ARCHIVES
DU MUSEUM
D'HISTOIRE NATURELLE
TOME VIII
Œ -
PA
LATE
PARIS. — IMPRIMERIE DE J CLAYE
RUE SAINT-HRENOIT, 7
ARCHIVES
DU MUSEUM
D'HISTOIRE NATURELLE
PUBLIÉES
PAR LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS
DE CET ÉTABLISSEMENT
TOME VIII
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LAS
PARIS
GIDE ET 4 BAUDRY, ÉDITEURS
5, RUE BONAPARTE
1855-1856
DE
CARACTÈRES ANATOMIQUES
DES
GRANDS SINGES
un
PSEUDO-ANTHRO?OMORPHES
PREMIER MÉMOIRE '
DES CARATÈRES QUE PRÉSENTENT LES SQUELETTES DU TSCHÉGO ; TROGLODYTES TSCHEGO, DUV.,
ET DU GORILLE, GORILLA GINA, ISID. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. NOUVELLES ESPÈCES DE GRANDS
SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES DE LA COTE OCCIDENTALE D'AFRIQUE ;, ET, COMPARATIVEMENT ;
LES AUTRES SINGES DE CETTE FAMILLE.
M. Franquet, chirurgien-major de la marine de l'État, de retour l'an der-
nier d’une station sur les côtes occidentales de l'Afrique et dans le fleuve du
Gabon en particulier, a rapporté des rives de ce fleuve un beau squelette
adulte et complet, ou à peu près, d’une espèce de Troglodyte qu’il regarde
comme nouvelle, et que les Nègres des rives du Gabon appellent W'éschégo.
Ce zélé scrutateur de la nature en a fait don généreusement au Muséum
d'histoire naturelle, au mois de juillet dernier, pour être placé dans les col-
lections d'anatomie comparée.
Ces collections ne renfermaient jusque-là qu’une seule tête de 7roglodyte
1. Communiqué à l’Académie des sciences dans sa séance du 30 mai 4853. Un extrait de ce mé-
moire a paru dans le compte-rendu de la séance de ce jour, t. XXX VI, p. 925, 933.
2. Acquise par M. de Blainville et figurée dans son Ostéographie, pl. v.
ArcHives DU Muséum, T. VIII. 1
2 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
chimpanzé? adulte, et deux têtes de jeunes animaux de la mème espece,
n'ayant que leurs dents de lait; de plus, une jeune tête du même âge que je
regarde comme appartenant à notre seconde espèce !; enfin, un squelette
très-incomplet, n'ayant de ses extrémités que les humérus et les fémurs, et
dont les épiphyses et la taille montrent qu'il provenait d’un jeune animal, ce
squelette incomplet, est en effet celui du jeune Chimpanzé que Buffon a vu
vivant et dont Daubenton a décrit le squelette.
Cette énumération fera comprendre, tout d’abord, le haut prix que nous
avons dù mettre au don de M. le docteur Franquet, par le double motif que
son espèce est nouvelle, ainsi que nous espérons contribuer à le démontrer , et
que nous manquions de squelette d’adulte du genre 7roglodyte. On sait qu'il
n’en existait qu'un seul dans les collections étrangeres, celui de M. Walker, de
Londres, provenant de l'espèce type de ce genre, du Troglodyte chimpanzé.
M. le docteur Franquet avait enrichi les collections du Muséum des le
commencement de l’année, d’un Gorille adulte mâle, conservé dans l’esprit-
de-vin, dont nous avons pu étudier toute la myologie, le larynx et les po-
ches aériennes qui y sont annexées, les organes de la génération et le squelette
complet.
La peau, montée avec beaucoup de soin et d’art, fait partie dès ce moment,
des objets les plus rares et les plus précieux des collections zoologiques du
Muséum d'histoire naturelle.
A ce don d’un Gorille mâle adulte, M. Franquet a ajouté celui d’une tête
et d’une partie des os du squelette d’une jeune femelle qu’il a eue vivante
pendant un mois, en 1851.
L'Académie a entendu avec un vif intérêt une premiere communication
que lui fit, dans la séance du 15 janvier 1852, notre honorable confrère et
collègue M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, sur les deux Gorilles arrivés au
Muséum trois jours auparavant; dont un jeune lui avait été envoyé avec un
jeune Chimpanzé, par M. Penaud, capitaine de vaisseau, et l’autre adulte,
celui de M. Franquet.
Le dernier Gorille n’a été mis à ma disposition, pour mes recherches ana-
tomiques, que longtemps après, au mois de juin dernier. J'en ai fait dissé-
quer et dessiner tous les muscles du mouvement volontaire, malgré la chaleur
4. Elle a été donnée à notre collègue, M. Valenciennes, par M. Picard, officier de la marine de
l’État, à son retour du Gabon.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 3
de la saison et l’évaporation de l'alcool dont les chairs de cet animal étaient
imprégnées, et qui portait à la tête de ceux qui s’occupaient de ces pénibles
recherches. Je les avais confiées plus particulièrement à M. le docteur Séné-
chal, l’un de mes préparateurs, qui s’en est occupé avec zèle, sous la direc-
tion de mon aide, M. Rousseau.
L'étude du squelette n’a pu se faire qu'après la myologie.
D'autres travaux m'ont souvent détourné, quoique à regret, de celui-ci,
dont je viens enfin communiquer un premier résultat à l’Académie.
Déjà, au mois d'avril 1849, le Muséum d'histoire naturelle avait reçu de
M. Gauthier Laboulaye, également chirurgien de la marine de l'Etat, un
squelette de Gorille femelle adulte, dont il existe une figure gravée, encore
inédite, pour un supplément que M. de Blainville dessinait à son Ostéographie.
Le même chirurgien a augmenté les collections d'anatomie comparée du
Muséum, d’un crane de femelle, moins bien conservé que celui du squelette,
et d’un cräne de mâle de la même espèce, l’un et l’autre provenant d’indivi-
dus adultes.
Ces matériaux précieux concernant les animaux les plus rapprochés de
l'homme par leur organisation, dont l’un, le Troglodyte N'tschégo, appartient
à une espèce nouvelle, et dont l’autre n’est connu que depuis peu de temps,
et seulement sous le rapport de son squelette, m'ont mis à même de compa-
rer et de signaler plusieurs points de cette organisation qui serviront à carac-
tériser ces animaux supérieurs, à montrer leurs rapports naturels, et à faire
comprendre ce que l’on sait de leur genre de vie.
J'ai divisé ce premier mémoire en quatre parties ou chapitres.
La première traite des caractères ostéologiques de la tête des genres 7ro-
glodyte, Orang et Gibbon, et des espèces de ces genres dont il existe des
exemplaires dans les collections d'anatomie comparée du Muséum.
Dans la seconde je passe en revue les principaux caractères que ces mêmes
genres présentent dans le reste de leur squelette.
La troisième est consacrée à l'appréciation de ceux qui distinguent le Go-
rille dans tout son squelette, comparativement aux genres précédents.
Les conclusions formant la quatrième partie de ce Mémoire, sont déduites
naturellement des comparaisons faites dans les trois premières parties et en
présentent le résumé.
PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
es
CHAPITRE PREMIER.
DESCRIPTION COMPARATIVE DES CARACTÈRES OSTÉOLOGIQUES DE LA TÊTE DU GENRE CHIMPANZÉ
ET DE SES DEUX ESPÈCES; DU GENRE ORANG, ET PLUS PARTICULIÈREMENT DES ORANGS
DE SUMATRA ET DE BORNÉO , ET DU GENRE GIBBON, ET DE CINQ ESPÈCES DONT NOUS AVONS
LES CRANES.
Je me borne, dans cette comparaison, aux exemplaires de nos collections
que j'ai sous les yeux.
$ L — Description de la tête osseuse de l’âge adulte.
Nous nous servirons, pour cette description, de la tète du Chimpanzé fe-
melle adulte, déja étudiée par M. de Blainville, et de celle qui appartient au
squelette du 7'schégo.
Nous leur comparerons immédiatement deux têtes d'Orangs, dont l’une
est celle du squelette décrit par Wurmb, originaire de Bornéo, et l’autre
provenant de Sumatra.
Cette comparaison, qui a déjà été faite par M. R. Owen, avec d’autres
exemplaires et pour l’ancienne espèce de Chimpanzé seulement, ne pourra
que corroborer les conclusions incontestables qu'il a été possible d’en tirer
une premiere fois.
Nous étendrons cette comparaison au Gibbon syndactyle.
1. Les orbites, dans le genre Troglodyte, sont un peu de forme carrée, et
sensiblement écartés l’un de l’autre par un intervalle assez large ; tandis qu’ils
sont trés-rapprochés dans les Orangs, et qu’il y forment deux ovales assez
réguliers, dont le plus grand diametre est vertical et qui sont inclinés l’un
vers l’autre dans leur partie supérieure.
Le Gibbon syndactyle les a plus larges que hauts, bordés en dedans jus-
qu'aux os du nez d’un bourrelet prononcé dans les vieux mäles, qui manque
dans les femelles.
Leur écartement occupé par les apophyses des maxillaires et par les os du
nez est assez marqué; tandis que le nez est pincé dans les jeunes.
2, Les os du nez des Troglody'es forment une arête médiane assez relevée
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. Gi)
dans leur partie supérieure. Ils s’élargissent en bas et limitent une assez
grande étendue de l'ouverture commune et supérieure des narines.
Dans les Orangs, les os du nez sont confondus en un seul os à surface
plate, sans arête médiane et très-étroit entre les orbites, à cause du rappro-
chement de ceux-ci.
Le syndactyle les conserve distincts assez longtemps. Les mâles les ont
un peu relevés en voûte ; les femelles les ont plats.
3. Des crêtes surcilières très-prononcées s'élèvent au-dessus des cavités
orbitaires, et se continuent, avec une légère dépression, d’un orbite à l’autre.
Elles s'élèvent de manière à cacher la partie la plus avancée du crâne.
Dans les Orangs, au contraire, ces arêtes sont de simples bourrelets circu-
laires, qui ne cachent rien du tronc, lequel se montre dans un espace trian-
gulaire, limité entre deux crêtes, qui vont de la partie externe de chaque
orbite gagner la crête sagittale.
Dans le Gibbon syndactyle, le bord des orbites est relevé en dedans et un
peu en dessus du côté interne.
Il y a une crête temporale qui en part de chaque côté très en dehors chez
les femelles et les jeunes mâles adultes, et très en dedans chez les vieux, dont
les fosses temporales se rapprochent sur le vertex, mais restent séparées par
une surface unie. Il en résulte que le front reste plus large et est plus élevé
chez les femelles,
4. Les Troglodytes ont les arcades zigomatiques peu saillantes, au point
qu'on les voit à peine lorsqu'on place la tête de l'animal de face. Elles sont
grèles, droites dans presque toute leur longueur.
Les Orangs les ont au contraire doublement arquées en dehors et vers le
haut, à la manière des carnassiers.
5. Leur os de la pommette, dans sa partie faciale où il se joint au maxillaire
supérieur, est extrêmement large. Il en résulte que ce dernier os forme une
saillie en crochet recourbé en dehors et en bas, pour se joindre à l’os mo-
laire. i
Ce crochet ne se voit pas dans les Troglodytes.
Le Gibbon syndactyle les a comme les Troglodytes. Je les trouve plus
arqués en dehors dans le Gibbon Owko; le G. entelloide et le petit Gibbon
cendre.
6. La voûte du palais montre dans les Zroglodytes un large trou incisif,
6 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
recouvert en arrière par une lame triangulaire fournie par les maxil-
laires.
Les Orangs en ont un semblablement disposé, mais très-petit. La lame
des maxillaires le cache dans le jeune âge !.
Il y en a deux assez grands, longs et à découvert dans nos syndactytes.
7. Daus le Zroglodyte, la face occipitale est bombée et arrondie; elle ne
l’est que très-peu dans les Orangs, dont la crête lambdoïde est très-forte.
Les Gibbons l'ont bombée encore plus que les 7roglodytes.
La crète lambdoïde ne se prononce que dans les vieux mâles.
8. Le crâne des Zroglodytes, un peu resserré en avant, s'élève et s’élargit
dans sa partie moyenne, et augmente de capacité en se portant en ar-
rière.
Il est plus long, même d’une manière absolue que dans les Orangs, dont
la tête a cependant de plus grandes proportions dans la partie malaire et
maxillaire, et dans le bord alvéolaire mesuré d'une canine à l’autre.
Les 7'roglodytes, en un mot, sont dolichocéphales prognathes, etles Orangs
brachycéphales prognathes, pour me servir des expressions et des caractères
que mon ami M. André Retzius a si bien exprimés et reconnus pour distin—
guer certaines races humaines.
Mais en prenant la mesure de la bauteur du crâne à partir du bord infé-
rieur du grand trou occipital, à la paroi la plus élevée du vertex, je trouve
dans le Troglodyte Chimpanzé, 0" 078 ;
Dans le Zschégo, 0" 085;
Dans l’Orang de Sumatra, 0" 097 ;
Dans celui de Bornéo, 0° 092.
Ces différences montrent que la capacité cérébrale et le cerveau lui-même
chez les Orangs, reprend en partie en hauteur ce qu'il a de moins d'avant
en arriere ?,
Les Gibbons sont aussi dolichocéphales, si l'on mesure le crâne depuis ce
cadre des orbites jusqu’à la face occipitale.
Cependant, si l’on fait attention à la profondeur de ces cavités et à l’étroi-
1. C’est à tort que M. de Blainville a nié son existence chez les Orangs, à tous les âges.
2. Les figures des cerveaux d'Orang et de Chimpanzé publiées par MM. Schræder-van-der Kolk et
W. Vrolick, me paraissent bien représenter cette différence de forme.
On Heedkundige Nasporingen, van der Hersenen, van den Chimpanse, Amsterdam, 1849.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. fl
tesse du crâne derrière les os molaires qui forment avec le frontal une grande
partie de la paroi extérieure des orbites; on verra que la capacité du crâne
pour les lobes antérieurs du cerveau est très-réduite. Elle va en augmentant
d'avant en arrière pour les lobes moyens et postérieurs. Ce sont les parié-
taux qui entourent ces lobes sur les côtés, et l’occiput en arrière en ne for-
mant pour ainsi dire qu'une paroi terminale oblique d’arrière en avant, ayant
très-peu de capacité.
9. Dans le Chimpanzé, les condyles regardent en bas, et le trou occipital
est percé dans la partie horizontale de l’occiput qui se relève un peu en
arrière. Son bord antérieur dépasse un peu la partie la plus avancée des con-
dyles. d
On sait que dans l’homme ce sont ceux-ci qui s’avancent un peu plus que
le grand trou occipital.
Dans nos Orangs, les condyles regardent en arrière, comme chez tous les
animaux qui marchent à quatre pattes, quoi qu’ils descendent plus bas que
le bord inférieur du trou occipital. Ce trou, plus grand à proportion que
dans les 7roglodytes, s'élève au milieu de la face occipitale; il regarde en
arrière comme les condyles; du moins est-il presque vertical ou très-peu
incliné de bas en haut.
Cette différence montre une grande supériorité dans les Zroglodytes.
Les Gibbons ont les condyles disposés comme les Troglodyrtes, leur facette
est dirigée en bas et non en arrière, et le grand trou occipital est à peu près
horizontal et ne se relève un peu qu’en arrière des condyles.
Les os maxillaires et intermaxillaires réunis sont beaucoup moins longs,
ainsi que la mandibule, dans les 7roglodytes et dans les Orangs.
Les Gibbons se rapprochent encore à cet égard des Troglodytes.
Nous donnons ci-après quelques mesures où ces différences sont expri-
mées.
1° Dans nos deux crânes d'Orangs la face mesurée d’un bord orbitaire externe
à l’autre, a de largeur.............. Doc tee eo Ar Cu Dee nn DELLE
Hllé/aidans le TC ÉGON Eee een ce eee ces tree ete 0 417
Dans le Chimpanzé................. DnSbobconaotshodiees Écacbenodo 0 104
Orang de Sumatra. }
2° Distance d’un arcade zygomatique à l’autre prise en | Orang de Bornéo. )
dessous. Tschégo.…..... +. 0 1132
Chimpanzé ........ 0 413
170
8 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
Orang de Sumatra. O® 144
Orang de Bornéo.. 0 142
Tschépor een ene 0 120
Chimpanzé ....... 0 415
Orang de Sumatra. 0 080
Orang de Bornéo.. 0 074
Tschégo * 2.0 0 060
Chimpanzé ....... 0 058
É de Sumatra. O0 4180
3° Plus grande largeur de la face prise sur les os ma-
laires, à deux centimètres au-dessus de leur suture
avec les os maxillaires.
4° Distance d’une canine à l’autre, prise à la face ex-
terne près du bord alvéolaire.
©
Orang de Bornéo.. O0 482
Tschégo.......... 0 139
Chimpanzé ....... 0 134
Orang de Sumatra. O0 085
Orang de Bornéo.. © 090
DSCHÉPO Eee. 0 064
Chimpanzé ....... 0 062
Orang de Sumatra. 0 084
Orang de Bornéo.. 0 077
Tschégo.......... 0 074
Chimpanzé ....... 0 072
| Orang de Sumatra, 0 475
8° Longueur du même bord extérieur du trou auditif, au |Orang de Bornéo.. O0 175
bord alvéolaire de l'incisive moyenne du même côté. | Tschégo ......... 0 140
Chimpanzé ....... 0 431
Orang de Sumatra. 0 09++ 7
* Longueur du bord antérieur du grand trou occipital
au bord alvéolaire interne des incisives moyennes.
6° Du même point à la suture des os palatins vis-à-vis
de leur bord le plus reculé.
7° Distance de la partie antérieure du trou auditif au
bord orbitaire.
9° Différence. P ative s :
ul s dans : longueur du museau relative Orang de Bornéo. © 098 : + 102
à la mesure précédente et en ôtant de cette lon- Tes 0 066 8
gueur celle indiquée au n° 7. GRR [16 à 0 059 F Me 62e
Il résulte des mesures exprimées en dernier lieu, qu’en prenant la moitié
de la longueur indiquée au n° 9, la face et le museau excèdent cette moitié
de sept millmètres dans l'Orang de Sumatra ; de dix millimètres et demi dans
l'Orang de Bornéo; qu’il y a, au contraire, une différence, en moins, de huit
millimètres dans le Tschégo ; et de six millimètres et demi dans le Chim-
panzé. Ces différences relatives expriment approximativement la plus grande
saillie du museau dans les Orangs que dans les 7roglodytes.
S IT — Comparaison des cränes de Jeunes Chimpanzés, de jeunes Orangs,
et de jeunes Gibbons syndactyles.
La collection d'anatomie comparée possède quatre crânes de jeunes Chimn-
vanzés, dont un appartient au squelette incomplet déjà mentionné. Ce sera
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 9
notre n° [, dont la troisième molaire inférieure est en place, indique son âge,
celui rapproché de la chute des dents de lait.
Le n° IT est une tête séparée d’un individu un peu plus jeune, dont les
incisives de remplacement se montrent à la mâchoire supérieure, dans les
orifices de la voute du palais.
Le n° IILest celui du squelette complet que nous avons fait faire.
Il est mème un peu plus jeune.
Enfin le n° IV, encore plus jeune, n'avait pas encore les canines de lait.
Nous avons, pour leur comparer, cinq têtes de jeunes Orangs, dont une
seule, à la vérité, n’a que les dents de lait ! Ce sera notre n° V.
Le n° IV appartient à un squelette complet, la troisième molaire n’était pas
encore entierement sortie et au niveau de la seconde.
Le n° IL est un crâne séparé dont les incisives et les canines de lait étaient
tombées, et la quatrième molaire sur le point de sortir ?.
Le n° Test intéressant en ce que les incisives de lait subsistent en partie,
mais déplacées, et qu'une partie de celles de remplacement sont sorties 3. 1]
est plus petit que le précédent.
Le n° IT, originaire de Bornéo, plus grand que le suivant, a encore les dents
de lait, avec la troisième molaire permanente.
Je vais reprendre les parties déjà comparées dans l'adulte, pour montrer
si les mêmes différences se manifestent déjà dans le jeune àge.
1. Les orbites ont une forme plus régulière, circulaire dans les 7roglodytes,
d'un bel ovale dans les Orangs.
Il y à à cet égard des différences qui me font douter que ce caractère soit
constant, si les origines indiquées pour nos squelettes sont exactes.
L'Orang de Bornéo vieux a les orbites presque circulaires.
Ils sont d'un bel ovale dans la tête de l'Orang de Sumatra adulte.
Je les trouve de cette forme dans la tête du jeune (n° IL), envoyée de Cal-
cutta par M. Wallisch.
Ils sont encore peu ovales dans la tète du squelette (n° [) provenant de
Sumatra, suivant son étiquette; contrairement à celle de l'adulte.
Ils sont ovales dans deux jeunes têtes de Gibbon syndactyle, dont la plus
1. Elle a été envoyée de Java par M. Diard,
2. Envoyée de Calcutta par M. Wallisch.
3. C'est l'espèce de Sumatra achetée en 1835.
ARCHIVES pu Muséum. T. VIII.
19
10 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
jeune n’a que les dents de lait, et la plus âgée les troisièmes molaires.
2. Les os du nez, parmi les quatre têtes de Chimpanzés, sont soudés dans
latète n°], étroits et un peu en relief entre les apophyses montantes des maxil-
laires, élargis en bas et en haut.
Ils ont une forme rectangulaire dans le n° IT, entièrement différente de la
précédente, occupant un peu au-dessous de leur jonction avec le frontal,
presque tout l'intervalle d’un orbite à l’autre; ils y sont disposés un peu obli-
quement et restent distincts par leur suture qui subsiste.
Dans la tête du jeune squelette n° IT, ils sont extrêmement étroits un peu
au-dessous de leur jonction avec le frontal, et le relief du nez y est formé par
les apophyses montantes des sus-maxillaires.
Au contraire, dans notre tête n° IV, ils présentent, quoique soudés entre
eux, la forme signalée dans le n° IT.
Dans nos Gibbons syndactyles, is forment une étroite saillie entre les apo-
physes montantes des maxillaires qui sont dirigées de côté.
Les Orangs jeunes les montrent singulièrement étroits dans la plus grande
partie de leur étendue, comme chez les adultes, et réunis en un seul os plat
sans relief médian.
Le seul Orang de Bornéo n° IT en conserve deux séparés dans toute leur
longueur.
3. Les crétes surcilières ne forment encore qu'un bourrelet peu marqué
dans notre plus jeune tête n° IV. Ce bourrelet est plus marqué dans la tête
n° III, et encore plus dans la tête n° IL.
Le n° I l’a très-prononcé.
Les jeunes Orangs n’en ont pas du tout. Il n’y a qu'après la dentition
de lait accomplie, et lors de la sortie de la troisième molaire, qu'ils se pro-
noncent un peu.
Nos jeunes Syrdactyles n'ont autour des orbites ni crêtes surcilières, ni
bourrelets
4. Les différences dans les arcades zygomatiques, qui sont plus saillantes
dans les Orangs et y montrent une double courbure, sont déjà évidentes
dans le jeune âge.
5. Il en est de mème du crochet que forme l’os maxillaire dans les Orangs
pour recevoir l'os de la pommette.
Ge crochet existe un peu dans les Gibbons jeunes et vieux.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 11
6. Il n'y a de même qu'un seul trou incisif à la voûte du palais, plus grand
dans les jeunes 7roglodytes que dans les jeunes Oranzs; mais relativement
plus petit dans le jeune âge de l'un et de l’autre genre, cet orifice unique
aboutit à un double canal qui a deux orifices dans les narines.
Les jeunes Gibbons en ont deux comme les vieux.
7 et 8. Pour la forme du crâne, les Chimpanzés et les Orangs se rappro-
chent beaucoup, chez les plus jeunes; mais la forme brachycéphale pour les
Orangs et dolichocéphale pour les Troglodytes se montre des l'instant de la
seconde dentition.
Les pariétaux, dans les jeunes de ces deux genres, contribuent encore un
peu à former la face occipitale. Il en est de même dans les Gibbons.
9 Le trou occipital est presque aussi large que long dans nos jeunes Chim-
panzés ; il est beaucoup plus long que large dans les jeunes Orangs. Il s’y
releve déjà sensiblement en arrière.
10. Les inter-maxillaires sont déjà soudés aux maxillaires dans nos plus
jeunes têtes de Chimpanzés; Üs ne restent un peu distincts que dans leur
suture palatine.
Au contraire, dans les Orangs, les Gibhons, ils restent distincts à la face,
jusqu'à l’âge de la seconde dentition. Ils y ont de même une apophyse mon-
tante très-grèle qui va toucher aux os du nez.
S III. — Différences des crânes des deux espèces de Troglodytes.
A. À l'âge adulte.
La différence la plus sensible est celle de l'absence, à peu pres, de crête
sagittale et de crête lambdoïde dans la tête du Chinpanzé femelle, et le large
espace qui reste au vertex à la face occipitale et dans la région frontale, entre
les deux reliefs qui indiquent la limite supérieure des fosses temporales 1.
Dans le Tschéso, les fosses temporales sont séparées sur le frontal par un
espace triangulaire marqué par des crêtes à peine sensibles. Il y a une crête
1. Ce dernier caractère n’est pas constant. Nous verrons dans notre troisième Mémoire, d’après un
crâne appartenant à un squelette entier, envoyé du Gabon avec la peau, par M. Aubry-Lecomte, et
recu au laboratoire d'anatomie le 7 octobre 1854, que cet intervalle peut être singulièrement réduit
dans la partie pariétale moyenne du vertex, et qu'il y a en même temps une crête lambdoïde assez
prononcée. Un âge plus avancé peut produire ces changements
12 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
sagittale dans la longueur des pariétaux, qui se prononce de plus en plus en
arrière.
La crête lambdoïde qui s'étend sur les temporaux et sépare leur partie oc-
cipitale de leur partie temporale, est très-forte ; elle est formée, dans sa partie
moyenne, par les pariétaux et l’occipital supérieur, plus en dehors par les
pariétaux seulement, et tout à fait en dehors par les temporaux.
Une autre différence que présente cette espèce, est dans la longueur et la
largeur relatives du museau.
La voûte palatine est plus large en avant; tandis que dans le Chimpanzé,
elle est de même largeur en avant qu'en arriere.
B. 4 l'âge de première dentition
En comparant les têtes n° TT du petit squelette, et la tête séparée n° IT, rap-
portée du Gabon, qui sont exactement du même âge avec toutes les dents de
lait et de mêmes dimensions, je trouve quelques différences qui me font
penser que cette derniere tête appartient à la nouvelle espèce ou au Troglo-
dyte Tschégo ; l'autre étant certainement celle du Zroglodyte Chimpanze.
Les os du nez, ainsi que nous l'avons déjà dit, sont distincts par une suture
médiane, longs, de forme rectangulaire, dans la nouvelle espèce ; coupés en
biseau dans leur suture frontale, et à peine relevés en carène dans les deux
tiers supérieurs de leur suture.
Les apophyses montantes des maxillaires sont en arrière courtes et ne tou-
chent le frontal que par une pointe.
La suture qui joint les deux maxillaires au-dessous des narines à 0" 019
dans le 7schego, et seulement 0° 013 dans le Chimpanié.
Les os du nez déjà soudés ensemble y sont un peu larges à leur suture
frontale, ne formant qu'une ligne étroite entre les apophyses montantes des
maxillaires, dans le sommet de Ja carène du nez, et s’élargissent en triangle
pour former le bord supérieur des narines.
Les apophyses montantes des maxillaires forment la carène du nez. Elles
s'élévent davantage que dans le 7schéso.
La voûte du palais est sensiblement plus longue dans cette dernière espèce,
elle à 0" 045 de long, tandis que je ne lui trouve que 0"038 dans le CAim-
panié.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 13
Les ailes ptérygoides externes sont extrêmement saillantes dans le Chim-
panzé, et peu saillantes dans le Tschégo.
D'un bord alvéolaire à l’autre, mesuré en dedans des canines, il y a 0"029
dans ce dernier, et seulement 0" 025 dans le Chimpanzé.
Je compte 0" 081 de l'extrémité de la suture palatine des maxillaires entre
les incisives moyennes, jusqu’au bord antérieur du trou occipital, dans le
Tschégo; et o" 074 seulement dans le Chimpanzé.
En général, les dimensions de celui-ci sont un peu moindres en longueur;
mais le crâne est plus large à la hauteur des pariétaux et dans sa partie
frontale.
Les arcades zygomatiques sont également distantes dans les deux espèces,
mesurées à la suture temporo-malaire; et la longueur d’un bord orbitaire
externe à l’autre, prise à la suture de l’apophyse du frontal avec l'os malaire,
est aussi la même.
Les différences que nous avons énoncées nous semblent suffisantes pour
rendre probabie notre détermination de ces deux têtes.
S IV. — Système dentaire des genres Troglodyte (Troglodytes),
Orang (Simia) et Gibbon (Hylobates, Illig.)
Le premier genre est tres-bien caractérisé et distinct du genre Orang, par
son système dentaire.
La dernière arrière-molaire supérieure est très-sensiblement plus petite
que les deux autres. |
Les deux avant-molaires sont aussi plus petites, relativement aux arrière-
molaires, que dans les genres Orang et Gorille , qui s'écartent davantage,
sous ce rapport, de la dentition de l’homme.
A la mâchoire inférieure les deux premières arrière-molaires sont de même
grandeur dans le Chimpanzé; elles ont un cinquième petit tubercule, en
dehors et en arriere.
La seconde avant-molaire est relativement petite, et la première sensible-
ment plus grande.
Dans le genre Orang les trois arrière-molaires sont de grandeur à peu près
égale aux deux mâchoires.
À l'inférieure la premiere et la deuxième ont cinq tubercules.
14 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
A la mâchoire supérieure les deux avant-molaires n’ont que deux pointes,
elles sont relativement très-fortes.
A l'inférieure, la seconde avant-molaire est forte et compliquée comme
une arrière-molaire.
La première est conique.
On comprendra encore mieux les différences de la description sommaire
précédente, par les détails observés dans les espèces de ces deux genres.
Première espèce. TROGLODYTE, CHIMPANZÉ (d'après une tête de vieille femelle).
A la mdchoire supérieure comme à l’énférieure la dernière molaire est sen-
siblement plus petite que les deux précédentes.
Celles-ci ont, à la mâchoire inférieure, leur pointe externe et postérieure
divisée en deux et figurant un léger talon.
A la mâchoire supérieure les arrière-molaires conservent deux pointes sail-
lantes de leur côté interne, et les avant-molaires une seule pointe.
La première molaire inférieure n’est guère plus forte que la seconde.
La supérieure est plutôt moindre que plus grande que la seconde. Toutes
deux ressemblent à celles de l'homme.
Les canines sont médiocres, sans sillon extérieur.
Les incisives ont encore un peu de leur tranchant en biseau.
Dentition de lait. Dans une tête dont les canines ne sont pas encore sor-
ties, la première molaire inférieure est conique en dehors et en avant, avec
un talon en arriere.
La seconde est beaucoup plus forte et n’a qu'une pointe.
Dans une autre tête dont les canines sont sorties, les r20/atres inférieures
ont les mêmes caracteres.
La premiere supérieure est petite et a deux pointes.
La seconde, beaucoup plus grande, en a quatre.
Comparée à la tête d'Orang de même âge et de mêmes dimensions 1, celle-
ci a ses trois sortes de dents beaucoup plus fortes aux deux mâchoires; ce
qui annonce un animal devant atteindre une plus forte taille.
A. Inscrite comme envoyée de Java par M. Diard.
ot
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 1
Deuxième espèce. TROGLODYTE TSCHÉGO.
Molaires supérieures. La dernière est plus petite que les deux précé-
dentes, sa seconde pointe du côté interne est en arrière.
Molaires inférieures. Les trois arrière-molaires à peu près égales. La pre-
mière et la seconde ont une cinquième pointe en arriere; celle de la première
est en partie du côté externe.
La première petite molaire à la même mandibule est, comme toujours,
la plus forte et conique.
Les canines ont une arèête tranchante en arrière, avec un sillon qui sépare
cette partie tranchante du corps de la dent, dans les supérieures; elles sont
très-fortes, un peu arquées en arière et portées obliquement en dehors.
Genre Orang.
Première espèce. simia saAryrus, Orang de Bornéo, singe de Wurmb.
Les arrière-molaires sont à quatre pointes, effacées par l'usure, à la mà-
choire inférieure comme à la supérieure avec un talon postérieur.
La seconde avant-molaire, à la mâchoire inférieure, a sa face triturante
aplatie comme les suivantes et n’est guère moins grande ; elle a quatre racines.
La première avant-molaire est en forme de cône émoussé, avec la face
externe inclinée en arrière et trois racines disposées en triangle.
Les deux avant-molaires, à la mâchoire supérieure, sont à couronne lége-
rement concave et un peu saillante ou tranchante sur les côtés.
Les incisives supérieures et inférieures sont tranchantes et taillées en biseau.
Les canines sont fortes, coniques, à surface extérieure arrondie, à face
externe et interne en arête mousse aux #n/érieures ; à face concave, résultat
de l'usure, aux canines supérieures, par leur frottement contre la première
molaire inférieure. Cette usure produit une arèête tranchante en arrière.
Deuxième espèce. siMIA BicoLor? Orang de Sumatra (vieux).
Les molaires supérieures ont toutes les cinq une surface triturante
aplatie par l'usure.
Le côté externe de la couronne montre une fossette dans les avant-mo-
16 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
laires, ou deux (dans les arrière-molaires) résultat de l’usure des pointes
de ce côté.
Du côté interne cette usure plus avancée a produit une grande fosse semi-
lunaire dans les deux premieres molaires, et une double fosse de cette forme
pour les autres.
Dans les molaires inférieures cette même fosse se voit du côté opposé ou
en dehors. La premiere des avant-molaires est très-forte et oblongue ; elle a
trois racines.
Les éncisives sont très-épaisses d'avant en arrière, surtout à la mâchoire
supérieure ; elles sont usées horizontalement, ont perdu leur tranchant et
montrent une large surface triturante.
Les canines sont tres-fortes. Leur racine pénètre très-avant dans les os
maxillaires ou mandibulaires,.
$ V. Dentition de lait.
1° Dans une jeune tête, envoyée de Java par M. Diard, qui n’a encore que
les molaires de lait, elles sont à quatre pointes à la mâchoire supérieure, la
première est un peu plus petite que la seconde,
La première de la mâchoire inférieure a son cône divisé en deux pointes
et un talon en arriere.
La seconde, beaucoup plus grande, a tous les caractères d’une arrière-
molaire à quatre pointes et même une cinquième très-prononcée.
2° La cinquième pointe de la deuxième molaire de lait que je trouve
dans la première arrière-molaire, avec les dents de lait, dans une tête
donnée par M. Wallich, m’a fait trouver des traces de ce cinquième tuber—
cule, dans les premiére et seconde arrière-molaires inférieures de la tête
d'Orang de Bornéo, malgré leur usure. Elles ont disparu dans la tête de
Sumatra dont les dents sont plus usées.
Genre Gibbon.
Ce genre me paraît assez bien caractérisé, dans son système de dentition,
par les cinq pointes de ses arrière-molaires inférieures, et par les deux
pointes avancées de la seconde petite molaire, suivies d’un grand talon.
Ces cinq pointes semblent annoncer un passage aux insectivores.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 17
Première espèce. HYLOBATES LAR.;, Illig. — Gibbon aux mains blanches, Geoffroy Saint-Hil.
Nous avons sous les yeux trois têtes séparées de cette espèce et une tenant
au squelette.
1. Celui-ci était un vieux mâle; il a été envoyé de Java, en 1825, par
M. Diard. Ses quatre mains étaient grises.
>. Une tête de vieux mäle avait déjà été envoyée par M. Diard en 1820.
3. Une seconde tête de jeune mäle a la même origine.
4. Enfin, une tête de vieille femelle a été adressée de l'Inde, en 1821, par
M. Duvaucel.
C’est d’après le jeune mâle que je commencerai ma description. J’indique-
rai ensuite les différences que produit l'usure.
La dernière molaire supérieure est petite relativement aux deux précédentes
et n'excéde pas en volume les deux avant-molaires. Elle leur ressemblerait
complétement si elle n'avait une pointe au milieu d’un creux entre les deux
tranchants externe et interne. Elle n’a de mème que deux racines.
Les troisième et quatrième molaires sont fortes et présentent une comp lica-
tion de pointes inaccoutumée, deux en dehors très-prononcées ; deux où trois
au milieu de la surface triturante, un bord interne et une ou deux fos-
settes semi-lunaires entre ce bord et les pointes internes.
Cette complication annonce une disposition à devenir insectivore.
Les deux avant-molaires, dont la première est la plus petite, ont un tran-
chant pointu de chaque côté et une fosse longitudinale assez profonde entre
ces deux tranchants.
A la mdchoire inférieure la dernière molaire n’est guëre plus petite que la
première arrière-molaire ; elle a quatre pointes.
On en compte cinq dans les troisième et quatrième molaires. La seconde
petite molaire a deux pointes en avant et un talon en arriere.
La preniere est plus forte et conique, un peu comprimée ou plus longue
que large.
Les canines sont tres-fortes aux deux mâchoires. Celles de la mâchoire
supérieure excèdent de beaucoup les inférieures.
Les incisives sont petites et taillées en biseau; plus longues et plus
étroites à la mâchoire inférieure ; plus courtes et plus larges à la supérieure.
ArcHives DU Muséum T. VII. 3
18 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
Différences produites par l'usure.
A la mâchoire supérieure on ne voit plus qu'une pointe externe émoussée
à la dernière molaire et aux avant-molaires du n° 2.
Il y en a deux à la premiere et à la seconde arrière-molaire.
En dedans, la surface triturante ne montre plus qu'une fosse semi-lunaire
bordée partout d’ émail.
Les sncisives supérieures Ont leur biseau effacé. Il est encore un peu marqué
à la mâchoire inférieure.
Les canines supérieures restent proportionnellement tres-longues. Elles
atteignent presque le bord inférieur de la mandibule.
La femelle les a moins longues.
L'usure de ses molaires présente les mêmes changements que chez les
mâles.
Deuxième espèce. RYLOBATES LEUCISCUS. — Gibbon cendré. Cuv.
Dans une tête qui n'avait pas encore ses cinquièmes molaires !, je trouve
la cinquième pointe entière dans la premiere et la seconde arrière-molaires
inférieures.
Les canines sont tres-petites aux deux mâchoires.
Les incisives fortes à proportion.
La quatrième molaire supérieure était sortie à moitié.
Troisième espèce. HYLOBATES AGILIS. — #ouwou.FnÉéD. CuvIER.
J'ai sous les yeux trois têtes de cette espèce données par M. Duvaucel et
provenant de Sumatra.
Dans l’une la dernière molaire supérieure n’a plus qu’une pointe externe
et seulement trois racines,
Je trouve deux pointes externes dans les autres, qui sont moins usées.
1. Cette tête est inscrite comme provenant des Moluques et appartenant au Gibbon céndré mâle.
La suture qui sépare les os incisifs des os maxillaires est parfaitement distincte à la face.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 19
Quatrième espèce. HYLOBATES ENTELLOIDES, Isid. Geoffroy. — Gibhon entelloide.
A la mâchoire supérieure, la dernière molaire est aussi un peu plus petite
que les deux précédentes, Elle a deux pointes externes comme les autres ar-
rière-molaires ; elle est donc plus compliquée que dans l'Hytobates Lar. Les
pointes internes sont remplacées par une fosse semi-lunaire simple, ou double
dans les trois arrière-molaires; c’est le résultat de l'usure.
A la mâchoire inférieure les deux premières arrière-molaires ont une
troisième fossette en arrière, reste d’une troisième pointe de ce côté.
Les deux avant-molaires ont le caractère ordinaire.
Cinquième espèce. HYLOBATES SYNDACTYLUS. — Gibbon Siamang. FRéb. Cuv.
Dans deux têtes ! encore jeunes, dont la suture des os incisifs est encore
marquée, et dont la plus petite n'avait pas sa dernière molaire compléte-
ment sortie, je trouve :
1° Toutes les arrière-molaires supérieures à quatre pointes. La première et
la cinquième de volume égal; lamoyenne un peu plus forte.
Les deux avant-molaires n’ont rien de particulier.
> A la mâchoire inférieure, toutes les arrière-molaires ont cinq pointes:
la dernière est aussi forte que la quatrième.
Les deux avant-molaires se rapprochent pour la forme. L’antérieure a son
cône divisé en deux pointes, avec un léger talon en arrière dans la plus jeune
des deux femelles.
Mais je ne trouve plus cette division dans l’autre femelle, ni dans les vieux
mâles, où elle reprend sa forme pyramidale avec un, talon légèrement pro-
noncé en arrière.
La seconde a, comme à Pordinaire, deux pointes en avant, moins élevées
que dans la première, son talon est plus fort en arriére.
Cette forme de dents rappelle celles des Roussettes.
Les canines sont fortes et croissentavecPâge.
Les éncisives n’ont rien de particulier.
4. Cestêtes, n® 4 et 2, ont été envoyées.de l'Inde par M. Duvaucel en 1821.
20 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
Molaires de lait. La seconde a quatre pointes aux deux mâchoires, comme
une arrière-molaire.
Le système dentaire du Syndactyle est remarquable par les cinq pointes
de toutes les arrière-molaires inférieures, et par la forme de la seconde
avant-molaire dont les deux pointes sont rapprochées en avant.
CHAPITRE I.
CARACTÈRES OSTÉOLOGIQUES DES PARTIES DU SQUELETTE AUTRES QUE LA TÊTE, DANS LES GENRES
TROGLODYTE (TROGLODYTES) ORANG (SIMIA) ET GIBBON (HYLOBATES).
$ VI — Colonne vertébrale.
Les vertèbres cervicales, dorsales et lombaires ne forment qu'une cour-
bure ou qu'un arc trés-ouvert en avant, dont la convexité est en arriere.
Seulement, la dernière lombaire et le haut du sacrum présentent une légère
saillie en avant, qui sépare la concavité de ce dernier os, de la grande conca-
vité de la série vertébrale supérieure.
Quant au nombre des vertébres par région, ce nombre varie à peine d’un
individu à l’autre, dans la même espece, et diffère peu d'une espèce à
l’autre.
Les vertèbres cervicales suivent la règle générale dans les Mammifères; il
y en a sept dans toutes nos espèces.
Les dorsales sont au nombre de treize, dans notre jeune squelette de 770-
glodyte Chimpanzé ;
Les lombaires sont au nombre de trois, dont la dernière a les apophyses
transverses assez grandes pour toucher aux iléons ;
Les sacrées au nombre de quatre, la dernière n’appuyant qu’en partie,
par ses apophyses transverses, sur ces derniers os;
Et les caudales de cinq, avec un petit tubercule terminal, rudiment d’une
sixième caudale ou épiphyse de la cinquième, et dont les deux premières
seulement ont des apophyses transverses.
Ces nombres sont exacts, puisqu'ils sont pris sur un individu dont le sque-
lette a tous ses ligaments, et vient d'être extrait de ses chairs, sous mes yeux.
Notre ancien squelette mutilé, ayant appartenu à un individu moins jeune,
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. 21
qui avait ses troisièmes molaires, présente plusieurs anomalies de nombre,
qui le rapprochent du 7schégo.
On y compte quatorze vertèbres dorsales au lieu de treize.
La quatorzième côte, qui existe du côté gauche seulement, est très-petite
et n’a pas la longueur de la treizième de notre plus jeune squelette.
Il ya, en outre de cette quatorzième vertébre dorsale, quatre vertèbres
lombaires, c'est-à-dire une de plus que dans ce même squelette.
Jy compte quatre vertèbres sacrées et cinq caudales, dont le tubercule
indiqué dans le premier squelette, est réuni à la cinquième.
L'autre espèce de Troglodyte, le Tschégo, a, comme le squelette du jeune,
treize vertèbres dorsales et quatre lombaires, dont la troisième atteint le niveau
du sommet de la crête des iléons, par ses apophyses transverses, et dont la
quatrième est enfoncée entre les iléons et les joint à peine.
Nous verrons une disposition analogue dans la femelle du Gorille.
Il y a trois vertébres sacrées, et quatre caudales à apophyses transverses,
avec un rudiment de cinquième. Toutes ces vertebres sacrées et caudales
sont fortement soudées entre elles.
Parmi les Orangs, le squelette de l'Orang de Bornéo, dit Singe de Wurmb,
a douze vertèbres dorsales, quatre lombaires et quatre sacrées, dont la der-
nière ne touche pas aux iléons.
Il ne subsiste, dans ce squelette, qu’une seule vertèbre caudale non sou-
dée à la dernière sacrée; les autres manquent.
Un jeune Orang de Bornéo, qui a ses troisièmes molaires, a le même nom-
bre de vertèbres dorsales et lombaires que le vieux. Il n’a que onze côtes;
mais évidemment la douzième manque.
Les caudales sont complètes, au nombre de cinq, et les sacrées au nombre
de quatre. A la vérité, on pourrait compter la quatrième sacrée tout aussi
bien comme la première vertebre caudale.
Dans l Orang de Sumatra, plus âgé, quoique plus court que le précédent,
je ne trouve que trois vertèbres caudales à la suite des quatre vertèbres
sacrées, dont la quatrième ne tient aux iléons que par des ligaments.
Les vertèbres dorsales sont au nombre de douze et les lombaires de
quatre.
La région lombaire raccourcie dans les genres précédents, s'allonge de
nouveau chez les Gibbons.
22: PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUEEETTE!
Je compte dans le Gibbon syndactyle, treize vertèbres dorsales; cinq lom-
baires ; quatre vertèbres sacrées et trois caudales.
Le Gibbon cendré a une vertébre dorsale de moins,
Quant aux caractères particuliers des vertèbres suivant les régions, nous
rappellerons, en premier lieu, ceux qui pourront faire ressortir les différences
que présentent le 7schégo et le Chimpanzé.
L'apophyse épineuse de notre jeune squelette de Chimpanzé, est bifurquée
et à base large, dans la seconde vertèbre cervicale; eNe est simple et déjà assez
saillante dans les cinq suivantes.
Dans le squelette moins jeune, cette apophyse n’est simple et un peu sail-
lante que dans la sixième, les cinq supérieures, sont encore bifurquées et
tés-peu saillantes, sauf dans la seconde où la bifurcation est forte et paraît
devoir subsister.
On ne peut s'empêcher de voir, dans cette conformation, un rapport avec
le-squelette humain, qui ne se trouve pas dans les autres Singes dits anthro-
pomorphes.
Dans le vieux squelette de 7schego, l'apophyse épineuse de la seconde
vertébre est très-épaisse, bifurquée avec une forte crête en dessus et en
avant.
Les cinq autres apophyses épineuses sont simples et vontien augmentant
de longueur de la troisième à la septième vertèbre.
Dans l’'Orang de Bornéo vieux, il n'y a aucune apophyse épineuse des
cervicales qui soit fourchue; elles sont toutes très-longues. Cela se voit
déjà dans nos jeunes squelettes de la même espèce, et dans celui de Su-
matru.
Le Gibbon syndactyle à la seconde vertèbre cervicale conformée comme
celle du Tschégo, pour son apophyse épineuse. Elle se divise un peu en four-
che et elle est aussi surmontée d’une erête.
Je ne vois rien à signaler dans les vertébres dorsales, pour les apo-
physes épineuses, qui distinguerait les espèces de ces trois genres; sinon
que dans le vieux Orangde Bornéo, celles de la seconde, de la troisième et de
la quatrième, s’élargissent longitudinalement vers leur extrémité, et tendent à
se bifurquer dans ce sens ; la quatrième l’est très-sensiblement.
A. Tableau du nombre des vertèbres dans les mammifères. (Leçons d'anatomie comparée de
G. Cuvier, tome I, 2° édit., revue par G. Cuvier pour ce volume seulement:)
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 23
Nous retrouverons ce caractère dans les deux premières dorsales du Go-
rille mâle; il est très-remarquable.
Chez l’homme, les apophyses transverses de la première vertébre sacrée
s’'épanouissent en éventail pour s'unir aux iléons; elles se replient de manière
que leur face supérieure regarde en avant, et l'inférieure en bas. L’angle
arrondi qui sépare ces deux faces, se continue avec celui des iléons qui des-
sine le détroit supérieur du bassin.
L’apophyse transverse de la dernière lombaire est loin d’atteindre l’iléon
de son côté, dont la crête la plus élevée ne dépasse pas ou dépasse à peine le
niveau de cette apophyse.
Dans le Troglodyte Tschégo, les apophyses transverses de la dernière lom-
baire sont larges et fourchues; elles touchent aux iléons, ou dépassent du
moins leur crête interne ; tandis que celles de l’avant-dernière lombaire sont
au niveau de la crète supérieure ou antérieure de ces mêmes os.
L'Orang de Bornéo vieux montre les mêmes caractères dans la dernière
vertébre lombaire.
Ils sont moins sensibles dans le Gibbun syndactyle.
La longueur, le peu de largeur et le peu de courbure du sacrum dans le
Tschégo, comparés à la moindre longueur de cet os dans l’homme, à sa grande
courbure et à sa grande largeur, sont frappantes. Les apophyses trans-
verses du sacrum sont réunies dans toute leur largeur aux iléons dans le
Tschégo.
Il n’y en a que deux ainsi réunies chez l’homme, et trois dans l Orang de
Bornéo.
J'en trouve aussi trois dans le Gibbon syndactyle.
Dans le Tschego, les apophyses épineuses des vertèbres sacrées forment
une forte crête continue, où l’on distingue cependant trois de ces apophyses
par leur saillie hors de la crête.
Le squelette du plus âgé de nos jeunes Chimpanzés montre au sacrum
trois apophyses épineuses, dont les deux inférieures sont déjà réunies
par leur base.
Dans notre vieux squelette d'Orang, cette crête est faible comparativement,
et se sépare mieux en trois apophyses épineuses.
Le Gibbon syndactyle a une crête unique formant une lame osseuse où
les apophyses épineuses ne se distinguent plus, et qui répond à toutes les
24 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
vertèbres sacrées. Cette crête va en s’abaissant à mesure qu’elle descend vers
le coccyx.
$ VII. — Côtes et sternum.
Il ya sept côtes sternales dans les trois genres que nous décrivons.
Quant aux pièces du sternum, j'en trouve cinq dans le moins jeune de nos
deux squelettes de Chinpanzé, outre le cartilage xyphoide. Le plus jeune en
a le même nombre, encore peu ossifiées pour les quatre dernières.
Le Tschégo a le même nombre de pieces, dont les quatre dernières sont
étroites, longues et épaisses.
Le vieux squelette d’Orang dé Bornéo les a en même nombre, mais larges
et courtes,
Elles ont cette forme dès le principe ou dans le jeune âge, ainsi que le mon-
trent les deux squelettes de jeunes de cette espèce.
Celui de Sumatra les a pentagonales et en double série placées en quin-
conce, excepté la première qui est isolée. Ainsi, il y en a neuf en tout.
Dans le Gibbon syndactyle, les deux premières paires de côtes tiennent
entièrement à la premiere pièce sternale, et la troisième à cette même pièce
et à la seconde ; comme la deuxième paire dans les autres genres.
L’appendice xyphoïde est ossifié, étroit et très-allongé.
$ VIII. — Des extrémités antérieures.
A. L'omoplate est allongée dans les Troglodytes, son épine est longitudi-
nale et vient se terminer bien plus bas que la moitié de la hauteur du bord
spinal !. Le bord costal est droit.
Les Orangs ont cet os plus court et plus large à proportion, et son épine
disposée transversalement.
Elle aboutit au bord spinal très-haut et en s’étalant. La fosse sus-épineuse
est petite comparativement à la sous-épineuse,
Ces fosses ont une tout autre direction dans le genre précédent.
L'épine de l'omoplate est aussi très-oblique dans le Gibbon syndactyle;
elle aboutit très-bas au bord spinal.
1. Cette forme de l'omoplate distingue si nettement ce genre, qu’elle suffirait pour en séparer le
Gorille, ainsi que nous le verrons dans la troisième partie de ce Mémoire.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPIES. 25
Mais l'angle supérieur et antérieur de l'omoplate commence ici beaucoup
plus bas relativement à l’acromion.
L'acromion s'élève, dans le Z'schégo, au-dessus de la cavité articulaire et
s’avance plus que dans notre vieux squelette d’ Orang.
L’apophyse coracoïde est très-recourbée en crochet et forme un angle
saillant en arrière et rentrant en avant.
B. La clavicule a, dans ces trois genres, une double courbure, plus
grande et concave en arriere, du côté interne, moins étendue et concave en
avant, du côté externe. Mais il y a des différences d’un genre à l’autre.
Dans nos Troglodytes Chiünpanzés, ces courbures se font sur un même plan
ou à peu près. Cependant il peut y avoir des différences individuelles et,
dans le même individu, d’un côté à l’autre.
Dans notre jeune Chimpanzé, Yextrémité scapulaire se relève un peu.
Dans le 7schégo, la seconde courbure est presque verticale, la convexité
dirigée en haut.
Dans l’Orang de Bornéo vieux, la seconde courbure est à peine sensible, et
la clavicule a les dimensions extraordinaires de 0"202 en longueur.
Dans le jeune de la même espèce, qui a ses troisièmes molaires, elle a déjà
0" 127 de cette dimension.
Tandis que dans notre Chimpanzé, supposé du même àge, par l'existence
d’une troisième molaire, elle n’a que 0"073, et dans notre vieux Tschégo
0" 135 de long.
Pour les autres os des extrémités antérieures, je ne puis comparer que
ceux de nos squelettes adultes.
C. Os du bras et de l'avant-bras. La coulisse bicipitale profonde et étroite
dans le 7schégo, entre les deux tubérosités, semble être placée en dehors de la
tête de l’humérus, parce qu'ici la tubérosité interne ou antérieure forme une
sorte de bourrelet qui contourne une partie de cette tubérosité et présente
une arête saillante du côté de la coulisse.
Dans notre vieil Orang, cette petite tubérosité est plutôt un tubercule
comme chez l’homme.
Le Gibbon l'a comme le Tschégo, mais encore plus saillante et formant une
coulisse plus fermée et plus profonde.
Dans le Tsckego, le condyle interne forme une forte saillie bien plus haute
que la poulie articulaire. Du côté externe, le condyle un peu saillant est sur-
ARcHives pu Muséum. T. VIII. 4
26 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
monté d’une crête qui s'élève assez haut et qui forme une lame mince dont
le bord est un peu replié.
La poulie pour le radius est plus forte que dans l'homme relativement à
celle qui reçoit le cubitus, et la rainure de cette dernière plus profonde, ainsi
que celle qui sépare les deux poulies.
Ces différences sont encore plus marquées dans le Gibbon syndactyle, où
la poulie du cubitus est plus étroite que celle du radius.
Ce dernier os est beaucoup plus courbé que dans l’homme et plus fort à
ses deux extrémités. C’est dans la pronation qu'il s’écarte le plus du cubitus.
D. Os de la main antérieure.
Les os du carpe sont trop peu ossifiés dans notre jeune Chimpanzé pour
la comparaison avec ceux du 7schéso adulte. Nous comparerons ceux de
cette dernière espèce, dans la troisième partie de ce Mémoire, avec ceux du
Gorille !,
Les métacarpiens qui suivent le pouce sont longs et grèles dans l'une et
l’autre espèce et un peu arqués.
Les premières et secondes phalanges dans les mêmes doigts sont larges et
arquées.
Les troisièmes sont larges à leur base et diminuent rapidement jusqu'à
leur extrémité onguéale qui est un peu élargie.
Le premier os du pouce, sa première phalange pour les uns, son os méta-
carpien pour les autres, est un peu arqué dans le Chimpanzé jeune et dans
notre vieux 7schégo, qui l'a creusé en poulie dans son articulation car-
pienne, et saillant en tête ronde dans son articulation phalangienne. Il a plu-
tôt le caractere d’un métacarpien que d’une phalange.
Des deux phalanges qui subsistent dans le pouce, la premiere est forte et
courte, aplatie et un peu arquée dans son bord palmaire, et la seconde courte
et triangulaire.
Dans les Orangsetles Gibbons, les métacarpiens qui suivent le pouce sont
aussi longs et gréles, et encore plus que dans les 7roglodytes. Les deux pre-
mieres phalanges de leurs doigts correspondants sont singulièrement arquées.
1. Dans notre troisième Mémoire nous aurons les moyens de compléter cette comparaison, avec les
squelettes de Chimpanzés mâle et femelle adultes, reçus en 4854, de M. Aubry Lecomte.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 27
Ce qui rend évident l'usage habituel qu'ils font de leurs mains antérieures
pour saisir les branches d'arbres. Remarquons bien que les jeunes les ont
encore plus courbées, à proportion, que les vieux; ce qui montre que cette
forme n’est pas le résultat de l'habitude, mais qu’elle la commande. Le pouce
est court; sa dernière phalange atteint à peine ou ne dépasse pas l’articu-
lation carpophalangienne de l'index.
Ce qui frappe le plus en comparant les extrémités antérieures des genres
Troglodyte, Orang et Gibbon, c'est l'extrème longueur de celles des deux
derniers genres, relativement aux extrémités postérieures.
On verra par les tableaux qui sont à la fin de ce Mémoire, et qui compren-
nent les dimensions en longueur des parties distinctes de ces extrémités, com-
bien elles différent dans ces trois genres. C'est dans les 7roglodytes qu’elles
se rapprochent le plus de l'homme, puisque les antérieures dépassent à
peine le genou, en supposant l'animal debout ; tandis qu’elles touchent le sol
dans les Gibbons, et qu'elles ne sont pas loin de l’atteindre dans les Orangs.
Les Gorilles, ainsi que nos tableaux le démontrent, les ont intermédiaires
pour la longueur relative, entre les 7'roglodytes d'un côté, les Orangs et les
Gibbons de l’autre.
La vie de tous ces animaux se passant à grimper sur les arbres, à s'y per
cher, à s’y balancer de branche en branche; il est évident que ceux qui ont
les plus longues extrémités ont plus de facilité pour atteindre au loin, avec
leurs extrémités antérieures, les branches sur lesquelles ils veulent se
porter.
D'un autre côté, lorsqu'ils sont sur le sol, où leur progression parait tou-
jours se faire sur les quatre pieds, à en juger par le Chimpanzé qui vit actuel-
lement à la Ménagerie du Jardin des Plantes; les Gibbons et les Orangs ont
à peine besoin d’incliner le corps en avant ; pour appuyer sur le sol le dos
des mains antérieures, le poignet étant fermé, comme le fait ce Chimpanzé,
ainsi que les autres genres de ces Singes supérieurs.
IX. — Des extrémités postérieures.
P
En jetant un coup d'œil sur un squelette humain, et en le comparant à
celui de nos grands Singes, on est frappé, à la première vue, des grandes
proportions des extrémités inférieures de l'homme, et des courtes propor-
28 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
tions de ses extrémités supérieures, qui atteignent à peine la fin du second
tiers de la longueur du fémur.
On voit que celles-là forment de longs leviers pour accélérer la progres-
sion sur le sol, en le mesurant par de plus grands intervalles.
Dans les Singes dont nous nous occupons, les proportions sont inverses.
Ils ont, ainsi que nous venons de le dire, de longues extrémités antérieures
et de courtes extrémités postérieures.
La forme du bassin et celle de chacun de ses os en particulier varie d’un
genre à l’autre.
Dans les 7roglodytes, Viléon est plat, en avant comme en arriere, et élargi
en palette à sa partie supérieure. Il s’unit dans un long espace essentiellement
à trois vertebres sacrées, moins complétement à une quatrième de la même
région, et supérieurement il ne joint pas la dernière vertèbre lombaire. Mais
ces rapports peuvent varier d’une espece à l’autre.
Les symphyses sont hautes; les trous ovalaires plus hauts que larges,
étroits sous la branche horizontale du pubis.
Dans les Orangs, les iléons sont un peu creux à leur face antérieure;
moins élevés au-dessus du sacrum ; empiétant moins sur la région lombaire,
qui est plus dégagée ; les trous ovalaires plus rapprochés de la forme ronde
et plus petits dans celui de Sumatra, dont les ischions sont trés-épais.
Dans les Gibbons (G. Onko), les iléons ont une forme allongée, plate, sans
fosse iliaque, rétrécie vers le haut et nullement ou peu élargie en palette.
Cette forme est tres-caractéristique. Ils s'élèvent peu vers la région lombaire
et la ligne de soudure avec le sacrum est relativement courte.
Les trous ovalaires sont, comme dans les Troglodytes, étroits sous le pubis
et larges au-dessus de lischion.
Dans ces trois genres, le bassin a son diamètre antéro-postérieur beaucoup
plus grand que le diametre latéral.
Les fémurs chez les 7roglodytes (le Tschégo) sont un peu arqués en
avant. Leur grand trochanter s'élève un peu au-dessus de la tête. Le petit
trochanter est trés-saillant en dedans et en arrière.
La rotule est proportionnément petite.
L’Orang de Bornéo (adulte) a le fémur beaucoup plus court, non arqué.
Le genre Gibbon l'a au contraire tres-long à proportion, et droit malgré
cette longueur.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 29
C. Les os de la jambe n’ont rien de particulier que leurs dimensions rela-
tives.
D. Des os de la main postérieure.
Dans notre Tschégo, elle a, comme celle des extrémités antérieures, de
longues proportions. Cependant, les os des quatre doigts qui suivent le pouce,
y compris les métacarpiens, sont moins longs que dans la main antérieure ;
mais le pouce, comme dans tous les Singes, est ici plus long et plus fort.
Je reviendrai sur les os du carpe et du tarse dans Ja comparaison que je
ferai de ces os avec ceux du Gorille.
Ceux du métatarse et des phalanges se distinguent, dans les Orangs, par
une grande longueur et par leur forme sensiblement plus arquée, faite pour
embrasser les branches d’arbre.
CHAPITRE 11].
CARACTÈRES OSTÉOLOGIQUES DU GORILLE ET DESCRIPTION COMPARATIVE DE SON SQUELETTE
AVEC CEUX DES TROGLODYTES, DES ORANGS ET DES GIBBONS.
$ X. — Comparaison de la téte osseuse du Gorille suivant l ‘âge et le sexe.
Nous avons, pour cette comparaison, six têtes !, deux de vieux males, aux-
quelles nous donnons les numéros 1 et 2 ; deux de vieilles femelles, prove-
nant de M. Gauthier Laboulaye, comme le n° 2. L'une sera notre n° 3, elle
appartient au squelette donné par ce chirurgien de marine; de même que
celle du vieux mäle n° 1 appartient au squelette extrait de l'animal donné
par M. Franquet, également chirurgien de marine.
Une tête beaucoup plus jeune et plus petite d’une femelle que M. Franquet
a conservée vivante pendant un mois en 1817, portera le n° 5, dans notre
comparaison. Cette jeune femelle avait toutes ses dents de lait, avec la pre-
mière molaire permanente.
Enfin, le Musée d'histoire naturelle a recu de M. le capitaine de vaisseau
1. Depuis cette première comparaison, le Muséum d'histoire naturelle a reçu du Gabon, par les
soins de M. Aubry Leconte, une belle tête de Gorille presque adulte, poussant à la fois ses cinquièmes
molaires et ses dents canines de remplacement. Nous décrirons sa dentition singulière dans notre
troisième Mémoire.
30 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
Peneau ! untrès-jeune Gorille, dans l'esprit-de-vin. Ce sera notre n°6. On y
voit la dentition de lait à peu près complète, se terminant par les canines infé-
rieures, dont la pointe venait de percer les gencives.
La forme carrée des orbites, la largeur de l’espace qui les sépare, la lar-
geur des os du nez dans leur partie inférieure, la carène médiane qui les
relève ; de fortes arcades surcilières ; l’abaissement du frontal derrière elles;
Pespace triangulaire de cette région, limité par deux crêtes qui partent des
parties externes de ces arcades et vont se réunir à la crête sagittale, beau-
coup plus tôt, à la vérité, dans le Gurille, et plus en arrière dans les 77oglo-
dytes; la crête lambdoïde descendant sur les côtés jusqu'aux orifices externes
des conduits auditifs ; sont autant de rapports qui se montrent au premier
coup d'œil entre le Gorille et le Tschégo. Celui des crêtes ne se voit plus
que faiblement dans notre femelle adulte de Chimpanzé, qui les a tres-peu
prononcées.
Ces rapports sont conséquemment encore plus grands lorsque l’on com-
pare les têtes des femelles de Gorille.
Le grand trou occipital est plus petit dans la tête de notre squelette de
vieux; il est un peu plus grand dans la tête isolée; il se rapproche des dimen-
sions que présente le Tschégo dans cette même partie.
La face occipitale est un peu bombée, dans ces têtes de femelles comme
dans le 7schégo; tandis qu’elle est plate et inclinée en arriere dans le vieux
mäle du squelette entier et dans la tête n° 2.
Voici à présent les différences : Le frontal se relève immédiatement der—
rière les arcades orbitaires dans le 7schégo.
Les os maxillaires et inter-maxillaires en haut, la mandibule en bas, font
beaucoup plus de saillie à la face, chez le Gorille, et ressemblent dans leur
inclinaison à ce qu'on voit chez les Orangs. I] en résulte aussi que la voûte
palatine a plus de longueur, ainsi que la série alvéolaire.
Ces différences sont moins grandes dans les femelles, dont le crâne parait
moins long; en partie aussi parce que, chez les mâles, l'énorme saillie de la
crête lambdoïde inclinée en arrière semble le prolonger dans cette direction.
Le Gorille se distingue des Orangs par la plus grande largeur de
toute la partie de la face qui répond aux orbites, ce qui fait que, dans le
4. Actuellement vice-amiral.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. ol
squelette, les arcades orbitaires paraissent encore plus saillantes en dehors.
Jusqu'ici, sauf la forme moins bombée du crâne et la plus grande longueur
proportionnelle du museau et des mâchoires, il y a plus de rapports entre le
Gorille et le Troglodyte, qu'avec le genre Orang. Mais la comparaison du
système de dentition et de quelques parties du reste du squelette pourra
diminuer beaucoup ces premiers rapports.
$ XI. — Comparaison des jeunes téles avec les tétes d'adultes.
La tête n° 5, caractérisée par sa dentition de lait, avec les quatre premières
molaires permanentes, sorties depuis peu, répond à l’âge d’un enfant de cinq
à six ans.
Les orbites ont la forme de l'adulte, mais leur intervalle est étroit; cet
intervalle est occupé par les os du nez, qui forment une carène étroite en
avant, et sur les côtés par les apophyses montantes des maxillaires; ces mêmes
os du nez restés séparés, s’élargissent beaucoup en forme de palettes après
avoir dépassé les orbites en bas.
Les inter-maxillaires sont encore très-distincts des maxillaires à la face et
au palais.
Les crêtes surcilières ne forment qu’un bourrelet très-peu saillant. Celles
du crâne, d’ailleurs moins fortes dans les femelles, n'existent pas encore. Ce-
pendant, la suture lambdoïde se relève un peu en crête, et la face supérieure
du crâne se continue au delà et plus en arrière, jusqu’à une faible erête qui
limite en haut et en arrière la face occipitale. Les limites des fosses tempo-
rales sont déjà tracées par un léger relief.
Le crâne, proprement dit, est très-long d’avant en arrière.
La face occipitale est très-inclinée en arrière.
Les condyles sont dirigés en bas, et le grand trou occipital s'étend déjà
très en arrière en se relevant un peu. 1l forme un ovale dont la partie étroite
est en avant; c'est le contraire dans les adultes. D'ailleurs, les condyles ont
une longueur et une obliquité qui disparait à l’âge adulte.
La saillie du museau et l’inclinaison des maxillaires et inter-maxillaires
sont beaucoup moindres que dans l'adulte.
Dans la tête du plus jeune n° 6, les crètes surcilières n’existent pas encore,
et la surface du crâne n’en montre aucune.
32 PREMIER MÉMOIRE SUR LE SQUELETTE
Cette tête est intéressante pour la distinction des os. Le basilaire ne va
que jusqu'aux condyles, et forme un arc distinct pour limiter la partie
moyenne et antérieure du trou occipital.
Il y a deux occipitaux latéraux, portant les condyles et formant sur les
côtés la plus grande partie du contour du trou occipital. Enfin, un occipital
supérieur, formant avec les pariétaux la suture lambdoïde, et allant joindre
en bas et sur les côtés la portion la plus reculée du temporal.
Les inter-maxillaires sont bien distincts partout. Les os du nez forment
une carène inter-orbitaire encore plus étroite que dans le n° 5.
Pour compléter l’idée que l’on doit se faire des différences que présentent
ces têtes de divers sexes et de divers àges, nous ajouterons ici un tableau
des mesures semblables à celles que donne celui des pages 7 et 8 pour les
/
trois premiers gen res.
TABLEAU DES MESURES DE LA TÊTE DE GORILLE
SUIVANT LE SEXE ET L'AGE !.
1. Gorille mâle vieux. .... 0m 440
1° Largeur de la face mesurée d’un bord orbi- | 3. Gorille femelle. ....... 0 424
taire à l’autre, prise au milieu de la hauteur #4. Gorille femelle. ...,... 0 415
des orbites. 5. Gorille jeune femelle... 0 090
6. Gorille plus jeune mâle.. 0 069
A. Tête du vieux mäle.... 0 168
3. Gorille femelle........ 0 145
Lo]
©
Distance d'une arcade zygomatique à l’autre
s 4. Gorille femelle. Les arcades manquent
DS en; JeSOUE: 5. Gorille jeune femelle... Q 404
6. Gorille plus jeune mâle.. 0 085
1. Tête du vieux mâle..... 0 4150
3° Plus grande largeur de la face, prise d’un os |3. Tête de femelle. ....... 0 4105
4
5
2 Se PS,
malaire à l’autre, au-dessus de leur suture { 4. Tête de femelle... 1023
avec les os maxillaires. . Tête de jeune femelle... 0 095
6. Tête de plusjeune mâle.. 0 075
1. Tête de vieux mäle.... 0 081
4° Distance d'une canine supérieure à l’autre, |3. Tête de femelle... ..... 0 060
prise à la face interne, près du bord alvéo- (4. Tête de femelle... ... 0 055
laire. 5. Tète de jeune femelle... 0 043
6
Têtede plusjeune mäle.. 0 038
1. Les numéros des têtes correspondent à ceux indiqués dans le texte.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 33
1. Vieux mâle... css... 0 498
5° Longueur du bord antérieur du grand trou | 3. Femelle adulte. ....... 0 165
occipital au bord alvéolaire interne des inci- 4 4. Femelle adulte. ....... 0 445
sives moyennes. 5. Jeune femelle. ........ 0 415
6. Plus jeune mäle....... 0 089
1. Tête de vieux mâle..... 0 097
6 Distance du même point à la suture des os |: Tête de femelle adulte.. 0 070
palatins, vis-à-vis leur bord le plus reculé, { 4, Tète de femelle adulte.. 0 067
sans avoir égard à l’échancrure médiane. Ê Tète de jeune femelle... 0 055
6. Tète de plus jeune mâle.. 0 041
1. Tète de vieux mâle. .... 0 102
7! Distance du bord antérieur du conduit auditif |: ie RUE RE
4e k. Tète de femelle adulte.. 0 079
OPOPIeRE js Tète de jeune femelle... 0 065
6. Tête de plusjeune mäle.. 0 063
1. Tète de vieux mâle.... 0 200
8° Distance du même bord antérieur ou conduit | 3. Tête de femelle aduite.. 0 086
auditif au bord alvéolaire de l’incisive { 4. Tète de femelle adulte.. 0 079
moyenne du même côté. 5. Tête de jeune femelle... 0 414
6. Tète de plusjeune mäle.. 0 088
; 1. Tète de vieux mäâle.... 0 098 : — 2
9° Différences dans la longueur du museau prises | 3. Tète de femelle adulte.. 0 080 1 — 3
en tant de la mesure précédente la distance { 4. Tête de femelle adulte.. 0 071 4—%\,
indiquée au n° 7. | 5. Tête de jeune femelle... 0 049 1—8
6. Tête de plus jeune mâle, O0 030 +— 9]
$ XII. — Système de dentition du Gorille adulte.
Les molaires supérieures s’usent davantage par leur côté interne, et les
inférieures par leur côté externe.
A la mâchoire supérieure, les trois arrière-molaires sont à peu près de
même grosseur. La dernière est même plus longue que les deux autres dans
la tête du squelette mâle. Ces proportions si différentes de celles des arrière-
molaires de Zroglodytes, peuvent servir à distinguer le genre Gorilte.
Ces molaires conservent deux pointes saillantes extérieures, et les deux
avant-molaires une seule pointe très-forte.
4. En prenant la moitié de la distance indiquée n° 8, on trouve que la longueur du museau est la
moitié de cette distance moins 2 dans le vieux mâle, moins 3 dans la femelle du squelette, moins 4
dans l’autre, et que le museau se raccourcit beaucoup dans les jeunes. Ces mesures me paraissent
donner une idée assez juste de la saillie du museau.
ARCHIVES Du Muséum. T. VIII. 5
34 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
A la mâchoire inférieure, les trois arrière-molaires ont une cinquième
pointe et un talon.
La première avant-molaire est très-forte et forme une pyramide à quatre
faces.
Les proportions relatives des avant-molaires, sont plus fortes que dans les
Troglodytes et aussi fortes que dans les Orangs.
Détails de ces caractères. J'ai sous les yeux quatre cränes adultes de ce
nouveau genre, deux de mâles et deux de femelles.
Dans ces quatre crânes, le système dentaire présente exactement les mêmes
caractères principaux.
Molaires supérieures. La cinquième molaire a la seconde pointe du côté
interne plus petite que la première, et dépassant de beaucoup en arrière la
pointe correspondante du côté externe.
La pointe externe de la première avant-molaire reste très-saillante. Cette
première avant-molaire est très-sensiblement plus forte que la seconde; ce
qui ne se voit pas dans les 7roglodytes.
La surface triturante des arrière-molaires, plus usée en dedans, montre
les doubles fossettes semi-lunaires dont nous avons parlé en décrivant les
dents de l’'Orang de Sumatra.
A la r#4choire inférieure, 1 y a une troisième pointe externe aux trois ar-
rière-molaires, tenant à un petit talon.
Dans la mandibule femelle de la tête n° 4, les trois arrière-molaires ont,
du côté externe, trois fossettes rondes, suite de l'usure des trois pointes de
ce côté.
La première molaire inférieure est plus forte que la seconde, et conique en
avant dans les femelles, avec un fort talon en arrière. Dans les #4les, elle
forme une pyramide très-pointue à quatre faces et à trois arêtes tranchantes,
et une arrondie, qui est l’externe.
La seconde molaire a deux pointes en avant, dont l’externe est la plus
forte, et un lort talon en arriére,
Les éncisives s'usent en biseau.
Les canines sont très fortes, coniques, pointues, arquées chez les
mâles.
A la mâchoire supérieure, elles ont deux arêtes tranchantes, une en arrière
plus saillante et l’autre en avant.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 39
A la mâchoire inférieure, il n’y a qu'une arête mousse en arriere.
Chez les femelles, ces dents sont beaucoup moins fortes.
$ XIII. — Dentition de lait.
Des deux molaires de lait, la première est plus petite que la seconde à la
mächoire supérieure. Elle présente à sa face externe la forme triangulaire de
l'adulte; elle n’a qu’une seule pointe de ce côté, fort émoussée. Sa face tritu-
rante montre un large talon en dedans et en arrière, avec une fossette for-
mant les deux côtés d’un carré.
La seconde a la forme d’une arrière-molaire d’adulte
La face externe présente deux pointes émoussées. Il y en avait deux à la
face interne qui sont usées par la trituration, et remplacées par une fosse en
avant et une fossette en arrière. Cette dent est beaucoup plus grande que la
première, au contraire des molaires de remplacement.
A la mâchoire inférieure, la première molaire est conique avec un talon.
La seconde est beaucoup plus volumineuse, avec cinq pointes, dont les deux
internes subsistent, et dont les deux externes, et la troisième postérieure, sont
marquées par des fossettes rondes à la face triturante.
La troisième molaire inférieure, ou la première permanente qui est sortie,
est bien plus forte encore; elle a cinq pointes tuberculeuses à peine enta-
mées par l'usure, preuve de sa sortie récente.
La manière dont ces molaires s’usent à cet âge, est la même que pour la
seconde dentition, et démontre que les mouvements de mastication sont, à
tout âge, des mouvements latéraux.
Le bord interne des molaires supérieures s’use plus que l’externe ; tan-
dis que c’est le bord externe qui s’use davantage à la mâchoire inférieure.
$ XIV. — Colonne vertébrale, en général.
Le mâle et la femelle ont treize vertèbres dorsales, et conséquemment
treize côtes; le mâle a trois vertèbres lombaires et la femelle quatre.
Le mâle a quatre vertebres sacrées, et la femelle trois seulement qui
sont réellement soudées aux iléons. Au delà, il y en a encore deux dans
la femelle, avec des trous de conjugaison; les vertèbres coccygiennes man-
quent dans notre exemplaire.
36 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
Le mäle en a sept, sans trous de conjugaison, dont la septième n’est qu’un
rudiment.
Depuis la première vertèbre cervicale jusqu’à la dernière lombaire, la co-
lonne vertébrale ne forme qu'un seul arc, ouvert en avant ou en bas, qui se
réunit à angle très-ouvert, avec le sacrum formant un petit arc séparé, ouvert
dans le même sens.
La même circonstance se voit dans notre jeune squelette de Chimpanzé, qui
a de même ses cartilages inter-vertébraux. Dans le Tschégo, dont le squelette
est artificiel, elle est moins évidente pour les vertèbres cervicales.
Elle est encore sensible dans la femelle du Gorille et dans l'Orang, du
moins pour les vertèbres dorsales et lombaires.
Mais ces différences sont évidemment l'effet de la manière dont cessquelettes
ont été montés; en ayant pris mal à propos pour modele celui de l'homme.
S XV. — Différences des vertèbres selon les régions.
A. Les vertèbres cervicales.
Toutes sont remarquables par le développement de leurs apophyses épi-
neuses et transverses.
La premiere a déjà une courte apophyse épineuse; elle est moins prononcée
dans la femelle. On la voit aussi dans notre vieux squelette d’Orang de Bor-
néo; mais elle n'existe pas dans le Troglodyte Tschégo, qui se rapproche en
cela du squelette de l'homme.
La seconde vertèbre a une épaisse apophyse épineuse, dont l'extrémité
s'étale en palette convexe en dessus, concave en dessous, à contour arrondi
et tranchant. Elle est grêle comparativement dans la femelle, et moins élar-
gie à son extrémité.
Dans le Tschégo, ceite apophyse est bifurquée comme chez l’homme,
mais les fourches sont plus longues et surmontées d'une crête.
1. Cette apophyse présente des différences très-remarquables dans nos divers squelettes de races
humaines. Jusqu'à quel point ces différences pourraient-elles servir à caractériser les races? Cest
une question à laquelle des observations multipliées pourront seules répondre. Ainsi je ne l'ai pas
trouvée fourchue dans le squelette de Boschismann de la Vénus hottentote, non plu: que dans un sque-
lette de chinois, chez lesquels elle est surmontée d’une crête; tandis qu’elle est fourchue et surmontée
d'une crête, ou en dos d'âne, dans deux momies d'Ésypte; dans un squelette de Guanche; dans un
squelette d’Indien de la côte de Malabar, dont les fourches sont très-écartées et dirigées en bas.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 37
Dans l’Orany, elle est longue, épaisse dans les deux tiers de sa longueur,
et grêle dans le dernier tiers, un peu renflée en bouton à son extrémité.
La troisième apophyse épineuse est longue de 0" 050, comprimée latéra-
lement et pointue à son extrémité, Elle se distingue, comme les deux pre-
mières, de toutes les autres, par sa forme et ses dimensions.
Dans la femelle, elle n’a que 0" 040 de long ; sa forme est la même.
Le Tschégo l'a de même forme, tandis que dans l'Orang elle ressemble aux
suivantes.
Les quatre apophyses épineuses suivantes sont remarquables par leur
longueur, leur forme aplatie sur les côtés, et par le tubercule qui les termine.
Les quatrième et cinquième ont, dans le Gorille mâle, o"088 de long. La
sixième n’a plus que 0" 080, et la septième, 0" 050.
Dans la femelle, les quatrième, cinquième et sixième n’ont que 0" 050, et
la septième; 0" 0/44.
Dans le Tschégo, elles n’ont guère plus de 0" 030, avec la méme forme,
Dans l’Orang, elles ressemblent, pour les dimensions, à celles de la femelle
du Gorille 1,
Les apophyses transverses sont saillantes, pointues et terminées par un
renflement tuberculeux dans les cinq premières vertèbres cervicales.
Leur base se compose, dans les sept vertébres cervicales, de deux bran-
ches interceptant un canal artériel.
Dans les quatrième et cinquième vertèbres, la branche antérieure a une
apophyse qui forme une bifurcation avec celle de la branche postérieure, et
qui est bien plus forte qu’elle dans la sixième vertèbre,
La septième manque de l’apophyse antérieure.
Dans la femelle, je trouve à peu près les mêmes caractères, mais je ne puis
en juger qu'imparfaitement, à cause de plusieurs mutilations de ces apo—
physes.
Dans le T'schégo, les apophyses transverses des deux premières vertèbres
sont simples. Elles sont bifurquées dans les quatre suivantes. La septième l’a
de nouveau simple. Tontes sont trouées à leur base pour le passage de l'artère
vertébrale.
4. Je trouve les apophyses épineuses des cinq dernières cervicales simples, non bifurquées dans nos
deux squelettes de Boschismann, y compris celui de la Vénus hottentote; tandis qu’elles sont plus ou
moins bifurquées dans les squelettes des autres races où sous-races.
38 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
Ces dispositions les rapprochent encore singulièrement de celles de
l’homme.
Dans l'Orang, la sixième a une bifurcation sans trou; la septième n’a ni
bifurcation ni trou. Les deux premières ont un trou sans bifurcation, et les
trois suivantes un trou et une bifurcation.
B. Les apophyses des trois premieres dorsales sont élargies à leur sommet
et comprimées latéralement. Elles sont longues et droites.
La seconde et la troisième ont une tendance à se bifurquer.
Les suivantes vont en diminuant un peu de longueur et sont inclinées en
arrière.
La treizième se termine par un tubercule épais et long comme la première
lombaire ; seulement elle est un peu plus courte.
Dans la femelle, on les trouve semblables, sauf les proportions qui sont
moindres.
Dans le 7schégo, la première est simple, comme la dernière cervicale.
Mais la deuxième est comprimée latéralement, et presque bifurquée comme
la seconde du Gorille.
Cette forme, comprimée latéralement et large, se remarque des la pre-
mière dorsale dans l'Orang. La quatrième seule montre un commencement
de bifurcation.
Dans les deux dernières dorsales du Gorille, en arrière des apophyses
articulaires supérieures, il y a une apophyse libre qui devient dans les lom-
baires apophyse articulaire et forme la fourche postérieure d’une bifurca-
tion, dont l’apophyse transverse forme la fourche antérieure.
Le Tschégo se rapproche encore davantage de l’homme par les propor-
tions de ces apophyses.
C. Les vertébres lombaires sont remarquables par la longueur et l’incli-
naison en arrière de leurs apophyses épineuses, et par la jonction aux iléons
des apophyses transverses de la troisième.
Le nombre en serait le même dans la femelle et leur forme semblable, si on
en sépare la suivante pour la compter avec les sacrées. La femelle aurait au
contraire quatre lombaires, en acceptant les motifs que nous donnons
plus bas.
Dans le Tschégo il y a quatre lombaires. Leurs apophyses épineuses sont
moins inclinées, et l’apophyse transverse de la troisième est élargie de haut
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 39
en bas et descend à la hauteur des iléons ; celles de la quatrième encore
plus élargies, n’atteignent pas ces os, même dans la femelle du Gorille.
L’Orang a quatre lombaires dont la dernière tient aux iléons.
Le sacrum se compose autrement, dans ces grands Singes, que chez
l'homme.
Dans le Gorille femelle, la premiére vertebre de cette région pourrait même
être considérée comme une quatrième lombaire. Par la direction de son corps
elle semble se séparer de la vertèbre suivante, ou du sacrum proprement dit,
en formant un angle tant soit peu prononcé avec elle.
Mais ses apophyses transverses sont larges, pénètrent dans une échancrure
des iléons et s’y articulent par un assez grand espace.
Le sacrum a ensuite deux vertèbres, qui se joignent aux iléons.
Les trois suivantes, qui ont encore des trous de conjugaison, ne s’y joignent
plus. Ces cinq vertèbres sont soudées ensemble et constituent le sacrum et
une partie du coccyx. Les autres coccygiennes manquent.
Dans le mâle, le sacrum est plus long et soudé aux iléons dans une plus
grande étendue. La première vertèbre sacrée n’a plus le caractère des lom-
baires. C’est la troisième lombaire qui forme un angle avec la première sa-
crée; et la quatrième lombaire de la femelle est devenue la première sacrée
chez le mäle.
Il ya quatre de ces dernières vertebres qui tiennent aux iléons, et seulement
quatre paires de trous de conjugaison.
On peut compter ensuite six vertèbres caudales avec un septième tubercule
rudimentaire.
Dans le Tschégo les trois premières vertébres sacrées sont soudées aux
iléons.
Il y en a quatre qui peuvent être considérées comme coccygiennes et un
tubercule terminal. Cependant les quatrième et cinquième forment encore
les troisième et quatrième trous de conjugaison. En les considérant comme
appartenant au sacrum, le coccyx n'aurait que deux vertebres et un tuber-
cule. C’est un rapport avec l'espèce humaine.
L’Orang n’a de même que les trois premières vertèbres sacrées qui tiennent
aux iléons, et une quatrième qui n’y aîteint pas, mais qui forme le troisième
trou de conjugaison. La suivante est une coccygienne. Plusieurs de celles-ci
manquent dans notre vieux squelette.
40 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
$ XVI. — Côtes el sternum.
Il y a treize côtes dans le Gorille mäle et femelle. Celle-ci en a huit de
sternales, dont le cartilage de la derniere atteint l'extrémité du sternum.
Dans le mâle il n’y en a que sept.
Toutes les côtes, dans le mâle comme dans la femelle, ont de très-grandes
proportions , la cavité thoracique étant très-vaste dans cette espèce, surtout
dans le mâle.
Il est bien remarquable que la dernière côte, dans le mâle, atteint la crête
de l’iléon, en s’inclinant un peu depuis son articulation vertébrale, et s'y
trouve fixée par un ligament. Nous reviendrons sur cette disposition en
parlant du bassin. On ne la voit pas dans la femelle, dont les os avaient été
préparés au Gabon.
Il y a une trace de gouttière au bord antérieur ou supérieur des deuxième,
troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième côtes. La gouttiere infé-
rieure ou postérieure est moins sensible que chez l’homme, où je voisd’ailleurs
une gouttiere supérieure dans la deuxieme et la troisième paires de côtes.
Le Tschégo a sa treizième côte aussi longue, à proportion, que dans le
Gorille; mais elle y est un peu moins rapprochée des iléons, parce qu’elle
s'avance moins vers les lombes.
Cette dernière circonstance est encore plus marquée dans l’'Orang, dont la
dernière côte est proportionnément plus petite.
Le sternun a cinq'pièces dans la femelle du Gorille, non compris le cartilage
xiphoiïde, et seulement quatre dans le mâle ; parce que les deux dernières
sont soudées et confondues en une seule ; toutes sont larges.
Dans le Zschégo, les quatre pièces qui suivent la première sont étroites et
épaisses.
$S XVII. — Des extrémités thoraciques.
A. L’omoplate présente une grande surface en hauteur et en largeur.
L’épine se porte un peu obliquement en arrière et vers le bord spinal, et
s’efface avant d’atteindre ce bord.
La fosse sus-épineuse est plus grande à proportion que dans l'homme, rela-
tivement à la fosse sous-épineuse,
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 41
L’acromion a un tres-grand développement ; il forme avec la clavicule
une large voûte au-dessus de la tête de l’humérus.
La cavité glénoïde est oblongue et se rétrécit beaucoup vers le haut.
L’apophyse coracoide est très-grande; il y a un tres-fort ligament qui en
part pour aller joindre la clavicule et la première côte, à l'endroit où elles se
touchent.
Dans le genre Troglodyte, lomoplate a une tout autre forme. Elle est
étroite et allongée, et l’épine se porte très-obliquement vers le bord spinal,
L'Orang Va plus conforme à celui du Gorille; tandis que l'omoplate des
Gibbons ressemble à celle des 7roglodytes.
B. La clavicule est très-forte et n'excède pas en longueur celle d’un homme
de grande taille; elle mesure 0" 160.
Le Tschégo l'a plus courbée et moins longue.
Dans l’'Orang, elle est plus droite et plus longue, 0"200.
Cependant, la poitrine du Gorille est bien autrement vaste; mais c’est en
descendant que les dimensions vont en augmentant rapidement. Ensuite
l’apophyse acromion plus grande, s’y porte à la rencontre de la clavicule,
Dans l’'Orang, cette apophyse est plus petite, moins courbée en dedans;
la clavicule devait se porter plus loin en dehors pour la rencontrer.
CetD. Os du bras et de l'avant-bras.
Les principales différences sont dans la longueur et les autres dimensions
de ces os.
La coulisse bicipitale de l'humérus est tres-profonde dans le Gorille
mäûle.
Il ya dans celui-ci, au-dessus de la poulie interne ou cubitale de l’humé-
rus, une échancrure et une fossette que je ne trouve pas dans le Tschégo.
Cette poulie est d’ailleurs plus large à proportion que dans ce dernier, rela-
tivement à la poulie radiale.
Aussi le cubitus est-il très-fort dans le Gorille.
E. De la main antérieure.
Les huit os du carpe existent comme dans l’homme; mais avec des formes
ARCHIVES DU Museum. T. VIIL. 6
42 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
bien différentes pour plusieurs de ces os, dont les figures que nous en avons
fait faire, donneront une idée juste !.
Ainsi le scaphoïde a une forte tête qui s'applique contre le semi-lunaire pour
s’articuler avec lui au radius. Ce même scaphoïde se joint en avant au grand
os et au trapézoide. Sa partie externe est comme un appendice qui touche
au trapèze,
Le pisiforme est long, cylindrique, et ressemble à une phalange.
Le trapèze est fourchu du côté du scaphoide.
Le trapézoïde a sa face dorsale de la forme qu’indique ce nom, et la partie
palmaire en coin.
Le grand os est grand à la face palmaire, et crochu du côté de son méta-
carpien; ù
L'unciforme a de même un très-grand développement du côté palmaire,
avec une saillie en carène longitudinale, pour se replier entre les quatrième
et cinquième métacarpiens.
Les métacarpiens sont un peu arqués du côté palmaire.
Ils sont bien remarquables par l'étendue de leur surface articulaire, avec
les premières phalanges, surtout du côté palmaire, pour la flexion.
Celui du pouce a son articulation carpienne concave ou arquée de la face
palmaire à la face dorsale ; tandis que la facette du trapèze qui le reçoit est
concave ou arquée transversalement de dedans en dehors. L’arc articulaire
de ce métacarpien se prolonge en pointe du côté palmaire et doit limiter les
mouvements de flexion. L’enchevêtrement de cette articulation doit gêner
également les mouvements latéraux d’écartement ou de rapprochement.
Le métacarpien du pouce est d’ailleurs court relativement à celui du second
doigt ; il n’a que 0" 048, et ce dernier, 0" 095 de plus grande longueur.
Les premières phalanges des quatre doigts après le pouce sont larges,
creuses du côté palmaire, ayant leurs bords relevés en carène.
Les secondes ne sont plus que plates et larges de ce côté.
Les onguéales sont courtes, élargies pour leur articulation, petites à leur
extrémité libre, qui est rugueuse.
La phalange onguéale du pouce est la plus forte.
La première phalange de ce doigt se rapporte davantage à la seconde des
autres doigts; de sorte que c’est la première phalange qui manque au pouce.
1. PI, nr.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTI ROPOMORPHES. 43
Main de la femelle. Je ne trouve de différences que dans les dimensions
des os, qui sont plus petites ; maisiln”y en a aucune dans les détails de la forme
des os qui entrent dans sa composition. Seulement les crêtes qui bordent les
deux côtés de la face palmaire des premières phalanges, sont moins sensibles
dans les premières phalanges de la seconde rangée.
Dans le 7schégo, tous les os de la main different dans les proportions et
souvent dans la forme, ainsi qu’on pourra s’en convaincre par un coup d'œil
jeté sur la planche 111.
Quoiqu'il y ait une même composition dans le carpe du schego, et une
grande analogie de forme dans les os; on trouve cependant une différence
très-marquée, dans le même os, du Gorille au Tschégo.
Ainsi le trapèze n’y est pas fourchu. Son apophyse palmaire, qui est donc
unique, est plus saillante, ainsi que celle du scaphoïde. Il en est de même de
celle de l’unciforme, qui est très-saillante.
Les deux poulies du trapèze et du métacarpien du pouce sont moinscreuses.
Les métacarpiens et les phalanges ont des proportions plus grèles dans le
Tschégo; plus épaisses, plus fortes dans le Gorille.
$ XVIII. — Extrémités pelviennes.
A. Le bassin du Gorille màle, comme celui de la femelle, présente dans les
iléons un développement extraordinaire, qui rappelle la même circonstance
chez les herbivores, ainsi que son rapprochement des premières côtes. Ils for-
ment comme deux larges ailes constituant la paroi postérieure ou supérieure
de l'abdomen, destinées, avec les dernières côtes, à protéger les viscères
abdominaux.
Cette conformation explique le développement du ventre chez ces animaux,
et l'amplitude de la poitrine, dont la partie inférieure ou postérieure doit
servir à loger les viscères de l'abdomen.
La ligne qui limite le détroit supérieur aboutit en arrière au sacrum, vis-à-
vis du premier trou de conjugaison, dans la femelle, et un peu au-dessus
du secoud, dans le mâle, plus bas que chez l'homme. De cette ligne prise à
l'endroit où elle touche au sacrum, jusqu’à la partie la plus élevée de la crête
de l’iléon, il y a 0" 143 dans la femelle, et à peu près cette mesure dans le
mâle, Le développement en largeur de l’iléon n’est pas moins remarquable.
44 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
Les détroits sont saillants, très-ouverts , l’inférieur par la direction des
ischions qui se portent en dehors. Le supérieur est plus horizontal dans le
mâle ; plus oblique dans la femelle.
La symphise est beaucoup plus longue dans le mäle que dans la femelle.
Dansle Tschégo, l'iléon ne forme pas de concavité, il est plat et élargi en
palette dans sa partie supérieure seulement; moins large que celui du Gorille.
L'obliquité du détroit supérieur est encore plus grande que dans la femelle
de Gorille, par son diamètre antéro-postérieur qui excède beaucoup le dia-
mètre transversal; en un mot, ce détroit est ovale; tandis qu'il est rond dans
les Corilles mâle et femelle. Les ischions, dans le 7schégo, sont encore plus
déjetés en dehors que chez ces derniers.
]
B. Os de la cuisse et de la jambe.
Les fémurs sont très-forts, leurs trochanters et leurs condyles très-saillants.
Le col est plus long que dans le Tschégo.
Les tibias etles péronés sont de même très-forts dans le mâle.
Ils se rapprochent des proportions de ceux du 7schégo dans la femelle.
C. Les os de la main postérieure, comparés à ceux de la même partie dans le
Tschégo, nous montrent les mêmes différences dans les proportions que celles
que nous avons indiquées dans les mains antérieures.
La poulie tibiale de l’astragale est fortement inclinée en dedans, et sa facette
péronienne inclinée en dehors; l’une et l’autre sont séparées par une crête
qui s’introduit entre les os de la jambe.
Le calcanéum est très-saillant en arrière.
Lescaphoïde, le cuboïdeetlestroiscunéiformesn’ont riende bien particulier.
C’estle poucequiestle plusremarquable par son écartement des autresdoïgts,
dùü au mode d’articulation de son métatarsien avec le premier cunéiforme.
Mais ici encore le Gorille ne se distingue des autres Singes que par les
dimensions des os.
Les phalangesde cette extrémité sont courtes, ainsi que dansle 7'schégo, com-
parativement à celles de notre squelette d’Orang, et beaucoup moins arquées.
Nous donnons ci-après les mesures particulières de chacun des os du pied
dans le Tschézo et le Gorille.
On y verra combien les proportions de chacun de ces os varient d’un
genre à l’autre,
——
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES.
Cr
Tous les os du tarse sont plus longs dans le Gorille.
Ceux du métatarse sont égaux ou dépassent de très-peu les métatarsiens
du 7schégo ; tandis que les phalanges de chaque doigt sont de beaucoup plus
longues dans ce dernier {.
Calcaneum.
Tschégo. Gorille mâle.
Longueur totale.............. 0" 057 sn oelalisisels ete see 2000 0® 080
Depuis la saillie postérieure jus-
qu'au bord articulaire...... 0 018 22600 0b00 de 000 DODAE 0 038
Astragale.
LOTREN MORE 00000 10000000 UNE) 166000 b060tI000 00000 0 056
Longueur des métatarsiens.
Premiere ele eee: ON OS Penhiocleeielteleleiele delete 0 058
DEUXIEME Eee -Leecc-cr UNI US0) 1H50Gou 00 00000 0e 0 080
Troïsemesecee eee crc ON 600 000000 p00PEL ce 0 078
Quatnièmente Perret. 0 074 de 00 8ût 5 00 DUvo 6000 0 076
CIPAIÈME here eee - MOI 016 686 avote D00M0POCUDaC 0 080
Longueur des premières phalanges ?.
DUPOUCR ACL e--ee-ct- M0 030 PSone condo bbnopn 0 029
Dudeuxième doist---#- +00 042 EE". Le og o 0 034
DofroiSÈmeE Reese... ON 04G Dodo oopou Cou : 0 041
Dufquatrième- 4.1.2... . O0 044 D0ad0 00 UD UE se 0 0 040
Du cinquième. ...…. co Vaoc po D AE H6H2B0bH0n 50 : 0 031
PREMIER TABLEAU.
NOMBRE DES VERTÈBRES.
VERTÈBRES GORILLE GORILLE CHIMPANZÉ CHIMPANZÉ Ben ORANG
FT + mâle. femelle. jeune. plus jeune, | "“CFÉGO: | de Bornéo. CISÉORE
Geryicaless. space. “j 7 7 7 7 7 7
Dorsales. 43 43 ou 44 43 43 12 43
Lombaires 4 3 ou 4 3 4 4 5
| Sacrées,. ....e ÿ | 9 : 8 mn ñ
Cocecygiennes...,,,.... manquent. coccyx incompl.| Manquent. 3
Total... 34 29 34 32 32 28 32
complet. incomplet. complet. complet. incomplet. | incomplet, complet.
4. Voir la pl. 1v, pour ces proportions.
2. Depuis la partie externe de l'articulation métatarsienne.
46
PREMIER MÉMOIRE.
DEUXIÈME TABLEAU.
SUR LE SQUELETTE
DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE DANS LES QUATRE GENRES DES SINGES PSEUDO-ANTHOPOMORPHES.
Da bord postérieur du trou occipital
au bord alvéolaire des incisives
IOYENNES. . sure denses ee
Du sommet de la partie moyenne des
arcades sus-orbitaires au mème
bord alyéolaire. ....... Choses
Plus grande largeur de la face, de la
partie externe d’une arcade orbi-
taire à l'autre.......... euroore
D'un os de la pommette à l’autre...
Plus grande distance d'une arcade
zygomatique au fond de la fosse
temporale....,..... Doom ss
De l'orifice externe d’un troa auditif
ANANTE Eee A6 DDC
Du bord antérieur du trou occipital au
bord postérieur de la voûte palatine
prise à la sutare des os palalins ..
De ce bord au bord alvéolaire des
incisives ........., eneenelhe se
Plus grande largeur de la voûte pa-
latine entre les canines. .....,..
Plus grande largeur de la volte pala-
tine entre les molaires postérieures.
Plus grande largeur de la face occi-
MIE Ho ode and ve
Hauteur depuis le bord postérieur du
trou occipital à la partie moyenne
de la crête occipitale ........,.,
Distance de ce point à la partie
moyenne des arcades orbitaires..
Contour du crâne, du bord supérieur
d’un conduit auditif à l'autre...
Plus grande hauteur de la branche
montante de la mandibule, prisede
l'apophyse conoïde verticalement.
Plus grande largeur du condyle prise
trausversalement, .....,,,.....
Longueur de l'angle de la mâchoire
inférieure à l'incisive externe,
Des arcades orbitaires an bord'snpé-
rieur de l'orilice des fosses nasales,
Plus grande largeur de ces orifices.
CHIMPANZÉ FEMELLE
jeune
CHIMPANZÉ FEMELLE
jeune poussant ses dents
de lait
TSCHÉGO,
ORANG
de Bornéo
ORANG
de Sumatra.
_ .& a
Z EE : =
Se |às ||:
z 2 EMI NEA Em 2
m 3 Ë Eh = SA a &
23 87 /|320|2%
S5 [223 [628 |E
Fa | S Su PSS re
2 = s = S
Es Ë 2e
millim. | millim, | millim. | millim,
239 493 147 457
445 130 91 94
110 424 90 104
473 451 107 n5
51 42 22 25
147 428 83 402
97 70 55 62
152 88 60 73
55 42 32 44
39 33 23 38
460 142 103 110
98 73 135 40
198 458 433 435
250 201 491 188
105 95 65 69
85 66 40 52
181 150 96 105
80 73 47 42
58 31 25 25
30
18
31
31
26
14
168
146
433
29a
400
67
454
19
25
56
32
GIBEON SYNDACTYLE.
millim.
112
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPIES. 47
TROISIÈME TABLEAU.
MESURES DES EXTRÉMITÉS.
a ge s
& as |=s|z £ ORANG JEUNE GIBBON
:DÉ S|3=/|ezæla £
MEMBRE SUPÉRIEUR. 52s|E28|15218 5 de aux
salées Sels 2 B :
8 D | S #1 5 ornéo. mains blanches.
= EE =
millim, |millim TE millim,|millim.|millimètres, millimètres.
Plus grande longueur de l’omoplate.| 345 | 275 | 245 85 | 220 | 43 100
— Delaclavicule.............!l 453 | 425 | 130 60 | 200 | 420 85
— De l'humérus. 440 | 390 | 325 | 435 | 362 | 253 232
— Da cubitos... 364 | 325 | 320 | 430 | 389 | 264 266
— Duradius.............,...| 332 | 312 | 300 | 420 | 369 | 255 260
— Du 3e métacarpien.........| 400 80 94 35 99 70 62
— Delairephalange du 8e doigt.| 53 54 65 25 76 | 60 46
—% Dela2 fid.hoénsopoe » o 38 39 51 20 47 39 35
— Dela3e … id.............| 20 | 48). 24 1 25 | 45 Cette phalange
Longueur du pouce, le métacarpien manque.
Coin oobaeoees non dE 80 90 40 75 | 60 53 la dernière phalange
Longueur totale du membre supé- ane
FIQUL es eee sos. [1.065 930 910 365 |1.000 | 712 655 + la dernière pha-|
= "ae lange qui manque.
MEMBRE INFÉRIEUR.
Hauteur du bassin de la partie la
lus élevée de l’iléon à la partie
a plus inférieure de l'ischion....| 359 | 310 | 295 | 1425 | 240 | 160 120
Diamètre antéro-postérieur du détroit
SUPÉTIEUT, ».. ce ssmsensossssnee| - ASO.| A65 | 142 55 | 432 | 90 75
Diamètre transverse du même détroit
pris vis-à-vis descavités cotyloïdes.| 430 | 135 95 30 | 4109 | 50 42
Longueur du fémur ..............| 374 | 345 | 345 | 430 | 270 | 497 196
— Datibia. ..... 302 277 253 100 245 | 472 475
— Du péroné. ...| 263 | 243 | 245 98 | 235 | 162 166
— Dutarse... | M0] 1400! 85 | 35| 75 | 60 40
— Du 3e métatarsien........,. 82 64 78 27 87 65 43
— Dela4rephalangedu 3eorteil.| 45 42 50 20 70 | 55 30
MDP A2 Ed. 2... 26 30 30 10 40 40 19
— Dela%e id......,…...| 48 17 46 5 45 | 12 Manque.
Longueur du pouce, le métatarsien
COIDPIS, « «ess. sossonsesvonses| A10 | 403 | 4120 45 75
cr
©
+ la dernière pha-| 65 + la dernière pha-
lange qui manque. lange qui manque.
Hauteur du membre abdominal.....| 740 | 640 | 614 255 | 560 | 393 390
Longueur du pied, .....,.,,,,.,..| 9283 | 245 | 255 97 | 300 | 230 435 + la dernière pha-
lange qui manque.
48 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
CHAPITRE IV.
CONCLUSIONS SUR LES CARACTÈRES OSTÉOLOGIQUES ET LES RAPPORTS CLASSIQUES DES QUATRE GENRES
DE SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES DONT IL EST QUESTION DANS CE MÉMOIRE.
$ XIX. — Forme générale du crâne.
Plus allongé dans le Troglodyte et le Gorille , il y est dolichocéphale, ainsi
que nous l'avons déjà dit (p. 6 de ces Mémoires) en nous servant d’une
expression du célèbre Retzius, qui caractérise par cette dénomination une
partie des peuples du globe.
Les femelles de ce dernier genre l'ont élégamment arrondi et sensiblement
développé dans sa partie moyenne, et encore un peu bombé dans sa face
occipitale; tandis qu’elle est pleine dans le mâle de M. Franquet.
Le crâne est extrêmement court d'avant en arrière, ou brachycéphale, dans
les Orangs. Ce caractère est déjà frappant dans les jeunes Orangs.
Il est au contraire extrêmement long dans notre jeune Gorille femelle.
Mais dans les Orangs il a plus d’élévation, et sa capacité semble reprendre
en hauteur ce qu’elle a perdu en longueur.
Les Gibbons sont aussi dolichocéphales, si lon mesure le crâne depuis le
cadre des orbites jusqu'à la face occipitale.
Mais la capacité du crane pour les lobes antérieurs du cerveau y est tres
réduite par la profondeur des cavités orbitaires.
$ XX. — Quelques traits caractéristiques tirés des os de la téte.
L’écartement des orbites caractérise de même les Zroglodytes et le Go-
rille; tandis que leur intervalle est très-petit et qu'ils sont très-rapprochés
chez les Orangs.
Cette différence en entraîne de très-sensibles dans la forme des os du nez,
qui sont extrêmement étroits et réunis de très-bonne heure en un seul os
chez les Orangs.
La moindre largeur de la face à la hauteur des orbites, et la plus grande
courbure en dehors des arcades zygomatiques, les rendent bien plus appa-
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 49
rentes dans les Orangs vus de face, que dans les Troglodytes et le Gorille.
Celui-ci les a trés-fortes et courbées dans deux sens, un peu à la manière des
carnassiers. À la vérité, la courbure dans le sens vertical n’est pas tres-
marquée.
Ces arcades sont faibles et peu saillantes dans les 7roglodytes.
Des crêtes surcilières très-prononcées s'élèvent dans les 7roglodytes et le
Gorille, au-dessus des orbites et dans leur intervalle, ici avec une légère
dépression.
Dans les Orangs, ces crêtes sont réduites à de simples bourrelets circulaires
qui ne cachent rien du front.
Les condyles de l’occipital, dont la direction montre comment la tête
est jointe à la colonne vertébrale, sont placés, ainsi que le trou occipital,
dans la partie horizontale de cette région; ils regardent en bas chez les 7r0-
glodytes.
Dans le Gorille, les condyles ont la plus grande partie de leur surface
articulaire dirigée en arrière, vers l’occiput. Les deux tiers du trou occipital
entament la face de ce nom, qui est tournée en arrière.
Dans les Orangs, les condyles sont dirigés en arrière, ainsi que le grand
trou occipital.
Ceux des Gibbons et le grand trou occipital sont disposés comme dans
les Troglodytes. Leur facette est dirigée en bas, et ce trou est horizontal.
Les os maxillaires et intermaxillaires réunis sont beaucoup moins longs,
ainsi que les mandibules, dans les Orangs.
Les Gibbons se rapprochent encore à cet égard des Troglodrtes.
Dans le Gorille, les maxillaires et les inter-maxillaires réunis et la mandi-
bule, font beaucoup plus de saillie que dans les 7roglodytes et les Gibbons, et
ressemblent davantage à ceux des Orangs. Il en résulte aussi que la voûte
palatine est plus longue, ainsi que la série alvéolaire des dents.
XXI. — Système dentaire.
La description détaillée de ce système et des sortes de dents qui le com-
posent, quelque minutieuse qu’elle.paraisse, aura cependant pour résultat
essentiel de montrer quel est le genre qui se rapproche le plus de l’homme,
sous ce rapport. On verra que c’est le genre Troglodyte; et que les genres
ArGHIVES pu Muséum. T. VIII. 7
50 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
Orang et Gorille s'en éloignent davantage, plus aussi que le genre Aylobates
ou Gibbon.
Ces Singes Pseudo-anthropomorphes ont un caractère commun qui les
sépare déjà beaucoup de l'homme, c'est la grande proportion de leurs ca-
nines dont l'inférieure vient se placer, quand les mâchoires sont rapprochées,
dans un petit intervalle qui existe entre l'incisive externe et la canine supé-
rieure.
Un second caractère de leur dentition se voit dans la forme conique de la
première avant-molaire inférieure, qui est d’ailleurs toujours plus forte que
la seconde, et dont Ja canine supérieure use la face antérieure en l'inclinant
en arriere. Cette forme et cette plus grande proportion sont moins pronon-
cées, à la vérité, dans le genre Troglodyte, que dans les trois autres.
A part ces différences tres-sensibles, la formule dentaire de la seconde et
de la première denlition est la même que chez l'homme.
Voici à présent les différences les plus saisissables dans le système de den-
tition de ces quatre genres. On nous pardonnera de les reproduire, malgré
ce que nous en avons déjà dit dans les $ IV, V, XII et XII, où nous avons
cru devoir entrer à ce sujet dans des détails minutieux, mais utiles dans leur
application à l'étude des ossements fossiles, à la distinction des äges, des
sexes, des espèces et des genres, et à l'appréciation des changements que
l'usage apporte dans la forme des dents.
I. Premier genre, TROGLODYTES.
La derniere arrière-molaire supérieure est plus petite que les deux autres.
Les deux avant-molaires sont aussi plus petites, relativement aux arrière-
molaires, que dans les genres Orang et Gorille, et se rapprochent de celles de
l'homme par leurs proportions.
À la mâchoire inférieure, les trois arrière-molaires sont à peu près de même
grandeur. Les deux premières ont un cinquième petit tubercule en dehors
et en arrière, qui se confond avec le talon. On ne distingue plus que celui-ci,
sans ce cinquième tubercule, dans la dernière. La seconde avant-molaire est
relativement petite, et la première sensiblement la plus grande des deux, de
forme conique, verticale, avec un talon.
II. Deuxième genre, GoriLLA. Espèce type. coriLLa Gina, Is. G., lorille
de Savage.
A la mâchoire supérieure, la première avant-molaire est plus forte que
DES GRANDES SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 51
la seconde, et conserve une forte pointe externe qui lui donne l'apparence
d’une seconde canine, et une moindre pointe interne, lorsque celles des
arrière-molaires sont déjà usées en grande partie. Les pointes interne et
externe de la seconde avant-molaire sont également fortes. Les arrière
molaires n’ont que quatre pointes, dont les internes sont plus reculées
que leurs correspondantes du côté externe.
A la mâchoire inférieure, la premiere avant-molaire, beaucoup plus forte
que la seconde, a la forme d’une pyramide à quatre faces, c’est celle d’une
seconde canine. Les arrière-molaires sont à cinq pointes, trois externes et
deux internes, avec un petit talon en arrière. Celles-ci s'usent plus tôt que
les internes. C’est le contraire à la mâchoire supérieure. Ce genre d'usure,
analogue à ce qui a lieu chez les herbivores, annonce une mastication laté-
rale.
La seconde des trois arrière-molaires supérieures est la plus grande dans
le Gorille, et la première la moins grande des trois.
A la mâchoire inférieure c’est la dernière qui est la plus compliquée, puis-
qu’elle montre une sixième pointe interne entre les deux principales. Elle est
au moins aussi grande que la seconde.
Les canines coniques, d’une grande force aux deux mâchoires, mais plus
grandes à la supérieure, dépassent de beaucoup les molaires et les incisives ;
elles sont évidemment associées à des molaires et à des incisives d'herbi-
vores ou de frugivores, pour la défense de l'animal, et non pour attaquer une
proie.
Elles n’ont d'ailleurs rien qui les distingue essentiellement de celles des
Oranss.
Les incisives en forme de biseau, s’usent par leur tranchant.
Ce que j'ai dit du Troglodyte Tschégo et du Troglodyte Chimpanzé, rela-
tivement aux dents, ne permet pas de réunir le Gorille à ces deux especes.
III. Troisième genre, Simia, Isip. Grorrr., Orang.
Les trois arrière-molaires sont de grandeur à peu près égale aux deux
mâchoires.
A l’inférieure, la première et la deuxième ont cinq tubercules ou pointes
mousses.
A la mâchoire supérieure, les deux avant-molaires n’ont que deux pointes;
elles sont relativement très-fortes, la seconde plus que la première.
22 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE.
A l’inférieure, la seconde avant-molaire est compliquée comme une ar-
rière-molaire, quoique plus petite dans l'Orang de Bornéo; ces caractères
sont moins évidents dans l'Orang de Sumatra. La première est conique.
IV. Quatrième genre, HyLogaTrs, ILLic., Gibbon, E. GrorFroy.
Ce genre me parait assez bien caractérisé par les cinq pointes de ses deux
premières arriére-molaires inférieures et même de la troisième chez le Syn-
dactyle, et par les deux pointes avancées de la seconde petite molaire, suivies
d’un grand talon; ajoutons, par le moindre volume et la simplicité de com-
position, chez plusieurs espèces, de la dernière molaire supérieure.
$ XXII. — Parties du squelette autres que la tête, et, en premier lieu,
de la colonne vertébrale, du sternum et des côtes.
Relativement au tronc, je rappellerai ici un caractère commun à tous ces
genres, que présente leur colonne vertébrale, et qui montre de suite qu'ils ne
sont pas faits pour la station sur les deux pieds de derriere.
Cette colonne, dans les trois régions cervicale, dorsale et lombaire, ne
forme qu’un seul arc très-ouvert du côté ventral, et dont la convexité est au
dos. C’est là un caractère évident de la marche quadrupède.
Viennent ensuite quelques caractères distinctifs de détails, qui peuvent
servir à distinguer les quatre genres dont nous nous occupons.
La région lombaire, raccourcie par le petit nombre de ses vertébres, dans
les trois premiers genres, où la force était plus nécessaire que l'agilité; s’al-
longe dans les Gibbons par une ou deux vertèbres de plus (de 3 à 5), et parce
que les iléons y montent moins haut à la rencontre des côtes, et encadrent
moins complétement cette région.
Dans le Chimpanzé jeune, les apophyses épineuses des vertebres cervicales
ont dans leur développement un caractère qui les rapproche de celles de
l'homme.
Elles sont courtes et bifurquées dans les cinq vertebres intermédiaires.
Dans l'Orang de Bornéo, aucune de ces apophyses n’est fourchue.
Dans le Gibbon syndactyle, la seconde se divise un peu, elle est en four-
che et surmontée d'une crête.
Le Corille se distingue éminemment des trois autres genres par les grandes
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 53
dimensions des apophyses épineuses et transverses des vertèbres de cette
région.
Déjà la première vertèbre montre un rudiment de ces apophyses, comme
dans le vieux squelette de Bornéo; tandis qu'on n’en voit aucune trace dans
le squelette du 7schégo.
En général, les Troglodytes montrent dans tous les détails de leur
squelette, plus de ressemblance avec celui de l'homme que les trois autres
genres.
L’apophyse épineuse de la seconde vertébre cervicale est bifurquée comme
dans l'homme.
Toutes les apophyses transverses sont trouées à leur base.
Celles des troisième, quatrième , cinquième et sixième vertébres sont
bifurquées.
Au contraire, le Gorille s'éloigne beaucoup de l’homme par tous les carac-
tères que présentent les détails des vertébres qui composent sa colonne ver-
tébrale.
Ila treize côtes dans l’un et l’autre sexe, qui sont remarquables par leur
longueur absolue et relative, dans le mäle encore plus que dans la femelle ;
je dis absolue à cause de la vaste cavité qu’elles interceptent avec le sternum
et les vertèbres dorsales ; et relative, parce que cette cavité s’évase considé-
rablement, des premières aux dernières côtes, et que celles-ci sont bien
plus longues, à proportion, que chez l'homme.
Si l'on ajoute qu’elles vont s'attacher aux crêtes des iléons, et que les
lombes disparaissent dans cet arrangement, on y trouvera un caractère tres—
particulier.
Pour le comprendre, il faut voir la forme et le développement extraordi-
naire des iléons, dont la grande surface du côté de l'abdomen semble arran-
gée, comme chez les herbivores, pour servir de paroi à une vaste cavité
abdominale ; ainsi que le montrent les dimensions de leurs côtes et leur rap-
prochement du bassin, pour protéger les viscères abdominaux.
Le Tschégo a sa dernière paire de côtes encore grande; mais moins rap-
prochée des iléons. Elle en est plus éloignée et plus petite dans les Orangs.
Chez les Gibbons, la longueur des lombes et l'éloignement des dernières
côtes des iléons, ainsi que la forme toute particulière de ceux-ci, séparent
nettement ce genre des trois autres.
54 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
$ XXIIL. — Extrémites thoraciques.
Les grandes proportions de ces extrémités comparativement aux extrémités
pelviennes ou abdominales, distinguent essentiellement ces quatre genres, de
l'espèce humaine, et montrent que ces animaux sont organisés pour grimper
sur les arbres, pour s'y suspendre et s'y balancer, avec leurs extrémités pos-
térieures, et y atteindre au loin d'autres branches avec leurs extrémités anté-
rieures.
Mais ces proportions varient d'un genre à l’autre et les caractérisent.
Dans les 7roglodytes, elles sont les moins longues.
Le Gorille les a un peu plus longues.
Les Orangs les ont encore plus longues, atteignant presque le sol lorsque
l'animal est placé debout sur ses jambes de derrière.
Enfin, dans les Gibbons, elles touchent au sol dans cette même position.
Il y a d’ailleurs, dans plusieurs des os qui composent les extrémités, des
différences caractéristiques de ces genres.
L'omoplate, par exemple, présente dans nos deux espèces de 7roglodytes,
une forme étroite et allongée, et son épine une longueur et une obliquité qui
la distinguent de l’omoplate du Gorille, chez lequel cet os est large et dont
l’épine est transversale.
La fosse sus-épineuse, dans cette dernière espèce, a de grandes proportions
qui la distinguent de celle de l’homme.
L’apophyse acromion y montre aussi de très-grandes dimensions; elle s’y
porte en dedans à la rencontre de la clavicule qui est plus courte que celle de
notre vieil Orang; quoique la poitrine du Gorille ait de plus grandes pro-
portions que celle de l'Orang.
Celui-ci se distingue dans la composition de son carpe par l'existence d’un
os intermédiaire entre le scaphoïde, le trapèze et le grand os, dont il semble
un démembrement.
$ XXIV. — Des extrémités pelviennes.
En jetant un coup d'œil sur un squelette humain, et en le comparant à
celui de nos grands Singes, on est frappé, à la première vue, de la lon-
gueur relative des extrémités inférieures de l'homme, et de la brièveté rela-
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 55
tive de ses extrémités supérieures, qui atteignent à peine le quart inférieur
de la cuisse.
On voit que les membres inférieurs forment de longs leviers pour accélérer
la progression sur le sol, en le mesurant par de plus longs intervalles.
Dans les Singes dont nous nous occupons, les proportions sont inverses,
ainsi que nous venons de le dire.
Ces quatre genres présentent encore dans les divers os qui entrent dans la
composition des extrémités pelviennes, des différences qui peuvent servir à
les distinguer.
On les trouve dans la forme du bassin et dans celle de chacun de ses os.
Dans le 7schézo les iléons sont élargis en palette et plats sur leurs deux
faces.
Le Gorille les a encore plus larges et un peu concaves à leur face abdo-
minale.
Les Orangs les ont moins élevés et moins étalés, relativement et absolu-
ment plus petits, empiétant moins dans la région lombaire.
Ceux des Gibbons ont une forme ovale et pointue du côté des lombes, qui
les distingue des espèces des trois autres genres, dont les iléons présentent,
de ce côté, une crête largement arrondie, ou formant un grand contour.
Je ne trouve pas de caractères génériques bien précis dans les os des cuisses
et des jambes, mais ceux des mains postérieures en ont de sensibles.
Si l’on compare les os de cette main dans le Tschégo et le Gorille, on verra
qu'ils diffèrent non-seulement dans leurs proportions, mais encore dans les
détails de leur forme, du moins pour ceux du tarse, comme nous l'avons vu
pour ceux du carpe.
Les mains des extrémités thoraciques, comme celles des extrémités pel-
viennes, sont plus longues dans les Orangs, surtout dans leurs phalanges et
dans leurs os métacarpiens et métatarsiens. Il en résulterait que si ces os
étaient droits, ils s’adapteraient mal aux branches arrondies des arbres ; aussi
sont-ils tous plus où moins arqués.
Ils le sont à peine dans les genres 7roglodyte et Gorille, qui les ont moins
longs.
Les comparaisons précédentes qui composent les six paragraphes de cette
quatrième partie, peuvent se résumer dans les trois questions suivantes que
j'espère avoir résolues.
56 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
$S XXV. — 1° Première question.
Le Trocronyre Chimpanré, espèce type de ce genre, est-il distinct du
TrocLopytE Zschégo, espèce découverte en 181, sur les rives du Gabon,
par M. le docteur Franquet?
J'ai répondu à cette question par l'affirmative, en ajoutant aux cararac—
tères extérieurs déjà indiqués par M. Franquet, plusieurs caractères ostéolo—
giques qui viennent à l'appui des premiers.
Quoique l’ancienne espèce de Troglodyte, le Chimpanzé, soit connue depuis
1699, par la Notice anatomique que Tyson en a donnée à cette époque
reculée ; ce n’est qu'en 1835 que la première description détaillée d’un sque-
lette adulte de cette espèce, fut communiquée, par M. Richard Owen, à la
Société zoologique de Londres, et publiée dans le t. I, p. 343, des Transac-
tions de cette Société !. Cette description fut faite d’après le seul squelette
adulte connu, qui était en la possession du chirurgien, M. R. B. Walker;
c'est d’après cette description originale que M. de Blainville a pu parler dans
son Ostéographie, ainsi qu'il l'annonce, des parties du squelette adulte autres
que la tête ?.
Dans la même année, M. le professeur W. Vrolick, faisait paraitre une
excellente monographie anatomique du Chimpanzé#, riche d'observations
comparées; mais d'après une jeune femelle, dont la taille dépassait de très-
peu celle de notre squelette incomplet, qui n'avait pas encore atteint consé—
quemment ses formes et ses proportions définitives.
La tête de ce dernier squelette porte encore sa seconde molaire de lait à
la mâchoire inférieure, avec la première arriere-molaire, qui sont à cinq
pointes l’une et l’autre. Par sa constitution, cette tête répond à celle d’un en-
fant d'environ onze ans.
Afin de pouvoir comparer plus directement les squelettes complets des
deux espèces de Jroglodytes. en ayant égard, bien entendu, aux différences
1. On the Osteology of the Chimpanzée and Orang Utan. Transact. of zoological Society of
London, vol. 1, London, 1835.
2. Ostéographie; Paris, 1844.
3. Recherches d'anatomie comparée sur le Chimpanzé, par M. W. Vrolick. Amsterdam, 1841,
grand in-fol ; avec sept planches.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 57
d'âge ; nous avons fait extraire le squelette d’un corps entier d’un jeune Chëm-
panzé conservé dans l'alcool, dont l’âge est déterminé par une belle et com-
plète dentition de lait.
Le Tschégo, suivant M. Franquet, a la face noire et de petites oreilles;
tandis que le Troglodyte Chimpanze a de très-grandes oreilles, et que sa face
est couleur de chair.
Ces caractères différentiels suffiraient pour la distinction des deux espèces.
L'examen du squelette de 7schégo, comparé à celui du Chimpanzé, nous
a confirmé dans cette maniere de voir {.
Il y a dans la forme des fosses temporales, plus étendues dans le 7schégo,
dans le développement des crêtes sagittale et lambdoïde qui les limitent; et
dans l'élargissement du museau en avant, qui se termine presque en ligne
droite, dans laquelle se trouve le bord alvéolaire des incisives et des canines,
des caractères bien tranchés, qui se montrent encore dans la voûte palatine,
plus large en avant ; tandis qu’eile est de mème largeur qu’en arrière dans le
Chimpanzé, et que le bord alvéolaire des incisives et des canines forme un
arc assez bombé.
Les vertebres different peu par le nombre.
On compte dans l’une et l’autre espèce treize vertèbres dorsales; trois
lombaires seulement dans notre jeune squelette de Chimpanzé, préparé
avec ses ligaments; mais quatre dans le squelette plus âgé, comme dans le
Tschégo.
Ces deux espèces ont quatre vertébres sacrées et quatre coccygiennes,
observées seulement dans le plus âgé des Chimpanzés; tandis que le plus
jeune a cinq coccygiennes ?.
Parmi plusieurs différences moins importantes que j'ai remarquées dans
les extrémités, il en est une qui me parait caractéristique.
Dans le Troglodyte Chimpanzé, le talon est peu saillant et l’apophyse arti-
culaire du calcanéum tres-longue.
Dans le Troglodyte Tschégo, le calcanéum forme au contraire une saillie
plus forte que l’apophyse articulaire , qui est courte.
1. Voir page 35 et suivantes de ce Mémoire.
2. M. R. Owen n'a trouvé que sept vertèbres sacrées et caudales dans le Chimpanzé vieux, tandis
que notre jeune en a neuf, et le Tschégo huit. Il ajoute que les deux vertèbres sacrées supérieures
sont les seules unies à los des îles.
ARCHIVES DU MusÉum. T. VIII, 8
58 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
L'as'ragale, dans la premiere espèce, a sa poulie, pour son articulation
avec le tibia, très-inclinée en dedans, et la facette articulaire, pour sa jonc-
tion avec le péroné, très-inclinée en dehors.
Son apophyse articulaire, pour sa Jonction avec le cuboïde, est presque
aussi longue que celle du calcanéum. Ces deux apophyses se touchent.
Cette méme apophyse est courte, comme celle du calcanéum dans le
Tschégo; elles ne sont pas aussi rapprochées.
La poulie articulaire est un peu moins inclinée.
S XXVI. — Deuxième question.
Le Gorille doit-il former un genre distinct du genre Troglodyte ?
Nous espérons l'avoir démontré :
1° Par son système de dentition, qui a plus de rapports avec celui des
Orangs qu'avec celui des Troglodytes.
2° Dans la force et les deux courbures des arcades zygomatiques, qui don-
nent au Gortlle un air de carnassier.
3° Dans le développement extraordinaire de ses crêtes sagittale et occipitale
et conséquemment de ses fosses temporales, que ces crètes limitent.
4° Dans l'allongement de son museau.
5° Dans la longueur extraordinaire des apophyses épineuses et transverses
de ses vertebres cervicales et dans leur forme.
6° Dans la brieveté de ses lombes.
7° Dans la longueur de sa dernière paire de côtes, qui est attachée aux
iléons.
8° Dans les dimensions trés-considérables de ces derniers os, qui s'avan-
cent à la rencontre de la treizième paire de côtes, fournissent ainsi une
large paroi à la cavité abdominale, la protégent à la manière de ce qui se
voit chez les herbivores, et donnent l'intelligence du développement de cette
cavité, encore plus prononcé chez le Gorille que chez les Troglodytes.
9° Enfin, dans la forme élargie de lomoplate du Gorille, dont l’épine est
transversale; tandis que cet os est étroit et allongé, avec une épine trés-oblique
dans le sens de la longueur, chez le Troglodyte.
Ces dernières différences dans la forme d’un seul os sont tellement carac-
téristiques, qu'elles suffiraient seules pour distinguer les deux genres.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 59
$ XXVIT. — Troisième question.
Dans quel ordre doit-on placer ces quatre genres de Singes Pseudo-an-
thropomorphes, en suivant les principes de la méthode naturelle?
La connaissance plus complète que j'ai pu acquérir du genre Troglodyte,
au moyen du squelette adulte de la nouvelle espèce (le Zschégo) et d’un
jeune squelette bien complet de l’ancienne (le Chimpanzé), wa permis, par
la comparaison que j'en ai faite avec les squelettes des genres Gorille, Orang
et Gibbon, d'établir les caractères de ce groupe supérieur de Singes Pseudo-
anthropomorphes, ceux des uatre genres qui le composent, et les rapports
plus ou moins éloignés de ces mêmes genres avec le squelette humain.
Sans parler de la capacité cranienne, qui est faible dans tous ces Singes,
comparée à celle de l’homme, et du grand développement de leurs mâchoires;
tous ces Singes Pseudo-anthropomorphes ont, dans leur squelette, un carac-
tère commun qui les sépare beaucoup de l'espèce humaine; c'est la grande
proportion de leurs canines, et la forme conique de leur première molaire
inférieure, toujours plus forte que la seconde.
Leur colonne vertébrale, dans les trois régions cervicale, dorsale et lom-
baire, ne forme qu'un seul arc très-ouvert du côté ventral. C’est là un carac-
tère évident de la marche quadrupède.
Les grandes proportions des extrémités thoraciques comparativement aux
extrémités abdominales, distinguent encore essentiellement ces quatre genres
et les séparent de l'espèce humaine.
La transformation du pied en une véritable main, par le mode d’articula-
tion du métatarsien du pouce, qui l’écarte des autres doigts, et par le mode
d’articulation de cette main avec la jambe, est un caractère que ce groupe
supérieur de Singes partage avec les autres Quadrumanes.
Parmi ces principales différences ostéologiques qui distinguent, des autres
Singes, les Pseudo-anthropomorphes, 1 y en a de plus ou moins prononcées,
lorsqu'on les compare entre eux, et qui les éloignent ou les rapprochent da-
vantage du squelette humain.
Le genre Troglodyte est celui qui s’en rapproche le plus par la longueur
médiocre de son museau; par quelques détails de ses dents, dont je ne cite-
rai que les petites proportions des avant-molaires ; par la position horizontale
des condyles de la tête et du grand trou occipital ; ajoutons encore par la
60 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE
forme des apophyses épineuses et transverses des vertèbres cervicales; par
la composition de son carpe qui n’a que huit os, et par les proportions des
extrémités thoraciques qui sont les moins longues des quatre genres de ce
groupe.
Le Gorille les a un peu plus longues, quoique beaucoup moins que les
genres Orang et Gibbon.
Sous ce rapport et pour la composition de son carpe, qui n’a de même que
huit os, au lieu de neuf que l’on trouve dans le genre Orang, il se rapproche
davantage du genre 7roglodyte, ainsi que par la forme allongée de son crâne.
Mais il s'en éloigne beaucoup par la direction oblique en arrière des condyles
et du grand trou occipital; par la grande étendue des fosses temporales,
augmentée encore par l'élévation des crêtes sagittale et occipitale; par la force
et la double courbure des arcades zygomatiques, et par tous les caractères que
je viens d'indiquer pour justifier la distinction du genre Troglodyte et sa sé-
paration du genre Gorille.
Les 7roglodytes et le Gorille sont dolichocéphales, c'est-à-dire qu'ils ont
le crane allongé d’avant en arriere.
Les Orangs sont au contraire brachycéphales ; leur crâne est très-court
dans le méme sens ; mais ils ont, en compensation, plus de largeur et plus
d’élévation dans la partie moyenne de leur capacité cranienne et même dans
sa partie antérieure.
On ne pourrait donc pas en conclure que la masse de l’encéphale est plus
grande dans les deux genres dolichocéphales, que dans celui qui est brachy-
céphale; seulement, ces deux formes de crâne sont tellement frappantes,
même dans le jeune âge, qu'on peut les admettre au nombre des meilleurs
caracteres distinctifs.
Le systéme de dentition des Orangs se rapproche beaucoup de celui du
Gorille, par les proportions relatives de leurs molaires, et par plusieurs détails
de forme que nous avons indiqués.
Leur museau se prolonge beaucoup en avant.
Le rapprochement de leurs orbites et l’étroitesse de leur face à la hau-
teur de ces mêmes orbites, caractérisent encore les espèces de ce genre.
Des extrémités antérieures disproportionnées par leur grande longueur ;
celle de leurs quatre mains, dont les métacarpiens, les métatarsiens et les
phalanges ont une courbure trés-prononcée; précisément à cause de leur lon
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 61
gueur, et afin d'empoigner plus complétement les branches d'arbres, en
s’adaptant plus exactement à leur forme ; toutes ces circonstances organiques
mettent, à notre avis du moins, les Orangs en troisième ligne, parmi ces
quatre genres.
Je prie de remarquer que ces conclusions ne sont tirées que des différences
ou des ressemblances que présente le squelette ; nous verrons dans notre
troisième Mémoire, si les caractères tirés de la capacité cranienne et des diffé-
rentes parties de l’ercéphale conduisent à d’autres conclusions?
Le quatrième et dernier genre de ce groupe se composerait des Gibbons,
dont les membres antérieurs sont encore plus longs que ceux des Orangs ; ils
atteignent facilement le sol, dans certaines espèces, lorsque l'animal est placé
verticalement sur ses mains de derrière.
Le rang que je donne au Gorille, avant les Orangs et après les 7roglodytes,
me parait conforme à la manière de voir de mon honorable collègue et con-
frère M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire; telle du moins qu’elle a été indiquée
dans l'extrait de son cours de l’année derniere et de cette année au Muséum
d'histoire naturelle, extrait qui a été publié dans la Æevue zoologique (du
mois de mars, p. 104 ).
J'aurai l’occasion de revenir sur l'organisation des extrémités de ces quatre
genres de Singes Pseudo-anthropomorphes, dans mon Mérnotre sur leur myo-
loge dans le Gorille, qui sera accompagné des figures de tous les muscles
de ces extrémités, dessinés par M. Werner. J'en présente dès aujourd'hui
l’atlas à l’Académie.
On verra dans ce Mémoire combien l’organisation de ces Singes l’éloigne,
à cet égard comme à beaucoup d’autres, de celle de l'homme, par de simples
mais importantes modifications d’un même plan; et avec quelle perfection
ces modifications organiques sont appropriées au genre de vie auquel les
Singes sont destinés, pour se tenir habituellement sur les arbres, y recher-
cher leur nourriture, s'y mouvoir en tous sens avec sureté et agilité, et avec
une merveilleuse facilité, que comprend seul celui qui a étudié cette admi-
rable organisation.
Un troisième et dernier Mémoire aura, entre autres, pour sujet :
1° Les parties de la myologie du Gorille omises dans ce premier Mémoire ;
2° Quelques traits sur ses organes de relations;
Et 5° sur les organes de la génération de ce même Gorille mâle.
62 PREMIER MÉMOIRE. SUR LE SQUELETTE, ETC.
Je me propose de comparer, autant que possible, toutes ces circonstances
organiques du Gorrlle, avec celles analogues des trois autres genres de Singes
Pseudo-anthropomorphes.
J'aurai ainsi accompli ma tâche, en fournissant à la Zoologie les données
nécessaires pour avancer, sinon pour compléter l'histoire de ce Singe extraor-
dinaire par des caractères d'organisation qui semblent se contredire :
Des arcades zygomatiques et des canines, et même une première molaire
inférieure de carnassier, mais qui sont plutôt pour sa défense que pour l’at-
taque ;
Des molaires, au contraire, d'herbivore, qui s'usent aussi, dans les deux
mâchoires, sur les côtés opposés, et qui indiquent par ce caractère qui m’a
frappé et qui n'avait pas encore été remarqué, que je sache, le mode de masti-
cation latérale propre aux herbivores; enfin, un bassin, des côtes inférieures et
un abdomen développés, comme chez les herbivores les mieux caractérisés !.
4. Je renvoie, pour compléter les études qui ont été faites, avec beaucoup de détails, sur les Orangs,
le Troglodyte chimpanzé et le Gorille, aux publications de M. R. Owen, qui ont paru dans les
trois premiers volumes des Transactions de la Société zoologique de Londres, et à la traduction du
dernier de ces Mémoires, celui surle Gorille, par M. Jules Haime, qui a été publiée dans les 4unales
des sciences naturelles de 1852.
TABLE DES MATIÈRES
DE CE PREMIER MÉMOIRE
SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES
QUE PRÉSENTE PARTICULIÈREMENT L'ÉTUDE DE LEUR SQUELETTE.
BXPOSC ANISU IE eee ele es te etele se DO BÉBÉ TPE GOT POSTES IRL EOTE
CHAPITRE PREMIER.
Description comparée des caractères de la tête osseuse des genres Troglodyte, Orang
CPIGIDDON EEE ER TT A TT Te ect re sers cree Goaoopspousaëd
SI Téte/osseuse de l'âre adulte... 22212n222222t022 0200 MON nt
$ IL. Comparaison des cränes de jeunes Chimpanzés, de jeunes Orangs et de jeunes Gibbons
SYnCeCIyleSE EEE Er re tee Dadé bo Eobe norniepiele elsleleiete elle eine lee .
$ IT. Différences des crânes des deux espèces de Troglodytes. A. A l’âge adulte. ....... ce
B. A l’âge de première dentition............ Sos Toro Do od0bané Honbabacéoncoueas
$ IV. Système dentaire des genres Troglodyte, Orang et Gibbon.......................
SAV-PDentition death nee eremeesese conconboäocaebc DagoËdooosoobnopoceoo0e
CHAPITRE II.
Caractères ostéologiques des parties du squelette autres que la tête, dans les genres
DG0J 10 IE OT Ange GIObON EEE Lee reeerrretes eee --echeereece de
SAVOIE VON Dra le ee Aer eee eee ou tee nets tels Dé ob 000 CO 0 douce 50
$ VII. Côtes et sternum............ dcodbade Cao dadon0 de ao 200025000000 DOtonocoche
$ VIII. Des extrémités antérieures. ............ Docbhodebactscové dobtod dadoooonoodoon
$ IX. Des extrémités postérieures. . ................ rrcebe-reeeet eee cotbosoopade
CHAPITRE III.
Caractères ostéologiques du Gorille et description comparative de son squelette avec
celui des Troglodytes, des Orangs et des Gibbons..........,.....,,......... pe
20
20
24
24
27
29
64 TABLE DES MATIÈRES.
8 X Description de la tête csseuse du Gorille suivant l’âge et le sexe............ noooooste
$ XI. Comparaison des jeunes têtes avec les têtes d'adultes............. ennemis sons es
$ XII. Système de dentition du Gorille adulte............... 25000000 d035 00000
SÉXIIT Dentitionidelailes.-ce------e----e--ccr-eee-c-ce---e---t--- ce
$ XIV. Colonne vertébrale...................... 6 5+ Bouc ro i0r Doboaao 00003000
$ XV. Différences des vertèbres selon les régions. ....................................
$ XVI. Côtes et sternum........ Dh os Too no cb abEooous doddoo cac 2ÉH0DÉSO0N
S$ XVII. Des extrémités thoraciques.............................. Goo do 000 di JOD2DCS
$ XVIII. Des extrémités pelviennes ou abdominales... OR CRT ere -ce cc -ce
Premier tableau. Nombre des vertèbres...... DoDoodoo tone donons Hbc Da co
Deuxième tableau. Dimensions de la tête osseuse dans les quatre genres de Singes
Pieudo-anthropomonphes-"erre-reri see r-Ce eee Gboove Gégérodo so
Troisième tableau. Mesure des extrémités... ....,.. 80600 Sfiestene BOUT bo Son
CHAPITRE [V.
Conclusions sur les caractères ostéologiques et les rapports classiques des quatre
genres de Singes Pseudo-anthropomorphes, dont il est question dans ce Mémoire
SXIX-Mormetgénérale du) CrAne ee ere eee cuemmeceere- dodriosnec oo ot
$ XX. Quelques traits caractéristiques tirés des os de latête.................... Sodobeo .
SEXXI Système dentaire... as ene neo edessm eeepc
$ XXIT. Parties du squelette autres que la tête et, en premier lieu, de la colonne vertébrale,
du sternum et des côtes... ..... Érotoobcconco neo obooonebniddanouu D320A 0 -.
SSXI SEX (TÉMITÉS TROTACIQUES. nee ee-er-e eee JODoo 1400 no ose ta
$ XXIV. Extrémités pelviennes........... SÉOPOC 5 0DC 210 0000 Do Don T0 00 00 DO
$ XXV. Le Troglodyte Tschégo est-elle une espèce distincte ?............. ACT D US JO
$ XXVI. Le Gorille doit-il former un genre distinct?.....,.....,............... dre È
$ XXVIT. Dans quel ordre doit-on placer les quatre Singes Pseudo-anthropomorphes, en
comparant leur squelette à celui de l'homme?................. DOCS AC DURE
Pages.
29
31
33
35
35
36
40
40
43
45
46
A7
DEUXIÈME MÉMOIRE
SUR
L'ANATOMIE COMPARÉE
DES
GRANDS SINGES
PSEUDO-ANTHROPOMORPHES
ET PLUS PARTICULIÈREMENT SUR LA SYNDYMOLOGIE ET LA MYOLOGIE DU GORILLE DE
SAVAGE, GORILLA GINA IS. GEOFFROY, COMPARÉES A CELLES DES GENRES TROGLODYTE
ET ORANG.
Ce Mémoire ! est divisé en deux parties :
La première est un supplément à l’Ostéologie du Gorille, décrite dans le
Mémoire précédent ; elle concerne principalement les ligaments des articula-
tions des organes du mouvement, ou leur Syrdymologie.
La seconde partie comprend la description comparée des muscles des extré-
mités, ou la Myologie des membres.
Nous le terminerons par un résumé de ces deux parties, tel qu'il a
été imprimé dans le compte rendu de la séance du 5 décembre 1853, sauf
quelques pages que nous avions dû supprimer, pour nous renfermer dans les
limites prescrites pour ces extraits.
1. Communiqué à l’Académie des sciences, dans sa séance du 5 décembre 1833.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 9
66 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
PREMIÈRE PARTIE.
QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES ARTICULATIONS ET LES LIGAMENTS DES EXTRÉMITÉS DU GORILLE.
LA
A. Ligaments et articulations des extrémités antérieures.
$ I. — Articulations clavio-sternale et clavio -scapulaire.
1. Ligument costo- clavio-coracoïidien.
Ce ligament épais, aplati, se porte obliquement de la partie supérieure et
interne de la première côte, et du tiers antérieur et sternal de la clavicule, à
la face interne supérieure de l’apophyse coracoïde, où se trouve un tubercule
ou une apophyse saillante, à laquelle il s'attache.
Ce fort ligament maintient les rapports de la clavicule et de l'omoplate,
et empêche celle-ci de se porter trop en dehors. Il distingue le Gorille de
l'homme et semble remplacer le muscle sous-clavier de ce dernier, qui
manque dans le Gorille.
2. L'articulation de la clavicule avec l’acromion, a une capsule synoviale et
des facettes articulaires comme les articulations libres ou mobiles.
La capsule ligamenteuse qui l'entoure est tres-forte, surtout à sa partie
supérieure.
Des faisceaux ligamenteux en partent pour se porter au bord supérieur de
l'acromion, un peu en arrière de cette articulation.
3 et 4. Deux ligaments coracoidiens partent : l’un de l’apophyse coracoïde,
un peu en arrière du ligament costo-clavio-acromien, et se dirige en dehors
et en arrière, pour s’insérer à la clavicule, en dehors de son extrémité sca-
pulaire ; autre se fixe à la partie postérieure de cette apophyse, et va s’in-
sérer à la partie postérieure de la même extrémité claviculaire.
Ils maintiennent la clavicule comme un fort arc-boutant, et ils moderent
ses mouvements en avant et en arrière.
Ces trois forts ligaments doivent empêcher toute espèce de luxation de
cet os.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTIHROPOMORPHES, 67
S IT. — Articulation scapulo-humérale et ses ligaments.
5. Le ligament coraco-acromial, qui va de l’apophyse coracoïde à l’acro-
mion, en formant un pont au-dessus de l'articulation de l’humérus, où la
voûte de cette articulation; ce ligament, dis-je, est extrèmement fort et pro-
portionné à la tête de l’humérus et au développement de ces apophyses.
Ces quatre derniers ligaments se voient chez l'homme.
6. La capsule articulaire de l’humérus et des os de l’épaule ne présente
rien de particulier.
Le tendon du biceps lui fournit une expansion des deux côtés de son
insertion au bord de l'articulation.
$ II. — Forme de l'articulation humérale inférieure ou huméro-cubito-radiale
et ses ligaments
Cette articulation, dans sa partie cubitale, forme une poulie plus distincte
que chez l'homme, de la partie radiale de la même articulation, par une arête
saillante qui l'en sépare. Son bord interne et inférieur ne descend pas autant.
Sa rainure est plus circonscrite. La fosse qui recoit l’apophyse coronoïde est
plus profonde, en même temps que cette apophyse est plus saillante que chez
l’homme.
Le cubitus à son apophyse coronoïde plus forte à proportion que l’olé-
crâne. C’est le contraire chez l’homme.
La tête du radius a une cavité arrondie, bordée par un large rebord en
biseau. La surface de articulation qui se meut sur la partie latérale du cubi-
tus, est beaucoup plus large que chez l'homme, et au lieu de former une
bande circulaire dans un seul plan, elle en présente deux obliques, une su-
périeure et l’autre inférieure, séparées par une arête saillante.
La première s'articule avec la poulie radiale de l'humérus et plus particu-
lièrement avec le côté de cette poulie qui la sépare de la poulie cubitale.
L'autre partie glisse sur la facette articulaire que lui présente le cubitus.
En général, toute cette articulation doit avoir une grande solidité.
58 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
$ IV. — Articulations et ligaments des os de l'avant-bras entre eux.
7. Le ligament annulaire du radius.
Ce ligament s’insère aux côtés de l'articulation du cubitus et contourne la
tête du radius de manière à lui permettre ses mouvements de rotation.
8. Le ligament inter-osseux remplit tout l'intervalle des deux os, qui est
beaucoup plus grand que chez l'homme par suite des courbures de ces os.
Ce ligament est fort; sa partie moyenne, dans le bras que nous observons,
présente une partie plus épaisse qui part d’une saillie osseuse qui se voit à la
fin du tiers supérieur du radius; de là elle se porte vers la partie inférieure
du cubitus.
8. La capsule articulaire huméro-cubitale.
Cette capsule a extérieurement, et à sa face inférieure, des faisceaux liga-
menteux qui s’entre-croisent en divers sens et qui se renforcent sur les côtés
de faisceaux de même nature, trés-forts, qui descendent des condyles. Ceux
qui descendent du condyle externe traversent la tête du radius en fortifiant
sa capsule articulaire. Ceux du condyle interne s’inserent au bord interne du
cubitus.
En arriere, cette capsule est faible dans toute la partie recouverte par le
tendon du triceps.
$ V. — Articulations des os de l'avant-bras avec ceux du carpe
et leurs ligaments.
9. La capsule articulaire de l'articulation du poignet.
Cette capsule est renforcée de tousfles côtés par des fibres ligamenteuses
qui lui donnent une très-grande épaisseur.
Le radius seul s'articule directement avec le poignet par les os scaphoïide
et semi-lunaire.Sa surface articulaire glisse sur une surface fibro-cartilagi-
neuse qui le sépare du pyramidal.
L'apophyse styloïde du cubitus s'articule immédiatement avec le pyrami-
dal par un fibro-cartilage.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 69
Ainsi, l'articulation du cubitus, qui contribue à celle du poignet, se fait
par un cartilage intermédiaire , qui forme la partie interne de la capsule
radio-articulaire. Ce cartilage intra-articulaire répond au cartilage triangulaire
chez l'homme.
L’articulation du poignet, du côté du bras, est formée principalement de
deux facettes concaves séparées par une arête.
La partie interne de cette articulation se compose de la facette articulaire
du radius, et de la partie interne, du cartilage triangulaire que nous venons
d'indiquer et qui répond à la facette articulaire du cubitus.
Du côté du carpe, le scaphoïde et le semi-lunaire forment essentiellement
l'articulation du poignet. Cependant le pyramidal occupe ane petite surface
dans la partie cubitale et dorsale de cette articulation.
Chaque os scaphoïde et semi-lunaire présente une surface convexe consi-
dérable, séparée par un enfoncement dans lequel se voit un ligament.
$ VI. — Articulations des os du carpe entre eux.
Le pisiforme a une articulation transversalement concave avec le pyra-
midal, qui permet des mouvements assez faciles.
La premiere rangée a des mouvements de flexion et d'extension sur la
seconde tres-faciles et tres-libres.
Du côté de la première rangée, le scaphoide montre une surface tres-sail-
lante divisée en deux autres par une arête, qui est reçue dans une cavité du
trapèze et du trapézoïde.
En dedans de cette saillie, il y a une large concavité formée, tout à fait en
dedans, par une facette concave et descendante du scaphoïde, par une facette
coucave et rentrante du semi-lunaire, et postérieurement par une facette
articulaire du pyramidal.
Du côté de la seconde rangée, le trapèze et le trapézoïde, et un peu le grand
os, circonscrivent une cavité articulaire qui reçoit la saillie du scaphoïde.
Le grand os et l’unciforme composent la saillie articulaire reçue dans la
concavité du scaphoiïde, du semi-‘unaire et du pyramidal.
Les deux rangées des os du carpe sont ainsi engrenées l’une dans l’autre,
et avec les os de l’avant-bras. Tout en facilitant les mouvements de flexion et
d’extension, cette forme générale gène les mouvements latéraux.
70 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Des ligaments, ou des aponévroses, séparent les inter-osseux palmaires. Il
yen a un plus fort qui va de l'unciforme à la tête du métacarpien corres-
pondant.
$ VIL. — Articulations des métacarpiens, et leurs ligaments.
1. Métacarpiens du pouce.
Son articulation avec le trapèze est importante à étudier, pour comprendre
la position habituelle du pouce dans l’abduction, et les mouvements de ce
doigt. La facette articulaire de cet os forme une poulie profonde, concave du
côté du métatarsien, convexe du côté du trapèze, qui permet les mouve-
ments latéraux où d’abduction et d'adduction; mais qui gène et rend difficiles
les mouvements de rotation ou de cireumduction.
On voit déjà dans cette forme articulaire que la main du Singe est faite
pour empoigner et nullement pour pincer.
Les autres articulations des phalanges de ce doigt n’ont rien de particulier.
>. Articulations des quatre derniers métacarpiens
avec les premières phalanges correspondantes.
Les métacarpiens présentent de grandes têtes articulaires, s'étendant sur
le côté palmaire et sur le côté dorsal de leur extrémité phalangienne; tandis
que la facette de la première phalange est peu étendue et peu concave. Ces
phalanges ont conséquemment une grande étendue de mouvement sur la
tête articulaire de leur métatarsien.
Les ligaments qui renforcent la capsule articulaire de cette articulation,
sont formés, en partie, par les tendons des inter-osseux.
Cette capsule articulaire, ainsi fortifiée, est très-épaisse sur les côtés par
ces tendons, eten dessous par les ligaments propres de larticulation.
Les ligaments capsulaires des articulations des deuxième et troisième pha-
langes sont renforcés par les tendons des fléchisseurs et des extenseurs.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 71
$ VII. — Ligaments annulaires des phalanges.
Le premier de ces ligaments est sous l'articulation métacarpo-phalan-
gienne de chaque doigt; le second sous la première phalange, avant son
articulation avec la seconde; le troisième au milieu de la seconde phalange.
Ils sont très-forts et s’attachent aux crêtes osseuses qui sont de chaque côté
de la phalange à leur face palmaire et qui font plus de saillie dans leur
partie moyenne ‘. C’est aussi dans cette partie que le ligament annulaire est
le plus fort.
Cette disposition est en harmonie avec la saillie des têtes articulaires qui
aurait trop soulevé les tendons.
B. Ligaments articulaires et articulations des os de l'extrémité postérieure.
S IX. — Articulations pelvio-fémorale et fémoro-tibiale, et ses ligaments.
Le ligament rond de l'articulation pelvio-fémorale était très-fort.
Le ligament rotulien est bien séparé au-dessus de la rotule.
Le ligament inférieur est également bien séparé de la capsule ; il est très-
large et très-fort.
Les ligaments latéraux sont étroits, et cependant épais et forts. Ils vont
comme à l'ordinaire, l’un du condyle interne au tibia ; l’autre du condyle
externe au péroné.
Il y a, en arrière de la capsule, des fibres ligamenteuses qui vont oblique-
ment du condyle interne du fémur à la tubérosité interne du tibia, comme
pour fortifier l'articulation, lorsque l'animal incline le pied sur son côté
externe.
L’articulation a un ligament graisseux qui va de l'intervalle des deux
condyles à la partie moyenne et supérieure du tibia. Ce ligament est lâche
et forme comme une cloison qui séparerait la capsule articulaire en deux.
Les ligaments croisés sont forts et cylindriques. Tous deux sont attachés
entre les condyles, dans une fosse profonde.
4. Planche nr, A' et B’.
72 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
L'externe est plus en arriére, relativement à son insertion entre les con-
dyles du fémur; l’'interne est plus en avant. Le premier se porte d’arrière en
avant sur la crête du tibia en avant de laquelle il a son insertion. L’interne
va d'avant en arrière se fixer au côté interne et postérieur de la tubérosité
péronienne du tibia.
Ces ligaments bornent l'extension de la jambe sur la cuisse, ainsi que les
mouvements de flexion latérale, soit d’un côté soit d'un autre, et même
jusqu'à un certain point, les mouvements de torsion.
Des deux cartilages inter-articulaires, externe forme un cercle complet;
il a un petit trou circulaire central. Son bord se continue avec la capsule de
l'articulation.
L'interne est incomplet du côté de lépine du tibia; il s'attache, comme
l'externe, à cette épine, par des fibres ligamenteuses. Son ouverture est bien
plus grande et laisse à découvert une plus grande partie de la surface arti-
culaire.
La surface articulaire du tibia était molle et conservait l’impression du
doigt !, au moment de ces recherches.
$S X. — Articulations des os de la jambe entre eux; ligaments
qui les unissent.
L'articulation du tibia avec le péroné a une mobilité plus grande que
chez l'homme.
Son ligament n'offre rien de particulier.
Le ligament inter-osseux n'offre de même aucune particularité.
$S XI. — Articulation tibio-larsienne et ses ligaments.
La capsule articulaire est plus forte que chez l'homme. Elle est fortifiée
par des fibres ligamenteuses qui la revêtent surtout en arrière.
Ses ligaments latéraux sont très-forts. Du côté interne il y en a deux; l’un
qui descend de la pointe antérieure du tibia au scaphoïde.
L'autre descend du tibia plus en arrière et va s'attacher à l’astragale.
Les externes vont du péroné à l’astragale et au scaphoïde.
1. Nous avons conservé ces cartilages.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 73
Ces ligaments bornent les mouvements latéraux dans cette première articu-
lation de la jambe avec la main postérieure, et permettent ceux de flexion et
d'extension.
$ XII. — Articulations et ligaments des os du tarse entre eux.
Ces ligaments sont très-compliqués, comme chez l’homme. On verra, dans
le $ XIV, ce que les articulations des os du tarse entre eux, et avec les os
du métatarse, nous ont offert de particulier.
Remarquons encore que la surface articulaire #ibio-péronéo-tarsienne
forme, du côté du péroné, une cavité conique qui doit favoriser la flexion
du pied sur son bord externe.
$ XIII. — Articulations et ligaments des os du métatarse avec le tarse.
Le premier os métatarsien est articulé sur le premier cunéiforme tout à fait
sur le côté, ce qui lui donne une position habituellement écartée ou dans
l’abduction.
La facette articulaire du cunéiforme est convexe et a la forme d’un demi-
cylindre.
Celle du premier métatarsien est concave et se meut particulièrement dans
la flexion et l'extension autour de l'axe de ce cylindre.
Ces mouvements sont limités par de très-forts ligaments qui se trouvent
aux faces dorsale et palmaire de cette articulation, surtout à la face dorsale.
Les articulations des os du métatarse avec ceux du tarse sont en général
très-lâches.
I n’y a qu'un ligament un peu fort, qui s'étend de la face plantaire et
interne du cuboïde aux troisième et quatrième métatarsien interne.
$ XIV. — État général de toutes les articulations des os du pied.
Toutes ces articulations ont une mobilité remarquable, de sorte que chaque
os est mobile sur son voisin ou sur ses voisins.
L'astragale l’est sur le calcanéum ; la seconde rangée du tarse sur la pre-
mière, mais surtout sur l’astragale, dont l’apophyse antérieure lui sert de
pivot.
ARCHIVES Du Muséum. T. VIII. 10
74 DEUXIÈME MÉMOIRE SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Le premier métatarsien est mobile sur le premier cunéiforme ; et le pre-
mier cunéiforme sur les trois os avec lesquels il s’articule.
Les autres cunéiformes et le cuboïde sont de même très-mobiles.
Tous les métatarsiens sont mobiles sur les os du tarse.
Après le premier métatarsien, les plus mobiles sont les quatrième et cin-
quième, comme pour permettre à cette main de faire le creux.
Tous les ligaments en sont assez étendus pour faciliter cette mobilité,
A la surface dorsale, on ne trouve guère de ligament renforçant ces articu-
lations, que celui qui s'étend de lastragale au second métatarsien et au
cunéiforme.
À la face latérale interne il existe un ligament très-fort, mais lâche, qui unit
le scaphoïde au premier cunéiforme.
Il n’y a pas de ligament fort à la face latérale externe.
A la face plantaire, il y a un ligament transverse sur la tête des os du
métatarse, et un petit ligament allant du cuboïde sur le deuxième eunéiforme.
Ce ligament empêche l’aplatissement complet du pied.
Les ligaments des cunéiformes sont assez lâches pour permettre des mou-
vements qui n'existent pas chez l'homme.
Il est intéressant d'observer dans les articulations des phalanges, la liberté
de leurs mouvements de flexion et d'extension. Cette étendue tient particu-
liérement aux dimensions des têtes articulaires des os métatarsiens et des
phalanges, et à la moindre étendue des facettes articulaires de la base de
chaque phalange.
Elle tient encore aux capsules articulaires, qui sont assez lâches pour per-
mettre toute l’étendue de ces mouvements, rendue possible par ces rapports
articulaires.
Les capsules articulaires ont d’ailleurs les mêmes renforcements que däns
la main et la même disposition.
Seulement elles paraissent un peu plus faibles.
DES GRANDS SINGES PSÉUDO+ANTHROPOMORPAES. 75
DEUXIÈME PARTIE.
MYOLOGIE DES ORGANES DU MOUVEMENT, ÉTUDIÉE PRINCIPALEMENT DANS LE GORILLE
ET COMPARATIVEMENT DANS LES AUTRES SINGES SUPÉRIEURS, FORMANT LE GROUPE
DES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES.
CHAPITRE PREMIER.
MUSGLES DE L'ÉPAULE ET DU BASSIN.
$ XV. — Muscles de l'épaule.
Le Petit pectoral\. (Costo-coracoïdien.) Ce muscle a une disposition très-
particulière. Il est séparé en deux parties très-distinctes par leurs attaches
musculaires aux côtes, et dontles tendons d'insertion à l’apophyse coracoïde
ne se réunissant qu’à leur point d'attache.
La première partie a six digitations à la cinquième côte, sur laquelle elle
s'épanouit en forme d’éventail , en suivant son arc dans une grande étendue.
La dernière de ces digitations est recouverte par la première du muscle
suivant. Son tendon assez large et fort, passe en dedans de l’une des bran-
ches du sac laryngien, de celle qui s'étend sous l'épaule ; il parvient ainsi à
l'apophyse coracoïde.
La seconde partie du Petit pectoral ? n'a que deux digitations musculaires
qui se fixent aux sixième et septième côtes sternales.
Son tendon reste en dehors du lobe axillaire du sac aérien, qui le sépare
conséquemment du tendon de la première partie. Il se joint à la courte por-
tion du biceps, avant de se terminer à l’apophyse coracoïde.
A. PI. x1, fig. 1, 16.
2. PI. x, fig. 11, 44, 45 et 16.
.
76 DEUXIÈME MÉMOIRE SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Ce double muscle doit servir surtout à relever les côtes. Ces deux tendons
me paraissent devoir un peu étrangler la partie du sac laryngien qui passe
entre eux pour gagner l’aisselle.
Le Petit pectoral du Gorille diffère considérablement de celui de l’homme,
et par son plus grand développement, ses plus nombreuses digitations, et sa
séparation en deux muscles distincts qui ont chacun leur tendon, ne se réu-
nissant qu'à leur attache à lapophyse coracoide.
Dans le Chimpanzé, c’est tout un autre plan. Ce muscle s’insère aux
deuxième, troisième et quatrième côtes. Il s'attache d’autre part au ligament
coraco-clavien. Il ne se divise pas en deux parties distinctes. II est d’ailleurs
tres-petit relativement au grand pectoral.
Celui de l'Orang ressemble de même à celui de l'homme et s'attache aux
mêmes côtes. Il y a donc une très-grande différence entre le Gortille et ces
Singes supérieurs de la même famille. Il se compose de quatre digitations
dont la première qui se fixe à la seconde côte est la principale, et dont la
quatriènre s'attache à la cinquième côte.
Dans le A/agot le petit pectoral est unique et très-fort ; son insertion mus-
culaire et tendineuse s'étend en dedans ou sous celle du grand pectoral, dans
toute l'étendue de la ligne médiane du sternum jusqu'à l'appendice
xiphoïde.
Le Æhomboide 1. (Dorso-scapulien.) Son insertion à l'omoplate s'étend de
son angle inférieur jusqu’à trois travers de doigt au-dessus de lépine de cet
os. Ses fibres sont transversales dans les deux tiers inférieurs. Les faisceaux
du tiers supérieur ou antérieur sont obliques et doivent porter l'omoplate
en avant.
Sa ligne d’attache aux apophyses épineuses dorsale et cervicale est plus
étendue que la ligne d’attache scapulaire.
Celui de l Orang n'offre rien de particulier. Celui du Magot de même.
Le Grand dentelé?. Ce muscle est assez fort. Sa partie postérieure pro-
duit un large et fort tendon qui est court et se porte directement à l'angle
postérieur de l’omoplate. Ce tendon a évidemment pour effet, lorsque l’ani-
mal se suspend aux branches d’arbres, de maintenir son épaule fixée au
4. PI. xu, fig. À, 2, et fig. B, 3.
2. PL x, fig. I, A7. PI. x1, fig. Il, 20. PI. xu, fig. B. 5 et 5 bis.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 77
tronc ; effet qui est encore produit par les digitations du grand dentelé aux-
quelles il se fixe, et dont les faisceaux partent du même angle de lomo-
plate et se dirigent en arriére et en bas le long de la face dorsale du thorax
jusqu’à la onzième côte.
Ce tendon est faible dans l Orang:; il manque dans le Magot.
L’Angulaire ! ou le releveur de lomoplate. (Trachélo-scapulien.) Ce mus-
cle est composé de deux faisceaux très-distincts, dont l'insertion à l’omo-
plate immédiatement au-dessous de son angle antérieur et supérieur où dor-
sal, se fait l’un devant l’autre.
Le faisceau externe s’insère supérieurement à l’apophyse transverse del’atlas.
Le faisceau interne se fixe aux apophyses transverses des deuxième, troi-
sième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales, par autant de languettes
tendineuses communes avec celles du splénius. Cette portion de l’angulaire
envoie quelques languettes au scalène antérieur.
Dans l'Orang il y a une languette très-gréle qui va à l'occipital. Une autre
languette se joint à la partie occipitale du sterno-mastoidien. Elles sont anté-
rieures. Les languettes qui vont aux apophyses transverses des cervicales
sont au nombre de trois.
Dans le Hagot, l'angulaire de l'omoplate a quatre digitations qui vont
aux apophyses transverses des vertèbres cervicales.
Le Trapèze ?. (Dorso-sus-acromien.) Ce muscle est mince, sa portion
occipitale attachée à la crête de ce nom, tout près de la ligne médiane, est
très-étroite.
Cette portion et la cervicale sont recouvertes par une aponévrose ligamen-
teuse très-épaisse qui se fixe d’une part à toute la crête occipitale, s'étend
sur l'occiput, la nuque et le cou, et s'attache aux longues apophyses épineuses
de cette région.
L'aponévrose scapulaire du trapèze s'étend sur toute la fosse sus-épineuse,
et se termine à l’épine de l’omoplate.
Sa portion claviculaire s'attache au quart externe de la clavicule.
Son attache à l’épine dorsale descend jusqu’à la septième et huitième ver-
tébres et se perd dans l’aponévrose de cette région.
A. PI. xur, fig. B, 2.
2. PI. x, fig. A, 4 et 4 bis.
78 DEUXIÈME MÉMOIRE SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Quant aux attaches de ce muscle à la colonne vertébrale, il s'insère aux
apophyses épineuses des vertèbres cervicales, les deux premières exceptées,
ét à toutes les vertèbres dorsales.
On sait que dans l’homme il ne s'attache qu’à la dernière vertèbre cervi-
cale et à toutes les dorsalés, bien entendu aux apophyÿses épineuses de ces
vertèbres.
Dans le Chimpanzé son insertion occipitale est plus large que dans le Go-
rille, quoique moins large à proportion que chez l'homme.
$ II. — Muscles du bassin.
1. Le carré des lombes. (léo-costien.) 9. Le petit psoas. (Prélombo-
pübien.) Ces muscles ne m'ont rien offert de particulier.
CHAPITRE Il.
MUSCLES DU BRAS ET DE LA CUISSE.
$ III. — Muscles du bras.
Le Grand pectoral 1. (Sterno-humérien.) Ce muscle se compose de deux
parties distinctes, entièrement séparées dans toute leur étendue.
L'une, sterno-clavio-humérale, s'attache à la partie supérieure du sternum
et à près de la moitié externe de la clavicule; elle descend jusqu’au bord
externe de la coulisse bicipitale de l’humérus, auquel elle se fixe par un ten-
don mince, long d’un décimètre, qui se confond inférieurement avec celui de
la seconde partie.
Celle-ci, qui n’est que sterno-humérale, est fixée au sternum après l’inter-
valle qui la sépare de la première et qui est occupé par la branche latérale
du sac aérien dépendant du larynx.
Cette seconde partie du muscle pectoral descend jusqu’au niveau de la
sixième côte.
4. PI. xx, fig. I, 44 45 et 45 bis.
DES GRANDS SINGES PSEUPO-ANTHROPOMORPHES. 79
Ce muscle est extrêmement fort; ila jusqu’à 0" 08 d'épaisseur à l'endroit où
ses faisceaux convergent pour devenir tendineux, un décimètre plus en dehors.
Son tendon large et mince s'applique contre celui de la première partie et
se fixe à la même ligne, après s’étre confondu avec lui dans sa partie infés
rieure, ainsi que nous l'avons déjà exprimé.
Dans le Chimpanzé jeune, le grand pectoral n'est formé que d’un seul
muscle plus étendu, descendant de la partie supérieure du sternum beaucoup
plus bas, sur la partie la plus inférieure de cet os, jusque sur le cartilage
commun aux dernières côtes. Il recouvre complétement le petit pectoral,
Son insertion à l’'humérus a lieu, comme chez l’homme, en se contournant
un peu, de manière que les faisceaux inférieurs deviennent postérieurs ou
intérieurs, tandis que les supérieurs restent antérieurs ou extérieurs.
Dans l’Orang, le muscle est divisé en trois parties qui s’insèrent, la partie
supérieure, à la première pièce, et au bord supérieur de la seconde pièce du
sternum. Celle-ci reste à découvert dans toute sa surface externe, et ce
n’est qu’à la troisième pièce que s'attache la seconde partie du muscle en
question, qui descend jusqu’à l’appendice xiphoiïde, et recouvre les extré-
mités cartilagiennes des cinquième, sixième et septième côtes. La troisième
partie s'attache aux cartilages des huitième, neuvième et dixième côtes.
Ces trois parties se fixent à l'humérus par trois tendons distincts. Celui
de la première qui est le plus large se termine à la coulisse bicipitale ; celui
de la seconde a la même insertion, mais en dedans et seulement dans la moitié
inférieure de l’attache de la première. Enfin, le tendon de la troisième parte
s'attache immédiatement au-dessus de la seconde, sous la première moitié de
l'insertion du tendon de la première partie.
Cette disposition de l'insertion humérale des trois parties du Grand pecto-
ral, est analogue à l’inversion qui a lieu chez l’homme.
Dans le Magot, ce muscle est plus étendu; il recouvre tout le sternurm et
descend sur l’appendice xiphoïde et même sur l’aponévrose abdominale.
Tous ses faisceaux aboutissent à un seul tendon, de la même manière que
chez l'homme.
Le Grand dorsal}. (Dorso-humérien. ) Ce muscle a sesattaches inférieures :
1° Aux extrémités des deux avant-dernières côtes et à la face externe des
4. PI. xx, Gg. I, 48. PL. xx, fig, IL, 21. PL. xx, fig. A, 5 et 5 bis.
80 DEUXIÈME MÉMOIRE SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
deux dernières, en formant plusieurs digitationsqui s’entre-croisent avec celles
du grand oblique.
> Au bord externe de la crête iliaque, dans une petite étendue, par des
fibres musculaires et aponévrotiques très-courtes.
3° Enfin il se fixe par une aponévrose à tout le reste de la crête iliaque et
aux apophyses épineuses des vertebres lombaires.
Ses faisceaux descendent en rayonnant vers cette aponévrose; autrement
ils en partent pour s'élever obliquement vers l’attache supérieure et humérale
de ce muscle. Elle est formée par un large tendon aponévrotique qui va s’in-
sérer au bord postérieur de la coulisse bicipitale, après sa jonction avec celui
du grand rond.
Outre les liaisons de ce muscle avec le dorso-épitrochlien que nous allons
décrire ; il se continue par un petit faisceau avec le biceps 1.
Le Dorso-épitrochlien ?. Ce muscle singulier, long et grèle, a son tendon
supérieur appliqué et fixé à celui du grand dorsal, tout près de son insertion
à l'humérus.
Il descend le long de la face interne et postérieure du bras, et va se fixer
au condyle interne de l’humérus.
Ce muscle existe dans les autres S/nges; mais on l’a décrit comme une
partie de l’extenseur commun de Vavant-bras ayant son attache inférieure
à l’olécrane à.
M. W. Vrolick la décrit dans le Chimpanzé comme s’insérant à la fois au
condyle interne ou à l’olécräne.
Dans l’Orang, il ne se fixe qu'à l'épitrochlie; mais dans son tiers inférieur
il est lié par une aponévrose à la partie interne du biceps.
Enfin, dansle Wagot, il se tient aussi tout à la fois à l'épitrochlée. et à l’olé-
crâne.
Sa partie moyenne y reçoit par son bord antérieur, un petit muscle qui
provient du tendon commun au biceps et au coraco-brachial.
Que son insertion se fasse seulement au condyle interne de l'humérus, ou
à l’olécrâne, ou à ces deux os, son usage principal doit être dans l’action de
grimper ; lorsque l’animal ayant porté son bras dans l'érection vers le haut,
1. Je ne trouve pas ce dernier rapport dans l’Orang, ni dans le Magot.
2. Pl vir, fig. I, 2%et 2,
3. Voir l'anatomie comparée de G. Cuvier, Myologie publiée par M. Laurillard, pl.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 81
cherche à porter le tronc et le reste de son corps dans cette même
direction.
L'insertion du tendon du dorso-épitrochléen à l'humérus, avec celui du
grand dorsal, en faisant coïncider la flexion de l’humérus avec l’action du
graud dorsal, pour élever le tronc vers le bras, a, dans ce cas, son utilité évi-
dente.
Le Deltoïdei. (Sous-acromio-humérien.) Ce muscle très-puissant s’at-
tache supérieurement à la moitié externe de la clavicule, à l’acromion
qui est tres-large, et plus en arrière à l’aponévrose qui recouvre le sous-
épineux.
Ses faisceaux distincts se rapprochent en descendant, forment des bandes
profondes appliquées les unes contre les autres. Ils aboutissent à deux ten-
dons plats ; l'un postérieur qui s'attache à la ligne àpre de l'humérus et se
continue avec le court fléchisseur de l'avant-bras, par des faisceaux musculo-
tendineux tres-forts.
L'autre tendon est antérieur; il se fixe aussi à la ligne âpre et plus bas à
l’arête externe qui est la continuation de la coulisse bicipitale; au-dessus de
cette attache le tendon se perd dans le brachial interne.
Entre ces deux tendons on voit extérieurement quelques forts faisceaux
musculeux qui viennent s'entrecroiser avec une lame tendineuse mince à la
face externe du brachial antérieur.
Ces liaisons des plus forts muscles du bras et de l’avant-bras montrent que
dans l’action de grimper, les efforts simultanés de tous ces muscles étaient
nécessaires.
Dans l'Oranrg, il n’y a aucune différence esentielle.
Mais dans le Mugot, il y a proprement trois parties distinctes et bien sépa-
rées en haut: La partie clwiculaire, sa partie moyenne ou acromio-coracoi-
dienne, et sa partie sous-épineuse. Ces trois parties convergent par son atiache
humérale qui est la même que chez l’homme.
Le Coraco-brachial. (Coraco-humérien.) C’est un muscle grêle, peu im-
portant relativement aux autres moteurs de l’humérus. Son tendon supérieur
est confondu avec la portion coracoïllienne du biceps.
Il se termine au milieu de la longueur de l'humérus qu'il relève.
4. PL, x, fig. I, 5, 5, pl. vus, fig. A, 4 et 4’, et fig. C, 45.
ARCuives vu Muséum, T. VIII. at
82: DEUXIÈME, MÉMOIRE., SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Il ne différe pas essentiellement dans l'Orang, ni dans le. Wagot. Ses
inserlions et proportions sont les mêmes.
M. Vrolick a décrit et figuré! un ruban musculeux qui va, dans le Chim-
panzé, de la portiou supérieur de ce muscle à la portion interne du triceps.
A. Muscles qui s'attachent à la grande tubérosité de l'humérus.
Rotateurs en dehors
1. Le Sus-épineux. (Sus-scapulo-trochitérien.) Il est recouvert par une
aponévrose, dont le bord inférieur est épais, détaché du muscle, formant
comme un pont fortement tendu entre la partie inférieure du bord spinal
de l'omoplate et son épine, au moment où elle se change en acromion.
Cette aponévrose est mince dans la partie qui est adhérente au muscle.
2. Le Sous-épineux. (Sous-scapulo-trochitérien.) Ne présente rien de
particulier.
3. Le Petit rond. (Scapulo-sous-trochitérien. ) Son attache à l'omoplate
ne descend qu'à la moitié du bord costal de l’omo-plate. Il est parallèle au
sous-épineux, plus bas que lui.
I s'aplatit en s’avançant vers lhumérus, et se fixe à la partie inférieure
de sa tubérosité externe.
B. Muscles qui s'attachent à l’humérus au-dessous de ses. tubérosites.
Le Grand ronl.(Scapulo-humérien.) C’est un muscle puissant, qui s'at-
tache à tout le bord antérieur ou costal de l’omoplate, et dont les faisceaux
musculeux superficiels se confondent en dessous, avec ceux du sous-sca-
pulaire, et en dehors avec ceux du sous-épineux,
Ses faisceaux les plus inférieurs se réunissent au tendon du grand dorsal.
Les autres aboutissent à un tendon large et plat qui s'attache au tendon
du grand dorsal, et s'attache avec lui au bord interne ou postérieur de la
coulisse bicipitale.
Le Grand rond ? rapproche le bras du tronc.
Il a, dans le Chimpanzé, une liaison remarquable avec le triceps, par un
41. O.c.,p.19etpl.ive.
2. PI. xu, fig. À et B, 4.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES, 83
faisceau considérable qui va joindre la partie moyenne de la portion interne
de ce dernier muscle.
C. Rotateurs en dedans. — Ils: s'attachent à la tubérosité interne
de Ll'humérus
Le Sous-scapulaire. (Scapulo-trochitérien.) C’est un muscle très-fort qui
remplit toute la face costale de l'omoplate. Ses faisceaux se réunissent dans
une portion musculo-tendineuse qui revêt la face interne de la capsule arti-
culaire de l'humérus et de l’omoplate, au-dessous de l’apophyse coracoïde,
et va gagner la tubérosité interne de cet os à laquelle il se fixe.
$ IV. — Muscles du fémur.
Le plus extérieur est le muscle du fascia-lata ! (iléo-fascien), qui vient
de l'épine de l’iléon et de son échancrure, et qui se perd dans l'aponévrose
de la cuisse. Ce muscle est mince et étroit dans le Gorille.
Il existe aussi dans le Cimpanzé où il s'attache supérieurement à tout le
tiers externe de l’arcade crurale.
Il est remplacé par un simple tendon plat dans l’Orang.
Dans le Hugot, au contraire, je trouve sa partie charnue épaisse et forte,
plus à proportion que chez l'homme.
1. Muscles du grand trochanter. — Rotateurs de la cuisse.
Le Carré de la cuisse. (Ischio-trochantérien). Ce petit muscle à fais-
ceaux minces, va de l’ischion au grand trochanter.
L'Obiurateur externe. (Sous-pubio-trochantérien.) N'a rien de parti-
culier.
Le Pyramidal ?. (Sacro-trochantérien.) Va du sacrum au sommet du
grand, trochanter auquel il s’insére par un tendon mince et plat.
Les Jumeaux %. (Isclui-trochantériens.) Vont de la face postérieure du
4. PL vu, fig. 4, 40.
2. PL xui, fiz. À, 6.
3. PL. xun, fig. À, 8 et 8’.
84 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
corps de l'ischion, de chaque côté de l’obturateur interne, à la fosse du
grand trochanter.
L'Obturateur interne 1. (Sous-pubio-trochantérien.) De la face interne
du trou obturateur contourne l'ischion de dedans en dehors entre les
attaches des jumeaux, et se fixe derrière le grand trochanter dans la fosse de
ce nom.
>. Muscles de la face interne de la cuisse, et du petit trochanter.
Le Psoas. (Prélombo-trocantinien.) C'estun muscle très-fort qui s'attache
sur le côté du corps des vertèbres lombaires et z1:x deux dernieres vertè-
bres dorsales. Son tendon se fixe au petit trochanter
L'/liague ?. (Yéo-trocantinien. ) 1l remplit toute la fosse iliaque. Se joint
de tres-bonne heure au psoas ; il en forme la partie externe mince et tran-
chante, jusqu’à leur attache commune, au petit trochanter.
3. Muscles fléchisseurs de la cuisse.
Le Grand fessier 3. (Sacro-fémorien.) Ce muscle est très-fort. Ses faisceaux
épais et distincts viennent de l'aponévrose qui recouvre le moyen fessier,
s'attache à la crête de l’iléon, et est commune au sacro lombaire.
En dedans, ses faisceaux musculeux s’attachent au sacrum, au ligament
sacro-sciatique, et enfin à l'ischion.
Tous ces faisceaux convergent vers le fémur et commencent à s’y fixer au.
dessous du grand trochanter, puis dans tout le reste de l'étendue de cet os
jusqu’à la capsule articulaire du genou où il se termine.
Son action comme fléchisseur de la cuisse doit être très-puissante.
L'/schio-fémorien #. Ce muscle, qui pourrait être considéré comme acces-
soire du Grand fessier, a un tendon commun à l'ischion avec la longue por-
tion du biceps. 11 descend derrière le fémur, commence à s’y attacher au-
dessous de l'insertion de la partie supérieure du grand fessier, et descend
4. PL. xt, fig. À, 7.
2. PI. vin, fig. A, 44 et 42.
3. PI. xu, fig. À, 7 et 7/. PI. vin, fig. À, 4, 2, 3, #, et fig. C, 4, 4’, 4".
4. PI, vin, fig. C, 4’ et 4”, et fig. H, 3 et 3°.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 85
jusque sur les parties latérales de l'articulation du genou, qu’il recouvre par
un tendon aponévrotique.
Le Moyen fessier! (Héo-trochantérien.) Il est encore plus fort que le
grand fessier ; il remplit toute la fosse iliaque externe, s'attache à tout le
pourtour de l’iléon et se fixe d’antre part au grand trochanter.
Le Petit fessier ? (Wii-trochantérien.) Ce muscle n'offre rien de particu-
lier. Il s'attache au bas de la fosse iliaque externe, et d’autre part au grand
trochanter, à son bord antérieur.
Il s'en détache un faisceau plat et large qui se continue avec le vaste
externe.
C’est un releveur de la cuisse.
4. Adducteurs de la cuisse.
Le Pectiné 3. (Pubo-fémorien.) C’est un muscle compliqué ; sa portion
externe s’attache à la branche horizontale du pubis, et se porte au fémur,
où elle se termine au-dessous du petit trochanter.
Elle est courte et plate à son extrémité inférieure ; assez épaisse supérieu-
rement. Plus en dedans et dans tout le reste de l'étendue de la branche hori-
zontale du pubis, jusqu’à la symphise, se fixe la seconde portion du pectiné
qui est très-épaisse. Son insertion, d’autre part, est au-dessous du petit tro-
chanter.
Les trois Adducteurs de la cuisse 4. (Sous-pubo, sous-pubi et ischii-
fémoriens.) 11 y en a un très fort qui vient de la symphise du pubis.
Un autre, qui descend de la branche horizontale du pubis, en dehors de
la deuxième portion du pectiné.
Deux autres tres-puissants descendent de la branche descendante de l’is-
chion.
Les trois premiers se fixent ensemble à une assez grande étendue de la
portion inférieure de la ligne âpre du fémur.
Le dernier descend jusqu’au condyle interne.
4. PI. xu, fig. À, 6, et fig. B, 8 et 9.
2. PL. xu, Gg. À, 5.
3. PL. vur, 2. fig. B et fig. À, 43.
&. PI. vin, fig. B, 7, 8.
86 DEUXIÈME. MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Tous ces muscles sont remarquables par leur développement-etconséquem-
ment par leur puissance d'action.
CHAPITRE III.
MUSCLES DE L'AVANT-BRAS ET DE LA JAMBE.
$ V. — Muscles de l'avant-bras.
Ces muscles sont des extenseurs, des fléchisseurs, des pronateurs et des
supinateurs, comme chez l'homme.
J. Extlenseurs.
Le Triceps ‘brachial{. (Scapulo-olécranien.) La portion moyenne de ce
muscle est fixée au bord costal de lomoplate entre le petit rond et le grand
rond, jusque sous la cavité glénoïde.
La portion externe s'attache aussi à l’'omoplate, plus près de la cavité glé-
noïde, par un tendon plat. Elle est fixée d'autre part à lhumérus dans une
grande étendue qui commence au-dessus du condyle externe jusqu’à l’olé-
crâne. Cette portion est réunie à la moyenne dans sa partie inférieure.
La portion interne de ce muscle descend du second quart de l’humérus au-
dessous du grand rond.
Le tendon commun par lequel ces trois portions s'attachent à l'olécrane est
très-large et tres-fort.
L’Anconé. (Épicondylo-cubitien.) Ce muscle s'étend du condyle interne
de l'humérus à la partie supérieure du cubitus. Il est fort.
2. Fléchisseurs.
Le Biceps1. (Scapulo-radien.) Les deux portions ne se réunissent que
4. PI. vi, fig. À, 3, et fig. C, 3.
2. PI. var, Mig. À, 5 et5', et fig. C, 16 et 16 et 48. .
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 87
tres-bas: Le tendon de l’une fixé, comme chez l'homme, à l’apophyse cora-
coide, s’y réunit de même à celui du musele coraco-brachïal.
Le tendon de l’autre portion fixé au bord supérieur de la cavité glénoïde,
traverse la capsule de l'articulation huméro-scapulaire pour descendre le
long de la coulisse dite bicipitale. Les fibres musculaires de ces deux parties
d'ün même muscle, commencent à la même hauteur.
Leur attache inférieure à la tubérosité bicipitale du radius a lieu par un
tendon très-large, il a 0" 032. 11 se compose de petits tendons parallèles qui
restent régulièrement distincts jusqu’à la terminaison.
Outre son action comme fléchisseur de l'avant-bras, ce muscle doit por-
ter fortement cette partie dans la supination, lorsqu'elle est dans la pro-
nation.
Dans le Cimpanzé, nous avons vu un faisceau musculaire se séparer du
biceps et se porter sur l'aponévrose commune de l’avant-bras.
Le Brachial interne où antérieur! (Huméro-cubitien.) On peut distin-
guer dans ce muscle deux portions, l’une externe et plus forte, beaucoup
plus épaisse, qui s'attache à la face inférieure et antérieure de l'humérus
par des fibres musculaires, Cette portion s’unit en haut au deltoïde, et en
bas, par quelques faisceaux tendineux, au supinateur.
L'autre portion, qui est interne, plus large et moins épaisse que la précé-
dente, se termine au même tendon. Célui-ci est plat et mince; il descend au
dedans de l'apophyse coronoïide du cubitus et se fixe à l'empreinte rugueuse
que présente cet os.
Les mémes proportions, dans les deux parties de ce muscle, ont été signa-
lées dans le Chimpanzé ?.
Le brachial antérieur ne remonte pas jusque versle col. de: l'humérus:; ‘il
ne s'élève qu’à la moitié de la hauteur de cet os.
Ses liaisons avec le deltoide d’une part, et avec le long supinateur, d'autre
part, me paraissent encore relatives au grim per qui exigeait une transnrission
de mouvement de la main au tronc par l'épaule,
Nous avons trouvé ces liaisons beaucoup moins fortes dans un jeune Chim=
panzé. Aussi n'ont-elles pas été stigmatisées par M. Vrolick, qui a remarqué
4. PL vus, fig. À, 6.
2. M. Vrolick, ©. c., p. 49.
88 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
les proportions dans les deux parties de ce muscle que nous venons d’indi-
quer dans le Gorille.
3. Muscles supinateurs ?.
Le Long supinateur. (Hu méro-sus-radien. ) Son attache supérieure est au
tiers supérieur et externe de l'humérus, au-dessus du condyle, par des fibres
charnues.
L'inférieure est à la base de l'apophyse stiloide du radius, à laquelle ils at-
tache par un tendon grêle.
Quelques-uns de ses faisceaux musculeux s’entrecroisent avec la partie la
plus externe du triceps.
Vis-à-vis du pli du coude, il reçoit un tendon plat de la portion externe
du brachial interne ou antérieur.
Ce muscle peut devenir fléchisseur lorsque l’avant-bras est dans la super-
natisn, de là sa liaison avec l’huméro-cubitien.
Le Court supinateur. (Épicondylo-radien.) Muscle plat et large, qui des-
cend du condyle interne au radius, autour duquel il s’enroule dans une lon-
gueur de 0" 100 au moins de sa partie supérieure. Il en recouvre toute la
face postérieure et s'attache à sa face antérieure.
Comme le long supinateur, ce muscle, pour aider à la flexion de l'avant
bras sur le bras, lorsque celui-ci est dans la supernation.
4. Les pronateurs.
Sont comme chez l'homme.
Le Rond pronateur$. (Épitrochlo-radien.) Vient du condyle interne et
s'attache à la partie moyenne du radius.
C’est un muscle fort, dont les fibres musculaires se prolongent en dessous
et en bas; tandis que les tendineuses commencent plus tôt à la face externe,
et forment un tendon plus allongé, de 0" v6, qui s'enroule autour du radius
jusqu’à sa face postérieure
4. 0: c:; p.19:
2. PI, vu, fig. C, 49.
3. PI. vu, fig. C, 8.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 89
Le Carré pronateur !, | Cubito-radien.) Il s'attache, comme chez l'homme,
autour de l'extrémité inférieure et postérieure du cubitus par des fibres
tendineuses; il ne montre que des faisceaux musculeux minces qui se fixent
à l'extrémité inférieure du cubitus.
$ VI. — Muscles de la jambe.
1. Extenseurs de la jambe. Droit antérieur ?. (Téo-rotulien.) Vient de
la crête de l’iléon; il se joint au vaste externe au bas de la cuisse et un peu
plus au vaste interne, puis au tendon commun de ces deux extenseurs. Ce
muscle est étroit et médiocrement épais. Il occupe toute la partie antérieure
de la cuisse.
Ce muscle, dans le Gorille, répond par son attache supérieure au droit an-
térieur de l'homme, et par ses liaisons avec les cruraux latéraux au crural
moyen ou à la portion moyenne du triceps fémoral, qui existe cependant,
ainsi que nous le disons, immédiatement.
Dans l’'Orang, ce muscle reste partout séparé du ‘rural. On peut même
distinguer son tendon sur la partie moyenne de la rotule de celui qui le
déborde de chaque côté et qui appartient aux deux parties latérales du
crural.
Triceps crural 3. (Trifémoro-rotulien.) Ce muscle est très-fort, surtout
sa portion antérieure ou le vaste externe.
Nous y avons distingué une portion moyenne unie aux deux autres vers le
haut, qui s’en sépare vers le bas, où elle en est recouverte ainsi que le droit
antérieur.
Dans l'Orang, le triceps ne se divise pas entre eux. Il y a un vaste externe
plus fort, et un vaste interne dont les faisceaux recouvrent la partie anté-
rieure du fémur, et sont recouverts par le droit antérieur.
Dans le Magot, le droit antérieur est bien distinct et bien séparé du triceps,
surtout de ses portions interne et moyenne. Il se réunit à la portion externe
dans le dernier tiers de la cuisse, d’abord par sa partie charnue ensuite par
A. PL. vu, fig. C, 24.
2. PI. van, fig. À, 45. PI. vin, fig. B, 6.
3. PL. vir, fig. 46, vaste externe. PI. vur, fig. B, 6, vaste interne.
ARcaives pu Muséum, T. VIII. 12
90 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
éon tendon. Celui-ci recouvre la surface de la rotule et se continue jusqu'au
tibia.
Le vasté externe est extrêmement fort, beaucoup plus que le vaste interne.
La partie moyenne de ce {riceps S'attache à la partie antérieure de l'os de
la cuisse, et la recouvre en restant séparée des deux portions latérales.
C’est absolument comme chez l’homme.
Il y a aussi un Fascia-lata, où un muscle tenseur de l’'aponévrose crurale,
qui est tres-épais et recouvre le commencement du vaste interne.
2. Muscles fléchisseurs. Le Couturier !. (Iléo-prétibien.) C’est un mus-
cle grêle qui à la même disposition et les mêmes attaches, ainsi que dans
lOrang et que chez l'homme.
Le Droit interne ?. (Pubio prétibien.) Il est large et épais ; son tendon apo-
névrotique descend très-bas au-dessous du couturier, sur l’arête interne du
tibia et sur sa face antérieure.
C’est un muscle très-fort.
Le Biceps 3. I se divise en deux muscles distincts. Celui qui répond à la
longue portion vient de la tubérosité ischiatique et se fixe d'autre part au
tibia, au côté externe de sa tubérosité articulaire.
L'autre muscle vient du fémur par lequel il s’attache à la ligne àpre d’une
part, en remontant jusque près du grand trochanter. 1] se fixe d'autre part à
la tête du péroné.
A sa partie inférieure et interne, il envoie une petite languette qui va se
perdre dans l’aponévrose de la jambe.
Toutes ses dispositions montrent une singulière ressemblance avec le biceps
crural chez l'homme.
Le Demi-tendineux *. (Ischio-prétibien.) Sa partie musculaire commence
plus tôt que celle du demi-membraneux, etil est plus fort que ce dernier.
Il s'insère à la crête et à la face antérieure du tibia, au-dessous de sa tubéro-
sité antérieure. Son attache est recouverte par celle du droit antérieur et du
couturier.
PI. van, fig. B, 5. PI. vu, fig. À, 44.
1. Le]
2. PI. vin, fig. B, 4. PL. vin, fig. C, 2.
3. PI. van, fig. À, 4 et 4’ pour la première partie. PL. vus, fig. A, 5 6, et 6". PI. vus, fig. A, 5
et 5", pour la seconde partie.
4. PL vin, fig, C, 3.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 94
Ce muscle est plus fort que chez l’homme ; il en est de même de celui de
l'Orang.
Le Demi-membraneux. (Ischio-sous-tibien). Il est fixé à l’ischion par un
tendon mince lié à celui du grand adduoteur.
Son attache inférieure a lieu beaucoup plus haut que .celle du demi-tendi-
neux. Ce muscle est charnu dans la plus grande partie de son étendue; mais
il est moins épais que le muscle demi-tendineux.
ILest moins volumineux à proportion que-chez l'homme.
L'Orang l’a semblable.
Le Poplité. (Poplito-tibien.)H va du,condyleexterne au tibia et ne présente
rien de particulier.
CHAPITRE IV
MUSCLES DU CARPE ET DU MÉTACARPE. MUSCLES DU TARSE ET DU MÉTATARSE.
$ VII. — Muscles du carpe et du métacarpe.
Le Cubital interne 1. (Épitrochlo-carpien.) Du condyle interne de l’'humé-
rus à l'os pisiforme.
Ce muscle a un tendon aponévrotique interne, -duquel partent en série
oblique les fibres musculaires du palmaire grêle.
Le tendon-de celui-ci est évident au bord interne .de celui du cubital
interne auquel il est soudé dans une partie de son étendue.
‘Dansile Chimpanzé, le palmaire grêle n’est réuni au cubital interne qu'a
son origine. C’est un-muscle très-gréle, dont l’aponévrose se divise en plu-
sieurs languettes qui se-perdent dans l’aponévrose palmaire ; la plus considé-
rable estcelle-du milieu.
Le cubital externe ou postérieur. (Cubito-sus-métacarpien.) Du condyle
externe de l’humérus et du cubitus au métacarpien du petit doigt ; à son
extrémité supérieure et externe.
Il n’y a pas de différence dans celui du Chimpanié.
4. PL. var, fig. C, 5.
92 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Ce muscle doit porter le cinquième métacarpien, et par suite le petit doigt
dans l’abduction.
Le Aadial interne * où grand palmaire. (Épitrochlo-métacarpien.) De
l'épitrochlée à la base du métacarpien de l'index, aprés avoir passé dans une
gaine ligamenteuse et dans une coulisse que lui fournit le trapèze. Son tendon
est très-fort 2.
Ce muscle se confond, à son origine, avec le rond pronateur et le fléchis-
seur sublime. 11 a une longue insertion au radius avec les muscles, et recou-
vre l’avant-bras.
Dans le Chimpanzé, ce muscle ne s’insère pas au radius. Il va directement
du condyle interne à son tendon d'insertion, et tient à la masse commune
du rond pronateur et du fléchisseur sublime. 1] est d’ailleurs plus grèle que
dans le Gortlle.
Le premier Radial externe #. (Huméro-sus-métatarsien de l'index.) De la
crête externe de l’humérus au côté externe du métacarpien de l'index. Il porte
le dos de la main vers l'avant-bras et la dirige un peu en dedans.
Le second Radial externe #. (Épicondylo-sus-métacarpien du médius.) Ce
muscle va du condyle externe au côté externe de la base du métacarpien
du grand doigt. Son tendon est le double plus fort que celui du premier
radial.
$ VIII. — Muscles du tarse et du métatarse.
A. Æxtenseurs ou muscles du tendon d Achille.
Les Gastrocnémiens 5. (Bifémoro-calcaniens.) Leur insertion supérieure
est au-dessus des deux condyles. Ils sont encore plus étroits que le soléaire
et restent séparés beaucoup plus longtemps que chez l'homme.
Le Soléaire 5. (Péronéo- (et non tibio-) calcanien.) Ce muscle ne s'insère
. PI. vin, fig. C, 4 et 4.
. Il s’est glissé une erreur dans les leçons, on y lit : l'os cunéiforme au lieu du trapèze.
. PI. vir, fig. 8 C, et 8’ et pl. vu, fig. B, 9.
. PI. vu, fig. B, 9 et 9’.
. PI. vin, fig. A, 7, pour l’externe. PI. vu, fig. B, 40, pour l’interne. PI. vin, fig. C, 7 et 7.
. PI. van, fig. C, 8.
D Œ à & 19 —
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 93
supérieurement qu'à la tête du péroné et non au tibia. C’est donc un péronéo-
calcanien. Cette insertion a lieu par des fibres aponévrotiques qui recouvrent
sa face antérieure. Sa forme est aplatie et peu large.
Le soléaire se réunit aux gastrocnémiens plus bas que leur propre réunion.
Cette union n’a lieu que par leurs bords correspondants. Leur face posté-
rieure, qui est également tendineuse, reste libre jusque très-près de l’attache
du tendon d’Achille.
Les faisceaux musculeux du soléaire descendent extérieurement sur la
partie moyenne de ce tendon et celle des jumeaux sur les parties latérales.
Dans nos trois exemplaires d'Orang, les tendons des deux gastrocnémiens
restent séparés jusqu'à la partie inférieure de la jambe, très-près de l’inser-
tion du tendon commun à la saillie du calcanéum. Le jumeau externe s’unit
aussi très-tard au soléaire ; l’interne beaucoup plus tôt.
Ces trois muscles sont faibles relativement à ceux de l’homme, c’est-à-dire
qu'ils sont moins développés à proportion; et ne forment pas, par leur vo-
lume, de saillie analogue au mollet de l'homme. Mais leurs faisceaux muscu-
leux descendant très-bas jusqu’au calcanéum, compensent en partie ce qui
manque à ces muscles en haut de la jambe. Ils ont évidemment, chez ces
Singes, une plus grande étendue de contraction.
Le Plantaire grêle ! (Fémoro-calcanien.) M. Vrolick l'indique dans le
Chimpanzé. 1 manque dans le Gorille et l'Orang ?.
Le Long péronien lateral ÿ. (Péronéo-sous-tarsien.) S'insère à toute la moi-
tié supérieure de la face externe du péroné et à sa face inférieure, jusqu’à
une aponévrose qui le sépare de l’extenseur commun et du jambier exté-
rieur. Une autre aponévrose le sépare en arrière du fléchisseur du gros
orteil.
Le tendon de ce muscle passe derrière la malléole dans une coulisse qui
lui est d’abord commune avec le tendon du court péronien, qui est séparé
ensuite. Il se dirige au delà transversalement vers le côté interne du pied,
passe dans une rainure du cuboïde, et va gagner la base du métatarsien du
pouce. Ce tendon est très-fort.
Le long péronien latéral doit porter fortement la face plantaire du pied
4. Ilest dit exister dans les singes. — Leçons, tome I, page 539.
2. Nous avons constaté son absence dans nos trois exemplaires.
3. PI. vu, fig. A, 9 et 9’. PI. var, fig. À, 3. PI. vu, fig. C, 9 et 9".
94 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
en dehors, et s'étendre sur la jambe. Il rapproche aussi fortement le pouce
des autres doigts en le fléchissant.
Cela est si vrai, qu’il remplace dans l’Orang le long fléchisseur du gros
orteil qui manque dans ce Singe.
Le Court péronier latéral 1. (Péronéi-sus-métatarsien.) S’attache plus bas
que le précédent à la face externe du péroné. Son tendon, après avoir tra-
versé la même coulisse que celui du long péronien, passe dans une coulisse
qui lui est propre, pour s’insérer à la tête du cinquième métatarsien.
Il doit porter en dehors, comme le précédent, le bord externe du pied tout
en le recevant directement.
Il s'étend aussi un peu sur la jambe.
L'Orang Y'a conforme à celui du Gorille.
Tibial ou jambier antérieur ?. (Tibio-sous-métatarsien.) Descend de la face
antérieure, supérieure et externe du tibia, et s'attache à toute la moitié supé-
rieure de cet os.
Une aponévrose le sépare du long extenseur commun, du long extenseur
du pouce et du long péronien.
Un peu au-dessus du coude-pied, il se divise en deux parties, ayant cha-
cune leur tendon.
L’antérieur de ces deux tendons s’insère à la base du premier métatarsien
du côté interne.
L'autre de ces deux tendons se termine au premier cunéiforme et à la cap-
sule articulaire de cet os avec le premier métatarsien.
Ce muscle répond, en partie, au long abducteur du pouce de la main tho-
racique.
Il présente peu de différence chez l'Orang, sauf que la séparation en deux
tendons a lieu plus haut, et que le tendon antérieur ne se sous-divise pas.
Dans le Chimpanzé, la division musculaire a lieu plus tôt, de sorte qu'il y
a proprement deux muscles. L'un, fixé à la face antérieure et supérieure du
tibia et le plus considérable, envoie son tendon au premier cunéiforme. L’au-
tre, attaché principalement au ligament inter-osseux et à la gaine fibreuse
de la jambe, se termine par un tendon plus grêle à la base du premier os mé-
tatarsien.
4. Plwvor, fig. C, 44. PI. rx, Gg. À, 5.
2. PL. van, fig. B, 42, 43 et 14. PI. rx, fig. A, 6, 7et 8.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. LES
Le muscle qui s'attache au premier cunéiforme répond à l’abducteur du
pouce, qui se termine au trapèze; l’autre à l’autre portion de l’abducteur,
qui va au premier métacarpien.
Le tibial postérieur !. (Tibio-sous-tarsien.) S'insère à la face supérieure et
postérieure du tibia entre le fléchisseur commun et le fléchisseur propre du
pouce.
Son tendon passe dans une coulisse qui lui est propre derrière la malléole
interne ; sous le scaphoïde et les cunéiformes.
Je le trouve à proportion beaucoup moins fort que chez l'homme. Cette
différence me paraît dépendre de la différence dans la station du Singe, qui
pour grimper n’a pas besoin d'étendre le pied sur la jambe, comme cela est
nécessaire chez l'homme.
CHAPITRE V
MUSCLES DES DOIGTS DE LA MAIN ANTÉRIEURE ET DE LA MAIN POSTÉRIEURE.
S IX. — Æxtenseurs et Abducteurs des doigts de la main antérieure.
1. L’ÆZxtenseur commun ?. (Épicondylo-sus-phalangien. ) Dans le Gorille,
il se compose de quatre portions assez distinctes, ayant autant de tendons
pour les doigts qui suivent le pouce. Ceux-ci se séparent sous le ligament
annulaire près duquel les fibres charnues du muscle ou de ses divisions
dépendent.
Les tendons des deuxième, troisième et quatrième doigts sont très-forts;
celui du petit doigt est relativement faible ; celui du quatrième doigt envoie
dès le milieu de da longueur du métacarpien de ce doigt, une forte bride ten-
dineuse qui s’avance obliquement pour s'unir au tendon du troisième doigt.
Cette disposition lie plus fortement l’action de ces deux tendons.
Chacun des trois premiers tendons se divise en trois; un tendon moyen
4. PI. vin, fig. C, 42.
2. PI. vur, fig. A, 40.
96 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
qui se termine à la base de la deuxième phalange, et deux brides latérales qui
vont jusqu'à celle de la troisième phalange.
Le tendon de l’extenseur commun du petit doigt ne se divise pas et ne va
que jusqu’à la base de la phalangienne ou de la deuxième phalange.
Il y a cependant une bride interne tendineuse qui se prolonge jusqu'à la
base de la phalangienne ; elle appartient à l’inter-osseux.
L’extenseur propre du petit doigt envoie à la même phalange une bride
tendineuse externe.
Dans le Chimpanzé, le faisceau de l’extenseur commun qui appartient à
l'index est séparé dans presque toute sa longueur. L'autre partie de ce mus-
cle qui va aux trois derniers doigts ne forme qu’un seul ventre. Ses tendons
restent séparés jusqu’à la main. Là ils se confondent en une aponévrose
commune à laquelle le tendon du petit doigt se réunit le dernier. C’est
ensuite de cette aponévrose que se séparent de nouveau les tendons respec-
tifs de ces doigts.
Au-dessus du ligament annulaire, c’est le tendon du médius qui est le plus
fort; viennent ensuite ceux de l'indicateur et de l’annulaire. Le tendon de
l'auriculaire est très-gréle. Un petit faisceau musculeux s’en détache pour
joindre la réunion aponévrotique des trois derniers tendons que nous venons
d'indiquer, et qui a lieu sur leurs métacarpiens, avant qu'ils se séparent de
nouveau pour gagner les phalanges.
Dans l'Orang, l'extenseur commun a la partie charnue qui appartient à
l'index, beaucoup moins distincte que dans le Climpanzé. Ses tendons ne se
séparent qu’un peu au-dessus du ligament annulaire.
2. L'Extenseur propre de l'index 1, (Cubito-sus-phalangien. ) Ce muscle est
très-petit. Ses fibres musculaires s’attachent tres-bas sur la face dorsale du
cubitus.
Son tendon fort grêle s’unit à celui de l’extenseur commun de ce doigt au
niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne et se perd vis-à-vis l’articu-
lation suivante.
Le très-petit volume de ce muscle démontre qu'il a perdu ici l’usage parti-
culier qu'il a chez l'homme, où son tendon est aussi fort que celui qui vient
de l’extenseur commun.
4. PI. vus, fig. A, 20 et 20’.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 97
Dans le Chimpanzé, 'extenseur propre de l'index est aussi un petit muscle
qui s'attache à la partie inférieure du cubitus. Son tendon a une gaine parti-
culiere et reste isolé, sans se lier aux tendons soit de l’extenseur commun,
soit d’un extenseur particulier du médius, qui n’existe pas ici comme dans
l’Orang.
Sa partie principale s’épanouit aussi sur l'articulation métacarpo-phalan-
gienne et se termine en grande partie à cette phalange, sauf une partie grêle
qui va du côté externe jusqu’à la seconde phalange.
Dans l’Orang, le tendon de l'extenseur propre de l'index s'épanouit sur
l'articulation métacarpo-phalangienne comme sur un genou, et se termine à la
base de la première phalange, dans la ligne où l’épiphyse se soude au corps
de l'os. Il donne encore un tendon qui va se terminer à la première phalange
du médius, et devient ainsi un extenseur propre de l’érdicateur et du médius.
L'extenseur propre de l'indicateur n'existe pas toujours dans l'Orang. 11
manque chez deux de nos sujets, où il est remplacé par un extenseur propre
du médius.
3. L'Extenseur propre du petit doigt. (Épicondylo-sus-phalangettien du
petit doigt.) Ce muscle vient par des fibres aponévrotiques de la partie moyenne
de la masse charnue appartenant à l’extenseur commun. Son tendon se con-
tinue jusqu’à la base de la phalange onguéale, en figurant la bride externe de
l’extenseur commun, telle qu’on la voit dans les trois doigts précédents.
Il glisse dans une coulisse particulière du carpe et s’unit fortement au ten-
don de l’extenseur commun, à la hauteur de l'articulation métacarpo-pha-
langienne.
Ce muscle différe comme le précédent de celui de l'homme, par les plus
petites proportions de sa partie charnue et de son tendon. Celui-ci ne se
divise pas, comme cela a lieu souvent chez l'homme, en deux parties, dont la
plus rapprochée de l’annulaire s’unit au tendon de l’extenseur commun qui
se sépare du tendon de l’annulaire pour se porter sur la tête du cinquième
métacarpien.
Il est encore évident ici que l'extension séparée du doigt auriculaire est
moins importante que chez l'homme, à en juger par les petites proportions
de ce muscle particulier.
4. PL. var, fig. A, 19 et 49’.
ARCHIVES pu Muséum. T. VIII. 13
98 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Dans le Chinmpanzé, l'extenseur de l’auriculaire épanouit son tendon sur
l'articulation de la première phalange avec son métacarpien, sans s'y atta-
cher, et va se confondre avec le tendon de l’extenseur commun, dont il
devient ainsi un auxiliaire ; il est plus fort que l’extenseur propre de l’indi-
cateur.
Dans l’Orang, c'est l'inverse.
Il y a d’ailleurs chez ce dernier un exrtenseur propre de l’auriculuire et de
l'annulaire, dont la partie charnue le sépare de celle de l’extenseur commun.
Elle produit deux tendons pour ces deux doigts, qui passent par une
coulisse particulière du carpe. En sortant de cette coulisse, chacun de ces
tendons va s’insérer à la tête de la première phalange du doigt auquel il
appartient.
Cette attache à la première phalange caractérise tous les extenseurs pro-
pres chez l'Orang. C’est une dégradation qui montre qu’ils servent plutôt à
détacher les doigts, des corps qu’ils ont empoignés qu’à les étendre. Ce ne
sont plus des extenseurs particuliers servant à étendre les doigts supérieurs;
mais des auxiliaires de l’extenseur commun.
D'ailleurs, ici l'existence d’un seul faisceau charnu pour les deux tendons
qui vont aux deux derniers doigts, montre que l’extenseur particulier de
lauriculaire n’a plus d’action séparée de celle de l’annulaire.
On sait que l’annulaire manque chez l’homme.
Dans le Chimpanzé, on pourrait considérer, comme remplissant l’exten-
seur propre de l’annulaire, un petit faisceau qui se détache du corps de
l'extenseur commun, et produit un tendon séparé qui se termine, comme
ceux des autres extenseurs propres, dans l’aponévrose de l’extenseur
commun.
Nous n'avons rien vu de semblable dans le Gortlle.
4. Le Long extenseur du pouce *. (Cubito-sus-phalangettien. ) 1] vient du
cubitus et du ligament inter-osseux. Son tendon assez fort passe sous le
ligament annulaire et gagne la partie médiane dorsale des deux pha-
langes du pouce; il se divise sur la premiere et se termine à la base de la
seconde.
Ce muscle a les mêmes attaches que chez l'homme. Seulement il est plus
q
1. PI. vus, fig. À, 413 et 43’.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROFPOMORPHES. 99
petit dans ses parties charnues et tendineuses. Ses fibres musculaires des—
cendent aussi plus bas, jusqu'au ligament annulaire dorsal, dans lequel il à
comme: chez l'homme, une gaine particulière. Il a donc la même indépen-
dance que chez l'homme, avec moins de force à proportion.
Je l'ai trouvé aussi fort dans le Chinmpanzé que chez l'homme.
5. Le Count extenseur du pouce !. (Cubito-sus-phalangien.) Ce muscle est
assez bien:séparé dans la partie charnue du long abducteur, quoique son ten”
don: soit réuni d’abord à celui-ci. Il va se fixer au côté-radial de la première
phalange du pouce.
En bas, vis-à-vis de l'os trapèze, il.se divise.et produit un petit tendon que
j'ai d’abord pris pour la seule trace de ce muscle, en considérant que sa
partie charnue appartenait en totalité au long abducteur du pouce, comme
céla a lieu dans le Chimpanzé ?.
Dans le Chimpanzé, le court extenseur du pouce manque; le long abduc-
teur de ce doigt en tient lieu. Il ne s’en détache pas même du côté cubital de
son tendon, un tendon grèle, comme indication de ce court extenseur.
Dans l Orang, c’est la même disposition.
6. Le Long abducteur du pouce ÿ. (Cubito-sus-métacarpien.) Dans le Go-
rille, ce muscle est réellement distinct du court extenseur du pouce, comme
on pourra le voir dans les deux figures que nous en publions. La partie char-
nue de ces deux muscles n’est confondue que dans leur tiers supérieur. Son
tendon principal descend le long du bord radial du métacarpien du pouce
pour se terminer au côté radial de la base de sa première phalange.
7. Le Cubito-sus-trapézien#. C'est un muscle dépendant du long abducteur,
dans l'homme; mais qui en est complétement séparé dans le Gorille. I de-
vient ainsi un muscle du carpe, bien distinct, dont le tendon passe sous la
même coulisse que celui du long abducteur.
Ainsi, dans l'homme, le court extenseur est ordinairement un muscle dis-
tinct, et le muscle précédent est réuni au long abducteur dont il n’est qu’une
portion.
4. PI. vur, fig. À; 42.
2. Voilà pourquoi il est dit dans l’explication de la pl. vu, fig. B, 3', que ce petit tendon.est la
seule trace du court extenseur.
3. PL. vir, fig. B, 2 et 2'.
4. PI. vis, fig. A, 11 et pl. vu, fig. B, 2.
100 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Dans le Gorille, au contraire, le court extenseur est réduit à un tendon
grêle provenant de celui du long abducteur du pouce (comme cela a lieu
quelquefois et par exception chez les sujets humains), et ce dernier muscle
est séparé du cubito-sus-trapézien.
Dans le Chimpanzé, ces deux tendons ne se distinguent qu'à partir du liga-
ment annulaire, entre ce ligament et le métatarsien. Dans l’un et l’autre, la
division qui va au trapèze est plus forte que celle qui va au métacarpien.
Le cubito-sus-trapézien existe aussi dans l’Orang, c’est-à-dire que le long
abducteur du pouce a deux tendons dont l’un s’arrète au trapèze, et l’autre
s'épanouit sur la face antérieure de la tête du premier métacarpien.
8. Le Court abducteur du pouce ?. (Carpo-sus phalanginien.) Ce muscle
vient du trapèze et de la base du ligament palmaire par des faisceaux obli-
ques qui s'étendent jusque vis-à-vis du pisiforme, et se prolongent jusqu’à
la base de la première phalange , où ils se terminent à son bord radial.
Il en est de mème dans le Chimpanzé et dans l’'Orang.
Relativement aux extenseurs propres du pouce et à ses abducteurs, il est
bien évident que leur mécanisme est tel que l’action du long extenseur dans
l'homme, comme dans le Gorille, peut se produire indépendamment de celle
des abducteurs longs ou courts.
Mais il est évident en même temps que l’abduction du pouce est plus soi-
gnée que l'extension de ce doigt; puisque dans l’homme le court extenseur
peut disparaitre et n'être remplacé que par un tendon dépendant du long
abducteur, qui complique son action comme dans le Gorille.
D'un autre côté, dans ce dernier, une partie de l'action du long abducteur
est transportée au carpe et au trapèze en particulier, par la séparation com-
plète des deux portions du long abducteur de l'homme.
1. En effet, dans un sujet humain que j'ai sous les yeux, il n’y a pas de court extenseur du pouce.
Le long abducteur a deux forts tendons, dont l’un est plus rapproché de l'indicateur et l’autre plus
extérieur. Le premier se termine plus haut au côté externe de la base du premier métacarpien ; l’autre
est plus rapproché de la face palmaire. Il s’en détache un tendon plus petit, sous le ligament annulaire,
qui va le long de la ligne médiane dorsale du premier métacarpien jusqu'à la base de la première pha-
lange. L'autre tendon en fournit un petit au court abducteur du pouce. Voir le n°5.
2. PI. vur, fig. C, 23.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 101
$ X. — Æxtenseurs et abducteurs des orteils.
Ligament annulaire du long extenseur commun des orteils. W\ forme
un anneau complet et singulier qui part de la dépression supérieure du
calcanéum, près de l’attache du pédieux, arrive sur le tendon commun
de l’extenseur, le contourne de dehors en dedans, et vient se fixer un peu
en dedans de sa première attache.
De sa terminaison annulaire se continuent deux autres ligaments; l’un qui
a deux expansions distinctes sur la malléole interne ; et l'autre plus faible qui
passe devant les tendons du jambier antérieur et de l’extenseur propre du
gros orteil.
Cette disposition du ligament annulaire dorsal du pied se voit aussi dans
les autres Singes.
Elle diffère peu d’ailleurs de celle qui existe dans l’homme, sauf que l’an-
neau ligamenteux est ici plus court et maintient plus pres du coude-pied les
tendons qui le traversent.
1. Le Long extenseur commun. (Péronéo-sus-onguéen.) Ce muscle occupe.
la partie antérieure de la jambe, entre le jambier antérieur et le long péro-
nier latéral. Il est épais et cylindrique. Son tendon, après avoir passé sous le
ligament annulaire du coude pied, se divise d’abord en trois autres; puis le
premier des trois en deux pour l'indicateur et le médius ?. Les deux autres
vont à l’annulaire et au petit doigt.
Le tendon principal ou le moyen de chacun de ces doigts se termine à la
base de la seconde phalange.
Celui de l'indicateur en envoie un petit de son côté antérieur, qui va se
joindre au tendon du pédieux ou du court extenseur. Ce tendon accessoire
se termine aussi au niveau de la base de la seconde phalange.
Celui du troisième et du quatrième doigts a de plus un tendon, du côté
interne, qui s'attache à la troisième phalange comme celui du court exten-
seur.
4. PI. vu, fig. A, 48, et B, 45. PI. 1x, fig. À, 4, 40, 44.
2. La même division a lieu dans l’Orang et le Magot; c’est-à-dire qu'il se détache du tendon du
médius un petit tendon pour l'indicateur.
102 DÉÜXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Le tendon moyen du cinquième doigt fournit deux tendons latéraux pour
la troisième phalange; sans doute parce que ce doigt manque du court
extenseur.
La première action de ces muscles est de relever la première phalange des
quatre derniers doigts sur son os métacarpien, puis la seconde phalange sur
la première; ils agissent aussi sur la troisième, du moins sur celle des trois
derniers doigts.
Quant au tendon de l'indicateur, son action se trouve liée à celle du pé-
dieux où court extenseur.
>. Le Long extenseur du pouce. (Péronéi-sus-onguien.) Paraïit entre le
jambier antérieur et l’extenseur commun; mais dés le bas de la jambe il
s'écarte de ce dernier. Son tendon se dirige obliquement vers le métatarsien
du gros orteil; il suit la ligne médiane de cet os et de la première phalange,
jusqu’à la seconde.
Il passe dans une coulisse que lui fournit le ligament qui va du scaphoïde
au premier métatarsien.
Ce muscle ne présente aucune différence remarquable avec celui de
l’homme, sinon dans les proportions, qui sont plus grandes.
Dans le Chimpanzé, le tendon de ce muscle passe dans une gaine qui
s'étend entre les deux malléoles, et qui est commune à l’extenseur commun
et au jambier antérieur.
Dans l’Orang, le long extenseur du pouce est petit. Le ligament annulaire
sous lequel il passe à deux branches qui viennent de la malléole externe. Du
côté interne il se partage en deux branches, dont l’une se porte sur le liga-
ment annulaire de l'extenseur commun, et dont l’autre va au bord externe du
carpe vers le trapeze. ;
3. Le Court extenseur commun où pédieux ?. (Calcanéo-sus-onguien. }
N'appartient proprement qu'aux deuxième, troisième et quatrième doigts.
Ses tendons se joignent à celui du long extenseur commun pour former la
partie externe de ces derniers qui va s'insérer à la base de la troisième pha-
lange.
Il est lié par ces tendons aux correspondants du long extenseur, avant d’at-
teindre la premiere phalange.
1. PI. 1x, fig. À, 9 et 9'.
2. PI. 1x, À, 45, 47, 47°, 47, 47.
———
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 103
Évidemment cette liaison montre la nécessité et l'habitude d’une action
simultanée entre les deux extenseurs communs longs et courts, qui restent
plus indépendants chez l’homme, en ce que leurs tendons sont plus séparés,
4. Le Court extenseur du gros orteil 1. (Calcanéo-sus-phalanginien. ) 11 a
son attache supérieure ou postérieure commune avec celle du précédent;
sauf quelques faisceaux qui viennent du ligament annulaire; mais il sen
sépare bientôt pour prendre sa direction obliquement transversale de dehors
en dedans, vers le gros orteil, auquel son tendon se fixe d’autre part à la base
de la première phalange. Celui de l'Orang ressemble à celui du Gorille.
Il est plus fort à proportion que chez l'homme, où il est considéré comme
une partie du pédieux.
Dans le Hagot, le court extenseur est très-fort. La partie de ce muscle qui
sert de court extenseur pour le gros orteil, est liée à la masse commune, et
n'a pas la direction transversale que ce court extenseur du pouce présente
dans le Gorille et l'Orang.
Le pédieux doit agir simultanément sur les quatre premiers doigts. 11 se
rapproche davantage de celui de l'homme.
5. Long abducteur ou gros orteil?.(Tibio-métatarsien.) Il s'attache supérieu-
rement à la face externe du tibia et au ligament inter-osseux entre le jambier
antérieur de l’extenseur commun des orteils et l’inter-osseux propre du gros
orteil.
Son tendon passe dans la même coulisse que le jambier antérieur et va se
terminer à la tête du métatarsien de ce doigt.
Ce long abducteur peut être considéré comme une division du jambier
antérieur, qui n’a proprement qu'un seul ventre, mais deux tendons dont
l’un se fixe au premier cunéiforme, et l’autre va à la base du premier méta-
tarsien. C’est absolument comnie dans la main antérieure,
_ Dans l'homme, le seul tendon du jambier antérieur s'épanouit à la fois sur
le premier cunéiforme et sur la base du premier métatarsien.
6. Abducteur du gros orteil #. (Calcanéo-sous-phalangien du premier or-
teil.) C’est un muscle trés-fort qui s'attache à la saillie du calcanéum au liga-
ment qui va du calcanéum au scaphoiïde. Son tendon recoit les faisceaux des
4. PI. vin, fig. B, 18. PL. 1x, fig. 16.
2.Pl: 1x, fig. A; 8.
3. PL. vu, fig. À, 20. PI. x, fig. let II, 8.
104 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
fléchisseurs du même doigt, comme dans l'homme. Il se termine à la base
de la première phalange du côté externe. Ce muscle a une grande confor-
mité avec celui de l'homme.
7. L'Abducteur du petitorteil}. (Calcanéo-sous-phalangien du petit doigt.)
Il s'attache à la face externe et antérieure de la saillie postérieure du calca-
néum, et tout à fait en dehors, à un ligament qui forme un pont au bord
externe du calcanéum.
C’est un muscle fort qui se porte tout le long du bord externe de la plante
du pied : 11 passe sous un anneau fibreux qui va de la saillie postérieure du
cinquième métatarsien au ligament plantaire. Il envoie au delà de cet anneau
des faisceaux musculeux tout le long du cinquième métatarsien, et se termine
au côté externe de la base de la première phalange du petit orteil.
Ce muscle doit être un abducteur très-puissant.
Sauf sa plus grande proportion, il est conforme à celui de l’homme. Celui
de l’Orang n’en diffère pas davantage.
$ XI. — Muscles fléchisseurs et adducteurs des doigts
de la main antérieure.
1. Le Palrnaire gréle est très-fort dans l’Orang; il commence au condyle
interne avec le cubital, ne tarde pas à s’en distinguer comme musele particu-
jier. Son tendon commence déjà au tiers supérieur de lavant-bras, et se ter-
mine à l’aponévrose palmaire.
M. Vrolick ne parle pas de celui du Chinpanzé. Cependant il existe et reste
petit, relativement petit, et de la proportion de celui de l'homme.
Je ne l'ai pas trouvé dans le Gorille. Peut-être avait-il été enlevé avec
l’aponévrose des muscles de l’avant-bras.
Les anneaux ligamenteux qui servent de brides aux tendons des fléchis-
seurs, surtout ceux qui répondent aux tendons du fléchisseur profond,
règnent dans toute l'étendue des phalanges.
». Le Fléchisseur superficiel ?. (Épitrochlo-phalangien.) Ce muscle vient
du condyle interne de l'humérus avec le radial interne. 1] s’insère au radius
1. PI. vin, fig. A, 24 et 22. PI. x, fig. I, 43, et fig. Il, 7.
LATE TEAM
mas
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DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES, 105
avec le même muscle. Il envoie ses tendons perforés aux quatre derniers
doigts. Ces tendons se séparent plus tôt que chez l'homme. Ils se terminent
de même à la seconde phalange.
Dans le Chimpanzé, le plan superficiel de ce muscle appartient au petit
doigt et à l’annulaire; les tendons de ces deux doigts descendent parallèle
ment et sans aucun entre-croisement.
Le plan profond qui naît de l’épitrochlée et de toute la portion du radius
comprise entre l’attache inférieure du rond pronateur et l'extrémité infé-
rieure de cet os, se sépare de très-bonne heure en deux faisceaux très-dis-
tincts; le plus grêle va à l’index depuis l’olécrane; le plus externe, qui vient
du radius, croise la direction du précédent et se rend au médius.
Dans l'Orang, les tendons de l'indicateur et du petit doigt viennent du côté
interne d’un seul faisceau musculeux, et ceux du médius et de l’annulaire
d’un autre faisceau qui est externe et se sépare de la masse commune en
même temps que le premier. Ces derniers tendons passent au-dessous des
deux autres.
Nous avons trouvé que, dans un autre sujet, le tendon de l'indicateur
provient d’un faisceau particulier provenant de la partie interne du fléchisseur
superficiel. Ce tendon naît obliquement comme chez l'homme, en passant
sur ceux du médius et de l’annulaire, avant de se terminer à l'indicateur.
Celui du petit doigt provient d’un faisceau qui lui est commun avec celui
du cubital antérieur.
Le fléchisseur superficiel de l’Orang n’a pas d’attache radiale.
Celui du Chimpanzé se rapproche de celui de l’homme ; mais il s'en éloigne
par la distribution de ses faisceaux.
3. Le Fléchisseur profond 1. (Cubito-sous-onguien. ) Il ne donne que trois
tendons au petit doigt, à l’annulaire et au grand doigt. Ces tendons traver-
sent comme chez l'homme, ceux du fléchisseur sublime et vont se terininer
sous la base de la phalange onguéale. Ils sont larges et plats et comme sépa-
rés en deux par une rainure longitudinale mitoyenne. Cette rainure com-
mence sous le ligament annulaire de la premiere phalange.
La partie charnue de ce muscle peut être facilement séparée en trois por-
tions en rapport avec les trois tendons.
4. PI. vu, fig. C, 6.
ARCHIVES Du Muséum T. VII A4
106 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
La plus élevée et la plus externe commence avec le cubitus. La seconde
s'attache au même os, mais plus bas et plus en dedans. La troisième tient au
ligament inter-osseux et au radius.
Ce muscle est semblable chez le Chimpanzé; il vient de méme du cu-
bitus et du ligament inter-osseux, et donne des tendons aux trois derniers
doigts.
Celui de l'index est entièrement séparé par son corps musculeux qui
s'attache au radius. Son tendon est relativement moins fort que celui du mé-
dius et de l’annulaire, mais plus fort que celui de l’auriculaire.
Des aponévroses ligamenteuses lient les trois derniers tendons au delà du
ligament articulaire, c’est-à-dire dans la paume de la main.
Dans l’Orang, le fléchisseur profond de l'index est de même séparé dans
toute sa longueur. Il s'attache au radius et un peu au ligament inter-osseux.
Deux autres faisceaux qui viennent du ligament inter-osseux, et surtout du
cubitus, appartiennent, le plus considérable, au médius et à l’annulaire, le
plus faible à l’auriculaire. Les tendons du médius et de annulaire ne se sépa-
rent qu'au delà du ligament annulaire.
4. Fléchisseur propre de l'index et du pouce!. (Radio-sous-onguien de l'index
et du pouce.) Ce muscle est assez singulier. Ses faisceaux se rendent oblique-
ment et séparément du bord cubital et du bord externe de la face antérieure
du radius à un tendon commun qui est très-fort et va directement à l’indica-
teur, sans liaison avec celui du médius.
Il s’en détache un tendon grèle pour le ligament palmaire qui va au pouce
et remplace le long fléchisseur propre de ce doigt.
Cette liaison ou plutôt cette fusion du fléchisseur profond de l'indicateur
avec le long fléchisseur du pouce, est à notre avis, une preuve de dégrada-
tion de la main de ce Singe relativement à celle de l’homme. Les contractions
simultanées de l'indicateur et du pouce qui en résultent démontrent qu'elles
sont faites avec les contractions des trois autres doigts, pour empoigner les
objets avec force et non pour les pincer.
5et 6. Le Court fléchisseur du pouce? et son adducteur ?. Cesont deux mus-
cles forts. Le fléchisseur vient de la face palmaire du troisième métacarpien.
A. PI. vu, fig. C, 20.
2. PI. var, fig. C, 25:
3. PI. vu, fig. C, 25".
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 107
Son tendon se termine à la phalange du pouce, après avoir passé sous une
languette de l’adducteur.
Celui-ci est attaché au même os métacarpien, au-dessous du fléchisseur. 1]
se termine au bord dorsal de la première phalange, après avoir fourni une
languette à la base de la face palmaire de cette même phalange.
Dans le Chimpanzé, ces deux muscles sont bien plus séparés. Leur origine
est toute différente. Il n’y a que l'adducteur qui vienne du troisième méta-
carpien.
Le fléchisseur vient principalement du trapèze et un peu de la base du
second métatarsien. Ces deux muscles sont plats et triangulaires.
Dans l’Orang, le fléchisseur et l’adducteur sont rapprochés comme dans le
Gorille. Mais l’adducteur est beaucoup plus large et plus long à cause de la
longueur du troisième métatarsien auquel il se fixe ; de sorte que ses fais-
ceaux, au lieu d’avoir une direction transversale, se portent de bas en haut
avec leur terminaison vers le métacarpien du pouce et sa première phalange.
Le fléchisseur vient de la tête du second métacarpien et descend à la ren-
contre des phalanges du pouce; il est beaucoup plus petit.
7- L’Opposant du pouce !. (Carpo-métacarpien.) Ce muscle est compliqué
et se divise en deux portions.
La plus longue vient de la partie la plus haute du ligament palmaire,'et se
termine par un tendon plus à la base du bord radial de la première phalange
du pouce.
L'autre, plus courte, vient aussi, mais plus bas, du ligament palmaire, et
se termine par des faisceaux charnus en dedans de la première.
Dans le Chimpanzé, je trouve la même complication.
Dans l’Orang, la première partie vient du trapèze; elle est tres-forte ; la
seconde partie du ligament palmaire.
8. Le Court fléchisseur du petit doigt?. (Carpo-métacarpien. ) I1 vient de
l’'onciforme par quelques faisceaux tendineux. Il descend obliquement le long
du bord cubital du métacarpien du petit doigt, en se rapprochant de lab-
ducteur, et s’insère sous la base extérieure de la première phalange de ce
doigt, immédiatement au-dessous de ce dernier muscle.
9. L’4 bducteur du petit doigt ou l’opposant. H m'a paru confondu avec le
A. PL. vu, fig. C, 22 et 24.
2. PL. vu, fig. C, 44.
108 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
précédent; tandis qu'il est distinct et compliqué dans le Magot (Cuvier et
Laurillard, pl. xxxv).
10. L’Adducteur du méme doigt. (Carpo-phalangien.) Je le place dans la
catégorie des fléchisseurs à cause de sa liaison avec le muscle précédent.
Aussi les Anthropotomistes appellent-ils adducteur son analogue.
Il vient plus en dehors et plus en bas du pisiforme, forme un corps charnu
assez épais, dont les faisceaux se réunissent à un tendon séparable en plusieurs
autres, qui s’attachent intérieurement à la base de la première phalange du
cinquième doigt
Ce muscle ne tarde pas à recevoir des fibres musculaires et tendineuses du
court fléchisseur qu’il recouvre dans son trajet. Il est aussi lié avec l'inter-
osseux dorsal.
On sait que dans l’homme l’abducteur reste tel et conserve une attache mo-
bile bien distincte de celle du fléchisseur ; il se termine en dehors ou sur le
côté à la tête de la première phalange, et le fléchisseur, qui s'insère tout le
long du inétacarpien, se termine à la première phalange.
Cette liaison de l’abducteur et du court fléchisseur, qui suppose dans le
premier un changement d’action, existe encore dans l’Orang. Elle montre
que la flexion est l’action la plus nécessaire à ces animaux pour empoigner
les branches des arbres sur lesquels ils vivent.
11. Le Palmaire cutané. C'est, comme chez l'homme, un petit muscle
quadrilatère, qui va de l’aponévrose palmaire dans le tissu cellulaire sous-
cutané de l’éminence hypothénar.
12. Les Lombricaux. (Palmo-phalangiens.) Il y en a quatre comme chez
l'homme.
Les trois qui suivent le pouce viennent du bord radial des tendons du flé-
chisseur profond auquel ils sont fixés, et le quatrième du bord cubital du
tendon de l’annulaire.
Ils se fixent aux tendons des extenseurs vis-à-vis de la première pha-
lange.
On les considère comme des auxiliaires du muscle fléchisseur profond.
La liaison du fléchisseur profond de l'indicateur avec le long fléchisseur
du pouce dans le Gorille, fait que son lombrical agit aussi sur ce doigt.
4. PI. vur, fig. C, 40.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 109
Les inter-osseux se distinguent, comme chez l’homme, en dorsaux et en
palmaires.
13. Les /rter-osseux dorsaux sont très-forts 1.
Le premier est très-compliqué. Il a une portion moyenne qui naît par un
tendon sur le trapèze ; une portion interne qui vient du métacarpien du pouce,
et une troisième portion qui s'attache au bord radial du deuxième métacar-
pien.
Ces trois portions ont un tendon commun qui se fixe à la base de la pre-
mière phalange, sur son côté radial. Tous ces détails sont conformes à ce
qu'on voit chez l’homme. Il n’y a que les proportions qui différent.
Le second inter-osseux dorsal est entre le deuxième et le troisième méta-
carpien. Ses fibres sont penniformes ; il a conséquemment un tendon mé-
dian aux côtés duquel elles aboutissent.
Son tendon se fixe au médius, au côté radial de sa première phalange.
Le troisiéme inter-osseux dorsal se compose de fibres musculaires qui
proviennent des expansions aponévrotiques qui vont du troisième au qua-
trième os du métacarpe.
L’'extrémité inférieure de ce muscle s'insère au côté cubital de la première
phalange du médius.
Le quatrième est comme le deuxième; il s’insère à la première phalange du
quatrième doigt, côté cubital.
Le premier et le second de ces muscles portent les deuxième et troisième
doigts vers le côté radial de la main.
Le troisième et le quatrième portent le troisième et le quatrième doigts
vers le côté cubital de la même partie.
Le deuxième et le troisième, qui appartiennent au médius et s’attachent de
chaque côté de sa première phalange, doivent, lorsqu'ils agissent ensemble,
les porter dans l'érection.
Dans le Chimpanzé, les inter-osseux palmaires sont semblables. On peut
considérer comme tels l’'abducteur du pouce et celui du cinquième doigt, ce
qui porterait à sept les inter-osseux dorsaux.
14. Les /nter-osseux palmaires sont exactement comme chez l’homme.
Il y en a pour le deuxième, le quatrième et le cinquième doigt.
4. PI. var, Gg. B, 40.
110 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Leur attache supérieure est au métacarpien du doigt auquel ils se ter-
minent.
Le premier est sur le côté cubital du second métacarpien.
Le deuxième et le troisième sur le côté radial des quatrième et cinquième
doigts.
Is rapprochent du médius les trois doigts auxquels ils appartiennent.
Dans le Chimpanzé, les inter-osseux palmaires sont adducteurs vers le
médius.
Le premier n’est autre que l’adducteur du pouce. Il se fixe à la face pal-
maire du troisième métacarpien.
Le second est beaucoup moins considérable que linter-osseux dorsal qui
lui correspond. Il s'attache presque exclusivement au deuxième métacarpien.
11 descend très-bas sur la première phalange de l'index.
Le troisième est très-considérable; il se fixe en haut à la face antérieure des
ligaments du carpe, et en même temps à toute l’étendue de la face antérieure
du quatrième métacarpien. Il se subdivise vers la tête de cet os en deux fais-
ceaux presque égaux; le premier est comme chez l’homme; le second est
renforcé par un faisceau qui vient du cinquième métacarpien et vient former
le bord de l’aponévrose d’attache de l’inter-osseux dorsal du quatrième doigt.
Le quatrième inter-osseux palmaire est semblable à celui de l'homme.
$ XII — Æléchisseurs et adducteurs des orteils.
1. Æléchisseurs communs des orteils longs et courts.
La manière dont les tendons de ces fléchisseurs s'enchevètrent, qu'on me
permette cette expression, m'oblige de les décrire ensemble !.
Ils forment proprement trois couches :
La première ou la plus extérieure, se compose du court fléchisseur per-
foré 2.
Ce muscle s’insère à la saillie postérieure et externe du calcanéum, avec
l’'abducteur du gros orteil. Il donne deux tendons perforés aux deuxième et
troisième doigts.
4. PI. x, fig. let II, 4°, 2, 3 et 4.
APl XIE 3137 31
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. iii
La deuxième couche est formée par le muscle qui correspond au long flé-
chisseur commun f.
Son attache supérieure est au tibia et au ligament inter-osseux, jusqu'au
poplité. Il touche en dehors au fléchisseur propre du gros orteil.
Son tendon passe par une coulisse qui lui est propre derrière la malléole
interne. Il envoie, après s'être divisé, un tendon perforant au deuxième
doigt. Le troisième orteil n’en reçoit pas. Il y en a un pour le quatrième
orteil, qui est perforé. A la vérité, ce n’est pas une division immédiate du ten-
don du long fléchisseur ; mais une production de faisceaux musculaires atta-
chés à la partie plantaire de ce tendon, avant sa division. C’est proprement
un court fléchisseur de cet orteil.
Enfin le cinquième doigt en reçoit deux tendons qui ne sont ni perforants,
ni perforés. L'un va jusqu’à la base de la troisième phalange ; et l’autre tres-
gréle va du côté externe se terminer à la base de la seconde phalange.
Dans l’Orang, il n’y a pas plus de muscle perforant pour le cinquième or-
teil; mais il y a un tendon accessoire très-grêle, qui se détache du tendon du
perforant, du côté externe, absolument comme chez l’homme, et se prolonge
jusqu’à la seconde phalange seulement.
Dans le Chimpanzé, la main postérieure a, comme dans le Gorille, un
court fléchisseur perforé qui va au deuxième et au troisième doigt. Ce muscle
s'attache au calcanéum en dehors du court abducteur du gros orteil.
Ce muscle est renforcé pour ce troisième doigt par un petit muscle attaché
au tendon commun du long fléchisseur.
Il y a un autre petit muscle semblable, provenant de ce tendon qui envoie
son tendon perforé au quatrieme doigt.
C’est le seul qui existe dans le Gorille.
Le tendon du long fléchisseur commun est fortement uni sous le premier
cunéiforme au tendon qui va au pouce.
Le long fléchisseur perforant envoie des tendons à tous les doigts. Celui
du gros orteil, qui est très-fort, s’en sépare sous le premier cunéiforme.
On voit qu'ici il y a plus de ressemblance avec le plan réalisé chez l'homme,
dont le fléchisseur commun donne des tendons aux quatre derniers doigts,
et chez lequel il y a un long fléchisseur propre du pouce.
4. PL x, fg.1,44a,1a',1 a", 1a'"!,1,6et 4.
112 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Il y a chez l’'Orang une grande ressemblance dans tous les muscles flé-
chisseurs.
Le fléchisseur perforé du cinquième doigt est plus fort, et marque pour
ses attaches mieux définies que dans le Gorille et le Chimpanzé.
Le fléchisseur profond, qui donne au troisième et au quatrième orteil, ne
donne aucun tendon au gros orteil.
Il ya cependant, comme à la main antérieure, un fléchisseur pour la der-
nière phalange du pouce, lequel remplace par sa terminaison le fléchisseur
profond du pouce; mais il ne vient que de l'éminence thenar. C’est donc un
court fléchisseur, modifié par sa terminaison, en long fléchisseur. Il est d’ail-
leurs très-rudimentaire.
Dans le Hagot, la disposition des fléchisseurs est celle qu'on observe dans
le Chimpanzé et dans le Gorille, à cette différence près qu'il y a entre les ten-
dons des deux muscles un beaucoup plus grand nombre de liaisons tendi-
neuses. Les fléchisseurs perforés présentent aussi des différences légères.
Le fléchisseur perforé du deuxième orteil est le seul qui soit normal sous
ce rapport ; il s'attache au calcanéum.
Les fléchisseurs perforés des troisième, quatrième et cinquième orteils,
dont le dernier est beaucoup plus fort que dans le Chimpanzé et le Gorille, se
réunissent en un faisceau commun à leur extrémité supérieure qui se fixe à
la face inférieure du tendon du fléchisseur tibial ou des deuxième et cin-
quième orteils.
Dans le Chimpanzé comme dans le Gorille, les lombricaux, au nombre de
quatre, vont au bord tibial de chacun des quatre derniers doigts.
Un seul de ces lombricaux, dans le Chimpanzé, celui du deuxieme orteil,
s'attache au tendon correspondant du fléchisseur profond qui vient du tibia.
Les trois autres lombricaux naissent du tendon du fléchisseur qui s’attache
au péroné.
Dans l’'Orang, le premier lombrical, celui de l'indicateur, ainsi que celui
de l'auriculaire, se fixent sur leurs fléchisseurs.
Le lombrical de lannulaire nait, comine dans le Chëmpanzé, du tendon
correspondant.
Le lombrical du médius naît à la fois du tendon du fléchisseur profond du
médius et du tendon du fléchisseur profond de l'index.
2. Le Long fléchisseur du pouce ou du gros orteil. (Péronéo-sous-onguien.)
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 113
Ce muscle ! est à la fois le long fléchisseur du gros orteil et celui du troisième
et du quatrième doigts.
Son attache supérieure est à la face postérieure du péroné, dans presque
toute sa face postérieure, et au ligament inter-osseux. Une aponévrose le
sépare du long péronien latéral, et une autre du long fléchisseur commun des
orteils et du tibial postérieur.
Son tendon passe dans une gouttière du calcanéum qui est en dehors de
celle du fléchisseur commun.
Il est ensuite réfléchi dans un anneau ligamenteux qui s'étend du premier
cunéiforme au deuxième métatarsien. Ce tendon, qui est tres-fort, se termine
à la face concave de la seconde phalange.
Ce même muscle envoie un tendon perforant aux troisième et quatrième
doigts.
Il est réuni au fléchisseur commun par les insertions des lombricaux et par
une languette aponévrotique qui va du tendon perforant du troisième doigt
au perforant du deuxième.
Il résulte de tous ces rapports, que la flexion du gros orteil est liée à celle
des troisième et quatrième doigts, et même à celle du second, par la languette
qui unit les tendons des fléchisseurs perforants de ces doigts.
Dans l’Orang, le court fléchisseur a de même deux tendons perforés pour
l'index et pour le médius.
Il y a aussi un court fléchisseur perforé pour l’annulaire, qui vient du
tendon du long fléchisseur, lequel donne de même deux tendons, un pour
l'indicateur, et l’autre pour l’auriculaire. Mais il est séparé du long fléchis-
seur du pouce.
En résumé, le pouce, le troisième et le quatrième doigts ont un long flé-
chisseur commun avec un tendon très-fort qui se divise, en premier lieu, pour
le pouce, et ensuite pour le troisième et le quatrième orteils où ils sont per-
forants.
Le tendon perforant du second orteil vient d’un long autre fléchisseur
commun,recouvrant le précédent.
Ce même muscle donne un tendon perforé au quatrième orteil et un ten
don principal, remplaçant un perforant, au cinquième orteil avec un tendon
accessoire tenant lieu de demi-perforé externe.
4. PL x, fig. let Il, 2, 2a, 2b,2c.
ArcHIvEs pu Muséum, T. VIII. 5
114 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Enfin le court fléchisseur ne donne que deux tendons perforés qui appar-
tiennent aux deuxième et troisième doigts.
Celui du quatrième orteil est aussi un court fléchisseur qui provient du ten-
don du long fléchisseur perforant.
Il est impossible de ne pas reconnaitre dans toutes ces liaisons, dans toutes
ces combinaisons croisées, la nécessité, pour tous ces fléchisseurs longs et
courts, perforants et perforés, d’une action simultanée et dépendante.
Dans l’Orang, il n'y a pas de long fléchisseur du pouce. Le long péronien
latéral le remplace; en agissant sur le métatarsien de ce doigt, il contribue
vuissamment à le fléchir. Nous l'avons constaté sur trois exemplaires.
Cette disposition est d'ailleurs commune chez les Singes.
3. L'Adducteur oblique du gros orteil\. (Métatarso-phalangien du premier
orteil.) Il s'insère, d’une part, à la tête plantaire des deuxième et troisième
métatarsiens ; il se fixe, d'autre part, au côté interne de la première phalange
du pouce et à l'os sésamoide interne, après avoir reçu des faisceaux de l'ad;
ducteur transverse.
Il a encore un petit faisceau à son attache supérieure, avec celle du court
fléchisseur.
Ce muscle est bien un adducteur; mais c'est en même temps et plus parti-
culiérement un /léchisseur du gros orteil.
4. L'Adducteur transverse ?. (Métatarso-sous-phalangien.) Ce muscle est
trés-fort. Ses attaches fixes. sont aux extrémités inférieures des, deuxième,
troisieme et quatrième métatarsiens et par une aponévrose, tout le long de
la face postérieure du deuxième métatarsien. Ses faisceaux musculeux se
réunissent à l'adducteur oblique par une ligne aponévrotique.
Son attache mobile est celle du muscle précédent au métatarsien et aux
deux phalanges du gros orteil.
Ces deux muscles doivent porter, avec une grande force, le gros orteil dans
l'adduction et dans la flexion. Ils contribuent à donner à la main de derrière
la faculté de saisir les objets etde les empoigner avec énergie.
Ces deux adducteurs existent également chez l'Orang avec un développe-
ment proportionnel considérable.
4. PI. x, fig. Let II, 41.
2. PI. x, fig. I et Il, 40.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 115
5. Le Court fléchisseur du petit orteil 1. ( Tarso-phalangien du petit orteil.)
Ce muscle est fort, il s'attache à la base de la première phalange du petit
orteil, comme chez l’homme.
Il existe de même chez l’Orang.
6. L'Abducteur du gros orteil ?. (Calcanéo-sous-phalangien du premier
orteil.) C’est un muscle très-fort qui s'attache à la saillie du calcanéum et au
ligament qui va du calcanéum au scaphoïde. Son tendon reçoit les faisceaux
du fléchisseur du même doigt, comme chez l'homme. Il se termine à la base
de la première phalange du côté externe.
Ce muscle a une grande conformité avec celui de l'homme.
Cela est également vrai pour l’Orang.
7. Le Court fléchisseur du gros orteil 3. 11 vient du scaphoïde et du premier
cunéiforme ; ses faisceaux, en se portaut en avant, s’attachent successivement
au tendon du précédent. Les autres vont directement à la base de la première
phalange du gros orteil où elles se terminent à la face plantaire.
Ces deux muscles réunis fléchissent et portent dans l'abduction le premier
doigt.
L'Orang ne diffère pas du Gorille à cet égard.
8. Les Lombricaux 4. (Planti-sous-phalangiens.) 1l y en a quatre, comme
dans la main antérieure, pour les doigts qui suivent le pouce.
Ces muscles prennent naissance sous les tendons du long fléchisseur com-
mun des quatre derniers orteils et du long fléchisseur propre du pouce, qu'ils
contribuent à réunir.
Ils contournent le côte interne de la première phalange du doigt auquel ils
appartiennent et viennent renforcer la partie interne du tendon de l’exten-
seur commun, qui s’insère à la troisième phalange de chaque doigt.
C’est absolument la même disposition que dans la main antérieure.
9. Les /nter-osseux dorsaux 5 ne sont tels qu’à leur origine où ils parais-
sent à la face dorsale des métatarsiens, attachés à la base des deux os corres-
pondants.
PI. 1x, fig. B, 19.
PI. x, fig. I et I, 8.
PL. x, fig. I et IL, 9.
PL. x, fig, Let Il, 5, 5, 5”, 5°”,
. On voit pl. x, fig. I et Il, 6, le premier inter-osseux dorsal.
ct à & 1 =
116 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Il y en a deux pour le médius, un pour l'indicateur et un pour le quatrième
orteil.
L'abducteur du cinquiéme orteil semble tenir lieu d’un inter-osseux.
Ils paraissent principalement dans la face plantaire tout le long du métatar-
sien, auquel ils correspondent jusqu’à la ligne médiane de cet os. Leur inser-
tion mobile est sur le côté correspondant de la base de la première phalange.
Nous avons vu que celui de l'indicateur envoie un petit faisceau au pre-
mier lombrical.
10. Les Plantaires, qui sont tous abducteurs relativement au médius, sont
au nombre de trois, un pour le second, un pour le quatrième et un pour le
cinquième doigt.
Leursattaches aux métatarsiens sont les mêmes que celles de la partie plan-
taire des inter-osseux dorsaux, mais du côté opposé. Leur insertion mobile
est à la base de la première phalange du doigt auquel ils appartiennent ;
mais du côté opposé à celui de l'insertion des inter-osseux dorsaux.
On pourrait considérer comme l’analogue d’un inter-osseux plantaire un
faisceau musculeux qui s'attache le long de la face externe et palmaire du
métatarsien du pouce et qui va se terminer au tendon de ladducteur.
Tous les ater-osseux dorsaux sont abducteurs relativement au médius.
Tous les palmaires sont adducteurs pour ce mème doigt.
C'est une différence très-remarquable qui sépare les mains postérieures du
Gorille du pied de l’homme, où les inter-osseux sont abducteurs ou adduc-
teurs pour l'indicateur, et cette différence est en rapport avec la longueur
proportionnelle de l'indicateur, qui est le plus long des orteils chez l’homme,
et celle du médius, qui est le plus long chez le Gorille.
Il y a d’ailleurs une ressemblance tres-grande, dans cette disposition, entre
la main postérieure du Gorille et celle de /a main antérieure ; comme il y en
a une entre celle-ci et la main de l'homme.
$ XIII. — Si nous rapprochons encore les différences que les fléchis-
seurs des orteils du Gorille nous ont présentées, comparativement aux
fléchisseurs de l’homme, nous trouvons :
1° Que, chez l'homme, le fléchisseur superficiel est un court fléchisseur
qui donne des languettes perforées aux orteils qui suivent le pouce.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 117
Le cinquième, à la vérité, peut en manquer, comme nous en avons un
exemple dans un sujet que nous avons sous les yeux.
Chez le Gorille, comme chez l'Orang, ce muscle est aussi représenté par
un court fléchisseur qui donne des tendons perforés aux deuxième et troi-
sieme doigts seulement.
Le court fléchisseur du quatrième orteil prend naissance sous le tendon du
long fléchisseur commun, avant ses divisions. Son tendon est également
perforé.
La même chose se voit chez l’Orang.
Le cinquième orteil n'a pas de tendon perforé. Ce tendon est représenté
par deux tendons grêles qui se détachent successivement du côté externe du
tendon du long fléchisseur commun des orteils qui va au cinquième doigt;
se réunissent ensuite pour se terminer comme le fait dans l’homme la lan-
guette externe du fléchisseur perforé au côté externe de la deuxième pha-
lange.
Dans l’homme, le Long flechisseur commun des orteils donne des tendons
perforants aux quatre orteils qui suivent le pouce.
Il a pour accessoire la chair carrée qui vient s'unir au tendon commun
de ce muscle, de dessous le corps du calcanéum.
Les Lombricaux qui ont leur partie charnue attachée aux quatre tendons
du long fléchisseur, en sont encore des muscles accessoires.
Le Long fléchisseur du gros or'eil envoie une bandelette de communication
au tendon du long fléchisseur commun des orteils et se termine à la deuxième
phalange de cet orteil.
Le Æléchisseur commun des orteils, dans le Gorille, envoie un fort tendon
perforant au deuxième doigt et un tendon perforant au cinquième orteil. Ces
tendons sont très-forts.
Il se détache ‘deux languettes du bord externe du dernier tendon, qui ne
tardent pas à se réunir en une seule, remplaçant la division externe d’un
tendon fléchisseur perforé.
Ce long fléchisseur commun des orteils ne répond qu’en partie à celui de
l'homme. Il n’agit directement que sur deux des quatre orteils qui suivent
le premier.
Mais le long fléchisseur du gros orteil le complète par les deux tendons
perforants qu’il envoie aux troisième et quatrième orteils.
1138 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Par ce mécanisme, le gros orteil et les troisième et quatrième doigts sont
soumis directement à la même action ; tandis que le deuxième et le cinquième
orteils obéissent à la flexion du long fléchisseur,
Le court fléchisseur perforé du quatrième orteil, qui est attaché au tendon
du long fléchisseur commun, comme au lombrical ; le court fléchisseur com-
mun des deuxième et troisieme orteils, dont il est séparé, répondent au court
fléchisseur commun de l’homme. Mais il y a ici une double imperfection;
en premier lieu, celle de la réunion du fléchisseur du quatrième orteil au
tendon du fléchisseur commun et sa séparation complète du court fléchis-
seur des deuxième et troisième orteils.
La bandelette de communication que le long fléchisseur commun envoie
chez l’homme au tendon du long fléchisseur du gros orteil, se voit dans le
Gorille entre le tendon du troisieme orteil qui appartient au long fléchisseur
du pouce, et le tendon du fléchisseur commun qui appartient au second
orteil.
Le plan de composition de cette main ne diffère pas de celle du pied de
l'homme pour le fléchisseur propre du pouce et pour les adducteurs oblique
et transverse; mais ici ces muscles ont une grosseur et une force qui mon-
trent que la flexion de cet orteil, ou plutôt de ce pouce opposable, doit se
faire avec une grande énergie.
Le Court fléchisseur du petit doigt ou lopposant et\ abducteur de ce doigt,
chez l'homme, sont représentés dans le Gorille par deux muscles analogues.
Les inter-osseux différent un peu dans l’action relative, puisqu'ils sont des
abducteurs ou des adducteurs relativement au médius et non à l'indicateur,
comme dans le pied de l'homme, où le second doigt est le plus grand.
$ XIV. — Tableau comparé des muscles de chaque partie des extré-
mités antérieures, avec une des parties correspondantes des extrémités
postérieures.
I. — EXTENSEURS.
A. De l'avant-bras. — B. De la jambe.
1° Le triceps brachiul et le triceps crural. Le tendon accessoire (analogue
du tendon du droit antérieur) qui s'insère à l'omoplate, enveloppe toute la
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 119
face postérieure de l’humérus. Cette longue portion du triceps s'attache à
l'omoplate dans une grande étendue ; elle est comparable, pour cette atta-
che et pour sa fusion avec le triceps, au droit antérieur.
Leur analogie est évidente.
9° L’anconé est au triceps brachial, ce que les faisceaux inférieurs du vaste
interne, qui atteignent la capsule, sont au triceps fémoral.
IT. — FLÉCHISSEURS.
A. De l'avant-bras. — B. De la jambe.
3° Le biceps ou scapulo-sus-rardien répond au fémoro-péronien et à V'ischio-
péronien, qui remplacent le biceps fémoral.
4° Le brachial interne (Huméro-cubitien) est remplacé par le demi-ner-
veux et le demi-membraneux, qui fléchissent la jambe sur la cuisse. Leur
insertion à la tubérosité ischiatique correspord à celle qui a lieu à l’apophyse
acromion.
La longue portion de ce muscle a pour analogue le couturier (iléo-pré-
tibien).
Ici tous les muscles supinateurs sont fléchisseurs ainsi que les
muscles pronalteurs.
IIS. — MusCLES PRONATEURS:
A. Avant-bras. — B. Jambe.
Le carré (cubito-radien ) n'a pas d’analogue dans la jambe.
Le rond pronateur (épitrochlo-radien) a pour analogue le poplié, qui va
du condyle externe du fémur au tibia. Ce muscle est un fléchisseur.
IV. — nuscres:
A. Du carpe et du métacarpe: —Bx Du tarse et du métatarse.
11 faut considérer dans:le carpe, le pisiforme comme répondant à la saillie
du calcanéum.
120 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Le cubital interne (épitrochlo-carpien) répond à l’un des muscles du ten-
don d'Achille.
Le cubital externé ( cubito-sus-métacarpien) au cour! péronien qui va s’in-
sérer au métatarsien du petit doigt.
Le radinl interne (épicondylo-sus-métacarpien de l'index) serait l'analogue
du long péronien, qui s'attache au métatarsien du pouce. |
Les radiaux externes n’ont pas d’analogues
Le ons abducteur du pouce est double avec deux tendons qui s’attachent,
l'un au trapèze, l’autre à la tête du premier métacarpien.
C’est l’analogue du jambier intérieur qui se términe par deux tendons s’in-
sérant, l’un au premier cunéiforme, et l’autre au premier métatarsien.
Jæmbier postérieur. Rien d’analogue dans le carpe ou le métacarpe.
V. —— EXTENSEURS.
A. Des doigts.
Le long extenseur du pouce et le court extenseur sont réduits en un ten—
don grèle qui se détache de celui du long abducteur.
B. Des orteils.
Le premier faisceau du pédieux répond au long extenseur.
L'extenseur propre du gros orteil répond au court extenseur du pouce du
membre supérieur.
Différences.
Le court extenseur est moins développé que le long. |
Les faisceaux correspondants sont en ordre inverse de développement.
Il y a compensation pour l'effet.
Extenseur commun.
Les /ombricaux, dans l'un et l’autre membre, forment la bride interne du
tendon de l’extenseur.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 121
Dans le pied, l’extenseur commun joint au pédieux est l’analogue de celui
de la main.
Le pédieux formant au pied la bride externe de l’extenseur commun
pourrait-il être considéré comme l’analogue des inter-osseux dorsaux de la
main ?
Les pédieux sont extenseurs propres des quatre premiers doigts.
Abducteurs.
Le long abducteur répond au #bial antérieur.
Le court abducteur est plus développé au pied.
L'abducteur du petit doigt. V’abducteur du petit orteil est plus développé.
Fléchisseur des doigts et des orteils.
Le long Fléchisseur superficiel donne des tendons perforés aux quatre
doigts qui suivent le pouce.
Il est représenté par le court fléchisseur pour le deuxième et le troisième
orteil; par le long fléchisseur commun pour le quatrième et le cinquième
doigt. Les tendons des deuxième, troisième et quatrième doigts sont égale-
ment perforés, sauf celui du cinquième, qui n’est représenté que par une
petite languette insérée au côté externe de la deuxième phalange.
Dans l’homme, le court fléchisseur est perforé aux quatre doigts (orteils)
qui suivent le pouce.
Fléchisseur profond. N y a un fléchisseur profond pour les deux premiers
doigts et un fléchisseur profond des trois derniers.
Ces deux muscles sont représentés par le fléchisseur propre du pouce, qui
envoie des tendons perforants aux troisième et quatrième doigts; et par le
féchisseur commun, qui envoie un tendon perforant au deuxième doigt et un
tendon non perforant au cinquième doigt.
Le long fléchisseur du pouce a en même temps un tendon pour l’indi-
cateur.
Le long fléchisseur du pouce envoie encore des tendons au troisième et
au quatrième doigt.
Ancuives Du Muséum, T. VII 16
122 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Le court fléchisseur du pouce et l'opposant sont représentés par le court
fléchisseur du gros orteil.
L'adducteur du pouce a deux faisceaux ; le faisceau supérieur est repré-
senté au pied par l’adducteur oblique ; le faisceau inférieur par l'adducteur
transverse.
Le court fléchisseur du petit doigt et l’opposant, sont représentés à la main
postérieure par une seule masse, qui agit essentiellement comme fléchisseur.
Le palmaire gréle n’a pas de représentant.
Le palmaire cutané de même.
Il y a des /ombricaux à la main antérieure et à la main postérieure.
TROISIÈME PARTIE.
RÉSUMÉ DE CE DEUXIÈME MÉMOIRE SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES QUE PRÉSENTENT LES
MUSCLES DES QUATRE EXTRÉMITÉS, CHEZ LES SINGES SUPÉRIEURS OU PSEUDO-ANTHROPOMORPHES LE
ET PLUS PARTICULIÈREMENT SUR LES MUSCLES DES QUATRE EXTRÉMITÉS CHEZ LE GORILLE ,
LE CHIMPANZÉ ET L'ORANG BICOLORE,
Ma premiere communication que l’Académie a bien voulu entendre dans
sa séance du 27 mai dernier, avait pour sujet les caractères anatomiques que
m'ont présentés les squelettes du Gorille de Savage, Gorilla Gina, Is. GEor-
FROY-SAINT-HicaiRe; du Tschégo, Troglodytes Tschégo, Duv., comparés à
ceux du Chimpanzé, Troglodytes niger, Grorrroy-Saint-Hiraire, et des
Orangs de Bornéo et de Sumatra (Simia satyrus, et le bicolor, Is. GEoFFRoY-
Sainr-Hizaire), et de plusieurs espèces de Gibbons.
En résumant ces caractères, J'ai cru devoir conclure :
1° Que l’ancienne espèce de Troglodyte, le Chimpanzé, differe spécifique-
ment de la nouvelle espèce découverte par M. Franquet, à laquelle les natu-
rels de la rive droite du Gabon donnent le nom de W T'schégo.
2° Que le Gorille présente un type générique distinct du genre Troglodyte,
et qu'il n’est pas une simple espèce de ce genre.
1. Ce Résumé a été lu à l’Académie des sciences dans la séance du 5 décembre 4853, et imprimé
dans le compte-rendu de cette séance , sauf quelques développements que la nécessité de ne pas
dépasser les pages accordées aux membres de l’Académie m'avait obligé de supprimer.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 123
Cette dernière opinion est aussi celle de mon savant collègue et confrère
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, qui l’a professée dans ses cours, d’après
les caractères extérieurs de cet animal, ét sans connaïtre encore tous les ca-
ractères anatomiques sur lesquels elle peut être fondée.
Cependant, ces conclusions n’ont pas été adoptées par le célèbre membre
de la Société royale des sciences de Londres, M. R. Owen, que l’Académie
des sciences compte parmi ses correspondauts les plus actifs.
Elle a le souvenir tout récent que. dans sa séance du 5 septembre dernier,
M. Richard Owen lui a fait part de ses premières etdeses dernières publications
sur l'ostéologie du Gortlle, publications que nous avons eu soin de citer dans
le texte de notre premier travail, celles du moins qui avaient paru à l’époque
du 27 mai de cette année, dans le recueil des Mémoires de la Société zoologi-
que de Londres, et auxquelles nous avons renvoyé pour les détails les plus
circonstanciés de sa description ostéologique du Gorille 1.
Je n’insisterai pas aujourd’hui sur les observations et les principes qui
m'ont servi à tirer ces deux conclusions. Je me réserve d’y revenir à la fin de
ma troisième communication, lorsque j'aurai réuni toutes les données anato-
miques qui pourront les corroborer ou les modifier, s'il y a lieu.
Je dirai seulement ici, que je n’ai cité qu’en neuvième ligne le caractere
de la forme de l’'omoplate, dont M. R. Owen n'adopte pas le degré d’impor-
tance que je lui ai donné. Je persiste cependant à considérer ce caractère de
forme comme très-essentiel, puisque de la forme de cet os, dans son ensemble
et dans ses détails, dépend la grandeur absolue et relative des nombreux
muscles qui s’y fixent et qui appartiennent au mécanisme compliqué des
mouvements du bras, et même, jusqu’à un certain point, de ceux de l’avant-
bras.
Aussi la forme générale et très-caractéristique de l’omoplate, est-elle
absolument la même dans toutes les espèces de chaque genre, Gibbon et
Orang; tandis qu’elle est très-différente de l’un de ces genres à l’autre. La
forme générale et détaillée que l’omoplate présente dans le Troglodyte Chim-
panzé se rapporte à la forme de cet os dans les Gibbons ; tandis que l’omo-
plate du Gorille est semblable à celle des Orangs , ou s’en rapproche singu-
lièrement.
4. Voir la note 4 de la page 933 du tome XXXVI des Comptes rendus.
124 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Le résultat le plus général de mes observations sur les ligaments et les
muscles du monvement du Gorille, nous a montré que leur plan de composi-
tion est semblable à celui des autres Singes de la même famille, c’est-à-dire du
Troglodyte Chimpanzé et de l’Orang de Sumatra, à quelques différences
près, que nous avons eu soin de noter. Ce plan diffère davantage de celui du
Magot, le plus étudié des Singes depuis Gallien, sous le rapport de son ana-
tomie.
Quant aux différences que nous avons signalées dans ce même plan de
composition, relativement à l'anatomie de l’homme, elles tiennent évidem-
ment et essentiellement à son mode de progression sur deux pieds, et à la
position verticale de son corps dans ses mouvements de translation et dans
la station.
Toutes les parties de son squelette sont coordonnées pour ce mode de
station sur deux pieds et de progression. La tête est posée à peu près en
équilibre, sur la premiere vertèbre, et maintenue presque sans effort, la
face en avant, dans l'attitude du commandement, suivant l’heureuse expres-
sion de Buffon.
Les courbures alternatives de la colonne vertébrale, dans les trois régions
cervicale, dorsale et lombaire, maintiennent le centre de gravité dans un plan
vertical, que limitent ces trois courbures en avant et en arrière.
Le poids du corps est ainsi transmis au sasrum, du sacrum au bassin,
de celui-ci aux fémurs, aux os des jambes et aux pieds, dont l'étendue et
l’écartement agrandissent le plan sur lequel la verticale du centre de gravité
vient tomber, et dont la forme un peu voütée peut soutenir, sans trop de
fatigue, et sans lésion, le poids de tout le corps.
Il y a dans la forme des articulations de toutes les parties mobiles du sque-
lette et dans les ligaments qui les maintiennent en rapport, toutes les dispo-
sitions organiques nécessaires pour cette progression et cette station ver-
ticales.
Les extrémités inférieures de l’homme forment de longs leviers pour la
progression; tandis que les supérieures, réservées au besoin pour le toucher
le plus délicat, ou pour saisir les plus petits objets, sont organisées à la fois
pour l'adresse et la force dans la mobilité de toutes leurs parties et dans leur
longueur, qui est moindre que celle des extrémités inférieures.
Le Singe, au contraire, qui est organisé pour vivre sur les arbres, pour
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 125
s’y mouvoir par élan d’une branche à l’autre, en se balançant suspendu par
l’une ou l’autre extrémité; qui s'élève en saisissant avec ses longs bras une
branche supérieure, et peut ainsi surmonter tout le poids de son corps, et se
soulever par les efforts d’une seule extrémité; le Singe qui marche à quatre
et non sur deux pieds, lorsque, par exception, il doit se mouvoir sur le sol, a
toute son organisation admirablement arrangée pour l'exercice de ces divers
mouvements qui le séparent nettement de l'espèce humaine dans cette partie
essentielle de son organisation. Cette différence se manifeste dans les grandes
proportions de ses extrémités antérieures, qui sont relativement tres-longues,
pour saisir au loin les branches d’arbres ; dont le pouce est court et atteint à
peine la base de la première phalange du second doigt; il peut même être réduit
à l'état rudimentaire comme dans les Æ/èles ; tandis que les quatre autres
doigts suffisent au Singe, ainsi dépourvu, comme au Paresseux didactyle la
main à deux doigts, sans pouce, ou celles à trois doigts au Tridactyle, pour
empoigner les branches d’arbres, et s'y assujettir dans toutes les positions.
Les extrémités postérieures ou pelviennes ont, au contraire, une bien
moindre longueur relative. Tout y est disposé pour en faire de forts leviers,
à l'usage du grimper sur les arbres plutôt que de la progression sur le sol.
Les fémurs et les os de la jambe sont forts et courts.
Le pouce, ou le gros orteil, s’y trouve articulé, par son métatarsien avec
le premier cunéiforme, dans une abduction permanente. Il y est même plus
opposable aux autres doigts, plus fort et surtout beaucoup plus long que
dans la main antérieure.
Cette main postérieure est évidemment organisée pour empoigner avec
énergie les branches d'arbres, et pour soutenir au besoin tout le corps de
l'animal qui peut être suspendu à ces branches, par une seule de ses extré-
mités postérieures.
S'il s’en sert parfois pour la progression sur le sol, c’est simultanément
avec ses extrémités antérieures, comme on peut le voir chez le Chimpanzé
qui vit en ce moment à la Ménagerie du Jardin des plantes. Jamais ce Singe
ne marche comme on l’a cru, comme on l’a répété souvent, sur ses deux
pieds de derrière seulement; mais il s'appuie sur la partie dorsale des doigts
de la main antérieure, en fermant le poing, tandis que les mains postérieures
sont un peu inclinées sur le bord péronien ou externe.
Cette marche quadrupède, toute particulière dans ce cas, qui sépare de
126 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
l'homme les Singes qui en sont les plus rapprochés par leur organisation,
est indiquée par l'arc unique, ouvert en avant, que forment ensemble toutes
les vertèbres mobiles, c’est-à-dire celles des trois régions cervicale, dorsale
et lombaire ; ainsi que j'ai pu l’observer et le démontrer dans notre squelette
de Gorille, dont les ligaments inter-vertébraux, et par eux les rapports natu-
rels de toutes les vertebres, ont été conservés.
J'ai dû rappeler tous ces détails, toutes ces circonstances, pour faire mieux
apprécier quelques différences que j'ai signalées dans les muscles, ou dans
les organes actifs du mouvement.
Les principales sont toujours dans les leviers que ces muscles doivent mou-
voir, dont les proportions et les attaches un peu variables, qu’ils fournissent
aux muscles, modifient l’action de ceux-ci. Elle est surtout modifiée par la
forme des facettes articulaires qui déterminent la direction des mouvements
de ces leviers, et conséquemment l’action des puissances qui agissent sur eux.
J'arrive à cette conclusion générale, que c’est moins dans le nombre des
muscles du mouvement que dans les proportions des leviers qu'ils doivent
mouvoir et dans la forme des articulations de ces leviers, c’est-à-dire de leurs
surfaces articulaires, qu'il faut chercher, en premier lieu, les causes des
espèces de mouvements que peut exercer un animal d’une même classe, d’un
même ordre et d’une même famille.
La disposition des muscles est subordonnée à ces premières conditions.
Leur plan de composition est le même dans les animaux d’une même classe.
Ces muscles y varient très-peu dans leur nombre; mais les modifications qui
existent dans leurs proportions et dans leurs attaches, suffisent pour obtenir
des effets très-variés et très-differents.
C'est à ces considérations générales que nous sommes arrivés par l’étude
comparée des os, des ligaments et des muscles du mouvement du Gorille.
I nous reste à passer en revue, le plus rapidement que possible, les prin-
cipales différences et les ressemblances que les muscles nous ont montrées,
en les comparant à ceux des autres Singes supérieurs, ou même à l’organisa-
tion de l'homme.
I. Pour ce qui est des ligaments des articulations ou du squelette, nous les
avons trouvés généralement conformes à ceux de l'homme, sauf un tres-fort
ligament (costo-clavio-coracoïdien), qui semble une transformation du mus-
cle sous-clavier, placé comme l'on sait, chez l’homme, entre la première côte
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 127
et la clavicule, dont il maintient et modère l’écartement, dans les efforts du
bras étendu au-dessus de la tête. Cette position du bras, fréquente dans le
grimper, donnait à ce but une plus grande importance; il est rempli, ainsi
que nous l'avons dit, par un ligament épais et aplati qui se porte obliquement
de la partie supérieure et interne de la première côte et du tiers antérieur
et sternal de la clavicule, à la face interne et supérieure de l’apophyse cora-
coïde, où se trouve un tubercule auquel il se fixe. Ici l’effet principal de ce
ligament est de maintenir l'angle articulaire de l’omoplate et de l’empécher
d’être trop déplacé par les mouvements de l’humérus.
Je n’insiste pas sur les capsules articulaires des grandes articulations, qui
sont généralement plus fortes, pour soutenir des efforts plus grands de dé-
placement, ni sur les ligaments latéraux qui les renforcent.
Les fibro-cartilages inter-articulaires de l’homme, se retrouvent chez le
Gorille, ainsi que le ligament rond du fémur et les gaments croisés de Var-
ticulation fémoro-tibiale.
Tous les os du pied ou de la main postérieure ont üne mobilité remarqua-
ble les uns sur les autres, qui convient au grimper, mais qui serait peu favo-
rable à la station sur ces extrémités. Cette mobilité tient à l'amplitude des
capsules articulaires qui enveloppent ces articulations. Elle tient encore par-
ticulièérement, pour les orteils, aux grandes dimensions des têtes articulaires
des os métatarsiens et des phalanges, et à la moindre étendue des facettes
articulaires de la base de chaque phalange, qui donne à celles-ci une grande
étendue dans leurs mouvements de flexion et d'extension les unes sur les
autres et sur les os métatarsiens.
IL. Quant aux observations principales sur les muscles du mouvement, en
voici les indications résumées dans l’ordre que nous avons suivi pour les
détails de nos descriptions.
$ XV. — Relativement aux muscles de l'épaule et du bassin.
Ceux de l'épaule sont à peu près les mêmes que chez l’homme, sauf le
muscle sous-clavier qui manque dans le Gorille. Nous avons déjà dit qu’il y
est remplacé par un fort ligament qui va de la première côte et de la clavi-
cule à l’apophyse coracoïde.
Le petit pectoral du Gorille diffère considérablement de celui de l'homme
128 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
par ses plus nombreuses digitations, par son plus grand développement et
par sa séparation en deux muscles distincts, qui ont chacun leurtendon, ne se
réunissant que tout près de leur attache commune à lapophyse coracoïde.
Celui du Chimpanzé, remarquons-le bien, est organisé sur un tout autre
plan. Il ne s'y divise pas en deux muscles distincts ; et il y est très-petit rela-
tivement au grand pectoral.
Son tendon ne s'arrête pas à l’apophyse coracoïde et va au delà se fixer à
l'articulation scapulo-humérale. 11 devient ainsi un élévateur du bras.
Celui de l Orang ressemble de même à celui de l'homme.
Dans le Magot, ce muscle est très-fort et sans digitations.
Les muscles du bassin, le carré des lombes et le petit psoas, ne m'ont rien
offert de particulier.
$ XVI. — Les muscles nombreux qui meuvent le bras ou la cuisse
chez l'homme, se retrouvent chez le Gorille.
Les principales différences qu'ils nous ont présentées consistent dans leur
plus grand développement et dans certaines liaisons qu’ils ont entre eux et
qui n'existent pas chez l’homme, du moins pour ceux du bras ; liaisons qui
ont pour effet de mettre plus d'unité, plus d'ensemble dans leurs efforts; mais
aussi moins d'indépendance dans leur action.
De plus, on trouve chez les Singes, et nous l’avons décrit chez le Gortlle,
un muscle singulier dont l’action a été mal appréciée, à notre avis. Ce muscle
a son tendon supérieur fixé sur le tendon du grand dorsal, tout près de son
insertion à l’humérus. Il descend le long de la face interne et postérieure du
bras, et va s'attacher d’autre part au condyle interne de l'humérus; c’est un
dorso-épitrochléen.
Pour en comprendre l'usage, il faut se rappeler que les Singes étendent
leurs bras pour grimper le long des troncs d'arbres, ou s'élever d’une bran—
che inférieure à une branche supérieure, et que, dans cette position, ils font
effort pour fléchir le bras sur l'avant-bras et soulever ainsi leur tronc sus-
pendu aux os et aux muscles de l'épaule.
L'action du dorso-épitrochléen coïncide avec les efforts simultanés des
muscles grand dorsal, grand pectoral et deltoïde, etc., qui tendent dans cette
position, fréquente chez les Singes, à rapprocher le tronc du bras.
LD ie ag
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPMORPHES. 129
Le grand pectoral est divisé en deux parties, comme le petit pectoral.
Les faisceaux musculaires de la première partie, à l'endroit où ils conver-
gent vers leur tendon, mesurent jusqu’à huit centimètres d'épaisseur, tant
ce muscle est fort chez le Gorille. Nous ne l'avons pas trouvé divisé dans le
Chimpanzé; nouvelle différence intime que nous ont offerte ces deux Singes,
tandis qu'il a trois parties distinctes dans l’Orang.
La liaison du grand rond avec le grand dorsal, qui a lieu chez le Gorële
encore plus que chez l’homme, donne à son action une grande efficacité dans
le grimper. Nous avons de plus observé un grand faisceau qui s’en détache
pour aller joindre la portion interne du triceps. Ce muscle est extrêmement
fort.
Il en est de même des adducteurs de la cuisse, qui ont un développement
extraordinaire dont le but et l'effet sont faciles à comprendre.
$ XVIL. — Les zruscles qui agissent sur l’avant-bras sont, comme chez
l'homme, des extenseurs, des fléchisseurs, des supinateurs et des prona-
teurs.
Ces muscles sont organisés sur le même plan dans le Gorille, et doivent
porter les mêmes noms.
Le carré pronateur a cependant, dans le CAimpanzé, une modification
remarquable. Sa partie radiale se sépare en deux rubans, dont l'un va s’at-
tacher à la partie inférieure du radius, pour la pronation; et dont l’autre
s’écartant de la première, se termine à la face supérieure du même os et doit
produire la supination.
Le brachial interne où antérieur a des liaisons avec le deltoïde, d’une part,
et avec le long supinateur d’autre part; ces liaisons sont encore relatives au
grimper, qui exigeait une transmission de mouvements et d'efforts de la main
au tronc, par l'épaule.
B. Les nombreux muscles de la jambe ne s’écartent pas du plan que l'on
connaît chez l’homme, ni pour le nombre, ni pour leurs rapports.
$ XVIIT. — A. Ceux du carpe et du métacarpe ne nous ont rien montré de
particulier à citer ici comme remarquablement exceptionnel.
B. Il n’en est pas de même des muscles du tarse et du métatarse.
Les extenseurs du pied qui se réunissent au tendon d’Achille, c’est-à-dire
les jumeaux et le soléaire, ont chez le Gorille, les plus remarquables modifi-
cations, comparés à ceux de l’homme,
Arcuives pu Muséum. T. VIII. 17
130 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Leurs faisceaux musculaires descendent jusqu’à l'insertion de ce tendon au
calcanéum, et ne s'arrêtent pas à la partie supérieure et moyenne de la
jambe pour ÿ produire cette saillie qu’on appelle le mollet dans l’homme.
Cette longueur doit leur donner une étendue de contraction beaucoup plus
grande que chez l’homme.
La même disposition se voit dans les autres Singes. Nous l'avons observée
plus particulierement dans les Singes supérieurs et dans le Magot, et elle
explique l'absence de mollet, signalée depuis longtemps chez ces animaux
grimpeurs, comme démontrant qu'ils ne sont pas faits pour la station et la
progression sur deux pieds.
Chez tous ces Singes supérieurs et chez le Magot, les jumeaux restent plus
longtemps séparés que chez l’homme.
Le Gorille ne nous a pas montré de plantaire grêle.
Le long péronier latéral | péronéo-sous-tarsien) outre son action sur la face
plantaire du pied qu'il porte en dehors et dans l'extension, rapproche forte-
ment le pouce des autres doigts en agissant sur son métatarsien et en se flé-
chissant. Cela est si vrai qu'il remplace, dans l’Orang, le long fléchisseur du
gros orteil, qui manque dans ce Singe supérieur, ainsi que nous le verrons
au paragraphe suivant.
$S XIX. — Muscles extenseurs et abducteurs des doigts et des orteils.
Les muscles nombreux des doigts et des orteils sont arrangés d'apres
le même plan de composition que ceux de l’homme. Mais il ÿ a des diffé-
rences notables dans l’action indépendante ou dans l’existence séparée des
muscles propres qui agissent chez l’homme sur le pouce, sur l'indicateur,
sur le petit doigt ou sur le gros et le petit orteil, avec les muscles correspon-
dants du Gorille et des autres Singes supérieurs.
Afin de mettre plus de précision et de saisir plus de rapports dans leur
comparaison, J'ai étudié les extenseurset les abducteurs dans les mains an-
térieures et postérieures; puis les fléchisseurs et les adducteurs de ces extré-
mités.
$ XX. — Les extenseurs et les ahducteurs de la main antérieure.
On sait que chez l’homme l'extension et l’abduction sont produites :
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 131
1° Par un long extenseur commun, qui agit sur les quatre doigts qui suivent
le pouce; st <
°° et 3° Par un long et un court extenseur propres du pouce;
4° et 5° Par:un long et un court abducteur du pouce ;
6° Par un Long extenseur propre de l'index ;
7° Et par un long extenseur propre du petit doigt.
Tous ces muscles propres peuvent agir isolément avec une complète indé-
pendance.
J'ai de même trouvé dans le Gorille :
1° Un long extenseur commun des doigts;
2° Un long extenseur propre du pouce.
3° Un court extenseur.
4 et 5° Un long et un court abducteur du même doigt;
6° Un extenseur propre de l'index ;
7° Et un extenseur propre du petit doigt.
Les principales différences que nous avons observées dans ces muscles
et dans ceux des autres Singes supérieurs, relativement à l’homme, sont
les suivantes :
Le long extenseur du pouce a la même indépendance que chez l’homme
avec moins de force relative.
Le Gorille n’a pas de court extenseur du pouce; ce muscle n’est représenté
que par un tendon grêle qui se détache d’un tendon plus fort appartenant
au long abducteur.
Il est vrai que cette disposition peut avoir lieu chez l’homme par excep-
tion. J'avais sous les yeux, en l'étudiant comparativement, un bras de femme,
où elle était exactement la même.
Dans le Ckimpanzé, M. Vrolick signale un court extenseur du pouce, bien
séparé dès son origine jusqu’à son insertion.
La même chose s’observe dans l’Orang:
Le long abducteur du pouce a, dans ce dernier, deux tendons, dont l’un
s'arrête au trapèze, et l’autre s'épanouit sur la tête du premier métacarpien.
De sorte que ce muscle agit à la fois sur le carpe pour le porter dans
l'extension, et sur le pouce, par son métacarpien, pour l’étendre dans l’ab-
duction.
132 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Dans le Gorille, cette portion métacarpienne est plus séparée et forme un
muscle à part que j'appelle cubilo-sus-trapézien.
Il est évident que par ces dispositions, l’abduction du pouce, ou son
extension avec son écartement des autres doigts, est plus soignée que son
extension directe.
Le tendon de l’extenseur propre de l'index s'unit comme chez l’homme à
celui de l'extenseur commun de ce doigt, mais déjà au niveau de l’articula-
tion métacarpo-phalangienne.
La même circonstance s’observe dans le Chimpanzé.
Dans l’Orang, l'extenseur propre de l'index est commun au médius ; il en-
voie à chacun deux tendons.
Ce muscle, chez le Gorille, est d’ailleurs beaucoup plus petit à pro-
portion que chez l’homme, et son tendon très-grêle montre que cet exten-
seur particulier au plan réalisé chez ce dernier, n’est plus qu’un auxiliaire
de l’extenseur commun, et qu'il a perdu l’usage spécial d'étendre le doigt
indicateur.
C’est une des plus intéressantes démonstrations des modifications fonc-
tionnelles que les différentes parties d’un même plan éprouvent selon les
besoins de la vie.
$ XXI. — Zes extenseurs et les abducteurs de la main postérieure.
Chez l'homme, qu'on me permette de le rappeler, afin de mettre pour
ainsi dire son organisation, en regard de celle du Gorille, il y a :
et 2° Un long et un court extenseur commun des orteils ; le premier ne
donnant de tendons qu'aux quatre orteils qui suivent le pouce; le dernier
en donnant un de plus au gros orteil.
3° Un long extenseur du pouce;
4° Un abducteur du gros orteil;
5° Un abducteur du petit orteil.
Tous ces muscles existent dans les Singes que nous étudions ; mais 1ls mon-
trent quelques différences qui doivent être signalées.
>. Le court extenseur commun, dans le Gorille, ne donne de ten-
dons qu'aux trois doigts moyens, et les trois tendons sont liés à ceux
de l’extenseur commun, de manière à montrer la nécessité et l'habitude
be
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 133
d’une action simultanée, qui reste plus indépendante chez l’homme.
3. Le long extenseur du pouce ou du gros orteil a des proportions plus
fortes que celui de l’homme.
Ce muscle, par suite de la disposition du métatarsien, est en même temps
un abducteur.
4. Le court extenseur du gros orteil n’est ici qu’une séparation plus com-
plète du court extenseur commun des autres doigts.
L’Orang Va de même bien séparé, tandis que dans le Chimpanzé 1 est
moins détaché du court extenseur commun des orteils; dans le Magot, le
pédieux se rapproche davantage de celui de l’homme.
5 et 6. Il y a un court abducteur pour le gros orteil et un pour le cin-
quième, l’un et l'autre très-forts et beaucoup plus développés que chez
l'homme.
$ XXII — Zes fléchisseurs et adducteurs de la main antérieure.
On sait que ceux de l’homme sont nombreux ; ce sont :
1° Le long fléchisseur commun superficiel ;
2° Le long fléchisseur commun profond;
3° Le /ong fléchisseur du pouce ;
4° Le court fléchisseur du pouce;
5° L'adducteur du pouce;
6° L’opposant de ce doigt;
7° Le court fléchisseur du petit doigt;
8° Les quatre lombricaux ;
9° Le palmaire grêle ;
10° et 11° Le palmaire cutané;
12° Les énter-osseux dorsaux ;
13° Les énter-osseux palmaires.
Tous ces muscles existent, ou à peu près, dans la main du Gorille et des
autres Singes supérieurs, avec des différences que nous devons indiquer :
2. Le fléchisseur profond chez le Gorille, ne donne que trois tendons aux
trois derniers doigts.
3. Le long fléchisseur est remplacé par un tendon du fléchisseur propre de
l'indicateur. W en résulte que la flexion du pouce et celle de l'indicateur
134 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
doivent être simultanées, et celle des trois: derniers: doigts de même; mais
ce partage des flexions des doigts de la main, entre les deux premiers doigts
et les trois derniers, nous paraît plutôt fait pour empoigner avec force que
pour pincer.
Dans l’Orang, le fléchisseur profond ressemble davantage à celui de
l'homme.
4. Le court fléchisseur du pouce; 5. L'adducteur du pouce avec ses deux
portions oblique et transverse ; 6. L'opposant du pouce, ne diffèrent de ceux
de l'homme que par leur grande force, conséquence de leur volume.
7. L’adducteur où Vopposant du petit doigt wa paru confondu avec le
court fléchisseur de ce doigt, comme cela a lieu quelquefois chez l’homme;
tandis que ce muscle est distinet et compliqué dans le Magot (voir Cuvier et
Laurillard, pl. 35.)
L'abducteur du petit doigt est lié au court fléchisseur, ce qui suppose
un changement d’action de ce muscle, devenu, dans ce cas, un fléchis-
seur. Cette liaison que nous avons trouvée dans l’Orang montre que la
flexion des doigts est l’action la plus nécessaire à ces animaux grimpants,
pour empoigner les branches d'arbres.
Nous avons trouvé : 8, les quatre lombricuux !; 0, le palmaire grêle; et
10, le palmaire cutané.
11. Les énter-osseux dorsaux sont très-forts.
13. Il en est de même des palmaires. Ils sont d’ailleurs semblables aux
inter-osseux chez l’homme.
Ainsi les différences que nous avons eu à signaler entre les muscles fléchis-
seurs de la main du Gorille, du Chimpanzé, de l'Orang et même du WMagot,
ne sont la plupart que des différences dans les proportions, qui sont relati-
vement plus grandes chez les Singes que chez l'homme ; ou quelques modi-
fications dans le nombre des tendons communs, qui changent l'indépen-
dance d'action de certains muscles en actions d'ensemble, et qui ont pour
effet de donner plus de force au Singe, pour ses mouvements sur les arbres.
1. Celui qui appartient à l’index agit aussi sur le pouce à cause de la liaison de son tendon fléchis-
seur qui vient de celui de l’index.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES, 135
$ XXII. — Æléchisseurs et adducteurs des orteils.
Ce sont, chez l’homme :
1° Le long flechisseur commun.
2° Le court fléchisseur avec la chair canée.
3° et 4° Le long et le court fléchisseur du pouce.
5° Le court fléchisseur du petit doigt.
6° Les lombricaux.
7° Les inter-osseux dorsaux.
8° Les inter-osseux plantaires.
Tous ces muscles existent dans le Gorille et dans les autres Singes supé-
Tiers.
Les différences qu’ils nous ont offertes sont toujours relatives à leur action
qui est moins séparée, et plus liée que chez l'homme.
Les fléchisseurs communs de tous les orteils, longs et courts, sont tellement
enchevêétrés les uns dans les autres que l’animal n’a plus la faculté de fléchir
un orteil séparément, et que leur action simultanée doit produire une force
de contraction on ne peut plus énergique.
Ainsi, dans le Gorille, le pouce ou le gros orteil, le troisième et le qua-
trième doigt ont un long fléchisseur commun avec un tendon très-fort qui se
divise, en premier lieu, pour le pouce, et ensuite pour les troisième et qua-
trième orteils, où ils sont perforants.
Le tendon perforant du second orteil vient d’un autre fléchisseur commun,
recouvrant le précédent.
Ce même muscle donne un tendon perforé au quatrième orteil et un ten-
don principal, remplaçant un perforant, au cinquième orteil, avec un tendon
accessoire tenant lieu de demi-perforé externe.
Enfin le court fléchisseur ne donne que deux tendons perforés qui appar-
tiennent aux deuxième et troisieme doigts.
Celui du quatrième orteil-est aussi un court fléchisseur qui provient du
tendon du long fléchisseur perforant.
Il est impossible de ne pas reconnaitre dans toutes ces liaisons, dans toutes
ces combinaisons croisées, la nécessité pour tous ces fléchisseurs longs et
courts, perforants et perforés, d'une action simultanée et dépendante.
136 DEUXIÈME MÉMOIRE. SUR L'ANATOMIE COMPARÉE
Les adducteurs oblique et transverse du gros orteil chez le Gorille, ont
une force ou un développement considérables , proportionnés aux leviers
qu'ils doivent mouvoir avec énergie, pour saisir et empoigner les objets.
Tous les inter-osseux dorsaux sont abducteurs relativement au médius.
Tous les plantaires sont adducteurs pour ce même doigt.
C’est une différence très-remarquable qui sépare la main postérieure du
Gorille, du pied de l'homme, où les inter-osseux sont, les uns abducteurs, et
les autres adducteurs relativement à l'indicateur, et cette différence est en
rapport avec la longueur proportionnelle de l'indicateur qui est le plus long des
orteils chez l’homme, et celle du médius, qui est le plus long chez le Gorille.
Il y a d’ailleurs une ressemblance très-grande entre cette disposition dans
la main postérieure du Gorille et celle que nous avons signalée dans sa main
antérieure ; comme il y en a une, sous ce rapport, entre la main antérieure
du Gorille et la main de l'homme.
$ XXIV. — Cette liaison par les parties charnues et par les tendons, qui
détermine l’action simultanée des muscles des doigts chez les Singes, et qui
n'existe pas chez l’homme, est encore augmentée par l'extension et les pro-
ductions des aponévroses palmaire ou plantaire.
Ainsi nous avons remarqué, surtout dans l’Orang, des brides ligamen-
teuses très-fortes, extensions de l’aponévrose palmaire, qui vont à la face cor-
respondante des métacarpiens, et s'étendent même au niveau des premieres
phalanges, en allant transversalement de l’une à l’autre, évidemment pour
empêcher leur écartement. Ces brides contribuent, en tenant les phalanges
rapprochées, à former et à maintenir la voûte de la main.
Il y a, d'autre part, des ligaments dorsaux très-forts qui s'étendent à la base
des premières phalanges et empêchent de même leur écartement.
En dernier résumé, et au sujet des muscles des extrémités, auxquels nous
bornerons notre communication d'aujourd'hui, je puis répéter ce que j’écri-
vais en 1809, à la fin de mon Mémoire sur les muscles du mouvement du
Phoque commun.
« Tels sont les moyens départis aux phoques pour se mouvoir. Leur exa-
men anatomique fournit une nouvelle preuve que, depuis l’homme qui
1. Dont le texte a paru dans les Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, mais dont l’atlas des
planches est encore inédit.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. 137
« semble fuir le sol dans sa marche, jusqu’à ces animaux qui y sont comme
« enchainés par toute la longueur de leur corps, on trouve constamment un
A
« même plan d'organisation. Partout ce sont les mêmes leviers, qui varient
« très-peu dans leur nombre et leurs rapports essentiels; mais qui présentent
« beaucoup de différences dans leur forme, leur longueur, dans la manière
dont ils sont joints au point d'appui, dans le degré de force, et dans la direc-
« tion de la puissance qui les meut.
« Sous ces divers points de vue, les Phoques nous ont offert des modifi-
cations importantes, qui expliquent, il me semble, d’une manière satisfai-
« sante, leurs mouvements singuliers. »
A
R
A
ñ
Que l’on substitue, dans ces conclusions générales, que j'avais tirées il y a
quarante-quatre ans, d'un travail analogue à celui-ci, le nom de Singes à celui
de Phoqgues; que l’on considère les nécessités de la vie habituelle sur les
arbres et des mouvements qu’elle exige, au lieu du ramper sur le sol et de la
natation pour la vie aquatique ; on aura observé, avec le même plan général
d'organisation, d’autres modifications admirablement adaptées à ce genre
d'existence, ainsi que j'espère l'avoir démontré dans ce Mémo:re et dans le
précédent pour les organes passifs du mouvement chez le Gorille et les autres
Singes de la même famille.
ARCHIVES DU MusÉuM. T. VIII. 18
TABLE DES MATIÈRES
DE CE DEUXIÈME MÉMOIRE
SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES
QUE PRÉSENTE PARTICULIÈREMENT L'ÉTUDE DE LEUR SQUELETTE.
DEUXIÈME MÉMOIRE.
Pages.
Supplément à leur ostéologie. Anatomie comparée des muscles des extrémités. ...... 65
PREMIÈRE PARTIE.
Quelques observations sur les articulations et les ligaments des extrémités du Gorille.. 66
$ I. Articulations clavio-sternale et clavio-scapulaire. ..... Se cccceerenophe ce DH Done 66
$ II. Articulation scapulo-humérale et ses ligaments. ........................ Date sainte 67
$ JT. Forme de l'articulation huméro-cubito-radiale et ses ligaments. ...,.,.... 00000000 Se. CN
$ IV. Articulations et ligaments des os de l’avant-bras entre eux........,.....:.... Donot Mau)
$ V. Articulations des os de l’avant-bras avec ceux du carpe et leurs ligaments............ 68
$ VI. Articulations des os du carpe entre eux.............................. Doc ob bon ()
$ VII. Articulations des métacarpiens et leurs ligaments....................... Gonoooco {0
$ VIII. Ligaments annulaires des phalanges.....,............... A0D O0 COS a0e (PC 00000 ME
$ IX. Articulations pelvio-fémorale et fémorale, et fémoro-tibiale et ses ligaments ......... 74
$ X. Articulations des os de la jambe entre eux et ligaments qui les unissent............. 72
$ XI. Articulation tibio-tarsienne etses ligaments...............,........ Donoc-6cceoc de 72
$ XII. Articulations et ligaments des os du tarse entre eux........... Sooaoeao 00000000 Ye)
TABLE) DES MATIÈRES: 139
Pages.
8 XIII, Articulations et ligaments des os. dusmétatarseravec le tarse:............,..,...,. ‘13
$ XIV. État, général. de toutes Jes articulationsides os: du pied... ... Eudé Jo.suoanaixl. AUX 478
DEUXIÈME PARTIE.
Myologie des organes du mouvement. .... dbcoudogcedeoc re cte 0600806000 00p …. 5
CHapitRe 1. — Muscles de l'épaule et du bassin......... Donc Do o ge 00 ete
ST Museles dellépaule rene remercie eee Ce ducosénédonc ob 75
SAIT Muscles/duibassine "#2." "RE... 5068000 Obocoorone sale rte Dép oboae 78
CuapitRe 11. — Muscles du bras et de la cuisse........................... Doboaoon WA)
SCIIT--Muscles /QuIDra8 2... -.2 re 080000608600 00a00ogos da0e0%o do0c09000 78
$ IV. Muscles du fémur. .......... CDob de Doubab ip db 0060 do 06 de GcoRUÉ do re0oonae 83
CaapirRe m1. — Muscles de l’avant-bras et de la jambe........................... 6 “0
$ V. Muscles de l’avant-bras........ da ae 206é 0 oodoaodooduobn Serre croise 86
$ VI. Muscles de la jambe....... coder anne ss hace boacvadoasvosee Logoad booba a roboa «nÉÉ)
CaapiTRe 1v. — Muscles du carpe et du métacarpe, du tarse et du métatarse........... 94
$ VIT. Muscles du carpe et du métacarpe........,.................. Éhooadeogcavooco … 91
$ VIII. Muscles du tarse et du métatarse................ 000obobo ue 00090000 G000D00 nn 02
Cuabrrre v. — Muscles des doigts de la main antérieure et de la main postérieure... … . 95
$ IX. Extenseurs et abducteurs des doigts de la main antérieure... ... Dobooob ot ogoonon 95
$ X. Extenseurs et abducteurs des orteils. ...,................................ 10000 104
$ XI. Fléchisseurs et adducteurs des doigts de la main antérieure.........,..,.......... 104
$ XII. Fléchisseurs et adducteurs des orteils.............. DOdSESoononobodgnon ob 93
$ XII. Indication des principales différences qu’ils présentent avec ceux de l’homme...... 406
$ XIV. Tableau comparé des muscles de chaque partie des extrémités antérieures avec une
des parties correspondantes des extrémités postérieures ......,.. FOOD 000000 110-116
TROISIÈME PARTIE.
Résumé de ce second mémoire................ eee» abébeuuod Donpo0000doudoe 117
I. Résumé sur les ligaments.......................... DPD0OD6D0n6 dDApRou0-0tao 427
II. Observations principales sur les muscles du mouvement...,..................... 1419
$ XV. Relativement aux muscles de l'épaule et du bassin........ Condodss0n00bpd0cugos 129
$ XVI. Relativement aux muscles qui meuvent le bras et la cuisse...................., . 4130
$ XVII. Relativement aux muscles qui meuvent l’avant-bras et la jambe.......... DOG a 132
$ XVIII. Relativement aux muscles du carpe et du métacarpe , du tarse et du métatarse..,.. 1433
$ XIX. Relativement aux muscles extenseurs et abducteurs des doigts et des orteils en général. 434
140 TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
$ XX. Extenseurs et abducteurs de la main antérieure.........s.ss..ss.seseesvese..e 135
$ XXI. Extenseurs et abducteurs de la main postérieure. ......,,.........sssses...... 138
& XXII. Fléchisseurs et adducteurs de la main antérieure. ........,........s.s........ 140
$ XXII. Fléchisseurs et adducteurs des orteils.....,,.....,.,,........sssssess... 142
Dernier réSUMÉ.. « c++» .0 0 0 0 #.0».0 0 0 sale 0 810 0 018 00 0/0 8 = #0 010 0,9 0 0 01e «10 01e 51e 10.0 0 2101618)0)8 ° 445-146
TROISIÈME MÉMOIRE
SUR LES
CARACTÈRES ANATOMIQUES
DES
GRANDS SINGES
PSEUDO-ANTHROPOMORPHES
ET PLUS PARTICULIÈREMENT SUR L'ANATOMIE DU GORILLE DE SAVAGE COMPARÉE À CELLE
DES TROGLODYTES, DES ORANGS ET DES GIBBONS.
Ce troisième Mémoire comprend quatre parties.
Dans la première, j'ai cherché à compléter, autant qu'il a dépendu de moi,
le sujet de mon premier Mémoire! sur les caractères ostéologiques des singes
supérieurs, au moyen des nouveaux sujets d'observation qui sont arrivés,
dans le courant de cette année, du Gabon au Muséum d'histoire naturelle,
par les soins empressés et le zèle de M. Aubry Lecomte, qui mérite les plus
grands éloges.
J'ai ajouté, dans une seconde partie, à la myologie des membres du
Gorille, que j'ai fait connaître dans mon deuxième mémoire, celle qui con-
tribue aux mouvements de la tête et de l'épine dorsale; à ceux de la masti-
cation et de la déglutition ; au mécanisme de la respiration et aux mouve-
ments d'expression de la face.
4. Lu à l’Académie des sciences le 30 mai 4853.
142 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Dans une troisième partie, je décris les organes de la voix et les poches
laryngiennes annexées à ces organes.
J'ajoute à cette description celle des organes mâles de la génération du
Gorille.
Enfin, dans la quatrième et dernière partie de ce travail d'anatomie com-
parée, après avoir rappelé succinctement les travaux publiés avant moi sur
le Gorille, et, accessoirement, sur les autres singes pseudo-anthropomorphes,
j'ai tâché d'esquisser, en quelques traits, les principaux résultats de mes
recherches.
PREMIÈRE PARTIE :
SUPPLÉMENT AU PREMIER MÉMOIRE, COMPRENANT LA DESCRIPTION COMPARÉE DU SQUELETTE
DES SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES.
Le Muséum d'histoire naturelle a reçu du Gabon, au commencement de
1854, par le zèle éclairé de M. Aubry Lecomte :
1° Un crâne de Gorille à peu pres adulte, mais n'ayant pas encore perdu
ses canines de lait. Ce sera notre n° 71;
> Un squelette complet de Chimpanzé mâle adulte. Ce sera notre n° 3 du
genre Troglodyte. Et tout récemment (au mois de septembre 1854),
3° Un squelette de Chrmpanté femelle adulte, avec sa peau (nous en par-
lerons sous le n° 4);
4° Un squelette de Troglodyte Tschégo, sans la peau ?;
Enfin, j'ai eu l’occasion d'étudier un squelette presque complet de Gorille
femelle adulte, qui appartient à MM. Verreaux.
Je me suis efforcé de profiter de ces nouvelles données, pour remplir
quelques lacunes de mon premier Mémoire, et pour constater et confirmer
4. Voir page 29 de ces Mémoires.
2. Nous le désignerons sous le numéro 2, pour le genre Troglodyte et pour l'espèce de Tschégo,
dont le premier squelette donné par M. Franquet, décrit dans notre premier Mémoire, sera notre
numéro |.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 143
les caractères génériques du Gorille et des Troglodytes, ainsi que les diffé
‘rénces spécifiques entre le Troglodyte Chimpanzé et le Troglodyte Tschézo,
conclusions qui terminent mon premier Mémoire.
CHAPITRE PREMIER.
NOUVELLE COMPARAISON DU SYSTÈME DENTAIRE DES GENRES TROGLODYTE ET GORILLE , SUIVANT
L'AGE ET LE SEXE, ET AVEC LES GENRES ORANG ET GIBBON SOUS CES DERNIERS POINTS DE
VUE.
Les nouveaux sujets d'observations que nous venons d'indiquer nous ont
donné l’occasion d’ajouter à nos descriptions précédentes (p. 27 de ces
Mémoires) des détails précieux que nous nous proposons de consigner dans
les paragraphes de ce chapitre.
L’usure déformant assez promptement les dents des genres 7roglodyte,
Gorille et Orang, et plus tardivement celle des Gibbons, qui me paraissent
0?
avoir un émail plus épais, il était intéressant de connaître leur forme pre-
mière avant les changements produits par la trituration, qui rendent cette
forme caractéristique méconnaissable, et dont la connaissance cependant
peut seule éclairer sur le degré et le mode de ces déformations, que l’usage
produit tôt ou tard. Ces motifs seront notre excuse pour les longueurs ou
les apparences de répétitions dans lesquelles nous serons forcés d’entrer, au
sujet du système de dentition de la tête n° 7, dont presque toutes les dents
sont sorties et entières.
SI. Les éncisives. Il n’y en a que deux de conservées à la mâchoire supé-
rieure et deux à l’'inférieure; heureusement que c’est une moyenne et une
latérale, qui ont chacune leur caractère propre, aux deux mâchoires.
L'incisire moyenne supérieure de remplacement a son tranchant encore
intact et très-coupant, presque comme celui d’une incisive d’herbivore. Il se
détache, à la face interne, d’une saillie arrondie, qui présente cette face de
la couronne comme tuméfiée, dans sa première moitié, depuis son collet. La
face externe est légèrement convexe. À partir du tranchant, les côtés de cétte
144 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
dent vont en s’élargissant jusqu’à son collet, et forment un triangle dont la
base est au bord alvéolaire ; il montre la force et l'épaisseur de cette incisive.
Elle a, dans ce sens, précisément au collet de la couronne, 0",012 d’é-
paisseur; sa plus grande largeur est de 0,016; et la hauteur de son
émail est de o",0155.
Dans la tête du squelette de notre vieux mâle, la même incisive n’a plus
que 0,012 de hauteur, par suite de l'usure de son tranchant. Sa plus
grande largeur est encore de 0",0165, et sa plus grande épaisseur n'est plus
que de o",0115. Le tranchant en est complétement usé avec la partie épaisse
et arrondie de la surface interne, qui forment ensemble une large surface
triturante.
L'incisive supérieure externe, qui subsiste du côté gauche, présente une
forme primitive fort remarquable, qui disparait avec l'usure. Sa face externe,
très-convexe, offre une saillie médiane en dehors de laquelle elle est aplatie.
Son tranchant est pointu comme celui d'une canine. De cette pointe au collet
de la couronne, cette face entière a 0",0145; elle a o®,o1r de plus grande
largeur. Par l'usure, cette même dent, dans notre vieux Gorille, se termine
par deux lignes qui représentent les deux côtés d’un carré mesurant chacun
0",0085. On reconnait parfaitement, malgré ce changement de forme par
l'usure, que cette dent a dû être primitivement comme celle du Gorille n° 7,
dont nous décrivons la dentition.
Les éncisives de la mâchoire inférieure sont celles du côté gauche. Leur
tranchant est à peine usé; il forme une ligne droite transversale. L’'incisive
externe est un peu plus large. Ces dents sont arrondies à leur face antérieure.
Elles sont comprimées sur les côtés et très-épaisses, d'avant en arrière, au
niveau de leur collet; de là elles sont comme entamées, jusque vers leur tran-
chant, dans toute l'étendue de leur face interne.
L'usure change peu cette forme, sinon qu’elle use en biseau leur tran-
chant, comme on le voit dans notre n° 8 et dans la dentition de lait.
$ IT. Les quatre canines de lait subsistent dans cette tête et présentent
exactement les mêmes dimensions que dans notre petite tête ( n° 5), sauf que
leurs pointes subsistent dans celle-ci, et qu'elles sont émoussées dans la
grande. On peut en conclure que, dans la tête n° 5, elles étaient sorties
depuis peu. On voit pointer à la mâchoire supérieure les canines de rempla-
cement dans les trous par lesquels elles devaient se faire jour.
Er
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 145
Ces canines de lait sont courtes, coniques, droites et non arquées ; celles
d’en haut ont une arête postérieure.
$ III. La première avant-molaire a de bien fortes dimensions aux deux
mâchoires ; elle est beaucoup plus grande que la suivante.
La supérieure montre, dans sa couronne, une large pointe triangulaire à
chacune de ses faces, separées par un profond vallon. Cette pointe est plus
saillante à la face externe, qui est légèrement convexe, qu’à la face interne,
qui est en demi-cylindre.
La seconde avant-molaire de ce côté a la même forme que la première à
la mâchoire supérieure; celle-ci mesure 0",075 à la base de sa face externe,
tandis que la seconde ne mesure que o",010 à la même base.
A la mndchotre inférieure, la couronne des avant-molaires est intacte
comme celle des avant-molaires supérieures, et donne également leur forme
première. La première avant-molaire de ce côté forme une pyramile à quatre
faces dont la postérieure est concave.
La face antérieure, encore intacte et un peu convexe, s’aplatit par le frot-
tement de la canine supérieure, chez les sujets vieux. Elle à trois racines
comme sa correspondante supérieure. Cette dent a de grandes proportions
comparativement à la suivante. Celle-ci a deux pointes en avant et un fort
talon en arrière.
Dans les vieux, elle conserve cette forme.
$ IV. La première des arrière-molaires, qui sort de bonne heure, déjà à
l’époque où la dentition de lait subsiste dans toute son intégrité, ainsi qu'on
peut le voir dans la jeune tête n° 5 du Gorille femelle, a ses trois pointes
externes usées et remplacées par autant de fossettes rondes, Les deux pointes
internes sont intactes, ou à peu près, et très-saillantes.
Ce changement montre que la mastication latérale a lieu dès le jeune âge.
Les quatre pointes de la seconde molaire supérieure sont entières et sépa-
rées en externes et en internes par un profond vallon longitudinal. Les deux
pointes externes sont beaucoup plus reculées que leurs correspondantes, de
manière que chaque paire est très-oblique au lieu d’être transversale. Cette
obliquité me paraît en rapport avec la mastication latérale. I] ya un rebord
en avant et en arrière, qui est la continuation d’un bourrelet d’émail qui
s'élève, à la face interne, au-dessus du collet de la dent. Ce bourrelet
d’émail existe aussi autour de la premiere arrière-molaire. On le voit à la
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 19
146 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
face opposée, dans les dents correspondantes de la mâchoire inférieure.
Les cinq pointes de la seconde arrière-molaire sont également intactes.
Celles de la troisième, qui commençaient à sortir, se voient trés-bien. Outre
ces cinq pointes, il y a un petit talon à ces arrière-molaires inférieures, qui
ont un bourrelet d'émail à leur surface externe, s’élevant antérieurement
vers un rebord qui est comme un talon. Vue du côté interne, la seconde
arrière-molaire inférieure, qui a conservé sa troisième pointe intacte, semble
composée de trois demi-cylindres.
La dernière arrière-molaire inférieure ne diffère pas de la seconde.
Cette dentition, sur laquelle nous avons cru devoir insister, est instructive
sous le double rapport de la forme caractéristique des dents avant leur usure,
et sous celui de leur succession.
Les incisives ayant leur tranchan! encore intact, j'ai pu faire connaitre la
forme pointue de lincisive latérale supérieure, si différente de la forme
tranchante de l’incisive moyenne.
Les deux avant-molaires et la seconde arrière-molaire venaient aussi de
sortir, à en juger par l'intégrité de leurs pointes, comparées à celles de Ja
première arrière-molaire, qui sont usées.
Les cinquièmes arrière-molaires, plus avancées à la mâchoire inférieure,
commençaient à sortir, tandis que les supérieures étaient encore enfermées
dans leur alvéole.
$ V. Il ya, dans cette succession des dents, et dans cette chute tardive des
dents de lait, des différences qui la distinguent éminemment de la succes-
sion des dents dans l'espèce humaine, et qui pourraient bien dépendre de la
grande proportion des dents de remplacement chez le Gorille1.
Nous avons signalé dans un squelette de jeune Orang de Sumatra la chute
des incisives de lait à un âge qui me paraît correspondre, au contraire, à
celui d’un enfant de sept ans.
$ VI. Pour compléter la connaissance du systeme de dentition chez le Go-
rille, je crois devoir comparer celui des dents de lait de notre plus jeune tête
n° 6, dont la couronne est encore intacte, avec celui que nous venons de
décrire.
4. M. de Blainville avait déjà observé, dans son Ostéographie (p. 50) que la canine de lait était la
dernière à tomber chez les Singes, parmi celles de la première dentition.
on nt mon Et SE attend de à mme D de Qu
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 147
Les incisives supérieures ont cela de particulier, que le tranchant des
deux externes, qui sont les plus petites, est arrondi en palette, au lieu d’être
pointu comme dans l’incisive de remplacement.
Cette forme en palette est aussi celle des incisives latérales inférieures, qui
sont les plus grandes.
La face externe des incisives moyennes est sensiblement cannelée aux deux
mâchoires.
La couronne des canines supérieures a exactement la forme et les pro-
portions de notre n° 7. Les inférieures commencaient à sortir. C’est le con-
traire de ce que nous avons signalé pour les cinquièmes molaires dans notre
tête n° 7.
$ VIT. Vue par la face externe, la première molaire supérieure à une forte
pointe au milieu et deux très-petites pointes latérales. La face interne est un
demi-cylindre terminé à la face triturante par un tranchant mousse.
La seconde molaire supérieure a quatre pointes, dont la seconde externe
est liée par une arête à la première pointe interne, comme la première
externe ; de sorte que la seconde pointe interne se trouve isolée.
Il y a un bourrelet d’émail à la face interne qui se prolonge en arrière à la
manière d’un talon. Toutes ces circonstances se voient dans les arrière-
molaires permanentes.
À la mâchoire inférieure, la première molaire a un cône moyen, un fort
talon en arrière et un tubercule en avant. Cette forme n’est plus reconnais-
sable dans la tête de Troglodyte Chimpanzé qui est d’un âge correspondant.
Elle fournit un caractère différentiel qui me paraît avoir un degré d’impor-
tance générique.
La seconde molaire, aussi compliquée qu’une arrière-molaire d’adulte, a
cinq pointes, dont la cinquième est en arrière; elle à de plus une apparence
de talon ou de bourrelet en avant qui réunit les deux pointes antérieures.
Je n’insisterai pas sur les changements que produit l'usure dans la denti-
tion de lait, tels que les présente la jeune tête de femelle n° 5, qui a ses pre-
mieres arrière-molaires, et dont j'ai décrit la dentition dans mon premier
Mémoire (p. 35).
$ VII. Les détails précédents, sur la dentition de lait, montrent un nouvel
exemple de la loi de la plus grande complication des molaires de lait, rela-
tivement à celles qui les remplaceront.
148 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Ils nous ont fait connaitre les dents de lait dans leur forme primitive,
avant qu'elle ait été altérée par l'usure.
C’est encore cette forme primitive pure, non altérée par la trituration, que
la tête du Gorille presque adulte nous a montrée, pour la plupart des dents
de remplacement et des dents permanentes.
$S IX. Dents des Troglodytes. Lorsque j'ai communiqué à l'Académie mon
premier travail, au mois de mai 1853, sur les caractères qui distinguent le
squelette des singes supérieurs, je n'avais eu pour l'étude du système den-
taire du Chimpanzé adulte que la tète d'une vieille femelle déjà décrite et
figurée par M. de Blainville dans son Ostéographie ! ; J'avais pu lui comparer
la tête de Tschégo, appartenant au squelette donné au Muséum par M. Fran-
quet, en même temps que le Gorille.
Depuis lors, le Musée s’est enrichi successivement de deux squelettes de
Chimpanzé mâle et femelle et d'un squele'te de Tschégo, ainsi que nous
l'avons dit en commencant cette partie supplémentaire à notre premier
Mémoire.
Ces cinq têtes d'adultes que nous avons sous les yeux, dont trois de Chim-
panzé et deux de Tschégo, me donnent les moyens de caractériser de nou-
veau le système de dentition de ce genre, au risque de me répéter.
$ X. Les /ncisives, plus où moins usées dans les deux mâchoires, ne pré-
sentent dans ces cinq têtes aucun caractère différentiel à signaler, comparées
à celles du Gorille. Elles y deviennent énormément larges et plates dans leur
face triturante par l'usure, et leur tranchant s’élargit peu à peu jusqu’à ce
qu'il ait envahi toute l'épaisseur de la dent.
$ XI. Les canines, beaucoup plus fortes dans le mâle du Chimpanzé que
dans la femelle, ont une arête tranchante en arrière à la mâchoire supé-
rieure et une légère trace de sillon à la face externe de celle du côté droit
seulement, qui est très-prononcée et caractéristique dans les deux canines
supérieures du Tschégo.
1 y a une barre assez grande, plus à proportion que dans le Gorille, entre
l’incisive supérieure externe et la canine, pour la place de la canine infé-
rieure, quand les mâchoires sont rapprochées.
S XII. Les avant-molaires supérieures sont simples, à une seule pointe de
4. PL. tv de la livraison des Primates.
ta mnt. à à
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. 149
chaque côté et à une racine correspondante à chacune de ces pointes. La
première est un peu plus grande que la seconde. Elles n’ont point de talon
et ne different, ni pour la forme ni pour les proportions relatives, de celles
de l'espèce humaine.
Nous venons de voir dans le Gorille la grande proportion de la premiere,
relativement à la seconde, ses fortes pointes et ses trois racines.
La première avant-molaire inférieure est conique ou pyramidale, relative-
ment plus forte que la seconde, sans atteindre le volume proportionnel
qu’elle a dans le Gorille. Elle a aussi trois racines.
La seconde est petite et de même forme simple que les deux avant-
im olaires supérieures. Elle manque du talon postérieur très-prononcé qui
caractérise celle du Gorille, et n’a qu'un bourrelet en avant et en arrière.
$ XIII. Les trois arrière-molaires supérieures ont chacune quatre pointes
et forment deux demi-cylindres à la face externe. Elles sont exactement
doubles de la seconde avant-molaire.
La dernière est la plus petite; elle na même, dans le Chimpanzé, qu'un
bourrelet en arrière, en remplacement de la seconde pointe interne. Mais
dans notre première tête de Tschégo, cette pointe est prononcée, et n’est
pas un simple bourrelet. L’usure l’a effacée dans notre seconde tête, qui a
cette dernière molaire encore plus petite à proportion que les trois autres
têtes. Les proportions relatives des molaires sont très-caractéristiques pour
ce genre.
Dans le Gorille, la troisième arrière-molaire supérieure est la plus grande.
Elle a une seconde forte pointe interne reliée à l’externe par un bourrelet
formant talon.
Dans le genre 7roglodyte, la troisième arrière-molaire inférieure n’a que
quatre pointes, dont les deux dernières sont reliées par un talon. Il y en a
cinq, dont trois internes dans les deux précédentes, également reliées par
un talon postérieur, pour les deux dernières 1.
$ XIV. En étendant cette comparaison à la première dentition, on trouve
que la première avant-molaire supérieure est moins grande et moins com-
1. Rappelons que, dans le Gorille, la dernière molaire a cinq pointes principales et un tubercule
en arrière, qui tient lieu d’une sixième pointe; il y a de plus un bourrelet en avant. Les dimensions
sont à peu près celles de la pénultième qui est la plus forte.
Ces différences sont prépondérantes.
150 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
pliquée que la seconde; figurant par sa face externe un court et large triangle
obtus, avec une apparence de tubercule rudimentaire en avant et en arrière,
origine d’un bourrelet antérieur et postérieur.
Cette dent a deux racines externes et une interne, où son demi-cylindre
fait l'office de talon.
La seconde molaire supérieure de lait a [a composition, pour sa couronne
à quatre pointes et pour les quatre racines, d’une arrière-molaire. Les deux
dernières pointes sont reliées par un léger bourrelet !.
A la mâchoire inférieure, Va première molaire a une forte pointe et un talon
en arrière; elle manque absolument de la pointe antérieure que nous avons
décrite dans le Gorille.
Dans notre jeune Chimpanzé, la seconde molaire a quatre pointes dont le
profil se dessine très-bien, au nombre de deux pour chaque face, terminant
autant de demi-cylindres composant la couronne de cette dent, qui a quatre
racines.
Il y a quelque trace d’un bourrelet postérieur dans la tête séparée n° r1,
que je crois être de 7schégo ?.
On sait que, dans l’espèce humaine, cette cinquième pointe en arrière,
formant une sorte de talon, peut être très-prononcée; mais la première mo-
laire inférieure de lait s’y distingue de celle des singes par ses quatre pointes
d’arrière-molaires.
Il me semble qu'en suivant les principes généralement adoptés pour carac-
tériser les genres de mammifères, d’après leur système dentaire, on ne
pourra méconnaitre les caractères génériques distincts que présentent dans
leur seconde et leur première dentition le Gorille et les Troglodytes.
$ XV. Système dentaire du genre Orang. Les dents des Orangs sont con-
nues par plusieurs descriptions ; la nôtre sera surtout comparative relative-
ment à celles du Gorille et des Troglodytes. On nous pardonnera peut-être
d'y revenir pour la troisième fois, en ayant déjà parlé dans deux articles de
1. Dans ie Gorille c’est une dent beaucoup plus forte et beaucoup plus compliquée que la pre-
mière, comme les arrière-molaires de cet animal. Elle a quatre pointes principales avec un grand
talon en arrière et un bourrelet en avant. Elle est donc aussi plus compliquée que celle du Chim-
pans é.
2. Dans le Gorille cette seconde molaire inférieure à une cinquième pointe en arrière, et un bour-
relet en avant, qui est prononcé comme un talon.
Tr
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 151
notre premier Mémoire, si l’on considère celui-ci comme complément des
deux autres, et devant servir à montrer en détail les différences du système de
dentition suivant l’âge et le sexe, et à établir, s’il est possible, sur l'étude de
ces différences, celles qui peuvent caractériser les genres.
Nos têtes adultes, dont l’une, de Bornéo, appartient au squelette de Wurmb,
et l’autre, isolée, vient de Sumatra, ont les molaires bien usées, Leur forme
premiere, pour la surface triturante, est méconnaissable dans celle-ci par
l'usure qui a rendu cette surface tout unie. Elle conserve plus de traces de
sa forme première, dans la tête de Bornéo.
A la mächoire supérieure les deux avant-molaires sont simples et de même
forme, avec deux pointes latérales; la seconde est un peu plus grande que la
premiere.
Les trois arrière-molaires sont doubles, à quatre pointes, et de même
grandeur. ;
Ces cinq molaires occupent une longueur de 0",058 du bord alvéolaire
dans l'Orang de Bornéo, et de 0,063 dans celui de Sumatra. Celles du
Gortlle prennent un espace de 0" ,068; elles sont plus fortes.
A la méchoire inférieure, la première avant-molaire, de forme conique ou
pyramidale, est plus forte dans les Orangs que dans le Gorille, où elle a la
même forme et aussi trois racines. La seconde, qui est plus petite que la
première, montre encore dans la tête de Bornéo, dont les dents sont moins
usées, des traces de ses deux pointes antérieures et de son talon postérieur.
Les arrière-molaires conservent, dans le même Orang de Bornéo, des traces
de cinq pointes.
Ces arrière-molaires sont moins grandes et moins compliquées que celles
de Gorille, qui ont jusqu’à six pointes ou cinq pointes et un talon. Dans
celui-ci, ces trois arrière-molaires inférieures prennent un espace dont le
bord alvéolaire, mesuré en dehors, est de 0",050; dans l’Orang de Bornéo,
de 0",04, et dans celui de Sumatra, aussi de 0",042.
Tout le bord alvéolaire occupé par les molaires est de 0,078 dans le
Gorille, et de 0",067 dans les Orangs de Bornéo et de Sumatra.
$ XVI. Il est remarquable que les incisives et les canines ont de plus fortes
proportions, aux deux mâchoires, dans les Orangs que dans le Gorille.
Dans les premiers, il n’y a pas de barre à la mâchoire inférieure entre
l’incisive externe et la canine: il y en a une sensible dans le Gorille.
152 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
$ 17. Si nous comparons à présent le système dentaire de nos têtes d'Orang
de Bornéo et de Sumatra, appartenant aux deux petits squelettes et caracté-
risées par la présence de la première arriére-molaire permanente, avec le
système dentaire de la tête de jeune Gorille, qui avait les mêmes dents, nous
trouverons :
Que, dans ces Orangs, la première molaire supérieure, vue de côté, n’a
que la dentelure moyenne, et manque des petites pointes latérales qui
se voient dans le Gorille, chez lequel cette dent est plus large et plus
longue;
Que la seconde molaire de lait a quatre dentelures, comme celle du Go-
rille; mais qu’elles sont beaucoup moins saillantes, et que leur usure n°y
laisse pas les fossettes qui se voient dans la seconde molaire du Gortille. Je
trouve cette seconde molaire plus forte à proportion dans l’Orang de Sumu-
tra que dans celui de Zornéo 1.
La troisième molaire de cet âge, ou la première arrière-molaire, qui sort
avant Ja chute des dents de lait, ne diffère pas pour la forme de la seconde
molaire de lait; mais elle est beaucoup plus grande. La seconde dentelure
interne, beaucoup plus petite que la première, s'y prolonge en arrière en une
espèce de talon, dont le rebord se perd derrière la seconde dentelure externe,
Dans le Gorille, cette dent a de même la forme de la seconde molaire de
lait, avec de bien plus grandes dimensions. Ses pointes et les arêtes obliques
de la face triturante sont trés-fortes.
Il y a dans la surface triturante des molaires de cet âge, chez les Oraungs,
outre la moindre saillie des dentelures que dans le Gorille, un émail épais,
montrant de petits sillons et de petites cannelures en tous sens, qui guillo-
chent cette surface triturante d’une manière remarquable, et qui s’effacent
tard, aux deux mâchoires.
A l'inférieure, la première molaire de lait a une double pointe moyenne,
l’externe plus saillante que l’interne. Il y a de plus un rebord saillant en
avant et un talon en arriere,
4. Dans le Gorille la seconde dentelure interne très-reculée, se rapproche en arrière de la seconde
dentelure externe; et les deux dentelures externes envoient deux lames qui convergent vers la pre-
mière dentelure interne. En avant de la première de ces arêtes, il y a un creux limité par l'extrême
bord antérieur qui en forme une sorte de talon. Ces détails ne se voient bien qu'à l'époque de la pre-
mière sorlie de celte dent, avant son usure. É
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 153
La seconde molaire de lait a quatre pointes reliées en arrière par un talon
ou un simple rebord 1.
Enfin la premiére arrière-molaire sortant à cet âge, ou sortie depuis
quelque temps, est grande, a trois pointes externes et deux internes, à surface
triturante extrêmement sillonnée et cannelée 2.
$ XVIII. — Système dentaire du genre Gibbon (Mylobates ).
Les trois arrière-molaires ont quatre pointes à la mâchoire supérieure et
cinq à l’inférieure.
Les deux avant-molaires supérieures sont des demi-molaires pour la
forme ; la seconde est un peu plus forte que la première, surtout si on la
considère par sa face triturante.
Des deux avant-molaires inférieures , la première, toujours plus forte et
conique, avec un talon en arrière, peut avoir son cône divisé,
La seconde, plus petite, a deux pointes antérieures et un talon postérieur.
Il y a ensuite des différences dans les proportions de la dernière molaire
inférieure et dans sa complication.
Les Syndactiles l'ont aussi compliquée que l'avant-dernière et à cinq
pointes, comme les deux autres.
Cela est encore évident dans le Gibbon entelloïde Is. G.
Mais dans deux de nos têtes séparées # de l’Aylobates Lar, la troisième
arrière-molaire inférieure est sensiblement plus petite que la pénultième au
moins, et même que la première, et elle n’a que quatre pointes.
La plus petite proportion de la troisième arrière-molaire supérieure du
côté droit, la seule qui subsiste dans le n° 3, est même très-singulière, ainsi
que sa simplicité, puisqu'elle n'équivaut qu’à une demi-arrière-molaire,
comme les avant-molaires.
4. La dent correspondante a cinq pointes bien prononcées dans le Gorille, dont la cinquième est
en arrière; il y a de plus un rebord prononcé en avant, en guise de talon. Sa plus grande complication
est remarquable.
2. Dans le Gorille ces dents sont plus saillantes, la cinquième pointe est plus en arrière; il y a un
bourrelet antérieur plus marqué; une arête qui lierait les deux pointes antérieures, et les trois sillons
de la surface triturante manquent.
3. Numéros 2 et 3. Celle-ci est d’un jeune mâle envoyé de Java en 1826 par M. Duvaucel, sous le
nom d'Oncko.
ARCHIVES DU Muséum, T. VIII. 20
154 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Ce n’est peut-être qu'un accident dans le développement individuel de
cette dent, qui m'avait trop frappé, lors de ma première description (p. 17),
ainsi que le reste du système dentaire de cette même tête, qui semble for-
mer plutôt une exception que la règle, pour les caractères communs des
espèces de ce genre.
Dans le cas de la constance des particularités que nous venons d'indiquer
dans le jeune mâle n° 3 de l Hylobates Lar, elles caractériseraient une espèce
qui devrait être mise en tête des Gibbons par la plus grande simplicité de
son système dentaire ; tandis que les Syrdactyles formeraient l’autre extrême,
à cause de la plus grande complication de ce même système.
$ XIX. — De la dentition de lait dans les Gibbons.
J'ai sous les yeux une tête de Gibbon cendré, Hylobates leuciscus, Is. G.,
qui a encore toutes ses dents de lait, aux deux mâchoires, avec les deux pre-
miéres molaires sorties récemment.
Les canines sont petites, courtes. La première molaire supérieure a une
dentelure derrière sa pointe externe et une seule pointe interne, ce qui donne
à sa couronne une forme triangulaire.
La seconde a quatre pointes; elle ressemble à la première arrière-molaire
récemment sortie.
Les pointes de celle-ci sont obliques par paires, caractere, au reste, de
toutes les arrière-molaires des Singes de cette famille.
A la mâchoire inférieure, la première molaire est allongée, conique, trian-
gulaire, vue par sa face externe ; la seconde, qui n’existe que du côté droit,
a quatre pointes émoussées.
Les deux premieres arrière-molaires sont sorties récemment ; elles ont une
cinquième pointe du côté externe ou en arrière.
Dans un jeune Siamang, dont l’ossification des os du crane est un peu
moins avancée, et chez lequel la première arrière-molaire est à peine sortie
à la mâchoire inférieure, et plus avancée à la supérieure, au contraire de ce
qui existe dans la tête précédente, les incisives de lait étaient tombées aux
deux mâchoires, sauf une. On voit leurs dents de remplacement dans leurs
alvéoles.
Les deux molaires de lait subsistent à la mâchoire supérieure. La première
ner
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 155
a deux pointes ; la seconde en a quatre; mais la première pointe interne est
beaucoup plus grande que la seconde.
La première arrière-molaire, qui est sortie, est beaucoup plus grande.
A la mâchoire inférieure, la première molaire de lait est conique, avec un
talon. Son cône est bifide. La seconde a quatre pointes.
La première arrière-molaire, qui est plus forte, a une cinquième pointe
en arrière. Ces pointes, assez saillantes, sont mousses et arrondies, et diffe-
rent cependant par cette forme de celles des Insectivores.
J'ai continué cette étude détaillée du système dentaire des Singes, dans
tous les autres genres de cette grande division de Quadrumanes ; aussi bien
dans la section des Singes d'Amérique que dans celle de l’ancien continent.
Étant parvenu, en suivant le même plan que pour la première famille, à
quelques résultats que je crois nouveaux, à qr'elques aperçus qui ne sont pas
sans intérêt, on me pardonuera peut-être les détails dans lesquels je vais en-
trer ici, à leur égard. Ils serviront du moins à compléter, par une compa-
raison plus étendue, la connaissance du système dentaire des Singes Pseudo-
anthropomorphes.
$ XX. — Dans les Guenons, Cercopithecus, Is. G., le système de dentition
est plus simple que celui de nos Singes supérieurs; puisque les arrière-mo-
laires n’ont que quatre pointes aux deux mâchoires, dont les deux de la même
paire sont au même niveau, c’est-à-dire sur une ligne directement transver-
sale et non oblique, et dont chaque paire séparée par un sillon transverse et
profond, semble former une colline dans ce même sens, ayant ses extrémités
proéminentes 1.
A la mâchoire supérieure, les deux avant-molaires, dont la première est
un peu moindre que la seconde, n’ont que deux pointes et se ressemblent
pour la forme.
A la mâchoire inférieure, la première est allongée, tranchante, conique,
inclinée en arrière avec une forte racine en avant.
La seconde moins forte, a deux pointes en avant précédées d’un rebord qui
les réunit, et un fort talon en arrière, qui peut même être légèrement divisé
en deux pointes basses.
A la mâchoire supérieure, la dernière arrière-molaire est la plus petite des
1. Exemples : deux belles têtes de guenon Patas et de guenon Callitriche.
156 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
trois, et la pénultième la plus grande. A la mâchoire inférieure, c’est la pre-
mière qui est la plus petite. La derniére se rétrécit en arrière, avec ses deux
pointes postérieures plus petites que les deux antérieures.
Je ne pense pas que le Soutili ou Pithecus Mitratus de M. de Blainville 1,
puisse rester parmi les Semnopithèques. Ainsi que l’a reconnu M. de Blain-
ville, la dernière molaire inférieure n'a pas de talon, comme celle des Gue-
nons.
J'ajoute, d'après deux exemplaires que j'ai sous les yeux, que tous les dé-
tails de forme et de proportion de leur système de dentition sont semblables
à ceux des Guenons.
$ XXI. — Dans les Semnopithèques, les tubercules ou pointes des arrière-
molaires sont saillants, arrondis comme dans les Gibbons ; mais la cinquième
molaire a un talon à la mâchoire inférieure, qui caractérise en partie ce genre
et le sépare des Guenons.
Ces arrière-molaires, dans la jeunesse et avant l'usure, montrent un
rebord saillant en arrière qui va d’une pointe postérieure à l’autre, contourne
et limite une fossette. Cette disposition a quelque chose qui indique un plus
grand rapport entre le système de dentition de ces genres et celui des Gib-
bons, qu'avec celui des Guenons.
Le Colobe Gueresa, dont nous avons reçu tout récemment deux squelettes,
un de mâle et l’autre de femelle, par M. Schimper, fixé en Abyssinie, res-
semble exactement aux Semnopithèques par tous les détails de son système
de dentition ?.
La cinquième molaire inférieure a un talon très-prononcé.
Il ne resterait donc plus, pour distinguer ce genre par des caracteres exté-
rieurs, que le pouce rudimentaire des mains antérieures 5.
$ XXII. — Dans les genres inférieurs de l’ancien continent, c’est-à-dire
les Macaques, les Magots, les Cynocéphales, les Mandrüls, le système de den-
tition ne montre plus des caractères propres à bien distinguer ces genres les
uns des autres.
Les éncisives moyennes inférieures sont les plus fortes à la màchoire infé-
A. Dont la dentition est figurée pl. x de son Ostéographie.
2. Nos squelettes ont un assez long métacarpien aux mains antérieures et une petite phalange.
3. Le pouce ne manque pas, il est seulement plus réduit qu'il ne l’est ordinairement aux extrémités
antérieures,
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 157
rieure comme à la supérieure, de même que chez les Guenons ; au contraire
de ce qui se voit chez les Singes supérieurs, qui ont les incisives latérales
inférieures plus grandes que les moyennes, comme cela a lieu dans l'espèce
humaine. Cette remarque est importante.
Les canines ont une longueur démesurée, surtout les supérieures, qui
présentent une arête tranchante plus où moins prononcée en arrière, et un
sillon longitudinal en avant plus ou moins profond.
Les avant-molaires supérieures sont simples, à deux pointes.
La première avant-molaire inférieure a de plus en plus prononcé le carac-
tère général qu’elle montre dans tous les Singes de l’ancien continent, celui
d’une avant-molaire de carnassier. Elle est plus forte que la seconde, conique,
inclinée en arrière par sa partie antérieure, qui se continue dans une forte
racine verticale.
La seconde a, en avant, un bourrelet et deux larges pointes, et deux pointes
basses en arrière formant un talon.
Des trois arrière-molaires supérieures, la première est la plus petite. Elles
n’ont que quatre pointes avec un bourrelet en avant et en arrière.
La dernière des inférieures, qui est la plus grande, a de plus un grand
talon qui peut être divisé en trois dentelures, une moyenne plus considérable
et deux latérales, formant une troisième dentelure du côté interne seulement
ou des deux côtés.
$ XXIHIT. — Peut-être trouverait-on quelques différences à signaler dans le
système dentaire de ces divers genres, dont l’ivoire, j'oubliais de le dire, se
creuse par l’usage d’une manière insolite ; ce qui est moins sensible dans les
Singes supérieurs.
Parmi ces différences de détails, que je n'indique pas encore comme pou-
vant servir à caractériser les genres, j'ai observé dans le Wacaque bonet chi-
nois, deux colonnettes entre les deux demi-cylindres de la face interne des
deux arriére-molaires supérieures.
Le bourrelet postérieur est ici divisé en une troisième petite pointe.
Dans un Macaque Rhesus, dont les dents sont fort usées, il y a des traces
de colonnettes entre les deux demi-cylindres des trois arrière-molaires supé-
rieures, que je ne trouve pas dans deux têtes de M. Maimnon, M. Nemestrinus.
Ce caractere ne serait donc qu’un caractère spécifique.
Les Magots ne l'ont pas.
158 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Le Thésopithèque Gelada à aux arrière-molaires supérieures un talon en
avant et en arrière plus prononcé que dans les Macaques, qui parait comme
une dentelure en avant et en arrière des deux pointes principales, lorsque
l'on considère ces dents de profil du côté externe. Ce talon n'existe qu'en
arrière dans les dents correspondantes inférieures.
Il n’y a point de rainures aux canines.
Dans un jeune Papion qui n'avait pas encore ses cinquièmes molaires, je
trouve aussi des colonnettes entre les demi-cylindres des deux arrière-mo-
laires, aux deux faces ; mais plus prononcées à la face interne des supérieures
et à la face interne des inférieures,
Dans les Crnocéphales (Papions, Babouins, Mandrills), le talon de la cin-
quième molaire inférieure est extrêmement prononcé, et répond à la face
externe à un troisième demi-cylindre, plus petit que les deux premiers.
La couronne des molaires s'use et se creuse en même temps, du côté
interne à la mâch_ire supérieure, et du côté externe à la mächoire inférieure;
tandis que les pointes opposées restent saillantes. On dirait que livoire est
peu résistant, qu'il se fond, et qu'il ne reste que l'émail.
La première avant-molaire a une racine antérieure d'autant plus forte que
cette dent est plus rejetée en arrière par le développement et l’action plus
violente de la canine supérieure.
$ XXIV. — Succession des dents dans les mémes genres de Singes.
Dans un jeune Papion 1, les avant-molaires de remplacement n'étaient pas
complétement sorties. Il y a en arrière de la seconde arrière-molaire un rudi-
ment de dent simple, à couronne aplatie, à surface triturante tout unie, tenant
lieu de troisième arrière-molaire. Serait-ce un accident ? Les canines étaient
sorties au tiers de leur longueur.
Les incisives de lait étaient sorties complétement ; elles sont à couronne
tranchante.
Toutes les dents de la mandibule étaient sorties, sauf la cinquième molaire.
La forme de la première avant-molaire de ce côté est bien différente de ce
qu'elle devient par l'usage. Elle a une arête en avant avec une pointe qui sur-
1. Mort à la Ménagerie le 24 juin 1852.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 159
monte sa couronne, derrière laquelle est un creux entouré d’un talon. Cette
dent est encore verticale.
$ XXV. — Dans tous les Singes d'Amérique, on compte {rois avant-mo-
laires simples, aux deux mâchoires, au lieu de deux qui caractérisent les
Singes de l’ancien continent.
Mais les Aupaliens n'ont que deux arrière-molaires, dont la dernière est
petite, et dont la première seule a les proportions d’une arrière-molaire.
Les autres Singes d'Amérique ont trois arrière-molaires.
Il y a ensuite quelques différences, suivant les genres, dans la forme, les
proportions et la composition de ces dents.
Je trouve dans les Æurleurs et dans le Lagothrir, que la première avant-
molaire inférieure a une partie des caractères qui la distinguent si éminem-
ment dans les Singes de l’ancien continent; un plus grand volume que la sui-
vante; une forme conique, à une seule pointe, s’usant par sa face antérieure;
mais elle n’est pas déjetée en arrière.
Dans d’autres, elle ne diffère pas des suivantes, surtout pour la forme (les
Atèles, les Eriodes). Ces différences sont en rapport avec le développement
des canines.
Dans l’Æriode hémidactyle, Is. G., les trois avant-molaires sont des molaires
simples aux deux mâchoires, et se ressemblent, sauf que la première est la
plus pétite à la mâchoire supérieure, et un peu la plus longue à la mâchoire
inférieure.
Il est remarquable qu'à la mâchoire inférieure, la premiere n’a pas autant
le caractère qu’elle présente dans les Singes de l’ancien continent.
Les deux premières arrière-molaires sont doubles ou composées de deux
demi-cylindres à chaque face, et de quatre pointes aux deux mâchoires.
A la supérieure, le second demi-cylindre interne est le plus petit. 1] se
change en simple talon dans la dernière molaire supérieure, qui n’a plus que
deux pointes.
A l’inférieure, cette dent a quatre pointes et un rebord en arrière, comme
les deux premieres.
Les canines sont plus petites et dépassent peu les premières molaires.
Dans le Lagothrir, les arrière-molaires ne different pas sensiblement du
genre précédent; mais la premiere avant-molaire inférieure a en partie les
caractères qui les distinguent dans les Singes de l’ancien continent. Elle est
160 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
beaucoup plus forte que les deux suivantes, de forme conique, à une seule
pointe; mais elle reste encore verticale, quoique usée sur sa face antérieure
par le frottement de la canine supérieure, qui est forte, ainsi que l’inférieure.
Dans les Æurleurs (Mycetes), les incisives sont petites. Je trouve de nou-
veau les latérales inférieures plus fortes que les moyennes, au contraire de
celles de la mâchoire supérieure.
Les canines sont de longueur médiocre, très-pointues, avec une arête en
arrière.
La dernière arrière-molaire supérieure est simple, à deux pointes.
En bas, les trois avant-molaires se ressemblent, et dans les trois arrière-
molaires c'est le cylindre postérieur qui est le plus fort du côté externe.
Il y a, à cette mâchoire, un talon postérieur aux trois avant-molaires et un
antérieur aux trois arriere-molaires.
Dans les Sajous (le Sajou cornu; le Sajou robuste, Cebus robustus), les
trois avant-molaires supérieures sont à deux pointes très-fortes. Des trois
arriere-molaires, les deux premières sont fortes et à quatre pointes ; la troi-
sième semble une dent avortée, tant elle est petite. Elle n’a que deux pointes.
La première avant-molaire inférieure est forte et triangulaire comme une
simple molaire de carnassier. La seconde et la troisième sont des molaires
simples à deux pointes.
Les trois arrière-molaires inférieures vont en diminuant de la première à
la troisieme. Celle-ci est petite, on y reconnait à peine les deux demi-
cylindres.
On trouve dans ces divers genres de Singes d'Amérique des caractères com-
muns et des caractères différentiels, Les premiers les rapprochent des Singes
supérieurs, et plus spécialement des 7roglodytes ; ils sont relatifs à la forme et
à la proportion de leurs dents.
SXXVI. — Les Æapaliens se distinguent des autres Singes d'Amérique
par le nombre de molaires qui est réduit à vingt, comme chez les Singes de
l’ancien continent; mais il faut remarquer que chez ces animaux 1, c’est la
premiére arriére-molaire qui manque, et que les trois avant-molaires des
autres Singes du nouveau continent subsistent.
Aux deux mächoires, la seconde arrière-molaire, qui est la cinquième
4. Le Tamarin de Cayenne, numéro 3 et numéro 4.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 161
molaires, est petite comme une avant-molaire, Il n’y a que la première qui ait
son volume relatif normal. F
La mastication des substances dures et résistantes, comme la fibre végétale,
a perdu une partie de sa puissance. Le régime est évidemment modifié par
cette disposition.
$ XXVII. — Les Singes d'Amérique, du moins ceux qui ont six molaires,
présentent aussi un caractère particulier, déjà signalé par M. de Blainville et
que j'ai constaté. Ils ont trois molaires de lait au lieu de deux, dont deux
antérieures sont des avant-molaires simples.
Les avant-molaires supérieures ont une pointe extérieure et une pointe
interne effacée et réduite à un talon. La troisième seulement est une molaire
double à quatre pointes.
La première molaire permanente était sortie depuis peu, et la seconde
était sur le point de sortir dans l'individu que j'ai sous les yeux 1.
A la mâchoire inférieure, la première arrière-molaire a une grande pointe
externe et une moindre pointe interne qui masque un talon.
La seconde a la même forme; elle est plus grande et sa pointe interne plus
élevée. 11 y a de même deux arrière-molaires dont la première plus usée est
l’arrière-molaire de lait, à quatre pointes comme la première permanente, de
même forme et de même volume.
$ XXVIII. — Du système dentaire des Singes fossiles. Les détails dans
lesquels j'ai cru utile d’entrer sur le système dentaire de tous les genres de
Singes , à l’occasion de celui des Singes supérieurs; quelques points de vue
nouveaux que je crois avoir saisis ; la facilité qui pourra en résulter pour
reconnaître dans les dents fossiles, les genres au moins auxquels ces restes
ont appartenu, me déterminent à montrer l'application de ces connaissances
à l'étude de la célébre mâchoire inférieure de Singe découverte à Sansan, par
M. Lartet, en 1836, et dont la place parmi les genres de Singes, a déjà été
discutée par M. de Blainville?.
Les incisives et les canines sont des dents de Gibbons et pour la forme et
pour les proportions.
Le peu de longueur des canines me fait présumer que cette mâchoire était
4. Tête de Sapajou à gorge blanche mâle, mort à la Ménagerie le 24 décembre 4841. Numéro 2.
2. Notice sur la colline de Sansan, par M. Ed. Lartet. Auch, 4851.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 21
162 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
celle d’une femelle. C’est à tort, à mon avis, qu’on y a vu un caractére d'es-
pèce, ou même de sous-genre; ce n’est qu'un caractère sexuel.
Les deux avant-molaires ressemblent encore à celles des Gibbons.
La première, plus grande que la suivante, conique, avec un talon posté-
rieur, a sa pointe plus élevée que la seconde. Elle n’est pas inclinée en arrière,
ainsi que l’observe très-bien M. de Blainville ! ; j'ajoute, comme elle l’est dans
tous les Singes inférieurs de l’ancien continent, à canines supérieures très-
fortes. Cette première avant-molaire présente un des caractères distinctifs des
Singes supérieurs.
La seconde présente deux petites pointes rapprochées en avant, un peu
usées et un talon en arrière.
La première arrière-molaire, qui est la plus petite des trois, montre quatre
pointes principales, avec un rebord qui réunit en avant et en arrière les paires
de pointes.
La seconde arrière-molaire a cinq pointes, et la dernière, qui est la plus
grande, en a six. Les paires de pointes sont obliques, comme dans les singes
supérieurs.
Toutes les molaires, sauf la première, ont un bourrelet d’émail à leur sur-
face externe, comme certaines espèces de Pachydermes, qui entoure la base
de leurs cônes.
Leurs demi-cylindres sont sous-divisés par des rainures en demi-cy-
lindres plus petits. Par leurs proportions et par leur forme, ces mo-
laires se rapprochent beaucoup de celles des Gibbons, et surtout de
celles du Syndactyle, ainsi que l'avait très-bien déduit M. de Blainville,
de la plus grande complication de la dernière; mais celle-ci est longue
au lieu d’être carrée comme dans le Gibbon syndactyle, et elle a six
pointes.
Une plus petite branche mandibulaire de la même espèce, avec les trois
arriére-molaires bien entières, mais plus petites et moins usées, sert à confir-
mer, entous points, les caractères de dentition observés pour ces mêmes dents
dans la première. J'ai sous les yeux l’une et l’autre pour la description que
je viens d'écrire ?; et je crois devoir confirmer ici les rapports, si bien saisis
1. Voir Ostéographie, livraison des Primates, page 56.
2. Ces morceaux ont été figurés pl. xr de l'Ostéographie sous le nom de Pilhecus antiquus eu-
ropæus.
DOTE
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 163
par M. Lartet!, de ces restes fossiles avec le système dentaire des Gibbons.
On a fait du Syndactyle un petit groupe séparé de ce genre, à cause de
la réunion, aux mains postérieures, des deuxième et troisième doigts par une
courte membrane. Cette séparation peut être même fondée sur la dernière
arriére-molaire qui est plus compliquée et plus grande que les précédentes,
au contraire de celle des autres espèces de Gibbons qui l'ont plus simple et
plus petite.
Sa forme différente, allongée au lieu d’être carrée, et sa complication,
dans Ja mâchoire fossile, ne sont pour moi que les caractères d'un nouveau
petit groupe particulier du genre Gibbon, à distinguer au même titre que
le Siamang ou Syndactyle. Mais tous les autres caractères de ce même sys-
tème de dentition étant conformes à ceux de ce genre, je ne crois pas qu'on
doive l’en séparer entièrement, et je suis loin de penser que l’on puisse le
rapprocher des Semnopithèques et même des Magots, comme a cru devoir le
faire, en dernier lieu, M. de Blainville, après avoir reconnu cependant ses
véritables affinités avec les Gibbons ?.
Cette espèce fossile serait donc un #ylobates antiquus, ainsi que l'avait
jugé, en premier lieu, M. Lartet. Ses synonymes seraient déjà :
Pithecus antiquus, DE BLaiN virer.
Propithecus antiquus, Gervais.
Hylobates antiquus, LaRTET ET Duv.
M. Gervais à a reconnu l'existence d’une espèce de Semnopithèque dans les
sables marins tertiaires pliocènes de Montpellier, d’après des dents canines,
une seconde ou une premiére arrière-molaire et une derniere arrière-molaire
inférieure.
Les quatre pointes parallèles des premières arrière-molaires et le talon
qui les suit dans la dernière sont, en effet, complétement conformes aux
dents correspondantes chez les Semnopithèques.
Ces restes fossiles de Singes, découverts en France, que leurs dents ont fait
reconnaitre comme ayant appartenu à deux genres, dont les espèces vivantes
1. Voir la Noticecitée plus haut. Parmi les nombreuses découvertes faites dans la localité de Sansan,
dont la science est redevable à ce savant aussi consciencieux que modeste, celle de ces mâ-hoires de
singes est certainement la plus intéressante.
2. Ostéographie. — Primates, p. 57.
3. Zoologie et paléontologie française, pl. 1, fig. VII-XIL, et p. 4-7.
164 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
sont toutes de l'Asie méridionale, ont enrichi la science des ossements fossiles
de deux des faits les plus remarquables dont cette science se compose en ce
moment.
Je devais en parler comme appendice à ce chapitre sur le système dentaire
des Singes, et parce que je pouvais les déterminer d’après le plan que j'ai
adopté dans ce chapitre, et que j'avais les originaux des premiers et des
seconds, ou des modeles exacts. N'ayant pas le même avantage pour les au-
tres restes fossiles de Singes découverts en Angleterre, en Grèce et dans
l'Inde, je ne crois pas devoir en parler 1.
CHAPITRE II.
DES DIFFÉRENCES DANS LA FORME GÉNÉRALE ET DANS LES PROPORTIONS DE LA TÈTE OSSEUSE, OU
DANS QUELQUES-UNES DE SES PARTIES, QUI PEUVENT SERVIR A DISTINGUER LES GENRES GORILLE
ET TROGLODYTE, ET SUBSIDIAIREMENT LES GENRES ORANG ET GIBBON.
Ce chapitre est un complément à ce que nous avons déjà écrit sur le même
sujet dans notre premier Mémoire !. Ce complément est la suite de quelques
nouveaux sujets d'observation, dont j'ai pu tirer, par les comparaisons plus
nombreuses qu'ils m'ont fournies, des points de vue nouveaux ou des résul-
tats plus précis.
$ I. — En comparant la forme générale du crâne d’un Gorille adulte
mâle et d'un 7roglodyte mâle de l'une ou l’autre espèce?, on le voit, chez
ceux-ci, se relever immédiatement derriere les arcades orbitaires, en formant
une courbe élégante jusqu'à la limite des pariétaux, d’où cette même
courbe va doucement en s’abaissant jusqu’à l’occipital.
Dans le Gorille, il forme une fosse ou une dépression triangulaire derrière
le bourrelet des arcades orbitaires, assez étendue en arriere, et se relève à
peine sous la crête sagittale, avant de s’abaisser vers l’occipital ; de sorte qu'il
n'y a pas de front.
Dans les 7roglodytes, le crâne conserve un développement sensible et une
belle convexité dans la partie fronto-pariétale des fosses temporales.
4. Voir l'explication des figures de la pl. xvr, pour la lecture du commencement de ce chapitre.
2. Chapitre I, p. 4-12, et chapitre IV.
3. Voir pl. vet vi.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 165
Dans le Gorille, cette partie est moins convexe en arrière, plus resserrée
et comme comprimée, ainsi qu’en avant.
La face occipitale est très-sensiblement bombée et convexe dans tous les
sens, chez les Troglodytes.
Elle est plate chez le Gorille.
Dans les 7roglodytes, le léger bourrelet qui indique sur le frontal la
limite de la fosse temporale de chaque côté, laisse un long intervalle trian-
gulaire dont le sommet est en arrière de la suture coronale. Ce n’est qu’en
arrière de cette suture que se voit la crête sagittale, formant un relief peu
prononcé, La crête occipitale, déprimée dans son milieu, est également faible
et dessine, de chaque côté, sur l’occipital supérieur, un arc particulier qui
se continue en dehors sur le temporal ; il forme une crête assez forte seule-
ment en s’approchant de l’orifice du canal auditif.
Dans le Gortlle, les crêtes occipitale et sagittale sont extrêmement élevées,
même à la partie moyenne de la première où la sagittale vient s'y joindre.
Celle-ci commence en avant bien plus tôt que chez les 7'roglodytes. Elles
donnent aux fosses temporales une profondeur, et aux muscles temporaux
une surface d’attache et un développement extraordinaires, qui indiquent,
dans ce dernier genre, une brutalité très-grande, ainsi que le confirme ce
que l’on a appris de ses habitudes ou de son genre de vie.
$ IL. — Tous ces caractères différentiels, à la vérité, sont moins pro-
noncés chez les femelles.
Je ne trouve même aucune crête sagittale dans notre dernière tête de
femelle de Chimpanzé. Le bourrelet qui limite en haut sur les pariétaux
les fosses temporales laisse un intervalle à découvert, étroit à la vérité, et
beaucoup moins large que dans l'ancienne tête, figurée par M. de Blain-
ville 1.
Au reste, nous insistons, dans le paragraphe suivant, sur les différences
sensibles que nous avons observées entre deux crànes séparés de femelles,
d’un côté, et celui qui appartient à notre squelette.
$ IT. — Différences que présentent les crânes des femelles de Gorille.
Outre les deux crânes de femelles adultes que le Musée a reçus de M. Gau-
thier Laboulaye, nous avons pu leur comparer un troisième crâne, également
4. PI. x de l'Ostéographie.
166 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
adulte, que les frères Verreaux ont bien voulu nous confier pour cette étude
(en juin 1854).
Ce crâne ressemble, pour les formes et les proportions, à celui des deux
que nous possédons, et qui est isolé, sans le squelette. Celui du squelette est
sensiblement plus grand, plus allongé surtout; les deux autres sont plus
courts. On dirait qu'ils appartiennent, tout au moins, à une race particulière,
sinon à une espèce.
Les deux premières de ces têtes ont le caractère Brachycéphale à un haut
degré; ce caractère est encore un peu sensible dans la tête du squelette femelle
comparée à celle des trois mâles.
Dans ces trois têtes, les arcades zygomatiques ont les mêmes formes et
proportions.
La face interne de l'angle de la mâchoire inférieure y est dentelée par cinq
saillies distinctes.
Les canines sont petites comparativement à celles des mâles. Toutes les
dents de ces trois têtes sont des dents d'adultes, que l’on peut comparer à
celles de la première dentition de la femelle n° 6.
Les molaires, comme je l'ai fait remarquer pour tous les Singes de cette
famille, sont plus usées à la mâchoire supérieure en dedans, et à la mâchoire
inférieure en dehors, absolument comme chez les Ruminants, chez lesquels
la mastication latérale fait comprendre ce mode d'usure.
Voici d’ailleurs quelques mesures et quelques caractères différentiels ou
de ressemblances que la comparaison de ces trois cränes n’a donnés.
CRANE PROVENANT CRANES PROVENANT DE M. GAUTHIER LABOULAYE.
DE MM. VERREAUX. a
Celui sans squelette. Celui du squelette.
1° Bord alvéolaire de la série des molaires.
Molaires supérieures.
0®073 0" 073 0® 074
Molaires inférieures.
0070 0% 072 0® 074
2° Longueur prise entre les incisives moyennes et le bord postérieur de l’alvéole de la dernière molaire.
0" 080 0=080 0" 085
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 167
3° Largeur du condyle droit de la mandibule.
0030 0®035 0" 032
4° Hauteur de la branche mandibulaire horizontale vis-à-vis du trou mentonnier.
0" 0365 0" 0400 0" 0420
5° Longueur de cette branche prise à la hauteur du bord alvéolaire de la canine.
0" 138 07134 0® 140
6° La forme du trou occipital diffère un peu dans chacune de ces trois têtes.
Ici c’est un grand ovale régu- C’est aussi un grand ovale avec Il est arrondi en avant des
lier. une saillie médiane en arrière. condyles, et triangulaire en ar-
rière avec le sommet tronqué.
7° Il y a au sommet du crâve, dans ces trois têtes, un espace triangulaire, dont la base est derrière
les arcades orbitaires et le sommet'en arrière, et dont les côtés sont limités par les crêtes temporales,
rapprochées en arrière. -
Le sommet du triangle s'étend Ce sommet est moins reculé. Ce triangle est court en avant
plus loin, en arrière. des temporaux. Au delà règne
une crête prononcée et tout le
vertex, jusqu’à la crête lamb-
doïde.
8° Sous-orbitaires.
Il yen a deux de mêmes di- I n'y a qu'un trou sous-orbitaire de chaque côté.
mensions de chaque côté.
9° Forme du bord de la voûte du palais osseux.
Il est très-échancréau milieu. Il a une saillie au milieu. Il est concave dans toute son
étendue.
Les differences que nous venons d’énumérer, principalement entre les
deux premières têtes et la troisième, semblent indiquer une race, au moins,
à crâne sensiblement plus petit, du moins parmi les femelles.
Déjà M. Richard Owen a fait connaître des différences auxquelles il donne
la même valeur, c’est-à-dire caractérisant une variété ou race dans un crâne
de Gorille mâle, originaire des rives de la rivière Danger, qu'il a décrit et
fait figurer, et dont les dimensions sont un peu moindres que celles des mâles
adultes des rives du Gabon 1.
4. Voir son Mémoire n° IV, que nous citons dans la partie historique de notre travail. Il fait partie
du tome IV des Transact. de la Société zoologique de Londres.
168 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
$ IV. — Forme du crâne dans les Orangs. Nous rappellerons ici suc
cinctement leurs principaux caractères.
Ils sont Brachycéphales, ainsi que nous l’avons déjà dit, c’est-à-dire que
le crâne est extrêmement court d'avant en arrière; relevé immédiatement der-
rière les orbites; arrondi et bombé sur les côtés dans la fosse temporale et le
long de la plus grande partie du vertex ; un peu bombé ou convexe dans sa
face occipitale.
La crète sagittale commence déjà sur le frontal; elle y réunit les crêtes laté-
rales qui partent de l’angle externe des orbites, et limitent en avant la fosse
temporale. L'espace triangulaire qu'interceptent ces crêtes avec les bourre-
lets orbitaires est un peu bombé pour former le front; tandis qu'il présente
dans le Gorille une dépression qui ne répond pas encore à la cavité cra-
nienne laquelle commence plus en arrière.
La crête occipitale est très-élevée, comme la crête sagittale. Leur point de
jonction intercepte un espace triangulaire dans notre Orang de Sumatra et
un trapèze dans celui de Bornéo.
Les arcades zygomatiques sont plus saillantes das nos Orangs, que dans les
Gorilles.
Dans les trois jeunes têtes d'Orangs qui ont leurs dents de lait et leurs pre-
mières avant-molaires, la face vue de profil se divise en deux parties; la
supérieure ou fronto-orbitaire est à peu prés verticale ; tandis que l’inférieure
ou maxillaire, comprenant l'orifice des narines et les os maxillaires ou inter-
maxillaires, est repliée en avant, de manière que ces derniers os ont presque
une direction horizontale, et que les incisives qu’ils portent sont très-inclinées
en avant.
Dans notre Gorille femelle du même âge, la partie frontale du crâne est
séparée de la face par les arcades orbitaires; et, de la saillie médiane de
celles-ci, le profil de la face a la même inclinaison jusqu'au bord alvéolaire
des incisives moyennes, sauf un petite saillie produite par la partie inférieure
des os du nez.
Il y a évidemment, dans cette forme de tête des jeunes Orangs, un carac-
tère qui la rapproche davantage de la tête d'enfant, du moins pour sa partie
supérieure.
Je n’ai rien à ajouter à ce que j'ait dit de la forme du crâne dans les Gib-
bons (premier Mémoire, chap. 1 et chap. 1v).
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 169
$ V. — Différences dans l'articulation de la mächoire inférieure.
Les différences qui existent dans l'articulation de la mâchoire inférieure
correspondent à celles que nous avons indiquées dans les molaires.
Ainsi la cavité articulaire où glénoïde du temporal, présente dans l’un et
l'autre genre une conformation bien différente.
Celle du Gorille est beaucoup plus large que longue; elle ne présente plus
de véritable cavité, propre à recevoir le condyle, mais une surface légère
ment bombée en travers, sur laquelle les condyles de la mâchoire inférieure
doivent glisser simultanément ou alternativement dans les mouvements de
mastication latérale, si bien indiquée par l'usure des molaires supérieures et
inférieures, du côté opposé aux deux mâchoires, ainsi que nous l’avons fait
remarquer.
Une épaisse proéminence, continuation de Ja racine postérieure de l’arcade
zygomatique, borne en arrière les mouvements de la mâchoire inférieure ou
de son condyle.
Les mouvements de cette mâchoire sont aussi limités latéralement par un
relief du temporal articulaire, qui est directement en arrière du trou ovale ou
sphénoïde.
A cette forme de la surface articulaire du temporal répond celle du con-
dyle, qui est très-étendu transversalement, un peu déprimé dans sa longueur,
plus épais à sa partie interne; ayant de ce côté une surface articulaire qui
glisse contre le relief interne de la surface glénoïde,
La surface articulaire du condyle descend plus en arrière qu’en avant.
$ VI. — Dans nos Troglodytes Chimpanzé et Tschégo, la face articu-
laire du temporal est au moins aussi longue que large, plutôt plane que con-
vexe, sans relief en avant jusqu’au bord de la fosse temporale, ou de la fosse
ptérygoide externe où elle s'étend ; bornée en dehors par une crête peu sail-
lante, en arriere et du côté interne par deux crêtes un peu plus fortes, mais
beaucoup moins saillantes que celles correspondantes du Gorille.
Toutes ces saillies sont plus marquées dans le Zschégo.
Les condyles y sont à proportion plus courts transversalement que dans
le Gorille, et dirigés un peu obliquement en dedans, en arrière et en
bas.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 22
170 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
$ VIT. — Dans l'un et l’autre genre, l'étendue et la forme de la surface
articulaire du temporal favorise les mouvements latéraux alternatifs de cha-
que branche de la mâchoire inférieure ; de manière que l’une sert de pivot,
lorsque l’autre se porte en avant.
Ce serait une mastication latérale un peu différente de celle des Ruminants.
Si l’on compare la surface glénoïde des animaux de cet ordre, on sera
frappé de la ressemblance qu’elle présente avec celle du Gorille; mais en
même temps des limites qu'elle a en dedans et en arrière dans ce dernier ani-
mal, et, chez les Ruminants, de la petite proportion des condyles, relativement
à la surface articulaire sur laquelle ils se meuvent.
$& VIII. — Si nous jetons aussi un coup d'œil sur l'articulation de Ja
mâchoire inférieure chez les Orangs, chez lesquels la mastication produit Ja
même usure relative dans les molaires, nous verrons la plus grande ressem-
blance dans la forme de la surface articulaire et dans ses limites en arrièreret
sure côté externe, avec celle du Gorille.
Chaque branche maxillaire peut facilement se porter en avant simulta-
nément, ou bien alternativement, tandis que la branche opposée forme
pivot.
$ IX. — Dans les Gibbons, la forme de la facette articulaire est un
peu différente. Elle commence en avant d’une lame osseuse qui descend de
dessous le canal auditif par une -courte dépression ; ensuite elle prend un
léger relief vis-à-vis des racines de l’arcade zygomatique, et se porte oblique-
ment en avantet en dedans, jusque dans la fosse ptérygoide externe.
Les molaires s’usent d’ailleurs comme dans les genres précédents, ce qui
indique les mêmes mouvements dans la mâchoire inférieure.
$ X. — Capacité du cräne ou de la boite cérébrale dans les genres
3 Û TT u x fL: PE ; 70 ‘ A
Gorille, Troglodyte et Orang, et différences qu'elle présente suivant l'âge
et.comparée à celle de l'espèce humaine.
A. Têtes d'adultes.
Centilitres.
D'homme blanc, KaCR\CAUCASIQUE, «es nmeine oo rime aoimp emniele » 170
Detfemme--scscserenercrenrcemerecc-cmecmeceee pee ciet 140
De Gonlletmales se sree:c-erhereceeee----r-eerbecueeesece sers 50
De Gorille- femelle n° 4, celle du squelette Dotichocéphale..,..... 9
De Grille femelle n° 2, variété Brachycéphale.................. 37
fc se ne
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. 171
Centilitres.
De Tschégo mâle n° 4....,........... coddob Sabot ones 41
De Tschégolmale n 222. eee bivaddobaebtitoutont 47
De Chimpanzé mâle............ EN PINRENT Dita Ora AE 2 37
De Chimpanzé femelle. ........... Se eooEr de ste Jore 39
D'Orang, mâle, celui de Bornéo.......... FFM MOTOR OC 1008 46
DiOranv dérSuTara ee r Eee CLP perce 47 +
B. De Gorille mâle presque adulte, n'ayant pas achevé la 2° dentition.… 52
C. Téles à l'époque de la première dentition, ayant commencé la seconde,
c'est-à-dire ayant la première arrière-molaire.
Gorille, jeune, femelle... ......... 100 022039 200 35450) eee ADap ne 41
Orang de Bornéo '................ Cod 0 00e So0vee ae eee 34
Orang de Sumatra ?........... Ddécobbonaacnscos Sosa sédaen 33
OS TS UNE eusbosmasootisondeeadss se dédie 47
D. Têtes n'ayant que les dents de lait.
Tête d'enfant de quatre ans. .... DIE AN PDC LE mislo cie Het (LE)
Tête de Gorille très-jeune......... 000€ 022080000000) 000D0 Den 40
Tétetdel@mpanz sece rep ene rente ere boardos 33
Autre tête de Chimpanzé ......... D'1an000ba00 aber posa dagoa 30
Méte;derTÉC He oO ARR E RIT. EEE DOC A DEL Doc 32
$ XI. — Les mesures de capacité du crâne du tableau précédent mon-
trent, en premier lieu, la grande capacité du crâne humain adulte, comparée
à celle du Gorille, des Troglodytes ou des Orangs. Cette capacité est comme
17 est à 5.
Nous ferons remarquer, en second lieu, que la tête de Gorille mâle presque
adulte, a un peu plus de capacité que celle du Gorille adulte, et surtout
que celle des femelles et plus sensiblement de la femelle brachycéphale
n° 2.
Ajoutons que dans la jeune femelle la capacité est aussi plus grande que
dans le n° 2 des femelles adultes.
1. Ses premières arrière-molaires étaient bien sorties; il perdait ses incisives de lait et montrait une
partie de ses incisives de remplacement. De plus petite taille que le suivant de Sumatra.
2. Avait toutes ses dents de lait et la première arrière-molaire bien sortie.
3. Plus jeune.que les deux précédents; ses premières arrière-molaires à peine sorties, n'étaient pas
encore au niveau des avant-molaires.
172 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Celle de Gorille très-jeune a même un centilitre de plus que la jeune
femelle un peu plus âgée.
La tête du plus jeune Orang bicolore nous a montré une capacité céré-
brale à peu près aussi grande que celle de l'adulte.
Ces comparaisons de la capacité cranienne, suivant l’âge, qui est assez bien
déterminé par la dentition, démontrent que chez l'homme, cette capacité va
grandement en augmentant, de l'enfance (115), à l'âge adulte (170).
Elles font voir que, dans les Singes supérieurs, au contraire, cette augmen-
tation est trés-faible ou n’a pas lieu, et qu’il y a mème quelquefois une dimi-
nution.
On a déjà cherché à expliquer, par ces différences, la brutalité de ces ani-
maux à l’âge adulte, comparée à la douceur et à l'intelligence qu'ils montrent
dans le jeune âge.
Le peu d'observations que je rapporte serviront à confirmer cette manière
de voir de la science actuelle, introduite pour la première fois, si je ne me
trompe, par mon célebre ami Frédéric Cuvier ; manière de voir que j'ai sou-
tenue dans toutes mes publications et dans mes enseignements.
Ce serait ici le cas de comparer l’encéphale des Singes, et plus particuliè-
rement celui des Singes supérieurs, dans ses principales parties, le cerveau
proprement dit et ses divers lobes ou ses autres organes, l'existence, le nom-
bre et l’arrangement des plis ou des circonvolutions de sa surface, le cervelet,
la moelle allongée.
Mais, outre que je n'ai pas eu à ma disposition l’encéphale du Go-
rille ») pour cette comparaison ; je puis renvoyer aux travaux anciens
de MM. Tiedemann et Serres, et surtout à celui que vient de publier
M. Gratiolet, mon aide d'anatomie, avec la collection d'anatomie comparée
préparée de longue main par mes prédécesseurs, MM. Cuvier et de Blain-
ville, et que j'ai mise à sa disposition. L'ouvrage de M. Gratiolet dont j'ai
rendu compte à l’Académie, dans un Rapport détaillé, comprend, ainsi que
4. Dans l'animal le plus rapproché de l’homme, l'Orang, le Chimpanzé, faute d'exercice, faute de
vie intellectuelle, de parole, de réflexion, caractères sensibles ou intimes de cette vie intellectuelle,
l'organe de l'intelligence perd avec l’âge son développement proportionnel; et la brutalité ne tarde
pas à remplacer cette lueur passagère de facultés intellectuelles que montre, entre autres, le jeune
Orang. (Leçons sur l’histoire naturelle des corps organisés professées au collége de France, par
M. Duvernoy, froisième et quatrième fascicules, p. 203 et 204.)
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 173
j'ai eu soin de le dire, plusieurs vues nouvelles de l’auteur sur les carac-
tères différentiels de l’arrangement des plis cérébraux, suivant les genres,
qui l'ont conduit à des conclusions sur les rapports de certains genres des
Singes supérieurs (les Troglodytes) avec certains Singes inférieurs (les
Macaques).
J'aurai soin de revenir sur ces affinités en discutant la place, relativement
à l'homme, que doivent occuper les quatre genres de la famille des Singes
Pseudo-anthropomorphes.
DEUXIÈME PARTIE.
SUITE DE LA MYOLOGIE DU GORILLE COMPARÉE À CELLE DES AUTRES SINGES SUPÉRIEURS
ET À CELLE DE L'HOMME.
CHAPITRE PREMIER.
MUSCLES DE LA COLONNE VERTÉBRALE ET DE LA TÊTE , ET APONÉVROSE LIGAMENTEUSE CERVICALE
QUI MAINTIENT CELLE-CI SUSPENDUE A L'EXTRÉMITÉ DE CETTE COLONNE
DANS LA MARCHE QUADRUPÈDE.
$ I. — Aponévrose occipito-cervicale. Cette aponévrose tient lieu de liga-
ment cervical ; elle est très-remarquable par son étendue, par son épaisseur
dans la ligne médiane et par ses attaches à toute la crête saillante qui sur-
monte la face occipitale, et par ses rapports soit avec le peaussier, dont les
faisceaux viennent s’y perdre en arrière, soit avec le trapèze, soit avec le
temporal.
Cette aponévrose ligamenteuse, qui recouvre toutes les parties de la région
occipito-cervicale, donne à cette partie du Gorille cette apparence singu-
lière de porter un capuchon.
Elle augmente en épaisseur à mesure qu’on l’observe plus près de la ligne
médiane occipitale , où elle a l'épaisseur extraordinaire de deux centi-
mètres.
En avant de la portion de la crête occipitale, qui répond à la partie la plus
reculée de la fosse temporale, cette aponévrose, encore très-épaisse, forme
comme un pont sur cetle partie, et ne tarde pas, en s’avançant, à s'amincir
174 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
beaucoup et à se perdre dans l’aponévrose du muscle temporal. Ta partie la
plus profonde s’insère par des faisceaux nombreux à la face externe la plus,
saïllante de la région occipitale, puis d’une manière continue à la partie supé-
rieure et moyenne de la crête occipitale.
Les plus fortes insertions sont dans la ligne médiane.
C’est de là que cette sorte de ligament cervical horizontal et superficiel,
au lieu d’être vertical et profond, se porte en arrière et en descendant vers
les grandes apophyses épineuses des vertébres cervicales auxquelles cette
aponévrose ligamenteuse vient se fixer d'autre part.
Nous avons trouvé sous ce ligament aponévrotique une couche épaisse
de graisse.
Dans le jeune Gorille achevant la dentition de lait, il n’y avait encore
qu’une couche épaisse de plusieurs millimètres de graisse sous-cutanée, sans
développement bien apparent de ce tissu fibro-ligamenteux. Aussi n’y a-t-il
pas de crête occipitale sensible.
La structure de cette aponévrose, dans l'adulte, est uniquement fibreuse,
et nullement élastique, ainsi que le démontrent les tiraillements qu'on
exerce sur elle, et les observations microscopiques. On n’y voit pas de
réseaux élastiques, mais seulement des faisceaux de fibres parallèles.
$ IT. — Muscles qui agissent sur la téte.
1. Sterno-cléido-mastoïdien ou plutôt occipitien *. Ce muscle s'insère très-
peu au sternum et davantage à l'extrémité sternale de la clavicule par un seul
tendon aponévrotique, et sans se partager en deux portions qui seraient écar-
tées l’une de l’autre. Son attache occipitale est à la crête de ce nom, en
dehors du trapèze, après avoir recouvert l’apophyse mastoïde de ses fais-
ceaux musculeux.
Ce muscle est fort et semble devoir suppléer à l'action du trapèze, pour
porter la tête en arrière, lorsqu'il agit avec son symétrique, ou du moins
pour la maintenir dans l'érection. C’est un sterno-cléido-occipitien.
Son existence, indépendamment du cléido où sus-acromio-trachélien,
montre que ce dernier ne le remplace pas.
42 PI. xr, fig: I, 2:
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 175
Si les deux portions du sterno-cléido-occipitien sont réunies dans le Goril!e,
c'est évidemment pour lui donner plus de puissance.
Dans le Chimpanzé, le sterno-cléido-mastoidien ressemble davantage à
celui de l’homme et à celui que nous allons décrire dans l'Orang-Outang. Sa
portion sternale descend, bien séparée de la portion claviculaire, vers le
sternum, sur lequel les deux portions symétriques s’attachent à côté l’une
de l’autre en se portant en arrière jusqu'à la hauteur de la deuxième
côte.
La portion claviculaire s'attache à la clavicule, à quelque distance de l’ar-
ticulation de cet os avec la première pièce du sternum 1.
Dans l’'Orang, la portion sternale, encore plus distincte dès son origine,
descend jusqu'à la seconde pièce du sternum par sa face externe.
L'insertion à la clavicule est double. Il y a une première insertion à la
tête de la clavicule de cette dernière, plus en dehors, séparée de la pre-
miére.
L’attache de ce muscle à la crête occipitale est également dans une grande
étendue de cette crête et jusqu'à l'insertion du trapèze.
Dans le Magot, il y a deux muscles bien distincts qui vont de la cla-
vicule à l’occiput. Le premier est un s{erno-cléido-mastoidien qui n’est pas
séparé dans ses insertions inférieures au sternum et à la cavité de la cla-
vicule,
En dehors de cette dernière insertion, et tout à côté, est un muscle cléido-
occipitien, dont l’attache supérieure est large et étendue à la crête occipitale,
plus en dedans que l'extrémité de cette crête qui tient lieu d'apophyse mas-
toide.
2. Le Clavio-trachélien ? (acromio-trachélien). Ce muscle, particulier aux
mammifères, existe dans le Gorille et le Chimpanzés.
I! se fixe, d’une part, à la face interne de l'extrémité acromienne de la
clavicule,,et d'autre part au tubercule antérieur de l’'apophyse transversale
de l'atlas.
1. Voir le Mémoire cité de M. Vrolick, pl. un, fig. 2, f, f.
2 Por 2:
3. M. Vrolick l'indique aussi, ©. c., p. 18. Déjà Tyson l'avait distingué sousle nom de Levator sca-
pulæ. Mais, suivant cet auteur ettM. Vrolick, Traillet Sandifort, il s’attacherait aussi aux apophyses
transverses des seconde et troisième vertèbres cervicales.
176 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Dans l'Orang, ce muscle s'attache un peu à l'acromion. Il n’a pas d’inser-
tion à la clavicule dans le Magot, qui l’a très-fort, et chez lequel il s'attache
à l'acromion et à l’épine de l’omoplate.
Il contribue par son action sur l’atlas aux mouvements de la tête.
Comme il existe généralement chez les mammiferes, il semble en rapport
avec la marche sur quatre pieds1.
3. Le trapèze ? avec le sterno-cléido-ocripitien forment la première couche
des muscles de la région dorso-cervicale qui agissent sur la tête, pour la
tenir dans l'érection sur la colonne vertébrale. Il en a été question dans le
chapitre I”, qui traite, entre autres, des muscles qui meuvent l'épaule.
4. La seconde se compose du splénius3 de la téte (cervico-occipitien) dont
la partie principale a son attache supérieure à la crête occipitale dans tout
son pourtour, sous le trapèze et le cléido-occipitien, et dont la moindre par-
tie, le splénius du cou, qui est plus en dehors, se fixe aux apophyses trans-
verses des deux premieres vertebres cervicales.
En avant et sur le côté, le splénius de la tête s'attache encore à la sur-
face plane de cette région. Son insertion égale en étendue celles du trapèze
et du cléido-occipitien qui sont fixés à cette crête, mais plus haut et plus en
dehors.
Ce muscle est très-fort, surtout en avant, où son attache occupe plus de
surface.
En bas ou en arrière, il se fixe, comme chez l’homme, aux apophyses
épineuses des quatre dernières vertebres cervicales, et à lapophyse épineuse
de la première dorsale.
Les languettes qu’il envoie au tubercule postérieur des apophyses trans
verses des deuxième et première vertèbres de cette région forment ce
qu'on appelle le splénius du cou, qui peut encore être considéré comme
agissant sur la tête, par son action sur les deux premières vertèbres.
La troisième couche des muscles de cette région est formée par :
5. Le grand complexus* (trachélo-occipitien) occupe une assez grande éten-
due de la face occipitale à laquelle il s'attache depuis le côté de cette région
. Leçons d'anatomie comparée, t. 1, p. 374, 2° édit.
. PL x1r, fig. A, 4 et 4’.
. PL xx, fig. B, 4, et pl. xx, fig. JE, 4, et pl. xur, fig, A, 4 et 4”.
PI. xux, fig. B, 3.
P © 19 =
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 177
jusqu’à la ligne médiane sous le splénius, et plus en arrière ou plus bas.
Les insertions postérieures sont aux quatre dernières vertèbres cervicales
et aux trois premières dorsales comme chez l'homme, à leurs apophyses
transverses.
6. Le petit complexus ! est proprement la portion la plus extérieure du
précédent, celle qui s'attache à l'extrémité de la crête occipitale qui répond
à l'apophyse mastoide.
$ LIL. — La couche la plus profonde des muscles qui vont des vertèbres à
la tête, se compose dans la région cervicale postérieure, comme chez l'homme,
de quatre muscles courts de chaque côté, qui sont :
7. Le muscle petit droit postérieur ? ( atloïdo-occipitien). Ce muscle s’at-
tache sur le côté de la ligne médiane occipitale, tout près de son symétrique
et converge avec lui, en descendant à la rencontre de l’apophyse épineuse de
la premiere vertèbre.
8. Le grand droit postérieur # (axvïdo-occipitien) est beaucoup plus étendu
en tous sens que le précédent ; il a son insertion à la face occipitale dans une
ligne presque verticale, en dehors du petit droit, et s'étale en éventail sous
le grand oblique. Ses faisceaux convergent en descendant obliquement de
dehors en dedans jusqu’à l'apophyse épineuse de la seconde vertebre, comme
chez l'homme.
9. L'oblique supérieur (axoïdo-occipitien-oblique). La dénomination d’o-
blique supérieur est exacte; celle de petit oblique qu'on lui a encore donnée
chez l’homme, ne lui conviendrait pas chez le Gorille. Ce muscle est en effet
très-fort et recouvre une grande partie de la face occipitale en s’élevant pres-
que à la crête supérieure et en se portant en dedans jusqu’à la faible crête
moyenne et verticale de l’occiput. Les faisceaux convergent de là vers l’apo-
physe transverse de l’axis en dessus. Les deux obliques supérieurs doivent
contribuer puissamment à maintenir la tête en arrière.
10. L'oblique inférieur 5 (axoïdo-atloïdien). Ce petit muscle est comme
chez l’homme. 11 va de l’apophyse transverse de l’atlas à l'apophyse épineuse
XII, 3°.
x, fig. C, 2.
x, fig. C, 3.
xt, fig. C, 1.
xt, fig. C, 4.
Ancuives pu Muséum, T. VIII. 23
PI.
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PI.
PI.
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© #7 © D >
mn =
178 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
de l’axis, et il n'agit qu'indirectement sur la tête en la tournant de côté avec
l’atlas.
SIV.— Muscles antérieurs de la région cervicale qui vont à la téte où à
latlas. Ces muscles sont destinés à porter la tète dans la flexion en avant,
quand ils agissent ensemble, ou latéralement quand ils agissent séparément.
Ils ne différent pas de ceux de l'homme dans le Gorille, du moins pour
leurs attaches principales, et conséquemment pour leur action. Mais ils m'ont
paru plus forts à proportion.
Les deux principaux sont :
1. Le droit antérieur (tracheélo-sous-occipitien) situé sur la partie anté-
rieure et un peu latérale de la région cervicale, depuis l’apophyse basilaire
à laquelle il s'attache à une certaine distance de son symétrique, au devant
des apophyses transverses jusqu’à celle de la sixième, à laquelle il se fixe
aux trois précédentes.
2. Le long antérieur du cou ( prédorso-atloïdien) qui descend au devant des
vertèbres cervicales depuis le tubercule de l’atlas auquel il à son attache
supérieure, et du corps des cinq vertèbres suivantes, pour s'attacher aux
apophyses transverses des deuxième, troisième, quatrième, cinquième et
sixieme vertebres cervicales.
J'ai vérifié ces attaches sur notre jeune Gorille.
3. Le petit droit antérieur (trachélo-sous-occipitien) appartient plus spécia-
lement à la tête, en ce qu'il s'attache contre la première à l’apophyse basi-
laire; maisil a peu d'importance par son étendue et par son volume; on sait
qu'il va de l’apophyse basilaire à la partie antérieure de l’atlas. Il est cepen-
dant assez fort dans le Gorille et descend verticalement de l’apophyse basi-
laire derriere le droit antérieur jusqu’à l'arc que forme l’atlas, qu'il doit servir
à maintenir contre le condyle.
$ V. — Parmi les muscles qui agissent sur la colonne vertébrale, nous
avons observé :
1. L'épineux du dos 1. Ta portion la plus reculée de ce muscle commence
à l’apophyse épineuse de la douzième vertèbre dorsale, et s'élève sur le
côté de l’apophyse épineuse de la onzième vertebre de cette région où se
fixe sa plus courte portion. Ce muscle s’avance ainsi sur les deux faces des
4. PI. xu, fig. C, 7, 7° et 7”.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 179
apophyses épineuses des vertebres dorsales auxquelles il envoie successive-
ment une languette d'autant plus longue qu’elle est plus avancée. C’est la
troisième vertèbre dorsale qui reçoit celle-ci (7’).
2. L’énter-épineu.r du cou 1. Nous nommons ainsi quatre petits muscles qui
vont obliquement : le premier de l’'apophyse épineuse de la troisième ver-
tébre cervicale, à la seconde | 6); le deuxième de la même apophyse de la
quatrième cervicale à celle de la troisième (6’); le troisième (6/) du som-
met de l’apophyse épineuse de la quatrième vertèbre cervicale, comme les
précédents, au sommet de la seconde ; enfin le quatrième (6/’) de l'apo-
physe épineuse de la cinquième vertèbre cervicale, à la base latérale de
l'apophyse épineuse de la troisième.
Je ne trouve pas ces muscles dans l’Orang ni dans le Magot.
3. L’épineux transversaire a été représenté dans sa partie dorsale et cervi-
cale ?. Il est remarquable qu’à partir de l'apophyse transverse de la quatrième
vertébre dorsale, jusqu'à l'apophyse transverse de la troisième vertébre cer-
vicale, les neuf petits muscles qui appartiennent à cette série, vont s'attacher
à l'apophyse épineuse de laxis.
Dans l’Orang, ils descendent de la même apophyse épineuse de l’axis, aux
cinq dernières vertèbres cervicales, et seulement aux deux premières dorsales.
Ils ne s'attachent pas seulement à l'extrémité de l’apophyse épineuse, mais à
tout son bord inférieur jusqu’à la base, de manière que les languettes les
plus reculées viennent du sommet.
Dans le Wagot, l'épineux-transversaire est très-fort et forme une masse
charnue qui ne se divise pas en languettes distinctes.
Celui du Gorille, tel que nous venons de le décrire, en agissant fortement
sur l’axis par ses neuf digitations antérieures, peut être encore considéré
comme servant à porter le cou et la tête de côté lorsqu'un des deux muscles
agit séparément, ou à les maintenir en arrière dans l’inaction, lorsque les
deux muscles agissent ensemble.
4. Le costo-transversaire à prend naissance à l’intérieur du long dorsal et
sous les languettes du sacro-lombaire à la septième côte.
4. PI. xt, fig. C, 6, 6, 6” et 6”.
2. PI, xu, fig. C, 5, 5° et 5".
3. PI. xur, fig. B, 4. C’est le cervical descendant du transversaire grêle des Leçons. (Tome I,
p. 270 et p. 275), où ce muscle est refusé aux Singes, à l'exception de l'Orang-Outang et du Coaïta.
180 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Ses faisceaux s'élèvent obliquement de dehors en dedans à la rencontre
de ceux du long dorsal et se terminent par des languettes tendineuses qui
se fixent à l’apophyse transverse de la sixième vertèbre cervicale.
Il y a un faisceau grêle qui se détache du bord interne de ce muscle
pour s'élever à l'extérieur du long dorsal qu'il réunit ainsi au transver-
saire.
Ce muscle a beaucoup de rapport avec le scalène. Il en diffère surtout par
les attaches postérieures de celui-ci aux trois premières côtes, et parce que
le scalène se fixe en avant aux apophyses transverses des cinquième, sixième
et septième vertèbres cervicales.
5. Le long dorsal} monte de l’aponévrose commune des muscles de l’épine
aux apophyses transverses des quatre premieres vertebres cervicales. Un long
ruban musculeux provenant des faisceaux les plus internes, s’avance même
jusqu'à la partie la plus externe de la crète occipitale au-dessus de l’apophyse
mastoïde, où iltient la place du petit complexus,
Cette dernière disposition particulière au Gorille est évidemment encore
un moyen de plus pour soutenir sa lourde tête suspendue à la colonne ver-
tébrale.
Le petit complexus dans l'Orang, ou trachélo-mastoidien occupe en effet
la place, dans son attache supérieure, des rubans musculeux du grand dorsal
dans le Gorille ?.
6. Le sacro-lombaire donne, comme chez l'homme, des languettes à toutes
les côtes, ainsi que les représente notre dessin ÿ.
4. PI. xui, fig. B, 2 et 2’.
2. Voir la pl. xvi des dessins de myologie de MM. Cuvier et Laurillard, publiés par ce dernier,
lettre L’.
3. PI. xur, fig. B, 5, 5, 5" et 5°".
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 181
CHAPITRE I]
MUSCLES DE LA MASTICATION, ORGANES D'INSALIVATION ET DE LA DÉGLUTITION.
$ V. — Muscles qui meuvent la mâchotre inférieure. 1. Le temporal est
un muscle très-considérable, dont la force et l'étendue sont proportionnées
à la grandeur des mächoires, et particulièrement à l’inférieure qu'il doit
mouvoir et à celle des dents dont les mächoires sont armées. Il remplit
toute la fosse temporale, dont l'étendue et la profondeur sont augmentées
en arrière par la crète occipitale, et sur le vertex par la crète sagittale.
Ce muscle s’insère tout le long du bord antérieur de la branche montante
de la mâchoire inférieure jusqu’à sa base.
Dans notre jeune Gorille (n° 6), dont le crâne est lisse partout et ne
montre aucune crête, on ne voit pas même la légère saillie osseuse qui
s'aperçoit sur le crâne de notre Gorille n° 5, lequel avait ses troisièmes mo-
laires.
Le temporal est petit, mince et recouvert par l’aponévrose de ce nom, qui
donne attache par sa face interne aux faisceaux musculaires de ce muscle.
Cette aponévrose, autant que j'ai pu la distinguer du péricràne, s’amincit
beaucoup en s’élevant vers la suture sagittale dont elle se rapproche, et où
elle paraît se confondre avec ce dernier et avec la calotte aponévrotique de
l'occipito-frontal. Cependant je crois pouvoir conclure de la dissection qui
en a été faite sous mes yeux, et à ma demande, par M. Gratiolet, qu’elle se
porte jusqu’au sommet de la tête, et je présume qu'elle doit y conserver une
certaine indépendance , qui peut faire comprendre comment il arrive qu'avec
l’âge le temporal musculeux s'accroît peu à peu, et finit par étendre en même
temps la fosse temporale jusqu'à la suture sagittale.
2. Le masseter est aussi très-fort !. Il descend de toute l’arcade zygoma-
4. PI. x, fig. 1,4.
182 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES GARACTÈRES ANATOMIQUES
tique, dont nous avons fait remarquer la double courbure très-prononcée,
non-seulement en dehors, mais encore vers le haut.
Il se compose de deux portions distinctes comme dans l’Orang !, une pos-
térieure, plus petite, qui répond à l’échancrure correspondante du bord
inférieur de l’arcade zygomatique, et dont les faisceaux descendent un peu
obliquement d’arrière en avant sur la face externe de la branche montante
de la mandibule, où ils ne tardent pas à se terminer, sans descendre au delà
de la moitié supérieure.
L'autre portion, beaucoup plus considérable, répond au masseter de
l'homme. Les faisceaux, très-forts, descendent à peu près verticalement de
toute l'échancrure antérieure que présente le bord inférieur de l’arcade
sur toute la face externe de la branche montante, et ne se terminent qu'au
bord inférieur de la mandibule, où ils se rencontrent avec le masseter
interne ou ptérygoidien interne.
La première portion du masseter se Joint en arrière au temporal par des
faisceaux musculeux.
3. Le ptérygoïdien interne. Ce muscle, qui est également très-fort et très-
épais, surtout en arrière, occupe la face interne de la branche montante de
la mâchoire inférieure, comme le précédent la face externe.
Son autre insertion est dans la fosse ptérygoïdienne.
Cette fosse étant plus en dedans que la branche montante, il produit les
mouvements latéraux de mastication.
La force et la disposition de ce muscle confirment l'importance des mou-
vements de mastication latérale que l'usure des molaires, à la manière de
celles des ruminants, démontre.
4. Le ptérygoïdien externe est court et épais; sa position, plus en dedans
que la face interne du col de la mandibule à laquelle il s'attache, fait qu'il
agit aussi comme le précédent en portant la branche maxillaire un peu en
dedans, mais en même temps obliquement en avant.
5. Le digastrique. Sa partie maxillo-hyoïdienne? est large et plate; elle
s'insère dans une étendue de quatre à cinq centimètres au bord inférieur et
un peu antérieur de la branche correspondante de la mächoire inférieure,
4. Voir la pl. xv, fig. J et J!‘ de l’anatomie comparée de l'Orang-Outang. Anatomie comparée
des planches dessinées par G. Cuvier.
2. PL. xx, fig: I, 40.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 18
recouverte par le peaussier du cou. Son attache au corps de l'hyoïde à lieu
par une large aponévrose. Son bord externe, qui ne cesse d’être muscu-
leux, devient, à la hauteur de cette aponévrose, un fort tendon, qui appar-
tient à la seconde portion du digastrique. La partie musculeuse de cetté
seconde portion commence à la moitié de sa longueur. Elle s’insère dans
la rainure qui est en arrière de l’apophyse mastoïde.
Le tendon moyen de ce muscle traverse le stylo-hyoïdien de son côté.
Dans le jeune Gorille, la partie maxillo-hyoïdienne est, de même, large et
plate, et dirigée, à côté de sa symétrique, directement d’avant en arrière.
Elles remplissent en avant l'arc du menton et aboutissent en arrière À une
aponévrose étroite, en forme d’arcade, qui glisse sur le mylo-hyoïdien et le
change en un tendon qui traverse le stylo-hyoïdien près de son attache à
lPhyoide. Immédiatement après son passage à travers ce dernier muscle, le
digastrique redevient musculeux. D’abord étroit et cylindrique, il s’aplatit
en montant vers le crâne, où il se fixe derrière l'apophyse mastoide.
L'arcade que forment les deux digastriques sous le corps de l’hyoïde ou
sa capsule osseuse, se termine en arrière au bord inférieur de cette
capsule.
$ VI — De l'hyoide et de ses muscles. À. De l’hyoïde. L’hyoïde a des
caractères tres-particuliers qui le distinguent de celui de tous les autres
singes.
Le corps de cet appareil est en forme de tambour, comme celui de
l’Alouate, avec des proportions beaucoup moindres.
Il a dans le Gorille adulte! environ 0,025 de profondeur, mesuré sur
les côtés, et o",028 de largeur à son ouverture.
Le fond de ce tambour est dirigé vers la langue et son ouverture vers le
larynx ou le cartilage thyroïde. Les bords en sont un peu échancrés en bas,
de manière que les côtés se prolongent davantage en arrière.
Les parois de ce tambour osseux sont minces et transparentes.
Sa surface est assez unie, sauf aux endroits de ses côtés et de son bord
postérieur, où viennent s'attacher à la fois le m ylo-hyoïdien, qui se porte
jusqu’à ce bord postérieur, l’aponévrose du digastrique, la portion posté-
rieure du stylo-hyoïdien, l’'omo-hyoïdien et le sterno-hyoïdien.
4. PL. xiv, fig. A.
184 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES GARACTÈRES ANATOMIQUES
Toute cette partie du bord postérieur et latéral du corps de l’'hyoïde est
assez rugueuse.
La corne thyroïdienne est considérable. Elle est droite et mince près de la
corne du cartilage thyroïde, plus large à l’endroit de son articulation avec
le corps de l’hyoide. Sa longueur est de 0",085.
Il n’y a pas de corne styloide; mais un fort ligament stylo-hyoïdien en
tient lieu.
Ce ligament, dont nous faisons mention en décrivant les muscles stylo-
hyoïdien, stylo-glosse et stylo-pharyngien, part d’un tendon commun à ces
muscles, qui s'attache à l’'apophyse styloïde.
1] devient osseux à peu de distance de son origine dans une longueur de
0",014, et le redevient encore, après un intervalle de 0",011, dans une lon-
gueur de 0,042. Cette seconde partie osseuse s’élargit et se creuse en cuille-
ron du côté du larynx. Au delà le ligament s’élargit pour venir se terminer
au corps de l’hyoide, au-dessus des faisceaux du muscle hyo-glosse.
Dans le Gorille jeune, le tambour du corps de l'hyoïde est à proportion
moins profond, mais semblablement disposé, le fond vers la langue et l’ou-
verture du côté du larynx. Le bord de cette ouverture se prolonge beaucoup
moins en bas qu’en haut et sur les côtés. Les cornes thyroïdes ont la même
forme que dans l'adulte.
Dans un jeune Chimpanzé?, qui parait avoir été du même àge que notre
jeune Gorille, l’hyoïde s’écarte déjà de ce plan singulier. Il présente aussi
dans son corps un tambour osseux, dont le fond est en haut ou en avant du
côté de la langue ; son ouverture est aussi dirigée en arrière, mais c’est son
bord supérieur qui est de beaucoup le plus court ; tandis que son bord infé-
rieur se prolonge bien davantage en arrière et donne au corps de l'hyoïde
cette forme de bouclier si commune chez la plupart des singes, qui se porte
sous le cartilage thyroïde.
La corne styloide manque également ici; elle est remplacée de même par
un ligament styloïdien.
La corne thyroïde est droite et un peu élargie pour son articulation avec
le corps, comme dans le Gorille #.
API Ex v, Ge AMAR
2. PI. x1v, fig. B, B' et B".
3. La figure de la pl. vi de la Monographie déjà citée de M. Vrolick, ne s'accorde pas avec notre
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 185
L'hyoïide des Orangs et celui des Gibbons diffèrent beaucoup de celui des
deux genres précédents, comme on pourra s’en convaincre par les figures
que nous en publions 1.
Dans un jeune Orang de Bornéo, nous avons trouvé l’hyoïde se rappro-
chant beaucoup plus de celui de l'homme que dans les trois autres genres.
Son corps est étroit, légèrement courbé en arc, et nullement élargi, et
creusé en tambour. Il y a des cornes antérieures rudimentaires. Les cornes
postérieures sont droites et plates.
Dans le Gibbon aux mains grises (Hylobates Lar), l'hyoïde? se rappro-
che de celui du Chimpanzé et du Gorille, en ce qu’il est un peu en forine de
tambour; mais davantage du premier, en ce que sa paroi antérieure est plus
étendue en arrière et commence à former ce bouclier si prononcé chez la
plupart des autres singes. Elle se termine en arrière, de chaque côté, par un
angle aigu, auquel viennent s’attacher les sterno-hyoïdiens.
L'autre paroi est supérieure et forme une arête circulaire en se rencon-
trant avec la paroi antérieure. Toutes deux se continuent sur les côtés en
une saillie aiguë qui est soudée avec la corne styloïde, laquelle est longue,
grêle, courbée en uw et très-osseuse. Elle est attachée au styloïde par un
ligament rond très-élastique.
Toutes ces circonstances organiques me font penser que ce singe a la
faculté de tirer sa langue hors de sa bouche plus que ceux qui en sont
privés.
Je ne trouve pas de cornes styloïdesÿ.
B. Muscles de l'hyoïde. Ces muscles sont les mêmes que ceux de l’homme
et n’en différent que par quelques différences dans les proportions.
1. Le stylo-hyoïdien part d’un tendon commun qui appartient au stylo-
pharyngien et au styloglosse 4 et au ligament stylo-hyoïdien.
description; non plus que le texte qui exprime qu’il a beaucoup de ressemblance avec celui de
l'homme, et que sa base (son corps) n’est pas dilaté en bouclier comme celui de la plupart des autres
Singes. Ces différences sont sans doute sexuelles.
4. Voir notre pl. xiv.
2. PI. x1v, fig. D et D’.
3. Longueur de la corne thyroïde, 0"024. Longueur de la proéminence du corps à laquelle elle est
soudée, 0"003. Largeur du corps d’une apophyse postérieure à l'autre, 0"010. Longueur de la face
antérieure du corps dans sa ligne médiane, 0"006.
4. Dans le jeune individu, le tendon du sfylo-hyoïdien s'attache à la base de l'apophyse styloïde
ARCuivES DU Muséum. T. VIII. 24
186 TROISIÈME MÉMOIRE: SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Ce tendon commun s'attache au crâne derrière une courte et forte apo-
physe styloide. Il devient osseux, ou plutôt il enveloppe un premier os sty-
loïde, à o",015 de son origine.
Le tendon propre du muscle que nous. décrivons se détache du tendon
commun avant l'extrémité inférieure de ce premier os styloïde, et ne tarde
pas à se revêtir de faisceaux musculaires d’un côté seulement. Ce muscle est
bientôt séparé en deux par le digastrique. La partie externe se termine par
un tendon grêle au corps de l’hyoïde. La partie interne, plus musculeuse, en
forme de ruban étroit, se termine par des faisceaux musculeux et par un
mince tendon à la base ou à l'articulation de la corne styloïdienne de
l'hyoïde, tout près de la première 1,
>. Le mylo-hyoidien? est un muscle mince, dont les faisceaux partent
d'une aponévrose commune qui s'attache au corps de l’'hyoïde, et se por-
tent, en s’entre-croisant, sur la ligne médiane, où ils passent les uns de
droite à gauche et les autres de gauche à droite. Leur direction est oblique
en dehors et en avant. Ce muscle forme un plancher musculeux entre les
deux branches mandibulaires, assez profondément et très-haut, très- pres
des arcades dentaires, comparativement aux attaches du digastrique et même
des géni-hyoïdiens, qui se fixent plus bas dans l’angle de ces branches.
Dans le jeune Gorille, j'ai trouvé les faisceaux également minces. Ceux qui
s'attachent à l’hyoïde se portent obliquement de tout le corps de l'hyoïde
en dehors et un peu en avant, jusqu’à la face interne de chaque branche
mandibulaire à laquelle ils s’attachent assez haut. La partie plus avancée de
ce muscle n’a que des faisceaux transverses qui vont d’une branche mandi-
bulaire à l’autre, et forment une sangle sous le plancher de la cavité buccale
et sous la langue.
3. Les géni-hyoïdiens sont des muscles plats et minces, qui sont recou-
verts par les mylo-hyoïdiens, et se portent directement de l’angle rentrant
des branches maxillaires à l’hyoide.
séparément du stylo-pharyngien et du stylo-glosse, qui s’attachent à cette apophyse par un tendon
commun. Voir la pl. xv, fig. A’, Ts et Sh.
1. Dans l’Alouate, ce muscle s'attache à une saillie en forme d'apophyse du bord de la caisse de
l'hyoïde en arrière de son articulation avec la corne thyoïde. Cette saillie semble remplacer la corne
styloïde, mais sa position, au lieu d’être en avant, est en arrière de la corne thyroïde.
2, Pl x, g.2,17.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 187
En approchant de cet os, leur partie interne, formant un ruban muscu-
laire étroit, s'attache au fond du tambour de l'hyoïde, bien entendu à sa face
externe.
Deux autres parties deviennent aponévrotiques, la première en un simple
filet; l’autre, plus externe, la plus importante des trois, se fixe à l'angle de
réunion du corps avec sa hanche, tandis que la seconde se termine un peu
plus en dedans.
4. Les sterno-hyoïdiens ! forment un étroit ruban musculeux qui se porte
du bord postérieur et externe du corps de l’hyoïde, parallelement l'un à
l’autre, jusque en dedans du sternum. Avant d'arriver au sternum, ils de-
viennent aponévrotiques par leur côté interne, et leur aponévrose est com-
mune aux deux muscles pendant un trajet de deux centimètres, après quoi
ils se séparent de nouveau, et deviennent plus épais, plus larges et plus mus-
culeux.
Dans le Chimpanzé, ils s'attachent en s’élargissant à la face interne de la
parte la plus reculée de la première pièce du sternum, et à son bord cor-
respondant.
5. Les omo-hyoïdiens? sont encore plus étroits.
$ VII. — De la langue et de ses muscles. Je n'ai rien trouvé de particu-
lier dans les muscles extrinsèques de la langue, c'est-à-dire dans le hyo-
glosse, les génioglosses et les stylo-glosses.
La masse de la langue semble particulierement formée. par les génio-
glosses.
Les hyoglosses viennent des côtés du tambour de l’hyoïde et très-peu de
la corne thyroïde près de son articulation avec le corps.
Ce sont des faisceaux minces, ainsi que ceux des stylo-glosses.
Un nerf grand hypoglosse considérable s’introduit, comme chez l’homme,
dans la substance de la langue, entre le génioglosse et l’hyoglosse du même
côté.
La langue a d’ailleurs de très-grandes dimensions, elle est à proportion large.
Toute sa surface, jusque près de ses bords, est hérissée de papilles coni-
ques à sommet obtus, serrées comme des pavés, disposées en séries rayon-
nantes ou divergentes. En se portant de la base de la langue en avant et
4. PL xt, Gg. I et Il, 42.
2. PI. xr, fig. Let II, 5.
188 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
vers ses bords, ceux-ci manquent de ces papilles et paraissent tout unis.
Les papilles fongiformes sont plus nombreuses sur le bout de la langue.
Il y en a quelques-unes plus en arrière, au milieu et sur les côtés, qui sont
plus grandes que celles du bout de la langue.
Les papilles calyciformes sont en petit nombre et ne présentent aucune
régularité dans leur disposition.
Il y en a une grande du côté gauche, à la base de la langue ; une grande et
une petite du côté droit, vis-à-vis de celle-ci, et quatre plus en arriere, situées
irrégulièrement et plus petites.
Plus en arrière, dans le pharynx, en avant et au-dessous des amygdales, il
y a de longues papilles, à sommet effilé, productions de la muqueuse, qui
ressemblent à de grandes villosités intestinales.
Dans le jeune Gorille, le bout de la langue et ses côtés montrent aussi beau-
coup de papilles fongiformes.
On ne peut guère compter que six papilles calyciformes, disposées irré-
gulièérement en avant de la base de la langue. Celle-ci est couverte de grosses
papilles tuberculeuses, et, tout à fait en arrière, de ces grosses papilles à
sommet effilé que j'ai décrites dans l'adulte.
Dans le jeune Chimpanzé, les papilles fongiformes se distinguent bien sur
le premier tiers de la langue et sur les deux tiers de ses côtés.
Les papilles filiformes qui se voient partout se distinguent mieux au milieu
de la langue, où il n'y a qu'une rangée médiane de papilles fongiformes.
Ces papilles filiformes sont comme tronquées et se présentent comme des
granulations. Les papilles calyciformes, au nombre de dix, sont disposées en
Y. La plus reculée est la plus considérable.
La base de la langue a aussi des papilles tuberculeuses, dont quelques-
unes sont effilées 1.
$ VIT. — Des organes d'insalivation ou des glandes salivaires. Les
parotides ? sont très-considérables dans l'adulte. Chaque parotide occupe
l'intervalle qui existe derrière le masseter et la branche montante de la man-
dibule et d’une ligne qui descendrait de l'insertion supérieure des mus-
cles sterno et clavio-mastoïdien.
Sa partie qui est sous le canal auditif est la plus épaisse; elle s'amincit en
4. Voir notre planche xv, fig. A.
2. PI. xt, fig. 4 et 2, B.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 189
descendant. Sa forme est à peu près carrée et ses dimensions sont de 0" 07 en
largeur et de 0" 08 en hauteur.
Le canal de Stenon, gros relativement, traverse extérieurement le masse-
ter, et pénètre à travers le buccinateur, pour se terminer par un grand ori-
fice, dans la cavité buccale entre la deuxième et la troisième molaire. Cette
insertion est semblable à celle qu’il a chez l’homme. Mais les proportions de
cette glande sont beaucoup plus considérables dans le Gorille, ainsi qu'on
pourra en juger par les mesures que nous venons de donner.
Dans notre jeune Gorille, qui n’a pas encore achevé sa dentition de lait,
la parotide s'étend au-devant du trou auditif, où elle est encore mince, et
descend jusque presque au niveau de l’angle mandibulaire en augmentant
considérablement d’épaisseur; elle a dans le sens de sa hauteur au moins
0" 040, et en bas dans le sens de sa plus grande longueur, 0" 038.
Cette grande étendue, ce grand développement des parotides, sont bien en
rapport avec les autres caractères du Gorille qui le montrent comme un ani-
mal essentiellement herbivore.
La sous-maxillaire ! est petite relativement à la parotide. Elle a, dans le
jeune, 0" 025 de haut sur 0" 020 de long.
Sa substance lobulée ou composée de petits lobes, ne paraît pas différente
de la parotide.
Nous n’avons pu faire aucune observation sur les autres glandes salivaires.
$ IX. — Muscles du pharynr. 1. Le stylo-pharyngien se sépare à l’extré-
mité de l’os styloïde du tendon commun dont nous avons parlé en décrivant
le muscle stylo-hyoïdien ; il devient bientôt musculeux et s’'épanouit comme
un éventail sur les parties latérales du pharynx.
Les autres muscles du pharynx ne nous ont rien offert de particulier.
Le constricteur inférieur vient de toute la hauteur du cartilage thyroïde et
de sa longue corne hyoïde. Ses faisceaux sont distincts et forts ; ils ont une
direction transversale à l’axe du corps.
Le constricteur moyen a ses faisceaux obliques d’arrière en avant et de bas
en haut ?. Ce muscle s'élève de la longue corne postérieure ou thyroïdienne
de l’hyoïde, en arrière, et de son corps, en avant ; les faisceaux sont écartés,
rares et minces.
4. PI. x1, fig. 1, B’.
2. En supposant l’animal dans la position horizontale.
190 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
CHAPITRE III.
MUSCLES DU MÉCANISME DE LA RESPIRATION.
$ X. — Muscles des côtes et du sternum. Nous avons observé parmi les
releveurs des côtes : 1. Le petit dentelé supérieur et postérieur (dorso-cos-
tien), qui s'attache plus haut que chez l'homme aux apophyses épineuses
des quatre dernières vertèbres du cou, et se porte sur les quatre dernières
côtes !.
2. Les releveurs des côtes (transverso-costiens), 3. Les scalènes (trachélo-
costiens), 4. Les inter-costaux externe et interne, ne nous ont rien offert de
particulier.
Nous en dirons autant des abaisseurs des côtes, c’est-à-dire, 5. du petit
dentelé postérieur et inférieur, et 6. du triangulaire du sternum (sterno-
costien ).
$ XI. — Muscles de l'abdomen. Nous n'avons que tres-peu de différences
à indiquer dans la disposition de ces muscles que nous n'avons pu observer
qu’incomplétement, ayant été coupés pour enlever les viscères abdominaux.
1. Le grand oblique ne nous a offert que huit digitations qui s’entre-croi-
sent avec celles du grand dentelé et du grand dorsal, depuis la cinquième
à la troisième côte.
Nous en avons compté également huit dans le Chimpanzé ?.
Ses faisceaux musculeux aboutissent de très-bonne heure à l’aponévrose
commune,
2. L'oblique interne, et 3 le transverse, ne nous ont rien offert de parti-
culier.
4. Le grand droit de l'abdomen s'élève jusqu’au cartilage sterno-costal de
la cinquième côte, et recouvre les cartilages des trois côtes suivantes. Son
bord le plus interne est fixé au long appendice xiphoiïde.
1. PI. x, fig. À, 2.
2. Voir aussi la planche 1, de l'ouvrage cité de M. Vrolick, c pour le grand oblique, £ pour le
petit oblique, a, a pour les digitations du grand dentelé, et 4 pour le grand dorsal.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 191
Ce muscle a cinq intersections tendineuses, et se termine au pubis, comme
chez l’homme.
5. 11 y a deux petits pyramidaux qui sont comme enchässés à l'extérieur
de l'extrémité postérieure des grands droits.
Ma description est exactement conforme à celle de M. W. Vrolick 1 pour
le Chimpanzeé.
Dans notre jeune Gorille, on ne trouve pas de trace des pyramidaux.
CHAPITRE IV
MUSCLES DES ORGANES D'EXPRESSION.
Nous comprenons dans cette catégorie, entre autres, les muscles de la face
et ceux du larynx ; mais nous ne parlerons de ces derniers qu'après avoir dé-
crit les cartilages qui constituent proprement l'organe de la voix.
$ XII. — Muscles de la face y compris Le peaussier du cou. 1. Le peaus-
ster ?. Cest un muscle très-mince, à gros faisceaux distincts et séparés, qui
occupe le devant et les côtés du cou, depuis le thorax et l'épaule, et s'étend
sur le menton et les joues.
Il se compose de trois faisceaux ou de trois bandes principales et d’une
accessoire.
Celle qui est la plus rapprochée de la ligne moyenne inférieure (12)
s’avance au-devant du sternum vers la mâchoire inférieure, qu’elle recouvre
pour atteindre l’orbiculaire des lèvres après avoir recouvert le menton. La
moyenne ne descend pas aussi bas (11).
La plus reculée des trois bandes principales ( 10) commence au-dessus de
l'épaule. Ces deux dernières se joignent sur la joue et se terminent de même
dans l’orbiculaire, dont la troisième répond plus particulièrement à la com-
missure des lévres. L'une et l’autre constituent, par leur rapport avec l’orbi-
culaire des lèvres, le muscle appelé risorius de Santorini, à cause de son action
sur la bouche.
Enfin, il y a une courte bande, qui se porte en arrière de la région molaire
4. Ouvrage cité, p.18, et pl. m1, 4, 2, 3, 4.
2. PL xu, fig. C, 42.
192 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
sous le canal auditif, et dont les faisceaux courts ne tardent pas à se perdre
dans cette direction. |
2. L’orbiculaire des paupières 1. Ce muscle est mince ; on peut distinguer
de sa partie palpébrale, qui se compose de faisceaux circulaires, un faisceau
externe qui s'élève vers l’arcade orbitaire, s’épanouit sur la tubérosité ma-
laire, et se termine probablement à la peau.
3. Le pyramidal du nez ?. W n’y en a que quelques traces entre les orbites.
4. Le grand zygomatique #. Muscle considérable qui s'étend de la tubéro-
sité malaire à la commissure des lèvres. Il a un faisceau qui se confond avec
la partie supérieure du peaussier. La plus grande partie de ce muscle se joint
à l'orbiculaire des lèvres. Le petit zygomatique n’est pas distinct du grand
zygomatique.
5. L'élévateur propre de la lèvre supérieure #. Ce muscle est large et fort.
Il s’insère à la portion supérieure de l'os malaire sous l’orbiculaire des pau-
piéres, et descend un peu obliquement en dehors jusqu’à l’orbiculaire des
levres, au-dessus et en arrière de la dent canine supérieure.
G. L'élévateur commun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure 5. N s'insère
au sommet de l’apophyse montante du maxillaire supérieur ; se divise en
descendant en deux portions. La portion nasale, dont les insertions ont été
coupées en enlevant la peau de l'animal, est très-rapprochée de la ligne mé-
diane.
7. Le canin ou releveur de l'angle de la bouche 6. Il est représenté par un
petit faisceau musculaire plat et mince, qui naît dans la partie supérieure de
la fosse canine. Ses faisceaux descendent en se portant en avant jusqu’à l’or-
biculaire des levres vis-à-vis de la première molaire supérieure.
8. Le buccinateur? est fort et tres-développé.
9. Le carré du menton. C’est un muscle mince qui recouvre de chaque
côté l'extrémité de la mâchoire inférieure. Il s'étend sur toute la hauteur de
Il À
PI. x, fig.
PI. xur, fig.
PI. x, fig.
1
x11, fig. C, A et
=]
F +
PI, x, fig.
PI. xu, fig
PI. xr, fig. 8.
PTE 0)
C,
C,
C,
C, 6
C,
C,
1emrpe
ns
œ
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 193
la symphise du menton, et se prolonge de là en arriére de la canine; ses fibres
sont obliques.
Le peaussier le recouvre.
10. L'orbiculaire des lèvres ! ne nous a présenté rien de particulier.
Ce muscle est épais et fort, et contourne de ses faisceaux tout l’orifice
buccal.
Les muscles qui viennent d’être indiqués, démontrent que, sous ce rapport,
le Gorille est presque aussi bien pourvu que l'espèce humaine. Car nous ne
sommes pas certains que ceux qui manquent à cette énumération n’existaient
pas ; ils ont pu être enlevés avec la peau.
Mais leur action modifiée par la saillie des mâchoires et des dents, doit
donner une tout autre expression à la physionomie de cet animal, qu’à celle
de l’homme.
Le tiraillement vers le haut de la lèvre supérieure, ou vers le bas de la lèvre
inférieure, ne peut que faire grincer cet animal à la manière des animaux
féroces, en découvrant ses redoutables canines et ses premières molaires.
TROISIÈME PARTIE
DU LARYNX ET DES SACS AÉRIENS QUI EN DÉPENDENT. — DES ORGANES MALES DE LA GÉNÉRATION.
CHAPITRE PREMIER.
DU LARYNX, DE SES CARTILAGES, DE SES MUSCLES ET DES POCHES AÉRIENNES
QUI LUI SONT ANNEXÉES.
Nous avons décrit suffisamment, dans la seconde partie de ce troisième
Mémoire, l’hyoïde et les muscles qui le mettent en mouvement, et montré
les grandes différences, ou les analogies de forme qu'il présente, dans les
quatre genres de la famille des Singes supérieurs.
Il nous reste à faire connaitre les différences ou les ressemblances qui dis-
tinguent leur larynx, où qui montrent plus ou moins d’analogies dans cette
partie de leur organisation.
4. PI. xur, fig. C, 8.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 25
194 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
$ I — Du larynx, en général, dans le Gorille mâle. L’épiglotte n'est
qu'un repli fibro-membraneux peu saillant, plutôt ligamenteux que cartila-
gineux. La glotte est très-longue, les ouvertures des ventricules sont ovales
et très-grandes, comme ces ventricules. Ceux-ci conduisent directement dans
un cul-de-sac membraneux qui se voit de chaque côté du larynx. La partie
étroite de ce cul-de-sac, près de son origine, s'ouvre largement dans le
grand sac laryngien, dont les figures que nous avons fait faire donnent une
idée plus nette qu’une description détaillée 1.
Ce sac aérien est très-considérable, très-compliqué, trés-divisé et anfrac-
tueux; nous le décrivons plus bas.
$ II. — Cartilages du larynx dans le Gorille. Le cartilage thyroïde res-
semble beaucoup à celui de l'homme par son bord antérieur ou supérieur
coupé en cœur. Mais il manque de saillie à la partie moyenne de son bord
postérieur.
Sa corne hyoiïde est plus longue à proportion, et sa corne cricoide plus
forte et prismatique.
La capsule ligamenteuse qui l’unit au cricoïde, fournit un ligament qui se
porte à l'extérieur du cricoïde vers sa partie moyenne, forme comme la
corde de l'arc que le bord postérieur du cricoïde figure sur le côté, et se ter-
mine à la saillie de ce bord ?.
Ce cartilage a 0" 030 de longueur dans sa partie moyenne, 0" 047 sur les
côtés, dans la plus grande longueur, et 0" 066 en ligne droite depuis sa partie
médiane inférieure ou ventrale, à son bord dorsal postérieur ou supérieur.
Ilya0"073 de l'extrémité de la corne antérieure à celle de la corne posté-
rieure.
Toutes ces dimensions excedent de beaucoup celles du même cartilage chez
l'homme.
Le cartilage cricoïde diffère considérablement par sa forme de celui de
homme $. Son bord postérieur a une saillie pointue médiane, puis une
légère saillie arrondie sur le côté ; plus haut, une sorte de saillie qui répond
à la corne postérieure du thyroïde.
4. PL xv, fig. A’, Plg et Pld, pour les deux poches gauche et droite, qui s'ouvrent directement
dans les ventricules du larynx.
2. PL. x1v, fig. À, A', Th. et Cr.
SPL A TA Cr.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 195
La face postérieure de ce cartilage est large, plate et assez longue ou haute.
On voit ce cartilage de profil dans ses rapports avec le thyroïde (fig. A.
pl. xiv). Il règne sur la face supérieure et dorsale, dans toute sa partie mé-
diane, comme une arèête tronquée et aplatie, qui a 0"00» de large. La plus
grande largeur du cricoïde dans cette face supérieure est de 0" 034, et sa plus
grande longueur, de 0" 031.
De sa partie moyenne supérieure à sa partie moyenne inférieure, vers sa
pointe, ce cartilage a 0" 045 de hauteur.
Les cartilages aryténoïdes ! sont très-forts et présentent une large surface
si on les considère par leur côté postérieur et externe. Ils s’articulent sur le
bord supérieur et moyen du cricoïde, tout près l’un de l’autre, par leur bran-
che interne et inférieure, qui n’est ici que l'angle du corps épais et large de
cette partie du larynx.
La branche ventriculaire ?, celle qui tient au ruban vocal inférieur ou
postérieur de son côté, est plus détachée du corps proprement dit de l’ary-
ténoïde, que la branche articulaire ou cricoïde, qui n’est qu’un angle de
celui-ci $. Mais la plus saillante est celle qui se continue avec le cartilage liga-
menteux de Santorini et qui s'élève dans l'épaisseur des ligaments et mem-
branes crico-épiglottiques. Je l’appellerai aryténo-épiglottique “.
Les cunéiformes ou cartilages de Wrisberg forment une fourche avec cette
dernière branche sur laquelle ils s'appuient, en se mettant en rapport par
leur extrémité libre avec le ruban vocal supérieur ou antérieur.
Ils sont considérables, plutôt fibreux que cartilagineux, et font saillie
dans l'épaisseur des membranes qui lient le cricoïde à l’épiglotte au-dessus
de la branche aryténo-épiglottique.
Les aryténoïdes du Gorille se distinguent singulièrement par leur forme et
leurs proportions de ceux du Chëmpanzé. I suffira, pour s’en convaincre, de
comparer ceux de notre jeune Gorille à ceux d'un jeune Chimpanzé; on évi-
tera ainsi l’objection des âges différents. Ici le corps des aryténoides étant
moins développé, rapproche davantage ce cartilage laryngien de celui des
Orangs.
1. PI. xrv, fig. A7”.
2. Ibid., 2.
3. Ibid., 4. (Voir l'explication des planches.)
#. Ibid, 3.
196 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
$ III. — Comparaison des différentes parties du larynx de Gorille avec
celles du Troglodyte Chimpanzé, des Orangs et des Gibbons. I en est du
larynx considéré dans son ensemble, dans ses rapports avec l’hyoiïde et dans
les détails de ses parties, des cartilages qui le composent, des poches aériennes
qui y sont annexées, comme de l’hyoïde, que nous avons trouvé différer plus
ou moins dans les quatre genres de cette famille, et qui nous a offert, pour
chacun de ces genres, des caractères particuliers.
En multipliant cette étude selon le sexe, les âges et les espèces, on trouve
encore de notables différences, qui étendent singulièrement l’horizon de la
science.
Notre planche xiv fera juger, au premier coup d’œil, des différences ou des
analogies que présentent du moins les deux cartilages principaux du larynx
le thyroïde et le cricoide, et les rapports de ces deux cartilages entre eux et dn
premier avec l’'hyoide.
En comparant le cartilage thyroïde du Gorille vieux (A) au jeune (A”, A7),
avec celui du Chimpanzé(B et B'), on trouvera sans doute beaucoup de res-
semblance.
Mais le cartilage cricoïde du Gorille, se distingue de celui du Chimpanzé,
par la forme gréle de son arc antérieur, qui est fortement échancré dans sa
partie moyenne et antérieure ; tandis qu’il est épais, large et rapproché du
bord postérieur du thyroïde, dans le Chimpanzé (fig. B et B').
Ces mêmes cartilages ont une forme et des proportions bien différentes
dans l’Orang, dont le thyroïde est large et peu étendu en hauteur. Son cri-
coïde est assez grêle dans son arc antérieur, qui présente en avant et sur les
côtés deux saillies arrondies, auxquelles répondent deux échancrures de
même forme dans son bord postérieur ou inférieur , lequel présente une
saillie médiane en cœur.
Le Gibbon aux mains grises, Hylobates Lar, que nous avons pris pour
exemple de ce genre (fig D et D’), nous a présenté d’autres différences et
d’autres caractères non moins remarquables dans l’un et l’autre de ces car-
tilages.
Le cartilage thyroïde est tres-grand relativement au cricoïde. Il présente
une double corne en arrière ou en bas que je ne vois dans aucun des trois
1. PI. x1v, fig. D', Ar.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 197
autres genres. Le cricoïde a son arc antérieur très-étroit et son arc posté-
rieur peu large et remontant très-peu vers le bord supérieur ou antérieur du
thyroïde ; laissant conséquemment la partie postérieure ou dorsale et supé-
rieure du larynx bien plus bas que sa partie antérieure. Il en résulte que les
aryténoïdes sont également plus bas ainsi que les cordes vocales.
Les différences que présentent les aryténoïdes et les cunéiformes sont
encore plus sensibles que celles des deux principaux cartilages du larynx,
le cricoïde et le thyroïde. Cela devait être; les cartilages ont plus d'influence
sur la voix, pour la modifier du moins, par les rapports des premiers avec
les rubans vocaux inférieurs, et avec la glotte pour l'ouvrir ou pour la fer-
mer ; et à cause du rapport des derniers avec les rubans vocaux supérieurs.
Afin de bien saisir ces différences, il faut se rappeler que les aryténoïdes
ont une branche articulaire qui est le point d'appui de ce double levier sur
le bord postérieur ou supérieur de l'anneau cricoïde 1; que l’autre branche
s'attache postérieurement au ruban vocal inférieur; tandis que la troisième
se met en rapport avec les ligaments crico-épiglottique et le cunéiforme de
son côté, ainsi qu'avec le ruban vocal supérieur.
La partie centrale de ces trois branches peut être plus ou moins déve-
loppée et forme le corps de l’aryténoïde. Elle l’est beaucoup dans le Gorille,
ainsi que nous venons de le voir.
Nous l’avons trouvée au contraire tres-réduite dans le jeune Chimpanzé,
dont l’aryténoïde ne forme qu'un arc. La base de cet arc assez large est la
branche articulaire ou cricoïde, et sa pointe recourbée forme la branche
crico-épiglottique.
La branche ventriculaire n’est encore qu’un petit crochet posé sur le dos
de l’arc et donnant attache au ligament qui va joindre le ruban vocal posté-
rieur.
Dans les Orangs, les aryténoïdes se composent aussi de trois branches,
dont la moyenne est perpendiculaire au bord du cricoïde et s’y articule par
une surface épaisse ou dilatée massue. En avant et en arrière se voient deux
lames en sabre recourbées et pointues à leur extrémité libre, dont l’anté-
rieure et externe appartient au ligament inférieur de la glotte; c’est notre
branche ventriculaire. La postérieure, qui est en même temps l’interne, est
1. Cette branche est indiquée par le chiffre 4 dans les aryténoïdes des quatre genres figurés dans
la pl. xiv; la seconde par le chiffre 2; la troisième par le chiffre 3.
198 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
dans la membrane ligamenteuse crico-épiglottique, c’est notre branche ary-
téno-épiglottique, qui se met en rapport avec le ruban supérieur.
Je ne trouve pas de cartilage cunéiforme.
Dans le Gibbon aux mains grises (Hylobates Lar, Is. G.), les Æryténoïdes
sont posés assez loin l’un de l’autre sur le bord supérieur du cricoïde. Leur
corps élargi, triangulaire, a sa branche articulaire ou cricoïde courte; sa bran-
che crico-épiglottique conique et recourbée en crochet en arrière. Sa bran-
che ventriculaire opposée à la branche cricoïde est dirigée en avant pour
joindre le ruban vocal inférieur. Le supérieur est lié au cunéiforme qui forme
en arrière un crochet comme la branche crico-épiglottique sur la convexité
de laquelle il est posé.
Ces différences de détails que l’on saisira facilement avec les figures que
nous publions !, sont telles qu’elles peuvent servir, à notre avis du moins,
à confirmer les distinctions génériques, entre autres du Chimpanzé et du
Gorille.
S IV. — Muscles du larynx du Gorille. Le sterno-thyroïdien s'attache en
dedans du sternum. 11 s’avance de là en dehors du sterno-hyoïdien jusqu’à
la partie supérieure et externe du cartilage thyroïde. Son tendon se fixe au
bord antérieur et latéral de ce cartilage ?.
Ce muscle est lié au muscle thyro-byoïdien contrairement à ce qui existe
dans le Chimpanze à.
Dans le Chimpanzé jeune, le muscle qui va du thorax au cartilage thyroïde
s'attache à la première côte; principalement à son cartilage, sauf quelques
faisceaux qui vont à la partie osseuse de la côte. Cette attache est bien sépa-
rée de celle du sterno-hyoïdien, qui se fixe principalement en dedans de la
partie la plus reculée de la première pièce du sternum.
Ici ce muscle est un costo-thyroïdien.
Le thyro-hyoïdien se fixe en avant à la moitié interne de la corne thyroi-
dienne et par un faisceau séparé au corps de l’'hyoïde. Ces deux faisceaux ne
tardent pas à se réunir en se portant vers le cartilage thyroïde où le muscle se
divise en deux plans, l'un superficiel qui se réunit au sterno-thyroïdien,
l’autre profond qui se termine au cartilage thyroïde.
Voir notre pl. x1v.
1,
2, PI. xv, fig. A', Sth.
3. PI. xv, fig. B, Sith.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 199
Dans le Chimpanzé, le thyro-hyoïdien n’est pas du tout lié au thyroïdien.
Les muscles crico-thyroidiens laissent à découvert en avant un espace
triangulaire du ligament crico-thyroïdien, qui est élastique ?.
Chacun de ces muscles se compose de deux plans. Le plan superficiel s’at-
tache au bord le plus reculé du cartilage cricoïde ; il se contourne même en
dedans. Ses faisceaux aboutissent par de petits tendons au bord inférieur et
interne du cartilage thyroïde.
Le plan profond se compose de faisceaux dont les plus inférieurs ou anté-
rieurs viennent du bord supérieur du cricoïde, et dont les supérieurs s’atta-
chent en arrière à la face externe et au bord postérieur de ce cartilage,
Tous ces faisceaux s'élèvent obliquement de dedans en dehors jusqu’à la corne
thyroïde et au bord postérieur ou inférieur de ce cartilage.
Ce muscle doit avoir une forte action pour rapprocher ces deux cartilages.
Dans le Chimpanzé, les deux plans existent de même.
Il ya de plus un petit muscle crico-thyroïidien interne, qui se porte sur le
cartilage cricoide au point d'attache du crico-thyroïdien latéral,
Le thyro-aryténoïdien est disposé comme dans l’homme, pour ses attaches.
Il s’épanouit par des faisceaux minces sur tout le fond du ventricule du
larynx.
Dans le Chimpanzé jeune, le même muscle se porte de l'extrémité posté-
rieure de l’aryténoide, en s’élargissant beaucoup, à la face interne du carti-
lage thyroïde, dans toute sa longueur. Il est évident qu'il est ici plus ramassé
et plus fort relativement, jusqu’à ce qu'il ait été étendu et aminci par le dé-
veloppement de la poche laryngienne de son côté.
Les faisceaux aryténo-épiglottiques sont très-prononcés.
Les crico-aryténoïdiens postérieurs ne présentent pas de différence avec
ceux de l'homme. Le cartilage cricoïde forme une sailiie médiane de chaque
côté de laquelle ils se portent obliquement en dehors et en haut jusqu’à
l'extrémité postérieure de l’aryténoïde. Ils recouvrent toute la face posté-
rieure du cartilage cricoïde, qui est large et plate, à l'exception de la crête
médiane.
Dans le Chimpanzé, ces muscles sont les mêmes.
4. PI. xv, fig. A’, Art.
2. Ce ligament se rétrécit à l'endroit de son attache à la partie moyenne du bord thyroïdien, et
s'élargit pour s’attacher à la partie moyenne du cricoïde.
200 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Dans l’'Orang-Oëétan, suivant M. Sandifort, ils laissent à découvert une par-
tie de cette même face postérieure du cartilage cricoïde en haut et en bas.
Le crico-aryténoïdien latéral existe comme chez l’homme.
L’aryténoïdien transverse où postérieur se compose de faisceaux obliques
superficiels qui s’entre-croisent en passant de la partie postérieure de l’aryté-
noïdien d’un côté à la partie antérieure de l’aryténoïdien de l’autre côté 1. Il y
a de plus, en arrière de leur entre-croisement, des faisceaux transverses qui
vont de Ja partie postérieure d’un aryténoïde à celle de l’autre immédiate-
ment en avant du bord antérieur ou supérieur du cricoïde.
Dans le Chimpanzé, ce sont au contraire les faisceaux transverses qui
dominent.
Je n’en vois pas d’autres dans l’Orang ?.
Les différences que nous venons de signaler dans les diverses parties
du larynx proprement dit, se montrent encore dans la forme de la glotte,
dans celle des ventricules du larynx, dans l’épiglotte et même dans le voile
du palais, différences qui modifient plus ou moins la voix sous le double
rapport des sons et des tons.
On peut voir assez bien toutes ces circonstances dans notre planche xv,
dans le Gorille vieux: la forme de son épiglotte, son peu de saillie. Nous avons
déja parlé de son peu de mobilité et de sa substance peu cartilagineuse et
tres-fibreuse.
La glotte est large, et les aryténiodes qui la ferment par leur rappro-
chement sont très-épais, ainsi que nous l'avons vu. Le voile du palais a une
luette bien caractérisée, sa partie médiane est épaisse, composée des muscles
palato-staphylins, et fait une saillie en cannelure arrondie jusque dans la
luette; mais celle-ci se prolonge au delà en forme de palette par une partie
mince uniquement membraneuse encore plus grande, à proportion, dans le
jeune que dans le vieux. L’épiglotte est aussi proportionnément plus saillante
et plus libre dans ce dernier.
Dans le Chimpanzé, la luette est étroite, épaisse et pointue, et musculeuse
jusqu’à son extrémité, tandis que les côtés marginaux du voile du palais sont
minces et membraneux.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 201
L’épiglotte est large, sensiblement plus saillante et plus libre que dans le
Gorille, et un peu en cœur dans son bord libre.
Dans les Orangs, il n'y a pas de uette, le bord libre du voile du palais
forme un seul arc. Une partie de ce voile, seulement celle rapprochée du
palais osseux, montre en dessus la cannelure épaisse et arrondie formée par
les muscles staphylins.
L’épiglotte a une forme particulière, c'est une saillie résistante, cartilagi-
neuse, élevée au-dessus de la moitié antérieure de l’orifice du larynx, de
forme presque circulaire, faisant l'effet d’un entonnoir. Ses deux extrémités,
rapprochées en arrière, s’élèvent au-dessus et en avant d’une fente étroite qui
forme la partie postérieure de l'entrée du larynx 1.
Dans le Gibbon aux mains grises, il y a une épiglotte d’une forme trian-
gulaire dans la partie qui s'enfonce vers le thyroïde, élargie et un peu en bec
d'aiguière dans sa partie libre, qui fait beaucoup de saillie.
Elle est posée en avant de la glotte, et ne l'entoure nullement sur les côtés.
Jl y a une luette au voile du palais faisant une saillie en forme de palette.
Cette comparaison et les faibles différences que nous venons d'indiquer
dans les muscles du larynx du Gorille, et du Chimpanzé plus particulière-
ment, montrent de nouveau ce que nous avons établi au sujet des organes du
mouvement : que la forme et les proportions des leviers, sont ce qui varie le
plus pour les différentes actions des organes mobiles. Les différences dans les
puissances qui meuvent ces leviers, s’écartent moins d’un même plan, plus
ou moins saisissable pour celui qui a l'habitude de ces comparaisons, qui
répandent tant de lumières sur la science de l’organisation.
SV. — Poches laryngiennes du jeune Gorille. Ces poches paraissent dans
l'intervalle qui sépare l’hyoïde du cartilage thyroïde, entre les deux muscles
sterno-hyoïdiens.
Si on soulève ces muscles, on les aperçoit dans un plus grand espace entre
les deux muscles thyro-hyoïdiens.
Il y en a deux autres également symétriques, qui font saillie dans l’inter-
valle qui sépare le bord supérieur du cartilage thyroïde de la corne thyroi-
dienne de l’os hyoiïde, entre le bord externe du musc'e thyro-hyoïdien et le
ligament thyro-hyoïdien externe.
1. Cette forme si particulière de l’épiglotte et de la glotte des Orangs, est assez bien représentée
dans la pl. vi, fig. 4 et 4 du Mémoire cité de M. Sandifort.
Arcuives DU Muséum. T. VIN. 26
202 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES GARACTÈRES ANATOMIQUES
Les deux poches du même côté communiquent l’une dans l’autre par une
cavité commune, dont elles sont les prolongements. Cette cavité remonte au-
dessus de la corne thyroïdienne de l’hyoïde sur les côtés de l’épiglotte, en
dehors de la membrane aryténo-épiglottique. Les ventricules de la glotte
s'ouvrent obliquement dans son fond.
$ VI. — Poches laryngiennes du Gorille müäle adulte. L'extension et la
complication de ces poches dans le Gorille müle adulte, est très-considérable,
ainsi que l’on pourra s’en convaincre par les figures que nous en pu-
blions.
En effet, immédiatement sur les côtés du larynx on voit de chaque côté,
une première branche, sortir de la partie moyenne ou principale, de cette
grande capacité membraneuse, et se porter sur les parties latérales et supé-
rieures du cou, en s’élevant jusque derrière l'angle de la mâchoire infé-
rieure 4. Cette première branche est à l'extérieur des muscles sterno et omo-
hyoïdiens, et en dedans du clavio-mastoïdien ?. On la voit encore hors de
position et de ses relations avec les autres parties de la grande poche dans les
figures A et A’ de la planche xv.
C’est cette première branche latérale qui reçoit l’air par les ventri-
cules de la glotte, dans lesquels elle pénètre entre l’hyoïde et le cartilage
thyroïde 5.
La figure A’ de la planche xv, montre ces deux vessies latérales élargies
en cul-de-sac à leur extrémité, plus étroites en s’approchant du larynx,
joindre la membrane thyro-hyoiïdienne et pénétrer par là dans chaque ven-
tricule. Les deux déchirures de ces poches sont celles par lesquelles elles
s’ouvraient dans la grande poche centrale.
Celle-ci descend sur le devant du thorax en fournissant successivement
une seconde et une troisième branche de chaque côté.
La seconde branche, qui est la moyenne, se dirige en dehors de la première
au-devant de la clavicule, sous le muscle clavio-mastoïdien, et va gagner
4. PI. xx, fig. Let IL, et pl. xu, fig. D. 4
2. PI. x, fig. 1, 2, 40 et 41.
3. PI. xv, OD, est l’orifice du ventricule droit qui communique avec la poche latérale de ce côté
(Pld). On voit vis-à-vis l’orifice du ventricule gauche de la glotte, et plus eu arrière, cette dernière
ouverture. Ces trois orifices sont représentés tels qu'on les apperçoit distinctement sous un certain
point de vue, mais leur forme réelle est différente. Cette figure n’en donne qu’une image imparfait.
DES GRANDES SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 203
le dessus de l’épaule {. Enfin, la troisième, qui est? la plus considérable, sem-
ble une séparation de la partie centrale. Elle s’enchevêtre avec une partie des
muscles de la poitrine, se glisse sous la portion claviculaire du deltoïde, et
pénètre sous le tendon du grand pectoral et sous celui de la seconde portion
du petit pectoral, jusque dans l’aisselle et au-dessous de l’aisselle sur les côtés
de la poitrine.
Les parois de cette poche sont de nature fibro-celluleuse. Je n'y ai observé
aucune fibre musculaire, aucune fibre élastique qui lui donnerait une
faculté contractile. Ses cavités sont divisées par des étranglements, qui dis-
paraissent en partie lorsqu'elle est fortement dilatée par l'air. 11 y a aussi des
replis, productions de la membrane propre de cette poche, qui rendent ses
différentes parties plus anfractueuses en divisant ses cavités par des espèces
de cloisons incomplètes.
$ VII. — Des poches laryngiennes des Singes en général. Sans vouloir ré-
diger ici un article complet sur les poches laryngiennes des Singes, à l'occa-
sion de celle que je viens de décrire dans le Gorille, je crois devoir résumer
les observations faites, à leur sujet, par plusieurs anatomistes, et les généra—
liser autant que possible, sous le triple rapport zoologique, anatomique et
physiologique.
Je me bornerai même aux observations faites sur des Singes de l’ancien
continent.
Parmi les Pseudo-anthropomorphes, on avait observé ces poches, avant
celles du Gorille, chez le Troglodyte Chimpanzé 3, les Orangs #, et dans un
seul Gibbon, le Siamang ou Gibbon syndactyle 5. Cette circonstance semble-
4. PL. x, fig. D, ©, c’; PI. xx, fig. let IL, c.
2. PI. xn, Gg. D, pour l’ensemble et la manière dont la partie principale a, a! et a” se divise pour
fournir la troisième branche d, d' et d".
Les figures I et II, de la pl. x1 montrent cette troisième branche d et d'’ en position et dans ses
rapports.
On voit de même en a, a’ et a" les rapports de la partie centrale de cette poche.
3. Recherches d'anatomie comparée sur le Chimpanzé, par M. W. Vrolick, p. 44.
£. Campus a le premier signalé ce sac dans l’'Orang-Outang, Trans. philos. pour 4779. PI. 1,
p 142 et suiv.
5. Histoire naturelle des possessions orientales du royaume des Pays-Bas. Leyde, 1839 à 4544.
Vol. in-fol., pl. 3 et 4. — V. Wrolick, ©. c., pl. 7, fig. 4.
204 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
rait justifier sa séparation dans un petit groupe séparé, des autres Gibbons,
qui paraissent manquer de ces sacs.
MM. Sandifort et W. Vrolick ont vu les poches laryngiennes du Chimpanzé.
Ce dernier, à la vérité, n'en a trouvé qu’une seule communiquant avec le
ventricule gauche du larynx, d’ailleurs peu développée. 1l faut observer que
le Chinpanzé, sujet de la monographie de M. Vrolick, était encore jeune et
du sexe féminin.
Nous avons eu l’occasion de constater l'existence de ces poches, sur trois
exemplaires non adultes, ayant seulement leur première arrière-molaire,
dont un de femelle. Nous les y avons trouvées petites et communiquant dans
chaque ventricule du larynx par une ouverture, comme ceux du Gorille et
des Oranss 1.
Dans le Gibbon Siamang où Syndactyle, ce serait au-dessus des rubans
vocaux et des ventricules du larynx que le sac aérien unique aurait une
double communication, suivant M. Sandifort?.
M. A. Duvaucel a remarqué sous la gorge de l’animal vivant, une grande
poche nue, onctueuse, en forme de goître, qu'il a vue s'étendre et se gonfler
lorsque l'animal criait $.
Chez tous les autres Singes de l’ancien continent, on ne trouve qu’une seule
poche laryngienne, dont le canal unique pénètre sous le bouclier que forme
le corps de l’hyoïde et communique dans l’intérieur du larynx par une ou-
verture ronde bordée de deux lèvres transversales, laquelle est percée à la
base de l’épiglotte, au-dessus de la partie moyenne du bord supérieur ou
antérieur du cartilage thyroïde.
C’est donc encore, ici, au-dessus des ventricules de la glotte en des rubans
vocaux que cette communication a lieu.
4. I est singulier, d’après ces observations, que M. Meyer, dans son mémoire couronné en 4845 par
l’Académie des sciences, nie l'existence de ces poches chez le Simia Troglodytes. Mémoires de l’Aca-
démie des C. de la nature, vol. XXI, pl. 11, p. 670.
2. Mémoire cité.
3. «On trouve ordinairement les Siamangs rassemblés en troupes nombreuses conduites par un chef.
Ainsi réunis ils saluent le soleil à son lever et à son coucher par des cris épouvantables qu'on entend
à plusieurs milles. » Notes envoyées par A. Duvaucel à F. Cuvier. Voir l'Histoire naturelle des mam-
mifères de ce dernier, livraison de 4824, corcernant le Siamang.
|
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 205
Ajoutons que l'existence ou l'absence, ou l'état rudimentaire de cette
poche unique ne paraît plus être qu’un caractère d'espèce.
Dans le genre Guenon Cercopithecus,M. Cuvier! n’en avait pas trouvé dans
son Calliriche, qui est le griseus de F. Cuvier, etle véritable $. sabæa de L.,
suivant M. Is. Geoffroy?.M. Mayer en a vu une rudimentaire dans un mâle et
une femelle adulte de cette espece ; elle manquait dans trois autres individus
observés par cet auteur, comme dans la Guenon pictus et la Guenon mone,
suivant M. Cuvierÿ, et la Guenon diane en aurait une à parois très-minces,
suivant M. W. Vrolick.
M. Cuvier en indique une petite dans une espèce voisine de son Calliriche,
probablement le véritable Ca/litriche de Buffon 4.
Parmi les Semnopithèques, le S. nasique 5 est pourvu d’un sac laryngien
considérable recouvrant toute la face antérieure du cou, descendant plus bas
sur la poitrine, et s’enchevétrant entre les muscles de la poitrine pour péné-
trer jusque sous l’aisselle, comme celui des Orangs et du Gorille. I] est
aussi développé dans le Semnopithèque maure 5.
Le Magot, plusieurs Macaques (le M. Rhezus, le Macaque ordinaire,
l'Ouandeérou ?, le Maimon, M. nemestrinus), en sont aussi pourvus; tandis
que le Bonnet chinois en manque.
Le genre Cynocéphale a montré les mêmes différences spécifiques. Ainsi,
le Papion, C. sphynx $, en a un considérable : le €. hamadryas, au con-
traire, en est dépourvu.
. Leçons d'anatomie comparée, t. IV, p. 501, édit. de 4805.
. Catalogue méthodique de la collection des mammifères, p. 22.
. Ibid., p. 504.
. Leçons, ibid.
. C’est dans un mäle que M. W. Vrolick l’a trouvé aussi développé. (©. c., p. 45.)
. Ibid.
7. Leçons d'anatomie comparée, tome IV, p. 500. Première édit., 4805, article rédigé par M. Cu-
vier. J'ai constaté l’existence de ce sac chez ce dernier singe, dans deux exemplaires de nos collections;
quoique l'exactitude connue de M. Cuvier n’ait pas besoin de confirmation. Dans l’un il est caché
sous le bouclier de l’hyoïde et n’excède pas le volume d’un gros pois. Il communique dans le larynx
par une assez large ouverture qui se voit à la base de l’épiglotte. Dans un autre exemplaire la vessie
laryngienne est plus grande.
8. M. W. Vrolick l'a trouvé petit dans les jeunes mâles et dans les femelles adultes. 11 l’a vu
s'étendant jusque sous les aisselles dans un mâle adulte, /. c., p. 45.
OO Of OO ND =
206 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Déjà, Vicq d’Azyr, en décrivait un considérable dans le Mandrillen 1777,
et le faisait figurer 1. |
M. Vrolick (O C.) en signale un dans le Drill, Cyn. leuciscus.
Concluons de nouveau : 1° que l'existence d’un seul sac laryngien , que
j'appellerai épiglottique à cause de son ouverture unique dans l'appareil de
la voix, par la base de l’épiglotte, est un caractère des Singes inférieurs de
l’ancien continent; mais qu’il n’y forme généralement qu'un caractère spé-
cifique, puisqu'il peut manquer dans plusieurs espèces du même genre.
»° Qu'il n’y a deux sacs distincts ou rapprochés et soudés ayant chacun une
communication séparée que dans les genres des Singes supérieurs ou Pseudo-
anthropomorphes.
3° Que le 7roglodyte-Chimpanzé les a petits.
4° Que le Gorille et les Orangs en ont de très-considérables, ayant leur
orifice dans chaque ventricule du larynx, conséquemment entre les cordes
vocales.
5 Qu'ils y sont petits et distants, chez les jeunes individus, et qu'ils n’at-
teignent leur plus grand développement qu’à l'âge adulte.
6° Que dans le Siamang syndactyle, c'est au-dessus du ruban supérieur de
la glotte que s'ouvre chaque canal, suivant M. Sandifort.
Quant à leur usage physiologique, il doit être multiple. Suivant son éten-
due et ses rapports avec les rubans vocaux, ce sac, simple où double, doit
modifier les sons.
Il est clair, imprimait M. Cuvier ?, au sujet du double sac des Orangs, que
l'air qui vient de passer entre les deux rubans vocaux, repoussé par la con-
cavité de l’épiglotte, doit se répandre dans la concavité des deux sacs, plutôt
que de passer par la bouche, surtout pour peu que l'animal tienne son épi-
glotte abaissée, et que tout le son doit étre amorti par cette dérivation.
Cela n'empêche pas le Siamang d’avoir une voix retentissante, au rapport
de M. A. Duvaucel, que nous avons cité.
Ces sacs laryngiens ou ce sac unique, toutes les fois qu’ils s'ouvrent dans
les ventricules du larynx auprès de rubans vocaux, entrent évidemment dans
la composition de l'organe de la voix, pour modifier celle-ci, lorsqu'ils sont
suffisamment développés. |
4. Mémoires de l'Académie royale des sciences, 4779. Premier mémoire sur la voix.
2. O.vc., p.180 et 784.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 207
M. W. Vrolick ! suppose que ces grands réservoirs d’air, chez les Orangs,
doivent avoir pour effet, d’alléger la pesanteur spécifique du corps dans les
mouvements fréquents d’ascension de ces lourds animaux sur les arbres. Il
me semble qu’elle peut faciliter au besoin chez le Gorille, dans des occa-
sions peut-être moins rares qu'on ne pense, leurs mouvements de natation
le long des fleuves dont ils habitent les rivages boisés.
Quoique mon intention n'ait pas été de parler des sacs laryngiens des
Singes du nouveau continent, ce sac que M. Cuvier a décrit? des 1805 chez
le Coaïta, Sim. paniscus, est si particulier, qu’on a cru voir une erreur du
grand anatomiste dans cette description, considérée comme inexacte. Ayant
eu le moyen de vérifier, au contraire, sa grande fidélité sur un larynx par-
faitement conservé dans nos collections d'anatomie comparée , j'ai cru devoir
faire dessiner et décrire de nouveau cette préparation, exécutée probable-
ment par M. Cuvier lui-même, et d’après laquelle il a fait sa description, il
y a un demi-siècle.
Cette préparation comprend la langue, l’hyoïde, le larynx et une partie de
la trachée-artère, avec ses huit premiers anneaux; ce sac a son fond au niveau
du huitième anneau et même un peu au delà.
En avant ou en haut, il a une étroite communication avec le larynx par un
canal membraneux qui se glisse dans la ligne médiane postérieure, entre le
cricoïde et le premier anneau de la trachée-artère. 11 ne peut être considéré
comme une extension de la partie membraneuse de la trachée-artère, encore
moins comme une dilatation des anneaux trachéens qui n’ont pas de dimen-
sions extraordinaires, mais bien comme un appendice de la membrane qui
unit au cricoïde le premier anneau de la trachée .
Une autre espèce, l’4tèle à ventre blanc (Ateles Beelzebut) n’a aucune
poche semblable, ni de dilatation de la partie supérieure de la trachée-artère,
telle que la montre celle figurée dans l’ouvrage de M. C. Mayer, sous le nom
d’Ateles paniscus #.
A. Recherches d'anatomie comparée sur le Chimpanzé, p. 44 et 47. Amsterdam, 4841.
2. Leçons d'anatomie comparée, tome IV, p. 502, édit. de 1805, et t. VIII, p. 782, édit. de 1846.
3. Voir notre pl. xvr, fig. x.
4. Dans un mémoire couronné par l’Académie des sciences en 1845, ayant pour titre : Sur la
Structure des organes de la voix dans les mammifères et les oiseaux. Ce travail a paru dans les
Nova acta Acad. L.C. Nat. curios., vol. XXII, P. Il, p. 579. La pl. 66, fig. 24 et 25, représente un
larynx et une trachée-artère d’atèle paniscus, suivant cet auteur. Le haut de la trachée-artère est
208 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
C'est pourquoi cet auteur croit pouvoir affirmer que le sac décrit par
M. Cuvier n'était autre chose que cette dilatation produite par le plus grand
diamètre de ses trois ou quatre premiers anneaux supérieurs. [a figure que
je publie de ce sac, d'après une préparation très-bien conservée, que je crois
être celle qui a servi à la description de M. Cuvier, donnera un nouvel
exemple de l'exactitude scrupuleuse que l’illustre anatomiste mettait dans
ses observations et dans ses descriptions.
CHAPITRE III
DES ORGANES MALES DE GÉNÉRATION DU GORILLE.
Nous ne pourrons les faire connaître qu'imparfaitement , les parties
internes ayant été enlevées avec les autres viscères abdominaux. La vessie
urinaire avec le canal de l’urèthre intra-pelvien, les vésicules séminales, la
partie des canaux déférents qui lui est annexée manquent.
Il nous reste la verge, le canal de l’urèthre annexé au corps caverneux,
ces corps, les testicules et une partie des canaux déférents.
$ I. — De la verge. Le gland est noir, largement fendu verticalement par
l’orifice de l’urèthre, il présente deux lobes arrondis de chaque côté de cet
orifice.
Sur les côtés, et surtout en dessus, s’élève une large crête ridée, qui lui
donne une forme de champignon. La verge proprement dite, est d’un petit
diamètre, immédiatement derrière le gland ; ce diamètre va rapidement en
augmentant, ce qui lui donne une forme conique.
La peau de cette partie, très-ridée en tous sens, mais surtout en travers, est
de couleur grisâtre, moins foncée conséquemment que le gland.
Le fourreau, s’il existe, est détaché du ventre et ne parait devoir protéger
qu'une partie de la verge.
Cette verge est d’ailleurs petite, relativement au corps de lanimal. Son
diamètre vers le gland n'excède pas o"o12, et vers le pubis 0"025.
représenté ayant une dilatation très-sensible. Évidemment M. Mayer a eu un autre sexe, ou, ce qui
est plus probable, une autre espèce d’atèle que M. Cuvier.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. 209
Sa longueur, depuis le gland jusqu’à l’écartement des corps caverneux,
n’est guère que de o"o7.
La vessie urinaire ayant été enlevée avec les viscères abdominaux et les
reins, ainsi que la partie pelvienne du canal de l’urèthre, je n’ai pu voir ni
les vésicules séminales ni la prostate.
Les corps caverneux et la partie extra-pelvienne de l’urèthre qui leur est
annexée et qui constituent cette verge avec le gland que nous venons de
décrire, sont mous et peu résistants.
Ils restent distincts assez longtemps.
Les muscles ischio-caverneux et bulbo-caverneux sont reconnaissables
dans la partie adhérente aux branches des corps caverneux et du bulbe de
l’urèthre, Celui-ci est à peine dilaté.
Le reste a été mutilé en détachant cette verge du bassin, du moins la par-
tie pelvienne des ischio-caverneux.
Ce qui subsiste cependant de cet organe est tellement caractéristique,
qu'on y trouve facilement des caractères différentiels qui la distinguent de
la verge des autres genres de la même famille.
M. Sandifort a décrit et figuré 1 celle de l’'Orang de Wurmb (Simia saty-
rus, L.).
Le gland est cylindrique et n'excède pas en diamètre la verge proprement
dite. L’orifice de l’urèthre serait partagé en deux lèvres par une fente trans-
versale, et l’inférieure serait bilobée, si la figure est exacte.
Il y a un prépuce arrêté par un petit frein entre le gland et les corps caver-
neux. Le bulbe de l’urèthre présente un renflement sensible.
Cette verge, bien différente de celle du Gorille, appartient évidemment à
un autre type générique. [l en est de même de celle du Chëmpanzé, qui ne
ressemble ni à celle de l'Orang ni à celle du Gorille, et qui nous fournit un
nouveau caractère pour séparer de ce dernier genre le Troglodyte chimpanzé.
Nous décrirons la verge de celui-ci, d’après le vivant, qui existe très-bien
portant, depuis trois ans, dans notre Ménagerie, et qui nous paraît avoir à
peu près sa taille.
Cette verge entre en érection, presque toutes les fois qu’il éprouve le
moindre plaisir; lorsqu'il boit, par exemple, un mélange d’eau et d’une petite
quantité de vin, qui lui convient beaucoup.
1. O. c., pl. vri, fig. 4.
ARCHIVES Du Muséum. T. VII. 27
210 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Alors elle sort d'un court fourreau qui était caché dans les longs poils du
pubis et contracté de manière que le caractère d’avoir le fourreau détaché
du ventre et la verge pendante assigné par Linné à ses Primates, qui com-
prenaient l’homme, les Singes et les autres quadrumanes, les Paresseux et
les Chauves-souris ; ce caractere, dis-je, est à peine sensible.
Cette verge est extrêmement grêle, d’un rouge de sang, et singulièrement
petite pour son diamètre, quoique assez longue dans l'érection. Mais elle se
réduit à un tres-petit filet court, dans le relâchement. On dirait voir la verge
d’un lapin pour la manière dont elle rentre dans son fourreau et pour
celui-ci.
La figure que nous en donnons pl. XVI, comparativement à celle du Gorille,
montrera combien elle s’en éloigne et pour la forme, et pour les proportions,
et pour la couleur.
Le gland est un peu plus gros que la partie de la verge dont il est la con-
tinuation. Son origine semble marquée par une légère courbure dans
l'érection.
$ Il. — Des glandes spermagènes. Ces glandes sont petites relativement à
l'animal.
Nous ne les avons eues qu'après avoir enlevé la peau et conséquemment
le scrotum qui en faisait partie.
Le testicule droit était malade; il y avait eu une inflammation dans la
tunique vaginale, qui avait produit l’adhérence de ses parois et rendu mécon-
naissable la substance de la glande et son épididyme.
Dans le testicule gauche, qui est sain, on distingue la tunique vaginale, sa
cavité, le testicule que cette tunique revêt avec l’épididyme et le canal défé-
rent. Je les ai fait dessiner de grandeur naturelle, pour donner une idée de
leurs proportions absolues et relatives.
On verra que les premieres sont faibles, et que pour les dernières l’épi-
didyme est assez grand, relativement à la glande, dont il renferme l’origine
et la partie repliée du canal excréteur.
Il
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 211
QUATRIÈME ET DERNIÈRE PARTIE.
COMPRENANT UNE REVUE SUCCINOTE DES TRAVAUX ANATOMIQUES QUI ONT PRÉCÉDÉ CELUI-CI; ET LES
PRINCIPAUX RÉSULTATS DES OBSERVATIONS CONSIGNÉES DANS LES TROIS MÉMOIRES QUI COMPOSENT
CETTE MONOGRAPHIE DU GORILLE, ET ACCESSOIREMENT DES AUTRES SINGES SUPÉRIEURS PSEUDO-
ANTHROPOMORPHES.
CHAPITRE PREMIER.
HISTOIRE DE LA SCIENCE SUR LES CONNAISSANCES ANATOMIQUES DU GORILLE ET ACCESSOIREMENT SUR
CELLES DES TROGLODYTES, DES ORANGS ET DES GIBBONS, RÉUNIS DANS CES MÉMOIRES SOUS LE
TITRE DE SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES.
)
L’anatomie du Gorille, avant notre travail, n’était relative qu’à son ostéo-
logie.
La première connaissance de son squelette et surtout de sa tête osseuse,
se trouve dans un Mémoire inséré en 1847 dans le Journal d'histoire natu-
relle de Boston, et qui a pour titre :
Description des caractères et des habitudes du Troglodytes Gorilla, par
Thomas S. Savage, M. D., et Ostéologie du même animal, par Jeffries Wyman,
M. D. 1.
Ce Mémoire est accompagné de quatre planches représentant la tête du
Gorille mâle et du Gorille femelle vues de face et de profil.
La tête de la femelle a évidemment les proportions de la race à crâne plus
long, que nous avons distinguée.
On sait que c'est M. Savage qui a proposé le premier de donner le nom
de Gorille au grand Singe qu'il regardait d’abord comme une nouvelle espèce
d'Orang, qu’il rapprocha ensuite du Chimpanzé, après les éclaircissements
sur cette dernière espèce qu’il avait sollicités par correspondance, de M. R.
1. A. Description of the characters and habits of Troglodytes Gorilla, by Thomas S. Savage M. D.
corresponding of the Society of natural history; And of the Osteology of the same, by Jeffries
Wyman, M. D. Hersey prof. anat. in Haward university. From the Boston Journal of natural his-
tory. Boston, 1847.
212 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Owen, en lui envoyant les figures des têtes de Gorille qu’il avait en sa pos-
session.
On sait encore que le nom grec de Gortlla (Topüx) se trouve dans l’inscrip-
tion grecque rédigée par Hannon lui-même et comprenant un récit suc-
cinct de son périple ?.
La première partie du Mémoire de MM. Savage et Wyman, que nous analy-
sons, comprend une courte description des caractères extérieurs et des habi-
tudes du Gorille par M. Savage ; ces dernières, en partie d’après les rensei-
gnements de M. J. L. Wilson, le doyen des missionnaires américains de
l'église anglicane de New-York, dans cette contrée.
Dans la seconde partie, M. Wyman décrit particulièrement et comparative-
ment la tête osseuse du mâle et de la femelle de Gorille adulte, et s'applique
à faire sentir les différences qui existent entre cette espèce et le Chimpanzé.
Il en trouva encore en comparant, autant qu'il le pouvait, le tronc et les
membres de ces deux espèces, avec les sujets incomplets qu'il avait à sa
disposition.
Les conclusions de cette comparaison (p. 22) sont que l’£ngé-ena (le
Pongo de Buffon) est une espèce bien distincte de | £nché-eco * où du Chim-
panzé (le Jocko de Buffon). MM. Savage et Wyman admettent, dans leur tra-
vail commun, que le Chimpanzé et le Gorille sont deux espèces congénères.
M. le docteur Kneeland # a pu ajouter quelques détails sur le squelette du
Gorille, dans une communication qu'il fit le 21 avril 185, à la société d’his-
1. Suivant l'opinion de M. Kluge, cité par M. Dureau de La Malle, notre confrère de l’Académie des
Inscriptions , dans son Mémoire sur le grand Gorille du Gabon , Annales des sc. natur., t. XVI,
ke série.
2. Dans une traduction italienne du Recueil des voyages de Ramusio, il est dit que les interprètes
que les Carthaginois avaient avec eux les appelaient Gorgones. Primo volumine; quarta editione,
Delle navigationi e viaggi Rouolt : da M. Gio. Batt. Ramusio, in Veneta, 1588. Voir encore les
Mémoires de l’Académie des inscriptions, etc., t. XXVI, Paris, 1759, où se trouve un Mémoire sur
les découvertes et les établissements des côtes d'Afrique par Hannon, amiral de Carthage, par
M. de Bougainville.
Il y est dit, p. 45, que les interprètes des Carthaginois nommaient ces prétendus hommes sauvages
Gorilles, et que les femmes leur ont paru plus nombreuses que les hommes; qu'ils en ont pris trois
vivantes, et qu'ils ont été obligés de les tuer à cause de leur extrême méchanceté.
3. Je copie ces noms comme je les trouve écrits dans le mémoire que j’analyse.
&. On the Skeleton of the Great Chimpanzee, Troglodytes Gorilla; read before the Boston Society
of natural history, april 21 st. 1852, by S. Kneeland, Ir., M. D, Boston. Journal B. S. N. H. june 1852,
43, p. 336-347.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 213
toire naturelle de Boston. Cette société avait reçu un squelette à peu près
complet de ce grand Singe, par l'intermédiaire du comité des missions étran-
gères, qu’elle avait mis à la disposition de ce savant.
La capacité du crâne de ce nouveau squelette n’était, suivant M. Kneeland,
que de vingt-sept pouces cubes; tandis que celle de la tête décrite par
M. Wyman était de trente-cinq pouces cubes.
Parmi les particularités fournies par le système dentaire, j'ai remarqué
l'indication importante d’une rainure à la face postérieure des canines.
Bien avant ce dernier travail d’un savant américain, M. R. Owen commu-
niquait à la Société zoologique de Londres un Mémoire d’ostéologie com-
parée, qui renferme la description d’une grande espèce de Troglodyte décou-
verte dans la contrée du Gabon, par le docteur Thomas Savage 1.
Consulté par lettre, par M. Savage?, dès le 24 avril 1847, M. R. Owen lui
répond, d’après l'inspection des dessins seulement, que le Gorille diffère de
l’Orang par ses crêtes surcilières et se rapproche du Chimpanzé. Mais n'ayant
pas encore vu, à cette époque, de squelette de Chimpanzé adulte, il suspend
son jugement sur la distinction de ce grand Singe comme espèce particulière.
Plus tard, en décembre 1847, M. R. Owen eut l’occasion d'étudier lui-même
plusieurs crânes # de la grande espèce (du Gorille) et un cräne de la petite
espèce (du Chimpanzé); il eut ainsi les moyens de montrer, en détail, les diffé-
rences spécifiques dans le squelette de ces deux espèces, c’est-à-dire de l’an-
cien Chimpanzé (Troglodytes niger) et de l'espèce nouvelle sur laquelle
M. Savage a eu le mérite de fixer l’attention des naturalistes dès 1847.
Au reste, M. R. Owen était préparé à faire cette comparaison par ses études
antérieures, très-spéciales, sur l'ostéologie des grands Singes qui font le sujet
de ce Mémoire et des deux précédents.
Dans un premier Mémoire“ particulièrement ostéologique, le célebre
membre de la société royale de Londres avait établi qu’il y a à Sumatra
comme à Bornéo la même espèce d'Orang, le Singe de Wurmb ( Sëmia saty-
41. Ce mémoire a paru en 4849 dans le t. III des Trans. de la Société zoologique de Londres,
p. 384 et suiv.
2. M. Savage apprend, dans cette lettre, qu’il possède quatre cränes d'adultes de ce singe, deux de
mäles et deux de femelles.
3. C’est le capitaine George Wagstoff de Bristol qui les lui procura à la sollicitation de M. Samuel
Stuchbury, l'ami de M. R. Owen, et membre comme lui de la Société royale des sciences.
4. Trans. of the zoogical Society, vol. I, p. 343.
214 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
rus, L.), et de plus dans cette dernière île, une espèce plus petite, qu'il dé-
signe sous le nom spécifique de Horio.
Dans un second Mémoire!, M. R. Owen compare l’Orang et le Chimpanzé,
toujours sous le rapport ostéologique, et il en conclut que ce dernier se
rapproche davantage de l’homme.
En novembre 1851,M. R. Owen a ajouté à ses précédents travaux ostéolo-
giques et zoologiques que nous venons de citer sur les Orangs et le Chim-
panzé, une comparaison nouvelle d’un crâne de Gorille des bords de la rivière
Danger, avec un crâne d’Orang adulte, un d’Orang Jeune, et un de Nègre
d'Australie, ou de Papou. Les planches, tres-instructives de ce Mémoire,
représentent une coupe verticale de ces quatre crânes, faite longitudinale-
ment dans la partie moyenne ; celte coupe représente, entre autres, les pro-
portions de la cavité centrale et sa forme?.
Enfin, je trouve encore dans le catalogue des collections ostéologiques du
Collége des Chirurgiens de Londres, sous le n° 5170, une comparaison dé-
taillée de toutes les parties du squelette de Chimpanzé et de Gorille, à Vocca-
sion du squelette de cette dernière espece.
On voit que l’histoire anatomique du Gorille était limitée à son ostéologie,
avant le travail actuel.
Il n’en était pas de mème de celle du Chimpanzé dont Tyson, dès la fin du
xvn siècle, faisait connaître les principaux traits de son organisation.
Vers le milieu du siecle dernier, Daubenton eut l’occasion de décrire le
squelette de celui que Buffon avait observé vivant, qui mourut à Londres
l’année suivante, et dont la peau et les os furent rapportés à Paris ‘.
1. On the Osteology of Chimpanzee and Orang-Utan, by Richard Owen, esq.S. R. S. Communi-
cand, March., 10, 1835. Transactions of the zoological Society of London, 1835, p. 344.
2. Osteological contributions to the natural history of the Chimpanzees (Troglodytes) and Orangs
(Pithecus) n° IV. Description of the cranium of an adult male Gorilla from the River Danger, West
Coast of Africa, indicative of a variety of the Great Chimpanzee ( Troglodytes Gorilla), with Re-
marks on the capacity of the cranium and other caracters shown by sections of the Skull in the Orangs
(Pithecus ) Chimpanzee (Troglodytes) and in different varieties of the human Race, by prof. Owen,
T.R.S., T. Z.S. read, nov. 41, 4851. Trans. zool. soc., vol. XV, p. 75-88.
3. Descriptive Catalogue of the osteological series contained in the Museum of the royal college of
Surgeons of England, vol. I. Mammata placentalia. London, 1853.
4. Histoire générale et particulière des animaux, par M. de Buffon, t. XIV. Quadrupèdes.
Paris, 1766, Ce Jocko, y est-il dit, avait été pris dans le fond du Gabon, sur la côte d’Angole. Debout
…
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 215
Mais c’est surtout à M. le professeur W. Vrolick d'Amsterdam, que l’on doit
la connaissance anatomique la plus complète du Chimpanzé.
La monographie qu'il en a publiée en français, et dont nous avons pu
profiter dans tous ses détails, comprend dans un premier chapitre l’ostéolo-
gie comparée de cette espèce, d’après un exemplaire qui n’était pas adulte.
Cette comparaison s'étend non-seulement aux autres Singes supérieurs,
tels que les Orangs et les Gibbons , mais encore aux Semnopithèques ,
aux Macaques, etc.; elle montre à la fois que l’auteur a eu beaucoup de
sujets d'observations, et qu’il possède un grand savoir en anatomie com-
parée.
Cette érudition et sa science anatomique deviennent encore plus évidentes
dans le chapitre troisième, où M. Vrolick a entrepris de comparer la myologie
du Chimpanzé avec celle des autres Quadrumanes et même des autres Mam-
mifères en général.
La description comparative de l’encéphale du Chimpanzé, dans le qua-
trième chapitre de cette monographie, concernant la névrologie de cet ani-
mal, conduit l’auteur à regarder l’encéphale de l'Orang comme se rappro-
chant davantage de celui de l’homme. Il a été confirmé dans cette conclusion
par l'étude plus particulière qu'il a faite quelques années plus tard conjoin-
tement avec M. le professeur Schrœder-van-der-Kolk, du cerveau du Chim-
panzé 1.
J'aurai l’occasion de revenir sur cette appréciation dans mes dernières
conclusions.
Relativement à l’ostéologie des Singes supérieurs, nous avons trouvé dans
les Lecons d'anatomie comparée, et dans l'Ostéographie de M. de Blainville,
des descriptions qui ont servi à nos comparaisons; tout en nous attachant
plus particulièrement aux observations directes que la riche collection que
nous avons à notre disposition nous permettait de faire.
Nous en dirons autant pour la Myologie, sans avoir négligé pour cela
l’instruction que l’on peut puiser dans les Leçons d'anatomie comparée, dans
les belles planches de l’Anatomie comparée de G. Cuvier, ouvrage posthume
il avait deux pieds cinq pouces de hauteur. Il était plus grand que celui de Tyson qui avait deux
pieds. Daubenton rapporte, d’après Tyson, la description des viscères.
1. Outleekundige Nasporinzen over de Hersenen van der Chimpansé, duor J. L. Schræder van
der Kolk, en W. Vrolick. Amsterdam, 1849.
216 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
du grand anatomiste 1, destiné à montrer une fois de plus l'emploi utile pour
la science, qu'il a fait de son temps pendant sa trop courte vie, et à augmenter
de beaucoup les regrets de sa mort prématurée, qui l’a empêché de publier
lui-même et d'expliquer les nombreuses planches anatomiques qu'il a lais-
sées dans ses portefeuilles.
Ces publications auraient contribué singulièrement, sans aucun doute, à
faire valoir les titres que l'établissement du Muséum d'histoire naturelle et
la France peuvent revendiquer, pour la grande part qu'ils ont eue à la fon-
dation et aux progrès de l'anatomie comparée ?.
Nous avons déjà cité, au sujet des sacs laryngiens, le Mémoire sur l’Orang
de Bornéo de M. Sandifort, professeur d'anatomie et de physiologie à l'Uni-
versité de Leiden, compris dans l’histoire naturelle des possessions hollan-
daises dans les deux Indes que le gouvernement des Pays-Bas fait publier,
et que dirige M. Temminck, pour la partie zoologique.
Enfin, l'anatomie des Gibbons a été esquissée par Daubenton, relativement
aux viscères et à l’ostéologie, dans le volume de l'Histoire naturelle de
Buffon que nous avons cité, et qui comprend celle des Singes. C’est à l’oc-
casion de l'espèce que Buffon désignait sous le nom de grand Gibbon, Hylo-
bates Lar.
1. Anatomie comparée. Recueil de planches dessinées par Georges Cuvier ou exécutées sous ses
yeux par M. Laurillard.
2. Cette publication posthume a été décidée dès 4847, sous les auspices du ministère de l’instruc-
tion publique, qui était à cette époque, occupé par M. de Salvandy. Les circonstances politiques re-
tardèrent l'apparition de la première livraison jusqu’en 4849. Il en a paru dès lors, toujours sous les
auspices bienveillants du même ministère et par les soins de M. C. Laurillard, douze livraisons de
chacune quatorze planches lithographiées par M. Mercier.
Depuis la mort si regrettable de M. Laurillard, qui avait fait une partie de ces dessins sous les yeux
de M. Cuvier, cette publication est concinuée par M. Ad. Focillon, depuis dix ans préparateur du
cours d'histoire naturelle des corps organisés au Collége de France, dont est chargé depuis 1837
l’ancien collaborateur de Cuvier, l’auteur du mémoire actuel. M. Focillon a fait, de 1852 à 1853, avec
un succès marqué, le cours dont il est question. Il est professeur d'histoire naturelle au lycée impérial
de Louis le Grand. Ceux qui prendront connaissance de cette publication , trouveront j'espère qu'elle
justifie, par son importance, les regrets que nous venons d'exprimer, que l'œil du maître et sa haute
intelligence n'aient pu y présider et en étendre le texte. Ces regrets n’atténuent en rien sa grande
utilité pour la science et les soins éclairés qu'avait mis à remplir cette tâche l'excellent Laurillard, en
exécution des dernières volontés de son illustre maître; ou qu'y mettent en ce moment les éditeurs
actuels sous la direction de M. Frédéric Cuvier, conseiller d'État.
3. O. c., vol. XIV, p. 96 à 108, pl. 1v, pour les viscères.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 217
L’appendice cœcal qui distingue les Singes supérieurs, s’y trouve par-
faitement représenté (pl. 1v). Ce travail renferme la donnée bien intéressante
du poids total du corps (9 livres) relativement à celui du cerveau (2 onces,
2 gros), et du cervelet (4 gros, 12 grains).
Daubenton remarque encore que le cerveau était fort grand et s’étendait
aussi loin dans l’occiput que le cervelet.
La perspicacité et l'exactitude de Daubenton dans les détails anatomiques
dont il était chargé, brillent ici, par ce peu de mots, d’une manière incon-
testable.
CHAPITRE II.
QUELQUES OBSERVATIONS DES VOYAGEURS, QUI SE RAPPORTENT A L'INTELLIGENCE DU GORILLE,
DES TROGLODYTES CHIMPANZÉ ET TSCHÉGO, ET QUI PEUVENT SERVIR A LES DISTINGUER.
Je n'ai pas l’intention de rapporter dans ce chapitre toutes les observations
qui ont été faites sur les Singes dont ces Mémoires donnent une partie de
l'anatomie comparée.
Je voudrais seulement montrer, par les récits des voyagevrs, que le Gorille
et le Chimpanzé, et le Tschégo, qu'ils ont distingués par les dénominations
différentes que leur donnent les peuplades africaines, leur ont présenté aussi
quelques différences d’instinct ou d'intelligence caractéristiques.
Ainsi Battel, dans le récit de son séjour dans les colonies portugaises de la
côte occidentale d'Afrique, déjà à la fin du xvi° siècle, dit que l’on trouve dans
le royaume de Congo quantité de ces grands animaux qu’on nomme Orang-
Outang aux Indes-Orientales, qui tiennent le milieu entre l'espèce humaine
etles Babouins. Battel raconte que dans les forêts de Moyamba, au royaume de
Louango, on voit deux sortes de monstres, dont les plus grands se nomment
Pongo, et les autres Æryokos!. Les premiers ont une ressemblance exacte
1. Histoire générale des voyages, tome V, livre xur, p. 87, in-4°. Paris, Didot, 4748. Buffon, au
chapitre des Orangs-Outangs ou du Pongo et du Jocko, après avoir dit en commençant : « Je pré-
« sente ces deux animaux ensemble, parce qu’il se peut qu'ils ne fassent tous deux qu’une seule et
« même espèce »; conduit à conclure par les citations des récits des voyageurs, faites par lui, comme
toujours, avec une admirable critique, que ces deux dénominations désignent en effet deux espèces
distinctes. Le récit de Battel, entre autres, nous paraît le mettre déjà hors de doute, et montre Ce plis
ARCHIVES Du Muséum, T. VIII. 28
218 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
avec l’homme; mais ils sont beaucoup plus grands et de fort haute taille...
Leurs mains, leurs joues et leurs oreilles sont sans poils... On ne prend
jamais, raconte-t-il, de Pongo en vie, parce que dix hommes ne suffiraient
pas pour les arrêter.
Après Battel, ce simple sous-officier anglais, qui a longtemps séjourné
dans la colonie portugaise d’Angola, il faut se rapprocher de plusieurs siècles,
de l'époque actuelle, pour trouver une seconde indication du Gorille, cette
fois, comparé au Tschégo.
En effet, le capitaine Edward Bowdich a bien distingué du Gorille, qu'il
appelle Engéena, notre nouvelle espèce de Troglodyte qu’il nomme d’après
les naturels, à peu près comme le dit M. Franquet, /rchego; ce dernier écrit
N'Tschégo 1.
Voici ce qu'on lit (p. 44o et 441) de ce voyage, dans le chapitre xnr,
ayant pour titre : Esquisse sur le Gabon :
« L'Orang-Outang d'Afrique (Pithecus Troglodytes) se trouve ici. Celui
« que j'ai vu était haut de deux pieds et demi; mais on le disait en crois-
« sance. J'en ai offert un prix marchand, parce qu'ils ne sont pas rares là-
«1bas.... Le nom indigène est /rchego. Il avait le visage et l'allure d'un
« homme très-ägé. Il était obéissant à la voix de son maître. Son angoisse en
« apercevant une panthère sur notre pont était inconcevable..…. Le sujet
« favori et le plus extraordinaire de nos conversations sur l’histoire natu-
« relle.... était l’/rgena, comparable à un Orang-Outang, mais bien supérieur
«en taille; car il a généralement cinq pieds de haut etquatre de large aux
« épaules; sa main était, disait-on, encore plus disproportionnée que l'épais-
« seur de son corps, et un coup de cette main doit être fatal.
«Il est vu communément par les voyageurs qui vont à Kaylée, et qui se
« mettent à l’affüt dans les buissons, pour exterminer ceux qui passent. Ce
« grand Singe se nourrit principalement de miel sauvage, qui est tres-abon-
« dant. Leur mort est souvent accélérée par la sottise qui caractérise la plu-
« part de leurs actions. Voyant des hommes porter de lourds fardeaux à
« travers la forêt, ils arrachent les plus grosses branches des arbres et en
que ces deux espèces habitent la côte d’Afrique, plus au midi que le Gabon, au delà de l'équateur,
dans l’hémisphère sud.
1. Mission from cape Coast castle to Ashantee, etc. by I. Edward Bowdich, esq. conductor. Lon-
don, 4819, in-4°,
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 219
« accumulent un poids disproportionné avec leur force supérieure (et quel
« quefois des dents d’éléphant), ils sempressent à l'envi de les porter d’une
« partie de la forêt dans l’autre. . . . . jusqu’à ce que la fatigue, le besoin
« de nourriture, la nécessité de reprendre haleine et de manger, les épuisent.
« Parmi les autres habitudes rapportées invariablement par les hommes,
« les femmes et les enfants d'Empoongwa ! et de Sheekan?, est celle de con-
« struire une hutte, imitation grossière de celle des naturels, et de dormir
« dehors ou sur la voûte. Ils portent leur enfant mort étroitement serré
« contre eux, jusqu’à ce qu’il tombe en putréfaction. »
Ce récit est assez conforme aux témoignages récents que nous a donnés
M. Franquet, ce chirurgien de la marine impériale que nous avons eu plu-
sieurs fois l’occasion de citer dans notre travail, dont il nous a fourni une
bonne partie des matériaux; et aux renseignements écrits, du comptoir du
Gabon, par M. Aubry-Lecomte, auquel nous devons aussi les plus récents
des matériaux de ce Mémoire.
« Les Gorilles, écrit M. Aubry, se trouvent sur un mamelon qu'on aperçoit
« du village de Donix, sur la rive gauche du Gabon, à six à huit lieues dans
« un grand bois. Les habitants disent qu'il y en a au cap Lopez, à quinze ou
« vingt lieues plus au sud que le Gabon.
« Pas un seul Chimpanzé ne m'a été apporté de la rive gauche du Gabon,
« d’où j'ai recu, ajoute M. Franquet, les Gorilles et les Tschégos. »
Ce qu’écrit M. J. Aubry-Lecomte, du Gabon, le 18 janvier 1854, est, à la
vérité, contre l’assertion de M. Franquet, que ce sont les Tschégos et non les
Chimpanzés, quise rencontrent avec les Gorilles. Mais peut-être a-t-il con-
fondu les Fschégos avec les Chimpanzés, et, dans ce cas, l’individu adulte de
cette dernière espèce qu’il a envoyé au Muséum, et dont nous avons pu mon-
ter un trés-beau squelette, viendrait de la rive droite du Gabon, ce qu'il
faudra éclaircir.
« Les Chimpanzés, dit M. Aubry $, vivent généralement dans le voisinage
#. Nom que les naturels: donnent à la contrée du Gabon.
2. Nom d’un peuple de l'intérieur.
3. Rappelons que le dernier envoi de M. Aubry consistait en une tête de Gorille presque adulte
et en deux squelettes, l’un de Tschégo, l’autre de Chimpanzé femelle adulte avec sa peau. Il y avait
encore un très-jeune Chimpanzé dans sa peau, qui n'avait pas encore de dents. Reste à savoir si ces
trois espèces viennent des rivages du Gabon?
220 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
« des Gorilles, et probablement en assez bonne intelligence. Cependant, ils
« ne se mélent pas entre eux.
« Les premiers habitent les arbres, sur une plate-forme de branches entre-
« Jacées en manière de nid, recouverte d’un toit de feuilles impénétrable à
« l'eau.
« Les seconds n’ont pas d'habitation fixe, et en temps de pluie, ils se con-
« tentent de courber la tête et de rester immobiles.
« À l'approche du tigre, le Gorille commence par mettre sa progéniture en
« lieu de sûreté, et vient présenter le combat, dont il sort presque toujours
« vainqueur. 1] attaque également l’homme, et s’il n’est pas tué raide, il tord
« les canons de fusil comme des pailles.
« Le Tschégo ! fuit ordinairement devant l'homme, mais il devient vrrésis-
«tible, ajoute M. Aubry, lorsqu'il est forcé dans ses derniers retranche-
«ments.
_
« Le Gorille marche comme les animaux. Le Chimpanzé adulte marche
« droit?, et ce n’est qu'à la rencontre de l'homme, disent les nègres, qu'il se
« met à quatre pattes. »
CHAPITRE III ET DERNIER.
ESQUISSE DES PRINCIPAUX RÉSULTATS DES RECHERCHES ANATOMIQUES COMPRISES DANS CE TROISIÈME
MÉMOIRE ET DANS LES DEUX PRÉCÉDENTS, DONT LA RÉUNION POURRA SERVIR À COMPOSER UNE
MONOGRAPHIE ANATOMIQUE SUR LA FAMILLE DES SINGES SUPÉRIEURS QUE J APPELLE PSEUDO-ANTHRO-
POMORPHES.
Les matériaux nombreux dont j'ai eu le bonheur de pouvoir disposer, et
dont une partie sont arrivés du Gabon, il y a peu de mois, font peut-être le
principal mérite de ces recherches.
J'espère cependant qu’on me rendra cette justice de convenir que je me
suis efforcé d’en profiter immédiatement pour avancer à la fois la connais-
4. Ce mot est employé par M. Aubry avec celui de Chimpanzé.
2. C'est d'après les récits des nègres, plus ou moins incertains ou inexacts, que M. Aubry le rap-
porte.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTIHROPOMORPHES. 221
sance de l’organisation des Singes supérieurs, et pour appliquer cette connais-
sance à leurs facultés et à leurs fonctions.
J'en ai profité en dernier lieu dans le but de leur histoire naturelle systé-
matique, afin d'établir les principes qui peuvent servir à les distinguer comme
espèces et comme genres, et de montrer leurs rapports communs ou leurs
caractères de famille.
J'ai cherché enfin à établir d’une manière aussi précise que les données
des sciences naturelles et les nombreux matériaux que j'avais à ma disposi-
tion me le permettaient, les différences importantes d'organisation qui sépa-
rent ces Singes supérieurs de l'espèce humaine, et les ressemblances qui les
en rapprochent.
$ I. — Relativement aux faits anatomiques ou d'organisation, et aux consé-
quences physiologiques que l’on peut entirer, j'ai eu l'avantage, ainsi que je
l'ai exprimé plusieurs fois dans le cours de ce travail, de pouvoir, grâce à
M. Franquet, étudier un squelette de Gorille mâle adulte à l'état frais.
1. Cette circonstance m'a mis à même de démontrer que la colonne verté-
brale ne forme qu’un seul arc dans ses trois régions cervicale, dorsale et lom-
baire; et même que la concavité de cet arc se continue dans le bassin, et le
long du sacrum, sauf un angle très-peu marqué que font, en se joignant, la
dernière vertèbre lombaire et la première du sacrum.
Cette disposition de la colonne vertébrale est un caractère essentiel de la
marche quadrupède.
2. Ce squelette, à l’état frais, m'a encore donné l’occasion d'étudier pour la
première fois les ligaments articulaires du Gorille, et de découvrir le singulier
ligament clavio-coracoïdien qui remplace le muscle sous-clavien, et contribue
à donner une grande solidité à l'articulation de lépaule comme point d’ap-
pui des mouvements du bras.
3. Cette étude m'a donné la connaissance des ligaments qui unissent la
dernière côte à la crête des iléons, et qui distinguent si particuliérement cette
espèce.
4. J'ai pu aussi reconnaître l'ampleur des capsules articulaires des pha-
langes, entre elles et avec les os métacarpiens ou métatarsiens, en rapport
avec l'étendue des mouvements de flexion que ces parties des mains peuvent
exercer les unes sur les autres.
222 TROISIÈME MÉMOIRE, SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
5. De même que le relächement des articulations des os du carpe et du
tarse, qui donne à ces animaux plus de facilité pour empoigner les branches
d'arbres avec l’une ou l’autre de leurs quatre mains, en s’adaptant plus com-
plétement à leur forme arrondie ; mais qui ôte à ces parties la solidité néces-
saire pour une station sur le sol bien ferme et bien assurée.
$ IL. — Sept têtes de Gorille de divers âges et des deux sexes, qui appar-
tiennent à notre collection, et deux autres têtes qui n’en font pas partie, m'ont
fourni des données précieuses sur les changements qu'éprouve la capacité
du crâne aux principales époques de la vie, et suivant les sexes.
J'ai étudié comparativement cette capacité dans les quatre genres de cette
famille 1.
Un des résultats importants de cette étude est que la capacité cranienne,
et conséquemment le volume de l’encéphale, que renferme cette capacité,
croit très-peu depuis l’âge de la première dentition jusqu'à l'âge adulte, et
aussi à dater de l'époque où l'animal a ses premières arrière-molaires, qui
est l’âge de cinq à six ans pour l’homme, jusqu’à l'âge adulte.
Dans le premier cas, nous avons trouvé que le cräne du Gorille à
4o centilitres de capacité; 41 dans le second cas chez une femelle ; 37, 49
dans nos crânes de femelles brachycéphale ou dolichocéphale, et 5o dans le
crâne de mâle sans squelette, et même 52 dans celui presque adulte qui a
encore ses canines de lait.
Le crâne d’un de nos Orangs jeunes, qui a ses premières arriere-molaires,
a 47 centilitres de capacité, tandis que notre Orang de Bornéo adulte n’en à
que 46, et celui de Sumatra, que 47 +.
1. M. R. Owen, dans son troisième mémoire sur les: Oranss, le Chimpanzé et le Gorille, donne
(p. 85 et 86) les mesures de la capacité du crâne de ces animaux, comparée à celle des races humaines
qu'il divise en caucasienne, malaise, américaine et éthiopienne. Mais il n’a eu que des crànes
adultes de Gorille, ainsi que les docteurs Perkins et Savage; en tout quatre mâles et une femelle.
La femelle est remarquable par la moindre capacité de son: crâne, 25 pouces cubes sur 28,3 au moins
et 34,5 au plus pour les mâles. M. R. Owen a mesuré aussi comparativement un crâne de Troglo-
dyte jeune ayant sa première dentition complète, avec ceux de trois femelles et un mâle adultes; il
n'y a de différence que de 20 p. cubes à 22, 24, 26 pour les femelles, et 27,6 pour les mâles.
Enfin un jeune Orang ayant aussi ses dents de lait, a donné pour capacité de son crâne 49,6 p. c.,
une femelle adulte du Simia satyrus 24 p. e., etun mûle 26. La race humaine dite caucasique a de
90 à 96 de cette mesure; la malaise de 83 à 86; l'américaine de 75 à 84; l’éthiopienne de 75 à 83.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPITES. 223
Le Tschégo mâle adulte, n° 4, a 41 centilitres, et le n° 2, 47. Le jeune ayant
ses dents de lait, 32 c. Le Chimpanzé mäle adulte, 37 c., et la femelle 39 c.
Deux jeunes ayant leurs dents de lait, nous en avons trouvé 33 et 30.
Nous reviendrons sur ces caractères importants d'organisation en parlant
des différences considérables qui distinguent l'espèce humaine, de ces Singes
supérieurs.
$ TL. — J'ai employé une nouvelle méthode pour comparer la saillie du
museau dans ces Singes selon les espèces et les genres, et encore selon les
âges et les sexes.
Elle consiste à prendre :
1° La distance du bord antérieur du conduit auditif externe, au bord
alvéolaire de l'incisive moyenne du même côté.
2° Je compare ensuite la moitié de cette mesure avec celle prise du même
bord antérieur du canal auditif externe, au bord orbitaire correspondant.
Ces données montrent que la face et le museau excèdent la moitié de la
première mesure : de o"oo7 dans l’Orang de Sumatra, de 0"o105 dans
l’Orang de Bornéo.
Il ya, au contraire, une différence en moins dans le Tschégo, de 0" 008,
et dans le Chimpanzé, de 0"0065, et dans le Gorille mâle vieux, seulement
0002 de moins.
Enfin, dans la femelle, de o" 003 en moins.
Le museau se raccourcit beaucoup dans les jeunes, et ma méthode de
mesure donne très-bien ces différences.
$ IV. — Le système dentaire n'avait pas encore été décrit comparative-
ment avec autant de détails; malgré l'attention qu'y ont mise les auteurs
célèbres qui nous ont précédé dans cette histoire anatomique, si utile à la
science, comme caractère indicateur du régime ; comme fournissant des carac-
tères propres à distinguer facilement les divers groupes de mammifères, dans
l'emploi de la méthode naturelle, et à déterminer les genres et même les
espèces fossiles.
1. L’usure des molaires, et on ne l’avait pas remarqué avant moi, que je
sache, est toujours plus grande sur leur côté interne à la mâchoire supérieure
et sur leur côté externe à l’inférieure, comme chez les ruminants. J'en ai
224 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
conclu à une mastication latérale, analogue à celle de ces derniers, quoique
moins étendue ou plus limitée.
2. J'ai profité de ces données pour revoir le système dentaire de tous les
genres de Singes, ce qui m'a conduit à faire quelques observations nouvelles
de détails qui pourront servir, au besoin, à caractériser certains genres et des
petits groupes de ces genres.
3. Il est remarquable que la molaire de plus qu'on observe chez les Singes
du nouveau continent, est une troisième avant-molaire ou une molaire simple,
et que leur dentition de lait se compose aussi d’une dent molaire de plus,
c’est-à-dire de deux simples et d’une molaire compliquée.
4. Il est encore bien remarquable que la sixième dent qui manque à la
famille des Æapales, soit une arrière-molaire. C’est une preuve que ces petits
Singes commencent à devenir un peu insectivores et qu'ils sont encore dans
le plan des Singes du nouveau continent, malgré le moindre nombre de leurs
dents?
$ V. — J'ai trouvé dans la forme de la facette articulaire du temporal
pour recevoir le condyle de la mâchoire inférieure, dans la forme de ce con-
dyle et dans la disposition des muscles de la mastication, surtout des ptéry-
goïdiens, des arrangements parfaitement en harmonie avec cette mastication
latérale qu'indique l'usure des dents.
$ VI. — J'ai insisté sur la forme du bassin dans ces Singes supérieurs, sur
l'extrême développement des iléons dans le Gorille ; sur leur jonction avec
les dernières côtes, pour montrer que cette forme et ces rapports étaient des-
tinés à protéger la grande capacité abdominale, et les viscères qu’elle ren-
ferme, comme chez les herbivores.
Et cette circonstance organique nva paru confirmer, ainsi que le grand
développement du ventre chez ces Singes, la démonstration de leur régime
phytophage ou frugivore.
$ VIL. — Les données que j'ai eues pour la comparaison particulière des
A. Entre autres de petites colonnettes situées entre les deux demi-cylindres des arrière-molaires.
2. Ces observations se trouvent déjà dans l'Ostéographie de M. de Blainville et dans l'Odontogra-
plie de M. R. Owen.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 225
extrémités, de leurs proportions relatives et absolues, ainsi que pour celles
des autres parties du squelette, surpassent celles qui existent dans les autres
collections.
Tous les détails de proportions des os des extrémités montrent que ces
Singes sont organisés pour le grimper, et pour vivre sur les arbres. Cela est
surtout évident par la comparaison des extrémités antérieures, dont les pro-
portions dépassent de beaucoup celles des extrémités postérieures.
$ VIT. — La myologie du Gorille adulte, et subsidiairement du Gorille
Jeune, est entièrement nouvelle pour la science.
Elle est représentée, pour la première fois, dans notre travail, par de beaux
dessins exécutés par M. Werner, et que M. Lackerbauer, autre dessinateur
distingué, surtout pour les travaux anatomiques, a bien voulu lithogra-
phier.
J'ai eu soin d'en comparer les détails avec les muscles du 7roglodyte
Chimpanzé, et des Orangs, et même avec ceux du Magot, et enfin avec ceux
de l’espèce humaine.
Les résultats de ces comparaisons sont importants. Ils montrent :
1° Que les doigts des Singes ont moins d'indépendance dans leurs mouve-
ments que ceux de l’homme.
2° Ils font voir encore que malgré quelques différences dans les propor-
tions ou dans les divisions de certains muscles, comparés d’un genre à l’au-
tre , leur ensemble présente un même plan, et que les principales modifica-
tions du plan général des organes du mouvement sont plus dans la forme et
la longueur des leviers , dans la forme et l'étendue de leurs surfaces articu-
laires, dans les parties de ces leviers où se fixent les organes actifs du mou-
vement, et qui sont plus ou moins rapprochées ou éloignées de la résistance
ou du point d'appui, dans les proportions et le degré de force de ces muscles,
plutôt que dans leur nombre, qui est généralement le même dans un plan
commun, lorsque le nombre des leviers ne varie pas.
Je n’ai eu à ma disposition des viscères du Grille que la langue avec
l’hyoïde, le larynx et les sacs aériens qui lui sont annexés, et incomplétement
des organes mâles de la génération.
$ VIT. — Au sujet du larynx et de l’hyoïde de ce grand Singe, j'ai fait
ARCHIVES DU MuséuM. T. VIII. 29
226 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
de nouvelles études comparées sur la composition de ces organes dans les
trois autres genres de la même famille qui m'ont donné l'occasion de trouver
des différences organiques très-sensibles d’un genre à l’autre, non-seulement
dans l’ensemble de ces organes, mais encore dans leurs différentes parties.
1. Ainsi le corps de l’hyoïde du Gortlle a, sinonle volume, du moins la
forme creuse en tambour de celui de l’alouate.
Dans le jeune, qui est à l’âge de la premiere dentition, il est loin de cette
forme ; tandis que dans le jeune Chimpanzé du même àge, il s’en rapproche
par le cul-de-sac qu’il forme en avant ; mais il s’en éloigne par le prolonge-
ment de sa paroi antérieure, qui tend à former le bouclier, comme dans la
plupart des Singes inférieurs.
2. Parmi ces quatre genres, je ne trouve de cornes styloïdes que dans les
Orangs où elles sont d’ailleurs très-courtes, comme chez l'homme.
Le corps de l’hyoïde dans ce genre de Singes, est celui qui se rapproche
davantage, pour la forme, de celui de l'homme.
3. Toutes les parties du larynx, la glotte, lépiglotte, les cartilages cricoide,
thyroïde, les aryténoides, les cunéiformes, ont une forme et des proportions
très-différentes dans ces quatre genres.
On en jugera d’un coup d’œil dans la pl. xrv, qui en présente les figures.
$ IX. — Deux poches aériennes, pouvant prendre un énorme développe-
ment, sont annexées au larynx du Gorille, et recoivent l'air par les ventri-
cules de cet organe, dans lesquels ces poches ont leur embouchure. C’est
du moins ce qui a lieu dans le Chimpanzé, le Gorille, les Orangs et le Gibbon
Siamang. Ces poches se développent avec l'âge, y restent plus petites chez
les femelles ; elles caractérisent essentiellement cette famille des Singes supé-
rieurs par leur nombre double et par leurs rapports avec les ventricules du
larynx.
Tous les autres Singes de l’ancien continent qui en sont pourvus, n'en
ont qu’une qui s'ouvre constamment à la base de l’épiglotte.
Parmi les Singes du nouveau continent, j'ai retrouvé les préparations bien
conservées de celle du Couïta (Ateles paniscus) d’après laquelle M. Cuvier
avait annoncé que, chez ce Singe, la poche unique s’ouvrait dans le larynx,
entre le cricoïde et le premier anneau de la trachée.
Cette circonstance organique exceptionnelle et toute particulière à ce Singe,
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 227
avait été le sujet de doutes, de discussions, ou d’une fausse interprétation par
plusieurs anatomistes, entre autres de la part de M. C. Mayer, dans son ou-
vrage sur le larynx, couronné par l’Académie des sciences. J'ai été heureux,
dans cette occasion, de montrer surabondamment l’extrème exactitude de
M. Cuvier.
$ X. — La verge du Gorille est petite relativement à son corps. Le gland
est noir, en forme de champignon ; le fourreau, qui a dü être très-court sans
aucun frein, a été malheureusement très-mutilé.
Cette verge a un très-petit diamètre près du gland et augmente sensible-
ment de volume, de manière à prendre une forme conique.
La verge du Chimpanzé que l’on peut observer en érection à la Ménagerie,
chaque fois que cet animal boit, ou qu'il éprouve la plus légère sensation de
plaisir ; cette verge diffère totalement de celle du Gorille, par sa forme extré-
mement gréle, par sa couleur rouge vif de sang; par la forme du gland, qui
est également petit, par son fourreau court, peu détaché du ventre, se
retirant comme la verge et se couchant au milieu des poils du bas-ventre dans
l’état de repos 1.
Une des glandes spermogènes du Gorille, représentée fig. vrrr, pl. xvr, ne
nous a rien offert de particulier dans sa forme. Sa tunique vaginale était
un peu malade ; l’autre testicule était un peu athrophié par suite de cette
même inflammation de la tunique vaginale.
$ XI. — Ces études détaillées des formes organiques m'ont donné les
moyens d'avancer l'histoire naturelle systématique de cette famille, en dis-
tinguant deux espèces dans le genre Zroglodyte, le Chimpanzé et le
Tschégo. J'étais déjà parvenu à signaler ces deux espèces à la suite des
études du squelette comprises dans mon premier Mémoire, et des rensei-
gnements obtenus de M. le docteur Franquet sur leur pelage, la couleur de
leur visage et les proportions de leurs oreilles.
Les deux squelettes de Chimpanzé mäle et femelle qui sont arrivées
depuis, le premier de Zschégo et un second de cette dernière espèce, nous
ont mis à même de confirmer notre première conclusion.
4. Voir la pl. xvi, fig. V, VI et VII, pour la verge du Gorille; et fig. IX et X pour celle du Chim-
pauzé. Celle-ci a été dessinée sur le vivant.
228 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
Cette circonstance nous donne l’occasion de dire quelques mots sur la
question de l’origine et de la permanence des espèces.
Pour moi, cette origine premiere telle que nous l'observons , et consé-
quemment leur permanence, sont deux principes de mes doctrines et de mes
convictions scientifiques, que je demande la permission d'exposer ici. Mais
on peut errer dans leur application ou dans la pratique; on peut distinguer
quelquefois mal à propos, comme espèces différentes, de simples variétés,
ou confondre comme variétés des espèces distinctes.
Ces erreurs de jugement ou ces lacunes de la science ne peuvent détruire
le principe basé sur les lois fondamentales de l’économie animale. Elles
proviennent de ce qu’on ne peut pas suivre toutes les espèces dans les
diverses époques de leur vie et reconnaitre celles qui ne se mélent pas et
ne peuvent pas propager ensemble. Les instincts, les époques du rut, les
moyens de fécondation des germes y mettent un obstacle invincible dans
l'état de nature pour les espèces dissemblables ; et les hybrides ne se pro-
duisent que par un artifice dü à la puissance de l’homme, et pour une durée
très- bornée.
M. le docteur Franquet a cru pouvoir avancer que le 7schego diffère
spécifiquement du Chimpanzé : 1° par la face noire ; 2° par la petitesse de sa
conque auditive ; 3° par son pelage brun foncé ; 4° par la plus grande taille.
Si tous ces caractères ont été bien observés , il serait inutile d’en chercher
d’autres.
Cependant nous pouvons affirmer, d'après nos deux squelettes d'adultes
de Tschégo, comparés aux deux squelettes d'adultes de Chimpanzé , que la
plus grande taille caractérisait le premier, et surtout que la plus grande
force dans toutes les parties du squelette est incontestable.
Parmi quelques légères différences dans le système de dentition, je citerai
la plus frappante, qui est un caractère spécifique très-prononcé. La canine
supérieure a dans le Tschégo une rainure étroite en avant et une plus large
dépression en arrière, qui n’existe pas dans le Chimpanzé, dont la même
dent est plus arrondie et plus régulièrement conique.
Je donne dans mon premier Mémoire beaucoup d’autres détails différen-
tiels qui ne peuvent pas entrer dans ce résumé.
$ XII. — La seconde question d'histoire naturelle systématique ou de
nn
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 229
classification dont je traite dans ces Mémoires est celle des différences de
forme, de taille ou de circonstances organiques qui distinguent le Gorille
et les Zroglodytes.
Ces différences sont-elles simplement spécifiques, comme l'ont pensé
les savants américains MM. Wyman et Savage et Kneeland , ainsi que
M. R. Owen? Ou bien sont-elles génériques comme l'a professé le premier,
mais seulement d’après les caractères intérieurs, mon honorable confrère
et collègue M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que j'ai eu soin de
l'énoncer dans ma première lecture à l’Académie.
On trouvera p. 58, $ XXVI de mon premier Mémoire dénoncé, les neuf
caractères importants tirés du squelette , sur lesquels je crois devoir faire la
distinction générique du Gorille.
$ XIII. — Au sujet du système de dentition, dont les plus simples diffé-
rences , dans les détails, servent à présent de caractère distinctif des genres,
d’après les principes adoptés généralement, j'ai été plus à même qu'à
l’époque de ma première lecture, de montrer dans ce troisième Mémoire les
caractères différentiels du Gorille et des Troglodytes relativement à leur
première dentition. On les trouvera exposés longuement dans le chap. I de
la première partie de ce Mémoire.
En voici quelques traits suffisants pour caractériser les genres.
Troglodyte. — La dernière molaire supérieure est la plus petite des trois
arrière- molaires. Elle n’a que deux pointes externes et une interne plus
large, avec un talon en arrière dans le Chéimpanzé, qui s'élève en pointe
dans le Zschégo , et tient lieu de quatrième pointe.
La dernière arrière-molaire inférieure n’a que quatre pointes, avec un
talon en arrière.
Elle est plus petite que les deux autres.
Gorille. — La dernière arrière-molatre supérieure a quatre pointes, deux
externes et deux internes, avec un talon en arrière.
La paire de dentelures antérieure est liée en avant par un rebord sail-
lant.
Cette dernière molaire ressemble à la précédente pour le volume et pour
la forme.
La dernière arrière-molaire inférieure a trois dentelures externes, dont les
230 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
deux dernières rapprochées, sont graduellement plus petites que la pre-
mire. Elle a deux pointes internes écartées et une sixième dentelure en
arrière, formée d'un simple tubercule. Il y a de plus un bourrelet en
avant.
Cette molaire a le volume de la pénultième, qui est sensiblement plus
forte que celui de la premiere arrière-molaire.
On trouve des différences correspondantes dans la dentition de lait de ces
deux genres.
Les unes et les autres montrent que les molaires du genre Troglodyte sont
moins compliquées que celles du genre Gorille.
$ XIV. Si l’on ajoute à ces différences dans le système de dentition et
à celles que j'ai énoncées p. 58 de ces Mémoires, les différences que jai
trouvées dans l'hyoïde, dans les différentes parties du larynx et dans la forme
de la verge, différences extrèmement sensibles que j'ai décrites dans la troi-
sième partie de ce Mémoire et qu'il serait superflu de reproduire ici, on
trouvera qu’elles doivent être considérées comme ayant la valeur de carac-
tères génériques, et qu’elles confirment mes premières conclusions sur la
nécessité de distinguer le Gorille comme faisant partie d’un nouveau genre
de singe supérieur, à placer à côté du genre Zroglodyte. Je veux exprimer
par cette dernière proposition que les Troglodytes et le Gorille ont plus
d'affinités entre eux qu'avec les Orangs ou les Gibbons.
Ceci me conduit à dire quelque chose des rapports communs de ces quatre
genres de Singes ; rapports qui constituent leurs caractères de famille.
$ XV. — L'absence de queue, de callosités aux fesses et d’abat-joues,
sont les caractères dont la zoologie se servait pour la distinguer lorsqu'elle
ne se composait que des genres Troglodyte, Orang et Gibbon. Le Gorille,
qui a les mêmes caractères, s’y place naturellement, et il est bien probable
que, lorsqu'on connaitra ses viscères abdominaux, on trouvera que le foie,
comme dans ces trois genres, n'a que le lobe principal et un lobule, au
contraire de celui de tous les autres singes chez lesquels il est beaucoup
plus compliqué, les Sernopithèques excepiés.
Il est probable encore que le Gorille a au cœur un appendice vermiforme,
comme on l’a constaté dans les autres genres de ces mêmes familles.
RE onto Gé"
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES,. 231
Les dentelures ou les pointes des molaires ont aussi un caractère commun,
celui d'être disposées obliquement par paires et non sur une même ligne
transversale, ce qui a lieu pour les singes inférieurs; on dirait que cette
disposition est encore en harmonie avec leur mastication latérale.
$ XVI. — On trouvera dans ces Mémoires tous les détails des caractères
organiques qui séparent de l'espèce humaine les Singes supérieurs, malgré
quelques apparences qui les ont fait appeler Ænthropomorphes, et qu’à
cause de ces différences essentielles je crois devoir désigner par la dénomi-
nation significative et plus exacte de Pseudo-Anthropomorphes.
1. La première de ces différences que je mentionnerai est celle de la
courbure unique des trois principales régions de la colonne vertébrale, que
j'ai constatée dans le squelette frais du Gorille. Cette colonne y forme un
seul ressort en arc qui se tend ou se détend, s'ouvre ou se ferme, comme
chez tous les quadrupèdes, pour la station, la marche, la course ou le saut.
Aussi, malgré les histoires contraires des voyageurs, ces grands singes,
essentiellement arboricoles, marchent à quatre pattes sur le sol. Mais la
longueur de leurs extrémités antérieures fait que leur corps conserve une
position relevée en avant qui leur donne une grande facilité pour se placer
momentanément sur deux pieds 1,
2. Les quatre mains, fortement organisées pour saisir et empoigner avec
énergie les branches des arbres sur lesquels ces animaux passent la plus
grande partie de leur vie; ces quatre mains, dis-je, montrent dans tous les
détails des os ou des leviers qui entrent dans leur composition et des muscles
ou des puissances qui agissent sur ces leviers, qu’elles sont organisées dans ce
but principal; que tous ces leviers, que toutes ces puissances sont liées pour
cette action simultanée de flexions et d'extensions alternatives.
3. L'organe de l'intelligence et de l'instinct, chez ces singes supérieurs,
a très-peu de développement à l’âge adulte, comparé à celui de l’homme.
Que l’on jette un coup d'œil sur le tableau que nous avons publié de la
capacité cranienne chez les singes supérieurs, on y verra démontré que,
1. Je n'ai pas besoin de rappeler ici les trois courbures principales de la colonne vertébrale dans
notre espèce, en opposition à la courbure indiquée dans les quadrupèdes; ainsi que toutes les circon-
stances organiques des membres et de l’articulation de la tête, qui les forcent à se maintenir dans la
progression sur deux pieds la face en avant.
232 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES
relativement au reste du corps, cette capacité va en diminuant considéra-
blement!.
Qu'en conclure, sinon que ces différences sont en rapport évident avec
l'absence de vie intellectuelle chez ces animaux?
Nous avons vu dans ce même tableau que la capacité cranienne d'un
enfant de quatre ans, n'ayant encore que ses dents de lait, est de 115 centi-
lignes, tandis que cette capacité s'élève à 170 centilignes chez l’homme
adulte de race caucasique : preuve évidente de la vie intellectuelle de notre
espèce, qui entretient une activité permanente, à toutes les époques de
l'existence, dans l'organe de l'intelligence, y produit une activité de nutri-
tion qui tend à le développer aussi longtemps que le permettent lossifica-
tion et les sutures de la boîte cranienne, qui le protége.
$ XVII. — Après ces considérations d’une haute importance ; après celles
des caractères de famille communs avec quatre genres, qui ont fait le sujet
de ce fragment de monographie anatomique; on comprendra que la ques-
tion de savoir quel est celui de ces quatre genres qui se rapproche le plus
de l'homme par l’ensemble de son organisation est une question bien secon-
daire.
Elle est d’ailleurs difficile à résoudre, parce que tous les systèmes d’or-
ganes ne sont pas également modifiés dans le même sens chez la même
espèce ou le même genre.
Ainsi, nous avons vu que le crâne du Troglodyte Chimpanze, ou celui
du Troglodyte Tschégo, est plus arrondi et montre plus de capacité relative
que celui du Gorille, dont on ne connaît pas encore le cerveau. Ces diffé-
rences coïncident avec la brutalité du Gorille comparée à un certain degré
d'intelligence que montre le Chimpanzé, déjà à l'état sauvage.
Le reste du squelette des Troglodytes se rapproche encore bien davantage
de celui de l'homme que leur crâne. Il manque du neuvième os du carpe
qui existe dans les trois autres genres de singes supérieurs, d’après M. Cu-
1. M. Dumortier a publié dans les 4nnales des sciences naturelles de 1839, tome XI, p. 56, d’in-
téressantes Observations sur les changements de forme que subit la tête chez les Orang-Outangs
d’après seize crânes d'Orangs recueillis à Bornéo et quatre conservés dans l’esprit-de-vin avec les
parties molles. Son point de vue est de démontrer que toutes ces différences de forme appartiennent à
une seule espèce et tiennent à l’âge et au sexe.
DES GRANDS SINGES PSEUDO-ANTHROPOMORPHES. 233
vier, et que M. de Blainville a appelé os intermédiaire. M. W. Vrolik a signalé
le premier l’absence de cet os dans le Chimpanzé ; mais il est cependant bien
remarquable que le Gorille en est aussi privé 1.
Par son système dentaire, le Chimpanzé est aussi bien plus rapproché de
l’homme que les autres singes supérieurs.
Je ne sache pas que la main du Gorille puisse le rapprocher davantage
de l’homme, par un toucher plus parfait ; quant au mécanisme des mouve-
ments des doigts, pour lesquels cet instrument a été particulièrement orga-
nisé, ils sont tout aussi dépendants dans le Gorille que dans les autres singes
supérieurs.
Je ne puis m'empêcher, à ce sujet, de citer en note? une lettre intéres-
sante de M. W. Vrolik, qu'il avait bien voulu m'adresser en 1850, et qui a
été imprimée par extrait dans le compte-rendu des séances de l’Académie
des sciences tome XXX, pages 83 et 84.
Le reste du squelette des Troglodytes a plus de rapports avec celui de
l'espèce humaine, dans la forme des vertèbres cervicales, dans la longueur
4. Voir notre planche rr.
Fbhéccone « Je viens de terminer des recherches, conjointement avec M. Schræder-van-der-Kok,
«sur l'anatomie du cerveau du Chimpanzé.
«Nous avons suivi la belle méthode de votre compatriote M. Foville, qui, d’après moi, a fait un tra-
« vail fort remarquable sur le cerveau.
« Les résultats que nous avons obtenus sont assez importants; ils apprennent que pour l’encéphale,
« l’Orang-Outang est supérieur au Chimpanzé, tandis que, pour le squelette et même par rapport à
« l'os intermédiaire du carpe, comme j'ai été le premier à le montrer dans mon Mémoire sur le Chim-
« panzé, il lui est inférieur. Je vous avoue que je ne m'attendais pas, à priori, à voir que le cerveau
« du Chimpanzé est moins parfait que celui de l'Orang-Outang. Mais il suffit de comparer les
« figures, pour s'assurer que cela n’est pas moins vrai? Aussi m'a-t-il paru que l'intelligence du
« Chimpanzé qui a vécu quelques mois ici, était moindre que celle des Orang-Outangs que nous avons
«eus quelques mois auparavant.
« Tout cela me paraît d'autant plus intéressant, que pour le système osseux aussi, il n’y a pas
« l'ombre d'un doute que le Siamang (Hylobates syndactylus) ne soit plus parfait que l’Orang, et
« même que le Chimpanzé, ainsi que je l’ai fait voir dans mon article Quadrumanes de l’Encyclo-
« pédie de Fodd.
« Par conséquent, il me parait que ces trois singes, l’Orang, le Chimpanzé, les Gibbons, et, parmi
« ceux-ci, surtout le Siamang, forment un groupe séparé, dans lequel l’un d'eux peut être supérieur
« à l’homme dans une certaine partie de l’organisation, et inférieur dans une autre; tandis que, dans
« l'ensemble de l’organisation du groupe entier, ils se rapprochent de lui.
« Je ne sais pas si je m’exprime bien, mais c’est l’effet que ces anthropomorphes ont fait sur moi.
« Je crois que cela se rapproche assez de vos vues, et que vous aussi, vous n’admettez pas d'échelle,
« mais plutôt un réseau. »
Ancuives pu Muséum. T. VIIL. 30
234 TROISIÈME MÉMOIRE. SUR LANATOMIE COMPARÉE, ETC.
un peu moindre des extrémités antérieures et surtout dans le système
dentaire.
D'un autre côté l’'Orang, malgré le peu de capacité de son crane brachy-
céphale, renfermerait un cerveau dont les lobes moyens et postérieurs sont
plus développés, et dont le type se rapproche davantage de celui de
l'homme que le cerveau du Chimpanzé.
Chez celui-ci, il montre dans les plis cérébraux le plan de celui des
Macaques, d’après les études qu’en a faites M. Gratiolet, et qui ont été
publiées dans une importante monographie, depuis la communication de
leurs principaux résultats à l’Académie des sciences.
Mais la famille des Macaques, dont le Magot fait partie, est susceptible
d'une étonnante éducation, et montre que l’organe de l'intelligence chez
ces singes renferme, à un degré remarquable, les facultés que cette édu-
cation développe.
J'observe d’ailleurs que ce caractère des plis du cerveau ne domine pas
ceux que e peut tirer des dents et des autres parties de l'appareil d’ali-
mentation, du squelette et particulièrement des organes du mouvement, etc.,
qui font du Chimpanzé un singe supérieur.
EXPLICATION DES PLANCHES
Prancnes I, I, IP et IV.
Ces planches portent leur explication, sauf les observations suivantes, essentielles, au sujet des
deux premières.
On verra dans celle qui représente le squelette du Gorille, que l’avant-bras droit est beaucoup
plus court que le gauche. Cet avant-bras paraît avoir été brisé avec perte de substance; de là son
raccourcissement considérable et la soudure du cubitus et du radius. à leur extrémité carpienne. Au
reste, on pourra voir les détails les plus intéressants sur ce cas de pathologie dans la communication
qu’en a faite M. Ad. Focillon à la Société médicale du XI° arrondissement de Paris, après avoir étudié
ce genre de lésion, et cherché à comprendre sa guérison quia dû nécessairement être spontanée et
dénuée du secours de la science.
Le dessinateur, malgré ma recommandation, n’a pas posé verticalement la jambe gauche dans la
figure du Tr. Tschégo, comme cela a été fait dans le Gorille. Mais si l’on suppose cette jambe
redressée, on jugera que la main ne descend pas aussi bas que dans le Gorille.
Le pouce de la main postérieure gauche, dans le squelette du Gorille, est vu. en perspective, mais
avec une exagération dans sa réduction. Pour en juger, on devra s’en rapporter aux figures A et B do
la planche 1v.
Les omoplates (pl. r et nn, fig. 2) de ces deux genres, vues de face, montrent deux formes tellement
distinctes qu'on ne peut manquer d'y voir la confinmalion des caractères génériques que fournissent
les dents, etc., etc.
PLancHes V et Vf.
L'explication des figures qui se trouve au bas de ces planches en donne suffisamment l'intelligence.
Pranese VII
Figure A.
1. Muscle deltoïde,
1° et 41”. Faisceaux libres de ce muscle.
2. Entre-croisement de ce muscle avec le muscle brachial antérieur.
3. Portion externe du muscle triceps.
4. Division supérieure du muscle grand pectoral.
4". Division inférieure du muscle grand pectoral.
5. Portion coracoïdienne du muscle biceps.
5’. Portion glénoïdienne du muscle biceps.
6. Muscle brachial antérieur.
236 EXPLICATION DES PLANCHES.
7. Muscle long supinateur.
8. Muscle premier radial externe.
8’. Tendon du muscle précédent s'insérant au sommet du bord interne du 2° métacarpien.
9. Muscle deuxième radial externe.
9. Son tendon s’insérant au sommet du bord interne du 3e métacarpien.
10. Muscle extenseur commun des doigts.
11. Muscle long abducleur du pouce.
12. Muscle court extenseur du pouce (portion du muscle précédent).
13. Muscle long extenseur du pouce.
13’. Tendon de ce muscle.
44. Muscle premier inter-osseux dorsal.
15. Tendon du muscle précédent s’insérant à la face postérieure du trapèze.
16 et 16’. Muscle adducteur du pouce.
47. Muscle anconé.®
18 et 18’. Muscle cubital postérieur.
19 et 49’. Muscle extenseur propre du petit doigt.
20 et 20’. Muscle extenseur propre de l'index.
21. Muscle quatrième inter-osseux dorsal.
22, Un des muscles lombricaux.
23. Muscle abducteur du petit doigt.
PLANCHE VII.
Figure B.
4. Muscle long supinateur. |
2. Muscle long abducteur du pouce. 1
2', Tendon du faisceau radial de ce muscle. |
3. Muscle court extenseur du pouce; portion du muscle long abducteur. \
3’. Tendon grêle, seule trace du court extenseur de l’homme. |
3”, Tendon de l’abducteur qui se prolonge jusqu’au côté radial de Ja base de la première phalange i
du pouce.
4. Muscle court abducteur du pouce.
5 et 5. Muscle long extenseur du pouce.
6. Muscle adducteur du pouce.
7. Muscle extenseur commun des doigts.
8’. Tendon du muscle premier radial externe.
9’. Tendon du muscle deuxième radial externe.
40. Muscle premier inter-osseux dorsal.
11. Muscles lombricaux du deuxième doigt.
12. Muscles lombricaux des troisième et quatrième doigts.
PLANOnE VII.
Figure C.
A. Division supérieure du muscle grand pectoral.
1”. Division inférieure du même muscle.
9, Tendon du muscle grand dorsal.
EXPLICATION DES PLANCHES. 237
2. Muscle accessoire du grand dorsal.
2. Tendon de ce muscle accessoire allant s’insérer à l’épitrochlée.
3. Muscle vaste interne du triceps brachial.
4& et 4. Muscle grand palmaire (épitrochlo-métacarpien ou radial interne).
5. Muscle cubital antérieur ou interne.
5’. Tendon du palmaire gréle qui se détache du tendon du muscle précédent.
6. Muscle fléchisseur profond des doigts.
6”. Muscle fléchisseur superficiel des doigts.
6”. Les tendons allant se terminer à la base de la deuxième phalange de chacun des quatre
doigts qui suivent le pouce.
7. Muscle fléchisseur propre de l'index.
8. Muscle rond pronateur.
9. Muscle palnaire cutané.
10. Muscle abducteur du petit doigt.
11. Muscle court fléchisseur du petit doigt.
12. Aponévrose palmaire.
43. Tendon du muscle fléchisseur profond des doigts.
14. Muscle lombrical du doigt annulaire.
45. Muscle deltoïide.
16. Portion glénoïdienne du muscle biceps.
16’. Portion coracoïdienne du muscle biceps.
17. Muscle brachial antérieur.
18. Tendon du muscle biceps, s’insérant à la tubérosité bicipitale du radius.
19. Muscle long supinateur.
20. Muscle fléchisseur profond de l'index et du pouce.
21. Muscle carré pronateur.
22. Muscle opposant du pouce.
23. Muscle court abducteur du pouce.
24. Muscle court fléchisseur du pouce.
25. Corps du muscle fléchisseur de la dernière phalange du pouce.
25". Tendon du muscle précédent.
26. Tendon du muscle adducteur du pouce.
26’. Muscle adducteur du pouce.
27. Muscle inter-osseux dorsal de l'index.
28. Muscle lombrical de l'index.
PrancHe VIII.
Figure A.
1 et 2. Muscle grand fessier, portion supérieure.
3et 3’. Muscle grand fessier, portion inférieure se confondant avec celle du muscle vasteexterne.
&. Faisceau simulant la division ischiatique du muscle biceps fémoral, mais s'insérant en bas à la
tubérosité externe du tibia.
5. Muscle analogue de la courte portion du muscle biceps fémoral.
8’. Expansion du muscle précédent, allant à l’aponévrose de la jambe.
6. Muscle demi-tendineux.
238 EXPLICATION DES. PLANCHES.
7. Muscle jumeau externe.
8 et 8’. Portion externe du muscle soléaire.
9 et 9’. Muscle long péronier latéral.
10. Muscle fenseur de l’aponévrose fémorale.
A1 et 12. Muscle psoas iliaque.
13. Muscle pectiné.
14. Muscle couturier.
15. Muscle droit antérieur.
. 46. Muscle vaste interne.
417. Muscle jambier antérieur.
48. Muscle extenseur commun des orteils.
19. Muscle court péronier latéral.
20. Muscle pédieux, court extenseur des deuxième, troisième et quatrième doigts.
20°. Muscle court extenseur du gros orteil.
21 et 22. Muscle abducteur du petit orteil.
PLancue VII.
Figure B.
4. Muscle psoas iliaque.
2. Muscle pectiné.
3. Muscle accessoire du muscle moyen adducteur.
4. Muscle droit antérieur.
5. Muscle couturier.
6. Musc'es vasle interne et droit antérieur.
7et8. Muscles adducteurs.
9. Muscles demi-tendineux.
40. Muscle jumeau interne.
11. Muscle long fléchisseur des orteils.
12. Muscle jambier antérieur.
43. Faisceau de ce muscle allant au premier cunéiforme.
1%. Autre faisceau à trois chefs, du même muscle, s’insérant à l'extrémité postérieure du premier
métatarsien.
45. Tendons du muscle extenseur commun des orteils.
16. (Numéro non employé sur cette figure.)
17. Muscle extenseur propre du gros orteil.
18. Digitation du muscle pédieux allant au même orteil, ou muscle court extenseur propre du
gros orteil.
49. Muscle premier inter-osseux dorsal,
19’. Petite digitation du muscle précédent.
20. Muscle abducteur du gros orteil.
21. Muscle adducteur du gros orteil ou muscle premier inter-osseux plantaire.
22 et 23. Faisceaux accessoires du muscle précédent,
EXPLICATION DES PLANCHES. 239
PLanong VIN.
Figure C,
4. Portion principale du muscle grand adducteur Jémoral, s'insérant à l’ischion.
2. Muscle droit interne.
3. Muscle demi-tendineux.
3 (bis). Portion accessoire du muscle grand adducteur fémoral.
£a, 4b, £c. Muscle grand fessier et ses accessoires.
5. Muscle s’insérant à la tubérosité de l’ischion d’une part, et de l'autre à la tubérosité externe du
tibia ; il paraît remplacer la longue portion du muscle biceps fémoral.
6. Courte portion du muscle biceps fémoral.
6’. Expansion du biceps fémoral allant à l’aponévrose jambière.
TetT'. Muscles jumeaux ou gastro-cnémiens.
8. Muscle solaire.
9. Muscle long péronier latéral.
9’. Tendon du muscle précédent.
10. (Non employé dans cette figure.)
11. Muscle court péronier latéral.
12. Muscle jambier postérieur.
PLaxcne IX.
Figure A.
4. Muscle couturier.
. Muscle droit interne.
- Muscle long péronier latéral.
Muscle extenseur commun des orteils.
Muscle court péronier latéral.
. Tendon du muscle précédent,
Muscle jambier antérieur.
. Faisceau du muscle précédent allant au premier cunéiforme.
. Muscle qui tient lieu du muscle long abducteur du gros orteil.
. Muscle extenseur propre du gros orteil.
9". Tendon du muscle précédent.
410 et 11. Tendons du muscle long extenseur commun des orteils.
12, 13 et 44. Faisceaux du muscle adducteur du pouce.
45. Muscle abducteur du pelit orteil.
16. Muscle court extenseur du gros orteil (calcaneo-sus-phalanginien ).
A7. Muscle pédieux ou court extenseur commun des orteils.
17', 17! et 17". Digitations de ce muscle destinées au quatrième, au troisième et au deuxième
orteil. Les tendons de ces faisceaux musculaires s'unissent à celui du muscle long extenseur,
avant d’avoir atteint la première phalange.
Qt © ho
© œ@ NN œ
PLANCHE IX.
Figure B.
240 EXPLICATION DES PLANCHES.
ET PLANCHE X.
Figures 4 et 2.
A. Apophyse postérieure du calcanéum.
B. Premier ou gros orteil.
C. Second orteil.
D. Troisième orteil.
E. Quatrième orteil.
F. Cinquième orteil.
G. Portion de l’aponévrose plantaire.
H. Gaine ou poulie sous laquelle se réfléchit le muscle fféchisseur du gros orteil.
4. Muscle premier long fléchisseur perforant quis’attache au tibia (deux divisions).
fa et A a’. Sa première division destinée à la troisième phalange du cinquième orteil.
Aa! et Aa’”. Petits tendons accessoires de ce muscle qui paraissent remplacer le muscle fléchis-
seur perforé du cinquième orteil.
4b et 1b'. Sa seconde division destinée à la troisième phalange du deuxième orteil.
2. Muscle deuxième long fléchisseur perforant qui s'attache au péroné (trois divisions).
2a. Sa première division qui s'attache à la troisième phalange du quatrième orteil.
2b. Sa deuxième division qui s'attache à la troisième phalange du troisième orteil.
2c. Sa troisième division qui s'attache à la troisième phalange du gros orteil.
3. Corps du muscle fléchisseur perforé du deuxième et du troisième orteil. Ce fléchisseur
s'attache au calcanéum. S
3/ et 3//. Les deux divisions du muscle précédent.
4. Muscle fléchisseur perforé du quatrième orteil : il naît de la face inférieure du tendon
commun du muscle premier long fléchisseur perforant.
4'. Sa terminaison à la deuxième phalange du quatrième orteil.
5, 5’, 5" et 5, Muscles /ombricaux : ils naissent de la face inférieure du tendon commun du
muscle deuxième long fléchisseur perforant.
6. Muscle premier inter-osseux dorsal.
7.-Muscle abducteur du cinquième orteil.
8. Muscle abducteur du gros orteil.
9. Muscle court fléchisseur du gros orteil.
410. Muscle adducteur oblique du gros orteil.
11. Muscle adducteur transverse du gros orteil.
PLANCHE XI.
Figure 1.
4. Muscle masseter.
2. Muscle sferno-cléido-mastoïdien.
3. Muscle {rapèze.
&. Muscle particulier s'insérant à la face interne de l'extrémité acronienne de la clavicule, et
d'autre part au tubercule antérieur de l’apophyse transverse de l’atlas.
5et5'. Muscle deltoïde.
6. Portion coracoïdienne du muscle biceps brachial.
EXPLICATION DES PLANCHES. 241
7. Muscle brachial antérieur.
8. Muscle buccinateur.
9. Muscle carré du menton.
10. Muscle digastrique.
11. Muscle omoplat-hyoïdien. (Par une erreur de l'écrivain, ce numéro a été remplacé sur la
planche par la lettre w.)
42. Muscle sterno-hyoïdien.
a et a’. Portion moyenne du sac laryngien.
b. Sa division latérale supérieure.
c. Sa division latérale moyenne.
d'et d'. Sa division latérale inférieure.
45. Portion supérieure du muscle grand pectoral.
15" et 15/. Sa portion inférieure.
46. Digitations des muscles petits pectoraux.
47. Muscle grand dentelé.
18. Muscle grand dorsal.
B. Glande parotide.
PLANCHE XI.
Figure 2.
4et4’. Muscle splenius de la téte.
2. Muscle angulaire de l'omoplate.
3. Extrémité humérale de la division supérieure du muscle grand pectoral.
4. Insertion du tendon du muscle petit pectoral externe et du muscle biceps brachial à l'apo-
physe coracoïde.
5. Extrémité humérale de la division inférieure du muscle grand pectoral.
6. Faisceau coracoïdien du muscle biceps brachial.
7. Muscle mylo-hyoïidien.
8. (Numéro non employé.)
9. (Numéro non employé.)
10. (Numéro non employé.)
11. Muscle omoplat-hyoïdien. (Comme dans la figure 4, l'écrivain a par erreur substitué la
lettre # à ce chiffre.)
12. Muscle sterno-hyoïdien.
12. (Une autre erreur de l'écrivain lui a fait employer une seconde fois le chiffre 42 sur cette
figure, pour désigner le tendon du muscle petit pectoral externe.)
43 et 13. Digitations du muscle petit pectoral interne.
3" et 13/". Digitations du muscle petit pectoral externe.
14 et 15. Muscle grand droit abdominal.
16. Muscle grand oblique.
17. Muscle grand dentelé.
18. Muscle grand dorsal.
a. Partie moyenne supérieure du sac laryngien.
a et a”. Ses portions moyennes inférieures.
ARCHIVES pu Muséum. T. VIII. 31
242 EXPLICATION DES PLANCHES.
D. Sa partie latérale supérieure.
c. Sa portion latérale moyenne sus-axillaire.
d et d'', Sa portion latérale inférieure ou sous-axillaire,
B. Glande parotide.
PLancHE XII.
Figure A,
4. Muscle trapeze.
2. Muscle rhomboïde. :
3. Muscle sous-épineux.
4. Muscle grand rond.
5et 5’. Muscle grand dorsal,
6. Muscle #oyen fessier.
7 et 7!. Muscle grand fessier.
PLANCHEEXII.
Figure B.
4. Muscle splenius de la tête.
2. Muscle angulaire de l’omoplate.
3et 3. Muscle romboïde.
4. Muscle grand rond.
5. Muscle grand dentelé.
5!, Tendon très-fort qui s'attache à l'angle postérieur de l'omoplate et se porte directement en
arrière sur le muscle grand dentelé auquel il se fixe par des fibres aponévrotiques.
6. Aponévrose lombo-dorsale,
7. Muscle grand oblique.
8. Muscle moyen fessier.
9. Attache du muscle précédent au grand trochanter.
PLancne XII.
Figure C.
4. Portion périphérique du muscle orbiculaire palpébral. (Elle va sans doute à la peau.)
2. Portion palpébrale proprement dite.
3. Muscle pyramidal du nez.
4, Muscle zygomatique, unique.
5. Muscle élévateur commun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure, (L’extrémité inférieure
est coupée.)
6. Muscle élévateur propre de la lèvre supérieure.
7. Muscle canin.
8. Muscle orbiculaire labial.
9. Portion sous-orbiculaire ou malaire du muscle peaussier cervical.
10. Portion poste-cervicale du même muscle.
A1'. Sa portion acromienne.
42. Ce numéro a été omis, il devait désigner la partie ternale du muscle peaussier.
EXPLICATION DES PLANCHES. 243
PLANCHE XII.
Figure D.
mb. Màchoire inférieure.
H. Corps de l'os hyoïde.
a. Partie centrale de la poche qui touche, dans sa portion supérieure, à l’os hyoïde et au larynx,
sans s’y ouvrir directement,
bb. Poches latérales antérieures qui communiquent avec les ventricules du larynx et s'ouvrent
dans la partie centrale de la poche.
a’. Partie centrale principale se divisant en deux poches arrondies.
cc. Branches latérales moyennes s’avançant sur les parties latérales du cou en dedans du muscle
cléido-mastoïdien.
d d'd”'. Branches postérieures s’enchovêtrant avec les muscles pectoraux pour se porter sous
l’aisselle en dedans du petit pectoral.
PLANCHE XIII.
Figure A.
4 et 1". Muscle splenius.
2. Muscle petit dentelé supérieur.
3, 3"et 3”. Muscle long dorsal.
4. Muscle sacro-lombaire.
5. Muscle petit fessier.
6. Muscle pyramidal.
7. Muscle ob{urateur interne.
8 et 8". Muscles jumeaux.
9. Ligament sacro-ischiatique .
PLANCHE XIII.
Figure B.
1. Muscle oblique supérieur.
2 et 2. Muscle /ong dorsal.
3. Muscle grand complexus.
3. Muscle petit complexus.
4, # et 4”. Muscle costo-transversaire,
5, 5 et 5”. Muscle sacro-lombaire.
6. Muscle pyramidal.
7. Muscle obturateur interne.
8 et 8. Muscles jumeaux.
9. Ligament sacro-ischiatique.
10. Muscle pelit fessier.
244 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLancue XIII.
Figure C.
4. Muscle oblique supérieur.
2. Muscle petit droit.
3. Muscle grand droit.
4. Muscle oblique inférieur.
5, 5’ et 5”. Muscle transversaire épineux.
6,6,6"et 6”. Muscle inter-épineux du cou.
7, T et 7”. Muscle épineux du dos.
PLancue XIV
Figure A.
Larynx et os hyoïde du Gorille mâle vieux.
PLANCHE XIV.
Figures A’ et A”.
Larynx et os hyoïde du Gorille jeune. On voit en H' la paroi supérieure ou dorsale du corps
de los hyoïde dépasser de beaucoup la paroi antérieure; c’est le contraire dans le Chim-
pansé.
PLancHe XIV.
Figure A".
Os hyoïde du même Gorille jeune, vu par sa face dorsale.
PLANCHE XIV.
Figure A”.
Cartilage aryténoïde du Gorille adulte.
PLANCHE XIV.
Figures B et B.
Larynx et os hyoïde d’un Chimpanzé jeune.
PLANCHE XIV:
Figure B”.
Os hyoïde du même, vu par sa face dorsale. On voit en H' la paroi antérieure du tambour que
forme ce corps, dépasser la paroi opposée; c’est le contraire de ce que nous venons de décrire
chez le Gorille.
PLANCHE XIV.
Figure B.
Cartilage aryténoïde du Chimpanzé jeune.
EXPLICATION DES PLANCHES. 245
PLANCHE XIV.
Figures C et C’.
Larynx et os hyoïde d’un jeune Orang bicolore. On a laissé subsister PI la poche laryngienne
du côté gauche; cette poche très-simple a bien peu de capacité, comparée à celle qu’elle acquiert
à l’âge adulte.
.
PLANCHE XIV.
Figures D et D'.
Larynx et os hyoïde du Gibbon aux mains grises.
N.-B. Dans toutes ces figures, les mêmes lettres indiquent les mêmes organes.
H. Corps de l’os hyoïde.
Cst. Le ligament ou la corne styloïdienne.
Ct. La corne de l’hyoïde qui s’attache à la corne hyoïdienne du cartilage thyroïde.
Ch. La corne hyoïdienne du cartilage thyroïde.
Th. Le cartilage thyroïde.
Cr. Le cartilage cricoïde.
Ccr. La corne cricoïde du cartilage thiroïde.
Le. Un ligament qui appartient au cartilage cricoïde.
Ar. Les cartilages aryténoïdes.
mth. Membrane hyo-thyroïdienne.
Lht. Ligament hyo-thyroïdien.
Lct. Ligament crico-thyroïdien.
PI. Orifices des poches laryngiennes.
Opl. Orifice de la poche laryngienne droite.
PLANCHE XV.
Figure A.
Langue de Gorille vue par sa face supérieure. On voit à sa base quelques papilles calycinales
situées irrégulièrement et sans symétrie. En avant de ces papilles commencent les papilles
fongiformes, qui sont nombreuses.
Vp. Le voile du palais.
L. La luette ; elle est comme doublée d’une membrane mince qui la dépasse en arrière et dont
l'extrémité est bifide.
Ep. L’épiglotte, plus ligamenteuse que cartilagineuse, et très-peu mobile.
Og. Ouverture du ventricule gauche du larynx.
Plg, Pld. Les poches laryngiennes antérieures, gauche et droite; elles reçoivent l'air des ven-
tricules de la glotte, et le communiquent aux autres poches.
ar. Ouverture du conduit aérien.
Ch. Corne hyoïdienne du cartilage thyroïde.
C. Cartilage cunéiforme du côté droit.
Cr. Cartilage cricoïde.
Cth. Cartilage thyroïde.
246 EXPLICATION DES PLANCHES.
Oes. OEsophage.
Tart. Trachée-artère.
PLANCHE XV.
Figure A.
Langue, os hyoïde, larynx de Gorille disposés pour montrer les muscles de ces parties.
Gz. Muscle génio-glosse.
Hg. Muscle 2yo-glosse.
Gh. Muscle génio-hyoïidien.
Ts. Tendon qui s'attache à l’apophyse styloïde et qui est l’origine supérieure des quatres parties
suivantes.
Sg. Muscle stylo-glosse.
Lsh. Ligament stylo-hyoïdien.
Sp. Muscle séylo-pharyngien.
Sh. Muscle s{ylo-hyoidien.
D. Portion supérieure du muscle digastrique dont le tendon traverse les deux branches du
muscle précédent.
D’. Portion maxillaire du muscle digastrique, renversée en arrière.
m ou M. Muscle »ylo-hyoïidien.
Oh. Muscle omo-hyoïdien.
Sth. Muscle sterno-thyroïdien.
Sh. Muscle sterno-hyoidien.
Th. Cartilage thyroïde, face interne.
Plg. Poche laryngienne gauche.
Pid. Poche laryngienne droite. Les déchirures que montrent ces poches à leur base sont leurs
orifices de communication avec les poches suivantes qui ont été enlevées.
PLANCHE XV.
Figure B.
Cette figure est destinée à montrer comparativement à la figure précédente, les muscles de la
langue et de l'os hyoïde dans le Chimpanzé. Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties.
PLaAncue XVI.
Figures 1, 2, 3 et #4,
Nous aurons peu à ajouter à ce qui est dit au bas de la planche, pour en expliquer les figures; mais,
au sujet de celles qui représentent les dents du Gorille et du Chimpanzé, le texte qui comprend la
description de ces dents étant entaché de plusieurs fautes typographiques qui en changent le sens,
nous indiquerons ici les corrections à faire à ce texte en le rétablissant tel qu’il devrait être.
En restituant le texte, il faudra lire au $ IV, pages 145 et 146.
« La première des arrière-molaires inférieures, qui sort de bonne heure, déjà à l'époque où la
dentition de lait subsiste dans toute son intégrité, ainsi qu’on peut le voir dans la jeune tête n° 5 du
Gorille femelle, a ses trois pointes externes usées et remplacées par autant de fossettes rondes. Les
deux pointes internes sont intactes, ou à peu près, et très-saillantes.
E XPLICATION DES PLANCHES. 247
« Ce changement montre que la mastication latérale a lieu dès le jeune âge.
« Les quatre pointes de la seconde arrière-molaire supérieure sont entières et séparées en externes
et en internes par un profond vallon longitudinal. Les deux pointes internes sont beaucoup plus recu-
lées que leurs correspondantes, de manière que chaque paire est très-oblique au lieu d’être transver-
sale. Cette obliquité me paraît en rapport avec la mastication latérale. 11 y à un rebord en avant et
en arrière, qui est la continuation d’un bourrelet d’émail qui s'élève, à la face interne, au-dessus du
collet de la dent. Ce bourrelet d'émail existe aussi autour de la première arrière-molaire. On le voit à
la face opposée dans les dents correspondantes de la mâchoire inférieure.
« Les cinq pointes de la seconde arrière-molaire sont également intactes. Celles de la troisième,
commençant à sortir, se voient très-bien. Outre ces cinq pointes, il y a un petit talon à ces arrière-
molaires inférieures, qui ont un bourrelet d'émail à leur surface externe, s’élevant antérieurement vers
un rebord qui est comme un talon. Vue du côté externe, la seconde arrière-molaire inférieure, qui a
conservé sa troisième pointe intacte, semble composée de trois demi-cylindres.
« La dernière arrière-molaire inférieure ne diffère pas de la seconde.
« Cette dentition, sur laquelle nous ayons cru devoir insister, est instructive sur le double rapport de
la forme caractéristique des dents avant leur usure, et sous celui de leur succession.
« Les incisives ayant leur tranchant encore intact, j'ai pu faire connaître la forme pointue de l’incisive
latérale supérieure, si différente de la forme tranchante de l'incisive moyenne.
«Les deux avant-molaires et la seconde arrière-molaire venaient aussi de sortir, à en juger par
l'intégrité de leurs pointes comparées à celles de la première arrière-molaire, qui sont usées.
« Les troisièmes arrière-molaires, plus avancées à la mâchoire inférieure, commençaient à sortir,
tandis que les supérieures étaient encore enfermées dans leur alvéole. »
PLANCHE XVI.
Figures V, VI et VII.
Ces figures représentent la verge ou le gland du Gorille. La figure 5 montre la face supérieure ; la
figure 6 montre, de profil, le gland et la portion de la verge recouverte par un épiderme noir; la figure
7 montre le gland de face, avec les deux lobes qui bordent de chaque côté la fente urétrale.
g. Le gland.
a. Partie supérieure de la fente urétrale (le tiret de cette lettre a été oublié sur la planche).
fu. Fente urétrale.
PLANCHE XVI.
Figure VIII.
Le testicule et ses annexes de grandeur naturelle (la figure a été par erreur lithographiée à l'envers).
g. Le testicule.
e. L'épididyme.
cd. Canal déférent.
PLANCHE XVI.
Figures IX et X.
La verge du jeune Chimpanzé qui vit actuellement à la Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle
de Paris. La figure IX montre la verge en érection, de grandeur naturelle; dans Ja fgure X elle cesse
d’être en érection, et le fourreau la recouvre davantage.
248 EXPLICATION DES PLANCHES.
g. Le gland.
f. Le fourreau.
cc. Partie de la verge que le fourreau découvre lors de l'érection.
PLancHE XVI.
Figure XI.
Section faite suivant la ligne médiane, de la langue, de l'os hyoïde, de l’arrière-bouche, du
larynx, de la trachée-artère et du sac laryngien, dans un 4féle Coaïta.
1. La langue.
hy. L'os hyoïde.
ep. L'épiglotte.
th. Le cartilage thyroïde.
cr. Le cartilage cricoïde.
ar. Le cartilage aryténoïde.
S. Le sac laryngien, communiquant avec le canal aérien en eb, entre le cricoïde et le premier anneau
de la trachée-artère.
4 à 9. Les anneaux de la trachée-artère numérotés suivant leur ordre de disposition de haut en bas.
COURS
D'ANATOMIE COMPARÉE
COMMENCÉ
AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
LE MERCREDI 23 AVRIL 1851
PAR M. DUVERNOY
LECON D'INTRODUCTION,
Messieurs, je ne puis me défendre d’un sentiment triste et mélancolique
en paraissant pour la première fois dans cette chaire.
Vous me le pardonnerez, Messieurs, si je vous dis que j'y vois l'ombre de
Cuvier, d’un maître chéri qui était aussi pour moi l’ami et le parent le plus
bienveillant.
Si j'ajoute que je le regrette plus encore pour vous c’est que, dans cette
circonstance, je sens combien il me manque de cette élocution facile, lim-
pide, lucide, qui attirait constamment à ses Leçons un nombreux audi-
toire.
Vous me pardonnerez, si je vous rappelle , peut-être imprudemment,
toutes les illustrations qui se sont succédé dans cette même chaire d’ana-
tomie, depuis le célèbre Duverney qui l’a occupée le premier jusqu’à M. de
Blainville; si vous calculez le peu de temps qui doit me rester, à mon âge,
pour porter utilement cette haute charge de la science, et pour la trans-
Arcuives pu Muséum. T. VII. 32
250 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
mettre à un plus digne, avec les améliorations qu’amènent nécessairement
les années et les progrès incessants dans toutes les connaissances qui servent
à éclairer la marche de l'anatomie, laquelle est aussi une science de progrès,
destinée à voir étendre son horizon qui s'agrandit chaque jour.
Permettez-moi, à ce sujet, de commencer ce premier entretien par une
revue rétrospective de l’enseignement de cette science dans l'établisse-
ment du Jardin des plantes, ou plutôt de vous rappeler, en quelques
traits, les noms et le mérite des personnes qui en ont été chargées suc-
cessivement.
Nous arriverons ainsi tout naturellement à G. Cuvier, à ses Leçons,
à l'ouvrage publié sous ce titre; au plan de ce livre fondamental et à
l'appréciation des services que cette publication peut avoir rendus à la
science.
Ce premier entretien dans lequel vous trouverez peut-être, et je vous en
demande pardon d'avance, trop de détails sur la personne de celui qui a l’hon-
neur de porter la parole en ce moment solennel, aura du moins pour utilité
de vous faire pressentir la manière dont il envisage ses nouveaux devoirs ;
et la tâche difficile qu'il s'impose aujourd’hui, 11 développera ses doctrines
en invoquant le faible degré d’autorité que peuvent lui donner de longs
travaux dont les premiers remontent à près d’un demi-siècle; travaux qu'il
a le bonheur inappréciable de poursuivre encore à l'époque actuelle pour
profiter des recherches heureuses qui ont changé la face de la science dans
ce long espace de temps.
Ce n’est qu'en 1679, sous Louis XIV, que l'anatomie a fait partie, avec la
chimie pharmaceutique et la botanique médicale, de l’enseignement donné
dansle Jardin du Roi; quoique cet établissement soit dû à la munificence de
Louis XIIT; car son origine remonte à l'année 1635.
Mais ce n’était à cette première époque, sous la direction de Guy de La-
brosse, qu’un Jardin des plantes médicinales, avec une collection de dro-
gues pour les démonstrations.
Guichard Joseph Duverney, nommé professeur d'anatomie en 1679, fut le
premier chargé d'y enseigner cette science. Il avait trente et un ans; il était
membre de l'Académie des sciences depuis trois années, et jouissait comme
savant et comme professeur d’une réputation justement méritée, qu’il a sou-
tenue, du reste, plus d’un demi-siècle.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 251
Il était né pour comprendre les merveilles de l’organisation et pour les
faire admirer, en les exposant avec l’éloquence persuasive qu'inspire un
sentiment vif, une conviction profonde de la vérité. Dès que cette conviction
s'empare d’une haute intelligence, fortement impressionnée par la lumière
qu’elle reçoit de l'observation de la nature, elle la refl ète immédiatement dans
un langage chaleureux.
Il avait su par ce prestige de la parole, mettre à la mode dans la brillante
cour de Louis XIV, cette étude de l’organisation et des préparations propres à
la démontrer; à un tel point qu’il était reçu, au rapport de Fontenelle, de por-
ter sur soi des pièces sèches, pour les expliquer dans les sociétés, lorsque
ces préparations avaient rapport aux sujets les plus intéressants de l’orga-
nisation.
Il ne faudrait cependant pas oublier que l’illustre Claude Perrault, l’ainé
de Duverney de trente à quarante ans, lui avait donné l'exemple des recher-
ches sur la structure des animaux; qu'il avait pu lui en démontrer l'utilité,
et qu’il lui en inspira le goût, je devrais dire la passion, par les belles et
savantes publications sur l’anatomie des animaux rares !.
Ce fut en effet ce génie extraordinaire qui conçut le plan de la colonnade
du Louvre et de plusieurs autres monuments qui ont contribué à illustrer le
siècle de Louis XIV. Son talent naturel l'avait élevé au premier rang comme
architecte et dans les arts du dessin; il était à la fois savant et médecin, quoi
qu’en ait dit Boileau avec une inconcevable injustice ; habile mécanicien,
ingénieux physicien en général ?. Il ne dédaignait pas, même dans un âge
avancé (à soixante-quinze ans), de mettre la main à l'œuvre anatomique,
puisqu'il a péri martyr de cette science, victime de son zèle pour les dissec-
tions, après avoir contracté une maladie que la prése nce d’un insecte rend
contagieuse, en disséquant un chameau qui en était infecté à.
Guichard Joseph Duverney fut aidé pour les préparations et dans ses
démonstrations particulières, par son frère, Pierre Duverney, et par son
neveu, François Marie Duverney, pour lequel on créa la place de démon-
1. Anatomie des animaux, un vol. in-4°, 4660. Seconde édit. un vol. grand in-fol., 4674 et 1676.
Mémoires de l’Académie royale des sciences depuis 4666 à 4699, tome III, première, deuxième et
troisième parties.
2. Essais de physique, 2 vol. in-4e ou 4 vol. in-42.
3. En 1688. Ex incisione cameli scabiosi morbum funestum contraxit. Haller, Bibl. anat.
tome I, page 549.
252 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
strateur d'anatomie, et qui fut le maitre de Daubenton et des Mertrud, oncle
et neveu 1,
Le premier ne quitta la vie qu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans, après
cinquante et une années de travaux comme membre de l’Académie des
sciences.
Il fut remplacé au Jardin par Hunauld, son confrère à cette même Acadé-
mie, étant entré dans cette illustre compagnie en 1724, lorsqu'il n'avait
encore que vingt-trois ans; cependant il en avait vingt-neuf au moment où
il obtint la chaire qu'avait remplie son prédécesseur avec une si haute
renommée.
Hunauld ne se montra pas au-dessous des espérances qu’on avait conçues
de lui. Professeur brillant comme Duverney, s’énonçant avec une grande
facilité, il eut aussi l'avantage d’attirer un nombreux auditoire.
Jacob Winslow, qui prit les noms de Jacques Bénigne, après son entrée
dans l’église catholique romaine, sous l'influence de Bossuet, avait été le sup-
pléant de Duverney, lorsque celui-ci, parvenu à l’âge de quatre-vingts ans,
ne se sentit plus la force de remplir dignement sa tâche de professeur. Il
était d’ailleurs son collègue à l'Académie depuis 1711. Mais il avait pu,
malgré ces titres, le remplacer immédiatement au Jardin. Ce ne fut qu’à la
mort de Hunauld, arrivée en 1742, lorsque Winslow avait déjà atteint l’âge
de soixante-quatorze ans, qu'il parvint à occuper enfin cette chaire éminente,
dans laquelle il enseigna presque exclusivement l'anatomie de l’homme.
Son principal titre à cette si honorable récompense, fut sans doute son
Exposition anatomique du corps humain, ouvrage élémentaire qui eut un
long succès, puisqu'il était encore très-répandu parmi les étudiants en méde-
cine à la fin du siecle dernier et au commencement de celui-ci.
Les divers organes de l’homme y sont décrits pour la première fois avec
l'indication détaillée de leurs emplois. Cette heureuse innovation donna à
cet ouvrage une grande supériorité sur tous ceux qui avaient paru avant
lui.
Ajoutons qu'une bonne partie des descriptions particulières ont été prises
dans les ouvrages ou les mémoires de Duverney, ainsi que l’a reconnu
Haller ?.
A. Histoire du Muséum, par Deleuze, page 24.
2. Bibl. anat, tome II, page 77.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 253
Antoine Ferrein avait obtenu en 1751, à l’âge de cinquante-huit ans, et à
la demande de Winslow, la survivance de ce dernier, qui avait alors quatre-
vingt-trois ans. Ferrein était déjà membre de l'Académie des sciences et pro-
fesseur au collége de France.
I] devint titulaire de la chaire d'anatomie au Jardin du Roi, à la mort de
Winslow, en 1760, et il la remplit avec distinction, pendant neuf années seu
lement.
Il avait même été obligé de se faire suppléer pendant les dernières années
de sa vie, par Portal, qui était fort jeune alors. Mais à la mort de Ferrein
arrivée en 17691, ce fut Antoine Petit qui lui succéda. Son élocution facile
et brillante, lui avait acquis comme professeur une réputation fondée, qui
lui valut cette distinction.
Il ne tarda pas à justifier ce choix par le grand nombre de ses auditeurs,
parmi lesquels on distinguait non-seulement des étudiants, mais des gens du
monde, auxquels il avait l’art de faire comprendre et aimer la science de
l’organisation de l’homme.
Il ne paraît pas que, depuis Duverney et Hunauld, sous Winslow, Ferrein
et Antoine Petit, l'anatomie des animaux ait été enseignée dans cette chaire,
sinon d’une manière très-accessoire et seulement dans quelques points jugés
utiles pour éclairer l'anatomie de l’homme.
L’anatomie ainsi restreinte à celle de l’homme, fut, depuis Winslow, le
sujet principal et presque unique de l’enseignement dans cette partie des
cours au Jardin des plantes.
Ce ne fut qu’au moment où Vicq d’Azyr fut appelé par Antoine Petit pour
le suppléer, en 1776 et 1777, que l'anatomie des animaux devint de nouveau
le sujet principal de cet enseignement.
Les travaux particuliers de Vicq d’Azyr sur l’organisation des Poissons et
son Mémoire ingénieux sur le parallèle des extrémités supérieures et infé-
rieures de l’homme, dans lequel la comparaison n'est cependant pas toujours
exacte relativement à d'importants détails; ces publications avaient mis en
évidence son goût pour la science de l’organisation et ses excellentes dispo
sitions bien propres à contribuer à ses progrès. Un cours qu'il avait fait avec
un grand succès en 1773, dans l’amphithéâtre de la Faculté de médecine,
1. Année célèbre par la naissance de Cuvier et de plusieurs autres grandes illustrations, Bona-
parte, Wellington, Châteaubriand, Walter Scott.
254 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
contribua d’ailleurs à fonder sa réputation, comme possédant à un haut
degré pour cette époque, l'anatomie des animaux ou la connaissance de leur
organisation.
Cependant il ne fut pas nommé à la mort d'Antoine Petit, qui arriva en
1778, de même que Winslow ne l'avait pas été à la mort de Duverney ni
Portal à celle Ferrein. Ce fut le remplaçant temporaire de ce dernier qui
eut son tour.
On vit alors se restreindre l’enseignement de l'anatomie , et celle de
l'homme devint l’objet unique du cours. Et lorsqu’en 1793, le Jardin des
plantes, devenu Muséum d'histoire naturelle, reçut par le conseil de Dau-
benton, de Thouin l’ainé et de Desfontaines, et par l'organe de Lakanal, une
organisation toute nouvelle et un développement sensible dans son enseigne-
ment, la chaire de Portal fut exclusivementattribuée à l'anatomie de l'homme,
en même temps qu’on créa une chaire nouvelle pour l'anatomie des animaux.
Celle-ci fut confiée à Jean Claude Mertrud qui avait aidé utilement Dauben-
ton dans les dissections de mammiferes que le collaborateur de Buffon avait
dû faire pour remplir la tâche que lui avait confiée ce grand naturaliste.
Mertrud était âgé, au moment où G. Cuvier venait de se montrer avec
éclat, par ses savants Mémoires sur les animaux à sang blanc, comme z00-
logiste éminent et comme anatomiste profond; il lui fournit ainsi l’occasion
de commencer sa brillante carrière dans l’enseignement, en le chargeant
de son cours. G. Cuvier l’ouvrit en décembre 1795, comme professeur
adjoint.
Ce ne fut que sept années plus tard, en 1802, qu'il devint titulaire de cette
chaire, dans laquelle il a créé par le fait la science de l'anatomie comparée
proprement dite, ainsi que nous chercherons à le démontrer dans la seconde
partie de cette séance d'introduction.
Une mort prématurée, arrivée le 13 mai 1832, au moment où le fléau du
choléra diminuait ses ravages et lui avait permis de reprendre son cours au
collége de France, vint inopinément l'enlever aux sciences naturelles, à la
zoologie, à l'anatomie comparée, à la paléontologie, dont il était devenu le
législateur suprême.
Mais l'empire qu’il avait conquis encore fort jeune, comme un autre
Alexandre, fut de mème partagé, immédiatement après qu'il eut cessé de
vivre.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE, 255
La chaire d'anatomie comparée fut alors convoitée par deux de ses disci-
ples; celui qui était fidèlement attaché à ses doctrines, fut sur le point de
l'obtenir, malgré les désavantages de sa position loin de Paris. La chaire fut
donnée à celui qui s’était séparé, depuis plusieurs années, des opinions du
maitre et de sa doctrine, par une autre manière de voir, par un système
établi d’après l'échelle graduée ou la série ascendante des êtres créés, pensée
qui a dirigé sa carrière scientifique et qui est devenue l’âme de tous ses
ouvrages.
M. de Blainville occupait cette chaire depuis dix-huit ans, avec une juste
renommée, qu’il devait sans doute à l'originalité de ses vues, et à son élocu-
tion facile, abondante, chaleureuse, lorsque la faux de la mort est venue
inopinément trancher le fil d’une vie incessamment active.
Il se consacrait exclusivement dans ses dernières années à l’enseignement
de ses doctrines et à la publication de son Ostéographie, ouvrage d’ana-
tomie zoologique et paléontologique, conçu d’après un plan propre à son
auteur et à sa manière de voir particulière. Il restera malheureusement
inachevé et incomplet, parce que l'esprit qui caractérise spécialement
une grande œuvre ne se transmet pas comme la science pure et pour
ainsi dire élémentaire.
À la nouvelle de cette mort subite, inattendue, je le déclare dans toute la
sincérité de mon àme, j'ai éprouvé une tristesse profonde, une sorte d’an-
goisse, non-seulement par le sentiment de la perte que les sciences naturelles
venaient de faire, mais encore par le pressentiment du devoir que toute ma
carrière scientifique pourrait m'imposer et dont elle allait peut-être charger
ma vieillesse.
À présent que je vous ai pour ainsi dire initiés dans la connaissance des
patriarches de la science, permettez-moi cette expression, qui se sont succédé
dans cette chaire, je crois devoir revenir à G. Cuvier. Ce fut dans son pre-
mier cours qu'il posa les fondements de l'anatomie comparée proprement
dite, et sa publication devint le premier édifice de la science construit sur
sa véritable base, la physiologie dont cette science du moins avait pu seule
reconnaitre, distinguer les immenses matériaux, pour diriger et déterminer
leur arrangement.
Il me semble donc à propos, dans la partie principale de ce premier
entretien :
256 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
1° De ranimer, de rectifier peut-être le souvenir des circonstances dans
lesquelles la publication des Leçons a été entreprise, et d’insister sur le
caractère de cette œuvre, de son plan en particulier, comme ayant constilué
l'anatomie comparée.
2 Démontrer les rapports que présentent à cet égard les ouvrages géné-
raux qui ont été publiés depuis 1800 et 1805 jusqu à ce jour, sur le même
sujet.
3 D’exposer ensuite les divers points de vue sous lesquels l'anatomie des
animaux peut être envisagée; mais dont le tableau plus détaillé et plus com-
plet pourra faire le sujet de plusieurs des séances subséquentes.
De même que les préliminaires d'aujourd'hui deviennent un hommage
dû à Cuvier, à mon illustre maître, en montant pour la première fois dans la
chaire qu’il a si dignement occupée pendant près de quarante ans; ils seront,
je l'espère du moins, des prémices convenables et une instructive introduc-
tion à ce cours.
I.
Souvenir des circonstances dans lesquelles les Lecons ont été publiées. Le plan
adopté par Cuvier constitue l'anatomie comparée comme science.
Ce n’est pas seulement dans l'ouvrage des Leçons, ainsi que je l'ai déjà
exprimé, c’est dans le discours d'ouverture de son premier cours, prononcé
au Jardin des plantes le 15 frimaire an 1v (en décembre 1795), que le
jeune professeur fondait lanatomie comparée sur sa véritable base, la
physiologie 1:
Il exposera, dit-il, l'anatomie comparée dans l’ordre des organes, en faisant
connaître les modifications qu’ils peuvent éprouver dans la série des classes,
sans être altérés dans leur nature.
Pour justifier ce plan, il met immédiatement en regard les avantages de
cette méthode physiologique et les inconvénients de l’ordre zoologique dans
lesquels on traiterait de toute l'anatomie d’une classe, avant de passer à celle
4. Discours prononcé par le citoyen Cuvier, à l’ouverture du cours d’anatomie comparée qu’il fait
au Muséum national d'histoire naturelle pour le citoyen Mertrud. (Magasin encyclopédique par
Millin, Noël et Warens.) Paris, 1795, tome V, pages 145-159.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 257
d’une autre classe. 11 n’a pas de peine à faire comprendre que, dans cette
dernière méthode, la comparaison, limitée entre les animaux d’une même
classe, est trop restreinte pour l'appréciation et les déductions physio-
logiques que l’on peut tirer des formes et des structures variées que pré-
sentent les organes, et des différentes compositions et complications des
appareils.
Remarquons qu’au début de sa carrière, ce génie de vingt-six ans, qui
venait de renverser une partie des classifications de Linné, dans ses Hémotres
sur les animaux à sang blanc, continuait de montrer toute son indépendance
et toute sa puissance, en s’élevant contre une méthode que le célèbre Vicq
d’Azyr avait adoptée ; que sa haute renommée, accrue encore par les vifs et
trop justes regrets que laissait sa mort récente, devait faire considérer comme
un monument durable auquel du moins personne n’aurait de si tôt l’impru-
dence de toucher.
Le nouveau professeur n'hésite pas à poser de suite les fondements d’un
autre édifice de la science, et de le construire sur un plan différent, qui était
à la vérité très-ancien, puisque c’est au vaste génie d’Aristote qu’on en doit
le premier modèle 1.
Le principe général une fois admis, de comparer successivement dans
toutes les classes, les organes et les appareils chargés de remplir une même
fonction; l'anatomie des animaux pour laquelle tant de célébrités avaient
recueilli de nombreux matériaux, était constituée comme anatomie com-
parée; elle était devenue une véritable science, ayant pour but principal de
montrer tous les rapports saisissables de l’organisation animale et de ses
modifications si nombreuses dans les phénomènes variés et multipliés de la
vie chez les animaux.
La plupart des matériaux dont se composait l’anatomie des animaux,
concernant telle ou telle classe, telle ou telle famille, tel ou tel organe,
A. Les chapitres 11 et nr du livre 1 de l'Histoire des animaux, donnent une esquisse de l'anatomie
comparée des animaux. Les chapitres suivants comprennent les caractères organiques des classes ;
c’est de l'anatomie zoologique. Cependant il s'élève à de plus grandes généralités, puisqu'il com-
mence par les animaux qui ont du sang (rouge), qui ont été désignés dans ces derniers temps par les
dénominations d'animaux à sang rouge et d'animaux vertébrés. Il décrit successivement leurs par-
ties extérieures et leurs parties intérieures, et il classe ces parties d’après les fonctions qu'elles exer-
cent. Vient ensuite une physiologie comparée, ou un «exposé des différentes manières dont ces ani-
maux sentent, se meuvent, se nourrissent et se propagent.
Ancnaives pu Muséum. T. VII. 33
258 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
avaient été recueillis dans des vues très-différentes, qui ne répondaient pas
du tout à celles de ce plan nouveau, créateur de la seule anatomie comparée
proprement dite,
Pour en remplir convenablement les cadres, sans avoir recours à la
méthode de compilation qui aurait fait de son livre un ouvrage de marque-
terie, et l'aurait privé de son caractere d'unité, M. Cuvier sentit la nécessité
et l'avantage de nombreuses recherches, faites avec activité et persévérance;
en même temps que les circonstances favorables où il se trouvait, lui en
faisaient, pour ainsi dire, une obligation.
Combien de fois ne lui ai-je pas entendu dire, au milieu de nos travaux
communs ou séparés, avec cette modestie qui l’élevait encore aux yeux de
ceux qui, vivant familièremement avec lui, étaient plus à même d'apprécier
toute sa valeur : Beaucoup d'autres feraient aussi bien que nous; wuais per-
sonne ne possède les mémes facilités, ne jouit de notre heureuse position pour
les recherches et les observations.
Ces deux circonstances réunies, d’un côté le plan nouveau adopté par
M. Cuvier ; de l’autre l’occasion on ne peut plus favorable de suivre, d’après
ce plan, des recherches incessantes, multipliées, feront comprendre que
la publication des Leçons était un ouvrage à la fois neuf et original dans la
disposition des matériaux et dans les détails des descriptions.
Aussi n'y trouve-t-on presque aucune citation, mais ces descriptions origi-
nales exigeaient de nombreuses dissections, des recherches mualtipliées sur
la nature morte, auxquelles M Duméril, notre honorable collègue, a pris
une grande part, pour la rédaction des deux premiers volumes, qui parurent
en 1800 ; que j'eus enfin l'avantage de faire en grande partie, celles du moins
concernant les animaux vertébrés, pour la rédaction des trois derniers
volumes que nous mimes au jour en septembre 1806 1.
Cette simple esquisse, car ce n’était encore qu’une esquisse, restera tou-
jours comme la première qui ait été tracée sur l’organisation de tout le règne
animal.
Dans son Xapport historique sur les progrès des sciences naturelles ? depuis
3. M. Duméril a rempli de ses propres observations la partie de l'anatomie comparée dont il a été
le rédacteur. M. Duvernoy en a fait autant pour la sienne, dit le Rapport de M. Cuvier cité plus loin,
page 300.
2. Paris, 1828, pages 300 et 301.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 259
1789, présenté à l'empereur le 6 février 1808, M. Cuvier s'exprime ainsi au
sujet des Leçons :
«n'existait pas, avant la période actuelle, d'ouvrage général sur l'anatomie
« comparée. Tous les écrits qui portaient ce titre, comme ceux de Severinus,
«de Blasius, de Valentin, de Collins, de Monro, et celui que Vicq-d'Azyr
« avait commencé pour l'Encyclopédie méthodique, m’étaient que des recueils
« de descriptions particulières. Les Zecons de M. Cuvier, publiées par
C MAI. Duméril et Duvernoy, en font aujourd'hui un, où chaque organe est
« considéré successivement dans toute la série des animaux. Il a fallu pour .
« cela entreprendre un nombre considérable d'observations et dissections
«nouvelles; mais Ja richesse des résultats, soit pour la connaissance des
«animaux, soit pour la théorie générale de leurs fonctions, dédommage
« amplement du travail. »
Personne ne sait mieux que moi, n’est plus disposé à reconnaître, ce que
ce premier essai avait d'imparfait. Mais on ne pourra lui refuser ce mérite
d’avoir constitué l'anatomie comparée sur sa seule base scientifique, la
physiologie.
Toute anatomie proprement dite, doit avoir ce caractère, dans la liaison
des faits qui la composent ; comme toute physiologie doit être fondée, en
premier lieu, sur l'anatomie.
C'était au mois d'octobre 1803, que j'avais commencé la tâche que mon
illustre ami avait bien voulu m’abandonner dans cette œuvre commune, et
le 15 septembre 3805, mous allions ensemble offrir à M. de Lacépède le pre-
nier exemplaire des trois derniers volumes à la collaboration desquels j'avais
consacré deux années entières, dont l'impression venait d'être terminée .et
ui lui étaient dédiés.
Dorénavant, disais-je en chemin à M. Cuvier, il y aura peu à ajouter à
notre exposé des formes organiques et des structures les plus apparentes ;
mais il faudra nous occuper à présent, pour compléter cette première esquisse,
de la structure intime des organes.
Sans doute je.me faisais illusion sur la suffisance des détails principaux de
forme et de structure que renfermait cet ouvrage, parce qu'à cette époque,
‘on avait trop de foi aux ressemblances organiques des animaux d’une même
1. Paris, in-8°, 2 vol.; in-42, 3 vol.
260 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
classe et d’un même ordre, et qu’on n’avait qu’une idée incomplète des diffé-
rences qui peuvent exister suivant les fonctions, même en descendant
jusqu'aux groupes inférieurs de la méthode naturelle.
Mais j'avais pressenti, dès ce moment, les progrès que l'anatomie microsco-
pique, que les recherches sur la structure intime des organes où des sys-
tèmes d'organes, pouvait faire faire à la science dont la première esquisse
venait d’être tracée, je devrais dire ébauchée.
Ce livre est devenu du moins un point de départ, un terme de compa-
raison, pour juger des progrès dont l'anatomie comparée était susceptible
et du mérite de ceux qu’un grand nombre d’anatomistes lui ont fait faire
jusqu’à l'époque actuelle. Il est d’ailleurs peu de ces progrès, ainsi que j'en
ai cité des exemples frappants dans une autre occasion, dont on ne trouve
les germes plus ou moins développés dans notre première esquisse.
RTE
IS OT : 52 ; ; à
Ouvrages généraux d'anatomie comparée qui ont paru depuis 1805.
Les auteurs qui ont écrit, depuis M. Cuvier et ses deux collaborateurs, des
traités plus ou moins complets sur l'anatomie des animaux, peuvent se classer
en deux categories principales.
Les uns, à limitation de Vicq d’Azyr !, ont adopté la méthode zoologique,
en exposant successivement l'anatomie de chaque classe du Règne animal,
d’après les divers systèmes organiques qui font le sujet des divisions secon-
daires de cette méthode.
Dans ce plan, la comparaison est nécessairement bornée aux animaux d’une
même classe et aux modifications qu’un même système d'organes ou un même
organe subit.
J'aurai à m'expliquer plus tard sur ses inconvénients et sur ses avantages,
qui n'ont peut-être pas encore été justement appréciés.
Il a été suivi par des anatomistes d’un grand mérite, tels que MM. R. Owen?,
1. Système anatomique des quadrupèdes par Félix Vicq d'Azyr. (Encyclopédie méthodique.
Paris, 1792.)
2. Lectures of comparative anatomy of the invertebrate animal, By R. Owen. London, 1843.
Id. of the Fertebrate animals. Part J, Fishes. London, 1846.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 261
R. Wagner !, aidé de MM. Frey et Leuckart pour les classes des animaux
sans vertèbres; ce même plan a été adopté par MM. Stannius et de Sie-
bold ?.
Les auteurs qui ont préféré l’ordre physiologique, à limitation de Cuvier,
et sa méthode comparative des organes ou des appareils appartenant à une
même fonction, en les passant successivement en revue dans toutes les classes
du Règne animal, peuvent seuls être considérés comme ayant publié des
traités complets d'anatomie comparée, soit que dans cette revue générale des
instruments de l’une des grandes fonctions qui composent la vie des animaux,
ils aient adopté une marche ascendante de l'être le plus simple jusqu’à
l’homme, soit qu’à limitation d’Aristote et de Cuvier, ils aient pris l’homme
pour premier terme de cette comparaison générale, et qu'ils soient descendus
de classe en classe jusqu’à celle qui réunit les êtres dont l’organisation est la
moins compliquée.
Cette dernière méthode a sur l’autre l’avantage qu’Aristote avait déjà
reconnu et apprécié, celui de procéder de l’organisation la mieux connue à
celle qui ne l’est point encore 3.
Qui ne sait que les comparaisons deviennent de plus en plus difficiles,
lorsqu'on est descendu dans les classes inférieures, où les complications de
fonctions sont départies à un même organe; où l’état rudimentaire de cer-
tains d’entre eux; où les formes insolites, les changements de position et
de rapports, rendent les déterminations physiologiques beaucoup moins
certaines.
Commencer par ces classes l’histoire comparée de l’organisation, c’est
prendre un point de départ peu sûr, c'est commencer par la partie faible de
la science, par celle où elle a le moins de certitude.
Les Traités d'anatomie comparée offrent peu de différences, dans l'exposé
physiologique de l’organisation des animaux, pour la classification des fonc-
tions et les premières divisions qui s’y rapportent.
4. Lehbuch der Zootomie von R. Wacnen, Leipzig, 1845. 2° theit. Anatomie der Wirbellosen
Thieven. Von G. Frey und L. Leucxanr. Leipzig, 4847. C'est la deuxième édition de ses sciences
d’anatomie comparée,
2. Lehrbuch der vergleichenden anatomie. Von V. StEBorp und STANNIUS. Berlin, 4845.
3. « Nous décrirons d’abord les parties de l’homme, parce que de tous les animaux c’est nécessai-
« Sairement celui que nous connaissons le mieux » (Histoire des animaux d’Aristote avec la traduc-
tion française par M. Camus. Paris, 4783. Tome I, page 23, Liv. 1, vi, 8.)
262 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
On en trouve davantage dans les divisions secondaires, qui sont caracté-
risées par la méthode de classification adoptée par chaque auteur. Gelle du
Règne animal de G. Cuvier, avec quelques variantes dans les dénominations
des types et des classes, est cependant la plus généralement admise ; et cette
sorte de contre-épreuve a démontré, pour le dire en passant, qu’elle était
l'expression la plus juste de l’état de nos connaissances sur l’organisation
des animaux, au moment où elle a été introduite dans ces diverses publi-
cations.
Le célébre Blumenbach, dont le 4/anuel d'anatomie comparée parnt -en
1805, en un seul volume in-8°, et conséquemment dans la même année que
la seconde livraison, ou les trois derniers volumes des Leçons, avait adopté,
pour les divisions secondaires de son livre, la méthode descendante de
l'homme aux animaux inférieurs ; mais en indiquant seulement les traits qui
lui paraissaient les plus caractéristiques dans la série des classes 1.
Gelles des animaux sans vertébres ne s'y composent «encore que des
Insectes et des J’ers de Linné, et l'exposé delleur organisation ne comprenait
que quelques traits, dont la plupart sont pris dans Swammerdam.
Les Lecons d’'E. Home sont écrites d’après le même plan descendant, du
moins pour le caractère général des divisions primaires et secondaires 2.
ME Brave l'avait également adopté dans ses Principes d'anatomie
compurée, dont malheureusement pour la science, il n’a paru qu'un volume,
comprenant les généralités et les organes des sens ÿ.
Le Manuel d'anatomie comparée de M. WirerAND, appartient encore à cette
première catégorie 4.
Les autres traités d'anatomie comparée que nous ‘avons à citer, doivent
être classés dans la seconde.
Le premier, sinon par son ancienneté, du moins par son importance, rest
le Système d'anatomie comparée de mon ancien ami, lecélebreF. MrckeL.
La première partie de cet ouvrage a paru en 1821, et la-sixième et der-
nière en 1833.
1. Handbuch der Vergleichenden anatomie von J. F. BLumeNsaom.(Gættingen, 4805.
2. Lectures of comparative anatomy in tird volumes. London, 4844.
3. De l’organisation des animaux, ou principes d'anatomie comparée par M. A.M.Ducrotay de
BLraINviILze, D.'M. P., tome I, Paris, 1822.
4. Handbuch der Vergleichenden anatomie, in ihren næchsten Berichung aufdie Physiologie, etc .
Darmstadt, 1838, un vol, in-8o,
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 263
Ce système d'anatomie comprend la description des organes et des ap-
pareils dans l’ordre ascendant des classes inférieures aux classes supé-
rieures.
Le public savant a dù vivement regretter que cette importante publication
soit restée très-incomplete 1.
C’est aussi la méthode ascendante que M. Carus a adoptée dans ses É/é-
ments d'anatomie comparée ?; et M. DecLe CuraïE dans ses /nstitutions d’ana-
tomie comparée; ce dernier, em suivant exactement pour les divisions
secondaires la méthode de classification du Règne animal de G. Cuvier.
Enfin M. Horrarp, dans son Précis d'anatomie comparée #, et M. Granr,
dans ses Éléments d'anatomie comparée Ÿ ont suivi ce même plan ascendant.
III.
Des différents points de vue sous lesquels l'anatomie des animaux
£
peut étre envisagée.
Ces Traités d'anatomie comparée publiés à limitation des Leçons, dont je
crois n'avoir omis aucun des plus récents, ayant pour but unique ou prin-
cipal, de faire connaître l'anatomie des animaux, serviront à démontrer sura-
bondamment, qu’il n'y a pas, jusqu’à présent, d'autre anatomie comparée
que celle qui se compose des faits de l’organisation, classés dans l’ordre
des fonctions et comparés dans tous les groupes principaux de la méthode
naturelle.
4. System der Vergleichenden anatomie von J. F. Meckez, VI. Sheilen. Halle, 1821-1833.
Dans la préface de la sixième partie ou du sixième volume, qui traite des organes de la respiration
et. de la voix, l’auteur fait espérer que les parties suivantes, comprenant les organes des sécrétions
particulières, ceux de la génération, le système nerveux et les organes des sens, paraîtront sans
plus de retard, à de courts intervalles. Sa mort ne lui a malheureusement pas permis de remplir cette
promesse et d'accomplir conquemment la moitié de la tâche qu'il avait entreprise.
2. Lersbuch der Zootomie, (première édition, Dresde, 4818, 4 volume avec atlasin-8°, et deuxième
édition, Leipzig, 4834.) La traduction française qui a paru à Paris chez Baillière, en 1835, a 3 volumes
avec un atlas séparé.
3. Instituzioni di anatomia e fisiologia comparativa. Parte prima, animali invertebrati. Napoli, 1832.
k. Précis d'anatomie comparée. Paris, 1835.
5.. London, 1844.
264 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
On a dù choisir, en premier lieu, pour faire cette comparaison, l’âge
adulte, l’âge de propagation, l’époque de la vie où l’organisation est définie ;
expression dont je me suis peut-être servi le premier, dans ma classification
nouvelle des cinq époques de l'existence.
Mais la connaissance de l’organisation définie, doit servir de point de
départ, de terme de comparaison, soit pour remonter aux trois époques qui la
précèdent, et d’abord à la première, ou à celle du développement du germe
dans l'œuf, soit pour passer à la cinquième, à l’époque d'enveloppement.
Lorsque l'anatomie et la physiologie comparées pourront étendre leurs
comparaisons, avec ordre et sans trop de lacunes, à toutes les époques de la
vie, nul doute qu'elles ne s’élèvent, dans cette direction, à un degré de per-
fection qu’elles sont loin d’avoir atteint.
J'ai tenté un premier essai de ce vaste plan, je me suis efforcé d’en tracer
les premiers linéaments dans mes cours au collége de France, dans lesquels
j'ai traité des rnélamorphoses, ou des principaux changements qui ont lieu
dans la forme et la structure des corps vivants, depuis la première apparition
de leur germe, jusqu'au terme de leur existence, et des phénomènes de leur
vie correspondant à des changements.
N'oublions pas que l’importante considération des organes et des or2a-
nismes se développant, comparés aux organismes développés, n'avait pas
échappé aux vues ni au plan de M. Cuvier. Dès 1806, il avait eu le projet
de faire entrer dans le cadre de son ouvrage, les différences organiques qui
distinguent l'embryon, ou le fœtus, ou l’animal nouveau-né, de l'adulte.
En tête de la dernière Lecon, celle sur les sécrétions, dont il m'avait aban-
donné la complète rédaction, il avait écrit lui-même le paragraphe suivant,
pour se justifier de terminer avec le chapitre des sécrétions, le premier Essai
d'anatomie comparée.
« L'ordre naturel de notre ouvrage aurait dû amener à la suite des organes
« de la génération, ceux qui appartiennent à l'embryon, au fœtus et à l’ani-
« mal nouveau-né, et qui distinguent chacun de ces états de celui de l'adulte;
« mais diverses circonstances nous ayant déterminés à réserver ce travail
« pour un autre moment, nous terminerons nos recherches par la descrip-
« tion des organes qui servent à extraire de la substance du corps, quelque
« matière destinée à en sortir. »
En novembre 1827, au moment où je rentrai dans la carrière des sciences,
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 265
après de longues années d'interruption, M. Cuvier m’adressait à Strasbourg
une note où il partageait entre lui et moi le travail de la seconde édition de
cet ouvrage; il m'y recommandait entre autres, de composer une Lecon sur
le fœtus et ses enveloppes. faudra terminer, ajoutait-il, par une Leçon sur
les monstres 1.
On voit que le plan de l'auteur principal des Leçons s’étendait à mesure
des progrès de la science.
Mais l’Embryogénie et la Tératologie, qui devaient entrer dans notre cadre,
sont devenues si importantes, par les détails dont elles se composent en ce
momemt, un résumé en aurait donné une idée si incomplète, que j'ai dû
m'occuper d’une publication séparée sur ce premier sujet.
Quant au second, il a été traité avectout le développement, toutes les vues
scientifiques désirables pour l’état actuel de la science, par notre honorable
collègue M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, vues qui comprennent entre autres
celles de son illustre père, de F. Meckel, de S. Tiedemann, et de M. Serres.
Ce n’est pas qu’en renonçant à introduire immédiatement dans notre plan,
toute l’ovologie, l'embryogénie et l'organogénie, nous ayons toujours négligé
de comparer l’organisation du fœtus avec celle de l'adulte.
Qu'on nous permette d’en citer deux exemples :
Déjà, dans notre ancien texte, nous avons eu soin de signaler la division
des reins ou les reins multiples du fœtus humain, et de les comparer avec
ceux de plusieurs mammifères de l’âge adulte, en cherchant les rapports de
cette division permanente avec le régime et le milieu où vit l’animal ? et la
famille à laquelle il appartient.
Dans le nouveau texte, je m’exprime ainsi qu’il suit, au sujet de l'utérus :
« La seconde partie des oviductes, chez les mammifères, l'oviducte incuba-
« teur ou l'utérus, n’est pas toujours double, comme la première.
« Dans l'espèce humaine comme chez les Singes, ce n’est que dans le fœtus
« qu’on aperçoit des traces de cette duplicité par la bifurcation profonde que
« montre l'utérus à cette époque de la vie... C’est chez la femme, dans des
« cas extraordinaires de monstruosités qu’il faut aller chercher le plan normal
« généralement double de l’organisation des oviductes incubateurs, continua-
A. Voir le fac-simile de cette note, que j'ai fait annexer à la deuxième édition.
2. Voir notre tome VII, pages 563 et suiv., et le comparer au texte des Compies rendus de l’Aca-
démie des sciences, tome XXI, page 1319.
Arcuives pu Muséum, T. VIII. 34
266 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
« tion des oviductes propres; je veux parler des matrices doubles, dont les
« observateurs ont constaté, dans l'espèce humaine, plusieurs exemples très-
« remarquables L »
L'embryogénie, qui peut conduire à une connaissence plus précise de la
structure intime de l’organisation définie, est une sorte d'analyse naturelle
de celle-ci. M. J. Müller l’a bien senti, lorsqu'il a cherché à approfondir la
structure intime des organes sécréteurs ?.
F. Meckel doit être considéré comme le fondateur de cette partie de Z’ana-
tomie comparée, dans ses Fragments sur l’histoire du développement du fœtus
humain #, dont les observations ont été faites en 1804 et 1805, en ma pré-
sence, dans le laboratoire de Cuvier, sur des fœtus de la collection du Jardin
des plantes,
Meckel y compare entre autres les organes du fœtus humain de différents
âges avec celle des mammifères amphibies et des cétacésadultes. Il étend même
plus loin ses comparaisons, en exposant les différences qu’il a découvertes
dans les fœtus et les adultes de plusieurs autres mammifères (souris, cochon
d'Inde, etc.).
On lit, dans ces fragments, ce passage remarquable par lequel on pourra
juger de l'esprit scientifique qui dirigeait le jeune anatomiste, dans ses pre-
mières recherches. « Je suis loin de regarder comme une idée simplement
« ingénieuse, l'opinion de KreLmever, que le fœtus humain dans ses divers
« degrés de développement, montre successivement ceux où s’arrétent, pen-
« dant toute leur vie, les animaux inférieurs, cette opinion se trouvant fondée
« sur un grand nombre de faits #.
L'année suivante, en 1807, M. Étienne Geoffroy Saint-Hilaire montrait
dans ses Considérations sur les pièces de la téte osseuse des animaux verté-
brés, et particulièrement sur celle des oiseaux, qu’il était nécessaire de les
étudier dans le poulet récemment éclos pour connaitre leur analogie de nom-
bre et de connexion ÿ. |
A. Tome VIIT, page 30.
2. De Glandularum secernentium structura penitiori, in-fol. Berlini, 4832.
3. Abhandlungen aus der menschlichen und vergleichenden anatomie und Physiologie, von F. Mu-
kel. Halle, 4806.
&. Ibid., 494.
5. Annales du Muséum d'histoire naturelle, tome X, pages 342 et 365.
|
|
|
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 267
Remarquons que cette comparaison de la tête osseuse d’une classe (de
celle des oiseaux) au second äge de la vie, avec celle de l’âge adulte ou du
quatrième âge de la vie d’une autre classe ( de celle des mammifères) due à
M. E. Geoffroy Saint-Hilaire; jointe à celle qu'avait publiée l’année précédente
F. Meckel, sur les différences que présentent les organes intérieurs du fœtus
et de l’adulte chez l’homme et plusieurs mammifères, étaient de lumineuses
indications de l'utilité, de la nécessité même d’étendre les comparaisons
organiques, non-seulement aux animaux de toutes les classes, mais encore
à ceux de divers àges, afin d'apprécier avec justesse leurs véritables analo-
gies de composition.
Ces exemples créaient à la fois l'embryogénie et l'anatomie comparée phi-
losophique, dans laquelle on considère les analogies de composition des divers
organismes indépendamment des fonctions.
L’une et l’autre science sont des parties distinctes de l'anatomie comparée,
soit par les nombreux matériaux dont se compose la première, soit par la
direction plus spéculative que positive prise par la dernière, en se fondant
en partie sur des vues ingénieuses mais sujettes à discussion.
Nous avons vu que la première édition des Leçons ne comprenait que des
traces de l Embryogénie et le projet manifesté par M. Cuvier d'en traiter dans
un autre moment.
Blumenbach, à la vérité, avait terminé dès 1805 son Manuel d'anatomie
comparée, par un chapitre sur le développement du poulet dans l'œuf, pré-
cédé d’un autre sur les enveloppes du fœtus des mammifères et sur les rap-
ports différents selon les familles, avec les parois de l’utérus.
A cette exception près, aucun des auteurs que j'ai déjà cités et qui ont
publié des Leçons, des Traités, des Éléments ou des Manuels de Zootomie,
ou d'anatomie comparée, n’a cru devoir y comprendre l’Embryogénie tout
entière, et n’en a pris tout au plus que quelques traits d’organogénie, comme
Meckel dans les derniers volumes de son système d'anatomie comparée. On
l’a au contraire introduite dans les Traités de physiologie !, comme appar-
tenant plus intimement, ainsi que son nom l'indique, aux phénomènes de la
génération partielle ou générale des organismes.
Quant à l'anatomie philosophique, elle peut être à la fois considérée
4. Voir ceux de Burdach et de J. Müller.
2638 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
comme une science à part, comme une anatomie distincte si l’on veut, ou
collatérale de l'anatomie comparée proprement dite.
Nous appellerons encore celle-ci natomie comparée fondamentale, parce
qu’elle est la science des faits interprétés logiquement ou des notions détail-
lées de l'organisation, desquelles on part pour les diverses considérations
dont les organismes peuvent devenir les sujets.
Nous la désignons encore et plus généralement par l'épithète si juste de
physiologique, parce qu’elle a pour but principal de faire comprendre la vie,
par la connaissance indispensable de ses instruments.
Mais l'esprit philosophique, l'esprit généralisateur, l'esprit qui saisit les
rapports, et la lumière qui en jaillit, peuvent être plus ou moins répandus
dans cette étude des faits anatomiques dans leur liaison avec les phénomènes
de la vie.
Voici ce que je disais en 1804, dans un premier Mémotre d'anatomie com-
parée que j'ai eu l'honneur de lire devant la Société de l'École de Médecine,
à laquelle l’Académie royale de médecine, actuellement l’Académie nationale,
a succédé, Ce Mémoire avait pour titre :
De la langue considérée comme organe de préhension des aliments. Je
cherchais, entre autres, à y démontrer le mécanisme par lequel celle du
Fourmilier parmi les Mammifères, et celle du Caméléon parmi les Reptiles
s’allongent extraordinairement hors de la bouche.
« Ces grands mouvements, exprimai-je en commençant. ne sont-ils dus
simplement qu’à une extension des moyens ordinaires employés dans les
autres animaux de chaque classe?
« Ou la puissance créatrice a-t-elle été forcée d'en créer de nouveaux ? Je
« dis à dessein forcée, parce qu’elle ne semble presque jamais construire sur
« un nouveau plan, que lorsqu'il lui est impossible de suivre son premier
« modele.
« Ces questions, ajoutai-je, ne tiennent pas simplement à l'explication des
« phénomènes particuliers à certains animaux ; elles sont encore liées aux lois
« de l’organisation. »
Voici les conclusions d’un autre Mémoire intitulé Recherches anatomiques
sur les organes de mouvement du Phoque commun (recherches faites en 1809,
dans le laboratoire de cet établissement où je remplaçais momentanément
M. Cuvier, absent).
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 269
« Tels sont les moyens départis aux Phoques pour se mouvoir. Leurexamen
«anatomique fournit une nouvelle preuve que, depuis l'homme qui semble
« fuir le sol dans sa marche, jusqu'à ces animaux qui y sontcomme enchaînés
« par toute la longueur de leur corps, on trouve constamment un même
«plan d'organisation. Partout ce sont les mêmes leviers qui varient dans
« leur nombre et leurs rapports essentiels; mais qui présentent beaucoup de
« différences dans leur forme, leur longueur, dans la manière dont ils sont
« joints au point d'appui; dans le degré de force et dans la direction de la
« puissance qui les meut.
« Sous ces divers points de vue, les Phoques nous ont offert des modifica-
« tions importantes, qui expliquent, il me semble, d’une manière satisfai-
« sante, leurs mouvements singuliers 1, »
Celui qui a eu le premier l’idée, du moins dans nos temps modernes, de
considérer et de décrire la structure d’un même organe ou la composition
d'un même appareil, dans toute la série animale, et de ie montrer en pre-
mier lieu dans son plus haut degré de composition, puis là se décomposant
successivement, se simplifiant à mesure que l’on descend vers les animaux
les plus inférieurs;
Celui qui a montré constamment la perfection de la fonction en rapport
avec la complicatiou de l'instrument, ou la division du travail, pour me ser-
vir d’une expression récente, empruntée à l’industrie;
Celui qui a mis en tête de cet ouvrage qui a fondé l'anatomie comparée
comme science, cette admirable première Leçon comprenant des Const-
dérations preliminaires sur l’économie animale; Lecon dont je ne saurais
trop recommander la lecture : Vacturna versale manu, versate diurna,
Leçon dont le plan ingénieux et profondément iustructif résumait tous
les principes fondamentaux de la science de l’organisation animale, et les
résume encore aujourd’hui avec une grande vérité, nonobstant un demi-
siècle d'épreuves et de progrès dans les détails, qui n’ont fait que les con-
firmer.
Celui enfin qui a fondé la méthode naturelle de classification du Règne
animal sur l'aperçu aussi vrai qu’ingénieux des certains plans généraux d’or-
ganisation, caractérisant les premiers groupes de ce Règne ou ses embran-
1. Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, tome XIX.
270 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
chements; puis sur les principales modifications de chacun de ces plans,
distinguant les classes qu'ils comprennent, et sur l’ensemble des ressemblances
les plus essentielles qui caractérisent ces mêmes classes ; celui qui a su com-
parer etmesurer, avec la justesse et la précision de son génie pénétrant, les
degrés des ressemblances et des différences que lui ont présentés les êtres
animés, dans la revue qu'il en a faite pour son Tableau élémentaire, où par
son Aègne animal distribué d'après son organisation; celui qui s’est servi
avec bonheur, c'est-à-dire avec une grande justesse d’esprit, des données que
la science de l’organisation lui fournissait dans les détails, pour grouper ces
mêmes êtres, d’après l'ensemble de leurs rapports, dans les cadres de la mé-
thode naturelle , a été cependant taxé, par l’un, de n'avoir pas connu les
principes qui servent à reconnaître les animaux d’une même famille ; par tel
autre, d’avoir amassé simplement les faits anatomiques, sans avoir su les
généraliser.
Ce n’est pas à nous à dire jusqu’à quel point on a eu tort ou raison
de comprendre, dans cette dernière censure, les deux collaborateurs qui
ont secondé l'homme de génie dans l’œuvre importante des Leçons; ou
qui ont librement suivi sa méthode sévère et si logique, dans les efforts
qu'ils ont faits pour avancer, par leurs travaux indépendants, l'anatomie
comparée et la zoologie.
Le public instruit et impartial a du faire justice des préoccupations qui
ont pu déterminer à prononcer d’aussi étranges paradoxes 1.
On se serait moins écarté de la vérité, en montrant, comme on l’a fait
ailleurs, les deux écoles qu’on a désignées, l'une comme physiologique, l'autre
comme philosophique, s'éclairant mutuellement; et la science qui est une,
étudiée plus particulièrement sous tel ou tel point de vue, dans telle ou telle
direction, suivant la nature du génie ou de l'intelligence qui s’efforce de
l’interpréter, en cherchant consciencieusement la vérité.
Cette derniere phrase, la recherche consciencieuse de la vérité scientifique
définit et peint très-exactement le caractère qui distinguait éminemment le
maitre illustre auquel j'ai cru devoir consacrer une grande partie de ce pre-
mier entretien.
Dans le suivant, je compte revenir sur les différents points de vue sous
4. Dans une réunion solennelle de savants anatomistes.
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE. 271
lesquels on peut envisager l'anatomie des animaux et plus particulicre-
ment sur l'influence qu’elle a eue comme anatomie comparée où physio-
logique, sur ces derniers progrès de lanatomie et de la physiologie de
l'homme.
Je la montrerai ensuite servant de la manière la plus utile, la plus indis-
pensable, comme anatornie zoologique, aux diverses applications de la mé-
thode naturelle de classification du Règne animal. Et, à cette occasion, je
vous exposerai celle que j'ai adoptée, qui n’est au fond que la méthode du
Règne animal de G. Cuvier; toutefois avec un certain nombre de modifica-
tions importantes que nécessitent les progrès nombreux et journaliers que
la science de l’organisation ne cesse de faire dans la connaissance des
animaux.
Je chercherai enfin à la montrer dans ses applications lumineuses à la Pa-
léontologie zoologique, qui n’existe que par l'anatomie comparée, où par les
moyens qu’elle fournit pour reconnaître un animal d’après un ou plusieurs
fragments persistants de son organisme.
11 m'a semblé utile et convenable de vous donner ainsi une idée générale
« de cette science importante, de cette science immense, si on l’étend à tout
« ce qui a vie, de cette science infinie comme la nature organisée, sinon dans
« sa réalité actuelle, du moins dans son sujet et dans son but. Elle a pris place
« de nos jours parmi les sciences naturelles, comme une apparition gigan-
« tesque, comme un nouveau monde, offrant à l’investigateur de la nature
« un champ sans limites de découvertes incessantes 1. »
Ce n’est qu'après ces Lecons préliminaires que j’entrerai dans le sujet par-
ticulier de ce cours, l'exposé de l’organisation des animaux vertébrés, dans
l’ordre des fonctions, et comparée d’une manière générale à celle des autres
embranchements.
Je commencerai par le squelette et je chercherai dans son étude indispen-
sable au paléontologiste, tous les caractères zoologiques qui peuvent servir à
distinguer le groupe auquel ce squelette appartient ; aussi bien que tous les
caractères physiologiques indiquant la part que les parties du squelette ont
nécessairement dans le jeu des fonctions.
Si je parviens, dans l’accomplissement de cette tâche difficile, à vous faire
1. Voir au mot Anatomie du Dictonnaire universel d'histoire naturelle de Ch. d’Orbigny, la fin de
cet article,
272 COURS D'ANATOMIE COMPARÉE.
bien connaître cette organisation merveilleuse ; si, parmi les détails immenses
dont cette science se compose, j'ai le bonheur de choisir les plus propres à
vous en faire apprécier l’étude ; à vous y intéresser aussi vivement qu'elle
m'attache et me charme, si je suis assez heureux pour en interpréter l'en
semble et les détails de manière à vous y montrer partout le doigt puissant
de la suprême intelligence du Dieu créateur et conservateur de toutes choses,
je serai amplement récompensé des derniers efforts que j'aurai consacrés à
la dernière tâche de ma vie.
MONOGRAPHIA
MONIMIACEARUM
PRIMUM TENTATA.
2B6E-
SCRIPSIT
LUD.-RENAT. TULASNE,
ACAD. SC. PARISINÆ ET MONAC. SOC., BOT. IN MUSÆO PARIS. ADJ
JAM PRIDEM est ex quo mihi mentem amicus injecit ut plantas e Monimra-
cearumM ordine neglecto colligerem, et accurate recognitas primumque recen-
sitas evulgarem. Postquam autem, herbariis parisinis sedulo pervolutatis,
copiam harum stirpium haud paucam coegissem, etiamque bene multas a
Musæis extraneis quorum largitatem jamdudum licet indignus cognoveram,
mutuatus essem, aliud ex alio mihi impedimento fuit quominus optata exse-
querer, ita ut pabulum studii intactum a dextris perdiu jacuit. Cum postea
ab obstaculis cujuslibet sortis tandem expeditus, labori omni studio incubuis-
sem, in arduas argumenti suscepti quæstiones mox incidi, multotiesque do—
lens cognovi me ope illa esse destitutum qua solvi fortasse potuissent.
MonimiacEaRUuM genera huc usque nota alia ab aliis nullo negotio distin-
guuntur, naturæ consentanea patriaque vulgo circumscripta veniunt. De
ArcHives DU Muséum, T. VIII. 35
274 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
speciebus autem quibus singula constituuntur aliter sæpe dicendum est.
Mollinediarum et Citriosmarum inprimis, quæ cæteras confamiliares numero
longe præstant, definitio sincera, tuta, multis difficultatibus premitur. Hæ
frequentius ex hoc pendent quod mas et femina cujusque plantæ in phyto-
thecis nostris simul non suppetant, ita ut illius adumbrationem mancam
proferre cogamur, nec notas plerumque perspiciamus quibus tute a conge-
neribus discriminetur. Enimvero specimina unisexualia, de specie diversa,
quæ sibi invicem conferimus, quum sexu non quadrant, justæ comparationi
vix inservire queunt ; et quidem, si sexu convenerint, criterium plantarum
quas sistunt, notas dico essentiales, ex üs solis, sexu altero deficiente, ut plu-
rimum non prospere trahitur, Ea causa est quæ phytographi festinationem
dum moraretur, eum ab opusculo edendo revocavit, donec botanica omnia
sibi promissa ex omni parte comparasset, quorum auxilio errores complures
fortassis emendaret vel quoviscumque modo suum ditaret libellum. Nune
autem cum thesauros hos omnes diu præ manibus habuerit, ne benignis
incœpti fautoribus, Broncenrarrio scilicet, Manrio, FENZuI0, BRaunio,
Kzorzcu1o, Lesserrio JaLBrRTIOque, viris illustrissimis quibus debitas hic per-
solvere grates decet juvatque, in mentem veniat sua periisse beneficia, lon-
giorumque cunctationum merito fiant impatientes, monographiam temere
tentatam, licet rudem incomptamque, in apertum proferre statuit.
I.
Medio jam post Christum natum sæculo xvit, stirpis cujusdam e Moni-
MIACEARUM ordine, sub vernaculo nomine J'amboure-cissa, primum fit men-
tio in locuplete insulæ Madecassium historia FLacurtio nostro Parisiis edita.
Exactis postea annis circiter sexaginta, monachus gentis nostræ, tum doctrina
cum virtutibus insignitus, FeviLLæus cognomine, cum de rebus chilenis
scriberet, Boldew, inter arbores sylvestres Americæ subaustralis decore
semper virente et fragrantia notissimæ, olivas edules omittere noluit. Citriosma
guianensis, sub Siparunæ titulo, anno 1775, AUgLETIO est adumbrata, et anno
insequente Æedycarya Forsteris. SONNERATIUS postea (anno 1782) primam
Amboræ, Fiacurrio Commersonique (a. 1772) jam obviæ diagnosin (sub
Tambourissa) evulgavit, paulo post saummo Jussixo iterum elaboratam me-
livoremque factam. lisdem circiter temporibus, Mollinedie Rurzio Peruviam
ORGANOGRAPHIA : CAULES. — FOLIA. 275
lustranti innotuerunt, et anno 1798 in Systemate vegetabilium Flore peru-
vianæ et chilensis primum singulæ descriptæ sunt, genericis characteribus
quatuor ante annis præmissis. A/herosperma et Monimia, ineunte sæculo
vertente, hæc Tauarsto, illud BizLaRDiERO reperta sunt. Ex quo autem Xibara
sub Brongniartiæ signo, et Doryphora inter Atherospermata, prodierunt,
trigesimus fere labitur annus.
iQ
MonimiAcEz exiguum sistunt vegetabilium ordinem in quo adhuc, quod
sciam, nulla recepta est planta herbacea, annua v. polycarpica. Aliæ
frutices sunt humiles, aliæ arbores præaltæ immensa fronde superbiunt.
Quædam quotannis folia dimittere, nudaque brachia sub cœlo arido et fer-
vido aliquandiu protendere videntur ; pleræque autem qualibet anni tem-
pestate viridi ornantur coma. Omnibus folia sunt simplicia, integerrima
v. dentata, petiolo suffulta, opposita, terna v. quaterna, tenuia vel coriacea,
glabra, sericea aut tomentosa, semperque stipulis destituta. Plurima glan-
dulis scatent odoris et propterea pellucido-punctata, cum luci obversa spec-
tantur, deprehenduntur. Talibus suum nomen Cétriosmæ debuerunt. Foliis
aliis, Boldeæ v. gr. et Monimiarum, insunt concretiones e materie dura, pe-
træa (Cystolithé Wedd. !), quibus ex ordine distributis arefacta asperantur.
Rami foliorum ordinem sequuntur aliique aliis opponuntur, aut verticil-
latim terni quaternive patent. Quas agunt innovationes ut plurimum pube
aut tomento, foliorum instar, primitus teguntur, lenteque glabrescunt. Id
integumenti e pilis nunc simplicibus v. solitariis, adpressis aut divaricato-
implexis, nunc fasciculatis, erectis patulisve, liberis aut in lepides discoideas,
integerrimas ciliatasve coalitis constat, et nonnunquam pilos utriusque sortis
commistos et intricatos exhibet.
Gemmæ in imis foliorum axillis, assueto more, generantur. Solitariæ sunt
vel plures (2-4) superpositæ, modoque nudæ observantur, modo contra
perulis subaridis tectæ v. squamulis vallatæ. Adgregatas simul et squamatas
in Æmboris et Hedycaryis australibus videbis.
! Cfr. Annal. scient. nat., ser. 4, tom. IT (1855), p. 267.
276 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
III.
MoniMiAGEÆ suis e frondibus, cortice, ligno fructibusque, non autem ex
corollis gratum, citreum nempe v. cinnamomeum, quo multæ insigniuntur,
spirant odorem. Ubicumque enim vigeant, flores apetalos, indecoros vulgoque
unisexuales duntaxat edere eis licitum est, ita ut diœcæ, monœcæ et raris-
sime androgynæ occurrant.
& 1.
Anthemia aut ramulos hornotinos terminant, aut simul ex axillis foliorum
quibus ornantur prodeunt. Folia hæcce anthemiis supposita apud Wolline-
dias in bracteas perexiguas sæpissime commutantur, et ex imis innovationibus
ut plurimum oriuntur. 4mbora sola, ut videtur, anthemia sua e ramis anno-
sis efoliosis unaque sed multo rariora e ramulis foliferis progignere solet.
Anthemia hæc omnia pro definitis merito habenda sunt. 4therospermatis
moschati Billard. flos solitarie axillaris e pediculo bracteis duobus oppositis
sterilibusque instructo pendet, ac quapropter cymam abortu unifloram sistit.
Etenim bracteæ consimiles in pedunculo florifero 4{herospermatis Sassafras
Cunn. generantur quæ florem ab impari s. terminali non dissimilem singulæ
fovent; inde cymatriflora perficitur. Cymæ pares apud Hollinedias nune solita-
riæ OCcurrunt, nuncin paniculas pauci-brachiatas et frequenterumbelliformes
oppositæ ternæve digeruntur. Cymas unifloras factas itidem sæpe consociari
racemosque v. umbellas struere, Mollinediis quibusdam, femineis inprimis,
etiam probatur. Paniculæ e cymis trifloris manifeste formatæ, ipsæque flore
apicali sæpius definitæ, in Laureliis, Hedycarüs Boldeaque similiter obser-
vanlur; eædem apud Æmboras Moniniasque abortibus variis, bractearum
frequenti defectu, et cymarum v. eorum fuleiminum in brachia multifariam
discedentium , dissociatione sæpe adulterantur. Nonnullæ etianm Æm”boræ
racemis sinceris licet fortasse definitis, Campanularum instar, uti videntur.
Citriosmæ a cæteris confamiliaribus propter anthemiorum fabricam
recedunt. Eis typus solemnis est cyma iteratis vicibus dichotoma, cujus
brachia nunc longe protracta laxam paniculam, nunc multo breviora con-
tractam struunt. Pedunculi autem qui inferne ad normam regularem dicho-
tome, de specie, scinduntur, flore alari exstante v. deficiente, superne in
ORGANOGRAPHIA : GENITALIUM TEGMINA. 277
abortibus plurifariis hinc aut illinc pereunt vel summopere abbreviantur,
quare extrema brachia in racemos nonnihil circinantes v. spicas floribus
secundis, contiguis (alternis) laxisve onustas jureque scorpioideas dicendas
convertuntur. Id insuper de anthemiis Céfriosmæ notandum volo, ea scilicet
geminatim axillaria (non autem superposita) vulgo pronasci, gemma recenti
v. torpente interposita.
Cujuscumque sortis habitusve sint anthemia, bracteæ bracteolæque quibus
stipantur exiguæ, subaridæ, citoque caducæ, illis decus nullum, ne fugitivum
quidem afferre valent.
$ 2.
De floralibus apud Moximiacras integumentis s. genitalium tegminibus
varie disceptatum ; quænam sint, paucis exponere conabor.
Involucra quibus Monimiacearum genitalia excipiuntur v. teguntur, quasi
integra, saltem de specie, unius modi sunt, calicesque referunt quorum
phylla numero et ordine varia deorsum in membranam receptaculo continuam
plus minus coalescere solent. Quandoque tamen accidit ut phylla ordine
interiora tenuiora fiant, assuetam deponant pubem, speciemque ‘corollis
sinceris privam quodam modo assumant ; hoc testantur Boldea et Athero-
spermeæ, quæ perigonii polyphylli dignitate cætera genera præstant. Et
quemadmodum in CazycanrHeis, NympnÆacris et multimodis Cactorum typis,
ne plures citem, minima intercedunt discrimina calycis partes inter et
corollæ v. quidem androcei elementa, adeo ut uniuscujusque apparatus
limites certos definire vix possibile videatur, sic apud Moniariaceas modo
memoratas utrum calyx multiplex duntaxat, an contra calyx et corolla simul
adsint, prima specie ambigitur. Quod ad Boldeum attinet, phylla ejus floralia
androceo propiora, etsi ab externis glabritie tenuitate coloreque discrepant,
petala sincera non libenter salutarem, cum numero admodum varient, nec
sepalis genuinis rite alterna sese habeant. Eadem de Atherospermeis valent.
Cæterum quod floris tegmina phylloidea sensim formam mutent etin genitalia
mascula, sicutiin Nympxæaceis videre est, convertantur, Bo/dea et Ambora
præcipue demonstrant. Dimidiam enim antheram phyllis Boldeæ petaloideis,
in extremo limbi margine, quemadmo um stamina nonnulla petalis Rosæ
semi-plenæ adnascuntur, hinc quandoque hærere, cum flores masculos arbo-
ris chilenæ explorarem , compertus sum ; squamulas petaloideas perigonii
278 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
ejusdem feminei parietibus insitas nil esse nisi stamina mutata s. larvata
similiter constat. Amboræ etiam stamina quæ sub ore receptaculi extrema
se condensant, interdum ananthera vixque ab appendiculis s. squamulis
sepalorum locum tenentibus dissimilia fiunt. Inde genitalium origo et cum
phyllis natura commuuis, licet singula vices utique diversissimas agant,
patent; namque sicut ex nihilo omnia fieri, sic e quam paucissimis typis
quam plurimam, ne dicam fere infinitam, rerum varietatem oriri jussit Deus
omnipotens, prodigus vitæ, archetyporum parcus.
E modo allatis sequitur perigonii partes de numero, situ formaque apud
MonimiAceas admodum variare. De numero primum si inquiramus, sepala e
cyclo quinario, nonnunquam depauperato, in octonum diminutum absolu-
tumve et quidem interdum auctum, in Monimiis, Citriosmis, Boldea et
Atherospermeis jactari, apud Æmboram contra et Mollinedias decus-
satim duplicique ordine quaterna, in Fedycarya autem (Forsteriana saltem )
octona typice vulgo offendi compertum habebimus. Quinarii cycli, ditio-
resque non rite definiti, ex elementis quincunciatim v. in spiram indefini—
tam ordinatis constant, phyllaque nunc contigue inserta coronam unicam
sistunt, nunc remota seu dissociata, sicuti in Pavonia sempervirente Ruiz.
femina accidit, spiram laxiusculam fingunt.
Cyclorum quos quaternos dicimus phylla decussatim opposita solitam
frondium dispositionem imitantur. Simili modo calyx Æedycaryæ primariæ e
verticillis duobus alternis componitur, qui vero quaterni et inæquales, interni
scilicet sepalis s. dentibus paulo majoribus, observantur. Externis 4mboræ
sepalis, thalami velantibus ostium, interiora vulgo adduntur quæ eodem or-
dine densata, cruciatim nempe opposita, paulatim in stamina commutantur ;
tandemque receptaculum ipsum, eandem secutum legem, in partes quatuor
cinditur.
Sepala minima et dentiformia sæpissime occurrunt ; quandoque etiam ad-
modum obsoleta et subnulla, v. gr. apud Monimias, Citriosmas quasdam et
Amboras plerasque, diceres ; in Aoldea autem, Hedycarya mascula, Molline-
diis nonnullis et præsertim Atherospermeis multo majora, petalorum decus
usurpare mentitamque struere corollam videntur. Ia apud feminas diu
virentia persistunt fructusque coronant, hæc contra citius arefacta pereunt.
Perigonii pars integra s. calycularis, sepalis continua, supposita, interdum
a receptaculo s. peduneuli apice in torum ampliato vix discernitur ( vid., ex.
ORGANOGRAPHIA : CALYX, — ANDROCEUM. 279
gr., Laureliam masculan ); Sæpius vero floris totius Princeps aut majus sistit
organum. Habita parietum ejus solita crassitudine, patet eos toro dilatato
s. disco, quasi corio s, glutine, intrinsecus illitos esse, caulisque s. axis na-
turæ factos participes. Excipulum de quo agitur in patellam discoideam apud
Hedycaryas dilatatur ; frequentius autem urceoli globosi vel lagenæ formam
obtinet. Staminibus exstantibus s, pollini ex eorum bursiculis hiantibus
evolanti ostium aperit latissimum, germina e contrario arctiori carcere fovet,
stigmataque duntaxat ultra foramen angustatum plus minus protracta quasi
invite prodit. Cavitas ejus vulgo simplex est, pilis vestita glabrave ; aliter
tamen se habet in Crriosmeæ Æmboræque feminis. Utriusque enim generis
calyx fertilis, incrassatus , in loculos permultos ita dividitur ut Dorstenie
receptaculum scrobiculatum in mentem revocet. Loculi Citriosmæe pervii,
septis incompletis definiti, carpidium liberum singulatim includunt; 4mboræ
vero cellulæ fructiferæ in parenchyma crassissimum confossæ, ab ipsis ovarii
immersi simul et totius adnati parietibus vix aut nequaquam discernantur.
Inde consequitur, ni fallor, ut anthemium inter, illud nempe Dorsteniarum,
et florem, eum scilicet de quo agitur, nova indubiaque pateat analogia.
$ 3.
Stamina MonNiMIACEARUM totius excipuli calycini paginam denso agmine
vestire solent ; numero enim indefinita vulgo dici merentur, licet quandoque
sepalorum numerum aliquoties repetant, eumdem æquent aut vix superent,
et quidem Pauciora consistant. Copiosissima vel pauca in uno eodemque
genere offendi posse testantur Citriosme. Atherospermearum flos perfec-
tior stamina subdefinita in cyclos contiguos ordinata concludit ; id insuper
illius præcipuum est, coronæ scilicet antheriferæ coronas steriles interiores
s. staminodia plurima præponere.
Totam calyculi faciem sive velent, sive fauci ejus tantummodo inserantur,
MONIMIAGEARUM omnium stamina perigyna salutanda; talia enim reapse
deprehenduntur apud Atherospermeas androgynas, et de cæteris aliter sen-
tire tum natura ipsa cum manifestissima analogia vetant. Mire autem super
structura variant. Etenim in hoc duntaxat sibi constant quod anthera nun-
quam versatilis fulcimini continua et tota ut plurimum adnata observatur.
Filamentum in Hedycarya , Mollinedia, Amboraque subnullum , apud
Atherospermeas nonnihil elongatur, et majorem in Monimia, Cütriosma,
280 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Boldeaque longitudinem adipiscitur. Nunc teres nudumque est, nunc glan-
dulis (appendiculis carnosis) geminis, LAURINEARUM instar, supra basim au-
getur, aut late membranaceum evadit, petalumque, Calycanthorum more,
mentitur.
Antheræ introrsæ extrorsæve, at semper rite bilocularis, bursiculæ lineares
v. ovatæ modo contiguæ suffulcro imponuntur, modo connectivo crassiore
disjunctæ marginales fiunt, tuncque ex toto discretæ manent aut apice Ccoa-
lescunt et una eademque rima debito tempore dehiscunt. Sunt etiam antheræ,
nec paucæ quidem, quæ modo illo hiant cujus LauriNex BERRERIDEÆQUE notis-
simum præbent exemplum; harumce enim lobus uterque valvulam cireum-
circa v. tantum ex interno latere solutam maturus dimittit, pollenque
nudatum spargit. Valvulæ pendulæ sursumque revolutæ in Cétriosmis et
Atherospermeis aridæ persistunt; in Montmits autem connectivo a latere
continuæ late explicantur et biforis armarioli fores imitantur.
Quod ad pollen ipsum attinet, pulvis est aureus luteusve, e granulis glo-
bosis (humefactis) et simplicibus , tale quale apud pleraque vegetabilia
dicotylea se habere solet.
$ 4.
Misso androceo ad gynæceum veniamus.
1. — Gynæceum apud MonimiAcras omnes pistillis simplicibus s, rite unilo-
cularibus, i. e. carpidiis discretis, constituitur. Hæ capsellæ ovuliferæ, etsi
vulgo in eodem flore numerosæ et quidem stipatissimæ, mutuæ adhæsionis
expertes semper deprehendantur, nec nisi stylorum ope in quos continuo
v. rarius paulo oblique desinunt interdum coalent. Istius sortis adgluti-
nationis, Citriosmæ paucæ, Æpocynorum v. Staphylearum propterea quodam
modo æmulæ, exemplo sunt. Boldeæ carpella pariter consociari ExbLicaerus
auctor est, vereor autem ne erraverit. Solius Æedycaryæ carpidia receptaculo
late placentiformi nec sepalis velato imponuntur; eadem organa, apud cæte-
ros typos, in penetralibus perigonii subocclusi alte recondita gignuntur. Sua
cum pollen admiserint germina, #/o/linediæ supernam involucri cireumscissi
partem subinde dimittunt ut nudata natalibusque angustiis expedita citius
increscant conceptosque maturent fœtus; sunt etiam quorum perigonium
pollini vix pervium pistillos steriles suffocaret ni debito tempore, pyxidis
instar, itidem operculo minueretur. Tegmina reliquorum generum floralia
ORGANOGRAPHIA : GYNÆCEUM. — FRUCTUS. 281
minime connubiis obstare comperies. Cavernosum, ut puta, 4mboræ recep-
taculum, licet carpidia sepulta stigmataque penitus inclusa foveat, cum vel
minimis late hiascat flatibus, facilem aditum pulveri fecundo præbet. Stigmata
Citriosmæ et affinium simplicia semper et vulgo tenuiter filiformia, ultra
calycis spiraculum plerumque protrahuntur, longius brevius emergunt et ex
polline vaganti aurisque sparso læte concipiunt. Qua de causa Honimie,
Cüriosmæ, Bollea et Atherospermeæ omnes Xosas, Pomaceas et con-
similes imitantur.
Ambora sola in ipsis perigonii carnosi crassis parietibus sua carpidia
immersa recondit, nec nisi eorum stigmata, et vix quidem, sinit in lucem pro-
dire. Sua pleræque Citriosmæ dispertiuntur intra tot loculamenta quæ aptatam
stylis exstantibus viam aperiunt. Monimiæ Boldeæque carpella pari modo sub
calycis ventricosi tegmine integra et libera latitant, parietibusque maternis
insident, sed alia ab aliis nequaquam dissepiuntur. Haud aliter de Mo/linediæ
et Hedycaryæ proximæ ovariis dicendum quæ fecundata subito nudantur, nec
etiam de Atherospermeis omnibus quorum carpia abscondita matu-
rescunt.
Ovulum solitarium singulis in ovariis gignitur; ovatum, prorsus anatropum
et rectum constanter offenditur, modoque ex imo loculo assurgit, modo ex
illius apice dependet, funiculo conspicuo,ubicunque inseratur, subdestitutum.
2. — Carpidia apud Moximracras genuinas s. Monimieas singula in dru-
pas, apud Atherospermeas e contrario in achænia cum creverint mutan-
tur. Drupæ liberæ nunc perigonio ampliato, carnoso facto, involvuntur ac pro
seminibus fructus inferi s. calyci adaati haberi possent, vunc involucrum
maternum mature subaridum exuerunt, inde Monimieas in duos greges
naturæ consentaneos, Cryptocarpas scilicet et Gymnocarpas, dividendas arbi-
tratus sum. À cæteris cryptocarpis 4nbora ob drupas in perigonii parietibus
incrassatis totas nidulantes et cum 1]lis coalitas facile distinguitur, ita ut ejus
fructus quandoque nitide purpurati, mala nostratia v. baccam Mespili pro-
digiosam et locuplete seminum copia refertam quodam modo imitetur. Ea
causa est cur phytologi exstiterint qui veram fructuum apud MonimiacrAs
genuinas naturam non agnoverint et earum drupas pro seminibus arillatis
s. tegmine carnoso involutis habuerint (Cfr. Ruiz. et Pav., de Ctrosma,
in eorum Systemate vegetab. Fl. peruv. et chilensis, tom. I, p. 263; nec
non GmeLiNum de T'umburissa (Ambora), in suo Syst. nat. Lénn., t. II, p. 16.)
ArcHives DU Muséum. T. VII. 36
282 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Druparum pulpa, vulgo tenuis, colore læto v. saturatiore inficitur ; apud
Amboram quadrifidam Sonner. (sub J'ambourissa), Bixæ arillam croceam
æmulatur; in Wo/linedia repanda, Rurzio et Pavonio auctoribus, succum
purpureum trita fundit. Granulis e gummi s. resina odora et nilide lutea in
Citriosmis et Monimits abunde scatet, ac in fructus parte superna cras-
sior generatur. Endocarpium variam putaminis naturam assumit, namque
osseum, ligneum, crustaceum aut cartilagineum fit. Tenue offendi, et leve
in utraque pagina, nec duritie pollere in Mollinedia et Hedycarya compe-
rimus. Amnboræ contra putamen osseum s. crustaceum et leve est ; Boldeæ
crassissimum , durissimum et venis impressis extus marmoratum. Apud
Monimias et Citriosinas osseum scrobiculis signatur nec non tuberibus
v. prominentiis variis asperatur. Quem tales nuclei fovent, quasi in ferreo
carcere detinetur embryo, nec tempore suo exire potuisset ni providens
rerum omnium Conditor putamen ante radiculam perforasset, ac præterea
longitrorsum, corculo summa vi vegetationis nitente, scissile fecisset.
Achænia Atherospermearum stylum prælongum carpidio impositum
singula retinent et quapropter formam longe linearem rectamque matu-
rescendo non mutant ; pilis mollhibus longis patulisque ex omni parte vestiun-
tur, plumosa fiunt et achænia Rosarum, Cercocarpi, v. Clematidum imitantur.
Quod ad semen ipsum attinet, crassum est et liberum in Monimiaceis dru-
paceis, minimum contra et tegminibus externis adnatum apud achæniopho-
ras, sed super structura non variat. Testa illius membranacea, tenuissima,
fragilis et pallida, hilo perexiguo, chalaza ampla rapheque lineari longa ét
interdum solubili signatur ; ea tegitur albumen carnoso-oleosum (quandoque
arescendo durissimum factum) ex quo facile totius seminis materies consis-
tit. Embryo rectus, brevis, exiguus et fere quidem vix conspicuus, in axi
hujus molis prope hilum reconditur. Cotyledones ovatæ planæque nunce
antica pagina cohærent, nunc contra vix evolutæ late ab invicem discedunt ;
radicula, prout ovulum rectum aut pendulum fuerit, basin aut verticem loculi
seminiferi spectat, et putaminis foramini, si quid adest aperturæ, proxima
respondet.
IV.
Paucissima de Monimiacrarum anatomia seu histologia verba faciam.
Omnium quas dissecui lignum ferme ex iisdem partibus constare videtur.
HISTOLOGIA. — FAMILIÆ PRIMORDIA. 283
Fibræ longe angusteque lineares poris exiguis rotundis sparsis inordinatisque,
pari modo atque cellulæ quibus radii medullares struuntur, sed parcius,
notantur. Vasa diametro summopere varia nunc poris, areola quandoque
circumsignatis, nunc rimis stipato ordine parallelis, aut poris simul et rimis
pertunduntur Y. inscribuntur ; sunt etiam, exoleta sane, quorum membrana
partim destructa in scalas s. cancellos mire mutatur. Vasa spiralia quæ evo-
lutioni non repugnant medullam centralem, sæpissime crassam, ut solet,
ambiunt, Cæterum lignea Movimiacearum materies ut plurimum densa est,
et quasi tota uniusmodi, oculo etiam armato, nonnunquam videtur; vulgo
quidem radiis medullaribus stipatis perbelle signatur, marmoratur, sed vasa
fere ubique similiter et subinordinate inter fibras disperguntur, licet speciem
illam reticulatam quæ in Carvcanraris observatur, non ostendant ; inde fit
quandoque ut strata quotannis nata in trunco secto ægre discernantur. Quod
ad colorem attinet, lignum de quo agitur albidum, luteolum, chlorellum,
fulvum, pro genere ætateque arboris, occurrit.
V.
Licet jam xrvi annus sit ex quo summi Anr.-Laur. Jussrær prodiit doc-
tissima de MonimiAcEIs commentatio, maxima quidem stirpium copia quæ
ordinem nostrum ditarent in phytothecis europæis congregata est, sed vix
typus novus innotuit. Nostra enim hodierna genera, præter Kibaram, omnia
novit Jussiæus. Characteres quibus singula distinguuntur cum sedulo reco-
gnovisset, 4mboram pone Ficum olim a se ipso collocatam (Cfr. Gen. plant.,
P- 4ot), magis ab Urriceis recedere quam ut illis merito diutius consociare-
tur, simulque #onimiam, Citriosmam, Boldeam, Mollinediam, et etiam
Atherosperma Laureliamque ad se trahere primus intellexit. Proinde Mom-
MIAGEARUM ordinem jam tum conditum in duas tribus, aliam drupis, aliam
achæniis distinctam, utramque ad familiæ sui generis dignitatem olim fortassis
evehendam partitus est !; et qui ab illo tempore vegetabilibus ordinandis
studuerunt, magistri summæ auctoritatis Ssagacitati una plaudentes, illi de
argumento tractato assentiri non cessarunt. Hedycaryam autem Forsreri inter
Urricas reliquit, quæ si ab eis repudiaretur, ad Anowas aut Ranuncuracras
! Cfr. illius Dissert. de Monim., novo plant. ord., in Ann. Mus. par., t. XIV (1809), pp. 116-435.
284 : MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
confugeret (Cfr. Gen. plant., 1. cit.). Id generis profugi vix erat propterea
ex apetalis ordinibus unus qui, nuper etiam, excipere vellet; ac licet inter
Mewimracras sedem certam legitimamque apud EnbricneRuM jam obtinuisset,
Rorrius noster, plura quam magister scire nolens, Æedycaryam plantis incertæ
sedis, paucos ab hinc annos, tradiderat (Cfr. ejus Select. Novo-Zeeland.,
P- bo). Cæterum ex omnibus vegetabilium famili, quænam proximiore ne—
cessitudine Monimiaceis devinctæ forent JussiæÆus ipse non clare perspexit,
et hoc quiden tempore phytologorum animi in varias opiniones eadem
quæstione distrahuntur.
Mowimraceas proxime ad UrRTICEAS accedere Jussræus arbitrabatur eo quod
florum indecore, corollæ defectu, sexunmque separatione convenirent; at
perispermii in illis copiosi, in his autem prorsus deficientis, ratione jure
habita, inter ordines ambos sincera intercederetne affinitas nonnihil dubi-
tasse videtur. Nulla tamen viciniora ordini nostro vegetabilia tune indi-
gitari posse censuit, nisi Calycanthum cujus cæteroquin affinitas cum Rosa-
cris neutiquam eum effugerat (Cfr. Dissert. citatæ pagell. primas et Gen.
plant, p. 342).
Laurelium et Atherosperma quæ vegetabilia in terris australibus florentia
ipse viderat, ill. Res. Browxius a Moniuiacrrs removere et juxta LauriNEas
quibuscum super antherarum dehiscentia ea quadrare comperierat, collo—
care voluit !; MowimrAcEAs autem ÜRTICFIS analogas non aliter atque Jussi'Æus
æstimavit, ita ut magistri præeuntis sententiam de utriusque sectionis ordinis
nostri dignitate prævisa omnino comprobavit.
Talem servavit beat. Espricaenus Monimiacearum familiam qualis e Jus-
siæt manibus exierat, integramque Laurinrts præposuit, BRowNi1 opinionem
pro parte tantum secutus. MonimMIACEARUM cum LAURINEIS necessitudo quam
ipse etiam animadverterat, JussiÆo summopere dubia remanserat, quia cum
antherarum dehiscentia in Laurelia et Atherospermate valvaris diceretur,
bursæ polliniferæ cæterarum Moximiacearum rima media e contrario longi-
trorsum hiare credebantur. Unde maximæ Jussi#0 oriebantur dubitationes
num de hoc argumento observatores ex alterutra parte erravissent (Cfr.
illius Dissert. laudat., tom. cit., p. 125). Jam vero compertum habemus non
tantum ATHEROSPERMEAS genuinas Brownir, sed etiam Monimias ipsas et
Cfr. illius 4nimado. in FI. Terrar. Austral. (Londini 4844), p. 24.
HISTORIA. — AFFINITATES. 285
innumeras Citriosmas eodem modo suum pollen spargere ; quamobrem
antherarum dehiscentiam minus inter Monimiacras quam apud Laurinras
valere, ATHEROSPERMEAsSqUe ill. magistri londinensis Monimiacrts sinceris
merito consociari simul videbitur. Præter notam e bursarum polliniferarum
valvis ductam, id ATHFROSPERMEARUM præcipuum æstimabatur, nempe ovu-
lum erectum; porro gemmulam Citriosmæ similiter ex ima ovarii basi
rectam assurgere, sicque discrimen non mediocris momenti ATrHEROSPrR-
MEAS inter et Monimiaceas fuisse sublatum nunc cognovimus. Nemo præ-
terea Moniniæ carpella in perigonii cavernula abscondi illiusque parietibus
haud aliter hærere ac ovaria linearia Laureliæ v. Atherospermatis suis
receptaculis excipiuntur non videt, etsi ex his achænia, ex illis autem drupæ
proveniunt; originaria enim similitudo præcipua subsistit, necessitudines
utriusque tribus aperte comprobat.
Harumce affinitatum vinculis tali pacto arctioribus effectis, quæstio de
proximioribus integræ familiæ nostræ inter vegetabilium ordines inquirendis
fortasse minus ardua evadit.
Qui post Jussiæum de aptiore s. legitimo Calycantht in plantarum serie loco
disputarunt, hi facile omnes hinc Monimiacras illinc Rosacras eum tangere
concedunt (Cfr. Apr. JussiæÆum in OrBinit Lexic. univ. Hist. nat., tom. XIT,
PP- 419 et 422; An. BronGx., Ænum. Gen. plant. Hort. par., ed. alt, p- 43;
Exoucn., Enchirid. Bot., p. 658; Linoræum, Regn. veget., P- 299, 300 et
54o). CALYCANTHEARUM cum Losa proximam, remotiorem vero cum Moni-
MIACHIS analogiam videri, discriminaque a Rosaceis in foliis oppositis, esti-
pulatis, calyce imbricato | polyphyllo), staminibus interioribus sterilibus,
antherisque extrorsis versari ill. Enpricagaus contendit (loc. cit.), qui si
MonimiacEAs penitiori studio cognovisset, eis contra multo propius quam
Rosaceis Calycanthum accedere utique intellexisset, Calycanthum enim notis
eisdem quarum causa a Rosaceis amovendus merito æstimatur, Monimraceis-
ATHEROSPERMEIS pari jure devinciri, nec nisi seminis aperispermici eni—
bryonisque convoluti fabrica ab hisce forsitan recedere patet. Inde etiam
sequitur MonimMiACEARUM ordinem a Rosaceis nec majore nec alia fere dissi-
militudine quam CazycawTHras dirimi 1.
Non me fugit quanti sit momenti, in argumentosa causa his in pagellis trac-
* Apud Il. BRONGNIARTIUM, Enum. gen. pl. Horti. bot. paris., ed. alt., pp. 43 et 186, CaLycan-
THEÆ el MONIMIACEÆ una stant in medio MyRTINEAS inter et RosINEAS.
286 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
tata, facies vel habitus plantarum quas inter se conferimus; externaspecie notas
occultas sæpissime denuntiari, stirpesque legitime affines tum universo ha-
bitu, cum organorum structura quibus necessitudines sinceras tutius deno-
tari censemus, plerumque propterea convenire. Quare, ut videtur, magister
dixerit « characterem non constituere genus, sed genus characterem » ( Phil.
Bot., ed. alt., p. 123). Cavendum autem ne sententiæ Linnæanæ ultra mo-
dum credamus, verbaque maximæ auctoritatis perperam interpretemur. Quid
enim contenderit, loco citato, doctor upsaliensis, nisi characteres pretio inter
se maxime differre, nec indiscriminatim apud omnia vegetabilia ex æquo
valere, ita ut plantarum habitus occulte sed accurate consulendus foret ne
genera levi de causa fingerentur (Cfr. op. cit., pp. 121 et 124). Cæterum non
de generibus condendis sed de affinitatibus eruendis hic agitur. Porro vix
dubitare licet exstare ordines facie summopere dissimiles, v. gr. CYGADEAS
et ConiFERas, qui nihilominus vinculis legitimæ affinitatis religantur ; alios
contra quos externa analogia quanquam conjunetos, sicuti Cycapras Pazmis
Firicipusve collatas, immerito sociaremus. Quis nescit Dictyogenas Linpræi
ob embryonis fabricam inter monocotyledoneas jure retentas , nervatione
autem Dicotyleas mentientes; Ponosremacras, flore licet nobilissimas, Hrpa-
TICEARUM formas infimas sub aquis celantibus non respuentes, Muscorumve
habitum pulchellas induentes ; Casuarinas Ephedris aut Equisetis primo ob-
tutu mire similes, pari modo ab eisdem, si genitalia respexeris, abhorrentes?
Sed exemplorum istius sortis satis est; qui prima ordinum naturalium rudi-
menta veteribus et LiNNÆo ipsi tentata noverit, Piperque et Phytolaccam
ARoO1DEIS sociata, Coicern Pazmis simul et GRAmiNiBus, Péstaciam AMENTACEIS,
Laurum Porvcoweis, Hippuridem et Myriophylla Ruppie, Asparagos Cissis,
Tamum Menispermis viderit, ille non tanti faciet habitum qui sibi soli incaute
fidentes mancaque utentes sagacitate in sexcentos errores mendax induxit,
His tamen temporibus, cum vegetabilium structura penitius fuerit explorata,
habitu pauciores decipiuntur, larvatisque ordinibus proximos eruerunt
OEdipi; proin multæ innotuerunt affinitates quas patres nostri naturæ vix
consentaneas æstimavissent. Harumce affinitatum exemplo sunt MowiMiaceÆ
in Rosacearum contubernio, mediantibus CaLycanrHeIs, apud recentiores
vocat®æ.
Monimiaceas CacvcanTaEasque ob folia opposita, estipulata et sæpissime
glandulis odoris scatentia, vix quidquam cum Rosacris demonstrare neces-
AFFINITATUM DISQUISITIO. 287
situdinis prima specie non negaverim; attamen nullis ferme aliis speciosius
propinquis ordini nostro occurrentibus, Rosacras periclitari licet.
Atqui præter differentias modo memoratas, e foliis oppositis estipulatis et
Sæpissime glanduloso-punctatis ortas, vix alia nisi seminis fabrica, animadver-
ütur quæ MoximiacEas a Rosaceis removere valeat.
Folia enim apud Rosacras innumeras, v. gr. SPIRÆACFAS, Pomaceas et
AMYGDALEAS simplicia occurrunt, nec nisi propter alternam distributionem
et stipulas quibus singula stipantur a frondibus MonimiAcEARuM eglandulosis
distinguuntur. Flores earumdem plantarum in umbellas corymbosve defi-
nitos et centrifugo more evolutoss. explicatos ut plurimum ordinari, pr'opter-
eaque MonimiAcEARUM anthemia quodammodo imitari constat (Cfr. Muni
1conogr. ordin. EUTOP., pp. 142-146). Quod ad typum spectat, numerum
scilicet partium quibus verticili singuli in flore perficiuntur, a quinario in
octonum augeri etiamque quaternum offendi tum apud RosaceAs (Rosas,
Spirœas, Alchemillas, Poteria, etc.), cum inter Monwimaceas (Monimias,
Mollinedias, ete), facile comperitur. RosAGEARUM tribus omnes, sicuti Mo=
NIMIACEÆ nostræ, plantis perigynis merito adnumerantur ; staminum enim
assueta sedes in calycis rosacei fauce incrassata versatur; numerus autem
eorum non constat et apud Sanguisorbeas nonnullas maxime depauperatus
aul quidem omnino definitus venit, ita ut androceum RosacEARUM quamdam
monimiacei, item modo ditissimi, modo contra perquam manci, similitudi-
nem exhibeat. Corolla cum staminibus inserta, sæpissime ampla, candore
splendida acutisve ornata coloribus, interdum viret, summopere minuitur,
aut integra evanescit in Alchemillis, Poteris et affinibus quibus indecoræ
Moxwimracez calyce accrescente similiter instructæ nil invidere queunt. Ad
gynæceum si nunc spectaveris, carpidia numerosa in Aosa et Pomacris haud
aliter ac in Citriosma, Monimia et Arurrosperme;s sub calycis urceolati s.
ventricosi tegmine abscondita, in Geo contra Spiræisve sicuti in Mollinediis
et Hedycarya receptaculo prominente nudatoque evecta videbis. San guisor-
bearum et Boldeæ ovaria multo pauciora initio pariter latent, Stylo nonnihil
laterali ATHEROSPERMEXÆ permulta genera e Rosacris sensu latiore sumptis
(Rosineis Brongn., RosiFLoris Endl.), imitantur. Pomacræ Citriosmæque aliæ
stylis liberis, aliæ coalitis insigniuntur. ROSACEARUM ovaria gemmula unica vel
duabus foœta deprehenduntur; ovulum solitarium, gemmulæ Monimiacearum
Prorsus æmulum, nunc e summo loculo pendet (v. gr. in Ross, Spiræis,
288 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Amygdaleis, ut in 4mbora, Monimia, Motllinedia, ete.), nune illius fundo
insidet (v. c.,apud Dryades, Powacras, similiter et ap. Citriosmas et ATHE—
ROSPERMEAS). Culycanthum de hoc argumento medium omnino Rosacras
inter et MonimMiaceas slare patet ; unum enim aut unum et alterum ovulum,
pendulum alium, erectum alterum, suis in carpidiis fovere solet. Fructus
natura apud Rosacras mire varia eas cum Moniwiaceis item conjungere vide-
tur. Enimvero ArnEerosPrRMEAS a Aosis et Cercoca!po, e Dryadearum tribu,
achænia sua mutuasse diceres; cæteræ autem Moniuracræ ad Rosacras dru-
paceas, i. e. AmyGparras, v. ad Cnrysoparanras affines propius accedlunt.
Discrimina eadem quæ achænia baccata drupasve #1) gdalorum ab exsuccis
Aosæ, Potentillæ et consimilium achæniis dividunt, monimiaceos fructus ab
atherospermeis distinguunt. Putamen leve, scrobiculatum tuberculosumve
in Moximiacris drupaceis Amycparrisque simul offenditur. Quantum ad
fructus totius speciem, Æ#mboræ ficus v. granata, Citriosmæ Montnieque
mespilinas baccas, Mollinediæ et affines anonaceas drupas gerere videntur.
Cryptocarparum nostrarum fructus debito tempore granatorum more scin-
duntur, expanduntur, baccasque produnt, quæ autem non eseminibus s. ovu-
lis accretis, sed e carpidiis integris maturatis originem ducunt.
Fabrica seminis murus est qui Rosirroris et Monimiacris libenter occur-
rentibus medius opponitur, nec nisi LecumINosaRuM quarumdam ope, Rosi-
FLORIS indubia analogia conjunctarum embryonemque in albumine copioso v.
parciore foventium, dirui posset. Id tamen impedimenti non obstare quomi-
nus MONIMiACFÆ propius ad RosiFLoras quam ad Laurineas Urricrasve acce-
dant existimo. Laurinras enim folia alterna, typus floralis in tegmimibus,
androceo et gynæceo quidem, ut perhibent, iterato ternarius, semenque exal-
buminosum, a Moximiacris, staminum fabrica tantummodo analogis, penitus
dirimunt, Urricinrarum caterva et inprimis Æicus et Dorstenia quibus Mo-
NIMIAGEAS ill. Jussræus summopere proximas æstimabat (Cfr. illius Dissert. de
Moxinr. supra laud., p- 133), licet foliis simplicibus quandoque oppositis,
floribus diclinibus et apetalis, semineque sæpe albuminoso aliquam cum
plantis nostris analogiam ostendant, propter stipulas prælongas quibus fron-
des stipantur aut involvuntur, solitum aromatis cujusvis sortis defectum,
stamina pauca definita, perigonium vulgo longe aliter effiguratum, ovulum
variis modis reflexum v. orthotropum et radicula embryonis constanter su-
pera, a MomimiAcris non parum recedunt. Ipse intellexerat JussiÆus carpidia
AFFINITATUM DISQUISITIO. 289
staminave Citriosimæ, Monimiæ et confamiliarium, cuin integumento communi
exciperentur, tegumentis autem peculiaribus singula destituerentur, neuti-
quam tot flores privatos monogynos v. monandros, sed reapse florem uni-
cum polymerum perigonio s. calyce instructum esse constituta. Quapropter
miramur cur Monimraceas lici Dorsteniæve conterminas crediderit mentita-
que analogia bis deceptus fuerit (Cfr. ejus Gen. plant., p. 4o7, et Dissert.
sup. laud., pp. 131 et 133). Quum recentiori ævo ill. Browwius perigonium
ATHEROSPERMEARUM pro calyce libenter habens, involucrum contra in Moxi-
MIEIS potius salutandum arbitratus est, a vero, ut opinor, ignoscat, quæso,
si suam contra sententiam ! ire ausus fuerim, discessit ; ill clar. Livpræum
jam pridem non assentiri ab hinc fere decem annos audivimus (Cfr. Brownir
Animadversiones cirea Floram Terræ ÆAustralis, p. 21, et Linpræt Aegn.
vegel., p. 298). Major enim ambas inter ordinis Jussiæani tribus analogia
clarescit, quam ut legitime super eis adeo dissentiatur.
Repudiatis Laurinris et Urriceis, qui Monimiacras nostras in RosINEARUM
consortio admittere noluerint, affinitatis supra obiter notatæ meniores, ad
ANONACGEAS forsitan revertentur. Quadam e fructibus ducta similitudine Hol-
linedias Anonaceis eleutherocarpis, Expricurro primum suadente (Gen.
plant., p. 314), conjungi, seminis fabrica ex alterutra parte copiosissime
albuminosi necessitudinem confirmante , non omnino negaverim. Venient
quoque, ni quidem jam exstiterint, qui Macnoriacras et apprime [LLICIEAS,
legitimas inter MonimiACEARUM conterminas numeraburit. ILLICIEÆ enim
illæ quæ typum ternarium, in genitalium involucris, pro serie quasi inordi-
nate multiplici mutaverunt, Calycanthum et AraerosPeRMrAS quibus cæte-
rum ob virtutem aromaticam, folia pellucido-punctata, estipulata (Cfr. As.
Gray, Gen. fl. Am. bor.-or. illustr., tom. I, p. 56), ovula in singulis carpi-
diis solitaria erectaque, et corculum minimum sub extimo molis albumineæ
strato latens, haud impares sunt, e longinquo imitantur, Quasdam præterea
ex histologia comparata similitudines oriri, {liciaque (v. gr. {llicium florida-
num El.) quoad vasorum naturam et distributionem propius ad Moximra
cEAs quam ad J'asmanniam Dryminve, propter defectum vasorum et fibras
peculiariter areolato-rimatas s. punctatas ConiFeRaRuM pariter æmulas, acce-
dere fortassis videbitur. MvyrisriceÆ et ScmiZANDRACEÆ ANONACEIS simul et
1 Hanc seculus est BarrcwGrus (Ord.nal., pl., pp. 91 et 103).
Arcaives pu Muséum. T. VIII. 37
290 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
MAGNoLIAGFIS, Omnium phytologorum consensu, propinquæ, ordinum socie-
tatem Monrmaceis affinium , e CazycanTHeIs, Prperacets, UrTICEIs LAURI-
NEIsque præsertim constitutam, auctore cl. Livpræo, augere merentur ( Fegn.
veget., pp. 298 et 300).
VI.
MoximiacearuM per orbem terrarum distributio pagellam hujus disser-
tatiunculæ reposcit.
Citriosmeæ et Mollinediæ varias Americæ tropicæ regiones, insulas et conti-
nentes, valles montesque dispersæ et copiosissimæ incolunt ; e terris autem
asiaticis africanisque exules videntur. Utrum enim #Mollinediæ austra-
lasicæ americanis jure consocientur, nec ne, donec melius innotescant, non
plane liquet. Laureliæ contra chilensi sociam peregrinam sed pariter aus-
tralem, nempe novo-zeelandicam, merito adsciscendam fore olim compertus
est R. Cuvnicnamus fraterque (Cfr. Hookerr Compan. to the Bot. Mag.,
vol. I [1836], p. 232). Boldea, genus monotypum, Laureliæ sermpervirentis
R. et Pav. patria consors. Similiter extra tropicos vigent //edycaryæ et Athe-
rospermata quæ late, ut ferunt, per sylvas Australiæ orientalis, Tasmaniæ et
Novæ Zeelandiæ, a gradu xxxu1 trans æquatorem ad x£1, ni fallimur, disper-
guntur, Reliqua genera terræ calidiores alunt. 4mboræ enim Monimiæque
hactenus notæ in Comoris et Mascarenis insulis necnon in Madagascaria pro-
veniunt, areamque septentrionem versus gradu x vel x11, in austrum autem
xxxv circiter definitam tenere æstimantur. Monimiacgas asiaticas, præter
Kibaram, arborem javanensem, admodum ignoramus.
VIT.
Quod ad Monwrmracrarum qualitates et usus attinet, pauca, ne multus sim,
afferam quæ commentatiunculam perficiant.
Mommiacris fere omnibus, ut supra notavi, virtus inest aromatica ex oleo
æthereo per omnes earum partes copiose v. parcius diffuso; LatvRINFAS
quamobrem, MyrisricEeas, AuURANTIACEASVe æmulantur, nec impari virtute in
nervis roborandis v. stimulandis pollere creduntur, Americanas inter stirpes
Laurelia Bolleaque chilenses, genera submonotypa, inprimis celebrantur ; e
Citriosmis contra licet innumeris summopereque suaveolentibus, aut Wolli-
QUALITATES ET USUS. 291
nedis vix paucioribus, nil fere utilitatis trahi videtur. Boldeam sub cœlo fer-
vido salutiferam viatoribus umbram præstare ; foliis ejus, T'heæ loco v.
Coffeæ, infusis post epulas a cruditatibus præcaveri; decoctum ex iisdem in
vino aut aqua cephalalgiam sedare, stomachum nervosque confortare; pul-
verem etiam e foliis tritis, utilia faciliaque ciere sternutamenta referunt. Ad
cibos et salsamenta condienda chilenæ coquæ Zoldeam pluris quam Laurum
nostratem faciunt. Drupæ ejusdem arboris, FeviLLxo Pavonroque auctori-
bus, autochthonibus simul et colonis libenter eduntur. Similia fere de Lau-
reliu chilensi narrantur. Arbor utraque materiam fragrantem (Bollea dilute
fusco-castaneam, Laurelia albido-s. luteolo-virentem) in tectis struendis sæ-
pissime adbibitam largitur. (Cfr. Feviz., Hist. pl. med. Peru. et Chil.,
P- 11; R. et Pav., Syst. veget. F1. Peruv. et Chil., t.1, pp. 25/4 et 268-269 ;
BeRTERUM in Mercurio chileno , p- 685 [15 junii 1829.]) Nec minor usus est,
apud Novo-Zeelandiæ et Australiæ colonos, ligni odori Laureliæ Novo-Zeelan-
diæ Cunn. et 4therospermatis moschati Billard., quorum e truncis imma-
nibus naves præsertim fabricantur. Decoctum e cortice Atherospermatis mire
aromatico, lacte temperatum, Anglos exules solitæque Theæ desideranter
memores consolatur. (Cfr. Linpr., feget. Kined., p. 300; Hook. fil., FL of
New-Zeel., t. I, p. 218.) De Monimiacearum Africæ australis utilitate pauca
constant ; {nborarum drupæ succo rubro Orellanæ æmulo, teste FLAcuRTIO
(4ist. de Madag., p. 133), scatent, sed, quantum sciam, nonnisi avium
ferarumque nutrimento hactenus inservierunt.
MONIMIACEZÆ.
URTICARUM genera Juss., Gen. pl., (1789) p. 401.
URTICACEARUM (d. MONIMIEARUM) et NYCTAGINEARUM (a. CALYCANTHEA-
RUM, b. ATHEROSPERMEARUM) genera H. G. Lup. REICHENBACH, Uebers. der
Gewæchs-Reichs, tom. I (1828), pp. 8k et 85.
MONIMIEZÆ Juss., in Annal. Mus. Par., tom. XIV (1809), p. 133, et in ZLexic. se. nat.,
tom. XXXII (1824), p. 450. — A. RiCH., Elém. de Bot., ed. v (1833), part. 11, p. 228.
— BarTL., Ordin. nal., plant. (1830), pp. 91 et 103.
MONIMIEÆ et ATHEROSPERMEÆ Ro. BROWN, Gen. Remarks.. on the Bot. of
Terra Austr., p.21 (in Frinpersn tin. ad Terr.austr.| Londini, 1814], tom. IT, p. 553).
MONIMIACEÆ et ATHEROSPERMACEÆ Linz, Zntrod. to Bot., edit. alt., pp. 188
et 189; Veget. Kingd. (1846), ordin. 99 et 100, pp. 298 et 300.
MONIMIACEÆ ENpL., Gen. plant. (1836-1840), pp. 313 et 1378. — À. Ricn., Elém.
de Bot., ed. vit (1846), p. 665. — ScuNizL., Zconogr., fase. 1v, tab. 105 (iconib.
undique quæsitis).
ARBORES V. FRUTICES, utplurimum semper virentes et ex omni parte grate
odori seu aromatici; ramis oppositis aut verticillatis ; foliis oppositis ternis v.
quaternis, rarissime alternis, simplicibus, integerrimis v. dentatis, petiolatis,
estipulatis, sæpissime glanduloso-punctatis, glabris, sericeis, tomentosis
(e pilis solitariis, fasciculatis v. stellatis) aut lepidiferis ; gemmis axillaribus,
solitariis v. pluribus superpositis, rarissime perulatis.
FLores apetali, vulgo diclines, monœci v. diœci, rarissime androgyni, soli-
tarie axillares, racemosi, Cymosi v. cymoso-paniculati, panicula sæpe dicho-
tomo-scorpioidea ; anthemiis cæterum modo axillaribus tuncque solitariis aut
geminis, modo terminalibus, quandoque etiam e truncis annosis ortis, fasci-
culatis ; bracteis bracteolisque vulso exiguis et cito caducis, interdum amplis
et involucri sortem flori suppeditantibus.
Pericowium calyciforme et late apertum, v. urceolatum atque in fauce plus
minus constrictum et quidem velo angustissime pervio clausum, rarius capsu-
liforme, lanceolatum v. lagenæ speciem referens, jam integrum persistens
accrescensque, jam contra supernam partem circumscissam ut calyptram cito
ORDINIS CHARACTER. 293
dimittens ; sepalis (dentibus, lobis) utplurimum minimis, nunc definitis, sci-
licet 4 decussatis, nunc numero variis (5-8 aut pluribus), semper in alabastro
imbricatis, spiram contractam (nempe cyclum unicum v. plures contiguos)
seu laxiorem, aut verticillos bimembres decussatim superpositos sistentibus,
vulgo inter se inæqualibus aut vix æqualibus, internis tenuioribus et non-
nunquam petaloideis, omnibus arescentibus v. accrescentibus, rarius caducis;
cavernula perigonii glabra v. sericea, uniloculari v. septis anastomosantibus
in loculos pervios divisa, parietibus crassis carnosis aut tenuatis, liberis v.
cum ovariis coalitis.
ANDROCEUM : STAMINA numero indefinita et vulgo copiosissima , nunc,
scilicet apud Mowvimiaceas diclines, totam perigonii paginam indivisam ves-
tientia, nunc illius faucem tantummodo tenentia, stipatissima, inter se autem
semper libera, introrsa v. extrorsa, erecta v. introrsum curvata, breviter
exserta vel tota inclusa, plerumque glaberrima, interdum tamen tomentosa,
pollinifera omnia v. pro parte in staminodia commmutata ; flamentis linea-
ribus exilibusque v. membranaceo-dilatatis et petaloideis, elongatis v. brevis-
simis et quidem subnullis, modo nudis exappendiculatis, modo appendicibus
2 crassis Capitatis discoideis v. membranaceis, prope basin aut in medio,
instructis; anthera continua, 2-loba, ovata, elliptica, reniformi, oblonga
v. lineari, ut plurimum tota fulcimini adnata, rarius partim libera, modo
rimis 2 parallelis discretisque v. confluentibus dehiscente, modo valvas 2 dis-
cretas aut partim coalitas, e basi apicem versus solutas erectasque, seu a latere
connectivo continuas et late expansas dimittente ; polline pulvereo, luteo,
e granulis sphæricis v. ovatis, levibus aut tuberculosis, unilocularibus et
liberis.
STAMINODIA staminibus ordine interiora, alia filamenta ananthera immi-
nuta, alia mentita petala; quædam antheras dimidiatas gerentia.
Gynæceun : Carpinia ovato-oblonga v. linearia, Copiosissima, numero
quidem indefiuita, unilocularia et singulatim uniovulata, inter se libera inti-
misque perigonii parietibus inserta (sessilia), rarissime in iisdem parietibus
maxime incrassatis tota nidulantia et cum illis coalita; stytis longe linearibus
apice integris tenuatisque, liberis vel partim inter se aut simul cum calycis
fauce angustata Coalitis. Ovuzum ovatum v. obovatum, prorsus anatropum,
erectum v. pendulum, funiculo quasi indistincto.
Fsucrus singuli modo ex drupis constipatis, perigonio accreto carnoso v.
294 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
subexsucco ac pene ligneo inclusis, aut receptaculo aperto insidentibus, ses—
silibus aut brevissime stipitatis, modo ex achæniis calyci itidem accreto,
sed tenui membranaceo v. suberoso, immersis sessilibusque ; perigonio cujus-
libet naturæ debito tempore varie scisso, expanso fructusque inclusos pro-
dente. Drupæ nunc subexsuccæ, nunc pulpa carnosa glandulis odoris foœta
et nonnunquam succosaturate colorato scatente donatæ, styli reliquiis onustæ
vel stigmatis sessilis vestigio terminali s. laterali signatæ ; putamine aut cor-
neo tenuique, aut ligneo v. osseo, leve aut scrobiculato et varie asperato.
AcHænra e nucleo ovato, exiguo, styloque persistente lineari terminali v. non-
nibil laterali longissime aristato, et tota copiose longeque piloso-sericea.
SEMEN in drupis a putamine discretum, in achænïis contra pericarpio
tenui adnatum ; tegminibus membranaceis tenuissimis et siccis. ALBUMEN ma-
jorem totius molis seminis partem sistens, carnosum, licet quandoque, ut
videtur, parce oleosum, colore albidum, luteolum v. cinnamomeum (saltem
arefactum). Emzrvo rectus, axim perispermii tenens, sæpissime minimus et
quasi abortivus, e radicula (caudiculo) tereti hilo proxima et cotyledonibus
> ovatis v. orbicularibus, applicatis aut divaricatis ; gemmula inconspicua.
Etsi longe abest quin copia generum MoximIACEARUM tanta adhuc evaserit ut botanico
inquirenti, ne tironi quidem, vel minimam difficultatem moveat, expedit tamen, volente
cæterum legitima consuetudine, eorum clavim synopticam diagnosi præcedenti supponere.
CONSPECTUS SEU CLAVIS GENERUM :
I. Sycioideæ:
fructibus drupaceis cum
perigonio coalitis.
[ÂmBOREÆ |.
Mttadet I. Amnora Juss.
calyce accreto inclusis ;(oyulo pendulo...................... IL Monrura P. Th.
(1. Cryptocarpæ). (ovulo erecto....................... UT. CirriosmaA RP.
C4 IL Drupaceæ :
ë frugtèuE drupaceis FN antheris numerosis, glabris. IV. Mozrinenia RP.
=] iberis ; ; SRE RES
= L nudis, perigonio amoto, brevissimis ca : 7
£ [MoNIMIEZ |. destructo: exappendi- antheris paucis .......,... V. Kisara Endl.
=
(2. Gymnocarpæ) culatis ;" Vans, numerosis, pubentib.. VI. Henycanya Frst.
filamentis longis 2-glandulosis......,. Vil. Bozpea Juss.
III. Achæniophoræ:[calyce fructifero capsulam mentiente, lanceolato v. lageniformi. VII. Laureztx Juss.
fructibus siccis, achæ-
niis; connectivo truncato.... IX. ATHEROSPERMA B.
[ArnerosPErMEz]. (calice fructifero urceolato-poculiformi ; ;
conneelivo ligulato..... X. Doryenora Endl.
TRIBUS PRIMA.
SYCIOIDEZÆ serv AMBOREZÆ.
URTICARUM gen. Juss., Gen. plant., p. #01.
AMBOREARUM gen. Ambora, AcH. RicH., Elém. de Bot., ed. v, p. 229.
MONIMIEARUM gen. Ambora, ENDL., Gen. pl., p. 313.
AMBOREÆ Tus., in Ann. se. nat., ser. k, tom. ELL (maio 1855), p. 29.
FLoREs diœci v. monœci. ANTHERÆ longitrorsum rimatæ. Ovaria in ipsis
perigoni crassissimi parietibus sepulta, totaque adnata. Ovurum pendulum.
DruPz in parenchymate natali nidulantes.
I. AMBORPA.
(Tab. xxv-xxvn.) ?
TamBourE-cissa Flacurt., Hist. de Madag. (1661), p. 133, n° 69.
Tamsourissa Sonner., F’oyage aux Indes orientales, tom. IN (1782), p. 237, tab. 434. — Gmel.,
Syst. nat. Linn., tom. IT (1791), p. 16. — Endl., Gen. pl., Suppl. 1v, p. 11, p. 56.
MirnripaTeA Commers., ms. — Schreb., Gen. plant. Linn., tom. II (1791), p. 783, n° 4706. —
C. L. Willden., Sp. pl. Linn., tom. 1, part. 1 (1797), p.27, gen. 24. — Spreng., Syst. veget.,t. III
(1826). p. 866, n° 3132. — W. Bojer, Hort. Maurit. (1837), p. 290, n° 764.
AmporA Juss., Gen. pl., p. 401, n° 1706 (inter Urricas); 4nnal. du Mus., t. XIV (1809), p. 430
et seqq. — Poiret, in Lam., Encycl. Bot., t. VII, p. 565; {lustr. des Genr., t. 784.—Endi., Gen.
pl., p. 313, n° 2044.
TamsouL Poir., in Encycl. Bot., tom. VII (4806), p. 565.
Frores diclines, diæci v. rarius monœci. Masc. : PeriGonium globosum,
ellipsoideum v. ficiforme, prorsus clausum, in vertice obtusissimo brevissime
et vix conspicue ob dentes 4 coalitos (aut saltem arctissime imbricatos et vix
discretos) mucronulatum, nec non præterea quandoque nonnihil depressum
s. excavatum (ut videtur), e parietibus carnosis crassissimis et utrinque vulgo
glaberrimis factum, temporeque debito 4-6-fidum v. partitum, divisuris inæ-
qualibus patulisque. Sramina innumera multifario stipatissimoque ordine
paginam perigonii internam ab imis penetralibus ad ostiolum usque diu im-
‘ Ambora vox madagascariensis est, auctore Juss1&o ( Gen. pl., p. 401).
? Iconum explicationem videas ad calcem opusculi.
296 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
pervium vestientia, glaberrima, plus minus extrorsa, introrsum porrecta et
sæpissime arcuata ; /{lamento lineari crasso tereti eglanduloso brevissimo aut
subnullo, in connectivum crassum obtusum truncatum vel longius acuteque
pr'otractum continuo abeunte ; antheræ ellipticæ v. linearis, obtusæ, emargi-
natæ v. mucronatæ lobis 2 æqualibus, connectivi lateribus parallele impo-
sitis, anguste linearibus, rimaque media et longitudinali hiantibus, rimis
ejusdem antheræ prorsus discretis v. ultra connectivi apicem convenientibus;
polline aureo. Carpidiorum vestigla nulla. Form. : PrRIGONIUM pateriforme
s. discoideo-globosum, ore lato circulari integerrimo et plane nudo v. obso-
lete angusteque limbato apertum, e pariete carnosO crassissimo carpidiaque
innumera immersa s. nidulantia fovente factum, et in pagina interna, glaber-
rima , stylis horumce ovariorum emersis, conico-linearibus brevibus et
simplicibus totum asperatum aut quasi spinis horridum. Carprpia singula
ovato-globosa e membrana cum parenchymate ambiente coalita, unilocularia
etuniovulata ; ovulo globoso e summo loculo brevis funiculi ope pendulo, ana-
enosuss. sube-
5
rosus, Crassus, € perigonio maxime accreto,anguste aut late cavato et in pariete
tropo, micropyle supera. Frucrus (syconus MirrrLi0) carnoso-li
incrassato drupis numerosis fœto. DrupÆ ovato-acutæ et compressæ v. tereti-
ellipsoideæ obtusæque; pulpa (arillo Poirerio) parcissima sæpius aurantia (ut
videtur) ; endocarpio modice incrassato, corneo vel submembranaceo et utrin-
que levissimo. Seuen pendulum drupæ formam referens; test membranacea
tenuis ut pellicula, glabra, haud ægre scissilis solubilisque, raphe crassa
lineari, seminis longitudinem æquante, chalazaque terminali ampla oblonga
et infuscata signata ; a/bumine carnoso-oleoso firmo totamque seminis molem
facile sistente. Emgrvo dicotylis, rectus, inversus, in basi seminis acutata
nempe juxta hilum collocatus, centralis brevisque ; caudiculo tereti, obtuso;
cotyledonibus late ellipticis, utrinque obtusissimis, et pagina superna totis
applicatis.
Arbores fruticesve mascareni folis oppositis aut rarissime aliernis, integer-
rimis ; floribus axillaribusv. terminalibus, solitartis, racemosis v. paniculatrs.
Fructus varii (maturi) in carpotheca Musæi parisiensis continentur quæ ad Amboras
pertinent, plerique crassissimi, pugnum æquantes v. quidem crassiores, suberoso-lignei,
quadamtenus fragiles, alii globosi angusteque pervii, alii latissime aperti et cyathiformes;
pagina interna aliis levissima, vix punctulata, aut areolis picta, aliis stylis arefactis longisque
horrida; nuclei omnes leves sunt, nuncque saturate fucati et apice obtusati, nunc pallidi
SYCIOIDEÆ : AMBORÆ. 297
majores et sursum acutissimi deprehenduntur. E fructibus his notæ pretiosissimæ tra-
herentur; quomodo autem unusquisque ad singula foliifera specimina quæ in botanicis
reponuntur tute referendus sit, dolens non video. Fructum Ambore cujusdam (dictæ
A. Tamburissæ) beat. MirBerius delineavit ( Elém. de phys. vegét., tom. IT [1815], p. 825,
tab. 55, f. 4).
1. AMBORA QUADRIFIDA.
A. glaberriwa, foliis oppositis petiolatis oblongis et obtusis ; floribus mas-
culis axillaribus v. racemosis ; antheris oblongo-ellipticis obtusissimis, rimis
distinctis v. confluentibus.
Tambourissa quadrifida Sonneratio, loc. cit., cum icone. — Gmel., Syst. nat. Linn., loc. cit.
Mithridatea quadrifida Willd., Sp. pl. Linn., t. 1, part. 1 (1797), p. 27 (fide Herb. Willde-
novii ipsius nunc e thesauris Musæi berolin.). — Spreng., Syst. veget., tom. IL, p. 866.
Ambora quadrifida Poir., Encycl. méth., Bot., L. VIT (1806), p. 565; Jlustr. des genr.,
tab. 784 (iconib. a Sonneralio mutuatis).
ArgBor tota glaberrima; ramis medullosis, teretibus, levibus et in nodis dilatato-com-
pressis. FoLra opposila, elliptico-oblonga, obtusa et nonnihil retusa, aut rarius breviter
acutata, inferne cuneata, in acie integerrima quadamtenus revoluta, 6-10 centim. longa,
3-4 centim. lata, tenuiter membranacea, petioloque centimetrum subæquante instructa;
costa modice subtus prominente, venis cæteris æquo modo exilissimis et subimmersis.
FLORES (masculi) nunc solitarie axillares, nunc in racemos 2-3 centim. longos et laxe
multifloros (caulinos, ut refertur) digesti (tuncque suboppositi, bracteis cito caducis), sin-
guli pedicello valido et 10-15 millim. longo suffulti; perigonio globoso-elliptico, minute
mucronato {dentibus 4 decussatis perexiguis et coalitis) debitoque tempore irregulariter
quadrifido; an/heris quibus stipatissimis (ota perigonii pagina intima (glaberrima) vela-
tur, latiuscule ellipticis v. oblongo-ellipticis, planis, breviter suffultis, apice emarginatis
v. integris, semper obtusissimis, lobis duobus anguste linearibus (prorsus lateralibus
s. marginalibus), superne discretis aut plane confluentibus ; po/line luteo.
Oritur in terris mauritianis et borbonicis nec non, monente SoNNERATIO, in Madagascaria, et, sicuti
Ambora amplifolia Boj. infra descripta, bois Tambour, Tambourissu et Tamboure-cissa vernacule
nuncupalur (auctoribus COMMERSONE in sched. et FLacurri10, fide SONNERATII, Op. cit. ).
(Herb. Mus. par. ; Jussiæani; vindobon.; berolin.[ Willden., n° 67]).
Planta feminea deest in phytothecis parisinis. Fructum a Mauritianis Pomme de Singe
vocari SONNERATIUS refert. De genitalium structura mire erravit hic viator qui antheras
longitrorsum plicari germenque fovere suspicabatur ; quod etiam perigonium (masculum)
in partes 4 laceratum, lateque expansum, postea in pristinam formam instaurari, glo-
bosum iterum fieri suvindeque fructus sepultos increscendo maturare crediderit, non
minus miramur (Cfr. illius libri locum citat.). Fiorum natura diclinis eum fugit.
ARCuIvEs DU Muséum. T. VIII. 38
298 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
2. AMPBORA LEPTOPHYLLA.
(Tab. xxv).
A. ramis adultis glabris ; foliis oppositis, amplis, ovato-oblongis, acutis,
tenuibus et utrinque glabris; petiolo longo gracilique ; floribus axillaribus
v. racemosis ; staminibus lineari-acutis, rimis sæpius discretis.
Ambora leptophylla Tul., in Ann. sc. nat., ser. 4, t. IT, p. 29.
ARBOR amis noyellis pube cineracea et parcissima conspersis, citissime autem penitus
glabratis, adultis medullosis crassis teretibus corticeque levi tectis. ForrA opposita sed
quandoque dissociata, ovato-ellipticove oblonga, breviter acuminata, acuta, basi attenuata
v. cuneata, tenuiter membranacea, in acie integerrima plana aut vix ac ne vix revoluta,
sæpius ampla, nempe 10-25 centim. longa, 6-8 (et quod excedit) centim. lata, nec non ab
initio utrinque glaberrima ; costa venisque secundariis (parcis distantibus etexilibus) postice
prominentibus, reliquis tenuissimis vix conspicuis; petiolo gracili antice sulcato, glaberrimo
et2-3 centim. longo. GEMMEÆ axillares solilo more superpositæ, nec rariussolitariæ. FLORES
utriusque sexus solitarie axillares y. sæpius in racemos (axillares aut frequentius caulinos,
scil. e truncis aut ramis annosis et jamdudum efoliosis fasciculatim v. solitarie ortos) laxe
multifloros, 8-15 centim. longos, glaberrimos aut parce aliquandiu cineraceo-velutinos,
digesti (oppositi v. suboppositi), singuli pedicello tereti 2-4: centim. longo patentissimo
et flexuoso suffulti; bracteis quandoque in feminis foliorum præ magnitudine subæmulis,
sæpius autem apud mares perexiguis, late ovatis v. semi-orbicularibus, obtusis, velutinis;
axilla uniuscujusque uniflora v. (in feminis) superposite 2-3-flora, floribus masculis raris
femineis mixtis. PERIGONIUM MASCULUM globoso-pyriforme, obtusissimum, in ore apicali
{plano et vix pervio) sepalis exiguis # squamiformibus, puberulis, late triangularibus, sub-
acutis v. lunulatis, vix æqualibus, decussatim et adpresse imbricatis, discretis nec coalitis,
ac præterea pluribus (paucis) glaberrimis intimioribus inæqualibus et staminum formam cito
usurpantibus, instructum, tandemque in partes # subæquales ab apice fere ad basin usque
scissum, divisuris stellatim patentibus, singulis e pariete carnoso crasso antice glaberrimo
et toto staminibus laxiuscule consito. STAMINA crassa, carnosa, lineari-acuta (angulosa),
3-4 millim. longa, glaberrima, arcuato-extrorsa; antheræ breviter stipitatæ lobis
2 anguste linearibus, modo parallelis, modo basi confluentibus et proinde hippocrepicis,
prætereaque nunc connectivum abbreyiatum æquantibus et apice contiguis, nunc con-
tra (in staminibus supremis) eodem acutato brevioribus et admodum discretis; summis
etiam staminibus quandoque anantheris aut ex uno tantum latere lobum polliniferum
abbreviatum gerentibus. PERIGONIUM FEMINEUM discoideo-globosum e pariete crassis-
simo, ore lato et integerrimo (parce velutino) apertum, extus aliquandiu puberulum,
SYCIOIDEÆ : AMBORÆ. 299
intus autem glaberrimum, saturatius coloratum et stigmatibus emergentibus asperatum.
Provenit in sylvis insularum comorensium Mayotte (Bois du Qualey) et Anjouan (Bovinir Herb.
propr., n° 3133).
(Herb. Mus. par. el Jalbert.).
Specimina apud Anjovanenses Bovinio lecta floribus cujusvis sortis destituuntur, qua-
propter ad typum modo descriptum ea nonnisi dubitanter ducere valeo.
Multis notis a congeneribus facile distinguitur ; ad Amboram quadrifidam supra descrip-
tam præsertim accedit, sed staminum structura 4. Ficum nostram (vid. infr.) potius imi-
tatur; ejus enim stamina pariter ita se habent ut suprema ananthera e squamulis oris
calycini commutatis originem ducere videantur.
3. AMBORA AMP£LIFOLIA.
A. glaberrima, foliis oppositis, sæpe confertis, ovato- v. elliptico-oblongis,
acutis, amplissimis, in acie planis, brevissime et valide petiolatis ; floribus
caulinis, confertis, breviter racemosis ; antheris ellipticis obtusissimis inte-
gris, rimis convenientibus.
Mithridatea amplifolia Boj., Hort. Maurit., p. 290, et msc. in Herb. Mus. vindobon.
Tamboure Cissa Flac., Hist. de la grande île de Madag., p. 133, n° 69, c. icone (?).
ARBOR (teste BOJERIO) ex omni parte et quidem in recentissimis innovationibus glaber-
rima; amis initio alternatim compressis, subinde teretibus, medullosis, crassis. FOLIA
opposita, aliquando in apice ramorum conferta, ovato- v. elliptico-oblonga, breviter et
sæpius acute acuminata, basi cuneata, 15-25 centim. longa, 6-12 centim. lata, integerrima
(acie admodum plana), petioloque crasso brevissimo aut vix centimetrum longo suffulta ;
costa antice plana, postice cum venis reliquis laxissimis prominente. GEMMÆ axillares
2-4 distanter superpositæ, exiguæ, floriferis cum ramiferis alternis. FLORES (masculi)
ex lisdem gemmis vel ex eadem sede per longos annos tempore suo prodeuntes ac qua-
propter sæpius caulini, conferti et ebracteati, singuli pedicello nudo tereti gracili
et 1-4 centim. longo suffulti, solitarii v. in racemum brevissimum 4-6 insimul (opposite et
stipatim superpositi) digesli, glaberrimi aut pube rara et subfusca quasi cinere conspersi.
PERIGONIUM MASCULUM globosum, vix conspicue propter dentes 3-4 coalitos in apice
mucronulatum, tandem #-6-partitum, divisuris coriaceis inæqualibus modiceque patenti-
bus; antheris exiguis, stipatissimis, ellipticis, planis, obtusissimis, prorsus integris subses-
silibusque (filamento enim brevissimo, vix distincto), rimis summis plane confluentibus.
Frucrus globosus glaberrimus, breviter v. longiuscule pedicellatus demissusque, in ore
vestigiis sepalorum 8-10 obsoletis aliquandiu signatus et latissime apertus, cavernula tandem
suboppleta aut quidem tota evanidastylisque aridis subpungentibus diu horrida. DRUPARUM
300 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
pulpa parcissima ; »ucleis oblique ovatis, apice tenuato-acutis, nonnihil emarginatis et an-
guste perviis, singulis e pufamine nigrante tenui durissimo (crustaceo) levi temporeque
debito in valvas 2 subæquales scissili; seminis obovato-acuti testa tenui albida, raphe longa
et solubili, endospermio carnoso-oleoso ; embryonis recti centralisque radicula elongata
ossiculi foramen tangente, cotyledonibus autem ovato-rotundatis, utrinque obtusissimis
et majuseulis.
Nascitur in nemoribus montosis insulæ Mauritii ubi bois Tambour et pomme Jacot vulso audit
(Conf. Commersonts schedulas et Bosgnir librum cit. ). In sylvis dictis du quartier du grand Port,
montem du Pouce velantibus, florifera augusto 4851 bealo Bovinto obvia est.
(Herb. Mus.par.; Jalbert.; vindobon.; berolin.).
Flores in diversis anni temporibus, secundum arboris stationes, prodeunt, ait BOJERIUS.
Iconula rudis FLACURTIH supra cilata aptius, ut videlur, huic stirpi quam 4»boræ Tam-
burissæ Boj. infra descriptæ convenit.
4. AmBorA Ficus.
A. ramis recentibus fulvo-tomentellis ; foliis oppositis, ternis v. dissociatis,
oblongo-lanceolatis, acuminatis, in acie planis, graciliter et longiuscule
petiolatis ; floribus masculis ficiformibus, crassissimis ; antheris longe linea-
ribus, acutis, rimis discretis connectivoque brevioribus.
Ambora Ficus Tul., in Ann. sc. nat., tom. cit., p. 30.
Aron ramis novellis fulvo-tomentellis et subtrigonis, adultis glabratis et teretibus fac-
tis. FoLtA adulta glaberrima, opposita v. ternatim verlicillata nec raro dissociata,
oblonga v. oblongo-lanceolata, acute et breviter attenuato-acuminata, basi longiuscule
attenuala, integerrima (acie plana aut vix ac ne vix revoluta), 10-12 centim. longa, 3-4
centim, lata, petioloque gracili et 15-20 millim. longo suffulta; costa venisque (confertim
reticulatis) exilibus et postice prominentibus. FLORES masculi maximi s. crassissimi,
pedicello valido puberulo 15-25 millim. longo et infra medium (fortassis bracteolatum)
exiliori sigillatim innixi, singuli e perigonio obovato-obtusissimo (ficum mentiente),
clauso (ostiolo nudo plano vix pervio), demum irregulariter 3-4-partito, in parielibus coria-
ceo-carnosis crassissimo, intus glaberrimo et staminibus innumeris stipatissimisque ex inte-
gro velato constantes. SramINA carnosa, linearia (4-6 millim. circiter longa), subteretia aut
potius 4-latera nec non acumine nudo et acutiusculo (linguiformi) terminata, suprema
extrema ananthera ; antheræ lobis (lateralibus) longe linearibus nec propter connectivum
longius protractum conyenientibus; poiline pallido. (Flores feminei desiderantur.)
Arbor hæe, monæca in schedis anonymis dicta, in sylvis Javæ insulæ, LescHeNALDO autore, viget.
(Herb. Mus. par. et berolin.).
SYCIOIDEÆ : AMBORÆ. 301
5. AMBORA PURPUREA,
(Tab. xxvi).
A. glaberrima, ramis exilibus ; foliis oppositis, oblongo-lanceolatis, obtuse
acuminatis, graciliter petiolatis, subaveniis, in acie nonnihil revolutis, sub-
coriaceis ; floribus femineis solitarie terminalibus ; fructu purpureo.
Ambora purpurea Tul., in Ann. sc.nat., loc. cit.
FRuTEx 1-2-orgyalis, totus glaberrimus, ramislevibus, gracilibus, dichotomis, teretibus,
in nodis autem dilatato-compressis, densis striclisque. FoLrA opposita, oblongo-lanceolata,
obtuse acuminata, in petiolum gracilem centimetrum circiter longum desinentia, ipsa
5-6 centim. longa et 18-25 millim. lata, in acie integerrima nonnihil revoluta, et subcoria-
cea; utraque pagina ab initio glaberrima nec nisi costa subtus vix prominente signata
(cæteris venis inconspicuis). FLORES feminei solitarie terminales, pediculo 5-10 millim.
longo tereti nudoque suffulti; perigonio globoso-ficiformi, obtusissimo, glaberrimo, in
ore (primodum vix pervio) squamulis paucis perexiguis et inæqualibus instructo, intus
ut solet itidem glabro et stigmatibus breviter emergentibus asperato. FRUCTUS carnosus
globosus crassus (molem ovi gallinacei subæquans), ob drupas copiose inclusas et obtuse
protuberantes inæqualis, levis, purpureo colore nitide infectus, ore irregulari et angusto
pervius, tandemque (BERNERIO auctore) lacerato-partitus, segmentis expansis et reflexis ;
drupis crasse ovatis, teretibus, extus aurantiis; endocarpio solito more corneo. (Flores
masculi desiderantur.)
Nascitur in insula Sanctæ Mariæ Madecassium (BerNERIt Herb. n° 262). Ibidem Bovinio occurrit,
anno 1847, in sylva Lafondrou dicta; fructus maturos simul et flores nondum explicatos mense mar-
tio ferebat (Bovinu Herb. propr., n° 1729).
(Herb. Mus. par.)
Vernacule Vilaingue-possa nuncupatur, auctore BERNERIO.
Nullo negotio propter ramos exiles, folia parva avenia, floresque solitarie acrogenos, ab
omnibus congeneribus discernitur.
6. AMBORA RELIGIOSA.
(Tab. xxvir).
A. glaberrima; foliis oppositis, elliptico-oblongis, obtusissimis, margine
nervosis et revolutis, admodum coriaceis ; floribus masculis breviter confer-
302 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
timque racemosis, femineis sæpius solitariis ; antheris ovato-acutis, integris.
Ambora religiosa Tul., in 4nn. sc. nat., loc. cit.
FRuTex 2-orgyalis ex toto glaberrimus, ramis oppositis, assurgentibus, levibus, medul-
losis, primitus in nodis compressis, adultis teretibus. FoLra opposita, elliptico-oblonga,
obtusissima v. obtuse brevissimeque acuminata, basi cuneata, 8-10 centim. longa, 3-4
centim, et quod excedit lata, crassa et admodum coriacea, in acie nervo marginata s. de-
finita et revoluta; pagina autica nitida subayenia, postica costa prominente neryisque
æquo modo exilibus et laxe reticulatis signata; petiolo subgracili, antice sulcato et 12-15
millim. longo. GEmMMÆ axillares, ut videtur, plerumque solitariæ. RAGEMI MASCULT
terminales vel rarius solitarie axillares (in ramis foliüiferis), 3-7-flori, floribus oppositis,
sessilibus, confertis, glaberrimis, singulis bractea perexigua dentiformi v. breviter lineari
acutaque instructis ; pedunculo communi sæpius validissimo et erecto. PERIGONIUM
(masculum) globoso-pyriforme (8-10 millim. longum), ore puntiformi plano v. nonnihil
et acute interdum prominente, minutissimo, vix conspicuo, clauso et plerumque quasi
ebracteolato signatum, in pariete interno glabrum innumerisque velatum staminibus
extrorsis; antheris exiguis, ovato-acutis, subsessilibus, lobis linearibus in vertice contiguis
rimaque media ut solet dehiscentibus; polline copioso, pulvereo, dilute aureo. FLORES
FEMINEI solitarii, terminales v. axillares, nonnunquam etiam racemo masculo singuli
finem imponentes. Frucrus globosus, crassus, de specie suberosus, in superficie rimosus,
breviter pediculatus (pedicello recto crassissimo et tereti), oreque angustato, circulari
et quandoque laterali pervius.
Oritur, ait Commerso (in schedis), in Madagascaria insula. Beato Bovinro occurrit in collibus circa
oppidulum Sanetæ Mariæ, loco dicto 4mboudi-folathre, novembri (4851) fructifera. Sylvas riparias
in insula Noss-bé, Madagascariæ vicina, item incolit, locis dictis Loucoubé et Passandara (PERVILLEr
Herb., nn. 295 et 328), floresque masculos julio et octobri profert. In borbonicis terris etiam crescere
clar. RicnArpo, horto botanico coloniæ nostræ præfecto, existimatur.
(Herb. Mus. par.).
Madecasses, COMMERSONE auctore, quid religiosi huic arbusculæ tribuunt et propterea
cum illius ramis frondescentibus sepeliri volunt.
Præter racemos mere maseulos aliosque pauciores flore femineo coronatos, suppetunt
fructus in ramis summis solitarie axillares v. rite terminales. (Conf. tab. nostr. xx vi.)
Speciei criterium in foliis coriaceis margine nervosis et revolutis nec non in anthemio-
rum masculorum natura præcipue versatur.
7. AMBORA TETRAGONA.
A. glaberrima, ramis tetragonis et in angulis subalatis ; foliis oppositis,
SYCIOIDEÆ : AMBORÆ. 303
anguste oblongis v. lanceolatis; floribus masculis breviter racemosis, sub-
sessilibus.
Ambora tetragona Bvn., in sched. et Herb. priv. — Tul., in #nn. sc. nat., tom. cit., p. 30.
ARBOR tola glaberrima, ramis medullosis, crassis, mire letragonis (angulis interdum
Subalatis). FoLIA opposita, anguste longeque oblonga v. lanceolata, breviter et acute
acuminata, basi longe attenuata, breviter petiolata, subavenia, in margine revoluta et
integerrima. FLORES masculi pauci racemosi, brevissime pedicellati; racemis erectis,
crassis, brevibus, densifloris.
Oritur, CommErsoNE Bovinioque auctoribus, in insula mauritiana (Bois du quartier du grand Port )e
(Herb. Mus.par. et Jalb.).
Florum habitu et quidem structura (saltem opinor) cum 4. religiosa convenit ; sed
propter ramorum formam tetragonam ab ea et cæteris primo obtutu distinguitur. Race-
mum in herbario Jalbertiano vidi, e floribus inapertis, globosis.
8. Ampora Tameurissa.
À. glaberrima; foliis Oppositis, amplis, ovato-acutis, basi rotundatis v. cor-
datis, crassis, coriaceis, in acie planis ; fructibus subsessilibus, solitarie axil-
laribus, crassissimis lateque apertis.
Ambora Tamburissa Bvn., in sched. msc.
Mithridatea Tamburissa Boj,, Hort. Maurit., p. 290 (exclusis Synonymis).
ArBoR (teste BoJErtO) tota glaberrima, ramis medullosis crassis teretibus et atro-varie-
gatis. FoLIA opposita, late longeque ovato-acuta v. elliptico-oblonga et acute acuminata,
basi late rotundata v. quidem nonnihil cordata, 8-15 centim. et quod excedit longa, 6-8
centim. lata, crassa, coriacea, peliolo crasso sulcato et 15-25 millim. longo innixa, in
acie integerrima crassa nec revoluta ; Costa Valida postice prominente, vernis secundariis
exilissimis distantibus et subimmersis, reliquis vix conspicuis. FRUCTUS (maturi) subsessiles,
solitarie axillares (foliis eos olim Stipantibus tune dimissis), crassissimi, globoso-discoi-
dei, late aperti, tactu rugulosi, fusci; pagina interna stylis lineari-elongatis ( arefactis)
consita; parenchymate suberoso-ligneo, friabili; drupis exsuccis ovatis copiosisque nidu-
lantibus. (Genitalia mascula non suppelunt.)
Fructifera occurrit beato Bovito, in sylva Madecassium Lafondrou dicta, prope Sanctam Mariam,
martio 4847 (Herb. PTopr., n° 1728). Crescere dicitur a Boserto in udis et opacis sylvarum Mada-
gascariæ, Mauritii nec non insularum comorensium, ac fere quolibet anni tempore flores edere. 4m-
bora et Bois Tambour Madecassium est, monente eodem BoyErio.
(Herb. Mus. par.)
304 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
9- AMBORA ELLIPTICA.
A. glaberrima, foliis oppositis, late ellipticis, obtusissimis, in acie planis,
coriaceis ; fructibus solitarie axillaribus, breviter pedicellatis, crassis, late
aperts
Ambora elliptica Tul., in Ann. sc. nat., tom. cit., p. 31.
Argor glaberrima, ramis teretibus, medullosis, cortice rugoso rimatoque et foliorum
delapsorum cicatricibus late hippocrepicis signato vestitis. FoLra opposita, late ellip-
tica, obtusissima et quidem plerumque breviter et obtuse retusa, basi cuneata, in acie
plana integerrima, 10-15 centim. longa, 79 centim. lata, quadamtenus coriacea, utrinque
venis laxe reticulatis (secundariis remotis exilibus) notata, petioloque valido triquetro et
15-20 millim. longo suffulta. Frucrus maturi solitarie axillares (foliis bracteisve tune
delapsis), pedicello tereti crasso et vix centimetrum longo innixi, globosi, crassissimi,
ore lato apicali s. laterali aperti, carnoso-lignosi (parenchymate friabili et granoso, granis
e cellulis globosis lignifactis s. osseis), in cortice rugosi, drupasque aurantias et numero-
sissimas foventes ; hisce oyato-acutissimis, compressis, pulpa tenui, putamineque (corneo).
(Flores utriusque seœus desiderantur.)
Provenit in sylvis insulæ Borboniæ quas fluvius dictus des Galets nascens aluit, julioque fructus
maturare Bovinio dicitur.
(Herb. Mus. par. et Jalbert.).
Flores feminei tum in ramis novellis (inferne bracteiferis, apice autem frondescen-
tibus), tum in annotinis post folia dimissa solitarie axillares generari videntur.
10. AMBORA SIEBERI.
A. floribus masculis crassis et laxe paniculatis, paniculis amplis dense velu-
tino-tomentosis, luteo-fulvis ; antheris ovato-elongatis v. ellipticis, obtusis,
integris, rimis distinctis.
Ambora tomentosa Sieb., mss. in suopte Herb. Maurit., p. n, n° 316. — Non Boryo.
Ambora Sieberi Tul., in Ann. sc. nat., loc. cit.
ArBOR ramis..…. FOLIA..... PANICULA MASCULA amplissima, tomento tactu molli brevi
et luteo-fulvo tota vestita, laxe et multifariam ramosa, ramis ramulisque crassis, alternis
(vagis et inordinatis), divaricato-patentissimis ac quidem demissis, hine et inde dilatato-
SYCIOIDEÆ : AMBORÆ. 305
compressis, ultimi ordinis brevibus et cymose trifloris ; bracteis rarissimis v. nullis, brac-
teolis brevissime angusteque oblongis et caducis; foribus maxime divaricatis, singulis pedi-
cello tereti crasso et 5-8 millim. longo innixis; a/abastro (perigonio integro globoso) dense
velutino-tomentoso, chlorino-fulvo, tandemque #-6-partito s. lacero, divisuris (e parenchy-
mate crassissimo) vix æqualibus et patentibus, sepalo oblongo et obtuso uniuscujusque apici
inserto (sepalis hisce 2-3 mm. longis, primitus erectis, imbricatis et alabastrum terminan-
tibus) ; pagina perigonii interna glabra totaque staminibus obtecta; antheris admodum
lateque sessilibus, ovato-elongatis v. late elliptico-attenuatis, obtusis, muticis, incurvis
contortisve et glaberrimis, singulis e connectivo crassissimo, lobisque 2 anguste linearibus,
marginalibus, apice subeontiguis sed non confluentibus, et longitrorsum late hiantibus;
polline aureo.
Crescit in insula mauritiana, ait SiEuERuS, loc. cit.
(Herb. Mus. vindobon. et berolin.)
Nil suppetit nisi arboris paniculæ masculæ, quarum patura ab omuibus congeneribus
facillime distinguitur.
11. AMBORA ALTERNIFOLIA.
A. glaberrima, foliis alternis, late ellipticis ; floribus masculis caulinis, fici-
formibus.
Ambora alternifolia Tul., in Ann. sc. nat., loc. cit.
ArBor tota glaberrma, ramis teretibus, gracilibus, corticeque pallido lichenibus para-
sitantibus abunde variegato vestitis. FocrA alterna, late elliptica, breviter obtuüseque acumi-
nata vel obtusissima (et quandoque etiam acute retusa), basi rotunda, 8-15 centim. longa,
5-9 centim. lata, tenuia, membranacea, utrinque æquo modo virentia, petioloque subtereti
10-15 mm. longo suffulta; acie tenui plana integerrima vel obsolete obtusissime (vix con-
spicue) remoteque subcrenata; venis, præter costam postice tantum emergentem, utrin-
que prominentibus, secundariis remotis et exilibus, reliquis dense reticulatis. FLORES
(maseuli) caulini et solitarii (saltem videtur), singuli pedicello fulti tereti-anguloso ,
valido, 15-25 millim. longo, inferneque bracteolis perexiguis oblongo-obtusis albido-cilio-
latis adplicatis et laxe sparsis instructo; perigonio globoso-ficiformi, crasso, obtusissimo,
mucrone autem exiguo e dentibus # decussatim coalitis erectisque terminato, late caver-
noso, initio penitus clauso, utrinque glaberrimo (superficie externa fusco-variegata),
et carnoso-lignoso; staminibus innumeris stipatissimis totam cavernæ faciem velantibus,
centripeti-patentissimis, carnosis, lineari-linguiformibus, obtusis, teretibus v. sub &-lateris;
antheræ breviter stipitatæ et continuæ lobis 2 linearibus, parallele posticis (extrorsis ),
Arcaives pu Muséum. T. VIII. 39
306 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
connéctivo brevioribus, rimaque media et longitudinali hiantibus ; polline pulvereo palli-
doque.
Provenit, auctore Bovinio, in insula mauritiana ad radices montis du Pouce;fdicti, supra Campos
quos Moka yocant coloni, floretque octobri mense.
(Herb. Mus. par.)
A congeneribus omnibus propter folia alterna ita recedit ut nonnisi dubitanter (sua-
dente cæterum Bovinio, in schedis) inter eas admiserim.
Exstant præterea in Herbario Musæi parisini Amboræ dubiæ nec nisi speciminibus
admodum mancis, floribus destitutis, nobis notæ, scilicet :
12. Ambora obovata (Tul., in Ann. sc. nat., loc. cit.), glaberrima, foliis
oppositis sæpius dissociatis et propterea sparsis, late obovatis, acutiusculis,
inferne attenuatis, longuiscule petiolatis, subcoriaceis, subtus exiliter veno-
sis, aCin margine integerrimo nonnihil revolutis.
Crescit, ait Bovinius, in insula Mauritio (bois du Pouce).
13. Ambora vestita (Tul., loc. cit.), arbor diœca, ramis teretibus dense
fulvo-tomentosis (pilis simplicibus, vagis, dense implexis); fois oppositis,
elliptico-lanceolatove oblongis, brevissime et acute acuminatis, basi cuneatis,
margine integerrimo revolutis, utrinque in costa venis (paucis, laxis) petio-
loque brevi fulvo-tomentosis.
Provenit, ut opinor, in insula borbonia vernaculeque bois gilet audit.
E genere excludatur Mithridatea cymosa Willden. (mss., in suopte Herb., n° 66. —
Steud., Nomencl. Bot., ed. alt. [18417, part. 11, p. 15), floribus cymosis terminalibus,
foliis acutis (Willd.). Etenim specimen hujus stirpis authenticum quod in Herbario Musæi
berolinensis mecum humanissime communicato continetur, baccas exhibet indubiis calycis
adnäti vestigiis coronatas, innumerisque fœtas seminibus perexeguis, ovatis, quorum testa
luteola crustacea fragilis et sérobiculata, embryonem rectum e radicula tereti et cotyle-
donibus 2 crassis orbicularibus applicitisque, in perispermio crassiusculo (carnoso) sepul-
tum fovet. Ejusdem folia MonrmracEARUM more opponuntur, sel linea prominens axillis
interjecta stipulas caulinas exstitisse testatur; quapropter plantam Willdenowianam ad
RuBIACEAS ducendam libentius arbitrarer.
TRIBUS SECUNDA.
MONIMIEZÆ sec DRUPACEZÆ.
MONIMIE Æ RoB. BROWNIO, in FLINDERSI /linere ad Terram australem, t. IX, p. 553.
MONIMIACEÆ, subordo I MONIMIE Æ (exclusa Ambora) ENDL., Gen. pl., p. 313. —
LinpL., Veget. Kingd., p. 298.
MONIMIEARUM, CALYCANTHEARUM et ATHEROSPERMEARUM genera H. G.
Lupov. REICHENB., Uebers. der Gew.-Reichs, pp. 84 et 85.
AMBOREZÆ (exclusa Ambora) Ac. RiCH., Élém. de Botaniq., ed. v, p. 229, et ed. vrr
p. 666.
Frores diclines, diœci v. monœci. ANTHERÆ rimis Jlongitudinalibus aut
valvulis (adscendentibus v. explicato patentibus) dehiscentes. OvarrA libera.
Ovurum erectum v. pendulum. DruPæ aut perigonio integro, accreto, car-
noso facto, Rosæque hypanthium mentiente inclusæ, aut nudæ, perigonio
partim amoto v. destructo nec incrassato, semper autem liberæ.
SECTIO PRIMA.
MONIMIEÆ CRYPTOCARPÆ.
Ovaria gravida in perigonio occulfata, nec nisi maturis seminibus tegmen calycinum
exuentia.
+ Ovulo pendulo.
IH. MONIMIA!.
(Tabula xx1x).
Mona Thuarsio, Hist. des végét. des îles Austr. d’Afrig. (1806), pp. 21 et 34, tab. wir. — C. L.
Willden., Sp. pl. Linn., t. IV, part. 2 (1805), p. 647, n° 1749. — Poiret, in Lamk., Æncycl. mé-
thod., Botaniqg., Suppl, t. lil (1813), p. 726. — Spreng., Syst. veget., t. III (4826), p. 906,
n° 3196. — Endl., Gen. pl., p. 314, n° 2015; Suppl. IV, part. n, p. 56. — W. Bojer, Hort.
Maurit., p. 289, n° 762.
Event sp. Poir., in Encycl. méthod., Bot., Suppl., tom. III (4813), p. 124, n° 54.
Myrrisp. Spreng., Syst. weget., tom. If, p. 487.
Fcores diclines, diœci. Masc. : PErIGONIUM € parietibus crassissimis, initio
! Monimia a Monima, uxore Mithridatis, derivatur, ait TauARsius.
308 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
ovatum clausumque, postea autem irregulariter 4 6-partitum et floriforme,
divisuris vix æqualibus et patenti-reflexis, fauce haud constricta, interna vero
pagina tota dense setifera. SramiNA innumera universum parietem perigoni
ab imis penetralibus ad summas usque divisuras stipatissimo ordine vestientia,
velantia, libera, introrsa, glabra, subæqualia ; /ilamentis teretibus, brevibus,
ima basi et e latere 2-glandulosis, glandulis oppositis s. geminis, disciformi-
globosis et brevissime pedicellatis, sed propter augustias loci sæpissime defor-
mibus, nempe trigonis sub dimidiatis aut sessilibus; antheris subcordato-qua-
drilateris, apice obtusissimo integris, summo fulcimini continuis, 2-lobis,
lobis sulco discriminatis, singulis valva crassa primodum clausis tandemque
eadem a latere interno soluta et explicata, late apertis ac penitus evacuatis,
anthera tota tunc membranam planam v. extrorsum concavam late suborbi-
cularem et nervo medio prominente (connectivo gibbo) signatam referente;
polline e granis globosis. Carpidiorum vestigia nulla. Fosmin. : PeRIGONIUM
ovato-globosum s. potius urceolatum, nempe ostiolo angusto brevissime
4-6-dentato (dentibus acutis erectisque) pervium, atque e parietibus cras-
sissimis intus dense setiferis factum. Canrpipra s. ovaria 6-8 glaberrima,
linearia, basi scilicet latissima (dilatata) in perigonüi pariete sessilia, subi-
toque in stylum æqualem apice integrum nec incrassatum continua
abeuntia, inclusa aut brevissime exserta, inter se admodum hbera, unilo-
cularia et 1-ovulata, ovulo anatropo, ovato-acuto, pendulo. Frucrus bacci-
formis et oculatus (perigonii dentibus haud mutatis superstitibus), e
perigonio carnoso facto ac tandem lacerato-dehiscente nec non drupis 4-8
subexsuccis liberis totisque diu reconditis ; hæcce ovatæ, ob mutuam pres-
sionem acute trigonæ aut diversimode angulosæ, acutatæ et stylo exilis-
sime lineari superstite terminatæ; epicarpio tenuissimo, pellucido et gla-
berrimo; #esocarpio (pulpa) parco (colorato et gigartino, fide Tauarsn)
glandulisque olentibus copiosissime scatente; putamine osseo, crasso, extus
scrobiculato, intus autem levi, canaliculoque augustissimo vasis funiculi
primum, postea verum radiculæ embryonis viam præbente, in apice per-
forato. SkmEN ovato-acutum; testa tenuissima, membranacea, raphe lineari
semen longitudine æquante, chalazaque late orbiculari et fusca notata;
albumine carnoso-oleoso crassissimo et suaveolente. Emsrxo centralis,
rectus, admodum exiguus, e caudiculo subancipite putaminique summo
et pervio proximo, nec non cotyledonibus duabus oppositis subellipsoi-
DRUPACEÆ : MONIMIÆ. 309
deis, obtusissimis, æqualibus (caudicnl) brevioribus) et late divergen-
tibus.
Frutices mascareni (inconditi, ait Tavarsrus) péloso-tomentost ( pilis sim-
plicibus, fasciculatis v. lepidiformibus), foliis integerrimis, oppositis ,
scabris ; floribus racemosis aut paniculatis ; anthemiis axillaribus.
Beat. TauarsiuM qui primam generis diagnosin edidit, ENpLicaERuMque eumdem
secutum, plane effugerunt solitæ filamentorum glandulæ et vera antherarum dehiscentia.
Ovaria admodum sessilia, nec breviter stipitata, contra ENDLICHERI dicta, semper depre-
hendi. Perigonium femineum hypanthio Rose jure æquiparari potest, similiter carnosum
evadit et fructui baccato parietes ministrat.
Genus Monimiarum Th. inter MONIMIACEAS palæogeas Citriosmis americanis bene
respondet.
1. MONIMIA OVALIFOLIA.
M. foliis obovatis, basi cuneatis, supra asperis, lepidiferis, et in margine
anguste revolutis.
Monimia ovalifolia P.Th., op. cit., p. 22, tab. var, fig. 1.—Poiret, in Encycl. méth., Bot., Suppl.,
t. Il, p. 327. — Willd., Sp. pl. Linn., t. IV, p. 2, p. 648. — Boj., op. cil., p. 289.
ARBOR arbusculave ramis patulis, confertis, initio subtetragonis et dense scabrido-
tomentosis (pilis aureis, plerisque stellato-fasciculatis), subinde autem glabratis. FOLIA
obovata, brevissime et obtuse mucronata, basi cuneata, in acie anguste revoluta, coriacea,
superne ob lepides ciliatas albentes et perexiguas quibus laxis consperguntur tactu aspera,
subtus lepidibus mollioribus confertissimis admodum velata et albido-luteola ; venis secun-
dariis vix prominentibus; petiolo crassissimo, brevi, antice plano:; cicatricibus foliorum de-
lapsorum late ellipticis v. obcordatis, in pulvino crasso prominente. ANTHEMIA (feminea)
solitarie axillaria, bracteosa (bracteis cito dimissis), aureo-tomentosa, mox sordida, folio-
que multo minora, nempe nune paniculæ pauci-ramosæ, ramis oppositis distantibus bre-
vibus et cymam obsoletam aut plures contractas et depauperatas sigillatim gerentibus,
aunc tantum racemi unum e paniculæ modo descriptæ ramis referentes; foribus auran-
tiis et suave odoris (teste Tauarsro), singulis pedicello brevi crassoque suffultis.
Nascitur in montibus insulæ mauritianæ, ad altitud. cc hexapod. supra oceani ripas; pedes x1r
statura vix excedit, auctore Tauarsio. Planta feminea florifera beat. Bovinio in limine superiore sylva-
rum, ad radices cacuminis dicti du Pouce, ineunte septembri 1849, obvia est; ibidem floriferam reperit
cl. Boserius, a martio mense in aprilem usque (Cfr. Herb. Mus. vindobon.).
(Herb. Mus. par., Jalbert., vindobon. et berolin.)
Planta mascula in herbariis omnibus quæ penes me sunt desideratur.
310 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
2. MonwiMiA ROTUNDIFOLIA.
(Tab. xx1x).
M. foliis late orbicularibus, nonnihil cordatis, supra piloso-asperis, nec in
acie revolutis ; antheris rubentibus, eglandulosis.
Monimia rotundifolia P. Th., op. cit., pp. 21 et 35, tab. vin, fig. 2 (sinistra). — Poiret, in En-
cycl. méth., Bot., Suppl., tom. I, p. 727, etin Leæ. sc. nat., tom. XXXIT (1824), p. 450,
tab. 290 (iconib. a Thuarsio mutuatis). — Willd., Sp. plant. Linn., t. IV, part. alt., p. 647. —
Bojer, loc. cit.
Ambora tomentosa Bory, l’oyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique (1804),
t. 1, p. 317, et tom. HI, p. 82, tab. xun (planta mascula). — Non autem Sieb.
Eugenia villosa Poir., in Encycl. méth., Bot., Suppl, t. Il, p. 124, n° 54.
Myrtus villosa Spreng., Syst. veget.;t. Il, p. 487.
Argor modo excelsa, modo humilior et contorta (fide Boryi); ramis recentibus alternatim
compressis, subtetragonis, hirto-tomentosis (pilis simplicibus, lepidibusque longe ciliatis
commistis) et fulvo-luteolis, adultis autem (annotinis) teretibus, pro maxima parte gla-
bratis, corticeque fusco et rimoso tectis. ForrA late elliptico-rotundata v. orbicularia,
utrinque obtusissima aut sæpius brevissime mucronata, basi quandoque nonnihil cordata,
crassa, coriacea, in acie non revoluta, antice primum ob pilos rigidulos lepidesque sparsas,
postea autem ob tubercula obtusa etnudata, tactu aspera, postice panno albente, continuo
et persistente, e pilis sparsis et lepidibus in telæ sortem adglutinatis, prorsus velata; venis
superne impressis, subtus laxe prominentibus; petiolo valido, hirto. ANTHEMTA utriusque
sexus solitarie axillaria, hirsuto-tomentosa, foliis plus dimidio breviora; mascula singula e
racemo apice paucifloro (floribus oppositis, longe pedicellatis et vix bracteatis), aut e
panieula multo longiore, flexuosa, repetitis vicibus et vix ex norma regulari dichotoma,
indeque multi- et laxiflora; feminea e paniculis pauci-ramosis (ramis.oppositis et 1-3-floris)
aut racemis depauperatis. ANTHERÆ rubentes, appendiculis 2 solitis instructæ, e paren-
chymate autem quasi eglanduloso (saltem de specie) formatæ. Bacca ovato-globosa v.
ovato-inæquilatera, obtuse truncata.
Oritur in montibus demissioribus insulæ mauritianæ, ut referunt Commerso et BoserIUS, nec non
in insula borbonia, auctoribus Tauarsio, GaznicHALDo, BREGNE, RicHARDO, SGANZINO aliisque. Stirpis
mas et femina simul beato Bovinio occurrerunt in regionibus excelsis diotis du Boucan-Launay
(Herb. propr. n° 1420).
In borbonicis montibus nonnisi ad altitudinem p-pc hexapodum supra Oceani ripas
crescere dicitur, vernaculeque Ambaville à grosses feuilles et Mapoux audit. (Cfr.
THUARSIUM, Op. cit., p. 39).
[Herb. Mus. par. (mas et femina); berolin.]
DRUPACEÆ : MONIMIÆ. 311
3. MoniMiIA CITRINA.
M. foliis ovato-orbiculatis, subcordatis, utrinque molliter tomentosis,
subtus citrinis, in acie planis; antheris copiose glandulosis, pallidis.
Monimia citrina Tul., in 4nn. se. nat., ser. 4, tom. IIT, p. 32.
ARBOR ramis primum alternatim compressis, in nodis dilatatis, ob pilos fasciculatos ac
pauciores vix lepidiformes hirtello-tomentosis et aureo-fulvis, annotinis autem subtere-
tibus et glabratis, cortice fusco et longitrorsum sulcato. Forra late ovato- v. deltoideo-
orbiculata aut quidem subcordato-orbicularia (6-9 centim. lata, 7-10 et quod excedit
longa), brevissime et acute mucronata, basi rotundata et quandoque nonnihil emarginata,
utrinque pilis fasciculatis tactu mollibus et aureo-fulvis vestiia. prætereaque in pagina
postica indumento nitide albo-citrino v. citrino-fusco ex pilis istius coloris brevibus et
intricatissimis admodum velata, acie plana et solito more integerrima ; venis in dorso laxis
reticulatis et prominentibus; petiolo valido, brevi (5-10 mm. longo), superne deplanato,
et toto hirsuto-tomentoso. PANICULÆ (masculæ) dense hirto-tomentosæ, foliis plus duplo
breviores, solitarie axillares, singulæ e pedunculo valido deplanato et pauci-ramoso, ramis
oppositis v. suboppositis, brevibus, simplicibus aut obsolete dichotomis et confertim mul-
tifloris; foribus brevissime pedicellatis; bracteis exiguis et cito caducis v. nullis; stamini-
bus pallidis, glandulis filamentorum minutis, antheris a tergo glandulis intimis scatentibus.
‘Provenit in terris mauritianis secundum CommERsoNEM, nec non in insula borbonica e GALDicHAL Do,
floresque masculos julio mense explicat.
Cum M. rotundifolia Thuars. propter foliorum formam maxime convenit, ab ea autem
recedit istorum indumento coloreque nec non antherarum parenchymate pallido glandulis
scatente.
(Herb. Mus.par.)
++ Ovulo erecto.
II, CITRIOSMA 1.
{Tabulæ xxvHI-Xxx).
SiparuxA Aubl., PL. de la Guyane, t. I, p. 864. — Crueg., in Linnæa, t. XX (1847), p. 143, et
in Ann. sc. nat., ser. 3,t. VII, p.376.
Crrrosua R. et Pav., Fl. peruv. et chil., Prodr. (1794), p. 134, tab. 29; Syst. veget. F1. peruv. et
chil., t. 1 (1798), p. 263. — Eudl., Gen. pl., p. 314, n° 2017; Enchir. Bot., p.195.
* Nomen a xirpuov, Citrium (citreum :malum) is. -xreiæ, Citrus, etiéoun, odor, derivatur, quapropter
aptius scribitur Citriosma quam Citrosma. \
312 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Leonia Mutis, msc., fide Bonplandi in schedis (Cfr. Herb. Kunth., in Mus. bero!., sub Citriosma
grandiflora HBK.).
CiTRisenE et Crrriosma A. Hilario, in schedis (nunc e thesaur. Mus, Bot. paris.).
Cirriosma Tul., in 4nn. sc. nat., ser. #4, t. III (maio 4855), p. 32.
FLorss diclines, monœci v. diæci, apetali, virentes v. sordide flavi, vul-
goque exigui. PErIGONIUM utriusque sexus calyciforme, globoso- v. obconico-
urceolatum, in limbo 3-6-partitum, rarius in partes plures divisum, divisu-
ris ovatis, oblongis v. semi-orbicularibus, quandoque etiam dentiformibus
sæpiusque mediocris magnitudinis, in fauce autem plus minus constrictum
et velo præterea nunc angusto nunc contra late extenso nec nisi poro medio
angustissimo pervio instructum, clausum, intimis parietibus glabris, externis
vero utplurimum tomentosis ; #asculum tenuius, uniloculare et ore multo
latiore apertum; fœmineum e parenchymate crassissimo factum intusque
septis diversimode invicem occurrentibus et coalitis in loculos inæquales,
sursum pervios v. clausos simplicique aut duplici serie circinatim ordinatos
partitum. Sramina numero maxime varia, modo pauca, scilicet 4-6, et veluti
definita, modo plura, nempe ë-4, et admodum indefinita, internæ peri-
gonii paginæ, sub fauce multifarioque ordine, v. in ipso illius fundo et
quasi fasciculatim inserta, omnia introrsa et plerumque magnitudine inæ-
qualia, intimis enim minoribus et reconditis, exterioribus plus minus
exsertis; /ilamentis sæpius petaloideis, sal. late membranaceis, ovatis v.
lineari-ellipticis, interioribus omnium angustissimis , exterioribus fortasse
nonnunquam anantheris v. polline perfecto destitutis, omnibus vulgo plane
liberis, interdum contra (in floribus oligandris) marginibus coalitis vel
quidem in columellæ fistulosæ sortem veluti mutatis, staminibus proinde
diadelphis vel monadelphis factis; antheris exiguis, antico summi sisten-
taculi parieti singulatim totis adnatis, ovato-acutiusculis, 2-lobis (lobis
autem ut videtur unilocularibus), valvatimque dehiscentibus, operculo
enim totius antheræ a basi ad apicem pedetentim soluto, recurvo per-
sistente, jamque non nisi basi breviter emarginalo, jam e contrario, ac
sæpius fortassis, alte bipartito, lobis etiam quandoque ad verticem usque
ab invicem hiberis; polline luteo ex utriculis globosis. Ovaria simplicia,
staminum instar numero varia, 4-20, singula in singulis perigonii fœminei
loculis solitarie recondita, plane sessilia et quidem pariete ambienti dorso
frequenter adnata, glabra v. rarius sericeo-pubentia, ovato-elongata, non-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 313
nihil introrsum curvata, singula in stylum prælongum sensim desinentia,
unilocularia et uni-ovulata; styls omnibus simplicibus, perigoniüi oscillum
fasciculatim petentibus, breviter exsertis, nuncque inter se prorsus liberis,
nunc contra aut spiraculi parietibus adnascentibus, aut in columellæ spe-
ciem exstantis apiceque penicillatæ coalitis. Ovuzom obovatum, rectum, in
fando carpidii sedens, scilicet erectum, glaberrimum, anatropum, raphe
exili totam ejus longitudinem tenente ac ventri s. antico acutatoque car-
pidii lateri respondente, chalaza quamobrem apicali, micropyle autem hilo
proxima imumque carpelli parietem tangente. Frucrus bacciformis e peri-
gonii calyculo occluso incrassato carnoso facto, sepalis haud mutatis coro-
nato, drupisque totidem farto quot carpidia maturuere. DruPÆ singulæ
subexsuccæ ovato-globosæ acutæ et subancipites; epicarpio tenuissimo, pel-
lucido, pulpæ parcissimæ imposito; hacce tamen quum in summa drupa
(nempe in imis styli vestigiis), tum in ejus dorso multo crassiore et quasi
tota e granis vix cohærentibus aureis et suaveolentibus composita ; putarnine
pallido, osseo vel subfragili, extus scrobiculis abunde exsculpto obtuseque
echinato, intus contra admodum levi, et in partes 2 s. valvas æquales,
germinationis tempore, discedente. SEMEN obovato-globosum, deorsum
acutiusculum, tegrnine tenui papyraceo et ægre distrahendo cooperlum ;
albumine carnoso-oleoso luteoloque integram seminis molem quasi sistente.
Ewsryo perexiguus, vix oculo inermi conspicuus, in albumine extimo juxta
hilum lineari-punctiformem (adversante putaminis foramine quo funiculi
vasa olim introierunt) latitans, e radicula tereti aut ancipiti-compressa bre-
vique et cotyledonibus 2 æqualibus, obovato-rotundatis v. acutiusculis,
brevissimis, æqualibus, late ab invicem discedentibus valvisque putaminis
contrariis constans.
Cirriosuæ, frutices aut arbusculæ staiura humiles, inter tropicos orbis
novi omnes gionuntur, sylvas alsas littoraque rivorum prϾdiligunt, et odore
grato quem ex omni parte spirant énsigntuntur. Eorum rorra simplicia, den-
ticulata v. integerrina, opposita terra vel quaterna, glandulis odoris semi
pellucidis scatent. Frores ên cymas geminalin axillares (gemma interpo=
sita1), semel aut repetitis vicibus dichotomas et propter abortus iteratos
‘ Diceres aliquando gemmulam hanc axi summopere abbreviato (s, abortienti) anthemii ab initio
decussatim dibrachiati imposuisse finem,
ARCHIVES DU Muséum. T. VIIL. 40
314 MONOGRAPHIA MONOMIACEARUM.
sæpius deformes 5. asymmetricas, unisexuales v. androgynas, ordinantur,
Jœmineis basin anthemiorum bisexualium, masculis autem verticem tenen-
tibus.
Frutices sub Cifriosmæ signo ins'ructi infimo nexu proximaque necessitudine sibi invi-
cem omnes devinciuntur, ita ut, licet non pauci exstent, vix possibile videatur eos in
legiones rite definitas dispescere. Argumenti difficultates eo magis arduæ evadunt quod
in herbariis quibus utimur specimina illa sæpius desiderantur quæ sedulo explorata nodos
quæstionum solverent. Ea causa est cur in ordinandis stirpibus infra descriptis univer-
sum habitum singulis privum magni habui, nec nisi paucas titulis distinclis signavi sectiones
quarum ope singulæ species tutius dignoscerentur.
CI. H. CRUEGERIUS qui primus, ut videlur, Siparunw, Aubletiani generis, leg'timam
in serie naturali sedem recognovit, Siparunæ quianensis Aubl. antheras uniloculares
transyersimque dehiscentes, semen inversum, embryonisque radiculam superam (Cfr. loc.
citatos) perperam dixit. Siparunam inter et Citriosmam ne minimum quidem discrimen
deprehendere potui, quapropter si jura antiquitatis respicerentur , nomen Aubletianum
retinere deberemus; dum vero Siparuna barbara, tenebris abstrusæ descriptionis involuta,
ad calcem indicum nostrorum rejiceretur, vox Pavoniana græco idiomate nitidisque
adumbrationibus innixa, illius locum merilo usurpavit, nuneque possessionis vetustate ita
se defendit ut ad eam depellendam s. abrogandam non valerem.
A. Diæcæ, eleutherandræ; perigonio haud echinato.
1. Tomentosæ.
1. CITRIOSNA ERYTHROCARPA.
C. foliis obovatis acuminatis eroso-dentatis et longiuscule petiolatis; anthe-
miis foœmineis brevibus, 1-3-floris; perigonii divisuris 5-6, amplis, oblongo-
acutis et patentibus; fructu subobliquo, rubro (vivo).
Citrosma erythrocarpum Mart., msc. in sched. et Herb. monac.
Citriosma erythrocarpa Tul., in Ann. se. nal., vol. cit., p. 32.
ARBOR diœca ramis medullosis, teretibus aut subtetragonis (novellis alternatim hine
et inde compressiusculis), tomentosis, tactu asperulis et colore fulvo-luteolis. FoLra
decussatim opposita, obovata seu obovato-oblonga, breviter acuminata, basi nonnihil
attenuata v. subrotunda, in ambitu, supremo præsertim, eroso-dentata, dentibus inæqua-
libus patentibus acutisque, sinubus vero latis et obtusis, utrinque molliter et superne
parcius tomentosa, 8-12 centim. longa, 4-6 centim. lala, petioloque 1-3 centim. et quod
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 315
excedit longo patulo subtereti ac dense tomentoso suffulta, venis secundariis paginæ pos-
ticæ ordine densiusculo pinnatoque distributis; reliquis pariter prominentibus. ANTHEMIA
(feminea quæ sola Suppelunt) geminatim alaria, patula, vix eentimetro longiora, simplicia
v. dichotoma, 1-3-flora, tota tomentosa ac fulvo-luteola. PERIGONIUM calyciforme phyllis
5-6 oblongis, acutis, inæqualibus (majoribus 3 mm. circiter longis), utrinque tomentellis,
stellatim patentibus liberisque coronatum, velo autem crasso, Conico, prominenti, trun-
cato, glabro v. mox glabralo, late ostiolato et stigmatibus 8-12 breviter exsertis liberis
exilibusque viam præbente clausum; penetralibus in loculos 8-12 partitis, singulis ovarium
solitarium et glaberrimum foventibus, septis ovariisque granulis (glandulis) albentibus
fœtis. Frucrus vulgo in pedu culo haud accreto quadamtenus obliquus, subsphæricus,
tomentellus, limbo perigonii libero non mutato et erecto terminatus, vivusque ruber
(teste Mar Trio).
Orilur in sylvis bragilianis Capoës dictis, prope Z{u provinciæ s. Pauli, ait ill. Marrius (cfr. ejus
Berb., Obs. mss. n° 605), nec non in montibus organensibus haud procul a Sebastianopoli (VaLrHERIt
Herb. n° 566). Flores fructusque simul profert januario mense, Marrio teste (loc. cit. ).
(Herb. Mus. parisini, Lessertiani et monacensis.)
Hujus stirpis, si cum proximis parum dissimilibus eam conferre volueris, criterium s.
nota discriminalis præcipua in sepalorum forma et magnitudine versalur.
2. CITRIOSMA OLIGANDRA.
(Tab. xxvin).
C. ramis asperulis, luteo-virentibus; foliis breviter petiolatis, oblongis
v. lanceolatis, acute acuminatis, crenatis s. denticulatis ; anthemiis masculis
exilissimis, erecto-patentibus, brevibus, ramosis et multifloris, floribus exi-
guis 1-2-andris; femineis brevioribus 1-3-floris, perigonio dense luteo-to-
mentoso.
Citriosma oligandra Tul., vol cit., p. 32.
ARBOR diœca, humilis. Ra annotini subteretes aut nonnihil tetragoni, sordide fu-
cati, ob pilos fasciculatos sparsos asperuli v. quidem scabrido-tomentosi ; hornotini
s. foliferi multo densius tomentosi, luteo-virentes, et alternatim hinc et inde com-
pressi. FOLIA ovato-oblonga v. oblongo-lanceolata, acuminata (acumine acuto), basi
attenuato-rotundata ac quandoqu* subemarginata vel paulo inæquilatera, 10-14 centim.
longa, 3-5 centim. lata, in ambitu irregulariter et minutissime denticulata aut simul
crenato-denticulata, crenis obsoletis denticulisque mixtis v. alternis, utrinque asperulo-
tomentosa (pilis fasciculatis et patulis) et quamobrem luteola; venis postice prominen-
316 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
tibus, secundariis remotis, terliariis laxissimis. ANTHEMIA utriusque sexus gemina in
singulis axillis. MASCuLA gracilima, ter quaterve dichotoma, erecto-patula, luteolo-to-
mentosa, sesquicentimetrum non excedentia, pedunculis cujuslibet ordinis pariter exili-
bus et divaricatis, supremis multifloris, floribus perexiguis secundis pressoque ordine in-
sertis, nubilibus pedicello vix {2 mm. lorgo suffultis. PERIGONIUM calyciforme in limbo
4-6-lobum (lobis s. dentibus crassis, vix æqualibus, late ovato-triangularibus, subacutis,
antice tandem glabratis, et in velamen latiusculum subdeplanatum glabrumque simul
transeuntibus), ore apertum integerrimo et latiusculo , inque parietibus intimis (gla-
berrimis) abunde glanduloso-punctatum. STAMEN unicum vel duo glaberrima, centro imo
perigonii inserta, illiusque faucem nonnihil excedentia; filamentis crassissimis conico-elon-
gatis glandulosis obtusis vel subacutatis; antheris breviter ovato-oblongis, extremo susten-
taculo applicatis, et valvatim so!ito more dehiscentibus, valvis connatis a basi ad apicem
sub anthesi revolutis, moxque parlim destructis. ANTHEMIA FEMINEA vix centimetrum
longa, patentissima, densissime tomentosa, luteola, 2-3-flora et sæpius quidem uniflora
{scilicet dichotoma v. simplicia), bractea lineari patula brevique pedicellum floris inferio-
ris vulgo stipante. PERIGONIUM calyciforme, multo crassius masculo, in limbo tenuato et
antice glabrato 4-6-dentatum, dentibus latis triangulari-acutis patentibus et quidem apice
reflexis, nec non velo glabro hisce continuo, plano v. quadamtenus conico et promi-
nente, angusteque ostiolato clausum; stigmata 6-10 libera, breviter exserta et divaricata;
carpidia totidem glaberrima, singula in loculo peculiari recondita; perigonii parietibus,
septis ovariisque glandulis albentibus copiosissime refertis. Frucrus pyriformis, oculatus,
in pedunculum haud accretum, nempe { mm. circiter longum, attenuatus, ceraso, ni
fallor, paulo crassior, parce tomentellus, perigonii limbo partito nec mutato coronatus,
vivus in pulpa interna rubens, citreumque et gravem spargens odorem (testante beato
GUILLELM.). DrupÆ 6-10, solitæ fabricæ, putamine osseo et minute echinato.
Provenit in sylvis Brasiliæ sebastianopolitanæ (Cfr. Manri Herb. propr., et Garpnert Herb.,
n° 373 ). GUuiLLELMINO nostro occurrit, florifera simul et fructifera, mense martio 4839 (Herb. propr.
n° 964), in montibus organensibus, baud longe a Sebastianopoli. Eam Kuorzxkyus in isdem terris
antea viderat (Cfr. Herb. Mus. vindobon.)
(Herb. Mus, paris., Lessert., monac. et vindobon.)
Propter folia C. Apiosycen infra depictam imitatur, sed anthemiorum masculorum pe-
culiari exilitate, florum in iisdem exiguitate, antheris cujusque floris subsolitariis, nec-
non anthemiis femineis plane dissimilibus, maxime puta depauperatis et crassifloris, facile
distinguitur.
3. CITRIOSMA CUIABANA.
G. foliis obovato- vel elliptico-oblongis, breviter acuminatis, basi cuneatis
rotundatis aut quidem cordatis, minute et obsolete denticulatis; anthemiis
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 317
masculis gracilibus, peliolo brevi duplo circiter longioribus, dichotomis,
patentissimis, apice deflexis, sursum versus dense multifloris, floribus exi-
guis; perigonii tandem late aperti dentibus 4-5 brevissimis, velo longius
producto; staminibus externis nonnihil exsertis; anthemiis femineis con-
tractis et demissis, perigonii dentibus triangulari-acutis, antice glaberrimis
et nigrentibus ; stylis liberis.
Citrosma cujabanum Mart., msc. in Herb. propr. et schedis.
Citriosma cujabana Tul., vol. cit., p. 33.
FRuTEx diæcus, orgyalis, ramis hornolinis medullosis, tomentosis, tactu mollibus v.
asperulis (tomento e pilis fasciculatis intricatis), cinereo-fulvis vel luteo-virentibus. FoLrA
decussatim opposita, obovato- vel elliptico-oblonga , obtuse breviterque acuminata, basi
brevissime cuneata, rotundata vel quidem (maiora) cordata, in acie obsolete et minute
denticulata v. quasi crenulata, utrinque moliter, densius autem a tergo tomentosa,
6-12 centim. et quod excedit longa, 2-5 centim. lata (amplitud'ne enim maxime variant},
petioloque subtereti, dense tomentoso , erecto-patenti et centimetrum longo v. minore
suffulta; venis præter mediam exilibus, unaque subtus prominulis. ANTHEMIA utriusque
sexus ut solet geminatim alaria, gemma exigua interposita, patentissima aut demissa,
et integra tomentosa. MascuLa 1 centim. vel sesquicentimetrum æquantia, exilia, in
medio bifurca, crure utroque dense 2-10-floro, floribus exiguis secundis et breviter pedi-
cellatis (pedicello exili 2 mm. circiter longo). PERIGONIUM globoso-calyciforme, parce
tomente:lum, obsolete ac brevissime #-6-dentatum, dentibus acutiusculis, interdum vix
conspicuis, limbuloque inter se junetis; velo seu margine ultra dentes protracto, glaber-
rimo, glandulis pellucidis scatente, tenui, in acie integerrimo, tandemque erecto et late
hiante. Sramixa utplurimum 8 (quandoque etiam, ni erraverim, 10-12) libera, g'aber-
rima et inæqualia, exteriora nempe majora, brevissime exserla, et cum cæteris, sed non-
nihil atius, imis perigonii parietibus inserta; f/amentis petaloideis, late ovatis, basi lata
calyci hærentibus, apice acutissimis, glanduloso-pellucidis, inter se inæqualibus, scilicet
eo brevioribus et angustioribus quo interioribus, et post anthesin a summo breviter
retroflexis; anthera ovato-acuta, introrsa, perexigua, apici fulciminis antico adplicita
nec ab eo discreta, 2-oba, valvisque duabus longe connatis, a basi ad apicem tempore
debito simul revolutis et persistentibus initio clausa; polline pallido. ANTHEMIA FE-
MINEA demissa, vix centimetrum æquantia, nunc breviora simplicia et 2-5-flora, nunc
2-3-furca dense multiflora contractaque; floribus exiguis, singulis pedicello crasso 4-6
millim. longo suffullis. PERIGONITM globoso-urceolatum aut breviter subpyriforme, dense
fulvo-tomentosum, limbo e dentibus 4-6 brevibus crassis, late 3-angulari-acutis, sæpe
inæqualibus, poslice tomentosis, antice autem glaberrimis et nigrentibus, coronatum;
velo crassissimo et glaberrimo circa conulum medium, pervium et ex area depressiori
assurgentem, in modum marginis obtusissimi prominente, CarpipiA 8-10 glaberrima ;
318 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
stylis fasciculatis, in spiraculo nonnihil conglutinatis, ultra liberis et divergentibus.
Frucrus globoso-obovatus, pedicello exili et tomentoso innixus, ipse parce tomentosus,
cineraceus calycinisque dentibus haud accretis coronatus; maturescendo rubet tandemque
in partes 5-6 inæquales scinditur, explicatur, et drupas tanquam caruncula cinnabarina
instructas, licet cæterum nigrentes, prodit. (Cfr. A. Hicaris sched. msc.). PUTAMEN
tuberculosum.
Provenit in Brasiliæ mediæ provincia goyazana, scilicet in agro cujabensi ad Patricio da Sylva,
floretque octobri. (Marti Herb. n° 346.) SELLOWIO etiam occurrit prope prædium dictum da Galena
(Herb. B 598 c 2131. — Herb. Kunth.), Craussenro et WeppeLuio (circa Sabaram) in prov. Fodina-
rum (CLaussent Herb. n°460 ; Wepvecir Herb. n° 1537), januario florida fructiferaque simul. Olim
quoque lecta est ab ill. AuG. Hianio (Herb. n° 894 OU).
(Herb. Mus. par., monacense et berolin.)
Folia obovata quandoque supra basin et mediatenus angustala, formam spathulæ acutæ
quodam modo obtinent; talia occurrunt in speciminibus Hilarianis.
4. CITRIOSMA PLEBEIA.
C. cinereo-tomentosa ; foliis oppositis, obovato-ellipticis, minute serratis,
breviter petiolatis ; anthemiis masculis brevibus, ramosis, multifloris ; flori-
bus exiguis; perigonio brevissimo, 5-6-dentato, velo tenui et penetralibus
simul glabris atque glanduloso-punctatis ; staminibus sex vix exsertis.
Citriosma plebeia Tul., in Ann. se. nat., vol. cit., p. 33.
ArguscuLA biorgyalis, diϾca. Ramr (foliiferi) subtetragoni, dense et molliter tomentosi
ac quamobrem cinereo-luteoli (pilis fasciculato-stellatis implexis). Fozra decussalim oppo-
sita, obovato-elliptica, brevissime simul et obtusissime acuminata, basi cuneato-rotundata
ac quandoque nonnihil emarginata, minute serrala, abunde glanduloso-punctala, utrinque
tomentosa, superne scilicet scabriuseula et saturatiora, postice autem velutina et cinerea,
8-12 centim. longa, 4-6 centim. lata, petioloque 10-15 mm. longo, toto cinereo-tomentoso
et tereti innixa. ANTHEMIA (mascula) geminatim axillaria, ex integro cinereo-tomentosa,
gracilia, 10-15 mm. longa, patentissima, ramosa et multiflora; axi primario nunc in ramu-
los congestos dense mullifloros sursum discedente, nune ramulorum oppositorum similiter
floribus exiguis slipatis et secundis onustorum paria 2remotiuscula gerente, ipsoque insu-
per flore solitario aut pluribus congestis coronato. PERIGONIUM calyeinum, tenue, breviter
pedicellatum, extus cinereo-tomentosum, in margine brevissime 5-6-dentatum, velo tenui,
glabro et late demum aperto, in fauce primitus clausum, intus glabrum et glanduloso-
punctatum. SrAmINA sæpius sex inæqualia, imis perigonii parietibus insert, exteriora
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 319
ejusdem dentibus vulgo opposita et brevissime exserta, reliqua penitus inclusa, nigraque
omnia in planta siccata; filamentis planis, glanduloso-punctatis; anthera solitæ structuræ
et dehiscentiæ. (Flores feminei desiderantur.)
Oritur in Brasiliæ provincia dicta Fodinarum; Sylvarum primævarum sub umbra, medio decembri
(4816) florentem vidit ill. AuG. Hizarius (Herb. n° 56.)
(Herb. Mus. par.)
Florum structura et magnitudine ad C. Zanceolatam nostram (vid. infra) accedit,
foliis autem discrepat; vestitu præterea et habitu C. cujabanam supra descriptam adeo
imitatur ut non mirarer cur illius formam masculam peculiarem sisteret; attamen ut
specimina quæ præ oculis habeo seorsim describerem, folia omnia singulariter obtusa me
suaserunt,.
5. CITRIOSMA LANCEOLATA.
C. luteo-virens; foliis longe lanceolatis, acutissimis, obsolete et minutissime
denticalatis, breviter petiolatis; anthemiis (masculis) brevissimis, pendulis,
contractis et multifloris; perigonii dentibus æqualibus, erectis, brevibus et
obtusatis, margine autem glabro subbreviore pariterque glanduloso-punc-
tato ; staminibus 6-8 inclusis, rectis.
Citriosma lanceolata Tul., loc. cit.
ARBOR diœca (saltem videtur), Rai medullosi, alternis vicibus hinc et inde inter folia
compressi, ubique dense tomentosi sordideque luteo-virentes (pilis fasciculato-radiantibus).
Focra opposita, adulta patentissima vel demissa, petiolo subtereti tomentoso et milli-
metrum v. sesquimillivetrum longo suffulta, lanceolata, acutissima , basi obtuse atte-
nuala, 12-18 centim. longa, 3-5 centim. lata, in acie minutissime interdumque obsolete
denticulata, utrinque præterea molliter et bre:iter tomentosa. ANTHEWIA (mascula) bina
in singulis axillis, brevissima (1 centim. non longiora), pendula, dichotoma, multiflora,
contracla et ex integro tomentosa. PERIGONIUM calycinum s. poculiforme, intus gla-
brum, sub: margine 5-6-dentatum, dentibus brevibus æqualibus ovato- triangularibus
ereclis et obtusatis, margine ipso (s. velo imperfecto) utrinque glabro integro erecto et
dentibus nonnihil breviore : perigonii totius parietibus tenuibus et copiose pellucido-glan-
duliferis. SrAMINA 6-8 vix ac ne vix -exserta (majora s. exteriora dico), glaberrima, inæ-
qualia, centraliora abortiva et castrata; filamentis petaloideis late ovatis , apice acutatis,
tenuibus, glanduloso-punctatis, et in ambitu pallidioribus; anthera exigua, ovato-acuta,
320 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
2-oba, summo sustentaculo ut solet applicita, introrsa, valvisque connatis et a basi, anthe-
sis tempore, revolutis occlusa; polline pallido pulvereo. (Flores feminei desiderantur.)
Oritur in Brasiliæ mediæ provincia das Minas Geraës dicta. (Garpnert Herb, n° 5179.)
(Herb. Mus. vindobon.)
C. Apiosycæ Mart. (infra sub ne 8 descriptæ ) proxima est, sed foliis longe lanceolatis,
anthemiisque contractis et demissis sufficienter, ut opinor, distinguitur. Filamenta summa
staminum extrorsum non reclinantur, sicuti videre est in C. cujabana Mart., glandulisque
pellucidis insigniter scatent.
G. CITRIOSMA ESTRELLENSIS.
C. ramis sordide rufo-tomentosis, foliosis; foliis ovatis, obovatis oblongisve,
acutis v. brevissime et sæpius obtuse acuminatis, minute obsoleteque eroso-
denticulatis, utrinque dilate et molliter rufo-tomentosis; anthemiis bre-
vibus patenti-demissis et rufo-tomentosis, masculis ramosis ac densifloris,
femineis simplicibus pauciflorisque ; perigonii dentibus brevissimis et utrin-
que tomentosis, staminibus carpidiisque 4-6; stylis in veli angustiis brevis-
sime coalitis, ultra liberis et divaricatis.
Citriosma estrellensis Tul., in Ænn. sc. nat., loc. cit.
FruTEex orgyalis, diœcus, ramis subteretibus, medullosis, sordide rufo-tomentosis (ob
pilos fasciculatos vage intricatos) tandemque partim glabratis, dense foliosis, hornotinis
plerisque longis rigidis et simplicibus. FoLrA opposita, ovata v. obovato-oblonga, acuta,
obtusata v. brevissime acuminata, 7-9 centim. longa, 25-45 millim. lata, obsolete minute-
que eroso-denticulata, denticulis alternatim inæqualibus, et in utraque pagina (postice au-
tem densius) molliter tomentosa (tomento e pilis fasciculatis); costa venisque secundariis
subtus prominentibus, reliquis tomento velatis; petiolo tereli, ecanaliculato (ut videtur),
initio ob tomentum spissum quo totus obducitur nitide rufo, adultoque 12-20 millim. longo.
ANTHEMIA utriusque sexus geminatim axillaria, patenti-demissa, petiolo vulgo breviora,
totaque dense et breviter (dilute)rufo-tomentosa. MascuLa 2-4-brachiata, ramulis exilibus
fragilibus ac densifloris, floribus ex'guis brevissime pedicellatis. PerrGoxiom calyciforme,
brevissime 5-6-dentatum (dentibus triangularibus obtusulis erectis et utrinque tomentosis),
nec non velo angusto (dentibus breviore) integro glaberrimoque in fauce auctum. Sra-
MiNA 4-6 solitæ structuræ et brevissime exserla. ANTHEMIA FEMINEA € pedunceulo exili
simplici aut vix partito, et 2-6-floro. PeniGoxium globoso-urceolatum, dentibus majoribus
et inæqualibus (utrinque tomentosis) coronatum, veloque in medio (angustissime perfo-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 321
rato) obtuse tumente occlusum. Carpipra 4-6 glaberrima; stylis in angustiis spiraculi
brevissime coalitis, ultra liberis et divaricatis.
Floret ab octobri in novembrem, auctore WEDDELLI0, in schedis.
Nascitur in sepibus et saxis humentibus montium (Serra d’Estrella) provinciæ brasiliensis Sebas-
tianopolitanæ (WeopeLzutr Herb. propr, n° 896). SELLowIo occurrit prope prædium dictum Gaspar
Suarez (Herb. Kunrrir, b).
(Herb. Mus. parisiensis et berolin.)
Foliorum forma et vestitu nec non anthemiorum masculorum habitu Cétriosmain cuja-
banam Mart. imitatur. Specimina adumbrata nonnisi fracta et partim corrupta suppetunt.
7. CITRIOSMA RUFICEPS.
C. ramis subtetragonis initio rufo-velutinis, postea sordidis et punctato-
asperulis ; foliis oppositis, ovatis, breviter acuminatis, eroso-denticulatis,
utrinque velutino-tomentosis, novellis nitide rufis; petiolo rufo, tereti ;
pedunculis (femineis) brevissimis, erectis, 1-3-floris; perigonii rufi lobis 5-6
amplis ovatis ettomentosis; veli ostiolo e duplici canaliculo: stylis 5-8 liberis,
divaricato-exsertis.
Citriosma ruficeps Tul., vol. cit., p. 34.
FRUTEX diœcus, ramis subtetragonis, novellis tomento molli tenui brevi (velutino)
nitideque rufo obdu tis et coma similiter nitide rufo-velutina terminatis (inde plantæ
nomen), adultis sordidis partim glabritis el pilorum (fasciculatorum) sedibus prominen-
tibus nonnihil punctato-asperatis. FoLrA Opposita, ovata, breviter et anguste acumipata,
basi rotundata aut vix cuneata et quandoque nonnihil inæquilatera, tenuia, parce ut vide-
tur glanduloso-punctata, 7-10 centim. longa, 4-5 centim. lata, eroso-dentata (dentibus
inæqualibus, sinubus latis et obtusissimis), et utrinque pari modo, nempe molliter breviter
et laxiuscule, tomentosa (pilis fasciculato-divaricatis): venis subtus prominentibus, exilibus;
peliolo 10-15 mm. longo, tereti, ecanaliculato, gracili, velutino-tomentoso nitideque
rufo. ANFHEMIA feminea (quæ sola suppetunt) geminatim ut solet axillaria, petiolo quasi
duplo breviora, tota rufo-velutina, singula e pedunculo gracili erecto et apice 1-3-floro,
floribus singulis pedicello exili 3-5 millim. longo suffultis. Per1GoNIUM obconico-calycinum,
extus saturate rufo-velutinum, limbo amplissimo e lobis 5-6 subæqualibus, ovatis, obtusis
v. acutulis, patulis, utrinque tomentosis et velo similiter vest:to continuis coronatum, velo
ipso in medio (glabro) tumente pulviniformi et introplicato tubumque brevem et recon-
Arcuives Du Muséum, T. VIII. 7]
322 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
ditum fingente. CarpiDrA 5-8 glaberrima et glandulis scatentia; séylis linearibus, liberis,
breviter exsertis et divaricatis.
Provenit in Brasilia meridionali, eamque primus reperit SecLowius (Cfr. Herb. Kunranr, [H. A.]).
(Herb. Mus. berol.).
Foliorum forma et vestitu ad Citriosmam estrellensem modo descriptam accedit, sed
propter perigonii lobos Citriosmam Apiosycen Mart., vel C. pellitam Tul. infra depictas
potius imitatur.
8. Cirriosma Aplosyce 1.
(Tab. xxvin).
C. ramis hornis molliter tomentosis, foliisque amplis, oblongis v. oblongo-
lanceolatis, acuminatis, acutis, basi attenuatis rotundatis aut quidem sub-
cordatis, obsolete et vage crenatis v. integerrimis; petiolo longo gracili ;
anthemiis brevibus, molliter tomentosis, masculis repetito-dichotomis
(ramulis patenti-divaricatis), femineis paucifloris.
Citrosma Apiosyce Mart., in Herb. et sched. mss. — Tul., in 4nn. sc. nat., loc. cit.
FruTex diœcus, bimetralis, parce ramosus et suaveolens. Rami foliiferi teretes, pennæ
anserinæ crassitie, medullosi, pilis fasciculalis brevibus et rariuseulis obsiti ideoque hispi-
duli. Foc1a decussatim opposita, internodiis longis discreta, petioloque subtereti (saltem
haud canaliculato), æquali, ob tomentum densum brevissimumque luteolo, 3-5 centim.
longo, et erecto-patulo suffulta ; limbus amplus, lanceolato-oblongus, 15-20 centim. et quod
excedit longus, 6-8 in medio latus, acutus v. sæpius acute acuminatus, basi rotundatus
et quidem a latere nonnunquam plus minus cordatus, sæpius vero attenuatus, tenuis,
utrinque et quasi pari modo velutinus, tomento enim brevissimo semper molli, rarius-
eulo, in nervis autem densiori et saturatius fulvo-luteolo vestitus; acie quandoque inte-
gerrima, sæpius undulato-crenata, crenis (dentibus obsoletis) obtusissimis, integerrimis,
nune maxime inæqua'ibus, nunc crebrioribus subæqualibus et vena vix protracta termi-
natis; nervis in pagina postica prominulis, laxis, exilibus. ANTHEMIA utriusque sexus alaria,
gemina, petiolo dimidio breviora ni etiam minora, cinereo-tomentosa, semel, bis terve
dichotoma, brachiis patentissimis, feminea simpliciora ac pauciflora, mascula in summis
ramulis dense multiflora, floribus minoribus et secundis. Mars perigonium urceolatum,
sub apice in lobos 4-6 subæquales, breves, ovato-rotundos, obtusos aut vix acutatos, antice
quidem tomentulos patulosque divisum, in membranam vero glabram integerrimam bre-
! Apiosyce ab éme, pyrus, et ouxñ, ficus, derivatur.
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 323
vemque ultra productum, et late hiascens, pariete interno glabro et glanduloso-punctato.
SramiNa 6-10 brevissime exserta, glabra, et inæqualia; filamentis planis petaloideis et
glanduloso-punctatis, externis lanceolato-oblongis latioribus abrupteque apiculatis, internis
quasi vitliformibus et apice acutatis, cunctis rectis et apice extremointrorsum antheriferis ;
anthera cujuslibet staminis pallida, perexigua, ovata, 2-loba, valvatimque more so!ito dehis-
cente. FEMINE perigonium crassius in lobos (sepala) 5-6 majores, late ovato-triangulares et
acutos, v. ovatos majores et obtusos, plus minus inæquales et utrinque tomentosos, ultra
faucem nonnihil constrictam, partitum, velamine faucis glabro ; penetralibus in locellos
plurimos per septa carnosa divisis, singulo 1-carpidialo; carpidiis singulis in stylum inferne
piligerum (ipsis ob pilos rigidulos aureo-fuscis), superne exsertum glabrumque longe atte-
nuatis; slylis prorsus liberis, sed in spiraculo perigonii constipatissimis. BACCA obovata
s. pyriformis, cerasi ut videtur crassitudine, luteolo-tomentella, hinc et illinc ob fructus
contentos protuberans, et in apice scrobiculato perigonii segmentis haud mutatis ornata,
tandem varie finditur et modo irregulari expanditur. Nuculæ s. drupæ colorem cæsio-
cinereum maturæ induunt. SEMINA putamenque osseum quo singula involvuntur struc-
turam solitam una exhibent.
Frequens occurrit in agro sebastianopolitano Brasiliæ floretque æstate et autumno. Exstant in Her-
bario Musæi parisini specimina a clariss. Auc. Hrzarto (junio 1816.— Herb. propr. nn. 215 C et 291),
CL. Gayo (augusto 1828), Vaurner1o (Herb. propr. n° 43), GaLbicnaLo (Herb. nn. 77 [Herb. berol.],
1832 et 1087), et Wepvezcrio (catal. n° 379) lecta. In sepibus prope Tijucam reperitur, ait Wep-
DELLIUS. Ill. Marrius slirpem in sylvis udis umbrosisque secus rivum Caryoca, in monte Corcovado
prope Rio de Janeiro, offendit, septembri et octobri 1817 (Herb. — Mscrpt. Obs. 244 B). Florentem
vidit cl. LuscuNarius quum in eodem monte Corcovado, februario 1833, tum in valle Z/heos Bahien-
sium, anno 4837. Occurrit etiam Pogr1o (Herb. Mus palat. vindob. nn. 447 et 4944) in sylvis cor-
covadensibus, maio 4818, ibidemque cl. Scorrio (Herb. n° 4435), SezLowi10 (Herb. Knth. L 492.
B 598), Beyricnio (Lerb. Knth. y). Gazvicnazno (Herb. n° 77 @, in botanophylacio Lessertiano),
et Gaupxeno (Herb. n° 832 ©, in Herb. Webb.)
Arbuscula quæ vulgo apud Brasilianos Cidreira audit, odorem citreum seu potius quasi
menthæ citratæ vel melissæ late grateque spargit. (Cfr. Marrivuet Pour. in Herbb. cit.)
Perigonium femineum, si nondum maturum adhucque integrum ex arbore decerpseris,
quum in ventre s. calyculo, tum in limbo, exsiccando contrahitur et corrugatur; illius
parenchy »a ovariaque glandulis odoris scatent.
Exstat in phytotheca Lessertiana specimen (ex Herb. VENTENATII) femineum foliis
integerrimis panniferisque insignitum , et a typicis nonnihil recedens.
(Herb. Mus. par., monacensis, vindobonensis, berolin., Lessertiani, et Webbiani.)
9. CITRIOSMA PELLITA.
C. tota densissime rufo-tomentosa, foliis ternatim verticillatis, obovatis,
324 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
eroso-crenulatis ; anthemiis femineis paucifloris, brevibus et erectis; peri-
goni dentibus late ovatis, vix acutatis et utrinque tomentosis.
Citriosma pellita Tul , loc. cit.
ARBUSCULA diϾca circiter biorgyalis, ramis novellis {foliigeris scilicet) obtuse trigonis,
tomento densissimo e pilis fasciculatis aureo-fulvis palentibusque vestilis, medullosis et
quoad crassiliem pennam anserinam æquantibus; annotinis sordidis factis, teretibus,
foliorum delapsorum cicatricibus pulviniformibus seu annulum perfectum (minori pal-
lidiori vasculari inscripto) fingentibus, simulque anthemiorum vestigiis conformibus sed
minoribus, notatis. FoLia ternalim verticillata, inferiora vero sæpissime dissociata,
proptereaque plus minus, et longe interdum, ab invicem remota, obovata v. obovato-
oblonga, obtusissima aut brevissime acuteque acuminala, tota in acie minutissime eroso-
crenulala, nonnihil deorsum attenuata et aliquando inæquilatera, 8-12 centim. et quod
excedit longa, 55-80 mm lata, peliolo tereli 15-25 mm. longo et ex omni parte fulvo-
tomentoso suffulta, patentia, opaca; pagina utraque in venis præs
ertim fulvo-tomentosa;
nervis secundariis remotis, exilioribus et laxe reticulatis. ANTHEMIA (feminea quæ sola
suppetunt) in unaquaque axilla fertili gemina, gemma interposita, rarius alterutro abor-
tiente solitaria, singula 2-3-flora, petiolo breviora (nempe 15-20 mm longa), erecto-patula,
definila (cymæ compositæ), scilicet e pedunculo florem primarium cymasque 2 oppositas
v. potius contiguas, secundas bracteolalas et 2-3-floras, in apice gerente singulatim con-
stituta, omniaque ex integro fulvo-tomentosa. PERIGONIUM globoso calyciforme, vix in
fauce coarctatum, dentibus 5-6 late ovatis, subacutatis, crassis, subæqualibus, antice
quidem tomentosis et ereclo-patulis coronatum, tympano insuper s. membrana crassa,
in medio prominulo pervia extusque tomentosa, sub limbo partito occlusum, intus gla-
brum et septorum ope in loculos 6-8 divisum, loculis singulis uni-carpidialis. OvaRIA
oblique obovata et quasi lunulata, apoda, nempe perigonio imo et illius parietibus inserta
nec non a tergo (superiora dico) longe adnata, in stylum filiformem glabrumque ipsa
glaberrima desinentia, oyuloque obovato erecto sessili et anatropo (raphe interna) sigil-
latim fœta. S/yli e foramine calycino fasciculati exeunt, recurvantur, modice elongantur,
nec in apice tument.
Crescit in sylvis udis provinciæ bolivianæ ÆEnquisivi (seu Ynquisiri), ad allitud. mp-mm metro-
rum supra oceani 1ipas, floresque virentes decembri mense explicat. Specimina descripta a cl. Wep-
DELLIO, anno 4846, lecta sunt (Herb. propr. n° 4194).
(Herb. Mus. par.)
10. CITRIOSMA ASPERA.
C. tota luteo-fulvo-tomentosa ; foliis oppositis, oblongis, obtusatis, basi
rotundato-emarginatis, vix conspicue denticulatis (denticulis apicatis), et bre-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 325
vissime petiolatis ; racemis femineis brevissimis, paucifloris ; perigonii urceo-
lato-poculiformis dentibus 5-7 brevibus et obtusis, velo autem crasso lato
et ore prominulo pervio ; stylis 8-10 liberis, vix exsertis.
Citrosma aspera KR. et Pav., in sched. mss.
Citrosma tomentosa Eorumd. (ut videtur), in Syst. vegetab. Fl. peruv. et chil., p. 265.
FRuTEx diœcus, quadri-ulnaris. Ram horni teretes, medullosi, ob pubem densam tac-
tuque mollem, e pilis fasciculatis et varie implexis, saturate luteo-fulvi. FoLIA opposita
(quandoque dissociata), oblonga, obtusata v. obtuse brevissimeque acuminata, in acie
obsolete ac vix ac ne vix denticulata (denticulis apicatis), basi rotunda et nonnihil emar-
ginata, 12-15 centim. longa, 4-6 centim. lata, utrinque densissime et instar ramorum
fulvo-tomentosa, tactu mollia, glanduloso-punctata (luci obversa), petioloque brevissimo
(nempe vix semicentim. longo) et toto fulvo-tomentoso suffulta. RacEM1 feminei gemi-
patim axillares, demissi, petiolo nonnihil lonsiores, 2-6-flori et ex integro fulvo-tomentosi;
floribus singulis pedicello 8-10 mm. longo innixis. PERIGONIUM urceolato-poculiforme, ex
omni parte dense tomentosum (pilis fasciculatis et luteo-fulvellis), lmboe dentibus5-7 inæ-
qualibus, late subtriangularibus v. rotundis, obtusis, brevibus et in utraque pagina similiter
tomentosis coronatum, velo præterea lalo crassissimo tomentoso (e parenchymate glan-
dulis albentibus scatente) et ore latiusculo prominuloque pervio instructum, intus 8-10-
locellatum totidemque carpidiferum. Ovaria ovata, glaberrima, ipsis perigonii parie-
tibus, ut solet, inserta, sessilia, styloque filiformi et æquali abrupte singulatim terminata;
styli liberi in canaliculum præaptatum conveniunt ejusque marginem vix ac ne vix
excedunt. (Fructus maluri floresque masculi desiderantur.)
Nascitur in Peruviæ nemoribus, videlicet circa Chinchao, Muña, Pillao, floretque augusto et sep-
tembri (Cfr. auct. cit ).
(Herb. Lessert. et Webb.)
Specimen imperfectum descriptum olim ab ipso PAvONIO cum LAMBERTO londinensi,
ni fallor, communicatum est; ei accedit schedula sic conscripta « 902. Citrosma aspera.
Gen. n.» Alterum obiter vidi in botanophylacio Webbieno, itidem femineum et pari
notula Pavoniana stipatum.
Species est bene a cæteris mihi notis distincta. Stylorum fasciculus in canaliculo veli
vulso quasi totus reconditur aut vix prominet. Antica limbi calycini pagina velumque
tomento vbducuntur, sicuti in Citriosma eriocalyce, C. Pæppigii, et quibusdam aliis infra
descriptis videre est. Flos masculus 10-12-andrus dicitur.
Nomen a clariss. Æloræ peruvianæ auctoribus in schedis autographis plantæ inditum
servavi, licet nil peculiariter asperi in speciminibus quæ suppetunt repererim. Causa
duplex ad hoc me hortabatur; hinc nempe Citriosmæ permultæ modo descriptam quoad
tomentum imitantur, illinc non plane constat eamdem pro Citriosma tomentosa R. et Pay.
merito habendam esse.
326 MONOGRAPIIA MONIMIACEARUM.
11, CITRIOSMA POLYANTHA.
C. sordide denseque albido-tomentosa; foliis amplis, obovato-lanceolatis,
breviter petiolatis et minutissime crenulatis; pedunculis pedicellisque longis
et flexuosis ; lobis calycinis 6-8, ovatis, amplis, erectis, velamine angusto
et occultato; filamentis crassis, latissime ovato-acutis, subeglandulosis.
Citriosma polyantha Tul., vol. cit., p. 35.
ArguscuLa s. frutex (teste CasrerNavio), diœcus. Ram folüferi crassi, medul-
losi, teretes, sed alternis vicibus hine et ilinc sub foliis dilatato-compressi, ubique
panno brevi dilute luteo-fulvo s. potins sordide albicante tactuque molli, e pilis
simplicibus fasciculatis, obducti. FoLra opposita, obovato-lanceolata v. subeliptica, acu-
tiuseula v. obtusata, basi attenuata v. rotundata, 18-23 centim. longa, 7-9 centim. lata,
minutissime et inæquo ordine crenulata, utrinque propter pilos fasciculatos breves divari-
catos luteolosque velutino-tomentosa, superne cum senuerint (pilis muito rarioribus
factis) tactu asperula, in nervisautem (impressiss. planis) semper dense tomentosa, postice
in qualibet ætate quum in venis (cunctis prominentibus, secundiriis presso ordine pin-
natim instructis), tum in areis (quarum intextus glandulis olentibus pellucidis perexi-
guis copiosissimisque totus scatet) abunde piligera; petiolus subteres, esulcatus, 25-35
millim. longus, instar nervi primarii ex integro dense fulvo-tomentosus, et in apice su-
perno rudimentis limbariis inæqualibus congestisque vulgo onustus. ANTHEMIA (mascula
quæ sola suppetunt) alaria, pilis dilute lutcolis divaricatis mollibusque tota veslita, sin-
gula e peduneulis binis, gracilibus, 3-5 centim. longis, flexuosis, geminatis (gemma
foliifera interposita), erecto-patentibus, inferne simplicibus aut nonnisi ramusculos ste-
riles moxque deciduos agentibus, superne autem in pedicellos unifloros discedentibus ;
pedicelli isti proprii 6-10 millim. longi, patuli, flexuosi, bractea minutissima cito ca-
duca basi stipati v. eadem sæpe destituti. Cazyx urceolatus, ultra faucem nonnihil
constrictam in lobos 6-8 amplos, ovatos, de lalitudine inæquales, majores nonnunquam
veluti lobatos, cunctos obtusos aut subacutatos, antice glabros, margine introflexos et
primitus imbricatos, tandemque erectos aut patulos divisus, anthesis tempore 6-8 mm.
longus, semperque in occulta pagina glaberrimus et subeglandulosus ; velamine glabro
lorum angustum, erectum, e fauce natum, in margine undulatum dentibusque perigonii
multo brevius fingente. SramixA 10-15 et plura quidem internis urceoli calycini parie-
tibus inserta, eumque integrum aliquando vestienta, glaberrima, introrsa vixque fau-
cem receptaculi excedentia; flamenta squamiformia vel si malueris petaloidea, late ovato-
acuta, concava aut etiam cymbiformia, in medio incrassata, subeglandulosa et inæqualia,
minora imum calyÿcem tenentia, reliqua eo latius dilatata quo altius in parietem susti-
nentem inserta, nonnulla, media scilicet, huic parieti quasi dorso adnata ; anlheræ per-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 327
exiguæ summo filamento incrassato maximeque angusta‘o singulatim introrsum adpli-
citæ, oblongæ, dilute luteæ, 2-lobæ, lobo utroque hinc tantum, scil. a latere externo s.
libero, primitus dehiscente, membrana enim qua tegitur a sustentaculo ex hac parte
primum desciscente, postea vero cum vicina sibi juncta simul a basi ad verticem revo-
luta; polline pulvereo, luteo, pallido.
Nascitur in provincia boliviana dicta sanctæ Crucis Andinæ (S. Cruz de la Sierra), floresque
luteolos mense septembri ineunte explicat; hoc saltem anni (1845) tempore florentem colleserunt clar.
CAsTELNAvIus (Herb., n° 41), ejusque luzendus comes DevicLius, quum, cl. WEbDELLIO jam relicto,
ad oras Maris Pacifici, simul cum ill. Osenxo proximæ morti devoto, pergerent.
(Herb. Mus. par.)
Species est ob anthemiorum indolem, perigoniique formam inter congeneres distinc-
tissima.
12. CITRIOSMA ERIOCALYX.
C. tota dense fulvo- v. aureo-tomentosa ; foliis oppositis, amplis, late
ovatis, acuminatis, basi abrupte cuneatis, grosse eroso-dentatis ; racemis
brevibus, laxe paucifloris ; limbo perigonii amplo, 4-6-lobo , lobis late
rotundis, obtusissimis, antrorsum quidem tomentosis, veloque anguste per-
vio ; staminibus 6; ovariis 10-192, stylis extremis liberis et exsertis.
Citrosma limoniodora River., msc., in Herb. Mus. Par.
Citriosma eriocalyx Tul., loc. cit.
FRUTEX diæcus. RAMI medullosi, in nodis compressi, dense tomentosi, tomento e
pilis stellato-fasciculatis, aureis v. luteo-fulvis confertimque implexis. FoLrA opposila, late
ovala, acute acuminata (acumine brevi aut longiore et angusto), basi rotundato-acuta
(brevissime scil. in petiolo decurrentia), in acie eroso-dentata (dentibus grossis, inæqua-
libus), 10-20 centim. et quod excedit longa, 5-12 centim. lata, tenuia, abunde glanduloso-
punctata, utrinque ac in venis præsertim fulvo-tomentosa, pube antrorsum e piles vulgo
solitariis, postice contra e pilis stellato fasciculatis facta; venis secundariis exilibus, per-
belle pinnatim ordinatis, et utrinque prominulis, reliquis laxe reticulatis; petiolo subtereti,
æquali, dense fulvo-tomentoso et 3-6 centim. longo. RAcEuI simplices, vulgo gemi-
natim axillares, erecto-patentes, 8-12 mm. longi (maseuli ut videtur breviores), e basi
Jaxiflori totique dense fulvo-tomentosi; floribus (4-6 numero) subsecundis, singulis pedi-
culo semicentimetrum vix æquante bracteaque obliqua et perexigua stipato suffultis.
PERIGONIUM utriusque sexus globoso-urceolatum, densissime luteo-tomentosum, limbo
amplo repandoque e lobis 4-6 subinæqualibus late rotundatis obtusissimis basi eonnatis et
ex utraque pagina tomentosis (planis et expansis in flore masculo, reflexis tandem in
3238 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
femineo fecunda'o), veloque iis continuo, pariter tomentoso crassissimo et anguste pervio
instructum, in penetralibus glaberrimum glandulisque odoris scatens. SrAMINA utpluri-
mum (saltem in floribus paucis exploratis) numero sex, glaberrima, longiuscule exserta,
erecta, introrsa omninoque solitæ structuræ, singula scil. filamento petaloideo acuto
antheraque apicali tota adnata 2-loba et valvatim dehiscente constituta. Locurt perigonii
feminei 10-12; ovaria totidem glaberrima, glandulosa; styli in medio foramine quo simul
exeunt incrassati (ut videtur) et brevissime coalescentes, ultra autem liberi et diver-
gentes. (Fructus malurus desideratur.)
Oritur in terris peruanis, v. gr. circa Chinchao, testibus Domgevo et Riverto (Cfr.Herb. Mus. par.).
(Herb. Mus. par.)
Stirps hæc desideratur inter specimina Pavoniana Musæi Webbiani. Ad Citriosmam ges-
nerioidem HBK. proxima accedit, sed multis notis distinguitur.
nor CiTRIOSMA GESNERIOIDES.
C. fulvo- v. cinereo-tomentosa; foliis oppositis, amplis, ovatis v. ovato-
oblongis, acuminatis, utrinque tomentosis; anthemiis iterato-dichotomis,
brachiis longis divaricatis apiceque laxifloris; lobis calycinis ovato-oblongis,
acutatis, antice glabris veloque; stylis 5-6 longe coalitis, ultra conum
altiusculum exsertis, et sursum versus dissociatis.
Citrosma gesnerioides HBK., Nov. Gen et Sp. pl., t. Il, p. 472.
ARBOR diœca, ramis teretibus medullosis et dense tomentosis, tomento fulvo-nitente
aut fulvo-virescenti, e pilis fasciculatis implexis. FoLiA opposita (nec raro dissociata), late
ovata, ovato- vel elliplico-oblonga, acuminata (acumine modo longiuseulo et acuto, modo
breviori, oblusato, costaque procurrente mucronulato), basi nune rotundato-obtusa nune
cuncata, in acie minute et obsolele denticulata, rarius quasi crenulata aut subintegerrima,
15-25 centim. longa, 8-12 centim. lata, abundantissimis glandulis in parenchymate scaten-
tia, at pro maxima parte opaca (exsiccata), utrinque molliter tomentosa, seniora autem
superne lente glabrata; pube nitide fulva v. cinereo-virescente, in pagina superna e pilis
simplicibus simul et fasciculatis mixtis, in poslica e fasciculatis s. stellulatis solum com-
posita; venis secundariis utrinque peculiariter tomentosis, exilibus, et cum cæteris (laxe
reticulatis) postice prominu'is: peliolo lereti, densissime tomentoso et 1-3 centim. longo.
ANTHEMIA ulriusque sexus gemina{im alaria, gracilia, tota dense tomentosa, 3-5 centim.
longa, simplicia, bifurca v. duplici aut triplici vice dichotoma (mascula apprime ramosa),
cruribus divaricatis et in apice mullifloris, sæpe ut videtue demissa (virginea inprimis),
vulgoque vage patentissima; floribus laxiusculis (masculis magis confertis), singulis pe-
DRUPACEZÆ : CITRIOSMÆ, 329
diculo 3-5 mm. longo innixis, femineis crassioribus. PERIGONIUM urceolatum, extus dense
tomentosum, luteo-fulvum v. fulvo-cinerascens, limbo majusculo e lobis 5-6 oyato-
oblongis, vix acutis, plus minus inæqualibus (apud mares præcipue), erecto-patulis
anticeque glaberrimis et nigrentibus coronatum, nec non velo similiter glaberrimo
occlusum. VELUM maris tenue lateque perforatum, antheras exsertas prodit. ANTHERÆ
6-8 numero, inæquales et glaberrimæ, parietibus imis capsule calycinæ inseruntur,
et assuetam filamentorum petaloideorum, antheræque totius adnatæ, 2-lobæ et valvatim
dehiscentis structuram præ se ferunt, FEeMINÆ velum medium (crassissimum) in conum
acutum et anguste pervium mire tumet. LOCuLtr carpiferi 5-6 numerantur, et ovaria toti-
dem glaberrima ; slyli superne in columellam exilem longe exsertam coalescunt, extre-
mique lantummodo iterum liberi fiunt et patescunt. FRuCTUM rite maturum non vidi ;
quem vero KoNrmius (cui flores masculi haud innotuerant) descripsit.
Oritur, ait Kunrmus, in Andibus Quinduensibus Novæ-Granatæ: occurrit Jusrino Goupor prope
Ooppidulum /bague ejusdem regionis, loco dicto {a Palnilla; Livpenio autem in terris iisdem et ipso
monte Quindiu, apud Mariquitenses, ad altitudinem 2400 metr, supra Oceani ripas (LiNDENII
Herb. n° 1140).
(Zerb. Mus. par. et berolin. [ Herb. Kunthii]).
Flores luteos februario explicat (fide LiNDENIT supra cit.). Valvæ cujuslibet antheræ
ab invicem inferne liberæ sunt, in vertice contra sustentaculo adhærent simulque solito
more revolvuntur,
Propter uriversum habitum et vestitum, foliorumque formam et amplitudinem, acce-
dit ad C. limoniodoram infra descriptam, sed anthemiis multibrachiatis, limbo veloque
calycinis longe aliter effiguratis et glabris, nec non stylis in columnam longam coalitis
admodum discrepat. Ob veli feminei conum medium stylosque coalitos cum €. Pœppigii
nosira, C. guianensi Aubl. et aflinibus (vid. infra) convenit.
14. CITRIOSMA MACROPHYLLA.
C. fulvo-tomentosa ; foliis oppositis, late ovatis v. ovato-ellipticis, acumi-
natis, obsolete dentatis, superne in venis, postice ubique fulvo-tomentosis,
pube intricata e pilis fasciculatis aut solitariis ; petiolo tereti; racemis brevi-
bus et paucifloris ; perigonii ovati et densissime hirto-tomentosi lobis 4-6
oblongis v. late ovatis; staminibus 6-8 ; stylis 12-15,in extremo apice liberis;
loculamentis fertilibus reticulatis.
Citrosina macrophyllum HBK., Nov. Gen. et Sp. pl, t. II, p. 472.
Citrosma pyricarpum Pæpp. et Endl., N. Gen. pl., tom. I, p. 48.(?) —R. et Pav., Syst. veg.
Fl. peruv. et chil., 1, 264. (?)
ARBOR diæca. RAI horni validi, compresso-{etragoni, medullosi, tomento primitus
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 42
330 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
densissimo, postealaxiore, e pilis fasciculatis implexis et sordide ac saturate rufo-virentibus,
vestiti, tactuque propterea asperuli. ForrA opposita, late ovata v. ovato-elliptica, acumi-
nata, basi rotundato-integra, rarius cuneafa, in acie obsolete et laxe eroso-dentata v. cre-
nata, 13-20 centim. longa, 8-10 centim. lata, antice in solis ferme nervis primariis impressis,
postice autem ubique tomentosa et rufo-virentia,g anduloso-punctata (luci obversa), seniora
superne bullato-reticulata et tactu asperula, pilis nonnullis solilariis sparsim superstitibus ;
venis omnibus subtus prominentibus, secundariis stipato paralleloque ordine pinnatim
distributis, tertiariis parallele transversis; petiolo eylindrico, ex toto ob tomentum densum
fukvo-virente et 2-3 centim. longo. RAcEM utriusque sexus axillares, solitarii, gemini aut
rarius terni, vulgo simplices, 1-2 centim. longi, ex omni parte fulvo-tomentosi, sursumque
1-5-flori, floribus laxiuseulis pediculo centimetrum circiter longo singulatim innixis.
PERIGONIUOM urceolato-ovatum ; masculum instar ramorum densissime tomentosum, pube
intricato-stellata : femineum paulo crassius et ob pilos fulvos simplices longiores incras-
satos rigidos confertissimosque hispidum ; utrumque lobis 4-6 amplis crassis vix æqualibus,
oblongis v. late ovatis, obtusis, primodum concavis erectisque, postea plus minus ExXpan-
sis, vulgoque antice glabris coronatum, simul et velo crasso occlusum. Maris velum tandem
late apertum, erectum et in margine vix integrum; samina 6-8 glaberrima, brevissime
exserta, imisque perigonii penetralibus inserta, filamentis petaloideis, lineari-oblongis et
acutatis, anthera solita, scil. apicali, 2-loculari, tota adnata et valvatim dehiscente (valva
integra vertice adhærente). Velum femineum crassissimum, in medio confossum, conum-
que apice pervium et prominentem fovens; loculamentis fertilibus numerosis, exiguis,
reticulatim superpositis, et in parietibus glabris; carpidiis ovatis, glaberrimis, et in singulis
loculis solitariis; stylis 42-15 exilibus, in canaliculo quo exeunt breviter coalitis, ultra libe-
ris nec longe protractis, perigonii matricis parielibus crassissimis, dissepimentis autem
multo tenuioribus.
Oritur, Kunrmro auctore, in Andibus Quinduensibus Novæ Granatæ, ad altitud. usque 1280 hexa-
pod. supra oceani ripas, et septembri florere solet (BoxpLanpi Herb., n° 1692).
(Herb. Mus. par. et berolin.)
Specimina Bonplandiana explorata mascula alia, alia feminea occurrunt; hæc KuNrH1o
haud innotuerant.
Structura perigonii fertilis interna a solito typo recedit ob nexum septorum quæ locu-
lorum retem efficiunt; ila ut ovaria neutiquam parietibus capsulæ calycinæ propriis
omnia inserantur, plurimis, præter morem, in septis ipsis insidentibus.
15. CITRIOSMA LIMONIODORA.
C. ob tomentum aureo-fulva; foliis oppositis, amplis, obovatis, late ellipticis
v. lanceolatis, acuminatis, basi rotundato-cordatis et breviter auriculatis,
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 331
in acie eroso-dentatis, ac Supra tandem glabratis ; pedunculis masculis
brevibus, subsimplicibus et veluti umbelliferis ; perigonii pareissime pubentis
lobis 3-6 late ovato-acutis ; Staminibus 5-6 vix exsertis.
Citrosma limoniodora R. et Pav., mse. in Herb. Webbiano.
Citrosma dentatum Pæpp. et Endl., Nov. Gen. et sp., tom. I, p. 48 (fide Herb. berolin.). —
R. et Pav., Syst. veget. Fl peruo. et chil., t. I, p. 264. (?)
ARBOR diœca, ramis teretibus v. hinc et inde alternatim modiceque compressis, molli-
ter et adpresse tomentosis, indumento e pilis fasciculato-stellatis et aureo-fulvis primodum
densissimo, postea autem, nempe inramisadultis, multo parciore et laxiore. FOLIA opposita,
obovata, late elliptica v. lanceolata, breviter et acute acuminata, basi modo attenuata.
modo rotundato-cordata et brevi exiguaque auricula interdum aucla, nec non præterea
Supra basin nonnihil constricta, 15-25 centim. et quod excedit longa, 8-12 ce: tim. lata,
in universo ambitu obsolete et grosse eroso-dentata (dentibus scilicet inæqualibus et quan-
doque in crenas veluti mutatis), plana, utrinque primituslaxe tomentosa (e pilis aureo ful-
vis ac stellato-fasciculatis), mox vero antice subglabrata, etsi tactu asperula; venis omnibus
in postica pagina prominentibus et reticulatis ; petiolo 1-2 centim. longo, subtereti et
tolo densissime fulvo-tomentoso. ANTHEMIA masçula geminatim v. solitarie axillaria.
2-3 centim. longa, erecto-patula, parce aureo-tomentosa, singula e pedunculo simplici Y.
bifurco et in apice quasi umbellatim (circinato s. scorpioideo more) multifloro ; floribus
pedicello 2-3 mm. circiter longo gracilique sigillatim fultis. PeriGoNIUM obconico-calyci-
forme, extus parcissime aureo-pubens (pube stellata), introrsus glaberrimum; divisuris
3-6 late ovato-acutiusculis; velo iis breviore, ore lato tandem aperto et erecto, acie obso-
lete crenata aut vix integra. STAMINA 5-6 brevissime exserta; filamentis solito more late
membranaceis; antheris adnatis ovato-acutis et 2-obis, velamine unico tempore debito a
basi ad apicem secedente et apici sustentatuli postea adhærente: polline luteo. ( An-
themia feminea desiderantur.)
Nascitur in Peru, teste Dougevo. Prope Tocache et Huallaga ejusdem regionis, nec non in provin-
cia Brasiliæ borealis Maynas alto dicta, clar. Pogppiçio obvia est (ejus Herb. nn. 1818 el 1961, fide
Herb, Mus. vindobon. et paris., simul et nn. 44 et 1228, fide Herb. berolinensis), Specimen Pavonianum
hujus stirpis exstat in Herb. Webbiano cum notula authentica cui inseribitur : « 904. Citrosma
limoniodora nov. sp. »
(Herb. Mus. par., Lessertiani, Webb. et berolin.)
Pubis universæ natura et colore, foliorumque forma et vestitu, proxima accedit ad
Cütriosmam macrophyllam HBK. modo descriptam; nec multum differt à €. gesne-
rioide HBK. Attamen ab utraque perisonio subnudo sufficienter discriminatur. Folia
seniora bullato-aspera fiunt, sicut in Citriosma macrophylla HBK.
Speciminibus Herbarii Musæi berolinensis accedit schedula Pœppigiana sic conscripta :
€ N°14. Citrosma dentatum R. et Pay. 1228. »
332 MONOGRAPHIA MONIMIAC£ARUM.
Specimina Pœppigiana hujus speciei cum illis Citriosmæ Amazonum nostræ, infra de-
scriptæ, in Herb. berolinensi, vindobonensi et parisiensi commiscentur.
16. CiTRIVSMA AMAZONUM,
C. fulvo-pubens, foliis ternis, sæpe dissociatis, oblongis, obtuse et bre-
viter acuminatis, basi cordatis, exiliter petiolatis, utrinque pubentibus, antice
autem (adultis) minute punctato-scabriusculis obscurisque , subtus contra
mollibus et cinereis; anthemiis quasi fasciculatis, brevibus ac paucifloris;
perigonii masculi dentibus s. crenis obsoletis, feminei latioribus et semi-
orbiculatis ; staminibus 5-8, brevissime exsertis; carpidiis numerosissimis ;
stylis in ore angusto brevissime coalitis.
Citriosma asperula Tul., in Ann. se. nat., vol. cit., p. 35 !.
ARBOR diœæca, ramis terelibus, sæpe in nodis obtuse trigonis, medullosis, parce et mol-
liter rufo-pubentibus (pilis brevibus, stellato-fasciculatis, vagis), senioribus glabratis.
FoLiA ternatim verticillata et sæpe dissociata, elliptico- ovato- v. obovato-oblonga, rarius
sublanceolala, obtuse et brevissime acuminata, basi sæpius rotundato-cordata et inæquila-
tera, quandoque eliam solummodo rotundata aut nonnihil attenuata, 8-10 centim. et
quod excedit longa, 4-5 centim. lata, integerrima aut vix et obsolete in acie undulato-
crenata, sicca opaca, utrinque brevissime pubentia, superne autem (adulta dico) propter
pilos (stellatos) rigidiores tactu asperula et minute distanterque punctulata, coloreque
præterea (fulvo) saturatiora, subtus e contrario tanquam cinerea tactuque mollia, pilis
(etsi abundantissimis, stellato-fasciculatis intricatisque) primo obtutu vix conspicuis ;
venis secundariis laxis et in utraque pagina exilissimis; pe/iolo teretiusculo, 8-10 mm.
longo, gracili, et undique, at præsertim antrorsum, dense fulvo-tomentoso. ANTHEMIA
utriusque sexus in axillis de specie fasciculala, utplurimum autem gemina, gemma
interposita, divaricata, demissa et tota brevissime fulvo-tomentosa, singula e pedunculo
3-7 mm. longo, tereti, gracili, simplici vel rarius dichotomo et confertim paucifloro, flori-
bus exiguis et brevissime pedicellatis. PERIGONIUM masculum initio obconicum, dein velo
protracto suboyatum, et in limbo angustissimo obsolete 5-6-crenatum, crenis inæqualibus
repandis atque sicut et velo latiuscule aperto extus cinereo-pubentibus, parietibus vero
internis glaberrimis. SraAMINA 5-8 glaberrima, libera, vix exserta aut quasi tota inclusa;
filamentis ut solet late petaloideis et acutis; antheris Æobis oblongo-acutis adplicatis valva-
timque dehiscentibus (valva unica basi acute emarginata). PERIGONU feminei crenis 5-6
latioribus semi-orbicularibus obtusissimis ac demissis; velo angustissime pervio et crassis-
! Speciem hanc imprudens asperulam dixi, cum jam exstaret Citriosma aspera ; hodie propter-
ea, cognomine mutato, Ciériosma Amazonum, Si voluerint artis magiswi, nuncupetur.
nm
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 333
simo; cavernula multiloculari et in parietibus glaberrima. Carpipr4 numerosissima. perexi-
gua, ovala, in stylum filiformem desinentia, totaque glaberrima; stylis supremis exsertis et
infra apicem brevissime coalitis.
Oritur in Brasiliæ amazonicæ provincia Maynas alto dicta (Pogppienr Herb. n° 4961 ).
Specimina feminea exstant in Herbario Musæi parisini ; feminea simul et mascula vidi
in botanico berolinensi, cum speciminibus Citriosmeæ limoniodoræ, frondibus non longe
dissimilis, perperam confusa. C. Amazonum ab affinibus bene distinguitur foliis ternis
et pube paginæ supernæ frondium scabrida, e fasciculis pilorum exiguis slellatis et dis-
tantibus.
17. Cirriosma SESSILIFLORA.
C. tota hirsuto-tomentosa, fulvo-lutea ; foliis Oppositis, ovatis v. ovato-
ellipticis, breviter et obtuse acuminatis, basi rotundatis, obsolete denticulatis,
breviter petiolatis ; floribus femineis glomeratis et subsessilibus : perigonii
limbo nullo, ore prominente ; Jloculamentis numerosissimis, interioribus
sterilibus ; ovariis circiter 20, glaberrimis; stylis apicem versus breviter
coalitis.
Cilrosma sessiliflorum HBK., N. Gen. et Sp.pl., tom. IT, p. 474.
Citrosma tomentosa Bnpld., msc. in Herb. Kunthiano. — Non R. et Pav.?
FRuTEx diϾcus, odorem citreum ex omni parte, BONPLANDO auctore, spirans. Ram
opposili (volubiles, ut vult Kuxrmius, loc. cit), teretes vel subtetragoni, et hirsuto-tomen-
tosi, tomento e pilis confertissimis, implicatis, mollibus, fulvo-luteis, simplicibus aut fasci-
culatis. FOLIA opposita, ovata v. ovato-elliptica, obtuse brevissimeque acuminata, basi
obtusa aut nonnihil cuneata integraque, in acie obsolete et interdum vix conspicue den-
ticulata, 7-10 centim. et quod excedit longa, 4-6 centim. lata, utrinque simili modo
densissime molliterque hirsuto-tomentosa et luteo-fulva; venis antice planis et ob pubem
Parum conspicuis, postice exiibus et mulliplici rete anastomosantibus; petiolo tereti,
instar ramorum dense fulvo-tomentoso, et 5-10 millim. longo. ANTHEMIA feminea, quæ sola
suppetunt, geminatim axillaria, tota fulvo-tomentosa, brevissima, nempe #-8 millim.
longa, in ima basi bifurca, cruribus maxime divaricatis brevissimis singulatimque
1-5-floris, floribus subsessilibus et confertissimis. PERIGONIUM poculiforme e parietibus
crassissimis, superne initio depressum s. Concayum, postea quasi recte truncatum s. depla-
natum oreque conico latiusculo et prominente instructum, cæterum limbo proprie dicto
prorsus destitutum et ex omni parte externa dense fulvo-tomentosum, intus contra glabrum
ac in loculamenta numerosissima et inæqualia, exteriora scilicet (circiter 20) majora et
fertilia, interiora autem (vix pauciora) angustiora reticulatim nexa et pleraque sterilia par-
titum. CarpiprA, ut solet, in singulis locellis solitaria, sessilia, ovato-linearia, glaberrima,
334 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
glandulis scatentia, et in stylum longe linearem desinentia; s{ylis in angustiis canaliculi,
ad cujus orificium fasciculati pertingunt, simul et cum hujus foraminis parietibus pro parte
coalitis, in extremo apice breviter iterum liberis, nonnihil exsertis, mucum quemdam fun-
dentibus nec, ni fallor, divaricatis. FRucrus maturus globosus, superne late deplanato-
truncatus, magnitudine cerasi, ut videtur, totusque subglabratus.
Floret septembri mense et vernacule Limon cimaron audit (Cfr. Bonpcanpt sched.
1818, in Herb. Kunthiano).
Crescit, ait Kunrmiws, loc. cit., in radicibus montis Quindiu Novæ Granatæ, /bague inter et Cuesta
de Tolima, ad altitudinem 680 hexapod. supra oceani ripas.
(Herb. Mus. par. et berolin.)
Adumbrationem seripsi ex autopsia speciminum Bonplandinorum quibus numerus 1818,
in Herbario Musæi parisini, inditur.
Ob tomenti universi naturam, foliorum formam et florum femineorum fabricam, cum
Citriosma molli HBK., infra descripta, admodum congruit, sed anthemiis glomulos
subsessiles fingentibus, perigonioque limbo admodum destituto affatim discrepat.
18. CITRIOSMA NEGLECTA.
C. ramis hispido-tomentosis fulvisque; foliis oppositis ternisve, ellip-
tico-oblongis, utrinque cuneatis, obtuse stipatoque ordine serratis, crassis,
amplis, opacis, adultis supra glabris, subtus autem dense sordideque tomen-
tosis; anthemiis petiolo dense tomentoso subæqualibus, validis, erectis,
sæpius dichotomis, multifloris, subglabris ; perigonii masculi globoso-
urceolati crassique dentibus latis et obtusissimis; staminibus 40-50 v. plu-
ribus, totis inclusis, introrsum arcuatis denseque imbricatis.
Citrosma tomentosa Willd., mse. in suopte Herb., sub n° 48497 (salt. pro parte!.— Non R. et Pav.?
Citriosma neglecta Tul., in Ann. sc. nat., tom. cit., p. 36.
FRUTEX diæcus ramis teretibus, crassis, medullosis, dense hirto-tomentosis (tomento
e pilis longis fasciculatis et plerisque adpressis), tandem sordidis et pedetentim glabratis.
FoLrA opposita aut terna, elliptico-oblonga, breviter acuminata v. utrinque duntaxat
breviter attenuata, 12-15 centim. longa, 5-7 centim. lata, obtuse et obsolete, ut plurimum
autem presso ordine, serrala, ac quandoque potius crenata, adulta superne glaberrima
levia et nervis depressis areolata, subtus contra tomento denso et molli e pilis sordide dilu-
teque fulvis (fasciculato-intricatis) obducta, crassa, opaca; venis omnibus postice promi-
nentibus, secundariis crebris; petiolo valido 1-2 centim. et quod excedit longo, ac toto
hirto-tomentoso. ANTHEMIA (maseula) geminatimaxillaria, valida, rigidula , nodosa, erecto-
patentia, parcissime tomentosa aut quidem mox tota glabrata, petiolis subæqualia,
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 339
simplicia v. sæpius assueto more dichotoma, brachiis divaricatis, brevibus et pauci-(4-7-)
floris; foribus singulis pedicello tereti, gracili, 6-10 millim. longo erectoque suffultis ;
bracteolis oblongis pilosis et caducis. PERIGONIUM globoso-calycinum, nonnihil urceola-
tum, e parietibus crassis fictum, limbo e dentibus s. lobis 4-6 crassis semi-orbicularibus
obtusissimis vix æqualibus patulisque ornatum, velo crasso diu occlusum, et in utraque
pagina anthesis tempore glabrum. SrAMINA stipatissima, numero 40-50 v. plura qui-
dem, introrsum arcuata, imbricata, omnia introrsa et abscondila, calycisque parietem
totum vestientia; filamentis membranaceis sursum attenuatis et glandulis odoris scaten-
tibus; antherarum valvis basi bifidis. (Flores feminei desiderantur.)
Provenit in agro loxensi Peruvianorum (Bonpzanot Herb. n° 3364).
Speciem hanc Bonplandianam Kunrmius prætervidit; exstat in herbario WiLLDENOWII
(cum Citriosma gesnerioide HBK. perperam confusa), et ipso Kunrmir botanico, utroque
nunce e thesauris Musæi berolinensis; fragmenta duntaxat in Musæo parisino continentur.
Haud ægre ab analogis discernitur propter flores globosos, crassos, glabros, dentibus
amplis coronatos, et vaccinia quodammodo mentientes ; iisdem notis cum sequenti
Citriosma suaveolente convenit, sed anthemiis multo contractioribus foliisque aliter et
effiguratis et vestitis differt.
2. Pubentes.
19. CITRIOSMA SUAVEOLENS.
C. hirtella, tomento pallido; foliis ternis v. quaternis, obovato-lanceo-
latis, breviter acuminatis, deorsum longe attenuatis, eroso-dentatis, petiolo
valido; anthemiis (femineis) validis simplicibus longis paucifloris mox gla-
bratis et divaricatis; floribus magnis, sepalis amplis ovato-rotundatis et ob-
tusissimis, velo late perforato.
Citriosma suaveolens Tul., loc. cit.
ARBUSCULA 3-4 metr. alta, diæca, gratum et quasi mali reginulæ (Pomme de reinette) odo-
rem ex omni parte spargens. RAM1 teretes, in nodis 3-k-goni, medullosi, ob pilos sparsos
(fasciculatos) hirtelli, sordideque cinereo-rufuli. FoLrA ternatim v. quaternatim verticil-
lata, glanduloso-punctata (luci obversa), obovato-lanceolata, breviter et acute acuminata,
deorsum longe et acute (rarius obtuse) attenuata, 10-18 centim. longa, 5-9 centim. lata,
in acie eroso-dentata, initio utrinque (postice vero copiosius) piloso-tomentosa (pilis soli-
tariis v. fasciculatis et pallidis), tandem antice glabrata, petioloque valido sub-trigono hir-
tello-tomentoso (antice præsertim) et 1-3 centim. longo suffulta; paginæ infernæ venis
prominentibus. ANTHEMIA feminea (quæ sola suppetunt) vulgo geminatim alaria, mox
glabrata, valida, maxime divaricata, utplurimum simplicia, 3-4 centim. longa, ultra
336 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
medium 4-6-flora, floribus presso v. laxiori ordine dispositis et pedicello 6-10 mm. longo
bracteaque lineari brevi et cito caduca stipato singulatim instructis. PERIGONIUM crassum,
calyciforme, in limbo 5-6-lobum, lobis ovato-rotundatis obtusissimis et inæqualibus (post
anthesin, ut opinor, nonnihil accrescentibus), majoribus 3-4 mm. longis ac quasi totidem
latis, omnibus patentissimis imo et reflexis; velo plano, crasso, late perforato. LocuLI
10-12 in perigonii penetralibus, septis incompletis discreti, uni-carpidiati, et in parietibus
glaberrimis vix glandulosi. Ovarra late sessilia, glaberrima, subeglandulosa, in stylum
filiformem breviter exsertum singula desinentia, et ovulum solitarium foventia. FRuCTus
rubri augusto mense maturescunt.
Provenit in sylvulis udis convallium regionis cuzcensis, haud procul ab oppidulo $. 4nna Peruano-
rum (WEbpELLn Herb. n° 4760).
(Herb. Mus. par.)
Proxime accedit ad C. ripariam, infra descriptam, ob universum vestitum habitumque:;
foliis vero longius et validius petiolatis, forma quodammodo diversis, vulgoque ternis aut
quaternis, nec non præsertim anthemiis femineis multo longioribus et validioribus glabris-
que, floribus denique triplo majoribus et polygynis haud ægre distinguitur.
20. CITRIOSMA RIPARIA.
C. ramis sparsim piloso-hirtellis; foliis oppositis ternisve, obovato- v.
oblongo-lanceolatis, breviter acuminatis, basi obtusis, subtus tomentosis et
aureo-fulvis; petiolo exili, brevi, hirtello ; anthemiis fulvellis, gracilibus,
geminis aut fasciculatis, simplicibus vel bifurcis, pedicellis gracillimis ;
floribus femineis 4-6-gynis.
Citriosma riparia Tul., loc. cit.
ARBOR diœca. Ramr hornotini teretes v. trigoni, medullosi, sparsim piligeri, et
aliquando subglabri, pilis rufulis divaricatis sæpiusque fasciculatis. FoLiA copiose glan-
duloso-punctata (luci obversa), decussalim opposita v. ternatim verticillata, obovato- v.
oblongo-lanceolata, aut subelliptico-oblonga, breviter acuminata, acumine sæpius obluso,
basi rotundata et quidem breviter emarginata, rarius attenuato-obtusata, interdum non-
nibil inæquilatera, ultra mediam aciem obsolete eroso-dentata, dentibus latis obtusis pa-
tentibus inæqualibus sinubusque obtusissimis discretis, in utraque pagina pilis aureo-fulvis
sparsis et divaricatis primitus obsita, postea autem pro maxima parte antice glabrata, 10-17
centim. longa, 4-6 centim. lata, petioloque gracili patenti subtereti scabrido-tomentoso
aureo-fulvo ac 2 centim. (et quod excedit) longo singulatim suffulta; paginæ posticæ
scabriusculæ venis exilibus laxisque. ANTHEMIA utriusque sexus gemina in singulis axillis,
gemma interposita, aut rarius terna v. quaterna, uno enim aut uno et altero 1-2-floris et
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ, 337
multo brevioribus gemmæ locum tenentibus aut illi suppositis ; cuncta exilia, simplicia
racemosque mentientia aut bifurca (mascula imprimis), vage patentia, divaricata aut
demissa, parce aureo-tomentosa v. subglabra; majora s. exteriora 2-3 centim. longa et
2-6-flora, floribus remolis, pedicello 2-10 mm. longo et gracillimo instructis extrorsumque
aureo-tomentosis, supremis præsertim in fructum mutatis (talibus in racemis paucifloris
sæpius occurrentibus). Mais perigonium subglobosum ac in limbo 5-6-dentatum, dentibus
majusCulis, sublriangularibus, obtusis v. acutiusculis, vix æqualibus, antice glaberrimis,
post anthesin insigniter recurvis et revolutis, totumque perigonii vasculum velantibus s.
involventibus; velo maxime convexo, copiosissime glanduloso punctato etin ore medio an-
gustoque staminibus brevissime exsertis toto impedito. SramiNa 10-12 vix æqualia, imo pe-
rigonio inser{a, libera, glaberrima et introrsa ; filamentis late petaloideis, acutis vel acute
et abrupte apiculatis, sparsimque glanduloso-punctatis, exterioribus effetis apice extrorsum
revolutis; antheris oblongis exiguis et2-lobis, valva (operculo) uniuscujusque ut solet biloba,
integra revoluta, fulciminisque apici post anthesin affixa, FeMINÆ perigonium masculo sub-
conforme, sed multo crassius, in limbo 5-6-lobum, lobis late ovato-rotundatis obtusissimis
inæqualibus et reflexis ; vasculo exiguo, 4-6-loculari, veloque glabro et in medio duplici
fistula (s. canaliculis 2 brevibus), externa paulo longiore, interna tenuiore et multo angus-
tiore), instructo, tecto; parietibus internis ovariisque copiose glanduloso-punctatis; stylis
linearibus vix exsertis. Frucrus globosus (cerasi ut videtur crassitudine), fere glabratus,
limboque calycino haud mutato terminatus, nuculas 3-4 ellipsoideas apiculatas, maxime
compressas, scrobiculato-asperas et a latere parce carnosas (parenchymate glandularum
ferme experti) fovet.
Oritur secus fluviorum aut rivulorum littora in locis udis et temperatis imperii mexicani, nempe
prope Auatusco (Gmessrecuri Herb. n° 8; ann. 1843), Jalapa, Mirador, Plan del Rio (GALEOTTI
Herb. n° 269; ann. 1840), et ad altitudinem 1300 metr. usque, in Andibus, ascendit.
(Herb. Mus. par. et Lessert.)
Flores aurantiacos et odorem citreum spirantes a julio in septembrem usque explicat.
Masculi cum femineis in eosdem ramos non conveniunt, quapropter stirpem diæcam fore
existimo.
21. CITRIOSMA GLABRESCENS.
C. tandem glabrata; foliis oppositis, late ovatis v. ovato-oblongis, acumi-
natis, basi obtusis, petiolatis, obsolete crenulatis ; anthemiis parce lepidi-
feris, brevissimis, paucifloris ; perigonio femineo 8-10-gyno, limbi dentibus
rotundatis, velo et parietibus internis punctato-glandulosis ; stylis stami-
nibusque vix exsertis.
Citrosma glabrescens Presl., Bot. Bemerk., p. 110 (in 4ct. Acad. scient. Bohem., ser. v,t, II.
— 1844.) k
ARCHIVES pu Muséum. T. VIII. 43
338 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
ArBor diæca et suaveolens. Ramy hornotini teretes aut nonnihil hinc et inde vicissim
compressi, medullosi, primodum lepidibus aureis (e pilis brevissimis fasciculato-stellatis)
parce conspersi, mox vero glabrati. FoL14 decussatim opposita, late ovata v. ovato-oblonga,
breviter acuminata (acumine obtuso acutove), basi rotundata, 10-17 centim. longa, #8 cen-
tim. lala, tenuia, copiose punctato-glandulosa [luci obversa], et in ambitu obsolete crenulata,
crenulis latis inæqualibus obtusissimisque sed nervulo prominulo instructis ; paginæ utrius-
que primitus sparsim lepidigeræ, postea autem penitus glabratæ, venis laxis exilibusque ;
petiolo gracili, nudo, 1-3 centim. longo, et patenti. ANTHEMIA utriusque sexus geminatim
alaria, patertia parceque aureo-lepidigera, singula e pedunculo simplici, vix # mm.longiore
et 1-4-floro constantia, Aoribus autem singulis pedicello graciliore et sæpius protractiore
suffultis. PERIGONIUM maris calyciforme, in margine 4-5-fidum (dentibus latis, obtusissimis
inæqualibus et interdum etiam quasi obsoletis), veloque integro punctato-glanduloso glabro
angusto erectoque sub dentibus partim ocelusum, parietibus internis glabris et glandulo-
sis. STAMINA utplurimum 10, glaberrima, tola fere inelusa, perigoniique penetralia replen-
ta ; filamentis late ellipticis v. oblongis (latioribus exterioribus), acutis, membranaceis et
punctato-glandulosis; antheris exiguis, oblongis, 2-lobis, ex more fulciminis antico apici
adplicatis, et utrinque longitrorsum dehiscentibus, operculis vero coalitis simulque tandem,
ut opinor, revolutis; polline pallido. FEMINE perigonium masculino subconforme, denti-
bus autem obtusioribus et quasi rotundis (sæpe # numero etimbricatis) coronatum, in velo
prominente late apertum, intus polygynum glabrum et in septis, parietibus carpidiisque
copiose punctato-glandulosum. Carpidia glaberrima tot stylos brevissime exsertos, in imis
canaliculi quo exeunt angustiis nonnihil cumillius pariete (saltem exteriores) adglutinatos,
cæterum ab invicem liberos, agunt. FRruCrus, cerasi fere crassitudine, pendet glaber
v. parcissime lepidifer, perigonii limbo haud mutato coronatur, nuculasque 6-8 ellip-
soideo-compressas et summopere protuberantes fovet.
Crescit in insula Martinica Antillarum (Siesent Fl. Martin. Herbar., nn. 284 Q et 2865 ).
(Herb. Mus.vindobon, et berolin.)
Multo longius a Citriosma gesnerioide HBK. recedit quam PresLio videbatur.
22. CITRIOSMA ANDINA,
C. mox glabrata, foliis amplis breviter et obtuse acuminatis, basi rotun-
datis, obsolete crenulatis ; anthemiüs masculis simplicibus, brevibus et
paucifloris.
Citriosma andina Tul., loc. cit.
ARBoR diæca. Ram novelli furfure aureo et minutissimo, scilicet pilis brevissimis
stellatim fasciculatis et patenti-adplicatis, sparsim onusti; adulti vero penitus glabrati.
DRUPACEÆ : CITRIOSMEÆ. 339
FOLrA opposita, elliptica, breviter et obtuse acuminata, basi rotundata, minute glanduloso-
punctata (luci obversa), 12-15 centim. et quod excedit longa, 6-10 centim. lata, in acie
obsolete undulato-crenata, membranacea, tenuia, adulta petiolo 3-3 centim. longo suffulta
et glaberrima, juniora autem instar rami suslinentis minutissime lepidigera ; venis laxis,
secundariis exilibus. ANTHEMIA mascula geminatim alaria, simplicia, 1-2 centim. longa,
Sparsim lepidifera aut subglabra, 4-6-flora, et patentia; floribus singulis pedicello gracili
vix 2 mm. longiore instructis. PERIGONIOM in limbo aperto-reflexo 5-6-fidum, divisuris
latis rotundato-obtusissimis et inæqualibus. STAMINA brevissime exserta. (Specimen man-
cum solummodo suppetit.)
Oritur in Andibus oaxacensibus Novæ-Hispaniæ, ad altitudinem usque 1000 metror., floresque
adoros et luteos æstate pandit. (H. Gaceorri Herb. n° 7184. — Ann. 1840.)
(Herb. Mus. par.)
23. CiTRIOsMaA Lacopus.
C. ramis parce hirtellis (ob pilos subsimplices); foliis oppositis, obovato-
oblongis, breviter acuminatis, basi obtusis et obsolete auriculatis, cæterum
subintegerrimis, utrinque glabris (adultis); petiolo mediocri, antice pecu-
liariter et densissime rufo-tomentoso, scopuliformi, anthemiis (inasculis)
brevissimis et paucifloris; perigonii limbo dilatato, crasso, obsolete crenato ;
velo anguste pervio ; staminibus vix exsertis.
Citriosma Lagopus Tul., vol. cit., p- 37.
ARBOR diæca. Ram teretes, medullosi, initio pilis rufulis divaricatis, simplicibus aut
rarius fasciculatis, parce conspersi, postea subglabrati. FoLrA opposita, obovato-oblonga,
breviter acuminata (acumine sæpius acuto), basi rotundata, 15-20 centim. longa, 7-10 cen-
tim. lafa, tenuia, semipellucida, minutissime punctato-glandulosa, primitus in acie presso
ordine denticulata, adulta vero subintegerrima, basi tamen utrinque, v. hinc tantum,
auricula brevi s. dente aucta; novella antice pilis subsimplicibus divaricatisque, postice
autem stellato-fasciculatis et adplicatis conspersa; adulta in ulraque pagina, præter nervi
primarii ventrem, omnino fere glabrata ; petiolus cujuslibet folii erectus, crassus, subtri-
8onus, 1-2 centim. et quod excedit longus, a tergo vix pubens auf mox prorsus glabratus,
a fronte verum pilis rufis simplicibus rigidulis erectisque densissime consitus et quam-
dam scopulæ seu partis posticæ pedum leporis nostratis similitudinem exhibens. An-
THEMIA masCula, quæ tantummodo suppetunt, geminatim axillaria, brevissima, scil. petiolo
plus duplo breviora, patenti-demissa , subsimplicia v. quasi e basi bifurca, 4-6-flora,
parce aureo-pubentia vel subglabra; floribus singulis pedicello 2-3 mm. longo innnixis.
PERIGONIUM obconico-calyciforme, extus modice pubens (pilis stellatis) ex cæteris
340 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
autem partibus glaberrimum, in limbo crasso ampliato reclinatoque v. patenti modo sub-
integerrimum, modo (sæpius) obsolete # 6-crenatum, crenis latis obtusissimis et inæqua-
libus, veloque itidem crasso et anguste pervio occlusum. STAMINA 68 brevissime exserta
et glaberrima; flamentis petaloideis , modice punetato-glandulasis (exsiccatis atris) ac
inæquilatis, cunctis vero acutiusculis; an//era terminali introrsa exigua solitæque struc-
turæ.
Provenit in montibus quinduensibus Novæ-Granatæ (Guporn Herb n° 5).
{Herb. Mus. par.)
Stirps propter petiolorum vestitum unilateralem facillime inter congeneres dignoscetur.
24. CITRIOSMA CHIRIDOTA.
C. ramis parce tomenloso-asperis ; foliis oppositis, obovatis v. obovato-
lanceolatis, breviter acuminatis, basi cuneatis et in acie revolutis, initio
denticulatis, postea subintegerrimis, nervis infernis petioloque integro fulvo-
tomentosis; racemis brevibus, simplicibus v. dichotomis, patentibus, graci-
hbus, paucifloris, parce et sordide tomentosis; perigonii late aperti limbo
angustissimo, obtusissime 5-6 dentato, velo autem lato ; staminibus 5-6 vix
exsertis ; stylis 8-10 brevisshnis.
Citriosma chiridota Tul., loc. cit.
Frurex diæcus. Ram teretes, in nodis nonnihil dilatati, pube dilute fulva e pilis rigi-
dis brevibus et stellatis parce conspersi proptereaque tactu asperi. Forra opposita,
ovata, obovata v. obovato-lanceolata, breviter v. longius acuminata (acumine obtuso aut
acuto), basi breviter cuneata vel subrotundata et nihilosecius semper in petiolum (quem
propterea anguste limbalum diceres) excurrentia, 8-12 centim. longa, 5-6 centim. lata,
novissima a basi acumine tenus minute denseque serrulata, adulta potius obsolete et
obtuse erenata aut subintegerrima, omnia basin versus peculiari modo in acie (dense
tomentosa) revoluta, tenuia, fragilia, et parce ob glandulas nidulantes punctato-pellu-
cida ; costa venisque (laxis et exilibus) pube stellata et fulva utrinque velatis. ac tandem
pro maxima parte antrorsum glabratis; peliolo rigidulo, 8-15 millim. longo, ecanalicu—
lato, totoque sed densius in interna pagina fulvo-tomentoso (e pilis stellato-intricatis).
ANTHEMIA utriusque sexus geminatim axillaria, 8-15 millim. longa (feminea masculis
paulo breviora), patentissima, simplicia (racemi scorpioidei sed vulgo rectiusculi) v. me-
dio bifurca, brachiis apud stirpem masculam dense 8-10-floris, gracilibus (rigidulis tamen),
parceque et sordide tomentosis; racemis femineis vulgo supra medium presso ordine
3-6-floris; floribus singulis pedicello perquam exili et 2-3 millim. longo suffultis. PERI-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 341
GONIUM maris (adultum, apertum) exiguum, cidariforme, medium versus limbo angustis-
simo (vix discreto) obsolete et oblusissime 5-gono cireumdatum, ultra {scil. in velo
erecto) glabrum et in ore lato integerrimum: parietibus internis de more glabris.
STAMINA glaberrima, libera et utplurimum numero 5, impari medio, cæteris circumpo-
sitis, omnibus autem æquilongis ac vix exsertis; #lamentis oblongis, ut solet dilatato-peta-
loideis; antheris perexiguis et subapicalibus. PEriGONIUM femineum urceolatum , limbo
patentissimo immo et demisso sed angustissimo, e lobis 5-6 obtusissimis, coronatum, velo
crassissimo umbonato glaberrimo et angustissime pervio clausum, extrinsecus sordide
parceque fulvo-tomentosum, et intus anguste mulliloculare, parietibus crassissimis muci-
genis suave odoris glaberrimisque. CarpiprA 8-10 glaberrima; stylis in angustiis spiraculi
simul et cum canaliculi parietibus brevissime coalitis, brevissime etiam exsertis, liberis,
nec aut vix divergentibus.
Crescit secus fluvium Brasiliæ borealis quem Rio Uaupés (aut Ucayary) dicunt, prope oppidulum
Panurè, floretque autumnali tempore. (Roger: SPRucE Herb. n° 2778.)
(Herb. Mus. par. et Lessert.)
Proxima Citriosme Lagopodi supra descriptæ, facile ab ea distinguitur pube stellata
copiosiore, foliis in acie peculiariter basi revolutis nec auriculatis, petiolo toto tomentoso
et graciliori, floribusque multo minoribus.
25. Cr TRIOSMA SUBINODORA,
C. ramis trigonis, novellis hispidulis ; foliis ternis, obovato - oblongis
v. oblongo-lanceolatis, acutiusculis, subintegerrimis, brevissime petiolatis,
mox utrinque glaberrimis, fere eglandulosis, venis utrinque prominulis;
anthemiis (masculis ) brevissimis, hispidulis denseque multifloris ; perigonii
calyciformis lobis 5-6 anguste semiorbicularibus, velo autem lato ; Stamini-
bus 5-6, inclusis, liberis.
Citrosma subinodora R. et Pav., Syst. veget. FI. peruv. et chil., t. 1(1798), p. 265.
FRUTEx diœcus, 2-orgyalis, ramis obtuse trigonis, novellis hispidis (ob pilos s. aculeos
exiguos, albentes, rigidos, breves, solitarios v. fasciculatos), senioribus vero prorsus gla-
bratis, cortice veluti suberoso. FoLIA geminatim v. ternatim verticillata, longe obovato-
oblonga v. lanceolata, subacuta v. obtusata, basi attenuata et in petiolum decurrentia v.
rotundata et nonnihil emarginata, 12-15 centim. longa, 5-6 centim. lata, in acie obsolete
undulato-crenata v. subintegerrima, lenuia, semi-pellucida (sicca) et vix ac ne vix glandulosa,
initio sparsim pilosa, adulta autem glaberrima et pari modo in utraque facie dilute viren-
tia, nervis utriusque paginæ taxe reticulatis et conspicuis omnibus, etsi vix prominentibus;
342 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
petiolo valido glabro et 5-8 mm. circiter longo. ANTREMIA maseula (quæ sola suppetunt)
axillaria, gemina v. terna, hispidula, brevissima (nempe vix centimetro longiora), singula
e pedunculo simplici v. dichotomo et densifloro ; floribus crassiusculis et breviter pedicel-
latis. PERIGONIUM ovato-calyciforme, extus initio hispidulum, postea glabratum, in limbo
angusto 5-6-crenatum, lobis s. crenis semiorbicularibus obtusissimis primodum patulis
tandemque reflexis, ultra in velum primilus planum clausumque postea autem erectum
etore lato apertum porrectum; parietibus tenuibus et introrsum semper glaberrimis.
STAMINA 5-6 (7 numerarunt Ruizius et PavoxIUS) in perigoni penetralibus latentia,
glaberrima, libera atque ni fallor tota inclusa, filamentis brevibus, antheris luteis oblongis
obtusis et 2-locularibus (adulta s, perfecta non vidi).
Crescit in sylvis peruanis circa Chacahuassi, floretque octobri et novembri. (Cfr. R. et Pay.)
Specimini descripto quod in Herb. Lessertiano vidi, schedula manuscripta (Pavoniana)
accedit, cui inseribitur : « 166. Citrosma subinodora, Gen. nov. FI. per.» Alterum
exstat in Musæo Webbiano.
3. Hirto-pilosæ.
26. CirriosMaA KuNrTir.
C. hispido-tomentosa, pilis subsolitariis (simplicibus) et aureo-fulvis;
foliis amplis, breviter petiolatis, ovato- vel obovato-oblongis, acuminatis,
acutis, basi rotundis et auriculatis, cæterumque dentatis, dentibus obtusissi-
mis; anthemiis (femineis) paucifloris et brevibus; perigonii limbo brevi,
crasso, 5-6-crenato v. subintegerrimo, anticeque glaberrimo.
Citrosma grandiflorum HBK., Nov. Gen. et Sp. plant., tom. IH, p. 472.
Citriosma Kunthii Tul., loc. cit.
Aron diœca. Ray horni s. foliiferi teretes, medullosi, pilis dilute aureo-falvis longis
divaricatis (solitariis v. rarius fasciculatis, fasciculis e pilis 2-4) et densiusculis vestiti,
proptereaque hirsuti. For1a decussatim opposita, petiolo tereti patenti brevi (centimetro
epim utplurimum breviore) undique densissime piloso-hispido et aureo-fulvo suffulta,
oyato- oboyatove-oblonga v. subelliptica, longiuseule et acute acuminata, basi vero rotun-
data, 12-20 centim. et quod superest longa, 5-10 centim. lata, e basi ad apicem usque
dentata, dentibus maxime inæqualibus, brevibus latis obtusis remotis sinubusque obtusis-
simis discretis, duobus opposilis basilaribus protractioribus (semicentimetrum circiter
longis) angustioribus acutalis patentissimis aut demissis auricularumque sortes mentien-
tibus; pagina utraque fol, postica vero copiosius, ob pilos subsolitarios longos divarica-
tosque instar ramorum tomentosa tactuque scabriuscula ; nervis laxis subtusque prominen-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 343
tibus. ANTREMIA (feminea quæ sola dantur) geminatim alaria, dense hispido-tomentosa,
aureo-fulva, petiolis nonnihil longiora, bifurca, crure utroque 1-4-floro, floribus breviter:
pedicellatis, paucis in fructus mutatis. PeriGONIUM urceolato-globosum, hirsuto-pilosum,
in limbo interdum subintegerrimo et undulato-expanso sæpius 5-6-crenalum, crenis 5.
dentibus crassis obtusissimis inæqualibus anticeque glaberrimis ; velo crasso glaberrimo et
in medio anguste pertuso ; stigmatibus 6-10 brevissime exsertis liberis ac divaricatis; pe-
rigonii penetralibus glaberrimis et in loculos t-carpidiatos solito more partitis, externis
parietibus glandulosis, septis vero glandulis quasi destitutis. Frucrus globosus, pilosus,
tandem in segmenta 5-6 inæqualia scinditur, panditur, drupas dimittit florisque nudi et
vacui speciem assuetam refert.
Nascitur apud Novo-Granatenses, in sylvis alsis terræ hondensis, Conejo inter et Hunda, nec non
mariquitensis, prope $. Ænna, et nonnunquam ad altitudinem usque 500 hexapod. supra oceani
littora reperitur (Linpexir Herb. Novo-Grau. n°1175.—Guporu Herb., Citrosma D, n° 1). Fructibus
exoletis onusta BoNPLANDO innoluerat, junio 4801, circa Hundam (Herb. n° 4692). Februario florere
dicitur.
(Herb. Mus. par., Lessertiani et berolinensis.)
Specimen Bonplandianum ill. Kunrnmio descriptum, in ejus ipsius herbario (nune e
thesauris Musæi berolinensis) contentum, nostris parisinis conferre licuit; ex omni parte
quadrant. Nomen Kunthianum grandiflora errore innixum non mutare non potui, cum
cæteroquin flores stirpis de qua agitur neutiquam solito majores forent.
27. Cirriosma Most.
C. ramis teretibus sparsim fulvo-hirtellis, pilis stellato-fasciculatis ; foliis
ternis , ovato- v. lanceolato-oblongis, acuminatis, acutis, basi rotundato-
emarginatis, utrinque in venis (reticulato-prominentibus) parce hirtellis,
obsolete crenatis v. eroso-serratis, et supra bullatis ; petiolo hispido-tomen-
toso brevique; anthemiis (femineis) geminis, longis, simplicibus aut bifurcis,
laxifloris, floribus pedicellatis ac fulvo-tomentosis ; perigonñ vulgo octogyni
dentibus 5-6 amplis et obtusis.
Citrosma oblongifolia Willden. (partim), msc. in suopte Herb. no 18499. — Non R. et Pav.?
Citrosma Mulisii HBK., Nov. Gen. et Sp. pl., t. I (1817), p. 470.
Leonia triphylla Mutisio, msc. (fide Bonplandi, in sched.).
FRuTEx diœcus. RAmr teretes (in nodis autem trigoni), medullosi, ob pilos stellato-
fasciculatos sparsos fuscosque hirtelli et tactu asperuli. FoL14 ternatim verticillata talia
saltem in speciminibus quæ præ oculis habeo omnia deprehenduntur), ovato- vel lanceo-
344 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
lato-oblonga, anguste et longiuscule acuminata, acuta, basi vero rotundata et nonnihil
cordata, 8-15 centim. longa, 3-5 centim. et quod excedit lata, in acie (quadamtenus
revoluta) nunc subintegerrima, nune obsolete crenata vel eroso-dentata aut minute ser-
rata, seniora supra nitida glabrata et bullato-rugosa, juniora autem utrinque (subtus paulo
copiosius) in venis prominentibus (laxe reticulatis) stellulato-hirtella, singula petiolo
subtereti, 5-10 mm. longo, ex omni parte dense et sordide fulvo-tomentoso interdum-
que flexuoso-contorto innixa. ANTHEMIA feminea geminatim alaria, erecta, 3-5 centim.
longa, simplicia, rarius bifurca, gracilia, parce fulvo-hirtella (pilis stellato-fasciculatis) et
laxe mulliflora; floribus secundis, alternatim hine et inde deflectentibus, bractea obliqua
recurva brevi et persistente singulatim stipatis, pedicelloque 6-10 mm. longo suffultis.
PERIGONI dense aut parcius fulvo-tomentosi dentes 5-6 ampli, late ovato-triangulares,
sæpius obtusi et inæquales; velum latum crassum et anguste pervium; styli exserli 5-8
divaricato-recurvi brevesque; ovaria inclusa totidem. Frucrus maturus baccatus, globo-
sus, dentibus calycinis coronatus, parcissime fulvo-hirtellus, incarnatus (ait BONPLANDUS)
et polyspermus. (Ælores musculi desiderantur.)
Crescit in Novæ-Granatæ prov. bozotensi, floresque luteos februario explicat. LiNpeNIo occurrit in
monte dicto al{o del Sargento, ad alt. 900 hexapod. supra Oceani ripas. (Herb. novo-granat.
n° 1187.) Vernacule Limoncillo dicitur.
(Herb. Mus. par. et berolin.)
Supra allata ex autopsia quum speciminum Lindenianorum, tum eorum quæ in Herb.
Bonplandino continentur olimque a cel. Murisio collecta sunt. Specimina Herb. Willde-
nowiani BONPLANDO debentur et perperam sub eisdem tegminibus, numero et cogno-
mine cum Citriosma laurifolia HBK. confunduntur.
Citriosmæ semen erectum primus vidit Konreius in hac stirpe, sed posteriores id ob-
servationis non animadverterunt, pendulumque usque ad hanc diem plerique æstima-
runt et dixerunt.
28. CITRIOSMA OVALIS.
GC. ramis saturate rufo-tomentosis, tomento e pilis subsolitariis ; fois
Oppositis v. ternis, ovato-ellipticis v. elliptico-oblongis, obtusis v. acute
acuminalis, basi rotundis et sæpius cordatis, utrinque (præsertim in venis)
rufo-pilosis, petiolo brevi et dense rufo-tomentoso ; racemis gracilibus ,
confertim paucifloris, petiolo duplo longioribus et subglabris ; perigonii
(masculi) mox glabrati dentibus ainplis; staminibus 6-8.
Citrosma ovalis Ruiz. et Pav., Syst. vegetab. F1. peruv. et chil., tom: I, p.266.
FRuTEx 2-orgyalis et diæcus. Rami, prout folia opposita v. terna consistunt, sub-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 345
tetragoni et in nodis compressi, aut obtuse trigoni, recentes pilis longiusculis, implexis,
simplicibus v. rarius fasciculatis (paucis insimul, nec stellatim divergentibus) et saturate
rufis admodum velali hirtique, senescendo autem partim glabrali. FoLrA modo opposita,
modo terna, ovato-elliptica v. elliptico-oblonga, nunc obtusissima, nunc acute et breviter
acuminata, basi rotundata et sæpissime cordata, in acie obtuse et minute crenulata s. den-
ticulata, 6-9 centim. longa, 3-4 centim. lata, exsiccataque opaca, pilis rufis dense adpressis
longisque costam et venas utriusque pagiuæ, mullo brevioribus et raris reliquum limbum
tegentibus; petiolo subtriquetro, antice præsertim spisse rufo-tomentoso (pilis rigidulis), et
vix semicentimetrum excedente. ANrHEMIA mascula (quæ sola suppetunt) geminatim axil-
laria, simplicia, gracilia, 15-25 millim. longa, initio parce rufo-pilosa et patenti-demissa,
postea subglabrata et ni fallor erecta, singula apicem versus 3-4-flora, floribus confertis,
pedicello gracili 4-6 mm. longo singulatim innixis, et arescendo nigrentibus. PERIGONIUM
mox ex toto glaberrimum, obconico-calyciforme, dentibus 4-6 crassis, calyculo subæqui-
longis, late oblongo-triangularibus, et erecto-patulis coronatum, veloque præterea lato,
primitus continuo, postea autem ore centrali integro latoque pervio clausum, parietibus
crassissimis. Sfamina uniuscujusque floris sena vel octona, nec plura, offendisse mihi
videor; Ruizius contra PAvoniusque undecim imo et tredecim numerasse asserunt ;
organa sunt glaberrima quæ super filamentis petaloideis antheræque apicalis structuram
cum staminibus Citriosmæ laurifolie HBK. penitus conveniunt.
Provenire dicitur in montibus frigidis imperii peruani, videlicet circa Muña, Tambo nuero, Sar-
riapata et Playa, augustoque et septembri florere (Cfr. Rurz. et Pav. loc. cit.).
Specimen descriptum in herb. Lessertiano occurrit, schedula accedente Pavoniana cui
inscribitur : « N° 906. Citrosma ovalis, sp. n. »; flores imperfectos aut vermibus esos
tantummodo exhibet. Alterum femineum at similiter mancum, in Musæo Webbiano obiter
vidi; ejus anthemia a masculis parum discrepant, quædam uniflora sunt, alia 2-4-flora;
perigonium seminibus fætum g'asrum est.
Citrosma Selloi Spreng., Syst. vegel., &. IX, p. 545, cujus C. ovalis R. et Pav. incertum
synonymon SPRENGELIO æstimatur, neutiquam huc spectat.
29. CITRIOSMA FOLIOSA.
C. ramis dense foliosis, novellis fulvo-tomentosis (pube fasciculata), adultis
subglabratis ; foliis oppositis, oblongis, acutulis, basi rotundatis, obsolete
minuteque duplicato-dentatis s. crenatis, initio subtus molliter tomentosis,
dein pro maxima parte glabratis ; pedunculis brevissimis 1-3-floris, floribus
exiguis ; perigonii (feminei) dens> fulvo-tomentosi limbo angusto, carnosulo,
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 44
346 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
glabro et 5-6-dentato, velo autem crasso ac in medio conico-tubuloso; stylis
5-8 exihbus, liberis.
Citriosma foliosa Tul., in Ann. se. nat., vol. cit., p. 38.
FRurEx diœcus, ramis teretibus v. obsolete tetragonis, dense foliosis, novellis saturate
spisseque fulvo-tomentosis (tomento tactu molli, e pilis fasciculatis et vage intricatis),
senioribus autem vix pubentibus aut prorsus glabratis. FOLIA opposita, longe oblonga w.
elliptico-oblonga, acutula, basi rotundata et quidem interdum subecordata, 8-12 centim.
longa, 3-5 cenlim. lala, in acie plana quasi e basi et summotenus obsolete minuteque
duplicato-dentata s. crenata (dentibus sæpius obtusis, sinubus oblusissimis), tenuia, mem-
branacea, primilus in antica pagina vage parceque pubentia, in postica autem (decolore)
densissime molliterque tomentosa (pube tomentoque e pilis fasciculatis vagis mollibus et
aureo-fulvis), adulta superne glabrata et a tergo parce pubentia; venis præter mediam
exilibus et laxis; petiolo gracili, toto tomentoso et 6-10 millim longo. ANTHEMIA feminéa
(quæ sola suppetunt) geminatim axillaria, demissa, tota fulva et hispidulo-tomentosa,
singula e pedunculo brevissimo 1-3-floro; floribus exiguis e pedicello 2-4 millim. longo
sigillatim pendulis. P£riGoNIUM globoso-calycinum, in limbo glabro angustoque 5-6-den-
tatum, dentibus triangulari-acutis inæqualibus et carnosulis, nec non velo crasso glaber-
rimoacin medio anguste breviterque conico-tubuloso ocelusum. Carpipra 5-8 glaberrima,
in totidem loculamentis ex assueta lege recondita ; sylis liberis exilibus teretibus exsertis
et divaricatis.
Nascitur in Brasilia meridionali, et circa oppidulum Yparrena (s. Yponnema) SerLowio olim oc-
eurrit, (Herb, n.B, 2152, c, 2136. — Herb, Kunth.)
(Herb. Mus. berol.)
Accedit, ob foliorum formam (licet ampliorem) integrumque habitum, Citriosmæ ovali
R. et Pay. modo adumbratæ, sed notis plurimis diseriminatur. Pubes universa Citriosmæ
foliosæ multo parcior et semper tactu mollis, folia tenuiora, anthemia breviora demissaque.
4. Lepidotæ.
30. CITRIOSMA LEPIDOTA.
C. tota lepidota, lepidibus latis et subintegris; foliis oppositis, ovato- v.
lanceolato-oblongis, acuminatis, et obsolete denticulatis; venis præter me-
diam et secundarias inconspicuis ; anthemiis (femineis) longis, simplicibus aut
bifurcis, in apice laxe paucifloris; floribus longe pedicellatis ; lobis calyci-
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 347
nis amplis, obtusis; ovariis glaberrimis; stylis extremis liberis, exsertis.
Citrosma lepidota Wiliden., in suopte Herb. (nunc e thesauris Musæi berolin.), sub n° 48500.
— HBK., Nov. Gen. et Sp. pl., t. I, p.170.
ARBOR diæca. Ram modo subteretes et tetragoni, modo sulcis 4 longitrorsum exarati,
medullosi, lepidibusque peltiformibus, membranaceis, centro affixis, in ambitu nonnihil
eroso-ciliatis, colore luteo-rufescentibus, nitidis et confertissimis admodum velati. ForrA
opposita, ovato- lanceolatove-oblonga, acuminata (acumine nunc brevi et obtuso nunc
angustiori elongato acutoque), basi cuneata et nonnunquam peculiariter bullate-rugosa, in
acie (quandoque late revoluta) obsolete et remote dentata v. crenata, interdum subinte
gerrima, 10-20 centim. longa, 4-8 centim. lata, utrinque lepidibus concaviusculis ac
subintegerrimis quasi ex toto velata (seniora quidem), quamobrem luteo-fulvella v. luteo-
virentia, minute glanduloso-punctala, subopaca (sicca), et petiolo valido vix canaliculato,
1-2 centim. longo, lepidibusque instar ramorum vestito singula innixa; costa utrin-
que prominens, venæ secundariæ exiles et laxæ, reliquæ vix conspicuæ. ANTHEMIA
feminea alaria, solitaria v. gemina, 3-6 centim. longa, divaricato-patentia, sicut rami
foliferi tota lepidifera, simplicia v. infra medium bifurca et in furca florifera, summis
ipsis cruribus confertim aut laxiuscule 3-k-floris; floribus singulis pedicello 12-20 mm.
longo instructis, bractea ovato-acuta et breviter petiolata flori inferiori inter supremos op-
posita. ANTHEMIA masCula haud diversa. PERIGONIUM utriusque sexus globoso-urceolatum,
limbo majusculo (in femina apprime) e dentibus s. lobis 4-6 sæpius inæqualibus, late ovato-
triangularibus v. semi-orbicularibus, obtusissimis, crassis, ereclo-patentibus et antice qui-
dem sed parce lepidiferis, ornatum, velo iis continuo glaberrimo crassissimoque clausum,
et ore centrali prominulo anguste (paulo latius in mare) pervium; maris excipulo unilo-
culari stamina 6-8, glaberrima ac fere tota inclusa, e filamentis crassis latissimis cymbi-
formibus et in apice acuto antheram exiguam 2-lobam et valvatim dehiscentem singulis
antrorsum gerentibus, fovente; penetralibus feminæ carpidiferis 5-6-loculatis et in pa-
rietibus (crassissimis) glabris. Ovari4 ex toto glaberrima; styli inferne glandulis immersis
scatentes, in angustiis canaliculi quo exeunt stipatissimi et subcoaliti, ultra autem liberi
et divaricato-erecu. Frucrus globosus lepidibusque laxiusculis ornatus.
Crescit in saxosis temperatis Andium novo-sranalensium, ad alt. peczxxx hexapod., ait Kunrarus
(loc. cit.). Occurrit in iisdem terris J. Gunorio, prope Zbague, loco dicto La Palmilla (Herb. Mus.
par.). Septembri florentem BonpLanpus legit.
[Herb. Mus. par. et berol. (Willden. et Kunth.)]
Specimina exploravi Bonplandiana feminea et mascula, hæc autem pauciflora ; Gudotiana
quæ suppetunt ompia feminea sunt.
Species est inter cæteras ob vestitum omnium partium distinctu facillima.Stamina 10-12
in floribus masculis numeravit KuNTHIUS.
348 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
31. CITRIOSMA GUDOTIANA.
C. lepidifero-tomentosa, lepidibus ciliatis; ramis gracihbus; foliis oppo-
sitis v. ternis, ovato- vel lanceolato-oblongis, acuminatis, argute dentatis,
breviter petiolatis; anthemiis femineis simplicibus aut bifurcis, laxe pauci-
floris; floribus longe pedicellatis; lobis calycinis 5-6, obtusissimis, paten-
tissimis , imo et reflexis; ovariis 6-8 nonnihil pilosis; stylis liberis et
exsertis.
Citriosma Gudotiana Tul., in Ann. se. nat., ser. 4, tom. III, p. 38.
ArBor diœca. Rami graciles, flexuosi, teretes, sed in nodis nonnihil compressi vel tri-
goni, lepidibus luteo-virentibus aut luteo-ferrugineis confertissimis et in ambitu longius-
cule ciliatis onusli, proptereaque nune quasi furfuribus rubiginosis seu virentibus, nunc
tomenti specie simul obducti, pilis tenuissimis nigris et patentissimis quandoque sparsim
immixtis. FOLIA modo opposita, mode ternatim verticillata, ovato- lanceolatove-oblonga,
breviter etacute acuminata, basi vel cuneata velattenuato-rotundata ac quandoque bullato-
rugosa, in acie (sæpius revoluta) argute serrata interdumque subintegerrima, 8-12 cen-
tim. et quod excedit longa, 35-55 millim. lata, subopaca (attamen glanduloso-punctata),
utrinque lepidibus ciliatis, stellulas mentientibus, minutissimis, distantibus (superne tan-
dem vix conspicuis, etsi persistentibus) conspersa, petioloque exili antrorsum angustissime
canaliculato, 10-12 mm. longo totoque lepidifero suffulta; costa et venis secundi tertiique
ordinis antice impressis, sublus contra prominentibus. ANrHEMIA feminea (quæ sola sup-
petunt) axillaria, solitaria v. gemina, erecto-palula, 3-4 centim. longa, tota instar ramo-
rum dense lepidifera, simplicia v. bifurca, sursumque laxe pauciflora; floribus (luteis
menseque februario explicatis, teste LiNDENIO) singulis pedicello centimetrum circiter
longo suffultis, PERIGONIUM globoso-urceolatum, extus dense lepidiferum, lobis majus-
culis 5-6, rotundato-obtusissimis, patentissimis aut quidem reflexis, anticeque glabris et
nigrentibus (planta exsiccata) coronatum, velo præterea crasso oreque prominulo anguste
pervio late clausum, intus 6-8-loculatum totidemque carpophorum. OvariA in stylo imo
pilosiuscula (pilis aureis) et copiose glandulifera (glandulis immersis) SryLIsummi liberi
breviter exstant. Frucrus globoso-deformis, lobis calycinis haud accretis coronatus et
5-8-spermus.
Orilur in montibus quinduensibus Novæ-Granatæ, locis dietis /a Palmilla ({estante b. Gunorio) et
alto del Machin(Cfr. 3. Livoenn Herb. n. 1055), ubi ad altitudinem usque 2800 metrorum pertingit.
(Herb. Mus. par. et Lessert.)
Summopere proxima est Ciriosmæ lepidotæ HBK., atlamen nullo negotio ob pubis
DRUPACEZÆ : CITRIOSMÆ. 349
multo parcioris naturam ab ea distinguitur; lepides enim quibus tegitur pilos breves
steilatos basique in membranulam peltiformem coalitos, nec membranam late concavam
et sæpius integerrimam quæ apud Citriosmam lepidolam observatur, referunt.
5. Glabræ.
32. CITRIOSMA LAURIFOLIA.
C. glaberrima ; foliis oppositis aut ternis, obovatis v. elliptico-oblongis,
obtuse acuminatis, integerrimis v. obsolete serratis, postremo subcoriaceis,
antice nitidis, et in margine revolutis ; petiolo brevi, ciliato ; anthemiis simpli-
cibus aut dichotomis, laxifloris ; perigonii tenuis limbo subnullo, velo autem
amplo; staminibus sex longe exsertis, erectis.
Citrosma oblongifolia Willden. (pro parte), msc. in suopte Herb., sub n° 18499 (Mus. berol.).
— Non R. et Pav.?
Cilrosma laurifolium HBK., Nov. Gen. et Sp. pl., tom. IL (1847), p. 471.
FRurex diæcus, fere ex omni parte glaberrimus. Ramr teretes, medullosi, levesque.
ForrA opposita ternave nec rarius dissociata, ovata, obovata v. elliptico-oblonga, obtu-
sissima v. sæpius acuminata, acumine nunc brevissimo nunc longiori et vulgo retuso,
basi cuneata, modo integerrima aut vix ac ne vix obsolete crenulato-denticulata, modo
remote serrata (margine tandem anguste revoluto), initio semipellucida et minute glan-
duloso-punctata, postea opaca subcoriacea et superne nitentia ; senis in utraque pagina
prominulis; petiolo centimetrum vix excedente, gracili, superne canaliculato et in margine
nonnunquam parce sordideque piloso. ANrHEMIA (mascula quæ sola dantur) axillaria,
solitaria v. gemina , tum simplicicia, tum medium versus bifurca, cruribus simplicibus aut
dichotomis, vulgo integra glaberrima, 15-25 millim. longa, et erecto-patentia; floribus laxis
pedicelloque nudo et #-7 mm. longo singulatim innixis. PERIGONIOM glaberrimum, primitus
impervium obovatum obtusissimumque, postea calycis turbinati et late aperti formam
exhibens, nunc limbo proprie dicto admodum destitutum, nunc dentibus 5-6 vix conspi-
cuis s, potius replo 5-6-gono et vix distincto auctum, ultra autem in velum latum et inte-
gerrimum protractum, parietibus tenuibus. SraMINA plerumque sex subæquilonga, longe
exserta, erecta, glaberrima, imisque perigonii penetralibus ut solet inserta; filamentis pe-
taloideis, e basi lata sursum versus sensim attenuatis (externis latioribus), cunctis acutis
abundeque glanduloso-punctatis. ANTHERA breviter ovato-acuta, 2-loba, tota summo sus-
tentaculo adnata, introrsa; membranula qua tegitur in modum valvæ anguste oblongæ,
et basi breviter incisæ, anthesis tempore soluta, revoluta, apiceque adhærente. POLLEN
pallidum.
350 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Crescit inter saxa, ad alt. pccxz hexapod. supra oceani ripas, prope bague Novo-Granatensium,
floretque septembri mense (testibus BoxpgANDo et J. Guporio in Herb. Mus, par.).
(Herb. Mus. par. et berolin.)
Adumbrationem scripsi ex autopsia speciminum quæ in herbariis BoNpLANDI et Gu-
poTit continentur; sedes autem natalis fide Kuxran affertur.
Ad Citriosmam ovalem R. et Pay. præcipue accedit, sed universa glabritie et perigonii
tenuioris dentibus obsoletis v. nullis facile distinguitur.
B. Diœcæ, eleutherandræ, perigonio femineo echinato.
33. CITRIOSMA PETIOLARIS.
C. glaberrima; ramis obtuse tetragonis, crassis et levibus; foliis quater-
natim verticillatis, lanceolato-oblongis, breviter acuminatis, deorsum atte-
nuatis, longe petiolatis, grosse serratis, ac utrinque venosis; pedunculis
(femineis) geminis v. solitariis, subsimplicibus, et quam petiolis plus
dimidio brevioribus; pedicellis longis gracilibus et quasi umbellatis; pe-
rigonii echinati dentibus 5-6 oblongo-linearibus ; stylis 3-6 liberis longeque
exsertis.
Citrosma petiolare HBK., Nov. Gen. et Sp. pl., t.1f, p. 171.
KunNTHIANA descriptio, loc. cit. edita, de florali apparatu quadamtenus peccat. PEr1Go-
Nium urceolato-globosum tubereulis s. eminentiis carnosis (glaberrimis et muticis)
instar calycis Citriosmæ echinate MBK. ornatur, sursum in lacinias (lobos, sepala) 5-6
longe oblongo-lineares et acutiusculas erectasque discedit, atque ‘velo (fauce constricta)
crasso et anguste pervio clauditur; intus autem locellis 3-6, ut solet monocarpidiatis,
confoditur, parielibus ejus intimis crassissimis, carnosis et glaberrimis. CARPIDrA sessilia
ovata exigua et glaberrima in stylum crassum singula desinunt; styli, inter se penitus
liberi, ultra perigonii faucem longe protrahuntur (quamvis ejusdem laciniis breviores
maneant) et patent. OvuLum obovatum in basi uniuscujusque carpidii sedet anatropum
et glaberrimum.
Nascitur, ait Kunruius, in temperatis Andium quinduensium apud Novo-Granatenses, floretque
septemb:i mense.
(Herb. Mus. par. et berolin.[ Herb. Kunrun ]).
Specimina Bonplandiana in Herb. Musæi parisini explorare licuit.
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 351
Licet universa glabritie omnino dissimilis, ad Citriosmam echinatam MBK., infra
descriptam, propter florum structuram accedit.
34. CITRIOSMA MURICATA.
C. densissime fulvo-tomentosa; foliis ternatim verticillatis, longe lanceo-
latis, acutis, petiolatis, minute serratis, supra præter costam glabris, subtus
ubique dense tomentosis ; cymis (femineis) simplicibus, 3-7- floris; floribus
longiuscule pedicellatis; perigonio dense echinato et mox glabrato, echinis
crassis brevibus obtusisque ; limbi lobis oblongis ; stylis 4-7 crassis et di-
varicato-recurvis.
Citrosma muricata R. et Pav., Fl. per. et chil. Prodr. (1794), tab. 29 (Icon. analyt.); Syst.
veget. Floræ peruv. et chil., t. 1 (1798), p. 265.
FRuTEx triorgyalis, diœcus. Ram (foliiferi) crassissimi indumentoque spisso sicuti
lana vestiti. FoLIA ternatim (rarius in summis ramis quaternatim) verticillata, longe lan-
ceolata, acuta, basi modo rotuadata et subemarginata, modo contra cuneata, minutissime
serrata (dentibus æqualibus presso ordine instructis et obtusis), 12-20 centim. et quod
excedit longa, 3-5 centim. lala, superne in costa et venis secundariis tantummodo, inferne
autem ubique et copiose tomentosa, denique plana nec bullata; costa et venis (dense reti-
culatis) in pagina dorsali crassis et prominentibus; petiolo 25-35 mm. longo, valido, subte-
reti, ac instar ramorum spisse fulvo-tomentoso. Puges quum ramorum tum foliorum
luteo-fulva, longa, molliuscula, e pilis solitariis v. fasciculatis (paucis insimul, nec in stellæ
modum divergentibus) et confertissime implexis constans. CyMÆ (femineæ quæ solæ
suppetunt) geminatim axillares, 2-3 centim. longæ, erecto-patentes, simplices et in vertice
vulso 3-5-floræ; pedunculo communi pedicellisque (5-8 mm. longis) teretibus gracilibus
et fulvo-tomentosis (pedicellis mox glabratis); bracteis linearibus brevibus patenti-recurvis
et tomentosis. PERIGONIUM initio calyciforme s. urceolatum et tomentosum (pilis vagis,
aliis solitariis, aliis fasciculatis), mox potius globosum et ex toto pene glabratum, proces-
sibus autem carnosis brevibus crassis obtusis confertissimisque echinatum, lobis præterea
4-6 oblongis, obtusis aut vix acutatis, expansisque coronatum, nec non velo crasso et per-
vio in fauce angustata occlusum, intusque 5-7-locellatum, parielibus (crassissimis) septis
oyariisque una glaberrimis. SryL1 crassissimi, ultra perigonii foramen longe protract
(limbi lobos æquantes), et arcuato-divergentes.
Crescit in terris peruanis, scil. circa Muñaet Acomayo, auetoribus Pavonio, 1. cit., et DOmBEY®, in
Herb. Mus. par. Floret a maio mense in septembrem usque.
(Herb. Mus. par. el Lessert.)
352 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
A proximis distinguitur forma angusta et prælonga glabritieque antica foliorum,
eorumdem dispositione ternata, pubis natura, perigoni echinis crassis et brevibus, stylis
contra longis sed pariter (plus quam solito) incrassatis. Stamina 60 in flore masculo Rur-
zZius et PAvonivs viderunt (Cfr. loc. cit.).
Specimina (feminea) quæ in Herb. Lessertiano continentur ab ipso PAVONIO olim
accepta sunt numeroque 89% notantur, cum indice : « Citrosma, Gen. nov. » Mascula,
similiter Pavoniana, in Musæo Webbiano quod amissum tam Parisiis desideramus, exstare,
anno proxime elapso compereram.
35. CITRIOSMA FCHINATA.
C. tomentoso-lanata, foliis oppositis, ovato- vel lanceolato-oblongis, acu-
minatis, basi cuneatis v. rotundatis, minute serralis et utrinque bullato-
rugosis ; anthemiis femineis paucifloris petioloque brevioribus; perigonii
echinis longe linearibus et in vertice piliferis; limbi lobis obovato-oblongis,
obtusatis ; anthemiis masculis gracilioribus ; staminibus 6-8.
Citrosma viburnoides Willden., msc. in suopte Herb., sub n° 48498 [planta feminea fructi-
fera |.
Citrosma mollis ejusd., ibid. (Herb. propr. n° 48496 [planta mascula]). — Non Kunthio.
Citrosma echinatum HBK., Nov. Gen. et Sp. plant., tom. IT (1817), p. 173.
ArBor diœca. Ramr densissime lanato-tomentosi, panno e pilis fasciculatis intricatis
rufisque facto. FoLra peculiari modo bullato-rugosa deprehenduntur, nuncque late ovato-
elliptica, nunc potius lanceolata et multo angustiora; pubes paginæ anticæ asperulæ, e
pilis sparsis brevibus et fasciculatis, pilos simplices rariores etiam admittit, paginæ autem
posticæ (luteolo-rufæ) multo densior nonnisi e pilis fasciculato-stellatis constat. PErI-
GoN1t processus carnosi, multo longiores et exiliores quam apud €. muricatam, pilis
stellato-fasciculatis coronantur; limbi divisuræ elongato-subspathulatæ, ostiumque me-
dium et duplex, interno canaliculum prominentem (nec reconditum sicuti in C. bud-
dleiæfolia infra descripta videre est) terminante, cernuntur. STAMINA structuram solitam
ostendunt, exteriora brevissime exserta. SryLt graciles calycis spiraculum longiuscule
excedunt et recurvi patent.
Il: BonpLanpo primum oceurrit in declivitate occidentali montis Quindiu Novæ-Granatæ, Que-
brada de Boquia inter et Portachuelo, ultra cucxxx hexapod. supra oceani ripas, septembri florens;
recentiori ævo JusriNo Gounor, bague inter et Carthago, mense martio; nec non J. LiNpENIo
(Herb. n. 4056), prope pagum de los Gallegos Andium quinduensium, ad alt. mec hexapod., fe-
bruario
(Herb. Mus. paris. berolin. | Herb. Willden. et Kunth.], et Lessert.)
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 393
Specimina herbarii Willdenowiani BonPLANDo collecta sunt. WILLDENOWIOque explo-
rata fuere antequam KuNTH10 innotuerint ; nomen specificum viburnoides, haud ineptum,
retineri merebatur, KuNrHIUs flores mascu'os non cognovit.
36. CiTRIOSMA BUDDLEIÆFOLIA.
C. ramis dense tomentosis; foliis oppositis, late ovato-ellipticis, acumi-
natis, petiolatis, supra villosis, villis simplicibus, postice dense tomentosis,
pilis fasciculatis; petiolo longiusculo et densissime tomentoso ; perigonii mas-
culi dentibus brevibus et vix acutis, feminei late ovatis et obtusis, utroque
echinato ac tomentoso; staminibus 1 5-20 ; carpellis 4-5; stylis exsertis, diver-
gentibus.
Citrosma buddleiæfolium Benth., Plantæ Hartw., p 250, n° 4377.
FRuTEx diœcus, 8-10-pedalis. Rai (foliiferi) obtuse subtetragoni, medullosi, dense et
molliter tomentosi, pilis fasciculatis vagis initioque dilute rufis, postea vero pallescen-
tibus. FoLrA opposita, late ovato-elliptica, altenuato-acuminata, basi cuneato-rotundata.
12-16 centim. et quod excedit longa, 6-10 centim. lata, tenuia, minutissime glanduloso-
punctata, in acie inæqualiter et minute eroso-dentata s. crenulata, superne sparsim, in
venis autem densius villosa (villis simplicibus pallidis et adpressis), subtus ob pilos fascicu-
latos copiose tomentosa, primitus nonnihil antice bullata, mox admodum plana, et petiolo
tereti, 2-3 centim. longo, densissime tomentoso (quasi lanigero), fulvoque v. pallido
instructa. ANTHEMIA (cymæ) utriusque sexus geminatim axillaria, tota copiose fulvello-
tomentosa, et patenti-demissa. MAsCuLA 3-4 centim. longa, ultra mediam longitudinem
repetito-dichotoma, multiflora, floribus singulis pedicello 6-8 mm. longo gracilique sufful-
tis. PeriGonNiuM globoso-urceolatum, limbo in dentes 5-6 late triangulares vix acutatos
inæquales patulos brevesque dissecto coronatum, velo tandem latiuscule aperto (ore
integro tenuatoque) partim occlusum, extus pilorum fasciculis expansis sessilibus aut
pediculo carnoso innixis ornatum, in antico autem limbo veloque et penetralibus glaber-
rimum (glandulis crassis in illius parenchymate copiose immersis). SrAMINA 15-20 gla-
berrima, imis urceoli parietibus inserta, exteriora paulo majora osque receptaculi non-
nihil excedentia, reliqua tota inclusa ; f/amentis antherisque structuræ ejusdem atque apud
Citriosmam apiciferam (vid. infra). CymÆ femineæ centimetrum v. sesquicentimetrum
longæ, flores 5-7 in apice quasi collectos gerentes, v. bicrures et in ala floriferæ, cruribus
autem singulis cymose vulgo trifloris; floribus pedicello semicentimetrum longo singulatim
innixis. PERIGONIUM masculino majus, itidem urceolato-globosum, processibus vero longe
linearibus, carnosis, stellaque e jilis fasciculatis sigillatim coronatis dense echinatum,
limbo amplo 5-6-lobo (lobis late ovatis obtusis ac subæqualibus) late expanso anticeque
glaberrimo terminatum, in medio velamine (lobis continuo) ore angusto simul et cana-
ARCHIVES DU Muséum, T. VIII. 45
354 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
liculo recondito (e veli plicatura nalo) pervium, intus anguste 4-5-locellatum totidemque
carpidiatum, septis, carpidiis locellorumque externis parietibus (crassissimis ) glaberrimis
et glandulosis. Sryu1 lineares in angustiis foraminis calycini brevissime coalescere viden-
tur, sed liberi (brevesque) exeunt et ab invicem discedunt,
Prope prædium Zravi, haud procul a paso Perucho provinciæ quitensis Peruanorum, stirps supra
descripta ab HarrweGio reperta est (ejus Herb. n° 1377).
(Herb. Mus. paris.)
Ovaria 7 circiter occurrere, ait BENTH AMUS, ego vero quatuor v. quinque tantummodo
numeravi; folia speciminis suppetentis nequaquam bullato-rugosa instar foliorum €. echi-
natæ HBK. deprehenduntur.
Pube simplici anticæ foliorum paginæ nec non lobis perigonii feminei late ovatis et
brevioribus, a Cifriosmu echinata HBK. simul et a C. muricata R. et Pay. planta Hartwe-
giana discrepat.
37. CiTRIOSMA APICIFERA,
C. aureo-pilosa, pilis conferto-fasciculatis; foliis oppositis, late obovatis,
acuminatis, basi cuneatis, grosse serrato dentatis, tenuibus, antice sparsim
pilosis (pilis vulgo simplicibus), postice autem apicibus conspersis; an-
themiis masculis brevibus patentibus et 3-brachiatis; perigonii 6-8-andri
lobis totidem amplis, antice glabris, veloque.
Citriosma apicifera Tul., in Ann. sc. nat., ser. &, tom. HIT, p. 38.
ArBor diϾca. RamuLi (foliferi) medullosi, crassi, ob pilos longos fasciculatos (quolibet
fasciculo e pilis 15-20 simplicibus et basi coalitis constante) divaricatos (apicum sortes sessi-
les) diluteque aureos quibus copiosissime teguntur horridi. FocrA decussatim opposita,
late obovata, acute acuminata, basi rotundata v. cuneata, in ambitu grosse laxe et inæquo
modo serra o-dentata, adulta 18-20 centim. longa, 8-10 centim. lata, antice et in acie
pilis simplicibus sparsis sæpius adpressis et in costa copiosioribus, postice vero pilis
stellato-fasciculalis abundantissimis (plerisque in venis insidentibus) diluteque aureis obsita,
tenuia, diaphana, glandulisque hyalinis scatentia; petiolus 2-3 cenlim. longus, validus, sub-
teres ac parce aureo-pilosus, pilis simplicibus et fasciculatis commistis. ANTHEMIA (mascula
quæ sola suppetunt) tota abunde instar ramorum pilosa, 2-3 centim. longa, geminatim
alaria, patentia, sub apice cymose 3-5-floro di-hotoma, cruribus singulis æqualibus, bractea
lineari brevique stipatis et cyma contracta 5-7-flora terminatis; pedunculo communi
partialibusque teretibus et gracilibus, ultimis vix semi-centimetrum longis. PERIGONIUM
urceolato-calyciforme, lobis 5-6 amplis, late obovatis (urceolo longitudine æqualibus),
acutiusculis, crassis, e basi liberis et subæqualibus coronatum, extus pilorum fasciculis
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 395
aureis ac sessilibus constellatum, in antica autem loborum facie et velo lato quo primitus
clauditur (eodem anthesis tempore aperto-lacero), nec non in parietibus imis continuis
et tenuibus glaberrimum atque copiose glanduloso-punctatum. SrAmMINA 68 petaloidea,
late ovato-oblonga, acutata, imo perigonio simul inserta, glaberrima, virginea imbricata,
adulta vix exserta; filamenta glandulis olentibus scatentia; anthera uniuscujusque staminis
2-loba, ovato-acuta, paginæ summi sustentaculi anticæ tota de more adplicita, pollineque
pallido referta.
Nascitur in provincia pastoensi imperii æquinoctialis (Jamesonis Herb. n° 450, julio 4846 Parisiis
accept. ).
(Herb. Lessert.)
Ejusdem gregis est (perigonio, ut videtur, haud echinato non obstante) atque Citriosma
murieala R. et Pav., C. echinata HBK. et C. buddleicæfolia Benth., sed floribus oligandris
pubisque natura qua obruitur nullo negotio ab eis distinguitur.
38. CITRIOSMA BIFIDA.
C. ramis exilibus et tomentellis; foliis oppositis, oblongo-lanceolatis, acu—
minatis, in costa superna petioloque antico dense fulvo-tomentosis, cæterum
parce tomentosis; anthemiis (femineis) gracilibus, ex integro tomentosis,
nunc simplicibus, nune semel aut semel atque iterum bifurcis, semper
laxiuscule multifloris, floribus subsessilibus et secundis ; perigonio anguste
pervio, limbo veloque subnullis; carpidiis 3-4 sericeis ; stylis sabextremis
brevissime coalitis; fructu echinato, tomentoso.
Citrosma bifidum Pæpp. et Endl., Nov. Gen. et Sp. plant., tom. !1 (1838), p. 48.
ARBUSCULA diæca, orgyalis (fide PospriGn1). Rami foliiferi teretes, longe exiles, ini-
tio ob pilos simplices v. fasciculatos divaricatos et rufo-rubiginosos parce tomentosi, pos-
tea vero partim glabrati v. tantummodo pubentes. FoLIA opposita, oblongo-lanceolata,
longiuseule et acute acuminata, basi cuneata, minute punctato-glandulosa (:uci obversa),
integerrima, 8-15 centim. et quod excedit longa, 3-5 centim. lata, in nervo medio (plano)
antrorsum densissime rufo-tomentosa (pilis subsimplicibus et rigidulis), cæterum utrinque
parce pilifera (pilis paginæ anticæ plerisque simplicibus et vagis), ac tandem subglabra
(co ta autem superna semper tomentosa); peliolus teres, æqualis, gracilis, centimetrum
circiter longus, et tomento copiosissimo rigido rubiginosoque antice tectus. ANTIEMIA
feminea geminatim alaria, erecto-patentia, 2 3 centim. longa, tota tomentosa et quaprop-
ter luteolo-rufa; uniuscujusque pedunculus vix teres, gracilis, infra medium sterilis,
Simplex vel sæpius in medio dicholomus, cruribus simplicibus aut ipsis bifurcis; floribus
3906 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
exiguis, ovoideis, sæpe hine gibbulis, luteo-tomentosis (ob pilos stellato-fasciculatos),
pedicello seipsis dimidio breviore singulatim innixis, secundis, duplici serie e basi ad api-
cem racemorum ordinatis parique intervallo ab invicem sejunctis. PERIGONIUM limbo velo-
que manifestis penitus destitutum, in apice obtuso integroque (vix dentatum dicit PoEP-
PIGIUS) anguste pervium, intus 3-4-locellatum, totidem carpidiatum et in parietibus cras-
siusculis glandulis suave olentibus scatens. CarpipiA sessilia, imis perigonii loculis inserta,
ovato-compressa, pube aureo-fulva sericea adpressaque vestita et in stylum longum gla-
brumque attenuato-desinentia; styli superne in unum coaliti, subito autem extra perigonii
foramen brevissime liberi et divaricato-reflexi. OvuLum solitæ structuræ, scilicet obovato-
ellipsoideurmn anatropum et erectum, e basi enim capsellæ genitricis assurgens. FRUCTUS
paucissimi in singulis racemis maturescunt; unusquisque ceraso minor, globcsus, proces-
sibus carnosulis vagisque hine et inde quasi echinatus , laxe tomentosus et drupeolas 1-2
fovens; harumce putamine, ut solet, ligneo et serobiculato. (Flores masculi desunt, nec
quidem Pæppigio, cui specimina supra descripla debemus innotuerunt.)
Crescit, ait PorpprGrus, in sylvis primævis provinciæ brasiliensis Maynas dictæ, floretque mense
martio. (Pœæppigiani Herb. n° 2131 B.)
(Herb. Mus. paris. et vindobon.)
Speciem sistit a cæteris distinctissinam, cujus criterium in racemis multifloris simpli-
cibus vel compositis, perigonio limbo destituto, carpidiisque paucis præsertim versatur.
Perigonii structura Citriosmam cristatam Pœpp. et Endl. aflinesque imitatur, sed propter
stylos summos liberos ab eis recedit.
De racemis bifidis tantummodo apud PorppiGium agitur, qui non animadyertit eos
iteratis vicibus in brachia subæqualia sæpius discedere.
C. Diæcæ, synandræ.
39. CITRIOSMA MOLLICOMA.
C. rufo-tomentosa ; foliis amplis, longiuscule petiolatis, ellipticis, oblongis
v. obovato-lanceolatis, breviter acuminatis, basi attenuatis, integerrimis v.
obsolete denticulatis, utrinque molliter pubentibus, in venis autem dense
tomentosis ; anthemiis brevibus et paucifloris; perigonii campaniformis limbo
lato, repando, integerrimo v. obsolete 5-6-crenato; staminibus 4 velum exce-
dentibus et monadelphis.
Citrosma mollicoma Mart., msc. in Herb. et schedis. — Tul., in Ann. sc. nat., loc. cit.
Citrosma dentata Pœpp., msc. in Herb. Mus. vindob. — Non R. et Pay.
ArBor diœca. Rami foliiferi crassi, medullosi, hine et inde vicissim compressi, panno
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 397
densissimo, asperulo et brevi, saturate rufo et tandem sordide fucato, e pilis simplicibus,
fasciculato-patentibus, obtecti, adulti partim glabrati sed tactu scabridi. FoLra decussatim
opposita, amplissima, elliptica, elliptico-oblonga v. ovato- s. obovato-lanceolata, breviter
acuminata, acumine obtuso acutove, basi attenuata et quidem longiuscule decurrentia,
20-30 centim. longa, 8-12 centim. et quod excedit lata, integerrima v. obsolete remote et
minutissime denticulata, utrinque molliter brevissimeque, subtus vero copiosius, pubentia,
in nervis secundariis primarioque utriusque paginæ rufa, et petiolo subtereti, valido,
inslar ramorum rufo-tomentoso, 3-6 centim. longo erectoque singula suffulta; venis
secundariis remotis pinnatimque et elegantissime ordinatis, tertiariis pariter inter se dis-
tantibus, cunctis in folii tergo prominulis. ANTHEIA utriusque sexus ut solet geminatim
alaria, contracta, scil. 2 centim. vix excedentia imo et breviora, in medio dichotoma,
cuncta pauciflora (feminea tamen multo magis depauperata, nempe 1-3-flora) et pube
brevi ac rufa (mascula copiosius) tecta. Mais perigonium campaniforme, late apertum
(e principio), in acie repanda limbi lati erectique integerrimum, velo autem supra geni-
talia in imis penetralibus recondita anguste pertuso clausum. STAMINA sæpius 4 æqualia,
glaberrima, in orbem angustissimum disposita, perigonii fundum angustissimum et locel-
liformem sub velo tenentia, totis fere filamentorum marginibus coalita et tubum angustum
summo apice #-dentatum (dentibus deflexis et antheriferis) nec limbum campaniformem
calycis excedentem fingentia; an/heris anticæ fulciminum paginæ adplicatis, 2-lobis et
valvat:m ex more dehiscentibus; polline pallido. Stamina 2 sublibera rarius ut videtur
solummodo occurrunt, tertii rudimento quandoque accedente. FEMINÆ perigonium aper-
tius urceolatum, margine s. limbo lato, repando, obsolete et obtusissime 5-6-crenato, nec
non (in fauce constricta) velo crasso tumente et anguste perforato instructum, loculisque
numerosis (8-12) 1-carpidiatis intus confossum. CarpiprA sessilia, glaberrima, in stylum
filiformem breviter exsertum sigillatim desinentia, et uniovulata. OvuLum anatropum e
basi carpelli sessile assurgens. Perigonii interni, septorum carpidiorumque parietes glan-
dulis olentibus albentibusque (planta sicca) scatent.
Provenit in nemoribus primævis Brasiliæ borealis, scil. in provincia del Rio Negro, ad cataractas
cupatenses fluvii Tapura, floretque januario (Conf. Martir Herb.). Occurrit etiam PoPpiG1o in pro-
vincia Maynas alto dicta (Herb. n° 2145, sub cognom. Citrosmæ dentatæ R. et Pav.).
(Herb. Mus. monac. et vindobon.)
Anthemia mascula femineaque in iisdem ramis simul non occurrunt, quapropter arbo-
rem fore diœcam arbitratus sum; qua de re tacet (saltem in schedulis quæ penes me
sunt) ill. collector MARTIUS.
353 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
4o. CiTRIOSMA MoLIHS.
(Tab. xxix.)
C. tota dense molliterque tomentosa ac fulvo-virens; foliis oppositis, late
ovatis v. ovato-ellipticis, acuminatis, basi rotundatis, obsolete denticulatis,
breviterque petiolatis ; anthemiis masculis iterato-dichotomis et multifloris ,
femineis subsimplicibus multo brevioribus ac paucifloris; perigonio extus
undique tomentoso; limbo maris angustissimo subnullo et integerrimo, fe-
minæ contra ampliato, repando, integro v. obsolete crenato; staminibus
5 diadelphis ; ovariis 20-25 glabris ; stylis summis liberis et breviter exsertis.
Citrosma molle et C. dubium MBK., N. Gen. et Sp. pl., tom. If, pp. 173 et 474.
Citriosma pyricarpa Willden., in suopte Herb., sub n° 48495 (Herb. Mus. berol.) — Non R.
et Pav. (?)
FRuTEx volubilis et odoratissimus, ait celeb. Kunrmws (1. cit.). RAMr horni teretes aut
subtetragoni, in nodis modice compressi, pube fulvo-virente molli et densa, e pilis fasci-
culatis implexis, vestili. FoLiA opposita, oyata v. late ovato-elliptica, acute sed brevissime
acuminala, basi autem rotunda (integra v. quadamtenus emarginala) aut nonnihil cu-
neata, modo vix conspicue denticulata, modo obsolete duplicato-dentata aut crenato-den-
tata, quandoque subintegerrima, 8-20 centim. longa, 5-10 centim. lata, utrinque pari
modo et densissime tomentosa (tomento tactu molli, e pilis fasciculatis varie implicatis) ;
venissecundariis in utraque pagina perquam exilibus; peliolo tereti, toto densissime tomen-
toso, et 8-20 mm. longo. ANrHeMIA utriusque sexus geminatim axillaria, patenti-demissa,
gracilia totaque tomentosa; mascila 15-20 millim. longa, medium versus vulgo dichotoma
et in ala florifera, cruribus ipsis (divaricatis) semel aut semel atque iterum dichotomis,
floribus autem confertiuseulis, singulis pedieulo 3-5 millim. longo suffultis; feminea mas-
culis multo breviora, nempe 6-15 millim. longa, simplicia et 1-3-flora, v. bifurca et 4-5-
flora, floribus pediculo 2-4 millim. longo ianixis. Mari perigonium ex omni parte externa
cinereo-tomentosum, primitus pelviforme et inpervium, postea sursum deorsumque dilata-
tum, capacius effectum, limbo simal integerrimo angustissimoque ( vix ullo) in medio cir-
cumdatum, tandemque ore supremo latiuseulo, nunce integerrimo, nunc varie sed breviter
fisso s. lacero dehiscens, penetralibus angustissimis et glabris. SrawinA vulgo 5 imo peri-
gonio inserta, glabra, breviter exserta, introrsaque; f/æmentis planis, lineari-dilatatis
(longe triangularibus), omnibus fortassis initio inter se liberis, exterioribus autem % an-
thesis tempore fere totis marginibus (valvarum in modum) coalitis tubumque conice elon-
gatum et anguste pervium efficientibus, stamine contra centrali solo a cæteris longioribus
admodum libero, occultato, sed pari modo pollinifero (anthera mi \ori et prorsus apicali
stigma quoddam mentiente); antheris singulis sammo sustentaculo suo adnatis, 2-lobis
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DRUPACEZÆ : CITRIOSMÆ. 3959
valvatimque ut assolet dehiscentibus. PeriGoNIUM femineum masculini perfecti quoad for-
mam et universam pubem æmulum, sed crassius moxque magis urceolatum, limbo præterea
similiter quidem integerrimo v. obsolete crenalo at maxime ampliato, plano primum dein-
que summopere repando donatum, debito tempore ore latiusculo prominente et integro
apertum, intus loculamentis 20-25 duplici serie floris centro circumpositis, de more 1-car-
pidialis et glaberrimis confossum, ipsum e parietibus carnosis crassissimis odorisque fac-
tum. OvariA ovata, glandulis scatentia, glaberrima et in stylum filiformem desinentia;
stylis superne in velo (crassissimo) perforato simul et cum canaliculi parietibus pro parte
coalescentibus, ultra brevissime liberis exilibus exsertisque (fasciculatis aut vix divari-
catis). FRuCruS maturus desideratur.
Floret junio, ait BoxpLANpus ( Herb. n° 1692); decembri etiam florentem vidit Guno-
TIUS (Æerb. Mus. par.).
Oritur circa Ilondam et S. Annam Novo-Granatensium, BoNPLaNpo auctore (loc cit.), nec non prope
Combayma, in iüisdem terris, testante J. Guporio.
(Herb. Mus. par. et berolin.)
Specimina mascula femincaque quum in herbario Bonplandino tum in Gudotiano simul
explorare datum est. Masculam stirpem Kuxraius pro typo alterius speciei, scil. sui
Citrosmatis dubii HBK. incautus habuit, quia cum florem ejus perperam fuisset inter-
pretatus, androgynum existimavit, stamine centrali liberoque, ovarii rudimentum, licet
antherifero, mentiente.
Peculiari floris masculi structura Citriosma mollis ad Citriosmam mollicomam Mart.
supra descriptam accedit. Specimen Herb. Wil'denowiani (in Mus. berolinensi) cujus
mentio fit supra, e thesauris Bonplandeis depromptum est.
D. Monæcæ, eleutherandræ, stylosæ (stylis exsertis longe coalitis).
41. Cirriosma Porrpien.
C. parcissime minuteque in ramis et foliis lepidifera vel prorsus gla-
brata; foliis oppositis, amplis, elliptico- v. obovato-oblongis, acuminatis,
basi rotundatis, integerrimis, ac breviter petiolatis; anthemiis geminatis, bre-
vissimis, subsimplicibus, 5-8-floris, lateo-tomentosis; perigonii obconici et
quadripartiti divisuris late ovatis, obtusissimis, et utrinque tomentosis ; velo
conico, tomentoso ; loculis numerosis; stylis in columnam exsertam coalitis.
Tetratome lepidota Pæpp. et Endl., Nov. Gen. et Sp. plant. t. IL, p.47 (fide Herb. Mus. berol.).
Citriosma Pœppiqii Tul., in Ann. sc. nat., ser. #, t. WI, p. 39.
ARBOR ramis (hornis) crassis, medullosis, teretibus, in nodis vero quadamtenus dilatato-
360 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
ancipitibus, novellis lepidibus minutissimis dilute luteis et tandem albescentibus (e pilis
brevissimis stellato-fasciculatis) parce conspersis, adultis glabratis. FocrA decussatim op-
posita, elliptico- y. oboyato-oblonga, longiuseule et acute acuminata, basi rotundata, in
acie integerrima, subtus (adulta) vix ac ne vix lepidifera, superne admodum glabra, ex-
siccata (adulta) opaca, glandulis vero minutissimis et pellucidis copiosissime farta, 18-22
centim. et quod excedit longa, 6-9 centim. lata, petioloque crasso centimetrum v. sesqui-
centimetrum longo ac vix lepidigero innixa; venis laxis, subtus minutissime sparsimque
lepidigeris. ANTHEMIA, feminea dico quæ sola suppetunt, geminatim axillaria, petiolo bre-
viorä, ex omni parte densissime luteo-tomentosa (ob pilos stellatos fasciculatos et longius-
culos); peduneulo uniuscujusque simplici v. rarius bifurco, et #-8-floro, floribus subsecundis
divaricatisque. PERIGONIUM obconicum, in pedicellum brevem attenuatum, superne limbo
amplo e phyllis s. lobis & æqualibus, erectis, late ovatis, obtusissimis et utrinque luteo-
tomentosis coronatum, velo acute conico prominente crasso tomentoso et anguste per-
forato clausum, nec non in loculos s. alveolos 12-15 exiguos inæquales septis glabris
reticulatim conjunctis (nec de specie glanduliferis) discretos et unicarpidiatos intus parti-
tum. CarpipyA sessilia, ovato-linearia superneque ob pilos aureos et adplicatos sericea.
SryLt, eliam sub velo jam adglutinati, in columnam solidam longiuscule exsertam tere-
tem glabram apiculisque nonnullis brevissime disjunctis terminatam excrescunt.
Viget in regione Brasiliæ boreali-occidentalis Maynas dicta. (Pogpprit Herb. n 2060 ec 2066. —
Ann. 1831.) Specimini Herb. parisini accedit schedula sie conscripta : « Citrosma oblongifolia R. et
Pav.? »; legitur contra in Herb. Mus. berolinensis schedula altera Pœppigiana insequens : « 2066.
Tetratome lepidota Pæpp., N. Gen., t. Il, p. #9. Maynas.»
(Herb. Mus. vindobon. et berolin.)
Cum Citrosmeæ oblongifoliæ R. et Pay. edita descriptione, specimina modo adumbrata
neutiquam congruere videntur; oplime e contrario cum diagnosi Pœppigiana Tetra-
tomes lepidotæ Pœpp. et Endl. quadrant, ita ut, docente etiam Herbario berolinensi,
nequaquam dubito quin Tetratomem hanc reapse sistant. Nomen a PogPPiG10 stirpi impo-
situm invitus mutavi.
Flores in aqua tepida emolliti odorem cinnamomeum gratissimumque spargunt, licet
glandulis in suo parenchymate quasi destituti videantur. Anthemia quæ præ oculis habeo,
cuncta quidem feminea sunt, sed pauca dantur, nec quapropter affirmare arborem reapse
diæcam esse vellem, cum cæteroquin, suadentibus proximis, polius monœæca æstimaretur.
Quandoque accidit ut anthemii axis indivisus ultra flores tunc mere racemosos longius-
cule protrahatur et ramorum genuinorum more frondescat.
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 361
42. Cirriosma GurANENSIS.
C. ramis initio rufo-tomentosis, postea glabratis; foliis oppositis, amplis,
ovato-oblongis v. ellipticis, breviter acuminalis, basi rotundis, integerrimis,
utrinque tandem glabratis ; petiolo brevi; anthemiis uni- vel 2-sexualibus,
rufescenti-cinereis, subsimplicibus, patentissimis, petioloque 2-3-plo lon-
gioribus ; perigonio masculo late aperto, staminibus crebris exstantibus;
femineo globoso obtusissimo obsolete 4-6-crenato v. integerrimo, velo co
nico prominente ; carpidiis 8-12.
Siparuna quianensis Aubl., Plant. de la Guyane, t. Il, p. 865, tab. 333. — H. Cruegerio, in
Linnæa, t. XX (1847), p. 113, et Ann. sc. nat., ser. 3, t. VIL (1847), p. 376.
Citrosma glabrescens Mart., msc. in Herb. et sched. — Non Preslio.
Citrosma oblongifolium Sprens., msc. in Herb. berol. — Non? R. et Pav.
ARBUSCULA Mmonœca, graveolens et 1-2-orgyalis, testibus AUBLETI0 et CRUEGERIO, RAMI
foliiferi teretes, sed in nodis compressi, medullosi, primitus adpresse rufo-tomentosi (ob
pilos stellato-fasciculatos), postea autem glabrati, epidermide virenti et levi. FoLra
decussalim opposita, ovato-oblonga v. elliptica, breviter et acute acuminata, basi rotunda,
integerrima, 8-15 centim. et quod excedit longa, 4-7 centim. lata, glanduloso-punctata,
initio utrinque v. postice tantum dilute rufo-tomentosa, postea pedetentim glabrata nec
nisi poslicis in nervis (prominentibus laxisque) minutissime pubigera (pube e pilis brevis-
simis et stellato-fasciculatis ); peliolus subtrigonus, semicentimetrum longus, ac minutis-
sime ex omni parte pubens. ANTHEMIA modo unisexualia, modo bisexualia, adpresse
tomentosa, bina in unaquaque axilla, simplicia, rarius bifurca, a summo primum circi-
nata, postea explicata patentissima et quidem nonnihil demissa, petiolo, anthesis tempore,
circiter duplo longiora, et 4-6-flora : floribus initio Capitalis, deinde remotis, secundis,
patentissimis, pedicelloque 4-6 millim. longo et nudo singulatin suffultis. ALABASTRUM
floris masculi obovatum, feminei globosum majusque, utrumque extus adpresse et den-
sissime tomentosum, diluteque rufo-cinereum. Mars perigonium calyciforme late aper-
tum et obtusissime 4#-6-crenatum, androceum autem longiuscule exsertum et 10-12-an-
drum. FEMINÆ perigonium, connubii tempore, prorsus globosum et obtusissimum, in
acie vix discreta obsolete &-G-crenatum aut subintegrum, velo conico acuto protractiori
et tomentoso opertum, intusque 8-12-locellatum, parietibus crassissimis et glandulis suave
olentibus (albentibus in planta exsiccata) copiose scatentibus. CARPIDIA in imo stylo ad-
presse sericea.STy£1 in columnam longiuscule exsertam glaberrimam teretem summoque
apice in sua elementa brevissime solutam sub velo coalescunt. FrucTUs immaturus pubet ;
maturus flavus est et molem cerasi mediocris obtinet (CRUEGERIO teste).
Per vastissimos Americæ tropicæ tractus late diffunditur. Apud Indos Guyanæ galibiensis rivorum
ARCHIVES Du Muséum. T. VI, 46
362 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
lillora, monente AuBrETI0, prædiligit, vernoque et æstivo tempore, pluvio scilicet, florere solet;
quibus in terris, recentiori ævo, eam viderunt Marrinus (Herb. n° 79), PerrorTTETiUs (ann. 1821),
Prior (anno 1838. — Herb. n° 270), MeuNo (ann. 1842 et 1854. — Herb. n° 124) aliique. Similiter viget
in Guyana brilannica (teste R. Senomeurexio, Herb. pirarensis n° 404, roraimensis n° 728 [utroque
coll. ann. 48#1-2], n° 4107 coll. jan. 1843 [Herb. berol.], et n° 669 [Herb. Webb.]), et batava
(auctoribus Hosrmannio [Herb. no 382] et SpciréEerBEno). JusriNo Goupor in valle magdalenensi
Novæ-Granatæ, Ortega inter et Chapazal, martio florifera simul et fructifera occurrit. Crescit
etiam in Brasiliæ centralis provincia do Matto Grosso (lerh. imp. bras. n° 292), prov. Fodina-
rum (in sepibus et ad sylvarum margines, teste Marrio, in suopte Herb.), nec non et prov. Cearensi
(Ganovenr Herb. n° 1842). Victoriam inter et Bahiam ejusdem regionis, circa Yparrena, SELLOWIO
reperta est {Herb. berol.).
(Herb. Mus. par., monacensis, vindobon., berolin., Lessert.)
Flores maseuli in vertice anthemii bisexualis generantur ; soli etiam racemos unisexuales
sistere queunt ; anthemia vero mere feminea sæpius occurrere videntur.
Specimina brasiliensia, Herbario imp. Sebaslianopolitano à GALDICHALDO nostro olim
deprompta, formam sistunt longe angustifoliam ; Gardneriana autem, cæterum prorsus
manca (saltem quæ mihi præsto sunt), formam peculiariter glabram; granatensia non-
nulla foliis deorsum attenualis a cæteris recedunt.
Cæteroquin Citriosma quianensis foliorum forma et magnitudine, anthemiis laxis aut
contractioribus, nec non pube parca aut copiosiore multum variare videtur. Formas inter
innumeras quas ante oculos habeo, duæ præstantiores, præter modo descriptam typicam,
paucis discerni queunt, scilicet :
6 nuda, sæpius ut videtur diæca, remis exilibus foliosis et cito glabris ; foliis oblongo-
v. elliptico-lanceolatis, acutis, basi breviter attenuatis, 10-15 centim. longis, #-6 centim.
latis, postice sparsim et minutissime lepidigeris, moxque admodum glabralis; anthemiis
femineis crassis, parce lepidotis, aureo-rufulis, laxe 3-8-floris et patenti-demissis; peri-
gonio (femineo) pyriformi, obtusissimo, parce lepidifero. brevissimeque 4-dentato, den-
tibus inæqualibus, obtusissimis, crassis et imbricatis ; velo conico, pubente totoque incluso;
carpidiis 10-12.
Citriosma oblongifolia Leand. do Sacr., msc. in Herb. Mus. par.
Crescit in Brasiliæ regione sebastianopolitana { Vazrmrerr Herb. nn. 128 [sub Citrosma paniculata
Spreng., in Herb. Webb.] et 469.— Ann. 1836), et provincia Fodinarum (Ccaussenir Herb, n° 159;
ann. 4838), nec non Vicloriam inter et Bahiam (Secrowir Herh nn. 807 et 4087, in Mus. berol.).
Venerab. LeaNpno po SacrAMENTO brasiliensi, ante ann. 1819 jam obvia fuerat (Cfr. Herb. Mus. par.)
Et + divergentifolia, vulgo monϾca, ramis foliosis, lepidifero-tomentosis, sordide
rufo-luteis, et tandem glabratis; foliis coriaceis, ellipticis v. ovato-oblongis, breviter acu-
minatis v. attenuato-aculis, basi obtusis, brevissime petiolatis, patentissimis, 7-10 centim.
longis, 3-5 centim. latis, initio utrinque lepidifero-tomentosis rufisque, adultis autem
supra glabratis (nitidis) et subtus parce lepidifero-tomentosis ac decoloribus; anthemäis
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 363
subsimplicibus, erecto-patulis et dense multifloris ; floribus circinato-secundis, primum
subcapitatis et albido-tomentosis; perigonio globoso obtusissimo atque 4-6-dentato , den-
tibus obsoletis aut perexiguis, velo maris subnullo, feminæ conico acuto et dentes exce-
dente; carpidiis 6-8.
Angelina divergentifolia Pohl., msc. in Herb. Mus. vindobon.
‘Citriosma oligocarpa Mart., msc. in suopte Herb. et sched.
Oritur in variis Brasiliæ tropicæ tractibus, v. gr. in prov. das Minas geraës, Ceara et Piauhy
(Garoxer: Herb. nn. 1843, 2952 et 5178), prope Cavalcante (Poncu Herb. n° 2143), nec non haud
procul ab Ega Amazonum (Porprierr Herb. n. 2907). Il. Marrio præsertim occurrit in regionibus
maritimis. Provenit etiam in Guiana anglica (teste ScuomBurGxio, Herb. nn. 598 [e Pirara ] et 669).
(Herb Mus.par.,monac.,vindobon., berolin.)
Folia, testante ill. MarTio, interdum alterna nec opposita, scil. dissociata deprehen-
duntur.
43. CiTRIOSMA CAMPORUM.
C. ramis foliosis, sordide rufo-tomentosis, tandemque glabratis; foliis
oppositis, brevissime petiolatis, oblongo-ellipticis, breviter acuminatis, basi
rotundis, integerrimis, adultis supra glabris, postice autem tomentosis et
rufulo-cinereis ; anthemiis brevissimis, paucifloris, patentissimis v. demissis,
et sordide tomentosis; floribus exiguis; perigonio globoso, subrostellato,
anguste pervio, obsolete 3-6-crenulato ; staminibus subinclusis.
Citriosma camporum Tul., in Ann. sc. nat., ser. 4, L. II, p. 39.
ARBUSCULA 1-3 metra alta, monœca. Ramr abunde foliosi; novelli compressi, subanci-
pites et dense rufo-tomentosi (ob pilos fasciculato -stellatos modiceque adplicatos); ætate
nonnihil provectiores teretes facti et partim glabrati, pilis imminutis v. destructis. FOL1A
decussatim opposita, erecta v. erecto-patentia, oblongo-elliptica, brevissime et abrupte
acuminata (acumine obtusiusculo), basi obtusissima, 8-12 centim. longa, 3-5 centim. lata,
integerrima, quadamtenus coriacea, utrinque initio copiose tomentosa, pilis scil. sordide
cinereo-fulvis stellato-fasciculatis et adplicatis obducta, postea superne penitus glabrata et
nitida, in pagina vero postica nequaquam denudata et semper discolora ; venis secundariis
exilibus, cum media utrinque prominulis, terliariis laxis ac parum conspicuis ; petiolo bre-
vissimo, nempe vix semicentimetrum æquante, crasso et sordide tomentoso. ANTHEMIA
geminatim alaria, petiolo nonnihil longiora, patentissima imo et patenti-demissa, simpli-
cia, pauciflora (floribus 2-6 scorpioideo more ordinatis, pedicelloque 2 mm. circiter longo
sigillatim fultis), ex integro rufo-tomentella, nunc unisexualia, nunc contra androgyna,
364 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
floribus masculis tune ut solet superioribus. PERIGONIUM utriusque sexus exiguum, glo-
boso-utriforme, in ore anguste constricto et instar rostelluli nonnihil producto obsolete
2-6-crenatum, crenis obtusissimis brevissimis et vix æqualibus, in parietibus autem (cras-
sissimis) glandulis colore albenti micantibus et suaveolentibus fætum, extus adpresse to-
mentosum, intus e contrario glaberrimum; velo maris nullo, feminæ verum conico acuto
tomentoso et ore angustissimo pervio. SraMiNA 8-12 subæqualia, glaberrima, vix ac ne
vix exserta, aut quidem inclusa, 05 perigonii impedientia ; filamentis ovatis v. oblongis,
tenuibus (petaloideis) , superne angustatis ob{usis vel truncatulis; antheris breviter oblon-
gis et more solito apertis. CALYCIS FEMINEI loculi fertiles 6-8, monocarpidiati; carpidia
glabra, singula in stylum longum inferne sericeum (pilis dilute stramineis) abeuntia ; s/yli
sub velo coaliti, columnam breviter exsertam teretemque sistentes, paucis extremo apice
liberatis. Frucrus increscendo partim glabrescit et sæpe gibbus, deformis aut obliquus
evadit, ore perigonii non mutato; maturus nigrescere dicitur.
Provenit in campis apertis secus flumen Tocantins Brasiliæ centralis, oppidulum S. Joao das duas
barras inter et Porto imperiale. Klorebat julio et augusto. (Wevoezzn Herb. propr. (coll. anno
1844] n° 2472.)
(Herb. Mus. par.)
Habitum præ se fert Citriosmæ quianensis à divergentifoliæ (vid. supra), cui utique
propter foliorum formam vestitum naturamque et anthemiorum fabricam proxima dicenda
est; distinguitur apprime racemis brevissimis, calycibus globosis quasi utriformibus et
in ore rostelliformi obtusissime crenatis, nec non staminibus inclusis et aliter effiguratis.
44. Crrriosma RiGINEÆ.
(Tab. xxx.)
C. ramis crassis et saturate rufo-tomentosis; foliis oppositis, breviter
petiolatis, longe ovato- ellipticove-oblongis, acuminatis, basi rotundis, in
costa superne rufo-tomentosis, postice pallidis itidemque tomentosis; anthe-
miis longiusculis, erectis, adpresse tomentosis, a basi ad apicem conferti-
floris, semel aut semel atque iterum dichotomis; floribus femineis subsessi-
libus ac rufis, masculis multo longius pedicellatis et cinereis; perigonio
masculo late aperto integroque, femineo anguste pervio; staminibus 6 in-
clusis, crassis; carpellis vulgo 4, sericeis.
Citriosma Reginæ Tul., loc. cit.,
ArBor monœca. Rami (de foliferis hornotinis dico) medullosi, crassi, hinc et inde
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 365
alternis vicibus compressi, panno spisso et rufo-ferrugineo, e pilis stellato-fasciculatis et
divaricato-implexis, primodum involuti, seniores autem facti partim glabrati. For1A
decussatim opposita, ovato- ellipticove-oblonga, acute acuminata, basi rotundala, minute
et abunde punctato-glandulosa (luci obversa), 18-20 centim. et quod excedit longa, 5-7
centim. lata, recentissima utrinque dense rufo-tomentosa, adulta in pagina superna laxe
piligera (pilis solilariis v. fasciculatis), ætate provectiora antice (in costa serius) penitus
glabrata; venis supra planis v. impressis, subtus prominentibus et laxe anastomosantibus
(pagina postica decolore ); petiolo antrorsus deplanato, centimetrum vel sesquicentimetrum
longo ac toto densissime rufo-tomentoso. ANTHEMIA monϾca, geminatim axillaria, erecta,
3-4 centim. longa, integra dense et adpresse tomentosa, inferne rufa, superne autem
cinerea, a basi ad apicem floribus confertis et subsecundis onusta, vulgo singula nonnihil
supra basin dichotoma, cruribus simplicibus aut apicem versus bifurcis; floribus exiguis,
femineis inferiorem, masculis supernam anthemii uniuscujusque partem tenentibus. PERI-
Goxiom masculum pedicello 5 mm. circiter longo suffultum, calyptriforme s. obconicum,
late scilicet apertum et in margine crasso repandoque integrum, extus argyro- s. cinereo-
tomentosum, intus autem glabrum. STAMINA plerumque sex brevissima, receptaculi nempe
aciem non excedentia, crassitudine inæqualia (latiora exteriora), introrsa et glaberrima ;
filumentis subcarnosis (antice quidem, ni fallor, tumentibus), late ovatis, apiceque post an-
thesim truncatis; antheris ut solet totis adnatis, subapicalibus, 2-lobis, lobis singulis valva
solubili primodum tectis. PERIGONIUM femineum ovatum s. ovato-globosum, quandoque
irregulariter costato-angulosum, obtusum, pedicello vix 2 mm. majori innixum, extus totum
rufo-tomentosum (panno tenui densoque), in apice pervio obsolete eroso-crenulatum aut
subintegrum (limbo libero vix ullo), veloque glabro nonnihil prominente et angustissime
perforato clausum , intus utplurimum #-loculatum et 4-carpidiatum, septis parietibusque
(crassissimis et glandulis rubentibus copiosissime scatentibus) glabris. CARPIbIA rufo-
sericea in stylum glabrum procurrentia; stylis sub vertice perigonii coalitis, brevissime
exstantibus nec ultra foramen dissociatis. (Fructus desunt.)
Oritur in Brasilia. (Herb. Lessert.)
Specimen adumbratum in herbario quodam olim e Brasilia ad JosEPHAM, NAPOLEONIS
magni uxorem, misso repertum est; postea in manus celeb. VENTENATII venit nuncque
in phytotheca Lessertiana continetur.
Citriosma Reginæ admodum congener est et Citriosmæ cristatæ Pœpp. et Endl. et
Cutriosmæ cuspidatæ nostræ infra descriptis; huic ob florum utriusque sexus structuram
præsertim affinis est, sed facile ab utraque et analogis distinguitur; nescio quidem utrum
speciem melius definitam inter cæteras nostri generis repereris. Pubis natura illiusque
quum in ramis tum in foliis distributione ad Citriosmam bifidam Pæpp. et Endl. (sup.
p. 355) accedit.
366 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
45. CITRIOSMA CRISTATA.
C. ramis initio minutissime lepidotis, tandem glabratis; foliis oppositis,
amplis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, integerrimis, adultis utrinque gla-
berrimis et subcoriaceis ; racemis crassis ac lepidotis ; floribus omnibus longe
pedicellatis, masculis confertissimis et 12-15-andris; perigonii ore integro,
masculi lato, feminei 8-10-gyni angustissimo ; stylis brevissime exsertis.
Citrosma:cristatum Pæpp. et Endl., Nov. Gen. et Sp.plant., tom. IL (1838), p.47, tab. 164.
Citrosma macrophylla Mart., mse. in suopte Herb. et sched.
ARBUSCULA monœca, circiter biorgyalis ac, ut refertur, pauci-ramosa. Rami foliferi
medullosi, teretes sed in nodis hine et inde alternatim compressi, primitus lepidibus dis-
ciformibus minutissimis et confertissimis obtecti proptereaque cinereo-rufali, mox verum
accrescendo quasi ex toto glabrati aut sparsim tantum lepidiferi, lepidibus eciliatis immi-
nutisque. FoLra decussatim opposita, longe oblonga aut oblongo-lanceolata, breviter
acuminata, basi attenuata, 25-35 centim. longa, 6-9 centim. lata, integerrima, antice in
principio glabra, postice vero parcissime lepidifera, adulta utrinque glaberrima et minu-
tissime glanduloso-punctata (luci obversa), petiolo insuper valido, superne canaliculato et
acute marginato, sparsim minutissimeque lepidifero,suffulta; nervis crassis, tertiariis mire
transversim parallelis., RAcEMI geminatim alares, crassi, sæpius compresso-di!atati ramum-
que fasciatum fingentes, apice præsertim copiose lepidoti, 2-3 centim. longi, patentes, ultra
medium laxiflori (feminei), apice autem confertiflori (masculi). FLORES utriusque sexus
pedicello { centim. circiter longo patenti æquali et lepidifero in structi, feminei numero 3-6,
maseuli 15-20. PERIGONIUM masculum poculiforme, anthesis tempore late apertum et in
acie integrum, veli rudimento nullo. SramiN4 12-15 subæqualia, vix exserta, glaberrima,
imis perigonii parietibus inserta, omnia introrsa; flamenta petaloidea, lineari-ob'onga,
basi vero laliora et in vertice acutata; anthera ovata, 2-loba, paginæ sustentaculi anticæ
sub illius apice tota adnata, et ex more valvatim dehiscens, valvis ovato-rotundis, exi-
guis, à basi summotenus circumcirea solutis, ab invicem liberis et revolulis persistenti-
bus; polline pallido. PerrGonIom femineum globosum v. globoso-conicum, limbo distincto
subdestitutum, ore quasi integro anguste apertum, velo conico breviter ultra protracto,
os integrum replenti, perlusoque clausum, intus denique glabrum et 8-10-loculatum,
loculis monocarpidiatis. CarpipiA sessilia, nonnihil puberula, punctato-glandulosa, in
stylum longum ut solet desinenlia; styli, sub veli tegmine jam coaliti, extus brevissime
prodeunt nec in aere desciscunt. OvuLumsolitarium, obovatum, anatropum, imo carpidio,
ut Citriosmeæ decet, insertum, erectum. Frucrus immaturus globosus, glabratus veloque
DRUPACEZÆ : CITRIOSMÆ. 367
superstite nec ampliato et columella stylorum prominula integraque simul mucronulatus.
Oritur in Brasiliæ borealis prov. do Rio Ne ro, ad margines sylvarum, haud procul ab oppidulo
P 9 5 » PP
ÆEga (Manrio PorppiGroque testibus); viget etiam in Guiana gallica, auctore ManriNo,
(Herb. Mus. par., monacensis, vindobon. et berolin.)
Speciminibus Pæppigianis quæ mihi præsto sunt per errorem adjuncta est. schedula
sic conscripta : « 2664, Citrosma radiatum Pœpp., N. Gen., 11, 45. »
In descriptione Pœppigiana arboris hujus perperam scribitur pedicellum floris feminei
fulcimine masculo duplo longiorem deprehendi; stamina duplici tantum serie perigonio
inseri, eorumque filamenta in medio constringi ; antheræ loculos remotos esse et longitu-
dinaliter dehisci; ovulum pendere ; stylosque in flore divergentes, in fructu solum stig-
mala sua consociare. Num etiam odor aromaticus Citriosmis solemnis huic desit, ut vult
PosppiGius, maxime dubito, cum ejus folia punctato-glandulosa de more reperiantur ;
flores saltem aqua tepida emollitos suaveolentes effici facile compertum babui. Glandulæ
olentes in foliis recentibus rarissimæ videntur , in adultis autem abundant. Icones ana-
lyticæ Pœppigianæ itidem in multis peccant.
Specimina guianensia a brasilianis recedunt floribus utriusque sexus ni fallor minoribus
et brevius pedicellatis, femineisque acutioribus.
46. Cirriosma cusPIDATA.
C. ramis exilibus, teretibus, initio lepidibus admodum velatis et argyro-
rufulis; foliis oppositis, breviter petiolatis, oblongo-lanceolatis, longe et
anguste cuspidats, supra glaberrimis, postice parcissime lepidiferis aut
penitus glabris ; racemis confertifloris, abunde lepidiferis ; floribüs femineis
paucis et subsessilibus ; perigonio masculo longe pedicellato, 4 G6-crenato,
et late aperto ; staminibus 4-6 brevissimis carnosisque.
Cilriosma cuspidala Tul., in Ann. sc. nat., tom. cit., p. 40.
ARBoR monϾca. Rami foliiferi exiles, teretes; novelli lepidibus innumeris, disciformi-
bus, in ambitu ciliatis, argyro-fuscis, nitidis, confertissimis et adplicatis onusti prorsusque
velati; annotini partim glabrati et lichenibus parasitantibus, variegati. FoLrA opposita,
oblonga v. oblongo-lanceolata, cuspide s. acumine anguste lineari, 1-2 centim. longo
obtusoque terminata, basi breviter attenuata, integerrima, 10-15 centim. longa, 3-5 cen-
tim. lata, et utrinque mox glaberrima, ima autem costa sparsim lepidigera ; venis secun-
dariis exilibus, paucis, maxime remotis, limbi marginem non pertingentibus, sursumque
versus arcuatis et invicem anastomosantibus : peliolo semi-tereti, antice canaliculato,
centimetro breviore, primodum lepidibus tecto, poslea vero, pra. maxima parte gla-
368 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
brato. ANTHEMIA (racemi) geminatim axillaria, sesquicentimetrum circiter æquantia,
patentia, lepidibus ex integro cooperta, atque e basi confertiflora, floribus exiguis et
secundis, femineis 3-5 infernis et subsessilibus, masculis contra (12-15 numero) pedicello
6-8 mm. longo singulatim instructis. PERIGONIOM maris hypocrateriforme, in margine
crassum et plerumque 4-6-crenatum, crenis quatuor semper reliquis multo majoribus, ob-
tusissimis, inter se vix æqualibus, tandem patulis introrsumque glabris; pocillo, cavitatem
dico, glabro, stamina fovente, initio membrana e faucibus nata partimvelato, anthesis autem
tempore latius aperto. SrAMINA utplurimum 6 quorum # exteriora et perfectiora peri-
gonii divisuris majoribus opposita, cuncta glabra introrsa brevissima et inclusa; flamentis
crassis (carnosis), ovato-oblongis, oblusissimis et quidem (effetis) subtruncatis, imoque
perigonio insertis, interioribus basi nonnihil coalitis; an/hera de more apicali, tota ad-
nala, late ovato-triangulari, obtusa et 2-oba, bursis singulis valva tandem revoluta oc-
clusis; polline luteolo. PEriGonita femineum ovato-acutiusculum, angulosum, limbo
brevissimo (vix conspicuo) obsolete et obtusissime 4-6-denticulato instructum, in velo
obtuse conico et prominenti angustissime pervium, intusque 4#-6-locellatum et totidem
carpidiatum. CarpiorA glaberrima in stylum longum singula desinunt; styli in flore vir-
gineo liberi et inclusi, sub apice, connubii tempore, breviter coalescunt unitique extra
calycis foramen nonnihil protrahuntur.
Oritur in guiana batava (Hosruaxni Herb. nn. 955 et 1167).
(Herb. Mus. paris., Lessert. et Webb.)
Stirps hæc Citriosmeæ cristatæ Pæœpp. et Endi. affinis est, sed multis notis distincta,
v. gr. floribus femineis paucis et subsessilibus, masculis aliter effiguratis et oligandris.
47. CiTRIOSMA DECIPIENS.
C. abunde lepidifera; foliis oppositis, amplis, ovalibus, ovato-oblongis
aut sublanceolatis, acute acuminatis, basi attenuatis, integerrimis, petiolatis
et supra tandem glabratis; anthemiis simplicibus v. bifurcis et laxifloris ;
floribus utriusque sexus longiuseule pedicellatis, et patenti-demissis, mas-
culis minoribus paucis supremis veloque destitutis, femineis autem velo
anguste conico-fistuloso iustructis; perigonii limbo calyptriformi oreque
integro pervio; staminibus 4-6 decussatis, brevissimis, totis inclusis; carpi-
diis 12-15 rufo-sericeis; stylo unico, ex omnibus coalitis, longiuscule
exserto.
Conuleum quyanense À. Rich., Monogr. Elæaqgn., in Act. Soc. Hist. nat. par., tom. [ (1823),
pp. 391 et 406, tab. xxv (fig. € analytica malefida, neutiquam vero congrua.)
ARBUSCULA monϾca, RAMI horni crassi, alternis vicibus inter nodos dilatatos hine et
DRUPACEÆ : CITRIOSMÆ. 369
inde compressi, lepidibusque peltiformibus, adplicatis, in ambitu subintegerrimis, aureo-
fulvis et laxiusculis tecti; annolini obsolete tetragoni v. subteretes facti, glabrati, corti-
ceque pallescente vestiti. FoLrA opposita, ovata, ovato-elliptica v. sublanceolato-oblonga,
acute breviterque acuminata, basi attenuata imo et in petiolum nonnihil decurrentia,
8-20 centim. longa, 5-7 centim. lata, integerrima, utrinque (subtus multo copiosius )
lepidifera, senescendo antrorsum glabrata, opaca et eglandulosa (exsiccata saltem), petio=
loque late canaliculato, 12-30 mm, longo diuque copiose lepidifero sigillatim innixa; venis
secundariis exilibus paucis et subtus tantum prominentibus, costaque, reliquis vix conspi-
cuis. ANTHEMIA monœca (pleraque saltem), geminatim axillaria (gemma solita v. inno-
vatione recenti interposita), aut quaterna in eadem rami principis axilla, tumque ramuli
secundarii radicibus insita et geminatim opposita, nunc simplicia, nunc medium versus
dichotoma et in ala florifera, cruribus divaricatis simplicibus et laxifloris, omnia gracilia,
licet rigidula erectoque-patentia, 4-6 centim. et quod superest longa, nec non ex omni
parte lepidibus confertissimis, luteolis, centro rufo affixis, orbiculatis (oculoque armato
minutissime in ambitu denticulatis) cooperta et velata; pedicellis 4-6 mm. longis; bracteis
bracteolisque ovato-dentiformibus, minimis citoque caducis. FLORES masculi ex anthe-
miorum parte summa nati, femineis subpauciores ac paulo minores nec longius pedicellati.
PERIGONIUM uniuscujusque initio clausum obovatum et obtusissimum (alabustrum), tan-
dem vero subrhomboideum oreque s. potius poro summo integerrimo v. eroso pervium,
intus cavum (cavernula simplici, vix pubente aut prorsus glabra, ac saltem lepidibus desti-
tuta) nec velo impeditum. SrAMINA 4-6 imo perigonio confertim inserta, decussatim
opposita, exigua, glaberrima totaque inclusa; flamentis crassis, brevissimis et exappen-
diculatis; antheris continuis, inilio late subhippocrepicis et obtusissimis, postea magis
elongatis et de more valvatim dehiscentibus, valvis revolutis tenuibus et albentibus.
FLOoREs feminei masculis longiores et lageniformes; perigonio enim uniuscujusque deor-
sum ventricoso (parietibus incrassatis), sub fauce autem nonnihil constricta in limbum
tenuiorem conicum poroque anguste pervium (quem tandem cireumscissum et deciduum
dicit RicHARDus) conformato, prætereaque velo e fauce nato et in fistulam angustam nec
exstantem excrescente instructo ; ejusdem perigonii penetralibus ex assueta norma multi-
locellatis et polygynis, locellis, ob septa omnia in cavernulæ centro acie coalita, in orbem
unicum dispositis et in omni pariete præter morem copiosissime lepidiferis. OVARIA 12-15,
singula in singulis locellis, anguste oblongo-linearia, spisse sericeo-pubentia (rufula), solito
angustius sessilia, e parietibus tenuibus et eglandulosis facta, unilocularia, uniovulata, etin
stylum exilem prælongum glabrumque sigillatim abeuntia ; stylis in veli fistuliformis angus-
tias convenientibus, sub illius orificio coalescentibus et in modum columellæ solidæ teretis
totiusque integerrimæ longiuscule exstantibus. OvuLuM ut assolet anatropum, obovatum,
rectum, glaberrimum, ex imo ovarii pariete natum assurgensque. {Fructus desunt.)
In sylvis Guianæ gallicæ beato L.-C. Ricnarno primum occurrit, anno 1789, et nostris in tempori-
bus cl. ManTINo.
(Herb. Mus. par. et Webb.)
ARCHIVES pu Muséum. T. VIIL. 47
370 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Discrimina bene multa inter Citriosmam decipientem el congeneres analogas interce-
dunt, quæ in anthemiis laxifloris, perigoniique utriusque sexus peculiari fabrica præcipue
versantur. Decipientem dixi eo quod beat. ACHILLEM RICHARD immo et verisimiliter illus-
trem ejus parentem, Lup.-CLAupDiUM nostrum, mirum in errorem de sui floris intima
structura suisque proximis induxerit. Quod flores ejus masculos, femineis recentibus haud
multum dissimiles, non agnoverint, plantamque propterea diϾcam immerito crediderint,
ignoscentur ; at quis non maxime mirabitur hosce sagacissimos naturæ vegetabilis scruta-
tores cavernulam unicam, ovarium unicum in penetralibus perigonii feminei tantum
deprehendisse, cum e contrario tam numerosis locellis carpidiferis illud confoderetur?
Stirps nostra Citriosma sincera est Elæagnisque longe aliena, quanquam aliter senserint
Ricuarpr ambo et scctatores, quos inter ill. ENDLICHERUS (Gen. pl., p. 384, n. 2114, et
Enchir. bot., p. 212).
Species mihi ignote :
48. Cirriosma Discoror (Pœpp. et Endl., Nova Gen. ac Sp. PI., tom. IN
[1838], p. 47) monϾca, foliis oppositis, oblongis, attenuato-acuminatis, basi
obtusis, integerrimis, glaberrimis, supra nitidis, subtus in costa ob pubem
stellato-lepidotam scabridis; ramulis anthemiisque pariter lepidotis ; pedun-
culis axillaribus geminis, abbreviatis et multifloris, superiore masculo; pedi-
cellis cymosis ; perigoniis pentagynis, tandem monocarpis.
Crescit frequens cirea Egam Brasiliæ boreali-occidentalis.
9. Crrriosua rrecaprora (Pœpp. et Endl., op. cit., tom. 11, p. 48) mo-
nœca, foliis oppositis, longe petiolatis, obovato-oblongis, acuminatis, basi
acutis, remote denticulatis, supra glabris, subtus (ramulisque et inflores-
centia) stellato-pubescentibus ; racemis axillaribus, numerosis, fasciculatis ;
perigoniis masculis ovato-urceolatis et decandris (?), femineis trigynis ac
tandem monocarpis.
Nascitur in sylvis primævis provinciæ brasiliensis Maynas dictæ, floretque decembri.
5o. Crrmiosra raDraTaA (Pæpp. et Endl., vol. cit., p. 48) monœæca, foliis
oppositis, longe petiolatis, obovato-ellipticis, acutis, basi cuneatis, denticu-
latis, supra scabro-pubescentibus, subtus (petiolis ramulisque) dense ac mol-
liter tomentosis ; racemis axillaribus, numerosis, fasciculatis; perigoniis mas-
culis ovato-urceolatis ; fructibus depressis. ( Citriosma tomentosa R. et Pay. ?)
Viget cum præcedente itemque decembri floret.
Synonymon Pavonianum hic dubitanter allatum a cl. Pogpp1Gr0 citato mutuatur.
DRUPACEZÆ : CITRIOSMÆ. 371
51. CITRIOSMA BRASILIENSIS (Spreng., Syst. vegel., t. II, p. 545) foliüis
oppositis, oblongis, utrinque attenuatis, denticulatis, et subtus stellato-pu-
bentibus; ramis teretibus; calycibus aggregatis, 4-carpis.
Brasiliæ indigena est et SELLOwI0 lecta.
52. Cirriosma GLABRA (Spreng., loc. cit.) foliis oppositis, breviter petio-
latis, oblongis, utrinque attenuatis, glaberrimis, subtus discoloribus, paral-
lele venosis, ac rare dentatis ; pedunculis ternis, trifloris, abbreviatis.
In Brasilia yiget, SecLowiIoque reperta est.
Ad Mollinediam potius spectare videtur.
53. Cirriosma pyricarPa (R. et Pav., Syst. veget. FI. per. et chil., tom. I,
p- 264) foliis oblongo-obovatis, acuminatis, basi excavatis, dentatis; stami-
nibus 6-8.
Stirps est 3-orgyalis, sylvatica et peruana;-circa Cuchero, Chinchao, Pozuzo, Muña, Pillao, a
junio in augustum usque ad rivulos floret (Cfr. auct. cit. nec non et PogppiGir Nov. Gen., Il, 48).
Ad Citriosmam pyricarpam R. et Pay. trabitur, in Herbario Webbiano, specimen Pavo-
nianum quod sub cognomine Cilriosmæ asperæ, PAVONIOipsi (autographo) adhibito, supra
(p. 32#) descripsi.
54. Cirriosma DenraTA (R. et Pav., loc. cit.) foliis obovato-ovalibus,
acuminatis, basi excavatis, duplicato-dentatis ; staminibus 4-5.
Frutex est 4-ulnaris et in nemoribus Peruvianorum (ut puta circa Pillao, Chinchao) augusto et
septembri florere dicitur. In resione subandina, prope Cuchero, cl. PogpriGio florifera julio occurrit
(Cfr. Pæpp. et Endl., Nov. Gen. et Sp. pl., t. Il, p. 48).
In phytotheca Webbiana continetur specimen Pavonianum (peruanum) Ælacurtiæ
(Hisingeræ) cujusdam à F. prunifolia HBK. non multum dissimilis, cui famen adjuncta
est, perperam certe, schedula Pavoniana sic inscripta : « Citrosma sp. nov. fl. masc. »
55. Cirriosma ToMENTOsA (R. et Pav., op. cit., t. 1, p. 265) foliis oblongc-
ovatis, serrulatis, tomentosis ; staminibus 10-12.
Frutex 4-ulnaris, præcedentium comes, augustoque et septembri florens.
Eadem est verisimiliter, ut jam dixi, ac Citriosma aspera auctorum laudatorum meique
(Cfr. sup., p. 32#).
372 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
56. Crrriosua oBLonGiroLia (R. et Pav., vol. cit., p. 266) foliis oblongis,
acuminatis, integerrimis; staminibus plurimis.
Frutex 3-ulnaris, e sylvis peruanis (Chacahuassi), septembrique et octobri flores edens.
Ad Citriosmam guianensem Aubl. (sub Siparuna) accedere videtur.
Species marine dubie :
57. CiTRioOSMA ALTERNIFOLIA (Spreng., Syst. veget., t. IL, p. 545) foliis
alternis, oblongis, obtusis,{integerrimis, subtus villosis; calycibus subses-
silibus, aggregatis, et 4-carpis.
Crescit, ut perhibent, in Brasilia et SELLOwIO obvia est.
53. CirRiOSMA PANICULATA (Spreng., loc. cit.) foliis alternis, oblongis,
opacis, glabriusculis, acutis, integerrimis; ramulis teretibus, ferrugineo-
tomentosis; pedunculis paniculatis elongatis.
Provenit in terris brasiliensibus, SELLOWI10 auctore.
E genere excludantur :
1. Citriosma Schottiana SPRENGELIT quæ Mollinedia brasiliensis Scaorrio mihique
est (vid. infr., p. 377).
2, Citriosma dimidiata ejusd., msc. in Herb. Mus. berol. (Herb, Sellow. n. 1383),
quæ ad LauriNEAS utique spectat. Stirps est fortassis eadem quæ sub Citriosmæ pani-
culatæ citato cognomine locum obtinuit in Systemale veget., tom. IT, p.545.
3. Citriosma Selloi ejusd., Syst. veget., t. IT, p. 545, quæ Mollinedia cinerea GARD-
NERO (sub Zetratome) mihique,
4. Citriosma triflora ejusd., op. cit., t. IE, p. 54%, quæ Mollinedia triflora mihi.
5. Citriosma umbellata ejusd., vol. cit., p. 545, quæ Mollinedia umbellata mihi.
6. Citriosma tomentosa Spreng., msc. in Herb. Mus. berol. (non R. et Pav.), quæ
Symplocos est (SELLOWIT Herb. n. 169%).
SECTIO ALTERA.
MONIMIEÆ GYMNOCARPÆ,.
Ovaria virginea aut recens fœcundata jam nuda.
+ Antheris hippocrepicis, rimis confluentibus.
IV. MOLLINEDIA t.
(Tab. XXxI-XXXHII.)
MoLuinenia R. et Pav., F1. peruv. et chil. Prodr. (1794), p. 72, tab. XV; Syst. veget. Fl. peruv.
et chil., t. 1 (1798), pp. 142-443.
TETRATOME Pœpp. et Endl., Nov. Gen. ac Sp. pl., tom. IT (1838), p. 46. — Walp., 4nnal. Bot.
syst., tom. [ (1850), p. 572, n° 2017/1. — Herm. Crueg., in Linnæa, tom. XX (1847)
pp- 414-115.
TérraTomME et MozriNeDiA Endl., Gen. pl., p. 1378, nn. 2017/1 et 2019/1; Suppl. Il, p. 35, et
Suppl. IV, p. 1, p.56.
Frorss diclines, diœci ?, apetali. PeriGoniuu utriusque sexus in ore cru-
ciatim quadrifidum s. 4-partitum, divisuris duabus exterioribus oppositis
integerrimis, interioribus totidem vulgo a prioribus dissimilibus, nempe in
appendicem introflexam et sæpius dentato-repandam protractis ; lobis 4 multo
rarius subæqualibus; masculum globosum, obconicum v. turbinatum, sub-
quadrangulare integramque, anthesi peracta, decidens; fermnireum urceola-
tum, nempe basi maxime dilatatum et in collum angustatum desinens, quan-
doque contra late cylindrico-campanulaceum nec ore angustiore apertum,
semper vero, ut videtur, post anthesin nonnihil supra basim cireumscissum,
parte superstite instar receptaculideplanati et anguste marginatiovaria gravida
cingente, suffulciente. SramiINA numerosissima (32-40) vel pauciora ( 12-24),
totam perigonii intimi paginam sub fauce (nunquam constricta) vestientia,
stipatissima, alterno multiplicique ordine distributa, sessilia, libera extror-
saque ; filamentis brevissimis, crassis et in connectivum subito abeuntibus ;
antheris ovato-hippocrepicis, obtusissimis , 2-lobis, lobis s. bursis hinc sulco
partim discretis, illinc autem (a tergo) deplanatis, vertice conjunctis simulque
! Genus dicatum viro nobili Francisco DE MoLLINEDO qui superiore sæculo exeunte, de re herbaria
apud Matritenses bene meritus est.
? Flores utriusque sexus in eadem arbore, v. gr. in Mollinedia tomentosa Benth. (sub Tetratome)
quandoque occurrere, auctor est HarrweGius (Cfr. BeNraami Pl. Hartw., p. 250).
374 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
rima communi (antica v. laterali) hippocrepica late apertis, parietibus cras-
siusculis et integris persistentibus; poline luteo v. nitidius aureo, pulvereo,
granulisque globosis et simplicibus composito, Ovarra vulgo numerosissima,
exigua,cuneiformia, confertissima sed inter se cujuslibet adglutinationis exper-
tia, exteriora quidem plane enim libera nec perigonii parietibus latere adnata,
cuncta receptaculo insidentia , in vertice dilatato glabra, styloque brevi tereti
rigidulo centrali nec apice incrassato v. partito singulatim terminata, intus
unilocularia et 1-ovulata ; oulo anatropo, ovato, recto, e summo loculo pen-
dulo et glaberrimo. Faucrus ovariis pauciores, itidem sessiles (aut subses-
siles) et ovati, maturi drupacei, glabri aut pubentes. Epicarpium tenue;
mesocarpium crassitudine vulgo mediocre ; endocarpium item tenue, crus-
taceum, utrinque leve et fragile. Semen loculum implens; testa tenui, hilo
lato rapheque lineari notata; albumine crassissimo, firmo, vix oleoso, et
canaliculo centrali angustissimo corculumque fovente perforato. Emrsryo
teres, linearis, rectus , e caudicalo longo, cotyledonibusque duabus multo
brevioribus , ovato-obtusis, æqualibus, tenuibus, planis, et facie antica sibi
invicem applicitis.
AnBoREs frulicesve in America tropica vulgatissimi, paucissimi Austraz
lasici, Fours oppositis ternisve, simplicibus, estipulalis, parce remoteque ser-
ratis, pubentibus glabrisve, utplurimum eglandulosis et inodoris; Aninemus
terminalibus v. solitarie axillaribus, singulis e cyma triflora (v. abortu
uni- aut 2-flora) unica, aut pluribus in racemos modo breves corymbosque
mentientes modo elongatos et apice frondiferos digestis, cæterum decussatis
aut ternis et in cujuslibet bracteæ (folie) axilla solitaris.
Genus a clarissimis Æloræ peruvianæ auctoribus Mollinedia dictum, nobilem specierum
gregem limites intra naturales facileque definitos coneludit. Idem ipsum est quod recen-
tiori tempore a clariss. PorpriGio et ENDLICHERO Tetratome salutatum audiimus,
Tetratome quidem super floris feminei structura non parum a Mollinedia recedere
videtur; characteres yero qui illi de hoc argumento adseribuntur a stirpe, ni me omnia
fallunt, peregrina, nempe à sola Zetrulome lepidota Pœpp. et End. quam Ci/riosmeæ jure
vindicant (vid, sup., p. 359), imprudenter desumpti sunt,.
Mollinediæ vinculis quam proximæ necessitudinis, Citriosmarum instar, inter se veli-
gantur, notisque paucis alias ab aliis discriminari diceres; res tamen ita nobis se habet,
necspecierum angusta definitio tantis premitur difficultatibus, nisi yerisimiliter ob defectum
specimioum quæ absolutiori examini necessariisque collationibus inservirent; neutiquam
propterea dubito quin phytologi, sub ipso Americæ tropicæ cœælo vitam degentes, feliciora
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 375
studia de plantis nostris multo facilius institucrent; utinam ideo nova olim Prsonum et
MARCGRAVIORUM in terris Payonianis appareat soboles, cui si aliquantulum adjuménti
his in pagellis parare potuerim, optatam tetigero metam.
Porro Mollinedias sub signis varis instruere, ita ut singulæ species tutius recognosce-
rentur, frustra, dolens fateor, tentavi. Mollinedia ovala, gracilis, cinerea, floribunda et
racemosa pubem sericeam cinereamque, in anthemiis apprime, vulgo induunt; repande,
longifoliæ et brasiliensis folia tomento fulvo, ad tempus saltem, vestiuntur; ibaguensis
anthemia peculiariter sericeo-hirta sordidaque deprehenduntur; longifolia; macrantha,
campanulacea et clavigera inter cæleras ob perigonia ampla dense saturateque fulvo-
tomentosa facile dignoscuntur; nigrescens, laurina et viridiflora vix pubent et comptæ
sunt; pellucens, nilida et ligustrina parvifoliæ universa glabritie insigniuntur; reliquæ
americanæ ilidem utplurimum parce pubent et microphyllis similiter adnumerandæ sunt.
A. Americanæ.
1. MOLLINEDIA OVATA.
M. ramis novellis minutissime sericeo-pubentibus, pallidis; foliis oppo-
sitis, late ovato-ellipticis, breviter acuminatis, acutis, basi rotundatis, ultra
mediam aciem remotissime serratis aut totis integerrimis, posticeque parcis-
sime puberulis; cymis masculis minute sericeo-pubentibus; perigonii divisuris
internis longe appendiculatis ; staminibus copiosis; receptaculo femineo et
carpidiis argyreo-sericeis.
Mollinedia ovata R. et Pav., Syst. veget. F1. peruv. et chil., t. T, p.143.
FrurTex diæcus et 2-orgyalis (auctore PAvonI0) framis primitus minutissime et parce se-
riceopubentibus, tandemque glabratis, teretibus, sed in nodis compressis. FoLra late ovata
v. ovato-elliplica, acuta seu breviter et acute acuminata, basi rotundata, tota integerrima
vel ultra mediam aciem remote et tenuiter crenato-serrata (dentibus admodum exiguis,
sinubus obtusissimis), 10-20 centim. longa, 6-10 centim. et quod excedit lata, tenuia, opaca,
noyissima utrinque minutissime sericea et quapropter argyrea, adulta vero vix conspicue
sericeo-puberula et superne glaberrima; petiolo antico late canaliculato et 6-10 mm.
longe; venis postice tantumprominentibus, exilibus et laxissimis. CyMÆ masculæ trifloræ,
singulæ pedicello gracili, apice 2-bracteolato (bracteolis lineari-acutis, albido-tomentellis,
patentissimis caducisque) et 2-3 centim. longo suffultæ, ex imis innovationibus brac-
teigeris (bracteis perexiguis ciloque caducis) natæ, oppositæ, numero utplurimum
& superpositæ, nec non ex toto, initio saltem, sericeo-pubentes et propterea albidæ.
Alabastrum obconicum, superne depressum et 4-gonum. PERIGONIUM autem apertum
late calyciforme, amplum, extus minutissime sericeo-puberulum aut quasi penitus glabra-
376 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
tum, intus glaberrimum; limbi divisuræ 4, duæ scil. externæ late ovato-triangulares,
subacutæ et integerrimæ, duæ autem interiores prioribus decussatim alternæ , ovato-
oblongæ, in appendicem angustatam obtusam tenuatam, varie repando-laceram aut sub-
integerrimam, basique sæpius 2-dentatam longe protractæ et penitus introflexæ. SrAMINA
32-36, series verticales 8-9 oppositi-sepalas in pariete continuo perigonii sistentia, stipa-
tissima et glaberrima ; filamentis brevissimis, subnullis; antheris continuis, ovato-oblongis
acutiusculis v. obtusis, extrorsis, rimaque unica hippocrepica late tandem hiantibus. ANTHE-
Mi1A feminea solitarie axillaria, minutissime et adpresse luteolo-sericea, demum vero partim
glabrata, nunc e flore unico sese in peduneulum sub apice 2-bracteolatum excipiente,
nunc e cyma triflora aut peduneulo (racemo ) 6-8-floro et 2-3 centim. longo, floribus tunc
decussatim oppositis singulisque pedicello 10-15 millim. longo et in medio brevissime 2-
bracteolato innixis. RECEPTACULUM (perigonii pars inferior plus minus deplanata) extus
minutissime luteolo-sericeum, antice sericeo-albicans, in ambitu crasso sæpe rimosum,
et polygynum (carpidia 22 et plura, ni fallor, numerare licet, eorum autem pars dimidia v.
minor quidem rite increscit). CARPrprA sessilia, recentia stipatissima obconico-polygona
adpresse sericea albicantia conuloque glabro ruguloso decolore et in stylum crassum bre-
vemque desinente terminata, intus {-locularia et 1-ovulata, ovulo pendulo; increscendo
formam ovato-globosam adipiscuntur, glabrescunt et carnosa evadunt.
Floret a maio mense in julium usque, et illius drupæ maturæ, passeribus gratissimæ,
colorem violaceum præstant (PAv., I. cit.).
Oritur in terris peruanis, prope Chinchao (fide Pavonn), nec non circa Esam Amazonum, in pro.
Maynas Brasiliæ boreali-occidentalis (Porrpiert Herb. nn. 2216 Q et 2824 G).
(Herb. Mus. Lessert. et vindobon.)
Specimini Pavoniano (masculo) quod in herbario Lessertiano vidi schedula additur
cui inscriptum est : « 905. Citrosma, sp. n. » Cyma datur e sustentaculo avulsa quæ par-
cius pubet quam cymæ speciminis Pæppigiani (n. 2824); nihilosecius utrumque specimen
ad eamdem plantam utique spectat.
2. MOLLINEDIA REPANDA.
M. saturate denseque rufo-tomentosa; foliis oppositis, amplissimis, late
ovato-ellipticis, breviter aut obsolete acuminatis, bullato-repandis, adultis
superne admodum glabratis; petiolo brevi et tereti; cymis fructiferis bre-
vibus; receptaculo dense rufo-tomentoso; drupis subsessilibus tandemque
glabratis; putamine ligneo.
Mollinedia repanda R. et Pav., Syst. veget. Fl. peruv. et chil., tom. I (1798), p. 442.
ArBoR 4-orgyalis et diœca, ramis teretibus, in nodis dilatato-compressis, tomento
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 377
brevi, tactu molli, densissimo (e pilissimplicibus) et saturate rufo vestitis, senescendo autem
pro maxima parte vel ex toto glabratis. FoL1A opposita, late ovato-elliptica, breviter acumi-
nata (acumine obtusulo et interdum obsoleto), basi breviter cuneata, 15-20 centim. longa,
7-19 centim. lata, in acie vix plana ultra medium limbum obsolete, remotissime et ali-
quando vix conspicue dentata, subtus (in venis præsertim) saturate rufo-tomentosa, supra
glabra (adulta saltem), petioloque valido, tereti, centimetrum et quod excedit longo, pri-
mitus rufo-tomentoso demumque glabrato innixa; paginæ anticæ bullatæ et nonnihil re-
pandæ venis omnibus impressis, posticæ prominentibus crassis et laxe reticulatis. GEMMÆ
globosæ. obtusæ, sessiles, solitarie alares, rufo-tomentosæ et perulatæ. Racemi fructiferi
solitarie axillares, depauperati (suppetentes e cymis trifloris originem ducentes), tomen-
tumque densum et spisse rufum quo toti primitus vestiri videntur lente exuentes; pe-
dunculo 15 millim. circiter longo, pedicellis autem viginti. RECEPTACULUM orbiculare,
in margine crasso subintegrum, tandem maxime ampliatum reflexum et capitulum men-
tiens, diu in interna facie rufo-tomentosum, deinque quasi ex integro glabratum; quod
fructus dimisit, cicatricibus 15-25 prominentibus et late elliptico-rotundatis onustum de-
prehenditur. DRUPÆ ovatæ, nonnihil acutæ, subsessiles, rectæ, 15-20 millim. longæ, ma-
turæ parcissime breviterque rufo-pilosæ aut subglabratæ ; pulpa crassa succo purpureo
scatens; putamen ligneuim, ovato-acutum (subpungens) et utrinque admodum leve.
Nascitur in sylvis peruanis circa Chinchao. A maio in augustum usque floret. Fructus maturi
colore læte purpureo manus et lintea tingunt, ait Rurzius.
(Herb. Webb. et berol.)
Adumbrationem scripsi ex autopsia speciminum quibus singulis schedula autogr. PAvo-
Nu accedit. Flores masculos non vidi.
3 MOL£LINEDIA BRASILIENSIS,
M. ramis oppositis, novissimis dense tomentosis, fulvis v. cineraceis; foliis
oppositis, amplis, ovatis obovatis aut oblongo-lanceolatis, breviter acu-
minatis, remote crenato-serralis, utrinque primum tomentosis et dein an-
tice glabratis; petiolo brevi ac tomentoso; pedunculo femineo valido, longo,
unifloro; flore crasso ; ovariis innumeris, tomentosis; drupis sordide fulvo-
sericeis partimque glabratis ; receptaculo integerrimo, valde reflexo et cine-
raceo-pubente.
Mollinedia brasiliensis Schott., mse. in Herb. Musæi vindobon. et suopte herb. n° 5940.
Citrosma Schottiana Spreng., Syst. veget., tom. IV, part. 1 (cur. post. — 1827), p. 407.
FRuTEx humilis, dicœcus. RAMI oppositi, patentes; horni dense tomentosi, pro-
ptereaque nunc saturate fulvi nunc cinereo-fulvi; annotini quasi omnino glabrati et sor-
Arcuives DU Muséum, T. VIIL. 48
EL
378 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
descentes. FoLiA decussatim opposita, obovata, ovata v. oblongo-lanceolata, breviter
acuteque acuminata, basi cuneata y. longius attenuata, 8-12 centim. longa, 3-5 centim.
lata, supra basim argute remoteque serrata v. crenato-serrata (dentibus exiguis, sinubus
obtusissimis), utrinque primitus sericeo-tomentosa (e pilis longis et adpressis) fulva
cineraceave, subinde ab antica pagina.prorsus glabrata; venis laxis et subtus prominen-
tibus; petiolo 7-10 millim. longo, subtereti, et integro dense tomentoso. Cymæ femineæ
abortu unifloræ, decussatim oppositæ (verticillis paucis, nempe 2-3, proximis), ex_imis
innovationibus natæ, vel umbellarum sortes solitarie axillares aut terminales -simul
struentes, singulæ (dense tomentosæ) e pedunculo valido, 24 centim. longo, in medio
2-bracteolato (bracteolis exiguis ellipticis obtusissimis et citissime caducis), paten-
tissimo, basique bractea mox decidua stipato. RECEPTACULUM € perigonio dimidiato
late disciformi, in acie crassa integerrimum et ab utraque facie sericeo-tomentosum; ejus
disco (8-10 millim, lato) carpidiis innumeris (70-80), confertissimis, ovato-globosis, seri-
ceo-tomentosis, in vertice autem et stylo brevi glaberrimis consito. OvaRIA nonnihil
accreta breviter ellipsoidea, dense fulvo-tomentosa, scutuloque arido et glabro (styli radi-
cibus) termi: ata, in capitulum erassum stipatissima conglobantur, receptaculi membrana
tune summopere reflexa. OvuLum unicum, ellipsoideo-globosum, e summo loculo unius-
cujusque carpelli, absque funiculo distincto, pendu'um, anatropum et glaberrimum.
DeurÆ maturæ ovatæ, obtusæ, in receptaculo repando adhucque subtiliter et pallide to-
mentoso plane sessiles (paucæ superstites), 12-15 millim. longæ, et pubis adpressæ reli-
quiis sordide fulvis parcisque tectæ. ( Flores maseuli desiderantur.)
Oritur in montibus Brasiliæ meridionalis dictis Serra Tingua (Scnorrio auctore) et Serra dos Or-
gaos (Guicezmixi Herb. n° 943), haud procul a Sebastianopoli, fructusque maturos mense maio profert.
(Herb. Mus. vindobon. et par.)
Vereor ne specimen fructiferum in jugis organensibus lectum, maneum et peculiariter
fulvo-tomentosum, ex quo solo notas carpologicas supra allatas deprompsimus, aptius
fortassis ad Mollinediam campanulaceam nostram (infr. p. 387) trahendum sit.
4. MOLLINEDIA GRACILIS.
M. ramis exilibus, novellis tomentosis et cinereo-fulvis; foliis oppositis,
ovatis v. lanceolatis, acute acuminatis, basi cuneato-attenuatis , serratis,
tenuibus, utrinque primum adpresse sericeo-pubentibus, pallidis et breviter
petiolatis; floribus cinereo-sericeis ; cymis masculis longe pediculatis, soli-
tariis v. in paniculam brevem decussatim digestis; femineis solitariis ; car-
pidiis sericeo-tomentosis.
Mollinedia gracilis Tul., in Ann.sc. nat., ser. #, lom. IT, p. #1.
Frurex diœcus et 2-3-metralis; ramulis exilibus, novellis tomento densosordide ‘et
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 379
dilute fulvo (e pilis simplicibus vage implexis) téctis, annotinis grabratis. FOLIA oppo-
Sita, ovato- v. oblongo-lanceolata etiamque longe et anguste lanceolata, acute acuminata,
basi cuneato-attenuata , ultra mediam aciem serrato-dentata (dentibus exiguis et acutis .
sinubus autem obtusissimis), initio utrinque adpresse pubentia (pube simplici et dilute ci-
nerea), tandem antice glabrata, 8-15 centim. longa, 2-6 centim. lata, tenuia, petioloque
brevi (5-7 mm. longo) antice canaliculato et toto sordide fulvo-tomento suffulta.
ANTHEMIA utriusque sexus axillaria v. terminalia, petiolo duplo v. quidem triplo lon-
giora, ereclo-patula et cinereo- y. fulvo-pubentia. MAscuLA singula e cyma triflora longe
pedunculata, vel pluribus (2-6) paribus geminatim et decussatim oppositis, impari-vulgo
deficiente ; axis. pedunculo communi fulvo-‘omentoso, 3-Smm. longo, bracteisque squami-
formibus et imbricatis (decussatis) basi ornato ; pedunculis secundariis exilibus, 12-15 mm.
longis, nudis, fulvellis, et bracteolas 2 anguste lineares, 2-3 mm. longas, patentesque v.
demissas apice gerentibus. FLorxs singuli pedicello 5 7 mm. longo innixi ac cinereo-pu-
bentes, pube sericea et adpressa, PERIGONIUM obconico-globosum, calyciforme, decussatim
&-fidum intusque glaberrimum ; ejus divisuræ 2 externæ semi-orbiculares, obtusissimæ et
planæ ; internæ angustiores, elongatæ, maxime introflexæ, in margine tenuato repando-
erosæ et in costa media incrassatæ. SrAMINA 20-24 subsessilia, continua, ovato-hippocre-
pica, rimaque lata hiantia ; polline luteo. ANrHEMIA feminea pleraque e flore unico, pe-
diculo gracillimo, 15-20 mm. longo, ima basi bracteis squamiformibus stipato, in medio
autem 2-bracteolato, sese excipiente ; (erminalia e floribus 2 oppositis sæpius constantia.
PERIGONIUM extus pube sericea cinerea adpressaque vestitim, ovalo-rotundatum, su-
perne brevissime tubulosum et in ore anguslo et subclauso decussa:im #-fidum, dentibus
brevibus, duobus externis late Ovalo-triangularibus et acutis, 2 interioribus subrotundis
obtusissimis integerrimis et qualibet appendice destitutis, omnibus introflexis et gemi-
natim imbricatis ; tempore debito peridium hoc cireum circa in medio scinditur illiusque
pars superior in modum calyptræ intus glaberrimæ et saturati coloris discedit, inferior
contra recepfaculum placentiforme 6-7 mm. diametro æquans et copiose cinereo-pubens
(pube erecta ) integris marginibus ambit, excipit. CARPrDrA exigua numerosissima et
stipatissima placentam totam velant, formam obconico-polygonam obtinent, in apice (ob
discum dilatatum anguste marginato) stylo brevi et conico-elongato sigillatim coro=
nantur, pube sericea copiose (disco excepto) vestiuntur, intusque unilocularia glabra
et f-ovulata ex more deprehenduntur, ovulo aratropo e summo loculo, sine funiculo
distinc{o, pendulo.
Crescit in sylvis alsis montium Estrellensium, prope Hagé prov. sebastianopolitanæ Brasiliensium,
tempestateque pluvia ineunte (octobri seil. novembrique) flores: explicat (A. WEpperrn Herb.
n° 890). Ad præsens in tepidariis Musæi parisiensis colitur.
(Æerb. Mus. par.)
Foliorum forma late ovata v. multo angustiore et longe lanceolata variat : sunt etiam
ex his quorum serraturæ ultra mediam aciem solummodo incipiunt, dum in aliis inferius
380 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
descendunt. Cæterum stirps nostra ad Mollinediam brasiliensem Sch. modo descriptam
valde proxima accedit, sed, ni fallor, foliis minoribus ac parcius pubentibus, pedunculis
exilissimis brevioribusque, floribus denique sericeis et minoribus sufficienter discrimi-
natur.
5. MoLLiNEDIA CINEREA.
M. ramis novellis molliter brevissimeque tomentosis, et cineraceo-fulvis;
foliis oppositis, late ellipticis, breviter acuminatis, basi subrotundatis,
postice cineraceo-pubentibus, antice demum glabratis, serratis, breviterque
petiolatis; cymis masculis trifloris subcorymbosis et cineraceo-fulvis, pedun-
culis pedicellisque crassis; perigonii lobis internis in appendicem repandam
fimbriatam maxime introflexam occultatamque singulatim productis, externis
autem integerrimis et acutatis.
Tetratome cinerea Gardn., in Hook. Lond. Journ. of Bot., tom. IV (1845), p. 136 (saltem videtur).
— Walp., 4nn. Bot. syst., tom. I, p. 572.
Citrosma Selloi Spreng., Syst. veget., tom. IT, p. 545 (fide Herb. berolinensis).
Citrosma ovalis eidem Sprengelio, in eod. Herb. berolin. — Non autem Ruizio et Pav.
FruTex dumosus, ramis foliiferis teretibus, pube molli s. potius tomento dilute fulvo
aut fulvo-cineraceo demumque pro maxima parte evanido tectis, crassiusculis et medul-
losis. Foc1A opposita, late ovata v. elliptica, breviter v. longius acuminata (acumine sæ-
pius acuto), basi rotundata v. nonnihil cuneata, novissima utrinque adpresse cinereo-
sericea nec non acute et remote serrata, adulla autem superne præsertim glabrata et
grosse dentata, 10-15 centim. longa, 6-8 centim. lata, tenuia, pelioloque vix 8 mm. lon-
giore innixa; nervis laxis et inferne prominentibus. ANTHEMIA masçula (quæ sola dantur )
solitarie axillaria, singula e rachi conica crassa brevi (vix enim semicentimetrum exce-
dente) molliter fulvo-Lomentosa et cymas trifloras 4-6 decussatim opposilas ac patentissimas
interdumque præterea imparem supremam gerente ; cymis singulis peduneulo tereti, nudo,
dilute fulvo, 12-15 mm. longo, basique bractea brevi ovata scariosa subglabra citoque de-
lapsa stipato nitentibus; flcris uniuseujusque (e lateralibus) pediculo centimetrum cireiter
æquante, adpresse sericeo, cineraceo, basique bracteola oblongo-lineari, acutula, patenti et
citissime caduca instructo. PERIGONIUM obconico-calycinum, extus adpresse cineraceo-seri-
ceum, ab interno autem pariete glaberrimum, atque in ore 4-fidum, lobis decussatis, 2 ex-
ternis ovato-rotundis acutiusculis integerrimisque , interioribus contra in appendicem
maxime introflexam cblongo-obtusam tenuatam in margine repando fimbriato-laceram
pellucidamque protractis et occultatis. Sramina 35-40 confertissimo ordine integra
calycis penetralia sub fauce vestientia, glaberrima, sessilia, extrorsa, ovato-hippocre-
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ, 381
pica, obtusissima, 2-loba, et rimis lateralibus apice conjunctis hiantia; polline aureo.
(Flores feminei desunt.)
Oritur in terris brasilianis, vempe circa oppidulum bahiense Nazareth dictum (SeLLowIr Herb.
n° 595 [Herb. berolin. et Kunth.]), nec non in agri sebastianopolitani montibus organensibus. Oc-
currit beato GurLLELMINO nostro, anno 4838 (Catal. n° 62), GarpNERoO autem recentiori tempore.
(Herb. Mus. par., Lessert., Webb. et berolin.)
Anthemium quandoque, sicuti apud congeneres etiam accidit, e cyma unica constat.
Stamina 16 GARDNERUS tantummodo numeravit, Specimina Herb. berolinensis cum nos-
tris Guillelminianis bene quadrant ; itidem mascula sunt.
Errabat SPRENGELIUS qui Citrosmumn ovalem R. et Pay. ad suam Citrosmam Selloi du-
cere voluisset. (Cfr. illius schedulas autograph. in Herb. Mus. berolin.)
6. MOoLLiNFDIiA FLORIBUNDA.
M. ramis novellis dense fulvo-tomentosis, adultis glabratis; foliis oppo-
sitis, obovato- vel oblongo-lanceolatis, acuminatis, remote serratis v. crenato-
serratis, primum utrinque sericeo-tomentosis diluteque fulvis, subinde antice
ex Loto, postice autem pro parte glabratis ; paniculis masculis dilute fulvo-
tomentosis, gracillimis, brevibus, et 2-8-brachiatis, brachiis decussatis pa-
tentissimis longis ac 3-floris ; floribus cinerco-sericeis ; staminibus 24-28.
Mollinedia floribunda Tul., loc. cit.
ARBOR sempervirens ramis oppositis, teretibus, hornis longis abunde foliosis et tomento
fulvo mollique dense obductis, annotinis lente glabratis corticemque futvum et longi-
trorsum rimoso-lineolatum induentibus. FoLIA Opposita, obovato- oblongove lanceolata,
acute angusteque acuminata, basi cuneata, 8-12 centim. longa, 3-5 centim. et quod exce-
dit lata, supra basim et summotenus remote serrata v. crenato-serrata, dentibus brevibus
exilibusque, sinubus autem obtusissimis, utrinque primitus adpresse sericeo-tomentosa et
dilute fulva, subinde antrorsum glabrata pubemque in venis (laxis prominulisque) paginæ
posticæ duntaxat retinentia; petiolo antice canaliculato, diu toto fulvo-tomentoso et semi-
centimefrum vix excedente. PANICULÆ (masculæ quæ solæ suppetunt) abundantissimæ,
solitarie axillares, erectæ, laxe 2 8-brachialæ, nec utplurimum definitæ (gemmula e con-
trario aborliva terminatæ); axi exili, dilute fulvo-tomentoso, centimetrum vulgo non
excedente ac sæpisime multo breviore: bracteis ellipticis brevibus obtusissimis et aridis:
brachiis singulis s. peduncutis exilibus, 8-15 millim. longis, apice 2-brac‘eolatis et divari-
cato-trifloris (cymis); pedicellis propriis non crassioribus, 6-10 millim. longis et perigonii
naturam coloremque saturatum usurpantibus. PERIGONIUM globoso-tetragonum, extus
382 MONOGRAPHIA MONIMIAGEARUM.
cinereo-sericeum, intus glaberrimum , alte 4-fidum, apertumque late calycinum; lobi
externi late ovato-acuti et subcordati, interni appendice introflexa ac eroso-dentata aucti.
STAMINA 24-98 ovato-hippocrepica, lutea; filamento distincto, solito longiore.
Crescit in Brasilia, v. gr. in reaione Entre dos Murros dicta (Porc Herb. n. 1, in Musæo vindo-
bon., quod specimina Khotskyana etiam continet).
(Herb. Mus. vindobon.)
Proxima accedit ad Mo!linediam cineream modo descriptam, sed anthemiis gracillimis,
floribus multo minoribus et androceo depauperato facile discriminatur. Anthemia quan-
doque maxime minuuntur et cymæ solitariæ evadunt. Itidem foliorum loco bracteæ longe
angusteque lineares interdum anthemiis supponuntur.
7- MOrLINEDIA RACEMOSA.
M. ramis novellis cinereo-puberulis; foliis oppositis ternis quateraisve,
oblongo-lanceolatis, longe attenuato-acutis , apicem versus remote serratis,
adultis utrinque glabris; venis secundariis prominentibus , remotissimis ;
cymis ternis, longe racemosis et cinereo-pubentibus; floribus lateralibus
refracto demissis; bracteis bracteolisque longe linearibus et patenti-demissis.
Tetratome triflora Pœpp et Endl., Nov. pl. Gen., tom. Il, p. 46, tab. 163.
Tetratome racemosa Schlecht , in Linnæa, tom. XX (1847), p. 414, infra.
Frurex circiter tri-metralis, multibrachiatus et inodorus. Ramr novelli teretes, pube
rara et cinereo-pallida obdueti, subinde autem penitus glabrati levesque. FoLrA op-
posita terna quaternave et frequenter dissociata, oblongo-lanceolata, longe attenuato-
acula, basi autem cuneata, 12-15 centim. longa, 3-5 centim. lata, in summa acie remote
parceque serrato dentata, nonnunquam etiam ex toto integerrima, primodum subtus
modice pubentia, adulta utrinque glaberrima et levia; venir secundariis remo tissimis et
a tergo prominentibus; peliolo exili ac 6-8 miliim. longo. CvmÆ (masculæ) trifloræ, sin-
gulæ peduneulo gracillimo 15-20 millim. longo cineraceoque-pubente suffultæ, oppositær
v. ternæ nec raro dissociatæ, in axilla bracteæ aridæ lineari-acutæ 6-10 millim. longæ
citoque caducæsolitarie nascentes, divaricato-patentes, recemosque fingentes 6-15 centim.
longos, nune cyma terminali definitos, nunc contra in ramum sterilem sed frondiferum-
ultra protractos, FLORESs laterales uniuscujusque cymæ initio demisso-refracti bracteola -
que lineari et semicentimetrum circiter longastipati, medius contra erectus et ebracteola-
tus, singuli pedicello tereti 5-8 mm. longo et ob pubem sericeo-adpressam cineraceo fulti.
PERIGONIUM obconico-truncatum, veluti quadrangulare, extus adpresse sericeum, primi-
tusque lobis (quatuor) arctissime decussatim imbricatis ocelusum ; duobustex istis, nempe
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 383
\
externis, semi-orbicularibus et obtusissimis v. late ovatis et nonnihil acutatis; interioribus
contra (duplo circiter longioribus) lineari-elongatis, maxime introflexis, longitrorsum
plicatis, in margine tenuato repando-laceris et antice cristatis. STAMINA circiter 24 hippo-
crepica, extrorsa et solitæ cæterum structuræ. ( Flores feminei desiderantur. )
Crescit, ait Pogpprqrus, in fruticetis montanis Peruviæ orientalis, prope prædium Pampayaco. nec
non circa Cuchero, floretque decembri. (Poepp. Herb. n° 1577, specim. lect. anno 4829)
(Herb. Mus. par., vindobon., berolin.)
Pedunculi triflori apud PorpPiGium, loc. cit., perperam gemini dicuntur; solitarii
saltem in speciminibus suppetentibus tantummodo cernuntur, nam qua de re stirps
modo descripla cum congeneribus omnibus quadrat. Nomen ejus Pœppigianum, cum jam
a SPRENGELIO fuerit usitatum, retinere nequivi, recentiusque SCHLECHTENDALIO adhi-
bitum servavi.
8. MOLLINEDIA IBAGUENSIS.
(Tab. xxx1.)
M. ramis novellis hirto-tomentosis sordideque fulvis, adultis penitus
glabratis; foliis oppositis, ovato- vel lineari-oblongis, longe acuminatis,
acutis, remote serratis, adultis utrinque glabratis; petiolo incrassato, tereti,
ettuberculato-rimoso ; cymis masculis breviter racemosis, fulvo-sericeis, brac-
teosis ; femineis depauperatis, solitariis et demum glaberrimis, fructibusque ;
staminibus circiter 24.
Mollinedia ibaguensis Tul., loc. cit.
ARBOR ramis recentibus {tomento fulvo patenti densoque obtectis, subinde sordidis
et demum omnino glabratis, annotinis teretibus, novellis vero in nodis dilatato-compres-
sis. FoLrA opposita, ovatc- vel lineari-oblonga, vulgo longe acuminata, acuta, basi
plus minus aftenuata seu cuneata, a media acie in apicem usque remotissime et aperte
serrata (sinubus obtusissimis), initio utrinque tomentosc-sericea, adulta autem penitus
glabrata, tunc etiam 10-20 centim. longa, 35-50 mm. lata, petioloque suffulta 8-10 mm.
longo, tereti, incrassato, tuberculoso-rimoso, antice angustissime sulcato et integro gla-
berrimo; costa superne impressa, postice autem cum venis secundariis exilissimis distan-
tibusque prominente. ANTHEMIA mascula lota fulvo-tomentosa, in ramis annotinis (qui
folie dimiserunt) solitarie axillaria, verisimiliter etiam e ramis novellis imis (squamiferis)
quandoque prodeuntia, singula e cymis trifloris 4-6 decussatim opposilis patentibusque
facta; axæi s. pedunculo communi 15-20 mm. longo, ima basi squamis ovato-acutis aridis
denseque imbricatis, supra autem bracteis oblongo-acutis 5-8 mm. longis patulis caducisque
384 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
instructo; peduneulis cujuslibet cymæ 8-12 mm. longis, exilibus et bracteoïis 2 longe
linearibus coronatis; pedicellis proprüs erassioribus et 5-7 mm. longis. A/abastrum
cum pedicello clavi formam referens. PERIGONIUM enim obovato-slobosum, ex pariete
crasso factum, extus adprime sericeo-pubens et propterea cinereo-fulvum, antrorsum
indumento veluti mucifero totum vestitum, et cruciatim #-partitum; divisuris 2 externis
late triangulari-rotundis, acutis et quidem aduncis, nervo medio prominente antice notatis,
et quoad apicis structuram vix paribus ; internis autem angustioribus et similiter nervi- s.
cristigeris, alia ex his vulgo recte truncata, alia e contrario in apice digitatim #-dentata,
dentibus tenuatis brevibusque. SramINA circiter 24 solitæ formæ structuræqu?; polline
luteo. Cv femineæ (quæ fructiferæ suppetunt) depauperatæ, unifloræ, in ima basi ramo-
rum frondosorum solitarie axillares (bractea uniuscujusque comes jamdiu periit), oppositæ
ac patenti-demissæ, peduneulo arcuato ligneo exili et centim. 3 in longitudinem excedente.
RECErrACULUM (pars ima superstes et accreta calycis fructiferi circumseissi) maxime tume-
factum, induratum, ligneum, repandum, glaberrimum, eminentiisque crassis 8-10 fruc-.
tiferis onustum. DruoPæ subexsuceæ, ovatæ, utrinque breviter attenuatæ, 15-20 mm.
longæ; epicarpio levi glaberrimo et tenui (exsiccando nigrente); mesocarpio tenuissim 0;
endocarpio itidem tenui levi crustaceo et fragili. SEMEN solitarium, drupæ conforme,
pendulum, tegmine glabro et tenuissimo involutum, totumque ut ita dicam ex albumine
densissimo exsucco et in axi anguste fistuloso compositum. Emgryo centralis, linearis, e
caudiculo longe cylindrico et seminis basin attingente, cotyledonibusque 2 plus dimidio
brevioribus, anguste ovatis, obtusis, æqualibus, planis et sibi invicem applicitis.
Oritur in locis frigidis Noyæ-Granatæ, haud procul a Chachaputo agri ibaguensis, et novembri
flores fructusque simul profert (teste Jusrino Gouvor in Herb. Mus par.).
(Herb. Mus. par. et Webb.)
Non differt fortassis a Mo/linedia lanceolata R. et Pav. (Syst. veget. FI. peru». et chil.,
t. [,p. 143), hujusce autem diagnosis evulgata, perquam manca, dubiis solvendis suppe-
ditare nequit. À cæteris congeneribus, præsertim ob loborum calycinorum formam inæ-
quam nec non receptaculi fructiferi et druparum glabritiem distinguitur.
Specimina Herbari Webbiani quæ ab eodem Justino Goupor collecta sunt (prope /a
Palmilla Novo-Granatensium, augusto fructifera), foliis latioribus a typo modo adumbrato
quadamtenus recedunt.
9: MOLLINEDIA LONGIFOLIA.
(Tab. xxx1.)
M. rubiginoso-tomentosa; foliis longe lineari-lanceolatis, acutis, remote
serratis, superneque glabris aut cito glabratis; cyimis masculis trifloris, bre
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 385
viter pedunculatis, terminalibus et paniculatis; floribus subsessilibus ; peri-
gonii divisuris brevibus, subæqualibus, internis membrana angusta et inte—
gerrima limbatis ; receptaculo fructifero utrinque tomentoso ; fructibus parce
et adpresse sericeis.
Mollinedia longifolia Tul., in Ann. sc. nat., loc. cit.
ARBOR ramis teretibus, rarius (foliis dissociatis) angulosis, novellis nonnihil compressis
tomentoque densissimo, tactu molli, e pilis simplicibus saturate fulvo-rubiginosis et diva-
ricato-patulis, obductis, annotinis partim glabratis sordideque fucatis. FoLra opposita,
quandoque autem dissociata et quasi in Cyclum quincuncialem obsoletum alterna digesta,
longe lineari-lanceolata, acuta, basi cuneala, 12-18 centim. longa, 25-35 mm. lata, in acie
remote serrala (dentibus exilibus, lineari-acutis, introrsum curvatis v. quidem uncinatis,
tandem vulgo rigidioribus et patulis, sinubus autem obtusis), novissima utrinque den-
sissime sericeo-tomentosa (pilis longis adpressis) et nitide fulva, adulta postice duntaxat
et præsertim in venis prominentibus laxisque fulvo-rubiginosa, antice autem mox glabrata
(costa plana diutius pilosula), siccaque opaca; petiolo quo fulciuntur semi-tereti, 10-15
mm. longo, integro dense rufo-tomentoso, et senescendo anguste canaliculato. ANTHE-
MIA masCula terminalia nec definita, paniculamque fulvo-tomentosaïn umbelliformem et
brevem, e verticillis 3-4 stipatim superpositis, singulis cymas trifloras pedunculo 10-15 mm.
longo suffultas et decussatim oppositas referentibus, struentia; floribus initio subses-
silibus; bracteis linearibus et pedicello 3-4 mm. æquanti paulo brevioribus. A/abas-
trum obcon:co-globosum et dense fulvo-tomentosum, pilis sericeis adpressisque. PERIGO-
Nu adulti, ampli, late calyciformis intusque glaberrimi divisuræ 4 decussatim oppositæ et
majuscule ; externæ ovato-obtusæ ac nervo carnoso medio introrsum auctæ ; interiores in
margine peculiariter glabræ et in appendicem membranaceam angustam glaberrimam
utrinque fimbriato-laceram et totam introflexam longe productæ. SramiNA 25-30, series
circulares 3-4, aut verticales 8, ut videtur, sistentia, glaberrima et extrorsa; filamentis
brevissimis ; an(heris luteolis, oblongo-hippocrepicis (dorso concavo imum perigonium
spectante), obtusissimis et rima unica (etsi bilobis) extrorsum s. e latere dehiscen-
tibus. CyMÆ femineæ trifloræ, axillares et subsessiles ; pedicellis (fructiferis) subæqua-
libus, 10-15 millim. longis, validis, et propter tomentum sordide rubiginosis. PERIGO-
NiUM (obsoletum dico, scil. dimidiatum et fructiferum) crassum, convexum et summopere
reflexum, extus adpresse sericec-rubiginosum, in superna facie tomento dilutiore et pa-
tulo vestitum prætereaque (fructibus delapsis) quasi serobiculatum. Frucrus (baccæ ut
videtur subexsuccæ) 15-20 in singulis receptaculis s. perigoniis apertis sessiles, ovati,
12 mm. circiler longi, mutici, adpresse et parce fulvo-sericei y. pro maxima parte gla-
brati; epicarpio tenui, submarmorato, levi v. in summa bacca r'USOS0-Crispo ; mesocarpio
parco, carnosulo et luteo-virente ; endocarpio autem crustaceo, tenui ac levissimo. SEMEN
solitarium, pendulum et glaberrimum.
Nascitur in agro sebastianopolilano Brasiliæ australis (auctoribus GomEzio in Herb. beati Ac. Rr-
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 49
386 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
cHarDi et GuiLLELMINI nostri; GaLDicuALDo in Herb. Mus. par., n° 408, et SecLowio [L. 488, B] in
Herb. Kunthiano [specim. masc. lect, Sebastianopoli et circa S. Cruz, annis A814 et 1815]).
(Herb. Mus. paris. et berolin.)
Flores masculi inaperti alabastra quarumdam £ugeniarum v. Myrciarum mentiuntur.
10. MOLLINEDIA MACRANTHA.
M. ramis adultis glabris; foliis oppositis ternisve, breviter elliptico-lan-
ceolatis, acuminatis, parce et remote ultra mediam aciem denticulatis,
adultis superne glabris, subtus autem sparsim pubentibus ; cymis (masceulis )
trifloris, totis fulvo-tomentosis, quasi in umbellam digestis, singulis longe
pedunceulatis; perigonio crasso subgloboso et alte 4-partito, lobis subæqua-
ibus; staminibus numerosissimis.
Mollinedia macrantha Tul., in Ann. sc. nat., tom. cit., p. 42.
FRuTEx diœcus. RAMI demum teretes et prorsus glabrati, novelli autem ut videtur
pubentes. For1A opposita v. terna, ovato-elliptica v. elliptico-lanceolata, breviter et acute
acuminata, basi breviter cuneata, 8-10 centim. longa, 4-6 centim. lata, a medietate in
apicem usque remote et minute dentala, quandoque etiam subintegerrima, subtus parcis-
sime pubentia (pube pallida vix conspicua), superne autem glaberrima (adulta saltem);
venis laxis postice prominentibus; petiolo antice sulcato, postice rugoso-rimato, et cen-
timetrum circiler longo. CYMÆ (masculæ) trifloræ, quasi in umbellam axillarem (3-5
insimul) digestæ, in rachi enim communi brevi et fulvo-tomentosa oppositæ v. ternæ,
singulæ itidem totæ fulvo-tomentosæ (tomento adpresso sericeo densoque), et 3-4 centim.
longæ; pedunculo uniuscujusque gracili et nudo; pedicellis propriis illi crassitudine haud
imparibus et 12-18 millim. longis; bracteolis late oblongis, patulis, fulvo-tomentosis cito-
que caducis. PERIGONIUM amplum, globosum, obtusissimum, in lobos 4 decussatos et
subæquales alte partitum, lobis 2 (externis nempe) acutiusculis rectis et integerrimis,
duobus autem interioribus in apicis introflexi margine tenuato singulatim 6-8-dentatis,
omnibus e membrana crass'ssima intusque glaberrima. STAMINA 40-50 calycis internam
paginam sub ejus lobis dense vestientia, ordines ut videtur circulares circiter 5, verticales
autem 12 sistentia, sessilia, libera, oblongo-obtusa, post anthesim nonnihil contorta,
lateque hine et inde (e latere) rimosa, rimis in unum eundemque sulcum de more
confluentibus. (Ælores feminei desiderantur.)
Viget in sylvis editis agri bogotensis, prope Fusagasuga Novæ-Granatæ, ad altitudinem 11,000 hexa-
pod. supra oceani ripas, floretque decembri. (J. Lixvenu Herb., ann. 4842 collecti, n° 850.)
(Herb. Mus. par.)
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DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 387
Floribus crassis, extus fulvo-tomentosis, intus autem rubeo-nigrentibus (exsiccatis)
glabrisque cum Mollinedia longifolia modo adumbrata convenit, foliorum autem forma
et magnitudine cum Mo/llinedia viridifora, infra descripta (p. 390).
11. MOLLINEDIA CAMPANULACEA.
M. ramis exilibus et fulvo-tomentosis; foliis (novellis saltem) pariter ves-
titis, elliptico-lanceolatis, longe acuminatis, ac in apice modice serratis;
cymis (femineis) unifloris et fulvo-tomentosis, pedunculo gracili sub apice
2-bracteolato ; perigonio amplo, campaniformi, breviter 4-lobo, lobis obtu-
sissimis et nonnihil inæquilongis ; ovariis numerosis ac pubenti-sericeis.
Mollinedia campanulacea Tul., loc. cit.
ARBUSCULA diϾca. RAMI graciles, flexuosi, initio sordide denseque fulvo-tomentosi,
postea autem penitus nudati. FocrA opposita, obovato- ellipticove-lanceolata, longe et
acute acuminata, basi cuneata, apicem versus remote et parce serrata, 14-16 centim.
longa, 4-6 centim. lata, primitus utrinque, præsertim in venis, laxe fulvo-tomentosa
(pube adpressa), demum vero pro maxima parte glabrata, tenuia, venis exilibus subtus
prominentibus (secundariis remotissimis), petioloque gracili antice canaliculato primc-
dum fulvo-tomentoso et 6-12 mm. longo instructa. Cymæ (femineæ) depauperatæ, scil.
unifioræ, in basi ramorum novellorum decussatim et remote oppositæ (numero 4-6),
bracteaque ovato-acuta brevissima arida squamiformi et cito decidua singulæ stipatæ ;
pedunculo uniuscujusque gracili, #-6 centimetr. et quod excedit longo, dense fulvo-
tomentoso, patentissimo, sub apice bracteolis 3 oppositis anguste linearibus brevibus
tomentosis et caducis instructo, ultraque in pedicellum 6-10 mm. longum incrassato. PE-
RIGONIUM amplum, campanulaceum, extus adpresse laxeque fulvo-tomentosum, et in
extremo margine brevissime 4-crenatum, crenis s. lobis 2 (oppositis) reliquis paulo bre-
vioribus, omnibus obtusissimis rotundatisque; pagina ejus interna, præter sammum
marginem, indumento crasso (disco ut videtur glanduloso) saturate fucato et glaberrimo
illita, imis vero recessibus receptaculoque pube sericea pallidaque tectis. OvanriA nu-
merosissima (triginta circiter aut quidem plura), dense constipata, obconico-cuneifor-
mia, sessilia, undique pube sericea erecta copiosa pallidaque vestita, in vertice autem
dilatato glaberrima et fucata, intusque ut solet 1-locularia et 1-ovulata, ovulo e summo
locello pendulo, anatropo et glabro. Stylus centricus brevis rigidulus indivisus et gla-
berrimus. (Flores masculi desiderantur.)
Crescit in sylvis præaltis montium quinduensium, apud Novo-Granatenses, decembrique floret
(testante J. Gunorio, in Herb. Mus. par.).
(Herb. Mus. par.)
388 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Perigonium hujus stirpis struclura et amplitudine calycem Asari europæi L. quodam-
modo imitatur; ea quapropter a congencribus omnibus facillime discriminatur. Super
foliorum forma et universi vestitus colore et natura, ad Mollinediam brasiliensem Schott.,
illi fortasse præ cæteris analogam, accedit (Cfr. sup., p. 378).
12. MOLLINEDIA NIGRESCENS.
M. ramis adultis glabris, teretibus; foliis oppositis, lanceolatis, longe et
acute acuminatis, basi attenuato-acutis, remote serratis, mox utrinque gla-
berrimis ; venis omnibus præter mediam peculiariter exilibus ; cymis (mas-
culis) trifloris, breviter pedunculatis, arescendo nigricantibus ; bracteis brac-
teolisque squamiformibus, ovato-rotundis, aridis caducisque; perigonii
utrinque glabri lobis internis liguliformibus truncatis et subintegris, externis
autem vix acutis.
Mollinedia nigrescens Tul., loc. cit.
ArBOR diœca, ramis novellis parce minutissime et adpresse sericeo-pubentibus, subinde
autem penitusglabratis ac teretibus, cortice levi et luteo-virente. FoL1A opposita, lanceolata,
oblongo- v.elliptico-lanceolata, breviter aut sæpius longe et acute acuminata, basi cuneata,
ultra medium remote serrata, 8-12 centim. longa, 2-4 centim. lata, adulta utrinque gla-
berrima nitidaque, recentiora vero hine et hine minute parceque albido-sericea; venis
postice præter mediam crassiorem exilibus omnibus, subæqualibus , confertim reticulatis
prominulisque; petiolo glaberrimo, antice sulcato et centimetrum vix æquante. CYMÆ
(masculæ) trifloræ, paucæ (quatuor confertæ utplurimum) in basi ramorum novellorum
cruciatim opposilæ; singulæ ex axilla bracteæ squarmniformis, ovalo-obtusæ, late ses-
silis, exiguæ, g'abræ, cito arescentis, nigrescentis caducæque prod’untes, et patentes
peduneulo tereli, valido, centimetrum circiter longo et subglibro; pedicellis vix gra-
cilioribus, 6-8 millim. longis et parcissime sericeïs, externis bracteola bracteis caulinis
haud diss mili et cito caduca sigillatim stipatis. PerIGONIUM crassum, globosum, obsolete
4-gonum (alabastro veluti claviformi), extus vix ac ne vix sericeum aut quidem glaberri-
muin, ac decussatim 4#-partitum, lobis externis late ovato-rotundis et vix aculis, internis
autem (longioribus anguslatisque) in margine repando tenuatis, in apice truncato utrin-
que denticulo auctis, antrorsusque cristellam mediamn vix integram gerentibus. STAMINA
solitæ structuræ, numero 30-10, dilute lutcæ et stipatissimæ (imbricato- patentes). (Flores
Jemineus videre non licuil.)
Oritur in Nova-Ilispania oaxacensi, prope Tenejapa, floresque luteos augusto mense explicat
(GrmessreGuri Herb , ann. 4842 evulg., n. 64).
(Herb. Mus. par. et Webb.)
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 389
Distinguitur inter congeneres universa glabritie, cymis validis et brevibus, floribusque
crassis exsiccando nigrefactis. Calyx quandoque trimerus occurrit, uno e lobis interio-
ribus deficiente.
Specimina hujus speciei quæ in Musæo Webbiano continentur olim a clariss. Mogino et
SESSÉ in Nova-Hispania collecta sunt, et ex herbario Pavoniano deprompla; illis accedunt
schedulæ PAvONI autographicæ (« Gen. nor. classis 22, ord. 85. Nov. España. » et « Gen.
nov. de Mexico »).
13. MOLLINEDIA LAURINA.
M. ramis adultis glaberrimis, novellis sericeo-fulvellis; foliis oppositis,
oblongis v. lanceolato-oblongis, acutis, remotissime ultra medium denticu-
latis, amplis, demumque glaberrimis; cymis luteolo-sericeis, solitariis v.
breviter racemosis, racemo frequenter in ramum foliiferum superne mutato ;
perigonii divisuris externis obtusissimis, integerrimis et in medio anlico ner-
valis; internis autem latioribus et ligula tenui, lacero-dentata, longa, crista-
que v. nervo antice destituta terminatis; staminibus 24-28.
Mollinedia laurina Tul., Ann. sc. nat., tom. cit., p. 43.
ARBOR diæca, ramis noyellis teretibus. gracilibus, minutissime sericco-pubentibus, ful-
vellis, moxque glabratis levibus et nitidis. FoLra decussatim opposita, lanceolalo-oblonga
vel elliptico-lanceolata, brevissime et acute acuminala, basi attenuato-cuneata, tepuia, initio
subtus (vix conspicue) sericeo-puberula, adulta ulrinque glaberrima, 12-16 centim. et
quod excedit longa, 4-6 centim. lata, ultra mediam aciem aut tantummodo apicem versus
remolissime parceque denticulata, et aliquando (minora inprimis) tota integerrima; nervis
in pagina postica exilibus etprominentibus, secundariis remolissimis, Cætcris jaxis; petiolo
semilereti, gracili, vix centimetrum longo, moxque glaberrimo. Axrur MIA masCula (quæ
duntaxat suppelunt) solitarie ex axilla folii v. bracteæ exiguæ et cito caducæ orta,
opposita, 1520 millim. longa, erecto-patula , adprime sericeo-puberula ac propterea
luteola; pedunculo nune simplici cymaqne 3-flora terminsto, nunc cymas 2 oppositas
vel # geminatim decussatas insuper agente, hisce supremæ s. primariæ haud dissimilibus
(nonnunquam depauperatis) et longe pediculatis. Flos quilibet (e lateralibus) pedicello
gracillimo, 6-8 mm. longo et sericeo suffultus, bracteolaque minutissima et vix conspicua
stipatus. PERIGONICM obcon:co-globosum, extus totum sericeo-pubens (pube subaurea,
minutissima et parca), intus contra glaberrimum, atque de more cruciatim &-partitu m;
divisuris externis semi-ellipticis obtusissimis integerrimis costulaque media ac prominente
antrorsum notatis; divisuris internis paulo latioribus semi-orbicularibus apiceque trifidis,
lobis 2 laferalibus brevibus dentiformibus et paten'ibus, medio contra in ligulam longam,
late linearem, tenuatam, lacero-dentalam, antice planam nervoque destitutam, ne c non
390 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
summopere inflexam et occultatam (saltem in alabastro et flore explicato sed exsiccato)
producto. STAMINA 24-28, sessilia, ovalo-hippocrepica, rimaque unica dehiscentia; pol-
line aureo.
Nascitur in agro cayennensi Guyanæ gallicæ, beatoque MarTINo nostro primum oceurrit.
(Herb. Mus. par., Webb. et berolin.)
Stirpis hujus criterium in foliorum magnitudine, formaque loborum perigoni præser-
tim versatur; cæterum ab omnibus congeneribus mihi notis utique discrepat. Illius cymæ
nunce in racemum brevem digestæ veniunt, nune in basi squamigera recentiorum innova-
tionum apice frondosarum decussatæ generantur; utraque dispositio in plerisque Molli-
nediis etiam deprehenditur.
Specimina Mollinediæ laurinæ in herbario BILLARDERIE, nunc e thesauris Musæi Web-
biani (patria non indicata) continentur.
14. MOLrINFDIA VIRIDIFLORA.
M. ramis teretibus demum glabratis; foliis oppositis, petiolatis, obovato- v.
elliptico-oblongis, acute acuminatis, basi cuneatis, in apice remote parceque
serratis, adultis utrinque glaberrimis; cymis (masculis) 4 confertim de-
cussatis in basi innovationum, luteolo-sericeis, trifloris; perigonii dentibus
externis integris et vix acutis, internis angustioribus ac in ligulæ sortem
introflexam, repando-laceram anticeque cristatam productis; staminibus cir-
citer 24 exiguis et aureis.
Mollinedia viridiflora Tul., in Ann. se. nat., loc. cit.
FRuTEx diæcus. Rami foliferi graciles, tornati, initio parce griseo-pubentes, demum
autem glabrati. FoLIA opposita, obovato- v. elliptico-oblonga, acute acuminata, basi cu-
neata, in apice remote parcissimeque dentata, dentibus acutis et quandoque aduncis,
novella utrinque albido-pubentia, adulta vero glaberrima facta, 8-42 centim. longa,
35-45 milim. lata, et petiolo subtereti centimetro breviore glabroque suffulta; venis
venulisque in utraque pagina prominulis. Cymæ trifloræ (de masculis loquor), vulgo
quatuor decussatæ stipatæque in basi innovationum, singulæ ex axilla bracteæ squami-
formis et deciduæ solitarie nascentes, omnes patentes, atque ex toto minute et adpresse
sericeo-luteolæ ; pedunculo communi tereti et 12-15 mm. longo, secundariis autem dimi-
dio brevioribus; bracteolis vix conspicuis. FLores (vivi) virentes. PERIGONICM obconico-
calyciforme, #-fidum, divisuris decussatim imbricatis et inæqualibus: duabus externis
late ovato-triangularibus, vix acutatis, integerrimis et nervulo medio marginalibusque 2
(ex indumento disci naturam, ut opinor, usurpante natis) antice notatis ; internis angus-
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 391
tioribus, maxime introflexis, sub apice 2-dentatis, ultra in appendiculam angustiorem et
repando-laceram productis, ac præterea cristula media nervisque marginalibus 2 antror-
sum instructis. STAMINA utplurimum numero 2%, exigua, hippocrepica , admodum ses-
silia, patenti-incurvata, extrorsa, rimaque unica ut solet aperta; polline nilide luteo.
(Flores feminei desiderantur.)
Oritur in jugis orientalibus Andium prov. mexicanæ vaxacensis, ad altiludinem 4,500 hexapod. supra
oceani ripas, floretque junio (H. GALEoTTu Herb., ann. 4840 evulg., n° TAT2).
E-Di]
(Herb. Mus. par.)
Affinis est Mollinediæ laurinæ supra descriptæ ; distinguitur foliis multo brevioribus,
longius acuminatis et utrinque confertim nervosis, nec non floribus crassioribus, et peri-
gonii lobis aliter effiguratis. Specimen quod suppetit adumbrationi vix sufficit.
15. MOLLINEDIA PELLUCENS.
M. glaberrima; ramis exilibus ; foliis Oppositis, ovato- ellipticove lanceo=
latis, acute acuminatis, supra medium obsolete remote grosseque dentatis,
vel integerrimis, tenuissimis, minutissime et copiosissime glanduloso-punc-
tatis, breviterque petiolatis; cymis modo solitariis, modo paucis paniculatis,
singulis patentissimis et rigidulis ; perigonii masculi coriacei lateque calycini
lobis latis brevibus et subæqualibus ; staminibus 20-24.
Xylosma racemosum Spreng. (fide clar. Orronis in Herb, Mus, berol.).
Mollinedia pellucens Tul., loc. sup. cit.
FRUTEx diæcus, ex toto glaberrimus, nec nisi in recentissimis innovationibus parcissime
pubens. RAmI graciles, teretes, Opposili v. dichotomi (ramo primario in ala abortiente),
nec in nodis incrassati. FOLrA Opposita, ovato- ellipticove lanceolata, acute et longiuscule
acuminata, basi cuneata, 6-8 centim. longa, 25-40 millim. lata, ultra medium grosse
remotissime et obsolete dentata (dentibus majoribus late triangularibus cbluseque mucro-
nulalis), nec raro etiam integerrima , peculiari tenuitate insignita et (luci obversa)
pellucida, minutissime insuper copiosissimeque (saltem de specie) glanduloso-punctata,
utrinque glaberrima et subtiliter venosa, petioloque exili anguste sulcato et 4-6 millim.
longo suffulta. ANrHEMrA (mascula, quæ sola suppetunt) tota glaberrima, terminalia
y. solitarie axillaria, quandoque etiam, sicuti Mollinediarum mos est, ex imis innovatio-
nibus minulissime bracteigeris orta, alia e cyma triflora unica et 10-15 millim. longa, alia
e cymis paribus 2-4 in paniculam breyem flore impari raro definitam decussalim conso-
ciatis; axi uniuscujusque paniculæ tereti exili ac centimetro utplurimum breviore, pedun-
culis secundariis patentissimis et rigidulis, BRACTEÆ bracteolæque lineari-acutæ, bre-
392 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
vissimæ, pubentes citoque caducæ. PErigonioM obovato-globosum, pedicello 3-4 mm.
longo innixum, late calycinum, e parietibus tenuibus sed coriaceis (exsiccatis), et de more
k-fidum, divisuris latis ac subæqualibus, externis ovatis et acutulis, internis (paulo latio-
ribus) apice inflexis et ligula brevi angustissima basique 2-dentata auctis, cunctarum in-
terna pagina lineis prominentibus s. plicaturis incrassatis 3-5 signata. SraAMiNA 20-2%
crassa, oblongo-reniformia, obtusissima, subsessilia, basi brevissime emarginata, rima latis-
sima et hippocrepica hiantia, coloreque subfusca; polline copiosissimo et pulvereo.
Nascitur in Brasilia meridionali, v. gr. circa Sebastianopolim, sicuti referunt SecLowius, Bevricaius
et GUILLELMINUS.
[Herb. Mus. berol., paris. (ex dono Mus. berolin.) et Jalbert. (specim. Guillelminea).]
Inter congeneres peculiari foliorum tenuitate, innumeris glandulis quibus, ni fallimur,
eadem scatent, nec non universa glabrilie facile dignoscitur.
Nomen Sprengelianum, Xy/osmu racemosum, huic sürpi, ut aiunt, impositum, in quo-
viscunque indice reperire nequivi.
16. MOLLINEDIA NITIDA.
(Tab. xxx11 )
M: tota glaberrima, foliis oppositis, ovato-lanceolatis, utrinque longe atte-
nuato-acutis, breviter petiolatis , nitidis, et in apice remote denticulatis ;
venis secundariis pari modo exilibus; anthemiis terminalibus, brevissimis, e
cymis 4 confertim decussatis; pedunculis pedicellisque longe exilibus; brac-
teis bracteolisque perexiguis; perigonio (masculo) globoso, tenui, 4-fido,
divisuris subæquilongis ; staminibus 16-24, laxis.
Tetratome elliptica Gardn., in Hook. Lond. Journ. of Bot., tom. 1 (1842), p. 530, n. 462 (fide
Herb. Webbiani ).
Mollinedia nitida Tul., in Ann. sc. nat., ser. #, tom. II, p. 43.
ARBUSCULA diæca et ex omni parte glabra; ramis oppositis, rigidis, multi-brachiatis,
e luteo-virenti fucatis, ligno duro medullaque parca. ForiA opposita, ovato-lanceolata,
longe et acute acuminata, deorsum itidem in petiolum brevem longe attenuata, apicem
versus remote denticulata, utrinque glabra nitidaque, 4-6 centim. longa et 15-20 mm. lata;
venis omnibus, præter mediam, æquo modo exilibus subtusque prominulis. ANTHEMIA
utriusque sexus terminalia vel ex axillis foliorum delapsorum orta; mascula pleraque
e cymis trifloris quatuor, in umbellan non definitam (cujus axis gracilis et in vertice
obsolete gemmifero pubens 5 mm. longitudine vix excedit) digestis, decussatim oppo-
sitis confertisque; pedunculo uniuscujusque cymæ gracillimo, glabro, bractea ovato-
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 393
acula brevissima et cilo caduca stipato, atque 10-18 mm. longo; pedicellis, singulis floribus
privis, item gracillimis, glabris, et 8-12 mm. longis, externis bracteola perexigua ima basi
sigillatim instructis. PERIGONIUM inapertum globosum , postea urceolato-calyciforme
(sed vix, ut videtur, explicatum), glaberrimum, in omni parte tenue ac semipellu-
cidum, et 4-fidum, divisuris ut solet decussatim imbricatis, duabus externis late ovato-
rotundis integris obtusissimis aut ceu 3-dentatis (sub lente), interioribus (vix longioribus
et paulo angustioribus) in vertice truncato hinc et inde denticulo auctis nervoque promi-
nente antrorsum signatis. STAMINA circiter 24, interdum pauciora, faciem internam
calycis ordine multiplici laxoque vestientia, late hippocrepica, subsessilia (filamentis
tamen quam solito paulo longioribus), extrorsa, rimaque unica et latissima apertis. CYMÆ
femineæ abortu unifloræ, brevius pedunculatæ quam masculæ, inde umbella simplex fit
et contractior. PERIGONIUM pedicello in medio 2-bracteolato suffultum, exiguum, utri-
formi-globosum, angustissime pervium, brevissime 4-dentatum (dentibus erectis ac trian-
gulari-acutis, externis paulo longioribus, omnibus conformibus et exappendiculatis), e
parietibus tenuibus et utrinque glaberrimis (receptaculo duntaxat de more sericeo-to-
mentoso, pube pallide fusca et tandem evanescente) factum, demumque basi circumscis-
sum et calyptram dimittens. CaRpiprA 10-12 ovato-globosa, sessilia, dense sericeo-
tomentosa, in vertice autem et stylo brevi glaberrima.
Nascitur in agro sebastianopolitano Brasiliæ, augustoque floret, auctorib. CLAuDIo Gay (in Herb.
Mus. par. et Kunthiano), Garpero (in Herb. Webbiano et vindob.), SezLowio (in Kunrun Herb.;
L 485, B586), nec non Bevriouio (in Herb. Kunth., anno 1824).
(Herb. Mus. par., Webb., vindobon. et berolin.)
Universa glabritie, foliorum forma naturaque (etsi crassiore) cum Wolline lia pellucente
supra descripta quadrat ; facile autem discriminatur non solum anthemiis gracillimis, sed
etiam perigonio multo minore, globoso, suboccluso, brevissime 4-dentato et in omni
pariete peculiariter tenuato.
17. MOLLINEDIA LIGUSTRINA.
(Tab. xxx11.)
M. glaberrima ; foliis oppositis, obovato-lanceolatis, in petiolum brevem
longe attenuatis, acutis v. breviter lateque acuminatis, subcoriaceis, antice
nitidis, inferne subtiliter venosis ; anthemiis (masculis) folio multo breviori-
bus, axillaribus v. terminalibus, singulis e cymis trifloris, solitariis v. decus-
satim paniculatis; perigonii lobis oblongis, obtusis, calÿculo multo longio-
ARCHIVES pu Museum. T. VIII. 50
394 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
ribus, inappendiculatis, externis internos nonnihil excedentibus; staminibus
24 sessilibus.
Mollinedia ligustrina Tul., in 4nn. sc. nat., tom. cit., p. 44.
FRUTEx diæcus et ab omni parte glaberrimus. RAM teretes, oppositi, exiles, rigidi, sub-
fastigiati et dense foliosi; cortice novello levi deinque fuscato, annotino verrucoso-ri-
moso. FoLIA opposita, obovato-lanceolata, nunc acuta, nunc brevissime lateque acuminata
(acumine obtusato et submucronulato), deorsum in petiolum gracilem 4-6 millim. longum
attenuata, 35-45 millim. longa, 15-25 millim. lata, in acie (nonnihil recurva) integerrima,
atque subcoriacea; pagina superna nitida et subavenia, posticæ decoloris venis exilibus
laxeque reticulato-prominulis. CymÆ (masculæ) trifloræ, modo in ramis novellis inferne
remote decussatimque bracteatis, sursum versus autem foligeris, geminatim oppositæ,
modo in paniculas aut terminales aut solitarie axillares folioque suppeditato breviores
digestæ. BrACTEÆ bracteolæque lineari-lanceclatæ et cito caducæ ; pedunculus triflorus
teres ac vix centimetro longior; floris autem uniuscujusque pedicellus semicentimetrum
subæquans. ALABASTRUM anguste oyato-oblongum et subacutum. PERiGONI adulti cen-
timetro paulo brevioris lobi 4 initio decussatim imbricati, oblongi, obtusuli, subæquales
{interiores 2 vulgo plus minus breviores) et sub anthesi erecto-patentes, tubus autem
s. calyculus iisdem triplo brevior. SrAMINA 24 calyculi totum parietem fundumque gla-
berrimos vestientia, admodum sessilia, breviter lateque oblonga s. elliptica; connectivo
plano; bursiculis linearibus, marginalibus, et apice confluentibus ; polline luteo. (Flores
feminei desiderantur.)
Crescit in Brasilia meridionali (Sezcowir Herb. nn. 1087, et 43, vr, 1422, in Herb. Kunthiano, nunc
e thesauris Musæi berolinensis).
(Herb. Mus. berol.)
Stirps est inter congeneres distinctissima, ejusque criterium in peculiari omnium
partium glabritie et perigonii longe 4-lobi natura præsertim versatur.
18 MOLLINFDIA TRIFIORA.
M. ramis novellis dilute fulvo-tomentosis, annosorum cortice suberoso
rimoso et pallido; foliis oppositis, obovato- oblongove-lanceolatis, acutis v.
acute acuminatis, breviter petiolatis, integerrimis aut vix dentatis, utrinque
initio pubentibus ac tandem glabratis; cymis masculis trifloris et brevibus,
femineis unifloris ac paulo longioribus, fulciminibus omnium dilute fulvo-
tomentosis; perigonio utriusque sexns minute sericeo aut subglabro, diyi-
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 395
suris subæqualibus, externis obtusissimis; staminibus 12-16: ovariis pal-
lide sericeo-tomentosis receptaculoque.
Citrosma triflora Spreng., Syst. leget., tom. IT, p. 544, et msc. in Herb. Mus. berol.
FRUTEx diœcus et sempervirens, ramis teretibus, oppositis, erectis, patulis vel fasti-
giatis, hornis gracillimis et tomento luteo-fulvo adpresso densoqne vestitis, annotinis
sordidulis et lente glabratis; cortice primitus levi tenuique, postea pallescente, incras-
sato, suberoso facto, et longitrorsum rimoso v. exarato (in ramis etiam vix quadrienni-
bus). For opposita, obovato- oblongove-lanceolata, acute et longiuscule acuminata aut
duntaxat acuta, basi longe cuneata, 4-8 centim. longa, 15-25 millim. lata, integerrima vel
apicem versus parcissime remoteque denticulata, novella utrinque at subtus apprime
molliter et dense pubentia (pube vaga, pallida tomentumque mentiente), adulta superne
glabrata et pubem infernam lente deponentia, annotina in utraque pagina admodum
glabra et subcoriacea facta; acie subtiliter extrorsum revoluta; venis omnibus postice
prominentibus laxeque reticulatis: petiolo subtereti, eanaliculato et 6-10 millim. longo.
CYMÆ masculæ trifloræ, ex imis innovationibus decussatim (4-6 insimul nec longe ab
invicem distantes) natæ, vel in sertulum laxum (paniculam exiguam decussatim spisseque
k-6-brachiatam nec sæpius definitam) digestæ ramorumque annotinorum innovationes
abbreviatas sistentes, singulæ e pedunculo tereti, dense tomentoso, gracili, patenti, 5-10
millim. longo, pedicellosque tres graciliores 4-7 millim. longos et divergentes sufful-
ciente ; bracteæ bracteolæque perexiguæ dentiformes acutæ patentes et cito caducæ. Pg-
RIGONIUM globosum, extus minute et parcissime pubens, inlus glaberrimum, alte k-par-
titum, debito tempore late apertum, totumque e membrana crassiuscula et coriacea:
divisuræ externæ ovato-rotundatæ obtusissimæ et integerrimæ ; ex interioribus altera
vulgo externis haud dissimilis integerrima et oblusa, altera autem in appendiculam bre-
vissimam latiusculam fimbriato-laceram s. dentatam et introflexam desinens; cunctæ
antice cristulis mediis 3-5 auctæ et incrassalæ. STAMINA 12-16, perigonii calyculum to-
tum laxiuscule vestientia, sessilia, ovata, lutea, exteraque apprime extrorsa, eorum
enim loculis contiguis extrorsum manifestius spectantibus et apice vix confluentibus.
CyiÆ femineæ juxta easdem leges atque masculæ e ramis novellis, multo rarius ,
ut videtur, ex annotinis summis ortæ, singulæ vero unifloræ ; pediculo tereti, gra-
cili, tomentello, dilute fulvo, millimeteum et quod excedit longo, apiceque 2-bracteo-
lato (bracteolis brevissime linearibus erectis et caducis); pedicello illi continuo duplo
circiter breviore nec crassiore. PERIGONIUM globosum, nonnihil urceolatum, extus vix
Pubens aut glabrum, et 4-fidum, divisuris aliquantulo minoribus quam in mare, interio-
ribus semi-orbicularibus breviter introplicatis obtusissimis et exappendiculatis (saltem in
floribus paucis exploratis) ; parietibus calyculi crassis, indumento purpureo? (natura
diseino) illitis et gaberrimis, receptaculo autem dense sericeo pallidoque ; perigonium
ipsum mox, ut solet, supra basim circumscissum, cupula fructifera, in acie integra, sola
persistente. OvARIA ovata, exigua, sessilia, numero circiter viginli, spisse contigua,
396 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
dense sericea, in vertice autem latiusculo et stylo centrali brevique (purpureis ?) gla-
berrima.
Viget in Brasilia meridionali, v. gr. in montibus dos Orgaos, haud procul a Sebastianopoli (SEL-
Low Herb. nn. 323 & et 4039 © [A4 © in Herb. Kunthiano]; VazraerIt Herb. n° 569 x).
(Herb. Mus. berol., vindobon. [ex herb. Schuch.], et paris.)
Pube copiosa aut parciore, foliis integerrimis aut pauci-dentatis variat. Folia annotina
glaberrima et subcoriacea facta, in ramis qui innoyationes foliosas nuper ederunt, per-
sistunt, inde stirpem sempervirentem dixi.
19. MOïrLINEDIA CLAVIGERA.
M. ramis gracihbus, novellis dense fulvo-tomentosis, adultis glabratis; cor-
tice tenui ; foliis oppositis, obovato- v. rhombeo-lanceolatis, acutis v. acute
acuminatis, ultra medium remote dentatis, quandoque etiam integerrimis,
in acie subtiliter revolutis, et initio sericeo-tomentosis, pube fulva vix con-
spicua et lente evanida; cymis femineis trifloris ac fulvo-tomentosis, pedi-
cellis clavatis; perigonii utriculiformis dentibus internis obtusissimis et exap-
pendiculatis.
Mollinedia clavigera Tul., in Ann. sc. nat., loc. cit.
FRurEx diæcus et sempervirens, ramis (eretibus, gracilibus, oppositis, patentibus,
novellis tomento brevi denso adpresso et saturate fulvo velatis, annotinis partim gla-
bratis sordidisque, ætate provectioribus glabris corticeque lichenibus parasitantibus
(Opegraphis v. gr.) inpallidito, tenui nee suberoso involutis. FoLIA opposita, obovato-
vel rhombeo-lanceolata, acuta v. obsolete acuminata, deorsum longe attenuata, 5-7 cen-
tim. longa, 15-30 millim. lala, petiolo gracili rigidulo et 5-8 millim. longo suffulta, initio
utrinque tomentoso-sericea (pube adplicita, subinde vix conspicua, lente autem dimissa)
proptereaque dilute v. saturatius fulva, annotina penitus glabrata et nonnihil coriacea,
ultra medium remote et obsolete dentata (dentibus patulis, sinubus obtusissimis), rarius
(minora) subintegerrima, omniaque, deorsum apprime, in acie anguste revoluta; venis
præter costam exilissimis, ac sub epidermide postica prominulis. CymÆ (femineæ quæ
solæ suppetunt) 2-6 in imis innovationibus e more decussatim et superposite oppo-
sitæ, patentes totæque dense et adpresse fulvo-tomentosæ; peduneulo tereti, gracili,
rigido, et centimetrum circiter longo; pedicellis crassioribus, clayatis ac 6-8 millim. longis ;
bracteis bracteolisque lineari-acutis brevissimis caducisque. PeriGoNiuM utriformi-globo-
sum, crassum et brevissime #-dentatum, dentibus ut solet decussatim imbricatis, externis
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 397
late triangularibus et acutis, internis brevioribus semi-orbicularibus obtusissimis et exap-
pendiculatis, omnibus et calycis internis parietibus indumento (disco) crasso rugoso spisse
colorato (saltem videtur) glaberrimoque ilinitis, receptaculo ipso breviter et dilute
sericeo. OvaRIA 16-20 constipata, sessilia, ovata, ob mutuam compressionem nonnihil
angulosa, dense sericeo-tomentosa, in vertice autem et stylo brevi crassoque glaber-
rima. OvuLUM unicum pendulum, in loculo glaberrimo, ipsum etiam glaberrimum.
Crescit in provincia S. Pauli Brasiliæ meridionalis, docente SeLLOwIO in Herb. Kunthiano.
(Herb. Mus. berol. et paris.)
Foliorum forma et magnitudine, Hollinediæ trifloræ modo descriptæ proxima accedit ;
at eorumdem dentibus majoribus et frequentioribus, vestitu saturatius fucato et adpresso,
venis longe subtilioribus ac vix prominentibus, nec non apprime cymis femineis ex toto
dense fulvo-tomentosis, perigoniis multo crassioribus, brevissime 4-dentatis et pedicello cla-
vato suffultis, ut corticem haud suberosum laceam, discriminatur, et jure diversa habetur.
20. MOLLINEDIA UMBELLATA.
M. ramis gracilibus et dense rufo-tomentosis ; foliis oppositis, longe lan-
ceolatis, acuminatis, acute serraiis, breviter petiolatis, adultis glabratis
posticeque prominenti-nervosis; racemis femineis paniculisque masculis
similiter paucifloris et umbelliformibus ; floribus longe pedicellatis paten-
tissimis et pubenti-cinereis; lobis perigonii masculi subæquilongis; den-
tibus feminei pariter brevissimis et æqualibus; carpellis receptaculoque
dense fulvo-sericeis.
Cilrosma umbellata Spreng., Syst. l’eget., tom. II, p. 545, et msc. in Herb, Mus. berol.
ARBOR diæca ramis oppositis, gracilibus, teretibus, tomento e pilis simplicibus dense
imbricatis, tactu molli, dilute fulvo, tandemque sordidulo diu involutis, subfastigiatis
laxeque foliosis. FoLIA opposita, lanceolata, acute et breviter acuminata, deorsum longe
attenuata, supra basim laxe serrata (dentibus angustis, sinubus obtusis), utrinque primi-
tus parce sericea, cito autem penitus glabrata, 7-12 centim. et quod excedit longa, 25-35
millim. lata; venis paginæ posticæ prominentibus, secundariis arcuato-recurrentibus et anas-
tomosantibus; petiolo gracili, 6-10 millim. longo, initio ex toto fulvo-tomentoso, postea ve-
rum glabrato. ANTHEMIA solitarie axillaria y. terminalia; feminea e racemo umbelliformi
longe 2-5-brachiato, brachiis 1-floris ac in medio 2-bracteolatis; mascula e cymis trifloris
nunc solitariis, nunc paucis (2-5) in paniculam brevissimam et patenti-umbelliformem di-
gestis; cunela minute diluteque fulvo-tomentosa v. cinereo-sericea, imaque basi bracteis
late ovatis v. ovato-oblongis, acutis, subaridis et stipatis instructa. Axis uniusCujusque an-
398 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
themii teres, tenuis, et 5-7 millim. longus. CymarumM mascularum pedunculus gracil-
limus, flexuosus, teres, 12-20 mm. et quod excedit longus apiceque 2-bracteolatus ;
florum pedicelli proprüsaturatius virentes,æquo modo teretes gracilesque et centimetrum
circiter longi. PERIGONTUM masculum calyciforme, intus glabrum, et 4-fidum; lobisubæqui-
longi, duo exteriores late ovato-acuti brevissime adunci et nervo medio (linea prominente)
antice notati, reliqui autem superne multo angustiores, crassiores (nervo antico adju-
vante), in margine anguslissimo repandoque tenuati et maxime introflexi. STAMINA
circiter triginta ; antheræ late reniformes, subsessiles aut sessiles, luteæ, 1-rimosæ et late
hiantes. PeriGONIUM femineum pedicello tereti 25-30 millim. longo rigidoque suffultum,
e basi late urceolata subito constrictius et tubulosum productum, ore obtuso 4-dentato
et suboccluso (dentibus brevissimis subæqualibus ac corrugatis) pervium , in parietibus
internis supra basin glaberrimum et spisse fucatum (purpureum?), sed in fundo s.
receptaculo dense fulvo-sericeum, pilis longiusculis erectisque. CARPIDIA numerosissima,
stipatissima, ovato-globosa, densissime fulvo-sericea (setis longis), in vertice autem de-
planato, obsolete 4-5-gono styloque brevissimo centrali et acuto terminato, glaberrima et
saturate purpurea? OvuLum solitarium, e summo loculo uniuscujusque carpelli dependens,
ovatum, anatropum, et funiculo distincto quasi destitutum.
Oritur in Brasilia meridionali (Sezzown Herb, propr. n° 2151 [Herb. Kunth., B 2151, C 2133 |).
(Herb. Mus. berolin.)
Adumbrationem scripsi ex autopsia speciminum Sellowianorum utriusque sexus quibus
accedit schedula Sprengeliana sic inscripta : « Citrosma umbellatum * N. sp. »
Bracteolæ floris feminei quandoque non pedicello ipso geruntur, sed perigonii lateribus
oppositæ adnascuntur.
21. MOrLINEDIA ELEGANS.
M. ramis admodum exilibus, novellis fulvo-tomentosis, adultis autem gla-
bris; foliis exiguis, oppositis, rhomboideo-lanceolatis, utrinque longe acutatis,
ultra medium grosse et remote serratis, adultis utrinque glabris ; cymis mas-
culis gracillimis et sericeis; perigoniüi globosi et exigui divisuris externis
elliptico-rotundatis, interioribus multo latioribus et ligula angusta ac re-
pando-lacera terminatis ; staminibus 8-12.
Mollinedia elegans Tul., in Ann. se. nat., loc. cit.
Frurex diæcus ramis oppositis, perquam exilibus, flexilibus, teretibus, in nodis com-
pressiusculis, adultis glabris, novellis autem piloso-tomentosis sordideque fulvellis. FozrA
opposita, rhomboïdeo-lanceolata, utrinque acutissima, ultra medium grosse acute remote-
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 399
que serrata, dentibus singulis patentibus rectis et in sinu obtusissimis, 35-55 millim. longa,
10-15 mm. lata; novissimorum costa superna universaque pagina dorsali piloso-tomentosis
(pilis simplicibus) fulvisque, adultorum autem pagina utraque glaberrima anticaque levi
et nitida ; nervis a fronte vix conspicuis, postice vero prominulis, omnibus præter costam
tenuissimis ; petiolo exili, 4-6 millim. longo, diu sordide tomentoso, antrorsumque nonnihil
canaliculato. Cyvmæ masculæ trifloræ, decussatim confertimque (numero 2-6) in ima
ramorum novissimorum basi oppositæ, erectæ, sordide parceque fulvo-tomentosæ, 10-15
mm. longæ, pedunculoque gracillimo ex axilla bracteæ perexiguæ et ovato-acutæ solitario
prodeunte singulæ se excipientes; pedicellis propriis crassioribus, densius sericeis, et
3-5 mm. longis, lateralibus bracteola lineari brevissimaque basi stipatis. PERIGONIUM exi-
guum, penitus globosum, pube sericea et adpressa extus vestitum, intus autem ut solet gla-
berrimum, ac decussatim 4-partitum, divisuris externis ovato-rotundatis obtusissimis
integrisque, interioribus latius semi-orbicularibus ligulaque angusta brevissima repando-
lacera antice cristata et tota introflexa coronatis. SraAmINA 8-12 sessilia, extrorsa,
oblongo-hippocrepica, obtusissima et rima unica, etsi biloba et 2-locularia, dehiscentia ;
polline aureo. (Flores feminei desiderantur.)
Oritur in provincia brasiliana Sancti Pauli (Gazvicn., Herb. imp. Bras., n° 401); SELLowIO etiam
propius Sebastianopolim reperta est (Herb. n° 4786.)
(Herb. Mus. par. et berolin.)
Ramorum exilitate, foliorum forma, anthemiorum natura gracili, universo denique
habitu, nec non floribus oligandris et perigonii lobis externis minoribus quam internis,
stirps hæc inter congeneres facile dignoscitur.
B. Australes.
22. MozriNeDIA HUGELIANA.
M. ramis oppositis ternis v. fasciculato-verticillatis, novellis fulvo-tomento-
sis et asperis; foliis oppositis ternisve, oblongis v. oblongo-lanceolatis, acutis,
serratis v. duplicato-dentatis, coriaceis, subtus dense reticulatimque promi-
nenti-venosis et citrinis, adultis glabratis ; floribus fe mineis racemosis, longe
pedicellatis et parce pubentibus; racemis definitis v. in frondes abeuntibus.
Mollinedia Hugeliana Tul., in Ann. sc. nat., tom. cit., p. 48.
ARBOR diæca ramulis oppositis, ternis v. ex ramo summo incrassato (capitato) fascicu-
latim et verticillatim assurgentibus, singulis teretibus, in nodis dilatatis, tomento fulvo
sordido brevi densissimo asperuloque primitus obductis, posteaque lente glabratis. FoLrA
400 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
opposita ternave (interdum dissociata), oblonga v. oblongo-lanceolata, acuta imo et pun-
gentia aut subobtusa, basi rotundata seu cuneata, 8-15 centim. longa, 25-40 millim. lata,
coriacea, colore citrina, serrata v. duplicato-serrata (dentibus nunce exiguis muticisque,
nunc maximis et pungentibus, sinubus semper obtusissimis), initio utrinque ob pubem
copiosam dilute sordideque cineracea et hirtula, adulta autem quasi ab omni parte glaber-
rima; venis dense reticulato-anastomosantibus, hinc et hinc sed apprime in pagina postica
prominentibus nitideque citrinis, omnibus, præter costam, crassitudine vix diversis ; petiolo
rigido, 6-10 millim. longo et lente glabrato. GEMMÆ ovato-acutæ, sordide tomentosæ,
solitarieque v. geminatim (superpositæ) axillares. FLORES feminei (qui soli suppetunt) ex
inferna innovationum parte efoliosa, sed decussatim laxe minuteque bracteifera, solitarie
axillares nali, vel in racemos sinceros (cyma triflora definitos), axillares v. terminales et
3-5 centim. longos digesti, singuli pedicello valido 10-15 millim. longo, nonnihil ancipite
interdumque in medio 2-bracteolato suffulti; pedunculo communi, bracteis (breyibus, ovato-
acutis citoque caducis), nec non et pedicellis, pariter sordide minuteque pubentibus et
tactu asperulis. PERIGONIUM obconico-globosum v. latius dilatatum et superne maxime
deplanatum (aut quidem cavatum), ore centrali angusto obsolete et vix conspicue 4#-den-
tato (dentibus latis brevissimis obtusissimis et decussatis) vel de specie integerrimo per-
vium, minute et parcissime pubens aut subglabrum, debito tempore circumscissum, par-
temque supernam quasi opereulum medio perforatum tune dimittens; pars reliqua late
concava, ob pubem rigidam sordide fulva, carpidiisque cylindroideis pube ejusdem sortis
abunde vestitis, nec nisi in apice (stylo scil. et stigmate continuis nec incrassatis) integro
vix acutato nigrente brevissimoque glabris, consita. Ovuzuu in quolibet carpidio solita-
rium, pendolum, anatropum. RecEPprACuLuM fructibus orbatum maxime incrassatum,
capitiforme, sordid : tomentosum (pube cinereo-fulva), cicatricibus quasi scrobiculis nec
non pulvinis crassis truncatisque (fructuum delapsorum sedibus) onustum v. signatum,
marginibus repandis maxime reflexis. DrupÆ globoso-ellipsoideæ, cerasi crassitudine,
utrinque obtusæ, minutissime et parcissime pubentes aut penitus glabratæ, styloque
perexiguo quadantenus laterali nec disculo insidente mucronulatæ; pulpa crassiuscula ;
endocarpio membranaceo tenuissimo levique. SEMEN (sub endocarpio plane liberum) ova-
tum, utrinque obtusum, rectum, pendulum, testaque tenuissima (pellicula) levi et castanea
involutum; nota chalazina vix definita; raphe indistincta ; micropyle depressa, concava.
ALBUMEN crassissimum, carnosum (siccum exsuccum et colore dilute cinnamomeo infec-
tum), atque canaliculo longitudinali et embryonem fovente in medio perforatum. Em-
BRyo rectus, homotropus, semine multo brevior, e radicula hilo proxima et cotyledonibus
2 ovatis tenuibus integerrimis sibique invicem adplicatis.
Nascitur in saltibus Novæ-Hollandiæ orientalis, testantibus viro nobili Hueezio (in Herb. Mu:.
vindob. et suopte Herb., n, 19, sub Ochna) et beato ALL. CUNNINGHAMO.
(Herb. Mus. vindobon.)
Stirps hæc et insequens, ambæ patria consortes, a Hollmediis americanis quibuscum
DRUPACEÆ : MOLLINEDIÆ. 401
non modo inflorescentia sed etiam floris, feminei apprime, structura conveniunt, nonnihil
eo discrepant quod drupæ suæ singulæ stylo (maxime imminuto) laterali instar fructuum
Hedycarye terminentur et propterea quadantenus uncinatæ evadant, dum præterea endo-
Carpium membranaceum subsistit, ita ut fructus naturam baccæ quodam modo induat.
Staminum numerus in floribus masculis paucissimis qui suppetunt, præ ditissimo , ut
solet, Mollinediarum androceo admodum parvus est.
23. MorriNEDiA macropnyLLa.
M. glaberrima, ramis dichotomis, tornatis, levissimis, coloreque citrinis;
foliis oppositis, coriaceis, amplis, breviter petiolatis, late ellipticis v. oblongis,
breviter et acute acuminatis, remoteque serratis, dentibus exilibus et pun-
gentibus; racemis paucifloris.
Hedycarya macrophylla All. Cunn., msc. in Herb. Mus. vindobon., anno 4818, et in 4nn. of
nat. Hist., Vol. 1 (1838), p. 215, infra.
Mollinedia macrophylla Tul., loc. sup. cit.
ARBOR arbusculave (teste LEICHARDO), diæca (saltem videtur), et ab omni parte gla-
berrima; ramis oppositis, in nodis quandoque dilatato-compressis, vulgo teretibus et
quidem veluti tornatis, corticeque levi et citrino tectis FoL1A opposita, coriacea, crassa,
utrinque levissima nitidaque, ovato- elliptico- lanceolatoye-oblonga, acuta v. breviter et
acute acuminata, basi rotundato-attenuata, 12-18 centim. longa, 5-7 centim. lata, in acie
crassa (nervo quasi definita) frequenter repanda simul et remote serrata (dentibus
patentibus, duris, longiusculis et acutissimis , sinu autem uniuscujusque obtusissimo) ,
aliquando etiam pro maxima parte integerrima; venis utriusque paginæ reticulato-
prominulis, ac præter costam exilibus ; petiolo semicentimetrum circiter æquante, valido
et semi-tereti. GeMMÆ axillares globosæ , sessiles (emergentes) , perulatæ, glaber-
rimæ , contigue et superposite geminæ ternæve. RACEMI utriusque sexus glaberrimi,
terminales aut axillares, quasi fasciculati, 5-7-flori, feminei 2-3 centim. longi, masculi ut
videtur breviores, omnes erecto-patentes et flore solitario definiti; foribus de more
decussatim oppositis, et pedicello 4-8 mm. longo, nudo, gracili, patenti, bracteaque au-
guste ovato-acuta brevi subarida et caduca basi stipato, singulatim suffultis. PeRIGONIUM
et maris et feminæ globosum, obtusissimum imo et nonnihil depressum, dilute luteum
aut subfuscum (arefactum), ab omni parte in parietibus crassis glaberrimum, oreque
rotundo angustissimo et suboccluso pervium ; sepula k decussata, dupiici serie ordinata,
perexigua, squamiformia, sibi inyicem incumbentia, 2 exteriora late ovato-triangularia
et vix acutata, interiora totidem lunulata et quasi obsoleta. SrAMINA sepalis opposifa,
numero 6 (saltem apud flores paucos exploratos), minima, glaberrima et tota inclusa ;
exteriora 2, sepalis externis opposita, Sterilia, glandulas ovato-obtusatas crassas
ARCHIVES DU Muséum. T. VII. 54
402 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
sessilesque referentia; intima 4 sterilibus vix dissimilia sed filamento angusto bre-
vissimoque instructa, triangulari-ovata, ab antica parte compressa, erecta, rima unica a
vertice dehiscentia, apertaque os Bufonis veluti mentientia; polline dilute luteolo, pul-
vereo. PERIGONIUM femineum masculo crassius, anthesis tempore basi circumscissum
calyptramque integram dimittens, receptaculo glabro. CarpiprA stipata 12-15, breviter
ovato-oblonga, crassa, sessilia, glaberrima, in vertice stigmatico et decolore obtusissima,
intusque unilocularia et 1-ovulata ; ovulo anatropo, e saummo loculo pendulo.
Inclyto Rog. Brownio, anno 1804, et clar. ALLANIO CUNNINGHAMO, anno 1817, occurrit in sylvis
imperviüs et opacis Novæ-Hollandiæ orientalis, haud procul a maris littoribus, secus fluvios (Cfr. ALL.
CunniNGx., loc. cit.); anno autem 1843, novembri et decembri, cl. viatori LercHaRDo (Herb. n. 121),
in dumetis maritimis et monlosis, circa Morton-Bay ejusdem regionis.
[Herb. Mus. par. (specim. Leichard.), et Herb. vindobon. (ex dono All. Cunning.).]
E ramis qui suppetunt alii mere masculi, alii feminei tantum, nulli monœci exstant.
Arbor, teste LEICHARDO, Gurkunn vernacule audit.
Species non vIs® :
24. MoztinEprA LaTIFOLIA (Pœpp. et Endl., Wov. Gen. ac Sp. pl., tom. I,
p- 47 [sub Tetratome]), arbor humilis foliis ellipticis, apice serratis, sub-
tusque decoloribus; pedunculis masculis axillaribus, solitariis, erectis et tri-
floris; perigonio turbinato-campanulato et crasso; staminibus 32.
Provenit circa lacum esensem Brasiliæ borealis, in sylvis, novembrique floret.
Omnino congener est M. racemosæ Schlecht. (Tetratomes trifloræ Pæpp.'et Endi.), et
fortassis eadem atque Mollinedia ovata R. et Pay.
25. MOLLINEDIA LANCEOLATA (Ruiz. et Pav., Syst. veget. FI. peruv. et chil.,
t. 1 [1798], p. 143), frutex 2-orgyalis foliis oppositis ternisve, lanceolatis et
superne dentatis.
Nascitur in sylvis peruanis, circa Chinchao, floretque a maio in julium usque.
26. MortiNeDiA TOmENTOsA (Benth., Plant. Hartveg., p. 250 [sub
Tetratome]), frutex 8-12-pedalis, ramulis sordide ferrugineo-tomentosis ;
foliis ellipticis v. oblongis, acuminatis, basi rotundatis, supra medium remote
denticulatis, subtus tomentosis et ferrugineis; pedunculis masculis trifloris,
DRUPACEÆ : KIBARÆ. 403
femineis unifloris, cunctis tomentosis; perigonii masculi turbinati, tomen-
tosi et fere 3-linearis lobis crassis, externis ovato-acutis, internis appendice
denticulata auctis ; fructibus maturis glabris.
Naseitur in Peruviæ sylvis popayanensibus. (Cfr. Wazpersu un. Bol. syst. t. 1, p. 572.)
Accedit, ni fallor, ad Mollinediam macrantham nostram aut potius ad W. repandam
R. et Pav.
E genere excludatur Mollinedia lepidota Pæpp. et Endl., Nov. Gen. et Sp., tom. IL,
p. #7 (sub Tetratome), quæ Citriosma Pœppiqii mihi est (vid. supra, p. 359).
V. KIBARA'î.
BronGniaRtIA Blume, Bijdr. tot de Fl. van Nederland. Ind., t. IL (14825), p. 435. — Non
Kunthio (Nov. Gen. et Sp.pl., tom. VI. — 1823).
Sciapicarpus ? Hasskarl, in Flora, tom. L (1842), Beibl. Il, p. 20; et in suo Catal. pl. Hort.
Bot. Bogor. all. (N844), p. 86.
Kisara Endl., Gen. pl., p. 314, n° 2046; Suppl. I, p. 64; Suppl. IV, p. 11, p. 56.— 1.-D. Hooker
et Thoms., F{. Ind., tom. I (4855), p. 165.
Prriconium(receptaculum Brumeo) turbinatum, coriaceum, basi bibrac-
teolatum, in ore squamis 4 connatis subclausum, intus obsitum staminibus
v. ovariis (floribus aut masculis aut femineis, ecalyculatis et apetalis, ait
BLumeus). SraminA circiter 5-7 ; filamentis brevibus; antheris apice adnatis.
Ovaria plura pyramidata et 1-ovulata; stigmate obtuso ac sessili. Baccæ
receptaculo fisso et convexiusculo insidentes, divaricatæ , monospermæ.
ABBUMEN Carnosum. EmpBryo inversus.
Kibaræ genus super arbore javanensi exstructum ad Mithridateam accedere BLUMEO
dicitur, sed, ni fallor, multo proximiorem cum Mollinedia demonstrat necessitudinem,
ita quidem ut vix ab ea dissimile existimem.
1 Xibara vox sundensis est, ait HASSKARLUS.
3 A oxadtos (umbella) et 29504 (fructus) ductum est hoc verbum, ob fructuum Xibaræ dispo-
sitionem.
404 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
KIBARA CORIACEA.
K. procera, foliis ovato- v. elliptico-oblongis, acuminatis, remote den-
tatis, amplissimis, subcoriaceis , breviter petiolatis tandemque glabratis ;
floribus femineis aurantiacis.
Brongniartia coriacea Blume, vol, cit., p. 436.
Brongniartia macrophylla Anonym., in Herb. Mus. vindob.
Sciadicarpus Brongniartii Hassk., loc. cit., nec non in suis Plant. Javan. rarior. (1848),
p. 209, n° 134 (cum locupl. descript.).
Kibara Blumei Steud., Nomencl. Bot., ed. alt., (1840) p. 846.
Kibara coriacea Hook. et Thoms., vol. cit., p. 166.
ARBOR procera, ramis crassis, medullosis, teretibus, in nodis nonnihil compressis, initio
parce pubentibus (pube pallida simplicique), tandemque glabratis et levibus. FOLIA op-
posita, ovato- ellipticove-oblonga, breviter et acute acuminata, ultra mediam aciem grosse
remoteque dentata (dentibus mucronulatis, sinubus autem obtusissimis), amplissima, nempe
25-45 centim. longa et 10-20 centim. lata, membranacea et quodam modo coriacea, utrin-
que at præsertim in venis tenuiter el dilute pubentia, demumque antice glabrata; petiolo
crasso, brevi (10-15 millim. longo) et canaliculato; venis postice prominentibus et laxissimis
RACEMI axillares lateralesve, compositi (ait BLUME). FLos femineus aurantiacus, pedi-
cello semipollicem vix longo suffultus ; masculus brevius pedicellatus ; utriusque bibrac-
teolati perigonium duplici v. triplici squamularum (sepalorum) decussatim superpositarum
serie subocclusum. STAMINA € flamentis brevibus, obovatis, complanatis et obtusiusculis,
nec non et antheris terminalibus minutissimis adnatisque. RECEPTACULUM fructigerum
supra hemisphæricum aurantiacum et pubescens, subtus concavum. DRuPÆ carnosæ 1-15
in floribus singulis, oliviformes, nigræ, tuberculis (podogyniis brevibus) insidentes et
umbellatim confertæ ; putamine ligneo. SEMEN solitarium, pendulum, ejusde mque omnino
structuræ ac semen Mollinediarum.
Frequens viget in montibus Javæ insulæ (Salak, Parang, etc.); provenit etiam in sylvis peninsulæ
Malaccensis, auctore beato Grirrirn (Cfr. Hooker: et Tuomsonis Floram Indicam , loc. cit.). A
novembri in marlium usque apud Javanos floret, et vernacule Æibara (quo nomine arbores variæ,
ut aiunt, designantur) audit.
(Herb. Mus. vindobon.)
De ramis frondiferis foliisque locutus sum ex autopsia speciminis (floribus destituti) quod
in Musæo vindobonensi continetur. Ab auctoribus citatis et HasskARLO inprimis reliqua
allata mutuatus et interpretatus sum.
DRUPACEZÆ : HEDYCARYÆ. 405
++ Antherarum rimis discretis.
VIT HF/DIVICA RAR
(Tab. xxxiv.)
Henycarya J. et G. Forst., Char. Gen. pl. (1776), p.127, tab. 64.—C. Linn., Suppl. plant. Syst.
veg., etc. (1781), p. 67, n. 1434. — Murray, Syst. veget. Linn., ed. XIV, p- 894. — Georg.
Forst., Ælorulæ insul. austr. Prodrom. (1786), p. 71. — Juss., Gen. pl., p. 401, n° 4708
Gnter Urricas). — C.-L. Willden., Sp. plant. Linn., tom. IV (4805), p. 833, n° 1830. — Pers.
Enchirid. Bot., t. 11, p. 628. — Lamk. et Poir., Encycl. mélh., Bot., IL. Gen., tom. II (1823),
P. #15, tab. 827. — Ach. Rich, Ess. d’une F1. de la Nouvelle-Zélande (Voyage de l’As-
trol.), p. 354 (anno 1832). — All. Cunningh , in 4un. of nat. Hist., tom. I (1838), p. 245.
— Endl., Gen. plant., pp. 314 et 1318, n° 2018; Suppl. IT, p. 35, et IV, p. n1, p. 56. — Raoul,
Choix de pl., p.30.— Walp., Ann. Bot. syst., tom. 1 (1850), p. 573. — J.-Dalt. Hooker, F1.
Nov.-Zeeland. (Bot. of the Antart. Exped.), tom. I (1852), p. 218.
CriNoxrA Banksio, mse. (e schedula Herb. Mus. vindobon.).
ZaNroxvui sp. Ach. Rich., op. cit., p. 291, tab. 33.
Frorrs diclines, diœci, apetali. Masc. : Alabastrum globosum, obtusissi-
mum, Periconium calycinum e phyllis 8 ovato-oblongis, majusculis, duplici
serie ordinatis, 4 scilicet angustioribus interiora totidem partim initio tegen-
tibus, cunctis sub anthesi expansis, receptaculi lati et poculiformis margini
continuis, et utrinque æquo modo pubentibus tomentosisve. STAmMINA 20-40
receptaculum totum multifario densoque ordine vestientia, prorsus sessilia,
inclusa, nunc extrorsa, nunc antrorsum v. ex utroque latere spectantia,
erecta et nonnibhil introrsus curvata (exteriora inprimis), latiuscule linearia
v. triangulari-elongata (e basi latiore sensim attenuata), subacuta obtusa s.
veluti truncata, singula e connectivo crassiusculo et membranaceo, lobisque
(sacculis) 2 linearibus huic æquilongis, discretis v. contiguis, et Jongitror-
sum lateque debito tempore hiantibus ; potline luteolo e granulis liberis.
Feu. : PeriGonium e receptaculo late expanso et poculiformi v. peltato-disci-
formi, et sepalis 8-10 perexiguis, ovato-acutis, inter se subinæqualibus aut
manifeste inæqualibus (5-6 majoribus, cum reliquis alternantibus) discique
margini insertis, area tomentosa vel pubente. Ovaria numerosa (viginti cir-
citer), in receptaculo toto velato stipatissina, obovato-#lobosa v. breviter
‘ Hedycarya nomen a græcis vocibus #dbz (suavis) et zépuoy (nux) derivatur ; semina Hedycaryæ
arboreæ Forst. grate sapidæ dicuntur (Cfr. ForsreroruM Charact. Gen. pl. [1776], p. 428).
406 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
subrhombea (angulato-obconica s. obverse pyramidata), stylo crasso,
brevi aut longiusculo, indiviso centralique terminata, primitus omnino ses-
silia, atque glaberrima v. sericeo-pubentia. Ovurum in quolibet carpidio
uniloculari solitarium, ovato-acutum v. ellipsoideum, e summo pariete fertili
pendulum, anatropum et glaberrimum, micropyle supera. Drupz subexsuccæ,
breviter stipitatæ, leves, ovatæ, subuncinatæ (stylo nonnihil laterali facto),
atque in receptaculo quadamtenus accreto et reflexo divergentes ; epicarpio
tenuissimo ; mesocarpio carnoso ; endocarpio corneo, modice incrassato et
utrinque levi. SEMEN inversum, obovatum, totum fructus loculum replens,
ae {esta tenuissima pallida glabra fragilique involutum; rap/e lineari semi-
nis longitudinem æquante ; chalaza late circulari, vix vel nequaquam infus-
cata. Albumen crassissimum, subexsuccum (ut videtur), facileque totam
seminis molem sistens. Empryxo centralis, rectus, semine brevior, e caudiculo
(supero) tereti æquali longoque, et cotyledonibus > æqualibus, tenuissimis,
ovatis v. ellipticis, et arctissime sibi invicem facie antica adplicitis.
ArBones Australasiæ vicinarumque tlerrarum indigenæ, semper virentes,
foliis oppositis, simplicibus et dentatis ; floribus racemosis vel cymosis ; an-
themiis vulgo axillaribus.
Fructus maturos solius Hedycaryæ dentatæ Forst. in botanicis reperi.
1. HEDYCARYA DENTATA.
H. ramis recentibus fulvo-tomentosis; foliis lanceolato-oblongis, remote
serratis, initio ab utraque pagina dense fulvo-tomentosis, et postea glabratis ;
anthemiis tomentosis, fulvis; staminibus introrsis et tomentosis carpidiisque.
Hedycarya arborea Yoann. et Gvorg. Forster, Charact. Gen. pl. (ATT6), p: 128, tab. 66 (64).
Hedycaryæ dentata Georg. Forst., Flor.ins. austr. Prodr., p.71, n° 379, et msc. in Herb. Mus.
par. —Poir., in Lamk., {ustr. Gen., tom. NI, p. #15, tab. 827 (icones a Forstero mutuatæ). —
Willd., Sp. pl. Linn., loco cit. — Pers., Ench. Bot., t. I, p. 628. — Raoul, Ch. de pl. de la
N.-Zél., pp 30 et 50, tab. XXX. — J.:D. Hook., loc. cit.
Hedycarya dentata et Zanthoxylum Novæ-Zeelandiæ A. Rich.; loc. eitatis. (saltem videtur.)
Hedycarya dentata et H. scabra A. Cunningh., msc. in Herb. vindobon., et in 4nn. ofnat.
Hist., tom. 1, pp. 215 et 216, nn. 336 et 337.
ArBor 4#-5-orgyalis immo et excelsior (teste ALL. ConniNGuam in Herb. Mus. vin-
dobon.), habitu Laurum nobilem mentiens (ut ait RocLius noster), quandoque etiam Jru-
DRUPACEÆ : HEDYCARYÆ, 407
milis: et: dumosus frutex (Hookero auctore), sempervirens, ramis oppositis, in nodis
dilatato-compressis, novellis parce fulvo-tomentosis (pube simplici), deinde sordidis et
tandem: glabratis, FoLrA:opposita, obovato- lanceolatoye-oblonga, acuta obtusulave, basi
cuneata v. longius attenuata, 8-12 centim. longa, 25-50 millim. lata, in acie (nonnibhil
revoluta) supra basin remote (aliquando obsolete) serrata, petioloque valido rugoso vix
sulcato et 10-15 mm. longo suffulta; pagina utraque primitus dense fulvo-tomentosa, mox
autem (costa inferna petioloque serius) glabrata ; venis omnibus præter costam exilibus
et subtus prominulis. GEMMÆ axillares sessiles, nudæ, tomentosæ, solitariæ v. geminatæ
(contigue superpositæ). ANTHEMIA utriusque sexus solitarie alaria, erecta, tota spisse
falvetomentosa, 2-5-centim. longa, alia, feminea nempe (breviora), racemos/decussatim
5-T-floros v. cymastrifloras, alia frequentiora paniculas e basi tribrachiatas, brachio
primario s. centrali decussatim et cymose 5-7-floro, collateralibus (cymis trifloris) multo
brevioribus, sistentia; bracteis et bracteolis exiguis citoque caducis; floribus singulis
pedicello 7-15 mm. longo innixis. PERIGONIUM masculum amplum:e phyllis 8imajusculis.
ovato-acutiusculis v. obtusis et subæqualibus; feminei dentibus multo minoribus et inæ-
qualibus ; receptaculo utriusque sericeo-pubente; antheris introrsis, tomentosis et numero
variis (25-40); ovariis ellipsoideo-globosis ac sericeo-pubentibus, stylo autem crassissimo
et longiusculo iis indiscriminatim continuo, glaberrimo. Frucrus maturi ovati, obtuse
subancipites, stylo (obliquo s. laterali) aliquandiu superstite mucronati, glabri, pediculo
crasso, 3-4 mm. longo, medium versus articulato et tempore debito soluto se excipientes,
receptaculo parce fulvo-tomentoso vixque accreto (marginibus reflexis) insidentes (3-8
insimul) et divergentes.
Crescit in variis Novæ-Zeelandiæ regionibus, videlicet ad sinam borealem quem Znsularum dicunt
(ALL. Cunnineu.), et cirea Akaroam peninsulæ Banksianæ, in N.-Zeelandia media (RaouL, LEGuIL-
LOU); rivorum littora, ut aiunt, prædiligit (Ac. CunxinGn. in Herb. Mus. vindob.).
(Herb. Mus.par., Lessert., Jalbert., Webb., vindobon. et benolin.)
Arbor Poporo-Kauvrio, teste HUGELI0 (msc. in Herb. vindob.), et Polo-Polo, RoLrio
nostro auctore, vernacule audit, Drupæ illius carnosulæ rubræ odoræque fructus Pruni
spinosæ nostratis crassitudine æquant et pueris Novæ-Zeclandiæ autochthonibus Cuë-
viria VOCcantur.
Icon analytica Forsteriana citata pro parte peccat; carpidia inepte traduntur, $tigma-
taque in vertice druparum perperam sedent.
Adumbrationis meæ materiam traxi.e speciminibus Forsterinis, Cunninghamiis, Huge-
linis, Rollianis, Guillovianis et Hookerianis quæ in Herb. Musæi nostri parisini,et vin-
dobonensi præ oculis commode habui; hæc omuia inter se bene quadrant; quædam ta-
men, inter Allanensia, foliis paulo angustioribus et floribus masculis parcius tomentosis
nonnihil.a cæteris discrepant.
Hedyenrya scabra Cunn. (msc. in Herb. Mus. vindob., et in Ann. of nat. Hist., t. 1,
p. 216).ab H. dentata Forst. non differre mihi.videtur nisi indumento-s. tomento copio-
408 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
siore et saturatius ferrugineo quum in ramis foliisque novellis, tum in floribus. In Nova-
Zeelandia, secus rivum Æeri-Keri nuncupatum, crescere dicitur. Specimen ejus vidi
maseulum in Herbario Musæi vindobonensis. Ad 4. dentatam Forst. refertur clar. Jos.
Hookero in sua splendida Flora Novæ-Zeelandiæ, loc. cit.
2. HEDYCARYA CUNNINGHAMI.
H. ramis novellis parce sericeis, cineraceis; foliis oblongo-lanceolatis,
minute v. grosse dentatis, primitus cineraceo-sericeis, demum bhinc et
hinc glabratis, subtus vero utplurimum pallentibus ; anthemiis subglabris ;
staminibus vix pubentibus, extrorsis ; carpidiis glabris.
Hedycarya angustifolia Rich. Cunningh., mse. in Herb. Mus. vindobon., anno 1834, et in 4nn.
of nat. Hist., vol. I (1838), p. 215, infra. à.
ARBoR diœca, ramis initio parce et minutissime sericeo-cineraceis, ac in nodis cOm-
presso-dilatatis, adultis teretibus et prorsus glabris. FoLrA opposita, ovato-v. oblongo-
lanceolata, acuta, basi breviter aut longius cuneata, 6-9 centim. longa, 20-35 millim. lata,
in acie (plana } supra basin minute v. grosse dentata (sinubus obtusis v. rectangularibus),
utrinque primitus parcissime cineraceo-sericea, mox autem penitus glabrata, antice
luteolo-virentia, postice sæpius decolora s. albentia; venis exilibus et utrinque prominulis;
petiolo 10-15 millim. longo. Raceux utriusque sexus axillares, solitarii v. rarius gemini
(contigue superpositi), 15-25 millim. longi, erecti, parce cinereo-sericei, masculi 3-7-flori,
feminei (subglabri) 1-3-flori ; foribus oppositis, singulis pedicello exili, 6-10 millim. longo,
jam nudo, jam opposite 2-4-bracteolato suffultis. PERIGONI masculi octo-partiti phylla
oblongo-acuta, 4 externa angustiora et consimilia, interiora autem alterna similiter inter
se æqualia et primitus pro parte prioribus tecta; staminibus breviter elongato-triangula-
ribus, acutis, integris, muticis, glabris aut vix in dorso pubentibus, numero circiter 40,
omnibusque initio (in alabastro) prorsus extrorsis. SEPALA feminæ perexigua, obsoleta,
ita ut receptaculi disciformis et deplanati margo, aliquantulo post anthesin, subinteger
oculo inermi videatur. Carp1p1A glabra aut vix puberula, breviter ovata, in area pubente
sessilia, scutuloque decolore polygono et ob stylum brevem umbonato coronata.
Nascitur circa sinum Jacksonianum, in prov. Cumberland Novæ -Hollandiæ orientalis, nec non in
declivibus et anfractibus montium ejusdem regionis qui cærulei dicuntur (Ricu. CUNNINGHAMO, FRa-
sER1O et GaLpicHALDO testibus).
(Herb. Mus. par. et vindobon.)
Stirps est Hedycaryæ dentatæ Forst. legitima congener ; haud ægre ab ea distinguitur
foliis subtus decoloribus, vestitu albido-sericeo parcissimo et evanido, staminibus comperte
extrorsis et glabris, carpidiisque similiter pube subdestitutis aut quidem glaberrimis.
DRUPACEÆ : HEDYCARYÆ. 409
Quod nomen a beato CUNNINGHAMO arbori impositum mutaverim, ignoscant, quæso,
artis herbariæ magistri, etenim quoad foliorum formam ab Hedycarya dentata Forst. non
longe recedit, ejusque criterium potius in vestitu et anthemiorum natura versari videtur.
3. IIEDYCARYA RACEMOSA.
(Tab. xxxiv)
H. ramis inilio cineraceo-tomentosis v. fulvellis; foliis ovatis v. oblongo-
lanceolatis, integerrimis, recentibus sparsim piliferis ; racemis masculis laxe
multifloris: floribus crassis et cineraceo-tomentosis; perigonii divisuris
latis, limbatis ac fornicato-introflexi: ; antheris puberulis.
Hedycarya racemosa Tul., in Ann. sc. nat., ser. #, tom. III (maio 4855), p. 45.
ArBOR diœca, ramis exilibus, teretibus, in nodis quadamtenus dilatato-compressis,
initio parce cineraceo- v. fulvello-tomentosis (tomento e pilis lanosis, aliis brevissimis fas-
ciculato-stellatis et lepidiformibus, aliis longioribus fasciculato-divaricatis), pedetentim-
que subinde glabratis. FOLIA opposita, ovata oblongove lanceolata, anguste et acute acu-
minata, basi breviter cuneata, integerrima, 8-10 centim. longa, 3-4 centim. lata, petiolo-
que exili, abunde ex integro tomentoso et 6-10 millim. longo fulta; paginæ infernæ
venis præter costam exilibus et reticulatis, cunctis primodum sparsim piliferis (pilis fasei-
culatis), superna citius glabrata. ANraemiA mascula solitarie axillaria, 6-8 centim. longa,
erecto-patula et quasi e basi laxe multiflora, modo e racemis sinceris, modo potius e
paniculis racemiformibus constant; «ai admodum exili, tereti, minute cineraceo-lepidoto,
floreque terminato: bracteis angustissime linearibus, patentissimis, 3-+ millim. longis et
caducis; foribus racemorum oppositis, singulisque pedicello tereti, gracillimo sed rigi-
dulo, patentissimo, cinereo-tomentoso et 8-12 millim. longo innixis; cymis 2-3-floris,
subsessilibus, apud paniculas floribus solitariis commistis eorumque locum tenentibus.
ALABASTRUM globoso-hemisphæricum et superne in tubera 4-5 s. partes crassas et obtu-
sissimas divisum. PERIGONIUM explicatum late patelliforme et 4-5-idum, divisuris late
triangularibus, subæqualibus, in margine maxime tenuato vix integris s. erosis et pro-
pterea veluti manicatis, omnibus in præfloratione valde fornicato-introflexis ac corrugatis,
nec tamen imbricatis; perigonii totius membrana tenui, extus dense et minute cine-
raceo-tomentosa (e lepidibus lanosis), intus autem parcius pubente. STAMINA numero-
sissima (circiter 60 imo et plura), perigonii penetralia ab intimis ad radices usque illius
segmentorum stipalissimo ordine velantia, prorsus sessilia et omnia introrsa; antheris
ovato-acutis, utrinque integris, incurvis (convexitate centrum floris spectante), in con-
nectivo crassiusculo puberulis v. glabris, et bilobis, lobis linearibus apice contiguis et
ARCHIVES DU Muséum, T. VIII, 52
410 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
longitudinaliter lateque hiantibus; polline pulvereo e granulis simplicibus et globosis.
(Femina desideratur.)
Crescitin Nova-Hollandia. Viro nobili clar. Huéezro et D. BaLM1O, viatori nostræ gentis, olim occurrit ;
nuperius etiam aliis reperta est, ejusque trunci specimen Parisiis recens allatum fuisse cognovi.
(Herb. Mus. par. et vindobon.)
Recedit ab Æedycaryis supra descriptis structura perigonii cujus dentes 4-5 eodem
ordine instruuntur, initioque mirum in modum fornicato-introflexi nec imbricati depre-
henduntur.
Species maxime dubia est Hedycarya hirsula Spreng. (Syst. Veget., tom. I, p. 546),
scil. H. bengalensis (fide RoxgurGit), foliis oyato-oblongis, sinuato-crenatis, utrinque
hirsutis et basi biglandulosis. Specimina quædam exstant in Herbario Musæi vindobo-
nensis quibus schedula adjicitur sic inscripta : « W. n° 1830. Hedycarya dentata Sp. pl.
— H. hirsuta Spreng. — Lam. ///., tab. 827. — Crescit in Nova-Zeelandia. — Herb.
Portenschlag. » Sistunt plantam certe ex EUPHORBIACEARUM ordine ; synonymon contra
Willdenowianum et Lamarkianum in notula citata ad Hedycaryam dentatam Forst. supra
descriptam sine dubio spectant.
VIL BODDEAN,
(Tab. xxx.)
Peumus (pro parte) Molinæ, Saggio sulla Stor. nat. del Chili (Bolon. 1782), pp. 185 et 350.
RuizrA Pav., F1, peruv. et chil. Prodr. (1794), p. 135, tab. XXIX,; et Syst. FI. peruv. et chil.,
tom. I (1798), p. 266. — Endl, Gen. pl., p. 314, n° 2019; Zconogr. pl., p. x, tab. 2. —
Non Cavan.
Peumus Persoonio, Enchirid. Bot., tom. II (1807) p. 629. — Spreng., Syst. F'eget., tom. Il
(1825), p. 544, n° 4870.
BoLpea Juss , in Ann. du Mus., tom. XIV (1809), p. 434; et in Leæic. Scient. nat., tom. XXXII
(1824), p. 452.
Bozpoa Endl., Gen. pl., p. 4378, n° 2049; Suppl. Il, p. 35 et IV, p. nt, p. 56. — CI. Gay, Flora
chilena, tom. V (1849), p. 351.
Non Boldu Nees ab Esenb ; Syst. Laurin., p. 177, quod est Bellota Gayo, F1. chil., tom. V, p. 297.
Fcores diclines, diœci. Mascuris : Cazyx ellipsoideo-globosus, utrinque
(inapertus) obtusissimus, subter limbum plerumque 5-partitum cyathoides,
capax, et in fauce vix aut nonnihil constrictus ; divisuris ovatis obtusissimis
! Sic dicta a vernaculo cognomine Bodo s. Boldu (Cfr. Jussræux, loc, cit.). Boldea apud generis
conditorem legitur; posteriores, vocali mutata, Boldoa scripserunt.
DRUPACEÆ : BOLDEÆ. 411
inæqualibus et imbricatis, duabus tribusve plane externis, cunctis utrinque
tomentosis. Cororra (vix sincera) calycis fauci inserta, vulgo e petalis
7 inæqualibus, obovato-s. lineari-oblongis, obtusissimis, primitus imbricatis,
in dorso medio plus minus tomentosis, nec sepala quibuscum pro parte alter-
nant, excedentibus.SramiNa numerosissima (circiter enim quadraginta), totum
calycis interni parietem pilosum stipato ordine vestientia, introrsa et introrsum
curvata, nec non penitus libera et glabra; filamentis longis, supra medium
utrinque glanduliferum (glandulis deformibus et ampliato-deplanatis) tereti-
bus exilibusque, infra autem dilatatis et liguliformibus; antheris rubentibus,
ovatis, utrinque retusis, imo dorso affixis (continuis) et 2-lobis, lobo utroque
medio longitrorsum sulcato, temporeque debito rimoso; polline e globulis
discretis. Ovariorum vestigia nulla. Frmineis : Carvx a masculino parum
dissimilis ac sæpius de specie tantummodo 4-partitus, divisura enim quinta
(intima) petalum mentiente; fauce angustiore. PEraLa (si petala dicere
licet) 10-12 maxime inæqualia, duplici triplicive laxoque ordine in calycis
fauce et pariete setoso inserta; exteriora petalis maris consimilia, scil.
obovato-oblonga et obtusissima; interna autem multo breviora, occultata,
lineari-lanceolata vel anguste rhomboideo-acuta, et stamina commutata simu-
lantia. SramiwA fertilia nulla. Ovarra 3-4 ovato-elongata, basi rotundata, in
imo calyce confertim sessilia et tota recondita, stylum brevem glabrum
geniculatum obtusum integrum nec incrassatum singulatim exerentia,
cuncta æqualia, tomentosa, admodum libera, unilocularia et 1-ovulata ;
ovulo anatropo, carpidio conformi, scil. ovato et in rostrum longum rectumque
abeunte, pendulo et glabro ; micropyle hiloque in saummo rostro tenuato,
chalaza autem in adversa crassiore et obtusissima parte sitis. Frucrus dru-
pacei, subexsucci, calycis laceri et irregulariter dimidiati cupula haud am-
pliata ut receptaculo insidentes, ovato-acuti, glabrati venisque reticulatim
impressis notati; epicarpio et mesocarpio cohærentibus tenuibusque ; endo-
carpio (maturo) crassissimo, osseo, extus sulcato-tuberculoso, introrsum
autem levi et apicem versus anguste pertuso. SEmiNis totum putaminis loculum
replentis et obovato-acuti (penduli) testa pallida, membranacea tenuissima-
que; perispermium crassissimum, oleoso-carnosum et siccatum luteo-fuscum,
meditullio dilatius colorato. Emsryo exiguus et prope seminis basin, sub
summo tenuique at spissato s. in corticis modum indurato albuminis strato
totus latens (intrarius); cotyledonibus 2 planis, longe elliptico-acutulis et
412 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
divergentissimis; radicula crassa brevi tereti obtusa et supera, nempe puta-
minis foramini (quo funiculi vasa transierunt) proxima.
Genus hactenus monotypum, a confamiliaribus americanis structura perigonii polyphylla,
phyllis etiam de specie duplicis naturæ, nec non antherarum fabrica bene distinctum ;
Mollinediw propter calycem demum cireumscissum, ovaria nudata, ovulumque pendulum
multo propius quam Citriosme accedit.
BOLDEA FRAGRANS.
(Tab. xxx1.)
Boldu, arbor olivifera Fevill., Hist. des pl. médicin. du Pérou et du Chili, p. A1, tab. vi (ad
calcem tomi IIL operis quod inscribitur Journal des observ. physiq., ete., in-k.—1725).
Peumus Boldus Molin., loc. cit.
Peumus fragrans Pers. et Spreng., IL. ce.
Ruizia fragrans Pav., Syst. veget. Fl. peruv. et chil., 1.1, p.267; F1. peruv. et chil. Prodr.,
tab, cit. — Endl., Zconogr. plant., lab. xx1.
Boldoa fragrans Gaio, vol. cit., p. 353. — Lindl., in Bot. Reqg., tom. XXXI (ann. 1845), tab. 57;
et in f’eget. Kingd., p.298 (icon. analyt.).
ARBOR 2-4-orgyalis et quod excedit, frondosa, sempervirens etaromatica; ramis novellis
sordide tomentosis tactuque asperulis, adultis glabratis. FoLIA opposita, ovata v. ovato-
elliptica, utrinque obtusa, breviter petiolata, crassa, margine revoluta, utrinque et sparse
initio pilosa, mox autem superne glabrata, pilis brevibus patulis ac super prominentias
exiguas quibus pagina utraque asperatur stellatim fasciculatis. ANTHEMIA utriusque sexus
axillaria v. sæpius terminalia, singula e panicula mediocri (foliis triplo breviore), pauci-
ramosa et albido-tomentosa; pedunculis secundariis oppositis, cymose trifloris v. abortu
unifloris ; bracteis bracteolisque exiguis et cito caducis. FLORES albi et grate odori. FRuc-
Tus maturi (luteolo-virentes) pulpam submucosam sapidamque largiuntur ; putamen ni-
grum dicit FEVILLÆUS.
Nascitur in montibus et collibus apricis imperüi chileni centralis et maritimi, Boldo et Boldu ver-
nacule audit, varioque inservit usui (Cfr. auct. citatos). Julio et augusto floret, testibus Ruizro, Pa-
vonio et PogppiGio (Herb. chil., n° 258).
(Herb. Mus. par., Lessert., Jalbert., vindobon. [Cuminen Herb. chil., n° 782], et berolin. [Brin-
Ggsu Herb. Valpar., n. 375. ])
In scribendo generis charactere has notas solum attuli quas ipse in speciminibus abunde
suppetentibus deprehendere valui; speciei autem descriptiunculam notis nonnullis a el.
Gayo qui arborem vivam multoties vidit præsertim mutuatis ditavi. Adumbratio Endli-
DRUPACEÆ : BOLDEÆ,. 413
cheriana (Gen. pl., p. 314), tota e latina lingua in hispanam cl. Gao versa, peccare mihi
videtur in eo quod ovaria stipitata et apice cohærentia dixerit. Ea enim admodum sessi-
lia minimeque adglutinata s. cujuslibet coalitionis expertia semper deprehendi; stylos
extremos item glabros levesque nec hispidos, sicuti GAyo visi sunt, offendi. Ovariorum
numerum a duobus ad novem variare, ENDLICHERUS, GAYUS aliique adfirmant. Promi-
nentiæ piliferæ quibus foliorum utraque pagina asperatur, concreta petræa fovent.
Arboris coma semperviret, auctoribus ENDLICHERO, Gayoque (in schedis). Huic occur-
rit in sylvis Valdivianis (januario 1835) forma quædam (fructifera) foliis anguste oblongis
insignita (Cfr. illius Herb. propr. n° 234). Drupas apud terrarum chilensium autochthones
in deliciis esse narrat FEviLLæus (loc. cit.). Arboris truncus, eodem auctore, corporis
humani molem quandoque æquiparat.
Embryonem in axi albuminis extimi juxta hilum, de more Citriosmis solito, recondi
nec, pace cl. LiNDLÆI (Cfr. Bot. Reg., et Veget. Kingd., loc. cit.), omnino extrarium
jure dicendum esse, assidua iterataque observatione compertus sum; cotyledones autem
ab invicem latissime divergentes molliorique albuminis medullæ incumbentes icone vera
adumbravit nitidissimus auctor ( Veget. Kingd., p. 298).
TRIBUS TERTIA.
ATHEROSPERMEZÆ seo ACHÆNIOPHOR Æ.
ATHEROSPERMEÆ RoO8. BROWN, Gener. Remarks…. on the Bot. of Terra Austr., p.21.
— Ac. Ricn., Élém. de Bot., ed. V (1833), part. 1, p. 229 (exclusa Citriosma),
et ed. VII (1846), p. 666.
MONIMIEARUM et ATHEROSPERMEARUM genera H.-G.-Lup. REICHENB., Uebers.
des Gew.-Reichs, pp. 8k et 85.
MONIMIACEÆ, subordo I, ATHEROSPERME Æ ENbL., Gen. plant., p. 314. — Bartl.,
Ordin. nat. plant., p. 104 (exelusa Citriosma).
Flores diclines diœcique aut monœæci, vel bisexuales simulque ut pluri-
mum polygami. ANTHERARUM valvæ circumcirca solutæ , ascendentes, Ovu-
LUM erectum. ACHÆNIA plumosa in perigonio accreto, tandem arido varieque
fisso recondita.
VIII. LAURELIA 1.
PavoniA Ruizio, Æl. peruv. et chil. Prodr. (1794), p. 427, tab. 28, Syst. veget. Fl. peruv. el
chil., tom. 1(1798), p. 253. — Endl., Gen. pl., p. 315, n°2021 ; Suppl. I, p. 35, et Suppl. IV,
p.u, p.56. — Non Cavan.
LauRELIA Juss., in 4nn. du Mus., tom. XIV (1809), p. 434. — Poiret, in £Encycl. méth., Bot.,
Suppl., tom. III (1813), p. 313. — Spreng., Syst. veget , tom. IT (1825), p. 470. — AII. Cunning.,
in 4nn. of nat. Hist. or Magaz. of Bot. and Zool., vol. I (1838), p. 380. — Endl., Gen. pl.,
p. 1378. — CI. Gay, FU. chil., tom. V (1849), p. 353. — 1.-Dalt. Hooker, F1. of New-Zeeland,
tom. I, part. 111 (1852), p. 248.
Frorrs modo diclines, diœci v. monœæci, modo androgyni ac polygami.
Mais PERIGONIUM € phyllis 5-12 tenuibus, imbricatis, basi lata brevissime et
sæpe quidem vix ac ne vix coalitis, externis 2-4 brevioribus ovato-acutis et
densius tomentosis, interioribus ellipticis utrinque obtusissimis, subæquali-
bus et concaviusculis (intimis præsertim). Sramina 5-12 libera, sepalis (ma-
gnitudine variis) nunc subæquilonga, nunc contra duplo breviora, sæpius
‘ A voce Laurel colonis chilensibus ad designandam Pavoniam sempervirentem Ruiz., generis
prototypum, usitata. (Cfr. Jussræum et auct. citatos.)
ACHÆNIOPHORÆ : LAURELIÆ. 41
quadamtenus inter se inæqualia (interiora nempe minora et angustiora), imo
perigonio, scil. ejus fauci ac tubo brevissimo et calyculiformi simulque
receptaculo piloso-tomentosis nec in una eademque serie inserta , erecta ,
introrsa; flamentis Crassis, planis, dilatatis, linearibus, hinc et illinc aureo-
tomentosis vel pubentibus, Prætereaque glandulis geminis (i. e. Oppositis)
ovato-globosis glabris et sessilibus aut brevissime Stipitatis infra mediam
aciem instructis ; antherts glaberrimis (vivis Purpureis), ovato-acutis, summo
sustentaculo angustato Continuis, totis nimirum dorso adnatis, crassis et
2-lobis, lobis discretis singulisque valvatim dehiscentibus, valvis autem
ovatis superne attenuato-acuminatis et a basi ad apicem tempore debito
solutis ; polline aureo (saltem videtur). Ovariorum vestigia nulla. Pericoxium
FEMINEUM V. ANDROGYNUM ex tubo crasso, ovato-lanceolato v. lageniformi,
constans, capsulæ sortem anguste apertæ mentiens, phyllis sparsis distantibus
numeroque 8-12, v. paucioribus (3-6) in orbem digestis onustum, ab interno
pariete copiose pilosum v. glabrum, ovariisque longe linearibus, exilissimis,
sericeo-pilosis et vix exsertis fartum. OvariA plane sessilia, singula in stylüim
(nonnihil lateralem) gracillimum apiceque haud incrassato integrum desi-
nentia, unilocularia et 1-ovulata; ovulo lineari, anatropo erectoque. Frucrus
e perigonio nudato v. sepalis arefactis Coronato, incrassato, suberoso facto,
tandemque in segmenta 2-/ inæqualia longitrorsum diviso s. lacero, lateque
aperto ; nec non ex achæniis plurimis, linearibus, stylo superstite continuo
terminatis, et ab omni parte longissime sericeo-pilosis, pilis patulis ac dilute
fulvis. Acuænn uniuscujusque paries admodum tenuis (nec ligneus), semini
maxime hærens et testæ membranaceæ vices agens; «lbumen carnoso-
oleosum, crassum; ermnbryo centralis, brevis, rectus, e caudiculo tereti
hiloque proximo et cotyledonibus 2 ovato-lanceolatis , æqualibus ac sibi
invicem anlica facie applicitis.
ARBORES præaltæ, quidquarn Pinis Super præstantia mutuantes, grale fra-
granles, lérras australes et Americe et orbis veteris, nempe plagas chilenses
sémul et Novam-Zeelandiam incolentes, foliis OpPOsitis, coriaceis, crenatis
v. dentatis, et floribus paniculatis,
Hujus generis a cæteris MONIMIACEARUM jure distinct Species 2 proxima devinctæ ne-
cessitudine ad huc duntaxat innotuerunt.
416 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
1. LAURELIA SEMPERVIRENS.
L. diœca interdumque (ut aiunt) monœca; perigonii feminei sublan-
ceolati sepalis dissociatis et remotis.
Pavonia sempervirens R. et Pav., Fl. per. et chil. prodr., tab. 28 (icon. analyt.); Syst. veget.
FL. peruv. et chil., tom. 1 (1798), p. 253.
Laurelia aromatica Poir., in Encycl. meth., Bot., loc. cit. — Spreng., Syst. veget., tom. II (1825),
p. #70 (exel. synonymo Molinensi allato). — CI. Gay, F1. chil., tom. V, p. 355.
Laurelia crenata Pæpp., PI. chil. exs., coll. mr, n° 435 (in Herb. Mus. vindob. et berolin.).
Laurelia serrata Bert., in Mercurio chileno", manip. 15 (d. 15 m. junii a. 1829), p. 685.
ARBOR nunc diœca, nune, ut refertur, monœæca, decora, 40-ulnaris v. quidem major,
sempervirens et ex omni parte fragrans (odore fœniculaceo), ramis oppositis, primitus
fulvo-tomentosis, subinde penitus glabratis ; foliis oppositis, ovato- oblongove-lanceolatis,
serratis, coriaceis, petiolatis, adultisque nitide glaberrimis et subaveniis (costa autem pro-
minente); paniculis (quandoque racemis) maseulis multifloris, brevibus et fulvo-tomentosis,
anthemiis autem femineis depauperatis ; sepalis feminæ dissociatis et distantibus.
Frequens provenit in sylvis chilenis a gradu xxx1v lat. austr. ad xzn (Gao auctore, op. cit.), et
usque ad pedum octo millia supra oceani ripas (inter Talcahuano et Antuco), fide PogrpiGir (in
Herb. Mus. vindobon.), evehitur. Floret ab octobri in decembrem, vulgoque Laurel (inter Hispanos)
et Thihue (apud Araucanos) audit.
(Herb. Mus. paris., Webb., berolin. et vindobon.)
Adumbratio præmissa, quod ad perigoni fabricam attinet, ab antea evulgatis nonnihil
discrepat; istius enim organi phylla interiora ab externis vix dissimilibus peculiari cogno-
mine discernere squamasque nuncupare neutiquam decet; ex hisce phyllis novem de-
cemve, stamina autem sex octo vel decem singulis in floribus sæpius numeravi. Ovaria
abortiva in flore masculo nunquam reperi, nec flores utriusque sexus in jisdem ramis,
quibus de argumentis celeb. GAyO ex autopsia assentiri nequeo. Fructus (s. perigonium
accretum achæniis refertum) calyci fructifero maturo Calycanthi præcocis Wild. per-
quam similis est. Florum evolutio in singulis paniculis (plerisque e cymis uni-trifloris
oppositis) a supremis peduneulis incipit, et centrifuga dici meretur.
Specimina maseula ex herbario Pavoniano deprompta (schedula autogr. accedente) in
Musæo Webbiano continentur.
! Hujus ephemeridis cujus in pagellis ignotis pauciores auctoris laudati de plantis chilensibus
commentationes sepultæ latent, fasciculi nonnulli (quos inter hic citatus), ab eo ipso olim in Europam
missi, nunc in bibliotheca Lessertiana continentur; licet tenues, hi libelli quantam in infortunato
Berreno nos amabili scientiæ dediti jacturam fecerimus certissime testantur.
ACHÆNIOPHORÆ : LAURELIÆ. 417
Ad hanc stirpem perperam, ut opinor, trahitur Salix chilensis MoLINÆ (Sagg. sulla
Storia nat. del Chili, p.169) quæ Theige vernacule et Thiga chilensis SPRENGELIO ( Syst.
veget., t. IL, p. #70) Sreuperioque (Nom. bot., ed. alt., tom. II, p. 680) dicitur; hujus
enim Theige descriptiuncula Molinensis cum Lawreliæ sempervirentis characteribus neu-
tiquam quadrare videtur.
Etsi Laureliæ aromaticæ Poir. folia integerrima dantur (Cfr. LAmARKI1 Encycl. Bot.,
pag. cit.), BERTERUSque propterea in diagnosi Poiretiana arborem Pavonianam agnoscere
noluit (vid. Mere. chil., loc. cit.), nullus dubito quin specimina Porrerto in Herbario Jus-
SIÆI Obvia Laureliam sempervirentem R. et Pav. (sub Pavonia) reapse stiterint. Cæte-
rum multi baud aliter præopinarunt,.
2. LAURELIA NOVÆ-ZFELANDIÆ.
L. diœca, monœca v. polygama; perigonio fructifero lageniformi ; sepalis
ejusdem paucis terminalibus et confertis.
Laurelia Novæ-Zeelandiæ Al. Cunningh., in Ann. of nat. Hist., vol. I (4838), p. 381, n° 354. —
J.-Dalt. Hook., F1. Novæ-Zeeland., tom. I, p. 218, tab. 51 (icon. eximiæ).
ARBOR procera, hexapodes nimirum xxv inaltitudinem, et orgyam dimidiam v. integram
in crassitudinem obtinens, corticeque albido tecta ; ramis foliferis oppositis, crassis, alter-
nis vicibus inter nodos maxime dilatatos compressis, annotinis quibusdam inde subtetrago-
nis, ætate provectioribus teretibus factis, cunctis initio parce pubenti-sericeis, cito autem
glabratis. FoLrA opposita, oboyato-rotundata, ellipsoideo-lanceolata aut subrhombea, obtu-
sissima v. breviter et obtuse acuminata, basi longiuscule in petiolum (5-8 millim. longum)
attenuala, 35-55 millim. longa, 25-35 millim. lata, grosse alteque (in acie plana) serrata
(dentibus s. crenis introrsum subaduncis et mucronulo deciduo instructis), a tergo pri-
mitus parce minuteque aureo-sericea, brevi autem quasi ex toto glabrata; venis præter
costam exilissimis posticeque prominulis. GEMMÆ solitarie axillares, sessiles, ovato-acutæ
et dense sericeæ. FLOnEs racemosi; racemis solitarie alaribus v. terminalibus, erectis,
laxe et decussatim 7-9-floris, 20-30 millim. longis, et parce pubentibus; bracteis cito
caducis; pedicellis &-6 millim. longis. PERIGONIUM mere MASCULUM rosaceum, exiguum, e
sepalis quinque subæqualibus, ovatis, obtusissimis, initio imbricatis, subinde patentibus,
ima basi brevissime cohærentibus, hinc et hinc at præsertim in ventre medio pubenti-
sericeis, staminaque 8-10 æqualia, consimilia, fauci calycinæ et receptaculo angustissimo
insidentia ac tota inclusa foventibus. PERIGONIUM ANDROGYNUM longe lageniforme, e
parietibus crassis extus parce pubentibus, intus autem glabris fabricatum, sepalisque
multo tenuioribus 5-6, in orbem contigue insertis, æqualibus, ovato-acutiusculis, utrinque
densissime luteolo-sericeis, patulis v. (exsiccando) introflexis coronatum. STAMINA 15-20
summæ fauci (se ipsis decurrentibus maxime incrassatæ) multiplici serie adnata, sepalis
ARCuives DU Muséus. T. VII. 53
418 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
breviora glabraque; externa 5-8 pollinifera, androceum floris pure masculi æmulantia ;
interiora autem attenuata, paulo breviora, et ananthera s. bursiculas vacuas sterilesque
gerentia; filamentis linearibus, antheriferis ima basi 2-appendiculatis, appendiculis s.
glandulis discoideo-globosis exiguis rugosis et brevissime pedicellatis; antheris apicalibus,
admodum continuis, ovato-acutis, imo et quasi introrsum rostratis, introrsis { quibusdam
tamen ex interioribus, sicuti in flore mere masculo, vix legitime sic dictis), integrisque ;
valvis e basi ad apicem cireum circa solutis. CarpiprA 10-15 in imo receptaculo fascicu-
latim sessilia, ovato-lanceolata, singula in stylum prælongum teretem faucemque calycis
pertingentem continuo abeuntia, et tota longe pilosa (pilis mollibus fulvisque ). FruCTuS
e perigonio suis in parietibus maxime incrassato, suberoso facto, sepalis androceoque
orbato, tandemque hine, folliculi instar, aut hinc et inde soluto v. late rimoso, nec non
achæniis longe lisearibus et de more plumosis.
In Novæ-Zeelandiæ insula septentrionali (ALL. CunniNGHamt Herb. n. 354 [a. 1838]. — Herb.
Webb), et regione boreali meridionalis præsertim vigere narratur (Cfr. Hooxerum). Circa coloniam
Wellinstonianam T. S. Razpmio occurrit (Herb. 63). Vernacule Tawairo (e schedula anonyma
[Hugeliana?] Herb. vindobon.) et Pukatea (secundum Hookerux laudatum) dicitur.
(Herb. Mus. par., Webb. et vindobon.)
Frondium babitu et natura cum congenere chilensi bene quadrat, at sepalorum in flo-
ribus androgynis corona unica et regulari facile distinguitur. Flores mere masculi quos
vidit et delineari curavit clar, Jos. Hookerus, flores antheriferos Laureliæ sempervirentis
admodum referunt ; eosdem solos noverat ALLANIUS CUNNINGHAM.
IX. ATHEROSPERMAf.
(Tab. xxx1v.)
ATnERoSPERMA Labill., Nov. Holl. plant. specim., tom. I], p. 74, tab. 224. — Endl., Gen. plant.
p. 314, n° 2020, et Suppl, IV, p. n, p. 56.
Fcores nunc diclines et monœci (fortassis quandoque diæci), nunc andro-
gyni, semperque bibracteati; bracteis oppositis, modo ovato-acutis, cymbi-
formibus, sub ipso flore contigue insertis, primodum valvatim connatis et
florem totum includentibus, posteaque autem dissociatis, modo multo mino-
ribuss. dentiformibus citiusque caducis. Mari8. : PeRiGoNIUM subcorollinum,
amplum, e phyllis tenuibus, venosis, imbricatis vulgoque octonis et duplici
serie insertis, quatuor nempe externis crassioribus, a tergo dense piloso-
1 Vocem hanc BiLLanDEnIUS e vocibus &0ño (spica s. arista spicæ) et omegux (semen), propter achæ-
nia aristata sui 4therospermatis moschati, generis prototypi, finxit.
5 ACHÆNIOPHORÆ : ATHEROSPERMATA. 419
sericeis, ellipticis obtusisque v. late ovato-acutatis, intimis autem subglabris,
cum prioribus (latioribus) alternantibus, iisdemque æqualibus v. quadam-
tenus longioribus, cunctis in receptaculum breviter calyciforme et subdepla-
natum inferne coalitis, anthesis tempore erecto-patentibus et, ut videtur,
marcescentibus. SramiNa 8-16 et quidem plura, perigonii fauci et parieti-
bus imis s. receptaculo ipsi sericeo-pilosis inserta, inter se subæqualia sed
sepalis multo breviora, omniaque extrorsa et pollinifera ; filamento cujus-
libet staminis lato, submembranaceo (crasso autem et glandulis odoris sca-
tente), obovato v. spathuliformi , in apice quandoque recte truncato et
digono, basi verum (vix pubente aut prorsus glabra) appendicibus 2 anticis
(antheræ instar extrorsum spectantibus), modo sublanceolatis, nonnihil
falci- s. cultriformibus patulisque, modo crassioribus et subglobosis stipato ;
anthera late obovata v. subquadrilatera, continua, glaberrima et biloba,
lobis discretis singulisque valva ovato-acutata et a basi ad apicem tempore
suo circum circa soluta primitus occlusis, valvis revoluto-erectis et persis-
tentibus ; polline dilute aureo e granulis liberis et sphæricis. CarPIDIORUM
vestigia ut plurimum nulla. Fem. : PERIGONIUM masculino quoad phylla
octona solita haud dissimile, squamis autem intimis (staminodiorum sorti
bus) numerosissimis, forma variis, crassis, rigidis, antice glaberrimis, pos-
tice setoso-sericeis, triplici v. quadruplici serie spissoque ordine insertis et
inter se inæqualibus (externis quam reliquis majoribus, interioribus omnium
minimis) semper instructum, prætereaque in parte integra s. calycina multo
magis ampliatum. Sramina antherifera nulla. Carpipia plurima imis peri-
gonii parietibus stipatissime inserta, sessilia, longe linearia, nempe e nucleo
(capsula) ovato, exiguo et in stylum gracilem, rigidulum, longissimum
simplicemque abeunte facta, longe setifera, unilocularia et r-ovulata; ovulo
obovato-elongato, anatropo, recto et e basi capsulæ assurgente, funiculo vix
conspicuo ; stylis superne infuscatis, fasciculato-exsertis (liberis autem nec
coalescentibus), longe pilosis, singulisque stigmate lineari, exili, pallido,
glaberrimo flexuosoque ut cirrho terminatis, stigmatibus istis post anthesim
caducis, stylis autem persistentibus. ANDROGYN1 FLORES € partibus utriusque
sexus modo descriptis simul et squamulis s. staminodiis, stamina sincera a car-
pidiüis dividentibus, constantes. FRucrus e perigonio ampliato, in parietibus
incrassato, late aperto, licet in fauce nonmhil constricto et urceolato facto,
sepalis latioribus tunc destituto, squamis autem internis ut videtur accretis
420 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
et radiatim patentibus ornato, nec non ex achæniis innumeris ob villos molles
diluteque fulvos quibus laxe tota vestiuntur quasi plumosis. ACBÆNIT unius-
cujusque, formam carpidiis privam (auctam) referentis, membrana tenuis
fulva et materie odora scatens ; capsula sessili, ellipsoideo-globosa, semini
contento arctissime adnata, atque in stylum basi nonnihil geniculatum et
obliquum transeunte. Æ/bumen carnoso-oleosum, molle, sordide luteum,
totamque seminis molem ferme sistens. Eusrvo perexiguus, teres, rectus,
prope hilum s. seminis sessilis basin centralis, homotropus, e caudiculo in
cotyledones 2 ovato-acutas late divaricatas brevissimasque hinc partito 1.
Arrores Australasiæ indigenæ, excelsæ, suos ramos more CONIFERARUM
quodam modo protendentes, pyramidalem propterea et decoram formam
obtinentes, nec non ex omni parte fragrantes, foliis dentatis v. integerrimis,
floribus autem axillaribus, cymosis aut paniculatis.
1. ATHEROSPERMA MOSCHATUM.
A. ramis fulvo-tomentosis; foliis anguste lanceolatis, remote serratis v.
integerrimis, ac subtus cineraceis; floribus magnis, tomentosis, unisexuali-
bus et solitarie axillaribus.
Atherosperma moschata Labill., Nov. Holl. plant. specim., tom. Il, p. 74, tab. 224. — Lindi.,
Veget. Kingd., p. 300 (icon.).
Cryplocarya glaucescens Anonym., in Herb. Mus. vindobon. (Herb. Hook., nn. 534 et 857).
ARBOR monœæca, decora, præalta, nimirum 150 pedes in altitudinem et 6-7 in crassi-
tudinem frequenter obtinens (Cfr. librum Lindlæanum cit.); ramis teretibus, cortice
crasso quadamtenus pergameno teclis, primitus dense fulvo-tomentosis (tomento ut lana
e pilis simplicibus mollibusque), et postea sordidis. FoLrA opposita, oblonga et quidem
lineari-lanceolata, rarius ovata, vulgo longe attenuata et mucronulata, basi autem cu-
neata, integerrima v. remote et acute serrata, coriacea, supra nitida et glaberrima, sub-
tus decolora (albido-cineracea) atque parce puberula. FLORES utriusque sexus in ramis
summis solitarie axillares et longiuscule pedicellati, pedicello arcuato patentique.
Viget frequens in nemoribus Tasmaniæ et Australiæ extratropicæ orientalis.
Herb. Mus. par., Webb. vindobon. et berolin.)
! Characteres fructus a solo Afherospermate moschato Labill. deprompsi.
ACHÆNIOPHORÆ : ATHEROSPERMATA. 421
Folia magnitudine, forma et marginis integritate variant !, LAURINEARUMqUE frondes
in mentem revocant. Perigonii phylla itidem formam latiorem angustioremve in diversis
speciminibus quæ suppetunt ostendunt. Floris feminei sepala exteriora tempore suo deci-
dere auctor est ENDLICHERUS, Cujus rei vix potui certior fieri. Libenter arbitrarer phylla
hæcce quandoque aboriri v. prorsus deficere ; ea cæterum nunc omnia, nunc pro parte
tantum adesse, imo etiam penitus aliquando desiderari (in iisdem ramis) compertus sum.
Staminodia nulla staminibus polliniferis commista, filamenta autem antherifera basi sem-
per 2-appendiculata reperi, quapropter vereor ne appendices istæ pro staminodiis olim
observatoribus incautis habitæ fuerint. Rami adsunt multibrachiati et polyanthi qui non-
nisi flores unius ejusdemque sexus proferunt, alteri autem rariores qui in axillis aliis
masculos, in aliis femineos (oppositos) generant. (Herb. vindobon.)
Atherosperma moschatum Labill., sui generis typus est y. species primaria ; insequens
ad normam quadantenus alienam fictum est.
2. ATHEROSPERMA MICRA NTHUM.
(Tab. xxxiv.)
A. ramis adultis glaberrimis ; foliis oblongo-lanceolatis, serratis et glabris
(adultis saltem); floribus exiguis, paniculatis, androgynis extusque sub-
glabris.
Atherosperma micranthum Tul., in 4nn. sc. nat., ser. 4, tom. III, p. 46,
ARBOR hermaphrodita, ramis alternatim hinc et inde nonnihil compressis et in nodis
dilatatis, novellis parce fulvello-sericeis, adultis autem glaberrimis levibusque. FoLra
opposita, elliptico- oblongove lanceolata, breviter et acute acuminata, basi cuneata, 10-15
centim. longa, 4-5 centim. et quod excedit lata, regulari modo et quasi e basi serrata
(dentibus minutis, sinubus vix obtusis), petiolo valido vix centimetrum longo suffulta,
adultaque ab omni parte glaberrima ; venis omnibus postice prominentibus, secundariis re-
molis. PANICULÆ solitarie axillares, gracillimæ, laxissime longeque ramosæ (ramis ramu-
lisque oppositis), erectæ, glaberrimæ et 12-15 centim. longæ; bracteis bracteolisque
exiguis (flores nunquam involventibus), ac citissime caducis ; foribus exiguis, singulis
pedicello 3-4 millim. longo suffultis. ALABASTRUM globosum, subpyriforme, et de specie
omnino glabrum. PERIGONN calyculus extus enim glaberrimus, intus contra setis fulvis et
rigidulis consitus; phylla externa 5-6 late ovata, obtusissima, inter se subæqualia et in
dorso medio parce pubigera; phylla autem interna, petalorum vices gerentia, externis
‘ Atherosperma integrifolium Al. Cunn. (msce. in Herb. vindobon.) forma mihi videtur 4. mos-
chati Billard., folis lineari-lanceolatis ac vulgo integerrimis insignita ; rarum occurrit floriferum. Pro
venit in montibus, cœruleis dictis, Australiæ orientalis (ALL. Cunx. Herb., n° 4824 c).
422 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
duplo circiter longiora, oblonga, acuta, glabra, numeroque 5-8; sepalis petalisque pel-
lucido-punctatis. Sramina fertiia 5-8, perigonii fauci, nempe ad radices petalorum
(seipsis alternis plus duplo longiorum) inserta et admodum extrorsa; filamentis planis,
late membranaceis, superne ob auriculas deformes utriusque marginis latissime sub-
quadrilateris et obtusissimis, in imo dorso parce pubentibus, in apice autem glandulis
prominulis scatentibus ; an/heræ cujuslibet lobis 2 subglobosis, summoque fulcimini appli-
catis (loculis in filamento s. connectivo potius cavatis), valvis utriusque adscendentibus
et persistentibus ; polline pulvereo. SraAmINODIA 10-12 duplici serie ordinata (interiora
omnium minora), cuncta staminibus multo breviora, crassa, lineari-oblonga et subpeta-
loidea vel clavato-inccassata, in apice obtusa sive truncata, inferne (in dorso apprime)
dense pubigera, arescendoque nigrentia. Carpipra 8-12 imo perigonio inserta (sessilia
aut subsessilia), longe ovato-linearia, stamina tamen vix excedentia, quasi ex integro
dense pubentia et propterea saturate fulva; s/ylo capsellæ (s. nucleo) perexiguæ indiscri-
minatim continuo nec laterali. ( Fruclus desiderantur.)
Oritur in Nova-Hollandia oriental, circa snum Jacksonis, testibus celeb, FrAsEro et GALDIGHALDO
nostro.
(Herb. Mus. par. et vindobon.)
Universa floris, licet exigui nec bracteis involuti, fabrica cum Atherospermate moschato
Billard. congruit, sed ad Doryphoram (infra descriptam), ob solitam utriusque sexus or-
ganorum sub iisdem tegminibus societatem, aptius fortassis accederet, ni stamina brevis-
sima ac quaviscunque ligula s. appendice destituta magis obstarent. Atherosperma , ni
fallor, cum Doryphora adeo connectit ut hujusce genericum discrimen inde summo-
pere minuatur. Cæterum ab utraque stirpe propter anthemiorum structuram et bracteas
exiguas recedit.
X. DORYPHORA 1,
ATHEROSPERMATIS Sp. All. Cunningh., msc., anno 4818.
Leanosa Reichenb., Nomencl., n° 2612, fide Endi., Gen. pl., Suppl. HU, p. 35, et Suppl. IV, p. u,
p. 56.
Dorxpnora Endl., Gen. plant., pp. 315 et 1378, n° 2022; Iconogr. plant., tab. x (anno 1838).
FLorrs androgyni et bracteati, bracteis cito caducis. Acasasrrum oblique
ovato-lanceolatum, longe acutum, et ab omni parte cinereo-sericeum. PErr-
Goniux corollinum e phyllis 6 majusculis, ovato-lanceolatis, acutis, integer-
rimis, æqualibus aut vix inæquilongis , utrinque sericeo-pubentibus, ante
! Atherospermatis Sassafras Cunn. stamina ob appendicem prælongam qua coronantur, lanceata
s. doryphora evadunt, inde generis Endlicheriani cognomen .
ACHÆNIOPHORÆ. — DORYPHORÆ. 423
explicationem arctissime imbricatis, ac serie duplici ordinatis, tribus nimi-
rum exterioribus (etiam imbricatis, uno scil. plane externo, altero binc
cooperto, illinc autem tertii prorsus velati marginem tegente) ac densius seri-
ceis (dorso apprime), internisque totidem cum prioribus alternantibus, simili
modo imbricatis et parcius pubentibus, cunctis in infundibulum angustum ac
breve (e parietibus crassis intus dense stupeo-setosis fulvisque) inferne coali-
tis, moxque ab hujus vasculi crasso margine solutis et caducis. Sramisa nu-
mero vix definita, plurima, nempe fertilia vulgo 6-8 (raro, ut videtur, plura),
sterilia præteræa circiter totidem (4-6) interiora, nec non bene multa (8-12)
squamulas longe lineares et inferne densissime tomentosas (parastemonés )
sistentia, cuncta calycis fauci et parietibus intimis inserta; pollinifera ex-
trorsa, tria silicet (omnium exteriora) sepalis externis, totidem vero internis
opposita ; reliqua stamina s. staminodia varia multifario et interiori ordine
distributa ; filamenta antherifera singula basi late membranacea et ab utroque
latere in auriculam ovatam obtusulam patentem ac seipsis nonnibhil longiorem
producta, quapropter formam litteræ V usurpantia, ultra autem subito an-
gustata (connectivum facta) dente lunulato ac horizontali utrinque aucta et in
ligulam anguste prælongam (sepala subæquantem) protracta; antheræ unius-
cujusque lobi æquales, ovati, protuberantes, amboque valva tempore debito
a basi ad apicem soluta (tuncque erecta et persistente) quasi operculo tecti ;
polline pulvereo pallidoque. E staminodiis alia staminum fertilium formam
bi-auriculatam (imminutam) æmulantur et simili glabritie pollent, sed loculis
polliniferis destituuntur; alia interiora (duplici serie vulgo inserta) multo
breviora consistunt, appendicibus carent atque squamulas lineares s. ligulas
densissime fulvo-tomentosas et in filamentum exilissimum glabrumque su-
perne attenuato-desinentes referunt, CarpiprA 6-8 v. pauciora (aut etiam
plura, namque 20 interdum adesse ExpricHerus asserit), in imo perigonii
calyculo admodum sessilia, constipata, libera, ovato-obtusa aut subconoïdea,
singulaque stylo nonnihil laterali, longe lineari, dense piloso, recto, et in
stigma filiforme glabrum longumque abeunte instructa. Ovurum...….
ARROR a0vo-batava Atherospermatum faciem referens.
Doryphoræ genus ab Atherospermatum primaria specie nonnisi floribus androgynis, sta-
minibus liguliferis, styloque obliquo discriminatur; ab Afherospermate micrantho nostro
propter connectivum ultra bursas polliniferas longe productum duntaxat discrepat.
424 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
DorYPHORA SASSAFRAS.
Atherosperma Sassafras All. Cunningh., msc. in Herb. Mus. vindobon., anno 4818.
Doryphora Sassafras Endi., Iconogr. plant. tab. x. — Lindl., Feget. Kingd., p. 300 (icon.).
ArBor 8-10-orgyalis (teste ALL. CONNINGH., in Herb. vindobon.), ramis novellis parcis-
sime aureo-pubentibus, subtetragonis et in nodis dilatatis, adultis autem teretibus, glabris
corticeque fusco et ruguloso tectis. FoLrA opposita, ovato- oblongove-lanceolata, vix acu-
tata obtusave, inferne in petiolum (8-10 millim. long.) attenuata, in acie remote serrata
(dentibus mucronulatis, sinubus autem obtusis), 4-7 centim. longa, 2-3 centim. lata, mox
utrinque glaberrima et nonnihil coriacea; venis omnibus, præter costam, æquo modo
exilibus, et postice reticulato-prominulis. GEMMÆ axillares aureo-sericeæ, sessiles, soli-
tariæ y. geminæ, superna priore evoluta. Cymæ trifloræ in summis ramis solitarie alares
et erecto-patulæ; pedunculo subtetragono, parce sericeo-pubente, cito glabrato, valido,
10-15 millim. longo, et ex apice incrassato bracteas 4 contigue decussatas agente ; bracteis
inferis s. externis ovato-acutis, crassis, cymbiformibus, initio valvatim connatis super-—
nasque 5. interiores multo tenuiores (simul et flores 3) prorsus velantibus, cunctis mox
deciduis ; foribus singulis pedicello tereti, 4-6 millim. longo denseque cineraceo-sericeo
suffultis.
Nascitur in sylvis maritimis et in montibus Australiæ orientalis, testante sup. laudato ALL. Cun-
NINGHAMO (in Herb. vindobon.).
Adumbrationum mearum traxi materiam e speciminibus Hugelianis et Allanensibus
quæ in Musæo vindodonensi simul continentur, scilicet ex iisdem ipsis quæ illustratio-
nibus Endlicherianis, saltem pro majori parte, inservierunt. His iconibus dentes qui ex
utroque staminis latere prominent vix aut imperfecte exprimuntur; filamenti præterea
appendices quasi ab eo discretas ovariaque stipitata perperam monstrant. Fructus matu-
ros videre mihi non licuit. Structuram eorum, seminaque seorsa ENDLICHERUS offert
in tabula citata suæ Zconographiæ plantarum.
APPENDIX.
Dum pagellæ superiores prelo tradebantur, fortuito incidi in Æorloniam, genus indi-
cum cujus specimina pauca, curis et diligentia clar. TawatTesir, horto botanico Musæo-
que peradenico in Zeylania insula, loco beati GARDNERI, nunc præfecti, una cum locu-
plete vegetabilium e variis ordinibus copia, ad nos nuperrime pervenerunt ‘. Hortonia ad
hoc tempus in Musæis parisinis prorsus ignota, SCHIZANDRACEIS ab ill. WiGuri0 reper-
tore et W. ARNoOTTI0 ejus interprete primum trahebatur, illius vero cum MONIMIACEIS
necessitudines neutiquam hos naturæ oculatissimos scrutatores effugerant. Has ipsas
affinitates recentissime iterum agnoverunt et confirmarunt JosepH Hooker, illustris
parentis haud impar filius, comesque et laboris socius THomAs THoMsoN; sed analogiam
cum MonrMIACEIS quorum in fastigio Hortoniam (quamdam Kadsuræ vel Illicii speciem,
ut aiunt, gerentem) collocare vellent, proximiorem judicarunt. Facere non possum quin
hisce Lantæ auctoritatis viris assentiar, cum cæteroquin autopsia accurata in sententiam
congruentem me etiam induxerit. Hortonia utique locum inter Monimieas gymno-
carpas merito reposcit; staminum enim structura Boldeam (Monimiæ e cryptocarpis
respondentem), universaque genitalium femineorum fabrica Mollinediam, Kibaram aut
Hedycaryam imitatur, Atherospermeis autem propter flores polygamos staminaque
appendiculata accedit, ita ut MOoNIMIACEARUM utramque cohortem media conjungere
videatur.
HORTONIA ?.
Horronta Wight, msc., docente cl, Arnott, in Magaz. of Zool. and Bot., tom. Il (1838), p. 545.
Endi., Gen. pl., Suppl. I, p. 407, n° 4733/1. — Walp., Repert. Bot. syst., tom. I, p. 748. —
D. Hook. et Thoms., F/. Ind., tom. [ (4855), p. 166.
FLores polygami, alii scil. in eadem arbore androgyni, alii unisexuales
(mere masculi?, quidam certe mere feminei). PERIGONIT post anthesim quasi
succrescentis tandemque arescentis divisuræ externæ 4 (aliquando sex?) sub-
æquales, crassæ, imo nonnihil coriaceæ, late ovato-acutæ v. suborbiculatæ,
inferne breviter coalitæ calyculumque apertum sistentes; divisuræ s. partes
! Specimina etiam Hortoniæ utriusque infra descriptæ mecum paucis ab hinc diebus benevole com-
municavit clariss. Rosentus Wicur qui jam dudum desideratus thesauros vegetos, magno sumptu
congestos, ab India in Europam suam anno proxime præterito feliciter reportavit.
Hortonia dicitur apud cl. Rogenrum Wiçur, docente ARNoTTI0, in honorem matronæ nobilis an-
glæque coloniæ decoris, quæ in plantis Zeylaniæ insulæ cognoscendis longos dies virileque et acutum
impenderat ingenium.
ArcuIves DU Muséum, T. VIII. 54
426 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
interaæ multo plures (16-20), in gyros multiplices constipatæ, triplo externis
longiores, tenues, obovato-elongatæ v. lineari-oblongæ, obtusissimæ, petala
mentientes, et inter se prorsus liberæ. Sramina 8 (plura etiam v. pauciora,
et verisimiliter numero varia prout carpidia pauca v. numerosa exstant aut
desiderantur) perigonii faucibus i. e. in receptaculi ambitu; cum petalis
contiguis, inserta, brevissima et extrorsa, singula e filamento exili appen-
diculis s. glandulis > macrocephalis et pedicellatis basi stipato, antheraque
ovato-rotundata, imo dorso fulcimini continua, 2-loculari, rimis 2 discretis
longitrorsum dehiscente a: tandem (effeta, arida) introrsus reniformi-
arcuata ; polline pulvereo. Carpipia numerosa aut pauciora (utplurimum
12-16 in flore androgyno), exigua, ovato-acuta, exteriora nonnihil obliqua,
omnia in toro dilatato, plano v. concaviusculo sæpiusque parce pubente late
sessilia, constipata, sed cujuscumque mutuæ ac vel angustissimæ adglutina-
tionis expertia, singula in stylum longiusculum stigmate lineari simplici ac
pereunte terminatum desinentia, nec non in ima basi unilocularia et uni-
ovulata ; ovulo globoso anatropo et pendulo, funiculo (externo) vix cons-
picuo. Drupz e singulis carpellis pedetentim accretis maturatisque (multis
autem abortientibus) factæ, ovatæ, compressiusculæ, breviter et acute (nec
aut vix oblique) mucronatæ, basi obtusæ v. quadamtenus attenuatæ ac po-
dogynio brevi suffultæ; pu/pa parca; putamine tenui, osseo-coriaceo et
utrinque levi. SEMEN cavernulam maternam totam replens, suborbiculare,
compressiusculum, esta tenuissima fragili glabra et solubili involutum, pe-
neque integrum € perispermio carnoso-oleoso formatum. Emsrxo rectus,
minimus, homotropus, in axi extimaque albuminis regione reconditus, e
radicula hilo subcontigua cotyledonibusque duabus latis, breviter obovatis,
supra basin quadamtenus angustatis (subrhomboideis), divaricatis, mediam
albuminis copiam foventibus, ac putaminis tandem 2-valvis lobis parallelis.
Frurices éndici, parce lepidiferi, odori, foliis oppositis, petiolatis et esti-
pulatis; floribus flavis, racemosis v. racemoso-panicu latis; anthemiis soli-
tarie axtllaribus.
Præmissos generis Hortoniarum characteres, authenticis speciminibus sedulo antea per-
scrutatis, scripsi. De stigmatum structura aliter ac clar. Wiçnrius locutus sum, namque
vereor ne super his organis quadamtenus erraverit; ea saltem nec dilatato-membranacea
nec lacera vidi.
Quod clariss, Jos. Hookerus et T.THomson super Hortoniarum et contribulium albu-
APPENDIR, — HORTONIÆ. 427
mine cujus naturam duplicem, scilicet ex endospermio centrali et perispermio externo
constantem existimant, attulerunt, de seminibus Monimiaceis omnibus quæ disseeui certe
valet; minoris autem momenti mihi visum est. Sæpius enim, ni fallor, id e maturitate seminis
absoluta v. imperfecta pendet, si perispermium sibi ipsi ex omni parte plus aut minus con-
gener deprehenderis; atque licet moles ejus s. materia éxtrorsum densior firmiorque, in
meditullio contra aliquando subfriabilis, animadvertatur, integra tamen carnoso-olevsa
semper manet nec indolem amyli usquam assumit; quapropter molem hanc in cavitate
sacculi embryoferi simul cum corculo totam gigni, totamque sincerum sistere endosper-
mium censeo.
1. HORTONIA FLORIBUNDA.
H. foliis oblongis v. oblongo-lanceolatis, acuminatis, acutis, subtusque
abunde et reticulatim prominenti-venosis; fructibus crassis.
Hortonia floribunda Wight, Catal. msC., n. 2467; et Zcon. pl. Ind. orient., vol, VI(1853), p. 44,
tab. 1997. — Arn., loc. cit.
Hortonia acuminata ejusd. Wight, ibid., tab. 1998, fig. dextra (saltem verisimill.)
Hortonia floribunda var. x acuminata Hook. et Thoms., loc. cit.
ArBOR aut frutex altus. Ram horni teretes , in nodis dilatato-compressi, lepidibus
ciliatis (oculo armato) minutissimis et luteolo-virentibus quasi furfuribus primum tecti
deinque pedetentim glabrati. FoLIA opposita, oblongo-lanceolata, acute acuminata (acu-
mine angusto et longitudine vario), basi cuneata v. longius attenuata, in acie (integer-
rima) anguste revoluta, minutissime et vix conspicue punctato-glandulosa (Tuci obversa),
10-15 centim. longa, 3-4 centim. lata, superne plana aveniaque, subtus reticulatim abun-
deque venosa, venis omnibus prominentibus, secun 'ariis paucis et remotis, tertiariis exi-
libus ; pagina postica initio (saltem in costa) parce lepidifero-furfurosa, cito autem prorsus
glabrata ; antica a principio v. mox nuda; petiolo vix canaliculato, 10-15 mm. longo atque
diu instar ramuli suffulcientis furfuraceo. ANTREMrA solitarie axillaria, 2-3 centim. longa,
erecta, parcissime minutissimeque furfurosa, imo et quandoque cito glabrata, definita ,
nunC Simplicia sive racemos decussatim 5-9 floros, nunc composita paniculasque e race-
mis paucissimis decussatim Oppositis sistentia; forum pedicellis €-8 mm. longis et tereti-
bus; bracteis exiguis, late ovatis, obtusis, crassis citoque caducis. PERIGONII partes exte-
riores parce furfuraceæ, internæ omnes glaberrimæ ; cæterum floris structura ea est quæ
in generico charactere supra exponitur.
Habitat in sylvis editioribus insulæ Zeylaniæ prope Newere Ellia, Pousloway et Rombady, mar-
tioque et aprili foret. (Tawarresu Herb. Zeylan., n. 1027.)
(Herb. Mus. par.)
428 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Descriptiunculam supra oblatam autopsia speciminum herbarii musæi nostri parisini
nobis tradidit: loci autem arboris natales fide auctorum qui ejus mentionem fecerunt
citantur.
Hortonia acuminata Wight. a precedente non sufficienter discrepare videtur; sequen-
tem etiam A. ovalifoliam Wight. pro pecuhari ejusdem modo descriptæ forma existi-
marunt clarissimi novæ Æloræ Indice auctores.
2. HORTONIA OVALIFOLIA.
H. foliis ovatis v. ovato-oblongis, obtusis v. obtuse breviterque acumina-
tis, coriaceis, in margine revolutis, subtusque parce venosis; fructibus
minoribus.
Hortonia ovalifolia Wight., 1c. plant. Ind. or., tom. VI, p. 44, tab. 1998, fig. sinistra.
Hortonia floribunda var. 8 ovalifolia Hook. et Thoms., vol, cit., p.166.
A præcedente, sibi summopere proxima, differt pube furfuracea citius tota dimissa,
foliis ovatis v. ovato-oblongis, obtusis v. obtuse brevissimeque acuminatis, coriaceis ,
crassis, in acie maxime revolutis, subtus nonnisi venis secundariis costaque ut plurimum
signatis (venis enim reliquis immersis et laxioribus), nec non petiolo breviore et cras-
siore suffultis ; fructus etiam minores paucioresque gignere creditur.
Crescit in Zeylaniæ occidentalis monte dicto Adam’s peak, floretque martio mense (Tawairesil
herb. peradenic. n. 459).
(Herb. Mus. par.)
EXPLICATIO ICONUM.
N. B. Iconibus omnibus delineandis nonnisi specimina jamdiu exsiccata inservierunt, quapropter
non mirarer Cur variæ eorum partes ab amicissimo fratre, solito cujus auxilio notaque graphidos soler-
tia usus sum, natura aut minores aut graciliores, suam præter voluntatem, quandoque fortassis
expressæ fuerint.
TaBuza XXV.
FiGurA 1. AMBORA LEPTOPHYLLA Tul. (sup., p.298).= 4. Ramus superne foliüferus, racemum mascu-
lum, a sinistra patentem, simul et flores masculos in axillis superioribus solitarios gerens ; quidam
e floribus racemosis quadripartiti explicantur, plerique autem sese nondum aperuerunt. — B. Racemi
feminei gemini, ætate et magnitudine dissimiles ; major flores masculos nonnullos inter femineos admit-
tit, bracteisque foliiformibus in vertice ornatur. — 4. Slamen ex ïis quæ in summis perigonii divisuris
nascuntur, conneclivo maximo, lobis autem polliniferis exiguis.— 2. Stamen alterum in intimo peri-
gonio natum, cujus connectivum lobos brevissime tantum excedit. — 3. Stamen ex inferioribus: lobi
ultra connectivum abbreviatum protrahuntur, ac sese vertice tangunt. — 4. Grana pollinica. — 5. Por-
tiuncula tenuis floris feminei a vertice dissecti, ut appareant et styli quibus introrsum asperatur et
cavernulæ ovuliferæ hisce singulis suppositæ. (Fig. 4 et B magnitudine nativa delineatæ sunt, reliquæ
auctæ objiciuntur.)
Ficura If. Pars (nec aucta nec imminuta) fructus maturi 4mboræ cujusdam olim e Madagascaria a
cl. Pervizceo Musæo parisino missi.— a. Drupeola seorsim depicta; illi adhæret portiuncula parenchy-
matis indurati quo arctissime fovebatur, dum in crasso perigonii pariete quasi in carcere detinebatur:
pulpa interposita tenuissima evanuisse (fructu a multis annis exsiccato) videtur. — b. Semen e loculo
materno avulsum; testa membranacea arte lacerata hinc et inde perispermium nudatum prodit;
funiculus brevissimus superest. — c. Drupeola exsucca (pulpa siccata, evanida) longitrorsum divisa,
endocarpium semenque pariter dimidiata nec non embryonem in endospermio nidulantem exhibens.—
d. Embryo seorsim delineatus (auctus).
Taguza XXVI.
AMBORA PURPUREA Tul. (sup., p. 301). — Ramus ex arbore feminea decerptus nativaque delineatus
maguitudine flores recentissimos simul et fructus submaturos gerit. — 4. Perigonium femineum, lon-
gitrorsum dissectum, stylos reconditos et ovaria dimidiata exhibet. — 2. Drupeolæ exsiccatæ quæ in
fructu vix maturo nidulabantur.
TaguLa XXVII.
AMBORA RELIGIOSA Tul. (supra, p. 304). — Ramus florifer magnitudine naturali adumbratus. Ex
anthemiis delineatis duo mere mascula sunt, duo autem flore femineo coronantur. — 4. Flos masculus
dimidiatus. — 2. Stamina seorsim spectata, maxime aucta. — 3. Frucltus nondum maturus.
TaBuLa XXVIII.
Fiçura 1. CirriosmA Apiosyce Mart. (sup., p. 322).—Ramus florifer e planta mascula decerptus ac
430 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
magnitudine nativa delineatus. — 4. Flos masculus seorsim visus, anthesis tempore. — 2. Stamen a
fronte spectatum, loculis polliniferis adhuc clausis. — 3. Alterum ex quo pollen evolavit. — 4. Stamen
alium effetum, a latere visum. — 3. Grnula pollinica circa 460 vices aucta. — 6. Anthemia feminea
magnit. nativa adumbrata, quæ flores simul et fructus immaturos exhibent. — 7. Flos femineus a
vertice dissectus ut carpidia suis in penetralibus disseptis nidulantia pateant. — 8. Carpidia duo seor-
sim depicta (dorso adversa), quorum paries decisus ovulum solitarium in utroque prodit; latere rect ,
stylo scilicet (rupto, abbreviato) continuo, centrum floris spectabant, alium quapropter dextroversum,
alium contra ad l&vam desectum est; ovuli raphe internum capsulæ parietem tangit. — 9. Fructus
maturus a vertice dimidiatus. — 10. Drupa seorsim delineata, natura circiter sextuplo major ; imo
dorso, nimirum latere gibbo, recepiaculi parieti hærebat, ita ut paginam dexteram suam nunc exhibeat;
styli vestisium tantummodo superest.
Ficura IT. Cirriosma oLIGANDRA Tul. (sup., p. 315).—a. Drupa matura (vices sex circiter aucta )
a vertice dimidiata; pulpa parca, putamen osseum extusque foveolis exsculptum, nec non seminis
Crassissimum albumen embryonem exiguum fovens, simul in conspectum veniunt. — b. Embryo seor-
Sim adumbratus (magis auctus).
TaBuLa XXIX.
FiGura L. Crrriosma mozzis HBK. (supra, p. 358). —Ramulus florifer e planta mascula, magnitüd.
nativa delineatus. — 1. Flos masculus auctus. — 2, Alter subdimidiatus, tubo e staminum #4 filamentis
Coalitis lacerato, ut appareat stamen interius. — 3. Stamen summum antice visum, antheræ valvis
erectis. — 4. Alterum a latere spectatum. — 5. Flos femineus. — 6. Alter a vertice dissectus. —
7. Perigonii feminei basin versus transversim secti figura aucta nec integra; ovaria singula singulis
in locellis segregata cernuntur.
Fiéura IL. Monimia RoruNDIFoLtA Th. (sup., p. 310). —&. Flos femineus a vertice dimidiatus. —
b. Pars alterius similiter dissecti, ovarium apertum, ovulumque in eo contentum, pendulum, exhibens.
— C. Drupeola submatura, integra. — d. Drupeola altera a summo dissecta; putamen crassissimum
pulpa involvitur semenque fovet. — e, Semen dimidiatum. — f. Embryo seorsim delineatus. —
g. Stamen antice speclatum, antheræ lobis integris. — #. Anthera dehiscens, polline jam sparso. —
i. Anthera effeta, valvis retroversis, connectivo nudo prominente. — ÿ. Granula pollinica 460 vices
aucla. (Figuræ hæ omnes auctæ sunt. )
TaBoza XXX.
Crraiosma ReGiNÆ Tul. (supra, p. 364).==Ramus florifer (monœeus) magnitudinis nativæ. — 1. Flos
masculus à verlice dissectus. — 2, Stamen à fronte visum, anthéræ valvis solutis, erectis. — 3. Sta-
men alium item effetum, a latére autem spéctatum. — 4. Flos femineus a summo dimidiatus.
Taguza XXXI.
Ficura L MoLLiNEDIA LONGIroLtA Tul. (sup., p.384.) — 4. Ramus frondifer anthemio masculo coro-
natus, naturalique masnitudine delineatus. — B. Frustum € planta feminea fructiferum (nativæ magni-
tudinis); drupæ maturæ quasi omnem pubem deposuérunt. — 1. Flos masculus apertus (auctus)
Cujus pars anterior avulsa est ut stamina in illius sinu congesta eo melius pateñerent. — 2. Stamen
effetum, a tergo visum. — 3. Granula pollinica 460 vices circiter aucta.
FiGura IT. MoLuiNeota 1BAGuENSIS Tul. (sup., p. 383).—@. Drupa (éxsiccata nativæque magnitudinis)
EXPLICATIO ICONUM. 431
a vertice dimidiata. — b. Semen integrum seorsim et a latere raphe signato spectatum (haud auctum).
— c. Embryo seorsus s. nudatus et maxime auctus.
FiGura III. BoLDEA FRAGRANS Juss. (sup., p. #12). — d. Drupæ exsiccatæ et a vertice sectæ pars
dimidia (vices sex circiter aucta) qua putamen crassissimum canaliculo angustissimo (via nempe fila-
mentis fæcundis aptata) sub stylo perforatum, insuperque funiculi crassi vasis copiosis hinc trajectum,
nec non semen pendulum exhibentur. — e. Embryo ex albumine in quo sepultus latebat effossus, a
radice spectatus. — f. Idem inversus, oblique visus.
TaBuLa XXXII.
MozLiNEeprA NiTiDA Tul. (sup., p. 392). = Ramus florifer masculus (4) alterque femineus (B), ambo
naturali magnitudine adumbrati; e floribus femineis quidam perigonii circumscissi partem supremam
dimittunt; exstat etiam receptaculum obsoletum (r) scrobiculis, fructuum nunc delapsorum vestigiis,
signatum.—A. Alabastrum maris auctum —2. Flos masculus semi-apertus.—3. Alter, anthesi peracta,
a vertice dissectus ; stamina pauca effeta supersunt. — 4. Slamen a facie interna visum. — 5. Alterum
a latere, latissime hians. — 6. Granula pollinis maxime aucta. — 7. Flos femineus integer. — 8. Alter
minus auctus, cui perigonium abscinditur; carpidia sericea quapropter in conspectum veniunt. —
9. Receptaculum ovariis recentibus onustum, a vertice dimidiatum (maxime auctum); ovula solitaria
in singulis carpellis dissectis pendula cernuntur.
TaguLa XXXIIIL.
MOLLINEDIA LIGUSTRINA Tul. (sup., p. 395), mascula; ramus florifer magnitudine nativa adumbra-
tus. — 1. Flos masculus explicatus, auctus. — 2. Alter dimidiatus a vertice. — 3 et 4. Stamina a
tergo, scilicet a facie qua centrum floris spectant, visa. — 5. Altera a latere, effeta. — 6. Granula pol-
linica maxime aucta.
TaBuza XXXIV.
Fieura L: HepycaRYA RAGEMOsA Tul. (sup., p 409) mascula ; ramus frondosus simulque racemifer,
magnitudine naturali delineatus. — @. Flos tetramerus (auctus), agmen staminum fovens. — b. Sta-
men a fronte visum.— c et d. Stamina effeta, a latere spectata.— e. Granula pollinica 460 vices circi-
ter aucta.
FiGura II. ATHEROSPERMA MICRANTHUM Tul. (sup., p. 421).=— Pars suprema rami floriferi, magnitu-
dine nativa depicta. — 4. Flos expansus, a vertice dimidiatus., — 2, Stamen a fronte spectatum, antheræ
operculis solutis erectis. — 3. Stamen alterum a tergo visum; loculorum dorsum glandulis prominulis
asperalur; staminodium discretum præstat. — 4. Stamen efetum, capsellarum operculis delapsis ;
glandulæ geminæ bursiculis sappositæ in conspectum veniunt uti in fizura 2 —5. Staminodium dibra-
chiatum a tergo visum; brachia glandulis respondere videntur.— 6. Alterum unibrachiatum, a fronte.
— 7. Staminodium interius faciem glabram qua centrum floris spectat monstrans. — 8. Idem in dorso
piligerum. — 9. Unum e staminodiis quæ propius ovaria sedent; formam crassiorem et subelavatam
obtinent. — 10. Granum pollinicum circiter 460 vices auctum. — 41. Ovarium seorsim delineatum,
intezgrum.
ADDENDA ET CORRIGENDA.
P. 276, lin. 45 extrema, loco : bracteis duobus, lege : bracteis duabus.
P. 278, lin. 28 ineunte, loco : cinditur, lege : scinditur.
. 280, lin. 3 (ab ima pag.) subextrema, loco : quorum perigonium, lege : quarum perigonium.
. 281, lin. 6 (ab ima pag.), loco : quodammodo imitetur, lege : quodammodo imitentur.
. 282, lin. 3, loco : Bixæ arillam croceam, lege : Bixæ arillum croceum.
. 289, lin. 5, loco : esse constituta, lege : esse constitura.
. 290, lin. 5 addatur : MonimracEARU» omnium (videlicet non modo Monimiearum, sed etiam,
junctis sortibus, Atherospermearum) eum Scmizanpraces et affinibus (ex ordinibus dialypetalis ac
hypogynis) analogia, novissimis his temporibus, Roberto Wiçur, Josepho Hooker et Thomæ THomson,
viris illustribus, item accepta est, cui autem assueta indubiaque plantarum ordinis nostri perigynia
summopere repugnat. Notæ ex earum semine albuminoso corculoque minimo ductæ majoris momenti
auctoribus citatis habitæ sunt; mihi contra positio, numerus et symmetria omnium partium floralis
apparatus sinceras Monimiaceanum affinitates tutius indicare videntur. (Cfr. clar. W. AnNorr, in
Mag. of Zool. and Bot., tom. IL [1838], p. 546-547; nec non Hoo. et Tnows., Æ/. Ind., tom. I
[1855], p. 165.)
P. 294, lin. 45, loco : Novo-Zeelandiæ (sicuti bis scribitur), lege iterumque lege : Novæ-Zeelandiæ.
P. 297, post lineam 6, pauca hæc scribere velis : Arbores lactescentes dixit 4mboras summus
Jussræus (Gen. pl., p. 401) ; qua autem auctoritate nisus fuerit non comperi.
P. 304, lin. 5 ineunte, loco : aperts, lege : apertis.
P. 304, lin. 48, loco : aluit, lege : alluit.
P. 306, post ea quæ ad 4mboram vestitam spectant, addatur : Mihi etiam postremo occurrit in
Herb. Billarderiano, nunc e Musæo Webbiano, Ambora altera (4. neglecta mihi) glaberrima, ramis
teretibus, in nodis quadamtenus dilatatis, levibusque; foliis oppositis, oblongis v. ohovato-oblongis,
obtusis imo et retusis, basi autem attenuato-cunealis, in acie vix revoluta et tenui integerrimis, haud
coriaceis, 6-40 centim. longis, 45-45 mm. latis et subtus decoloribus; vernis omnibus præter costam
admodum exilibus ac vix prominulis ; racemo femineo longo, crasso et glaberrimo; floribus breviter
pedicellatis, ac superposite ternis v. geminis in singulis axillis (bracteis cito deciduis aut nullis) ; peri-
gonio inaperto obovato-oblongo, minutissime et obtuse mucronulato, (squamulis ominibus coalitis,
indistinctis), pariele ejus interno (summotenus apprime) dense luteolo-pubente (pube erecta) sty-
lisque innumeris glaberrimis conico-acutis et longiusculis asperato; cavernulis singulorum carpidiorum
rotundis perexiguis ac 4-ovulatis, ovulo de more pendulo. — Ex Insula Mauritio orta dicitur. —
Differt a cæteris mihi notis forma obovato-oblonga alabastri feminei. Habitu 4mboram religiosam
imitatur.
P. 312, lineæ 3 addas : Non LeonrA Ruiz. et Pav. quæ MyasiNeis dubiis annumeratur (Cfr. Enoui-
cuER1 Gen. plant., p.738)
P. 342, lin. 4, loco : CirriosMa, lege : CITROSEMA.
P. 312, post lin. #, addas insequentem : Conucer sp. Rich., in Act. Soc. Hist. nat. par., tom. 1
(4823), pp. 391, 401, 402 et 406.
P. 315, post lineam octavam (ab ima pagina) scribere velis inter synonyma : Citriosma obovala
Gardn., in Hook., Lond. Journal of Bot., tom. IL (1843), p. 343, n° 373 (fide Herb. Webbiani).
P. 345, lin. 5, ab ima pag., post verbum Foura, addas : decussatim opposita.
© TT TT
INDEX
GENERUM, SPECIERUM ET SYNONYMORUM.
N. B. Generum specierumque nomina admissa litteris romanis stipatis (illorum majusculis, harum
minoribus), generum autem repudiata vocabula lilteris majusculis relaxatis traduntur; litteræ
cursivæ s. italicæ cognomina neglecta aut rejecta nec non et vernacula indicant.
Pagina.
Ambaville à grosses feuilles Mascaren. 310
AMBORA Juss.............,....,.. 295
— alternifolia Tul.,......... 305
— amplifolia Tul............ 299
— hudlipticaTul... tra, 200 30%
— AL FICHE. ill tolatete 300
— leptophylla Tul. (tab. xxv). 298
— neglecta Tul............. 432
— obovata Tul.......,..... 306
— purpurea Tul. (tab. xxvi). 301
— quadrifida Poir........... 297
— religiosa Tul. (tab. xxvii). 301
— Sieberi Tul.............. 304
— Tamburissa Bvn.......... 303
— tetragona Bvn........... 302
— tomentosa Sieb.......... 304
— — BOLYO....t.... 310
MN EU CN NT BORN PTT SAP RE 306
Ambora Madecass…............... 303
Angelina divergentifolia Poh]...... 363
ATHEROSPERMA Billard........,... 118
— integrifolium Cunn. 421
— micranthum Tulasne
(tab. xxxIV).... 421
. Pagina.
ATHEROSPERMA moschatum Billard. 420
— Sassafras Cunn. ... 49h
Bois tambour Mascar..... 297; 300; 303
Bornes, Juss&rr holonhea.sir 410
— fragrans Tul. (tab. xxx1).. 412
Bobo: Chil:. ré Essonne 4192
BoLDoa Endl.; Gay............. 410
— fragrans Gay; Lindl..... 412
Boldu Chil.; Fevill ............,... 412
BRONGNIARTIA Blume.......... 403
— coriacea Blume... 404
— macrophylla Ano-
nym........... 404
Gaiviria Nov.-Zeel.............. 407
GIFRISENE À. Hil.........1.... 312
CarriosMA ! R. et Pav.; Tul. ....... 311
— alternifolia Spreng...... 372
— Amazonum Tul......... 332
_— andina Tul............. 338
—, , . apiciferanlul.....rr..... 354
— Apiosyce Mart. (tabula
XMVATL) LEE CEE 322
— aspera R.et Pav....... + 324
— asperula Tul........... 332
* sub Crrriosua hic enumerantur species omnes quæ sub Cifrosma vel Citrosmate apud auctores
describuntur.
ARGuives ou Museum. T. VIII.
55
MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
CiTrIOSMA bifida Pœpp. et Endl....
brasiliensis Spreng......
Buddleiæfolia Benth....
camporum Tul.........
chiridota Tul...........
cristata Pæpp. et Endl..
cujabana Mart.........
cuspidata Tul..........
decipiens Tul. .:.......
dentata Pœpp. et Endl..
dentala R. et Pav.. 331
dimidiata Spreng......
discolor Pœpp. et Endl..
AUOITMAIBREE RE CEE:
EMOcalyx NU eee ee
erythrocarpa Mart......
estrellensis Tul.........
fONOSANTUIPE PART 2
gesnerioides HBK......
glabra Spreng..........
glabrescens Mart........
glabrescens Presl.......
grandifiora HBK.......
Gudotiana Tul..........
guianensis Aubl.........
Gniaiibooacmonadee
TAPOPUSSRUl EEE ee...
lanceolata Tul..........
lepidota HBK..........
limoniodora Riv........
limoniodora R. et Pay...
macrophylla HBK......
macrophyila Mart......,
mollicoma Mart..... ets
mollis HBK. (tab, xx1x).
mollis Willden.........
MUISHABRE rer
muricata R. et Pav......
Pagina.
399
340
366
368
331
; 971
372
370
358
330 |
396
358
352
Pagina.
CirriosMA neglecta Tul........... 33%
oblongifolia Leandr..... 362
— Spreng..... 361
— Willden. 343; 319
oblongifolia Ruiz. et Pav.
343 et 372
obovata Gardn. ........ 433
oligandra Tulasne. (tabula
tion 315
oligocarpa Mart........ 363
ovalis R. et Pav........ 344
ovalis Spreng.... 344 et 380
paniculata Spreng. 362 et 372
pelitanQul ARE" cCer 323
petiolaris HBK......... 350
plebeia Tul.....:...6 318
Pœppigii Tule..e 6... 359
polyantha Tul.......... 326
pyricarpa Pœpp. et Endl. 329
— Willden...... 358
pyricarpa R. et Pav. 329; 371
radiata Pæpp. et Endl... 370
Reginæ Tul. (tab. xxx). 36%
FIDAFIaLT UE. ee. « 336
ruficeps Tul. 0 P0R. 321
SchottianuSpreng. 372et377
Selloi Spreng..... 372 el 380
sessiliflora HBK........ 333
suayveolens Tul.......... 339
subinodora R. et Pav.... 3%
thecaphora Pœppig. et
Endless er 370
tomentosa Ruiz. et Pav.
325,333, 334, 310, 371
— Bupld........ 333
— MINT e 334
— Spreng....... 372
372 et 395
372 et 397
352
triflora Spreng...
umbellala Spreng.
viburnoides Willden.…. ..
INDEX. 435
Pagina.
CiTROSEMA À. Hil......... 319 et 33
CirrosMA R.etPav.; HBK.; Pœpp.
etiEndi Peer" 311
Conuleum guyanense Rich..... 1008
CRINONIA Bnks................. k05
Cryptocarya glaucescens Anonym... 420
DorypHoRA Endl......,.......... 422
— Sassafras Endl......... 42%
Eugenia villosa Poir.............. 310
HEpycaRyA Forst................ &05
_— angustifolia À. Cunn.. 408
— arborea 3. et G. Forst. 406
— Cunninghami Tul..... 1408
_ dentata Georg. Forst.. 406
— hirsuta Spreng........ k10
— macrophylla AN.Cunn. 401
_ racemosa Tul. (tabula
XNXIN) EE crCECE 409
— scabra À. Cunn.. 406 et #07
HORTONIA Wight................ 425
— acuminata Wight...... 427
— floribunda W.......... 427
— oyalifolia W........... 428
RABARASENAIE Lee. 403
— Blumei Steud............ 40%
— coriacea Hook. et Thoms.. 40%
JTOAENEN EEE So TReccdaoucoocoe L04
lon ONE secs 00o0c0aonc 416
PAURELTA JUSS -.---.2.-e....cece 41%
— aromalica Poir.; Spreng.. #16
— crenata Pœpp........... 416
— Novæ-Zeelandiæ Cunn.... 417
— sempervirens (R. et Pav.) #16
—"serrata BETE.-.--.. 416
LEAROSA Reichenb...... a tete ee 422
RONTAIMUE SET cmt ete. 312
— triphylla Mut.......... 1019
Mapoux Mascaren................ 310
MIiTHRIDATEA Commers........ 295
Pagina.
MITHRIDATEA amplifolia Boj... 299
— cymosa Willden.. 306
— quadrifida Wild. 306
— Tamburissa Boj.. 303
MoLLINEDIA R. et Pay............. 373
— brasiliensis Schott..... 377
— campanulacea Tul..... 386
— clavigera Tul.......... 396
— cinerea (Gardn.)....... 380
— elegans Tul........... 398
—— floribunda Tul........ 381
_— gracilis Tul........... 378
— Hugeliana Tul......... 399
— ibaguensis Tul. (tabula
stoUlhaasroaoodo 2e 383
— lanceolata R. et Pay... #02
— latifolia(Pœpp.etEndl.). #02
— laurima Lul:- 1214-17 389
— Jigustrina Tul. (tabula
60 011Donde doc. 393
— longifolia Tul. (tabula
>É6411)ococodononandc 384
— macrantha Tul........ 386
— macrophylla Tul,...... 401
— nigrescens Tul........ 388
— nitida Tul. (tab. xxxu). 392
— oyata R. et Pav........ 375
— peltucens Tul......... 391
— racemosa (Schlecht.)... 382
— repanda R. et Pay...... 376
— tomentosa (Benth.) 373 et402
— triflora Tul.......-... 39%
_— umbellata Tul......... 397
— viridiflora Tul......... 390
MonIMIA Th.-........-.... 00 307
> N'OnninbLonsrceassocsos 311
— ovalifolia Th............. 309
— rotundifolia Th. (tabula
> odbhocobuoosooodioor 310
* Citrosmæ v. Citrosmatis species videas supra sub Cirriosma.
436 MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM.
Pagina. Pagina.
Myrtus villosa Spreng............. 310 | TAMBOURISSA Sonner.......... 295
PAVONTAMRUIZ. nelle eee siele k1% — quudrifida Sonner. 297
— sempervirens Ruiz...... 4146 | Tambourissa Mascar...........,.. 297
Pevwmvs Mol.; Pers. ............ 410 | Tawairo Noyo-Zeel............... 418
— Boldus Mol............. 12 | TETRATOME Pœpp. et Endl...... 313
— fragrans Pers.; Spreng... 412 — cinerea Gardn...... 380
Polo-polo Nov.-Zeel............... 407 — elliptica Gardn..... 392
Pomme de singe Maurit........... 297 — latifolia Pæœpp. et
Pomme Jacot Maurit.............. 300 bléobanosoncn 402
Poporo-Kauvrio Nov.-Zeel......... 407 = lepidota Pœpp. et
Pukatea Novo-Zeeland............ 418 lniibénose 359 et 403
RUXEZTA Pay. EnAlee Re ee.-eee 410 — racemosa Schlecht.. 382
— fragrans Pav............. 112 — triflora Pœpp. et
SciaADiICaARPuUS Hassk .......... 403 intl a none 382
— Brongniartii H.. 404 | Theige Chil...................... 417
SIPARUNA Ab. -............. 311 | Thihue Araucan................. . M6
— guianensis Aubl....... 361 | Thiga chilensis Spreng............ 417
EAMBOUL Poire... 295 | Vilaingue-Possa Madecass.......... 301
TAMBOURE-CISSA Flacurt.. 295, 299 | Xylosma racemosum Spreng........ 391
Tamboure-cissa Mascaren.......... 297 | Zanthoxylum Novæ-Zeelandiæ Rich. 406
EXPLICIT
MONIMIACEARUM MONOGRAPHIA.
Panisiis excudébat 3. Cuave, À. R. S. M.DCCC.LV
s DESCRIPTION
DES REPTILES
NOUVEAUX OÙ IMPARFAITEMENT CONNUS
DE LA COLLECTION DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
ET
REMARQUES SUR LA CLASSIFICATION
ET LES CARACTÈRES DES REPTILES.
DEUXIÈME MÉMOIRE
TROISIÈME, QUATRIÈME ET CINQUIÈME FAMILLES DE L'ORDRE DES SAURIENS
(GECKOTIENS, VARANIENS ET IGUANIENS)
PAR LE DOCTEUR AUGUSTE DUMERIL
AIDE-NATURALISTE AU MUSÉUM,
PROFESSEUR-AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS,
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE,
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
Deux années environ se sont écoulées depuis l’époque où j'ai
publié, dans le tome VI de ce Recueil (p. 209-264, pl. XIV-XXIT) le
commencement du travail dont ce nouveau Mémoire est une pre-
mière suite.
J'ai fait connaître alors le but que je me propose, et il suffit main-
tenant de rappeler que je cherche ainsi à réunir des matériaux pro-
pres à former une sorte de supplément à l’£rpétologie générale de
mon père et de Bibron.
ARCHIVES Du Muséum. T. VIII. 56
Ko
438 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Je dois à la bienveillance de MM. les professeurs du Muséum, qui
en autorisent l'insertion dans leurs 4rchives, de pouvoir, par ce mode
de publication, rendre ce supplément beaucoup plus complet et par
cela même plus utile, puisqu'il m'est ainsi permis d'y joindre un
assez grand nombre de belles figures.
Dans mon premier Mémoire, j'ai passé en revue l'ordre des Ché-
loniens et les deux premières familles de l’ordre des Sauriens, celles
des Crocodiliens et des Caméléoniens. Ce nouveau travail sera con-
sacré à l’examen des trois familles suivantes : les Geckotiens, les
Varans et les Iguaniens.
Comme je lai fait jusqu'ici, j'exposerai les progrès récents de la
science; mais, dans cette révision, Je m’attacherai surtout à men-
tionner Îes acquisitions nouvelles du Musée de Paris, si riche en
espèces rares, et à bien préciser les particularités les plus notables des
Reptiles qui, dejà signalés dans le Catalogue "
, Sont encore peu
connus.
Une semblable étude ne peut pas être entreprise sans que les
méthodes employées par les zoologistes pour la détermination des
groupes ne deviennent lobjet de lexamen le plus attentif, Il en
résulte parfois que Pobservateur, se placant à quelque point de vue
nouveau ou trop négligé, se trouve amené à présenter des considéra-
tions utiles. Si de semblables occasions me sont offertes, je soumet-
trai aux naturalistes les remarques auxquelles J'aurai pu être
conduit relativement à la classification des Reptiles.
A. Sous le titre de Catalogue méthodique de la collection des Reptiles du Musée d'histoire
naturelle de Paris, j'ai commencé en 4851, sous la direction de mon père, la publication d'un relevé
exact de toutes les richesses de cette immense réunion d'animaux de tous les pays. y ai parcouru
en entier les deux ordres des Chéloniens et des Sauriens, ainsi qu'une petite partie de l'ordre des
Serpents. Par des circonstances indépendantes de notre volonté, l'impression de ce travail, dont tous
les matériaux sont prêts, n’a pas éncore pu être continuée.
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 439
ORDRE DES SAURIENS.
TROISIÈME FAMILLE : GECKOTIENS OU ASCALABOTES,
Parmi les huit familles comprises dans l’ordre des Sauriens et qui doivent
être portées à neuf, si l’on tient compte de l’organisation toute spéciale des
Amphisbéniens!, celle des Ascalabotes est l’une des plus naturelles, De
même.que tous les Crocodiliens peuvent être réunis en un seul groupe
générique divisé lui-même en trois sous-genres, et que tous les Caméléons,
comme les Varans, n’offrent, en quelque sorte, que des modifications spéci-
fiques d’un seul genre, les Geckotiens ont entre eux des analogies assez frap-
pantes, pour qu’ils puissent être considérés comme se rapportant tous, plus
ou moins manifestement, à un même type. Les caractères principaux de ce
type consistent : 1° dans la forme du corps, qui est trapu, déprimé, supporté
par des membres courts et robustes, à doigts presque toujours disposés de
façon à permettre l'ascension sur les corps les plus lisses, et le plus habituel-
lement terminés par des ongles rétractiles ; 2° dans l’aplatissement de la tête ;
les grandes dimensions de la bouche, qui contient une langue courte, char
nue et libre à son extrémité ; le volume des yeux, dont la pupille le plus
souvent verticale et frangée dénote des habitudes nocturnes; 3° enfin, dans
l'aspect tout particulier des téguments, qui sont couverts de granulations
uniformes ou entremélées de tubercules plus volumineux.
Néanmoins, les différences dans a conformation des doigts ont été trou-
vées, avec raison, assez importantes pour nécessiter des coupes secondaires
dans cette famille si naturelle.
Sans entrer ici dans aucun détail historique sur les essais successifs des
zoologistes pour arriver à une bonne distribution méthodique des Gecko
tiens, je rappellerai que le mode le- plus simple de division est celui qui
consiste dans un partage des nombreuses espèces en quatre grands groupes.
Le premier comprend tous les Geckos dont les doigts sont nus et non
dilatés (.Sténodactyliens); le deuxième, ceux qui n’ont les doigts dilatés qu'a
4. J'ai discuté cette question du rang que les Amphisbéniens doivent occuper dans la classe des
Reptiles dans un mémoire où j'ai cherché à rassembler toutes les preuves de ce fait que ces singuliers
Sauriens appartiennent à une famille distincte (Revue de z0ol. Sept. 1852, p. 401).
440 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
leur base (Hémidactyliens); le troisième, ceux à dilatation terminale (Ptyo-
dactyliens ou Sphériodactyliens); le quatrième enfin, les espèces à doigts
dilatés dans toute leur longueur (Platydactyliens).
Si je dois nécessairement éviter de revenir sur les divers changements
que la classification de ces Reptiles avait subis antérieurement à l’année
1836, époque de la publication du t. III de lErpétologie générale, où cette
question a été traitée avec les développements suffisants et avec tout le soin
qu’elle mérite, il convient, au contraire, de rappeler les tentatives ulté-
rieures. 4
La première en date dans cette période, est celle de M. Fitzinger qui, dans
le premier fascicule de l'ouvrage qu’il a commencé à faire paraître, en 1845,
sous le titre de Systema Reptilium, a modifié la classification des Geckotiens
proposée par lui en 1826.
Il y divise tous les Reptiles soit vivants, soit fossiles, en cinq grandes
séries : IL. 4mblyslossæ, Fitz. Il. Leptoglossæ, Fitz. (Wiegm.). II. Testudi-
nata, Oppel. IV. Dipnoa, Leuck. V. Rhizodonta, Fitz. C’est à la première
que les Geckos appartiennent en formant un troisième ordre dont le nom
(Ascalabotæ) emprunté à Schneider, est pris ici dans le sens mieux déter-
miné qui lui a été donné par Wiegmann.
Dans ce nouvel arrangement, le savant naturaliste de Vienne a beaucoup
multiplié les genres qu’il a, pour la plupart, subdivisés en sous-genres, en
laissant à l’un d'eux le nom générique. Ces coupes secondaires, au nombre
de quarante-trois, sont rapportées à vingt-deux genres compris dans quatre
familles, celles des Sténodactyliens, des Ptyodactyliens, des Platydactyliens
et des Hémidacty liens. La première renferme les Geckos à doigts non dilatés,
c'est-à-dire les S/énodactyles et les Gymnodactyles; la deuxième, ceux dont
l'extrémité des doigts porte seule un renflement unique ou double : tels sont
les Sphériodactyles, les Phyllodactyles et les Ptyodactyles. Les troisième et
quatrième enfin, ne sont autre chose que les grands genres Platydactyle et
Hémidacty le élevés au rang de familles.
Parmi les vingt-deux genres, il y en a douze établis par divers zoologistes,
mais les dix autres, dont sept tout à fait nouveaux, l'ont été par M. Fitzinger.
Dans le but de mettre en relief les caractères distinctifs de ces différents
groupes entre eux, j'ai dressé un tableau synoptique pour chacune de ces
familles.
ESS
LS
—
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS,.
CLASSIFICATION DE M. FITZINGER.
FawiLze TL. STÉNODACTYLIENS.
GENRES. SOUS-GENRES.
® dentelés.
Sténodactyle (Fitz).
uniquement à la marche ; doigts juxta-
POSÈS et... SODEVETLCNÉR neue coca nars este ca 2e Eublepharis.
simples; queue... Les
= Eublepharis (Gray). (sans verticilles. ............... esssseesesssssss.. AÏSOphylax.
5 AÉPTÉMÉE, enr ene ssnen renoue Anomalure.
S hétérogène; queue...
F Gymnodactyle (Spix). (arrondie F'tteeee een ees see ete see sssesese ses GYMNOdACIYIE.
TE droites; écaillure
£ dorsale : COMPrIMÉE. . ess sssenauue so sessesssssssss... Pristinre.
homogène : come ...
pour marcher et pour Saurodaclyle (Fitz). larrondie............,........… nesssssssensss..... Saurodactyle.
grimpers 5e nel
Yersatile et. tous
Le 2 homogène.
articulations... .. Gonatodes (Fitz).
anguleuses ;
écaillure dorsale déprimée, en forme de feuille ..…...... -.. Phyllure.
hétérogène; queue… arrondie ; pores TEE PO RE ECTS ARE Dasyderme.
cl itz). oraux et po- D
onyodactyle (Fitz) Fe annee HR distinets;(Sans Verticilles .….... Gonyodactyle.
queue SA Ë
di sue Cyrtopodion.
pli latéral... Cyriodactyle.
Faure Il. PTYODACTYLIENS.
GENRES. ” SOUS-GENRES.
entiers, en forme de pelote sphérique. dssne ap este 20000 OR
phærodactyle (Cuv.)
simples RYLOEMER secousses - Pachyure.
CONVCXES; QUEUE... nues ;
Diplodactyle (Gray). simple...........,...... Diplodactyle.
divisés par un sillon et préhensile...,........ +. Euleptes.
ue | p
planes; écaillure Phyllodactyte (Gray) AN Groites AP Sen Phyllodactyle.
Disques terminaux ; dorsale... droite..…............... Discodactyle.
des doigts... hétérogène ; queue...
Discodactyle (Fitz). préhensile.…..........,... Strophure.
- [libres Ptyodactyle.
nulle ; doigts : î
hétérogène ; frange oil ldemi-palmés. Chirope.
: Piyodactyle (uv. ). considérable ….......... Rhacoesse.
bi-lobés; écaillure dorsale... ...,,,,...,.....
L nulle ........., .…....... Lonchure.
homogène ; CrÉle.........
Oiacure (Fitz). sur toute la longueur... Oiacure.
&
svt
+ PE
442 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Fawizce III PLATYDACTYLIENS.
GENRES. SOUS-GENRES.
Ex toute la longueur .......... Thécodactyle.
AIVISÉES. uses ga
Thécodactyle (Cuv.). là l'extrémité des doigts........, Ailuronyx.
5-5; lamelles sous-igitales
ne entières; frange latérale
onguiculés Hoplodactyle (Kiz). lapparente.. …................ Rhacodactyle.
ET Bon phtonno se dénanne Hoplodactyle.
CL HEPEEEES .….. Lépidodactyle (Fitz).
homogène ;
doigts... à l'extrémité seulement.
e sans ongles; de larges lamelles sous- }P4/ydactule CWiegn) -
digitales .. .sovoososssone 00 so 1
2 sous tonte la longueur; puls .... “uses... Colobope.
x Nip
Éciiee du Mn MEL distincts...» . Anoplope.
très-développée; po- distipets...… Ptychozoôn.
TES ANAUX--..... ns... Piéropleure.
4-4; membrane latérale À Ut
Platydactyle ( Cuv.). nalle ; pores anaux sp Scélotrète.
hétérogène, on mélée de tubercules; des ongles. distincts el fémoraux}1s .,,.... Platydactyle.
2-2; Ascalabote (Fitz).
Fawizze IV. HÉMIDACTYLIENS.
GENRES. « SOUS-GENRES.
AIVISÉES. de ces eomnesemesmmonssenams ess sneose PÉTOUACIYIE.
sous toute leur longueur et sans ongle ; lamelles sous-
digitales .u.......sssspesonensenmemnnreenene
633 libres ......sssssssss.. Dactylopire.
Pérope (Wiegm. ).
entières; orteils métis! S :
un peu palmés............ Pérope.
Pouces élargis homogène ; membrane
latérale. ..
Hoplopodi ).
AISLINCIE. ss sonmssossssssssncommnmmse see COSYIMDOIC.
COUrÉS...sesccsseosooséerseesspces MicrOdaCtyle-
nulle ; pouces minces....... Onychope.
longs; queue à ris
arrondis.»
jusqu’à la 2e panne seule-
.. Hoplopodion.
ment ; étaillure......,....
ordinaire ; pores fémo- Fe susssssss Hémidactyle.
Taux, ..
longs; queue distincts... Tachybate.
hétérogène; pouces. ÎTANGÉE mess eespposessansspo ose CTOSSUTE,
Hémidactyle (Cuv.).
(TS COUT IS es nosoes messes esensesessa ess sms se PNOEPC.
CT.
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 443
Afin de bien préciser la relation des vingt-deux genres et des quarante-
trois sous-genres avec les nombreuses espèces de cette famille, je transcris
plus loin les indications fournies par M. Fitzinger lui-même qui, sans décrire
ces espèces, les a toutes énumérées.
Je trouve ainsi l'avantage, en présentant la classification de ce zoologiste
dans son ensemble et d’une manière complète, de montrer que les caractères
employés par lui pour distinguer les sous-genres entre eux sont presque
toujours ceux qui ont permis à mon père et à Bibron de séparer nette-
ment les espèces, sans qu’ils se soient écartés de la classification si simple,
dont Cuvier a, le premier, posé les bases. Il est facile de le vérifier en com-
parant la liste suivante des sous-genres avec celle des espèces établies d’après
les caractères énoncés dans chacun des six tableaux synoptiques insérés aux
pages 294, 348, 377, 391, 402 et 410 du t. III de l’Erpét. génér.
x
A l'exemple de M. Fitzinger, je laisse à toutes les espèces d’un même
genre le nom qui se rapporte à cette division générique malgré les diffé-
rences de dénomination que semblerait devoir nécessiter le partage de cha-
cune de ces grandes coupes en un nombre variable de sous-genres.
J’emploie des caractères italiques pour les espèces dont l'indication est
postérieure à l’année 1836, où le t. III de l’ouvrage de mon père et de Bibron
a paru et pour celles qu’ils n’ont pas cru devoir admettre.
I. STENODACTYLI (6 gen, 4 species). G. Gravenhorstii Fitz.
G. levis Fitz.
4. SrenonacryLus Fitz (St. Dum. et Bib.). G. albigularis Fitz.
St. elegans Fitz., vel guttatus Cuy. 6. GonvopacryLus Fitz. (Gymn. D. et B.).
SL. Eversmanni Fitz. a. Phyllarus Cuv.
2. EuRLEPHARIS Gray. G. platuras Fitz.
a. Eublepharis Gray. b. Dasyderma Fitz.
E. Hardwickii Gray. G. spinulosus Fitz., vel scaber (D. et B.).
5. Alsophylax Fitz. €. Gonyodactylus Kuhl.
E. pipiens Fitz. G. marmoratus Kuhl.
3. Gyuxovacrycus Spix. (Gymn. D. et B.). d. Cyrtorpodion Filz.
a. Anomalurus Fitz. G. Cyprius Fitz.
G. Miliusii Dam, Bib. - G. scaber Fitz.
b. Gymnodactylus Spix. e. Cyrtodactylus Gray.
G. fasciatus Dum. Bib. G. pulchellus Wagl.
G. Dorbignyi Dum. Bib.
4. SaurODacryLus Fitz. (Gymn. D. et B.). II. PTYODACTYLI (6 gen., 49 species).
a. Pristiurus Rüpp. 2
S. flavipunctatus Fitz. 4. Sr&æÆrovactyLus Cuy. (Sph. D. et. B.).
b. Saurodactylus Fitz. Sph. fantasticus Cuv.
S. desertorum Fitz. Sph. cinereus vel punctatissimus Cu.
S. Mauritamicus Dum Bib. Sph. sputator Cu.
S. Timoriensis Dam. Bib. 2. Dipcoacryzus Gray (Phyll. D. et B,).
S. Gaudichaudii Dam. Bib. a. Pachyurus Fitz.
5. GONATODES Fitz (Gymn. D. et B.). D. Lesueurii Fitz.
444 DESCRIPTION
b. Dyplodactylus Gray.
D. vitiatus Gray.
D. gerrhopygus Wiegm.
3. Puycconacryzus Gray, (Phyll. D. et B.).
a. Euleptes Fitz.
Ph. Wagleri, vel europæus Fitz.
b. Phyllodactylus Gray.
Ph. porphyreus Wiegm.
Ph. Peronü Fitz.
Ph. Gymnopygus D. et B.
4. DiscopacryLus Fitz (Phyll. D. et B:).
a. Discodactylus Fitz.
D. pulcher Fitz.
D. tuberculosus Filz.
b. Strophurus Fitz.
D. Domerilii Fitz., vel Gymn. stroph. D. et E.
5. Pryonactyzus Cuv. (PL. D. et B.).
a. Ptyodactylus Wagl.
PL. guttatus, vel Halsequistii Rüpp.
PL. lobatus Cux., vel Halsequistii Rüpp.
b. Chiroperus Wiegm.
PL. Sarrube Fitz.
c. Rhacoëssa Wagl.
Pt. fimbriatus D. et B.
6. Oracurus Fitz.
a. Lonchurus Fitz.
O. lineatus Fitz.
b. Oiacurus Fit.
0. Feuillæi Fitz.
III. PLATYDACTYLI (7 gen., 23 species).
4, Tuecopacryzus Cuv. (PI. D. et B.).
a Thecodactylus Cuv.
Th. lœvis, vel theconyx Cuv.
b. Aïluronyx.
Th. Seychellensis Fitz.
2, LerinonactyLus Fitz (PI. D. et B.).
L. lugubris Fitz.
3. Pacuyoacryzus Wiegm. (PI. D. et B.).
P. Bergii, Wiegm., vel ocellatus Oppel.
4. Axorcopus Wagl. (PI. D.et B.).
a. Colobopus Fitz.
A. ornatus Fitz.
A. inunguis Wag]l., vel PI. ocellatus Oppel.
b. Anoplopus. ®
A. Cepedeanus Wagl.
5. Hopconacryzus Fitz (PI. D. et B.).
a. Hoplodactylus Fitz.
H. Dayaucelii Fitz.
b. Rhacodactylus Fitz.
H. Leachianus Fitz.
6. PLarypacryLus Cuv. (PI, D. et B.).
a Ptychozoon Kubl.
PI. homaloceplialus Cuv.
PI. HasseltüFitz.
REPTILES DU MUSÉUM.
b. Pteropleura Gray.
PI. Horsfieldii Fitz., vel homalocephalus.
ce. Scelotretus Fitz.
PI. Madagascariensis Gray.
PI. vittatus Cuv.
PL. bivittatus D. el B.
PI. monarchus Schl.
d. Platydactylus Fitz. (Cuv.).
PI. Japonieus Schl.
PI. Reevesii Gray.
PI. guttatus Cuv.
7. AscALABOTES Fitz (Plat. D. et B.).
A. Ægypliacus Fitz.
A. Delalandii Fitz,
A. fascicolaris Schn., vel muralis Cav.
A. Milberti Fitz.
IV. HEMIDACTYLI (3 gen., 23 species).
1. Peropus Wiegm. (Hem. D. et B.).
a. Perodactylus Fitz.
P. Oualeusis Fitz.
b. Dactyloperus Fitz.
P. variegatus Fitz.
P. Peronii Fitz.
c. Peropus.
?. mutilatus Wiegm.
2, Horcoronion Fitz. (Hem. D. et B.).
a. Cosymbotus Fitz.
H. platyurum, vel marginatum Fitz.
b. Microdactylus Fitz.
H. Peruvanium Fitz.
€. Onychopus Fitz.
H. Garnotii Fitz.
d. Hoplopodion.
H. Cocteaui Fitz.
H. Ruppellii, vel flaviride Fitz.
8. Heminacrycus Cuv. (Hem. D. et B.),
a. Hemidactylus.
H. Dorbignyi Fitz.
H. verruculatus Cuv.
H. granosus Rüpp-
b. Tachybates Fitz.
H. triedrus Cuv.
H. mabuya Cuv.
H. Nattereri Fitz.
H. armatus Wagl.
H. argyropis Tilesius.
H. Leschenaulti D. et B.-
H. maculatus D. et B.
H. tuberculosus Wagl.
ce. Pnoëpos Fitz.
H. Javanicus Cuv., vel frenatus.
H. Bojeri Fitz, vel frenatus.
d. Crossurus Wagl.
H. caudiverbera, vel Hem. Sebæ D, et B.
Cette liste comprend 86 espèces. 11 est utile de faire observer que sur
vingt-cinq marquées par des caractères italiques, comme n’étant pas inscrites
dans l’Ærpét. génér., qui en contient soix?rte seulement, il n'y en a que nerf
réellement nouvelles. Dans ce nombre, on en compte cinq que M. Fitzinger a
nt td mt
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 445
le premier signalées : ce sont les Saurodact. desertorum, Gonatodes lævis,
Gonyodact. cyprius, Hemidact. Nattereri, Platyd. Hasselti. Pour cette der-
niére, il n’a que des indications peu certaines, et elle manque au Musée de
Vienne.
Quant au Phyllod. europæus, Wag]., non signalé dans l’£rpét. génér., il le
considère comme identique à l'espèce qu’il avait antérieurement nommée
Pryodact. caudivolvulus, puis Euleptes Wagleri, et qui devient dans son
Système le l’hyllodact. Wazlert. ;
Enfin, M. Fitzinger admet, avec M. Gray et avec M. Gravenhorst, les trois
espèces qu'ils ont fait connaître sous les noms suivants + 1° £ublepharis Hard-
wickit, Gray; 2° Slenodactylus brachypus, Graven. {placé par le zoologiste
autrichien dans son genre Gonatode, Gonrat. Gravenhorstii, Fitz.); et 3 Platyd.
(Gecko vel Phelsuma) madagascariensis, Gray.
Les seize autres espèces, dont les noms ne figurent pas dans l’Ærpet.
génér., en ont été éloignées par différents motifs. Ainsi, pour quelques-unes,
c'est en raison de la difficulté que les auteurs de cet ouvrage ont éprouvée
relativement à leur classement convenable. Tels sont : 1. Sterodactylus Evers-
manni, et 2. Eublepharë pipiens, ainsi désignés, en dernier lieu, par
M. Fitzinger qui, les ayant d’abord confondus, les sépare maintenant d’après
l'examen d'échantillons renfermés dans les musées de Berlin, de Vienne et
de Saint-Pétersbourg ; mais on ne les connaît pas à celui de Paris, et la même
incertitude y reste, comme en 1836, sur leurs véritables caractères. — Il en
est de même pour le Gymnodactyle geckoïde de Spix qui, considéré par mon
pere et Bibron, puis par M. Gray, comme probablement identique au Gym-
nodactyle rude, forme, pour M. Fitzinger, une espèce distincte d’après l’exa-
men de sujets Brésiliens conservés dans les collections de Munich et de
Vienne, et qu'il y rapporte en leur donnant le nom de Gonyoduct. spinu-
losus (3). — Il y a plus de vague encore touchant le Sarroubé de Lacépède
(Peyodactylus Sarrube, Fitz. (4), dont on ne peut rien dire de précis et qui
pourrait bien n’étre, selon la supposition des auteurs de l’£rpét. génér.,
qu'un Ptyod. france.
Je n'insiste pas sur les espèces comprises dans la classification de M. Fitzin-
ger sous les dénominations suivantes : 5} 4noplopus inunguis, Wagl. ou
Gecko inunguis, Cuv., et qui est un synonyme du /’achydact. Bergi, Wiegm:
ou Platyd. ocellatus, Cuv. — 6 Pteropleuru Horsfieldii, non distinct du P4a-
ARCHIVES pu Muséum, T. VIIL. 57
446 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
‘wd. homalocephalus, Cuv. — 7 Platyd. Reevesii, Fitz. ou Gecko chinensis,
Gray, dont j'aurai plus tard occasion de parler à propos du Platyd. à goutte-
lettes, Cuv.— 8 Hemidact. granosus, Rüpp., synonyme de l’Hémidact. ver-
ruqueux , Cuv. — 9 Hemidact. armatus, Wag]l., synonyme du Gecko ma-
bouia, Moreau de Jonnès.
Je dois enfin appeler l'attention sur l’importance extrême que M. Fitzinger
attache à la distribution géographique. Souvent, en effet, il rapporte à des
espèces distinctes, mais sans énoncer les caractères spécifiques sur lesquels il
s'appuie, des individus dont la séparation ne semble motivée que par la diffé-
rence d'origine. Ainsi les Phyllodact. porphyrés recueillis en Australie et dépo-
sés par Péron au Musée de Paris, deviennent les types d’une espèce distincte :
Phyllodact. Peronii, Fitz. (10); — les Platydactyles Cépédiens reçus à Lon-
dres de l'Océanie, mais cependant non mentionnés en 1845 dans le Catal. de
M. Gray, conservent la qualification spécifique particulière que ce dernier
leur avait d’abord donnée, car M. Fitzinger les inscrit sous les noms suivants:
Anoplopus ornatus, Fitz. (Gecko vel Phelsuma ornatus, Gray (11). De même
pour l’Heémidact. bridé Schl., il rend le nom proposé d’abord par Cuv.
(Hemidact. javanicus) aux individus indiens, et ceux de l'Afrique australe ou
de Madagascar et de Maurice forment une espèce particulière : Hem. Bojeri,
Fitz. (12). Il nomme Hemidact. de D'Orbigny (13) un Gecko du Chili que
les auteurs de l£rpét. génér. n'ont pu séparer du verruculeux ; il ne laisse ce
dernier nom qu'aux individus européens, et à ceux qui ont été recueillis dans
la Natolie en Asie ou dans l'Algérie. Il en éloigne les exemplaires d'Égypte,
d’Abyssinie et de Sénégambie, et se sert pour les désigner du nom de Hem.
granosus (14) proposé par Rüppel. Il admet comme Æem. argyropis (15) le type
australien de l'espèce qui porte au Musée de Saint-Pétersbourg la dénomina-
tion proposée par Tilesius : Gecko argyropis et qui se trouve ainsi séparé des
sujets indiens dits Hemidact. de Leschenault, Dum. Bib. Enfin, l Hémidact.
tacheté, Dum. et Bib., réunissant des Geckos de l'Inde et du sud de
l'Afrique ou de Maurice, les sujets africains conservent ce nom spéci-
fique changé en Hemidact. tuberculosus, Wag]. (16) pour ceux du continent
indien.
M. Gray qui, en 1827, avait apporté déjà des changements au classement
de cette famille si naturelle, lui a fait subir, depuis cette époque, des modifi-
cations successives qu'il a exposées en détail ei d’une facon méthodique dans
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 447
le Catalogue of the specimens of Lizards in the collect. of the Br. Museum,
juin 1845.
Voici les grandes divisions qu’il adopte et le rang qu’il assigne à ces
Sauriens. f
Sectio I. Syuarrata. — Ord. I. Saura. — Subord. IL. Pachyglossæ. —
Trib. II. Nyctisaura. — Fam. XXII. Geckotidw, 4o gen. — Sect. A. Theca-
dactylina (8 gen.);, B. Hemidactylina (9 gen.); C. Platydactylina (12 gen.);
D. Gonyodactylina( 10 gen.); E. Stenodactylna (1 gen.).
Dans cet arrangement où les coupes génériques sont beaucoup plus nom-
breuses que dans celui de M. Fitzinger, qui n’en a proposé que vingt-deux,
les différences portent quelquefois sur des caractères d’une importance secon-
daire, et ce sont, le plus souvent, les mêmes que ceux dont Cuvier, ou les
auteurs de l’Ærpét. génér. ont fait usage pour la distinction des espèces. On
peut voir par les noms des zoologistes placés à la suite de chacun des genres,
la large part que M. Gray a prise, et par ses travaux anciens, et par ceux d’une
date plus récente, à ce morcellement des grandes coupes de Cuvier.
De plus, les genres admis par les devanciers du zoologiste anglais sont
souvent modifiés par lui, car c’est quelquefois pour différentes espèces com-
prises dans un de ces genres qu'il a établi de nouvelles coupes génériques.
Afin de rendre plus facile la lecture de cette classification proposée par
M. Gray, et pour que l’on puisse saisir dans leur ensemble les caractères
d’après lesquels les genres sont établis, je l’ai disposée sous forme de
tableau synoptique, comme on le voit à la page suivante.
Je donne ensuite, comme je l'ai fait pour la classification de M. Fitzinger,
une liste complète des espèces admises par M. Gray en inscrivant avec des
caracteres italiques celles qui n'avaient pas encore étéÿsignalées jusqu'alors,
et dont le nombre est de quarante-trois sur cent une que cette liste ren-
ferme.
DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSEUM.
148
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“ann ‘a|epouns
“ann ‘aanl{qd
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“na ‘euiqn9
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ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 449
1. THECADACTYLINA (8 gen., 16 species).
4. TaecapacryLus Cuv. (Platyd. part. Dum. et Bib.).
Th. rapicaudus Gr. (PI. theconyx D. B.).
2. OŒEnura Gr.
CŒ. marmorata Gr.
©Œ. rhomiifer Gr. (Phyll. Lesueurii. D. B.?)
3. STROPHURA Gr. (Phyll. part. D. B.).
S. Spinigera Gr. (Ph. stroph. D. B.).
4. DirconacryLus Gr. (Phyll. part. D. B. ).
. vittatus Gr.
. ornalus Gr.
. ocellatus Gr.
. marmoratus Gr, (porphyreus part. D. B.?).
. bil'nealus Gr.
. lineatus Gr.
. gerrhopygus Wiegm.
5. PayLLopacryLus Gr.
Ph pulcher Gr.
Ph. tuberculatus Wiegm.
6. PryopacrYLus Cuv.
Pr. gecko, Gr., vel Hasselquistii D. B.
7. UropLaTEs Fitz. (Piyod. part. D. B.).
U. fimbriatus Fitz.
U. liveatus Gr.
8. CauniverBerA Gr. ( Caudiverb. part. Laur. ).
C. peruviana Laur. ( PL. Feuillæi. D. B. ).
SSSESESE
Il. HEMIDACTYLINA (9 gen., 22 species).
9. HEMIDACTYLUS Cuv.
H. triedras Lesson. — H. frenatus Schlegel.
H. maculatus D.B.— H. Leschenaulti D. B.
H. Brookii Gr. — H. villatus Gr.
H. depressus Gr.— H. Bellii Gr.
H. verruculatus Cuv.—H. peruvianus Wiegm.
H fasciatus Gr.
H. mabouia Cu.
H. mercatorius Gr.
9 bis. NuBicta Gr.
N. Argenlii Gr.
10. VELERNESIA Gr.
V. Richardsonii Gr.
44. Doryura Gr. ( Hemid. part. Cuv.).
D. Bowringii Gr.
D. Garnotii Gr. (H. Garn. D. B.).
42. PLaryure Gr. (Hemid. part. Cuv.).
P. Schneiderianus Gr. (H. Margin. Wiegm. ).
43. Leiurus Gr.
L. ornalus Gr.
14. Crossurus Wagl. (Caudiverb. part. Laur.).
C. caudiverbera. Wagl. (H. Sebæ. D. B.).
15. BouraLia Gr. (Hem. part. Cuv.).
B. sublæwris Gr. (H. Coctæi. D. B.?).
46. Peripia Gr. (Hemid. part. Cuv.).
P. Peronii Gray. (H. Per. D. B.).
P. variegata Gr. (H var D.B.)
17. Perorus Wiegm. ( Hemid. part. D. B.).
P. mutilatus Wiegm.
III. PLATYDACTYLINA (12 gen, 32 species ).
18. THeconvx Gr. (Platyd. part. D. B.).
Th Seychellensis Gr.
19. PENTaDAcTYLUS Gr. ( Platyd. part. D. B. ).
P. Duvauceli Gr.
20. PLarypacryLus (Plat. part. D. B.).
P. Leachianus Cuv.
21. Gecko Linn. (Plat. part. Cuv.).
G. verrus Merr. (PI. guttatus Cuv.).
G. Reevesii Gr. |
G. chinensis Gr. (PI. japonicus Schl.).
G. monarchus. Gr. (PI. mon. Schl.).
G. Smilhii Gr.
G. vittatus Gr (PI. vitt. Cuv.).
G. bivitiatus Gr. (PL bivitt. D. B.).
22, Amyposaunus Gr. (Plat. part. D. B.).
A. lugubris Gr.
23. GEuyra Gr. (Peropus part. Wiegm. ).
G. oceanica Gr. (Hem. oualensis D. B.?).
G. australis Gr.
24. LUPEROSAURUS Gr.
L. Cumingii Gr.
25, Prycuozoon Kubl. (Plat. part. Cuv.).
P. homalocephalus Kubl.
26. TARENTOLA Gr. (Plai. part. Cuv.).
T. mauritauica Gr. (Plat. muralis. D. B.).
T. ægypliaca Gr. ( Plau. æg. Cuv.).
T. Delalandii Gr. (PI Del. D. B.).
T. americana Gr. ( PI. Milbertii D. B. ).
T. Borneensis Gr.
T. clypeata Gr.
27. PneLsuma Gr. ( Platyd. part. æg. Cuv.).
Pb. Cepedianum Gr.
Ph. Madagascariense Gr.
Ph. lineatum Gr. ( PI. ocellatus. var. D. B.).
28. PacaypacryLus part. Wiegm (Plat. part. Cuv.).
P. ocellatus Gr. (PI. ocellatus Opp. ).
P. maculatus Gr.
P. elegans Gr.
29. SPHÆRODACTYLUS Cuv.
S. sputator Cuv.
S. fantasticus Cuv.
S. punctatissimus D. B.
S. nigropunctalus Gr.
S. Richardsonü Gr.
IV. GONYODACTYLINA (410 gen., 22 species. ).
30. NauLTINUS Gr.
N. pacificus Gr. (PI. Davaucelii D. B.?).
N.elegans Gr. — N. granulutus Gr.
N. Grayü Bell. — N. brevidactylus Gr.
N. punclutus Gr. — N. maculatus Gr.
34. EurLepHanis Gr.
E. Hardwickii Gr. — E. Derbianus Gr.
32. Howonora Gr. (Gymnod. part. D. B.).
H. Gaudichaudii Gr.
33. Pristurus Rüpp. Gymnod. part. D. B.).
P. flavipunctatus Rüpp.
34. GonvopacryLus part. Kuhl.
G. Timorensis Gr, (Gymn. Tim. D, B.).
G. australis Gr
G. albogularis Gr. (Gymn. alb. D. B.).
G.? ocellutus Gr. (Cyrlod. ocell. Gr.).
G.? maurilaricus Gr. (Gymn maur. D. B.).
35. CyrropacryLus Gr. (Gonyod. part. Kuhl. et Gymn.
part. D. B.
€. marmoratus Gr.
C. pulehellus Gr.
36. HETERONOTA Gr.
H. Kendallii Gr.
H. Binoci Gr.
37. Cugina Gr. (Gymu. part D. B.).
C. fasciata Gr,— Cr. D'Orbignii, Gr.— C. Darwinri, Gr.
38. Gymnopacryus Spix. (Gymn. part. D. B.).
G. geckoïdes Spix.
39. Payzzurus Cuv. (Gymnod. part. D. B.).
Ph. platurus Cuv. (Gyÿmnod. phyll. D. B.).
Ph. Miliusii Bory.
Pb. énermis Gr.
V. STENODACTYLINA, (4 gen., { species).
40, STENODACTYLUS Cu.
St. guttatus Cuv.
450 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
En 1850, S. A. le prince Ch. Bonaparte, dans le tableau qu’il a publié à
Leyde, sous ce titre : Conspectus systematum herpetologiæ et amphibiologie,
place les Geckos en tête de la troisième section des Reptiles ou SQuamara. —
Ordo 6. Saurii. — Tribus I. Pachyglossi. — 12. Gecconidæ. Ce groupe est
partagé en 4 familles qui, dans l’ensemble du système, prennent les numéros :
20. Hermidactylina (20 espèces cosmopolites). — 21. Platydactylina
(20 esp. cosmopol.). —22. Ptyodactylina (20 esp. cosmopol.). — 23. Gym-
nodactylina (18 esp. As., Afr., Oc., Amér.).
Je ne mentionne ici que les travaux d'ensemble où la classification des
Geckotiens a été exposée dans tous ses détails. C’est à propos de certains
genres et de certaines espèces que j'aurai à citer plus tard les publications
de MM. Th. Bell, Berthold, Bianconi, Bibron et Cocteau, Cantor, Eichwald,
Gené, Gosse, Guichenot, Kelaart, Peters, A. Smith, Troschel qui, dans des
faunes particulières ou dans des études spéciales, ont fait connaitre des Gec-
kotiens jusqu'alors inconnus, ou bien ont donné de nouveaux détails sur des
espèces déjà décrites. |
Je vais maintenant passer successivement en revue tous les genres de cette
famille.
I, GENRE PLATYBPACTYELE. PELATIYDACTYEUS, CUV.
Ce premier groupe, comprenant les Geckos à doigts élargis dans toute
leur longueur , correspond à la troisième famille de la classification de
M. Fitzinger : Platydactyli (voy. le tableau, p. 442), et à celle de M. Gray :
Platydactylina. Ce dernier en éloigne cependant le Plat. theconyx de Cuvier
pour le placer en tête d’une autre famille ( 7'hecadactylina), et il fait entrer
dans celle des Platydactyles le genre Sphériodactyte.
Le genre Platydactyle s'est enrichi d'un assez grand nombre d'espèces qui,
pour la plupart, sont inconnues au Musée de Paris.
On peut, en les groupant d'apres l'absence ou la présence des ongles et,
dans ce dernier cas, d’après leur nombre, en présenter l'énumération sui-
vante :
[. Platydactyles inonguiculés.
1° À pouces bien développés, dont le type est le Plat. ocellé ( Plat. ocel-
latus, vel inunguis, Oppel. et Cuv. Pachydactylus, Wiegm.). — 9 espèces.
Pachydact lus Bibronit, Smith ({lustr. of the Zoo!. of S. Afr., pl. +,
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. F1
fig. 1). — Pach. capensis, Smith (/d., fig. 2, mentionnés l’un et l’autre, par
erreur, dans l'ouvrage du zoologiste, comme l'indique la table, sous le nom
de Tarentola). — Pach. rugosus, Smith (/d., pl. rxxv, fig. 2). — Pack.
mariquensis, Smith. — Pach. formosus, Smith. — Pach. mento-marginatus,
Smith. (Zd. Appendix, p. 4et 5). — Pach. maculatus, Gr. (Cat. of Liz.,
P: 167). — Pach. elegans Gr. (Id., p. 168). — Pach. punctatus, Peters
(Monatsber. der kôn. Preuss. Akad. der Wissensch. zu, Berlin, r854,p.615.)
> A pouces rudimentaires, dont le type est le Plat. cépédien, Cuv.
( Gecko cepedianus, Péron). — Anoplopus, Wagl.). — 2 espèces.
Phelsuma madagascuriense, Gr. (Cat., p. 166.) Esp. douteuse. — Phels.
lineatum, Gr. (1d., p. 166.) Espèce douteuse.
II. Platydactyles à deux ongles seulement, dont le type est la Geckotte de
Lacép. ou Plat. des murailles, Cuv. — ( Ascalabotes, Fitz.) — 2 espèces.
T'arentola Borneensis, Gr. (Cat., p. 165). — Tar. clypeata, Gr. (1d.,
p- 166). 6
III. Platydactyles à quatre ongles, dont le type est le Plar. à gouttelettes,
Cuv. (Plat., Cuv., part.). — 7 espèces.
Plat. stentor, Cantor (Cat. of Malayan rept., p. 18). — Gecko Walbergrii,
Sm. (Loc. cit., pl. Lxxv. fig. 1). — Gecko Smithü, Gr. (Cut., p. 162). —
Gecko Reeves, Gr. (Cat., p. 161). Esp. douteuse. — Gehyra australis,
Gr. (Cat., p. 163). — Lyperosaurus Cumingit, Gr. (Cat., p.163). Espèce à
doigts palmés à leur base. — P{ychozoon Hasseliii, Fitz. (Syst. Rept., p. ro1).
Espèce à membrane latérale voisine du Plat. homalocéphale et douteuse.
IV. Platydactyles à cinq ongles et à lamelles sous-digitales entières. —
3 espèces.
Naultinus pacificus, Gr. (Cat., p. 169). — Plat. trachygaster, À. Dum.
(Cat. méth. des Rept., p.35, n° 5 bis). — Plat. Boivini, À. Dum. Esp. nouv.
Les trois nouvelles espèces composant ce dernier groupe sont les seules
que le Musée de Paris possède, et ce sont, par conséquent, les seules aussi
dont j'aie à parler, parmi les vingt-trois que je viens d’énumérer, en com-
prenant dans ce nombre les quatre espèces qui sont douteuses, et dont
une seule (Plat. Reevesii) devra nous arrêter pendant quelques instants.
452 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
[L. — 5 bis. PLATYDACTYLE à VENTRE RUDE, P. trachygaster, À. Dum.
Idem., À. Dum. (Cat. méth. de la collect. des Rept. du Mus. de Paris, p.35).
PI. xvur, fig. 1, portion de l’abdomen.
Peau du dos à grains plus ou moins saillants ; région abdominale couverte de grains con-
vexes, un peu proéminents, d'où il résulte une faible rugosité du ventre; doigts élargis dans
toute leur longueur, tous onguiculés, à lamelles entières, dont les terminales sont légèrement
infléchies en dehors de la ligne médiane, dans le point où s'ouvre la gaine oblique de l'ongle.
La tête est large; le museau est mousse et arrondi. De chaque côté du
corps, depuis l'angle de la mächoire jusqu'à l'aine, la peau forme un pli
peu considérable, mais très-nettement dessiné. Le dos ne porte pas de sillon
médian.
La teinte générale est un brun fauve, plus clair en dessous qu’en dessus,
où elle est plus foncée le long de la région vertébrale que partout ailleurs.
Ces différences de caractères indiquent les analogies et les dissemblances
de cette espèce et des autres Platydactyles.
Le caractère le plus remarquable est fourni par la disposition tout excep-
tionnelle de l’écaillure du ventre, laquelle, au lieu d’être formée, comme
chez tous les Platydactyles, de petites squames plates, est composée de gra-
nulations un peu ovalaires, à grand diamètre transversal, assez volumineuses.
Elles sont disposées très-régulièrement, en lignes obliques et séparées entre
elles par des granulations moins grandes, et dont on compte six autour de
chacune des granulations plus volumineuses, deux supérieures, deux infé-
rieures, et les deux autres aux extrémités de son diamètre latéral. (Voyez
pl. xvn, fig. 1.)
Ce Platydactyle est du petit nombre de ceux qui ont cinq ongles, et il est
A. Dans le Cat. méth. de la collect. des Rept. du Mus. de Paris, j'emploie pour la numération
des espèces dont la description n’est pas donnée par l’£rpét. génér., les mots bis, ler, et même qua-
ter, en les mettant à la suite du numéro que porte, dans ce livre, l'espèce auprès de laquelle la nou-
velle vient se ranger. J'indique, de cette manière, la place naturelle que celle-ci doit occuper dans la
classification, en évitant de troubler la série ordinale primitive. Je me sers ici de la numération
adoptée dans le Catalogue quand il s’agit d'espèces qui y sont signalées, ou je classe, d’après la
même méthode, celles qui étaient jusqu'à présent inédites. Le chiffre romain devient un numéro
d'ordre spécial joint à chacune des descriptions contenues dans ce deuxième Mémoire.
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 453
facile de le distinguer. 1° Par l'élargissement des doigts dans toute leur
longueur et par l’absence de membranes inter-digitales, il s'éloigne, d'une
part, des Plat. de Duvaucel et de l Océan pacifique, et de l'autre, du Plat.
de Leach. 2° 1] ne présente pas un sillon sous les doigts, comme le Plat.
théconyx. 3 La gaine onguéale est fort différente, par sa forme et par sa
situation, de celle de l'espèce nouvelle que je décris plus loin sous le nom,
de Plat. de Boivin. 4° C’est avec le Plat. des Seychelles, qu'il y aurait le plus
d’analogie, en raison de la conformation des doigts qui, dans l’une et dans
l'autre espèce, ont un ongle oblique, dont la pointe dirigée un peu latérale-
ment, ne fait pas saillie sur la ligne médiane, à la face inférieure du doigt,
mais bien sur le côté, lorsqu'il sort de sa gaine protectrice, Pour les
trois doigts internes, la phalange onguéale se porte en dedans, tandis que
celle des deux doigts externes se dirige en dehors. Dans le point où se voit
l'orifice de cette gaine, les lamelles sous-digitales sont un peu infléchies.
(Voy. pl. xvin, fig. 5 montrant la face inférieure de l'un des doigts du
Plat. des Seychelles ).
C’est en raison de cette disposition, que M. Fitzinger a placé dans le genre
Thécadactyle, Cuv., le Plat. des Seychelles, qui y devient le type du sous-
genre Ailuronyx (4. Seychellens.), dont tous les caractères ne se retrouvent
pas dans la nouvelle espèce. Tels sont ceux-ci : Pores anaux distincts; point
de pli sous la gorge, ni sur les parties latérales du tronc (Syst. Rept., p. 98).
C’est le même caractère tiré de la gaine onguéale qui a motivé l’établisse-
ment du genre Théconyx, Gr. pour le Plat. des Seychelles, (Cat. of Liz., p.159).
Le caractere tiré de la direction de l’ongle, est le seul qui rapproche réel-
lement les deux espèces dont il s’agit. Le Plat. à ventre rude s'éloigne, en
effet, du précédent par la forme plus élargie de la tête terminée par un mu-
seau beaucoup plus arrondi et plus mousse. Les grains de la peau ne sont
pas coniques, ni aussi serrés. Au lieu d’un seul rang de plaques derrière
celles qui garnissent la lèvre inférieure, il y en a trois. Le dos ne présente pas
de sillon. Le ventre enfin porte un système de granulations tout à fait spécial.
Le Musée de Paris ne possède qu’un seul spécimen de cette nouvelle espèce
qu'il a reçue de Madagascar. Elle est consignée, Répert. Erp.gén.,t.1X, p.248.
Sa longueur totale ne peut pas être exactement appréciée, car la queue a
été brisée, et celle qui l’a remplacée paraît plus courte qu’elle ne.semblerait
devoir l'être. Le tronc et la tête ont ensemble une longueur de 0"16.
ARCHIvESs pu Muséum. T. VIII. 58
454 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
II. — 5 ter. Prarypacryze DE Boivin, Plat. Bowini, A. Dum.
ESPÈCE NOUVELLE.
PI. xvur, fiz. 2, 2a, 2b, pour la conformation des doigts.
, D a D
Granulations du dos et des flancs entremélées de tubercules peu saillants et assez irrégulié-
rement disposés; doigts dilatés dans toute leur longueur, garnis en dessous de lamelles trans-
versales entières, si ce n’est aux pouces; portant tous un ongle rétractile, protégé par une sorte
de gaine formée par ? grandes écailles latérales convexes, ct par une 3° écaille placée en dessus.
La tête est plate, un peu allongée ; le museau est conique. Il ny a pas de
plis cutanés sous la gorge, ni sur les flancs; on en voit deux sur le cou seu-
lement ; l’un commence au-dessus du conduit auriculaire dont il continue le
bord supérieur, l’autre, un peu plus inférieur, rejoint le précédent au niveau
de l'épaule où ils se perdent.
Les plaques de la lèvre supérieure sont au nombre de douze, de chaque
côté de la rostrale, qui est beaucoup plus longue que haute, et dont le bord
supérieur présente dans sa partie moyenne une saillie sur le milieu de
laquelle s'appuie une petite plaque ovalaire. De chaque côté, ce bord supé-
rieur se relève obliquement et se trouve en contact avec une plaque plus
grande que celle du milieu. Cette dernière est enchâssée dans l’espace libre
résultant de l'intervalle qui sépare les deux plaques latérales.
A la lèvre inférieure, il y a dix plaques à droite comme à gauche de la
mentonnière. On voit derrière elles un rang unique de grandes écailles sem-
blables, mais moins nombreuses et suivies de granulations fines qui revêtent
.les régions scus-maxillaire et gulaire.
Les membres sont forts et trapus, et la particularité la plus intéressante
qu'ils offrent à noter, consistef dans la conformation de cette sorte de gaine
où l’ongle se cache pendant sa rétraction. (Voy. pl. xvur, fig. 2, 24 et 20,
montrant fort amplifiée cette curieuse structure.) à
Les pouces ont une apparence un peu différente, car les lamelles infé-
rieures, au lieu d’être entières comme aux autres doigts, sont en chevron et
même les plus antérieures sont divisées, et c’est dans ce sillon qu’on trouve
l'ongle, qui n’est pas recu, comme’aux autres doigts, dans une gaîne terminale.
Il n’y a point de pores le long de la face interne des cuisses, ni au-devant
du cloaque sur l'échantillon unique du Musée de Paris. A la base de la queue,
ORDRE DES SAURIENS. —— GECKOTIENS. 455
il y a, de chaque côté, deux écailles un peu plus saillantes que les autres. La
queue, brisée à peu de distance de son origine, s’est reproduite,
La teinte générale, un peu altérée par le séjour dans alcool, est un brun
fauve sur lequel semblent se détacher quelques bandes transversales fines et
irrégulières blanchâtres. Les régions inférieures, d’une teinte moins foncée,
sont piquetées çà et là de points d’un brun plus sombre.
Des différents Platydactyles pentonyx connus jusqu'ici, aucun ne peut être
confondu avec celui que je décris. Il n’a pas les doigts élargis à la base seu-
lement comme les Plat. de] Duvaucel (voy. pl. xvin, fig. 1, 1a), et de
l'Océan pacifique; 1 n’a pas de membranes inter-digitales, comme celui de
Leach.Ses ongles ne sont pas obliquement dirigés comme ceux des Plat. des
Seychelles (voy. pl. xvuir, fig. 5) et érachygastre, ni protégés par une gaine
semblable à celle qu’on voit chez ces deux espèces.
Il offre d’ailleurs une particularité remarquable. Tandis, en effet, que les
différents Platydactyles que je viens de nommer sont Lomonotes, c’est-à-dire
ont une écaillure composée de grains tous égaux entre eux, cette nouvelle
espèce, au contraire, est kétéronote, des tubercules étant dispersés au milieu
des fines granulations de la peau.
Sa taille est de 0" 22 ainsi répartis : tête et tronc, 0” 12, queue, 0" 10.
Ce Gecko a été recueilli à Madagascar par M. Boivin, qui en a fait don au
Muséum avec d’autres Reptiles de la même contrée. C'est en reconnaissance
des enrichissements apportés à nos collections par ce voyageur, que j'ai
employé son nom comme désignation spécifique.
HIT. — 6 bis. PLarypacryze DE L'OCÉAN PAGIFIQUE, Pat. ( Naultinus)
pacificus, Dum., Bib.
Naultinus pacificus, Gr., Dieffenbach New-Zeal., t. 11, p. 203; Zool. Erebus and Terror; Cat. of
Lizards, p. 169. — Plat. pacif., Dum., Cat. des Rept., p.35, n° 6 bis. — Répert. Erp. gén.,
t. IX, p. 248. À
Doigts peu dilatés et seulement jusqu'à la pénultième phalange; dix plaques sus-labiales de
chaque côté de la rostrale, dont le sommet tronqué est surmonté d'une plaque presque circu-
laire; neuf plaques au bord maxillaire inférieur de chaque côté de la mentonnièere.
La tête est un peu déprimée.et le cou légèrement rétréci. Les membres
sont robustes et trapus. Chez les mâles, il y a, au-devant du cloaque, trois
456 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
rangées en chevrons d’écailles crypteuses, et à la base de la queue deux ou
trois petites épines latérales, beaucoup moins apparentes chez les femelles,
où elles sont tout à fait rudimentaires et manquent même souvent.
La teinte générale est un brun päle, plus clair en dessous qu’en dessus,
marbré et pointillé de brun plus foncé, qui forme, en travers du dos, quatre
larges taches irrégulières, quelquefois confluentes, et souvent, sur les côtés
du tronc, il règne une bande de même nuance. Du pourtour de l'œil, il
part des lignes foncées : l’une se dirige en arrière et en bas, l'autre, directe-
ment en arrière, et va passer au-dessus du tympan.
Le plus grand échantillon du Musée de Paris a o"14, et la queue entre
pour moitié dans cette longueur totale. Cette espèce n’atteint donc pas les
mêmes dimensions que le Plat. de Duvaucel, qui peut avoir 0"25 à 0" 26.
Je compare ces deux Platydactyles l’un à l’autre, parce qu’on remarque
entre eux quelques analogies. La plus frappante se tire de la structure des
doigts, qui ne sont élargis qu’à leur base, et dont l’avant-dernière phalange
et celle qui supporte l’ongle sont étroites et rétrécies. Les fig. 1 et ra de la
pl. xvur (main et doigt du P/at. de Duv.), représentent très-exactement cette
disposition prise comme point de départ par M. Fitzinger (Syst. Rept., p. 100)
pour la formation du genre Hoplodactylus, qui ne comprend que cette espèce
et le P/at. de Leach, dont les doigts offrent la mème apparence (voy. pl. xxvnir.
fig. 6 de l’atlas de lÆrpét. génér.), mais devenu, à cause de ses membranes
inter-digitales, le type de son sous-genre Ahacodactylus Fitz.
Les différences cependant sont nombreuses entre les Plat. de Duv. et de
l'Océan pacifique. Ce dernier, en effet, a la tête moins déprimée; il semble
rester toujours plus petit, à en juger par les nombreux échantillons de notre
Musée. Il n’y a jamais de pores anaux ou fémoraux, et les femelles n’ont
point d’écailles crypteuses le long des cuisses. Le système de coloration n’est
pas le même; il n’y a pas non plus identité dans le nombre des plaques
labiales, puisque dans le Plat. de Duv., en y comprenant la rostrale et la
mentonniere, on en compte 2 en haut et 23 en bas, et seulement 21 et 19
dans l’autre espèce. Enfin, celle-ci a été recueillie dans la Nouvelle-Zélande,
les îles Marquises et la Tasmanie, par MM. de Belligny et Arnoux. C’est éga-
lement des iles de l'Océanie que le Musée de Londres a recu les types étudiés
par M. Gray, tandis que ceux du Plat. de Duvaucel ont été envoyés du Ben-
gale par le naturaliste-voyageur dont ils portent le nom.
ORDRE DES SAURIENS. — GLCKOTIENS. 407
M. Gray nomme l'espèce dont il s’agit Naultinus pacificus et en rapproche,
mais avec doute, le Plut. Duvaucelii, D. et B. On vient de voir les motifs qui
s'opposent à cette assimilation.
Quant au genre Vaultinus, Gr., il commence la série des Gonyodactyles
dans le Cat. du zoologiste anglais. Or, les deux espèces que je compare étant
de véritables Platydactyles, elles ne pouvaient conserver cette dénomination
générique. Si la structure de leurs doigts devait être prise en considération
et fournir un caractère qui permit de les placer dans un groupe particulier
de la grande division des Platydactyliens, on pourrait, en adoptant le genre
Hoplodactyle, Fitz., nommer ce Gecko A. pacificus, et le ranger, pour lui
conserver ses véritables analogies, près de l’espèce dite Æ. Duvauceli, Fitz.
— Parmi les Plat. inonguiculés à pouces rudimentaires, j'ai cité comme
espéces non décrites dans l’£rpét. génér., le Phelsuma lineatum, Gr., qui
paraît n'être qu’une variété du Plat. ocellé et le Phelsuma Madagascariense,
Gr. Ce dernier a été mentionné spécialement dans le Cat. des Rept. du Mus.
de Paris, p. 34, comme n'offrant pas des caractères suffisamment distincts
pour que les échantillons reçus de Madagascar puissent être séparés de ceux
du Plat. Cépédien, qui proviennent des îles Maurice et de la Réunion.
— Dans l’énumération que j'ai faite des espèces à quatre ongles, dont la
description ne se trouve pas dans l’Ærpét. génér., il y a le Plat. de Reeves
(Gecko Reevesii, Gr.).
M. Fitzinger (Syst. p. 101), admet cette espèce à l’exemple de M. Gray,
mais il en fait remonter la première indication à une époque beaucoup plus
ancienne, car il donne comme synonyme Lacerta chinensis, Osbeck. Or, si
l’on consulte le texte de ce voyageur, on ne trouve qu’une courte série très-
incomplète de caractères, qui même ne conviennent pas tous au groupe où
ce Plat. de Reeves doit être rangé, puisqu'il est très-voisin du P/at. gutlalus,
si même il ne lui est identique : je veux parler du nombre des ongles. Voici
la phrase latine du voyage de Osbeck. (Voy. to China and East-Indies, trad.
angl. , t. II, p.67. Londres, 17971). Lacerta (chinensis) cinerea, caudü anci-
pit, corpore paulo longiore, pedibus pentadactylis omnibus unguiculatis.
Dans la description peu détaillée qui suit cette diagnose, et où l’on trouve
l'indication des tubercules cutanés, il est encore dit : les pieds de devant et
ceux de derrière ont cinq doigts non palmés, tous armés d’ongles crochus.
Ce Gecko ne peut donc pas être confondu avec celui à quatre ongles que
458 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
M. Gray a considéré comme nouveau, et a décrit sous le nom du voyageur
Reeves qui l’a rapporté de Chine, et contrairement à l'opinion de M. Fitzin-
ger, ce Plat. Reevesii ne peut pas avoir pour synonymes Lacerta chinensis,
Shaw.— Stellio chin., Schn.— 4scalabotes chin., \d.— Gekko Osbecki, Merr.
De plus, enfin, il résulte des termes mêmes de la description qu'il est fort
difficile, comme mon père et Bibron l’ont fait observer (Ærpét. génér., t. HI,
p. 281), de reconnaitre le Saurien si incomplétement décrit par Osbeck.
Quant au Plat. de Reeves, dont le Musée de Paris possède un exemplaire
donné par celui de Londres, et d’autres sujets originaires de Chine étiquetés
par Bibron, il est fort douteux qu’il soit le type d’une espèce distincte.
De nombreuses ressemblances le rapprochent du Plat. à gouttelettes. Les
différences qui les distinguent sont, au contraire, en petit nombre. Ainsi,
chez le Plat. de Reeves, comme Bibron l'avait indiqué dans une note manus-
crite, 1° les granulations sur la peau de la tête et les écailles du dos sont
proportionnellement plus petites, tandis que c’est le contraire pour les pièces
de l’écaillure ventrale ; 2° la teinte généralé des parties supérieures est d’un
gris rougeûtre relevé par la grande blancheur des taches régulières, qui for-
ment sur le dos des lignes transversales.
On ne trouve point d’ailleurs dans le Cat. de M. Gray, p. 167, l'indication
de caractères spécifiques tranchés, et quoiqu'il n'y soit pas question des
pores fémoraux pour le Plat. à gouttelettes , ils y existent comme chez les indi-
vidus qui présentent les particularités que je viens d'indiquer pour les Plat.
de Reeves. Ces derniers, dans le Musée de Paris et dans celui de Londres,
qui en possède un: seul échantillon, sont tous originaires de Chine. On
pourrait donc les considérer comme ne constituant qu’une variété de climat.
Cette maniere de voir semblerait confirmée par ce fait que nul Plat. à gout-
telettes de la collection française ne provient de cette contrée, mais il n’en
est pas de même au Musée britannique.
De tout ce qui précède, on peut tirer cette conclusion, qu’il reste du doute,
ainsi que je l'ai dit (Car. du Mus. de Par., p. 37), sur le rang que ce Gecko
doit occuper, soit comme espèce distincte, soit comme variété du Platydac-
tyle à gouttelettes.
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 459
IL GENRE MÉMIDACTYLE. MEMIDACTYLEUS, CU.
Les Geckotiens qui, en raison de la conformation de leurs doigts élargis
seulement à la base et grêles à leur extrémité libre, ont recu de Cuvier la
dénomination que la plupart des auteurs ont adoptée, constituent dans les
différents systèmes un groupe bien distinct. M. Fitzinger les considère comme
formant une famille qu’il divise en trois genres comprenant eux-mêmes onze
sous-genres ( Voy. /e tableau de la Fam., 1v, p. 442). Dans la classification
de M. Gray, cette famille renferme dix genres (Voy. le tableau, p. 448).
Ces divisions paraissent trop multipliées, et donnent surtout dans l’arran-
gement proposé par M. Gray, qui n’admet pas de sous-genres, une trop
grande valeur à des caractères qui, le plus souvent, ne sont fondés que sur
des différences spécifiques.
On peut cependant, à l'exemple de Wiesmann, et comme le fait M. Fit-
zinger, établir une subdivision pour les espèces à pouces courts et en quel-
que sorte tronqués, en les réunissant sous le nom de Peropus, Wiegm. Tels
sont les fém. oualien, de Péron 1, varié et mutilé. Si, au contraire, il ne pa-
raît pas très-nécessaire d'accepter la séparation en deux groupes des autres
espèces, selon que l’écaillure du dos est homogène où hétérogène, comme
l’a proposé le zoologiste de Vienne qui, par ce motif, les a placés soit dans
le genre Hoplopodion, Fitz., soit dans le genre Hémidactyle, Cuv. propre-
ment dit, il n’en est pas de même 1° pour le sous-genre. Cosymbotus, Fitz.
ou Platyure, Gr., auquel est rapportée l'espèce nommée par Cuvier Hém.
bordé, en raison du repli membraneux des flancs, des membres et de la
queue, et 2° pour le singulier Gecko à longue queue festonnée que Laurenti
avait pris pour type de son genre Caudiverbera, et qui a été figuré par Séba,
dont il a pris le nom, comme désignation spécifique, dans l’Erpét. générale.
On pourrait également, à limitation de M. Gray, adopter une dénomina-
tion particulière pour l'Hém. oualien, dont les lamelles sous-digitales sont
larges, entières, non divisées comme celles de la plupart de ses congénères
(Voy. pl. xvur, fig. 8), et le nommer, avec ce zoologiste, Gehyra oualensis,
1. Je dois relever ici une faute d'impression dans le tableau synoptique relatif au genre Hémidac-
tyle (Erpét. génér., t. IT, p. 349) où l'espèce à queue déprimée et dédiée à Péron est rangée, à tort
parmi celles à queue ronde.
{
460 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
mais sans le faire sortir, ainsi qu'il le propose, du groupe des Hémidactyles,
pour le placer dans celui des Platydactyliens.
Les collections du Musée de Paris ne possèdent pas tous les Hémidactyles
décrits comme nouveaux dans ces dernières années. On peut les rapporter
soit à l'un, soit à l’autre des groupes qui sont compris dans ce genre.
A. Espèces à pouce plus court que les autres doigts et comme tronqué.
(Dactylopères, Dum. et Bib.). (Peropus, Wiegm.).
Hem. capensis, Smith (/llustr. of the Zool. of S. Afr., pl. rxxv, fig. 3 et3 a).
B. Espèces à pouce semblable aux autres doigts (Dactylotèles, Dum. et Bib.).
1° Écaillure homogène ( Hoplopodion, Fitz.).
Hemidactylus flaviridis, Rüpp. (Neue Virbelth. Abyss.). — Hem. Bell,
Gr. (Cat. of Liz., p. 155). — Velernesia Richardsontii, Gr. (1d., p. 156). —
Doryura Boswringii, Gr. ({d., p. 156). — Leiurus ornatus, Gr. (Id. p. 157).
> Écaillure hétérogène ( Jemidactylus, Cuv., part.).
Hem. Nattereri, Fitz. (Syst, p. 105). — Hem Brook, Gr. (Cat., p. 153).
— Hem. depressus, Gr. (Id., p. 153). — Hem. fasciatus (Id., p. 154). —
Hem. mercatorius, Gr. (Jd., p. 155). — Hem. vittatus, Gr. (Id., id.). —
Her. Bellii, Gr. (Id., id.). — Hem. platycephalus, Peters (p. 615), lequel,
recueilli dans la province de Mozambique, paraît fort analogue à un Gecko
envoyé de la même région du continent africain au Musée de Bologne, par
M. Fornasini, et que M. Bianconi, malgré la différence de pays, trouve telle-
ment semblable à l'espèce des Antilles, qu’il le nomme em. mabouia.
(Specimina zoologica Mosambicana, p. 19, pl. 1 (Rept.), fig. 1, ra, 1 b). La
fig. 1 c de cette même planche représente la face inférieure de l’un des doigts
de l’Hém. tacheté; mais les plaques sous-digitales n'offrent pas absolument
la disposition indiquée dans ce dessin, où elles sont transversales et sans
aucune échancrure. Leur véritable apparence est reproduite fig. 7 de la
pl. xvurr, annexée à ce Mémoire.
M. Cantor (General features of Chusan in Ann. of nat. hist., 1842, t. IX,
p. 275 et 482), a parlé d'un petit Gecko trés-abondant dans ces iles voisines
de la Chine et qu’il a nommé Hem. nahus. I n’a décrit que le système de
coloration. M. Gray, d'apres l'examen d’un échantillon conservé au Musée
de la Comp. des Indes, à Londres, où il a été envoyé par le docteur Cantor,
la rapporté (Cat., p. 161) au Plat. du Japon, Sch].
Maintenant, apres l’énumération des espèces inconnues au Musée de Paris,
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 461
au nombre de quinze, et dont la description ne se trouve pas dans l’Ærpét.
génér., je dois faire connaître une espèce inédite, Hém. atèle, Hem. ateles,
À. Dum., et décrire, en outre, l'espèce suivante dont j'ai indiqué les carac-
tères principaux dans le Catalogue, où elle est nommée ÆHém. taches-rousses.
Celle-ci, en raison de la conformation des pouces inonguiculés, élargis
sous toute leur longueur et sans phalanges saillantes au-dessus du disque,
appartient au genre nommé par Wiegmann Peropus. Parmi les trois sous-
genres que M. Fitzinger y a établis, c'est à celui qu’il nomme Peropus pro-
prement dit qu’il faut rapporter cette espèce, car la diagnose suivante donnée
par le zoologiste de Vienne pour l’Hém. mutilé, le seul qui, jusqu'alors, dût
prendre place dans cette subdivision, convient également bien à ce nouveau
Geckotien, comme on en a la preuve par les termes suivants empruntés au
Syst. Rept., p. 103 : Disci scansorii lamellis sulco longitudinali bi-partitis.
Plica lateralis distincta, tenuis. Cauda depressa, denticulata. Palmæ Jissæ,
plantæ subpalmate.
IV. — 4 bis. HémiDACTYLE racHEs-RoUSsEs, Aem. baliolus, À. Dum.
Idem., À. Dum., Cat. du Mus. de Paris, p. 38. — Id., Répert. Erpét. génér., Dum., Bib., t. IX,
p. 250.
(PI. xvu, fig. 2.)
Dos couvert de granulations sphériques plus petites sur la région rachidienne que partout
ailleurs; plaque rostrale en fer à cheval, contigué par ses extrémités avec les plaques nasales.
11 faut noter, entre autres, comme caractères propres à distinguer du ru-
tilé V Hém. taches-rousses, que celui-ci a la tête plus conique, et comme elle
n'est pas renflée en arrière des yeux, elle n’est pas aussi distincte du cou.
Les grandes plaques sous-maxillaires qui bordent les Jabiales inférieures,
sont moins longues (par erreur typographique, notre Cat., p. 38, dit à ce
sujet plus, au lieu de moëns). La lèvre supérieure porte, de chaque côté de
la mentonnière, huit plaques seulement et non douze, comme celle du mutilé,
dont les granulations sur la tête et sur le dos sont un peu plus fines et plus
serrées, moins distinctement sphériques, et ne sont pas disposées aussi régu-
lièrement que dans cette nouvelle espèce en anneaux à la face supérieure
de la queue. Il y a d’ailleurs, à la région sous-caudale, comme chez la plupart
1. Ce mot est employé par Plaute dans le sens de bai, roux, tacheté.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 59
262 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
des Hémidactyles, de grandes plaques analogues aux ventrales ou gastro-
stèges et aux urostèges des Ophidiens.
Le système de coloration (fig. 2 de la pl. xvu), consiste en taches rousses
ou d’un brun clair sur une teinte brune générale plus foncée. — Le type de
cette espèce est unique. Le Muséum l’a reçu de la Nouvelle-Guinée.
V. — 15 bis. HémipactyLE ATÈLE!, Hem. ateles, À. Dum.
ESPÈCE NOUVELLE.
(PL xvin, fig. 9, montrant la main vue par dessous.)
Mains à pouces tronqués et tout à fait rudimentaires, à doigts palmés à leur base, ainsi que
les orteils; tôle conique, recouverte en dessus et surtout au-devant des yeux, de granulations
plus volumineuses que celles du tronc. Queue déprimée, à bords finement dentelés, et dont les
granulations semblables en dessus et en dessous, sont disposées en anneaux réguliers.
La tête est conique et confondue avec le cou ; les yeux ont un volume mé-
diocre. Il y a douze plaques à la lèvre supérieure, de chaque côté de la ros-
trale, qui est plus haute que large et remonte sur le museau, dont l’extré-
mité est un peu effilée. Les narines sont grandes et presque terminales. La
plaque mentonnière est étroite et triangulaire. On voit sous le menton des
scutelles plus volumineuses que les granulations de la gorge, et dont quel-
ques-unes sont régulièrement disposées en ligne le long de la rangée des
plaques sous-labiales.
La face inférieure de la queue, contrairement à ce qui a lieu chez la plu-
part des Hémidactyles, n’est pas revêtue de grandes lames transversales. — 11
n’y a pas de pores fémoraux.
Le système de coloration a complétement disparu avec l’épiderme. La
teinte générale est un gris brunâtre uniforme, qui n'offre une nuance plus
tranchée que sur la queue, dont les bords, en dessus comme en dessous,
sont d’un brun assez vif. Aucune tache ni bande ne se voient sur les régions
supérieures ou inférieures.
1. Ce nom, employé par Geoffroy Saint-Hilaire (nn. du Mus., t. VIT, p.260), pour désigner un
genre de singes privés de pouce aux mains et non aux pieds (ärsxns, qui est privé, incom-
plet), sert ici à rappeler une disposition analogue, jusqu’à présent unique parmi les Hémidactyles, et
qui aurait pu motiver la formation d’un sous-genre. C’est à la suite de toutes les espèces que celle-ci
doit prendre place, car elle ne peut rentrer, en raison de la conformation spéciale des mains, ni dans
le genre Peropus, Wiegm., où le pouce se voit, mais manque de phalanges libres, ni moins encore
dans les autres groupes où le pouce est semblable aux autres doigts.
ORDRE DES SAURIENS. — GECROTIENS: 163
La longueur totale est de 0" 15. La queue entre dans ces dimensions pour
o"o7, et le tronc et la tête pour 0" 08.
Le caractère tout à fait spécial des pouces rudimentaires de ce Geckotien
ne permettant aucune confusion, il est inutile d’insister sur les autres diffé-
rences qui l'éloignent des divers Hémidactyles décrits jusqu’à ce jour.
Le type de cette espèce nouvelle est un spécimen unique rapporté des
environs de Samboangan, petite ville de l’île Magindanao (Philippines), par
MM. Hombron et Jacquinot, chirurgiens des navires / 4strolabe et lu Zélée,
durant l’expédition au pôle sud commandée par Dumont d’Urville.
— L'espèce que Wiegmann a nommée /7. mutilé, Hem mutilatus, n'était
pas connue au Musée de Paris, à l'époque où le t. IT de lErpét. génér. fut
publié. On a recu plus tard, par les soins de madame Marchal, plusieurs indi-
vidus appartenant à cette espèce et recueillis à l’île de France.
On a pu constater sur ces animaux l’exactitude de la description donnée
par le zoologiste de Berlin, et de plus, on a vu qu’il y a, chez les mâles, des
pores fémoraux et pré-anaux disposés sur une ligne continue, en forme d’ac-
colade et au nombre de trente-six à trente-huit. Les narines sont séparées
par deux petites plaques quadrilatères. La mentonnière large et triangulaire,
est contigué en arrière à six plaques, dont les deux médianes sont allongées.
HE. GENRE PTYODACTYLE. FTYODACTYLUS, CU.
(IL. xvir, fig. 40 et 10 a, la main du Ptyodact. frangé.)
Le nom générique proposé par Cuvier pour trois espèces, le Gecko des
maisons où d’Hasselquist, le G. frangé et la Salamandre aquatique et notre
du père Feuillée ou Lacerta caudiverbera, Linn., a maintenant dans les clas--
sifications de plusieurs zoologistes une acception beaucoup moins restreinte.
Ainsi, M. Fitzinger groupe dans une même famille, celle des Ptyodactyliens,
non-seulement les espèces que Cuvier nommait ainsi, mais de plus, celles
que ce dernier a réunies dans le genre Sphériod., et il y joint, en outre, les
types des genres Phyllodactyle et Diplodactyle de M. Gray.
On comprend, en effet, ce rapprochement, en raison de la conformation
des doigts qui, malgré des différences notables, suffisantes pour motiver des
subdivisions, offrent cependant cette analogie qu'ils sont dilatés seulement à
leur extrémité libre. Il est fâcheux néanmoins que le mot Pryodact., qui
464 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
signifie doigt en éventail, serve en outre à désigner des animaux dont les dis-
ques sous-digitaux ont une tout autre disposition. Cet inconvénient, au reste,
est moindre que ne le serait celui de l'emploi d’un nom nouveau.
Les subdivisions de la famille ou les genres sont, dans le Syst. de M. Fit-
zinger, au nombre de six. (Voy. plus haut /e tableau de la Fam. M, p. 441).
1! y en a deux (P#yodact., Cuv., et Oiucurus, Fitz.), qui se rapportent spé-
cialement au groupe des Ptyodactyles proprement dits ou Geckos munis de
deux séries de lames en éventail sous l'extrémité des doigts.
M. Gray (Cat.) distribue ceux-ci dans les trois genres Ptyodactyle, Cuv.,
Caudiverbera, Vaur., et Uroplate, Dum. (Voy. plus haut / tableau, p. 448.)
Ce dernier genre proposé par mon père (Zoo!. analytique, p. 81, 1805)
comprenait alors toutes les espèces qu’on nommait auparavant les Geckos à
queue plate, mais il a été ensuite fort restreint par M. Fitzinger ( Neue Clas-
sificat. der Répt., 1826, p. 46), qui n'y rapportait que le Stellio fimbriatus,
Schn., lequel, devenu maintenant pour lui, à l'exemple de Wagler, Xha-
coëssa fimbriatus (Syst., p. 97), est encore un Uroplate dans la classification
de M. Gray, ainsi que le Phod. rayé, Dum. et Bib.
Aucune nouvelle espèce de Ptyod. proprement dits n’a été reçue au Musée
de Paris depuis 1836, ou n’a été décrite par les zoologistes.
IV. GENRE PHYLLODACTYLE. PHYLLODACTYLUS, GRA\.
(PL. xvur, fig. A1 et 414, maïh et doigt du Phyll. porphyré.)
La division principale qui ait été faite dans ce genre caractérisé par la
présence à l'extrémité des doigts de deux disques simples que sépare un
sillon qui recoit l’ongle, est fondée sur l'apparence un peu différente de ces
disques. Dans les vrais PAyllodactyles, Gr., ils sont planes, tandis qu'ils sont
convexes dans les Diplodactyles, Gr. Cette différence n’est cependant pas
tellement apparente, qu'il soit toujours très-facile de la constater.
Aux deux espèces types : Dipl. vittatus, Gr., et Dipl. gerrhoprgus, Wiegm.,
le zoologiste anglais en ajoute, dans son Cat. (p. 149), quatre nouvelles, qui
sont inconnues au Musée de Paris. Il y en a trois de l'Australie : Dipl. orra-
tus, ocellatus, bilineatus, et la quatrième, Dipl. lineatus, recueillie au Cap de
Bonne-Espérance, est décrite, en outre, par M. Smith ({{ustr. of the Zool. of
$. Afr. Appendix, p. 6). Nous ne connaissons pas non plus le Dipl. lepidopy-
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 465
gus, Tschudi, Conspectus Rept. quæ in republ. Peruana reperiuntur (Erich-
son's Archiv. 11° année, t. I, Berlin, 1845, et dans la Faune, p. 38), ni Dipl.
pictus, Peters, de Madagascar, loc. cit., p. 615.
De plus, M. Gray admet, sous le nom de Strophura, un genre particulier,
dont le type est une espèce décrite d'abord dans l’Erpét. génér., Phyll. stro-
phurus, Dum., Bib., qu'il confond, mais à tort je pense, comme je cherche
à le montrer plus loin, avec le Gecko nommé par lui Stroph. spinigera, Gr.
Enfin, il rapporte avec doute, il est vrai, le Phyll. de Lesueur, Dum., Bib.,
à une autre division du même groupe, au genre Ædura, Gr., dont le type est
Ædura marmorata que nos collections ne possèdent pas.
M. Fitzinger (Voy. tabl. de la Fam. M, p. 441), n’admet que trois genres :
1° Diplodactylus, Gr., comprenant deux sous-genres : a. Pachyurus Le-
sueuri (Phyll., Les., Dum., Bib.). — 6. Dipl. vittatus, Gr., et Dipl. gerrhopy-
gus, Wiegm.
2 Phyllodactylus à écaillure homogène : deux sous-genres : a. Phyll.
porphyreus, Wiegm. (Afr.), et Phyll. Peroni, Fitz. (Australie) séparé du
précédent sans autre motif que la différence d’origine; puis PAyll. gymnopy-
gus, Dum., Bib.; — 0. Euleptes Wagleri, Fitz. (Phyll europæus, Gené).
3 Discodactylus à écaillure hétérogène ou entremélée de tubercules :
deux sous-genres : a. Disc. pulcher, Fitz. (Phyll. pulcher, Gr.); Discod.
tuberculosus, Fitz. (Phyll. tuberc., Wiegm.). — Ici vient se placer une espèce
du Pérou, Disc. phacophorus, Tschudi, fauna Peruana (p. 38), qui ne
fait pas partie des richesses de notre Musée. — 4. Strophurus Dumerilii,
Fitz. (Phyllod. stroph., Dum., Bib. etnon Gymn. stroph., comme le porte,
par erreur, la liste insérée plus haut p- 444).
VI. — 2 bis. Paycrooacryce D'EuroPr, Phyll. europæus, Gené.
Gené, Synopsis Rept. Sardiniæ, p. 9, tab. 1, fig. 4. — Jd., Bonap., 4mph. europæa, p. 29, et
Iconogr. del Fauna italica, texte sans pagination et planche sans n°, fig. 4, vu en dessus et en des-
sous. — Phyllodactylus (Euleptes) Wagleri, Fitz., Syst. Rept., p. 95. Dans cet ouvrage, l’auteur
cite, comme dénominations antérieures à celle que Gené a proposée : Ptyodactylus caudivolvulus,
Fitz. Gravenhorst, Mus. de Breslau, et Euleptes Wagleri, Fitz. — Phyll. europæus, Dum., Cat.
des Rept. du Mus. de Paris, p. #1. — Id., Répert. Erp. gén., Dum., Bib., t. IX, p. 252.
Doigts à disques terminaux plats, et à lames non divisées; granulations des téguments
égales entre elles; corps déprimé; queue un peu aplatie, fusiforme, rétrécie à sa base, portant,
de chaque côté, au-dessus de ce point, un tubercule saillant.
166 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
La tête est déprimée, légèrement effilée en avant et élargie en arriere, ce
qui fait paraître le cou un peu plus étroit. La plaque rostrale est grande et
largement rabattue sur le museau où elle est en contact, de chaque côté, avec
grande plaque nasale, qui borde en haut la narine, dont l'ouverture est
circonscrite en avant et en bas, un peu par la rostrale et surtout par la pre-
mière labiale supérieure. Le cercle squameux est complété en arrière par
deux petites plaques. A la lèvre supérieure, il y en a onze ou douze.
une
Les granulations du dos sont presque circulaires, petites et égales entre
elles. Les squames des régions sous-maxillaire et gulaire sont beaucoup plus
petites que celles de l'abdomen.
Les régions supérieures ont une teinte carnée assombrie par un gris cen—
dré qui la recouvre en grande partie, de sorte que le fond ne se voit que
sous l'apparence d’une multitude de petits points plus clairs et de courtes
bandes transversales sur la région médiane du dos. En dessous, aucune
tache ne se voit, si ce n’est sous la queue, dont les bords portent chacun une
série de petites maculatures foncées, régulières.
Nos trois exemplaires recueillis en Sardaigne et donnés au Muséum par
M. Gené et par S. A. le prince Ch. Bonaparte, sont de petite taille comme
ceux qui ont été figurés par ces zoologistes.
Le plus grand est long de 0"075 ainsi répartis : tête et tronc, 0" 040,
queue, 0035.
Ce Phyllodactyle, avec le Plat. des murailles et Y Hém. verruculeux, con-
stitue la troisième espèce européenne de Geckotiens, mais tandis que ces deux
dernières espèces ont une zone d'habitation assez étendue, car on les trouve
sur toutes les côtes de la mer Méditerranée, celle dont il s’agit parait, selon
la remarque du prince Ch. Bonaparte, ne vivre que dans la Sardaigne où elle
se rencontre assez abondamment sous les écorces, dit M. Gené, et plus rare-
ment sous les pierres. C’est, du reste, une espèce nocturne, à pupille verti—
cale, comme celle d'un grand nombre de Geckos.
Il est facile de reconnaitre que ce Phyllodactyle, outre la différence si im-
portante d’origine, puisque nul de ses congénères n'habite l'Europe, se dis-
tingue de ceux-ci par certaines particularités. D'abord, il ne peut être con-
fondu, en raison de la conformation de ses disques sous-digitaux, avec
aucune des espèces réunies dans le groupe des Diplodactyles.
D'autre part, si la comparaison est établie avec les Phyllodactyles, qui ont,
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 467
comme lui, des disques plats, l'intégrité des lames sons-digitales ni divisées,
ni échancrées en chevron, l’absence d’une surface nue au-devant du cloaque,
ou de tubercules entremélés aux granulations des téguments, l'impossibilité
où il est d’enrouler la queue, et enfin le système de coloration, en même
temps que sa petite taille, ne permettent aucune confusion avec les Phyll.
de Lesueur, gymnopyge, tuberculeux, gentil, strophure et porprhré.
VIL — 6 bis. Payrronacrye spimicère, Phyll. spinigerus, Dum.
Diplodactylus spinigerus, Gr., Zool. misc., p. 53. — Strophura spinigera, Gray, Zool. Erebus
and Terror et Cat. of Liz., p. 148. — Phyll. spimigerus, Dum., Cat. des Rept. du Mus. de
Paris, p. 41. — Idem., Répert. Erpét. génér., Dum., Bib., t. IX, p.252.
De chaque côté du dos et de la queue, une série de tubercules pointuset constituant à la région
caudale deux rangs parallèles de longues épines.
La tête est assez large en arrière; le museau est un peu court. La queue est
légèrement recourbée en dessous. L’écaillure du tronc et de la queue n'offre
d'autre irrégularité que celle qui résulte de la présence, au milieu des gra
nulations arrondies, de tubercules coniques peu apparents sur le dos, mais
trés-saillants et transformés sur la région caudale, où ils sont régulièrement
espacés , en véritables épines coniques et fort pointues, longues de 0"002.
Ce caractère seul suffit pour empêcher la confusion de ce Geckotien avec
tout autre reptile de la même famille. Aussi, ne semble-t-il pas possible de
le considérer, ainsi que M. Gray le fait dans son Catalogue, comme identique
avec l'espèce que mon père et Bibron ont décrite sous le nom de PAyllodl.
strophure.
Ce dernier, par un fâcheux hasard, ne se trouve plus dans les collections
du Muséum, et comme ce type était unique, il n’est plus possible de le sou-
mettre avec le Phyll. spinigère à un examen comparatif permettant une indi-
cation précise des analogies et des différences. Si cependant on s’en tient aux
termes mêmes de la description de l'Erpét. génér. et au dessin donné sur la
pl. xxx de cet ouvrage, fig 1, 1 a et 1 b, on voit des différences assez
marquées pour y reconnaître une espèce autre que celle que je décris ici
d’après M. Gray. Je ne m'étendrai pas davantage sur cette nécessité de main-
tenir comme distinct le spénigère, car l'apparence singulière et tout à fait
468 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
identique de cette queue épineuse chez les cinq individus de nos collections,
ne peut laisser aucun doute à cet égard.
La plaque rostrale est divisée longitudinalement sur la ligne médiane, de
sorte qu’elle a, dans son entier, la forme de deux pentagones placés l'un à
côté de l'autre. La narine est circonscrite par six écailles, la rostrale, la pre-
mière labiale, deux nasales supérieures, et en arrière par deux petites écailles
quelquefois réunies en une seule. On compte quatorze à quinze plaques
labiales supérieures, de chaque côté de la double rostrale.
Les plaques sous-digitales qui précèdent les disques sont échancrées en
chevrons sur les trois doigts du milieu; elles sont simplement transversales
au premier et au cinquième doigts.
Contrairement à l'assertion de M. Gray, il n'y a pas de pores anaux, du
moins sur nos échantillons.
La teinte générale, à en juger par les points où l’épiderme n'a pas été dé-
truit, est un vert-olive finement piqueté de points noirs. Sur la région dor-
sale moyenne, ces points sont plus apparents et plus rapprochés les uns des
autres ; il en résulte une série de taches ovalaires, qui réunies les unes aux
autres par leurs extrémités, représentent une sorte de large bande festonnée.
La région inférieure est blanchâtre et sans taches.
Les dimensions de l’un des individus qui different à peine entre eux sont
m
de 0" 102 ainsi répartis : tête et tronc, o"o69, queue, 0"0/2.
Le Muséum a reçu cette espèce par les soins de M. J. Verreaux, qui en a
pris cinq exemplaires dans la province de la rivière des Cygnes, en Australie.
| ME
V. GENRE SPHÉRIODACTYLE. SPHÆRIODACTYLUS, CUV. (GRAY).
.
PL. xvur, fig. 12, 12a et 120, main du Sph. très-petits points, et doigt vu en dessus et en dessous.
Ce genre, dont le nom se trouve reproduit maintenant par la plupart des
naturalistes avec le changement que lui a fait subir à tort Wagler, en le nom-
mant Sphærodactylus, est, dans la famille des Geckotiens, le groupe qui a le
moins été modifié depuis l’époque où M. Gray en a retiré comme types des
Phyllodactyles, les deux espèces munies d'ongles que Cuvier y avait intro-
duites. L'histoire de deux espèces (Sp. sputator et punctatissimus), a été
complétée d'une manière fort intéressante, en 1843, par Cocteau dans la
description des Reptiles qu'il a faite pour l'ouvrage publié par M. Ramon de
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 469
la Sagra, sous le titre de : Hist. phys. polit. et natur. de l'Ile de Cuba Rept.,
p- 160-173, pl. xvir et xvrrr.
Les espèces qui manquent dans nos collections et que l’on trouve décrites
dans les publications postérieures à l'année 1836, sont les suivantes : Sphær.
nigro-punctatus, Gr., et Sphær. Richardsoni, Gr., distinct du précédent et de
ceux que l’on connaissait déjà par la présence de séries transversales d’é-
cailles rhomboïdales et carénées. Ces différents types proviennent de l’Amé-
rique du Sud ou des Antilles. C’est à la Jamaïque , en particulier, que
M. Gosse a recueilli les Sphær. argus et oxyrhinus, dont il ne fait connaitre
que le système de coloration et que le Musée de Paris ne possède pas ( 477.
of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 347).
Nous avons recu dans ces dernières années quelques nouveaux animaux
appartenant au genre dont il s’agit, mais nous avons hésité à les considérer
comme types d'espèces nouvelles, car il n’y a guère que le système de colo-
ration qui offre certaines dissemblances. 1° Tels sont, par exemple, 2 petits
individus rapportés de Cuba par M. Morelet, qui en a généreusement fait don
au Muséum avec beaucoup d’autres reptiles intéressants recueillis par lui
pendant son voyage dans cette ile et dans l'Amérique centrale. On ne trouve,
en effet, aucune différence spécifique réelle avec le Sphér. à très-petits points,
mais, comme je l'ai dit (Ca/., p. 42), le pointillé blanc y est à peine appa-
rent, et de plus, on voit, d’une façon peu distincte, sur la nuque, à la base
de la queue et sur un ou deux points de sa longueur, de petites taches noires.
2° Relativement au Sphér. bizarre (pl. xvir, fig. 3, 3 a et 3 b), les auteurs de
l'Erpét. génér. ont été embarrassés pour des sujets qui ne présentaient pas
le singulier système de coloration des types étudiés par Cuvier. Ils n’ont pu
cependant les décrire que comme variété à bandes blondes à cause de la
teinte de larges raies longitudinales régulièrement disposées sur la tête et se
réunissant en angle sur la nuque (Voy. pl. xvir, fig. 3 c).
3° J'ai également éprouvé un assez grand embarras pour deux Sphériod.
recueillis dans l'ile Sainte-Lucie par M. de Bonnecour, Par tout l’ensemble de
leurs caractères, ils offrent une grande analogie avec le Sphér. bizarre
(pl. xvrr, fig. 4 et 4 a). Leur système de coloration cependant n’est pas le
1. Cette intéressante Erpétologie est l’œuvre de Cocteau pour les Chéloniens et pour les Sauriens.Sa
mort prématurée ne lui a pas permis d'achever cette œuvre, dont la fin a été confiée à Bibron, qui
devait lui-même, et peu d'années après, succomber avant l’âge.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 60
470 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
même, car ils n’ont pas cet aspect singulier du SpA. bizarre qui résulte de la
présence de vermiculations blanches se détachant sur la teinte brun-foncé de
la tête, laquelle établit un contraste frappant avec la nuance beaucoup plus
claire du tronc. Ici, la tête a la même couleur que le reste du corps. Sous la
gorge, il y a quatre bandes brunes disposées en chevrons emboités et à som-
met postérieur. Dans l'intervalle que laissent entre elles, en avant, les bran-
ches du plus fort chevron, on voit des taches brunes peu volumineuses. Une
bande plus foncée part de l’œil et se dirige en arrière et en dedans, paral-
lèlement à la branche correspondante du plus grand chevron. Il nait, en
outre, du bord postérieur de chaque œil, mais au-dessus de la précédente,
une autre bande noire; après un court trajet horizontal, elle s’infléchit en
dedans et va rejoindre sur la nuque la bande du côté opposé, de maniere à
former avec elle une sorte de couronne qui circonscrit la face supérieure de
la tête. Un large demi-collier noir complète le système de coloration des
régions antérieures parfaitement identique sur nos deux exemplaires.
A ces différences qui pourraient ne caractériser qu'une variété (Fariété à
taches noires, Cat. du Mus. de Paris, p. 42), il faut en joindre qui ont plus
d'importance, mais qui ne sont pas tellement tranchées qu’elles puissent être
considérées comme vraiment spécifiques. Je veux parler des écailles, qui sont
ici un peu plus petites, peut-être moins régulièrement disposées et de las-
pect de celles de la région rachidienne, qui forment une bande moins nette-
ment distincte des autres granulations plus grandes au milieu desquelles elles
sont placées, et d’ailleurs la peau forme, le long de la colonne vertébrale, un
pli plutôt qu’un vrai sillon.
VE. GENRE GYMNODACTYLE. GYFMNODACTYEUS. SPIX.
PI. xvur, fig. 43, 13a et 14.
L'absence d’un disque sous les doigts est, chez certains Geckos, un carac-
tère fort important. Il semblerait, au premier abord, devoir motiver leur
réunion en un groupe tout à fait spécial et qui comprendrait, d'une part,
toutes les espèces que, sous des noms génériques différents, les naturalistes
ont rapprochés du Gymnodactylus Geckoides, Spix, et d’autre part, les Sté-
nodactyles de Cuvier. C’est par ce motif que M. Fitzinger considère tous ces
Geckotiens comme appartenant à une seule et même famille : Stenodactyli
ORDRE DES SAURIENS, — GECKOTIENS. 471
(Voy. le tabl. de la Fam. 1, p.441). — Pour lui, les vrais Sténodactyles ou
Geckos à doigts granuleux en dessous et dentelés sur Jes bords constituent,
dans cette famille, deux genres distincts. — Les autres, au contraire, em
forment quatre d’après la conformation des doigts et le mode d’articulation
des phalanges entre elles.
A ce point de vue, et suivant l’aspect de l’écaillure, selon qu’elle est
simple ou bien hétérogène, on a multiplié les coupes génériques.
Si, par ordre de dates, nous passons d’abord en revue la classification de
M. Fitzinger, nous voyons, en laissant de côté les vrais Sténodactyles, que
les autres Geckotiens sans disques et à doigts étroits, offrent cette particu=
larité notable que le cinquième orteil est dirigé en dehors, et, comme on le
dit, versatile. Les doigts n’ont pas toujours la même conformation.
A. Les doigts sont-ils droits? Alors, 1° quand l’écaillure est composée de
grauulations entremélées de tubercules, ce sont des Gymnodactyles divisés
en 2 sous-genres, selon que la queue est déprimée ( 42omalurus : Gymn.
Miliusii, D. B.) ou arrondie ( Gyrerodactylus proprement dit : G. fasciatus
et Dorbignii, D. B.). — 2° Lorsqu'il n’y a point de tubercules cutanés, ces
Geckotiens à doigts rectilignes sont réunis dans le genre Saurodact) lus, sub-
divisé lui-même en Pristiurus, Rüppell, pour le seul Geckotien à crête sur
le dos et sur la queue : G. flavipunctatus, D. B., et en Saurodactylus, Fitz.,
proprement dit, pour les espèces sans crête : 4. G. maurtlanicus, D. B., dont
M. Fitzinger sépare les sujets du Musée de Vienne originaires de l'Afrique
centrale, sous le nom de Saurodact. desertorum, Fitz.; b. G. Timorien-
sis, D. B.,et c. G. Gaudichaudii, D. B.
B. Si les doigts, au lieu d’être droits, sont anguleux et paraissent comme
brisés au niveau de leurs articulations, il faut encore, pour ce second groupe,
tenir compte de l'écaillure, car M. Fitzinger range ceux qui n’ont pas de
tubercules dans le genre Gonatodes, Fitz. : (Gymn. albisularis, D. B.), et
dans le genre Gonyodactylus, Fitz., les espèces à granulation hétérogène
qu'il rapporte à cinq sous-genres : r. Phyllurus, Cuv. : (Stellio phyllurus ,
Schneider); 2. Dasyderma, Fitz. : (Gymn. gechoïdes, Spix); 3. Gonyodactylus
proprement dit, Kuhl : (Gonyodact. marmoralus, K.); 4. Cyréopodion, Fitz. :
(Stenodact. scaber, Rüpp., dont M. Fitzinger sépare, sous lé nom de Gonyo-
duct. cyprius, des exemplaires reçus au Musée de Vienne de l'Asie et de l'ile
de Chypre), et 5. Cyrtodactylus, Gr. : (Cyrt. pulchellus, Gr.)
472 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
— M. Gray, outre les genres Préstiurus, Rüpp., Gonyodact., Kuhl, Gym-
nodactylus, Spix, et Phyllurus, Cuv., conserve dans son Catal. les genres
Cyrtodactylus et Naultinus qu’il avait précédemment proposés, et de plus,
en établit trois nouveaux dans cet ouvrage : Cubina: (Gymn. fasciatus et
G. Dorbignü, D. B.), Homonota : (G. Gaudichaudii, D. B.), et Heteronotn.
Voy. le tableau de la Fam., d’après le système de M. Gray, p. 448.
— Plusieurs espèces que le Musée de Paris ne possède pas ont été décrites
dans ces dernières années. Il y en a deux, en particulier, au Musée de
Breslau, que M. Gravenhorst avait nommées, l'une Stenodact. brachypus,
l'autre Gymnodact. lævis; M. Fitzinger les place dans le genre Gonatodes en
laissant à cette dernière son nom spécifique, et en échangeant pour la pre-
mière la dénomination de brachypus, contre le nom du célebre naturaliste
de Breslau : Gonatodes Gravenhorstii, Fitz.
Dans le Catalogue de M. Grày, nous trouvons les Gymnodactyles dont les
noms suivent, et qu'il a le premier fait connaître : Vaultinus punctatus, Gr.
in Dieffenb. N. Zel.; Gonyodact. australis, Gr. (Terr. et Erebus ); Gonyod.?
(Cyrtodact.) ocellatus, Gr. (Zool. miscell.); Heteronota Kendallii, Gr. (Eat),
Heter. Binoei, Gr. (T'err. et Erebus); Phyllurus inermis, Gr. (Terr. et Ere-
bus). Plus récemment, ce zoologiste a mentionné une nouvelle espèce :
Gonyodact. indicus, Gr. (Annals of nat. hist., t. XVII, p. 429). Le Musée
ne la possède Pas ; il en est de même pour deux autres : Maultinus Gray
Bell { Zool. of the Beagle) et Gymnodact. Kandianus, Kelaart (Prodromus
Jfaunæ zeylanicæ ).
Je me borne à ces simples citations pour les différentes espèces que je
viens d’énumérer,.mais il en est trois autres peu connues, qui se trouvent
dans nos collections, et dont je dois parler avec quelques détails : ce sont les
Gymnodactyles élégant, Gr., caspien, Eichw., et celui que M. Gray a nommé
Goléonyx élégant, qui est décrit dans le Cat. du Mus. de Paris sous les noms
de Gymn. à scapulatre. Je dois enfin donner la description d’une espèce
signalée dans cet ouvrage où je l’ai fait connaître pour la première fois :
Gymnodact. d'Arnoux, et de trois autres inédites jusqu’à ce jour : Gyrn.
humeralis, Guich., varius, À. Dum., et Persicus, À. Dum., auxquelles il faut
joindre le Stenodactylus (Gymnod.) fuscus, Hallowell.
De plus, j'appelle ici l'attention sur une variété remarquable du Gyrnn.
albogularis, Dum:, Bib., dont un spécimen placé depuis peu de temps dans
ORDKE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 473
l'alcool ét appartenant à une collection particulière, a été vu par M. Séraphin
Braconnier, attaché au laboratoire d'Erpétologie et d’Ichthyologie au Mu-
séum, et à qui je dois de bonnes observations sur les Reptiles, dont il est
question dans ce mémoire. La description qui suit fait mieux connaitre la
vivacité des teintes en partie altérée sur nos types: Le cqu est d'un jaune
orangé ; on y voit deux lignes blanches en chevron, prolongées jusqu'aux
plaques labiales inférieures. Une autre ligne blanche médiane, sous le men-
ton, emboiîte la plaque mentonnière, et les écailles qui la suivent. La lèvre
supérieure porte, au-dessous de l'œil, une tache blanche. La queue, dans son
dernier tiers, est jaun âtre.
— Tous les Geckos à doigts sans disques et distincts des Sténodactyles par
l'absence de granulations à leur face inférieure, ainsi que de dentelures laté-
rales, conservent ici le nom générique de Gymnodactyles proposé par Spix.
Quelques espèces cependant présentent des particularités assez notables
pour qu’elles puissent être considérées comme types de sous-genres.
On pourrait, en effet, 1° à l'exemple de Cuvier, nommer Phyllure le
Gecko signalé d’abord par White sous les noms de Zacerta platura, puis de
Stellio phyllurus, par Schneider; 2° comme l'a proposé M. Rüppel, se ser-
vir du nom de Pristiure pour l'animal qui a reçu, dans sa Faune d’Abyssinie,
la dénomination spécifique de lavipunctatus. 3° Par les mêmes motifs, il ÿ
aurait peut-être certains avantages à ne pas rejeter le mot Vaultinus, sans
étymologie connue, employé par M. Gray pour désigner plusieurs Gymnodac-
tyles à doigts plus élargis qu’ils ne le sont d'ordinaire, et parmi lesquels se
trouve, avec de vrais Gymnodactyles, le Gecko dont j’ai précédemment parlé
(Platyd. pacificus, Dum., Naule. pacif., Gr.). Ce nom serait réservé pour les
espèces semblables au Gyrn. élégant par la forme de leurs doigts rectilignes
et à larges lamelles inférieures. 4° Enfin, la disposition des ongles et de leur
gaine protectrice est assez remarquable dans l'espèce type du genre Coléonyx
du zoologiste anglais, pour que j'aie cru devoir conserver comme dénomina-
tion spécifique ce mot tiré du grec (zoèoc, étui, et oué, ongle).
— En suivant l’ordre indiqué par les affinités mutuelles de ces Geckotiens et
adopté par mon père et par Bibron pour leurs descriptions, je dois mention-
ner d’abord des Gymnodactyles donnés par M. le comte de Castelnau, et que
J'ai signalés dans le Cat. du Mus. de Paris, p. 43, comme appartenant à l’es-
pèce dite Gymnodact. de Gaudichaud.
474 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Un nouvel examen de ces Sauriens montre que les différences sur les
quelles j'avais appelé l’attention, sont assez importantes pour qu’il devienne
nécessaire de les séparer du type auquel je les avais primitivement rapportés.
Ils représentent une espèce distincte et différente de toutes celles qui ont été
décrites jusqu’à présent dans le genre dont il s’agit.
M. Guichenot l'a fait connaître et figurer dans l'Erpétologie du Voyage de
M. de Castelnau (p. 13, pl. mn, fig. 1, a et b), sous le nom de Gyrnodact.
luméral qu'il a choisi pour la désigner.
VIII. — 2 bis. Gymnopacryce HuMÉRAL, Gymnodactylus humeralis, Guich.
Granulations des régions supérieures très-fines et très-serrées, non entremélées de tubercules;
tête assez épaisse, peu large ; museau court, déclive ; de gros points noirs sur les flancs; au-
devant de chaque épaule, une bande jaune verticale bordée de noir.
Les formes sont assez élancées; la queue peu robuste est plutôt allongée.
Les granulations sont plus volumineuses sur la tête que sur le dos, mais
les plus fines sont celles de la région gulaire qui, par cela mème, diffère
notablement de l'abdomen dont l’écaillure se compose de petites squames
faiblement imbriquées, à bord postérieur arrondi.
La plaque rostrale est en contact, par son bord supérieur, avec les plaques
nasales qui sont séparées, sur la ligne médiane, par une ou deux granula-
tions plus grosses que celles qui les suivent. De chaque côté de la rostrale,
on compte sept plaques sus-labiales. La mentonniere est grande et repré-
sente un triangle à sommet postérieur tronqué; elle est suivie, de chaque
côté, d’une rangée de plaques labiales diminuant graduellement de dimen-
sions, et dont la première a plus de longueur que de hauteur.
Il n’y a point de pores fémoraux. La pupille est ronde. Le système de colo-
ration est fort altéré, mais nous trouvons, dans un croquis de M. de Castel-
nau et dans ses notes, de précieux renseignements ; C'est en puisant à cette
double source que la planche ur, fig. 1 de l'Erpétologie de son Voyage a
pu être coloriée.
Voici l'indication même donnée par M. de Castelnau : « Tête pourpre,
avec des taches d'un beau bleu d’azur très-clair; le corps d’un jaune ver-
dâtre, couvert de petites piquetures noires ; le dos un peu brun ; une dizaine
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 475
de taches noires de chaque côté du tronc; queue d’un brun obscur, avec des
taches transversales plus sombres; au-devant du membre antérieur, une
ligne jaune, oblique, un peu sinueuse, étroite et bordée de noir ; gorge d’un
beau jaune éclatant; le ventre et le dessous des pattes et de la queue d'un
gris brun nuancé de violet; l'iris est jaune. »
Ce riche système de coloration sur lequel nous ne possédions pas ces
indications à l’époque où parut la première livraison de notre Catalogue, ne
laisse plus de doute sur les différences spécifiques entre ce Gymnodact. et
celui de Gaudichaud, où l’on ne trouve aucune trace de ces particularités
dont quelques-unes, au contraire, peuvent être encore distinguées sur les
exemplaires de l'espèce nouvelle. !
Il faut noter, d’ailleurs, comme caractères distinctifs du Gymnodact. de
Gaudichaud, les dimensions un peu plus considérables des pièces de l’é-
caillure dorsale qui ressemblent à de petites squames légèrement imbriquées
plus qu’à de simples granulations; la forme plus aplatie de la tête, qui est en
même temps plus large; l'étendue moindre de la plaque mentonnière et
enfin, l'apparence générale de la queue : elle est en effét plus courte et
plus volumineuse que celle du Gymnod. huméral.
Ces nouveaux Geckos sont de petite taille. Le plus grand a une longueur
totale de 0" 082 ainsi répartie : tête et tronc, 0" 037, queue, 0" 045.
MM.de Castelnau et Deville ont rapporté plusieurs échantillons de cette
espèce de la mission de Sayaracu, sur les bords de l'Ucayale ( Pérou). Elle y
est très-commune. M. Tschudi ne l’a pas signalée (aura peruana).
IX. — 2 ter. GYMNODACTYLE vaRié, Gymnodactylus varius, À. Dum.
Granulations des régions supérieures médiocrement Jines, non entremélées de tubercules ; léle
épaisse, large; museau court, déclive, à plaque mentonnière très-grande; petiles taches noires
irrégulières, situées entre d'autres taches claires et se détachant les unes et les autres sur la
teinte générale, qui est brune.
Les formes sont peu élancées et même ces Gymn. sont trapus; leur queue
est assez robuste et assez allongée. Les granulations des régions supérieure
et gulaire, ainsi que les squames du ventre légèrement imbriquées et à bord
postérieur arrondi, n’offrent rien de particulier à noter, si ce n’est qu’elles
sont plus grandes que celles du Gymnod. huméral, ce qui établit entre ce
dernier et celui dont il s’agit ici, une différence frappante.
476 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSEUM.
La plaque rostrale très-fortement rabattue sur le museau, est en contact
par son bord supérieur avec les plaques nasales que séparent une ou deux
granulations. De chaque côté de la rostrale, on compte six plaques sus-
labiales. La mentonnière est fort grande ; elle emboite toute l'extrémité de la
mächoire inférieure et son bord postérieur, qui est large et représente le
sommet tronqué de cette plaque triangulaire, est en contact avec deux
srandes squames sous-gulaires formant le milieu d’une rangée d'autres
écailles dont les dimensions vont diminuant insensiblement de diamètre. Ces
plaques sont en contact par leur bord antérieur avec les sous-labiales.
Celles-ci sont au nombre de 5; la première est bien plus haute qu’elle n’est
large; son bord inférieur, au lieu d’être parallèle au supérieur, comme
cela se voit d'ordinaire, est oblique, et il en résulte que c’est en avant,
que la hauteur de cette sous-labiale est le plus considérable. La deuxième
plaque est identique à la précédente pour la forme, mais un peu moins
grande; la troisième est beaucoup plus petite et au-dessous d'elle, il s’en
trouve une qui lui est tout à fait semblable ; l’une et l’autre ont ensemble
une hauteur égale à celle de chacune des deux précédentes; la quatrième et
la cinquième sont fort petites.
Il n'y a point de pores fémoraux. La pupille est ronde.
Le système de coloration est bien conservé. Ce qui frappe surtout, c’est
une sorte de bigarrure résultant de l’assemblage assez irrégulier sur la tête,
sur le dos et sur les membres, de taches d’une teinte claire et de taches
noires, Ces dernières cependant forment sur le dos deux séries parallèles
séparées par la ligne médiane, qui est d'une teinte moins foncée que les
parties environnantes. Sur la tête, il y a des lignes courbes d’une teinte
sombre à convexité postérieure, Les flancs sont pointillés de noir et de
blanc. Les régions inférieures ont une nuance pâle, et la région gulaire,
depuis le bord postérieur des plaques mentonnières jusqu’au niveau de
l'angle des mâchoires, est parcourue, d’avant en arrière, par une ligne étroite
et blanchitre. /
Les deux espèces auxquelles celle-ci ressemble le plus sont le Gyrnod. de
Gaudichaud, et surtout le Gyrnod. huméral, mais elle se distingue de l'une
et de l’autre d’abord par son systéme de coloration, par l’ensemble de ses
formes moins élancées et plus robustes, puis par lexagération même des
caractères tirés de l'écaillure du tronc, ainsi que de la forme de la plaque
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 477
mentonniére, et qui ont déjà servi comme moyens de distinction entre les
deux espèces auxquelles je compare ce Gymn. varie.
Il nous est connu par cinq exemplaires en très-bon état de conservation
tout à fait semblables entre eux. Leur taille à peu près identique est, pour le
plus grand, de 0" 070 ainsi répartis : {éte et tronc, 0" 035, queue, 0"035.
Ils ont été envoyés de Cayenne au Musée de Paris.
X. — 2 quaiter. GYMNoDACTYyLE BRUN, Gymnodactylus Jüuscus, Dum.
Stenodactylus fuscus, Hallowell (Journ. of the Acad. of Philadelphia, 1854, p. 33).
Régions supérieures d’une teinte brune tantôt foncée, tantôt plus claire, avec de nombreuses
mouchetures noires; régions inférieures d'un jaune clair; point de pores aux cuisses, ni au
cloaque; cinq plaques sous-labiales de chaque côté; granulations du dos petites et uniformes.
Les dimensions sont peu considérables, car la tête et le corps ne mesurent
pas ensemble plus de 1 pouce un quart à 1 pouce et demi (mesure anglaise).
Dans notre spécimen donné par M. Hallowell, comme chez ceux que ce
zoologiste a examinés, Ja queue est mutilée. Il en a recu de nombreux exem-
plaires de l’État de Nicaragua (Amérique centrale).
La conformation des doigts, qui sont un peu effilés et légèrement anguleux,
non dentelés sur leurs bords et garnis en dessous de lames transversales, ne
laisse aucun doute sur la détermination de ce Gecko. Ce n’est point un Sténo-
dactyle proprement dit, mais un Gymnodactyle à écaillure homogène, dont la
vraie place est à la suite des espèces qui viennent d’être décrites. Il en diffère
surtout par son origine. Il est le seul Gymnodactyle qui, jusqu'ici, ait été
trouvé dans le continent américain septentrional, mais on voit qu'il appar-
tient à la limite la plus inférieure de cette contrée.
XI. — 5 bis. Gyrmnopacryre ELÉGANT, Gymnodactylus elegans, Dum.
Naultinus elegans, Gr., Zool. miscell., p.72. — Id., Gr., Dieff. New-Zeal., t. 11, P- 203. — Jd.,
Cat. of Liz., p. 169. — Gymn. élégant, Dum., Cat. Mus. de Paris, p. 43. — Id., Id., Répert.
Erp. génér., Dum. Bib., t. IX, p- 254.
PI. xvur, fig. 44, l’un des doigts vu en dessous.
Tété épaisse et large en arrière; museau oblus ; plaque rostrale dilatée en travers, le plus
souvent double; plaques labiales Presque constamment au nombre de 12 en haut et de 10 en bas;
queue longue, arrondie, portant à sa base de petits tubercules.
ARCHIVES DU Museum. T. VIII. 6:
478 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
* Il ya, chez les mâles, sur la région pubienne, des pores disposés sur quatre
ou cinq rangées, dont deux se prolongent sur la face interne de chacune des
cuisses et cessent à une certaine distance du jarret.
Les écailles qui recouvrent le museau sont plus grandes qne celles des
régions postérieures de la tête. Le dessus et les côtés du cou et du tronc, ainsi
que la face supérieure des membres, sont protégés par des grains squameux
assez fins, serrés, égaux entre eux. Un pavé granuliforme se voit sous la tête
et à la région gulaire. Des écailles à surface convexe, polygonales, un peu
moins petites que celles du dos et faiblement imbriquées, couvrent la poi-
trine et le ventre. Il y a un indice de pli cutané le long des flancs.
Les doigts sont moins gréles que ceux des autres Gymnodactyles. Le plus
externe des pattes postérieures est versatile comme dans toutes les espèces
de ce genre, mais les articulations ne sont point anguleuses et les lames de la
face inférieure, qui vont en diminuant insensiblement d’étendue transversale
depuis la base du doigt jusqu’à son extrémité libre, sont plus larges que
d'ordinaire, comme on peut le voir en comparant la fig. 14 de la pl. xvur avec
les figures 13 et 13 a, représentant la main et la face inférieure de l’un des
doigts du Gymn. gentil. Cette différence n’est pas assez importante pour qu'on
éloigne ce Geckotien du groupe auquel il appartient par toute son organi-
sation.
La pupille est verticale. Ce caractère, joint à la présence des pores anaux
et fémoraux, et d’un faible pli cutané latéral, oblige à modifier un peu l’en-
semble des caractéres assignés par mon père et par Bibron au groupe des
Gymnodactyles homonotes, parmi lesquels on n’en avait pas encore trouvé
réunissant ces diverses particularités.
Le système de coloration offre des différences assez notables suivant l’âge,
comme le montrent les divers exemplaires des musées de Londres et de Paris.
u. La teinte générale des adultes est d’un beau vert-pré plus pâle en des—
sous. Sur la tête, de chaque côté, il y a une bande longitudinale arquée,
d’une nuance claire, à convexité externe, puis sur la face supérieure de la
queue et des membres postérieurs, des taches de la même nuance, oblon-
gues, à contour irrégulier plus foncé. Chaque flanc, chez le mäle adulte, est
orné d’une bande longitudinale blanche interrompue et bordée de noir.
b. Deux échantillons d’äge moyen sont d’un vert plus foncé, et les taches
‘ont une teinte fauve. Sur le dos, elles ont la forme d'une losange entourée
ORDRE DES SAURIENS. —— GECKOTIENS. 479
d’un mince filet noir, et dont lun des angles est dirigé en avant. Sur la 1ête,
on voit deux lignes courbes confondues en arrière avec la première tache
dorsale du côté correspondant. Nous avons reçu des exemplaires offrant les
deux différences que je viens de signaler, par les soins de M. Arnoux, qui les
a recueillis dans la Nouvelle-Zélande.
c. Un jeune sujet enfin, semblable à un exemplaire également jeune, con-
servé au Musée britannique, est, en dessus, d’une teinte pourpre générale.
relevée seulement par deux lignes courbes blanches sur les côtés de la tête
Les régions inférieures sont pâles. Ce spécimen a été donné par la Société
zoologique. Il provient de la Terre de Van-Diemen.
A tous les âges, la lèvre inférieure est blanchätre.
XL. — 6 bis. Gymnopacryze »'ARnoux, Gymnodact. Arnouxii, A. Dum.
Idem, À. Dum., Cat. des Rept. du Mus. de Paris, p. 44.
PI. xvur, fig. 5, l'animal entier; fig. 5 a et 5 b, l’un des doigts vu en dessous et une portion
des tésuments du dos.
Au milieu d'une granulation serrée, de petils tubercules arrondis, à surface convexe, sans
caréne, tous semblables entre eux et formant, avec une réqularilé parfaite, seize rangées longi-
tudinales; queue simplement granuleuse dans toute sa longueur et sur sa circonférence entière.
Les séries de tubercules du dos se continuent sur la tête, mais elles y sont
moins apparentes, parce que le volume de ces tubercules, qui sont d’ailleurs
parfaitement semblables aux autres, est moins considérable. Elles cessent, au
niveau du bord postérieur des régions sus-oculaires, ainsi que le montre la
figure 5 sur laquelle ces tubercules sus-céphaliques sont d’ailleurs un peu
trop volumineux. On en voit sur la face supérieure des membres postérieurs,
mais il n'y en a pas sur les membres de devant.
Les régions sous-maxillaire et gulaire sont couvertes de fines granula-
tions qui augmentent un peu de volume à l'abdomen où elles sont rangées
en séries obliques régulières, et elles ont l'apparence de petites écailles non
carénées.
La queue est arrondie, conique et couverte en dessous, comme en dessus,
d’écailles semblables à celles de l'abdomen, mais plus grandes et non entre-
mélées de tubercules. Elles y forment de très-nombreux anneaux réguliers,
légèrement saillants à leur bord postérieur.
480 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM,
On compte huit plaques sus-labiales à droite comme à gauche de la ros-
trale, qui est quadrilatère et un peu échancrée de chaque côté, à son angle
supérieur et externe, par l’orifice de la narine, que bordent en haut la plaque
nasale en contact avec la rostrale, en bas la premiere plaque de la lèvre supé-
rieure, et en arrière, des granulations. La lèvre inférieure porte sept paires de
plaques. La mentonnière est fort grande; elle a la forme d’un triangle dont le
sommet arrondi, bordé de chaque côté d’une très-petite plaque ovalaire, se
dirige en arrière au delà du bord des plaques labiales.
Le sujet unique du Musée de Paris manque de pores pré-anaux el
fémoraux.
Ce Gymnodactyle est d’un brun plus clair en dessous qu’en dessus, où l'on
voit, depuis l’occiput jusqu’à la terminaison de la queue, des bandes trans-
versales d’un brun noirâtre, courbes, à convexité postérieure et à bords on-
dulés. On en compte huit également espacées depuis l’occiput jusqu’à la
racine de la queue. (Le dessinateur à omis la première sur la nuque.) Des
taches régulières rappelant la disposition de celles du dos, ‘occupent toute la
face supérieure de la queue, dont le dessous , ainsi que le ventre et les
régions gulaire et sous-maxillaire , ne porte ni taches, ni pointillé. Sur la
région occipitale, il reste quelques traces de deux bandes transversales sem-
blables à celles du dos. Le museau est parcouru par plusieurs raies longitudi-
nales d’un brun foncé, dont la plus apparente part du bord postérieur de
l'œil pour aller se perdre sur les côtés du cou.
La forme parfaitement circulaire des tubercules cutanés, le défaut de ca-
rène à leur surface, leur tres-grand nombre et l'extrême régularité de leur
arrangement en séries parallèles s'opposent à toute confusion entre cette
espèce et celles qui sont également hétérolépidotes. C'est surtout cet aspect
globuleux des tubercuies, ainsi que l'absence d’épines sur la région caudale
qui, avec les différences marquées du système de coloration, éloignent le
Gymnodactyle d’Arnoux des espèces également originaires de l'Australie que
M. Gray a décrites (Cat. of Liz., p. 174), sous les noms de Heteronota Ken-
dallii et H. Binoei.
Le Gymn. de D'Orbigny, recueilli par ce voyageur au Chili, est l'espèce
la moins différente dans ce groupe, et auprès de laquelle le Gyrn. d'Ar-
noux doit venir se placer.
Le spécimen unique de cette jolie espèce a été pris dans la Nouvelle-
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 48i
Zélande par M. Arnoux, chirurgien de la marine à qui nous l'avons dédié.
Longueur totale 0"085 ainsi répartis : tête et tronc, 0" 044, queue, o"o4r.
XIII. — 6 ter. Gymnopacryce DE Pense, Gymnodact. persicus, À. Du.
ESPÈCE NOUVELLE.
Au milieu d'une granulation serrée, de nombreux tubercules irréqulièrement disposés, peu
considérables, un peu coniques, surtout ceux des régions postérieures; plus volumineux sur le
dos que sur les flancs et que sur la téle, où ils ne s'étendent pas au-devant des yeux ; téte courte
et épaisse; queue cylindrique, de longueur médiocre, verticillée et fort yréle, ainsi que les membres.
La conformation générale est assez remarquable, en raison de la gracilité
des membres et de la queue relativement au tronc, qui est plutôt trapu. La
tête a peu de longueur, elle est épaisse, bombée au niveau des orbites, d’où
résulte une déclivité très-prononcée du museau, qui est court et arrondi.
Les granulations des régions supérieures sont irrégulièrement polygonales,
et les petits intervalles qu’elles laissent entre elles sont remplis par d’autres
granulations d’un volume beaucoup moindre, triangulaires et disposées de
facon à former une sorte de couronne autour de chacun des tubercules, qui
sont en grand nombre, et non groupés en séries régulières. Sur la tête, ils
sont plus petits que partout ailleurs, plats où un peu globuleux; sur le
tronc, au contraire, leur partie moyenne est légèrement proéminente, et ceux
des régions postérieures sont coniques. Il y en a sur les membres et sur la
queue, où ils forment, dans chaque anneau, le rang antérieur, celui qui par
la saillie qu'il présente rend apparente la disposition verticillée des écailles
caudales. A la base de la queue, de chaque côté, on voit deux ou trois
tubercules rapprochés et saillants.
Le ventre est revêtu d’écailles polygonales et plus grandes que les granu-
lations de la gorge, qui sont très-régulières et toutes de même dimension,
excepté celles bien plus volumineuses des deux ou trois rangs situés immé-
diatement derrière les plaques sous-labiales. Ces dernières sont au nombre
de 21 à 25, en y comprenant la mentonnière, qui offre des dimensions
médiocres. On en compte 24 à la lèvre supérieure séparées par la ros-
trale; celle-ci est double, et chacune de ses moitiés est à peu près sem—
blable à la plaque dont elle est suivie, si ce n’est qu’elle est un peu plus
haute. Cette rostrale concourt, de chaque côté, avec la première, plaque
de la lèvre supérieure et avec trois petites plaques nasales postérieures à
482 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
circonscrire la narine, dont l’orifice est presque terminal. Les deux ou-
vertures nasales sont petites et très-rapprochées l’une de l’autre.
La pupille est verticale. Il n'y a point de pores pré-anaux ni fémoraux.
La teinte générale, autant qu'on peut en juger, malgré la destruction
presque complete de l’épiderme, parait être, en dessus, un brun peu foncé.
Depuis la nuque jusqu'à l’origine de la queue, il y a cinq larges bandes trans
versales plus sombres. On en voit de semblables, mais plus étroites, et qui
sont par conséquent plus nombreuses sur la queue et sur les membres, et
jusque sur les doigts. La gorge est vermiculée de petits traits bruns. Tout le
reste des régions inférieures est d’un brun-jaune clair et uniforme. Il ny a
point de taches ni de lignes sur la tête.
L'énumération de tous les caractères qui précèdent ne laisse aucun doute
sur leur valeur comme marques distinctives propres à éloigner cette espece
jusqu'ici inédite de toutes celles que comprend le genre auquel elle ap-
partient. °
Elle diffère, en effet, par sa conformation générale, la gracilité des mem-
bres et de la queue, par la forme de la tête, par l'aspect mème des tubercuies
et leur irrégularité, des espèces dites Gymn. de D'Orbiony, d’Arnoux et à
bandes, qui sont celles dont elle s'éloigne le moins.
La description qu’on vient de lire est faite d’apres trois individus parfai-
tement semblables entre eux et rapportés par Aucher-Eloy de son voyage dans
le Levant, et particulièrement dans la Perse : d’où le nom spécifique dont
j'ai fait choix pour ces nouveaux Gymnodactyles. — Le plus grand est long
de o"11 ainsi répartis : téte et tronc, 0"06, queue, 0" 05.
XIV. — 8 bis. Grmnopacryce caspien, Gyrnodactylus caspius, Eichwald.
Idem, Eichw., Zool. specialis Rossiæ et Polon., pars posterior, p. 181, et Fauna caspio-caucasia,
1841, p. 91, tab. xv, fig. 4-2. — Uromastix fasciatus, Ménestriés, Catal. raisonné, n° 220. —
Gymn. caspius, Eichwv., Catal. des Rept. du Mus. de Paris, p. 45. — 1d., Y., Répert. Erpét.
génér., Dum. Bib., t. IX, p. 254
Sur le dos, des écailles granuleuses entremélées de tubereules beaucoup plus grands, saillants,
fortement carénés, ayant la forme de petites pyramides triangulaires et disposés en séries lon-
gitudinales. assez régulières sur le dos et en verticilles sur la queue; des tubercules sur les
membres; téte large; museau mousse et arrondi; des pores pré-anaux et fémoraux.
La description très-complète donnée par M. Eichwald, et la figure jointe à
ORDRE DES SAURIENS. — GECROTIENS. 483
son texte, dispensent d'indications détaillées sur ce Gymnodactyle, dont je
parle ici parce que le Musée de Paris en possède un très-bel exemplaire
adressé de Saint-Pétersbourg par M. Ménestriés depuis la publication du
t. I de l’Ærpét. génér. Je tiens d’ailleurs à relever les différences remarqua-
bles qui le séparent du Geckotien que M. Rüppell a le premier fait connaître
sous les noms de Stenodactylus scaber, et avec lequel différents zoologistes,
et en particulier MM. Fitzinger (Syst, p. 93) et Gray (Catal., p. 175), le con-
fondent.
Si donc, nous les comparons lun à l’autre, nous voyons chez le Gymnod.
caspien les particularités suivantes.
1° La granulation du dos entre les tubercules est beaucoup moins fine et
moins régulière; ces tubercules sont plus volumineux et plus espacés, et en
outre, sur la ligne médiane du dos, il y en a de même forme, mais plus
petits, disposés en rangée longitudinale. — 2° Les squames du ventre sont
moins grandes et groupées de façon à former des lignes plus obliques. —
3° La tète est plus large et le museau plus arrondi et plus mousse. — 4° La
plaque mentonniere représente un triangle plus allongé, à sommet plus
pointu, d’où résulte un écartement plus considérable des deux plaques entre
lesquelles ce sommet pénètre. — 5° Les formes sont plus robustes; les mem-
bres sont moins longs et moins grêles. — 6° Les pores, au lieu de n’occuper
que la région pré-anale, s'étendent en outre sur chaque cuisse et forment
ainsi une ligne courbe continue. — 7° Enfin, les régions supérieures portent
des bandes en travers et non des lignes longitudinales.
XV. — 8 ter. GymnoDacryre cocéonyx, Gymnodactylus coleonyx. Dum.
Coleonyx elegans Gray (Anmals and magaz. of nat. hist. Sept. 1845, t. XVI, p. 462). — Gym-
nodact. scapularis, À. Dum., Catal. des Rept. du Mus. de Paris, p. #5. — Id., Id., Répert.
£Erpét. gén., Dum. Bib., t. IX, p. 254.
PL xvir, fig. 6, l'animal entier, 6 a, sa main vue en dessous; 6 b, l'un des doigts; 6 c, région anale.
Doigts à peu près cylindriques, mousses à leur extrémité, qui est munie de deux longues
écailles latérales, un peu étroites, légèrement convexes, formant pour l'ongle qui est court une
gaine où il peut se cacher entièrement, et complétée en dessus par une écaille moins longue.
Cette conformation particulière des doigts suffit pour éloigner ce Gymno-
484 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
dactyle de tous ceux que l’on connaît. C’est ce que j'avais indiqué dans notre
Catalogue, où je l'ai désigné par les noms de Gymn. à scapulaire, en faisant
observer qu'il pourrait être considéré comme le type d'un sous-genre. Ces
noms ne doivent plus être conservés maintenant. Ceux de Coléonyx élégant
que lui a donnés M. Gray, quelques mois après la publication de son Catal.
où cet animal n’est pas mentionné, seraient admis dans ce Mémoire s’il n'y
avait nécessité de laisser à ce Gecko la dénomination générique de Gymno-
dactyle rappelant la grande division à laquelle il appartient. Nous le nom-—
mons donc au Musée de Paris Gymn. coléonyx, où Coléonyx élégant, si on
le considère comme le type d’une subdivision dans le genre Gymnodactyle.
J'ai d’ailleurs constaté l'identité de notre espèce et de celle du Musée de
Londres. Elle a été confirmée par M. Gray lui-même, car il a pu comparer
la fig. 6, de la pl, xvir avec l'individu qui a servi a sa description, et dont la
patrie est l'Amérique centrale, comme pour le nôtre. Celui-ci est sans doute
plus ägé. C’est du moins ce que semble indiquer l'absence, sur la tête, des
lignes concentriques noires visibles chez le sujet du Musée britanique et
remplacées ici par une large bande blanche bordée de noir, qui dessine le
contour de la région occipitale en s'étendant jusqu'aux yeux.
J'ajouterai maintenant quelques détails pour compléter la description.
La tête est volumineuse, longue et large en arrière. Le museau est coni-
que. La plaque rostrale est triangulaire, et son sommet se prolonge un peu
en arrière ; à droite comme à gauche, elle touche, par sa portion supérieure,
aux deux plaques nasales qui circonscrivent l'orifice de la narine. On compte
sur chaque moitié de la lèvre supérieure six plaques, dont la deuxième a
beaucoup plus de longueur que toutes les autres. Le tronc est gros et les
membres sont médiocrement robustes. La queue manque presque complé-
tement sur notre exemplaire, mais nous voyons dans la description de
M. Gray qu’elle est cylindrique et porte des anneaux formés par des tuber-
cules sub-anguleux, dont le volume dépasse celui des écailles situées entre
les verticilles. Elle est renflée en dessous près du cloaque et armée de
chaque côté, à sa base, de gros tubercules.
L’écaillure du tronc se compose de granulations fines et régulières, entre-
mélées de nombreux tubercules un peu coniques, disposés en séries, ils sont
plus petits et plus espacés sur la nuque et sur la tête que sur le dos; sur les
reins, au contraire, leur nombre augmente. Ils sont assez abondants sur les
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 485
membres postérieurs, tandis que l’écaillure des antérieurs est homogène et
uniquement composée de petites squames un peu imbriquées.
Les régions sous-maxillaire et gulaire sont couvertes de grains très-fins, au
milieu desquels il s’en trouve quelques-uns plus volumineux, rassemblés
de manière à former un petit groupe de forme irréguliere placé sur la ligne
médiane, et ne dépassant pas en arrière le niveau de l'angle de la mâchoire
inférieure. L’abdomen est revêtu d’écailles polygonales, un peu imbriquées,
plus grandes et assez manifestement triangulaires à la région pré-anale, qui
porte une série angulaire de pores. ;
Sur un fond brun-orisâtre, trois larges bandes d’un brun foncé occupent
en dessus presque toute la longueur du corps, car elles ne laissent entre elles
que des intervalles étroits couverts par la teinte du fond. Sur le cou, il y a
une tache semblable aux bandes : elle se termine, en arrière, par un pro-
longement sur chacune des épaules, et en envoie à la région antérieure
deux autres qui s'étendent sur les côtés de la tête, dont le dessus est orné
d’une bande noirâtre en fer à cheval. Entre cette bange et les deux prolon-
gements antérieurs de la tache du cou que je viens de décrire, la teinte grise
du fond apparaît sous forme d’une bande de même forme que celle en fer
à cheval et de nuance brune qui lui est concentrique. — J'ai déjà signalé
la différence que présente, sous ce rapport, le spécimen du Musée de Lon-
dres, chez lequel cette bande claire à bords foncés est remplacée par plu-
sieurs lignes noires, ce qui, suivant M. Gray, indiquerait que l'animal qui
lui a servi de type est plus jeune que le nôtre. — A la naissance de la queue,
dont il ne reste qu'un tronçon, il y a une tache transversale semblable à
celle du dos. — Les parties inférieures sont d’un gris jaunâtre uniforme.
La longueur, depuis l'extrémité du museau jusqu’à la racine de la queue,
est de 0"09, ainsi répartis : tête et cou, 0"04, tronc, 0" 05 ; queue mutilée.
C’est de M. Arthur Morelet que le Muséum a reçu ce curieux Gecko. Il l’a
recueilli dans la province du Peten, pendant l'important voyage qu’il a accom-
pli à travers les contrées si peu explorées de l'Amérique centrale, d’où pro-
vient également l'individu décrit par M. Gray !.
1. Aux Gymnodactyles nouveaux inconnus à Paris, il faut ajouter les suivants, décrits par M. Jerdon
Catal. of Rept. inhabiting the peninsula of India (Journ. of the asiat. soc. of Bengal, 1853,
t. XXII, p. 469 et suiv.) : G. malabaricus, littoralis, mysoriensis. — Nous ne connaissons pas non
plus d’autres Geckotiens signalés par le même zoologiste dans ce Journ., p. 467 et 468. I] les nomme
AROHIVES DU MusÉuM. T. VIII. 62
486 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
VII. GENRE STÉNODACTYLE. STEVODACTILUS. FiITZ.
PI. xvin, fig. 45, 16 et 16 a.
Les détails dans lesquels je suis entré en commencant la révision du genre
Gymnodactyle ont montré le lien qui, dans les méthodes de différents z00-
logistes, réunit tous les Geckos à doigts non dilatés, c’est-à-dire ceux que les
auteurs de l’Erpét. génér. ont décrits sous les noms ‘de Gymnodactyles et de
Sténodactyles, et qui, par conséquent, diffèrent beaucoup, par leur genre
de vie, des autres Geckotiens.
Le genre Sténodactyle, tel qu'on peut l’admettre dans les limites étroites
que M. Fitzinger d’abord, puis mon père et Bibron lui ont assignées, est très-
bien caractérisé par les granulations de la face inférieure des doigts et par
les dentelures de leurs bords indiquant des animaux fouisseurs!. 11 s'éloigne
d’une façon notable des Gymnodactyles, dont tous les doigts, sans dentelures
latérales, sont munis en dessous d'écailles transversales. En outre, le cin-
quième, chez les Sténodactyles, n’est pas versatile, ce qui s’oppose à ce que,
comme les précédents, ils puissent grimper sur les arbres.
M. Fitzinger, dans son Syst, place à la suite du genre Stérodactyle, le
genre Æublepharis, Gr., dont le type £ubl. Hardwicki, Gr. est inconnu au
Musée de Paris, et qui paraît se rapprocher plus des Gymnodactyles que des
espèces comprises dans le genre dont nous avons maintenant à nous occuper.
Les doigts, en effet, chez l’£ublepharis, ne sont ni granuleux en dessous, ni
dentelés sur leurs.bords ; leur face inférieure, au contraire, est protégée par
des lamelles transversales. Aussi M. Gray place-til ce genre à la suite des
Naultinus et avant son genre Homonota, qui a pour type le Gymnodact. de
Gaudichaud, Dum. Bib.
Outre le Stén. tacheté, on en connaît deux autres très-distincts : l’un de
Hemidact. sub-triedrus, n. spec.? (A. triedrus, var.?), Hem. punctatus, Homonota fasciata. —
Dans ce même vol., p. 646, M. Blyth mentionne un autre Hémidact. indien : Leiurus Berdmorei.
— Enfin, parmi les nouveaux Geckos, il y a (Proc. Philad., mars 1852) Hemidact. angulatus Hallow.
de la côte occident. d'Afr. et Pachydact. tristis Hallow. (même Recueil, juin 1854) de Liberia.
4. Dans un Mém. (Revue de zool., A851, p. 479) où j'ai décrit le Sténodact. queue-cerclée, dont
il est question plus loin, j'ai cherché à montrer par la plupart des exemples connus, la corrélation
remarquable qui existe non-seulement chez les Sauriens, mais chez certains insectes, entre la présence
de dentelures sur le bord des doigts et le genre de vie, les animaux ainsi conformés étant tous plus ou
moins fouisseurs.
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 487
l'Afrique du Sud, inscrit par M. Smith sous les noms de S4. garrulus, etl'au-
tre, du Sénégal, que j'ai nommé $t. caudicinctus.
Un troisième (St. mauritanicus) recueilli en Algérie, décrit et figuré
par M. Guichenot, dans l£rpétologie de cette contrée, ressemble beaucoup à
l'espèce type (Sr. e/egans, Fitz., ou S. guttatus, Cuv.).
M. Eichwald (Waturhist. Bemerkungen über Algier, und den Atlas in
Nouv. Mém. de la Soc. impér. des natural. de Moscou, t. IX, 1851, p. 419)
dit en parlant du 54. tacheté, qui est compris parmi les animaux qu'il décrit
comme vivant en Algérie, que probablement il y a identité entre ce Gecko-
tien et le S£. mauritanique. Ya distinction est, en effet, fort difficile à établir,
tant les analogies sont frappantes. La comparaison, d'ailleurs, ne peut pas
être complète sous tous les rapports, avec le type égyptien, qui est unique
au Musée de Paris, et dont les couleurs sont fort altérées.
XVI. — 1 bis. STÉNODACTYLE MAURITANIQUE, Slenod. mauritanicus, Guich.
Idem, Guich., Explor. scientif. de l'Algérie, Rept., p. 5, pl. 1, fig. 4 et fig. a, b, c, d.
Les différences caractéristiques se remarquent particulièrement, comme
le fait observer le zoologiste qui a, le premier, décrit cette espèce, dans la
disposition des couleurs. Voici les détails qu’il a donnés à ce sujet :
« Le dessus de la tête, dit-il, est d’un gris ardoisé marqué de points pâles
et de traits diversement disposés sur le crâne; le corps et la queue présen-
tent un gris foncé qui passe au vert fauve sur la région dorsale, avec de très-
larges bandes brunes transversales et des gouttelettes jaunes apparaissant
sur la ligne médiane de la queue sous la forme de grandes taches rondes et
séparées de cette dernière couleur. Une teinte d’un gris fauve règne sur les
régions inférieures, et les membres, dans toute leur étendue, sont semés, sur
un fond grisätre, de taches ou traits d’un bleu pur. »
Le Musée possède les trois individus qui ont servi pour cette description.
Ils ont été pris à Oran par M. Guichenot et par MM. Levaillant et Bravais.
Un nouvel examen d’un spécimen envoyé d’Afrique par M. Botta, nous
montre son analogie parfaite avec le S. tacheté, dont nous rapprochons éga-
lement deux exemplaires récemment reçus d'Algérie, par les soins de M. le
général Daumas. — Il n’y a pas de différence notable entre cette espèce et
un sujet qui porte pour renseignement qu'il a été recueilli en Australie, sur
488 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
les bords de la Baie des chiens marins. Cependant, en raison de l'identité
spécifique incontestable de ce Geckotien et du 57. tacheté, je crains que cette
indication ne soit inexacte.
XVII. — 1 er. STÉNODACTYLE BABILLARD, Stenodactylus garrulus, Smith.
Idem, Smith, Zlustr. of the <ool. of South Afr. Appendir, p. 6. — Id., Catal. des Rept. du
Musée de Paris, p. #7. — Id., Répert., Erpét. génér., Dum., Bib., t. IX, p. 255.
Tête fort courte, large, bombée, à museau obtus et très-déclive; ouverture de la bouche peu
considérable; sept plaques à la lèvre supérieure de chaque côté de la rostrale et sept à la lèvre
inférieure de chaque côté de la mentonnière; membres trapus et robustes; queue courte, conique
et assez volumineuse.
Cet ensemble de caractères permet très-facilement de distinguer cette
espèce du Sténodactyle tacheté, qui a la tête plus longue, le museau moins
court, moins obtus, beaucoup moins déclive, l'ouverture de la bouche
plus considérable et qui, par suite, porte un plus grand nombre de plaques
labiales, car on en compte douze de chaque côté de la rostrale, comme de
chaque côté de la mentonnière. Enfin, les membres sont proportionnelle-
ment un peu plus longs et plus déliés que chez le Stér. babillard, puis la
queue est plus grêle et légèrement plus allongée.
On peut ajouter, pour compléter la description de cette espèce nouvelle,
que les régions supérieures sont couvertes de petites granulations plus fines
encore sur la tête que sur le dos; il en est de même pour celles de la gorge,
qui sont inférieures en volume à celles du ventre, où déjà elles ont un dia-
mètre trés-peu considérable. La queue est simplement granuleuse dans toute
son étendue, en dessus et en dessous. Sur les côtés du cou, la peau est lâche
et se gonfle à la volonté de l'animal.
Les couleurs de notre spécimen sont un peu altérées par l’action de l’al-
cool; on y retrouve pourtant des traces du système de coloration que
M. Smith décrit ainsi :
Les parties supérieures et latérales, le dos, les flancs et la queue sont d’une
couleur orange pâle; près du cou, le dos est varié de lignes transversales
étroites et ondulées, d’un rouge brunûtre ; le reste du dos est bigarré de pe-
tites taches irrégulières de la même nuance. La queue est tachetée de rouge-
brun ; les régions inférieures sont d’un blanc jaunûtre.
ORDRE DES SAURIENS. — GECKOTIENS. 489
M. Smith donne les détails suivants sur les mœurs bizarres de cette jolie
petite espèce : « Le Sténodactyle babillard, dit-il, habite les contrées sablon-
neuses de l'Afrique australe. Il vit en troupes et habite de petits terriers
presque perpendiculaires. 11 cherche probablement sa nourriture pendant la
nuit; du moins, pendant le jour, je n'ai jamais vu que sa tête au-dessus du
sol; on peut alors, dans les localités où on le rencontre, en voir un grand
nombre d'individus qui regardent, réfugiés dans leur cachette, en produi-
sant chacun un cri aigu, comme cAik-chik; et la multitude d'animaux se
livrant ensemble à cette occupation est telle, et le bruit qui en résulte est si
désagréable, que le voyageur est forcé de changer ses quartiers. »
XVIIL. — 1 qualer. STÉNODACTYLE QUEUFE-CERCLÉE, Slenodactylus
caudicinctus, À. Dum.
PI. xvur, fig. 45, un des doigts vu en dessous.
Idem, A. Dum., Cat. des Rept. du Mus. de Paris, P. 48. — Jd., Revue de zool., Oct. 1851, no 10,
P. #79, pl. xur. — 7d., Répert., Erpét. génér., Dum., Bib., t. IX, p. 255.
Tubercules nombreux, semés avec régularité au milieu de la granulation générale des parties
supérieures; queue robuste, entourée, dans toute sa longueur, de larges anneaux très-réguliers,
qui sont armés en dessus de tubercules volumineux.
Ces caractères suffisent pour établir une distinction tranchée entre ce Sté-
nodactyle et ses congénères, car il est le seul dont l’écaillure ne soit pas
homogène et qui, par les verticilles tuberculeux de la queuë, ait une certaine
analogie avec les Iguaniens nommés, en raison de cette particularité, Oplures,
Uromastyx, etc.
Les formes sont lourdes. La tète est volumineuse, large en arrière, assez
allongée, à museau conique. La queue renflée à la partie moyenne s’amincit
rapidement vers sa pointe. Outre sa grosseur qui est assez considérable, elle
est longue, car elle n’a que 0"o10 de moins que le tronc. — Les membres
sont robustes et les doigts granuleux en dessous et dentelés sur leurs bords,
comme chez tous les Sténodactyles. Les cuisses et les jambes portent en dessus
des tubercules qui manquent aux membres antérieurs.
Il y a, sur la région pré-anale, une rangée de pores.
Sur les parties latérales du dos et du cou, les tubercules sont réunis trois à
trois : un volumineux au milieu, bordé, de chaque côté, par un autre tuber-
#90 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
cule plus petit qui lui est adhérent. Sur la région médiane, ils sont isolés. A
la face supérieure de la tête, ils sont plus serrés que partout ailleurs, et sur les
verticilles de la queue, plus saillants que dans aucun autre point.
La gorge est recouverte de petites squames juxtaposées régulières, presque
circulaires. On en voit cependant quelques-unes plus grandes en avant ; il y
en a deux, en effet, qui bordent la mentonnière et qui sont elles-mêmes sui-
vies de deux autres d'une dimension un peu moindre. En dehors de chacune
des plaques antérieures de ce petit groupe formé par les quatre que je viens de
signaler, on en trouve, le long du bord inférieur de la mächoire, une rangée
bientôt confondue avec les autres pièces du pavé granuliforme environnant,
mais dont les cinq ou six premieres, de moins en moins grandes, l’emportent
toutes cependant par leur volume sur celles qui les entourent. Les écailles
du ventre et de la région sous-caudale ont des dimensions plus considérables
que celles de la gorge; elles sont faiblement imbriquées et arrondies à leur
bord postérieur. — De chaque côté de la plaque rostrale, qui est dilatée en
travers, et dont le bord supérieur est un peu ondulé, il y a douze labiales.
La teinte générale est un brun grisâtre tirant sur la couleur lilas, orné en
dessus de trois grandes taches d’un brun violacé. La premiere, en forme de
fer à cheval, commence, de chaque côté, derrière l'œilet s’arrondit sur l’oc-
ciput. La deuxième, à peu près quadrilatère, couvre les épaules. La troisième
a la forme d’un large triangle, dont la base concave se termine en avant par
deux prologements pointus, qui s’avancent sur les flancs, et son sommet très-
aigu s'arrête sur la ligne médiane, au niveau de la naissance des membres
postérieurs. Sur la queue, il y a quatre demi-anneaux de la même nuance
que les taches, et le dernier se confond en partie avec le troisième. En des-
sous, la couleur est partout un brun grisâtre uniforme d’une teinte plus claire
que celle des régions supérieures.
Outre ces divers caractères, qui établissent des différences si tranchées
avec les autres espèces du même genre, il faut encore citer la grande taille
de ce Gecko, car il les dépasse toutes. Sa longueur totale est de o" 155 ainsi
répartis : tête, 0" 025, tronc, 0"070, queue, 0" 060.
Le Muséum ne possède qu’un seul spécimen type de cette espèce nouvelle.
1l est originaire du Sénégal, et dans un très-bon état de conservation.
ORDRE DES SAURIENS. — VARANIENS. 491
QUATRIÈME FAMILLE : VARANIENS OU PLATYNOTES.
Les Reptiles réunis sous le nom de Varans forment une famille fort natu-
relle, qu’il est aussi facile d'isoler du reste des Sauriens que les trois familles
précédentes. Elle comprend, en effet, des Reptiles de taille assez grande, très-
nettement caractérisés par leur écaillure composée de granulations tuber-
culeuses semblables sur toute la surface du corps, et par la conformation de
leur langue charnue, longue, protractile, profondément bifide et engainée
dans un fourreau. C’est cette dernière particularité que Wagler a voulu dési-
gner, quand il a fait usage de la dénomination de Thecoglossæ (langue dans
une gaine). — Mon père a exposé dans le t. III de l’Ærpét. génér., l’histo-
rique de la classification de cette famille. Je dois me borner à rappeler ici
les nouveaux travaux sur ce sujet. — M. Fitzinger (Syst. 1843), a modifié
son classement de 1826. Partageant tous les Reptiles en 5 grandes séries :
AmeryGLossæ, Fitz., Leprocrossæ, Fitz. (Wiegm.), Tesruniwara, Oppel,
Drpxoa, Leuckart, et Raizoponra, Fitz., c'est dans la deuxième que sont intro-
duits les 7'hécoglosses, qui constituent une première tribu dans la section
(dite des P/éodontes), placée elle-même en tête de l’ordre des Sauriens.
Cette tribu des Thécoglosses est formée par la réunion de quatre familles.
La première ( Palæosauri) ne comprend que des genres fossiles; dans la qua-
trième, on trouve les Améivas et quelques groupes voisins réunis sous le nom
de Podinemcæ. C’est à la troisième (Pobrdædali) que les vrais Varans sont
rapportés. La deuxième enfin (Æelodermata) ne se compose que d’un seul
genre, celui que Wiegmann a établi sous le nom de Heloderma.
Avant d'étudier les Varans proprement dits, j'ai à mentionner les recher-
ches récentes sur l’Héloderme, entreprises par M. Troschel qui, en faisant
connaitre avec un assez grand nombre de détails la structure de ce Reptile
presque inconnu des naturalistes jusqu’à ces derniers temps, a jeté un nou-
veau Jour sur son histoire, et a montré ses véritables affinités zoologiques
(Ueber Heloderma horridum, Troschel's Archiv. fur naturgeschichte, 1853,
19° année, £ I, p. 294, pl. xu1 und xiv).
Ce Saurien, que le Musée de Berlin a longtemps possédé seul, et qui fut
primitivement décrit et figuré par Wiegmann, n'avait jamais été mentionné
depuis, que d’après le dessin et le texte du célèbre naturaliste prussien. Le
Musée Britannique cependant en possède aujourd’hui deux individus, l’un
492 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
adulte et l'autre plus jeune. La langue malheureusement n’a pu être étudiée,
et M. Gray a dù forcément se borner à reproduire les indications fournies
par l’Erpét. du Mexique, en considérant ce lézard, le seul que renferme le
genre unique Héloderme, comme type, dans son Cat. of Liz., de la famille
des Hélodermides, qu'il place à la suite de celle des Monitorides (Varans)
laquelle, dans son Système, est en tête de la tribu des Cyclosaures, qu’il con-
sidère comme devant être la première du sous-ordre des LEPrOGLossEs.
L'animal que M. Troschel a examiné est en assez mauvais état sous cer-
tains rapports seulement, et il est conservé dans l’alcool au riche Musée de
Bonn. Ce zoologiste a constaté son identité spécifique avec l’Héloderme
hérisse, Wiegm.
Beaucoup de circonstances importantes à noter relativement au squelette,
sont signalées dans son Mémoire, mais je dois m'en tenir dans cette analyse
aux faits les plus saillants.
Celui qu’il faut signaler tout d’abord est relatif à la conformation de la
langue qui, un peu bifide en avant, il estvrai, mais beaucoup moins que ne
l'est celle des Varans, ne peut pas, comme chez ceux-ci, rentrer ‘dans une
gaine ou fourreau membraneux. Elle n’est longue que de 0"038 (la tête me-
surant 0"090), et chacune de ses pointes y est comprise pour 0"O10.
Sa surface, loin d’être molle et charnue, est recouverte de papilles écail-
leuses assez grandes à la base de l'organe, mais qui diminuent insensiblement
en avant, de sorte que les deux pointes sont presque lisses.
Voici d’ailleurs les conclusions que M. Troschel tire de l’étude des parties
dont il a pu faire un examen suffisamment approfondi.
« Si maintenant, dit-il, nous nous demandons quelle est la véritable place
de l’Héloderme, c’est surtout la forme de la langue qui nous guidera pour
notre réponse, car cet organe, dans tous les systèmes récents de classification
des Sauriens, est considéré comme l’un des plus importants. Fort heureuse-
ment, il a été conservé dans notre exemplaire, tandis qu’il n’a pu être étudié
par M. Wiegmann qui, d’après la description de Hernandez, où la langue est
désignée comme protractile, large et bifide, a rangé ce Lézard parmi ses fis-
silingues, et c’est seulement cette description qui le porte à conclure qu’elle
peut se retirer dans une gaîne !, Nous avons dit qu'il n'y a pas trace de ce
4. Je ferai observer qu’on peut, avec M. C. Ranzani (de Tupinambididus, 1836, p. 21), s'étonner
ORDRE DES SAURIENS. — VARANIENS. 493
fourreau. La langue, en outre, dans sa conformation générale, n’est pas
semblable à celle des Varans, tandis qu’elle présente une grande ressemblance
avec celle des brevilingues de Wiegmann, et surtout avec celle des Reptiles
compris dans la division de ce groupe où il décrit cet organe comme oblong,
bifide et écailleux, division dont il forme une famille spéciale comprenant les
Lézards proprement dits dans l'ordre des Sauriens. »
« Les apparences extérieures ne s'opposent pas à ce que l'Héloderme soit
placé dans la famille des Lacertiens, Dum. Bib., et même la forme quadrila-
térale des écailles du ventre est un caractère qui confirme cette classification. »
«Un seul doute peut maintenant s'élever. Ce genre doit-il prendre place
dans la famille même des Lacertiens, ou ne pourrait-il pas devenir le type
d'une famille voisine? Le squelette diffère certainement, sous bien des rap-
ports, de celui des Lézards propres, mais comme il en est probablement de
même pour plusieurs autres genres considérés cependant comme peu éloi-
gnés les uns des autres, je n'hésite pas à ranger l'Héloderme dans cette famille
des Lacertiens, car il présente la plupart des caracteres que MM. Duméril et
Bibron ont employés pour en tracer la délimitation dans l’ordre des Sau-
riens. » (Traduction inédite de M. Lobligeois.)
Je reviens aux Varans proprement dits. Je dois d’abord rappeler un savant
travail de M. Ranzani, publié en 1836, dans la même année que le t. IL de
l'£rpét. génér., où il n’a pas pu être cité. Cet habile zoologiste y a très-bien
indiqué leurs véritables affinités, après avoir discuté les modifications suc-
cessives que leur classification avait subies jusqu'à cette époque.
Quant aux divisions et subdivisions ultérieures proposées par MM. Fitzin-
ger et Gray, ainsi que pour les derniers travaux de M. Schlegel sur ce sujet,
je me bornerai à en présenter un court résumé.
Voici le prodrome de M. Fitzinger (Syst. Rept., p. 19), et dans lequel
le mot f’aranus, employé d'abord par Merrem, ne se retrouve plus :
Fam. 3. POLYDÆDALI. 3 Gen. PozyoÆnazus Wagl. (As. Africa) : Polydædalus
1 Gen. Hyprosaurus Wagl. : 2 sub-gen. a Cylindrurus Filz. capensis Wagl. ,
(Australia) : Odatria puncla'u Gray: b Hydrosaurus Wagl. 4 Gen. Psammosaurus Fitz. (As. Afr.): Psammosaurus gri-
Asia, Austr. : Hydros. bivitlatus Was. seus Fitz.
2 Gen. EuprerlosauRus Filz. : 3 sub-gen a Pantherosaurus 5. Gen. Pacaysaurus (Afr.) : Po/ydædalus albigularis Wagl.
Fitz. (Austr.) : Mydros. Gouldii Gr.; b Agalmatosaurus Fitz. 6 Gen. Raiopryon Filz. (Afr.): Varanus ocellatus Rüppell.
(Asia): Varanus Timoriensis Dum. Bib.; c Euprepiosaurus 7 Gen. Psammoscopus Fitz. (Asia): Varanus Picquoli Du.
Fitz. (Austr.) : Varanus chlorostigma Dum. Bib. et Bib.
que Wiegmann et Wagler, sur une si vague indication qu'il leur avait été imposs'ble de vérifier, aient
fait de ce Reptile un Thécoglosse. Aug. D.
ARCHIVES DU Museum. T. VIII. = 63
494 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
On doit beaucoup regretter que le savant zoologiste de Vienne n'ait pas
encore fait pour toute la classe des Reptiles un travail semblable à celui qu'il
a déjà publié sur la première série, celle des Amblyglosses. On y trouve-
rait l’énumération des caractères sur lesquels il s’est appuyé pour diviser
le groupe des Varaniens en 7 genres et en 5 sous-genres, et je n'aurais pas à
m'en tenir à ce simple énoncé malheureusement insuffisant pour permettre
d'apprécier la valeur de cet arrangement systématique.
M. Gray (Cat. of Liz., p. 6) partage la famille (Mowirorinx) en deux
groupes :
I. M. à queue ronde, sans crête en dessus (terrestres) : 2 genres.
IT. M. à queue surmontée d’une carène comprimée formée par deux rangs
d’écailles (aquatiques) : à genres.
On compte dans ces différents genres vingt-trois espèces, onze de plus que
les douze qui étaient connues à l’époque de la publication de l'Ærpét. génér.
J'en présente ici la liste en désignant par des caractères italiques celles qui
ne sont pas mentionnées dans ce dernier ouvrage.
Gen. 1. Psammosaurus Fitz. U. lunatus Gr.
Ps. scincus Gr. (terrestre ). U. ornatus Gr.
Ps.? caspicus Eichw. U. Dumerilii Müll.
U. rudicollis Gr.
Gen. 2. OpaTriA Gr. U. nebulosus Gr. (Cuv.).
0. punctuta Gr.
0. ocellata Gr. Gen. 6. Moxiron ( Cuv.) Gr.
M. niloticas Gr. ( Hasselq.):
0: timoriensis Gr. È ;
M. dracæna Gr. (Linn.), (Tup. bengalensis Daud.).
Gen. 3, REGENIA Gr. M. Gouldii Sc].
R. albogularis Gr, (Daud.). M. chlorostigma Cuy.
ECO E MENU Gen. 7, Hyorosaunus Wagl.
Gen. 4. EwpacusiA Gr. H. varius Gr.
E. flavescens Gr. (V. Picquotii Dum. Bib.). H. Bellii Dum. Bib.
H. giganteus Gr.
Gen. 5. Uaranus part. Merr. H. salvator, Gr. (Tup. bivittatus Kuhl.).
U. heraldicus Gr. H. prasinus Müll.
Les divisions et subdivisions établies dans un genre si homogène et si par-
faitement naturel que l’est celui des Varans, sont toutes plus ou moins systé-
matiques et artificielles. Elles tendent, sans motifs suffisants, à faire consi-
dérer comme appartenant à divers genres des animaux qui n’offrent réelle-
ment entre eux que des différences spécifiques. Aussi M. Schlegel qui, dans
son Essai sur la physionomie des Serpents, a manifesté un éloignement
extrème pour l'adoption des coupes plus ou moins nombreuses proposées
par ses devanciers, s'est-il montré fidèle à ses habitudes comme zoologiste,
en n'admettant qu'un seul genre, celui des Monitors, dans l'explication mé-
ORDRE DES SAURIENS. — VARANIENS. 495
thodique et savante qu'il a donnée des figures publiées par lui (4bbildungen
neuer oder unvollstandig bekannter amphibien, 1833-44).
En laissant de côté la différence de dénomination générique sur laquelle il
est inutile d’insister, on voit qu'il y a conformité de vues entre ce naturaliste
et les auteurs de l’Zrpet. génér. touchant l’analogie extrême qui se remarque
entre les diverses espèces.
Il y a néanmoins divergence relativement à la division établie dans ce
dernier ouvrage d’après la forme de la queue , et qui consiste à ne considérer
comme essentiellement terrestres,"que les 7. du désert et de Timor, chez
lesquels elle est cylindrique, et comme aquatiques tous ceux où elle est
comprimée.
« C’est par erreur, dit M. Schlegel, qu’on regarde ces derniers comme ap-
pelés à vivre dans les eaux et qu'on tient pour terrestres les Varans à queue
ronde. Le fait, vrai en général, souffre ici des exceptions. C’est ainsi que le
Monitor exanthematicus (F. ocellatus, albigularis et Picquotii, voir plus loin
l'analyse méthodique du groupe tel qu'il l’a établi) ne va jamais à l’eau, quoi-
qu'il ait la queue comprimée ; d’un autre côté, elle est tout à fait ronde chez
le Monitor Timoriensis, qui a non-seulement la conformation, mais jusqu’à
la couleur des Varans aquatiques. »
Celui-ci, cependant, tant qu’on n'aura pas la preuve positive du contraire,
semble devoir être rapproché du /. arenarius, dont il doit avoir les mœurs
et les habitudes.
« Quant au Monitor prasinus, ajoute M. Schlegel, sa queue plus haute que
large et sans crête, ses formes sveltes, ainsi que sa belle couleur verte, indi-
quent bien qu'il fait surtout des bois son habitation ordinaire. »
Je crois devoir présenter ici les faits suivants {rapportés par le même natu-
raliste, car ils compléteront les détails que les auteurs de l’Ærpét. génér. ont
donnés sur les mœurs intéressantes de ces grands Sauriens qui peuvent arri-
ver à une taille de 2" 5o et même un peu au delà. Sans être aussi redoutables,
il est vrai, que des Crocodiles de même dimension, ils déploient cependant
une force et une agilité extrêmes dans la poursuite de leur proie.
« La plupart des espèces, lisons-nous dans le texte allemand du z0olo-
giste de Leyde, sont positivement amphibies, puisqu'elles ont été observées
tantôt dans les lieux secs, tantôt dans les eaux. Il y en a peu qui habitent les
sables et les déserts où elles vivent dans des trous ; celles-ci ne vont jamais
496 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM,
dans le voisinage des eaux et ne montent jamais sur les arbres. Elles se
signalent surtout par leurs couleurs pâles. »
« Les belles espèces souvent si bien peintes, habitent presque toutes le
bord des rivières ou même les côtes maritimes, mais parfois au si on les a
trouvées au milieu des forêts presque inexplorées et loin des eaux douces
ou salées. Elles grimpent avec une grande légéreté sur les buissons et
sur les arbres, nagent tres-habilement et poursuivent ainsi dans les eaux,
comme sur la terre, leur proie qui consiste en mammiferes, en oiseaux
et insectes, ou bien en animaux aquatiques, tels que batraciens, pois-
sons et crustacés. On les voit souvent guetter sur le rivage et saisir les
animaux rejetés par la mer. Il n’est pas rare qu'ils approchent des demeures
de l'homme, pour dévorer toute sorte d’ordures et des débris d'animaux.
Comme ils recherchent avec ardeur les oiseaux, ils se glissent jusque dans
les poulaillers et deviennent ainsi les ennemis redoutables des volailles do-
mestiques. Ils sont eux-mêmes fréquemment attaqués par les crocodiles. »
Voici la liste des Varans admis par M. Schlegel; ils sont au nombre de
quatorze, dont cinq, signalés par des caractères italiques, ont été décrits
depuis la publication de l Zrpét. génér. Des espèces inscrites dans cet onvrage
comme distinctes (/ar. ocellatus, Picquotii, albigularis et Bellü) ne repré-
sentent, selon le zoologiste hollandais, que de simples variétés.
Gen. MONITOR. 8. M. chlorostigma { Cuv.}.
9. M. elegans Schl.
1. M. scincus Gr. (Merr.).
2. M. exauthematicus Schl.
Varielaltes :
a. M. exanthematicus Schl. — Varanus ocellatus Rüpp.
Afr. sept.
b. M. exauthem.: indicus Schl. — M. flavescens Gr.
(V. Picquotii D B).
€. M. exanthem : capensis Schl.—Tup. albignlaris Daud.
3. M inornatus Schl.
4. M tristis Schl. (Odatria punctalä Gr?)
5. M. Timoriensis Gr,
6. M. Cepedianus Schl. (Tup. indicus, — guttatus, —
hengalensis Daud.).
7. M. nebulatus Gr. (Cuw.).
Varielutes :
a. M. Niloticus Cuv. (Hasselq.).
b. M. Senegalensis Schl (Tup. stellatus Daud.).
€. M. capensis Schl. (Tup. ornatus Daud, — Lacerta
capensis Sparmann.).
10. M. bivitiatus Cuv.
Varietales :
a. M. Javanicus Schl.
b. M. Celebensis Schl.
€. M. Philippensis Schl.
19. M. varius Gr, (Shaw.). (Var. varius et Var. Bell D. B.1.
12. M. Gouldii Schl.
43. M. Dumerilii S. Müll. et Schl.
14. M. prasinus S. Müll. et Schl.
Parmi les cinq espèces qu'il faut mentionner ici comme nouvelles, il y en
a deux seulement au Musée de Paris : c'est le l’ar. de Gould, Schl., qui
prend rang après le Jar. bigarré (n° 9 his) et le Fur. sombre (Mon. tristis),
Schl., dont M. Gray admet l'identité avec celui qu'il a nommé Odatria punc-
tata, identité que M. Schlegel lui-même considère comme probable.
La place naturelle de ce second Varan est indiquée par la forme de la
ORDRE DES SAURIENS. — VARANIENS. 497
queue peu comprimée; c’est donc probablement, ainsi que les /ar. du désert
et de Timor, un Saurien, dont les habitudes sont celles d’un animal terrestre.
XIX. — 2 bis. VARAN PONCTUÉ, V’aranus punctatus, Dum.
Odatria punctata, Gray, Ann. nat. hist., t. II, p. 394; Grey's Trav. Austr., t. Il, p. 422; Cat. of
Liz., p. 7, et Zoo!. of the voyage of Erebus and Terror, P. 2, pl. r.— Monitor tristis, Schlegel?
Abbildungen neuer Amphib., p.13. — Faran ponctué, Cat. des Rept. du Mus. de Paris,
p.49. — 1d., Répert.in Erpét. génér., Dum. et Bib., t. IX, p. 256.
Téle petite; ouverture des narines allongée, presque à égale distance de l'angle antérieur de
l'œil et de l'extrémité du museau, qui est légèrement oblus; queue à peine comprimée, à écailles
épineuses et verticillées, mais sans créte semblable à celle des l’arans aquatiques et portant,
de chaque côté de sa base, un petit amas d’écailles épineuses peut-être spéciales aux mâles.
Les écailles sus-orbitaires sont granuleuses, égales entre elles ; à Ja gorge et
au thorax, elles sont plus petites qu’au ventre, où elles sont deux fois aussi
longues que larges.
Le système de coloration de l’exemplaire unique du Musée de Paris est
trés-sombre, comme l’est celui du type d’après lequel M. Schlegel a établi
l'espèce nommée par lui Monitor tristis. La description qu'il en donne con=
vient à notre spécimen, car on peut dire, de même, que sa teinte générale est
un brun noirâtre, qui passe tout à fait au noir sur la queue, dont la base est,
ainsi que le dos et les pattes, ornée d’un petit nombre de taches jaunâtres,
éteintes. Le ventre est beaucoup moins foncé, mais il est traversé par des
bandes obscures. Les couleurs, au reste, peuvent être plus claires ; on en a la
preuve par les détails suivants empruntés à la description de M. Gray, qui la
donne comme se rapportant plus spécialement à l’âge adulte. D'un vert olive,
dit-il, avec des lignes noires étroites, réticulées, dont les entre-croisements
limitent des espaces de forme hexagonale ; tête, membres et queue noiràtres,
portant des lignes transversales foncées et un petit nombre de taches d’une
nuance plus vive. — Le Musée de Londres renferme, en outre, deux jeunes
individus, l’un desséché, noirâtre, avec un rang transversal de taches ocellées,
l’autre conservé dans la liqueur, et d’un vert sombre, relevé par des anneaux
blancs disposés en travers sur le dos ; la tête est finement piquetée de blane,
ainsi que les reins. Un très-jeune animal enfin, porte de nombreuses bandes
étroites sur un fond gris.
Ce Varan, comme le fait observer M. Schlegel, présente dans son ensem-
498 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
ble une certaine analogie avec le 7. de Gould, mais ce dernier a les narines
plus rapprochées de l'extrémité du museau, qui d’ailleurs est plus allongé.
La queue du 7. ponctué est moins comprimée, et ses écailles sont plus caré-
nées. — L'obliquité des narines et leur situation près des yeux, chez le 77. du
désert, puis leur forme presque circulaire dans le 7. de Timor, peuvent ser-
vir à faire distinguer ces deux derniers du Ÿ. ponctué. — On peut, en outre,
tirer du système de coloration et de la différence d’origine de bons caractères
pour éloigner les unes des autres ces trois espèces à queue cylindrique ou
faiblement comprimée et qui, par cette conformation même, semblent être
appelées à vivre dans les lieux secs.
C’est dans la Tasmanie et dans la province de la Rivière des Cygnes (Aus-
tralie), que M. J. Verreaux a recueilli exemplaire unique du Musée de
Paris et celui qui appartient au Musée de Leyde. Ceux du Musée britannique
ont été reçus de différents points de l'Australie.
XX. — 9 bis. Varan DE GouLp, l’aranus Gouldii, Dum.
Monitor Gouldii, Schl., Abbildungen neuer Amphib., p.78. — Hydrosaurus Gouldii, Gray,
Ann. nat. hist, t.1, p. 394, et Grey's trav. Austr., t. W, p. 422. — Varan de Gould,, Dum.,
Cat. des Rept.du Mus. de Paris, p.52.
Narines situées près de l'extrémilé du museau, qui est effilé ; queue comprimée, surmontée
d'une petite crête formée par deux rangées longitudinales d'écailles plus gnandes que les autres;
granulations sus-oculaires trés-fines, serrées, et par cela même bien distinctes de celles qui
occupent les autres points de la région sus-céphalique; de chaque côté du cou, deux raies jaunes
longitudinales .
Les parties supérieures, sombres chez deux de nos individus et à peine
relevées par quelques traces jaunes sur la queue et sur les membres posté-
rieurs, sont, chez les deux autres sujets, d’un noir brun entremélé d’un grand
nombre de petites taches jaunes qui, sur un animal d'âge moyen, consti-
tuent des bandes dorsales irréguliéres, mais ces bandes sont d’une régularité
parfaite autour de la queue. Les particularités ordinaires de ce système de
coloration consistent dans la présence : 1° d’un trait jaune sur le bord saillant
de l'orbite et se prolongeant plus ou moins sur le cou ; 2° d’une tache noire
allongée, située derrière l'œil; 3° d’une large bande jaune qui, partant du
museau, passe sur le bord supérieur de l'ouverture de l'oreille, et va se per-
dre sur les côtés du cou; 4° enfin, d’une bande noire qui, après avoir suivi
ORDRE DES SAURIENS. — VARANIENS, 499
la lèvre supérieure, se continue sur le cou parallèlement à la précédente. Les
flancs sont tachetés de noir, et les parties inférieures sont d'un brun jau-
nâtre uniforme.
Si l’on compare ce Varan aux espèces de l'Océanie, on trouve des diffé-
rences notables. Ainsi : 1° le 7. ponctué a la queue cylindrique, les narines
à égale distance environ de l’angle antérieur de l’œil et de l’extrémité du
museau, qui est moins effilé ; le système de coloration d’ailleurs n’est pas le
même ; 2° outre l'aspect tout particulier de sa robe semée de points jaunes, le
F. chlorostigme a les orifices des narines arrondis et les plaques sus-orbi-
taires de dimensions inégales; 3° le 7. bigarré a, comme le précédent, les
ouvertures des narines circulaires ; les écailles des régions supérieures sont
très-petites, et de plus, il y a, sur le cou et sur le dos, alternance régulière de
bandes transversales, les unes d’un noir profond, les autres formées par de
gros points jaunes; 4° chez le 7. de Bell enfin, les trous extérieurs des fosses
nasales sont ronds et rapprochés de l'extrémité antérieure du museau, et le
système de coloration est remarquable par l'opposition des teintes brun-jau-
nâtre et noire, disposées sous forme de taches ou de bandes transversales.
Ces cinq espèces ne sont pas les seules qui aient été recueillies dans l'Océa-
nie ; M. Schlegel en a décrit une sixième sous le nom de Monitor inornatus
(4bbil., p. 72). Elle est inconnue dans les Musées de Londres et de Paris.
Elle tient de plus près aux Varans terrestres qu'aux Varans aquatiques.
Enfin, je ne puis également que nommer une septième espèce océanienne,
décrite par MM. S. Müller et Schlegel dans le grand ouvrage publié par la
commission scientifique de la compagnie néerlandaise des Indes Orientales
(Ferhandling over de natuurlijke geschiedenis der Nederl. overzeesche bezi-
tingen door de leden der natuurkund. Commiss. in Oost.-Indie en andere
schrijvers Rept. p. 4», pl. v). C’est le Monitor prasinus recueilli dans la Pa-
pouasie ou Nouvelle-Guinée, et facile à distinguer de tous ses congénères
par léclat de sa belle robe verte. Il a des formes délicates et sveltes, et une
queue extrêmement longue.
L'ouvrage hollandais que je viens de citer, contient, en outre (pl. vi), la
figure d'un autre Varan accompagnée d’une description (p. 44) due aux
mêmes Zoologistes qui ont fait à mon père l'honneur de nommer ce Saurien
de Bornéo Monitor Dumerilii. Le corps est ramassé, mais le cou est allongé,
ainsi que la queue et la teinte générale est un brun presque uniforme.
500 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
CINQUIÈME FAMILLE : IGUANIENS OU EUNOTES.
Le naturaliste qui étudie les types les plus remarquables des neuf grandes
familles dont l'ordre des Sauriens se compose, saisit aisément les différences
qui les distinguent. Ainsi, les quatre groupes que j'ai déjà passés en revue
dans ce mémoire et dans le précédent offrent des caractères qu’il est inutile
de rappeler ici, mais tellement tranchés que nulle confusion ne peut avoir
lieu quand l'examen porte sur un Crocodilien, sur un Caméléon, sur un
Geckotien ou sur un /’aran. I en est de même pour la famille des Æmnphis-
béniens où Glyptodermes à téguments non écailleux, mais annelés et divisés
en petits compartiments quadrilatéres, un peu saillants comme des tuber-
cules réguliers, et pour la famille des Scincoïdiens où Lépidosaures, à écailles
semblables sur toutes les parties du tronc et analogues par leur arrangement
et par leur aspect à celles des poissons. Les trois autres familles sont très-
distinctes des six précédentes ; mais tandis que celles-ci offrent entre elles les
dissemblances les plus frappantes, il faut pour les Lacertiens, les Chalcidiens et
les Zguaniens, recourir à l'examen de particularités de structure un peu moins
notables, mais cependant très-faciles à observer. Si, en effet, la tète des
Lacertiens, comme celle des Chalcidiens, est protégée par des écus:ons
squameux où plaques polygonales, et si la région ventrale, dans ces deux
groupes, est revêtue de grandes écailles carrées, il faut, d’un autre côté,
tenir compte de la disposition verticillée de toutes les écailles du tronc et de
la queue chez les Chalcidiens nommés aussi, par ce motif, Cyclosaures. Leur
sillon latéral, qui manque dans un petit nombre d’espéces seulement, et le
peu d’extensibilité de leur langue sont de bonnes marques distinctives. Chez
les Lacertiens où Autosaures, C'est-à-dire vrais Lézards, les écailles, au con-
traire, ne sont pas verticillées; jamais on ne voit un sillon le long des flancs,
et enfin la langue, quelquefois très-échancrée, est le plus ordinairement fort
extensible. — Quant aux /guaniens, on en reconnait le plus grand nombre
à la présence d’une carène ou d’une crête dorsale plus ou moins développée,
d’où le nom d’ÆZunotes. Deux autres caractères essentiels se rencontrent tou-
jours : 1° la tête est revêtue d’écailles plus où moins semblables à celles du
tronc et non pas de plaques polygones; 2° la langue est épaisse, papilleuse,
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS. 501
non engainée dans un fourreau, et son extrémité seule est libre de toute
adhérence.
Ainsi caractérisés, les Sauriens fort nombreux rapportés à cette famille
constituent un groupe très-naturel, dont les affinités zoologiques ont été
assez complétement démontrées dans le t. IV de l'£rpét. génér. (p. 1-5),
pour qu'il soit inutile d'y revenir ici. Je m'attacherai seulement à faire voir
l’'heureuse application qui peut être faite à l'étude de ces Reptiles d’un mode
spécial de classification signalé d’abord par Cuvier pour les Mammifères
marsupiaux, et mis si habilement en œuvre par M. Isid. Geoffroy Saint-
Hilaire, pour les deux premières classes du règne animal, que le nom de ce
savant professeur ne pourra plus désormais être séparé de la dénomination
par laquelle on désigne cette méthode particulière. Je veux parler des clas-
sifications par séries parallèles, qui ont pour but de mettre en évidence les
affinités naturelles avec plus de précision qu'on ne peut le faire dans un
classement en série linéaire continue. Les développements de cette propo-
sition m'entraineraient beaucoup trop loin. Je les ai d’ailleurs déjà présentés
dans un travail publié en 1854 (Rev. de Zool., n° 9, p. 467 et 544, Essar d'ap-
plicat. à la classe des Rept. d'une distribut. par séries paral.), où j'ai donné
quelques exemples de l'emploi qui peut être fait avec avantage de cette
méthode dans la classification des Reptiles. De ces différents exemples, je ne
citerai que celui qui est fourni par la famille des Iguaniens, et qui est très-
convenable pour démontrer l'utilité de cette nouvelle maniere de considérer
les rapports des êtres entre eux, rapports dont l'expression la plus approchée
doit être l'objet constant des efforts du naturaliste.
Les genres nombreux compris dans cette vaste famille forment deux
groupes qui, dans plusieurs classifications, constituent deux familles dis-
tinctes : celle des /guaniens proprement dits et celle des A4garmniens. Ces
groupes sont cependant unis par des liens assez étroits pour qu'il y ait lieu
de les considérer comme ne représentant que deux sous-familles. On
retrouve, en effet, dans chacune de ces deux divisions tous les caracteres
généraux propres aux Sauriens qui, ne pouvant rentrer dans aucune des huit
familles autres que celle dont il s’agit, sont, par cela même, des /guaniens.
Il faut seulement noter une différence anatomique relative au mode d’im-
plantation des dents, car chez les uns, elles sont reçues dans un sillon creusé
à la face interne de la mâchoire, qu'elles dépassent par leur extrémité supé-
ArcHives DU Muséum. T. VIII. 64
502 DESORIPTION DESÉREPTILES DU MUSÉUM.
rieure, et contre laquelle elles s'appuient comme une palissade appliquée le
long d’un mur peu élevé. Ce sont, suivant l'expression proposée par Wagler,
des P/eurodontes. Chez les autres (4crodontes, Wag].), les dents sont fixées
sur le bord libre des mâchoires, dans la substance osseuse, et elles y
adhèrent par la base de leurs racines. Ceux-ci, en outre, n'ont jamais de
dents palatines, contrairement à ce qui se remarque dans la plupart des
Pleurodontes. Enfin, ces derniers, sauf une seule exception pour le genre
Brachylophe, sont tous originaires du Nouveau-Monde, et tous les Acro-
dontes vivent sur l'Ancien-Continent. Or, malgré ces différences, on ne peut
méconnaître les nombreuses affinités naturelles de tous ces Reptiles, quand
on voit certaines formes se reproduire exactement dans chacun des deux
groupes dont l’un semble, pour plusieurs des genres qu'il comprend, être
en quelque sorte la répétition de l’autre groupe. De là naît la difficulté d'un
classement convenable de cette famille en une série linéaire continue où
l’'énumération des genres Pleurodontes étant présentée la première et dans
l’ordre le plus naturel, celle des Acrodontes vient à la suite et dans le même
ordre. D'un semblable arrangement, il résulte que les animaux dont les ana-
logies sont le plus frappantes sont précisément ceux qu'on éloigne le plus
les uns des autres. Si, en effet, dans deux séries a, b, c, det a, b', c', d’,
les termes homologues sont exprimés par la même lettre, on voit qu’en les
énoncçant dans l’ordre unisérial, le terme d se trouve suivi du terme a’,
qui a le moins de rapports avec lui et qui se trouve lui-même porté fort
loin du terme a son correspondant. Transformez cette série unique en deux
séries parallèles où vous pourrez placer sur une même ligne horizontale les
termes dont il importe d'exprimer les vraies affinités, multipliez les séries
si cela est nécessaire, et les difficnltés dont il vient d’être question disparais-
sent aussitôt, car la disposition suivante :
LE CE
bb teh"
pe Lit SEC
ddr nd
indique, d’une façon très-nette, quels sont dans ces séries, construites cha-
cune, comme cela doit être, suivant un ordre sérial continu, les homologies
dont il faut tenir compte dans l'expression si essentielle en zoologie des
affinités naturelles des êtres entre eux.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS. 203
Une revue rapide des genres comparables dans l’une et dans l’autre sous-
famille des Zraniens rend facile la démonstration des avantages de ce mode
de classement. Mon père et Bibron, sans y insister beaucoup, ont cependant
appelé l'attention sur ce sujet, par la construction d’un tableau inséré t. IV,
p- 44 et 45, où ces Sauriens, partagés en neuf tribus, sont rangés de façon
que l'observateur saisit d’un coup d'œil les analogies des genres appartenant
soit à la sous-famille des Pleurodontes, soit à celle des Acrodontes. C’est
d’après l'étude attentive de ce tableau et guidé par les considérations si
justes émises par M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire dans sa grande Æist. natur.
géner. des règnes organ., t. 1, p. 416-482, sur ce point délicat et important
de zoologie, que j'ai essayé de montrer, dans le Mémoïre cité plus haut, les
heureux résultats qui peuvent être obtenus de cette méthode ingénieuse de
classification dans l’étude des différents ordres de la classe des Reptiles.
M’arrétant donc plus spécialement ici sur la famille des Iguaniens, je fais
d’abord observer que certains groupes peuvent ne pas avoir et en réalité
n'ont pas leurs homologues. Tels sont, par exemple, parmi les Pleurodontes,
les Anolis auxquels ne correspond aucun genre dans l’autre famille, car ils
présentent seuls à l’antépénultième phalange de chaque doigt le singulier
élargissement qui leur permet de se suspendre, même contre leur propre
poids, aux corps les plus lisses et y rend leur ascension si facile. Tels sont
encore, et pour ne citer que les exemples les plus saillants : 1° dans le Nou-
veau-Monde, les Corytophanes à tête dé caméléon, prolongée en arrière par
une longne apophyse osseuse, soutenant une crête cutanée plus où moins
étendue sur la nuque et sur le dos; 2° dans l'Ancien-Continent, les Lézards
volants ou Dragons, le lézard à collerette dit CAlamydosaure de King et
l’Arpéphore à prolongement falciforme du museau que j'ai décrit (Cat. Rept.
dx Musce de Par., P- 92, puis Aev. de Zool., 1851,p. 213). — On peut,
au contraire, mettre exactement en regard dans la série des Pleurodôntes
d'une part, et dans celle des Acrodontes de l’autre, et en démontrant ainsi
leur parallélisme, les genre Basilic et Istiure, x cause de léur haute crête
dorsale et caudale; le Brachylophe, le seul de sa sous-famille qui vive
dans l’Inde et dans les iles de l'Océanie, et les Gatéotes ; l'Ophryesse et les
Lophyres. Tous ces Sauriens ontle corps comprimé et surmonté d’une crête
dont le développement est variable. — Parmi ceux à tronc déprimé ou à
peu près cylindrique, les Pleurodontes dits Zéiosaures, Proctotrètes et
s
504 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Tropidolépides ont pour homologues dans l’autre sous-famille les Léiolé-
pides, les Grammatophores et les Agames. Au nouveau genre américain,
caractérisé par son tympan caché et nommé Æolbrookia, on peut opposer
les Phrynocéphales. Aux Phrynosomes de l'Amérique du Nord et d’une
structure si bizarre, répond le #oloch de l'Australie, à corps non moins
déprimé et encore plus hérissé d’aiguillons. Enfin, chez les espèces à queue
épineuse, la répétition des mêmes formes dans chacun des deux groupes est
très-évidente et fort remarquable. Il est facile de s’en assurer en comparant
le Sténocerque, le Strobilure et le Trachycycle de l'Amérique du Sud aux
Stellions de lAncien-Monde, puis les Pleurodontes nommés Oplures et
Doryphores aux Fouette-queues de la seconde sous-famille.
Après ces citations, il me semble superflu d’insister davantage sur les utiles
ressources que le classement par séries paralleles fournit au zoologiste qui
cherche à exprimer, d'une manière moins imparfaite que par l’ordre uni-
sérial, les rapports naturels des animaux entre eux.
— Je dois maintenant exposer les changements survenus dans la distribu-
tion méthodique des Iguaniens depuis l’année 18437, où parut le t. IV de
l'Erpét. génér., qui donne, jusqu’à cette époque, un historique complet de
toutes les tentatives plus ou moins heureuses des classificateurs.
Le premier ouvrage que jaie à analyser est celui que M. Fitzinger a
publié en 1843, sous le titre de Systema Reptilium. — Pour exposer sa clas-
sification, il faut rappeler encore une fois qu'il divise les Reptiles, soit
d'après ses propres vues, soit d’après celles des zoologistes qui l'ont
précédé, en 5 grandes séries : 1 Æmblyglossæ, Fitz.; I Leptoglossæ,
Fitz. (Wiegm.); IT Testudinata, Oppel; IV Dipnoa, Leuckaert; V Ahizo-
donta, Vitz.
C’est dans la première série que les Iguaniens prennent rang. Ils sont
distribués dans les deux premiers ordres de cette série : Dendrobate,
Wiegm., et Aumivagew, Id. Quant au troisième ordre ( 4scalabotæ, Wiegm.
[Schneid]), je m'en suis précédemment occupé.
Le premier ordre (Dendrobatæ) comprend 2 sections : 1° Acrodontes,
Wagl., divisés en 2 tribus : Æhiptoglossæ (Chameæleontes), Wiegm., et
Pachyglossæw, Wagl.; »° Pleurodontes, Wagl., offrant une semblable divi-
sion en 2 tribus : 7horacopleuræ, Fitz., et Gastropleuræ, W. — Le second
ordre ( Humivagæ) est partagé en 2 sections : 1° Prosphyodontes, Wiegm. ;
2° Emphyodontes, 1. .
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS. 3505
L'espace me manque pour présenter, ainsi que je l'ai fait en parlant des
Geckotiens, la classification de M. Fitzinger sous forme de tableaux synop-
tiques mettant en évidence les caractères d’après lesquels il a établi parmi
les Iguan. et les Agam. 21 fam. et 61 genres subdivisés en 85 sous-g. où
sont comprises 200 espèces, dont 5 fossiles marquées d’un double asté-
risque **. Je me borne à donner une liste complete de toutes ces divisions
en indiquant par des caractères italiques les espèces non admises dans le
t. IV de l’£rpét. génér., ou qui étaient inconnues quand ce volume a paru.
Il y en a 44. Dans ce nombre, on en trouve 14 récemment décrites, 2 par
M. Berthold, 12 par M. Fitzinger, et elles portent chacune un astérisque *.
Les 30 autres avaient été déjà signalées par différents zoologistes. Les motifs
qui ont engagé M. Fitzinger à adopter ces dernières sont les mêmes que ceux
dont j'ai parlé (p. 445 et 446) à propos des Geckos; je ne reviendrai donc
pas sur cette discussion. — Voici cette liste.
CLASSIFICATION DE M. FITZINGER. — 1843.
AMBLYGLOSSÆ Fitz. C. Tiedemanii Fitz. (C. versicolor D. B.).
C. Rouxii D. B. — C. mystaceus D. B.
1 Ordo DENDROBATÆ Wiegm. 3. CERATOPHORA Gray.
C. Stodartii Gray.
IL Fam. SEMIOPHORI (2 gen., 2 spec.).
4. Seviopaorus Wagl. (Sitana Cuv.).
S. ponticerianus Wagl. (Cuv.).
. CHLAMYDOUSAURUS Gray,
Cbl. Kingii Gray.
IV Fam. OTOCRYPTÆ 1 gen., 4 spec.).
I Sectio ACRODONTES Wagl.
1 Tribus RHIPTOGLOSSÆ Wiegm.
Fam. unica CHAMÆLEONTES Wiegm.
S I Tribus PACHYGLOSSÆ Wagl.
1 Fam. GONYOCEPHALI (2 genera, 3 subgen.; 7 species).
4. LyriocEp#ALUS Merr.
19
È : 4. OrocryeTis Wiesm
L. scutatus Fitz. (margaritaceus Merr.). F = . _
2. GonxocepaLus Kaup (Lophyrus Cuv. D. B.). DANHEEENTAE EAU EIE CARLEREE E
a. Acanthosaura Gr. V Fam. LOPHURÆ (2 gen., 2 subgen., 4 spec.).
G. armatus Wagl. (L. arm. D. B.). . 5 (st
G Bellü Fitz. (L. Bell. D. B). 4. Lorgura WagL. [Gray] (Istinrus Cav.)-
a. Istiorus Cuv.
L. Lesueuü Gray.
b. Lophura Fitz. (Gray).
L. amboinensis Gray. (Schlosser ).
L. pustulosa Wagl (1. amboin. D. B.?).
2. PuysiGNaTaus Cuv.
Ph. cochinchinensis Wiegm. (Ist. physign. D. B.)
II. Fam. CALOTÆ (3 genera, 3 subgen., 9 species). VI Fam. DRACONES (2 gen., 4subgen., 8 spec.)
1. BRONCHOCELA Kaup.
a. Brouchocela Kaup.
b. Gonyocephalus Kaup.
G. Kuhlii Wagl. (L. tigrin. D. B. Séba).
G. ligrinus Kaup(o » » » )
G.giganteus Fuz(v » » }
ce. Lophosaarus Fiz. (Tiaris D. B. Atlas et non texte.
G. dilopbus Fitz. (Lophyr. diloph. D. B. Texte).
4. Draco Wiegm. ( Lin.).
a. Rhacodracon Fitz.
B. gutiurosa Kaop (B. jubata D. B.). D. fimbriatus Kull.
* B. intermedia Berthold. b. Draco Fitz (Lin ).
b. Lophodeira Fitz. D. viridis Daud. ( D. volans Lin., D. Daudinii D. B..
B. cristatella Kaup. D. quinquefasciatus Gray — D. Timoriensis Péron.
c. Pseudocalotes Fitz. c. Pterosaurus Fitz.
B. tympanistriga Gray. D. Dussunieri D. B
2. CaLoTes Kaup. (Cuv.). d. Pleuropterus Fitz.
C. ophiomachus Merr. D. hæmatopogon Boie.
506 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
>. Deaconroinis Fitz. (Dracunculus Wiegm.).
D.lineatusDaud.—D. personatus (spilopterus ) Wiegm.
Il Sectio PLEURODONTES Wagl.
I Tribus THORACOPLEURÆ.
1 Fam. CORYTOPHANÆ (4 gen., 2 subgen., 2 spec.).
4. CoryropmanEs D. B. (Boie).
a, Chamæleopsis Wiegm.
C. Hernandesii Gr. (Wiegm.) (C. chamæleopsis D. B.).
&. Gorytophanes Boie.
C. cristatus Boie.
11 Fam. HYPSILOPHI (6 gen., 17 subgen. 28 spec.).
4; Basuuseus Wiegm. (Laurenti).
a. Basiliscus Laur.
B. mitratus Daud.
». Corythæolus Kaup.
B. viltatus Wiègm.
*+ 2, Hycosaurus Mantell (fossile).
** H. Mantelli Fitz. .
3. Hyesizopaus Fitz. (Wagl.).
a. Aloponotus D. B.
H. Ricordii Fitz. (D. B.).
à. Metopoceros Wagl.
H. cornutus Fitz. (Wagl.).
e. Hypsilophus Wagl.
H. nudicollis Fitz. (Cuv.).— H. rhinolophus Wiegm.
H. iguana (tuberculatus) Wagl.
d. Amblyrbynchus Bell.
H. cristatus Fitz. (Bell.). — H. ater Fitz. (Gray).
e. Conolophas Fuz.
H. Demarlii Fitz. (D, B.).
[. Brachylophus Cuv.
H. fasciatus Fitz. (Cuv.).
A. Cyrozuna Harlan.
a. Gyclura Wiegm.
C. carinata Harl. |[Harlani D, B.).
C. pectinata Wiegm.
L. Ctenosaura Wiegm.
C. denticulata Wiegm. (acanthura D. B.).
C. artioulata Wiegm.. ( » » }
C. Shawii Wiegm. ( » » |}.
€. similis Wiegm.— C. Bellii Wiegm.
5. Hrpsigarus Fitz. ( Wagl.).
a. Oplhiryoessa Boie.
* H. Boiei Fitz, — H. supérciliosus Fitz. (Boie ).
#. Dryophilus Fitz. (Enyalus Wagl, part).
H, bilineatus Fitz. (D. B.).
#. Euyalus Wagl.
M. catenatus Fitz. (En. rhombifer Wagl.).
H, margarilaceus Fitz. (Spix).
d. Hypsibatus Wagl. (Uperanodon part. D. B.).
He umbra Wagl. (Lin. (U. ochrocollare D. B:). (Spix).
e. Uperanodon D. B.
H: pictus Wagl. (Neuw.).
6. Leiosaurus D B.
a. Prishidactylus Fitz.
L. fasciatus D'Orbigny.
b. Leiosaurus Fitz.
L. Bellii D. B.
IL Fam. PTYCHOSAURI (2 gem, 3 sabgen., 4 spec.).
A. PrycHosauRus Fitz.
a. Ptychosaurus Fitz. (Hypsibatus part, D. B.L.
P, ponciatus Fitz, (D. B.).
b. Piychopleura Fitz, (Hypsibatus part. D. B.).
P. plica Fitz., (Lin.).
€. Tritropis Fitz. (Tropidogaster D: B.).
P. Blainvillii Fitz. (D. B.).
2. MecanacrTyLus Fitz. (Callisauras Blainv.).
M. draconoïdes Fitz, (Blainv.).
IL Tribus GASTROPLEURÆ.
J Fam. PLEUROSAURI (4 gen., 4 spec.).
#* 4. Lerrosatrts Fitz. (fossile ).
#*-L. neptunins Fitz.
** 2, PLeurosauRus Meyer (fossile).
** p. Goldfussii Meyer.
** 3. Ruacmeosaurus Meyer ( fossile ).
+R. gracilis Meyer.
#** 4. PociLopLeuron Eudes Deslongehamps (fossile |.
#*P. Bucklandi Eudes Des].
IT Fam. POLYCHRI (2 gen., 4 subgen., 12 spec.)
4. Pozycurus Cuv.
P. marmoratus Cuv.
P. virescens Neuw. (marmoratus D. B.).
P. anomalus Wiegm.
2. Lænancrus Fitz. ( Wieÿm.).
a. Urostrophus D. B.
L. Vautieri Fitz. — L. undulatus Wiègm.
L. Fitzingeri Wiegm.
b. Ecphymatotes Fitz.
L. aculirostris Wiegm.
e. Læmanctus Wiegm.
L. longipes Wiegm.
d. Norops Wagl.
L. auratus Fitz. (Wagl.). — * L. gracilis Fitz.
* L. Wiegmanni Fitz. — * L. Endlicheri Fitz.
III Fam. DACTYLOÆ (5 gen., 20 subgen., 28 spec.).
41. PseunooHAMÆLEON Fitz. ( Chamæleolis Cocteau ).
P. Cocteaui Fitz. ( Anolis chamæleonides D. B.).
2: Crenonorus Fitz. (Amolis part: D. B.).
a. Semiurus Fitz.
C. Ricordii Fitz. (An. Ric. D. B.).
C. Cuvieri Fitz. (Au. velifer Guv.).
b. Euripristis Fitz.
C. equestris Fitz. (Guy.).
€. Microctenus Fitz.
G. Edwardsii Fitz. (Merr.).
d. Ctenouotus Fitz.
G. bimaculatus Fitz. (An. Leachii D. B.).
3. Pryenoxorus Fitz. (Anolis part. D..B.).
a. Istiocereus Fitz.
P: cristatellus Fitz. (Gux.).
b. Piychonotus Fitz.
P. faseiatus Fütz. ( An. alligator D. B:).
P. Dumerilii Fitz. (An. marmoratus D..B.).
ce. Eunotus Filz.
P. gracilis Fitz. (Neuw.) (An. nasicus D. B.)
* P. nasulus Fitz.
d. Deiroptyx Fitz.
P. vermiculatus Fitz. (Cocteau).
e. Trachycœlia Fitz.
P. lineatus Fitz. (Daud.).
[. Ctenodeira Fitz.
P. Richardi Fitz. (D. B.).
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS. 507
% Dacryzoa Wagl. (Anolis part. D. B.).
a. Tropidopilus Fitz.
D. fusco-aurata Fit. (D'Orh.).
b. Xiphosurus Fitz.
D. chloro-cyana Fitz. (D, 8.).
e, Xiphocereus Fitz.
D. Valenciennii Fitz. (D. B.).
d. Eudactylus Fitz.
D. Goudotii Fitz. (D. B.).
e. Dactyloa Fitz. (Wagl.).
D. lucius Fitz. (D. B.).
D. Wiegmanni Fitz. (D. læviventris Wiegm.).
D. punctata Fitz. (Daud.).
[. Heterolepis Fitz.
D. pulchella Fitz. (D. B.).
g. Trachypilus Fitz.
* D. Sagræi Fitz. (Cocteau).
h. Pristicercus Fitz.
D. biporcata Wiegm. ( An. chloro-eyanus D. B.).
i. Gienocereus Fitz.
D. carolinensis Fitz. (Cuv.). — D. Schiedü Wiegm.
k. Gastrotropis Fitz.
D. nebulosa Wiegm. (An. Sagræi Cocteau).
HerEropERMaA Fitz. ( Acantholis Coct.).
H. loysianum Fitz. (Coct.).
IV Fam. DRACONTURÆ (Anolis D. B. part.).
(4 gen, 2 subgen., 4 spec.).
4. DrAcONTURA Wagl.
a. Dracoutura Wagl.
D. nitens Wagl., vel refulgens Schl.
b. Dracontopsis Fitz.
D. Nitsschii Wiegm. — * D. Bibronü Fitz
* D. Bertholdi Fuz. (D. 42-striata Berth.).
II Ordo HUMIVAGÆ Wiegm.
1 Sectio PROSPHYODONTES Wiegm.
1 Fam. HETEROTROPIDES (3 gen., 7 subgen., 9 spec.).
1. STEIRONOTUS Fitz.
4. Leiocephalus Gray.
SL carinatus Fitz. (Holotr. Herminieri D. B.).
b. Steironotus Fitz,
SL. Schreibersii Fitz. (H. microlophus Coect.).
£. Stenocereus D. B.
SL. rosei-ventris D'Orb.
4. Strobilurus Wiegm.
SL. torquatus Wiegm.
2. Herenornons Fitz. (Trachycyclus D. B.).
a. Ophryocentron Fitz. 8
* H horrida Fiz.
b. Heterotropis Fitz.
* H. equestris Fitz.
c. Trachycyelus Dum. et Bib.
H. marmoratus Fitz. (D'Orb.).
3. Tropipurus Neuwied (Ecplhymotes Cuv.).
T. torquatus Neuw. — T. microlepidotus Fitz.
H Fam. STEIROLEPIDES (5 gen., 5 subgen., 34 spec.).
L. STEIROLEPIS Fitz. (MicrolophusD.B. Tropidurus Wiegm.)-
S. microlophus Fitz. (Micr. Lessonii Var.A, D.B).
S. heterolepis » ( » » Var.B, » »),
S. peruviana » {n » Var. CeD,» »),
* 8, carinicauda.»
S. semilæniala » (Spix).
* S. bufonia »
ÿ
».
2. Prycnopeira Fitz. (Proctotrètes ptychodères D. B part.).
P. nigro-maculata Fitz. (Wiegm.).
P. signifera Fitz (D. B.).
P. Wiegmanni F. (D.B.).—P. Fitzingeriü F. (D. B).
3. Lioænus Wiegm, (Proctotretus D. B. part.).
a. Proctotretus D. B.
L. Naltereri Fitz. — L. marmoratus Gravenhorst.
L. pectinalus Fitz (D. B.;.
à. Leïodeira Fitz. (Proct. Leiodères D. B. part.).
L. oxycephalus Wiégm. — L. tenuis Fitz. (D. B.).
L. pictus Fitz. (D. B.).—L.cyanogaster Fitz. (D.B.).
L. multimaculatus Fitz. (D. B.).
c. Liolæmns (Wiegm.).
L. olivaceus Wiegm.(Pr. chilensis Var: A. Dam. Bib.).
L. chilensis W. (Less.) (Pr. chil. Var: B, Dam. Bib.).
L. unicolor Gravenhorst.
4. SceLororus Wiegm. (Tropidolepis Caw.).
a Sceloporus Wiegm.
S. torquatus Wiegm. — S. formosus Wiegm.
S. spinosus Wiegm. — S, horridus Wiegm.
S. Bell Wiegm. —S. aculeatus Wiegm.
S. undulatus Wiegm. —S. grammicus Wiegm.
S. microlepidotus Wiegm.
b. Tropidolepis Cuv.
S. variabilis Wiegm. —.S, æneus Wiegm.
S. scalaris Wiegm.
5. Hopzurus Cuy.
H. Sebæ D. B. (0. torquatus Cuv.).
IL Fam. DORYPHORI (3 gen, 4 spec.).
4. Dorypaorus Fitz. (Cuv.).
D. Maximiliani Fitz. (Opl. Max. D. B.).
2. UROGENTRON Kaup. (Doryphorus Cuv.).
U. Daudini Fitz. (Doryph. azur. Gav.). (Lin.).
UD. azureum Kaup. (Doryph, azur. Cuy.). (Lin.).
3. Hopcocercus Fitz.
* H. spinosus Fitz.
IV Fam. PHRYNOSOMATA (4 gen, 3 subgen., 5. spec.|.
4. Parynosoma Wiegm.
a. Phrynosoma Wiegm.
P. orbiculare Wiegm. — P. Douglasii Wiegm. (Bell).
3. Batrachosoma Fitz.
P. coroualum Blain.
c. Tropidogaster Fitz.
P. cornutum Gr. 1 P. Harlanii Wiegm.).
P. bufonium Wiegm. (P. Harlanii Wiegm.?).
Il Sectio EMPHYODONTES Wiegm.
I Fam. TRAPELI (4 gen., 8 subgen., 43 spec.).
4. PeRyNopsis Fitz. (Agama Dand. part.).
a. Psammophilus. Fitz.
P. dorsalis Fitz. (Gr.).
b. Phrynopsis Fitz.
P. atra Filz. (Daud.).
P. Savignyi Fitz. (D. B.).
2. Ponorrxoa Fitz. ( Agama Daud. part.).
«æ Podorrhoa Fitz.
P. tuberculata Fitz. (Gr).
P. colouorum Fitz. (Daad.).
5. Pseudotrapelus Fitz.
P. Sinaïta Fitz. (Heyden).
c. Planodes Fitz.
P. agilis Fitz. (Olivier).
d. Trapeloïdis Fitz.
P. sanguinolenta Fitz. (Pallas).
bus DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
3. TrapeLus Cuv. (Agama Daud. part.).
a. Psammorrhoa Fitz.
T. Bibronii Fitz. (Agama aculeata Merr.).
b. Trapelus Fitz.
T. hispidus Kaup (Agama spinosa D.B.).
4. EREMIOPLANIS Fitz. ( Agama Daud, part.).
E. deserti Fitz. Lich.) (Agama mutabilis Merr.).
E. ruderata Fitz. (Olivier) (Agama mutabilis Merr.).
E. Ægypliaca Fitz. (Geofr.) (Agama mulabilis Merr.).
IL Fam. LEIOLEPIDES (3 gen., 7 spec.).
4. Cexrrocercus Fitz. (Uromastix Merr. part.).
C. Hardwickii Fuz. (Gray).
C. similis Fitz. (Ur. griseus Cuv.).
. Unomasrix Merr.
U. ocellata Licht. (ornatus Rüpp.).
U. viridis Wiegm. (spinipes D. B.).
U. spinipes Merr.
19
U. acanthinarus Bell.
3. LEloLEPIS Cuv.
L. gutiata Cav.
IT Fam. STELLIONES (6 gen., 9 spec.).
_
. Howazoxorus Fitz. (Grammatoph. D. B. part.)
H. Gaimardii Fitz. (D. B.).
. Grenornorus Fitz. (Gramm.D. B. part.).
G. Decresii Fitz. (D. B.).
2. AmpxiBoLurus Wagl. (Gramm. D. B. part.).
A. muricatus Wagl. 2. PHRYNOCEPHALUS Kaup.
4. GRammaTopHoRA Kaup. P. ocellatus Eichw. — P. caudivolvalus Fitz.
G. barbata Kaup. ° P. interscapularis Fitz., vel nigricans Eichw.
5. Acanraocerces Fitz. (Stellio Daud. part). 3. Hecioscopus Fitz.
A. cyanogaster Fitz. (Rüppell). a. Heliosconus Fitz.
- STELLIO Daud. H. uralensis Fitz. (Pallas ).
St. vu'garis Dand. — * S4. cyprius Fitz. b. Phrynosaurus Fitz.
St. caucasius Eichw. — St. Pallasii Wiegm. H. Olivieri Fitz. (D. B.).
IV Fam. PHRYNOCEPHALI (3 gen., 2 subgen., 6 spec.).
19
4. Saccosroma Fitz. (Phryn. Kaup part.).
S. auritum Fitz. (Pallas).
— M. Gray, dans son Cat. of Liz., p. 178-263, a décrit les Iguaniens pleu-
rodontes et acrodontes; il les rapporte aux deux familles nommées /guanideæ
et Agamidæ, formant par leur réunion une tribu (S/robilosaura). La pre-
micre famille renferme 54 genres et il y en a 34 dans la seconde. De même
que pour la classification de M. Fitzinger, je me trouve dans l'impossibilité,
par défaut de place, d'insérer ici des tableaux synoptiques résumant ce
mode d’arrangement. Je me suis attaché, en dressant la liste suivante des
209 espèces (/guanide, 130; Agamidæ, 79) rapportées aux 58 genres, à
mettre en évidence, en les signalant par des caractères italiques, les 6o espèces
qui n'étaient pas connues quand le t, IV de l'£rpet. génér. a paru, ou qui
n'ont pas été admises dans cet ouvrage. Je comprends dans cette énuméra-
tion les 3 genres et les 3 espèces que M. Gray a fait connaître depuis la
publication de son Cat., et qui portent ici les numéros 15 bis, 15 ter et
15 quater. D'autres espèces nouvelles, au reste, décrites plus ou moins
récemment par ce même zoologiste, seront indiquées dans l'histoire des
genres auxquels elles se rapportent.
On voit par la liste quisuit et par celle que j'ai extraite du Sys4. de M. Fitz.
combien les richesses des collections zoologiques, et en particulier dans le
Musée britannique, se sont accrues depuis une vingtaine d'années, mais
aussi combien ces naturalistes ont multiplié les coupes génériques en don-
nant souvent une trop grande importance à de simples caractères d'espèces.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS.
CLASSIFICATION
Tribus IV. — STROBILOSAURA.
XXII Fam. — IGUANIDÆ.
4. Pocvcurus Cuv.
P. marmoratus Cuv.
2. SraÆrops Gray ( Polychrus part. Wiegm. D, B.).
S. anomalus Gr. (Wiegm.).
3. UrosrroPaus D. B.
U. Vautieri D. B.
4. EcPaymoTEs Fitz (uon Cuv.). (Læmanctus Wiegm. part. ).
E. Fitzingerii Gr. (Wiegm.).
E. obtusirostris Gr. | Wiegm.).
E. undulatus Gr. (W.).—E. acutirostris Fitz. (W.).
5. Læmancrus Wiegm. part,
L. longipes Wiegm.
6. IcuaNA Laur.
JL. tuverculata Laur. — I. delicatissima Laur.
1. rhinolopha Wiegm.
7. ALopoxoTus D. B.
A. Ricordii D. B.
8. BRacHYLoPpaus Cuy.
B. fasciatus Cuv.
9. Meropoceros Wagl.
M. cornutus Wagl.
40. TracaYCEPHALUS Gr, ( Amblyrhyncus Bell, part.),
T. subcristatus Gr. (Ambl. Demarlii D. B.).
44. OREoCEPHALUS Gr. (Ambl. Bell, part.).
©. cristatus Gr. (A. cristatus Bell et A. ater Gr.).
42. Cyczüra Harlan.
C. Muc-Leayi Gr. — C. Collei Gr.
C. nubila Gr. (C. carinala Harlan ).
43. CrexosaurA Gr. (Cyel. Harl. part.).
CI. acanthura Gr. (Shaw).
CL pectinata Gr. ( Wiegm.).
43. ENYALIOSAURUS Gr.
E. quinquecurinatus Gr.
15. Basiziscus Laur.
B. americanus Laur. (B. mitratus Daud.).
45 bis. PTENOSAURA Gr. (Ann. nal. hist., 4852, t, X, p. 438).
P. Seemanni Gr.
45 ler. LophosauRA Gr. ( » » » ).
L. Goodridui Gr.
45 qualer. CRISTASAURA Gr. ( » » » }
C. mitrellu Gr.
46. CorYTBÆOLUS Kaup.
C. vitiatus Kaup. (Wiegm.).
A7. THYSANODACTYLUS Gr.
T. bilineatus Gr.
48. CorYTOPHANES Boïe.
C. crislata Boie.
49. CHamÆLEvrsis Wiegm,
Ch. Hernandesi Wiegm.
20. Exyauius Wagl.
E. rhombifer Wagl. — E. bilineatus D. B.
21, OparyoEssAa Boie.
0. superciliosa Boie.
22, CHamÆLeouIs Cocteau ( Anolis part.).
Ch. Fernandina Coct.
ARCHIVES DU Muséum. T. VHI.
DE M.
31.
33.
34.
36.
509
GRAY, 1845.
. Xipxosurus Fitz. (Anolis part.).
X. velifer Gr. : Cuy.). — X. cristatellus Gr. (Cuv.).
X. Ricordit Gr. (D. B.).
. Dacrycoa Gr. (Wagl.) (Anolis part.).
D. equestris Gr. (Cuv.). — D. Elwardsii Gr. (Merr.).
. Rainosaurus Gr. (Anulis part.).
R. gracilis Gr. (Neuw.). (An. nascicus D. B.).
. ANoLIUS Cuv. part. (Anolis part.).
A. Leachi D.B. A
A.occipilalis Gr.
A. lineatus Daud.
A. Cepedii Merr.
. lineatopus Gr.
A. maculalus Gr.
A. pulchellus D. B.
A. vermiculatus Coct,
A. marmoratus D. B. A. stenodactylus Gr.
A. porcalus Gr. A. reliculatus Gr.
A. principalis Gr. A. fusco-auratus D'Orb.
(A. Carolinens. Cav.). A.æneus Gr.
A. flavescens Gr. A. lucius D B.
A. Rachardii D. B. A: Goudotii D. B.
A. Grahami Gr. A puuciatus Daud.
À. punct. G. (non Daud.). A. bularis Lin.
A. nebulosus Gr (A. chloro-cyanus D. B.?}.
(A. Sagræi Coct.). A. Valenciennii D. B.
ACanT#OLIS Coct. (Anolis part.).
Ac. Loysiana Coct.
. Draconura Wagl. (Anolis part.).
D. niteus Wagl. (A. refuigens Schl.).
D. chrysolepis Gr. (D. B.).
. Norops Wagl.
N.auratus Wagl.
. TropinoLeris Cuv. ( Sceloporus Wiegm.).
T. undulatus Cuy.
T- torquatus Gr. (W:).
T. formosus D. B. (W.7.
T. spinosus Gr. (W.). T. æneus D. B.(W.).
T. hoiridus D. B. (W.). T. scalaris Gr. (W.).
LElopERA Gr. (Léioderes D. B.). Tropidurus W. part.
(Proctotretus D. B. part.)
L. chilensis Gr. (Less.). — L. gracilis Gr. (Bell.).
L. Gravenhorsli Gr.
T. grammicus Gr. (W.).
T. nucrolepid D. B. (W.,.
T. variabilis D. B. (W.).
. LEloLæÆncs Gr. (Wiegm.) (Proctotretus D. B.).
. cyauogaster Gr, (D. B.).
. Bellii Gr.
. Bibronii Gr. (Bell.).
. lineatus Gr.
. higro-maculatus W.
. inconspicuus Gr. L. Kingü Gr. (Bell.).
. pictus Gr. D. B.). L. Wiegmannii Gr. (D. B.).
Pivyconerus Gr. (Prototretus D. B. part.).
Pt. pectinatus Gr. (D. B.).
ProcrorTreTus D. B, (part.).
P. multimaculatus D. B.
L, tenuis Gr. (D. B.).
L. siguifer Gr. (D.B.).
L. maculutus Gr.
L. Fitzingerii G. (D. B.),
L. Darwinii Gr. (Bell.).
IAE FEU ESC PP ES
5. LeiucEP#aLUS Gr. (Holotropis D. B.
Tropidurus Fitz. part.).
L. Herminierii G. (D. B.). L. Schreibersii G. (Fitz }.
L. microlepis Gr. (H. microlophus Coct.).
L. carinatus Gr. L. Grayü Bell.
L. Mac-Leuyii Gr. L. ornalus Gr.
Srexocercus D. B.
S. rosei-veatris D'Orbignys
65
DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
. TracuyeycLus D. B.
T. marmoratus D'Orbigny.
. TaraGuIRA Gr. ( Ecphymotes Cuv. non Fitz.).
T. torquata Gr. (Neuw.).
T. Darwinii Gr. — T. Smithü Gr.
39. MicroLoraus D. B.
44
42.
M. Peruvianus Gr. (M. Lessoni D. B.).
. OPLURUS Cuv. ù
0. Brasiliensis Gr. (0. torquatus Cuv. 0. Sebæ D. B.).
. SrromiLurus Wiegm.
S. torquatus Wiegm.
Uraxisconox Kaup (part.) ( Uperanodon D. B.).
Ur. ombra Kaup. (Lin ). — Ur. pictum Kaup. (Neuw.).
43. Prica Gr. (Lin.) (Hypsibatus Wagl.).
P. umbra Gr. (Latr.). — P. punctata Gr. (D. B.).
45. Lerosaurus D. B.
L. Bellii D. B. — L. fasciatus D'Orbigny-
45, Dicozæmus Bell.
46. Trormurus Neuw. (part.). Oplurus D. B: (Cuv.) part.
D. Darwinii Bell. — D. Bibronü Bell.
T. torquatus Neuw.
47. UrocENTROoN Kaup (Doryphorus Cuy.).
U. azureum Kaup.(Lin.).
48. Parymarurus Gravenhorst (Oplurus part.).
Ph. Palluma Graveuhorst.
49. CauLisauRus Blainv.
Cdraconoïdes Blainv.
50. TrorinocasTer D. B.
T, Blainvilli D. B.
51. Parynosoma Wiegnr.
8.
9.
P. Douglasii Wiegm. (Bell. ).—P. orbiculare Wiegm.
P. Blainvillii Gr. (coronatum Blainv.).
P, cornutum Gr. (Harlanïi Wiegm.).
XXIV Fam. — AGAMIDÆ.
. Draco Lin. (part.).
D. volans Lin. (D. Daüdinii D. B.).
D. Timoriensis Péron. — D. fimbriatus Koh].
. DRACOCELLA Gr.
D. Dussumieri Gr. (D. B.).
D. hæmatopogon Gr. (Boie).
. Dracunouzus Wiegm.
D. quinquefasciatus Gr. D, lineatus Daud.
D. ornalus Gr. D. maculatus Gr.
D. spilopteras Wiegm.
. SiTana Cuv.
S. Ponticeriana Cuv.
. Lvrioceruazus Merr.
L. margaritaceus Merr.
. CERATOPHORA Gr.
C. Stoddartii Gr.
. Orocnxenis Wiegm.
0. hivittata Wiegm.
Gonvocernazus Kaup (Lophyrus D. B. part.).
G. chamæleontinus Gr. (Laur.). (Lac. tigrina Séba).
Dicopayrus Gr.
D. grandis Gr,
40. Tianis D. B. (Lophyrus D. B. part.).
T. megapogoun Gr. (L. dilophus D. B.).
T- Bellüi Gr. (D. B.). — T. Sophiæ Gr.
AcanraosauRa Gr. (Lopbyrus D, B, part.).
A. armala Gr. (Wagl.).
12.
BRoNCHOCELA Kaup.
B. crislatella Kaup. — B. celebensis Gr. (Schl.).
B. gutturosa Schl. (jubata D. B.).
B. marmor, Hombr. Jacq. — B. tympanistriga Gr.
. SALEA Gr.
S. Horsfieldii Gr.
. CALOTES Cuv.
C. Maria Gr. — C. ophiomachus Merr.
C. versicolor D. B. (Daud.).
C. minor Gr. — C. Emma Gr. — C. Rouxii D. B.
C. mystaceus D. B.
. CHELOSANIA Gr.
Ch. brunnea Gr.
. CuarasiA Gr. (Agama part.).
C. dorsalis Gr,
. GiNpaua Gr:
G. Bennettii Gr.
Loraura Gr. (Istinrus Cuv.).
L. Amboinensis Gr. (Schlosser).
L. Shawii Gr. (Lac. lophura Shaw.).
. Paysicnaraus Cuv. (Istiurus D. B. part.).
P. Cocincinus Guv. (Wieg:). — P. Lesueurii Gr.
. CHLAMYDOSAURUS Gr.
C. Kingïi Gr.
. HATTERIA Gr.
H. punclata Gr.
. LoPHoGNaTuus Gr.
L. Gilbertii Gr.
. Diporopora Gr.
D. bilineata Gr. >
24. GRAMMATOPHORA Kaup.
G. cristata Gr. G. muricata Kaup.
G. reliculata Gr. G. barbata Kaup.
G. angulifera Gx G. maculata G. (Gaimardi D. B.).
G. Decresii D. B, G. ornala Gr.
. Laupakia Gr. ( Agama Daud. part.).
L. tuberculata Gr.
. STELLIO Daud.
S. cordylina Gr. (Laur.)(S. vulgaris Daud.).
S. Caucasius Eichwald. — S. cyanogaster Rüppell.
. AGaïA Daud. part.
A. colonorum Daud.
A. oecipilalis Gr. (A. colon. Var. Dum. Bib.).
A.atra Daud,— A. agilis Olivier. —A. aculeata Merr.
A. hispida Gr. (spinosa D. B. non Graÿ).
. TrareLus Cuv. part. (Agama Daud. part.).
T. Savignyi Gr. (D. B.).
T. ruderata Gr. (Olivier) (Ag. mutabilis Merr.).
T. sanguinolentus Eichw. (l'allas ).
T. Sinaïtus Gr. (Heyden).
. PurYNocernazus Kaup.
P. Olivieri D. B — P. helioscopus Kaup. (Pallas ).
P. caudivolvulus Fitz. — P. Tickelii Gr.
. MecaroouiLus Eichw. (Phrynoceph. Kaup part.).
M. auritus Eichw. (Pallas ).
. Uromasrix Merr.
U. ornatus Rüpp. — U. spinipes Merr.
U. acanthinurus Bell, — U, fasciatus Menestriés,.
. Saara Gr. ( Uromastix part.).
S. Hardwickii Gr.
33. LeioLeris Cuv.
L. Bellii Gr. (guttatus Cuv.). — L. Reevesit Gr.
. Morocu Gr.
M. horridus Gr.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 511
En 1850, S. À. le prince Ch. Bonaparte a présenté Ja liste suivante des
Sauriens appartenant aux deux groupes des /guaniens et des Agamiens
(Conspectus system. Herpet. et Amphib., Leyde, tableau in-f°) :
Fossil, Eur. Spec.
STELLIONIDÆ (S/robilosaura Gr. !).
Stellionina (Æ4gamidæ part. Gr.).... » ..... 2 Eur. Afr. As. Océan. 50
Draconina ( » » JR NME és 0 As. mérid. Océan. 10
Tropidurina (/guanidæ pat. Gr.).... » ..... 0 Amér. 40
Polychrina ( » » ADN cc EE 0 Amér. 25
Basiliscina ( » » Pen Diese 0 » Calid,.
Iguanina ( » » Dre MORT 0 » 12
139
Les différences numériques relatives aux divisions établies par les clas-
-sificateurs dont je viens d’analyser les travaux, et à celles qui ont été
admises par les auteurs de l'Erpét. géuér., peuvent se résumer ainsi :
Familles. Genres. Sous-genres. Espèces.
1837. Dum. Bib. Zrpét. génér. 2. 46. 2. 152 ©.
1843. Fitz. Systema.......... 21. 61. 85. 200.
1845. Gray Catalogue...... Oo 2: 88. 0. 209.
1850. Bonap. Conspectus..... 6. À 139.
PREMIÈRE SOUS-FAMILLE DES IGUANIENS : LES PLEURODONTES.
Les Sauriens appartenant à cette grande division ont pour caractère com-
mun le mode d'insertion de leurs dents, qui sont fixées sur le bord interne
d'un sillon creusé dans les mächoires. Ce sont les /guunes proprement dits
ou /guanides, si l'on veut employer ce nom par opposition au mot 4ga-
mides, qui sert souvent à désigner les Acrodontes ou 4games.
Quatre petits sous-genres, dans cette première sous-famille, précédent le
grand genre Anolis. Je n'ai aucune observation à présenter sur le 3‘ (Uro-
sTroPHe, Dum. et Bib.), ni sur le 4° (Norors Wagl.), qui comprennent cha-
cun une seule espèce dans l’Ærpét. génér. 11 faut ajouter cependant que
4. Ce groupe est placé entre ces deux divisions : Gecconidæ et Chamaæleontidæ appartenant
tous trois à une même tribu : Pachyglossi ; cette tribu est la première dans le 6° ordre (Saurii vel
Lacertæ) de la 3° section des Reptiles : Squamata. Le tableau de classification dont il s’agit ne con-
tient aucune indication sur les genres.
2. En comprenant dans ce nombre 5 espèces de Phrynocéphales (t. IV, p. 515) non portées à la
table de l'Erpét. génér.
512 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM. '
M. Fitzinger (Syst. Rept., 1846, p. 63) a donné les noms de trois autres
espèces de Norops du Musée de Vienne : Læmanctus (sous-genre Norops),
cracilis, Wiegmanni, E ndichleri, originaires du Brésil,
Quant au 1°* genre, que Cuvier a nommé PoLycHRE, j'ai à signaler une
troisième espèce, décrite en 1845 par M. Berthold (Uber verschiedene neue
oder seltene Reptilien aus Neu-Granada in 4 bhandlungen der Koniglichen
gesellschaft der Wissenschaften zu Gottingen, t. IL, p. 5, pl. 1, fig. 1). C’est
le Polychrus gutturosus, remarquable par le développement des écailles de
la région inférieure du cou, car elles sont une fois plus grandes que les
autres. Ce Saurien ne se trouve pas au Musée de Paris qui, outre le Pol.
marbré, possède maintenant des échantillons du Pol. anomal Wiegm., bien
conformes à la description tracée par ce zoologiste.
Le 2° genre que Wiegmann a établi sous le nom de LaimancTe est presque
inconnu dans les Musées: aussi doit-on s’en tenir aux détails qu'il a pré-
sentés d’après les types uniques du Musée de Berlin, et à ceux qui ont été
fournis par Spix sur une espèce conservée à Munich (Polychrus (Læm.)
acutrrostris) et recueillie au Brésil.
Nos collections possedent cependant, depuis 1845, un beau lézard, qui est
pour nous le premier spécimen de ce genre. Il a été recueilli dans le Mexique,
près de la ville d'Oaxaca, et donné par M. Ghuisbreght. D’après la comparaison
de ce Reptile avec celui qui a été représenté par Wiegmann (Herpet. mexi-
cana, pl. iv) : L. longipes, il n'y a pas de doute sur l'identité de l'espèce,
mais certaines particularités sont en opposition avec quelques-uns des carac-
tères attribués à ce genre. Ainsi, nous trouvons des dents palatines et une
ligne saillante sur le milieu du dos, formée par la proéminence de la carène
des écailles de cette région : d'où résulte l'apparence d'une crête longitudi-
nale tres-basse, particuliérement évidente sur la nuque à une trés-petite
distance de la tête; au delà, elle est de moins en moins apparente et cesse
complétement à l'origine de la queue. La diagnose inscrite par Wiegmann
dans son texte (p. 16, Gen. 10 et p. 45) porte cependant qu'il n’y a pas de
dents au palais et que la carène du dos est sans crête et sans dentelures. De
plus, le spécimen dont il s’agit, comme le montrent les fig. 4, 4 a de notre
pl. xx1, a, sur le bord postérieur de la tête prolongé en une sorte de casque
plat et arrondi, onze à douze écailles saillantes triangulaires et pointues con-
stituant une sorte de couronne. Rien de semblable ne se voit sur la pl. 1v de
ORDRE DES SAURIENS, — IGUANIENS PLEURODONTES. 13
l'Erpét. du Mexique ; il y a néanmoins identité parfaite avec notre spécimen
‘pour la forme de la région occipitale. Je me borne à mentionner ces faits
observés sur un échantillon unique, et dont il est par conséquent impossible
de déduire des conclusions applicables au genre tout entier, surtout en
raison de la rareté singulière des Laimanctes dans les collections erpétolo-
giques, car on manque de renseignements suffisants sur ces animaux.
V. GENRE ANOLIS, AWOZEZS, DAUDIN.
Cette division générique, la plus nombreuse en espèces, comprend tous
les Iguaniens à doigts plus où moins dilatés au niveau de l’antépénultième
phalange. Ce caractère est d’une grande importance dans la méthode natu-
relle, puisqu'il est l'indication manifeste d’une remarquable conformité dans
le genre de vie. Il n’y a cependant pas une homogénéité tellement complète
entre tous ces Sauriens, que des subdivisions n’aient pu être proposées pour
ce groupe. On en a vu plus haut la liste dans les classifications assez récentes
de MM. Fitzinger et Gray, dont j'ai simplement présenté un résumé, n'ayant
point à discuter ici la convenance ou l'inopportunité du démembrement d'un
genre si naturel et si distinct que l'est celui des Anolis qui pourrait, par
cela même, devenir le type d’une sous-famille parmi les Iguaniens.
M. Berthold, en 1840 (Über verschiedene neue oder seliene Amphibien
arten in Mém. de l'Acad. de Gottingue, 1843, p. 62, pl. 1, fig. 7.et 8), a
décrit, avec la dénomination particulière de duodecim-striata, une espèce
nouvelle à doigts peu dilatés et que, par ce motif, il a placée dans le
genre Draconura, Wagl. (Dracontura, Fitz.), établi pour l4nolis refulgens
(vel riens), genre non adopté par mon père et par Bibron, qui ont rap-
proché de cette dernière espèce celle qu’ils ont nommée Anolis chrysolepis,
en les regardant l’une et l’autre comme types d’une subdivision parmi les
Anolis !. L'espèce de M. Berthold, Dracontura, 12-striaia ( Dracontura Ber-
1. Une bonne représentation comparative des doists à élargissement considérable ou peu marqué se
trouve dans l'Atlas de l'Expéd. du comte de Castelnau, dans les parties centr. de l’Amér. du
Sud. Rept., pl. ur, fig. 2 a et 4 a, tels qu'on les voit dans les 4n. nasique et chrysolépide. Voyez,
en outre, notre pl. xix, fig. 1, main de l’4n. resplendissant. — Sur cette même pl. x1x, fig. ?,
l'An. de Valenciennes, si remarquable par la pelitesse des écailles ventrales, ce qui, d’ailleurs,
le distingue de tous ses congénères, est représenté vu par dessous et amplifié, pour que le caractère
puisse être bien saisi par l'observateur.
514 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
tholdi, Fitz.) est inconnue au Musée de Paris. Elle se distingue facilement
des deux précédentes en ce que les écailles médianes du dos, plus grandes
que les autres et carénées, forment 12 séries longitudinales au lieu de 5 où
6, comme chez l'Anolis dit Dr. chrysolepis. Chez celui qui est nommé
Dr. refulgens, il n'y a que 2 rangées d'écailles plus grandes et, en outre,
elles sont lisses.
Relativement au Saurien inscrit par Wiegmann (Herpet. mex., p. 16),
comme Dr. Nitzschit adopté par M. Fitzinger, qui en signale la présence
au Musée de Vienne, l'opinion émise par les auteurs de l'Erpét. génér. qu’il
ne devait pas différer de leur 4. chrysolépide à été confirmée par Wiegmann
lui-même, ainsi que M. Troschel nous l’apprend (Fauna von Britisch-
Guiana Reisen, Rich., Schomburgk, note de la p. 649)1.
Nous trouvons indiqué, par M. Fitzinger, un autre Anolis reçu du
Brésil, voisin sans doute des précédents : Dr. Bibroni, et M. Gosse (4un.
and Mag. of nat. Hist., 2° série, t. vi, p. 346), signale une espèce ori-
ginaire de la Jamaïque : Dr. catenata. — C'est près des Draconures que
doit être placé un Saurien étiqueté par Wiegm. au Musée de Berlin, 4x.
planiceps, à en juger par la description donnée par M. Troschel (Faunu
von Britisch-Guiana Reiser, Rich. Schomburgk, p. 649).
— Avant de parler des Anolis nouveaux du Musée de Paris, je présente
en note une liste, qui montre que, malgré ses richesses, il s'y rencontre
cependant quelques lacunes par suite des découvertes récentes des natura-
listes étrangers ?.
s
1. J'ajouterai, à cette occasion, à propos de deux synonymies présentées par mon père et par Bibron
dans l'histoire des Anolis, que M. Troschel, d'après l'examen destypes mêmes de Wiegmann, considère,
contrairement à ce qui est énoncé dans leur Zrpét. génér. sous forme dubitative, ilest vrai, (p.127
et 452), les Dactyloa bi-porcata etnebulosa comme distincts des 4n. Carolinensis et Sagræi.
2. An. occipitalis Gray (Ann. nat. hist., &. NV, p. 112); An. porcatus Gr. (1d.); An. puncta-
tus Gr., non Daud. (/d.); An. lineatopus Gr. (1d.); An. maculatus Gr. (Id.); An. stenodactylus
Gr. (1d.); An. reticulatus Gr.(1d.); An. æneus Gr. (Id.). An. flavescens Gr. et An. Grahami Gr.
(Cat. of Liz., p. 202, où sont indiquées aussi les huit espèces précédentes). An. latifrons Berthold
(Neue oder seltene Rept. aus Neu-Granada in Mém. de Gütlingue, 1845-47, p. 6, pl. r. fig. 2).
An. iodurus, or purple tailed Gosse (Ann. of nat. hist, ® série, t. VI, p. 344); An. opa-
linus Gosse (1d.); Placopsis ocellala Gosse (I.). — Pour la détermination spécifique si difficile des
Anolis, on peut se servir avec avantage du tableau synoptique de l'Erpét. génér., t. IV, p. 90.11
faut ensuite tenir compte de l’origine et du système de coloration qui, au reste, ne tarde pas à être
altéré par l'alcool.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 15
XXI. — 14 bis. ANOLIS À BANDES TRANSVERSALES, /nolis transversalis, À. Dum.
PI. xix, fig. 3 et 3 a.
Idem, \d., Cat. méth. des Rept. du Muséum, p. 57. — Id., Répert. Erpél. gén., Dum. Bib.,
t. IX, p. 262.— /d., Guichenot (Expéd. parties centr. de l’Amér. du Sud, par M. de Castelnau).
Écailies ventrales plates, imbriquées, plus grandes que celles des flancs, qui sont aussi dila-
tées que les autres; cou et dos surmontés d’un petit pli de la peau sans dentelures ;, point de
carènes en avant du front ; de larges bandes brunes sur le tronc et sur la queue.
La tête (pl. xx, fig. 3 a) est à peu près plate, ou du moins on ne voit
qu’une faible dépression sub-rhomboidale sur le front où les écailles sont
un peu plus grandes que sur le museau : ces écailles ne sont pas carénées.
La scutelle occipitale est grande, irrégulièrement campanuliforme ; par son
bord antérieur, qui est le plus large, elle est en contact avec une petite
plaque impaire et avec les demi-cercles squameux des régions sus-orbitaires,
lesquels se touchent, sur le vertex, par leur convexité. Sur les côtés de
loccipitale, il y a des plaques assez grandes; les postérieures, beaucoup
plus petites, sont bordées, à droite et à gauche, par des crêtes peu saillantes
qui, du bord postérieur de chaque orbite, se dirigent vers l’occiput où elles
se réunissent pour former un triangle ouvert en avant, et dont le sommet
est l'origine du petit pli cutané de la ligne médiane du dos. Sur chaque
région sus-oculaire, on voit un disque de ro à 12 scutelles plates entouré
par de fines granulations. — Toutes les pièces de l’écaillure sont généra-
lement petites. — La queue, assez forte et un peu déprimée à sa base, est
environ une fois et demie aussi longue que le tronc et la tête; elle est très-
effilée. — Le fanon est petit.
La teinte générale, qui semble être un gris violacé, est un vert clair,
comme le montre un dessin” fait d’après le vivant, par M. le comte de
Castelnau. Sur la tête, il y a de nombreuses vermiculations brunes. Les
épaules sont couvertes par une grande tache de la même nuance, qui se
prolonge en une pointe sur le cou et s'étend en arrière et en bas jusque
sur les bras. Trois autres taches, larges de 0",10 au milieu, et irrégulière-
ment angulaires comme la précédente, se voient sur le tronc; leurs angles
postérieurs descendent obliquement d'avant en arriére, le long des flancs,
et se rejoignent presque sur le ventre, dont la couleur est un peu plus claire
516 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
que celle des régions supérieures. — La mâchoire inférieure, tout à fait en
avant, porte une petite tache transversale brune; une autre, plus large,
occupe tout l’espace qui sépare le bord inférieur d’un orbite du bord cor-
respondant de l’autre orbite; une troisième, passant sur le fanon , s’étend
d’un tympan à l’autre. Au delà, en avant des épaules, une dernière tache
transversale forme un collier. A la queue, il y a des anneaux bruns; les mem-
bres ne sont que demi-annelés, leur face interne ne portant aucune tache.
L'échantillon unique de cette espèce a été rapporté du Brésil par MM. de
Castelnau et Émile Deville.
Par l'ensemble de ses caractères, cet Anolis se rapproche surtout de
l'espèce de l'Amér. septentr. nommée, par mon père et par Bibron,
An. alligator. La différence de patrie et les détails dans lesquels je viens
d’entrer suffisent pour montrer les différences caractéristiques.
XXII. — 92 bis. ANoLis HÉTÉRODERME. Anolis heterodermus, A. Dum.
PI. x1x, fig. 4, 4 a et 4 b.
Idem, W., Cat. Rept. du Mus. Paris. p.59.— 1d., Répert. Erpét.génér.. D.B., t. IX, p. 262.
Régions supérieure et latérales du tronc recouvertes de squames irréqulièrement polygonales,
aplaties, lisses, entremélées d'écailles beaucoup plus petites et comme granuleuses; plateau
crânien bordé dans tout son pourtour, ainsi que le museau, de grandes écailles bombres; squa-
mes ventrales lisses, non granuleuses ; une petite carène dentelée sur le cou, le dos et la queue.
La tête est un peu effilée (pl. x1x, fig. 4 a). La faible dépression de sa
face supérieure semble être plus considérable qu’elle ne l’est réellement, à
cause de la saillie prononcée des écailles qui bordent locciput, les régions sus-
oculaires et le museau. La plaque occipitale irrégulièérement polygonale ou
presque circulaire est entourée de plaques de forme et de grandeur variables.
Le fanon est très-peu développé. — La queue, médiocrement longue, est
assez robuste et revêtue, dans toute sa longueur, d’écailles à carène saillante.
7 à
Le caractère le plus remarquable est fourni par l'aspect singulier de
l'écaillure du dos et des flancs; elle offre une assez frappante analogie avec
celle de l'An. caméléonide, décrit et figuré par Cocteau (Ærpét. in Hist. de
Cuba, par Ram. de la Sagra, p. 145, pl. xv), sous les noms de Chamæleolis
Fernandina. Ce sont des écailles plates, entremélées de petits grains squa-
meux (voy. notre pl. xix, fig. 4 b). Outre d’autres particularités inutiles à
rappeler ici, la disposition réguliere des plaques de l'abdomen éloigne com-
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 517
plétement ln. hétéroderme du précédent, qui est le seul dans ce vaste
genre où les écailles ventrales soient granuleuses au lieu d’être, comme
d'ordinaire, des scutelles plates et imbriquées.
Les parties supérieures sont vertes et les inférieures, plus claires, ont une
teinte jaune verdâtre. Les grosses écailles qui bordent la tête comme une
sorte de couronne sont d’un vert trés-päle, de sorte qu’elles paraissent
presque blanches; il en est de même pour celles qui se voient sur les côtés
de la tête et de la région cervicale, d’où elles gagnent les flancs en formant
sur ces diverses régions une bande blanchâtre, qui tranche sur la teinte
générale. — Long. totale, o" 17; 0"6 pour la tête et le tronc ; 0" 11 pour la
queue.
Nous possédons plusieurs échantillons de cette espèce recus de la
Nouvelle-Grenade.
VI. GENRE. CORWIOPHANE. CORYTOPHANES. BOIE.
À l’époque où le t. IV de l'Erpét. génér. fut publié, les Corytophanes
manquaient au Musée de Paris, où l’on connaît maintenant le Cor. à créte
par trois beaux exemplaires provenant de la province de Peten (Amér. cen-
trale) et dus à la générosité de M. Arthur Morelet, qui a exécuté, d’après le
vivant, un dessin propre à bien faire connaître le système de coloration. On
acquiert ainsi la preuve que la teinte générale du tronc est un mélange de
blanc pur et de brun rougeâtre moins abondant sur les flancs que sur le dos,
où il forme de fines bandes transversales. Le blanc est sans mélange sur le
ventre. La gorge et le capuchon sont d’un vert clair uniforme. Sur la queue
et sur les membres, qui sont de la même couleur verte, il y a des anneaux
d’un brun violacé. Des lignes noires, partant de l'orbite, rayonnent en avant,
en bas et en arrière. |
Il ya, dans les écailles du tronc, plus d’inégalité qu'il n’est dit dans les
descriptions, car les flancs sont parcourus de haut en bas par des rangées
verticales et irrégulières d’écailles plus grandes que les autres et rappelant
un peu les bandes bien moins nombreuses du Cor. caméléopside, chez lequel,
d'ailleurs, ces écailles, beaucoup plus grandes, portent une forte saillie mé-
diane (voy. Herpet. mex., p. 38 et pl. vi), tandis qu'elles sont planes ou à
peine carénées dans le Cor. à créte. La tête et la partie antérieure du tronc
ARCHIVES pu Muséum. T. VIII. 66
518 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
de ce dernier sont représentées de profil sur notre pl. xx, fig. 1; région sus-
céphalique, fig. 1 a; tête dépouillée de ses parties molles, fig. 1 à 1.
XXII. — 1 Dés. CORYTOPHANE TRÈS-CARÉNE. Corytoph. percarinatus, À. Dum.
ESPÈCE NOUVELLE. — PI. xx, fig. 3 et 3 a.
Une crête non interrompue depuis l’occiput jusqu'à la queue; écailles presque toutes égales
entre elles et toutes carénées ; deux plis cutanés de chaque côté du tronc commençant à la région
cervicale, et prolongés jusqu'aux membres postérieurs.
La face supérieure de la tête, inclinée en avant, est prolongée à sa partie
postérieure par une crête osseuse formant une sorte de casque très-analogue
à celui des deux autres espèces de ce genre, et qui rappelle la structure
bizarre du crâne des Caméléons. Il résulte de cette conformation une surface
rhomboïdale presque plane sur le museau et sur le front, mais un peu
creuse au delà des orbites. Elle a des limites saillantes : ce sont, en avant,
les crêtes surciliaires, puis au delà, les bords d’une surface triangulaire
formée par deux lames osseuses qui, partant de l’occiput et se réunissant
au-dessus et en arrière, constituent les deux racines supérieures et anté-
rieures du casque, dont la troisième racine naît d’un point plus inférieur
de la région occipitale. C’est de la réunion de ces trois racines ainsi disposées
en pyramide triangulaire que provient le prolongement lamelliforme du
casque. Telle doit être évidemment la structure de cette région postérieure
du crâne de l'espèce dont il s’agit, à en juger par l'analogie remarquable
que présente la tête revêtue de ses téguments avec celle du Corytophane à
créte, laquelle est représentée dépouillée de ses parties molles sur notre
pl. xx, fig. 1 4. L'angle antérieur de la surface rhomboïdale sus-céphalique
et les angles latéraux situés de chaque côté dans le point où cesse la crête
surciliaire et où commence, en lui faisant suite, mais en se portant un peu
en dedans, la racine du casque, sont bien moins aigus que l’angle postérieur.
Tout le pourtour de cette surface est garni de grandes écailles droites à
4. Le Muséum ne possède pas le Cor. caméléopside; c’est par erreur que le contraire est dit dans
le Catal. des Rept. du Mus. de Paris, p.60. — Afin de montrer les différences qui distinguent les
deux espèces anciennement connues et celle qui est décrite, sous le n° xxumt, 4 és, j'ai fait reproduire
sur cette même pl. xx, fig. 2 un décalque du dessin donné par M. Gravenhorst (Nova acta nat
curios., t. XNI, pars poster. 4833, ph Lxv, fig. 4). Une représentation peu soignée de ce même
Saurien se trouve in The z00!. of Captain Beechey's, voy. 1839, pl. xxx, fig. 1 ; et il y est décrit
p. 94, par M. Gray, qui, à l'exemple de Wiegmann, le nomme Chamaæleopsis Hernandesii.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 519
carène trauchante, qui forment une arête vive ; elles en élèvent les bords et
par cela même la font paraître, surtout en arrière, plus creuse encore qu’elle
ne l’est en réalité.
La peau qui recouvre le casque se continue avec celle du dos en formant
un repli, véritable crête nuchale finement dentelée, dont la crête dorsale, à
dentelures plus prononcées, est la continuation; cette dernière devient de
moins en moins haute en se prolongeant vers la queue, où elle est remplacée
par une ligne saillante, qui résulte de l’arrangement régulier des écailles
médianes surmontées d’une carène, comme le sont d’ailleurs toutes les
autres écailles de cette région, garnie ainsi de stries parallèles. La même
régularité, au reste, se remarque dans l’arrangement des écailles des mem-
bres et du ventre; elles sont plus grandes que celles des autres parties du
corps, et chacune d'elles étant carénée, de nombreuses stries parcourent
en long l'abdomen et les pattes jusqu'à l'extrémité des doigts, dont
_les écailles inférieures, particulièrement aux membres pelviens, semblent
un peu tuberculeuses. Sur la crête nuchale, sur le dos et sur les flancs,
l'écaillure est beaucoup moins régulière, car les pièces squameuses qui la
composent ne forment pas des rangées soit longitudinales, soit transversales ;
quelques-unes, cà et là, paraissent plus grandes que les autres, mais il n'y a
pas, sous ce rapport, les différences tranchées si caractéristiques dans les
deux autres espèces de ce genre où les écailles de dimensions plus consi-
dérables, comme on le voit surtout dans le Corytoph. caméléopside, forment
des bandes transversales. Il faut ajouter que toutes les écailles sont carénées,
ce qui est une note distinctive très-importante. Celles de la gorge et du
fanon, plus saillantes que les autres, sont tuberculeuses et entourées de
fines granulations. La lèvre supérieure porte 21 plaques, et l’inférieure en
a 17; les unes et les autres sont suivies de petites plaques tuberculeuses
disposées sur deux rangs qui s'étendent jusqu’à l'oreille. — L’orifice de la
narine, percé dans une seule plaque, est dirigé d’arrière en avant. — Les
paupières sont couvertes d’un nombre considérable de fines granulations. —
Sur la région sus-céphalique, il y a des écailles carénées et plus ou moins
surmontées de petites élévations qui leur donnent un aspect rugueux. Enfin,
on ne voit pas au-dessus du tympan, dont la membrane est tout à fait
superficielle, la saillie qui manque également dans le Cor. à crête, mais
que, dans le Cor. caméléopside, Wiegmann a signalée comme une proémi-
520 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
nence de l'os temporal en forme d’aiguillon. Le fanon, contrairement à ce
qui a lieu dans cette derniere espèce, est dentelé à son bord inférieur, qui
se termine en arrière par un repli cutané transversal, continué sur la partie
la plus inférieure de chaque flanc, jusqu’à la racine des membres abdomi-
naux. Un autre pli, semblable au précédent, commence derrière l'angle
de la mâchoire, décrit d’abord une légère courbe à concavité inférieure;
puis au niveau des épaules, il se dirige parallèlement à la ligne médiane du
dos, dont il est peu éloigné, et vient se perdre sur l’origine de la queue.
La teinte générale est un brun verdätre. La face supérieure de la tête est
ornée en avant, à sa partie la plus antérieure, d’une tache noire placée entre
deux lignes également noires qui, partant du milieu de la région sus-orbi-
taire, vont en divergeant se porter sur le bord du museau et descendent
au-devant de l'œil sur la région frénale; deux autres lignes semblables,
mais dirigées en sens absolument inverse, prennent naissance dans le même
point et vont atteindre, en s’écartant, les bords du casque, les franchissent
et se perdent sur la crête nuchale. De ce point central inter-orbitaire,
d’autres raies noires, disposées en éventail, couvrent de dedans en dehors
toute la portion un peu renflée qui correspond à l'œil et contournent la
crête surciliaire pour gagner la paupière supérieure. Une tache sombre
transversale occupe l’extrémité de la crête de la nuque et s'arrête, de chaque
côté, au nivean du pli cutané supérieur. D’autres maculatures noires irré-
gulières sont dispersées sur différents points du tronc.et de la queue.
Long. totale, 0" 285 ; tête et tronc, 0" 75; queue, 0" 210; espace compris
entre le bout du museau et l'extrémité supérieure du casque, 0" 04.
Le Cor. très-caréné a été pris à Ascuintla, dans l’Amér. centrale, à 30 lieues
de Guatemala. Le spécimen est unique.
La description qui précède montre, sans qu'il soit nécessaire d'y insister,
les différences tranchées qui distinguent ce Corytophane de ses congénères.
Ainsi, pour les rappeler en peu de mots, s’il porte une crête nuchale comme
le Cor. à créte, remarquable par son écaillure du dos et des flancs presque
partout lisse, il a, au contraire, toutes les écailles carénées et sensiblement
égales entre elles. Ce défaut d’inégalité est un caractère important quand on
compare l'espèce nouvelle au Cor. caméléopside. Chez ce dernier d’ailleurs,
1° la crête commence seulement au niveau des épaules; 2° les grandes écailles
disposées en bandes transversales sont seules carénées, et 3° enfin, chaque
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 521
flanc ne porte que deux petits plis cutanés : l'un à la région scapulaire et
l'autre à la région pelvienne.
VII. GENRE. BASILIC. ÆASZLISCOUS. LAURENTI.
Sous le nom générique proposé d’abord par Laurenti pour le Saurien
que Linné avait nommé Lacerta basiliscus, les auteurs de l’Erpét. génér. ont
réuni les deux espèces alors connues, celle qui est le type du genre (2. mi-
tratus) et celle que M. Kaup a désignée sous la dénomination de Corytheolus
vittatus, dont on doit rapprocher le genre nominal OEdicoryphus (vittatus)
que Wagler a introduit dans son Syst. amphib., p. 148. — Ce groupe,
jusqu'alors très-circonscrit, a été augmenté par M. Gray d’un genre à tête
ronde et simple en arrière, ou du moins à très-petite crête occipitale, mais
à bord externe des doigts postérieurs garni d’une frange. Il en a décrit le
type (Beechey's, voy. p. 94) sous le nom : Ophyessa bilineata. Un exem-
plaire de cette espèce, donné par le Musée de Londres, a été considéré avec
raison par mon père et par Bibr., t. 1v, p. 188, comme un jeune Z, à
bandes. Ce genre a été conservé par M. Gray dans son Cat. of Liz., p. 193,
mais sous un titre différent, car on l'y trouve ainsi désigné : 'hysanodac-
tylus bilineatus de Y Amér. du Sud et de l'ile de Fernando-Noroha. Je dois,
au reste, appeler l'attention sur cette origine, puisque le 8. à bandes est
mexicain ou provient de l’Amér. centrale. — Tout récemment, ainsi que je
l'ai indiqué dans la liste dressée d’après le système de classification de
M. Gray (p. 509), ce zoologiste a présenté une nouvelle distribution du
groupe des Basilics (Basiliscina), motivée par l’adjonction de genres
jusqu'alors inconnus (4nn. of nat. Hist., 2° série, 1859, t. x, p. 437). Les
différents Sauriens qui y sont compris manquent dans nos collections. Ils
sont originaires, les uns du Mexique, et les autres de l'Amérique du Sud î.
4. M. Gray forme des genres suivants une section : Basiliscina, partagée en 3 groupes : L. Occiput
renflé de chaque côté avec une haute crête cutanée comprimée et partant du bord postérieur des yeux :
1. Ptenosaura Gr. (PE. Seemanni Gr). — II. Occiput renflé couvert d’écailles convexes ; à sa région
postérieure, mais à une certaine distance en arrière des yeux, il est prolongé en une haute crète
cutanée comprimée ; sur le dos et sur la queue, une crête élevée supportée par des rayons osseux :
2. Basiliscus, Laur. (B. americanus, Id.); 3. Lophosaura, Gr. (L. Goodridgii, Id.); 4. Cristasaura,
Gr. (C. mitrella, Y.); 5. Corytheolus, Kaup (C. vittatus, Id.). — HI. Occiput aplati, avec une très-
petite crêle comprimée sur le milieu de son bord postérieur : 6. Thysanodactylus, Gr. (T. bili-
neatus, Id.). ;
522 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Avant de présenter la description de la nouvelle espèce de notre Musée,
je ferai observer que si la crête occipitale des Corytophanes differe beau-
coup de celle des Zasilics, en ce qu’elle a pour base la longue apophyse
osseuse qui prolonge le crâne en arrière (pl. xx, fig. 1 2), tandis que dans
les autres, la crête est essentiellement formée par la peau relevée en pli
mince et d’une étendue plus ou moins considérable, selon les espèces, le
prolongement osseux ne manque cependant pas complétement aux Zasi-
lies. Il est bien moins saillant, il est vrai (pl. xx, fig. 4), car il se présente
sous la forme d’une lamelle mince horizontale , à bord supérieur tran-
chant et qui reste dans le plan de la région sus-céphalique, au lieu de se
relever obliquement, comme le grand casque des Corytophanes, dont la
base, ainsi que je l'ai déjà rappelé plus haut, est constituée par trois racines
aplaties et disposées en pyramide triangulaire terminée à son sommet par
une lame mince et transparente. Cette conformation remarquable manque
dans les Zasilies (fig. 4), où la lamelle, mesurée à son bord inférieur, est à
peine égale au tiers de la longueur du crâne prise du milieu de l’arcade
maxillaire supérieure à l’articulation de loccipital latéral avec l'os intra-
articulaire. Dans le Corytophane dont la tête a été dessinée, il y a, au con-
traire, égalité entre ces dimensions. — Sur cette même pl. xx, on voit que
les dents, dans ces deux genres de Sauriens, sont trilobées, puisqu'elles
portent une petite dentelure de chaque côté de leur base (fig. 1 cet4a).
XXIV. — 1 bis. BasiLic à BONNET, Basiliscus galeritus, À. Dum.
PI. xx1, fig. 4, 1 aet1 b.
Idem, Id. Catal. Rept. Mus. Par, p. 61. — 1d., 1d., Répert. Erpét. gén., D. B.,t. IX, p.264.
Téte surmontée d'un capuchon élevé, large et épais à sa base, à sommel mince, arrondi; sur
le dos et sur le premier tiers de la queue, une crête dentelée peu élevée; écailles des régions
supérieures du tronc carénées, les ventrales lisses; celles des régions sus-oculaires petites, à
surface rugueuse; parties supérieures vertes, et les inférieures d'un jaune verdâtre; sur la
queue, des laches brunes.
La tête est courte et le capuchon ne ressemble pas à un bonnet phrygien,
comme celui du Z. à capuchon (pl. xxr, fig. >), et il n'est pas pointu comme
celui du B. à bandes (pl. xx, fig. 3). Chez le mâle, comme chez la femelle,
il commence au niveau du bord postérieur de l’espace inter-orbitaire, et
chez le premier, son sommet, très-régulièrement arrondi, décrit un arc de
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 523
cercle uni à la base, antérieurement, par un bord très-court, un peu oblique
d’avant en arrière, et postérieurement, par un bord plus long rectiligne, et
dont l'obliquité est en sens inverse. Chez la femelle, le capuchon est beau-
Coup moins vertical ; il se dirige en arrière, et son sommet représente assez
exactement l’une des extrémités d’une ellipse. Dans les deux sexes, d’ailleurs,
il rappelle un peu, par sa forme, le capuchon du camail ou habillement
d'hiver que les ecclésiastiques portent par-dessus le rochet. Ce prolongement
cutané, qui est très-mince, est couvert d'écailles assez grandes presque
planes ; mais sur la base renflée du capuchon, sur les tempes et à la région
sus-céphalique, elles sont moins volumineuses et ressemblent à de petits
tubercules. |
Par l’ensemble de ses formes, ce Basilic offre la plus grande analogie avec
ses deux congénères. — Je viens d'indiquer la différence importante résultant.
de la conformation toute particulière du capuchon; il est donc inutile, sur-
tout en mentionnant l'absence de la remarquable crête, à rayons osseux du
dos et de la queue, d’insister sur les autres caractères qui l’éloignent de
l'espèce la plus anciennement connue et que Daudin a, le premier, nommée
B. mitratus. — Avec le B. à bandes Wiegm., qui porte une carène sur les
écailles ventrales, aucune confusion n’est possible, puisque, chez les deux
autres, cette carène manque. f:hhi
Le système de coloration est fort simple, comme on le voit sur la fig. r,
où les teintes sont plus vives que sur les animaux conservés dans l'alcool.
— Elle représente le mâle de grandeur naturelle ; il est un peu plus petit
que la femelle. — Le Muséum possède deux individus de sexe différent ; ils
ont été rapportés de la Nouvelle-Grenade.
— Un dessin, de M. Morelet d’après l’un des exemplaires adultes du
Basilic à bandes recueillis par lui dans la province de Peten (Amér. centrale),
fait bien connaître le système de coloration de ces beaux Sauriens déposés
Par ce Voyageur dans nos collections; mais ils sont malheureusement déjà
un peu décolorés par l’action de la liqueur. 11 en est de même pour un jeune
sujet, également donné par M. Morelet, — Au moment où l’un des animaux
adultes a été pris, il était d’un vert clair vermiculé de noir; on voit encore
les courtes handes transversales noires caractéristiques sur la nuque et sur
le dos, et en partie une raie jaune étendue de l’angle postérieur de l'œil
jusqu’à la cuisse ; puis au-dessous et parallèlement, sur le cou, une autre
524 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
ligne semblable à la précédente. La tête et le capuchon étaient et sont encore
bruns, mais on ne retrouve plus que sur le dessin cette dernière indication :
lèvres et gorge d’un blanc pur. Chez le jeune individu, il n’y a sur la.
tête que de faibles vestiges du capuchon qui manque dans les premiers
temps de la vie, comme on en acquiert la preuve par l'examen d’un très-
jeune sujet provenant du Mexique. Il en est de même pour ‘trois jeunes B. 4
capuchon originaires, soit de Cuba et donnés par M. Ramon de la Sagra,
soit du Mexique; l’un de ces derniers est un présent de M. Castelnau. Entre
ces jeunes animaux et ceux de même âge qui appartiennent à l'espèce dite
B. à bandes, il y a une très-grande analogie pour la disposition et l'aspect,
non-seulement de la double bande claire latérale, mais de la petite raie Jaune
médiane de la région sus-céphalique. 11 est cependant très-facile de les
distinguer en examinant les écailles ventrales, qui sont lisses chez le B. à
capuchon, et carénées au contraire chez le 8. à bandes. — Un Bas. appar-
tenant à cette dernière espèce, et tout récemment acquis par notre Musée,
doit être signalé, parce qu'il présente une particularité notable qui n'avait
pas encore été constatée dans cette espèce, car il a sur le dos une crête bien
développée, soutenue par des rayons osseux et semblable à celle du Z. à
capuchon. Sur la queue, il n’y a qu’une carène dentelée. Il est plus petit
qu'un autre individu de la méme espece à crête dorsale, cependant moins
haute et sans rayons osseux.
Le genre AmsryrnynQur, dont je dois maintenant parler, est précédé dans
la classification de l’£rpét. génér. du singulier genre ALoPowoTE (8), caracté-
risé par l'absence d’écailles sur les parties supérieures du tronc, où l’on ne
voit que de très-petits grains squameux serrés et fort nombreux. Je n'ai
rien à ajouter à l’histoire de ce Saurien, connu au Musée de Paris par un
seul individu de grande taille, envoyé de Haïti par M. Alex. Ricord, et dont
aucun Musée ne paraît avoir reeu de nouveaux exemplaires.
IX. GENRE. AMBLYRMYNQ@UE. APZLYRIYNEOUS. BELL.
La diagnose de ce genre a été donnée dans l Erpét. génér. d'apres un spé-
cimen en mauvais état de conservation de l’'4mbl. à crête appartenant à
M. Th. Bell, et d’après un exemplaire d’une autre espèce du Musée de
Boulogne-sur-Mer dédiée par mon père et par Bibron au directeur de ce
Musée : Ambl. de Demarle. Or, l'examen de nouveaux sujets conservés
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 525
dans l’alcool et recueillis aux îles Galapagos, par M. Darwin, a démontré à
M. Bell que, si la description de la seconde espèce ne laisse rien à désirer,
il n’en était pas de même pour la première ; car celle-ci offre des particula-
rités remarquables qui n'avaient pu être signalées ni par M. Bell en 1825
{Zool. Jourr., p. 204, pl. xu supplém.), nien 1837, par les auteurs de l’Zrpét.
génér. Il faut done modifier l'énoncé des caractères génériques pour ce qui
concerne la queue et les membres, et remplacer ces deux phrases : queue
comprimée vers son extrémité et garnie de grandes écailles; doigts gros et
courts, par les indications suivantes : queue ronde où comprimée, doigts
assez longs et inégaux et complétement libres, ou presque égaux et un peu
palmés, Ces différences importantes sont liées à celles qui se remarquent
dans le genre de vie; elles sont telles que l4r0/. de Demarle, dont la queue
est cylindrique et dont les doigts ne sont pas réunis par une membrane, est
un animal essentiellement terrestre et que l’4mbl. à créte, si distinct du
précédent par sa queue comprimée d’un bout à l’autre et par la palmure
partielle des doigts aux pattes antérieures et postérieures, est une espèce
tout à fait aquatique. On doit, en outre, noter que la crête de celui-ci est
très-basse au-dessus des épaules, où elle semble comme interrompue, et
que chez l’4mbl. de Demarle, elle à plus d’élévation sur le cou que sur le
dos, sans présenter cette sorte d'interruption que je viens de signaler !.
1. M. Ch. Darwin a donné de longs détails très-précis sur ces Reptiles, qu'il a vus en grand
nombre aux îles Galapagos (Journ. and remarks, Foy. of the Beagle, p. 466-472, 1839, et 2° édit.
1845, p. 385-390, avec une fig. de l’4mbl. à créte). Les individus appartenant à cette dernière
espèce habitent exclusivement, dit-il, les rochers du rivage qu'ils paraissent ne jamais quitter pour
pénétrer dans les terres, et sur lesquels ils s'empressent de revenir, dès qu’ils ont été chercher dans
la mer leur nourriture, qui ne se compose que de plantes, et particulièrement de celles dont la végé-
tation a lieu au fond des eaux. Ce naturaliste s’en est assuré en ouvrant plusieurs de ces Ambl.,
et jamais il n’a trouvé dans leur estomac des débris de poissons ou d’autres animaux marins. Ils ont
une teinte noirâtre, uniforme, et leur taille peut dépasser un mètre.
Quant à l'4mbl. de Demarle, il n'est pas répandu comme l’autre, sur toutes les îles Galapagos ; il
est confiné dans celles qui forment le centre de l’archipel. Quelques-uns de ces Sauriens habitent les
régions hautes et humides des îles, mais ils sont beaucoup plus nombreux Cans les parties basses et
stériles, non loin des côtes; on les y rencontre en telle quantité, qu’à l’île St.-James, les voyageurs ne
purent trouver pour dresser leur tente un emplacement non occupé par les habitations souterraines
et d’ailleurs peu profondes, de ces reptiles. Comme les Ambl. maritimes, ce sont des animaux assez
laids, à physionomie stupide, en raison du peu d'ouverture de leur angle facial (d’où le nom d'Ambly-
rhynque ou à museau obtus); ils sont, en dessous, d’un rouge orangé tirant sur le jaune, et en dessus,
d’un brun rougeâtre. Leurs mouvements sont lents, et ils se traînent sur le sol plutôt qu’ils ne mar-
ARCHIVES Du Muséum. T. VIII. 67
526 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
— Je n’ai rien à ajouter aux détails donnés par mon père et par Bibron
sur les deux genres Ieuane (10) et Mérorocéros (11). je dirai seulement
qu'un /g. tuberculeux a pu être observé vivant à la ménagerie où ses habi-
tudes d’animal essentiellement frugivore ont subi une singulière modifica-
tion; car on a pu le nourrir pendant trois mois avec de jeunes moineaux pris
au moment de l’éclosion de l'œuf, et de larves de Ténébrions qu'il mangeait
avec beaucoup plus d’avidité que les fruits, dont il avait jusqu'alors fait
exclusivement usage pendant une captivité d’une année entiere.
Quant au genre Cxcrurr (12), des observations intéressantes ont égale-
ment pu être faites sur le régime d’un individu appartenant à l’espèce dite
C. de Harlan Wiegm. (C. carinata Marl.). Malgré son genre de vie habituel,
ce grand Saurien qui, à l’état de liberté, ne recherche comme aliments que
des fruits ou d’autres productions végétales, mange volontiers maintenant
des larves de Ténébrions, de très-jeunes souris et de petits oiseaux qui
viennent de sortir de leur coquille.
Le Cycl. pectiné, décrit par Wiegmann d’après un spécimen unique du
Musée de Berlin et inconnu à Londres, ainsi que dans les différentes collec-
tions d'Allemagne, comme on le voit d’après les indications fournies en 1845
par M. Fitzinger, vient d’être acquis tout récemment par le Musée de Paris.
Il est parfaitement semblable à l'animal figuré dans lPZrpét. du Mexique,
pl. 1, et très-distinct du Cycl. de Harlan, qui a, comme lui, la queue
comprimée, 1° par la continuité de la crête, qui est sans interruption au-
dessus des épaules, mais en présente une à la région lombaire, et 2° par
le petit nombre des pores fémoraux, dont on compte non pas vingt, mais
cinq seulement à chaque cuisse. Aucune confusion d’ailleurs ne peut
exister entre cette espèce rare et le Cycl. acanthure, dont la queue, plus
chent. Ils se’ nourrissent de matières végétales, et dans les lieux secs où ils ne peuvent trouver de
l’eau ils recherchent avec avidité les branches de cactus ou d’autres plantes pourvues d’un suc abon-
dant. Leur chair, après la cuisson, est blanche et d'une saveur agréable pour ceux, dit M. Darwin,
qui, relativement au choix de leurs aliments, savent se mettre au-dessus des préjugés. Leurs œufs
sont également estimés.
Je n'ai pas craint de présenter les détails qui précèdent, parce qu'il est fort intéressant de bien con-
naître un genre aussi nettement caractérisé, comprenant une espèce marine et une espèce terrestre,
et propre à une région du monde très-délimitée comme l’est l'archipel des Galapagos. De plus, l'4mbl.
à créle est extrèmement remarquable en ce qu'il est le seul Saurien connu dont la nourriture se
compose de plantes qui croissent dans la mer.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 527
effilée, est presque ronde, et dont la crête n'est nullement interrompue 1.
Le genre Bracnycorme (13) ne renferme encore que l'espèce nommée
par Alex. Brongniart /guane à bandes, et qui a servi de type à Cuvier pour
cette coupe générique. Ce Saurien est le seul, dans la sous-famille des Pleu-
rodontes, quine vive pas en Amérique. C’est du moins ce qui semble résulter
de l'examen de nos échantillons, dont les uns, cités dans l'Erpét. génér.,
ont été recueillis à Tongatabou (Archipel des Amis ou de Tonga, Océanie),
et dont les autres, reçus depuis 1837, ont été rapportés par M. Leouillou,
ainsi que par M. Arnoux, de différents points de l'Océanie, et en particulier
de l’île Wallis (Archipel Oua-Hourn). Au Musée de Vienne, selon les indi-
cations données par M. Fitzinger, qui nomme cet Iguanien #/ypsilophus
fascialus, en adoptant le mot Brachylophus comme simple dénomination de
sous-genre (Syst, p. 55), on ne possède que des exemplaires de l'Ancien-
Monde. Dans le Musée britannique, au contraire, M. Gray signale seule-
ment des individus de l’Amér. du Sud.
On constate dans notre Musée que les femelles, caractérisées par la pré-
sence, sur la face interne de chaque cuisse, de huit ou neuf écailles sub-
ovales, munies d’une petite fente près de leur bord postérieur, portent
seules des bandes transversales bleues sur le dos et de gros points de la
méme couleur sur le cou et les épaules. — Les mâles, qui sont munis de
véritables pores aux cuisses, ont une teinte bleuâtre obscure et uniforme,
sans bandes ; les points bleus de la région cervicale sont à peine apparents.
XIV. GENRE ENVALE. ÆWYAZUS. WAGLER.
Une rectification doit ètre faite dans l’£rpét. génér. à l'énoncé des carac-
teres des Reptiles de cette division, car c’est par erreur, ainsi qu'il est facile
de s'en assurer sur les individus mêmes qui ont servi aux descriptions de
ce livre, que l’£n. rhombifère y est indiqué comme ayant les écailles du
1. Quelques espèces nouvelles du genre Cyclure ont été décrites dans ces dernières années; leurs
noms se trouvent dans les listes quej'ai données ( p. 509) d’après le Cat. de M. Gray et p. 506 d'après
le Syst. de M. Fitzinger. Notre Musée ne les possède pas. On n'y connaît pas non plus une espèce de
la Jamaïque, dite Cyclura lophoma (rsgc:, crête, œuc:, épaule) Gosse (nn. of nat. hist., % série,
1849, t. IV, p. 64-68). Aux détails zoologiques, ce naturaliste a joint un extrait intéressant des obser-
vations de M. R. Hill sur les mœurs de ce Saurien, dont l'alimentation est exclusivement végétale.
528 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
ventre lisses. Les carènes de cette région sont moins prononcées que chez
l'£n. à deux raies; néanmoins, on voit sur chaque pièce de l’écaillure abdo-
minale une ligne peu saillante, il est vrai, mais l'ensemble de ces carènes
constitue des séries de stries longitudinales sur toute la face inférieure du
tronc. Ce qui distingue surtout les deux espèces, c'est, chez l'En. à deux
raies, 1° la présence sur la ligne médiane du dos de plusieurs rangs longitu-
dinaux de grandes écailles et non pas d’une seule rangée comme chez P£n.
rhomb.; »° le nombre moindre et le volume plus considérable des écailles
sus-orbitaires. 1/Æn. à deux raies, dont on possédait un seul spécimen à
l’époque où il fut décrit, est maintenant bien connu au Musée de Paris, où
l'on en a recu trois nouveaux exemplaires du Brésil et parfaitement iden-"
tiques au type. En outre, un jeune individu de cette espèce, assez décoloré,
mais très-reconnaissable, a été rapporté de ce pays, ainsi que plusieurs £n.
rhombif. La teinte générale de ces derniers est un brun uniforme, si ce
n’est chez un seul, qui est exactement semblable par ses taches dorsales,
ovalaires ou irrégulièrement rhomboïdales, à l'animal dessiné par Spix,
pl. xret type de son Lophyrus rhomb. Ses écailles ventrales sont carénées ?.
— D'autres Enyales, recueillis à Fonteboa (Haut-Amazone, partie brési-
lienne ) par MM. de Castelnau et Em. Deville, n'appartiennent ni à l'une ni
à l’autre espèce dont je viens de parler, C'est de l'£x. rhomb. qu'ils se rap-
prochent le plus ; mais l'aspect rugueux de leur tête, puis l'élévation plus con-
sidérable de la crête dorsale et sa prolongation sur la base de la queue leur
donnent une certaine ressemblance avec le Lophyrus margarilaceus, Spix
(Lacertæ brasil., p. 10, pl x, fig. 1), connu dans les Musées de Munich,
de Vienne et de Berlin (Fitz., Syst, p. 58) et rapporté, mais avec doute, à
l'En. rhomb. dans l’'Erpér. géner. Le dessin de l'ouvrage de Spix est si insuf-
fisant et la description est si peu explicite, qu'il est bien difficile, au reste,
de ne pas se borner à de simples conjectures sur l'identité du Loph. marga-
rit. et des Sauriens dont M. de Castelnau a fait présent. Quoi qu'il en soit,
A. D'après la rectification à faire à la diagnose donnée pour ce genre dans l’Zrpét. gén., il ne peut
plus maintenant rester de doutes sur l'erreur qui, dans nos collections, avait fait rapporter à l'£n. à
deux raies tous les individus munis de ces carenes; il faut done nécessairement laisser de côté les
observations consignées dans le Cat. du Musée de Paris à l'occasion du spécimen dont il s’agit, et
que M. de Castelnau a fait parvenir de Bahia. C'est évidemment un Æn. rhomb., et il paraît incontes-
table que ce Saurien a été représenté dans le jeune âge par Spix (pl. xur, fig 2) sous le nom de Lophy-
rus albo-maxillaris.
,
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 529
M. Guichenot a décrit ces derniers comme appartenant à une espèce nouvelle
(£xplorat. scient. partie centr. Amér. du Sud, Rept., p. 20 et 21, pl. v et vi).
XXV. — 1 bis. EnxaLe TÈTE-LANGE, Ænyalus laticeps, Guich.
Dos el base de la queue surmontés d’une crête à dentelures assez élevées, et dont la hauteur
va en diminuant à partir de la nuque; écailles dorsales égales entre elles, petites et un peu
pointues; sus-céphaliques et sus-oculaires nombreuses, de petites dimensions et saillantes comme
les précédentes, d'où il résulie que toutes les régions supérieures semblent rugueuses; squames
centrales carénées; tête courte et large.
Par sa conformation générale, cet Ænyale ressemble beaucoup à ses con-
génères; les caractères qui le rapprochent du Æhomb., savoir, 1° les rangées
nombreuses de squames sus-oculaires; 2° l'absence de plusieurs rangées de
grandes écailles carénées sur le dos, et 3° le peu de saillie des carènes des
squames ventrales, l'éloignent de l £n. à deux raies. Ce qui le distingue de
la première de ces deux espèces, c’est l’aspect plus rugueux de toute l’écail-
lure, les dimensions plus considérables des grandes écailles pointues de la
ligne médiane du dos, et dont l’ensemble constitue une crête tin peu épi-
neuse et plus proéminente que dans le Ahombifere, surtout à la nuque, où
elle est plus haute que partout ailleurs, puis qui se continue avec l’appa-
rence d’une carène saillante sur la base de la queue; e’est, en outre, la gran-
deur et la forme des pieces de l’écaillure abdominale qui ne sont pas carrées,
mais représentent des parallélogrammes plus longs que larges, et parcourus
obliquement par une ligne saillante où carène étendue de lun des angles
supérieurs de la squame à l'angle inférieur opposé. I faut enfin tenir compte
de la conformation de la tête, qui est un peu plus courte et plus ramassée.
La teinte générale est verte; sur le tronc, on voit de fines marbrures ou
petites taches brunes ou noirâtres; on les retrouve sur les membres et sur
la queue où elles forment des anneaux 1.
4. Nous pensons qu'il convient de rapprocher du spécimen qui a servi de type à M. Guichenot pour
l’'En. téte-large, deux autres individus recueillis dans la même localité (Fonteboa Haut-Amazone, partie
brésilienne) par les mêmes voyageurs, et que ce naturaliste, en raison d’une différence dans la confor-
mation de la tête, a considérés comme représentant une espèce distincte qu'il a nommée Æn. téte-
plate (loc. cit., p. 21, pl. vr). Ces deux Sauriens, dont la tête est, en effet, un peu plus allongée,
mais qui, sous tous les autres rapports, ressemblent au précédent, offrent cette particulärité qu'ils
portent à la face interne de chaque-cuisse trois pores fémoraux, et que leur gorge est noire. Le mode
de préparation de ces animaux ne permet pas de constater leur sexe, mais il y a lieu de penser que ce
sont des mäles, tandis que l’autre serait une femelle.
530 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Les dimensions de deux de ces Enyales sont de 0"35 et de 0"44; la
queue mesurant, chez lun, 0" 29, et, chez l’autre, 6" 28.
— A la suite du genre Ænyale dont je viens de m'occuper, les auteurs de
l'Erpét. génér. en ont placé un autre établi par Boie d’après un Saurien
originaire de l'Amérique du Sud, comme les précédents, et nommé par
Linné Lacerta superciliosa. C’est l'Ormryesse (15), dont la dénomination
spécifique rappelle la même idée que le nom de genre tiré par le savant
zoologiste hollandais de la saillie des écailles surciliaires. Si je n’ai pas à
m'arrêter sur ce groupe, très-distinct de ceux qui suivent et de ceux qui
précèdent, il n’en est pas de même pour un Iguanien reçu du Brésil dans
ces dernières années, et qui offre quelque analogie avec FOphryesse. Je lai
fait connaître dans notre Catal., et je dois en donner ici la description.
XV. GENRE (bis) OPHRYESSOIDE. OPÆA%YOESSOIDES. À. DUM.
Tête petite, en forme de pyramide quadrangulaire, bordée, de chaque côté par
une crête surciliaire; narines latérales ; plaque occipitale petite ; des dents pala-
tines ; toules les pièces de l'écaillure carénées el imbriquées ; queue un peu comprimée
à sa base, arrondie dans le reste de son étendue et très-effilée à son extrémité,
surmontée dans son premier liers seulement d'une carène dentelée, continue avec
celle peu élevée qui règne sur toute la longueur du dos; peau de la gorge sans pli
ni longitudinal, ni transversal.
Par tout l'ensemble de sa conformation, le Reptile, type de ce nouveau
genre, a de frappants rapports de ressemblance avec l'Ophryesse, c'est ce
que j'ai voulu rappeler par la dénomination dont jai fait usage. Ces analo-
gies sont : 1° la brièveté de la tête, couverte d’écailles assez semblables
entre elles pour la forme et pour la grandeur; »° la petitesse de la plaque
occipitale; 3° la situation des narines sur les côtés du museau; {4° la simili-
tude de conformation des doigts, qui sont finement dentelés sur les bords,
et l'égalité de leurs dimensions respectives, en ce sens que, chez l’un :
comme chez l’autre, le 4° est le plus long de tous et le 1‘ le plus court;
Fe enfin, la conformité de structure des dents, qui ne sont simples que sur
le devant des mâchoires, toutes les autres étant trilobées à leur sommet.
Il y a cependant des différences bien tranchées, qui ont motivé la distinc-
tion générique. Ainsi, l'Ophryessoïde s'éloigne de l'Ophryesse 1° par les
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 531
dimensions bien moindres de sa queue dont la forme est différente, car au
lieu d’être comprimée dans toute sa longueur, elle est cylindrique, surtout
au delà de sa base; puis, par le peu de hauteur de sa carène dentelée qui,
d’ailleurs, ne s'étend pas au delà du premier tiers de la queue; 2° par
l'absence de plis sous la gorge, soit en longueur, soit en travers; 5° enfin,
par le volume proportionnellement plus considérable de toutes les écailles,
et en particulier de celles de la tête. — Il n'y a qu’une seule espèce.
XXVI. — 1. OParyEssoiDE TROIS-CRÊTES, Ophryoess. tri-cristatus, À. Dum.
PI. xx, fig. 4.
Idem, À. Dum., Cat. Mus. de Par., p. 66. — 1d., Id. Répert. Erp. génér., t. IX, p. 267.
Tête courte, épaisse, dont la face supérieure obliquement dirigée d'arrière en avant et de
haut en bas dans la plus grande partie de son étendue, est brusquement inclinée dans sa por-
tion postérieure, au niveau de la saillie formée, de chaque côté, par la dernière écaille pro-
éminente du bord surciliaire, et, par suite, région occipilale plus basse et presque perpendicu-
laire; sur le dos et sur la queue, à droite et à gauche, à une petite distance de la crête médiane,
une autre petite créte parallèle à cette dernière.
La forme bizarre de la tête de ce Saurien lui donne une physionomie toute
particulière. Le corps est un peu comprimé, et les membres sont médiocre-
ment développés ; toutes les carènes sont saillantes, mais surtout celles des
écailles plus grandes que les autres, qui forment les crêtes médiane et laté-
rales. Parmi les écailles sus-céphaliques, dont aucune n’est dilatée en travers
et qui sont toutes carénées, celles des arêtes surciliaires sont les plus sail-
lantes. — 11 n’y a point de pores fémoraux chez notre unique individu.
Les parties supérieures sont d’un brun fauve et ornées de bandes trans-
versales sur le dos et verticales sur les flancs, également brunes, mais plus
foncées, finement liserées de blanc-jaunâtre. On en voit une sur la tête, entre
les yeux, formant un triangle à sommet postérieur fort ouvert et à bord
antérieur très-légèrement saillant à sa partie moyenne. Ces taches, bien
apparentes sur la queue, y sont très-rapprochées; elles en occupent la
région supérieure et les côtés. En dessous, l'animal est d’un brun clair. — Il
a été rapporté du Brésil par M. Claussen. — Sa longueur totale est de 0” 16
ainsi répartis : tête et tronc, 0"06, queue, 0" 10.
32 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XVI. GENRE LÉIOSAURE. LEIOSAURUS. DUM., BIB.
Le Musée de Paris, qui a recu de l’Acad. de Philad. et de M. le D’ Hallowell,
l’un de ses membres, des Rept. intéressants de l’'Amér. sept., a obtenu par
ce savant naturaliste un très-beau spécimen de l'espèce nommée Ygama
colluris Say. Ce Saurien non mentionné dans l’Ærpét. génér. est devenu
pour M. Holbrook le type du genre Crotaphyte qu'il a décrit et figuré d’après
un individu vivant (W. Amer. herpet., t. WU, 1842, p. 99, pl. x). Or, quand
on étudie comparativement et avec soin les caractères génériques du Crota-
plyte et ceux des Zéiosaures, on est frappé de leur extrème analogie, car les
. seules différences qui méritent d’être signalées sont que ces derniers man-
quent de pores fémoraux, et ont la queue médiocrement allongée, tandis
qu'elle est longue chez le Crotaphyte, dont chaque cuisse porte une rangée
de pores. Si cependant on considère que le genre Léiosaure, vraiment bien
distinct de ceux qui lui ressemblent le plus, a été établi par les auteurs de
V£rpét. génér., d'après l'examen d'animaux de petite taille et qui ne sont
peut-être pas adultes, il est permis de supposer que leur queue est propor-
tionnellement moins longue qu’elle ne doit l'étre à une époque plus avancée
de la vie. Cette hypothèse, d’ailleurs, est justifiée, et je crois devoir insister
sur ce fait, par la comparaison que j'ai pu établir entre deux jeunes Crotaph.
et le sujet adulte donné par M. Hallow.; ces individus de petite taille ont la
queue courte, et offrent, par conséquent, sous ce rapport, une dissemblance
très-marquée avec le spécimen de grande taille. — Quant aux pores des
membres, on ne saurait attacher à leur présence ou à leur absence une im—
portance tres-grande, puisqu'il n'est pas possible d'affirmer qu'elle n’est pas
une manifestation extérieure de la différence de sexes. — Relativement à
l'élargissement de la tête au niveau des régions temporales, et que rappelle
la dénomination employée par l'habile erpétologiste de Charleston (#96r490c,
tempe ), il se remarque également chez les Léiosaures.
Il résulte de ces remarques et de la similitude frappante de ces animaux
comparés entre éux, que les deux genres dont il s'agit semblent véritable-
ment devoir n’en former qu'un seul auquel le nom de Létosaure appartien-
drait par droit de priorité.
Je n'ai pas de détails particuliers à donner sur l'espèce nommée maintenant
dans nos collections Leiosaurus collaris, mais dite d’abord Agama collaris,
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 533
dont la première indication se trouve dans Say (Long’s expedit. to rock.
mount., t. Il, p. 252), puis dans Harlan (Med. and phys. researches, P- 142,
pl. sans n°), et qui enfin, a été l’objet d’une excellente description de la part de
M. Holbrook (loc. cit., t. 11, p. 79, pl. x). Je dois seulement signaler la pré-
sence au Musée de deux jeunes sujets de la même espèce, recueillis à la Nou-
velle-Orléans par M. Tréceul. Ils offrent une analogie parfaite avec le spécimen
adulte, et chez l’un de ces Sauriens, on voit encore les bandes transversales
noires du dos indiquées par M. Holbr. comme disparaissant avec l’âge. Jai
déjà parlé de la brièveté relative de leur queue, c’est une différence due à
ce qu'ils n’ont pas encore atteint tout leur développement. La tête de l’un
de ces Léïos. à collier est représentée sur notre pl. xxu, fig. 3. Elle y est
inscrite sous le nom de Zéios. trapu, qui servait à désigner ces deux jeunes
animaux avanbque M. Hallowell nous eût envoyé le sujet dont la croissance
semble achevée, et avant que l'identité de nos exemplaires de petite taille et
à livrée de jeune Âge avec l'espèce déjà connue eût pu être établie. Ce dessin
et celui que porte la même pl. xxn, fig. 2 (Léios. de Bell), sont destinés à
montrer les différences qui se remarquent : 1° dans la disposition des écailles
sus-céphaliques, particulièrement de celles de la région inter-orbitaire, et
2° dans la situation des narines bien plus rapprochées de l'extrémité du
museau chez le Zéios. à collier que chez le Zéios. de Bell, originaire du
Mexique, et ainsi nommé par mon père et par Bibron en l'honneur du
savant naturaliste qui en a fait présent. Dans cette deuxième espèce, l’écail-
lure de la face supérieure de la tête n’est pas semblable à celle du Zéros. à.
bandes rapporté par M. le professeur D'Orbigny et représenté dans la par-
tie erpétologique de son Foy. Amér. mérid., pl. mi, fig. 21,
1. D’après les observations que j'ai présentées sur l'identité des Crotaph. et des Léios., il y a lieu
d'inscrire sous ce dernier nom trois autres espèces qui ne font pas partie de nos collections, et décrites,
la première, par MM. Baird et Girard : Crot. Wislizenii, provenant de New-Mexico (Stansbury's
exploration of the valley of the great salt lake, 1852, Appendix Rept., p. 340, pl. m), la deuxième,
par les mêmes zoologistes : Crot. Gambelii ( Proceed. Acad. Philad. Août 1852), recueillie en Cali-
fornie, et la troisième, par M. Hallowell : Crot. fasciatus ( Sitgreaves report of an expedit. down
the Zuni and Colorado rivers, 1853, p. 4115, pl. v). Cette dernière espèce, au reste, qui devient pour
nous Leios. fasciatus, ou plutôt Leios. Hallowellii pour la distinguer nominativement du Leios.
Jasciatus, Dum. Bib., originaire de l'Amérique du Sud, diffère de ce dernier non-seulement par ses
caractères spécifiques, mais par sa zone géographique, car elle a été prise sur les collines de sable
de l’extrémité inférieure du Jornada del Muerto, New-Mexico. —Un quatrième Saurien des États-Unis
et qui nous est également inconnu, est décrit par MM. Baird et Girard (Proceed. Acad. Philad.
ARCHIVES DU Muséum. T. VIII. 68
534 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XVI. GENRE (bis). DIPLOLÈME. DIPLOLÆMUS. BELL.
. (Zool. of the. Foy. of the Beagle, Rept. p. 19.)
Corps assez déprimé, sans crêle, à écailles très-petites en dessus, presque circu-
laires, lisses et convexes; polygonales, à peine imbriquées, lisses et planes en des-
sous ; un pli transversal et deux plis longitudinaux sous le cou; queue ronde, sans
carènes, de longueur médiocre; têle courte, large et sublriangulaire, couverte d’é-
cailles nombreuses, petites, arrondies, non imbriquées ; oreilles & bords non épineux;
point de pores fémoraux ou pré-anaux ni dans l’un ni dans l'autre sexe; pieds
courts et robustes ; pas d de dents palatines.
A
Ce genre, quoique très-voisin des Léiosaures, ainsi que le dit M. Th. Bell,
en diffère cependant : 1° par l'absence des dents au palais; 2° par la
brièveté proportionnelle de la queue ; 3° par la disposition des plaques sous-
orbitaires qui, au lieu d’être distinctes et d’égale grandeur, comme dans les
Léiosaures, sont irrégulières, car on en voit trois plus grandes que les autres,
réunies entre elles et n’en formant, en quelque sorte, qu'une seule.
Ces différentes particularités sont suffisantes pour faire admettre la nou-
velle coupe générique dont Bibron, dans un voyage à Londres, avait, ainsi
que le savant zoologiste anglais, admis la nécessité.
XXVII. — 1. Diprcorème DE Bisrow, Diplolæmus Bibroni, Bell.
(oc teirn- 21 pl en)
Idem., Gr. Cat. of Liz., p. 225. — 1d., Dum., Cat. Rept. du Mus. de Paris, p. 68. — 1d., Id.,
Répert. Erpét. génér., Dum. Bib., t. IX, p. 267.
Écailles de la tête planes ; queue plus courte que la téle et le tronc réunis.
La tète est épaisse, rude, plus longue que large, à plaque occipitaie tres-
petite, plate et hexagonale; le museau est obtus; entre les plaques sus-
Août 1852, et figuré sur l’une des planches d'un ouvrage qu'on n’a pas encore reçu en France. Ils le
nomment Crotaph. dorsalis ; mais ce Reptile a été éloigné de ce genre par M. le docteur Hallowell
qui a fait observer (Proceed of Acad. Philad. Juin 1854) qu'il diffère du Crotaphyte, Holbr., en ce
qu'il a le corps couvert non de granulations, mais d’écailles quadrangulaires, et que sur la ligne
médiane du dos, il a des écailles plus grandes et carénées, formant une petite crête dont aucune trace
n'existe chez le Crolaphyte. Par ces différents motifs, il considère cette espèce comme type d'un
genre nouveau : Dipsosaurus et elle devient D. dorsalis Hallowell.
-
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 535
labiales et les sous-orbitaires, il y a trois ou quatre rangs de petites écailles.
Le corps est large, déprimé, sans aucune crête ou saillie médiane, à écailles
trés-petites. La queue, légèrement triangulaire à sa base et conique à son
extrémité, porte, chez les deux sujets adultes de nos collections, o" o13 de
moins que la tête et le tronc réunis, mais chez un jeune sujet, elle est à peu
près égale à la moitié de la longueur totale de l’animal. Les membres ont des
dimensions médiocres; les postérieurs, placés le long des flancs, ne s’éten-
dent que jusqu’à l’aisselle.
La tête est d’un brun sombre, avec quelques taches plus foncées ; la teinte
générale du dos est un bleu gris taché de rouille, orné de cinq bandes trans-
versales, comme dentelées à leur bord postérieur et formées par la réunion
de petites taches rapprochées les unes des autres. Ces bandes sont entourées
de blanc jaunâtre ou de jaune clair; elles se continuent sur la queue où elles
forment des demi-anneaux. — Dans le jeune âge, le système de taches qui
vient d’être décrit se retrouve complétement, mais la teinte générale est un
brun jaunätre.
Le Muséum doit à la générosité de M. le docteur Bell trois exemplaires de
cette espèce (2 adultes et un jeune), mais il ne possède pas celle que ce
même zoologiste a décrite sous le nom de Dipl. de Darwin, et qui a été
recueillie comme la précédente au Port-Désiré (Patagonie ) par le naturaliste
dont elle porte le nom.
Cette derniere diffère du Dipl. de Bibron en ce qu’elle a: r° les écailles de
la tête convexes ; 2° un seul rang de squames entre les. plaques labiales et les
sous-orbitaires; 3° toutes les pièces de l’écaillure un peu plus grandes, et
4° enfin, la queue plus longue que la tête et le tronc réunis.
XVE. GENRE (fer). SAUROMALE. SAZHÆOPIALUS. À. DUM.
GENRE NOUVEAU.
Corps très-déprimé, sans crêle, à flancs bordés d'un pli cutané; écailles petites,
quadrangulaires, non imbriquées et disposées en rangées transversales régulières ;
tête aplatie, à plaque occipitale petite; un pli en travers sous le cou qui, de chaque
côté, en porte un autre demi-circulaire et garni d’écailles épineuses ; pas de dents
au palais ; bord antérieur de l'oreille dentelé ; des pores aux cuisses et non à la ré-
gion anale; membres robustes, à doigts courts ; queue longue et forte, déprimée à sa
base et arrondie dans le reste de son étendue.
536 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
L'un des caractères remarquables de ce genre se tire de l’aplatissement du
tronc, d’où le nom par lequel je propose de le désigner et qui est formé des
mots grecs cavpos, lézard, et ou, plat. De tous les Sauriens pleurodontes
à corps déprimé, il n’y en a pas qui se rapprochent plus de celui dont je
m'occupe en ce moment que les Diplolèmes. Le Sauromale cependant se
distingue d’une facon notable : 1° par les plis latéraux du cou et des flancs ;
> par la longueur proportionnelle plus considérable de la tête et de la
queue; 3° par la présence de dentelures au bord antérieur de l’oreille, et de
pores sur la face interne des cuisses. Aussi le Saurien unique dans nos col-
lections, qui offre ces différences remarquables, doit-il devenir le type d’un
genre nouveau ne comprenant jusqu'à présent qu'une seule espece.
XXVIIT. — 1. SAUROMALE sOMBRE, Sauromalus ater, À. Dum.
ESPÈCE NOUVELLF. — PI. xxut, fig. 3 et 3 a.
Plaques sus-céphaliques non imbriquées, lisses, toutes à peu près semblables entre elles pour
les dimensions; narines circulaires , dirigées en haut et un peu en dehors; écailles sans carènes ;
teinte générale d'un brun rougeâtre, relevée sur les flancs par de petites taches noires irrégu-
lières, peu apparentes.
Le tronc est large et déprimé; sur la ligne médiane du dos, il règne,
depuis le cou, jusque sur la base de la queue, un petit enfoncement ou
sillon où l’on voit s’infléchir d'avant en arrière, et s’entre-croiser un peu les
rangées transversales des écailles; ces rangées semblent ainsi composées
chacune de deux portions, l’une droite et l’autre gauche légerement déviées
de leur direction par leur rencontre au niveau de ce sillon.
De toutes les pièces de l’écaillure sus-céphalique, ce sont les sus-oculaires
qui ont les plus petites dimensions. Immédiatement derrière les narines et
en avant des régions orbitaires, il y a quelques plaques plus grandes que
les autres. L'ouverture nasale un peu tubuleuse, est percée dans une seule
plaque entourée de plusieurs petites squames. Le bord antérieur de l'oreille
est armé de quatre écailles épineuses, dont la troisième, en comptant de
haut en bas, est la plus longue. Les paupières sont granuleuses; la ligne sus-
orbitaire est revêtue d’un rang d’écailles rhomboïdales toutes semblables
entre elles et planes. La ligne sous-orbitaire porte des écailles relevées
en dos d'âne sur leur ligne médiane; elles sont au nombre de quatorze, et
les postérieures se dirigent jusqu’au bord supérieur du tympan.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 537
Il y a 28 à 30 plaques sus-labiales, sans rostrale médiane et impaire,
plus longues que hautes; les médianes sont les plus basses. Elles sont
surmontées de plusieurs rangs de petites écailles. On compte 27 sous-
labiales, en y comprenant la mentonnière, qui a la forme d’un triangle
allongé à sommet arrondi. >
Les écailles du cou diffèrent de celles du dos en ce qu’elles ne sont pas
quadrangulaires et planes comme elles, car elles ont l'apparence de petits
tubercules très-serrés et à sommet pointu. L’écaillure de la gorge se com-
pose de fines granulations fort nombreuses. Les squames du ventre sont lisses,
moins volumineuses que celles du dos, et forment des rangées horizontales
régulières. La queue est revétue d’écailles disposées en verticilles. Sur sa
base, jusqu’à l'extrémité du sillon médian dont j'ai déjà parlé, elles sont
lisses, mais à partir de ce-point, on voit sur le milieu de chacune d'elles, en
dessus comme en dessous, une carène arrondie plus saillante à l'extrémité
postérieure de l’écaille qu’à l’antérieure, et plus particulièrement prononcée
vers le bout de la queue. Les pièces de l’écaillure des membres l’emportent
sur toutes les autres par leurs dimensions. Sur les membres antérieurs et sur
les cuisses, elles sont lisses, et au contraire tuberculeuses sur la région
postérieure des jambes et des pieds, ainsi que sous tous les doigts.
Le pli cutané de la partie latérale du cou décrit une demi-ellipse à con-
cavité antérieure; ses extrémités vont se perdre l’une au-dessus du conduit
auditif, et l’autre au-dessous de la mâchoire inférieure; son pourtour, en
forme de bourrelet, est revêtu d’écailles assez volumineuses, terminées en
pointe, et il est surtout saillant à sa partie moyenne. Le pli transversal du
cou se prolonge en haut et en arrière, pour aller se terminer sur le dos au
niveau des épaules, qui sont, en outre, entourées par deux aütres plis
moins prononcés.
Il y a, le long de la face interne de chaque cuisse, 14 à 15 pores.
Je n'ai en quelque sorte rien à ajouter aux indications relatives au Sys-
tème de coloration données dans la diagnose. On est frappé tout d’abord
de la teinte sombre de ce reptile, et c’est ce qui m'a déterminé à le dési-
gner par cette épithète (Saurom. ater). Les régions orbitaires sont moins
foncées que le reste; elles ont une nuance brun-jaunâtre; les régions infé-
rieures sont plus claires que les supérieures. Quant aux taches des flancs,
elles sont petites, irrégulières et peu visibles.
[SG
538 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
La longueur totale est de 0" 265 ainsi répartis : tête et tronc, 0" 130,
queue, 0" 135.
L'espèce ne nous est connue que par un seul spécimen, dont nous igno-
rons l’origine, et qui a été donné au Muséum par M. Jaurés, lieutenant à
bord de la frégate /a Danaïde.*
— Les genres Uréranononre Dum. Bib. et Hypsisare Wagler (17 et 18),
tels qu'ils sont constitués dans l'Ærpét. génér., n’ont subi depuis 1836,
aucune modification qu’il soit important de rappeler ici. Les changements
de dénominations proposés sont indiqués plus haut dans les analyses que
j'ai présentées des systèmes de classification de MM. Fitzinger et Gray.
XIX, GENRE. HOLOTROPIDE. Æ0L0TROPIS. DUM. ET BIB.
De nouvelles espèces rapportées à ce genre, qui a recu de M. Gray le
nom de ZLéiocéphale, ont été signalées dans ces derniers temps. Je dois faire
connaître celles que notre Musée possède 1.
XXIX. — » bis. Hororrorine DE GrAy, Aolotropis Grayü, Dum.
Leioceph. Gr., Bell, Foy. of the Beagle Rept., p. 24, pl. xv, fig. 1. — Idem, Gr. Cat. of Liz.,
p- 218. — Hol. de Gr., Dum., Cat. des Rept. du Mus. de Paris, p. T0. — Id., Répert. Erpét.
génér., Dum. Bib., t. IX, p. 268.
Écailles du ventre rhomboïdales, non carénées ; écailles sus-céphaliques lisses, et l'occipitale
grande; sur les régions sus-orbitaires, de larges plaques précédées d’écailles beaucoup plus
petiles el imbriquées ; au bord antérieur de l'ouverture de l'oreille, quatre dentelures.
La crête dorsale, sans être précisément élevée, est cependant moins basse
que celle de l'Æolotr. microlophe, c'est un caractère distinctif à joindre à
ceux qui sont fournis par les grandes dimensions, non-seulement de la pla-
que occipitale, qui est pentagonale et un peu échancrée à son bord posté-
rieur, mais des quatre ou cinq plaques transversales des régions sus-orbi-
1. Une modification a été apportée par M. Gray à la synonymie de l’Hol. de Lherminier que les
auteurs de l'Erpét. génér. avaïent considéré comme identique à son Zéiocéphale caréné; mais
chez ce dernier, les écailles ventrales sont lisses (Cat. of Liz., p. 217), tandis que dans l’autre
espèce, elles sont carénées. Ces Sauriens sont donc différents l’un de l’autre, et doivent être
distingués par les deux dénominations que je viens de rappeler, — Outre ee Léiocéphale, M. Gray
en a fait connaître deux autres à écailles ventrales lisses, et qui nous sont inconnus; il les nomme
L. Mac-Leayii et L. ornatus. — Nous possédons à la Ménagerie, depuis plus d’une année, plu-
sieurs Holotr. microlophes rapportés de Cuba, et remarquables par leurs allures rapides, ainsi
que par la facilité avec laquelle ils supportent leur captivité, tout en restant craintifs et farouches.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 539
taires. Les autres écailles du dessus de la tête sont assez grandes et légère-
ment bombées, mais non carénées, ce qui établit une distinction de plus et
fort importante avec l’Hol. téte-rude. 1 en est de même pour les dente-
lures de l’orifice tympanal. Les écailles des tempes sont faiblement carénées
et non imbriquées; celles du dos, surmontées chacune d’une forte carène,
pointue à son extrémité, sont disposées en séries longitudinales nombreuses,
convergentes en arrière, vers la crête dorsale, qui est formée d'écailles
plates, verticales et prolongées de la nuque à l'extrémité de la queut.
Le système de coloration très-altéré sur nos individus est ainsi décrit
dans les notes de M. Darwin, citées par M. Bell : Parties supérieures d’un
brun clou de girofle, passant au noir brun, avec des taches noires souvent
disposées en bandes transversales ou longitudinales; flancs légèrement
nuancés d’une teinte orangée ; quelques-unes des écailles de la crête, pres de
la tête, blanches; ventre presque blanc, et toute la gorge d’un noir éclatant.
Longueur totale du plus grand individu : 0o"23 ainsi répartis : tête et
tronc, 0" 09, queue, 0" 14.
Les échantillons rapportés à Londres ont été pris par M. Darwin, dans les
iles Galapagos. C’est sans doute aussi de cet archipel que proviennent les
trois individus donnés au Muséum par M. Nibou. ,
XXX.— 2 ter. HorotRopipe TÊTE-RUDE, Aolotr. trachycephalus, A. Dum.
PI. xxur, fig: 4 et 1 a.
Idem, Idem, Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 70. — Id., Id., Répert. Erpét. génér., Dum. Bib.,
t. IX, p. 268. :
Écailles ventrales lisses ; celles de la tête petites, inégales, carénées et un Peu rugueuses ; celles
des régions sus-orbilaires à rrégulières et nombreuses; plaque occipitale petite.
La crête, moins haute que celle des 4. de Lherminier et H. de Gray, est
cependant plus élevée que chez l'A. mricrolophe. Les écailles du tronc, dont
les dimensions sont moindres que dans ces trois espèces, portent une carène
plus petite, et elles forment des lignes moins obliques et par suite moins
convergentes vers la région moyenne du dos. Les plaques de la tête sont
carénées, et quoique ce caractère se retrouve chez l'A. de Lherm. et dans
l’espèce nommée par M. Gray, Leioceph. ornatus (Cat. of Liz., p. 219),
inconnue au Musée de Paris, celle que je décris ici s’en distingue très-faci-
ær
940 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
lement, car l'A. de Lherm. a des écailles sus-orbitaires larges et multicaré-
nées, et le L. ( H.) orné a les écailles de la nuque plus petites que celles
du tronc, une crête élevée, de larges bandes noires en travers sur le dos, et
une tache également noire au-devant de chaque épaule. — Le cou de
l’A. téte-rude est un peu plissé latéralement et en travers. — La crête dor-
sale se continue, en diminuant progressivement de hauteur, sur la queue,
dont les dimensions sont assez considérables, et qui est robuste et com-
primée.
La teinte générale est un vert olive, relevé sur les flancs par un piqueté
d’un vert plus clair, par des taches brunâtres plus ou moins apparentes,
puis par une raie longitudinale d’un vert tirant sur le jaune, et plus visible
chez les femelles que chez les mâles, qui portent un large demi-collier noir
sous le cou, et ont quelquefois le ventre de la même teinte foncée que la
région gulaire. :
Cette espèce nous est connue par de nombreux exemplaires des deux sexes
rapportés de la Nouvelle-Grenade, et en particulier de Santa-l'é de Bogota
par M. J. Goudot. — Le plus grand spécimen a une longueur totale de
14
m
0" 23 ainsi répartis : tête et tronc, 0" 09, queue, 0
XX. GENRE. PROCTOTRÈTE. PROCTOTRETUS. DUM. BIB.
Aux espèces de cette division déjà nombreuse en 1837, ainsi qu'on le voit
dans l'Erpét. génér., où mon père et Bibron en ont décrit dix, dont huit jus-
qu'alors inconnues, les travaux récents des naturalistes en ont ajouté plu-
sieurs, toutes originaires, comme les premières, de la côte occidentale de
l'Amérique du sud. Parmi ces espèces nouvelles, il n’y en a que trois dans
nos collections. Les autres n'y sont point encore parvenues .
1. Le genre Holotropide ou Léiocéphale, dont il est ici question, fait partie dans le Syst. de
M. Fitzinger, ainsi qu'on l’a vu précédemment (p. 507) de la petite famille des Hétérotropides qui,
outre ce genre et celui que Cuvier a nommé Æcphymote, lesquels n’ont pas la queue épineuse, con-
tient les trois suivants, dont les écailles caudales sont plus ou moins prolongées et pointues : S{éno-
cerque Dum. Bib., Trachycycle Xd., et Strobilure Wiegm. C’est dans cette famille que M. Tschudi
(Fauna peruana, Rept., p. 25-29) place de nouveaux Iguaniens que nos collections ne possèdent
pas. Voici comment ce zoologiste les classe et les nomme : — AMBLYGLOSSÆ. Ordo Il Humrvacæ.
Fam. I Heterolropides. — 1 Gen. Steironotus Fitz. 1 subgen. Eulophus Tsch. 4 S. arenarius Tsch.
— I Gen. Scelotrema Tsch. 4 Se. formosum Tsch. pl. 1, fig. 1; 2 Sc. crassi-caudatum Tsch.
2. Tels sont les Proct. de Bibron, de King, de Darwin Bell (Rept. in Zoo!. of the voy. of Bea-
gle 1843). Une 4° espèce, Pr. gréle, décrite aussi par M. Bell avec celles que je viens de nommer,
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 541
XXXI. — 1 bis. PROCTOTRÈTE MOSAÏQUE, Proctotretus mosaicus ,
Hombron et Jacquinot.
Idem, Hombr. et Jacq., Atlas Joy. au pôle S. et Océanie Comm. Dum. d’Urville, Saur., pl. 11,
fig. 1 et A, a a, texte de M. Guichenot.
P. interméd. au P. du Chili et au P. ventre-bleu, Atl. Voy. de la Vénus, pl. 11, fig. d'et 1 a. —
P. mosaïque Guich. Rept. Hist. Chili, Cl. Gay, p. 26. — Id., Dum. Cat. Rept. Mus. Par.,
P. 72. — /d., Id., Répert. Erpét. génér., D. B. t. IX, p. 269.
Cou un peu plissé sur les côtés; plaques sus-céphaliques non imbriquées, ni carénées; une
seule rangée d’écailles entre les plaques sus-labiales et les sous-orbitaires; bord antérieur de
l'oreille légèrement dentelé; face postérieure des cuisses tout à Jait granuleuse; deux raies
jaunes de chaque côté du corps, séparées entre elles par un grand nombre de petites taches
noires, qui manquent sur la région médiane du dos, où la teinte brune du fond forme une bande
longitudinale.
Des différentes plaques du museau, celles qui viennent immédiatement
après la rostrale sont les plus petites ; elles en précèdent six autres, trois de
chaque côté, entre lesquelles il s’en trouve une ou bien deux placées l'une
au-devant de l’autre. Derrière ce groupe, on en voit d'ordinaire une médiane,
qui semble réunir les régions sus-orbitaires, dont l’écaillure est formée par
trois ou quatre grandes plaques plus larges que longues, et précédées de
plusieurs écailles beaucoup plus petites; de grandes plaques bordées par un
cercle intérieur de petites squames, forment l'entourage de ces régions sus-
orbitaires. Derrière l'occipitale, qui est petite, il y a deux grandes plaques.
nous à été donnée par lui. Dans cet ouvrage, il a complété d’une manière fort intéressante le chapitre
de l’Erpét. génér., relatif au genre dont il est question, en consacrant les pl. 1 à 1x de l’Atlas de ce
Voyage à toutes les espèces de Proctotrètes rapportées par M. Darwin au retour de l'expédition. Or,
dans cette précieuse collection, M. Bell a retrouvé non-seulement les P. du Chili et à taches noires
signalés d’abord par Lesson et par Wiegmann, mais encore toutes les espèces nouvelles décrites par
mon père et par Bibron, à l'exception du Pr. signifère, qui a été dessiné d’après le type du Musée
de Paris. Les quatre espèces dont la connaissance est due à M. Bell, sont égalément figurées sur ces
planches. — De bonnes représentations des Proct. du Chili, ventre-bleu, peint et svelte se voient
dans l'Atlas des Rept. in Hist. du Chili de CI. Gay, joint aux descriptions faites par M. Guichenot,
et dans la Zool. du Voy. de la Vénus, Comm. Du Petit-Thouars.— Je ne dois pas omettre de citer les
autres Pr. inconnus au Musée de Paris. Aux trois sous-genres Proctotretus, Leiodeira et Liolæmus
établis par M. Fitz. dans le genre Liolæmus Wiegm., M. Tschudi (Fauna peruana, p- 34) en a ajouté
un 4€ Sauridis (Liol. (S.) modestus); et il a décrit un Liolæmus elegans Tsch. (p. 33). — Il y a, en
outre, Pr, femoratus et Stantoni Girard, des environs de Santiago (Proceed. Acad. of Philad.
Nov. 1854). — Relativement au Pr. de King, M. Bell pense que peut-être il faudrait y rapporter les
individus du Pr. de Fitz. Dum. Bib. décrits comme types des Var. A et B de cette dernière espèce.
Ne connaissant pas le Pr. de K ing, je ne puis que mentionner cette supposition du zoologiste anglais.
ARCHIVES pu Muséum. T. VIII. 69
542 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
-On compte, à la mâchoire supérieure, 6 ou 7 plaques allongées, de chaque
côté de la rostrale, dont la hauteur est aussi considérable que celle des pla-
ques sus-labiales et que celle du rang unique d'écailles qui les surmontent ;
à la lèvre inférieure, il y ag ou 11 petites squames, en y comprenant la men-
tonnière qui est grande. — Les écailles du tronc et des membres n'offrent
rien de particulier à noter, si ce n’est qu’elles sont peu développées. — La
queue est longue, grêle et très-effilée à sa pointe.
La teinte générale, en dessus, est un brun verdâtre, qui forme une bande
uniforme le long de laligne médiane, mais sur les parties latérales du dos, le
fond disparaît presque complétement sous un grand nombre de petites taches
noires, les unes transversales, les autres longitudinales, représentant une
sorte de mosaïque, et au milieu desquelles on voit deux raies longitudinales
d’un brun jaunâtre clair. Des lignes noires étroites parties du pourtour de
1( orbite se dirigent, les unes en bas, et les aütres en arrière.
Ce Proct., qui est un des plus petits du genre, doit venir immédiatement
après le Pr. du Chili, parce qu’il a les plis du cou très-peu marqués. Son
système de coloration, ainsi que les différentes particularités indiquées dans
la diagnose et dans la description s'opposent à ce qu'il soit confondu avec ses
congénères.
Patrie : Chili. MM. CI. Gay, Gaudichaud, Darwin, nous ont donné plu-
sieurs individus. De Talcahueno, en particulier, nous en avons recu de
MM. Hombron et Jacquinot, et de Valparaiso, par M. Dubois.
XXXII — 4 bis. ProcrorRètE GRèLE, Proctotretus gracilis, Bell.
Zool. of the Foy. of the Beagle, p. #, pl. 1, fig. 2.
Leiodera gracilis, Gr., Cat. of Liz., p. 211.— Pr. gracilis, Dum. Cat. Rept. Mus. de Par. p. 73.
Id., Xd., Répert. Erpét. génér., D. B. t. IX, p. 269.
Corps gréle; écailles de la tête lisses, non imbriquées; bord antérieur de l'oreille portant
deux ou trois petits tubercules ; cou à écailles imbriquées et à plis latéraux très-peu apparents;
une seule série d’écailles au-dessus des plaques labiales; face postérieure des cuisses entièrement
granuleuse; quatre raies longitudinales jaunes sur le tronc.
La tête est courte; chacune de ses faces latérales forme à peu pres un
triangle équilatéral ; elle est recouverte de plaques assez grandes, rangées
derrière les narines en quatre séries composées, la 1" de 2 pièces, les 2° et 3°
de 3 pièces, et la 4° de 2 seulement. L’occipitale est petite et entourée de
plaques moins grandes encore, à l'exception de deux de ces plaques de
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 543
forme pentagonale qu’elle touche par ses bords latéro-postérieurs dispo-
sés en angle. —1l n’y a qu’un seul rang de squames beaucoup plus lon-
gues que hautes entre l'œil et les sus-labiales, qui sont au nombre de six et
ont la même forme allongée. La rostrale est également basse. Les sous-
labiales sont semblables aux précédentes; on en compte cinq de chaque côté
de la mentonnière, qui a des dimensions plus considérables, — Les écailles
du dos sont petites, rhomboïdales et à carène peu, saillante ; celles des ais-
selles et de la face postérieure des cuisses sont granuleuses.
La queue a une longueur presque double de celle de la tête et du tronc
réunis ; les membres sont bien développés.
La teinte générale des parties supérieures est un brun grisâtre; une raie
jaune longitudinale s'étend, de chaque côté, depuis le bord supérieur de
l'orbite jusque vers l’origine de la queue ; une autre raie semblable et paral-
lèle à la précédente, part du bord inférieur de l'œil et cesse au niveau de
la cuisse. Les flancs sont tachetés de noir, ainsi que la mâchoire inférieure.
Le système de coloration établit une différence bien tranchée avec le Pr.
svelte, car celui-ci, qui offre une assez grande ressemblance dans sa confor-
mation générale avec le Pr. gréle, n’est pas rayé de jaune ; en outre, on voit
sur les côtés du cou du Pr. svelte, des écailles granuleuses, tandis que dans
la nouvelle espèce, elles sont imbriquées et semblables à celles du reste du
corps. Il faut noter enfin, comme bon caractère distinctif de ce Pr., que les
plis du cou, bien qu'ils ne manquent pas complétement comme chez le Pr.
du Chili, sont cependant beaucoup moins apparents que chez la plupart des
autres espèces de ce genre. — Le spécimen unique de notre collection a été
donné par M. Bell. 11 provient des collections faites au Chili par M. Darwin.
XXXIIL® — 8 Les. Procrorrète DE MAGELLAN, Proctotretus Magellanicus,
Hombron et Jacquinot. | doute
Idem, Hombr. et Jacq. (Toy. au pôle sud et dans l'Océanie, Rept. Saur., pl. 11, fig. 2 et B, bb”,
texte de M. Guichenot, p. 6.
Idem, Cat. Rept. Mus. de Par... p. 75. — 14., Répert. Erpét. génér., D.B., t. IX, p. 269.
Corps trapu; tête petite, à museau obtus ; plaques sus-céphaliques non imbriquées, ni caré-
nées; deux tubercules sur le bord antérieur de l'oreille ; côtés du cou plissés et à écailles imbri-
quées ; une seule rangée d’écailles entre Le bord sous-orbitaire et les plaques labiales; face posté-
rieure des cuisses entièrement granuleuse: sur les régions supérieures, cinq raies longitudinales
blanches, séparées par des taches noires qui sont bordées de blanr.
Lo
544 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Les formes sont ramassées et les membres courts. Les plaques sus-cépha-
liques antérieures ne sont pas carénées, mais elles sont bombées et un peu
saillantes ; leur disposition n’est pas tout à fait aussi régulière que dans l’es-
pèce dont je viens de donner la description. L’occipitale est petite, moins
cependant que les plaques environnantes, à l'exception des deux qui la
suivent immédiatement. — Les écailles surmontant les labiales sont plus
basses que celles-ci, dont on compte six de chaque côté de la rostrale qui
est assez grande. Les sous-labiales, au nombre de cinq, sont plus longues
que hautes, surtout les postérieures. — Les écailles ne sont pas très-
grandes, et leur carène est peu saillante. — La queue, assez grêle et effilée
à sa pointe, est seulement un peu plus longue que la tête et le tronc réunis.
La teinte générale est un brun verdätre relevé par les cinq raies qui par-
courent dans sa longueur la région dorsale. La médiane, bifurquée sur le
museau, est la plus étroite; elle disparait sur la base de la queue, et coupe,
sur la ligne moyenne, sept taches noires irrégulièrement quadrilateres, à bord
postérieur d’un blanc jaunâtre. Ces taches sont limitées en dehors par une
raie claire prolongée depuis l’arcade sus-orbitaire jusque sur les parties
latérales de la queue. Cette raie côtoie, du côté externe, une autre série de
six taches noires pareilles à celles que je viens de décrire et qui sont en
contact, sur les flancs, avec la raie la plus externe, dont la couleur est sem-
blable à celle des précédentes. Cette dernière raie latérale commence der-
rière l’œil et à la région gulaire par une bifurcation, qui cesse au niveau de
l'épaule, puis elle s'étend jusqu'à la racine de la cuisse, et l’on voit au-des-
sous d’elle une troisième série de taches noires disposées avec autant de
régularité que les deux autres, d’où il résulte que le dos est traversé d’un
côté à l'autre dans toute sa longueur, par sept bandes noires interrompues.
Sur la queue, il ya trois raies longitudinales. Les membres sont tachetés de
noir en dessus. — Toutes les régions inférieures, excepté à la queue, ont une
teinte noirâtre sur laquelle se détache en clair l'extrémité libre de chaque
écaille, ce qui fait paraître le dessous de l'animal comme moucheté de ver
sur un fond sombre. La gorge est moins foncée, car on y voit seulement
des lignes noires sinueuses et disposées en chevrons à sommet postérieur.
La description qui précède suffit pour montrer les différences qui distin-
guent ce Proctotrète de tous ses congénères. Le spécimen type du Musée de
Paris est évidemment adulte; on ne peut donc pas supposer avec M. Gray
+
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 545
(Catal., p. 215) qu'il appartient à l'espèce dite Pr. de King, dont il repré-
senterait, suivant lui, le jeune âge. Cette hypothèse est basée sur la similitude
qui se remarque entre ce Pr. de Magellun et le Saurien que M. Bell a fait
figurer sous le n° 2 de la pl. vi (foy. du Beagle), mais avec cette note que cet
individu diffère assez du Pr. de King, pour lui faire croire qu’il appartient à
une espèce distincte. On ne saurait, en effet, douter que le dessin de ce Pr.
n° 2 ne se rapporte à une autre espèce. Or, c’est évidemment à celle dite
Pr. de Magellan qu'il convient, car celui-ci, outreles dissemblances du sys-
tème de coloration, diffère encore du Pr. de King par l'écaillure compléte-
ment granuleuse de la face postérieure des cuisses, caractère qui manque
chez ce dernier. — Notre spécimen unique a une longueur totale de o" r2
ainsi répartis : tête et tronc, 0"06, et queue, 0" 06.
Comme tous ses congénères, ce Saurien vit dans la partie méridionale de
l’Amérique du sud. Il a été rapporté des côtes du détroit de Magellan par
MM. Hombron et Jacquinot.
XX. GENRE (bis). HOLEROOKMIA. HOLBROOHBEA. GIRARD.
Stansbury's explorat. of the valley of the great salt lake of Utah, Rept., p. 341.
Cophosaurus Troschel, 4rch. für Naturgesch., portant la date de 4850, I, mais publié en 41852
seulement. #
Tympans non visibles. Téle couverte de petites plaques polygonales; pas de dents
au palais ; un pli cutané sous la gorge; des pores fémoraux, mais pas de pores
anaux ; écailles pelites, légèrement imbriquées. É
Ce genre, si remarquable par l’absence de toute indication extérieure des
organes de l’audition !, nous est connu par trois exemplaires reçus de l’Aca=
démie de Philadelphie, par l'obligeante entremise de M. le docteur Hallo-
well. Nous avons, en outre, de jeunes individus recueillis au Mexique, et
donnés par M. Trécul.
On peut, avec M. Girard, comparer jusqu'à un certain point le Saurien
dont il s’agit aux Proctotrètes, à cause de son apparence générale; il présente
1. Cette particularité est rare chez les Sauriens, car elle ne se rencontre que chez les Caméléons,
chez les Jeuaniens appartenant aux genres Otocrypte et Phrynocéphale, chez les Dragons rayé et
Spiloptère ou Dragonneaux de Wiegmann, et enfin chez les Glyptodermes ou Amphisbéniens et
chez les Orvets, qui malgré ce caractère et malgré l’analogie remarquable de leur conformation exté
rieure avec celle des serpents, sont cependant de véritables Sauriens.
546 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
aussi quelque ressemblance avec le 7ropidolépide microlépidote; 1 est inu-
tile, au reste, d’insister sur ces analogies, qui motivent son classement entre
les deux genres que je viens de nommer, mais avec lesquels aucune confu-
sion n’est possible, en raison de cette particularité tout à fait exceptionnelle
que ses tympans sont cachés.
On connait maintenant quatre espèces. Il y en a trois qui ne sont pas au
Musée de Paris : /7. texana Baird et Gir. (Cophosaurus texanus Troschel) ;
H. affinis B. et G., H. propinqua B. etG. (Proceed. Acad. Philad., août 1852),
mais nous possédons l'espèce type.
XXXIV. — 1. Horprookia TACHETÉE, Holbr. maculata, Gir.
Idem, Gir., Proceed. Amer. assoc. advancem. of sc. 1v (4850) AS54, p. 201; Slansbury's explo-
rat., p. 342, pl. vi, fig. 4-3, et Nat. hist. Red river, p. 326.
Queue à peu près égale en longueur au tronc. Téle sub-circulaire, légérement conique en
avant; bord libre du pli pectoral garni de grandes écailles.
Les formes sont un peu lourdes et ramassées, surtout chez les femelles ;
les mäles et les jeunes sont plus élancés. Le tronc est sub-cylindrique, la
queue conique et large à sa base. La tête plus large que haute, à museau
tronqué, est couverte de plaques irrégulières, dont les moins petites occupent
là ligne médiane entre les régions sus-orbitaires. La crête surciliaire est
formée par deux ou trois rangs serrés d’écailles peu volumineuses et allon-
gées; au bord sous-orbitaire, elles sont moins nombreuses, maïs plus
grandes, et la deuxième, en particulier, l'emporte sur toutes les autres par
ses dimensions ; on en voit enfin de petites et un peu pointues au bord libre
des paupières, qui paraissent ainsi comme dentelées. Les plaques sus-labiales,
au nombre de 7 de chaque côté de la rostrale, sont allongées et offrent une
disposition assez remarquable en ce qu’elles sont obliques et imbriquées ; il
n’en est pas de même à la lèvre inférieure où l’on compte, en y comprenant
la mentonnière, 17 plaques quadrilatères et verticales, dont les plus grandes
sontles plus rapprochées de l’angle de la bouche. Les tempes sont couvertes
de squames qui ne laissent apercevoir aucune trace du tympan qu’elles
recouvrent, et sont semblables à celles du cou, dont les parties latérales
portent chacune un pli qui, se dirigeant en bas, vient se terminer à la région
sous-maxillaire; au delà, mais à une fort petite distance, on voit le pli
transversal très-prononcé du cou situé immédiatement au-devant des épaules.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES.. 547
Les écailles du tronc sont très-faiblement imbriquées et carénées sur le
dos et lisses sur le ventre. Sur la queue, elles forment des verticilles.
Les membres sont peu développés, mais surtout les antérieurs; les doigts
sont allongés, complétement revêtus d'écailles. Sur chaque cuisse, on voit
quatorze pores.
La couleur générale, suivant un dessin fait par M. W. H. Tappan, est, dit
M. Girard, un brun olive, légèrement violacé sur les côtés de la tête. Sur
l'un et l’autre flanc, il y a deux, et quelquefois trois taches foncées. Le dos
est orné, de chaque côté de la ligne médiane, d’un rang de taches noires,
irrégulières. En dehors, il y a, chez les mäles, une autre série de taches,
mais moins apparentes, et chez les femelles, conformément à la pl. vr annexée
à la description de M. Girard, ce sont de simples marbrures.
Sur la queue, les taches se continuent et ne tardent pas à se réunir en
une série unique. Le système de coloration ne parait pas être différent dans
le jeune âge de ce qu’il est à une époque plus avancée de la vie; en outre,
la différence de sexe indiquée plus haut et tirée du nombre de rangées lon-
gitudinales de taches, est déjà très-manifeste.
D’après les indications de M. Girard, l'animal reste petit, et en effet LH
sujet adulte ne mesure en tout que 0°" 090 ainsi répartis : tête et tronc,
0"055, queue, c"035. |
Nos échantillons proviennent, les uns du Texas, et les autres du territoire
des Cherokees (Tenessee États-Unis).
— Le 21° genre TropiboLépinE T'ropidolepis, Guy. (Sceloporus Wiegm.), où
ne sont comprises que des espèces de l'Amérique du nord, est un de ceux qui
ont reçu le plus d’additions dans ces dernières années par suite des travaux
des zoologistes des États-Unis sur les reptiles fort nombreux et très-intéres-
sants de leur vaste territoire. Beaucoup de ces animaux manqäent dans nos
collections, et je dois me borner à en présenter une liste !
1. Ces espèces sont : Sceloporus Poinsetii (Sc. torquatus, var. B. Wiegm.?), $. Clarkii, S. Thayeri,
S. dispar, Baird et Gir. (Proceed. Acad. Philad. Août 4852); S. gracilis, occidentalis, froutalis,
B. et G. (Zd. Oct. 1852); S. graciosus, B. et G. (Stansbury's explorat., p. 346, pl. v, fig. 1-3,
1852); S. marmoralus, S. delicatissimus Hallowell (Proceed. Ac. Philad. Oct. 1852, et Sitgreaves
expedit., p.109 et 110); S. consobrinus B. et G. (Nat. hist. of the Red river of Louisiana, 1853,
p- 236, pl. x, fig. 5-12); $. magister, S. bi-seriatus, Id. (Proceed. Ac: Philad. Juin 4854). — Au
nombre des espèces plus anciennement décrites : S. korridus Wiegm.; S. æneus Id., et S. grammi-
cus, Gr. sont encore inconnus au Musée de Paris.
548 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Parmi les espèces établies par Wiegmam, il s’en trouve une qui diffère
notablement de ses congénères par la petitesse des écailles, et c’est ce carac-
tère remarquable que le savant zoologiste de Berlin à voulu exprimer en la
nommant Scelop. microlepidotus. Or, cette particularité se retrouvant chez
d'autres Sauriens très-voisins de celui-ci, également originaires de l'Amérique
septentrionale, et tous plus petits que les vrais Scélopores, MM. Baird et
Girard ont, avec raison, considéré l’espèce dont il s’agit comme type d'un
genre spécial caractérisé par le peu de grandeur des écailles du tronc, con-
trastant avec les dimensions beaucoup plus considérables des écailles de la
queue. Ils ont employé le mot Ura comme dénomination générique. Le
Scelopore microlép. était inconnu aux auteurs de l’Erpét. génér. à l'époque
de la publication du t. IV de cet ouvrage, mais nous l'avons reçu ultérieure-
ment du Mexique par les soins de M. Ghuisbreght, et il a été possible de
constater les différences assez notables qu'il présente quand on le compare
aux espèces près desquelles il avait été rangé jusqu’à présent. Il devient Uta
microlepidotaB. et G. ; on doit en rapprocher Uta Stansburiana 1. (Stansbu-
ry's explorat. great. salt. lake of Utah, p. 345, pl. v, fig. 4, 5 et 6), et
U. ornata 1d.( Proceed. Acad. Philad., août 1852), espèces que nos collec-
tions n’ont pas encore reçues. :
— Relativement aux véritables TroPinorépines du Muséum, je n'ai rien
de particulier à en dire, et je me borne à rappeler que j'ai fait connaître,
en 1851, les publications récentes qui les concernent (Cat. Rept. Mus. de
Par.; p.76"
XXI. GENRE (bis) PHYMATOLÉPIDES PAYMATOLE PIS À. DUM.
GENRE NOUVEAU.
Tronc sans crête, couvert en dessus de fines granulations juxtaposées, entremé-
lées de grandes écailles carénées ; queue assez forte, et dont les écailles portent une
carène ; lête courte ; plaque occipitale et sus-oculaires grandes; pas de dents pala-
tines; un double pli sous le cou, qui est plissé latéralement; des pores fémoraux ;
pas de pores anaux.
Le caractère le plus remarquable se tire de l'aspect de l’écaillure des
régions supérieures et latérales, qui est composée de petites squames presque
circulaires, un peu bombées, non imbriquées et au milieu desquelles les
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 549
écailles carénées se montrent comme de petites élévations tuberculeuses :;
d’où le nom dont je fais usage pour désigner ce nouveau genre, et qui est
tiré de quux-ufos, tubercule, et de Xerwç-d0c, écaille. L’écaillure de l'abdomen
est fort différente, car il y a imbrication des squames assez grandes et lisses,
dont elle se compose. — La tête est petite et le museau court; les plaques
sus-céphaliques sont grandes. Les narines s'ouvrent en dessus. Le bord anté-
rieur du trou auditif porte quelques dentelures. — Les écailles des membres
sont fortement carénées. On voit sous la base de la queue, au delà du
cloaque, chez le mâle, deux grandes écailles un peu concaves.
Parmi tous les Iguaniens pleurodontes, les Trop idolépides sont ceux qui ont
le plus de rapport avec ce nouveau genre; c’est particulièrement à l'espèce
dite T. microlépidote, et devenue l'un des types du genre Ua B. et G.,
qu’il fant le comparer. On voit alors une grande analogie dans la plupart des
caractères autres que ceux qui sont fournis par la disposition remarquable
de l’écaillure du Phymatolépide qui, par celte particularité, s'éloigne forcé-
ment des divers groupes établis dans la famille des Iguaniens pleurodontes.
Une seule espèce de ce genre est conservée au Musée de Paris.
XXXV. — 1. PHYMATOLÉPIDE DEUX-CARÈNES, Phymat. bi-carinatus À. Dum.
ESPÈCE NOUVELLE. — PI. xx, fig. 2, 2 a et 2 b montrant le dessus de la tête
et une portion des téguments amplifiée.
Sur le dos, une double carène peu élevée constituée par deux séries longitudinales de grandes
écailles très-rapprochées, longeant, à droite comme à gauche, la ligne médiane du dos, et
formant, de chaque côté de la colonne vertébrale, une ligne saillante qui commence au
niveau des épaules, et se prolonge sur la queue; sur un fond brun verdâtre, des taches
noires irrégulières, plus hautes que larges, représentant sur la nuque une portion de collier,
et sur la queue, des demi-anneaux étroits et uniformément espacés.
Le tronc est assez déprimé; la queue est longue et robuste; les membres
#
sont peu développés, surtout les antérieurs ; la tête est courte et le museau
obtus. -- En dehors de chacune des séries longitudinales de grandes écailles
à carène saillante indiquées dans la diagnose, on en voit d’autres, dont la
configuration et la grandeur sont semblables, mais beaucoup plus espacées
entre elles, et qui, dans leur ensemble, forment une série parallele à la pré-
cédente; les flancs portent, çà et là, quelques écailles également carénées et
disposées sans ordre. Il y a, sous la gorge, un pavé granuliforme séparé des
squames plus grandes et imbriquées de l'abdomen par les deux plis trans-
ARCHIVES pu Muséum. T. VII. 70
550 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
versaux du cou, qui sont paralleles entre eux, et dont le bord postérieur porte
des écailles terminées en pointe, plus développées que les autres. — L’é-
caillure sus-céphalique est disposée comme il suit : deux paires de petites
plaques inter-nasales suivies de six autres plaques, dont deux médianes pla-
cées l’une au devant de l’autre; puis, trois grandes représentant ensemble
une sorte de triangle à sommet antérieur et situées entre les régions sus-
orbitaires qui, outre quatre grandes plaques transversales, sont recouvertes
en avant et en dehors par de petites squames. L'occipitale est grande,
presque quadrilatère, bordée sur les côtés et en arrière par sept plaques en-
tourées elles-mêmes par les granulations des tempes et de la nuque. — On
compte, de chaque côté de la rostrale, six plaques sus-labiales séparées du
cercle orbitaire par une rangée unique de petites écailles ; les sous-labiales,
avec la mentonnière, sont au nombre de treize. — La quêéue irrégulière
ment verticillée présente, dans toute sa longueur, en dessus et en des-
sous, des stries formées par les carènes des grandes écailles dont elle est
revêtue. — Les cuisses sont granuleuses en arrière, comme les parties supé-
rieures et latérales du tronc. En dedans, les écailles petites, à peine carénées,
sont semblables à celles de la face interne des membres antérieurs; les
pores fémoraux disposés en une série unique, sont au nombre de douze sur
chaque membre. Les écailles de la région externe des quatre pattes, et par-
ticulièrement des postérieures, sont grandes et carénées.
Latteinte générale est un brun verdâtre particulièrement sur la tête et sur
la partie antérieure du tronc, dont la moitié postérieure, ainsi que les mem-
bres et la queue, est d’un brun tirant sur le rouge. Une raie noire formant
collier passe en travers sur le cou; d’autres lignes noires le parcourent
d’avant en arrière; la région dorsale et les flancs portent des taches égale-
ment noires, hautes et étroites ; on en voit de semblables sur les membres et
sur la queue, où elles forment des demi-anneaux. Les parties inférieures ont
une teinte verdâtre légèrement pointillée de noir, et le mâle, déjà caractérisé
par la présence de deux grandes écailles concaves situées sous la base de la
queue, derrière le cloaque, se distingue, en outre, de la femelle, par une
grande tache ventrale bleue, semblable à celle qui se remarque dans le
même sexe chez plusieurs Tropidolépides.
Nos deux individus sont à peu près de la même taille; la femelle, qui a
été dessinée, a une longueur de 0" 11 ainsi répartis : tête et tronc, 0"05,
ORDRE DES, SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 551
queue, 0" 06. Ils ont été donnés au Muséum par M. Séraphin Braconnier,
qui les tenait d’un voyageur revenant du Mexique.
XXII. GENRE. FPHEÆEYNOSOME. PAZ YNOSOPEA. WIEGM.
De nombreuses additions ont été faites dans ces dernières années à ce
genre remarquable de l'Amérique du nord. Elles sont dues aux travaux
des zoologistes des États-Unis, qui ont décrit plusieurs espèces nouvelles,
dont l’une même est assez différente, pour qu'elle ait pu devenir le type
d’un genre distinct (Anora Hallowell) 1.
Outre les 3 espèces admises dans l’Zrpél. génér. : Phr. de Harlan Wiegm.
(Agama cornuta Marl.), Phr. couronné B]. et Phr. orbiculaire Wiegm., nos
collections en ont reçu deux autres, le Pr. téte-plane (planiceps) Mallo-
- well, et le Phr. de Douglas ( Agama Douzl.) Bell, qui sont bien moins con-
nues, et dont je dois donner la description.
1. Ce genre 4nofa, fondé par M. Hallowell (Sitgreaves expedit. down the Zuni and Colo-
rado rivers, 1853, p. 127, pl. x), offre certains caractères essentiels, qui établissent des différences
bien tranchées avec lesvrais Phrynosomes, auxquels il ressemble beaucoup par sa conformation géné-
rale et par l’armure épineuse de l’occiput. Ces caractères sont les suivants : Tympans cachés; point
de piquants sur le dos, qui est lisse; point d’aréte squameuse dentelte sur les flancs. Une seule
espèce, Anota M'Cailii Hall., a été décrite. On ne la connaît pas à Paris. — Parmi les vrais PAry-
nosomes, dont M. Ch. Girard a donné une intéressante monographie (S/ansburys Explor. of the
valley of the great salt lake of Utah, p. 354 et suiv., avec fig.), il y a deux espèces signalées pour
la première fois dans ce travail, et que notre Musée ne possède pas : Phrynosoma modestum
Girard, p. 365, pl. vr, fix. 4-8, et Phrynos. platyrhinos, p. 363, pl. vus, fig. 1-5. Cette dernière
se rapproche surtout du Phrynos. de Douglas par le petit développement des épines de l'occiput et
par l’uniformité des écailles de la face inférieure de la tête, mais l'examen des figures comparatives
de la pl. vis représentant, dans l’une et dans l’autre espèce, le vertex, les écailles épineuses de la
région occipitale, les bords de la mâchoire inférieure, le profil et la position des narines, montre,
comme nous pouvons d’ailleurs nous en assurer sur nos exemplaires du Phr. de Douglas, les diffé-
rences qui distinguent celui-ci du Phr. platyrhine. Quant au Phr. modeste, pour appprécier les
dissemblances qui l'éloignent de ce dernier, avec lequel il a plus d’analogie qu'il ne paraît en avoir
avec tout autre, il faut comparer les fig. 4-8 de la pl. vi (Phr. modestum), aux fig. 4-5 de Ja pl. vu
(Phr. platyrhinos).— Je dois ajouter qu'il est peut-être permis de supposer avec M. Girard que la
figure donnée par M. Holbrook (N. 4mer. herpet., t. I, pl. xn), ne se rapporte pas au Phr. orbi-
culaire: décrit dans cet ouvrage. Chez ce dernier, en effet, les épines occipitales et celles du dos sont,
en réalité, moins développées qu’elles ne le sont sur le dessin dont il s’agit, et qui n’en montre
d’ailleurs que six à locciput, tandis qu'il y en a sur tous nos exemplaires, huit, sans compter le
tubercule médian. Enfin, aucune des taches du dos n’a été représentée. Il est difficile de dire à quel
Phrynosome cette planche se rapporterait, mais il y a lieu cependant de supposer que C’est à une
espèce distincte de celles qui sont connues jusqu’à présent.
5952 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XXXVI. — 1 Dis. PHRYNOSOME TÊTF-PLANF, Phr. planiceps, Mallow.
Idem, Hallow., Proceed. of the Acad. of Philad. Oct. 1852, p.178. — 1d., Id., Sitgreaves Exped.
down the Zuni and Colorado rivers, p. 124. Rept , pl. vur.
Tête plus déprimée et plus large que celle du Phr. de Harl. ‘, à épine centrale de l'occiput
séparée de celles qui l'avoisinent par un large intervalle ; écailles ventrales lisses ou à peine
carénées; queue plus longue que chez le Phr.de Harl. et moins subitement terminée en pointe;
teinte générale jaunâtre et plus claire.
La tête, de volume médiocre, est déprimée, un peu large en arriere; dans
sa portion frontale, elle présente, au centre, une dépression assez marquée;
le museau est plus obtus que celui de son congénère, chez lequel l’espace
compris entre les arcades surciliaires et le bord postérieur de la région du
front est plus long et moins large qu'il ne l’est dans l'espèce nouvelle. Celle-ci
a une plaque occipitale plus grande et entourée d’un plus grand nombre
d’écailles à sommet pointu. L’occiput porte une couronne de neuf épines;
elles sont longues, à l'exception de la médiane, qui est un tubercule peu
développé. Elles sont disposées de la façon suivante : de chaque côté du
tubercule médian, une épine, la plus longue de toutes, puis trois autres se
touchant par leur base et moins allongées. Or, tandis que chez le Phr. de
Harlan, où la disposition des dents de la couronne est presque la même, c’est
la plus postérieure de ces trois épines qui l'emporte sur les deux autres par
ses dimensions, c'est au contraire à l'avantage de l’épine médiane de ce petit
groupe que cette différence se remarque chez le Phr. téte-plane. Ce der-
nier a, de plus que le ?Ar, de Harl., un rang d’épines pointues, distinctes
des écailles sous-orbitaires ; elles sont comme la continuation du bord labial
inférieur, et sont séparées des épines du bord de la région sous-maxillaire
par deux rangs de petites squames. Les écailles épineuses de la mâchoire
inférieure sont côtoyées en dedans, sous le menton, et de chaque côté, par
un rang d'écailles plus petites, quoiqne de même apparence, et dont elles
sont à peine éloignées chez le Phr. de Harlan ; mais dans la nouvelle espèce,
1. A l'exemple de M. Hallowell, j'emploie pour cette diagnose et pour la description, une forme
comparative motivée par l'extrême analogie qui se remarque sous un grand nombre de rapports entre
ce Phr. et.celui de ZZarlan, dont il diffère cependant, d’une façon très-notable, par certaines parti-
cularités, comme le montrent plusieurs des caractères qui lui sont propres. — On trouve dans le tra-
vail de M. Hallowell des détails fort complets et très-intéressants sur l’anatomie du Phr. de Harlan.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 503
l'intervalle est plus considérable et rempli par sept ou huit rangées longitu-
dinales de fines granulations.
Le tronc est couvert, en dessus, d'écailles de forme et de grandeur
diverses, ainsi que de tubercules pointus et fortement carénés. La ligne ver-
tébrale est occupée par trois rangs de petites écailles bordées à droite,
comme à gauche, par des tubercules peu volumineux et très-serrés. I] ya,
sur chaque flanc, une double frange épineuse, et la supérieure est la plus
longue.
Après avoir mentionné dans la diagnose les écailles ventrales comme lisses
ou comme portant une carène à peine distincte, M. Hallowell se borne à la
première de ces deux indications dans les détails descriptifs; aucune saillie,
au reste, ne se voit dans cette région sur notre unique spécimen. Chez le
Phr. de Harlen, au contraire, ces écailles sont fortement carénées.
Les membres, de longueur médiocre, sont un peu grêles et couverts en
dessus d’écailles et de nombreuses épines pointues; celles-ci manquent à
leurs faces interne et antérieure où l’on ne voit que des écailles lisses ou ca-
rénées ; il en est de même à la région inférieure de la queue, dont les côtés et
le ds sont armés de longues épines. Comme M. Hallowell l’a noté pour le
mâle qu'il a observé, nous comptons douze pores fémoraux sur l’une des
cuisses et onze sur l’autre.
La couleur générale est un jaune clair ou cendré. Les bandes foncées de la
région supérieure de la tête sont moins larges que celles qui se voient à la
même région chez le Phr. de Harlan, dont les grandes taches brunes du
cou sont séparées entre elles par un intervalle plus étroit qu'il ne l’est dans
l'espèce dont je présente ici la description ; mais pour les taches dorsales,
il n’y a aucune différence ; on en trouve, au contraire, dans la coloration de
l'abdomen, car cette région est à peine maculée dans le Phr. téte-plane.
— Sa taille est semblable à celle de son congénère.
Notre échantillon obtenu de l’Académie de Philadelphie par l’obligeante
entremise de M. le docteur Hallowell, a été trouvé près du Rio-Grande dans
le Texas occidental où l'espèce parait être assez abondante.
554 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XXXVIL. — 3 bis, Parynosome pe Doucras, Phryn. Douglassii, Bell.
(Linn. soc. transact., t. XVI, p. 105, pl. x, sous le nom de Agama Dougl.)
Phr. Dougl., Wagl., Syst. Amph., p. 146. — 1d., Wiegm., Herpel. mex., pars 1, p. 54. — Ag.
Dougl., Harlan, Med. and phys. researches, p. 151. — Phr, Dougl., Holbr., N. 4mer. herpet.,
t. Il, p. 404, pl. xiv. — 7d., Gr. Cat. of Liz., p. 227. — Id., Dum., Cat. Rept. Mus. Par., p.79.
— Id., Dum., Répert. Erpét. qénér., D. B., t. IX, p.27.
Écailles ventrales lisses; tête courte, triangulaire, pointue, garnie, à sa partie postérieure,
de tubercules un peu saillants, mais non de véritables épines; narines ouvertes à l'extrémité
antérieure. de la crête surciliaire; corps ovale et aplati, couvert en dessus d'écuilles et de tuber-
cules peu élevés et peu pointus ; dix-huit pores fémoraux de chaque côté.
Les plaques sus-céphaliques sont polygonales, serrées et imbriquées. Les
tempes et l’occipat sont bordés de neuf petits tubercules peu saillants et dont
le médian est tout à fait mousse; il résulte du peu de développement de ces
écailles, que le bord postérieur de la tête n’est pas épineux comme dans la
plupart des autres espèces. Le Phr. platyrhine Gir. est celui qui lui res-
semble le plus sous ce rapport. On compte dix plaques labiales supérieures
presque toutes égales entre elles et sept inférieures. Ces plaques sont suivies
de quatre tubercules comprimés et pointus, dont le dernier est le plus grand.
Le long de chaque branche sous-maxillaire, il règne une série de tubercules
petits et lisses en avant, et plus saillants au-dessous de l'angle de la bouche où
ils ne rejoignent pas les plaques labiales, dont ils sont séparés par 4 ou 5 ran-
gées de squames granuleuses. — Les écailles des régions supérieures sont
lisses, inégales entre ellesetrhomboïdales, généralement petites et entremêlées
de tubercules triangulaires aigus, moins élevés et moins volumineux que dans
les Phryr. de Harlan, couronné et téte-plane; ces tubercules, entourés à leur
base par de petites écailles tuberculeuses, forment quatre rangées longitudi-
nales irrégulières, de chaque côté de la ligne médiane, où lon voit aussi
quelques écailles proéminentes. Les flancs ne portent qu'un seul rang de
petites épines. En dessous, les écailles sont lisses et polygonales. La queue
fort courte, est large et déprimée à sa base, mais elle s'amincit promptement
et se termine en pointe; elle ne forme que le tiers environ de la longueur
totale.
La teinte générale est, en dessus, un gris clair relevé par des taches foncées
transversales. Sur le milieu du dos et dans toute sa longueur, il règne une
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 550
bande d’un blanc jaunàtre; le dessous est d'un blanc d'argent presque
uniforme.
Cette espèce n’était pas encore parvenue au Musée de Paris à l'époque de
la publication du t. IV de l’Ærpét. génér.; mais maintenant, nous en avons .
deux exemplaires rapportés de Californie par M. Douglas, et donnés par
M. le docteur Th. Bell, qui a dit, d’après M. Douglas, que ce Saurien se
nourrit d'insectes et de substances végétales, mais les observations de M. Nu-
tall, consignées dans le texte de M. Holbrook, démontrent qu'il est exclusi-
vement herbivore.
— Je ne m’arrêterais pas au 23° genre CazuisAURE fondé par M. de Blain-
ville, d’après un spécimen unique recueilli en Californie par M. Botta, s’il
ne paraissait convenable, comme M. Hallowell lui-même l’a supposé, de
rapporter à cette division le Saurien qu’il a décrit (Proceed Acad. Philad.
Oct. 1852, Captairs Sitgreaves expedit. down the Zuni and Colorado
rivers, 1853, p. 116, pl. vi), sous les noms suivants : Homalosaurus ven-
tralis. On ne trouve pas, en effet, dans la description très-soignée du zoolo-
giste américain des caractères suffisants pour motiver une distinction «entre
ces deux espèces.
— Nul détail n’est à ajouter au 24° genre Tropipocasrre Dum. Bib.
— Dans le 25° genre, Microcopxe Dum. Bib., des additions ont été faites.
Aucune des espèces nouvellement décrites ne nous est connue, il suffit donc
d’en présenter une simple énumération 1.
— Apres les genres Ecraymore Cuv. et SrévocerQue D. et B. (6 et 27),
les auteurs de l’£rpét. génér. ont placé le genre Srromirure Wiegm. (28)
qu'ils ne connaissaient pas. Nous en possédons maintenant trois exemplaires
parfaitement semblables à l'espèce unique décrite par Wiegm. (Strobilu-
rus torquatus). L'un de ces individus encore jeune a été récemment acquis,
et les deux autres, qui sont adultes, ont été adressés de Bahia par M. Île
1. Steirolepis carinicauda, St. bufonia Fitz. (Syst., p.73). — St. xanthostigma, St. ligris,
St. thoracica, St. quadrivittata Tsch. (Fauna peruana, p. 29 etsuiv.). Le genre Microlophe se
trouverait ainsi renfermer neuf espèces, si, en outre, avec les deux zoologistes que je viens de citer, on
considérait comme distinctes celles qui ont été nommées Tropidurus microlophus Wiegm., Lophyrus
araucanus Less. et Garnot, et Séellio peruviana Xd., Id., espèces qui, suivant l'opinion émise par
mon père et par Bibron, ne semblent vraiment représenter que des variétés de leur Wicrolophe de
Lesson. Enfin, selon M. Fitz., il faudrait y joindre le Saurien mal connu dont on trouve l'indication
dans l'ouvrage de Spix (Lac. bras., p. 13, pl. xvi, fig. 1) : 4gama semitæniata.
56 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
comte de Castelnau. L'un de ces derniers est très-bien figuré dans la rela-
tion de l’Expédit. de ce voyageur dans l'Amérique du sud sous les noms de
Doryphorus spinosus Guich.
— Quant au genre Tracaycyezr Dum. Bib. (29), nous ne possédons encore
que le type unique (77. marmoratus) dù à M. D'Orbigny, qui l'a rapporté
de Bolivie.
Il ny a pas d’additions à faire au genre Orrure Cuv. (30). Des deux espèces
qu'il comprend, celle dite O. de Maximilien est brésilienne, mais la patrie de
l'autre (O. de Séba) était restée douteuse pour nous jusqu'à ces dernières
années. Nos collections, en effet, ne possédaient qu’un seul spécimen éti-
queté, il est vrai, comme provenant du Brésil, mais en l’absence de rensei-
gnements positifs à cet égard, on pouvait supposer que cette origine lui
avait été attribuée en raison de son analogie parfaite avec le Saurien figuré
par Séba (pl. xcvn, fig. 4, t. 1) et indiqué ainsi (p. 152): Lacerta brasiliensis,
Quetz Paleo, cauda annulata et spinosa. On ne peut pas penser cependant
que ce reptile vive en Amérique, car nous avons reçu un autre exemplaire
de Madagascar par les soins de M. Pervillé !.
XXX. GENRE (is). CENTRURE. CENTHRUBA. BELL.
(f'oy. of the Beagle, Rept , p. 25).
Jou et corps sans crête ; tronc déprime, large, à pli longitudinal sur les flancs;
queue arrondie, un peu aplatie à sa base, couverte d'écailles grandes, épineuses
et verticillées; écailles des régions supérieures très-petites, arrondies, légèrement
conveæes el lisses; plaque occipitale petite; pas de dents palatines.
Ce genre, comme M. Bell le fait remarquer avec raison, se rapproche
beaucoup des Oplures et des Doryphores de Cuvier, mais surtout des pre-
miers. Les grandes dimensions de la plaque occipitale, l'absence de dents
palatines, et principalement la forme plus ou moins aplatie de la queue sont
cependant des caractères tout à fait distinctifs du Doryphore. D'autre part les
Centrures s’éloignent des Oplures, en ce qu’ils n’ont pas trace de crête sur le
A. Cette anomalie, dans la distribution géographique des Iguaniens pleurodontes, doit être rap-
prochée de celle que j'ai signalée plus haut en parlant du Brachylophe (p. 527) comme faisant excep-
tion par son origine australienne au milieu des autres genres de ce groupe, qui sont tous propres au
Nouveau-Monde. Il faut, au reste, à ce point de vue, rapprocher du Br. à bandes et de l'Oplure
c'e Scba, le Centrure quatre-taches également madécasse, et dont je donne ici la description.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 557
cou, et que leur écaillure du tronc se compose de squames proportionnel-
lement beaucoup plus petites, et différentes par leur aspect de celles de
l'Opl. de Maximilien, qui sont également sans carènes. La dissemblance
est encore plus frappante quand on compare les Centrures à l Opl. de Séba,
dont les écailles sont carénées.
XXXVIIL — 1 CENTRURE FLAGELLIFÈRE, Centr. flagellifer, Bell.
(Foy. of the Beagle, Rept., p. 25, pl. xiv, fig. 2.)
Oplurus Bibronüi, CI. Gay, Hist. de Chile, Rept., décrits par M. Guichenot, p. 53, pl. ur, fig. 2. —
Idem, Dum., Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 84. — Idem, Id., Répert. Erp. génér., Dum.
et Bib., t. IX, p. 274 !.
PI. xx, fig. 5, représentant la tête vue en dessus.
Écailles dorsales petites, lisses, convexes et granuleuses ; sur toute la tête, un pavé d’écailles
granuliformes, presque égales entre elles et semblables à celles du tronc, dont elles ne diffèrent
que par leurs dimensions plus grandes; celles des tempes, surtout les postérieures, un peu
coniques et pointues; bord antérieur de l'oreille faiblement dentelé.
La tête est assez régulièrement triangulaire ; la plaque occipitale est très-
peu apparente; le bord antérieur de l’oreille, contrairement à ce qui a été
vu par M. Bell, qui n'avait qu'un exemplaire à sa disposition, porte de pe-
tites dentelures. La peau du cou forme, en dessous, deux ou trois plis irré-
guliers, qui remontent sur les côtés de la région cervicale, et le plus infé-
rieur se continue jusqu'aux épaules. 11 y a également un pli le long de chaque
1. Cette espèce est signalée par M. Gray (Cat. of Liz., p. 226) comme Synonyme de celle que
M. Gravenhorst a nommée Phymaturus palluma (Nova acta Acad. nat. curios., t. XVIII, 2 pars,
p. 750, pl. Lv, fig. 2). Le zoologiste allemand a cependant fait observer que ce genre Phymature qu'il
a établi est une subdivision du genre Urocentron Kaup, ou Doryphore Cuv. C’est ce que démontre
d’ailleurs la diagnose de ce nouveau genre, dans laquelle il faut noter l'absence des dents au palais
comme dans le Doryphore. Aussi M. Fitzinger, conformément à cette indication, place-t-il dans la
synonymie de ce dernier |Syst., p. 77) le Phymat., et M. Tschudi, en parlant de l'espèce décrite
par M. Gravenhorst, la nomme-t.il Urocentron palluma (Fauna peruana, p. 35). Or, j'ai indiqué
plus haut, les caractères qui distinguent les Centrures, non-seulement des Oplures, mais des Dory-
phores; je ne puis donc pas, avec M. Gray, considérer comme identiques le Centr. flagellif. et le
Phymat. palluma. Le Musée de Paris, au reste, ne possède aucun Saurien qui se rapporte à la des-
cription de M. Gravenhorst beaucoup plus complète que celle de Molina (Lacerta palluma, Sag-
gio sulla storia nat. del Chili, 1810, p- 189) et que Daudin a reproduite t. IV, p. 46. C'est le vague
de ces deux dernières descriptions, qui a motivé le silence des auteurs de l’Erpét. génér., relativement
à cet Iguanien à queue épineuse et verticillée, Je dois ajouter que dans une note manuscrite, laissée
par Bibron sur son exemplaire de l'ouvrage de Daudin, il a émis la Supposition que ce Stellion
pelluma du Chili est peut-être le même animal que le Trachycycle marbré Dum. et. Bib.
ARCHIVES Du Muséu». T. VIII. 71
DS DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
flanc. — Les écailles de la gorge sont semblables à celles du dos, mais sur le
ventre, elles sont plus larges et non bombées; elles ne portent pas de
carènes.
Les membres sont robustes et couverts d’écailles un peu plus grandes que
celles du tronc, légèrement imbriquées, non carénées ; celles des faces ex-
terne et supérieure des jambes sont coniques.— La queue, dont la longueur
dépasse à peine celle du reste du corps, est un pen déprimée à sa base, et
cylindrique dans le reste de son étendue ; elle est entourée d'écailles verti-
cillées, toutes terminées en une pointe épineuse.
La couleur générale est un brun verdâtre, presque noir sur deux indi-
vidus. Aucune tache, ni aucune bande ne se remarquent, soit sur le tronc,
soit sur la tête ; la gorge porte cependant quelques marbrures plus foncées.
Le Muséum possède quatre individus recueillis au Chili par M. CI. Gay.
Le seul dont la queue soit entière, a une longueur totale de 0"23 ainsi
répartis : tête et tronc, 0° 10, queue, 0” ae
XXXIX. — 2. CENTRURE QUATRE-TACHES, Centrura quadri-maculatum.
A. Dum. PL xxu1, fig. 4 et 4 a.
Oplurus quadri-macul. Dum. Bib. M. SS. — Idem, Cat. Rept. Mus. de Par., p. 83. — Id.,
Répert. Erpét. génér., Dum. et Bib., t. IX, p. 274.
Écailles dorsales petites, lisses, légèrement convexes, à peine imbriquées ; plaques sus-orbi-
laires beaucoup moins grandes que les autres plaques sus-céphaliques; écailles temporales à
surface très-peu saillante; sur le bord antérieur de l'oreille, cinq ou six dentelures assez déve-
loppées; deux taches rondes d'un noir profond derrière chaque épaule.
La tête forme un triangle, dont le sommet est un peu tronqué, parce que
le museau est large et assez obtus. Le contraste entre les petites dimensions
des écailles des régions sus-orbitaires et de celles beaucoup plus dévelop-
pées qui recouvrent le reste du crâne, est assez frappant. Il en résulte, ainsi
qu’on peut le voir sur les figures 4 a et 5, de notre pl. xxtr, une différence
importante entre cette espèce et la précédente. Il faut encore noter, comme
caractère distinctif, la forme particulière des plaques de la crête surciliaire,
qui sont oblongues, un peu obliques de haut en bas et d’arrière en avant,
et légèrement imbriquées. — La fig. 4 n'indique pas les plis, mais, outre
celui de la région inférieure du cou et dont la prolongation se voit au-dessus
de chaque épaule, il y en a un autre le long des flancs, et deux ou trois sur
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 599
les côtés de la région cervicale. — Les membres sont robustes et couverts
d’écailles carénées et imbriquées, plus grandes que celles du tronc.
La queue est reproduite dans la plus grande partie de son étendue, sur
lexemplaire du Muséum, mais je trouve dans la description manuscrite de
Bibron, faite d'aprés deux exemplaires observés par lui au Musée de la
Société zoologique de Londres, l'indication suivante : « Queue cylindrique,
faiblement déprimée à sa base, entourée par des verticilles de grandes
écailles quadrilatérales surmontées chacune d’une forte carène, qui les
coupe obliquement, de sorte que l'extrémité de cette carène terminée en
pointe, aboutit non au milieu du bord postérieur de l’écaille, mais à lun
de ses angles. »
En dessus, l'animal est brun; des goutteléttes jaunâtres sont semées sur
ce fond, et y forment des lignes interrompues. De chaque côté, derrière
l'épaule, on voit deux grandes taches noires, arrondies, placées l’une au
devant de l’autre : d’où le nom spécifique de ce Centrure. Le dessus de la
tête, des membres et de la queue est d’un brun olivâtre, comme les régions
gulaire et sous-maxillaire, qui sont ornées de taches arrondies, Jaunûtres ;
les parties inférieures, dans le reste de leur étendue, ont une teinte claire.
Le spécimen unique de cette espèce a une longueur totale de 0" 31 ainsi
répartis : tête et tronc, 0" 12, queue, 0" 19. Il a été rapporté de Madagascar
par le colonel Lyoll, et la Société zoologique de Londres en a fait présent à
notre Musée.
XXXKI GENRE. DORYPHORE. DORYPHONUS. CUVIER.
J'ai fait connaître plus haut ( note de la page 557) les opinions de MM. Fit-
zinger et Tschudi sur les espèces qu'ils pensent devoir rapporter au genre
dont il s’agit. Je n’ai*pas à revenir sur ce sujet, je dois seulement dire que
nul échantillon nouveau n'ayant été recu au Musée de Paris depuis 1837, à
l'exception de celui qui est décrit plus loin, la même incertitude nous reste
relativement à la possibilité de distinguer les deux espèces signalées par
Daudin. Celle que M. Gravenhorst a nommée Phymaturus palluma nous
est inconnue.
560 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XL. — 2. DORYPHORE TÈTE-IAUNE, Doryph. flaviceps, Guichenot.
Explorat. Amér. mérid., comte de Castelnau, Rept., p. 26, pl. m1, fig. 2.
Doryph. azuré (variété noire sans bandes transversales), Dum., Cat. Rept. Mus. de Par., p. 85".
Plaques sus-céphaliques bombées et un peu saillantes à leur centre, légèrement rugueuses ;
quelques “plaques sus-orbitaires plus grandes que les squames environnantes : écailles dorsales
peu carénées ; queue aplatie, large, terminée en pointe, a écailles également carénées, disposées
en verticilles; tête d’un brun jaunätre clair, et le reste du corps d'une teinte sombre uniforme.
Le dessus du cräne est plat, et le museau arqué et déclive en avant. Toute
l’'écaillure sus-céphalique porte des rugosités produites par des inégalités de
leur surface, qui donnent à ces squames un aspect analogué à celui des peaux
de maroquin chagriné. La plaque occipitale est assez grande et polygonale.
On voit à l'extrémité postérieure de la région sus-orbitaire, trois ou quatre
plaques dilatées en travers, et plus grandes que celles qui les précèdent et les
entourent. On compte 11 plaques sus-labiales en y comprenant la rostrale,
qui est plus longue que haute, et 12 sous-labiales avec une grande menton-
niére. — Les écailles sur la nuque sont un peu pointues et moins grandes
que sur le dos. — Celles de la gorge sont entourées par de très-petits tuber-
cules, qui manquent à la région abdominale, où les écailles présentent une
faible saillie médiane.
L’aplatissement de la queue a probablement été augmenté par la dessic-
cation; elle est comparable par sa forme à une feuille allongée et pointue,
comme celle du laurier par exemple. Ses écailles, de médiocre gran-
deur, sont disposées en bandes transversales, régulières et surmontées de
) ? Le]
carènes.
Les membres sont assez robustes, et sur leurs régions externe et posté-
rieure, les écailles sont carénées.
A. C'est avec doute que j'inscris ce Saurien parmi les Doryphores; car si, par le plus grand nombre
de ses caractères, il doit prendre rang dans ce genre, il présente cependant quelques particularités qui
P 5 Ex UT I quelques p
semblent l'en éloigner; ainsi sa queue est plus aplatie et plus allongée, et ses écailles portent de
petites carènes formant, par leur réunion, des lignes obliques dirigées d’arrière en avant et de bas en
haut vers la ligne médiane du dos. Néanmoins, le mauvais état de conservation de notre unique spé-
cimen, qui a été longtemps desséché avant d'être placé dans l'alcool, ne permettant pas de donner une
détermination suffisamment précise, je crois convenable de le laisser auprès des Iguaniens auxquels
il ressemble le plus, en attendant la possibilité d'une comparaison ultérieure avec des individus dont
les téguments soient moins altérés.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS PLEURODONTES. 561
La couleur générale de cet Iguanien est très-sombre et présente un con-
traste frappant avec la teinte beaucoup plus claire de la tête, qui est d’un
brun jaunâtre, irrégulièrement pointillé de noir. Une bande jaune et étroite
traverse la nuque. —L’individu unique, type de cette espèce nouvelle, donné
au Muséum par MM. de Castelnau et Deville, provient de la mission de
Sarayacu (Pérou). 11 est long de o"20 (tête et tronc, 0" 11, queue, 0"09).
XXXI GENRE (bis). HOPLOCERQUE. HOPLOCERCUS. FITZ.
Tête triangulaire, légèrement aplatie, couverte de granulations polygonales et
à plaque occipitale très-petile; cou et dos sans crête ; écaillure du dos entremélée
de grandes écailles carénées et tuberculeuses; des dents au palais; queue épaisse,
fort courte, non verlicillée, plate, et dont la région supérieure porte des écailles
épineuses, qui sont très-saillantes sur les rangées médiane et latérales #.
Les caractères indiqués dans cette diagnose montrent les analogies, et en
même temps les différences qui se remarquent entre ce genre et les Oplures,
les Centrures ou les Doryphores. Chez ces derniers, en effet, la queue n’est
ni aussi courte, ni aussi trapue; leur plaque occipitale est plus grande, et ils
manquent de dents au palais. Dans les deux autres genres, la queue est
cylindrique et non aplatie. Enfin, chez aucun des Sauriens auxquels je com-
pare /’ Hoplocerque, les écailles du tronc n'offrent une semblable diversité
de forme et de grandeur.
1. Le type de ce genre, reçu depuis deux ans environ au Musée de Paris, a été signalé dans la Revue
de zool., 4854, p. 239, sous le nom de Pachycerque aiguillonné (Pachycercus aculeatus), qui lui
avait été donné par MM. Alfr. Dugès et S. Braconnier. J'ai, moi-mème, reproduit leur description, à
la fin d’un Mémoire publié dans ce même recueil (1854, p. 544), ayant pour titre : Essai d'applicat.
a la classe des Rept. d’une distribut. en séries parallèles, et accompagné d’une planche repré-
sentant l'animal entier, ainsi que des détails amplifiés. Dans une note ultérieurement insérée dans la
Revue (1855, p. 155), j'ai constaté l'identité de l'espèce unique jusqu’à ce jour, nommée dans nos
collections Pachycercus aculeatus, et de celle qui est étiquetée à Vienne, en Autriche, par les soins de
M. Fitz. : Hoplocercus spinosus. Ce naturaliste la place, dans son Syst., entre les genres Do-
ryphore et Urocentre, parmi les Doryphoriens, dont il forme une famille distincte, (voy. plus haut,
p- 507). — Je dois faire remarquer ici que les Iguaniens pleurodontes à écaillure hétérogène sont peu
nombreux. Les plus remarquables, sous ce rapport, sont les Phrynosomes, puis l’Anolis (Acantholis)
loysiana Coct. Le Phymatolépide A. Dum. que j'ai décrit p. 548, porte des tubercules. Chez
les Corytophanes, on voit des écailles carénées plus grandes que celles qui les environnent. Enfin, les
Anolis caméléonide (Chamaæleolis) Coct. et héléroderme A. Dum. ont de grandes écailles plates
entourées par de petites squames.
562 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XLI. — 1. HOPLOCERQUE ÉPINEUX, Hopl. spinosus. Fitz., Systema, p. 78.
Pachycercus aculeatus À. Dugès et Sér. Braconnier, Revue de z00l., 1854, p. 239 et 544, pl. xur.
Régions supérieures d’une teinte fauve grisätre; téle brune ; sur le dos, six bandes transver-
sales également brunes; sur les épaules, une bande blanchâtre; sur les flancs et sur les mem-
bres, des taches d’un brun noirâtre ; ventre unicolore.
La tête est aplatie en arrière, jusque sur la partie antérieure des paupières;
là, elle s’abaisse vers le museau, en formant une courbe légère. Le tronc
assez court et aplati porte, sur chaque flanc, des plis longitudinaux, dont le
supérieur commence derrière le tympan et passe au-dessus de l'épaule. La
queue presque plane en dessus, convexe sur les bords, et large, forme un
triangle à côtés arrondis. De l’ensemble de cette conformation, il résulte que
le Pachycerque est un animal peu élancé, Ses membres, sont assez courts, car
les postérieurs relevés le long du tronc n’arrivent pas à l’aisselle, et les anté-
rieurs placés dans le même sens ne s'étendent pas au delà de l'œil.
Le dos présente, au milieu, des granulations du fond, une multitude de
petites plaques carénées, d'autant plus volumineuses, qu'elles sont plus
rapprochées de la queue, et formant des stries longitudinales et transver-
sales irrégulières. Sur la queue, les grandes écailles à carène prennent da-
vantage l'apparence de tubercules, car celles des rangées médiane et latérales
sont surmontées d’une sorte de petite protubérance crochue, d’où résultent
trois crêtes tranchantes formées chacune par une douzaine de fortes épines
courbées en arrière, et les crêtes latérales dépassent en hauteur celle du
milieu. — Les écailles situées au-dessus des yeux sont toutes égales entre
elles et à celles qui recouvrent les autres points du crâne, à l'exception des
plaques disposées en demi-cercle formant la limite en avant, en arrière'et
en dedans, des régions sus-orbitaires, car elles l'emportent sur toutes les
autres par leurs dimensions. On compte 21 plaques à la lèvre supérieure
en y comprenant la rostrale ; elles sont plus petites que les inférieures dont
il y a onze paires séparées par une mentonnière assez grande.
La longueur totale de notre unique échantillon qui provient de la
province de Saint-Paul (Brésil) est de 0" 098 (|tète et tronc, o" 069, queue,
0029 ).
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 263
DEUXIÈME SOUS-FAMILLE DES IGUANIENS : LES ACRODON TES.
Le caractère général et essentiel de ces reptiles est fourni par la disposi-
tion du système dentaire. Leurs dents, en effet, au lieu d’être logées dans
un sillon creusé sur la face interne des mâchoires, comme celle des espèces
appartenant à la sous-famille que je viens de passer en revue, sont solide-
ment fixées sur le bord saillant et plein des mâchoires, dont elles occupent,
en quelque sorte, le sommet. Ce sont ces différences que Wagler a voulu
rappeler en seservant, pour ces deux groupes, des mots Pleurodontes et Acro-
dontes. Elles ont, au reste, une grande importance, car elles se lient à d’au-
tres particularités remarquables. Ainsi, tous les /crodontes sont privés de
dents palatines, tandis qu’il y en a chez le plus grand nombre des P/euro-
dontes, et tous sont originaires de l’Ancien-Monde. — Les Agames propre-
ment dits, constituant un type bien caractérisé de ces Sauriens, on les
nomme souvent Agamiens ou Agamides, par opposition aux /guanides ou
Iguaniens. Ces derniers sont plus nombreux, non-seulement comme espèces,
mais comme genres: d’où il résulte que j'ai eu beaucoup plus d’additions à
faire, qu’il ne m'en reste maintenant à présenter sur les Acrodontes, qui ne
comprennent que 17 genres, tandis qu’on peut en distinguer au moins 41
dans l’autre sous-famille, savoir : 31 genres admis dans l’Zrpeét. géner. etdix
nouveaux , dont j'ai exposé l'histoire dans les pages qui précèdent où j'ai
décrit 41 espèces nouvelles ou peu connues.
—dJe n'ai aucün détail nouveau à donner sur le genre Isrrure (32), mais
il n’en est pas de même pour le suivant.
XXXEIE. GENRE. GALÉOTE. CALOTES. CUVIER.
Ce genre, très-naturel, établi par Cuvier, a été avec raison partagé en
deux groupes secondaires par M. Kaup, d'après l’arrangement des écailles.
Chez certaines espèces, en effet, elles sont disposées de telle façon qu’elles
forment des stries obliquement dirigées soit d’arrière en avant et de haut
en bas, comme dans les Bronchocèles (voy. notre pl. xxiv, fig. 4), soit égale-
ment d’arrière en avant, mais de bas en haut : tels sont les Ga/éotes propre-
ment dits (pl. xxiv, fig. 5). Une troisième disposition, enfin, se présente ;
elle est propre aux espèces réunies par M. Gray en un genre Sa/ea, auquel
il faut réunir le groupe que j'ai nommé Mécolépide (Cat. Rept. Mus. de
564 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Par., p. 87, de uäros, longueur, et A7, écaille), par opposition à ce qui
se voit dans les deux autres sous-genres, car ici, les écailles sont dirigées,
sans aucune obliquité, d'avant eñ arrière (pl. xxiv, fig. 1, 2, 3 et 1 a).
— Cette dernière division est la seule dont j'aie à m’occuper, le Musée
de Paris n'ayant reçu aucun Galéote ou Bronchocèle qui puisse être rap-
porté à quelque espèce nouvelle 1.
SOUS-GENRE. MÉCOLÉPIDE. À. DUM. OU SALEA. GRAY.
Écailles du tronc formant des bandes longitudinales et parallèles entre elles el
à la ligne médiane, de sorte que leur extrémité libre est tournée directement en
arrière.
XLIT. — 1 MécoLÉPIDE TRI-ÉPINEUX, Mecolepis trispinosus, À. Dum.
PI. xx1v, fig. 4.—7Jdem, Id., Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 88.
Depuis la nuque, jusqu'à la base de la queue, une crête formée par trois rangs parallèles
d'épines, dont le médian est beaucoup plus développé que les deux latéraux, très-basse au-des-
sus des épaules, et se continuant en un seul rang sur le premier tiers de la queue, dont les
deux autres tiers ne portent qu'une petite carène; de fines bandes noires longitudinales sur le
dos et sur les flancs.
4. Ces espèces, au reste, sont nombreuses. — I. Aux trois Bronchocèles décrits dans l’Erpét.
génér. il faut ajouter : 4° celui que M. Berthold a fait connaitre et figurer ( Ueber verschiedene neue
oder seltene Amphibienarten in Abhandt. der Konigl. gesellschaft der wissensch. zù Gottingen,
1, 1838-44 (1843), p. 59, pl. 1, fig. 6): Bronchocela intermedia; 2° une espèce signalée par M. Gray
(Cat. of Liz., p. 2H), comme étant nommée au Musée de Leyde par M. Schlegel, Br. celebensis.
II. Dans le sous-genre Galéote, on compte maintenant douze espèces, au lieu de quatre seulement
que notre Musée possède, et parmi lesquelles il s’en trouve deux, qui ont été décrites pour la première
fois par mon père et par Bibron en 4837 : Calotes Rouæit et C. mystaceus. Celles-ci ont été de la part
de M. Blyth, l’objet de nouvelles descriptions, ainsi que les G. versicolore et ophiomaque, plus an-
ciennement connus, et que trois espèces nouvelles (Notices and descript. of various Rept. new or
little known in Journ. of the asiatic soc. of Bengal, 853, n° vu, p. 647), nommées par ce z0olo-
giste : C. gigas, platyceps et tricarinatus. I présente, en outre, des détails sur deux autres Galéotes :
C. Emma et C. viridis Gray. N faut y joindre, d’après le Caé. du Musée britannique, €. Maria et
C. minor Gr. Enfin, la douzième espèce est C. nemoricola Jerdon (Cat. of Rept. inhabit. the
Peninsula of India in Journ. of the Asiatic Soc. of Bengal, 1853, n° v, p. 471).
HIT. Aucun des trois Mécolépides décrits ici ne se rapporte aux Sauriens nommés par M. Gray:
Salea Horsfeldii (Cat. of Liz., p. 242), S. Jerdoni (Annals of nat. hist., 2° serie, t. XVII,
p- 249), ni à l'espèce que M. Blyth (Curator. As. Soc.) fait connaître (Loc. cit., p. 473, note) :
S. qularis.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 565
La tête a beaucoup d’analogie avec celle des Galéotes par sa conformation
générale, et par un léger renflement qui se remarque, de chaque côté, der-
rière l'articulation de la mâchoire. La région sus-céphalique un peu creuse
dans son milieu, particulièrement entre les saillies sus-orbitaires, est recou-
verte dans toute sa portion antérieure, depuis le museau jusqu’au delà des
yeux, de plaques légèrement bosselées, et de dimensions médiocres. Les
sus-oculaires sont moins grandes; celles de la partie postérieure de la tête
sont encore plus petites, et l’on distingue à peine la plaque occipitale qui,
par sa forme, diffère peu des écailles voisines, mais elle est facilement
reconnaissable au caractère habituel tiré de la présence, dans son point
central, d’un petit espace circulaire, où l’épiderme offre un autre aspect que
partout ailleurs. — Au-dessus des plaques sus-labiales, dont on compte sept
de chaque côté, séparées par une rostrale allongée, mais basse, on voit une
rangée de grandes écailles; il y a r7 sous-labiales, en comprenant dans ce
nombre la mentonnière.
Toutes les écailles du tronc, de la queue et des membres sont grandes et
carénées. De chaque côté de la nuque, on en trouve une plus saillante que
les autres et située au niveau de l'origine de la crête médiane, dont les trois
rangs d'écailles épineuses sont très-rapprochés les uns des autres.
La queue, comprimée à sa base et dans une grande partie de son éten-
due, devient cylindrique vers la pointe ; elle est longue et très-effilée.
La couleur générale est, en dessus, un brun fauve relevé par de fines
rayures noires parallèles, tracées, d'avant en arrière, sur le milieu de chaque
rangée longitudinale d’écailles. Les plus longues épines de la crête dorsale
sont également ornées de petites taches noires. On en voit de semblables sur
la tête. Du bord inférieur de l’œil, il part une bande formée par de petites
lignes de la même teinte et qui, traversant le tympan, se dirige en bas et
en arrière, vers l'épaule, pour se continuer sur la face externe du membre
antérieur où, par suite d’interruptions régulières, elle représente une suite
de demi-anneaux. Les membres postérieurs offrent le même aspect, et la
queue est annelée dans toute sa longueur, mais avec irrégularité. Les
régions inférieures ont une teinte plus claire que le dos et les flancs.
La longueur totale de notre unique spécimen est de o"29 ainsi répartis :
tête et tronc, 0"09; queue, 0"20. Il a été pris aux Indes orientales, sur les
monts Nilgherry, par M. Perrotet, qui en a fait présent au Muséum.
ARCHIVES DU Muséum, T. VIII. 72
566 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
XLITI. — Mécorépine nérissé Mecolepis hirsutus, À. Dum.
PI. xxrv, fig. 2.
Idem, Id., Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 88.
Depuis la nuque, jusqu'à labase de la queue, une crête assez élevée, formée par un seul rang
dépines fortes et espacées, mais très-basse au-dessus des épaules; des bandes noires transver-
sales sur le dos.
La disposition de la crête formée par un seul rang d’épines est un impor-
tant caractère distinctif de cette espèce, qui diffère, en outre, de la précé-
dente, par la forme un peu plus effilée du museau; la tête, d’ailleurs, a,
dans sa conformation générale, les plus grands rapports avec celledu Y. tri-
épineux, dont la plaque occipitale est beaucoup plus petite qu’elle ne l’est
ici où les plaques du voisinage sont également plus grandes. Au nombre de
ces dernières, et parmi les postérieures, il y en a quatre, d'apparence tuber-
culeuse, situées par paire, de chaque côté de l’origine de la crête. — Les
plaques sus-oculaires, et particuliérement les plus externes, sont moins
développées que celles qui recouvrent le reste du crâne ; toutes ces squames
sont, comme dans l'espèce précédente, un peu rugueuses et faiblement caré-
nées. On compte, à chaque lèvre, 17 plaques poreuses, en y comprenant la
rostrale et la mentonnière; elles ne diffèrent pas de celles de l’autre espèce;
il en est de même pour le rang d’écailles placées au-dessus de la lèvre supé-
rieure.
Toute l’écaillure du tronc, des membres et de la queue est carénée ; cette
dernière cependant l’est à peine à sa base ; elle est un peu comprimée dans
toute son étendue, à l'exception de sa pointe où elle est cylindrique et
effilée.
La teinte générale est brun-fauve, comme chez le 47. tri-épineux, mais au
lieu de raies longitudinales noires, on ne voit ici que des bandes transver-
sales de la même nuance, au nombre de six ou sept, et qui représentent des
demi-anneaux sur la queue et sur les pattes. Une tache temporale s'étend, de
même que dans l’autre espèce, depuis l'angle postérieur de l'œil, jusque
sur l’épaule. Quelques lignes noires descendent obliquement, d'avant en
arrière, de la lèvre inférieure sur le cou, dont la peau ne forme qu'un petit
fanon très-peu développé. Les régions inférieures sont d’un brun jaunâtre
clair et unicolore.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 567
Le Musée de Paris possede deux individus parfaitement semblables entre
eux, donnés par la Société. zoologique de Londres qui les avait reçus du
Bengale. ‘
La longueur totale du plus grand est 0" 2/48 ainsi répartis : tête et tronc,
0"075; queue, o 170.
XLIV. — 3. Mécorépioe sIZLONNÉ, Mecolepis sulcatus, À. Dum.
PI. xxiv, fig. 3:
Idem, Id., Cat. Rept. Mus.de Paris, p. 89.
Sur la nuque, depuis l'occiput jusqu'au-dessus des épaules, une petite créte peu développée,
formée par deux rangs d'épines très-rapprochées ; depuis les épaules, sur la ligne moyenne du
tronc et des deux premiers tiers de la queue, un sillon étroit, très-peu profond, résultant de ce
qu'un petit intervalle sépare l'un de l'autre les deux rangs médians d’écailles, dont les carènes
sont plus saillantes que partout ailleurs, et forment ainsi une double crête peu élevée; sur le
dos, des taches noires disposées en bandes transversales courtes et irrégulières.
Les caractères qui viennent d'être indiqués, et surtout la disposition des
écailles de la ligne dorsale, ne permettent aucune confusion avec les deux
autres espèces ; celle-ci offre, en outre, cette particularité que la tête est pro-
portionnellement plus courte, et le museau plus mousse et plus déclive.
Les écailles des flancs sont manifestement plus grandes que celles du
dos. Toutes les pièces de l'écaillure sont carénées. Les plaques de la tête
offrent une grande analogie avec celle des deux Mécolépides précédemment
décrits. Elles sont moins rugueuses et moins fortement carénées chez l’un
de nos individus adultes que chez l’autre, où ces rugosités d'ailleurs, ne sont
pas aussi prononcées que dans les deux espèces précédentes. La plaque occi-
pitale, comme chez le M. hérissé, dépasse, par ses dimensions, celle du
M. tri-épineux. — La queue, comprimée à sa base, s'arrondit ensuite et se
termine en une pointe effilée.
La couleur générale est un brun plus foncé sur le dos que sur les parties
latérales, dont la nuance est verdâtre, excepté dans les points où cette
teinte plus sombre se prolonge sous forme de taches irrégulières plus
apparentes chez l'individu adulte représenté pl. xxiv, fig. 3, que chez
un autre également adulte , qui est aussi conservé dans nos collections.
Comme dans les espèces précédentes, la région temporale est parcourue,
d'avant en arrière, par une large raie foncée, quise porte jusque sur l'épaule,
68 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
et les membres, ainsi que la queue, sont irrégulièrement annelés de brun.
— Les jeunes sujets sont d’une teinte plus uniforme et plus claire.
Longueur totale du plus grand spécimen, 0" 26 ainsi répartis : tête et tronc,
0"070; queue, o"190. — Cette espèce est due à M. Perrotet; elle habite les
monts Nilgherry (Indes-orientales).
XXXIV. GENRE. LOPHYRE. ZOPHYHUS. DUM.
(Zool. analyt., p. 80.)
XLV.— 2 bis. LoPHyRE SsPiNIPÈDE, Loph. spinipes, À. Dum.
(Cat. Rept. Mus. Par., p. 90) ‘.
Idem, I, Répert. Erpét. génér. Dum. Bib., t. IX, p- 276.
Bords surciliaires, à peine anguleux, sans épine à leur extrémité postérieure; pas d'écailles
épineuses sur la nuque; une crêle cervicale non prolongée sur le dos, qui, comme la première
moitié de la queue, ne porte qu'une petite carène dentelée ; sur les membres, mais plus particu-
lièrement sur les jambes, des écailles plus grandes que les autres, régulièrement disposées en
rangées obliques et munies d'une forte carène.
Par tout l'ensemble de sa conformation, ce Loph. se rapproche beaucoup
du ZLoph. armé, dont il se distingue facilement par la saillie moins pro-
noncée de la carène des squames ventrales, par l'absence d’une écaille épi
neuse à l'extrémité postérieure de larcade surciliaire, et d'un faisceau
d’épines de chaque côté de la nuque, où l’on ne voit qu'un petit nombre de
tubercules mousses et épars, de même que sur le dos et sur les flancs. Les
membres semblent être épineux, tant la carène qui surmonte les grandes
1. Ce genre, que mon père a établi d’après l'espèce nommée par Séba Lacerta tigrina pectinata,
est maintenant divisé par Cifférents zoologistes en plusieurs genres et sous-genres, mais il forme un
groupe très-naturel auquel il convient de laisser l’ancienne dénomination. 11 comprend aujourd'hui neuf
espèces bien distinctes. On peut les partager en deux groupes secondaires suivant la disposition de la
crête : I. Espèces à créle sur le cou seulement. A° L. tigré Dum., 2° L. de Kuhl, Boie, qui généra.
lement confondu avec le précédent, en est cependant distinct, comme l’a établi M. Schlegel dans un
intéressant Mémoire sur ces Rept. (Arch. de la Soc. Natura artis magistra, 3° livr. 1851, p. 4).
Une représentation coloriée du mâle et de la femelle est jointe à ce travail, ainsi qu'une figure du
L. tigré, et ces trois dessins sont faits d’après le vivant; 3° L. armé Dum. Bib. (4gama armata
Gr.); 4° L. spinipède À. Dum. — II. Æspèces à crête nuchale et dorsale. À, interrompue au-
dessus des épaules. 5° L. dilophe Dum. Bib.; 6° L. épineux Hombr. et Jacquinot; B, non interrom-
pue; T° L. de Bell Dum. Bib.; 8° L. de Sumatra Schl. (loc. cit.); 9° L. de Bornéo Id. (1d.); ces
deux derniers sont inconnus au Musée de Paris.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 569
écailles entremélées aux plus petites est saillante. — Quand on compare
cette nouvelle espèce au Lopl. tigré qui, avant l'état adulte, porte aussi sur
les membres de grandes écailles carénées, on voit des différences si tran-
chées dans l'aspect, chez ce dernier, de la région postérieure du crâne, par
suite de la forme très-manifestement anguleuse des arcades surciliaires et de
la disposition des grandes écailles de la base de la crête, que nulle confu-
sion n’est possible. — Il n’y a, sous la gorge, qu’un très-petit fanon. La
membrane du tympan est encore plus épaisse que chez le Loph. armé, et ne
se distingue des téguments environnants que parce qu’elle ne porte point
d’écailles à son centre.
La teinte générale est un brun moins foncé en dessous qu’il ne l’est en
dessus. Sur-la nuque et sur les épaules, la coloration est plus claire. On ne
distingue que confusément, sur la ligne médiane, des taches transversales
brunes très-foncées. A la base de la queue, et à la région supérieure; il y a,
de chaque côté, une tache noire. La queue, dont les écailles inférieures por-
tent de fortes carènes qui, par leur réunion, forment des stries longitudi-
nales saillantes, est irrégulièrement annelée de brun noirâtre; des bandes
semblables ornent les membres.
La longueur totale du spécimen type de cette espèce est de 0o"34 ainsi
répartis : tête et tronc, o" 11; queue, 0"23. Il a été rapporté de la Nouvelle
Hollande par M. J. Verreaux.
XLVL — 5 bis. Lopuxre éPinEux, Lophyrus spinosus, Hombr. et Jacq.
(Foy. au pôle sud et dans l'Océanie, sur les corvettes l_{strolabe et la Zélée,
Rept., pl, 111, sans texte.)
Idem, \d., Id., Cat. Rept. Mus. Paris, p. 9, où la description a été donnée pour la première fois.
— Id., I , Répert. Erpét génér., Dum. Bib., t. IX, p. 276. Bronchocela marmorata Gr.,
Cat. of Liz. of the british Mus., p. 242.
Bord surciliaire curviligne, sans épine à son extrémité postérieure ; point de tubercules sur
locciput, ni de faisceaux d'épines sur la nuque; sur le cou, une créte formée par un seul rang
d’écailles épineuses médiocrement longues, mais plus haute que sur le dos où, après une petite
interruption au-dessus des épaules, celte crête se continue, en diminuant graduellement .de
hauteur, jusqu’à la base de la queue, dont le bord supérieur porte, dans son premier tiers, une
carène dentelée.
D’après la forme un peu allongée de sa tête, mais surtout d’après la dis-
position de sa crête, ce Loph. se rapproche surtout de l’éspèce décrite pour
570 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
la première fois par mon père et par Bibron, et qu’ils ont nommée ZL. dilo-
Plie, mais la confusion est impossible, car, contrairement à ce qui s’observe
chez ce dernier : 1° le fanon n’a pas de dentelures à son bord libre, ni de
tubercules épars sur ses faces latérales ; 2° l’écaillure du tronc est homogène;
3° enfin, la crête ne se prolonge pas sur la queue, dont le bord supérieur ne
porte qu’une carène fortement dentelée. Cette queue est d’ailleurs fort
allongée et très-effilée. — La membrane du tympan est bien visible; elle est
placée à la partie antérieure d’un espace elliptique granuleux, long de 0" 02
environ, large de o“ot, et bordée par un double rang de grandes écailles.
La teinte générale est un brun jaunâtre en dessous, rougeûtre sur le dos
et sur les flancs; les parties latérales de la tête et du cou sont presque d’un
rouge brique, de mème que les larges anneaux qui entourent la queue en
alternant avec d’autres anneaux bruns, irréguliers comme eux. Les doigts et
le bord libre du fanon sont nuancés de vert jaunâtre.
L’individu unique, type de cette espèce, a été rapporté de Samboan-
gan (ile Mindanao, Archipel des Philippines), par MM. Hombron et
Jacquinot.
Sa longueur totale est de 0"565 ainsi répartis : tête et tronc, 0" 140,
queue, 0/25.
XXXIV. GENRE (Lis). ARPÉPHORE. ARPEPHORUS. À. DU.
(Cat. Rept. Mus. Par., p. 92, et Revue de zool., 1851, p. 243, pl. vi ‘.)
Museau terminé par un prolongement membraneux, comprimé, mince, plus
long que la têle, en forme de sabre ou de faux à deux tranchants : l'un supérieur,
légèrement concave, l'autre inférieur convexe; moins large à son extrémité libre,
qui se relève en pointe, qu'il ne l'est à sa base, où il est entouré par quelques
grandes écailles molles; queue longue et comprimée, surmontée, dans toute son
étendue, d'une crête qui est moins haute sur le dos et sur le cou; tympan petit, mais
apparent.
De l'extrémité antérieure de la tête, il partun prolongement falciforme, qui
est mince, membraneux et non recouvert d'écailles. Sa base est entourée,
1. De éorn, faux, cimeterre, et de os, qui porte. Ce nom m'a semblé préférable à tout autre,
comme exprimant le mieux possible le caractère singulier et tout à fait exceptionnel du Reptile qu'il
sert à désigner, sa terminaison masculine le distinguant d’ailleurs, et d’une façon suffisante, du mot
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. o71
comme une corolle dans son calice, par quatre écailles : la supérieure et l’in-
férieure sont pliées sur‘ elles-mêmes et la reçoivent dans l’écartement de
leurs deux lames qui, s'appliquant sur les faces latérales, y rejoignent, par
leurs bords, une large écaille située de chaque côté. Derrière l’écaille supé-
rieure, il y en a trois petites également anguleuses, dont le sommet assez
aigu est tourné en haut. Elles sont suivies par une grande plaque triangu-
laire à sommet antérieur, et appliquée par sa base sur la ligne médiane.
XLVIT. — 1. ArpépnorEe TROIS-BANDES, Ærpeph. tri-cinctus, À. Dum.
Teinte générale brune; sur le dos, trois larges bandes transversales d'un jaune vif.
Par suite de la dessiccation à laquelle ce Reptile avait été soumis avant
d’être plongé dans l'alcool, car on le trouva piqué dans une boîte parmi des
insectes, sa conformation générale a été un peu modifiée; on voit cependant
qu’elle se rapproche de celle des Lophyres ou des Istiures, auprés desquels
Bibron avait provisoirement placé cette espèce. — Les écailles de la tête sont
toutes un peu rugueuses; il n’y a pas de carènes sur celles du dos, mais on
en voit de tres-manifestes sur les membres, principalement à leur face
interne, sur toute la queue, dont le bord inférieur porte un double rang de
petites épines, et enfin sur les régions inférieures du tronc, si ce n’est sous
la gorge, qui est recouverte d’écailles un peu tuberculeuses.
Des trois bandes jaunes transversales du tronc, la premiére, qui occupe
la région sus-scapulaire, est la plus étroite et la moins longue; les deux
autres ont une largeur de o"or environ et descendent sur les flancs et sur
le ventre où elles se terminent, sans se rejoindre par leurs extrémités.
Le type unique de ce genre nouveau provient de Java. Sa longueur totale,
Haïrpephora employé par G. Fischer de Waldheim (Index Orthopterorum Societati traditorum
in Bullet. Soc. impér. natur. Moscou, 1846, t. XIX, 2° partie, P- #79), pour un genre nouveau de la
fam. des Locustina et comprenant deux espèces. — Dans la note que j'ai consacrée ( Revue de 00.)
à la description de ce bizarre Agamien, j'ai rappelé la plupart des exemples connus de reptiles à pro-
longement membraneux des sourcils ou du museau, mais dont les plus curieux, sous ce rapport, sont
les Xiphorhynques ou grands serpents d'arbre de Madagascar dits Langaha, etnommés spécifiquement
l'un, ensifera, et l’autre, crista-galli (Erpét. génér., t. VIII, 2° partie, p. 802). — Ilest à peine
nécessaire de rappeler que ce lézard ne peut être confondu avec aucun autre, en raison de sa confor
mation toute spéciale, qui motive son classement auprès des genres Cératophore et Lyriocéphale,
dont la proéminence nasale offre une légère analogie avec celle de l'Arpéphore.
572 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
y compris le prolongement falciforme du museau, est de 0" 168, ainsi répar-
tis : tête, o"o10; son prolongement, 0" 021; tronc, 0"045; queue, 0"083.
— Je n’ai aucun détail nouveau à donner sur les genres 35 à 39, dont
deux nous manquent encore (OrocryPpre, Wiegm. et CÉraroPnore, Gr.). Le
troisième (LYRIOCÉPHALE) n’est, jusqu’à ce jour, représenté que par un échan-
tillon unique au Musée de Paris. — Quant au Srrane, et au CHLamyposaure,
je dois rappeler les belles figures qui ont été données du premier dans le Zoy.
dans l'Inde, de Vict. Jacquemont ( Rept., pl. x, mâle et fem.), et du second
dans le Joy. au pôle sud et en Océanie, par Hombr. et Jacquinot (ZXepr.,
pl. vi). — Pour le genre Dracox (40), il faut mentionner les remarques de
M. Schlegel sur l'espèce dite Dragon vert, par Daudin, et qui, selon le
savant erpétologiste de Leyde, comprend 4 variétés de pays bien distinctes,
qu'il désigne, d’après leur origine, comme Z’ar. de Java, de Sumatra, de
Samarang et de Z#mor. Cette derniére, au reste, représente une espèce par-
ticulière : D. de Timor, Péron. — Nos collections n’ont reçu aucun échan-
tillon nouveau du genre Léiorépine (41), depuis l'époque où Cuvier
Va établi pour l'espèce unique dont les types furent des individus adultes et
de jeune âge recueillis par Diard, en Cochinchine.
XLIL. GENRE. GRAMMATOPHORE. d 48 A PI PE A TO PIE O3 A. KAUP.
Le genre dont j'ai maintenant à parler offre cette particularité intéressante
qu'il ne comprend, jusqu’à ce jour, que des Agamiens originaires de l'Océa-
nie. Aux espèces plus où moins anciennement connues, M. Gray en a joint
une autre que le Muséum possède, et dont je dois présenter ici une courte
description.
XLVIIT, — 2 Dis. GRAMMATOPHORE ORNÉ, Grammatophora ornata, Gray.
(Cat. of Liz., p. 253).
Idem, Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 99. — Id., Id. Répert. Erpét. génér., Dum. Bib., t. IX,
p. 279.
Écaillure dorsale homogène; sur la ligne médiane, après la petite crête très-peu saillante de
la nuque, une rangée d’écailles plus grandes que les autres ; de chaque côté du cou, 3 ou 4 petits
groupes d'écailles luberculeuses; squames des régions sus-orbitaires et postérieures de la téte
plus pelites que les antérieures.
Des deux espèces à écaillure du dos non entremélée de tubercules
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 573
(Gr. de Gaimard et Gr. de Decrès), c'est avec la seconde que celle-ci a le
plus d’analogie par l’ensemble de sa conformation et par la disposition des
écailles, qui sont petites et carénées sur le dos, mais lisses sur le ventre,
ainsi que sur les flancs où elles sont également entremélées de fort petits
tubercules. |
Les différences se rapportent surtout à l’écaillure de la tête, qui, au lieu
d'être composée de pièces toutes de diamètre à peu près semblable, est
formée par des squames très-fines, très-serrées sur les régions sus-orbitaires
et occipitale, et beaucoup plus petites que celles de la portion antérieure de
la tète. Toutes ces squames portent une petite carène, et particulièrement
celles du museau qui sont comme tuberculeuses. En outre, le bord anté-
rieur de l'oreille est armé de deux épines saillantes; puis, le pli cutané, de
chaque côté du cou, a une forme anguleuse et non semi-circulaire. La dis-
position du système dentaire est la même que dans les deux autres Gram-
matophores à écaillure homogène.
Le spécimen unique de notre Musée n’a pas un système de coloration tout
à fait semblable à celui du type décrit par M. Gray, car l'absence de l’épi-
derme dans une grande partie du dos laisse du doute sur les teintes dont
il pouvait être orné pendant la vie, et en particulier sur les taches jaunes
dont M. Gray a tiré la désignation vulgaire de ce Saurien, auquel il a
imposé, en l'appelant Gr. ornata, une dénomination destinée à rappeler son
aspect élégant. Sans aucun doute cependant, l'espèce signalée ici est iden-
tique à celle que le zoologiste anglais a, le premier, fait connaître. — La teinte
générale, autant qu’on peut en juger par la tête, la queue et les membres,
seules régions encore couvertes d’épiderme, est un brun jaunâtre, relevé sur
la tête par des lignes noires, courbes sur le museau, obliques d’avant en
arrière et parallèles entre elles sur les régions sus-oculaires. Sur la ligne
dorsale, on voit une série de six à sept taches noires, dont le centre com-
plétement décoloré maintenant, devait laisser paraître la couleur du fond
ou peut-être une nuance plus claire. Sur la face externe des membres, il y a
des bandes transversales noires; enfin, une série très-régulière de demi-
anneaux également noirs, alternes, occupe la première moitié de la queue,
dont l’autre portion porte des anneaux parallèles complets. Les parties infé-
rieures sont d’un brun jaunâtre plus clair que les supérieures. Une grande
tache noire couvre la poitrine
ARCHIvEs Du Muséum. T. VII. 73
574 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Le reptile que je viens de décrire a été donné par M. le Prof. Nat. Guillot,
. qui l'avait reçu de l'Australie. — Sa longueur totale est de o"24 (tête et
tronc, 008; queue, 0" 16).
XLEII. GENRE. AGAME. 4@&A4#£4. DAUDIN *.
Aux dix espèces décrites par les auteurs en 1857, on peut en joindre
maintenant cinq nouvelles : 1° 4g. nupta, Filippi, Giornale delle Instit. Lom-
bardo, Milan, 1843, t. VI; 2° 4g. cælaticeps, Smith ( {ustr., zool. S. Afr.,
pl. rxxiv), et 3° 4g. atricollis, I. (/d., Appendix, p. 14); elles nous sont
nconnues, mais les deux suivantes sont conservées dans nos collections.
XLIX. — Acame DE BisroN, Ægama Bibronii, A. Dum.
(Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 104.)
Agama.…… Bib. MSS.
Quatrième doigt des membres postérieurs presque égal en longueur au troisième, ow méme
un peu plus court; dos à écaillure homogène ; une petile crête sur le cou seulement ; écailles du
dos et des flancs carénées, celles des régions inférieures lisses et très-légèrement échancrées à
leur bord postérieur; sur le chanfrein, une ligne longitudinale de quatre ou cinq écailles con-
vexes, mais non carénées, plus grandes que toutes les autres plaques de la tête.
Des différentes espèces comprises dans ce genre, c’est lAg. des colons,
qui offre le plus de ressemblance avec celle-ci, par la conformation de
la tête, par l'aspect général de l’écaillure et par la présence, sur la nuque,
d’une petite crête. Il faut néanmoins noter comme caractères importants êt
propres à l’4g. de Bibron : 1° la forme arrondie, conique et non comprimée
de la queue ; 2° la petite échancrure du bord postérieur des écailles gulaires
1. Je n'ai pas à rappeler ici la confusion qui a longtemps régné parmi les z0ologistes relativement au
sens qu'il convenait d’attacher au mot Ægame comme dénomination générique, et relativement aux
espèces qu'il devait servir à désigner. Je renvoie, pour ce sujet, aux remarques présentées par mon
père et par Bibron, dans les généralités qui précèdent la description des espèces rapportées par eux à
ce groupe (Zrpét. gén., t. IV, p. 484-484). Il est arrivé, au reste, pour ce nom trop vague, ce qui a
eu lieu pour plusieurs autres, pour celui de Couleuvre, en particulier. Leur emploi a été restreint
peu à peu, par suite des progrès ultérieurs de la zoologie. Ainsi, parmi les Agames, par exemple, un
plus grand nombre d'espèces ayant été distingué, on a nécessairement trouvé entre elles des diffé-
rences assez importantes pour qu’elles pussent être considérées, à bon droit, comme de véritables dis-
semblances génériques, On a donc, de cette façon, séparé les Grammatophores, les Stellions et les
Phrynocéphales; et par voie d'exclusion, toutes les espèces qui ne pouvaient rentrer dans aucun de
ces genres, ont conservé le nom primitif, dont la signification zoologique s’est trouvée alors bien plus
nettement précisée.
ORDRE DES /SAURIENS. — IGUANIENS AORODONTES. 57.5
et ventrales ; 3° l'aspect du chanfrein qui, au lieu d’avoir une seule grande
plaque en avant, comme chez l’4g. des colons, en porte, au ‘contraire, cinq,
bombées, mais non carénées, disposées en série linéaire continue depuis le
bout du museau, jusqu’au commencement de l’espace inter-orbitaire , et
dont la troisième est la plus grande.
La plaque occipitale est médiocre et non entourée d’écailles pointues ou
tuberculeuses. — L'oreille est grande et bien découverte ; son bord anté-
rieur est.épineux; le supérieur et l’inférieur portent chacun un bouquet
d’épines, et un peu en arrière du bord postérieur, il y en a deux. On en
voit un de chaque côté de la nuque, au-dessus de l'oreille, et puis au delà,
deux paires, l’une à droite et l’autre à gauche. — La peau forme, sous le cou,
deux plis transversaux, réunis sur la ligne médiane par un petit pli longitu-
dinal. Au niveau de ces saillies cutanées et des enfoncements qui les séparent,
les squames sont plus petites que partout ailleurs. Les écailles des membres
sont carénées, et les sous-digitales sont munies chacune de deux carènes.
Toutes les parties supérieures sont d’un brun verdâtre, avec cinq ou
six bandes d'un brun foncé, transversales, anguleuses et peu distinctement
marquées, surtout les antérieures. Tel est leur aspect sur notre spécimen,
mais chez l’un des deux individus observés à Londres par Bibron, au Musée
de la Société zoologique de Londres, les bandes ont une couleur de brique
mélée de brun. Des demi-anneaux bruns, peu réguliers, règnent sur toute
la longueur de la queue, et les membres sont traversés, de distance en dis-
tance, par des bandes dont la teinte est semblable. Les régions inférieures
sont d’un brun jaunâtre clair, sans aucune tache. Sur l’un des échantillons
de Londres, la gorge est parcourue par sept ou huit bandes longitudinales
brunes.
Les types de cette espèce ont été rapportés du Maroc par M. le docteur
Hay; l’on peut supposer que l’exemplaire donné au Musée de Paris par la
Soc. zool. de Londres, provient du même pays.
Sa longueur totale est de 0" 22 ainsi répartis : tête et tronc, 0" 09; queue,
o2)19.
276 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
L.— 5 bis. AGAME SANGUINOLENT, Agama sanguinolenta, Dum.
(Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 102.)
Lacerta agama Güldenstaedt (J.-A.) Note M. SS. que Pallas cite en entier. — Lac. sanguinolenta
Pall. Zoogr. rosso-asiat., t. Il, p. 23, pl. 1v, fig. 2. — Ag. aralensis Licht. HW'erzeich der
doubl. des zoo. Mus. zu Berlin, p. 101, n° 29. — Ag. oxiana, Eichwald Zoo. spec. Ross.,
et Pol., 1829-30, t. II, p. 485. — Trapelus aralensis Eversm. {dd. ad celeberr.Pall. z00gr.
Ross.-asiat. 1835. — Trap. sanguin. Eichw. Fauna caspio-caucas. 1841, p. 89, pl. x1v,
fig. 3 et 4.— 1d., Berthold, Mor. Wagner Reise nach Kolchis und nach den deutsch. Colon.
jenseist des Kaukasus. 1850, p. 330.
Quatrième doigt des membres postérieurs plus long que le troisième; queue conique; point
de créte; écailles dorsales égales entre elles, et non semées d'épines ou de tubercules, toutes
carénées, ainsi que celles des flancs et du ventre.
Quand on compare cette espèce nouvelle dans le Musée de Paris, avec
celles qu’il possédait déjà, on voit que c’est à l’4g. agile d'Olivier qu'elle
ressemble le plus; mais celui-ci ne porte pas, comme l4g. sanguinolent,
des carènes sur les écailles des flancs et du ventre; en outre, les carènes des
régions supérieures sont, chez ce dernier, bien plus prononcées et plus
pointues; il résulte même de cette particularité que l'animal, surtout dans
la partie antérieure du tronc, semble, en quelque sorte, hérissé. — Les pla-
ques de la partie antérieure de la tête, au delà des narines et au devant
des yeux, sont bombées et assez grandes; loccipitale est fort petite et
entourée d’écailles un peu rugueuses. Le tympan est moins grand, et par
suite, moins visible que chez d’autres Æ4g.; son bord supérieur est épi-
neux; en arrière et à une très-petite distance, on voit un bouquet d’épines.
Il n'y a, sous la gorge, qu'un pli cutané; il est trés-apparent, et forme
une courbe fort ouverte, à convexité postérieure, et dont les extrémités se
portent vers l’angle de la mâchoire, d’où part le pli qui, ‘comme dans pres-
que toutes les autres espèces, se dirige en arrière au-dessus des épanles :
chez celle-ci, il est très-marqué. La queue est conique, longue et eftilée. —
On compte, à la mâchoire supérieure, 2 canines, 4 incisives et 32 molaires.
Les couleurs varient suivant l’âge. L’échantillon unique de la collection
est adulte : il a les parties supérieures d’un brun olivätre, plus clair en des-
sous. Sur les membres, on voit, mais peu distinctement, des bandes trans-
versales foncées; celles de la queue sont plus apparentes ; elles y forment des
demi-anneaux. Notre spécimen est en bon état de conservation, et comme il
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 577
ne reste plus aucune trace de couleurs vives, on peut supposer qu’elles carac-
térisent uniquement la livrée du jeune âge. Voici, d’ailleurs, comment elle est
décrite par M. Eichwald, qui a fait figurer un jeune sujet : Régions supé-
rieures d’un brun jaune et les inférieures jaunätres. Sur le dos, trois séries
régulières de taches : celles du milieu bleues et bordées de brun, les latérales
jaunâtres et également à bords bruns; flancs noirâtres et parsemés, çà et là,
de taches jaunes inégales; tête d'un brun clair uniforme; lèvres bleues;
gorge violacée, ou parcourue par des lignes longitudinales violettes.
Cet 4g., dit le même zoologiste, habite la côte orient. de la mer Caspienne,
dans le voisinage du golfe Balkan ou dans les îles baignées par les eaux de
ce golfe. On le trouve aussi près du lac Aral et du fleuve Oxus (d’où les noms
d’'Ag. Aralensis et Oxiana proposés par MM. Lichtenstein et Eichwald ). 11
vit également sur les côtes orient. et septentr. de la mer Caspienne. C’est
sans doute dans ces parages que notre individu, adressé de Saint-Pétersbourg
par M. Ménestriés, aura été recueilli. — Sa longueur totale est de 0"285
(tête et tronc, o"r110; queue, 0" 175).
— Le Muséum n’a pas reçu de nouveaux ParynocépuaLes (4/4), et il reste
toujours quelques doutes sur plusieurs espèces décrites par M. Eichwald,
dont la Faune contient de bonnes figures et des détails intéressants relatifs
aux espèces déjà connues.
XEV. GENRE. STELLION. STZLEF-O. DAUDIN.
A l'espèce anciennement connue et nommée 451. vulgaire, M. Rüppell en a
joint une autre qu'il a trouvée en Arabie ( Sf. cyanogastre). Une espèce très-
voisine de cette dernière, si mème elle ne lui est identique, est signalée parmi
les Reptiles de l'Inde par M. Blyth qui, sans se prononcer positivement à cet
égard, propose le nom de Sr. ëndicus pour le cas où cette espèce serait vrai-
mentnouvelle. Le St. du Caucase, qui est depuis peu recu au Musée de Paris,
et les St. du Cap et caréné que j'ai fait connaitre pour la première fois dans
le Cat. des Rept., doivent étre décrits. On peut, pour les distinguer les
uns des autres, se servir avec avantage du petit tableau synoptique suivant :
ET très-dissemblable-t nt 00.22.0100. 22. 1 S. COMMUN.
nulle; écaillure...{ . i à
éd à peine dissemblable..... eat ta ete Bale oi5 4 bis S. nu Caucase.
Cou à crête
{dissemblable Foot D AOL E TS À Ler S. pu Car.
carénées. ..... 2 S. CARÉNÉ.
Hssest entr 2 bis S. CYANOGASTRE.
distincte; écaillure
Îsemblable; écailles du’ dos .
578 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
LI. — 1 bis. Srecrion pu CAUCASE, $/. caucasius, Eichw.
(Zool. spec. Ross. et Polon. t. IT, p.187).
Lac. stellio Pall.,et Lac. muricata Id. (non Lac. muric. Gm.) Zoogr. Rosso-asiat. t. Il, p. 24
et p. 20, pl. 1v, fig. 4. — St. vulgaris Ménestriés, Cat. raisonné, p. 64, n°219. — St. vulgaris
Eversm. Lac. Imp. Ross.in Mém. Soc. impér. Moscou, t. HL.— St. caucasius Eichw. Fauna
Caspio-cauc., p. 80, pl. xur, fig. 4-8, pour les détails du squelette. — Zdem, Gr. Cat. of Liz.,
p. 255. — Jd., Dum. Cat. Rept. Mus. Par., P. 106. — Zd., Id., Répert. Erpét. génér., Dum.
Bib., t. IX, p. 281.
Point de créte sur le cou: lécaillure presque semblable ou homogène, c’est-à-dire entremélée
d'un très-petit nombre de tubercules disséminés, çà et là, sans ordre, et mousses pour la plu-
part ; écailles du milieu du dos à peine carénées; celles de la queue fortement épineuses et for-
mant des verticilles disposés comme les degrés d’un escalier.
Par sa conformation générale et surtout par l'aspect des verticilles de la
queue, ce S$f. ressemble plus au St. vulgaire qu'à tout autre; il est cepen-
dant facile de les distinguer. Chez le $4. du Caucase, en effet, il n'y a, ni sur
le dos, ni sur les flancs, des rangées longitudinales régulières de bouquets
ou groupes de tubercules épineux; et l’on ne voit, sur ces régions, que des
tubercules épars, très-peu proéminents, dont quelques-uns seulement se ter-
minent en pointe. En outre, la tête, en arrière et sur les côtés, est garnie
d’épines moins nombreuses et moins pointues. Enfin, les grandes écailles,
sur le milieu du dos, sont tantôt lisses, tantôt faiblement carénées, et ne
présentent pas la même irrégularité que celles du 84. vulgaire, dont les
carènes, d’ailleurs, sont très-prononcées, surtout à la région postérieure du
tronc.
La teinte générale est un brun olivâtre relevé de taches jaunes sur les
flancs, mais particulièrement sur la région médiane du dos, dont les parties
latérales portent, ainsi que les côtés du corps, de nombreuses maculatures
ou lignes noires bordant quelques-unes des taches jaunes qui viennent d’être
indiquées. Les couleurs sont plus claires en dessous; à la gorge, il y a des
bandes noires, larges, souvent très-peu apparentes et parfois confondues les
unes avec les autres. — La queue est jaunâtre, tachetée de noir et quelque-
fois de rouge, çà et là, sur sa face inférieure.
Cette espece, dit M. Eichwald, se rencontre dans la Géorgie, dans l’Alba-
nie, jusqu’à la mer Caspienne, près de Bakou et dans tout le désert du Mo-
gan, ainsi que sur les montagnes de Talyschen où elle est abondamment
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 379
répandue. — L'origine de l’un de nos exemplaires ne nous est pas connue,
et nous manquons de renseignements précis sur les lieux où ont été recueillis
les individus appartenant à cette espèce, et qui proviennent du voyage dans
le Levant, et en particulier en Perse, entrepris par Aucher Éloy.
LIT. — 1 £er. Srerzion pu Cap, Stellio capensis, À. Dum.
(Cat. Rept. Mus. de Paris, p. 106, et Répert. Erpét. génér., Dum. Bib., t. IX, p: 281.)
Cou surmonté d’une petite crête ; écaillure du dos et des flancs hétérogène, c'est-à-dire entre-
mélée de grandes écailles carénées, semblables à celles de la ligne médiane, et disposées en séries
transversales, plus ow moins régulières ; écailles caudales, de moyenne grandeur, formant des
verticilles simplement imbriqués.
La tête est très-renflée en arrière des mächoires, et il résulte de cet élargis-
sement que le cou, dont les téguments sont profondément plissés en dessous,
semble fort rétréci. Elle ne porte pas de petits bouquets d’épines à ses
régions postérieure et latérales, où l’on ne voit que de grandes écailles
isolées à carène saillante et pointue. Outre les larges squames carénées de la
ligne médiane du dos, à pourtour plus fortement dentelé que chez le
St. vulgaire, il y en a d’autres sur les flancs, qui leur sont analogues, mais
offrent cependant cette différence importante que l’arête en est moins proé-
minente, et qu’elles sont presque complétement lisses sur les bords. Elles
forment des bandes transversales irrégulières, prolongées jusqu’au bas des
flancs, et sur aucun point, on ne retrouve ces petits bouquets d’épines com-
posés d’écailles pointues entourant un tubercule plus volumineux.
La petite crête assez apparente, si on la compare à celle des deux autres
St. qui en ont également une sur le cou, est formée par une série longitu-
dinale d’écailles étroites, mais saillantes et régulièrement disposées; elle
s'étend depuis locciput jusqu’au delà des épaules. —Les écailles de la queue
faiblement carénées, et à pourtour dentelé en scie, ne forment pas des verti-
cilles épineux et réguliers, comme chez les deux premières espèces qui, par
ce caractere seul, pourraient être facilement distinguées des trois autres. —
1] faut encore signaler le peu de saillie de la carène des grandes écailles sur
les membres, ce qui est une particularité propre à ce St. du Cap.
Le systéme de coloration consiste en une teinte brun-verdâtre en dessus,
plus claire sur la ligne médiane, avec des nuances d’un vert clair assez
marquées chez l’un des deux individus de la collection, et principalement à
580 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
la région sus-céphalique. Ce dernier a la gorge également verte et le des-
sous du cou noir; ces particularités se voient à peine sur l’autre individu,
quoique tous les deux soient des mâles, car ils portent à la région pré-
anale des écailles crypteuses, qui manquent dans l’autre sexe. Ils ont été rap-
portés du Cap de Bonne-Espérance par le voyageur Delgorgue. Le plus grand
est long de 0"317 (tête et tronc, o" 137; queue, 0" 180). L'autre est à peine
plus petit.
LIII. — 2 bis. SreLLION caréNÉé, Stellio carinatus, À. Dum.
(Cat. Rept. Mus. de Par., p.107, et Lépert. Erpét. génér., Dum. Bib., t. IX, p. 284.)
Cou surmonté d'une petite créle; écaillure du dos et des flancs homogène, c’est-à-dire non
entremélée de tubercules ou d'épines ; grandes écailles du milieu du dos disposées de façon que
leurs carènes forment des rangées obliques convergeant vers la ligne médiane; écailles de la
queue à épines peu saillantes et irréqulièrement verticillées.
L’arrangement très-régulier des stries obliques formées par les carènes
des grandes écailles médianes du dos éloigne ce 7. de tous ses congénères.
Leur bord postérieur est à peine dentelé. — Les écailles caudales ont une
carène terminée par une épine peu saillante et leur bord postérieur, de
méme que chez les 4. du Cap et cyanogastre, n'étant pas rectiligne, il en
résulte, leurs dimensions, d’ailleurs, restant moindres que chez les St. vul-
gaire et du Caucase, qu’elles ne sont pas disposées en grands verticilles par-
faitement réguliers comme chez ces deux derniers. Cette différence se remar-
que principalement dans la première moitié de la queue.
Les membres sont revêlus d'écailles carénées, toutes semblables entre
elles et sans épines saillantes.
Autour de l'oreille, on voit cinq groupes isolés d’épines longues et poin-
tues; il y a deux groupes semblables, placés, l’un au devant de l’autre, de
chaque côté du cou, et un troisieme plus bas et plus en dehors, précisément
au-dessous des lèvres. — Deux plis transversaux, réunis au milieu par un
troisième pli vertical, occupent le dessous du cou, dont l’écaillure est gra-
nuleuse.
Autant qu’on peut en juger, d’après l’un des trois exemplaires du Muséum,
sur lequel l'épiderme est le moins détruit, la couleur générale est une teinte
olive à reflets jaunätres, ornée de petites taches noires sur le dessus et les
côtés du tronc. La queue, d'un brun jaune assez clair à sa base, devient noire
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 581
dans une partie de son étendue, puis reprend, au delà, son premier aspect.
Un individu, plus grand que les deux autres, et qui offre, malgré quelques
légères différences peu importantes, il est vrai, tous les caractères de l’es-
péce nouvelle, dont il ne semble pas pouvoir être éloigné, a une teinte noi-
ratre générale. Ils ont tous été rapportés par Aucher-Éloy, au retour de son
voyage en Perse et dans le Levant.
La longueur totale du plus complet des deux exemplaires, dont l'identité,
du reste, est parfaite, est de 0" 395 (tête et tronc, 0" 130; queue, 0" 265).
— Je n'aurais pas à parler du genre Fourrre-Queur (46), dont l'espèce la
plus commune, scuvent observée vivante à la Ménagerie, babite les pro-
vinces méridionales de l'Algérie et l'Égypte (#. ou Uromastix acanthinure),
si, dans ces derniers temps, une addition n'avait été faite à ce groupe. Elle
est due à M. le Prof. Vaïenciennes, qui a décrit sous le nom de Fouette-
queue temporal (Uromastix temporalis), un individu adressé au Muséum
par M. le maréchal Vaillant. Il en a donné la diagnose suivante (C. ren-
dus des séances de l Académie des sciences, 1854, t. XXXIX, p. 89) :
Ur. temporalis corpore ex viridescente griseo ; dorso maculis parvis, subrufis,
consperso ; squarnts quadratis ad tempora quatuor.
Ce Saurien, désigné par les Arabes sous le rom de Dobb, a été trouvé
dans le grand désert de Sahara, entre Aquebly et Djebbel-Hoggar.
XLVII. GENRE. MOLOCH. 2OLOCH. GRAY.
(Grey's travels, W. Aust.)
Tronc, queue et membres revêtus d’écailles granuleuses, entremélées de longues
épines, dont les plus considérables se voient sur les régions sus-oculaires, où elles
simulent une paire de cornes ; sur le cou, une volumineuse protubérance presque
sphérique couverte d'épines.
L'aspect général de ce Saurien est extrêmement bizarre, car il est partout
hérissé d'épines longues et pointues, bien plus nombreuses et plus fortes que
celles des Phrynosomes, qui sont, parmi les Iguaniens acrodontes, les ana-
logues du Moloch. Ce dernier diffère plus encore des genres à la suite des-
quels il est placé, que les PArynosomes, malgré les singularités de leur écail-
lure, ne s’éloignent des autres Pleurodontes.
Une seule espèce, jusqu'ici, est décrite par les naturalistes, et les particula-
ArcHivEs DU Muséum. T. VIII. NTE
582 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
rités qui la distinguent, doivent être exposées avec quelques détails, ear elles
font connaître l'étrange physionomie de ce Reptile de l'Océanie, d'où l’on
avait déjà reçu diverses espèces de Sauriens remarquables par des anoma-
lies de structure !.
LIV. — 1. Morocx nérissé, Moloch horridus, Gray (loc. cit.).
Idem, Gr., Cat. of Liz., p. 263. — Idem, À. Dum., Cat. Rept. Mus. de Paris, p.109.
D'un brun tirant sur le rouge, un peu moins foncé en dessous qu’en dessus, où il est orné de
grandes taches noires; sur les régions inférieures, des taches rougeâtres à bordure sombre.
L'animal est trapu et ramassé, la tête courte, le museau tres-obtus; la
queue et les membres sont peu développés. Dans tout l’ensemble de Ja con-
formation générale, il y a une certaine analogie avec les PArynosomes. Le
cou, bien distinct du tronc, porte, en dessous, un pli garni à son bord libre,
de tubercules faiblement épineux, et en dessus, une volumineuse protubé-
rance surmontée d’écailles pointues.
Le revêtement squameux du tronc se compose de pièces fort inégales
entre elles, toutes légèrement bombées et granuleuses, car elles sont sur-
montées de petites aspérités. Sur un très-grand nombre, il y a, dans le
point le plus saillant, une pointe épineuse plus ou moins aiguë, mais souvent
très-développée au sommet des écailles plus hautes que les autres, qui en-
tourent la base des grandes épines. — Parmi ces épines fortes et à pointe
acérée, qui forment une puissante armure défensive au Holock, les plus lon-
gues sont celles des crêtes surciliaires. On en voit une, en effet, au-dessus
de chaque œil, longue de o"or12 à o"o15 dirigée en haut et dehors ; sa base
est volumineuse et placée au milieu d’écailles pointues plus petites, dispo-
sées comme les sépales d’un calice. Sur la nuque, il y a sept épines formant
un collier immédiatement suivi de la protubérance irrégulièrement sphéri-
que de la région cervicale, et dont le diamètre est de o"or environ. Sa cir-
4. Tels sont les Scincoïdiens nommés Trachysaures, et qui ont l'écaillure des régions supérieures
composée de pièces osseuses fort épaisses, rugueuses, formant, par leur ensemble, une sorte de cara-
pace. Tel est aussi le Silubosaure, dont la queue courte et déprimée est revêtue de longues et fortes
épines, comme l'enveloppe du fruit du châtaignier. L'espèce qu'il faut surtout citer est le grand Ioua-
nien acrodonte à large collerette plissée connu sous le nom de CAlamydosaure. On sait, d’ailleurs,
combien les Ornithorhynques, les Kangurous et autres marsupiaux, ainsi que l'Aptéryx, originaires
de l'Australie, diffèrent de tous les mammifères et de tous les oiseaux connus.
ORDRE DES SAURIENS. — IGUANIENS ACRODONTES. 583
conférence est hérissée de petites épines ; deux de celles-ci cependant, sont
beaucoup plus grandes, et marquent le commencement de deux séries pa-
rallèles d’épines étendues, de chaque côté de la ligne médiane, depuis ce
point jusqu'à l’extrémité de la queue. En dehors des séries que je viens d’in-
diquer, et à droite, comme à gauche, il y en a quatre autres également paral-
lèles, de dimensions graduées de telle sorte que les deux rangées les plus
externes, qui sont en même temps inférieures, parce qu'elles protégent les
flancs, sont composées d’épines plus longues que celles des deux séries laté-
rales du dos; ces dernières ont elles-mêmes plus de hauteur que les deux
rangs internes, dont la séparation est indiquée par la ligne médiane. De la
régularité parfaite dans la disposition mutuelle des écailles épineuses, il
résulte que le tronc est revêtu, en dessus, de bandes longitudinales et trans-
versales d'épines. Celles des flancs ne se voient que sur le tronc, mais les
dorsales, deux de chaque côté, se continuent sur les faces supérieure et
latérales de la queue. Les membres portent trois ou quatre rangs d’épines
semblables aux précédentes. — Toutes les régions inférieures sont moins
bien armées. On n’y remarque plus, au milieu des écailles granuleuses, que
des écailles à carène saillante et plus ou moins aigués à leur extrémité posté-
rieure, qui se relève en pointe, mais elles ne sont jamais aussi acérées, ni
aussi longues que les aiguillons du dos et des côtés du tronc. Les doigts sont
courts et couverts en dessus, comme en dessous, d’écailles à forte carène.
On compte, à la mâchoire supérieure, 4 incisives, 2 canines et 26 molaires
inclinées en dedans.
De chaque côté du cou, une tache étroite, commençant à la nuque, cou-
vre la moitié correspondante de la protubérance cervicale, et se continue
un peu au delà de l'épaule. Sur le dos, à une égale distance des membres
antérieurs et des postérieurs, de l’un et de l’autre côté de la ligne médiane,
on en voit une large et irrégulière, puis deux allongées et beaucoup plus
petites, au niveau du bassin, et qui sont suivies de deux autres aussi étroites,
mais plus longues. Quoique trés-rapprochées vers le milieu du cou et du
dos, toutes ces taches, d’un noir profond, sont séparées dans ce point par
un trés-petit espace où apparaît la teinte brune. Le milieu et les côtés de la
queue sont, comme les flancs, irrégulièérement tachetés de noir. Les mem-
bres portent de larges bandes obliques et noirâtres. — Sur la poitrine, il y
a une tache de teinte rougeâtre et foncée ; elle est divisée en arrière et en-
584 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
tourée par une ligne sombre. D'autres taches, de couleur semblable, mais
d’une forme différente et irréguliere, couvrent en partie le ventre; lune
située en avant, beaucoup plus large que longue, l’autre en arrière, de
forme allongée, s'étend sous la queue où elle en précède deux d'apparence
semblable.
Le Muséum possède trois beaux échantillons de cette espèce rare et
curieuse. Ils sont parfaitement semblables les uns aux autres. Il y en a deux,
en particulier, conservés dans l'alcool, qui ont été recueillis par M. J. Ver-
reaux, dans la province de la Rivière des Cygnes (Nouv.-Hollande).
Le plus grand est long de o" 165 (tête et tronc, 0" 089; queue, 0" 076).
— Ici, se termine la grande famille des Ieuanrens, dont j'ai eu à décrire
trente-quatre espèces peu connues ou entièrement nouvelles comprises dans
les riches collections du Musée de Paris et dont plusieurs sont devenues les
types de treize genres nouveaux, ainsi que d’un sous-genre spécial parmi les
Galéotes. Les espèces qui y sont inconnues ont été seulement mentionnées.
En ajoutant à ces additions celles qui se rapportent aux familles des Grc-
KOTIENS et des VaraNIENS, il y a, dans ce travail, 54 espèces nouvelles, dont
25 que j'ai nommées, parce qu'elles n'avaient été indiquées par aucun z0olo-
giste !, Parmi ces dernières, il s’en trouve quatre, qui n'ayant pu être rap-
portées à aucun des genres déjà établis, ont pris rang sous des dénomina-
tions génériques nouvelles : (Ophryessoide, À. Dum.; Sauromale, NH. ;
Phymatolépide, I,, et 4rpéphore, Xd.).
Le relevé de mon précédent Mémoire ( 4rch. du Mus., 1. VI, p. 209-264,
pl. xiv-xx11) montre que pour les CnéLoniens, les Crocopirrexs et les Camé-
LÉONS, 23 espèces nouvelles ou peu connues, dont sept jusqu'alors inédites,
jointes aux 54 autres, forment pour la portion encore peu considérable de la
classe des Reptiles maintenant passée en revue, dans ces premiers Supplé-
ments de l’Erpét. génér. de mon père et de Bibron, un total de 77 espèces qui
sont décrites, et pour la plupart figurées sur 17 planches, dans ces Archives
publiées par les soins de l'administration du Muséum d'histoire naturelle.
Un troisième Mémoire comprendra les additions relatives aux dernieres
familles de l’ordre des Sauriens.
A. Voyez à l’Zndex de la page 585 les numéros 1, 11, 1V, V, IX, XI, XHT, XVII, XXE, XXI, XXII, XXIV,
XXVI, XXVIII, XXX, XXXV, XXXIX, XLII, XLIIT, XLIV, XLV, XLVIS, XLIX, LI €t LUI.
INDEX
DES
GENRES ET ESPÈCES DE REPTILES
DÉCRITS, FIGURÉS OU INDIQUÉS DANS CE MÉMOIRE ?.
ORDRE DES SAURIENS. 2 : Pages. Planches.
XVII. S.babillard,Smith.. 488
III. GECKOTIENS OU ASCALABOTES. XVIIL. S. queue-cerclée, À
] ue = PA
I. Platjdactylé à ven- PE, ADS 10 A En LE 489 XVIII, 15.
tre rude, À. Dum. 452 XVII, 4. IV. VARANIENS OU PLATYNOTES.
II. P. de Boinin, A. D. 454 XVII, 2. Héloderme hérissé,
II. P. de l'Océan Pa- Wiegm .......... 491
cifique, D. (Gray). 455 XIX. J’aran ponctué, D.
P. de Reeves, D. (Gr.) 457 (Gray)... AGDE 497
IV. Hémidact. taches- XX. F. de Gould, Dum.
rousses, À. Dum.. 461 XVII, 2. (Schl)........... 4198
e
V. H. atéle, À. Dum.. 462 XVIH, W. vert et F.. de Du-
VI. Phyllodact. d'Eu- méril, S. Müller... 498
rope, Gené....... 165 V. IGUANIENS ou EuNores.
VII. P.spinigère, D. (Gr.) 467 AU PREIGURRE
Sphériod. bizarre, . Laïmancte longipède,
Cuv., et Variétés. 469 XVII, 3,4. Wiegm........ .. 512 XXI, À.
VIII. Gymnodact. humé- XXI. Anolis à bandes
ral, Guich....... £74 transv. A. Dum. 515 XIX, 3.
IX. G. varié, À. Dum.. 473 } XXII. An. hétéroderme ,
X. G. brun, À. Dum. ADUM Eee. 516 XIX, 4.
(Stén. Hallow.).. 477 XXII. Corytoph. très-ca-
XI. G. élégant, D. (Gr.). #77 XVII, 46. réné, A. Dum.... 518 XX, 3.
XII. G. d’'Arnoux, À. D. 479 XVII, 5. XXIV. Basilic à bonnet,
XIII. G. de Perse, A. Dum. 481 A. Dum.......... 522 XXI, 1.
XIV. G. caspien, Eichw. 482 B. àbandes, Wiegm. 523 XXI, 3.
XV. G. coléonyx, A. D. B.àcapuchon,Daud. 524 XXI, 2.
(GTA) SET EE 483 XVII, 6. Amblyrhynque à
XVI. Sfénodact. mauri- créte, Bell....... 524
tanique, Guich... 487 A.deDemarle,D.B. 525
4. Les espèces précédées d’an numéro d'ordre sont décrites ; les autres sont seulement indiquées avec plus ou moins de détails.
Un assez grand nombre d'espèces inconnues au Musée de Paris, et dont la description a êlé donnée par différents zoologistes, est
signalé dans ce Mémoire, mais elles n'ont pas dû être portées à la table.
586 DESCRIPTION DES REPTILES DU MUSÉUM.
Pages. Planches. Pages. Planches.
Cyclure pectiné, XXXVI. Phrynosome à téte-
MWiegm.......... 526 plane, Hallowell.. 552
Enyale rhombifère, XXXVII. P. de Douglas, Bell. 554
Wagl........... 527 GENRE HOMALOSAURE,
En. à deux raies, Hallowell . ........ 555
Dum. Bib......... 528 GENRE CENTRURE, Bell. 556
XXV. E. téte-large, Guich. 529 XXXVII. C. flagellifére, Bell. 557 XXII, 5.
GENRE OPHRYESSOÏDE. 530 XXXIX. C. quatre-taches,
XXVI. O.trois-crétes, A.D. 531 XXII, 1. AEMDUMeE es eee 5E8 XXI, 4:
GENRE CROTAPHYTE, XL. Doryphore téle-
HOlbr:.ces cs 32 jaune, Guich.... 560
GENRE HOPLOCERQUE,
Léiosaure(Crotaph.)
à collier, À. Dum. 532 XXII, 3.
(sous le nom de Z. {rapu).
L. de Bell, Dum. Bib. 533 XXII, 2.
IAE ds 00 Use 561
XLI. H. épineux, Fitz... 562
B. IGUAN. ACRODONTES.
S.-GENRE MÉCOLÉPIDE
GENRE DIPLOLÈME, A.D. (Sazea Gray), 564
ENS ET 534 XLIL. A. tri-épineux, A. D. 564 XXIV, 4.
XXVII. D. de Bibron, Bell.. 534 XLNI. M. hérissé, À. Dum. 566 XXIV, 2.
D. de Darwin, Bell. 535 XLIV. M. sillonné, À. D. 567 XXIV, 3.
GENRE SAUROMALE , XLV. Lophyre spinipède,
AEDume ee .. 535 BODUME-E EE 568
XXVIIL. S. sombre, À. Dum. 536 XXII, 3. | XLVI. Z. épineux, Hombr.
Dee Holotropide (Léio- Jacq DORE EEE EEE EE 569
céph.) de Gray, D. 538 GENRE ARPÉPHORE,
XXX. H. téte-rude, A. D. 539 XXII, 4. ADM ES Aer 570
XXXI. Proctotrète mosai- è XLVIT. 4. à trois-bandes ,
que, Hombr. Jacq. 541 ARDUMEEE CE 10 571
XXXIIL Pr. gréle, Bell..... 542 XLVI. Grammatophore
XXXII. Pr. de Magellan, orné, Gray...... + 572
Hombr. Jacq..... 543 XLIX. 4game de Bibron,
GENRE Horprookrn, A. Dum.........… 574
Gin re 545 L. 4. sanguinolent, À.
XXXIV. A. tachetée, Girard. 546 Dum. (Pallas)..… 576
e LI. Stelliondu Caucase,
GENRE Ura, Baird À L
PE 4 Eichwald. ........ 578
HÉREREs fe ses LIT. S. du Cap, À. Dum. 579
GENRE PHYMATOLÉ- LIL. $. caréné, À. Dum.. 580
PIDE, À. Dum...., 548 f
XXXV. Ph. deux-carènes, poral, Valenc... 884
AID ME teieeteiats CEE XXII, 2, GENRE Mozocu, Gray. 581
GENRE ANOTA, Hall. 554 LIV. Moloch hérissé, Gr. 582
Fouelle-queue lem-
EXPLICATION DES PLANCHES. 587
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE XVII. — 4. Portion de l'abdomen du Platydactyle ventre-rude, A. Dum., p. 452.
Pages 439-490. — 2. Hémidactyle taches-rousses, A. Dum., p. 461. — 3. Sphério-
Geckotiens. dactyle bizarre, Cuv.; 3 & et 3 b, sa tête vue en dessous et une portion
du dos; 3 c, tête du même (variété blonde) vue en dessus; 4, le
même (wariélé à taches noires); & a, sa tête vue en dessous,
p- 468-470. — 5. Gymnodactyle d’Arnoux, A. Dum., p. #79; 5 a, l'un
de ses doigts; 5 b, portion du dos du même. — 6. Coléonyx élégant,
A. Dum. (Gray), p. 483; 6 a, sa main vue en dessous; 6 b, l’un des
doigts ; 6 c, région anale du même.
PLancue XVIII. — 1, 1 a, Platydactyle de Duvaucel, D. B. — 2, 2 &, 2 b, Platydactyle de
Pages 439-490. Boivin, A. Dum., p. 454. — 3. Platydactyle théconyx, D. B. — #4, 4 a,
Geckotiens. Platydactyle des murailles, D. B. — 5. Platydactyle des Seychelles,
(Pieds et doigts 2 et D.B. — 6,6 «, 6b, Hémydactyle mabouia, Cuv. — 7. Hémidactyle
3 fois la grandeur tacheté, D. B. — $. Hémidactyle Oualien, D. B. — 9. Hémidactyle
naturelle.) atèle, À. Dum., p. 462. — 10, 10 a, Ptyodactyle frangé, Cuv. — 41,
M a, Phyllodactyle porphyré, D. B. — 12, 12 a, 12 b, Sphériodactyle
très-petits-points, D. B. — 13, 13 &, Gymnodactyle gentil, D. B. —
14. Gymnodactyle élégant, A. Dum. (Gray), p. 477. = 15. Sténodac-
tyle queue-cerclée, A. Dum., p. 489. — 16, 16 a, Sténodactyle
tacheté, Cuv.
PLANCHE XIX. — À. Main d'Anolis resplendissant vue en dessous, Schl. — 2. Anolis de
Iguan. pleurodontes Valenciennes, D. B. — 3. Anolis à bandes transversales, A. Dum.
(Anolis). p. 515. — 4. Anolis hétéroderme, A. Dum, p. 516; 4 a et 4 b, tête et
portion des téguments du même.
PLANGHE XX. — À, 1 a, 1 b, Corytophane à crête, Boie; 4 c, dents du même. — 2. Cory-
Iguan. pleurodontes tophane caméléopside, D. B. (d’après Gravenhorst : Chamaæleopsis
(Corylophanes Hernandesii). — 3, 3 a, Corytophane très-caréné, A. Dum. p. 548.
et Basilics). — À, 4 a, Tête et dents du Basilic à bandes, Wiegm.
PLANCHE XXI. — 1. Basilic à bonnet, A. Dum., p. 322; 4 a, dents du même; 4 b, tête de la
Iguan. pleurodontes femelle. — 2. Tète du Basilic à capuchon, Daud., femelle. — 3. Tête
(Basilics du Basilic à bandes, Wiegm. — #4 et 4 a, tête du Laimancte longi-
et Laimanctes). pède, Wiegm., vue en dessus et de profil.
588
PLancne XXII.
Iguan. pleurodontes
(Ophryessoide,
Léiosaures, Cen-
trures).
PLANCHE XXII.
Jguan. pleurodontes
(Holotropide, Phy-
matolépide, Sau-
romale ).
PLANCHE XXIV.
Iguan. acrodontes
(Mécolépide).
EXPLICATION DES PLANCHES.
— 1. Ophryessoïde trois-crêtes, A. Dum., p. 531. — 2. Tête du Léiosaure
de Bell, D. B. — 3. Tête du Léiosaure à collier (Crotaphyte à collier,
Holbrook) nommé, à tort, sur la planche Léiosaure trapu.—4. Centrure
quatre-taches, A. Dum., p. 558; 4 à, tête du même. — 5. Tête du
Centrure flagellifère, Bell, p. 557.
— 41. Holotropide tête-rude, A. Dum., p. 539; 1 a, la tête vue en
dessus. — 2. Phymatolépide deux-carènes, A. Dum., p. 549: 2 a,
la tête vue en dessus; 2 b, portion des téguments amplifiée.
— 3. Sauromale sombre, A. Dum., p. 535; 3 a, la tête vue en
dessus.
— 1. Mécolépide tri-épineux, A. Dum., p. 564; 1 a, portion des téguments.
— 2, M. hérissé, A. Dum., p. 566. — 3, M. sillonné, A. Dum., p. 567.
— 4, Portion des téguments du Bronchocèle à crinière, D. B. — 5, Id.,
du Galéote versicolore, D. B. (Les détails sont du double de la gran-
deur naturelle.
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TABLE DES MATIÈRES
DES CARACTÈRES ANATOMIQUES DES GRANDS SINGES PSEUDO - ANTHROPOMORPHES,
PATIM ADUVERNON. - =. = ec eue rtmeeeieriiec eee mou due een peace
Avec 16 planches (pl. 5 à xvi).
COURS D'ANATOMIE COMPARÉE COMMENCÉ AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE,
le mercredi 23 avril 4854, par M. Duvernoy. Lecon d'introduction. ....................
MONOGRAPHIA MONIMIACEARUM, par M. L. R. TULASNE.............,.,..............
Avec 10 planches (pl. xxv à xxx1v).
DESCRIPTION DES REPTILES NOUVEAUX OÙ IMPARFAITEMENT CONNUS DE LA
COLLECTION DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, et remarques sur la classification et
les caractères des Reptiles (deuxième Mémoire), par M. AuG. DUMÉRIL....................
Avec 8 planches (pl. xvir à xxrv).
FIN DE LA TABLE DU HUITIÈME VOLUME.
Paris. — Imprimerie de J. Claye, rue Saint-Benoît, 7,
Pages.
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1 PORTION DE L'ABDOMEN DU PLATYDACTYLE VENTRE-RUDE,; 29 HEMIDACTYLE TACHES-ROUSSES; 3. SPHÉRIODACTYLE BIZARRE ;
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SA TÊTE VUE EN DESSOUS; 5. GYMNODACTYLE D'ARNOUX;, 52 LUN DE SES DOIGTS; 5? PORTION DU DOS DU MÊME; 6. COLÉONYX ÉLEGANT ;
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4. PORTION DES TÉGUMENTS DE BRONCHOCÈLE À CRINIÈRE; 5. id. DE GALÉOTE VERSICOLORE.
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