre sur la soie et la laine.
89. Le rocou sur le coton est encore assez rouge, il est d’un ton
faible de pelure d’oignon sur la soie, et il est complétement détruit
sur la laine.
90. Le jaune du curcuma et le rose du carthame sont compléte-
ment détruits sur les trois étoffes.
5. Action de la lumière et de l'air humide.
91. La lumière et l’air humide ne produisent pas sur les étoftes
de bleu de prusse un changement bien sensiblement plus grand que
la lumière et Pair sec.
92. Il en est de même pour lindigo fixé à la laine.
93. Il en est de même encore pour l’orseille et le carthame appli-
qués sur les trois étoffes, pour le rocou appliqué sur la laine et la
soie seulement et pour le curcuma appliqué sur les mêmes étoffes
sauf cependant que la soie teinte en curcuma est plus haute en gris
que l'échantillon exposé dans Pair sec.
94. La lumière et l'air humide altèrent au contraire bien plus
que la lumière et l'air sec l’indigo fixé sur le coton et l'acide sulfo-
indigotique fixé sur les trois étoffes ; la différence est surtout remar-
quable pour la soie et la laine.
95. Le curcuma et le rocou fixés sur le coton sont plus altérés dans
Vair humide que dans l'air sec sous l’influence de la lumière.
4. Action de la lumière et de l'atmosphère.
96. L'action de la lumière et de l'atmosphère est à peu près la
même que celle de la lumière et de l'air sec sur le bleu de prusse,
sur l’indigo fixé à la laine et sur le carthame,
97. Elle est plus forte au contraire sur l’indigo fixé au coton et
à la soie, sur l'acide sulfo-indigotique fixé à la soie, sur lorseille et Le
curcuma fixés à la laine et à la soie, sur le rocou fixé aux trois étoffes.
{
SUR LA TEINTURE. 103
98. Elle est presque égale à celle de la lumière et de l'air humide
sur l’acide sulfo-indigotique appliqué au coton et à la laine, sur Pin-
digo appliqué au coton et à la soie, sur le rocou appliqué à la laine
et à la soie.
99. Elle est plus forte sur le carthame, le rocou et surtout le cur-
cuma et l’orseille appliqués sur la laine et la soie.
100. Elle est plus faible au contraire sur le curcuma, le rocou, le
carthame et l’orseille appliqués au coton.
5. Action de la lumière et de la vapeur d'eau.
101. La lumière et la vapeur d’eau blanchissent plus vite que la
lumière seule le bleu de prusse appliqué aux étoffes. Il se produit
en outre un dépôt brun dans le flacon qui renferme les étoffes et la
vapeur d’eau , qui ne se forme pas dans le flacon où l’on a fait le
vide sec. Je reviendrai sur ce dépôt dans le 6° mémoire.
102. Les changemens que le cureuma fixé au coton éprouve dans
la vapeur d’eau, sont des plus remarquables. La couleur monte,
prend du rouge, puis elle $saffaiblit peu à peu; elle sy conserve
plus longtemps que dans l'air humide et que dans le vide; ce der-
nier résultat est d'autant plus remarqnable que le curcuma passe
plus vite sur la soie et la laine dans la vapeur d’eau que dans le vide.
105. Les changemens du rocou sont plus lents dans la vapeur
d’eau que dans l'air humide, et il est plus stable sur Ia soie que
sur le coton.
104. Le carthame sur le coton ne s’altère que très lentement dans
la vapeur d’eau et l’altération est moindre que dans l'air humide et
elle est plus rapide sur la soie et la laine surtout que sur le coton.
105. L’orseille éprouvé une modification de couleur dans la va-
peur d’eau, mais elle ne paraît pas saffaiblir sur la soie et sur Ja laine ;
elle s’affaiblit un peu sur le coton; la vapeur d’eau est donc bien
moins altérante que l'air humide.
104 RÉCHERCIIES
106. En définitive sous l’influence de la lumière la vapeur d’eau
a moins d’action sur les étoffes teintes que la vapeur d’eau et l'air.
6. Action de la lumière et du gaz hydrogène.
107. Les étoffes teintes avec le curcuma, le rocou, le carthame
et l’orseille se comportent dans le gaz hydrogène sec comme dans
le vide. Il parait donc qu’une pression égale à celle de l'atmosphère
exercée par un gaz dépourvu d'action chimique sur les étoffes teintes,
n’a pas d'influence mécanique pour retenir les élémens gazeux des
étoffes teintes, et il faut ajouter qu'il n’a pas plus d'influence que
le vide pour les altérer.
7. Action de la lumière, de la vapeur d'eau et du gaz hy-
drogène.
108. La lumière, le gaz hydrogène et la vapeur d’eau donnent
des résultats presque semblables à ceux que donnent la lumière et
la vapeur d’eau; cependant lorseille appliquée sur la soie et la laine
a présenté quelque différence.
CHAPITRE VI.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement à la théorie
du blanchiment.
109. La théorie du blanchiment des étoffes exige nécessaire-
ment pour être établie d’une manière précise, des connaissances
de deux genres;
1° Celles qui concernent la détermination des espèces de prin-
cipes immédiats qui forment les étoffes à blanchir; la composi-
tion de ces principes et leurs propriétés essentielles ;
2° Les connaissances concernant les actions des divers corps
SUR LA TEINTURE, 105
employés dans le blanchiment des étoffes; connaissances qui se
rapportent d’abord aux circonstances de lumière, de température
et des proportions pondérales des matières réagissantes, et ensuite
aux produits de ces actions.
110. Que l’on examine les connaissances que nous possédons
aujourd’hui sur le blanchiment sous le point de vue des condi-
tions que je viens de poser pour en fonder la théorie et on verra
qu’il reste encore, malgré tous les travaux entrepris à ce sujet,
de nombreuses lacunes à remplir, avant de penser sérieusement
à s'occuper de létablir sur des bases durables.
111. Sous le premier rapport (109). On a généralement con-
fondu une matière complexe colorée avec le principe ou les
principes qui la colorent et qui seuls méritent essentiellement
l’épithète de colorants et l'on a été ainsi conduit à admettre une
proportion pondérale de principe colorant bien plus forte que
celle qui existe réellement.
Par exemple, des étoffes de ligneux à l’état de filasse m'ont
présenté de la clorophylle qui contribuait à les colorer et un
principe jaune provenant de l’oxidation d’une substance incolore
qui se trouve dans les sucs d’un grand nombre de végétaux. Si
ce dernier n’était pas déjà uni dans la filasse avec une matiére
azotée et un acide, avant l’examen chimique, il sy combinerait
lorsqu'on applique les réactifs à chaud, et c’est un composé ter-
naire identique ou analogue à celui dont je parle qui a été fré-
quemment pris pour le principe colorant des étoffes de ligneux.
Il est des filasses, particulièrement celles qui ont été préparées
par des moyens mécaniques avec du lin ou du chanvre non préa-
lablement roui, qui contiennent en outre la substance qu’on à
appelée pectine ou celle qu’on a appelée acide pectique ; on l'en
sépare au moyen de lessives alcalines légères : des sels calcaires,
Anousves pu Muséum, rome I. 14
106 RECHERCHES
du peroxide de fer peuvent encore se fixer pendant le rouissage
sur les fibres ligneuses qui plus tard donneront la filasse. Enfin
on trouve dans le commerce des fils de lin écrus colorés en
gris par une matière dans laquelle il y a une quantité notable de
peroxide de fer, uni à une matière astringente.
Le principe colorant de la soie écrue jaune ne s’y trouve que
dans une proportion si faible qu’elle m’a paru indéterminable par
l'expérience directe.
112. Sous le second rapport (109). On n’a point cherché à ré-
duire l’action des agents qui concourent au blanchiment en ses élé-
ments afin de déterminer la part de chacun; on n’a point examiné
si dans le traitement par les alcalis des étoffes écrues de ligneux plus
ou moins fortement colorées, l’oxigène atmosphérique des lessives
a de l'influence sur la séparation de la matière colorée d’avec létoffe,
ainsi que cela semble pouvoir être d’après des expériences que jai
publiées il y a longtemps”. |
113. En définitive on n’a point envisagé la théorie du blanchi-
ment sous ce point de vue, les principes immédiats des éloffes
écrues que le blanchiment doit éliminer, étant bien définis, recon-
naître les agents qui, dans des circonstances de lumière, de tem-
pérature, de proportions pondérales, sépareront des étoffès ces
principes immédiats soit en les dissolvant, soit en les transfor-
mant en d'autres corps d'espèces déterminées.
114. Ces réflexions ne sont point une critique des travaux qu’on
a publiés sur le blanchiment ; car je reconnais le premier, confor-
mément à ce que j'ai dit dans mon premier mémoire, page 7, des
difficultés qui se rencontrent dans les recherches chimiques de tein-
ture, qu’un des grands obstacles à surmonter provient de ce qu’une
* Annales du Muséum d'histoire naturelle, tome XII, page 384.
SUR LA TEINTURE. 107
matière qu’on veut étudier, après l'avoir séparée d’une étoffe à la-
quelle elle était unie, ne sy trouvait qu’en une très faible propor-
tion, et en outre que cette matière est en général peu stable relati-
vement aux circonstances dans lesquelles on opère communément.
L'objet de mes réflexions est de justifier la marche que j'ai cru de-
voir adopter comme la plus propre à me conduire sûrement au but
vers lequel je tends, et de faire sentir en même temps la liaison des
observations exposées dans ce mémoire avec la théorie du blanchi-
ment. C’est donc en étudiant sur des corps colorés déjà connus,
l’action des agents capables de Les décolorer conformément à l’ordre
analytique que j'ai adopté, qu’on pourra déterminer les éléments de
cette théorie, et non pas en cherchant à l’établir avant tout d’après
des expériences faites directement sur la matière colorante fixée aux
étoffes écrues, car suivant moi, ces expériences ne peuvent étre ten-
tées avec avantage sous le point de vue théorique qu’en dernier lieu.
119. L'observation que jai faite de l’altération de corps incolores
exposés dans l'atmosphère à la lumière (54), les considérations que
j'ai émises relativement à la destruction de l'indigotine dans la même
circonstance, suivant qu’elle forme des tons foncés ou des tons clairs
(55, 56, 57, 58) sont toutes applicables au blanchiment; en effet
les agents qu’on emploie à cette opération, ne peuvent être envisagés
comme des corps qui n’ont pas d’action sur les corps incolores et
qui conséquemment n’agissent que sur la matière colorée des étoffes ;
et cela est si vrai qu’en employant le chlore en excès pour le blan-
chiment du ligneux on altère celui-ci pour peu que le contact soit
prolongé. Le résultat est le même si l'acide sulfureux est en excès
par rapport à la soie et à la laine et que le contact des corps soit
trop prolongé.
116. Si donc on blanchit avec ces agents, c’est que la matière
colorante est plus altérable que létoffe dans les circonstances où
105 RECHERCHES
l’on opère convenablement, soit qu’à poids égal elle saltère réelle-
ment plus vite, soit qu’à poids égal elle s’altère aussi vite ou même
moins vite, mais qu’alors la quantité en étant excessivement petite re-
lativement à l’étoffe, la quantité de l’agent suffisante au blanchiment
ne produit qu’une altération de l’étoffe pour ainsi dire insensible.
117. Dans des considérations moins générales que les précédentes
(115) qui restent à exposer et qui me sont suggérées encore par mes
observations relativement à la théorie du blanchiment, je mettrai
de côté les étoffes teintes en bleu de Prusse, pour ne parler que des
principes colorants ternaires ou quaternaires formés d’oxigène, d’a-
zote, de carbone et d'hydrogène qui teignaient les étoffes que j’ai
mises en expérience, et je préviens que tout ce que je présenterai de
général à ce sujet ne devra s'entendre que des circonstances où j'ai
observé.
118. On ne peut blanchir parfaitement par la lumière seule des
étoffes teintes avec l’indigo, l’acide sulfo-indigotique , le curcuma,
le rocou, le carthame et l’orseille.
119. On ne peut blanchir par la lumière et l'air sec aucune des
étoffes précédentes, excepté peut-être le coton teint avec l'acide
sulfo-indigotique.
(a) Aucune des étoffes teintes avec l’indigo n’est, à proprement
parler, décolorée si Le ton en est élevé.
(b) Des étoffes teintes avec l’acide sulfo-indigotique, le curcuma,
le carthame et l’orseille, le coton est celle qui se décolore davantage.
(c) Des étoffes teintes avec le rocou, le coton est celle qui se dé-
colore le moins, et la soie vient ensuite.
(d) La soie et la laine teintes avec l’acide sulfo-indigotique et l’or-
seille, restent bien plus colorées que les mêmes étoffes teintes avec
le rocou, le carthame et même le curcuma.
La soie et la laine teintes avec le curcuma, la soie teinte avec le
SUR LA TEINTURE. 109
rocou, sont trop colorées pour être dites banchätres, la laine teinte
avec le rocou, la laine et la soie teintes avec le carthame, sont b/an-
châtres nuancées de jaune plus ou moins gris.
120. On ne peut blanchir par la lumière et l'air saturé de va-
peur d’eau, que le coton teint avec l’acide sulfo-indigotique, le
curcuma, le rocou, le carthame et l’orseille, et encore reste-t-il une
teinte jaunâtre dans le blanc du coton teint avec l’acide sulfo-indigo-
tique et le carthame.
{a) On ne peut blanchir aucune des étoffes teintes avec l’indigo.
(b) La laine et la soie teintes avec l'acide sulfo-indigotique, l’or-
seille, le curcuma, le carthame et même le rocou, sont plus ou moins
fortement colorées, et aucune ne peut être dite décolorée jusqu’à la
blancheur quoique la laine teinte avec le rocou soit presque blan-
châtre.
On peut dire que la lumière et l’air humide sont des agents dé-
colorants plus puissants relativement au coton que relativement à
la laine et à la soie, lorsque les couleurs des étoffes sont l’acide sul-
fo-indigotique, l’orseille, le carthame, le cureuma et même le
rocou.
121. La lumière et l’atmosphère décolorent jusqu’à la blancheur
Île coton teint avec l'acide sulfo-indigotique, le curcuma, le rocou,
le carthame et l’orseille ; cependant le blanc n’est pas pur, et ne l’est
pas autant que celui des étoffes de coton correspondantes qui ont été
dans l’air humide (110).
(a) Le coton et la soie teints avec l’indigo ne sont qu'incomplé-
tement décolorés. lorsque l’exposition est plus prolongée que celle
que j'ai faite, l’indigo sur le coton laisse une couleur d’un gris-fauve
très-sensible.
(b) La soie et la laine teintes avec l’orseille, le carthame, le cur-
cuma et même le rocou sont sensiblement colorées; mais elles le
110 RECHERCHES
sont moins cependant que les étoffes correspondantes qui ont été
dans l'air humide.
122. La lumière et la vapeur d’eau ont en général une faible
influence pour blanchir les étoffes, surtout si l’on a égard au temps
nécessaire pour que l’action s’accomplisse.
(a) La laine, la soie teintes avec l’orseille, le coton teint avec le
carthame y conservent leurs couleurs; le coton teint avec l’orseille
s’y affaiblit.
(b) Les étoffes teintes avec le curcuma perdent leur couleur jaune ;
mais elles restent colorées, surtout la soie et la laine.
(c) Il en est de même de la soie et de la laine teintes avec le rocou.
(d) Le coton teint avec le rocou y devient presque blanc; la laine
teinte avec Le rocou devient d’un blanc-fauve ; la soie teinte avec
le carthame passe au jaunâtre et la laine teinte avec la même ma-
tière au fayve léger.
CHAPITRE VIT.
Des observations exposées dans le second chapitre relatvement a l'essai de
la stabilité des couleurs des étoffes teintes.
123. Les observations que les expériences précédentes ont four-
nies et qui étaient pour la plupart loin d’être prévues, font sentir la
nécessité de soumettre à des essais analogues à ceux que j'ai décrits,
les matières colorantes différentes de celles que j’y ai soumises, afin
de juger leur solidité respective, soit qu'il s'agisse de comparer entre
elles diverses matières colorantes susceptibles de teindre une étoffe
LÉ
sa"
see EE 7e
SUR LA TEINTURE. 111
en une même couleur, soit qu'il s'agisse de comparer ensemble dif-
férents procédés ayant pour objet d'appliquer sur une étoffe une
même matière colorante.
124. La meilleure preuve de l'importance de pareils essais est sans
doute le rang élevé, dans l’échelle des étoffes teintes, qu’ils assignent
à la soie teinte avec l'acide sulfo-indigotique, soit qu’on ait égard à la
laine teinte avec le même acide, soit qu’on ait égard à la soie, à la
laine et au coton teints avec l’indigo.
125. J’exposerai dans un autre travail des observations non moins
remarquables qui se rapportent à l'influence mutuelle que deux prin-
cipes colorants appliqués sur une même étoffe exercent pour résister
aux agents destructeurs de l’atmosphère.
CHAPITRE VII.
Des observations exposées dans le prenuer et le deuxième chapitre relatwe-
ment à la conservation des objets colorés.
126. L'observation consignée dans le premier chapitre (4) qu'un
verre interposé entre la lumière et un objet coloré altérable par cet
agent, en affaiblit très-sensiblement Paction, explique très-bien
l'avantage qu'il y a d’encadrer sous verre des dessins coloriés, des
peintures, des tapisseries, etc.
127. Une autre observation que je dois mentionner ici, prouve
combien un écran de toile colorée en bleu foncé (et j’ajouterai en
vert foncé, en brun, en noir) est efficace pour empêcher laliération
des objets précités, surtout si cette toile est colorée sur ses deux
112 RECHERCHES
faces. En effet un croisé de coton teint à l’indigo couvert d’une bor-
dure de la même étoffe teinte également en bleu d’indigo , mais dans
laquelle un dessin blanc avait été réservé sur ses deux faces, ayant
reçu pendant plusieurs années l’action du soleil, de manière que
toute la face de la bordure qui y était exposée fût entièrement pas-
sée en fauve-grisâtre, a présenté le résultat suivant lorsqu'on a eu
défait la bordure qui le recouvrait; les parties du croisé qui corres-
pondaient au dessin blanc de la bordure étaient tellement décolo-
rées par la lumière que ce dessin blanc avait transmise, que ce même
dessin était reproduit sur le croisé, et d’un autre côté les parties
bleues de la face de la bordure qui touchait le croisé n’étaient pas
sensiblement affaiblies. Cette observation est donc une preuve évi-
dente de l’influence exercée par une toile de couleur foncée, pour
conserver des matières altérables par la lumière.
CHAPITRE IX.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement à des phé-
nomènes de l’économie organique. -
128. Les observations consignées dans ce mémoire sont de nature
à faire pressentir qu’il y a des phénomènes que présentent les êtres or-
ganisés vivants, qui peuvent dépendre non pas seulement de la lumière
comme on le dit aujourd’hui, mais de l’action simultanée de cet
agent et de corps pondérables, absolument comme le phénomène de
la décoloration du rocou fixé sur le coton et la soie, de l’orseille
fixée sur la soie et la laine, dépend, non pas seulement de la lumière,
“
À
î
SUR LA TEINTURE. 113
mais encore de la lumière et des corps pondérables de l’atmosphère.
129. Jai dit au commencement de ce mémoire (6), en parlant
des étoffes colorées que j'ai exposées à la lumière pour observer les
changements qu’elles en éprouveraient, que celle de leurs faces qui
ne voyait pas le soleil, maïs qui recevait la lumière réfléchie par
un mur blanc était au bout de deux ans à peu près aussi changée
que l’autre face. Je dois faire observer maintenant que si le résultat
était le même, il avait été bien plus long à se produire dans le pre-
mier cas que dans le second ; quoi qu'il en soit de ce fait et de celui
de l’affaiblissement que le pouvoir chimique de la lumière éprouve
lorsque cet agent traverse le verre, j’en déduis quelques remarques
relatives à la culture.
130. La lumière, toutes choses égales d’ailleurs relativement à la
hauteur du soleil au-dessus de l’horizon, à la transparence et à la tem-
pérature de l’atmosphère, éprouve, en traversant les vitres d’une serre,
un affaiblissement qui doit certainement contribuer à produire la
différence qu’on remarque entre une plante végétant dans une serre,
et la même plante végétant en plein air dans le climat qui lui con-
vient ; qu’en conséquence tout ce qui tend dans une serre à favoriser
la réflexion de la lumière sur toutes les parties des végétaux qu’on
y cultive, est favorable à la culture; ainsi des murs blancs me parais-
sent préférables à des murs noirs.
131. Mais de ce que je crois que dans l’intérieur d’une serre des
murs blancs sont préférables à des murs noirs, afin de diminuer
laffaiblissement qu’éprouve la lumière en traversant le verre, il ne
s'ensuit pas que les murs pour espaliers en plein air doivent être
blancs; car les arbres qu’on plante contre ces murs sont, par leur
forme même d’espalier, disposés à recevoir toute l’influence de la
lumière qu’ils peuvent recevoir dans le lieu où ils sont plantés.
C’est pour cette raison que je crois, en général, que dans notre cli-
Aronives pu Muséum, Tone I. 15
114 RECHERCHES SUR LA TEINTURE.
mat, où il est si nécessaire, une fois que la végétation a commencé
sous l’influence du printemps, de prévenir pendant la nuit un trop
grand froid, des murs noirs ou d’une couleur sombre qui leur per-
met de s’échauffer, en absorbant la chaleur rayonnante du soleil,
sont préférables à des murs blancs ; mais, pour que cette considéra-
tion soit applicable , il faut nécessairement que le mur noir ait une
certaine masse, afin qu’il conserve pendant un certain temps la cha-
leur qu'il doit perdre pendant la nuit. Il me semble donc qu’un mur
noir convenablement épais ayant la propriété de s’échauffer par le
soleil plus qu'un mur blanc, a, par là même, plus d'efficacité pour
prévenir les inconvénients du froid des nuits, et si l’on considère que
dans les grandes chaleurs où l’on cherche plutôt à préserver les es-
paliers d’une lumière trop vive qu’à les exposer à toute l'intensité de
cet agent, la blancheur du mur favorise le maximum d’action, on
verra encore dans le mur noir un agent qui tend à égaliser l’action
du soleil pendant le jour et pendant la nuit.
132. Enfin dans le cas où des plantes herbacées seraient à une
certaine distance d’un mur, je crois qu’en général le mur blanc aurait
plus d'influence sur leur développement qu'un mur noir.
Au reste, c’est au jardinier à voir quel est l'effet dont il a besoin
pour tel climat, telle exposition ; telle culture. |
Si c’est l'effet de la lumière proprement dite du soleil quil veut
obtenir, le mur devra être blanc.
Si c’est surtout l'effet de la chaleur qu'il veut avoir, afin de main-
tenir autant que possible la température des plantes pendant la nuit,
ce sera un mur noir qui devra être préféré, et dans ce cas plus le
mur sera épais et plus il aura d'efficacité.
DESCRIPTION
DES ESPÈCES NOUVELLES
OÙ PEU CONNUES
DE LA FAMILLE DES CICINDELÈTES,
E. j
FAISANT PARTIE
DE LA COLLECTION DU MUSEUM,
Par MM. Victor AUDOUIN, PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR ,
er BRULLÉ , AIDE-NATURALISTE.
La description qui va suivre de quelques Coléoptères nouveaux de
la famille des Cicindelètes, est le commencement d’une publication
qui doit faire connaître successivement toutes les espèces intéres-
santes dont s’enrichissent chaque jour les collections entomologi-
ques du Muséum. On conçoit que l’ordre méthodique n’est pas ri-
goureusement nécessaire dans une série de mémoires détachés qui
ne présenteront que des espèces nouvelles ou des genres nouveaux ;
aussi ne nous astreindrons-nous pas à le suivre. L'intérêt plus
où moins grand qui se rattache à tel ou tel groupe décidera du choix
que nous en ferons pour le décrire. C’est pourquoi nous donnons
Anrouives pu Muséum, roms I. 16
-
116 COLÉOPTÈRES.
aujourd’hui la préférence à la famille des Cicindelètes, sur laquelle
on possède déjà de nombreux et d’excellents travaux et qui, placée
à la tête de l’ordre des coléoptères, a été plus étudiée et se trouve
mieux classée dans toutes les collections. La description d’espèces
nouvelles appartenant à cette famille devra donc piquer davantage
la curiosité des entomologistes.
Parmi ces espèces, on en trouvera quelques-unes qui sont men-
tionnées dans certains ouvrages ou mémoires récents d’entomologie,
dont la publication est cependant postérieure à la rédaction de notre
travail’. Mais si l’on considère que ces espèces ont été décrites dans
des ouvrages étrangers et qu’elles n’ont pas été représentées, on nous
saura gré sans doute de ne les avoir pas négligées, et surtout d’avoir
rendu leur connaissance plus complète en les figurant. On nous
saura gré aussi de ne pas nous être bornés à mentionner les espèces
nouvelles, mais d’avoir compris dans nos descriptions celles dont
la détermination est encore incertaine, soit parce qu’elles sont deve-
nues très-rares, et qu’on ne les connaît guère que par les ouvrages
des auteurs qui les ont publiées ; soit parce que les descriptions ori-
ginales qu'on en a données sont trop vagues ou trop incomplètes.
Il est une espèce très-remarquable de Cicindèle (C. Leros), dont
on trouve la description dans le dernier ouvrage de Fabricius *,
et qui navait point été vue depuis cette époque. Nous avons cru
devoir la comprendre dans nos planches (pl. 8, fig. 10), non seule-
ment à cause de sa rareté, mais encore pour sauver de Poubli un
des précieux restes de la collection de feu Labillardière, souvent citée
par Fabricius. Le Muséum doit le peu d’espèces qui la composaient
encore à M. Turpin, membre de l'Académie des sciences. Une autre
? Cette rédaction date déjà de trois ans, elle a été faite dans le courant de J'an-
née 1836.
2 Systema Eleutheratorum,
COLÉOPTÈRES. 4117
Cicindèle de Fabricius (C. sepulcralis), qui appartient aujourd’hui
au genre mégacéphale, nous a paru mériter aussi d’être figurée, à
cause des différences qu’elle présente avec les autres espèces du
-
même genre.
Genre Megacephala. Latr.
M. sepuleralis. Fabr. (PI. 7. fig. 1.)
Cette espèce s'éloigne de toutes les autres par deux caractères; le
premier consiste dans la saillie plus prononcée de sa lèvre supé-
rieure ; le second se tire de la couleur de son corps qui est entière-
ment noir.
Genre Cicindela. Linné.
1° DIVISION.
Tarses des mâles sillonnés en dessus.
1. C. vtrens (PI. 7 fig. 2), supra viridis nitida, plana, subtus cyanea,
viridi micans; capitis, thoracis elytrorumque lateribus violaceis ; capite tho-
raceque striatis; elytris punctato-rugosis ; pedibus, antennis oreque nigris,
femoribus cyaneo-viridibus, mandibulis palpisque basi flavis. Fenuna.
Long. 14 millim. Larg. 5.
Cet insecte, dont nous ne connaissons que la femelle, ressemble
beaucoup à la C. snaragdula Dej. I est en dessus d’un vert brillant
et en dessous d’un bleu violet, avec les côtés verts. C’est ce qui fait
distinguer au premier coup d’œil cette espèce de la suivante. Sa
forme est assez aplatie; ses élytres sont entièrement couvertes de
points enfoncés très-serrés et assez gros. La tête et le corselet sont
118 COLÉOPTÈRES.
fortement striés et n’ont de bleu que sur les côtés, ainsi que les
élytres. La lèvre supérieure , le bout des palpes et des mandibules
sont bronzés, le côté extérieur de celles-ci et la base des palpes
sont jaunâtres. La lèvre n’a que trois dentelures saillantes. Les an-
tennes sont noires avec les deux premiers articles violets ; les deux
suivants sont de la même couleur, avec l'extrémité verte. Les pattes
sont d’un violet obscur, mais les cuisses sont plus claires et en grande
partie d’un beau vert.
Cette espèce se distingue surtout de la C. smaragdula Dej. par
l'absence de taches aux élytres. La suivante est dans le même cas.
Brésiz. Acheté à M. Delastre.
2. C. semi-cyanea (PI. 7, fig. 3), sub-cylindrica, supra viridis, mfra cum
femoribus violaceo-cyanea, ore pedibusque nigris; mandibulis extus albi-
dis; labri linea media rufa; capite thoraceque striatis; elytris confer-
üm punctatis, lateribus cyaneis. Mas.
Long. 12 millim. Larg. 4.
Cet insecte est en dessus d’un vert brillant avec les côtés de la
tête et du corselet violets, ainsi que tout le dessous du corps. La tête
est striée longitudinalement entre les yeux, transversalement en
arrière, et ornée de quelques taches violettes. Sa lèvre supérieure,
de couleur bronzée, offre une tache linéaire fauve et longitudinale
au milieu; elle est tronquée et sans dentelures saillantes. Les parties
de la bouche sont d’un bronzé obscur, avec le côté extérieur des
mandibules blanchâtre. Les antennes sont brunes, et leurs quatre
premiers articles violets, avec l'extrémité verte. La surface du cor-
selet présente des stries transversales assez fortes; ses bords antérieur
et postérieur, ainsi que sa ligne médiane, sont un peu violets. Les
élytres sont un peu aplaties, couvertes de petits points enfoncés et
COLÉOPTÈRES. 119
très-rapprochés ; leur bord extérieur est d’un bleu violet. Les cuisses
sont violettes, avec un reflet vert en dessus; les jambes et le
bout des articles des tarses sont bruns; le reste de ceux-ci est
d’un roux obscur.
BrésiL, Capitainerie des Mines, donné par A1. Auguste St-Hilaire.
3. C. mirabilis. (PI. 7, fig. 4). Lap. Etud. Entom., pag.
Le Muséum ne possède que la femelle de cette belle espèce.
Elle a la lèvre supérieure et toutes les parties de la bouche noires.
IL est à croire que M. de Laporte n’en a vu que le mâle, car
il dit que la lèvre est « arrondie en avant, blanchätre, ainsi que
les mandibules. » Dans la femelle, au contraire, la lèvre supé-
rieure a trois dentelures saillantes, et les quatre premiers articles
des tarses postérieurs sont d’un blanc d'ivoire. Cette espèce ap-
partient réellement à notre première division , quoique cet en-
tomologiste la place dans la deuxième.
Mapacascar. Acheté à M. Goudot.
4. C. viridi-cyanea (PI. 7, fig. 5), cylindrica, supra metallica, viridis ,
infrà violaceo-cyanea, pedibus antennisque flavo-rufis, femoribus et an-
tennarum basi obseuris; capite thoraceque striatis ; elytris confertim et pro-
fundè punctatis, in interstitiis subtilissimè rugosis. Femina.
Long. 14 millim. Larg. 4.
La couleur de cet insecte et la ponctuation de ses élytres,
lui donnent des rapports avec les espèces du genre Pslocere.
Il est en dessus d’un vert bronzé obscur avec les côtés des
élytres, le contour du prothorax et tout le dessous du corps d’un
120 COLÉOPTÈRES.
beau bleu violet. La lèvre supérieure est d’un brun brillant et
bronzé, avec la partie élevée, et les côtés d’un roux obscur :
elle présente cinq dentelures rapprochées, dont les deux inter-
médiaires sont obtuses. La base des mandibules et des palpes est
d’un jaune obscur; le bout de ces derniers est noirâtre. Les
antennes sont ferrugineuses, avec les quatre premiers articles
bruns. La tête est striée entre les yeux, et ridée sur le vertex.
Le corselet présente des stries transversales un peu rugueuses.
Les élytres ont une forme cylindroïde : leur surface est très-
finement chagrinée, et de plus elle présente des points bien
marqués et nombreux, qui sont plus profonds vers la base. Les
pattes sont d’un roux jaunâtre, ayec les cuisses presque entière-
ment noires, et l'extrémité des articles des tarses plus obscure.
Cette espéce se trouve à terre, dans les lieux élevés et boisés,
Mapacascar. Acheté x M. Goudot.
5. C. Adonis( PI. 7, fig. 6). Lap. Etud. Entom., subdepressa , obscurè
viridi-ænea , subtus violaceo-cyanea; thorace cylindrico; capite inter oculos
striato, maculis cupreis tribus ; elytris vagè punctatis , apice levigatis , mar-
gine cyaneo, punctis tribus albidis ; ore pedibusque flavo-pallidis, antennis
apice ferrugimeis. Femina,
Long. 10 à 12 millim. Larg. 4.
Sa couleur est en dessus d’un vert bronzé assez obscur, et en
dessous d’un bleu violet brillant. La tête est striée entre les yeux
et ornée de reflets cuivreux, en dedans des yeux et en avant; on
remarque là une petite élévation transversale, analogue à ce que
l’on voit dans notre frontalis. La lèvre supérieure est d’un roux
jaunâtre avec la base obscure ; elle présente cinq dentelures arron-
COLÉOPTÈRES. 121
dies, excepté celle du milieu. Les palpes et les mandibules sont
d’un blanc jaunâtre, avec le bout obscur. Les antennes sont ferru-
gineuses, et leurs quatre premiers articles, dont la couleur est d’un
brun un peu rougeâtre, sont ornés d’un reflet métallique et cui-
vreux. La surface du prothorax offre à peine quelques petites rides
transversales le long de la ligne médiane. Les élytres sont un peu
aplaties, marquées à la base et sur les côtés de points profonds,
peu rapprochés, et presque lisses vers le bout ; leur bord extérieur
est d’un beau bleu violet : l'angle extérieur de la base offre une
petite tache roussâtre peu apparente ; une autre de couleur, blanche,
est située un peu au-delà du milieu vers le bord extérieur, et une
troisième enfin à l'angle extérieur de lextrémité. Les pattes sont
d'un blanc jaunâtre et ornées sur les cuisses d’un reflet ferrugineux
brillant ; le bout des jambes et l'extrémité des arêtes des tarses sont
bruns.
Obs. Un caractère remarquable de cette espèce consiste dans
‘élargissement de l’avant-dernier article des palpes labiaux et dans
la petitesse du dernier. ge
Mapacascar. Acheté à M. Goudot.
6. C. rufo-signata (PI. 7, fig. 7), cylindrica, viridi-ænea nitda , elytris
subdepressis, vagè punctatis lateribus cyaneis, ad humeros et apicem rufis :
linea media longitudinali et altera transversa , humeris apiceque rufis; ore
pedibusque flavis. Femina.
Long. 10 millim. Larg. 2.
Tout son corps est d’un vert bronzé assez brillant. Sa tête, régu-
lièrement striée entre les yeux, est ornée en cet endroit de deux
122 COLÉOPTÈRES.
légers traits d’un cuivreux rougeûtre et arqués, qui se réunissent
en avant pour former une sorte de V. La lèvre supérieure, les mandi-
bules et les palpes sont d’un roux jaunâtre, avec l’extrémité des
palpes et des mandibules obscure ; les cinq dentelures de la lèvre sont
presque également saillantes. Les antennes sont ferrugineuses, avec
les quatre premiers articles obscurs et nuancés de cuivreux. Le pro-
thorax très-étroit, presque cylindrique , offre à peine quelques stries
transversales le long de la ligne médiane. La surface des élytres est
très-finement chagrinée et présente des points enfoncés, peu pro-
fonds, et qui disparaissent à l’extrémité ; leur bord extérieur est d’un
bleu violet; la saillie de l'angle de la base est entièrement roussâtre ;
toute l'extrémité des élytres est bordée de cette même couleur;
enfin le milieu des élytres présente une grande tache brune allongée,
au milieu de laquelle se voit une ligne fauve à peu près en forme
de T, dont la tige, plus courte, serait dirigée en travers jusqu’au-
près du bord extérieur. Les pattes sont d’un jaune pâle, avec un
reflet cuivreux ou irisé sur les cuisses; le bout des jambes et celui
des articles des tarses sont bruns,
Mapacascar. Acheté à M. Goudot,
7. C. cranea (PI. 7, fig. 8), subcylindrica, viridi-cyanea, elytris haud
profundè punctatis; labro viridi marginibus fulvis, palpis mandibulisque fla-
vis; pedibus et antennarum basi violaceis; femorum basi pallida. Femina.
Long. G millim. Larg. 2.
Tout son corps est bleu et un peu nuancé de vert, surtout en des-
sous. La tête est striée entre les yeux et ornée de quelques reflets
violets. La couleur de la lèvre supérieure est d’un vert bronzé, avec
COLÉOPTÈRES. 123
le contour roussatre. Les deux dentelures intermédiaires sont presque
nulles. Les palpes et la base des mandibules sont d’un jaune pâle.
L’extrémité des mandibules est noirâtre, et celle des palpes brune.
Les antennes sont tout-à-fait noires, et les quatre articles de leur base
d’un beau violet cuivreux. Le corselet n’a que des stries transver-
sales fort légères le long de la ligne médiane. Les élytres sont cylin-
driques, très-finement chagrinées. et marquées de points peu pro-
fonds, qui disparaissent sur leur dernière moitié; les bords latéraux
sont violets. La couleur des pattes est un violet bronzé, avec la base
des cuisses , les trocanthers, les hanches et le bout seulement des
cuisses postérieures jaunes. Les bords des segments de l’abdomen
sont verts, et le dernier est bronzé.
Mapacascar. Acheté à M. Goudot.
8. C. colon. Klug. Jahrb. der Insekt., pag. 11. (PI. 7, fig. 9), cylindrica,
viridi-cyanea, pedibus, mandibularum et palporum basi rufis; femoribus
ferè totis viridi-æneis ; elytris punctatis suprà obscure cupreo-æneis, ma-
culis duabus posticis albidis, capite thoraceque rugosis, cupreo-nitidissi-
mis. Fenuna.
Long. 11 millim. Larg. 5 :.
C’est de la C. Leprieuri Dej. que cette espèce se rapproche le
plus. Elle s’en distingue au premier aperçu, par la couleur fauve de
ses jambes et par les taches blanches de ses élytres. Son corps
est d’un beau bleu violet, plus brillant sur les côtés et sur les bords
des élytres; le corselet et la tête sont ornés en dessus d’une belle
teinte cuivreuse; on remarque deux lignes violettes entre les yeux;
une large bande, d’un bronzé cuivreux, couvre les élytres dans
toute leur longueur, mais non pas dans toute leur largeur : elle est
d’un cuivreux brillant sur la suture et sur les bords extérieurs. La
lèvre supérieure est rousse, avec le contour brun ; sa dentelure mé-
Anomves pu Muséum, Tone I. 17
124 COLÉOPTÈRES.
diane est seule saillante. Les palpes et les mandibules sont jaunâtres,
avec l’extrémité noire. La tête est fortement striée et le corselet
rugueux ; les élytres présentent une ponctuation profonde qui s'af-
faiblit vers leur extrémité, et sont ornées de deux taches blanchâtres
et voisines du bord extérieur ; la première, petite et transversale,
placée en arrière du milieu ; la seconde, plus grande, arrondie et
située vers l’extrémité. Les pattes sont d’un fauve roux, avec les
cuisses presque entièrement d’un vert bronzé.
Cet insecte, dont M. Klug ignorait la patrie, se trouve aux Indes
Orientales.
2° DIVISION.
Tarses des mâles sans sillons en dessus.
9- C. frontas (PL. 7, fig. 10), cyaneo-viridis, metallica, lateribus cupreis;
capile thoraceque suprà cupreo-nitidis, densè striatis, elytris fusco-purpureis,
tenuiter punctatis, lineà baseos, puncto apicis et fascià medià armatà pallidè
flavis ; pedibus et antennis rufo-ferrugineis. Femina.
Long. 16 millim. Larg. 4.
Elle a le dessus de la tête et le corselet d’un cuivreux rougeûtre,
brillant, La tête est couverte de rides nombreuses et ondulées, qui
affectent une disposition longitudinale entre les yeux, et qui sont
transversales sur le derrière de la tête. La lèvre supérieure est con-
formée comme dans la division précédente ; sa couleur, celle de la
base des palpes et des mandibules sont d’un jaune roux ; le reste de
ces deux dernières parties est noir, ainsi que le bout des dentelures
intermédiaires de la lèvre. Les antennes sont d’un brun ferrugineux,
avec les premiers articles plus foncés et le premier bronzé en avant.
Le corselet est strié en travers plus fortement que la tête; ses côtés,
ceux de la tête et de la poitrme sont cuivreux , mais lisses. Les ély-
COLÉOPTÈRES. 125
tres ont une forme aplatie et sont marquées de petits points enfoncés
dont le fond est vert, et qui s’affaiblissent dans la dernière moitié des
élytres, où ils sont indiqués par de petites taches de cette dernière
couleur; deux séries peu régulières de points plus gros se remar-
quent à la base, et l’une et l’autre sont fort courtes. La couleur dés
élytres est une nuance pourprée obscure , et les côtés sont d’un vert
bleuâtre jusqu’au milieu à peu près ; un trait longitudinal placé sur
l'angle de la base, une petite bande transversale un peu après le
milieu, partant du bord extérieur pour aller se terminer oblique-
ment avant la suture, et enfin, un point situé sur le bord extérieur
avant l’extrémité, ressortent sur le fond pourpré des élytres ; ces ban-
des et ces points sont d’un blanc sale. Les pattes sont ferrugineuses et
ornées d’un reflet métallique sur les cuisses; les tarses sont presque
noirs, et les trochanters d’un blanc sale et un peu jaunâtre. Le ventre
est d’un bleu verditre.
MapaGascar. Acheté à M. Goudot.
Obs. Un trait caractéristique de cette espèce, est une ligne élevée
qui sépare le vertex du front et rend celui-ci vertical.
10. C. plurinotata (PI. 8, fig. 1), cylindrica, supra ænea , subtus cyanea,
pleuris cupreis; pedibus viridi-cupreis, genubus rufis; labro porrecto, tri-
dentato, cum mandibularum et palporum basi flavo ; elytris ad suturam
punctatis, lunulà apicis, lineà marginali angulatä et interruptä, punctisque
duobus flavis. Mas.
Long. 9 millim. Larg. 5.
Cette espèce doit se placer dans le voisinage de la C. abdominalis,
Fab., dont elle a la forme étroite et cylindrique. Sa couleur est un
vert bronzé avec un reflet un peu doré sur le milieu de la tête et du
corselet et rougeûtre sur le milieu des élytres. Le dessus du corps
126 COLÉOPTÈRES.
est bleu, revêtu de poils blancs, avec les côtés du prothorax et du
mésothorax dorés; le bout du ventre parait roussâtre, les cuisses sont
bleues, leur extrémité et les trochanters sont roux; la base des
Jambes est d’un jaune roussâtre à reflets métalliques; le reste de
celles-ci et les tarses sont verts. La lèvre supérieure est avancée,
munie à son milieu de trois petites dentelures ; sa couleur est jaune,
ainsi que celle de la base des mandibules et des palpes. Le dernier
article de ceux-ci est d’un beau bleu. Ja tête est striée entre les yeux
et rugueuse en arrière, ainsi que le corselet. Les élytres présentent
des points plus profonds à la base et sur les côtés que vers Pextrémité,
et une série de points écartés, le long de la suture; elles offrent quel-
ques traits et points jaunes, ainsi disposés : un point au-delà du pre-
mier tiers de leur longueur, plus près de la suture que du bord ex-
térieur; un trait transversal interrompu, un en arrière du milieu,
deux petits points derrière ce trait ; et enfin, sur le bout des élytres,
une petite lunule dont l'extrémité antérieure remonte obliquement
vers la suture.
SÉNÉGAL.
11. C. minuta (PI. 8, fig. 2), cylindrica ænea, abdomine subcyaneo ;
palpis mandibulisque basi flavis; elytris ad suturam punctatis; puncto late-
rali ponè medium et liturà apicali albidis.
Long. 6 millim. Larg. 2.
Sa couleur est bronzée, avec le ventre bleuâtre. La lèvre supé-
rieure, le bout des palpes, la base des antennes et les pattes sont
verts; les jambes paraissent d’une couleur rousse et les tarses sont
violets. Les mandibules presqu’en entier et les premiers articles des
palpes sont jaunes. La lèvre supérieure est grande, arrondie et sans
dentelures distinctes. La tête est striée entre les yeux, et le pro-
thorax faiblement ridé en travers. Les élytres sont parsemées de
COLÉOPTÈRES. 127
points enfoncés plus profonds vers la base, et présentent le long de
la suture une série de gros points écartés, dont la couleur est verte ;
elles sont ornées d’un petit point blanchätre vers le bord extérieur,
un peu au-delà du milieu et présentant vers l’extrémité une lunule de
la même couleur, dont la partie antérieure est seule visible.
MapnaGascar. Acheté à #47. Goudot. Get insecte se rencontre
à terre, suivant ce voyageur.
12. C. auro-vittata (PI. 8, fig. 3), elongata, subdepressa, suprà nigra,
subtus viridis, nitida, abdomine pedibusque cyanescentibus, femoribus ,
fronte, thoracis elytrorumque lateribus cupreis ; elytrorum punctis sex
flavis. Mas.
Long. 14 millim. Large. b.
Cette espèce est très-voisine de la C. 6—punctata, Fab.; mais on
la reconnait à la présence d’une bande dorée, qui orne le bord exté-
rieur des élytres. Dans l'espèce de Fabricius, cette bande ou le
bord des élytres, est entièrement bleu. Le corps de notre cicindèle
est plus étroit, un peu plus aplati; sa couleur est de même en-
dessus d’un noir comme velouté, avec les côtés du corselet, ceux
de la tête et le front légèrement cuivreux. La tête est striée en long,
et le corselet ridé en travers. La lèvre supérieure est courte et armée
de trois dents aiguës; sa couleur est noire avec deux taches fauves.
La base des mandibules est blanchätre , ainsi que les deux premiers
articles des palpes labiaux. Le reste des palpes est d’un vert mélangé
de violet, comme la base des antennes. Chaque élytre est ornée de
trois petites taches jaunes presque rondes et placées en série longi-
tudinale. Les pattes sont violettes, les cuisses et le dessous du corps
sont d’un vert brillant; labdomen est plutôt violet que vert et orné
sur les côtés de quelques touffes de poils blancs.
PonpicHÉRx. Rapporté par feu Leschenault.
LA A
128 COLEOPTERES.
13. C. asiatica. (PI. 8, fig. 4), latior, depressa, suprà granulata, viridis,
elytrorum maculis 4 lateralibus cum labro et mandibularum basi, flavis ;
corpore subtus pedibusque cupreis, nitidis; abdomine cyaneo. Femina.
Long. 16 millim. Larg. 7.
Elle se rapproche de la C. herbacea, Klug. (Symb. phys. pl. 21,
fig. 1.); mais elle s’en distingue suffisamment par la forme de ses ta-
ches. Elle est en-dessus d’un vert semblable à celui de notre C. cam-
pestris et en-dessous d’un rouge cuivreux très-brillant, ainsi que sur
les pattes. L’abdomen est d’un beau bleu et les tarses sont verts. La
lèvre supérieure a trois dentelures saillantes; elle est jaune , ainsi que
la base des mandibules. L’extrémité de ces derniers est verte, ainsi
que le bout des palpes, dont la base est d’un violet rougeitre. Les
premiers articles des antennes sont cuivreux ; les autres manquent
dansle seul individu que possède le Muséum. La surface de la tête du
corselet et des élytres est granuleuse ; ces dernières sont ornées de
quatre taches jaunes; la première située à l’angle extérieur est suivie
d’une seconde qui semble devoir former extrémité d’une lunule in-
terrompue au milieu; la troisième est transversale, ovalaire et placée
vers le bord, un peu au-delà du milieu; enfin, la quatrième est petite
et placée en-dehors vers l'extrémité.
MésororamiE. Rapporté par feu Olivier.
14. C. tenuilineata, obscure-ænea, subtus cuprea, abdominis apice rufo ;
labro, mandibularum et palporum basi flavis, elytrorum lunulà humerali
apicalique, margine externo, lineà sinuatà ad suturam productà, albidis. Was.
Long. 12 ; millim. Larg. 5.
Cette espèce avoisine la C. fera, Chevr., dont elle se distingue
par l’étroitesse deslignes blanches de ses élytres, et par l’intervalle qui
COLÉOPTÈRES. 129
sépare la lunule de la base, du bord blanc de cesmèmes élytres. Sa
couleur est plus obscure ou d’un brun à peine bronzé en-dessus. Le
dessous de son corps est cuivreux avec l’abdomen presque entièrement
roux. La lèvre supérieure, la base des mandibules et une partie des
palpes sont jaunes ; le bout de ces derniers, la base des antennes et
les pattes sont verts. La tête est finement striée ; les élytres sont assez
légèrement ponctuées et offrent chacune une lunule blanche à la
base, une autre à l'extrémité, et une bande sinueuse au milieu; cette
bande part du bord extérieur et se dirige vers la suture , après avoir
forméun coude; ces lignes ou bandes sont étroites et blanchäâtres; le
bord latéral ne touche à aucune des deux lunules; l’origine de la lu-
nule postérieure est dirigée obliquement vers la suture et les bouts de
la lunule antérieure sont plus épais que le reste de leur étendue ; le
bord latéral blanc est très-étroit. Les côtés du corps sont revêtus en-
dessous de points blancs.
MExIQUE. Acheté à M Sallé.
15. C. rosei-ventris, Chevr. *. (PL. 8, fig. 5).
«D'un vert cendré; labre et côté des mandibules jaunes; prothorax
presque cylindrique, marqué de trois lignes bleuâtres; élytres ornées
d’une lunule humérale blanche, d’une bande transversale qui atteint
le milieu d’une tache en arrière, près de la suture, quelquefois réuni
à la bande , laquelle s'étend sur le bord jusqu’à l’angle externe, et
enfin, d’une tache près du sommet; écusson et surface d’un bronzé
Prillant; dessous du corps violet au milieu, vert sur les côtés; anus
rosé.» (Chevrolat.)
Mexique. Acheté à M" Sallé.
‘ Coléoptères du Mexique, fase. 2, n° 3.
130 COLÉOPTÈRES.
16. C. Favergeri Chevr. (ined.) (PI. 8, fig. 6), suprà ænea, subtus
nitidè cuprea, albo-hirta, abdominis apice rufo, labro, mandibularum et
palporum labialium basi, cum margine elytrorum ramulos tres emittente,
albido-flavis; pedibus et antennarum basi cupreis. Mas.
Long. 9 millim. Larg. 5 5.
Elle est d’un vert ou d’un bronzé obscur , un peu cuivreux en-des-
sus, et d’un cuivreux brillant en-dessous, avec Le bout de l’abdomen
roux. La lèvre supérieure et la base des mandibules sont d’un blanc
jaunâtre, ainsi que les palpes labiaux. Le dernier article de ceux-ci,
les autres palpes et les quatre premiers articles des antennes sont d’un
vert brillant; le reste des antennes est brun. La tête est très-finement
striée, le corselet très-légèrement granuleux et la surface des élytres
entièrement parsemée de petits points enfoncés verts. Le bord exté-
rieur des élytres est orné d’une bande blanche étroite, qui s’ar-
rête un peu avant l'extrémité, et d’où partent trois prolongements
disposés en travers et atteignant au plus le milieu des élytres : le
premier est situé au tiers antérieur, le second, un peu après le milieu,
et le troisième placé avant l’extrémité, remonte un peu vers le haut.
Les côtés du corps en-dessous sont revêtus de poils blancs ; les pattes
sont vertes avec des reflets cuivreux.
Cocos. Échangé à M. Chevrolat qui Vavait reçu de M. Fa-
verger.
17. C. angularis (PI. 8, fig. 7), viridis, subcuprea, lateribus nitidioribus ;
labro, mandibularum palporumque basi flavis; capite striato , lineà aureà ;
thorace transversim rugoso; elytris profundè punctatis, ad basin maculis 3,
in medio lineà laterali anterits angulata et puneto subsuturali, postice mar-
gine et puncto submarginali albidis. Mas.
Long. 7 millim. Larg. 3.
COLÉOPTÈRES. 131
Elle est voisine des C. pumila, Dej. et rectangularis, Klug. Elle
diffère plus de la première que de la seconde, parce que la bande
latérale des élytres n’est visible qu’au milieu et à extrémité, comme
dans cette dernière, et parce qu’elle se recourbe à angle droit, à sa
partie supérieure ; il est beaucoup plus difficile de la distinguer de la
C. rectangularis ; on la reconnait néanmoins à ses élytres forte-
ment ponctuées, à la position des points blancs qui est différente,
et à sa couleur moins obscure.
Sa couleur est, en effet, d’un vert clair et un peu cuivreux en-dessus,
sur les côtés du corps et les cuisses. La lèvre supérieure, la base des
mandibules et des palpes sont jaunâtres; le reste des palpes, des man-
dibules, la bases des antennes et les pattes sont d’un vert brillant.
La tête est fortement striée et ornée d’une ligne dorée entre les
yeux. La lèvre supérieure est sinueuse, un peu avancée, avec une
petite dent au milieu. Le corselet est ridé en travers et un peu doré
en-dessus. Les élytres sont parsemées de points profonds et qui s’af-
faiblissent un peu vers l'extrémité. Leur base est ornée de trois taches
blanchâtres qui formeraient une lunule si elles se touchaient : la
plus grande est sur l’angle extérieur, et les deux autres, rapprochées
entre elles, sont situées sur le tiers des élytres. Une ligne blanche, si-
tuée vers leur milieu, longe Le bord extérieur, se recourbe en haut à
angle droit, s'arrête au milieu de lélytre et se recourbe un peu en ar-
rière vers un point de même couleur, placé près de la suture, au-delà
du milieu des élytres. Enfin, l'extrémité offre une petite bordure
blanche qui se redresse en dehors vers un petit point blanc qui en
est séparé. Le dernier segment de l’abdomen est roussâtre.
SÉNÉGAL, Donné par M. le docteur Companyo.
18. Cicindela heros. (PI. 8, fig. 10.) Fab. Syst. Eleuth, t. 1, p. 232.
Ancuives pu Muséum, Tone I]. 18
132 COLÉOPTÈRES.
De la collection de M. Labillardière. Donné au Muséum par
M. Turpin.
19. Cicindela trilunaris. (PI. 8, fig. 8.) Klug. Jahrb. der Insect. pag. 21.
D'un brun obscur, avec deux points sur le disque des élytres et trois
lunules marginales blanches. C’est un insecte assez semblable à Væ-
grpliaca, et qui s’en distingue parce qu’il est plus grand, et que la
lunule de ses élytres n’est pas interrompue.
Cette espèce se trouvait dans la collection du Muséum, comme
ayant été rapportée de l'Ile de France par feu Leschenault. Elle a
été trouvée, depuis, à Madagascar, par MM. Bernier et Goudot.
20. C. hamata. (PI. 8, fig. 9.) Tota viridis, lateribus albo-hirsutissima, tro-
cantheribus anoque rufis; labro, mandibulis palpisque basi flavis; elytrorum
lunulis duabus et line medià flexuosä ad apicem recurvà cum margine coeun-
tibus, albidis. Mas.
2 3 muill: ro. À
Long. 12 À millim. Larg. 5.
Tout l’insecte est vert avec les côtés revêtus de poils blancs très-
épais. La tête est finement striée entre les yeux : sa partie postérieure
et la surface du prothorax sont finement ridées en travers. La lèvre
supérieure est courte et à peine sinueuse ; sa couleur est jaune, ainsi
que celle de la base des mandibules et des palpes. L’extrémité de
ceux-ci et les quatre premiers articles des antennes sont verts, de
même que le milieu des mandibules. Le bout de ces dernières et le
reste des antennes sont noirs. La surface des élytres est parsemée de
tubercules petits et nombreux ; une bande étroite et blanchätre en
suit le bord extérieur depuis lécusson jusqu’à l’extrémité de la
suture , le long de laquelle elle remonte même un peu; de cette
bande se détachent un trait qui forme une lunule à l’épaule, un au-
tre situé au milieu et qui se dirige en travers, puis se recourbe pour
LE SR <
2h
COLÉOPTÈRES. 133
longer la suture, près de laquelle il se redresse en formant un petit
crochet, et, enfin, une ligne dirigée obliquement de bas en haut
vers la suture, et qui dessine une lunule à l'extrémité. Le trait qui
parcourt le milieu des élytres est ondulé dans toute sa longueur, et
étroit, ainsi que les lunules. Les trochanters et le dernier seg-
ment de l’abdomen sont roux.
Mexique. Échangé à M. de Castelnau.
21. C. chiliensis. (PI. 9, fig. 1.) Nigra, subtus cum pedibus cupreo-violacea,
labro, palporum labialium mandibularumque bas flavis; elytris lunulis 2 et
lineä smuatà subsuturali valdè præmorsà, albidis.
Long. 10 millim. Larg. 4.
Cette espèce se rapproche des C. tortuosa et apiata, Dej.; mais
la forme et la disposition des bandes de ses élytres la font distinguer
de l’une et de l’autre. |
Sa couleur est d’un bronzé obscur, avec une teinte plus claire sur
la tête et le corselet. Le dessus de son corps, la base de ses antennes
et ses pattes sont ornés de reflets cuivreux. Les cuisses et les côtés du
corps sont revêtus de poils blancs. La lèvre supérieure , la base des
mandibules et les palpes labiaux sont jaunes; le dernier article de
ceux-ci, les autres palpes et le milieu des mandibules sont verts ; le
bout de ces dernières est noir. La lèvre supérieure est courte, avec
une petite dent (saillante dans la femelle). La tête est très-finement
striée entre les yeux. Les élytres sont d’un vert très-obscur et ornées
de lignes blanches sinueuses et ainsi disposées : une lunule à la base,
en-dehors et dont les bords sont déchirés, à partir de l'endroit où
elle s’écarte du bord extérieur; une bande latérale et extérieure qui
ne couvre qu'un tiers de la longueur desélytres; cette bande est très-
étroite au milieu, élargie en arrière et se prolonge en avant vers une
134 COLÉOPTÈRES.
bande intérieure, en forme de S, voisine de la suture, dont les
bords sont fortement déchirés, et qui descend presque jusqu'à
l'extrémité des élytres; enfin, le bout de celles-ci présente une sorte
de lunule qui remonte un peu entre la bande extérieure et la ligne
sinueuse.
Curcr. Donné par MM. Fontaine et Gay.
29. C. chloropus (PI. 9, fig. 2), viridis, capite valdè striato; labro, man-
dibularum et palporum basi flavis ; elytris obscurè violaceis, lunulà baseos,
lineà medià flexuosà, puncto et maculà apicis albidis. Mas.
Long. 9 millim. Larg. 3 3.
Elle a la tête d’un beau vert, avec le milieu du vertex plus foncé et
le chaperon violet. Le prothorax est vert avec des reflets noirs ; il est
garni de poils blanes sur les côtés, ainsi que le dessous du corps. Celui-
ci et les pattes sont d’un vert tantôt bleuûtre et tantôt cuivreux; les
cuisses sont de cette dernière couleur. La tête est fortement striée entre
les yeux. Le prothorax présente de faiblesrides transversales qui sont
plus visibles sur les bords. La lèvre supérieure est un peu avancée au
milieu; sa couleur et celle de la base des mandibules et des palpes est
jaune; le dernier article de ceux-ci est vert, ainsi que le milieu des man-
dibules et la base des antennes; le bout des mandibules et le reste des
antennes sont noirs. La couleur des élytres est un violet obscur ; leur
surface présente quelques points très-petits, et chacune d’elles est or-
née de lignes et detaches blanchâtres, ainsi disposées : une lunule à la
base en-dehors, s'avançant vers la suture, un peu après le tiers anté-
rieur des élytres; une bande partant du bord extérieur et se courbant
avant le milieu de leur largeur pour descendre vers la suture, qu’elle
n’atteint pas cependant; enfin, une tache arrondie, placée en-dehors
Le
COLÉOPTÈRES. 135
avant l’extrémité, semble devoir former le commencement d’une lu-
nule, dont l’extrémité seule se trouve sur le bout des élytres.
BENGALE. Rapporté par MM. Diard et feu Duvaucel.
23. C. tremula (PI. 9, fig. 3), viridis, capite thoraceque aeneiïs, pleuris
subauratis; labro,mandibularum palporumque basi flavis; elytris puncto exte-
riori baseos , altero ante medium inter suturam et marginem, lineà transversà
ante suturam incurvà, puncto subpostico et lineà apicis, flavidis.
Long. 11 millim. Larg. 4.
Sa couleur générale est d’un vert un peu bronzé sur la tête et le
prothorax et légèrement doré sur les côtés du corps. Sa tête est sen-
siblement striée entre les yeux. La lèvre supérieure , un peu avancée
au milieu dans la femelle et simplement sinueuse dans le mâle, est
jaune , ainsi que la base des palpes et des mandibules. Le milieu de
ces dernières, celui des palpes et la base des antennes sont verts; le
bout des mandibules et le reste des antennes sont noirs. Les élytres
sont parsemées de points enfoncés , très-rapprochés et ornés de lignes
et de taches blanchâtres, ainsi disposées : une tache sur l’angle
extérieur ; une autre au milieu de l’élytre, vers le premier tiers de
leur longueur ; un trait placé en travers sur leur milieu et recourbé
avant d’arriver à la suture, qu'il n’atteint pas ; une troisième tache au
milieu de l’élytre, vers le quart postérieur, et enfin, une bordure
étroite à l'extrémité. Les côtés du corps et les cuisses sont revêtus de
poils blancs.
INDES ORIENTALES.
24. C. abbreviata. (PI. 9, fig. 4). Jahrb. der Insect., t. 1, pag. 21.
136 COLÉOPTÈRES.
D'un brun bronzé, élytres obscures, avec une lunule à la base,
une bande recourbée au milieu , quatre taches et l’extrémité jaunes.
Mapacascar. Envoyé par M. Bernier et acheté à M. Gou-
dot.
25. C. circumducta, vwidis, nitida, lateribus cupreis; labro, palporum
et mandibularum basi flavis; elytrorum margine continuo ramulos duos et
lineam flexuosam emittente, punctisque tribus ad basin et suturam flavidis.
Long. 14 millim. Larg. 5.
Elle a de grands rapports avec les C. abbreviata, Klug., et bre-
vicollis, Dej.; mais elle se distingue de lune et de l’autre par sa belle
couleur verte et par la bande extérieure de ses élytres qui n’est
point interrompue.
Sa couleur est d’un vert brillant avec les côtés du corps cuivreux
et garnis de quelques poils blancs; quelquefois aussi le dessus de la
tête et du prothorax sont cuivreux. La lèvre supérieure est jaune et
munie de trois dentelures, dont celle du milieu est plus saillante
dans la femelle que dans le mâle. La base des mandibules et des
palpes est jaune; le bout de ces derniers, vert, ainsi que la base des
antennes, l'extrémité des mandibules et le reste des antennes sont
noirs. La tête offre des stries entre les yeux. Le prothorax est carré,
divisé en deux lobes un peu élevés et très-finement rugueux. Les
élytres sont parsemées de petits points d’un vert foncé; leur suture
est brillante et leur bord extérieur orné d’une bande jaunätre non
interrompue et qui projette trois rameaux en-dedans; le premier
assez court au tiers antérieur, le deuxième en arrière du milieu,
sinueux et touchant presque la suture; le troisième avant lextré-
mité et à peine saillant; la bordure remonte même un peu le long
de la suture ; on remarque vers la partie antérieure, et le long de la
COLÉOPTÈRES. 137
suture, trois taches blanches disposées comme dans le C. flexuosa,
Fab. Le bout de l'abdomen est d’un rouge cuivreux dans le mâle.
Mapacascar. Acheté à M. Goudot. Dans les endroits secs et sa-
blonneux.
26. C. curvata. (PI. 9, fig. 4.) Cnevr. Coléopt. du Mexique, 2° fasc. n° 5.
« Semblable pour la forme à la C. longipes, Fab. Un peu
granuleuse, d’un vert obscur. Tête déprimée sur le front, pro-
thorax un peu conique, très-velu en-dessous et sur les côtés,
le sillon de la base plus marqué que celui du sommet et que la
ligne médiane. Élytres ovales, oblongues, ornées d’une lunule à
la base et d’une autre au sommet, qui sont réunies au bord et qui
sont blanchâtres, ainsi que deux bandes, dont la première part de la
lunule antérieure, se dirige transversalement et se courbe à angle
droit, le long de la suture ; la deuxième bande se termine brusque-
ment en crochet. Corps aplati en-dessous, poilu sur les bords.
Pattes postérieures de longueur médiocre. » (Chevrolat.)
Mexique. Acheté à M" Sallé.
27. C. albo-guttata (PI. 9, fig. 6), cuprea, subdepressa, sterno abdomi-
neque cyaneis; pedibus viridi-cupreis, tibis rufescentibus; labro unidentato,
mandibularum et palporum basi flavis; elytris puncto submarginali ad apicem
flavido. Femina.
Long. 9 millim. Larg. 3.
Sa couleur est d’un rouge cuivreux en-dessus et sur les côtés, avec le
ventrebleu et le sternum d’un vert bleuâtre. La tête est finement striée
entre les yeux. La lèvre supérieure est un peu avancée , munie d’une
petite dent au milieu et jaune, ainsi que la base des mandibules et
des palpes. Le bout de ces derniers est vert, ainsi que la base des
antennes, dont le reste est noir. La surface du prothorax est finement
138 COLÉOPTÈRES.
rugueuse. Les élytres, qui paraissent recouvertes d’un travail extré-
mement fin et comparable à du chagrin, sont marquées vers le bout,
auprès du bord extérieur, d’un petit point blanchätre. Les pattes sont
d’un vert bronzé; les jambes et quelques articles des tarses paraissent
en outre d’un jaune roux.
Bresi. Province de Campos-Geraes. Donné par M. Auguste
Saint-Hilaire.
28.C. V'asseleti. (PL. 9, fig. 7.) CHevr. Coléopt. du Mexique, 2° fase. n° 7.
« Orné de couleurs irisées ; d’un rouge obscur à la simple vue, tête
et prothorax d’un rouge brillant avec des lignes azurées. Prothorax cy-
lindrique, marqué de trois sillons droits et bleus; élytres pointillées,
ornées d’une bande longitudinale flexueuse qui part de l'angle exté-
rieur ; les mandibules, la base des antennes, les pattes et la poitrine,
vertes au milieu. Le corps et le thorax velus sur les côtés.» (Chevr.)
Geure Collyris. Fabricius.
1. C. postica (PI. 9, fig. 8), cyanea, elytris virentibus subtus viridi ænea;
‘antennarum articulis 3°-4°-5°-6°que rufo-annulatis , elytris profundè puncta-
üs, femoribus rufis, tarsorum posticorum articulis tribus primis flavo-rufis.
Long. 15 ; millim. Larg. 3.
Sa couleur est d’un beau bleu sur la tête et le prothorax, et d’un
vert brillant sur les élytres dont les côtés sont bleus; le dessous du
corps est d’un vert bronzé. Sa lèvre supérieure est bleue et armée
de sept dentelures arrondies, dont les deux extérieures sont un peu
moins avancées que les autres. Les palpes sont d’un vert bronzé. Les
antennes sont aussi longues que la tête et le prothorax réunis; leurs
cinq premiers articles sont bleus, et les suivants d’un brun noir et
velu. L’extrémité des troisième, quatrième et cinquième articles et la
Fr TL
COLÉOPTÈRES. 139
base du sixième sont rougeûtres. Le prothorax est fort étranglé en
avant et présente, le long de sa ligne dorsale, quelques rides légères,
transversales ; on y remarque aussi quelques points enfoncés, donnant
naissance à des poils. Enfin le bourrelet situé en arrière du sillon
postérieur est très-légèrement ridé. Les élytres sont plus étroites que
la tête à leur base et un peu plus larges à leur extrémité. Leur
surface offre de gros points enfoncés assez rapprochés qui vont en
s’affaiblissant à l'extrémité. Celle-ci est légèrement échancrée avec la
suture épineuse. Les cuisses sont d’un jaune rougeûtre avec la base
et l'extrémité brunes. Les jambes sont d’un bleu verdâtre. Les tarses
ont la même couleur, excepté les trois premiers articles des posté-
rieurs qui sont d’un jaune rougeàtre avec l’extrémité bleue en-
dessus.
JAvA.
.2. C. ruficornis , cyanea, elytris subvirentibus, linea baseos et altera
medià transversà obscure rufis, antennarum basi cyanea articulis 3°-/4° et 5°
apice rufis, cæteris pauld obscurioribus, femoribus flavo rufis.
Long. 14 millim. Larg. 5.
Sa couleur est d’un bleu un peu violet avec une nuance verdâtre
sur les élytres. La lèvre supérieure présente sept dentelures arrondies,
dont les deux extérieures sont un peu plusreculées que dans l'espèce
précédente. Les palpes maxillaires sont d’un vert bronzé et les labiaux
roux , au moins à leur base. Les antennes ne sont pas aussi longues
que la tête et le prothorax. Leurs cinq premiers articles sont bleus;
extrémité des troisième, quatrième et cinquième est rousse; les
autres sont d’un roux obscur. Le prothorax est étranglé, mais non
Ançouives pu Muséum, Tome I. x
140 COLÉOPTÈRES.
brusquement , il va en s’élargissant insensiblement jusqu’à la base.
La surface présente des rides transversales assez distinctes et des
points enfoncés assez nombreux, donnant naissance à des poils;
d’autres points se voient sur le bourrelet postérieur et principalement
sur les côtés. Les élytres sont couvertes de points enfoncés, nom-
breux, très-rapprochés, qui vont en $affaiblissant vers l’extrémité.
Celle-ci estun peu échancrée. A la base des élytres,autour de langle
extérieur, ilexiste une tache linéaire d’un rouge violacé, et on re-
marque vers leur milieu une seconde tache transversale , qui n’atteint
pas la suture. Les cuisses sont d’un jaune rougeûtre. Lesjambes et les
tarses d’un bleu violet.
BENGALE. Rapporté par M. Macé.
3. C. obscura, Larorre, Etud. entom. pag. 40.
« D'un noir un peu violet, une tache ferrugineusesur les troisième
quatrième , cinquième et sixième articles des antennes. Élytres très-
fortement ponctuées avec leur côté d’un beau violet. Dessous du
corps, jambes et tarses d’un bleubrillant , cuisses rouges. » Laporte.
Java.
Long. 12 millim. Larg. 5 =.
M. de Laporte a cru reconnaître son espèce dans un individu que
possède le Muséum; la description qui précède est cependant trop
concise pour qu'il ne soit pas nécessaire d’y ajouter quelques détails
afin de la mettre en rapport avec nos descriptions précédentes.
La tête et le dessus du prothorax sont d’un bronze obscur. Les
palpes labiaux sont roux au moins à leur base. Le prothorax est
étranglé, mais pas très-brusquement, et présente quelques points
enfoncés, plus nombreux sur les côtés ; son bourrelet postérieur est
COLÉOPTÈRES. 141
parsemé de semblables points. La couleur des élytres est d’un violet
foncé uniforme; les points profonds qui couvrent sa surface sont
plus serrés un peu après le milieu où ils semblent former des rides
transversales fort légères; dans cet endroitla couleur violette est plus
foncée. Les jambes et les tarses sont violacés.
JAVA.
4. C. flavitarsis, violacea, abdomine viridi, elytris supra cyaneis, maculà
medià transversà et margine lateral violaceis, antennis basi viridi æneis, arti-
culis 3°, 4° et 5’apice rufo-annulatis, ceteris nigricantibus, femoribus rufis, tar-
sis posticis basi flavidis.
Long. 12 millim. Larg. 2 :.
Il a les proportions du Coflyris longicollis de Fabricius, mais il
en diffère par des antennes plus longues et par les tarses postérieurs
jaunâtres. Le premier de ces caractères semble l’éloigner de l’a/bi-
tarsis de M. Erichson ‘. Sa couleur est d’un beau violet, avec le
dessus des élytres bleu et l'abdomen un peu verdätre. La tête est
plus étroite que dans l’espèce précédente, et le sillon qui sépare les
yeux parait plus profond. On aperçoit quelques rides très-légères sur
le vertex, auprès des yeux. La lèvre supérieure est violette, avec les
contours d’un vert bronzé. Son bord libre offre sept dentelures;
les palpes sont d’un vert bronzé. Les antennes sont aussi longues que
la tête et le prothorax réunis; leurs cinq premiers articles sont d’un
bleu verdâtre, un peu bronzé; l'extrémité des troisième et quatrième
et la dernière moitié du cinquième, sont rousses; les suivants sont
d’un brun noirâtre. Le prothorax est étranglé en avant, mais non
brusquement; il offre quelques rides transversales légères et des
points enfoncés, plus nombreux sur les côtés, donnant naissance à
1 Nova acta naturæ curiosorum, t. XVI, pag. 220.
142 COLÉOPTÈRES.
des poils; son bourrelet postérieur est lisse, mais ponctué sur les
côtés. Les élytres sont à leur base de la même largeur que la tête et à
peine plus élargies à leur extrémité, qui est un peu échancrée. Leur
surface est parsemée de points enfoncés, profonds et peu rappro-
chés, qui sont plus faibles à l'extrémité. Vers leur milieu se remarque
une tache transversale, qui se confond avec le bord externe, dont
elle a la teinte violette. Les cuisses sont d’un jaune rougeitre avec la
base et l’extrémité brunes; les jambes sont d’un bleu violet; les
tarses ont la même couleur, à l'exception de ceux de derrière, qui
sont d’un jaune un peu roux et dont l'extrémité est obscure.
JAvA.
Genre Tricondyla, Latreille.
T. Chevrolatir, Lap. Etud. entom.
« Cet insecte est de la taille du 7°. aptera, mais ses élytres sont un
peu plus renflées. Sa couleur est noire avec des reflets d’un brun
bronzé, obscur, plus visibles en-dessous du corps. Les pattes sont
dun noir bleuâtre, avec les cuisses ferrugineuses, dont l’extrémité
est un peu obscure. » (Laporte).
JAvaA.
Genre Psilocera, Brullé.
P. elegans, Brul. Hist. des Insectes, t. IV, pag. 110.
« Ce joli insecte est un bleu avec une teinte verdâtre en-dessus ;
la base des antennes parait aussi de cette couleur, le reste est revêtu
de poils cendrés; la tête est très-rugueuse, mais la lèvre est tout-à-
fait lisse. Le corselet est plusrugueux encore que la tête et parait cha-
griné en travers. Les élytres sont entièrement couvertes de points
enfoncés. » (Brullé).
MaApAGAscaR.
MÉMOIRE
SUR
LA FAMILLE DES LARDIZABALEÉES .
PRÉCÉDÉ
DE REMARQUES SUR L'ANATOMIE COMPARÉE DE QUELQUES TIGES DE VÉGÉTAUX
DICOTYLÉDONÉS ;
Par M. J. DECAISNE,
AIDE=-NATURALISTE AU MUSÉUM.
(Présenté à l'Académie des Sciences, séance du 4 septembre 1837.)
Chaque jour de nouveaux végétaux viennent prendre place
dans nos catalogues; des contrées qui n’avaient été que peu ou
point explorées sous le rapport de l’histoire naturelle, le sont au-
jourd’hui avec ardeur et intelligence; il en résulte une aflluence
extrême d'objets nouveaux qui, au premier coup-d’œil, semble-
rait devoir encombrer la science, mais qui au contraire l’éclaire en
nous fournissant réellement des faits propres à affermir ou à rec-
üfier nos premières classifications. En effet, un grand nombre de
plantes, sur lesquelles la science ne possédait que des données in-
complètes, se trouvant maintenant plus répandues dans nos collec-
tions, ont pu, par cela même, être mieux étudiées. Dès-lors aussi
on s’est aperçu que plusieurs végétaux, mal observés en premier
lieu, se sont trouvés par suite classés bien loin du groupe près du-
quel leur véritable caractère devait les faire ranger.
144 MÉMOIRE
C’est ainsi que dans tous les traités généraux de botanique, pu-
bliés depuis la Flore de Thunberg, on trouve citées, sous le nom
de Rajania, deux plantes n’ayant avec ce genre d’autres caractères
communs que le nombre des étamines.
Maintenant j'ai pu, à l’aide des superbes herbiers de Leyde mis
à ma disposition par M. Blume, et pendant mon séjour dans cette
ville, étudier plusieurs espèces nouvelles du même groupe, re-
cueillies au Japon par MM. Siebold et Burger, et en entreprendre
la monographie.
J'ai reconnu que les deux espèces de Rajania de Thunberg, au
lieu de faire partie des Monocotylédones, comme on l'avait cru
jusqu’à ce jour, appartenaient aux Dicotylédonées et sans aucun
doute à la petite section des Ménispermées auxquelles M. De Can-
dolle a donné le nom de Lardizabalées; et ce premier travail
m'ayant engagé à étudier l’organisation des plantes voisines de celles
de Thunberg, je me suis trouvé entrainé par-là à modifier ou com-
pléter quelques caractères de genres, à en établir de nouveaux. Le
petit groupe des Lardizabalées, mieux étudié, m’a donc offert des
modifications de structure nombreuses et importantes qui n’ont
engagé à en constituer une famille distincte des Ménispermées et
qui se trouve composée aujourd’hui des sept genres Lardizabala ,
Boquila, Stauntonia, Holbôllia, Parvatia, Akebia et Bura-
saia, dont je vais tracer rapidement l’histoire.
Ruiz et Pavon établirent, dans leur Flore du Pérou publiée en
1794, le genre Lardizabala, sur deux plantes auxquellesils attribuè-
rent des caractères assez bizarres, celui, entre autres, d'offrir des
fleurs dépourvues de calice avee une corolle formée de six pétales;
pour système staminal un filament unique en forme de colonne sup-
portant six anthères s’ouvrant par leur face postérieure. De plus,
les fleurs femelles sont considérées comme hermaphrodites mal-
1
“
SUR LES LARDIZABALÉES. 145
gré la présence d’étamines reconnues stériles par ces botanistes.
En publiant ses Mélanges de botanique, Du Petit-Thouars fit
connaitre en 1811, parmi ses genres nouveaux de Madagascar, un
arbrisseau auquel il donna le nom de Burasaia* en le rangeant
près des Ménispermes avec lesquels néanmoins, ce célèbre bota-
niste lui reconnaissait de grandes différences, ainsi qu'il l'avait fait
remarquer antérieurement dans le Dictionnaire des sciences naturel-
les. Cependant les affinités de son nouveau genre avec le Lardiza-
bala n’y sont point indiquées.
M. De Candolle dans son Systema regni vegetabilis publié en
1818, divise les Ménispermées en deux groupes; il place en tête
du premier, auquel il donne le nom de Ménispermes vrais, les genres
Lardizabala, son nouveau genre Sfaunionia et le Burasaia ,
formant tous trois une petite section caractérisée par leurs. feuilles
composées. La structure des organes reproducteurs du Lardiza-
bala est établie avec précision, néanmoins, les fleurs sont encore
regardées comme polygames, et les baies comme étant à six loges.
Plus tard, en publiant son Prodrome (1824) M. De Candolle établit
dans les Ménispermées une première tribu à laquelle il donna le
nom de Lardizabalées, caractérisée par la pluralité des graines dans
chaque carpelle.
Ce fut en 1821 que M. Robert Brown, dans une note de son
Mémoire sur le Rafflesia *, indiqua l’organisation des ovaires et la
placentation pariétale des Lardizabala et Stauntonia dont il pro-
posa de former une famille distincte de celle des Ménispermées
auxquelles ces genres se trouvaient alors réunis; mais il n’en fit pas
* Du Petit Thouars changea plus tard l'orthographe de ce nom, et, pour lui donner
une forme plus latine, il l'écrivit Burasaia ; on le trouve écrit Bourasahia dans le Dict. se.
nat. 5, p. 266.
* An account of new gen. of pl. named Rafflesia. Linn. Trans. vol. XIII.
146 MÉMOIRE
connaitre les caractères, et se contenta, comme je viens de le dire,
d’en indiquer un des principaux, celui de linsertion des ovules sur
toute la surface interne de la cavité ovarienne.
Presqu’à la même époque (1824) dans le Tentamen F'loræ Ne-
palensis, M. le D° Wallich établit un nouveau genre voisin du
Stauntonia, de M. De Candolle, auquel il donna le nom d’Hol-
bollia. I] en décrivit, avec une extrême précision, les plus impor-
tants caractères; ses affinités avec les Lardizabalées, sont non seu-
lement bien discutées, mais encore M. Wallich fait déjà pressentir
les analogies des Rajaria de Thunberg avec les plantes qu’il fait
connaitre, et qu’on ne trouve cependant pas citées dans le Prodro-
mus Floræ Nepalensis publié par M. David Don en 1825.
Depuis cette époque, plusieurs auteurs ont fait mention des Lar-
dizabala et des genres voisins sans y apporter des notions plus com -
plètes. Ainsi, en publiant sa première édition de l’Introduction au
système naturel, M. Lindley considère le Sfauntonia comme ne
différant pas essentiellement des Ménispermées auxquelles il est
réuni, ainsi que d’autres genres également étrangers à cette famille ;
l’anomalie signalée par M. Lindley au sujet de ces plantes, porte
uniquement sur l’absence des pétales dans les fleurs mâles du Staun-
tonia ; Vorganisation des ovaires et du fruit n’y est pas mentionnée.
L'année suivante (1851) M. G. Don dans son General system of
gardening and botany, établit, sur des caractères analogues à ceux
cités par M. De Candolle, une tribu des Lardizabalées dans laquelle
il comprend, outre le Burasaia de Du Petit-Thouars, le Gy70s-
temrna de M. Blume. Dans cet ouvrage, chacun des genres de cette
tribu est établi avec assez de justesse et d’une manière comparative,
mais leurs caractères restent les mêmes et n’ajoutent aucune connais-
sance nouvelle à celle qu'on possédait antérieurement.
Enfin en 1856, dans la deuxième édition de son Introduction au
SUR LES LARDIZABALÉES. 147
systèmenaturel, M. Lindley considère encoreles Lardizabaléescomme
un sous-ordre des Ménispermées, fondé sur Les caractères indiqués par
M. De Candolle, d’après la composition des feuilles, le nombre des
loges et la pluralité des graines que contiennent les fruits. {l est à
remarquer que ce savant comprend seulement dans sa tribu des
Lardizabalées trois genres Lardizabala, Stauntonia et Burasaia.
L’Holbüllia se trouve réuni au Sfauntonia, malgré leur différence
d'organisation‘, et le Gyzostemma de M. Blume est classé parmi les
vraies Ménispermées avec lesquelles cependant il n’a aucun rapport”.
Telles sont les connaissances que j’ai pu trouver dans les ouvrages
des botanistes sur les différentes plantes composant le groupe dont
j'ai eu à m'occuper et sur lesquelles M. R. Brown, depuis 1821,
! Cette réunion,de l’Hotbilliaau Stauntonia doit avoir eu lieu de la part de M. le docteur
Wallich, puisque M. Hooker établit, dans le tome 2 du Bot. misc. un genre nouveau de
Graminées de l'Inde, nommé Ho/bollia dans le manuscrit de M. Wallich, et publié long-
temps après le Tentamen Floræ nepalensis. Or, comme je regarde le genre de Lardizabalée,
créé antérieurement par M.Wallich, comme parfaitement distinct du Stauntonia, je me crois
.en droit de restituer le nom d’Holbôlliaet de proposer, pour le genre établi dans le Botani-
rical miscellany, sur laGraminée de l'Inde, le nom de Lopholepis, tiré du caractère remar-
quable de la crète qui surmonte les paillettes de cette plante pour laquelle M. W. Griffith
a donné une analyse complète.
? Plusieurs caractères me paraissaient devoir éloigner le Gynostemma des Ménispermécs,
entre autres celui du nombre cinq ou de ses multiples, entrant dans la composition de la
fleur, l'adhérence du calice à l'ovaire, et le nombre de ses loges, enfin la position de l’em-
bryon. Mes doutes ont été dissipés par l'examen de quelques fleurs mâles du Gynostemma
pedata, obtenues de l’amitié de M. Blume. Leur étude m’a démontré leur affinité avec quel-
ques genres de Cucurbitacées et en particulier avec le Sécyos ou Cyclanthera. Je suis égale-
ment porté à considérer la plante dont j'ai fait connaître l'individu mâle dans ma Descrip-
tion d’un Herbier de Timor*, sous le nom de Sicyos hederæfolia, comme devant entrer dans
celui établi par M. Blume. Ul est à remarquer que ma plante se trouvait rangée parmi les
Ménispermées dans l’herbier de Timor, tandis que, par contre, j'ai retrouvé, confondu
avec les Bryonie de l’herbier général du Muséum, un échantillon femelle du Gynostemma
pedata, recueilli anciennement à Java par Commerson.
* Nouv. Ann. Mus. 1834, t. III, p. 42.
Arounves pu Muséum, Tour I. 20
148 MÉMOIRE
avait appelé l'attention des botanistes, à cause de la singulière struc-
ture de leur ovaire.
Les Lardizabalées considérées comme famille, présentent peu de
modifications inrportantes dans leur type primitif. À exception du
Burasaïa, les autres genres qui la composent sont liés entre eux
de manière à ne laisser aucun doute sur leur aflinité naturelle, et les
Lardizabala, Boquila, Slauntonia à cause de leurs étamines
monadelphes peuvent être regardés comme formant le type bien
tranché de cette famille, dont les caractères principaux sont : un
calice à trois ou six folioles colorées, libres jusqu’à leur base, dispo-
sées sur un ou deux rangs, et auxquelles succèdent quelquefois et
de même de troïs en trois, et par conséquent opposées aux six sé-
tales, deux rangées de pétales squamiformes alternes; les étamines
en nombre égal ont les filets libres ou soudés en un tube; les an-
thères sont extrorses excepté dans le Burasaia; enfin, opposés aux
trois folioles calicinales externes, trois ovaires uniloculaires avortés
et réduits à trois mamelons dans les fleurs mâles et présentant, dans
les fleurs femelles, leurs parois internes couvertes d’ovules. Chaque
ovaire devient une baie charnue, succulente et mangeable, atteï-
gnant, dans le Lardizabala biternata, la grosseur d’une prune; elle
se termine par le stigmate persistant. Les graines revêtues d’un testa
mince et opaque comme celui des Berberidées, offrent un très-petit
embryon placé à la base d’un périsperme charnu fort épais.
Cette organisation, propre aux Lardizabalées vraies, présente ce-
pendant des différences notables dans le Burasaia qui diffère des au-
tres genres de la famille par son ovaire uniloculaire monosperme ,
ses fleurs petites à étamines introrses, caractère unique dahs ce petit
groupe, mais qu'on observe fréquemment dans les vrais Ménisper-
mées. Quant à l’organisation du fruit, il nous présente un fait ana-
logue à ce que nous pouvons observer dans les Anonacées, chez les-
6
SUR LES LARDIZABALÉES. 149
quelles il offre des modifications semblables à celles qui existent
entre les Lardizabala, le Boquila et le Burasaia.
Jusqu’à ces derniers temps, les Lardizabalées, soit comme section,
soit comme tribu, n’ont pas cessé de faire partie de la famille des
Ménispermes, et celles-ci ont constamment été classées en tête des
familles polypétales à insertion hypogynes où A. L. de Jussieu les
avait placées, Et si nous cherchonsles différentes opinions émises à ce
sujet, nous voyons qu’elles confirment cette dernière manière de
voir. En effet, les Lardizabalées primitivement réunies aux Méni-
spermes, me paraissent en outre tellement liées aux Berberidées,
qu’il me semble difficile d'établir des considérations avec l’une de
ces familles, sans entrer dans des détails d'organisation relatifs aux
deux autres, car, suivant la remarque de M. Auguste de St-Hilaire !,
avec les Ménispermes et les familles polypétales qui les précèdent,
finit un vaste groupe composé de plusieurs familles intimement liées
et à jamais inséparables. Néanmoins, comme il nous arrive souvent
de rencontrer dans nos classes naturelles de plantes polypétales, un
ou plusieurs genres s’éloignant du type principal, par un degré d’or-
ganisation plus simple, et que cet exemple se rencontre dans les Mé-
nispermes, il me parait nécessaire de signaler ces différences et de les
comparer aux plantes avec lesquelles on leur a reconnu de J’affinité.
Si nous comparons d’abord les Ménispermées et les Euphorbia-
cées, entre lesquelles M. Auguste de St-Hilaire * indique quelques
rapports d’analogie par l’intermédiaire des fleurs mâles du PAyllan-
thus, dont la disposition des filets staminaux réunis en colonne
constitue un androphore qu’on observe également dans certains gen-
res, tels que Cssampelos, Cocculus, Anamirta, Clypea’, et surtout
-
! Aug. St-Hil. Flor. Bras. merid., vol. I, p. 59.
2 Aug. St-Hil. I. c. p. 50.
3 Decaisne, Descript. herb. Tim. Nouv. Ann. Mu:. t. LIL, p. 18.
#50 MÉMOIRE
dans les Lardizabalées, nous serons porté à croire que ce sera sans
doute une idée systématique de cette nature qui aura guidé M. Blume
lorsqu'il plaçait en tête de ses Ménispermes son genre Gynostemma
appartenant aux Cucurbitacées. M. De Candolle, de son côté, en
indiquant les Sterculiacées comme offrant des rapports avec les Mé-
nispermes, me parait, ainsi que M. de St-Hilaire le fait pour le PAyt-
lanthus, plutôt indiquer une ressemblance ou exprimer un soup-
çon que vouloir établir un rapprochement réel entre ces familles.
D’un autre côté, M. Lindley a apporté dans la science une idée
tout-à-fait nouvelle sur ce sujet, idée fondée sur les considérations
anatomiques aussi bien que sur les caractères de la fructification.
Dans ses différents écrits de classification végétale ‘, ce savant com-
bat l'opinion, aujourd’hui généralement admise, de l’affinité des Mé-
nispermes avec les Anonacées et les Berbéridées par des arguments
qui, malgré leur spécieuse apparence et malgré l’autorité de l’au-
teur, ne sont cependant pas de nature à convaincre pleinement.
Examinons donc ces arguments, dont la conclusion est de placer
les Ménispermes près des plantes apétales, et principalement des
Nyctaginées et des Aristoloches.
Les opinions émises par M. Lindley soulèvent deux questions :
l’une générale, celle de la valeur que doivent obtenir les caractères
anatomiques dans l'appréciation des affinités de familles; l’autre
particulière, celle de l'identité de structure anatomique dans les
Ménispermées et dans les Aristoloches. Examinons-les successive-
ment. Dans l’état actuel de nos connaissances, les idées sont loin
d’être arrêtées sur la valeur à accorder aux caractères tirés des or-
ganes de la nutrition et méme sur ce qu’on doit entendre par iden-
tité de structure dans les végétaux. Prendra-t-on pour caractère la
* Lindley, Mixus plantarum. — Ejusd. À key to structural, physiolog. and systematie
botany. — Ejusd. Natural syst. of Botany.
SUR LES LARDIZABALÉES, 151
prédominance dans certaines plantes de certains éléments, vaisseaux
ou utricules d’une structure remarquable, ou bien accordera-t-on
une plus grande importance à la disposition relative et au mode de
développement desdiverstissus fibreux, vasculaires et utriculaires, qui
constituent le boiset l'écorce, comme le professe M. Ad. Brongniart?
L'observation n’est pas favorable au premier de ces deux points
de vue. Si, à côté de ces caractères généraux communs à toutes les
plantes dicotylédonées, ainsi que l’admet la généralité des bota-
nistes, elle en a signalé de particuliers à certaines familles, il n’en
est pas moins certain aujourd’hui, d’après des observations récentes,
que ces structures se sont retrouvées dans des familles fort éloignées
les unes des autres, et dont le rapprochement blesserait toutes les
lois reconnues. Ainsi, les tubes poreux si remarquables des Pins
et des Sapins, que M. Ad. Brongniart a reconnu dans le Gne-
tum et sur lesquels il s’est appuyé pour rapprocher cette plante des
Conifères, se sont retrouvés dans un arbrisseau de la Nouvelle-Hol-
lande, le Tasmannmia, voisin des Magnolia, que personne ne sera
plus tenté de réunir aux Conifères que le ÆF’eënmannia aux Ma-
gnoliacées, parce que son bois présente des tubes à parois découpées
à claire-voie caractérisant celui du Magnolia grandiflora
Si nous passons maintenant à la seconde question, c’est-à-dire à
la comparaison des tiges des Ménispermes et des Aristoloches, nous
voyons que M. Lindley se base pour établir les affinités de ces deux
familles sur ce que leur bois manque de zones concentriques servant
à caractériser celui des végétaux dicotylédonés, et cette anomalie
le conduit à regarder les Ménispermes comme intermédiaires entre
ces deux grandes divisions des végétaux.
Cherchant à vérifier ces faits, j’ai examiné plusieurs tiges appar-
tenant à des plantes de ces deux familles, les Ménispermes et les
Aristoloches, afin de nvassurer si l'identité était complète dans les
152 MÉMOIRE
genres de l’une et de l’autre, dans ceux de l’une des deux et dans
toutes les espèces du même genre, et je n'ai pas tardé à y trouver
des différences et une organisation nouvelle et remarquable dans la
structure de leurs tiges ou de leurs rameaux. Ces anomalies appa-
rentes m'ont engagé à multiplier et coordonner plus rigoureusement
mes recherches en suivant sur les espèces vivantes, qui pouvaient
être à ma disposition, les changements successifs que leurs tiges
présentent à l’intérieur suivant les diverses périodes et les différents
âges, et à me rendre compte de ces structures anomales en les com-
parant à celles que nous sommes aCcoutumés à rencontrer et que
nous regardons, par conséquent, comme normales.
Si on examine une tige de LAristolochia labiosa, originaire du
Brésil, et dont la végétation continue r’offre point d'interruption
hivernale, on voit le bois formé de faisceaux qu’on décompose en
tubes poreux de diamètre différent et entremèêlés sans ordre. Cha-
cun de ces faisceaux, après un certain temps de végétation, se bi-
furque‘, et les faisceaux qui en résultent divergent à la manière des
branches d’un éventail, comme l’a remarqué M. Gaudichaud ?, mais
il n’y a aucune trace de zone concentrique; accroissement continue
à se faire par l’extrémité de chacun des faisceaux entre le bois et le
tissu utriculaire qui le sépare du liber; mais celui-ci, ne prenant que
peu d’accroissement relativement à la multiplication ou la division
des faisceaux fibreux, se trouve refoulé vers la circonférence de la
tige et disposé par petits paquets à des distances assez grandes les unes
des autres, mais correspondant néanmoins à chacune des divisions du
faisceau primitif. Le parenchyme cortical, uniquement composé de
tissu utriculaire rempli de petites cavités contenant un suc propre, ex-
halant une forte odeur analogue à celle du Lierre terrestre, est revêtu
* Voy. Dutrochet, Recherches sur l’aecr. des vég. Mém. Mus. 7,
: Archiv. de Bot., vol. 2, p. 490, t. 10, fig. 3.
SUR LES LARDIZABALÉES. 153
extérieurement d’une couche épaisse de tissu utriculaire appartenant
à la couché sous-épidermique et parfaitement semblable, par son mode
d’accroïissement et d'organisation, par sa couleur et sa forme, au
tissu du Liége, et tel que nous le retrouvons sur les jeunes rameaux
de l’orme ou de l’érable champêtre.
Si on compare à cette tige celle de PÆristolochiax Sypho de
nos jardins, on y reconnait une différence notable et à laquelle on
pouvait d'avance s'attendre en se rappelant que cette espèce perd
annuellement ses feuilles. C’est qu’en effet on y remarque de la
manière la plus nette la présence des zones concentriques , corres-
pondant à chacune des années de végétation, qui sé groupent au-
tour d’une moelle de forme ovale. Chacune de ces couches se re-
connaît à la présence de tubes d’un plus grand diamètre qui appa-
raissent toujours les premiers dans chaque couche annuelle, ce qui
peut provenir, comme le suppose M. Mirbel', de ce que le tissu
vasculaire le plus interne de cette couche se développe lorsque la
température n’est pas encore parvenue à Son maximum d’élévation,
tandis que la partie externe s'organise dans la saison la plus chaude ;
ou bien de cé que les premiers vaisseaux dans leur accroissement en
diamètre refoulent et resserrent entre le parenchymé cortical ou le
liber ceux qui s'organisent ensuite. Quoi qu'il en soit, les rayons
médullaires vont en ‘augmentant de nombre, divisent les faisceaux
fibreux auxquels correspondent également dans cette espèce de pe-
tits paquets d’utricules allongées à parois épaisses, amincies aux deux
bouts et constituant le liber. Si on examine au premier printemps
un très-jéune rameau, on voit que le Hber forme un cercle continu
entourant exactement la réunion des faisceaux vasculaires; mais,
comme ceux-ci se multiplient et augmentent rapidement de vo-
" Mém. sur l’origine , le développ. et l'organ. du liber et du bois. Mém. Mus. vol. 16.
154 MÉMOIRE
lume , ils rompent d’abord en deux parties l’anneau de liber dont
ils étaient entourés, et, comme leur développement dilate de plus
en plus la jeune branche, le liber se trouve divisé en faisceaux de
grandeur variable , mais presque toujours en nombre pair.
Le parenchyme cortical qui a peu d’épaisseur est recouvert d’une
couche de tissu utriculaire épidermique assez mince, au lieu de pré-
senter l'extrême accroissement de celui de lÆristolochia labiosa.
Si on compare à l’Æristolochia Sypho celle de nos bois, 4.
Clematitis, dont les rhizomes produisent chaque année des tiges
nouvelles, on retrouve dans notre espèce européenne une organi-
sation tout-à-fait semblable, quant à la disposition des faisceaux
fibreux, à celle qui caractérisait les tiges de l’espèce tropicale (4.
labiosa). Ainsi, voilà des espèces congénères, qui, malgré leur
mode différent de végétation, offrent néanmoins une structure li-
gneuse analogue (4. labiosa et À. Clematilis), ou qui, malgré
analogie du mode de végétation, offrent des différences assez no-
tables; celles qui résultent de l’existence ou de la non-existence des
zones concentriques (4. Clematius et 4. Sypho).
Nous allons voir, pour les Ménispermées, l’accroissement ligneux
suivre une autre marche et montrer qu'il est impossible d'admettre
une similitude aans l’organisation des tiges de ces deux familles.
En étudiant différentes espèces de Ménispermées, nous allons
observer presque pour chacune d’elles un mode particulier d’ac-
croissement , ainsi qu'une disposition spéciale dans les organes de la
nutrition. Prenons d’abord, pour point de comparaison, un jeune
rameau de l’année du Menispermum canadense fréquemment
cultivé dans nos jardins, au moment où il se développe et lorsque
le tissu est encore herbacé. Sur une tranche horizontale, on dis-
tingue, au centre, la moelle formée par un tissu utriculaire à pa-
rois très-minces, parfaitement incolores; autour de cette moelle,
4-4
SUR LES LABDIZABALÉES. 15
un nombre déterminé de faisceaux vasculaires distincts, plus ou
moins ovales ou obovales, et dont alors l’extrémité la plus large
regarde la circonférence de la tige. Dans chacun de ces fais-
ceaux, on observe, de dedans en dehors, des vaisseaux à ouver-
tures plus larges, un tissu mou, celluleux, de couleur jaunûtre, qui
constitue le bois à l’état rudimentaire ou le Cambium; un espace
en forme de croissant à convexité externe, de couleur opaline,
foriné par des utricules à parois épaisses qui forment le liber, à l’ex-
térieur duquel se trouve le tissu utriculaire où parenchyme cor-
tical présentant sur son contour une rangée d’utricules remplies d’un
liquide rouge auquel est due la coloration des jeunes branches. Le
parenchyme cortical, communiquant entre chacun des faisceaux vas-
culaires et se confondant avec la moelle, est rempli de matière verte.
Jusqu'ici, cette description peut s'appliquer à tout végétal dico-
tylédoné et ne contrarie en quoi que ce soit les idées des physiolo-
gistes; cependant cette organisation, après les années suivantes de
végétation, est loin de ressembler à celle des autres tiges des dico-
tylédones à feuilles caduques. En effet, si on examine un rameau
âgé de deux ans, on ne distingue point de couche nouvelle, mais
bien allongement de chaque faisceau vasculaire dont la forme ob-
ovale s’est prononcée davantage; on distingue encore à sa partie
extérieure la partie du bois rudimentaire en forme de demi-lune
et la couche de liber de même forme. Ce liber est en effet le même ;
quant au bois rudimentaire, il s’est converti en bois parfait et a pro-
duit de nouveau une couche de cambium. Ce mode d’accroissement
se continue ainsi indéfiniment sans qu'aucun des faisceaux vascu-
laires ne se dédouble, sans qu’il s’en soit ajouté de nouveaux, et,
par conséquent, sans que leur nombre soit augmenté; si nous avions
compté sur un jeune rameau d’une année, 18 ou 23 faisceaux vas-
culaires pour en compléter le cercle, nous retrouvons précisément
Ancuives pu Muséum, Tome I. 21
156 MÉMOIRE
ce même nombre sur une tige d’un demi-pouce de diamètre, qui,
alors, d’après des renseignements que je crois exacts, doit avoir envi-
ron de 20 à 25 ans. Chacun des faisceaux à cette époque est spathulé
et il est facile de voir que son accroissement s’est fait principalement
par la partie externe à laquelle vient s'ajouter, chaque année, une for-
mation non interrompue de nouvelles fibres entremélées de vaisseaux.
Il n’en est pas de même pour le liber; celui-ci est resté dans son état
primitifsans prendre d'augmentation, desorte qu'’onle trouve placé de-
vant chacun des faisceaux, comme on l’avait observé lors de la pre-
mière année. Mais la tige ayant pris un accroissement notable par la di-
latation de chacun des faisceaux à leur extrémité, il en résulte que
le liber se montre par petits paquets, disposés en cercle et placés
à d'assez grandes distances les uns des autres, sur toute la circon-
férence de la tige.
Si on analyse au moyen du microscope ce jeune rameau de pre-
mière année, on voit, sur des tranches verticales, la moelle com-
posée de tissu utriculaire de forme arrondie, à parois minces, in-
colores, dépourvus de matière verte, si ce n’est vers les faisceaux
libreux. Ceux-ci se composent presque en totalité de tubes à parois
ponctuées, différents les ans des autres par leur diamètre ; sur la par-
tie presque contigué à la moelle, on remarque ordinairement , sur
chacun des côtés du faisceau, deux tubes annelés, entre lesquels on
distingue trois ou quatre trachées groupées entre elles. A l’extrémité
externe, on reconnait le nouveau bois à l’état rudimentaire , formé
par un tissu utriculaire allongé, cylindrique, presque incolore, ne
présentant encore à cette époque aucune ponctuation sur les parois,
quoiqu'appelé cependant à former un peu plus tard les vaisseaux
ponctués qui composent la presque totalité des faisceaux vasculaires.
Ceux-ci se trouvent séparés les uns des autres dans leur longueur par
des utricules, disposées en ligne longitudinale, auxquels on a, avec
SUR LES IAXDIZABALÉES. 157
raison, donné le nom de rayonsmédullaires. Ces cellules renferment
soit de la fécule, soit de la matière verte, et ont une épaisseur
plus grande et souvent une couleur très-différente de celle de la
moelle proprement dite ; ce sont elles qui offrent également d’une
manière très-distincte Les pores qui les mettent en communication les
unes avec les autres. Le liber qu’on trouve placé devant chacun des
faisceaux, est formé par des utricules attenuées au deux bouts, pres-
sées fortement les unes contre les autres, et dont les parois parais-
sent consister en plusieurs membranes emboitées les unes dans les
autres, de sorte qu'avec une assez grande épaisseur elles ont, comme
l'a remarqué M. Mirbel, un calibre fort petit. M. Dutrochet leur a
donné le nom de clostre, et M. Mirbel' qui lesa étudiés et en a suivi le
développement dans plusieurs végétaux, les regarde comme une forme
distincte des vaisseaux du latex dont ils remplissent les fonctions.
Cet examen anatomique, répété sur des branches assez âgées,
ioffre pas la moindre addition d'organes nouveaux ; mais seulement
multiplication non interrompue de quelques-uns de ceux qui exis-
taient déjà.
Si nous étudions comparativement à cette tige du Merispermum
canadense celle du Cocculus laurifolius, dont les tiges sont droi-
tes et les feuilles persistantes, nous retrouvons une organisation fort
différente, mais seulement après plusieurs années de végétation, car
dans une branche très-jeune il y a similitude parfaite pour la dispo-
sition et le développement des parties ; c’est-à-dire accroissement
progressif du premier faisceau vasculaire vers la circonférence, avec
formation de nouveau bois faisant toujours parfaitement suite à l’an-
cien, sans laisser de ligne de démarcation, et refoulant à la circon-
férence de la branche, le liber qui reste dans son premier état. Cet
1 Mirbel, Remarq. sur la nat. et l’orig. du liber. Ann. sc. mat. 2° sér. 1835, t. LIT, p.143.
158 MÉMOIRE
accroissement peut durer et dure ainsi plusieurs années sans offrir
d’autres caractères, néanmoins on peut remarquer ici que, chacun
des faisceaux vasculaires ne prenant pas en largeur un développement
correspondant à son allongement et à l’augmentation en diamètre de
la branche, c’est dans les rayons médullaires qu’on distingue une
largeur progressivement croissante.
Cependant au bout de quelques années ces faisceaux cessent de
croitre et de s’allonger ; le cambium ne se convertit même pas en
bois, et on voit apparaitre, devant et entre chacun d’eux, et par
conséquent au milieu du parenchyme cortical, d’autres faisceaux
vasculaires, d’abord petits et semblables par leur forme à ceux
qu’on remarque sur une branche de première année, mais notable-
ment différents dans leur composition anatomique , puisqu'on ne re-
trouve à leur base ni vaisseaux spiraux, ni liber à leur partie ex-
terne. Ces faisceaux continuent à s’accroitre comme ceux de la pre-
mière formation , c’est-à-dire du centre à la circonférence et pren-
nent, ainsi que ces derniers en s’allongeant, une forme elliptique ;
leur accroissement, que j'ai pu suivre sur des rameaux de différents
âges, est semblable à celui des faisceaux de la première année, jus-
qu'à ce qu’enfin, cessant à leur tour de s’allonger, d’autres faisceaux
de troisième formation s’interposent entre les seconds en se plaçant
dans le parenchyme cortical.
J’ai remarqué qu'après un certain nombre de couches coñcentri-
ques de ces faisceaux, ceux qui apparaissaient après n’occupaient
souvent qu’une faible partie de la circonférence de la tige, qui se
trouvait, dans ce cas, correspondre à une grosse branche. Ces fais-
ceaux se conduisaient cependant comme les autres; pendant quel-
ques années ils s’accroissaient, puis une formation nouvelle venait
occuper le côté opposé de la tige, où la première zone incomplète
s'était développée, de sorte qu'après un assez grand nombre d’années
SUR LES LARDIZABALÉES. 159
de végétation, la tige, quoique cylindrique, est formée d’un nom-
bre considérable de zones irrégulières. Malgré tous les soins que j'ai
mis à me rendre bien compte du rapport de ces zones ligneuses in-
complètes, dont le développement semble lié à celui des branches
dans le Cocculus laurifolius, il m’a été impossible de suivre dans
tous leurs détails les nombreuses ramifications du tissu fibreux au-
delà de l'insertion des branches, et cela malgré de longues macéra-
tions qui auraient pu me permettre d'isoler plus facilement chacune
des couches ligneuses les unes des autres.
Il ya, au nombre des pièces intéressantes de nos collections de
végétaux fossiles, un morceau silicifié , trouvé à Antigoa, et envoyé
au Muséum par M. Stockes sous le nom de Merispermum.
Ce morceau, de forme arrondie , offre sur sa face transversale des
zones plus ou moins régulièrement concentriques, constituées par un
très-grand nombre de petits faisceaux vasculaires, séparés les uns
des autres ainsi que les zones, par du tissu utriculaire. La partie
centrale du morceau est occupée par une masse assez considérable
de tissu utriculaire blanchâtre, au milieu de laquelle on remarque
des faisceaux vascalaires arrondis. Ce dernier caractère semble de-
voir éloigner ce morceau des Ménispermées, et le rapporter peut-être
aux Phytolaccés’', d'autant plus que le premier cercle de faisceaux
vasculaires qui entoure la moelle me parait dépourvu de liber,
comme ceux qui en occupent le centre. Au reste, cette pièce
intéressante d’un végétal fossile, qui semble appartenir au groupe
des dicotylédonés, ayant été mis à ma disposition par M. Ad. Bron-
gniart, fera bientôt le sujet d’une notice spéciale, accompagnée de
détails anatomiques, que je me vois à regret contraint de retrancher
de ce mémoire.
D’après toutes ces considérations, il me sera permis d’établir
1 Voir Le compte-rendu de l’Institut, cahier du 19 mars 1837.
160 MEMOIRE
quelques propositions nouvelles pour l'anatomie végétale, savoir :
1° Que les Menispermées ont un mode de développement diffé-
rent de celui des autres végétaux dicotylédonés, en ce que la nou--
velle couche ligneuse qui se forme , n’est point séparée de celle de
l’année précédente , contre laquelle elle s'applique, par la présence
de gros vaisseaux qui en indiquent laccroïssement annuel ; que cha-
cun des faisceaux ligneux reste simple ; que le liber une fois formé
ne s’accroit plus sensiblement.
2° Que chacun des faisceaux ligneux ne peut être comparé à
ceux des Monocotylédones , comme le suppose M. Lindley, puis-
qu’ils s’accroissent tous les ans, qu'ils sont disposés en cercle régu-
lier autour d’une moelle centrale, et que le liber n’en fait point
partie intégrante.
5° Que dans quelques plantes de cette famille ( Céssampelos Pa-
retra, et Cocculus laurifolius), des faisceaux nouveaux semblables
en apparence, mais dépourvus de vaisseaux spiraux et de liber , se
montrent au bout de plusieurs années et forment un cercle autour
du premier, doù résulte l’apparence de zones concentriques;
qu’ainsi le liber qui n’appartient qu’au cercle de première forma-
tion ou interne se trouve placé près du centre de l'arbre au lieu de
se rencontrer dans son écorce.
4° Que les Aristoloches ne peuvent être rigoureusement rappro-
chés des Ménispermes par leur organisation, puisqu'elles présen-
tent des faisceaux fibreux qui, au lieu de rester simples, se trouvent
divisés par les prolongements cellulaires du parenchyme cortical ;
qu'au moment où un jeune rameau d’A4ristolochia Sypho se déve-
loppe, le liber forme un cercle continu, qw
deux parties à peu près égales, et qu'il se trouve enfin divisé en
fragments d'autant plus petits que la branche a pris un plus grand
diamètre, et que par suite le liber, disposé par petits paquets, aug-
il se sépare plus tard en.
4
:
2
4
£ D 17 ch
SUR LES LARDIZABALÉES. 161
mente en nombre et en proportion des divisions des faisceaux li-
gneux, devant lesquels ils se trouvent placés. Qu’ainsi ces deux fa-
milles, offrant dans la disposition du liber un point analogue et fort
remarquable, diffèrent cependant entre elles en ce que le liber se
multiplie par fascicule dans lune, tandis que dans l’autre une fois
formé il reste dans son état primitif, malgré la formation de nou-
veaux faisceaux ligneux '.
Tels sont les caractères anatomiques que jai observés sur Les tiges
de Ménispermées et d’Aristoloches, dont les collections botaniques
du Muséum possèdent des exemplaires propres à être soumis à ce genre
de recherches. J’aurais désiré vivement pouvoir étendre lesmiennes à
celles des différents genres de Lardizabakées que je viens de décrire,
afin de m’assurer si l’ensemble de leur développement avait de l’a-
nalogie avec celui des tiges des Ménispermées, famille dont ils fai-
saient partie. M. Lindley en donnant la figure d’une tige d’Æolbüllia,
"Si deux choses peuvent être comparées entre deux plantes de ces familles, c’est ja dis -
position des faisceaux fibreux de la racine du Cissampelos mauritiana et celle des tiges de
VAristolochia labiosa. La ressemblance extérieure est frappante par la disposition flabellée
des faisceaux ligneux, dans les deux espèces. Il est encore entre ces deux familles d’antres
points de ressemblance , mais qui pe peuyent aujourd'hui servir à établir des rapports d'af-
finité. Je veux parler de la disposition des bourgeons des Ménispermes et des Aristoloches:
Dans ces deux familles , on voit ces organes se superposer et fendre l'écorce de haut en bas
par leur accroïssement , jusqu'au milieu de la cicatrice de la feuille à l’aisselle de laquelle
ils ont pris naissance. Le bourgeon le plus gros se trouve placé le plus haut, et c'est aussi lui
qui se développe le premier.
Cette disposition remarquable des bourgeons de ces deux familles , se retrouve néan-
moins) dans des familles totälement étrangères entre elles sous d’autres rapports. Ainsi les
Noyers offrent souvent, au-dessus de la cicatrice des feuilles ; trois bourgeons parfois très-
espacés entre eux; on connaît la disposition de ceux de certains chèvrefeuilles. Dans les
Gledistchia , où ce nombre trois se trouve également , le bourgeon supérieur avorte et se
convertit en épine.
Les Sumacs, les Platanes, le Dirca, le Vürgilia lutea, qui appartiennent tous à des classes
différentes, ont le bourgeon placé dans la partie renflée et creusée du pétiole , qui se coupe
transversalement à l'automne, ou se fend, comme le Lierre, et laisse ainsi le bourgeon à nu.
162 MÉMOIRE
n'ayant en vue que de signaler une anomalie, n’est malheureu-
sement entré dans aucun détail anatomique à ce sujet. Toutefois
mes observations tentent encore à prouver, comme l’a déjà avancé
M. Mirbel', que la structure anatomique ne peut servir à nous gui-
der avec certitude dans le rapprochement des familles entre elles,
au moins tant que des recherches multipliées ne nous auront pas
amenés à découvrir pour certains groupes, des caractères que des
observations isolées nous laissent peut-être ignorer. |
Après avoir essayé de déterminer la valeur des caractères tirés de
l’organisation ligneuse pour rapprocher deux familles éloignées
jusqu'ici dans tous les essais de classification naturelle, je passe à la
comparaison de leurs organes floraux pour chercher quels sont les
rapports indiqués par leur structure. Mais, comme les plantes qui
font le sujet de ce Mémoire étaient primitivement réunies aux Mé-
nispermées où elles ont même été considérées comme le vrai type
de la famille *, il n’arrivera souvent de citer ces dernières et de
nappuyer sur leurs caractères pour faire voir les affinités des Lar-
dizabalées avec les genres des diverses familles placées en tête du
Prodromus de M. De Candolle, familles qui, par la disposition ter-
naire de leurs parties florales, peuvent constituer une classe assez
naturelle,
Un des principaux traits qui caractérisent les Ménispermées aussi
bien que les Lardizabalées, c’est d’avoir des fleurs dioïques ou sou-
vent monoiïques et d'offrir par-là des analogies avec le groupe des
plantes chez lesquelles prévaut ce caractère. Mais, en parcourant
le Prodromus de M. De Candolle, on voit que dans beaucoup de
familles thalamiflores se sont placés sans aucune contradiction des
* Ann. Mus. tom. XV, p. 110.
2 D. C. Syst. vol.I, p. 511.
da
SUR LES LARDIZABALÉES. 163
genres à fleurs diclines, et chez lesquelles on observe assez fréquem-
ment le nombre quaternaire et souvent moindre des parties de la
fleur, joint à une structure analogue à celle qui caractérise en partie
les Ménispermées, Ainsi, l’objection qu’on a tirée de lanomalie qui
résulterait de l’intercallation d’une famille tout entière dieline, au
milieu des familles à fleurs hermaphrodites, peut être facilement
levée par l’exemple des Zanthoxylées intimément liées, malgré la
séparation des sexes, à un groupe où ces mêmes sexes sont réunis
dans une seule fleur; et d’après ce qui précède, et frappé surtout
des rapports des Ménispermées avec les autres familles, telles que
les Renonculacées, les Anonacées, les Berbéridées, où les plantes
diclines ne sont pas sans exemples, je les laisserai dans cette même
Classe en adoptant la disposition anciennement établie dans le Ge-
nera plantarum d'A. L. de Jussieu comme la plus conforme à la
nature. Car en éliminant des Ménispermées les genres Gynostemma
BL, Hentschelia Pres]. ', Ercilla Ad. Juss., Agdestis Moc. Sess.,
Phytocrene Wall. *, qui en faisaient partie, ce groupe prend plus de
fixité à cause de la disposition des fleurs dont les parties présentent
constamment le nombre trois ou un de ses multiples, caractères
. étrangers aux plantes apétales telles que les Scléranthées, Nyctagi-
nées, près desquelles M. Lindley range les Ménispermées et, par
conséquent, les Lardizabalées qui en faisaient partie.
Quant à la disposition des pièces qui entrent dans la composition
de la fleur, on ne peut la comparer, dans les Lardizabalées, à
celles des Polygonées dont le périanthe est à six divisions, puisque
celles-ci persistent toujours après la fécondation et que leur estiva-
! Ge genre parait être voisin du Gynostemma; d'après la figure et la description, il me
semble évident du moins qu'il ne peut faire partie des Ménispermées.
2 Le genre Phytocrene correspond, comme j'ai pu m'en assurer, au Gynocephalum ,
BL. Bijd. p. 435, publié antérieurement et devant ainsi prévaloir.
Ancuves pu Muséum, roux I. 22
164 MÉMOIRE
tion est alternative, tandis que le groupe qui fait le sujet de ce
Mémoire présente souvent pour la rangée extérieure un mode d’es-
tivation qui n’est pas le même que celui de la rangée intérieure.
Dans l’Aolbollia et Lardizabala , les trois divisions externes du
calice suivent la disposition valvaire, tandis que les pièces internes
sont imbriquées par leurs bords ; celles du Boquila, au contraire,
présentent toutes ce dernier caractère , tandis que, dans le Staun-
toria, les parties externes dont la préfloraison est valvaire à la base
se recouvrent réciproquement au sommet ; les trois internes beau-
coup plus étroites se touchent seulement par leurs bords. Cette
différence dans la disposition, et surtout dans le nombre des di-
visions de la fleur, est en outre accompagnée, dans les Ménisper-
mées et les familles voisines, de la chute de l’un des verticilles où
de tous les deux peu de temps après la fécondation, tandis que le
périanthe , dans les Polygonées et le vaste groupe auquel ces der-
nières appartiennent, persiste non seulement après la fécondation,
mais suit généralement encore dans son développement laccroisse-
ment du fruit, comme il arrive souvent, soit dans les plantes apé-
tales, soit dans les pétalées où les parties calicinales sont persistantes
et soudées entre elles par leur base.
Cependant les Ménispermées, comparées avec le groupe des
apétales, pourraient, jusqu’à un certain point, offrir avec lui
quelque ressemblance, par l'examen du genre ƣrcilla ' de M. Ad.
de Jussieu ; mais celui-ci me paraît, malgré son inflorescence axil-
laire, devoir être rapporté aux Phytolaccées. L'observation de la
fleur, et surtout des fruits mûrs envoyés de Valdivia par M. CI.
Gay, ne laisse pas de doute à ce sujet, puisque j'y retrouve la dis-
position quinconciale des divisions du périanthe, les étamines au
* Ercilla = Bridgesia, Hook. Bot. mise. IT, p. 168, t. 102:
SUR LES LARDIZABALÉES. 165
nombre de g (et non pas 10, comme le dit M. Hooker), un fruit
charnu composé de plusieurs carpelles distincts, entourés à leur
base du périanthe persistant, et renfermant chacun une graine à
testa noir, crustacé, luisant, contenant un périsperme farineux cen-
tral sur lequel se moule un embryon périphérique. Si, à tous ces
caractères, que, faute de matériaux, M. Ad. de Jussieu n'avait pu
constater on ajoute ceux établis par ce savant, on voit que lErcilla
se rapproche du PAytolacca drastica de M. Endlicher, envoyé
par Bertero sous le nom de Perlurma. Aussi, guidé par eux et
par ceux qui nous fournissent l’organisation du bois, le nombre et
la disposition des parties de la fleur et des étamines, la nature du
testa, celle du périsperme et la courbure de Pembryon, je suis dis-
posé à retirer l’Ercilla des Ménispermées el à le rapprocher des
Phytolaccées dont les feuilles présentent souvent, comme dans la
première de ces deux familles, une petite pointe terminale quel-
quefois assez dure, luisante et analogue à celle qu'on retrouve
dans les Capparis.
D'après tout ce qui précède, on voit que ma manière de voir
reste conforme à l’opinion la plus générale des botanistes sur les af-
finités des Ménispermées avec le groupe des polypétales hypogynes.
En effet, si quelques genres placés dans cette famille y apportaient
des caractères vagues et peu d’accord entre eux, celle-ci, mieux
étudiée et par cela même plus nettement circonscrite, semble être
moins étrangère au groupe où, jusqu’à ce jour, elle avait été classée ;
et maintenant qu’une partie des genres primitivement réunis aux
Ménispermées en est exclue et forme deux familles distinctes, dont
lune diffère à peine des Berbéridées et des Schizandrées, comment
pourrait-on comprendre la classification des Ménispermées à l’une
des extrémités de la série végétale, tandis que l’autre moitié en
resterait éloignée ? Les Lardizabalées me paraissent donc établir une
166 MÉMOIRE
liaison des plus fortes entre les Berbéridées, les Ménispermées, les
Schizandrées et les Anonacées.
Comparée d’abord aux Ménispermées vraies, cette famille en
diffère aujourd’hui plus que les Berbéridées, d’abord par ses fruits
qui sont polyspermes à placentation pariétale, au lieu d’avoir des
ovules insérés à l'angle interne de la loge, comme cela a lieu dans
les Menispermum, Braunea, Cissampelos, Anamurta’ et Coc-
culus, sur lesquels j'ai fait mes remarques, dans chacun de ces
genres les ovules, à l’époque de la fécondation, ont leur micro-
pyle tourné vers le haut de la loge, sont anatropes, tandis que le
contraire s'observe en général dans les Lardizabalées. Enfin, les
graines dépourvues en partie de périsperme, la grandeur et la
courbure remarquable de lembryon, la petitesse des fleurs sont
autant de caractères qui séparent nettement les Ménispermées de la
nouvelle famille qui m'occupe.
Celle des Schizandrées, créée par M. Blume, vient se placer en
première ligne près des Lardizabalées par le caractère de ses fleurs
unisexuées à enveloppes colorées et disposées en ordre ternaire,
mais elle s’en éloigne par des feuilles simples, des fleurs solitaires
dont les divisions imbriquées varient de Q à 15; les mâles pourvus
d’étamines à filaments courts, épais, soudés entre eux, en formant
une masse charnue dans laquelle les anthères semblent être plongés,
et ne présentant point, comme les Lardizabalées, de rudiments
1: Lesfleurs femelles de l’Anamirta, qui sont restées inconnues à M. W. Arnott(Ann. sc.
nat. 2° série, IT, p. 69), offrent les caractères suivants: Calyx 6-phyllus foliolis patulis
submembranaceis; Corolla 0; glandulæ 3 squamiformes cum ovariis alternantes. Ovaria 3,
rarius 4, crassiuscula, glabra, hinc plana indè convexa, stigmate reflexo crasso papilloso coro-
nata, uniovulata, ovulo angulo loculi interno versus medium inserto, anatropo. Flores
racemosi racemis compositis, multüifloris, pedicellis articulatis tribracteolatis.
Spec. cult. in hort. bot. Calcuttensi a CI. Leschenault lectum. — Cocculus populifolius
D. C. ad Anamirtam mihi referre videtur.
SUR LES LARDIZABALÉES. 167
d’ovaires. Les femelles sont caractérisées par le nombre assez con-
sidérable de carpelles renfermant deux ovules insérés à l’angle in-
terne de leur loge.
Les Berbéridées offrent de leur côté avec les Lardizabalées, une
extrême analogie due à la consistance, la couleur et presque la
forme des feuilles, à l’aisselle desquelles on remarque également
des bourgeons écailleux d’où partent les fleurs portées sur des pé-
dicelles munis de bractéoles; ces fleurs montrent généralement de
même la disposition ternaire dans leurs parties opposées, mais seu-
lement si on les considère comme des verticilles de six pièces qui
alors sont placées alternativement sur deux rangs. Les graines qui
ont une structure identique avec celle des Lardizabalées sont ren-
fermées dans un ovaire uniloculaire surmonté d’un style court,
terminé ordinairement par un stigmate pelté et ombiliqué.
Enfin les Anonacées, comme l'ont très-bien établi MM. Au-
guste de St-Hilaire et Blume, se lieront aux Lardizabalées par l’in-
termédiaire du Bocagea, qui, par le nombre des étamines et celui des
ovaires, présente avec nos plantes la plus grande analogie. Quant à
la séparation ou à la réunion des sexes dans les fleurs de ces fa-
milles, ce caractère perd de son importance, comme il est facile
de le constater dans les Schizandrées et dans les Myristicées; ces
dernières, par un certain nombre de caractères importants, paraissent
devoir venir également se ranger non loin des Anonacées, comme
- plusieurs botanistes l’ont déja démontré.
L’exposé suivant des caractères des Lardizabalées servira à mon-
trer, avec plus de détail, en quoi elles diffèrent de chacune des fa-
milles avec lesquelles elle a le plus de rapports et en particulier
des Ménispermées auxquelles on les avait réunies.
168 MÉMOIRE
LARDIZABALÉES.
Caraares d La famille des Lardizabalées forme un petit groupe que ses ca-
là végétation. ractères et un port particulier distinguent également bien des famil-
les auprès desquelles elle doit venir se ranger. Jusqu'ici on ne con-
nait parmi les plantes qui la composent que des végétaux à tiges li-
gneuses. Leur port varie peu, ce sont des arbustes grimpants, très-
rameux, dont le tronc acquiert parfois plusieurs pouces de diamè-
tre ; leurs rameaux , souvent très-longs et grèles, s’enroulent aux
corps voisins à la manière des vrilles. Leur écorce est brune ou cen-
drée, parfois assez épaisse, subéreuse et présentant dans l’ÆHo/bollia
latifolia de larges cavités. Dans leur jeunesse ils offrent en grande
quantité de ces petits corps arrondis ou ovales, désignés par M. De
Candolle sous le nom de lenticelles. Les plus jeunes rameaux sont
striés dans leur longueur comme ceux des Ménispermes, des Clé-
matides ou des Vignes; chacune de ces stries paraît correspondre
avec assez d’exactitude à l’intervalle d’un faisceau de filets corticaux :
anatomiquement ils n’ont paru avoir une analogie d'organisation avec
ceux des familles que je viens de citer, mais cette analogie cesse sans
doute aussi à un âge plus avancé, comme elle cesse d’exister entre
les végétaux que je viens de nommer,
Quoique les Lardizabalées semblent en général être dépourvues
de poils, néanmoins on en observe presque constamment à la base
ainsi qu’au sommet du pétiole du Boguila (Lardisabala trifoliata)
chez lequel les rameaux sont eux-mêmes fréquemment couverts de
poils courts et tomenteux ; leur présence est souvent en rapport in-
verse avec l’âge des parties, ainsi dans l’espèce que je viens de citer,
il arrive quelquefois de voir les jeunes pousses complétement gla-
TA ET
SUR LES LARDIZABALÉES. 169
Bres, tandis que les feuilles plus âgées ét surtout la base renflée de leur
pétiole sont, sur quelques-unes d’entre elles, extrêmement velues.
Il est très-rare que les pédoncules, quoique naissant à l’aisselle des
feuilles, présentent des traces de cette villosité.
Comme dans le grand nombre de plantes des régions froides ou
tempérées, les Lardizabalées ainsi que les Berberidées, qui en sont
voisines, ont leurs jeunes rameaux protégés par des écailles scarieuses;
celles-ci sont souvent assez grandes, ovales, coriaces, obtuses on
terminées en pointe à leur sommet, persistant souvent après le déve-
loppement des rameaux. Ces écailles, ordinairement glabres, sont
couvertes de poil dans le Boguila, et se présentent sous forme de
petits pelotons velus à l’aisselle de feuillés anciennes. Les poils dont
elles sont revêtues sont cloisonnés et presque toujours de couleur
fauve ou blonde lorsqu'ils sont desséchés. En se développant, les
fleurs qu’elles protègent entrainent avec elles les écailles les plus
internes du bourgeon qui sont glabres et lisses, et accompagnent
la base de chacun de leurs pédicelles particuliers.
Les feuilles, complétement dépourvues de stipules, sont alternes,
mais il est difficile de déterminer leur ordre de superposition à cause
de la torsion des rameaux. Un de leurs caractères est d’être compo-
sées, quelquefois elles sont simplement à trois ou cinq folioles,. par-
tant d’un pétiole commun, tandis que dans d’autres cas, elles sont
bi-ou tritérnées. Les pétioles partiels présentent deux articulations ;
Pune à leur base et en rapport avec le sommet du pétiole commun,
Pautre à son point de jonction avec le limbe de la feuille. Dans les
espèces où elles son bi-ou triternées, ces dernières articulations sont
moins apparentes et peut-être même ne se recontrent-elles point
constamment. Ces mêmes sortes de feuilles ont éncore un caractère
digne de remarque ; c’est la tendance de leur foliole à se souder,
de sorte qu’elles se transforment en feuilles simples trilobées ; ces lo-
Bourgeons.
Feuilles,
Ioflorescence.
170 MÉMOIRE
bes ne se trahissent même parfois que par une dent plus grande, et
qui s'éloigne du contour de la feuille. Dans le Boquila l'inverse
semble avoir lieu, chacune des folioles tend au contraire à se diviser
en lobes plus ou moins profonds. Quelques-unes, observées non
seulement sur des rameaux différents d’un même individu , mais en-
core sur une même branche, présentent des différences telles qu’il
serait impossible de les rapporter à une seule espèce, si on ne pou-
vait observer en même temps tous les degrés de ces transformations.
Ainsi sur un même rameau il n’est point rare de voir des folioles
ovales parfaitement entières, et d’autres profondément lobées. Les
nervures de ces folioles sont pennées, et, après plusieurs divisions,
finissent par s’anastomoser entre elles, en formant des réseaux sou-
vent très-serrés qui se dessinent plus ou moins sur les deux faces, et
principalement sur l’inférieure. Dans le L. triternala , chaque fo-
liole est fréquemment munie de trois nervures ; deux latérales par-
tant de la base de la moyenne et allant en s’atténuant vers le som-
met, où elle disparaissent complétement.
Leur consistance varie d’une manière bien sensible : dans le jeune
âge les feuilles sont membraneuses, tandis qu'a une époque plus
avancée , elles ont l'apparence de celles du Houx, ou sont sembla-
bles à celles des Berberis ou des Mahoma ; à Vexception toutefois
des dents épineuses qu’on ne rencontre pas dans les Lardizabalées.
Mais si on ne voit jamais de dents épineuses sur leur contour , elles
ont, avec les Ménispermées , un caractère commun, celui d'offrir
constamment une petite pointe , souvent caduque , à l’extrémité de
chacune des folioles, ou dans leur échancrure lorsqu'elles sont
émarginées ; leur surface inférieure est presque constamment opaque.
L’inflorescence présente peu de variations importantes dans les
différents genres, ainsi dans les Lardizabala les fleurs sont disposées
en grappes, souvent réduites à deux ou une seule fleur dans les indi-
SUR LES LARDIZABALÉES. 171
vidus femelles. Le pédoncule commun, partant de laisselle des
feuilles , accompagné à la base de deux larges folioles sessiles, de
même nature que les feuilles, présente encore dans sa partie infé-
rieure, des petites écailles membraneuses, parfois ciliées, assez
rapprochées inférieurement, et qu'on voit, à mesure qu’on les ob-
serve vers la partie occupée par les fleurs, s’espacer plus régulière-
ment, se grouper enfin par trois, et accompagner ainsi les fleurs qui
sont portées sur de courts pédicelles, et dont l’ordre d’épanouisse-
ment marche de la base au sommet. Des trois bractéoles qui les ac-
compagnent, comme dans le plus grand nombre des végétaux ,
deux d’entre elles sont latérales, autre est inférieure , souvent
aussi un peu plus grande, et persiste plus longtemps !,
Dans les Lardizabalées à fleurs monoïques, les pédoncules sont ,
ou solitaires, ou disposés plusieurs ensemble et partant du centre
d’écailles qui constituent le bourgeon. Chacun de ces pédoncules
offre à sa base une ou plusieurs fleurs femelles, tandis qu’au sommet
on voit les fleurs-mäles disposées par grappes assez serrées. Cette
disposition caractérise les genres ÆZo/bollia, Ahkebia et Stauntonix.
Enfin, il est un troisième mode d’inflorescence ; rentrant cepen-
dant dans l’inflorescence en grappe, c’est celle qui appartient au
Boquila, où, du centre du bourgeon écailleux, partent plusieurs
bractéoles disposées en rosette, de l’aisselle desquelles naissent des
fleurs, qui offrent différents degrés de développement.
LL.
! Cette inflorescence se rencontre dans beaucoup d’autres plantes : l’inflorescence géné-
rale est indéfinie, la fleur naît àl’aisselle d’une seule bractée , mais elle est accompagnée
d’une paire de bractéoles, qui sont toujours l'indice d’une dichotomie avortée , Car si leurs
bourgeons axillaires se développaient, ils produiraient une fleur accompagnée elle-même
de deux bractéoles, laquelle fleur s'épanouirait plus tard que la première, et ainsi se for-
merail une inflorescence analogue à celles des Rubiacées (Etoilées), des Labiées, etc.
Spenner, partant de cette même idée , attribue au Vo/a une inflorescence définie.
Aruves Du Muséun, vo I. 23
Fleurs.
172 MÉMOIRE
En examinant ces petites inflorescences partielles, il devient ma-
nifeste qu’elles sont dues à l'avortement de plusieurs fleurs et au
rapprochement de quelques pédicelles qui, s'ils se fussent dévelop-
pés également et régulièrement espacés, nous eussent offert des
grappes semblables à celles du Lardizabala triternata. N'arrive aussi
parfois que toutes les fleurs semblent naître du sommet du pédon-
cule, offrant alors une petite couronne de bractées, mais on se
rend facilement compte de cette inflorescence en la considérant
comme une grappe dont l’axe se serait contracté.
Les fleurs des Lardizabalées indiquées comme étant généralement
dioïques, semblent, aujourd’hui que leurs caractères sont mieux
étudiés, être au contraire plus fréquemment monoïques , car sur les
sept genres composant cette famille, trois seulement sont à fleurs
dioïques et encore l’un d’eux est-il formé aux dépens d’une ancienne
espèce de Lardizabala.
Les enveloppes florales présentent dans leur développement une
particularité assez remarquable ; les trois divisions extérieures, plus
longues que les intérieures, sont souvent à préfloraison valvaire par
deux de leurs bords, tandis que les deux autres bords recouvrent
la troisième foliole. Cependant les fleurs de 'Ho/bollia n’offrent
point cette disposition et les trois folioles se touchent également par
les côtés. Ordinairement celles des deux verticilles sont à peu près
de même grandeur, mais dans le Burasaia , les sépales externes
sont plus petits et n’atteignent pas ceux du second rang, qui pré-
sentent dans leur disposition relative des caractères analogues à ceux
signalés précédemment, c’est-x-dire que deux des folioles valvaires
d’un côté, recouvraient en partie la troisième division. C’est aussi
ce que je crois avoir remarqué dans les grandes folioles des fleurs de
l’Akebia. Quoiqu'il n’y ait ainsi aucun caractère de famille à tirer
de cette organisation , il est cependant à remarquer que la disposi-
ser
SUR LES LARDIZABALÉES. 78
tion valvaire des sépales n’avait pas encore été signalée dans les Mé-
nispermées, dans les Schizandrées , ni dans les Berberidées.
Leur consistance est assez différente dans les divers genres, ainsi
dans le Boquila (Lardizabala trifoliata) , elles sont de nature très-
délicate , tandis que dans le Burasaia leur épaisseur est telle, qu’on
ne peut distinguer leurs nervures. La nervation des sépales me pa-
rait devoir être prise en considération , attendu que le nombre et la
disposition des nervures n’est pas semblable dans les folioles exter-
nes et dans celles du rang intérieur, et comme leur forme est aussi
différente, on pourrait être en droit de regarder le calice comme
formé de trois pièces extérieures, et la corolle par les trois intérieu-
res. Les fleurs du genre Ækebia, composées seulement de trois fo-
lioles, et on ne distingue aucun corps intermédiaire entre les enve-
loppes florales et les étamines, paraîtraient aussi militer en faveur de
cette manière de voir. Cependant, d’après la symétrie des familles
voisines, il me paraît démontré que les fleurs des Lardizabalées,
de même que celles de quelques Berberidées, offrent deux verticil-
les au calice ainsi qu’à la corolle. Dans la nouvelle espèce de Staun-
1074, qui a servi à mes études, les divisions de la fleur, également
en nombre ternaire , et disposées sur deux rangs, ont les folioles les
plus externes, ovales, allongées, tandis que les trois internes sont li-
néaires, avec une nervation différente. Les enveloppes florales de
l'Holbollia , exactement décrites par le D: Wallich , nous présentent
encore cette particularité d’une rangée de folioles externes à préflo-
raison valvaire, tandis que les internes ont leurs parties supérieures
infléchies. Enfin , dans le Burasaia nous observons également deux
premiers verticilles auxquels en succèdent deux autres, presqu’aussi
développés que les premiers, et qu’on doit cependant considérer
comme les analogues des écailles placées à la base du tube staminal
des Lardizabala, Roquila et Holbüllia. Considérées ainsi, les en-
Liamines.
174 MÉMOIRE
veloppes florales de la famille des Lardizabalées se rapprochent de
celles des Anonacées, Berberidées et Schizandrées, avec lesquelles
cette famille a, comme nous l'avons déjà vu, une grande affinité, par
son calice à trois ou six folioles; par ses pétales, ordinairement au
nombre de six, disposés presque constamment sur deux rangs, mais
quelquefois au nombre de trois, par avortement du rang intérieur.
Les étamines sont toujours au nombre de six, quel que soit celui
des parties florales où des carpelles; elles sont placées sur deux
rangs et, par cela même, opposées à chacune des pièces de la fleur.
Les filets qui, avant épanouissement de la corolle, sont souvent
très-peu développés, se comportent entre eux de diverses manières,
ou bien ils sont complétement libres, réunis seulement à leur base,
ou enfin soudés dans toute leur longueur les uns aux autres par
leur côté et formant un tube. Ces différents degrés de soudure des
filets staminaux mont paru assez importants pour concourir à
l'établissement des genres dans la famille des Lardizabalées. Une
pareille tendance des filets à se souder entre eux se rencontre encore
dans quelques Ménispermées, mais avec cette différence que dans
ces dernières la colonne n’est jamais creuse à l’intérieur et ne forme
pas un tube qui renferme au centre les rudiments des organes
femelles.
Les anthères sont adnées et souvent terminées par un appendice
charnu , plus où moins allongé et aigu, appartenant au connectif.
Les loges sont extrorses, s'ouvrant longitudinalement par des fentes
latérales. Cependant le Burasaia fait exception à cette première
règle par ses anthères introrses, comme dans les Ménispermées ,
mais à déhiscence longitudinale ; cependant cette loi n’est pas gé-
nérale dans cette dernière famille, puisque l’anthère en forme de
roue des Clypea peut être considérée comme étant formée par la
réunion de plusieurs étamines à déhiscence extrorse, ainsi qu'on
|
i
mL nn “EE 7
SUR LES LARDIZABALÉES. 17b
peut l’observer dans les Cucurbitacées où se rencontrent ces dif-
férents modes de déhiscence.
Dans les Lardizabalées, le Burasaïa excepté, les fleurs femelles
sont constamment munies de rudiments d’étamines, tandis qu’ils
manquent toujours dans celles des Ménispermées. Il en résulte
qu'ici le diclinisme a lieu par avortement incomplet, puisqu'on
retrouve également dans les fleurs mâles des rudiments d’ovaires.
Le style est nul dans tous les genres des Lardizabalées, cepen-
dant l’ovaire offre parfois à son sommet un léger étranglement qui
en rappelle la présence. Le stigmate, de forme conique dans les
genres américains et dans l'Holbollia, est, au contraire, pelté ou
arrondi dans l'Ækebia, Stauntonia et Burasaia. Sa structure est
papilleuse et sa couleur semble être jaunâtre, au moins, dans
V’Akebia, sont-ils représentés avec cette couleur dans des dessins
japonais fort exacts que j’ai eu occasion de voir dans la bibliothèque
de M. B. Delessert.
Les ovaires, ordinairement au nombre de trois, correspondent
aux divisions externes de la fleur; ils reposent sur un support fort
court et quelquefois presque nul ; les étamines avortées, lorsqu’elles
sont en nombre double, se trouvent, par rapport à eux, alternes et
opposées, mais, dans le cas de l_Ælebia, où les ovaires, au nombre
de neuf, dépassent celui des étamines, il arrive alors que leur si-
tuation , à l’égard de celles-ci, ne se trouve plus être symétrique.
C’est également ce que l’on peut observer sur certaines fleurs du /0-
quila. Quoique généralement alternes avec les étamines intérieures,
comme ils noccupent pas toujours exactement l'axe de la fleur à
l’époque de leur accroissement et qu'ils tendent alors à se rejeter à
la circonférence, ils dévient ainsi de leur relation exacte avec elles.
Quant à leur forme, elle est généralement celle d’un cylindre
où d’un cône allongé. Ils n’offrent jamais sur leur surface la moindre
Pisul.
176 MÉMOIRE
villosité, ni les petites verrues qu’on remarque sur les fruits par-
venus à maturité, mais on aperçoit distinctement, sur leur face
interne, une ligne, souvent saillante, qui indique le point de leur
future déhiscence ou celui de jonction des bords de la feuille car-
pellaire,
La structure interne des ovaires, à l'exception de celle qui ca-
ractérise le Burasaia , est des plus remarquables. En effet, chacun
d’eux est uniloculaire et présente, sur toute la face interne de leurs
parois, plusieurs séries d’ovules sessiles alternant les uns avec les
autres. Leur développement semble, dans certains cas, marcher as-
sez lentement, puisqu’à l'épanouissement complet de la fleur, ils
sont encore orthotropes, pourvus des premiers téguments, secon-
dine et tercine qui ne recouvrent pas encore le nucelle. Cependant,
dans des espèces d’un même genre et observées à la même époque, on
retrouve les ovules recourbés sur eux-mêmes et présentant leur mi-
cropyle voisin du point d'attache , que l’ovule soit anatrope ou cam-
pulitrope.
Un autre point remarquable de la structure de l’ovaire appartient
à l’endocarpe qui prend, entre chaque ovule, un développement
tel qu’en les dépassant, il les place dans des sortes de petites al-
véoles formées par un tissu utriculaire assez ferme comme dans les
Lardizabala ; dans d’autres cas, au contraire, les ovules sont en-
tourés par un tissu utriculaire particulier, souvent en forme de poils
en massue, comme cela a lieu dans l’oranger, et sécrètent un muci-
lage épais, fort abondant, qui remplit la totalité de l’ovaire. Comme
ces poils sont très-nombreux et se pressent les uns contre les autres,
ils constituent, par leur réunion, des logettes semblables à celles
que forme le tissu utriculaire à mailles arrondies et serrées qu’on re-
marque dans les Lardizabala ; de sorte qu’en observant l’intérieur
d’un ovaire des genres Lardizabala, Holbollia, Akebia, les ovules
nee din te À de à
SUR LES LARDIZABALÉES. 197
paraissent plongés dans le tissu du péricarpe. Cette structure de
Vovaire et l'insertion des ovules au fond de ces sortes de logettes
sont des caractères presque généraux dans la famille; cependant le
genre Burasaia et le Boquila s’en éloignent en apparence, le pre-
mier par son ovule unique, le second par la disposition seulement
bisériée de ses ovules.
Quant à leur disposition générale sur la surface intérieure de la
cavité ovarienne, les ovules des Lardizabalées offrent un fait des
plus remarquables; ils couvrent toute la partie interne de Povaire
qui les renferme, excepté celle formée par les bords rentrants de
la feuille carpellaire, comme on lobserve dans le Butomus. On
rencontre également dans les Nymphéacées et Les Flacourtianées des
exemples à peu près semblables à celni des Lardizabalées; mais dans
le Boquila, les deux séries d’ovules se trouvent placées latérale-
ment par rapport à cette ligne de jonction, tandis que dans le Bz-
rasaia, Vovule unique et anatrope nait du sommet de la loge.
Des modifications de même ordre que celles que je viens de si-
gnaler relativement au nombre des ovules et à leur point d'attache
se remarquent aussi dans les familles voisines et en particulier dans
les Berberidées.
La structure du fruit, renfermant une ou plusieurs graines,
peut partager en deux sections, bien inégales à la vérité ', les genres
des Lardizabalées; la première comprenant le seul genre Burasca ,
1 Ce fait très-remarquable mérité de fixer l’attention, car il se rencontre très-fréquem-
ment : un grand nombre de familles renferme un ou plusieurs groupes inégaux; les
genres se subdivisent en sections de différente valeur ainsi que les espèces. Les Plantaginées
nous offrent à un degré remarquable cette tendance des groupes inégaux dans les familles.
Ainsi le genre Plantago constitue pour ainsi dire en totalité sa famille qui cependant con-
tient deux genres monotypes fort différents les uns des autres, et qui, par certains carac-—
tères, pourraient, dans d’autres cas , former des types de familles. Tels sont les genres
Littorella et Bougeria.
178 MÉMOIRE
séparé déjà par d’autres caractères importants; la seconde composée
de cinq genres formant la majorité de la famille. Néanmoins, l’or-
ganisation du péricarpe du Boquila forme un passage entre les
genres /lolbollia, Lardizsabala et le Burasaia, et rend ce dernier
moins anomal, puisque le fruit du Boquila ne contient lui-même
que deux ou trois graines lors de la maturité, et qu'il m'est souvent
arrivé de n’en rencontrer qu’une seule.
De même que Povaire, le fruit est multiple, et je n’y ai jamais
remarqué cette tendance à se souder si évidente dans les Anonacées
où plusieurs ovaires libres primitivement forment des fruits uniques
renfermant un grand nombre de loges, égales à celui des carpelles
soudés; tels sont encore les fruits du genre Kadsura appartenant
aux Schizandrées.
Celui des Lardizabalées a été généralement décrit comme mul-
tiloculaire, mais, d’après la description que je viens de donner des
ovaires, il est facile de reconnaitre que les prolongements du tissu
utriculaire formant ces prétendues cloisons ne peuvent appartenir au
péricarpe entier. Je n’ai cependant pu reconnaitre si les fausses cloi-
sons, formées par le développement du tissu de l’endocarpe, se réu-
nissaient complétement au centre du carpelle; à la maturité et par
l'effet de la dessication, elles sont fort minces et m’ont paru laisser
un espace vide au centre du fruit.
Chaque graine se trouve logée dans une cavité spéciale comme
lovule du Lardizabala semblait nous le montrer avant la fécon-
dation, et cette seule organisation empêche “admettre le caractère
établi pour le fruit des Lardizabalées, puisqu'il est évident, par ce
que nous connaissons de la structure de l’ovaire, que le fruit n’est point
divisé en six loges, comme on avait avancé en n’observant que la
coupe transversale, et que les séparations qu’il présente limitent non
seulement la graine, mais encore qu’elles sont d’une formation pos-
SUR LES LARDIZABALÉES. 179
térieure à la fécondation, ce qui n’a jamais lieu lorsque le fruit est
réellement pluriloculaire. Au reste, ce qui se passe ici a déjà été plu-
sieurs fois signalé, et en particulier par M. Ad. de Jussieu dans son
Mémoire sur les Rutacées et les Zygophyllées au sujet du genre T71-
bulus, dont les coques, uniloculaires dans le principe, sont séparées
à la maturité par des cloisons transversales renfermant chacune une
graine. Les exemples de péricarpes mous, bacciformes et déhiscents,
sont assez rares; l’ÆZo/büllia offre cependant cette structure ; ses
fruits, qui sont des baies oblongues, s'ouvrent longitudinalement
d’une manière régulière comme les follicules de certaines Apoci-
nées. Ceux des Lardizabala et Boquila ne paraissent pas offrir ce
mode de déhiscence, mais on remarque néanmoins une ligne lon-
gitudinale assez saillante sur leur face interne, sans que rien dénote
sur l’ovaire une suture qui y correspondrait; dans d’autres cas, au con-
traire, on remarque sur l’ovaire un sillon longitudinal, assez profond,
qui indique nettement le point où se fera la déhiscence du fruit; c’est
ce que l’on peut observer sur ceux des Holbôlliu, Stauntonia, etc.
Leur surface externe, dans les Lardizabala , Holbollia dont j'ai
eu des fruits murs plus ou moins complets, est couverte de pe-
tits tubercules qui leur donnent une apparence chagrinée lorsqu'ils
sont secs. D’après la figure jointe à la description de Ventenat, dans
le voyage de Lapérouse , il semble que frais le péricarpe soit égale-
ment marqué çà et là extérieurement de quelques-unes de ces petites
verrues , dues à l’endurcissement de quelques utricules, comme on
l’observe dans les fruits charnus, tels que les poires, où, lorsque cet
endurcissement utriculaire se produit en plus grande abondance, les
fruits sont dits pierreux, ce qui arrive surtout aux arbres restés
sans culture ou croissant spontanément ". Dans le Boquila
2
1 Voyez Turpin, Comptes rendus de l’Académie des sciences pour mai 1838.
Arcnives pu Muséum, vom I. 24
180 MÉMOIRE
’épicarpe est parfaitement lisse et réduit à une pellicule très-mince ,
au lieu d'offrir une sorte d’écorce épaisse comme dans le fruit de
l'Holbollia, figuré par le D° Wallich, et que j'ai reproduit.
Dans la Burasaia, si j'en puis juger d’après l'examen du jeune
fruit que j'ai eu à ma disposition, lendocarpe m’a semblé faire
saillie d’un côté et à l’intérieur de la loge sous la forme d’une lame
mince, pour venir s’interposer entre les cotylédons; si ce caractère
se confirme par létude de fruits mürs, il contribuera encore à
exclure le Burasaia des Lardizabalées et à le placer à la fin de
cette famille et entre les Ménispermées qui présentent à peu près la
même organisation.
Maintenant, si nous passons à examen des graines, nous les trou-
vons recouvertes par une enveloppe peu épaisse, coriace , brune ou
noiratre, lisse, opaque et formée de trois membranes, dont Pune,
la plus intérieure, blanchâtre, adhère intimement à un gros péris-
perme charnu, blanc, à la base duquel se montre un très-petit em-
bryon. Dans le Boquila ainsi que dans | Æo/bollia , elles sont ana-
tropes, ovales, le micropyle se trouve presque en contact avec le
hile, et on peut suivre assez facilement sur une de leurs faces le
trajet que parcourt le raphé pour s’épanouir à la partie de la graine,
opposée au point d'attache, et former ta chalaze ; ce raphé, dans une
espèce d’Holbollia, semble prendre un développement assez grand
pour former une sorte d’appendice latéral. Dans les Lardizabala, il
n’en est pas de même , la chalaze, le hile et le micropyle se confon-
dent presque, les graines sont campulitropes, reniformes en laissant
au point correspondant au hile une partie utriculaire assez large,
comme on le remarque souvent sur les graines où embryon est pa-
rallèle au plan de Pombilic.
Ces deux modes de structure ont la plus grande analogie avec ce
qui se passe au sujet des graines des Berbéridées, chez lesquelles on
SUR LES LARDIZABALÉES. 181
trouve également des graines anatropes et campulitropes, un petit
embryon placé dans un périsperme fort épais, ou bien aussi un em-
bryon d’une certaine dimension à cotylédons foliacés, comme dans
les vraies Berberis, et comme nous le présente le Burasaia.
M. Griffith, dans une notice sur une collection de plantes faite
par lui dans le Haut Assam :, mentionne une plante de la famille des
Lardizabalées, à laquelle il attribue des fruits réunis par trois, et con-
tenant également des graines renfermant un embryon à cotylédons
larges et foliacés, disposés obliquement lesuns par rapport aux autres.
Cette organisation rapprocherait cette plante du Burasaia, chez
lequel on observe souvent des ovaires réunis par trois et des fruits
renfermant des grains à embryon muni de cotylédons foliacés.
M. Royle nous apprend dans son précieux ouvrage * que les
fruits de l’une et l’autre espèce d’Æolbollia sont mangés par les
habitants de l'Himalaya.
Du Petit Thouars, au sujet de son Burasata?, fait remarquer que
l’abondance singulière de mucilage dans ses fruits, peut mettre sur
la voie pour chercher les moyens de les rendre utiles.
Enfin ceux des Lardizabala , d’après un petit manuscrit rapporté
par M. CL Gay, et relatif aux usages des arbres croissant au Chili,
semblent avoir des propriétés analogues, au moins les donne-t-on
comme doux et agréables. Suivant les manuscrits de Dombey,
ces fruits seraient dangereux, ou acquerraient des propriétés
nuisibles lorsque les plantes se seraient développées en s’enroulant
autour du Lithi ou Litre ( Rhus causlica Hook. ).
! Remarks on a collection of plants, made at Sadiyä, Upper Assam, by W. Guiffith,
Assistant Surgeon: Madras etablishment.
? J. Forbes Royle, Illustrations of the Botany of the Himalayan mountains, pars II,
pag. 61.
5 Du Petit Thouars, Dictionn. sc. nat, 5, pag. 266.
Propriétés et
usages.
182 MÉMOIRE
D’après le manuscrit que je viens de citer, les tiges des Lardiza-
balées sont employées au Chili à faire des cerceaux on de minces
traverses pour retenir le chaume sur les toits ; elles ont, à ce qu'il
parait, la propriété de résister longtemps à l’action de lhumidité.
Dans quelques cas aussi elles servent à faire des liens, et leur tena-
cité est telle, qu’elles peuvent, au besoin , remplacer les lanières de
cuir de bœuf, mais avant de les employer à cet usage, on a l’habi-
tude de les passer au feu, et de les mettre ensuite dans Peau pendant
plusieurs heures, opérations qui les rendent, dit-on, aussi flexibles
que des cordes.
Distribution En . « . .
céograghique. La distribution géographique de cette famille présente une parti-
cularité assez remarquable si on considère le petit nombre de genres
et d’espèces qui la constitue jusqu’à ce jour, puisque les deux gen-
res à fleurs dioïques sont américains, tandis que les autres sont pro-
pres à l’ancien continent.
Les Holbollia latifolia et angustifolia habitent les parties froi-
des et boisées des hautes montagnes de l'Inde, hors des tropiques ;
elles y ont été trouvées par MM. Wallich et Royle, par 51° lat. N.,
à une élévation de 5,000 à 6,000 pieds près de la frontière oceiden-
tale de la Chine, et M. W. Grifith a rencontré peut-être ces mêmes
espèces dans le pays d’Assam *.
Le Paroalia ( Holbollia Brunoniana) est originaire des Monts
Silhet. Une des espèces de S/auntonia croit en Chine, d’où elle fut
rapportée lors de Pexpédition de Lord Macartney ; Pautre, que
J'ai étudiée dans l’herbier de Leyde, a été rapportée, je crois, de Pile
de Isso, au N. de Niphon, par 42°. D’après les observations de
Fhunberg, l'hiver y est long et très-äpre : le thermomètre descend
à 18 ou 19; la terre est souvent couverte en novembre d’une
!W. Grifhih, Remarks on a collect. of pl. made at Sadiya, Upper Assam.
SUR LES LARDIZABALÉES. 183
épaissè couche de neige, jusqu’en avril, époque à laquelle fleurit
son Rajarua hexaphy la.
C’est aux environs de Nangasaki, par 50° 45” que croit l Æ#kebia
quinata ; tandis que | 4. /obata à été recueilli, par M. de Siebold,
dans les montagnes de Pile de Niphon et Kiusiu ; cette dernière est
située à la partie méridionale de Niphon.
Il est à présumer que ces espèces se retrouvent aussi en Chine, où
probablement on les cultive comme plante d'ornement , si elles n’y
sont spontanées.
Le genre Lardizabala, type primitif de la famille, habite la par-
üe occidentale de l'hémisphère austral du nouveau continent. Le
L.. trilernata, commun dans les haïes des environs de Valparaiso et
Santiago, par le 33°, se rencontre fréquemment encore à F’aldivia,
ainsi que le Boquila, par les 40°, limite correspondant à peu près à
celles des autres genres particuliers à l'hémisphère austral de l’ancien
continent.
Enfin le Burasaia qui s'éloigne sous tant de rapports du carac-
tère des Lardizabalées, leur fait encore exception par la région tro-
picale qu'il habite.
Cette plante, dont je n’avais eu que des échantillons fort incom-
plets en commençant mon travail, à été rapportée depuis des envi-
rons de Tamatave (Madagascar) par M. Goudot. Elle forme,
suivant le rapport de ce voyageur, -des arbustes de 12. à 15 pieds
de hant qui portent des baies souvent réunies trois à trois, et
brunes à leur maturité.
184 MÉMOIRE
CONSPECTUS GENERUM.
* FRUTICES AMERICANI.
Floribus dioïcis, antheris extrorsis.
Sepala 6 biseriata. Petala 6 basi carinata, coriacea. Stamina 6
monadelpha. Bacca polysperma, semina campulitropa.
LARDIZABALA.
Sepala 6 biseriata. Petala 6 membranacea. Stamina 6 monadel-
pha. Bacca oligosperma; semina anatropa. . , . BoQuILA,
** FRUTICES ASIATICI,
Floribus monoïcis , antheris extrorsis,
Sepala 6 biseriata. Petala 6. Stamina 6 monadelpha. Bacca
polysperma. «Sendinastesicius val snéaatron ab 4buts PARVATIA.
Sepala 6 biseriata. Petala 0. Stamina 6 monadelpha. Ovarium
polyspermum.:Fruetus. 2,4. 448%. 1:0siefrnt STAUNTONIA.
Sepala 6 biseriata. Petala 6 glandiformia. Stamina 6 libera.
Bacca polysperma. Semina anatropa v. subcampulitropa.
HozBOLLIA.
Sepala 3. Petala o. Stamina 6 libera. Ovarium polyspermum.
ÉTHBIBSSS . «4e ne LOS ARE RE NE EC AKEBIA.
SUR LES LARDIZABALÉES.
*** FRUTEX MADAGASCARIENSIS.
L
Floribus monoïcis , antheris introrsis.
Sepala 6 biseriata. Petala 6. Stamina 6 basi subcoälita. Bacca
monosperma. Semen anatropum. . . . . . . . . BURASAIA.
LARDIZABALEZÆX.
Menrispermeæ veræ. D C. Syst.
Menispermarum sectio. D C. Prod.
Flores abortu unisexuales, monoïci vel dioïci.
FLores masc. Calyx è foliolis 3, vel. sæpius 6, serie duplici
alternantibus, liberis, caducis, constans; æstivatione sæpius val-
vatà v. subalternativä. Petala 6 biseriata, foliolis calycinis oppo-
sita, interiora paulo minora, v. glandiformia, hypogyna, in-
terdium nulla. Siamina constanter 6, petalis opposita; fila-
menta 1h tubum coalita vel rarius omnino libera et tune cylin-
dracea; antheræ extrorsæ v. rarissimè introrsæ, biloculares, rima
longitudinali dehiscentes , adnatæ connectivo_ crasso superné in
acumen acutum desinenti vel interdum basi et apice truncatæ,
muticæ. Pollen (madefactum ) sphœricum, trisulcum, membrani
externà sublæve. Rudimenta ovariorum centralia 2-3, rarius plura,
carnosa.
FLORES FEM. Masculis paulo majores. Sfarmuna constanter 6 li-
bera, polline vacua, minima. Ovaria distincta, 5 rarius 6-0, in-
trorsim obsoletè sulcata, parte superiori pedunculi insidentia, uni-
186 MÉMOIRE
locularia, singula in stylum brevem continuum, stigmate papilloso
simplici peltato obtuso v. conico terminatum vel nullum desinentia ;
ovula in singulisloculis erebra, rarissimè unicum, primÿ (an semper ?)
orthotropa , serius anatropa vel campulitropa , loculi parieti (si sutu-
ram seu suleum introrsum excipias ) toti alveolorum foveolato vel
circà ipsorum insertionem in papillas piliformes excurrenti immersa
et indè quasi in cellulis singulis locata. Carpella tot quot ovaria ses-
silia v. breviter pedicellata baccata, succosa, polysperma v. rarius
oligosperma aut monosperma , aliquando follicularia et longitudina-
liter dehiscentia. Semina integumento cartilagineo vestita, nidulan-
tia, perispermo carnoso-corneo, amplo, albo; embryonis minuti
radiculà inferà ad hilum versä, rarissimè cotyledonibus planis et ferè
seminis magnitudine.
Vecer. Frutices volubiles, glabri, gemmiferi, insipidi. — Rami
teretes, striati, cortice in adultis rugoso v. suberoso. — Folia al-
terna, exstipulata, trifoliolata , digitata, bi-v.-ternata , foliolis inte-
gris dentatis, v. lobato-repandis, trinerviis, adultis coriaceis, sæpiüs
mucronulatis; petiolis petiolulisque basi et apice intumescentibus.
— Inflorescentia racemosa, racemis axillaribus solitariis v. pluribus
è congerie squamarum erumpentibus, nudis v. basi bracteolatis. —
Flores colorati, albi, lilacini, atropurpurei v. pallidè lutei, inter-
dum fragrantes. — Fructus edulis.
SUR LES LARDIZABALÉES. 187
TRIBUS PRIMA.
Frutices American, floribus dioïcis, foliolis duplici serie ter-
natm dispositis, staminibus monadelphis, antheris extrorsis.
I. LARDIZABALA R. et P.
Masc. Calyx 6-phyllus, foliolis carnosis, exterioribus ovatis in
æstivatione valvatis, interioribus angustioribus, spathulatis acumi-
natis. Petala 6, biseriata, oblongo-v-lineari-lanceolata, acutiuscula ,
exteriora paulo latiora. Séamina 6. Ovariorum rudimenta 2-3 plus
minusve attenuata.
FEm. Calyc. fol. ut in masc. Petala exteriora spathulata, in-
fernè marginibus inflexis concava, crassiuscula. Séamina 6 filamentis
brevibus, carnosis, antheris oblongis abortivis. Ouar1a3, cylindracea,
stigmate sessili conico apiculata, multiovulata, ovulis globosis sessi-
libus parieti alveolato 8-seriatim immersis alternantibus. Baccæ
polyspermæ, stigmate persistente apiculatæ. Sernina campulitropa,
compressa, subreniformia, testà papyraceà fuscà, hili cicatriculà
basi et lateraliter notata ; perispermum magnum carnoso-corneum
albidum ; embryo parvulus, subturbinatus, radiculà cotyledonibus
brevibus subæquali.
Frutices chilenses scandentes, foliis bi-v-triternatis, foliolis inte-
gris v. crenato-dentatis glaberrimis nitidis exstipulatis, nervatione
foliorum Berberidum. Inflorescentia axillaris, pedunculo basi unà
bractea subreniformi coriacea suflulto, in masculis plurifloro , in
fem. unifloro. Flores purpurei? pedicellati, pedicellis brateolulatis.
Âncmives pu Muséum, roue I 2
188 ._ MÉMOIRE
SPECIES.
1. Lardizabala biternata.
L. foliüs 2-3 ternatis, foliolis oblongis acutis basi inæqualibus
hine indè subdentatis, bracteis ad pedunculorum basin 2 ma-
gnis inæqualiter cordatis.
L. biternata, R. et P. Syst. 288, Prod. t. 57. — Vent. Voy.
de Lapér. vol. 4, p. 265, t. 6, 7, 8: — D C. Syst. veg. I,
p- 512. Ejusd. Prod. I, p. 99.
2. Lardizabala triternata.
L. foliis 2-5 ternatis, foliolis ovalibus obovatisve obtusis integer-
rimis, bracteis ad pedunculorum basin 2 magnis ovatis.
L. triüternata, R. et P. Syst. 287.— D C. Syst. veg. I. p. 512. Ej.
Prod. T, p. 95. — Deless. Ie. select. E, t. 91.
Obs. Utraque species Conceptionem chilensem habitant (La
Martinière, Dombey, 1782.)—Valparadisiam, Santiago, (Bertero,
Claud. Gay.). Extant in herb. Musei Par. specimina plura à pra-
dictis peregrinatoribus lecta et subnominibus vernaculis Cogui/,
Coguil, Coquil-boquil, Coquil-boqui, Traruboqui , inscripta.
11. BOQUILA 1.
Lardizabalæ spec. D C et auct.
Masc. Calyx 6-phyllus, foliolis membranaceis, subæqualibus
exterioribus ovatis, interioribus obovatis; æstivatione subimbricativä.
Petala 6 biseriata, exteriora trinervula. Sarnina 6 antheris breviter
et obtusè acuminatis. Ovariorum rudimenta 3 conoidea, carnosa.
FEM. Calyx ut in flor. masc. Pelala oblongo - lanceolata.
Stamina 6 nana abortiva, filamentis brevissimis breviter acuminata.
SUR LES LARDIZABALÉES. 189
Styli breves ovariis continui. Stigmata conoïdea serius depressa.
Ovaria 3-6 oblongo-cylindracea pauciovulata, ovulis globosis,
subsessilibus, parieti duplici serie longitudinaliter aflixis, contex-
tuque endocarpico cellulari mox accrescente omnind circeumdatis ;
indè ovaria etiam adulta quasi bilocularia. Baccæ subglobosæ Cerasi
avium v. Pisi majoris harum magnitudine, oligospermæ, stigmate
persistente apiculatæ. Serëna ovata, anatropa imà basi hilo latius-
culo notata, testà tenui papyraceà cinereà ; perispermum carnoso-
corneum, magnum, albidum ; embryo parvulus, ovatus, radiculà
brevi et rotundatä, cotyledonibus tenuioribus. .
Suffrutex Chilensis nec non Peruvianus, folis trifoliolatis foliolis
integris v. repando-lobatis. Inflorescentia axillaris pedunculis solita-
rüis binis v. ternis; flores albi congesti pedicellati, forma et magni-
tudine Berberidum horum consimiles. Carpella breviter stipitata.
SPECIES UNICA.
Boquila trifoliolata.
B. foliis trifoliolatis, foliolis ovatis, bracteis secus pedunculos mi-
nimis.
Lardizabala trifoliolata, D C. Syst. veg. L, p. 513. — Ejusd.
Prod. I, p. 95. — Deless. [c. select. Lio:
Hab. Chili australis ad latit. gradum 40", in sylvis circà Valdi-
viam à CI. Claud. Gay, et augt 1782 a divo Dombey collecta.
— Vulgo Pilpil-Boquil, v. Boquil-blanco , undè nomen gene-
ricum.
190 MÉMOIRE
TRIBUS SECUNDA.
Frutices Asiatici, floribus monoïcis duplici v. simplici serie terna-
ün dispositis, staminibus monadelphis v. liberis, antheris extrorsis.
HT. PARVATIA y.
Stauntoniæ spec. Wall.
Masc. Calyx 6-phyllus, foliolis carnosis, exterioribus ovatis in æsti-
vatione valvatis, interioribus lanceolatis subconcavis. Petala 6 bise-
riata, oblongo-lanceolata, medio angustata, acuta, crassiuscula, subæ-
qualia, exteriora subpatula. Sfarmina 6 monadelpha æqualia, antheris
apiculatis. Ovariorum rudimenta 3 tenuia, cylindracea, carnosa.
FE. Calyc. fol. ut in masc. Petala lanceolata, subconcava, cras-
siuscula. Sfarnina 6 minima, abortiva, longiusculè apiculata; Ovu-
ria 3 ovoidea , stigmate sessili conoideo acuto apiculata; ovulis
tenerrimis, minimis, semigloboss, orthotropis, parieti pilifero
affixis. Fructus.
Frutex Nepalensis scandens, foliis trifoholatis, foliolis integris gla-
berrimis. Inflorescentia axillaris, racemosa, racemis nudis, laxis,
paucifloris , floribus Æo/bolliæ horum similibus forma et magni-
tudine.
Nomen genericum Indicæ PARVATI Deæ monticolæ consecratum.
SPECIES.
1. Parvatia Brunoniana 1.
P. foliolis ternis lanceolato-ovatis acuminatis suprà nitidis subtüs
=
SUR LES LARDIZABALÉES. 191
glaucescentibus; floribus racemosis laxis, pedunculis subfasci-
culatis.
Stauntonia Brunoniana, Wall. Cat. n° 4952.
Descr. Habitus Holbôlliæ. Ramt teretes cortice molli suberoso , cinereo
vestiti; novelli glaberrimi epidermide tenui purpurascente, striati, üïs Me-
nispermorum consimiles. Folia longè petiolata, petioli basi incrassati ;
foliola terna ovata v. lanceolato-ovata 2-5 poll. longa, 1 1-3 : lata, acu-
minata v. emarginata, basi rotundata, integerrima , lævissima , suprà
lucida, subtàs pallidiora, glaucescentia, coriacea; foliola lateralia breviüs
petiolulata, petiolulis +17 poll. longis. Pedunculi axillares, subfascicu-
lati, è congerie squamarum orti, mfernè compressi, elongati, glaberrimi
laxiflori, floribus longè pedicellatis (unico supptente cernuo); pedicellis ad
basin bracteolà lanceolatà submembranaceà suffultis. Flores. (Tab. 3).
IV. STAUNTONIA D C.
Stauntonia, D C. Syst. veg. I, p. 513. — Prod. I, p. 96.
Rajaniæ spec. Thunb. Flor. jap. p. 149.
Masc. Calyx 6-phyllus, foliolis carnosis exterioribus oblongo-
lanceolatis, infernè in æstivatione valvatis, supernè subimbricatis,
interioribus linearibus æqualibus. Petala 0. Stanuna 6 monadel-
pha, antheris apiculatis. Ovariorum rudimenta 3 conoïdea v.
pyriformia, carnosa.
Feu. Calyc. fol. ut in masc. Sfamina 6 abortiva nana, fila-
mentis brevissimis carnosis. Ovaria 3 distincta, cylindracea apice
in stylum brevem stigmate capitato peltatum terminata, mul-
tiovulata, ovulis parieti pilifero v. celluloso aflixis. Fructus..…...…
Frutices Japonici vel Chinenses scandentes? foliis peltatim di-
gitatis, foliolis integris apiculatis. Racemi axillares pauciflori, flo-
ribus longè pedicellatis, majusculis; pedunculi è squamarum con-
gerie orti.
192 MÉMOIRE
OBs. Genus medium inter Ækebiam et Holbolliam ; ab utro-
que diversum ; a priore: foliolis calycinis biserialibus et formä, nec
non staminibus monadelphis ; a posteriore : defectu petalorum,
staminum filamentis semper monadelphis, inflorescentià et habitu.
SPECIES.
1. Slauntomia chünensis. 3
S. foliis petiolatis , peltatis, 5-foliolatis, foliolis petiolulatis
ovali-oblongis integris.
Stauntoria chinensis, D C. Syst. veg. I, p. 513. — Prod. [,
p. 96.
2. Stauntoria hexaphylla +.
S. folis petiolatis, peltatis, 5-6-foliolatis, foliolis petiolulatis lan-
ceolatis mucronato-setaceis.
Rajania hexaphylla, Thunb. FI. Jap. p. 149.
Descr. Frutez, ut videtur, scandens, ramosus, glaberrimus. Rami tere-
üusculi, epidermide herbaceà lævi glaberrimà vestiti, lenticellisque raris
sparsi ; novelli arescendo nigrescentes, herbacei, imä basi gemmæ squamarum
cicatricibus callosis notati ; apice verd squamulis linearibus acutis in pseudo-
gemmà congestis coronati. Folia alterna, erectiuscula , longè petiolata , re-
motiuscula, peltatim digitata (ut in Araliaceis), quinque v. sexfoliolata. Pe-
tioli communes graciles , teretiusculi, basi et apice intumescentes carnosi,
3-6 pollices longi; partiales illis similes sed graciliores verticillatim patuli,
intermedio parùm longiori poll. 1 5-3 longo, dùm bi-laterales longitudine
decrescentes basi et apice incrassati, articulati, Foliola juniora , imperfecta
1 5-2 poll. longa, 4-1 À lata, ovato-lanceolata, supernè in mucronem acu-
tum sæpè recurvatum attenuata, infernè rotundata integerrima, subundu-
lata, utrinque siccitate nigro-fuscescentia, membranacea, læviter reticulato-
venosa ; adulta poll. 5-7 poll. longa, 2-2 ? lata,ovato-lanceolata, acuminata,
basi rotundata, v. subpeltata, integerrima, margine angustissimo cincta co-
riacea, lævissima, siccitate olivacea , subtùs pallidiora, trinervia , nervis ba-
SUR LES LARDIZABALÉES. 193
silaribus obliquis ad limbum medium evanescentibus, lateralibus subhorizon-
talibus se in arcus anastomosantibus venisque reticulatis,utrinque prominubs.
Pedunculi axillares recti v. apice subnutantes, pauciflori , solitari , peuiolis
dimidio ferè breviores iisdemque tenuiores, teretes lævissimi, ad basin squa-
mis gemmaceis rotundatis, scariosis, fuscis, glaberrimisque circumdati.
Bractearum ciäissimè caducarum cicatriculas tantüm vidi; sola, in speci-
mine unico , ad racemi basin membranacea folü loco suppetebat, sessilis,
oblongo-obovata, apice trancata, ciliolulata. Inflorescentia axillaris, sim-
plex, pauciflora , gracilis. Flores subcampanulati, cernui, semi-pollicem longi
(Guatteriæ flores referentes) longè pedicellati ad racemi apicem dispositi.
Calycisfoliola6; tria externa lanceolata,subconcava, crassiuscula, acutiuscula;
3 interna angustè linearia, exterioribus subæqualia, obtusiuseula, crassa, pla-
niuseula æstivatione valvata. FLORES MASCULI; stamina sex, monadelpha calyce
dimidio breviora; filamenta in tubum crassiusculum cylindraceum glaberri-
mum suprà pedicelli partem superiorem insertum monadelpha. 4ntheræ ex-
trorsæ lineari-oblongæ, biloculares, loculis subdiscretis, conneclivo CrassO Su-
pernè acuminato adnatis. Pollen sphoœæricum, trisulcum. Rudimentaovariorum
centralia,terna,conica v. lagenæformia, carnosa, sepalis internis opposita.FLo-
RES FEM. masculis paulo minores, foliolis calycinis verù formà consimilibus.
Stamina sex abortiva, distincta, biseriata, filamentis crassiusculis, parvulis,
connectivo in acumen parvum desinente; antheræ polline vacuæ. Ovarta trina
in floris centro, cylindracea calyce breviora introrsüm obsoletè suleata,
unilocularia multiovulata, ovulis parietibus , sulco excepto, adnatis, sessili-
bus endocarpico contextu cellulari cylindrico undique circumdatis. Style cum
ovario continui, subobliqui, breves, stigmate simplici, capitato, papilloso, ce-
ronati. (Vid. $. spont. in herb. Lugd.-Batav.)
V. HOLBOLLIA Wall.
Holbällia. Wall. Tent. F1. nepal. p. 23 ; non Hook. bot. misC.
Stauntoniæ Spec. Wall. Cat.
Masc. Calyx 6-phyllus, foliolis crassiusculis exterioribus ova-
is in æstivatione valvatis, interioribus angustioribus, oblongo-
194 MÉMOIRE
lanceolatis concavis acuminatis, tenuiter nervatis. Petala 6 bise-
riata parvula scutiformia, carnosa v. lanceolata membranacea.
Stamina 6 libera, filamentis linearibus, crassiusculis, in tubum
approximatis, antheris apiculatis. Ovariorum rudimenta 5, su-
bulata v. conoidea, carnosa.
FEm. Calyc. fol. ut in masc. Stamina 6 parvula, antheris abor-
tivis, subclavata. Ovaria 3 distincta, conoidea, v. oblonga, stigmate
sessili, conico, subobliquo terminata, ovulis numeroris parieti
piliformi seriatim immersis. Baccæ polyspermæ , stigmate per-
sistente apiculatæ. Sernina subperitropa v. anatropa testà papyraceà
fusca, hili cicatriculà basi et lateraliter notata; perispermum
magnum, Carnoso-corneum, albidum; embryo parvulus radiculà
cotyledonibus subæquali.
Frutices Indici scandentes, magni, gemmiferi, folüs peltatim
digitatis. Racemi axillares, pauaflori, floribus albis extrorsim
purpureo-tincti, fragrantes. Baccæ purpureæ, esculentæ.
SPECIES.
1. Holbollia latifolia, Wall.
H. foliolis ternis v. quinis ovatis; floribus racemosis; baccis
ovatis.
Holbollia laufolia, Wall. Tent. FL. nepal, p. 24, t. 16.
Slauntomia latifolia, Wall. Cat. n° 4950.
2. H. angushfolia.
H. foliolis senis nonisve lineari-lanceolatis; pedunculis bi-tri-
floris subfasciculatis; baccis oblongis.
Holbollia angushfolia, Wall. Tent. F1. nepal. p. 15, t. 17.
Siauntoma angustifolia, Wall. Cat. n° 4951, A.
Obs. Hab. Utraque species in sylvis montanis Nepaliæ Cheesa-
SUR LES LARDIZABALÉES. 19)
pany, Chandaghira, Sheopore, frequentes; florentes Martio,
Majo; fructificantes Octobre ; ab indigeniis nominibus vernacu-
lis Gooplea, Bægul designatæ.
VI. AKEBIA x. £
Rajaniæ spec. Thunb.
Masc. Calyx, 5-phyllus foliolis ovato-lanceolatis concavis, subæ-
qualibus in æstivatione subvalvatis. Petala 0. Stamina 6 bise-
rialia subæqualia libera, filamentis cylindraceis primô erectis
dein incurvatis; antheris muticis. Ovariorum rudimenta 6.
FE. Calyc. foliolis subrotundis, concavis. Séamina 6-9 ? nana,
abortiva. Ovaria 5-9 tune ordine ternario disposita, distincta,
oblongo-cylindracea, in stylum brevem stigmate peltato termina-
tum, attenuata, ovulis parieti foveolato v. papilloso aflixis, primo
orthotropis seriüs anatropis ?
Frutices Japonici scandentes, folus peltatim digitatis 3-5 fo-
liolatis, foliolis apiculatis integerrimis v. repando-dentatis, sub
lobatisve. Racemi axillares, pedunculis androgynis imà basi squa-
matis, paucifloris, floribus femineis inferioribus longiüs pedicellatis,
roseis. Sub nomine Fagt-Kadsura- Akebi (undè nomen genericum)
in “hortis japonicis frequentissimè culti.
SPECIES.
1. Akebia quinata +.
Rajamia quinata, Thunb. F1. jap. p. 148.
A. foliolis ternis v. sæpius quinis ovatis v. obovatis integris
obtusis v. emarginatis mucronato-setaceis.
Hab. circum Nagasaki, et in Kosido Th. (V. sp. spont.
Arowives pu Muséum, Tor I. 26
MÉMOIRE
196
Thunb. in herb. Deless. Sieboldiana Burgeriaque in herb. Lugd.
Batav. )
2. Akebia lobata +.
A. foliis trifoliolatis, foliolis ovatis repando-lobatis obtusis v.
emarginatis, mucronato-setaceis.
Dsscr. Frutez volubilis, ramosus, glaberrimus. Ramr cylindracei tor-
tuosi, cortice vestili fusco , striati, lenticellis rotundatis suberosis frequen-
üssumis notati , imtüs medullà farcti. Gemmæ squamatæ, squamis obovato-
rotundis, coriaceis, mucronulatis, glaberrimis, fuscis, infimis {exterioribus)
minoribus, diutits persistentibus folia et racemos ramorumque novellorum
basin ambientibus. Foka patentia, longè petiolata, tmifohiolata. Perolr
graciles, 4-5 poll. longi, teretiusculi, suprà planiuseuli, basi et apice intu-
mescentes, articulati ; petioluli illis similes, sed multo breviores et gracilio-
res, erecti, intermedio pollicani, bi-laterales 3-/ lin. longi, sicut petioh com-
munes basi et apice versûs limbum articulati. Folia trina, obtusa, v. emar-
ginata, mucronulata, basi rotundata v. subattenuata, margine repando v.
dentato-lobata; adulta membranacea, lævissima, siccata lividè- viridia,
opaca, subtüs pallidiora, trinervia, nervo medio utrinque vix prominulo,
nervis lateralibus obliqus, secundaris è nervo medio pennatim dispositis ,
inter se anastomosantüibus, venulisque capillaribus reticulatis. Znflorescentia
racemosa, androgyna. Pedunculi communes, graciles, teretiusculi, folia su-
perantes semipedales, glaberrimi , imà basi tantüum squamis gemmaceis cir-
cumdati; flores fem. inferiores remoti , nutantes, sex lineas lat, longè pe-
dicellati, pedicellis basi bracteis membranaceis , linearibus, üs brevioribus
suffultis ; /. masc. ad pedunculi apicem spicatim congesti parvi, brevè pedi-
cellati bracteati; bracteis ovatis, obtusis v. summo apice denticulaus. Mas.
Calycis folola ovato-lanceolata , apice inflexa, lin. 1 2-2 longa, semilin.
lata, utrmque glaberrima, focundatione peracta reflexa et mox decidua. Sta-
mina distincta, subæqualia, biseriata, calyce breviora ; filamenta cylindra-
Cea, Carnosa, Curvata, glaberrima. Æntheræ ovato-oblongæ, extrorsæ, pal-
lidæ, biloculares, loculis approximatis, filamentis dimidià circiter superiori
parte longitudinaliter connectivo crasso curvatoque adnatis. Pollen slobo-
—-
= <—
SUR LES LARDIZABALÉES. 197
sum, trisulcum;, membranà externà sublævi. Ovaria rudimentaria tria,
oblongo-conica, parva, glaberrima, calycinis foliolis internis opposita. Fev.
masculis sextuplo majores. Calycina foliola, obovato-rotunda , trimervia ,
nervis reticulato-venosis. Samina 6 parvula, biseriata , antheris polline
vacuis, subsessilibus. Ovaria tria in floris centro, oblongo-cylindracea ,
obtusa, calycinis foliola opposita, unilocularia, multiovulata, ovulis undique
parietibus adnatis, orthotropis seriüs reflexis, endocarpico contextu filamen-
toso gracili, circumdatis, sessilibus v. rarits brevè stipitatis. Fructus
(V.s. Spec. sp. in herb. Lugd.-Batav. a CI. Siebold et Burger.)
TRIBUS TERTIA.
Frutices Madagascarienses, floribus doïcis duplici serie ternatim
dispositis; stamimibus infernè monadelphis, antheris introrsis ;
drupà monospermà ; .embryone cotyledonibus planis divaricatis.
VII. BURASAÏIA Pt. Th.
Masc. Calyx 6-phyllus, foliolis concavis exterioribus mino-
ribus crassis ovalibus. Petala 6 oblongo-ovalia, breviter ungui-
culata, infernè carnosa, exteriora majora, ad marginem superiorem
eroso-denticulata (an semper?). Sfamina 6, filamentis incrassatis
im basi monadelpha; antheræ loculis connectivum superantibus
muticæ. Ovariorum rudimenta 0.
FE. Calycis foliola ut in masc. Sfamina 6 abortiva? Ovarta 5,
stigmate sessili peltato coronata, uniovulata. Drupæ 3 substipitatæ ;
nucleus sulcatus papilloso-viscosus, endocarpio inter cotyledones
prominente. Semina pendula anatropa; perispermum carnosum ;
embryo radiculà super; cotyledonibus planis divaricatis.
Frutex debilis; folia longè petiolata, trifoliolata, foliolis ovatis
integerrimis coriaceis. Flores racemosi, racemis axillaribus pau-
cifloris.
198 MÉMOIRE |
Burasaia, genus auomalum, inter Menispermas Lardiza-
balasque medium; floribus parvis rudimento ovariorum destitu-
tis, antheris imtrorsis, fem. ovariis uniovulatis, embryonis co-
tyledonibus planis discretis ad priorem familiam congruit; fo-
lis ver palmatim trifoliolatis, nucleo papilloso-viscoso atque
habitu, ad posteriorem vergit. Forsan, cum plantà Assamicà
à CI. W. Griffith detecta, familiam propriam constituturum.
SPECIES.
1. Burasaia madagascariensis.
B. folüis petiolatis 5-foliolatis, foliolis oblongo-obovatis bre-
vissimè petiolulatis, peduneulis axillaribus congestis v. in
fem. solitariis multifloris. ( Vid. spec. sice., in herb. Thouar-
siano nunc Mus. Par.)
Burasaia madagascariensis, Pt. Th. Dict. se. nat. 5, p. 266.
Gen. nov. madag. p. 18. D C. Syst. I, p. 514. Prod. I,
p. 96. Bojer, Cat. hort. insul. Maurit. p. 7.
O8s. En réunissant et classant différents herbiers de Madagas-
car, et au moment de terminer limpression de ce Mémoire,
je viens de découvrir les deux espèces suivantes de Burasaa ;
toutes deux avaient été recueillies depuis longtemps par feu Cha-
pelier, qui explorait, comme naturaliste-voyageur du Muséum,
la côte orientale de cette île à la même époque que Du Petit
Thouars. l’une de ces plantes se trouvait confondue avec les
Aurantiacées, sans doute à cause d’une certaine ressemblance de
ses feuilles ternées, légèrement tuberculées en dessous, avec celles
des Limonia, qui présentent une disposition analogue : je ne vois
pas du moins d'autre fondement à ce rapprochement. L'autre
était classée parmi les Térébinthacées, famille qui eut à une épo-
SUR LES LARDIZABALÉES. 199
que le privilége de recevoir dans les herbiers un grand nom-
bre de plantes à feuilles plus ou moins composées et sur les af-
finités ou les caractères desquelles on n’était pas bien fixé.
Les échantillons de ces deux espèces nouvelles appartiennent
x des individus mâles, et ne changent rien au caractère que j'ai
tracé d’après l'examen du Burasaa madagascariensis. Les feuil-
les ternées, coriaces et presque sans nervures dans les deux pre-
mières, offrent au contraire des nervures très prononcées et anas-
tomosées entre elles dans le B. congesta; la foliole terminale
du B. gracilis a souvent une tendance à se diviser en trois par-
ties, mais cette division se borne à partager la foliole en trois
lobes, dont le moyen, plus long et plus grand, conserve la
forme normale lancéolée, tandis que les lobes latéraux présen-
tent à peu près celle d’un trapèze; d’autres folioles terminales ,
au lieu de se diviser en trois lobes, n’en offrent qu’un seul placé
sur un des côtés de manière à former une large échancrure. On
peut supposer, d’après cette tendance à se diviser, que Von dé-
couvrira peut-être un jour des plantes de ce groupe où les feuilles
auront la disposition de celles des autres Lardizabalées. L’inflo-
rescence pourrait servir seule à caractériser chacune des trois es-
pèces aujourd’hui connues : dans celle de Du Petit Thouars, les
fleurs sont presque disposées en épi, surtout dans les individus
mâles; dans le B. gracilis, les pédoncules, extrêmement allongés,
portent des pédicelles également fort grèles et comparables à ceux
des Holbëllia ; enfin, dans le B. congesta, les pédicelles naissent
immédiatement en faisceaux à l’aisselle des feuilles, comme pour le
Boquila. Les fleurs sont à peu près égales à celle de l’espèce primi-
tivement décrite, mais leur consistance est moins épaisse ; celles du
B. gracilis offrent même ce singulier caractère d’avoir les six folioles
calicinales beaucoup plus membraneuses que les pétales. Les étami-
200 MEMOIRE
mines ressemblent en tout à celles que j'ai figurées; mais j'ai cru re-
marquer à la base de celles du B. gracilis trois tubercules d’une
extrême ténuité qui pourraient être considérés comme autant de
pistils avortés.
Ces plantes, d’après les notes de Chapelier et de Goudot, sont dé-
signées par les Malgaches sous le nom d’Æm1bora, nom qui a été
appliqué par les botanistes à une plante très-différente de celles-ci.
2. Burasaia gracilis Ÿ.
D. foliüis petiolatis ternatis foliolis lanceolatis, acuminatis basi in pe-
tiolum attenuatis subavenüs in terminalibus interdum triloba-
tis, pedunculis pedicellisque elongatis gracilibus folia superan-
tibus.
Descr. Frutez ramosus , diffusus, glaberrimus. Ram teretes subflexuosi
cortice flavescente rimoso, novelli verd striati epidermide herbaceà vestiti.
Folia petiolata 3-foliolata, foliolis circiter poll. 1-1 ; longis, lanceolatis acu-
minatis obtusis basi in petiolulum canaliculatum angustè attenuatis, foliolum
medium longiùs petiolulatum integrum v. interdüm trilobatum, v. irregula-
riter lobatum tunc folioh dimidià parte 1-lobatà, lobo medio lanceolato,
lateralibus trapeziformibus, coriaceis, subavenüs, arescendo olivaceis opacis ;
nervo medio tantüm suprà prominente subtüs planiusculo : petoli 2 poll.
longi, suprà sulcati, basi et apice incrassati glaberrimi. FLor. Masc. /nflo-
rescentia racemosa laxa; pedunculi axillares elongati graciles complanati folia
superantes erecti basi summoque apice bracteolis perpusillis suffulti. Calycinis
foliola duplici serie disposita rotundataconcava submembranacea flabellato-ve-
nosa glaberrima, 3 interiora minora. Petala 6 duphci serie, caly ce breviora ro-
tundata subcoriacea concava flabellato-venosa. Stamina 6 biseriata , petalis
recondita, filamentis clavatis carnosis; antheræ in connectivo crasso obtuso
quasi immersæ biloculares rimà duplici longitudinali dehiscentes. Pollen ma-
factum ellipsoïdeum sulcatum. Pistillorum rudimenta nulla nisi pro ïis punc-
tula tria in centro staminum habeantur. FLor. FE... (V. sp. s. 4 , in herb.
Mus. Par.)
né
SUR LES LARDIZABALÉES. 201
5. Burasaa congesta 4.
B. foliis petiolatis 3-foliolatis, foliolis ovatis v. lanceolatis interdüm
acuminatis basi in petiolulum attenuatis, pedicellis axillaribus
congestis petiolos subæquantibus.
Descr.: Ranu teretes cortice cinereo rimoso, novelli vero striati epider-
mide herbaceä vestiti. Fokia petiolata 3-foliolata, foholis poll. cireiter 1-1 :
longis, 1— latis ovatis lanceolatis obtusis v. acuminatis reticulato-venosis
utrinque glaberrimis concoloribus subtùs copià punctulorum prominulorum
verruculosis, nervo medio prominente, venis lateralibus sese in arcus anasto-
mosantibus , breviter petiolulatis , petiolulis canaliculatis : petok 2-3 poll.
longi profundè sulcati basi et apice vix incrassati glaberrimi. FLORES masc.
Inflorescentia axillaris fasciculata. Flores ïis Berberidum similes contextu et
colore? longè pedicellatis, pedicellis gracilibus pollicaribus basi et apice brac-
teolulis instructis. Calycis foliola 6 biseriatim disposita suborbiculata con-
cava subavenia, exteriora pauld minora glaberrima, unicum vidi abnorme la-
tere antheriferum. Stamuna 6 biseriata, petalis recondita, filamentis crassis
subclayvatis curvatis imà basi coalitis : antheræ biloculares loculis discretis
subcordatæ, introrsüm rimâ duplici longitudinali dehiscentes. FLOR. FEM....
(Vid. sp. s. 1, in herb. Mus. Par.)
MÉMOIRE
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE X (1).
Fig. 1. Coupe transversale d’un très-jeune rameau du Cocculus laurifolius au mo-
Fig.
ment de son développement. La majeure partie du tissu fibreux, le cambium et
le liber, se confondent à cette époque, et ce n’est que par la coupe verticale du
rameau qu'on distingue chacun de ces tissus; le liber par une couleur opaline ;
le tissu fibreux et sa partie externe, correspondant au cambium , par une teinte
jaunâtre. Deux tubes, à parois ponctuées et d’un diamètre assez gros, se dévelop-
peut en même temps que les trachées ou tubes annelés, placés à l'extrémité in-
terne du faisceau vasculaire en contact avec la moelle. Cette dernière renferme
une quantité assez considérable de fécule, tandis que le paranchyme cortical con-
tient de la matière verte. La rangée d’utricules la plus externe, à parois épaisses,
est ordinairement remplie d’un liquide jaune.
En a cuticule; — D rangée d'utricules à parois épaisses renfermant un liquide
coloré; jamais de matière verte;— c tissu utriculaire cortical;— d utricules allon-
gées qui formeront plus tard le liber ; — e partie du faisceau vasculaire corres-
pondant au cambium; — f tissu vasculaire ; — 2 vaisseaux à parois ponctuées ;
— l trachées souvent disposées par trois; — z tissu utriculaire de la moelle.
2. Coupe transversale d’un jeune rameau observé au mois de janvier. La section
en a été faite à sa partie supérieure; à cette époque on reconnaît distinctement
chacune des parties constituant les faisceaux vasculaires de la plupart des végé-
taux dicotylédonés, c’est-à-dire une couche de liber à la circonférence , une autre
de bois imparfait resté à l’état utriculaire ou cambium, enfin le bois proprement
dit formé en totalité de tubes à parois ponctuées variant de diamètre. (Les lettres
indiquent les parties semblables de la fig. 1°°.)
Fig. 5. Coupe verticale du même rameau, afin de montrer la différence d’organisa-
tion de chacun des éléments qui entrent dans sa composition. Les ulricules de la
serez
SUR LES LARDIZABALÉES. 203
moelle, les plus voisines des trachées et par conséquent les plus externes, sont
remplies de fécule; elles acquièrent aussi une épaisseur beaucoup plus grande
que celles du centre. (Les lettres correspondent à celles de la fig. 2.)
Fig. 4. Coupe transversale d’un rameau âgé de 6 à 8 ans, et correspondant à la fig. 15
qui le représente de grandeur naturelle.
Les faisceaux vasculaires, primitivement arrondis, ayant continué à croître en
repoussant toujours à l'extérieur le liber, qui n’a pris aucun développement, sont
devenus oblongs, quoique composés des mêmes éléments. Le cambium reste dans
son état de bois imparfait lorsqu'une nouvelle formation de faisceaux vasculaires
vient à s'organiser.
Les faisceaux nouveaux sont remarquables par l’absence de trachées à leur
extrémité interne, et par celle du liber vers le côté extérieur. Chacun d’eux se
trouve placé à peu près en face des faisceaux ligneux du premier rang ou quelque-
lois interposé entre les rayons médullaires qu’ils laissent entre eux. Ils continuent
à croître et à s’allonger comme les premiers ; puis une troisième formation appa-
raît, qui arrête l’accroissement de la seconde, et le cambium cesse de s’organiser.
Ces développements successifs et indépendants des faisceaux vasculaires peut se
continuer un nombre très-considérable d’années, ainsi que le montre la fig. 16,
copiée d’après un dessin de M. Lindley.
Il est à remarquer que ces faisceaux secondaires ou tertiaires correspondent or-
dinairement à une branche assez forte placée d’un côté de la tige principale ; ce-
pendant l’apparition de ce faisceau ne coïncide pas avec celle de la branche; ce
n’est que longtemps après qu’on parvient à saisir ce rapport.
Les lettres se rapportent encore aux mêmes parties, comme dans les autres figu-
res ; cependant quelques-unes de ces parties sont un peu modifiées avec l’âge.
Ainsi, à la fig.’ correspondent des utricules à paroïs assez épaisses entourant cha-
cun des faisceaux ligneux ; elles renferment, comme celles de la moelle, une quan-
tité notable de fécule, et constituent, par leur réunion, les rayons médullaires.
Fig. 5. Cette figure est destinée, comme la 5°, à faire voir le rapport de chacun des
éléments de cette branche et les modifications qu'ont subis quelques-uns de ces
éléments. (Les lettres correspondent aux mêmes parties.)
Fig. 6. Coupes transversales des fibres du liber, dans lesquelles on aperçoit des cou-
ches successives d’une substance incolore (cambium Mirbel) qui en tapisse l’in-
trieur, de manière qu'avec un assez grand diamètre elles ont un calibre fort
étroit, comme le démontre la fig. 7.
Ancuves Du Muséum, roue E. 27
20/4 MÉMOIRE
Fig. 7. Fibre du liber coupée verticalement; elles sont’ toules atténuées aux deux
bouts comme les clostres.
Fig. 8. Coupe transversale de quelques utricules voisines des faisceaux vasculaires ;
elles renferment de la fécule a — et leurs parois épaissies présentent des petits
canaux correspondant d’une utricule à l’autre, ou des sortes de cæcum également
visibles à l'extérieur des utricules, et contribuant à former les ponctualions
qu’on y observe.
Fig. 9. Coupe transversale de vaisseaux. Les lignes de jonction qui les traversent,
d'une paroi à l’autre, sont analogues et de même nature que celles du tissu
utriculaire; on y remarque aussi des sortes de cœcum que M. deMirbel considère
comme le résultat de sections passant obliquement par chacune des ponctua-
tions, et entamant une portion de la paroi des vaisseaux dépourvus de ces pores
ou ponctuations.
fig. 10. Utricules du centre de la moelle; elles sont moins épaisses que les précé-
dentes.
Fig. 11: Coupe verticale des utricules provenant du canal médullaire;on y remarque
également les petits canaux formés par l’espace vide laissé par chacune des ponc-
tuations dans l'épaisseur de la paroi.
T'ig. 12 Coupe verticale d’une ntricule provenant d’une branche âgée et prise vers la
circonférence du canal médullaire; on y distingue, de la manière la plus nette,
des vides assez grands laissés d’une utricule à l’autre &.
Fig. 13. Coupe transversale d’utricules endurcies et pierreuses prises dans le tissu
utriculaire voisin de l’endocarpe du Lardizabala biternata. Des utricules de
même nature, également reticulées, se retrouvent dans les mêmes parties des fruits
des poiriers sauvages, etc., ainsi que l’a démontré M. Turpin.
Fig. 14. Coupe verticale de ces mêmes utricules. Leur cavité est extrêmement petite;
on n’y remarque aucune granulation ; leur paroi est presque toujours d’un beau
jaune et d’une grande transparence.
Fig. 15. Coupe de grandeur naturelle d’une branche de Cocculus laurifolius, com-
posée de 3 zones de faisceaux vasculaires.
T'ig. 16. Figure copiée d’après l’Introduction à la botanique de M. Lindley, et ap-
partenant également au Cocculus laurifolius.
Fig. 17. Coupe d’une tige du Cissampelos Pareira, faisant partie des collections du
Muséum. Son accroissement est tout-à-fait analogue à celui du Cocculus; la
zone de première formation est seule pourvue du liber; entre chacune des autres
on remarque une {rès-mince couche de tissu utriculaire à parois épaisses, mais qui
Lu
SUR LES LARDIZABALÉES. 205
ne peut se confondre avec celle du liber : elles sont courtes et arrondies au lieu
d'être terminées en pointe à leur extrémité ; au reste, ou les distingue toutes deux
sur la zone de première formation.
Fig. 18. Coupe transversale d’une tige, âgée de 20 ans, du Menispermum cana-
dense, et grossie quatre fois. Chacun des faisceaux vasculaires a continué à s’ac-
croître surtout en longueur, en repoussant toujours vers la circonférence le liber,
qui n’a pris, au contraire, aucun accroissement, et qu’on retrouve par petits pa-
quets sur la circonférence de la tige. Aucune zone ne se remarque sur toute l’é-
tendue de ces faisceaux.
Fig. 19. Coupe transversale d’une tige de l’Æolbüllia latifolia, copiée d’après M. Lin-
dley. La structure de cette tige rentre, à quelques modifications près, dans celle
des autres plantes dicotylédones. M. Gaudichaud a également rapporté de ses
voyages des tiges de Malpighiacées qui offrent une disposition analogue. (Arch.
bot. tom. 2, t. 19, fig. 11.)
Fig. 20. Coupe transversale d’une tige du Securidaca erecta?, rapportée de Porto-
Rico par Riedlé, et faisant partie des collections du Muséum. (Grand. nat.)
Cette tige, dont le développement des couches ligneuses a de l’analogie par la
courbure et l’irrégularité des zones avec celles des Cocculus et Cissampelos, en
diffère cependant d’une manière sensible par la nature de chacune de ces zones,
car celles-ci sont formées par un tissu vasculaire non interrompu de distance en
distance par des rayons médullaires. Je n’ai pu y découvrir des fibres de liber ni
sur la première zone, ni sur le contour de la tige; mais il serait possible qu’il fût
formé dans cette plante, ainsi que l’a remarqué M. Mirbel pour quelques autres
végétaux, de vaisseaux du latex détruits ou rendus invisibles par la dessication.
(J'ai fait voir, depuis la présentation de ce travail à l’Académie, que, dans le PAy-
tolacca dioica, on ne retrouvait pas de liber.)
Fig. 21. Aristolochia labiosa de grandeur naturelle. Cette tige, ainsi que l'a fait
remarquer M. Gaudichaud, est formée de faisceaux vasculaires flabellés mais non
séparés concentriquement par du tissu utriculaire ; à chacune des divisions du
faisceau correspond un petit paquet de filets corticaux placé vers la circonférence
de la tige, et séparé des faisceaux par une couche épaisse de tissu cortical renfer-
mant une huile essentielle exhalant une forte odeur de GZechoma. En dedans de
la cuticule on remarque une couche extrêmement épaisse de tissu utriculaire
appartenant à l’épiderme, de même nature que le liége.
En a les faisceaux vasculaires séparés de l’extérieur à l’intérieur, de maniére à
être divisés en éventail à la manière de certaines fucoïdes ; — à tissu utriculaire
206
Fig.
Fig.
Fig.
MÉMOIRE
cortical sécrétant un liquide onctueux jaune répandant une forte odeur de G{e-
choma hederacea ; — c paquets de fibres du liber; — d liége ou tissu utriculaire
formé à l’intérieur de l’épiderme.
22. Coupe transversale d’une tige souterraine de V4. Clemalitis, sur laquelle
on ne remarque point de liége, mais dont toute l’organisation est conforme
à celle de V4. labiosa, quoique appartenant à un végétal dont les tiges se
détruisent annuellement. Il est vrai que, dans le rhizome, la végétation doit se
continuer sous terre, et par cela même offrir une analogie avec ce qui se passe dans
V4. labiosa originaire des pays tropicaux, où la végétation est continue:
25. Aristolochia Sypho. Section grossie d’un jeune rameau au moment même
où il se développe et lorsque toutes les parties sont encore pour ainsi dire her-
bacées.
En a le parenchyme cortical; — en 6 le liber, qui forme un cercle continu
autour des faisceaux fibreux encore à l’état presque pulpeux.
24. Section transversale également grossie d’un jeune rameau. On voit le cercle
de liber se partager en deux portions à peu près égales dans l'intervalle de deux
faisceaux fibreux; ceux-ci se sont allongés, et on reconnaît distinctement sur
chacun d’eux une partie extérieure pulpeuse qui représente le cambium ou
bois imparfait, comme nous lavons reconnu dans le rameau précédent au
moment de sa formation ; plus tard, chacune de ces deux portions du liber se
subdivisera encore, et toujours dans l’intervalle des faisceaux ligneux , en plu-
sieurs fragments qui deviendront de plus en plus petits, comme on le voit dans
la figure suivante.
Fig. 25. Section transversale d’une tige de l4. Sypho âgée de 17 ans. Les zones
concentriques y sont nettement indiquées par lorifice des vaisseaux d’un dia-
mètre beaucoup plus grand, comme on le remarque sur le plus grand nombre
des végétaux dicotylédonés.
Les faisceaux vasculaires se divisent également par l'interposition des rayons
médullaires de très-petite dimension. Le liber, comme dans les deux espèces pré-
cédentes, est groupé par petits paquets sur le contour de la tige; le tissu
utriclaire dont ils sont entourés sécrète un liquide répandant une forte odeur
de camphre. Le liége est réduit à de très-petites dimensions.
SUR LES LARDIZABALÉES. 207
PLANCHE XI (2).
Les figures ont été plus ou moins augmentées. Toutes les analyses ont été faites d’après des
échantillons desséchés.
A. LaARpIZABALA biternata , Ruiz et Pay.
Fig. 1 Plan symétrique d’une fleur mâle; — « bractée et bractéoles latérales ; —
b b folioles du calice, au nombre de six, et placées sur deux rangs; — c c pétales;
— d étamines; — e rudiments d’ovaires.
Fig. 2. Bouton vu de profil. On remarque la bractée inférieure et une des bractéoles
alternant avec deux des folioles extérieures du calice.
Fig. 5. Flgur Suverte et étalée artificiellement. Les lettres désignent les parties cor-
respondarites à celles indiquées sur le plan symétrique.
Fig. 4. Un pétale extérieur. — Fig. 5. Un du rang intérieur; vus tous deux par
leur face interne.
Fig. 6. Anthère détachée du tube staminal et vue par devant. — Fig. 7. La même,
vue par le dos, afin de montrer le connectif charnu terminé en pointe au som-
met. — Fig. 8. Coupe transversale; — a connectif; — b lobes composés de
deux loges inégales,
Fig. 9. Pollen retiré de l’anthère. — Fig. 10. Le même, humecté.
Fig. 11. Pistils avortés terminés par de longs styles, mais privés de stigmate.
Fig. 1’ Plan symétrique d’une fleur femelle ; les lettres indiquent les parties corres-
pondantes de la fig. 1.
Fig. 2’. Fleur dans son état normal; les divisions sont dressées. — F9. 5°. Pétale
du rang extérieur. — Fig. 4. Pétale du rang intérieur ; l’un et l’autre vus par la
face interne.
Fig. 5. Etamine vue de profil ; on voit en même temps un des lobes et le connectif.
— Fig. 6. Coupe transversale d’une anthère; — a connectif; — b lobes avor-
tés et privés de pollen.
Fig. 7’. Ovaire couronné par un stigmate papilleux, conique et recourbé. — Fig. 8°.
Coupe transversale d’un ovaire; on remarque à la partie supérieure une échan-
crure qui indique la ligne de jonction des deux bords de la feuille carpellaire ; —
a tissu utriculaire de l’endocarpe formant des logettes pour chacun des ovules
208 MÉMOIRE
en b. — Fig. 9’. Portion d’un ovaire vue par la partie intérieure, afin de mon-
trer la disposition des ovules et la forme qu'ils présentent ; — a péricarpe ; — à
tissu utriculaire de l’endocarpe; — c ovules. — Fig. 10°. Section verticale d’un
ovaire et vue de profil; les lettres indiquent les parties de la fig. 9°. — Fig. 11°.
Un ovule isolé; en a funicule.
Fig. 12. Fruit de grandeur naturelle; on voit, à la partie supérieure, le stigmate per -
sistant. — Fig. 15. Graine. — Fig. 14°. La même, vue de face. En a le point
correspondant à la chalaze; — en à celui du micropyle. — Fig. 15°. La même,
coupée verticalement ; on voit une cavité formée par le hile et l'embryon placé à
l'extrémité du périsperme très-épais. — Fig. 16. Embryon isolé.
B. BoquiLa trifoliata. — Larpizasara trifoliata , R. et P.
Fig. 1. Plan symétrique d’une fleur mâle. En a folioles du calice ; — en D pétales ; —
en c étamines ; — en d ovaires avortés.
Fig. 2. Fleur de grandeur naturelle. — Fig. 5. La même, peu de temps après son
épanouissement. — F9. 4. Fleur ouverte artificiellement, afin de montrer la dis-
position des parties. Les lettres a et b indiquent les parties déjà signalées sur le
plan symétrique; — en c le tube staminal; — en d les anthères.
Fig. 5. Pétale du rang extérieur. — Fig. 6. Pétale du rang intérieur.
Fig. 7. Anthère vue par devant. — F%. 8. Pollen.
Fig. 9. Les trois ovaires avortés; ils ne présentent pas de stigmates.
Fig. 1’. Plan symétrique d’une fleur femelle. En a folioles du calice; — en à péta-
les; — en c étamines avortées et libres, anthères stériles; — en d les trois ovaires.
Fig. 2. Fleur ouverte artificiellement , afin de montrer la forme et la disposition de
chacun des organes qui la composent; les lettres indiquent les parties déjà re-
présentées sur le plan symétrique. — Fig. 3. Pétale isolé.
Fig. 4. Etamine isolée.
Fig. 5’. Ovaire quelque temps après la fécondation ; il s’est allongé et le stigmate s’est
déprimé. — Fig. 6. Coupe transversale du même; les ovules sont placés sur
deux rangs et entourés par un tissu utriculaire qui masque complétement leur
point d'attache. — Fi. 7’. Coupe transversale d’un ovaire un peu plus âgé. Le
point d'insertion de l’ovule est visible, et le tissu utriculaire de l’endocarpe, en
se développant, a formé autour de chacun des ovules une sorte de loge. —Æg. 8°.
Un ovule isolé. :
Fig. 9°. Fruit composé de cinq carpelles dont un presque complétement avorté, —
SUR LES LARDIZABALÉES, 20ÿ
Fig. 10°. Graine isolée. En a le hile; — en b le raphé; — en c la chalaze; —
en d le micropyle. — Fig. 11. La même, coupée verticalement: on voit, à la
base, l'embryon.
Fig. 12. Embryon isolé. Malgré l'apparence de maturité des graines, les deux coty-
lédons sont écartés comme dans les embryons très-jeunes.
C. SraunronA Hexaphylla.
Fig. 1. Plan symétrique d’une fleur mâle. En a les folioles calicinales; — en b les
étamines ; — en c les ovaires avortés.
Fig. ». Fleur. — Fig. 5. Une des folioles extérieures du calice. — Fig. 4. Une des
folioles internes.
Fig. 5. Tube staminal. — F9. 6. Pollen.
Fig. 7. Ovaires avortés.
Fig. à. Plan symétrique d’une fleur femelle. En a les folioles calicinales ; — en b les
ovaires. Je n’ai pas trouvé d’étamines sur cette fleur.
Fig. ». Ovaire isolé, terminé par un sligmate pelté. — Fig. 5’. Coupe transversale
d’un ovaire. On remarque, sur un côté, en a une échancrure correspondant à la
ligne de suture des bords de la feuille carpellaire, et les ovules, en D, entourés
par des papilles très-délicates. — Æig. 4’. Coupe verticale d’une portion d’o-
vaire. En «& l’épicarpe et le mésocarpe; — en D l'endocarpe; — en c son tissu
papilleux, qui entourg de toute part et cache presque complétement les
ovules en d.
PLANCHE XII (3).
A. ParvatIA Brunoniana. — HozsôzLia, Wall.
Fig. 1. Plan symétrique d’une fleur mâle. En a les folioles calicinales, — en b les
pétales; — en c les étamines; — en d les ovaires avortés.
Fig. 2. Portion d’inflorescence, de grandeur naturelle.
Fig. 5. Fleur. — Fig. 4. Une des folioles internes du calice. — Fig. 5. Un pé-
tale.
Fig. 6. Fleur dépouillée de son calice. On voit en a les pétales placés sur deux rangs,
les extérieurs recourbés en dehors ; — en b le tube staminal; — en c les anthères,
entre lesquelles on distingue en d Le sommet des ovaires avortés.
210 MÉMOIRE
Fig. 7. Anthère vue de face. — Fig. 8. La même, vue de profil pour.montrer le
connectif.
Fig. 9. Pollen.
Fig. 10. Ovaires avortés; ils sont légèrement soudés à la base et formés en totalité
de tissu utriculaire ne présentant aucune cavité centrale bien apparente.
Fig. v’. Fleur femelle dépourvue des folioles du calice, dont on voit les cicatrices
en a ; — en b les pétales; — en c les étamines avortées et libres ; — en d ovaire;
—e stigmate.
Fig. 2. Un des pétales séparé.
Fig. 5. Une anthère, vue par le dos pour montrer le connectif.
Fig. 4. Un ovaire coupé verticalement. En a mésocarpe ; — D endocarpe; — c tissu
papilleux de l’endocarpe ; — d ovule. — Fig. 5’. Coupe transversale d’un ovaire ;
les lettres indiquent les parties désignées sur la figure précédente. En a— fais-
ceaux vasculaires qui parcourent la longueur de l'ovaire et disparaissent vers le
style. La cavité de l'ovaire est remplie d’une substance mucilagineuse sécrétée
par les papilles.
Fig. 6. Un ovule isolé, entouré à son point d’attache de filets papilleux. On distin-
gue très-nettement la primine, la secondine et le sommet du nucelle.
B. HozpoLLia latfolia, Wall,
Fig. 1. Plan symétrique d’une fleur mâle. En a les folioles du calice; — en b les pé-
tales; — ce les étamines ; — d les ovaires avortés.
Fig. 2. Portion d’inflorescence, de grandeur naturelle.
Fig. 3. Fleur épanouie. — Fig. 4. Une des folioles calicinales internes. — Fig. 5.
Un pétale vu par la face dorsale.
Fig. 6. Fleur dépourvue de son calice. On remarque en a les pétales sous la forme de
petites écailles, et, entre les filets libres des étamines, les rudiments d’ovaires.
Fig. 7. Coupe transversale d’une anthère; le centre du connectif est occupé par un
faisceau vasculaire. — Fig. 8. Pollen humecté.
Fig. 9. Rudiments d’ovaires.
Fig. 1’. Plan symétrique d’une fleur femelle ; les lettres désignent les organes déjà
signalés sur celui de la fleur mâle.
Fig. 2. Ovaires. — Fig. 5. Coupe verticale d’un ovaire. En a mésocarpe ; — b en-
docarpe ; — ce tissu papilleux ; — d'ovule. — Fig. 4’. Coupe transversale d’un
ovaire ; on remarque des faisceaux vasculaires qui parcourent le mésocarpe et la
ligne de suture des bords de la feuille carpellaire.
SUR LES LARDIZABALÉES. 211
Fig. 5’. Ovule isolé, entouré par le tissu papilleux de l'endocarpe, Quoique les fleurs
fussent parfaitement épanouies, on ne remarquait sur l’ovule aucune des mem-
branes.
Fig. 6. Fruit. Cette figure et les suivantes sont copices d’après les planches du Ten-
tamen Floræ Nepalensis, de M. le D' Wallich. — Fig. 7°. Fruit coupé trans-
versalement ; la partie centrale est formée par les papilles et le mucilage qui
déterminent des fausses cloisons & au milieu desquelles on remarque les graines 0.
Fig. 8 et 9”. Graines. — Fig. 10°. Graine coupée transversalement ; — a testa ?
— b membrane interne? — c périsperme. — Fig. 11. Coupe verticale; —
a testa? — b membrane interne ? — c périsperme ; — d raphé; — e embryon.
Fig. 12”. Embryon isolé.
Fig. 15° et 14. Graines de l’Holbüllia angustifolia.
PLANCHE XIII (4).
A. AKEBIA qunata, Thbg.
Fig. 1. Plan symétrique d’une fleur mâle. En a folioles calicinales; — b les étamines ;
— c les ovaires avortés, au nombre de 7, légèrement déviés dans leur position.
Fig. 2. Fleur mâle; les divisions calicinales sont lancéolées et différent de celles des
fleurs femelles ; Les 6 étamines au centre.
Fig. 5. Une étamine isolée, vue de profil et avant l’épanouissement de la fleur; le
connectif commence déjà à se recourber par la partie supérieure. — Fig. 4. Eta-
mine plus avancée, prise dans une fleur plus âgée; le connectif s’est presque
totalement recourbé. — Fig. 5. Anthère coupée transversalement ; les divisions
des lobes ne sont pas repliées en dedans, comme on a pu le remarquer pour les
autres genres. — Fig. 6. Pollen.
Fig. 7. Réunion des ovaires avortés,
Fig. 1’. Fleur femelle, de grandeur naturelle.
Fig. >’. Fleur isolée; les divisions du calice sont concaves. On remarque, à la base
des ovaires, des étamines avortées.
Fig. 5. Ovaires, au nombre de 9; les ovaires sont terminés par des stigmates
peltés ; les étamines paraissent avoir été rejetées sur un des côtés par le dévelop-
pement des ovaires; leur rapport avec ces derniers est altéré.
Fig. 4’. Coupe verticale d’un ovaire. En a le faisceau vasculaire qui parcourt le méso-
carpe. — Fig. 5’. En a la ligne de suture des bords de la feuille carpillaire; c’est
la seule partie qui ne porte pas d’ovules. — Fig. 6. Coupe verticale d’une par-
Arouives pu Muséum, Tome I. 28
212 MÉMOIRE
tie de l'ovaire, vue de profil. En a le mésocarpe charnu, parcouru par un faisceau
vasculaire b; — en c endocarpe charnu dépourvu de papilles; — & ovules; on
voit le nucelle qui fait saillie en dehors des téguments. — Fig. 7”. Portion de
l'ovaire vue à plat; les ovules se montrent sous la forme de petits corps ronds
fixés sur l’endocarpe charnu et composés d’un tissu utriculaire.
Fig. 8. Ovule très-jeune, sur lequel on distingue la primine, la secondine et la nu-
celle. — Fig. 9’. Ovule plus âgé, correspondant à ceux que l’on trouve sur la
fig. 7’. Le hile en a ; — en blemicropyle; — c point correspondant à la chalaze.
B. AkegrA lobata.
Fig. 1. Fleur mâle; à la base du pedicelle on remarque une bractée.
Fig. 2. Etamine isolée, vue de profil ; le filet part du milieu du connectif, au lieu de
se continuer avec lui par sa base, comme dans l’espèce précédente. — Fig. 5.
Coupe transversale d’une anthère. — Fig. 4. Pollen.
Fig. 5. Ovaires avortés, au nombre de 3.
Fig. 1’. Fleur femelle renfermant 3 ovaires cylindriques à la base desquels on re-
marque des étamines avortées. — Fig. >. Anthère isolée.
Fig. 5. Coupe transversale d’un ovaire; on ne remarque pas de ligne de suture, et
tout l’endocarpe est couvert de papilles allongées qui entourent et cachent les
ovules. — Fig. 4. Coupe verticale d’une partie de l'ovaire. — Fig. 5’. Ovule
très-jeune, mais pris sur un ovaire retiré d’une fleur épanouie , entouré à la base
par les papilles ; on distingue les membranes primine, secondine, qui entourent
1 base du nucelle.
C. Burasara madagascariensis, D. P. Th.
Fig. 1. Portion d’inflorescence appartenant à l'individu mâle.
Fig. 2. Plan symétrique d’une fleur mâle; — & bractée ; — b bractéoles; — c fo-
lioles calicinales ; — d pétales; — e étamines.
Fig. 3. Bouton vu à plat, afin de montrer le mode d’imbrication des folioles. —
Fig. 4. Le même, vu de profil, la bractée et une des bractéoles ciliées. —
Pig. 5. Une des folioles extérieures du calice. — Fig. 6. Un des pétales.
Fig. 7. Les 6 étamines, soudées par la base, vues par le dos; les deux latérales sont
aussi placées un peu extérieurement. — Fig, 8. Une étamine isolée, vue par la
face interne. — Fig. 9. Coupe transversale d’une anthére; la cloison qui divi-
sait chacun des lobes est détruite en partie «. — Fig. 10. Pollen.
SUR LES LARDIZABALÉES. 213
Fig. v’. Portion d’inflorescence appartenant à l'individu femelle.
Fig. 2’. Plan symétrique de la fleur femelle. Voir celui de la fleur mâle pour la dis-
position des pièces du calice et de la corolle; les étamines manquent compléte-
ment; le centre de la fleur est occupé par 5 ovaires c.
Fig. 5’. Bouton vu à plat; les folioles sont légèrement cilices sur le bord.
Fig. &. Un pétale isolé.
Fig. 5’. Les trois ovaires. Ils sont très-rapprochés par la base et libres à leur partie
supérieure. — Fig. 6°. Coupe verticale d’un ovaire; — a faisceau vasculaire ; —
b endocarpe ; — c ovule anatrope et inséré à la partie supérieure de la loge. —
Fig. 7’. Coupe transversale d’un ovule; — a faisceaux vasculaires; — b endo-
carpe; — c téguments de l’ovule; — d périsperme encore mucilagineux.
MÉMOIRE
SUR LA PHOSPHORESCENCE
PRODUITE PAR LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE.
Par MM. BECQUEREL, BIOT sr Epmxonn BECQUEREL.
PREÉAMBULE.
La phosphorescence est la propriété qu’acquièrent passagèrement
la plupart des corps de devenir lumineux par l’action de la chaleur,
de la lumière directe ou diffuse du soleil, du frottement, du choc de
la compression, des décharges électriques ou des affinités; la durée,
la couleur et l'intensité de la lumière émise dépendent de la nature
des corps, de l’état de leurs surfaces, et de l'énergie avec laquelle agit
la cause productrice. La ressemblance de cette lumière avec celle
qui se manifeste dans le dégagement de l'électricité, est si frappante,
particulièrement sous le rapport des diverses nuances qu’elle pré-
sente, que les physiciens du siècle dernier pensèrent qu’elle avait
une origine semblable ; mais la science n’était pas alors assez avancée
pour qu'ils pussent donner une théorie satisfaisante de ce phénomène.
Il est maintenant parfaitement démontré que l'équilibre du
principe électrique est troublé dans les corps toutes les fois que
leurs parties constituantes éprouvent un changement quelconque,
216 MÉMOIRE
soit dans leur position naturelle d'équilibre, soit dans leur combi-
naison. Or, ce sont là précisément les causes qui produisent la phos-
phorescence ; d’un autre côté , la lumière phosphorique a des teintes
aussi variées que celles que présente l’étincelle électrique, et dans
des circonstances à peu près semblables. Ce double rapprochement
a servi de point de départ à M. Becquerel pour établir Pidentité
entre ces deux lumières.
On n’a nullement l'intention d'exposer ici toutes les causes qui
produisent la phosphorescence, mais bien de montrer comment agit
la lumière électrique pour développer cette propriété et de prouver
que cette lumière renferme une radiation particulière de différentes
autres radiations connues, et qui est la cause immédiate de la phos-
phorescence.
Ce mémoire est divisé en trois parties : la première renferme des
observations qui sont propres à M. Becquerel ; la seconde, d’autres
observations qui lui sont communes ayec M. Biot, et la troisième,
le résultat des recherches qui ont été faites sur le même sujet par
M. Edmond Becquerel, aide au Muséum d'histoire naturelle,
È
en
Ni
SUR LA PHOSPHORESCENCE.
CHAPITRE 1°.
De quelques propriétés nouvelles relatives au pouvoir phosphorescent de la lumière
électrique.
PAR M. BECQUEREL.
Jusque dans ces derniers temps, on ne s'est occupé de la phos-
phorescence que pour rechercher toutes les causes qui peuvent la
développer. On sentait cependant depuis longtemps la nécessité de
coordonner ensemble les faits observés, afin de les comprendre
tous dans une expression générale qui permit de les classer et de
montrer en même temps le lien qui les unit. C’est le but que je me
suis proposé dans un travail assez étendu que j'ai eu l'honneur de
présenter à l’Académie il y a quelques années.
En préparant tout récemment le cours de physique appliquée à
l’histoire naturelle, dont je suis chargé au Jardin des Plantes, j'ai eu
occasion de reprendre cette question en ce qui concerne particulie-
rement la faculté que possèdent les décharges électriques de rendre
phosphorescentes certaines substances qui sont exposées à leur action.
Je rappellerai d’abord , avant de rapporter les résultats auxquels
je suis parvenu, les idées théoriques qui n'ont servi de guide jus-
qu'ici dans les recherches que j’ai faites sur la phosphorescence.
Il est parfaitement démontré aujourd’hui que le dégagement de
Pélectricité a lieu dans les corps toutes les fois que leurs particules
éprouvent un dérangement quelconque, soit dans leur constitution ,
soit dans leur groupement, ou bien lorsqu'elles sont décomposées. Si
ces particules ne sont pas séparées, il y a recomposition plus ou
moins immédiate des deux fluides dégagés, laquelle peut produire ,
selon la nature des corps et la tension de l’électricité, de la lumière
218 MÉMOIRE
et de la chaleur. C’est ainsi que , lorsque ces particules sont ébran-
lées par la percussion , le frottement, la chaleur, la lumière, ou dé-
composées par l’action chimique ou le choc électrique, il peut y
avoir émission de lumière par la recomposition des deux électricités,
surtout si les corps auxquels elles appartiennent sont de mauvais
conducteurs ; mais comme ces causes sont précisément celles qui
produisent la phosphorescence, on est en droit d'admettre l'identité
entre la lumière électrique et la lumière de la phosphorescence, et
d'autant plus que les apparences lumineuses sont sensiblement les
mêmes dans les deux cas, et que tous les corps bons conducteurs de
l'électricité, ceux dans lesquels les phénomènes électriques sont ra-
rement accompagnés d'émission de lumière, sont aussi ceux qui
sont dépourvus de phosphorescence.
D'un autre côté, on sait que le spectre solaire est composé de
parties qui possèdent , les unes la faculté calorifique , et les autres la
faculté chimique. La plus forte chaleur se trouve sur le rouge et
dans les environs, tandis que les autres teintes possèdent des tem-
pératures qui vont en décroissant jusqu'au violet. Cette distribu-
tion calorifique existe encore dans la série des mêmes rayons colorés
obtenus par le passage d’un faisceau de lumière dans des matières
colorantes.
M. Seebeck a reconnu en outre que le maximum de température
du spectre solaire change de place avec la composition chimique de
la substance dont le prisme est formé. Ainsi, en employant un
prisme de crown-glass, le plus haut degré de chaleur passe sur
lorangé. Avec un prisme rempli d'acide sulfurique, il est transporté
sur le jaune; avec des prismes de flint glass, le maximum passe dans
l’espace obscur, tout près de la dernière bande rouge du spectre.
M. Melloni a observé en outre que dans le spectre formé avec un
prisme de sel gemme, le maximum de chaleur se trouve beaucoup
Las
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 219
au-delà du rouge, que ce maximum même marche du violet au
rouge, et même au-delà lorsque la matière du prisme étant non
cristallisée est de plus en plus refringente ou de plus en plus diater-
mane. Le même physicien est parvenu aussi à enlever à un faisceau de
lumière blanche ses propriétés calorifiques et à montrer que la faculté
que possèdent les corps de se laisser traverser par la chaleur rayon-
nante, n’a aucun rapport avec leur degré de transparence, puisque la
chaleur du soufre liquide d’un rouge brun assez foncé transmet
plus de rayons calorifiques que les huiles de noix, d'olive, qui ont
une teinte beaucoup plus claire. Des corps solides très-diaphanes,
tels que la chaux sulfatée, l'acide citrique et autres laissent passer
moins de chaleur que d’autres corps colorés ou translucides, tels
que l’agate, la tourmaline , le quartz enfumé, etc. Il résulte de là
que la faculté de transmettre les rayons de chaleur est, dans ces dif-
férents cas, en sens contraire de la faculté de transmettre les rayons
de lumière. Quant aux rayons violets du spectre, ils possèdent des
propriétés chimiques dont les autres rayons sont plus ou moins pri-
vés; ces propriétés ont beaucoup d'intensité dans les rayons violets
et ceux qui les avoisinent, tandis qu’elles paraissent nulles dans
les rayons rouges, orangés et jaunes.
Revenons maintenant à la phosphorescence produite par Paction
des rayons lumineux, et essayons de montrer que la lumière élec-
trique, en traversant certains diaphragmes, conserve ou perd en
partie la faculté de rendre certains corps phosphorescents.
Les rayons solaires, ainsi que la lumière difluse, possèdent,
comme on le sait depuis longtemps, la faculté de rendre phospho-
rescents, dans l’obscurité, certains corps qui ont été exposés à leur
action pendant quelques instants. On place en première ligne les
coquilles d’huitres nouvellement calcinées avec ou sans soufre : la
lumière émise présente souvent les couleurs du spectre et quelque-
Arcmives pu Muséum, Tome I. 29
220 MÉMOIRE
fois même avec assez d'éclat. Les décharges électriques exercent
une actiqn semblable, mais à un degré peut-être plus marqué en-
core. Pour faire cette expérience, les coquilles sont placées sur la
tablette de l’excitateur universel, à une distance de deux ou trois
centimètres des deux boules, entre lesquelles éclate la décharge.
D’autres corps éprouvent le même mode daction, particulièrement
la craie sèche, le sucre, etc. On aperçoit alors dans tout le trajet
de Pélectricité une trainée de lumière dont les teintes plus où moins
vives sont changeantes et de peu de durée. La couleur, l’intensité
et la durée des effets varient avec la nature des corps.
La phosphorescence produite dans les corps par la lumière en
général a occupé un grand nombre de physiciens et en particulier
Placidus Heinrich de Ratisbonne, qui a publié un grand ouvrage
sur les différents moyens d’exciter cette faculté dansun grand nombre
de corps. Voici les faits principaux qui $ y trouvent consignés :
La lumière émise par les minéraux , et en général par les produc-
tions de la nature, est blanche, soit qu’on les expose à la lumière
solaire ou diffuse , transmise par des verres colorés ou bien aux di-
verses couleurs du spectre; il en excepte cependant un diamant
qui acquérait une phosphorescence durable dans les rayons bleus,
tandis qu'il restait tont-à-fait obscur après l’exposition aux rayons
rouges. Le poli nuit singulièrement à la phosphorescence par inso-
lation. Un marbre est beaucoup plus lumineux sur une cassure ré-
cente que sur les parties polies; des surfaces luisantes détruisent
même souvent complétement la phosphorescence.
I faut donc en conclure que la radiation qui produit ce phéno-
mène, abstraction faite de toute hypothèse sur sa nature, soit de-
truite ou réfléchie en tombant sur la surface polie.
Le marbre blanc, le spath fluor, etc., quand ils ont acquis la
phosphorescence, sont comme transparents ; la radiation doit donc
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 291
pénétrer dans l’intérieur, comme du reste on peut s’en assurer en
sillonnant la surface avec un instrument tranchant ; quant aux effets
produits par la lumière électrique, voici tout ce qu'il en dit
Si l’on fait passer une étincelle électrique sur la surface d’un corps
non conducteur, son trajet y est marqué par une raie lumineuse
claire qui reste visible pendant longtemps dans l'obscurité; cette
phosphorescence est tout-à-fait analogue à celle qui est produite par
la lumière solaire, ou la lumière diffuse, avec quelques particula-
rités que Placidus Heinrich a signalées.
L’intensité de la phosphorescence croit avec la force de la dé-
charge; mais on atteint bientôt un degré qu’on ne peut dépasser
sans courir le risque d’altérer les substances; en interposant entre le
corps et l’étincelle une lame de verre, et faisant glisser la décharge
sur la surface de ce dernier, la phosphorescence est plus faible.
Il se développe, quand la phosphorescence se manifeste, une
odeur analogue à celle qui est produite dans une électrisation con-
tinuée ; la lumière d’une pile voltaïque de 400 paires de la gran-
deur d’une pièce de 5 fr. est sans effet.
Tels sont les faits principaux relatifs à la production de la phos-
phorescence par l’action de la lumière qui se trouvent consignées
dans l’ouvrage de Placidus Heinrich.
On sait encore depuis longtemps que les décharges électriques
possèdent aussi la propriété de rendre phosphorescents, par lélé-
vation de température , les corps qui ont perdu cette faculté par l’ac-
tion d’une chaleur trop élevée, propriété que ne possède pas la
lumière solaire , du moins à un degré aussi marqué. C’est ainsi qu'un
morceau de chlorophane, qui a cessé d’être phosphorescent parce
qu'on a trop élevé sa température, le devient quand on la chauffe
aprèsavoir été préalablement exposée à l’action de la décharge d’une
seule bouteille de Leyde, effet que l’on n’obtient pas par l’exposition
3299 MÉMOIRE
au soleil. Plusieurs fluors, ainsi que la chaux phosphatée , se compor-
tent de même, Enfin, des corpsnon phosphorescents dans l'état na-
turel, tels que le marbre blanc et des fluors non colorés, le devien-
nent par la chaleur quand ils ont été exposés aux décharges élec-
triques. Nous ne devons pas oublier non plus de rappeler que l’on
avait déjà observé que si l’on introduit des fragments de coquilles
d'huitres calcinées dans de petits tubes de verre hermétiquement
fermés et placés eux-mêmes dans d’autres tubes plus longs et que
lon fasse passer un très-grand nombre de décharges électriques
à la surface extérieure de ces tubes, les fragments deviennent phos-
phorescents seulement quand on les chauffe. Telles sont les princi-
pales observations qui ont été faites jusqu'ici touchant l’action phos-
phorescente de la lumière électrique.
Je commencerai d’abord par montrer que cette lumière agit,
pour produire la phosphorescence, non par suite du choc ou desin-
fluences électriques ordinaires, comme on le croyait jadis, mais en
raison de facultés propres à sa radiation : on place à cet effet sur
l’excitateur une capsule de porcelaine remplie de coquilles d’huitres
nouvellement calcinées, et lon fait passer à deux centimètres de
distance, la décharge de 18 bocaux, les coquilles s’illuminent aussitôt
et la lumière s'éteint plus ou moins promptement, suivant leur de-
gré d’excitabilité.
En plaçant successivement les coquilles à une distance de l’étin-
celle, de 1 décimètre, de 5 décim. de 20 décim. de 30 décim. ete.,
la phosphorescence se manifeste toujours, seulement les effets vont
en diminuant avec la distance. Elle se montre encore à une dis-
tance beaucoup plus grande. IL faut donc admettre que dans ces di-
verses circonstances l’étincelle électrique agit comme lumière seule-
ment, puisque son action se manifeste à des distances où les influences
électriques ordinaires ne sont pas appréciables. Nous dirons encore
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 293
que les fluors verjs se comportent de même quand ils sont soumis à
l’action de la lumière électrique. Ce n’est pas tout encore : si l’on
soumet à l'expérience des coquilles d’huîtres peu excitables, placées
à une distance de plusieurs décimètres, la phosphorescence pro-
duite à la première décharge est ordinairement faible; à la seconde
elle est plus marquée, et en continuant les décharges la faculté Iu-
mineuse sexalte davantage. On voit par-là que la lumière élec-
trique directe, agissant à distance, prédispose de plus en plus les
particules des coquilles d’huitres à devenir phosphorescentes.
Nous ne devons pas oublier non plus de dire que , dans les mêmes
circonstances , nous avons eu occasion de remarquer que l’odeur
d'hydrogène sulfuré provenant de la réaction du sulfure de calcium
des coquilles sur l’eau contenue dans l'air paraissait plus sensible
à mesure que le nombre des décharges augmentait, ce qui semble
faire croire qu’en même temps que la faculté lumineuse se dévelop-
pait de plus en plus à distance, la tendance à la décomposition crois-
sait en même temps.
Ces premières observations faites, et surtout m’étant rappelé l’ex-
périence citée précédemment , et dont on n’avait tiré aucune consé-
quence, savoir que des coquilles d’huitres calcinées, renfermées dans
des tubes d® verre et exposées à des décharges électriques n’étaient
seulement phosphorescentes que par l'élévation de température, ilme
vint dans l’idée d’essayer si la lumière électrique , en traversant des
diaphragmes de diverses substances, perdrait ou conserverait la pro-
priété derendre phosphorescents à distance un grand nombre de corps.
Les substances dont je me suis servi comme d’écran, sont le verre
blanc, le verre rouge coloré par le protoxide de cuivre, le verre violet,
les verres colorés des diverses teintes du prismesolaire , et le papier
glace ou gélatine en feuilles. Je savais parfaitement qu’à part le verre
rouge, les autres verres colorés ne laissent point passer de rayons sim-
224 MÉMOIRE
ples; mais je pensai que ces substances néanmoins sufhraient pour
me donner des différences assez tranchées dans le mode de radiation
électrique que j'avais le désir d'étudier.
La distance entre la capsule remplie de coquilles d’huitres nou-
vellement calcinées et les boules de lexcitateur étant toujours de
2 centimètres , je fis passer entre elles la décharge de la batterie de
18 bocaux. L'expérience se faisait dans une chambre obscure et les
yeux restaient fermés jusqu’après la décharge, afin que la rétine ne
fût pas fatiguée par l’impression de la lumière électrique. Les co-
quilles parurent aussitôt fortement 1illuminées. On recommencça
expérience dix minutes après, en plaçant sur la capsule une lame
de verre de 3 millimètres d'épaisseur. La décharge produisit encore
la phosphorescence, mais à un degré infiniment moindre qu'avant
l'interposition de lécran ; en augmentant l’épaisseur de lame jus-
qu’à 8 millim. la phosphorescence fut à peine sensible, quoique le
verre füt parfaitement diaphane. Cette expérience répétée à 1 dé-
cimètre, et même à 2 décimètres de distance, a donné des effets
semblables, seulement la lueur phosphorique allait toujours en dimi-
nuant. Une lame de verre de 1 millim.n’a donné qu’une phospho-
rescence très-faible, ainsi qu'une feuille de papier glace très-transpa-
parente, d’une épaisseur de moins d’un cinquième dé millimètre.
Voilà donc des corps très-diaphanes qui laissent passer la plus
grande partie des rayons lumineux et qui enlèvent à ces mêmes
rayons une grande partie de la propriété en vertu de laquelle ils
rendent les corps phosphorescents.
Comment la matière du verre agit-elle en cette circonstance,
quel rapport y at-il entre les effets produits et ceux qui ont été obte-
nus par M. Melloni ? Cest ce que je n’ai pas l'intention de traiter ici.
Poursuivons les expériences. Une lame de verre rouge, dune
épaisseur de 2 millimètres substituée au verre blanc, a enlevé entiè-
“
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 295
rement à la lumière le pouvoir phosphorescent, tandis qu’une lame
de verre violet foncé sensiblement, de mème épaisseur, s’est compor-
tée à peu près comme le verre blanc. J’ai cru voir, dans plusieurs
expériences, que l’effet était plus marqué ; mais comme Je n'avais pas
de moyens de comparaison, il m'est impossible d’en donner ici
l'assurance. Le verre bleu produit un effet plus faible que le verre
violet. Les verres jaunes, verts, enlèvent tout-à-fait à la lumière
électrique qui les traverse le pouvoir phosphorescent. On voit donc
d'abord que le verre blanc enlève aux rayons lumineux une grande
partie de leur pouvoir phosphorescent, et que la quantité de ce pou-
voir qui est enlevée par les verres violets va en augmentant au fur et à
mesure que l’on prend des verres bleu, vert, Jaune, orangé et rouge ;
le verre rouge détruisant entièrement le pouvoir phosphorescent.
Or, comme les rayons rouges sont ceux qui en général possè-
dent la faculté calorifique, tandis que les rayons violets sont ceux
qui possèdent la faculté chimique, il serait important d'examiner
si la faculté phosphorescente de la lumière électrique dépend de la
portion de la radiation qui produit les actions chimiques ou d’une
radiation non encore étudiée.
L'expérience suivante vient encore confirmer l'effet que je viens
de signaler des écrans de verre blanc placés sur le trajet de la lumière.
J'ai exposé des coquilles d’huitres nouvellement calcinées à la lu-
mière d’un morceau de phosphore brülant dans un flacon de verre
rempli de gaz oxigène. La lumière émise était des plus intenses, et
cependant la phosphorescence développée avait très-peu d'intensité.
En résumé, on voit que la lumière électrique, outre ses proprié-
tés lumineuses, physiques et chimiques, possède encore une faculté
phosphorescente que lui enlèvent en totalité où en partie différentes
substances qui laissent passer cette lumière sans diminution sensible.
226 MÉMOIRE
CHAPITRE IL.
Sur la nature de la radiation émanée de l’étincelle électrique, qui excite la phosphorescence
à distance.
PAR MM. BIOT ET BECQUEREL.
Dans la communication que j'ai faite à l'Académie du mémoire
précédent (c’est M. Becquerel qui parle), j'ai annoncé que di-
verses substances, après avoir perdu dans l’obscurité la phospho-
rescence qu’elles avaient acquise par la calcination suivie de l’exposi-
tion à la lumière solaire , soit directe, soit diffuse , reprenaient ins-
tantanément cette propriété sous l’influence de la lumière dévelop-
pée par une décharge électrique, opérée en leur présence à travers
l'air, à la distance de plusieurs mètres. J'avais indiqué que linterpo-
sition d’un écran de verre diaphane, épais d’un millimètre ou d’une
lame très-mince de gélatine en feuille, appelée papier glace, affai-
blissait considérablement ces effets.
Après la lecture de ce mémoire, un de mes confrères, M. Biot,
m'exprima le soupçon que lPaction ainsi exercée pouvait ne pas
provenir de la portion de la radiation électrique que produit la
sensation de la lumière sur la rétine humaine, mais de quelque
portion de cette radiation distincte de la précédente ; de même que
la radiation calorifique émise en même temps que la lumière par
les corps incandescents, se distingue de celle-ci dans les expé-
riences de M. Melloni, quand elle est absorbée par les faces d’une
pile thermo-électrique revêtues de noir de fumée. Il ajouta que
mes expériences mêmes, faites avec des écrans de diverse nature,
lui semblaient indiquer cette distinction ; il me proposa d’examiner
avec lui, par l'expérience, si elle se réaliserait, ce que j’acceptai.
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 227
Nous étant donc réunis dans mon laboratoire, nous avons fait en-
semble les expériences que je vais raconter.
On a d’abord constaté les résultats que j'avais obtenus sur lin-
fluence directe de la lumière électrique agissant à distance à travers
Vair. Des écailles d’huitres ont été calcinées, puis exposées pendant
quelque temps à la lumière solaire qui était très-faible alors ; ra-
menées dans l’obscurité, elles parurent sensiblement phosphores-
centes. Mais cette propriété s’éteignit bientôt; quand elle eut tout-
à-fait disparu, on répartit la matière calcinée dans plusieurs cap-
sules de porcelaine qui furent placées à diverses distances, depuis
2 centimètres jusqu'à 135 centimètres, de deux petites sphères de
cuivre entre lesquelles on faisait passer létincelle d’une batterie
chargée toujours au même degré de l’électroscope à balles. La
phosphorescence reparut sensiblement dès la première décharge,
mais elle fut alors très-faible et à peine subsistante ; à la seconde,
elle fut plus vive et plus durable, et elle augmenta ainsi progressive-
ment jusqu’à la cinquième dans toutes les capsules, comme j'avais
précédemment remarqué que cela arrivait. La lueur présentait prin-
cipalement les teintes du rouge, du jaune et du vert. On ne poussa
pas plus loin l'épreuve. Ayant ainsi constaté que la matière calcinée
était sensible à l’influence directe, on forma un écran mixte com-
posé d’une lame de verre et d’une plaque de cristal de roche, éga-
lement limpide, mastiquées l’une à l’autre par leurs bords, de
manière qu’une de leurs surfaces se trouvât dans un même plan.
L’épaisseur du verre était 3"" #£. Ce qui, au degré actuel de sensi-
bilité de la substance devait, d’après mes expériences, la préserver
presque totalement; mais pour le cristal, l’épaisseur était presque
double et égale à 5°” 953. C'était la plaque appelée z dans les ex-
périences de M. Melloni, et mentionnée page Bo1 du Rapport de
PAcadémie. La diathermansie du cristal de roche, bien plus grande
ARCULVES pu Muséum, Tome 1. 30
228 MÉMOIRE
que celle du verre, devait lui permettre de transmettre, malgré son
excès d’épaisseur, une plus forte proportion de la radiation totale
incidente et des portions d’une autre nature, sans offrir aucune dif-
férence de diaphanéité sensible à l'œil, L'écran mixte fut posé sur la
capsule de manière que la ligne de séparation de ses deux parties
répondit au milien de l'intervalle des boutons de cuivre entre les-
quels devait s’'élancer l’étincelle. Celle-ci ayant eu lieu, la phos-
phorescence reparut aussisôt vive et brillante sous la plaque de eris-
tal de roche, mais elle fut nulle ou insensible sous la plaque de
verre; la projection de celle-ci se distinguait en noir à côté de
l’autre, comme si on l’eût tracée à la règle. Bientot l'excitation opé-
rée s’affaiblit et tout rentra dans Pobscurité après peu d’instants.
Alors on retourna l'écran, ce qui intervertissait les places sur les-
quelles les deux parties se projetaient , et l’on recommença l’expé-
rience. L’issue en fut la même. Après la décharge la matière calci-
née resta obscure sous le verre et devint phosphorescente sous le
cristal. Plus tard, on s’aperçut que lexcitation opérée dans cette
dernière portion se propageait graduellement à l’autre avant de
s'étendre.
On forma alors un nouvel écran nuxte en joignant une portion
de la même lame de verre, épaisse seulement de 3'” # avee une
plaque de chaux sulfatée limpide, ayant pour épaisseur 7" %. On
avait choisi cette substance à cause de sa diathermansie, analogue à
celle de Valun. Du reste, sa diaphanéité ne le cédait point à celle du
verre. Malgré sa structure lamelleuse et son épaisseur, elle se mon-
ta supérieure, non-seulement au verre, mais peut-être même au
cristal de roche pour la transmission phosphorogénique. La projec-
tion de la plaque cristallisée se dessinait en lumière sur la matière
calcinée avec toutes lessinuosités de son contour. Le lieu du verre
continuait de rester obscur; peut-être toutefois Pétait-il par com-
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 220
paraison. L'éxpérience fut répétée en renversant l’écran mixte,
elle eut encore le même résultat.
On n’hésita point alors à faire un troisième écran mixte, où une
portion de la même lame de verre était accolée à une plaque de
cristal de roche limpide, perpendiculaire à laxe, ayant 41" %
d'épaisseur. Certainement sil y avait pu avoir quelque avantage de
diaphanéité il eût été du côté du verre, à cause du grand excès
d'épaisseur du cristal. Cependant le sens des effets resta pareil. Ce
fut sous le canon de cristal seul que la phosphorescence apparut. Il
en fut de même dans une seconde expérience où le lieu des pro-
jections était interverti. Au reste, après les résultats obtenus avec la
plaque de six millimètres, l’essai de celle-ci ne nous offrait aucun
doute, car en analysant les expériences de M. Melloni, on voit
qu'un flux rayonnant qui a traversé six millimètres de cristal de ro-
che perpendiculaire à laxe, est déjà si épuré par cette substance
qu'il peut s'y propager ensuite jusqu’à l'épaisseur de 86 millimètres,
en n’éprouvant plus qu’une excessivement petite absorption. Tou-
tefois ce genre d’analogie ne peut, tout au plus, être employé que
pour une même nature d’écran et pour une même source rayon-
nante, agissant sur une matière de sensibilité égale. Or, dans les
expériences de M. Melloni, la pile revêtue de noir de fumée atteste
seulement l'existence des portions de la radiation qui produisent sur
elle Pimpression calorifique.
Et sil existait des rayons non calorifiques, quoique doués de
propriétés différentes, il se pourrait qu’ils fussent insensibles pour
elle et qu ’êlle ne les annoncât point.
Pour savoir si la radiation phosphorogénique se propageait seu-
lement en ligne droite , à travers l'air, nous avons convert la cap-
sule qui contenait la matière impressionnable avec un papier opa-
que percé d’un petit trou rond d'environ 1 millimètre de diamètre ,
236 MÉMOIRE
que nous avons fait répondre au centre de la surface de la matière.
Le papier enlevé subitement après la décharge, a laissé voir à ce
centre un tout petit cercle lumineux d’un éclat très-vif, le reste de
la matière demeurant obscur. Mais peu à peu le reste s’est aussi
ému , et la phosphorescence a fini par se propager à toute la surface
de la matière, puis l'effet s’est affaibli graduellement, et après quel-
ques instants il s’est éteint.
Nous avons essayé la transmission à travers une feuille de papier
glace extrêmement mince ; elle y a été faible mais sensible. D’après
les expériences de M. Melloni, la gélatine dont ce papier est fait est
une des substances les moins diathermanes ; mais, comme toute
autre, elle le devient davantage quand elle est plus amincie.
Néanmoins l'effet obtenu ici nous semblait plus fort que nous ne
l’'aurions attendu d’après nos précédentes observations. Notre sur-
prise augmenta en voyant que la lame de verre de 3" 5, précédem-
ment essayée, devenait actuellement efficace, et que même une autre
plaque de verre , épaisse de 22 millimètres, donnait aussi des effets
marqués. Nous comprimes alors que la matière contenue dans la
capsule était devenue plus impressionnable par la répétition de
lexcitation que nous lui avions fait subir. Nous recommençimes
donc nos expériences avec les écrans mixtes précédemment em-
ployés. Dans ce nouvel état de la substance, la phosphorescence fut
très-visible sur la lame de verre; mais aussi elle se montra tellement
vive sous la plaque de cristal de roche et sous la plaque de chaux sulfa-
tée limpide que la lueur paraissait complétement blanche sous toutes
leurs projections, dont les contours se trouvaient encore parfaite-
ment définies par leur excès de lumière. Ces deux plaques manifes-
laient donc ainsi encore leur excès d’eflicacité précédemment re-
connu. Conséquemment ces nouvelles épreuves ne faisaient que
rendre les premières encore plus certaines en montrant que si la
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 231
phosphorescence ne s'était pas alors opérée sous la lame de verre,
c’était par le trop peu de sensibilité de la substance qui recevait la
radiation et non parce que cette radiation ne lui parvenait point.
Maintenant donc cette substance devenue plus impressionnable ac-
quérait la propriété phosphorique par Pinfluence de certaines por-
tions de la radiation transmise qui, précédemment, ne l’excitait
pas, ou du moins ne l’excitait pas assez pour qu’elle émit une ra-
diation lumineuse sensible à nos yeux.
Dans une séance suivante, nous étudièmes la transmission de la
radiation phosphorogénique à travers des plaques de cristal de roche
enfumé. Voici quel était notre but :
M. Melloni a prouvé que les radiations calorifiques émanées de
la lampe Locatelli, du platine incandescent et du cuivre chauflé à
100° se transmettent aussi bien et à très-peu près aussi abondamment
à travers le cristal de roche enfumé qu’à travers le cristal de roche
limpide, taillé perpendiculairement à l’axe de sa cristallisation , malgré
la grande différence de diaphanéité que ces deux variétés présentent
pour Pœil. Cette identité presque exacte de transmission a été con-
firmée par le calcul jusqu’à l’épaisseur de 86 millimètres. Nous avons
voulu voir si elle subsisterait pour la radiation phosphorogénique.
Nous avons essayé d’abord une plaque perpendiculaire à l'axe,
dont l’épaisseur était 21" et même .
Elle nous avait été obligeamment prêtée par M. Babinet ; sa struc-
ture interne , étudiée par la polarisation , était très-régulière ; mais
quoique fort limpide, elle éteignait considérablement la radiation
lumineuse, et le ciel, vu à travers son épaisseur, paraissait incon-
testablement beaucoup plus sombre qu’à travers une lame de verre
de 3°" %. Nous l’avons accolée à une pareille lame pour en former
un écran mixte, que nous avons placé, comme précédemment, au-
dessus d’une capsule remplie d’écailles d’huitres récemment calci-
232 MÉMOIRE
nées, dont nous venions de constater la sensibilité par l'influence di-
recte de la radiation électrique, transmise à distance à travers l’air.
Dans une première expérience, la distance du milieu de l’étincelle
à la surface de la matière sensible était de 12 centimètres. Toute la
portion de cette surface, située sous le cristal, a été illuminée en
forme hexagonale conformément à sa configuration. La portion située
sous le verre est restée obscure.
L'expérience a été répétée en rapprochant la substance sensible
jusqu’à 7 centimètres de létincelle; les effets ont été pareils, mais
plus remarquables sous le cristal. Il sont restés nuls où inappréciables
sous le verre comme précédemment. Ils fussent devenus sensibles,
sans doute , si la matière calcinée ent été plus excitable ou plus exci-
tée. Mais il valait mieux ici qu’elle le fût mois, parce que l’inéga-
lité d'impression à travers les deux parties de l’écran restait plus évi-
dente. Nous avons soumis à la même épreuve une autre plaque de
quartz enfumé, pareillement limpide, mais épaisse de 90 milli-
mètres, que nous avait prêtée aussi M. Babinet. Les faces de celle-
ci étaient obliques à laxe de cristallisation, et elles paraissaient
avoir été taillées dans un bloc sans autre intention que d’en faire un
ornement. Les effets opérés à travers cette plaque ont été sensibles,
mais très-faibles; bien plus faibles indubitablement qu'ils ne l’eus-
sent été à travers une plaque limpide perpendiculaire à Paxe. Une
autre plaque très-enfumée, épaisse seulement de 29"" et apparte-
nant aux collections du Jardin des Plantes, ne nous a offert aucune
trace appréciable d'effets. Nous n’avons pas déterminé le sens dans
lequel elle était taillée, mais elle était traversée obliquement par une
grande fissure qui s’étendait dans une grande partie de son diamètre.
Toutefois, les résultats observés à travers la première plaque de
cristal de roche enfumé perpendiculaire à laxe et épaisse de
21 millimètres dans les mêmes circonstances, ou une lame de
Fmm. 11
verre de 5" 3, bien plus diaphane, n’en produisait pas d’apprécia-
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 233
bles, suffisent pour prouver que la portion de la radiation électrique
qui excite la phosphorescence est physiquement distincte de celle
qui produit la vision sur la rétine humaine. Les expériences avec les
écrans diaphanes, faites avec divers degrés de sensibilité de la matière
calcinée, prouvent aussi qu’une même portion de laradiation totale est
ou n’est pas efficace à produire la phosphorescence selon l’état plus ou
moins excitable de la substance qui le reçoit. Enfin, les expériences
de M. Melloni, sur la radiation émanée des causes incandescentes de
diverse nature, ont prouvé que la portion de cette radiation qui pro-
duit l'impression calorifique est pareïllement distincte de celle qui
excite dans la rétine humaine la sensation de la vision. D’après cela,
il est naturel de penser que ces portions déjà observées des radia-
tions ou peut-être d’autres qui les accompagnent peuvent avoir en-
core bien d’autres propriétés spécifiques différentes des précédentes ,
propriétés qu’elles montreront lorsqu'on essaiera de les faire agir sur
des matières sensibles à leur action spéciale, et propres à manifester
leur existence par d’autres phénomènes que la sensation de la vision
dans la rétine de l’homme, ou excitation de la phosphorescence,
ou le développement de la chaleur.
Dans le cours des expériences qui viennent d'être décrites, nous
avons employé aussi pour écran une lame d’eau contenue dans un
anneau de verre dépoli, fermé par des lames minces de cristal de
roche limpide perpendiculaire à l’axe. L’épaisseur de l’eau entre les
lames était de 3" 4. Un diaphragme circulaire de papier opaque
appliqué sur la lame supérieure laissait seulement découverte la
partie centrale de l'anneau, et assurait la transmission à travers le
liquide. La radiation émanée de l’étincelle électrique étant ainsi
transmise s’est montrée efficace pour exciter la phosphorescence ;
mais nous n’avons pas déterminé son rapport avec les autres
écrans à égale épaisseur.
23/ MÉMOIRE
Pour constater les phénomènes qui viennent d’être décrits, il faut
que l’observateur reste dans une complète obscurité et s'y soit tenu
déjà depuis un quart d’heure au moins avant de commencer lesexpé-
riences. Les boules terminales des conducteurs, entre lesquelles
s’opère l’étincelle, doivent se trouver dans cette même obscurité
au-devant de lui; et la disposition des capsules ainsi que des écrans
doit se faire en n’admettant que le moins de lumière possible. Tout
étant préparé, et l’observateur tenant l’écran mixte au-dessus de la
capsule par un manche isolant, il ferme les yeux pendant que lon
charge la batterie, et prévenu du moment où lon va opérer la dé-
charge , il couvre encore ses yeux avec celle de ses mains qui est
libre pour se soustraire autant que possible à la vive lumière qui se
produit. Dès qu’il a entendu l'explosion il ouvre les yeux en retirant
écran avec rapidité ; alors il a tout le temps et toute la facilité né-
cessaires pour montrer existence de la lumière phosphorique pro-
duite et pour en étudier les détails.
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 239
CHAPITRE III.
Sur le mode de production de la phosphorescence au moyen de l'étincelle électrique.
Çu. Phosphorescence produite par l’étincelle électrique éclatant dans l'air à diverses pressions.
PAR M. EDMOND BECQUEREL.
Boyle est, je crois, le premier qui ait cherché à observer la phos-
phorescence des substances organiques sous le récipient d’une ma-
chine pneumatique. Il a vu qu’à mesure que l'air était raréfié, la
lueur émise par le bois et les poissons phosphorescents diminuait, et
qu’elle cessait enfin quand on avait fait le vide; il en conclut que
l'air était nécessaire à la production du phénomène. Dessaigues a
remarqué en outre que dans l'acte de la phosphorescence des corps
organisés, il y a production d'acide carbonique, et que ces corps
ne peuvent devenir lumineux quedansles milieux, où la formation de
cet acide est possible. Mon père en a tiré la conséquence que les
corps organisés devenaient phosphorescents très-probablement par
suite de la réunion des électricités dégagées dans les réactions lentes
de leurs parties constituantes sur les agents extérieurs. D’un autre
côté, on sait depuis longtemps que les substances minérales phos-
phorescentes brillent dans l'air comme dans le vide barométrique,
après avoir été préalablement exposées pendant quelque temps à la
lumière du jour, entre autres les pyrophores de Canton et de Bo-
logne, le diamant, etc.
Pour voir si la lueur émise par les substances phosphorescentes
diminue plus rapidement dans le vide que dans Pair, j'ai mis des
coquilles d’huitres calcinées dans deux capsules différentes, et, les
Ancuives pu Muséum, our I. 31
236 MÉMOIRE
ayant exposées à la lumière du jour, je les ai placées, lune sous le
récipient d’une machine pneumatique, l’autre à côté de la cloche à
l'air libre. En faisant le vide rapidement dans la cloche, je n’ai pas
vu la phosphorescence des coquilles diminuer sensiblement, et au
bout d’un quart d'heure, l'intensité de la lumière émise par les co-
quilles contenues dans les deux capsules était la mème, autant que
j'ai pu en juger par une simple comparaison.
Afin de m'assurer si la lumière électrique agissait de même que
la lumière solaire pour rendre ces corps phosphorescents dans le
vide, une lame de chaux sulfatée a été placée, de manière à la
fermer exactement, sur une ouverture pratiquée à la partie supérieure
d’une cloche dont on avait raréfié lair, après y avoir placé à quelques
centimètres au-dessous de la lame, une capsule remplie de coquilles
calcinées. En excitant alors au-dessus de la chaux sulfatée, dans
l’air, une étincelle provenant de la décharge d’une batterie de dix-
huit bocaux, les coquilles furent fortement illuminées. En laissant
rentrer l'air dans la cloche, et excitant une seconde décharge de la
batterie chargée au même degré que précédemment, les coquilles
ne devinrent pas sensiblement plus brillantes que la première fois.
On avait employé la chaux sulfatée, parce que cette substance,
d’après les recherches de mon père et de M. Biot, laisse passer
presque totalement la propriété phosphorogénique de létincelle
électrique.
Les coquilles d’huitres dont j'ai fait usage avaient été calcinées
avec du persulfure de potassium ; ce pyrophore, comme on le sait,
donne , par insolation et par l’étincelle électrique, une lumière vert-
jaunätre excessivement vive.
Dans les expériences précédentes, l’étincelle électrique avait
éclaté dans l'air; je voulus voir ce qui se passait quand elle était
produite dans le vide.
Là.
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 237
Après avoir placé une capsule remplie de coquilles d’huitres sous
le récipient d’une machine pneumatique, on fit passer à quel-
ques centimètres de leur surface, dans l'air raréfié, la décharge de
la batterie : les coquilles furent illuminées faiblement ; plusieurs dé-
charges produisirent le même résultat. En laissant passer un peu d’air
sous la cloche , et faisant passer de nouveau la décharge , les coquilles
devinrent plus phosphorescentes ; enfin, en laïssant rentrer tout l'air
sous la cloche, les coquilles, après Pétincelle, furent très-phospho-
rescentes. Cette expérience recommencée plusieurs fois avec des co-
quilles et de la chaux sulfatée verte donna les mêmes résultats.
Pour prévenir l’objection que les coquilles devenaient plus phos-
phorescentes en raison de l’excitabilité produite par une série détin-
celles, je me suis procuré du phosphore de Bologne peu phospho-
rescent (sulfate de baryte calciné), en le plaçant sous la cloche et
excitant à plusieurs centimètres de distance, successivement dans
l'air à la pression ordinaire, et dans Pair raréfié, des décharges de
la batterie chargée toujours à 60° de l’électromètre à balles, ce
phosphore ne devenait phosphorescent d’une manière appréciable
que quand l’étincelle éclatait à travers l'air à la pression ordinaire ,
tandis qu’il restait presque obscur quand la décharge traversait
l'air raréfié.
Afin de pouvoir comparer avec assez de précision la lueur phos-
phorescente des coquilles quand l’étincelle éclate dans l'air à la pres-
sion ordinaire, et dans l'air raréfié et comprimé, jai fut usage de
l'appareil suivant. (Voy. f. 1 à la fin de ce cahier.)
A B, C D sont deux ballons en verre percés de trous dans les-
quels sont passées des tiges de cuivre ab, cm, n d, ef, destinées
à transmettre Ja décharge dans leur intérieur; les tiges c771, nd
communiquent entre elles et e fest en rapport avec le sol, de telle
sorte qu’en établissant une communication entre la tige a b et l’inté-
238 MÉMOIRE
rieur de la batterie, l’étincelle éclate en même temps dans les
deux ballons.
a b passant dans une boite à cuire peut être enfoncée on re-
tirée jusqu’à ce que l’étincelle éclatant en mème temps dans les
ballons rende les coquilles placées en B et D également phospho-
rescentes. On adapte alors une pompe pneumatique au ballon CD,
et l’on y raréfie l'air, puis, en excitant une décharge entre les tiges en
cuivre, on voit, après l’étincelle, les coquilles placées en D dans
l'air raréfié, beaucoup moins lumineuses que celles qui sont en B
dans l'air à la pression ordinaire. Au lieu de raréfier l'air dans CD,
on le comprime à trois où quatre atmosphères, au moyen d’une
pompe de compression. En opérant une décharge sans avoir dérangé
le système des tiges, on voit au contraire que les coquilles qui sont
en D dans Pair comprimé sont plus phosphorescentes que celles qui
sont en B à la pression ordinaire. D’après ces expériences, il n’est
plus permis de douter que la pression de l'air influe sur la produc-
üon du phénomène. Comme cette pression nagit pas sur les co-
quilles pour les rendre phosphorescentes, c’est donc l’étincelle qui
est modifiée. On peut conclure des faits rapportés ci-dessus que
lorsqu'on décharge une batterie toujours chargée au même degré,
l’étincelle qui en résulte, quand cette décharge a lieu dans Pair à
une pression moindre ou plus grande que la pression atmosphérique,
est tellement modifiée que sa radiation communique aux différentes
substances une phosphorescence moindre où plus grande que celle
qui a lieu à la pression ordinaire ; on savait depuis longtemps qu’en
faisant passer des étincelles dans le vide, la lumière est moins intense
que dans l’air à la pression ordinaire, et Dayy a montré que moins il
y avait de particules matérielles dans les milieux traversés par Pétin-
celle, plus la lumière de cette même étincelle diminuait d'intensité ;
mais je ferai remarquer que lorsqu'on fait passer des décharges de
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 239
très-fortes batteries dans le vide pneumatique, la lumière qui en
résulte paraît aussi vive que dans l'air à la pression ordinaire.
Le défaut de moyens pour comparer les lumières de cette nature
est cause que je: n’aipu comparer le degré d'intensité de la lueur
phosphorescente : c’est pour le même motif qu’en mettant dans un
des'ballons de l'acide carbonique à la pression ordinaire au lieu dair,
l'effet que l’on a obtenu sur les coquilles après la décharge était sen-
siblement le même que dans Pair à la même pression. Cependant il
ya uné différence entre l’étincelle qui éclate dans Pair et dans
l'acide carbonique, différence provenant de la nature du gaz,
comme l’a observé M. Faraday ; mais elle est telle qu’elle ne se ma-
nifeste pas d’une manière appréciable pour rendre les coquilles
inégalement phosphorescentes.
$ 2. Sur la phosphorescence par élévation de température.
Cauton, un des physiciens qui se sont le plus occupés de Ja phos-
phorescence des minéraux par élévation de température, a remarqué
que son pyrophore ne devenait phosphorescent par la chaleur qu’au-
tant qu’il avait été préalablement exposé aux rayons solaires. Cette
propriété se montre encore dans plusieurs pyrophores artificiels en
substituant aux rayons solaires l’étincelle électrique , comme l’a fait
Péarseall. Il paraît donc que la radiation de la lumière solaire ou
celle de la lumière électrique agit sur les coquilles en leur donnant
un nouveau mode d’arrangement moléculaire ; dans ce cas, comme
le pense mon père, les électricités dégagées se recombinent et for-
ment la lueur phosphorescente. Les corps bons conducteurs ne se-
raient jamais phosphorescents, comme le montre l'expérience, que
parce que les électricités, dégagées par l’action des rayons solaires,
240 MÉMOIRE
se réuniraient immédiatement au contact avant d’avoir acquis une
certaine tension.
Une preuve que la phosphorescence est due à un nouveau mode
d’arrangement moléculaire, c’est que les diverses variétés de chaux
fluatée ne sont phosphorescentes qu’autant qu’elles sont colorées,
bien qu’elles aient toutes la même composition chimique. Péarseal, en
soumettant de la chaux fluatée blanche à des décharges électriques ,
lui a communiqué une teinte violacée, de manière à lui donner
l'aspect d’une fluorine violette naturelle; elle est alors, de même
que celle-ci, phosphorescente par la chaleur. On sait que, si après
avoir exposé des coquilles à la lumière on les porte dans l’obscu-
rité , elles s’éteignent peu de temps après et redeviennent lumineuses
par élévation de température.
J'ai voulu savoir si un abaissement très-grand de température
diminuerait la phosphorescence des coquilles. Le résultat a confir-
mé mes prévisions. Ayant pris des coquilles phosphorescentes par
insolation , une partie fut placée dans une capsule plongée dans un
mélange réfrigérant à — 20°, et l’autre dans une capsule à la tem-
pérature ordinaire; on vit alors les coquilles dont on avait abaissé la
température perdre leur phosphorescence plus rapidement que les
autres.
Ayant mis des coquilles d’huitres calcinées dans deux capsules
différentes, l’une à la température ordinaire, l’autre à un mélange
réfrigérant, puis exposées pendant peu de temps à la lumière solaire
et reportées dans une chambre obscure, elles donnèrent sensible-
ment, même un quart d'heure après, la même lueur; mais les co-
quilles étant devenues obscures, si l’on mettait celles qui étaient dans
un mélange réfrigérant dans une capsule à la température ordinaire,
alors elles redevenaient phosphorescentes pour s’éteindre bientôt; si
lon élevait alors la température la lueur reparaissait.
SUR LA PHOSPHORESCENCE. 241
Que l’on prenne une pelle chauffée à 100° ou 200° à peu près, et
que l’on projette dessus des coquilles nouvellement calcinées, puis
qu’on les expose ainsi à l’action des rayons solaires et qu’on les rentre
immédiatement dans l’obscurité, elles présentent alors une lueur
phosphorique de peu de durée. Quand la pelle est chauffée à la
température rouge, alors les coquilles exposées à la lumière ne sont
plus phosphorescentes.
On voit par cette alternative de phosphorescence à diverses
températures que les corps sont excités par la radiation d’une ma-
nière différente suivant cette température, et que plus celle-ci est
basse, plus les corps sont excitables quand on les porte ensuite à la
lumière.
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PREMIER MÉMOIRE
SUR LES KAOLINS
OU ARGILES A PORCELAINE,
SUR LA NATURE, LE GISEMENT, L'ORIGINE ET L'EMPLOI
DE CETTE SORTE D’ARGILE,
Par M. ALEXANDRE BRONGNIART.
(Lu à l'Académie Royale des Sciences , le 24 décembre 1858).
Il est une matière terreuse qui, plus qu'aucune autre des subs-
tances ainsi nommées, a fixé depuis environ cent cinquante ans
l'attention , d’abord des potiers par son emploi distingué, puis celle
des chimistes par sa nature ambigué; enfin, et tout récemment,
celle des géologues, et par son origine longtemps présumée mais
maintenant reconnue , et par sa singulière position géognostique.
Cette matière est celle qu'on désigne par Je nom chinois et mal
défini de #aolin, ou par le nom encore plus vague de {erre ou
d'argile à porcelaine.
Quand on veut faire l’histoire d’une espèce bien déterminée, on
sait où S'arrêter; mais il n’en est pas ainsi d’une substance vaguement
définie , tantôt par son usage , tantôt par son origine, et qui ne peut
jamais l'être exactement, ni par sa nature, ni par ses propriétés. Car
sa nature est variable et ses propriétés n’offrent rien de tranché.
Axomves pu Muséum, voe I. 32
244 MÉMOIRE
De ce vague, de cette incertitude, il résulte qu’on pourrait com-
battre par des faits tantôt positifs, tantôt négatifs, tout ce que nous
dirions du kaolin si nous voulions le considérer d’une manière géné-
rale et comme on le ferait pour une véritable espèce minérale :.
Nous ne pouvons donc être clairs qu'en donnant léaumération
des kaolins ; nous tirerons de ces kaolins d’élite les propriétés et les
caractères généraux qui peuvent appartenir à ce mélange terreux.
ARTICLE I.
Détermination des kaokns et de leur origine.
$ 1. — Caractères minéralogiques et chimiques des kaolins.
Nous prendrons pour type du kaolin, les matières terreuses qui
entrent comme partie plastique et infusible dans la composition des
pâtes de porcelaine dure : de Sèvres, de Limoges, de Meissen en
Saxe, de Berlin, de Vienne, etc. Ce sont des matières que l’on
connait bien; on admet qu’elles ont entre elles la plus grande analo-
gie : or les propriétés communes qu’elles présentent nous serviront
à caractériser les kaolins, et par conséquent à juger quelles sont les
matières terreuses qu’on peut comprendre dansleur histoire, et quelles
sont celles qui n’ayant que de faibles analogies avec ces kaolins nor-
maux, doivent être considérées d’une autre manière et rapportées à
d’autres catégories.
Mais on ne sest pas plutôt félicité d’avoir échappé par une
1 Car il y a des matières terreuses très-différentes des kaolins , et avec lesquelles cepen-
dant on peut faire de la porcelaine dure. Il y a d’autres matières terreuses d’une origine et
d'une composition analogue à celle du kaolin, avec laquelle on ne pourrait faire aucune de
ces poteries qu'on appelle porcelaine.
SUR LES KAOLINS. 245
sorte de convention à la difficulté de préciser le corps dont nous
voulons traiter, qu’il se présente un nouvel embarras. Les masses
minérales auxquelles on donne le nom de kaolin, sont hétérogènes,
et elles ont deux sortes d’hétérogénéité, l’une grossière et visible, en
fait de véritables roches composées; l’autre tenue et invisible, leur
donne une apparence d’homogénéité.
Il est évident que ce ne peut être dans la première qu’on doit re-
chercher les vraies propriétés des kaolins , mais bien dans la partie
tenue et argiloïde qu’on en sépare par le lavage, et qui présente cette
sorte d’homogénéité.
On sent tout de suite que selon la manière dont s’opère ce la-
vage, selon le point où on l’arrête en le croyant suffisant, la partie
argileuse séparée doit avoir encore des propriétés différentes, suivant
le mélange sur lequel on a opéré.
Or nous appellerons roche kaolinique la masse minérale naturel-
lement composée de divers éléments, au nombre desquels se trouve
le aolin; ce ne sera qu’au kaolin, c’est-à-dire à l'argile séparée de
cette masse par le lavage le plus délicat, que devra se rapporter
tout ce que nous dirons sur les propriétés et l’origine des kaolins
normaux.
Mais cette argile tenue ne nous fait pas connaître encore la vraie
nature des kaolins. C’est toujours un mélange que les moyens méca-
niques les plus délicats ne peuvent pas détruire. Il faut avoir recours
à des procédés plus puissants, tels que l’action chimique des acides
ou des alcalis, pour isoler de-ces terres kaoliniques la combinaison
que les chimistes reconnaissent seule comme le vrac kaolin.
L'analyse de la terre kaolinique séparée de la roche kaolinique
par un lavage approprié donne la composition empirique de cette
terre, celle qui fait connaître ses qualités pour l’emploi qu’on veut
en faire. L'analyse du kaolin ou du silicate d’alumine engagé dans
Caractèr.s
minéralsgi-
ques.
Caractères
chimiques.
246 MÉMOIRE
cette terre est, disent les chimistes, la seule qui fasse connaitre la
composition réelle de ce silicate.
La première estune analyse empirique suffisante, peut-être même
la seule convenable , pour les arts céramiques. La seconde est une
analyse rationnelle utile à la science et à toutes ses hautes spécula-
tions.
Les roches kaoliniques que nous regardons comme normales, et
que nous avons indiquées plus haut, celles auxquelles s’appliqueront
les analyses et observations qui vont suivre, sont généralement ou
d'un blanc parfait, ou légèrement rosâtre, et quelquefois un peu
jaunâtre ; leur texture est lâche, terreuse , Souvent grenue ; les
grains qui la composent appartiennent au quarz , au felspath, au
mica. La basse de la masse est un minéral argiloïde blane, à texture
ordinairement terreuse, mais quelquefois aussi ezcore sensible-
ment laminiaire. C’est cette basse qui donne seule par le lavage,
et en plus ou moins grande quantité, la terre kaolinique, et enfin
le £aolin.
C’est aussi cette dernière substance qui a été ou qui a dû être seule
analysée dans les recherches chimiques qu’on à faites sur les kaolins,
soit par les procédés empiriques , soit par les procédés plus sczentr-
Jiques mis en usage, d’abord par M. Forchhammer de Copenha-
gue, puis par MM. Berthier, Boase, Malaguti, etc. Nous ne savons
_ pas toujours si cette distinction a été admise par les chimistes dont
nous emploierons les analyses, mais nous devons dire que ce procédé
est le seul qui soit maintenant pratiqué dans le laboratoire de Sèvres,
comme étant aussi Le seul qui puisse nous faire connaitre le plus exac-
tement possible la véritable argile à laquelle on doive appliquer le
nom de £aolin.
Le corps dont nous allons présenter l’histoire, étant aussi bien ca-
ractérisé et limité que sa nature hétérogène permet de le faire , nous
SUR LES KAOLINS. 247
devons chercher à déterminer sa composition , d’abord en éxposant
les analyses de tous les kaolins auxquels ‘on peut, d’après notre ca-
ractérisation , appliquer ce nom, ensuite en tirant de ces analyses les
résultats ou considérations générales qu’elles peuvent offrir.
Le tableau qui va suivre contient la plupart des analyses connues,
des matières nommées kaolin ou terre à porcelaine, afin que chacun
puisse y trouver tous les renseignements qu'il peut désirer et qu’elles
peuvent fournir, et pour qu’on ne puisse pas nous reprocher de m’avoir
fait connaitre que ce qui pouvait convenir à nos vues; mais on vient
de voir que nous sommes loin d’attacher à tous ces faits la même im-
portance, le même degré de confiance sous le rapport, ou de la
véritable nature kaolinique des matières examinées , ou de l’exacti-
tude de leur analyse ; il nous est bien permis de choisir, et c’est
même le devoir d’une bonne critique de n’user que des faits doués
de tous les caractères d’exactitude que, seuls, on doit priser.
On voit que le plus grand nombre de ces analyses a été fait,
dans le laboratoire de la manufacture royale de porcelaine
de Sèvres, d’abord par M. A. Laurent qui a travaillé deux ans
dans ce laboratoire, ensuite par M. Malaguti , qui sera compté au
nombre des plus savants chimistes qui aient illustré cet établissement.
Ce dernier a bien voulu, sur quelques-unes de mes idées qu’il a
considérablement agrandies, entreprendre et poursuivre un grand
travail sur le kaolin et le felspath , travail dont les détails et les ré-
sultats vont faire une des parties les plus importantes de ce mémoire,
et surtout de celui qui le suivra, travail sans lequel ces mémoires
ne pourraient avoir qu'un intérêt purement géologique et technique.
Le tableau suivant présente donc toutes les analyses de kaolin qui
sont venues à notre connaissance, et dans lesquelles on puisse mettre
quelque confiance. Nous donnons ce tableau sans discussion, sans
conséquence théorique ; nous présenterons les considérations géné-
248 MÉMOIRE
rales dans le second mémoire; elles deviendront plus importantes et
plus sûres par les nouveaux travaux qui ont été poursuivis depuis k
lecture de ce mémoire, faite en décembre dernier.
Nora. Nous avons du distinguer dans ce tableau les analyses que
nous avons désignées sous le nom de rationnelles de celles qu’on
peut appeler empiriques. Dans les rationnelles, qui s'appliquent au
plus grand nombre de kaolins analysés, les trois premières colonnes
ne donnent que la contenance en silice, alumine et eau, sur 100 par-
ties de l'argile extraite du kaolin lavé; la dernière colonne fait con-
naitre le résidu non argileux qu'ont laissé 100 parties du kaolin traité
par les acides et les alcalis.
L’indication L. S. fait connaitre que l’analyse a été faite dans le
laboratoire de Sèvres par les chimistes qui ont été attachés à cet
établissement.
E. d. veut dire eau distraite.
SUR LES KAOLINS.
TABLEAU
DES ANALYSES DE DIFFÉRENTS KAOLINS
ANALYSES EMPIRIQUES.
LITÉS 0 | ; HA
SUIPE NIMES <E|Re 3°
FRANCE.
. S. Yricix, près Limo-
ges. Par lavage en pe- 48,00 37,001..6.1..... smoolooss ..
tit.
= Argile de kaolin
argileux (moyenne de »54,00|12,60|..….
40 analyses).
54,80|42,00| .....
caïllouteux (moyenne
de 3 analyses,
Mas
|
— Argile de ata
bi
|
MS
|
Fr
_ Ars ile de kaolin . 7134,65[12,17 3l..…..[tr...| 9 L.S. Mal ré
bus (de 1838). HT 309 ! Tr ,76 Malaguti
Louhossoa , près | SE 324023. 1.2... LL. Berthier, Ann, des mi-
F0 si LR Soon À el 6) BL C 20/23, | Pate
Id; 56,20/48,70|. .…. 38,00/23,00)..…...| 0,50frr... |... |L. S. Malaguti.
Du bourg Despicux 12.0 1360. ’ ze :
(Manche).> : j COÉL © DE QUE ©) OT 34,51|12,09 339 Tr... 9,67 | L. S. Malaguti.
|
Seignaux (près Ta- bre 33,10/29,00! 9,40/.......l...| .. Îug,50f Berthier, Ann. ch.
: 4 l ÿ” ci he Scoot cllecauallouace 9, L ARE 8,50! ur
[
De la Garde Freynet, } «> 2 50]. l
près S. Tropez (Var). "55, 80126,00100,20 Id.
Marcus (Ariège). |... 20,00! 9,08! 1,24 0,48/42,00 | L. S. Malaguti.
. Mende (Lozère). CCCES LEO LEO CES PP OP PP PAR 22,53 9,70 4,32 sde 3,37 24,61 NS! Malaguti.
Id. 63,50]28,00| 8,00|... . . . . ... | Berthier, Ann, de ch.
| EEE sales 89,91136,37112,94| 41,80 [Tr] 8,96 | L. S. Malaguti.
|
. (Puy-de- [e 82,93129,88/10,73| 1,56 Tr... 124,87 Id
ANALYSES RATIONNELLES.
…
Fa
1
249
AUTEURS.
Berthier. 1824.
Id. 41835.
L. S. Laur. et Malog.
Id.
LOCALITÉS.
|
ANGLETERRE. |
14 a. Stephens en Car)
nouaïlles.
14 0. Id.
Lavé.
46 b. — Cornouailles.
17. Plymton (Devonsh.).
ITALIE.
18. Chiesi (ile d'Elbe).
19. Borgmanero(Piém.).
ALLEMAGNE.
BAVIÈRE.
21, Passau.
22, Rana (Passau).
3. Averbach (Passau),
24. Diendorf, près Haf-|
SAXE.
25 a. Aue, pr. Schneeb.
25 b. Id.
25 c. 1d.
26.a.Kasçhna, pr.Meiss.
26 b. Id,
27 a. Seïlitz, près Meiss.
27 b. Id,
28 a.Schletta,yprès Mciss.
16 a. — Cornouüilles. | 54 30143,20
20. Tretto,près de Schio.| .-..
MÉMOIRE
ANALYSES EMPIRIQUES.
15.Dreage en Cornouaôl. | +2 -|-:#e|.s|ee-l-c.-b. |: pe) -sh:
…
9
nerszell (Passau). bide Al Oo p] OS A1 EOCOE DOCOSt EI QUSY Et QD CG -
ANALYSES RATIONNELLES.
Residu
non
argileux
37,07|25,28| 6,64
15,34 35 48 17,24 Mgetman
9
231
. [L. S. Malaguti
Boase.
L.S. Malaguti.
5|L.S. Malaguti.
Forchhamer, 1835:
L. S. Malaguti.
AUTEURS.
IA.
G. Rose.
Berthier.
PA S. Malaguti.
Kühn, de Meisse
L. $. Malaguti.
Kiïhn de Meisse
Berth., An.de ch:
L. S. Malaguti.
SUR LES KAOLINS. 251
: ANALYSES EMPIRIQUES. ANALYSES RATIONNELLES.
LOCALITÉS. AUTEURS.
:
: È ë # 3.5 |. È E
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SAXE. SD QU LES 5) EEE
28 B.Schletta, près Meiss- 58,60134,60101,80/.....[ 02,40/.....1E. d.1.....1.....1.....1....... ses...) Berthier, Ann.de ch.*
CERCLE DE LA SAALE.
29. Morl, près de Hall. |71,42/26,07| 0,13) 0,13/P. 0,45 01,98JE. d......|.....1.....1.....,,0...0... 0... Mitscherlich.
Id. snnnr nsc slsssoslosooelesoescclees..l.....126,10122,501 7,551... .. -[Tr... [43,811 x. s. Malaguti.
BOHEME.
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30 8. 1d. colaaheects luc |..." fe... h....145,07188,15|09,69|Ca. mg. |: -+.-|Tr... 105,53] L. S. Malaguti.
M, Zutlitz(Carlsbad). |-.........|....)....l......f"....f"...183,98)/26,66| 9,55 TPE sc. |Te.128:68 Id.
32, Munchsoff (id.). É + DES ER .....).....144,12/40,61 113,56 0,95]-«-.. Tr... [00,74
HONGRIE. >
33. Prinzdorff. |... ".....%...)....126,76/15,17| 5,22] 4,83|-.-. 0,56150,40 Id.
SCANDINAVIE.
34 à. Bornholm. 1..." 0....fre.t..185,10/29,50/10,741 3,48/--+.-1.....[ 3,16] Forchhamer,
4 D. Id. |... ht"... p..)....18857184,9912,52] 0,54 0,951... 13,36]. S. Malaguti.
RUSSIE.
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PORTUGAL.
36, Oporto. rnle les |L..:-4): .140,62|48,94/14,62)....... c....).....| 0,11 Id
ESPAGNE.
37. Sargadelos (Galice). | -+..|.....{.....)...../.......1....1....143,2587,3812,83) 00,88|-----[Tr...! 5,64
AMÉRIQUE SEPT. |
38. NVilmineton dans la}.
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39. NN LAULE OOELC) LELEES LLC) POCPCON CCCOES CORPS
CHINE ET JAPON.
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108. Ia. 76,...|17,00[00,15|0060 66 00 00,30/E. a.|.....|... :ÎL. S. Malaguti.
We. Id. co LT 2e) BC AS AR CT AM ET CE 2 RER “408 0,43]68,18 Id.
1" Japon. (Id.) 75,90.20,001.....100,601 03,501.....ÎE.d. Doll éédoc Id.
ÆM: Beribier ne dit pas qu’il vient de Schletta; mais l’origine porphyrique qu'il attribue à ce kaolin de Meissen ne pent guère se rapporter qu’à celui de Schletta
Ancmives pu Muséum, To I, 33
252 MÉMOIRE
$ 2.— Origine minéralogique des kaolins.
Les kaolins sont pour nous des roches altérées, des roches qui ne
se présentent plus avec lintégrité des caractères minéralogiques et
chimiques qu’elles avaient au moment de leur formation. Les rochés
kaoliniques proviennent, dans notre opinion, d’espèces minérales
complètes qui ont été plus ou moins décomposées, mais elles ne sont
plus elles-mêmes des espèces minérales. Elles n’ont ni homogénéité,
ni forme cristalline, seuls caractères qui puissent, à notre avis, cons-
tituer, avec la composition définie, une véritable espèce minérale.
Quelles sont les espèces minérales dont les kaolins sont origi-
naires? quel genre d’altération ces espèces ont-elles éprouvé avant
d’être amenées à l’état de kaolin? quelles peuvent étre les causes de
ces altérations? Ce sont trois séries de questions que nous allons es-
sayer de résoudre , et dont les solutions non-seulement ne peuvent
être indépendantes l’une de l’autre, mais qui sont en outre liées avec
le mode de gisement des kaolins ; nous devons cependant Les traiter
séparément.
On regarde les kaolins, tels que nous les avons définis, comme
résultant de la décomposition du felspath où de roches qui ont ce
minéral pour base ou pour partie dominante.
Deux classes d'observations ou d'expériences doivent conduire à
la preuve de cette opinion :
1° La position des kaolins par rapport au felspath, et la transition
insensible de ce minéral à cette terre.
2° L'analyse chimique qui doit faire trouver dans les kaolins les
éléments des felspath, moins ceux qui ont été enlevés par ‘la
décomposition.
Ces deux voies ne s'accordent pas toujours pour conduire à l’ori-
SUR LES KAOLINS. 253
gine des kaolins avec la même certitude : la seconde présente, comme
on le verra, beaucoup d’embarras ; mais la première nous parait si
sûre, si évidente, qu’elle nous force de croire qu'il y a dans la se-
conde des phénomènes que nous n’avons pas encore su apprécier.
1° (Position.) On sait depuis longtemps que les kaolins normaux
ne se trouvent ez place que dans les terrains de cristallisation com-
posés de roches granitoïdes, gneissiques, euritiques ', et unique-
ment dans celles de ces roches qui renferment le felspath alcalin,
soit laminiaire, soit compacte.
Les pegmatites, roches essentiellement composées de quarz et
de felspath généralement laminiaire, sont celles qui présentent les
kaolins les mieux caractérisés, les plus beaux, et presque les seuls
qui soient employés dans la fabrication des belles porcelaines. Or,
c’est dans ces roches, et surtout dans la dernière, qu’on peut suivre
la dégradation successive du felspath laminiaire et solide, quel-
quefois transparent, au felspath toujours laminiaire, mais blanc
opaque et friable, enfin au kaolin terreux blanc de lait, et mon-
trant encore quelquefois la structure laminiaire et si connue du
felspath.
Bien mieux, on a vu des cristaux de felspath, nullement défor-
més, entièrement changés en matière kaolinique.
La carrière ou mine de kaolin d’Aue, près Schnéeberg, qui a été
pendant longtemps la base de la belle porcelaine de Saxe, fournit des
preuves de l’origine felspathique du kaolin, qui me semblent de la
dernière évidence. Parmi ces preuves je citerai un morceau de quarz
amorphe rougeûtre (pl. VIIL, fig. 4), à peine translucide, et creusé
de plusieurs cavités. Ces cavités ne sont pas irrégulières, mais elles
! Les roches euritiques comprennent, outre les eurites, toutes les roches à pâte dont ]:
nature est felspathique, tels que les porphyres proprement dits, les pétrosilex, etc.
254 MÉMOIRE
offrent le moule très-exact et très-net de eristaux volumineux qui ont
appartenu à une variété de felspath d’une forme bien déterminée.
Les cristaux de ce minéral qui ont rempli ces cavités et sur les-
quels le quarz s’est moulé, ont été altérés sur place et changés
en kaolin. Ce kaolin rosâtre pulvérulent remplit encore en par-
tie les cavités du bel échantillon que j'ai pris autrefois à Schnée-
berg et que j'ai placé dans la collection minéralogique du Muséum
d'histoire naturelle.
L'origine du kaolin, dans de telles circonstances, ne peut donc
plus être douteuse. C’est évidemment pour moi une altération chi-
mique du felspath, altération d’une nature différente des vraies et
complètes épigénies, telles que celles du calcaire, de la fluorine,
de la barytine, etc., en quarz, du quarz de Bareuth en stéa-
tile, etc., etc., épigénies dans lesquelles il ne reste du minéral
originaire que la forme. Ici il y a la forme qui décèle l’origine
et les élements (incomplets, il est vrai, puisqu'il n’y a pas eu
simple désagrégation) qui la confirment. On trouve dans la nature
des exemples d’altération semblables à celle du kaolin. Les am-
phigènes, en perdant leur potasse, sont transformés en une
espèce de kaolin. Le verre lui-même, exposé longtemps aux
influences atmosphériques, perd aussi sa potasse, et se change,
comme Va fait connaître M. Dumas, en une matière perlée ana-
logue au kaolin. On remarque qu'il n’y a guère que les miné-
raux alkalifères-potassiques qui présentent ce mode de décom-
position. Nous reviendrons sur ce point dans une autre occasion.
2° (Analyse). Le fait de l’origine du kaolin tirée du felspath,
nous paraissant établi par des observations minéralogiques, d’une
manière évidente dans un grand nombre de circonstances, si ce n’est
dans toutes, il s’agit de peser les difficultés que les chimistes élèvent
contre cette origine, en faisant remarquer la grande variété de silica-
SUR LES KAOLINS. 255
tes d’alumine que semblent présenter les divers kaolins comparés à
unité de composition de tous les felspath potassiques.
Nousne ferons qu’indiquer dans ce premier mémoire les différentes
manières dont on peut considérer cette transformation qui sera dis-
cutée avec plus de profondeur dans l'exposé du travail chimique que
M. Malaguti a entrepris pour déterminer la véritable composition
du kaolin; mais on peut déjà admettre trois modes de transformation
qui ont agi ensemble ou séparément.
Dansle premier mode, les silicates de potasse enlevés au felspath
par des causes que nous rechercherons plus tard, peuvent avoir
été de formules différentes, etles kaolins qui en auront résulté pour-
ront, quoiqu’ayant la même origine, présenter des silicates d’alu-
mine d’une composition très-variée. Ce seront différentes décompo-
sitions du même corps sous des influences diverses, mais sans épigé-
nies, C'est-à-dire sans introduction d’un élément étranger.
Dansle second cas, qui me parait un des plus admissibles, la cause,
l'influence chimique qui a enlevé au felspath sa potasse avec plus ou
moins de silice, peut avoir introduit à l’état de quarz ou à l’état de
silice (ce qui, pour moi, n’est pas la même chose) une nouvelle
quantité de ce corps; ce sera une épigénie partielle comme on en
voit un si grand nombre d'exemples dans la nature et dans le felspath
lui-même, qui se présente quelquefois sans altération dans sa forme,
mais presque entièrement remplacé par de la steatite, du sable mi-
cacé ou même de l’étain.
Le troisième cas, qui parait à quelques chimistes le plus fréquent
et le plus vraisemblable, mais qui me semble, au contraire, le plus
rare, c’est d'admettre qu'il y a du kaolin qui ne soit pas originaire
du felspath, mais d’autres minéraux à silicate d’alumine.
Je ne dis pas que les kaolins qui ont pris naissance dans des roches
felspathiques composées, tels que les granites proprement dits, les
256 MÉMOIRE
gneiss, les diorites, les porphyres et autres roches, n’aient emprunté
quelques éléments aux minéraux de ces roches, qui, alkalifères
comme le mica, ferrifères comme l’amphibole dans la diorite, ont
été altérées par les mêmes influences et dans le même moment que le
felspath. Nous avons des exemples de ce fait (à St-Yrieix, à Cambo,
à Passau, etc.), dans les gneïss entièrement terreux, rouges et onc-
tueux par la désagrégation du mica ', car on trouve à St-Yrieix, au
milieu des roches kaoliniques, des nodules de mica noirâtres et pà-
teux comme de largile, On trouve des kaolins d’un vert plus ou
moins foncé, qui se lient par des nuances insensibles de décomposi-
tion, à la diorite schistoide qui les accompagne; maisles kaolins purs,
les kaolins normaux, ne viennent que du felspath laminiaire des
pegmatites, ces roches quarzo-felspathiques généralement blanches,
et qui ne renferment que quelques lamelles éparses de mica.
ARTICLE IL.
Enumération des princtpaux kaolins connus et description particulière
de certains gites.
Je ferai entrer d’abord, dans les descriptions détaillées qui vont
suivre , les gites ou carrières de kaolin que jai visitées, et je les clas-
serai géographiquement.
Mais pour rendre ce travail aussi complet qu’il west possible, je
ferai précéder ces descriptions de l'indication des gites ou carrières
connues où même indiquées dans chaque pays, pourvu que ces in-
dications soient assez précises pour qu’on puisse les appliquer avec
Ces micas, examinés depuis la lecture de ce mémoire, ne sont point décomposés, mais
seulement désagrégés.
SUR LES: KAOLINS. 257
vraisemblance à cette sorte d’argile. La manufacture royale de
Sèvres, possédant, dans sa collection céramique, des échantillons
de la plupart de ces kaolins, je tâcherai d’en donner une idée par
une courte description.
Comme il ne s'agit pas ici de signaler une espèce minérale par des
propriétés scientifiques, réellement caractéristiques, mais de pein-
dre aussi bien qu'il est possible des variétés presque individuelles,
si toutefois une telle expression pouvait s'appliquer à des mélanges
terreux, j’emploierai le langage si éminemment descriptif et si
bien défini de l’école de Werner, autant du moins qu'il sera appli-
cable à la matière. Quant à la composition, comme eïle a été
donnée dans le tableau des analyses, je me contenterai d’y renvoyer.
Les kaolins Compris dans ce tableau, et dont la manufacture de
Sèvres possède des échantillons sont marqués du signe M. S.
$ 1. — Tableau des principaux gîtes de kaolin connus.
Po edge te ee 20 Paper
PAYS, lon RENVOIS
DÉPARTEMENTS OU PROVINCES, DESCRIPTION ET ANNOTATIONS
ET LOCALITÉS. : - DIVERS
A. FRANCE.
ALLIER. Clos de Madame ,fAssez blanc, grains grossiers. La|[MS. Anal. n° 12,
près d’Echassiè-| porcelaine dans laquelle il entre
res, canton d'E-| paraîtavoirsur les couleurs tirées
breuil. de l'or, une influence altérante
4 dont on n’a pas encore pu décou-
vrir la cause.
ARRIÈGE. Mercus. Käolin argileux très-blanc. Il est in-[MS. Anal. n° 10.
fusible et reste très-blanc; mais il
se travaille difficilement.
Seignaux, près Ta-|.:........ Do 19000 0vmond ue /... [Anal. n°8.
rascon.
258
CREUSE,
CuARENTE.
Drowe.
LANDES.
Lozire.
Mancue.
Morziman.
One.
Pux-ne-Doucs.
MÉMOIRE
Combauvert, près[Jaunâtre, sableux et caillouteux, et MS.
Thauron. conservant au feu sa conleur
jaune.
Dignac. Sablonneux, très-quarzeux. MS.
? Blanc, argileux, assez plastique, in-|MS.
fusible.
St.-Martin de Dax. Jante bonne pentlstque, MS.
s'agglutine au feu de porcelaine.
Des Fourches, prèsRougeâtre-pâle, très-impur, sa-[MS. Anal. n° 11.
Mende. bleux, sans plasticité, micacé, in-
fusible ; devient gris au feu de
porcelaine.
Les Pieux, à l'ouest| Aspect jaunâtre, sableux, tantôt|MS. Anal. n° 7.
de Cherbourg. caillouteux, tantôt argileux.
(Poir la descrip. A. 4, p.272.)
Ponthivy. Blanc, doux au toucher, paillettes|MS.
talqueuses.
Port-Louis. Blanc- grisâtre , veiné de jaune|MS.
ocreux, doux au toucher, paillettes
talqueuses.
Yest l'argile blanche de Mac-
quer ( dict. de chimie , p. 214,
édit. de 1789.)
Alencon. Grisâtre, jaunâtre, caillouteux. C’est/MS.
à le premier kaolin connu.
Voir la descript. À. 3, p. 270.)
habrol, Jaunâtre, maigre. MS. Anal. n° 13.
Valette. Blanc-grisâtre, caillouteux, argile] MS.
par décantation, jaunâtre.
Chapelle-St.-Nico-|Caillouteux, veines rougeâtres , la-[MS.
las, près Ambert| melles talqueuses ou de mica
et Usson, près] blanc; paraît être une arkose dé-
d'Issoire, composée.
Tournoïl, près Vol-[Gris-sale, dur, maigre, structure|MS.
vic. schistoïde, veines rougeâtres; pa-
raît avoir la même origine.
‘ SUR LES KAOLINS.
Puy-pr-poME. |[Sauxillanges, près|Argiloïde, jaune-rosâtre pâle, doux
d'Issoire. au toucher. Il est employé comme
argile par les potiers du lieu.
Il setrouve à peu de profondeur,
dans une plaine, et m’a paru le
produit du lavage naturel des
e arkoses kaoliniques qui couron-
, nent les sommets granitiques des
environs.
Pxaënées(Haur.)|Montgaillard , près|Sablonneux, jaunâtre, grisâtre, mai-
Tarbes. gre au toucher; veines et recou-
vrement d’un jaune rougeâtre fer-
rugineux ; résultant de la décom-
position d’un gneiss très felspathi-
que à mica blanc.
Pyrénées (Bass.).|Louhossoa ; Ma-|Blancdelait, quelquestaches brunes,
caye , etc., près] doux au toucher.
Cambo. (Pair la descript. A 2, p. 269.)
VAUCLUSE. Apt. Sableux, dur, maigre, grisâtre.
VENDÉE. La Châtaigneraye >|Très-caillouteux, grisâtre.
Vienne (Haute). Su-Vricix et les en- (Poir la descript. A 1, p.263.)
virons.
Var. La Garde Freynet ,|Un banc de 12 à 14 mètres d’épais-
près St.-Tropez.| seur,avec pegmatite,graphite,etc.,
en couches subordonnées dans un
micaschiste rougeâtre, mélé de
beaucoup de felspath non décom-
posé. (BERTHIER.)
B. ANGLETERRE.
Conwowaizzes. |St.-Stephens. Blanc de lait, argiloïde, fin, doux au
toucher.
Breage. Goo HA DENT OC Lt DOODOOCIOE
Arcnives Du Muséum, our I.
259
MS.
MS.
MS. Anal n° 5
et 6.
MS.
MS.
MS. Anal. n°*
à 4.
Anal. n° 9.
260 MÉMOIRE
Devowsuire. Plymton. Blanc rosâtre? argiloïde, fin, doux
au toucher.
Ces kaolins paraissent venir des
felspath qui font partie de ces
pegmatiques à petits grains que
les fabricants de porcelaine anglais
nomment cornish stone.
C. PAYS ALLEMANDS, SCANDINAVES
ET RUSSES.
SAXE. Aue, près Schnée-[Rosâtre, argileux, un peu maigre
berg. (Poir la descript. C. 1,p.274.)
Seilitz, près Meis-|Caillouteux, grisâtre, doux au tou-
sen. cher.
Kaschna ou Kasch-|Argileux, mais dur , grisâtre ; argile
ka, non hin de] blanche, douce au toucher.
Meissen.
Schletta, près Meis-|Grisâtre, maigre, fusible en une
sen. masse pâteuse grisâtre ; originaire
d’un stigmite porphyroïde (pech-
slein porphyr).
Cereze De La[Morl, près Hall. [D'un blanc grisâtre, argiloïde, mais
SaaLr maigre.
Beïdersée. D'un blanc rosâtre.
(Poir la descript. C 2, p.276.)
Tavurince, Weissenfels. Suivant M. Freisleben, ce kaolin
résulte du lavage d’une arkose mi-
liaire du terrain pæcilitique ( ou
du grès bigarré).
Bouève. Sosa, près de Jo-|Caillouteux , blanc, dur, un peu
hanngeorgenstadt.| maigre.
Dans un granite, aux abords
d’un filon de quarz, avec salbande
de fer limonite qui le traverse.
(Por. pl. VIT, fig. 3, et son
explication.)
MS. An. n° 17.
MS Anal. n°°
25 et L.
MS. Anal. n°°
ayMeLETEE
MS.Anal.n° 6.
MS.Anal. n° 98.
MS. Anal.n°29.
MS.
MS.Anal.n° 30.
Bouixe.
Bavière.
Moravie.
ScANDINAVIE.
Russie.
Howçrie.
SUR LES KAOLINS.
Zetlitz, près Carls-|[Caillouteux, blanc grisâtre, maigre
bad. au toucher.
Munschof , près|Gris, argileux, doux au toucher;
Carlsbad. ressemble plutôt à une argile plas-
tique qu’à un kaolin.
(Poir la descript. C 4, p. 280.)
Hohenberg, près D'un blanc grisâtre, caillouteux,
d'Eger. maigre , lamelles de tale ou mica
blanc; ressemble beaucoup au
kaolin d’arkose de l'Auvergne.
Passau, en général.|......... cv te re ce
— Rana. Blanc, argiloïde, maigre.
— Auerbach. Blanc grisâtre, argiloïde , maigre.
— Diendorf. Blanc, sableux, maigre.
(Poir la descript. C 3, p. 277.)
Brenditz. Blanc, argileux, maigre au toucher.
Émployé à Vienne dans la fa-
brication de la faïence fine.
Ile de Bornholm. ‘Blanc srisâtre, sableux, maigre au
toucher.
Au grand feu fond en partie et
développe beaucoup de points
noirs. É
Gouvernement de Blanc de lait, très-argileux, doux
Risanski. au toucher.
Très-remarquable par la quan-
tité d’alumine qu’il renferme.
Isetsk, environs|Rosâtre, pulvéruleux, doux au tou-
d'Ekaterinebourg. | cher.
Prinzdorf, au pied|D’un blanc grisâtre, assez solide
0 DE 5 ; : ;
méridional du) argiloïde et un peu caillouteux;
Szitna, en remon- artie argileuse assez douce au
1 ERRS 5
tant la rivière de] toucher.
Schemnitz. Suivant M. Bcudant, ce kaolin
et celui du village de Csereny aux
environs de Hradek appartiennent
au terrain de conglomérat ponceux
et résultent de la décomposition
complète de la ponce,
261
MS.Anal.n° 31.
MS. Anal.n° 32.
MS.
Anal. n° 2.
MS. Anal. n°22.
MS. Anal.n°23.
MS. Anal.n° 24.
MS.
MS. Anal. n°
34° et 34°.
MS. Anal.n°35.
MS.
MS. Anal. n° 3.
262
D. PAYS ITALIENS.
VicENTIN.
Schio.
Prémonr. Bourgmanero
Novarez.
11e n'Ezer. Chiesi.
E. ESPAGNE ET PORTUGAL.
Garros.
Mondonedo.
Novvezze - Cas - Alcaraz, dans
TILLE. | Mancha Alta.
Royauuene Léon. Zamora.
Province DE Ber- Oporto.
RA, EN Ponruc.|
MÉMOIRE
Tretto, près de[Brut, d’un blanc jaunâtre, solide ;| MS.
argileux, doux au toucher.
Lavé, d’un blanc de lait, fin, doux| MS. Anal. n° 20.
au toucher ; au grand feu durcit,
ne fond pas, reste blanc.
(Poir Ê deseript. D 4, p. 282.)
en|Blanc rosâtre, pulvéruleux, ge MS. Anal. n° 19
Infusible , blanchissant au feu.
Rte amie lei clous ie se Anal. n° 18.
Sargadelos , près|Blanc de perle, argileux, doux au! MS. An. n° 37.
toucher.
la|Blanc de lait, éclatant, fin, doux au! MS.
toucher.
Blanc, grisâtre, maigre; est-ce un| MS.
kaolin ?
Blanc jaunâtre, argiloïde, solide ,| MS. An. n° 56.
maigre.
F. AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.
DELAwWaARE. Newcastle. Blanc rosâtre pâle, caillouteux ;| MS. An. n° 39.
maigre.
Wilmington. Blanc, caillouteux , friable, maigre.| MS. An. n° 58.
SUR LES KAOLINS. 263
G. ASIE.
Cuir. deesesese.ee.. [Pain enparellélipède , de 10 centim.| MS. An. n°* 4o*
surget3,5 centim.avectimbre chi- et 4ob.
nois; d’un blanc jaune, rosâtre,
sale; toucher maigre, friable.
L'analyse fait voir combien il
est peu aluminé. Il se ramollit au
feu de porcelaine.
Jarox. dueesseee......[Pierre dite à porcelaine; donnée] MS. An. n° 41.
par M. Siebold en 1835.
C'est , en effet, une vraie pierre
qui ressemble à un grès, mais elle
se laisse entamer au couteau, et
l'analyse fait voir qu’elle contient
encore plus de 20 pour 100 d’alu-
mine. Élle est absolument inalté-
rable au feu de porcelaine.
$ 2. — Description particulière de certains gîtes de kaolin.
4.1. Kaolins et roches kaoliniques des environs de Sainr-Yr1Erx-LA-PERCHE ,
à environ 28 kil. au S. de Limocrs.
Ce gîte est, après celui des mauvais kaolins d'Alençon, le pre-
mier qui ait été connu en France. Son étendue, ses particularités
techniques et géologiques lui donnent une grande importance , et si
on voulait faire son histoire détaillée sous tous les rapports, il four-
nirait la matière d’un volume.
Nous ne devons le considérer que sous les rapports géologique,
technique et commercial les plus saillants.
La découverte de ce premier beau kaolin français fut faite en
1765. Elle est due, comme celle du kaolin de Passau, au hasard,
à une méprise, et nullement à la science. La femme d’un chirurgien
deSt-Yriex, nommé Darnet, ramassa cetteterre blanche et onctueuse
comme matière savonneuse propre à blanchir le linge. Son mari
lui soupçonna une autre nature, et pour éclaircir un doute qu'un
264 MÉMOIRE
homme sans aucune instruction n’aurait pas eu, il la porta à un
pharmacien de Bordeaux, nommé Villaris. Les présomptions de
celui-ci allèrent plus loin , et croyant y reconnaitre les caractères de
la vraie terre à porcelaine des chinois, nommée Laon, 1 la soumit
à l'examen de Macquer, qui, par ses expériences, faites à Sèvres
en 1768, changea le doute en certitude.
Depuis lors la reconnaissance des kaolins aux environs de St-
Yrieix, à plusieurs kilomètres àla ronde, et surtout versle N. E. et l'E.
a donné naissance à une exploitation très-étendue, très-active, et
qui a fait parfaitement connaitre la position géognostique et le mode
de gisement des roches kaoliniques.
Ces roches sont situées au milieu d’un plateau, ou sur un gros
mamelon de granite, qui est recouvert, àSt-Yrieix et dans les envi-
rons de cette ville, de gneiss, comme roche dominante (pl. I.).
Le gneiss, tant superficiel que profond, est rarement intact et
solide, mais presque toujours altéré en une roche kaolinique très-
impure , rougeàtre ou Jaunâtre
Des diorites schistoïdes (pl. IIL. A), roches felspathiques comme
le gneiss et non moins altérables que lui, sont décomposées en une
roche kaolinique d’un noir verdätre, et quelquefois en kaolin d’un
beau vert céladon (pl. IL, k. v.), qui fond en une masse brunätre.
Ce sont ces principales roches à structure schisteuse qui consti-
tuent la base du terrain à kaolin. Elles sont traversées par des filons
de quarz assez réguliers (pl. IE, Q) et parfaitement déterminés
comme filons.
Ces diorites ont enveloppé des masses de pegmatites, et elles les
pénètrent souvent; elles sont aussi traversées çà et là par des masses
de felspath, ou plutôt de pegmatite plus où moins caractérisée,
qui sont peut-être en filons comme le quarz, et qui sont comme lui
restées intactes , au milieu de toutes ces roches si complétement al-
SUR LES KAOLINS. 265
térées. C’est une circonstance assez rare, car le plus ordinairement
elles ont subi la décomposition qui les a amenées à l’état de kaolin ;
nommé cœllouteux , quand il est très-quarzeux et argileux quand il
provient d’un felspath presque pur.
C’est donc dans ce terrain de gneiss et de diorite schistoïde alté-
rés en matière terreuse, friable ettendre jusqu’à l’onctuosité , que se
présentent pour l’exploitantlesmasses de kaolin, et pour legéologueles
roches précitées, disposées, dans le kaolin, en filons, veines et amas
irréguliers, comme celui-ci l’était dans les gneiss et diorites altéres.
Les planches ci-jointes, expliquées plus bas, feront bien mieux con-
naïtre ces remarquables dispositions, que la plus longue description.
Les exploitants ont remarqué que le kaolin dit argileux , celui qui
est le plus exempt de grains de quarz et de grains de felspath non
décomposés, était plus rare que le kaolin dit caillouteux, et se trou-
vait assez constamment dans Ja profondeur. Ils ont remarqué égale-
ment que les masses de pegmatites non décomposées et même de
felspath assez pur, qui se montrent au milieu ou sur les bords du
bassin des roches kaoliniques, faisaient voir un commencement d’al-
tération sur les parois des fissures qui les traversent, lorsque ces
fissures étaient constämment abreuvées d’eau.
La plupart des minéraux qui se rencontrent dans les terrains de
cristallisation granitoïde, gneissique et dioritique, se rencontrent aussi
dans le bassin de St-Yrieix, mais encore plutôt sur les bords que
dans le milieu ; ils y sont peu ou point altérés. Tels sont des nodu-
les d’un noir luisant, tirant sur le verdâtre, ressemblant à du gra-
phite, et mêlé d’un peu de kaolin ; mais qui, d’après les essais faits
dans le laboratoire de Sèvres, nerenferment rien de charbonneux; des
nodules de mica d’un noir verdâtre et très-onctueux , qui paraît
très-altéré, mais qui contient encore tous les éléments constitutifs
des micas. Des nodules de structure fibreuse ; à filons très-roides et
266 MÉMOIRE
très-piquants, qui parait être de la grammatite fibreuse. Puis au mi-
lieu même des kaolins du Clos de Barre, mais dans le gneiïss al-
téré, du calcaire saccaroïde, en filons ou lits de 15 à 20 mètres de
puissance, dirigés, suivant M. Alluaud , presque parallèlement aux
filons ou couches de pegmatite, et enfin çà et là des grenats.
Il nous reste à donner quelques détails historiques et techniques
sur les principales carrières exploitées dans ce grand et célèbre gite
de kaolin.
Elles ont reçu différents noms pris de circonstances purement lo-
cales, et par conséquent de nul intérêt ; néanmoins nous devons les
employer pour qu'on puisse rapporter les faits et exemples cités aux
lieux où ils se sont présentés à différentes époques, et notamment
en 1856.
Les principaux exploitants étaient, à cette époque, MM. Alluaud,
Pouyat, Boileau, Charpentier , Moreau, etc.
Les principales carrières, sont : celles de Robert, pl. IL et IV; du
Clos de Barre, pl. Vet VI; celle de Vouzelle près Marcognac,
pl. VIL
Les carrières qu’on rencontre, avant d'entrer à Saint-Yrieix,
sont :
I. A droite de la route celle de Rudeuil, qui a fourni les plus
belles sortes de pegmatite ou petunzé propres à la couverte : Pexploi-
tation en est suspendue, parce qu’elle ne pourrait se poursuivre sur
le banc de pegmatite qu’en pénétrant sous la grande route.
IL. La seconde à gauche, est la carrière dite de Robert; elle
présente *, dans sa partie supérieure, sur ses côtés et au coin vers
son milieu : 1° une sorte de gneiss ferrugineux G en décomposition
complète, donnant une roche rouge d’ocre friable ; 2° un kaolin
1 Voir la coupe en croquis, pl. IV.
SUR LES KAOLINS. 267
caillouteux (Kc), très-blanc, qui repose sur une pegmatite (P) solide,
en gros bancs ‘ou masses séparées par un lit d’amphibolite al-
téré (A). ;
La décomposition n’a donc pas eu lieu ici dans la profondeur,
mais plutôt dans les parties superficielles, etc.
IT. Carrières du Clos de Barre, non loin au N.E. de celle
de Robert, et à un kilomètre au plus de St-Yrieix (pl. V
et VI).
Elles présentent la disposition normale des kaolins.
En haut, en masse puissante, mais tout-à-fait irrégulière, est Le
gneiss décomposé en kaolin rougeûtre, et l’amphibolite (Kv) en kao-
lin vert : dans cette roche colorée, une masse blanche qui est le kao-
lin caillouteux ( Ke, pl. V), tantôt parfaitement pur et passant à
l’argileux comme en(Ka, pl. VI), tantôt mêlé, alternant même avec
de la pegmatite, du gneiss et du granite décomposé.
On voit au-dessus de cette masse des kaolins caillouteux qui sont
de lavage, et dans d’autres points, comme en A (pl. VI), des cou-
ches courbées, interrompues même, et alternant sous différentes
épaisseurs, de diorite décomposée en brun et de kaolin blanc.
Le kaolin argileux (Ka), très-blanc, assez pur, très-onctueux,
forme une masse très-puissante dans le fond de la carrière. (PI. VI).
Les roches de gneiss et de diorite décomposées qui recouvrent
et enveloppent ce kaolin, qui le pénètrent même, présentent des
modifications et des altérations aussi variées que remarquables.
On y observe des couches comme tordues, courbées et brisées,
avec les parties séparées, tombées à peu de distance (pl. VI, A).
Des veines ondulées plus ou moins étendues de diorite dé-
composée, très-noire , alternant avec des petits lits de kaolin.
Desespèces de nodules composés de ces mêmes roches. (PI. V. A).
Des masses bréchiformes : les unes composées d’une pâte princi-
Ancurves pu Muséum, Toxe I. 35
268 MÉMOIRE
pale de kaolin avec des fragments de roches de gneiss et de diorite
altérés.
Les autres, d’une pâte de kaolin? ocreux, et de gneiss avec des
fragments de kaolin de toutes formes et grosseurs (pl. V, Kc).
On trouve dans les parties rouges, vertes ou brunes » et presque
noires, résultant du gneiss ou de la diorite décomposés, des
parties d’un noir luisant , tirant sur le verdâtre, et ressemblant à du
graphite mêlé d’un peu de kaolin , comme à Passau :.
Des nodules de mica, d’un noir verdâtre, très-altéré et très-onc-
tueux au toucher.
Des nodules fort remarquables, et souvent très-volumineux , de
grammatite fibreuse.
Les kaolins verts sont très-abondants, et ressortent très-fortement
dans ces roches : il n’a été prouvé plus tard, qu’ils résultaient de la
décomposition des amphibolites.
On a rencontré, près de la carrière du Clos de Barre, dans le
gneiss, du calcaire saccaroïdetrès-lamellaire, très-dur, très-probable-
ment magnésien, en filon ou lit de 25 à 30 mètres de puissance, di-
rigé presque parallèlement aux filons ou couches de la pegmatite.
Le kaolin argileux de cette carrière est remarquable par sa blan-
cheur et son onctuosité savonneuse : il est extrêmement abondant.
IV. Dans la carrière Alluaud, c’est le kaolin caillouteux qui est
dominant.
Le kaolin caillouteux et le kaolin argileux sont traversés par des
filons de quarz, nombreux et assez puissants.
La masse de kaolin est très-considérable; c’est du gneiss qui
enveloppe le kaolin , et qui est décomposé en kaolin rouge.
La carrière de Marcognac, dite des Dames, présente la disposi-
? Nous avons dit plus haut que c'était une fausse apparence.
SUR LES KAOLINS. 269
tion claire et remarquable d’une masse de kaolin , entourée de
gneiss et de diorite décomposés en kaolin rouge et vert, enve-
loppant de même ume masse de ces roches, et se divisant en
deux espèces de puissants filons parfaitement limités : car les parois
des roches rouges et vertes, qui ont été dépouillées du kaolin
qu’elles renferment, sont parfaitement planes et unies comme les
salbandes d’un filon bien réglé.
C’est ici qu’on voit de la manière la plus claire que le gneiss à
donné par sa décomposition l'argile ou kaolin rouge : car le gneiss
était ferrugineux comme celui de Passau, et que c’est l’amphibole
de la diorite qui a donné l'argile ou kaolin vert : ily a altération
évidente et successive de cette roche en kaolin vert
Les KkAOLINS des environs de St-Yrieix sont généralement d’un beau
blanc de lait, friables, fortement tachant ; on en distingue de trois
qualités différentes.
Le caillouteux , qui est grenu, friable, à grains quelquefois pi-
saires, les uns quarzeux et durs, les autres argileux et tendres.
Le sablonneux, qui est friable, très-maigre au toucher, et dans le-
quel le quarz est à l’état de sable assez fin , mais visible.
L’argileux, qui est moins friable, assez doux au toucher, d’une
couleur de blanc de lait plus uniforme , et faisant directement avec
l’eau une pâte assez liante.
Voyez pour sa composition le tableau des analyses, n° 1 à 4.
A 2. Kaolins de Louhossoa et autres lieux près Cambo, Pyrénées occidentales,
à environ 25 kil. au S. de Bayonne.
C’est dans la roche granitique qui est au pied septentrional des
Pyrénées que se trouve ce gite de kaolin, un peu après le village
d'Itsassou.
270 MÉMOIRE
On a reconnu le kaolin sur trois points, à Zubelette, à Louhos-
soa au sud , et à Macaye encore plus au sud. Cest celui de
Louhossoa dont on poursuit maintenant l'exploitation. Les trois
carrières sont dans un terrain de pegmatite, quelquefois très-lami-
niaire, mélée d’un peu de mica. L'espace que j'ai parcouru entre
Zubelette et Macaye, et qui est d'environ de 6 kilomètres, présente
de tous côtés des pegmatites plus ou moins pures, recouvertes ou
accompagnées de gneiss rouge entièrement décomposé et absolu-
ment semblable à ceux qui recouvrent et pénètrent les kaolins du
Limousin. [ls laissent voir partout des couches minces de kaolin
qui alternent avec eux et des filons de kaolin qui les coupent en tous
sens. Mais ce kaolin est partout pénétré de dendrites noires qui y
sont tellement multipliées qu'aucun triage, qu'aucun épluchage ne
peut entièrement le débarrasser du fer qui le souille, Ce fer est
plutôt lié avec le sable ou la partie felspatique non décomposée,
qu'avec le kaolin, car Pargile qu’on en retire par le lavage peut
donner une porcelaine très-blanche, exempte de taches; mais ce
sable est à Pargile comme 75 à 100, ce qui réduirait à bien
peu de chose la partie de lexploitation qu’on pourrait employer
sans inconvénient. Enfin, il est possible qu’en l’approfondissant, le
kaolin devenant plus argileux, devienne aussi plus exempt de ce mé-
lange de grains ferrugineux, comme les exploitants du Limousin
croient lavoir remarqué dans leur exploitation.
(Tableau des analyses, nos 5 et 6.)
A 3. Kaolin d'Alencon.
C'est, comme on Pa dit plus haut, le premier gite de vrai kaolin
qui ait été connu en France, celui avec lequel ont été faites les
premières tentatives de porcelaine dure de la nature de celle de la
SUR LES KAOLINS. 27
Chine et de celle de PAllemagne. Mais ce kaolin étant impur ne
donna que des pâtes grises, souvent trop fusibles; ce résultat décou-
rageant, empécha de poursuivre les essais qu’on ne reprit avec suc-
cès qu'après la découverte du beau kaolin de Limoges.
La cause de l’impureté de ce kaolin me parait tenir à sa position
géologique; ici ce n’est pas une pegmatite, cette roche presque
uniquement composée de quarz et de felspath qui le fournit, mais
un granite véritable, c’est-à-dire rempli de mica. C’est immédiate-
ment sur le granite que se trouvelekaolin ou plutôt ce sont les parties
supérieures de granite, presque immédiatement au-dessous de la terre
végétale, qui le fournissent. Il renferme, comme celui d’Aue, d’as-
sez gros morceaux de quarz grisâtre faisant voir les cavités qui
ont conservé la forme du felspath décomposé en kaolin. Il mon-
tre, comme dans le Limousin, comme dans les Pyrénées, des filons
de quarz et des veines rouges onctueuses au toucher. Une grande
partie du plateau présente, presqu’à la surface du sol, une terre
blanchätre micacée, kaolinique, provenant très-probablement du
lavage naturel des granites décomposés.
Le kaolin, de la ferme des Aulnais est le plus impur, etsert en par-
tie à faire des tuiles et des briques.
Celui de la terre de Chauvigny est plus blanc, plus tenace, un
peu moins rempli de mica.
Il y a d’autres gites exploités aux lieux dits le Pont- Percé près
Condé, à Montpertuis au N. O0. d'Alençon, à Villiers entre Pacy
et Saint-Denis, qui donnent un kaolin moins impur; C’est néan-
moins celui de Chauvigny etcelui de la ferme des Belles-Vaches, qui
sont regardés comme les meilleurs. Partout l'exploitation consiste en
fosses éparses qui ont environ 3 mètres de profondeur etqu’on aban-
donne dès que l’eau sy rassemble.
La société géologique, en visitant les lieux en 3837, a confirme
272 MÉMOIRE
par ses observations ce que j'avais vu en 1811. Elle a remarqué en
outre, principalement au village de la Bassière et à la ferme de
Villepente, non loin du bourg de Saint-Ouen de Mimbré, quel-
ques conglomérats quarzo-felspathiques qu’on pourrait rapporter
aux arkoses, et qui présentent le felspath décomposé en kaolin.
Enfin à Maupertuis, très-près d'Alençon, qui est le point d’où
Guettard a tiré le premier kaolin granitique, celui qu'il a fait
connaitre , on voit de gros blocs de granite, et à quelques
pas de là se présentent les carrières de kaolin qui ne sont, dit
la société géologique, que la surface du granite décomposé en
place.
A 4. Kaolin des Pieux, à l’ouest de Cherbourg.
J'ai visité ce gite de kaolin en 1811. Depuis lors, M. Hérault,
ingénieur en chef des mines, a publié une courte notice de
4 pages in-12, sans date, sur ce même gite. En 1827, M. de
Caumont a donné quelques nouveaux détails sur ce kaolin :.
Cette argile se montre dans plusieurs points des environs du
bourg des Pieux, dans un rayon de 5 à 6 lieues. C’est surtout
à la descente, au N.-E. de ce bourg, sur laroute de Cherbourg,
que j'en ai étudié la position.
Le plateau qui le porte et qui constitue le lande de Rouville,
est composé d’une syenite déjà très-désagrégée et d’un granite rou-
geàtre et rosâtre, encore plus désagrégé, qui alterne irrégulière-
ment avec le kaolin. Celui-ci est très-argileux , souvent même plas-
tique, mélé de veines rosâtres et ferrugineuses et de grains de
* Mém. de la Société Linnéenne de Normandie, 1826 et 1827, pag. 248, atlas, pl. 2
fig. A,B.
SUR LES KAOLINS. 273
quarz très-apparents dans plusieurs points, principalement dans
celui où je fis faire quelques fouilles. Il est presqu’à la surface
du sol, nétant recouvert que par la terre végétale. Il renferme
alors des blocs de grès quarzeux qui composent en partie, avec
un schiste luisant verdâtre, presque toutes les sommités des ter-
“rains de cristallisation du Cotentin, et qui paraissent avoir tombé
dans la partie supérieure du terrain kaolinique ‘ lorsqu'il était tout-
à-fait à nu, car à 4 à 5 décimètres de profondeur, on n’en ren-
contre plus.
Le gite de kaolin paraît assez homogène et a quelquefois de
2 à 8 mètres de puissance, en y comprenant les roches argileuses
ou granitiques qui y sont interposées.
Les géologues que je viens de citer regardent ce kaolin comme
une roche meuble de transport. Je ne puis admettre entièrement
cette opinion ; les portions de granite plus ou moins altéré et de
quarz des granites qui y sont disséminés, sa position immédiate sur
le granite lorsqu'on a pu bien l’observer, circonstance qui parait
assez rare, me portent plutôt à penser qu'il est à peu près dans la
place où était la roche felspathique et quarzeuse, c’est-à-dire la
pegmatite dont il tire son origine; car il me semble diflicile d’ad-
mettre qu’une puissance de transmission capable de transporter les
grosses parties de granite et les grains de quarz qui l’accompagnent,
nait pas séparé ces parties lourdes et grossières de l'argile, et pro-
duit un véritable lavage. Enfin, si le kaolin est exactement en-
clavé dans le schiste, comme le représente la figure 6 de la plan-
che IT du mémoire de M. Decaumont, il serait encore plus difficile
d'admettre qu’il ait été transporté et ainsi placé entre des lits de schiste.
Le kaolin des Pieux est exploité presque uniquement pour la por-
"M. Hérault fait la même remarque.
274 MÉMOIRE
celaine de la fabrique de Bayeux; il entre pour une grande proportion
dans la composition de la pâte de cette porcelaine; mais, en raison
de sa nature très-argileuse , il leur donne les avantages et les incon-
vénients qui accompagnent les porcelaines plus argileuses que fels-
pathiques , c’est-à-dire, en z2convénients, une teinte grisâtre et de
Vopacité, en avantages, une heureuse résistance aux changements de
température et une grande infusibilité.
(Tableau des analyses, n° 7.)
C 1. Kaolin d’Aue, près Schnéeberg, dans l'Erzegebirge, en Saxe.
Ce gite est un des plus anciennement découverts et des plus connus;
il présente des particularités fort remarquables qui ont attiré l’atten-
tion des géologues. Aussi, a-t-il été décrit assez souvent et à diverses
époques ‘. ?
Je l’ai visité en 1812. Je reçus alors et sur les lieux-mêmes, de
M. Scheidauer, directeur de ces mines, une coupe de ce curieux
gisement; j'ai eu occasion de m’assurer de son exactitude par les
communications de M. Kühn, en 1823 et en 1856, et d’y ajou-
ter les découvertes faites depuis lors.
On peut donc considérer comme exacts les dessins que je donne
de ce gite pl. VIIE, fig. 1 et 2.
C’est sur le territoire d’Aue, près Schnéeberg, dans la monta-
gne ou colline nommée Lumpichl ou Lumbach, que sont situés
* En 1808 par M. de Bonnard dans les notes qu’il m'a communiquées , et qui ont été im-
primées depuis dans le Journ. des Mines , n. 226, 227 et 228 ;
En 1818 par M. Fr. Gh. OElschlagel dans ? Auswahl de Werner, 1 cah., pag. 57, descrip-
tion minéralogique ;
En 1829 par M. O. B. Kühn. Schweigger’s lahrbuch der chimie, 9° cah., p. 34, quia
donné une analyse de ce kaolin,.
SUR LES KAOLINS. 275
le gite et l'exploitation de ce kaolin. Le noyau de la montagne est
de granite et forme dans la partie où s’exploite le kaolin une grosse
masse sphéroïdale et ellipsoïdale. Cette masse est comme envelop-
pée de deux véritables lits (/ager) de kaolin séparés par un lit de
granite qui est très-altéré. La partie de granite, qui est immédiate-
ment au-dessous du kaolin, présente la même altération.
Le second lit de kaolin est recouvert par un terrain ou roche
de micaschiste, ou plutôt de gneiss quarzeux rougeitre plus ou
moins altéré ; il forme les sommets des collines ou montagnes en-
vironnantes, et est traversé d’assez nombreux petits filons ou veines
composées de fer hématite et de quarz.
Le granite qui renferme le kaolin esttantôt à grain fin qui donne,
par le lavage, un kaolin rosâtre, tantôt à grandes parties de
quarz, de felspath, de mica renfermant de gros cristaux de pinite
et de gigantesques cristaux de quarz de plus de 4 décimètres de
diamètre. Ces cristaux, quoique comprimés, sont très-réguliers ,
leur surface est rugueuse et ses rugosités sont remplies de kaolin blanc,
quelquefois aussi ils sont criblés de cavités qui présentent les moules
exacts des cristaux de felspath qu’ils renfermaient, et qui ont été dé-
composés en kaolin : ; c’est celui qui est le plus blanc et le plus pur.
Quelques-uns de ces felspath semblent s'être arrétés dans leur dé-
composition et présentent des nodules argiloides blancs, même assez
durs, ayant conservé la structure laminiaire du felspath.
Mais la circonstance la plus remarquable de ce gisement et que
notre planche VII, fig. 1 et 2, fait voir telle queles derniers travaux
l'ont parfaitement constaté, ce sont deux filons tangents au noyau
granitique, coupant en partie ces lits de kaolin, se continuant supé-
1 Le. quarz que j'ai cité pag-253, et que j'ai représenté pl. VIII, fig. 4, appartient à cette
considération.
Anouves pu Muséum, roe I. 36
276 MÉMOIRE
rieurement dans le gneiss et s’écartant des lits de kaolin dans la
profondeur. En touchant ces lits, ils sy mélent en partie et y in-
troduisent des portions de fer hématite qui altèrent et souillent le
kaolin dans ces points.
On croit avoir observé 1° que le kaolin domine en quantité et
en qualité dans les profondeurs; 2° que les parties déjà altérées de
ce granite deviennent plus friables dès qu’elles ont le contact de l'air
et de l’eau; que l’eau en s’introduisant dans la partie argileuse fait
gonfler ces roches, et que c’est une des causes de la fracture du boi-
sage des galeries et même de la brisure des parties de gneiss voisines
de ce granite.
Le kaolin d’Aue, employé à la manufacture de porcelaine de
Meissen, près Dresde, est généralement rosâtre. Cette teinte disparait
au feu et naltère en rien le beau blanc laiteux de cette porce-
laine.
€ 2. Kaolin de Morl, près de Hall, en Saxe.
Ce kaolin a un gisement différent de tous ceux qu’on vient de dé-
crire et même d'indiquer ; la roche dont il tire son origine est donc
aussi très-différente ; c’est d’après ce que j'ai observé et recueilli en
1812; c’est d’après MM. Karsten ‘, Milscherlich, et tous les
géologues qui ont visité ce gîte, un véritable porphyre granitoide,
qui est intact du côté de Giebichenstein ; mais à quelque distance de
la Saale, sur la rive gauche, ce porphyre est décompose et recou-
vert d’un conglomérat porphyrique qui passe à l’argilophyre.
1 Miner. Beschreib. der Geyenden um Bennsted, Beidersee urd Morl, mit wahrschein
lichen vermuthungen üeber die Enstehung der dasigen Thon und Porcellan-Erden-Lager
begleitet von Bergr. KARSTEN.
SUR LES KAOLINS. 277
En gagnant la plaine où la ville de Morl est située , et qui est en-
tourée de toute part de collines de porphyre, on arrive aux exploi-
tations de kaolins, qui consistent en cavités peu profondes, ouvertes
dans cette plaine ; c’est à une profondeur d’environ 2 mètres au-
dessous de laterre végétale, et d’un dépôt d’argile sableuse rougeûtre,
que se présente le lit de kaolin, ayant environ 8 à 9 décimètres
d'épaisseur, et reposant immédiatement sur le porphyre; il montre
dans sa structure tous les éléments du porphyre qui constitue ce
terrain.
A Bennsted est placée, sur ce même terrain porphyrique, une
formation puissante et continue d'argile plastique, de lignite et de
grès blanc de 7 à 8 mètres au plus. M. Karsten en a donné une des-
cription très-détaillée, dont j'ai eu occasion de constater l’exactitude.
C 3. Kaolins de Passau.
Le gisement de ce kaolin diffère assez notablement de ceux que
je viens de décrire, non pas dans les circonstances essentielles, mais
seulement dans les accessoires.
Il a été découvert, vers 1730 , par le bisaïeul du fabricant de
creusets Phil. Stallmayer d'Hafnerszell, qui le prit pour une matière
propre à donner une belle couleur blanche, etle porta à Vienne
pour le vendre comme tel.
Ce gite, que j'ai visité en 1812, avait été décrit par Gehlen : , et
lui avait donné l’idée théorique que je mentionnerai plus bas.
1 Ueber das Vorkommen und der Gewvinnung der Porcellanerde in Passau. Acad. des Sc.
de Munich , 23 fév. 1811.
Frurs bergmannisch , Journ. 1790, 3 Jahr., 2 bd., p. 533.
A, Boué, Ann. d'hist. nat., t. 2, p.173.
278 MÉMOIRE
Le point principal d'extraction est Griesbach , à environ 5 lieues à
l'est de Passau, au-dessus d'Hafnerszell , ainsi qu'a Diendorf, Rana,
Schergendorf , Lemmersdorf, etc. La présence du kaolin se mani-
feste également dans un grand nombre d’autres lieux aux environs,
tels que Wellersdorf, Polzedt, Niderndorf, Oberedtsdorf, etc. ,
sur un plateau qui a environ 2 lieues d’étendue du S. au N.
Les collines élevées sur la rive gauche du Danube, au-dessus
d’'Hafnerszell, m'ont paru composées principalement d’amphibolite
très-dure , et de diorite schistoïde renfermant des lits irréguliers de
gneiss véritable et de pegmatite à petits grains et très-solide ; la dio-
rite est souvent très-riche en mica : tel est l’état normal des roches
qui forment la masse de ce terrain.
Mais vers Griesbach, Diendorf et Rana, ces roches sont modi-
fiées et altérées de deux manières. Le graphite écailleux et brillant,
à la manière du mica , se montre avec plus ou moins d’abondance
dansles trois roches nommées plus haut ; ces roches, deviennent alors
plus fissiles, plus friables, et d'apparence beaucoup plus micacée
en prenant le noir grisätre, mais éclatant du graphite ; Pamphi-
bolite graphitique, où le graphite semble passer à loligiste écail-
eux, et le gneïiss, prennent anssi une teinte ferrugineuse. Il y
a en effet du gneïss à paillettes de fer oligiste écailleux, qui, ainsi
que le fait remarquer M. Boué, fait ressembler cette roche au side-
rocriste ( Æïsenglimmerschiefer) du Brésil; circonstance très-impor-
tante dans notre hypothèse de linfluence électro-chimique du fer
sur les minéraux alcalifères. Le felspath qui entre quelquefois
dansla composition de Pamphibolite et qui constitue essentiellement
les diorites, les gneïss, et surtout la pegmatite , est altéré en kaolin
très-terreux, et souvent comme onctueux; dans quelques diorites, il
est tellement mélé de paillettes de graphite, qu’on ne pourrait l’en
dégager; mais dans certains gneiss, et surtout dans la pegmatite
SUR LES KAOLINS. 279
qui est au-dessous, on peut trouver, dans cesroches, quoique encore
accompagnées de graphite, des masses assez blanches etassez pures de
kaolins pour qu’un épluchage puisse enlever les taches de graphite qui
ne sy montrent plus que çà et là; on trouve enfin au milieu de ces
mémesroches décomposées, et par conséquent friables et onctueuses,
desnodules plus ou moins volumineux decette argile d’un vertfoncé ,
que j'ai signalée dans les kaolins de St-Yriex, et que j'ai attribuée, là
comme ici, à l’altération des amphibolites. MM. Fuch et Boué citent
en outre dela wernerite paranthine dans ces gites de kaolin, etle pre-
mier croit que la wernerite contribue par sa décomposition à la
formation de cette terre.
Le kaolin qui forme quelquefois deux à t ois lits de 6 décim. à un
mètre de puissance, extrait ici par petits puits foncés dans les
roches que je viens de décrire, et que, vu l'abondance des
eaux retenues par la nature plastique et argileuse de ces roches,
on ne peut pousser fort loin. D'ailleurs ces lits ont peu de con-
tinuité et cessent quelquefois tout à coup.
On voit ici l'influence de la structure et de la nature des
roches sur la disposition des kaolins. Ce ne sont plus des ro-
ches massives comme à St-Yrieix, des roches Presque unique-
ment granitiques comme dans les mêmes contrées, comme à
Aue, mais ce sont des roches stratifiées, quoique de formation
cristalline; des roches plus amphiboliques que felspathiques,
plus charbonneuses que ferrugineuses, qui, ainsi que l’a fait
observer M. Boué, recouvrent le granite très- felspathique
(la pegmatite) qui estau-dessous, disposition qui ne diffère peut-être
de celle du Limousin, que parce qu'ici le gneiss est Puissant et do-
minant, tandis qu'à St-Yrieix il est plus rare et plus mince. Aussi
* On la nomme ici grün mog, vase verte ; elle est souvent un indice du kaolin.
280 MÉMOIRE
ne voit-on plus ces pétrissages, ces pénétrations de roches altérées,
si remarquables par leurs diverses couleurs et si singulières par la forme
bizarre de leur mélange ; mais on y voit toujours la réunion et même
l'alternance, quelle qu’en soit l’influence, de silicates alumineux et
alcalins, et de roches ferrugineuses et charbonneuses.
C 4. Kaolin de Sedlitz et de Talwitz, près Carlsbad.
C’est encore en 1812 que M. C. Prevôt et moi avons vu et
étudié la position et l’origine de ce kaolin, qui, quoique d’une qua-
lité inférieure, est employé dans les manufactures de porcelaine de
Schlakenwald , d'Elbogen, etc. ’.
La roche dominante, aux environs de Carlsbad, est un granite à
trés-gros cristaux de felspath, qui montre souvent sur sa surface,
surtout en face d’Elbogen, sur la rive gauche de l’Eger , une grande
tendance à la décomposition.
Des collines moins hautes que celles qui sont composées de ce
granite, à sommets et crêtes arrondis, semblent s'appuyer sur le pied
des premières, et avoir rempli les intervalles ou dépressions qui les sé-
paraient ; elles sont composées d’un granite porphyroïde qui présente
beaucoup de variétés dans sa couleur rougeûtre et rosâtre, et dans
sa texture ; cette roche est encore plus altérable et altérée que l’au-
tre granite », et il est évident que c’est sur les cristaux de felspath,
devenus tendres , friables, colorés en rouge dans leur centre, en
vert ou en blanc à leur surface, que cette altération s’est le plus
! J'ai revu ces mêmes lieux en 1836 et je puis confirmer ces premières et anciennes obser-
vations.
* M. de Hoff, dans ses Geognost. Bemerkung, über Karlsbad, 1825 , p. 4 , ne regarde pas
ce granite comme géognostiquement différent du premier, de celui qui constitue les hauts
sommets.
SUR LES KAOLINS. 281
puissamment exercée. Enfin, c’est ce même granite porphyroïde
qui, lorsqu'il est très-riche en felspath, a donné les kaolins qui
composent en grande partie plusieurs des collines de la rive gauche
de l’Eger, et notamment celles de Sedlitz et de Talwitz, où on l’ex-
ploitait alors, et qui, choisi et lavé, est employé dans les manufac-
tures de porcelaine que je viens de citer.
Au-dessus de ce terrain de granite porphyroïde et des collines
basses qu’il forme , se présente une formation puissante d’un grès
quarzeux très-dur , tantôt à cassure luisante, et ressemblant en cela
à du quarzite ou quarz en roche (quarzfèls) ; et tantôt composé de
grains de quarz hyalin fortement agrégés et mêlés de grains de
felspath altéré, de manière à offrir dans beaucoup de points les
caractères minéralogiques de la roche que j’ai nommée arkose ‘; des
fragments de ce grès, détachés des collines, sont tombés sur les
parties du kaolin qui ne sont pas recouvertes ; c’est entre ce grès su-
perposé au kaolin et cette roche, qu’est placée la formation de li-
gnites qu'on observe sur les collines basses et arrondies de la rive
gauche de l’Eger, aux environs de Carlsbad, notamment à Talwitz
et à Putschern. Cette formation se compose en allant de haut en
bas : 1° d’une terre ferrugineuse à grains jaunes, avec des emprein-
tes végétales, qui est quelquefois immédiatement appliquée sur le
1 J'avais déjà fait remarquer dans mon mémoire sur les arkoses ( publié en juin 1826,
Annales des sc. naturelles, p. 113) que la roche quarzeuse des environs de Carlsbad,
différait beaucoup du grès, et qu'elle devait être rapportée à l'espèce de l’arkose; plusieurs
géologues, notamment MM. de Buch, Rôssler , et le célèbre Goethe, ont signalé ces diffé-
rences, et ce dernier dit que c’est faire tort à celte roche que de l'appeler grès, tant elle en
diffère par son aspect extérieur. (C. C. Leonhard Taschb. f. miner. 1808 , jt. 2, p. 21.) Or,
outre la présence des grains de felspath, qui en font minéralogiquement une arkose, elle en
montre encore la position géognostique la plus ordinaire , qui est de suivre presque immé-
diatement le granite. J'avais déjà indiqué dans ce mémoire les rapports de cette roche avec les
lignites , les kaolins et le granite d'où ils dérivent.
282 MÉMOIRE
kaolin; 2° d'argile plastique, très-estimée pour la fabrication des ca-
zettes à porcelaine ; 5° de lignites bien caractérisés, accompagnés de
grosses tiges pétrifiées en silex ou en silice pulvérulent, qui, se pré-
sentant assez constamment , sert à faire retrouver cette formation de
l’autre côté de l’Eger, au-dessus de Carlsbad; enfin des roches
basaltiques accompagnent ces formations qui, par le lignite, les ar-
giles et les grès, ressemblent à nos formations d'argile plastique du
bassin de Paris, du Soissonnais, etc. , et qui, par les roches rouges
et ferrugineuses, offrent un exemple de plus de la liaison de ces
roches avec les formations de kaolin.
D 4. Kaolin de Tretto, près de Schio, dans le Vicentin.
Cette argile blanche, onctueuse au toucher, qui entre dans
la composition des porcelaines italiennes et notamment dans celle
de Doccia, près Florence, s'éloigne beaucoup des kaolins par ses
caractères extérieurs, par la nature de la roche qui la fournit,
par sa position géognostique et même par sa composition. Ce
sont de ces matières argileuses signalées au commencement de
ce Mémoire qui sont appelées kaolins, parce qu’elles sont blan-
ches et qu’elles entrent comme matière plastique et infusible dans
la composition de la porcelaine.
Il m'a été très-difficile de déterminer avec précision la nature
et la position de la roche qui donne cette argile blanche (/erra
bianca des Italiens). Or on ne peut pas attribuer cette incertitude
au peu de temps que j'ai passé sur les lieux (en 1820), car jétais
‘ J'ai cité ce gisement d'argile plastique et de lignite des environs de Carlsbad , dans la
Description géologique des environs de Paris , édit. de 1822, p. 120. Au lieu de Tæfflitz ,
lisez Tahwitz.
SUR LES KAOLINS. 283
accompagné d’un géologue du pays même, de l'abbé Maraschini,
qui avait bien souvent parcouru ces montagnes, et qui s’est fait
connaître par des travaux estimés de tous les géologues. Il à
done pu m’enrichir en quelques heures de toute son expérience
de plusieurs années. Ainsi, on peut appliquer les difficultés et
les incertitudes qui en résultent, à la nature même du terrain
plutonique du Vicentin qui a éprouvé, dans Parrangement primi-
tif de ses roches et dans leur nature, des dislocations et des in-
fluences qui en ont altéré si violemment les rapports, la structure
et la nature.
C’est au nord de Schio, à mi-côte de la montagne de Tretto, que
sont assez abondamment répandues les exploitations et les laveries
de la terre à porcelaine; la base de cette montagne présente un
spilite (variolite) en couches minces, irrégulières, avec les noyaux
de calcaire spatique qui caractérisent cette roche ; au-dessus est une
roche fragmentaire si variée, si altérée, que je ne puis en détermi-
ner l'espèce. On peut y reconnaitre quelques caractères d’une brèche
trachytique et d’un eurite compacte.
C’est, à ce qu'il parait, dans le terrain de spilite (r7andelstein )
et d’argilophyre (/konporphyre) que sont situées les roches d’eu-
rite qui, par leur altération , deviennent le kaolin. On sait que l’eu-
rite est pour nous une roche à base de pétrosilex ou de felspath
compacte; c’est un eurite verdâtre, translucide, mêlé de beaucoup
de pyrites et même de galène en très-petits grains *, et, ce qu'il y
a de plus remarquable, c’est qu'il renferme des parties ou frag-
ments de stéaschiste qui paraissent former la base primordiale de
cette montagne ; plusieurs parties de cette roche pétrosileuse ont été
altérées en une terre blanche qui est le kaolin que l’on en extrait
1 Il y a, au pied de la montagne, l'ancienne mine de plomb de Maglio.
Ancuives Du Muséum, voue I. 37
28/4 MÉMUIRE
par le lavage, car aucune partie n’est assez dégagée de minerai étran-
ger pour être employée directement et en totalité comme kaolin.
Vers l'extrémité des galeries qu’on pousse dans cette montagne
pour en extraire les eurites kaoliniques, on trouve une roche ar-
gilo-talqueuse, à structure presque feuilletée, comme serait une
pâte feuilletée en train d’être pétrie, qui est en partie d’un jaune
de rouille, ce que les ouvriers regardent comme la fin de la roche
kaolinique et lindice de la roche calcaire sur laquelle elle sap-
puierait.
Il est difcile de déterminer si cette roche d’eurite renfermant
des fragments de stéatite, des pyrites et des parties décomposées
en kaolin, est une couche irrégulière, un amas ou un filon. M. Ma-
raschini pensait qu’elle se rapprochait plus des filons que de tout
autre mode de gisement.
Sans trouver ici la roche ferrugineuse qui accompagne si ordinai-
rement le kaolin, on voit cependant des associations de roches et
de minerais ferrugineux dansces rochestrappéennes qui forment une
partie de la montagne, dans les larges veines d’un jaune d’ocre tra-
versant les argiles talqueuses qui semblent terminer la formation du
kaolin, et enfin dans les pyrites qui y sont disséminées.
ARTICLE IT.
Du gisement et de la manière d’étre des roches kaoliniques.
Les descriptions et les indications de position que je viens de don-
ner des carrières et gites de kaolin vont servir à établir de la manière
la plus rationnelle les lois de gisement de cette roche, lois que la
lecture de ces descriptions et la vue des coupes, qui les accompa-
gnent , ont du faire déjà présumer.
SUR LES KAOLINS. 289
Les vraies roches kaoliniques, malgré leur friabilité, malgré leur
apparence de désordre extrême, se trouvent, selon nous, dans la place
où leurs roches-mères ont été amenées, dans celle où elles se sont
prises en masse confusément cristallisées; c’est là qu’elles ont
éprouvé, ou presque immédiatement, ou par un laps de temps plus ou
moins considérable, l’altération chimique qui leur a donné Pétat
de friabilité terreuse où nous les voyons : elles se trouvent et ne se
trouvent en place que dans les terrains à felspath, soit cristallisé, soit
compacte ; par conséquent elles appartiennent à ces terrains qu’on
appelait primitifs, mais qu’on doit désigner d’une manière moins
systématique, par conséquent plus positive, par le nom de terrain de
cristallisation en général.
Cette collocation du kaolin dans les terrains qu’on nomme primi-
tifs a été admise presque généralement; mais leur position particu-
lière dans les groupes granitiques, gneissiques, dioritiques, euritiques
et porphyriques, n’avait pas été, que je sache, exposée d’une ma-
nière explicite : je lai indiquée dans mon tableau des terrains, publié
en 1829. Ces groupes appartiennent tous aux terrains d’épanche-
ment qui sont primitifs par leur source, probablement inférieure à
tous les terrains de sédiment, mais qui sont assez récents, pour
quelques-uns au moins, par leur époque d’épanchement, phénomène
qui a été, beaucoup plussouvent qu'on ne l’a cru, postérieur aux ter-
rains de sédiment ou à débris organiques, nommés terrains de
transition, secondaires, ete. Ce n’est pas ici le lieu de pousser
plus loin cette considération , elle appartient à la géologie en géné-
ral : il nous suflit de dire que les kaolins font partie de ces terrains,
et qu'ils doivent être attribués à l’époque géognostique qu’on assigne
aux terrains qui les renferment; enfin pour résumer notre opinion
en termes géognostiques, nous dirons que les roches kaoliniques en
place sont de l’époque des terrains de cristallisation, plus particuliè-
286 MÉMOIRE
rement de celle des terrains d’épanchement ou plutoniques et qu’elles
se trouvent uniquement dans les groupes amphiboliques ou dioriti-
ques et gneissiques des premiers, et dans les groupes granitoïdes et
entritiques des seconds.
Les roches, uniquement considérées minéralogiquement, qui se
présentent le plus ordinairement avec les kaolins sont :
Les pegmatites ; c’est la roche-mère des plus beaux kaolins. (St-
Yrieix, Cambo, St-Stephen en Cornouailles, etc.)
Les gneiss. (Passau, St-Yrieix, etc.)
Les granites. (Aue près Schneeberg, Sedlitz près Freiberg , etc.)
Les eurites? compactes ou schistoïdes? (Tretto dans le Vicentin.)
Les diorites. (St Yrieix.)
Les porphyres. (Morl près de Halle en Saxe).
Et peut-être les argilophyres du groupe trachytique. Mais les
kaolins qu'on prétend avoir trouvés dans cette position sont d’une
nature très-douteuse.
D’autres roches où minéraux renfermant du felspath , ou compo-
sées de la même manière que cette pierre, c’est-à-dire de silicate
alkalin, peuvent présenter aussi des altérations kaoliniques. (T'elles
sont, parmi les roches, les retinite, dolérite , basalte, trachyte, etc.
Parmi les minéraux, les amphigènes, wernerite, mesotype, cleave-
landite mica? etc. ) Mais nous ne pouvons les admettre comme
eites de kaolin.
I nous suflit donc de faire remarquer que le-gite ordinaire des
kaolins en masse est dans les roches à composition de felspath
alkalin, et que toutes les roches et minéraux qui présentent des
altérations analogues , soit totales, soit partielles, ont aussi une
composition analogue à celle des felspaths; nous verrons plus
bas quelles sont les circonstances dans lesquelles il parait que
ces roches ont dù se trouver pour donner des kaolins.
SUR LES KAOLINS. 257
Des roches blanchätres, argiloïdes, friables, assez douces au tou-
cher, qu'on a aussi nommées kaolins parce qu’elles montrent
quelque analogie avec cette matière terreuse, se rencontrent quel-
quefois en amas assez considérables dans des terrains entièrement
différents de ceux que nous venons de citer, et qui renferment
les vrais kaolins : ces débris, ces dépôts kaoliniformes se pré-
sentent dans les terrains de transport anciens, qu'en nomencla-
ture de géologie théorique on nomme diuviens, et qu’en no-
menclature positive j'ai désignés par le nom de clysmiens, nom
qui indique leur état physique sans rien préjuger sur leur origine.
C’étaient peut-être de véritables kaolins qui ont été arrachés à
leur gite primitif, transportés au loin, lavés d’une part, souillés
de Pautre, ayant perdu une partie de leur argile blanche et
reçu des terres ferrugineuses, micacées, quarzeuses, qui en font
des mélanges sans intérêt scientifique, et sans autre utilité in-
dustrielle que d’entrer dans la composition de quelques poteries
communes et de quelques poteries de grès, etc. Nous avons dû
signaler ces gisements pour montrer que ces roches d’agréga-
tion, sans être tout-à-fait étrangères à l’art céramique, sortent
presque entièrement de l’objet de notre étude.
Je ne dis pas cependant qu’il en sorte tout-à-fait, car il est
quelques-unes de ces roches kaoliniformes qui paraissent résulter
de la décomposition des arkoses : or on sait que les arkoses
sont des roches d’agrégation , composées essentiellement de
grains de quarz et de grains de felspath, presque toujours ac-
compagnés de fer et même d’autres métaux , et qui, décomposées
comme les granites et les pegmatites, ont pu produire aussi des
kaolins impurs, pauvres en argile et trop riches en gravier.
Beaucoup de mauvais kaolins d'Auvergne, et notamment ceux
de Sauxillanges et d’Usson paraissent appartenir à cette classe.
288 MÉMOIRE
Tels sont donc les deux seuls gisements généraux de roches
kaoliniques et de débris kaoliniformes que je connaisse, les uns
à leur place, dans les terrains considérés comme les plus an-
ciens, les autres transportés dans les derniers dépôts du dernier
cataclysme.
La position des kaolins dans la croûte du giobe étant assez
exactement déterminée par ce que nous venons d’exposer, il nous
reste à signaler plusieurs circonstances remarquables dans le gi-
sement de ces roches.
C’est premièrement leur désordre extrême, leur sorte de pétris-
sage par veines, lits irréguliers, sinueux, interrompus ; leur dispo-
sition en nodules lenticulaires, ellipsoides, sphéroïdes, formes
tantôt parfaitement limitées, tantôt fondues par nuances insensibles
avec les masses voisines ; ce sont les couleurs vives et variées de
brun, de rouge, de rosâtre, de jaune, de vert noirâtre, de vert cé-
ladon, que présentent ces carrières ou coupes de kaolin avec d’au-
tant plus de vivacité que l'exploitant, cherchant toujours à isoler le
beau blanc pour l’obtenir pur, le met davantage en opposition
avec les masses colorées.
Ces dispositions semblent indiquer un mélange bien confus dans
le moment de la formation des roches dont le kaolin tire son
origine.
Il ne faut pas confondre ces mélanges avec ceux que présentent
quelques marnes argileuses ou calcaires, avec ceux que montrent
des marbres à pâte sédimenteuse ou compacte, même quelques
marbres à pâte cristalline, tels que les cipolins. Ces pénétrations et
pétrissages, qui semblent analogues à ceux des kaolins, n’ont cepen-
dant avec eux qu’une fausse analogie. Dans les premières roches
c'était de vraies pâtes aqueuses, presque des bouwllies visqueuses
qui, en s’épanchant, se mélangeaient ainsi; mais dans le cas du kao-
SUR LES KAOLINS. 289
lin on voit des roches hétérogènes qui ont dù posséder une struc-
ture de cristallisation confuse, qui, solides par suite même de cet état
cristallin, n’ont pu être délayées dans l’eau pour se méler comme
nous le voyons; ce n’est donc ni aux marnes, ni aux marbres com-
pactes, ni même aux marbres saccaroïdes, qu'il faut comparer les
mélanges versicolores des roches kaoliniques, mais bien à ces péné-
trations de roches cristallines, calcaires, talqueuses, gneissiques,
qu'on voit en Norwège près Christiania, à Vetta-Kullen, et qui se
montrent d’une manière si remarquable à Glentill en Ecosse :.
Cest peut-être à cette superposition et à cette pénétration intime
de roches, de nature très-différentes, à leur influence électro-chi-
mique plus ou moins énergique les unes sur les autres, qu’on peut
attribuer cette grande disposition à la décomposition des roches al-
kalifères, qui font toujours partie des espèces de piles des gites de
kaolin ?.
La seconde circonstance et la plus remarquable, viendrait à lap-
pui de cette présomption. C’est la présence constante de roches
ferrugineuses dans toutes les exploitations de kaolin, depuis la
Chine, autant du moins qu’on puisse le présumer d’un gite si
peu connu, jusque dans les gites bien mieux connus de toute l’Eu-
rope. Une récapitulation de gisements, faite sous ce point de vue,
donnera le degré de confiance qu’on peut attribuer à cette règle
dont j’eus la première pensée en visitant, en 1812, les carrières
d’Aue, près Schneeberg, après avoir vu pour la première fois, en
1808, celles de St-Yrieix près Limoges et de Cambo près Bayonne.
On aura donc pu remarquer dans la description que je viens de
! Macculloch.
? J'avais déjà signalé cette disposition des roches kaoliniques en masses ou veines comme
pétries ensemble, ainsi que la présence et probablement l'influence des roches ferrugineuses,
dans mon ouvrage intitulé Tableau des terrains, etc., publié en 1829, p. 340 et 342.
290 MÉMOIRE
douner de ces carrières de kaolin, qu'a St-Yrieix, il y a dans toutes
les carrières des roches kaoliniques, c’est-à-dire des roches altérées
noirâtres, verdâtres, jaunâtres, mais surtout rougeûtres, toutes ro-
ches ferrugineuses qui pénètrent dans les masses de pegmatite si
complètement alterées en beau kaolin, mais surtout qui les recou-
vrent et peut-être les enveloppent.
Cette disposition, si frappante dans les carrières de St-Yrieix, se
montre aussi dans celle de Louhossoa et de Macaye, près Cambo,
dans les Pyrénées occidentales, où des roches schistoïdes rouges
précèdent, recouvrent et souillent même le beau kaolin blanc. Je
lai vu ensuite jusque dans les petits gites de kaolin non exploitables
de Montgaillard, près Tarbes.
Cette disposition est moins évidente dans les kaolins des Pieux,
près Cherbourg ; néanmoins on remarque encore dans le plateau qui
domine le dépôt de kaolin et sur le dépôt lui-même, un sable ro-
sàtre qui provient de la roche syénitique décomposée qui la recou-
vre, et même un granite désagrégé rougeûtre et rose, qui non-seu-
lement recouvre le kaolin, mais qui alterne avec lui.
On la retrouve dans ïes roches kaoliniques originaires du por-
phyre, de Morl près de Halle. Enfin dans le kaolin de Maupertuis,
près d’Alençon, le premier kaolin connu en France et employé pour
faire les premiers essais de porcelaine, dont Guettard, Lauragais et
Macquer se sont si scandaleusement disputé la priorité; mais c’est
surtout dans celui d’Aue, près Schneeberg, qui a fourni pen-
dant longtemps la pâte des belles porcelaines de Saxe, que cette
disposition est des plus frappantes. On a vu dans la description
de ce gite, que j'ai donnée plus haut, comment les lits de kao-
lin sont comme les éléments d’une pile enfermée entre la roche
de granite rougeâtre qui lui est inférieur, et deux lits ou filons de
minerai de fer qui les recouvrent presque comme une écorce; le
SUR LES KAOLINS. 291
granite inférieur est à peine altéré; mais celui qui fait lit entre les
deux lits de kaolin est décomposé et rougeûtre.
Ayant parlé à M. Kühn à Meissen, en 1836, de mes idées sur
l'influence des roches ou minéraux ferrugineux dans la décomposi-
tion du felspath, ce directeur instruit de la manufacture de porce-
laine de Saxe, me fournit un fait très-curieux à l’appui de cette
théorie; jen donne ici la figuration faite sous ses yeux ‘. On voit
un filon de quarz traversant un terrain de granite, il est accompagné
de deux salbandes de minerai de fer. À droite et à gauche
de ces salbandes, le granite est décomposé en très-beau kaolin.
À Passau, en Bavière, l'association du kaolin et de la roche fer-
rugineuse , où au moins d’une roche plus positive que le gneiss kao-
linique , est encore plus intime, elle ne l’est même que trop pour
Vexploitation du kaolin qu’elle rend très-difficile. C’est un gneïss
pour la structure et pour la présence de felspath, mais dans lequel le
mica est en partie remplacé par du graphite. On y voit toutes les
roches noires, rouges, vertes, plus ou moins altérées, qu'on observe
si bien à St-Yrieix, mais ici elles sont moins mélées, moins pétries,
la stratification et les éléments de cette espèce de pile naturelle sont
plus distinctes. Cette disposition avait frappé Gehlen en 1811, qui,
dans la description qu’il donne du gite de Passau, avait déjà l’idée
de l’action électro-chimique pour la transformation du felspath en
kaolin.
Jai dit qu'il parait que la même disposition se présente dans les
carrières de kaolin de la Chine. On sait que ce ne peut être qu’une
présomption très-vague. Voici cependant ce que disent les mission-
naires qui ont donné quelques notions sur cette matière : « Les
! M. Renou, élève des mines de France, a fait sur les lieux une coupe bien plus précise
que celle que j'ai faite sur la description de M. Kühn, mais elle confirme plutôt qu’elle
n'infirme les conséquences que j'en tire.
Ancmwves pu Mruséum, tour I. 38
292 MÉMOIRE
« montagnes dont on retire le kaolin sont recouvertes d’une
« terre rougeätre. » Ge w’est pas long, mais cela me parait suflisant
pour indiquer une association qui a paru assez frappante à ces mis-
sionnaires pour qu'ils aient cru devoir en faire mention. Enfin Guet-
tard, qui ne connaissait encore que le kaolin des environs d'Alençon,
avait cependant remarqué cette circonstance particulière des roches
ferrugineuses qui recouvrent et pénètrent à Alençon, comme en
Chine, les gites de kaolin ; il dit expressément dans le Mémoire qu’il
a lu à l’Académie des sciences le 13 novembre 1765, page 12 : «Je
« dirais que de même qu’en Chine, le kaolin est dans sa mine pré-
« cédé de terres rougeâtres et jaunâtres, celui de France est éga-
« lement posé dans la sienne au-dessous de semblables terres, etc, »
Voilà donc une association dont la constance est aussi bien
établie qu’une vérité de ce genre puisse l’être. Quelques exem-
ples de kaolin sans roches ferrugineuses ne pourraient pas em-
pêcher de penser que deux choses qui se montrent presque tou-
jours ensemble doivent avoir ou avoir eu entre elles d’autres
rapports que ceux qu’on appellerait de hasard. Mais quelle est la na-
ture de ce rapport, c’est ce que nous ne savons, ou plutôt ce que
je ne sais pas encore. Gelhen la présumé et je serais assez dis-
posé à admettre son opinion; mais il faut létablir sil est possi-
ble par des expériences, c’est ce que nous poursuivons M. Ma-
laguti et moi. Mais le temps nécessaire pour les faire, leur difficulté
et leur longueur indispensable m'ont empêché de les conduire
assez loin pour en tirer encore aucune conséquence qui puisse
satisfaire les esprits sages et rigoureux en fait de théorie.
SUR LES KAOLINS. 293
ESSAI D'UN TABLEAU DE DISTRIBUTION GEOLOGIQUE
DES GITES DE KAOLINS.
Les kaolins véritables, tels que nous avons cherché à les spécifier, sont
presque tous concentrés dans un très-petit nombre de formations géologi-
ques; car, après les terrains que j'ai nommés agalysiens ou de cristallisation,
auxquels on a donné le nom théorique si vague maintenant de terrains pri-
mitifs, on ne trouve presque plus de vrais kaolins.
On va examiner néanmoins si on ne peut pas rapporter quelques gites de
cette sorte d'argile à d’autres classes de terrain qu’à celle des agalysiens, et
si quelques-unes des subdivisions de ces terrains ne renfermeraient pas plus
communément , plus spécialement que d’autres, ou les kaolins ou quelques
qualités particulières de cette argile à porcelaine.
CLASSES GROUPES
DE TERRAINS OBSERVATIONS
et
en allant de bas
eu haut,
A —
TERRAINS TYPHONIENS| On y connaît très-peu de kaolins, quoique les roches fel-
(ou massifs et desoulèvement).|spatiques n'y manquent pas. Tels sont les trachyte, méla-
phyre, dolérite, leucostine et pumite; mais les causes néces-
Û 5 X ve ENT
FORMATIONS. ET EXEMPLES DES KAOLINS QUI S Y TROUVENT.
TERRAINS VULCANIQUES. saires pour la décomposition, telles que nous les présumons,
paraissent avoir manqué ici.
Trappéens et laviques. On ne peut guère rapporter à cette classe de terrain que
les Æcolins de Prinzdorf et des autres conglomérats ponceux.
er Terrains ezurowiques. |La roche blanche de la Bourboule, au Mont-d'Or, qu'on a
prise pour un kaolin, ne renferme, d’après l'analyse ration
Trachytiques. nelle, avec beaucoup de silice que 0,13 d’alumine et fond au
& feu de porcelaine en une masse brune, boursoufflée, ce qui
est dû aux matières fondantes que son résidu contient.
Les trachyte, domite, argilophyre, eurite, etc., sont en-
core des dies riches en felspath, mais pauvres en kaolin.
La cause qui manquait dans les terrains ci-dessus paraît
avoir dû manquer également ici.
Cependant on cite le kaolin de Schletta, près Meissen ,
comme résultant de la décomposition d’un stigmite porphy-
roïde (Pechstein porphyr).
294 MÉMOIRE
CLASSES GROUPES
DE TERRAINS OBSERVATIONS
en allant de bas 5 ET EXEMPLES DES KAOLINS QUI S'Y TROUVENT.
enhaut FORMATIONS.
EE I —
Ophiolithique. Ce terrain , en général peu felspathique, excepté dans les
euphotides, paraît par sa nature peu propre à donner du
kaolin; mais sa structure empâtée et comme pétrie peut
avoir eu quelque influence sur l’altération des silicates argilo-
alcalins que ces roches peuvent renfermer.
Le kaolin de Tretto, dans le Vicentin , me paraît appar-
tenir à cette formation , et l'opinion de Fortis et d'Arduini,
qui regardaient cette terre comme pouvant être d’origine vol-
canique et résulter de la décomposition des laves, n’infirme-
rait pas cette origine ophiolithique, car on croit que la plu-
part des serpentines sont des roches d’épanchement, etc. ?
Enuitique (ou des ro-| On entre ici dans le domaine de plusieurs kaolins em-
ches empâtées à base delployables et même employés ; mais ils ne jouissent pas en-
felepath). core des qualités des beaux kaolins.
Porphyre. Morl et Beidersee, dans le cercle de la Saale, en Saxe.
Serlitz, près Meissen. Suivant M. OElschlagel, qui fait r'e-
marquer qu'il est recouvert par une argile remplie de co-
quilles bivalves ?, il est beaucoup plus pur et donne une
porcelaine plus blanche que le précédent.
Granitoïde. C’est ici le vrai gîte des kaolins et la plupart des kaolins
d'élite se trouvent dans cette subdivision des granites qui,
Granite et principale-|presque uniquement composés de felspath et de quarz, se
ment Pegmatite. nomment pegmatite.
Les protogyne et syénite en donnent aussi; mais, en raison
du tale que renferment les premières et de l'amphibole que
contiennent les secondes , les gites de kaolins qui peuvent se
rencontrer dans ces roches ne sont point exploités et, par
conséquent, point cités. Nous nous contenterons de donner
des exemples pris des principaux gites.
La plupart des Æaolins cai!louteux et tous les argileux de
St-Yrieix, près Limoges ; de Louhossoa, près Bayonne; des
Pieux, près Cherbourg ; d’Alencon; d'Aue, près Schnee-
berg ; de Sedlitz, près Meissen; de Sosa, près Johanngeor-
enstadt; de Zetlitz et Munschoff, près Carlsbad ; de Born-
olm, qui est bien évidemment dans le granite (Cte Varas.);
de St-Stephen, Breage, ete., en Cornouailles ; d'Isetsk, dans
l'Oural, aux environs d'Ekatherinebourg ; de Wilmington et
1 Voyez ce que j'ai dit à ce sujet dans mon Mémoire sur les ophiolithes ( Journal des Mines, 1821,
1. VI, pag. 177 ).
* M. Renou rapporte au diluvium cette argile conchylifère.
SUR LES KAOLINS. 299
CLASSES GROUPES
DE TERRAINS OBSERVATIONS
el
en allant de bas ET EXEMPLES DES KAOLINS QUI S'Y TROUVENT.
PRES Le FORMATIONS.
A —
de Newcastle, dans la Delaware , et du Connecticut, dans
l'Amérique septentrionale. Ce dernier kaolin est couvert à
près de 5 mètres d'épaisseur de terre rougeâtre.
Terrains acazsiENs (ou de] Je connais peu de kaolins uniquement placés dans le vrai
cristallisation ). gneiss, et ce gneiss est-il toujours voisin du granite et
LE comme associé à cette roche qui renferme aussi du kaolin?
Gneissique. On en voit ainsi à St-Yrieix, près Limoges, dans les carrières
u i figurées pl. 1, If, IL, etc.
Gneiss et granre du] Le petit gîte de kaolin non exploité de Montgaillard, près
gneiss. Tarbes, se trouve en partie dans du vrai gneiss. <
Le kaolin de Passau appartient d’une manière plus carac-
térisée au gneiss qui recouvre le FE et la pegmatite;
mais on a vu que le bon kaolin employé se retirait principa-
lement de ces deux dernières roches.
Il paraît, d’après M. Fournel, que l’amas considérable de
kaolin des environs de la Châtaigneraie, dans le Bocage
vendéen, celui de Scillé, près Labrie, dans les Deux-Sèvres,
est encaissé dans le gneiss; mais aussi ce kaolin n’a-t-il,
comme emploi, aucune réputation.
Celui de la Garde-Freynet, près St-Tropez, analysé par
M. Berthier, quoique originaire de la pegmatite, appartien-
drait aussi à la formation du gneiss.
Duori!es. Les diorites schistoïdes du groupe amphibolitique de ces
terrains renferment aussi des petits lits ou petits amas de
kaolin qui paraissent résulter de la décomposition des es-
pèces de nodules de gneïss ou même d’eurite, qui se trouvent
dans ces roches, ainsi que cela peut se remarquer sur les
pl. IL, fig. 2; pl. V, etc. des carrières de kaolin de St-Yrieix,
et que cela se voit aussi aux environs de Passau.
TERRAINS NEPTUNIENS| Au milieu du terrain de sédiment inférieur et même en-
(ou stratifiés). core dans la partie la plus inférieure de ce terrain se présente
une roche agrégée, que j'ai nommée arhose, et qui est com
TrRRAINS ABYSSIQUES ( ou de|posée de grains de quarz et de felspath , dans laquelle le fel-
sédiment inférieur). spath est quelquefois décomposé en kaolin.
Les kaolins d'Auvergne, de Sauxillanges , d'Usson et de
: D? APR ?
Rudimentaire. Tournoïl, etc., paraissent être originaires de cette roche.
D’après M. Freiesleben , le kaolin de Weïssenfels, en
P 5 CS EDEN ANNE DAMON ?
Arkose. Thuringe, viendrait d’une arkose miliaire très-bien caracté-
risée qui, faisant partie de la formation pæcilitique, appar-
tiendrait au terrain de sédiment.
Ces kaolins de mauvaise qualité sont peu employés et ne
sont guère connus que dans les lieux aux environs desquels
ils se trouvent.
41 LA
2906 MÉMOIRE,
CLASSES GROUPES
ET TERRAINS
en allant de bas
en haut.
EE
OBSERVATIDNS
ET
FORMATIONS: ET EXEMPLES DES KAOLINS QUI S'Y TROUVENT.
On traverse toute la série des terrains de sédiment depuis
les arkoses, tant granitoïdes que miliaires . jusqu'aux terrains
clysmiens, sans trouver de vrais kaolins, quoiqu'on ren-
contre cà et là des lits d’argile assez pure, assez blanche pour
être employée comme kaolin dans la fabrication d’une po-
terie dure comme le grès-cérame, grisâtre comme lui, mais
translucide comme la vraie porcelaine. Telles sont les colly-
rites (celle de St-Sever dans le département des Landes), les
argiles plastiques de Dreux, etc., qui entrent dans la com-
position des porcelaines grossières dites hygiocerames.
TERRAINS GLYSMIENS (Ou de] Mais dans les parties détritiques et clastiques de ces ter-
transport andédiluvien). |rains, voisines des montagnes et roches granitoïdes , on
4% ) trouve des amas de sable et de gravier quarzeux, mêlés d’une
Détritiques et clastiques. |terre blanche argileuse qui a, pour la fabrication des porce-
laines grossières, grisâtres et A. à peu près les mêmes qua-
lités que le kaolin.
Il en est de ces roches comme des arkoses kaoliniques ;
leur emploi, circonscrit dans un espace peu étendu aux en-
virons du dépôt où on les trouve, les rend presque incon-
nues ; aussi ne pouvons-nous en citer que peu d'exemples au-
thentiques , quoique beaucoup de terres blanchâtres qu'on
a adressées à la manufacture de Sèvres pour être essayées
comme kaolin, appartinssent à ce gisement. à
Un des plus remarquables en France est le kaolin de Di-
gnac, dans le département de la Charente, qui forme un
amas assez étendu presque immédiatement au-dessous de la
terre végétale. On a rapporté! à ce même mode de formation
et, . conséquent, à cette même époque, l’amas de grès
kaolinique de Weissenfels, en Thuringe, à 30 kilom. au S.
de Hall , en Saxe, que j'ai cité plus haut d’après M. Freies-
leben , comme appartenant à l’arkose miliaire des terrains
>æciliens ; il est, en effet, très-difficile de savoir si ces kao-
ns friables , superficiels, font partie du terrain arkosique
si désagrégeable , ou s'ils ont PS transportés sur les terrains
de sédiment anciens qu'ils recouvrent. Je crois pouvoir y
PR aussi, eus LtE je n’en aie pas visité le gisement, '
sable quarzeux mélé d’un PE de kaolin qu’on extrait par le
lavage et qui est la base de la porcelaine de Brunswick.
Enfin, il serait possible que plusieurs kaolins d'Auvergne,
tels que ceux de Sauxillanges , d'Usson, etc., que j'ai rap-
pue plus haut au terrain d’arkose , puisqu’en effet ils en
ont partie, appartinssent aussi au terrain détritique.
: M. ficnou, élève externe des Mines, dans un mémoire présenté à l'Académie, le 22 juillet 1839.
SUR LES KAOLINS. 297
J'ai cherché dans ce premier mémoire à déterminer autant qu'il
était possible les caractères précis des kaolins, à donner sur la
composition de cette sorte de terre des notions plus exactes que
celles que l’on possédait, à prouver de quel minéral ils tirent leur
origine, à faire connaître leur véritable position dans l'écorce du
globe et leur manière d’être si singulière dans les roches qui les ren-
ferment; enfin, à faire remarquer surtout l'association et les rap-
ports constants des kaolins avec des roches ferrugineuses, et à
déduire de cette observation, seul genre d’expérience qui soit
à la disposition des géologues, quelques idées théoriques sur leur
formation.
La suite des analyses, comparées et rationnelles, des felspath
et des kaolins qui paraissent en dériver, et que M. Malaguti
continue dans le laboratoire de Sèvres, les conséquences plus
assurées que l’on pourra tirer de ces nombreuses analyses, la
description des expériences que nous avons tentées pour opérer
la décomposition artificielle du felspath , enfin l’exposé de l’obli- :
gation où lon est de se servir du silicate d’alumine raturel
nommé kaolin , pour faire de la vraie porcelaine et les causes
de cette singulière obligation, seront le sujet du second mémoire
que j'aurai l'honneur de présenter incessamment à l’Académie.
EXPLICATION DES PLANCHES.
Les planches de ce mémoire portent deux numéros,
Celui qui est à l’angle droit supérieur appartient à la série des planches des Ar-
chives. Celui qui est à Pangle gauche inférieur appartient spécialement au présent
mémoire. C’est celui-ci qui a été constamment cité dans le cours du mémoire.
ARCHIVES, pl. XIV (mËm. pl. 1).
Fig. 1. Carte topographique du terrain kaolinifère des environs de St-Yreix-la-
Perche, au sud de Limoges, depuis St-Yrieix jusqu’à Coussac.
Fig. 2. Coupe générale de ce terrain de l’ouest à l’est.
Fig. 3. Coupe spéciale d’une des carrières de Marcognac.
Ces cartes et coupes ont été faites en 1822 par feu M. Schmidt, alors direc-
teur de la manufacture royale de Nymphenbourg ;, près Munich : il connaissait
mes recherches et mes travaux sur les kaolins, et eut la bonté d’y concourir et
de les faciliter par cette communication libérale, C’était un homme d’un ca-
ractère attachant, plein de bienveillance et de science, de zèle et d'activité,
ayant un esprit d'ordre et d’exsctitude très-remarquable. Il est mort en 1822,
en Angleterre, dans la force de l’âge : c’est une grande perle qu'ont faite les
sciences géologiques et l’industrie céramique.
Désignation des roches des coups, fig. 2 et 5.
N° 1. Gneiss décomposé.
2. Micaschiste avec grenat (coupe n. 2).
5. Quarz en filons brisés et comme étranglés ( coupe n. 2).
— 4et 5. Diorite schistoïde.
— 6. Gneiss non altéré (coupe n. 2).
— 7. Granite, ou plutôt pegmatite décomposte, en filons.
— 8. Kaolin argileux (coupe n. 2).
— g. Kaolin caillouteux.
— 10et11. Filon de felspathou de pegmatite altérée en 11 (coupe n. 2).
— 12. Gneiss très-micacé altéré.
— 15. Terrain d’alluvion ou diluvium.
MÉMOIRE SUR LES KAOLINS. 299
ARCH. pl. XV (mé. pl. 11).
Carrières de Marcognac, à l’est de St-Yrieix, en 1808.
Fig. 1. Carrière de M. Alluaud.
Fig. 2. Carrière de M. Pouyat, à peu de distance et un peu plus haut.
À. Diorite schistoïde, peu altérée, avec veines de kaolin.
G. Gneiss brun altéré, terreux.
G’. Gneiss rouge , très-micacé, décomposé.
Kc. Kaolin caïllouteux.
Ka. Kaolin argileux.
Kv. Kaolin vert.
Ks. Kaolin sale, rejeté.
ARCH. pl. XVI (mé. pl. 11).
Coupe d’un banc de la carrière dite de Robert, à St-Yrieix.
( Faite en septembre 1836.)
G. Gneiss décomposé en terre rougeître.
Q. Quarz en filons et veines traversant le gneiss et le kaolin.
Kc. Kaolin caillouteux.
ARCH. pl. XVI bis (MÉM. pl. 1v).
Carrière de pegmatite et de kaolin, dite de Robert, à la Porte de St-Yricix.
(Faïte en septembre 1836.)
G. Gneiss décomposé en terre rougeâtre.
Kc. Kaolin caillouteux au-dessus du banc, ou filon de pegmatite.
P. Pegmatite ou felspath pour couverte ou émail de porcelaine.
A. Lit de diorite schistoïde altérée.
ARCH. pl. XVII (mé. pl. v).
Détails d'une partie de la carrière de kaolin du Clos de Barre, près St-Yrieix.
(En septembre 1836.)
A. Diorite schistoïde décomposée en terre brune, et disposée en amas irrégu-
liers, veines , nodules, avec masses isolées de kaolin.
Kc. Kaolin caillouteux.
Kv. Kaolin vert.
ARCH. pl. XVII bis (MÉW. pl. vr).
Coupe d’un gite de kaolin argileux à la carrière du Clos de Barre.
A. Diorite schistoïde altérée en terre noirâtre.
Ancuives pu Musivx, roue I. 39
300 MÉMOIRE SUR LES KAOLINS.
G. Gneisset À diorite schistoïde altérés en terre rongeâtre et noirâtre, en couches
courbées et rompues.
Ke. Kaolin caillouteux.
Ka. Kaolin argileux.
ARCH. pl. XVIII (mé. pl. vn).
Exemples de couches courbées dans la carrière de kaolin dite de Vouzelle , près Marcognac.
A. Diorite schistoïde décomposée en terre brune et roussâtre.
G. Gneiss en couches et lits courbés, décomposé en terre rougeûtre.
K. Kaolin caillouteux en masses , en nodules et en veines dans le gneiss G.
Q. Filons de quarz se perdant dans le kaolin en veines palmées.
ARCH. pl. XIX (mé. pl. vrrr).
Fig. 1 et 2. Coupes du gîte de kaolin d'Aue, près de Schneeberg.
Fig. 1. Coupe transversale au gîte qui est en ellipsoïde allongé.
Fig. 2. Coupe longitudinale.
Gr. Granite du noyau passant à la pegmatite et un peu altéré en G.
Gr’. Granite en lit très-décomposé.
KK. Deux lits de kaolin.
Gn. Micaschiste ou gneiss altéré et trés-ferrugineux.
E.F. Filons exploités de minerai de fer limonite, tangents au massif de granite.
Fig. 3. Coupe figurative du gîte de kaolin de Sosa, près Johangeorgenstadt, d’après
M. Kühn de Meissen, en 1836.
Gr. Granite non altéré.
Kc. Granite altéré en kaolin , d’autant plus argileux, qu’il approche davan-
tage du filon de quarz : épaisseur environ 15 décimètres (il est employé
à Meissen pour la pâte de sculpture).
Q. Filons de quarz avec deux salbandes de minerai de fer.
F. Minerai de fer limonite en veines plus ou moins minces, accompagnant,
comme salbandes, le filon de quarz.
Fig. 4. Représentation d’un morceau de quarz du gîte de kaolin d’Aue, près
Schueeberg, rempli de cavités qui offrent les moules fort nets des cristaux de
felspath qui s’y sont décomposés en kaolin, moitié de la grandeur naturelle.
(Voir pag. 253, l'énoncé de ce fait.)
TABLE DES MATIÈRES
DU MÉMOIRE SUR LES KAOLINS.
Pages.
ART. I. Détermination des kaolins et de leur origine. 244
$ 1. Caractères minéralogiques et chimiques des kaolins. Ibid
Tableau des analyses. 249
$ 2. Origine minéralogique des kaolins. 252
ART. IL. Énumération des principaux kaolins connus et description particulière
de certains gîtes. 256
$ 1. Tableau des principaux gîtes de kaolin. 257
$ 2. Description particulière de certains gîtes de kaolins. 265
Art. III. Du gisement et de la manière d’être des kaolins. 284.
Essai d’un tableau de distribution géologique des gîtes de kaolin. 294
Explication des planches. 298
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NOUVELLES NOTES
SUR LE CAMBIUM,
EXTRAITES D'UN TRAVAIL SUR LA RACINE DU DATTIER,
PAR M. DE MIRBEL.
(Lues à l'Académie des Sciences, dans la séance du 29 avril 1839).
Tout naturaliste qui s’est occupé de l'anatomie végétale a pu re-
marquer dans l’intérieur des plantes, à diverses époques de leur
végétation, une matière mucilagineuse , comparable à une solution
de gomme arabique. Cette matière forme des couches dans les tiges
et les branches des Dicotylés et Monocotylés. Elle se dépose en
masse dans de grands interstices que les utricules laissent entre elles,
ou même dans la cavité des utricules et des tubes. Je ne saurais dire
si alors elle est ou n’est pas organisée; mais ce que je crois ferme-
ment, c’est que d’elle provient toute organisation. Grew, qui le
premier reconnut l'existence de cette matière et en devina la desti-
nation , il y a plus de cent cinquante ans, lui donna le nom de cam-
bium. J'ai adopté ce nom, ainsi que l’opinion de Grew. En cela,
j'ai suivi l’exemple de Duhamel ; mais j'ai reconnu de bonne heure
que le seul moyen de faire prévaloir la doctrine de ces deux célè-
bres phytologistes, serait de prouver, par une série d'observations
étroitement liées les unes aux autres, que la matière dont il s’agit
304 NOUVELLES NOTES
passe, par degrés insensibles, de l’état amorphe à l’état d’un tissu
cellulaire continu , lequel se disloque plus tard et se montre sous
forme d’utricules distinctes. Depuis plusieurs années, tous mes tra-
vaux ont eu pour objet principal cette démonstration. On s’éton-
nera peut-être que je n’en sois préoccupé si longtemps; mais, en
y réfléchissant un peu, on reconnaitra que la tâche que j’ai entre-
prise n’est rien moins que l’étude la plus approfondie de la formation
de tous les tissus qui constituent les divers organes végétaux. Il s’en
faut que j'aie atteint le terme de mes recherches; d’autres, plus
tard, devront songer à les poursuivre ou peut-être à les recom-
mencer.
Je me bornerai pour le moment à indiquer ce que j'ai observé
dans les racines du Dattier. Durant le cours de leur végétation , elles
m'ont offert de fréquentes occasions d'étudier le Cambium et la suc-
cession des modifications par lesquelles il passe. Cette matière ne
n’était apparue anciennement que sous l’aspect d’un simple muci-
lage. L'emploi que je fis ensuite de meilleurs instruments d'optique
m'apprit que presque toujours le mucilage était celluleux; mais,
quand je tentai de pénétrer plus avant vers l’origine, je rencontrai
tant de difficultés que je désespérai de passer outre.
Toutefois, j'ai été plus heureux au commencement de lannée
dernière. Soit que le hasard m’ait mieux servi, soit que j'aie tiré un
meilleur parti de mon microscope par l'emploi plus fréquent de
forts oculaires, soit encore que certains indices, que j'avais dédai-
gnés bien à tort , aient plus vivement excité mon attention ; il est de
fait que j'ai vu, avec toute la netteté désirable , sur des coupes trans-
versales de racine, des amas de Cambium, dont la surface était ma-
melonnée, où du moins paraissait telle. Que cette vision soit due à
la présence réelle d’une forme matérielle ou à une illusion d'optique
résultant de l’inégale densité de la matière, il y a, dans l’une ou
SUR LE CAMBIUM. 30)
l’autre hypothèse, un fait très-positif; je n’en saurais douter, puis-
que maintenant j'obtiens à volonté la preuve de son existence. En
ceci, comme en toute chose, le but ne fait jamais défaut quand la
route est connue.
Très-certainement l'apparition des mamelons du Cambium est
antérieure à celle des cellules. J'ai donc fait, vers l’origine de cette
substance organisatrice, un pas de plus que lorsque je lus, en 1837,
ma première note à l’Académie. Il agit maintenant d’expliquer
comment ces cellules se substituent aux mamelons. La série non
interrompue de mes observations répond à cette question. Sur des
coupes de Cambium aussi jeune, ou peu sen faut, que celles
dont je viens de parler, j’aperçus souvent au centre de chaque ma-
melon un point sombre; indice non équivoque de la très-récente
formation d’une cavité cellulaire. Souvent aussi, à la place du point,
je vis une tache grise de notable dimension, et je dus conclure que
la cellule sétait agrandie. Dans ce dernier cas, il n’y avait plus ap-
parence de mamelon, et les cloisons indivises qui limitaient les cel-
lules contigués étaient d’autant moins épaisses que les cavités avaient
acquis plus d’ampleur.
La fréquente comparaison que j’eus l’occasion de faire du Cam-
bium d’apparence mamelonnée avec le Cambium devenu celluleux,
me convainquit que la métamorphose s’opérait sans qu'il y eût aug-
mentationsensible dela masse, ce qui s'explique très-bien parla con-
densation qu’éprouve la matière employée à laformation descloisons.
Elle se retire du centre, s’'aceumule à la circonférence et gagne en
densité ce qu’elle perd en volume.
Les cellules ne restent pas longtemps dans l’état que je viens de
décrire: leurs parois s'étendent, se couvrent d’élévations papil-
laires, disposées en forme d’échiquier, et quoiqu’elles aient plus de
consistance que dans l’origine, elles contiennent encore beaucoup
306 NOUVELLES NOTES
d'humidité. On pourrait dire que leur substance est devenue gélati-
niforme de mucilagineuse qu’elle était.
Peu après, ces mêmes cellules, qui d’abord n’ont affecté aucune
forme déterminée, se dessinent sur les coupes transversales, en
hexagones plus ou moinsréguliers ; leurs cloisons s'étendent, s’amin-
cissent, se sèchent et s’'affermissent; leurs papilles disparaissent et
sont remplacées par des lignes horizontales, parallèles, fines et ser-
rées, qui ressemblent à de légères stries. Il y a aujourd’hui trente
ans que j'ai remarqué ces lignes dans les vaisseaux, et que j’en ai
parlé dans les termes qui suivent : «Dès l’instant que les vaisseaux
commencent à se développer, et à une époque où leur tissu sort à
peine de cet état de mollesse, ou même de fluidité, que nous nom-
mons mucilagineux, on distingue à leur superficie des lignes trans-
versales et opaques qui indiquent, dans la partie où elles se trou-
vent, un renflement et un épaisissement de la membrane ‘.» Et je
croyais, dans ce temps comme aujourd’hui, qu’une certaine rela-
tion existe entre ces lignes et les découpures, qui, plus tard, se
montrent dans les vaisseaux ; mais je dois avouer que, sur ce der-
nier point, mes idées étaient alors très-confuses.
J'ai dit tout-àal’heure, en n’appuyant sur des recherches plus ré-
centes, que les lignes des cloisons sont horizontales : c’est en effet
ce qui parait pour quiconque observe une coupe transversale. Il en
est tout autrement si la vue se porte sur une coupe longitudinale ;
alors les lignes sont verticales. La même portion de cloisons, selon
sa position relativement à l’œil de l'observateur, semble donc rayée
dans un sens ou dans un autre ; mais, à ma connaissance , il n’arrive
jamais qu'on voie simultanément les deux sortes de lignes qui, le
cas échéant, se croiseraient à angle droit. Jai décrit, il y a peu d’an-
! Exposition de la théorie de l'organisation végétale , p. 206. 1809.
SUR LE CAMBIUM. 307
nées, un fait analogue que m'ont présenté les laticifères du Nerzum
Oleander. Là, pour moi du moins, la cause de ces apparences va-
riées est évidente. De très-fines et très-courtes papilles, disposées les
unes contre les autres en échiquier, donnent, selon le point de vue,
des lignes horizontales ou verticales, ou encore, diagonales; soit
de gauche à droite, soit de droite à gauche. Je n’ai pas eu la sa-
tisfaction de voir les papilles dans les autres vaisseaux; maïs tant
qu’on ne proposera pasune meilleure solution du fait, j'inclinerai à
croire que les lignes horizontales, verticales et diagonales des cel-
lules, des utricules courtes ou allongées, et des vaisseaux, sont
dues à la présence d’une multitude de papilles imperceptibles, dis-
posées en échiquier. J’ai ajouté les lignes diagonales, parce que,
bien qu’elles soient moins communes, elles se montrent assez fré-
quemment sur les parois des vaisseaux qui commencent à vieillir, et
elles sont même beaucoup plus apparentes que les autres.
Souvent, depuis les mamelons creux jusques et y compris les cel-
lules à parois minces, sèches et striées, la substance végétale n’est
qu’un seul et même tissu cellulaire parfaitement continu, dont la
forme est modifiée plus ou moins par l’action successive de la végé-
tation. Au-delà, un changement remarquable s’opère : les cloisons
cellulaires, jusqu'alors indivises, se dédoublent d’elles-mêmes aux
points de rencontre des angles des cellules contigués, et donnent
naissance à des espaces ordinairement triangulaires que les phytolo-
gistes nomment des méats. Voici done, dans la masse du tissu cel-
lulaire, de nombreuses interruptions de continuité, et le dédouble-
ment des cloisons ne s'arrête pas là. Il gagne de proche en proche
dans leur épaisseur, de sorte que, en définitive, il sépare les cel-
lules les unes des autres. Cette dislocation faite, il n’existe plus de
tissu cellulaire. Chaque cellule est devenue une utricule distincte,
laquelle s'étend et sarrondit si elle est libre dans l’espace, ou de-
Axouives pu Muséum, rome I. 4o
308 NOUVELLES NOTES
vient polyédrique si elle est arrêtée dans sa croissance par la résis-
tance des utricules voisines. Il est vrai que souvent toutes ces utri-
cules juxta-posées restent unies par une sorte de collage, si je puis
ainsi dire; mais il ne parait pas que jamais il s’établisse entre elles
une véritable liaison organique. Ce sont autant d'individus vivants,
jouissant chacun de la propriété de croître, de se multiplier, de se
modifier dans de certaines limites, travaillant en commun à l’édifi-
cation de la plante, dont ils deviennent eux-mêmes les matériaux
constituants. La plante est donc un être collectif.
Les deux états organiques que je viens de signaler, lun, tissu cel-
lulaire continu , l’autre, agglomération d’utricules séparées , ou bien
réunies par juxta-position, marquent deux périodes distinctes dans
les formations utriculaires.
Veut-on des preuves à l’appui de ces généralités? Que lon fasse
des séries non interrompues de coupes transversales d’une racine de
Dattier, sur des portions en voie de passer de la première jeunesse
à l’âge adulte, et qu'avec une infatigable attention on soumette ,
dans l’ordre où elles ont été faites, toutes ces coupes à l’observation
microscopique , les examinant chacune à plusieurs reprises, les com-
parant entre elles, et s'appliquant à rétablir, par la pensée, le lien
organique qui les unissait, pour refaire un seul tout de tous les
faits partiels : à ces conditions, on obtiendra les résultats que jai
obtenus et que je livre au jugement des phytologistes. Je doute que
tout autre procédé plus facile et plus prompt m’eût conduit aussi sû-
rement au but *.
On remarquera que la racine de Dattier se compose de trois ré-
* Toutes les observations anatomiques seront exposées plus tard dans le Recueil de l'Aca-
démie. Elles seront accompagnées de douze grandes planches représentant les faits organo-
geniques les plus dignes d'attention.
SUR LE CAMBIUM. 309
gions organiques bien distinctes, la périphérique , intermédiaire
et la centrale ; que la région périphérique, à l’époque de végétation
que j'ai indiquée, est séparée de la région intermédiaire par une
épaisse couche de cambium ; qu’une couche toute semblable isole
de même, lune de l’autre, les régions intermédiaire et centrale , et,
qu'indépendamment des deux couches de cambium, il existe dans
chaque région de petits foyers particuliers d’utriculisation. Voyons ce
qu'il résulte de la présence de ces dépôts plus ou moins abondants
de matière organisatrice.
Il est évident que la région périphérique, exposée sans trève à la
nuisible influence des agents extérieurs, et chassée en avant par
l'accroissement des parties intérieures, ne doit pas tarder à dispa-
raitre , si ses pertes journalières ne sont promptement réparées par
lavénement de nouvelles utricules issues de la partie de la couche
de cambium , placée immédiatement en arrière d’elle. Ce secours
est d’autant plus nécessaire que les foyers particuliers d’utriculisation
sont à peu prés nuls dans la réjüon périphérique. Aussi arrive-t-il
que lorsque la couche de cambium vient à manquer, cette portion
de la racine se trouve réduite à deux ou trois feuillets d’utricules
souvent déchirés et privés de vie.
Passons à la région intermédiaire. Dans sa partie moyenne habi-
tent les utricules les plus âgées. Les autres utricules sont d’autant
plus éloignées de cette partie moyenne, et, par conséquent, plus
rapprochées de l’une ou de l’autre couche de cambium, qui, toutes
deux , chacune de son côté, marquent l'extrême limite de la région,
qu’elles sont d’un âge moins avancé. Il ne s’agit pas de l’âge mesuré
par le temps écoulé depuis la naissance des utricules jusqu’au mo-
ment de l'observation : tout moyen manque pour en déterminer
la durée absolue; il sagit de l’âge que j’appellerai phystolo-
gique, c’est-à-dire du nombre plus ou moins grand de modifications
310 NOUVELLES NOTES
successives que les utricules ont subies. Or, il est facile de s’en rendre
un compte exact, sinon dans tous les cas, du moins dans celui-ci.
Quant à l’explication du fait en lui-même, elle est très-simple : les
deux couches de cambium travaillent en même temps à l’accroisse-
ment de la région intermédiaire, l’une par sa partie qui regarde la
circonférence , l’autre par sa partie qui regarde le centre, de telle
sortie que, des deux côtés, les utricules dernières formées sont en
général les plus éloignées de la ligne médiane vers laquelle se pres-
sent les vieilles utricules.
Au premier aperçu de cette disposition, on serait bien tenté de
croire à existence de deux courants marchant à l’encontre lun de
Vautre et finissant par se confondre. Mais l’observation attentive et
réfléchie démontre que, s’il est vrai que différents dépôts de cambium
peuvent produire des utricules dans des directions opposées, il ne
l'est pas moins qu'un mouvement centrifuge, unique, irrésistible,
entraine ensemble dans la même voie et les dépôts de cambium et
toutes les utricules. Il n’y a doneftm effet qu’un seul courant. Plus
loin, j'appellerai de nouveau l'attention sur cet important phéno-
mène qui a lieu également dans les trois régions. Je reviens à ce qui
est particulier à la région intermédiaire.
On observe dans cette région, où dominent en majeure partie les
utricules issues des deux couches de cambium, un grand nombre
de petits dépôts de cette matière, lesquels, sans qu'on puisse en dé-
mêler la cause, ont des destinées très-diverses. Les uns remplissent
les utricules, les autres les interstices qu’elles laissent entre elles, et
que lon désigne sous le nom de méats.
Le cambium contenu dans les utricules n’est bien distinct que
lorsqu'il a revêtu la forme d’un tissu cellulaire mucilagintux ; il s’éva-
nouit quelquefois peu après son apparition, et ne laisse nulle trace
de son existence éphémère. D’autres fois ses cellules se séparent et
SUR LE CAMBIUM. 311
s’égrainent en sphérioles qui n’ont aussi qu’une courte durée. D’au-
tres fois encore une des cellules grandit seule et semble appelée à
devenir la doublure de utricule qui la contient ; mais, arrêtée tout
à coup dans son développement, elle se flétrit et se ramasse avec
son cambium, en une masse amorphe de couleur de rouille qui se
maintient quelque temps dans cet état et finit par disparaitre.
Le cambium qui se loge dans les méats de la couche intermé-
diaire n’est pas moins abondant que celui qui se loge dans les utri-
cules elles-mêmes : il se distribue çà et là en petits amas ou en longs
filets. Dans le premier cas, la substance organisatrice passe si vite à
Pétat utriculaire qu'il est impossible de constater les changements
qu’elle subit avant d’y arriver. Les nouvelles utricules se distinguent
tout d’abord des anciennes : elles sont plus petites, et leur paroi,
au lieu de paraitre une pellicule sèche et ferme, semble une matière
gélatiniforme amincie en lame. Mais en vieillissant, ces utricules se
fortifient, grandissent, se font place parmi les autres et se confon-
dent avec elles. Dans le second cas, je veux dire lorsque le cam-
bium, sous forme de filet, parcourt longitudinalement la région
intermédiaire, la série presque entière des modifications et méta-
morphoses passe sous l’œil de l’observateur. Tout compte fait, il
voit succéder à un cambium mamelonné, dans l’ordre où je vais les
indiquer, un tissu cellulaire mucilagineux; un tissu cellulaire à pa-
rois couvertes de papilles ; un tissu cellulaire à parois sèches, minces
et finement striées; enfin un tissu composé de longues utricules dis-
tinctes, mais unies les unes aux autres. Et alors de nouvelles utri-
cules s’emboitent dans celles-ci, qui deviennent, par ce renfort,
doubles, triples, quadruples, quintuples, etc.; et des pertuis ou-
verts à travers les parois font communiquer entre elles toutes les ca-
vités utriculaires. Tel est le mode de formation de ces longs filets
ligneux que les phytologistes ont remarqués dans la racine du
312 NOUVELLES NOTES
Dattier, et dont Les analogues se représentent dans le stipe et Les
feuilles.
La couche de cambium placée entre la région périphérique et la
région intermédiaire ne dure qu’un temps. On ne la retrouve plus
dans les portions de la racine qui ont acquis une certaine consis-
tance. Alors, entre les parois des utricules limitrophes de lune et
de lautre région, naissent çà et là des utricules qui, venant à se
multiplier, se joignent et enferment, comme dans un fourreau , la
région intermédiaire. Ces utricules sont tubulaires, polyèdres, ajus-
tées bout à bout. De simples qu’elles étaient d’abord, elles de-
viennent complexes par l’adjonction de nouvelles utricules nées
dans leurs cavités et qui communiquent ensemble par des pertuis.
Elles ont donc la plus grande analogie avec les utricules des filets
ligneux éparses dans la région intermédiaire.
J'arrive à la région centrale. Dans sa première jeunesse, elle est
séparée de la région intermédiaire par une couche de cambium qui,
comme l'autre, sert à deux fins. On a vu qu’elle fournit des utri-
cules à la région intermédiaire ; on peut s'assurer qu’elle en fournit
aussi à la région centrale. En effet, si lon porte les yeux sur une
coupe transversale enlevée avec dextérité en temps et place conve-
nables, on retrouve à point nommé la série des métamorphoses
qui, d’un côté, conduit à l’origine des utricules, et de l’autre, au
terme de leur développement. Il est de toute évidence que la plu-
part de ces utricules sont sorties de la grande couche de cambium,
les unes plus tôt, les autres plus tard, et que, selon leur âge plus
ou moins avancé , elles se sont cantonnées plus près ou plus loin du
centre. Au centre donc sont les utricules de première formation.
Leur forme est cylindrique; elles tiennent très-faiblement les unes
aux autres par les points de contact. L'âge de la région dont elles
font partie indique qu’elles sont encore en pleine végétation. Pour
comte ne ns
SUR LE CAMBIUM. 313
modification finale, elles passeront bientôt de l’état simple à l’état
complexe. Les autres utricules composent un tissu continu, d’au-
tant plus jeune qu’il est plus éloigné du centre. Les plus voisines
de la région intermédiaire ne sont , à bien dire, qu’un cambium cel-
luleux.
A cette époque de la végétation, l’œil aidé du microscope ne
saurait confondre la masse du tissu utriculaire.de la région centrale
avec celle de la région intermédiaire. Il est même assez facile de
dessiner les caractères distinctifs des deux régions dans un moment
donné. Mais entreprendre d’en observer, comparer et décrire toutes
les modifications, serait une tentative vaine ; l’action incessante de
la puissance végétative les fait varier à l'infini.
Plus tard, une membrane celluleuse n’ayant partout qu’une
utricule d'épaisseur, s’organise entre la région centrale et la région
intermédiaire. Elle pose une limite précise à celle-ci, et, par con-
séquent , elle marque la place où l’autre commence. Ce que je vais
dire de cette membrane ne se rapportera qu’à ce qu’on peut en voir
sur des coupes transversales. Elle s'y dessine en ceinture. Au mo-
ment où elle apparait, ses utricules, prises une à une, n'’offrent
rien de particulier, et pourtant toutes ensemble attirent attention.
C’est qu’elles affectent une forme déterminée, toutes étant à peu
près carrées ou parallélogrammes ; qu’elles sont environ d’égale gran-
deur, et qu’elles tiennent les unes aux autres côte à côte, en série
concentrique ; tandis que les utricules de la région intermédiaire ne
gardent aucun ordre symétrique, varient sensiblement dansleurs di-
mensions , et diffèrent plus ou moins par leurs formes.
En avançant en âge, les utricules de la ceinture se remplissent de
cambium qui ne tarde pas à devenir un tissu cellulaire, irrégulier
dans toutes, différent dans chacune. Toujours rangées en cercle,
elles prennent plus d’ampleur, et chacune d’elles se développe en
314 NOUVELLES NOTES
hémicycle. Le diamètre des hémicycles s'appuie contre la région in-
termédiaire. La portion demi-circulaire de ces mêmes hémicycles
regarde l’intérieur de la région centrale. Pendant que les utricules
se modifient ainsi, le tissu cellulaire qu’elles contiennent s’agence
suivant un ordre symétrique et presque uniforme. Voici en quoi il
consiste : au point central de chaque hémicycle, il y a une cellule,
copie en miniature de Putricule qui la contient. De la face externe
de cette cellule partent, comme des rayons divergents, des cloi-
sons verticales, lesquelles vont s'attacher sur la face interne demi-
circulaire de la paroi de la grande utricule. Il s'ensuit que la cavité
de celle-ci est divisée en un certain nombre de loges contiguës dont
souvent , sur les coupes transversales , les cloisons figurent des qua-
drilatères plus ou moins réguliers ou des triangles à peu prèsisocèles.
Le tout ensemble imite, à faire illusion , une étroite dentelle feston-
née. Par leffet de la vieillesse, ce dessin symétrique saltère sans
néanmoins s’effacer totalement. Il y a cela de particulier dans les
modifications successives des utricules de la ceinture, qu’elles sont
si subites que observateur le plus diligent n’en saurait suivre les pro-
grès; tout ce qu'il peut faire est de saisir au passage quelques-unes
de ces modifications.
La multiplication par emboitement des utricules de la région cen-
trale, ou , ce qui est la même chose, la transformation de ses utri-
cules simples en utricules complexes, commence à peu de distance
du centre, et gagne de proche en proche jusqu’à la ceinture de la
région. Ce phénomène, lun des plus curieux de l’organogénie vé-
gétale, s'opère dans chaque cavité utriculaire, au moyen de dépôts
successifs de cambium, lesquels n’ont qu’une courte existence, mais
produisent avant de disparaitre un petit nombre d’utricules destinées
souvent à vivre des siècles. J’expliquerai tout-à-l’heure comment
s’opèrent ces formations.
SUR LE CAMBIUM. 313
De petits, moyens et grands vaisseaux, parcourent la région
centrale dans sa longueur. Ces vaisseaux forment, par leur rappro-
chement, des lames plus ou moins continues, lesquelles, en général,
se disposent selon la direction des rayons. Les petits vaisseaux s’ados-
sent contre les utricules les plus voisines de la ceinture ; les moyens
viennent ensuite etne s’éloignent guère des petits ; les grandi se rap-
prochent du centre et souvent finissent par s’isoler lesuns des autres.
Tous, petits, moyens et grands, sont des tubes polyèdres dont les
facettes, ouvertes par des fentes transversales, ou paraissant telles,
représentent tant bien que mal de petites échelles. De là le nom de
vaisseaux scalariformes , qui leur a été donné par les Allemands !.
Chacune des lames vasculaires est séparée de ses deux voisines par
une épaisse masse d’utricules qui s'étend jusqu’à la ceinture de la
région, Durant le cours de la végétation. le cambium afflue surtout
vers la partie moyenne de la masse ; il enveloppe et remplit ses utri-
cules, La surabondance de la matière organisatrice rend d’abord la
vision si confuse, qu'aucune particularité ne soffre que je puisse
nommer ou décrire; mais à l’aide du temps, la matière revêt des
formes organiques distinctes. Des utricules, jointes précédemment,
se séparent et se retirent les unes à droite , les autres à gauche, et,
tandis que cela se passe, un tissu cellulaire mucilagineux à cloisons
toutes couvertes de papilles, vient occuper l’espace abandonné par
les anciennes utricules.
Le nouveau tissu s’élargit en lame irrégulière, et, de même que
? Je me sers du langage usité quand je dis des paroïs qu’elles sont férdues ou percées à
jour ; mais je reconnais que dans la racine du Dattier, ce qui semble être des ouvertures n’est
très-probablement , dans beaucoup de cas, qu’un notable amincissement local des parois.
Cette manière de voir est conforme à l'opinion de M. Mohl. Toutefois, je serais tenté de croire
qu’il l'a trop généralisée. Il n’y a pas loin de l’amincissement de la membrane à une ouver-
ture , et toute ouverture dans une utricule commence par un amincissement.
Anrcuyes D Muséuy, TOME I. ÿ1
316 NOUVELLES NOTES
les lames composées de vaisseaux scalariformes , il se projette vers
le centre. Les jeunes cellules qui le constituent diffèrent de forme,
de grandeur et de position. Les unes sont très-petites ; elles se dessi-
nent souvent sur la coupe transversale en polygones à cinq ou six
côtés, et sont rassemblées en groupe tout contre la ceinture, contre
laquelle aussi s'appuient, à peu de distance de là, les petits vaisseaux
scalariformes. Les autres cellules, grandes ou moyennes, affectent
des formes variées et se rangent à la suite des petites, dans la direc-
tion des rayons. Plusieurs phytologistes ont avancé que ces lames
cellulaires étaient composées de laticifères. Ils n’ont cité, que je sa-
che, aucun fait à appui de leur opinion. Sitôt que je Pai connue, je
lai jugée peu fondée, et, quand je Pai soumise à un examen sérieux,
je Pai trouvée én contradiction manifeste avec les résultats de mes
recherches. Au lieu de vaisseaux ramifiés communiquant entre eux
par des anastomoses, ‘et contenant un suc coloré qui charie des gra-
nules, je n'ai vu que de simples cellules allongées, dépourvues de
suc comparable au latex. J'ai pensé dès-lors que la lame cellulaire,
dont le tissu est si transparent et si délicat, ne pouvait être autre
chose que la première ébauche d'une nouvelle lame vasculaire. Je
ne me suis pas trompé; j'ai été témoin de la transformation graduelle
des utricules en petits, moyens et grands vaisseaux scalariformes.
Mes dessins, exécutés avec la plus scrupuleuse exactitude, confirment
cette assertion.
Chaque nouvelle lame venant à sallonger, partage en deux la
masse utriculaire au milieu de laquelle elle a pris naissance ; et,
pendant que cette séparation s'opère, il se forme dans chaque moitié
un autre dépôt de cambium qui devient bientôt une lame cellulaire,
laquelle à son tour se change en une lame vasculaire. Ces formations
et transformations, si promptes dans la jeunesse qu’on a peine à les
suivre, si lentes dans la vieillesse qu’on les cherche longtemps avant
SUR LE CAMBIUM. 217
de pouvoir en constater la réalité, se répètent toujours semblables
à elles-mêmes, tant que la racine a la puissance de reproduire du
cambium. Cest pourquoi les lames cellulaires s'offrent presque tou-
jours égales en nombre aux lames vasculaires, quel que soit d’ailleurs
Vâge de la racine.
La prodigieuse multiplication des germes est la meilleure garantie
de la conservation des races.-Cette vérité est si évidente, qu’elle est
devenue un sujet banal d'amplification. Pour exciter plus vivement
l'intérêt par un contraste, on s’est complu à dire que la Nature se
montrait peu soucieuse du sort des individus ; et pourtant c’est encore
à l’aide d’une production qui n’a, en quelque sorte, pas de limites,
qu’elle assure lexistence teniporaire et le complet développement
d'un grand nombre d’entre eux, L'histoire entière du cambium dé-
pose en faveur de cette assertion. J’en fais particulièrement la re-
marque à l’occasion des gros vaisseaux de la racine du Dattier.
L'exemple est des plus instructifs : à lui seul il suflit pour mettre sur
la voie d’une judicieuse interprétation de tous les faits analogues.
De même que les utricules dont j'ai parlé plus haut, ces gros vais-
seaux, qui, à vrai dire, ne sont que des séries d’utricules ajustées et
soudées bout à bout, passent de l’état simple à l’état complexe. Pour
savoir comment ce changement s'exécute, reprenons les vaisseaux
dans leur jeunesse. Ils contiennent un cambium celluleux. Les cel-
lules y sont si multipliées, que pendant longtemps je n’ai pu com-
prendre à quelle fin une telle quantité de germes d’utricules était
logée dans les étroites limites du calibre de chaque vaisseau. Plus
tard, de nouvelles observations m'ont appris que vers le centre des
vaisseaux, et, par conséquent, vers le milieu de la masse celluleuse
qui garde son caractère originel, une, ou quelquefois deux, trois,
quatre cellules, s’individualisent, je veux dire, se font chacune une
paroi qui n'appartient qu'à elle, se développent chacune dans une
318 NOUVELLES NOTES
parfaite indépendance des autres, jouissent chacune d’une vie qui
lui est propre, en un mot, se transforment toutes en autant d’utri-
cules distinctes. Parmi ces utricules, il en est une, pour l'ordinaire,
qui, mieux constituée que les autres, ou peut-être plus favorisée par
des circonstances que nous ne saurions apprécier, grandit plus vite
et ne s'arrête dans sa croissance que lorsqu’elle rencontre la paroi du
gros Vaisseau, contre laquelle elle s'applique et dont elle augmente
l'épaisseur. Sans doute on demandera ce que deviennent, dans ces
conjonctures , les autres utricules et le cambium celluleux qui rem-
plissaient d’abord toute la capacité du vaisseau. À cette question je
répondrai que le cambium et les utricules, refoulés vers la circonfé-
rence, s’amoindrissent à mesure que l’espace se resserre , et, finale-
ment, disparaissent , semblables, je le répète, à cette foule d’em-
bryons qui, appelés à concourir au maintien des races, se trouvent
la plupart incapables de soutenir la concurrence et périssent presque
aussitôt que nés.
L’addition d’une seule utricule ne suffit point à l'achèvement du
vaisseau. Viennent à sa suite une seconde, une troisième, une qua-
trième utricule et plus, qui s’'emboitent les unes dans les autres. Vou-
lant me rendre raison de ces formations successives, je ne les ai pas
perdues de vue. Peu après son apparition, la première utricule se
remplit d'un cambium dont les cellules, comparées à celles que le
vaisseau contient encore, sont très-petites. Mais à mesure que la pre-
mière utricule grandit, les cellules de son cambiuw grandissent aussi.
L’une d’elles s’enfle, s’'arrondit, et constitue une seconde utricule
qui se comporte absolament comme la première. Une troisième
utricule, engendrée par le cambium de la seconde , a le même sort,
et ainsi des autres. Je ne m’étendrai pas davantage sur ce sujet : les
faits parlent d’eux-mémes. Tout le monde comprendra comment
s'opère dans les grands vaisseaux (j’ajouterai dans les petits vaisseaux
SUR LE CAMBIUM. 319
et les utricules) cette stratification de couches membraneuses qui
fortifient leurs parois, et est en même temps la cause efficiente de
l'extinction d’une innombrable quantité de germes.
Les exemples que je viens de citer de la disparition de toute la
portion du cambium celluleux resté sans emploi immédiat, n’autorise
pas à conclure que les éléments de cette matière organisatrice soient
perdus sans retour pour le végétal ; au contraire, ensemble des faits
tend à prouver que cet abondant et précieux résidu, élaboré dere-
chef, et devenu soluble par l’effet de procédés chimiques qui nous
sont inconnus, se rend où l’appellent les besoins de la végétation, et
sert à la fois à la création de nouvelles utricules et à la nutrition des
anciennes.
L’accroissement de la racine est la conséquence immédiate de la
formation du cambium. Si après avoir exposé la cause, je n’essayais
d'expliquer leffet, ces notes seraient par trop insuffisantes. Ce n’est
pas que je veuille disserter longuement sur la manière de croître des
racines. Je me bornerai à la plus brève exposition de ce que j'ai ob-
servé dans le Dattier; et même, pour ce qui a rapport à l’allonge-
ment, jem’en référerai à un passage de mes premières notes, publiées
en 1837 dans le Compte rendu '. Quant à l’épaississement, je n’en
ai dit qu’un mot, à l’occasion de la zone intermédiaire, mais j’ai pris
Pengagement d’y revenir : il est temps que je tienne parole.
L'expérience m’a appris que le moyen le plus sûr d’éclairer le
phénomène de l’accroissement, était de se mettre en quête des divers
gisements du cambium, et de l’épier dans toutes les phases de ses
développements. Les parties jeunes de la racine en sont très-large-
ment pourvues. Il se montre aussi, mais en moindre abondance,
dans les parties les plus vieilles. On a vu qu’à certaines époques il
"Voyez deuxième semestre, 27 août, p. 296 et 297.
320 NOUVELLES NOTES
forme deux couches, l’une entre la région périphérique et la région
intermédiaire, l’autre entre la région intermédiaire et la région cen-
trale; que, dans cette dernière, il s'avance vers le centre en lames
convergentes ; que souvent il envahit les cavités utriculaires ou vas-
culaires; qu'il se loge dans les méats et se glisse jusque entre les utri-
cules ; qu’enfin il n’existe pas de partie si dure et si compacte qu’elle
puisse lui fermer tout accès. Or, le cambium, qu'est-ce autre chose
que la substance organisatrice? et puisque cette substance se présente
partout, ne faut-il pas aussi qu'il y ait partout production de nou-
velles utricules, accroissement des anciennes, et par conséquent
augmentation dans tous les points du corps vivant? L'observation
prouve ce que démontre le raisonnement. Les utricules doivent être
considérées comme formant en commun, depuis le centre jusqu’à
la circonférence, une multitude de cercles, ou plutôt de couches
concentriques plus ou moins régulières. Chaque couche, par laddi-
tion d’utricules dont le nombre et la puissance amplifiante sont à la
fois en rapport avec la position qu’elle occupe et l’accroissement gé-
néral de la racine, s’élargit et s'éloigne du centre de telle sorte qu’elle
ne cesse pas un moment d’être en contact avec les autres couches.
Toutes ensemble donc se portent en avant, et ce mouvement cen-
trifuge est assez ferme pour que, dans maintes circonstances, les
couches mortes ou vives de la région périphérique ne pouvant se
distendre, se rompent. Jusque-là, exclusivement, tout s'exécute
sous lempire des forces vitales; là seulement on reconnait, à n’en
pouvoir douter, l’œuvre d’une force mécanique. Il est bien entendu
qu'à mesure que le corps de la racine empiète sur l’espace environ-
nant, de nouvelles utricules naissent au centre, et y remplissent la
place abandonnée par les anciennes.
Ici se terminent mes Notes. Si, par impossible, les faits principaux
qu’elles renferment ne se pouvaient voir que dans le Dattier, force
SUR ILE CAMEBIUM. 321
serait sans doute de reconnaître que ce végétal offre une exception
des plus étonnantes. Si au contraire (ce qui ne me surprendrait pas),
ces faits se reproduisaient pour la plupart dans la généralité des ra-
cines des Monocotylés, il faudrait convenir que non-seulement ils
sont de nature à exciter la curiosité, mais aussi qu'ils ont une certaine
importance. Enfin, si un ou plusieurs de ces faits se rencontraient
dans divers organes appartenant à des espèces prises sans choix parmi
les Phanérogames et les Cryptogames, il semble qu'on ne pourrait
se refuser à les accepter, comme l’expression de lois générales. Ces
considérations, qui se sont présentées fréquemment à mon esprit,
durant le cours de mes recherches, soulèvent des questions : d’un
haut intérêt pour les progrès de la science. Ne peut-on pas se flatter
qu’à cette époque si féconde en découvertes physiologiques, leur
solution ne saurait guère se faire attendre ?
EXPLICATION
DES LETTRES EMPLOYÉES DANS LES FIGURES.
e. Cambium.
ec. Cambium celluleux.
cg. Cambium globuleux.
cgc. Cambium globulo-cellulaire,
cm. Cambium mort.
4. Tissu cellulaire.
tp. Tissus cellulaire à parois chargées de papilles.
ts. Tissu cellulaire à paroïs sèches et minces.
ici. Tissu cellulaire interposé, c’est-à-dire contenant dans ses cellules des utricules
séparées les unes des autres.
m. Méats.
1m. Tissu méaté, c’est-à-dire tissu ayant des méats.
4. Lacunes.
u. Utricules,
us. Utricules simples.
s. Sphérioles, ou petites utricules renfermées dans les grandes.
uc. Utricules complexes, ou qui deviendront telles.
ucr. Utricules complexes régulières, ou qui deviendront telles.
uci. Utricules complexes irrégulières, où qui deviendront telles.
ul. Utricules lenticulaires.
m. Vaisseaux.
vs. Vaisseaux scalariformes,
ps. Petits vaisseaux scalariformes , ou utricules qui sont appelées à devenir telles,
ms. Moyens vaisseaux scalariformes , ou utricules qui sont appelées à devenir telles.
gs Grands vaisseaux scalariformes, ou utricules qui sont appelées à devenir telles,
rp. Région périphérique.
ri. Région intermédiaire,
rc. Région centrale.
fe. Fourreau cannelé offrant sur la coupe transversale comme une ceinture feslon-
née ; c'est sous ce dernier nom qu'il est désigné dans le mémoire.
ft. Filets ligneux.
CR
el
=
SUR LE CAMBIUM. 3
el. Enveloppe ligneuse.
p- Pertuis.
lc. Lames vasculaires convergentes.
st. Stries transversales.
sl. Stries longitudinales.
Pt. Parois transversales,
ANATOMIE
DE LA RACINE DU PHOENIX DACTYLIFERA (parrier).
PLANCHE XX.
Fig. 1. Coupe transversale d’une racine de Dattier dont on voit la grosseur réelle en a.
La coupe a été faite près de la base de la racine, et par conséquent dans une
partie vieille.
Les caractères qu’offre le tissu suffiraient seuls pour prouver son ancienneté.
On peut diviser la racine en trois régions : la périphérique (rp), l’intermé-
diaire (ré), et la centrale (rc).
La région périphérique est, comme l’indique son nom, placée à la circon-
férence. Elle est formée d’une couche d’utricules simples (us) qui s’altère et se
détruit par Veffet de plusieurs causes. L’épaississement progressif de la région
intermédiaire et de la région centrale pousse cette couche en avant, et, comme
elle n’est pas extensible, elle se déchire. La chaleur, le froid , la sécheresse,
l'humidité, etc. , contribuent aussi à la détruire. Elle se régénére par la for-
mation de nouvelles utricules qui naissent à la surface de la région intermé.
diaire (71). Gette reproduction, prompte dans la jeunesse, est lente dans la
vieillesse.
Immédiatement après la région périphérique (rp) commence la région in-
termédiaire (ri). Sa limite est marquée par une enveloppe ligneuse (el), la-
quelle se compose d’utricules complexes régulières (ue) , c’est-à-dire d’utricules
Anouves pu Muséum, Tour I. 42
NOUVELLES NOTES
d’une certaine grandeur, dont la cavité contient d’autres utricules plus petites
emboîtées les unes dans les autres. Les utricules complexes sont de deux sortes :
les unes (wcr), et c'est le plus grand nombre, sont plus ou moins régulières,
allongées en polytdres ordinairement à six côtés. Leur sommet et leur base sc
terminent par un plan presque toujours horizontal. Elles sont placées bout à
bout , exactement les unes au-dessus des autres. Leurs paroïs complexes sont
traversées horizontalement par des pertuis très-fins. Quand on regarde les
pertuis sur la face des utricules soit extérieure, soit intérieure, lorifice de
chacun d’eux paraît comme un point. Quand on les regarde sous la coupe
transversale, ils figurent des rayons qui s'étendent de la cavité centrale jusqu’à
la circonférence. M. Mohl assure que partout où ces pertuis se trouvent, ils
sont fermés à l’extérieur par une membrane d’une extrême finesse. Souvent j'ai
dà croire qu’il en étail ainsi, souvent j’ai pu croire le contraire. M. Mohl lui-
même wa vu que très-rarement cette fine membrane. Ne se pourrait-il pas que
tantôt elle füt présente et tantôt elle fit défaut? Quoi qu’il en soit, il convient
de noter comme un fait très-remarquable que généralement , si même ce n’est
toujours, les pertuis d’une utricule se rencontrent par leur extrémité extérieure
avec les pertuis des utricules contiguës, ce qui donne à penser que c’est sur
tout par ces canaux que les fluides passent d’uneutricule dans l’autre.
Les utricules complexes de la seconde sorte (uci) différent des premières,
parce qu’elles sont plus amples, que leur forme est variée et irrégulière, qu’elles
n’offrent entre elles aucun ordre déterminé, qu’elles sont placées comme au
hasard dans l’enveloppe ligneuse, et que les pertuis qui criblent leurs parois
sont sensiblement plus grands.
La majeure partie de la région intermédiaire (ri) se compose d’utricules
simples, closes, qui varient dans leurs dimensions et leurs formes. Leurs con-
tours sont plus où moins arrondis. Elles adhèrent les unes aux autres par leurs
points de contact, et laissent entre elles de petits espaces vides qu’on a nommés
méats interutriculaires (#1). Il ÿ a en outre cà et à de plus grands espaces
entièrement dégarnis d’utricules : ce sont des lacunes (/). Elles résultent soit
de là destruction d’un certain nombre d’utricules, soit de leur croïssance ou
de leur multiplication qui s’est faite inégalement, de telle sorte qu’en diverses
places des désunions et des écartements se sont opérés. |
On remarque dans cette région un assez grand nombre de filets ligneux (fl)
formés d’utricules complexes régulières (ucr), toutes semblables à celles qui
constituent la majeure partie de l'enveloppe ligneuse (e2/) qui sépare la région
SUR LE CAMBIUM. 32)
intermédiaire de la région périphérique. Ces filets ligneux parcourent la racine
dans sa longueur. L:eur surface est couverte en partie de petites utricules len-
ticulaires (w2) dont la paroi reste mince et membraneuse. Elles contiennent
deux sphérioles (nucle:) emboîtées l’une dans l’autre.
Une série de grandes utricules compose la ceinture festonnée, ou, pour
parler plus:exactement, le fourreau cannelé (fc) qui sépare de la région inter-
médiaire la région centrale (rc). Chaque grande utricule se dessine sur la
coupe transversale; non: sans beaucoup d’incorreetions, comme un demi-cerele
dont l'ouverture serait fermée par une ligne qui représenterait le diamètre. Au
centre de cet hémicycle est une petiteutricule de laquelle partent en forme de
rayons, des cloisons qui vont s’attacher à la portion demi-cireulaire dela paroi
de la grande utricule. Celle-ci, comme l’on voit , n’est en réalité qu'une utri-
cule complexe, bien différente toutefois des utricules composant l'enveloppe
ligneuse (el). On comprend par cette description de la coupe transversale du
fourreau cannelé, ce qui a pu me déterminer d’abord à lui imposer le nom de
ceinture festonnée; mais ce nom, applicable à un accident particulier de cet
organisme, ne donnait pas une juste idée de sa forme générale.
Au-dessous du fourreau cannelé (fc); et par conséquent dans la région
centrale (rc), sont deux séries circulaires d’utricules complexes irrégulières
(uci) qui ont beaucoup d’analogie avec celles qui sont représentées dans l’en-
veloppe ligneuse ( eZ) de la région intermédiaire (ri). Le dessinateur a indiqué
ces utricules complexes irrégulières d’une manière très-imparfaite , mais d'au-
tres figures en fourniront une représentation plus exacte.
Une masse ligneuse, assemblage d’utricules complexes régulières (uer), ne dif-
férant en rien des utricules qui.constituent les filets ligneux (f£) dela région in-
termédiaire, et presque toute l’enveloppe ligneuse (e2), forme la majeure partie
de la région centrale (rc). Cette masse ligneuse s’accroîtra encore. Les utricules
simples (ws), cantonnées dans la partie la plus centrale , passeront successive-
ment à l’état complexe. Déjà même la transition est sensible sur les bords (8).
Près du fourreau cannelé (fc), des groupes de petits vaisseaux scalariformes
(ps) se montrent de distance en distance sur une ligne circulaire. Un peu
moins loin du centre, à la suite des petits vaisseaux, prennent place les moyens
scalariformes (ms). Après eux, et plus rapprochés du centre , sont les grands
scalariformes (gs). Ces vaisseaux, petits, moyens et grands, tantôt se touchent,
tantôt sont séparés et toujours sont disposés plus ou moins exactement dans Ja
326
NOUVELLES NOTES
direction des rayons. Tous ensemble forment en quelque sorte des lames vas-
culaires convergentes (/vc).
En nombre égal à ces lames et au milieu des masses d’utricules ligneuses
qui les séparent , on observe de petits rassemblements d’utricules très-jeunes ,
lesquelles commencent au voisinage du fourreau cannelé (fe) et se propagent
vers le centre. Ce n’est autrechose, quoi qu’on en ait dit, que des scalariformes
naissants (/vc).
. Cette coupe transversale de la racine a été prise sur une partie plus vieille que
celle qui a fourni le modèle de la fig. 1. Je l'ai observée sous un grossissement
de cinq à six cents fois le diamètre. On y retrouve la représentation de la ré-
gion centrale (rc) à partir du fourreau cannelé (fc) jusques et au-delà des utri-
cules simples (ws) très-peu nombreuses qui occupent le centre. Une petite
portion de la région intermédiaire (7£) recouvre le fourreau cannelé (fe). Je
ne répéterai pas ici tout ce que j’ai dit plus haut à l’occasion de la fig. 1 ; je
me bornerai à donner quelques nouvelles explications.
Les utricules simples de la région intermédiaire (ri) offrent une certaine
régularité dans leur jeunesse, mais à mesure qu’elles vieillissent et s’accroissent,
elles se pressent les unes contre les autres et se déforment. Alors on trouve à
peine deux utricules qui se ressemblent. Malgré la vieillesse, il n’est pas rare
de rencontrer un cambium celluleux (ec). Souvent ce cambium se transforme
en petites utricules ou sphérioles (s) éparses ou groupées dans les cavités
utriculaires.
Les vaisseaux scalariformes (vs) ne diffèrent guère entre eux que par leur gran-
deur. Les parois sont complexes et d’une épaisseur notable. Il est en général
facile de distinguer les membranes supérieures qui les constituent. Il arrive
même que des lambeaux de ces membranes (*) se détachent partiellement et
flottent dans l’intérieur des vaisseaux. Des taches brunes (é), placées symétri-
quement , indiquent sur la coupe transversale la présence de pertuis (p), ou
du moins de quelque chose qui y ressemble beaucoup.
Les utricules complexes régulières (uer), qui constituent la presque totalité
de la masse ligneuse de la région centrale, sont logées une à une dans les cavités
d’un tissu cellulaire continu (4ci). L'existence de ce tissu est certaine, mais je
n'ai acquis jusqu’à ce jour aucune notion précise sur l’époque et le mode de sa
formation.
SUR LE CAMBIUM. 327
PLANCHE XXI.
Fig. 3. Cette figure, qui se compose de deux fragments (AB) d’une coupe transversale
faite sur une portion très-jeune de la racine du Dattier, offre différentes modi-
fications de l’organisation utriculaire depuis la circonférence jusqu’au centre.
La région périphérique (rp) est composée d’un tissu cellulaire continu. Au
dessous se trouve la région intermédiaire (ri), laquelle commence par une cou-
che de cambium dans trois états différents. La partie la plus excentrique de ce
cambium peut être désignée sous le nôm de cambium globuleux (cg). Elle
semble composée de globules pleins unis les uns aux autres; muis il yaici
très- certainement illusion d’optique. En effet, comment la coupe transversale
d'une masse mucilagineuse pourrait-elle donner une surface mamelonnée? Cela
serait impossible. Je penche à croire que cette apparence provient de l’inégale
densité de la matière.
Au-dessous de ce cambium dit globuleux (cg), ou quelquefois mêlé avec
lui, est le cambium globulo-cellulaire (cgc), qui ne diffère du premier qu'en
ce qu’au centre de chaque mamelon on aperçoit une tache grise, indice certain
de l'existence d’une cavité.
Plus bas, l'apparence globuleuse disparaît complétement, et les cavités ac-
quièrent une grandeur plus considérable. Dans cet état, la matière régénéra-
trice recoit le nom de cambium celluleux (cc). Ge serait se faire une fausse
idée du cambium (c) de ne voir en lui qu’une matière nutritive susceptible de
se porter d’un endroit à un autre; ce scrait se tromper également de croire que
toute la masse du cambium est organisée. Le cambium est l’alliance, mais non
Ja confusion d’un organisme naissant, produit d’un organisme antérieur, avec
un suc nutritif qui pénètre et accroît incessamment la masse du jeune tissu.
Passé les trois états de cambium globuleux (cg), de cambium globulo-cellu-
laire (cgc) et de cambium celluleux (cc), toute apparence de mucilage disparaît,
el il n’est plus question de l'existence du cambium. Il s’est changé en tissu cel-
lulaire (£) qui, à son tour, se métamorphose en utricules simples (us), ou vais-
seaux (v).
Immédiatement après le cambium celluleux viennent un tissu cellulaire (4p)
à cloisons membraneuses moins épaisses, plus fermes, toutes couvertes de pa-
pilles, disposées-en quinconce; puis un tissu (45) à cloisons sèches et minces:
328
NOUVELLES NOTES
puis un tissu entre les cellules duquel il se forme des canaux ou méats (4m)
produits par le dédoublement partiel des cloisons.
Le tissu à parois sèches et minces et le tissu traversé par des méats sont mar-
qués de stries transversales et parallèles que l’on retrouve dans les utricules
simples (as).
Le cambium, dans son état primilif, n’est qu’un mucilage amorphe ; mais à
partir du cambium globuleux (cg) jusqu'aux utricules simples, il est visible
que la Nature a tendu sans cesse à constituer des individualités, c’est-à-dire des
utricules libres jouissant d’une existence propre. La Nature est arrivée finale -
ment à son but par la complète dislocation du tissu cellulaire.
Au bas du fragment A et au haut du fragment B qui lui fait suite, on observe
un tissu cellulaire à cloisons sèches et minces (4s), lequel termine la région
intermédiaire (ré). Ce tissu est analogue à celui que j'ai signalé dans le frag-
ment À , entre le tissu à parois papillaires (4p) et le tissu percé de méats (4m).
Or, ce tissu est évidemment plus jeune que les utricules simples (4s) qui le
précèdent; par conséquent il ne saurait tirer son origine de la couche de cam-
bium qui sépare la région intermédiaire de la région périphérique, et il n'ya
pas de doute qu’il ne provienne de l’autre couche de cambium (c) placée entre
la région intermédiaire et la région centrale (fragment B).
On remarque encore dans le fragment A des amas de cambium globuleux
(eg) qui remplissent les lacunes (/) de la région intermédiaire. Les modifica-
tions successives de ces amas de cambium sont représentées par les /2g. 4, 5, 6,
7, 8 et 9 dont il sera question tout-à-l’heure.
La couche du cambium (c) du fragment B offre, comme celle du fragment
À, le cambium globuleux, le cambium globulo-cellulaire, le cambium cellu-
leux, et, au-dessous de cette couche, on retrouve le tissu cellulaire à parois
papillaires (tp), puis le tissu cellulaire à cloisons membraneuses sèches, lisses
et minces (4s), et dans la portion tout-à-fait centrale les utricules simples (us).
Parmi les cellules à parois papillaires, il s’en trouve de plus grandes que les
autres qui sont remplies de cambium celluleux (cc) ou sont vides. Ces grandes
cellules se changeront en vaisseaux scalariformes (vs).
Les amas de cambium globuleux (cg), contenus dans les lacunes de la région
intermédiaire (ri) du fragment À de la fig. 5, vont offrir une série de méta-
morphoses à très-peu près semblables à celles que j’ai déjà notées; mais au lieu
de se présenter toutes ensemble à des places différentes, elles se présenteront
SUR LE CAMBIUM. 329
successivement à la même place. Ainsi, prenons l’un des amas de cambium
globuleux (eg) de la région intermédiaire (ri), il deviendra :
Fig. 4. Un cambium globulo-cellulaire (cge).
Fig. 5. Un cambium cellulaire (cc).
Fig. 6. Un tissu à parois papillaires (4p).
Fig. 7. Un tissu à cloisons membraneuses , sèches, lisses et minces (45).
Fig. 8. Un groupe de nombreuses utricules simples (us).
Fig. 9. Une réunion d’utricules complexes régulières et allongées (ucr), formant des
filets ligneux (#1).
La différence entre cette série de métamorphoses et celle du cambium glo-
buleux (cg) de la couche interposée entre la région périphérique (rp) et la
région intermédiaire (ri), consiste en ce que dans la première série il n'y a pas
de tissu cellulaire pourvu de méat (4), et que dans la seconde il n°ÿ à pas
d'ütricules complexes (wer). L'absence de ces utricules complexes est un fait
de organisme qui n’admet aucun commentaire. L'absence des méats résulte
de ce que la séparation complète des cellules, au lieu de se faire graduellement,
est instantanée.
Quand la racine a vieilli, une enveloppe ligneuse (el) se forme sous la région
périphérique et recouvre la région intermédiaire. Cette enveloppe se compose,
en majeure partie, d’utrieules complexes , allongées, régulières (er); mais cà
et là on y remarque des utricules complexes irrégulières (uci).
Fig. 10. La coupe verticale d’un filet ligneux démontre la régularité et la disposition
symétrique des utricules qui le composent. Dans chaque série, elles sont de
même forme, de même calibre, parfaitement rectilignes et ajustées bout à
bout avec une extrême précision. La seule irrégularité qu’on y remarque,
c’est que les parois, le plus souvent horizontales, sont quelquefois obli-
ques (*). Ces utricules ont des pertuis (p) qui semblent établir une commu-
nication directe entre elles. Chaque filet ligneux est recouvert d’utricules
lenticulaires (ul).
Fig. 11. Une couche d’utricules, origine du fourreau cannelé (fc), sépare la région
g ; DISEP) s
centrale de la région intermédiaire ; cette couche n’existe,pas dans la pre-
mière jeunesse. de la racine (voyez fig. 5 , fragment B). Elle se forme un
peu plus tard et se modifie diversement à mesure qu’elle vieillit. A son appa-
rition , ces utricules se dessinent sur la coupe transversale en polygones à six
côtés; mais il arrive le plus souvent que deux angles s’émoussent à tel point
qu’à la première vue ces hexagones semblent des carrés incorrects (fc).
330
NOUVELLES NOTES
Au-dessous de cetteenveloppe, on remarque deux ou trois couches d’utri-
cules qui deviendront complexes et irrégulières (wci). Puis plus bas sont les
scalariformes petits (ps), moyens (ns) et grands (gs). Les petits acquièrent
les premiers une certaine consistance, et prennent une couleur foncée de
rouille. Souvent toutes les cavités sont remplies de cambium celluleux (cc).
Ce cambium transforme une multitude d’utricules simples en utricules com-
plexes. Je vais dire comment la métamorphose s’opère dans les utricules qui
deviendront de moyens et grands vaisseaux scalariformes.
Je prends pour exemple une utricule qui commence un grand scalari-
forme (gs). Elle contient trois utricules plus petites (1, 2, 3) emboîttes les
unes dans les autres. Tout l’espace compris entre elle et l’utricule 5 est
rempli de cambium celluleux. Il en est de même de l’espace compris entre
lutricule 3 et lutricule 2, et de même encore entre l’utricule 2 et l’utri-
cule 1. Enfin l’utricule 1 contient elle-même un cambium celluleux. Il est
à remarquer que la grandeur des cellules de ces divers amas de cambium est
d'autant moindre que l’utricule où se trouvent ces cellules est plus petite.
À une époque antérieure, le grand scalariforme avait de plus petites di-
mensions et était tout rempli de cambium celluleux. Aucune utricule ne
paraissait dans sa cavité. En avançant en âge, il a pris plus d’ampleur; les
cellules de son cambium ont grandi et se sont multipliées, et, vers le centre,
l’une d’elles a passé à l’état d’utricule; cette nouvelle utricule s’est accrue,
elle a repoussé de tout côté le cambium qui l’environnait. C’est elle que je
désigne sous le chiffre 3. Si aucun accident ne l’arrête dans son développe-
ment normal , elle continucra de grandir, le cambium refoulé disparaîtra,
et finalement elle s’appliquera sur la face interne du grand scalariforme
dont elle deviendra la doublure. A laide du temps et par le même procédé,
cette doublure sera elle-même doublée, triplée, etc. Voilà comment beau-
coup d’utricules passent de l’état simple à l’état complexe.
Il arrive aussi, comme je l’ai observé dans la racine de la vanille, que le
cambium renfermé dans certaines utricules, au lieu de produire de nou-
velles utricules complexes, ne produit que des lames membrancuses qui
doublent, triplent, quadruplent, quintuplent, etc., une portion seulement
de la paroi de Putricule qui la contient, de sorte qu’on pourrait dire que
cette utricule est simple d’un côté et complexe de l’autre.
Un fait plus général et plus important sous le point de vue physiologique,
c'est que là même où il n’entre pas dans le plan de la Nature de faire des
Fig. 12.
Fig. 13.
SUR LE CAMBIUM: 331
utricules complexes, il se produit incessamment des amas de cambium
celluleux qui, en tout ou en partie, se transforme en utricules tantôt isolées,
tantôt groupées, tantôt emboîtées les unes dans les autres (fig. 5 *); et ces
utricules et ce cambium se flétrissent ,. meurent (fig. 5, cm), disparaissent
et sont remplacés par d’autres toutes semblables, tant que dure la végéta-
tion. Je serais bien trompé si ces matières végétalisées et résorbées ne con-
tribuaient puissamment à la nutrition de la plante.
La coupe longitudinale d’un grand scalariforme trés-jeune laisse voir un
lambeau de la cloison transversale (c£) qui séparait la cellule supérieure de
la cellule inférieure. Ces cellules étaient remplies de cambium globulo-cel-
lulaire (ezc). On retrouve encore de nombreux amas de cette matière orga-
nisatrice. Aucun signe n'indique jusqu’à présent les fentes parallèles qui
justifient le nom de scalariformes donné aux vaisseaux de cette sorte.
On a vu dans la fig. 11 commencer le fourreau cannelé (fc). La fig. 15
indique les changements produits en lui par la présence du cambium. Je
n'essaierai pas de les décrire : le dessin donne une idée plus nette de cet
organisme que les paroles ne pourraient le faire.
Immédiatement au-dessous du fourreau cannelé (fc) se montrent des
utricules simples qui, plus tard, offriront les caractères des utricules com-
plexes irrégulières (ci). Jusqu’à ce moment une seule présente cette forme
normale.
Une grande lacune (2), résultant de l’écartement des utricules simples
(us) vient ensuite. Elle est remplie de cambium globulo-cellulaire (cgc)
et de tissu papillaire (4p). Il règne ici une sorte de désordre. La puissance
végétative est en travail. On assiste, pour ainsi parler, à la création deslames
vasculaires convergentes (/vc, voyez planche XX), lesquelles se composent;
comme on sait, de petits, moyens et grands vaisseaux scalariformes. Mais
les voies de la nature, pour arriver à la formation des nouvelles utricules,
n'ont rien de commun avec celles que j’ai indiquées précédemment. Le cam-
bium globulo-cellulaire ne formait d’abord qu’une seule et même masse, et
voilà qu'il se divise en petits groupes que séparent des fissures (*) à peine
perceptibles à l’œil secondé par les plus forts microscopes, Dans ces fissures
se forme la substance membraneuse qui constituera bientôt le tissu papil-
laire. Ge mode de création peut surprendre, mais l’examen attentif de la
figure 15, dont je garantis la fidélité, ne laisse nul doute à cet égard.
Ancmives ou Muséum, rome I, 43
NOUVELLES NOTES
PLANCHE XXII.
Fig. 14. Je prends dans une vieille racine la portion la plus voisine du collet ; c’est la
plus âgée. La masse ligneuse de la région centrale est très-dure. On pourrait
être tenté de croire que la végétation est éteinte, et que, par conséquent , les
utricules simples ou complexes sont arrivées à un état de parfaite immobi-
lité. Toutefois le lambeau d’une tranche verticale que je mets sous les yeux
du lecteur, contient des parties tendres qui, je n’en doute pas, si elles n’eus-
sent été attaquées dans leur existence , auraient pris un développement con-
sidérable.
Le fourreau cannelé (fc) est très-différent de ce qu'il était dans la figure
2 fe : on y distingue encore très-bien les utricules qui le composent ; mais
les cloisons qui divisent les cavités de ces utricules , au lieu de dessiner sur la
coupe des formes élégantes et symétriques , ne présentent que des lignes bi-
zarrement agencées entre elles.
Au-dessous du fourreau , nous trouvons les utricules complexes irrégu-
lières (uci) que nous avons vues simples dans la fig. 11, et qui déjà com-
mençaient à devenir complexes dans la fig. 15. Ces utricules, disposées sur
deux ou trois rangs, enveloppent la masse ligneuse centrale, formée d’utri-
cules complexes régulières (ucr), et les vaisseaux scalariformes petits (ps ),
moyens (ms)et grands ( gs , qui composent les lames vasculaires conver-
gentes (/vc). Nous remarquons dans la fig. 14 trois lames de cette sorte : une
à notre gauche, une à notre droite, et la troisième entre les deux. Ces lames
se prolongent dans la direction des rayons. Pour quiconque n’en a pas fait
une étude approfondie, elles diffèrent essentiellement entre elles. Mais en
les prenant au moment où elles commencent à s’organiser, et les suivant
dans leur développement , on s’assure bientôt qu’elles ont même origine et
même fin. La figure 15, /ve, planche XXI, vous fait assister à leur création. Il
semble que la matière sorte du chaos. Le cambium se confond avec un tissu
cellulaire dont les linéaments sont si faiblement accusés, qu’il faut les voir à
plusieurs reprises pour s'assurer que ce n’est pas une illusion. Ainsi com-
mencent les lames convergentes. L’examen de la figure 14 va nous conduire
par degrés à leur modification finale.
La lame à gauche est très-jeune. Elle se compose de tissu cellulaire et d’u-
tricules simples bien distinctes. Toutefois la transparence et la délicatesse
SUR LE CAMBIUM. 333
des membranes dénotent une formation très-récente, La lame à droite est
plus âgée. Elle est entièrement composée d’utricules simples, à contours plus
fermes, à parois un peu moins transparentes. Sur la coupe transversale de
ces parois, se montrent des taches grises qui signalent la présence des pertuis.
La lame placée entre celle de droite et celle de gauche paraît avoir atteint
le terme de sa croissance. Elle est formée d’une série d’utricules allongées,
complexes, petites, moyennes et grandes, qui ont recu le nom de vaisseaux.
Elle parcourt un espace beaucoup plus considérable que les deux précé-
dentes. Ces dernières utricules atteignent presque le centre de la racine. Sur
la coupe transversale des parois, on distingue trois, quatre, cinq membranes
superposées, et de larges pertuis d’un brun-rouge. De cet examen je conclus
que les trois lames convergentes /vc de la figure 14 et le tissu naissant de la
figure 15, ne sont qu’un seul et même organisme à des âges différents.
La cavité des deux plus amples vaisseaux scalariformes (gs) est obstruée
partiellement par des membranes, Dans le vaisseau le moins grand, le scalpel
n’a laissé subsister que des lambeaux. Dans l’autre, au contraire, les mem-
branes sont intactes. Elles forment deux diaphragmes qui sont superposés
l’un à l’autre, et percés à jour irrégulièrement. Ces membranes ne sont autre
chose que les parois de l’extrémité des utricules allongées dont se compo-
sent les vaisseaux scalariformes.
Les utricules complexes qui constituent la masse ligneuse de la région
centrale, semblables à celles de la fig. 2, 4ci, sont emprisonnées dans les ca-
vités d’un tissu cellulaire continu (4ci).
Fig. 15. Cette figure a été dessinée d'après une portion du jeune tissu de la région
centrale d’un embryon germant. Elle met en lumière le commencement des
vaisseaux scalariformes (vs). Ce sont tout simplement des cellules qui s'é-
largissent et s’allongent plus que les autres. Je les ai trouvées remplies de
cambium celluleux (cc).
Fig. 16. Cambium globulo-cellulaire.
Fig. 17 et fig. 18. J'ai pris une portion de racine à peu près du même âge que
la portion qui a servi de modèle pour la figure 14. J'ai fait passer le scalpel
par un plan qui partageait en deux, dans sa longueur, une lame vasculaire
convergente , semblable à celle que je vois à ma gauche fig. 14, et j'ai ob-
tenu un lambeau très-mince de la lame convergente et du vieux tissu li-
gneux qui la limitait vers le centre et vers la circonférence. La figure 17 re-
présente une partie de ce lambeau. Pareille opération pratiquée sur une
334
NOUVELLES NOTES
lame semblable à celle que je vois à ma droîte, fig. 14, m'a donné pour ré-
sultat le lambeau représenté dans la fig. 18. Le but de ce travail était de
prouver derechef, et par des faits nouveaux, que la jeune lame à gauche
était en voie de passer à l’état de la lame à droite, et que celle-ci, ainsi que
la première, deviendrait en vieillissant toute semblable à la lame intermé-
diaire. Or, entre les utricules complexes régulières (er) et les utricules
complexes irrégulières (uct, fig. 17), utricules dont les parois se sont mul-
tipliées et solidifiées, se trouvent des utricules simples de nouvelle forma-
tion, qui commencent une lame vasculaire convergente (ve). Les parois de
ces utricules sont en général molles et ondulées, et des taches grises, tantôt
répandues sans ordre, tantôt distribuéesavec une sorte de symétrie, couvrent
leur surface. appelle particulièrement l'attention sur cette utricule allon-
gée ps (fig. 17), dont les taches grises tranversales et parallèles, sont dispo-
sées comme les espaces qui séparent les barreaux d’une échelle. Dès que cette
utricule s’est offerte à mes yeux, je n’ai pu meltre en doute qu’elle ne dût
devenir un petit vaisseau scalariforme , et cette opinion a été confirmée par
mes recherches ultérieures. En effet , les utricules allongées ps de la fig. 18,
qui correspondent aux utricules ps de la lame vasculaire située à ma droite
dans la fig. 14, sont par conséquent plus âgées que l’utricule ps de la fig. 17,
et offrent, à ne pas s’y méprendre, la transition des caractères de cette utri-
cule à ceux de petits scalariformes ps des fig. 19 et 20. L'origine des grands
et moyens scalariformes se démontre par une suite d'observations analogues.
Frs. 18 et 20. Ces deux figures mettenten opposition deuxcoupes longitudinales de la ré-
gion centrale de la racine, l’une encore jeune, l’autre vieille depuis longtemps
Les lettres ucz et ucr de la figure 19 ne signifient point que les utricules
qu’elles indiquent ici sont complexes , mais seulement qu’elles le devien-
dront. On voit très-bien que jusqu’à ce moment les utricules dont il s’agit
n’ont chacune qu’une paroi simple, ce qui dénote un jeune âge ; tandis que
les vieilles utricules wci et ucr de la figure 20 ont des parois composées de
irois membranes et plus.
Je nabstiendrai pour le moment de donner de nouveaux détails sur les
scalariformes. Cette modification des utricules mérite un travail à part;
mais je dois dès à présent signaler comme un sujet d'étude ces taches grises
qui paraissent sur beaucoup de membranes utriculaires. Je ne saurais guère
admettre qu’elles proviennent d’une substance colorante : je ne pense pas
non plus qu’elles aient pour cause une affection morbide des membranes,
SUR LE CAMBIUM. 335
attendu qu’on les voit souvent sur des utricules en pleine croissance. Plu-
sieurs fois j'ai été tenté de croire que ces taches ne sont qu’une illusion d’op-
tique produite par un amincissement partiel de la membrane, et ce qui
me semblait donner valeur à cette opinion, c’est que dans beaucoup de
vaisseaux les pertuis s'ouvrent précisément là où se trouvent les taches , mais
beaucoup de vieilles utricules en sont couvertes, qui pourtant restent closes
(us), et d’ailleurs il serait difficile d'expliquer comment l’amincissement de
la membrane diminuerait sa transparence.
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DES CHANGEMENTS QUE LE CURCUMA, LE ROCOU, LE CARTHAME, L'ORSEILLE ; L'ACIDE SULFO-
INDIGOTIQUE , L'INDIGO > LE BLEU DE PRUSSE, ET AUTRES MATIÈRES COLORANTES FIXÉES SUR
LES ÉTOFFES DE COTON » DE SOIE ET DE LAINE, ÉPROUVENT DE LA PART DE LA CHALEUR ET
DES AGENTS ATMOSPHÉRIQUES.
Lu à lAcadémie des Sciences , le 7 août 1837.
1. Pour apprécier les effets de la chaleur sur les étoffes teintes,
il faut distinguer le cas où cet agent agit seul, et le cas où il agit
concurremment avec quelque corps dit pondérable , tel que l’eau,
soit liquide, soit à l’état de vapeur, l'oxygène, etc., etc.
À. CAS OU LA CHALEUR AGIT SEULE.
2. D’après ce qu’on sait des propriétés physiques et chimiques
des composés d’origine organique en général , et des propriétés des
ctoffes et des matières tinctoriales, on peut déjà apercevoir que la
chaleur, ou, ce qui est la même chose, une élévation de tempéra-
ture, pourra produire sur les étoffes teintes des changements qui
seront passagers ou des changements qui seront permanents.
338 RECHERCHES CHIMIQUES
L Changements passagers.
3. Elle pourra modifier plus où moins la couleur des matières
sans en altérer la composition, de sorte que la modification dispa-
raitra par le refroidissement avec la cause qui l’a produite, ainsi que
cela arrive au protoxyde de plomb, au peroxyde de mercure, etc.,
a l’hématine dissoute dans l’eau.
La modification pourra être due à un changement de position,
soit un simple écartement ou rapprochement des particules, soit
un changement de position dans leurs axes respectifs.
La modification résultera d’un changement de composition,
mais il sera tel que la première combinaison se reproduira par le
refroidissement ou après qu'il aura eu lieu, ainsi que cela arrive à
Ja solution d’hématine dans l’eau d’acide hydrosulfurique qui, pres-
que incolore, devient pourpre, quand on la chauffe dans une cloche
renversée sur le mercure, et redevient incolore par le refroidisse-
ment en s’unissant à l’acide hydrosulfurique.
Il. Changements permanents.
4. L’élévation de la température pourra amener une modifica-
tion permanente, par la raison que le changement de position des
particules, ou le changement d’état de la combinaison des principes,
persistera après le refroidissement. Telle est encore l’hématine qui,
fixée sur le coton et la soie par l’alun et le tartre, passe du bleu-violet
au violet-rouge par une exposition de plusieurs heures dans le vide
à une température de 160 degrés.
5. L’élévation de la température pourra favoriser l’action ecom-
burante ou érosive d’un composé oxygéné, ou d’un acide, ou d’un
sel sur les éléments mêmes des étoffes où ce composé est fixé; c’est
SUR LA TEINTURE. 339
ce qui a lieu, par exemple, lorsqu'on expose dans le vide, à une
température de 150", pendant plusieurs heures, du coton coloré par
l'acide sulfo-indigotique qui n’a pas été suffisamment lavé.
6. Elle pourra encore favoriser l’action érosive d’un corps qui
peut agir mécaniquement. Telle me semble être l’action de vapeur
àx100°, sur une toile de coton qui, passée à l’eau d’alun, n’a pas
été parfaitement lavée avant d’être soumise à la vapeur.
B. CAS OU LA CHALEUR AGIT CONCURREMMENT AVEC QUELQUE
CORPS PONDÉRABLE.
7. On conçoit que des étoffes teintes qui seront exposées dans
l'eau ou dans sa vapeur à une température plus élevée que celle
où elles ont fixé la matière qui les colore, pourront éprouver des
modifications passagères ou des modifications permanentes, ainsi que
cela peut avoir lieu dans le cas où la chaleur seule agit.
a. Effets passagers.
8. Je ne connais pas aujourd’hui un cas qui présente incontes-
tablement un exemple de ces effets, mais je ne doute point qu'il
n'y en ait.
b. Effets permanents.
9. Les evoffes qui ont fixé la matière colorante de la gaude, après
avoir été passées au mordant d’alun et de tartre, particulièrement
lasoie, exposées pendant huit heures au contact de la vapeur
d’eau, à une température de 160, acquièrent une nuance de doré
remarquable.
10. Dans ce mémoire j’examinerai comparativement les modifi-
Ancuives pu Muséum. Towe I 44
340 RECIERCHES CHIMIQUES
cations que les étoffes de coton, de soie et de laine teintes avec le
curcuma, le rocou, le carthame, Porseille, acide sulfo-indigotique,
le bleu de Prusse, etc., éprouvent, lorsqu'elles sont exposées à
une température de 150’, 160° et de 160 à 180? dans le vide sec,
Pair sec, l'air humide et la vapeur d’eau.
CHAPITRE 1°.
Dispositions expérimentales,
11. Les étoffes qu’on a soumises à l’action de la chaleur seule,
avaient été préalablement séchées à 100", puis introduites dans un
tube de verre de 0",016 de diamètre, courbé comme la figure 1
le représente. La branche À contenant du chlorure de calcium , en-
veloppé dans une toile claire, communiquait avec une petite pompe
pneumatique D. A la branche B on avait adapté un tube coudé,
dont la branche C, de 0,9 de longueur, plongeait dans un réser-
voir de mercure. La courbure du tube À B se trouvait contenue
dans un bain d’huile de colza, placé sur un fourneau. Le vide était
fait dans le tube 48 heures avant qu'on chauffit le bain d'huile; la
colonne de mercure du tube C comparée à celle du baromètre
indiquait le degré de raréfaction de Pair resté dans Pappareil.
12. Les étoffes soumises à l’action de l'air sec avaient été séchées
à 100’, puis introduites dans un tube ecourbé, figure 2, A B. La
branche À communiquait avec un tube long de 1 mètre, rempli
de chlorure de calcium, et dont l'ouverture inférieure donnait accès
à Pair qui traversait lentement le chlorure, et arrivait sec sur les
étoffes. L'appel de Pair n’était pas seulement déterminé pa
l’échauffement du tube courbé, mais encore par l'aspiration que l’on
SUR LA TEINTURE. 34
faisait de Pair contenu dans un tube C, rempli de chlorure de cal-
cium , qui était adapté à la branche B du tube courbe.
15. Les étoffes soumises à l’action de l'air humide étaient dis-
posées comme les précédentes (12), sauf que le tube inférieur, au
lieu de contenir du chlorure de calcium, contenait une mèche
de coton mouillée dont une extrémité, dépassant inférieurement
le tube, plongeait dans l’eau, et que le tube C ne contenait pas
de chlorure de calcium.
14. Les étoffes soumises à l’action de la vapeur d’eau étaient
renfermées dans un cylindre de cuivre rouge A A, figure 3, de
0 ,220 de profondeur et de 0",107 de diamètre, ce qui donne
une capacité de 2554 cent. cubes. La vapeur d’eau sortant d’un
générateur d’une capacité de 12 litres, figure 4, était conduite
dans le cylindre par un tube en cuivre BB' de o”,o10 de dia-
mètre intérieur, et d’une longueur de 1°,800, figure 3; ce tube
était roulé en spirale autour du cylindre, mais il en était isolé,
sauf par l'extrémité inférieure qui était soudée à l’ouverture c.
À cette même ouverture était adapté, dans l’intérieur du cylindre,
un tube en cuivre d d' percé de trous d’écumoir , par lesquels
la vapeur se tamisait. Enfin à 0,030 du fond se trouvait un dia-
phragme de cuivre e, pareillement percé de trous d’écumoire,
figure 5. Les étofles étaient suspendues à un cercle de cuivre f;
figure 6, coupé par deux traverses diamétrales rectangulaires. Au
cylindre A A/, figure 5, était soudé un collet g de cuivre jaune,
auquel s’appliquait un couvercle H également de cuivre jaune : ce
dernier portait au centre un tube de cuivre K de 0",015 de dia-
mètre, lequel s’adaptait au moyen d’un écrou à un autre tube I L de
cuivre rouge qui était soudé à la paroi même du bain d'huile.
À ce tube s’adaptait un tube de verre L L' qui plongeait de 0,01
dans le mercure que contenait un ballon de verre de 2",5 de
342 RECHERCHES CHIMIQUES
capacité l’aide de cette disposition la vapeur, qui était dirigée lente-
ment dans le cylindre, avait le temps de prendre la température
du bain avant d'arriver aux étoffes, et d’un autre côté elle en sor-
tait sans qu’il lui füt possible de se condenser.
Le couvercle était fixé au collet par une mâchoire M, figure 7,
composée de deux pièces demi-cireulaires #2, portant chacune
deux oreilles 7 x! percées de trous qui permettaient de les serrer
au moyen de deux vis qui y entraient. Pour que la fermeture füt
exacte, on était obligé d’appliquer sur le collet une couche de lut
composé de minium de céruse et d'huile de lin, une rondelle de
plomb, une seconde couche de lut sur la rondelle, puis le cou-
vercle.
Enfin le cylindre A A' mis dans le bain d’huile reposait sur un
trépied de cuivre rouge 0 o.
15. Dans une opération de 8 heures de durée on a fait passer
de 10 à 11 litres d’eau liquide réduite en vapeur. La température du
bain d’huile était réglée au moyen d’un thermomètre.
CHAPITRE Il.
De l’action de la chaleur , de la chaleur et de l'air sec, de la chaleur et de
l'air humide, de la chaleur et de la vapeur d’eau sur des étoffes de co-
ton , de soie et de laine, teintes avec le curcuma , le rocou, le carthame ,
l'orseille , l'acide sulfo-indigotique, l'indigo , le bleu de Prusse , le cam-
péche, le brésil, la cochenille, le quercitron et la gaude.
16. Quoique j'aie fait un très-grand nombre d’expériences sur le
sujet de ce chapitre, je ne rapporterai que celles qui ont eu lieu simul-
tanément dans trois séries.
SUR LA TEINTURE. 343
: Dans la première série les étoffes furent exposées pendant 8 heures
4150.
Dans la seconde série elles le furent à 160°;
Enfin, dans le troisième elles le furent 6 heures à 160 et 2 heures
M 180".
Il est superflu, sans doute, de faire remarquer que les échantil-
lons de la seconde et de la troisième série n’ont été, comme ceux de
la première, exposés qu’une seule fois à la chaleur, ou, en d’autres
termes, les échantillons de la seconde série ne sont pas ceux de la
première qui auraient été exposés une seconde fois à la chaleur , et
les échantillons de la troisième ceux de la second série qui au-
raient été chauffés de nouveau.
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SUR LA TEINTURE. 345
CURCUMA.
Lufluence de la température.
17. À 15o° les étoffes sont peu changées.
À 160' elles le sont davantage ; principalement dans l'air sec ou
humide, surtout la soie.
À 180’, effets plus marqués, principalement dans Pair.
Influence des agents pondérables.
18. La vapeur d’eau a peu d'influence pour altérer le curcuma,
cependant elle en a plus que la chaleur du vide.
19. L'air sec a une influence marquée pour altérer le curcuma,
en premier lieu sur la soie, en second sur la laine, et en troisième
sur le coton.
20. L'air humide a une influence un peu moins marquée que
l'air sec; ce qui est conforme à ce que la vapeur a moins d’action
que Pair sec.
Influence des étoffes.
21. Dans le vide le curcuma est plus stable sur le coton, et sur-
tout sur la soie, qu'il ne l’est sur la laine.
Dans l'air il est plus stable sur le coton que sur la soie, ce qui est
l'inverse de ce qui a lieu dans le vide.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lumière.
22. Le cureuma est plus stable à la chaleur de 150 à 180°, même
dans Pair sec, qu'il ne l’est à la lumière pendant cent jours, même
dans le vide.
RECHERCHES CHIMIQUES
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SUR LA TEINTURE. 347
ROCOU.
Influence de la température.
23. À 150° le rocou est sensiblement affaibli sur toutes les
étoffes.
À 160° il ne l’est qu’un peu davantage.
De 160 à 180’, il l’est sensiblement plus qu’à 160’, surtout dans
Pair.
24. Le rocou est plus altérable dans le vide chaud que ne l’est
le curcuma. Le contraire a lieu dans le vide lumineux.
Influence des agents pondérables.
25. La vapeur d’eau a plus d'influence pour décolorer la soie
teinte avec le rocou que n’en a l'air. Ce résultat est extraordi-
naire.
26. Si les étoffes teintes avec le rocou $altèrent plus dans le vide
chaud que les étoffes teintes avec le curcuma, on remarque que
l'air chaud altère ces dernières étoffes, relativement au vide chaud,
plus que Pair chaud n’altère les étoffes teintes avec le rocou relati-
vement au vide chaud. C’est donc surtout la chaleur qui altère le
rocou, tandis que c’est l’air chaud qui altère le curcuma.
Infiuence des étoffes.
27. C’est sur le coton que le rocou est le plus stable. La soie et
la laine ont à peu près le même pouvoir pour le maintenir par rap-
port à l'air; mais par rapport à la vapeur d’eau, la soie en a moins
que la laine.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lumiere.
28. Le vide chaud altère moins le curcuma que le rocou; le vide
lumineux produit l'inverse.
La soie ne donne point au rocou la stabilité qu’elle lui donne dans
le vide lumineux.
Aromves pu Musiuu, Tous I. 45
RECHERCHES CHIMIQUES
348
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SUR LA TEINTURE. 349
CARTHAME.
Influence de la température.
29. Une température de 150° a une action marquée pour altérer
le carthame.
Celles de 160 à 180° en ont une un peu plus marquée encore.
30. Le carthame est donc plus altérable que le curcuma par la
chaleur. Il l’est un peu plus que le rocou, sinon sur la soie, du moins
sur le coton et la laine.
Influence des agents pondérables.
51. La vapeur d’eau affaiblit plus le carthame que ne le fait la
chaleur seule.
52. L’air altère un peu plus le carthame sur le coton et la soie que
ne le fait la chaleur seule. L’altération sur la laine est égale dansles
deux cas.
La vapeur semble plus altérer le carthame sur la soie et la laine
que ne le fait l'air.
Influence des étoffes.
33. La soie donne plus de stabilité au carthame que ne le fait la,
laine etmême le coton, non-seulement dansle vide, mais dans l'air.
Elle ne lui en donne pas autant, relativement à la vapeur, et c’est
pour cela que l'air humide a plus d'action que Pair sec.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lurmuëre.
34. Dansle vide le carthame sur coton et sur soie est bien plus
stable à la lumière qu'il ne l’est à une température de 150", et il est
remarquable que de 160 à 180, il résiste bien plus sur la soie que sur
le coton.
RECHERCHES CHIMIQUES
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SUR LA TEINTURE. 351
ORSEILLE.
‘Influence de la température.
35. L’orseille est plus stable que le carthame , le rocou et même
le curcuma à la chaleur ; car une température de 180° ne l’altère pas
sur la soie, et ne fait que de la rancir * légèrement sur le coton et
la laine.
Influence des agents pondérables.
36. La vapeur d’eau ne l’altère pas ou presque pas, cependant elle
parait avoir plus d’action que la chaleur seule.
57. L'air a une influence sensible ; c’est pourquoi l'air sec est plus
altérant que l'air humide.
Influence des étoffes.
38. Cest sur la soie que l’orseille a le plus de stabilité ; elle parait
en avoir une égale sur le coton et la laine.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lumiere.
39. L’orseille se conserve dans le vide chaud à 160° comme dans
le vide lumineux. Il est remarquable que dans les deux cas elle
prend du bleu sur la soie.
1 Rancir se dit d’une couleur qui tire sur le jaune.
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CREIRAZA
SUR LA TEINTURE. 323
ACIDE SULFO-INDIGOTIQUE.
Influence de la température.
40. À 150° l'acide sulfo-indigotique est peu altérable dans le
vide.
À 160° il est peu altérable sur la soie et le coton; il l’est davantage
sur la laine.
À 180’, l’altération est bien sensiblement plus grande sur le coton
et la laine qu’à 160°.
Influence des agents pondérables.
41. La vapeur d’eau a une certaine tendance à faire passer l’acide
sulfo-indigotique au vert, surtout sur la laine et la soie.
42. L'air a cette tendance à un degré plus marqué ; l'air humide
a moins d'action que l’air sec, comme on devait s’y attendre d’après
Paction de la vapeur d’eau.
Influence des étoffes.
43. Dans le vide, c’est la soie qui a le plus de puissance pour
conserver l’acide sulfo-indigotique.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lumuere.
44. Dans le vide chaud comme dans le vide lumineux, c’est la
soie qui retient le mieux l’acide sulfo-indigotique.
Le vide lumineux altère plus l'acide sulfo-indigotique sur le coton
et la laine, que ne le fait le vide chaud.
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SUR LA TEINTURE. 355
INDIGO DE CUVE.
Influence de la température.
45. Une température de 160 à 180° a peu d'influence pour affai-
blir lindigo de cuve sur le coton; elle en a davantage sur la soie, et
il est remarquable que l’indigo de cuve saffaiblit plus que ne le fait
l'acide sulfo-indigotique. L'indigo de cuve est non-seulement très-
affaibli sur la laine à cette même température, mais il tourne au vert
avec tendance au roux.
Influence des agents pondérables.
46. L'influence de la vapeur n’est que très-légèrement supérieure
à celle de la chaleur seule pour agir sur l’indigo de cuve.
47. L'air n’a que peu d'influence pour altérer l’indigo fixé sur le
coton.
Il en a une marquée pour l’altérer sur la soie.
L’air ne paraît pas agir avec plus d’énergie que la chaleur seule sur
l’indigo fixé à la laine.
Influence des étoffes.
48. C’est le coton qui donne le plus de stabilité à l’indigo, dans
toutes les circonstances.
Il est, au contraire, très-altérable sur la laine dans les mêmes cir-
constances.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lumiere.
49. L'indigo de cuve est bien plus stable dans le vide lumineux
que dans le vide chaud, sur la laine.
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RECIIERCHES CHIMIQUES
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SUR LA TEINTURE. 397
BLEU DE PRUSSE *.
Influence de la température.
50. Une température de 160° a peu d'influence pour altérer la
couleur que le bleu de Prusse donne au coton et même à la soie ;
elle en a une marquée, au contraire, pour altérer celle qu'il donne à
la laine.
Influence des agents pondérables.
51. La vapeur d’eau n’a que peu d'influence pour altérer le bleu
de Prusse, même sur les trois étoffes.
52. L'air a peu d'influence pour l’altérer sur le coton ; il en a une,
au contraire, prononcée pour l’altérer sur la soie et la laine.
Conformément à l’action de la vapeur, l'air sec agit plus que l'air
humide.
Influence des étloffes.
53. C’est le coton qui rend le bleu de Prusse le plus stable.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lumière.
54. La chaleur agit comme la lumière en ceci que le bleu de
Prusse dans le vide perd sa couleur bleue sous l'influence des deux
agents, si la chaleur est suffisamment élevée, et qu’il y a en outre
séparation de cyanogène ; mais avec cette différence que les étoffes
qui ont perdu leur bleu par la chaleur, ont une couleur de rouille
plus ou moins sensible, tandis que dans le vide lumineux, elles sont
réduites à l’état presque incolore.
J'ignore si, en maintenant la température pendant un temps suf-
fisant au degré où le bleu commence à s’altérer dans le vide chaud,
on éviterait la manifestation de la couleur de rouille.
"Il ne s’agit toujours que des altérations que présentent les étoffes exposées à l'air pen-
dant 12 à 18 jours, après avoir été retirées des tubes où elles ont été soumises à la chaleur.
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SUR LA TEINTURE. 399
CAMPECHE FIXE PAR L’ALUN ET LE TARTRE.
Influence de la température.
55. Une température de 150 à 180° agit d’une telle manière que
l’'hématine, principe colorant du campèche , éprouve une modifica-
tion dans sa couleur qui est analogue à celle qu’elle éprouverait de la
part d’un acide. Car de violet qu’elle était avant d’avoir été chauffée,
elle passe par suite de l’échauffement au violet rouge. L’hématine
ne parait pas d’ailleurs éprouver une grande altération dans sa com-
position élémentaire.
Influence des agents pondérables.
56. La vapeur d’eau accroit l'influence de la température pour
rougir l’hématine.
57. L'air sec semble agir un peu plus fortement que l'air humide
sur la soie et la laine teintes avec le campêche. L'action est plus
grande que celle de la chaleur seule.
Il est remarquable que l'air en appauvrissant la couleur de Phé-
matine fixée sur le coton ne la rougit pas du moins à 160 , comme
le fait le vide chaud.
Influence des étoffes.
58. Je suis disposé à croire que la soie est l’étoffe qui donne le plus
de stabilité à l’hématine.
Comparaison des effets de la chaleur à ceux de la lunuére,
5g. Je ne puis donner ni pour les étoffes teintes avec le campèche,
ni pour les étoffes teintes avec les matières colorantes suivantes,
les résultats de ces comparaisons, ne m'étant pas encore livré
aux expériences qu’elles exigent.
RECHERCHES CHIMIQUES
360
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SUR LA TEINTURE. 361
CAMPÈCHE FIXE PAR LE BAIN DE PHYSIQUE :.
Influence de la température.
60. Une température de 160° a la même tendance pour rougir
Phématine fixée par le bain de physique, que pour rougir celle qui
l’est par l’alun et le tartre. Cette tendance serait même plus marquée
dans le premier cas que dans le second, si l’on ne tenait pas compte
de ce que le campêche fixé par le bain de physique est plus rouge
que celui qui l’est par l’alun. D’après cela, il n’est pas étonnant que
les étoffes passées au bain de physique soient constamment plus
rouges que celles passées à l’alun.
Influence des agents pondérables.
61. La vapeur d’eau rougit plus les étoffes passées au bain de
physique que celles passées à Palun et au tartre,
62. L’air a plus de tendance à brunir les premières étoffes que les
secondes, du moins la soie et la laine.
Le bain de physique est une dissolution de 1 partie d’étain dans un mélange de 12 par-
ties d'acide hydrochlorique et de 4 parties d’acide nitrique.
RECHERCHES CHIMIQUES
362
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SUR LA TEINTURE, 363
BRÉSIL FIXÉ PAR L'ALUN ET LE TARTRE.
Influence de la lempérature.
65. Une élévation de température de 160° a peu d'influence pour
altérer la couleur du brésil. Celle-ci résiste plus que l’hématine à la
chaleur , et il est remarquable que cet agent qui tend à modifier
lhématine à la manière d’un acide, produit un effet contraire sur le
brésil, puisqu'il tend à lui donner une teinte violette comme le ferait
une base alcaline légère.
Influence des agents pondérables.
64. La vapeur d’eau n’a pas ou n’a que très-peu d’action
sur le brésil.
65. L'air en a au contraire beaucoup, c’est pourquoi l'air humide
est un peu moins altérant que l’air sec.
Influence des étoffes.
66. Cest sur la soie que le brésil parait avoir le plus de stabilité ;
du moins lorsque l'air est présent.
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RECHERCHES CHIMIQUES
364
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SUR LA TEINTURE. 365
BRÉSIL FIXÉ PAR LE BAIN DE PHYSIQUE.
Influence de la température.
67. Une température de 160° a un peu plus d'influence pour
changer la couleur du bois de brésil fixée par le bain de physique,
qu’elle n’en a pour changer celle qui l’est par l’alun et le tartre.
C’est donc un résultat analogue à celui que présente l’hématine.
Influence des agents pondérables.
68. Les résultats sont analogues à ceux que présente l’hématine.
Ainsi :
La vapeur a plus d’action que le vide chaud.
L’air en a une bien plus marquée que celle de la vapeur.
Influence des éloffes.
69. C’est sur la soie, puis sur le coton, que la couleur résiste le
plus au vide chaud et à la vapeur.
RECHERCHES CHIMIQUES
366
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SUR LA TEINTURE. 367
COULEUR DE LA COCHENILLE FIXEE PAR L’ALUN ET LE
TARTRE.
Influence de la température.
70. Une température de 160° n’a pas d'influence sensible pour
modifier la couleur de la cochenille; ce -ci est donc plus solide
que l’hématine et le brésil.
_ Influence des agents pondérables.
71. L'influence de la vapeur est presque nulle. Il en est à peu
près de même de celle de Pair sec ou humide à 160".
Influence des étoffes.
72. Si la cochenille parait d’abord également stable sur les trois
étoffes, en y regardant de près, on est tenté de croire qu’elle l’est
davantage sur la soie.
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SUR LA TEINTURE. 369
COULEUR DE LA COCHENILLE FIXÉE PAR LA COMPOSITION
D’ETAIN '.
Influence de la température.
73. À 160", la couleur fixée par la composition d’étain est moins
stable que la couleur de la cochenille fixée par l’alun et le tartre,
surtout sur le coton et la laine.
Influence des agents pondérables.
74. La vapeur d’eau n’a qu’une influence excessivement faible
pour modifier la couleur.
79. L’air en a une sensible pour modifier la couleur fixée , sur-
tout à la laine et au coton.
Influence des étoffes.
76. C’est sur la soie que la couleur éprouve le moins de chan-
gement, et sur la laine qu’elle en éprouve le plus.
? Composition d’étain dont jai fait usage :
Acide nitrique de 32 à 36°. . . . .. 775 8 parties.
Hydrochlorate d’ammoniaque. . . .:. 1
Etain: 0: MR. oo Re. 1
L'étain doit être dissous lentement par petites fractions. Lorsqu'il l'est complétement, il
faut ajouter 25 parties d’eau à la composition.
RECHERCHES CHIMIQUES
370
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SUR LA TEINTURE. 371
QUERCITRON FIXE PAR L’ALUN ET LE TARTRE.
Influence de la température.
77- La température de 160: a peu d'influence pour altérer le
quercitron.
Influence des agents pondérables.
78. La vapeur a une influence remarquable pour le dorer.
79- L'air en a une bien sensible pour le rendre olivâtre , surtout
sur la soie et le coton.
Influence des étoffes.
80. Il est assez difficile de dire quelle est l’étoffe qui a le plus
de tendance pour fixer le quercitron ; cependant je croirais que c’est
la laine.
AnCHives DU Muséum, T0mE I. 48
CHIMIQUES
RECHERCHES
372
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SUR LA TEINTURE. 378
GAUDE FIXÉE PAR L'ALUN ET LE TARTRE.
Influence de la température.
81. Une température de 160° a de la tendance à dorer la gaude,
c’est-à-dire, que la couleur prenant plus d'intensité, paraît peu alté-
rable dans sa composition élémentaire.
Influence des agents pondérables.
82. La vapeur d’eau a une tendance remarquable pour aug-
menter l'intensité de la couleur de la gaude, sans paraître cepen-
dant la dorer.
83. L'air la dore; mais il tend à la roussir, surtout sur la laine;
toutefois c’est faiblement et sans produire cette teinte olivâtre qu’il
développe sur les étoffes teintes avec le quercitron.
Influence des étoffes.
84. Quoiqu'il soit difficile de dire sur quelle étoffe la gaude à le
plus de stabilité, cependant je croirais que c’est sur la soie.
374 RECHERCHES CHIMIQUES
85. Dans la vue de présenter les résultats principaux de mes
observations, je vais considérer celles-ci sous les cinq rapports sui-
vants :
1° Relativement aux diverses matières colorantes mises en expé-
rience comparées entre elles, eu égard à une même étoffe et à une
même circonstance ;
2° Relativement à la nature des étoffes de coton, de soie et de
laine, sur lesquelles une même matière colorante est fixée, et eu
égard à une même circonstance ;
3" Relativement à la chaleur et aux agents pondérables qui ont
amené des changements dans la même matière colorante fixée sur
une même étoffe, mais sur des échantillons placés dans les quatre
circonstances définies précédemment;
4 Relativement à l’essai de la stabilité des couleurs des étoffes
teintes ;
5 Relativement aux analogies ou aux différences existant entre
les effets de la chaleur et ceux de la lamière sur les mêmes étoftes
teintes.
CHAPITRE HE
Des observations exposées dans le second chapitre relativement aux di-
verses matières colorantes mises en expérience comparées entre elles,
eu égard à une méme étoffe et à une méme circonstance.
86. Les matières colorantes n’ont point une stabilité égale, lors-
qu'on les expose dans le vide à une même température convena-
blement choisie.
SUR LA TEINTURE,. 375
Le curcuma, qui dans l’atmosphère $altère si rapidement, n’é-
prouve pas de changement à 160° sur le coton et la soie.
Il en est de même de lacide sulfo-indigotique et de l’indigo fixés
sur les mêmes étoffes.
L’orseille, le brésil, la cochenille, le quercitron, la gaude, fixes
sur les trois étoffes par l’alun et le tartre, n’éprouvent, pour ainsi
dire, pas de changement à 160°.
Le rocou, plus stable dans l'atmosphère que le curcuma et le
carthame, s’affaiblit à 160° sur le coton et la soie.
87. Le campêche (hématine) fixé par Palun et le tartre, éprouve
une modification remarquable en ce que, du bleu violet, il
passe au violet-rouge, comme sil recevait l’influence d’un acide,
tandis que le brésil fixé par les mêmes mordants sur le coton et la
soie est dans le cas contraire, la couleur tendant au bleuâtre, comme
si elle était en présence d’un alcali.
88. Enfin, le campêche, le brésil, et même la cochenille, fixés
par des mordants d’étain, ont plus de tendance à se modifier que
quand ils sont fixés par l’alun et le tartre.
CHAPITRE IV.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement à la na-
ture des étoffes de coton, de soie et de laïne, sur lesquelles une méme
matière colorante est firée, eu égard à une méme circonstance.
89: La nature spéciale de Pétoffe peut avoir sur la stabilité à la
chaleur d’une même couleur, fixée par un même mordant, une in-
370 RECHERCHES CHIMIQUES.
fluence anologue à celle qu’elle exerce lorsque les étoftes teintes
sont exposées à la lumière.
Par exemple, dans le vide chaud à 160!, la soie donne au car-
thame une stabilité que ne lui donnent ni la laine ni même le
coton.
Le rocou, dans la même circonstance, est moins stable sur la
soie qu'il ne l’est sur le coton.
90. L'influence de Pétoffe se fait sentir encore dans le cas où Pair
agit avec la chaleur.
Ainsi l'air chaud affaiblit l’indigo fixé sur la soie et la laine plus
que lindigo 4ixé sur le coton.
91. I est difficile d'apprécier a sa juste valeur l'influence de la
laine, parce que, ainsi que je le démontrerai dans un mémoire spécial,
cette étoffe, quoique privée de toute matière étrangère à sa propre
constitution, prend, sous l’influence d’une chaleur de 120° et au-
dessus, même dansle vide, une couleur jaune orangée qui peut, en se
développant, dans une étoffe de laine teinte et exposée au vide, mo-
difier la couleur que la teinture lui a donnée.
CHAPITRE V.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement a la cha-
leur et aux agents pondérables qui ont amené des changements dans une
méme matière colorante fixée sur une méme étoffe, mais sur des échan-
tillons placés dans une des quatre circonstances définies.
92. La vapeur d’eau chaude à 160 a, e2 général, peu d'influence
pour altérer les couleurs, ainsi qu’on le remarque en comparant les
SUR LA TEINTURE. 377
étoffes qui ont été exposées au vide à celles qui l’ont été à la vapeur,
la température ayant été égale dans les deux cas.
95. La chaleur agissant concurremment avec l’air sec donne lieu,
en général, à des altérations bien plus grandes que ne le font la
chaleur agissant isolément, et même la chaleur agissant avec la
vapeur.
Ainsi, l'air chaud à 160’ roussit le curcuma fixé sur le coton, et
surtout sur la soie, tandis que le curcuma fixé sur les mêmes étoffes
n’éprouve aucune altération dans le vide et dans la vapeur.
L'air chaud altère plus que ne le fait la chaleur, l’orseille , acide
sulfo-indigotique, le brésil, le quercitron, la gaude et même
Pindigo.
94. Des faits qui prouvent que l’on peut compter sur l'exactitude
de mes expériences, c’est que, dans tous les cas où l’action de la
vapeur est moindre que celle de l'air chaud desséché, et c’est ce qui
a lieu-pour la plupart des matières colorantes que j'ai soumises à
l'expérience, l'air humide chaud a produit moins d’effet que Pair sec ;
résultat qui doit être noté, parce qu'il est contraire à celui qu'on à
énoncé dans plusieurs ouvrages.
95. Je ne terminerai pas ce chapitre sans faire remarquer que la
vapeur qui se dégage d’un générateur contient, surtout au com-
mencement de vaporisation , une quantité d’ammoniaque sensible
aux papiers réactifs.
378 RECHERCHES CHIMIQUES
CHAPITRE VI.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement a l'essai
de la stabilité des couleurs des étoffes teintes.
96. On ne saurait déterminer la stabilité aux agents atmosphéri-
ques des étoffes teintes en les soumettant rapidement à l’action de la
chaleur dans le vide, puisque le curcuma, qui est si altérable, se
conserve dans cette circonstance tout aussi bien que lindigo, qui
passe pour être extrêmement stable.
97. On aurait des résultats plus rapprochés de la vérité en expo-
sant les étoffes à l'air chaud ; cependant, si l’on compare l'influence
d'une température de 160° et même de 180” agissant dans le vide
d’une part, et dans l'air sec ou humide d’une autre part, on voit
que l’influence de l'air chaud, relativement à la chaleur de 160° du
vide, maintenue pendant 8 heures, est inférieure ou moindre que
ne l’est celle de l'air lumineux agissant pendant plusieurs mois, rela-
tivement à l'influence du vide lumineux.
CHAPITRE VII.
Des observations exposées dans le second chapitre relativement aux analo-
gtes et aux différences existant entre les effets de la chaleur et ceux de
la lumière sur la méme étoffe teinte.
95. La chaleur ne produit pas précisément les mêmes effets que
la lumière sur les étoffes teintes.
SUR LA TEINTURE. 79
9g- Par exemple, dans le vide lumineux le rocou se conserve sur
les étoffes, tandis que le curcuma s’altère ; c’est l'inverse dans le vide
chaud à 160°, du moins pour le rocou fixé sur la soie et la laine.
Dans le vide lumineux, l'acide sulfo-indigotique s’altère sur Île
coton et la laine, tandis qu’à 160° dans le vide chaud , il s’affaiblit à
peine sur le coton, et peu sur la laine.
100. Contrairement à ce résultat, il y a beaucoup d’analogie entre
action des deux agents sur le bleu de Prusse, puisque tous deux
font évanouir le bleu dans le vide, en séparant une portion de
cyanogène.
101. D’après ce qui précède, il est évident qu'on ne peut con-
clure des résultats obtenus dans une de ces circonstances, ceux qu’on
obtiendrait dans l’autre.
RÉFLEXIONS.
102. J’ai examiné, dans le mémoire précédent, l’action de la lu-
mière et des agents atmosphériques, tels que l'air sec, l'air humide
et la vapeur d’eau, sur plusieurs matières colorantes choisies parmi
les plus altérables et parmi les plus stables; j'ai fait voir que la lu-
mière agissant seule, sans le concours des agents pondérables de
l'atmosphère, n’a, pour modifier ces matières, soit qu’on ait égard
au petit nombre de celles qu’elle dénature, soit qu’on ait égard à
l'intensité de l’altération qu’elle détermine , qu’une influence exces-
sivement faible comparativement à celle qu’elle exerce concurrem-
ment avec l'air sec ou humide, et j'ai faitremarquer, en outre, que
ces agents pondérables n’ont pas eux-mêmes d’action, ou n’en exet-
Ancuvees pu Muséum, Tone [. 49
380 RECHERCHES CHIMIQUES
cent qu’une très-faible, lorsqu'ils sont dans l'obscurité en présence
des matières colorantes précitées.
103. Les résultats des expériences que j'ai faites sur l’influence de
la chaleur et des agents potidérables atmosphériques pour altérer les
mêmes Matières colorantes, sont en tout conformes aux pre-
cédents, mais n’établissent pas pourtant, ainsi qu’on aurait pu le
croire, d'identité entre l'influence de la lumière et cellé de la chaleur
agissant , soit dans lé vide, soit concurremment avec un agent pon=
dérable, sur une même matière colorante fixée à une même étoffe.
104. En définitive, les résultats consignés dans les mémoires 8, 4
et b de ces Recherches sur la teinture, ne sont que des faits qui ren-
trent dans une proposition générale énoncée pour la première fois
dans Pintroduction de mes Recherches sur les corps gras d’origine
animale : c’est que els principes immédiats qui passent pour étre
altérables par certains réactifs, par la chaleur, ne le sont que parce
qu'il y a concours de l'oxigène (p. vin) ?.
: Je vais présenter les faits à l'appui de cette proposition dans l'ordre chronologique où
je les ai publiés.
1° La stéarine, la margarine, l'oléine, la cétine, la cholestérine, se volatilisent dans le vide,
tandis qu’elles s'altèrent lorsqu'on les distille avec le contact de l'air. (Recherches chimiques
sur les corps gras, 1823.)
2° Le principe des baies du vihurnum opulus, qui colorée le suc qu'on en extrait en rouge,
ne s’altère pas si on fait évaporer ce suc dans le vide sec, tandis qu'il se dénature compléte-
ment si on évapore le suc sur le feu avec le contact de l'air. ( Considérations générales sur
l'analyse organique, 1824, p. 161.)
3° La solution d'hématiné, qui s’altère avec une rapidité extrêmé quand elle a le contact de
la potasse et de l'oxygène atmosphérique, se éonserve sans altération pendant six mois, Zors
même qu'elle est exposée au soleil; si là combinaison alcaline est sonstraite au contact de
l'oxygène. (Mémoire lu à l Académie le 23 août 1824, imprimé dans le tome XII des Mémotres
du Muséum. Voyez p. 371.)
4° Le sirop de violette, sous l'influënce de l'eau de potasse, passe immédiatement au vert ;
s'il est en contact avec l'oxygène, il passe au jaune pendant un temps où il aurait conservé sa
couleur verte s'il eût été soustrait à ce contact. (Mémoire précité, p. 373.)
5° Enfin, dans un article imprimé dans le Dictionnaire technologique, eh 1834, je
SUR LA TEINTURE. 381
109. Enfin, je ferai une dernière remarque relative à l’état de
combinaison où peut se trouver une même matière colorante , telle
que le curcuma, le rocou, l’orseille, etc., etc., qui a été fixée par
l'intermédiaire de corps identiques sur le coton, la soie et la laine.
C’est que la matière colorée, ainsi fixée sur ces étoffes, peut être
dans des états très-différents de combinaison, soit relativement à la
proportion des principes immédiats du composé coloré, soit même
relativement à la présence ou à l’absence d’un de ces principes, sur
une des étoffes seulement.
Je fais cette remarque afin qu’on ne croie pas que, dans ce que j'ai
dit de l’influence des étoffes pour donner plus ou moins de stabilité
à une même matière colorante, j'aie considéré l’état de combinaison
où se trouve cette même matière sur les trois étoffes comme étant
nécessairement identique. L'état réel de la combinaison reste entiè-
rement à déterminer ; c’est ce dont je m’occuperai dans des mémoires
particuliers.
m'exprime en ces termes, relativement à l'influence de la lumière sur la décoloration des
étoffes teintes (p. 430) : « La lumière, en frappant sur des étoffes colorées parfaitement sèches
et privées du contact de l'air, peut n’exercer dessus aucune altération sensible, et ce serait
une grande erreur de croire que toute étoffe colorée qui s’altère au sein de l’atmosphère sous
l'influence du soleil, doit nécessairement s'altérer dans le vide sous la même influence : en
effet, de la chlorophylle dissoute dans l'alcool et exposée à la lumière n’éprouve aucun chan-
gement si la solution est privée du contact de l'air, tandis que, dans le cas contraire, de verte
qu’elle est elle passe au jaune-fauve. »
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RECHERCHES
SUR
LA CHALEUR ANIMALE,
AU MOYEN DES APPAREILS THERMO-ÉLECTRIQUES ;
Par MM. BECQUEREL ET BRESCHET ,
MEMBRES DE L'INSTITUT,
PREMIÈRE PARTIE,
CHAPITRE PREMIER.
Considérations générales.
Les rapports qui peuvent exister entre les forces électriques et cel-
les qui président aux diverses fonctions organiques des animaux et
des végétaux, ont déjà été l’objet de recherches de l’un de nous, qui
ne s’est pas dissimulé que cette question était une des plus complexes
que la physique générale pûtse proposer de résoudre. Les forces vi-
tales sont-elles d’une nature électrique ou chimique ? organisme
n’a-t-il pas son mode d’action particulier ? C’est ce que nous igno-
rons. Jusqu'ici le fluide électrique n’a été employé que comme puis-
sance excitante, produisant des contractions, ou bien comme agent
chimique modifiant d’une manière quelconque les actions vitales.
Dans le premier cas, on a reconnu qu’il agissait comme le frottement,
Aucuives pu Muséum, Tome I. 50
384 RECHERCHES
les acides et autres agents, et dans le second qu'il luttait avec
avantage et désavantage contre les forces vitales, selon que son
action tendait à favoriser ou à contrarier les sécrétions ou autres
produits.
Les tentatives que l’un de nous a déjà faites pour tâcher d’entre-
voir l'influence chimique qu’exerce Pélectricité sur la germination des
graines et le développement des jeunes plantes, ont montré toutesles
difficultés que présentent des recherches de ce genre sur lesphénome-
nes de la vie. C’est ce motif qui nous a engagés à suivre une autre direc-
tion. Nousavons pensé qu'il valait mieux s'attacher aux effets de cha-
leur, comme nous Pavons déjà fait, quand nous avons commencé à
étudier le rôle que joue l'électricité à l'égard des parties constituantes
des corps morganiques qu’elle traverse. Les rapports qui existent en-
tre l’électricité et la chaleur sont tels que Pon devra toujours en
agir ainsi dans quelque branche que ce soit des sciences physico-
chimiques, toutes les fois que lon voudra découvrir Pinfluence que
peut exercer le fluide électrique sur les phénomènes, considéré
comme cause ou comme effet. Il est maintenant bien établi que lors-
que l'électricité, en se propageant dans Les corps, rencontre des obsta-
cles capables de ralentir sa marche , là où sont ces obstacles, il v a
production de chaleur, et, réciproquement, que lorsque la chaleur
se propage, si elle rencontre un obstacle qui s'oppose à sa libre circu-
lation, il y a séparation des deux électricités, dans certaines cireons-
tances ; en étudiant ces circonstances, on peut en rer des conséquen-
ces qui jetteront quelque jour sur les phénomènes électro-organiques.
Les expériences qui ont été faites jusqu'ici sur la chaleur des ani-
maux sont peu nombreuses et surtout peu concluantes. Les moyens
employés ne permettaient pas de réunir un grand nombre d’ob-
servations sur la température des parties intérieures. En effet, le
thermomètre, seul instrument dont on pouvait disposer , n’était
.
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 385
introduit directement que dans quelques parties animales. Voulait-
on pénétrer dans l’intérieur des organes, on était forcé de les
inciser, et par conséquent de les altérer : dès-lors le trouble qui
en résultait produisait des effets calorifiques qu’il était impossible
de distinguer de ceux qui étaient propres à la vitalité. D’un autre
côté, le thermomètre , quelque petit que soit son réservoir, a l’in-
convénient de présenter une masse qui absorbe une assez grande
quantité de chaleur pour se mettre en équilibre de température avec
les parties adjacentes. Si ces mêmes parties ne peuvent recouvrer im-
médiatement la chaleur qu’elles ont perdue, il en résulte nécessaire-
ment un abaissement de température. Le thermomètre ne peut non
plus accuser des changements brusques de température, puisqu'il lui
faut plusieurs minutes pour se mettre en équilibre de température
avec les milieux ambiants. Si l’on place, par exemple, un thermomè-
tre dans la bouche, il s'écoule trois ou quatre minutes avant qu'il ait
pris sa température. Or, si pendant ce temps, il se produit des phéno-
mènes thermo-physiologiques de peu de durée, il est impossible de
les reconnaitre. Nous ferons encore remarquer que lors même qu’on
pourrait introduire le thermomètre à l’aide d’incisions dans certaines
régions, il serait impossible d'opérer sur les organes essentiels à la vie
des animaux, tels que le cœur, les poumons, le foie, le cerveau, et
c’est cependant là que le physiologiste a le plus d'intérêt de savoir
comment la température y est modifiée par le mouvement, le déve-
loppement des passions, l’application de certains agents, etc.
En outre, il est important pour la physiologie et l’art de guérir de
résoudre toutesles questions relatives à la chaleur animale, de déter-
miner, par exemple, la différence qui existe entre la température
d'un organe à l’état normal et celle du même organe à l’état pa-
thologique, et les moyens à employer pour faire disparaitre cette
différence.
386 RECHERCHES
Pour explorer la chaleur animale de manière à atteindre le but
que nous venons d'indiquer, on ne peut qu'introduire une aiguille
ou sonde métallique plus ou moins déliée, semblable à celle dont on
se sert pour l’acupuncture, car il n’existe aucun autre moyen de tra-
verser impunément Ja plupart des organes des animaux. Il est facile
en outre de disposer cette aiguille de manière à obtenir des effets
thermo-électriques qui donnent immédiatement, et avec une grande
exactitude, la température du milieu où se trouve la pointe. I suflit
de composer cette aiguille de deux autres de métal différent, dont
deux bouts sont soudés, et dont les deux autres sont mis en com-
munication chacun avec les deux extrémités du fil d’un excellent
multiplicateur thermo-électrique. Les plus faibles changements
de température aux points de jonction donnent naissance à un
courant thermo-électrique, qui, en réagissant sur Paiguille aiman-
tée, la fait dévier d’un certain nombre de degrés. L’angle de dé-
viation, au moyen d’une table construite préalablement , fait con-
naître la température de la pointe de l’aiguille et par suite celle du
milieu ambiant.
De semblables recherches exigeaient le concours d’un anatomiste
qui sût introduire avec art ces aiguilles dans les parties animales. Aussi
les expériences dont nous allons rapporter les résultats doivent-elles
être considérées comme faites en commun. Nous croyons convena-
ble de décrire d’abord les appareils et les méthodes expérimentales
dont nous avons fait usage. Cette première partie du Mémoire est
purement physique.
|
NI
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 38
CHAPITRE I.
De l'emploi des effets thermo-électriques pour mesurer les températures.
En général, un appareil destiné à mesurer la température de divers
milieux doit être construit de telle sorte que la partie qui plonge de-
dans ne doive pas céder, ou du moins céder difficilement au reste
de l’appareil la chaleur dont elle s'empare. Si cette condition n’est
pas remplie, on doit toujours craindre d’avoir une température plus
basse que la véritable.
Avec le thermomètre ordinaire on n’a pas à craindre des effets de
ce genre, puisque le verre étant mauvais conducteur, la déperdition
par la tige est très-faible.
Quand on se sert de pyromètres métalliques, les résultats ne sont
pas toujours certains. En effet, supposons une barre de métal dont
l’un des bouts plonge dans le foyer de chaleur et dont l’autre soit en
relation avec l'appareil destiné à indiquer la dilatation du métal ; dès
Pinstant que le bout immergé commence à s’échauffer, il communi-
que aux parties adjacentes, et par suite à l'air, une portion de la cha-
leur enlevée. Si les dimensions de la barre sont telles que la quantité
ainsi absorbée ne puisse être remplacée immédiatement par le foyer,
il en résulte que le pyromètre ne donne qu’une indication inexacte.
On voit donc que les dimensions de la barre de métal doivent être
proportionnées aux quantités de chaleur fournies à chaque instant.
On doit avoir égard à de semblables considérations avec les aiguilles
de métal destinées à déterminer la température animale. En leur
donnant le plus petit diamètre possible, on écarte cette cause
d'erreur.
385 RECHERCHES
Entrons dans quelques détails sur la construction et l'emploi des
appareils dont nous allons faire usage.
Un excellent multiplicateur thermo-électrique et des sondes for-
mées de deux métaux différents, soudés par un de leurs bouts en
quelques points seulement , sont les instruments indispensables. Le
multiplicateur doit avoir une sensibilité suffisante pour qu’en réu-
nissant les deux bouts du fil qui forme son circuit avec un fil de fer
soudé bout à bout, une différence de ;, de degré entre Les tempéra-
tures des deux soudures fasse dévier l'aiguille aimantée d’un degré.
Les appareils construits par M. Gourjon remplissent parfaitement
cette condition, car il est impossible de leur donner plus de sensibi-
lité et de précision.
Les aiguilles sont de deux espèces : celles dont la construction est
la plus simple sont composées de deux autres aiguilles, lune de pla-
Line ou de cuivre et l’autre d’acier, soudées par un de leurs bouts, dans
le sens de leur longueur, comme l'indique la figure L. Chacune d'elles
a un demi-millimètre de diamètre environ, et un décimètre de lon -
gueur au moins. On introduit l’une des aiguilles mixtes dans la partie
du corps dont on veut déterminer la température, en ayant lattention
de placer la soudure au milieu même : puis l’on met en communica-
tion les deux bouts libres avec les extrémités du fil du multiplicateur.
Les points de jonction, platine et cuivre, si l’on opère avec l'aiguille
platine et cuivre, ou bien les points de jonction acier et cuivre, si l'on
prend l'aiguille acier et cuivre, sont mis dans la glace fondante pour
que leur température reste constante. L’aiguille aimantée est déviée en
raison de la différence de température qui existe entre celle de la par-
tie explorée etzéro. Or, le courant agissant avec d’autant plus de force
que l’angle d'écart primitif est moins grand, et l’expérience ayant
prouvé que c’est entre zéro et 25° environ que l’on obtient le maxi-
mum d'effet, on tourne en conséquence la boite du multiplicateur jus-
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 38g
qu'a ce que l’aiguille soit déviée de 20° à 25° avant de commencer les
expériences, et l’on dirige le courant de manière que l’aiguille rétro-
grade vers zéro et ne dépasse pas 25 à 30° de l’autre côté. Dans le cas
où elle excéderait cette limite, on ferait passer le courant dans un fil
| métallique suflisamment long pour diminuer son intensité de manière
à obtenir une déviation quine dépassât pas la limite assignée. Si l’on
ne prenait pas ces précautions, il serait impossible d'observer de fai-
bles différences dans l'intensité du courant, attendu que plus la dévia-
üon est considérable, plus le courant agit obliquement sur l'aiguille,
et moins cette déviation augmente par l'effet d’un accroissement d’in-
tensité. Aussitôt que l'aiguille aimantée est dans une position fixe, on
retire la sonde dela partie explorée, et l’on plonge la soudure corres-
pondante dans un bain d’eau dont on élève la température jusqu'a ce
qu'on ait une déviation plus grande de quelques degrés que celle
précédemment obtenue. On laisse refroidir l’eau lentement et on
détermine avec un excellent thermomètre la température corres-
pondante à la déviation primitive, laquelle est précisément celle du
milieu où se trouvait d’abord la soudure, puisqu’elle produit le même
effet thermo-électrique.
Nous préférons déterminer la température plutôt par abaissement
que par élévation, attendu que lorsque le refroidissement est lent,
on est plus certain que la soudure et le thermomètre ont sensible-
ment la même température à l'instant où l’on observe.
Pour éviter que le refroidissement dans l'air des parties non im-
mergées de laiguille ne donne des résultats au-dessous de leurs
véritables valeurs, on passe les bouts libres dans dés enveloppes de
laine, ayant la forme de gaine, comme l’indique la figure IL. Cette
précaution n’est pas toujours suflisante, surtout quand la tempéra-
ture de air est au-dessous de 10°. Dans ce cas, le refroidissement
se fait sentir sensiblement. De là, nécessité d’opérer antant que
390 RECHERCHES
possible dans un milieu où la température soit au moins de 15 à 20°.
L’aiguille devant être détachée souvent du fil du multiplicateur,
on doit adopter un mode de jonction qni permette d'effectuer faci-
lement leur réunion et leur séparation. L’expédient suivant est celui
qui nous a paru le plus simple : on contourne les deux bouts du fil
du multiplicateur en spirales & et à, figure IT, dont l'ouverture
est assez petite pour que les extrémités de laiguille puissent y être
retenues avec force après l'insertion. On nettoie souvent l’intérieur
des spirales, en y passant un petit morceau de bois effilé et l’on frotte
de temps à autre les deux bouts de Paiguille avec du papier pré-
paré à l’émeri, pour enlever les corps étrangers qui pourraient
adhérer à la surface.
La méthode expérimentale que nous venons de donner, est à la
vérité très-simple, mais elle exige l’emploi de la glace, ce qui ne
permet pas d'opérer dans une foule de localités. De plus, elle donne
les résultats à un demi-degré près, appréciation qui n’est pas suff-
sante dans beaucoup de cas, comme nous le verrons plus loin. Ge
défaut de sensibilité tient à la trop grande différence entre les tempé-
ratures de deux soudures. A la vérité on peut la rendre très-faible,
quand on opère avec deux aiguilles semblables, réunies par un fil de
fer, fig. ILE, en plaçant les deux soudures dans deux parties différentes
du corps animal, dont la température de lune d'elles est connue ;
mais Les effets électro-chimiques qui en dérivent, troublent tellement
les résultats, que les personnes qui ne sont pas habituées à les distin-
guer des effets thermo-électriques, peuvent être induites en erreur.
On peut, toutefois, recouvrir la surface des aiguilles de plusieurs
couches de vernis à la gomme laque ; mais le frottement qu’elles
éprouvent pendant leur introduction suflit pour lenlever promp-
tement, de sorte que l’on n’écarte pas longtemps le premier inconvé-
nient.
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 391
On évite les effets électro-chimiques en maintenant une des sou-
dures dans la bouche d’une personne, tandis que l’autre est portée
successivement dans les milieux que lon veut explorer. La personne
qui se prête à cette manævre, doit s’habituer à respirer par le nez,
pour ne pas introduire de Pair froid dans la bouche et s'attacher à
ne pas changer de place la soudure. Ces deux précautions sont in-
dispensables à prendre si on veut avoir une température sensible-
ment constante. La température de la bouche éprouvant des varia-
tions presque continuelles , il est indispensable de la déterminer de
temps à autre avec un excellent thermomètre indiquant des cin-
quièmes de degré.
On doit avoir l'attention de ne jamais diminuer la longueur des
fils, afin que des déviations égales correspondent toujours à des
courants égaux en intensité. La forme des aiguilles de la première
espèce exige que l’on perfore de part en part les parties animales,
afin de rendre libres les deux bouts qui doivent être mis en com-
munication avec le multiplicateur; mais il est des cas où cette per-
foration n’est pas possible, comme lorsqu'il s'agit de déterminer
la température de l’æœsophage, de lPestomac, du tube intestinal ; ï
faut alors avoir recours à un autre système d’aiguilles qui ont la
forme des sondes dont on fait usage en chirurgie, et dont on prendra
facilement une idée en jetant les yeux sur la figure IV. Chaque ai-
guille ou sonde est formée de deux autres, lune en platine, l’autre
en cuivre, soudées sur une étendue d’une ligne seulement à la
pointe même, tandis que tous les autres points sont séparés
par une membrane isolanteet résistante, telle que celle qui recouvre
le dos d’une plume. Cette membrane adhère aux métaux à l’aide
d’un mastic élastique que Pon remplace de temps à autre, quand il
commence à se détacher. Les deux extrémités libres de cette aiguille
sont mises en communication, comme à l’ordinaire, avec le multi-
Ancumves pu Musiuu, Tower [. 51
392 RECHERCIHES
plicateur, et les expériences se font comme il a été dit précédem-
ment. La forme de la sonde varie suivant l’usige auquel on la
destine, c’est-à-dire, suivant la cavité ou la partie dans laquelle elle
doit-être introduite, les figures V et VI représentent des sondes droite
et courbe. On a toujours à craindre, avec ces sondes, que la mem-
brane ne se déchire quelque part, et que les deux parties de Paiguille
ne communiquent en d’autres points qu'à la soudure. Pour sas-
surer sl y a ou non des contacts partiels, on plonge la pointe de
l’aiguille dans une masse d’eau , dont toutes les parties ont sensible-
ment la même température ; on observe alors la déviation de Pai-
guille aimantée, puis lon continue à enfoncer l'aiguille de plu-
sieurs centimètres dansle liquide, et si la déviation ne change pas, on
est assuré que les métaux ne se touchent qu'a leur extrémité; Sil en
était autrement la déviation changerait.
Toutes les fois que lon opère avec deux aiguilles, il faut
S'assurer préalablement qu’elles ont été construites avec des mé-
taux provenant du même morceau, car la moindre hétérogénéité
modifie les effets thermo-électriques. Nous ferons observer aussi qu’on
ne saurait trop prendre de précautions pour étudier la marche du
multiplicateur lorsqu'il a une grande sensibilité; on court le risque
sans cela dattribuer à des causes particulières, des effets qui dépen-
dent de causes locales ; par exemple, quand laiguille garde parfai- .
tement le zéro, on est en droit d'admettre que tout y est symétrique
de chaque côté, etcependantil n’en est pas toujours ainsi; on observe
quelquefois que Paiguille se porte plus loin d’un côté que de l’autre,
par l’action du même courant, selon qu'il chemine dans un sens ou
dans un autre ; cet eflet tient à ce que le système des deux aiguilles
est tellement astatique, qu'il obéit à des influences magnétiques
mème éloignées, en vertu desquelles il tend à se diriger plus faci-
lement d’un côté que de l’autre, selon que ces influences s’exercent
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 393
par attraction ou par répulsion ; on doit mettre à profit quelquefois
cette circonstance pour diriger convenablement le courant.
Nous ajouterons encore , que lorsque l'aiguille étant déviée d’un
certain nombre de degrés, on veut étudier de faibles changements
dans la température au moyen des effets thermo-électriques, il faut
diriger le courant de manière à ramener l'aiguille vers zéro, par la
raison qu'il agit avec d’autant plus de force que la direction est moins
oblique par rapport à celle de l'aiguille.
La températurede la bouche peut servir, faute de mieux, comme
terme de comparaison ; mais l’on a toujours à craindre des variations
assez fréquentes qui dépendent de la manière dont la soudure est
placée. Aussi des personnes peu exercées doivent-elles rejeter ce
moyen toutes les fois qu’elles se livrent à des recherches délicates.
Cependant il y a un moyen de vérification que nous ne devons pas
omettre de rapporter.
On opère d’une manière inverse, c’est-à-dire que l’on place la
soudure de la seconde aiguille, celle qui se trouvait d’abord dans la
bouche, dans la partie dont on cherche la température, et la première
soudure dans la bouche ; si les résultats sont les mêmes, on est alors
certain de leur exactitude. Dans le cas contraire, on cherche d’où
peut provenir la différence , et l’on continue à expérimenter jusqu’à
ce que l’on soit parvenu à l'égalité absolue.
Après bien des tentatives, nous avons fini par adopter l'appareil
figure VII, qui a l’avantage de procurer une température fixe. On
prend un tonneau en bois AA, revêtu intérieurement d’une feuille
de plomb, muni d’un couvercle mobile également en bois, percé
au centre d’une ouverture circulaire, par laquelle on introduit un
thermomètre, et d’une ouverture longitudinale destinée à passer
Paiguille, dont la soudure doit être maintenue à une température
fixe, que nous portons à 36° quand 1l s’agit des mammiferes : ce
394 RECIERCHES
même couvercle est percé encore de plusieurs autres ouvertures Cir-
culaires, par lesquelles passent des tubes, dont nous indiquerons
plus tard Pusage.
On commence par mettre de l’eau à 50° dans ce tonneau qui, en
s’échauffant, fait descendre la température de cette eau au degré voulu;
on place ensuite ce tonneau dansun autre BB, dont la hauteur est un
peu plus grande ; puis on y verse de l’eau chaude à 40°. Cette tempé-
rature à été trouvée suflisante pour que le thermomètre du tonneau
intérieur ne baissât pas sensiblement pendant la durée de plusieurs
expériences. Cette enveloppeextérieure est destinée à empêcher la dé-
perdition de la chaleur du tonneau intérieur. Maintenant il faut s’ar-
ranger pour que Peau du tonneau extérieur conserve sensiblement la
mème température à un degré près; deux moyens peuvent être em-
ployés pour cela : le premier est de réchauffer de temps à autre je
bain extérieur, en y versant de l’eau plus chaude au moyen d’un
tube 4. On enlève en même temps la même quantité d’eau que celle
qui y à élé introduite. Cette manœuvre qui est assez pénible, peut
ètre remplacée par Pemploi de l'appareil suivant, qui permet de
régulariser l'entrée de l’eau chaude et la sortie de Peau dont la
température est plus basse de 1 à 2 degrés.
On place sur un trépied TT, à peu de distance des deux tonneaux,
un troisième vase ce en ferblanc. De ce tonneau part un tuyau #4
en cuivre, muni d’un robinet rr. Ce tuyau descend jusqu’au fond du
tonneau BB. Un autre robinet RR est adapté à la partie supérieure.
Après avoir versé de Peau à 38 ou à 4o° dans le tonneau ce, on ou-
vre le robinet rr, pour porter de Peau chaude dans la partie infé-
rieure BB. Cette eau, en montant dans la partie supérieure du
bain , le réchauffe dans toutes ses parties ; puis lon ouvre le robinet
RR pour donner écoulement à une quantité d’eau égale à celle qui
entre. Avec un peu d'habitude et en consultant souvent le thermo-
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 39
mètre, on parvient à obtenir la température constante dont on a
besoin dans le tonneau A A. Une des aiguilles, abc, est placée dans le
tonneau AA et l’autre, a/b'c', dans un muscle quelconque ; puis les
bouts aa sont mis en communication avec le multiplicateur GG.
Il s’agit d’abord de construire la table des températures, e’est-àa-
dire la table qui donne la température correspondante à une dévia-
tion quelconque. Supposons que la température de Pune des soudu-
res soit maintenue à 36°, on plonge l’autre soudure dans un vase
d’eau, dont on fait varierla température depuis 50° par exemple, jus-
qu'a 45°, si l’on veut expérimenter sur tous les mammifères; on note
dans chaque cas la déviation correspondante. L'ensemble de ces
observations suflit pour donner sur-le-champ la température corres-
pondant à une déviation donnée.
Nous possédons maintenant les moyens nécessaires pour explorer
la chaleur dans toutes les parties animales.
CHAPITRE IE.
De la chaleur animale.
Nous avons déjà dit que la sonde introduite dans une partie quel-
conque du corps, n’accusait la température propre à cette partie,
qu’autant que la déperdition de la chaleur le long de la sonde était
réparée immédiatement, condition qui était remplie toutes les fois
que la sonde était d’un petit diamètre. Mais il est nécessaire encore
d’examiner jusqu’à quel point l'introduction d’un corps étranger dans
un muscle où un organe quelconque peut modifier la température
en y excitant une inflammation passagère. Nous ferons d’abord
396 RECHERCHES
remarquer que si une partie de la chaleur, accusée par les effets
thermo-électriques, provenait de l’irritation produite par l’introduc-
tion de l'aiguille, cette chaleur devrait être d'autant plus forte que
l'aiguille serait plus grosse. Les expériences suivantes montrent qu’il
n’en est pas ainsi.
Les deux soudures de deux aiguilles, fer et cuivre, d’un demi-
millimètre de diamètre, ayant été placées, l’une dans la bouche d’un
jeune homme de 20 ans, l’autre dans le muscle biceps brachial d’un
autre jeune homme, on obtint une déviation de 8° en faveur du muscle
biceps, ce qui annonçait une différence de 0,8 de température cen-
üigrade entre la température du muscle et celle de la bouche, at-
tendu qu'un degré de déviation correspondait à un dixième de degré
de température centigrade. Le résultat fut encore le même en opé-
rant avec deux aiguilles d’un millimètre de diamètre ; et, avec des
aiguilles plus grosses encore, la déviation ne varia pas pendant dix
minutes. Nous voyons par-là que la présence des aiguilles dans
les muscles et autres parties du corps, ne parait pas modifier sensi-
blement leur température : il est facile de concevoir ce fait. Les ai-
guilles, pourvu qu’elles ne dépassent pas une certaine grosseur, lors
de leur introduction , écartent seulement les parties et n’y produi-
sent aucun désordre capable de troubler leur arrangement or gani-
que, et par conséquent de modifier leur température.
Passons aux expériences : les méthodes expérimentales étant con-
nues, nous allons rapporter d’abord les résultats obtenus sur trois
personnes et sur plusieurs chiens. Nous désignerons la première
par A, la seconde par B, la troisième par C. Les deux pre-
mières étaient âgées de 20 ans, et la dernière de 55 ans.
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 39
PREMIÈRE SÉRIE D'EXPÉRIENCES.
TEMPÉRATURE DE L'AIR, 12° CENTIGRADES.
TEMPÉRATURE
| DIFFÉRENCE.
DÉSIGNATION DE LA PARTIE. |
CENTIGRADE. |
|
Biceps brachial de A...........,.... 56% °59
Tissu cellulaire adjacent.............. 34°, 7o 19, 103
BOGCRE MR PERMET das ones 56°, 86
Biceps brachial de B................. 56°, 83 |
Tissu cellulaire adjacent.............. D 45 ; 12038
Bataddescocontoectobo be Pet ec one 36°, 70 [ |
Biceps de G....................,... 56°, 77 | |
Tissu cellulaire. .: 1. 4 LRU AL. 51°, 35 le, 44
ROHERE eue etre eee 37°, oo ( |
CHIEN NOIR.
Muscle fléchisseur de la cuisse......... 58°, 40
Tissu cellulaire du cou....,.......... 37°, 00 :
ADAOMEN- + sertie ee seeeecekee 38°, 50 re
Boïtrine.-------+c--p--te ete 58°, 40
AUTRE CHIEN.
Muscle de la cuisse.................. 38, 00
IHSivibaserenocecocuocoboopbbetoC 370, 00
Abdomen" "t --E---e---tre 38, 10
395 RECHERCHES
DEUXIEME SÉRIE D'EXPÉRIENCES.
TEMPÉRATURE DE L'AIR, 12° CENTIGRADES.
2 | j
DÉSIGNATION DES PARTIES. TEMPÉRATURE) DIFFÉRENCE.
Ü CENTIGRADE,
À ÿ - : Le Ge ne ue se sin * 3; - : À
Bicépside BEECECCCPEEE CEE EE CERECE 56466
TSSUTCeU ILE ee. ce se. des 35° ,258 Re
Le molle. RARE SAME TETE 36°, go 5
Lsbouche..sers retenu 57°, 00
Bugoaceitronoen onamonsaannes 100 56°, go -
Missuscellulaire RIRES EAU SION 56) LES
3° EXPÉRIENCE.
CHIEN NOIR DÉJA SOUMIS A
L'EXPÉRIENCE.
Muscle della cuisse. ct 60... 38°, 60
TROISIEME SERIE D'EXPÉRIENCES.
| TEMPÉRATURE |
DÉSIGNATION DES PARTIES. DIFFÉRENCE.
CENTIGRADE.
Bouche de B
Bouche de À
BoucherdeBe cl crc ec. do eie
2° EXPÉRIENCE.
Biceps de B
Tissu cellulaire
3° EXPÉRIENCE.
CARPE (Cyprinus carpio ).
Diversesirésions-e-----c---e-seceree
SUR LA CHALEUR ANIMALE.
QUATRIÈME SÉRIE D'EXPÉRIENCES,
FAITES AVEC LES SONDES A DEUX BRANCHES, DITES AIGUILLES DE
DEUXIÈME ESPÈCE.
EE
DÉSIGNATION DES PARTIES.
Biceps de B, à trois centimètres de pro-
fondeur..... GHodovou oc duc
Muscles du mollet, quatre centimètres de
profondeur......................
Tissu cellulaire adjacent , un centimètre
de profondeur........ 0
Le grand pectoral , quatre centimètres de
profondeur......................
Tissu cellulaire adjacent , un centimètre
de profondeur............
2° EXPERIENCE.
JEUNE GRIFFON DE MOYENNE TAILLE.
Le grand pectoral, à quatre centimètres
de profondeur........ ape ge A »
Tissu cellulaire, à un centimétre dE pro-
fondeur........... SAEL ODA co
3° EXPÉRIENCE.
sur LB.
Biceps, : à trois centimètres et demi......
Tissu cellulaire. .
4° EXPÉRIENCE.
SUR UN CHIEN:
Muscle de la cuisse. ...... ee re Sr
Tissu cellulaire de la cuisse
Le poumon
Abdomen.
TEMPÉRATURE
DIFFÉRENCE.
CENTIGRADE.
25
5o
; 20
00
50
5o
95
o°, 55
Ancuives Du Muséum, Tone I.
100 RECHERCHES
CINQUIEME SERIE D'EXPÉRIENCES,
AVEC LES DEUX MULTIPLICATEURS.
TEMPÉRATURE
DÉSIGNATION DFS PARTIES. OBSERVATION.
CENTIGRADE.
|
oo
CHIEN CANICRE.
Musclerdella cuisse. .: tr 999.0... 5 38°, 25 La température à |
Poitrine. .......1 A al A 58"..8 baissé subitement |
Le cerveau.— On a EURE dans le crâne a PRE Ste
; : uelques minutes
deux couronnes de trépan pour laisser US ELE ee
TE doute La] | 0 = après l'animal n'exis-
er lestte UE S = )
passer les deux bouts de la sonde... .. 58°, 23 Ales)
Noustirons les conséquencessuivantes des résultats consignes dans les
tableaux précédents : 1° Il existe une différence bien marquée entre
la température des muscles et celle du tissu cellulaire dans homme
et les animaux, différence qui parait dépendre de la température exté-
rieure, de la manière dont l'individu est vêtu ou recouvert, et de
plusieurs autres causes sur lesquelles nous aurons plusieurs fois locca-
sion de revenir. Cette différence dans l’homme varie de 2° 25 à 1° 25
en faveur des muscles. Les corps vivants se trouvent donc dans le cas
d’un corps inerte dont on a élevé la température, et qui est soumis à
un refroidissement continuel de la part du milieu dans lequel il se
trouve : ce refroidissement se fait sentir d’abord à la surface, puis
gagne successivement les couches intérieures jusqu’au centre, suivant
des lois que l'analyse mathématique a déterminées. Mais comment
les pertes sont-elles réparées insensiblement dans homme et les ani-
maux? C’est ce qu’on ignore. Nous espérons que nos méthodes d’ex-
périmentation serviront à éclairer la physiologie à cet égard. 2° La
SÿR LA CHALEUR ANIMALE. 401
température moyenne des muscles de trois jeunes gens de 20 ans a
été trouvé d'environ 36” 77 centigrades.
Comparons ce résultat aux nombres qui ont été adoptés par plu-
sieurs physiciens et physiologistes pour la température moyenne du
corps humain.
J. Davy, chaleur humaine, 36° 66
Despretz, température moyenne de hommes âgés de 30 ans, 37° 14
de 4 hommes âgés de 68 ans, 37° 13
de 4 jeunes gens de 18 ans, 36° 99
Hunter, température du rectum d’un homme bien portant,
entre 36° 10 et 36° 66
Notre résultat est à peu près la moyenne des valeurs trouvées par
John Davy et Despretz, avec le thermomètre, instrument dont l’em-
ploi est très-restreint, comme nous l’avons déjà dit, et qui n’accuse
pas immédiatement la température du milieu dans lequel on le
plonge.
La température moyenne des muscles de plusieurs chiens est de
38° 30, tandis que M. Despretz assigne pour la température du même
animal 39° 48 : la différence est de plus d’un degré; mais nous pou-
vons assurer, d’après de nombreuses expériences, que nous n'avons
Jamais trouvé un nombre aussi fort. Il est probable que cette diffé-
rence tient à des causes accidentelles dont M. Despretz n’a pu tenir
compte. Nous devons faire remarquer que la température des muscles
éprouve des changements notables en raison de l’état de santé de l’in-
dividu et de diverses causes excitantes. C’est là où l’on peut trouver
l'explication des petites variations que l’on observe fréquemment
entre les résultats obtenus sur le mêmeindividu dans deux expériences
différentes.
Dans le chien, la température de la poitrine, celle de l'abdomen et
402 RECHERCHES
du cerveau est sensiblement la même et égale à celle des muscles. Nous
considérons toujoursle chien dans l’état sain. Un fait digne de remar-
que, et que nous avons consigné dans le tableau de la cinquième série
d'expériences, c’est que l'appareil ayant accusé 58° 25 pour la tem-
pérature du cerveau, cette température baissa subitement de plu-
sieurs degrés, et quelques minutes après, l’animal n’existait plus.
La carpe ordinaire (Cyprinus carpio) ne nous a donné qu’une dif-
férence d’un demi-degré entre la température de son corps et celle de
l’eau, en faveur de la carpe.
La température des muscles, avons-nous dit, éprouve des change-
ments en vertu de plusieurs causes physiques; nous allons en citer
quelques-unes. Parmi les principales nous distinguerons les contrac-
tions, le mouvement et la compression. Supposons que Puane des sou-
dures soit maintenue à une température fixe de 36°, et que l’autre
soit placée dans le muscle biceps brachial, le bras étant tendu, Pai-
guille aimantée est déviée de 10° environ ; si l’on place alors Pavant-
bras de manière à contracter le muscle, la déviation augmente aussitôt
de 1 à 2 degrés. On attend que Poscillation et son retour soient ache-
vés, et à l'instant où elle recommence, on ploie de nouveau le bras
afin de donner une nouvelle impulsion à Paiguille aimantée. En con-
tinuant ainsi on finit par obtenir une déviation de 15° qui donne une
différence de 5° avec la déviation primitive, laquelle différence cor-
respond à une augmentation d’un demi-degré de température centi-
grade. Cette expérience, qui a été répétée un grand nombre de fois,
prouve donc que les contractions jouissent de la propriété d’augmen-
ter la température des muscles. Pour bien observer cet effet, Pappa-
reil doit accuser des dixièmes de degré de température.
Une des soudures se trouvant toujours dans le muscle biceps, si
avec le bras correspondant on scie pendant cinq minutes un morceau
de bois, la température monte d’une quantité notable qui va quelque-
SUR LA CHALEUR ANIMALE. 403
fois jusqu’à un degré. L’agitation, le mouvement et en général tout
ce qui détermine un afflux de sang tend donc aussi à élever la tempé-
rature des muscles. Mais est-ce là la seule cause? Le système nerveux
ne joue-t-il pas aussi un rôle ? c’est ce que nous examinerons dansun
autre mémoire.
La compression d’une artère, au contraire, diminue la température
des muscles situés au-delà du vaisseau adjacent. La soudure se trou-
vant encore dans le muscle biceps, ou mieux encore dans le muscle
de lavant-bras, si l’on comprime fortement avec la main l’artère
humérale, le mouvement de laiguille aimantée annonce imme-
diatement un abaissement de température de quelques dixièmes de
degrés.
Dans la seconde partie nous donnerons la température du sang
artériel et du sang veineux, ainsi que celle des diverses parties du
corps de l’homme et des animaux qui ne sont pas à l’état normal ; on
pourra juger alors de quelle manière l’état pathologique modifie la
chaleur propre à chacune de ces parties.
Les expériences dont nous venons de rapporter les principaux ré-
sultats n’ont pu être faites qu'avec le concours de personnes dévouées
à la science, qui n’ont pas craint de se prêter à nos investigations.
Nous devons citer entre autres MM. Burguières et Séguin, et le fils
del’un de nous, tous trois élèves externes à l’'Hôtel-Dieu, lesquels
ont fait preuve en même temps de zèle, de dévouement et d’intel-
ligence.
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OBSERVATIONS
SUR LA STRUCTURE INTÉRIEURE
DU SIGILLARIA ELEGANS
COMPARÉE À CELLE
DES LEPIDODENDRON ET DES STIGMARIA
ET A CELLE DES VÉGÉTAUX VIVANTS;
Par M. Anozpxe BRONGNIART.
La structure intérieure des tiges sinombreuses du terrain houiller
est restée pendant long-temps complétement inconnue; il n’y a pas
vingt ans, lorsque l'étude de ces fossiles est devenue de nouveau
l’objet des recherches de plusieurs naturalistes, leurs formes exté-
rieures seules pouvaient diriger dans leur comparaison avec les vé-
gétaux vivants.
Les caractères fournis par ces formes extérieures ont pu cepen-
dant mettre souvent sur la voie des rapports de ces végétaux fos-
siles avec les végétaux vivants, et dans certains cas ces rapports
étaient faciles à saisir ; dans d’autres, et particulièrement pour les
tiges, ils étaient presque toujours obscurs et difficiles à déterminer.
À cette difficulté, provenant essentiellement de l'absence com-
plète de structure interne appréciable, s’ajoutait celle résultant sou-
vent de l’état incomplet de ces tiges réduites à de simples fragments,
et de la connaissance imparfaite qu’on possédait alors des tiges de
406 OBSERVATIONS
beaucoup de végétaux vivants. Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple,
en 1820, les Fougères et les Cycadées étaient considérées, par la plu-
part des botanistes, comme ayant, quant à la structure de leurs tiges,
une organisation très-analogue à celle des Palmiers et des autres mo-
nocotylédones ou endogènes. Depuis cette époque, destravaux nom-
breux ont montré les différences essentielles qui distinguent ces divers
groupes, il en a été de même pour plusieurs autres familles moins
importantes, et l'étude comparative, tant des formes extérieures que
de la structure interne des tiges des divers groupes naturels, a fait
de notables progrès, quoiqu'il reste encore immensément de recher-
ches à faire dans cette direction , recherches qui fourniraient, sans
aucun doute, d'importants résultats, tant pour la physiologie géné-
rale que pour la méthode naturelle et l’étude des végétaux fossiles.
La comparaison des formes extérieures des tiges fossiles que
renferment les terrains houillers, m'avait conduit à considérer ces
diverses tiges comme appartenant aux familles de plantes cryptoga-
mes, telles que les Fougères, les Lycopodiacées et les Equisetacées,
ou du moins à des végétaux très-analogues à ceux que renferment
ces familles, et à les éloigner au contraire des Palmiers et des autres
arbres monocotylédones, aussi bien que des Cactées et autres dicoty-
lédones auxquelles on les avait souvent comparées précédemment.
Depuis lors, cette opinion, quoique assez généralement admise, a été
combattue par plusieurs naturalistes, et il était à désirer que des ob-
servations, portant sur d’autres points de l’organisation de ces tiges,
pussent jeter un nouveau jour sur leurs rapports avec les végétaux
vivants.
Lesrecherches beaucoup plus attentives qu’on a faites dans ces der-
nières années, dans les terrains qui renferment ces végétaux fossiles,
ont conduit à découvrir, dans plusieurs d’entre eux, quelques por-
tions de tiges dont l’organisation intérieure est assez bien conservée
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 407
pour permettre de l’étudier au moyen du mode de préparation in-
génieux, employé en premier par M. Nicoll, d'Edimbourg. Cepen-
dant, les morceaux présentant en même temps des formes extérieures
qui permettent de les rapporter aux genres, déjà fondées précédem-
ment sur ces caractères et une organisation intérieure bien distincte,
se réduisent à un très-petit nombre. Ce sont en effet un seul fragment
de Lepidodendron, trouvé en Angleterre et désigné sous le nom
de Lepidodendron Harcourtit, quelques morceaux de Skigmaria
ficoides, découverts dans les mines de houille du même pays, enfin,
dans ces derniers temps, un morceau malheureusement peu complet
du Lepidodendron punctatum de Sternberg, qui a été trouvé en
Bohême, et décrit par M. Corda, dans le dernier volume du Flora
der Vorwelt de M. de Sternberg , sous le nom de Protopleris Cot-
leanda.
Plusieurs autres morceaux, ayant une organisation intérieure bien
conservée , ont été observés dans le même terrain, mais leur forme
extérieure étant entièrement détruite, il est impossible, jusqu’à pré-
sent, de déterminer avec certitude quels sont ceux des genres fondés
sur ces formes extérieures auxquels ils doivent se rapporter. De ce
nombre sont les tiges désignées sous les noms de Psaromus, de Tu-
bicaulis, de Medullosa et de Calamitea, décrits par M. Cotta, dans
son important ouvrage sur les bois fossiles.
On voit combien est limité le nombre des exemples de tiges, déter-
minables en même temps par leur forme extérieure et par leur struc-
ture intérieure, puisqu'il se borne aux Lepidodendron Harcourti
et punclatum, et au Stigmarta ficoides.
Les terrains houillers de France peuvent cependant contribuer à
augmenter ce nombre. Ainsi, l'examen d’un grand nombre de no-
dules de fer carbonaté des houillères de Saint-Bérain et Saint-Léger
(département de Saône-et-Loire), m'a fait découvrir dans la plupart
Arcuives pu Muséuu, Tone I. 53
408 OBSERVATIONS
d’entre eux une structure semblable à celle des Calaruteà de Cotta,
tandis que la forme extérieure bien caractérisée de plusieurs de ces
morceaux montre que ce sont en eflet des tiges de Calamites , ainsi
que M. Cotta l'avait indiqué par le nom qu’il leur avait donné, se
fondant sur quelques indices peu prononcés de la forme extérieure.
Je reviendrai dans un autre mémoire sur ces fossiles, que Popacité
de la matière qui les compose rend très-difliciles à étudier dans leurs
détails microscopiques.
Mais un petit fragment , trouvé aux environs d’Autun, et donné
au Muséum de Paris, par le petit séminaire de cette ville, offre un
plus grand intérêt par son analogie avec des tiges bien connues, à
l'état d'empreintes, et dont la structure interne était complétement
inconnue ; C’est une petite portion d’un rameau de Séoillaria elegans,
trouvé dans les champs de la Justice, près du village de Surmoulin ,
au N. d’Autun, et complétement agatisé, comme tous les Psaro-
rüus, Medullosa et bois de Conifères, trouvés dans cette même
localité.
Ce morceau très-court (d’un peu plus de 2 centimètres de long),
de 4 centimètres de diamètre environ, et dont la surface n’était
intacte que d’un seul côté, présentait sur cette surface tous les ca-
ractères du Sigtllaria elegans , où du moins des petits rameaux des
tiges dichotomes de cette plante, tels qu’on les trouve assez fréquem-
ment à l’état d’empreinte dans les schistes du terrain houiller, et sur-
tout dans ceux d’Eschweiler, près d’Aix-la-Chapelle, et de Werden,
près de Dusseldorf. Il est donc impossible de douter de son identité
non-seulement générique, mais spécifique avec le Sigillaria elegans.
Quant à son état de conservation intérieure, il n’était pas égale-
ment parfait dans toutes les parties et par rapport à tous les tissus.
Aïnsi, presque partout le tissu cellulaire est détruit, ou il n’en reste
que de légères traces dans quelques points, excepté cependant vers
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 409
la surface extérieure, où le tissu cellulaire qui constitue la partie la
plus superficielle est parfaitement conservé, ce qui dépend proba-
blement de la plus grande résistance qu'il présentait.
Le tissu vasculaire et le tissu cellulaire allongé ou fibreux, sont au
contraire bien conservés dans presque tous les points, et fournissent
ainsi les caractères les plus essentiels de la structure de cette tige.
Ce sont heureusement, comme on le sait, les modifications de
disposition et d'organisation du tissu vasculaire des tiges qui contri-
buent essentiellement à caractériser les divers groupes de végétaux ,
et la destruction du tissu cellulaire ne parait pas un grand obstacle
dans l'étude de l’organisation de cette tige.
J’ai représenté, fig. 1 et 2, PI. 1 ‘, cette tige, de grandeur na-
turelle, telle qu’elle a été trouvée, et telle qu’elle était avant de lui
avoir fait subir aucune préparation; les sections qu’il a fallu faire
pour en détacher des lames minces propres à l'étude, ont réduit ce
morceau à une portion qui conserve encore la partie de la surface
externe, où l'écorce et les insertions des feuilles existaient, et qui
comprend la moitié du cylindre vasculaire.
Outre ce petit morceau, unique jusqu’à présent, et l’un des plus
précieux , sous ce rapport, de la collection de fossiles végétaux du
Muséum , cette collection renferme les diverses lames minces ; pré-
parées sur glace, d’après lesquelles ont été dessinés les détails anato-
miques qui sont figurés dans ce mémoire.
La coupe transversale, fig. 3, pl. 1, montre la disposition des tissus
dans une portion assez étendue de ce rameau , pour qu’on puisse fa-
cilement se représenter les parties qui manquent, car la tige est com-
plète, sauf Les parties de la zone corticale qui manquent sur les quatre
Les numéros des planches citées dans le courant de ce Mémoire sont toujours les nu-
méros d'ordre particuliers aux planches de ce Mémoire et placés au bas des planches.
410 OBSERVATIONS
cinquièmes environ de la circonférence, maisqu’on peut sans difficulté
se figurer comme enveloppant la tige de toutes parts.
En faisant abstraction des colorations diverses de la silice qui
occupe les parties dans lesquelles le tissu est complétement détruit,
on voit que cette tige est formée de deux cylindres de tissus plus ré-
sistants, et dont la texture est parfaitement conservée, cylindres qui
ne sont pas concentriques l’un à l’autre ; l’un tout-à-fait extérieur et
superficiel, constitue; une sorte d’écorce, et présente extérieure-
ment les bases saillantes ou mamelons rhomboïdaux qui correspon-
dent aux points d'insertion de chaque feuille ; le tissu qui le compose
et qui parait parfaitement continu, est cellulo-fibreux, très-fin et
très-dense ; l’autre eylindre, intérieur , rapproché d’un côté du ey-
lindre extérieur, en est séparé par un espace assez large sur un côté,
étroit de l’autre, qui parait avoir été occupé par un tissu cellulaire
délicat (pl. 1, fig. 3, 4, ee’) dont il ne reste de trace que dans quel-
ques points, et surtout près de la zone corticale ou extérieure ; ce
tissu cellulaire est représenté pl. 2, fig. 1, 2, 5, e'e', l’intérieur de
ce même cylindre (pl. 1, fig. 5, 4aa; pl. 2, fig. 1 a) ne présente
que de la silice amorphe, transparente ou opaque, incolore ou diver-
sement colorée, mais qui a pris probablement la place d’un tissu cel-
lulaire analogue à celui dont il reste quelques traces entre l'écorce
et le cylindre intérieur.
Quant à ce cylindre creux, à cette sorte de tube excentrique , la
disposition et la nature des parties qui le constituent, méritent de
lixer en premier notre attention, ear il représente le système vaseu-
laire ou ligneux de la plante.
Il forme un cylindre parfaitement régulier, de 15 à 14 milli-
mètres de diamètre intérieur, et d’un millimètre d’épaisseur, composé
d’un nombre déterminé de faisceaux, tous parfaitement égaux et
semblables, placés les uns à côté des autres, sans aucun intervalle
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 411
appréciable dans la plupart des cas, mais distincts par la forme ar-
rondie de chacun deux, du côté intérieur, ce qui donne au bord in-
terne, sur la coupe transversale, une forme festonnée.
I sufit d’un faible grossissement pour reconnaitre que chacun de
ces faisceaux est formé de deux zones distinctes, l’une interne, cons-
tituant ces sortes de festons, l’autre externe, beaucoup plus étendue;
ces deux zones, quoique immédiatement contigués, se distinguent
facilement par une modification dans leur aspect et dans leur colo-
ration, vers leur point de contact; mais un plus fort grossissement
rend bientôt compte des différences de leur organisation.
Sur la coupe transversale (pl. 1, fig. 4, b, et pl. 5, fig. 1, bb’),
on voit que les parties internes des faisceaux, ayant la forme d’un
segment de cercle dont la convexité est tournée intérieurement, sont
formés entièrement par un tissu dont les parois ont la même épais
seur et le même aspect ; ce sont, comme on le verra plus tard, des
vaisseaux! à parois rayées transversalement ou obliquement, ou même
réticulées, dont les orifices, anguleux etirréguliers, sont disposés sans
ordre, mais dont les plus grands (b) sont du côté du centre du CY-
lindre, les plus petits (b'), au contraire, vers l'extérieur et appliqués
contre la zone externe de ce cylindre vasculaire.
Cette zone extérieure (pl. 1, fig. 3, 4, ce; pl.+3,figsh;1éc!)
est formée par un tissu disposé avec une grande régularité, en séries
rayonnantes, tantôt tout-à-fait contigués, tantôt séparées par d’étroits
intervalles, occupés par des rayons médullaires, dont le tissu est
maintenant détruit. Les orifices des vaisseaux (car ce sont encore
J'emploie habituellement le mot vaisseaux pour indiquer ce tissus quoiqu'il n'ait pas ,
ainsi qu'on le verra plus tard, les caractères des vrais vaisseaux. Ces tubes sont plutôt des
utricules très-allongés et communiquant entre eux par leurs ouvertures latérales, comme les
tubes fendus des Fougères et les tubes poreux qui forment le bois des Conifères, que de vrais
vaisseaux dont les cavités seraient continues.
l12 OBSERVATIONS
des tubes rayés qui constituent toute cette zone), dont chacune de
ces séries est composée, vont en diminuant vers l’intérieur, les plus
petits (c) étant presque en contact avec les plus petits vaisseaux des
faisceaux internes, et ces vaisseaux d’un petit calibre formant, par
leur rapprochement, mais sans se confondre, la ligne de démarcation
entre les faisceaux internes, composés de vaisseaux disposés sans
ordre, et les faisceaux externes, dont les vaisseaux sont disposés en
séries rayonnantes, séparées par des rayons médullaires.:
Ces faisceaux , par leur contact presque immédiat , et la manière
dont ils se correspondent avec une régularité parfaite, sont dans les
mêmes rapports que les faisceaux fibro-vasculaires qui constituent le
bois proprement dit, dans les plantes dicotylédones, et les faisceaux
de trachées qui, dans ces mêmes plantes, sont placés à la partie in-
terne de ces faisceaux ligneux, et constituent l’étui médullaire. Aussi,
quoique ces faisceaux internes n’aient pas exactement l’organisation
et la disposition des faisceaux de trachées de l’étui médullaire,
leur position , relativement aux autres parties, étant la même, je les
désignerai sous le nom de faisceaux médullaires, pour les distinguer
des faisceaux plus extérieurs, qui ont la structure rayonnante de la
zone ligneuse, ce que j'appellerai Les faisceaux ligneux.
En dehors de ces derniers, on voit encore de petits faisceaux dont
la coupe transversale est arrondie, qui sont complétement isolés des
faisceaux ligneux, mais qui en sont tantôt très-rapprochés, tantôt un
peu plus éloignés, et qui correspondent exactement au milieu de
chacun d’eux, puis enfin quelques-uns plus éloignés et disposés avec
moins de régularité. Ces faisceaux sont comme les faisceaux médul-
laires et ligneux, composés d’un tissu uniforme, mais plus fin, 1r-
régulier et sans disposition rayonnante; ils me paraissent avoir été
isolés dans le tissu cellulaire extérieur, et n’être probablement que
des faisceaux détachés du cylindre vasculaire et se portant dans les
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 413
feuilles, mais qui ne se seront conservés que dans la partie voisine
de l'axe ligneux, tandis que la partie qui traversait obliquement la
zone celluleuse extérieure, aura été détruite, soit avant, soit pen-
dant la pétrification, en même temps que le tissu cellulaire qui les
environnait.
Si nous examinons, au moyen de coupes longitudinales (pl. 5,
fig. 2), ces mêmes parties vasculaires, dont je viens d’indiquer les
positions respectives, telles que nous les offre la coupe transversale
de la tige, nous verrons que tous les tissus conservés, et dont nous
avons vu les orifices dans cette coupe, sont d’une structure très-
analogue et ne présentent que de légères différences qui peuvent
échapper au premier coup d'œil, mais qui ne sont pas cependant
sans quelque importance.
Les faisceaux internes ou médullaires (pl. 5, fig. 2, bb’) sont com-
posés dutricules tubuleux très-allongés, très-inégaux en grosseur ,
dont les plus petits b' sont extérieurs, et les plus grands b sont pla-
cés au côté interne; ces utricules, disposés sans régularité, assez
flexueux, sont non-seulement différents par leur grosseur, mais aussi
par leur longueur.
Les plus petits sont en même temps beaucoup plus courts, et
leurs deux extrémités, terminées en cônes obtus, se présentent assez
souvent simultanément dans le champ du microscope.
Les plus gros, au contraire, sont aussi beaucoup plus allongés,
mais cependant on les voit aussi se terminer par une extrémité close
et arrondie. |
Les parois de ces utricules ont un caractère commun, c’est que
toutes sont marquées de stries transversales ou spirales, très-nom-
breuses et assez fines, mais très-variables, soit de l’un à l’autre,
soit dans les diverses parties de l’étendue d’un même utricule.
Les plus gros (pl. 4, fig.-1, b), et ceux dont les angles sont les
414 OBSERVATIONS
plus prononcés, présentent en général des stries transversales, per-
pendiculaires à leur direction longitudinale ou peu obliques, qui
se réunissent entre elles dans les angles de ces utricules. Ils sont
alors très-analogues aux vaisseaux rayés de beaucoup de Fougères et
de Lycopodes, sauf quelques différences sur lesquelles je reviendrai
plus tard,
Dans d’autres utricules, généralement d’un moindre calibre, les
stries ou raies sont beaucoup plus obliques, contournées en spirales,
mais encore unies entre elles dans les points qui correspondent aux
angles de ces utricules. Ces vaisseaux, à raies obliques b'P', passent
très-fréquemment à une disposition reticulée très-régulière dans la
plupart des cas, qui semblerait produite par deux ordres de stries
obliques en sens inverse et se croisant de manière à former un ré-
seau à mailles rhomboïdales où devenant hexagonales par l’inflexion
régulière de ces stries. Avec un faible grossissement, et par consé-
quent des lentilles d’un foyer moins limité, on peut croire d’abord
que l’on voit simultanément les stries spirales appartenant aux deux
faces opposées d’un même utricule; mais un grossissement plus con-
sidérable prouve que cesstries obliques en sens inverse, sont tracées
sur une même paroi, à moins toutefois qu’elles ne résultent de
l'application très-intime des parois de deux utricules différents juxta-
posés.—La manière dont les fibres transversales passent aux fibres
obliques, celles-ci à des fibres réticulées irrégulièrement, puis ré-
gulièrement (pl. 4, fig. 4), me fait cependant douter que cette
explication soit exacte, et me porte à croire que ces diverses modi-
fications s’opèrent dans les parois d’un seul et même utricule.
Les utricules Les plus petits de ces faisceaux, ceux qui sont situés
vers la partie externe et qui sont aussi moins étendus en longueur,
offrent encore une troisième modification (pl. 4, fig. 1, b'b'et B),
à laquelle cependant on arrive insensiblement, ils présentent de vé-
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 415
ritables fibres spirales continues, au nombre de 2-3 ou 4, se con-
tournant parallèlement les unes aux autres, sans aucune réticulation ,
exactement comme dans les trachées à fibres multiples, sauf la plus
grande brièveté des utricules, qui présentent cette structure, et l’es-
pacement sensible des tours de spires, qui peut faire penser qu'ils
étaient unis par une membrane appréciable, et qu'ils se rapportaient_
par conséquent plutôt à lamodification qu’on a désignée sous le nom
de fausses trachées.
L'intervalle qui sépare ces fibres, soit dans ces utricules à fibre
spirale, soit dans ceux à fibres obliques ou réticulées, soit enfin
dans ceux à fibres transversales, ne varie pas sensiblement dans un
même utricule, mais varie notablement de lun à lautre; il est
moindre dans les utricules d’un petit calibre, à fibres généralement
en spirale, et atteint son maximum dans les plus gros utricules, à
fibres transversales ou peu obliques; mais ces variations sont com
prises entre 4 et 5 de millimètre. Si ces utricules, allongés et
striés en spirale, ne sont pas de vraies trachées, on voit cepen-
dant qu’elles ont beaucoup d’analogie avec ces vaisseaux, par lobli-
quité et la disposition spirale de leurs fibres, et sont, pour ainsi
dire, intermédiaires entre les trachées à spire multiple et les vais-
seaux striés des Fougères et des Lycopodiacées.
La position qu’elles occupent est aussi celle que présentent en
général, dans la plupart des végétaux phanérogames, les vraies tra-
chées; mais ces vaisseaux ne constituent pas cependant des faisceaux
aussi considérables et surtout aussi bien limités que les faisceaux
médullaires du Sigillaria elegans; chaque petit faisceau de tra-
chées correspond directement au côté interne d’un faisceau ligneux,
compris entre deux rayons médullaires, tandis qu'ici chacun ces
faisceaux médullaires correspond à plusieurs faisceaux ligneux, étroits
et distingués par desrayons médullaires; enfin, ordinairement iln’ya
Ancerives pv Musiux, tour I. 54
416 OBSERVATIONS
qu'un très-petit nombre de trachées dans chacun de ces faisceaux, et
le plus souvent elles sont séparéesles unes des autres par des cellules
allongées ou des fibres ligneuses; ces trachées de l’étui médullaire
sont presque toujours fort petites, et lorsqu'elles sont plus rombreu-
ses, les plus petites sont placées du côté interne ou central, les plus
grosses vers l'extérieur ou du côté qui correspond aux faisceaux li-
gneux, dont elles forment le commencement du côté de la moëlle,
disposition inverse de celle que nous observons dans le Sigi/laria.
Ainsi, quoique ces faisceaux aient quelque analogie par leur po-
sition avec les faisceaux de l’étui médullaire, ils offrent cependant
un caractère tout spécial qui les en distingue, et que je ne connais
dans aucune plante vivante.
Quant aux faisceaux ligneux, ils offrent une combinaison de ca-
ractères qui parait également étrangère à ce que nous voyons actuel-
lement dans les végétaux vivants qui ont été jusqu’à ce jour soumis
à un examen anatomique.
En faisant abstraction des rayons médullaires, étroits et peu ap-
parents sur la coupe transversale, où ils ne sont indiqués que par
des espaces vides (pl. 3, fig. 1, a/a/a!) et dont on ne peut bien re-
connaître la disposition que sur les coupes perpendiculaires à leur
direction, ces faisceaux sont composés d’un tissu uniforme, quant
à ses caractères essentiels (pl. 5, fig. 1, 2, c'c'; pl. 4, fig. à, cc’;
fig. 2, 3, c) et dont les éléments varient seulement par leurs dimen-
sions; ce sont des vaisseaux ou utricules tubuleux rayés, disposés en
séries très-régulières, parallèles entre elles, et s'étendant, en rayon-
nant, du centre à la circonférence ; ces séries sont formées de vais-
seaux étroitement appliqués les uns contre les autres, et sont tantôt
contigués, tantôt séparées par les rayons médullaires.
Dans chacune de ces séries, ces vaisseaux vont en croissant, du
centre à la circonférence ; ceux qui sont les plus voisins des fais-
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS,. 417
ceaux médullaires ayant une très-petite dimension et des orifices à
peine distincts sur la coupe transversale (pl. 3, fig. 1, ©), tandis
que ceux qui approchent de la surface externe du cylindre vascu-
laire sont presque aussi grands que les grands vaisseaux des faisceaux
médullaires, et ont des orifices de forme hexagonale, très-grands
et très-réguliers (pl. 3, fig. 1, c/). Sur ces vaisseaux, comme sur
ceux des faisceaux médullaires, les doubles parois des vaisseaux con-
tigus sont très-apparentes, et on voit parfaitement, comme sur les
tissus analogues, dans les plantes vivantes, que chaque vaisseau a ses
parois propres et d’une épaisseur assez considérable.
Quant à la structure de ces parois, les coupes longitudinales
(pl. 5, fig. 2, cc’; pl. 4, fig. 1, cc’) font voir qu’elles sont mar-"
quées de raies parallèles transversales, parfaitement régulières, for-
mant une seule série sur chacune des faces de ces vaisseaux, mais
également sur les faces perpendiculaires (pl. 4, fig. 2, 3) et sur les
faces parallèles (pl. 4, fig. 1) aux rayons médullaires, caractère
important, comme on le sait, puisque dans les Conifères et les Cy-
cadées, dont le tissu ligneux est également formé entièrement par
des vaisseaux ou utricules allongés, d’une même nature, les parois
latérales ou parallèles aux rayons médullaires présentent, en général,
seules les ponctuations qui caractérisent ces vaisseaux.
Dans le Sigillaria elegans, les coupes longitudinales, parallèles
et perpendiculaires à ces rayons, montrent que les raies transver-
sales existent également sur toutes les faces, mais ces dernières
coupes établissent, d’une manière positive , l'existence et la disposi-
tion des rayons médullaires, caractère bien important, puisqu'il dis-
tingue entièrement le cylindre que constituent ces faisceaux ligneux
de celui formé dans le Lepidodendron Harcourti par des vaisseaux
de même nature que ceux du Sigillaria elegans, mais dans lequel
il n’y a ni rayons médullaires, ni même la disposition des vaisseaux
41 8 OBSERVATIONS
en séries rayonnantes; par l’examen de ces coupes longitudinales
perpendiculaires à la direction des rayons médullaires, on voit que,
dans le Sigillaria, ces lames de tissu cellulaire qui constituent les
rayons médullaires, ne devaient être composées ordinairement,
comme les mêmes parties dans la plupart des Conifères, que
d’un seul rang de cellules en largeur, et n'avait que peu d’é-
tendue dans le sens longitudinal de la tige, de sorte que leur pré-
sence ne déterminait que de légères sinuosités dans les vaisseaux
rayés. Dans quelques cas, cependant, ces rayons médullaires pa-
raissent plus larges, et l’espace vide qu’ils ont laissé devait être oc-
cupé par plusieurs rangées de cellules. La fig. 2, pl. 4, montre en
aa’ la forme que ces rayons médullaires affectent lorsqu'ils sont
coupés perpendiculairement à leur direction.
Indépendamment des ces rayons médullaires étroits, compris
entre les séries de vaisseaux qui forment chaque faisceau ligneux,
en existait-t-il de plus larges entre les divers faisceaux du cercle li-
gneux ? c’est ce qu’il ne m’a pas été possible de bien déterminer sur
la coupe perpendiculaire aux rayons, très-peu étendue, que j'ai pu.
obtenir dans ce petit échantillon. Cependant, la coupe transversale
en ferait douter, car ces faisceaux paraissent généralement tout-à-
fait contigus, ou séparés seulement par des intervalles très-étroits.
Les faisceaux extérieurs, qui sont placés en dehors du cylindre
ligneux, et qui me paraissent le commencement des faisceaux vas-
culaires des feuilles, sont à peu près cylindriques ou légèrement
aplatis, ils sont entièrement formés de vaisseaux rayés, plus pelits
que les vaisseaux extérieurs du cercle ligneux, et: n’offrant aucun
arrangement régulier dans chacun de ces faisceaux.
Cette coupe et le détail plus grossi, fig. 5, montrent non-seule-
A
ment la disposition des rayons médullaires, par rapport aux utricules
tubuleux ou vaisseaux rayés, mais aussi la structure de ces vaisseaux
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 419
et des raies que leur surface présente dans cette direction. La plus
grande épaisseur de ces raies ou fibres transversales me parait seu-
lement due à une conservation plus parfaite de cette partie de
Péchantillon, et on se rend compte ensuite facilement de la régu-
larité plus grande des vaisseaux vus sous cet aspect, en examinant
la coupe transversale et la position respective de ces vaisseaux.
D’après la disposition que présentent les faisceaux médullaires
dans quelques points, en b’et b”, fig. 4, pl. 1, en particulier, je
serais porté à croire que ce sont ces faisceaux médullaires qui don-
nent naissance aux faisceaux extérieurs d, en passant à travers les
faisceaux du cercle ligneux, comme on le voit particulièrement
en b'; mais l'impossibilité de multiplier les coupes ne nv’a pas permis
de nvassurer positivement de ce fait.
Telle est l’organisation vasculaire, très remarquable et jusqu’à
présent tout-à-fait particulière de cette tige.
En dehors de ce cercle ligneux vasculaire, on trouve, comme je
lai indiqué déjà, une zone celluleuse, d’une largeur inégale, et
dont le tissu, généralement détruit, existe cependant sur quelques
points (pl. 2, fig. 1, 2, 3, e/e’), dans un état de conservation suflisant
pour montrer que c’était un parenchyme régulier , très-délicat, mais
sans aucun caractère remarquable.
La zone tout-à-fait externe est formée par un tissu plus solide,
qui s’est très-bien conservé et présente, à l’état fossile, une couleur
dun jaune-brun, qui ne paraitrait pas entièrement étrangère à celle
du tissu à l’état vivant, du moins c’est celle que présente souvent ce
tissu cortical, correspondant à la base des feuilles.
Cette zone extérieure (pl. 2, fig. 1, 2, 5,.fg!) est formée de deux
couches différentes, qui sont cependant intimement liées lune à
à l’autre, et passent même presque insensiblement de Pune à l’autre.
Ea plus interne (ff) est formée de cellules allongées, très-serrées,
420 OBSERVATIONS
terminées par des extrémités coupées obliquement, et dont plu-
sieurs contigués correspondent à la même hauteur, de manière que
leurs terminaisons forment des lignes transversales en zig-zag. Sur la
coupe transversale (fig. 3), on voit que ces cellules allongées, qui
ont le caractère du tissu qu’on désigne souvent sous le nom de
prosenchyme, sont disposées en séries rayonnantes assez réguliè-
res. Leurs parois sont minces, uniformes, sans raies ni ponctua-
tions, et ne paraissent différer que par une opacité plus ou moins
grande, dépendant probablement de la pétrification, car ces parties
plus opaques f’ ne se présentent pas toujours dans la même position.
La zone externe gg' est formée d’un parenchyme, quelquefois
irès-régulier, moins régulier dans d’autres parties, dont les cellules
fort serrées, sans lacunes ni meats inter-cellulaires, et n’affectant
aucune disposition en séries ni rayonnantes, ni parallèles à la sur-
face, ont des parois lisses mais bien nettes, et parfaitement con-
servées, ces parois paraissent plus épaisses dans la zone la plus externe
qui constitue la surface des mamelons saillants et tronqués, sur les-
quels les feuilles prenaient naïssance, elles donnent plus d’opacité
au tissu, qui cependant n'offre aucune différence essentielle.
L’examen détaillé que nous venons de faire du petit échantillon
du Sigillaria elegans des environs d’Autun, nous permet mainte-
nant de comparer sa structure à celle de quelques autres végétaux
fossiles du même terrain, et de rechercher ensuite ses rapports avec
les végétaux vivants, rapports qui n'avaient pu être établis qu'avec
doute, tant qu'on n’avait connu que la forme extérieure de cestiges.
Les tiges fossiles dont la structure interne est conservée, qui
ont été découvertes dans le terrain houiller, et dont l’organisation
a été étudiée dans ses détails, sont les Lepidodendron Harcourli
et punclatum, le Stigmaria ficoides, Ÿ Anabathra pulcherrima
de Witham, le Sigi/laria elegans et les Conifères désignés sous le
SUR LÉ SIGILLARIA ELEGANS. 422
nom de Pinites. On peut y ajouter les Psaromius et les Medullosa,
dont M. Cotta a fait connaître l’organisation générale, et dont jai
pu examiner plusieurs espèces dans tous leurs détails, sur les nom-
breux échantillons trouvés à Autun.
Ces fossiles se divisent facilement en trois groupes.
Ceux dont les faisceaux vasculaires ou ligneux sont dispersés dans
l'intérieur de la tige, sans former un cercle régulier, qui, par con-
séquent, ne sont point séparés par des rayons médullaires, et dont
les vaisseaux ne sont pas disposés en séries rayonnantes.
De ce nombre sont : les Psaromius et le Medullosa elegans.
Un second groupe est formé de quelques plantes, dans lesquelles
les vaisseaux forment un cylindre continu, non interrompu par des
rayons médullaires, et dans lequel, par cette raison, les vaisseaux
n’affectent pas une disposition régulière en séries rayonnantes.
Tels sont le Lepidodendron Harcourtü et le Lepidodendron
punctatum Sternb. (Protopteris Cotteana Corda).
Enfin le dernier groupe, le plus nombreux des trois, renferme
les végétaux qui, dans la distribution générale de leur système li-
gneux ou vasculaire, présentent la même disposition que les Dico-
tylédones, les Conifères et les Cycadées , quoique plusieurs d’entre
eux offrent des caractères spéciaux tout-à-fait distinctifs.
* Les Medullosa de M. Cotta comprennent sans doute plusieurs genres très-différents ,
mais je m’ai pu étudier que son Medullosa clegans. Les M. purosa et stellata me sont in-
connus, quoique ayant de l’analogie avec une plante fossile remarquable, des environs
d'Autun , que je ferai connaître plus tard sous le nom de Co/poxylon ; et dont ils sont peut-
être congénères. Dans le Medullosa elegans , que je considérerai comme le type des Medul-
losa , il faut bien se garder de confondre les faisceaux épars et réellement vasculaires du”
centre de la tige avec ke tissu fibreux extérieur, très-fin, formant une zone étroite, striée, qui
diffère beaucoup de la vraie zone fibro-vasculaire des tiges précédentes, et dont les tissus ne
sont pas du reste disposés en véritables séries rayonnantes ; quoique séparés par des espaces
cellulaires rayonnants.
422 OBSERVATIONS
Dans ces tiges, il y a une moëlle ou masse celluleuse centrale
et un tissu cellulaire extérieur ou cortical , séparés par un cercle
ligneux ou vasculaire, partagé lui-même par des rayons médullaires
en faisceaux distincts, dont les éléments ou utricules allongés affec-
tent une disposition en sériesrayonnantes plus ou moins prononcée,
souvent très-régulière.
À ce groupe appartiennent les vraies Conifères et les Cycadéesfos-
siles, les Stigmaria, V Anabathra pulcherrima de Witham, le
Sigillaria elegans, es Calanutea de Cotta, et le genre Colpoxy-
lon, que je décrirai plus tard.
Les mêmes différences que nous venons de signaler entre ces tiges
fossiles, se présentent dans les tiges des plantes vivantes.
Ainsi, la première disposition se trouve dans les Monocotylédo-
nes, les Lycopodiacées et quelques Fougères.
La seconde, dans un petit nombre de Lycopodiacées (Psilotum et
Tmesipteris), et celle qu’offrent les Fougères ordinaires, est pour
ainsi dire intermédiaire entre ces deux modes d'organisation.
Enfin, la troisième, quant à ses caractères généraux, appartient
à toutes les Dicotylédones, en y comprenant les Conifères et les Cy-
cadées, sauf peut-être quelques exceptions rares.
Mais dans chacun de ces groupes, formés seulement sur la dis-
position relative des faisceaux ligneux ou vasculaires, il y a de nom-
breuses différences, dépendant de la structure élémentaire de chacun
de ces faisceaux, différences qui peuvent avoir autant ou plus de
valeur que les caractères fournis par la disposition relative de ces
faisceaux, qui nous ont servi à former ce premier groupement.
Ainsi, pour ne nous occuper que du dernier groupe, comprenant
les tiges qui présentent un cylindre ligneux, divisé par des rayons
médullaires, tantôt chacun de ces faisceaux est formé de fibres li-
sneuses ou utricules fusiformes et de vaisseaux, comme dans la plu-
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 423
part des Dicotylédones angiospermes ; tantôt, au contraire, ils sont
composés d’éléments tous semblables, qui tiennent en même temps
des fibres ligneuses ordinaires et des vaisseaux, tels sont les Coni-
fères et les Cycadées, et les tiges du terrain houiller que nous avons
citées précédemment comme appartenant à ce groupe ; mais dans ces
végétaux à tissu ligneux uniforme, indépendamment des formes di-
verses que peuvent présenter, dans chaque genre ou dans chaque
famille, les ponctuations, les stries ou les réticulations de ces sortes
de vaisseaux, il paraitrait y avoir, si ce n’est d’une manière absolu-
ment constante, au moins généralement, une différence essen-
tielle dans la disposition de ces modifications de la paroi des
vaisseaux.
Dans les Conifères et les Cycadées, tant vivantes que fossiles, on
sait depuis longtemps, et on a admis jusqu'à présent, comme un
caractère général, que les ponctuations ou réticulations n'existent
que sur les faces latérales des vaisseaux, c’est-à-dire sur celles qui
sont parallèles aux rayons médullaires, ou du moins ne se présen-
tent que rarement et irrégulièrement sur les autres faces, dans quel-
ques Cycadées. Au contraire, dans le Stigmaria ficoides, dans
l’'Anabathra pulcherrima et dans le Sigillaria elegans , cette struc-
ture particulière de la membrane se présentant sous formes de
stries transversales ou réticulées, se montre sur tout le pourtour
de chaque vaisseau, tant sur les faces latérales ou parallèles
aux rayons médullaires, que sur les faces externes et internes.
Il y aurait donc là une différence notable et à laquelle on pourrait
accorder une grande importance, si la position des ponctuations où
pores, dans les Conifères et les Cycadées actuelles, était absolument
invariable, et à cette différence dans la disposition s’ajouterait encore
la structure habituelle de cette partie de la paroï des utricules Hi-
gneuses où vaisseaux, car dans toutes les Conifères et dans la plupart
Ancmves pu Muséum, TOE I. 55
ETA OBSERVATIONS
des Cycadées, ce sont des pores ou aréoles arrondis ou ovales, que
ces vaisseaux présentent, et non des stries transversales ou des fibres
réticulées. j
Déjà M. Mohl avait montré que dans l’Ephedra
voisin des Conifères, par la plupart de ses caractères, les fibres du
bois étaient ponctuées comme celles des Conifères, mais égale-
!, genre très-
ment sur toutes leurs faces.
Les Cycadées vivantes nous offrent elles-mêmes une exception à
cette structure si habituelle qui prouve qu’elle a moins de valeur qu’on
ne l'aurait cru d’abord; ainsi, le Zamua integrifolia et probable-
ment les autres espèces américaines, c’est-à-dire les vrais Zara ,
diffèrent des Cycas et des Zanua de l'Afrique australe ou Ænce-
phalartos, par leurs vaisseaux qui, non-seulement, sont marqués de
fibres transversales réticulées, environnant de larges aréoles ovales,
ou formant des lignes transversales parallèles, mais parce que cette
structure de la paroi se présente également sur toutes les faces des
fibres ligneuses.
C’est ce qu’on peut voir sur les figures 2, 3 et 4 de la pl. 10, qui
montrent ce tissu vu parallèlement aux rayons médullaires, fig. 4,
et perpendiculairement à ces rayons, fig. 2.
Mais dans cette plante vivante, eette structure des parois des vais-
seaux est une exception à celle que présentent ordinairement les
mêmes parties dans les plantes de cette famille, ainsi que dans la
famille voisine et bien plus nombreuse des Conifères, tandis que
parmi les végétaux fossiles, des tiges appartenant à trois genres très-
distincts, savoir, le Sigillaria elegans, le Shgmaria ficoides et
l'Anabathra pulcherrima, présentent constamment la même orga-
nisation sur toutes les faces de leurs vaisseaux, caractère par lequel
! Annales des Sciences naturelles, W° série, tome XXVI.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 425
ces plantes se rapprochent, parmi les fossiles, des Lepidodendron
et des Psaronius, et parmi les végétaux vivants, des Fougères et des
Lycopodes.
En effet, c’est un caractère commun à toutes les plantes de ces
deux familles, d’avoir leurs faisceaux vasculaires entièrement com-
posés de vaisseaux semblables entre eux, ou ne différant que par
leurs dimensions, sans mélange de vraies fibres ligneuses, et mar-
quées sur toutes leurs faces de fentes ou d’aréoles linéaires transver-
sales, disposées en autant de séries longitudinales que le vaisseau
offre de faces différentes, et plus ou moins longues, suivant l’étendue
de ces faces.
Ainsi, dans ces trois plantes fossiles, nous trouvons la disposition
générale du système vasculaire des Conifères et des Cycadées, c’est-
à-dire des Phanérogames gymnospermes, jointe aux caractères les
plus essentiels des vaisseaux des Fougères et des Lycopodes, ou des
Cryptogames vasculaires.
Cette association de caractère aurait paru, il y a peu de temps,
suffire pour annoncer une organisation toute spéciale et inconnue
jusqu’à présent, mais l'observation de la structure intérieure de la
tige du Zanua integrifolia, nous montre qu’elle se retrouve au
moins dans ses points les plus importants dans cette plante.
Le cylindre ligneux est en effet formé, dans la tige de ce végétal,
par des faisceaux ligneux étroits, formés de vaisseaux disposés en
séries rayonnantes bbb, entre la moëlle a et le parenchyme cor-
tical d, et séparés les uns des autres par des lames celluleuses ou
rayons médullaires a/a/ a’. Seulement, la disposition de ces faisceaux
vasculaires et des rayons médullaires est moins régulière dans cette
plante , où le système vasculaire est très-peu développé, que dans les
autres Cycadées, où la même organisation se montre avec une
grande régularité, la zone ligneuse y étant plus large et plus dense.
426 OBSERVATIONS
Ces vaisseaux qui, dans les Cycadées ordinaires, sont marqués,
seulement sur leurs faces latérales, de ponctuations ovales, offrent
ici des lignes transversales ou réticulées, formées par la paroi épaissie
des vaisseaux, et environnant des espaces occupés par la membrane
amincie du vaisseau.
Cette structure de la membrane des vaisseaux, représentée fig. 2,
5 et 4, dans ses diverses modifications, se rapproche beaucoup de
celle des vaisseaux des plantes fossiles qui nous occupent, seulement
elle est moins régulière dans la plante vivante que dans les plantes
fossiles.
Au contraire, dans les Lycopodes (pl. 8, fig. 6) et dans les
Fougères (pl. 10, fig. 1 ) les vaisseaux présentent, comme ceux de
ces plantes fossiles, une régularité admirable dans la disposition des
siries, fentes ou aréoles que présentent leurs membranes; le plus
souvent, ce ne sont que des fentes étroites, mais quelquefois, par-
ticulièrement dans les Marattiées, ce sont des aréoles linéaires,
presque aussi larges que celles des fossiles.
Ces tiges fossiles se rattachent donc, d’une part, aux Conifères et
aux Cycadées, par la disposition et l’uniformité de leur tissu ligneux
ou vasculaire, d’une autre part aux Cryptogames vasculaires, par la
régularité de la structure des parois de leurs vaisseaux ; mais avant
JA . . : : ù ns
d'examiner s'il n'existe pas d’autres caractères qui les éloignent ou:
les rapprochent de ces plantes etqui puissent ainsi fixer leur position
dans la série végétale, il est nécessaire de faire un examen compa-
ratif des autres tiges fossiles dont elles se rapprochent le plus, c’est:
a-dire des Ségmaria et de l Anabathra.
Dans le Stgmaria ficoides *, comme dans le Sigillaria elegans,
la partie ligneuse où vasculaire de la tige ne forme qu'un cylindre
très-petit par rapport au diamètre total de la tige; la disproportion
: Voy. pl. 5, fig. 1.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 427
est même plus grande, et cet axe vasculaire, dont on trouve l’in-
dication dans presque toutes les tiges de Ségmaria, même dans
celles dont la structure intime n’est pas conservée, parait r’attemdre
jemais un volume très-considérable, car, dans les plus grosses
tiges de Stigrnaria, comme dans les plus petites, il ne dépasse guère
3 à 4 centimètres.
Dans les tiges de Sigillaires ordinaires, qui sont remplies par des
matières amorphes, on ne voit au contraire aucune trace de ce cy-
lindre vasculaire, si prononcé dans le Sigi/laria elegans silicifié,
soit que le tissu qui le constitue fût plus altérable que celui des Stg-
maria, soit que les conditions de pétrification ne fussent pas exac-
tement les mêmes, soit enfin que les Sigillaires les plus communes
différassent à quelques égards de notre Sigillaria elegans.
Cet axe vasculaire, dont la présence est si constante dans toutes
les tiges de Ségrnaria, s'est présenté avec son organisation bien con-
servée dans quelques tiges. On voit alors qu'il est formé par un cy-
lindre beaucoup plus épais, par rapport à la partie celluleuse ou
médullaire qu'il environne, que dans le Ssgillaria, mais formé de
méme de vaisseaux disposés en séries rayonnantes et séparés par des
rayons médullaires, absolument comme dans les faisceaux ligneux
ou extérieurs de cette tige.
Ces vaisseaux où utricules tubuleux ont aussi une structure par -
faitement semblable à ceux de la zone ligneuse du Sigillaria, c’est-
à-dire qu'ils présentent des raies transversales, très-régulières, sur
toutes leurs faces; mais les Sgmaria diffèrent notablement du
Sigillaria que nous avons décrit, par l'absence complète des fais-
ceaux internes ou médullaires, qui sont si remarquables dans le .$5-
gülaria elegans.
Ainsi, le cylindre ligneux du Skgmaria ficoides ne représente que
la zone externe du cylindre ligneux du Ségi/laria elegans, mais il
428 OBSERVATIONS.
en a complétement la structure, sauf sa plus grande épaisseur.
Les faisceaux intérieurs qui forment la zone interne ou lespèce
d’étui médullaire du Sigillaria, et qui se distinguent si bien par la
disposition irrégulière et non rayonnante des vaisseaux, manquent
entièrement. [l ÿ aurait, sous ce rapport, la même différence entre
ces deux sortes de tiges qu'entre les tiges ou rameaux d’une plante
dicotylédone quelconque, dont le cylindre ligneux est accompagné
intérieurement par les faisceaux de létui médullaire, et les racines
de la même plante, qui en sont dépourvues, sitoutefois on pouvait
assimiler les faisceaux médullaires du Sioillaria elegans aux faisceaux
de trachées qui constituent l’étui médullaire des Dicotylédones, et
qui ne sont réellement que la partie interne des faisceaux ligneux eux-
mêmes, dans laquelle les vaisseaux présentent un caractère spécial.
Dans le Sigillaria, au contraire, les faisceaux médullaires sont
tout-à-fait distincts des faisceaux ligneux; les rayons médullaires
qui partagent ces derniers ne s’étendent pas dans les faisceaux mé-
dullaires; l'ordre des vaisseaux est tout-à-fait différent, et ils aug-
mentent en dimension en sens inverse, c’est-à-dire de dehors en
dedans et non de dedans en dehors.
Leur indépendance des faisceaux du cylindre ligneux les ferait
ressembler davantage à ces faisceaux ligneux ou vasculaires qui, dans
diverses tiges, sont dispersés au milieu de la moëélle, et qui, en
général, ont la même composition que ceux qui constituent le cy-
lindre ligneux. Ils se présentent dans des familles très-différentes :
ainsi M. Mirbel les avait déjà signalés depuis longtemps dans la Belle-
de-nuit et dans quelques ombellifères. M. Schultz les a indiqués
dans les Poivres et dans plusieurs Nyctaginées, je les ai observés dans
divers Echinocactus (pl. 11, fig. 12), dans l’Echeveria grandiflora,
dans le Plantago princeps.—M. Decaisnes les a étudiés dansle PA;-
lolacca dioica et dans diverses Mélastomacées, et s’est assuré que
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 429
d’autres plantes des mêmes familles, souvent du même genre, en
étaient dépourvues.
Ils manquent en effet souvent dans des plantes très-voisines ;
ainsi, dans les Cactées, ilsexistent dans certaines espèces et manquent
dans d’autres ; la même chose s’observe dans les tiges des Fougères en
arbres, où on observe des petits faisceaux, plus ou moins développés,
outre les gros faisceaux vasculaires qui constituent le cercle extérieur
et régulier de ces tiges".
Ces faisceaux médullaires du Sigillaria diffèrent cependant des
faisceaux vasculaires qui se trouvent dans la moëlle de quelques
plantes, par leur disposition régulière et par leur application contre
le cylindre ligneux. Jusqu'à présent je nai rien trouvé qui leur füt
analogue parmi les plantes vivantes, et surtout on ne voit rien de
semblable dans les Cycadées, dont le Sigillaria se rapprocherait à
quelque égard par la nature et la disposition de son tissu ligneux.
La tige singulière décrite sous Le nom d”4rabathra pulcherrima,
par M. Witham”, présente aussi beaucoup d’analogie, par plusieurs
de ses caractères, avec les Stigmaria et les Sigillaria ; mais pour
bien se rendre compte de sa structure , il faut faire abstraction des
singuliéres altérations produites par la pétrification qui, dans plu-
sieurs points, n'a conservé la structure du tissu ligneux que dans de
petites sphères pisiformes, tandis que toutes les parties environnantes
1 Ces faisceaux sont très-développés dans la tige d’une Fougère en arbre de la Nouvelle-
Zélande, que j'ai figurée par ce motif, pl. 9, fig. 5, 6. Ils sont au contraire à peine visibles
etsurtout ne renferment que quelques vaisseaux peu apparents dans la plupart des autres
espèces.
2 La figure donnée par M. Witham , dans son ouvrage intitulé The énternal structure of
fossil vegetables, described and illustrated, pl. XWI, ne présente malheureusement pas tous les
détails désirables , et ne peut donner qu'une idée très-incomplète de ce fossile remarquable.
—J'en aurais donné une nouvelle figure, s'il ne me manquait pas quelques détails sur les
parties centrales, que les coupes que j'ai entre les mains ne présentent pas dans tous les sens.
430 OBSERVATIONS.
ont été remplacées par de la matière minérale amorphe. Si on res-
titue, par la pensée, ces parties évidemment détruites, comme l’in-
diquent quelques portions mieux conservées et la direction du tissu,
on verra qu'il y a une vraie zone ligneuse formant un cylindre
beaucoup plus groset plus épais que dans les deux tiges que nous
avons déjà étudiées, sans couches concentriques distinctes, mais dont
le tissu ligneux ou vasculaire uniforme est disposé en séries rayon-
nantes, régulières et séparées par d’étroits rayons médullaires.
L'examen du tissu qui compose cette zone ligneuse, montre que
ce sont des vaisseaux rayés sur toutes leurs faces, qui la constituent
en entier, absolument comme dans le Stigmaria et le Sigillaria.
Ainsi, sauf la grande épaisseur de cette zone, qui en forme
un véritable cylindre ligneux, il y a analogie complète dans cette
partie de leur organisation entre ces trois tiges; mais à l’intérieur
de ce cylindre ligneux ily a pas, comme dans le Sigillaria, des
faisceaux distincts et bien limités, formés d’un tissu un peu différent.
On ne trouve pas non plus immédiatement, comme dansle Stgma-
ria, le tissu cellulaire de la moëélle, mais une zone continue d’un
tissu à larges aréoles irrégulières, à parois assez épaisses, sans cloi-
sons transversales apparentes qui, sur la coupe transversale du moins,
atout-à-fait l'aspect des vaisseaux rayés de dimensions inégales, qui
forment les faisceaux médullaires du Sigillaria elegans et surtout
de ceux qui composent la zone vasculaire du Lepidodendron Har-
courlii; malheureusement je n’ai pas de coupes longitudinales de
cette partie centrale de la tige de Ænabathra, et la coupe trans-
versale très-complète que le Muséum doit à la générosité de
MM. Mylne et Nicoll, ne présente aucun vaisseau coupé obli-
quement, qui permette de juger de la structure des paroïs de ce
tissu. Il me parait cependant presque certain que cette zone ou
celte sorte de cylindre intérieur n’appartenait pas au tissu de la
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 431
moëlle elle-mênfe, mais enveloppait le tissu médullaire plus dé-
licat qui a été détruit ainsi que les rayons médullaires et que le
tissu cellulaire extérieur ou cortical, car l’absence de toute cloison
transversale sur cette coupe suppose un tissu formé de tubes très-
allongés, dans le sens longitudinal et non un parenchyme régulier,
comme celui de la moëlle ; en outre, l’épaisseur et la parfaite con-
servation des parois de ce tissu,: n’est nullement en rapport avec le
peu de résistance du tissu médullaire et avec sa destruction dans le
reste de la partie centrale.
Ce qu’il y a de plus remarquable, si ce cylindre, enveloppant im-
médiatement la moëlle, est réellement vasculaire, c’est qu’il paraît
parfaitement continu, sans aucun indice de séparation par des rayons
ou prolongements médullaires, de sorte que les rayons médullaires
qui séparent les faisceaux du tissu ligneux n’auraient pas été en com-
munication avec le tissu cellulaire central ou médullaire. Je laisse à
ceux qui auront à leur disposition de bons échantillons de cette partie
de l'ÆAnabathra, à déterminer la structure de ce tissu, je n’ai voulu
que signaler ici analogie et les principales différences entre cette
tige et celle qui m'occupe essentiellement ; quant aux parties situées
en dehors du cylindre ligneux, elles paraissent la plupart, si ce n’est
toutes, étrangères à la tige proprement dite, c’est-à-dire formée par
des rameaux, des racines ou des bases de feuilles environnant cette
tige ou naissant de sa surface, et encore contenus dans le tissu cor-
tical. Mais leur nature et leur origine sont très-difficiles à bien com-
prendre,et leur examen n’est pasnécessaire pour le sujet qui m'occupe.
Voici donc trois tiges du terrain houiller qui ont plusieurs carac-
tères communs dans la disposition et la structure des tissus qui cons-
tituent leur zone ligneuse, mais qui diffèrent par l’organisation des
parties qui environnent immédiatementla moëlle, différences qui con-
Sistent essentiellement dans l'absence du cercle vasculaire spécial
Auemves pu Muséum, Tome I. 56
432 OBSERVATIONS.
entre la moëlle et la zone ligneuse dans le Sgmaria, dans lexis-
tence de faisceaux distincts formant à l’intérieur de la zone ligneuse
un cercle interrompu de vaisseaux rayés d'une structure particulière
dans le Sigillaria elegans, et dans la présence d’un cylindre continu
dun tissu vasculaire spécial en dedans du cylindre ligneux dans
l'Anabathra *.
Cette organisation particulière du cylindre ligneux distingue com-
plétement ces tiges de celles des Lepidodendron telle que nous
pouvons l’apprécier d’après les deux seuls échantillons à structure
intérieure conservée qu’on connaisse. Ces deux échantillons appar-
tiennent non-seulement à deux espèces différentes, mais à deux
plantes que leurs formes extérieures m’avaient engagé à placer, Pune
dans les vrais Lepidodendron, c’est le Lepidodendron Harcourtu,
l’autre, le Lepidodendron punctatum de Sternberg, dans la pre-
mière section des Sigillaria où Caulopteris.
Cependant toutes deux présentent quelques points communs d’or-
ganisation interne qui, malgré de notables différences sous d’autres
rapports, tendent à les rapprocher, et qui les éloïgnent, au contraire,
complétement des tiges que nous avons examinées précédemment.
Ainsi, dans le Lepidodendron Harcourti, dont j'ai pu examiner
la structure dans tous ses détails, grâce aux échantillons qui ont été
donnés au Muséum par M. Hutton et par M. R. Brown, on voit
qu'il ya, comme dans le Sroi/laria elegans, un cylindre vasculaire
excentrique séparé de l'écorce par une large zone d’épaisseur inégale
d'un tissu cellulaire en partie détruit et renfermant une masse cellu-
leuse centrale également très-altérée. Au premier aspectilsemblerait
1 Si dans cette dernière tige je me trompais en considérant le cylindre intérieur commt
formé de gros vaisseaux rayés, et qu'il fût réellement celluleux, comme l'ont admis les au-
teurs qui ont décrit cette plante, alors il n'y aurait aucune différence essentielle entre cette
tige et celle des Srigmarta.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 433
donc y avoir beaucoup d’analogie entre ces deux tiges, mais un exa-
men plus attentif montre que la structure du cylindre vasculaire est
tout-à-fait différente.
Dans le Lepidodendron Harcourtü il n’y a aucune trace de
rayons médullaires et le tissu vasculaire n’affecte pas cette disposi-
tion en séries rayonnantes qui parait presque toujours être la consé-
quence de l’existence des rayons médullaires. Ainsi, par la disposition
des éléments qui le constituent, le cylindre vasculaire de ce Lépido-
dendron n’a aucune analogie avec le cylindre ligneux des Sigillaria,
des Stigmaria ou des Ænabathra, mais cependant il est formé d’élé-
ments semblables, c’est-à-dire de ces tubes prismatiques rayés trans-
versalement qui constituent le tissu ligneux ou vasculaire de ces trois
tiges, et il semblerait représenter le cercle interne ou médullaire de
lV'Anabathra où du Sigillaria, si dans ce dernier on supposait que
les divers faisceaux qui le constituent fussent réunis en un cylindre
continu.
De même que nous avons remarqué que les tiges du Sfgrnaria
avaient tous les caractères essentiels de celle du Sigillaria, si on suppri-
mait dans cette dernière les faisceaux médullaires, de même on peut
dire quele cylindre vasculaire continu du Lepidodendron Harcourti
représente la zone vasculaire intérieure ou médullaire de l_Æ7rabathra
(en admettant que nos prévisions sur sa nature soient exactes), dé-
pouillée de la couche ligneuse et épaisse qui l’environne. N’y aurait-
il pas dans le premier cas simplement la différence d’une tige à une
racine , dans le second, d’un jeune rameau chargé de feuilles à une
tige plus âgée? Cette dernière hypothèse me parait cependant peu
probable à cause des prolongements vers l'extérieur que présente la
zone vasculaire du Lepidodendron Harcourii (pl. 6, fig. 5h’,
pl. 7, fig. 1 b’), prolongement dont on ne voit aucune trace sur la
zone vasculaire interne de l_ÆAnabathra.
434 OBSERVATIONS.
Quant au Lepidodendron punctatum de Sternberg!, ou Proto-
Pteris Cotteana* de Corda , que j'avais rangé sous le nom de Ségilla-
ria (Caulopteris) punctatas dansla 1" section des Sigillaires qui me pa-
raissait renfermer les plantes les plus évidemment analogues aux tiges
desFougèresarborescentes actuelles, je ne connais sa structure interne
que par la figure que M. Corda en a publiée et par l'examen rapide
que j'ai fait d’un échantillon que M. R. Brown avait entre les mains,
mais elle me semble confirmer ses rapports avec les tiges des Fougères
arborescentes. En effet, la zone de tissu vasculaire étroite et sinueuse
que présente la coupe transversale, parait continue, mais l'échantillon
n’est pas complet et il est probable qu’elle présentait quelques inter-
ruptions, comme cela a lieu pour les tiges de Fougères dans les points
qui répondent aux insertions des feuilles, interruptions dont la pré-
sence, l'étendue ou l'absence même dépendent du reste de la hau-
teur à laquelle la coupe a eu lieu et de la structure spéciale de chaque
espèce. Ces faisceaux ligneux et vasculaires, qui sont en rapport avec
les séries longitudinales des feuilles, s’anastomosant de distance en dis-
tance, et ces anastomoses pouvant dans un point et dans une direction.
déterminée, donner à la zone vasculaire une apparence continue.
Mais cette zone vasculaire, dans le Protopteris Cotteana, diffère tout-
à-fait de celle du Lepidodendron Harcourtii en ce qu’elle est in-
cluse entre deux zones d’un tissu dense et opaque, comme cela a
lieu pour les faisceaux vasculaires des Fougères et par la disposition
des vaisseaux ou tubes rayés qui sont de grosseur uniforme ou irré-
gulièrement variables, tandis que dans le Lepidodendron Harcourt
ils présentent une dégradation de dimension très-marquée vers lexté-
rieur, comme cela a lieu constamment pour les tiges des Lycopodes.
! Sternberg, Flora der Porwelt, tom. 1, Tab. IV.
* Corda in Sternberg, Flora der Porwelt, tom. I, appendice, p. XXXIV, pl. 67.
Ris 5? ) > APP » P
® Histoire des végétaux fossiles, tom.], p: 421, tab. 140, fig: «
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 435
Quant aux petits faisceaux arrondis et libres qui sont dispersés dans
l’intérieur du grand cylindre vasculaire, ils sont tout-à-fait analogues
à ceux qui existent en nombre plus ou moins considérable et avec un
volume plus ou moins grand dans le centre des tiges de beaucoup de
Fougères arborescentes comme on peut le voir d’une manière très-
prononcée sur la tige de Cyathea, figurée PI. 0, fig. 5, 6.
Le Protopleris Cotteana de Corda où Caulopteris punctata qui
doit évidemment, par ces caractères, se distinguer des Lepidoden-
dron et des Sigillaria, serait donc un véritable représentant dans
l’ancien monde des Fougères arborescentes et semblerait surtout se
rapprocher des tiges des Dicksonia.
Quand au Lepidodendron Harcourti, il me parait toujours avoir,
par l’ensemble de son organisation, des rapports plus intimes avec
les Lycopodiacées et surtout avec certaines plantes de cette famille
à cercle vasculaire continu, qu'avec aucune autre plante connue.
Mais cependant ces plantes, si toutefois on peut conclure d’une
seule espèce pour le genre entier, constitueraient dans cette famille
ou auprès de cette famille un groupe bien distinct. Je me bornerais
à cette comparaison générale, en renvoyant pour les détails à ce que
J'ai déjà dit sur ce sujet dans mon Histoire des végétaux fossiles",
si, depuis cette époque, une opinion bien différente n’avait été
émise par M. Corda, opinion qui me parait si peu fondée que, sans
les développements que ce savant lui a donnés dans le dernier cahier
de l'ouvrage de Sternberg, je croirais presqu’inutile de la combattre.
C’est parmi les Crassulacées et particulièrement dans les Semper-
vivum ligneux que ce naturaliste prétend avoir retrouvé la structure
essentielle des ZLepidodendron, c’est dans cette famille qu'on doit,
suivant lui, les classer.
Sans m’attacher aux différences de forme extérieure que présentent
!Tom. II, P-37s
436 OBSERVATIONS
toutes les espèces ligneuses de cette famille, et sur lesquelles je crois
inutile d’insister, ainsi que sur la disparition des cicatrices d’insertion
des feuilles qui a lieu promptement sur toutes les tiges dicotylédones
ramifiées et qui augmentent en grosseur à leur base, tandis qu’elles
persistent dans les Lepidodendron, je passe à l'examen de la struc-
ture anatomique de ces tiges comparée à celle du Lepidodendron
Harcourtir.
M. Corda trouve dans écorce de cette plante un épiderme, un
liber cortical et un parenchyme cortical. Cependant il n’y a dans
cette plante rien qui ressemble à ce que tous les anatomistes ont de
tout temps appelé le liber et auquel tous les anatomistes allemands
appliquent le mot bast. Il y a extérieurement une couche de tissu
cellulaire dense et résistant ee (fig. 5, pl. 6), formée de cellules
plus allongées vers l’extérieur , c’est l’analogue de la partie c’ du
tissu cellulaire extérieur de la tige du Lycopodium phlegmaria
(fig. 4, pl. 8); en dedans se trouve un üssu cellulaire plus moux,
qui s’est détruit en partie (pl. 6, fig. 5 dd), il est analogue au paren-
chyme intérieur de la tige du Lycopodium phlegmartia (pl. 8, fig. 4
et 5 c), seulement ces deux modifications du tissu cellulaire exté-
rieur sont moins nettement limitées dans cette plante que dans la
plante fossile, mais il y a d’autres Lycopodes dans lesquels ces deux
couches sont aussi tranchées et ce caractère d’un tissu cellulaire très-
délicat interposé entre l’écorce ou le tissu cellulaire superficiel très-
solide et l’axe vasculaire, qui est très-habituel dans les Lycopodes,
est fort rare, sil existe, parmi les Dicotylédones. Il en résulte dans
les plantes de cette famille l’excentricité très-fréquente de laxe vas-
culaire, fait qui se présente aussi dans le Lepidodendron Har-
court. Mais c’est dans la zone ligneuse ou vasculaire que se trou-
vent les principales différences quand on compare cette plante fossile
aux Crassulacées.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 437
Ce cylindre ligneux, dans les Sempervioum, que M. Corda a
pris pour exemple, présente à son côté intérieur, immédiatement
autour de la moëlle, de petits faisceaux de trachées et de vaisseaux
annulaires; extérieurement il est composé de fibres ligneuses fusi-
formes, à ponctuations très-fines et quadrilatères, disposées en séries
ragonnantes et mélées de quelques groupes de vaisseaux annulaires
et réticulés. Ainsi, au lieu d’un tissu uniforme et formé entièrement
d’utricules tubuleuses rayées, comme dans le Lepidodendron, on
trouve ici un mélange de fibres ligneuses et de vaisseaux, caractère
habituel des Dicotylédones, et ces fibres ont une disposition en séries
rayonnantes, autre caractère de cette classe qui ne se trouve nulle-
ment dans le cylindre vasculaire du Lepidodendron Harcourtu.
Ce cylindre ligneux des Sempervioum et de plusieursautres Cras-
sulacées que j'ai examinés, a cependant un caractère très-remarqua-
ble, le seul qui pourrait lui donner quelque analogie avec la plante
fossile qui nous occupe, c’est qu’il est entièrement dépourvu de vrais
rayons médullaires, les fibres ligneuses sont toutes contiguës ou ne
sont interrompues que pour le passage des faisceaux vasculaires des
feuilles et du tissu cellulaire qui les accompagne.
Mais ici se trouve une nouvelle différence ; dans le Sempervioum
et les autres Crassulacées, comme dans les Dicotylédones en général ,
les faisceaux vasculaires des feuilles tirent leur origine des faisceaux
de l’étui médullaire et des parties les plus internes du cylindre li-
gneux et traversent l'épaisseur de ce cylindre pour se porter vers
l'extérieur ; ils proviennent même souvent, au moins en partie, des
faisceaux vasculaires libres qui existent dans la moëlle, c’est du
moins ce que j'ai vu dans l'Echeveria grandiflora et dans un Melo-
cactus’ ; dans le Lepidodendron Harcourtu, au contraire, les fais-
! Voyez pl. 11, fig. 13.
438
ceaux vasculaires se séparent de la partie extérieure du cylindre
vasculaire qui est formée de vaisseaux beaucoup plus petits que la
partie interne, disposition semblable à celle qu’on observe constam-
ment dans les Lycopodes et inverse de celle de toutes les Dico-
tylédones, où les vaisseaux les plus intérieurs du cylindre ligneux
sont formés les premiers et sont les plus petits.
Ainsi, en comparant la structure interne des tiges dans ces deux
OBSERVATIONS
plantes, on a le résultat suivant :
Lepidodendron Harcourtu.
Cylindre composé d’un seul tissu ;
utricules tubuleuses rayées trans-
versalement.
Tubes disposés sans ordre régulier ;
Les plus gros à l'intérieur, ceux de
l'extérieur beaucoup plus étroits.
Sans rayons médullaires ni interrup-
tion pour le passage des faisceaux
vasculaires des feuilles.
Faisceaux vasculaires des feuilles nais-
sant de la partie externe du cy-
lindre vasculaire.
Sempervivum.
Cylindre composé de deux tissus,
utricules ligneuses ponctucées, et
vaisseaux réticulés ou annulaires.
Utricules ligneuses disposées en sé-
ries rayonnantes ;
Toutes d’une grosseur uniforme ou
les plus petites à l’intérieur.
Sans rayons médullaires , mais of-
frant des écartements pour le pas-
sage des faisceaux vasculaires des
feuilles.
Faisceaux vasculaires des feuilles
naissant des faisceaux médullaires
ou du bord interne du cylindre k-
gneux et le traversant.
On peut donc dire qu'il y a plutôt opposition qu’analogie dans la
structure de ces deux plantes.
Les Lepidodendron, s nous les jngeons tous d’après lespèce
déjà étudiée, doivent donc rester parmi les Cryptogames vasculaires,
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 439
près des Lycopodes et des Fougères, comme un nouveau chaïnon
entre ces deux familles".
On voit donc que, si j'admets l'opinion de M. Corda relativement
au Protopteris Colteana où Caulopteris punctata, il m'est impos-
sible, pour le Lepidodendron Harcourti, de partager sa manière de
voir, et de ne pas persister dans l'opinion que jai admise précédem-
ment des rapports de cette tige avec celle des Lycopodiacées.
Mais les Sigillaires que j'avais rapprochées d’après leurs formes exté-
1 Il faut éviter d'attribuer à toute une famille, surtout lorsqu'elle est nombreuse et variée,
la structure de quelques-uns de ses genres , et c’est par l'étude des modifications qui s’opè-
rent dans ces familles , et des caractères qui restent constants, qu’on pourra un jour déter-
miner la valeur relative des divers caractères anatomiques; ainsi les Fougères, qu'on a surtout
étudiées, quant à la structure de leurs tiges, sur les Fougères arborescentes, et particulière-
ment dans les Cyathées, offriront peut-être des différences importantes , lorsqu'on aura
examiné les tiges ou les rhizômes des genres d’autres tribus.— Les Marattiées m'ayant paru
s'éloigner d’une manière remarquable de ce qu'on considère comme les caractères généraux
de l'organisation des tiges de cette famille, j'ai cru utile d'en figurer quelques exemples qui
seront utiles pour l'étude des fossiles : ainsi, l’Angiopteris evecta, dont une souche parfaite-
ment entière a été rapportée de Manille par M. Gaudichaud , n'offre pas , comme les autres
Fougères, un cercle régulier de faisceaux vasculaires. Les faisceaux propres de la tige sont
épars et entremélés avec ceux qui en naissent, pour se porter dans les bases des pétioles ou
dans les racines adventives. En outre, ces faisceaux, peu volumineux, par rapport à la taille
de la tige, et fort irréguliers , ne sont pas enveloppés d'une sorte d’étui de tissu fibreux , dur
et résistant, comme cela paraît général dans les autres Fougères, ni de cette couche de tissu
cellulaire délicat, qui dans ces mêmes plantes sépare cet étui fibreux du faisceau vasculaire.
Dans l’Angiopteris evecta, pl. 9 , fig. 1 , et dans les Danaea, fig. 2 et3, les faisceaux vascu-
laires sont immédiatement entourés par le tissu cellulaire général de la tige; seulement
quelques-unes des cellules qui les entourent directement sont remplies d’une matière
rouge ou noirâtre , solide, qui distingue immédiatement ces faisceaux. — Cette organisation
est donc très-différente de celle déjà signalée dans les Fougères, où les faisceaux principaux
de la tige ne forment qu'un cercle régulier, et où chacun de ces faisceaux est entouré d’un
étui ligneux, elle se rapproche au contraire, par l'absence de cet étui et par la disposition
irrégulière de ces faisceaux, de celle des Lycopodes, et elle prouve qu'il peut y avoir, quant
à l'organisation intérieure, de nombreux passages entre ces deux familles.—La structure du
Lepidodendron Harcourtii offrirait à mes yeux un autre type intermédiaire entre ces familles.
Ancuives pu Musiom, Tour I. 57
440 OBSERVATIONS
rieures des tiges des Fougères peuvent-elles conserver leur place
dans cette famille ? Leur structure interne confirme-t-elle nos pré-
visions précédentes?
À cet égard, je conviensimmédiatement que la structure intérieure
de ces plantes telle que le Ségi/laria elegans nous Va fait connaitre
est essentiellement différente de celle des Fougères et des familles
voisines au moins par ses caractères les plus importants, la nature
seule du tissu ligneux ou vasculaire établissant entre elles quelque
analogie, tandis que la disposition des diverses parties de ce tissu est
complétement différente.
En effet, la disposition du tissu ligneux en faisceaux composés de
séries rayonnantes est un caractère étranger à toutes les Cryptogames,
il est, au contraire, caractéristique des Dicotylédones ; mais il appar-
tient, avec de nombreuses modifications, à toute cette immense di-
vision du règne végétal depuis les Gymnospermes, qui offrent l’orga-
nisation la plus simple, jusqu'aux familles où elle se présente avec
le plus de complication.
Il me parait done impossible de douter queles Szgwlaria w’appar-
tiennent à la classe des Dicotylédones, mais est-ce au groupe des Gym-
nospermes, si fréquent à l’état fossile, même dans les terrains anciens,
ou à la division des Angiospermes qui paraissait jusqu’à présent être
étrangère à ces époques anciennes ? L’uniformité du tissu , l’absence
de véritables vaisseaux entremêlés aux utricules constituant le tissu
ligneux, sont des caractères propres aux Gymnospermes et fort rares
parmi les vrais Dicotylédones angiospermes, quoiqu'ils n’y soient
pas sans exemples. Toutesles probabilités sont donc en faveur de la
position de ce genre parmi les Gymnospermes, mais cependant il
serait difficile de Pétablir d’une manière positive, car il y a de nom-
breuses différences entre cette plante et les Gymnospermes que nous
connaissons.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 441
1° Aucune Conifère ou Cycadée connue ne présente ces faisceaux
intérieurs ou médullaires, composés de tubes non disposés en séries,
qui sont si apparents dans le Siot/laria elegans ;
2° Dans aucune Conifère le cylindre ligneux n’est composé de
tubes ou utricules allongés, rayés transversalement, le bois de toutes
ces plantes est formé de tubes ponctués sur leurs faces latérales seu-
lement ;
3° Parmi les Cycadées, le Zamua integrifolia seul a présenté jus-
qu’à présent des vaisseaux rayés ou réticulés sur toutes leurs faces,
maïs avec moins de régularité que dans les plantes fossiles,
Ainsi, entre cette dernière plante et le Ssgil/aria elegans, la prin-
cipale différence consiste dans l’absence , chez les Zamua, des fais-
ceaux médullaires ; mais cette absence se montre également parmi
les fossiles, chez les Sfigmaria, si voisins par le reste de leur organi-
sation des Sigillaria. On semblerait pouvoir en conclure que la pré-
sence de ces faisceaux n’est pas un caractère d’une grande valeur, et
les Stigmaria qui en sont dépourvus, et qui se rapprochent ainsi
davantage de ce groupe de Cycadées, serviraient d’intermédiaires
entre cette famille et les Ségillaria.
Il faut, toutefois, faire abstraction de la grande prédominance,
dans le Zamia integrifolia, du tissu cellulaire qui dissocie pour ainsi
dire les vaisseaux et diminue ainsi la régularité de leur disposition.
Cependant l’'uniformité que présente quelquefois le tissu ligneux
des Dicotylédones angiospermes nous oblige à chercher si, dans cette
vaste division du règne végétal, il ne se trouve pas quelque plante
plus analogue aux plantes fossiles qui nous occupent. Ici nous ne
trouvons plus aucun guide pour nous diriger; les faits connus ne
sont presque que des exceptions au milieu de la masse de plantes dont
l'étude anatomique n’a pas été faite d’une manière convenable, et
comme dans beaucoup de cas la même famille présente des diffé-
442 OBSERVATIONS
rences essentielles de structure, dans les divers genres qu’elle ren-
ferme, quelques exemples dans chaque famille ne suffisent pas pour
nous permettre d'apprécier leur organisation.
Mais après avoir cherché à reconnaitre les affinités des végétaux
fossiles d’après leurs formes extérieures, à une époque où leur struc-
ture intérieure nous était complétement inconnue, il ne faut pas, par
un autre extrême , rejeter complétement les caractères tirés de cette
forme extérieure qui peut souvent nous diriger avec avantage dans la
recherche des affinités.
Ainsi , la forme des Sigillaires, dont la tige simple, columnaire,
rarement bifurquée ou dichotome à son sommet, ne donne jamais
naissance à des rameaux latéraux, est fort rare parmi les plantes
dicotylédones ; les feuilles ou autres organes appendiculaires rappro-
chés, disposés en séries longitudinales nombreuses, offrent encore
une disposition qui n’est pas celle de la plupart des arbres, et éloigne,
par exemple, toute idée de comparaison avec les Drymis et Tas-
manma, dont le tissu ligneux uniforme est percé de pores comme
celui des Conifères et des Cycadées.
Mais il y a dans la forme extérieure de ces végétaux , quand on les
compare à certaines plantes grasses, assez d’analogie pour que nous
devions étudier aussi comparativement leur structure intérieure.
Tels sont les Cactées, les Euphorbes charnues et quelques Cras-
sulacées. Les Cactées, famille si naturelle par son mode de végéta-
üon et la forme de ses organes de reproduction qu’elle n’a formé
longtemps qu'un seul genre , est loin cependant d'offrir une structure
interne très uniforme.
Toutes présentent , il est vrai, un cylindre ligneux (aplati dans
les Opuntia) fort régulier, divisé par de larges rayons médullaires
en faisceaux ligneux et vasculaires étroits et rayonnants, souvent
groupés en gros faisceaux qui déterminent dans ce cylindre une forme
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 443
cannelée en rapport avec les côtes que la tige présente extérieure-
ment. Cette disposition est surtout très-apparente dans les Cereus
et dans les Echinocactus et Melocactus ; les fig. 1 et 12, pl. 11, en
donnent des exemples dans deux plantes de ces derniers genres. Au
premier abord, on est frappé de la ressemblance générale de ces
coupes avec celle des Sigmaria, mais l'étude plus détaillée des
tissus qui constituent ces faisceaux montre qu’ils sont toujours formés
d'éléments de deux sortes. Ceux qui constituent la masse de ces fais-
ceaux sont de véritables fibres ligneuses, c’est-à-dire des utricules
fusiformes, assez courtes et fermées de toutes parts; dans les Cereus
elles sont finement ponctuées ; dans les Echinocactus, Melocactus
et Manunillaria elles ont une structure des plus remarquables, et
qui, sous le microscope, présente l’aspect le plus élégant. Ce sont,
en effet, des utricules oblongs, fusiformes, à parois minces et trans-
parentes, mais à la face interne desquelles adhère tantôt une lame
spirale simple aplatie et contournée comme un escalier en vis (pl. 12,
fig. 6), tantôt deux lames spirales semblables contournées parallèle-
ment l’une à l’autre (pl. 11, fig. 8), tantôt, enfin, des anneaux dis-
coïdes formant comme des disques percés d’un trou au centre et
placés de distance en distance en travers de ces utricules (pl. 11,
fig. 9, 10), modifications qui se trouvent souvent mélangées dans
le tissu d’une même plante, comme le montre la fig. 15, pl. 11°.
On voit que ces utricules, qui constituent la majeure partie du
tissu du cylindre ligneux de ces Cactées à tiges courtes et sphéroi-
dales, sont bien différentes de celles des Cierges et des Opuntia dont
les caractères ne s’éloignent pas de ceux qu'offre le même tissu dans
la plupart des tiges.
* M.R. Brown nous a montré, pendant l'été de 1839, ainsi qu'à la plupart des botanistes
de Paris, des portions d’un tissu parfaitement semblable à celui que je viens de décrire, mais
sans nous faire connaître la plante dont il provenait.
444 OBSERVATIONS
Dans les Cactées à tiges globuleuses, on pourrait croire, au pre-
mier abord, que ces utricules, à lames spirales ou annulaires, consti-
tuent tout le tissu ligneux et remplacent les vaisseaux, comme cela a
lieu pour les utricules très-allongés, ponctués ou rayés des Cycadées,
des Conifères, des Fougères ou des Lycopodes; mais un examen
plus attentif montre qu’il y a, outre ces utricules allongés et clos,
de véritables vaisseaux entremélés, de distance en distance, dans ce
tissu ligneux, soit isolés, soit groupés par deux ou trois, et se con-
fondant assez facilement avec ces utricules, parce qu’ils en diffèrent
peu par leur diamètre, et que leur paroi offre des linéaments à peu
près semblables; on voit bientôt cependant que ces vaisseaux se
distinguent par la longueur et l’adhérence en séries longitudinales
des utricules qui les composent, parce que la fibre spirale qui par-
court souvent l’intérieur de leur paroi est arrondie, étroite et peu
saillante à l’intérieur, enfin, parce que, dans beaucoup de cas, cette
fibre, au lieu de former une spirale ou des anneaux, comme celle des
utricules ligneuses, est réticulée où marquée d’aréoles minces, en-
tourées d’un réseau plus épais. Ces parties vasculaires qui représentent
ainsi des trachées, des fausses trachées, des vaisseaux annulairesou des
vaisseaux réliculés, se reconnaissent avec quelque attention sur la
coupe transversale même, par la moindre épaisseur de la fibre spirale,
par la plus grande dimension de leur ouverture, et dans les coupes
longitudinales, par la forme du réseau de leurs parois (voyez pl. 11,
fig. 3b, 4, 5,11, 14et15 b', b"). Ainsi, malgré une disposition des
tissus en apparence assez semblables à celle de Sgmaria, et par con-
séquent à celle de la zone externe du Sigtllaria, ces Cactées se dis-
tinguent essentiellement par leur tissu composé d’utricules représen-
tant, sous une autre forme, les fibres ligneuses et de vrais vaisseaux.
Quelques-unes de ces plantes offrent, dans leur moëlle, des fais-
ceaux vasculaires libres et indépendants du cylindre ligneux ; mais
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 445
ces faisceaux épars n’ont aucune régularité, ils sont sinueux et pa-
raissent contribuer essentiellement à former les faisceaux qui se por-
tent vers les tubercules épineux extérieurs et dans les fleurs ; ils ne
m'ont jamais présenté la régularité de ceux qui forment le cylindre
intérieur du Ssgillaria.
Nous avons déjà vu qu’un certain nombre de Crassulacées, tels
que les Sempervioum, Sedum, Echeveria, Rochea, présentent
une organisation qui les distingue autant des Sioilaria, Stigmaria
où Anabathra, que des Lepidodendron, avec lesquels nous les
avons comparés.
Il y a en effet, dans ces fossiles, un tissu uniforme, c’est-à-dire
formé d’éléments tout semblables, composant des faisceaux séparés
par desrayons médullaires, il y a, au contraire, dans ces Crassulacées
deux tissus élémentaires distincts, les fibres ligneuses et les vaisseaux,
et malgré la disposition de ces tissus en séries rayonnantes, les
rayons médullaires manquent complétement ou sont réduits à ceux
qui donnent passage aux faisceaux vasculaires qui se portent dans
les organes extérieurs. J’ai observé dans cette famille une plante
qui présente une exception remarquable à cette structure habituelle,
et qui prouve que nousne pouvons pas encore conclure de l’organi-
sation d’un genre celle de toute une famille, c’est le Crassula por-
lulacea; dans cette plante, on peut dire que, malgré la grosseur
qu’acquiert la tige au bout de quelques années, il n”y a pas de zone
ligneuse, le tissu très-dur qui se forme par couches concentriques,
très-régulières , dans les autres Crassulacées, et qui est composé de
fibres ligneuses ponctuées et de vaisseaux, manque ici compléte-
ment, on ne trouve dans la tige que les faisceaux de l’étui médul-
laire de ces mêmes plantes, formés entièrement de vaisseaux spiraux,
trachés, fausses trachées, vaisseaux annulaires ou réticulés, mais ces
faisceaux s’accroissent et se multiplient, de sorte qu'ils sont au
446 OBSERVATIONS
nombre de 40 à 5o, sur une vieille tige, tandis qu'il n'y en avait
que 20 à 2/ sur un jeune rameau; ils ont alors 2 à 3 millimètres
d'épaisseur, dans le sens des rayons, au lieu de + millimètre;
enfin, l’espace celluleux qu'ils environnent, ou la molle, s’est lui-
même accru, et de 4 à 5 millimètres il s’est étendu à 3 ou 4 cen-
timètres; il y a donc eu croissance de toutes les parties, tant cel-
luleuses que vasculaires, mais les faisceaux de l’étui médullaire qui
ont ainsi augmenté en nombre et en volume, sont restés entière-
ment composés de vaisseaux annelés ou de fausses trachées, sans mé-
langes de fibres ligneuses, et sont séparés par de larges rayons mé-
dullaires; c’est donc un nouvel exemple des différences essentielles
que présente quelquefois l’organisation des tiges dans des plantes
évidemment de la même famille.
[ y aurait, dans cette Crassulacée, une organisation un peu plus
analogue à celle des plantes fossiles qui nous occupent, par l’unifor-
mité de tissu de ces faisceaux vasculaires, entièrement formés de
fausses trachées ou de vaisseaux annelés; mais indépendamment de la
différence qui existe entre ces vaisseaux et les tubes ou utricules al-
longés et rayés des fossiles, l’inégalité remarquable des faisceaux
qui constituent le cylindre vasculaire, inégalité qui est en rapport
avec leur formation successive, leur écartement et la largeur, par
conséquent, des rayons médullaires, font que ce cylindre n’a nulle-
ment la régularité parfaite de celui des Stigmaria et des Sigillaria.
Enfin, les formes extérieures de ce Crassula à feuilles opposées,
à écorce lisse, à rameaux presque articulés, sont complétement dif-
férentes de celles des plantes fossiles que nous étudions.
Quant aux Euphorbes charnues, celles que j’ai examinées me pa-
raissent avoir tous les caractères essentiels des plantes dicotylédones
ligneuses ordinaires, c’est-à-dire des faisceaux ligneux séparés par
des rayons médullaires très-marqués, etcomposés de fibres ligneuses
SUR LE SIGILLARIA ELFGANS. 447
étroites, à ponctuations fines, et de vaisseaux un peu plus volu-
mineux, marqués de larges aréoles ou de ponctuations transver-
sales.
Il n’y a donc là rien de comparable aux plantes fossiles qui nous
occupent.
Nos recherches parmi les Dicotylédones angiospermes ne nous
conduisent, comme on le voit, à trouver aucune analogie bien
prononcée entre ces plantes et les tiges fossiles que nous avons étu-
diées précédemment. Devons-nous pour cela établir d’une manière
positive que cette analogie n’existe pas? je ne le pense pas; car ce
que nous voyons de la variété des caractères d'organisation des tiges
de ces végétaux, peut nous faire supposer qu’on trouvera peut-être
un jour une structure analogue à celle de ces tiges fossiles, dans quel-
que famille de Dicotylédone angiosperme.
Cependant, dans l’état actuel de nos connaissances, une analo-
sie bien plus frappante existe, quant à la structure intérieure, entre
ces tiges fossiles et celles des Cycadées.
Cette analogie est surtout très-prononcée entre les Stgmarta et
les Zamia américains; mais d’un autre côté, les différences des
formes extérieures, tant pour la tige que pour les feuilles, sont très-
grandes entre ces deux groupes de plantes, et pour les Sigi/laria,
dont les feuilles nous sont inconnues, et dont les tiges ont sou-
vent, par leurs formes extérieures, plus de ressemblance avec celles
des Cycadées, on peut objecter, 1° la présence de ce cylindre vas-
culaire intérieur, formé par les faisceaux médullaires, dont on
ne trouve de trace dans aucune Cycadée; 2° l'absence, dans le
terrain houiller, de feuilles analogues à celles des Cycadées actuelles.
Tous ces motifs doivent nous porter à conclure que les Ségillaria
et les Sigmaria constituaient une famille spéciale entièrement dé-,
truite, appartenant probablement à la grande division des Dicoiy-
Ancemves pu Musfux, roms I. 58
448 OBSERVATIONS
lédones gymnospermes, mais dont nous ne connaissons encore ni
les feuilles ni les fruits.
Ces fossiles ont évidemment entre eux le plus grand rapport, et
lAnabathra doit également se rapporter au même groupe. Peut-
être même les Sfigmaria ne sont-ils que les racines des Segillarta ;
l’uniformité extérieure des fossiles du premier de ces genres, serait
bien en rapport avec la moindre variété de forme des racines appar-
tenant à diverses espèces, la disposition rampante de ces sortes de
tiges, la forme arrondie des cicatrices, s’accorderaient assez bien
avec cette supposition, contre laquelle on pourrait cependant ob-
jecter la régularité de la disposition quinconciale des appendices
qu'on devrait comparer alors à des radicelles; régularité qu’on
retrouve cependant assez souvent dans les racines des plantes
aquatiques.
Cette supposition expliquerait l’origine de ce ces dômes singuliers,
qui ont été décrits dans le Fossil flora, par MM. Hutton et Lin-
dley, et d’où partent, en rayonnant et en rampant horizontalement,
les tiges dichotomes des Sligmaria; enfin la présence de la moëélle
au centre du cylindre ligneux du Sligmaria, ne serait pas une
objection très-grave, car j'ai reconnu que les racines de plusieurs
Zarua en offraient une parfaitement distincte, etmème assez grande,
au milieu des faisceaux ligneux, au nombre de deux , trois ou cinq,
qui constituaient ces racines; celte structure est surtout très-appa-
rente sur les racines du Zamua pungens, dont les tissus offrent en
plus petit une disposition très-analogue à ceux des Sagmartia.
— 35e
EXPLICATION DES PLANCHES,
PI. 1. (xxv). Srgtllarta elegans.
Fig. 1. Échantillon de cette tige à l’état siliceux, trouvé aux environs d’Autun,
présentant la portion de la surface extérieure dont l’écorce est encore conservée
et qui montre les cicatrices des insertions des feuilles qui caractérisent cette es-
pèce; de grandeur naturelle.
Fig. 2. Le même échantillon, présentant sur sa fracture transversale les indices de
sa structure intérieure, de grandeur naturelle.
Fig. 5. Coupe transversale polie de la même tige, grossie 3 fois.
Fig..4. Portion de cette même coupe transversale, grossie dix fois.
Nota. Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans cette figure et
dans la précédente.
aa. Partie centrale dont le tissu est entièrement détruit et qui devait être oc-
cupée par le parenchyme médullaire.—Ce tissu est remplacé par de la silice
amorphe diversement colorée.
bb. Parties internes ou médullaires des faisceaux vasculaires.
b’. Un de ces faisceaux qui se prolonge extérieurement dans le milieu du fais-
ceau ligneux extérieur, et qui paraît donner naissance aux faisceaux exté-
rieurs d.
b”. Prolongation d’un de cesmêmes faisceaux vers l'extérieur.
ce. Parties externes ou ligneuses des faisceaux vasculaires.
dd. Faisceaux vasculaires isolés, placés en dehors des faisceaux du cercle
ligneux et destinés probablement aux feuilles.
ce. Tissu cellulaire très-délicat, détruit dans la plus grande partie de son
OBSERVATIONS
ES
Qx
©
étendue, et remplacé par de la silice amorphe, qui occupe l'intervalle entre
le cercle ligneux be et l'écorce fg; ce tissu est encore conservé en e’.
ff. Portion interne de l'enveloppe corticale, formée d’un tissu cellulaire al-
longé et disposé en séries rayonnantes.
gg. Portion externe de la même enveloppe corticale, composée d’un paren-
chyme sans direction déterminée, et constituant la surface même de la tige.
hh. Indication des faisceaux fibro-vasculaires qui traversent cette écorce pour
se porter à la base des feuilles.
PI. 2. (xxvi). Sigillaria elegans.
Fig. 1. Coupe longitudinale d’un fragment de tige de Sigillaria elegans, dans pres -
que toute sa largeur, en passant par le milieu de la moëlle, grossie 4 fois.
aaa. Espace que devait occuper le tissu cellulaire central ou la moëlle qui est
détruite est remplacée par de la silice amorphe, et diversement colorée.
bb. Partie interne ou médullaire des faisceaux vasculaires.
cc. Partie extérieure ou ligneuse des mêmes faisceaux vasculaires.
d.. Un des faisceaux libres extérieur, coupé obliquement.
cee”. Zone celluleuse placée entre le cylindre vasculaire et l'écorce, et dans
laquelle le tissu est presque partout détruit et remplacé par lasilice amorphe;
il est conservé en €’.
f. Portion interne de la zone corticale formée de cellules allongées.
gg’. Partie externe de l'écorce formée par un parenchyme assez régulier.
Fig. 2. Coupe longitudinale d’une portion de la zone corticale, présentant un des
mamelons d’insertion des feuilles, grossie 30 fois.
e’e”, Tissu cellulaire très-délicat, mais distinctement conservé dans quelques
portions de la partieexlérieure de la zone comprise entrele cylindre ligneux
et l’écorce.
ff. Tissu cellulaire allongé ou prosenchyme, formant la partie interne de
l'écorce.
gg. Tissu cellulaire parenchymateux assez régulier et très-transparent, qui
forme la partie moyenne de l'écorce.
gg. Le mêmetissu, plus opaque et à paroi paraissant plus épaisse près de la
surface externe de la tige.
2x. Silice amorphe opaque, appartenant à la roche qui enveloppait l’échan-
tillon.
Fig. 5. Coupe transversale d’une portion de la zone corticale correspondant à un de;
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 41
mamelons d'insertion des feuilles. (Les lettres indiquent les mémes parties que
dans la figure précédente.)
h. Portion où le tissu est légérement modifié, ce qui paraît indiquer le pas-
sage du faisceau vasculaire de la feuille.
PI. 3. (xxvu). Sigillaria elegans.
Fig. r. Coupe transversale d’un des faisceaux de la zone vasculaire, grossie 80 fois.
aa. Partie sans tissu distinct, correspondant à la masse celluleuse centrale ou
moëlle.
a’a’a’a”. Espaces vides entre les faisceaux vasculaires de la zone ligneuse, ré-
pondant aux rayons médullaires dont le tissu cellulaire est détruit.
bbb’. Faisceau vasculaire médullaire formé de vaisseaux disposés sans ordre,
les plus gros bb vers l’intérieur, les plus petits b’ vers l'extérieur.
ce. Faisceaux vasculaires ligneux, étroits, séparés par les rayons médullaires
a” aa”, et formés de vaisseaux tous semblables, disposés en séries rayonnantes,
les plus petits c vers le côté intérieur, les plus gros c’ vers le bord extérieur
de la zone ligneuse.
dd. Faisceaux vasculaires arrondis, composés de vaisseaux disposés sans or-
dre et tous semblables, placés en dehors de la zone ligneuse.
ee. Partie sanstissu distinct, correspondant à la zone celluleuse extérieure,
placée entre le cylindre ligneux et l'écorce.
Fig. 2. Coupe longitudinale d’un des faisceaux de la zone vasculaire par son milieu,
et dans le sens des rayons médullaires. (Les lettres indiquent les mêmes parties
que dans la figure précédente.)
PI. 4. (xxviu). Sigillaria elegans.
( Détails du tissu vasculaire. )
Fig. 1. Porlion d’une coupe longitudinale d’un faisceau vasculaire, parallèle aux
rayons médullaires, grossie 250 fois.
bb’ b”. Faisceau médullaire.
ecc’c’, Partie interne du faisceau ligneux.
b. Un des gros vaisseaux anguleux et rayés transversalement, placés au côté in--
terne des faisceaux médullaires.
bb’. Vaisseaux de grosseur moyenne occupant le milieu de ces faisceaux et pré-
452 OBSERVATIONS
sentant souvent une structure réticulée très-régul'ère, ou des fibres spirales
continues.
bb”. Vaisseaux plus pelits, placés au côté extérieur de ces faisceaux, ayant en
général la structure des fausses trachées, leurs parois présentant une fibre
spirale espacée et continue.
B. Portions isolées de vaisseaux appartenant à cette partie des faisceaux médul-
laires, présentant des fibres spirales doubles ou triples, très-régulières , et
leur mode de terminaison d’une manière bien distincte.
cc’. Vaisseaux anguleux et rayés transversalement d’une manière très-régu-
lière, composant les faisceaux ligneux ; les plus petits ce sont en contact avec
les vaisseaux les plus petits b’L” du faisceau médullaire; les plus gros c’c’
correspondent à la partie moyenne et extérieure de la zone ligneuse.
Fig. 2. Coupe longitudinale, perpendiculaire à la direction des rayons médullaires, de
la zone vasculaire ligneuse, grossie 80 fois.
a’ a’ a’ a”. Espaces dont le tissu est détruit, mais dans lesquels on reconnaît en-
core la forme des cellules qui formaient les rayons médullaires et qui ont
laissé leurs impressions sur les vaisseaux voisins.
cccc. Vaisseaux de la zone ligneuse vus par leurs faces perpendiculaires aux
rayons médullaires.
Fig. 3. Portion du même tissu plus grossi, vu également dans la direction perpendi-
culaire aux rayons médullaires,
a a. Espaces correspondant aux rayons médullaires.
ccc. Vaisseaux.—c’. Portion remarquablement réticulée.
Fig. 4. Un des vaisseaux des faisceaux médullaires qui présente, dans divers points de
son étendue, des changements remarquables de structure.
PI. 5 (xxx). Stgmartia ficoides.
Fig. 1. Coupe transversale d’une portion de tige de Stigmaria ficoides, de grandeur
naturelle (d’après un échantillon appartenant à M. R. Brown).
Fig. 2. Coupe oblique du même morceau, montrant Vorigine des faisceaux qui se
portent aux feuilles.
Fig. 3. Portion, grossie 12 fois, de la coupe fig. 1.
aa. Matière amorphe, correspondant au tissu cellulaire central.
aa”. Espaces occupés par une matière amorphe, correspondant aux prolonge-
ments de ce tissu entre les principaux faisceaux vasculaires formant de
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 453
grandsrayons médullaires qui s'étendent dela moëlle au parenchyme cortical.
bb. Place qu'occupait le parenchyme cortical détruit.
bb’. Espaces étroils entre les séries de vaisseaux correspondant aux petits
rayons médullaires.
ccc’c. Faisceaux vasculaires de la tige, formés de vaisseaux ou utricules tu-
buleuses rayées disposées en séries rayonnantes.—Les plus petits c’c’ corres=
pondant au côté de la moëlle.
dd’ d”. Faisceaux vasculaires, naissant de la partie moyenne de chacun des
faisceaux de la tige, pour se porter à l’extérieur.—d. Leur origine des par-
ties latérales de la division de chaque faisceau. — d’. Portion isolée , mais
comprise dans l’écartement des faisceaux de la tige. — d”. Partie extérieure
diversement infléchie.
Fig. 4. Vaisseaux ou utricules tubuleuses allongées, à parois rayées et réticulées, des
faisceaux vasculaires de la tige, coupés obliquement, grossis 90 fois, dessinés
d’après l’échantillon fig. 2.
Fig. 5. Coupe transversale d’une tige de Stigmaria ficoides, dont l’axe est complet,
donnée au Muséum par M. Hutton (de grandeur naturelle).
Fig. 6. Portion d’une coupe longitudinale et perpendiculaire aux rayons médullaires
du cylindre vasculaire d’un Stigmaria ficoides , présentant l’origine d’un des
faisceaux vasculaires qui se portent à l'extérieur, coupé perpendiculairement à sa
direction, d’après un échantillon donné par M. Hutton.
a’. Espace dont le tissu est détruit, correspondant aux grands rayons médul-
laires qui séparent les faisceaux vasculaires de la tige.
b’b’b’b’. Pelits espaces entre les vaisseaux correspondant aux rayons médul-
laires étroits et peu étendus qui séparent les séries de vaisseaux.
cccc. Vaisseaux ou tubes rayés qui constituent les faisceaux vasculaires ou
ligneux de la tige.
dd. Vaisseaux qui s’en séparent pour former les faisceaux vasculaires rayon -
nants.
d’d. Les mêmes, coupés transversalement dans la partie où ils se portent
horizontalement en dehors.
Fig. 7. Coupe longitudinale, oblique par rapport aux rayons médullaires, d’une partie
du cylindre vasculaire du Stigrnaria ficoides, dont la coupe transversale est re-
présentée fig. 5, montrant l’origine d’un des faisceaux vasculaires qui se portent
vers l’extérieur.
Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans la fig. 6.
454 OBSERVATIONS
Fig. 8. Portion d’une coupe longitudinale, perpendiculaire aux rayons médullaires,
montrant, avec un plus fort grossissement , les vaisseaux ou tubes rayés du cy-
lindre vasculaire de la même plante, et les petits rayons médullaires qui les sépa-
rent de distance en distance.
PI. 6 (xxx). Lepidodendron Harcourtu.
Fig. 1. Vue d’une portion de l'échantillon, présentant sa surface externe, d’après
MM. Lindley et Hutton (Fossil floraof Great Britain).
Fig. 2. Coupe transversale complète de cette tige, sur laquelle la zone la plus externe
(f, fig. 3) paraît manquer, montrant les rapports de dimension des diverses par-
ties, et surtout la position Lout-à-fait excentrique du cylindre vasculaire (grossie
2 fois).
Fig. 5. Portion de la zone corticale la plus externe, coupée transversalement, d’après
M. Witham.
e. Tissu cellulaire irrégulier, correspondant à la partie la plus catéricure de
la zone corlicaleee, fig. 3.
f. Tissu cellulaire, disposé en séries rayonnantes, ct formé probablement de
cellules allongtes, placé plus à l'extérieur et manquant dans échantillon
représenté fig. 2 et 5.
Fig. 4. Coupe longitudinale de la même partie, d’après MM. Lindley et Huiton
( Fossil flora). Le tissu allongé f, fig. 3, manque probablement en grande partie.
J'ig. 5. Coupe transversale ( grossie 10 fois) d’une portion de cette tige, dans la-
quelle on voit la réunion de tous les tissus qui la composent.
a. Tissu cellulaire allongé qui occupe le centre du cylindre vasculaire ( voyez
coupe longitudinale, fig. 8).
b. Cylindre complet, composé de vaisseaux rayés (voyez coupe longitudinale,
fig. 6).—b’. Parties extérieures saillantes de ce cylindre, formées par des
vaisseaux rayés beaucoup plus petits.
cc. Faisccaux vasculaires, détachts de ce cylindre vasculaire, et destinés aux
feuilles. —c’ c’. Les mêmes, coupés plus obliquement dans la zone extérieure
ou corticale de la tige.
dd. Tissu cellulaire lâche, et en partie détruit, qui sépare le cylindre vascu-
laire du tissu cellulaire cortical extérieur.
ceee. Tissu cellulaire, dense et résistant, qui forme la zone corlicale
extérieure.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 455
Fig. 6. Coupe longitudinale, dans la direction rayonnante, du cylindre vasculaire.
bbb. Gros vaisseaux rayés, correspondant au côté central de ce cylindre vas-
culaire. — b’b’. Petits vaisseaux correspondant à la partie extérieure du
même cylindre.
Fig. 7. Coupe longitudinale de la même partie, d’après MM. Lindley et Hutton,
considérée par ces auteurs comme représentant le tissu des petits faisceaux c.
Fig. 8. Coupe longitudinale du tissu cellulaire allongé qui occupe le centre du cy-
lindre vasculaire.
PI. 7 (xxx1). Lepidodendron Harcourtir.
Fig. 1. Coupe transversale, plus grossie, des parties essentielles de la tige de cette
plante.
Les lettres indiquent les mêmes parties que sur la fig. 5, pl. 6.
Fig. 2. Coupe d’un des faisceaux vasculaires qui se portent dans les feuilles, trans-
versale par rapport à l’axe de la tige, et très-oblique par rapport à ce faisceau,
dont la direction est presque horizontale.
ee. Tissu cellulaire de la zone corticale externe.—e’. Tissu cellulaire plus dé-
licat , qui entoure le faisceau vasculaire.
c. Faisceaux de vaisseaux rayés qui composent essentiellement ce faisceau vas-
culaire.—c”. Vaisseau isolé ou vaisseaux réunis en petit nombre, formantun
second faisceau au-dessous du principal.
Fig. 5. Coupe longitudinale des mêmes parties, d’après une figure du Æossil flora.
Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans la dernière figure.
Fig. 4. Coupe transversale et longitudinale, restituée, des diverses parties de la tige
du ZLepidodendron Harcourtit.
Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans toules les figures pré-
cédentes des pl. 6 et 7.
PI. 8 (xxx). Anatomie des tiges de Lycopodiacées.
Fig. 1. Base d’une vieille tige de Lycopodium Phlesmaria, avec les racines qui
en naissent (grandeur naturelle).
Fig. 2. Coupe longitudinale de la même base de tige, montrant les racines qui nais-
sent de l’axe central, et rampent pendant longtemps entre cet axe etla zone cor
ticale extérieure, avant de la traverser (grossie 3 fois).
ARcuives pu Muséum, Tom. I. 59
456 OBSERVATIONS
Fig. 3. Coupe transversale d’une base de tige de Lycopodium Phlegmaria (grossie
4 fois), montrant :
ab. Son axe cellulo-vasculaire.
c. Le tissu cellulaire cortical.
d. Les racines qui le parcourent longitudinalement avant de se porter au
dehors.
Fig.A. Autre coupe transversale d’une base de tige de Zycopodium Phlegmaria
(grossie 12 fois).
a. Tissu cellulaire délicat, interposé entre les faisceaux vasculaires.
b. Faisceaux vasculaires.
c. Tissu cellulaire qui environne l’axe vasculaire. — c’. Le même tissu plus
résistant à l'extérieur.
d. Racines renfermées dans ce tissu cellulaire.
Lg. 5. Coupe de l'axe cellulo-vasculaire de la même plante (grossie go fois).
a. Tissu cellulaire , fin et délicat, interposé entre les faisceaux vasculaires qui
constituent cet axe.
bb’. Vaisseaux qui forment des faisceaux aplatis irréguliers , ou diversement
repliés ; les vaisseaux les plus gros b bb, sont toujours vers le centre de l’axe
vasculaire; les plus petits b’b°b?, vers la surface.
cc. Tissu cellulaire incolore et délicat, qui entoure immédiatement l’axe
vasculaire.
Fig. 6. Vaisseaux rayés de l’axe vasculaire du Zycopodium Phlegmaria.
Fig. 7. Coupe transversale d’une des racines contenues dans la tige de la même
plante.
c. Tissu cellulaire de la tige, dans lequel sont plongées les racines.
d. Faisceau vasculaire, dont la coupe transversale est lunulée, qui occupe le
centre de ces racines.
e. Tissu cellulaire délicat qui environne immédiatement les vaisseaux.
f. Tissu fibreux ou prosenchymateux, très-dur et coloré, qui forme un étui
cylindrique autour des vaisseaux de la racine.
Fig. 8. Coupe transversale d’une base de tige de Lycopodium gnidioides, dans la-
quelle on reconnaît :
ab. L’axe cellulo-vasculaire.
c. Le tissu cellulaire extérieur ou cortical.
dd. Les racines intérieures.
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 457
Fig. 9. Coupe transversale de la base de la tige du Zycopodium verticillatum.
On y voit les mêmes parties désignées par les mêmes lettres.
Fig. 10. Coupe transversale d’une racine d'Aspidium exaltatum , qui présente la
même structure que celles des Lycopodes, sauf la forme du faisceau vasculaire d,
qui est pentagone à angles aigus.
e. Tissu cellulaire délicat qui sépare le faisceau vasculaire d de l’étui prosen-
chymateux f.
Fig. 11. Partie centrale d’une de ces racines, grossie davantage.
d. Gros vaisseaux qui occupent le centre du faisceau vasculaire. —d’d’d’d’d’d’.
Petits vaisseaux qui forment les six angles saillants de ce faisceau vasculaire.
eee. Tissu cellulaire délicat qui entoure immédiatement les vaisseaux.
PI. g (xxxr1). Anatomie des tiges de quelques Fougères.
Fig. 1. Coupe transversale de la tige de l’Angiopteris evecta, d’après un échantillon
de cette tige bulbiforme, rapportée de Manille par M. Gaudichaud.
aa. Tissu cellulaire général et uniforme, qui constitue la masse de la tige.
bb. Faisceaux vasculaires propres à la tige ; ils sont entourés de quelques cel-
lules remplies d’une matière concrète colorée, qui sépare immédiatement les
vaisseaux du parenchyme de la tige.
ce. Racines adventives, naissant de ces faisceaux de la tige et se distinguant
par la zone celluleuse propre qui les entoure. — c’c’. Ces mêmes racines,
coupées à quelque distance des faisceaux qui leur ont donné naissance, mais
encore renfermées dans le parenchyme de Ja tige.
dd. Faisceaux vasculaires qui se portent dans les bases des feuilles.
eece. Cicatrices laissées par la chute des feuilles, insérées sur les tubercules
saillants de la tige.
fff. Racines adventives. — f’. Une de ces racines coupée transversalement,
montrant le faisceau vasculaire étoilé qu’elle renferme.
Fig. 2. Coupe transversale d’une tige du Danæa nodosa de la Martinique.
aa. Parenchyme cellulaire uniforme de la tige.
bbbb. Faisceaux vasculaires de cette tige.
c. Un faisceau vasculaire radiculaire, naissant d’un de ces faisceaux et se por-
tant dans la racine f.
d. Faisceaux vasculaires qui se rendent dans la base de la feuille e.
Fig. 3. Coupe transversale d’une tige d’une autre espèce de Danæa.
Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente.
458 OBSERVATIONS
Fig. 4. Coupe transversale d’une tige d’Anemia hirta.
a. Tissu cellulaire occupant le centre et la périphérie de la tige.
bbb. Trois faisceaux vasculaires inégaux, formant le cylindre vasculaire de
cette tige.
c. Faisceaux vasculaires des racines adventives.
ddd. Faisceaux qui se portent dans les feuilles. Ils sont uniques pour chaque
feuilles et correspondent à l'intervalle des faisceaux de la tige.
Fig. 5. Coupe transversale d'une tige de Cyathea de la Nouvelle-Zélande.
a. Tissu cellulaire représentant la moëlle.
bbbb. Gros faisceaux vasculaires de la tige, formant un cylindre régulier et
s’anastomosant de distance et distance. — b’b’. Petits faisceaux arrondis,
libres et dispersés sans ordre dans la moëlle. Ils se portent, au moins en
partie , dans les pétioles.
cc. Petits faisceaux placés en dehors du cylindre vasculaire principal, ils pa-
raissent donner naissance aux racines adventives.
Fig. 6. Coupe longitudinale de la même tige.
Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente...
PI. 10 (xxxiv).
Fig. 1. Portion d’un vaisseau des racines de l'#ngiopteris evecta, coupé longitudi-
nalement, très-grossi.
a. Tissu cellulaire allongé qui entoure les vaisseaux.
b. Vaisseau coupé longitudinalement et déchiré, présentant des aréoles li-
néaires transversales, plus minces, disposées en séries longitudinales.—Dans
quelques points , il paraît exister une membrane fermant ces aréoles ; dans
dans d’autres cas, elle paraît détruite.
La partie bb’ de la paroi divisée montre les perforations qui correspondent à
ces fentes transversales.
L'ig. 2. Portion d’une coupe du cylindre ligneux et vasculaire du Zarnia inlegri-
folia, perpendiculaire aux rayons médullaires.
aaa. Cellules des rayons médullaires.
bbb. Portions des vaisseaux ou fibres ligneuses, vues par leurs faces perpen-
diculaires aux rayons médullaires, et présentant des aréoles transversales ,
tantôt irrégulières, tantôt disposées en séries longitudinales régulières.
Fig. 3. Une de ces utricules ligneuses, plus courte, dont les parois sont marquéespar
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 459
un réseau fibreux, environnant des aréoles irrégulières, occupées par une mem-
brane mince, souvent plissée.
F'ig. 4. Portion d’une coupe longitudinale et parallèle aux rayons médullaires de la
zone ligneuse du Zamia integrifolia.
a”. Portion d’un rayon médullaire.
bbb’b'. Vaisseaux où utricules tubuleuses, composant entièrement la zone
ligneuse ; dont les uns, bb, sont marqués de fibres annulaires , ou spirales
simples ou bifurquées ; les autres, bb’, d’un réseau plus épais, entourant
des aréoles membraneuses.
c'e. Utricules très-régulières, à parois minces, formant une zone de tissu
jeune, en dehors de la zone ligneuse.
Fig. 5. Coupe transversale de la zone ligneuse du Zamia integrifolia.
a. Portion du tissu cellulaire amylacé de la moëlle.—a’ a”. Tissu cellulaire in-
terposé entre les faisceaux vasculaires, et formant les rayons médullaires.
bb. Orifices des vaisseaux ou utricules tubuleux, disposés en séries rayonnan-
tes, simples ou doubles, et assez irrégulières , séparées par les rayons mé-
dullaires.
c. Tissu cellulaire jeune, faisant suite à celui des rayons médullaires. — c’.
Tissu cellulaire jeune et peu différent du précédent , faisant suite aux séries
de vaisseaux.
dd. Tissu cellulaire amylacé, constituant le parenchyme cortical.
PI. 11 (xxxv). Anatomie des tiges de quelques Cactées.
Fig, 1. Coupe transversale de la base d’une tige morte d’Echinocactus Coptonogonus
Lem. (grandeur naturelle).
Fig. 2. Un des faisceaux du cerele ligneux, grossi; ce faisceau , qui correspond à une
des côtes longitudinales extérieures de la tige, est lui-même subdivisé en un grand
nombre de faisceaux secondaires étroits, par des rayons médullaires, dont l’ori-
gine est très-apparente du côté interne de ce faisceau.
Fig. 5. Coupe transversale de quelques-uns des utricules du tissu ligneuxaaaa, et
d’un des vaisseaux spiraux b qui se trouve au milieu d'eux.
Fig. 4. Portion d’un des vaisseaux placé au milieu des faisceaux ligneux , ayant tout
les caractères des trachées.
Fig. 5. Portion d’un autre vaisseau provenant des mêmes parties, ayant les caractères
des vaisseaux réticulés et annulaires,.
160 OBSERVATIONS
ie. 6. Deux des utricules du tissu ligneux de la même plante , présentant une lame
spirale, aplatie, simple, adhérente à la face interne de la paroi membraneuse.
Fig. 7. Une utricule du tissu ligneux, avec une fibre en partie spirale, et en partie
annulaire.
Fig. 8. Deux utricules du tissu ligneux, présentant à l’intérieur une double lame
spirale, celle de l’utricule supérieure résulte d’une lame, simple inférieurement,
qui se bifurque ensuite.
L'ig. 9. Utricule du tissu ligneux, offrant des disques annulaires adhérents par leur
pourtour à la membrane extérieure.
Tig. 10. Plusieurs de ces disques annulaires isolés.
Fig. 11. Un des vaisseaux réticulés et annulaires, qui sont placés dans les faisceaux
de tissu ligneux, à lames spirales et annulaires, d’un antre Æchinocactus.
Fig. 12. Coupe transversale de la partie ligneuse d’un Melocactus indéterminé.
a. Moëlle. '
bb. Faisceaux vasculaires, libres et flexueux, dispersés dans la moëlle.
c. Faisceaux d’utricules allongées et de vaisseaux composant le cylindre ligneux.
Fig. 13. Coupe longitudinale, parallèle aux rayons médullaires du cylindre ligneux
de ce Melocactus, dans le point qui correspond à l’origine des faisceaux vascu--
laires, qui se portent vers la périphérie.
a. Moëlle. — a. Tissu cellulaire d’un des rayons médullaires principaux.
bb. Un des faisceaux vasculaires libres de l'intérieur de la moëlle, se portant
au-dehors, à travers le cylindre ligneux, en suivant un des grands rayons
médullaires.—b’b’. Faisceau vasculaire se séparant du cylindre ligneux, le
long des parois d’un des grands rayons médullaires, pour se diriger à la pé-
riphérie avec le faisceau bb.
ce. Tissu utriculaire allongé qui forme le cylindre ligneux.
dd. Tissu cellulaire extérieur du parenchyme cortical.
Fig. 14. Coupe transversale d’un des faisceaux de la zoneligneuse, montrant le mode
d’origine des vaisseaux qui forment un des faisceaux vasculaires dirigé vers la pé-
riphérie.
aa. Moëlle.— x. Un des grands rayons médullaires, correspondant à l’ori-
gine de ces faisceaux vasculaires. —a” a”. Rayons médullaires étroits, ne s’é-
tendant pas jusqu’à la moëlle.
bb’. Faisceau vasculaire, composé de fausses trachées et de vaisseaux annelés,
naissant des parties latérales et internes des faisceaux vasculaires, des deux
côtés du rayon médullaire a a, et se dirigeant vers l'extérieur. —
SUR LE SIGILLARIA ELEGANS. 461
b” D”. Vaisseaux semblables aux précédents, mais plus gros, dispersés dans
la zone ligneuse.
cecc. Utricules allongés du tissu ligneux.
Fig. 15. Coupe longitudinale, perpendiculaire aux rayons médullaires de la zone li-
gneuse du même Echinocactus, montrant aussi l’origine d’un des faisceaux v
culaires qui se portent vers la périphérie.
as-
a’a’ a. Tissu cellulaire d’un des grands rayons médullaires.
b’b’. Vaisseaux formant le faisceau vasculaire qui se porte vers l’extéricur ,
dans sa partie verticale, comprise entre les faisceaux ligneux. — b”. Un des
vaisseaux appartenant à ces faisceaux ligneux.
ecccce. Utricules du tissu ligneux, présentant dans leur intérieur des lames
« spirales simples ou doubles ou des disques annulaires.
EIN DU PREMIER VOLUME.
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TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME.
ASE RIRISSEMMENEE PEER CEE Ce eee PE CE Ce Ce
Description de l’animal de la Panopée australe, et recherches sur les autres
espèces vivantes ou fossiles de ce genre, par M. 4. Valenciennes. .......
Avec 6 planches (pl. 1 à6).
Recherches sur la teinture, par M. Chevreul.
Deuxiemesmemoires css eme cie ce eee
Introduction aux 5°, 4°, 5° et 6° mémoires de ces recherches... ..
TOISIÈMEMEMOITE. + ee 0 0 ee Bee Ne eee ee ee à
Ouatnémememoire- ere. CPC ce
Description des espèces nouvelles ou peu connues de la famille des Cicindelètes
faisant partie de la collection du Muséam, par MM. Victor Audouin, pro-
fesseur-administrateur, el Brullé, aide-naturaliste..............,.....
Avec 3 planches coloriées (pl. 7, 8, 9).
Mémoire sur la famille des Lardizabalées. précédé de remarques sur l’anatomie
comparée de quelques tiges de végétaux dicotylédonés , par M. J. Decaisne,
Aide-naturaliste AU ISERE eee eee ue
Avec 4 planches (pl. 10 à 13).
Mémoire sur la phosphorescence produite par la lumière électrique, par
MM. Becquerel, Biot el Edmond Becquerel........................
Arcuives pu Muséum, Tor I. 5q
115
164 TABLE DES MATIÈRES.
Premier mémoire sur les kaolins ou argiles à porcelaine , sur la nature, le gise-
ment, l’origine ct l'emploi de cette sorte d'argile, par M. Alexandre
Brongniart........ here Peas secret 5 Joe echec 243
Avec 6 planches coloriées (pl. 14 à 19).
Nouvelles notes sur le cambium, extraites d’un travail sur la racine du dattier,
PA MA de Mr bel RER CEE eee rer eee rCCe ee ec 004
Avec 3 planches (pl. 20, 21, 22).
Recherches chimiques sur la teinture par M. Chevreul.
Cinquième mémoire. .... oo -oaodépe ue atoucoduiucdomeune 537
Avec 2 planches (pl. 23, 24).
Recherches sur la chaleür animale , au moyen des appareils thermo-électriques ,
par MM. Becquerel et Breschel......... Dada ué dodo SE OS 383
Observations sur la structure intérieure du Sigillaria elegans comparée à celle
des Lepidodendron et des Stigmaria et à celle des végétaux vivants, par
M Adolphe Bron Eee ne rene cie ee TO)
Avec 11 planches, dont 6 coloriées (pl..25 à 35).
FIN DE LA TABLE DU PREMIER VOLUME.
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Carrière de Pegmatte et de Kaolin, dt de Robert, a la Porte de S''Yriccr .
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G Gneunr décompowé en terre rougéatre . Ke /rolin callouteur au dessus du bane A Lüde Diorit sehitbide aterée,
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Détails d'une partie de la Carriere de Kaolin, dx Clos de Barre, prés JE Yriecr
Kv Aaolin vert. A Dirite sehistoite décompose en terre brune et duspowé en amas irréguliers, veines,
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Ke /iaolin caillouteux . nodules avec masses troléer de Aaolin .
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Coupe d'un gite de Kaolin argileux , & la Carriere du Clos de Barre .
A Porite sehistoide alter en terre G. Gneiss et À Diorite sehirtoide altéré Ke Aaolin cailouteur .
noiralre en lerre rouratre et rougealre en couches Ka /aolin argileur :
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Pig. et 2. Lig. 3.
Gr. Granit un peu aleré en & Gn.Micaschist ou Cneëss altré . Gr. Crantte.
Gr! Zi de Grantte décompose. F. Z“ons de minerar de Fer . Kc.Azoln .
Q.Zon de Quar? .
V. J'albandes de minerai de Fer .
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