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ARCHIVES
COBEESPONDANCE INÉDITE
DE LA MAISON
D'ORANGE-NASSAU.
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ARCHIVES
CORRESPONDANCE INÉDITE
SE LA MAISOU
D'ORANGE-NASSAU.
RECUEIL
PUBLIÉ, AVEC AUT0BI8ATI0N DE S. M. LE ROI,
Mr. a. aaoBK vAir fbzitstskbb.
«•HE m.
1625—1642.
CTBSCHT,
KEMINK ET FILS.
1859.
,, Google
ï-^¥-2
î
//eth.2ûl/.0.S.tf
DEC 4 1S89
,.GoogIc
Sous un double aspect, ce tome offre un intérêt
particulier.
Les dix-buit années qu'il embrasse', marquent, dans
l'histoire moderne, par les vicissitudes de la terrible
lutte contre l'Espagne et l'Autriche coalisées, dans
celle des Provinces-Unies, par leur prospérité crois-
sante, au milieu des diiScultés et des périls et, dans
les annales de la Maison d'Orange^Nassau, par les en-
treprises et les succès de Frédéric-Henri.
Des 378 lettres, ici réunies, plus de la moitié ap-
partient à la correspondance d'un de nos plus clair-
voyants hommes d'Etat, François d'Aerssens, seigneur
de Sommelsdjck. Agissant de concert avec le Prince
d'Orange et avec le Cardinal de Richelieu ('), il contri-
bua, par la sagesse de sa conduite et de ses avis, à
O Celui-ci disoit n'avoir coddq que trois grands politiques ,
Oxenstiem, Tisconti et Aerisens. Le savant et judicieux éditeur des
LOtru de Richelieu (I. p. S7I), trompé par des appréciations in-
justes, a révoqué cette anecdote en doute. Il se peut que le mot
n'ait pas été prononcé; mais une connoissance plus complète des
lettres de M. de Sommelsdyck suffira pour convalDcre M. Ave-
nel loi-même qu'entre ces esprits d'élite l'admiration a dû être
réciproqna.
■ ne 1025 1 1642.
m. I
,,GoogIc
préparer les remamements diplomatiques, qui', eo
1648, pacifiant une grande partie de l'Europe, aanc-
tionnèrent l'indépendance de notre patrie et mirent la
République, glorieusement émancipée, au rang des
Puissances les plus considérables de la Chrétienté.
I.
Il y a de Frédéric-Henri dix lettres ou minutes
autographes, où l'on rencontre des passages ciurieux.
Ainsi il témoigne, en 1639, ses regrets au Roi d'An-
gleterre de ne pouvoir lui envoyer des troupes poiur
réduire l'Ecosse: „je voudrois qu'il m'euat cousté de
mon sang que S. M. peoat recevoir la satisfaction qu'elle
désire"'. Et, en 1640, quand le même Roi songe à
donner sa fille à l'héritier de la couronne d'Espagne, le
Prince écrit à M. de Heenvliet, envoyé par lui à Lon-
dres: „tout le monde s'estonae grandement qu'im Roy
si prudent veuille mettre son royaume en péril d'un
estrange changement, à l'instigation de ceux qu'il co-
gnoist cstre ses anciens ennemis; faites les un peu
ressouvenir de ce qui est arrivé en Angleterre, par
le mariage de la Reine Marie et du Roy Philippe"'.
Vîngtcinq lettres ou minutes, pour la plupart rela-
tives à une alliance de famille avec Charles I, sont
écrites et apparemment rédigées par le secrétaire
de Frédéric-Henri; distingué par son esprit, ses con-
noiasances, ses talents, poète et litérateur, le célèbre
Constantin Huygens, seigneur de Zuylichem. Il n'a voit
que 29 ans, lorsque en 1625 le Prince, succédant
' > Feu d'ino^ «prêt n mort m IMl. ■ p. lU. ' p. 190.
,,.GoogIc
au stadhoudérat, lui conféra cet honoral)le et laborieux
emploi , et alors déjà Âersseos lui rend un témoignage
flatteur: „I1 n'y a nul de voz amis qui se resjouysse
de meilleur coeur de vostre avancement et contente-
ment que moy, qui ay une très-certaine connoiasance,
par des vrayes preuves, de vostre portée et mérite,
f t ay longuement désiré une pareille occasion pour les
Caire mettre en veue, m'asseurant que non seulement
son Exe, mais tout l'Estat se trouvent bien servy de
cette élection" ' (').
Chacun sait que Frédéric-Henri fut un des plus
illustres guerriers de son temps. De fameux généraux '
vinrent se former à son école; la lisière méridionide
du pays fut révêtue par lui d'une ceinture de places
fortes arrachées à l'ennemi; la conquête de Bois-Ie-Duc
et de Maestricht, malgré des obstacles en apparence
insurmontables, chefs-d'oeuvre d'habileté et de persé-
vérance, auroient déjà sufQ à établir sa gloire, et d'Es-
trades écrit : „jamais capitaine n'a eu plus de fenneté
et d'intrépidité que lui, ni une plus grande vigilance
.pour pourvoir à toutes choses"'. On comprendra donc
combien je regrette de n'avoir ici presque rien à
publier sur les aflaires militaires.
Il est vrai , un exemplaire des Mémoires de Frédéric'
Henri, écrit d'une main inconnue, est conservé dans
les Archives de la Maison d'Orange; mais il paroît
conforme au manuscrit découvert dans la bibliothèque
0 Le ton des lettres que loi adressent Justin de Nassau,
Mr. Boreel, et la Princesse d'Orange (L. 479, 480, 482, 493 et
609) montre la haute considération dont il jouiasoit.
• p. 1. I Bernard de Siie-Weimar, le Gnnd- Électeur, ToTttenion,
Chu-ln-GaattTB, Tomiiie. • Lettret et Sigce. I, 65.
,, Google
de la Princesse d'Anhalt, sa fille, et publié en 1733,
. les difierences se réduisant à celles indiquées par l'é-
diteur M. Beausobre dans la préface. On y lit çà et
là les louanges du chef, soigneusement effacées par
Frédéric-Henri, dans les copies dont il fit cadeau à
ses enfants (').
D y a également aux Archives beaucoup de piècesr
appartenant à !a correspondance officielle, soit du
Prince et de ses officiers supérieurs, soit des auto-
rités militaires subalternes. Soigneusement examinées,
elles pourront répandre beaucoup de lumière sur le
détail des préparatifs et des opérations de la guerre ;
mais cet examen appartient aux hommes de l'art et
une correspondance de ce genre seroit déplacée dans
notre recueil 0-
Enfin M. de Zuylichem, accompagnant Frédéric-Henri
à l'armée, informoit régulièrement la Princesse, avec
une exactitude minutieuse, de tout ce qui sembloit de
nature à pouvoir l'intéresser. De là une infinité de let-
tres et de billets; souvent (à cause du danger des com-
mimications et pour les soustraire plus facilement aux
perquisitions de l'ennemi) écrits sur de petits brins
de papier en caractères microscopiques. Mettant la
main sur les volumes où Huygens les a rassemblés avec
un soin extrême, je me flattois avoir fait une préci-
(') Par ex., quand Bois-le-Doc capitule, on lit: «ainsi cette
ïille fut rëduite en l'obéissance de l'État, par la vertu, valeur et
diligence du chef;" tandis que le manuscrit imprimé y substitae
modestement ces seuls mots : „par U» devoirs du chef."
0 J'ai été heureux de pouvoir cnmmuniquer ces pièces à Mr. De
Bordes, lieutenant du génie, qui en a fait usage, avec profit, dans
son exposition remarquable des événements de 1629. {De verâe-
diging va» NederUmd in 1629. Utrecht, 1866.)
,,Googlc
euse découverte; je n'en ai pu extraire que de rares
fiagments '. Il se peut qu'en les confrontant avec
d'auti'es sources historiques, on y remarque des par-
ticularités inconnues; mais, en général, c'est une
chronique passablement aride de faits qu'on lit égale-
ment partout ailleurs, rarement assaisonnée d'un mot
vif ou piquant, qui témoigne de l'enjouement habi-
tuel de l'écrivain bel-esprit qui en est l'auteur. Même
au milieu d'événements graves et solennels, on l'on
est en droit de s'attendre à une réflexion sérieuse ou
à l'expression d'un sentiment généreux, on ne retrouve
que cette légèreté insouciante qui dépare assez sou-
vent ses écrits (').
Il y a néaumoios, sur les actious mémorables de Fré-
déric-Henri, quelques passages, dans les lettres de M.
de Sommelsdyck, qui méritent d'être cités. — En 1637
il fait, par avance, un magnifique éloge de la prise de
Breda „Le dessein que vous poussez est très-grand;
la ville en ses fortifications est le chef-d'oeuvre de feu
monseigneur le Prince d'Orange, qui estoit l'Archi-
mède de nostre temps en cette science; le marquis
Spinola ne l'osa attaquer que par la famine, et V. À.
venant à la prendre, outre la grande gloire que ce
(1) J'oi éiê également désappointé, en parcourant lea recueils
formés par Huygena dea lettres dont de graoda personnages et
des hommes illustres l'ont honoré. Ici encore je comptois sur une
riche moisson , mais ces collections , curieuses sans contredit
ponr nn amateur d'aulograpbes, ont, pour l'histoire, fort peu de
valeur. Ce sont les Lettre» de Grande à moi et les quatre volu-
mes de Brieoe» van luiden pan Slaat in de Fereenigde Nederlauden
aom mij, dont il est &it mention par Mr. BaVhuîzen van den
Brink dans son Overtigt vm ket Ned, Bv^-^eit^ (»Kas^ 1854,
p. 40).
,, Google
luy sera de l'avoir arrachée de la puissante main du
Roy d'Espagne, décidera encor cette ancienne ques-
tion, sy la nature est plus ingénieuse à se conserver
ou à se destruire, puisque vostre attaque se prend à
une place fortifiée en perfection et soubstenue d'une
puissance surpassant de beaucoup la vostre'". £n
1638 un lieutenant du Prince s'attira un rude échec;
„ce grand désastre a faict avorter l'espérance que nous
avions conceue de vos sages conceptions; mais vous
sçavez par expérience que les armes sont journalières
et qu'une terreur panique vient de la main de Dieu ,
auquel je rends grâces que cette retraite est avenue
loin de vous et sans vostre sceu, qui aurez seul l'hon-
neur du redrès de ce désordre " '. — Sou ven t les François ,
exigeants et ingrats, se plaignoient du Prince. On lui
en vouloit, en 1687, de n'avoir pas investi Dunquer-
que; mais „la France n'a point de subject de reprocher
à V. A. d'avoir rien altéré au project de sa convention,
car elle et tout le monde peut juger de vos inten-
tions, par la contrariété des vents"', — En 1639 „on
se plaint de la lentitude de V. A.', mais c'est assez
qu'au moyen d'avoir porté vostre armée au rendévous
en estât de faire peur et mal, les Françoys ayent eu
depuis tant de temps leurs coudées franches, pour
prendre leur avantage sur tant de villes ennemies"'.
' p. sa. * p. 122. • p, 9».
* Richvlleu écnToit à d'Eatndeg: ,,vauB coqnoissoz ma humeur lente, et qui
leut Tuir ks choen aiBDréea avant qnc d*e)(ir, ce qui fait souieut jierdre les
oecnaioDs qu'on ne peut plua reeouTrer." Letirri tl négoe de iEttradet. I.
26). Kt. dans sea Mémoiret, >c reudftDt coaiple da pea de succès de In
campBjtnc de I63G: ,.il semble," dil il, ,,que li inie raison est que Is Prince
d'Onin^ est aussi peu hisardeui et peu aceoulumj i une guerre de campagne,
comme il est excellent aux sliges , ail il a été nourri tonte sa vie."
• p. lie.
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„Cest l'ordiDaire d'un malheuT qne d'en chercher la cause
où elle n'est point" '. — D'injustes détracteurs ne cro-
ycient le Prince propre qu'à la guerre des si^;es, des
canaux, et des marais; ne voyant pas qu'il étoit par-
ticulièrement tenu de ménager ses forces et de ne pas
aisément s'exposer aux chances d'une défaite. Voici,
à ce sujet, une observation fort remarquable d'Aers-
sens au maréchal de Châtillon: „Lb condition de cet
Estât ne comporte poinct de recourrir à un combat
général, et partant devons user de grande circonspec-
tion à faire les choses avec seureté, pour ne perdre,
en un seul coup, ce qui a esté ménagé soixante et
dix ans de long. Vous sçavez que nostre milice pour
ta ptuspart est composée d'estrangers, lesquels, une
fois rompus, dont Dieu nous garde, ne se sçauroyent
reffaire si promptement; et, qui pis est, les peuples
estoonez en perdroyent le courage, l'espérance, et l'or-
dre ou la vollonté de plus contribuer"'.
Plus que son frère Maurice, Frédéric-Henri avoit le
talent et le goût de la politique ; néanmoins lui aussi
fut avec les États, avec ceux de la Hollande surtout,
en perpétuel désaccord. Les dépêches des envoyés de
la France en font souvent mention. En 1634 Char-
nacé écrit de la Haye: „le Prince est pis que jamais
avec les Estats-Généraux, particulièrement avec quel-
■ p. 148.
■ p. lis. — Ccd eipliqu« poorquoi, comme dit M. Micbeict (Rieii&m ttla
Promet, p. i), en Hollande „le plu* KiDTeat il a'tgiBsait de aiègta. On restsit
U no ID , (tcDi >ni, troia bdi , le pied dm l'na , i bloquer ici entiflij Dément
une méchuite plice". Il ijonte: „Pliisieitn eniaent mieai lim^ se faire taer.
Mais ce pHTerDCment fcoDome oe le pemiettiit pu. Il leur diatiit; „Vods
noua coûteilrop cher'"*. — L'inleur sem Mo n'avoir pas renitirquéqne cegouTer-
pement prudent, duu nw litoatioD narent très-ciiliqaB , Tonloit antttmt jriter
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ques-una de Hollande qui mènent le reste"'. Adrien
Pauw, seigneur de Heemstede, pensionnaire de la pro-
vince, sembloit assez enclin à imiter Barnevelt. Vers
la même époque, une lettre, si ce n'est écrite, au
moins inspirée par Richelieu, contient à cet égard, un
conseil énergique. „M. le Prince d'Orange s'est fort
bien comporté en cette occasion, de n'avoir point
voulu traicter séparément avec lesdéputtezdeHolande,
et de les avoir réduitz enfin à traicter conjoinctement
avec ceux des autres provinces. Si Pau coiitinue à
agir comme il a fait depuis quelque temps, et que
le Prince d'Orange de son costé persiste dans les bon-
nes résolutions qu'il a prises, il semble qu'il faut né-
cessairement que l'un des deux se ruyne, parla grande
contrariété qui sera tousjours dans leurs opinions;
mais, pour mieux dire, ne faisant nulle comparaison
entre les deux, il sera absolument nécessaire que M.
le Prince d'Orange ruyne Pau, s'il ne veut perdre le
crédit et l'authorité qu'il doibt avoir dans les États"'.
On prétend, et ce n'est pas à tort peut-être, que
Frédéric-Henri manquoit de décision dans le caractère,
et que sa circonspection excessive, son esprit irrésolu,
Duisoit à son crédit. Toutefois son influence dans les
Etats étoit souvent très-utile. Lors du traité avec la
France en 1634, Aerssens atteste: „le Prince a puis-
samment aydé à faire accepter ceste alliance et, sans
son intervention et sage persuasion, nous fussions tous-
jours restez eu irrésolutions"'. Sa présence eoncilioit
les esprits. C'est ainsi que, les velléités pour une
paix intempestive devenant menaçantes, Aerssens écrit:
' p. 38. » p. 42. ' p. H.
,, Google
..comme V. A. açait, il y a des provinces qui se lassent
de la campagne, mais la présence et la prudence de
V. A. peut tenir les choses en bride, pour balancer noz
désirs et les compasser à la senreté du dedans et aux
occasions" '. „Nous aurions bien besoin en beaucoup de
cboses de la présence de V. A., mais elle sera surtout
nécessaire devant la prochaine et grande assemblée
d'Hollande" '. — D'ailleurs , pour apprécier l'habileté du
Prince, on doit constamment se ressouvenir des difficultés
inhérentes à l'organisation singulière de la République.
Il fftUoit beaucoup d'adresse, de persévérance, surtout
aussi de calme et de longanimité, pour faire prendre
les résolutions, même le plus manifestement indispen-
sables. C'est encore Aerssens qui fait judicieusement
sentir au maréchal de Chàtillon que le pouvoir absolu
est plus expéditif qu'un réf^ime de liberté. „Le Prince
d'Orange est en condition différente de celle du Roy, qui
n'a qu'à vouloir; car icy il fault de l'argent, pour mettre
ses conceptions à exécution, lequel procède lentement
et ne peut estre obtenu des provinces, lasses et pour
la pluspart espuisées, sans évidente démonstration de
quelque notable advantage, que plusieurs ne recog-
noissent poinct aux conquestes des villes , veu que leurs
charges en augmentent, et pourtant elles ne sont tan-
tost plus pour mener par persuasion. Néantmoins je
ne doubte que son Altesse ne surmonte encore cette
difficulté par sa prudence et dextérité à manier ces
esprits"'. „S'il y a parfois de la longueur, elle procède
de la nature de ce gouvernement, composé de plu-
sieurs provinces, qui en la conduite des armes ont
,, Google
souvent leur désirs différents, et lesquels S. A. doibt
sunnonter par persuasion, au moyen du bénéfice du
temps" '. „No8 provinces ont de la peyne à conve-
nir de l'employ de rarmée, l'une la demande icy,
l'autre ta; tel désire qu'elle ne bouge, un autre pro-
pose de la proportionner aux revenus de l'Estat D'une
telle diversité d'intérêts et de sentiments S. A. doibt pren-
dre ses conseils, et, s'en desmellant peu à peu, porter les
affaires à leur vrai poinct; ce qui ne se faict sans grande
contestation, ny sans perte de beaucoup de temps"'.
La patience du stadhouder étoit fort grande, mais
enfin, poussé à bout, il montroit de la vigueur. Char-
nacé, se plaignant de Pauw, ajoute: „le Prince me paria
confidemment et, en suite de plusieurs autres choses,
me dit que ces messieurs là n'en estoient pas encore
oii ils pensoient ; que la trêve ne se feroit pas comme
cela par faction, s'il plaisoit au Koy de tenir bon, et
que l'on ne luy fait pas, comme à son feu frèra à
l'autre trêve; qu'il parleroit autrement, estant de retour
à la Haye, qu'il n'avoit fait par le passé"'. Le con-
seiller-pensionnaire faisant sonner fort haut les volon-
tés de la Hollande, il lui repartit „que ce n'étoient
que quatre ou cinq, aveuglés de leur intérest privé, qui
n'étoient pas raisonnables, et qu'il n'étoit pas juste
qu'ils gagnassent au préjudice du public"*.
Malgré une opposition, quelquefois violente, et à
travers la diversité des complications de la guerre,
le Prince demeuroit sincèrement attaché à l'alliance
Irançoise et aux grandes vues de Richelieu. Les témoi-
' p. 117. ' p. lis. ■ p. 38.
* p. 47. CtiarDocé fcrit; „je te ffi; de trîi-baDiiB part et comme à j'y
,, Google
gDsges de sa fidélité aboodent, en paroles et ea ef-
fets'. — Les États, en 1634, iDclinoient à une trêve
avec l'Espagne. Le Prince se laissoit-il ébranler? au
contraire. D'îq)rè8 Chamacé, „il leur parla une heure
entière, comme s'il eust esté envoie du Roy; ensuite
lenr reprocha le péril où ils mettoient cet Estât par
leur aveuglée passion à la trêve et leur mauvus pro-
cédé avec S. M., de laquelle ils ne sçauroient marquer
aucune chose en laquelle elle leur ait jamais manqué ;
que c'estoit l'unique ami de cet Estât et le plus asseuré
que le ciel leur peut donner, le Roy d'Espagne au
contraire leur implacable ennemi et étemel; que néant-
moins il voyoit que les vaines espérances qu'il donne,
sont bien plus volontiers escoutées et mieux reçeues
que les véritables promesses du Roy; ce qui, luy sem-
blant si déraisonnable et contraire au bien de son pays,
pour l'intérest qu'il y avoit, il estoit résolu de ne le
plus soufirir"'. Il ne vouloit pas entendre parler de
paix séparée, quelque avantageuse qu'elle pût être.
Prévenir ce manque de bonne foi n'étoit pas chose
facile. „0n sçait," écrit Aerssens, „ combien V. A.
prend de peine que les ennemis ne soyent escoutez
que conjointement avec la France"'.
Allié constant et sûr, il faisoit preuve, quand il le
falloit, d'indépendance et de dignité. En voici deux
exemples. D'abord sa conduite envers M. deHauterive,
' ,,Son ÉminCDce," â:rit Aertaeni u mirécbil ie Ch&tïlba, „a'eD faitniit
bicD informer, pcolt nenur le Prinee d'OnDge tj, ayant à réunir en m
tiiit parmi an peuple, il n'effectue pu toat ce qn'il d^ira bien; msii j'oie
entrer en anlion poar loj qo'il no peut eatre mieux inlentionn^ i entreprendre
qoelqoe conp d'ioiporlaiice , ai les ennemii ta; font jour; car il sfait que l'u-
milié do Rd eil n^enajre à eet Eitat et que S. H. d^ire ^ii'il «girae pui«-
moment, comme U ot ditibiri de fiire". p. IIS.
• p. 48. • p. 138.
,, Google
— xn —
mêlé à des intrigues contre Richelieu et qui , réfugié en
Hollande, y avoit reçu un bienveillant accueil. Charnacé
insinuant que son éloignement seroit agréable au Koi ,
le Prince prit feu et dit ..qu'il sembloit bien es-
trange qu'après avoir reçeu et gratifié Grotius, inco-
gnu au Roy et condamné en Hollande, l'on voulust
maintenant faire chasser Hauterive, non accusé et bon
serviteur des Estats; que c'estoit proprement les ren-
dre ministres et exécuteurs de toutes les passions du
cabinet et de la cour, ce qui les rendoit subjets et non
libres, comme ils sont"'. ,.I1 luy parla altièrement et
e'emporta souvent à dire des choses qui eussent obligé
Charnacé à tout quitter, s'il n'eust jugé la nécessité
d'entretenir l'afiàire"'. Même, quelques jours plus
tard, „il s'emporta de telle sorte, et dit des choses
qui me picquèrent si fort, que je confesse que, si l'af-
faire n'eust touché qu'à moy, je l'eusse rompue abso-
lument, quand j'eusse deu périr; et d'autant plus que
le lendemain, allant disner à deux lieues d'icy, entre
tous les François qui sont en ce pays, il ne choisit
que celuy-là"'. — Le second trait est de 1641. M. de
Beverweert, envoyé par le Prince à Paris, y fut quelques
jours , sans être reçu par le Roi ; surpris et mécontent
le Prince écrit: „je trouve assez estrange qu'on ayt tant
remis à vous faire veoir le Roi, et seroy bien d'advis,
en cas que l'on continuast de vous tramer, que vous
fissiez paroistre d'avoir intention de vous retirer, voire
que le fissiez effectivement"*.
Ambitieuse et ardente à se mêler de politique, la
,, Google
— xvn —
Princesse d'Orange' Amélie de Solms, par sa beauté
et son esprit, exerçoit un grand empire sur Frédéric-
HenrL „Elle a", écrit Charnacé, „mi infini pouvoir
sur lui. Je la crains extrêmement; on reconnoit visi-
blement en elle aversion pour ce qui nous touche"'.
Ses sentiments envers la France varioient par des con-
sidérations égoïstes et secondaires, et à Paris, pour la
concilier, les cadeaux n'étoient pas réputés inutiles*.
Son fils unique, dont la carrière eut tant d'éclat et
si peu de durée, Guillaume II, étoit ..Prince bien né,
beau , judicieux au delà de son âge" '. A quinze ans fiancé
de laPrincesseMaried'Angleterre.ilse rendit, en 1641,
à Londres. Témoin oculaire de sa réception solennelle.
M. de Sommelsdyck écrit au Prince: „elle a été telle que
ne l'eussions sceu espérer plus honorable, et de son costé
il a sy plènement contenté leurs Majestez, les grands et
le peuple, que tous ont admiré en luy les dons de sa
nature et la perfection de son éducation. Il a prononcé
ses petites harengues de sy bonne grâce et avec tant
d'asseurance que cette action est pour luy acquérir
rwDour de tous. Cest tout ce que j'en diray, et, sur
■ II T ■ ici dtùi àe us lettre! {L. 493 et SIS.) ' p. SS.
■ Kiclieliea loi écrit: „L« corn ipsd dément du Roi me met la plnms en main ,
poor Tau prier de » piirt de recnoir un pr^jent qui ne pent estre âigat de
tooi qn'ï csuM de celnj qui voua l'entoie." CVtoit des Irauda d'oreille.
le cardinal ^oute: „ Lei eiiDemis GOmmoDi de ce ro^gome et de» FroTinoa-
Dnica ne pouiant nous Aire ml que par lee oreillet, 8. M. l'a choiii eipna-
lânent tel qo'il est, non Mnlement pour loui lesinoî)iner qu'il n'escouten ja-
naia ancDEn cboae qui puitte estre an pr^udice du bien commua, maii anaai
pMir fOBS fiire eognoiitre qu'elle ae lient lueurée que V. A. el moDBieur
k Prince d'Oran^ ferés le meime de voitre part," La Friaeewe répond:
„ D'autant qoe sar le ■qject de cette faveur, il tou> a pieu me donner aiiaqne
DO* ennemis coniuinni ne nous penvenf hin mal qne par ies oreilles, je len*
pTDmet* que lea mienoo ne leur aeronl jamais ooverlea." (p. 1E6).
Tneni. p. i2S.
,, Google
ma conscieDce, sans flatter; à pêne de perdre l'hon-
neur de vo^ bonnes grâces, sy je n'eu diz moins que
la vérité" '. Il est permis de croire qu'en effet le jeune
Guillaume fit une impression favorable, par la noblesse
de son extérieur et par la vivacité de son esprit*.
Lui-Qiêtne, après le récit de son débarquement, ajoute:
„j'allai chez ta Princesse , laquelle je trouvois plus beUe
que son portrait,"' et ailleurs, au détail de la célé-
bration de son mariage, il met cette excellente préface:
„V. A. me commande de luj mander comme je vis
avec la Princesse et si je suis fort amoureux; c'est
pourquoi je diray à V. A. comme tout est. Du com-
mancement nous avons esté un peu sérieux tous deux,
mais à présent nous sommes fort libres ensemble; je
la trouve bien plus belle que la peinture; je l'aime
fort, et je crois qu'elle m'aime aussi"*.
Passons à la branche cadette et voyons ce qm con-
cerne les rameaux de Dietz et de Siegen , descendants
de Jean de Nassau.
Henri-Casimir de Nassau-Dietz avoit remplacé, comme
stadhouder de Frise et de Groningue, son père le
■ p. «1.
■Le comle àe Wirnidc écrit à la FriacuM: „ Ssna Sïtter, Maânma,
parmsttâ mo; de ijn i V. A. «lue tous ath dd tria-geDlill ariilier à diod-
Kignear vottie fil», qui l'est comporté li biea qu'il a gagné tout le monde
iof, et fiict uoe enlière conqasale de toat ce psyi." p. iii. A md départ la
Seins écrit i son père: „ Je voua auure que c'est avec beaucoop de regretqoc
je quitte mon beau-flls, estant sy gentil qu'il est; il m'a tellement gagnée que
ce qui m'a donné de la joye, en le TOfant, oanae ma trillesse en me séparant
de lojr." p. 471. Le Roi de mËme: ,.Je voua aisaure que ta personne eat si
estimable que ce m'est au double conlen tentent dam cette aliauee , et que c'est
Mcc beaucoup de r^ret qu'il faut qa'il noua quite, l'estimant comme mon
enfant propre," p. 471. — Apparemment il y avoit ploa ici qoe de» formalea de
politease hamtle , auiquellea d'ordinaire «e léduUent de pareillaa proteatatîona.
' L. 716. • p. MO.
,, Google
v&Ulaat Ernest-CHsimir, mort en 1632, devant Rure-
moode, poar la défense du pays. Écrivant à la du-
chesse de fininswick , sa mère , il se montre d'ordinaire
très-satisfait de la situation de ses gouvernements. „Les
affaires vont, Dieu-mercy, assez bien par deçà, encor
que mes ennemis , ou plustost ceux du bien publicq ,
ont tasché de me faire un tour par ceux de la cour
de Justice, mais yls ont estez empescbez et semble que
cecy servira au contraire pour me donner tant plus
de crédit et autborité"*. Il vante surtout la situation
des esprits en Frise. „En ceste province mes affaires
sont en bonne posture, et en meilleure qu'ils n'ont esté
du temps de feu messieurs mon oncle et père; mes
ennemis sont désuniz entre eux et viènent de deux
costez rechercher mon amitié; mes amis se tesmoi-
gnent tels plus que jamais, et ceux qui nageoient au-
trefois entre deux eaux, me font démonstration de
bonne volonté; les villes tesmoignent généralement d'es-
tre satisfaites de la présente façon de l'élection des
magistrats, tellement que, quand à mon particulier , je
ne le sçaurois souhaiter mieux" '. Il ne jouit pas long-
temps de ces avantages. Généralement loué et re-
gretté, lui aussi, n'ayant que 39 ans, périt en 1640
les armes à la main.
Sa mort fiit l'occasion d'un grave dissentiment en-
tre les deux branches de la Maison de Nassau. En
Groningue Frédéric-Henri lui succéda, en Frise les
Etats élureut le frère unique du comte, Guillaume-
Frédéric. A la Cour de la Haye, oil l'on s'étoit flatté
de faire nommer le Prince dans tes deux gouveme-
' ^ xis.
,, Google
ments, le souvenir de ce fôcheux mécompte n'étoit pas
eQcore effacé en 1642. CorDeiUe de Sommelsdyck,
après la mort de son père, écrit au comte-stadhouder:
„le défunt n'a désiré que vostre bien , honneur et rac-
commodement à plain entendement en ceste Cour; le
temps et aultre entremise vous peult redonner tout
cela" '.
Là-dessus je communique des documents curieux.
D'une érudition et d'une capacité peu commune',
M. le Leu de WÎUhem, beau-frère de M. de Zuyli-
chem, adresse à celui-ci, sur cet intérêt majeur, quinze
lettres, où, avec beaucoup de vivacité d'esprit et de
style, il lui soumet (afin apparemment de les faire par-
venir au Prince) de graves considérations. Il insiste
sur la nécessité de concentrer les sept provinces sous
un chef unique, et il montre les ressorts secrets que,
dans cette conjoncture, il étoit urgent de faire agir.
Traitant la question en homme d'État, il observe que
la séparation des gouvernements et de la milice, non
seulement nuit à l'unité de direction indispensable à la
guerre et pour l'administration du pays, mais qu'elle tend
en outre à produire une dangereuse rivalité entre les deux
branches de la Maison de Nassau. „Toutes les raisons
d'Estat et l'intérest particulier de S. A. requiert que
ce gouvernement et ceste milice ne demeure plus sé-
parez comme ils sont présentement, et sur tout en
cette branche, si ce n'est que S. A. trouve boa de
contracter quelque plus estroite alliance avec le chef
d'icelle'"('). „Pour la milice et pour la police, pour
C) Après ta mort de Frédéric-Henri le comte épousa sa fille
Alberti ne- Agnès.
' p. 604. * SbIod Bnjric „an dea bommea illantrea àa I7> iiècU." * p. S61.
,,.CoogIc
l'exemple et pour la conséquence, il faut qu'il y ayt
correspondance à un mesme chef et général , autrement
il s'en ensuivra la dissolution et rupture de l'Union de
ces provinces, et le retranchement et diminution de
l'authorité de S. A., que Dieu ne veuille" '. — On sou-
haitoit l'élévation du Comte, afin d'abaisser le Prince.
„II faut que vous sçachiez qu'il est tout certain que
plusieurs ici de nos plus grands politiques, auxquels
S. A. peut-estre ne se fie que trop, seront marris de
ce que ces gouvernemens ne demeurent à part, sans
estre joincts aux aultres provinces en la personne de
S. A., et par conséquent à son fils le jeune prince,
afin que S. A. soit moins redouté et aye moins d'au-
thorité es provinces "'. — Les États (ceux de Hol-
lande en 1609) avoient, selon M. de Willhem, mani-
festé, l'intention de réunir, après la mort du comte
Guillaume-Louis, les provinces sous l'autorité de Mau-
rice '. „II est temps," écrit-il, „que messeigneurs les
Estais s'acquitent de leur promesse, voire de leur do-
nation "*.
n n'avoit pas du Comte une opinion favorable. U
parle de sa légèreté, de son peu de sens et d'expé-
rience; „ jeune seigneur volage et inexpérimenté"';
capable de sacrifier les droits d'autruî à sod intérêt
propre *. On ne veut pas lui fermer la carrière po-
litique; il sera lieutenant du Prince; on conciliera
ainsi ses prétentions, en ce qu'elles ont de légitime,
avec l'intérêt et le droit public. Un tel honneur, à
> p. BDO. ' p. 274. • p. 26i. * 261. • p. 271.
* i.CoDsidfns ha TfioIntiaDi à cniadrc, cd eu de mort qai pourroit «rriKr
i 8. A. Si le Comt« GoUlaonie iBccédiit, qu'il ponrroit marpcr aar is JMne
Prisoe, dartnt *■ minorilj, et UMJter d'intres trcnblM ani occuioDi, ptr la
totatitotioii duu U Frindputf d'Orangs". p, 2BB.
UL it
,,Cooglc
défaut du stadhoudérat, o'étoit pas à dédaigner. Au-
trefois GuillBame I avoit conféré cette charge aux per<
aonnagea les plus considérables et „le comte Guillaume-
Louis, chef de cette maison, n'a pas tenu à honte de
se veoir dans tel emploi" '. — „J'estime, que le comte
n'osera entreprendre de briguer ouvertement le gou-
vernement, sans l'advis de S. A.; qu'il se contente qu'il
soit lieutenant de S. Â. et qu'il tire les émolnmens,
cela ne snfBra-il point? n'y auioit-il pas moyen de
gagner le comte mesme d'accepter volontiers ce parti
et l'engager par une convention , en sorte qu'il ne
puisse accepter le gouvernement?" ' „ J'estime qu'il
n'oseroit répugner à la bienveillance de S. Â., qui lui
pourroit ofirir les émolumens aique diffmtaiia imaginent ,
le déclarant son lieutenant et l'attirant par autre cor-
delle d'alliance et de courtoisie, dont S. Â. se peut
prévaloir à l'occasion, selon sa prudhommie " '.
M. de Willhem entre dans des détails intimes sur
la manière de gagner les esprits. Il est urgent de
faire entrevoir à la Cour de Justice et aux villes les
intentions favorables du Prince*. Dans les villes on
est à même d'exercer une grande influence par l'in-
termédiiiire des ministres réformés. „S. A. a la bonne
commodité de les faire catéchiser par les ministres
d'église, comme ils* ont fait, autant le fils que le
père"'. „Un mien ami de Frise me fait ouverture
I p. 8TB. ' p. 267. > 268.
* „Si S. A. ; Tcnt pr^tendn, «Ils un iDCOntinent la tiIIm de Fii<« 1 n
dérotiaD «t 1> Conr, Inquellc* «erant iH'ni aiaea de receuillir la âronn de
S. A., poar gtigner an on deai poînU ds leur lihertei uturpéi» par !e comte
HsDri. Il n'ifoit pu tenlement ost£ \ U Cent l'anlboritë qa'elle SToit en
l'élection Ae» magUtrnta à villei eomniBniciliieiDeDt itcc Ioj, in^ lOMy *nx
ittles la ditpoution Ata efaargei". p. 8B1.
* EnKel'Cuimir et Uinri-CuiDiir. * p. 2SI.
,, Google
1er au gouvernement, contre la liberté de la province
et comme par force"'. „Quand les Frisons ont senti
Tespéron, ils ont fait les chevaux eschappez"'.
Ensuite, s'il faut en croire M. de Willhem, l'échec
doit être attribué uniquement à un manque de promp-
titude et de vigueur. Conjurant M. de Zuylichem de
prendre la chose à coeur , il s'indigne de l'indolence
du Prince. Après la non-réussite en Frise, il renou-
velle ses exhortations, par rapport au gouvernement
de Groningue: „I1 est question que S. A. n'use plus
tant de flegme et ne commette les choses au béné-
fice du temps, u6i festinoÂone et pollidtatione opus
esl"', n ajoute: „excila, quaeso, heroem". „Je vous
prie qu'il ne chomme en la poursuitte du gouverne-
ment de Groningue, chose si nécessaire à l'union de
ces provinces et à la dignité de sa maison. Ceux qui
lui ont fait entendre la disposition tant facile en sa
faveur et conseillé néantmoiiis cette semonce et dé-
putation de la Généralité, ont très-mal fait Cela a
endormi S. A., qui d'ailleurs ne va que trop lente-
ment et avec trop de retenue es affaires qui touchent
la grandeur de sa maison"'. Il regrette „le grand fle-
gme dont il a usé"'. — „I1 faut que je confesse que
le coeur me crève qu'on n'a pas donné l'ordre qu'il
faut et laissé faire, et que S. A. s'est laissé abuser,
et s'est donné trop facilement en proye aux mauvais
conseils de quelques-uns"'.
Cette élection avoit une grande portée ; aussi , d'un
ton remarquablement solemnel , il ajoute : „Sachez , mon
frère, que cette occasion a esté de très-grande consé-
,,.GoogIc
— XXV —
quence, pour le bien de la maison de S. A. et l'as-
seurance de cest Estât, et que nous avons raison de
regretter le peu de vigueur et de résolution qu'a mon-
stre S. A. en uoe affaire de telle importance" '. — En
effet, la conduite des stadfaouders de Frise, jusqu'à
l'extinction de la branche aînée, par la mort de Guil-
laume III, justifia plus d'une fois les prévisions de
M. de Willbem. „I1 est à craindre que ces deux
maisons se chocqueront un jour grandement"'. „Si
cette occasion eschappe à S. A., il la regrettera et
toute sa postérité, et peut-estee nos descendons aussi'".
Un mot encore, après le rameau de Nassau-Dietz ,
snr celui de Nassau-Siegen. Suivant les traces de
Jean-Ernest et Adolphe, morts au service des Provin-
ces-Unies , trois de leurs frères portoient les armes pour
la République; Guillaume feld-maréchal , dont je n'ai
trouvé qu'une se\Je lettre, dépourvue d'intérêt histori-
que'; Henri, envoyé par le Prince d'Orange à Paris
complimenter te Roi sur la naissance du dauphin;*
enfin Jean-Maurice, dit l'Américain, distingué par ses ta
lents militaires, sa valeur, son caractère entreprenant, et
par les services qu'il rendit à notre patrie, jusque dans
un âge fort avancé. Il s'acquit une grande renommée,
surtout par son administration du Brésil. Il tenoit ses
pouvoirs de la compagnie des Indes-Occidentales, dont
la parcimonie rendit ses efforts inutiles et la perte de
cette précieuse colonie inévitable. Avec vivacité et gaî-
ment, il raconte, sans exagération, en franc militaire,
ses propres succès. „L'on demeure d'accord que le
> p. SSS. * p. SS8. ' p. S7S. * L. 524. * L. SSO.
U,g,t7cdb/GOOglC
comte de Banjolla se persuada que le fort tiendroit
bon pour le moins cincq ou six mois, mais il se trouva
grandement trompé dans son calcul ; c'est pourquoy il
ne se voulut pas aussi opiniastrer beaucoup, en une
espérance qu'il avoit si mal conceue; s'advisa, sur la
première nouvelle qui luy vint de la prise de sa meil-
leure forteresse, de se retirer de bonne heure vers la
rivière de St Francisco, et de se faire passer avec son
bagage, le plus tost qu'il luy seroit possible. Advis à
la vérité très-bon; car sans cela il eust esté con-
trainct de se battre; ce ne faisant pas volontiers, il ne
cherchoit aussi point de noise, ny demandoit que d'a-
voir la paix et estre en repos. Pour sa fuitte, elle fost
si pressée qu'il oubliast aussi de défendre les passages
les plus mal-aisés à forcer que l'on sçauroit januds ren<
contrer"'. — Deux ans plus tard, ayant échappé à
de grands dangers, „Dieu-mercy", dit-il, „nous vivons
encore, combien que j'entends qu'on nous tient en la
patrie pour des enfants perdus"'; et, après une grande
victoire, il écrit: „Si les bonnes nouvelles causent la
joye aux gens de bien , celles-cy doivent y avoir lieu.
Les forces de Castille et de Portugal s'estoyent join-
tes ensemble, affin de nous destruire, mais Dieu a
veillé pour son peuple"'.
n.
£n Allemagne s'accomplissoit ce que, dans sa pieuse
indignation, avoit prévu et solennellement prédit le
comte JeMt de Nassau. Désespéré de l'insouciance
D,g,t7cdb/GOOgIC
égoiste des FrÏDces qui avoient succédé aux héros de
la Réforme, il s'étoit écrié: „lor8qu'on aura été spec-
tateur inactif des maux qu'on axaoit pu prévenir, il
n'y aura d'autre remède qu'une guerre sanglante'".
Une guerre sanglante éclata ; mais l'épreuve, au lieu
d'amener la concorde, fut inutile et alors encore, en
général, les Princes Protestants, désunis par leurs
jalouàes mutuelles, par les calculs de l'intérêt ptirti-
culier et par l'amertume des querelles théologiques,
ne furent point au niveau de la grandeur de leurs pé-
rils et de leurs devoirs. Dans cette défaillance presque
universelle, les rares défenseurs de ta vérité et de la
liberté évangéliques, enveloppés par des ennemis puis-
sants, abandonnés par ceux qui étoient tenus de leur
prêter secours, sollicitèrent souvent l'appui du Prince
d'Orange et de la République. Il est avéré, par les nom-
breux renseignements que fournissent, grâces au zèle
consciencieux et infatigable de M. von Rommel, les ar-
chives de Hesse-Cassel , que, déjà en 1629, on consul-
toit Frédéric-Henri sur l'opportunité d'une alliance avec
le Roi de Suède Gustave-Adolphe ; que le Landgrave
Guillaume V, dont la résistance courageuse et persé-
vérante lui valut le beau surnom de constant, fit des
tentatives réitérées pour agir de concert avec les Pro-
vinces-Unies; se rendant, vers la fin de 1629 à la Haye,
suppliant l'année suivante le Prince de le garantir des
vengeances du sanguinaire Tilly; en 1633, ofirant de
s'employer à la restitution du Palatinat; ne signant, en
1636, un traité de subsides avec la France qu'après
avoir, de la part des Etats-Généraux, dans un nou-
,, Google
veau voyage à la Haye, essuyé encore un refus. Ce
n'est pas tout Son illustre veuve , Amélie-Ëlizabeth ,
par sa mère ' petite-fille de Guillaume Premier et de
Charlotte de Bourbon, qui, dans une situation déses-
pérée, déploya une fermeté inébranlable et des talents
supérieurs, demandoit également à son oncle maternel
conseil et appui ('). La Haye étoit le centre de négo-
ciations importantes pour l'Allemagne; l'Électeur Pa-
latin y résidoit avec sa famille; le duc Bernard de Saxe-
Weimar, dont l'épée, plus tard, mit tant de poids dans
la balance, servit, durant plusieurs mois, dans l'armée
de la République ; l'Electeur de Brandebourg , qui con-
tribua avec tant d'efficace à rétablir les affaires du
parti protestant, véritable fondateur de sa dynastie et
gendre, en 1646, de Frédéric-Henri, reçut son édu-
cation dans les Provinces-Unies ; enfin le Prince d'O-
range entretenoit sans doute des relations avec sa pa-
renté dans le pays de Nassau. Qui ne s'attendroit
donc à une infinité de lettres échangées avec les chefs
du parti protestant en Allemagne, au milieu des péri-
péties de cette orageuse époque?
Je n'ai cependant presque rien à offrir. Cinq letr
très; quatre, remarquables uniquement à cause de ceux
qui les ont écrites. Une de l'Electeur Palatin , expiant
par la peri:e de ses États les joies de la royauté d'un
jour', une de l'Électeur de Brandebourg', une de la
(') Les détails très-întéressanls de ce« dherses démarches et
les réponses du Prince d'Orange, qui certes ne manqnoit pas de
boDoe volonté, se trouvent dsns le grand et bel ouvrage de M.
von Bommel, OtschicHte oon B«uen, au huitième tome (Cassel,
1843).
1 ComicMC de Huta. ■ L. 491. * h. G23.
D,g,t7cdb/GOOgIC
Landgrave de Hesse ' , une de son fUs encore enfant '.
La cinquième lettre est écrite de la Haye, par la Reine
de Bohème', lettre charmante, pleine de sentiment et
de grâce, et qui, par les consolations qu'elle adresse
à la comtesse de Nassau-Dietz sur la perte de son fils,
fait voir qu'elle aussi, par ses grandes infortunes, avoit
appris à compatir aux souffrances d'autrui.
En outre, dans différentes lettres, il est fait men-
tion de l'invasion de la Gueldre par les Lnpériaux en
1629', des divisions des Protestanta ', de la neutralité
douteuse de l'Autriche en 1638', des motife de ne
pas briser aisément avec l'Empereur', enfin du Koi
de Danemark et de ses différends en 1640 avec la
République '. Voilà à peu près tout.
Si j'ai fort peu à communiquer sur l'Allemagne , il y
a compensation; car ce tome est riche en documents
qui concernent l'histoire de France et d'Angleterre.
' L. B4S. ' !.. BBl, ' L. 81S. * p. »3.
' „ Lea iffiim d'Altemigne ne me plaisent pis Irop, Toyant que la Princti
cl le* (iltei k nottra pirtj te kisacnt inrpnndre i an jalouslea et enriei dont
rEmpereor preodrn son tdniitage poor lei diiiwr et RSbihlir." p. GE.
* Aeraen* écril : „S. A. a le dcbora et le dedans qui le tiennent ilerte, eu
la Imp«mnx h renforcent lor le Rbin entra ni» meilleurn fronlièrei; leot
intelligence ivee lea Eipagnoti naat rend leur Deolralile' dnateDH" p. Ils.
A l'ocation d'une ligue qu'en 1641 le Roi d'Angleterre Tonloil former »cc
let Etite-06i^caui , ceux-ci écrirenti „S. M. demanda >j cette ligne leroit
contre tout le monde? „contre l'Eapigne," ISimea-uoiu. „RecoDnQiun-voua
rSoipereDr ponr Empereur et n'eatea vong point eu guerre contre igj?" cou-
tiniu le Rof, et noua i délirer que aaminei en oenlntil^ avec i'Empire, loy
aTouona la qualité d'Empereur, que le comuieree noua y oblige, maie bien plui
eneor la eonaidéntlon qne, tcdui k rompre arec luy, il peut jelter de gran-
deg armici aur not eonBna et que doui De açuiriom aller i Iny, n; Iny hire
ancan mal, edoignà que aont aca Eatata de nona" p- 879.
• H. de WillboD écrit: „U mauTaiae iutelligenca avec le Rai de ll.atunc
■l'aire, k mon jognueut, de tri*-graude conaéqnence, et lequel on néglige ou
atipine trop. Il eit le plus redoutable ennemi qne ce paya aye i craindre
aprri le Roy d'Eapaigne, maii on ne l'a pas eitimé tel", p. 208.
,,Cooglc
Il y a un très-petit nombre de lettres de Richelieu'.
„Ed grandes affaires," écrit-il à Chamacé, „il n'y a
point plus mauvaise résolution que de n'en prendre
aucune." Plusieurs lettres lui sont directement ou indi-
rectement adressées par les envoyés de la France à la
Haye , M. d'Espesses ', M. de Baugy ', surtout par M.
de Chamacé' qui, après avoir facilité à Gustave Adol-
phe son entreprise libératrice, négocia chez nous avec
la même babUeté et le même succès, Ses dépêches
donnent des détails sur les dispositions du Prince
d'Orange et de ses alentoui's, sur les intrigues et les
hardiesses du parti anti-stadhoudérien , et sur la fermeté
et la finesse qui firent triompher Frédéric-Henri de
ces obstacles divers.
Les autres pièces relatives à la France traitent de
même'presqu' uniquement des afiaires extérieures. Cest
pourquoi, afin d'éviter les redites, il vaudra mieux les
signaler plus tard , lorsque j'examinerai plus spéciale-
ment la part que prit M. de Sommelsdyck à la direc-
tion de DOS rapports diplomatiques.
Il n'en est pas de même de l'Angleterre. Dans
beaucoup de lettres il s'agit de la situation intérieure
du pays. L'intérêt en est d'autant plus grand que
presque toutes appartiennent à trois années ' mémo-
rables par les symptômes avantcoureurs et les com-
mencements de la révolution.
L'ambassadeur ordinaire à Londres étoit M. Joa-
chimi; M. Heenvhet y fut envoyé itérativement, pour
< h. i9S et M3 (d-d«Hu», p. XII et iTi[): p. 42 et ST.
• L. 476. • L. 486—487. * L. 493, 494, 497—489; p. 50— 6S.
• lOSa— 1648.
ogic
traiter d'une alliance de famille, de concert avec M.
de Sommekdyck, chargé d'une mission d'intérêt public;
conjointement ils fonnèreot, en 1641, avec M. de
Brederode, une députatioD solemnelle pour conclure le
mariage du jeune Prince, et celui-ci arriva bientôt lui-
même, accompagné de son gouverneur, le docte et
pieux théol(^en M. Rivet. Ecrite au milieu de l'efièr-
vescence générée, la correspondance de ces divers per-
sonnages abonde en précieux détails.
D'abord sur le Roi et ses tristes perplexités. Malgré
ses inclinations décidément espagnoles, la force des
événements lui fait prêter de plus en plus une oreille
attentive aux propositions de la République. Il avoit
besoin de son appui Nonobstant le refus positif du
Prince ', il a'attendoit à une assistance d'hommes et de
navires contre les Ecossois ' ; tout au moins à la neu-
tralité des Etats'". D'ailleurs, pour former des rela-
tions affectueuses et intimes, il avoit un autre et puis-
sant motif. Soupçonné de se hvrer à l'Espagne et de
favoriser le papisme, il désiroit surtout se réhabiliter
dans l'opinion pubhque, par une alliance avec les Pro-
vinces-Unies et par un mariage protestant
M. de Sommelsdyck et M. de HeenvUet eurent sou-
vent avec lui des entretiens confidentiel'. Dans le
récit détaillé de ces conf^'ences on remarque les pro-
pres paroles du Roi, souvent caractéristiques. Par
' p. 144. ■ p. IB5.
' „Je TDat prie que, cominB tihu nccvéa de mo; m gnnd t«MDofgn)g« de
mon iffectioii, qiw ja pui* roMTOir de ions des preorea du roatre; ce que tdhi
poavft bire prtenlcDKiit , en enpjeliiat que Im lubjseli de mewenn Isa Ee-
tali ti'anatent pu mes rebelle* dtioMW, d; d'argent, dj de munition , et Toua
me feià roir par li qoe f^ritablcment TMtre intcutioD eat auaay rJella qoe
b nienBe, pour l'ilianoi que rona me propoafa". p. ISl.
' L. GTi. SH. es».
,, Google
— XXX II —
exemple, il se dit résolu à ae faire rien qui tende à
compromettre les intérêts de sa religion '. Doit-on le
supposer sincère? question difficile, impossible peut-être
à résoudre. Entraîné par les erreurs de l'Église angli-
cane, probablement s'imaginoit-il, marchant à grands
pas vers Rome, rester néanmoins dans le droit chemin
de la Réforme.
Il est évident que la Reine Henriette-Marie, dont
on disoit, non sans motif, «qu'elle avoit un grand
pouvoir sur l'esprit du Roi"', étoit très-portée à des
rapporte intimes avec l'Espagne ; toutefois ses opinions
se modifièrent considérablement , à mesure que les em-
barras et les périls lui firent ardemment rechercher
l'alliance de la Maison d'Orange, comme une ancre de
salut.
n est fréquemment question du secréture d'Etat
Vane', de lord Holland, et d'autres Uommes qui se fi-
rent remarquer dans le cours des commotions politi-
ques; mais ce qu'il y a, dans l'ensemble de ces lettres-,
de plus remarquable, c'est qu'on y voit se former l'o-
rage qui alloit bientôt fondre sur le pays.
En décembre 1639 le secrétaire Coke, rendant vi-
site à nos ambassadeurs, „excuse le retardement, com-
' AerucD* oUerre qac marici tt fille ni Eipagne c'Aoit coDinilir k ca
qa'Ells dniot catboliqat: „*iDn djn-on que rEipagool lora lenuoigné pliu
de lèle ponr la fille et h religion qae S. H. qai porte le beaa litre de d£-
(ÏDMar de la fo;. S. M. dit iftolumeot de ne pennetire jimaii, qnud an
CD liendroit U, qu'il lott toncbé 1 la cooideDi» do ta Sile, oy 1 l'iDstrucUoD
qu'elle a ji receuo". p. Ï26.
■ y. 197-
* 11 eonféroit •an*ent avec dm amlauedeDrB: „Le djpulé d'Irlande te mit
1 gnsdemeat cbarger M. Vane, comme antlinir do la ruplore da prMdeot
Parlement et du eonieil de la guerre contre les EicoMoii". p. 300. Sa Sneaaa
■ppiocboit de la duplicité'; YOjret p. lU.
,,.CoogIc
me procédant des grandes affaires qui leur tombent
sur tes bras, pour la rébellion des Escossois et la ré-
Bolutioa à faire tenir un Parlement, tant icy qu'en Ir-
lande".
Sn janvier 1640 le parlement est convoqua „0n
varie fort au jugement de son yssue"'. La guerre
contre les Écossois, imminente, est très-impopulaire'.
En février Aerssena écrit: „le Parlement aura ap-
paremment ses brouilleries au progrès , pour la grande
altération qui se remarque aux peuples"*.
Dn an plus tard (Aerssens, après un séjour en Hol-
lande, étant de retour à Londres) les événements
avoient rapidement marché. La dissolution imprudente
d'un parlement qui se montroit bien intentionné, la
guerre contre l'Ecosse promptement étouffée et ame-
nant en Angleterre le triomphe du parti presbytérien,
nn parlement nouveau, dans lequel une majorité ar-
dente se sfùsit du pouvoir, rendent la situation infini-
ment plifô menaçante. Une assemblée, irrésistible par
l'efTervescence des passions populaires, entreprend la
' p. 164. — „L'niipniiit p*r Mince, pour Tiire ]a(t, donno de l'ombnga
i pluiciirii intra croyant iimplcmcnt qa'ellu n'i *i>^ qoc ponr misoi diipo'
Kr DO ranger par force lea Eecoaioi), doot on attend In d^pnUs ; il ; ea >
d'utRi, en bon nombre, lesqueli (contidtniK le* n&cnitn du Roj tt qnui
k g&Jrale aTeriion ds ion people, l cioBe dea grande* noD*Daalci,]atrodDitlee
Il tou )aa ordrci, et puticolièrement à Irooiet do l'argent contre lea prinliga
et In Tojea aecnaatonifta) ae promettent qae le Roy , poor a'ea tirer, lairra lain
la parlement; inqDel eaa il eat apparent de mir hîen dei ehangtmrns". l. l.
' „Sj de pui Bt d'antre on le reat quelque pea endiner, pour ae reneon-
trer en un miliea , ee Ecroit une henrenae eompDiilion ; car il le reconnoiat
grauje iTeraion sa peaple et loi gnuidi de cette gnarre; iniii on t'j engage
de plo* en plut, et, ty oD ne ebanga bien tost, on en «ara bien avant, pre-
mier que le parlement Uenne, lequel eat pour tailler bien dea aBiiret. Le
derge' arec lea papîatea ponaient tant qn'ïla peuvent lea eboaes k l'eitrfme,
(ai, nna ee eonp, il« craignent qoe l'eiemple n'en retourne contra eui".
p. 172. • p. «a.
,, Google
réforme de TÉglise et de l'État Sans autorité, le Roi
demexire forcément inactif; il laiaae faire. „Le parle-
ment va toiisjours son train et remue assez de choses,
afin de u'j retourner souvent, et se prennent, sans
autre esgard, à ceux qu'ils tiennent pour autheors de
la dissentioa entre le Eoy et son peuple. S. M. jus-
ques icy les lai»se faire" '. „Le Parlement entreprend
de grands règlements , pour mieux asseurer la religion,
ses libertés et privilèges, et à cette fin propose une
loy de tenir le Parlement, une fois au moins tous les
trois ans; le Roy leur laisse faire" '. On prédit l'abo-
lition des cérémonies de l'ËgUse anglicane *; „le royaume
est tout en désordre, les nations s'entr' entendent et
l'autorité du Koi est comme en compromis"'; le Par-
lement règne *,
Bientôt l'intérêt de la crise se œncentre dans le pro-
cès de Strafford. Sur cette cause tristement célèbre,
il y a beaucoup de passages oil l'on voit apparoître
l'attitude noble et pleine de dignité de la victime,
l'acharnement de ses persécuteurs, et l'angoisse du
Roi qu'il avoit fidèlement servi, et qui, par manque
de pouvoir ou de caractère, étoit trop foible pour le
garantir de l'échafaud.
Aerssens écrit en mars 1641 : „Le député dirlande
fut devant-hier au Parlement, le Roy présent contre
la coustume, pour onyr aussi bien sa justification,
comme il avoit faict son accusation. Cette action dura
■ p. 821. • p. 833. * p. S8B. * p. 34,3.
• „La Dstioii n'nime poiDl d'satre fort contredite ; apièe l'eatrc ÎDiina^ en
leur coaGui», il eat eiri ds la msnei, aiait c'est noitie ciBlbeai de lei voir
ty fort attïchei la Pitlement, qui eatrepreod des (trindei et hardiet cbosea.
qui Niut de ilare dageation i an Priace de axât, Ace lequel dfwrmBt) il pu-
lige iButhotile' rojale". p. 375.
,, Google
XXXV
depuis les neuf heures du matin jusques aux trois de
retevée, lorsque S. M. se retira pour disoer. Le député,
assis sur une sellette, devant la barre, harangua verte-
ment, avec une faconde admirable; à chaque charge il
attesta la connoissaDce de S. M., qui beaucoup de fois
déclara les choses estre passées ainsi qu'il disoit Ou
tient que la présence de S. M., intervenue pour le
sauver, fera un effect tout contraire; S. M leur recom-
manda de luy rendre bon droict"'.
Ed avril le déaouement approche. „Le Parlement
travaille au procès du lieutenant avec grande chaleur.
Le Roy le voadroit voir sauvé et d'une loge ouyt avec
la Royne son accusation et sa défense ; la maison des
communes est roide et toutte persuadée qu'il leur a voullu
oster la liberté et la bourse et changer ta religion et
les loix, mais il soubstient vertement sa cause, avec
un merveilleux courage et faconde. Il n'y a pour lui
à craindre que les dépositions et la haine du peuple ,
juge et partye ensemble " '. „Tout est plein de soub-
çons; le peuple en deffiance qu'on veut à sa liberté
et à la religion, ne pouvant digérer qu'on prétend
sauver ceux qui sont accusez d'estre autheurs et con-
ducteurs de tel dessein. Le Parlement employé des
sepmaines entières, depuis le matin jusques au soir,
à oujfr plaider cette cause; le Roy de son costé n'y
prend pas moins de patience; tout le débat consiste
es cette question sy parmy les crimes imputez au
lieutenant, il y en a qui tiennent de trahison? Le
lieutenant soubstient que non, et semble avoir la loy
pour luy, en laquelle les cas de trahison sont spéci-
D,g,t7cdb/GOOgIC
— XXXVI —
fiez; mais la maison des communes ]a juge évidente,
au moins constructive, avérée telle par ses intentions
et actions"'.
La famille royale suivoit les débats avec une ex-
trême assiduité. La Princesse Marie avoit esté atteinte
d'un accès de fîèvre> ayant été „assise six heares au
Parlement" '. Le Roi étoit à la chambre des commu-
nes et „mafquoit les points principaux"'.
Le sage Rivet fait ressortir l'influence décisive
que devoit avoir l'issue d'un tel procès. „Je trouve
tous ces messieurs fort estonnés sur Testât présent
et en grande crainte de mauvais événemens, qui sem-
blent ne se pouvoir éviter, en quelque manière que
ce décide l'afi'aire de ce comte, pour ce qu'il faut né-
cessairement que la cour ou le peuple succombe, que
l'une perde beaucoup d'autorité, ou que, si elle la
veut maintenir, l'autre partie se jette dans les confii-
aions et séditions, qui mettront le feu partout"*. „Si
la chambre-haute ratifie ce jugement, le Roy ne le
pourra sauver que par une violence qui roidira le peu-
ple, tellement irrité qu'ils déchireroient plustost ce mi-
sérable comte. Ceci met encore l'issue de toutes ces
affaires en doubte, et les meilleurs et plus sages sont
entre la crainte et l'espérance"'. „0n crie ote contre
ce misérable comte, que d'autres cependant prisent,
comme un des grands hommes du siècle"'. — Aerssens
déclare également que dans cette lutte il s'agit du Roi
et de l'État. „Le Roi et son authorité, que je ne die
davantage, courrent grand fortune, au dire et gémir
mesme de la Royne. Tout consiste à sçMiver ou à
' p. «1. • p. 430. • p. «2. • p. 4B3. ' p. 4Sg. * p. 4B4.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— xxxTn —
perdre le lieutenant. IJes trois royaumes se lient par
coofédératioD perpétuelle, pour la manutention de la
religion, de la liberté, des privilèges et des loix'".
Dans les lettres de Rivet il s'agit aussi du pouvoir
des évêques et de l'organisation ecclésiastique. Le pas-
sage suivant, très-honorable pour lui, par la confiance
que divers partis, modérés et violenta, lui accordent,
montre combien les prétentions du clergé anglican avoient
déjà baissé, à l'approche des périls qu'un zèle persécu-
teur avoit attirés sur l'Église et l'État „Je lus entre-
tenu longtemps par le primat d'Irlande , homme sage,
sçavant, et qui en cette dignité se porte avec grande
douceur et humilité. Je le trouvay sur ces choses en
perplexité et en crainte d'horribles contusions, jusques
à me dire, si elles advenoient, il se retireroit en Hol-
lande. 11 est porté jusques à ce point pour les affaires
ecclésiastiques qu'il recognoist que de droit divin les
êvesques et tous autres pasteurs sont d'un mesnie ordre
et ne doivent rien faire d'important que par conseil
commun; que leur supériorité, que la coustume de
l'Eglise leur a donné, n'a de différence avec les pré-
sidens de nos synodes, sinon que ceux-ci changent et
les autres demeurent tousjours présidena; qu'il les faut
régler aux synodes et astreindre à prendre conseil des
autres pasteurs, leur oster la haute-commission, et les
assnbjettir aux censures. Il préside maintenant en la
compagnie de ceux qui consultent pour la réforma-
tion, qtd sont composez de modérez et d'extrêmes.
Les uns et les autres me doibvent sonder Uirdessus.
J'espère que Dieu me fera la grâce de m'y comporter
• ^457.
m.
,,Googlc
avec prudeoce, et n'estant pas juge, de ne me porter
aussi pour partie, mais faire la guerre à l'oeil, sans
préjudice de la vérité. Je tiens à grand advantage
que la pluspart advouent que cette supériorité n'est
que d'une constitution humaine, et renoncent librement
à la prétention du droit divin et de la difiërence es-
sentielle pressée par les autres hiérarchiques. H sera
mal-aisé, sans ce tempérament, d'accorder les parties"*.
Hélas, même avec ce tempérament, toute tentative
d'accord devenoit chimérique.
De plus en plus les soupçons et la haine du parti
populaire venoient à se manifester envers le Roi, et
surtout envers la Reine, que les puritains considé-
roîent comme la cause principale de la situation déplo-
rable du pays. Aerssens écrit: „Le Roy et la Royne
voyent assez le mauvais estât de leur condition, car
ils ont ce malheur que le peuple leur impute tout le
désordre. Si le Roy s'accommode tout doucement et
remet soy et ses affaires au Parlement, on espère de
redresser les choses et le rendre plus heureux qu'il
n'eust sceu estre par le succès de l'autre voye; mais
on est en pêne de la Royne, dont les papistes au-
royent abusé pour parvenir à leurs lins. Elle s'en
^Hige assez, et le meilleur qu'elle puisse espérer, sera
de se voir rédnitte au pied de son contract Cette
semaine nous y fera voir plus clair; les menaces du
peuple sont furieuses, sans espargner le respect de
leurs Majestez."'.
En 1643, après les eflroyables nouvelles des mas-
sacres en Irlande, la crise devient inévitable'. Les
I p. us. ■ p. 466.
* Le s jutier M. HtxmTliet npporta qae Vauo lui i
,,.GoogIc
lettres de M. de Heenvliet, à la fîn de ce tome, rap-
portent le coup de tête et de désespoir qui précipita
la guerre civile ; l'apparitioii subite du Koi daus la
chambre des Communes, pour y saisir lui-même cinq
membres suspects : „les grandes altérations de ce royaul-
me et comme le Roi et le Parlement commencèrent à
se chocquer"'. „Le matin même, au moment de son
départ, Charles, en 'embrassant sa femme, lui avoit
promis que, dans une heure, il reviendroit maître de
son royaume, et la Reine, sa montre à la main, avoit
compté les minutes eu attendant son retour"'. On
conçoit donc sa désolation. Feu de jours après M. Heen-
vliet vit la Reine. „Elle me contoit le misérable état
de ce royaume, non sans esmotion; je la suppUois de
patienter, que je ne doubtois ou cecy passeroit et que
Dieu Buppéditeroit au Roy des conseils salutaires pour
trouver un accommodement" '. Avant de récapituler les
motifs qui déterminèrent le Roi à une démarche si
violente et si hasardée, il déclare: „je dirai ce qu'on
m'a dit et ce que je tiens la plupart de la bouche de
leurs Majestez"*, et, ayant terminé le récit, il ajoute:
„Âlor8 la Royne me fit l'honneur de me dire que je
Toyois bien que tout se préparoit à une rébellion, et
que le Roy ny elle ne poulvoyent plus endurer ces
grands affironts; que dans la ville yls n'avoyent osté
rebelle» demioyciit de jonr à ia\tn ptni paidnots, que le Firlement fd Irlinde
•e debroit Uen usembler le 11 de w mgù lear >ljle, miii que la plupul
otOTtDt metine* ptpiitei et i\a'y]» ippr^endoit qu'jl laudrojent 1* iDlénoce
pOBT h religion, oa le joindre itbc les enltro, tellement qn'jla eitojeiit fiirt
mal iej 1 chevil «n oate lOure; que Mcy ne ponUoit «iui[ longtempi durarj
c'ert poorqooj ;l me eonaeilloit de ne trop heiter ma >alljntBtioDi; qu'en
quinte joiu> je TCiroiB plu dut et une léiolalion duia les nfbirei , eoit de
Tan oa de l'ultn eortj". p. 49S.
■ p. BOO. • Goiiot, Sùleir* dt la Bisoliitùm ^JngUtem.
* p. SOO. • p. SOO.
ni.
,,Googlc
le cliappeau la dernière fois que S. M. y avoit esté et
crié mesme qu'yl ne seroit pas le premier Roy que
le peuple auroit démis; je coutribuois tout ce que je
pouvois pour appaiser S. M. et la suppUois à pa-
tienter" '.
Fille de Henri IV, Henriette-Marie néanmoins se
défîoit surtout de la France. Déjà en 1637 Richelieu,
apprenant que le Roi d'Angleterre refusoit de rester
neutre et de laisser attaquer les côtes de la Fltm-
dre, avoit écrit au comte d'Estrades: „ l'année ne se
passera pas que le Roi et la Reine ne se repentent
d'avoir refusé les ofires que vous leur avez faites de
la part du Roi ; on connoîtra bientôt qu'on ne me doit
pas mépriser"'. Dans les malheurs de Charles I cette
main redoutable et vindicative se faisoit sentir; dès
lors on ne sera pas surpris que l'infortuné monarque
et son épouse ne pouvoîent dissimuler leur ressenti-
ment „L'anibas3adeur de France", écrit M. de Heen-
vliet, „me vint voir et me contoit au long les deb-
voirs qu'yl avoit contribué pour accommoder ceux du
Parlement avec le Roy, mais qu'après tout cela yl
n'avoit point de gré, et qu'on le tenoit suspect à la
Cour, et qu'on luy tesmoignoit un mauvais visage; de
vray hier, quand yl voulut parler au Roy, S. M. ne
luy respondit pas un mot, et n'ostoit qu'à demy son
chappeau, et cela en passant, et, après avoir attendu
la Royne dans sa chambre plus de deux heures, S. M.
demeurant dans sa galerie, yl en sortit, sans la poul-
voir encor parler, de quoy, en sortant la chambre,
yl montroit n'estre pas trop satisfoict" *.
■ p. SOI. * LeOm H Sig, I. 10. ' p. (OS.
U,g,t7cdb/COOgIC
XLI
L'intervention des Provinces-Unies sembloit à plu-
sieurs le seul raojen de réconcilier les esprits. On
commençoit à s'étonner, écrit M. de Heenvliet, de leur
silence. „Je suis très-niarrj de voir ces extrétnitez, et
prie Dieu d'y aporter remèdes. Voz A. A. me par-
donnent que je dis que messeigneurs les Estats ne
peulvent plus estre coy, soit par voye d'entremise oa
aultre; tout le monde en parle et comm' estonné"'.
m.
Bien souvent déjà j'^ cité les lettres de M. de Som-
melsdyck. Cet éminent diplomate exerça une influence
considérable sur les affaires, non seulement de la Ré-
publique, mais de l'Europe.
On a méconnu son caractère et déprécié ses méri-
tes. Voici son portrait tracé, récemment encore, par
un savant dont l'autorité a beaucoup de poids, M.
Avenel. „Ambas3adettr en divers pays et notamment
en France, il obtint de son temps quelque réputation.
Libelliste dangereux autant que diplomate perflde, il
fi^pait également ses ennemis et ceux qu'il appelait
ses amis. Tons les moyens de parvenir lui étaient
bons et rien ne répugnoit à son ambition. Créature
de Maurice de Nassau, il fut ennemi acharné de Bar-
nevelt, à la mort duquel il contribua de tout son
pouvoir, n déploya, dans les diverses négociations
dont-il fht chai^, plus de souplesse que d'honnêteté,
et faisait redouter ses intrigues plus que son génie"'.
Je ne fais pas un reproche de cette critique amère à
< p. 608. * LUtra du CarOùtal dt BieMitit , I. 210.
U,g,t7cdb/GOOglC
M. AvcDel dont l'ouvrage montre suffisamment le dé-
sir d'être ■ impartial et véridique, et qui, n'ayant pu
faire un examen approfondi de sa vie et de son carac-
tère, donne ici le résumé des opinions passionnées
auquelles, sous l'influence de l'esprit de parti, on n'a
que trop ajouté foi. Mais il n'ignore point combien
il y a souvent d'exagération et de fausseté dans des
ji^ements pareils. Richelieu, dont il fait, avec tant
de vérité et de modération, l'apologie et quelquefois
le panégyrique, n'étoit, comme il l'a rappelé lui-même,
aux yeux de plusieurs, „qu'un intrigant, un impudique
et un empoisonneur, le mauvais génie de la France
et de l'Europe, Satan révolté contre Dieu"'. Le té-
moignage du cardinal de R«tz n'est aussi nullement
flatteur. Il affirme „qu'il fît un fonds de toutes les
mauvaises intentions et de toutes les ignorances des
deux derniers siècles et forma, dans la plus légitime
des monarchies, la plus scandaleuse et la plus dange-
reuse tyrannie"'. Enfin Montesquieu, joignant son nom
à celui d'un homme détesté et détestable, déclare que
les plus méchants citoyens de France ont été Richelieu
et Louvois. — J'ose donc, publiant ce volume, en ap-
peler à M. Avenel lui-même et répéter, à l'yard de
M. de Sommelsdyck ce qu'il a dit de Richelieu: „le
seul moyen de l'étudier de nouveau, de le connaître
mieux encore, c'est d'interroger sa correspondance, et
de le chercher dans ses propres écrits"'.
François Aerssens ne fiit point „un fourbe habile"'.
' /. ;. iHlroiùuït. p. 86. • Mémùra (Coll. Petitot) I, 181.
> EiprcuEoD de M. AtkubI. — Wicqaefort le Domme ..on dn plaa grandi
miDistrea qa« les FroviiicM- Unies ajent ta ponr b négociation." VAn^iuia-
dnr rt 4et /oneiioiu.
U,g,t7cdb/GOOglL-
mais un grand homme d'État. H mérite d'être mis
an premier rang, de ces diplomates hoUandois aux-
quels M. Guizot à rendu une si éclatante justice '.
Sans entrer dans des détails biographiques , rap-
pelons néuimoins que, né en 1572 à Bruxelles,
fils du greffier des Ëtats-Généraux Corneille Âcrssens,
homme d'une haute capacité, il commença, en 1598,
à Paris sa carrière diplomatique. Secrétaire de léga-
tion à 36 ans, il avoit déjà, après de fortes études
académiques, fait, durant trois années, un appren-
tissage en France, sous les auspices du célèbre Da-
plessis-Mornay. Au mécontentement des Etats de
Zélande, qui apparemment se formalisèrent de son
extrême jeunesse, on est redevablç d'un témoignage
des Etats-Généraux, doublement digne de remarque,
parcequ'un tel éloge, donné au fils de leur ministre,
devoit, pour ne point envenimer la question et prê-
ter matière au ridicule, être parfaitement véridique.
Ds déclarent que, formé à l'université de I^eide et
initié par son père aux affaires pubUques, le jeune
diplomate a déjà été admis à travailler avec les
principaux personnages de France', qu'il en a rapporté
les témoignages les plus satisiaisants de sa capacité
et des lettres flatteuses du Roi lui-même; qu'ayant
ensuite visité diverses cours de l'Italie, il en a donné
des relations qui justifient l'opinion favorable émise
par M. Duplessis à son égard, et que, de retour à
la Haye et assistant son père, il a fait preuve d'une
' „I1 d'; ■ de diplomatie eo Europe ru diX'Upttime aiècle, qui punisse
effile à 11 diplomatie fniiçaiM que la diplomatie boUiDdaise."
■ .^necewii'eljck drie jarm ende een faalff continael^k by de nrarnatmite
penon^eti Tan Vranchrjek geaUdtcli bESoigaerende."
,, Google
grande habileté, tandis que, pour les aSaires de France,
M. de Buzanval affirme qu'il en est parfaitement in-
formé. ' Succédant à un homme fort habile ' , comme
agent des Provincea-Unies à Paris, il conserva ce poste
important depuis la paix de Vervins, jusqu'à la troi-
sième année de ta régence de Marie de Médjcis. ,,11
apprit, à négocier avec ces grands maistres, Henri IV,
Villeroi, Rosny, Sillery, Jeannin, etc. et il y réussit
ensorte qu'ils approuvèrent sa conduite"*. H sut pé-
nétrer les secrets de la Com, ménager les partis, ser-
vir ta République, sans la compromettre, et gagner la
confiance du Roi. Dans l'inteotioa de celui-ci, la paix
de Vervins n'étoit qu'une suspension d'armes, indispen-
sable pour se préparer au renouvellement de la guer-
re; méditant de vastes projets, il attachoit beaucoup
de prix à la conservation des Provinces-Unies et à leur
amitié; néanmoins ce n'étoit qu'avec peine qu'on ob-
tenoit de lui, au milieu de ses embarras financiers,
' les secours nécessaires. La position d'Aerssens envers
les Protestants, surtout envers ceux qui fonmissoient
matière à la défiance et aux soupçons du Roi, étoit
extrêmement difficile et délicate, l'ambitieux et remuant
duc de Bouillon, beau-firère du Prince Maurice, et les
autres grands seigneurs de la religion, désirant avec
instances que l'envoyé d'un Etat réformé se déclarât
poiy eux. H sut concilier, avec une prudence extrême,
les bons offices à leur égard avec ses devoirs envers le
Souverain ('). En 1613, la Cour de France provoqua
(') Voyez son Stpoti aux Etatê-Oénéraux àt ta condttile dans
Vaffaire du Duc de BouOon du 16 mars 1803, publié par M.
Vieede (Lettre» et N^oe. de Af. de Butanval et de Frmt^ou
' Licrin Calvart. ' Wicqnelarl. L l.
,, Google
son rappel. Â ce qu'il paraît, elle fiit excitée par ses
ennemis à la Haye. Quoiqu'il en soit, Marie de Mé-
dicis et ses conseillers, méditant les mariages d'Es-
pagne , aimoient sans doute à se débarrasser d'un per-
sonnage habile et influent qui, fidèle aux desseins de
Henri IV, désapprouvoit l'abandon de son système po-
litique. De 1613 à 1619, Aerssens fut un des anta-
gonistes les plus redoutables de Bamevett; mais on
n'est pas en droit de taxer sa conduite d'ingratitude,
de l'accoser de sourdes menées, et de mettre son op-
position uniquement sur le compte de l'amour-propre
blessé et de l'intérêt particulier. Il devoit son éléva-
tion à ses incontestables talents; son inimitié fut dé-
clarée et ne se cacha pas sous de fausses apparences;
elle étoit conforme aux opinions qu'il avoit constam-
ment manifestées (*) et la conduite des Ëtats de Hol-
SAeruen, ITtr. 1846, p. 391— *2*.). Ce Mémoire, où l'on re-
coDQoit partout la main de maître, aufËroit pour prouver les W
)eaU dîptomadquea de son auteur. — M. Vreede donne sur Aers-
sens det détails intéressants.
(*) Dès le commencement Aerssens désapprouvoit les opinions
anniniennes, parfaitement d'accord avec Duplesais-Momay (voyes
le jugement de celni-d Tome II. p. Lxn et svv.) La lettre de
Homaj, où il prévoit en 1609 les tristes conséquences de l'armi-
nianisme, en religion et en politique (\A, p. Lxxv) est adressée à
ÂersseDB, et celui-ci écrit le 8 juin I61I à Hornay: „LeB minis-
tres de nos provinces sont encore assemblés à la Haye, pour vu i-
der leurs différends, mais y advancent peu; chacung flatte son
opiniou et les nonvellistes ' font ce qu'ils peuvent pour tirer l'aue-
torité publique de Isur costé, et ce par des voyes qui ne s'ap-
prouvent que par ceulz qui sont d^à gagnés par leur doctrine.
Cela prodoira du désordre dans Testât, qui s'estendra aussi jusques
aux voisins, s'il n'y est pourreu premier que l'opinion passe en
parti, et se fnsse aucloriser par l'approbation des magistrats."
iiém. et Correip. de DupleuU Moruay xi. p. 225.
' SDuteor* de noaTeautà.
,, Google
lande et de Bamevelt n'étoit pas telieraent irrépro-
chable et salutaire pour qu'on ne puisse admetbre,
dans la résistance à leur système, de la bonne foi et
des motifs sincères d'intérêt public ('). Avec sa haute
capacité, après le revirement politique, il ne pouvoit
rester étranger au maniement des affaires; surtout à
une époque oii l'expiration prochaine de la trêve avec
l'Espagne rendoit doublement nécessaire de se procu-
rer des auxiliaires et des appuis. Il rentra dans la
diplomatie, et fut, de 1619 à 1624, envoyé à Venise,
à Londres et à Paris.
En récapitulant ainsi les antécédents de M. de Som-
melsdyck, je ne prétends pas porter sur son caractère
et sa conduite un jugement définitif Au contraire je
reconnois qu'il y a dans sa vie, durant le stadhoudérat
du Prince Maurice , plusieurs points encore controver-
sés. Cependant même ce coup-d'-oeil très-superficiel
suffit pour mettre hors de toute contestation son gé-
nie politique et pour faire sentir l'intérêt d'une collec-
tion nombreuse 0 de lettres, écrites durant la guerre
de Trente-Ans, à Richelieu et au Prince d'Orange,
par un tel personnage, mêlé depuis un quart de siècle
aux affaires tes plus graves, de la Chrétienté, et qui,
(') Lai-même s'est justifié, avec ud grand talent et beaucoup
d'énergie, dana divers écrite polémiques en 1616.
O Ce tome contient 91 lettres de M. de Sommelsdyck et 21
ndressées à lui. En outre 21 dépêches des ambassadeurs en An-
gleterre et 17 réponses du Prince d'Orange. Ce fut sans donte loi
qui rédigea ces dépêches communes; M. de Brederode, Joachimi,
et Heenvliet auront été heureux de se servir de sa plame et de
son esprit L'instruction de M. de Heenvliet (p. 25b), de M. de
Beverweert (p. 307), et les lettres dont celui-ci étoit chargé pour
la cour de France (lettre Zié, svv.) sont écrites de sa main.
,,.GoogIc
déjà an commencement du stadhoudérat de Frédéric-
Henri, pouvoit dire, avec un oi^ueil légitime, „avoir
réussi en beauconp d'importantes négociations avec
quasi toutes les nations de rËurope"'.
Quelle fiit depuis lors l'idée fondamentale de sa po-
litique ? le grand dessein auquel il consacra ses Udents
et ses efforts? De 1625 à 1642, c'est à dire jusque
sa mort (on pent s'en convaincre dans les lettres que
je publie) son influence, dans les affaires intérieures
et extérieures de la République, fut vouée, comme
aupara:vant, à la défense des libertés religieuses et po-
litiques contre la puissance formidable, intolérante et
despotique de la Maison de Habsboui^.
Pour atteindre ce but, il falloit, d'abord résister,
dans les Provinces-Unies, à l'aristocratie communale,
passionnément pacifique; ensuite cultiver et fortifier
ralliance françoise; enfin rallier l'Angleterre aux inté-
Nonobstant les préventions de Frédéric-Henri, Âers-
sens, par l'ascendant de ses rares t^ents et de ses
importuits services, aussi bien que par son attache-
ment à la Maison d'Orange, sut bientôt acquérir sa
confiance, comme il avoit eu celle de son frère".
Frédéric-Henri ne pouvoit guères se passer de ses
sages conseils. Objet des flatteries arminiennes, du
vivant de Maurice, il rencontra, dès qu'il fiit devenu
• p. 2».
* Il •onhùta, ^rÏTiot en lltBT i M. de Culemboo^, an héritier m
Prince, „>fln qnt Dottri pabllcq tronie u IUîmo et Kurolj dîna la ancceMion
de U Dienne utÏMia , qui de iod uiig a racket^ et dmeatj i» liberté."
,,Googlc
son Bnccessenr, la même opposition et, stadhouder, il
fiit contraint, à moins de s'annuUer complètement, de
faire face au parti anti-stadhoudérien. La sévérité en-
vers mi petit nombre de personnes en 1618, n'avoit
pas changé les institutions, ni redressé leur mauvais
pli. Poursuivant le cours d'une politique enracinée
dans la pratique, le parti abattu se releva, avec les
mêmes prétentions, les mêmes tendances, plus de cir-
conspection peut-être, mais avec la même audace'. Mé-
nageant les opinions populaires, laissant de côté les
questions théologiques, se gardant de revenir sur des
faits accomplis, l'aristocratie bourgeoise recommença
bientôt le travail interrompu et saisit avec avidité les
occasions de faire prévaloir l'autorité de la Hollande
sur celle du Stadhouder et des États-Généraux*.
En butte à une opposition pareille, le Prince d'O-
rtmge, modifiant peut-être ses opinions politiques, œ
félicita sans doute d'avoir pour lui M. de Sommels-
dyck. Aussi en 1634 l'envoyé de France écrit: „Aers-
sens commence si bien à se remettre que, si ceux qui
serviront le Roy en Hollande y contribuent ce qu'ils
pourront, il y a lieu de croire qu'il y sera très-bien et
pourra beaucoup nuire aux Arminiens, qui est autant
à dire, aux Espagnols"*. Et en 1636: „it est fort bien
avec M. le Prince d'Orange et très-bien avec ta Prin-
cesse, qui commence à en prendre conseil en beaucoup
de choses"*.
Selon lui, il falloit absolument éloigner le ch^ ha-
' ■n«ne II. p. cvi.
* „Lt diiersit^ it» opinioui, non tant lu ttîet de la rsligioD que dea moieili
pour conduire le gouvernement de i'eitit avee moÎDS rU jsloueiea , retirde boa-
oDup ds boDoes cbows". — AenMns i H. de CDUmboarg. 18 mii 1027-
• p. BO, * p. 83.
D,g,t7cdb/GOOgIC
b3e de l'opposition , M. Fauw, et le faire remplacer.
n est curieux d'observer avec combien d'adresse, après
l'avoir fait envoyer à Paris, il fit, sous des prétextes
flatteurs, refuser sou rappel, convertissant sa mission
en une espèce d'exil et profitant de son absence pour
donner aux Ëtats de Hollande, dans la personne de
l'excellent M. Cats, 0 ^^ autre directeur „qm ait sa
visée esloignée de toute autre passion qu'au service de
l'Estat et au repos et concorde au dedans"'.
Surtout en 1637 le parti aristocratique sembla re-
prendre Bon élan.
Quelques extraits des lettres d'Aerssens au Prince
d'Orange' feront voir la nature et la portée de ces
audacieuses tentatives pour afibibli]; et ruiner le pou-
voir central
La Hollande conteste la judicature de la Généralité
et s'efforce de persuader aux autres provinces de suivre
son exemple. La gravité de la question se révèle dans
la manière dont Aerssens en donne connoissance au
Prince. „0n débat la qualification de messieurs les
Estats-Généraux , assavoir sy leur compète aucune ju-
dicature. Cette dispute ne peut prendre pied qu'avec
réversion de l'authorité publique et de la direction de
V. A.; car, ay le pouvoir de chastier leur est osté,
les provinces et les particuliers se dispenseront de tout-
tes loix, pour en convenir selon leur intérest ou in-
clination. Il est doncq nécessaire de s'opposer roide-
ment à cette nouveauté. Je pense que V. A. sera sup-
O Donx et modéré en politique. Poète trèvpopulaire, il eut,
par la tendance biblique et monle de ses nombreux éorita, une
betueoM influence eur le caractère national.
. ■ p. SB. ■ L. G29— us.
D,g,t7cdb/GOOgIC
plyée de s'en entremettre, combieD qae desjà j'en
observe un notable préjugé, parceque messieurs d'Hol-
lande, pour mieux former et fonder leur party, entre-
prennent d'intéresser en leur opinion toutes les autres
provinces, auxquelles ils ont escrit à cette fin"'.
La Hollande prétend également ôter à la Généralité
le droit de donner à ferme la levée des convois et
licences. „Cette contestation, portée devant le peuple.
tourne grandement au mespris de l'autborité du gou-
vernement" *.
Outre ce grand scandale , „il est survenu autre ren-
contre et bien pins rude, sur la recherche de ceux
qui ont laissé fretter leurs navires au service des Es-
pagnols; de quoy les informations et judicature ont
par messeigneurs les Estats-Généraux esté renvoyées
et commises au conseil d'Estat" '. La Hollande venoit
de décider „que telle judicature est réservée aux pro-
vinces respectives et n'appartient aucunement au Con-
seil d'Estat". „0r V. A. voit où cela tend; c'est une
plausible proposition pour les provinces en destail.
mais qui renverse l'Union et l'ordre du gouvernement.
Sy ta Généralité n'a point d'autorité de soy et qu'il
la faille aller chercher aux provinces, qui se bande-
ront tousjours touttes pour leurs intérests contre toutte
supériorité (qu'elles-mesmes néanmoins ont establye et
déférée au maintien de l'Union) quel moyen restera-il
de contenir les provinces au devoir de leurs conven-
tions? * n n'y faut rien négliger , sy on ne veut veoir
jetter par terre l'autorité publique" '.
KM. • p. m. > p. 105. * p. 106.
I. La UDll«iid«ma1ti[dioit, &ceUe^)04aa,Mt n^ca. La lettre* d'Am-
:n dooneot cncare qd cnmpls. „Mcuimn d'Holkiide eatreprciuieat de
,,.CooglL-
Cétoit une question vitale pour la République. Dans
cliaque lettre Aerssens revient avec force sur la néces-
sité de s'opposer à des prétentions si incompatibles
avec l'exiateDce même de l'État. „La judicature de
la Généralité est disputée par des provinces particu-
lières , comme une usurpation sur leurs droictz et fran-
cliises; en quoy est à craindre que touttes les pro-
vinces ne convienneot aysément, pour s'affranchir de
supériorité, sans considérer le publiq en sa nature
et composition; mais, quelque contestation qu'il y
ait, sy faut-il que l'Union tienne, sy on ne veut
jetter l'Estat par terre, et l'Union n'est autre chose
qu'\m corps composé entre et dans les provinces,
avec authorité et pouvoir d'administrer souveraine-
ment touttes les affaires qui touchent à l'Union , dont
la première et plus esseutielle partye est celle de
la judicature des choses de son ressort, c'est-à-dire
de celles qui conceraent le corps; autrement ce ne
seroit plus qu'une chimère, sy la punition et la ré-
compense luy estoit retranchées, à l'appétit de quelque
province particulière , sy d'aventure elle s'y trouvoit in-
téressée. Les Amphyctions, composez comme cet Estât,
et nous à leur exemple, prenoyent jadis connoissance
des difierens de tous leurs alliés et les jugeoient sans
bira monitn par toatci Ici provioM* en Imr •eol nom. Chicuac proTian ,
m caC nemplc, prAeodn pareil drojct et jir^rogitiTg, et c'eet prapremml U
fonctign do Connil d'BMtt, qni voit et conaidàv toattai la pron'ace* en un
mal enrpa. Cea monitra |jnrt[cnliïre> MToyent pour tout eonfiipdre, voire pour
uthorùer les protinoe* de retriucber le* eompigiiiei 1 lenr diierAlDD et de
■ooi en eDTOjer lei toIIm eomplett, de fiçoa qae V. A. ne içinroit jini«s an
Tnj lea léraei de l'Eatit, qui lerofent plw fortM, plu liHUn, Mlini qa'oD en
^Anulroit pronier. Cet uonvroaii* l'tniatuui la tmet lur ta aulrei tt it
mom$ êenit plmt tmr de ne rwn aUértr as gOKftrnrmtnl jué pour F amender."
p. 118, lis.
,,Googlc
appel. Nos prédécesBeurs en ont jusques icy usé de
mesme. Le commun danger ne permet pas que nous
eabranlions en aucune façon ces premières maximes,
et qui Boubstiendroit vostre authorîté, quand l'Union
m trouveroit désarmée? Seriâz-vous pas obligé àtoutte
rencontre d'accouiir ' aux provinces particulièrea et
qu'espéreriez vous de leur séparation sy, unies et tout-
tes comme d'accord, s'acquittent sy firoidement de leur
devoir et courront sy chaudement à leur particulier?
Mon advis donq seroit, que V. Â. ne soufihst point
que l'Union fust esbreschée, mais l'authorité mainte-
nue; le temps n'y amendera rien, si vostre interven-
tion ne remet les humeurs de leur aigreur, pour les
ramener peu à peu à la considération du péril com-
mun , auquel ces lâcheuses contentions jettent l'Estat
et toutes leurs fortunes, et, sans plus toucher au faict
de la judicature , qu'il faut conserver comme le pai-
ladium de l'£stat"'. „La question n'est pas petite, car
la compétence de la jurisdiction y est disputée , c'est-
à-dire, qu'on sappe les fondemens de l'Ëstat, qui ont
leur ferme sur l'Union, à laquelle se doibt rappor-
ter la souveraine authorité du gouvernement, que vous
avez droict et aydez à conduire"'.
L'unité de direction est indispensable. Si te Con-
seil d'État se fait valoir, si la Généralité lient ferme,
si le Prince d'Orange use de ses droits, on est a
même de résister.
Malheureusement il n'en est pas ainsi; Aerssens se
scandalise de la tiédeur, non seulement de ceux qu'il
,, Google
— Lin —
appelle „les gens de bien" et de la Généralité ', mais
aussi de FrédériC'HeDri. „II n'est pas question „lui
écrit-il," de nous déjoindre; la prudence veut que tels
incidens se préviennent ou lèvent par prudence, sans
permettre qu'ils prennent pied ny adhérence; rompez
donq de vostre intervention les dez à ceux qui les ont
en main, et ne permettez point que le mal s'invétére.
Qui conseillent d'y temporiser, m'en font craindre la
gangrène; le mal n'est pas né tout à coup, plusieurs
harcélemens l'ont précédé et je ne me feindray point
d'assem^r qu'il dérive d'une autre source , et nous avons
ce malheur que, quasi à nostre naissance, on nous
faict deschoir de vieillesse, tant il se voit de désordre,
confusion et de stupidité à nostre conduitte. Cest à
y. À. que j'adresse cette plainte , puisque la condition
de cet Estât doibt entraîner la vcstre en suitte"'.
Ne voulant pas brusquer les choses, il propose un
expédient, un terme moyen'. Aiosi on pourroit con-
cilier les esprits, tandis que le principe seroit sauvé.
„V. A. proposant cet expédient, vostre authorité y
demeure conservée, laquelle ne peut souffrir que ces
choses se vuident autrement que de vostre connois-
' ,.La 6d jlité qae js Tom >; proteiiit , et U liberté que m'irax daiinte , me
hux de dire à i. A. que U GéninWU ne a'eKhiaSa pu useï à eonttner m
dracti et qoe, dt )■ part d'Amateidim «n contraire, tout m remue à foadet
leoi prâeDtion, josqne* U que, >y 1> pirtye te pent lier arec le quartier de
Nort, k qao; il eit trarûUJ, dd n'en fteadra jamaÎB en loitre arbitrage, dn-
qael 3 h parle deiji qoe le* aocHrea, en caa pareil, bb l'en aont toaUa
MMibunettre, ni àSittt k la amnoiaonea de l'impereur lear prince natarel."
p. 100.
» p. 10». e».
* „V. A. peat'ttre ne troaren hor* de propoa de mettre en annt de (aire
oommelire, ponr cette foii, pour le ropect de eommeroe, qaelquei jage* ei-
liaordiDâiree ao contenlement de la Hollande, afin de procéder contre le» pré-
Tcaui aoi la eoromiaion de U OJnéntiU. Ceet le part; qni ma eeinUe plaa
tjti a •oTtabla." p. 1D8.
m. IV
,,Googlc
sance" '. — Sans ce mélange de force et de douceur ces
différends eussent conduit à de filcheux résultats. „Tel-
les et semblables disputes pourroient bien traverser les
meiUenres détibératioos, si elles ne sont prévenues ou
levées avec prudence et une attrempée modération".
Ce n'est pas entièrement à tort peut-être que Char-
nacé appelloit le parti des États de Hollande le parti
„anmnien et espagnol"*.
En le combattant, Aerssens rendoit un double ser-
vice à la République.
D'abord, par une opposition vigoureuse à des ten-
tatives désorganisatrices et contraires au droit public
établi. D'après sa conviction intime, les tendances de
Bameveit et de ses imitateurs aboutissoient au renver-
sement de l'ordre ancien et légitime et de la véritable
signification du traité dlTtrecht
Ensuite, en &isant prévaloir ainsi, sur des conseils
intéressés et pusillanimes, une conduite courageuse et
nécessaire pour le salut de l'État Aerssens lui-même
écrit en 1634: „Le peuple est riche et libéral, et a
eu quasy généralement une aversion contre le traité
avec l'Espagne; de fait il ne s'est guères veu que d'Ar-
miniens qui se soient opposez aux propositions de la
France"*.
IV.
En résistant au purti de la paix , il falloit r
l'alliance françoise. La politique d' Aerssens s'identifioit
avec celle de Richelieu.
■ p. 110. • IM. • p. 50. • p. u.
,, Google
On le conçoit Ayant partagé les vues, les projets,
les espérances de Henri IV , il avoit déploré révanouis-
sement de ses desseins et les tendances espagnoles de
la K%ence; depuis tors, et encore en 1622, dans la
crise amenée par les succès rapides et la prépondé-
rance de l'Autriche, il n'a voit attendu nul secours, si
ce n'est de l'Angleterre. Envoyé à Londres et prévoyant
que Jacques I „ne pourra se résoudre à de violeos
mouvemens, desquels son naturel et les intérêts de
son conseil sont très-estranges", il ajoute: ..toutefois
s'il ne le fiùt, je ne voy rien d'assez puissant qui, sans
son intervention, fust pour former suffisante opposition
à la monarchie espagnole"'. Mais depuis lors l'aspect
politique de la France avoit changé. En 1624, Ri-
chelieu étant devenu premier ministre', l'époque d'abais-
sement et d'impuissance, qui duroit depuis 1610, avoit
pris fin*; avec une promptitude et une vigueur carac-
téristiques, il étoit rentré dans les voies de Henri IV.
Âerssens et lui étoîent faite pour se comprendre et
s'apprécier.
Il y a ici quinze lettres d'Aersseas à Richelieu.
On s'apperçoit que celui-ci lui avoit ùât à Paris un
accueil distingué et qu' Aerssens avoit deviné son génie
et ses desseins. H seroit certainement puéril de vouloir
prendre chaque mot à la lettre, mais on auroit égale-
ment tori; d'attribuer les expressions admiratives uni-
quement au désir de s'iminuer auprès du Cardinal
par une flatterie intéressée.
En 1626 il écrit: „je me tiendray très-honoré, sy
,, Google
— LVI —
je pais estre conservé en la faveur de vostre amitié"'.
Ensuite: „je ne cesseray jamais de vous honorer, avec
le respect et la candeur que sçauriez attendre d'une
personne qui a l'âme esloignée de toute ingratitude,
mais se souvient et ressent dignement de voz faveurs
et courtoisies; honorez moj donq de vostre amitié,
sy m'en estimez autant digne que j'ay la volonté de
le mériter par vraye obéissance et servitude"'. — Ce
sont, dii-a-t'on, de simples formules de politesse; j'en
doute fort; alors déjà, en écrivant à Richelieu, on
ne pouvoit à la légère faire mention de son amitié.
Ajoutez ce qui suit: „Le seul contentement qui me
reste de mon ambassade en France, c'est celuy que
j'ay de la souvenance d'avoir eu l'honneur de vostre
doux entretien; plus rare véritablement que je ne dé-
siroy, mais tel que les affaires et vostre santé le com-
portoyent; j'admire encor à tout coup la promptitude
de vostre conception, avec la solidité de vostre juge-
ment, autant que la franchise de vostre accueil"'.
En 1629, après les succès en Italie et le rétablissement
de l'ordre en France, il considère RicheUeu comme „le
premier homme du siècle en toute prééminence d'Etat"'.
En 1634, exprimant sa gratitude envers le Roi, qui
„a toujours tesmoigné un soin singulier et très-effectif
au bien et conservation de la République," il ajoute:
„à la persuasion et par l'induction en party^ de vostre
Eminence, au jugement de qui tous sçavent combien
elle défère; et méritoirement, après avoir reçeu tant
de preuves de vostre fidélité et prudence, que rien ne
s'y peut adjoust^ et dont les effects sont si admirar
> p. 4. • p. ». 'p. ». • p. 29.
U,g,t7cdb/GOOglC
blement grands, tant au regard du restablissement de
fauthorité royale au dedans , qu'en celuy de la confii-
noD et honte de ses ennemiz et envieux au dehors;
de sorte que, ne voyant rien de pareil es siècles pas-
sez, la postérité les prendra pour miracles plustost qae
pour histoires " '.
Déjà en 1636 il a rapporté aux Etats „que tout le
bien qui nous peut venir de la France, nous doibt
arriver de vostre conduitte et seule affection, et que
vous estes porté de vostre jugement et naturel à aj-
mer nostre manutention, qu'en devons attendre des
effects notables"'. „Ma délibération sera toujours de
vous honorer et attendre de vostre prudence la pro-
tection qne la Chiestienté a subject de s'en promettre,
contre l'orgueil et l'ambition d'Espagne"*.
D se porte ainsi garant de la sincérité de Richelieu,
sachant qae la conservation des Provinces-Unies fait
essentiellement partie de ses desseins. „Tay observé",
lui écrit-il, „que vostre authorité et conduite aux af-
&ires générales butte en partye à conserver aussy les
Dostres ; de quoy j'ay à diverses fois rendu et cauti-
ooné, tant qu'en moy a esté, les tesmoignages con-
venables, oiî il estoit question de traicter des grandes
matières, et vous en demeureK>n généralement très-
obligé"'.
n répond également de la bonne volonté de la Ré-
pnbUque, poxirvu toutefois que la France lui prête
secours. Comme du temps de Henri IV, il est con-
traint de faire des instances continuelles, afin d'ob-
tenir qu'on vienne efficacement en aide aux Frovin-
' p. 44. ' p. 11. • p. 31. * p. 18.
D,g,t7cdb/GOOglC
ces-Unies; qu'on ne s'exagère pas leurs ressources,
qu'on ne se dissimule point la grandeur des périls qui
les menacent, et qu'on ne les amène pas, se croyant
abandonnées, à tr^ter avec l'Espagne, avantageuse-
ment peut-être, pour le moment et quant à leurs inté-
rêts particuliers, mais au détriment irréparable de la
cause commune.
Avant la venue et les succès prodigieux de Gustave-
Adolplie, la situation étoit extrêmement critique. On
verra en 1626, en 1627, en 1629, avec quelle cha-
leur Aerssens exhorte Richelieu à montrer les effets
de sa bonne volonté, pendant qu'il en est temps.
Je choisis une lettre de 1626, comme exemple de
la concision et de l'énergie avec laquelle il savoit ex-
poser les périls et les besoins, les ressources et les
embarras du pays. Il fait d'abord sentir au Cardinal sa
responsabilité personnelle. „Comme le blasme de nostre
mine, qui ne vous peut estre de petite considération,
vous seroit imputé seul, de mesme au contraire rap*
porterez-vous tout l'honneur de notre conservation;
mais U est temps, et m'en crojez sur ma parolle s'il
vous plaist, que vous commenciez à mettre à bon es-
cient ta main à l'oeuvre, sans rien laisser trûner da:-
vantage, de peur que le malheur des voisins ne vienne
aussy à précipiter noz délibérations" '. — Après ce sé-
rieux préambule, vient le tableau de la détresse de la
République. „Les grandes charges nous pèsent , encor
se reconnoissent-elles ne point suffire à nostre maintien.
Vous nous secourrez lentement et petitement; les avan-
ces en mangent une bonne partye; le feu Roy d'im-
' p. 10.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— LIS —
mortelle mémoire y soulloit aller d'un antre air ; l'An*
gleterre ne paye point les six-mil hommes, à quoj
elle est obligée par uostre ligue; Venise rétracte sa
parolle, et ne fournit plus rien; au lieu de cela, nous
continuons de secourir de cinquante-mil livres par
mois au Roy de Denemork, et d'autres bien grosses
sommes à Mansfelt, Gabor, Emden, et autres. Les
fraiz ordinaires et extraordinaires de l'année qu'avons
mise en campagne mangent le plus clair de noz 6nan-
ces ; les peuples se lassent et crient de ces grandes
impositions personnelles et réelles, pendant qu'ilz sont
SUIS commerce, et leurs armes sans prospérité. Là-
dessus on nous presse de retrancher une grande par-
tie de nos forces, pour changer de posture et nous
mettre sur la défensive et défendre noz canaux ; sy ne
le faisons, nous aurons de la mutination ; sy le faisons
aussy, sur cette grande disgrâce du Roy de Dene-
toark, qui tire tout l'Empire en suitte, qui nous ga-
rantira que les ennemis ne nous enfonceront point en
la foiblesse de nostre défense" '? — Appuyé sur ces gra-
ves considérations, il continue ainsi: „Faicte8 moy l'hon-
neur , de me croire que ne fusmes jamais en plus cri-
tique et hazardeuse constitution; qu'il est plus que temps
que nous tendiez la main ; je vous descouvre nostre
maladie, dont l'unique remède s'attend de vostre pru-
dence et puissance. Je suis homme sans fard ny arti-
fice, mais qui désire trouver ma conservation dans
celle de l'Hâtât; vous pouvant asseurer qu'avons le cou-
rage firanq et bien délibéré, esloigné de toutte inten-
tion de traitter, sy par faute de moyens le mal ne nous
D,g,t7cdb/GOOgIC
y force et porte; vous ayant donq fait cette franche
et véritable confession, je demeureray deschargé de
ce devoir, pour attendre de vostre prudence, qui se
faict admirer de tous, une résolution libérale, géné-
reuse, et prompte'". — Il faut lire et relire cette
lettre en entier; le véritable politique s'y révèle du
commencement jusqu'à la fin.
Les lettres de 1627 et 1629 ne sont pas moins re-
marquables. — En 1627 il écrit: „Nostre condition va
eatre telle, par les progrès de noz ennemiz et par la
froideur des amiz, qu'on ne doibt point apporter grande
façon à nous tendre les mains, de peur que la mala-
die prévienne les remèdes par foiblesse ou désespoir" '.
„J'espère que favoriserez nostre Estât et le Prince
d'Orange de vostre feveiu" et prudentes recommanda-
tions, afin que S. M. en puisse estre esmue à les sous-
tenir libéralement et puissamment; puisque le Koy
d'Espagne nous entreprend plus vivement que par le
passé"'. La Chrestienté ne sanroit guères plus aller
ce train, sans produire de très-pernicieux changements,
lesquels il convient prévenir"'.
En 1629 il appuyé sur le zèle et les grands sacri-
fices de la République: „Sy vostre délibération ou
rencontre est de choquer l'Espagne , vous pouvez faire
estât, dès maintenant pour lors, qu'ilz épouseront si
avant voz intérêtz et désirs , que vous en aurez subject
de louer et leur prudence et leur gratitude tout en-
semble; desjà je vous puis promettre qu'ilz se met-
tront avec le printemps sy puissans en campagne,
pour &ire un coup de réputation, que leurs ennemiz
' p. 10. ■ p. 18. • p. is.
D,g,t7cdb/GOOglC
— LXI —
n'auront aucun loisir ny moyen de penser à vous; si
l'effect n'en suit, ne m'estimez jamais digne de vostre
amitié " '.
Cest surtout à son influence qu'on fiit redevable
des traités de 1634 et 1635, qui, faisant échouer à
la Haye les tentatives de paix ou de trêve, rendirent
Richelieu Ubre de reprendre, avec un redoublement
de vigueur, l'oeuvre interrompue par la mort du Roi
de Suède, et compromise par la lâcheté et l'égoïsme
de plusieurs Princes allemands qui, pour se récon-
cilier avec l'Empereur, abandonnoient les intérêts de
la liberté et de la foi évangélique.
Le traité de 1634 ne fiit pas conclu sans peine.
iiJ'avoué", écrit Âerseeiis à un homme de confiance à
Paris, „que j'ay parfois désespéré du succèz de ceste
afiaire. J'en loue Dieu, qui par ce moyen nous a
retirez d'un mauvais train et nous a remis en la voye
de salut, sy nous voulons estre gens de bien et re-
prendre les vieilles maximes de nos pères à loger tonte
nostre seureté dans les armes. La France aussy peut
se vanter de nous avoir ramené de très-roauvais désirs,
qui au progrès nous eussent portez dans un accommo-
dément avec l'Espagnol; mais maintenant nous sommes
sors de rompre toutes les menées et d'avoir nostre
recours à la continuation de la guerre, laquelle, si elle
se mesnage avec la foy et vigueur qu'il convient, nous
' p. 24. — „Si met gopplintiDiii todi sont d'aucDDC couâiinUou , ja todi
CK cotqnRT ds pnodra i et coup une bonne r^lution aar 1k condition da
noaln Bitat, st de fiire promptcmeot oairrir 1& mwD m Bo;, tfln que, Doaa
Koonirut BD •onbitini d'ane ij hoooe joUmtS, <eir jiinan iiona njr ooi enoe-
nii ne mirent 1 banconp prèi ai forte *fm^ tui ahampa , comme nou alhnu
faire ponr )i»lre reapect) die nom en «oit aceme, ponr prenins partàtonlTOi
Moeaitù», diriger prindpdement noi eonteili ï Toatre dùir etatJUtJ". p. SI.
U,g,t7cdb/GOOgIC
peut afiranchir de toutes doz incommodités et crain-
tes. Certes le Cardinal de Richelieu se peut vanter
de nous avoir arrachez d'entre les bras des Espagnols,
où l'imprudente passion de plusieurs pensoit nous jec-
ter, et ce sera une de Bea plus grandes gloires de nous
avoir ou conservez ou restablis dans l'amitié du Roy.
De fait cette nouvelle confédération renouvellera en
nous la hayne contre l'Espagnol et le soin de mesnar
ger mieux noz alliez"'. — Ecrivant à Richelieu, il fit
valoir le mérite de Frédéric-Henri dans cette impor-
tante affaire: „vostre prudence a enfin obtenu que
nous sommes tenuz au Roy de la salvation de nostre
Estât, lequel, sans le support de son alliance, allait
le grand train à un accommodement avec l'Espagne;
encor y-a-on assez long temps douté au choix, tant
estoyent les affections de plusieurs prévenues à désirer
le repos; mais le Prince d'Orange, ayant meuremeut
considéré l'artifice de noz ennemiz, et qu'il nous est
plus seur de mettre après Dieu nostre salut aux ar-
mes et au mesnage de noz alliez, il a persuadé aux
Provinces, qui à bon droict défèrent beaucoup à son
jugement, d'accepter les conditions que S. M. leur avoit
faict présenter , et de perdre la volonté de traicter avec
l'Espagne , laquelle avoit sy bien prins ses racines qu'elle
n'a peu estre arrachée sans grande contestation"'.
Cette alliance toutefois n'étoit qu'un préambule, un
moyen pour amener le Roi à rompre ouvertement avec
l'Espagne, un acheminement à la confédération de 1635.
La lettre oii Âerssens complimente le Cardinal sur le
traité de 1634, contient déjà ce qui suit ; „pleu8t-il à Dieu
D,g,t7cdb/GOOgIC
qne vous et noos périssions conveiiir à nous affi^nchir
pour une bonne fois de la jalousie d'Espagne , en le
décÂassant des Pays-Bas, ce qui ne dépend que de
nostre volonté'".
AUié à un Etat puissant, on court risque de tom-
ber dans sa dépendance. La République devoit donc
éviter de se laisser entraîner par l'asceDdimt de la
France à des engagements téméraires. En 1637, lors-
qu'il étoit question d'une alliance en faveur de l'Éleo-
teur Palatin, Aerssens déconseille au Prince d'Orange
de compromettre l'État par une ligue qui, pour les
Provinces-Unies surtout, seroit pleine de périls*. H
insistoit aussi sur les obligations de la France, ap-
pelée, par l'étendue de ses ressources, à fournir la
pins grande part dans les dépenses communes, et
qui ne devoit pas abuser de la bonne volonté de ses
alliés, en leur demandant des sacrifices au delà de
leurs forces. Il écrit au maréchal de Châtillon :
„J'ay bien considéré vostre lettre, et S. A. en a
aussy pesé le discours et le subjct; elle trouve les
conceptions de S. M. dignes de sa grandeur et de sa
magnanimité; car; voulant f^re valoir la réputation de
' p. 57.
* ..Manaàgnnir rSlcettnr vt tronttr V. k. uir te Inicté, qui liant d'ntra
concla eDtre U Fnnca et l'Angleterre. La cbon mérite un ittnition, «u
nglrd de cet Eflat, leqDcl, confinant à l'Empire dn coat^ de aan plni foîble,
Mbt meareinant peser sy, an la concoirence de deni paimni Boii, il luj
al dpédient et aeur de dJoUrer la guerre à l'ErapereDr, txtmmt au dflenleur
de PtUlinit. Mi coDiidâitiDD est qne cet Roii peuient touajoDra drainer
cette confjdiration , nos sa peiner d'anoan reproche, nj de retour, pennna
eoniister en eu mesmes , mois cet £stat seroit le tbtttre sur Ingnel l'eilrif
Tiendrait à sa d^esjer J'atone qne , ij tout de toD et sonba des condi-
lÎDU eaga)a*, on pooToit eoDieoir d'nna eatroite et ngooieasa oantjdjnticai,
qi'il serDit 1 prapot d'en onbrasser le partj ; nuii de ne se ligner qie pont
1* «eal Palatiiiit, V. A. ; tronvera sans doute bien \ redin". p. 100,
,,.CooglL-
ses armes, afSn de mesnager les alliez et nécessiter les
ennemis de se rendre plus enclins et traitables, il
luy est nécessaire d'entreprendre et pousser la guerre
avec pli^ d'effort et de vigueur que par le passé, et
de se prévalloir de ses alliez, comme d'un accessoir
tant seulement, entre lesquels cet Esta^cy ne feict pas
petite considération , mais lequel a besoin d'estre aydé
et supporté, s'il ne peut en tout correspondre aux
désirs de S. M. " '.
De son côté la République devoit, sans tenir compte
des belles promesses de l'ennenii, persévérer dans l'al-
liance avec une inébranlable fidélité. Quelquefois le
Prince d'Orange sembloit enclin à suivre des conseils
pacifiques. Ainsi, en 1632, il avoit prêté l'oreille aux
propositions de trêve faites, avec le consentement de
l'Infante Isabelle, par les États des provinces-désunies,
à des conditions très-avantageuses. Ce fut Aerssens ap-
paremment qui, après l'avoir ramené au véritable point
de vue, lui fit sentir ce qu'il y avoit de fallacieux dans
ces avant^es particuliers. Chamacé écrit qu' Aerssens a
fait au Prince un discours concluant au renvoi des dé-
putés, à traiter avec l'envoyé de France et à envoyer du
secours en Allemagne; „lui proposant que, comme son
nom avoit servi publiquement pour persuader à ces
peuples la trêve, lorsqu'elle estoit possible et utile, de
mesme, maintenant qu'il voit la tromperie des Espag-
nols, il doibt les en dissuader"'. Surtout en 1635,
après l'issue défavorable de la campagne, une défec-
tion des Provinces-Unies sembloit à craindre , et le
Prince lui-même paroît avoir plus ou moins favorisé
' p. 114.
D,g,t7cdb/GOOgIC
LXV —
les tentatives de paix séparée'. Le greffier des ÉtatS'
Généraux tenoit , à Cranenburch près de Clèves , des
conférences avec un secrétaire du Roi d'Espagne. Aers-
Bens se proQonça avec force contre ces desseins. Une
lettre à Frédéric-Henri ne contient que peu de lignes,
mais OD y lit: „je vous diray que tous les yeux de
cet État sont portés sur la pratique de Oanenburch,
où il va du salut de nous et de nostre postérité"*.
En France il n'y avoit qu'une volonté décisive, celle
du ministre-roi. Tout ce qui pouvoit lui déplaire de-
voit être soigneusement évité. Nous avons plus d'un
exemple de la circonspection d'Aerssens à son égard.
En 1688 on vit arriver inopinément à la Haye la
Reine-mère de France, Marie de Médicis, exilée à cause
de son iniioitié envers le Cardinal Ce fut à Âerssens
surtout qu'elle eut recours. „S. M. me fit l'honneur de
me convier, en termes sy humbles et pleins de pitié,
' p. 89. Dini Ici Mémoirtt it Sieitlàu on liti „Ce qui doDU plu da
napfm du proc^ da Prince, fat qn'il ^ig;noit tona ma qaî Ploient enncmii
it 11 Irtra rt iflcdioaDà i b Prencv, et entre aatre* le aiear AerMcna, qa'il
V nommer unbuMdeuT «treordinaira en ADgleterra, dont il aat gnnd pàot
iMglnntir, par une protcitilioD qn'il fit de Tonloir demearer plaiSt penonas
piMe ma» «nplin qaa le wamettre à an exil perpjtnel , doal le lienr Pan
lai iT(àt tié nn exemple trop rjcalit". X. p. 4S0. — 11 ait inl^naaiat de im»-
panr ce qn' AerMaot ieiit an Piiaee, ta 10 dot. IflSS. „L'imbaiaaiIc d'An,
^dem avoit oU comme ràolne en Hollande, k la ràerra da la penonne,
lonqu Dieaienn lea Battts-G£njranx fursnt appelle 1 Arnhem ; mai*, i lear
ntonr et aar leur relation, il fat penij ploa i propos de b remettre ipria
FMaernent da ce qni paaaoit i Cnnenbnrah, pour ft un meame tempa n'engt-
gei rSatat en dam «ctioDa wnttiirea, ituvoir d'aller sonner le Saj àe la
Grande- Bretagne d'antrer en nottra ligna, pendant qa'il aérait traiaillj ie;
ponr rœbanger iHHU>mcamea k noa trefaa; da iMta, qoadepaia ce tempa là
il ne a'cD eat ploa parlé", p. 90.
* p. 89, ^aat aan* donta oelta n^oeiation qae M. Martin a an ne, lon-
^"il ferit: Le Prince d'Onngc Aoit ai Heoan^é qne, dnrant l'bifer, U
aaUow, contrairement «n Imitj do S féirier, daa négodaliona avec l'ennemi,
1 rtHa da h FiUMe". Bûtoire dé Pranee, XI. 484.
,, Google
— LXVI —
en ressouvenauce des faveurs qu'autrefois j'ay receaes
de sa régeace, au bénéfice de cette république, de m'em-
ployer à disposer V. A. à intercéder pour elle, main-
tenant qu'elle vient de quitter son séjour suspect à la
France et s'est retirée par devers les plus confidens
amis et alliés de S. M., priant d'en abr%er ta délibé-
ration, pour n'en perdre l'occasion ; surtout qu'on voul-
lust pleiger sa candeur et sincérité vers M. le Cardi-
nal" '. Mais la candeur et la sincérité n'étoient pas
les traita distinctife de cette Princesse , dangereuse par
ses intrigues continuelles et son ambition démesurée ;
Aerssens n'avoit pas grand sujet de se louer des fa-
veurs de sa r%ence, et on pouvoit, sans lui faire in-
jure, ne pas prendre à la lettre ce qu'elle déclara
„fraQchemeut et conâdemment " savoir „qu'après sept
ans d'exil, elle estoit lasse de sa condition, voulloit
chercher son repos dans sa réconciliation avec le Roy
et M' le Cardinal, sans avoir aucune ambition ny
rancune de reste, preste d'embrasser et aymer M. le
Cardinal, comme utile au royaume et un très-digne
ministre du Roy son fils"'. Quoiqu'il en soit, „pour
ne brouiller l'Estat en matière tant délicate et cha-
touilleuse," une extrême prudence étoit de saison. Im-
médiatement Aerssens , d'après le désir de la Princesse
d'Orange, „8ans conseil en cette épineuse délibération,"
écrit au Prince: „nous avons donq la Royne au coeur
du gouvernement et au centre de l'Estat. V. A. sçait
les occasions qui luy ont faict quitter la France, pour
prendre sa retraicte dans le party de l'Espagnol, pre-
nant M. le Cardinal à partye. Ce n'est pas à nous de
'p. 1
D,g,t7cdb/GOOgIC
— LXTn —
décider, sy à droict ou à tort, mais bien ce qui con-
vient à l'Estat de foire eu telle occurrence" '. Âppuy&Dt
sa démarche sur ce que la Reine étoit venue »se reti-
rer des lieux suspects à S. M. et se mettre entre les
bras de ses plus affîdez et obligez alliés et Berriteura,"
Aerssens conclut à dépêcher vers le Hm, afin de s'en
remettre, pour ..quelque expédient de meilleure intelli-
gence," à sa volonté. Maia aussitôt il ajoute: „par mesme
vDje se devroit-on adresser au mesme temps à M. le
Cardinal- et le prier d'ouvrir ses sentiments sur telle
proposition et d'en entendre ses moyens, &isant démon-
stration de ne s'y engager plus avant que luy-mesme
le désirera*". L'instruction de cet envoyé, personne
qualifiée, connue et bien entendue, doit tendre prin-
cipalement „à foire connoistre qu'en toute cette action
l'Ëstat n'a visée qu'au service de S. M. ei au cotUen-
temaU et direction de M. le Cardinal' '. „S'il y a de
la volonté à servir la Reine, on doibt aussy avoir de
la prudence à ne rien poster vers M. le Cardinal'*.
Le voyage de M. de Knuit , envoyé à Paria , ne réussit
point; mais le but principal d'Âerssens fut atteint.
„Ce volage est de peu de coust et de temps pour une
tant importante occasion. S'il succède, la gloire en
sera deue à la prudence de V. A.; s'il est rebutté,
fEstat aura foict démonstration de ses bonnes et saines
intentions, sans caballer; car il faut iotf^ra avoir aoin
de meSMOffer M. le Cardinal" '.
De même en 1640, étant parvenu à conclure le ma-
riage d'Angleterre, „snr l'ouverture et proposition de
ia Reine-mère," il exhorte te Prince „d'aviBer aux
,,Googlc
moîens de prévenir les ombragea que la France est
pour en prendre, surtout M. le Cardinal, la plm dé-
fiante et soupçonneuse personne du monde" '.
Aerssens s'employoit constamment à consolider une
alliance qu'il avoit tant contribué à former. Il avoit
droit de déclarer, écrivant au maréchal de Châtillon:
„J'ay rendu en toute occasion les offices d'un homme
de bien à nourrir et entretenir la bonne intelligence
de cet Estât avec la France; en quoj je ne me las-
seray jamais, car c'est l'unique moyen pour espérer
une heureuse issue de nos longues misères , et peut-on
faire estât de nostre foy et de nos forces, comme
nous faisons de celles du Roy"'.
Cherchant un appui dans la confédération avec la
France, guidée par un ministre tel que Richelieu,
jamais cependant Aerssens ne perdit de vue que de
bons rapports avec l'Angleterre étoient également in-
dispensables.
L'abandon manifeste de la cause du protestantisme
par les Stuart le décida, dès que l'influence de Ri-
chelieu devint prépondérante, à se tourner de nouveau
vers la France. Néaumoins informé de ses négocia-
tions à Iiondres, le Cardinal se déficit encore de lui;
' p 208. — 11 (joute. „Et aeroit mon advis, pour ds perire U coiftcDM
ds la KriDce, eu pcnunl icqujrir celle d'Anglderre, d'niiroj'sr, incDntîneDt
■prit la coDcluaicn, Ten nu Émisenee, poui lujr ea donner part al (9claini»>
aement; de peur qne Pabnin» et CMgneai na eherehaat i IronUer fortniotel-
Hgence; car il eat imponible qa'il lrDD*e rien boo qni procéda de riovealion
de eea gêna, qn'il croit n'aroir dea pensje* que pour 9a rniDe".
' p. lU.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— LXIX —
c'est pourquoi en 1629, Âerssens lui écrit: „Je présume
qu'avez eu quelque raison éloignée de ma coulpe, pour
me tenir pour un temps tant de rigueur, et me traie-
ter de suspect, comme penchant trop vers l'Angle-
terre, par le consentement de la religion, à quoj mes
actions ont donné aussj peu de prise que mes pensées" '.
Mais, sans pencher trop vers l'Angleterre, il ne
maDquoit pas de faire valoir, en toute occasion, le
prix de son amitié. C'est ainsi qu'après le traité de
1635, réglant le partage éventuel des Faj^Bas, il
déplore qu'on „a perdu l'occasion d'envoyer eu An-
gleterre à prévenir les ombrages que l'Espagnol y tâche
de faire prendre de la confédération de cet Estât avec
la France, et v. Exe. sçait que l'eaclat de telles jalou-
sies seroit pour se iaire à nos despens, qui ne noa»
gçaurions passer de l'amitié de cette couronne-là , pour
dxoers retpeets"*. „Le Roi d'Angleterre et les Etats,"
écrit-il en 1640, „ont leurs intérêts inséparables en
la religion et en la mer"'. Encore peu avant sa
mort, en 1641, dans les différends entre les com-
pagnies Orientales d'Angleterre et des Provinces-Unies,
eibortant à s'abstenir de prétentions exagérées et in-
JQstes, il ajoute: „la patience des Anglois est longue,
mais sy, négligée, elle vient à nous choquer , nous se-
rons blasmés d'avoir mal faict nostre partye, là oii
nous devons rechercher tons les moyens possibles à nous
Wen entendre avec l'Angleterre , tandis qu'elle se lie
sy estroittement à nous , et demeure persuadée que la
senreté commune est fondée sur des mes'mes intérêtz"*.
Non sans beaucoup de difficultés, Aerssens réussit.
,, Google
en 1625 , à conclure une alliance offensive et défensive
contre l'Espagne '. Cependant, avec une conduite aussi
incertaine que celle de Charles I, on ne pouvoit comp-
ter sur les engagements même les plus solennels. lia
question de la délivrance du Palatînat étoit extrême-
ment populaire, et forçoit le Roi à foire quelques dé-
monstrations assez insignifiantes de bonne volonté;
mais, fidèle au déplorable exemple de son prédéces-
seur, il laissoit écraser les Protestants en Allemagne,
tandis que, soutenant le Roi de Danemark, il eût
puissamment fortifié la résistance contre la ligue catho-
lique. Après les rapides succès de l'Autriche, se rap-
procher de la France eût dû être à l'ordre du jour,
mais, inquiet de la haine à laquelle son méprisable
favori Bucldngham étoit en butte, et désirant se con-
cilier les esprits en flattant les passions religieuses , il
encouragea les réformés françois, au moment le plus
inopportun, déclara la guerre à Louis XIII en leur
foveur, et rendit, par cette diversion funeste, la ruine
du protestantisme en Allemagne inévitable '. Indignes
successeurs de la Reine Elisabeth, les Stuart, dès leur
avènement, suivoient une politique décidément espa-
gnole et honteusement pacifique. Leur animosité contre
le puritanisme, leur attachement à l'Église anglicane,
dont le dogme et l'organisation se rapprochoient des
croyances et traditions romaines , leur dévouement sin-
cère et superstitieux à la cause d'un absolutisme royal.
' le tnJté de Soalhamploii.
■ PréTOTut CM Iriitea coDt^aenoa , Aenceni écrit & Bichdiea: „ecUe ntk-
inlAlliganai eoirc la deux courcmiiea noai dcipliit iafiotaiBiit ; pourtant dou
tniTulloni incanmmMt pour ulvûei tni np^diciia proprei ponr la ftira co-
ur, et Tolonliera feriona plu, »j erajioni qne Doitra enlremisB doait aetre
BggT&ble et de fraiot". p. SO.
D,g,t7cdb/GOOgIC
inconcibable avec les opinions presbytériennes et avec
les véritables principes de la Réforme, enfin toute leur
manière de voir en religion et en politique, devoit, en
les faisant incliner vers l'Espagne, laisser un libre cours
à leur jalousie envers la France; surtout aussi exciter
leurs antipathies contre une République qui, par son
Église calviniste, son gouvernement républicain, et sa
prospérité commerciale, leur étoit contraire et que,
dans leur dédiùn de la liberté religieuse et des droits
de la nation , ils n'étoient pas loin de regarder encore
comme un exemple dangereux de résistance au souve-
rain légitime. On s'explique ainsi la mauvaise foi et
la duplicité de Charles I, tantôt briguant l'amitié de
la République, tantôt conspirant sa ruine'.
Vers la fin de 1639 M. de Sommeladyck fut envoyé
en Angleterre; d'abord, afin de prévenir une rupture
avec les Provinces-Unies, ensuite afin d'obtenir la main
de la Princesse Marie pour le jeune Prince d'Orange.
Cette double négociation, à laquelle une partie con-
sidérable de ce tome se rattache, fut le dernier acte
de sa carrière diplomatique.
Presque septuagénaire, il jouissoit encore de la plé-
nitude de ses facultés. On retrouve dans ses nom-
breuses lettres' la même vigueur d'esprit, le même
' i.Coinineiciil rifiliy conspired with i far mora powcrfui motlie nt oouri ,
a ibhomnec of erery Ihing rcpablican or CBlriniitii; , la Disks oor cour» of
fuËej towBidi HalUnd not oui; dDfrinidly, bat intidioai and iatmical in Uis
Ugtat dtgne. A seent trest; i> eitmt, signed in 1631, by «bich Chirlei
oglgcd in the omqaat of tbit groit protnUnt connnonweilth , rïtaÎDiog Ihe
Uta of Zeclsad u tha pries of bii coopcntiDn.". Hillam, Canttitulional
Ultory of Bnglaid. II. 80.
• Oatra les lettra comnumct dei imbundcnTs, en 1641, it y en ■ 42
,,CoogIc
enjouement, la même facilité de style; l'écriture est
fine et régulière comme auparavant
n fatloit prévenir une rupture en jufitifiant la vic-
toire navale de Duiss. Ce n'étoit pas chose facile.
Après avoir refusé de laisser attaquer les côtes de
Flandre par la France et la Hollande, Charles I ne
s'étoit pas fait scrupule de favoriser un armement ex-
traordinaire préparé en Espagne. Le Prince d'Orange,
averti que cette flotte avoit ordre de rester aux Dunes
et de faire passer l'infanterie en Flandre par une esca-
dre de Dunkerke, ..assistée des vaisseaux même du Roi
d'Angleterre'", fit, d'après les conseils de Richelieu',
prendre sans délai des mesures énergiques. On enjoignit
à l'amiral Tromp d'attaquer l'ennemi, partout oià il le
trouveroit et même si les Anglois leur prêtoient se-
> lyEitnidea, Lttirct et Nég. I. 41.
* IiB piHsg« sainot do d'Eatndfs . écrivant le 2S aoAt 1689 à Bicbstna .
eit atrêmeDKnt icinirquable. ,.Le Prince s cctie aibire li à coeur, qu'il dé-
pêche tooa les jouri quatre GenliUhommea dam les Aminalei, pooi lui rendra
compte de l'état des iriaeiaeiia. VStre Émigcncc doit Stre en repoi de ce
o6té-U, et je U pnii SMÛrer qa'elle verra dans pcn ds tema quelque choac de
grand. I)ani l'eutreticD que J'ai eu avec lui ce jourd'hui , il m'a dit qu'il âoit
tantj de monter lnï-iniine »m la flote, pour comballra celle d'Etpagne. Je
loi ai répliqué, que vAIre Ëminence ne «erait paa de cet atia, et que sa per-
(Onne loi Ha\i trop chère pour ta Toir bazarder saua s'y upposet, maia qu'elle
touhaileit sealemeot qu'il donnlil aa ordres aux Amiraux de combattre la flote
d'Espagne dana le) Uunea, nonobstant li protection que le Rui d'Angleterre
aemblait lui rouloii donner; parce que ec semit une r£>olalicm digne d'un aniM
gnod capitaine qu'il Aoît, et qui marquerait nne fermeté eitriordinsire à
anrmonler les obaUclee qns deux grandi Roia ont formei contre aa penonna.
Il me demanda sur cela, ù je crofoia que ce fdt là véritablement la pensés
de vôtre Éminenoe. Je lui dis qu'il n'en devoît pas dunter, qu'estimant n
personne, et aimant sa gloire, il n'j avoil rien qu'elle soubaitfit davantage,
que de voir toutes aea grandes aciiona couronnée* par la plus éclatante qu'on
puisse imaginer, en défaisant la flote d'Eapagne dans un port d'Angleteira,
et aoutenne par les vsisseaai de ce Soi, et Qtsnt ainsi tonte sorte de Mconn
à la Flandre, qui auroit peine «près une telle défaite de «a maintenir «outre
h* armées du fioi et celle de Uewenrt In Etat*, oonuiuuidés par lni-mtme".I.4S.
ll,g,t7cdb/COOgIC
— LXXJII —
cours. Ces ordres, donnés et exécutés avec une har-
diesse extrême, furent couronnés du plus éclatant suc-
cès. Attaquée près des côtes d'Angleterre et ayant
trouvé un asyle dans la rade de Duins.cettearmadey
fiit anéantie quelques semaines plus tard. Ainsi étoient
venus aboutir à une victoire des Hollandois, aussi
glorieuse que celle de Nieuwpoort sur terre, les pro-
digieux efforts de l'enaeini pour ressaisir la suprématie
maritime. La puissance navale de ('Espagne ne devoit
pas se relever de ce terrible coup '.
A la Cour de Londres une entreprise si étonnam-
ment audacieuse, accomplie malgré son voisinage et
sa protection, fit jeter les hauts cris. Immédiatement
l'homme qui dans les Provinces-Unies , par ses talents ,
son expérience et sa participation au maniement des af-
faires diplomatiques, étoit plus qu'aucun autre en état
de se charger d'une mission extrêmement importante
et délicate, Aerssens, qu'on savoit souple et insinuant,
mais soigneux de son honneur et de celui de la Répu-
blique, fut envoyé pour apaiser le Roi, ou, comme il
s'exprime lui-même, pour ..endormir le faict de Duyns"*.
U trouva des dispositions très-hostiles. „La constel-
lation de cette cour nous est peu favorable. On envie
nostre prospérité, on fwct encor semblant de redou-
ter noatre puissance, et ne peu^on digérer nostre
confédération avec la France. Ce sont en partye les
raysons qu'on iaict valloir à refroidir le Roy et les
affections du royaume envers nostre Estât, et en vient-
on desjà jusques là de dire qu'il faut balancer la puis-
sance du Uoy d'Espagne et de messeigneure les Estais
' lUrtiii, m^l. de RMce, XI. 4M. • p. 171.
,, Google
dans les Pays-Bas, en empeschant que l'un ne vienne
à succomber, ny Tautre à gaigner trop d'avantage,
surtout s'opposer à la France, sy elle prétend d'em-
piéter quelque chose en la Flandre. V. A. voit où en-
fin cela va aboutir. Le Roy d'Espagne peut trop en
cette cour et tous les plus puissans y sont de son
costé"'. — Le comte de HoUand étoit en disgrâce,
pour avoir été trop bon prophète. „I1 n'est pas bien
dans l'esprit du Roy et de la Royne, principalement
pour avoir eu prise avec le député d'Irlande' sur le
subject de la flotte d'Espagne aux Dunes, qu'il con-
seilloit au Roy de faire retirer, pour ne la voir com-
battre par les Hollandoys au préjudice des droits de
S. M., ce qu'asseurément ilz feroyent, portez de la né-
cessité et fondez en droict; à quoy le dit député s'op-
posa, soubstenant qu'ilz ne l'oseroyent avoir pensé, et,
la chose ayant Succédé ânsi que l'autre avoit prédit, il
semble que maintenant on cherche à luy jetter le chat
aux jambes"'. Aerssens put se convaincre de la per-
fidie dont on avoit usé envers la Republique; la venue
de la flotte espagnole avoit été concertée avec Charles I *.
Maintenant encore on menaçoit les Provinces-Unies d'une
• p. 1S6. • Slrafford. ■ p. 157.
* „L'iadieal« du r&idfnt d'Espagne ne fnt qu'âne gmuds et ■mère pUinli,
de et qnB le Roj, contre ta pramssae, luroit «oaSert uni Hallindoit d'entre-
prendre aui UujiDCB, durant qu'il luy en Eoit Bntisraict , et i exhibé ik S. M.
le donble de U lettre que le ceeretaîce Windebink auroit par son commandemeot
escrit de Berwjck, bien qaatre mois derent YarrUée de la flolle; elle dit que
S. M. a tena u parolle, ayiot i, cette ûa Taict eatretenir quanlttédeDBVi'reieu
dît lieu, mais rien n'estant arriva jusqaea au dernier de juillet, qu'elle auroit
en beaoïn de ica Teiiaeaui Billeura, que meamea cncor deni moii depoig il ne
a'eat parlé d'aucune flotte, tellement que le Ko; d'Elpaigue apnt manqué au
terme dans lequel il deaiBodoit de la «eureté, n'a nulle raison de k prendre
k ta; du malheur de sa flotte. Je crains que toutes cea plaintea ne l«ndtiit
qn'ik irriter davantage le Boy contre nona, l'il ne se paja de raiwn, et de U
V. A. apprend que cette venue a ettè eoneerlie met te Boy, ce qu'on nye
D,g,t7cdb/GOOgIC
— LXXT
ligue avec l'Espagne. H ne pouvoit le croire. „Si pen-
sons bien à nostre faict, je ne me puis imaginer que
j'envie les prenne de nous choquer, encor qu'Us dient
se voulloir joindre à l'Espagne , sy nous pensons nous
unir séparément avec la France" '. Toutefois „je crains
bien de cette Cour," écrit-il, «quelque bourrasque, sy
les affaires qu'on a à démesler ne nous en garantissent" '.
Les affaires qu'on avoit à démêler s'embrouillèrent
encore davantage, et la hauteur et l'arrc^nce ne fu-
rent plu3 de saison. Tons ceux qui aspiroient à une
réforme religieuse et pohtique, applaudissoient avec
une vive sympathie à l'énergie des Hollandois; leur
cause devenoit presque une affaire de parti Par ce-
coDcours de circonstances, la tâche du négociateur,
très-pénible, s'il avoit eu à lutter contre la fierté na-
tionale, fiit rendue plua facile; toutefois la crise n'étoit
pas encore assez avancée pour prévenir les retours fré-
quents de l'indignation que le désastre de ses aUiés,
injurieux et humiliant pour sa couronne, avoit fait
naître dans l'âme du Roi
D'abord il n'y eut que délais et longueurs. „Je n'y
vois de remède", écrit-il, „que dans la patience, quel-
que ennuyeïise qu'elle me soit, pendant laquelle je me
tiendray aux escouttes, pour en descouvrir la cause,
et certes c'est un bien estrange procéder, que ceux
qui se croyent offensez, n'en font point leur plainte
eux-mesmes et tardent à repartir à nos esclaircissemens
et justifications , que contre tout ordre nous avons
faict précéder, pour le seul respect du Roy" '. Cette
poulul fart et fmne ta cette eoni, tant Porter fn Vmot put&fuemesi et,
■j le Bo; y «t maM >j iTsnt, il y hiidn plu de bçoD 1 en aartii". p. IBS.
' p. IfiS. ' p. 166.
D,g,t7cdb/COOgIC
répugnance à s'occuper d'une afiiùre si facile à ter-
miner, lui semble avoir un motif non avoué daos uue
négociation avec l'Espagne'. Toutefois .je me résous
a patience, moins dommageable, veu que l'Ëstat a frappé
son coup ; tous m'en promettent bonne yssue et que je
m'en retournera^ content, par ce qu'on ne veut, ny
peut se séparer d'avec les Provinces-Unies"'.
Le Roi préféroît garder le silence que de se voir
contraint à donner une réponse désagréable, qui amvit
pu le compromettre avec la Eépublique. S'en étant
apperçu, Aerssens comprend qu'il a tout lieu d'être
satisfait: „Ce n'est plus à nous de remuer le faict des
Dunes, d'autant que le coup en est rué, que l'avons
justifié de bouche et par escrit, et, sy en pressons la
responce, elle ne sçatu'oit estre que de condemnation,
après tant de bruictz et de menaces; le silence donq
nous peut suffire, comme d'une espèce de responce,
au lieu d'une aperte apprdbation , que la condition du
temps et des hommes ne permet d'espérer'".
Par ce silence sa mission étoit terminée ; il pouvoit
et même il devoit se retirer. „Le scandale des Dunes
' „Je recberche la csuie de eea alloDgei; ccdi du conseil «t la mimitns
ninmes let eiciunil par le conconn de beaucoup da grandi et impoTtana af-
birct, inr lea prjparatilï da* deoi Parlementa; lea antre* l'impotent & anc
leoteor oalurelle de «tte Coar, maii l'ua ny l'autre ne peut convenir \ DMtr«
coirmiasion , qui n'a pour object qa'nn esclairduement de ce qni a'nt Met aux
Unjnt, et mr quelg raademeM: la tMponce donq ne requiot longue d^tibf-
Ntion , puisque c'est cbose faicte et qu'on la doibt, on approuver, on la con-
damner. Ja ne p«D*a pai me tromper, ij je siûs en quelque opinioa que le
dessein est de noua tenir quelque temp» k 1« main, pont maKhander afccl'Ei-
pigue". p. 162.
■ p. 183, w.
* p. 184. „J'sppTen« qne plniicart pat ddi sont d'adiîs qne la responce
qa'oD none pourra donner lera plnitort aigre et offensin qn'aulrement, et jn-
giwt qu'il n'eat gn^ea à propoi do ttin beaucoup d'instance \ l'aioir, en qaoy
je les pente bien Tondei , quand ee ne serait qne pour le mu) rapect des cri*-
ries qui en ont esté faicles." p. 201.
D,g,t7cdb/GOOgIC
a esté sy bien justifié, que la pluspart du conseil, en
présence du Roy, a soubstenu que le pouvions et de-
vioDs faire; aussy est-il assez endormy, attendu que
jusques ores ne s'en est f&ict la moindre plainte, mais,
tant que je demeureray, qui nous garantira qu'à l'une
ou l'autre occasion on ne ta fera revivre"?'
Ainsi, grâces aux embarras croissants de Charles I,
l'assoupissement avoit été volontaire et l'apologie n'a-
voit rencontré aucune contradiction. Toutefois, si la
situation critique écarta beaucoup d'obstacles, on au-
roit tort de ne pas faire entrer en ligne de compte le
crédit, l'adresse, la fermeté du négociateur.
n savoit, dans l'occasion, user de cette fierté noble
et digne qui ne dissimule pas un juste ressentiment
On peut en juger par sa réponse à M. Vane, propo-
sant une alliance entre l'Angleterre et la République.
„M'estant venu visiter, me dit, entre autres discours,
qu'on avoit depuis quelques années observé deux cho-
ses, la première, que le Roy d'Espagne a travaillé à
mettre le Roy et son peuple mal ensemble et que son
dessein luy a bien succédé; l'autre, que la France a attiré
à soy les Provinces-Unies en les détachant de cette cou-
ronne; à quoy il pensoit que le Roy doibt remédier,
par le Parlement pour le premier, et par un bon traicte
avec les Estatz pour l'autre, en renouant la première
confience; surquoy je luy ay confessé qu'il a sagement
remarqué où tendent les voisins et qu'il ne peut trou-
ver mauvais que nous embrassions touttes amitiés qui
se présentent à nous contre le Roy d'Espagne, et qu'il
ne tiendra qu'au Roy de nous mesnager pour l'affer-
D,g,t7cdb/GOOgIC
— hxxvm —
missement et seureté commune." — Mais , après cette
plainte indirecte, rappelant la mauvaise foi dont on
s'étoit rendu coupable envers la République, il pour-
suit ainsi „mais il nous faut traitter mieux , sans don-
ner protection en ses rades à des années entières en-
voyées à nostre destruction, sans leur prester des navi-
res à mesme fin , et sans les secourir contre le droict des
gens, de tout ce qui leur faict besoin pour nous nuire" '.
Dès qu'il s'agissoit de maintenir l'honneur et la dig-
nité de la République, on pouvoit être sûr de son in-
flexibilité. „J'ai appris," écrit-il au Prince, „qa'on est
après à engager le Roy, avant que de rien relâcher
de son courroux, de prétendre une humiliation de
nous, jusques à quelque espèce de pardon. Je re-
sponds là-dessus à V. A. que jamais je ne permettray
à la langue, ny à la main, de commettre hen de
sy lasclie, ny de si bas, dont il puisse venir de la
flétrissure à la dignité de l'Ëstat et à moy de la
honte; mais, si on passe outre à m'en toucher la
corde, je me résous de faire une bonne et Hbre
remonstrance là-dessus à S. M. et, sy sur icelle elle
ne lelasche, de prendre mon congé, en trtûnant quel-
ques jours mon départ, pour laisser au temps ce
que la raison n'aura peu faire'". «Parler tant soit
peu de pardon, est trop intéresser l'Estat Serions nous
pas la risée du monde? où en prendrions nous l'exem-
pleP Ce seroit mie gratieuse réception à l'ambassadeur
d'Espagne, que de voir prostitué à ses pieds l'honneur
des Provinces-Unies, pour réparation de la deflaicte
de sa flotte. Nous en deviendrions mesprisables à no-
' p. iM- ' p. les.
D,g,t7cdb/GOOgIC
stre peuple et incapables de traicter au dehors, mes-
mes de servir l'Angleterre à son besoin; ce que ces
geDS ne considèrent point, qui portent, sans aucune
retenue, les intérestz d'Espagne, et, pour le leur par-
ticulier, cherchent encor d'y embarquer le Roy, qui a
la plus douce et meilleure âme du monde, mais tom-
bée en fort mauvaise nuûn et laquelle semble n'avoir
autre visée que de renverser toutes les anciennes et
meillem-es maximes et aUiances de la Couronne"'. „Je
supplie V. A. très-humblement de ne soufirir que je
80fs chaîné de faire rien de honteux, ny d'indigne de
ma condition ; car, à parler rondement et soubs vostre
permission, je ne sçauroy obéyr; ma charge est de
justifier l'action des Dunes et la justice est pour nous,
au jugement de tous qui ne nous sont ennemiz; le
pardon au contraire induict condemnation et est la
punition d'un criminel qu'on sauve par grâce"'.
Malgré cette susceptibilité vive et ferme, il s'appU-
qaoit à éviter tout ce qui dans tes formes aurait pu
être dur et blessant. Il paroît qu'à la Haye on s'étoit
permis de lui faire la le^n , en trouvant le ton de ses
remontrances, rédigées de concert avec M. Joachimi,
trop doux. Sa répUque montre le peu de fondement
de ce reproche. „Nos deux dernières propositions se
trouvent censurées, pour des termes réputez peu sor-
tables à la dignité de l'Ëstat, et n'y contredirons rien,
mais nous les avions concertés par ensemble, pour les
approprier au temps, en adoucissant la pillule contre
l'amertume, et pensions que l'honneur demeuroit à ce-
luy qui avoit le profiit. Nous avons déduict la justice
' p. 198. ' p. 198.
D,g,t7cdb/GOOglC
stipendiez d'Bspagne prennent jalousie et la papauté
prend tant de pied et de hardiesse, qne, s'il n'y est
ponrven bien tost, il en pourra avenir du désordre"'.
L'ambassadeur de France lui reproche; en présence du
Roi, ses menées: „qn'il la conooissoit grosse de faire un
mariage entre l'Espagne et l'Angleterre, que c'est une
vieille prattique des Espi^olz de mettre tels partis en
avant, pour en amuser le monde, quand leurs affai-
res en ont besoin'". S'étant querellée avec la Reine,
celle-ci s'exprime à son égard dans des termes peu
flatteurs. „M'°«. de Chevreuse est disgratiée de la Koyne,
comme brouillonne, factieuse, menteuse, prometteuse,
fardée, aux dents pourries, folle; ce sont une partye
des couleurs dont S. M. la dépeignit devant-hier à
M. l'ambassadeur de France, non sans cause"'. Ce
torrent d'injures est dans le style plutôt des halles que
de l'hôtel de Rambouillet; le récit de la conversation
qni amena cette rupture violente et passagère, est éga-
lement peu conforme aux idées qu'on aime à se faire
du ton exquis de la haute société à cette époque. „Ma-
dame de Chevreuse commence peu à peu à se remettre
avec la Royne. Je ne sçay point au vray le subject de
sa disgrâce; les qualités de prometteuse et trompeuse
ne conviennent point à l'amour; son aage et beauté se
sont aussy plus pour donner de la jalousie, mais l'occasion
de l'esclat fiit, qu'entrant en la chambre de la Rx>yne,
qu'elle trouva assez sérieuse, avec plusieurs dames,
elle s'estoit mise à crier, haut et de plaine voix, s'a-
dressant à S. M. ..Madame! madame! vous ne sçavezP
il y a bien des nouvelles; la Royne vostre mère a change
' p. IM.
D,g,t7cdb/GOOgIC
de galand et accepté Digby," ce qu'elle réitéra plus
de quatre fois, pressant tousjours la Royne qui s'en
destoumoit, mais enfin, n'en pouvant plus s'échapper,
toutte esmue et rougie, luy reprocha: „vou8 pensez
parler de Graft ' et de vous" '. — Les événements en An-
gleterre déjouèrent ses intrigues et même elle fut bien-
tôt contrainte de se retirer. Nos documents semblent
donc moins favorables au jugement de M. Consin , qui
lui assigne dans l'histoire une place éminente, à côté
ou du moins un peu an dessous de Richelieu et de
Mazarin ', qu'à celui de M. Martin qui , sans contester
l'éclat de son esprit et l'énergie de son caractère, la
met au rang „des brillantes et folles aventurières qui,
bien différentes des nobles et pures héroïnes de la
Réforme, jouèrent dans la politique un rôle considé-
rable , mais non pas très-glorieux ni très-patriotique ,
eu jetant, au travers des plus graves intérêts, des
passions puériles et des intérêts de ruelle"*.
Pour obtenir la Princesse Marie, Aerssens eut à
vaincre des obstacles divers.
Un projet de mariage avec l'Infant d'Espagne étant
survenu, on prétendoit lui substituer sa soeur ca-
dette. Longtemps les plaintes furent inutiles, il sem-
bla même qu'il falloit se résigner. Malgré l'extrême
jeunesse de la Princesse Elisabeth, l'alliance avec la
&mille royale d'Angleterre étoit trop honorable pour
la dédaigner, et on avoit à craindre que, si l'on ne
' ..Gralilhomme influa anipcct 1 Lodû XITI et k Ridielisn, et qae doqi
avoni pmqna toqjonn TcneoDtrJ à U inile de Msd. de CbeTrense**. Cousin,
Mali, de Cknraae , p. 68 et SI4.
' p. 20B. * CoDiiD, ;. l. p. II. • HiU. de R-aaee, a. 213.
U,g,t7cdb/GOOglL-
— Lxxxm -
preDoit une résolution prompte et décisive, te Roi,
travaillé par l'Espagne, ne vint à changer d'avis. Aers-
Bens écrit: „Si on me propose la puisnée, l'aage et ce
qni en dépend me feront ton^oors presser pour Tais-
Dée , par ce que l'Ëatat et V. Â. ont besoin de lignée
et m'y tiendray. Cela ne succédant point, V. Â. doibt
promptement résoudre ce qu'elle nous voudra com-
mander, soit de s'en retirer sur l'inesgalité de l'aage,
Boit d'accepter la proposition de la puisnée, pour en
conclure la (»>DvenaDce en forme, au moins par une
signature réciproque du Roy et de nous, en prévenant
par besogne faicte la venue de l'ambassadeur d'Espagne,
lequel, s'il venoit à en avoir le moindre vent, remue-
roit ciel et terre, pour en renverser le progrès; en
{juoy il se trouveroit aussitost secondé de la caballe
de Rome , d'Espagne , et des papistes" '. Les intenti-
ons de la cour lui sont suspectes; cependant il présume
„qu« les deux Roynes consentiroyent à faire traicter
avec V. A. pour la puisnée, comme un moyen pour
appaiser le peuple; mais je ne sçauroy croire que l'Es-
pagnol vouUuat passer plus avant en ce traicté, s'il y
a de la conclusion avec vous, n'estoit qu'on luy don-
nast paroUe de l'inexécution; c'est pourquoi j'ose re-
présenter raicore ime fois que V. A. doit abréger ses
délibérations" '.
Cette difficulté écartée, il s'agit du transport de
la Princesse. Le Roi jugeoit qu'elle devoit rester en-
core trois ans en Angleterre; mais c'étoit s'exposer à
voir le mariage, couda en apparence, se rompre plus
tard; „non", dirent les ambassadeurs aux commissaires
,, Google
— Lxxxnr —
du Roi, „que doutassions en façon aucune des bonnes
intentions de leurs Majestez , mais que les accidents du
monde s'y font craindre , comme les traverses et envies
de ceux à qui cette alliance est suspecte ; d'ailleurs )&
Friocesse a besoin d'apprendre la langue et le païs oti
elle aura à vivre, et à gaigner les coeurs du peuple" '.
Aerssens écrit au Prince d'Orange: „qous demeurons
comme achoppes au seuil de la porte. Que tenons nous,
sj on s'arreste là? Le Roy n'entend pas que la Prin-
cesse pasâe la mer, avant qu'elle ait atteint l'aage de
consentement; c'est donner d'une main, pour retenir
de l'autre. Sy on viept cy-après à changer de volonté,
elle tiendra le langage qu'on voudra, peu^estre mes-
Qies, pratiquée par quelque favorite, protestera con-
tre. Trois ans en tel subject sont autant de siècles.
.Elle conserve sa Hberté, pendant que le Prince aura
perdu la sienne"'. „Je prévois", ajoute-t'il, „vostre
perplexité." Il conseille de joindre à une dépêche,
ordonnant de „redoubler les instances, sans varier,
une lettre secrète pour lascher pr^, au cas qu'après
quinze jours de sollicitation , il n'y ait plus de lieu de
rien gagner". Surtout à cause du départ projeté de
la Reine ; „Bi elle nous eschappe, d'un an et plus noua
ne saurions espérer la solennisation du mariage"'.
Le désir d'introduire les cérémonies de l'Église d'An-
gleterre à la cour de la Haye fut une source de longs
débats. Là-dessus le Prince étoit inébranlable * et fai-
' p. H4G. * p. 351. • p. ses
* Oaoa l'InttructioD as M. de H««D>)iet, riëgée p«r Afrwens, on lit t „L'*r-
Uele tonchint l'exerrice ds la leligioa «tt de plna gnnde contidfnlian qoa toni
1m laltrai , car il paris d'obligsr S. A. i l'intiadiictioa dea c^ràDoniea de
l'IgliM d'Angleterre en m Coar, ce qa'îl na açturoit (kire >ana une gruda
•llénlion duu l'EaUt, et um le djaeriiee de u maiion et de m r^put^iop.
,,.GoogIc
LXXXV —
ant remarquer que non Beulement uae stipulation pa-
reille rendroit l'alliance odieuse, mais que la chose
étoit décidément impossible, ou du moins, dans une
République, ne dépendoit pas de lui'.
Enfin, lorsque tout paroissoit conclu, un incident
sembla venir tout déranger. Neveu du Roi d'Angle<
terre, l'Électeur Palatin, toujoiirs à l'affût de tout ce
qui pouvoit le rétablir dans ses états héréditaires, crut
devoir susir cette occasion propice et voulut persua-
der le Roi de ne souscrire au mariage qu% condition
d'eDgagements de la République en sa faveur*. Avec
nn soin extrême, Aerssens au contraire avoit détaché
la Q^ociation d'une alliance de famille de tout ce qui
étoit relatif à une alUance d'État*. Cette opposition
inattendue étoit d'autant plus fâcheuse que le Roi, à
in D'citiDt Bj dingereoi nj dâîett qis U dungsmtiit , mMoe* le plu Ugtt
d quoi ioditr^renl, m cho«e coMenwDt le* cooitcieiea* ; intii poiifDe Ici
t^tci d'Angletcm profcntot et coofaMiit hdb meame foy el(£rtUaTec edki
it cet Edkt, et que Ici cér^moDiei ne Mot Décesnirei et ae font uenae par-
^ Je 11 doctrine, qn'in contriire Jear iDlradoetiaii , ipria ons bj louftue té-
fematiaD et retnachemeot, doDDeroit Dcoanon de Kuidaliier lea GomcieDea de
piocieiin, qû le* quliSerajent eomme To;a mnentnt vtn li Pipantf, le ùeiu
de Heenvliet ranonetrera premiiremeDl que, memean let Eiteti eiUnte eeuli
KnTsniBS de eei prorineei , il D'ett la poDioir de qsi que e« loit à'j iotro-
daire d'iutne formet en ce qai eat de l'exercice de 1> ReligioD, que cellea qui
piàenlement 7 UDt eeUblies et exercje* pobliqnEnieDl ; en lecond lien reprf-
Koten qa'ijRDt lu dile dime i se rendre, comme elle >en , ebirt et egràible
à on peoplee, en coDudJntion priocipilenieot de l'aDirorniiU de 1» Religian,
It Bciadre inantiaD de formée el eérémoniee eilrati^èree leroil capebla lu oan-
tnire de lear rendre el m penoone moiniigrétbleetrilluDoeodiBiiM". p. SKI).
■ H. de Zaïlicbem &rit i U. de Heenvliet: „I1 umblp i, S. A. que >oiu
■• pram pu mei l'u^ment at impouMli , ni l'irtiele dee efrluiDiiiee .-
qd al, dit-elle, toeii kia de eoD pooToir que, pu exemple, il eeroit de calnf
i* M. U comte d'Arondd d'introduire dee DOOTeantà de re)i(iwn en Angleterre,
oi j\ n'y ■ que le Ro; de teaverùi, et quelle impertineoce terait ee dooD
fiDer promettre dea cboeea qu'on n'eat pat capable enevconeiortedepreateT?"
f. S02. — „Si S. A. pnmettoit la f iUe d'Amaierdam u nurchj , taroit-oa pai
cfauee lidîcnlï, n'en ponnnt non ploi diapoeer qna tona on mof 7" p. 8DG.
> D^ n dfa. lUOl'iledMire'AoitidreaiJanzambaNadeaniTojeiN^MOb.
■p. 8S».
m. Tï
,,Googlc
- LXXXTI —
l'exemple de son père, nullement disposé à faire loi'
même des sacrifices, étoit fort zélé pour les intérêts
de sa famille, pourvu qu'ils ne lui coûtassent rien.
D'ailleurs le désir du Prince infortuné pouvoit facile-
ment trouver appui dans le Parlement et y donner
lieu à d'interminables longueurs. Le comte d'Anindel
donna l'éveil à M. de Sommelsdyck '. En efifet, bientôt
les commissaires du Roi déclarèrent qu'ils trouveroient
volontiers quelque expédient pour contenter l'Electear,
„duquel les ministres ont estrangement cab^é en Cour
et au Parlement, pour, au moyen d'une liaison du
mariage et de l'alliance, espérer son restablissement"'.
L'Électeur se rendit en Angleterre. Il sembloit même
viser à supplanter le Prince Guillaume, en lui faisant
épouser la soeur cadette *. Ce fut en vain. Le mari-
age fut conclu, nonobstant les contremioes et opposi-
tions qu'y firent quelques-uns, qui le dévoient moins
que tout autre*.
1 du BdÎ BTee l«a a
e l« Roi fcroit porter le tnictJ 1
la maJaon haaie, où il acroit fori bien rcceu, maia qaa terau» bien deconscDtiT
DDC siliaace pour ralahHr M. rÉhcleitT. C'eat le aecret de la meue et l'ai-
fiance d'Estat qn'on préLcnd ; mnis quand on cd liendra là, non» açaurom bien
Doui borner dtina dos limilo et faire diitinction entre l'illiaDca d'Estit et nn
tralelé de lobaide eu profit d'un t[ers, lequel ne açanroit eatre ajdj de nou
que par une caojonctiiiii contra rKiptgne de la France, de cette Couronne et
de* Provineo-Dniea, en une ligue offeniiTe et défenaiie." p. HKO. * p. 870.
* ,.11 y a en dnaein de nous «ter l'aima et de noua obliger i nnc illiance
d'Ealat, en laquelle la rntitiilion du ?alitlnat euat talé alipulée, par Isa me-
née* det miniatrea de li Rofne de Bohème, qui avoyent ay bien eabalU pla-
alenn gnndz, tona noa eommiuairn mesmei. nna en excepter on lenl, qa'ili
forent aothenra in Rof de porter le mariage et l'alliance d'Eatatao Parlement."
p. 38S. ..Firmjr tant de grandi qui font démomtntian de faire pour lu;, qni
OMrojt conaeiller an Boj de lu; donner >a fille, ou d'entreprendre j> Tive force
ton rcetabliaaeroentP lï oil l'alliance de V. A. eat fondée de puiuanee. de pro-
limité, et de ocnt conaidéraUoiu d'£a(at pour S. M. et pour ces Caoroanea."
p. 80e.
• Mémciret de Friiéne-Eenn p. 378. Dana la sopie ani Arebive* m lit:
„D. I. 0. et 0 qu'y peut faire l'Électeur Fatatin et autrei de n put."
U,g,t7cdb/GOOglL-
Arrivé à Londres, vers la fin de 16S9, Àeraseos
n'avoit pas été mis dans le secret II écrit: „le braict
est icy, et madame de Chevreuse l'autorise, que V. A.
&ict Degotier par le sieur de Heeuvliet le mariage
de madame Marie. Je ne sçay ce qui- en est, et
n'en sub point curieux , que pour en désirer le succès" '.
Frédéric-Henri, dans sa réponse, lui recommande la
chose avec chaleur. „J'ai une st grande conâence en
Tostre conduitte, que je ne doute nullement que, si
TOUS l'entreprenés , vous en viendrés à bout"*.
Avec sa perspicacité habituelle, il saisit le noeud de
la question. Se déâant de la Keine et de sa mère ,
on devoit, pour s'emparer de l'esprit du Roi, mettre
à profit la rivalité de l'Angleterre et de la France, ja-
louses de l'amitié de la République '.
n négocie en homme d'Etat: „Les argumens, dont
josques icy s'est servy te sieur de Heeuviiet, ne tien-
nent que du particulier; mon intention seroit de mon-
ter plus haut, pour faire comprendre à leurs Majestez
leur propre avantage et grandeur en cette alliance , et
cela par raisons et exemples , et qui se peuvent juger
à l'oeil"'.
■ p. 161. ■ p. IM.
* „}t puii dire à V. A. uurl^tiemciit qoe Ici dcui Rdnea traviillent en
ak pour l'EaptgDC, en coniiilfritioD ia nng, ie In reliaion et à» ]■ gnn-
dear. Ma Ti»fc, MoDieifiii«'r , en mt affaire ■ nté de msntjcer !t jiloiuic
q« le Rot prend ds l'etlrgitti iIUbdcc de> Eatiti ivccq li Francs, poor la;
tnUmer le propo* de ce mariage, omiinB le tnj et unique eipMienl puur
■tlirer el lier k loj p>r prorogative et derent toos eulrea, le) lOectiDOt et le*
btMU de V. A. et ia Provineea-UDiea; rim ne pnuTsnt de faict eitre Unt
•Gk que a mo^ei, an lien qae, m vonUnt mettre en autre maiion plaipnia-
M*, il ne gugaen rien sar leur ambitiou, maii perdra l'arDili^ de la fille,
reUgant d'eapooier de* iatOrita contraire! aux lient. Je m'uUliendnj donq
fta pirler, ri V. A. ne le troute bon antrement, mui le teoipa et tontei lei
nbon* dn monds font ponr ceit alliance." p. IBl.
* p. 805.
,, Google
— LXKXVin —
„L'aIliaDce est grande et fort considérable"; donc
il ne faudra point y renoncer, même si l'on ne peut
obtenir que la princesse puisnée; mais „je pense," écrit-
il , „qne vous devez tousjours insister pour la fille ais-
née, en la seule considération de son sage, plus avancé
et sortable, pour espérer tant plustost lignée du Prince,
vostre filz unique. S'il se peut obtenir, vous y ren-
contrerez un autre grand avantage pour uostre Estât,
car cela asseurément feroit rompre la recherche d'Es-
pagne, qui refaseroit la seconde, quand il verroit la
partye liée avec son mortel et perpétuel enoemy pour
l'aisnée, et j'ay tout plein de priantes considérations
à remonstrer là-dessus, sy desjà on n'est engagé, pour
le bien du service du Roy et les suretez de ses cou-
ronnes; entre autres, le péril des Princes ses en&ns,
en cas de conclusion avec l'Espagne ; l'ombrage et dé-
fience de ses meilleurs alliez; le desplaisir de la plus
saine partye de son peuple, en la rencontre du Parle-
ment et du mouvement contre l'Escosse ; qu'en contre-
change il perdra l'amitié de sa allé et n'acquerra ja-
mais celle de son gendre"'.
La prudence et la dextérité de M. de Sommelsdyclt
méritent de grands éloges, et, sans lui, abandonnée
aux soins de M. de Heenviiet et Joachimi, probable-
ment l'affaire n'eut point réussi. Toutefois il est évi-
dent que les circonstances influèrent beaucoup sur les
déterminations de la Cour et qu'elles doivent entrer
en ligne de compte, pour expliquer le changement subit
dans les dispositions du Roi et de la Reine.
Longtemps le mariage de la Princesse ainée avec l'In-
' p. ao6.
D,g,t7cdb/GOOglC
— LXXXIX —
fcnt sembloit irrévocable. „ Les Rojnes y sont entière-
ment logées, poussées sans donte de Rome et d'Espagne,
pour gagner cette âme à la Papauté"'. Aussi, en juin
1640, M. de Heenvliet écrit: „leurs Majestez m'ayant-
déclaré que cela ne se pouvoit, et sachant leur déter-
minée résolution et qu'il n'y avoit rien plus à espé-
rer, suis passé oultre à me déclarer pour la seconde"'.
Ed 1641 tout-à-coup les di£ficultés, insurmontables
josqu' alors, comme par enchantement disparoissent
A peine les ambassadeurs sont ils arrivés à Londres,
que le Roi leur fait entrevoir la possibilité d'un chan-
gement*, et, peu de jours après, „le Roy nous ayant
mandé de nous trouver en la chambre de la Reine,
S. M. se mit à nous dire en sa présence d'avoir pensé
de plus près à la demande qu'au nom de l'Ëstat et
de V. Â. luy avions faicte de sa fille aisnée, et que,
pour les raisons par nous alléguées, elle en approuvoit
la recherche et desjà la nous accordoit" *. Dès lors le
Roi et la Reine montrèrent de l'empressement à écar-
ter les obstacles; surtout aussi en ne faisant pas le
moindre cas des propositions et des importonités de
l'Electfnr Palatin. Voyant le grand succès de ses me-
nées, „S. M. s'est avisée avec la Royne seule, de
détascher le marine de la Princesse aisnée de toute
autre négotiatiun et de nous en accorder la solemni-
sation dès l'heure que le Prince sera venu, et il a
admonesté la Reine de Bohème de se bien entendre
avec vos Altesses, dont l'amitié peut estre utile. Cest
ce qu'en avons appris de la propre bouche du Roy"'. —
L'Électeur joua un triste rôle dans cette affaire. Aers-
' p. 207. ' p. 24S. ' L. 6G0. * p. 331, ' p. 3S9,
U,g,t7cdb/COOglL-
sons palpablemeot les voeux du peuple, espéraus par là
la bénédiction de Dieu" '. Après la signature du con-
trat, trois mois plus tard: „on nous en est venu de
toutes parts congratuler l'atliance, applaudie généra-
lement de tout le peuple avec mille bénédictions'".
Enfin, le jeune Prince faisant son entrée à Londres:
„nous eusmes à passer à travers tant de peuple qu'il
estoit quasy impossible de gaigner la cour, sans le
bon ordre lequel avoit esté donné de rue en me.
V. A. ne sçauroit croire avec combien de bénédictions
et d'acclamations S- A. fat receue, et oserions bien
dire que de cent ans il ne s'est faict entrée eo laquelle
grands et petitz ont tesmoigné pareille joye et satis*
fection " ' .
Le peuple anglois, dans cette alliance avec les Provin-
ces-Unies et avec une Famille illustre et déjà si chère
aux Protestants, saluoit avec allégresse le g^e d'un
meiUeur avenir, la preuve d'un changement de di^>o-
sitions , qui pourroit sauver le pays du papisme et de
la tyrannie, sans le faire passer par les horreurs de
la guerre civile. De si douces illusions ne tardèrent
pas à se dissiper. Une seconde alliance avec la Maison
d'Orange devoit assurer plus tard à l'Angleterre ces im-
menses bienfaits ; préalablement il falloit encore un demi-
àècle d'agitations et de malheurs. — En 1639 Aers-
sens écrit à Frédéric-Henri une parole digne de remar-
que. Se plaignant du peu de bienveillance de la Cour
et que l'Espagnol s'en mesle ouvertement, „il ajoute;
„quoy estant, V. A. pense s'il est possible que n'ayons
tousjours des riottes à composer avec cette couronne,
D,g,t7cdb/GOOgIC
— XCH —
sy, par truct de temps et des accidens des afiures,
cette Cour n'est remise en une plus saioe assiette" '. —
Remettre cette Cour en une plus saine assiette; arra-
cher ]' Angleterre à l'Espagne, comme ensuite par Guil-
lamue III elle fat arrachée à la France, voilà ce-qui,
sans qu'on se mêlât directement des dissensions intes-
tines', sembloit pouvoir résulter, pour le bien de l'Eu-
rope, de la négociation dont Aersaens étoit clia^;é.
Déjouant tous les calculs, les événements prirent un dé-
plorable cours. Quand l'Espagne fut abaissée, quand le
trône fut renversé, l'inimitié de l'Angleterre, d'abord
républicaine, ensuite revenue au pouvoir monarchique,
attira aux Provinces-Unies ces effroyables guerres mar
ritimes où à tant de gloire se mêlèrent tant de désastres.
Toutefois le mariage eut des conséquences salutaires;
de cette union, dernier succès diplomatique de M. de
Sommelsdyck, devoit naître le glorieux défenseur de la
République, qui sauveroit aussi l'Europe et viendroit
établir en Angleterre le régime de la véritable liberté '.
VI.
Qu'il me soit permis, après avoir fait remarquer
l'habileté de M. Aerssens et les principes régulateurs
de sa conduite politique, d'émettre l'espoir que ses
lettres feront l'objet d'un examen plus sérieux. II faut
les étudier. Ce n'est qu'alors qu'on appréciera le style
' p. 156.
' De Tctonr i U Htje, et pen ds tonpi innt ra mort, AenMDi étrA--
„Jb i^pats \ QD biep grand bonbeor, que ny S. U. s; Ib ParleiDtnt vt
m'ajent jimaia ftict parler de leani menta od jaloDaiea, car j'eane ta it 11
ptne à In contenter eagalement et la coafieDce de tona deai nom Mt ojeai-
saire pour le iDCcèa dn msriage it pour l'Ëltsti ■'il «t pOMÎUe, il a'en ftit
Unir i, cette maiime". p. 487.
D,g,t7cdb/GOOgIC
clfùr. concis, animé, saas recherche, sans ornemente
iiratiles, approprié aux affaires, et qui, dans sa simpli-
cité même, n'est pas dénué d'agrément et d'élégance,
et fitit sentir que celui qui savoit ainsi écrire avoit
aussi le don de la parole et devoit être, dans la con-
versatioD comme dans la correspondance, éloquent et
persuasif'. On retrouvera partout une connoissance
étendue et exacte des événements et des hommes, et
de tout ce qui concerne la situation intérieure et
les rapports mutuels des États; le talent avec lequel,
souvent en peu de mots, il résume et décrit une situa-
tion compliquée; la profondeur et l'élévation de ses
vues et de ses desseins; sa fermeté, sa persévérance.
Bon adresse, et cette flexibilité, indispensable au di-
plomate, avec laquelle, sans jamais dévier de ses prin-
dpes, il sait varier ses moyens.
Je ne me dissimule pas néanmoins qu'on atta-
qaera peut-être mes éloges par la base, en contes-
tant l'idée fondamentale du système dont Âerssens
fiit le principal soutien. Ce parti de la paix, qui
soivoit les traces de fiarnevelt et vouloit mettre fin
à une lutte sanglante et déjà de si longue durée,
avoit-il tortP falloit-il donc prolonger indéfiniment la
guerre? ne sacrifloit-on pas les véritables intérêts de
l'État à des considérations générales et chimériques
sur le bien de l'Europe et de la Chrétienté? en rui-
nant l'Espagne, ne suscitoi^on pas un ennemi beau-
coup plus redoutable? Cette alliance intime avec la
France, avec une puissance catholique et un gouver-
nement absolu, n'étoit-elle pas diamétralement opposée
U,g,t7cdb/COOgIC
aux maximes d'un État issn de la Réforme et monu-
ment d'une résistance courageuse à l'oppression d'un
monarque persécuteur? Favoriser ainsi les vues de Ri-
chelieu, n'étoit ce pas coopérer, d'une manière indi-
recte , à ce qui fut le but et le résultat de son éclatant
mais afireux ministère, le despotisme royal , la puissance
irrésistible de la France, la persécution des malheu-
reux Réformés? n'étoit ce pas, pour ainsi dire, une
complicité anticipée aux désastres que dévoient un jour
attirer, sur la France et sur l'Europe, les conséquen-
ces funestes, mais inévitables des succès et des tendan-
ces d'une telle politique; Louis XIV et ses conquêtes,
la révocation de l'Édit de Nantes et la guerre des Ce-
vennes, la Révolution et ses horreurs?
Je suis loin de souscrire à de telles accusations.
Sans vouloir faire une apologie de Richelieu, il me
semble que le procès de cet homme extraordinaire
n'est pas définitivement jugé. De nos jours des sa-
vants illustres, M. Cousin, Ranke, Henri Martin, Âve-
nel, à l'fûde de documents nouveaux, en donnant une
idée plus exacte de la situation de la France dans
la première moitié du dix-septième siècle, ont réhabilité
sa mémoire {'). A peine peut-on se former une idée
(■) M. Michelet, dans sod Hiatoire de France, se pronoace moiiu
décid^ent en aa faveur. Il trouve une eiag^tion inconcevable
dans ce qu'ont écrit anr cette époque „des esprita fine , ingénienx
et d'agréable érudition, des Banke, des Cousin, des St Beuve."
Il observe qu'en bistoire, „le microacope a see dan^çers; c'est de
foire croire qne dea moussea et des moiaiasuree sont de hantes fo-
rSta, de voir le moindre insecte et l'imperceptible infnsoire à la
grosaear des Alpes i tous les petits personnages de ce pauvre temps-
là se aont amplifiés dans nos micrograpbes hiatoriques" ', Mais
■ Benri IF et BteAtUa, p, Sfli.
,, Google
de la grandeur et de la multiplicité des obstades „que
loi opposaient de toua côtés la reine mère, la reine
M. Michelet lui-même tombe souvent dans an extrËme opposé; il
loi arrive de rapetisser les personnages et il semble presqu'eotiè-
TemeDt méconnatire dans Richelieu la hauteur des vnea , l'étendue
du coup-d'oeil politique, la grandeur de l'homme d'ËtsL II le
dépeint, le plus souvent, comme entraîné par les événements et
beaucoup trop glorifié par le hasard et le succès. On dirait même
qu'il se comptait dans une espèce de dénigrement systématique.
Je me permettrai d'en citer quelques exemples.
„SÎ on veut ignorer solidement et à fond Richelieu ," dit-il plai-
samment, „il faut lire ses Mémoires;' On sent partout que ce
lent, lourd, proliie échafaudage de sagesse diplomatique, qui les
caractériae, n'a rien de sérieui." ' — M. Martin fait ressortir l'in-
jnstice de cette condamnation sommaire: „doo8 n'attoos pas jos-
qu^ prétendre qu'il n'; ait jamais , dans ce grand monument, ni
arrangemetits ni réticencea; mats, en général, pour l'explication
de« vues da gouvernement, pour l'enchaînement des faits, pour la
précision des détails, les Mémoiret de Richelieu nous paraissent
avoir une autorité fort supérieure à celle de tous les autres Mé-
Moire* qui remplissent nos recueils"'.
Les succès en Italie, en 1630, lui paroisaeut insignifiants. C'est
en citant comme exemple la priae de Fignerol et de Salaces, qu'il
écrit: „Iies infortunés machinistes, Snlty et Richelieu, par une force
très-grande de sagesse et de volonté, atteignent de petits résultats
éphémères"*. — M. Martin observe: „Aiosi furent réparées les
fautes dea derniers Valois: les principaux déboucbés des Alpes
dauphinoises dans le Piémont étoient au pouvoir de Richelieu et
la France tenait de nouveau les clefs de lllalie. La prise de Figne-
rol fut comme un coup de tonnerre qui atterra Charles-Emmanuel
et dissipa tontes ses illnsions" '. — M. Michelet écrit même un
chapitre particulier intitulé „la France ne peut sauver Mantoue;"
et dans les notes il revient aux „fort petits succès des campagnes
d'Ilalie ; si misérables en comparaison des conquêtes du seizième
siècle. Ici quels résultats? on secourt Casai, on prend Pignerol,
on luase périr Mantoue"*. M. Michelet oublie „qu'une grande
partie de l'armée impériale était retenue en Lombardie par celte
etMjuéle de MaïUoue gui devait eoiîier « cier à Fer^nand" '.
' /. /. p. 368. • RUhdUu el la Fnmdt, p. 3S. * il. 107.
* BUhHra el U Fronde, p. 82. ' xi. 826. * p. Hi.
' Mutin, XI. S85.
,, Google
règDante, le duc d'Orléans, les prîuces ambitieux, les
courtisans avides, les favoris jaloux, les confesseurs
Fout Bicbelien rien ne poaroit arriver de plas foneste qne la mort
du roi sans héritier. Anssi en 1630, lorsqu'on croyoit Louis XIII
mourant, ^Richelieu contenait plutôt qu'il n'exagérait ses an-
goisses. Il royait son pouvoir croulant, «a vie menacée, son oeu-
vre, qui lui était plus chère que la vie, son oeuvre, i peine ébau-
chée, près de rentrer dans le néant, sa patrie retombant dans
l'abîme d'où' il l'avait tirée. Le hasard de l'hérédité allait donner
pour chef à l'État l'aveugle et frivole instrument des ennemis de
l'Etat"'. — On conçoit la joie du cardinal, en 1636, à la naissance
du dauphin: „Er sah darin eine Befestignng seines Systems auC
immer"*. — U. Michelet au contraire s'imagine et affirme qne
Bichelieu en fut désespéré: „II demeura sans voix, La fatalité
était désormais d'avoir pour maîtres l'infant de la maison d'Autriche,
la régente espagnole"*
„Bichelieu ," selon M. Martin, „fat tr^frappé de l'esprit fin et
délié, de la vive et pénétrante intelligence, que révélaient la belle
figure et l'attrayante conversation de Maznrin. Le cardinal déclara,
dit-on, qu'il n'avait encore rencontré personne qui eût un plus
beau génie pour les affaires et songea d^ lora à se l'attacher"*,
M. Michelet en juge différemment: „Beconnnt-iI celui qu'il mettait
en PranceF Parfaitement. Il le crut nn faquin, et c'est pour cela
qu'il le prit"*.
IjC siècle de Bichelieu, dans son ensemble, est également l'objet
de sa censure et de ses rigueurs. D'après M. Cousin ..c'est sons
Henri IV, sons Louis XIII et sons la reine Anne que sont nés,
se sont formés, et même développés les plus grands écrivains de
l'un et de l'autre sexe, ceux-là mêmes qui, comme M''' de Sévigné
et Bossoet, ont prolongé le plus avant leor carrière"*. Selon
M. Michelet, cette époque littéraire a un caractère tout différent
„La France du dix-septième siècle procède de deux caducités, de
la vide enflure espagnole, de la pourriture italienne. Anssi, dans
la littérature, le moment vigoureux dn siècle, son milieu, est
marqué des rides de la décadence. La préoccupation ridicule de
la forme dépara non seulement les Balzac et antres rhétenis,
mais les plus sérieux écrivains"'. On comprendroit ce jugement
■ ;. ;. SSl. • Rulic, JVai. OaciUilé. II. 478.
' R. n UPr. f. 318. ' l. L SU. • A /. 231.
' M"»" lie IioDgBerill* ' p. 831,
,, Google
mbïgants, l'état du pays enfio"', „Loin que les pou-
voirs particuliers fussent les auxiliaires du pouvoir cen-
B^TËre, s'il n'étoît question qae de Balzac, de Voiture et de leurs
ïmitatenn, «artiBtes en foit de langage," dit M. Vioet," tout oc-
eupÀ dn perfectionnement de l'instrument qn'ils emploient et
pour qoi les différents sujets qu'ils traitent ne sont guère qu'une
occasion d'expériences anr la langne;" mais il s'agit ici de l'épo-
que de Descartes, de Pascal, de Corneille, de Bossuet; loraqne
„!« génie françois, ajant reçu de la religion, de la philosophie, de
l'antiquité tout ce qu'il en pouvait recevoir sans se dénaturer,
d^i élégant et poli, non point encore vermoalu de civilisation,
ne conservant des aftitatioos civiteB qu'une émotion sans trouble
et sans regret, gardant encore eoliëres la foi politique et la foi
religieuse, présentait cette heureuse proportion d'imagination et de
réflexion, de réserve et de hardiesse qui promet une belle époque
littéraire " '.
Les écrits de M. Michelet sans contredit ont leur mérite ; on
j rencontre souvent des traits de lumière; il y a dans ses obaer-
Txtions beaucoup de fiqesse et de connoissance du coeur humun;
sea aperçns nouveaux et ses raisonnements ingénieux, même
lorsqu'ils sont basés sur un frêle échafaudage, intéressent, et ses
brillants paradoxes, mSme et surtout lorsqu'ils éblouissent, forcent
à réfléchir; cependant j'ose croire que U. Vinet, qui a jugé les
premiers volumes de l'Histoire de Frauce' arec ss bienveillance
Bccoutomée, aurait considérablement modifié ses éloges plus tard,
n n'eût pas persévéré à louer ici „la critique sévère, sans scep-
ticisme ni dédain." H eut souscrit peut-être aux remarques d'un
censenr,sévère, mais consciencieux et impartial, M. Gustave Plsnche,
qni, dirigées eu premier lieu contre l'histoire de la Bévolution
par M. Michelet, n'en sont pas moins applicables à ses écrits his-
toriques en général. „11 a voulu dépouiller de lenr éclat, de
leur prestige, les grandes figures que nous sommes habitués à re-
garder comme les maîtres de la multitude. ... Si l'histoire est
absente, le roman occupe le premier plan.... Il sait tout, non
pas seulement ce qui a été vu, ce qui a été raconté par tes ac-
teurs, par les témoins, mais bien aussi et surtout les plus secrè-
tes pensées, les sentimens les plus intimes de chaque personnage. . . .
Malgré ses études si persévérantes, malgré ses travaux si nom-
> Avead, tnirod. p. ci. ■ Viust. CimtomatMe. III. p, xv.
* UUéral. jTMMçaiu oa 19« liiclc, III. 899-476.
,,Googlc
— xcvnt —
tral, ils sembloieot en êtire les adversaires: résistances
dans les affaires d'état de la part des parlements; ré-
sistances dans l'adrainistration de la part des gouver-
neurs des provinces; résistances dans la conduite de
la giierre de la part des généraux, des simples ofS-
ciers et des soldats eux-mêmes; résistances enfin dans
l'emploi de l'argent de la part des surintendants ; tout
mettait a l'épreuve l'indomptable fermeté de Richelieu"'.
L'aristocratie contre laquelle il avoit à lutter, n'avoit
pas même l'esprit aristocratique ; son rêve étoit de
démembrer, non de gouverner la France; son idéal était
le retour à la féodalité'; elle ne soDgeoit le plus sou-
vent qu'à ses intérêts particuliers, pressurant le peuple,
levant contre le Roi l'étendard de la révolte, conspirant
avec les ennemis de la patrie et ne reculant pas même
devant l'assassinat. Lorsqu'on 1624 Richelieu saisit le
gouvernail „la majesté royale étoit tellement ravalée qu'il
étoit presqu' impossible de la reconnaître" *. Il faut se
placer à ce véritable point de vue, afin de porter un ju-
gement équitable sur les mesures sévères par lesquelles
il réussit à rétablir l'ordre dans un tel chaos (') et, en
breui, si variés, malgré trente ans consumés dans la contempla-
tion du passé, il ne paroit pas comprendre bien nettement les
devoira de l'hietorien. Quand il raconte, et il raconte rarement,
il cherche, il obtient des effets qui n'appartiennent pas au genre
historiqne. Il se propose d'émouvoir à tout prit"*.
{') M, Avenel obaerve que quiconque „8 bien étudié Bicheliea
sait qne la cmauté était un moyen de sa politique plutôt qu'un
instinct de son caractère"'. „I1 éteit rigoureux par politique,
incapable d'une odieuse et inutile barbarie"'. S'il fut inexorable
envers le duc de Montmorenci, celui-ci avoit levé contre le
Boi l'étendard de la guerre civile, et Henri IV, qui savoit vain-
' ). I. p. i^iit * H. Mortin. xi. 85.
* RichilicD , TtilamfiU poUHgtie. * Womeaa portrait» Uténim.
* L L «H. Martin, il. p. SOS.
D,g,t7cdb/GOOgIC
fondant l'unité de la France, à lui assurer, au milieu
de la crise européenne, une prépondérance salutaire.
„n y a toute apparence que le despotiame se fut établi
sans lui: sans lui, la France et l'Europe eussent-elles
été sauvées?"* L'humeur vindicative, selon M. Ave-
nel, étoit un des traits caractéristiques de son âme,
mais il considéroit les offenses &ictes à sa personne
comme des attaques dirigées contre la monarchie*, et,
en tenant compte du véritable état de la France, on
ne désapprouvera pas M. de Sommelsdyck, écrivant
ère et pnrdonner, ne fit pas grâce an maréchal de BiTon. „L&
fin cbrétieDoe et noblement lé^igaée de Cinq-Mars et de Thon",
écrit M. Martin, ..trnnsniise à la postérité dana de touchants t6-
àta, a fait nstlre d'étranges illasions sur leur vie. La sévère
histoire ne doit pas tolérer de semblsbles apothéoses. Si Cinq-
Mars fut criminel, de Thou ne fnt point innocent. Il devait sa-
voir que la haute trahison, qne l'appel à l'étranger, étoit inévila-
blement an bout des complots où il s'engageait et oii il engageait
les sntresi pett s'en fallut que la France ne perdit, gr&cea & lui,
le fruit de vingt ans d'héroïques travaux"'. — Le meurtre, aussi
bien qne la rébellion, comptoît, pour les adversaires du cardinal,
parmi les moyens légitimes. En 1636 le projet de poignarder
Bicbelieu an sortir du conseil n'échoua que parce qu'au moment
de donner le signal, le coeur faillit au Bue d'Orléans. TA<"> de
Chevreuse Clément n'avoit là-dessus aucun scrupule; elle eût
voulu fiure assassiner Richelieu, comme ensuite elle tenta de faire
assassiner Masarin. „11 nous semble", écrit le plus fervent de
ses admirateurs, M. Cousin, „on qu'il n'y a plus de certitude
en histoire, ou qu'il faut considérer comme un point abaolument
démontré qu'il y eut un projet arrSté de tuer Maiario, qne ce
projet a été conçu par Mme de Chevreuse, et que la tentative
n'a manqué que par des circonstances tout-à-fait indépendantes
de la volonté des conspirateurs"*.
■ H. MirtiD. II. p. SSl.
■ Lu-mtoie l'a dit i l'hiars oil Is parole de lliMimc d's plua qa'an Ud-
pgc, car o'ert k Dico qa'die psrki „J» n-u jamsii en d'intr** eonaiiû qiie
MOI de l'tut". Avcael, Intrwt. LXxxix.
• J. i. p. $70. • U^ it Chnr. p. 197.
,, Google
en 1626, après la conspiration d'Ornano', au Cardi-
nal: „j'honorerai voatre vertu, et espéreray des utiles
effecta de vostre incomparable prudence et affection
vers cette République, à laquelle j'ay donné des as-
seurances entières que rien ne retarde le secours qui
nous a esté promiz, que les malheureux incidens q\ii
ont failly de troubler la paix du Royaume avec l'au-
thorité du Roy; mais, cela ayant esté réglé par vostre
courage et sage conduitte, que désormais vous esten-
drez aussy les effects de vostre soin et clairvoyance
sur cet Estât, afin de le protéger et le conserver ca^
pable de servir quelque jour le Roy et la couronne
avec la gratitude que méritent ses grandes faveurs"'.
Lorsqu'on prétend que, déjà du vivant d'Aerssens,
il falloit, rassuré par le déclin de l'Espagne, crain-
dre par dessus tout les envahissements de la France,
on confond les époques. L'Espagne penchoit déjà •
vers la décadence, m^ elle tenoit encore une vaste
place en Europe*. «Atteinte au dedans d'un mal in-
curable, elle était encore formidable au dehors par
ses excellentes armées et par ses trésors. Le pro-
digieux accroissement qu'avait pris si vite la puissance
autrichienne en Allemagne semblait d'ailleurs compen-
ser, et bien au delà, l'affaiblissement intérieur de l'Es-
pagne" *. lia France ne possédoit, ni l'Artois, ni la
Flandre , ni l'Alsace , ni la Franche-Comté , ni le Rous-
1 Anden goDTCniMr ào doc d'Anjon, OmsDo, de coDc«rt kvcc tn duoMb
Il coar, médilait le> plna conpablea projeli. „0d i prftenda qaa ou tinii-
Itàlt» deiMina afaisnt Ai mppoik par Richcllea, pour l'enehalDer Loaii XIII
par le lisn de U penl. It ast toal aa moint impouible d« rfrDqaer en dmla
laa pnyata de rjvolta et {taunttUtU du Cardinal; 1e« Umoignagei U« aoiiH
■aapecta aont fbrmeli k cet ^rd". Martin, 1. 1. 233.
' p. IS. ' AibdbI, Introd. lux.
• H, Martin, RUI. d* Ff. u. SOT.
D,g,t7cdb/GOOgIC
sillon, ni la Lorraine; elle était de toutes parts vul-
nérable, „et du côté du nord dégfu'ni. l'Espagne, éta-
Me presque sur la Somme et adossée aux Pays-Bas,
était à trois journées de Paris" '. Si en 1632 le dra-
peau françois fut porté sur le Rhin, en revanche les
Croates et les Hongrois en 1636 désolèrent la Picar-
die et l'agitation fat terrible dans Paris menacé; l'élan
victorieux de 1640 se ralentit en 1641, et ce n'est
qu'en 1642 que le nombre et la rapidité des succès
vint présager un avenir nouveau; ..l'orageuse année
finit dans une immense splendeur; la fortune, si
longtemps indécise, se précipitant alors du côté de
la France"*. D'ailleurs, alors encore, cette prospérité
sembloit viagère. On ne pouvoit supposer qu'après
Richelieu et Louis XIII, investie de l'autorité souve-
raine, Anne d'Autriche abandonneroit son parti et
embrasseroit le système de son persécuteur, et même
ùnsi, malgré ce grand changement inespéré dans sa
manière de voir, malgré l'habileté et le savoir-faire de
Mazariu, malgré l'éclat des six premières années de
la R^ence et les avantages que procura le traité de
Westpbalie, les troubles de la Fronde amenèrent les dé-
chirements de la guerre civile, et ce ne fut qu'en 1660
qne la suprématie de la France , sur le continent euro-
péen, devint manifeste. On ne sauroit révoquer en doute
ta gincérité de M. de Sommelsdyck, lorsque tâchant
d'amener l'Angleterre à briser avec l'Espagne, il la con-
sidère encore comme plus à craindre que la France '.
' Imà. 1.1. * Utrlb, l.l. GT4.
■ ..L'MoniMemeDt da h Fnaee c*t nerràlleiueiMiit tmU et cnint, n
■■c mm* ditoM, wu caue, T«a qn'tlt» ne ijMnit à betncoop piè* ba
I !• giudear it l'Espigos ". p. S43.
m. vn
,, Google
Cétoit, dit-on, une chose déplorable qu'un Etat ré-
formé fît cause commune avec une puissance catholi-
que, favorisant les projets d'un ministre, qui étoit l'ad-
versaire le plus énei^que des Réformés et comptoit
leur abaissement parmi ses titres de gloire. On se forme
ainsi de Richelieu une fausse idée. La politique étoit
toujours en prenùère ligne dans ses calculs. Sa pensée
intime, le but principal de ses efforts, la grande tâche
qu'il s'étoit proposée, ime résistance énergique aux enva-
hissements de l'Espagne et de l'Autriche, qui, par leur
alliance et la grandeur de leur pouvoir, enveloppant la
France, devenoient irrésistibles en AUemague, étoit évi-
demment favorable à la cause protestante en général.
Quand il falloit s'opposer, soit aux volontés du Pape,
soit aux prétentions du clergé, il ne s'en foisoit aucun
scrupule; catholique et cardinal, il affrontoit le cout'
roux de Rome plus qu'aucun autre, et faisoit ce que
jamais Henri IV n'eût osé tenter. Personne, parmi les
non-protestants, ne rendit jamais au protestantisme
d'aussi grands services que lui. Il le ranima en Alle-
magne, il contribua à lui donner en Angleterre un
essor et une influence cosmopolite '. En France il pro-
tégea les réformés contre le parti ultramontain *, et
1 Untsr aUen Nichl-Pratestanteq die jFinals gelebt hibcD, hit kchier 6a
ffônert* Vcrdientt am dea Protealictitinnt, ■!« dieser CirdÏDtl, der leiot po-
litiiche Macht io Fnmkreîch bnch. Et bit ibn digegen in neuUehliDd u-
ntnert, and îd Englind luf die Babn gtfâbrt, die ibu ta dsmgtnnaten Wslt-
ainfluBi fordern •ollte. Riiike, Roat. Gœh. IL 514. — EogÀifnlM. Bute
eipoM k politique de Rîchclira eoien \ta Bëforméi »ec cette cUirvDjuue
ndminhle qui dopue nne ai gnnde nlrar à ata écrit*.
* Sa GODdaile était tin anndile aoi lèln eatholiqaes. D^l dans in pramilfa
MDJea de aon miniature, dd ciiToy^ de l'Eapagoe le nomme un caniiiuJ
^aifgr: ..Richelieu werde den Namen dnea Cirdinaia nicht der Kircbo aondeni
dcT Holie, in der W«lt lUôeklaiMn-. Ranke, Lt SBl. „Uie straig ki-
tboliicha Partà fordcric KSclckebr m der verlaiaciieii Politîk, nnd innlobat
eîncn Vertilgnngskri^ gtgeit dia Ungueuotlcn ", a. S92.
U,g,t7cdb/COOgIC
s'il les combattit, ce iiit comme parti et faction poli-
tique, ,,pour les empêcher de former uo Etat dans
rÉtat et les faire ployer sous la loi commune"*. Us
forent en butte, il est vrai, à beaucoup d'injustices et
l'on ne sauroit leur faire un reproche de n'avoir pas
saisi par avance l'ensemble des vues de Richelieu, mais
on ne sauroit aussi disconvenir que la conduite de
beaucoup d'entr'eux n'ait été, durant tout le cours des
discordes civiles, très-repréhensible. Sourds aux ex-
hortations et aux sages avis de plusieurs, ils faisoient,
comme Rohan et Soubise , servir la politique à la reli-
gion, ou même, comme Je duc de Bouillon *, la reli-
^on à la politique. Eux-aussi participèrent à des ten-
tatives de rébellion ; enx-aussi avoient des intelligences
avec les ennemis du royaume, avec les Anglois et même
avec les Espagnols '. Ils firent par Ki grand tort à leur
propre cause* et facilitèrent plus d'une fois, en neu-
■ CoDim, 1^ de Ea^efoH, p. 18. — „ Wcder Hulland Doch TOllsDâi
bi^od wâren mit ihm in Bond getretan, hitleii sis nîclit dis Uelwrieagang
gnniiDCi, du rclonnirte BckcDntnu wnde in Fnnjirclch beitebeo bUibeo".
Ruke, A-. Gaek. II. SSl.
* „ RichelicD ■'■llûit i l'ntfricnT dtïc la rcforDiÀ qui raidiicot à cornbat-
In 1o cnnenit de la France j il combatUiil à l'ial^ricar In rïrormji qoi a'il-
liainit ktbc cea mfaim ninnnia". Arenel, Introd. i.xxiii. — „ Un rappro.
cïoiimt moaltracui s'opéra accriltmeat enln lea efaeri calviniste! (Rohan A
SmiliK) et tea a^enta de l'Eapagoe". Martin, x[. 211. „ Gcwi» atandto aie
in ISiS mit dem SptDÎaclien Hofa in Verbindun;". Hanka, l. l. 290.
■ Riebeliea U pominDit le démon dea rebelliana. — „Aprbla aiDrtdeHcDri IV,
dogt 3 iTait ai longtempa et à ai joate titre excita la d^ncc, il n'avoil qoe
dâerence et qa'obe^nioaitj ponr la eonr: il voolait aurtout aa aenir do paKi
bngimat comoia d'nn marchepied panr arriTcr tu mîniitèra et l'imposer à la
MBt ccinune le «anl modfratenr qui pAt contenir lea eiigencea proteatantea. Il
M pot dérober ani dépulà de l'aaaembtée ecclâiaatiqoe \tt motifs tout peraon-
■dt de soD chaDgement, et lea moyens de corraption n'eurent pa* tant de
•aeeta qu'il l'eapérait ; dn Pleaaia-Mornai et tona lea proteatana rigidea ae >é-
lartrcnt de lui ". Martin , II. p. 27.
* „Dic AnnâbenDg der KeTorniirten an eine lediglich polilischa Oppoiition
nbrta Sebritt la Schritt ihr Verdetben berbd". Ruike, 1. 1. 2*5. La remar.
que aoi la condntle de raaaembifc de Lcudan eat également applicable à
VII.
,,Googlc
tralisant tes forces de la France , le triomphe du parti
ultramoDtain en Allemagne '. On comprend donc le zèle
d'Aerssens pour opérer, en 1626, leur réconciliation
avec le RoL „Pour l'honneur de Dieu " écrit-il, à
Richelieu, „acbevez l'affaire, sans la traîner davantage,
car tout s'y accrochera, et j'ay raison de crMndre en
cette longueur d'autres accidens, qui nous pourroyent
faire perdre l'espérance de cette paix, qui est entre voz
mains"'. La paix fut conclue, mais la guerre civile ne
tarda pas à éclater de nouveau, au grand profit de
l'Espagne, de l'Empereur, et de la ligue catholique.
Ceci explique comment Frédéric-Henri pouvoit se ré-
jouir des succès de Richelieu contre les Protestants',
l'ittitode d'ans gnade ptrtîe dca protsUots dibi les inaéei laiTintM. „Ud-
(Ibig ihra Krïlts la rareiDigen, darch joden ifarer Schritte neas Katewanog
fennlaunid, ïd cîdciii iag«nbllck, wo der Geiat dsr katholùchcn KetUunlioii
sl^reiih dnrch Earopa ichritt, gegea dm aie nur durch die légitime Genilt,
die iiber ihnen wit, geecbâtzt wrâdea kanlite, pravocirte sis dena Fandaelig-
ksit, and gtb ilir gerechtrertigle Wifiïn in die Hësde". >. 253, — „La
tyéaemenU àa dehora rendaient (en IflSO) la condoite dei tneneura calviniatca
ineieasable. I« litaetiaD de l'£urop« jtoit telle, que les proteatana fnaçaiaio-
Ttuent du loot accepter, toat eédn, poar eonviiacre le roi de leur fidélité, ponr
dienper lee pr^ogA, pour aider Ica membrel da conieil les mieux intentionaâ
i faire changer la faUle direction de la |iiilitiqne eitjrieare". Martin, XI. 164.
I Kn 16SS. „ In Folge der franzôsiichen llnmlira war die ginte Combi-
nation geschettert, dnrcb irelcbe min eine âurcligreireDde VerinderuDg in der
Loge Ton Europa m bewirken gedacbt batle. . . Man halts gehofil, du obéra
und indireatlielie DenCachland mr der ôtterreLchisch-liguiaCiaelien Uebennicbt la
befreien. StAtt deaaelben irird der Proteatantiimua in den Lindem aeipa
Unprunp ond aeioer enten Siège mit dem Verderben bedroht". Kanke, t. I.
3£2. — En 1629. „ Waa achan im Jahr 1621 empronden worden Kar, dan
die politiicbe Klacht der Hngnenotlen in Frankreich nnd ihr Gegeaub gegen
ihren Kônig, der iDtersaaeD der growen protaetantiKhep nnd antiapaniacbm I^i-
tM in Buropt entgegenlief, werd jetit eine bevoaite UebereeagaDg". I. f. t. 315.
■p. 6.
* Dana nne lellre & Ricbclien . on qui du moins deroit lui itre aoumiM, H.
de Baogy raid compte d'nn entretien avec le Prince; „I1 tomba M point oi
je l'attndaja, de demander dea nouTellea de Franco, et lor* je nus, de \n*%
et comme de maj-meme, à lej diro loutei les particoUritez eontenaei ea
voalre lettre, anqoel je remarqoDÎa en ion ritage qu'il prit gnnd plaiiir etdoina
de gnnde* loDWge* tn bon et juate deeaaing dn Tlny , leqncl il prioit Dien de
U,g,t7cdb/GOOgIc
mécompte et sujet de tristesse en Espagne '. Désap-
prouvant la turbulence inopportune de ses coreligio-
naires, il étoit d'accord, avec Oldenbarnevelt qui leur
bisoit ressouvenir que le véritable esprit de la réforme
prescrit l'obéissance envers le Roi ', et avec Maurice
qui, irrité de leurs agitations continuelles, et appa-
remment aussi se rappelant les coupables intrigues de
son beau-frère, le duc de Bouillon, s'écrioit, à ce
qa'on rapporte, qu'eux, et eux seulement, traversoient
l'nnion que, depuis trente ans, il s'étoit efforcé d'é-
tablir contre l'ennemi commun*. Remarquons aussi
que le plus distingué d'entre les protestants de France,
par ses talents, son expérience, sa pieté, son dévou-
ement actif, le vénérable Duplessis-Moraay, n'avoit rien
épargné pour les contenir dans les bornes du devoir;
que leurs entreprises en 1614 et 1619 avoient encouru
sa désapprobation formelle*, et que mettant les motife
IbÔT, de la; tun la grftce de mnllipbcr panny lei ntnngen ia gloir» fu'it
• MtjMite JiBU «M roiaume par la ridaetion de la SochilU". p. 2S.
' „ Comme CD lSi!6 l'EapigDG fournitiait ds l'argent t Bohan, et, dîe qu'on
Ht. l Madrid, la Rochelle aëiieuaemeat meosc^, tons le* Toeni da Roi Ca-
(boliqae et de ici miDÎalrei forent pour la ville „h£f£lique" eontre kroiTrèi-
CÏTc'tieD". H. Martin, l[. 27&.
' Répondant à la queilioa de M. de Boetzelaer, aueceiaeur d'Aeneena i
Fini: „ boe ick m; »1 hebben le dtagen met ende bj die van de GerefaT-
nterde Rcligîe, ende llle 'tgeene daenien dependeert"? il écrit: „gen]'etende
de Edieten ende belonen van den overleden Conindl, nioeten haer ta rreeden
hondcD ende by aile gelegenlheyl vermaenl, da( de re«ht« refurmalie bcriaet
■D de geboonaemhryt^en den ConÏDck ". Vreede, lalMiMg Ici ent getck.
itr M IHpùimalii!. I. 49.
' i.tbfj ind Ihej. onl; traveraed tbat union wbieb be thcM Ibirt; ,vean
togelher had been labonring to koilt agtiost the eommon egem;". Baoke,
ftAuônwic GttcUcile, II. 300.
' Ed jain 1613 Aenaens ae rendant en Hollande, ipr^ que Monia;, psraon
oédit dlni l'aaaanblée de Sanmur, aïoit contribnj au repos de la France,
oloi-d lai écrit: „Je n'ai beaoing de moa requérir de rendre lesmci^nage à la
•érilé, ai le< ehoeei ptuéea Tiennent eu diieauni car nul n'a plia ataul teu
f»r KWi dem «m unUmnit et mottvemau. Ne aéra point *en qae je me
démoite da but que J'ai tanajonri en de conjoindie lea conaidératioDi del'Égliae
,,Googlc
religieux en première ligne, il étoit parfaitement d'ac-
cord avec Aerssens, qui (à ce qu'on peut supposer,
sans lui faire tort) se laissoit diriger surtout par des
considérations politiques'.
et de l'ctlat, MDi ï nctler lolouog ieténtt pirtieuliar." Métuâm et Oorreif.
de Dt^.-M. sn. 2i2. Acrueni r^poDdi „Mei lettreo oDt mf&nmmrat n-
pr&cnt^ qu'elles ont été Tot ioteotioDS en en diTisioiH: ds aorte que vooa nf-
porterég lonajoan m tcsmoigiiige d* noitre public, çn'o» n'a failli fu'aulani
gu'on n'a pei non vot eontàlt. L'etUt dea Eglùct > beioùig d'nni hinnoDÛ
et coDcorda de loat ion corpi en ce tenip) plus qne jamuii qu'on aernble bot-
tel i, entretenu eea malentendu, pendant que )e parti de Rame i'aflermit du»
l'intoritâ dei affairée, à quoi ne doibt faire obitade ni djlii l'improdence qne
coniDiïttcnt ploaieara de dm gnnda; toni an coDtnire doîbreot eoMpirer pnr
eoDKner l'édiot et l'ettat, en tendant l'obâBUOM entière \ lenn mijettji, fw
ni la maxime mr laçuelig v<na featdii loffemenl vat eotuàli". p. 382, ar. —
Cette ipprabation mutuelle eat ^Tidente dana ploaieura antrea pcasBgo. Apris
le rétabliaaeineiit du repoa en ISIS, iersaena écrit : ,je me veni conjonir arte
vont d'nne si aainete oearre, qui a priudpalement liam par ta deitfrit^ de
nxtre entiemise, et croit-on aiaeDrément en ceate court qne nn* tous plnajean
allaient pouiaer la affairée dana l'eitrteiU ; leaqnela vona aTJ* lidj à ranger
«oubi la reison et contraiir dana les bornea d'nne juste obâiunee." 19 janTJei
1613. — C'étoit le meillrar calcol.- „il eat temps de ooDper anlx ad*ersairei
l'aTantage qn'ila tirent de nos divisions) encore aerià vont aasâ empucbà,
anis, \ conaerrer ce qu'on lont a accordé." 16 Shr. 1618. — „J'ai recogieo
de plos en plus le franche sincérité de roa intenliona et condniete, qae TJrita-
blemeot je auia marri de roir ai pea secondée par eenll qui as aonl voulu pr^
raloir du Dom des Églises, et cependant Ice ont jettJM, tant qu'en eu ■ erté,
en meapris pif teors intérêts particuliers". SI mai 1613.
M, Micbelct n'* pu saisi et, i son point de Tne, n'a po laiair les motîfi,
tonjeurs les mêoiea, qui guidèrent Mon»;, et doua m r&istsnee et dana B
sonmiaBion. Il écrit: ..Qoarantc nna mirtjirB, quarante ans faéroa. les protei-
tanta. (rèa-rstigiiéa , Tefroidia, et génénleaieat pairibles, auraienldésiélerepos
lia e'Iaienl chre'tiens, donc obéissanla. Et cela énervait toutes lenra réaiataïKca.
C'étaient dee r^oltei i genoui. Et, au milieu, lunataU le plut fatal, Da
PUiiii-Monuy , pour détremper Una Iti eotiraga. . . . Lea atget . nn Duplesiii-
Momsjr, découragèrent lea hantea pensées." BenrilFel Eiei.p. 854et264.-
C'est méconnoltre entièrement et la conduite de Mornej et la nature du priu'
cipe cbrélien, par lequel, aans se laisser entrsîner par inlérSt ou caprice ï U
révolte, on devient inébranlable, sons l'empire de la eonacîence et du devoir.
' En 1612, lors des menées de Bonillon et de Koban, „il s'emploj-u Irai-
loyalement i adoucir lea esprits, sans négliger les intérSts de n religion".
Martin, XI. SB. „&n 1614 il se prononça nettement contre le< rebelles", l. i-
U. En 1615 ,.il ne se fit point illusion; il prédit nui partisans de la révolte
que Coudé Teiait la paii aoi dépens des ëglisea ranimées." l, l. 96. En IGIT
„lea bugucnots qui avaient hit mine de remner, furent contenu par RoIhDi
Mornoy et Lesdignières". p. 109.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— cvn —
A ceux qui redoutoieut la grandeur future de la
France , on ponvoit dire alors : „je ne sais pas prévoir
les dangers de si loin". D n'est pas donné à la sar
gesse humaine, en calculant les chances de l'avenir,
de se mettre en garde contre les conséquences lointai-
nes qui, par des complications nouvelles, peuvent résul-
ter en partie de ses efforts. Avant tout l'homme
d'État dont la patrie est en danger , est tenu de faire
usage des ressources qui s'offrent à lui pour se pré-
munir contre les périls du moment. L'alUance fran-
çoise étoit, dors encore, indispensable. On ne pon-
voit compter, ni sur l'Angleterre, ni sur l'Allemagne.
Il suffira de citer deux passages de lettres d'Aerssens,
en 1623 et 1625, également apphcables à tout le cours
de la guerre. „Les affaires de la cour d'Angleterre
prennent tout une autre route que celle que les gens
de bien désirent, autant que les ministres d'Espagne
y font une incroyable considération, par la puissante
créance qu'ilz y ont" „En Allemagne tout est enterré
dans la peur et dans l'obéissance; sy le dehors n'y
resveille les courages avec puissance et apparence, rien
n'est préparé pour bransler en faveur de la liberté;
car la Saxe et ses alliez les tient tous en eschecq et
jalousie"'.
On se figure souvent que nos ancêtres étoient hbres
de choisir leurs alliés parmi différents Etats de l'Eu-
rope et l'on ne se représente pas assez leur situation
difficile et souvent même fort dangereuse. En Alle-
magne, comme ailleurs, la République étoit l'objet
spécial de la haine et des projets de vengeance des
' Lettre i H. de CnleDbarch, da 7 mm ISZS.
■ Lrttn ï M. ds Culenbarch, do 19 fe'vi. 1625.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— cvm —
papistes '. Traçant un exposé de ..nostre critique con-
stitution" en 1635, Aerssens écrit: „toute3 les forces
de l'Empire et de la Li^e viennent fondre sur noz
provinces i desjà leur principal gros est logé sur nos
confins, avec ferme résolution de nous enfoncer, et en-
suite d'esbransler le demeurant de la Chrestienté, qui
faict quelque démonstration de leur former de l'oppo-
sition, en soubstenant de son ayde nostre défense"'.
En 1629 ses prévisions se réalisèrent, le péril fut
pressant L'État, après avoir fait une puissante diver-
sion au profit de la France', lut envahi par les Es-
pagnols et les Impériaux ', et sembla près de succom-
ber. De même, après ta mort de Gustave-Adolphe,
les conjonctures étoient fort menaçantes. — Il falloit l'u-
nion avec la France pour la sécurité des Provinces-Unies;
il la falloit également, pour faire prévaloir en Europe
les principes de tolérance religieuse et de liberté.
vn.
Âên de sentir le prix des services que M. de Som-
■ D^ en leZS V. A. vu d» CapsUen, du» Ka Mtooirea, ieriii „Soui
ToyOD» que le Roi d'Etingoe ne veat jtiii*ii quitter «e> prAentioni mr et* pays
et qna darantage tonte la ligne papiitiqae, étant viclorieuag de Bohims, Hon-
grie et Allsmagne, ddub menace comme les boDlefeu de cea goerrea, le^oeli
ayant d^bit, elle n'ian pins rien i craindre". I. 17.
* Lettre jk M. de Calenburch, du 19 téviiai 1G2S.
* AerMcni écrit \ Bichelien ; „ te* Ettats Ibnt on ly eitraorditiaite effort de
aervir an Koy et i la France, non aans danger de s'attirer de gsyetJ de coeur
aur les braa tonte* lee farce* d'Eepigne et de l'Empire , qui sans cela alloieut
estre deatinto tillenra, ponr donner i peaaer ï celles du Roy, on pal mja
de diTertion, et Isaqaellea citani maintenant apparies et diatraietea par usa
donbla défenae , ne açaniayent dâonnaia aerrir qoe de sabject k exalter le gloire
du r^e dn Boy, et de toi tris-pnidens adtia". p. 81.
* L'ambusadeor de la RjpnUiqoe écrit à Ridielien: ,,les Satati aont de-
tnearei dan* le bourbier et dani la peine;... il aemble qoe (ont le monde
conspire à la désolation et ruine de nostre Estât", p. 83.
U,g,t7cdb/GOOgIC
melsdyck rendit, durant la guerre de Treote-ans, à
cette noble et sainte cause, il faut se former d'abord
nne juste idée du poids que les Provinces>Unies met-
toieot dans la balance européenne; il faut se rappeler
ensuite le crédit dont Aerssens jouissoit auprès de
Richelieu.
Déjà la position géographique des Provinces-Unies
doubloit leur importance; leur soumission ou leur
amitié assaroit, soit à l'Espagne, soit à l'Angleterre,
soit à la France, la prépondérance continentale. La
prospérité d'un commerce qui embrassoit le monde
entier, leur permettoit de prendre, dans les dépen-
ses de la guerre, une part au moins égale à celle des
premières puissances de la Clirétienté. L'énergie que
la République avoit déployée, ses luttes, ses victoires,
le rang qu'elle avoit déjà su conquérir en Europe, le
contraste de ses institutions avec celles des pays oii
les agitations du seizième siècle avoient irayé la route
au mépris des droits publics et particuliers, sa richesse,
l'étendue de ses colonies, le nombre de ses forces de
terre et de mer, l'ascendant moral de son exemple,
l'autorité qu'elle exerçoit sur le parti réformé en Eu-
rope par ses alliances et ses conseils, enfin l'éclat de
ta Maison d'Orange-Nassau, les souvenirs de Guil-
laume I, le renom de ses fils, tous deux grands et
benrenx capitaines, lui donnoient dans les relations
diplomatiques une influence très-considérable et quel-
quefois même décisive.
Ed veut-on un exemple, on n'a qu'à lire les détails
que donne Richelieu, sur la négociation de Charnacé
à la Haye, en 1634, pour prévenir la réconciliation
,,Googlc
avec les EspagDols. Si la Hollande faisoit la paix, tout
en Europe alloit changer de face; la Suède, se réglant
d'après les résolutions de la République , étoit décidée
à déposer également les annes, et l'Empereur, délivré
de ses ennemis, serait dorénavant maître absolu en
Allemagne \ Parmi les conseillers de Louis XIII plusi-
eurs craignoient que la trêve n'eût des conséquences
dangereuses, même pour la France, et Richelieu, bien
qu'il s'élevât avec son énei^e ordinaire contre une sup-
position pareille, reconnoit néanmoins que le sort de
l'Antriche alloit dépendre de la détermination des Pro-
vinces-Unies '. La trêve eût été d'autant plus fatale au
parti évangélique qu'on ne pouvoit guères compter sur
les dispositions favorables du Roi , qui pouvoient devenir
hostiles avec la chute ou la mort du Cardinal*. L'ar
' „11 dit ini Qiniiiiijaurea dea Éttli Ua iaœDrAiieDti de ]i piii on trtn,
entra Inquclt Aoit la ruine iadabitilile àa ifliires d'AUemigDe. Et sor o>
qu'il! lui répondirent qu'il* j reniMieroieiit bien, pareeqn'ilt enverraient kp
pnJMBnt ■econn en AUemigne, il leur répliqua qne, e'ila fÛMitent la p>ii, ib
n'iaroient ploi qni accoarir, d'antint qne le ctiancelier Oienatiani lai a*oit
anirefoi* dit eon6deiDtn«it , lur la )Djet de baaneoap da propoeitlana qn'il ftitait
alors , que tant cela ne l'enlendoiC qu'an oat qne lea HoUindaia contiHuaaKpt
la guerra, pour <x qne, s'il) fiiaoieDt la paii, il la ferait de la part". Jtà-
mmrtt de Bielulie», *ni. 382.
' „Pla^aan dn ranaeil dn Itai a'jtint trouva Aonnéi, et craignant qne celle
trire aeroit la mine indabitable de eet État, le Cardinal an eonttaire dit \
S. M. qa'jk la lénl il tiudroit itra aTeugle ponr ne connoltre paa qn'il Aoit
meilleur pour le* afiirea dn Boj que la Irère ne te fit pa* «d HoUiode qae
le contnirej qu'il faudroit n'aToIr point de •en* pour ne préroir paa qne I*
tr^e de UoUanda était capable d'attirer la paix en Allemagne, linon préaen-
lemcut, an nioin* l'aunéa qui vient, et aiun donner tna;en t ta nuiaon d'Aa-
tricbe, non aenlement de reprendre baldue, mais da se tirer de la perte min-
table <iA elle tomberoit indubitablement w la guerre con^nnoit; maia qu'il
faudroit tire on atengle on pusillanime, ou toui lea d«u ensemble, pour croire
qne le aalnt de la France djpeudoit absolument de ta conliaualîon de la guerre
en Flandre, et qne, si la Iriie se faillit en Hollande, ce royannte seroit la
proie dea Espagnols", l.l. SBB.
' En 1633 nfane te landgrave de Hesse, G nitlanme- le- Constant, incline à k
paii: „Sii:h aof Fnnkreich lu verlasaen sei misilichi «cil dîne Krone vor
der IJlrliebiuig BiehelieD'i den ËTingeliscben kdnesw^ geneigt gowesen j ndl
,,.GoogIc
bandon de la cause commune par la République eût
été le commeacemeDt d'an sauveK^ui>peut général. —
Appréciant, an point de vue européen, cette impoiv
twce de son pays, Âerssem, dans les négociations, sa-
voit la mettre à profit. Il se plaint à Frédério-Henri
de la nonchalance des ambassadeurs de la Républi-
que'; il craint qu'on ne la fasse ainsi descendre au
rang d'un État secondaire ', et en 1639 , lorsqu'il s'agit
d'amener la France à pourvoir plus libéralement aux
besoins de l'armée, il écrit au Prince d'Orange: „La
Fiance vous écoutera, tant qu'elle pense à la guerre,
de crainte de vous voir afifoibly; car vous luy estes
plus considéraèle ea la présente occurrence que tous ses
autres alliés ensemble, et vous en pouvez prendre voz
avantages"'.
Ses avis et ses considérations ont apparemment eu
plus d'influence qu'on ne le suppose, pour décider et
encourager Richelieu. J'ai déjà rendu justice aux gran-
des qualités de celui-ci; sans çlles on ne sauroit ex-
ucb in crblon KirdÏDtl, oclclieD dcr Fciuil, wcnn er xa boch Bleige nud la
ItShrUth wrrdfl, Icicht am dem Wcgi m ranmcD winan wcrds, kaÎDC niih-
Inltige Sicterheit gawshra". V. Rommel, GetcMeÀ/» rm Htnen, vni. 299.
' „UnB cboM me ftchs, de Toir g^D^nlement looe tea imbMudenn de l'EaUl
R promener ic; iDatilemoit, eomiae ay la debora ne 1e> louelioit point. Ceit
me foibloM do goDTernnneiil , cl tujDclle peut eatre eoirîgje par l'sntlioriU
A juT l'admoDilioD de V. A. Il leur ftQdrott fnretter lea ooDieila et la con-
dntUc dea illîei, qai ont dJTen treictra >ar le tapia et deequelz il s'en trouver*
loa^ara qoelcnn qui ddiib coneeraa, et la priDcipale penaje de l'Eapagnol ett
Aaitie i a'en iTinliger lar ett Ëatat, qall roit to coodition de ine'rilet le
rapport dn Princea qui redoutent >b graDdenr et partant il ecrebe à lea en
léptrer." p. 113.
' ..Sortant V. A. ne doibt aouSVir qu'antre, qui que ce aoit, enteprenne de
tnieter ponr cet EaUl, de penr qn'it ne loit prini eomnie aeccMoiie et iodif-
Smat, aprte qne les gnnda aorojrent adjnilé et compoaj lenra inljrtsti, poai
Mm donner lenr gnam en partage." I. I,
' p. 160.
D,g,t7cdb/GOOgIC
pliquer son influence sur l'esprit de son siècle et sur
les destinées de son pays', et je suis convMncu que,
quant aux lignes fondamentales, sa conduite a été coa-
fonne à un plan tracé d'avance'. M. Mignet a pu
dire avec vérité: „il était doué d'un ferme génie et du
caractère le plus résolu; il eut les intentions de toutes
les choses qu'il fit, ce qui n'arrive pas toujours aux
grands hommes; sa conduite fat le résultat de ses
plans". Toutefois l'existence de ces plans dans son esprit
et leur commencement d'exécution dans ses actes, lors*
que, sous la régence de Marie de Médicis, il entra
pour la première fois dans le ministère, n'est pas
également avérée. Ce n'est pas seulement M. Miche-
let qui , par des raisons qui ne semblent pas toujours
concluantes*, lui conteste la persistance dans une seule
' „E> war ein Midu , itt du Geprëge Bdoea GeÏBUa dem JihrhoDdert inf
die Stira drôckle. Dct BourbonùclwD Monarchie hsHe er ifare WcltateUnoB
gtgebcn. Die Bpoehe «on SpaniCD hit TOTâber, dît Epocbe «an Fracilnrekli
vu heraDfgcfBhrt." Kaake. II. GS2.
* M. MirtiD fcrit* „ln piiaa aDthentiqaea du tecueil da M. AicDd attce-
tcdt que Hichelifla avait, dès loo aiénnucnt, >ur Ja dir«tli>n gài^rale da ggo-
«crQcment, toutes les iiétt qu'il reTcnilique dans Isa éaiit de la fin de sa tîe".
sut. de France, xi. 205. — M. Aveuel lul-mâaie oWeris: „Sidi doole il
faut prendre garda, en racontant l'bistoire des grands hummeg, de faire hon-
neur an génie de ce qai ne aerBÏt AU qu'nn fatiard. Tuntefoia le contraire eat
|ilus difBeile penl-élre à éviter. Quand on l'arrête t la lurfoce des évenemenla
cl qn'uD n'obserra qus lea réaullata, on >s laiase aller k beanconp gnodtr la
puiawnce de la fortune, iC i lui donner plus que sa part dini la renommée
An Lonimea câèbres; ma» quand on élndia le détail dei aBairea, ou voit
mieui coiiihien le auccès appartient ani grands hommes, et corubien la furluDC
est nécewairement obâasante \ leur volonté; combien ca qu'on nomme le hanrJ
ait l'escUie de laurs combinaisona, et combien il lour a fallu d'activité, de tra-
vaux, da préroyance pour pra'parer le IriomptiB, enfin tout ce qu'il y a de per-
aounel dsns la gloirs". Leltret lU SieieUeu, I. Introdoct. lxxxit.
' „ Des instructiona dignes et habiles furent adreaséai aux imbaHideuri Cran-
.çBta, en Allemigna, en Italie, en Angleterre. Le langage et ta pensée de Henri
IV reparnreat dans U diplomatie". Martin, xi. 107. L> plus remarqnnblade
cet Inatructloni est celle à M. Schombcrg, poer son voyage en Allemagne. M.
Michelat s'en débarrosie en (lisant: „la dép&be de Richelieu k Schomberg n'at
qu'un leurra pour amuser les Allemnndt". Henri IF. el Bich. p. ilt.
U,g,t7cdb/GOOgIc
et même ligne de cooduite, et considère ce qu'on lit
à ce sujet dans ses Mémoires, composés après coup,
comme un vain étalage ; un écrivain qui se prononce
avec le calme et la prudence, fruit d'un examen plus
impartial et plus sérieux, M. Cousin affirme: „I1 ne
Sut pas être dupe des mémoires de Richelieu, desti-
nés, conune tous les mémoires, à tromper la postérité
au profit de leur auteur. Hichelieu n'a pas du tout
commencé comme il a fini. Il a commencé par être
m partisan de l'alliance espf^ole pour complaire à la
reine-mère"'. Quoiqu'il en soit, la pensée qui devint
pins tard, aax yeux de tous, la base de son système,
écarter les différences religieuses pour mettre en évi-
dence l'antagonisme politique , réunir, sous les auspices
de la France, tant parmi les protestants que parmi les
catholiques, tous les éléments de résistance contre les
desseins ambitieux de l'Espagne et de l'Autriche, anéantir
ùnsi jusqu'à ta semence même des guerres de religion,
cette grande et utile pensée fut, longtemps avant que
Richelieu parut sur la scène politique, le principe de
M. de Somraelsdyck. Dès sa venue en France, il évita
soigneusement toute intelligence avec les Réformés qui
eût pu compromettre les bons rapports avec le Roi.
De même il jugeoit qu'en se concertant avec les pro-
testants en Allemagne, il lalloit se garder de tout ce
qui tendroit à mettre l'opposition entre la Réforme et
Rome en première ligne. C'est ainsi qu'en 1613, fai-
sant part à Mornay du traité des États avec l'Électeiu'
Palatin, il ajoute: „Je ne sçais comme qnoi ceste ac-
tion sera prise à Fontainebleau; car j'ay peor que par
' »« <fc CÂevrme, p 10.
,, Google
de petits degrés on nous veaille embarquer en une
ligue de religion, laquelle, de quelque part qu'elle
vienne , procurera la myne de l'Europe ; le seul re-
mède contre cet inconvénient seroit si cette couronne
se vouloit joindre à nostre union générale, laquelle, en
la diversité de sa religion, contiendroit les humeurs tA
les affaires daria la borne des intérests pttretnatt Pet-
iot" '. On peut donc supposer avec vraisemblance
qu'Aerssens contribua, si ce D'est à faire outre, du
moins à fortifier en Richelieu cette idée fondamentale
et directrice. En 1629, il doutoit encore si Richelieu
1 Hit. el Comip. di D. Montag, xii. 246. — Il y « dxDi cetts com»-
pandancs t ce aqjM plasiean 4iitm pungM MOtrqDibleL — AemciM rcdoolt
les négMlitiopi iTcc l'Anenugne, à l'an ne l'illie m mtmB Icmpi vite I*
Fnocs et l'Aiglelem. „Si la Fruce et l'Ai^lHem et noi pniriiioei ac n
ràolient pu enwmble poar, par ams Terie dicknlioD, eonlenir l'arahîdK
Albert àmt le« bornta, tpparemmeiit U aucocMiDD de Julien noua jatten ei
aaa grande st loague gneite. Noatre minorité craint de s'enlwiTUMri en
Angleterre on prâeile k néeenllé; ehei nona il j ( dn eoonge u*t*; maii
b pnidence ne venlt pu qu'on baM rien que le* deu rnja m «ojent de la
compagnie". 16 Urt. 1618. — „La grand-aeignenr eat retonmé à On-
ataitinoplci s> venue ponvoit aeiile cbinger la face dea lAim de l'empire.
MsialeDut l'empereur irec aci catboliqnei baatiri de BonTeini deaaeinga, et
la ligne de Mnoich eat bien eacloae en Allemaigne, nwia eonceoe i Rome, et
qui l'eitaniln pur tont l'univen, pour i )i longue diriaer l'Europe et la jetta
t» wu gunre de reli^ÙH, auquel eat je ne «çay point ai noitni neutralité aelt
trouTée prudente ; car il j en a qni ae feront M^endant elieli du parti onnlnire
L edni d'Eipagne, me lequel cette couronne ne peut prendre part". IS nrjl
161S. — „Le tnilé dea Princea Proleatanl* an AUonegne, pu DMtre «d-
jondioD , donne *n grand aeteminewunt à luu ligue générale de reUgien ;
cela ae cognoiat bien id; mail, ai U Franoe («oit tatre de la partie, elle en
rompre le deaseing et let violeo» mootienieDt; louteabia on peniste à Toukû
conaerTcr U nentralilé ". 9 m« 1618. — De m&ne Dupinaia-Morna; écrit:
„Je Toii la Hgae catholique- romaine renoDéa en AUemagne; udi donte pour
cboqaer let proteatinai et puîaqne le roy d'Eipagne eil chef de celle-U, ce
teroit è noilre rOf de le faire chef de eeUe-ei". 28 min 161S. — „Je ne
reajonia dn bona affecta qu'a produite la «éjonr de l'éleclear dan* n»tr« paji.
Ceat DU bien général pour la relligion ; maia Ton* remarqués prodemment qu'il
ponrn nater une eontr^gne qui diriaera l'Europe et la mellrt ea danger
de rajoe. Le remMa aérait pu naître aeUt, penr le eonirepoidi, ê'etla-
cluut à tel aneieni alHé», et ; portut »ee toi In aeignenrie de Venue".
7 juin 1613.
,, Google
briseroit avec l'Espagne '. Il est également probable
que ses conseils affermirent Richelieu dans ses réso-
lutions hardies, lorsqu'il eut à lutter contre de si
nombreux, de si violents, de si puissants antagonistes.
N'oublions pas que Richelieu avoit appris à connoître
IL de Sommelsdyck, qu'il nourrissoit pour lui, admis
dorant plusieurs années dans l'intimité de Henri IV,
nne haute estime, et que, d'après un observateur très*
iotetligent, son coeur étoit timide, malgré l'audace de
son esprit'.
S'il est à présumer qu'en général ses avis n'ont pas
été inutiles, on peut constater, d'une manière encore
plus positive, que son influence a porté Richelieu à l'acte,
le plus important peut^tre de sa carrière, à la rupture
fonnelle avec l'Espagne, à la guerre ouverte, condition
de l'alliance avec les Frovinces-Unîes en 1635, et que
longtemps il sembloit envisager, avec une espèce de
terreur, comme son passage du Rubicon.
Ici encore , pour ne pas se tromper sur les motifs de
la détermination du Cardinal, on doit faire soigneuse-
ment attention à l'ordre chronologique. Après la bataille
de Nordiingue', survenant, comme un coup de ton-
nerre, an milieu des négociations avec la République,
ce ne fut, à ce qu'il paroît, ni l'espérance de grands
avantages, ni les instances de la Hollande, qui agirent
surtout sur Richelieu, mais la conviction que l'Espagne,
par ses intelligences avec les mécontents en France , et
1 n-denu, p. Li. „II lai promet la Moonn da U lUpnUtqai, >i Totlre
iâil^nlioD art de choquar l'Etpagae."
' „HanriD iTtit plus da b&rdiena dani le coear qaa daai t'eiprit, aa eon-
Inira du ardôi*] da Richeliea f»i tvmt Petprit iardi et U eonr liaùiU."
U KochefoaoDld.
* la 6 Sept. 1894.
,, Google
enhardie par le? succès de l'Autriche, alloit susciter les
plus formidables dangers; que le maintien de la po-
litique extérieure et la conservation de l'ordre dans le
royaume exigeoient également un redoublement de har-
diesse, et que, pour se défendre, il falloit attaquer*.
La nouvelle de la défaite des Suédois causa une sen-
sation extrême à Paris; dès lors, s'empressant de don-
ner suite aux délibérations préliminaires , il s'indignoit
des longueurs et des délais inséparables, soit de la
constitution républicaine, soit d'une ténacité excessive
sur des points de médiocre intérêt
Mais, déjà avant ce désastre, les débats avec les
envoyés des Provinces-Unies à Paris avoient pris une
tournure satisfaisante. L'issue ne sembloit plus dou-
teuse; il ne s'agissoit que de quelques articles secon-
daires, et ce résultat favorable, on l'avoit obtenu par
les efforts de M. de Sommelsdyck.
Richelieu avoit longtemps hésité.
Ltii-même affirme que le traité de 1634 ne fut pas
conclu dans l'intention de rendre la paix impossible,
mais uniquement à cause de l'attitude menaçante de
l'Espagne dans les Pays-Bas'. D fit négocier avec
' i.Wenn man die Gronde dut Dingo nach àen epitcra Erfolgcn bsurtbeill,
M hnl ea daa Anicheii , ala hab« aîch die franiôaicbe Bcgiernog, oacbdeoi ibr
su vielei iD indireder FcÎDdKligkett gelungea war, durcb die HaSniing anf
Doch grouere Vortheilc und deflnïtlTe EroberoDgcD, UDd aDtaerdeiu hanptaicb-
ttch darcb die Holliinder, die ea forderten, la oficnem K ricge beadmlom Iumo.
Gfht Qiaa aber auf die aotheotiKhcD DcekuiBle, dïa aaa jenen Tageu iibrig
aiod. zariick , ao gcwiDDt man eins etwia abweichende Ansîcht". Baakc,
Franxët. OeicA. II. 457- — Aprta avoir rapporta tei eiigïDcea ds l'Etpagm et
lea bruiti aecr^ità lur Ica iateatioDi de l'Empercnr, il *joute: „Dnler diocm
Umsl&odBn and VaTauMetinDgen mniite cïd Ereigniu, wie die Sefalaebt na
Nôrdiingca, rioeo nnbeaehraiblicbiD Eiadruck in Fraakreicb machen."
* „ L« Roi a'aioit point fait ce traita par an deeseia de faire coatiniier la
guerre, mais pour a« préaecver que la roi catboliqoe, ae laiiBaot peraoader pal
,,.CooglL-
l'Empereur ' ; l'ambassadeur de France en Espagne fiit
Clément chargé de faire des ouvertures pacifiques*,
et M. Pauw et Knuyt, députés à Paris, jugèrent, du-
rant les premiers mois , le succès de leur mission très-
incertain. S'étant décidé à des mesures vigoureuses,
il observe que ce n'est pas de son propre mouve-
ment, mais cédant aux instances de la Hollande,
quTI a pris une aussi grave détermination', et, résu-
mEuit, plus tard, les motifs du traité de 1635, il
s'exprime ainsi: „I1 y avoit longtemps que les Hol-
landois en soUicitoient S. M. , et s'étoient depuis quel-
que temps laissés entendre assez clairement qu'étant
las de continuer la guerre ils feroient la trêve, à
quelque prix que ce fût, si le Roi ne se déclaroit
ouvertement. S. M. avoit toujours différé à en venir
à cette extrémité, mais enfin elle s'y sentit obligée"'.
qndqsti «ipriU bruoillaDt qui déainnt mctlrE le Cm cnlrc Icura Mnjestéa, De
pOftuHBt »■ iimM eoDirc 1> Fnoce". Méwuàret de BUielif%, tiI[. p. HO.
Le paaifi M [apporte nos doute m •jjour du Dut d'Orlniu il Bruielles.
' „Le Roi, DoDobitaDl ta Inil^ fiil iTce lo Hullnudoii , tout i «ou •van-
tige et de ta confédérés, ne liiin pai en niEme temps de renier (nus In
mojmi pMsiblM et convensbles pour pirTenir ik une p«ii générale en la chré-
<)ailé, ne toalut w aenir de toni wea avantages que ponr celte fin"./, l. p. 121.
' 1. 1- p. isa.
' ..Dit d'Amlmnldeur met wierheyt nïet soude konoen aeggtn aeo bem
tnii<;e offre totic mptaret gedien , maer op de mcenicbvu)dig« cnde continnele
ddnoiren Tan den ambasadenr den Cuniogh, ten bealFU nn baer Ha. Mog.
■Uet, zoo (erre beirogeo te wmo ali h; hadde rerklaert". Aitiema, II. ll»l>,
* Xémoirrt, VIII. 2ST- — Ajontex le panage suivant relatif ant Déftodationa
de 1B34. ..La Trince d'Orange dit à Charnacë que si le* inlérlti du Hoi le
partotRil i la rwpinrt avec l'Eipagne, les Âtati rompraient s'il* éloienl en ptil
M en trhie cl t'iti ne l'avaient point. îli promettoieot, dès cetto beure. de ne
b point hire sans le eonscnlement dn Roi. En quoi II >a peut voir combien
ta peuples aonl subtils en leurs trailéi, car ila demeurent tonjours dons leurs
Fnadpes, et, da qnelqne cAlé qu'on les tourne, ils retombent tonjonra aur
leui pied*. Lear aniytie deuein était qnt le Soi enlrél e* raplare aeie l'Ss-
ffaei mojCDnanl cela ils promeltoient tout. ... Ils ne veulent rien maiotraant
pnimeltre an Bot ds leur tniU de trira on de paii que premiireaient S. H.
le s'aUi|n de nmprt". p. 115.
m. vm
,, Google
Quand on considère les conséquences que le défi
jeté à la Maison de Habsbourg pouvoit avoir, ainsi
que les pétils de tout genre auxquels, par l'animosité
du parti espagnol en France, Richelieu étoit exposé,
il est difficile de mettre tout ce qui précéda sur le
compte uniquement de sa dissimulation, et de préten-
dre qu'il se laissoit habilement forcer la main et en-
traîner en apparence à ce qui faisoit l'objet de ses
ardents désirs. Même après s'être décidé à la rupture,
il protesta de ses vues pacifiques; on le conçoit; car
il devoit éviter ainsi, autant que po^ible, les reproches
de ceux qui l'accusoient de sacrifier le repos de la
France et de l'Europe, les intérêts du catholicisme et
de la maison royale, à une ambition désordonnée et
à l'avancement de sa propre grandeur. Agissant de
plein gré, il tenoit à insinuer qu'on lui faisoit violence;
mais on ne sauroit admettre qu'il en fiit ainsi d'abord
et qu'il n'ait pas reculé longtemps devant de graves
considérations, dont personne n'étoit mieux que lui eo
état d'apprécier la valeur. Il est difficile de supposer
qu'au commencement de 1634 il étoit venu en aide
à la République . par des secours pécuniaires , dans
l'intention de rompre complètement avec l'Espagne un
an plus tard. Si dans l'arrière-saison les événements
de la guerre imprimèrent à ses préparatifs d'attaque
une célérité et une vigueur subites, ne c'est pas lui qui
prit l'initiative de l'acte décisif qui devoit amener la
rupture; c'est à Aersseus que revient l'honneur d'avoir,
lors du traité de subsides, disposé toutes choses pour
arriver à son véritable but, l'alliance défensive et of-
fensive de 1635.
Son ascendant et l'autorité que lui donnoit sa longue
,,.GoogIc
expérience diplomatique, persuadèrent aux États-Gé-
néraux de charger MM. Pauw et Knuyt, de cette
importante mission. Ni le Prince d'Orange, qui avoit
précédemment désiré la trêve, ni ta Princesse, qui
indinoit, pins encore que son époux, à un accom-
modement avec l'Esp^e, ni aucun des personnages
influents à cette époque', n'auroit conseillé une si
hardie démarche. Pour faire prévaloir un tel avis,
il falloit de la finesse et de l'audace; le parti de la
paix étoit fort puissant. On peut en juger par ce
qui eut lieu déjà l'année suivante. En juin 1635
il étoit nécessaire de faire „ perdre l'importune envie
d'un mal asseuré et ruineux traité"', et peu après,
on ne craignit pas de renouer secrètement des intel-
ligences avec les Espagnols'.
Pour faire ressortir le mérite d'Âersaetis , conduisant
à bon port, malgré des obstacles divers, cette aflaire
éminemment européenne, trois lettres' sont fort re-
marquables.
La première, à Richelieu en avril 1634, montre
que, le traité de subsides à peine signé, il se mit im-
médiatement a l'oeuvre: „Pour asseurer voz conquestes
et ïostre repos, il n'y a que de se résoudre à une
guerre ouverte , en laquelle cet Estât employera volon-
> Ni M. Knnjt, ni M. Pinw (qui cependant lembli prendre li cbowi eoear,
fcitmii t\an ..combien il imports de muiateDir cette illiiDce avec la France",
p. SI) ni aartoot M. le griOer Mnicfa, qui, en 16S5,à l'occuioD de la pralii)iie
de Cnneobarg, ..^tant âshaufff de lîn, dit au duc de Booilion qu'il eapénït
Un Toir qae lea Françaîa n'etoient paa tousjoan si fins comnia lia le pCDHiient
tire, et qu'ils ne Tendroient pas cette fuil leur peau comine svoit fait le feu
Eoi". Mim, Je RUA. VlII. 491.
' p. 76. ' ci-deisiu, p. S9. • Le* lettrea 602, BOB et SU.
,,GoogIc
tiers ses derniers effortz, qui ne seront point à mes-
priser'".
Adressée à un homme de confiance admis à négo-
cier sous main , la seconde lettre est un exposé limû-
neux des graves motifs pour la France de ne plus
différer l'expédition projetée contre les Pays-Bas. D'a-
bord, c'est là le vrai moyen de terminer la lotte eo
Allemagne: „Le Prince d'Orange tient que la vraye et
plus courte voye de ravaller la grandeur d'Austriche,
en relevant celle de France pour tout jamais , seroit
de rompre avec le Roy d'Espagne, et de l'assaillir
vivement, et conjointement avec nous au Pays-Bas,
de quoy dépend l'événement de la guerre qui s'entre-
tient avec tant de variations en l'Empire"'. Ensuite,
s'emparant de ces provinces, ou leur venant en wde
poiu* se constituer en République, la France assure sa
frontière du Nord contre des invasions subites, qui
peuvent à chaque instant menacer la capitale: „le des-
logement des Espagnols une fois procuré, la France
ae trouveroît remontée à sa primitive gloire et puis-
sance, sans avoir plus besoin de regarder arrière, ny
de craindre de pareilles secousses qu'elle a par le passé
reçeues des Pays-Bas, d'où, à moins de rien, peut estre
porté une armée de cinquante-mil hommes jusques avx
portes de Paris, d'oii aussy on peut former des partiz
et de la division au dedans, par où la France a esté
tenue basse et en trouble ces deruiers cent ans"'.
' p. 67. ' p. 69.
> p. 60. Cul le donbl» molîf que fit valoir pi ni tord MBziria : ..Erictitcia-
D»! aascinuider , nie nel t» werlb sei, die apanischer Niedcriande mit Fnnt-
tâcii 10 lereiDigen ; dsa ent , inriato er , werde Paris, doa Ueri der Monir-
c)u«, ditrcti tin uDûberwindlicbea BoUwerk gcaidiert aeÏD; idbd wetde nie ndir
,,.GoogiL-
— CXXI —
Bn dernier lieu , une attitude vigoureuse est indispen-
sable, afin de prévenir le succès des menées continuelles
de l'Espagne pour induire les Provinces-Unies à une
paix particulière. „Je vous diray, confidemment mais
véritablement, que, pour faire perdre à plusieurs de
nous le désir du repos, il est nécessaire de leur ou-
vrir l'espoir de la fin de la guerre par la conjonction
de la France , sans quoy, croyez moy, ils ne cesseront
jamais de toujours porter et forcer les affaires et les
volontez à quelque accommodement avec l'Espagne;
car ilz crient incessamment qu'ils ne voyent point de
fin à la guerre, qu'ilz sont espuisez de moyens, et
qu'il n'est point expédient d'attendre que mangeons le
dernier sol; c'est pourquoy on doibt tascher de les
engager plus avant. La rupture avec tlkpagnol 86'
rùit nostre aauvement et aeureté commune; et je veux
espérer cette résolution de la prudence de monseigneur
le Cardinal, que nous seconderons de tous nos efforts
et de bonne foi"'.
Enfin, dans la troisième lettre, écrite au Prince
d'Orange', lorsque la négociation étoit très-avancée et
qne la venue de M. Knuyt à la Haye, pour en rendre
compte, alloit donner matière à de nouvelles et dernières
délibérations, Aerssens revient sans cesse à «ne seule
idée ; toutes les autres considérations, toutes les difficultés
in Scbrecken tod Corhie wiedcnaerwirlcir, docEi dis UntentùlioD;; inaercr
hcIionïD ion ylindrea lier zn begorpu biben". Rinïs, Fymiz. (?«wJ. III. 49.
' IJ aJoDle; „Si conliDDons bd tnin où noua aoDimeB, il •çaon le moita
d'aidormir noi armes, qae nom n'endosKrona pliu, a; une foia uoDS Im raet-
<oni bu ; ce qui B eTideramFot paru su Iraicl^ da la trefie, pendïDt lequel on
* rt D^lîgK et metprit^ l'aoïilié et lea oSrea de la FrtDcs, eapérsnt de a'ac-
NEinioder ivee t'Rapagne, quo; qu'il ne demandut le repoa que poor l'em-
fbjet l l'oppreuioD de noz allia, pont par Bptit relouroer contre nou»,
a>ee np redoublenieDt de ta eSbrti". p. 68.
* dD 18 loAt 168S.
D,g,t7cdb/GOOgIC
doivent fléchir devant le but principal; guerre ouverte
entre l'Espagne et la France: „Sy v. Exe. me le permet,
j'ose dire qu'il faut tascher à tout prix, de bond et
de volée, de jetter le Roy en plus évidente démonstra-
tion de haine contre le Roy d'Espagne, sans nous te-
nir à aucunes conditions sur la conduitte de la guerre,
ny sur le partage de la conqueste; car poarveu que
l'engagerons, le premier et principal avantage en vien-
dra à l'Estat, lequel ne finira jamais sa querelle par
ses seules armes, sy d'autres ne s'en meslent, et lors-
que la France a esté en rupture, il en a eu moyen
d'estendre ses limites et d'aff'ermir ses frontières , parce
que le Roy d'Espagne, par ambition ou par crainte, a
employé contre elle le plus grand efibrt de ses armes,
dont il arrive, qu'estans trop distraittes, elles nous
pressent moins '. Qu'est-il besoin ," ajoute-t-il „de gran-
dement marchander des conditions?" Les questions
même les plus importantes dépendront du cours des
événements; il s'agit seulement de porter la France au
pas décisif. „Ce sont des points qui ne demandent
point estre par trop contestés, car ils se doivent ré-
gler au progrès de la guerre, comme aussy le faict du
partage, qu'on peut faire tel que la France désirera,
pourveu qu'elle en entreprenne la conqueste; car il y
a bien loin d'icy à la prinse de l'oùrs et il arrivera
cent incidens entre deux, qui donneront matière et
occasion à des nouveaux appointemens et capitulations.
Par provision nous aurons tiré ce fruict, d'avoir porté
la France à prendre sa part de nostre guerre, pour-
veu que soyons assez avisés d'aller au solide, sans
D,g,t7cdb/GOOgIC
perdre les choses à les voulloir trop asseurer ou sub-
tiliser" '.
Il j' a ici dans notre recueil une regrettable lacune,
depuis le mois d'août 1634, jusqu'en juin 1635. Tou-
tefois ce qui précède est plus que suffisant pour
faire apprécier l'habileté et la persévérance de M. de
Sommelsdyck. D s'agissoit d'une des négociations les
plus importantes de l'histoire modema „Tou8 les in-
cidents des dernières années n'avoient été que les pré-
ludes de la lutte colossale qui s'engageait";' duel final,
dont l'issue décideroit du sort de l'Europe '. Richelieu
hii-mème étoit pénétré de la gravité de sa résolution,
et ses entretiens avec l'envoyé de la République,
M. Pauw, révèlent sa conviction, ses auxiétés peut-être,
à cet égard. „Vous seriez vous attendu," dit-il, „à
de si grandes choses P ministre d'un grand Roi, jamais
encore je n'ai été chargé d'une n^ociation aussi im-
portante; depuis vingt-cinq ans il n'a été question de
rien de pareil"'.
' p. 73. L'ahorlilioa i'kenaeaa ttrieal i ce que disait i a
m ia pTÎDdpiux coBseillen do Roj de Fnoe«: „dat ■; in deten ilt ia tea
lomiclftt iMhDordfn te procedercn, en dit de rupture, Eijade àe joffroiiice af
de trtjfdl, die meu begeerde, ... at* ey d« bryi/dt gheemporteert hadden, oocb
de raMe Muden hebbcD gbewoDncD." AiUenii, II. 32S.
' M«rtin . Eut. de Fr. %u 427.
' ,So braeh dieaer arilte GegeDutz der beiden Hiiâiel nad ihrer Monar-
duRi, der niemilt lafgehôrt batte Enropa in GIbrang m setiea, noch einmal
ÏD tglle FUmmen loa, INe Fnge wu ob Spanien des elte Uebetgewicht, in
dvMD Beiili rt geglôrt vir, wieder erobcrn, odei oh Prenkreieb die neberle-
|rae Slellnng, die e« ergriffen nnd laglcich die Korm der neaen VerhiauDg,
die ce >icb gegebcn, behioplen nnd nbdinn leratiirken wiirde, Bin proaseï
Aeil von Enropa irar in den Streit bereits verwickelt ; di> ScbicliHil aller sd-
demi bing ion Kioem Augeng ib." liuike, Ff. OelcA. II. 402.
* „De Cardinael rra^e d' AmbeaaadcDr of dit geen greote saecken mrenP
en (J d' AmbundeuT wel nlcks badde verwacht ? . . Hj lejde de eere te heb-
ben Ton een miniiter te lyn tid een gnxA Koningb , docb noyl loo grooten
taeeie ob dete met nienuint ala net d' AmbaMadeur gehandelt te hebben , ghe-
,,GoogIc
Dans l'histoire de la Maison d'Orange, des Provin-
ces-Unies et de l'Europe une place distinguée appar-
tient donc à M. de Sommelsdyck (*].
Après avoir servi le Prince Maurice durant de lon-
gues années, il devint pour le Prince Frédéric-Henri
ce que fut St. Aldegonde pour Guillaume I, ce que
seroit un jour le conseiller-pensionnaire Fagel pour
Guillaume III , un confident éclairé et fidèle ' ; plus
encore peut-être; il semble avoir été un guide, axissi
bien qu'un appui. Par ses avis, par ses exhortations,
il fit persévérer le Prince dans une lutte, au succès
de laquelle celui-ci eut une si glorieuse part. On a
prétendu que, depuis 1635, redoutant ses alliés plus
que ses ennemis, Frédéric-Henri avoit fait mollement
('] Peut-ËIre, en comparant la part de Bicheliea et celle de M.
de Sommeladyck au traité de 1636, pounoit-on aller pins loin qae
je ne suis allé et préteodre que, mSme après la bataille de Nord-
lingue, le Cardinal était combatta par des sentiments contraires.
De détaiU fort curieux, communiqués par Aitzema snt les diverses
phases de la n^ociation, il résulte qu'encore à la fin de janvier
1635 (u. p. 228, sïv.), c'est-à-dire jusqu'au dernier moment,
l'affaire sembla péricliter. Il est permis de soupçocner que Riche-
lieu , qui affectoit alors d'être poussé à bout par les longneurs et les
tergiversations des HoUandois, doutoit encore s'il ne vaudroit pas
mîeui s'nbslenir d'une détermination ai audacieuse et continuer à
faire la guerre d'une manière indirecte.
lyck fiy oock DÎet gcloofde dit d' Ambautdenr gedtien bidde. mit wel (e vrtdea
te wetïii, dit >y t'ianien de me souden bebbca ran boo groolen tlaeli alhicr
genegotirert en le vege ^bracbt te faebbso ■!> in geen iff-n-twintich jtroi
groegocieïrt wu." A!Uen», II. 118, iv.
' Ci-dcsiui. p, XX.TI1. — Ajoatci le Ifmoignnge ds M. d'ËapoMa, cd 1620:
,,Je De vooi dîny rien do nourenu de Amen, sinoD qu'il ■ beaucoup plot de
part auprès du prince maderoe qu'il n'en eût juDiia vers le àitunt, leqad ne
K deicbargeoit pua tant de petîlea alTiirea, dont le dit Aracsi soubge fort, non
senlement le Prince, maia mesnnir) l«i Eatata mèniei la promptitude et aou-
plesee qu'il a contractéei par le long luige et habitude qu'il a eua en ffiDce,
et qui nt choae rnre an ce paja, loj eilanl puaja comme en autre nature."
D,g,t7cdb/GOOgIC
et presque à contrecoeur la guerre. Cest une étrange
erreur'. Ici encore la correspondance avec Aerssens,
éc-arte toute idée d'un calcul pareil. En 1635 il n'est
question que de pousser la guerre à outrance et de
joindre à l'invasion des Pays-Bas une expédition ma-
ritime contre l'Espagne*. En 1637, quand le projet
d'aasi^er Dunquerque lut abandonné par force ma-
jeure pour l'entreprise importante contre Breda, ce
n'est pas seulement Aerssens*, intéressé à prendre la
déiense du Prince , c'est un François dont on ne
sauroit récuser le témoignage , Charnacé , qui lui
rend pleine justice, dans les termes Ira plus formels '.
Lorsqu'en 1639 Aerssens écrit: „Je sçay bien que la
France murmure assez contre les succès de cette cam-
pagne , mais les siens propres ne sont point à preuve
de repartye"', au lieu de chercher pour les Hollan-
' d-dtÈioa, p. I.
* „Cctte propoiition bien entreprinH, comme liptiée ia lulrn coDcepliciiil
par terre, telml ponr- mettre hita it l'etTro; et da dfwrdre >ui affiirei d'Es-
pagne, laqncilc joD]'t d'un prorgiid repoi, pour tenir le demeorant doli Chrea-
tieolé en guerre el en d^renM, De a'ctlsiit retunij'e d'iaraoe inoaioD de tout
OD aiècls." p. 8E>.
> p. 99.
* „J'ai coannuDiqué i M. le Prince d'Orange loitre Me'moire, >ur lequel il
m'i rBapoadn que tout le monde el mos ftrlic*fiirfiHe«l avait connoissaDce du
dnoir que let Eiliti et laj aToient Tait pour eifcnter le premier draeÏD. et
l'inipostibïlîté qui t'y al Iroai^, comme pour la Kconds et troiniine inn^.
qui eit oï il ftadroit djbarqoer, l'en empoche entitrEineiit et qn'aiDajr ne pou-
nnt mieux, il falliHt de njeessilj a'atlaeher aa noindre en conaidération , mail
u plu en force et en dîfBciilté. En qno; Fon ne ptut ni^ que Itmt ne lail
Irèt-wérilaile, an moina i ea que j'en aj peu voir et recognoittre". p. 9S.
* Le liige de Breda fnt trii-nlile ï la France, „ Les nonrelles qoe j'aj de
Paria," éait Aeraseni, „tcBliflent dg la (atûfaction qu'on y a da aiige dcTBDt
Breda. i isnse qu'il les loaltge d'une puisunle diTeriioD , c'est -i- dire , que
toat l'dort de la guerre e*t donnj en partage k V. A. On taaebe de noua
faire croire qn'on ; eetoit 1 projetter de granda desaeini et nous en donner dea
esp^oMS, miSa il cet trèséiidcnt qu'on s'; contenta d'aller idi bicoques et
k la nehe , an lien de mesnager voi armes, qui jutqnet icy ont tena en
,,Cooglc
dois, dans le peu de zèle des alliés, un prétexte pour se
relâcher eux-mêmes, il ajoute: „Eb tout cas. Monsei-
gneur, sy on vient à toucher cette chorde, il sera bon de
sauter par là-dessus , pour vous jetter ensemble sur un
nouveau concert de l'avenir, taschant, parmy les con-
ditions du marché, d'obtenir une bonne et prompte
subvention, qui nous donne moyen de fournir à l'en-
tretien des trouppes extraordinaires" '. Loin de mé-
riter des reproches, Frédéric-Henri plus d'une fois
eut lieu de se plaindre. Allié sincère et actif, lors-
que, à la fin de 1641, il engageoit les François à
porter de préférence leurs armes en Italie ou en Ca-
talogne', c'étoit pour déjouer les intrigues de ceui
qui vouloient la paix, et, en écrivant: „je m'apper-
çois, depuis quelque tems, que les progrès du Roi
dans les Pus-Bas donnent de grands ombrages aux
Ëstats et aux Peuples, et j'ai été plusieurs fois pressé
de ne me pas engager pendant les campagnes à des
entreprises qui faciliteroient les conquêtes du Roi en
Flandre"*, il pouvoit hautement déclarer: „je n'ay pas
laissé, nonobstant toutes les remontrances qu'on m'a
faites sur cela, et la mauvaise disposition des peuples,
de faire tous les efforts qu'il m'a été possible pour
favoriser les desseins de Sa Majesté"*. Et non seule-
ment tandis qu'Aerssens vécut, le Prince prêta son
tacheq c«llea d'Eapagne, cl plus il y t en de péril, et plos grande en aen
ïoilre gloire." p. 110. ' p. 160.
* „Js erou qu'il en de la pTodeoee de temporiier, et decberolierlca mofeoi
de dâraire ces Mupfoni: sin» je croia, ijne ai le TUA rouloit bien porter ea
■rmea la cempagne procbainc du c6l^ de le CalBlpgne, m de l'Italie, oela me
donoerût le tema et lei occoaionB d'effaon ta impreesions ijoi se soot faiteaau
les eipril« de ce Paîa, et de les ^érir de l'opiDton <]u'ils ont, qae la gnidenr
(lu Koi leur eal plia Duitibls qoe celle du Koi d'Espagne." U'Eilradei, Lrtlm
>t mg. I. 63. • (. (, p. 08. * 1.1. p. 63.
,,.GoogIc
— cxxvn —
appui moral à Richelieu et sut apprécier la vigueur
de sa politique; après sa mort, il persévéra dans cette
voie, et la lettre au Roi de France, en 1643, lorsque
le Cardinal étott menacé par les coupables menées de
Cinq-Mars, est un homm^e rendu à ses mérites et
à la mémoire de M. de Sommelsdyck. Si le Roi ren-
voyé son ministre, le Prince juge un revirement de
politique inévitable. Far la disgrâce de l'homme il-
lustre, personnification du système pratiqué avec de si
brillants succès, l'alliance sera dissoute et, saisissant le
dernier moment opportun , il se hâtera de faire sa paix.
„Si les bruits" écrit-il, „qui courent que le Cardinal-
Dnc n'est plus dans les bonnes grâces de V. M. et
qu'elle lui a ôté le soin de ses affaires, sont véritables ,
elle ne trouvera pas mauvais que j'accepte des condi-
tions si avantageuses à messeigneurs les États et à
moi." Ne craignant pas d'exprimer sa pensée avec
amertume et de lancer au Roi de France, en termi-
nant sa phrase, un trait piquant, il ajoute: ..d'autant
plus que je ne pourrois pas prendre confiance en de
nouveaux ministres , gui aeroîent pénètre plus IkpcujnQh
ipie Fraru;ms" '.
I '. l. p. 7S. — De Diéme dans l'InstroctioD il M, d'EsIrades; „Sj leCirilioal-
i)Dc ot bon des boDnn gricea du Roi et fort milsde, il dira 1 S. M. q lie ne
pnaint plu confiiaee en de noaveiui Minïstrea, j'icceplerBi les offres que Ice
Etjaipiali me font, qni sont tcèe svantigfuaes aui Elata et à moi; mais si
UoaaeigDEur le Cardinal reete toojoiira dans le miDie crédit et dana le gourer-
Demeot dea affairée, il l'aeeureTii que je refluerai tout ce ijai m'a iii offeK,"
p' T7. — Il est tru qne aimaltaD^ineDt le Prioce demiDde, il la date du 1S
jaïllet. la giSce du Une de Bouillon, „Dne prtaoD perpétuelle, afin qne je ne
(«re pu répandre ion asng eur un échifand;" roaia, déji le 10 jnio , et Inra-
p'il n'âoit pas encore qiiejtiOD du péril de son beau-rrère, M. d'Eatredea écrit
à RidHJira : „ïl m'a paru BTDÎr une telle horreur de l'ingratilnde de moDlieur
Je Onq-Hin, et entrer ai arant dana lea intérËts de Vostie Émincnce, que je
la poil aaaûrer, qn'elle peut compter sûrement aur «on amilif, et sur la ma-
,,GoogIc
La persévérance des Provinces-Unies dans l'alliance
françoise, malgré les tentatives continuelles et inoppor-
tunes du parti aristocratique, est due en grande paitie
uux efforts du Prince d'Orange, mais, pour le soute-
nir dans cette voie, il falloit la sagesse et l'énergie,
la décision et la constance, l'habileté et le crédit de
M. de Sommelsdyck. La renommée d'un diplomate
qui a rendu de si inestimables services à la cause de
l'indépendance des États et de la liberté religieuse et
politique dans le monde chrétien, ne doit pas rester
circonscrite dans les bornes étroites de notre pays.
Par son génie, aussi bien que par la direction qu'il
sut imprimer aux conseils de la République, il fiit
associé aux haut^ vues de Richelieu et à une ligne
de conduite, salutaire pour l'Europe en général, et
nous avons droit de citer maintenant l'ensemble de sa
carrière de négociateur et d'homme d'Etat, comme
preuve de l'authenticité du magnifique éloge que lui
a donné Richelieu lui-même, déclarant que, dans tout
Dièrc amoUgciua àoM il m dUpoae i a'en eipliqoer iao* le» ocaùova." p. 73.
„ La diipaùlMD oïl il teaiDuigne estre nt telle que V. Ë. pcat ]% soubiiler,
paar fiire Toir ï laote l'Earope oomUen il eat étroitement ddï i la Fnnce,
et 11 part qa'il conlinue de preodre i, to> inlérit»." p. li. Il e>t ^aleninl
vrai que RïchelieD srait chargé d'fktradn de aollielter celle démarcbe; aiaii
il s» fonde aur lea proCestaliont qee Frédéric- Henri iToit ansTïnt bit 1 aoe
égutà. „ Il anrGra que voua le raaiiez aouienir çu'il vûa* a dit timtml <\m
c'eat pTiacipaiemaDt la eonSaoce qu'il a dam mn aoina qoi te Uent attaché aai
iulércl) de ta France, et lui fait rejetter lea offrea de l'Espagne; que \m •eoti-
■ueDi qn'il a ]ionr moi lar cette matière tant aaei eatmiu de Uml eeia ;■>
entrent dam lei affnrst, et qn'ainai, pendant qn'on a'eSoree ici de blcMer ma
réputition et de noircir ma canduila auprès dn Roi, il eat de mon arintage,
et en qoelque façon de mon' honneur de continuer A a'eipliqneren ma bTeu."
p. C8. El d'&tradea npporle : „ Je loi li repréaenlé qn'il >e aonvenoit uiei
coninen de fiât il m'avoil dit que, «i Votre SmineoM D'aioit en main les (f-
filirrs de la France, il accepteroit les offrca que Ini f^iaolt le Roi d'l>ip*gie,
et ■'lecommaderoit avec celle CoDronae." p. TE.
n(F)
D,g,t7cdb/GOOgIC
— CXXIX —
le cours de sa vie, il D'avoit rencontré que deux grands
politiques, Oxenstiem et Visconti, dignes de lui être
comparés (').
VIII.
François d'Aerssen mourut à la fin de 1641 et Ri-
chelieu un an plus tard. Quelques années s'écoulèrent
encore, avant que leur but fut complètement atteint;
mais leurs efforts, en combattant l'absolutisme ultra-
montain par l'union du protestantisme avec les catholi-
ques intelligents et modérés, aboutirent au traité de
Westphalie et firent sanctionner la tolérance évangé-
lique. N'oublions pas néanmoins qu'ils avoient eu des
devanciers ; que cette politique habile et vigoureuse fut
mise en pratique par Henri IV et Éhzabeth, par Mau-
rice et Barneveld; rappelons nous surtout que c'étoit
la politique indiquée et inaugurée par Guillaume I.
0 Dn assez grand nombre de ses lettres se trouvent dans la
Oarrttponiance de Duplasù-Momag et daoa les Lelirea et Négoei'
o^KiM de li. de Biuaneal et de FranipU tCAeruen publiées par
M. ie professor Vreede (Leide, 1846).
Dans les BijdrageM voor Vaâerlandêehe Qeiehiedetiù de H. Nyhoff,
M. Vreede en a donné treize, écrites de 1620 à 1630 au comte
(!e Colemburch. Je lea ai plusieurs fois citées (voyez ci-dessus,
p. XLvn, s», Lv, cra, s?.)-
Vraisemblablement il y en a encore dans des archives publiques
et particulières. Récemment les Archives du Royaume à la Haye
(nt fait l'acquisitioD d'une série de lettres confidentielles d'Aerssens,
depuis le 19 décembre 15tf9 jusqu'au 22 janvier 1603, écrites de
Paris à M. Vatcke, conseiller d'Etat, trésorier-géoéral de la Zétande,
trWonnu lui-mÈme par son influence et ses talents. Leur place
me semble désormais marquée dnns la correspondance de la Maison
d'Omnge-Nassau et j'espère pouvoir un jour les insérer dans un
tome supplémentaire.
,, Google
Après comme avant la paix de Vervins, Henri IV
iut l'adversaire de l'Espagae. „I1 persista, malgré sa
conversion au catholicisme, dans son alliance avec
l'Angleterre et les États protestants , sachant bien que
là étaient les adversaires naturels des puissances en-
nemies ou rivales de la France et de lui-même." ' La
lutte n'étoit qu'interrompue et alloit éclater avec un
redoublement d'efforts , lorsque sa mort survint et livra
la France à la triste régence de Marie de Médicis.
L'avènement des Stuart et leur conduite mesquine-
ment égoiste et pusillanime fit mieux encore apprécier
les grandes qualités d'Elisabeth et les tendances d'un
règne durant lequel, malgré beaucoup d'hésitations du
moins apparentes et une prudence excessive peut-être,
cette grande Reine n'oublia cependant jamais que la
défense des intérêts protestants étoit indispensable pour
sa propre sécurité et pour celle de son pays.
Quant au Prince Maurice, il eut en horreur toute
idée de raccommodement avec l'Espagne, et lorsque,
la trêve expirée, les témérités et les revers du Roi
de Bohème eurent fait naître pour les protestants de
graves périls, consacrant encore à son pays cette éner-
gie morale que l'épuisement des forces physiques n'avoit
pu abattre", il ne voyoit de ressources suffisantes que
I M. Gaizot InlrodueUoH à PEittoire de la Répiiilipce des Protâteet-Vnitt
par J. LotArop MoiUg. (Piria, 1B59).
* „Le PrinM d'Onngc," ^rit Acrucnt an 10S5 bd cooita d« CDlmboKh.
„De l'eadort point en HotioElle, aÎDS continue d'abiodooner volontiera wu
npoi et annlé, poiir leur prérérer notre eslrstioa et lubiiitence i il se prJjMn
\ ie tronier lui occasioas et à la former. Prince gntnJement préroTinl d
diligent, qui vent tonejoara avoir un faîct presl; plcnat ï [)iea que m unifie
ieeoud*>t fid^etncnt eu ce soïd; ... ajaut i> porter en son raprit le aoin et In
Diojeni de notre eabnilence, k qaoj i pêne poorroit lafflre on corpa Ua
vigoureux."
D,g,t7cdb/GOOgIC
dans un changement de conduite de \& France, où com-
mençoit à se faire sentir la main puissante de Richelieu '.
Ici encore je me plais à rendre justice à Barneveit.
n faut se garder d'attribuer à ses maximes de diplo-
matie européenne les résultats qu'auroient pu avoir
ses erreurs dans l'administration intérieure de la Ré-
publique; il ne faut pas le rendre responsable des
fautes que commirent, après lui, ses adhérents. L'in-
tervention imprudente dans les questions dogmatiques
qui agitoient t'Église Réformée et son obstination à
vouloir imposer l'unité de culte, malgré la diversité
de la foi, son dédain d'une opposition consciencieuse
et populaire, la violence de ses mesures, qui devoit
aboutir, oa à l'oppression de la liberté religieuse, ou à
la guerre civile, cette inflexibilité de t'amour-propre
dans une voie oii probablement il n'avoit pas eu l'in-
tention de s'avancer si loin, pouvoit aisément devenir
fatale à l'indépendance d'un pays où les catholiques
étoient encore nombreux et qui, suffisamment affoibli
par des divisions intestines, courroit grand risque de
retomber sous le joug du Pape et sous la domination
des Espagnols ('). De même on ne sauroit nier que
0 Cest à lort qu'on m'a nagé, naguère encore et après la
pnblicatioa do second Tome, parmi lea antagonistes de fiame-
Te)L Si le jugement modéré et impartial qne j'ai tftché de porter
«a SI politique iutérieure pareil ik quelques-uns encore trop sévère,
je me félicite doublement qu'avant de connoitre mes Prolégomènes
H.Fniin qui, par son excellent oarrage sur l'époque de 1588 à 1698,
> Uiuricc tgroit Miucrit tsoi doute à ce qD'fcrÎToit AcmcDil* 11 mtn 162S
1 M. da Culnibaieh : ,,Li Frtnce u licot CDOor lar le boa bout, hioi dâi-
bMg de fiirs qactque ihoM poor noua, ouii irrénJne de qaelle fifon; et
fitain mu doate nueil à l'JvàicmtDt de notre entrepriiUBi aj btnnu, je
priroj qa'ella se portera à un pini grand minnemcDt , et dapuri fmrr» wanfrw
J> nirii du déumf MKÇMtl nom voipMU la CAretiienté."
nrg,t7cdb/G00gIc
— cxxxn —
ses successeurs et ses disciples, en dirigeant le parti
aristocratique, n'aient souvent trop incliné vers une
paix séparée, qui, en donnant satisfaction aux intérêts
particuliers et secondaires, auroit compromis dangereu-
sement les intérêts communs et sacrés qui formoient
le principal objet de la lutte. Malgré cela il me pa-
roît évident que Barnevelt lui-même fiit toujours parti-
san d'un système énergique, et que lui aussi, sans
jamais négliger l'Angleterre, fit constamment entrer
l'appui de la France dans ses calculs. En 1593 sa
conduite est remarquablement semblable à celle d'Aers-
sens en 1634. 11 ne néglige rien pour engager Henri IV
dans une guerre ouverte avec l'Espagne , dont les Pays-
Bas deviendroient le théâtre et le prix '. Il fait tous
ses efforts pour prévenir la paix de Vervins et, ras-
suré par la déclaration positive du Roi, que la sua-
pension d'armes ne doit servir qu'à les reprendre en
temps opportun, il exhorte tes Etats à persévérer*.
tient un rang ilistînguc parmi ceux qui s'occupent aérieusenienl
de l'histoire de notre pays, soit arrivé, quant à la témérité et la
violence des mesures de Barnevelt contre les calviaistes, à peu
près aux mËmes résultats.
' OldenbuDcvclâ rMiges »«> douta rinstmcttoD da 12 juillet 1SB3 i M.
Calairt, CDiojé de li RÎ^pDbliqae aaprh de Heori IV. „D'Rutaiit qu'il est tout
^«ideiit que le Ro; ne poana poaB^er aaa Royauliue m ptii et repoa , tiidit
que l'eitat itn Pafi-bos sera gonteroé par lea miniitrei du Roj d'ËspagDe el
qa'ila aaroot le mojeD d'} rormet dei irm^ea et d'en tirer Ist cammoditei pwr
reatreléacment et eonduits d'iMilet en FnoM, fera le dict Calaart tout iA-
voir poNible pour induire 6. M. i croira qu'il n'y a meillenr mojva poun'**-
lorer en md Eitat, et dotoomer de son Ro^alme, de ce coaiU-li.leaeffartt.
conlremincs et factions de «et enneoii, que en rainât la guerre en HaÎBaulttt
Artoia, d'oA il eit le plus aidj et snhminittré d'hommes et d'aultrea commodi-
tez et néceaaitas , ainai qu'il eat appani par les eip6diliou demiirea , qui oal
fié (uotes en France de aa part." [JrtMvei d% Bofaiime).
* Il ]r a, ï ce iqjet, un paange eitrtmeinent remarquable daoa It» Nifecù-
liant de M. Jnnniu. „Le denr Bamerelt", &rit-il & M. Villcroi, „noaiadil
do vivant de M. de Buianval , que S. M. donaoit cet aident, non en inlentiai
,,.CoogIc
Si quelques années plus tard, contredisant Maurice, il
fit conclure la trêve, on doit remarquer, d'abord, que
la reconnoissance de la République en fiit la condition
première; ensuite, que l'épuisement des ressources finan-
cières la reodoient, selon lui, inévitable; enfin qu'il
en étoit de cette trêve, comme de la paix de Vervins
elle-même; qu'en déposant les armes, il s'agissoit sur-
tout de reprendre haleine , et que Bamevelt avoit l'oeil
constamment ouvert sur les intentions et les menées
des ennemis naturels et irréconciliables de la Républi-
que. Ses vues étoient conformes à celles de Henri IV;
il en donna une preuve remarquable lorsque, la trêve
à peine signée, la succession de Juliers manqua de
iaixe immédiatement recommencer les hostilités contre
l'Espagne '. Je doute fort que, vivant et en liberté, il eût
conaeillé eu 1621 le renouvellement de la trêve- Dans
de M retirer, inii) pour 1» ucuarir BeerUemml , occuper Ici rorcn ït coud-
■CT la niayeni du roi d'Etpiipic , pcodant truii od quatre toi , m bout dsaqnoli
dla loi Koit promu et atnré lie la propre toncAe denirer oiuertewml t»
/Htm contre In, le pHiDt de faire en »rte que lei Étatt roDlaueDt Miatenir
eMe iracrre joiqn'ia dit tempt, et que le gnerre qu'il ftroit alori oueertement ,
le* dâiiRroit de tout p^ril. Ce que le dit Huznpni nona coaGrmi Etre vrai H
MOI k aouliot i«ec Baroereldl , lequel j adjoniti inaii qoe , lar celte upënnee
de il d^bntiDD de S. M., il avait Tiit taulca torlEi d'eSorta, et donaf »ii
Il hÛB grandea \eifa en aoD paia et t été, k mi dire, pruquiU teulautetir
itfnra durer U guerre tl l'atamcn/é contre rEipajuol." lÀ Villeroi répond
qi'ni effet S. M. ■ dit à Bime>elt que la paii oe aerailquepoar Iroiiouqnatt*
aH, à 11 8d deaqoela elle entrerait en j(nerra contre l'Ëapigna aiee Ici È'ata.
I Apprenant U mort do Use de Clîra, Henri IV 6et\\, la 8 airil 1609,
i U. Jeanntn: „S'il nenuil que le) archiduc*, on to rorcca qui «ont de prê-
tent en leor paya enlrepriaaent quelque choaa au dit paya , j'aurnia jnate injat ,
Ma iMilefiient da regretter la trèra qne ja lenr ai procura, et U peine qoe
j'y à tnipkif^, RiKia de m'; oppoaer ouTerlement. Je na pnii croire pareille-
Mat qna let Eut* de* Provîncea- Unie* fonloaaent touffrir une telle uiurpetion
par l'int^rlt qn'ila j auroicnt, lellement que je prétoia que ce deuein aeroit
Nfflnnt de «ri-Bifaie ponr renierHr du tont li dite Irère, et rallumer la fta
i» )* gnene itcc plo* d'ardeur qne jamaii , luqnet caa je tdiu déclare qne ja
«•druii tire de la partie et m'y plonger de* plui aianl. Parle* en 1 mon
muia U prince Maurice et an (ienr de BiniBTeil . . Vdu* iviierei de retarder
la CDDeluMOB de la irèie, ù >uu* jugei qu'il aoit n jceaniie et le puiaiici faire." —
m. ix
,,GoogIc
une situation aussi menaçante pour rindépendance des
Provinces-Unies et lorsque la défaite du parti protestant
en Allemagne venoit de rendre l'Autriche plus que ja-
mais formidable, il n'eût pas voulu, par une neutralité
timide, écarter momentanément, et faire par là même
grandir, un péril qu'on ne pouvoit vaincre que par l'u-
nion active et persévérante de tous les intérêts menacés.
Enfin la politique d'Aerssens et de Richelieu, qui
tendoit à l'abûssement de l'Espagne et à la paix de
religion, par la commimauté d'intérêts et d'efforts entre
les Provinces-Unies et la France, étoit surtout con-
forme à la marche lumineusement tracée et suivie avec
précision et fermeté par Guillaume I.
Dès le commencement des troubles dans les Pays-
Bas, l'alliance frnnçoise, fut, plus qu'aucune autre, son
point d'appui. Même après les horreiurs de la St. Bar-
thélémy, même après la perfidie du duc d'Anjou, il
persista toujours à renouer le lien que le Éwiatisme et
la mauvaise foi avoient déchiré. Les Allemands lui en
faisoient de vifs reproches et, malgré leur confiance
presqu'illimitée , le comte Jean de Nassau et un grand
nombre d'entre les Réformés désapprouvoient sa con-
duite. La province de Hollande, dans sa confiance dé-
mesurée en ses propres forces, ne prenoit part à ces
négociations qu'en apparence et sous réserve expresse
d'une indépendance complète sous un gouvernement
Jeanom i^|iOnd l« 8 ivril à M. da Villeroy: „|e] lettres du Ko! mnt venaa
trop tard pour différer ou rompre ce traill . . Le ajear Bnme'eldt m'a dit rt
répili que, H S. M. reut prendre It d^renie de l'âlecleur de Rnndcbourti.qai
KDilile «Toir le plu< ïpperenl droit. Ut te joUuirctit acte elie pimr faire U
gmirre à qui çae ee mil. Le Prince Miuriie croit qu'il scm diflleile de fiiR
rentrer en guerre les États, quoique If Heur de Bameiieid mt ràdU."
U,g,t7cdb/GOOglL-
séparé. On prêtoit au Prince des vues intéressées qui
loi faisoieot méconnoitre les réalités de la situation. Il
s'obstinoit, disoit-on, à rallier autour de soi l'universa-
lité des Faj'S-Bas; il en coiivoitott le gouvernement-
général , il ne pouvoit se résoudre à renoncer aux per-
spectives brillantes qui, un moment, avoient paru s'ou-
vrir devant lui. Le territoire borné de deux ou trois
provinces ne lui suffisoit point; entraîné par son am-
IstioD, abusé par de vaines espérances et par des illu-
sions que partageoient avec lui ses conseillers flamands
et brabançons exilés de leur pays, il croyoit avoir be-
soÏQ de la France pour exécuter de si vastes desseins
et méprisoit ainsi les sages conseils des hommes d'Etat
i]ui, en Hollande, démontroient la fausseté de ses calculs,
et s'efiorçoient en vain de le ramener à la simplicité de
l'adage populaire: „qui trop embrasse mal étreint."
La méditation attentive des discours, des mémoires,
des lettres du Prince lui-même, publiés soit par les
liistoriens , soit dans notre correspondance, devroit suf-
fire abondamment à réfuter de telles suppositions. Né-
anmoins de nos jours on les renouvelle encore et il ne
sera donc pas inutile, en terminant ces Prol%omènes, de
^re remarquer que la tentative sans cesse réitérée de trai-
ter avec la France, est une preuve éclatAnte de sa rare
peispicacité et de la largeur de son coup d'oeil politique.
Souvent il réduisoit ses adversaires au silence, en
opposant à leurs plaintes et à leurs promesses l'absolue
Decessité et les périls du moment. „Si en telles ex-
trémités je recevois quelque bon conseil, ce seroit bien
ce que mon coeur désireroit , mais je voy que cbascun
sçait bien reprendre le conseil d'aultrui, mais nul ne
m'en donne de mffllleur. On me dict que je me doy
,,GoogIc
deffier du parti de France. Les dangers qu'il y a de
ce costé ne me sont incognens, aina peult estre mieoi
cogneues qu'à ceuls qui en parlent, et me touchent
de plus près qu'à nul aultre: à qui doncq vealton
que je me fie' F Dans un an d'ici, dans six mois,
TOUS allez me secourir; apprenez que l'homme affamé
a besoin de nourriture aujourd'hui; il ne refuse pas
le pain qu'on lui ofire, dans t'attente lointaine de vo-
tre superbe festin" ', — Certes ce n'est pas an Prince
qu'on peut reprocher de n'avoir pas fut entrer en
ligne de compte le courage d'une population qui ré-
siste à ses oppresseurs. Dans son admirable lettre en
1574, au moment que la défaite du Mokerheî venoit
de détruire ses plus chères espérances, écrivant à son
frère: „il me souvient de ce que autrefois je vous ay
dict, que l'on pourroit maintenir ce pays contre toutes
les forces du Roy d'Espaigne l'espace de deux ans,
mais qu'alors aurions nécessairement besoing d'estre
secourus", il ajoute: „Dieu le peult maintenir sans
aultre secours, ainsy qull a faict jusques icy, mais
j'en parle, humainement". Humainement parlant, le
triomphe des Espagnols ne seroit pas facile,* mais il
seroit inévitable. Malgré les avantages de sa position
géographique et l'étendue de ses ressources, la Répu-
blique naissante ne pouvoit subsister sans un allié pnis-
sant. Aussi ceux-mêmes qui avoient été le plus décidés
dans leur opposition au Prince, suivirent, immédiate*
' Archwei. 1« Sim. T. VIII. p. Ml. '1.1.1. VU. p. ÎM.
> „QnaDt la pautrca bibilaoa d'iey, ii\aut& de (ont le monde, TMldrojol
toutnfaii opiaiutTer, lisiy qn'il* ont fiiict jaaqaea i miinteniiit, et emM
j'e«|>irB qu'ili feront eucore, et que Dieu ne noua venille ehulier et dn IM*
perdre, il coutteroit ani Eipignoli encore li moilif d'E>piif[ne, Unt co iàm
qu'en bommei, devant qu'ili laroient tàcl 1i dn de Doo*."/. /■ T. VIII. p. Ml-
,,. Google
— cxxxvu —
ment après lui, son exemple. Sans être arrêtés parles
justes ressentiments contre la race alors si' déchue et
si méprisable des Valois, les États-Généraux en 1585
supplièreot te Roi d'accepter la souveraineté et, dans un
passage remarquable de ses interrogatoires, Oldenbar-
nevelt affirme que lui aussi , pardessus tous les efforts
possibles dans le pays même, avoit jugé l'assistance
de secours étrangers indispensable '.
Toutefois ce n'étoit pas uniquement par nécessité
et en dernier ressort, que le Prince avoit recours à
la France; c'étoit en premier lieu,, par choix arrêté
et par calcul politique. Parmi les puissances de l'Eu-
rope la France seule étoit à même de contrebalan-
cer les forces de l'Espagna L'expérience avoit déjà
&it voir que l'alliance des deux couronnes étoit, pour
l'indépendance des États et pour la cause du Pro-
testantisme, le plus redoutable danger. La rivalité
entre François I et Charles-Quint avoit contribué aux
prc^rès de la Réforme et le Prince n'avoit oublié, ni le
but secret de la paix de Câteau-Cambresis, ni les persécu-
tions religieuses qui, dans la France et dans les Pays-Bas,
forent les détestables fruits de ce sinistre accord. II s'a-
gisBoit, ou de sauver, avec le concours de la France,
la Réforme dans les Pays-Bas et dans la France elle-
même 0, ou de la laisser périr partout, par un nouveau
(') Il ne faut jamais perdre de vue que, de l'alliBlice avec les
' .,t)*t hy Eu tSST. tôt milort niickenfaoral . Dm htm le divertcrcn vnn liet
opupn Tin dm lait tpt Tretlchniiilcl , wel vfit mecr tui tle H»^ tsd 't tnnt JD
punie lermen mig hrbbfn getpriiken , mnRr dut bU in tjjn pwiiM sn gemoet
de laken deur landen Jcgent 't gewclt der Spingiaer-
jitmtis tn genids ibq GwI >)in*)[tif(. ea ille mofKlyke deb-
hier le lande coD te wt^e brencen , geoorderU bcell de
irondcn en de goiUecrden d«Mr ItodeD len hoogalen nodig
D,g,t7cdb/COOgIC
concert des deux plus grandes puissances catholiques.
„Je prévoys clèrement", écrivoit le Prince, „que, si ce
pays est une foys abandonné et remis au joug et soabz
la tyrannye des Espagnols, qu'en tous antres pays la re-
ligion s'en ressentira merveilleusement, voire, en parlant
humainement, sera en termes d'estre à jamais déracinée,
sans qu'il en aparoistra quasi une estincelle. Les Alle-
mansse pourroyent avecq le temps bien appercevoir du
dommaige, comme aussi feront les Anglois, qui, s'at-
tendant aux événemens et yssues de nos affaires, ont,
comme ils estimoient, par grande prudence, toiisjouis
voulu temporiser , et les pouvres Franchois , qui de si
franche volonté ont de rechef pris les armes pour
le faict de la religion, seront en plus grande perple-
xité; car advenant (que Dieu ne veuille) la perte de
ce pays, faut bien craindre que le Boy de France fera
nouvelle ligue avecq le Roy d'Espugne, pour tout en
un coup, s'ils peuvent, extirper cette religion"'.
Ce fut la guerre entre la France et l'Espagne qui dé-
joua les combinaisons de Philippe II et mit en évidence
les résultats salutaires et les avantages réciproques
d(! l'union de ses adversaires naturels. Tantôt le
Prince de Parme, pour secourir Paris, étoit forcé d'in-
terrompre, dans les Pays-Bas, le cours de ses succèsi
tantôt, lorsque la Ligue sembloit triompher, une di-
version puissante , due aux brillantes campagnes du
Prince Maurice et aux secours qu'il envoyoit en France,
ProviDces-Uoies, dépendoit pour les calvinistn françois l'appui du
Boi et de la famille royale contre les Guise, qui, s la tête dn
parti ultramontaia , se prévaloieat des pr^u^cés et des emportements
populaires.
' Archivée. 1" S^rie, IV. p. H88.
D,g,t7cdb/GOOgIC
veooit rétablir les affaires du Roi. Le triomphe de
Henri IV et l'Edit de Nantes forent le résultat d'une
alliance, qui garantit et consolida l'existence de ta
fiépnblique. De plus en plus l'histoire est venue con-
firmer le jugement que, déjà en 1593, le comte Guil-
laume-Louis portoit , écrivant au prince Maurice: „Pour
faire un vray contrepoix contre un ennemi le plus
puissant de l'Europe, vostre père, comme le premier et
pins sage Prince de son temps, a jugé nul moyen plus
propre que de mettre la France en picque contre F Es-
pagne. Quel solide jugement et prudence c'a esté,
V. Ëxc. et les plus sages, pondérans la puissance de
l'ennemy et examinans à plus près la disposition des
afiaires d'alors, tant du Pays-Bas que de la France
60 particulier et de toute l'Europe, en comparant les
conjonctures et affaires présentes avecq les événements
du temps, en poiuront donner vray et souffisant tes-
moignage. Quant à la France, Dieu montre assez
évidemment combien il a estimé cet homme rare en
luy faisant part de ses conseils, en ce que, grâces à
sa divine bonté, les affaires de France, contre l'attente
de tout le monde , sont déjà en tels termes qu'en sen-
tons au Pais-Bas grand soulagement de misères, et
commençons à cest heure à fixer nez yeulx à ce que,
par telle divine prudence, cet excellent Prince a de
si longue main prévu".
Inlatigable à mettre l'alliance françoise en première
ligne, cet excellent Prince, par sa divine prudence, avoit
encore un autre et puissant motif. Le catholicisme en
^ance était la religion de VÉtat; cette circonstance
qui, selon plusieurs, rendoit l'alliance impossible, étoit
pour lui une raison de plus de la dédrer.
D,g,t7cdb/GOOgIC
Etablir en Europe la paix de religion, par une tolé-
rance réciproque, étoit le but de ses efforts. Mais,
dans la poursuite de ce noble dessein, il avoit à lutter
contre des antagonistes divers, même parmi ses amis
et au sein de sa famille.
Un parti, très-puissant par le nombre et par l'éner-
gie, le parti des ultra-réformés, se disant calvinistes,
alloit, dans ses prétentions passionnées , beaucoup plus
loin que n'avoit fait Calvin lui-même. Non seulement
la tolérance envers tes catholiques leur sembloit une
chimère, une dangereuse utopie, une magnanimité
presque ridicule; non seulement, évoquant de lugubres
souvenirs, ils rappeloient sans cesse que deux religions
irréconciliables étoient en présence; que le papisme
étoit essentiellement persécuteur; que sa modéra^on
apparente étoit une dissimulation perfide et un épou-
vantable guet-à-pens, et que, pour ne pas être écrasé
par un tel antagoniste, on étoit forcé de l'anéantir.
Rivalisant de zèle et de fanatisme avec les plus fou-
gueux partisans de l'Église de Rome, eux aussi con-
aidéroient l'intolérance comme un devoir. C'étoit, di-
soient-ils, trahir sa foi, que de permettre l'exercice du
culte romain, que de choisir un Prince cathoHque,
que de s'allier à des États non réformés. Même ils
se demandoient, la Bible à la main, s'il ne falloitpas
assimiler les papistes aux habitants idolâtres du pays
de Canaan, livrés et désignés par la colère divine au
fer exterminateur des iîdèles Israélites.
Non sans doute par indifférence ou manque de fer-
veur, mais par une foi dégagée des préventions et des
passions de son époque, et dans l'intérêt de la religion,
le Prince s'élevoit contre ces exagérations funestes. Mais
D,g,t7cdb/GOOgIC
— CXLI —
comment y résister avec quelques chances de succès?
comment faire fléchir les prétentions nitra-réformées et
ultramontaines, qui repous8oient également, comme cri-
minelle , toute tentative de conciliation ? Il n'y avoit
qa'un moyen. Il falloit rallier contre la tyrannie es-
pagnole protestants et catholiques ; il fiilloit enlever
ainsi à ta lutte son caractère religieux, en sachant y
substituer le caractère national et politique.
Dans l'alliance françoise ce système , auquel le Prince ,
dans les affaires intérieures des Pays-Bas fut constam-
ment iidèle, se retrouve tout entier. Si les catholi-
ques venoient au secours* des réformés, si les réformés
prenoient pour souverain un Prince catholique, par
là même la tolérance réciproque alloit s'établir. Par
l'identité des intérêts l'effervescence des passions reli-
gieuses pourroit se calmer. Malheureusement il n'en
fitt pas ainsi; la violence des antipathies mutuelles fit
échouer ce projet; un déchirement complet devint iné-
vitable et rendit à Philippe II la moitié des Provinces
qui avoient repoussé son fiinatisme avec sa tyrannie.
Toutefois l'oeuvre commencée par Guillaume I, en bri-
sant la ligue de religion par une ligue natiouale et
politique, fut éminemment salutaire. Désirant agir de
concert avec la France, il n'avoit pas uniquement en
vae la délivrance des Pays-Bas. Kien ne lui sembloit
plus propre à faire prévaloir la charité chrétienne dans
le droit public de la société européenne en général. La
coopération avec les Provinces-Unies contre l'Espagne,
terminant en France la guei're civile, ralliant les Fran-
çois au nom des intérêts patriotiques et plaçant la
France à la tête des nations coalisées contre l'ambition
menaçante qui aspiroit à la domination universelle,
U,g,t7cdb/GOOgIC
— CXLII —
fei'oit ainsi, dans l'abandon de maximes persécutrices
et par la pratique, adopter la théorie; le respect en-
vers les consciences, introduit pax le fait, seroit, pu
lassitude et en désespoir de cause ou par sentimoit
de justice, admis en droit, et la guerre entre les peu-
ples auroit un jour la paix des croyances pour résultat
Absorber les haines religieuses dans l'unité des in-
térêts politiques, cette idée, constamment présente à
son esprit, fut également l'idée dominante de Henri IV '
et de Richelieu ' ; l'idée qu'exprimoit avec clarté et force
M. de Sommelsdyck, proclamant qu'une It^e de relu
ffion seroit la ruine de l'Europe, et ne pouvoit être
évitée que par un seul remède; si ta France catholique,
se joignant à l'union générale des Réformés, conteiioit
par son alliance la guerre dans la borne des intérêts
purement cPÉtat '.
Le traité de Westphalie fiit le couronnement de
cette politique.
lia gloire en revient, en grande partie, au Prince qui
indiqua et ouvrit la voie. Douze ans après la mort de
Guillaume III, le traité d'Utrecht, rabaissant rinso-
lence de I^otiis XIV, lut son oeuvre, fruit de sa vie
entière et d'une lutte terminée par les graoda capi-
taines et les grands hommes d'Etat qu'il avait formés.
Au commencement de notre siècle, le profond politi-
que qui dans la révolution françoise combattit ^ana^
chie et le despotisme, William Pitt, expirant lorsque
la victoire d'Austerlitz portoit le pouvoir de Napoléon
' „Iiei gutrrci politifuti dcpuit Henri IV rendirent ï la Knuea Hniliilita ((
YivxadBBt earopéta nae \ai imitnxt enhrâ ies fuetrei^'^ri^û/ion." .MiHJn, X.43S.
' „L* guerre de Trente ani Tut une guerre de religion ik l'oriiinc, mail
Kicli«lieu en Gt une gatin pa/itïqaf." 1. 1, ' Cidetaui, p. cxit.
,,.GoogIc
à Bon apogée , fut le véritable auteur des traités de Paris
et de la chute de Bonaparte. De même Guillaume I ,
enlevé au moment le plus critique , doima riiiipulsion à
ceux qui vinrent après lui et, dirigeant encore la guerre,
par l'autorité de ses maximes et de son exemple, con-
tribua, plus qu'aucun autre, an système de tolérance
et de liberté qui en devint le magnifique résultat.
Base du droit public en Allemagne et du droit
des gens en Europe, la tolérance étoit conforme aux
principes évangéliquea , aux doctrines du protestantisme
chrétien. Désespérant de mettre leur exclusisme en
pratique , les catholiques enfin se résignèrent à une
réciprocité dont ils avoient grandement besoin, mais
le Pape, indigné, se chargea de constater l'incompati-
bilité du véritable papisme avec ce mutuel support Dans
sa protestation solemnelle, plainte amère de ce qu'on
permet aux hérétiques le libre exercice de leur hérésie
en plusieurs lieux, il déclare, de sa „certaine science
et mûre délibération, et de ta plénitude de la puis-
sance ecclésiastique," de tels articles „perpétuellement
nids, vains, invalides, iniques, injustes, condamnez,
lépTOnvez, frivoles, sans force et sans effet, et que
personne n'est tenu de les observer, encore qu'ils
soyent fortifiez par un serment" '. Ijes foudres du Va-
tican cette fois n'eurent ni effet, ni écho, ie/um im-
helle et sine iciu. lies temps étoient changés. Après
nn siècle de guerres civiles et extérieures, les tentati-
ves d'extirper les protestants par le fer et le feu n'a-
voient plus de chances de réussite. A même d'opposer
la force à la force, le chrétien, en tendant une main
> Do HoDt Corju Aplamali^ue, VI. i. p. 463,
D,g,t7cdb/GOOglC
— CXLIV —
fraternelle à ses persécuteurs, n'acceptoit pas le mar-
tyre et, délivré, par la bénédiction divine, de leur
zèle sanguinaire, il stipuloit le droit de vivre, le pri-
vilège de n'être pas exHrpé. En face de l'ultramonta-
nisme, que sa prétendue infaillibilité rend incorri^ble,
le protestantisme, tolérant par principe et par devoir,
peut devenir intolérant par mesure exceptionnelle et
par les nécessités d'une défense légitime; mais ses exi-
gences, limitées et modestes, se réduisent à obtenir des
garanties suffisantes de iCétre pae extirpé. Le traité
de Westphalîe ratifia ces exigences. A travers les siè-
cles et à chaque recrudescence d'un catholicisme in-
sensé et logique, ce sont encore les nôtres; les mêmes
que firent valoir et prévaloir, dans les Pays-Bas et en
Europe, les Princes de la Maison d'Orange-Nassau. Au
nom de Guillaume Premier, en 1681,ondéclare: ..nous
destituons le Roy, parcequ'il est ennemi juré de ta
vraie religion et de la parole de Dieu, et ne veut en
façon quelconque recevoir la nianiance du pays, nnon
à condition qu'il puisse exHrper le règne de Jésus-CArisf '.
Et le Prince lui-même , qui avoit voulu , et qui persé-
véroit à vouloir, en matière religieuse, la liberté pour
tous, s'adressant, en 1677, à des catholiques dont, à
travera leurs belles paroles, il pénétroit les desseins,
résume, en peu de mots, franchement et résolument,
le côté défensif de sa généreuse politique: „Ponr vous
dire la venté, nous voyons que vous nous voulei
extirper et non» ne voulons point estre extirpés"'.
La Hatb avril 1869.
■ Archive». 1<> Sjrit, VII. p. 278.
* GichiTtl, Carreipond. de Gmllaume U TacUvrat, III. ]> 4S6.
,, Google
CONTENU.
ccccuix. AeTsaenB, Seigneur de Sommeladyck, à M. de
Zuylichem. félicitations.
CCCCLZX. Le même bd même. Conseils.
1626.
ccccLXZi. Le même ao Cardinal de Richelieu. Négoci-
ations avec les Bérormés.
coccLxxn. Le même au même. Même sujet.
occcLxxin. T^ même an même. Complimeats.
OCOCLXXIT. Le Conseilter-pensionaire Duyclc su Comte Er-
nest-Casimir de Nassau. Prise d'Oldenzaal.
CCCCLXXT. M. de Sommelsdyck bu Cardinal de Richelieu.
La France doit secourir les Frovinces-Unies
d'une manière plus efficace.
1637.
CCCOLXXTI. M. d'Espesses à Sur le renouvellement
d'un traité de subsiiles avec In Frnnce.
,, Google
— cxLvr —
hBTIÈX. ?^
CCCCLSXvii. M. de Sommehdyck au Cardinal de Kicbeliea.
Même sujet. 12.
CCCCLXXVUI. Le même au même. Il est urgent de s'opposer
?igoureusemeDt à l'enDemi commun. 14.
CCCCLxxix. Justin de Nassau à M. de Zuylichem. Félicitations. 16.
CcccLXKX. Le mfme au même. Il lui renvoyé le journnl
de son voyage en Italie. 17,
ccccLxxxi. M. de SommelsdyctE an Cardinal de Richelieu.
Nécessité d'une résistance énergique à l'en*
nemi commun. 18.
ccccLXXXii. J. Boreel à U. de Zuylichem. Patriotes de 1672. 31.
1638.
ccccLzxxiii. Le Gouvemenr d'Orauge à M. le Prince d'O-
range. Apolpgie. Si.
ccccLXXXiv. H. de Sommelsdyclc nu Cardinal de Richelieu.
Les États-Généraux sont disposés à agir vi-
gourcuscrarnt contre l'Espagne. S4.
ccccLXXXV. M. (le Bau^y à . , . Entretien avec le Prince
d'Orange sur l'entreprise du Roi de France
en Italie. SG-
ccccLxxxvi. Le même à .... Affaires d'Italie. 26.
0ccci.xxxvir. Le même à . . . . Affaires de la Principauté
d'Orange. 27.
CCCCLXXXVUi. M. de Sommelsdyclc au Cardinal de Richelieu.
Coopération des Profinces-Unies aux desseine
de la France. '^ 89.
CCCCLXXXix. Justin de Nsssaa a M. de Zuylichem. Relation ite
la bataille de Nieuwpoort par le cheTaJier Vere. 32.
ccccxc. M. de Boetzelaer, Seigneur de Langerait, au
Cardinal de Richelieu. Nécessité d'un prompt
secours. 33.
1«SI.
ccccxci. Le Roi de Bohème au Prince d'Orange. Com-
pliments. 3f.
ccccxcii. La Princesse d'Orange à M. de Zuylicheoi.
Elle se r^ouit de la défaite de l'ennemi. SB.
n,g,t7cdb/G00gIc
- CXLVU —
less.
Gcccxcin. M. de Chamacé à Enttettea avec le
Prince d'Oran^.
ccccxciT. [M. de Charnac^ à . . . . Le Prince d'Oreoge
d&ire la contiDuatioD de la gnerre.
1«S4.
ccccxcT. Kicheljeu à CbarDacé. Opposition da conseiller-
pensionnaire de Hollande au Prince d'Ornnge.
. M. de Sommelsdyck nu Cardinal de Richelieu.
Communauté de but des Prorinces-Uniea et
de la France.
. M. de Chamacé à Bichelieu. La négociation
arec les États traîne en longiueur.
coccxcTçi. Le même au mêmp. Le Prince d'Orange s'ef-
force d'amener la conclusion du traité avec
la France.
ccccxcix. Le même à MËme sujet.
D. Le Comte Henri-Casimir à M. Uivet II déaire
nn ministre pour l'Eglise françoise à Leeu-
warden.
Di. M, de Sommelsdjck à M. HeufR. Traité a»eo
la l'rance.
SU. Le même au Cardinal de Bichelieu. Même
sujet.
dhi. Le même à M. HeufiV La France doit attaquer
vigoureusement l'Ëspaitne dans les Pays-Bas.
Div. T>e mËme nu Prince d'Orange. Négociations
avec la France.
DV. Le même au même. Même sujet
DVL M. Heufft à M. de Sommelsdyck. Même sujet.
Dm. Le même au même. Même stO^t.
nviii. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Même
DIX. Le même au même. Même sujet,
nx. Le même au même. Mécon lentement du con-
■etllei^pensionnaire de la Hollande.
DXL Le même au même. Il faut absolument rnga-
ger le Roi de France à rompre avec l'Es-
pagne.
,, Google
Dxu. Ijo mSme au mSme. 11 faut pousser la guerre
«ïM vigueur.
DXiiL Le Roi de Pologne au Prince d'Orange. Il inter-
cëde en feveur d'un officier coudamné pour ho
micide en duel.
DXiT. M. Heufft à M. de de Sommelsdyck. Il faut por>
ter la guerre dans le coeur de l'EspsgDe.
DXV. M. Pauw au même. Il déaire retourner en Hollande.
DXTi. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Il Ini
envoyé la Lettre B14.
Dxvit Le même an même. Il s'efforce de prévenir le
rappel de M. Pauir.
DXTm. I^e même an mÉme. Uëme sujet; embarras financiers.
Dax. Le même au même. Opposition au rappel de M.Panw.
DX3. Le même au même. Même sujet.
DXXL Le même au même. Conférences de Cranenburdi.
Dxsu. Le même au même. Même sujet.
isam.
Dssiii. Frédéric-Guillaume, Marquis de Brandebourg, à
Mr. Rivet. Remerciments pour la dédicace de
son traité de la Sf-CÈne.
lesr.
UXIIY. Le Comte GnillBume de Nossau-Siegen au Comte
Henri-Casimir de Naesau-Dietx. .\ffflires parli-
culièrea.
DXXT. Le Comte Jean-Maurice de Nassau-Siegeu an même.
Ses succès au Brésil.
uxxvi. M. Hoeufft à M. de Sommelsdyck. Nouvelles.
uxxvii. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. St^e de
Bredaj affaires d'Allemagne.
DxxTitl. M. Hoeufft à M. de Somraelsdyclc. Nouvelles. 1
DXXtX. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Les
Etats de Hollande méconnoissent l'autorité des
États-Généraui. 1
DSXx. Le même au même. Même sujet. 1
BxxxL Le même an même. Même sujet. 1
Dxxxii. Le même au même. Même sujet. 1
D,g,t7cdb/COOglC
— CXLIX
sixxm. Le mËme au même. ICême Biijet; négooîationi.
DXXUT. Le même au Maréchal de ChÛilloii. Fréfwratifi
de la campagne. 118.
1«S8.
SUIT. Le même au mSme. Même «ujet, 116.
vxxxt I. Le Comte Henri-Caaimir à la ComtPBse-douairière
de NassaU'Dietz , se mère. Nouvelles.
DixxviL M. de Sommclsdyck au Maréchal de Cb&tilloD.
Nëcessité d'une étroite intelligence avec le Prince
d'Orange. 119,
DXixrai. Le Comte Guillaume-Frédéric au Comte Henri-
Caaimir de Nassau-Dîetz, Désastre de Calloo.
Dxxxrt. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse-douairière
de Naa3au-Diet!^ Même sujet
DIL. M. de Sonuneladyck an Prince d'Orange. Même
sujet
DXLI. Le même an même. Affaires militaires.
SXLII. Amélie-Eliïabeth , Landgrave de Hesse-Cassel , an
Comte Henri-Casimir de Naasan-Dietz. Berner-
ciments.
DELIIL Le Cardinal de Bichelieu à la Princesse d'Orange.
Cadeau du Bol de Prance.
DILIT. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse-douairière
de Nassau-Dietz. Nouvelles militaires.
DUT. TA. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Arrivée
de la Bei ne-mère de France.
sxLvt. Le même au même. Même sujet 130.
dilth. Le même au même. Afiaires militaires.
Dnvm. Le même au même. Subsides de In Frauce.
sxux. Le même au même. Nouvelles de France, il est
question d'une suspeusion d'armes.
DL. Henri Comte de Nassau-Siegen à M. de Zuyiichem.
Compliments.
DU. Guillaume Landgrave de Hesse au Comte Henri-
Casimir de Nessau-Dietz. Bemerciments.
lOiii. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse-douairière
de Nassau-Diete. Nouvelles. 140.
Sun. Le même à la mime. Situation de la Frise.
m.
U,g,t7cdb/GOOgIC
DLiT. Le même à la même. Nouvelles. Uî>
DLV. Le Prince d'Orange an Boi d'ÂDgletene. Les
FroTiDCes-Uoies ne sBaroîent lui envoyer des
troupes. 144.
QLï^ M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. La
France se plaint à tort. 145.
DLTiL Le Comte Jean-Maurice de Naasan-Siegen i M. de
Zuytiohem. Compliments. 147.
DLTOL M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Db-
^rftce de M. d'Ëtampes. 147.
Dux. Le même an même. Ualgré le mécontentement
itgnste de la Prance, n^ssité de bons rapports. lEO.
DLX. Le Comte Henri-Casimir i la Comtesse-do aalriëre
de Nassau-Dietz. Nouvelles. ISl-
SLXi. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Nou-
velles diverses. 153.
DLUt. Le même an même. Dispositions de la Cour d'An-
gleterre et du pays. 155.
DLXiu. M. de Heenvliet au Prince d'Orange. Mariage
d'Angleterre. 159.
DLur. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Même sujet. Ifll.
DLXV. Le même au même. Menées de l'EspagnCi affaire
de Duins. 16t.
DLXTi. M. de Sommelsdyck et M. Joachimi au Prince
d'Orange. Audience auprès du BoL 166.
PLXYU. M. de Heenvliet au Prince d'Orange. Le Ko! pré-
tend que le Prince a fait demander en mariage
sa fille cadette. 169.
DLXvni. M. de Sommelsdyck au Prinoe d'Orange. Len-
teurs de la Cour; troubles en Ecosse et en An-
gleterre. 170.
DLXix. Le même an même. Compliment de condoléance. 171
DLXX. Le même au même. La Cour tratne sa négocia-
tion en longueur. 173.
DLxxT. M. de Heenvliet au Prince d'Orange, N^ocia-
tiona; il désire agir de concert avec M. de Som-
melsdyck. 178.
DLXXU. M. de Sommelsdyck et M. Joachimi au Prince
d'Orange. Entretien avec le secrétaire d'EtatCoke. 18L
U,g,t7cdb/GOOgIc
DLXxm. U. de Somraelsdyck su Prince d'Oraage. Noa-
Teanz délais; il désire son rappel. 183.
nLlUT. Le même au même. Il eit question d'une alliance
avec lea ProvinceB-Unies. 187.
ILIXT. Le Prince d'Oraufre à M. de HeenvUet. Il ne
saurait être question qae de ta Prioceiae eSnée. 189.
DUiTi. Le Boi d'Angleterre au Prince d'Orange. Offre
en mariage de «a fille endette. 191
DLxxTn. M. de Sommeladjclc au Prince d'Orange. Jamais,
pour l'affnire de Daiu»-, il ne demandera pardon. 191.
DLxiTin. H. de Heenvliet an Prince d'Orsuge. Négociation. 193.
DLixiX. Le Comte Goillaume-Frédéric de Maasau-Diets à
M, de Zuylichem. Compliments.
DLixx. Le Prince d'Orange ii M. de Sommeladjok. Il le
prie de sonder lea intentions du Boi d'Angle-
terre relativement ru mariage.
Dinxi. Le même au même. Il le prie de se concerter
avec M. de Heenvliet. 197.
DLiiiii. M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Il dé-
sire son rappel.
ouzxm. Le même au même. Même si^et.
DLSXiiv. Le même au même. Même sujet; sa tâche est
achevée.
DLUZT. Le même nu même. Négociation; motifs qu'il
compte faire valoir pour le mariage.
dluxtl m. de Heenvliet au même.. Il agit de concert
avec M. de 9ommelsdvck.
duxxtu. m. de Sommelsdyck au même. H désire connoître
ses intentions.
DixuTUL Le Boi d'Angleterre au même. H envoyé vers loi
Bichard Broivne.
fiuuix. M. de Sommelsdyck au même. Il insiste pour
savoir au plutôt sa volonté. S13.
DXG. Le même an même. H croit avoir parlé sur l'ac*
tion de Dnins conformément à ta dignité de l'État. 215.
DxcL Le même au même. Il faut ae décider prompte-
ment ai on ne veut en aucun cas la Princesse
cadette.
DXOL Jean-Maurice Comte de Natsan-Siegeu à M. Rivet.
Défaite de la fiolt« espatcnole.
Bxcin. M, de Sommetsrtyck au Prince d'Orange. Il se
défie des intentions de la Cour d'Angleterre.
,,.GoogIc
— CLII —
DXciT. Le même an mSrae. AndieDce anprèa du Boi
d'Angleterre. !
IT.BXcrr*. Nonvellei diverses sar le« affaires en Angleterre. 22B.
DXCT. Le Prince d'Orasge à M. de Sommelsdy<^ Il le
presse de conclure le mariage,
sxcvi. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse- donairiëre
de Kassaa-Bietz. Nouvelles.
Dxcrn. Burlamaqui & H. de Soinmelsdjck. Nécessité de
terminer promptement les différends entre l'An-
gleterre et lea Provinces-Unies.
Dxcnn. Fréderic-Casiinir, Prince Palatin, au Prince d'O
range. Il lui recommande son fils. 334.
sxcrx. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse-donairiëre
de Naasau-Dietz. Nouvelles militaires,
se. Henri Prince de Condé an Prince d'Orange. Be-
comman dation.
Dci. M, de Sommetsdjck au Prince d'Orange. Afiairea
d'Angleterre,
Dcu. Le même au même. Recommandation.
Dcm. M. de Heenviiet au Prince d'Orange. Audience
auprès de la famille royale en Angleterre.
DdT. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse-douairière
de Nassau-Dietz. Noavelles militaires.
DCT. U. de Heenviiet au Prince d'Orange. Le mariage,
mais avec la Princesse cadette, est àéâié. 24S.
Dcn. Fréderic-Lonis, Prince Palatin, à M. de Zuyiicbem.
n le prie de le recommander au Prince d'Orange. 34&.
i>cvit. Le Comte Henri-Casimir à la Comtesse-douairière
de Nassau. Nouvelles de l'année.
UGVm, U. de Heenviiet nu Prince d'Orange. Bonnes in-
tentions du Hoi d'Angleterre,
scix. La Princesse d'Orange à M. de Zoylichem. Elle
désire des nouvelles du Prince.
Dcx. M. Heufft à M. de Sommelsdyck. Le Comte de
Leicester est bien intentionné pont le mariage
d'Angleterre.
BOXL M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. H a
dressé une Instruction pour le & de Heenvliei 261.
Dcxn. Le Comte Goillanme-Frédéric à la Comlesse-don-
airière de Nassau-Dietz. Mort du Comte Henri-
Casimir.
N*. scxn*. Instruction du Sieur de Heenviiet, sur les articles
U,g,t7cdb/GOOgIc
SCXIV.
DCXXTI.
ITCXZTIU.
DCXZIX.
CLHI
àa mariage proposés au nom da Boi de la
GraDde-Bretagne. 253.
M. de Soiii[Del3d.Tck aa Prioce d'Orange. Nouvelle*. 259.
M.' de Willhem à U. de Znylictiem. Il désire que
le Prince d'Orange snccède dans-le stadhondé-
rat de Frise et de Groningne an Comte Henri-
Casimir. 260.
Elizabeth Beine de Bohème à la Comtesse-douai-
rière de Naasan-Dietz. Elle partage sa douleur. 363.
M. de Wîllhem à M, de Zuylichem. Moyens de
faire élire le Prince d'Orange Stadhonder de
Frise et de Groniogue. 364.
Le luËme au même. Même sujet. 267.
La Princesse d'Orange à la Comtesse-douairière
de Nassan-Dîetz. Compliment de eondoléanœ.
Le Prince d'Orange à la même. HSme sujet.
M. de Willbem à M. de Znyliohem. Il insiste sur
le sujet de la lettre 616.
Le même au même. Même ai^et. ST6.
Le même au même. MSme sujet.
M, de Heenvliet au Prince d'Orange. Entretien
avec le Roi d'Angleterre. 278.
M. de Willhem à M. de Zuylichem. Il regrette
que les Etats-Généreux ayent envoyé nne dé-
pnlation en Frise.
Le mSme au même. Il faut songer sérieusement
et promptement au Stadhondérat de Grooingue.
Le même au même. Intrigues en Frise; a^res
de Groningne.
Le même au mSme.
Le même au même.
H. de Heenvliet
la négociation.
Le Boi d'Angleterre au même. 11 approuve les
articles du contrat de mariage.
H. de Willhem à M. de Zaylichem. Stadhondérat
de Groningne; nouvelles.
Le mSme au même. Affaires de Suède.
Le même au même. 11 insiste pour qu'on ne né-
glige pas l'affaire du Stadhondérat de Groningue.
Le même au même. Même sujet.
Le Prince d'Orange à M. de Heenvliet. Impo»-
Même sujet. S
Même sujet. !
1 Prince d'Orange. Progrès de
,,.CoogIc
CLIV —
Lcms. ^ p^t
stbilité de permettie lea cérémonies de l'Sglise
Anglicane. 301.
Dcxxxvi. M. de Zuylichem à M. de HeeDvIiet Même sujet. 302.
Dcxxxvn. Le Prince d'Orange an mSme. Même sujet. 303.
Dcxxxvni. M. de -Zuylicbem an même. Même stget. 305.
Dcxzix. Le Boi d'Angleterre an Prince d'Orange. Il re-
cevra volontiers les ambassadeurs. SOS.
BCXL. Le secrétaire d'Etat Vane au Prince d'Orange.
Même sujet. 306.
N*. Dczi^. Instruction da Sienr de BeveriTeert, s'en allant
de la part du Prince d'Orange vers le Boi de
France, pour communiquer te projet de mariage
du jeune Prince. S07.
N*. dcxl''. Mémoire de la part de l'Ëlectenr Palatin pour
lea Ambasaadenra du Prince d'Oraoge et des
Provinces-Unies en Angleterre. 311.
i>CXLi. Le Prince d'Orange au Roi de France. Lettre
d'Introduction pour M' de Beverveert. 314
SCILIL Le même à la Beine de France. Même sujet. 315.
DCXLin. Le même au Duc d'Orléans. Même sujet. 31S.
sczLtT. La Prinoesse d'Orauge au Cardinal de Bichelien.
Même sujet. 31S.
DCXiT. Le Prince d'Orenge à M. de Ohavigny. Même sujet. 317,
DOXLVI. Lea Ambassadeurs en Angleterre au Prince d'O-
range. Bencontre sur mer. 317.
DcxLTti. Les mêmes au même. Arrivée à Londres. 319.
DGXLyiii. Lea mêmes au même. Bévolte du Portugal. 319.
DcxLix. Lea mêmes au même. Audience publique. 331.
DCL. Les mêmes au même. Audience particalière. 332.
DCLI. Le Prince d'Orange à M. de Beverweert. Il de-
meure fidèle aux intérêts de la France. 334.
iiCLD. Les Ambassadeurs en Angleterre au Prince d'O-
range. Courérenoe avec les Commissaires du BoL 334.
DCLiu. Ls Prince d'Orange aux Ambassadeurs en Angle-
terre. Béponse anx lettres 649 et 660. 3i9.
DOLiv. La Beine-Régente de France au Prince d'Orange,
Assurances de bonne amitié, 330,
DCLT, Lea Ambassadeurs en Angleterre an même. Pro-
gris de la négociation. 330.
D,g,t7cdb/GOOgIC
DGI.VI. Le Boi de Prance an même. Assurances de boone
amitié. i
ixxvn. Le Prince d'Orange aux Âmbatsadears en Angle-
terre. Il ne faut pas joindre à la négociation du
mariage celle d'une alliance entre les Ëtats. i
SCLvm. Le même aux mêmes. Même sujet. E
œux. Le même à M. de Bererweert. 11 s'ëtonne qu'il
n'ait pas encore tu le Boi de France. l
jxsLt. Les Ambassadeurs en Angleterre au Prince d'O-
range. Conférence avec les Commissairesi trou-
bles du Boyanme. S
DOLzi. M. de Sommelsdyck au mSme. Même si^et. S
DCi.xn. Le Prince d'Orange aux Ambassadeurs en Angle-
terre. Bon accueil de M' de Beverweerl en
France. S
xcLxin. Les Ambassadeurs en Angleterre au Prince d'O-
range. Négociations, 8
DCLxiv. M. de Sommelsdyck au même. Le mariage est
conclu. 3
9GLXV. Le Prince d'Orange aux Ambassadeurs en Angle-
terre. Béponse à la lettre S6I. 3
DCUTi. Le même à M. de SommeUdyclc. Même sujet. S
t>cLXTn. Le Boi d'Angleterre an Prince d'Orange. Con-
sentement au mariage. 3
i>oi.XTin. Le Prince d'Orange ^ M. de SommeUdyclc. Bé-
ponse à la lettre 664. S
DCLXU. Le secrétaire d'État H. Vane au Prince d'Orange.
Bonnes intentions du Boi. 3
DCLXz. Le Prince d'Orange & M. de Beverweert. Bon
accueil du Cardinal de Bichelien. 3
DdxzL U. de Sommebdyck an Prince d'Orange. Insuf-
fisance des garanties qoe le mariage anra lien. 8
DCLZXn. Le Prince d'Orange aux Ambassadeun en An-
gleterre. Le Prince son fils se rendra i Lon-
dres. 3
SGLXXm. Les Ambassadeurs en Angleterre au Prince d'O-
range. Incertitudes et longueurs. 3
DCLzxiv. Les mêmes au même. Béponse à la lettre 665. 3
DGI.XXV, VL de Sommelsdyck au même. Béponse à la
lettre 66S. 8
DCLXXVi. Les Ambassadeurs en Angletene an même. Dis-
positions favorables au mariage. 8
,, Google
— CLVl —
unm.
DCLSXTii. Les mËmes an même. H n'y a plas d'obstacle
i la venue du jeune Prince. S
SCLxzvin. M. de Sommeltdyck an mgme. Même s^jet* 38S.
SCLxxix. H. de Heenviiet an même. Men&s de l'Elec-
teur Palatin. i
DCLXxx. I>e Prince d'Orange aux Ambassadeurs en
Angleterre. MSme snjet. 387.
DCLXXZi. M. de Somroeladfck au Prince d'Orange.
Bonnes dispositions du Boi.
DCLXxxii. Le Prioce d'Orange aux Ambassadenra en An-
gleterre. Il est décidé à laisser partir son fils. 391,
scuxxm. Les Ambassadeurs en Angleterre an Prince
d'Orange. Arrivée de l'Electeur-Palatin ,
entretien avec l'AmbaBBsdeur de Portugal. 8 "
DCLXrxir. M. de Sommelsdyck au même. Il ne craint
pas rélecteur-Palatin. 9
DCixxxT, Le Prince d'Orange à M. de Sommelsdyok.
Béponae aux lettres 678 et 661. S
DClxxxTi. Le même nui Ambassadeurs en Angleterre.
Réponse à la lettre 677. î
DCLXxxvn. Les Ambssaadeurs en Angleterre au Prince
d'Orange. Menées Je rEleoteur-Palatin. î
N*. DCLXXXTU*. Propositiona faites, sa nom de l'Électeur Pa-
latin, an Roi d'Angleterre. 4
N*. DcixxxTit''. Obserrations des Ambassadeurs en Angleterre
sur les propositions faites as nom de l'E-
lecteur-Palatin. i
scLXxxTin, M. de Sommelsdyck au Prince d'Orange. Le
mariage conclu malgré l'Ëlecteur-Pelatin. <
DCLXXXix. Les .Ambassadeurs en Angleterre an même.
Le contrat de mariage est signé par le Bai. i
DCXC. M. de Sommelsdyck au mSme. Uême snjet. 410.
Dcxci. Le même an même. On n'attend pins que
la venue du jenne Prince. 4
Dcxcn. Le Prince d'Orange anx Ambassadeurs en
Angleterre. Tout se prépare pour le dé-
part du jeune Prince. 4
Dcxcm. M. de Sommelsdyck an Prince d'Orange. Le
mariage du jeune Prince est popnlalre;
proc^ de Strafford. 4
scxciT. Le Prince d'Orange aux Ambassadeurs en
Angleterre. Réponse à la lettre 689. 417.
U,g,t7cdb/GOOgIC
DCXCTL
— CLvn —
Le mSnie à U. de Sommelsdjck. BépoDM i U
lettre 691.
Les AmbaMBdenrs en Angleterre un Prince d'O-
range. Béponse ^ la lettre «93.
Le Prince Fréderic-Lonis de Deux-Ponte à M. de
Znflicbem. H regrette de ne poavoir reater
an eerrice des FroTÎDces-Unies.
Le Prince d'Orange aox Ambassadeurs en An-
gleterre. Lettrée de remerciments ponr le Roi
et la Beine. 4S8.
Le inSme «dx rnSmes. Le jeune Prince va partir. 484.
Les Ambassadears en Angleterre m Prince d'O-
iBnge. Nonrelles diverses.
Le Prinoe d'Onnge à M. de Sommeltdyck. Il
fendra tftcher d'obtenir le transport de la Prin-
cess&
Le même aux Ambassadenrs en Angleterre. H
désire le retonr des officiers nnglois et écoasois
pour l'ouTertnre de la campagne. 439.
Les Ambassadenn en Angleterre an Prince d'O-
ronge. Condition dangereuse du royaume. 4S9.
Les mSmes an même. Arrivée du jeune Prince. 434.
Le jeune Prince d'Orange à son pËre. Même
snjei
Sivet an Prince d'Orange. Dîff^nds eed^as-
tiqnes en Angleterre; procès du Comte de
Strafford.
11. de Sommelsdyck an Prince d'Orange. Nou-
velles diverses.
Bivet an même. Dangereux état de l'Angleterre. 443.
Le Comte de Waririck à la Princesse d'Orange.
Elc^ du jeune Prince,
Les Ambassadenn en Angleterre au Prince d'O-
range, Le jour du mariage est fixé; leur avis
sur le blocus pRijeté de la Flandre,
Le Prince d'Orange box Ambassadeurs en An-
gleterre, n se r^ouit du bon accueil de son
fils.
4B0.
. Bivet an Prince d'Orange. Procès du Comte di
Strafford.
:. H. de Sommelsdyck an mtoe. Célébration dn
mariage. 454.
,, Google
— CLTin —
LEITBE. P^t
DooUT. Les Ambasasdeora en Angteterre aa même. Même
sujet. m.
DCCXT. Goillanme Prince d'Orange à son père. MSme
sujet. 460.
Dccxvi. Eivet au Prince d'Orange. Déplorable sitnstion
de l'Angleterre. 4ÎÎ.
Dccxrn. M. de Sonmeladyclc au même. Même sujet 465.
occxmi. Le Prince d'Orange aui Ambassadenrs en An-
gleterre. Béponee à la lettre 710. 4fi8.
Dccxix. Le Roi d'Angleterre au Prince d'Orange. Betonr
des Ambassadeurs. 470.
DCOXX. Le mSme an même. Assurances de son affection
ponr le jenne Prince. 471.
ncoxxi. La Beîne d'Angleterre au même. Même sujet 471.
DCGXxu. Le Comte de Warwick an même. Félicitations. 411
Dccxxiii. Le Comte d'Arandel au même. Même si^et 4li.
DCCIXIT. Le Prince d'Orange aux Ambassadeurs en An-
gleterre. Bemerciments. 47 S,
sccxxT. Lord Holland au Prince d'Orange. Il se flatte
qu'il y aura moyen d'appaiser les troubles. 474.
DccxxTi. Le Boi d'Angleterre au même. Départ de la
Beine Marie de Médicis. 47S.
dccxxtu. Le même an même. Envoi de M. Murray. 47S.
]>ccxzTni. La Beine d'Angleterre au même. Lettre de recom-
mandation. 47 S.
Dccxxn. M. de Sommelsdyok an même. Sur la remise
du Verbal de sa n^ciation à la Généralité. 47T,
nccxxx. Le même au même. Même s^jet 477.
DcCïXXi. Le Prince d'Orange à M. de Sommetsdycic. Bé-
ponse aux lettres 729 et 730. 479.
Dccxxxu. Le Baron de Dona an Prince d'Orange. Bonnes
dispositions dn Boi et de la Beine d'Angleterre
qnant au transport de la Princesse. 47i
Dccxxxm. Bnrlamaqui à M. de Sommelsdyck. Nourelles
diverses. *S1-
DCCxxxiT. Le Baron de Dona an Prince d'Orange. Motifs
de son long s^onr en Angleterre. ^^^
DccxxxT. W. Mnrray au même. Passage de la Beine Marie
de Médicis. *84.
Dccxxxvi. Seton à M. de Sommelsdyck. Nouvelles. 485.
DccxxXTU. Maiie, Princesse d'Orange, àson beau-père. Corn*
pUments, 486.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— CLIX —
DOCxxiTTU. M. de Sommelsdyck au PriDoe d'OrBDge. Affùies
d'Angleterre.
iMxravx. M. de SommelBdyck au Prince d'Omoge. Il faat
ingisler sur le transport de la PriDcesse.
iKiczL. Le Prince d'Orange à M. de SommelBdyck. Même
sujet.
l>cciLL Le même à M. Joachirai. Même sujet
DOCXUI. M. de Sommelad^ck eu Prince d'Orange. Diffé-
rends entre les compagnies des Indes Orienta-
les en Angleterre et dans les Provinces-Uniea. 492.
I>CCZLI1L La Beine d'Angleterre au même. Bemerciments, 493.
164a.
l>ccziJT. M. de Heenvliet au m6me. Troubles d'Angleterre. 494.
i>ccxLV, Le même an même. Slême sujet. 4U7.
I>ccxi.vi. Le même au même. Perplcsitéa du Boî et de
la Beine d'Angleterre. 500.
i>oczi.Tn. M' C. de Sommelsdyck au Comte Guillaume-Pr^
deric de Nassau-Dieto. Décèa de son père. 604,
D,g,t7cdb/GOOgIC
D,g,t7cdb/GOOgIC
p. IS. 1. 4. fan bu. S^r l de S^r.
p. SO. LoUre SI. tjoattt le eoultmn Ennû d'irgoit i Oitanda.
p. SSt. ÏB. IS. Bstholi I. BdiMoIi.
Toxl II.
cut. L si. Ilimr d« 1619, 11 ert i prénuer qne 1. h mou d'iTiil I«l»,
' L 27. il cAt I. peot-ètre ett-il enoon
p. S. 1 8. SOO I. ISOO
^ M. lettra lOa. CetU lettre m du i jmilU a. tL et Mt pût eontiqHeut
tmre U lettre !0E.
p. 17. 1. 14. S jainek 1. 8 j.
p. IB. 1. ier% Cipcna 1. Sapasi
p. SI. 1. SS. S L. I. [•. Eie.]
p. 4!. 1. 18. >Tce 1. *fM
f. U. 1. SO. ■■llDD)tni I. irittODgtD
F- Bl. 1. IS. entendre 1. Andra
p. M. LtUn 288. Cette Ulire doit entre la leUre 340.
p. 1!9. L 81. BM 1. Tcw
• . . 18. fl VbH] 1, à Vew
f. 118. 1. 16. Ce patUfe doit précéder let fiagment* det lettrée da eamle
BvlUume-Lomit et de Jtatùu, ai U date af diaprée Pantien
p. £04. 1. 26. [oteerra] L [obtniir]
p. 228. 1. 18. wikeAcbrend 1. widerkslirend
p. S70. I. 20. ^omtee 9 Mpt. 1600,
f- S1I. L 6. et w icehij m L «or i. et oa
p. 172. L 7. Or poi* L . . . Or pnit
p. 420. 1. 25. 862 1. 861.
p. Ml. 1. 28. [priKntant] L [prAcDdant]
p. at. 1. 81. Ter I. eer
p. iS4. L 22. rtj. en 1. J'ij en.
P' M7. Ifie** ta note S. U leOn eit da t ott. n. it.
,, Google
p. 558. l. S. triegsn I. irâgea
p. BU. 1. EE. menKtiïljk ]. wensel»1}>k
• ' «SI. virbclering 1. Terbittering. Feuie lypograpHçMt. Dt kAw
p. SU I. SO pour manncn I. niiiimen
p. 565. I. 17. na Toor wnl lorg ie dmgen dit idcd I. oiet v. s. z. I« d. i.
mur d^rii la eonjteiUM de m. tan dis kbmp, MnaU* v.
Ifattm. IV. 318.
p. EGT. I. i. inllsa I. ni
p. 570. 1, 3. »/„ mai I. "/„ bmJ.
p. 571. I. II. 9 juin I. 10 jaiD.
p. 575. 1. 28. geoaoKcrt I. fwetueert
p. 578. I. 25. di« mta op occuii nneht I. die micr op oceuïe wictL
(emjteiuTt de H. ils dik tsap.)
Toxt ni.
V. I, IS. fAtraicng 1. AcnMDa. — It faut écrire OM Aenwn* ou, tommt il
tiçnait lui mime, Pnnfoia d'Aerasen.
T. I. 17. et osiii. L 2. Vitconti I. Viictrdi. cb>Dccli«[ de MontTomt.
p. 7. 1. 15. de Niuia. JjouteM Priu d'Oldeuiul.
p. U. 1. 23, I. 30. Et» ]. ta. Da même dan* let fmget ttàtaiêUi.
p. 15. T.ettra 478. Celte Itilre, ieriU U jour da penleeo$le \6S1 , doit tmm
let lettrée 479 et 4S0.
p. 18. I. 10. Mfime lofet. 1. Bonuee dùpoiiliom dei Prm.-Umiet emert U
France.
p. £0. I. SS. Scaglii. Ajotitet (1) AmbauidïDr du dac de SiToie.
p. 35. Leitn 493. Ajoulet. (1) Did> celte lettre et dam plusican d&hiffrfo.
rfcrÎTiJQ, Aiùafii pir an cfaiSre, leoible parler de lui-mtcM i 1« troi-
nème penonoe. Vajai ptr ex. mui U L. 607.
p. 87. )- 80. Hioterïfe. I. (1) le mirquii d'Htaleiive, frira de ChUetoonl.
p. 41. 1. 17. Richelm I. [Biehetien].
p. 44. 1. S5. le 1. 1t
p. 46. I. 24. tenir 1. [tirer]
p. 68. Heoirt Jjoutet. (1) beoijoiar i. Parie, comniû pir lei Elita-Oënàiiii
poDr raceroir lee inbiidM et qd ; demeur» plua de trente ui en ult<
p. 75. I. 7. CirdÎDd'Ia&Dt 1. PrJnee Tfaomu de Savoie,
p. 87. 1. 10. Iiial 1. bult
p. sa. I. 4. 1687 I. 1680.
p. 98. 1. S. ajoMlet le coniemit Àffaret parlickUèret.
p. 108. 1. 9. eraquoiis 1. croquant et poulet (1) nom qa'on donooft au pifaM
iniurgji dini plaiiean prarioeei contre le* impâtt et le* perteptun.
p. 125. 1. 1. Lettra 1. t Lettre
p. 128. 1. 7. qu'on 1. [ce] qu'on
p. 136. 1. 3. Tcm I. Terrt
p. 147. I. 18. Bredi iyonUê oomme une troiueune parlent de li penonna di
oolonel Artiaobofikj,
p. 161. 1. 12. te cbinge 1. l'jcbange
p. 168. 1. denUre noaTctn 1. inden
D,g,t7cdb/GOOgIC
p. ISt. 1. s. promattcnt, qo* I. pr. qae
■ • • 12. coodilioni ; 1. cooditioni,
• • - 84. Bre 1. hire
p. !1S. 1. 1S. coDnaiuaDce 1. eoDDoilMDM
p. as. L 19. ]>ttrB igimla ^tninaic autagrtpit,
p. ta. 1. 25. dcucin, qu'mei I. dsMciD qa'iTat.
p. ÎTD. ). 17. Aoi^is I. Amilie
p. JSa. 1. 31. Is CitiKihaiii. {Jjoala' l'arpnl. Jlbaio» au titrt dt laSatjre
Mmppie de 11 nrtii do cithoIkoD d'Eipignc.
p. 330. 1. 8. 2triiu-HJn Râm-Itége»la.
p. 37S 1. S7. Knin 1 [oniD]
p. S7t. I. )S. t Lvtlrs I. ■ Ultra
p. 398. L II. ii^ij 1. AoibuudcDR ta AngleUrre.
p. 415. I- 13. SUfford 1. Stnfford.
p. tlT. 1. e. Jjoattt^ ooit.
^t30. L 11. DOCXTI. L ocxcvi.
p. 4SS. I. dnpitre. conte 1. comlf .
f. 48e. L 19. « attÊU 1. a «M haiMfèn.
t FnUsmhte», p. cxxiZ. (I) JjçtUex: Cg s'eit qn'iprii iToir knninf en
l'ivKgHpisa , qoB j'ai m la ciUlogoc d'nnc oollcction do Dianuicrits et lettres
uti^phll proMNdNl 1^ la ntecanan dt F^ançoit wan jùruea , dont le Tente
ion Hco a iTiil Jt leKbnirîede M. Mirtiniu Njhaffili Hije. S'ilot 1 prj-
Howr qoe ploiieiin Eapport* de te* tmlanadea et ane ptiiis ds Kt lettrée m
tnmt fgilemeDt duia ha ArchiTei de le Miiaon d'Orange et anrtout dena
ctltea du Bejinme, os ne (enroit ufinmoina dealer, d'iprb lea indinljuns dn
atelogoe, qn'il n'y ait ]k on nombre copiid^rable de niitjriaDi incoonaa et
cirieu, pour la bùgrapbïa de U. de Sommelidjok et poor l'faiitoire diploma-
lifite de ton fpoqiiB.
fi. Le* iettret oo rraK^eati indiqua i U marge par P. C. H. «ont titét
Je ta CoTTttpomdaïKa de BoUanAi aui JreAint det Aftâret-Élrangiret dt
l'mce, d'après dra copies qae j'ai &it prendre lora de mon aéjour ik Pari* eu
me (Mjei It Série, IV. p. VIL.)
,, Google
,, Google
LBTTBB CCCCUaX.
Âtmeiu, Seignair de Soimnehdt/ck, à M. de ZuyUchem. Fé-
UcUations.
*,* CoulBiitiD Hnjgau (1696—1687), Stigncar de ZnjlieliBm, cAibre
poâi et litUratcnr, Mcrftaire de trois FrincM d'Onnga, FrMcric-Hanri ,
GôDuiDC n et SmllaDDiB III, Tcooit d'ttre noinnij k cetta pUc< d« con-
bac*. 11 iToit leeompigDé Aentepi i Venùi, en 1619, m quilit^ de wcrj-
tiin d'unbunde.
In Angleterre, Chulci I tyint maéié k Jacque* I (+87niinl625}, Aen-
KM dnait mettre 1 proBt 1m diipo*itJon« du jeune Roi poar one ligne plu*
Anib eonlre l'Bipegae.
Monsieur. Ainsi que j'estoy but mon embarquement, pre-
nant congé de messieurs de Middelborch qui nons avoyent
festiné, la nonvelle nons fut apportée que moBseigneur le
Prince d'Orange vods avoit enfin faict l'honneur de vous
adopter en qualité de son secrétaire, ce que j'ay esté très-
ayse de voir confirmé par celle que sur ce subject m'avez
escrite du 23 juin, laquelle me fut rendue liier soir en
ceste ville; pour responce k laquelle j'espëre que me
croyez qu'il n'y a nul de voz amis qui se resjouysse de
meilleur coeur de vostre avancement et contentement que
moj, qui ay une trës-certune connoisaance par des vrajes
preuves, de vostre portée et mérite, et ay longuement
désiré uue pareille occasion pour les faire mettre en veue ,
m'asseurant que non seulement sou Esc , mais tout l'Estat
se trouvent bien servy de cette élection. Je prie Dieu
que puissiez longues années occuper cette place; jasquea
^ ce qu'une meilleure vous la face changer; un seul dea-
plaîsir me demeure parmy cette joye , que feu M' vostre
m. 1
,,Googlc
«as. JnOlet,] _ 2 —
përe ' , qnî a tousjoars visé à C6 dessein , n'a monrruit
pea emporter ce soccès avec Iny. An reste, Monsieur,
j'accepte de bon coeur les bons ofBces que m'ofitcz, dont
je me tiens plènement acertené; aassy vous prie-je &iie
estât aux occassions des miens ; car je vous tiens au nombre
de mes plus confidens amiz. — Nous allons îcy entamer une
besoigne assez coniuse, ne sacbant encor ce qu'on déwe
de nous, a'j ce que nous pourrons concéder j il s'oavre
tout plein de belles apparences , pour convenir d'une plus
estroitte confédération, mais la saison pour la mettre à
exécution ce sera passée devant que de l'arrester sim-
plement; TOUS connoissez (') les longeors et irrésolutions de
cette cour, et maintenant qu'elle a une nouvelle Koyne',
tant d'ambassadeurs francojs, le Parlement, la flotte, el
tant d'autres grands affiiires sur affaires, k vostre advii
comme qooy est-il possible que nous en accordions ej-
tost? Noz commissaires sont. Mess, les ducq de Bnckingam,
grand-tbrésorier, conte de Penbrocke; conte de Carlisle,
viconte Brook, Baron Conway. Vous avés icy nombre
d'amis qui se soaviennent de vous. Sur ce je sois , Hon-
siear,
Vostre hnmble et très-affectionné serviteur
FaÀMÇOTB n'Azasanr.
Do Londres, 2 juillet 16S6.
A Monsieur de Sn^lecom, secrétaire de
Uonseigneur le Prince d'Orange.
LBVimB CCCCIiXX.
l^e même au même. ConuiU.
Monsieor. Je me suis esbabj que vous ayez eu le
U,g,t7cdb/GOOgIC
— O — [1826. Août.
tempe enmy ' «y grand presse de m'escrire sy longue
lettre, ce que j'impote & rostre singtdiëre aâêction, la-
quelle je TOUS prie de croire que me demeurera touBJours
très-cb^. Ce m'est beaucoup de contentement de tous
veoir eatablj en rostre charge, qui ne tous oblige à nul
préjugé de registres , et partant , sans tous assujettir à
ngnorance du passé, je vous conseille permettre de la
liberté à Tostre esprit, pour se former à soy-mesmes des
règles convenables à la condition du maistre et dignes
de TosCre inTenUon ; ce que pouTez tenter, tous poussant
avant à cet arènement, et je m'asseore qne vos labeurs
téussiiont au gré de son Exe* , et à la réputation de l'Estat.
Les affaires qui se démènent partout sont grandes et peu
beurenses ; 87 elles continuent sur ces arrbemens * , j'ay
peur qu'elles nous précipitent dans des irréparables con-
fimons , car l'authorité et les finances nous faillent et qui
descberront ' encor d'aTantage , ey l'ennemi achève de
prospérer. L'on nous a enfin renrojé l'estoeuf* etTestrif*
icy, ce que je n'avoy point espéré, desjà assez ennujé
da &cheuz séjour que sans compassion aucune l'on nous
a obligé de Ëiire en cette TÎlle, où il se meurt de six k
sept cens personnes par jour; mais puisque font obéyr,
je pressera^ le plus que je poorray pour raccourcir les
longueurs de cette Cour; car, sy k bon escient l'on désire
traicter «t conclnrre , il couTient accélérrer, et point traîner
les afiaires. Je açay qne me plaignez de bon coeur, aussy
m'y a-oD embarqué contre ma volonté ; mûntenant il font
achever, sans quitter ta place qu'après besoigne faicte ou
hillyeC); l'on démonstre assez de bonne volonté, mais vous
conuoissez les foçons de iaire de cette Cour, et le peu de
comte qu'elle foict de nous; il leur en font fure passer
Fenvye tout du long, et en proffiter ce que pourrons.
Conservez moy la volonté qne m'offi'ez, et de la sincérité
(1) La 7tf "P^ Aernena lign* le tmli d« SonthuoptoD , tUiuK»
Bt d^feuiTe dfl l'ADgletene it de !■ lUpablJqne oontro le Soi d'Eipagi
1 paidant ' fiTKDOQb. * mtnqnDfODi, i
* balle. ■ qneralle.
,, Google
1626. Ftvricr.]
. 4 _
de laquelle je prens plène asseurance , autant que Je
désire qae vous persuadiez que je veux demenier ,
Monsieur ,
Voatre bien bnmble et tr^-afifectioimé serritenr
FUMÇ0Y3 l>'A.EB8aBII.
De Londrea, ce 18 août 1636.
I. tSTTBE CCCCLXn.
>,
Lt même au Cardinal de Richdieu. Négoàaiiim» avec la
Reformé».
*,* Cette lettre et la •ainntc leinblent îpdiqoer qoe o'eit «artoot tai é-
fbrti d'AertHiat qae In coar de France fut ndonblc de 1& paix kcc le* U-
fomfc agD^ le G février ]e2S.
Monsetgnear. Messieurs les ambassadeurs da Koy de
la Gbande-Bretague * et moy avons traTÙIIé hier et tonte
cette matinée avec les députez de la Religion; les affitirea
sont k mon advis beaucoup avancées; mais comme il se
présente encor quelque difficulté & esclarcir, je vous sop*
plye très-humblement me fàre sçavoir sy, et à qnelle
heure vous aurez aggréable que j'aye l'houneur de tous
aller veoir, car j'espère que ce sera encor dans ce jonr-
dbuy, et que vous en rapporterez la gloire qui est deoe
à vostre prudence. M" tes Ambassadeurs de la Grande-
Bretagne se sont excusez de ce voiage à cause de leur
indisposition; je te pourroy laire à l'avanture à meilleur
titre, mais l'affection que je doitz et ay à la pais me
fera touBJoars négliger toutte auttre considération, voire
moy-mesmes. Je me trouveray, Dieu aydant, demain à
l'assignation que M' d'Ângairre vient de me notifier, et
ce pendant je me tiendray très-honoré, sy je puis estre
conservé en la faveur de vostre amitié, comme, Mon-
seigneur ,
Votre très-humble et très-obligé serviteor
D'AEBSaStf.
Paris, oo 3 février.
' Ije Comte de Holkod et le ehenijer Culetoa.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 5 — [16B8. Fé«i«.
LBTTRIS CCCCI^XXir. ^
Lt même au même. Même m^ei.
*.* I' dânoUtion da Fort Lonia mcoiçant puar la Rochells, [iromiic d^à
a 1623 ftr U piii de Hoolpellier, Aoit on point espiUl. Il fut iccordj,
NU 11 œkdhiDD kj mite ea iraDt pu AerMco* Is vdilc de U u|co>ltire ila tnité.
Honseignenr. Je trouve les humeurs sj fort esmeues
de tonttes partz, que, sj ne permettez l'espérance à ceux
de la Bochelle, au moins par un brevet, de la démolition
da fort, quand le Boy trouvera que par leur fidélité,
obéyssance et bons déportemens ilz le mériteront, il n'y
a point d'apparence de rien plus avancer en la négotiation
de ta paix, qui se poorroit conclurre, s'il vous plusoit
concéder ce point, lequel en efiect ne dit rien, car le
Boy seul jugera tonsjoars de la qualité de leur mérite.
Certes, Monseigneur, vous avez le fort et les isles, et
donnez la paix i vostre volonté, très-glorieuse à S. M.
et trëa-aasenrée à sa couronne, ce qui vous peut suffire,
et à mon advis, ne devez rien plus bazarder par une
formalité , au JSoy de nulle considération , mais jugée ail-
leurs corne un tesmoignage d'aliénation de volonté. Pour
l'honneur de Dieu, Monseigneur, achevez l'afTaire, sans la
traîner davantage , car tout s'y accrochera , et j'ay raison
de craindre en cette longueur d'autres accideus, qni nous
ponrroyent faire perdre l'espérance de cette paii qui est
entre toz mains; j'en parle avec appréhension et liberté,
comme vostre trés-htimble serviteur; estimant que M. le
Duc de Chevreuse l'aura desj^ exposé au Conseil du Boy ;
dictes moy s'il voua plaist l'honneur de m'en mander
vostre sentiment; car tout bransle desjk. Au reste. Mon-
seigneur, je vous envoyé ce qui vient principalement en
considération sur le siège que le Boy de la Grande-Bre-
tagne pourroit mettre devant Duynkerke, au moins c'est
josques où se porte ma ratiocination et petite expérience.
Vostre grande et incomparable prudence y fera encor de
plus grandes remarques, pour conseiller le Boy de poos-
,, Google
ser puissament à cette roue. Je seray toutte ma vie.
Monseigneur,
Vostre trèa-humble et très-fidèle servîtenr
De Paris, ce i témer 1686.
LETTRE ccccuaaa.
Le même ait même. Complimente.
Monseigneur. L'envoy que iÈûct momieor d'Espesees'
de ce porteur, me donne l'occasion de vons renooTelIer
les assenrances et devoirs de mon très-homble service,
en reconnoissance de l'affection que m'avez tesmoign^
vers nostre publiq, laquelle je souhfdtteroy qu'elle nous
enst peu procurer le bien et soulagement qui nous tskt
besoin , et dont le succès dépend encor de vostre prudence
et modération; mais, quelque événement qui s'y doive
rencontrer, je ne cesseray jamais^ Monseigneur, devons
honorer arec le respect et la candeur que sçauriez at-
tendre d'une personne qui a l'&me esloignée de toute in-
gratitude, mais se souvient et ressent dignement de voi
faveurs et courtoisies; honorez moj donq de vostre ami-
tié, ey m'en estimez autant digne que j'aj la volonté de
le mériter par vraye obéissance et servitude; car je buib,
vostre très-humble, très-fidèle et très-
affectionné serviteur
De la Haye, ce 9 jain 1626.
Bans une Relation de Hollande, qui date apparemment d««pF^
roières années du stndfaoudérat de Fréderie-Heori , on lit;„I'<X''
maintenir l'authorité du Boy en Holande, il fault qn'il y ait «De
ambassadeur qui soit très-habille homme , paroe qne en se pu 1>
' AmbuMdnir de Ftmim i U Hiye, de 1624 à ie£8.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— ' — [!««. AoAl.
presque toos les desseings des guerres s'y fonnent. Le dit ambu-
ndcai doit avoir part en tous les coosellz génénrolx de l'Estat et
doibt gaigner seerettement les boDoea giàces dn Prince, celles de
M femme, et l'amitié de ses confidents, dn consentement du dict
Prince. H pourra faire grattifier qnelqne uns des principaux des
Eslats, qnî ne seront pas de sa caballe, affin qu'estant bien avec
enlx, il puisse desconvrir tout ce qui se passera et estre l'arbitre
de tons les difi&«nds qni poorront naistre, et néanmoins faire
réosaÏT tont i l'sdTantage dn Prince; car l'on doibt, tant que faire
K pourra, l'authorizer, estant bien plus aisé d'estre bien avec ung
particulier et de l'inthéresser, qne tout an peuple." (hb. p. cokb.
B. m. 92.)
LETTBB CCCCUaiV.
Lé ConêeiUer-pennotuùre Dut/ck au Comte Emt$t-Ca»imir
de NattcM.
1 fat prit la 1 ■oSt. „6rMf Snitt wu tm nitueren awr
■ctiet ot moadig, on tooDdeDt bjwiid»r in itM gtlsgenhcid." (Aitzema.)
Hoogh- ende Welgebooren Orave, genadige Heere. Wy
hadden gîstem lopende advisen ont&ngen van 't succès
van Oldenseel, maer corts daemaer ontfangen den weer-
den brief van Uwe Exe. van 31 Jnlj, en conde ick naj
niet inbeelden so sabite reranderinge, tôt dat ran daege,
ats in de kercke qiiam, verstont de waerheyt, en dat de
copien van de capitnlatie waeren gecomen, daerinne ick
rerblTt was , omdat die nesten veete moeite aen Vriesland
en Ommelanden maecken, en te meer omdat God de
Heere onder 't beleit van Uwe Gen. die segen beeft wil-
len geven, dewelcke ick in dit succès gratuleere, en hoipe
dat God sjnen segen sal verleenen dat TTwe Gen. met
meerder laurier mach werden gecroont. Hier heeft men
ordre gegeven om de heeren Ambassadeurs van Yranck-
ryck, Bennemarck en Venetîen daeraf te informeren, en
lullen desen avont de clocken gelaydet werden, behalven
dat men in de kercken op desen biddach oick Godt daer-
,, Google
1886. AoflL] — o —
voor lieeft gedanckt Maer nu vallen pointen van con-
sideratîe , of nîet goet waere 't huys te Lage terstont te
mineren ea doen springen, om geen meerder ongemack
van daer te wachten? item of men Oldenseel sal deman-
teleren ofte houdea? en ten derdeo wat men metten léger
sal voorte doen? Indien de vïant syn macht over Kyn
comt, moet men naer een ander oîrt luystern; indien
niet, moet men daer noch wat doen, daerop in conside-
ratie comen Lingen en Grol; Lingen leit verra bnjten
de provincien, en periculeus de macht so verre te senden,
ten waere de Coning van Dennemarck op dese sjde van
de Weser mede yet wilde doen. Crrol is tamolyck starck,
doch naerby, ende kan 'tlant altoos decken by noot; en
als men 14 daegen tyt mocht hebben om te begraven,
meine ick dattet niet en eal konneo ontgaen; doch late
aile de consideratien van dien aen de wysheit van syne
Exe en van Uwe Gen. Indien dselve goet vinden op
de eene ofte andeie plaetse yet te doen , daertoe sal naer
myn vermogen lietpe^ contribueren om de laarierea van
syne Exe en Uwe Gen. te doen groeijen In den
Haege, 5 AugutH tsavonts.
Uwe Gen. ond, dienaer,
AHi. DirrcK.
Brieven van Joachimi ' . . . . honden dat in Engelant or-
dre ie gestelt tôt betalinge van 4 Engelse regimenten; dat
gelt gereet gemaeckt wert om naer den Coning van De-
nemarck te senden , dat Lobel afgeveerdicht ia naar Vranck-
ryck; dat den Coning mede gelt sal fiimeren voor Mans-
felt, meinende dat te hiilen uyte gewesen [radt], subsidieo
ende teeningen rycke coopluyden op te leggen.
Aen syue Oen. van Nassau Stad-
holdet Tan Vriealaad
' Albart Jotcbimi (IS60— ieG4}, tavoyi 3a ProrincM-UDÎM ea ii^
terre, iprè» h mort de Noël da Caron, uigncur de SchoonaTal.
D,g,t7cdb/GOOgIC
LSTTKB CCCCLXXT. ^
M. de Sommeltdyek au Cardinal de Richelieu. J-a F\ranee
doit secourir les Provtnces- Unies tf un« manière plue ef^xace.
*,' La Etat*- Généra ui tyint conda (Q A6a. leSS) une kllianee lUfenÙTe
(t aSsnsTi ticc I« Roi ds Uuiemuk , a tônite i Lottcr (S7 août) nndoit
dcaUcmcDt n^MMurt* l«s leconn de U FnDM.
Monseigneur. Le seul contentement qui me reste de
mon ambassade en France, c'est celuy que j'ay de la
sonvenance d'avoir en t'honnenr de vostre doux entre-
tien; plus rare véritablement que je ne desiroj, mais
tel que les afFaires et vostre santé le comportoyent
J'admire encor & tout conp la promptitude de vostre
conception; avec la solidité de vostre jogement, aatant
qne la franchise de vostre accueil. Car je n'y ay rien
trouvé à redire qu'un temps moins jaloux et une to-
loDté plus préparée k nous bien &ire; c'est aussy pour-
quoy d'autre part je regrette d'avoir esté nécessité de
[nous] esloigner sans conclurre un traité pins proporti-
onné à la grandeur du Boy et au besoin de cet Estât;
puis qne je m'apperçoy que, pour y avoir mal prins noz
mesures, il y a danger que nous laissions plustost sur-
prendre au mal , que de rien changer en noz délibérations.
Vous croirez ^ l'avanture qu'il iroit de vostre prudence;
et nous travaillerions longuement en vùn de voulloir, pour
nous accommoder, surmonter l'impossible. Néanmoins,
Monseigneur, c'est un effet de vostre prudence de venir
au devant de nostre infirmité, laquelle nous ne saurions
corriger de noos-mesmes; et on nous perd sciemment, sy
on présume qu'agissons autrement qu'avec candeur, et
sans autre dessein que pour subsister tant seulement,
notre condition présente n'estant aucunement capable de
rien d'artificieux; au moyen de quoy je vous supplye,
Monsngneur, ne voulloir permettre que soyons, durant
vostre entremise et authorité aux affaires, moins favora-
blement traité du Boy, que l'avons tousjours esté par le
,, Google
"-3
10 ■
passé ; car comme le blasme de nostre mine , qai ne tous
peut eatre de petite considération, Toas seioit imputé seul,
de mesme an contraire rapporterez tous toot l'honneur
de notre conservation; mais il est temps et m'en croyez
snr ma parolle s'il tous plaist, qne tous commenciez ^
mettoe à bon escient la main à Voeavre , sans rien laisser
traîner davantage , de penr qne le malheur des Toisins ne
vienne anssj h, précipiter noz délibérations. Les grandes
charges nons pèsent , encor se reconnoissent-elles ne point
suffire ^ nostre maintien. Vous nons secourrez leotemant
et petitement; les avances en mangent nue bonne partye;
le fên Boy d'immortelle mémoire y sonlloit ' aller d'un autre
air; l'Angleterre ne paye point les six mil hommes, k qat?
elle est obligée par nostre ligne; Venise rétracte sa pa-
roUe, et ne fournit pins rien; au lien de cela, nons cod-
tinaons de secourir de dnquante mil lÎTres par mois an
Boy de Denemark ; et d'autres bien grosses sommes à
Mansfelt, Oabor, Ëmden, et antres. Les frais ordinaires
et extraordinaires de l'armée qu'avons mise en campagne
mangent le pins clair de noz finances; les peuples se las-
sent et crient de ces grandes impositions personnelles et
réelles, pendant qn'ilz sont sans commerce, et leurs armes
sans prospérité. Lk-dessus on nons presse de reteancher
une grande partie de nos forces, pour changer de posta»
et nous mettre snr la défensive et défendre noz canaux;
sy ne le faisons, nous aurons de la mntination; sy le
faisons anssy, sur cette grande disgrâce du Boy de Dene-
mark, qui tire tout l'Empire en snîtte, qui nous garen-
tira que les ennemis ne nous enfonceront point en U
foiblesse de noslre défense? Faictes moy l'honneur, Mod-
seignenr, de me croire que ne fusmes jamus en plus cri-
tique et hazardeose constitution; qu'il est plus que temps
que nous tendiez la main; je vous descouvre nostre nw
ladie, dont l'oniqoe remède s'attend de vostre pmdence
et puissance. Je sois homme sans tard ny artifice, mais
qui désire trouver ma conservation dans celle de l'Estst:
^...Goot^li
i
— 11 — [1636. Saptonbn.
VOUS poavant aasearer qu'avons le courage franq et bien
délibéré, esloigné de tontte intention de traitter, sy par
faute de moyens le mal ne nous j force et porte; tous
ayant donq faitt cette franche et véritable confeBsion,
Monseignenr, je demeoreraj descbargé de ce devoir pour
attendre de rostre prudence , qui se Êiict admirer de tous ,
mie résolution libérale, généreuse, et prompte. Toutesfois,
aj désirez auparavant conférer avec nous, sur Testât de
nos afbires et celles de noz voisins, pour les embrasser
avec plus de vigueur et de fermeté, en mieux propor-
tionnant les conseils, pétitions et conditions de part et
d'antre, je tiendray volontiers la main & ce que M" les
Estatz députent k cela des personnes bien intentionnées
et capables d'embrasser voz ouvertures et tous représen-
ter celles que pourriez prétendre de nous ; car je leur ay
npporté que tout le bien qui nous peut venir de la
France, nous doibt arriver de vostre conduïtte et seule
affection, et que vous estes porté de vostre jugement et
naturel k aymer nostre manutention , qu'en devons attendre
des eSecla notables; mais, quoy qu'il en avienne , je vous
tnpplje trfes-humblement, Monseigneur, mlionorer de vostre
amitié, et de faire estât de ma très-fidèle obéyssance et
servitude, car je sera; tontte ma vie, Monseignenr,
de vostre Ex** très-humble, très-obéyssant,
et très-obligé serviteur
rKANçoYS d'à.
De la Haye, ce 17 sept. 1626.
LBTIWB CCCCLXXTI.
M. ^Eapetaes à Sur le renomellement <f un trailé de
suhtidet avec la fhmee.
*.* ]> 2S ao&t fat TCDOOTaU, \ Parie , poor neuf uit le tniti d« Cam-
pi^K (iOjuin 1024), d'iprèa lequel te Bsi donnoit un million de Iîtr* pu lo.
Monsieur. Je fus hier visité des commissaires entre
,,GoogIc
16a7. JaMier.J — 12 —
lesquels estoit de surcroist le S' de !Noordwick ; et ay ce
joordliiiy ven mous. le Prince d'Oranges et les S" Anea
et de [Wicht] , tous lesquelz m'ont tesmoîgné que , s'il estoit
question de trùcter de nouveau, pour éviter les jalousies
qui ne travaillent que trop l'Estat et pour satisfaire au
loix il qaoy obligent la constitution d'icelluy, l'on ne pour-
roit négotier que en publique; que, s'il plaisoit au Boy
d'accorder prorogations du traicté de Compiègne, cela pou-
roit se faire sans bruit et en la forme que S. M, auroit
le plus agréable; de quoj mons. de Laugherack' doibt
aussy recevoir advis et j'en réserve beaucoup à voua en-
voyer au premier jour par mon secrétaire, tant sur ce
subjet, que plusieurs autres matières, comme entr'antres
du prétexte de la nouvelle poursuitte qui s'estoit escbanfiée
naguëres assez rigoureusenieut contre les cathoUcqnes et
des moyens par lesquels, Dieu mercy, j'ay esté instru-
ment de la faire cesser .... La Haye, 23 janv. 1637.
n'BSPESBBS,
LETTmB CCCCLXXVU.
I.
Sf. de SommeUd^ck au Cardinal de Bichdieu. Même tigA
Monseigneur. Je n'oseroy prendre l'hardiesse d'mter-
rompre voz très-sérienses occupations, pour renouvellera
vostre Ex" les devoirs de mon très-humble service et
obéyssaocfl, sy vous-mesme ne m'y aviez obligé par It
courtoise lettre que le sieur Botard me porta de vostre
part au mois de décembre; et comme il est sur son re-
tour vers la Cour, pour vous esclarcir des intentions de
cet Estât sur tes ouvertures qu'il luy avoit apportées,
ayant eu loisir de les considérer, et l'entretenir là-dessas,
je diray à vostre Ex" que M. d'Espesses s'estant conduit
en cette matière et forme avec la circonspection qui s'at-
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 13 — [1637. JiUTier.
tendoit de sa pradeace et de vostre bonne instraction,
messieurs les Ëstatz, ponr coopper broche' aux longueurs,
kj ont baillé trois lignes de response par escrit, pour
déclarer it S. M. qu'ils se contenteront de la continuation
du traicté de Compiègne, pour autant d'années qu'elle
aura aggréable de le leur accorder; je diray donq cela
de plus à voBtre Exe, comme très-fidèle serviteur de la
courronne et de vostre réputation, qu'il est temps qu'on
pense sérieusement à cet Estât, sy on esdm, que sa
ntbsistance mérite considération, et partant qu'il est plus
à propos d'ayder à délibérer en quoi sera employé vostre
secours, que de stipuler le contre-secours, duquel je prie
Dieu que le £oy ne puisse jamais avoir besoin , et lequel
néanmoins j'ose promettre qu'il luy sera tonsjonrs très-
useuré et prombt, mesmes sans convention, puisque
noBtre salvaUon dépend, après Dieu, de U prospérité et
bieaveillance de la France ; mus nostre condition va estre
telle par les progrès de no2 ennemiz et par la froideur
des amiz, qu'on ne doibt point apporter grande façon à
nous tendre les mains, de peur que la maladie prévienne
les remèdes par foiblesse on désespoir; en particulier je
feray tout ce qu'un homme de bien est tenu de &ire
pour sauver sa patrie et recercher les alliez; sur teut
j'honorerai vostre vertu, et espéreray des utiles eflects de
vostre ÏBComparable prudence et affection vers cette Ré-
publique, k laquelle j'ay donné des asseurances entières
que rien ne retarde le secours qui nous a este promiz,
que les malhenreox incidens qui ont laiUy de troubler la
paix du Royaume avec l'aathorité du Boy; mais, cela
ayant esté réglé par vostre courage et sage conduitte,
que désormais vous estendrez aussy les effects de vostre
soin et clairvoyance sur cet Estât, afin de le protéger
et le conserver capable de servir quelque jour le Roy et
la couronne avec la gratitude que méritent ses grandes
&venrB. Estimez moy. Monseigneur, digne de vostre
amitié et conSence, et tant que je vivray je rechercberay
,, Google
1BS7. JiDTiBr.]
14 ■
avec pasaioB lea occasions de tous poavoir détnonstrer qne
je suis, Monseigneur,
De vostre Excellence très-bamble , ttès-
obéjsssnt, et tràs-fîdèle serviteor,
TKANçors d'axbbskn.
La Haye, S9 jaQTÎer 1S27.
LETWB CCCCLXXVm.
M. de Smuneladj/ok au fnême. U est urgent de a'oppoter m-
t à Vennemi commun.
Monseignear. Venant d'estre adverty par le sieor Bon-
tard qne monsieur d'Ëapesses le redépeschoit , aor le*
rencontres de sa négociation, j'ay douté sy j*oseroy escrire
k r. Ezc , pour ne tous point destoumer de toz ordînù-
res et pressées afiaîree, duûs le devoir qne j'ay & la gra-
titude, m'a faict franchir toutte antre considération, ponr
TOUS remercyer de l'honneur qa'il avoit plen à t. £xc
me procurer, que le Roy a eu aggréable de faire déclarer
à messeignenr les Ëstatz, qne ma venue près de S. M.
pourroit eatre utile à avancer les matières qui restoient à
traicter; et combien qne cette délibération se soit ren-
contré en un temps , auquel je renoy d'enterrer mes père
et mère quasi tout à la fois, elle ne laissa pourtant pas
d'estre acheminée bien avant , quand le second commande-
ment de S. M. survint, pour en &ire surceoïr l'exécution, ce
qui m'a délivré d'une grand' agitation et inquiétude qni
me travailloit en l'amertume de mon aEBlction; de &fon,
Monseigneur, que je confesse avoir double obligation k
V. Exe, tant de la promotion première que de la snr-
céance de l'ambassade ensnîvje incontinent après; ce m'ed
une très-aasenrée preuve de l'honneur de vostre bienveil-
lance que m'ayez réputé digne de cette conunission et
conâence, aussy rendray-je tout devoir ponr faire appa-
,,.CoogIc
— 15 — [1627. J«D«er.
roîr k V. Exc aux occanons da service de S. M. et du
VMtre pour en pooroir mériter la continuation par ma
fidélité et la très-humble obéyssance que je voua ay vouée
poiu- tout le temps de ma vie; espérant qae &vonserâz
noetre Estât et monseigneur le Prince d'Orange de vostre
{ftvenr et prudentes recommaodationB, afin que S. M. en
puisse estre esmue à les soustenir libéralement et puissam-
ment, puisque le Boy d'Espagne nous entreprend plus
vivement que par le passé. M. d'Espesses sçùt noz affai-
res et noz bonnes intentions; il est ministre qni travaille
jndidensement parmy nous, et je suis asseoré qu'il nous
rend de bons offices; mids ce sera un chef-d'œuvre à tous,
ij les volontés des amis peavent estre réunies et opposées
snx desseins de l'ennemjr commun; c'est on coap digne
de vous, et lequel on est scrupuleux de tenter, 87 pre^
mi^ment on n'est esclarcy de quelle façon ces offices
seroyent recenz ; je m'avanceray toutesfois à vons déclarer
qne je les estime nécessaires , quand mesmes ils devroyent
desplaire; car la chrestienté ne sçauroît guères pins aller
ce train, sans produire de très-pemicieuz changement,
lesquelz il convient prévenir. Qnelqne conseil qne vostre
Ëxc prenne, elle me fera, s'il Iny plaiat, l'honneur de
me croire son très-hnmble serviteur, en reconnoissance
des &vears générales et particnlières desquelles vons m'ar
vez obligé. Sy je sois tant faenrenz qne de pouvoir rece-
voir ancnn commandement de vostre part, vous connois-
trez, Honseigneor, avec combien de promptitode je vous
ob^ray, comme estant, Mosseigneor,
de vostre Exe très-humble, tr^-obéyssant
et très-âdMe serviteor
FRAK90TB v'AMaaass.
Db la Haje, ce joui de Pentecofte 1637.
,, Google
16«7. MmiJ — 16 —
LBTTBB CCCCLXXIX.
Jutim de Nattau à M. de Zuylichem. FéUcùadoiu.
*,* M. da ZDjIichem éponu sa 1627 Snunne tu Biarle. Ii« âmm h
Jmtin de Nanta d« m rendre, utigré Mn Iga fort inocj, mx otoi, al
une pranta de h muid£ntion dont HD;rg«Da alon d^l jouiMciiL
Monsieur. Vostre lettre du 23 m'a esté bien rendue
devant hier, par laquelle j'ay ven avec combien d'affec-
tion TOQB désirés que je me trouve à Amsterdam pour
estre tesmoïng, avec plusieurs aultres de nos bons serri-
tear et amis, qui vous honorent et estiment, comme je
fÛ3, du grand contentement que vous receverés en se
jour tant honorable et solennel du festin de vos nopces,
de l'alliance que tous &ictes si à propos avec une si belle
et vertueuse damoiselle, avec laquelle je vous sonh&itte
toutes sortes de contentemens et de bénédictions et de
pouvoir jouir très-longaes anées des douceurs et félicités
qui se peuvent recevoir en se sainct estât de mariage.
Et combien que mon eage et les incomodités qui accom-
paignent ordinairement la vieliesse, desquelles j'ay sonvent
de très-grands et doulereus * recentimens, me ponzroieat
justement dispenser, ne me permettant dorrénavant de
voiager fort loing, si esse tontesfois que, pour vous tes-
moigner combien j'honore et chéris vos mérites et belles
qualités, et avec combien d'afifection et de zèle je déaie
en toutes occaùons vous rendre agréable service , et sonbs
cette assenrance aussi que vous me permettrés de vivre
saas aucune contraincte, ains avec entière liberté et fiian-
chise, je me suis résolla de vous aller trouver et me
rendre , avec l'aide de Dieu , le 5 d'avril , second jour
de Pâques , vers le soir en Amsterdam , et prendroy mon
chemin par eaue pour estre le plus aisé et comode. M*
femme vous prie de la vouloir tenir pour excusée et re-
grette de ne pouvoir se trouver en si bonne compagnie,
i, cause d'un grand rume dont elle est travaillée, et
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 17 —
[1687. 1
n'uant encores eo l'bonenr d'avoir esté baizer les mtàns
i la Beyne ' et à Madame la Princesse depuis sa sortie
de Breda, elle ne peat aossi aller ailleors, que premiè-
rement elle ne se soit acquitte de se debvoir. Et en
ittendaDt se bon faenr de vons Teoir bientost, je vous
priera^ de croire qae je sois et demeurera^ toutte ma
vie, Monsiear,
Vostre trèa-aflèctioné et trfes-asseuré parain
et serritenr,
JCanNOS DB NA8SAV.
De Leyden, se 26 de mars 16S7.
LBWKB CCCCIiXXX.
Li même au même. Il lui renvoyé le journal de son voyage
en ItaUe.
Monsiear. Apr^ avoir bien veu et conra TAUemagne,
la Suisse et l'Italie , et de pr^ considéré les rarités que
Tons avés, avec tant de jugement et de soing, remarc-
qné en vos mémoires, je vous renvoie vostre livre, avec
beaaconp de grans remerctmens de se que, par vostre
mojen , sans peine ni dangier de monter et descendre les
bants et cornus roschiers et les e&oiables précipis pluns
de neiges , je me suis rendu aucunement capable de pou-
voir juger des rarités qui se voient en touttes ces belles
et grandes viles de la magniâcque républicque de Venise ,
7 ayant prins un tel goût et contentement, que, si j'a-
voig vingt ans moins que je n'ey , que je ne voudrois pas
m'oblîger par promesse de n'i point &ire un petit voiage,
uomément quand j'aurois se bon heur de vous avoir pour
conducteur. — H me tarde que monsieur l'ambassadeur
Carleton ne soit arrivé, d'autant que je me persuade qn'î
ne voudroit passer la mer que pour très-grandes et impor-
tantes affaires , lesquelles je prie Dieu de diriger an plus
■ R. de Bohime.
m. s
,, Google
)6a7. Jn!a.] — 18 —
grand bieo, sonlagement, et seurté de cest Estai Je me
recomande trës-afifectnensement en vos bones giices et à
celles de Mademoiselle ' vostre très-chère compaigne, de
menrant toatsjonrs» corne je sois véritablement, Monsienr,
vostre trèa-affectioné et très-assenré
parain et serviteur,
JOBTnmS DB NASSAU.
De Leyden, ce 16 de may 1627.
LBTVBB CCCCLZXXI.
M. de Somm»di/ci au Cardùtat de Richelieu. Mêtne mjtL
*,* La TelIâUii prataatsntoi dn Roi d'Anglctarre Chulet I, mfl bmib
tpjMtnmmaDt pir bmm religisQHi qoe pu djrir et bcwdn de te nafa
popaUin, lUoicat nUmnei cm Fnnce U gnene dnle, lu gnod prcdl dt
l'Aotriehs et de t'Eipigne.
Monseigneur. M' d'Espesses m'a donné la lettre qn'il
TOUS a plen m'escrire le baictiëme de ce mois; ce m'i
esté an trës-singolier contentement de me veoir cod-
tinaé en l'honneur de voz bonnes grâces, et en la bonne
opinion que prenez de mes intentions an bien pnbUq,
comme aussj de mes devoirs à vostre service, qae je
tiens inséparables; vous suppliant, Monseigneur, ronlloïr
prendre cette créance de la fidélité qne je vous aj vonée,
que je seray tousjoms très-porté à. vous honorer et obéjr
à touttes les occasions que vous anrez aggréable d'en
prescrire les effects; car j'aj observé qtte vostre anthorité
et conduitte aux affaires générales bntte en par^e à con-
server aussy les nostres; de quoj j'aj à diverses foi)
rendu et cautionné, tant qu'en moy a esté, les tesmoi-
gnages convenables, où il estoit question de traicter des
grandes matières, et vous en demeure-on généralement
très-obligé. Quant au project de l'alliance, je snis marry
> MidMns (Mq'aftroov m daoit dti femmeê marUft Wi^paiemaKt fB
,, Google
— lï* — [1687. Join.
qu'elle se démène ay longnement sans aaciuie conclusion ,
principalement en ce temps qa'il est nécessaire qae nooa
évitions aoz jalousies, qui, par la dorée de la mésin-
telligence entre la France et l'Angleterre, pourroyent
estre conçeues de noz intentions; mais je ne Yoy point
qu'on soit encor en estât d'en pouvoir espérer la fin, sy
vous persistez, Monseigneur, à désirer qoe messeigneurs
les Estatz promettent de ne traicter point avec leurs en-
nemis sans le consentement dn Roy; car je n'ay pas peu
reconcobtre qn'ilz ayent aucune inclination de condescen-
dre & cette promesse ; bien se contentent-ilz qu'il soit dit ,
<in'ilz ne traicteront point sans l'advis et intervention de
S. M-, mais d'attacher leur liberté an consentement du
d^is, ils en font grande difBculté, puisqu'ils ne venl-
hat rien promettre qu'îlz ne tiennent; Je sçay, Monseig-
neur, que ce mot est employé au projet que je vous fiz
délivrer à Paris; ce fut toutesfois sur l'espoir de le faire
contrepoiaer d'an notable secours; mais le million de li-
vres est si peu suffisant de nous pouvoir &ire grande
considération, qn'à pêne faict-il la vingt et quatrième par-
tie de nostre dépense; de sorte qu'il sembleroit bien dur
à noz peuples d'engager leur liberté à sy petit prix; le
feu fioy d'immortelle mémoire les ayant secourru gratui-
tement d'an en an, sans aucune convention pareille ni
approchante de cela, de six cens cinquante mil escus.
Messeigneurs les Estatz sont donq encor après à examiner
tes conditions dn traicté, qu'ilz taschent de mettre au point
pour en espérer une courte et bonne conclusion; car ilz
d^nrent avec passion de ce veoir honorez de l'alliance
et de l'assistence de S. M., soit d'une nouvelle, soit de
la continuation dn traicté de Compiègne; et quant ce
désir ne viendroit à leur succéder sy promtement , ilz ne
lairrout pourtant jamais d'honorer le Koy, servir la France,
et prendre les advis de S. M., sur les importantes oo-
caûons qui leur pourront arriver, car ilz sçavent que leur
bien et conservation dépend en grande par^ de la con-
dnitte et amitié de S. M-, laquelle je vous suj^lye, Mon-
,,GoogIc
16M. Juin.] — 20 —
seignear, voulloir ayder à lenr conserver. tPes^me que
dans peu de jours vous verrez en quelle forme le der-
nier traicté a esté réformé, après y avoir bien pensé; et
combien qu'il demeure en l'option de Messeigneurs les
Estais de passer outre au tratcté, sans attendre le con-
sentement du Roy, en se résolvant de restituer, comme
prest, le secours qu'ilz auroient profSté de S. M., je ne
voy pourtant pas qu'on soit pour s'en ayder, ains on est
intentionné de parler clair, de tenir la parolle, et de
contenter S. M. sans prévarication uy interprétation, nos-
tre condîtîoa ne nous permettant point de traicter autre-
ment. An reste, Monseigneur, cette mésintelligence entre
les deux couronnes nous desplaît infiniment; pourtant nous
travaillons incessaœent pour adviser aux expédie ns pro-
pres pour la faire cesser, et volontiers ferions plus, sy
croyions que nostre entremise deust estre aggréable et de
frnict. J'en ay souvent discourra avec M. d'Ëspesses ,
qui travfùlle avec grand soin et jugement, tesmoignant
qu'il vous est trës-affidé serviteur, et tr^s-digne de sa
chaîne, et croy que nous en ferons quelque coup d'essay;
car, si cela dure, tout est perdu par tout. On verra ce
que l'abbé [Scaglie] proposera, qui se promène encor par le
payï, sans se faire veoir ny connoistre en publique. Nous
avons du courage, et monseigneur le prince d'Orange par sa
bonne condnitte a tellement préparé les affaires de l'Ëstat,
qu'il est capable de repousser et d'offenser les ennemiz
selon les occasions que Dieu vueille bénir. Sur ce je
demeure & jamais, Monseigneur,
De vostre Ex" trfes-humble, trës-obéyssant
et très-fidèle serviteur,
FBANÇOYS d'aEBSSEN.
De la Haye, ce 16 juin 1627.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 21 — [1687. Septembre.
LEVTKB CCCCLXXXU.
J. Boreel à M. de ZvyUchem. Patriotes de 1572.
*,* Jeu Boreet (15T7 — 1629), coiueiUsr-peiuioiuiredeUZéUnde; diitingué
pu ta UleiiU et aoa érudition.
Monsieur. J*ay recognea vostre fidelle et agréable main
en la lettre de monsieur le Prince dn 23 aongst, laquelle
m'a esté rendue le 30 dn dict mois après disner. Je vous
prie me continuer part en vostre anùtié et aux occurences
aseeurer mon dit seigneur de mon service, buttant final-
lement au bien et repos de nostre patrie et heureux gou-
vernement de son Exe'. A telle fin tendent mes ambi-
tions qu'aucnns disent estre particulières; encor que, si
ambitieux estions, avons raison de préfërance avant pla-
eieurs aultres, qui onqnes ne se meslërent de la Képu-
bliqae qae dès l'an 1600, mais depuis ont débouté grand
partie de ceux qui sont vraiement patriots, c'est à dire
auteurs de la liberté et leurs en&ns, qui, dès l'an 1572,
soubs le conduite des Princes d'Orange bazardèrent leurs
biens et vies. Vous estes , Monsieur, de ce [reng '], il vous
importe aussi que tels services ne soient mis en oubli,
mais que les advantages de l'Estat soient départis avec
quelque proportion et non entièrement en mains des no-
vices. Je vous baise bien humblement les mains , recom-
mande que ces incloses soient adressées selon les inscrip-
tions , et prie Dîen , Monsieur , vous avoir en sa sainte garde.
De vostre Seigneurie très-afiFectionné serviteur,
JEAN BOHBBL.
3 Sept 16S7.
Mildebour^.
' Oji pgul lir» aatii té nng (nue de eee penonnei).
,, Google
liETTBB CCCCLXXXUE.
Le Gouverneur et Orange à M. le Prince d'Orange. Apologie.
■.* Jeao de Hertoge vsn Oimale, S^gnmir de VnUenboui^, GoarerneuT
de k priDcipiaté depuis 1623; maia , k ce qu'il perolt (voyez U tetlre 4ST)
tMei iapmé \ U livrer au Roi de Frani». En 1680 de Knojt, aeigoear de
VoEioHT, envoya pir le Prince, fut outrunt de «'emparer da château de liv»
fores et ValkenboDTg reçut une blessure dont il mourat.
Monseigneur. H y a trois ans et plus, que je ressen
les effets de la haine d'aucuns des gens de vostre conseil,
qui, par une trop grande envie, portans impatiemment
les importans et utiles services qne j'ay rendus en cette
principauté, s'essayent de me laîre perdre courage de les
continuer. Cest ane chose toute manifeste que le S' de
Vosberghen, l'un de mes plus opinïastres ennemis, comme
j'ay fait entendre diverses fois à v. E., ayant joint à cette
principale occasion ses intelligences à l'ambition du con-
seiller Dimmer, m'ont persécuté à couvert par leur cré-
dit et pouvoir qu'ils ont près de v. E. et dans son con-
seil, et que leur animosité a tant fait de progrès, qu'a-
près avoir divisé vos sujets entre eux par leurs commis-
saires et confidents en vos lieux, ils ont encor bandé
contre moy , comme par une querelle volontaire , les gents
de vostre parlement, leur donnant la hardiesse d'entre-
prendre sur ma charge et de me quereller ce dont mes
devanciers et moy-mesme, par leur adven et advia mesme,
avions tousjours jouy. Cela ayant esté suivy avec tant
de confiance, qu'ils ont bien osé en leurs cahyers à v. E.
former des plaintes et des calomnyes contre moy, asseu-
rez qu'ils estoyent que les principaux juges m'estans par-
tyes, leurs blasmes seroyent tenus si secrets qu'ils ne se
verroyent exposer au hasard de les sonstenir, ni à leur
confusion de se voir convaincus dn contraire ; se con-
tentans donc en ses pratiques de prévenir l'esprit et la
séance de v. E., leur malice a si bien réusay selon leur
souhait, qne leurs accusations ayants esté reçenes, voire
mesme qa'ayant v. £xc. esté informée du contraire dans
,, Google
— Zd — [16S& oetobw.
son conseil à leur confusion sar aucuns des principaux
clieâ, cela, contre tout ordre de jostice, m'a esté des-
goisé, qnoyqne, soit pour l'interrest particolier que j'j
avois, soit aussi pour la dignité de ma charge et bien
de vostre service, il fdst raisonnable de m'enroyer la
coppie de leors cahyers et pluntes, pour m'onyr et en
sçavoir mon advîs, et après y estre poorveu par V. £. ,
selon son bon plaisir et l'équité. Cela a esté de toat
temps pratiqaé en cet Estât avec mes devanciers, mesmes
avec moy, dn temps dn Prince Maurice de glorieuse mé-
moire, et partout ùlleun ba les choses sont condoites
avec justice par on Conseil non passionné oa intéressé.
Car je puis dire sans vanité que les aSaires de vostre
Estât, la condition, capacité, moeurs, moyens et tes in-
terrêts de vos sujets me sont beaucoup mieux cognons
qu'à ceux de vostre dit conseil, et y puis encor adjouster,
la vérité parlant d'elle-mesme , que ma condnitte depuis
que j'y suis, a tramongné assez la cognoissance que j'en
ay prins, ayant très-bien réussy, quoyqne dans un temps
plain d'espines et de dangers , an contentement et adven-
tage de vos Excelleoces, subsistance comme miraculeuse
de son Estât et repos des sujets d'iceluy, parmy les bruits
et remnmens de cinq guerres civiles autour de nous. H
est toutesfbis advenu que le orédit et pouvoir dudit con-
s^er Dimmer, chef de vostre conseil, a esté tel, qu'ayant
gangue d'autres avec tuy , son fils lieutenant s'en revenoit
chargé des secrètes instructions qu'on luy avoit données,
sans doute à l'inaceu de Y. E., lesquelles m'ayant esté
notoires par leur conduitte et jactance, tant en Hollande
qu'en ce pals, je me vy obligé, pour mon honneur, à
rompre leurs desseins, et en rendre compte à Y. E., la
suppliant par mes lettres du 10 juin, 30 juillet et 30
aonst dernier passé de me donner en cette garnison des
officiers de l'amitié desquels je me puisse fier, lorsque
pour vostre service ou autrement je suis obligé de m'ab-
senter du chasteau De vostre chastean d'Oranges ,
ce 29 oct. 1628.
,, Google
LBTTBB ccccxxxxnr.
M. de SommeUdyck au Cardinal de Richelieu. Lee Etait-
Généraux eont dieposée à agir vigoureusetnent contre t Es-
pagne.
*,* La EUta ntruireat de ntifi«r le IniU da 28 uAt 1687 (p. 1 1) , cnig-
DBnt que U FruM ponrroît les entraîner due 11 gonre contre l'Anjjlstem.
Aeneni, «en la fin de IS2T envoya A Paria, dût en 1BS9, ratoonier en Hol-
lande lans anran luceèa.
Monseigneur. C'est avec tout le desplaisir du monde
que je suis contraint de partir, ayant laissé Y. E. sy peu
saUs&icte de mes négociations; car personne ne tous ho-
nore davantage, n'y n'a jamais tant désiré de lier une
flstroitte confidence avec vous que moy, qui demeureray
tousjours en cette mesme volonté, vous pouvant donner
asseurance des bonnes intentions de messeigneurs les Es-
tatz, lesquelles vous expérimenterez aux occasions bien
au delà de la déclaration que je vous en fay; mais rien
ne les a reteunz à vous satis&ire plus plënement que la
seule crainte de s'attirer sur les bras l'indignation et la
rupture de leurs autres alliez; toutesfoîs, sy vostre déli-
bération ou rencontre est de choquer l'Espagne, vous
pouvez faire estât ', dès maintenant pour lors, qn'ilz épou-
seront si avant voz intéretz et désirs, que vous en aurez
subject de louer et leur prudence et leur gratitude tout
ensemble; desjà je vous puis promettre, qn'ilz se mettront
avec le printemps sy puissans en campagne, pour faire
tm coup de réputation, que leurs ennemiz n'auront aucun
loisir ny moyen de penser à vous: sy l'effect n'en suit,
ne m'estimez jamais digne de vostre amitié; s'îlz le font
aussy pour vostre seule considération, faictes nous veoir
que nous méritons de tenir rang entre les plus affidez
alliez de la courronne; mais prenez, s'il vous plaist, en
bonne part que je vous supplye raccourcir l'accommode-
ment d'Angleterre; je voy des choses [an train] qui me
font peiir; il tient à trop peu pour y plus marchander.
' T. p. oompter {Bemeume gj Icont «taet maken.)
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 25 — [18fiB. JiQTier.
Si désirez du service dans nostre Estât, honorez moj de
voz commandemens et vons me connoistrez par l'obéys-
sance, Monseignenr,
de vostre Em** très-hnmble et trèa-
obéjBsant serviteur
FBAHÇOYS D'aJ
De Paris, ce 37 janvier 1SS9.
LBTTmB CCCCUCXXV.
M. deBaugy ' à . . . Entretien avec le Prince âOrange sar
l'entreprise du Rm de France en Italie.
*,* Aprii amir mia fin en notembrc 1B28 an (tmcniii^deliRochcUe, li
TÏgneDT de Richclica ant païAHaiiant combiiieT en 1629 II •oomiinoD da Deo
de SaTois et 1* reprenioD de* lUformà de Itngucdoc et dee Céreanet, qai
iTnient cm poavoir tàïre tonm«r l'eipéditicm d'IUlie et lea embami da Bai
1 kor profit.
Le principal snjet de ma visite fat poar satisfaire
SQ commandement porté par voatre dernière lettre sur ce
qni a esté dict an Roj de la maavidse impresion donnée
à M" les Estatz et au Prince par leurs ambassadeurs
et spécialement par M^ Aersens, contre les bonnes et
sincères intentions que le Boy a sur les aâaires d'Italie,
comme si tous les préparatifs qui se font pour l'Italie ne
tendoient qu'à la ruine de ses subjets de la [religion
protestwite]. Après plusieurs discours indiférens, qui se
passèrent entre nous, il tomba au poinct où je l'attendojs,
de demander des nouvelles de France , et lors je vins ,
de loing et comme de moy-mesme, à lui dire toutes les
particularitez contenues en voatre lettre, auquel je re-
marquois en son visage qu'il prit grand plaisir et donna
de grandes louanges an bon et juste dessung du Roy ,
lequel 0 prioit Dieu de bénir, de luy faire la grâce de
multiplier parmy les estrangers la gloire qu'il a acquise
dans son roianme par la réduction de la Bochelle. Dans
,, Google
ce discours je luy laschay le mot qu'il n'y a pas &nlte
de bronillons et factieux en France, qui poorroient faire
courir des bruits contraires aux bonnes intentions du Boy
et à la pure vérité. Sur quoy j'observois qu'il ne me feit
aucune dëmonatration par où je pensse coliger ' que on leur
eust escrit ou voulu donner une telle impression, mais
tant s'en &ult, quant je luj dicta que cette diversion seroit
advantageuse à leur Estât, qu'Us ne laîrront sans doute
passer cette occasion eans en tirer advantage, il me dict
hardiment que je le pouvois bien croire et que de ce
costé-cy l'on ne s'endormiroit pas. Quant k ce qui est
de sonder sur le mesme suject les principaux de M" les
Ëstatz, le moyen ne m'en peult venir que par la ren-
contre privé, puis que ce n'est pas icy la coustome de
les voir séparément en leurs maisons, ci ce n'est en occasion
d'affaire pressant. Je ne lerrey * d'espier leur rencontre et
de tascher de descouvrir ce qui pourra servir pour vérif-
fier ou reSiiter cet advis , sans que celuy qui en est l'su-
theur courre aucun risque .... Pa Haye] 29 janvier 1629.
luttike cccclxxxvi.
Le même à ... Affait» S Italie.
Je vous ay mandé par ma dernière de quelle
&çon j'avoys pris le tems de parler à M. le Prince
d*Orange du dessein de S. M. de porter ses armes en
Italie, en conformité de ce que vous m'en aviez escrit
par vostre précédente du premier jour de l'an , et le peu
on point de semblant qu'il m'avoist fàict que les seigneurs
ambassadeurs lui eussent voulu donner à entendre le
contraire. La mesme retenue a esté observée en aucuns
de M" les Estatz, à qui j'ay faict insinuer et tenir le
mesme langage; mus une personne de créance a entendu
du S' Aersens le jeune que son père luy avoit escrit que
,, Google
— 27 — [1828. FmrriM.
Fon faisoit de grands préparatifs pour lltalye, qu'il y
avoit néantmoîng apparance qae les afiaîres s'accommode-
roîent eD Espagne, par on traicté dont M. Baatni estoit
entremeteor, et qne le tout retomberoit snr M. de Bohan
et les villes de Languedoc Ce qui est confonne k l'ad-
vÎB donné au Koy, la Térification duquel ne consiste pins
qn'à descouvrir si le dit S' Aersens aura escrit la mesme
choze k M" les Ëstatz on bien s'il se sera restrainct à
la confience qui peolt estre entre père et filz. Maïs, en
qaelqne façon que ce soit, son sentiment par-là se des-
cbifre .... [la Haye] 8 févr. 1629.
liBTTRE «TCCCUCXXVn. r
Le même à Afcnret de la Principauté â Orange.
Ce que l'on a icy escrit, de divers lienz et
spécialement par les deux derniers ordinaires de Paris,
de la composition faite par le Gouverneur d'Orange pour
mettre sa place entre les mains da Boy , moyennant qua-
tre cent mil francs, me donne nouveau suget d'attendre
de voz nonvelles sur la vérité d'une telle occurence, dont
les premiers bruicts font on grand esclat; mais josqoes
icy M. le prince d'Orange n'a point tesmoigné d'en avoir
ancnne assenrance, et n'en a rien dit à mon secrétaire,
qne j'ay ce matin envoyé vers Iny soubz un autre pré-
texte , et mesme ung de ses conâdens m'estant venu
veoir, il y a troys ou quatre jours, me feit assez entendre
que te dit Gouverneur ne se comportoyt pas en bon et
loyal serviteur, sans tontefoys monstrer qu'il creust ou
sçeust rien de certain de la conclosion de ce marché, dont
le seul discours, quand bien l'efFect n'y seroyt pas, porte
la plus part de ces gens-cy à croyre que S. M. pense
et travaille pour afifoiblir ceux de leur religion dans son
Boyanme et à redoubler l'accommodement des a&ires
d'Italie, crainte que ses forces retombent sur les villes
,,GoogIc
da Languedoc. J'ay esté adverty d'ailleurs que ce □
discours produict d'estranges sentimens daus le corps de
M" les Estatz, lesquels se vont figurant que cette action ,
si elle sera Téritable, devra par eux estre prise pour une
marque du peu d'estime en quoy on les tiendrojrt, n'es-
pargnant point un Prince de la coudition et considération
telle qu'est cellny-cy parmy eux ; que ce seroyt le dis-
créditer grandement en particulier parmy ceux qui jusques
icy l'on reconneu porté d'une véritable inclination vers la
France ; qu'en la conjoncture présente des affaires cette
proceddnre viendroit fort à contre-tems, puisqu'au lieu
de penser à seconder les desseins du Roy, et it rendre
à S. M. par deçà le change de la diversion qu'elle va
faire en Italie, le desplaisir d'une atteinte si sensible pour-
rait amortir toute la vivacité qui paroist en ses desseins
par les préparati& de guerre qui se font icy; que ce
seroit trop vivement le touclier an coeur de luy oster
une place dont il porte le nom et qui depuys tant d'an-
nées a donné le principal tiltre à sa maison; que, si les
fortifications qui ont esté iaictes par feu M. le Prince
d'Orange son frère donnent de l'ombrage, l'on peolt con-
sidérer que celluy-cy n'en est pas cause , et qu'il l'a pos-
sédée simplement en la mesme façon qu'elle luy a esté
laissée en droîct successif; qu'en tout cas il est si res-
pectueux envers S. M. que, si elle luy eust fwct l'hon-
neur de s'ouvrir à luy de ses intentions pour ce regard,
il se seroit efforcé de lui donner contentement, sans es-
tre réduict à ce malheur de se veoir exposé k la fable
du monde, en ce que l'on east faict si peu d'estat de
luy que de traicter plus tost avec une créature de sa
maison, à qui de bonne foy cette place a esté confiée et
de laquelle il ne peult sortir aux conditions que l'on pu-
blie , sans se rendre convaincu d'une insigne trahison ; que
les Angloys prendront un grand avantage d'une telle
action, pour prouver à ces gens-cy ce qu'ils taschent de
leur persuader long tems y-a, du peu d'assenrance qu'Us
doibvent prendre en nous; que les Espagnols aussy en
,,.CooglL-
— 29 — [ifla». Mm.
feront leur pro6ct et penseront à se prévaloir de ce des-
gonst, pour faire réussir les prattiques continnelles qu'ils
font pour s'accommoder avec ces gens-cy, parmy lesquels
ce Prince est assez aymé et accrédité pour leor &ire
prendre des résolutions teUes qu'elles nous poorroyent
desplaire ; que les catholiques mesmes de ce pays ne pea-
vent entendre parler de cet afiàire sans une manifeste dé-
monstration du desplaisir qa'ils auroyent qne cela fuat,
et enfin que la rencontre de ce bruit avec le retour de
leurs ambassadeurs sans avoir rien faict en France, ne
leur donne point occasion de croyre que noas soyons
portez d'ancnne bonne volonté en leur endroicL Ce qu'es-
tant, la nécessité, qui maîstrise toutes choses, les oblige de
penser à ce qui peult conserver leur honneur et affermir
leur seoreté [la Hayej 15 février 1629.
liBTTmB CCCCLXXXTin.
M, de Sommdadyck au Cardinal de RicheUett. Coopération
des Provinces- Uniee auM desmns de la France.
Monseigneur. Je porte fort impatiemment sur le coeur,
d'avoir réussy en tant d'importantes négotiatîons avec quasi
touttes les nations d'Europe, et que le malheur m'ayt tant
voqUq, k mes deux dernières ambassades en France, où
il me restoit encor qaelque habitude, que je n'y aye peu
convenir de rien avec vous, duquel, comme du premier
homme du siècle en tontte prééminence d'Ëstat, je m'estoy
promis davantage de âictlité à tendre la main à nostre
infirmité, subvenant l'Estat en la ferme résolution qu'il
^est proposée, de ne jamais abandonner sa défense, ny
le respect du service de S. M.j mais m'estant trouvé
pressé avec trop de fermeté de choses qui pent-estre im-
portoyent ausey peu à la France, qu'elles estoyent bien
contraires à mes instructions , j'ay esté enfin forcé de rom-
pre mes espérances, par la décharge de ma commission.
,,Googlc
1(29. Uni.] — oK) —
Et toutesfois, Monseigneur, présumant qu'ayez eu quelque
rwson à part tous , esloignée de ma coulpe et empruntée
à la disposition du temps, pour avec d'autres intentions
me tenir pour un temps tant de rigueur, et me traicter
de suspect, comme panchant trop vers l'Angleterre, par
le consentement de la religion, à quoy mes actions ont
donné ausBj peu do prise que mes pensées, et dont à
un besoin je me rapporteroy à Tostre jugement seul, j'aj
d'autant pins volontiers redoublé mes devoirs, pour, après
mon retour en ces pays , rentrer avec v. Em. en nonvelle
confidence ; tachant par ce moyen rendre nostre république
plus considérable envers le Boy, en la présente constitu-
tion de ses grandes affaires, où messeignenrs les Estatz
désirent passionnément luy pouvoir [réussir] utiles, par
la démonstration d'une vraye gratitude ; c'est pourqnoy ïlz
dépeschent présentement ce courrier, luy porter notifica-
tion et parolle que, comme ilz ont apprins qu'elle s'est
engagée en Italie, ilz ont aussy tost délibéré de dresser
tons leurs desseins et conseils de sorte qu'il s'en poisse
veoir que sa gloire, grandeur et contentement ne leur
est moins h coeur que leur propre sabsistance; ayans, pour
évidente preuve de cela, accru leur milice tout à coup
d'un extraordinaire renfort, d'environ vingt-mil hommes,
pour avoir tant plus de moyen d'entreprendre an premier
coup leurs ennemiz avec une très-pnissante armée , sur
leurs frontières , et mettre ainsi hors de danger et . de
jalousie celles du Royaume durant l'absence de S. M. et
qu'elle employé ses principales forces de Ik les montz.
Peut-estre, Monseigneur, ne leur eust il esté messéant
de marchander quelque peu là-dessus, pour stipuler quel-
que ayde et avance, comme Testât de leurs afiàires les
y obligeoit assez, mais postposans l'utihté particulière et
désirans procéder sans retenue ny condition, eu une action
sy grande, et jà assez avancée, ilz se sont contentez de
jetter les yeux de leur espérance sur v. Esc prindpale-
ment; à quoy je confesse avoir grandement aydé, pour
remettre h vostre prudente générosité le reseutiment que
,, Google
— 81 —
iCiees. Mm.
mérite un sy extraordinaire effort qn'ilz font, de servir
à telle occasion au lîoy et à la France, non sans danger
de s'atdrer de gayeté de coeur sur les bras tontes les
forcée d'Espagne et de l'Empire, qui sans cela alloient
estre destinées ailleurs, pour donner & penser à celles du
Boy, ou par voye de diversion, et lesquelles estans main-
tenant séparées et distraictes par une double défense, ne
sçanroyent -mesliuj ' servir que de subject & exalter la
gloire du règne du Eoy, et de voz très-pmdens advis.
Sy douq mes supplications tous sont d'aucune considéra-
tion, je TOUS ose conjurer, Monseigneur, de prendre k
ce coup une bonne résolution sur la condition de nostre
Estât, et de faire promptement ouvrir la mùn au Koy
afin que , nous seconrrant au soubstîen d'une sy bonne
votonté , (car jamais nous ny noz ennemiz ne mirent h>
beaucoup près si forte armée auz champs, comme nous
allons &ire pour vostre respect) elle nous en soit accrue,
pour prenans part à tous voz évënemeus, diriger princi-
palement noz conseilz à vostre désir et utilité. C'est
là-dessus, Monseigneur, que ce courrier vous est envoyé ,
le retour duquel réglera aussy par sa response l'ultérieur
de noz délibérations. La mienne sera tousjoura, quelque
rencontre que nous y lacions, de vous honorer et attendre
de vostre prudence la protection que la Chrestienté a
subject de s'en promettre, contre l'orgueil et l'ambition
d'Espagne. Faictes moy l'honneur de m'estimer digne
de Tostre amitié , et que me trouverez tonsjours très-plo-
yable i, voz commandemens. Sur ce je prie Dieu, Mon-
seigneur, de prospérer les armes du Roy par la direction
de voz prudens conseilz, et de vous donner en par&icte
santé très-longue vie.
De vostre Em" très-humble et très-
obéysaant serviteur,
FBANÇOIS S'AEaSSEN.
De la Haye, ce 24 mars 1629.
,, Google
LBmUB CCCCLXXXIX.
Juttin de Nattau a M. de ^ylichem. Rdatùm de la ba-
taille de Nieatopoort par te chevalier Vere.
*,* (;« récit détaillé de la bataille ■ été publié pai Bob.
Monsieur. Je voas renvoie le discotirs de fea Mon-
sieur le chevalier Vere de la bataille de Nieuport, on,
pour mieolx dire, du combat qu'il a iaict avec sa trouppe,
laquelle estoit se jour 1& de l'aventgarde; je l'ay leu et
relen, et trouve qu'il a certes avec grand jugement et
bien particulièrement descrit et remarcqué tout ce que
c'estoit feîct par l'ennemi i, ceste première et grande at-
tacque de la trouppe qu'il commandoit, laquelle vérita*
blement il fault advoner qu'elle ât très-bien et valereu-
sèment Mais il me semble qu'il parle »m pen trop so-
brement des autres, qui néanmoins s'acqoitèrent aussi
avec grand couraige de leur debvoir , en recevant et char-
gant avec résoUution les trouppes ennemies, et nomément
nostre cavallerie, laquelle, par ordre de feue Son Ex<^ de
hanlte mémoire, fire' en sa présence par plusieurs fois de
fort belles charges, ésquelles feu monsieur le comte Loays
de Kassan fit très-bien, de sorte qui leur fault aussi at-
tribuer une grande parde de l'honenr de cette belle et
signalée victoire, et sur tout à feue Son Exe, laquelle,
par sa grande valeur, dextérité et bone conduitte, aîant
l'oeuil sur tout, tesmoignoit, en cette tant célèbre jour-
née, se que peut, en un si grand et donbtens com-
bat, la présence d'un sage, prudent et expérimenté gé-
néral. J'espère de vous veoir après-demain, si plaict à
Dieu, i la Haye, se que m'empeschera de vous en dire
davantaîge. Je suis et demeureray tousjours, Monsieur,
vostre très-assenré et très- affectionné
parain et serviteur,
msT];Nns de nass&u.
A LeydoD , ce 16 d'apvril 1S29,
,, Google
LBTTRE CCCCXC.
M. de BoeUelaer, Seigneur de Langerak, au Cardmai t
Richelieu. Nécemté (f un prompt t
*,* n j «voit orgmee. „Ln Etnli s'altirtnnt rar la bi» la fonia de
■"biagne at de l'Empire" (p. 34). Aprèa que le Roi de Duemerk est Aiam-
tniat de bire le peii (6 juici). MoDlecncnH et le eontt na den Berg, nn
1( fin de JDÎlIel, earehirecit la ProTincn- Uniet et p^aAriKOt jatqn'à Amin-
bort, l peo de lieoa d'Anulerdam.
Monaeignear. La nécessité dans laijiielle se trouvant
maintenant messeigneurs les Etatz, par l'invasion des ar-
mées de l'Empereur, du Roy d'Eapagne, et du Duc de
Bavières en leurs pays et terres, est telle que je suis forcé
de vous importuner de rechef de mes lettres et prières ,
pour avoir par vostre intercession un prompt secoors de
S. M. très-chrestienne , qui ne sçauroit jamais mieus et
plus à propos obliger nostre Estât qu'en ce temps îcy,
la où qu'il semble que tout le monde conspire k sa déso-
lation et ruine , de laquelle les Koys et Princes leurs alliez
le peuvent faire sortir , si tant est qu'ils contribuent quel-
que cbose à leur defîence. Le Roy d'Angleterre s'y est
résolu le premier et paye les trouppes du collonnel Mor-
gan; celuy de Dennemarck et quelques autres Princes
d'Allemagne, bien qu'affligez chez eux, ont foumy une
bonne somme d'argent comptant, et ne reste que S. M.
très-cbrestienne qui semble ne point prendre k coeur cette
leur tant grande nécessité, dans laquelle ils se sont
plongez pour le soulagement du bon party de la Chres-
tienté, sottbz l'asseurance que les autres Roys, Princes
et Républiques deussent faire le semblable , pour rembar-
rer communibut viribu» et avec une puissance concertée les
armes prodigieuses et victorieuses de la maison d'Austriche.
Mais qu'est il arrivé ? la paix fut aussy tost faitte en Italie
que la guerre commencée et mes dits seigneurs les Estatz
sont demeurez dans le bourbier et dans la peine, laquelle
leur est augmentée par la paix inopinée que le Roy de
m. 3
,,Googlc
IMI. Join.J — oi —
DeDnemarck a conclue avec l'Empereur et la ligne d'Alle-
magne, dont mes dits seigneurs ont maintenant sur les
bras toutes tes forces, en nombre de soixante mil hommes,
qui les attacquent, tant en Frise qu'en pays de Gueldre . . .
Paris, 22 aoast 1629.
a. DB BOBIZBLEB ET D'aSPBRIN.
liETTRB CCCCXCL
Le Roi d« Bohème au Prime £ Orange. CompUmenU.
*,* VrJd«rio y , Blectcar-Pklib'D , à qui là pontMiOD ^phtmire de 1> con*
naoB ds Bobtm» ktoH «Ati h Palttiiiit. Infortané et fngîtif, il moarat,
àftitM un, M 16S2.
Monsieur mon Oncle '. Ceste^y est pour vous tesmoig-
ner le contentement que ce m'a esté , d'entendre par mon-
sieur Pan, l'hearettx succès de vos armes. Je prie Dieu
de les bénir de plus en plus. Vous entendrez par luy,
ce qui se passe en ces cartiers. Le Roy de Suède va
au secours de l'Electeur de Saxe; pourven qu'il tiene bon,
je ne double qne tout le reste ira bien; je pense le sui-
vre, pour voir si je le puis gaigner k favoriser mes af-
faires. Ce m'a esté beaucoup de contentement d'entendre,
par celle que Htin m'a délivré, les assurances de vostre
affection; j'en reçois de plus en plus tant de preuves, qne
je ne vous en saurois rendre d'assés dignes remerciments.
Je sonbaitterob le pouvoir mériter par mes services et
vous témoigner combien je suis, lAonsieor mon Oncle,
Tostre bien bumble et très-affecdonné nepveu
à voos foire service,
FBEDBKIC.
De Pleiafeldt, en l'Ereaché d'Bistet,
ce '/„ juin 16S1.
A Monsiear mon Oncle, Monsieur
le Prince d'Orange.
I la mire de l'Electeui Jtoit Loniie-Juli«nDe, Bile de OqIUuim 1.
,, Google
— 35 — [IBSl, septembre.
1.BTTRB CXCCIXCII.
Aa Pn'ncette tf Orange ' à M. de Zuylichem. Elle se r^oiàt de
la dé/aùe de l'ennenâ.
*,' La Eaptgnali ajsnt traU un déUnjnaniEDt. leor flotte fat dAroïtc
ftit de nia de Thalen , ilini 1« puuge 't Slaat, le 12 aept. „ Cette victoire
■pportt ane grande r^ooisuDca pir tout le payi , et prÏDcipalemeDt ea Hot-
lude, où il Kmble qoe leor deuein tendoit." ^Mit^. de R. H.}
Monsieor HeygenB. Je tous remersiee bien fort de
ceste bonne noaveUe qne vous m'aviés mandé et rend
grasce & Dieu d'avoir doné cest bonheur & Monsieur le
Prince poar faire tëre ceux ' eneniîs de hor et tan ' le
beoié * , qui ne seront pas fort aise ; je tous assure qne
j'estoia bien réjooie et je voas prie de me mander un
pen tont comme il est allé; vous m'obligerés bien fort,
voua sorés * bien croyre que c'est tout mon contentement
icy à Bueren , et de savoir monsieur le Prince en bonne
santé, de coy je prie Dieu de le vouloir conservier encor
longes ennés, pour avoir souvent sujet de louier Dieu,
pour de meumes ocasïtions * , et à vous je vous protes ' que
je sera tousjours
vostre très-affeotionée amye à vous servir,
AHEUE OK BOUIa.
Le 19 sept. 1631, de Bueren.
liBTVBB CCCCXCni. >,
M, de Ckarnaeé à Entretien mec U Prince £Orange.
*,* Lora do li^ de Muitricht, en 1038, le Prince d'OnngB reçat dei
tatiTCi dn Dao d'Aen^at, d&innt, *tc« U eoDuntement de l'Iofinte libelle,
eotamer on lecammodeineat evee elle et Ici Etat* dei ProTincn dàaniet. Cette
demande lyint \iomi feionbla aceneil , le Doc et d'intree d^polji, tant de 11d-
tate que dee Elati uNmblà i Bruiellea, m rendirent anprii do PriiMe, et
■ Amâie, eomtcne de Solmi (1602— IBTSj, jpooH de Frélcric- Henri.
,,CoogIc
1«S8. M»».] — 36 —
l'on fut w point 3e bin uns trira l det oondiliin) tri»«raDi*gMiMi pour la
lUpnbliqna. „ Un paa d'inUrot puticolicr icnvcns tost cwt iflÛK qui eatott
ta li boni termai." (Mém. de Fr. S.) — Plu tard de« diOcattà rarginnl ; nui*
qaMre proTinat (Ii HulUnds, !■ GnsMrt, Utiwht et OtuTuel) peraiiUrent i
Tooloir DD iccoH, malgré l'oppoiition dn Prince d'Orange M de h Fnnce.
Hercule, Baron de Cbamicj, hsbila n^godaUmi et qni avoit concln le traita
de rabndei ireo G oatiie- Adolphe (IS janT. 1031), fot enrojJàUHaje charge,
i te qa'il paroit, de d^oner ea U
Le Prince d'Orange dist qu'il s'estonoit c
depnÏB Mastric que l'ouverture de cette affaire avoit esté,
Is Koy n'avoit envoie personne pour l'empescher, qui tes-
moignoît que l'on ne se soacioit gnères de cette affîiire
U, n'uant &it aucun office efficace; puis, a'oavrant dur
vantage, dit qu'aussi luy seul ne pouvoit pas s'atirer sur
Boy l'événement de la guerre, s'il la couseilloit; que feu
aon frfere, alant entrepris & la première trêve de la dis-
suader au peuple, h. la persuasion du Boy par l'entremise
de m' Janin', avoit esté depuis par laj abandoné, et
eut le regret de la voir faire contre son désir; qu'il crain-
deroit que le mesme bazar luy arrivasL Je luy dis que
m^ Janin avoit compté autrefois à m' Chamacé ' un peu
diférant de cela, assurant que le Prince d'Orange, pour
cont«nter le peuple, l'a voit proposé, pensant en estre tou-
jours le maistre, en quoj ce voyant trompé et le Roy
aussi par lui, S. M. avoit esté contraint de feindre l'a-
pronver, voire mesme procurer, mais que, quoy qu'il en
soit, cela n'avoit rien de commun ni convenance aucune h
l'estat présent des affùres, où toutes choses sont dissem-
blables, tant en France, Alemagne et Holande que en
Espagne; qu'outre cela Chamacé luy ponvoit jurer que,
si luy Prince d'Orange vonloit prendre entière confiance au
Boy et en m' le Cardinal, ils ne l'abandonneroieut ja-
mais, quoy qui peust arriver, et ne ce départiroit de ses
intéretz; que ce que Chamacé luy en avoit dit si-devant
n'estoit pas sang ordre exprès, comme aussi de n'en rien
&ire sans son advis, le Roy et m' le Cardinal ne voulant
rien d'icy que par luy et aussi ne prétendoient en savoir
■ Jeamùn. ■ CÂarmati p»rU towenl d* Uâ-aUi» i la (rvùiimt pmtomu.
,,.GoogIc
— 37 -
[163S. I
gré à luy s«al, mais voiant qa'il ne s'ouvroit point du
toat à moi et qne de tontes les provinces la Hollande et
des villes Amsterdam, ésqnelles il avoit tont pouvoir, en-
clinoient davantage à la trêve, Cbamacé avoit eu sujet
de croire avec tont le monde que il n'y estoit pas con-
traire, qne peut estre pensoit-il y trouver son compte,
particulièrement si elle estoit brève, mais que Cbamacé
croit qu'il se trompoit, d'autant que le peuple, aiant une
fois gousté dn repos, la continaroit malgré luj et le con-
ndéreroint beaucoup moins qu'il se peut imaginer en
Testât où il est; qnil se souvient de tous les plus grans
hommes qui ont jamais esté, lesquels avoint plus perdu
d'autorité et d'estime en deux années de paix qu'il n'en
«voient gaîgné en vingt de guerre, avec les conquestes
des Royaumes mesmes. Sur cela il me dit qu'il estoit un
peu bien tard, qu'il désîreroit que Cbamacé eut esté à
la Haie au retour de Mastricht, qne maintenant il ' estoit
disposé d'empescher le cours dn traitté, s'il n'estoit aidé
du Koy par quelque offres avantageuses qui servissent k
animer ceux qui ne désirent la trêve. Cbamacé luy dit
que eu cela il feroit tout ce qu'il jugeroit k propos, pour-
ven qn'il fut bien assuré de son intention et qne cela ne
serviroit point à avancer plus que k rompre la trêve.
Voilà où ils en demeurèrent
14 mais 1683.
Chamacé écrit le 4 avril: «Charnacé fat voir le Prince d'Orange i.
et le troavs peu affectionné i la France; il lu; parla de H. de
HaateriTe* en ces termes, qu'il sembloit bien estrange qa'après
avoir reçea et gratifié Grossius* incogrine au Roy et condamné
en Holande, l'on Tonlnst maiotenant Taire chasser Hanterive, non
accusé et bon serviteur des Estats, que c'estoit proprement les
rendre ministres et exéontears de tontes les passions do cabinet
et de la cour, ce qui les rendoit subjets et non libres comme ils
■ont. Que [pourtant osté Orenge] ceux des Estats & qui il a
parlé de cecy, luy ont dit qne cela estoit honteux de penser à
* n' lemiU otùi. ' OffloiciT (nnçoii, mi aerricc de U lUpnbliqiw.
,, Google
IBSS Octobre.] — dO —
refuser le Koj d'une lAose si pea importante A leur Estât. Qu'au
reste ledit Orenge ne fut guères touché des advis ^u'il luj donna
des lettres d'Espagne, disant qu'il seroit bien aise d'en voii les
originaux Aurange luy parla altièrement et s'emporta sou-
vent I dire des choses qui eussent obligé Charoacé à tout quitter
s'il n'eust jugé la nécessité d'entretenir l'afiaire
■' liBTTBE CCCCXCIV.
[A/i de Chamacé] à . . . . Le Prince <ï Orange tUaire la con-
tinuation de la ffuerre.
*,* Sa Kptanbre 1« Dno da Lomins imit tU contiunt de nmittra Ninej
ta dtpài cotre In inuDi da Roi de Pruioa.
Je jnge inatUle de voqb feîre cette dépeecbe , et ne la
vous envoyerois pas mesme maintenant, si ce n'eetoït
pour Tons taire veoir la façon dont s'est comporté M. le
prince d'Orange en cette occasion, et ce qne l'on peut
attendre de luy à l'avenir, si l'on se peut nne fois ad-
jnster entièrement et ester tous soubçons.
H est pis qne jamais avec les Estatz-Généraux , parti-
culièrement avec quelques uns de Hollande, qui mènent
le reste. H s'estoit comme fait fort d'obtenir qne l'on
renvoyast de la Haye les quatre députez de Brabant qui
y sont, il y a si long temps; mais ces trois on qtiatre
de la province de Hollande si ' estans, à la sollicitation
de M' Pau , ouvertement opposes , ils y sont demeurez ;
dont il me parla hier confidemment Et, en suite de
plusieurs antres choses, me dit que ces messieurs liin'en
estoient pas encores où ils pensoieat; que la trêve ne se
feroit pas comme cela par faction , s'il plaisott au Roy de
tenir bon, et que l'on ne luy feit 4)as comme k son feu
frère à l'autre trêve; qu'il parleroit autrement estant de
retour à la Haye qu'il n'svoit fait par le passé. Sur quoy
vous ne douterez pas, je pense, que je ne luy aye donné
'«■y.
,, Google
— 39 — [1883. Odobn.
tontes les assuranceB qn'il ponvoit désirer. £t, pour veoir
s'il parloit tout de boD, je luy dis que le Boy m'ajant
permis de faire im petit voyage en France, je pensois
maÏDtenant en pouvoir prendre le temps, qne ledit Prince
estoit icy campé pour qaelqae temps , et me rendre aossi
tost qae lay à la Haye. Sur quoy ledit S' Prince ré-
partit (bien plus brusquement que son ordinaire) que
Taffaire estoit donc perdue ; d'autaat que ceux qui estoîent
pour la trêve publiroient que ce serait le Eoy qui me
retirerait, ayant pris Nancy, et ne se soncioït plus des
affaires de ce pais. Je loy dis qu'en cela et tonte autre
chose Je ne ferois que ce qu'il m'ordonnerait Voila ,
Monsieur, où nous en sommes à peu près, qui n'est pas
tout ce que je désirerois, pour le service et contentement
de S. M., mais qui néantmoins est quelque chose, pour
ce qne, si M' le prince d'Orange n'est le plus grand
trampeur qui fut jamais, ou que se remettant bien arec
les Estatz il ne se change, on qne sa femme, qui a un
infioy pouvoir sur luy, et qui par de petits intéretz de
fomme est passionnément pour la trêve, ne le retourne,
nous pouvons faire estât assuré qu'il est enti^ment à
nous en cela, et que la trêve se rendra de plus en plus
difficile, n est vray que je crains extrêmement sa femme,
en qui on reconnoist visiblement aversion pour ce qui
nous touche, portée, comme l'on croit, & cela par une
cabale, qui s'est faite depuis la venue de M. de Han-
terire, de gens qui ont un particulier et facile accès au-
près d'elle, mais néantmoins je croy que la considération
de ses intéretz prévaudra, sur tout si nous le mesnageons
bien de tous costez, conune par l'octroy de partie des
choses qu'il désire, comme l'abolition pour ceux qui ont
assisté, aydé ou contribué, en quelque sorte que ce soit,
à la mort et non assassinat (ce mot l'offence) du S' de
Walkembourg', qui est fort désiré de M. le Prince d'O-
range, d'autant qu'il y a icy force gens qui n'y ont eu
aucune part, lesquels crient sans cesse qu'ils ont tout
' Fofia p. 21.
,, Google
1M8. Octobre.] — 40 —
perda pour cela, et qu'ils n'oseroiânt retoarner en France,
demandans de grandes récompenses, ontre l'bonnenr qui
va en cela, de paroistre avoir si pen de pouvoir auprès
dn Koj qu'il ne puisse obtenir si peu de chose. Cest
ce qne M' Qnenut' m'en a encore dit aujourdhuy de sa
part, sans plus me parler de sa chevalerie, qne je ne
puis assez m'estonner que vous lay reffusiez si constam-
ment en une telle occasion. Si le Boy et monseigneur
le Cardinal vouloient aussi prendre la peyne de luj es-
crire pour le remercier des offi-es qu'il m'a faictes pour
le service du Roy et de monseigneur le Cardinal en
particulier sur le sujet des sièges de Nancy et de Tion-
Tille, je pense qne cela ne peut nuire, et en vérité elles
ont esté grandes, jnsques à me dire que le Boy et Mon-
seigneur le Cardinal estant venus à bout de toutes les
entreprises qu'ils ont feictes jnsques k cette heure, il ne
faloit pas que l'affront leur demeurast de celle-cy; que
pour luy, il y contrîbueroit tout ce qui seroit en sa puis-
sance, et que quiconque estoit ennemy de S. M. et de
M' le Cardinal, U les croyoit l'estre du bien et de la
cause publique. Depuis qu'il est entré en confidence
avec moy, il m'a fait plusieurs questions des dépendan-
ces et de la vie de M. de Bangy, par lesquelles je juge
qu'il ne s'ouvrira jamais k luy d'aucune chose, et qu'il
le tient amy de M' Pan, et de plusieurs autres desquels
il se mefiSe fort
11 octobre 163S.
LU. Le S6 oct ChaniBcé écrit: „Qu'il apprend qu'Oreoge eat ton-
jours trèa-bieu intentionné, qu'il leconnoist de plus en plua la man-
vaise foy des autres; qu'Amsterdam et ses adhérens sont passi-
onnel pour la trêve, cette ville-lù faisant la meilleure partie de la
province d'Hollande; il n'y a rien de bon à espérer d'elle, si
Orenge ne s'en mesle. Qu'ÂerseDB a fait à Orenge nn discours
ces jours paaaéa, concluant au renvoi dea députés, à traitter avec
CbaïuBcé, et à envoier du aecoura en Allemagne. Qu'il a fait son
posùble pour gaigner Âeraens et l'obliger à lay donner son dis-
■ de Konjt.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 41 — [168i. J«DTtw.
ovan, mais Q n'a pa, à caaae <Ie beaucoup de raisont. Âereens
]aj dit qn'Orenge estoit résolu à I'ud et à l'antre, la difficulté
u'étaut qu'en la façon de procéder; Aerseni Iny proposa que,
comme eon nom avoit seni publiquement pour persuader à ces
peuples 1a trêve, lors qu'elle estoii possible et utile, de mesme,
maiotenant qn'il voit In tromperie des Espagnols, il doibt les en
dissuader, ce qu'Orenge consentant, Aersens Iny en dit trois moiens;
le premier d'aller luy mesme en l'assemblée des Ëstata d'Hollande
leur dire ses sentimens; le second de les faire dire par l'advocHt de
Hollande Pau, il ue voulut ni l'un ni l'autre i le dernier Iny pleut,
qui est que le conseil d'Ëstat, dont il est et dont il se faict fort,
■ille en corps dans la dite assemblée de la province d'Hollande
dire, de leur part et de la aienoe, ce qu'ils jugent utile au bien de
cet Estât en cette occasion; mais Orenge a désiré que l'on at-
tende à voir ce qui se passera."
LBTTBE CCCCXCT.
RieheUéu à Chamacé. Opposition du contaUer-penàoBaire
de Hollande au Prince tT Orange.
*,* AdricD FiDw, (ISBG — 1SS3) Migncnr de HnmiMe, dspni* ISSl ccn-
■ôUïr-penÛDDiiiù'a ds li UollindB, «nplojj dans beanconp de miuioDi diplo-
■■tiqan, iodiiiah i an iccammodimcnt tiK lo ProriDos dànnin, ^Dt de
MU qui, d'aprîi In MtËU/irei de Tfédtne-Eeun, d&lroimt li Trêve, bo
quelque bçoa que ce put ttra. Apria la mort de l'Infinie iMbelle, ^ va-
vanbra, »In ratna, qui «loient de meilleoTea nuiioiM, remportèreat" et
In d^otA Belge* fnreot rxm.%të\h.
.... Il est aisé, sur ce que tous nous mandez, à ju-
ger que M. le Prince d'Orange est à ceste heure en Testât
qn'oD le sçauroit désirer, et qu'il agît pour le bien des
affaires généralles, comme une personne qui n'est plus
préoccupée de la passion, qui estoït maitreese, il y a quel-
que temps, de son esprit H est à propos que tous cou-
tinujez ainsy que tous Êtites tris-bien , à luy tesmoigner
la confiance que le Boj a en luy, l'estime qu'il fait de
sa personne, et que tous l'assariez que celle que Mon-
aeignenr le Cardinal fiiit de son mérite, [est] telle qu'il
désire Téritablement se joindre d'ane amitié trfes-estroitte
,,Googlc
avec lay C'est une chose estrange qu'un senl homme
soit capable d'aporter de si pnissans obstacles aox afiàires
et qu'il ayt tant de crédit pour mal faire. La résolution
que Pan avoit &it prendre à ceux de Holande, de ne
point tracter conjoinctement avec les autres députez des
provinces, avec M. le Prince d'Orange de la façon qa'on
doibt faire la guerre, est bien une marque de son pou-
voir et de la passion qu'il a pour le service d'Espagne.
M. le Prince d'Orange s'est fort bien comporté en cette
occasion, de n'avoir point voulu traicter séparément avec
les dits députiez de Hoknde, et de les avoir réduits
enfin ^ traicter conjoinctement avec ceux des autres pro-
vinces Si Pau continue à agir comme il a iîiit
depuis quelque temps, et que le Prince d'Orange de son
costé persiste dans les bonnes résolutions qu'il a prises,
il semble qu'U &ut nécessairement que l'un des deux se
rayne par la grande contrariété qui sera tousjours dans
leurs opinions; mais, pour mieux dire, ne feisant nulle
comparaison entre les deux , il sera absolument nécessaire
que M. le Prince d'Orange ruyne Pau, s'il ne veut per-
dre le crédit et l'authorité qu'il doibt avoir dans les
Etats 1 janvier 1634.
Le 6 JADvier 1634, Bicheliea écrit, de Buel, à Charnacé: „Voufl
avcE eu pouvoir, il y a longtemps, d'assurer M. le prince d'Orange du
contentement qu'on luy veut donner en ses affaires; voua ponvei en-
corea luy reoouveller; et en un mot, si tostque nous serons joints
par un bon traitté, on le satisfera effectivement et de bonne grftce,
sur les quatre points qu'il a désiré. Voua luy ferez comprendre;
au CBS qu'il TOUS eu parle, que si ou le faiaoit dès cette heure
avant un traittë, cela te rendrait sugpect, comme ayant eaté g^né
par le Roy, et ainsi on ne porteroit pas le respect que l'on doibt
à sea advis et il madame aa femme. II est trèa-certain que le Boy
a tr^grend désir d'aqnérir leur service, et Mg^ le Cardinal leur
amitié, c'est pourquoy voua devex faire tout ce que vous jugeras
nécessaire ponr parvenir à cette fin."
)'' Le 9 janvier, Chamacé écrit: „Je sçay qn'Orenge travaille à
gaigner Amsterdam , Dort et Rot«rdam, qui se Bont>touqouis moo-
strées contraires, aussi bien que passionnées pour le liceutiemeut;
,,.CoogIc
— 43 — [1684. JsDTisr.
anqnelles ohoMs H. Fan contiaue à faire ses menées, dod seule-
ment contre le Boy, mais aussi contre Orenge, qui commence à
tesmoigner ouTeitement à ses confidens luy vonloir mal; mesme
m'a convié de prier le président de sepmaine qae l'on face faire
exacte recherche de ceux qui ont envoie la copie de mon mémoire
à Bruxelles, paisqne mes commissaires ne l'ont pas fait avec «ssés
de chalenr; personne ne doubte que ce ne soit Pan, n'i aient en
que Iny de cet Estât à l'Espagnol Il me reste à tous dire qne
OrcDge m'a dit en confidence qne la principale raison qui a tons-
joura rendu Amsterdam et les antres contraires à nostre tnûtté, a
esl^ le désir passionné qu'elles ont eu de la trêve et l'espérance
que l'on leur a donnée artifîciensement, laquelle ponr cet effet U
a tasclié par tonts moiens de leur oster,"
LETTHE GCCCXCTI. •
M. de Sommdsdyck au Cardinal de RichéUsu. Commu-
nauté de but det Provinces- Unùt et de la France.
Monsetgoeor. Je ne sçay qui peut avoir men mon-
BÎear le baron de Chamaasay ' de se BoaTenir de moi en
ses dépeschea; car aj, à l'occasion de quelque reocontre,
il m'est arrivé de parler avec le respect qu'il se doibt
de la personne da Roy et des bonnes intentions de S. M.
au bénéfice de cet E<stat, ce n'a esté que pottr mieux
informer ceux d'entre nous qoî sembloyent ignorer com-
bien l'amitié de la France par le passé nous a esté utile,
et le peut estre encor d'avantage pour l'avenir, si la sça-
vons mesnager comme il nous convient, et non point ponr
autre considération ; d'autant qu'y ayant résidé avec sup-
port et réputation plusieurs années sur les lieux, en qua-
lité de leur ministre , je pensoy estre tenu d'en faire une
ronde déclaration, et par ma connoissance en mérite plus
de foy qne nul antre. Toatesfoîs, Monseigneur, puis qu'il
vous plaist m'advertir par vostre lettre que S. M. me
fiiict l'honneor de prendre quelque satisfaction de ce mien
procédé, et que vostre Eminence pareillement l'approuve
,, Google
et m'en sçait gré, je ne puis que je ne m'en sente gran-
dement glorieux et encouragé à embrasser toutes les oc-
casions qui s'offriront h nous rammener en mémoire les
devoirs de nostre commune gratàtade envers S. M., laquelle
a toujours tesmoigné un soin singulier et très-effectif au
bien et conservation de cette République , à la persuasion
et par l'induction en partye de vostre Eminence , au ju-
gement de qui tous sçavent combien elle défère; et mé-
ritoirement, après avoir reçeu tant de preuves de vostre
fidélité et prudence, que rien ne s'y peut adjonster et
dont les effects sont si admirablement grands, tant au
regard du restablissement de l'authorité royale au dedans,
qu'en celuy de la confusion et honte de ses ennemis et
envieux au dehors; de sorte que, ne voyant rien de pa-
reil es siècles passez, la postérité les prendra pour mint-
des plustost que pour histoires; miùs, sans m'estendre sur
vos louanges, qui passent la portée de ma plume, il me
suiGra, Monseigneur, de vous sapplyer très-humblement,
que, ponr l'amour de la France et de vons-mesmes, vous
daigniez nous départir voz généreuses intercessions à ce
que S. M. continue sa protection, bienveillance, et !»•
veors à cet Estât, sans vous arrester k quelque diversité
de sentiment qui se peut rencontrer en nostre présente
conduitte; car nous buttons tons à une mesme fin, qui
est, en nous bien entendant avec le France, de nous gnr
rentir de l'Espagne et des inconvéniens de nos incom-
moditez au dedans; ne varians, comme je croy, qne sur
la voie ik y tenir, ponr y parvenir avec plus de célérité
et de sûreté. Sy au reste, Monseigneur, en mon parti-
culier, je puis mériter l'honneur de vostre amitié et con-
fiance, qne j'estime snr toutf autre, je me sigueray de
mon sang, soubz vostre permission, Monseigneur,
de rostre Eminence
très-humble, très-fidèle et très-obéyssant serviteur,
FUNÇOIB d'aKBSSXN.
De la Haye, oe 9 janrier 1634.
,, Google
i£ d« Chamacé à Richelieu. La négociation avec U$ Etats
trtâne m longueur.
.... J'estais résolu de prendre demaÎD congé des
Eetatz, au lieu de leur parler plus de cette affaire, ad-
joustant que J'estois assearé que tont le monde tron-
veroït fort esirange ce procédé, qu'après tn'avoïr faîct
dire tout ce qui estoit de l'estendae de mon pouvoir
et eux donné des articles, ils vinssent regratter et chi-
caner sur des choses promises; qu'aiant l'année passée
reinsé absolument lenrs offres, je ne voîois pas des rai-
sons pourquoy il les doibve maintenant accepter, puisque
les affaires du Koj estoient en meilleur estât, et celles de
Hollande an contraire sembloient en quelque façon avoir
plos de besoin de secours et assistance estrangère. Â tout
cela il ne s'est rien respondn, sinon qu'il me prioit de
me donner la patience de voir ce qu'ils me répliqaeroîent,
qne peut-estre j'aurois plus de satis&ction , que cependant
je n'en devois point donner advis au Jtaj , de crainte que
cela estant pris pour une dernière résolution, le faschast
et ruinast tont Je luj dis que je ferois tonsjonrs plus
que cela pour son service et par son conseil, si je ne
reconnoissois que le désir de Pan et de ses adjoints estoit
de tenir l'affaire en longueur, pour voir si le duc d'Ar-
Bchot leur rapportera la satis&ction qu'ils en espèrent,
pour pois après se mocqner de moy, comme l'an passé;
que, si j'estois serviteur de l'I^pagnol , je voudrois les tenir
encore deux ans en espérance asseurée de paix , à la pas-
sion qu'ils en ont, sans jamais la conclure, les diviser
entre eux jusqnes à l'extrémité, et ruiner entièrement
Orenge de pouvoir; qne cette négotiation ayant désuny
Pau avec la Holande , et luy aiant donné la hardiesse de
le chocquer, maintenant qu'il y avoit si peu d'apparence
de paix, il estoit & craindre qu'ils se portassent au pis,
si elle estoit une fois. Sur tout cela et beaucoup d'antres.
,,Googlc
je confesse qu'il ne m'a rien dit qui reasemblast à ce qu'U
me disoit les jours précédents, et qu'il ne m'a pas beau-
coup satisfaict ; Quenut et Ârsens (qui fest bien plus croia-
ble en ce sujet) assurent néantmoins qu'il n'a nullement
changé, et qu'il a trouvé cette responce fort mauTaise.
Quant & moy, je ne sçay si c'est la peur que j'ay,
mais je croy qu'ils sont tous résolus d'attendre nouvelles
d'Espagne 16 janvier 1634.
LBTTBB ccccxcrm.
>.
Lé même um même. Le Prince if Orange t^^orce ctamsner
la conchmon du traité avec la France,
Monsieur. Aiant donné mes répliques aux Estats sur
leurs réponces, telles que je vous les ay envolées, j'allé
trouver Oronge, pour luy dire comme en conscience c'es-
toit tont ce que je pouvois faire, que je serois bien use
pour le bien commun qu'il fust agréé, mais qae, pour mou
particulier, je debvois désirer qu'il ne le fost pas, d'au-
tant que j'avois excédé mon pouvoir. H seroît trop long
de vous dire toute nostre conférence, mais la conclusion
fut que je me donasse encore an peu de patience pour
le Ifùsser agir , et qu'assurément il y emploieroit tout son
pouvoir pour le contentement du Roy et de Mg' le Car-
dinal. Comme de kit (je le sçay de très-bonne part et
comme si j'y avois esté) le jeudy il envola quérir tous
mes commissaires, que je vous ay mandé estre huit, deux
de Holande, Nordvick et Panv, et six des six restans,
où il leur parla une heure entière, comme s^ eust esté
envoie du Roy; ensuitte leur reprocha le péril où ils
mettoient cet Estât par leur aveuglée passion k la trêve,
et leur mauvais procédé avec S. M. , de laquelle ils ne
sçauroient marquer aucune chose en laquelle elle leur
ait jamais manqué; que c'estoit l'unique ami do cet Estât
,,.CoogIc
— 47 — [1884. Jmtm.
et le plus assenrî qae le ciel lear peut doimer, le Roy
d'Espagne aa contraire lenr implacable ennemi et éter-
nel; que néantmoins il voioit que les vaines espérances
qu'il donne, sont bien plus volon^ers escoutées et mieux
remues que les véritables promesses du Boy; ce qui Iny
semblant si déraisonnable et contraire au bien de son
pays, pour Fintérest qu'il y avoit, il estoit résolu de ne
le plus souffiir, et désiroit présentement Bçavoir leur ré-
Bolation BUT mon escrit. £t les six provinces consenti-
rent k tout sans réplique; mais Pau dit qu'il ne le vou-
loit absolument, ains que la Holande y contrarioît direc-
tement; Orenge repartit que ce n'estoient que quatre ou
cinq aveuglés de lear intérest privé qui n'estoient pas
raisonnables, et qu'il n'estoit pas juste qu'ils gaignassent
au préjudice du public; Pau répliqua que c'estoit toute
la province; sur ce contraste Orenge dit qu'il feroit voir
à Pau que non, et que pour cet effet il falloit assembler
les Estais de la Province. Ce qui ii l'heure mesme int
arresté Orenge repartit que, pour le faict de la
religion, cela estoit impossible, et que la Holande me
donneroît cent mil escus, aiSn que je m'attachasse à cela,
pour avoir prétexte de tout renverser; mais que, si le
Soy et Monseigneur le Cardinal s'en vouloient fier en
Iny, il feroit les choses sur ce sujet qui ne se peuvent
promettre. Je luy en ay demandé un mot de lettre à
S. E., dont le Roy seroit plus content et plus asseuré
que de tous les escrîts des Estats, mais il s'en excusa
et avec raison, y allant de l'honneur et de l'anthorîté
du dit Orenge , si elles estoient veues Le dit Gref-
fier m'a dit bien clairement que, si le Roy vonloit Iny
&ïre quelque bien, il le serviroit très-bien, mais il ne
désire pas que Eusquerque le sache
,, Google
ieS4. Juitier.] — 48
LETTRE CCCCXCIX.
Le même à Même sujet.
Monsieur. Je voos dîrû que, depuis mes dernières,
volant tous les jours Orange et sa femme arec tous les
respects imaginables, je ' pensé que pent-estre cela Iny fai-
soit croire trop de désir en moy du traitté, et trop de
nécessité au Boy de le faire; je cessû trois jours de le
voir, fis paier tout ce qui estoit deu, envoie à Rotterdam
retenir un vùsseau pour m'en aller, et n'oublié aucune
démonstration qui pust fiûre croire mon partement; adjon-
stant que j'spérois que quelqu'un de ce pays iroit bîen-
tOBt rendre la pareille au Roy du long séjour que j'ay
faict icy. Ce qui ne fut pas pris pour feinte. Orenge me
fit premièrement parler par l'ambassadeur de Venize en ter-
mes généraux ; je Iny dis setilement que je ferois tout ce
que je pourrois pour le bien public; après Orenge envoya
quérir Âersens et, luy mant donné des marques d'une
entière confiance , le pria de me voir et de m'arrester, s'il
estoit possible; je ne m'ouvris nullement au dit Àersens,
de crainte que, pour se remettre bien, il ne Iny eschap-
past quelque chose. Enân jeudy il m'envoia Quenut',
qui, après plusieurs complimens sur ce qui s'estoit passé
le dimanche, me dit que, si je n'estois content de son
procédé, et qae j'en désirasse quelque autre cbose, je
m'ouvrisse et, comme de soy, me conseilla, si j'aimoïs le
Roy, de voir Orenge, ce que je luy promis, et luy dis
en ami que je ne pouvois me plaindre de son affection,
croiant qa'il l'avoit entière, mais bien de ce que, puis-
sant comme je le sçavoîs, et voiant mieux que personne
la nécessité de cette affaire Ik, et la résolution bonne
des six autres provinces, il ne déclaroit pas assés ouver-
tement ses sentimens à la Rolande, particulièrement à
Amsterdam, qui estoit pins contraire, et néantmoins pins
obligée à Orenge, chascun sçachant bien que le magi-
' j"»i. • de Knuyt.
,, Google
— 49 — [1834. Janvier.
strat, qm n'y subsiste qae par son autorité, n'oseroit
avoir pensé i. contrarier Orenge. Qu'ainsi je le priois
de leur Ëiire sçavoîr ses sentimens, en termes signifiant
sa haine, s'ils ne les suivent. Qu'en outre il allast aux
Ëstats-Généraax et à ceux de la Holande parler claire-
ment et ne pins balancer; qu'après cela, quoy qu'i arri-
vast, je n'aurois plus rien à dire , et que le ïCoy et Mon-
seigneur le Cardinal luy en sçauroient pareil gré que si
la chose avoit eu lieu.
Avec cette préparation je vins voir Orenge et, i^rès
deux heures de contrastes, d'esclaircissemens , et de di-
verses ouvertures, je m'arresté à ce que j'avois dit le soir,
& quoy il consentit et fit en plus qu'il ne m'avoit promis.
Premièrement il les envoia prier de luy députer de cha-
cune province, et sept on huit de Holande, avec ceux
d'Amsterdam, furent quatre heures k les cathéchiser sur
les bonnes volontés du Roy, et la nécessité qu'ils avoient
d'en prendre les effets; puis, leur aiant dit nettement d'en
conférer, [aller à tous les deux]. Et sur le champ, de dix-
neuf voix qu'a la Holande, dix se déclarèrent, avec les
six antres provinces, à ce qui suit, que les trouppes
seroient entretenues, qui est beaucoup.... Four ce que
il est de la religion, il m'a dit qu'aiant voulu en par-
ler seulement en passant et pour lé sonder, ils s'estoient
cabrez de telle sorte, qu'il avoit jugé de ruiner en-
tièrement l'aââire et luy surtout, puisques ce seroît le
perdre et le rendre entièrement inutile et incapable de
pouvoir jamais servir le Koy, en l'opinion où l'on est
desjà sur ce sujet; qu'outre cela j'avois fait tous mes
efforts là-dessus et les avois cessé dès l'esté passé, qu'il
ne sçavoît pas pourqnoy cette nouvelle proposition La
femme d'Orenge est autant passionnée pour le Roy et
"MP. le Cardinal qu'elle a esté contre, et, comme il y
a quelque jalousie entre elle et la veufve du Palatin,
peu de choses les mettent en pique. Elles en eurent une,
sur ce que la femme d'Orenge disoit à l'autre qu'elle se
deroit mettre et ses enfans en la protection du Roy, à
,,Googlc
16S4. JuTiBT.j — 50 —
qaelqne pris qne ce ftist, si elle Touloit sauver quelque
chose, n'y aiant aajonrd'huj que )ay as moDde qui sçaut,
peust, et Tonlmt secourir aes amis; qu'elle voyoit bien
que d'Angleterre il ne fidioît pins espérer rien; elle est
b^satis&icte des lettres qne le Boj a escrittes en Alle-
magne.... 23 janvier 16S4.
■- Le 23 janvier Chainsc^ écrit: „]e confesse qne j'ay trouvé aa
peu estrange que l'on ait donné cognoissance à Euiquerqae de ce
que à quoy le Boy se relascfaolt, d'entant que lay ï'aiant mandé
au greffier, qni, je croï, l'a ditàOrenge, quoy qu'il jure que non,
il fut cause que, le lendemaiD dimanche, Orenge le prit d'nntoD
ai hanlt avec moy, et en eut raison et sujet de se défier de moy,
qui tny disois oontinaellement que la passion que j'avois pour les
affaires d'Allemagne me faisoit oonseatir à des choses, sinon contre
mes ordres formellement, su moins fort esloignées. Orenge avoit
impatiemment monstre désirer sçavoîr la responce du Boy touchant
Aix-la-chapelie, laquelle luy aiant ditte, il en a monstre du des-
plaisir, et s'est efforcé deux ou trois foie de m'en faire voir l'uti-
lité, me priaot tousjours d'en escrire, d'autant que le Roy regret-
tera un jour de ue l'avoir pas faitte."
'- Le 30 janvier: „ Orenge n'a cessé depuis de me perenader de
parler autrement. Daox fois il m'a envoie quérir, et autant faîct
visiter par M. Quennt et par Aersena, qui commence si bien à
se remettre que, si cenx qui serviront le Boy en Hollande y con-
tribuent ce qu'ils pourront, il y a lieu de croire qu'il y sera très-
bien et pourra beaucoup nuire aux Arminiens, qui est autant à
dire aux Espagnols. L'un et l'autre m'ont tant fait voir d'impos-
sibilités à passer le traitté selon les termes de mon escrit, qui n'i
aiant aucun lieu d'en espérer la conclusion, pour Irais choses par-
ticulièrement que je diray icy après, uoos réaolusmes tous enseok-
ble que j'enverrois promptement vers vous, pour vous informer de
l'estat des choses, et que cependant l'on tiendroit tout en suspens;
mais depuis il s'est rencontré autre chose qui a empesché l'effet.
C'est que le greffier Mus ', que je sçay fort bien intentionné et que
l'on tient assés véritable, est venu trouver Orenge et puis moy,
séparément et au desceu' l'un de l'autre, nous a juré, sur la dam-
nation de son ftme, qu'il luy est venu un homme de Bruxelles, de
la part de quelques uns très-affectioiinés à Oreuge qu'il n'a voulu
I C. AloMb, greffier da EtiU-G^néniui. ■ 1 rima.
U,g,t7cdb/GOOgIC
nommer, pour lay donner advia que la plénipotence estoit renae
d'Espagne pour A^rtone' et un autre qn'ila euverroient dans huit
jonrs."
Le 10 Un., on â:rit de Faris à M. de Charoacé: „I1 eat im- i
posaible de roua donner des ordres aaaenrez aur tous les change- '
mena qui arri?ent de jour à autre, but les irrésolutions de ces
Messieurs, dont on ne peut faire autre jugement d'abord, sinon
qu'il semble qu'ils aient intention de prostituer les int^rests de
toute la chrestientë, pour avancer les leur, au goost de ceux qui
sont ga^ez par l'Espagne."
Le 13 févT. Chamacé écrit de la Haye: „Le Prince d'Orange, ■
Quenut et Âraens, cbacnn selon son pouvoir, et la condition oil '
il est d'agir, ont agy, comme s'ils eussent esté envoyer da Boy.
La princesse d'Orange mesme a envoyé quérir ceux de la ville de
Délit, qui semblent nous escfaaper, lesquelz elle a toujours affec-
tionnez et grandement assistez, pour estre le lieu de la naissance
dn Prince d'Orange, et lenr a dit pour moy tont ce qu'elle pour-
roit faire pour làire son fils prince du pau; mais jusques icy nous
ne voyons pas que l'on puisse faire passer les deux poincts de la
religion et des intérêts du Boy, au contentement de S. M."
Le 20 févr. : „L'on parle fort de la bourasqne qu'a eue Bou- i
tard avec la Boyne de la Grand' Bretagne, que la Princesse d'O- '
range dit qu'elle a appellée plusieurs fois, en présence dn Boy
mesme, petit coquin et petit maraut; qui n'est pas trouvé chose
fort convenable & sa personne ny à aa dignité."
En mars: „Je vons diray que j'sy eu grand prise avec Orange i
anr le ùâi de Hauterive, m'ayant déclaré qu'il ne pouvoit con* '
sentir qu'il fiit chassé de ce pais; y allant trop de son authorité,
l'Anglois pouvant un mois après demander la mesme chose."
Le 3 avril: „Orenge estant revenu des champs, et atantvenle i
courrier, il trouva à propos qu'on différast de faire s4;avoir le "
retour dn courier, jusques à ce que l'assemblée d'Hollande fust
•éparée, qui seroit vendredi ou samedi passé, que cependant je
luy disse ce que le Boy désirent, afBn qu'il dispoaast les choses à
Iny faire avoir contentement^ jeudi je luy en fia quelque ouver-
> le Harqnii d'A/totu (p. 62).
,, Google
1634. riiràr.] — 52 —
ture, mois le trouvant merTeilleii sèment aig;ri sur toutes choses,
me persuadant qu'il estoit en mauvaise linmeur d'autre choae,
j'alongay le discours en di^rressions et changemena de propos. Le
lendemain je le revis, et luy ayant parlé de l'affeire d'Hauterive,
sur laquelle il s'emporta de telle sorte, et dit des choses qui me
picquèrent si fort, qae je confesse que, si l'affaire n'eust touché
qu'à moy, je l'eusse rompue absolument, quand j'eusse deu périr;
et d'autant pina que le lendemain, allant disner à deux lieues
d'icj, entre tous les François qui sont en ce pais, il ne choisit
que celui-là. Hier estant de retour, il me dit nettement qu'il ne
falloit plus parler qu'ils le fissent sortir d'icy, et que les I^lstata
ne le feroient jamais de son consentement ; qu'an reste, s'il y avoit
an mot de changé aux articles qu'ils m'avoieut donné, ila n'es-
toient plus obligea de les accepter, et ne pensoit pas qu'il le fis-
sent J'ay emploie Aersens et Vosberg', pour voir s'ils pourroient
gaigner quelque chose sur luy, maïs cela n'a de rien servi. Aussi
je n'ay pas trouvé qu'ils y aient agi comme il falloit; Orenge
m'aiant dit qu'ils luy avoient conseillé de ne le pas faire, ce qu'ils
nient 1 maïs toutesfoia ils n'ont pas voulu que je l'aye dit en leur
présence."
Le Comte Henri- Casimir à M. Rivet II détire un minietre
pour VÉgUse fran^oite à Leeawarden.
*,* Hniri-Cuimir, (1611 — IB40) iTOlt sncciiU, comme Sttdhander de !■
FriM, à lOD pire ErDCat-Cosîmir , tuf >d lii^ de Kuremoade le 6 jnin 1638.
André Kiirït (1673— 1617) dJ cq Poitou, cflèbre et pieu Ibfclogicn, jafm-
dcDt do SfDode DitioDsl en France i Vitré eo IBIT, éLoit, depuii 16S0,
profenenr i Leide. — Le 22 dfe. 1628 le Comte lai écrit de Groningoe;
„Voitre lettre ■ esté fort aggiésble à moo frère * et i ma;. Non) TO70D9 par
11 que la considéntion de vdz occapatlons o'a pn empêcher le deasdn de Toatre
«Section, dont noua avona tirez aaaei de preave et d'asKoraoce durant nosfre
■éjonr i Lejdeii et en recevona dea nonrellea par le reMenliment qae témoignez
avoir de Dtutre perte et par lea voeux qn'eaTofei an Ciel pour noatre bien et
proBpJrilé. Diea vom veuille exaucer et noiu raîre la grftce de nous jvQvoir
rendre capablea d'eatre employa pooi muntenir aon ^liae et noatre patrie."
MonBienrl Messienra les Estats de ceste Province ayants
,, Google
. 53 -
[16S4. Féniar.
trouvé bon de faire presclier la parole de Dieu en ceste
ville icj en langne firauçoise, désirent fort d'estre ponr-
veas d'ao habile homme poar servir ceste Eglise qui se
va former, de ministre, comme de mesme je soahaite
de tout mon coenr, et pourtant me sois enhardy de voos
importuner et prier fort humblement de vouloir me &ire
la faveur et contribuer qaelqne chose à l'avancement de
ce bon dessein, nous assistant de vostre bon conseil et
addresse, de la sorte que puissions trouver une personne
tant saine en doctrine que capable ^ bien former et fon-
der ceste église nouvelle, d'autant qu'il n'est de peu d'im-
portance quel personnage y vienne mettre la première
main. Me fiant doncques en vostre bon zèle et prompte
volonté pour des semblables choses touchant la gloire de
Dieu, j'attendray de vous un petit mot de tesponse; vous
asseurant que n'en obligerez pas seulement messieurs de
ceste Province touts ensembles, mais aussj et plus estroi-
tement celuy qui ce va signer pour jamais. Monsieur,
vostre bien humble et très-affectionné
HENRT COHTE DX NASSA.U.
Lewarden, ce */„ de février 1634.
M. de Sommeiêdyck à M. Seiifft '. Traité atiee la J^ance.
Le 15 iTtil tai ngnf i U Haye le Tnilj, pir lequel le Roi s'eiigige
inbdde uidiwI de 3,300,000 lifrc*.
Monsieur. Avant-hyer, sur les xi heures du soir,
fut conclud le traité d'alliance entre m' de Cbamacé et
les députez de messeigneurs les Estaz pour le terme de
sept ans, auquel les ans et les autres trouveront leur
' Jtan Heufll, éUbli à Firii, oil, ptf m relitioiii, il ponToit wrni le
PrioM et 1m Etirf*-Gài£nu (f 1S51).
,, Google
1584, Aïril.] — 54 —
compte, car toat y est fort bien réglé. J'en loae Diea,
qui par ce moyen nons a retirez d'an mauvais train et
nons a remis en la voje de salut, sy nous voulons estre
gens de bien et reprendre les vieilles maximes de nos
pères à loger tonte nostre seureté dans les armes. La
France aussy peut se vanter de nons avoir ramena de
très-mauvais désirs, qui an progrès nous eussent portes
dans un accommodement avec l'Espagnol; miùs mainte-
nant nous sommes senrs de rompre toutes les menées et
d'avoir nostre recours à ta continuation de la guerre, la-
quelle, si elle se mesnage avec la foy et vigueur qu'il
convient, nous peut aSranchir de toutes noz incommodités
et craintes, car le peuple est riche et libéral, et a eir
qnasy généralement une aversion contre le traité avec
l'Espagne ; de fait il ne s'est guères veu que d'Arminiens
qui se soient opposez anx propositions de la France, la*
quelle ils taschoient de noua figurer plus dangereuse à cet
Estât que l'Espagne mesme, tant-ont-ilz dégénéré de nostre
ancienne probité. Monseigneur le Prince d'Orange a puis-
samment aydé à faire accepter ceste alliance et, sans son
intervention et sages persuasions, nous dissions touBJours
restez en irrésolutions, espérans qu'il fîist venu quelque
nouvelle ouverture d'Espagne, ce qui cessera désormais
au moyen de ce traitté, auquel m' de Chamacé s'est
employé avec grande dextérité et patience. J'avoue que
j'ay parfois désespéré du succez de ceste affaire et m'es-
tonne de ce que l'Espagnol a esté sy imprudent de ne
noua avoir fait parler de trêve en aucune sorte, puis qu'il
est assez bien informé de nostre constitution; car, s'il en
eust autrement usé, il nous jectoit sans doute en partia-
lité , qui nous devoit rendre inutiles k toute action dehors
et dedans. Certes M^' le cardinal de Richelieu se peut
vanter de nous avoir arrachez d'entre les bras des Es-
pagnols, où l'imprudente passion de plusieurs pensoit nous
jecter, et ce sera une de ses plus grandes gloires de nous
avoir ou conservez ou reatablis dans l'amitié du Boy. De
fait ceste nouvelle confédération renouvellera eti nons la
,, Google
- 55 -
[1034. A>nl.
hayoe contre l'EspagDol et le soin de mesnager mieux
nos alliez. Dans peu de jours on doit aviser à ce qai se
pourra entreprendre ceste année, et partant il sera k
propos qu'on nous advance aoe partye du secours, afin
de noos fiiciliter les moyens, tandis que les provinces
s'esmettront k trouver nouveau fondz, de quoy elles s'em-
pescbent assez. L'Espagnol n'a rien de préparé que sa
cavallerye, qui est forte et tonne, m^s apparemment
voudra attendre qne commançions les prenùers; et tant
qu'il est si fort en cavallerye, il sera très-difficile à son
£x" d'entreprendre rien de grand , encores qu'il ayt bonne
volonté à ne demeurer les bras croisez. Les affiûrea
d'Allemagne ne me plaisent pas trop, voyant que les
Princes et les villes à nostre party se laissent surprendre
k des jalousies et envies dont l'Empereur prendra son
advantage pour les diviser et affi>îblir. H &ult attendre
ce que produira l'assemblée à Francfort, car j'ay peur
qu'enfin tout ne s'esdatte contre les Suédois, sy le Boy
ne prend plus de soin et meilleure satisfaction d'eax, ce
qu'à mon advb il doit fiiïre voyant le party de Valestin '
ruiné et Bavière plus estroitement lié avec l'Empereur.
La ligue forme une armée sar nos confins assez forte
pour esloigner et renvoyer vers le Lecfa. Lunebnrg et
Hessen. D'ailleurs il se parle que le Roy de Foloîgne
est d'accord avec le Moscovite et délibéré à reprendre,
la trefve finie, qui ne dure plus qn'un an, sur les Suédois
les conquestes que cy-devant ilz ont faites sur la Poloigne,
et partant il touche au Roy d'avoir l'oeil an train que
prennent les affiiires en l'Ihnpire, et, s'il se pouvoit trouver
quelque expédient de retirer Monsieur frère du Koy ' des
mains des Espagnolz, la France et cet Fstat en seroient
mieux assenrez pour l'avenir. On va penser à bon essîent
au soustien de la compagnie des Indes Occidentales, vers
où s'envoyent quelques compagnies, en attendant une plus
vigoureuse et libérale résointion, de laquelle il sera plai-
nement trûtté en l'assemblée de ceste province, qui se
■Wallsiutaii. *GutoDUiicd'OrKiDB. DcpoiiDDTonbnlOSSilaniitqDittéUFniica.
,,.CoogIc
1684. Atril.] — 56 —
tiendra au second jour de may , comme aussy de trouver
un ambassadeur pour résider en France. Cest tout ce
que je tous puis dire. . . . [La Haye].
LBTTRB mu.
t.
Le même au Cardinal de Richelieu. Même ttyet.
Monseigneur. Yostre prudence a enfin obtenu que nous
sommes tenuz au Roy de la salvadon de nostre Estât,
lequel, sans le support de son alliance, alloit le grand
train k un accommodement avec l'Espagne; encor y-a-on
assez long temps donté au choix, tant estoyent les affec-
tions de plusieurs prévenues à désirer le repos; mais
monseigneur le prince d'Orange, ayant meurement con-
sidéré l'artiâce de noz ennemîz, et qu'il nous est plus
senr de mettre après Dieu nostre salut aux armes et an
mesnage de noz alliez, il a persuadé aux Provinces, qui
^ bon droict défirent beaucoup à son jugement, d'accepter
les conditions que S. M. leur avoit faict présenter, et
de perdre la volonté de tracter avec l'Espagne, laquelle
avoit sy bien prins ses racines qu'elle n'a peu estre ar-
rachée sans grande contestation; et d'autant plus en re-
vient-il de gloire ^ vostre Ëmînence , qui a sceu si bien
prendre le temps et les mesures h nous rammener de
nostre desvoyement; monsieur le baron de Cbamacé vous
rendra conte de sa négotiation, en la conduîtte de la-
quelle il s'est comporté avec beaucoup de prudence et
de patience, qui luy ont enfin ouvert le coeur et la con-
fiance de monseigneur le Prince, lequel a une ferme dé-
libération de se tenir lié et bien entendre avec la France.
Cest aussy & vostre Ëminence h, mesnager la tendresse
de cet Estât, et l'imprudent aveuglement duquel l'Espa-
gnol a esté frappé, qui n'a sçeu faire son proffit de noz
irrésolutions, tandis que l'Allemagne luy crie ^ l'ayde, et
n'a pourveu à rien. Pleust-il & Dieu, Monseigneur, que
,, Google
— 57 — [I6M. A»ta.
vous et noas peussions convenir it noas affranchir poar
une bonne fois de ta jalousie d'Espagne, en le déchas-
sant des Pays-Bas, ce qui ne dépend que de nostre vo-
lonté; car, en Testât où sont les affaires, ne faadroit ni
grand' despense, ny grand' feçon, principalement sy on
se vent servir de Suédois; car les ennemiz n'ont ordre,
moyen, ny amiz; et n'est à propos de leur en lùsser
&ire, en les nous soustrayant. Vostre Ëmînence les a es-
sayez en Italie, vous en avez autant faict en Lorraine;
et tont a fleschy, quasi sans opposition; pour tontesfois
assenrer voz conquestes et vostre repos, il n'y a que de
se résoudre & une guerre ouverte, en laquelle cet Estât
employera volontiers ses derniers effortz, qui ne seront
point à mespriser. En attendant que cette prudence nous
prenne, Je me donneray la liberté de recommander deux
choses à vostre Ëminence, la première de nous procurer
an plustost l'aggréation de S. M. au traitté de M' de
Cbamacé, avec la réelle prestation de ce qui y est pro-
mis, afin de fermer la bonche à ceux qui désirent nous
esloigner de l'amitié de la France; l'autre de donner
quelque secours ^ la compagnie des Indes Occidentales,
le mûntien de laquelle est capable de nous entretenir en
hostilité avec l'Espagne; mais ceux qui buttent & on ac-
comodement, travaillent soubz main à sa dissipation, en
luy ostant ou traînant les aydes nécessaires. Au reste.
Monseigneur, vostre Ëminence pourra apprendre de M.
de Cbamassay de quelle &çon je me suis employé à faire
réussir son traîcté, en qnoy je n'ai en pour but, que le
contentement du Roy, et le saint de cet Estât; et ne
prétendz pour récompense que l'honneur de vostre ami-
tié, et que me croyiez, Monseigneur,
de vostre Ëminence
trës-humble, très-obéyssant et trës-âdèle serviteur,
PBAN9013 d'abrssen.
De la Haye, ce 2 avril 1634.
,, Google
LBTTBE Bm.
is.
Lt même à M. HaiffL La France doit attaquer viffùurwttment
PEtpafftie dans les Pays-Bas.
*.* AsnMni d£fdopp« Eet Iw conùiJntioDg qai uninirait bi«ntA( uns
pl<u Aroibi sUiinoe antra Lonia XIII et lu Suu-6jo^di.
Monsieur. J'ay fait veoir à Monseignear le Prince
d'Orange seol voz lettres dn 25 et 26 may, avec prière
d'en mesnager le snbject, en supprimant le nom de l'an-
theor, jcsques & ce qu'il soit temps d'en recueillir le
fruict à Tostre avantage; ce qu'il m'a promis, et vous
devez vous en tenir asseuré. Il loue vostre affection à
l'Estat, et en approuve la condnitte, désirant que vous
continuiez soigneusement d'entretenir cette correspondance
avec M. de B. ' afin de mener ^ son effect les espérances
qn'il vous donne, en m'advertissant de temps en temps
de ce que vous y aurez avancé, sans vous en remettre
à la négotiation des ambassadeurs qui vont par del^, car
U a opinion, et elle est vraye, que souvent on s'ouvre
plus librement d'une délibération !t un anty particulier,
qu'il des personnes publiques, qui trtùctent avec cérémonie
et réserve, et puisque M. de B. voit les afl^iires au
fondz, il en pourra abréger les longueurs, en vous dé-
clarant rondement leurs intentions, lesquelles ne doivent
estre cachées ny déguisées entre ceux qui confèrent en-
semble d'un mesme but, auquel tout l'honneur seroit au
Boy seol, et à nous le bénéfice de nostre seureté et
subsistance, pour eu estre tenuz à S. M. et la laïre ga-
rentir an moyen de son ayde et protection, sans qu'il y
ait matière de soubçon, ny de jalousie de noz forces, car
l'ordre de nostre gouvernement n'a et ne sçanroit avoir
rien d'ambitieux, et, n'éstoit la crainte de tomber en la
subjection du Boy d'Espagne, qui se tient irrévocablement
offensé de nous, nostre foiblesse poroistroit aussytost
' BallioD, minjiln d'ÉUt (f IMO).
,, Google
— 59 — [1884. Jaia.
Mais, pour retourner au contenu de vok lettres, Son Esc.
tient que la vraye et plus courte voye de raTalIer la
grandeur d'Âostriche , en relevant celle de France pour
tont jamais, seroit de rompre avec le Boy d'Espagne, et
de rassalllïr vivement, et conjointement avec nous au
Pays-Bas, de qaoy dépend l'événement de la guerre qni
^entretient avec tant de variations en l'Empire. I/entre-
piînse n'est ny hazardense ny longue; trois ans et moins
en feront l'eâéct; il n'est pas question d'y prendre ville
après ville, ains comme touttes à la fois, sy concertons
bien noz desseins ensemble ; car, sy empeechons que rien
n'entre ny sorte des Pays-Bas, comme il est aysé de
faire, la disette de touttes choses les forcera de se ren-
dre; il ne reste que d'achever ce pea qu'tlz tiennent encor
snr la Meuse; et lenr oster quant et qaant la mer, en
mettant d'entrée du jen le siège devant Duynkerke,
ville foible et nullement tenable, et seroit nécessaire de
commencer par-1^, pour faire perdre la mauvaise vo-
lonté à ceux qui ne voyent pas de bon oeil la grandeor
de la France, et tascheroyent de la traverser, sy lenr
en estoit laissé dn temps. Son Ëxc , estant d'accord avec
le Boy, ponrroit mettre en campagne plus de trente mil
hommes de pied et de six à sept mU chevaux, et don-
neroit tel ordre par mer, que de ce costé 1^ on n'anroit
de part ni d'autre rien à craindre; voUà les forces que
cet Estât pourroit employer, et, sy la France avec qod-
qne effort s'y vonlloit engager avec une armée de vingt
et cinq mil hommes de pied et de quatre mil de cheval ,
le train de Fartillerye proportionné à cela, il seroit facile
de renverser le Roy d'Espagne, en cette saison que ses
penples s'ennnyent de ses désordres, voyent les grands
et natnrelz du pays opprimez sans cause, et pour avoir
parlé pour lenr soulagement, qui seroient bien ayses de
changer de condition, on en tout cas ne sçauroyent ré-
sister à l'aggression de la France et de la nostre ensem-
ble; car il ne leur vîendroit plus aucun secours d'hommes,
de vivres, ni de monitions, puisque la plus saine et la
,,Cooglc
1684. Joia.] — 60 —
plas voisine partye da l'Allemagne est à nostre dévotion ,
et ne peut espérer aacan asseuré repos que par le des-
logement des Espagnolz ; lequel une fois procuré, la France
se trouToroit remontée h sa primitive gloire et puissance,
sans avoir plus besoin de regarder arrière, ny de crain-
dre de pareilles secousses qu'elle a par le passé reçeues
des Pays-Bas, d'où à moins de rien peut estre porté une
armée de cinquante mil hommes jnsques aux portes de
Paris, d'où aussy on peut former des partiz et de la
division au dedans, par où la France a esté tenue basse
et en trouble ces derniers cent ans. Mais cela vuidé
pour le repos commun , en ce temps que l'Espagnol man-
que d'ordre, d'argent, d'hommes, de che&, et que le
bon party en Allemagne a l'avantage partout, S. M.
pourroit prendre cet Estât en une alliance perpétuelle,
comme nny plus estroittement ii ses intérestz qu'aucun
antre, ponr s'en servir par mer et par terre, et mettre
aussy l'Empire en telle posture , qu'en ayant exclu l'ambi-
tion de ceux d'Autriche , elle n'anroit qu'à en espérer
toutte amitié et avantage ; tellement qu'il ne luy resteroit
qu'à régler l'Italie, laquelle, pour le désir qui luy tient
de recouvrer sa liberté, seroît fort contente de dépendre
de ses couseilz. Mais je vay trop lotn , et en reviens ,
sachant que la France connoist mieux ses intéretz que je
ne sçauroy lui représenter, pour dire que la rupture avec
l'Espagnol, seroit nostre sauvement et settreté commune;
et partant que je vetix espérer cette résolution de la pru-
dence de monseigneur le Cardinal, que nous seconderons
de tous noz efforts et de bonne foy; et ainsi serons nous
délivrés de l'appréhension en laquelle nous tient la de-
meure de Monsieur ' à Bruxelles, laquelle en fin nous fera
du mal ^ tous deux, voire à toute la Chrestienté, sy
Dieu par sa bonté n'en ordonne autrement; car, eu cas
de changement, les Espagnols ne le lurroyent jamais
partir sans avoir bien capitulé avec luy, au regard de
l'Italie, de la Lorraine, de l'AUemmgne et de nous; ce
' le Dm d'Ortéuu.
,, Google
— 61 — pes*. JaiD.
qui est maintenant en nostre m^n de prévenir, 9j usons
bien des occasions, de peur que oe rencontrions point en
une aatre saison one disposition tant favorable; avec
qnoj je tous diray, confidemment mais véritablement, qne,
pour faire perdre k plnsieors de nous le désir du repos,
il est nécessaire de leur ouvrir l'espoir de la fin de la
guerre par la conjonction de la France, sans quoy, croyez
moy , ils ne cesseront jamais de toujours porter et forcer
les afiaires et les volontez à quelque accommodement avec
l'Espagne , car ilz crient incessamment qu'ils ne voyent point
de fin k la guerre, qu'ilz sont espuisez de moyens, et
qu'il n'est point expédient d'attendre que mangeons le
dernier sol; c'est pourquoy on doibt tascber de les en-
gager plus avant; mais sy l'estat du Roy n'est encor pré-
paré ay disposé pour prendre cette vigoureuse détermi-
nation, en tel cas vous ferez bien, Monsieur, de tenir la
nuàn k ce qu'on nous secoure extraordinairement d'un
gros de bonne cavallerye et de quelque corps d'iniante-
rye, pour six ou sept mois, pourveuz de paye pour pa-
reU temps. S. M, venant à les lîcentier, il s'y pourroit
trouver qnelcnn lequel les preodroit aussytost au service
de cet Estât, pour les faire aussytost marcher et passer
par terre au rendé-vous que son Exe. lenr feroit donner,
lequel attendra vostre response, qu'il vous plaira me faire
avoir de sepmaine en sepmaine, sans vous arrester à ce
qui sera &ict ou traicté avec les ambassadeurs, qui ne
sçauront rien de vous , et son Ëxc. tous sçaura gré de
Toz offices et correspondance, comme elle a désiré que
je vous asseurasse de sa part Mais quant au gros, de
&ire la guerre ensemble au Roy d'Espagne, ou de la
faire plus puissamment senlz, sydez d'un extraordinaire
secours de S. M.; du partage des conqueates, et de la
religion catholique à y maintenir, messieurs les ambas-
sadeurs, qui font estai de partir jeudy prochain, sont
plëuement instmictz et autborisez pour en traicter et con-
venir; poussez cependant ces afiaires auprès de M' de B.,
en Iny fiûsant comprendre qu'il vaut mieux de fiiire à une
,,Cooglc
1<U. Jajn.]
• 62 -
fois , que d'aller par reprises et eu masque contre le Boy
d'Espagne, qui ne [feindra *] jamais de rompre avec la
France, sj le jeu lay dit; car, si continuons an train oit
Doos sommes, il sçanra le moien d'endormir jioz armes,
qne nous n'endosserons plus, sy une fois nous les mettons
bas; ce qoî a évidemment paru an traicté de la trefVe,
pendant lequel on a et négligé et mesprisé Tamitié et les
offiree de la France , espérant de s'accommoder arec l'Es-
pagne, quoy qu'il ne demandast le repos que pour l'em-
ployer à l'oppression de noz alliez, pour par après retour-
ner contre nous, avec un redoublement de ses effortz.
Ces bumeors nous tiennent encor, et M' de Charnacé le
sçait très bien , et n'aura failly d'en fiùre son rapport ; la
guerre seule nous en peut tirer. Le marquis d'Aytona
faict paroître n'avoir dessein que de gagner ta saison sans
action; sa cavallerye, en quoy il est pins fort que nous,
est par fois condnitte de lieu à antre, a£Q de nous tenir
en jalousie, mais il est foible d'in&nterie. Monseigneur
le Prince d'Orange a tout son faict preet pour marcber,
et sera ayse d'apprendre an plustost ce que le Soy déli-
bérera de faire. Il a esté descendu mil à douze cens
Espagnolz à Duynkerke, qui ont passé par mer sans ren-
contre, cela fait crier le peuple; on est après à y mieux
pourreoir pour l'avenir et travaille-on diligement an taict
de la compagnie d'assurance que les provinces désirent
veoir estably, m^ je ne pense pas qu'on en convienne.
Son Ex" relévroit avec vigueur cet affaire, et antres,
s'il avoit l'honneur de la conjonction du Boy en la
guerre, car il est piqué de cette ambition. On recom-
mande aossy le maintien et l'aide de la compagnie oc-
cidentale. En Allemagne tout va encor assez bien; maïs
la France doibt tenir la main que les alliez ne s'y sé-
parent point On est ici fort tenu à M' de B. de la
&cilité qu'il apporte à nostre payement, ce qui ne sera
point onblié; travaillés-y, s'il vous plaist; vous me ferez
&veur de l'assurer aux occasions qne je suis son très-
,, Google
— 6d — [IBM. Juilbl.
humble servitear. Sur ce vous baise les loaiiu, Monsieur,
et me signe
Tostre servitear,
PKAN90TS d'aï
De la-Hajre, ce 6 juin 1634.
liBTTKB mïïV.
Li même au Piince ^Orange. Néffociatiotiê avec ta /V-onee.
Monseigneur. Le mesme jour qae V. Ëxc partit de
cette ville, je fus advert^ que mon premier pacquet, au-
quel estoit Joint le vostre pour M. Knajt, avoit esté prins
par des soldats tout proche d'Anvers et porté au Gou-
vemeur du chasteau, sans que j'aye apprins depuis ce
qui en a esté &ict, sinon que le marchand auquel il avoit
son adresse, l'estoît allé redemander, mais qu'on a faict
desraliser depuis, avec ordre exprès, tes messagers ordi-
naires. Cela me faict entrer en opinion, qu'Q aura esté
ouvert. Le second a passé sans rencontre , qui estoit plus
clair et résolu, au lieu que le premier ne faisoit que
discourrir et marchander des conditions. Cest toutesfbîs
un grand malheur, car le dessein en est desconvert, mais
cda u'empescheroit pas de passer outre, sy seulement la
France se voulloit résoudre, dequoy les premières lettres
esclairciront V. Exe J'ay anasy adver^ à Paris de
trouver nouvelle adresse, d'autant que l'ennemj fera ob-
server les voyes ordinaires, pour descouviir la auitte de
cette prattique. On estoit fort en attente à la cour de
k responce de Y. Exe., san? qu'on y vueiUe entrer en
a&ire, avant qu'elle vienne; comme vous verrez par ta
jointe. (Taj aussy parlé avec aucuns de mes amis de
l'espérance qu'il y a de porter la France à de plus forts
conseils, sy les ambassadeurs ont de temps assez à la
mesnager et partant qu'il n'en &ut pas précipiter le re-
tour. Sy cette proposition part de la Grenéralité, à quoy
,,Googlc
lUM. Juillet.] — 64 —
on doibt travailler, ils se chargeroot volontiers de la se-
conder à leur possible en l'assemblée d'Holknde, où la
conjonction des armes de la France avec celles de cet
Estât doibt estre affectée à nostre pleaière délivrance , en
un temps auquel un chacun se plaint du danger et de
la despence. Je prie Dieu, Monseigneur, de bénir les
conseils et desseins de V. Exe de prospérité et vostre
personne de parfiûcte santé et de longue vie.
De vostre Ex" très-humble, très-obéyssant
et très-fidèle serviteur,
PKANpOYB D'aBBSSBH.
De la Haye, ce 14 juillet 1SS4.
LBTTKB mV.
Le même au même. Même tujet.
Monseigneur. Je vous manday hier ce que j'avoy
apprins de l'interception de mon paquet La cy-jointe,
reçue au matin, en fera veoir & v. Exe. la confirmation,
mais que la délibération de Paris n'eu est de rien re-
froidye. Bien me despIaist-U qu'on prétend d'obliger vos-
tre personne k l'exécution, à quoy malaysément l'Estat
se pourra résoudre; car, puisque le gros de l'armée se
doibt composer d'estrangers et au plus loin du pals en-
nemy, ce n'est pas raison, ce me semble, outre les
hazards de l'événement de l'entreprinae, de vous fiùre
dépendre de la discrétion ou des accidens an dehors.
Tontesfois v. Exe, pent attendre les propositions qui en
viendront, avant que de vous résoudre, et, sy je ne me
trompe, vous aurez moyen d'engager la France k tout,
puisqu'elle a la conqneste de la coste de Flandre en teste,
car il ne luy doibt chaloir * du chef, pourveu qu'elle y
trouve son conte; ce qui dépend eu partye du mesuage-
ment de ceux qui en ont la direction. Je trouve que
luâfyGooglc
— 65 — [18S4. JoUIet.
tont se prépare poar vous dépesclier Mess" de Charnas-
say et Knuyt, desquels vous [chevirez] aysément et cela
applanira la voye à faire demeurer mousienr Pan en
cour, pour y entretenir cette prattiqne, eschauffée de sa
négotiatioD, et partant seroit & propos, qae qaelcun des
confidens de r. Esc en la Généralité le proposast, dès
ioasy tost qae voua serez davantage esclaircy des der-
nières consolteB da Koy. Plusieurs se rendront très-
susceptibles de cette ouverture. J'escris au sieur Heufft,
désirant qu'il tienne M' de Bullnyon en halaine et luy
envoyé à cette fin on bon chiffre par une adresse de
traverse, l'ordinaire me tenant en doute. Je prie Dieu,
Monseigneur, qu'il prospère les desseins de v. Esc. et
voua doint santé et très-longue vie.
De vostre Exe, très-humble, très-obéyssant
et très-fidèle serviteur,
riANçOYS D*AKBSaiK.
De la Haye, ce 15 juillet 16S4.
liBTTRE STI.
M. He^t à if. de Sommdidyck. Même mjet.
Monsieur. J'ay receu la vostre du 17* courant, mus
celle du 3"' point, croyant qu'ils ont esté par l'ordinaire,
qui a esté prins. Le mal est d'un costé, que les Es-
pagnols ont tont le dessein, estant copie envoyé icy du
mémoire, mais chastrés * & leur mode; de l'autre costé
j'estime que cette interception de lettres a &it du bien,
pour avoir rompu les desseins des Espagnols sur Mas-
tiicht et aillenirs, mais le mal est que je suis en très-
manvaise posture , tant pour estre comme banny des
Pays-bas, comme aussy que j'anray bien des jalousies h,
essuer *, et ne manquera-on point de dire de quoy je me
mesloîs, etc. Mais S. E. et vous sçavez comme le tout
' tnnqaji. ' uaaja.
m. 6
,, Google
ISM. Juillet.] — 66 —
est passé; mon bnt n'est que de servir. J'espère que S.
E. me sçanra guarautir de ceux qui me ronldroyent
du mal, pour des bonnes intentions, au regard d'an chas
con. Je vous supplie de m'épauler* et aviser, si par le
moyen de mon dît seigneur le Prince, je ne poorrois
secrettement obtenir un acte publicq, par lequel je pais
monstrer avoir esté au service de l'Estat, par acte anti-
daté, afin de pouvoir monstrer, tombant quelque jour
entre les mùns des Espagnols on aultres, qne il m'a esté
permis de ce faire, comme an service et serment de l'Es-
tat Vous sçaurez. Monsieur, mieulx ce qui sera néces-
saire que moj-mesme, t &ire employer telle qualité que
jugerez éqnïpoler ' les actions et négotiations, sans qne
cela vienne en lumière; seulement le garderay, pour, en
cas qu'il fost de besoing, m'en pouvoir servir. Quand
aux afiaires, et la capture des lettres, et la peur qu'avons
eue qne on continuera à prendre les lettres, a rendu ma
plnme stérile; or on a conduit l'affaire, que M' Pan ne
Bçavoit rien de nostre dessein, mais bien M' de Knnyt
Kéantmoins leur négotiation a este conduitte sur le mesme
pied et résolvèrent hier entièrement chez M' de BuUuyon ,
dont M' de Boutelier et M' de Chamassé partent au-
jonrdhuy voir M' le Cardinal, pour en faire rapport, et
doivent eatre de retour dimanche; estant résolu que M'
Enuyt ira f^re rapport k Monseignenr le Prince d'O-
range et voir si on peult s'adjuster, et partant me réfère
k M. Knnyt, de qui sçaura M' de Sommelsdyck le tout,
les affaires [vient], si on ne s'arreate à rien, et si on em-
brasse les affaires selon les occasions, on en pourra bien
espérer, moyennant Dieu. M' de Sommelsdyck aura plus
ample advis par M. Knu}^, qui prétend partir dans 4 ou
5 jours. Je ne ntancqneray de continuer mes entretiens
arecq M. de Bullion, qui s'ouvre de plus en plus et
affectionné. . . .
Ce 28 de juillet 1634.
' m. «.taDir. . (p\,r.
,, Google
— 67 — p6S4. AoU.
t L.BTTRB »Tn.
H. Bt^t à Af. <U SommeUdyck. Même auJA
Monsienr. A l'heure dtt partement hier an soir, on
m'apporta la vostre da 24', dont à l'heure nieBme j'envoyay
l'incloM et je viens préBontement de voir M. Knoyt, qui s^^ù'^CÎt.
se plaint qu'on n'achevé rien. Tous les joars choses non- ^"J*'
velles , sans résolution , dont M. Knnyt se plaint de W de
Chaniacé et pressera son partement, ce qui est nécessaire,
afin que Monseigneur le Prince d'Oranges soit informé
de ce qui se passe, pour eu user selon sa prudence. La
France a peut-estre envie de faire perdre aux Provinces-
Unies la saison, de peur qu'ils ne làceat quelque chose,
& quoj S. Exe sçaura donner l'ordre requis. J'espère
que M. Knujt partira en bref, duquel sçanrez tout ce
qu'avons discouru sur le tout J'ay vea ce que me cottez
par le chiffre. Je m'en suis apperceu et on n'en faict ^^^^JJ^^
point la petite bouche. M. Pau est en grande cholère ""^^"J^
des livres et mémoires interceptés et de ce que M™ de ™ 'ji^ ^* ■•
Sommelsdyck et Heuft se meslent de tels affaires, blas-
mant Henft de n'avoir point adressé ses advis à M. Pan,
comme k luy appartenant Jnsques à présent il n'en a
rien dit à Heuft, mais Euskercke en a eu la plainte,
comme aassy M. Enuyt, lesquels l'ont dit à Henfift, maïs
sy on dit quelque chose à Heuft, il dira simplement
n'avoir rien faict sans ordre, sans s'estendre beaucoup,
espérant que S. Exe. protégera Heuff);, car il est à crain-
dre qu'on brassera fort contre HeuSt, et vous supplye
considérer, ce que Heufft vous a reqnis pour sa seureté,
en cas de besoin, au regard des provinces soubs FEs-
pagno], où il n'osera jamais venir. M. de Bnllnyon de-
meure grandement porté et me dit hier au matin, que
pour Iny, il continuera à servir de tout, mais que M. le
Cardinal n'est pas à gouverner comme on voudroit bien.
' Doits mirginiln de M. dg Sominelidjd d*na U mpU dieliiff^ét da
n nMin. > juiUrt.
,,Googlc
IflM. Août.] — 68 —
tTespère qne les Prormces-Unies aaront un bon amj à
M. de BuillujoD, pour moyenDer beaucoup de cboBes.
HetiSï j est bien rena et l'entretient fort familièrement,
ce qni facilitera beancoap les affaires. J'aj les assigna-
tions expédiées pour le premier payement. M. Knujt fera
rapport de toat ce qui se passe, Aydez à conserver Henfft
puissamment; S. E. peut le toat, et mettre le holà
quand il sera temps, et qu'en pensant servir, il n'aye mau-
Taïs gré. Puisque la Lorraine est libre, la France peut-
estre changera de volonté, que Son Exe. sçaura balancer,
pour &ire selon sa prudence. Cest ponrquoy Henâl as-
pire tant que Knuyt fiist party, car la saison se passe,
et puisque S. E. est asseuré de secours, il pourra ex-
ploicter grandes choses, sans la France, car le délaje-
ment ne vaut rien. «Fenvoye la présente par Lisle et vou-
droy que M' de Sommelsdyck gaignast les esprits de
plusieurs; c'est le souhaict de celuy qni est etc. Ce
5 d'aonst 1634.
LiBTTBB BTIII.
M. de Sommelêdt/ck au Prince d Orange. Même sujet
Monseigneur. Je vous envoyé celle que je vien de
recevoir de Paris ' , où les affaires semblent assez prépa-
rées, puisqu'on a résolu de faire repasser la mer k M"
de Enuyt, aân d'adjuster les délibérations avec v. fkc;
mais tant de remises me font craindre que ce ne soit
une besoigne pour le printemps. Heuft est en pèoe à
cause de l'interccpUon de nostre paquet. V. Exe. l'en
peut mettre à couvert, s'il vous plaist l'advouer, comme
s'estant entremis de faire et recevoir des ouvertures en
vertu de vostre commission, dont il luy ponrroit estre
dépesché quelque acte antidaté , sy v. Exe. le trouve bon.
M. de Duvenvoorde n'a peu encor, à cause de son ab-
sence , fure résoudre en l'assemblée du conseil d'Hollande * ,
' Im letln 606. * la Gecommitteird» lUdsii.
,, Google
— 63 — p4S4. AoAt.
de secoDder la dépêclie de naesseignenrs les EGtats-Gén^ranx
à leors ambassadenrs ; mais dès qu'il sera arrive, il en
sera fàict une ûo, la plnspart des députés en ayant deajà
doBDé leur cousentement par avance, et il me promit de
mesnager M. Beaamont, au voiage qu'ils allouent &ire .
ensemble vers le Ifoorthol lande. M. Beveren avoit acculé *
cette délibération aux Estais d'Hollande , craignant qu'elle
ne retardast sa brigue pour l'ambassade ordinaire, et son
exemple arresta aussjtost les villes suivantes. De faict
cet a&ire fut trop cntement porté à l'assemblée, au
paravaut que d'7 avoir rien préparé. Je prie Dieu , Mon-
seigneur, de bénir vos conseils d'heureux succès et vostre
personne de parfaîcte santé et très-longue vie.
De vostre Exe, très-humble, très-obéyssant
et très-fidelle serviteur,
FBANÇOTB D'UBasm.
De la Haye, ce 6 d'sonst 1634.
liBTTKE BEE.
Le même au même. Même tt^et.
Honseigneor. Ma précédente du 5 aura faict voir k
V. E. que je n'ay point ett besoin d'une antre sommation
à me ressouvenir de vostre commandement, pour l'exécu-
tion duquel j'avoy assez pressé M' de Duvenvoorde, d^
auparavant son voiage en Northollande , qu'il croyoît ne
devoir durer que trois à quatre jours, qui a causé cette
remise; mais n'en estant revenu que d'hier au soir, avec
délibération de s'y en retourner ce matin, je l'ay arresté
quelques heures, le conjurant de les employer à achever
l'afiaire, dont v. Exe lu}( avoit parlé, l'asseurant qu'il le
trouveroit très-bien préparé; ce qu'il a Juct et la chose
a passé aux Gecommitteerde Rade, sans aucune contra-
diction. La minate de la lettre est couchée en terme
assez exprès et laquelle pourra contenter v. Exe. , s'il voos
I pousj eomms dioa nn coin , it mudèn ï ce qa'oD ne pât l'gn tiier.
,,Googlc
16U. AoU.j
■ 70 —
plaîat en lire le double, et ponr ns faUlir au coup, il s'en
Met deux dépêches touttes semblables; l'une ponr estre
envoyée par l'ordinaire, l'antre demecre à ma chaîne, pour
la fûre tenir par autre voye. J'espère donq, Monseigneur,
que V. Exe. demeure satis&icte de mon obéyssance, la-
quelle ployera toufijours avec tontte fidélité soubs llionnetir
de vos commandemens. Sur cette vérité je prie Dieu,
Monseigneur, poar'voatre prospérité et par&icte santé.
De vostre £xc. très-hnmble , trfes-obéyssant
et très-âdelle serviteur,
nuNçoTS d'axbmkï.
De la Haye, ce 7 aoost 1634.
LETTBE mX.
Le même au même. Mécontentement du eotuailier-penaion-
naire de ta HoUande.
Monseigneur. Cette lettre de M' Heufft ' me fat portée
hier au soir, de laquelle j'appren que M' Pau faict
assez de bruict, de quoy Heuât s'est meslé des affaires
que V. Exe. sçait, sans s'en adresser à luy, présu-
mant que cette connoissance luy appartient U en a
escrit h M. Mascb, pour en avoir information de l'au-
thorisation de qui il s'est avancé de négotier. Surqnoy
je diray à v. Exe qu'il se trompe, s'il pense que l'Estat
ne peut estre servy que par son entremise; mais bien se
ponrroit-il plaindre, sy on eutreprenoit sur sa commis-
sion, pendant l'exercice de son ambassade, et v. Ëxc
sçait ta proposition de Heuâl avoir esté laicte paravant
le départ de messieurs les ambassadeurs bors de ces pro-
vinces, et que pour responae il luy avoit esté mandé qu'ils
passeroyent bien tost la mer, plënement authorisés et in-
struicts, qu'on s'en pourroît adresser à eux, ou celuy seul
qu'ils avisseroyent C'est, Monseigneur, le train lequel
y a esté tenu , en quoy Heufft a procédé ingénuement et
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 71 — P684. AoM.
avec ordre, poussé d'ane singulière affection & Bervir I'Eb-
tat et mériter l'honnear de vostre bienveillance, mtâi on
me rapporte d'ailleurs que cette rancneur ' de M. Pau
prend son origine d'un antre snbject , et lequel Ta esmea
davantage; c'est, qu'ayant pensé faire establir son frère
Michel dans le maniement de l'argent de France, il
trouve au contraire que les prompts devoirs à trouver de
grosses avances, rendus par Henfft, ont renda sa per-
sonne sy fort recommandable à l'Estat, que, non obstant
toutte menée faicte an contraire, il a esté confirmé en
sa commission , de laquelle on seroit bien ajse de le faire
déboutter, pour ce qu'il a déposé an sein de v. Exe. les
propositions, que des principaux ministres, à l'occasion
de quelques discours, luj avojent faictes au bien et sou-
lagement de ces provinces, et ce seroit voulloir restrûn-
dre l'autorité de v. Exe, sj la liberté venoit à estre re-
tranchée aux snbjects de vous ouvrir leurs rencontres,
ou de lenr imposer la servitude de ne le &ire que par
le moyen et organe du Pensionnaire; et partant j'espère
que V. Exe trouvera de la raison à maintenir Heufft au
maniement des finances qn'ou reçoit en France, où il a
les entrées et connoissances et du crédit et adresses à
Ëdre des avances, de quoy il est nécessaire de servir par
fois l'Estat Et pour ce qn'i! craint d'estre exilé des Pays-
bas, à cause de sa négotiation, il en peut estre mis à
couvert , sy v. Exe. trouve bon de luy escrire ce peu de
lignes, que j'ay minatées, car elles suffiront à l'anthoriser
on excuser de ce qu'il a faict, comme l'ayant faict par
vostre ordre et tandis qu'il a en charge de recevoir et
de remettre en ces pays l'argent que le Boy nous faict
payer. — On est en grande attente de veoir ' que v. Exe
entreprendra, sy l'ennemy s'engage de bon devant Mas-
tricht. La saison est fort avancée pour penser à grandes
choses, les médiocres auront anssy leur péril et despense,
mais moins de gloire. La France murmurera, sy perdons
Maestricht, sy elle désire se conjoindre de ce costé-là
,, Google
leu. iouo
72 -
avec cet Batat, comme elle a tonsjonrs dît Toolloir &ire;
mais il me desplaist de quoy elle recule de ses premières
propositioDS , qai luy devoyent redonder k un très-grand
avantage. A quelqne résolution qae toob vous preniez,
je prie Dieo de la bénir d'heareux succès et de donner,
Monseigneur, à vostre personne parfaicte santé et très-
longue vie.
De vostre Altesse, très-humble, très-obéyssant
et trés-fidèle serviteur,
FBANÇOY8 d'aZBSBEH.
De la Haye, ce 16 d'aoast 1684>.
On iaict courre ' parmy ce peuple copie d'une lettre
sonbs le nom du roy d'Espagne aux Estats des provin-
ces subjectes, que plusieurs traicts me rendent suspects.
En tout cas elle semble composée à faire nalstre aux
Provinces-Unies, un nouveau désir de tresve, qu'il pose
avoir esté empeschée contre ses bonnes intentdons, par ce
qui a esté conclu avec M' Chamacé.
LErrKB DXI.
he même au même. Il faut abiolumeni engager le Rùi de
Franoé à rompre avec FEtpagne.
Monseigneur. La venue de M. de Knuyt vous résou-
dra de tout ce qu'en cette saison se doibt espérer de la
France. Cest du snbject à de nouvelles délibérations, et
sy V. Exe. me le permet, j'ose dire qu'il faut tascber à
tout prix, de bond et de volée ', de jetter le Roy en plus
évidente démonstration de haine contre le Roy d'Espagne,
sans nons tenir k aucunes conditions sur la conduitte de
la guerre, ny sur le partage de la conqueste; car ponr-
veu que l'engagerons, le premier et principal avantage
en viendra à l'Estat, lequel ne finira jamais sa querelle
par ses seules armes, sj d'autres ne s'en meslent, et lors
' coDiir. * d'une bçui on d'une intre, mIm let dicoMUocN.
,, Google
— 73 — [1BS4. Aoit.
que la France a esté en rnptare, il en a ea moyen d'es-
tendre ses limites et d'affermir ses frontières, parce qne le
Boy d'Espagne, par ambition ou par crainte, a employé
contre elle le pins grand effort de ses armes, dont il ar-
rive, qu'estans trop distraittes, elles nous pressent moins.
Et qa'est-il besoin de grandement marcliander des condi-
tions? Car sy le Roy, sans nons on arec nous, présume
â'occaper k main armée les provinces snbjectes an Roy
d'Espagne, il le peut entreprendre et user de la victoire
à sa volonté, mais v. Exe. sçait trop mieux que c'est une
besoigne de longue haleine, de grande suitte, et de dou-
teux événement; tandis qne ces Rois se feroyent forte
guerre, il nons seroit aysé de faire bien nostre main, et
de porter la despense et le péril loin de nous. Si on
parle d'affranchir les provinces-asservies par l'association
de nos armes, quel inconvénient y-a-il d'en convenir; i,
la charge que leur libertez demeurent illédées, puisque
c'est ce qne par tant de réitérées déclarations l'Ëstat à
tousjours protesté? La principale difficulté sera an regard
des places, qne pendant la gnerre nous occuperons, sçavoir,
sy on y permettra l'exercice de la religion catboliqne.
Le meilleur seroit de n'y establir que la religion réfor-
mée; mais sy, en roîdissant cette maxime, elle nous re-
tranche la conjonction de la France, nous perdrons l'es-
pérance de la conqneste et d'estendre la religion , chargez
à tonsjours-mais ' de la guerre d'Espagne. Partant je
lascberoy anssi le point de la religion et par ce moyen la
réformée s'estendroit , et la catholique seroit régie sonbs
la souveraineté de TEstat. Ce sont des points qui ne de-
mandent point estre par trop contestés, car ils se doivent
régler au progrès de la gnerre, comme aussy le faict du
partage, qu'on peut faire tel qne la France désirera, poui^
veu qu'elle en entreprenne la conqueste, car il y a bien
loin d'icy k la prinse de l'ours et il arrivera cent incidens
enbre deux, qui donneront matière et occasion k des nou-
I miii l'emploie iei aiveriialtmaU , commt dam la fhratt /«miHir* ja
,, Google
leSi. leftt.] — 74 —
veans appointemens et capitolatîons. Far provisioD nous
aurons tiré ce âmict, d'avoir porté la France à prendre
sa part de nostre guerre, pourren que soyous assez avisés
d'aller au solide, sans perdre les choses à les TOuUoir trop
asseurer ou subtiliser. — D'ailleurs, Monseigneur, puisque
M' de Knuyt a repassé la mer, v. Exe. doibt considérer
sy les affaires qui le mènent, requièrent nécessairement
son renvoy, on point; car, venant à retourner, il dégagera
anssy M. Pan, soit qu'il conclue, soit qu'il rompe le marché;
partant il seroit bon d'aviser nu nouvel expédient, propre
il prolonger son séjour en coar, au cas que sa demeure y
fnst estimée convenable; dequoy M'Ploos' et moy avons
esté en quelque discours, duquel il s'est cbargé de faire
rapport !k v. £zc., s'U fait le voiage duquel on le semond *.
y. Ezc sçait comme quoy le sieur HeoSl; a esté in-
nocement employé par M. de Ballnyon à faire les pro-
positions que V. Exe. -a veues, et M' de Enayt vous re-
présentera combien M' Pau en a esté esmeu, cerchant
des occasions à luy nuire. Heufi); m'en a escrit avec
plainte, qu'il a tasché de renverser ses entremises et ami-
tiés, mais qu'il n'en laisse d'estre bien en l'opinion des
principaux ministres, et se promet de pouvoir cy-après
servir encor utilement v. Ezc. et l'EstaL II s'attend que
M' de Knuyt, avec lequel y a tousjoars eu estroitte com-
munication, servira k luy moyenner l'honneur de vostre
advoeu et protection. Tout ce qae je désire au pardcu-
lier, c'est que preniez ma liberté k bien, car elle est sans
présumption que pour vostre service. Dieu benye vos
délibérations, Monseigneur, et doint à v. Ezc parfaicte
santé et très-longue vie.
Vostre très-humble, très-obéyasant
et très-fidelle serviteiir,
PRANÇ0T8 D'aEBSBBH.
De la Haye, ce 18 d'aonit 1684.
■ Aineo Pion, âipati àt It province d'Utreeht ini ÉUb-G&Jrui.
,, Google
LETTKIE BXn.
Le même ou même. Il faut pousser la guerre avec vigueur
*,* Li couMdJntion du ÉtaU bim li Pnnn contre l'BDipcrinr <t l'Ec
p*inie, pou npoltfr la Eapifniola d«6 P>p-Bu, ivoit (U conclue à Pirit,
le B tittitt. Vsn U fin de mil l'arma fnnfaÏM, MOI lei mirfcbsux da
CbililloD et de Bréië , te joignit i celle det États , aprïa iruir remporta . dini
le paya de Luiemboui^ , ooe TJctoire anr k Cardinal- Infant. ..Lea olBeien
frinfoii ," écrit M . de ZayUcheiD i la PriDcesae d'Dnnge , „ enraot ddo eitrime
joje de reoir M. la Prince arrivé anec nne w belle armée, dont la pranlire
TCDC lea ravit en admiralioD." Qmiit aai truapea françoiaei: „ elles aont ei-
trtnCDient bannci, *oire toQiei nntra qa'on cat actoailDiné d'eo imapncr de
•cate natiDa; je dii «■ gnodear d'hommea , es ordrn, en bihiU et antres dr-
conitaDcea. Lea ennemii meugea en rendent de fort eicellenta teamoignagea ,
aTonaot que la moiatïé dn moDaqoelaiiea n'ont pat deachargé leon moiiaqiieli,
mail que las jettanta ila saot Tenu ardemment à eni, l'espée i la mais."
Monseîgnenr. Nous serions heureux sy en mesme temps
TOUS vous pouviez trouver en plasieors lieuz, tant la
présence de t. Esc. ert nécessaire partout, nommément icy,
où il se voit une très-grande froideur ans affaires et la-
quelle en la diversité des humeurs, il est malaysé de
corriger, &j le respect de l'autborité n'escarte l'opiniàtrise ' ,
pour appuyer la raison et le salut de l'Estat. Jnsques icy
on n'a peu convenir d'une députation à Mïlhausen , oà il
seroit bon de tascher k convertir les traïctés particuliers
en une pacification générale. Ce seroit au moins autant
de temps gagné, pour, pendant vostre marche, ne devoir
regarder derrière vous, et la proposition se ponrroit tem-
pérer de la sorte, que l'Empereur, qu'on craint tant d'of-
fenser, ne seroit seulement nommé. Avec cela on a perdu
l'occasion d'envoyer en Angleterre k prévenir les ombra-
ges que l'Espagnol y tâche de faire prendre de ta con-
fédération de cet Estât avec la France et v. Exe sçait
que l'esclat de telles jalousies seroit pour se fiiire à nos
despens, qui ne nous sçaurions passer de l'amitié de celte
couronne-là , pour divers respects. Qui plus est , la marine
que TOUS pensiez avoir bien asseurée avant vostre parto-
ment d'icy sur la foy des provinces, est depuis demen-
' opiiiiltrelé.
,, Google
168G. Juin.) — ^(* —
rée comme négligée, et cenx-mesmes, qni pour lenr inté-
rest, derroyent estre en exemple aux autres à s'en bien
acquitter, ont esté les derniers à foamir lenr quote part
à jetter l'armée navale en mer, poar aller rencontrer le
passage et retour des Dnynquerquoys. Il n'a point tenu
aux gens de bien & en presser l'expédition, mais je crùns
qu'il y a quelque fatalité ou menée sourde qui allentit le
cours des affaires, peut-estre pour espérer plus de senreté
et de soulagement au repos qu'on s'imagine qu'en la
continuation de la guerre, quelque avantageuse qu'elle
nous soit par la confédération de la France et par l'heu-
reux succès de la grande victoire , que d'entré du jeu on
vient de remporter sur les Espagnols , que v. !Exc. sçaura
bien mesnager, Dieu aydant, à nous faire perdre l'impor-
tune envie d'un mal asseuré et ruineux traicté, la victoire
nous pouvant k un coup mettre à couvert de tout péril
et de la despense, contre laquelle on prend plaisir de
tant crier. Â quoy (usant de la liberté que v. Exe m'a
permise) j'adjousteray cette considération, sy ne penses
nécessaire de faire dès maintenant ordonner de quelques
recrues, car les fatigues, les fruicis et les cbaleurs feront
que les armées iront diminuant et celle des ennemis d'or-
dinaire se voit renforcée sur l'arrière-saison. H importe
que ta chaleur et la réputation de vostra entreprinse soit
mesnagée, sans la laisser viellir. Cest le moyen d'ouvrir
le coeur et les bourses de ceux-mesmes, qni s'eatoyent
proposés une antre mire ' et ne pouvoyent gouster les
résolutions pour la guerre. — J'envoye k v. Exe l'advis
qne j'ay receu du comportement d'Aysaema et de la mal-
heureuse eslection, que l'Estat a faite de la personne
d'un tel ministre*. Au reste, tout ainsi que v. Exe. com-
bat pour nous, nous prierons aussy Dieu pour vous,
à ce qu'il bénisse vos armes et desseins de gloire et de
succès, et préservant vostre personne de tout péril et for-
* Poppui Aittcau (f 1637), riiidsiit de U mpablifne i Hunbaorg,
n^cet d'tmù agi contre le* inUrtti de VEttL
,, Google
— 77 — 198S. Août.]
tone, Û vous doint, Monseigneur, parfaicte santé et très-
longoe vie.
De rostre Ex** trfes-hnmble, très-obéjsaant
et très-âdelle serviteur,
PRUIÇOYS S'AKBaSEN.
De la Haye, ce 7 juin 1686.
LETTRE BXni.
Zjê Hoi de Pologne au Prince dOrange. Il intercède en
foxmr (fut) officier condamné pour homicide m dud.
Etoi de Pologne do 1682 1 lUS.
Uladiskus lY Deï gratià Rex Poloniae, magnus Dox
Lithnaniae, Russiae, Pmssiae, Masoviae, Samogitiae, Li>
Toniae, Smolenciae, Severîse [Gerrihoviaeque], nec non
Suecorum, Gottorum, Vandaliorumqoe haereditarias Bex.
mustria Princeps, amice noster cbarissime. Carolus de
la Haio provocatus a quodam aemulo sno Dabuissono ad
mntoam annomm congreBsum , eam calore magis vindi-
candi honoris quam malïtià inflammatos , in illo duello
sorte sibi &ventfl înterfecit Camqne eo nomine, qnod
publiais ausus ejusmodi tetnerarii legibus înterdicti sint,
poenam et indignationem Ulustrationis Vestrae incurrerit
et ad nostrum propterea patrocinium contaient, Oliistra-
tionem vestram per praesentes putavimas inteTpelIandam ,
nt poenam ob atrocîoris bomicidii crimen merito irrogatam
sinon abrogare, saltem in mitiorem commutare, eumqne
tam sais quam militaribus obsequiis servare dignetnr. Non
dnbitabit aatem ob dignitatem Illustrationîs Vestrae et
publicam salutem vïtam profnndere et quodvis periculam
adiré. Oui intérim felîces snccessus et valetudinem pre-
camur. Datum in castria ad Bwidzinum , die xmi Âagusti
1635, regnoram nostromm Polon. III. Sueciae quarto anno.
TLADI8L&VS RBX.
,, Google
t* LETTRE >XIT.
M. Hmfft à M, de SonantlêdyeL II foui porter la guerre
dans le coeur de I^Etpagne.
*,* La campagne diDi In Fij>-Ba*, nulgrj lea commenccmenb bcanox,
aToit «a fort pen ds laccè».
Monsieor. Je vong a.j escrit le 24, depais receu aa-
cane vostre. La présente poar vous dire, que le maavais
succès des aSaires me poise * extrêmement et ne sois jour
sans méditer des moyens pour destoumer ces orages de
dessus nostre Estât et de la bonne cause, ne trouvant,
après Cîen, que deux moiens; l'un que M. le Prince
d'Orange mette en exécution tant d'entreprinses que je
croj qu'il a sor presque toattes les places de l'ennemy;
quand il n'en réussiroit qu'une, voire aucune, ou elle por-
teroit coup de diversion, ou réputation d'estre alerte;
l'antre moyen est plus solide et certain, c'est que de por-
ter les armes dans le coeur d'Eîspagne, qui ne sont ny
aguerriz, ny accoustuœez d'estre molestez, ce qui se peut
&ire fort facilement par la conjonction des armes que
nous avons avec la France, lors que la saison sera es-
coulée et qu'on sera obligé de mettre la milice en gar-
nison; d'avoir alors des navires prests pour embarquer
six, huict, ou douze mil bommes et faire descente en Es-
pagne, soit de leur prendre Cadis ou de se jetter en
Andelousie et faire de grands progrès, si on n'y plante
le piquet, pour y tenir, dont vous espouventerez toutte
l'Espagne et reviendrez regorgeans de butins, en atten-
dant que la saison revienne, pour sur le retour prendre
les arremens de la guerre pardeçà. C'est une ouverture
que, soubs correction, ne doibt, ny peut estre rejettée,
ny négligée; car ces peuples, qui sont dans la tranquil-
lité, se voyans assailliz sy vertement, seront obligez de
rappeller leurs forces de touttes parts à leur secours, et
' copte de la iubk i Abritent, L'origimai est prttqi^eMlièretUHl eJafré.
•pè«.
,, Google
— 79 [1686. AoU.
ne se pent dire qa'el estonnement les armes inopinées
portent dans no pajre qui est en nne profonde paix. Le
Itoj, Bon Éminence et monsieur de Bullion goutteront
l'affaire, sj on l'embrasse avec vigueur. Henft a com-
mandement d'en escrire à Aerssen, pour conférer avec
M. le Prince d'Orange et, en caa qu'on le gouste, en
dresser le mémoire et aviser combien chacun fournira
d'hommes, navires et choses nécessaires, mesmes qu'on
envoyra ponr s'adjuster sur le tout et les moyens de faire
les préparatifs sur des sujets spéciaux, pour cacher l'en-
treprinse et les préparatift, afin que l'entreprinse soit
presque plutost exécutée, que sceue. Vous m'en donnerez,
s'il vous plaist, au plutost response, sur tout on recom-
mande que l'affaire se tienne secret, etc. M. de Bullion
se recommande à M. Âersseo et le prie de consulter ce
que dessus menreinent avec Son Exe. et aussy tost on
s'adjustera de plus près, ayans voz ouvertures.
Paris, 28 aoflt 1635.
LETTRE nXV.
if. Pauv> au menu. Il détire retourner en Hollande.
*,* Le* *d*erwirw da M. Pidw d£tiroiait la retenir à Pirii, aoni le pi^
teita flttteor qos an UIcdU j Aoïtat da itnnde ntiliU, maia lortont afio do
mettra obatacla à u rMlectioD ixat !■ chirge de eoa>eillcr-peii!ioniiiire eo
lA3fl. En mm, ijtnl prudemninit doonf i eonnottre qu'il renonfoit k «a
pMte, il fat imm&liftteoient «atotùj 1 rmenir.
Monsieur. Le changement des affaires de delà et les
desseins qu'on s'est icy proposé d'exécuter en l'Italie et
l'Allemagne, nous ont réduicts à ce poinct, qu'il &ut se
servir des trouppes du Roy, joinctes à l'armée de Son
Exe., pour réparer nostre perte et &ire résistance à nos
ennemis, sans attendre d'autres forces, ny plus grande
diversion du costé de la Picardie pour nostre soulage-
ment; car ayant plusieurs fois conféré avec M' le Cardinal
,,.CoogIc
]8U. Aott]
80 -
et ces autres M" da conseil de S. M., afin de vouloir, par
une poisBaote divereion, chercher lenrs advantages et fiûre
dn bien à nostre Estât, iU m'ont réprésenté que les
desseins qu'on a projectés en l'Italie et l'Âtlemagne , ayans
occupé la plospart des forces de ce royaume, et le Roy
ayant voulu prendre la peine d'aller commander sa no-
blesse, qui se va joindre aux armées du duc d'Ângou-
lesme et du cardinal de la Valette, on pourra malaisé-
ment envoyer ailleurs d'autres armées, et que, la saison
estant desjà fort advancée, on pourra par après penseï
à d'autres desseins pour le bien commun, et que cependant
S. Exe. se pouvant servir de l'armée de S. M. on veut
espérer qu'on pourra redresser ce que les ennemis oni
entrepris sur nostre Estât Outre cela quelques uns veulenl
faire croire que les armera du Boy seront plus utiles et
heureuses en Italie et en Allemagne que cbés nous, et je
vous laisse à penser les choses qu'on se pourra imaginer
davantage l^dessus, selon la cognoissance et expérience
que vous avés des affaires de cette cour, et pour tant veux-je
espérer qu'on s'esvertnera chés nous, tant qu'il sera pos-
sible, pour conserver la répotatïOD dans laquelle nous
avons esté si longtemps et qui nous a rendu considérables
en ce royaume. Le retour de m" le maréchal de Chas-
tillon et du grand-maistre ' me font croire , ontre plusieurs
raisons que j'ay par devers moy, que cette saison se pas-
sera et qu'en un autre temps on se devra adviser sur les
moyens plus propres et convenables, pour fiiire réussir
cette ligue au bien commun et à l'advantage de nos af-
faires. Voilà poorquoy j'ay fait plusieurs instances auprès
de mes Supérieurs pour mon retour, afin d'estre pins
utile par-delS> que je ne sais icy, et me pouvoir descharger
de la cognoissance des choses qne j'ay aprises de temps
en temps, et notamment depuis que les aSaires ont changé
de &ce, croyant pouvoir plus servir à ma patrie par le
récit de ce que j'ay apris depuis peu , que par les lettres
qui sont sujettes à beaucoup d'incertitudes et à diverses
' L« marqaii de 11 Heilteniïe, gnad-miltre de riitilWie.
,,Cooglc
— 81 — [188t Août.
interprétations , selon les hameurs qnî les rencontrent, de
sorte qne , si on se vent servir de moy , je le feray très-
volontiers et de toat mon pouvoir, et autrement, en cas
qae je n'y puisse estre utile, je seray encor plus inutile
en cette charge, en laquelle je perds mon temps et cause
de grans irais à l'Estat, sans rien proâtter pour le publîcq;
ce que je vons dy anssy véritablement, comme j'ay tou-
sionrs faict profession d'aimer ma patrie et veux croire
que TOUS aurez cette opinion de moy et pour tant je vons
prie, pour le bien de l'Estat, de m'aider à retourner au
plustost, et que je puisse espérer de vostre amitié de me
&ire ce bien envers vos amis, que je ne sois arresté i<7
plus longtemps contre mon gré, ce qui ne pourra aucu-
nement servir à l'Estat, ny estre escusable après tant
de promesses et contre l'usage de tous les ambassadeurs
extraordinaires, de me relùser ce que mesmes on n'a
jamais dénié aux ordinaires, lorsque les occasions se sont
présentées, tant pour le public que pour leur particulier;
eux estans plus obligés k l'Estat que je ne suis, mais
au contraire attaché à ma charge et à ma maison que
j'ay dans le paya. — On continue tousjours de grandes
levées dans ce Koyaume, outre celles qu'on a faict en
Suisse, jusqnes à 12 mille hommes de pied, qui seront
bien tost prests pour entrer en France, et, s'il y a k
espérer quelque accommodement, il se &udra première-
ment esvertuer de tous costés, pour par après recueillir
les Iruicts de nos travaux et parvenir à quelque repos
plus assenré que nous ne pourrions espérer, ayans perdu
nos amis et estans exposés à la mercy de nos ennemis.
Tous ceux qui ont întérest dans l'Estat et vons. Mon-
sieur, qui y estes des plus intéressés, considérés, s'il
TOUS plaist, combien il importe de maintenir cette alliance
avec ta France, et si on ne désire pas se servir de moy en
cela, il est plus nécessaire que d'autres y soyent employés,
aosqnels je donneray très-volontiers l'honneur et la gloire
d'y avoir mieux travaillé que je n'y ponrrois contribuer.
Et sur cela, tous baisant les mains et vons priant de
IXL 6
,,GoogIc
Ifl86. Sqitaoïbre.] — 82 —
me vouloir coatinaer lIiODneur de vos bonnes gràces, je
prieray Dieu, Mondeor, de vous mainteiur en sa saincte
garde.
Vostre très-humble et très-affectionné serviteur,
ADBIASN PAOW.
De Paris, ce 31 d'aouat 1635.
A Monsiear Monsieur d'Aersen, Chevallier,
Seigneur de 3omeladycq, la Flatte etc., du
Conseil d'Bstat des ProTinces-Uuiea, à la
Haye.
LETTRE BXW1.
M. de Sommdadyck au Prince d Orange. Il lui envoyé la
LeOre 514.
Monseigneur. Je voua envoyé une lettre que je recenz
hier de Paris et laquelle je n'ose supprimer, d'autant
qu'on s'attend que vous la voyez et en dyés ' , s'il vous
plaist, vostre advis, afin que, sy trouvez les propositions
prattiquables, il soit aussytost dépesché quelcun, pour en
venir concerter et adjuster les moyens avec v. Exe. Cest
donq pour ma décharge seulement, et non pour autre
subject, que je la vous consigne. La France, sy je ne*
trompe , remue tout pour tenir la guerre an loin , et con-
sidère peu combien qae cet Estât est rendu impuissant
par la perte du fort de Schenk ' et par le desarroyement *
de nostre pescbene, pour porter ses pensées et moyens
à des desseins de plus de coust que de proufBt. Je prie
Dieu de béuir les délibérations de v. Exe et de vous
ottroyer. Monseigneur, parfaite santé et très-longue vie.
De vostre Exe très-humble, très-obéissaut
et trèa-fidelle serviteur,
FRANÇOIS d'
De la Haye, ce 6 sept 1636.
' didts. • me lewtile omit.
■ La priu de SchcDkeiuchftD* le ET juin
Eaflicham i la Pnneewe d'Onuge.
,, Google
— 83 — [163B. Septembre.
UBTTBB axvn.
Le même au même. H itfforce de prévenir le rappd de
M, Pauro.
MoDseigneor. Icy on est fort après à caballer les voix
pour le rappel de M' Pan. Son firère le conseiller ' trotte
à cette fin sans cesse, pressant singnlièrement qu'il en soit
délibéré, sans en prendre vostre adyis, soubs prétexte
que le départ do Koj a rendu son plus long séjour à
Paris inutile et qu'il a plusieurs choses à rapporter, dont
la connoissance est nécessaire à l'Estat Qnaai tous les
membres de l'assemblée se trouvent conjurés de co&pérer
en personne on par leurs amis à y tenir la main, et que
principalement y ayde, c'est la rencontre qu'en mesme
temps messieurs les Gecommitteerde Kaden ont repré-
senté aux Estats d'estre, à faute de directeur, destitués
de connoissance et continuation d'affaires, pour estre la
fréquentation de la Généralité partagée entr'euz de mois
en mois, et sur cela demandé qu'il soit donné ordre à
l'entresuitte et exécution des besoignes, qui ne sçanrojent
souffrir plus longue interruption, sans confusion. Une
bonne partye des villes s'est laissée prévenir de cette me-
née, laquelle est encor fomentée de ceux qui, an moyen
dn succ^ d'icello, se pensent &ire voye à l'ambassade
vacante et d'autres considérations avec s'y meslent, que
le respect me faict taire. Sur cela, Monseigneur, je ne
me suis pas espargné k réprésenter combien il nous est
nécessaire de mesnager en ce temps l'alliance et l'amitié
de la France, pour n'en laisser divertir loin de nous ses
armes et principaux desseins, et que personne n'y sçau-
roit apporter une plus puissante persuasion que celle
mesme qui a esté le premier entremetteur de la négo-
tiation et comme autheor d'icelle, Imssant sa charge et
le pays, en est allé cueillir la gloire et le gré près de
cenx qui ne sçauroyent sy tost gouster, ny s'adjuster
' Cornntle Paoïr, coniaUet du Priiie* d'Oruge.
6*
,,GoogIc
1636. Seplembts.] — 84 —
avec un nouveau venu ignorant du passé. Partant, qu'il
est à propos qu'il s'entretienne encor quelque temps en
Cour ou à Paris, pour se tenir i, la main, sy d'avanture
il escbet quelque nouvelle délibération , au moins que la
résolution prinse en la précédente assemblée ne soit point
altérée , sans en prendre l'advis de t. Exc. Ce faict me
semble véritablement de tel poids que, pour l'obtenir, je
me suis esvertué de touttes mes conceptions, jusques là
qne M' de Glarges ' m'en a engagé sa parolle. Le bour-
gemaistre Clootz en a faict autant et j'aj encor prins à
tasche d'attirer le pensionaire de Leyden à mon opinion,
mais je trouve que l'intervention de v. Ëxc. y a esté mal
mesnagée, et, en vous y nommant, on a pensé que cela
suffisoit à gagner des personnes. Au contraire on a usé
cet artifice, que de le rétorquer à l'exclusion ; car les uns
tiennent que v. Exc. est portée pour surroger Beaumont '
en sa place, 87 le terme de sa commission expire pen-
dant son absence, les autres ont une autre visée, comme
s'il pàtissoit pour avoir parlé pour la liberté et la cause
de la républicqne; mesmes il se dit qu'il en y a qui le
croyent un fort bon instrument pour donner le juste con-
trepoids à t'Ëstat, au défiant duquel on veut imputer les
désordres de cette année. C'est, Monseigneur, pour vous
rendre particulier conte tant de mes véritables intentions
que de mes actions, par lesquelles je ne tends à autre
fin que de servir fidèlement v. Exc. et ma patrie , et que
je puisse obtenir cet avantage sur la calomnie, qu'il vous
plaise me garder une oreille à ma deffence, pour, i> une
bonne occasion, discerner la vérité d'avec les faux rap-
ports, et de convùncre d'impudence, qui osent sy témé-
rairement blesser vostre antborité et desbonnaireté par le
fiel de leurs passions. — Je joigns icy , Monseigneur, la
lettre que je receaa hier de M. Pau; le style en est no-
table, autant où il parle d'affaire, qae là où il presse son
■ Gillu de OltrgN, p«Diiagure de Htcricm (1SS9— 1041).
■ SirooD de BesBmont {1G74 — 1654), pCDnDDMre de Middelbourg et de
RoKerdim, emplojj du» de> miMÙaa diplomBtiqnei.
,,.GoogIc
„ 85 .
tISSB. Septembre.
retour. Vostre clairroyance me dispense d'en faire quel-
que remarque, mais le snbject de ma lettre m'ajant
transporté bien au delà de ma proposiUon , il ne me reste
que d'en demander pardon et l'advoeu de mon entremise,
sur cette vérité que je n'ay autre pins grande passion
que de mériter et conserver, par service, l'honneur de
Tostre bienveillance, en qualité, Monseigneur, [de]
Toetre très-hamble, trës-obéjssant et tcks-
fidelle serviteur,
F8ANÇ0I8 Ii'a£BS3EN.
De la Ha;e, ce 12 sept 1635.
LBTTKB sacrai.
Lé même au même. Même st^et ; embarrae jinancieri.
Monseigneur. La responae à la lettre du Sieur HeuGfï,
partit hier en chiffre et conforme riq à riq ' aux intentions
de T. Exe. H y a du temps de reste , pour en attendre
la résolution, et les desseins par mer ne sçauroyent aller
sy TÎste, ny par des gens lassez de la campagne, où, pour
y entrer des leur desbarquement , les navires demandent
leur équippage et les hommes leur employ libre, sans
terme; mais on connoit peu en France la nature de cette
guerre, et c'est de quoy il se faut bien entendre et ad-
juster. Cette proposition bien entreprinse , comme séparée
des autres conceptions par terre, seroit pour mettre bien
de l'effroy et de désordre aux affaires d'Espagne , laquelle
jouyt d'un profond repos pour tenir le demeurant de la
Chrestienté en guerre et en défense , ne s'estant ressentye
d'aucune invasion de tout un aifecle. — Le rappel de Mon-
sieur Pau fut hier proposé en l'assemblée par le pensi-
onnaire d'Amsterdam, qui demeura sans aucune snîtte,
quoyque les parens se tinsent asseurez d'y avoir bien
faict leur partye. Cela vuidé, il va estre temps de pré-
,, Google
'. Septembre.]
■ 86 —
parer son second acte, ponr ne laisser rien d'imparfaict.
Sa commission expire avec le mois de février prochain,
et six mois devant il doibt estre délibéré sur sa démission
ou continuation, pendant quoy les affaires demandent un
directeur, quand mesmes le conseil d'Hollande viendroît
à s'en taire. Cette eslection partagera l'assemblée; c'est
pourquoy il sera nécessaire qu'il y soit avancé quelque
personnage, qui ne face regretter le changement, mais
ait sa visée esloignée de toute autre passion qu'au ser-
vice de l'Estat et au repos et concorde au dedans.
L'on est fort après aux E^tats de cette Province, !t
faire promptement un fond de quinze ou seize cens mil
livres, afin que la grande roue, qui meut touttes les au-
tres, ne cesse d'aller, pendant qu'on se mettra tout de bon
au mesnage, lequel on pense consister principalement à
retrancher un bon nombre de gens de guerre, de ceux
spécialement qu'on paye en argent et lesquels ne se trou-
vent ailleurs qu'au papier. Plusieurs murmurent et es-
ctattent à tout moment, que l'Estat succombe à la despense
et qu'il est temps de l'en sublever; qu'il s'est faict des gran-
des levées et que, pour des occasions d'une seule saison,
lesquelles néanmoins on a veu continuer et augmenter de
temps à autre, sans autre avantage que d'en garnir des vil-
les, sans en enrichir le pays, ny en incommoder l'ennemy,
et, k tout propos , les provinces nous renvoyent !i leurs con-
tributions, pour y prendre le court de noz finances; mais
avant que la bouche soit ouverte aux villes sur ce snb-
ject, il seroit bien h. désirer que, sur l'une ou l'antre oc-
casion, v. Exe. peust faire un tour par deçii, pour dissi-
per nos nuages. La ruine de la pesche &ict perdre te
respect à plusieurs, qui partent tout haut de vonlloir
commencer la contribution de leurs villes par la dé&lca-
tion et retenue de ce que requiert leur équippage de
mer, et, sy cette maxime prend pied, c'en est faict de
l'Sstat. On entre en traicté avec les commissaires de
Zeetande, pour affranchir la manne et oii se prendra ce
fond extraordinaire, mais il faut tenir ces gens à la main,
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 87 — [less. Sïptemlin.
de peur qa'ils ne s'abandonnent par la nécessité à la pi-
raterie, et d'ailleurs il nous convient de mieux mesnager
l'Angleterre, qu'on peut entretenir de quelque honeste
compliment. La France semble aussy nourrir des mes-
contentemens couvers, qu'il faut addoucir'. Mais je m'a-
vance par trop; ce n'est que pour vostre service et faire
connoistre en effect que je suis et désire demeurer, Mon-
seigneur,
de vostre Ezc. très-hnmble, très-obéjssant
et très-fidelle serviteur,
FBANÇQY8 d'a:
De la Hs^e, ce 21 sept. 1636.
LETTBB BZIX.
Le même ait même. Opposition au rappd de M. Pava.
Monseigneur. Le conseiller Pau ne se rend point encor,
mus a faict la ronde par tont sur le rappel de son fr^re ,
lequel il presse, comme asseuré de l'obtenir, «j on le
porte nne autre fois sur le tapis. L'entremise de M' Catz
luj est suspecte et ne se faint point d'accnser messienrs
de Nortwyck, Mnscb et moy, d'avoir suborné les villes
à son desarçonnement; à quoy il pense s'estre avisé d'au
bon expédient, qui est de joindre une requeste k la lettre
qne son frère escrit aux Estats, laquelle il &ict estât de
présenter demain, ne se contentant point d'apprendre que
personne ne s'en est remuée en l'assemblée, lors que le
pensionnaire d'Amsterdam en fît La proposition à son in-
stance. Harlem, de qui il auoit faict bouclier, ne résou-
dra rien que sur l'advis de v. Exe Je tiray bier pareille
déclaration du pensionnaire de Leyden. La ville de
Gaude', tant l'un que l'autre party, s'est aussy obligée
' Le IG upt. Richeliea écrit \ Chinuc^: „Vaaa conaid^rei, l'il todi
plaist, qu'en grande» iflairea il d'j s point plu a»a*ti)« râulalira
,, Google
1685. SepUmb™.] — oS —
de suivre le mesme bransle. Tout cela ne l'eBmeat pas;
sa visée tend à l'obtenir de hautte lutte et de renverser
tous ceux, qui s'en mettront en obstacle. Y. Ëxc. sera
tost informée du succès. La raison veut qu'il ne soit
rien changé en la direction de l'alliance qu'il est allé
confirmer et de laquelle il a la meilleure connoissance ;
aussy l'assemblée, au Heu de consentir à son retour, l'a
de recbef chargé d'une nouvelle et autant longue qu'es-
pineuse commission, de procurer le remboursement des
navires enfoncez par le Koy devant la Bochelle. L'entre-
denx se doîbt mesnager, pour faire décider la démission
ou continuation de sa charge d'advocat La présence de
T. Exe. seroit icy bien utile, sy elle n'est plus nécessaire
ailleurs. Je prie Dieu d'ottroyer à v. Exe. prospérité
en ses desseins, avec parfaitte santé et très-longue vie,
et à moy l'honneur de vous rendre bonne et fidèle
preuve, qui mérite vostre faveur et confience, car je me
signe, en toutte vérité et candeur, Monseigneur,
de vostre Ëxc, très-humble, très-obéyssant et
très-fidelle serviteur,
FKANÇOIS D'&BBSSEH.
De la Haye, ce 2S sept. 1635.
LETTB» BXX.
Le même au même. Même ayet.
Monseigneur. L'assemblée d'HoUande a député pour
parmy d'autres affaires, prendre vostre advis sur le rappel
de M' Pauw. Quatre villes y avoyent donné leur con-
sentement tout absolu et une bonne partye des autres k
esté ay bien mesnagée, que, sy v. Ëxc ne le donne avec
fermeté et en représentant l'utilité que l'Estat peut espérer
de la continuation de sa demeure pour encor quelque
t^mps en cour, il est pour l'obtenir, sans en sçavoir le
gré à V. Ëxc; mais il vous faudra peu de façon et de
,,Googlc
— 89 — [1685. Norembre.
perBuasion à l'arrester oh il est, et cela vnîdé, il va soubs
correction estre temps de penser an principal, avant que
la saison nons porte dans l'assemblée de novembre, en
laquelle se doibt traicter de sa démission on continuation.
En cela et en tonte antre chose, v. Exe me trouvera
en nne entière déférence, s; elle me faict l'honnenr de
me tenir digne de ses commandemens. Je prie Dieu de
bénir vos conseils et vostre personne, Monseigneur, de
santé et de très longue vïe,
de vostre Esc, très-humble, très- obéyssant
et très-fidelle servitear.
FKANÇOrS d'^ehsbxn.
De la Hsye, ce 38 sept. 1635.
UBTTBCi nXXI.
Le même au même. Conférence» dé Cranenbwch.
',* A CnnBnbnTcfa, M' Mucb, grilBer dM EUU-Oja jniu , «Toit m,
d^i «n Kptcmbre, tont diiera prAcita, de* conKrencea iToe Don Martin Aipa,
•ecrAiira da Koi d'Eapagne, inr lea mojciu da tarminar h gnatra. Celte
pratiqu, ecmtnirs aux eagtgamant* avec 11 Fiuca, ; «TOÎt an*£ nue vin
bdignitioD. M. de Biat (vojai la lattra 422) et Chinicj, ■'adrsiant la
14 i(e. am BUti-G^D^raoi , diwient: „S. M. iéân qu'on face la paix aeon
et boDonble, o'ett-ft-dire traitt^ et conclue oonjoiDctement et da eouantament
eoniaiiiB dei all[ei, st non paa pricipit^, particnljira et acbie, comme il
•aoUe que doit eatce eelle qni m traite miioteDint."
Monseigneur. Apres une longue attente de la résolu-
tion du Koy, sur sa proposition d'one descente en Es-
pagne par la conjonction des forces de cet Estât avec
celles de S. M., on se remet i, ce qae M' le maréchal
de Brezé eu proposera à v. Ezc, qui me faîct vous en-
voyer la lettre de M' Heufit déchiffrée, où il y a, ce
me semble, des particularités h. considérer. Par mesme
occasion je vous diray. Monseigneur, que tous les yeux
de cet Estât sont portés sur la pratique de Granenborcli ,
oii il va du salut de nous et de nostre postérité. V. Eic.
,,Googlc
1985. NoiemliM.] — 90 —
a l'authorité et la prudence pour en bien ^re esclarcir
les doutes et raccourcir les longueurs, à ce que les déli-
bérations nécessaires au soabstien de la milice n'en soyent
traînées, ny traversées; le seul devoir que j'y sçauroy
contribuer, c'est de prier Dieu qu'il vueille présider sur
cette action, en la dirigeant à sa gloire et à nostre con-
servation et de donner à v. Exe. la prospérité, santé et
longue vie, que vous sonhaitte, Moneeigneor,
Tostre trës-hnmble , tr6s-fidelle et très-obéyssant
FKUtÇOn n'ASBaSBN.
De la Haye ce 4 novemb. 1636.
LBTTBE VXXn.
Le même av même. Même tiyeL
Monseigneur. L'ambassade d'Angleterre avoit esté
comme résolue en Hollande, k la réserve de la personne ,
lorsque Messieurs les Estats-Généraux furent appelles à
Ârobem; mais, à leur retour et sur leur relation, il fut
pensé plus ii propos de la remettre après l'événement de
ce qui passoit à Cranenburch, pour il un mesme temps
n'engager l'Estat en deux ac^ons contraires , assavoir d'al-
ler convier le Roy de la Grande-Bretagne d'entrer en
nostre ligne, pendant qu'il serait travaillé icy pour l'es-
ohanger nous-mesmes à une trefve; de sorte. Monseig-
neur, que depuis ce temps là il ne s'en est plus parlé
et les Estats se sont séparés sans en rien arrester, qui
est la responce que je doibs à celle de v. Exe. du 7 et
rendue hier au soir.
Monsieur le maréchal de Brezé, passant par cette ville,
me fit l'honneur de me veoîr et me donner part d'une
estrange opinion dont il estoit imbeu et prévena, comme
sy on l'enveloppoit dans la hayne, qu'il nous croit avoir
contre M le Cardinal de Richelieu, pour ce seulement
,,.GoogIc
— 91 — [1585. Norembrt.
qn'il est son bean irère et, considérant où cela doibt aller,
je me mis en devoir pour l'en retirer; mais une action
qne snr ce sabject il dit avoir passé à Arnhem, snr son
logement, le confirma tellement en sa première créance,
que touttes mes raisons et persuasions ne peuvent rien
gagner snr son esprit H seroit tontesfois dangereux de
le voir passer la mer avec cette insatisfaction. Entre
autres propos je luy demandaj s'il n'avoit receu ordre
du Roy poar proposer à v. Exe. quelques nouveaux ex-
pédiens, afin de conjointement entreprendre sur le Roy
d'Espagne par merP mais respondit que non, quoiqu'il
en eut des lettres fraîches; qui me faict douter qu'on
n'y ait changé de délibération, en nous payant cependant
d'espérance et de remise. Fartant j'attendray le com-
mandement de v. Exe, sy j'auray à tonscber de rechef
cette corde, ou bien de la passer soubs silence. Les
bmicts et les apprestz pour la guerre sont tonsjonrs de
saison au temps qu'on traîcte. Sur ce je prie Dieu, Mon-
seigneur, de bénir vos conseils et desseins et de don-
ner à vostre personne parfaicte santé et très longue vie.
De vostre Exe. très-bumble, tr&s-obéyssant et
très-fidèle serviteur,
rRANÇOYB D'AEBSSBN.
De la Haye, ce 10 novembre 1636.
Le SI nov. le maréchal de Chùtillon écrit de Paris, i M de i
Sommehdyck : „Je ne vons céleray poiot que j'ay eu grand peioe
à défendre la conduite qui a esté tenue depuis noatre jonction,
car jr eu arait qui font Icb bons valetz et les fort affectionnez au
Prince d'Oronge, qui luy avoient rendu de très-mauvais offices.
Vous entendrez bien clairement cens dont je veux parler. Mais
je vous prie qae cela demeure entre vous et ma;, sans qu'on
cognoisse que je voua aye donné aucun advia sur ce subject; car
il est nécessaire pour le bien commun que ceux qui négocient pour
le Boy Ters vostre Estât, ne perdent leur créance, A la vérité
je tronvois alors M' le Cardinal fort picqué et dégousté, ayant
veu que tes effectz n'avoient pas répondu à la grande espérance
qu'il avoit de la conduite de S. £xc.; je le trouve maintenant
,,Googlc
fort sdoud. Voyant qn'il a'j a plus de remUe aux occuionB
qu'on a perdues, il travaille maiateiiaiit & ce qui ae peat mieux
feire pour l'ad venir."
. ■. Le S fêvr. 1637 Charnacé écrit de la Haye à Richelieu: „Pau
'■^- Toudroit bien retourner ambassadeur extraordinaire en France,
voyant qu'il n'estoit plus rien ioy. Et j'easae désiré l'y pouvoir
servir, mais ne voyoit pas la chose faisable.... M. Aerssens me
tesmoîgna avoir confusion qne, parmy tant de grandes afiaîies,
V. £. se souviËne de lay sur le sujet de la Baronnie de son fils. . .
n ne change point eu l'affection qu'il a sy-devant fait paroistre
ponr le bien commun ; il est fort bien avec M. le Prince d'Orange
et très-bien avec Mad. la Princesse, qui commence à en prendre
conseil en beaucoup de choses."
LETTRE BXXni.
Frideric-QuiUaume , Marquis de Brandeboarg, à M' Rivet
RemercimenU pour la dédicace de Bon traité dé la St-Cène.
■,* L« gnv ÉleoUnr ds BrandBboDtg (1B20— 1838), plu tird époux i»
U PrinocMs Loaiw aile aln^ da Fréderio-Hinri, idccMi en 1040 k aoiipèTe.
Depaia 1834 dant lu PronncM-UDÎM , il Koit Aadi< i, Leid« et bûwt nuin-
tement l'ipplsntiiage de la guerre.
Monsieur! J'aj recogneu vostre bonne et sincère affec-
tion envers moy, non moins en vostre présence qoe par
ce beaa et très-agréable Traitté pr4paratif ponr la S. Cène
qu'il vous a pieu de dédier à moy. Je voua en remercie
très-affectneusement , roas priant de croire qne je serois
très-aise que quelque occasion me puisse naistre ponr vous
tesmoigner les effects de mon entière affection que je vous
porte. Cependant je me confèsseray vostre redevable, et
demeureray tousjours, Monsienr!
vostre très> affectionné à vous faire service,
PR^Eaic wiLHELH, marquis de Brandeboui^.
Je vous prie me recommander bien humblement aux
bonnes grâces de monsieur mon très- cher cousin vostre
Prince.
De Amehm, ce % de mars 1636.
,, Google
LBTTKB BXnr.
Le Comte Guillaume de I^'atsau-Siegen ' au Comte Henri-
Casimir de Naeaau- Diète.
Monsieur mon Cousin. Je suis sy accoustumé it estre
iàvorisé par vous que j'espère asseurémeut de ne manquer
jaiQ»3 à avoir des tesmoignages de vostre bienveillance;
c'est ponrquoy j'en viens à vous supplier vouloir inter-
poser vostre crédit envers M" de Frise, Èi ce qu'ils ayent
agréable de commander que les deniers qui me sont as-
signés sur eux soyent délivrés à un marchand qni vous
donnera ou fera mettre en main la présante. Et je vous
diray de plus que jamais aucune occasion ne s'offrira à
moy pour vostre service en laquelle je ne face voir tou-
tes sortes de ressentiment, tant pour ce bien&it sy que
pour tous les autres qui l'ont précédé, à rayson desquels
et par inclination je demeureray tousjours, Monsieur mon
Cousin,
vostre très-humble à vous servir
OUILLlkUlCE COHTB DE NASSAU.
'' Ma femme ' vous baise très-humblement les mains et
vous supplie de ne point oublier vostre portrait
Heusden, ce IS ap. 1637.
Monneur le Comte de Nassadw
Gou?erReui de Frise, etc.
LEVTBB BXXV.
Le Comte Jean-Maunce de Naesau-Siegen au Comte Henri-
Carimir de Naseatt-Diets. See euccia au Brétit.
*,* Jein-Mtiiriei, dit l'Am^riciiD (1604—1679), Sla da Comte Jeu de
' FDs dii Comis Jean d« NuMQ-Sicgm (1592—1642) at fsld-mtTÀshal
>a KTTKC dei ProTineM-Uniet.
' ChrùtiDe, d^ comtesM d'Erpicb.
,, Google
1887. Aïiil] — »4 —
NuMD-Siq^, entn tria-JMiw (1620) ta MTvict dta PnriDees-UiuM et m
âUtingnB, par u ràisUnce à Pappcofadm Ion du *i^ de Muitricht en 1SS8.
La Compagnie des Indea OcctdentaJes \» nomma en 163S gaurernear du Bràil.
tl ; fit preove de beaucunp de talent et de talent; miii, mal aecondé par la
Compagnie, il retourna en Enropc en IMi.
Monsieur mon très-cher Consin. Le peu de loisir que ,
depuis mon arrivée en ce païs icy , j'ay eu ^ mettre l'or-
dre aux aff^res qu'elles désiroient m'excusera, s'il vous
plaist, de ce que j'ay esté si longtemps saus vous écrire
et vous rendre le devoir , à quoy les lois de la civilité et
le lien de nostre estroitte amitié me vous obligeoient
Maintenant que je suis un peu mieux à mon aise. Je ne
puis demeurer plus guëres que je ne vous die avec ma
franchise acconstumée que , quelque bon voyage et succès
en touttes mes entreprises il plût au bon Dieu me donner
jusques icy, l'aiguillon de vostre absence m'est tousjours
demeuré, et d'autant plus esté insupportable que, par ce
grand intervalle des lieux dont nous sommes éloignez, je
snis privé du soulagement que me pouvoit apporter la
fréquente réception de vos nouveUes et particulièrement
celles de vostre bonne santé, Toutesfois j'espère qu'elle
sera tousjours demeurée en l'estat où je la laîssay en vous
disant adieu, et que cependant le temps n'y aura rien
diminué , n'y mesmement des autres félicités , dont il plut
à la Fortune de vous combler. Quant à moy, je ne sçay
comment assez louer mon Dieu pour la bonne santé et
le bon progrez qu'il a donné k mes armes et à ma per-
sonne depuis quelque temps en çk Car après avoir esté
arrivé icy le 23 de janvier passé au récief de Phemam-
bouc sain et sauf et avec un applaudissement merveilleux
de plusieurs gens de bien, et le 5 de février suivant avoir
mis mon armée do 5 jusques à 6 mille hommes tous
combattans en campagne, je m'en allay droit à l'ennemy,
lequel je n'apperceus pas si tost avec 1800 hommes au
pied d'une montaigae fort bien retrensché que je ne le
chargeay incontinent, me saisit de sa forteresse et le fis
retirer avec perte de 300 braves hommes et plusieurs
,, Google
— 95 — [1637. Ana.
officiera de remarque ' et d'anthorité. Des nostres il n'y
east que six de tuez et 35 de blessez. Cette tragédie
se joua à une place d'où le comte de Banjollo *, le géné-
ral de l'ennemy, ne fut pas loin, mais se n'osant appro-
cher de près à cause du fèu, qu'il ne poavoit sentir, il
se contenta de la regarder du haut d'une montaigne,
comme ce n'eust esté chose à laquelle il avoit de l'inté-
rest H se dégousta aussi si fort de ce premier compli-
ment qoe je fis alors aux siens , qu'il se défia mesmement
de m'attendre dans son meilleur fort de Povason en Porto
Calvo, lequel je ne laissay pourtant d'assiéger et emporter
avec de bonnes et avantageuses conditions en 14 jours.
Là dedans se trouva le magazin, ammonition et tonte
rartîllerie de l'ennemy: à sçavoir 2b pièces de fonte, 4
mortiers, 500 grenades, 500 tonneaux de poudre, grande
quantité de grenades à main, de meiche et d'autres ma-
tériaux. Les soldats qui en sortirent furent 40, la plus
part Espagnols , mais tous en bonne disposition et embon-
point, lesquels, pour empescher de venir brouiller sitost
en ce pais icy, j'ay envoyé avec leur gouverneur et 8
capitaines aux Indes Occidentales , où ils auront place et
loisir de remuer tant, qu'ils s'en délasseront d'eux-mes-
mes. L'on demeure d'accord que le comte de BanjoUo
se persuada, que le dit fort tiendra bon pour le moins
5 on 6 mois , mais il se trouva grandement trompé dans
son calcul; c'est pourquoy il ne se voulut pas aussi opi-
niastrer beaucoup en une espérance qu'il avoit si mal
conceue, s'adviaa sur la première nouvelle qui luy vînt
de la prise de sa meilleure forteresse, de se retirer de
bonne heure vers la rivière de S' Francisco, et de se
faire passer avec son bagage le plus tost qu'il luy serait
possible. Advis !i la vérité très-bon; car sans cela il
eust esté contrainct de se battre , ce ne &isant pas volon-
tiers , U ne cherchoit aussi point de nobe , ny demandoit
que d'avoir la paix et estre en repos. Pour sa fiiitte,
celle fnst si pressée qu'il oubliast aussi de défendre les
' Duqiw. ■ Bignolt, loTwé 1 l'éoale d« Sjnnoli.
,, Google
18a7. A»ril.]
' 96 '
passages les plas mal-aisés à forcer que l'on sçanroït ja-
mais rencontrer. Le plus grand empeschement qu'il me
donna, ce fut, qu'après avoir passé plusieurs rivières non
gaéables, il fit dé&ire tous les ponts qu'il gvoit fait
faire pour passer arrière soj, lesquels il m'a fallu redresser;
cependant il a gaigné son temps pour échapper, ce qu'au-
trement il n'eut pu faire si aisément et à si bon marché.
Mon avantgarde fit toutesfois à cette poursuitte si grande
diligence, qu'elle vit encore passer sa dernière chalouppe
la sus-ditte rivière de S' Francisco et fit de très-bon bu-
tins de Portugoises fugitifs, de perles, de vestemens, d'or,
argent et antres choses. Ce fiist alors, quand ces pau-
vres gens s'abusèrent si lourdement, qnand ils prinrent
nos Brasîliens pour les leurs et tes demandèrent assis-
tance contre les Flammingos. Ainsi nous voilà rendus
maistres, grâces ^ Dieu, eu deux mois de ce bon pals
jusques à cette fameuse rivière de S' Francisco, sur la-
quelle je fais maintenant fortifier une vilette nommée
Openedo, pour tenir en bride et dévotion les habitans
du pals, qui autrement se sont acconstumez de se révol-
ter sor le premier vent qu'ils eurent de leur partie. Je
yous devrois aussi dire quelque chose de la très-agréable
constitution de cette terre, de la grande fertilité, abon-
dance et rareté qu'elle a et produit en firuits, plantes,
animaux, oiseaux , et autres monstres. Mais la feuille me
venant à manquer , il n'y a moyen d'adjouster autre chose
que la sincère protestation qne je veux estre toute ma
vie, Monsieur mon très-cher cousin,
' Tostre très-humble serviteur,
lUtTBICB CONTE nX NASSAU.
d'Ântonl Vaea en Phemambonc, le 28 avril 1637.
' TMtn — AatogT^ke.
,, Google
— 97 — [1M7. Jumet.
liBTTKB BXXn.
^f. Hoea0t h M. de Somtndtdyek. Nouveliet.
Monsieur. Le 3 fust ma demîëre, depQÎa recen anl-
cune voatre, La présente pour dire qoe on est icy bien en
paine de ce que 12 ' n'est encor en campagne et ne sa-
vent que penser. Passé deux jours, je fus voir 13', anquel
je fis entendre que tout se rendoît aux rendé-vous; que
Son Alt' partiroit en peu de jours, mais que j'apréhen-
dois que le mauvais temps qu'il avoit &ict la sepmaine
passé, n'eust retardé son partiment. Il me dict que mes-
sieurs les ï^tats avoient grand tort de tant délayer, vea
que la Prance avoit iaîct tout ce que ils ont promis et par
delà, tesmoing le siège de Landresi, à quoj ils n'estoyent
obligés, non plus aux six mil hommes, qui sont prestes
environ de Caltûs et ne font qu'attendre, et sur ce que
je Iny dysois que l'avence des 300 [V. R.] estoit venu
ibrt à propos, je luy ay tant persuadé que Son Ëmi-
nence me promit, qu'en lieu que les asignations avoient
à courir jusques k la fin d'apvril, qu'il les fera racoursir,
pour estre eschéant k la fin de cest année; dont M' de
Chavigny et moy, avons esté trouver M'' de Bullion,
pour luj faire trouver bon le dit avancement; ce qu'il
a approuvé, et suis après à faire réformer ou renouvel-
ler les dites assignations, et serviray l'Estat, en cecy et
tout autre chose, de tout mon possible. — Nous ne sçavons
au vray Testât de M' le Conte'; aulcuns veullent qu'il ay
trmcté avec la Boyne-mfere, autres qu'on accomode son
affaire; au moins le commerce est défendu avec ceux de
Sedan, et le Roy va, vers la fin du présent mois, à Sois-
sons, ayant donné rendé-vous an dit lieu au 25 de ce
mois, au régiment des gardes, gens-d'armes et cbevaox-
légers du Boy et Monseigneur le Cardinal et [merceur] 6
pièces de campagne. La cîrconvalation de Landrecy est
lait; on a ouvert les tranchées, et croy que les batteries
■ Is Prime d'Onige. ' le Cardinal de Kicheliea. ' C. de Soinona.
in. î
U,g,t7cdb/GOOglC
1637. Jmllrt.] — 30 —
ayent commeocé à jouyer depuis hier. Son Alt de Wei-
maer est dans la Conté ' oh il affrontte l'ennemy tout les
jours, ayant depuis sa victoire par diverses rescontres
defiaict plus de trois mil hommes, avoit assiégé Yisou*;
dac Charles se retranchoît entre Bezanson et la rivière,
si bien qu'ils ont quitté la campagne. Ou croit que
Son Alt. ne passera pas le Kbin, parce que on dict que
Picolominy, en lieu d'aller au Pays-Bas, a receu ordre
d'empêcher i. Son Alt de Wymaer le passage et s'en al-
ler à la Conté. On parle icy de quelque deffaicte des
impériaux par M' Bannier, mais je me réserve à la croire,
josques à ce que nous en ayons plus de certitude, nous
avons sceu la rendition de [Hemestees], que on ignore,
ou on le veut le couvrir. Les Espagnols ont abandonné
vite la paille * et se sont retirés en Milanois. M' le duc
de Longneville a assiégé un chasteau et les tronppes du
duc de Koban ung aultre. Ce duc est retourné à Genève.
L'affaire d'Angleterre demeure arrestée. Sa Ma*' ayant
envoyé vers messeigneurs les Estas et couronne de Suède,
On croit que l'assemblée se tiendra h la Haye, qui sera
le plus commode; cependant les Anglois ne lessent pas d'es-
corter les navires, jusques dans Dunkercq, ayant mis deux
convoyé dans la dite ville. Depuis 15 jours ils s'excusent
ne pouvoir empêcher, à cause que il n'i a poin de signe.
Monsieur frère du Roy est venu en ceste ville. Le Roy
est il Chantilly; Son Ëmineoce it Ruel. Cest ce qui
s'offre à vous dire, Monsieur, quand à présent. Je suis,
Monsieur,
vostre très-humble serviteur,
HOKUFFT.
A Paris, ce 17 juillet 1637.
Le 31 juillet Chamacé écrit de Bergen op Zoom: „J'ay coni-
'- municqué à 9£. le Prince d'Orange vostie Mémoire, sur lequel il m'a
respondu que tout le monde et moy particulièreiDent avoit con-
■■ du devoir que les Eetatz et tuy avoient fait pour ex»>
' Kraoelu- Comtj. ' Vew>uL > partie.
,, Google
— »y — [1087. Juillet.
coter le premier dessein, et l'irapossibililé qui s'y est trouvée,
comme pour la seconde et troisième aunée, qui est où il faudrait
débarquer, l'en empesche entièrement et qu'ainsy ne pou?ant mieux,
il falloit de nfceaaité a'attacher au moindre en considération, mais
au plus en force et en dïificulté. £n quoy l'on ne peut nier que
tout ne sQÎt très- véritable , nu moios i ce que j'en ay peu voir
et recognoistre."
LEVTBB BXXVII.
M. de Sommdadyck ou Prince ^Orange. Siège de Breda;
(paires d'Allemagne.
*.* U'iprii Is dénr de li France (CbtrDicJ ponuant cette entrepriie ivcc
pâwioD) on tToit réwla l« ^ft de DDBqnerqae, miia, *;»lt pan^ tnni te-
miiora k l'tncre dnut Bimmelnoa ï ittcadre le vent, le Prinœ d'Orange
cfaBD^ de deacin et s'en vint iuléger Breda,
Monseigneur. Dieu ayant réglé voz desseins selon mon
déair, qui suspectoit la mer en touttes ses parties, je
souhaite que la terre soit plus &vorable à faire succéder
vostre entreprinse sur Breda, à mon jugement d'autant
préférable devant toutte autre, qu'elle peut couvrir le
coeur de l'Estat. La France n'a point de subject de re-
procher à V, A, d'&Toîr rien altéré an project de sa con-
vention, car elle et tout le monde peut juger de vos
intentions, par la contrariété des vents, laquelle dtire
encore jusques aujourdhuy à s'y opyniastrer. Cela donq
ne doibt point empescher V. Â. , mais le dessein que
vous poussez est très-grand. La ville en ses fortifications
est le chef-d'oeuvre de feu monseigneur le Prince d'Orange,
qui estoit l'Archimède de uostre temps en cette science (').
Le marquis Spinola ne l'osa attaquer que par la famine,
et V. A. venant à la prendre, outre la grande gloire
que ce luy sera de l'avoir arrachée de la puissante main
(1) „Le 10 oct. fat prtae cette ville de Bredaqae le monde ivoit roula mettre
u nng des impraublei, k uiue de il turtificitiaii." {Mim. de 7t. S.)
,,Googlc
1M7. Juillet.] — 100 —
du Roy d'Espagne, décidera encor cette ancienne question,
sj la natore est plus ingénieuse & se conserver ou à se
destruire, puisque rostre attaque se prend à une place
fortifiée en perfection et soubstenue d'une puissance sur-
passant de beaucoup la vostre. La prudente et courageuse
conduitte de Y. Â. nous en promet le succès, auquel tout
ce peuple tesmoingne d'estre prest de contribuer jusques
à ses derniers effortz, et ceux qui président sur te gou-
Temement n'obmettront point de mesnoger ce zèle an
soulagement de V. A., que Dieu vueille préserver de
malbeur, en vous bénissant de prospérité et de par&icte
SEDCté.
Monseigneur l'Électeur va tronver V. A. sur le traicté,
qui vient d'estre conclu entre la Prance et l'Angleterre.
La cbose mérite son attention, au regard de cet Estât,
lequel, confinant it l'Empire du costé de son plus foible,
doibt meorement poiser' sy, en la concurrence de deux
puiasans Rois, il tuj est expédient et senr de déclarer la
guerre à l'Empereur, comme au détenteur du Palatinat.
Ma considération est que ces Rois pearent tonsjonrs dé-
laisser cette confédération, sans ae pèner* d'aucun reproche,
ny de retour, pouvana consister en eux mesmes, mais
cet Estât seroit le théâtre sur lequel l'estrif * viendroît à se
démesler. L'Angleterre n'y contriburoit qu'un peu d'ayde,
sans prendre part aux dangers et la France, h ta faveur
de Rome, peut s'en retirer, quand la fortune ne luy riroit
pas. Les voisins amis et ennemis, quoiqu'ils en disent,
taschent de nons laisser la guerre en partage, pour l'exer-
cice des uns et pour la seureté des autres. La condition
toatesfois où nous nous trouvons, demande que pensions
^ nous retirer d'une tant démesurée deapense, afin de
prendre it nostre tour, s'il est possible, quelque peu d'ha-
laine. «Tavoue, Monseigneur, que, sy tout de bon et
soubs des conditions esgales, on pouvoït convenir d'une
estroitte et vigoureuse confédération , qu'il seroit à propos
d'en embrasser le party; mais de ne se liguer que pour
' pMcr, ' Kmànr. * débat.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 101 — 1M7. Juillet.
]e seul Palatinat, V. A. j trouvera sans doute bien k
redire. On conteste icy lequel de deux se doîbt faire,
ou de demander communication du traicté par des com-
missaires, au désir des Anglois, ou d'attendre qu'en forme
décente il soit exhibé en plène assemblée. Il n'est point
raisonnable que cet Estât naissant se gaste arec les Rois,
sur des nues formalités, qu'il est bon leur concéder, mais,
sy d'arantnre V. A. a des considérations pour gagner
temps en telle délibération, je me rends volontiers au
jugement de ceux qui pénètrent plus avant le fonds de
cet afiaire. — La retraicte des Suédois vers la Poméjanie
va empirer nostre condition en l'Empire. La France les
doibt mieux Becoarrir, ou s'armer pins puissamment contre
les suittes de leur accord, car tout viendra fondre sur
elle et sur V. A. — HoeufiFt m'a prié de vous commu-
niquer Is jointe'; mais, sans me donner de garde, j'abuse
de la patience de V. A. en une saison que les minutes
vous soDt chères. Pardonnez, s'il vous plait, à la très-
fidelle aâêctioD de celui qui est, de coeur et de bouche.
Monseigneur ,
de vostre Al", très-hnmble, très-obéyssant,
et très- obligé serviteur,
rKANçois d'à.
De la Haye, ce 36 juillet 1687.
A Son Ait* au camp devant Bieda.
LETTKB BXXYin.
M. Boei^ à M. de SommtUdyok. Nouoellei.
Monsieur. Le 24 du courant je vous ay donné advis
de ce qui ae passoit icy, de la rendition de Landrecy,
d'où ils sont sortis le 26 du mois; depuis m'est parvenu
la vostre du 20 et avons sceu le siège de Breda, pour
le moins de l'investiture, de quoy on en est icy à demy-
,, Google
1637. JdilletO — ^^^ —
content Mais les préparatifs pour ailleurs et les tour-
mentes et venz contraire excusent assez l'af&ire, joingt
que, si le siège estant formé, son Alt. pourra encor agir
ailleurs, puisqu'on est icy résolu de pousser la victoire.
Le Roy partmardy pour Monseaox; le Conseil va droict
h. Soissons; le Conseil de finance demeure en ceste ville.
Les trouppes de Pîcolomioy sont arrivés en Luxembourg.
M. le mareschal de Chastillon estoit le 27 à Estenoq,
résolut d'aller à luy. On ne sçait le succès. On a en-
voyé d'îcy vers son Altëze d'Orange, par où vous sçavez
les mouvements; si la France peut foncer droit an ceur
du pays, les provinces esp** * seront bien estonnés et
si on peut faire vivre l'armée au Pays-Bas, ils sont mi-
nés. L'armée du duc de Wymar est encor aus environs
de Bezançon et ne sçay quand il en partira. Banier a
lâché le pied et estoit près de Lantzberge, oh Vrangel
espéroit le joindre. J'espère qui ne feront aucun accordt
seul. Pour cest effect je voudroy que le traité de la
France et eux fust signé. iTay faict tenir l'argent à Ham-
bourg, si bien que j'espère cest accordt et demeurant bien
nniz on tirera raison de la maison d'Austriche , pour-
veu que la Compagnie occidentale soit mtûntenu puis-
sant, sans l'abandonner par traité. Pour l'Angleterre, ils
semble estre résolut de bien faire, pourveu que nostre
Estât et Swede entrent au traité; au moings Angleterre
ne peut en ce cas faire aulcun traité qu'avec les alliés,
et sy en pouvoit mettre la jalousie et detfiance entre l'Es-
pagne et Angleterre, ou les mettre en bref en guerre,
vray moyen d'en chevir '. J'espère que messieurs les Es-
tas useront de leur prudence ordinaire à se bien liguer
et donner contentement au deoi couronnes, tant qu'Us
pourront. Je suis bien ais * que l'Estat et ' contente de
moy et leur continueray les subjects , Dien aydant. Je voy
l'advance d'encor 80 v. 1. Je m'efforceray à servir l'Es-
tat en tout ce qui me sera possible; pour les envieux, je
les laisse faire et continueray mes affections et services.
' npagnolïs. * «ortir, m IJnr tl'ïOiur«. ■ tut. * Mt.
,, Google
— 103 — fiesT- Aofit.
(Tay icy bien de la peine à tirer argent, qoi est fort rare
parniy les peuples, mus avec le temps et patieDce od en
viendra au bout, comme j'espère. Le parlement a esté
ass4s mal mené par S. M., sur le refiis, de faire mettre
en exécution quelques édicts; à la 6n ils furent hier trou-
ver le Boy i, Madrid, où ils ont consenti à toat ce que
S. M, leur requéroit et on promis de satisfaire, selon
l'intention du Boy. L'accort de M' le Conte est faict
et tes croquons en Limoisin et Périgort destruit, force
prisonniers; espérant que tout demeurera en tranquilité.
Cest ce qui se passe îcy pour cest heure et, après mes
très-humbles baise-mains, je demeure Monsieur,
vostre très-humble serviteur,
BOBDFPT.
A Paria, ce dernier jaillet 1637.
A Monsîetir, Monsieur d'Aerssen, Che-
vallier, Sei^ de Somersdirq et de la
Flaete, à la Haye.
ItETTKE BXZIX
M. de Sommehdyck au Prince <P Orange. Le» Étala de Hol-
lande mécannotuent ^autorité de» ÉtaU-Généraux.
Monseigneur. Puisqu'il vous plaist me le permettre,
j'avise v. A. que les Estats d'Hollande se disposent à la
séparation pour la sepmaine qui vient, sans avoir aucu-
nement proveu ' an fond lequel vous faict de besoing an
maintien de vostre siège, et sy v, A. ne les en faict pres-
ser plus vertement et à y fournir d'une ou d'autre &çon
avant qu'ils partent , j'ay haléné ' des personnes de condi-
tion et d'intelligence, qui espèrent peu que vous y re-
ceviez du contentement et en prétend on donner le blasme
à la lenteur et froideur des autres provinces. Outre cet
aSaire, qui est bien le premier en considération, on dé-
' pourra. * Mndj.
,, Google
1687. Août.] -^ 104 —
bat encor hors de temps la qualification de messieurs les
Estats-Généraus , assavoir sj leur compète aucune judi-
cature Cette dispute ne peut prendre pied qu'avec l'a-
version de l'authorité publique et de la direction de v. A,;
car, sy le pouvoir de chastier leur est osté, les provinces
et les particuliers se dispenseront de tonttes loix, pour
en convenir selon leur intérest ou inclina^on, comme ve-
nons de veoir en Gneldre, au regard des contributions.
Il est doncq nécessaire, Monseigneur, de s'opposer roide-
ment ' k cette nouveauté. Je pense que v. A. sera sup-
pléée de s'en entremettre, combien que desjà j'en observe
un notable préjugé, parceque messieurs d'Hollande, pour
mieux former et fonder leur party, entreprennent d'inté-
resser en leur opinion tonttes les autres provinces, aux-
quelles ils ont escrit à cette fin. Telles et semblables
disputes viennent mal à propos pendant vostre esloigne-
ment et pourrojent bien traverser les meilleures délibé-
rations, SJ elles ne sont prévenues ou levées avec pru-
dence et une atrempée ' modération. J'ose espérer que
V. A. me pardonnera cette liberté, puisque je m'en sens
tenu à vostre service. Je receus hier de Paris les advis
cy joincts; s'il m'en arrive de plus importans, je les feray
tenir aussytost il v. A., à laquelle je prie Bien d'ottroyer
parfaicte santé, avec très-longue et très-heureuse vie; et
k moy l'honneur de vostre bienveillance, comme à celuy
qui est véritablement, Monseignear,
de Tostre Altesse,
très-humble, très-obéyssant et très-fidèle serviteur,
FBANÇOIS D'aERSBSN.
Se la Haye, ce 8 nonst 1637.
LiETTBE mXXX..
Le même au même. Même sujet.
Monseigneur. Ayant une fois commencé de vous dé-
1 inflciiblunent. * tcmp&^.
,, Google
— 105 — [16S7. Août.
partir de mes advis, poar la seule considération de l'Estat,
je ne m'en sçauroy pins retirer que par vostre comman-
dement. Il avint devant-hier an grand scandale , entre
la Généralité et ta Province d'Hollande, sur la voye k
tenir en la levée des convoya et licences. Celle-là vonllut
que l'affaire passast par la mesme forme des années pré-
cédentes; celle-cy se roidit, pour la cueillette ' et fît par
toat deschirer les billets affigez * pour !a ferme, avec inhibition
anx magistrats des villes d'y assister, ny de prester leur
maison de ville. Le jour assigné par la Généralité venu
et comme on procédoit k la lecture des conditions, survint
le bnissier de Hollande, protestant au nom de la province
contre toutte l'action et défendant aux subjects d'en pren-
dre part; au mesme instant se leva un des députés de
la Généralité, qui déclara que les fermiers seront mam-
tenus en leurs droicts, et en soitte fut le quart de cett'
imposition par ferme adjugé à un Frison, avec sept mil
livres d'avance. Cette contestation. Monseigneur, portée
devant le peuple tourne grandement au mespris de l'au-
tborité du gouvernement Je ne présume point de dire
mon sentiment pour le droict ou le tort, mais je me
plains, et à v. Â., qu'il ne s'est trouvé parmy nous, durant
vostre absence, personne qui se soit avisée d'en prévenir
le coup, dont l'esclat est pour former une ruineuse par-
tialité entre les provinces. Ëncor est-il survenu une
seconde rencontre et bien plus rude, sur la recherche de
ceux, qui ont laissé fretter leurs ua vires au service des
Espagnols; de quoy les informations et judicatnre ont par
messeigneurs les Ëstats-Généraox esté renvoyées et commi-
ses au conseil d'Estat. Là-dessus je fus le IS"* appelle en
l'assemblée de messeigneurs les Estats d'Hollande, et me
fut enjoint de s'abstenir de telle connoissance , comme
n'estant point de nostre ressort. Je répliquay que, par
telle déclaration, je me trouvoj géhenne entre l'obéyssance
que je leur doîbs et le serment rendu à la Généralité à
leur nomination, n'y pouvant trouver autre entr^eux
,, Google
1837. Août.] — 106 —
que de m'absenter du conseil, auquel nous devons faire
droict au nom de la Généralité, sans esgard aux provin-
ces particulières; les priant de délibérer entre ces deux
contraires. Les Estats se contentèrent de leur première
déclaration et se séparèrent, mais au 20*"', messieurs les
Gecommitteerde raden m'envoyèrent un acte, portant dé-
fense aux députés d'Hollande au conseil d'Eslat, de se
mesler de la jadicatnre des habitons de cette province,
accusez d'avoir fretté leurs navires au service du Boy
d'Espagne en la mer Méditeranée et une résolue décision
de droict que telle judicature est réservée aux provinces
respectives et n'appartient aucunement au conseil d'Estat,
selon le 32* article de leur instruction. Or, Monseigneur,
V. À. voit où cela tend; c'est une plausible proposition pour
les provinces en destail, mais qui renverse l'Union et l'or-
dre du gouvernement. Sy la Généralité n'a point d'autorité
de soy et qu'il la faille aller chercher aux provinces, qui
se banderont tousjonrs touttes pour leurs intérests contre
tontte supériorité, qu'elles-mesmes néanmoins ont establye
et déférée an maintien de l'Union, quel moyen restera"!]
de contenir les provinces au devoir de leurs conventions?
Quel titre avons nous davantage d'exécuter la Frise, d'al-
ler enlever les habitans de Gueldre, pour avoir traicté
de leurs contributions, pour se garantir de ruine? et n'avoir
point de droict de cbastier ceux qui, par avarice, ont
fonrny des moiens à l'ennemy commun, de courre ' sus à
nous et à nos alliés? Je supprime cet acte, pour la suitte
qu'en apporteroit l'esclat, mais ces disputes se doivent
lever par persuasion de prudence ou par meilleure infor-
mation, et ce faict est de tel poids que je délibéroy d'en
aller conférer avec v. A., sy je ne la jugeoy trop em-
pressée du grand affaire que vous avez sur les bras; miùs,
quoy qu'il en soit, il n'y faut rien négliger, sy on ne
veut veoir jetter par terre l'authorité publique. Je le
dis à ma descharge, avec résolution d'embrasser tousjours
vos commandemens. Je prie Dieu de bénir vos conseilz
,, Google
— 107 — [1637- Septembrt.
de prospérité et de donner ^ Tostre personne parfeicte
santé et trës-longae vie. Cest, Monseigneur,
de V. A., très- humble, trës-ob<^yssant et
très-fidèle serviteur,
FKANÇOrS d'aebssen.
De la Haye, la veille de la St. Barth^cmy 1637.
LKTTBE BXXXI.
Le même au même. Même mjet
Monseigneur. L'expédient que V. A. propose à dévider
la contention d'entre les provinces, me semble salutaire
pour empêcher que rien n'aigrisse davantage; mais la
conférence n'en lèvera point la cause, car il est à croire
que de part et d'autre on viendra prévenu chacun de son
opinion et desjà j est-on allé trop avant en lettres et en
déclarations. La jndîcatnre de la Généralité est dispatée
par des provinces particulières, comme une usurpation
sur leurs droictz et franchises; en quoy est à craindre
que tonttes les provinces ne conviennent aysément, pour
s'afiranchir de supériorité, sans considérer le publiq en
sa nature et composition; mais, quelque contestation qu'il
y ait, sy faut-il, Monseigneur, que l'Union tienne, sy
on ne veut jetter l'Estat par terre, et l'Union n'est autre
chose qu'un corps composé entre et dans les provinces,
avec autborité et pouvoir d'administrer souverainement
touttes les affaires qui touchent k l'Union, dont la pre-
mière et plus essentielle partye est celle de la jadicature
des choses de son ressort, c'est-à-dire de celles qui con-
cernent le corps; autrement ce ne aeroit plus qu'une chi-
mère, sy la punition et la récompense luv estoit retran-
chées, à l'appétit de quelque province particulière, sy
d'aventure elle s'y trouvoit inti^ressée. Les Amphyctions,
composez comme cet Estât et nous à leur exemple, pre-
noyent jadis connoissance des différens de tous leurs al-
,, Google
ISST. Seplcnibre.J
108 -
liés et les jugeyoent sans appel. Nos prédécesseurs en
ont jusqaes icy nsé de mesme. Le commun danger ne
permet pas que noas esbranlions en aucune làçon ces
premières maximes, et qui soubstiendroit vostre authorité,
quand l'Union se trouveroit desarmée? Seriez-vous pas
obligée à toutte rencontre d'accourrir* anx provinces par-
ticulières et qu'espéreriez vous de leur séparation sy,
unies et tonttes comme d'accord, s'acquittent sy froide-
ment de leur devoir et courrent sy chaudement à leur
particulier? Mon advis donq seroît, Monseigneur, que
Y. A. ne souffiist point que l'Union fust esbreschée, ains
l'authorité maintenue^ le temps n'y amendera rien, sy
vostre intervention ne remet ]es humeurs de leur aigreur,
pour les rammener peu & peu à la considération du péril
commun, auquel ces f^beuses contentions jettent l'Estat
et touttes leurs fortunes; et, sans plus toucher au &ict de
la jndicature, qu'il taut conserver comme le Palladium de
l'Estat , V. A. possible ' ne trouvera hors de propos de
mettre en avant de faire commettre pour cette fois, pour
le respect du commerce, quelques juges extraordinaires
au contentement de la Hollande, afin de procéder contre
les prévenus sur la commission de la Généralité. C'est
le party qui me semble plus aysé et sortable. Je supplie
tr^S'hnmblement V. A. de ne réputer ma liberté à pré-
sumption; elle n'a pour but que de vous rendre preuve
que je suis. Monseigneur,
de vostre Altesse,
très-humble, très-obéyssaut , et trës-fidèle serviteur,
PB&NÇOÏB n'AJBBSSBN.
De la Haye, ce 3 sept. 1637.
Par cet apostille, Monseigneur, et au premier mouve-
ment de ma douleur de la mort de feu M. de Chamacé ('),
je plain à V. A. la perte que venés ' faire d'un fidelle ser-
ti) Exerçant la charge de colonel d'un régiment françuis, il venoit d'Itre toj
dennt Broda d'un coup de mouiqoet.
' de rcconrir. ' peot-Mre. * t. de.
,, Google
— 109 — [1887. Sïptambni.
vitenr; lequel ayant establj toatte son espérance et for-
tune, contre les envies et cbangemeos de sa patrie, en la
seule amitié de Y. A-, ne s'estoit proposé antre pensée
ny visée qae de vons servir fidèlement, en liant à son
possible les intelligences et confiences du Boy k cet Es-
tât, sur ce fondement; Dîea vueille qne celny qni Iny
SQCcédera, ayt pareilles intentions. Cestny estoît faict et
partant j'ose redire qae V. A. y a perda trop plos qu'elle
ne croit et le sçay, mais c'est Dieu.
l'BTTJBB nxjoai.
Le même au même. Même tujet.
Monseigneur. J'ay escrit à v. A. le 23 aoost sur les
différons esmeus entre )a Généralité et cette Province.
La question n'est pas petite, car la compétence de laju-
risdiction y est disputa, c'est-à-dire, qu'on en sappe les
fondemens de l'Estat, qui ont leur ferme sur l'Union, à
laquelle se doibt rapporter la souveraine autborité dn gou-
vemement, qne vous avez droict et ajdez à conduire.
tTavoy espoir qne les gens de bien se lussent œiz au de-
vant de cette contention, on qu'nne députadon, sur l'ad-
vis de y. A., en enst ouvert la voye à l'accommodement ,
en bannissant toutte autre animosité qne celle qui menast
à l'intelligence et paîz mutuelle; mais la fidélité qne je
vous ay protestée, et la liberté qne m'avez donnée, me
force de dire à v. A. que la Généralité ne s'eacbauffe pas
assez à conserver ses droicts et que, de la part d'Amster-
dam au contraire, tout se remue à fonder leur prétention,
josqnes là que, sy la partye se peut lier avec le quartier
de Nort, à quoy il est travaillé, on n'en viendra jamais
en vostre arbitrage, duquel il se parle desjà, qae les an-
cêtres, en cas pareil, ne s'en sont voullu soubsmettre, ne
déférer à la connoissance de l'Empereur leur prince na-
turel Mais, Monseigneur, il n'est pas question de nous
U,g,t7cdb/COOgIC
1887- Septembre.] ^110 —
déjoindre, la prudence veut qae tels incidens se prévien-
Dent ou lèvent par prudence, sans permettre qu'ils pren-
nent pied ny adhérence; rompez donq de vostre interven-
Uon les dez à ceux, qui les ont en main, et ne permettez
point que le mal s'invétére; qui conseillent d'y temporiser,
m'en font craindre la gangrène; le mal n'est pas nay à
coup, plusieurs harcélemens l'ont précédé et je ne me
feindray point d'asseurer qu'il dérive d'une autre source,
et nous avons ce mallieur que, quasi à nostre naissance,
on nous fiiict desclioir de viellease, tant il se voit de dés-
ordre, confusion et de stupidité à nostre conduitte. C'est
i V. Â. que j'adresfie cette plainte, puisque la condition
de cet Estât doibt entraîner la vostre en suitte. On vous
embrouille au point que les ennemiz ne vous permettent
de regarder derrière et, sy le zèle n'alloit qu'à conserver
chacun ses droictz, la raison en feroit bientost la dé-
cision; mais, au temps présent, toutte nouveauté est sus-
pecte. Partant, pour entamer une conférence k traîcter
ces débatz, il est tout à propos et plus que temps que
V. A. en face sommer les parties, soit icy, soit en l'armée;
il y pourroit intervenir des personnes neutres et pacifiques ,
pour au principal remettre et commettre la judicature des
matières qui sont en desbat k des juges triés de commun
concert et consentement, la moitié au choix de la Hol-
lande et l'autre de la Généralité, pour cette seule fois, &
la chargé de les assermenter et assujettir aux loix de l'Estat
V. A. proposant cet expédient, vostre autborité y demeure
conservée, laquelle ne peut meshuy' sou&rir que ces cho-
ses se vuident autrement que de vostre connoissance. —
Les nouvelles que j'ay de Paris du 5, testifient de la sa-
tisfaction qu'on y a du siège devant Breda, à cause qu'il
les soulage d'une puissante diversion, c'est-à-dire, que
tout l'effort de la guerre est donné en partage Si V. A.
On tasche de nous faire croire qu'on y estoit à projetter
de grands desseins et nous en donner des espérances,
mais il est très-évident qu'on s'y contente d'aller aux bi-
' dàoroiui.
,, Google
— 111 — [IBST. Odotirt.
coques et à la vache, au lieu de mesnager voz armes,
qui josques icy ont tenu en escheq celles d'Espagne, et
pins il ; a eu de péril, et plus grande en sera vostre
gloire. Je prie Dieu qu'il prospère rostre entreprinse
de briève et bonne yssne , et la personne de V, A. de
parfiùcte santé et de très-longue vie; à moy l'honneur de
Tostre bonne grâce en qualité, Monsieur,
de très-humble, très-obéyssant et très-fidèle
serviteur de v. A.
FRANÇOYS D'AGBSSSN.
De la Haye, ce 16 sept. 16S7.
liETTME DXXXIII.
Lt même au même. Même mjet; négociatioru.
Monseigneur. Le payement de la milice non repartye
devient meshoy ' court et va estre temps d'y penser d'heure ,
sy voulions éviter confusion; car la France payant ses
quinze cens mil livres en argent léger, le fonds, rendu icy,
en revient à douze cens mil, s'il est gardé entier, de quoy
je lay doute, pins de la moitié en a esté négotié et dis-
tribué, et on ne feict encor qu'entamer le mois d'octobre;
on prendra-on ce qui est deu à Weerdenburch , k Mou-
tart, aux bospitaux, et anx services? V. A. sçait que les
provinces en vuellent demeurer descbargées , ne parlans
desjà de ces troupes qu'avec dessein de les congédier dès
l'yssue de la campagne, comme sy la guerre devoit finir
avec la prise de Breda. Il est donc à propos, Mon-
seigneur, ou qne persuadiez la Généralité, quand elle
sera par députez à vous sur d'autres affaires, de fùre
finances pour la continuation; ou bien, qu'aydies à y
porter la France, parmy les autres pourparlers dont on
doibt convenir avec elle. Sy d'abordée le nouvel ambas-
sadeur peut estre mesnagé, ce seroit un grand achemi-
,, Google
im. Oetobre.] — ^^^ —
nement poar ce faict, un chacun sachant que cet Estât
a supporté seul tous les effortz de l'Espagnol et la ja-
lousie des alliés I tandis que la France ne trouve point
de ferme pour fonder sa composition, il est h. croire
qne le mouvement de cette république et la nécessité de
sa conservation luy fera grande considération; car elle a
faict preuve cette année qu'une assez légère partie des
forces ennemies luy a esté les moiens de s'avantager de
vostre diversion, qui tenoit tout le Pays-Bas en escheq
ou engagée contre V. A. — Une autre chose , Monseigneur ,
me ftlche, de voir généralement tous les ambassadeurs
de l'Estat se promener icj inutilement, comme sy le de-
hors ne les toncboit point. Cest une foiblease du goa-
vemement, et laquelle peut estre corrigée par l'authorité
et par l'admonition de V. A.; mais nous avons ce mal-
heur qu'un chacun vise à son particulier et use du pu-
bliq comme d'estrivière ' ; il leur endroit fiiretter les con-
seils et la conduitte des alliez, qui ont divers traictez sur
le tapis et desquelz il s'en trouvera tousjours quelcnn qui
nous concerne, et la principale pensée de l'Espagnol est
abnttée à s'en avantager sur cet Estât, qu'il voit en con-
dition de mériter te support des Princes qui redoutent
sa grandei^ et partant il cercbe à les en séparer; mais,
à mon advis, il nous est plus seur et plus expédient de
nous laisser tromper aux alliez, s'ils nous vuellent man-
quer de foy, que d'attirer sur nous le blasme d'avoir
contravenu au traicté. Surtout, Monseigneur, V. A. ne
doibt BoufTrir qu'autre, qui que ce soit, entreprenne de
traicter pour cet Estât, de peur qu'il ne soit prins comme
accessoire et indifférent, après que les grands auroyent
adjusté et composé leurs intérests, pour nous donner
letur guerre en partage. Si je ne craignoy d'estre trop
di£Fuz, j'auroy trop de choses à réprésenter à v. A.; je
m'en restraindray à cette seule, dont nostre conseil vous
escrit Cest , qne messieurs d'Hollande entreprennent de
faire monstre par tonttes les provinces en leur seul nom ;
,, Google
— 113 — [1637. Oelobro.
nous leur avions offert dos commissaires et voatre autho-
risation, mais i'aysns rejette, comme ayans droict de ce
faire, ils en ont faict essay à Grol et trouvé que le com-
mandeur a reflisé d'obéyr; maintenant ib demandent vostre
intervention, pour faire réparer la désobéyssance. La
chose nous a semblé de trop de suitte pour y rien dé-
cider, sans l'advis de V. A. Chacune province, sur cet
exemple, prétendra pareil droict et prérogative, et c'est
proprement la function du Conseil d'estat, qui voit et cod-
»dére touttes les provinces en un seul corps. Ces monstres
particulières seroyent pour tout confondre, voire pour
authorîser les provinces de retrancher les compagnies à
leur discrétion et de nous en envoyer les rolles complets,
de façon que V. A. ue sçauroit jamais au vray les forces
de l'Ëstat, qui seroyent plus fortes, plus foibles, selon
qu'on en prétendroit proffiter. Ces nouveautés s'entassent
les unes sur les autres et il nous seroit plus seur de ne
rien altérer au gouvernement que pour l'amender. Quand
les députés de la Généralité seront à vous parmy leur
besoingne, V. A. trouvera occasion de prendre aussy leur
sentiment sur celle-cy. Sur ce je prie Dieu de bénir vos
conseils de succès et prospérer vostre personne de santé
et de très-longue vie, me signant. Monseigneur,
de vostre Altesse très-humble, très-
obéyssant et très-âdelle serviteur,
rsANçois i>'a:
De la Haye, ce 11 d'octobre 1637.
L.BTTBB BXXXIT. *.
M. de SommeUdtfck au Maréchal de Châtitlon. Préparât^*
de la campagne.
Monsieur. Monsieur d'Estrade m'a rendu vostre lettre
dn 25 mars; certes ce m'est trop d'honneur qu'il vous
plaise me traicter de tant de confiance , présumant qu'après
III. 8
,,GoogIc
,riL]
— 114 —
l'mfbrmittion que voas me donnez des délibéradona et pré-
paratifs du Roy et de son E. , je pouray contribuer quelque
debvoir et adjuster les desseins de la prochaine cam-
pagne à un réciproque contentement et tel qu'il convient
& nostre présente condition; et, pour vous y satisfaire, je
vous diray que j'ai bien considéré rostre lettre, et S. A.
en a aussy pesé le discours et le subjet; elle trouve les
conceptions de S. M. digues de sa grandeur et de sa
magnanimité; car, voulant faire valoir la réputation de
ses armes, affin de mesnager les alliez et nécessiter les
ennemis de se rendre plus enclins et traitables, à l'abord,
il luy est nécessùre d'entreprendre et pousser la guerre
avec plus d'effort et de vigueur que par le passé, et de
se prévalloir de ses alliez comme d'un accessoir tant seu-
lement, entre lesquels cet E^tat-cy ne &ict pas petitte
considération, mais lequel a besoin d'estre aydé et sup-
porté, s'il ne peut en tout correspondre aux désirs de
S. M. J'ay rendu en toute occasion les ofBces d'un homme
de bien à nourrir et entretenir la bonne intelligence de
cet Estât avec la France; en quoy je ne me lasseray
jamais, car c'est l'unique moyeu pour espérer une heu-
reuse issue de nos longues misères, et peut-on &ire estât
de nostre foy et de nos forces, comme nous faisons de
celles du Boy. . . Mais le Prince d'Orange est en con-
dition différente de celle du Roy qui n'a qu'^ vouloir;
car icy il &nlt de l'argent, pour mettre ses conceptions
à exécution, lequel procedde lentement et ne peut estre
obtenu des provinces, lasses et pour lapluspart espuisées,
sans évidente démonstration de quelque nottable advan-
tage, que plusieurs ne recognoissent poinct aux conquestes
des villes, veu que leurs charges en augmentent, et pour-
tant elles ne sout tantost plus pour mener par persuasion.
Kéantmoins je ne doubte que son Altesse ne surmonte
encore cette difficulté par sa prudence et dextérité à ma-
nier ces esprits, et pourra sortir avec seize mil hommes
de pied et cinq mil chevaux. . . Croyez , Monsieur, que
S. A. y procedde de bonne foy, trës-désirense de con-
,,.GoogIc
— 115 — [10*8. Aïril.
tenter le Roy et l'obliger à armer et assister cet Estât
Elle a le dehors et le dedans qui te tiennent alairte ' , car
les ImpériBOx se renforcent sur le Rhin entre dos meil-
leares ftontières; lear intelligence arec les Espagnols nous
rend leur neutralité doabteose, et, pour ne rien laisser
à leur discrétion, un bon gros les doibt tousjoars esdairer,
et il est &scheax devoir tooBJours regarder derrière ; arec
cela nos provinces ont de la peyne k convenir de l'eniploy
de l'armée, l'une la demande icj, l'autre là; tel désire
qu'elle ne bonge, un autre propose de la proportionner
aux revennz de l'Estat. D'une telle diversité d'intérêts
et de sentiments S. A. doibt prendre ses conseils, et,
s'en desmellant pea à peu, porter les aâaires à leur
vrai poinct; ce qni ne se faict sans grande contestation,
ny sans perte de beaucoup de temps , et S. É. * s'en faisant
bien informer penlt excuser Monseigneur le Prince d'O-
nuige sy, ayant à réussir en ses advis parmy un peuple,
i! n'effectue pas tout ce qu'il désire bien; mais, encore nu
coup et pour le bien sçavoir, j'ose entrer en caution pour
lay qu'il ne peut estre mieux intentionné à entreprendre
quelque coup d'importance, si les ennemis luy font jour;
car il sçait que l'amitié da Roy est nécessiùre & cet Estât,
et que S. M. désire qu'il agisse puissamment, comme il
est délibéré de faire. La guerre se fdt vieille, les charges
nous pèsent et les peuples se lassent de tant contribuer
sans voir aucune fin k leor misère, parlent de se ranger
sur ta deffensive et de retrancher une bonne partie de la
milice. S. A. tourne leurs plaintes contre eux pour les re-
tirer de telles délibérations, car leur guerre est contrainte
et sans fin, l'ennemy puissant et remuant, dont la France
destoorne te principal effort de dessus eux; s'ils désirent
la paix, qu'il la fault procurer par les armes et les avoir
toosjours grandes et prestes , pour luy faire perdre la vol-
lonté de pins longuement tes essayer; qu'ils sont sur le
poinct d'espérer du relasche an moyen des armées ou de
la pacification du Roy, hors de là il n'y a poinct de res-
' ikerta. * ËmÎDtim.
,,Googlc
LETTRE BXXXTUI.
Le Comte QuiUaume-Frêderie au Comte Henri de Ntusaur-
DieU. DétaHre de Calloo.
*,* Trompa pu de hatH* noarellM, ipri* anir prit le fort de C*1ba,
1e Comte Gnilleume de Nusan, mai^cb*] da camp, aroit fait de Doit, le 20
jais, une retraite pricipitée, qui devint one déroute; euTiron deux-mille bommea
ftanst tuéi, tA le jeune Maarioe, Bit da Comte, ; p^rit. Le Prioce vit ainn
„lBi deueJDi et opjrancea que I'od amit da progti* de cette campagne éfanonii."
<J«ai. Fr. S.)
MoDBÎeur. Pour n'estre le dernier !t vons faire sçavoir
qni ce passe icy, m'uge ' voulu servir de ceste commo-
dité, et sçaurez par icelle que, deapuys ma dernière,
ne c'est passé sinon l'attaque d'un travers que nos gens
ont prins sur l'ennemy; le jour après ils sont revenus
avec grande force pour le resprandre, et croy qu'après
quelque prinse resprince ils en sont demeurez maistres,
où le lieutenant Yils du conte Henry est grandemant
blessé, et vint' blessez, dix tuez; le raesme jour le conte
Maurice , allant !t l'escarmouche avec des vierrours ' un
peu loin dé travaulx, a esté surprins de la cavaîllerie dé
ennemis, luy délaissé de ces gens, se défendent tousjonrs,
a esté prins et tué, après la foy donnée, dict-on. U est
fort plùnt de tout le monde. Son Altesse a iucoutinant
envoyé M' de Beversveert ' au conte Guillaume , pour luy
plaindre le deuil, et Gallot h. Madame sa femme. Les
troupes qui viennent de touts costés en Flandre font
croire !t touts qu'on advancera guères st' ' année , et l'es-
pérance qn'aulqu'uns se avoyent donnez de attaquer An-
vers sera vaine et croît*, puys qu'ils dégamient la Mease
de troupes , qu'on pourroit bien vous aller joindre et vous
donner de la besoigne, qui me réjouiroit fort, comme
estant, Monsieur,
vostre très-hamble, très-obéyssant , Bervitébr et frère
OUULEAUUR PRÉDBIC C. DE NASSAU.
' »i*je. * ringt. ' Tnniraer* (aimei à fea).
* LoDÎi de Naaun. fili nitarel da Prinfe Mannce, )eignenr de la-Lccq,
de Berenreert et Odjk (f 166S). ■ celle. * croit.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 121 —
[1638. Ju».
LBrrmE dxxxiz.
Le Comte Henri-Canmir à la Comtetse-douairiÈre de Naaiau-
Dieti. Même mjet.
Madame. A la fin celle que v. Exe m'a fait l'honneor
de m'escrire le "/» de may m'a esté rendue hier, laquelle
m'a extrêmement réjouie, par l'asseurance que t. Ëxc me
donne de la bonne opinioD que toqs avez de mon très-
hnmble obéissaoce, de laquelle je tascheraj, avec l'ajde
de Dieu, d'en donner de jour en jonr des preuves plus
manifestes. «Tay veu ansai. Madame, la proposition de
monsieur le Comte Jean Louis de Nassau et les conù-
dérations de v. Ëxc. y jointes, lesquelles je trouve trës-
résonnable et dignes de vostre jugement Pour l'autre
aâure, touchant les discours que v. Ëxc. me tient, je ne
puis dire autre chose, que ce que tous jugez de la plus
iLgée a esté considéré par moy de mesme, à qnoy il
joignent encor d'antres que je n'ause * fier à la plume et
qui ne doyvent estre mesprisées; mais, pour l'autre, je
tiens qu'il ne peut estre que très-avantageux, et si le bon
plaisir de v. Exe est tel, il ne faut que, m'en donner le
moindre samblant et me mander de quelle façon vous
voulez. Madame, que je m'y comporte, m'imaginant qu'il
y faudra aller un peu avec circumspection et ne se dé-
clarer avant que l'a&ire soit aucunement préparé. — Par
ma précédante t. Exc. a peu veoir ce qu'est passé en
l'expédition de Flandre, de qnoy je n'ay en autre par-
ticolarité depuis, sinon que les officiers qui y ont esté
de mon régiment s'ont très-touts prisonniers, sans que
de cept compagnies il s'est sauvé un seul. Pour moy je
suis encor empesché à brasser ' une entreprince sur une
des places ennemies, de bien de considération, i laquelle
il y a assez bonne apparance de bon succès, Dieu aydant.
Les affaires en Frise sont en assez bon terme, et croit-on
qu'elles se porteront de temps en temps en mieux. Voilà,
Madame, tout ce que je puis mander ii v. Exc pour le
* CM. ■ bir« Mcrètemcnt.
,, Google
1638. Join.J — 122
présant, ce que me contraint de finir, en me Bignant,
Madame ,
de V. Exe. très-humble et très-
obéissant fils et seiriteur.
H. C. DE NASSAO.
De Nimtnegen, ce SS de juin 1636.
LBTTRE BXL.
M. de SommtUdyck au Prince efOrange. Même sujet.
Monseigneur. Je demande pardon à V. A-, sy je ne
me puja taire en la donleur publique et laquelle vous
ressentes plus vivement que nous tous; car ce grand dés-
astre avenu en Flandre touche plus à rostre gloire qu'il
n'intéresse la seureté de l'Ëstat, d'autant qu'il a laict
avorter l'espérance que nous ' avions t-oncene de vos sages
conceptions; mais, Monseigneur, vous sçavez par expé-
rience que les armes sont journalières et qu'une terreur
panique vient de la main de Dieu, auquel je rends grâces
que cette retraite est avenue loin de vous et sans voetre
sceu, qui aure2,seul l'honneur du redrès de ce désordre,
s'il vous plaist y user de vostre modération et prudence
accoustumé, balançant les affaires à la constitution dn
temps et des humeurs; par ou V. A. acquerra pltis de
réputation que ce grand malheur à l'avantnre ne mérite
de blasme. Messieurs du Conseil, dès l'ouverture de vos-
tre lettre, ont aussytost ordonné tout ce que Bouckhoren
nous a ce matin proposé. Je contribueray aussy la fidé-
lité et promptitude à servir et obéyr V. A., à quoy je
me sens tenu par mes devoirs et les grandes obligations
que je vous ay. Et sur ce je supplye le Créateur d'ot-
troyer, Monseigneur, à V. A. parfaite santé, trè^longue
vie, et heureuse expédition.
De vostre A., très-hnmble, très-obéyssant et
très-fidelle serviteur,
PRANÇOVS d'aEBSSSN.
De la Haye, ce 26 juin 163S.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 1 23 — [1638. Aoùl,
LBTTKB BXIil.
M, de Sommdtdjjck au Prince ^Orange. Affairée miUiaire$.
Monseigneur. La monstre générale a sur mon rapport
esté arrestée, en conformité de l'advis de V. A., et doîbt
estre hastée en l'armée, à quelle fin messieurs du con-
seil d'Estat s'en remettent à la diligence de messieurs les
députez sur les lieux. Celle des garnisons demande plus
de temps , et est creue que , se faisant par parcelles et en
divers temps, qu'elle manifestera plus au vray la force
des compagnies, qu'on sçait estre partout très-défectu-
eoses et foibles, et pour ce qui touche les troappes das-
valisées en leur retraicte de la Flandre, il a esté pensé
fort équitable de donner quelque temps, sans le déter-
miner, à la cavallerj'e, poor se remonter, pourveu qu'ils
représentent leurs personnes, et de faire une simple reveue
de l'infanterye, contant les hommes [en] les payant sur les
dernières relies, ce qui servira de quelque lénitif à leur
douleur et perte , et funllera ' peu l'Ëstat Messieurs les
gecommitteerde raden ont prins à charge d'ordonner à
van der Mast, de ne remettre au capitaine Âlcoq que
ses simples gages de capitaine, réservant le surplus à
l'entretien de sa compagnie. Cecy, Monseigneur, n'est
que pour rendre conte à Y. A. de son commandement
et de mon obéyssance, que je rendray totisjours toutte
entière à ses volontez, et avecq la promptitude que doibt
un très-fidelle et très-obligé serviteur, lequel désire avec
une ardente passion vostre grandeur, santé et prospénté
et, pour récompense, l'honneor de vostre bienveillance,
lequel espérant de mériter, je me signe. Monseigneur,
De voBtre A. très-humble et très-obéyssant
serviteur,
FKANÇOYS n'A£BSBEN.
De la Haye, ce 6 tl'aoast 1638.
,, Google
LBTTBE BXLn.
Amélie'Elizabetli, Landgrave de Hesse-Ciusel, au Comte Henri
de Nassau- Dietz. Remeràments.
■(■ Am^ie-Eliubetb (1602— 1S51), fille da ComtePhilippB-Lonù II de Ha-
niu et de Calharina Belgîca , fille do PrÎDce d'Orange GoiUaoïnB I. Ayant
éfoaté en 1619 le ïmAffhi» GniUiume V le Confiant, vemt et rjgente ea
■ept. 1B37 . cU* déploya dans dei circanitancet très-difflcile>, dunnt la gnerre de
Trente sni et loreqae HesK-Cauet lembloit en Allemagne pour le proteitantiime
son deni[Br boaterard, ane hibîM, ane pieté, et ane lùrce de caractère digne
de aon époux et da ion aïeul. — l)e la ville deLeer, eu Oat-Friie, oÙKiDépouz
jtoit mort, elle l'étoit rendue à Groningue, oil elle demeura jusqa'i la fin de 1038.
Hoctwohlgebohrner freundtliclier vielgeliebter herr Vet-
ter. E. mir sehr angenehmes wiedetantwort, briefflein vom
31 Julij, ist mir gistern wohl eingeliefert worden. K. L.
erzfligen mir ail zu vîel ehr, ihn deine Sie sich bey ih-
ren itzigen obliegenden krigsexpeditionen undt gesch&Slen,
nichts daweniger so viel obmâezigen undt bemahen woUen,
mich mitt ihrer behSrlichen guthen souvenence zu favo-
risiren, undt, gleich wîe îcb hieraus genngsam E. L. guhte
aSèctioD undt wohlmeinung veratehe, ako werde ich micli
befleyssigen solches in aller begehender occasioDeu durcb
allerhandt angenehnie diensterweyaungen hinwiderumb ge-
gen E. L. zu recompeasiren , undt waa ich nicht werde
prestiren kônnen, darinneu wirdtder[l. '] Gott meinen man-
gel ersetzen, undt E. L. aile zeitlicbe undt ewige wohl-
tUhrigkeitt darbei bescheren undt zukommea lassen, undt
insonderheit w^nsche E. L. ich, zu ihrer vorbabender
grossen entreprise , Oottes reichen segen undt aile glûck-
selige undt gcdejliche wohifahrt undt progresses; dass
Bolches vornehmen zu Gottes ebren, zu wohthôhrigkeitt
andt nutzen E. hôher Principallen, undt zu ihrem seibst
eîgenem onsterblichen nachruhm, réputation undt bestes,
ansschlâgen und reussiren mOge, solches wansch ich ans
getrenem herzen ....
jederzeît trêve nndt dienstwillige [base] ,
.tMELIA ELIZABETH L. W, *
GroniDgen, dea 8 Aagnsty 1638.
,, Google
— 125 — [1638. Aoit.
LETTRE VXLin. ,i,° m
Le Cardinal de Richdieu à la Prùicetee ^Orange. Cadeau uinnu.
du Roi de France.
Madama I Le commandement dn Roy me met la plume
en main , pour vous prier de sa part de recevoir on pré-
sent qui ne peut estre digne de vous qu'à cause de celny
qui vous l'envoie. Les ennemis communs de ce royaume
et des Provinces-Unies ne pouvant nous faire mal que
par les oreilles, S. M. l'a choisi expressément tel qu'il
est, non seulement ponr vous tesmoigner qu'il n'escoutera
jamais aucune chose qui puisse estre au préjudice du
bien commun , mais aussi pour vous faire coguoistre qu'elle
se tient asseurée que Y. Â. et monsieur le Prince d'Orange
ferés le mesme de vostre part. Four moy, Madame, je
me tiendrai extrêmement heureux, si je pnia rencontrer
autant de moien comme j'ay de passion de vous ^re
paroistre que je suis véritablement, etc. '
LETTRE BJCUV.
Le Comte ffenri-Caiimr à la Comteêie-douairière de A'tusau-
DieU. Nouvelle» miUtaire».
*,* La Comte aToit eunjj on mde jch«c Dtni lu Mémoiret dt Frèderie-
Hmi OD lit: „CBtti retraite dn comte Henry m pim de li aorta que, li lei
ordre* àa Prince eoMent ati aaiTii, adon qne cela «• de*Dit, il n'; fuit arriva
dadame. . . . Par ma dernière v. Exe aura sans dontte
' I« FrincOMS rendit te 10 Mpl.: „ManaieDr! J'aj rcnn l tria-giind
hoDaear le been pr^acot qaa eani noti mérite il a plan an Yloj ffl'en-
Tojer de Min monveineiit i j'en remercie iirritentement S. M. par une
lettre ... Et d'autant qns inr le aojeet de cette Ikvear, il tdqb > plea
œe donner avia qoe noa ennemia ntmmana ne noua pcDTent hire mal
qne par lea ardlla, je ton* pramets qne lea mienne* ne lenr seront
jemui onrarte*."
,, Google
1688. Août.] — 126 —
entendue qne je m'ascheminois, suivant l'ordre de Mon-
sieur le Prince, pour prendre mon poste devant Gelder,
ce que j'ay ext^cuté le '/it du courant. Son Altesse y ar-
rivât le "/il avec le reste de l'armée, et m'a donné un
si grand part de la cîrcnmvalation et autre ouvrage à
foire que cela m'a occupé de la aorte qu'à grand peine
ay-je eu le temps de manger ou dormir; lesquelles j'avois
quasi tout à fait aschevées, quand inopinément au soir
M' d'Hauterive me venoit dire, de la part de Son Al-
tesse, qu'il me foudroit retirer la nuit. J'en fus bien
marry et surprins, car Monsieur le Prince, ayant disné ce
jour chefs ' moy, n'en avoit tesmoigné le moindre sem-
blant; je fis donc appretter tout et me mis en estât de
marcher, mais par malheur mon grand canon en nombre
de six s'enbourba de la sorte (par la foute du lieutenant-
général de l'artillerie que Son Ait m'envoya pour le
mesner) qu'il n'estoît possible de l'en tirer, je m'opinifttra
touttefois jusques au matin, croyant le sauver, mais après
que toutte diligence possible y estant appliquée en vain, je
ftis contraint de me retirer et laisser le gros canon au
mercy des ennemis, sauvant touttefois douze petites pièces
avec touttes les munitions et bagage. Les deux armées
de l'Empereur et Roy d'Espaigne, outre la garnison de
Grelder, donnoyent dans mon arrière-garde, laquelle ils
mirent aucnnement en désordre dans un chemin très-
estroit, mais, ayant gaigné la pleine, y mis mes gens,
tant in&nterie que cavaillerie, en ordre soubs la faveur
du canon de la ville, qui tonna parmy les bataillons,
sans faire dommage, et les reponssay dans l'emboucheure
du chemin, de la sorte que je fis ma retraitte à l'ayse.
J'ay fait l'escliappade belle; car, si j'avois tardé encor
un quart d'heure, j'eusse este séparé de l'armée de son
Alt, sans espérance de pouvoir estre secouru. Dans la
première rencontre le Comte Fritz (1), estant délussé des
(1) „D. Enunnel ds Portogi) et 1« Comte Viitt ds Nunn, ajùtuDcs de
ctTiIsrie , fareut bid prinDoien." Kém. lit Fr. H.
,, Google
— 127 — [1BS8. Août.
siens, fiit blessé et prins, de mesme le Prince de Por-
tugal; le s" major Burmania' y a esté tné, et quelques ^^
cinquante od soixante soldats; le comte Fritz est relasch^
aujoordbuj, a le conp daus le ventre, mais pas den-
gerenx; il loge chefs ' moy et m'a prié de faire ses baise-
muns à V. Exe. Je n'aj letemps d'alonger celle^j, c'est
poorqaoy qa'en finissant je me signeray , Madame ,
de V. Exe. très-humble, très-obéissant fils
et serviteur,
HKNBY COHTE DK NASSAU.
De l'aïmée. ce % d'aonst 1688.
L.BTTBB OXLV.
M. de SùmmeUdi/ci au Prince d'Orange. Arrivée de la
Reine-mère de France.
*,* R^gije depnii 1631 diDs la Piyt-Bia catholique), MtnedeMMicii,
(O qmttiDl Im CDDcmia pour la >mia du Roi, se flatloit ds fljobir Rkbeliea
rt d*obtMiir U pïmiMnoD da retoamar en FruM.
Monseigneur. Nous avons veu icy arriver la Royne-
mère du Roy de France, et tout cet Estât s'empescber * de
sa réception, qoa^ ^ l'envy à qui rendroit plus grande
démonstration d'honneur et de respect. Peu de personnes
en connoissent la cause et nul jusques icy en a sceu pé-
nétrer l'intention, et comme la despense de la réception
est denement employée, de mesme est-il à désirer qu'en
remportions, sinon l'utilité, au moins le gré que mérite
nostre sincérité. Nous avons donq la Royne au coeur
du gouvernement et au centre de l'Estat V. Â. sçait
les occasions qui lay ont &ict quitter la France, pour
prendre sa retraicte dans le party de l'Espagnol, prenant
M' le Cardinal de Bichelieu à paxtye. Ce n'est pas à
nous de décider, sy à droict ou à tort, mais bien ce qui
conrient & l'Estat de faire en telle occurrence. Je me
< u^cut. * Poppï de B. * ohei. * l'oceapei ircc lilc.
,,Googlc
1688. Aolll.] — 128 —
garderoy bien, Monaeîgneur, de m'ingérer à en parler,
ay r&utfaorîté de madame la Princesse ne me le comman-
doit, et certes je compatis aux travaux de son A. en une
action mal mesurée et laquelle est pour s'empirer de
touttes parts, sy promptement elle n'est estançonnée ' de
prudence. La louange ou le reproche, quoy qu'on ea
vueille dire, regarde rostre A.; la question est, qu'on
doibt faire à contenter le Roy et la Boyne mère de S.
M. Ce différent à l'avanture seroit aysé h composer , mais
V. A, sçait que le fondz de cette querelle regarde M.
le Cardinal de Richelieu, lequel, estant dans l'entière
ponfience du Roy, a esté tellement suspect h. la Rojme,
qu'elle n'a point pensé de seureté an Royaume pour elle,
ny M. le Cardinal convenable au respect de S. M. de
recevoir d'elle aucune ouverture de réconciliation ou satis-
faction , tant qu'elle demeureroit au pouvoir de l'Espagnol.
Or la Royne, par sa venue icy, a levé cet obstacle sur
son chemin ; snrquoy reste à examiner ce que cet Estât
peut (aire pour servir le Roy et contenter en quelque
sorte la Royne. Sy on sçavoit qu'elle eust volonté de
passer en Angleterre, il seroit plus seor de se mesler de
rien qa'à l'honorer et la &ire bien accompagner et trùc-
ter; mus cela est douteux et encor peu préparé; cepen-
dant on sçaura en France sa réception en cet Estât et
attendra-on d'entendre de V. A. quel en est le dessein.
S'il tarde, on s'en ombragera, sy aossy on l'advertît nnement
et par forme d'histoire, il s'en fera d'autres constructions
et, tandiz qu'on envoyé et renvoyé, les coSres de la Royne
s'espuiseront et demeurera sans crédit, sy l'Estat n'en
respond; à y hésiter tant soit peu, c'est perdre la des-
pense et la souvenance qu'on s'en promet, peut-estre
l'amitié du Roy , sy elle trouve au succès du temps moyen
de rentrer en grâce et en laveur. Au moyen de quoy,
Monseigneur, je seroy d'advis, soubs la très-humble cor-
rection de V. A., de fûre au plostost dépescher vers le
Roy personne qualifiée, connue et bien entendue, pour
,, Google
— 129 — [1638. AoSt.
avec dextérité informer S. M, et M. le Cardinal de la
Tenue de la Royne-mère , pour se retirer des lieux suspects
à S. M. et se mettre entre les bras de ses plus affidez
et obligez alliez et serviteurs; que le respect dont on est
tenu à leurs Majestés, a faict désirer que, par leur en-
tremise, il se peust trouver quelque expédient de meilleure
intelligence, à la satisfaction de S. M. Par mesme voye
se devroit-on adresser au mesme temps à M. le Cardinal
et le prier d'ouvrir ses sentiments sur telle proposition
et d'en entendre ses moyens , disant démonstration de ne
s'y engager plus avant que luy-mesme le désirera, et,
pour y mieux réussir, semble nécessaire de se munir, avant
le partemeat, des conditions que la Boyne voudra faire
traicter, et, pour ne brouiller l'Estat en matière tant dé-
licate et cbattouilleose , seroit bon de dresser une bonne
instruction, tendant tontte à la réanion, mais principale-
ment à faire connoistre qn'en tontte cette action l'Estat
n'a visée qu'au service de S. M. et au contentement et
direction de M. le Cardinal. Est avâc cela nécessaire de
haster cet envoy, pour ne laisser prévenir les otBces,
contre lesquels autrement on s'armeroit comme suspecta.
tPay opinion, Monseigneur, que M. le Cardinal sera ayse
qu'elle ait laissé le party d'Espagne, qu'il ne la verroit
Tolontiers en Angleterre, pour des raisons trop longues
& discourrir; surtout ne consentira jamais qu'elle retourne
en France que pour renoncer i. la cour et anx affaires,
s'en tenant au loin; encor ne pense-je qu'il y condes-
cende; ainsi est le plus apparent qu'il taschera de la tenir
icy, en luy procurant main-levée de ses biens. Peut estre
que tout antre party seroit plus duisible ' à cet Estât, et
c'est du malheur, que personne ne prévoit et ne pare de
bonn' heure aux longues suittes qui sont pour en dépendre.
Ce Toiage, Monseigneur, est de peu de coust et de temps
pour une tant importante occasion. S'il succède, la gloire
en sera deue ^ la prudence de Y. A.; s'il est rebutté,
l'Estat aura faict démonstration de ses bonnes et saines
> atile.
m, 9
D,g,t7cdb/GOOglC
1688. Septembre,] — 130 —
intentions, aans caballer; car il lant tôusjoars avoir soin
de mesnager M le Cardinal. Sj ce mien devoir vons
contente, je me tiendray heureux, mais si V. A. a
d'autres pensées, j'auray au moins obéy auz volontés de
Madame la Princesse, qai est sans conseil en cette espi-
neuse délibération. Sur ce je prie Dieu pour la santé
et prospérité des conseils de V. A., de laquelle je me
signe par devoir et gratitude. Monseigneur,
Tostre très-hnmble, très-obéjssant et tr^-fidelle
serviteur ,
FKANÇOrS n'AEKSSBN.
De la Haye, ce 36 aouat 1638.
A soD Altesse, an Camp.
liBVTBE BXIiVl.
Le même au même. Même mjet.
Monseigneur. V. A. marque sagement qu'il y a bien
à penser premier ' que d'engager l'Eatat par expr^ dans
l'affaire de la Royne-mère; car, s'il y a de la volonté !t
servir S. M., on doibt aussy avoir de la prudence à ne
rien gaster vers M. !e Cardinal. Cette voye, Monseigneur,
me semble aysée à tenir, sy messieurs les Estats trouvent
k propos de députer au Roy et à son Eminence, le» ad-
Tertissans de l'arrivée de S. M. en ces provinces, où
l'on a tasché de luy rendre les honneurs et respectz, dignes
de son rang et de nostre gratitude, et qu'ayant onvert
ses intentions à désirer de se r'habiller ' , par L'entremise et
intercession de cet Estât, avec le Roy et Monseigneur le
Cardinal, résolue de renoncer aux affaires et à la souve-
nance des choses passées, pour ne plus penser qu'au
repos et à prier Dieu sur ses vieux jours, que l'Ëstat
auroit estimé devoir informer S. M. et Son Eminence de
cette proposition, afin d'apprendre sur icelle leurs volon-
' iTint. ' rjoaucilier.
,, Google
tez, n'ayans autre bat par cet office que, comme ils ont
l'honnenr d'estre alliez de S. M., de s'employer aussy de
mesme en cette occasion, selon sa prescription. Ce pro-
cédé, MoDseîgDear , seroit franq et naïf, sans artifice,
ny jalousie, et peut esgalement contenter autant la Royae
que M. le Cardinal. Car quelle ofiènse peut prendre le
Koy, sy l'Estat luy &ict demander sy son entremise sur
la réconciliation de la Aoyne-mère de S. M. luy est agré-
able? et la Boyne d'ailleurs, en tout événement, recevra
tousjoars à particulière faveur la démonstration de leur
bienveillance; l'honDeur et la direction en sera imputé à
y. A., mais peut-estre aura-on mauvaise opinion de l'Es-
tat, sy on traîne longuement cette délibération. H est
vray qu'il en a esté escrit au Koy, mais froidement. La
chose tontesfois est' de poids et de suitte, méritant bien
quelque peu plus de &çon. Y. A. sçait que l'entremise
espagnolle n'y a pas mieux réussy que celle d'Angleterre;
la Tostre, Monseigneur, seroit de considération, sy la
réglez à la volonté de S. M. et de Son Ëminence. Je ne
me puis pourtant pas imaginer que la ïtoyne-mère obtienne
aysément permission de passer en France , ny que le Roy
l'admette à capituler, sy elle vient à toucher cette cborde;
car la seureté et le repos de M. le Cardinal réside en
l'esloignement de S. M., qn'il ne peut désirer voir ap-
procher de U personne dn Koy, ny des princes et grandz
du Royaume, sans en prendre jalousie. Fartant aymera
mieux de luy faire fournir de quoy s'entretenir dehors et
loin; quoy s'ohtenant, c'est un acheminement à mieux et les
offices de V. A. auront aydé à luy procurer ce bénéfice.
Cependant il seroit à désirer que S. M. fîist passée en
Angleterre, avant que d'entamer cette commission, pour
moins laisser de lien aux soubçons. Celuy qui devra
estre chaîné de cette négotiation, outre ta proposition gé-
nérale, a besoin d'avoir par escritz les snbmissions et in-
structions de la Royne, pour les ouvrir, en cas que M,
le Cardinal preste en quelque façon l'oreille k cet affaire;
car, avant toutes choses, il est nécessaire de luy sauver
,,Googlc
laSS. Saptembra.]
— 132 —
ses intérêts, sans quoy il est impossible d'avancer en aa-r
cane façon le contentemaot de la Kojne, laquelle, m'ayant
ces jours passés envoyé quérir, me déclara iranchement
et confidement ' qu'après sept ans d'exil elle estoit lasse
de sa condition, voulloit cercher son repos dans sa ré-
conciliation avec le Roj et M' le Cardinal, sans avoir
aucmie ambition ny rancone de reste, preste d'embrasser
et aymer M. le Cardinal, comme utile au royaume et un
tr&s-digne ministre du Roy son fib; sy autrefois eUe a
tasché de luy &ire du mal, qu'à son tour il ne l'a point
espargnée anssy, mais qu'elle ne s'en vent plus souvenir,
ains est preste de luy donner de telles cautions qu'il dé-
sirera d'elle pour ses searetés. Après cela, Monseigneur,
S. M. me fit l'honneur de me convier, en termes sy hum-
bles et pleins de pitié, qu'en ressonvenance des iaveurs
qu'autrefois j'ay receues de sa régence, au bénéfice de
cette république, de m'employer k disposer V. A. à in-
tercéder pour elle , maintenant qu'elle vient de quitter
son séjoar snspect k la France et s'est retirée par devers
les plus confidens amis et alliés de S. M., priant d'en
abréger la délibération, ponr n'en perdre l'occasion; sur-
tout qu'on voullnst pleiger * sa candeur et sincérité vers
M. le Cardinal. La repartye. Monseigneur, ne m'a dé-
fitilly & représenter combien V. Â. affectionne son conten-
tement, et s'il y a lieu de l'avancer, qu'elle vous peut
&ire l'honneur de croire qu'en préviendrez volontiers ses
désirs, mais que cet affaire, dépendant en partye de la
France, en partye des opinions de cet Estât, qu'il y con-
vient marcher sur quelque ferme'. Le lendemain, Mon-
seigneur, monsieur Fabroni * me vint par commandement
de S. M. discourir et estendre cette matière bien plus au
long, en me proposant les snbmissiong et conditions anx-
quelles elle se veut soubmettre; peut-estre les aura-elle
desjà communiquées à Y. Â.; tellement. Monseigneur,
que, pour responce à la vostre du 3°", je puis asseurer
,,.GoogIc
— 133 —
'. Ssptembrt.
V. A. que la Royiie recerche vostre intercession avec
persuasion qu'elle lur doibt profiter, et en a parlé en ce
terme à Madame la Princesse. C'est mon sentiment, da-
qael v. Â. usera à sa volonté, mtûa je deviens ennuyeux
par ma longueur, qui finira par ma prière à Dieu pour
vostre santé et prospérité, me signant, Monseigneur,
de vostre Altesse, très-humble, tr^s-obéysant
et très-fidèle serviteur,
FRANÇOIS D'a2BS3ZN.
De la Haye, ce 7 sept. 1638.
Conformément au conseil de Aerssens (p. 138), M. de Kouit
fat chargé de se rendre en France. Le Prince d'Orange écrit le
14 sept, à HichelieD: „J'ai creu estre de mon devoir de vons
donner assenrance, comme je fais par ceste, des bonnes et sincè-
res intentions de la Boyne-mère, la trouvant entièrement disposée
à toDt ce que vostre Éminence trouvera bon, comme pourrez plus
particulièrement entendre par la lettre de M. de la Strade ', et de
bouche de M^ de Knnt, à quy je vous prie vouloir donner entière
créance." Et le 17 septembre: „ Les Ëtata-Qénéraux ayants trouvé
à propos d'envoyer en France le sieur de Knuyt, pour les affaires
de la Eoyne-mère . . , je ne l'ay voulu laissé partir, sans me ramen-
tevoir à l'honneur de vos bonnes grâces Je luy ay enchargé
de ne proposer ni foire rien ... que ce qui vous sera agréable,
et se gouverner selon ce qu'il plaira à v. Émin. luy eu ordonner. — "
La mission fut infructueuse; car le Boi ayant offert à sa mèn la
libre jouissance de ses revenus, à condition de se retirer à Flo-
rence, elle préféra passer en Angleterre.
LETTRE BXLVll.
Le même an même. Affaire» miUtairet.
Monseigneur. Le temps est tout venu qu'il nous con-
vient penser aux apprestz de l'an prochain et, avant que
de former les pétitions du Conseil d'I^tat, nous avons
besoin d'apprendre k volonté de V. A. sur l'entretien des
trouppes, qui sont sans répartition, sy en devons recer-
■ M. ie Comtt d'Eitrade*.
,, Google
1688. Octobre.] — 134 —
cher les provinces ou les assigner sur quelque secours de
dehors. Celuy qui a esté obtenu de la France va estre
court et ne suffira point à défroyer tont ce mois, quand
mesoies il nous arriveroit à temps et entier. Partant
Y. Â. est suppléée d'aviser lequel des deux est le plus
expédient , d'envoyer demander augmentation , au moins
continuation de la précédente ayde, ou, sur la séparation
de l'armée, de loger les dites troupes au pays neutre, à
l'imitation des ennemiz et sur l'exemple et règlement de
M' le Conte GruiUaume; car je trouve les humeurs des
provinces en telle assiette qu'il ne &ut rien attendre de
&vorable de ce costé-là, et toatestbis il seroit dangereux
et peu réputable à l'E^tat de casser un sy puissant corps,
au fort de la guerre et durant l'alliance de France , mesmes
sy on désire la trefve de bonne façon. Nous dresserons
donq nos demandes selon vostre prescription, ou bien
nous en irons conférer avec Y. Â. , sy elle l'ayme mieux.
Le temps se perd en disputes, j'employeray le mien à
servir Y. A. et l'Estat en qualité. Monseigneur,
de très-humble, très-obéyssant et très-fidelle
serviteur de vostre Âlteze,
T&ANÇOTB D'AIBSSEN.
De la Haye, ce 28 sept. 1638.
LETTRE VXLVni.
Le même an même. Subside» de la France.
Monseigneur. Je n'ay point appris de faire le resUf,
lorsqu'il est question de servir. Des l'heure que m'en vint
le commandement de V. A. du 28 de l'autre mois, je me
^roposay de penser aux moiens de voir M' d'Estampes '
ît de conférer avec luy, sur l'entretien des trouppes non
reparties et entretenues cett année de la subvention du
Roy. J'en entray hier en long et sérieux propos avec luy,
' Ambaiistleur de KriDM.
,, Google
135 -
[1638. Octobre.
mais sans employer grand' rhétorique k le porter dans
les intentions de V. A., je le troavay sj fort imbeu de
ta disposition des humeurs de cet Estât, abbnt4es à fin
différente, qu'outre que ma persuasion parloit d'elle mesme,
il m'advoua qu'il est nécessaire qne le Soj nous continue
et augmente, s'il est possible, le subside accordé pour
l'année qui court, sy S. M. prétend de rendre V. A. car
pable de sortir en campagne, et y mesla sj avant la
communion de nos intérestz et sa connoissance de nostre
mésintelligence au gouvernement avec les irrésolutions
qui en procèdent, qu'il est à croire, qu'il parle à certes
et appréhende que n'en venions à une défensive, pour
par un mauvais chemin nous laisser amener dans un rui-
neux traîcté. n seroit trop eonajeox. Monseigneur, de
vous en faire le discours, mais nous nous séparasmes sur
cette conclusion que, sans rien remuer davantage en cette
mati^, je Iny lùssasse taire, me promettant que dans
mardy prochain il voulloit dépescher courrier esprës au
Roy et ^ M. le Cardinal et presser l'affiiire sy ardemment
et officieusement, que dans le mojs il en auroit le pou-
voir et y. A. le contentement, et qu'en ce qui dépend
de sa charge et où il voit clair, comme il &ict aux ru-
sons de nostre pourparler, il rendroit tousjonrs preuve
à V. A. de ses bonnes intentions à bien lier et resserrer
l'intelligence de cet Estât avec la France. Le trouvant,
Monseigneur, sy bien logé et réputant toutte autre voye
inutile et moins apparente, je le laissay sur cette bonne
bouche, qu'il print k sa charge de faire promptement
payer nos arriérages et asseurer à courtz termes le se-
cours prochain, sy S. M consent de nous en obliger;
soubs cette protestation toutesfois qu'il vaut mieux l'ex-
cuser d'entrée, que de traîner les trouppes d'une longue
ou douteuse espérance, laquelle, venant h manquer après,
seroit pour nous mettre en désordre et un puissant corps
de mihce au désespoir. Je tascheray, Monseigneur, de
le tenir en cett' haleine et c'est de 1k qu'il faut que ces
trouppes subsistent, car, comme Y. A. sçait, il y a des
U,g,t7cdb/GOOgIC
1688. Octobre.] — 136 —
provinces qui en ont autre pensée et desBein , et se lassent
de la campagne, ce qui se verre an mois de novembre,
mais la présence et la prudence de V. A. peut tenir les
choses en bride , pour balancer noz désirs et les compasser
k la seureté dn dedans et aux occasions; car, grâces à
Dieu, TEstat n'est pas sy bas de moyens qu'il n'ait suf-
âsameut de quoy s'entretenir, pourveu que les volontez
nous demeurent saines. Je pense, Monseignenr, avoir
satistaict à vostre commandement et il s'en faut remettre
et attendre à l'événement. — Par une commune lettre,
monsieur de Mortwyck et moy avons donné advis à Y. A.
de nostre sentiment sur le mémoire du curé de [Z]oon,
pour composer le différent de la rétorsion, et sur ce que,
pour nous leurrer ou gratter la langue, il y adjousta en
snitte (au mandement, k son dire du Cardinal, à ce con-
vié du dedans de cet Ëatat), il nous suffit, pourveu que
V. A. en ayt la lettre et reste satisfaicte de nostre res-
ponce. Je prie Dieu, Monseigneur, de prospérer vos con-
seils et de bénir vostre personne de santé et de longue vie.
De vostre A. très-humble, très-obéyssant
et très-fidelle serviteur,
FRANÇOIS D'&BRSSBN.
De la Haye, ce 1 octobrtt 1638.
Depuis ma lettre escritte Mous, de Kortwyck me rend
celle qu'il plaist k V. A. nous escrire en commun.
LETTRE DJCLIX.
Le même au même. Nouvelles de France; il eet question
tfune BUêpermon darmet.
Monseignenr. Sy je retourne trop souvent, donnez-le
à mon affection à vostre service, me laissant sans responce.
On envoyé à V. A. pour feire monstre à l'armée devant
sa séparation, en intention de l'entretenir foible pendant
,,.GoogIc
— 137 — [1688. Ottobre.
l'hyver, en ijiioy on s'imagine un grand mesDage ' ; mais ,
ontre que c'est voulloir mescontenter les officiers, le con-
seil d'Estat trouve qu'une province particulière assume
l'aathorité et la charge qui doibt réaider en sou corps , et
que c'est renverser l'ordre de l'Union et donner un mauvais
exemple à ceux qui voadroyent introduire de la confusion
au gouvernement, et l'entreprinse en est d'autant moins
louable, qu'on n'en donne aucune communication au dit
conseil , duquel V. Â. est le chef, et penserez peut-estre ,
Monseigneur, qu'il seroit plus k propos d'approuver une
monstre générale, en l'arrestant par l'advis du dit conseil,
afin que l'armée, après tant de btigues, ne soit mise en
pire condition que les autres garnisons; ce qui est rù-
sonnable et doibt contenter un chacun en sa commission.
Les lettres que j'ay receues ce ma^ du 25 de Paris,
me marquent que tout offre d'entremise pour la Royne-
roëre, est odieux et à contrecoeur, le différent estant
domestique et dépendant de la seule volonté du Itoy,
lequel demande une pleine obéyssance et j adjouste-on,
qu'elle inf%re implicitement le retour vers Florence. Sy on
en demeure là , je voy cet Estât et V. A. mesmes mal as-
signée de ses bons offices en la réception et défroyement
de S. M., en la personne de qui n'a esté considérée que
celle du Roy, avec le devoir de la gratitude.
La lettre de M' de Lierre' a ce matin mis le monde
en grand allarme, chascnn dressant les oreilles sur la
responce qu'il mande luy avoir esté faicte par M' de Bul-
lyon, sçaroir qu'une suspension d'armes, sans déguerpir
de part n'y d'autre, ne seroit hors de propos, puisque
les armes, sy bien adjustées et acheminées, n'ont eu plus
favorable succès. Cet advis porté plus loin, fondé peut-
estre sur un discours casuel, forme en l'esprit de plusi-
eurs une présupposition que la France nous trompe et
&ict son marché à nos despens. Cecy nuira. Monseigneur,
sy de bonne * on ne leur en faict perdre l'opinion par
do ProTiaces-UDiea i Paru.
,, Google
I68S. Octobre.] — 138 —
meilleure informatioD. En tout cas. Monseigneur, c'est
imprudence ii M. de Bullyoa de nous en alanner, sy la
partye n'en est liée ; car il sçait combien V. A. prend de
peine que les ennemis ne soyent escoutez que conjoin-
tement avec la France , et qu'un advis sy creu seroit ca-
pable de précipiter nos délibérations; mais je crùns qu'il
n'en soit quelque chose, puisqu'il s'en est ouvert sy avant.
Tontesfois j'estime que la suspension d'armes est incom-
patible avec la subsistence de nostre gouvernement, pour
divers grands respects. Vostre Â. en sa prudence pen-
sera, s'il loy plaist, au remède, car d'abord on prétendra
de régler et restraindre la milice, quand mesmes la France
condescendroit à en donner le fondz, que le temps nous
faict trouver douteux et long, quand on y satisfaict La
seule grâce que je demande à Y. A., c'est de me par-
donner que je corne' de mauvaises nouvelles, et de me
voolloir bonorer de ses commandemens , me croyant.
Monseigneur,
de vostre A,, très-humble , trës-obéyssant
et tirèa-fidelle serviteur,
PKANÇOYS d'aBSSSEN.
De la Haye, oe 2 d'octobre 1638.
Hmri Conte de Natêau-Siegen à M. de ZaiUchem. Com-
pUmenU.
*.* La Comte <ieil— 10S2), oScin- m wrTÎca dn ProTiDon-UDin (Colo-
wA it r^imnil de !■ Nord-Uollinds), jtoit eataji par le Prîner d'Onngs h
nriipoDroMDpliiBnileTlcBoi, àroocBràndsUniiauiicGdD Otapliiit (Looù XIV).
Monsieur. iTescrit ponctuellement k S. A. tout c« qui
s'est passé depuis mon arrivée en cette Cour an regard
de l'audience que j'ay eue de Monsieur le Cardinal et
> dii friqaciniiienl.
,, Google
— 139 — [1688. Moembra.
de celle que je me promets avoir du Roj dans an jour
on deus. Je sçaj, Monsieur, que vous aurez la lecture
de ma lettre k S. A., i quoy je me remets, ponr ne
TOns estre importun de redîtes, vous suppliant de me
mander par an petit mot le sentiment que S. A. en aura
tesmoigné là-dessus, ensemble sa volonté de quelle façon
il lay plaira que je procéda ioy à l'accomplissement de
ses commandemens , lesquels je vous assure, Monsieur,
que j'exécnteray toasjoars avec autant de fidélité que de
soings. Je seroîs aassj trës-aise de vous pouvoir faire
paroltre par mes services, soit îcy ou ailleurs, combien
je vous estime et que je suis véritablement plus qne tout
autre. Monsieur,
vostre bien humble et très-aSectîonné serviteur,
HBNKY C DE NA8SA0.
De Paris, !e 9 d'octobre 1638,
L.BTTKB DLI.
Guillaume iMndgmve de Bette ' au Comte Henri- Carimir
de Nattaa-Dietz. Semercimentt.
Hochwohlgebomer GrafF, freundtlich vielgeliebter herr
Vetter, Setze in keinem zweiffell E. L. werden sonsten
verstendigt sein das, auf guttfindung der hochgebohmen
meiner gn&digen nndt hertzallerliebster frav matter, wir
von hïnnen auf Cassai dorch gôttliche verleihnng zae reî-
sen gesinnet Wenn dan die ehre und guetbat damitt
E. L. mich, zeit meines anwesens albier, verobligiret, von
solchen nachdencken dasz icb anch bey meiner jugendt
in tbadell iallen mOchte, walin ohn anzeigung der erkent-
lichkeit icb abschieden sollte, aiso habe ich lieber dero-
selben ans dieser ungeûbtenn feder meine dienst&euud-
liche dancksagung ablegen dau guetbat mit atillschweïgen
■ nia de OailliDoiB V et d'Amie- SliuMb (IB29— lMS)i il «mit fMi
«M ta BigBot» m mirs ddc taaie i GroniDgae.
,, Google
]e88. IMcembr*.] — 140 —
vorûbergfihen wollen. Von dem Âlmechtigen vûDschendt
dass er inîr die jahre undt gelegenheit geben môgt E. L.
[mmthumliche] dienste andt frûndtschafift zu erweisen, wer-
den mîcb alsdaa, im werck undt von hertzen, finden
E. L. dienstwilUgen vetter undt diener,
wiiHELU, LaDdtgraff xu Hessen.
Grôningeu, december 1638.
A Uonsieur mon Cousin, Monsieur le
Comte Henry de Nassau, Gouver-
neur de Westfrise et Grôningue.
LETTRE »Ln.
Le Comte HenrùCoMmir à ta Comteeee-douairière de Naesau-
Dietz. Nouveliee.
Madame. Pubque j'ay apprins, par celle que v. Exe
a daignée m'eacrire le "/« de décembre, que vous désirez,
Madame, que je tous nomme les deux arec lesquels j'ay
communiqué l'afaire sceue, je n'ay garde d'y manquer,
et diray à t. Exc. qae ce sont messieurs de Somerdyck '
et de Haulterive, deux personnes qui pour à cest heure
ont extrêmement l'oreille de M' le Prince et auxquels
il se fie beaucoup; aussi a-îl trouvé bon, et mesme me
l'a commandé parfois , que je me consoîllerois avec eux ,
principalement avec M' de Somerdyck, d'affaires d'Estat
et d'antres d'importance; ce sont eux qui m'en ont parlé
de leur mouvement, il y a plus de deux ans, et m'ont
souvant donnez des grands of&es et assurances de leur
amitjé; si on ce peut fier aux hommes, je tiens qu'il me
sont amis et me le seront, tant en ceste affaire qu'en
toatte autre chose; s'ils me trompent, il n'y a remède,
au moins ne me peuvent-ils pas me priver de ce que je
tiens maintenand, et me faudra contenter de l'ordinaire
course du monde; aussi ne puîs-je veoïr quel profit qu'ils
' Sommeltdjck.
n,g,t7cdb/G00gIc
— m — [1639. Fitràr..
en lireroyent me trompants, ven qa'îls ne me açauroyent
noire, puisque j'ay l'honneur d'estre assez bien auprès de
M' le Prince, contre le service daqnel je n'ay garde de
rien &ire ni dire. . . .
Des afaîres de par deçà, il n'y & pas encor grand chose
à dire, aï longtemps l'on ne veoit quels Yolmachts seront
eslaz pour l'assemblé des Estats. Le Grietman Doucke
JoDgema (partisan de Roorda, qui est aussi aux abois
de la mort) est trespassé; il y a force sollicitants pour
sa charge; j'ay paisiblemept exercé l'élextion des magis-
trats, sans qu'il y ût eu le moindre semblant d'obstacle.
Et puis que c'est aajourdhny le dernier jour de ceste
année, je prie le Tout-puissant de combler v. Exe. d'au-
tant de contentements et félicitez en ce prochein nouvelle
an, comme vos mérites le requièrent, et qu'il me face la
grâce de me pouvoir dignement comporter, en la qualité.
Madame,
de vostre Excellence trës-humble et très-obéissant
fils et serviteur,
H. C. DB NASSAU.
De Leevarden, ce dernier jonr de l'an 16S8.
L.ETTKB BLIII.
Le mêrtte à la même. Situation de la Friee.
Madame. . . Le peu de temps qui me reste, à cause '
que le messager me presse de partir, et n'ayant en tout
anjourdhuy une demie-heure à moy-mesme , pour tracer à
V. Exe. ces peu de lignes, me font rendre celle-cy plus suc-
cinct que je ne désire; c'est pourquoy je vous diray,
Madame, seulement qu'aujourdhuy je suis esté avec les
députez à l'assemblée des Yolmachts ' , où la proposition
est iaitte et les procurations receues, lesquelles ont esté
examinées et avons trouvé (ce que rarement arrive icy)
qu'il n'y avoît que trois procurations disputable, dont il
' a. k. A. d» ccai qai ont pkjn poDtciir (Tolla mioht) poot tnïitcr à k
diita piOTiiMiilB.
,, Google
1639. FArrier.] — 142 —
n'y en a qa'ane qui est aucunement considérable; lea
Volmachts des villes ont esté auprès de moy et m'ont
ananimement offerts la disposition de leur charges vacan-
tes, mais je leur ay remercié de leur bonne volonté et
me suis excusé de prendre un si grand &rdeau sur mes
espanles, me semblant que se seroit un pea trop odieux
si je me mesloîs si ouvertement de la distribution d'ï-
celles, comme chose trop exposé à l'envie, me contantant
d'en avoir la direction sonbs main. Les changements
d'Oost- et Westergoo sont encor incertains, celles des
Woldes selon lenr formulier ordinaire. Hobo Âilva pré-
domine à cest heure de beaucoup en Westergo et la
partie des Ailvas et Eisingas se balance dans Oostergoo;
une partie des Eisingas correspondantA avec les Ailvas et
l'autre avec Rinc Bourmania et ses correspondants; dans
les Woldes la ligne des Oenamas tient le desus. Voîlk,
Madame , en brief Testât présant de la province , et en atten-
dant le succès des révolutions', je me signeray, Madame,
de vostre Excellence très-humble et trèe-
obéissant fils et serviteur,
H. OOHTE ns NASSAU.
De LeTfU-den, ce '/it de février 1639.
LBTTKB DL.IT.
Le même à ta même. Nouvelles.
Madame. Deux lettres de v. Exe m'ont esté rendues
i, la fois, touttes deux datées le */■« du courant, par les-
quelles j'ay apprins, avec un contentement inexprimable,
le bon estât de vostre santé , auquel je prie te bon Dieu
de vouloir maintenir v. Exe. longues années, avec tout
contentement et félicité souhaitable; sur tout que v. Ëxc
tesmoigne recevoir satisfaction de mes accions, lesquels
je tascheray tousjours k diriger le moins mal que me sera
possible, suivant les commandements et remonstrances de
1 m tMutioDs.
,, Google
— 143 — [1689. F^rier.
V. Exc.; comme aussi que v. Exe. est contant de la li-
berté que j'ay prina d'ouvrir son paquet, lequel je ne
manquera^ de seorement adresser, dès que la commodité
8*en présentera. Je suis aussi bien ayae de veoîr que v.
Exe approuve la correspondance que j'ay fait k la Hay
de ces deux personnes', tant le politicq que le inilitfùr,
lesquels j'espère que ne me tromperont pas; au pis aller
ils ne me peuvent nuire de beaucoup et leur faudra at-
tendre, s'ils le font, la revange que j'en prétendrai pran-
dre, mais le temps nous esclairsira de tout, et je remets
tout à la disposition du Tout-Puissant, pour en faire ce
que la divine Majesté trouvera appropos, pour l'honneur
de son saint nom et mon suprême bien. J'espère, puis-
que le temps de l'assemblée est de rechef aresté pour le
*/m de may, qu'à la an la besoigne sera une fois terminée
pour le repos de v. Exe. — La grietenie vacante demeure
touBJonrs en mesme estât; la nomination n'en est pas
faîtte jusqaes icy ; les Ejsingas et Ailvas se donnent fu-
rieusement du coude dans la brigue d'icelle. Monsieur
d'Estrades, qui est on gentilhomme envoyé du Roy de
France, capitaine de cavaillerie, pour négotier avec mes-
sieurs les Estats-genéraulz de la part du dit JRoy, est
party avec grande satistaction , messieurs les Estats-géné-
raubi Iny ayants accordez 15 vaiseaux de geurre, pour
joindre avec la flotte royale, qui consiste en 40 grands
vaisseaux et 20 frégattes.
La résolution et communication des armes avec celles
du Koy susdit, pour l'espédition de l'année prochaîne est
conclue aussi, et croit-on qu'in&illiblement on attentera
quelque chose d'importance; à quoy j'espère que l'Eter-
nel vendra départir sa bénédic^on et qu'il me fera la grâce
de me pouvoir dignemant acquiter de la qualité. Madame,
de V. Exe très-humble et très-obéissant
fils et serviteur,
I NASSAU.
ie de fémer 1639.
> vojet p. 140.
,, Google
1689. F^irior.] — 1*4 —
Monsieur d'Estrades susmanUoné a là depuis peu la
compagnie du Don Emanuel, Prince de Portugal, et
cela sur sa requeste, d'autant qu'il s'est remis volon-
tairement dans son couvant, duquel il a escrit des lettres
à ses seures ', pour tâcher à les convertir par ses persaa-
sion k la religion catholique-romaine, et par lesquelles il
renonce à toats ses biens et prétentions séculiers.
LETTBB DLT.
Le Prince ^Orange au Roi d^ Angleterre. Le» P^ovincee' Unies
ne eauroient lui envoyer de» troupe».
*,* FrobiblemsDl il t'igit d'Aigloù 1 U solde de la lUpabliqiie, qoe le
>î demuidoit pour *od upéditûm contre lei ci
Sirel La grôcïeuse lettre dont il a pieu Ji V. M. m'on-
orer ' m'a esté bien rendue par le S' Boswell, son résident
en ce lieu, et proteste devant Dieu que je voudrois qu'il
m'eust cousté de mon sano que V. M. peust recevoir la
satisfaction qu'elle déaire, pour quoy effectuer j'ai commu-
niqué sur ce sujet avec des principaus de cest Estât, qui
m'ont respondu qu'ils supplient tràs- humblement V. M.
de considérer qu'en ceste saison , que l'on se prépare à ce
mettre de bonn' heure en campagne pour faire la guerre
à un si puissent Boi qu'est celuj d'Espagne, l'oç ne poa-
roit afoiblir ces forces sans aporter un aparant préjudice
à tout cest Estât, et plusieurs autres raisons, qu'ay prié
au S' Boswell de représenter à Y. M., partant la sup-
pliant, comme je fais ausy très-humblement, de ne pran-
dre pas de mauvaise part si, en ceste constitution d'af-
faires, elle ne peut estre assistée dé* troupes qui ont esté
demandées. En d'autres occasions qui dépendent de moy ,
y. M. peut s'asseurer que je luy tesmoigneray toujours,
' anan. * honotei. ■ dei.
,, Google
— 145 — [1939. Mii.
par mes devoirs et très-hambles services , que je suis
avec passion, Sireî
de y. M. très-hamble et tr&s-obéissant
serviteur,
Haie, le 10 mars 1S39 '.
LETTRE BLVI.
M. de SommeUdyck au Prince ctOrange. La FVanee te
plaint à tort.
Monseigneur. Cest commencer de bonn' heure, mais
V. A. m'en a donné la liberté. Les advis que j'ay eu
de Paris do 21 contiennent que les ordres alloyent estre
envoyés au grand-maïatre ' poar entreprendre, que M' le
Cardinal de Richelieu devoit se rendre à Calais et le Roy
Bussy peu après, pour par leur présence en favoriser le
dessein. On s'y plaîgnoît de la lentitude ' de V. A. k mar-
cher, mais je pense qu'en adjustant vos délibérations,
l'intention ayt esté de partager le péril avec les forces
ennemies, qui touttes entières vous restent sur les bras,
encor que les armes de France ayent jk raadé ' plus de
quinze jours entre les frontières de Flandre et d'Arthois,
dont il se peut inférer, pour voatre déscharge, que l'Es-
pagnol a les yeux tenduz sur vous et ses armées tellement
reparties, qu'en peu de temps il luy serait facile de les
rejoindre et choquer les vostres, venant à les précipiter.
Cest assez, qu'au moyen d'avoir porté vostre armée au
rende vous en estât de faire peur et mal, les Prançoys ayant
eu depuis tant de temps leurs coudées franches, pour pren-
dre leur avantage sur tant de villes ennemies. Peat-estre
■ In dorio on lit de 11 Ditiii du Priaoe: „lctlr< lo Ro; de 11 Grnnd-
Bnliijine, inr le tnjet dei traoppea qae l'igenl Boawel ■ droiaDdëei
de ct)t EaUt la 10 mnn 1639."
* Le mirquii de It Meillereie, grud-iniltra de l'artillerie, commiDdoit
rarmée fnncoiu.
* lenteur. * rodé.
m. 10
,,Googlc
168», Mai.] — 146 —
qae la posture de Y. A. embarasiie plua le cardinal-infant
que ne feroit vostre dessein, mesmes après sou esclat,
car lors il mesureroit son temps et balanceroit la nécessité
de ses affaires, au lieu qu'attaché à s'opposer à rostre
démarche , il est contraiut de négliger l'invasion que me-
nace la France. Plus grand honneur ne sçauroit arriver
h y. A. , maïs nostre conditîou demande que chacun soit
mis à son prix. Le Piedmont est bien esbranlé par l'in-
4 fidélité des subjects, qui se laissent gaigner par les prat-
iques du prince Tomaso'; il ne reste tantost pins rien
au pupille que Turin et l'espérance. M' le Prince de
Condé avoit r'assemhlé son armée et y joint les bandes
du Languedoq, entre Thoulouse et Montauban. La fiotte
de M. l'arcbevesque de Bordeaux attendoit le premier bon
vent pour faire voile; s'il estoit spécifié, on en jugeroit
de la routte. Les contracts sont renouvelles avec la cou-
ronne de Suède et M. le duc de Weymar; mesme offi%
est faicte à madame la Lantgrave , sy elle veut escoatter.
Les deux autres armées de S. M., soubs mess, de Chas-
tillon et de Feuquiéres, doivent bransler en mesme temps
que le grand-maistre viendra à se déclarer. D se voit
tontesfois que la France batte à vous engager premier;
vous le ferez assez à temps, quand l'avantage et la seu-
reté vous en semondront. Je n'apprens d'ÂlIemaigne qu'un
desdit des précédentes nouvelles. Kous roulions tonsjours
an mesme train auquel Y. A. nous Imssa, et tâcherons
d'y maintenir les affaires. Sur ce je prie Dieu, Mon-
seigneur, de prospérer vos desseins et de donner ii V. A.
parfaicte santé et longue vie, et à moy l'honneur de vos
bonnes grâces.
De vostre A., très-humble, trfes-obéyssant et
très-fidelle serviteur.
FSANÇOTB d'aBSSBXN.
De In Haye, ce SO may 1639.
' Thomu-FraDfoia , Prince ds Ctrignui (15S9 — 1656) frire du dnc de
SiToie Vimta-Amiàée (f 1637).
,, Google
I.ETTBE DLTII.
Le Comte Maarice de Nassau- SUgeti à M. de ZuyUchem.
Compliment».
Monsienr! Puisque j'ententa qa'il plaist à Meuîeura de
la Compagnie d'ouvrir quelquesfois mes pacquets de let-
tres, je crains qu'ils auront ouvert aussi quelques uns
teuants à Son Alt. et qu'ainsi ils ne seront livrés , ce qui
ponrroit causer quelque mescou tente ment en S. A. et qu'elle
croiroit que je sois si négligent en mon debvoir. Je vous
prie de m'advertir ai S. A. a receue une lettre dans la-
qaelte je luj aj envoyé, il y a desjjt longtemps, des
chantillons * du bois, et un autre touchant le gouvernement
de Breda, sur lesquelles je n'ay receu aucun mot de
response, ce qui me fait craindre qu'elles sont perdues.
A vous aussi j'avoïs escrit diverses lettres, sans recevoir
de response là-dessos; entre autres je vous avois envoyé
un estât de toutes les prinses quils se sont faites icy de-
puis mon arrivée, afin que vous puissez demander le droit
qui partient* it S. A. — Dieu mercy, nous vivons encore,
combien que j'entens qu'on nous tient en la patrie pour
des en&nts perdus (1). Finissant ceste-cy , je prie Dieu de
vous tenir en sa garde, demeurant. Monsieur,
' vostre bien humble à vous servir ,
UAimiOE CONTC DE NASSAU.
D'Antoni-VaE, ce 16 de juin 1639.
'Mes très-humbles baise-mains à tous mes amis.
ItETTSE DLVIII.
M. de Sommebdj/ck au Prince ^Orange. Disgrâce de M.
Monseigneur. Parmy la presse et l'embaras de la dis-
(1) An commeaconcat ds 1039 ddc flotte eipagnolB trèa- considérable tioil iDcntc^
FanitnibDCï msii la lempb» et Ica mBiadici oontnûguireDt l'ennenii i se retirer.
' ÀUiiDtilloDa. ' appsrticDt. > Vogtre — Bénir, Juloffrapie.
* Ma — uoû. Jnîograpke. ' AmbsHBdeuT de France: voyez p. 134.
10»
,,.GoogIc
16!t9. JoiD.] — 148 —
tribution de voz ordres, je ne m'îngéreray pas h. entretenir
Y. Â. Bur le désastre recea par les Françoys devant
Thionville (1); car vostre prudence l'a assez considéré et
jusqaes où en va la suitte, veu que desjà partye en est
imputée aux lenteurs de cet Estât, qui a tardé de mettre
son armée aux champs an temps concerté et promis. Cest
l'ordinaire d'nn malheur que d'en cercher la cause où
elle n'est point, mais V. A. s'en sçaura bien défendre,
sy on ne se veut payer de raison. Ces lignes donq ne
servent que pour tous aviser que madame d'Iîstampes
a recen ordre de se retirer et en a &ict bailler les let-
tres du Roy à messeignears les Estats, demandant con-
voy pour ce faire avec seureté, et comme il se dit qae
la disgrâce de M. d'Estampes vient pour avoir trop con-
fidemment adhéré aux volontez et désirs de V. A,, no-
tamment au faict des négotiations sur l'adjustement des
desseins de cette campagne , lequel le Roy prétendoit devoir
estre faict en France, il importe grandement, Monseig-
neur, à vostre service, qu'elle puisse partir satis&icte au
moins de cet Estât, pour par son exemple n'eâaroucher
son successeur. Partant V. A. est supplyée de penser
sy elle ne doibt recommander aux députés d'escrïre séri-
eusement, à ce qu'elle soit traictée gr&tieusement k son
départ, avec un honeste présent; ce cera tousjours gagner
une personne et faire ce ît quoy on est tenu, sans exa-
miner s'il est rappelle devant temps. L'ordre du convoy
s'espère pareillement de la courtoisie de Y. A-, de tant
plus que l'Amiral ' est csloigné trop avant de la coste, et que
depuis peu de jours dix frégates de Duynkercke ont entre-
prins quatre de noz navires de guerre et les ont assez mal
mené (2), de façon qu'il n'y a plus de seureté par la mer,
ay en fin on ne résoult à dresser la chambre d'asseurance.
* (1) F«nqaitrea, qui un^geoit la tîIIb, fut CDtiircmcDt djbi't par PiccokuniDl ;
il y rat. Mir huit 1 nonf mille fanlauiDi, an inoiDi cinq mille morU.
(2) Malgré la victoire ligiiil^ qae remporta Tromp iur ceux de Unngoer-
qoe, U 18 Urrier 16S9.
■ M. H. Tromp.
,, Google
— 149 — [1689. Jnin.
Les compagnies noo reparties ont touché pl^nement
deux monstres, mais je doute que cela continue, parce
que les financiers de France ne sont pas de plus facille
deserre ' que lesnostres , et toutesfois ces tronppes ne peu-
vent chommer en campagne, encor qu'elles se trouvent
destituées la plaspart de solliciteurs et crédit; le conseil
en a soin et a faict appeller Heuft, afin de négotier une
nouvelle avance par son moyen; mais U y sera diiScile,
s'il ne luy est autrement commandé du costé de France,
Ik où peut-estre on ne sera guferes prompt à nons con-
tenter, sur la rencontre de leur disgrâce. Leur flotte
estoit partye, tirant vers la Corrogne, composée de 80
voiles, dont 44 sont bons navires de guerre, portant 4000
hommes, pour faire descente. M. le Prince" eofiloit la
route d'Fspagne, avec ane armée qu'on ùàct forte de
vingt mil hommes, mais en Italie les affiiires sont comme
au dernier point de désespoir, pour duquel revenir Ma-
dame de Savoye a condescendu de consigner au Roy
touttes les forteresses qui lay restent, afin de les protéger
contre l'infidélité des subjects, pour la défense du pupille.
C'a esté un bien imprudent conseil an Prince Thomaso,
de presser sy avant madame la Duchesse, car sy l'héri-
tier vient à mourrir, la succession en demeurera entre
les mains de S. M. , comme acquise sur son ennemy. Mais
je me perds, ne me souvenant tan tost plus de mon entrée,
et me contenteray de finir par ma prière à Dien de
bénir. Monseigneur, les conseils de V. A. de prospérité
et vostre personne de parfaicte santé et très-longue vie.
De vostre Altesse
très-bomble, trës-obéyssant , et tr^fidelle serviteur,
FRANÇOTB D'
De la Haye, ce 19 juin 1639.
D,g,t7cdb/GOOgIC
liBTTKB BLIX.
Le même au même. Malgré le mécontenlement injutte de la
France, néveattié de bon» rapports.
Monseigneur. Pendant que les vois et la voye ae pr<^
parent icy h ^re séparer l'armée, j'ose à telle occasion
ro'avancer, ponr convier V. A. de penser aax compagnies
qui sont sans répartition ; car il est temps d'aviser à
quelque expédient pour les &ire subsister, puisque l'Es-
tat n'est point pour s'en charger, sans faire réflexion
qu'elles ne vous seront moins nécessaires l'an prochain,
qu'elles l'ont esté le présent La continuation du secours
du Roy très-chrétien n'y a, à beaucoup près, peu suffire;
encor a-il esté roign6 ' par les avances, prinses à usure,
pour ne laisser cliommer les soldats en la campagne,
lesquels, non obstant tout cela, demeurent encor arriérés
de plus de huïct mois, que ne savons où prendre, ny
comme parer aux crierïes des officiers. La France seule
y peut pourvoir, s'il plaist i, V. A. la faire négotjer de
bonne heure et elle vous escouttera, tant qu'elle pense à
la guerre, de crainte de vous voir aâbïblye; éar vous lay
estes plus considérable en la présente occurence que tous
ses autres alliés ensemble, et vous en pouvez prendre
voz avantages. Je sçay bien néanmoins qu'elle murmure
assez contre les succès de cette campagne, mais, outre
qu'elle n'est pas pour en démener bruict, les siens pro-
pres ne sont point k preuve de repartye , et les vents ont
notoirement défavorisé les vostres. En tout cas, Mon-
seigneur, sy on vient à toucher cette chorde, il sers bon
de sauter par là-dessus, pour vous jetter ensemble sur
an nouveau concert de l'avenir , taschant , parmy les
conditions du marché, d'obtenir une bonne et prompte
subvention, qui noua donne moyen de fournir à l'entre-
tien des trouppes extraordinaires. Nous aurions bien be-
soin en beaucoup de choses de la présence de V. A-, mais
elle sera surtout nécessaire devant la prochaine et grande
,, Google
— 151 —
[1630. Saptembrg.
assemblée d'Hollande, tandiz qae tout l'Estat s'j réglera
sur nostre pétition , attendant laquelle je prie Dieu ,
Monseignenr, qu'il bénisse vos conseils dlienrenx saccès
et vostre personne de santé et très-longue vie.
De vostre Altesse
très-humble, très-obéjssant et très-fidèle serviteur,
PRANçors d'askssbn.
De la Haye, ce 20 sept. 1639.
liBTTBB nhX.
Le Comte Bmri-Catimir à la ComUMt'douair&re de Noêtau-
Dietz. Nouvdle».
Madame. Ce m'a esté un contantemaod indicible d'ap-
prandre, par celles que v. Ëxc. a eue pour agréable de
m'escrire du 5 et 17 de décemb. n. st., vostre heureuse
arrivée à Hadersleven, et encor plus grand que v. Ëxc
est si bien satisfaitte de S. M. le Roy de Dennemarck,
et qu'il a pieu à S. M. d'accepter la requeste de v. Esc.
pour avoir soin de vos aSaires, mais sur tout le plus
grand a esté d'entendre que v. Exe. s'est trouvée tous-
jours en une si entière et continuelle santé, laquelle je
prie le bon Dieu de vous conserver longues années et
vous combler d'autant de félicité et bonheur que de bon
coeur je le souhaite à v. Exe. Mais, Madame, je ne
suis peu inquiet que v. Exe, c'est résolue de passer encor
cest hiver en ces quartiers , ayant espéré que vous auriez
pris résolution de vous retirer en ce pay«, oii les may-
sons de mon gouvernement eussent attendues v. Exe. k
portes ouvertes, avec beaucoup de dévotion. J'espère que
T. Ëxc se résoudra une fois de se retirer chefs * un fils
qui tesmoignera tonajours autant d'obéissance en icelle
qualité, comme de fidélité en celle de très-humble servi-
teur. Je tiens que v. Exe. aura entendue le contante-
mant que leurs Altesse, monsieur le Prince et madame
la Princesse d'Orange ont eux * pour la naissance d'un
second fils et que le comte Henry est envoyé en France ,
D,g,t7cdb/GOOgIC
1539. Décembre.] — 152 —
pour prier le Roy d'en estre parain et mon frère en
Engleterre ponr prier -la Roine pour le tnesme effet, mus
ceste joye a esté de peu de durée , le sasdit petit Prince
estant décédé de ce monde le "/» du courant, n'ayant esté
qu'une nuit malade; on c'estoit préparé à beaucoup des
démonstrations de joye, par un caronael, combat de ba-
rière et balet, que les dames auroyent dansé. — L'affaire
sceue est tousjonrs en bon estât, bien qu'il ne soit en
termes d'en pouvoir dire quelque chd^ positivement;
quand je reviendray, avec l'ayde de Dieu, de rechef en
Hollande, ce qui sera vers le printemps, je taseheray de
pousser pins outre, si v. Exe. l'a pour agréable. En ceste
province mes affaires sont en bonne posture, et en meil-
leure qn'ila n'ont esté du temps de feu messieurs mon
oncle et përe; mes ennemis sont disuniz ' entre eux et
vi&nent de deux costez recercher mon amitié, mes amis
se tesmoignent tels plus que jamais, et ceux qui najoyent *
autrefois entre deux eaux , me font démonstration de
bonne volonté; les villes tesmoignent généralement d'estre
satisfaites de la présante &çon de l'élection des magistrats,
tellement, quand it mon particulier, je ne lesçanrois sou-
haiter mieux. Je fais estât de partir d'icy en peu des
jours vers Groningue, pour y séjourner quinze jours ou
trois sepmaines, estant obligé d'estre vers le Landtsdach
de recbef icy, qui sera au commencemant de février, et
aprez cela me préparer pour l'armée, laquelle on dit que
sera menée en campaigne de bonne heure, en intantioo
d'entamer de nouveau quelque chose d'importance, auquel
effait ' on fait estât de lever vers iceluy temps encor 6000
hommes de pied. Dieu y veuille contribuer sa bénédicUon
et me faire la grâce de me pouvoir dignemant acquiter
de la qualité, soit mort ou vif. Madame,
de vostre Excellence très-humble et très-obéissant
fils et serviteur,
H. C. DE KASSAU.
De LeTerden, ce 23 de décembre 1639.
I djunia. * nagcoitnt. ' cffrt.
D,g,t7cdb/GOOgIC
M. de Sommdtdyck au Prince ^Orange. NoaveUet diveraei.
*,* L« SI oet. l'imiral Tromp, ijant atliqaj et injinli U flotta d'EapifH
d>Dt la nde ds Duiasfl), la Étals- Génfrani dcputèreot M. de SamineUdj'ek à
LoDdns, tfia de justifier ma hardiesse couronDJe d'un si éclstsiit succis et ds
dire de» ooieriurei pour aae liftiiB oETrosÎTe et défensiie et pour U restilalfoD
de l'Électeur PsIilÎD. — AenwDs et l'embsuadenr ordinsire Joschimi surent
le 27 nof. leur premitre aadieoee. — Le comte Guillsunie-Fr6]^ne Teuoit,
de 11 part do Prince d'Orange, annoncer le neianDce d'an (econd fils.
Monseigneur. tPay peur qae mes diligences ne vous
sojent ennayei]ses, d'autant qu'elles ne représentent les
choses qu'à demy, puisque le Roy tarde à nous respondre;
ses ministres, en excusant la longueur, ne nous esclarcis-
sent de rien , mais font beau bruict de la guerre d'Escosse
et de la tenue de leurs Parlemens; cependant nous obser-
vons beaucoup d'allées et de venues d'Espagne et que le
résident confère souvant et estroittement avec ceux qui
sont tenuz pour stipendiez de son maistre; nous taschons
d'en pénétrer le subject, car il seroit difficile que uostre
Estât n'y fust mesié, soit par le combat aux Duyns,
soit par le fret qu'on prétend de faire de grandz navires.
Monsieur le conte d'Hollande ' m'asseura bier d'avoir
veu des lettres de Bruxelles, qui parlent que dans le
mois prochain il doibt sortir de Duynkercke trente et
cinq navires , y comprins ceux qui ont esté sauvez et ra-
doubbez aux Duyns , chargez de trois régimens Wallons,
qu'ils doivent descendre en Espagne. Ma précédente à
V. A. est du 22. Le lendemain arriva icy, but le soir,
M' le conte Guillaume et me porta celle de Y. Â. du 9.
(1) Le T oct. Goilltnaie de Lyere, «mbusadeiir de la Re'publiqoe à Paris,
éeriiaat à Richeliea, le remercie de ce qa'an a fttxé à Tromp des mnnitionai
demande que l'urcbcrEqae de Bordoni joigne sa flotte i celle des HollaDdois 1
Dnina, et l'idreue ï son Émin., „conime i, es tr^ itrand minitlra qni,paiM
eomtanee et prudence affermit le Koj sur le trâne." (Ma. P. c. H.)
' Lord Hulland, (centilhomme de la chambre et msmbM du CMueil-pliT^,
qui négocia en France le mariage de Charles I.
D,g,t7cdb/GOOgIC
]S39. IWwmb».] — 154 —
■Tauray soin ^ diriger sa commission, qu'elle puisse estre
conduitte avec sa répntatton et selon vostre intention,
mais elle doibt commencer par le Roj, sans grande for-
malité; V, A. me face l'honneur de croire que rien n'y
sera négligé et je m'asseure qu'à son retoar il se louera
de mon entremise. Cest aujonrdhuy le jour auquel les
seigneurs sont convoquez, pour en présence du Koy dé-
clarer soubz leurs signatures quelles sommes ils veuUent
prester contant & S. Af . , et cela ruîdé on doibt aussytost
résoudre nostre respouce sur le dernier escrit Nous ne
faisons que revenir de l'audience de la Boyne, laquelle
noua promet toattes les fevenrs que, sauf l'bonneur du
Koy, nous sçaurions désirer d'elle; cette exception m'est
suspecte et en serons esclarciz par la responce. S. M. nous
a dit d'avoir sçeu que madame la Princesse est accouchée
d'un garçon, qu'elle s'en est resjouye et loi en faict la
congratulation , comme aussy à V. A. mais ne luy avons
point parlé de l'arrivée de M^ le conte Guillaume, pour
luy conserver l'enfourneure ' entière et tous les pas de sa
commission. Les marchans d'icy refusent tout crédit aux
courtisans, qui leur demandent de l'argent à intérest,
mesmes sur des bons gages; car ils craignent la guerre,
ou de la bronillerye au Parlement, qui feroït risquer
leur condition. Le Roy parle de Jever 35,000 hommes
de pied et six mille de cheval et de les avoir sur pied
avant le Parlement Je prie Dien, Monseigneur, pour
la grandear, félicité et longue vie de V. A.
De vostre Altesse,
très-humble, très-obéysant et très-fidële serviteur,
FRANÇOIS D'aEBSSXN.
De Loudres. ce jour de Noël 1639.
' coinmeaccmMt.
,, Google
LBTTRB DLXD.
Le même au même. Dùpoiitionê de la Cour iT Angleterre
et du paye.
Monseigneur. tTay receu à deux jours d'intervalle, celles
que V. A. m'a &ict l'faonneiir de m'escrire da 9 et 12
de ce mois. Ma précédente a esté da jour de Koël. M.
le conte Guillaume s'est d'assez bonne grâce démeslé de
sa commission; et est aprës à reDonveller ses premières
connoisBances, attendant la déclaration de la Royne, la-
quelle avoit, boict jours devant sa venue, envoyé en France
apprendre qni seroit nommé par le Roy poor le répré-
senter au baptesœe, aân d'adjuster l'esgalité de leurs qua-
lités; quoy vDÎdé, on ne tardera gnères ^ le redépescher.
Madame de Chevreuse ' , qui se mesle de toat, a encor
tasché de brouiller quelque chose en cet affiùre , mais en
vain. tTai esclaircy Y. Â. qu'elle ne sçauroît &ire estât
d'aucune levée en Escosse et que le Koy en a trouvé
nostre proposition estrange, ven que n'ignorions point leur
desobéjssance et qu'il a raison de douter de leurs vo-
lontez, ne désirant pourtant bazarder son anthorité, qu'il
a trouvé bon de nous prier de ne l'en presser d'avantage.
Nous attendons tousjours, Monseigneur, les responces du
Roy et, tant que ne l'aurons, il nous sera impossible de
pénétrer le fond de * intentions de cette Cour et, pour
dire la vérité, ces allonges me sont suspectes de quelque
dessein, soit que ce pendant il se négotie quelque chose
avec l'Espagne , soit qu'on attende l'yssue de l'affaire d'Es-
cosse. U y a trois sepmaines que le Roy nous promit
sa response dans un jour ou deux ; delà à quelque temps,
le secrétfùre Koke ' nous en vint excuser le retardement,
comme procédant des grandes affaires que leur tomboyent
■ Uirie ds Rohaii, tcaTe de Lnynea, jpoDse da dao deCbemuw.con-
fldBDt* de U RdDB-mîra ot hoetile an eurdinil d« Riohdiea, u'reiur-
quble, dsEï ta intrigues continnellei , pur mu tdrewe tt pu wn
■ dn. > Sir Jaha Coli», McrAiire d'ÉUt
,, Google
IB89. Décemb»,] — 156 —
sur les bras, pour la rébellion des Escossois et la réso-
lution à faire tenir un Parlement, tant icy, qn'en Irlande,
maJB qu'il en avoit le commandement du Hoy, et estoit
après k la dresser; nous l'en envoyâmes de rechef sommer
hier, et n'en easmes autre chose, sinon qu'elle n'estoit point
encor preste et qu'il avoit !i en parler au Koy devant,
lequel alla hier chasser à [Thebols] , d'où il ne retournera
que samedy; et ainsi nous faict-on tomber dans les festes
de Noël *, qui rendront S. M. inaccessible. Je n'y voy
remède, Monseigneur, que dans la patience, quelque en-
nuyeuse qu'elle me soit, pendant laquelle je me tiendray
aux escouttes, pour en descouvrir la cause, et certes c'est
un bien estrange procéder, que ceux qui se croyent of-
fensez, n'en font point leur plùnte euz-mesmes et tardent
k repartir à nos esclarcissemens et justiâcations, que contre
tout ordre nous avons faict précéder, pour le seul respect
du Roy. La constellation de cette Cour nous est peu
favorable; ceux qui président principalement sur les affai-
res, sont pour la pluspart nouveaux et sans grand' con-
noissance du dehors, reculent, on surmontent h ht pluralité
des voix, ceux qui leur ont précédé et ne sont de leur
sentiment; leur but va h establir le commerce et leur au-
thorité par les avantages d'îceluy. L'Espagnol s'en mesle
ouvertement; quoy estant, V. A. jpense s'il est possible
que n'ayons tousjoura des riottes ' à composer avec c«tte
couronne, sy, par traîct de temps et des accidens des af-
faires, cette Cour n'est remise en une plus saine assiette,
car on envie nostre prospérité, on faict encor semblant de
redouter nostre puissance, et ne peut-on digérer nostre
confédération avec la France. Ce sont en partye les ray-
sons qu'on faict valloir à refroidir le Koy et les affections
du Royaume envers nostre Estât, et en vient-on desjà jua-
qaes lit de dire qu'il faut balancer la puissance du Roy
d'Espagne et de messeigneurs les Estats dans les Pays-
Bas, en empeschant que l'un ne vienne à succomber, ny
l'autre & gaigner trop d'avantage, surtout s'opposer k la
,, Google
— 157 — [18a9. Dé:«mbra.
France, ay elle prétend d'empiéter quelque chose en la
Flandre. V. A. voit où enfin cela va aboutir. Le Roy
d'Espagne peut trop en cette Cour et tous les plus puîs-
saos y sont de son costé; madame de Chevreuse les sçùt
manier, comme y enclins d'enx-mesme, et a un grand
ascendant snr l'esprit de k Royne, qui prend goast à son
entretien, et le Résident d'£spagne n'agit plus qae par
Bon organe, de qaoy les stipendiez d'Espagne prennent
jalousie et la Papauté prend tant de pied et de hardiesse,
que, s'il n'y est ponrveu bien tost, il en pourra avenir
du désordre. Plnsieors commencent k douter de la tenne
du Parlement, à cause des grands emprunts qae le Roy
faict pour estre armé contre les Escossoîs, et y en a qui
se desfîent que c'est plostost pour réformer la licence du
Parlement et refréner leurs insolences, en chastiant quel-
ques uns des plus mutins parmy eox, qui osent disputer
les prérogatives de S. M. Les Seigneurs du conseil si-
gnèrent devant-hier leurs promesses, jusques environ deux
cens mille livres sterlincks; le reste demanda temps, pour
examiner où ilz pourront prendre de l'argent. M' le conte
d'Hollande a signé pour dix mille livres sterlincks, mais
n'est pas bien dans l'esprit du Roy et de la Royne , prin-
cipalement pour avoir eu prinse avec le député d'Irlande '
sur le subject de la flotte d'Espagne aux Dunes, qu'il
conseilloit au Roy de faire retirer, pour ne la voir com-
battre par les Hollandoys au préjudice des droits de S. M.,
ce qn'asseurément ilz feroyent, portez de la nécessité et
fondez en droict; ^ quoy le dit député s'opposa, soub-
stenant qu'ilz ne l'oaeroyent avoir pensé, et, la chose ayant
succédé ainsi que l'autre avoit prédit, il semble que main-
tenant on cerche à luy jetter le chat aux jambes, et le
député a sy bien feict sa partye avec l'archevesque ' et le
marquis de Hamilton, qui peuvent tout sur les volontez du
Roy, qu'il sera bien contre l'opinion de tous, sy l'autre
subsiste. Monseigneur, je m'estends trop sur cette matière,
mais ce n'est que pour V. A., qui a besoin de veoir clair
■ Wœtwortb , comU da Stnflbrd. * Ltnd , wcbartqna da LondiM.
,, Google
-| _ 158 —
dans la véritable constitution de cette Conr, dont je crains
bien quelque bourrasque, sy les affaires qu'on a it demesler
ne nous en garantissent Ces lettres de nuurqae, qui se
donnent et exécutent de fois & autre sur les nostres, sans
autre ressentiment que des plaintes verbales, tirent une
longue conséquence, et sont cause qu'on nous mesprise, et
cela les rend hardis; mais, sy pensons bien à nostre faict,
je ne me puis imaginer que l'envie les prenne de nous
choquer, encor quils dient se voulloir joindre à l'Espagne,
sy nous pensons nous unir séparément avec la France. J'ay
apprins, Monseigneur, de l'ambassadeur de France, qui
le tient de la bouche de madame de Chevreuse que l'au-
dience et la dépèche de sammedy du résident d'Espagne
ne fut qu'une grande et amère plainte, de ce que le Boy,
contre sa promesse, auroit souffert aux HoUandois d'en-
treprendre aux Duynes, désirant qu'il luy en soit satisfaict
et a exhibé à S. M. le double de la lettre que le secré-
taire Windebant ' auroit par son commandement escrit de
Barwyck, bien quatre mois devant l'arrivée de la flotte;
elle dit que S- M. a tenu sa parolle, ayant à cette Go faict
entretenir quantité de navires an dit lien, mais rien n'ea-
tant arrivé jusques an dernier de juillet, qu'elle auroit eu
besoin de ses vaisseaux ailleurs, que mesmes encor deux
mois depuis il ne s'est parlé d'aucune flotte, tellemeot
que le £oy d'Espaigne ayant manqué au terme dans le-
quel il demandoit de la seureté, n'a nulle raison de se
prendre à luy du malheur de sa flotte. Je crains que
tonttes ces plaintes ne tendent qu'^ irriter davantage le
Boy contre nous, s'il ne se paye de Aûson , et de là Y. A.
apprend que cette venue a esté concertée avec le Roy,
ce qu'on nye pourtant fort et ferme en cette Cour, sauf
Porter' qui Favone publiquement et, sy le Roy y est mesié
sy avant, il y faudra pins de façon à en sortir. Il avoit
esté entamé quelque traicté entre des marcbans Angloîs
' Sir Fnncù WÎDdsbsnk, leci^Uire d'État.
• BndjiniDD Porter, f[tti k Madrid, longtemps attacha an doc de Buc-
tinghui , et admû due l'intiiniK de Chule* I.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 1-^» — flSM. /«niisr.
et Eepagnolz, à monter et entretenir quarente grandz na-
vires, soabz le nom et la bannière du £07, qoi seroyent
obligez de &îre une traicté ordinaire pour le transport
de leurs marchandises d'Espagne en Flandres et de Flan-
dres en Espagne; h. la charge de payer les droits du Boy
à Doaver, mais les dits marcbans commencent de s'en
retirer, à cause du Parlement, qu'ilz disent craindre, et
le résident d'Espagne s'en desdit pareillement; toutesfois
je ne m'en fie pas trop, et il persiste à demander les
quatorze navires pour les Indes occidentales, que M' le
grand-Admiral ' luy refuse pour encor , combien que l'antre
l'assenre que les marchans Hollandois les présentent an
Soy d'Espagne à bien meilleur marché» mais c'est qu'il
désire avoir ces gages de l'amitié de S. M. Cette longue
lettre, Monseigneor, tesmoignera plustost de mon loisir
qne de ma diligence, et m'oblige de vous demander par-
don d'une faute , que je pouvoy ne commettre point , mais
je me pense tenu de vous verser dans le sein ce que
j'apprends des affaires, afin d'en soubmettre les considé-
rations k vostre jugement , car je désire servir utilement
Je prie Dieu pour ypstre prospérité et santé, m'osant
qualifier. Monseigneur,
de vostre Altesse très-humble, très-obéyssant ,
et très-fidelle serviteur.
LETTRE DLXin.
M. d$ Hemvliet au Prince à^ Orange. Mariage ^AryUterre.
*,* Ta RaDi-mira de France , lors do son i^joar an HoUtnde , tTOit bit
lu pnmiirM ooTettnrcs poar an mariaf^ dn jeane PriDcs d'Orange née une
ffils da Rai d'Angleterre. Envoya pir Pruderie- Hcd ri , JeiD t. d. KerkbaTtn.
dit Poljuder, seigneur de HaenTliel , k trouvait ponr Itanonde Ant àLi>ndrw>
•fio de DJ^jocier «crètensnt cette anioD •.
Monseigneur. J'ay en audience prest du Roy et la
1 Cants de Wuwick.
■ Relitinment i wd premier «ofaga, U j ft aie minate >glognphe di
,, Google
llrtO. Jinrier.] — 160 —
Boyne, et en présence de la BoTne-m&re et ses deoz
messieurs. iFay dict, oultre les compliments denes à nng
tel Roy et Royne, ce que V, A. m'avoit commandé, et
pois après donné mes crédences, et encor à la Royne
ce qae Madame m'avoit commandé. Lenrs Majestez
m'ont ouy attentivement et recen fort bénignement Le
Roy me dict qa'il m'avoit voulu donner là mon audience,
pour y estre pins k l'ayse, et pas plnstost, pour oster
tout soupson, ouy que personne de son conseil, horsmis
le tbrésorier, ne sçavoit encor rien; que présentement je
le poulvois voir, toutefois tenir l'affaire encor secrète; la
Royne, que je poulvois asseurer vostre Altesse de sa bonne
volonté et qu'elle désiroit l'affaire; tellement que je ne
poulvois plus espérer pour la première audience; j'estois
plus d'un heure et demy dans la chambre, oïl on parloit
de plusieurs choses, et la Royne des curiositez qu'on
avoit icy eu à mon dernier voyage. Je dis à leurs Ma-
jestez qu'en Hollande le monde n'avoit pas esté moins
curieux, mais que personne n'en sçavoit encor rien, ny
oii j'avois esté.
Ainsy que leurs Mt^estés se voulurent retirer, le Roy
m'appella et me dict tout doucement: „ne vous fiez en
personne, je craing qu'yls ne sont pas secrés." Je fis
une grande révérence et là-dessus leurs Majestés se re-
tirèrent. J'espère par le premier poolvoir dire plus des
particularités à V. A., de laquelle je demeure. Monseigneur,
très-humble et très-obéissant serviteur,
d'hbekvliet.
De Londres, te 6 janviei 1640.
Piince laagmenialûm de Fàulruelioit du ^ de MeturHef). „ 11 len
D{c«*ture quB Is Sieur de HecDilict toit draenifiit iarorinj de l'intcntioD
du R07, de quelle façon l'on ann ï [ugir] enverala Kejneds Bohime
■nr le anjet de 11 dite ilitaie, k aiTuir ai S. A. tranTC ban qu'elle ei
nil tiwiiia, et par qui, ob de li pirt de S. M., od de la mieRoe. D
tiKhera eiui pir loaa moiena d'avoir par eacript, ùgai de» djpnlà di
Bo; qui tniteront arec Iny, lea ouTertarce qui de leur part Hroat fkite»
toaeiiaiit De*te alitnce, pour m'en pouvoir fiùie on particulier rapport
Le 7 t^rier lOSS."
D,g,t7cdb/GOOgIC
iLBTTBB BLXIT.
M. de SommeUdyck <iu Prince ^ Orange. Même vijet.
Le brnict est îcj, et madame de Chevrease l'autorise,
qae V. A. faïct négotier par le sieur de Heenvliet le
mariage de madame Marie. Je ne sçay ce qui en est,
et n'en sais point curieux, que pour en désirer le succës:
mais je puis dire Ii V. A. asserténement que les deux
Beines travaillent en cela pour l'Espagne, en considi'ration
du sang, de la religion et de la grandeur. Le conte
Rosetti ', qui réside icy pour le Pupe, les presse et les
seconde fort en ce dessein; le Roy toutesfois n'y veut
entendre, si ce mariage n'est double et le change faict
en mesme temps, à quoy le Roy d'Espagne recule, de-
mandant Madame présentement, pour la faire nourrir et
instruire. Ma visée. Monseigneur, en cest affaire a esté
de mesnager la jalousie que le Roy prend do l'estroitte
alliance des Estatz avecq la France, pour lay entamer
le propos de ce mariage, comme le vray et uniqu'3 ex-
pédient pour attirer et lier à soy par prérogative et de-
vant tons autres, tes affections et les intérêts de V. A. et
des Provinces-Unies; rien ne pouvant de feict estre tant
utile que ce moyen, au lien que, se voulant mettre en
autre maison plus paissante, il ne gaignera rien sur leur
ambition, mais perdra l'amitié de sa fille, l'obligeant
d'esponser des intérêts contraires aux siens. Je m'abstien-
âray donq d'en parler, si V. A. ne le trouve bon autre-
ment, mais le temps et toutes les raisons du monde font
pour cest alliance. Londres, 6 janvier 1640.
LETTRE BLXT.
Le même au même. Menée» de lEspagne; affaire de Diiini.
MonseigneurI J'ay fort amplement escrit à V. A. du 2
,, Google
1640. Jinràr.] — i-bZ —
de ce mois, il s'en eat présenté peu de sabject depub. Noos
attendons tousjours la responce du Roy, que juaquos icj
on promettoit de jour à autre, mais hier, pressans plus
chaudement M. le secrétaire Koke, i] nous fit dire qu'elle
n'estoit point preste et qu'après les festes il en feroit res-
souvenir le Roy; c'est noua renvoyer au loin et pour ce
avons délibéré de demander audience pour après-demain,
car il n'y eschet ' point tant de façon ny de remise, s'il
n'y a autre mystère. Je recerche la cause de ces allon-
ges; ceux du conseil et les ministres mesmes les excnsent
par le concours de beaucoup de grandz et importans af-
&ires, sur les pr^paratife des deux Parlemens; les autres
llmpntent à une lenteur naturelle de cette Cour, mais
l'un ny l'autre ne peut convenir à nostre commission, qui
n'a pour object qu'un esclaircissement de ce qui s'est iaict
aux Duyns, et sur quels fondemens; la responce donq ne
requiert longue délibération, puisque c'est chose faicte et
qu'on la doibt, ou approuver, ou la condamner avec moyen.
Je ne pense pas me tromper, Monseigneur, sy je suis
en quelque opinion que le dessein est de nous tenir quel-
que temps à la main, pour marchander avec l'Espagne
sur le double mariage que madame de Chevreuse a proposé
«t lequel la Royne-mère et la Royne désirent passionné-
ment; de faict S. M. tient en souffrance tout ce que le
résident d'Espagne met en avant pour sa réparation, pour
l'achept et pour le fret des navires, pensant l'obliger do
Ib à se déclarer rondement sur les conditions des mari-
ages. Il n'y a que deux jours que madame de Che-
vreuse en reprit les arremans * avec le Roy en la chambre
de la Royne , où s'eatoit aussy rencontré M' l'ambassadeur
de France ', de qui je le tiens; elle monstra & S. M. un
diamant, qu'elle venoit de recevoir dans un paquet du
Roy d'Espagne, de huict k dix mil escus de valeur et,
enfonçant les propos du mariage du Prince d'Espagne
avec Madame, déclara que le Roy d'Espagne avoit desjà
nommé la seur de la femme du Conte-duc *, pour la venir
■ M. de Bïllifvn. • Olituo.
D,g,t7cdb/GOOgIC
Ibd — [IfilO. Jitiïier
recevoir, sans parler d'aucune condition, la vonllant lo
Boy d'Espagne faire nourrir royalement à ses propres
despens, et luy-a l'Infant d'Espagne envoyé son pourtrait,
dans une bouette * de diamans, de cinq à six mil escus;
aurquoy le Roy ayant faict approcher le dit sieur am-
bassadeur; „vous pouvez," dit-il, „bien sçavoîr de quoy
la duchesse de Chevreuae et moy parlons;" l'autre luy
repartit promptement qu'il la connoissoit grosse de faire
uu mariage entre l'Espagne et l'Angleterre, que c'est une
vielle prattique des Espagnols de mettre tels partis en
avant, pour en amnser le monde, quand leurs affaires en
ont besoin, que S. M. en seroît le meilleur tesmoin, qui
l'a assez esprouvé en sa personne, sans en alléguer autre
raison ny exemple; qu'il sçalt bien que le Roy d'Espagne
n'y a aucune pensée, mais trompe madame de Ghevreuse,
ponr par ce moyen entretenir S. M, en neutralité avec
la perte de plusieurs belles occasions; que, sy on en
doute , qu'il est content de mettre dix contre un , et de
telle somme qu'on voudra, que jamais le Conte-duc Olî-
varés ne signera le contract de l'Infante d'Espagne avec
le Prince de Galles, et s'il demande Madame pour l'es-
lever en Espagne, qu'assenrément il seroit encor plus
ayse, s'il les pouvoit tenir tous pour gages contre l'An-
gleterre, et pour en descouvrir l'intention, qu'il seroït bon
de faire dès maintenant et en mesme temps l'échange des
deux Princesses. Madame de Chevreose recula à cette
proposition, et M' l'ambassadeur, tout en raillant, se mit
k luy dire qu'elle faisoît mal de voulloir tromper le Roy
en une affaire qu'elle sçavoit bien ne devoir réussir. Cest
donq, Monseigneur, k ce traicté que j'impute nos lon-
gueurs; et il se faict tant d'allées et de venues d'Espagne
sur ce subjet, que je ne sçay quand je pourray avoir
feict, et noz festes sont pour encor bien durer, car c'est
demain le jour de l'an *, et de là nous allons aux ballctz et
comédies; enfin, la chasse nous pourra mener à \ewmar-
quet; mais, après tant de devoirs, je me résoudz à patience,
' boîte. * (iwiniu iljla)-
,,CoogIc
1640. JMTier] — lb4 —
moins dommageable, veu que l'Estat a &appé son coup;
tOQfl m'en promettent bonne jssoe «t que je m'en retour-
neray content, parcequ'on ne vent, ny peut se séparer
d'avec les Provinces-Unies. M' Fane ' m'estant venu visi-
ter hier, me dit, entre autres discours, qu'on avoit depuis
qoelqnes années observé denz choses, la première, que le
Boy d'Espagne a travaillé à mettre le Roy et son peuple
mal ensemble et que son dessein Iny a bien succédé; l'au-
tre, que la France a attiré à soy les Provinces-Unies en
les détachant de cette couronne; à quoy il pensoit que le
Roy doibt remédier par le Parlement pour le premier,
et par un bon traicté avec les Estatz pour l'antre, en
renouant la première confience; surquoy je luy ay con-
fessé qu'il a sagement remarqué où tendent les voisins et
qu'il ne peut trouver mauvais que nous embrassions touttes
aminés qui se présentent à nous contre le Roy d'Espagne,
et qu'il ne tiendra qu'an Roy de nous mesnager pour
l'aSermissement et seureté commune, mais qu'il nous faut
traitter mieux , sans donner protection en ses raddes ^ des
armées enUères envoyées à nostre destraction, sans leur
prester de * navires & mesme fin, et sans les secourir contre
le droict de' gens, de tout ce qui leur &ict besoin pour
nous nuire; il me dit, que toat cela se pourra régler par
un traicté. Nous verrons k quoy tout abboutira, car je
sçay de certaine science qu'en cette occasion il a autant
et plus crié contre nous qu'aucun autre , et en a esté plus
cm, pour avoir résidé parmy nous. — tTapprens que le Ré-
sident d'Espagne a contracté icy avec quelques marchans
d'Hamburch pour cinq grands navires, à la charge de
les monter et équïpper de pilotes et mariniers de leurs
pays; sy cela a lieu, le Roy d'Espagne, en payant qnel-
que peu davantage, ne manquera jamais de bons navires,
ny de matelots à infester nos mers, et seroit bon dépen-
ser aux remèdes, en commençant par nous-mesmes. Le
parlement est préfix au 13 d'avril, style du pays. On
Tarie fort au jugement de son yssue ; l'emprunt par avance ,
' Sit Ueaiy Vuie, •ecrflii» d'Âlat. • dat.
,, Google
— 165 -
[1640. Janiii
pour faire levée, donne de l'ombrage k plasienrs; autres
croyent simplement qu'elle n'a visée qae pour mieax dis-
poser on ranger par force les Escossois, dont on attend
les députés; il y en a d'antres un bon nombre, lesquels
(consïdérans les nécessitez du Roy et qnasi la générale
aversion de son peuple, à cause des grandes nouveantez,
introduittes en tous les ordres, et particulièrement à trouver
de l'argent contre les privilèges et les vojes accoustnmées)
se promettent, que le Roy, pour s'en tirer, lairra fiiire
au parlement; auquel cas il est apparent de voir bien des
changemens; s'il ne le feict aussy, en luy vonllant pres-
crire de* conditions; il y a danger de confusion. Y. A.,
qui est très-judicieuse, sçaura faire sa construction; mais
avant tout cela , il est à propos que vnidions ce qu'avons
it feire îcy, et sy on pense làire quelque traïcté avec nous,
il ne s'en peut faire autre que de ligue défensive, sy on
ne se résoult de rompre avec l'Espagne, ce qu'on n'est
pas en volonté de faire. Apres nostre audience nous
écrirons à V. A. en commun; cependant j'auray tous-
jours l'oeil aux occasions pour avancer ma commission,
en priant Dieu ponr la prospérité de Y. A., à laquelle
je proteste d*estre. Monseigneur,
très-liamble , très-obéyssant et très-fidèle servitetur,
FZANÇOIS D'aKKSSKN.
De LondreB, oe 10 de jnn«ier 1640.
Monseigneur I L'advocat Guyl m'a porté le comman-
dement de V. A. de le servir en l'aflure qu'il aurait en
cette cour, et luy ayant demandé en qaoy mon entre-
mise luy ponrroit estre utile , il m'a &ict un long discoure
des grandz services qu'il rend journellement à Y. A. par
la communication des correspondences, qu'il entretient de-
hors et dedans le pays; ponr lesquelles faciliter, il me
prioit de moyenuer envers le Roy que S. M, le vonllnst
fire cbavalier; je ne connoy poinct son mérite, mais, sy
V. A. le trouve bon, je tascfaeray de le Iny procurer,
lorsque je seray sur mon départ.
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• LETTRE B1,XVI.
A/, de Sommeltdyck et M. Joackimi au Prince éCOrangt.
Audience auprii du Roi.
Monseignenr. La précédente est da 30 de l'anltre,
avec un apostille an pied da second de ce mois. V. Â.
peut avoir veu et nos devoirs et leurs rencontres. Noua
pensions faire tout bon pour essayer d'acheminer nos af-
faires à lear point, mais l'impatience de tant de remises
et nouvellement encor d'ane sans bout, noue emporta
hier à demander audience, pour, sur la félicitatîon du jour
de l'an, mettre S. M. en quelques propos de nostre ob-
ject; laquelle fust à l'instant accordée et appointée. Nostre
entrée fiist de )uj souhaitter prospérité en touttes choses ,
avec santé et longue vie k sa personne, la supplians
en contréchange d'estréner ' messeignenrs les Estats d'une
brefve et bonne expédition au subject de nostre commis-
sion; qu'aussj bien la chose estoit faicte à bonne intention,
réussye à l'utilité commune, avec présupposition que S. M.
n'en devoit estre marrye, qu'au moins le traïcté de Suyt-
hamton ' les pourroit garantir de son offense; que l'Espagnol
ne cerche par ses practiques qu'à mettre de la division
entre S. M. et eux, qui ont leurs intérêts inséparables
en la religion et en la mer; toutesfois que, sy les affai-
res de 8. M. reqnéroient quelque autre démonstration,
que volontiers on s'y accorderoit, pourven qu'il luy pleust
de nous dire nn bon mot en l'oreille. S. M-, tout en
riant, dit avoir leu nos deux escrits, s'excusa du retar-
dement de la response, procédée de plusieurs choses sur-
venues, mesmes parcequ'elle a cerché de nous rendre
contens; qu'elle en recommanderoit l'expédition au ptus-
tost, et, pour ce qui concerne le traicté de Sadthampton,
duquel nous faisons nostre principal fondement, que le
trouverions hors de toutte considération. La réplique fut
' dunnrr «n jtrranea.
■ Alliance oBratiie et HéfeuBÎTe entra t'AngUterre et tea FraiSncei-UDM*
contre i'Eipigne, du y„ Kpt. 1621.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 167 — (;i94o. JHtin.
qae sçavions qae S. M. en avoît autrement usé; que cela
toatesfois n'empeschoit pas que le droict ne demenroit
acquis à messeignenrs les Eatats, qui l'ont observé en
touttes ses conditions; et ne tenant point, selon l'entente
de S. M., qu'à ce conte il n'y aurait plus de confédéra-
tion entre S. M. et eux. S. M. nous interrompit là-dessus,
soubstenant qnll reste encor d'antres traictez, qui nous
lient ensemble, ainsi que verrons en sa response, mus
qu'elle fera qu'aurons contentement et ne nous lairra par-
tir sans an nouveau traicté. Kons protestions n'avoir
charge , nj intention d'entrer avec elle en contestation sur
les conventions de Suthampton, se pouvant vuider ce
donte, par la seule approbation du passé; que d'autre part
nons pensions qu'il ne se trouveroit plus de confédération
directe pour la défense des couronnes de S. M. et de
rEstat des Provinces-Unies, après l'expiration de cette de
Suthampton, bien assez sur la condition du commerce et
le règlement des subjects de part et d'autre, et, pour
sortir de cette matière , nous résumions les pratticques de
PEspagnol, qui, en proposant des mariages, ne tendoit
qu'à jetter de la jalonsie entre les plus confidens, entre-
tenant tousjours, tantost l'un, tantost l'autre des Princes,
de l'espérance de quelque avantage, qui est sa finesse
ordinûre à les séparer ou à parer leurs coups; nostre
dessein estoit de lay parler encor des navires qu'il pré-
tend trouver icy, mais S. M. ne s'estant attendue qu'à un
petit compliment, ne repartit plus rien et nous réservas-
mea cette matière et autres à une expresse audience,
apràs qu'aurons examiné la responce de S. M. Cest ,
Monseigneur, en abrégé ce qui ce passa hier et Y. A.
voit bien que sommes traînez & dessein de compasser
nostre expédition aux affaires de S. M.; encor sommes
nous à deviner comment on entend de nous rendre con-
tens, quand et quel traicté on prétend de négotier avec
nous. Tont se prépare à la guerre, quasi tous tes chefs
de la précédente sont changez, M. le comte de Northum-
berlant sera général, le comte de Linsey luy quitte
,,Cooglc
1640. Janrier.] — 168 —
Barwyck. Le vicomte Conway commandera la cavallerye,
le député d'Irlande a sa commission de lieutenant- général
pour le Roy en l'armée d'Irlande. L'argent procédant
de l'emprunt vient lentement; on attend cependant les
députez d'Escosse. Ce procédé par anticipation faict peur
k plusieurs que le parlement ne produise point les réso-
lutions qu'on s'en est promis; car les opinions aussy bien
que les alTections de ce Roiaume sont fort parties ' , et
c'est tout ce que sur ce subject nous sçaurions pour en-
cor mander h. V. A. Et comme nous envoyons à mes-
seigneurs les Estats des plaintes, que mess, du Con-
seil du Roy nous ont adressées, lesquelles ne sçauroyent
estre plus longuement négligées, sy on ne vent veoir
exécuter des lettres de marque sur de nos subjects, qui
est la plus honteuse dégradation du lustre et de la
souveraineté de l'Estat, sy on le souffre sans ressentiment
ou par rachept; nous supplions tr^s-hnmblement V. A. de
tenir la main envers mesdicts Seigneurs les Estats, k ce
qu'au plustost ils les vueillent examiner et y faire pour-
veoir de remède, puisque l'Estat est menasse; s'il y a
de la justice , on est tenu .de la rendre & l'estranger plus-
tost qu'au subject; s'il n'y en a point aussi, il s'en faut
défendre , sans empirer sa condition par ce silence. L'am-
bassadeur extraordinaire se contente d'en aviser, mais re-
fuse d'entrer en aucun feict particulier, pour ne l'em-
brouiller avec sa commission. Sur ce nous prions Dieu,
Monseigneur, de donner & Y. A. le succès de ses désirs
et à vostre personne santé et très-longue vie.
De vostre A. très-humbles, très-obéissans et
très-fidèles serviteurs,
FBANÇDTS S'ABKSSEN. ALB. JOACHIUl.
De Londres, ce 13 janvier 1640.
,, Google
— 169 — ne*). j»DTi«r.
LETTRE BLXVn.
M. de BeenvUet ou Prince cPOravge. Le Roi prétend que
U Prince a fait demander en mariage êa JUle eadtite.
Monseignenr. DepaJs ma dernière du 6 de ce mois,
j'ay eu encor deux conférences avec M' de Vaen, qui
m'a dict qne leurs Majestez avoyent remarqués, dans les
harangues qne je leurs avois faictes , que je parlois de la
Princesse aisnée, et qu'yls creurent que l'intention de
V. A. estoit pour la seconde. Je luy dis que non; que
S. M. la Royne-mfere avoit tousjours parlé de l'aisnée et
qne ses minbtres m'avoyent, dans toutes leurs lettres,
confirmé le mesme; ouy S. M., dans l'escrit qn'yl me
monstra k mon premier voyage; qu'yl estoit bien vray
que luy allors m'avoit parlé de la seconde, mais adjousté,
si je croyois que leurs Altesses seroyent contents que je
n'ftvois qu'affaire de retourner, mais seulement escrire;
ou, si je m'en voulols aller, de retourner incontinent,
sans attendre ancnn ordre, et si c'estoit ponrl'aisnée, qne
je ferois bien de luy le mander, auparavant que de ve-
nir. Qne lli^dessns je luy avois escrit et iaict entendre
que c'estoit pour l'aisnée et les raisons ponrquoy, et qu'yl
est bien vrai qne dans sa responce yl continue de par-
ler de la seconde, mais que, sur ceste responce, j'avois
faict des nouvelles instances et réiti^rez mes premières
raisons, snrqnoy yl ne m'aroit mandé, si non que je
viendroïs et que je serois le très-bien veniL II me parla
de &ire une déduction de tout ce que dessus; je Iny dis
que je tirerais bien des extraits de tontes les lettres, ce
que j'ay làict et luy donné, surquoy yl m'est venu mon-
strer une lettre, escrite à luy par Y. A. le 7 du mois
de mars dernier, laquelle parle de l'alliance avec une des
filles de S. M., et que, dans celles que j'avois donné à
leur* Majestés, V. A. ne particularisoit pas encor. Je
,,Googlc
ISM. JiDtier.j
170 ■
lay dis qu'oa poalvoit bien jager par tODtes les miennes
de l'iatention de V. Â. , puisque je ne parloîs que de
l'aisnée, et qu'on poalroit bien croire que Je n'avois rien
eacrit, sans préallablement l'avoir communiqué i. Y. A.
D me dict: »1eurs Majestés voudroyent bien que vous de-
mandiez la seconde, mais je leurs monstreray vos extraits
et leur diray que vous demandez la première ;" que
madame de Chevrease parloit de la première pour le
Prince d'Espagne. Je luy dis: „mon Dieu, monsieur, ne
sçavez vous pas assez les ruses et mesnéea des Espagnols?
croyez vous pas que tons clairvoyants et bons snbjects
du Boy ne le désireront jamais, et que rostre peuple d'une
telle alliance seroit très-mal satisfaict? c'est pourquoy je
TOUS prie et supplie de faire recognoistre envers leurs
Altesses rostre affection sur ce subject, par les bons of-
fices que vous y poulvez rendre, et tous asseurer que
Son Altesse le rei^ognoistrera particulièrement par des
bienfaicts envers les vostres. — U me le promit et, comme
j'estois hier le trouver, me dict qne S. M. Iny avoît donné
heure cest après-disné, qu'jl croyoit que S. M. parleroit
luy-mesme à moy, et que S. M. demenroit tousjours dans
les bonnes inclinations pour l'accomplissement de l'alliance
et de la tenir secrète. J'attends, Monseigneur, ce que
demain S. M. me dira, ou fera dire, et tascheray, par
toutes Toyes et raisons anltant qu'yl me sera possible, de
surmonter ceste difficulté, et de demeurer, Monseigneur,
de Tostre Altesse très-fidèle et très-
obéyssant serviteur,
u'HEINVIilET.
De lioodres, le 13 janvier 1640.
itVnmK Bhxwm.
M. de Sommdtdyek au Prince <f Orange. LetOeurs de la
Cour; troublée en Écotee et en Angteierre.
Monseigneurl J'ay escrit à Y. A. du 10. Le Boy nous
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 1 71 — [IMO. Jui»i«.
donna andîence le lendemain , que V. A. aura vea dédnitte
en nostre dépeecbe commane da 13. Ces feetes nom tien-
nent toDsJoars hors d'oeuTre et en l'attente de la responce
de S. M. qu'on promet dans cette sepmaïne; aussy en va-ïl
estre plus que temps , mais je suis sollicité de réparer plu-
sieurs plaintes, qu'on prétend faire tontes générales et
comme un préallable, avant que passer pins outre; je m'en
défons, comme n'en ayant ny connoîssance, ny authorisa-
tion, puisqu' envoyé sur autre subject, et que d'autre part
l'ambassadeur ordinaire peut de soy vuider telles affaires,
ou les renvoyer à ses supérieurs. J'espère cet honneur
de V. A., qu'elle ne permettra point que j'y soy engagé,
car j'ay &îct mon conte de me tirer d'icy, dès aussytost
que j'auray endormy le faict des Duyns, qui est le seul
objec.t de ma commission ; mais de venir au particulier
en cette Cour, ce ne seroit jamais besoigne faicte; j'en ay
trop d'expérience; sy donq je puis désintéresser le publtq,
je croiray avoir plènement satis&ict à ma charge. La
Boyne promet à M. le comte Guillaume de le dépescher,
et le pourra estre tout à faict dans huitaine; certes il a
faict les devoirs de ' bon courtisan et de bonne gr&ce ,
c'est à luy d'en faire le récit à Y. A. — Les Escossois ont
faict eslection de six députés de leur covenant, sçavoir
deux de chaque membre, et font dresser leurs instructions,
s'ahenrtent toutesfois à ce que leur sauf-condoit n'est signé
de la main du Roy, qui les eust mieux asseuré que celle
d'un secrétaire d'estat H y a grande union et résolution
parmy eux , et pensent pouvoir contenter S. M. par I*es-
clarcissement de leurs intentions; le Koy ne s'arreste plus
au faict des évesques, que le Synode et le Parlement
d'Escosse refusent d'admettre, mais la question est, sy leur
voix demeurera estainte an Parlement, on sy d'autres en
prendront la place, et de par qui ils seront qualifiés; l'en-
tremise des évesques establïssoit l'autorité du Roy qaaei
absolue sur le Parlement; contre cela ceux-cy en vuellent
rexclosion, pour conserver leur liberté, ne pouvans plus
supporter le joug d'une jurisdiction ecclésiastique. Sy de
,,Googlc
part et d'autre on se vent qnelqne peu enclîner, pour se
rencontrer en an milieu, ce seroit une heureuse compo-
sition; car il se reconnoist grande aversion au peuple et
aux grands de cette guerre, mais on s'y engage de plus
en plus, et sy on ne change bien tost, on en sera bien
avant, premier que le parlement tienne, lequel est pour
tailler bien des afFaires. Le clergé avec les papistes pous-
sent tant qu'ils penvent les choses à l'extrême , car, sans
ce coup, ils craignent que l'exemple n'en retourne contre
eux. On se plaint icy amèrement de la détention de
monseigneur l'Electeur ' et de ce qu'il est traicté en cri-
minel; ces protestations n'ayderont point à l'en sortir, si
on ne le tente par autre négotiatîon, que je n'ose espérer,
par ce que on ne se veut point brouiller avec l'Espagne,
et les offres contre l'Empereur seroyent mal asseuréee, et
peu considérables k la France. Sur ce je prie Dieu qu'H
bénisse de plus en plus vos désirs et desseins, et donne.
Monseigneur, à Y. Â. parfaicte santé et trës-longne vie.
De vostre Altesse très-hnmble, tris-obéyssant
et très-fidèle serviteur,
FB&NÇOYS D'AEaSBBN.
De Londres, ee 18 janvier 1640.
LBTfKE DL.XIX.
Le mime au même. CompUmerU de oondoléanee.
*,■ La tteoai flii do Prince, ai la 30 nofembra 1689, lanoit d« monir.
Monseigneur. Je ne faisoy que d'achever ma lettre
d'hier, quand on me vint signifier que Dieu avoit con-
verty nos courtes joyes en amères larmes; j'en fiiz sy
vivement touché, que je ne m'en sçauroy rasseoir; certes
cette perte est très-cuysante à Y. A., mais commune à
1 L'BlectcDr Palatin , k rendant an AUcmagne par b Fiuw, ht anIU
D,g,t7cd,b/GOOgIC
— 173 — [16«. JiiiïiM,
tont l'Eîstat et aa dessus de toute consolation, car c'es-
toit le second estançon * de vostre nuùson , pour donner
seureté et soulagement au premier. Le mesœe Dieu,
Monseigneur, que le vous avoit donné, a voullu esproa-
ver vostre constance en le retirant; il tous en peut encor
redoubler le nombre à l'exemple de Job, au moins nous
conserver vostre unique, desjà tout venu, pour achever
ses merveilles en luj, car sa main n'est point raccoarcye,
et nous devons nous esvertuer tous à nous rendre plus
dignes de cette grâce; levons seulement nos pensées à luy
et sans nnl doute il nons exaucera. C'est trop, Mon-
seigneur, pour on premier appareil, et je ne ressens moins
l'importance de vostre douleur que sj, lors du coup, je
me fusse trouvé présent sur les lieux. Dieu le sçùt, le-
quel je prie , Monseigneur , qnll guarisse * V, A. comme il
l'a frappé, et vous mesure ses visites en sa miséricorde,
en vous comblant de ses bénédictions et de longue vie.
De vostre Altesse très-humble, très-
obéyssant et très-fidèle serviteur,
FSANÇOTS d'aKBSSEN.
De Londres, ce 17 janvier 1640.
lettre: bulx.
L« même au même. La Cour trahie »a négociation en
Monseigneur I Yostre lettre du 6 me fut rendue hier
soir. C'est la seule bonté de Y. A. que cette favorable
opinion luy vient de ma condoitte, aossy m'en tiendray-je
trop récompensé, sj elle vous peut satisfaire. Depuis la
mienne du 22 décembre j'ay encor escrit k V. A. du 25
et 29 du mesme mois, du 2, 10, 12, 16 et 17 du pré-
sent; ces diligences août pour importuner, et V. A. les
peut négliger, ou les prendre à ses heures plus libres,
car c'est pour ma décharge, que je l'informe de touttes
,, Google
1S40. JwTitrO — 174 —
noB obnervations et rencontreB. La présente ira un pas
plus avant pour consalter vostre prudence, et comme je
suis assez pressant es choses qui me sont commises, Jay
fort désiré une fin h ma commission, de laquelle j'ay
tonsjoixrs esté remis, ores sur l'un, tantost sur l'autre pré-
texte, des lestes, des affaires, des chasses, et m'en sais
laissé aller quelque temps à la persuasion d'aucuns pour
m'; accommoder; je n'ay pourtant peu gaigner sur mon
esprit que ces longueurs tussent sans dessein, et V. A.
nonnoistra , par c« qui suit, que ma deffiance n'a point
esté sans raison, après qu'aurez veu nostre dépesche da
12 ; car estans M. Joachimi et moy allez hier matm sol-
liciter M. le secrétaire Koke de nostre expédition , il nous
descouvrit la [cause] de bonne foy et sans aucun déguise-
ment, sçaToir, qu'on n'avoit point eucor pensé k nostre
faict, qu'il en foroit ressouvenir au Roy, afin d'assembler
là-dessus quelques-uns de son conseil, mus que S. M.
a présentement tant de grands affaires sur les bras, qui
doivent précéder, que forons bien de luy en donner le
temps; que celuy du Parlement et se qui se traîcte avec
la France et plusieurs antres qui se présentent encor, sont
matières de longue délibération, lesquelles ruidées, qu'on
travaillera à ce qui nous concerne. Ma repartye. Mon-
seigneur, fut, que le Roy nous avoit remis k luy de sa
response et dans pen de jours; qu'en avions laissé escoul-
ler huict, sans en parler; que par nos propositions, à en
tirer l'essence, nous n'avons désiré que deux choses: la
bonne grâce de S. M. et une défense à ses subjecta de
ne plus violer le droîctz des gens contre nous et pour
servir l'Espagnol; qu'il est aysé dç juger s'il est raison-
nable d'en (aire dépendre la déclaration de tant de ren-
contres, qui ne nous touchent point Se voyant donq
pressé, il se mit à noua dire que demandions une prohi-
bition aux snbjectz du Roy des choses que permettions
aux nostres; je l'interrompis, luy allégant que, par des
placcatz du pays et par le traicté de Sudthampton, tel
traffiq est interdit, confiscable et punissable; „tant s'en
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 175 — [1640. J«ni«t.
tkut" fit^il, „que nous Tenons de recevoir depois trois jours
des lettres de Tambassadeiir du Roy en Espagne, qui
portent que les Hollandois y amènent quantité de poudres ,
jnsques îi looer et vendre lenrs navires." — „Cest donq,"
fiames-nous, „contre les loix et contre nos intentions ; que,
quand il se commet un meurtre ou un larcin en quelque
lien sans le punir, qu'il ne s'en peut inférer qu'il est
permiz, parceque, pour le cbastier, il en tandroit con-
noistre l'assassin on le larron." Laissant ce propos, il
passa à nous dire qu'ayant tueilletté les registres, il n'an-
roit trouvé aucune alliance depuis la Royne Elisabeth,
qui nous oblige h une mutuelle défence; bien avoît-il ren-
contré quelques traictez et réglemens au taict du com-
merce entre les sabjects de part et d'autre; qu'il est né-
cessaire de faire une bonne confédération d'Estat Xons
avons avoué qu'au mots de septembre tous les tratctés seront
expirez, que sommes prests d'en faire un nouveau. „yons
le devez," fit-il, ^demander an Roy." — „Noas n'avons
pas tant attendu à le faire et S. M. sçait ," luy dismes-nous,
„que le luy avons proposé trois ou quatre fois, et nous a
respondu de ne nous laisser partir sans cela;" mais d'autant
qu'ignorions jusques où S. M. se peut avoir engagé par
l'atliance avec l'Espagne, qu'il ne nous compétoit de luy
ouvrir ouvertement noz désirs, qu'en les soubsmettant à
son opinion. Il reprit l^dessus ses eapritz et nous trancha
net, que devons attendre que le Roy ait donné ordre à
ses affaires, qu'après les nostres anroît aussy leur tour,
que lors le Roy se déclarera, traictera d'alliance avec nous
et principalement que devons reprendre les arrhemens du
traicté esbanché entr^ la France, l'Angleterre, et les Pro-
vinces-Unies. Je Iny ay dît qu'il y a peu d'apparence
an dernier, tant que le Roi ne se résoult de rompre avec
l'Espagne, et que, pour les autres matières, remises à sy
longs termes, ma santé me rappellant, sans en pouvoir
attendre l'yasue, M' Joacbimi, comme ordinaire, en pour-
roit plus patiemment attendre la volonté et la commodité
des afEaires de S. M. H ne repartit rien là-dessus, mais.
,,Googlc
— 176 —
en noas Toallant donner le change, il dit «voir en lettres
de M. [Rbouto], ambassadeur pour S. M. près du Boy
de Denemark, se plaignant, que les ambass. de messeïg.
les Estats, mal satisfaicts de leur responce, s'en se-
royent retirez assez brusquement, au lieu qu'il estime
qu'elle se fiist peu raddoncir sur une rivile remonstrance,
et adjousta que devons encor traicter ce difFérent-là, que
les Bois ne vuellent estre traictez de la façon. Koue
l'avons décliné, comme n'estant point de nostre charge, mais
que l'Estat a juste raison de tesmoigner leur desplaisir
du mespris fiûct de leurs ambassadeurs, en les rappelant
Or, Monseigneur, V. A. voit, par ce que je viens de Iny
déduire, le dessein qu'on a de nous traîner, en assignant
la résolution du Roy, sur l'vssae de tant et sy longues
affaires qui s'entassent; car premièrement te parlement
n'est convoqué qu'au 23 avril de nostre style; il faut encor
de la façon à luy donner commencement, et pour qaoy
nous obliger de traicter îcy avec la France? de différer
tant la négotiation d'un traicté particulier avec nous , qui
se peut achever défensive en deux jours? on n'est donq
pas bien résolu de sa volonté , mais veut-on gaîgner temps
pour se régler selon les événemens, en nous tenant k la
main, pour en améliorer leur condition, en Espagne, on
au regard des Escossois; et je pense, Monseigneur, sonbs
trëa-humble correction, qu'il n'est pas à propos que nous
nous laissions mener de cette sorte, car le marquis de
Cetada, ambassadeur d'Espagne, va arriver, comme feront
aussy les députes d'Escosse; sy on compose avec eux, avant
que soyons résoluz, on nonz traictera plus rudement, maïs
sy. Monseigneur, les Estats me pesmettent de me tirer',
en chargeant M' Joacbirnî de ce qui reste de la com-
missioQ, J'ay opinion qu'on changera d'advis et d'allenre*,
car sur tant de rencontres on se gardera bien de nous
mescontenter , et on peut continuer avec l'ordinaire; sans
qu'on prenne cette voye, je n'auray pas feict encor de six
mois. S'il est besoin, je dresseray quelque mémoire à M.
1 reLîrcr. * >11un.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 177 — [1640. JMTier.
Joachimi, pour sondre' tontes les objections qa'on a ramas-
sées, poar di^monstrer qu'avons les premiers rompu le
traicté de Sudtbamptoa ; assavoir, par la négotiatîou se-
crette de fea Berkel et par l'admission des députez de
rinfante à la Haye; le premier sans advoeu et l'autre
pour les séparer d'avec l'Espagne, qui estoît le but du
dit traicté commun ; avec cela nous poumons projetter en
peu d'articles une alliance purement défensive avant mon
départ, et déclarer an Roy que l'ordinaire en demeure
authorisé. Le respect de V. À. m'a embarqué en cette
légation, avec présnpposition de peu de durée ; j'implore
maintenant son ayde k m'en tirer, puisque je la voy sans
fin. Encor se passera-il un mois ou six sepmaines, avant
que j'en apprenne vostre volonté. Sj mess, les Estats
peuvent, au moyen de la médiation de V. A-, gouster
mon retour, elle peut estre asseurée que je ne précipi-
teray et ne gasteray rien, mais il seroit à propos d'es-
crire an Koy que, leur ayant remonstré le déclin de ma
santé, avec supplication d'autbonser M. Joachimi d'ache-
ver seul la commission qui nous estoït commune, ils m'au-
royent permis de m'en retourner , avec le contentement de
S. M., la prians de donner continuation de créance et
de bienveillance à leur ambassadeur ordinaire. Je dis
encor que cela relèvera nostre réputation et avancera bien
davantage noz désirs qu'une oysense patience. Mais Y. Â.
k tont pouvoir sur moy. — On doute de la venue des
députez d'Escosse, k cause qu'ils sont advertiz des grands
apprêts qui sont avancez contre eux, par la nomination
des bautz officiers et par l'achept d'une grande quantité
d'armes et des poudres. L'ambassadeur de France a ob-
tenu permission de retourner en France et prend diman-
che congé de leurs Majestez. Son successeur ne sera
nommé, dit-il, qu'après son rapport. — Monseigneur, je
demande pardon à Y. A. de cette longue lettre et vous
Bupplye de la peser, car je pense qu'il est peu raisonna-
ble de me laisser sur le pavé sans affaires et sans dire
m. 18
D,g,t7cdb/COOglC
15*0. J»n.i«)r.] — 178 —
pourqaoj. J'abrège donc, pour prier Diea pour vostie
grandeur et prospérité, comme estant de coenr et d'àme ,
Monseignenr ,
de vostre Altesse très-hnmble, très-obéysant
et très-fid^Ie serriteor,
F&ANÇOIS D'ASBaaiN.
De Londres, ce 19 janvier 1640.
liBTTBE DLXi:!.
M. de BeenvUet au Prince ^Orange. Néffoeiation»; il désire
agir de concert avec M. de Somm^dyck.
Monseigneur. Depuis ma dernière du 13 de ce mois,
j'ay presque eu tous les jours conférence avec M' de Taen,
et devant hier avec S. M. mesme.
Tous ceulx avec M' de Yaen ont tendu à Iny faire
entendre, par des raysons évidentes et très-considérables ,
que S. M. debvoit consentir ma demande de l'aisnée et
que mesmes ses ' messieurs de la Royne-mère ne m'avoyent
jamais parlé n'y escrit que de la première; que je le priois
et suppliois de tesmoigner sur ce subject son affection par
les bons offices qu'yl y poulvoit rendre, et que T. A. le
recognoistreroit particulièrement par des bieniàits envers
les siens, et par son service, lorsqu'yl luy plairat l'em-
ployer, H me protesta qu'yl le feroit, qu'yl accordoit et
comprenoit mes raisons; mais devaat-bier me vint dire
qa'yl ne vojoit du jour pour l'aisnée, et que, ai je voulois
parler de la seconde, qu'yl croyoit que nous serions bien-
tost d'accord. Je Iny dis que je n'avois chaire que pour
l'aisnée; il me dict le Roy parlera avons, à ce soir dans
le cabinet de la Royne. Je m'y trouvé ; le Roy entre,
s'adresse à moy. Je dis que j'avois supplié à M' de Yaen
de remonstrer à S. M. que Y. Â. ne faisoit aucune dif-
férence de la qualité n'y grandeur de mesdames ses filles,
mais que l'unique raison que je parlois de la première
,, Google
— 179 — [1540. JiDTiM.
eBtoit r%e; qne ]e bien de la maison de V. A. et de
noatre Estât consistoit totalement en avoir li^ée; qae
son Altesse, le jeune Prince, aoroit bientost quatorze ans
et que, par ceste dernière triste nouvelle, y] estoit de
reclief le fils unique , et aussy que tout ce qui en estoit
à espérer de ceste alliance, tant pour le service de S. M.
qne le bien de nostre Estât , en dépendoit; qu'yl ne m'ap-
pertenoit à pénétrer les desseins qne S. M. en poulvoit
avoir, mais que j'osois dire que madame sa fille n'en
ièroit jamais alliance où elle seroit plus honorée et cbérïe ,
ny S. M. plus servy et de laquelle ses subjects en rece-
veroyent plus de satisfaction et contentement. Le Roy
me dict: „je ne doitbte ou monsieur le Prince sera content
de la seconde, il le tesmoigne par ses lettres, et s'a esté
mon intention comme j'ay tousjours dict à ses' messieurs,"
et qae sa seconde fille auroit bientost cincq ans, et que
l'aisnée n'estoît qne dans ta septième , que le Prince n'avoit
pas tant d'années. Je dis: „Sire, quatorze ans, le 26 du
mois de may à venir, et ses ' messieurs ne m'ont jamais
parlé n'y escrit que de la Princesse aîsnée." Le Roy me
respond: «ses ' messieurs m'ont asseuré que vous seriez très-
content de la seconde, et aussy n'a-t-yl plus de différence
d'&ge que de neuf ans, le mesme qui est entre la Royne
et moy." Je dis: „Sire, quand à ses messieurs, j'ay leur
cyfre, tous leurs lettres et les miennes, et mesme mon
journal, je suïs prest à les monstrer à V. M. ou à M' de
Taen, afin que Y. M. voye ou sache que cela n'est point"
^e le croîs," dit le Roy, „et ay aussi bien jugé depuis
vostre preoder voyage qu'yis m'ont montré des fausses
lettres, car ib me dirent choses les plus extravagantes
qu'on peult s'imaginer et vous me tesmoigniés allors le
contraire." Je fis encor une instance et après que, si son
Altesse, le jeune Princfl, avoit 27 ans et madame 18,
comme leurs Majestés avoyent, que j'estois bien asseuré
que y. A. ne parleroit de l'Elge, mais qu'icy la distance
de neuf ans estoit entre 14 et 4 ou 5 ans. lÀ-dessm
,,Googlc
1640. Jinrâr.] — 180 — ■
S. M, me demaDda si j'avoîa ordre pour la seconde. Je
dis qae non: il me respond: „je ne sçaorois pour la pre-
mière, je TOUS parle rondement, et vous prie (je dits les
mots qu'yl a pieu à S. M. me dire) d'escrire à monsieur
le Prince pour en avoir. Je ne veux marchander avec
monsieur le Prince, je l'estime trop; je ne le fàict pas
pour vos Estats, mais seulement pour son amitié, et je
TOUS recommande le tenir encor secret, et de ne rien
dire à ses Messieurs ny !i personne." Et comm'jls en-
trèrent deux milords, S. M. me dict: „je n'ose plus parler
à vous, pour ne donner soupçon." Un peu après je sortois
et allois trouver M' de Vaen, qui estoît encor à la cour,
et k qui le B07 depuis avoit parlé, car yt me dict à son
entrée: „le Koy et la Koyne m'ont encor commandé de
TOUS dire qu'yls sont marry de ne poulvoîr parler à vous ,
comm' yls désirent, mais cela sera cy-après." Je luy
répétois tout; il le sçavoït et me dict: „je vous conseille
d'escrire ^ Son ÂJtesse pour la seconde, car je vois bien
qu'yl ne changeront pas." Je dis tout ce que je poulvois,
et de l'aversion du peuple, et des meschancetés et rases
de ceste nation contre ce Royaulme, et mesmes encor
contre la personne de S. M. durant la vie du feu Roy,
quand Hînijosa et Carondelet vindrent icy, et que cela
n'estoit point eSacé hors la mémoire de plusieurs. H me
respondit qu'il estoit rray, et qu'yl en estoit aussy marry
que moy que cela ne poutvoit estre. Je luy demandois
si je ne poulvois le communiquer à M^ de Sommelsdyck;
qu'aultrement je craignois que quelque jours ît pourroît
dire ans Estats, que, si je luy eusse donné ouverture de
l'affaire, que, par des raisons pregnaotes, yl eust bien faict
condescendre leurs Majestés pour la première. H me de-
mandoit si j'avois ordre de le communiquer à M' de
Sommelsdyck. Je luy dis: „ouy, mais avec ceste réserve
ai S. M. le trouvoit bon;" que je luy donnerois la lettre
et parlerob de l'affaire. H me dict: „nous parlerons encor
demain." Je le suppliois encor de monstrer son affection
en ce subject et, s'yl trouvoit bon, que je parlerois à la
U,g,t7cdb/GOOglL-
181
[1640. JuTier.
Soyne. Comme j'estots poor me retirer, me parla de
rechef de l'affaire de M' de Sommeladycq. Je le sup-
pliois, au nom de Dieu, de luy faire avoir une bonne
responce et qu'yl ne me mesleroit dans aucun affaire
d'Estat Je diray aussi à V. A. que M' de Vaen trou-
voit bon que je dirois à la Royne-mère la difScuhé pour
la première et que je la supplierois de parler à laRoyne
aa fille, ce que j'ay fmct, et allégué mes raisons, qui me
firent demander la première. S. M. m'a promis d'apporter
tout ce qu'elle pourra à j induire la Royne sa fille, mais
m'a dîst qu'elle croyoit que la Royne sa fille estoit en
traitté pour l'aisnée avec la Bojne sa fille d'Espagne. Je
manderay à V. A. ce que demain M' de Vaen me pro-
posera, et demeure, Monseigneur,
de V. A. très-fidèle et très-obéissant serviteur,
s'hsbntlist,
lie SO janvier 1640, de Loudrea.
• LETTRE) DliXXn.
Af. de Sommeltdyck et M. Joachimi au Prince d'Orange.
Entretien avec l^ lecritaire d'Etat Coke.
Monseigneur! Depuis celle du 12 nous avons tousjoars
demeuré attendre la response du Roy, jnsques au 18, que,
l'ennuy nous ayant prins de tant de remises dont on nous
menoit, nous fiismes en fin nous-mesmes presser M. le
secrétaire Koke de nous en voulloir tirer, lequel là-dessus
nous dit tout ingénuement qu'il n'y avoît point encor
esté pensé, qu'il en feroît ressouvenir au Roy et le prie-
roit d'assembler quelques nus de son conseil , pour en
délibérer avec eux, mais que devions considérer les autres
plus grands affaires qui se rencontrent, comme du par-
lement d'Escosse et de France et semblables, qui deman-
dent du temps. Nostre repartye, Monseigneur, fut, que
ne désirions que la bonne grâce de S. M., avec une dé-
,,Googlc
"0
— 18
fense à ses subjects de ne servir l'Espagnol contre nous,
par l'apport des marchandises de contrebande , réglées au
traîcté de Suthamptoa. »Les vostres ," fit-il , „en donnent
l'exemple, et encor depuis trois jours avons eu lettres
d'Espagne, qu'ils y auroyent amœené grande quantité de
poudres et traicté de la vente de navires ;" cbangeant avec
cela de matière, se mit à nous dire avoir feuilleté ses
papiers et n'y avoir plus trouvé aucun traicté d'Estat
entre cette couronne et les Provinces-unies , bien quelques
réglemens au seul faict du commerce; qu'il seroit bon d'en
demander un au Roy pour la défense commune, comme
anssy de reprendre les arrliemens de celuy, qui est jà
esbauché entre la France, l'Angleterre et nos dictes pro-
vinces, et de penser au rhabillement de nostre difiTérent
avec le Roy de Deneraarck; que, sy sa response a esté
quelque peu brusque, qu'au dire de M' Khoe ' elle se
pourroit encor raddoncir, mais que les Roys ne vuellent
estre traictés de la façon. Nostre solution fut que, par les
loix de l'Estat, tel commerce illicite est punissable et con-
âscable, que le contraventeur en encourt les peines, s'il
vient à estre descouvert. Par après , qu'il a raison qu'il
n'y a plus d'autre alliance que celle de Sudharapton,
qu'en avons aussy proposé k S. M, le choix d'une nou-
velle, mais que, pour les autres négotiations , nons n'en
avions instruction, ny pouvoir, et partant le priasmes de
nons ayder à vuider simplement ce qui est directement
de nostre commission. C'est, Monseigneur, à quoy en
sommes demeurés, sans apparence de passer pins avant de
long temps; car on prétend , ce semble , de faire de nostre
légation une dépendance des affaires et difficultés avec
lesquelles elle n'a rien de commun, que pour marcbander
de nostre présence ailleurs. Y. A., s'il luy plaict, nons
donnera ses intentions I^dessus, veu que ces longueurs
vont sans bout, mais non sans but. — On doubte de la
venue des Escossois, à cause de la chaude alarme qu'ils
prennent des grands préparatifs pour la guerre qu'ils
' Thcmu* Bae (1G80— 1M4) imbaMadeu d'AngUtam ea Duvouck.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 196 — pMO. Jvma.
¥oyeiit en leurs confins. Le marquis de Telada est at-
tendu en cette cour, pour y résider ambassadeur du Roy
d'Espagne; cet incident reculera encor les affiures, tandiz
qu'on est sur les propos des mariages, qu'il fera durer
en filant iP l'ambassadeur de France, ayant eu permis-
sion de s'en retourner, prend ce jourdhuy congé du Roy;
son départ nous est nuysîble, car il avoit ses entrées li-
bres en la cour et en pénétroit les desseins et intrigues;
son successeur, à ce qu'il nous a dict, ne se nommera
qu'après sa relation. Noos prions Dieu de donner à V. A.
Monseigneur, en prospérité, très-longue vie.
De y. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fid&les serviteurs,
PBANÇOTS D'aERSSXN. ALB. JOIOHIHL
De Londres, ce SS janvier 1640.
M. de SommAdi/et au Prince ttOrange. Nouveaux délais;
il déêire son rtyspeL
Monseigneur ! B me seroit mal séant de tous mander
l'estat de cette cour, puisque M' le comte Guillaume
s'en retourne trouver V. A., car, estant bien informé, il
le fera mieux de vive voix qu'une longue lettre. Cela
adjousteray-je seulement, qu'il laisse une fort bonne odeur
de sa personne , et que j'ay tâché de le servir de ce peu
qui est en moy, comme je feray tousjours tous autres qui
seront advonés de Y. A. — Monseigneur, ma précédente
du 19 a représenté à V. A. quelque expédient pour me
sauver des longueurs de cette cour, qui vont sans &çon
ny fin; car de nous résoudre de rien, point de nouvelles
depuis. Y ayant donq bien pensé, j'estime à propos de
le Caire et qu'il se peut, sur une lettre au Roy, fondée
en la plainte de mon indisposition , avec authorisation de
M' Joachimi pour la continuation de nostre négotîation,
,, Google
1640. JaD.ier.] — 184 —
OU de me rappeller on quelque autre, quand il se trou-
vera plus d'avance et de maturité aux affaires de S. M.
Mes raisons, Monseigneur, en sont, que ce n'est plus ^
nous de remuer le faict des Dunes , d'autant que le coup
en est rué, que l'avons justifié de bouche et par escrit,
et, sy en pressons la responce, elle ne sçauroît estre que
de condemnation , aprës tant de bruictz et de menaces;
le silence donq noas peut suffire, comme d'une espèce
de responce, au lieu d'une aperte approbation, que la
condition du temps et des hommes ne permet d'espérer.
Âussy n'avons nous prétendu k cet article que la bonne
grâce du Roj; et sur l'autre, portant nostre plainte contre
le transport des hommes et des marchandises défendues
par les subjectz de S. M. à nos ennemis , je ne voy pas
moins de scrupule à nous respondre; car, sy on nous ac-
corde la prohibition qne demandons et la raison veut,
c'est en quelque sorte préjuger ce qui se négotie avec
l'Espagne; sy d'autre part on le refuse, soubz quelle
couleur peut on empêcher le commerce de nos marchands
avec les Escossois? de ces contrariétés sortent les lon-
gueurs et difficultés. Pour cela nous remet-on au Par-
lement et à des choses qui n'ont aucune communication
avec le subject de ma commission. Pour cependant aviser
quelque matière à nous entretenir, ÎI se parle que le
Koy encline de faire une nouvelle alliance avec messeign.
les Estais, et que l'en devons requérir par escrit; j'ay
tousjours reparty que l'avons par assez de fois proposé à
S. M. et à ses principaux ministres, mais, ne sachans
jusques où S. M. s'est engagée avec l'Espagne, ce seroit
une demande incivile, puisque l'option en est déférée à.
S. M., qui sçait ce qu'elle peut et veut. Or, Monseig-
neur, je ne me suis jamais avancé de mettre cette pro-
position dans mon escrit, me contentant de l'avoir faict
de bouche; car Y. Â. se ressouviendra assez que mon
instruction n'en fut chargée que comme d'un expédient
pour donner le change, et non k intention délibérée, ny
préparée, pour passer formellement à la conclusion de
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 185 — [16«. Jwïier.
quelque tnicté, et m'est grandement suspect qu'on ne
faict cette demande que pour marchander de nostre escrit
avec l'Espagne et la rendre plus traictable, luy faisant
voir qu'il est en sa main de l'accorder ou rebntter. Ce-
pendant on nous proméneroit en longueur, sans aucune
certitude de l'yssue; encor douté-je sy les conventions
qu'on prétend stipuler seront compatibles avec celles que
l'Sstat a faictes avec la France; ainsi donq, en me re-
tirant d'icy, on ponrra gaigner temps et desconvrir au
progrès les intentions de cette cour. Carleton m'a dit que
je doibs attendre que le Parlement soit ensemble; qu'il a
entendu qne lors on nous parlera de quelque traicté, et
que S. M. s'attendra que l'assistions dliommes et de na-
vires contre les Escossois. Il n'y a que deux jours que
l'ambassadeur de France nous advertit que le député
d'YrIande (maintenant conte de Straffort depuis diman-
che) a conseillé au Roy, le sachant auasy certainement
comme s'il l'avoit de sa propre bouche, de nous entrete-
nir de l'espérance d'un traicté soubs divers prétextes, ores
de la venue d'un ambassadeur d'Espagne, d'un autre en
la place de celny de France, de la tenue du Parlement,
des affaires d'Escosse, pour voir ^ quoi cependant abbou-
teront les propositions d'Espagne, avec laquelle il est
d'avis tout appertement que S. M. se doibt bien enten-
dre, pour sa seureté et ses avantages. La mesme chose
à peu près me lut confirmée devant hier par M. le comte
d'Hollande, qui s'estoit venu oflrir à moy de parler au
Koy, si je le désiroy, pour le raccourcissement de nostre
négotiation, m'asseurant qu'on ne pensoit plus à l'affaire
des Duynes et que S. M. a bonne volonté de renouveller
les alliances avec messeigneurs les Estats. Y. Â. voit
l'embaras où je me trouve, et ne sçaoroit trouver mau-
vois, sy je désire m'en tirer; car on n'est et ne sera-on
de long temps résolu icy de ce qn'on veut, et en tant
d'afiaires l'une difficulté engendre une autre, et ainsi je
n'auroy jamais besoigne &icte, après mesmes avoir vuidé
ce de quoy j'ay esté chargé , monsieur Joachimi pouvant
,,Googlc
16«. Juiïier.] — 186 —
estre authorisé , comme de &ict il est , dn demenrant. Je
adjousteray encor cecy, que M. £oke, qui a le départe-
ment de noz affaires, fat dimanche renvoyé en sa miûson;
que M. Fane à l'espérance de luy succéder, mais qne la
détermination s'en traînera encor trois sepm^nes on un
mois, à cause de quelque opposition; nous voilà remiz
pour plus de six semaines, premier qu'il en prenne con-
naissance et s'en mette en train. Ce sont. Monseigneur,
les raisons de mon ennuy et les moyens de m'en sor&;
sur quoy j'attendz l'honneur des intentions de V. A. , avec
cette déclaration qu'un mois ny six sepmùnes ne me
presseroyeat pas, sy j'estoy miz en oeuvre, mais la pa-
tience m'eschappe, quand je me voy assigné vers la S.
Jean et avec doute de rien avancer pour l'Estat, et il
importe de bien considérer s'il est k propos qne je m'en-
gage à quelque traicté, sy par îcelay on prétend de nous
intéresser contre l'Escosse , qu'on ne dira point dès l'entrée
et, venant à l'excuser après y avoir quelque peu travaillé,
l'offense en sera irrémissible. Tel party que Y. A. me
prescrira sera suivy, sans commenter desns, comme es-
tant, Monseigneur,
de y. Â. très-humble, très-obéissant et
trës-âdèle serviteur,
FRANCO YS O'aSBSSEN.
De Londres, ce 36 janvier 1640.
L'ambassadeur de France eut dimanche son congé do
Roy et de la Royne en aolemnité. M' de Hume me prie
de recommander à V. A. George Hume, son frère, ca-
pitaine au régiment de M. le colonel Erskine. Il est
certes honeste gentilhomme.
,, Google
LETTBE DLXXIV
Le même au même. Il «tt queeti&n t^une aîlianee avec le»
Provineee-tMie*.
Monseigneur. Vostre A. voit que je ne sois point ciche '
ie mes lettres; mais, où il est question du devoir, je ne
crains point d'estre importun. Tons ces jours je n'ay^
cessé de me plaindre des longueurs que je rencontre en
mon affaire, et d'implorer l'ayde de V. A. pour m'en
tirer, et croy encor que l'expédient que j'ay proposé en
fera l'o£Sce, sy le pouvez gouster et me le moyenner, i,
la charge de n'en point abuser; car il taut resveilter ces
gens, qui d'eux-mesmes ne s'avancent guëres; mais voicy
un bien Boud»n changement; il y a quelques jours que
M. le conte d'Hollande, m'estant venu Toir, j'entray avec
luy en discours du faict des Dunes et des rusons de
nostre justification; mesmes que c'estoit estrange que l'An-
gleterre commençoit ^ nous négliger, ponr adhérer k l'Es-
pagne, dont l'amitié luy seroit enfin autant mineuse que
la nostre bien cultivée luy seroit utile; il me demanda
s'il le pourrait dire an Roy, ou sy j'aymoy mieux de le
déclarer en audience; je trouvay donq plus à propos qne
cela vinst de luy; et l'ayant faict et notifié h nous par
M' le colonel Goringh, nous le fusmes trouver hier;
d'abordée, il déclara avoir amplement rapporté an Koy
ce dequoy nous avions communiqué ensemble, qu'il en
venoit encor de le résumer, et qne S. M. lui avoit donné
charge de m'asseurer que, dans demain ou tundy, on me
portera sa response, et me voulloit dépëscher dix jours
après à mon entier contentement avec une bonne résolu-
tion, pourveu que je me départe de fonder nostre aggres-
sion sur le traicté de Sadthampton, Itùssant le passé sans
plus le remuer. Voilà, Monseigneur, le frnïct de vostre
sage conseil à nous plaindre les premiers; car le Roy ne
veut point estre accusé d'avoir rompu ce traicté, et s'il
,, Google
IMO. J«Dïtw] — 188 —
n'est qnestioD que d'une formalité, je pense qn'en devons
contenter S. M-, puisque nous en avons l'utilité; mais il
feut voir l'escrit devant, qui tombera Bouba une mauvaise
plume, car Windebant le doibt coucher. M. d'Hollande
adjousta que S. M. me voulloit renvoyer plus content de
cette commission que d'aucune précédente, disant tout
plein de bien de moy et de ma conduîtte, plus qa'Jl ne
seroit séant en ma boache; excusa la longueur, à cause
de la maladie de M. de Cottington, qui avoit tousjonrs
Boubstenu la nullité du traicté contre quasi tout le Conseil,
qui en afiermissoient non seulement la validité, mais
louoyent nostre grand respect envers le Roy, d'en avoir
souffert l'infraction sans nous en plaindre; ponr an ad-
jousta que le Roy voulloit achever avec nous ce qu'il
avoit affaire, devant la venue de l'ambassadeur d'Espagne,
lequel vient expressément chargé et instruict contre nostre
Estât, en dessein de porter tout aux extrêmes; qu'il voulloit
aviser avec nous des moyens d'une bonne alliance. (7est,
Monseigneur, à peu près, ce qu'il nous proposa de par
le Roy, remettant à moy de l'aller en personne entendre
de sa bouche œesmes; mais, l'en ayant remercyé, je pensoy
plus à propos d'attendre l'escrit , afin d'estre mieux pré-
paré sur tout V. A. voit que la voye est tracée pour
une confédération; qu'ils ne sçavent encor quelle, mais
que tousjours ils en vuellent une. Le commerce avec la
guerre contre l'Ëscosse, qui est toutte résolue, rendent
l'offensive et défensive impossible. La défensive leur
tourne à despense et les engage en des profondes ini-
mitiés contre l'Espagne , par conséquent elle aura pa-
1 reillement ses difficultez; il la endroit limiter à un se-
cours mutuel contre l'aggressenr par guerre ouverte, et
s'il est possible d'exprimer le Roy d'Espagne et ses ad-
hérens , pour ne s'intéresser en autre qnerelle. Sy on ne
s s'en peut accorder, il reste un autre expédient, de
convenir d'une solemnelle promesse de ne servir ouverte-
ment, ny couvertement les ennemiz l'un de l'autre de
navires, de transport de leur aident, hommes, armes ny
,,.GoogIc
— 189 ~ [1640. JâDriw.
d'antres miinitîoDS, ou bien d'arrester un temps à se >
trouver ensemble, quand les affaires de S. M. seront plus
meures et prépar<^es pour une solide alliance. Or, Mon-
seigneoT, sy on en vient à choisir quelcuu de ces trtdctës,
il est requis que soyons prests d'y entrer sans remise,
pour ne perdre la bonne opinion qu'on prend de nostre
candeur et sincérité; et partant V. A., sy elle le trouve
bon, nous en doibt faire anthoriser, car nostre Instruction
nous permet bien d'en faire ofire et oavertnre, mais point
de nous y engager, moins de conclure; i] me semble ton-
tesfois que tout iroit à nostre avantage, le traictant à con-
dition d'approbation; sy le négligions, asseurément le Boy
se trouvera peu a peu embarqué en guerre contre nous,
et c'est à quoy plusieurs et des pins qualifiez du conseil
tendent, en luy conseillans de préfiirér l'amitié d'Espagne
devant toutte autre. Cet affaire résolue, nous en atten-
drons l'intention par navire exprès. La lettre est longue,
mais le subject en vaut la peine. Je prie Dieu pour la
prospérité de V. Â., estant, Monseigneur,
vostre très-humble, très-obéyssant et
très-fidèle serviteur,
PK&NÇOÏS D'aBBSSEN.
De Londres, ce 27 janvier 1640.
Madame de Chevreuse est disgratiée de la Boyne,
comme brouillonne, fiictîeuse, menteuse, prometteuse, far-
dée, aux dentz pourries, folle; ce sont une partye des
couleurs dont S. M. la dépeignit devant-hier à M. l'am-
bassadeur de France, non sans cause.
EiB¥TBE mtXXV. U».
Le Prince ^Orange à M. de Heenoliet II ne sauroit être *"'
quettion que de lu Princette mnée.
Monsieur! Je viens de recevoir vostre lettre du 20 jan-
vier; j'apprands par icelle comm' [S. M.'] et le Roy mesme
,, Google
1640. J.nrier.] _ 190 —
insbtent que vous parliez de Ik seconde fille. Je tous ay
desjà mandé mes sentimeDS lit-dessos par mes dernières;
je vous répéteray donc qu'encores que je ne face pas de
diférence de l'une k l'autre, que toutefois quand je con-
sidère le bas eage de la plus jeune, et que tout le boa-
beur de ma maison consiste i, voir mon fils mari», et
qu'il ait bientost des enfans, ce qui ne se peut espérer de
dis' ans de la seconde, j'advoue que cela me cause de
grandes difficultés. Fartant je tous prie [continuiés] d'in-
sister et près du Roy et de la Reyne, tent parla Eeine-
mère qne par M' Vaen, à ce qu'il plaise & leurs M. d'a-
voir égart k mes considérations, qui à mon opinion sont
raisonnables, et partant se veuillent résoudre i, condé-
sandre à l'aisnée; s'il leur plaict me départir cet bonenr,
j'en demeureray recognoissant toute ma vie, et le témoig-
neray par mes très-humbles services. Vous pourés anssy
remender que, y allent de l'iatérest de cest Estât, [en] je
ne pourois y entendre avec la seconde qu'avec préalable
advis de l'Estat, qui tesmoigne désirer que mon fils ùt
bientost des enfans. Je vous iais ces lignes par advence,
jnsqnes à ce que le comte Guillaume soit arrivé, par
lequel j'ateus ce que vous me manderés que vous aurés
[advenu] en ce traité, comme de ce que vous aurés peu
aprendre daventage de leurs intentions. — Il faut enquores
qne j'adjoute à celle-ci que tout le monde s'estonne gran-
dement qu'un ïïoy si prudent veuille mettre son Royaume
en péril d'un estrange changement, & l'instigation de ceux
qn'il cognoist estre ces ' enciens ennemis. Faites les on peu
ressouvenir de ce qui est arrivé en Angleterre, par le
mariage de la Reine Marie et du Roy Philippe. Cepen-
dant je vous prie de ne rien rompre avec eus, ains de
tenir tout en surséance, jusques à ce que je vous aie
&ict entendre mes intentions, après que j'auray recen vos
lettres par le conte Qnillaume. Je suis, Monsieur,
vostre affectionné i> vous faire service,
Haie, ce 30 janvier 1610.
,, Google
- LBTTBB BLXXTI.
Le Roi (FAngUterre au Prince <f Orange. C^re en mariage
de ta file cadette.
Mon Cousin. Vous verés , par la responce que tous
porte de ma part le S' de Henâet', le déBÎr que j'ay
de TOUS faire voir l'estime qne je &is de vous, dans le
trété ' de mariage en Toatre fils et ma seconde fille. Je
croy qu'il n'est point de besoing que je tous dise rien
davantage sur ce subject dans sette lettre, ayant chargé
le dit Henflet de le tous faire entendre plus au long,
seulement tous asseurer de mon consantement dans l'a-
faire, et aussy tous prier que, comme tous recerés de
moj se grand tesmoygnage de mon afTection, que je puis
reseToir de tous des preuves dn vostre; se que tous pou-
vés faire présentement, en enpêchant que les subjects de
messieurs les Estais n'asistes' pas mes rebelles d'Ëcose,
ny d'argent, ny de munition, et voua me ferés TOÎr par
là que véritablement Tostre intention est aussy réelle que
la mienne, pour l'aliance que tous me proposés, et, si il
y a quelque chose où je vous puise * estre utitte, tous me
tronrerrés tousjours si prest à tous le &ire paroistre , que
tous me croirés, comme je suis, mon Cousin,
Tostre très-affectionné cousin,
CHAKLSS B.
Whytfaall, le SI de janvier 1640.
A mon coosin, UoDsieur te
Prince d'Onoge.
LBTTKB BliXXVII.
M. de Sommdedyck au Prince tf Orange. Jamate, pour
^affaire de Ihàat, il ne demandera pardon.
Mongeigoenrl V. À. peut Toir, en nostre dépesche
,,GoogIc
15*0. F<.rier,] — 1 92 —
commane d'hier, le changement que le Boy a &ict en la
déclaratioD qae M. le conte d'Hollande nous avoit f&îtte
de sa part, le 26 de l'antre mois. Ce seroit peu de chose,
ay on en demeuroit là, car j'y ay desjà satisfaict, mais
j'ay appris depuis, d'une personne qui m'est assez confi-
dente et espère nne autre fois de moy, qu'on est après
à engager le Roy, premier que de rien relascher de son
conrroux, de prétendre une bumitiatton de nous, jusqaes
i, quelque espèce de pardon. Je responds lï^dessus à
y. A. que jamais je ne permettray à la langue, ny à la
mùn, de commettre rien de sy lasche, ny de si bas, dont
il puisse venir de la flestrisseure h, la dignité de l'Estat
et à moy de la honte; mais, si on passe outre k m'en
toucher la chorde, je me ressouls de faire une [bone] et
libre remonstrance là-dessus à S- M. et, sy sur icelle elle ne
relasche, de prendre mon congé, en traînant quelques
jours mon départ, pour laisser au temps ce que la raison
n'aura peu faire; car, à dire la vérité, ces messieurs ne
Bçavent qu'ils veullent et ne peuvent résoudre , en la con-
iusion de tant et de sy importans aâaires, qu'îlz ont à
Tuider et laissent accumuler ensemble. Ânglois sont [gens].
Monseigneur, parler tant soit peu de pardon, est trop
intéresser l'Estat. Serions nous pas la risée du monde?
où en prendrions nous l'exemple? Ce serait one gratieuse
réception à l'ambassadeur d'Espagne, que de voir prostitué à
ses pieds l'honneur des Provinces- Unies , pour réparation
de la deffaicte de sa flotte. Nous en deviendrions mes-
prïsables à nostre peuple et incapables de traicter au de-
hors , mesmes de servir l'Angleterre à son besoin ; ce que
ces gens ne considèrent point, qui portent, sans aucune
retenue , les intérestz d'Espagne et , pour le leur particu-
lier, cerchent encor d'y embarquer le Roy, qui a la plus
douce et meilleure âme du monde, mais tombée en fort
mauvaise main et laquelle semble n'avoir autre visée que
de renverser tontes les anciennes et meilleures maximes
et alliances de la Conrronne. S'il est possible , je travail-
leray sourdement et aonbz main à en prévenir et destour-
,,.GoogIc
— 193 — [1B40. Fftrier,
ner la coup. J'attendray donq, Monseigneur, ce qui
sortira de nostre dernier escrit, auquel, comme aussy aux
précëdens, je me suis avisément ' gardé de ne faire, près
ny loinc, entrevenir le nom ny l'authorité de V, A., me
doutant tousjours qu'on cercheroît de faire dériver sur
vous une partye du blasme qu'on prétend impropérer ' à
llistat, lequel estant malicieusement représenté an Koy
comme trop puissant, on luy conseille de tenir bas pour
sa propre seureté. V. A. sçait mes bonnes intentions et
me peut informer, s'il luy plaist, par bomme exprès, sy
en cette rencontre je me doibs conduire autrement et com-
ment; mais, quelque party qu'on prenne, je la snpplye
très-humblement de ne soufirir que je soy chargé de {aire
rien de honteux, ny d'indigne de ma condition; car, a.
parler rondement et soubs vostre permission, je ne sçau-
roy obéyr; ma charge est de justifier l'action des Dunes
et la justice est pour nous, au jugement de tous qui ne
nous sont ennemiz; le pardon au contraire induict con-
demnatdon et est la punition d'un criminel qu'on sauve
par gr&ce. Sur ce prie Dieu de me tirer d'icy, pour
servir ailleurs plus utilement, et de donner à V. A., Mon-
seigneur, prospérité, santé et très-longue vie.
De vostre Altesse très-humble, très-obéyssant,
et très-fidèle serviteur,
FKANÇOÏS u'aERSSEN.
De Londres, ce 2 fénier 1640,
LBTTBE BLXXrm.
M. de HeenvUet au Prince ctOrange. Négocia^an.
Monseigneur. . . . M' de Vaen me dict que leurs Majestés
ont traitté de l'aSaire, je croy, avec luy, et qn'yl me dé<
clareront en peu des jours leurs sentiments par escrit,
jnsques à y mettre le' dot; qu'yl leur avoit encor répété
' eipresi^menl. • nprothrr. ■ la.
III. 13
,, Google
II140. F<.rier.] — 1»* —
tons mes raisons et mes grandes inquiétudes , à cause de
l'aage de la seconde, mais qu'jl ne Toyoit apparence d'aa-
cun changement; au contraire que, si j'insistois trop, qu'à
son opinion je romperois l'affaire. Quand i, aucune liaison
ou afiàire qui pourroît toucher, supplie à Y. A. s'asseurer
que je ne m'engageray jamais , aussi ne me parlent-yls
point, mais an contraire S. M. mesme qu'yl ne le &ict
que pour la considération et amitié de Y. A. , et M' de
Yaen que l'intention de S. M. n'est nullement d'altérer
les alliances de nostre Estai, mais pour prévenir que ce
Royaume et nostre Estât ne tombent jamais en aucune
mauvaise intelligence. Je n'ay manqué, apr^ la récep-
tion de celles de Y. A., aller voir M' de Yaen et loy
de nouveau remonstrer ce que Y. A. avec grandissime
raison me mandoït; qn'yl obligeroit Y. A. au dernier de-
gré , qu'yl sçavoit combien yl estoit expédient et nécessaire
pour la maison de Y. A. et de nostre Estât, que le jeune
prince, estant de recbef l'unique et ayant tantost quatorze
ans, se mariast bientost; qu'yl n'y avoit apparence en dix
ans d'attendre de la seconde aucune lignée, et ainsy sept
ans se perderoyent avec l'attente pour la seconde , auquel
yl seroit eu aage d'avoir lignée; que le temps s'approchoit
qu'il se metteroit à la guerre; que j'espérois que Dieu
le garderoit et de maladie, qn'aultrement je me tiendroîs
bien malheureux d'avoir eu l'honneur de cest employ;
que S. M. estoit ung Boy si sage et prévoyant qn'yl
poulvoit bien considérer le grand mal que de l'alliance
d'Espagne sur tay et son royaulme poulvoit arriver. Qae
j'en serois bien ayse, si S. M. le trouvoit bon, de le
poulvoir communiquer et consulter avec M' de Sommet»-
dycq. Il me dit là-dessus: „je vous jnre, si ung aoltre
enst traitté cest affaire que vous et moy, yl fut desjà
rompu; c'est pourquoy je ne sçay vous faictes difficulté
de continuer." — „Si[re"], luy dis: „si on accordoit l'aia-
née, je ne voudrois aucun conseil; mais ceste distance
d'aage me trouble et avec raison;" et quand yl vist qne
je faîsois encor des instances là-dessus, il me dict: „je
,,.GoogIc
— 195 — [1640. Ktïrier.
Toas diray, à condïtîon qne cela demeure entre nous,
M' de Sommelsdyck a parlé depuis peu de marier le
jeune Prince avec une des filles de la Royne de Bohème
au conte d'Hollande; je luy dis, que je sçavois bien qu'yl
n'avoit aucun ordre, qo'yl le faisoit de son propre mou-
vement, et peult-estre en considération qu'yl estoit très-
nécessaire que le jeune Prince se mariast. „Et bien,"
me dit-yl, „recevé ceste responce du Roy, laquelle vous
n'oblige à rien , mais au Roy à se déclarer , et puis après
nous ferons des nouvelles instances et tout ce que je
pourray," Je confesse que je le trouve grandement porté
pour raSaîre, et l'usuée, si cela se poulvoit, mais je craing
fort que le Roy ne change, ce qui m'empesche et trou-
ble mon repos ; Dieu donne le contraire ... Je demeure ,
Monseigneur ,
très-fidèle et très-obéissant serviteur,
IIEESVLIKT.
De Londres, le 3 février 1640.
LBTTBB BUKJOO:.
lié Comte GuiUautn^Fréd&ric de Naasau-Ditiz à M. de Zuy-
Uehetn. CompUmetiti.
Monsieur. Le petit présant que vous venez de rece-
voir n'estant ancnoement proportionné ny à vos mérites,
ni k l'afiFection infinie que j'ay pour vous honorer et ser-
vir, ne méritoit pas des remerciemants si exquis que ceux
de la vostre du 6 de ce moys. Je voudroîs seulement
qu'il eût esté tel qne j'eusse désiré pour ma propre sa-
tïs&ction , espérant que vous ferez favorable jugemant de
ma franchise de vous l'avoir ausé ' ofirir tel qu'il a esté ,
comme je remercie la vostre des ' qu'elle m'en a donné
quelque occasion, et comme c'est la qualité que j'estime
le pins à un homme de bien, tant s'en faut que je vous
13*
D,g,t7cdb/COOglC
IMO. TéffKt.i
196 ■
tifene criminel d'nn des vices dont vous vons chargea vons-
mesme , qae je vous absous absolumant (puisque vous m'en
différez le jugemant) autant de l'an , comme tout le monde
qui vous admire aait que vous estes esloigné de l'autre,
vous suplîant (puis que nous touchons ceste corde) de
vous servir tousjours de la meame franchise k me dire
ça' quoy vous désirez que je vous serve, comme àceluy
qui tiendra tonsjours pour bien employé )a siène à vous
tesmoigner qu'il est,
vostre tr^s-humble servitenr,
LB COMTE DE KA9BAD.
•/„ féïrier 1640.
L.BTTBE OLZXZ.
iMOio'st'di ^^ Prince ^Orange à if . de Sommdsdyck. R le prie de
smmiiWïïk. toTtder tet intentions du Roi d'Angl^erre relativement ati
*,* Appiremmnil le PrioM ■ relnmllj e«tl« miante et Tait apiâur cclk
Monsieur. Par le billet que vous m'avés envoie par
vostre lettre do 27 janvier, j'aj bien conpris ' ce que il
vous a pieu de me proposer, à savoir de sonder le Rov
sur le mariage dont nous parlâmes avant vostre parte-
menk Je ne puis que l'aprouver entièrement, et par-
tant vous supplie d'en &ire l'ouverture, lors que vous le
jugerés le plus convenable. H me semble que il ne se
pouroit faire plus à propos, que quandt vous entamerés
ou achéverés le traité avec cest Estât, fesant cognoistre
que se seroit pour plus grande confirmation d'icelny. Je
me remës donc à vostre prudence d'en user, selon que
vous le jugerés le plus expédient. Je me confie tent en
vostre condoitte, que je ne doute pas que, si vous l'en-
treprenés , il ne succède heureusement Cest un surcrobt
> et à. ■ ffote marj/iniile dt U. d* Zuj/Heirm, ' comprû.
,,.GoogIc
— i97 — [lOM. Fé.ri«.
d'obligation que je tous auray que je recognoistray aus
ocasions de vostre service, quand il vous plùra de m'em-
ploier. Je suis,
Tostre très-affectionné à vous faire i
Ce 6 février.
LETTKE BLXXXI.
Le même au même. Il le prie de te concerter aoec M, de l^'^^'^H'^^
ffeeatilia. '"^■SéS'
— irte p«r 1* Sr Os
Monsieur. J'aj recognu, dans le billet que vous m'avés
envoie dens vostre lettre du 27 janvier, la particulier
affection que vous tesmoignés k tout ce qui me touche.
Asseurés vous, que je taacherai à la recognoistre par mon
service aos occasions qui s'en ofriront. Quand à ce que vous
y proposés, je l'aprouve entièrement et vous supplie d'en
^re l'ouverture, lors que vous le jngerés la plus à propos.
Il me semble qu'eu parlant d'un traitté avec cest Es-
tât, que cela seroit fort à propos et de faire cognoistre
que se seroit ponr tant plus grande confirmation du dit
traité. Je me remets donc à vostre prudence d'en user
com' TOUS le jugerés le plus expédiant. Je vous laise* à
considérer s'il ne seroit pas nécessaire d'en toucher quelque
chose à la Reyne, que l'on dit bavoir ' un grand pouvoir
sur l'esprit du Roy et, affiu que vous aoiés plainemant
informé de ce qui c'est traité sur ce suget par M' de
Heenvliet, je luy mende de vous en informer particuliè-
rement jusqnes k quel point l'aflaîre a esté conduitte &
son partement Je luy havois doné une lettre adresande*
à vous, avec charge de tous communiquer tout ce quy
ce passerat en ceste affaire, mais îl m'a mendé que le
Roy luy a défendu exprèsément d'en rien dire ^ personne.
Far ces dernières il me mande que le Roy luy a fait par
AP Vaen savoir qu'il ne ponrroit parler de sa fille atnée.
,, Google
\6Vt. KeVriurO — 19** —
mais que, pour la segonde', il y auroit de l'inclination.
J'advoue qu'enquores que cesta alliance me soit trèa-ho-
norable, à toute ma maison, que toutes fois le bas âge
de cestQ princesse me choque auconement, qui de douze
ans l'on ne poorat espérer pour avoir en&ns. ïît cepen-
dant c'est ce que je souliaîterois à mon fils, pour plusieurs
respects que vous pouvez considérer. Cast pour quoy
je vous supplie, s'il j • moien de renonver* le traïtté de
l'aînée, d'i emploier tous vos efforts. tTaj une si grande
confience en vostre conduitte, que je ne doute nullement
que, si vous l'entreprenés , vous en viendréa & bout Se*
me sera un renouvellement d'obligation, et duquel je vous
asseure que je vous seray jamais* recognoisant, ains vous
feré parestre aus occasions de vostre service, que je sois, etc.
Je vous supplie de commimiquer de ceste affaire avec
M. de Heenvliet, comme je luy mande de faire avecq
vous de tout ce qui loy succédera, sans toutefois que pour
enquores l'on cognoise que vous aies comuniqué ensemble
de cest afmre.
LE1TKE DLXXXII.
M. de SommeUdyck au Prines ctOrtaige. Il désire ton
rappeL
Monseigneur. Ce mot ne contient aucune matière de
long entretien, que pour dire à Y. A., que je suis aa
bout de mon rollet, depuis que le Boy n'a peu prendre
résolution sur nostre dernier escrit, par la contrariété des
advis de ceux de son conseil, que pour en délibérer plus
meurement k loisir et estans par là tombés entre les miûns
d'une homme ' qu'un chascun tient pour grand ennemy
de nostre Estât, lequel, ne pouvant pïz faire, au moins
continuera à nous traverser et traîner. Je ne voy meil-
' («Dande. * rcDOver, nnonvcller. * oc. * à jamiii.
' Windebaok {?); mjeî p. 158 et 188.
,, Google
— 199 — [16*0. Février.
leur, ny pins assenré expédient de sortir d'îcy, que par
te tDoyen de la démission, que Y. Â., s'il lay plaist, me
peut moyenner vers messeig. les Estais; car, outre ce
qu'il n'est plus question des Dunes et que la délibération
sur le choix d'une nourelte alliance à contracter avec nous ,
est assez débattue, quoyque de tous avouée pour néces-
saire, je pense, Monseigneur, qu'on a dessein de négotier
par nostre escrit avec l'E^spagnol, lequel nons romprons,
sy on me voit résolu au i retour, par l'anthorisation de M.
Joachimi à achever ce qui restera de faire et d'en at-
tendre les commoditez de Sa M., qui seront tardives, car
tant qu'elle fera traicter des mariages et continuera à ià-
voriser le commerce avec l'Espagne, il nons est malaysé
de conclurre aucun traicté avec elle , et je ne me trouve
point chargé par mon instruction d'en fmre instance, mais
bien de jnstiâer le combat de Dunes. Je soubmetz néan-
moins mou obéyssance aux volontez de Y. Â. et ne par-
teray plus que sur nouveau commandement Dieu, Mon-
seigneur, vous donne succès, avec heureuse et longue vie.
De Y. A. très-humble, très-obéyssant et très-
fidèle serviteur,
PRAMÇOTS d'aBBSSIN.
De Londres, ce 6 février 1610.
Ma précédente estoit du second *, sur l'advis de l'humi-
liation qu'on prétendoit nous imposer, de qnoy plusieurs
nous sont venuz advertir depuis, mais nous avons ta,\ct
protestation et bruict an contraire, pour eu destonmer
Tessay, qui nons eust mal emharassez et n'en oyons pins
parler.
LETTRE BUCXXni.
Le même au même. Même tujet.
Monseigneur! Après nbstre lettre commune', j'ay peu
' Z> ItUrê 177. * Cettt Irttrt «MWraw.
,, Google
1640. F«vn«.] — 200 —
à (lire, et sur mes dontes j*ay cy>devaut consulta la pru-
dence de Y. Â.; en chose tout évidente j'implore mainte-
nant son ayde à me sortir d*icy; car an langage que le
Koy nous tint le 8, il ne fut rien de sy clair qu'un des-
sein bien formé ii nous remettre à l'ysue des choses qui
se traictent et des aultres qu'on attend, pour en foire
dépendre nostre condition, laquelle, à mon advis, il seroit
bon de mettre à couvert, tandîz que les conseils flnctnent
icy en defEance de tout. L'Espagnol les mènera d'une
longue et vaine espérance des mariages, pour lesquelz
mieux avancer, on marchandera tousjours de nous et con-
tre nous, ^ quoy semble pareillement tendre le désir de
S. M. à faire traioter icy le mal-entendu entre le Roy de
Denemark et messeigneurs les Estatz, ce qui se peut es-
sayer ailleurs avec plus d'apparence et de facilité. C'est
donc pour nous tailler de la nouvelle besoigne, sans son-
ger an subject pour lequel sommes vennz. Encor prétend-on
que préallablement vuidions les disputes entre les parti-
culiers, dont j'avoue ingénueœent n'avoir connoissance ,
adresse, ny pouvoir, moins encor de volonté. Cela faict
(qui est un affaire d'un an et au delà) S. M. promet lors
de donner responce, à nostrecontentement, avec une bonne
alliance perpétuelle. J'ay tasché de faire valloîr le mauves
estât de ma santé contre ces rombes, et par là jette les
fondemens de ma démission, pour l'impétration de laquelle
j'auroy envoyé très-humble supplication à messeigneurs
let Estats. V. A., s'il luy plaist, la me peut moyenner,
car, comme je pense, c'est le service de l'Estat, pourveu
que M. Joachimi soit seul authorisé pour l'achèvement de
ce qui reste, avec offre, sy on le désire, d'y joindre encor
quelqu' autre, lorsque les délibérations de S. M. seront
plus meures et en estât d'estre traictées. Sans cette voye,
Monseigneur, je ne voy point de bout à cette ambassade,
ny, au train qu'on luy faict prendre, assez de réputation
et de dignité pour l'Estat, mais il est plustost apparent de
pouvoir conclurre quelque intérim, sy on me trouve bien
résolu de m'en retourner. Le scandale des Dunes a esté sv
,, Google
— 201 — [1640. Ihrier.
bien justifié, que ta ptospart da conseil eu présence dn
Roy a soabstenu que le pouvions et devions &ire; aussy
est-il assez endormy, attendu que jnsques ores ne s'en
est falot la moindre plainte, mais tant que je demeureray ,
qui nous garentlra qu'à l'une ou l'autre occasion on ne la
fera revivre? ce qu'après mon départ n'aoroït plus de
grâce. Je me pique quelque peu d'honneur, et seroy bien
marry de le perdre, en me lùssant mener et juger comme
peu clairvoyant J'espère tontesfois de la faveur de V. A.
que mon obéyssanse ne me tournera ^ honte. Je Ten
snpplye très-hnmblemeot, avec prières à Dieu, Monsei-
gnetir, de vous donner heureuse santé, contentement, et
longue vie.
De vostre Altesse
très-humble, très-obéyssant , et très-fîdèle serviteur,
PKANçoys d'
]}e Loudrcs, ce dixième de février 1640.
LETimE DliXXZIV.
L^ même (tu même. Même iujel; ea lâclie est acfievée.
Monseigneur! Je n'avoy que délivré au messager ma
lettre du 10, comme deux heures après l'on me rendit
celle de V. A. du 30 dn passé, où j'apprens que plu-
sieurs par delà sont d'advts que la responce qu'on nous
pourra donner sera plustost aigre et offensive qu'autre-
ment, et jugent qu'il n'est gaères à propos de feire beau-
coup d'instance k l'avoir, en quoy je les pense bien
fondez, quand ce ne seroit que pour le seul respect des
crïeries qui en ont esté faictes. Les miennes du 19 de
l'autre mois et plusieurs autres surensuivies auront faict
voir à V, A. qu'en cela je me suis non seulement ren-
contré en un mesme sentiment avec eux, mais que j'ay
proposé on expédient à me desgager d'icy; assavoir, de
fonder mon retour sur te mauvais estât de ma santé, en
,,Cooglc
lUO. FéTrier.] — 202 —
anthorisant M. Joacbimi d'achever ou d'attendre la ma-
turité des affaires do Roy; sur quoy j'attens encor )a vo-
lonté de messeigneurs les Estais, par la seule médiation
de V. A. et, sy paravant nous avons pressé la response,
quand on en considère la cause, on counoistra qu'il nous
a esté impossible d'en user autrement. Par nostre in-
tttraction nous estions chargez do faire deux offices; le
premier, pour nous plaindre qu'on servoit l'Espagnol de
touttes sortes de marchandise de contrebande, d'en de-
mander justice et défonce pour l'avenir; l'autre, de josti-
Ëer l'action des Dunes. L'an et l'autre a esté faict en
divers temps et avons tousjours trouvé S. M. armée, non
obstant ses douces paroUes, sauf au regard du combat,
sur lequel elle ne s'est onq déclarée, mais conditionna
avec nous de traicter par escrit et de nous respondre
aussitost de mesme; de faict, jusques à nous dire en la
suivante audience, qu'elle auroit commandé sa responce,
pour nous estre portée au premier jour; ensuitte le se-
crétaire Koke nous en vint excuser le retardement, comme
avenu par le concours de plusieurs afiaires de poids, mais
qu'il y alloit travailler. Il nous estoit donq impossible de
nous taire et de nous dégager, puisque le Roy nous
voulloit respondre et que nous demandions que ses snb-
jects, en chose prohibée, ne servissent plus les Espagnols
sous sa bannière. Nous n'avons point insisté sur l'autre
point, que pour estre continuez en la bonne grâce de
S. M. et considérions assez qu'il nous seroit contesté, ne
fiiisant à présumer qu'elle se vonlost condamner soy-
mesmes; et pour ce pensions-nous plus expédient de nous
payer de son silence, mais l'intention de la cour est bien
autre, car laissant l'un et l'autre indécis, elle cherche k
nous mener par degrés an but qu'elle se propose, qui
est de nous traîner et proffiter de nostre présence. V, A.
a veu que, sortant du snbject de nostre commission, on
nous a feict entendre avoir volonté de traïcter d'une al-
liance avec nous; à quelque temps de lit, le conte d'Hol-
lande fut employé à nous porter paiolle, que dans quatre
,,.GoogIc
— 203 — [1040. février.
jours noas ftnrions responce à nostre contentement et on
traicté avant la venue de l'ambassadear d'Espagne. Avant
ce terme expiré, il retoarna de rechef à noae, avec prière,
de la part de S. M., de tfùre de nos deox escritz un troi-
sième, auqnel ne fîist parlé de SudthamptoD , ny du
Thoiras, pour cschapper aux disputes et longueurs. Cela
ne fnst sy tost faict, qu'au lieu de la bonne dépêche
promise, nous vint une lettre du sieur de Windebanke,
du 4, que V. Â. a veue, qui demande terme pour séri-
eusement délibérer sar des affaires de sy longue consé-
quence et grande importance. Non encor contens d'en
estre venuz là, S. M., nous ayant faii:t appeller, nous
dît elle-mesme, sans toucher, de près ny de loin, la pré-
cédente besoigne, qu'elle désiroît que messeigneurs les
Eetats youllussent &ire traicter icy leur différent avec le
Roy de Denemarck et qu'en fissions l'office; adjonsta qu'il y
avoit encor tout plein de disputes et de prétentions entre
les subjectz, qu'il seroît bon de vuider et qu'elle nous voul-
loit renvoyer contens avec une alliance perpétnelle. Or,
Monseigneur, sy telle en estoit l'intention, je pense que
son meilleur seroît d'en avancer la besoigne, mais tant
de choses qui la doivent précéder, donnent assez à con-
noistre qu'on a envie de la faire dépendre des occasions;
car on attend l'ambassadeur d'Espagne, qui nous fera
mille niches avec ses mariages, pour des raisons que je
n'ose fier an papier. Le Parlement, s'il tient, aura ap-
paremment ses brouilleries au progrès', pour la grande
altération qui se remarque aux peuples. La guerre d'Es-
cosse ne se trouvera sy aysée en l'exécution, comme l'on
se propose, et, une fois commencée, sera de dorée; main-
tenant on craindra de traverser les mariages, sy on conclut
avec nous; et lors qu'on aura rompu avec l'Ëscosse, on
se voudra bien entretenir avec l'Espagne, afin qu'elle ne
vienne & brouiller. La Cour est ainsi composée qu'avons
plus à y craindre qu'è espérer. A quoy donq. Monseig-
neur, peut-on penser que mon plus long séjour icy soit
> ds plu iD plu {Btigieitmt by u
,, Google
1640. Février.] — 204 —
Utile? Vostre lettre parle que je doibz passer anx aal-
tres points de mon instruction, s'il y en a d'importance,
mais il n'y en a point et je ra'abstiendray des intérestz
des particuliers, pour ne m'enâler moy-mesmes aux Ion-
gueurs où l'on prétend de me jetter. J'ay donq achevé
ce qae j'ay esté chargé de faire et j'ay droict de m'en
retourner, quand j'estimeray, comme je iày, de le pouvoir
fiiire, sans le déservice de l'Estat; mais, pour l'entre-
prendre de bonne grâce, j'ay besoin d'une lettre de mes-
seign. les Estais an ïîoy, qui m'en accordent la permission,
en esgard à mon aage et indisposition. Monseigneur, sy
V. A, ne me la moyenne, je suis taillé de passer icy
inutilement tout l'esté, ou de prendre congé de moy-mesmes,
ce que je ne feroy pas volontiers, qu'abandonné de tous,
pour récompense de mon obéyssance; M. Joacbimi pou-
vant faire seul ce qu'on désireroït de nous deux. Pour
l'honneur de Dieu, que V. A. me face l'honneur de me
tirer d'icy, où il n'y a rien de bon à faire, et à cette fin
de tenir la main à ce que les raisons de cette lettre soyent
bien digérées. Pour gratitude je suplieray le Créateur,
Monseigneur, de prospérer tous vos désirs et desseins et
vostre personne de parfaicte santé et longue vie.
De vostre Altesse
très-huinble , très-obéysant et trfes-fidfele serviteur,
FRANÇOIS d'aEBSSEN.
De Londrea. ce 13 février 1640.
Le dépêche de messeig. les Bstati, à laquelle
V. A. me renvoyé, n'est point encor venue.
LETTRE DLXXXV.
Le même au même. Négociation; motifs qu'il compte faire
valoir pour le mariage.
Monseigneur ! Le paquet de V. A. du 6 , avec un
autre de messeign. les Estats de pareille date, me fut
rendu le 12 dans la nuict, une heure après la closture
,,.GoogIc
— 205 — [1640 Février
du mien. iTeuz soin le lendemain de consigner à mon-
sieur de Heeavliet en main propre celny qui luy estoit
adressé; lequel, à deax heures de là, m'apporta deux let-
tres de la maiu de Y. Â. et me communiqua Testât de
sa négotiatioD, pour désormais en aviser ensemble. Ce
m'est trop d'honneur, Monseigneur, qu'il vous plaist avoir
cette opinion de moy, que je puis contribuer quelque poids
à l'acheminement de cet affaire; mon affection et mes
souhaits y vont, puisque le succès en doibt aller au bien
de l'Estat et au soubstien et provignement de vostre mai-
son , et voudroy de tout mon coeur de rencontrer tant
de bonheur que mon entremise y peust servir. Je pro-
teste donq & y. A., saintement et devant Dieu, que je
suis prest de bander tous mes esprits pour trouver des
raisons propres a persuader leurs Majestez d'y voulloir
entendre selon vostre contentement; mes diligences et fidé-
litez y paroistront assez, Févénement dépend du ciel. Les
argnmens, dont jusques icy s'est servy le sieur de Heen-
vliet, ne tiennent que du particulier; mon intention seroit
de monter plus haut , pour faire comprendre à leurs Ma-
jestez leur propre avantage et grandeur eu cette alliance,
et cela par rtùsons et exemples, et qui se peuvent jnger
à l'oeil. Mais, Monseigneur, deux choses me tiennent
là-dessns en transe; l'une (et laquelle Y. A, a jà préveue)
que je n'en pois entamer le propos que sur l'occasion
d'un traicté, lequel j'ay opinion qu'on voudra remettre
à quand l'ambassadeur d'Espagne aura esté entendu, qui
peat-estre de trois mois ne sera encor en cour; l'autre
que j'en doibs tellement messager l'ouverture avec leurs
Majestez, que mon intelligence avec le sienr de Heen-
vliet ne vienne à se descouvrir. Sur quoy je diray k Y. A.,
soabs très-humble correction, que, pour le premier, je ne
puis estimer qu'il soit à propos de dilayer tant l'adÈûre,
veu qu'il est bien esbauché et avancé ; car on y pourroit
aysément changer, autant de volonté que de dessein, sy
ta chose venoit & s'esventer, comme elle n'est pas pour
demeurer longuement secrette, pour le nombre et la qua-
U,g,t7cdb/GOOgIC
!640. F^riw.] — 20(1 —
hté des personnes qui en ont desjà connoigsance et y ont
basty dessus quelque espérance pour leor pftiticalier.
Pour l'antre, que je ne puis aaasy comprendre comme
mes propositions ii feire pourrojent estre recenës avec
attention, ayant à se mettre en avant sans adven, et pré-
cédentes tant seulement de mon affection au service de
y. Â. et an bien publicq, au lieu que le dit sieur de
Heenviiet y a passé plus avant et a esté commis et an-
thorisé par bons actes exprès, pour traicter et conclnrre
cette négotiation; de manière que la raison vent qu'on
néglige mes propositions et désirs, pour se tenir aux siens;
ce qui ne seroit pas de mesme, sy la chose estoit de-
meurée tontte crue et en son entier. Par tant, Mon-
seigneur, V. A. pensera, s'il luy plaist , s'il ne seroit plus
expédient de fmre, par l'une ou l'autre occasion, entendre
au Koy qu'auriez trouvé bon de me donner quelque cou-
noiasaoce de vostre désir, pour agir conjointement avec
le dit sieur de Heenviiet, se pouvant S. M. tenir asseu-
rée de ma discrétion et réticence. Cela abrégeroît et &-
ciliteroit la besoigne, pourven que V. A. en soit d'advis,
sans lequel rien ne sera innové en l'ordre de vostre com-
mandement. Voilîl, Monseigneur, ce que j'avoy k remon-
strer sur la forme, mais, pour passer à la chose mesmes,
je pense que V. Â. doibt tousjours insister pour la fille
aisnée, en la seule considération de son aage, plus avancé
et sortable, pour espérer tant plustost lignée du Prince,
vostre filz unique. S'il se peut obtenir, vous y rencon-
trerez un autre grand avantage pour oostre Estât, car
cela asseurément feroit rompre la recherche d'Espagne,
qui refnseroit la seconde, quand il verroît la partye liée
avec son mortel et perpétuel ennemy pour l'aisnée, et
j'ay tout plein de pregnantes considérations à remonstrer
là-dessus, sy desjk on n'est engagé, pour le bien duser-
vice du Soy et les suretez de ses couronnes; entre antres,
le péril des Princes ses enfans, en cas de conclusion avec
l'Espagne; l'ombrage et défience de ses meilleurs alliez;
le desplaisir de la plus saïne partye de son peuple, eu
,,.GoogIc
— 2t'* — [IMO. Kiïri«r.
la rencontre du Parlement et du moarement contre
l'fiscosse; qu'en contrechange il perdra l'amitié de sa
fille et n'acquerra jamais celle de son gendre. Maïs ay,
non obstant toat cela, leurs Majestés persistent (car les
Roynes 7 sont entièrement logées, poussées sans doute de
Bome et d'Espagne, pour gmgner cette àme à la Papauté)
& ce cas. Monseigneur, pourroit-on essayer d'obtenir cette
condition, que, sy dans trois on six mois leurs Majestez
ne s'en obligent ailleurs , que le traicté tiendra définitive-
ment pour elle; cela encor ne se pouvant gagner, c'est
à V. A. de bien peser s'il ne seroit h propos de passer
outre, pour conclure sur la seconde, selon la volonté du
Boy, sans ancnn délay, de peur de changement; car
l'alliance est grande et fort considérable, n'y ayant qne
trois ans et quelques mois d'intervalle entre l'une et
l'antre. A la traicter et arrester seroit nécessaire d'avoir
en la main l'adveu et l'anthoriBation de Y. A., soubs
[son] seing et seau ' , avec promesse d'approbation de sa foy
et de tous ses biens; un btanq, signé et sellé * de V. A.,
suffit pour en faire l'office, au dos duqael, à l'endroit de
la ditte signature, V. A. pourroit (afin qu'il n'en peust
astre abnsé) escrire ces mots: „ce blancq est pour servir
de procuration, qne nous remplirions après, en conformité
des conventions." Parmy les stipulations on pourroit dé-
sirer celles-cy; que le dot soit le mesme et esgal avec
celny de Vdsnée, qne la consommation du mariage anra
à se &ire l'esté prochain, le transport de sa personne
incontinent après. Entre temps Y. A. peut penser i. la
forme qu'elle entend garder en la recerche, après l'accord
ùgné; estant à mon advis nécessaire, ponr la réputation
et antres respects, qne l'Estat conjointement avec Y. A.
y entre. La qualification de la Princesse, soit l'aisnée,
soit la seconde, n'a nulle difficulté et peut estre nommée
Madame sans quene, aassy pea de la qualité de son
éponx, que de son nom de baptesme, comme unique au
pays. S'il se parle d'elle on i elle , ce doibt estre d'Al-
D,g,t7cdb/GOOgIC
1640. Féirier.] — ^ sCfl —
tesse royalle, pour la distinguer d'avec madame la Prin-
cesse, qui sera pareillement Â. ' sans autre suitte. J'ay
mémoire que Madame, seur unique du roy Henri IV,
espoQsant le dac de Bar, filz aîsné de M' le duc de Lor-
raine, maintint tousiours sa qualité de Madame, tant du
vivant qu'après le àècka de son beaupère. L'éducation et
nourriture se peut prendre commune, en mesme hostel et
table avec tes autres Princesses, filles de Y. A-, laissant
le liaut bout de la table et la place k son opposite voide.
C'est, Monseigneur, ce qui concerne l'alliance, car le dot
dépend du Boy, comme aussi le douaire et joyaux du
règlement de V. A. Je voadroy seulement qu'en fussions
bien là; mais je confesse que tout me sera suspect, sy
longuement qne, sur une expresse ouverture, le Boy, et
la Boyne après, ne m'en auront donné leurs intentions.
Toutesfbis je suspendray volontiers mon partement pour
tant de temps que Y. A. désirera, afin d'avancer etasseurer
vostre service en cette négotiation, sur laquelle j'attendray
l'honneur de vos exprès et précis commandemens , me con-
tentant cependant de départir mes advis au dit sieur de
Heenvliet, aaquel j'ay donné communication du contenu en
cette lettre et luy laisse convenir seul de ce qa'il a affaire;
ne pouvant reconnoîstre qu'il ait encor rien obtenu de
solide, pour préjuger aucun succès. Mais, Monseigneur,
ayant cette alliance esté négotiée sur l'ouverture et pro-
position de la fioyne-mëre, du scen et intervention de
Fabrone et Coigneux, je pense qn'îl convient d'aviser
d'heure * aux moiens de prévenir les ombrages que la
France est pour en prendre, surtout M. le Cardinal*, la
plus deffiente et soubçonneuse personne du monde, et
comment on l'en doîbt informer et luy faire croire que
c'eat un mariage de personnes seulement et non d'Estat.
Et aeroit mon advis, pour ne perdre la conâence de la
France, en pensant acquérir celle d'Angleterre, d'envoyer,
incontinent après la conclusion , vers son Éminence , pour
luy en donner part et esclarcissement , de peur que Fa-
' Altesse. * de bonne heure, ft tcmpi. ^ ('. du Itichelîeu.
D,g,t7cdb/GOOgIC
209 ■
(IBin. F^.ri
broue et Coigneux ne cerchent h. troubler vostre intelli-
gence; car il est impossible qu'il trouve rien bon qui
procède de l'invention de ces gens, qu'il croit n'avoir des
pensées que pour sa ruine. V. A. me pardonne, sy pour
une première fois j'entre sy avant en cet affaire. Ma-
dame de Cbevreuse commence peu à peu à se remettre
avec la Royne. Je ne sçay point au vray le subject de -
sa disgrâce; les qualités de prometteuse et trompeuse ' ne
conviennent point à l'amour; son aage et beauté ne sont
aosay plus pour donner de la jalousie, mais l'occasion de
l'esclat fut, qu'entrant en la chambre de la Soyne, qu'elle
trouva assez sérieuBe, avec plusieurs dames, elle s'estoit
mise à crier haut et de plaine voix, s'adressant à S. M.
„MadameI madame I vous ne sçavez? il y a bien de nou-
velles; la Royne vostre mère a changé de galand et
accepté Digby," ce qu'elle réit4ra plus de quatre fois,
pressant tonsjours la Royne qni s'en destournoit, mais
enfin, n'en pouvant plus s'échapper, toutte esmue et rou-
gie, luy reprocha: „vous pensez parler de Craft et de
vous," C'est, Monseigneur, ce que j'en açay et que V, A.
m'a commandé. Je rendray demain vostre lettre à la
Boyne et V. A. verra le train des affaires en nostre com-
mune dépêche. Sur ce je prie Dieu de bénir Y. A. dn
snccës de ses désirs, et inoy l'honnenr de vostre bonne
gr&ce, comme estant. Monseigneur,
De V. A. très-humble, très-obéyssant et très-
fidèle serviteur,
FB&NÇOIS D'aBKSSBH.
De Londres, ce 17 febvrier 1640.
■t LBTTBB BliXXXVI.
M. de HemvUti aa Prince dOrange, ît agit de concert avec
M. de SommeUdyek.
Monseigneur. . . Après avoir veu la lettre de Y. A., suis
' Voja p. tS9. * Cepie de la matM de M. de BeetaUii.
,,Googlc
1040. Fiïrier] — 210 —
allé voir M. de Sommelsdj'ck , luy donnant les deux lettres
de V. A. et luy faisant ouverture de tout; car j'en geroïs
bien marri de (aillir en aucune chose qui pourroit regar-
der l'avancement de l'affaire. Il est vray que sans cela
j'eusse attendu la response sur mes dernières du 10, par
lesquelles Y. A. aura veu que le Roy ne me voulut pas
accorder autre proposition , et qu'en termes généraux je
l'avois proposé, mais qu'il l'avoit rejette. Je n'ay pas
&ict seulement simple ouverture an dit seigneur, mais
montré et mesme luy fâict lire mon journal, lequel con-
tient tout ce qui s'est passé et dit et respondu, durant
tout le temps que j'ay au l'honneur d'estre pour V- A
employé, avec prière, si en aucune responsej'avois failly,
le dire. H a approuvé mon procédé et adjousté que je
m'estois assez réservé. Depuis ce temps je n'ay rien faict
ny dict sans luy l'avoir communiqué, . . . . D croit ausa
que si cest affaire [esolutfert] que le Cardinal ' et l'Espagne
travaQleront aultant qu'il se pourroit pour empescher, ouy,
cest accord ^ct, qu'il tiendroit d'Espagne rompue, et
quand je lui fais des objections , me dit qu'on ne doit re-
garder à cela, et qu'il la fault conclure le plustost le
mieux.
Londres, ce 17 février 1640.
liBTTBB DliXXXVII.
M, de Sommeladyck au Prince d'Orange. Il désire connmtre
Monseigneur. M' de Heenviiet me recommanda hier
l'adresse de ce paquet, vous en ayant envoyé no autre
par Flandre, mus je crains que la gelée et la continuation
du vent d'amont* n'en retarde le passage au deik de nos
désirs. H me dit qu'on leur a retranché net toutte es-
pérance de l'aîsnée, en termes assez exprès pour lui faire
connoistre qu'on en est engagé ùlleurs, en effect ou en
I C. *e Ricbtilien. » «rt.
,, Google
— 211 — [1040. FémM.
dessein, et p&rtant qu'il ne doibt plas retourner à j pré-
tendre plus. Surqnoy j'ay esté d'advia qu'il temporise,
sans rien innover, attendant le commandement et l'ordre
de V. A. sur noz lettres, mais sy on désire quelque suc-
cès k l'af^re, il n'y a plus de temps & perdre, soit pour
l'aîsnée, soit pour l'autre; car la conclasion en doibt pré-
venir l'esrent', à cause que l'Espagnol, venant de son
costé travailler à mesme intention, ne voudra passer outre
qu'il ne soit assenré de uostre exclusion, et Y. A. sçaît
le peu de support qu'en telle occasion nous aurions à es-
pérer. Cest donc à Y. A. de résoudre sans réserve de
se tenir précisément au premier désir , on de passer an
second, s'il n'y a plus moyen d'y atteindre. Je laisse ce-
pendant convenir le aîeur de Heenviiet seul, en luy dé-
partant mes advis, sans qu'on sache que Y. A. m'en ait
rien fâict communiquer.
Le père avec les parens et amis de M' Goringh me
sont venus déclarer, et parmy iceox M. te conte d'Hol-
lande, que le dit S' coronel !l esté nommé par le Roy,
avec des grandz avantages pour conduire un tiers de l'ar-
mée, qu'ils appellent la première brigade, dont il ne se
seroit peu' excuser envers son Koy, sans se perdre; mais
qu'ayant vea la résolution de messeigneurs les Ëstatz
contre ceux qui dans la my-nmrs ne seront trouvez sur
leurs chaînes, lesquelles alors seront vacantes et impétra-
bles , ilz m'ont tous et unanimement conjuré d'implorer
la grice et faveur de Y. A., pour en cette occurrence,
l'obliger d'une exception de sa personne de la règle gé-
nérale, et qu'ilz tâcheront de le mériter par leurs services
pour V- A. et pour l'Estat Us sçavoyent assez le choix
qui seroit & faire, s'il estoit libre; veu que le régiment
qu'il commande, est k vie, et l'employ où le Roy le met
douteux, de coust* et de peu de durée; se promettoyent
en outre , Monseigneur , que V. A. cy-après le gratifiera
d'une compagnie de cavall«ye, pour la joindre k son
régiment, sur l'exemple de plusieurs autres Françoys et
' jventement. ' pn. • eoBteui , qui eotnlne baaconp ds fnia.
,,Cooglc
18*0. r^»rier] — 212 —
Anglois, qui l'ont précédé en sa charge. Je leur ay re-
présenté que l'ordre est précis et général et que n'y pou-
Toy rien, toatesfois qu'en leur considération, qui ont tant
de bonne volonté à nostre Estât, j'en advertiroy V. A.,
comme aussy je fay pour ma décharge , et def&îct ' je tire
assez de feveurs d'eux et, s'il y avoit lien de les conten-
ter, sans en craindre la conséquence, ce seroit un coup
pour tourner à vostre service.
D'autre part, Monseigneur, madame Ogle, voyant ago-
niser son mary, elle snpplye très-bnmblement Y. A. de
donner sa compagnie à son fils Corneille Ogle, page de
V. A,, et en a requis l'office de vostre intercession. Sur ce
je prie Dieu qu'en bénissant vos désirs et desseins il vous
doint, Monseigneur, en par&icte santé, très-longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant ,
et très-fidèle serviteur,
PBANÇOIS D'aBBSSEN.
De Londres, ce 20 Kvrier lfi40.
Le Roi èC Angleterre au Prince ^Orange,
bti Richard Broume.
Mon Cousin. Ayant résolu d'envoyer en Hollande nos-
tre féal et bien-amé serviteur le S' Bichard Browne, un
des clerqs de nostre conseil privé, pour vous renonveUer
les asseurances de nostre constante affection, nous l'avons
aussy chargé de quelques particularités, sur lesquelles'
vous entretenir de nostre part, et pour ce nous prierons
y. A. de luy donner entière créance en ce que de plus
il dira, et de croire que nous sommes véritablement, mon
Cousin,
'vostre très-a£Féctionné cousin,
GHABLEB K.
De Qostre Palais de Westminstre,
le 83 février 1640.
' de fait. * il lora à pnl-Hre omit. * wAn — eoiuia, AnUagrupia.
,,.CoogIc
M. de Sommelsdyck au même. Il ituùte pour Bavoir au
plalât aa volonté.
Monseigneur! S'&y amplement escrit & V. A., du 17
et 20, outre plnsieurs autres précédentes, que le vent
contraire retarde encor. Celle-cy va par Flandre, sera
partant plus briefve et que pour dire, qu'après la com-
munication je n'ay point encor entamé la matière que
y. A. sçait; différant de le faire à quand je seray d'avan-
tage esclarcj de vos dernières volontez, assavoir, sy je
me doibs tenir au premier point absolument, sans varier,
et, ne le pouvant obtenir, sy je poorraj passer à le de-
mander condîtionnellement Cela encor venant à m'estre
refusé, par des raisons valables et immuables, sy l'inten-
tion de vostre A. est de conclurre le second point. A
dire vray, Monseigneur, je ne trouve, en tout ce qui a
esté négotié, rien de solide qui lie; ce ne sont que lettres
et parolles subjectes à interprétation, & désaveu, et pour
renverser par des conditions à y opposer. En telles choses
on doibt procéder avisement et sûrement et ne perdre
aucun temps; car, sy la venue de l'ambassadeur d'f^'
pague n'est prévenue, tout sera gasté et rompu. Une
barque exprès me doibt mettre en estât d'agir, apportant
les pièces nécessmres, que j'ay cottées en celle du 17.
Plnsieurs fortes raieens m'en mettent en quelque defBence,
mais j'en pénétreray aysément le fondz dès la première
conférence et ne différeray point de conclurre, sy on m'en
donne prise. Je traîneray mon départ, avec espoir de
servir en cette occasion. Sur toutes cboses et pour une
dousatne de considérations ce traicté doibt demeurer secret;
c'est à y. A. de résoudre une fois pour touttes. Je com-
prens assez les rusons pourquoy il luy est difBcile, mais
encor doibt-il prendre party sans hésiter. On ne nous
dit plus rien, après nous avoir exhorté à patience, qu'on
dit ne pouvoir limiter, mais que serons renvoyez contans
,, Google
]640. Kévrier] — 214 —
avec un bon traicté. Cependant on n'y touche ancune-
ment; bien nous voudroit-on engager à vuider les dis-
pntea des particnliers, ce qui est da ressort d'an ordinaire.
Ne voyant donq point comme il soit possible que le Koy
convienne d'une confédération arec messeign. les Estats,
sy longuement qn'il prétend de vivre en estroitte ou ligue
on alliance avec le Say d'Espagne, je sapplye très-hum-
blement V. A. de raoyenner ma démission, laquelle je
ne précipiteray point, sy je voy de l'apparence de servir
utilement en l'un on l'autre affaire. H se parle fort doa-
teosement du temps que l'ambassadetir d'Espagne pourra
arriver en cette cour où il est désiré avec une grande
impatience. Il s'équippe fastneusement et aura grande
suitte. On lay brode en cette ville qtiatre vingt pures
de manches et payera pour l'or, l'argent, et la iaçon de
chacone, vingt livres sterlincks, et une seule robbe de
femme, couste quatre cens livres sterlincks; le galon avec
les boutons d'or et d'argent à queue monteront à bien
davantage; au bout du conte, ce n'est que pour du
valletage. Je le tiens de la bouche du brodeur, qui en
a entreprina une partye. — Les députez Escossois arri-
vèrent tous devant-hier, prétendent de n'ouvrir leurs char-
ges qu'en plein conseil devant le Roy. J'apprens qu'Oz
feront instance pour le renouvellement de la pûx de l'as
passé' et pour la confirmation des décretz du Parlement.
Je prie Dieu, Monseigneur, de bénir vos conseils de bon
succès et vostre personne de santé et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant
et très-fidèle serviteur,
FIUNÇOVS n'&BBSSBN.
De Londres, ce 24 février 164>0.
■ Le tnilé de Bcntick, du 18 juin 1639.
D,g,t7cdb/GOOgIC
LETTRE DXC
IjS même au même. Il croit avoir parlé sur raction de
' Dmng conformément à la dignité de rÉtat
Monseigneur' J'a.y changé ce matin avec le vent ]©
dessein d'envoyer ma lettre par Flandre et l'ayant à peine
mise es mains du messager , qui s'alloit embarquer, M' Jo-
achimi m'a port^ le paquet de messeîgn. les Estats, et
dans son enveloppe celle que V. Â. m'a faict l'honneur
de m'escrire dn 20, Nos deux dernières propositions se
trouvent censurées, pour des termes répntez peu sortables
& la dignité de l'Estat et n'y contredirons rien , mus nous
les avions concertés par ensemble, pour les approprier au
temps, en addouciasant la pilalle contre l'amertume, et
pensions qne l'honneur demeuroit à celuy qui avoit le
profGt. Nous avons dédnict la justice de nostre action et
en paroUes convenables à nostre condition. C'est lîi où est
le fond de l'affitîre et ne doiht retourner k reproche d'ac-
compagner un soufflet d'uu doux langage. Toutesfois,
puisque l'Estat en tire une loy pour l'avenir, je prie Dieu
que la règle jnsqnes aux parolles lay soit utile. Ma
responce k V. A. sera plus plûne par le retour du mes-
sager, que n'arresterons guëres. Je me plains de ce qu'on
ne s'est souvenu de m'envoyer une lettre au Roy, pour
partir, de bonne sorte. V. A. m'en peut encor obliger,
s'il luy plaist •Taviseray cependant considérement ce qui
se pourra foire en l'aâàire qu'elle sçait, et tascheray
d'une on d'autre sorte k en pénétrer le fonds, qui m'est
grandement suspect Je prie Dieu, Monseigneur, de m'y
ouvrir les yeux et l'entendement, afin de servir fidèlement
et utilement Y. A., selon ses désirs, et de Iny ottroyer
santé et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidelle serviteur,
nuHçors d'aers&en.
De Londres, ce 34 «trier 1640.
D,g,t7cdb/GOOgIC
LETTRE SXCI.
Le même au même. H faut se décider promptemeni si on
ne veut en aucun cas la Princeaie cadette.
Monseigneur! Ce vent d'Oost retarde toattes mes let-
trea et me met en grand soucy. J'aj satis&ict à celle
de V. Â. do 6, par la mienne dn 17; tes sorensumes
depuis, da 20 et deux du 24, l'une par la mer et l'an-
tre par la Flandre, ne touchent la chose que fort l^g^
rement V. A. y aura observé mes considérations, pour
remettre à plus particulier esclarcîsaement l'exécution de
vostre commandement; mais, y ayant pensé de plus près
et que les Princes vaellent estre obéyz et serviz à leur
mode, pour sçavoir seulz la visée de leurs conceptions,
j'ay changé d'advis, pour me tenir au pied de vostre
prescription, car il n'y a nul inconvénient à sonder de
moy-mesmes l'intention du Soy, sans faire intervenir
l'advoeu ou l'authorisation de Y. A., et non plus la con-
naissance de ce que faict monsieur de Heenvliet; cela
se pouvant encor assez à temps après ce pourparler,
qui nous pourra donner quelque clarté pour en pénétrer
le fond, et de passer mesmes jusqaes à la Royne, sj re-
marquons quelque esbranlement , sans lequel je ne l'estime
à propos, d'autant qu'elle n'y est aucanement portée et la
Royne sa mère aussy peu, qui font pour l'Espagne. iTay
donq résolu, Monseigneur, de voir le Roy, dans deux ou
trois jours seul k seul , et s'il y a lieu d'espérer du chan-
gement, j'apporteray tant et tant de raisons pregnantes
et non encor alléguées, qu'il ne tiendra point à ma fidé-
lité et conduitte que Y. A. n'en rencontre de la sa^s-
faction. Sy on me propose la puisnée, l'aage et ce qui
en dépend me feront tousiours presser pour l'aisnée, par
ce que l'Estat et Y. A. ont besoin de lignée et m'y tien-
dray, ce qui ne peut préjudicier à la négotiation du sieur
de Heenvliet, car mon ouverture procède simplement de
mon chef et sans advoeu. Cela ne succédant point, Y. A-
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 217 — [1640. Vitmr.
doîbt promptemeot résoudre ce qu'elle nous voudra com-
mander, Boit de s'en retirer sur l'inesgalité de Vaage, soit
d'acx^pter la proposition de la puisnée, pour en conclurre
la convenance en forme, au moins par une signature ré-
ciproque du Roy et de nous, en prévenant par besoigne
iaicte la venue de l'ambassadeur d'Espagne, lequel, s'il
venoit k en avoir le moindre vent, remueroit ciel et
terre, pour en renverser le progrès; en quoy il se trou-
veroit aussitost secondé de la caballe de Rome, d'Espagne,
et des papistes. Quoiqu'il en soit, Monseigneur, il im-
porte que V. A. en soit tost esclarcye et je ne sçanroy
celer à Y. A. que la forme qu'on tient k traicter l'af-
faire, m'est fort suspecte. C'est madame de Chevrense
qui a porté d'Espagne la proposition d'un double mariage
et a négotié là-dessus, peut-estre an delà de sa commis-
sion parceqae les Espagnols sont après à obtenir la Prin-
cesse, surquoy le Roy s'est tousjonrs monstre difficile,
sy on n'accorde le mesme et en mesme temps pour celle
d'Espagne. Poor lever cet obstacle, il laict à présumer
que les deux Roynes consentiroyent à iaire traicter avec
V, A. pour la puisnée , comme un moyen pour accoîser '
le peuple. Mais je ne sçanroy croire. Monseigneur, que
l'Espagnol voullust passer plus avant en ce traicté, B'îl y
a de la conclusion avec vous, n'estoit qu'on luy donnast
paroUe de l'inexécution; c'est pourquoy j'ose représenter
encor une fois, que V. A. doibt abréger ses délibérations
et s'esclarcir au premier jour de ce qu'elle se peut pro-
mettre du succès de cet aBaire. Mes prochaines informe-
ront V. A. plènement de ma rencontre avec le Roy , peut-
estre auasy avec la Royne, sy le propos de S. M. m'en
donnent occasion. Cependant j'envoye en mer, pour faire
venir des navires à Grevesend; ontretemps j'attendray l'hon-
neur de vos commandemens, sans précipiter mon départ,
car j'ay à coour le contentement de V. A. et Dieu me
soit à tesraoin, sy je ne le préfère de bien loin it tout ce
qui me touche. Le traicté du mariage ne peut demeurer
,, Google
16*0. Kt.rier] — 218 —
secret, il est en trop de boaches et de perBODoea de diven
desseins; sy concluons, il n'y a nul mal qu'il esclatte, mais
pourveu que concluions devant. Le Parlement disputera
assez celuy d'Espagne. L'aage de la puisnée me trouble
et je pancberoy bien plus vers Mademoiselle ' en France,
qui est jà sur sa douzième année et pour donner bîentost
lignée, sy elle se pouvoît obtenir, sans rien stipuler pour
sa religion , ainsi on la gagneroit aysément. £jUe a en
des grosses terres peu moins de cinq cens mille livres de
rente, sans ce qu'elle peut espérer de Monsieur. Je prie
Dieu, Monseigneur, de prospérer tous vos dt^sîrs, et V. Â.
de pardonner ma liberté , sy je l'estene trop ; c'est de zèle
que j'ay h vostre contentement, comme,
de V. A. très-humble, très-obéyssant
et très>fidèle serviteur,
FKANÇOYS D'aEBSSEH.
De Londres, ce 38 Mvrier, jour
de mardigros et du renouveUeroent
du grand ballet.
• LBTTBB DXOll.
Maurice Comte de Naesait-Siegen à if, RiuH. Défaite <ie la
flotte espagnole.
*,* La Botta espignale qui meniçoit Fentuubae (Toj'n p. 147), farta Mnrâ'
lauit d« 86 Toiln et portint doan à quiaie milto bamma, inôt A^dAraita,
par des Ibrca ds beaucoup iafétieniea, daiu qaatre Tiirieiu combeta, )e 12, 18,
14 et 17 jaDviet.
Monsieur. Si les bonnes nouvelles causent la joye aux
;ens de bien, celles-cy doivent y avoir lieu. Les forces
le Castille et de Portugal s'estoyent jointes ensemble,
iffin de nous destruîre , mais Dieu a veillé pour son peuple.
7est ce qui m'a meu à vous escrire, sachans avec com-
tien grand contentement vous les recevrez. Quand aux
«reculantes d'icelles, je m'en rapporte aux lettres qu'a
1 AaDe-Marie> Louise de Monipeugjar , Bile du Duc d'Orléani, née k
S9 mii 1637.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 219 — [1B40. M.r..
recea Son Altesse, dont je ne doute que monsieur Hu-
gnens ' ne vous fece part Plaise an Tout-Puissant nous
contïnoer ses faveurs et remplir un jour par&itement ce
pays de sa cognoissance I Et partant me recommande à vos
bonnes grâces, estant de coeur et d'affection, Monsieur,
vostre très-humble serviteur,
HADUCB COMTE DB KASSAU.
De Mauritzstadt, le 38 feb. 1640.
A Monsieur Rivet F. M. D. S. É.' et
gouverneur du Prince à la Haye.
LEITRE HXCIII.
\Ê. de Sommtltdyek ou I^fmce tT Orange, Il se défie de» m-
tentioM de la Cour et Angleterre.
MoDseigneurI Je diroy volontiers, sy je l'osoy, que je
suis taotost tas d'escrire, puis qu'uu vent contraire rend
touUes mes pênes inutiles. Le seul service de V. A.
m'attache icy et m'arrestera sy longuement que je me soy
esclarcy et résolu de vos intentions , sur l'affaire que mons.
de Heenvlict m'a communiqué, car je le pousse de corps
et d'àme; mais plusieurs choses me font grandement dou-
ter qu'on n'y procède d'un droîct pied. J'en pourray
mieux juger après-demain, quand j'en auray traicté avec
le Boy seul à seul et de moy-mesuies, sans y faire au-
cunement entrevenir l'autborisation de V. A., ny l'intel-
ligence du sieur de Heenviiet. S. M. m'a assigné à ce
jour là, pour entendre mes discours et m'ouvrir anssy
ses intentions. C'est la voye que je manday à. Y. A-, du
28, de voolloir tenir, pour me tenir précisément au pied
de vos commandemens. Mon but va à parler et presser
pour la princesse aisnée et de n'y varier point. Mon instance
sera appuyée de preguantes raisons, tant pour l'obtenir
que pour exclurre toutft autre concurrence de rivalité. Je
' H. de Zaf^cbm ■ TidSi HisWra du St. Énpgiia.
,, Google
16*0. Mtn.-} — ^il' —
m'oavriray plèDemeat de la rencontre au dît siettr de
Heenvliet, ^n qu'elle donne plus de clarté à Y. A. n
y a sept jours entiers, que les ballets, dévotions et antres
excuses font remettre cette communication, mais je pense
qu'il ne me sera trop difficile de pénétrer les intentions
du coeur. S'il nous taut désespérer de l'aisnée, comme je
tiens que l'Espagnol en a la promesse, Y. Â. pensera et
repensera dix fois, s'il luy plaist, sy l'aage de la seconde,
quand elle nous seroit bien assurée, ne seroit de trop
longue attente pour la lignée !i en espérer. Sy cette con-
sidération ne vous choque, vous en devez prendre la pré-
sentation au bond, sans songer, en obligeant au mesme
instant leurs Majestez d'en signer le contract, au moins
là promesse; de trouver bon que le mariage soit fîûct par
paroUes de présent et la Princesse transportée aux Pro-
vinces-Unies, qaand voz Altesses l'envoyeront prendre en
forme; mus j& ne sçauroy approuver de (aire passer la
mer à monseigneur le Prince Guillaume, c'est vostre unique
et auquel réside vostre espérance et celle de l'Ëstat La
droicte ligne de feu monseigneur le Prince Guillaume a nn
puissant pouvoir snr les coeurs de noz peuples , que la col-
latérale ne scauroit prétendre. De le bazarder de la sorte
seroit témérité, il tomberoit eu main estrangère; ce ne se-
roit que danses et festins; d'autres of6cierB que les siens
auroyent à le traicter, et l'Espagnol qui, de soy ou par sa
action, est tout paissant en cette cour, ne seroit point ponr
s'endormir sur telle occasion. L'excuse de sa venue pour-
roit estre imputée à l'Estat, miùs c'est & V. A. de prendre
sa rosolution et la tenir cachée; car, quoy qu'il s'en die, je
ne puis celer à Y. A. que toutte cette action m'est snspecte
et que le dessein va k nous leurrer de parolles, tandiz qu'on
se ligne avec l'Espagne ; peut-estre pense-on avec cela amu-
ser le peuple, qui d>^sire nostre conjonction. Je m'aheurte
principalement sur ce que je voy qu'on traicte avec l'Es-
pagne et qu'on nous refuse l'aisnée, pour la luy donner,
et avec elle son droict à la succession à son tour; qui est
exposer la vie des Princes à mille attentatz, et s'il y avoit
,,.GoogIc
— 221 — [1640. Msr».
la moindre rancenr' contre l'Espagnol, on se mettroît en
antre posture, pour se lier avec nous; mais ainsi que de
bonche, on offre tout an sienr de Heenvliet pour la
seconde, de mesme nons parle-on à tontte rencontre de
Toalloir conclnrre une bonne ligne avec nons et nous ren-
voyer plus contens que jamais; là-deasos on nous laisse
morfondre, sans pins y penser. Encor ce matin M. Vaen
m'a dit qne le Boy voulloit conférer rondement avec moy
de tontes choses , mais luy demandant quand S. M. pen-
sera à nostre dépêche, „ce n'en est point encor le temps,"
a-il respondn. C'est-à-dire, qu'on vent achever avec Es-
pagne, premier que de parler à nons; joint que nostre
long séjour en conr peut servir à intimider les Escossois.
J'en seray, aydant Dieu, pins sçavant d'icy à deux jours
et en manderay mon sentiment par mons. de HeenvUet
Les députés d'Escosse furent le premier de ce mois par leur
grand thrésorier introduicts devant le Roy, sans qu'il s'y
trouva aucun Ânglois présent; lay présentèrent à genoulx
un escrit auquel ils se trouvèrent qualifiés députés, tendant
à ce qu'il plenst à S. M. confirmer la p^ faicte l'an
passé avec enx, et d'approuver en suitte les résultats du
Parlement. S. M. leur respondit avoir attendu des snp-
plians et point des députés. Leur réplique fiit qu'ils ve-
noyent au nom du Parlement, avec lettres, instruction
et pouvoir; qu'ils prendront toutesfois telle qualification
que S. M. voudra. Le Roy dît qu'il leur donner oit
des commissures, et eux anssytost qu'ils avoyent charge
de s'adresser au Roy devant sa Noblesse et point aux
commissaires, qui se pourroyent mesprendre au rapport,
ainsi qn'avoit faïct le grand-trésorier là présent , qui
avoit tranché de deux costés et &ict croire à S. M. une
chose et à eux une antre; qu'ils désîroyent donq faire
leur justification devant la Noblesse on le Parlement du
royaume, avec snbmîssion qne s'ils n'avèrent qu'on en
veut à leur religion, & leur liberté et à leurs privilèges,
que sur leur jugement itz veullent passer pour rebelles
,, Google
1040. Mtn.]
. 222 -
et recevoir la punition qui sers ordonnée. S. M. leur
refusa de preadre aucune prescription d'eux, mais ordonna
qu'ilz eussent ^ proposer leurs demandes par escrit et le
bailler au dit grand-thrésorier, ce qu'ils achèveront ce
jourdhny. — Lie Cardinal-in&nt a desja levé et transporté
à Dnynkercke, sonbs la permission da Roy, mil à douze
cens Anglois. On m'asaeure en outre qu'il se bastit
nombre de vaisseaux de cinq, six, et sept cens tonneaux,
pour le roy d'Espagne et que le Roy permet que les ar-
bres Boyent couppés en Bes forests. C'est contre la seu-
reté et les maximes du royaume. V". A. voit jusqnes où
ma liberté s'estend; s'il vous plaist, vous ]a bornerez à
son point; elle a vostre service pour tout et seul bat
Je prie Dieu, Monseigneur, de prendre les désirs et les
desseins, avec la personne de Y. Â., en sa protection.
De y. A., très-humble, très-obéyssant et très-
iidelie serviteur,
FRANCO Y9 d'à
De Ijoiutret, ce S mara 1640.
LBTTKE BXCIV.
Le même aa même. Audience auprit du Rot ^Angleterre.
Monseigneur ! M' de Heenvliet s'en retourne vous ren-
dre conte de la négotjation, qu'il a traictée en cette
cour, avec assez de subjection et beaucoup de soin ; mais
aura besoin d'estre plus plènement esclarcy deg intentions
de y. Â-, premier que d'en reprendre les arrhemens, car
il n'a encor que des parollea et qui dépendent de l'évé-
nement de plusieurs choses, qui se démènent et sont &at
douteuMs. Je fay estât de le suivre, contre ce que j'en
avoy pensé, aussy-tost que les navires seront venus, puis-
que par une plus longue présence je ne sçauroy de long
tems servir y. Â. ny l'Estat. Selon que je manday par
mes lettres du 26 et du 3, j'eus hier l'honneur d'entre-
tenir une bonne espace de temps le Roy, teste à teste,
,,GoogIc
— 223 — [1640. Msra.
en audience concertée; ma di^duction <\it longue, mais ex-
près entreconppée, par parcelias, pour en former on dis-
cours familier et pénétrer ainsi les vrtâz sentimens. Après
donq avoir parlé combien U estoit nécessure que cette
Couronne et les ProvincoB fussent estroittement liées, d'au-
tant que la ruine de l'une seroît un degré à celle de
l'autre, je passay aossytost à poser qu'il ne seroit pos-
sible de trouver plus estroitte liaison qne celle de mon-
seigneur Je Prince Guillaume, avec madame la Princesse,
Prince bien né, beau, jadîcietut au delà de son aage et,
après les trois Kois, plus considérable et préférable h tons
les antres Princes de l'Europe, ce que j'appnyoy par des
rusons p^pables, k intention de recommander son inclu-
sion , autant que l'exclusion du Prince d'Espagne de
cette recerche, et pense certes que Dieu me fit la gr&ce
de n'y rien oublier. S. M. ne se monstra aucunement
snrprinse de cette proposition , mais d'entrée me demanda
sy j'avoy commission de V. A. pour en traicter et, sans
m'attendre, elle-meames dit qne non, puisque j'avoy dé-
claré ne parler que de moy-mesmes. J'advouay franche-
ment, n'en avoir aucune chaîne particulière, toutesfois
qu'en ayant une fois assez superficiellement touché un mot
il V. A., avant qu'avoir pensé à cette ambassade, je
l'avoy entendue faire grand' estime de cette alliance, sans
s'en déclarer autrement, mais pour ne perdre un bon af-
laire, à faute de quelque forme, que j'en vouUoy escrire
à V. A-, laquelle sans point de doute embrasseroit, avec
le respect qu'il convient, l'honneur de mon ouverture.
S. M., pour ne s'y engager davantage, conppa ce pro-
pos, en me disant qu'il &ut garder l'honneur aux filles
et attendre qu'elles soyent recercbées, sans les présenter.
„CeUe recerche," fy-je, „ne tarderoit guères, s'yl n'y avoit
que ce seul scrupule , lequ^ ne se peut lever que par le
moien d'une &vorable déclaration de S- M.;" mais elle
retourna à son premier lang^;e, qu'elle ne me pouvoit
respondre plus avant, puisque je n'en avoy point de charge,
et qu'il voulloit garder l'honnenr de sa fille; qu'il estimoît
,,Googlc
1040. M*n]
■ 224 ■
bien fort la personne de Y. A-, et se ferma Ik, sans s'es-
pliquer sy cette estime s'entendoit de l'alliance, on du
mérite et toz autres qualités. Je passay plus outre, que
le bruict estoit que madame de Chevreuse en auroit jb
traicté, au moins en seroit en traicté pour l'Espagne. Je
reconnoz aussytost de la muayson ' à son visage , et se mit
à me dire qu'il ne permettra jamais qne des femmes se
meslent de tel atlaire, qu'elle est bonne dame et venue
en ce royaume pour d'autres occasions que je ne sçaoroy
ignorer. Je ne roe rendiz point, Monseigneur, pour cette
defiaicte , car je sçay de certain jusques où elle en a con-
venu, et toutesfois, pour ne choquer directement, j'allé-
guay que l'ambassadeur d'Espagne, sur des précédens pour-
parlers, s'attendoit pour en passer la conclusion, au dire
d'an chasciin. S. M. avoua qu'il en pourra bien faire quel-
que proposition, qne c'est une honeste personne et le pins
courtois Espagnol qu'il ait jamus connu , et qui l'a autant
obligé durant son séjour en Espagne. N'en pouvant tirer
davantage et ne d<'sirant perdre le fil de mon sabject,je
revins k dire que le Roy d'Eispagne, par cette alliance,
feroit deux grands coups d'une pierre, premièrement tien-
droit ce royaume en perpétuelle transe, pour la vie des
Princes, laquelle seule pourroit exclurre de la succession,
qu'il n'a peu conquérir par armes, ny par conspirations;
qu'en cela l'Italie et tous les papistes, au moien de ses
corruptions, coopéreront; par après qu'il fera perdre i
S. M. la créance et la réputation, parmy tous ses alliez,
qui feront leur construction, que Y. M. donne aussy ses
affections et intérestz avec sa fille et qu'à mesure qu'elle
s'approche d'Espagne, elle s'esloigne aussy d'eux; sera
aussy trouvé d'autant plus estrange, que le Boy d'Es-
pagne refuse de bailler sa allé* au Prince*, et reçoit celle
d'Angleterre pour l'instruire, ne comportant la monar-
chie d'Espagne autre alliance que catholique-romains,
sa caballe ayant juré inimitié à toute autre ; que nul ne
sçait cela mieux que S. M. mesmes, qui Va ainsi esprouvé
■ du cltingeninit. ■ Marie- Th^rk« , née 20 «ept. 1&3S. * Ch»rin II.
,,.GoogIc
— 225 — ri(MO. Murs.
en sa propre pereonne; à qui, pour rompre son espérance
do mariage, fut proposé cette honteuse condition de se
Jure catholique; ûnsî dira-on que l'Espagnol aura tes-
moigné plus de zfele pour sa fille et sa religion que 6. M.
qui porte le beau titre de défenseur de la foy. S. M. dit
réaoluement de ne permettre jamais, quand on en vien-
droit Ut, qu'il soit touché à la conscience de sa fiUe, ny
à l'instruction qu'elle a jà receae; „niai3 Sire," fis*je, „on
changera sa maison en sy grande tendresse, on la des-
bauchera, et luy fera-on apprendre qu'elle doibt oublier
le p^re, pour adhiSrer à l'espoux, aussy bien en l'autre
monde qn'ea cellay-cy, ainsi viendra-il & perdre l'amitié
de sa fille, sans gagner celle du gendre." S. M. me dit
qu'elle y donneroit bon ordre et, pour ce que j'avoy al-
légué son exemple , qu'il me pourroit asseurer que , si les
ministres, comme le conte de Bristol et antres, l'eussent
fidèlement servy, il eust ayaéœent conservé sa reli^on et
espousé l'Infante. Je luy diz que maintenant il avoit faict
une pins seure et meilleure eslectîon, ce qu'il dit aussy-
tost estre véritable. „Mais Sire," dis-je, „y. M. a moyen
de prendre maintenant une belle revange sur l'Espagnol
qui, en recerchant vostre fille, pense bien plus à vostre
courronne, car sa grandeur a esté bastye au moyen des
mariages." S. M. s'en mit à rire et se teut Je luy de-
manday sy elle aurait aggréable que je fisse ce mesme
discours à la Royne? „Ouy bien," répondit-elle, „8y en
avez commission , à cett' heure cela ne serviroit à rien." —
Cest, Monseigneur, ce qui se passa hier en gros. Tout
conté, déduit et rabbatu, la somme en est, que S. M.
ne s'en a touIIu ouvrir, mais les circonstances peuvent
faire voir k V. A. que l'acre est esbauché bien avant
avec l'Espagnol et que n'en devez espérer aucune antre
déclaration, qu'on n'ait conclu on rompu avec luy. Les
Koynes et toutte leur [cabale] est bandée pour l'inclusion
du Prince d'Espagne. A mon retour, aydant Dieu, j'es-
përe vous en faire ma déduction par le menu; j'en ay dit
quelque mot i, monsieur de Heenvliet Je tiendray k
,,Googlc
1640. M«r..J — 22(1 —
faonnear que madame la Princesse poisse avoir lectnie
de celle-cy, car mon indisposition ne me permet pas de
ïny escrire séparément. Ce me cera digne récompense,
sy je Toos ay servy en ce faict k Tostre contentement,
selon vostre intention.
' Monseigneur, en pensant laisser le Boy, S. M. dit me
voulloir parler d'one antre chose; de faict je l'attendoy
sor ma commission, demeure on retraïcte; miûa, sans en
dire un seul mot, elle désira que j'escrivisse à Y. Â. en
son nom et me pria d'y joindre anssy mon intercession,
afin que Goringh, Herconrt et Colpeper fussent exempts
de la résolution de messeigneurs les Estats contre les
officiers qui s'absenteront de vostre campagne l'esté pro-
chain, et qu'en cela vous luy ferez faveur et grand plaisir.
Je loy remonstray qne cela ne dépendoit plus de V. Â.,
que la conséquence en iroit loin au regard des autres
nations. Le Koy repartit qu'il sçavoit bien que le pouviez,
sy le voolHez; qu'il vous demandoit cette courtoisie , poor
vous en rendre une pins grande, en pareille ou autre
occasion; sy c'est trop que trois, qu'il se contentera de
Goring et d'Hercoort, mesmes de Goring seul, &isant
estât qne Iny tesmoignerez vostre affection en cette prière;
ce ne sera point sans offence s'il ne l'obtient. Je prie
Dieu, Monseigneur, qn'il doint toutte prospérité à vos
désirs et à vostre personne.
De V. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidèle serviteur,
7BANÇOT8 n'AKBSSXN.
De Londres, ce 6 mars 1640.
' K*. BXCIV-.
Nouvelles diveriea mr la affaire en Angleterre.
Le conseil dn Boy est divisé. Le plus grand nombre
' Cl qtà nâl , n'ajfomt auaui vatéril pour la Priaatie , al iait iv
une JinùOe i part.
' De ta atùa dt M. de SûntmsUdyek. Au dtttiu il a écrit : Mémoire.
,,.GoogIc
— 227 — [IMO. M»r».
est pour la paix; les antres, pins authorisez snr les affaires»
cercbent occasion de guerre, afin de procurer par lenr
violence le changement auquel ilz tendent A telle con-
trariété les conseils sont perplex. Ceux qui viendront à
se prévaloir, renverseront les autres et , sans l'attendre , les
plus puissans recalent desj^ cenx qui refusent de se mettre
des leoTB ; de sorte que nul se tient asseuré de sa condi-
tion. Le B07 ne parle clair et jusqu'icy les laisse faire;
[l'esclat] s'en doibt suivre en peu de temps. Le Mûre
s'excuse de lever rien sur le peuple, pour construire des
vùsseaux; les plus violens entendent qu'il ait à procéder
par exécution; il dit que toute la ville s'oppose et en
appelle devant le Parlement. Sur cela, il est menacé de
prison, contre les voix de la plus grand part du conseil;
en sa présence les excnses sont approuvées.
On s^me parmy le peuple que, sur l'exemple de la
France et de l'Espagne, autrefois régies par les Estatz,
comme cette conrronne, touttes ces nouveautés tendent à
une absolue Monarchie, avec changement de religion, sur
et par te moyen de l'occasion affectée d'un non nécessûre
mouvement contre l'Escosse.
Qu'avant la tenue da Parlement on prétend mettre sur
pied une armée de trente mille hommes de pied et de trois
mille chevaux, levés d'an argent emprunté sur une partye
de la Noblesse, contre l'ordre et les règles du Royaume.
La manière de la levée est tontte changée; an lieu de
trainebands, on procédera par contoûnte, pour ce que
ceux-cy se contenteront de lenr paye, sans s'enquérir des
causes on prétextes de la gaerre; an lien que les autres
ne sont tenoz de servir que pour la défense du Boyanme
et ont trop de dépendence des provinces. Dès hier forent
distribuées quinze commissions, pour lever quinze cens
chevaux et les conduire vers l'Escosse, où seront pareil-
lement envoyés une partye des navires marchans et de
Keufchastel '. Les grandz du Roy se mettent pareillement
en estât pour s'entretenir en la Manche.
' Ncvcutls.
,,Googlc
1010 Mura,] — 228 —
Les vivres et aatres provisions s'acheptent aa nom da
Roy, à prix &ict, mais avec tant de perte, sy à certain
jour nommé S. M. déclare ne se voulloir tenir à TacIiepL
On va choisir les lieox ofl désormais auront k se tenir
les navires du Roy. Les havres à choisir seront fortifiés
à la moderne, et aura-on esgard de les exposer à divers
ventz, pour ne plus tomber au mesme inconvénient que
lors du combat des Dunes , qu'un seul vent empescha tous
les navires du Roy de sortir et laissa fiùre aux Hollan-
dois leur volonté, contre les ordres donnez par S. M.
Sy la guerre va avant contre l'Escosse , alors , dit-on , par-
lera-on avec les ambassadenrs de messeigneurs les Estats ,
pour traicter d'alliance , mais paix se Ëûsant, on attendra
ce que succédera de la négotiation de l'ambassadeur d'Es-
pagne, portant de fort grandes conditions, et est le dit
ambassadeur attendu avec une grande impatience de ceax
qni coorrent après le changement
6 mars 1640.
LEirmE Dxcv.
fje Prince d^ Orange à if . de Sommeladi/ck. Il le prêtée de
conclure le mariage.
Monsieur! J'ay apris par vos lettres la commnniqua-
tion que le sieur de Heenvliet vous a fait du traitté pour
lequel il est en Angleterre, et ce que depuis c'est passé
sur ce suget, par où je cognois qu'il ne faut plus songer
à la recherche de la Princesse ainée, m^s penser i celle
de la segonde, et le faire rénsir ausi prestement qu'il se
pourra, car je crains que le retardement pouroit en em-
pêcher la conclusion, car vous remarqués très-bien qae
l'Espagne, la France, et plusieurs autres, espèrent à cette
alliance pour des diférens intéretz.
Je TOUS supplie donc de prendre ceste affaire à ceur
et, en parlant au Roy, luy faire comprendre qae se ne
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 229 — [IC40. M.«.
sera pas seulement une aliénée particulière avec moy ,
mais qae se ' sera ane plus grande confirmation de la bonne
intelligence qu'il y a entre S, M, et cest Estât S'il plaist
à S. M. d'y entendre, comme il semble qu'il ne s'en éloigne
pas, par la reponce que M. Yaen a doné de sa part par
escrit ^ M. de Heenvliet à cest effect , je pense que
l'on derrat se contenter, pour le douaire delà Princesse,
de l'offre faïcte par la ditte réponce, en y adjoutant par
desus 20,000 florins par an, com' a eu la Reyne de Bo-
hème et d'autres choses , que je mets à ma lettre à M. de
Heenvliet De mon costé, l'on ponrroit offrir ce que je
marque au dit sieur de Heenvliet, mais comme l'on ne
sait pas se* qu'ils désireront, ny de quoy il' se contente-
ront, ii est difficile d'i répondre. Par tant je vous envoie
'un blanq signé de ma main pour le remplir, ou d'une
procure, ou des articles dont vous conviendrés en mon
nom, en achevant et concluant cest affaire et y procé-
dant, comme vous le trouverez le plus à propos. — Sur
tout je désirerois extrêmement (l'afaîre succédant) que la
Princesse peut estre amenée en cest Estât, pour lequel
effect l'on ponrroit arester le temps que mon fils paaseroit
en Angleterre, quandt le mariage se feroit, et quandt ils
passeront la mer pour venir par deçà , oii vous ponvés
assenrer le Boy que la Princesse sera recene, honorée,
élevée, entretenne et respectée, ainsi qu'il apartîent à une
Princesse de si haute extraction.
Je vons prie donc, Monsieur, que, par dessus tant
d'antres tesmoignages que vous m'avez fait parestre de
vofitre affection, vous me départies enquores celluy lit,
d'avoir le soin que ceste affaire, qui est tellement adven-
tageuse à moi et à toute ma maison , puisse réussir à une
fin telle que je la souhaitte. Je vous en auray une trèz
particulière obligation, que je recognoistray par mou ser-
vice, quandt vous m'en ferés naître les moiens. — Vous
recevrés par ce porteur la lettre, que M. les Estas escri-
' ce. * ili. * £c/ guêtre liffiei nàvaniti , jiaqWà la fi» dt
la fhtttte , Itmt de la «mm de M. de Zttyliiihem.
,, Google
vent au Eoy, sur le suget de vostre retour, lequel je
vous souhaitte heureuB et que vous y puisaîés trouver ce
que vous désirés à vostre contentement. Je veus espérer
et vous en supplie que, si quelque peu de jours vous
peuvent doner espéreuce d'une bonne issue en l'afiure
de ceste alliance, vous ne refuserez pas quelque peu de
temps, pour la faire heureuflement conclurre et i. tant
je demeure etc.
' Postdate. En Jàisant fermer ceste lettre, j'en reçois une
du S' de Heenvliet du 2 de ce mois, par laquelle, comme
il me mande debvoir partir dans 3 jours aprës, je vous
prie, s'il n'est plus 1^ à l'arrivée de ce pacquet, d'ouvrir
la lettre que je luy escris et de vous servir du contenu,
comme jugerez convenable.
LETTRE DXCn.
Le Comte Henri- Casimir à la Comteue douairière de Nasêtn^
Dieu. Nomdles.
Madame. Celles que Y. Esc a eue pour agréable de
m'escrire le '*/» et *'/ii de mars m'ont esté rendues & la
fois, par lesquelles j'aj apprins, arec beaucoup de con-
tentement, le bon estât tant de vostre santé que de vos
afiîùres, lesqnelles je trouve que le Koy de Dennemarck
pousse -d'une très-bonne façon et ponr cela en espère une
heureuse issue; j'ay escrit c'est apprës-disné, suivant le
commandement de V. Exe, à madame 1» Landgravinne
et M' Milander; ce que cela effectuera le temps nous
l'apprandra. Et puisque vous désirez. Madame, que tou-
chant l'affaire secrète je prosséde à l'imitation de feu mes-
sienra mon oncle et père, j'envoye demain D' Sonïus vers
Lewardeu, pour examiner les papiers qui sont là, et me
comporteray à peu prez selon leur exemple. Le capi-
^ P. S.dt U wmn dt M. d* ZufUeAtm.
,, Google
231 [1840. A.riU
tiùne de cavaillerie S* Martin estant venu ^ trespasser,
messieurs de Grocingae ont trouvé bon de me poorveoir
de la compagnie, sans qae j'en aye dit la moindre pa-
role; elle est une de celles qui sont en dispute entre son
Altesse et les messieurs susdicts, mais, pour l'amour de
moy, moDsienr le Prince le laissera passer pour ceste
fois; demain au matm les patentes partiront vers les trou-
pes de mon gouvernement, pour estre le dernier de ce
mois, nouveau stil, an rendé'voos. C'est, Madame,
de vostre Excellence le très-humble et très-
obéissant serviteur,
H. C. DE NISBAC.
De la Haye, ce %, d'avril 1640.
* liETTBE DXCTn.
' Burlamaqui à M. de SommeltdycL Nécettùé de terminer
prompiêment U» d^érendt entre ^Angleterre et lei Pro-
vineet-Vnieê.
Monseigneur I... Depuis vostre partementles affîdres vont
roulant Le parlement se tient désïrenx, pour ce qui tou-
che à la maison basse, de donner toute assistance au Boy,
si seulement il les veut asseurer de trois choses; l'une,
qn'en la religion n'y aura altération , l'autre que chascun
puisse jouir du sien, selon les loix du royaume, et le troi-
sième, qu'ils puissent remonstrer librement et diaconrrir
entre eux, sans danger d'estre par après emprisonnez. Sur
cecy on débat, et je tiens, si on les laisse un peu s'escsr-
moucher et qu'on este diverses grandes nouveautez, qui
sont glissées au gouvernement, qu'ils s'accorderont et don-
neront de l'argent au Roy. D est vray qu'ils appréhen-
dent d'entrer en guerre nationale avec Iliscosse, et vou-
droyent vojontiers s'émanciper d'y porter quelque qualifi-
cation, mais il semble que S. M. ne le leur veut permettre,
estant une chose résolue et qui dépend unique-
■ yogt* p. 287.
,, Google
1640. Aïfil.J — 232 —
ment di> sa royale autorité. Nous avons non seulement
le marquis de Yelada, ambassadeur d'Espagne, mais nn
autre marquis de la maison des Malrezzi, Italien de na-
tion, grandement farori du Conte-duc, dépescLé, selon'
pouvons comprendre , après la nouvelle venue en Espagne
de la perte de leur âotte sur la coste du Brasil, ponr
faire instance pins grande que l'antre n'avoit encores en
commission, d'avoir navires angloises à leur paye. H feit
oSre de joindre les Anglois aux Portngois aux Indes
Orientales, et encores pins avant de permettre le trafSc à
celles de l'Occident. Chose bien nouvelle, et qu'on n'an-
roit jamais attendue, qui montre que ne sont k leur aise,
o&ant outre tout cecy une grande somme d'argent ^
S. M. — Propositions très-dangereuses, en premier lieu,
ponr tenir le Roy arrière de l'accord, qu'autrement on es-
père qu'il fera avec son peuple, et en second lieu, pour
le danger qu'il y a de les rendre maistres des forces du
royaume, comme ils seroyent, s'ils avoyent 20 ou 25 na-
vires, bien artillées et équipées. Mab sur tout pour une
conséquence infallible qui suivra, si le malheur veut qu'ils
prévalent, de mettre S. M. et ses subjects aux prises avec
les vostres, soit aux Indes Orientales on Occidentales , qni
ne peut estre que de très-pemitieuse suite es affaires de
l'Europe. H faut espérer que Dieu conduira le coeur du
Roy en sorte que, non obstant les persuasions de cens qui
Uennent ce parti, pour un peu de profit que leur en vient
par le commerce, qu'il ne quittera de tout les vielles
maximes qui ont prt^servé ses Estais, pour prendre cel-
les-cy, qui sans doute les mettroyent en ruine. U enst
esté à désirer que l'accord entre les deux compagnies
Ângloise et Hollandoise eust esté bien stipulé , avant que
ces ouvertures vinssent faites, et n'y faudroit perdre temps,
car la plus part des Anglois, sur un renouvellement d'ac-
cord entre eux et vous, s'i attacheront plus volontiers
qu'avec les Portngois, desquels ils ne peuvent se fier.
"Vous avez feit très-bien , Monseigneur, d'y tenir la main
D,g,t7cdb/GOOgIC
— Xàô — [1640, AniL
et serojt bien nécessaire qu'on y travaillast sérieusement
La chose n'est pas difficile, si on prend le chemin que
monseigneur Joachimi et mons. Brassart prindrent, et
qne, sans disputer du passé, on vinst & une compensation
générale des prétentions réelles des uns vers les autres,
laissant celles qui sont plustost de lucro cettante qne de
pertes on domages, causez les uns aox antres par prises
ou violences usées. Jnsques là ces Messieurs avouent
conduit l'afiFaÎTe et ne restoit qne de donner le nom à une
sonmie, qui devoit conclnrre tout et produire une am-
nistie générale du passé, et sur tout du fait d'Amhoina.
Je ne vois pas difficulté qne cela ne puisse estre résumé, et
si monseigneur Joachimi en anra la direc^on, il peut fort
iacilement et bneft^ement acheminer et parachever l'affaire.
n seroit bon qu'un des commis de la Compagnie se trourast
icy, pour accorder aussi un règlement pour l'avenir; chose
très-nécessaire pour empescher nouveaux désordres, et qui
toutesfois ne se peut bien faire qn'entre les marchands.
Je œ'advance de dire mon opinion librement, vous asseu-
rant, Monseigneur, que ce sera plus fecile de venir de
tout il bout icj que par delà, pour diverses considérati-
ons, surtout pour éviter les délays et longeurs qne pon-
royent naistre jnsques à ce que monsieur Boswell y fîist,
et par la nature lente du personnage, qui est autrement
trës-homme de bien, mais de présent, pour prévenir les
Espagnols, il seroit nécessaire qu'on agist promptement.
Les gens de bien sont indififérens où l'affaire s'achève,
pourveu qu'elle se face. Ainsi je trouve divers avec les-
quels j'ay conféré, estre disposés. Ce sera à vous, Mon-
seigneur, de prendre ce mien advis en considération et,
selon vostre grande prudence et longue expérience, diriger
le tout, en sorte que puisse porter une bonne confir-
mation à la correspondance et intelligence entre S. M.
et mess" les Ëstats et les subjects d'une part et d'an-
tre, ne manquant des instruments qui cerchent de tra-
verser le succès et avancer l'accord et traité avec les
autres. Dieu, par sa grâce, conduise tout, selon qu'il
,,CoogIc
IMO. Avril] — 234 —
cognoist estre poar l'adTSDsement de son honnenr et gloire
et le bien commun. — 'Je vona supplie, MoDseigneur, par-
donner à ma franchise ou plutost hardiesse, de mettre ce8
discours par escrit. Je vois la nécessité, qoi conseille
qo'on mette la main k l'oeuvre; autrement pour aaseorj
ces gens préviendront et par leur pratiques causeront da
mal, oà, si on les prévient, ils seront âiistrés de leur
attente et peust-estre du mariage et alliance, qu'Os tien-
nent pour fàicte, encorea que leur pins paissante entre-
mise . madame de Chevreuse , soit partie , de peur d'estte
rencontrée par son mari et ramenée en France. Je finirai,
après avoir prié Dieu qu'il vous donne le contentement
de vos bons désire et d'avoir protesté que je sois, Mon-
seigneor,
vostre tr^humble serviteur,
PB. BOBLAJfACOL
Ce 30 d'arnl 1840.
LBTimB BXCVin.
fi^derie-Caaanir, Prince Palatin, au Prinee if Orange. Il bâ
recùmmande ton jUa.
*.■ Le Friniai (1E8G— 1M6), Duc ds BiTiïn-Dnn-Pooti, vroit tyoa»i
Emilie II , fillo de GBillinme I. Prince d'OriDge et de Cbarlotte de Bourbon.
Leur flia Frâaiic-Lonia (lOlQ— 1681) £(oJt la Mrrice des Prorincea-Uniee.
Monsieur. Ma caducité et celle de ma femme, laquelle
la continuation de nos misères d'Allemagne rengrége* d'au-
tant plus, a esté cause que mon fils, Frideric-Louys Prince
Palatin, vous a supplié de luj permettre de faire un tour
de deçà; pour estre devant nostre déceds * instruit en ses
affaires. Là où il nous a fait un récit très-particulier des
&veurB et bien&its dont vostre bonté l'a voulu combler,
depuis qu'elle l'a daigné recevoir en sa maison. A quoy si
j'adjouste ceux là qu'avez. Monsieur, départi à ma femma
' Ce gm ttUt nt tulographe. * apgnTe. * d^cèi.
,,Googlc
— 235 — [1640. Avril
durant nostre exil; où hélas, doqs sommes plongez, non
par nostre faulte, ains poar la cause commune; il n'est
point de paroles pour en faire le remerciment. Aussy
n'en feroy-je point d'autres que de prier le ciel d'en
vouloir estre le rémunérateur, jusques h. ce qu'après un
changement de ce funsste temps, j'aye mojen de me re-
vancher en quelque façon de si hautes faveurs. Or d'au-
tant que l'aage et la condition de mou dit fils, comme
anssy nostre estât présent, requièrent son advancement,
et je vous sçais. Monsieur, ai par&ict en générosité et
charité, que vous ne la vouldrïez discontinuer à vostre
sang en sa nécessité, ni perdre vos premières bien&its;
pour ces raisons je preus la liberté, comme j'ay la con-
fiance de l'oser espérer pour lay d'un si bon oncle, de
rooB en fiùre. Monsieur, par ces lignes ma supplication
très-humble. Yen que ce seroît de manvatse grftce d'am-
bitionner ou accepter le dit advancemeut ajllenrs , hors de
l'estendue de vostre commendement; lequel mon fils ne
peult trouver en la chrestienté soubs un pins grand chef
ni soubs un plus proche ou plus puissant parent; uy eu
aulcuu climat, où la confusion (comme par abus on ap-
pelle la guerre) soit plus régulière et plus utile au pays
mesme, voire redoutable ans ennemis, qu'es Provinces-
Unies, soubs vostre conduite, Monsieur. Octroez ' donc.
Monsieur, suivant ceste requeste, à vostre nepveu ce ré-
giment vacant, auquel il a une compagnie depuis quel-
ques années; et à cause duquel ma femme, vostre soeur,
a cy-devant fait ses instances, et je vous réitère les
miennes icy très-humbles; afin que par ce moyen mon fils
puisse promptement et sans mespris retourner en vostre
armée, vivre doresnavant un peu plus selon sa naissance,
qu'il n'a peu faire par le passé, et vous rendre, Monsieur,
et à tonte vostre maison ce à quoy il est, et sera par ce
moyen encor plus obligé. — Quand à moy, ce me sera
un nouveau et asseuré gage de vostre bienvneillance; que
je graveray an fond de mon àme, et seray sans réserve,
,, Google
1640. Mii] — 236 —
si Dieu me fut la giice de vous le pouvoir un jour tes-
moigner ou aux vostres, Monsieur mon frère,
vostre tarës-humble et très-obligé frère et
serviteur ,
PKIDBEIC-CABUUR PBINCB PALATIN.
De Uontfort', ce 14 d'apTiil 1640.
A Uonsienr le Prioce d'Orange.
LETTBB BXCIX.
Le Comte Benri-Casimir à la Comieese davaùHre de Nat-
mu-DieU. Nouvelles mUiiaires,
Madame. A la fin le dépard de mons' le Prince
est arresté pour demain au matin; il yra dianer Jt Del&-
baven et coucher an rendévous à Dordt, d'où il &it estât
de partir bieDtost; l'armée consistera en 280 compaignies
d'in&nterie et 62 de cavaillerie avec 114 pièces d'arteil-
lerie. S. A. seroit esté desjà au rendévous le 1 de ce
mois, si le manquement des batteaux n'eût empesché l'ar-
rivée des trouppes, qui y estoyent assignées pour le der-
nier du passé. J'espère, Madame, qu'on brief V. Exe en-
tendra que nous ayons commencez quelque aâaire d'im-
portance, et que le Tout-puissant y joindra sa bénédiction,
pour l'ascbever à la louange de son Nom et le bien de
l'Estat . . . Madame , je me recommande très-humblement
en l'honneur de vos bonnes grâces, et demeure dévote-
ment, Madame,
de vostre Excellence très- humble et très-
obéissant fils et serviteur,
H. G. SE NASSAU.
De la Haye, ce 7 may 1640.
■ Chiteau en Allemagne dsni le Rhialbil (F).
,, Google
LETTRE BC.
Henri Prince de Condi^ au Printx it Orange. Meoomman~
dation.
Monsieur. C'est pour supller V. A. de tout mon coeur
de vouloir, en ma faveur, considérer ans occasions un jeune
gen^bomme, fils du S' Desmairais, qui m'a servi toatte
la vie en qualité de lieutenant de mes gardes. J'en auray
très-grande obligation ^ Y. Â., si elle foict quelque chose
pour lay et demeureray en rescompense pour jamais,
Monsieur ,
De V. Â. bien humble et très-affectionné serviteur,
HENBY SB BOURBON,
Prioce de Condé.
De St. Jéhen. ce 13 ma> 1610.
M. dt SommeUdyck aa Prince <f Orange. Âffairei ^AngUierre.
MonseigneurI Sy Y. Â. en a le loisir, la cy-jointe de
Burlamachi' mérite que la passiez soubs vostre vene;
monsieur Joacbîmi m'a escrit à peu près de mesme, mais
moins clairement Cet homme a grand accès avec le se-
crétaire Windebant, qui gouverne la direction du dépar-
tement des affaires d'Espagne et de Flandres. Les deux
ambassadeurs d'Espagne ont leur commission à obtenir
des navires équîppez et artillez pour les Indes Orientales
et Occidentales, jnsques i présenter la fréquentation de
leurs ports et une plus estroitte confédération, et à la
bastjr sur des mariages; c'est en somme, recercher le Roy
de la Grand-Bretaigne de ce * brouiller avec cet Estât ,
de quoy sa seureté et son întérest le destoumeront assez,
sy nous-mesmes, par noz haguardes' façons de faire, ne
l'y poussons, en le choquant sur des formalitez, sans faire
' (15S8 — KM) pnDiicT Prince do nng, père dn gnoà IXaié.
' La 1«Uk iVJ. ' nidci, ttajagei. * k. -
,, Google
isw. Mil.] — 238 .—
justice à de ses snbjects, qui se plaignent de nous soabi
son adveu. J'en ay représenté la Beqaèle(*), toutesfiûs
j'en sois peu creu et on s'en pourra repentir, mais tard.
Ces différens peuvent estre composez en [bloc], soit deçà,
soit delà la mer, et suffiroit d'en trùcter et d'en traîner
la décision sur les informations et difficaltez à régler. Ce
faisant, on osteroit à l'Espagnol le prétexte de ses propo-
sitions et au Roy l'occasion de l'escouter. Le commerça
des Indes-occidentales ne se peut effectivement espérer
par les Ânglois que de force et, ay on l'ofire, ce n'est
que pour les amuser d'une chose lointaine, en les enga-
geant par avance en quelque hostilité contre cet Estât,
par conjonction de dessein, ou par prest ou fret de na-
vires, à quoy il nous importe de penser sérieusement. Je
tiens la retraicte de madame de Chevreuse faicte de
concert avec l'Espagne et point de crainte de la venue
da Dnc son mary, dont il ne s'est aucunement parlé en
France, mais on l'a &ict partir ponr désavouer ses ne-
gotiations des mariages, que pour les attacher elle a faictes
trop gi^nérales et libérales, car l'intention du Roy d'Es-
pagne est d'emmener la Princesse, sans aller plus avant.
Mons' de Heenvliet est jà passé en Angleterre, et fort à
point pour proffiter de l'irrésolution des affûres, et fiera
bien de presser, sy le succès s'en doibt espérer. Dieu le
vous ottroye là et au dessein, qu'avez pour le pnblicq,
en conservant Y. Â. en santé et longue et henreuse vie,
et telle que vous souhaitte, Monseigneur,
de y. A, vostre trës-humble, trës-obéissant,
et très-fidële serviteur,
FRiUÇOYS D'ABHSSEN.
Be la Haye, ce iQ may 1640.
Le désasBÎègement de Casai (*) est un coup de partie *
(1) njtt. p. ISS et les.
(S) Ani^ par U gnuternuir ds Milan Ll^wn rt it^e^ le ES iTril pir
Vumie fnofoiM soiu Ib eomta il'Harconrt.
■ qui BHaig la gain it 11 pirtia.
,, Google
— 239 — [1640 Mai.
en la présente rencontre d'affaires, car par là demeurent
avortées les espérances des Espagnolz en Italie, qui sont
caose qu'ils ont différé d'entrer en traicté de la pus.
LETTAB BCn.
Le même au même. Recommandation.
*,* Sir Willûtn Btlfbnr âoit goiiTerawir d« k Toar; ea lUl il nçat n
dfmtsnoD. Ctimidon 1c juge trk-d£l!>TarablciiifiDt i ..thé ting lud nudi him ,
to tbe grcat lad gcnsral icaDdiJ md offancc ef tbe Eogliih nation, lieuteomt
of the TowBr." — Il CDimmadait U araUric ptrlameDltin k la batailla
d'Bdgsliilt.
Monseigneur! Le jeune Balfour, pour sauver à son përe
la Toar de Londres, s'est laissé persuader de quitter le
covenant , pour venir espérer quelque employ de la &veur
de V. A., et à cette fin a désiré mon entremise et ad-
dresse. Y. A. connoist mieux le mérite et l'affection du
père, laquelle je puis asseurer telle qu'elle ne sçauroit
estre surmontée en dévotion a vostre service; c'est pour-
quoy j'ose croire que V. A. le voudra obliger d'un bon
oeil et d'une bonne parolle, pour espérer mieux, selon les
occasions, dont il se pourra rendre digne; car il a volonté
de bien faire, et en sa personne Y. A. peut gaiguer tontte
sa &mille. Je prie Dieu, Monseigneur, pour vostre santé,
prospérité, et très-longue vie.
De Y. A., très-humble, très-obéissant et
très-fidelle serviteur,
FKANÇOrS d'aï
De U Haye, ce S4 may 1640.
I.ETTBE BCni.
M. de HeeRvtiet au Prince <ï Orange. Audience aaprèt de
la famSte rot/aie en Anglderre.
Monseigneur. Après avoir esté six jours en mer, suis
U,g,t7cdb/GOOgIC
IMO. Mai.] — 240 —
arrivé en ceste ville le 23 de ce mois, but les sept heu-
res du matiD; à mesme instant aj-je envoyé vers monsieur
de Vane, qui aassitost m'assigna de le venir trouver dans
le jardin du Roy sur les neuf heures, je ne manqua m'y
trouver, oy de luy présenter mes lettres et dire ce que
V. A. m'avoit commandé; il me recevoit avec joye et
montroit estre très-ayse de mon arrivement Incontinent
après, alloit-yl advertir S. M. de ma venue, laquelle me
fist l'honneur de me commander de venir à douze heures
dans sa galerie, et que là, ainsy qu'yl sortiroit de table,
yl me donneroît audience devant le monde, et pub i^rès
me parleroit en particulier.
Je ne manqua non plus m'y trouver, le Roy y vient,
et plusieurs aultrea avec le Roy; je luy fis la révérence
et de la part de V. A. ung compliment, lequel fîny S. M.
me demandoit si Y. A. se portoit bien et que j'estoîs le
bien venu, et après se mit k se poormener '. Je me servis
de ceste occasion et luy dis que Y. A. avoît receu à
nng singulier honneur et grâce la franche déclaration
que S. M. avoit tesmoigné dans sa lettre du 31 janvier
dernier, et que là-dessos Y. A. m'avoit redépesché avec
les crédences à luy présentées, mais que j'avois à dire
à S. M. sur quoy son attention estoit requis, et que j'at-
tenderois l'heure et la commodité que les afiaires de S. M.
le permetteroyent Le Roy me dîct; „ouy,jele veux, mais
comment ferez vous avec ses' messieurs? Je dis que je
suîverois l'ordre que j'avois concerté avec M' de Vane;
c'est que je dirois y estre revenu pour quelqn' aff^re
particulière, laquelle regardoit nostre négoce et traficq,
sans rien spécifier. S. M. me dîct, „cela sera le meilleur,"
et ainsy luy fis une aultre révérence et m'en allois disner
chez monsieur de Yane , là où on m'attendoit. Sortant de
table suis allé trouver M' Germain ' , que je trouvois dans
l'antichambre de la Royne, je luy dis que je souhaîttois
fiiire la révérence à la Royne; si sa commodité le per-
mettoit II alla le dire; S. M. me fist entrer, et avec
* promener. ■ ces. ■ JennjD.
,, Google
241 —
[1640. Hu.
cérémonie, car elle se levoit, ce qne voyant, je fis mes
révérences, et après le compliment de la part de Y. A.,
et pais après présentois ma lettre de crédence, laquelle
S. M. recevoit avec une &ce riante, me demandant plu-
sieurs choses de Y. A. et de sa santé. Un peu après je
recommançoia un aultre compliment de la part de Madame,
et )uy présentois la lettre de S. A. H faolt que je con-
fesse que S. M, la récent avec courtoisie et nue douce
bénignité, me demandant aussi sa santé. Un peu après
S. M. reprist sa chaise et lit ces lettres , lesquelles ayant
leues, m'appela et dit: ,je vous parleray en particulier," sur
qnoy je fis une grande révérence, et que j'atteuderois ceste
grâce et se^ commendements, quand la commodité de S. M.
le pertnetteroit. S. M. me demandoit aussi si je n'irois
chez la Royne sa mère, je dis ouy, et ce que je dirois;
S. M, l'approavoit et qu'yl eatoit nécessaire ; nCa.r," dit elle,
„aultremeQt yls tascheroyent, si aucun sonpçoo leur de-
meuroit, traverser l'afiaire, s'yl estoit en leur poulvoir."
De la Boyne suis donques allé chez la Hoyne-mère, là
où on me fist incontinent entrer; je fis la révérence et
dis ce que Y. A. et Madame m'avoyeat commandé et
ce que monsieur de Yane, par ordre du Roy, m'avoit
dit, d'adjouster; S. M. se louoit fort des bons offices re-
cettes de Y. A. et qu'elle ne désiroît qu'occasion pour s'en
revenger. Un quart heure après la Royne d'Angleterre
y vint, et y demeura jusques à sept heures; en ce temps
on ne manquoit me demander plusieurs choses. . , .
De V. A., très-humble, très-obéissant et
très-fidèle serviteor,
HEENVLI8T.
SS mai 1610.
Les mescontentements du peuple contre l'archeves-
que' ne cessent eneor; ils ont pensé le prendre dans
sa maison, yl y a quatre jours, mais k grand peine c'est-yl
sauvé par une porte derrière et vint avec grand risque
à la conr. Us luy imputent de ce que le Parlement est
■ I«ud.
III. 16
,, Google
J6«. M^] — 242 —
séparé sans rien oonclore (') , on avoit quelques uns de ses
mutins pris prisonniers mais les apprentifs, comm'yls les
appellent, ont rompu la prison ceste nuict et les mis en
liberté. La boui^oisie s'assemble pour prévenir le désor-
dre, car yls crient de vouloir aii£si ouvrir la prison de
Westemunster, là où quatre Alderments sont mis depuis
peu des jours.
MMVTWœ VCIT.
Le Comte Henri- Catimir à la Comtewe-douainère de NoMtmf
Dietz, Nouvelles milùaires.
*.' La Frinoa d'OrRoge iToit projcU la gt^ de Bragn; nuis k CunU
Henri, u'a^l pu réntii i forcer le passage de la rîtitra da Leye, „ae dn-
■ein de si grande attente et si aTsatigeoi ponr l'Estat s'en >U» en tQitife."
[Xém. dt R. H.)
Madame. . . . J'ay veu que V. Exe. fait estât d'estre
bientost à Copenborg, ce que j'espère que vous fera ré-
soudre de faire un tour vers nos quartiers, estant une
chose laquelle sans doutte n'y feroit point de mal, ne
voyant moyen de quelle façon je me pourray obliger po-
sitivement, n'ayant la disposition de rien et dépendant
entièrement de la volonté de Y. Exe L'armée est encor
logée à Maldeghem et le comte GuïHeaume engagé devant
deux petits forts, sans grande apparance de succès. Mon-
sieur le Prince m'a creu employer k un essay de plus
grande consécanse que le premier et fort vraysemblable
de s'effectuer, mais ayant fait visiter les chemins pour y
aller, on les a trouvé inpassables, tellement qu'on le ré-
serve à meilleure commodité; ce que Son Altesse entre-
prendra, le temps nous l'apprandra. Cependant je prie le
Tout-Puissant de prendre V. Exa en sa divine protec-
(1) Le s mai la Parlement avoit Ht à
damp luiTe siied npon tbe apirit) of th
canaed." (Jarendon.
,, Google
■ 243 -
[l«4a. 1«a.
tion, «t de in« Aura la gr&ce qne je me puisse dignement
aeqniter de la qualitô, Madame,
De V. Exe. très-huDible et trèa-obéissant
fils et Bervitenr
a. C Dl NASSAO.
De Haldeghom, ee 28 de iBay l<t40.
LETTRE DCT.
Af. de Hemmliel tm Prinee (T Orange. Le mariage, mai* avec
la Frincetee cadette, est décidé.
MoDseigDeur. Depuis ma dernier» j'ay encor &ict dea
instances pour la Princesse aisnée, raaia leors Majestez
mesmes, nonobstant que j'aye tout dît, m'ont déclaré que
cela ne se ponlvoit, et depuis encor me l'ont faîct dire
par M' de Vane, tellement que sachant leur déterminée
résolution, et qu'yl n'y avoit rien plus à espérer, et que
M' de Yane mesme me conseiUoit de ne faire plus des
instances, suis passé ooltre & me déclarer pour la seconde.
S. M. me demandoit incontinent si j'avois procuration de
V. A.; je luj dis, ouy. „Et bien," dit le Roy, „donnéfl
la à M' de Vane, afin qu'yl me la montre et j'ordoonOTay
deux ou trois pour convenir avec vous sur les conditions.
A mesme instant j'alla la quérir et la donna à M' de
Yane. qui aussi L mesme heure la montroit an Roy, et
me la rendit devant-hier, disant que S. M. en estoît satis-
&icte, et que je ferois bien de la préljre à la Royne; qne
le Koy y debvoit aller le mesme aprës-diné, et qu'yl l'ac-
compajgneroît ponr parler 1& i leurs Majestés coqjoinete-
ment de mon aG&ira. Je ne manqua y aller; après pln-
sienre discours S. M. me dît que 1« Boy ne poulvoit
accorder l'abnée, mais qu'elle espéroit que Y. Â. A. an-
royent toute satisfaction de la seconde; je m'ouvris doncq
ausay à la Royne, et luy prélîsois ma procuration. Elle
me dict: Mcela va bien, le Boy vous donnera le député
d'Irlande, pour dresser avec luy et M' de Yone les ar-
,,Googlc
1640. Jnin.] — 244 —
ticles." Je n'avois qu'achevé ou le Roy y vint '. Je dis k
M' de YaDe ce que S. M. me venoit de dire; il me dit:
„ce]a n'importe, l'affaire est faicte," et le mesme soir,
qu'il avoit ordre d'entrer en conférence avec moy et de
dresser les articles, mais qne c'estoit à moy de répliquer
snr la responce du Roy. J'en ai &ict un project, en con-
formité de mon instruction, que je va lay montrer à ce
soir, et a'yl l'approuve, qu'yl la donne au Roy. Je ne
manqneray de bander tous les ressorts de mon esprit,
pour taire une conclusion, tant du mariage, que du trans-
port de la Princesse, afin de rompre une fois pour tout
les menées contraires qui en pourroyent survenir. Et
principalement puisque S. A. Madame* me mande que le
secret commence s'esventer, de quoy j'informeray cest
après-disné le Roy, et incontinent après la Royne, pour
prévenir leurs Majestez, par une véritable déclaration,
que cette cognoissance qui en peult avoir esté donnée
à monsieur le Cardinal n'ast pas venu de V. A A. et
tascheray apprendre du Roy ce que S. M. juge que V. A.
doîbt respondre, si on vienne encor à luy en parler;
mais veux espérer qne S. M. sera d'advis d'abréger la
négotiation , à quoy je le presseray aultant qu'il me sera
possible et M' de Vane, puis qu'yl en a l'ordre.
Estant pour achever la présente, un gentilhomme, de la
part de M' de Vane , me vint dire qne le Roy me deman-
doit; S. M,, qui estoit dans sa chambre de lict, me fist
entrer et me demandoit ce qne Madame (car je l'avois
dit il M' de Vane) m'avoît escrit Je lay le db; S. M. me
dict: „cela vient asseurément de ses messieurs de la Royne-
m&re; je m'en va ordonner deux on trois ponr conclure
l'affaire, et puis nous consulterons quand qne cous la deb-
vons faire esclatter." J'escris, Monseigneur, les propres
mots du Roy. Et comme je demandois à S. M. ce qu'elle
trouva bon que T. A. debvoit respondre, en cas qu'on luy
en vint encor à parler, le Roy me dict: „S. A. peult dire,
et avec vérité , qu'yl n'a jamais employé madame de Oie-
1 Belyititm» ol in Koning kwirn er. 'la Priiuwn d'Orange.
U,g,t7cdb/GOOglL-
^
— 240 — [1640. Juin.
Tr»ase, ny ses ' messieurs." Je dis: „ Sire, le meilleur seroit
d'abréger le trùtté;" le B07 dit: „je le feray et parlera/ &
Vane;" lequel je suis allé trouver, luy disant les paroles
dn Itoy; ..etbien", me dict-yl, „aHtheur, tous avez ouy,
de la bouche dn Roy mesme, que S. M. le tient pour
afiàire faiete, ne rous arrestez à rien; soit que le député
ou l'archevesque soyent présents, il leur est impossible
d'apporter aucun changement." Dieu sçait. Monseigneur,
que je le souhaitte, que mes seings et souhùts y vont, et
que je ne me lasseray à le solliciter, jusques à ce que
j'en aye une bonne fin au contentement de V. A. A. — Sur
les quatre heures suis allé à Greenvits où la Royne-mère
estoit; aussitost que S. M. fîist partie, je parlois h la Reine
et luy dis ce que j'avois dîct au Roy. Elle me dit: „S. Â.
a fort bien respondu de n'avoir jamais employé madame
de Chevrense, c'est ny dire ouy, ny non. D fault abré-
ger l'afiaire, je l'ay dit au Roy devanthier, et je luy le
diray encor; car comme vous dites," me dit S. M.: „yl
est bien raison que S. A, en donne cognoissance ans
Estais; et puis j'espère que, cecy faict, yl y aura tous-
jours une estroitte amitié entre le Boy et monsieur le
Prince, pour le bien de son Royaulme et de vostre Estât"
Je dis: „ Madame, ce sera un solide lien à nous rendre à
toasjours inséparables;" et après, que Y. A. résentoit si fort
la faveur que S. M. y apportoit, qu'elle recercheroit avec
passion toasjours occasion pour le recognoistre. Je prie
Dieu conserver V. A., et je demeure, Monseigneur,
de vostre Altesse très-humble, très-obéis-
sant, et très-fidèle serviteur,
HEBNVLIET.
De Londres, le 8 juin 1640.
LBTimi) Dcn.
■ FVédmc-Louû, Prince Palatin, à Af. de Zut/liohem. llle
prie de le recommander au Prince d Orange.
Monsieur. (Tes lignes ne sont que pour me ramante-
' «M. * FogM p. SS4.
,, Google
IMO. JaiB.] — 246 —
Toir dans la &vear de rostre sooTenir et vous demander
nn million de pardons de ce que je a'ay en ce bonheur
de TOUS avoir peu ' dire adieu, devant mon petit voyage
vers ces quartiers icy. Mon départ fîit si soudain et le
Gapitaine da vaisseau tne pressa en sorte que je n'eus le
tempe que de prendre mon congé de Monsieur mon oncle
seulement; sans mla je n'avois garde de commettre une
telle faote, que de me mettre en chemin, sans vous pre-
mièrement confirmer ce quy vous est et demeorera trè^
fidèlement acquis. Si cette excuse ne se trouve légitime,
je me rend moy-iaesme conlpable et me eoubsmets à vofr-
tre jugement, Monsieur, quy est tonsjours équitable. En
cette confiance je prends l'hardiesse de vous oser supplier,
sçachant en qnel crédit et rang vous eates près de Mon-
sieur mon oncle, de me tant favoriser que de me tenir
toi^onrs présent en son souvenir; sur tout de luj remettre
en mémoire, s'il vous plaist, le passedroit qa'il m'a daigné
d'accorder à mon départ; sçavoir, aa cas que je résigne-
rois ma compagnie, qn'alors il la douneroit à mon lieu-
tenant; en snitte de qnoy je cootraotay avec luy, comme
vous n'^norez pas. Or, ne pouvant, selon la condition
en laqneUe Dieu m'a fiût naistre, estre sans mespris en
ce pals lii, si je retiens la ditte compagnie, après que le
régiment m'a esté rejîisé et donné ^ un autre, monsieur
mon père et madame ma mère (laquelle, Monneur, vous
salue icy très-partiealièrement) m'ont commandé de faire
par vous, si tel est vostre plaisir, reeonvenir mon dit
Sieur Prince du passedroit susdit; et le supplier quand
et quand (aini^ que j'ay &it par mes lettres présente-
ment) d'avoir pour agréable que je luy remette maditte
compagnie, en sorte toutefois, sous son bon plaisir et
volonté, que je puisse tirer ce peu dont mon dit lieute-
nant et moy sommes demeurez d'accord. Et jaçoit' que
je Boye si malhenrenx de ne pouvoir avoir l'advancement
que les miens y cassent entièrement espéré, ayant eu re-
cours à leur sang, cependant que nostro maison Palatine
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 247 — [1610. Jnid.
eat battue, pour la caase de Dieu, des revers de la for-
tune; je ne céderay pas pour tout cela, i. quj que ce
Boit, en l'affection que je dois k un pals dont feu Mon-
stear mon grand-p&re a jette les premiers fondements;
afin que les désastres ' s'y puissent mettre à l'abry des
persécutions que fiome décoche ordinairement. Et quoy
qu'on m'ait (sans me vanter) offert ailleurs des conditions
proportionnées à ma naissance, si est-ce que je serviray
plustost en ce cher pids là, en qualité d'un simple volon-
taire, que d'avoir un régiment, voîre une plus grande
charge, ailleurs. Yoilk, Monsieur, mes desseins; afBu
que ne pensiez qne je vous aye tout à Ëiit dit adieu;
non, non; j'y reviendray, s'il plaist à Dieu et à monsieur
mon oncle; mais je n'y ambitionne plus ny charges ny
adyancement. Ma plus grande ambition sera de les mé-
riter plustost que de les posséder; car cecy dépend de
la &vear et fortune, et cela de la vertu seule. Vous
vous estonnez peut-estre, Monsieur, touchant le passedroit
susdit, pourquoy je le mette en double, puisque mon-
sieur mon oncle me l'a une fois ottroyé. Mab je voua
supplie de croire que je sçais trop bien que ses paroles
sont sacrez; afiBn que je ne parle de l'honneur que j'ay
de luy estre ce que je suis , où il accorde bien ses * choses
et semblables à tant d'autres: mon appréhension est seule-
ment celle que, comme les morts et les absents sont en
mesme paralelle, que les malveillants (les traits desquels
j'ay assez senti présent) ne nuisissent plustost !i mon in-
nocence, tandis que je suis absent Cest ce quy me fait
faire ces précautions et vous dire librement (quoy qu'à
l'insceu de monseigneur mon p^ et de madame ma
mère) que je retiendrois plustost la ditte compagnie que
de la voir tomber en d'antres mains qu'en celles de mon
lieutenant; à quy, moyennant le bon plaisir et la fevenr
de monsieur mon oncle, pubqne je l'ay pAimis, je tien-
dray aussi ma parole. Soyez-y-donc, Monsieur, mon
second, je vous en conjure, et croyez fermement que je
D,g,t7cdb/GOOgIC
1640. Juin.] — 248 —
ne me laisseray devancer k homme du monde en la qua-
lité que je porte sans &rd, Monsieur,
de Tostre bien humble servitenr,
PBÉDEKIO-LOOYS PBU4CB PALATIN.
De Uontfort, ce 84 juin 1640.
LETTKiS BCni.
Le Comte Benri-Caàmir à la Comtesse douairùre de Nastau.
NoHvdlet de V armée.
Madame Je tiens pour asseuré que ceste sepmaine
l'armée partira. M' le Prince estant résola de recommen-
cer de rechef quelque afaire d'importance, il a Iny-mesme
recognu qnelqnes postes de l'ennemy et m'a donné com-
mission d'en fiiire de mesme, mais on a trouvé toats les
lieux si bien gamiz en ce quartier qu'il n'y a grand ap-
parence d'y réussir; c'est ponrquoy Son Altesse est résolu
de tanter autre pardt, de qnoy je ne manqueray d'aviser
y. Exe si tost que le succès ou le contraire m'en don-
nera matière
De y. Exe. très-hnmble et très-obéissant
fils et serviteur,
H. C. DE NASSAU.
De Maldeghem, ce '*/. de Jqîd 1640.
LETTRE DCTin.
M. de Hemvliet au Prince ^Orange. Bonnes mteniiotu du
Roi ff Angleterre.
Monseigneur. M' de yane me pria que mes lettres
poolvoyent estre mesnagés et que jamiûs yl ne ponlvoit
estre nommé j car combien que tout ce qu'yl faisoit
estoit pour avancer l'af^re par nn zèle qu'yl portoit à
y. À. et que dans sa conscience yl estoit anssy asseuré
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 249 — [1640. Juin.
que ceste alliance eeroit poar le bien de ceste conronne
et de noBtre Estât, toutefois que ses ennemis en poor-
royent &ire leur profit à son désavantage. D me dit
encor , qae l'intention de leurs Majestez n'estoit nullement
pour refroidir la bonne intelligence que nostre Estât
avoit ' le Roy de France, mais au contraire la fomenter
et, e'jl poulvoit, l'obliger à conjoinctement nous opposer
contre les mauvais desseins de tons les anltres. Que l'af-
Mre de Denemarcq desplaisoit au Koy et aussy de C6
que la maison d'Anstriobe y avoit tant de crédit, qu'yl
estoit estonné où l'ambassadeur du dit Boy de Denemar-
ques demenroit ' ; que M' Boswel repasseroit en peu des
jours pour accommoder les disputes qui restent entre les
compagnies des Indes d'Oost; que Y. A. ponrroit par
luy estre esclarcy de cest affaire et de l'accort que M' Roo '
avoit faict avec le dit Roy. — Que pour l'affaire de l'Es-
cosse, yl ne doubtoit ou * elle seroït encor accommodé (que
je n'en dirois mot à personne) et qu'allors le temps seroit
opportun de songer k nous lier plus estroittement pour
prévenir conjoinctement à pluBsienrs mauvais desseins de
nos commun ennemis , et qu'yl estoit plus que temps. . . .
tPattendray une finale résolution, bÎ tel est le bon plai-
sir de y. A., snr tout, car je croîs avoir toacbé et les
articles et tont ce que mon Instruction m'ordonne. Je
me r^Ieray selon icelle et veux espérer qu'avec peu des
disputes et difficultés le contract pourra estre signé, car
V, A. me pardonnera si je luy dis n'avoir quelque fois
que trop insisté
Je prie Dieu, Monseigneur, qu'yl donne tonte pros-
périté à vos désirs et k vostre personne.
De vostre Altesse ti;&s-bnmble, très-obéyssant ,
et très-fidèle serviteur,
HKINVLIET.
De Londres, ce 38 juin 1640.
■ Mee amii. ' Balçiàtmt wur de gewnt blcef. * Th. Roa.
• BOpàtmt hy twyffllde ntrt of.
,, Google
1640. Jtillet.] — 250 —
LETTBB »CIX.
La PrinceiM d'Orange » 1/. de Zuylichem. Elle déaire àa
nauoelUê du Prince.
Monsieur. Je vous prie de me mestre bientost hor de
la peine où vous m'auviés' mie* touschant la santé de M.
le Prince, qui m'a tousché si sensiblement que je ne pen
estre en repos ai vous ne me mandés le contraire, et je
vous prie qu'il puis' estre le plus promte* qui sera possible
et le plus souvant; je confais* qui m'a si fort surpriesce '
que je ne le seroîs espriemer, et veux esprer' que le peu
du mail qu'il a santie se schansera ' it une grande victoir,
qui luy est souhaité de tout lé persones qui! bonnoret*
et par conseequens" person plus que moy, qui a part k
tous qu'il arive de bien ou de mail. Avec ceste espé-
ransce, je vous asure que je suis véritablement,
vostre très-affectioné k vous &ire servisce,
AHEUE DE BOUtS.
Le 3 juillet 1610.
" LETTRE DOX.
M. Hei^ à M, de Sommeltdyek. Le Comte de Leteester
est bien intentionné pour le mariage d Angleterre.
Monsieur, Sachant vostre affection et service vouez à
5. A. d'Orange, je suis obligé de vous dire en confiance,
jue visitant M'' le conte de Licester, il m'a par deux fois
larlé que le Roy de la Grande-Bretagne debvoit donner sa
ille îi monsieur le Prince Guillaume. La seconde fois je
>rins la hardiesse de luy dire que il auroît le corrival
> arez. * min. ' paiue. * prompt, prumptcmeat, ' oonfoM.
' aurpriac. ' «apëiei. * cbanger». * qui l'honorant. '* ooiuiqiiaaa».
" 'èeriie A Farù.
,, Google
d'Espagne. Il me dict qui ' ne croyoit pas que cela se fist
et qu'il aîmeroit mieux voir ceste alliance de S. Â., la
jugeant utile et pour l'Ëstat d'Angleterre et le nostre , et
qu'il avoit ung affection tr^-particulière pour noatre Estât
et pour S. A., qui' s'y employeroit volontiers, quand il
sçaaroit faire service. Je le loua en sa bonne intention
et, ne sachant que répondre, je âny ce propos, sur la
difficulté de la proposition des mariages d'Espaigoe, sans
oublier de fleurer ' la matière, pour le danger pour l'Estat
d'Angleterre, en cas d'aliance d'Espaigne, tant par rai-
sons que les exemples du mariage de Maria avec Phi-
lippe prince d'Espagne. Vous suppliant, Monsieur, de
ménager cecy , selon vostre discrétion ordinaire et silence
nécessaire.
I.BTTBB BCXI.
M. d» SommeUdyck au Prince tTOrange, H a dressé une
Instruction pour le S' de HemvUet.
Monseigneur! Sur la sommation de monsieur de Znyle-
com d' avant-hier , je n'ay point marchandé à rompre ma
promenade, pour tascher de servir V. A, en ce lieu, oii
j'ay confêré avec luy du subject sur lequel il estoit venu;
ensuitte de quoy j'ay ce matin dressé le traicté et la non-
vdle instruction, selon vos mémoires et au plus près de
celuy qui a esté formé en Angleterre. Si mon labeur a
esté assez heureux d'avoir bien touché les intentions de
V. A., je le tiendray trop récompensé, car mon ambition
n'a autre but que de réussir en toute occasioa, utile à
vostre service, mais j'ay la volonté meilleure que ny la
vigueur, ny la suffisance; tel toutesfoîs que je soy, je
ne refniray * aucune entremise, qui me viendra de vostre
commendement. Sur cette protestation je snpplye V. A.
' qu'il. * d'elfleard'. ' éviterai, rafiucru.
,, Google
IMO. /nilW.] — 252 —
de me permettre de prier Dieu, Monseigneur, pour vostre
santé et prospérité, en me signant,
de rostre Altesse très-humble, très-obéyssant,
et très-Bdèle serviteur,
PKANÇOira b'
De la Haye, 9 juillet 1640.
liBITBB DOXII.
TjS Comte Gvillaume-Fréc/eric à la Comte»Be dotuùrière de
Nassau- Dietn. Mort du Comte Bertri- Casimir.
*,* Atteint, pria du fort St.-AnDC, d'an eoap de piatolet, dam one nêUi
da KTlIcric, le Comte HeDri-Cuimir monriil, hait jonrt iprèt, U 18 jaOkt.
de M blsMure; „pvide perle Mrtci; eu c'eatoît qd jeone faomine plein i»
«mof et da eonngc, et qui avec le tempe le fut gafri d'au pen de ha qu'il
aroit et l'eip^rieaee Idj eut loqnÎB plaa de condailU et de jagemant. Le PrioM
tcNDoigni lamcoDp de r^ret et deapliiiii en m perte." Mémtnrit i» R, S.
Madame. Un heure aprez que j'ay escript ma der>
nière, y est-il survenu le plus malheureux changement
du monde, car monsienr mon frère, de qui Dieu venlle
avoir petié, perdant toutte ses forces, a randu l'esprit,
mourans aussi chrestiennement que personne du monde
pouroit faire, ne se mettant en paine pour aulquensne'
chose,. sinon qu'il n'avoit veu en si long temps Y. £xc,
leqnelle', disoit-il, ne se poura si bien consoler en son
afSiction, ce qu'espère pourtant que le Tont-puisant pré-
viendra par le Sainct-esprit, assistant et secoorant V,
Exe. en ceste affliction. J'espère qae mes souhiùcta et
priëres seront exausées, comme aussy si V. Exe a eu
d'affection et inclination pour monsieur mon frère, que
y. Ëxc. ne le niera à moy, qui suys son très-obéissant
fils et serviteur, ce qu'espère de prouver, quand V. Exe
me veuUe honnorer des ' ses commeudements , que je cher-
,, Google
— 253 — p6«. JiOH.
cheray d'effectuer de toutteg mes forces , estant et demeu-
rant tontte ma vie, Madame,
De y. E. tr&s-Immble, tràs-obéïssant serviteur
fils et valett,
eUILLAOKB>FEiDRIC DS NASSAU.
De s. Anna, le ■/„ jaiUet 164i0.
Inttnction au Sieur de Heenvliet, sur le» articUs du ma-
riage proposé» au nom du Sot de la Grande-Bretagne.
*,* Cette InitractioD eat nnt Soate le fruit du Itbnr ds M. de Som-
mclsdjck (Tojei Is lettre 611), Lea pusigea întemlji ds la mu» it M. de
Znj'liebeni Mot marqua ici par it» guillemet*. Ed gjnfral le oontenu d« ar-
ticle) eat aafflaaolmaDt iadiqof p«ii le* obaarralioiu qni
Le Sienr de Heenvliet représentera à S. M. qu'ayant
adressé à Monseigneur le Prince d'Orange les arUcles du
mariage, & conclurre entre madame la Princesse Elisa-
beth et le jeune Prince d'Orange, S. A., qui ne désire
rien tant que la perfection de cette négotiation, y a observé
qne la célébration y est remise à douze ans, et le con-
tract k un an venant; ce qui est entièrement contre ses
espérances, pour avoir tonsjours pensé qne le traicté s'en
pourroît achever pri^sentement , et le transport de la Prin-
cesse en ces provinces suivre immédiatement après, au
moins encor eu l'antomme de la présente année, pour
y estre receae , eslevée et instruîtte dès son eniance , selon
sa dignité, afin d'y prendre gonst, et de commencer de
bonne heure à s'y faire aymer et honnorer, ainsi que
leurs ÂJt ont le désir et l'afièction.
' En marge dt eetU fiètt, ierile p<o- M. dt Sommthdj/ek, <m lit dt ta
mon ât M. dt ZufUtlUm: R. du S. de SommeladTck l la Hare le 9
de joillet 1010. — Arretté a*ee la cbangemeni cy-joincta par 5. A. ta
camp i Cuflacrt, le IS de juillet 10». — Mpeaehj an camp i Caylaert,
le tS de juillet lUO par ThooM
,,GoogIc
19*0. JnîUBt.] — 254 —
Partant sappliera très-bamblement S. M. de vouloir
passer le premier article selon qne S. A. l'a reformé, en
lay donnant ce contentement d'abrégor ses espérances',
par l'achèvement du mariage selon les ibrmes nécessaires,
qui, en attendant l'aage de consommation, luy peuvent,
par le transport de la Princesse , donner entière assenrance
de son accomplissement, lequel autrement, par la consi-
dération de divers accidens oa changement, loy seroit
toosjours douteux.
Déclarera aossy , S. M. venant à j donner son consen-
tement, que S. A. mettra ordre que, dès aussy-tost que
le contract sera passé et notifié où il convient, ainsi que
S. M. trouvera bon , il soit envoyé des personnes qualifiées
et plènement authorisées pour, avec sollemnité, aller re-
cercber leurs Majestez de cette alliance, de la ratifier et
accomplir en touttes ses formes par voye de fiançailles
ou espousailles , et ainsi qu'il sera trouvé pour le meillenr;
arrester aussy par mesme moyen le temps du transport,
auquel son A. Royale sera receue, traîctée, et bonorée
selon la dignité de sa naissance.
Sy d'ftvanture il se propose que le Prince Guillaume
devra passer la mer pour voir le Boy et la Princesse
sa maistresse, il tascbera d'éviter cette obligation, non
que ce ne soit bien son désîr, et que ce voyage luy vien-
droit i, beaucoup d'honneur, mais à cause qu'estant fili
tmique „et destiné successeur aux Oonvemements de ces
Provinces," il est apparent que messieurs les Estatz seroieot
très difBciles de le laisser sorter hors de leur pays, qnoy
que pour un sy bon et utile subject, „outre qn'en consi-
dération du bas aage des parties, ceste formalité ne sem-
ble pas estre si essentielle qu'elle le seroit à 7 ou 8 ans
d'icy." Tontesfois , s'il en est trop pressé, il en advertira S-
A. et cependant fera ce qu'il pourra pour l'excuser ou le
remettre à quelque autre occasion ; „iDaiB enfin , plostost que
de rompre là-dessus, il pourra condescendre à ceste instance."
■ DiDi l'irt. 1 il r ■! „le nuiîage Mre Tùct m ADgktem, iiMintiiml
tprèi la ugnilare do tnôlj."
U,g,t7cdb/GOOgIC
■ 255 ■
[IMO. JoaM.
SoD A. approuve le second article, mus, comme il
dépend dn premier, le dit sîear de Heenviiet insistera
toQsjoars que le transport et la conduitte s'arreste et ac-
corde pour les mois d'octobre ou novembre prochain.
Se contente pareillement du dot, et des termes dans
lesquels il devra estre payé, poarveu qne, par la célé-
bration da mariage, on entende la signature et publica-
tion du contract, ^comme il est porté par ledit premier
article reformé," car la consommation réelle ne s'en pent
fiùre de 7 on 8 ans; mais bien la solemnisation des fian-
çailles ou espousailles par procureur , incontinent après la
conclusion , poarveu qne sa Majesté et son Â. j donnent
leur consentim«it et approbation , à qnoy ledit sieur de
Heenviiet doibt principalement butter sa conduitte.
Représentera, comme de soj-mesmes, et sans mesler
S. Â., que le dot n'estant que de 40 mil livres sterlins,
il semble qu'un douaire de 6 mille livres pourroit suffire,
et verra, s'il s'y pourra avancer quelque chose; sinon, il
ne s'aheurtera point là-dessus et passera à accorder les
dix mil livres qu'on demande. Quant à ce qui se pro-
pose d'envoyer devant le mariage des commissaires pour
recevoir les terres k affecter au douaire de Madame la
Princesse, et ainsi asseurer mieux le payement annuel,
ledit sieur de Heenviiet fera entendre qu'il n'en sera
point de besoin, et que S. A., traiotant de bonne foy et
Toullant aymer et bien traicter l'espouse de son filz uni-
que, avec grand resentiment de l'honneur qui Iny vient
de cette alliance, est délibéré de donner sy bon ordre à
Texécution de tout ce qui sera traicté , et particulièrement
au payement du dit douaire, par l'affectation des terres,
qu'il n'y aura point subject d'en douter, et pour ce fera
son mieux de faire cesser le dit envoy, comme superflu,
en faisant passer l'article selon qu'i est redressé par S. A.
Sur le 5" article, dira que Madame la Princesse, passée
eo ces quartiers, n'aura &ute de rien en la maison de
S. A,, mais qu'estant encor en une sy tendre jeunesse,
que de quelques années elle ne sçauroit avec jugement
,,Googlc
IMO. JniM.] — 256 —
fùre la distribation de telle somme ' , S. A. estime que
S. M. troDvera raisonnable de remettre l'efiTect et l'exé-
cution de cet article à quand la dite Dame sera parreniie
à l'aage de douze ou treize ans, lorsque cette somme Iny
sera payée annuellement aux fins que dessus; et à cette
occasion essayera le dit sieur de Heenvliet de tirer
auBsy une expresse déclaration de S. M. de lui touIIùf
départir les mesmes favears et bénéfices dont a toii!(joim
jouy et jouyt encor présentement la Koyne de Bohême,
par sa libéralité, en pierreries et en argent, pour ia
menuZ' plaisirs.
Au sixième, le sieur de Heenvliet alléguera que la
Princesse en ce bas aage semble n'avoir encor besoin de
tant de monde pour son train, et fera son possible pour
le restraindre à un petit nombre, et seulement à des pei^
sonnes nécessaires à son service; touchera toutesfois fort
modestement cette chorde , et en l'accordant plustost qu'en
le disputant, pourra noter leur inutilité, ayant la Princesse
à apprendre la langue dn pays avec la frauçoyse, qui Iny
seront très-nécessaires, et de qnoy elle seroit &cUement
divertie par la conversation trop ordinaire de ceux de
sa maison et nation *.
Le T article ^touchant l'exercice de la religion" est de
plus grande considération que tous les anltres, car il
parle d'obliger S. A. à l'introduction des cérémonies de
l'Eglise d'Angleterre en sa Cour, ce qu'il ne sçauroit
faire sans une grande altération dans l'Estat, et sans le
déservice de sa maison et de sa réputation, rien n'estant
sy dangereux ny délicat que le changement, mesmes le
plus léger et quasi indifTérent, en chose concernant lei
consciences; maïs puisque les Églises d'Angleterre profes-
sent et confessent une mesme foy et vérité avec celles de
cet Estât, et que tes cérémonies ne sont nécesswes et
' .iQuinxc c«Da livre* sUrlÎDg) toag les (na, poar BEa habiti, meau-
pbiâin «t cboM> icmbUblea , ootre In luibillemBiii et gigot de m* «S-
eten st domettiqaea." Art. B.
■ „LeB domcatiqaeB Angloia wront en petit nombre, et uolement des ftx-
MDtie) dont le lenice ert nfcesaaile, Kttoida U busene de un Mge."
,,.CooglL-
— 257 — [IMO. JaUlei.
ne font aucune partye de la doctrine , qn'an contraire leur
introduction, après nne sj longue réformation et retran-
chement, donneroit occasion de scandaliser les consdeuces
de plusieurs, qni les quali&eroyent comme voye rame-
nant vers la Papaaté, le sieur de Heenvliet „remonstrera
premiàrement que, messieurs les Estats estants seuls sou-
verains de ces provinces, il n'est au pouvoir de qui que
ce soit d'y introduire d'autres formes en ce qui est de
l'exercice de la Keligion, que celles qni présentement y
sont establies et exercées publiquement; en second lieu
représentera qu'ayant ma dite dame à se rendre, comme
elle sera, chère et agréable à ces peuples, en considéra-
tion principalement de l'uniformité de la Religion, la
moindre mention de formes et cérémonies estrangères se-
roit capable an contraire de leur rendre et sa personne
moine agréable et l'alliance odieuse, et en suitte" requéra
trèa-humblement sa Majesté qu'autant qu'elle désire „le
bien et la bonne volonté de ces peuples vers ma dite
dame sa fille et" le contentement de Son A. en l'achève-
ment et conclusion du présent traicté, elle vueille avoir
aggréable que ledit T^' article en soit effacé, comme seul
capable de renverser toutte l'alliance, en obligeant S. A.
à nne chose impossible; bien est-elle d'accord que ma
dite dame la Princesse soit assistée d'nn ministre „ou
chapelain" anglois , à &ire le soir et le matin les prières
devant S. A. R., pouvant, pour le repos et tranquillité de
son àme et pour gaigner entièrement l'amour de ce peu-
ple, imiter la dévotion et le jugement de la Royne de
Bohême, très-désirense de son saint, qui, tenant pour
choses indifférentes celles qui ne sont expressément or-
données on défendues de Dieu eu sou Église, se tient à
la réformation de celle de ces pays, plustost qu'à voalloir
troubler son repos ou celui d'nn peuple par la nouveau-
té; et, sy ce point ne se peut obtenir, le sieur de Heen-
vliet fera entendre en tout respect k S. M. que S. A.
sera très-marrye de ne pouvoir attaindre à l'honneur de
l'alliance qu'on Iny avoit faict espérer par ce traicté,
III. 17
,,Googlc
IMO. Jaillel.] — 258 —
puis qu'on l'attache it uoe condition non fùsable, nj im-
pétrable de l'Ëstat, oy de l'uDioa des Églises; et, s'il
voit S. M. persister, saos apparence de desmordre pour
aucune persuasion nj intercession, il tiendra cet article
en souffrance, pour en informer S. A. et recevoir là-des-
sus ses dernières intentions, décousant son ultérieure né-
gotiation par délay, plustost que de la rompre sur la
[précuite] des conditions.
Les 8 et 9"' articles se peuvent accorder, combien qu'il
semble qu'au premier il y ait quelque raison , pour laquelle
le dot entier devroit demeurer &ax enfants, néanmoins,
sy on le difficulté , S. Â. n'est pas d'advis qu'on vienne
en contention pour cela, mais le sieur de Heenvliet le
pourra glisser, en s'&ccommodant au Boy.
Au dixième il est stipulé que les enfens de ce mariage
ne seront mariez que de l'advis et consentement du Roy;
le sieur de Heenvliet se gardera de passer la nécessité du
conseniemml, au lieu duquel effacé il sera trouvé bon que
le mot de connoistance soit surrogné, n'estant raisonnable
que la puissance des pères sur leurs enfana soit relrancbée
et assnbjettîe ailleurs, où ils ne sont tenus de foy ny
d'hommage; coulera, s'il peut, ce changement sans bruict,
mais où l'on prétcndroit de conditionner cette servitude,
il fera tout doucement connoistre qu'il n'y a aucune raison
de le demander, mais bien qu'on se peut pron' asseurer
qu'en pareilles occasions rien ne sera précipité ny avancé
au désavantage des intérestz et du contentement de S. M.
Tous les autres articles sont advouez et passez sans
grand ny important changement, ainsi que le sieur de
Heenvliet pourra voir par la copie du traicté, lequel il
taschera de faire approuver et accepter à S. M. Et, pour
conclusion, fera instances que le jour de l'agréation, et
de la notification & faire & messieurs les Estats, à la
Royne de Bohême, et au Roy Très-Chrestien soit par
S. M. arresté et prins le pins court que faire se pourra,
afin d'accélérer la recerche et l'exécution du traicté selon
D,g,t7cdb/GOOgIC
— zay — [1640. Juillet.
la forme convenable, poar, selon les di^sirs de leurs A. A-,
&ire passer la mer à madame la Princesse devant l'bjver ,
et donner k temps les ordres nécessaires pour la récep-
tion. Ensuite le sïeor de Heenvliet advertira diligem-
ment et particulièrement S. Â. de son progrès et de touttes
ses rencontres et considérations, asseurant de nouveau le
sienr Vane que leurs A. A. mesaageront tousjours ses bons
offices, avec ferme résolution de les reconnoîstre au con-
tentement de luy et des siens; tachera aussy par son
entremise de conserver les bonnes intentions de la Royne
à ùâie valloir ses bonnes affections au succès de cette
action, dont l'honneur et le gré sera deu à S. M., pour
la prospérité de laquelle S. A. employera sans condition
ses [voenz] et ses services.
liBTTBE DCXIII.
Iti. de SommeUdyek au Prince <f Orange. Nouvdles.
Monseigneurl Ma lettre sera courte et qu'à deux fins;
la première pour Eure voir k V. A. le billet ' qae je receus
hier aoir du sieur Hentft de Paris, et pouvez croire que
ce propos vient de M. le député d'Irlande, par le moyen
de madame de Carlisle, qu'il gouverne, et laquelle est la
propre seur et unique correspondente de madame la com-
tesse de Leycestre, ambassadrice d'Angleterre en France.
De là y. A. pensera combien il importe de haster la né-
gotiation. — L'autre pour advertir Y. A. que les Liégeois
ont faict leur paix avec le Prince, à condition de trois
miUions de livres. Haetzvelt et de Waal se sont jà ren-
dus à Couloigne, pour en prendre ce qui leur fera be-
soin à refaire leurs trouppes, qui doivent prendre leur
quartier au pays de Juilliers; V. A. jugera, mieux que
nul autre, sy c'est entretenir une vraye neutralité et du
remède qu'il conviendra y donner. J'ay faict, sy par ma
' U lettre 6J0.
,,Cooglc
IWO. Juillet.] — 260 —
conclasion, je prie Dieu pour vostre santé et prospérité,
car je huÏb, Monseïgaenr,
de V. A. très-humble, ttès-obéyssant, et
très-fidMe serviteur ,
FlUNÇOTS D'aBBSSKK.
De la Hâve, ce 14 de juillet 1640.
LETTRE DCXIT.
M. de Willhem à M. de Zuyliehem. H détire que le Prùtce
(TOrange succède dant le iladhoudérai de Frise et de Gro-
ningue au Comte Henri-Caeimir.
*,■ CclU letln et qaelqoM Ictlna luiïuita deM.de Willhem, sBtroDTtnl
dii» li bibliotbèqae de l'And^mie it ijâAt, ptrml la MSS. de Hd;pm
{Efâttobie Utiralonm , T. V.). — Selon Baglt, Diiid le-Len de Willhem (I58S—
I0&8) mérite, ptr md fradilion et ms lalenta, d'itre compU pirmi tes bomoM
yiuatrea du 17' dkle. lus d'une trèe-noble hmille et n^ à H»mbamg, il fit
>ee élodee i Leide et à SinmiiT, Toyagei de IBIT i 161B, es Orient; demeon
quelque) inDési k Amiteidim, et fut, depoii 1631, eoueiller dn Prince d'O-
nnge. Il iTolt éponaé Conitince Hajgeni, aoear de Hr de Zajlicbeni , qei
•ToH bnacoBp de lecture et Aoit trb-eeticn^ ds DeKutea.
Monsieur mon frère. Je voas escris ces trois mots à
la haste, pour vous dire que je sois adverti et acertené
que le conte Henri a escrit une lettre à messieurs les
Ëstats de Frise , par laquelle il leur recommande son frère
le conte Gnillanme, en cas que Dieu le retirast hors du
monde. J'estime qu'il aura ftàt escrire de mesme & mes-
sieurs de Groninge, Ommelanden et Drenthe. Il me fait
bien mal au coeur d'entendre le cas désespéré du dit
conte, et d'estre contraint de vous entretenir sur ces mau-
vaises nouvelles qui le disent desj^ mort: mais je pense
que je feroia l'acte d'un nonchalant et infidelle serviteur
de nostre maistre, si je ne vous advertissois point de ce
que j'estime tant luy importer et voua confesse que je
serois très-aise do sçavoîr l'intention de nostre maistre en
cette occurrence; or ne sçais-je rien de sa volonté. Mais
je suppose que S. A. aurait raieon tft/ tùnger, attendu qi^iî
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 261 — [1640. Jnilttt.
y a une réêolation du ElaU-Généraula-, par laquelle on a
promu tfunir ce gouvernement aux auUrea, et U conférer à
ceete branche; je tay aulresfoi» pour contenter ma curùmU
copié, maii n'ay à cetl heure loisir de la chercher; tant-y-a
qne tontes les raisons d'Estat et l'intérest particulier de
S. A. requiert qae ce gonvernement et ceate milice ne
demeure plus séparez comme ils sont présentement , et sur
tout en cette branche, si ce n'est que S. A. trouve bon
de contracter quelque plus estroite alliance avec le chef
d'icelle. Et quand mesme on visast à cela , seroit^il
inconvénient qu'il récent tout heur et honneur sons la
conduite de S- A. F que messeigneurs les Estais des Pro-
vinces-Unies s'acquitent de leur promesse, voire de leur
donation, et qu'ils laissent la disposition libre à S. A.
Cest maintenant le vraj temps de gaigner le gouverne-
ment de ces provinces avec bonne façon et ranger leur
milice détachée, pour en pouvoir disposer aux occasions,
et jouir k son sise et contentement, puisque Dieu , le droict,
fordre et l'union de ces Provinces appellent S. A. k la
succession de ces gouvernemens et de ces charges. Si S. A.
y veut prétendre , elle aura incontinent les villes de Frise
k sa dévotion et la Cour, lesquelles seront bien uses de
recenillir les faveurs de S. A. , pour gaigner un ou denx
points de leur libertés nsarpées par le comte Henri. Il
n'avoït pas seulement osté à la Cour l'authorité qu'elle
avoit en l'élection des magistrats es villes communicati-
vement avec luy, mais anssy aux villes la disposition des
charges. Les villes souloient conférer les offices van ge-
committeerde raeden en van d'adroiraliteyten à tels qu'il
leur platsoitj c'est ce qu'il leur a osté et mis le pied de-
vant en toutes [ces] choses, de sorte que les villes et la
Cour seront bien aises d'espérer de regaigner leur préro-
gatives et libertés- S. A. a aussi la bonne commodité de
les catéchiser par les ministres d'église, comme Us ont
fait autant le fils qne le père, et leur faire proposer de-
vant les yeux en quelle Jàçon sous sa conduite les villes
et la cour de la province de Geldres et Zatphen sont
U,g,t7cdb/GOOgIC
1041 JuiUrt.] — 262 —
mainteaaes en leur privilèges et fonctions des charges;
les autres trois membres Oostergoo, Westergoo et Seven-
wolden seront facilement gaignéa, quand on entrera en
conventions et négociations avec les grietmans. Avec la
cave de S. A. on les mettra en cage, si on vetit; qa'on
les parfîime de tabac et de l'eau béniste de la cour, ils
feront l'amonr à S- A. et courront à l'envie ponr estre
enchaînez; en la province de Groninge et de Drendw
l'aâaire seroit encores plus facile, mtds le temps me ne
permet pas de vons le &ire toucher à la main. . . M. van
Dorp ' devoit aller avec M. Verbolt à Wïllemstadt, Niei^
vaert etc., ponr vendre là les dismes de S. Â.; mais S. A.
madame la princesse a commandé que M. van Dorp aille
avec elle, et luy en est fort aise; mais il ne giùgnert
rien par ce moyen pour s'accréditer contre ses ennemis,
comme il &it dessein , car il est tout à fait imprudent et
peu clairvoyant en ses affaires. Vons voyez que je vous
escris fort librement; si vous trouvez mon project pen
utile et hors de saison , je vous prie de deschirer ma let-
tre, et ce sera à vostre discrétion et vertu de me dire
qne je ne m'engage plus en tels ou semblables discours,
et de recognoistre qne je voas escris ces choses de bonne
affection envers vous, pour l'intérest de nostre maistre, hors
de toute attente de recevoir aucun bien de luy pour ce
subject; je désire pour un heur singulier d'estre par là
particulièrement connu de vous. Cependant je vous bai-
sera* humblement les mains, et vous prieray de me conti-
nuer l'hooneur de vos bonnes grâces, puisque je suis.
Monsieur mon iirère,
Vostre serviteur et frère bien humble
et trës-afièctionné ,
n. DE WIU.HEH.
De la Hsye, ce 14 de juillet 1640.
Par lettres de 11 on mande d'avoir découvert une en-
treprinse sur Wesel, formée par un nommé [Haes,] qui
' Appttrtmauat Philippe »n Doq), d-dcTuit lice-amiral da Hollude et
D,g,t7cdb/GOOglC
— Zfad — [1640. Jnaiet.
a lay mesme déclaré le tout an gouverneur, eenieu de com-
passion envers la bourgeoisie laquelle estoît destinée ^ la
boucherie par ordre du cardinal-infante; on luy avoit pro-
mis 4 m. rijcxdalers et la meilleure maison de Wesel;
la cavallerie du colonnel Waal, ou une partie d'icelle,
j devoit assister et fortifier le parti dn Boy Je suis très-
aise que madame la Lantgrave a rompu avec l'Empereur;
j'espère que ce sera tout de bon. J'espère qne l'un et
l'antre resveîllera l'esprit de S. A. pour songer à nostre
senreté en ces quartiers-là, et que madame la princesse
va à Bueren, cela nous confirme l'opinion que S. A. pour-
voit bien vers ce quartier là pour leur tailler là de la be-
sogne et les empêcher d'entreprendre sur nos frontières.
Les volontés sont plus à considérer que les puissances,
d'autant que les puissances sont régies par les volontés.
LETTKG DCXV.
ElizaheA Reine de Bohème à la Comtetse-doufàrière de Nai-
âou-DieU. Elle partage êa douleur.
*,* Eliiibsth (1598— 1 BAS) , filla âa Rot d'ADglelure Jaeqan I «t van»,
dipnù 1838, ât l'Élntcor PiIbUd, babitoit 1* Har».
Madame ma chère Cousine. Je ne vous ay jamais es-
critte qu'à cest beur à regret, et suis si triste qne je ne
BÇay par où commencer, pour vous dire mon affliction
que j'ay pour la perte de vostre cher fils, le conte Henry.
Car certes, ma chère Cousine, il n'y a personne qui le
[pleine'] plus que moy; mon affliction est double, tant pour
sa mort que j'ay aimé comme un frère, et pour vous à
qui ceste perte est si sensible. Je ne suis assés sage pour
vous consoler, mais je prie à Dieu de le faire; cela vous
doit anssy consoler qu'il est pleint généralement de tout
le monde, tant au pays qu'à l'armée. Je sçay bien que je
vous devois envoyer un gentilhomme exprès avec ceste
' plaigna, icgrclta, à moitit qu'il at/eitlg lire pleoM.
,, Google
16«. Juillet.] — 264 —
lettre, mais vous savez la dificulté qu'il y a de passer,
et principallement poar mes gens, que les Impérialistes
prenderoit pour bonne prise. Je vous prie donc de me
pardonner ceste faute, que je &it' bien contre mon gré.
Comme j'avois recen vos deux lettres l'un du "la de rnav
et l'autre du **/u de juin k fort peu l'une de l'autre,
j'avois envoyé mon esqoier ' pour voire rostre cher fils
qui estoit déjà blessé, et je ne vous ay voullne escrire
jusqnes à son retour, espérant de vona pouvoir mander de
bonnes nouvelles de sa guérison, mais, hélas! mon mal-
heur ne l'a vonllue. Je prie à Dieu de conserver cellny
qui vous reste, lequel est fort estimé et aimé de tout le
monde, et j'espère que vous en aurez tant de contente-
ment que cela vous consolera un peu de la perte de
l'aisnéj anasy je vous supplie, ma chère Oonsine, ne vous
laisez trop aller à l'affliction, de peur que cela faae du
mal à vostre santé, et, pour l'amonr de moy, conservez-
vous, pour ne point tue donner trop de tristesse k la fois;
car certes je [la] snis extrêmement; car, après vostre cher
frère', ay aimé vostre fils le plus de tous mes cousins,
et vons-mesme plus que tout cela; ce que je vous prie
de croire, car il n'y a personne plus parfaittement qne
moy, mon très-cher coeur,
vostre très -affection née cousine à vous
BLIZABETB.
De la Haye, ce "V, de jaliet
LETTRE DCXn.
M. de Will/iem à M. de ZuyUchem. Moyens de faire âm
U Prince d'Orange Stadhouder de Frise et de Groningut.
Monsieur mon frère. Je viens tout à l'heure de rece-
voir la vostre du 16, à laquelle je ne puis respondre pré-
■ tm. * ^yer. ■ Vr^rie-Ulricb Udc de Urunswick (IGBl-ieSi).
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 265 — [1540. JqUW.
sentement comme je désireroia, k canse qu'il nous convient
incontinent vendre les dismes de S. À-, comme le porteur
de la présente vous ponrra dire et asseurer en quelle
presse il nous a tronré. Mus laissons à part ces Cf'ré-
monîes qnî ne servent, et entretenons-nous de ce qui im-
porte an service de S. Â. H me semble qu'il seroit à
propos que S. A. envoyast qnelq'un dans les Provinces,
pour leur donner secrètement Fasseurance de ses faveurs,
en cas qu'on le choisist pour gouverneur des provinces
P. ' et G. ', ou qn'il leur donne cette assearance par quelque
aSdé qu'il pourroit avoir es dites provinces. Mfds j'en
donbte fort si S. Â. y a quelque servitteur affidé, car il
est question de gaigner premièrement les villes, ce qui se
peut aisément par les moyens que je vous ay allégués en
ma dernière; puis après on gaignera aisément les trois autres
membres de F.* Mon advis seroit que S. A. devroit faire
prendre quelque résolution sur la concession et donation
des Ëstats de Hollande et WeBtfrise par acte daté le 17
mars 1609, laquelle est de cette teneur de mot ii mot.
„Accorderen mede dat, omme de Vereenichde Neder-
landen te beter in goede unie, eenîcheyt en ordre te con-
serveren, syn excellentie sal worden gedefereert het gou-
vernement en capiteinscbap generaal van aile de Ver-
eenichde Nederlanden, onder behoorlyke commissie ende
instrnctie, die met kennine van de H. H. Staten der
respective provincien tôt dienst der landen darop sullen
worden gemaeckt, sonder verminderinge van de jegenwoor-
dige commissie en de autoriteyt van welgedachten H, graef
Willem over Vrieslant, Groeningen, Omlande en Drenthe."
ffaee $unt formalia. Ceux de Drenthe prétendent qu'ils
doibvent avoir session en l'assemblée des Estats en vertu
de l'Union d'Utrecht. Ils ont voulu prendre S. A. pour
gouverneur, afin de faciliter l'effect de leurs prétentions;
qu'on employé en cette occasion quelque babil homme,
comme le drossard van Echten, pour induire quelques
grane dans l'Estat ou dans la province de Gronîngue,
' TriM * Graniiigu. * Frix.
,, Google
IMO. Joilkt.] — zbb —
afin qu'ils élisent S. A. commvnibti» votùi et êuffragii». Ceux
de Groningue ont des procès contre ceux de Omlanden,
ils ont aussi besoing d'une authorité puissante pour mun-
tenïr leurs prétendus droicts et privilèges et seront bien
aises d'y estre attirés par les espérances des faveurs de
S. A. Il faut que les uns gaignent les autres pour leur
propre intérest. Je vous marque ceci, ^ cause que ^ay
entendu que ceux de F.' G, et Drenthe etc. ont prios une
résolution, par forme d'accord et convention, de prendre
un mesme gouverneur. Par ainsi il est question de gaigner
les uns et les antres. De ceux de Drenthe il ue &at
nullement doubler qu'ils ne seront très-aises de obliger
S. A. en cette occasion sur l'espérance de ses feveurs; ât,
si on les caresse tant soit peu, je dis on on deux qui
gouvernent tout , comme le seigneur van Ëcliten , et
l'autre dont j'ay oublié le nom, qui est parent de mon-
sieur Harsolte, j'estime qu'ils pourront sous main faire
quelque bon office pour gaigner quelqu'un des principaux
des autres provinces, mais il faut qu'on les dispose à cela,
sans y engager en aucune sorte la cognoîssance ou le dou
es eu ces quartiers,
ission de S. A. veis
ieurKnuyt, ou quel-
de S. A. Pour exemple, si vous estî
comme faisant un voyage par commi
madame la Lantgrave, ou bien monsi
qu'un autre serviteur affidé de S. A., qui soit dans qnelqu<
considération et crédit, et qu'il asseuroit, par forme de
discours de son propre mouvement, qu'à son advis on deb-
vroit se servir de cette occasion pour unir plus estroic-
tement les gouvememens et la milice de ces quartiers
avec les autres provinces, qu'on représente la légèreté et
le peu de sens et d'expérience du conte Guillaume, quelles
faveurs chaque province peut tirer de S, A. en leur par-
ticulier et privé, j'estimerois qu'on les escouteroit fort vo-
lontiers et qu'on les gaigoeroit facilement Je n'ay loisir
à ceste heure d'y songer, mais il me semble que cest
affaire est fort faisable, et qu'eux-mesmes ne se laisseront
pas tirer l'oreille beaucoup, si l'af^re est manié par des
' Fri«t.
,, Google
— 267 — [16*0. Juillet.
gens qui ont quelque dextérité et crédit. Je Touldroïs
qu'on Sst faire quelque interprétation sur la résolation
susmentionnée àa l'an 1609, pour ne laisser la milice
destachée, comme elle est Vous voyez que le conte défunct
a incontinent disposé des chairs vacantes de la milice, donné
une compagnie à an sien précepteur, lequel je na cognois
point, mais, s'il n'est bien usé en la gnerre, on pourroit
bien alléguer et remonstrer les inconvéniens ; je veux croire
que ceux de Frise l'ont poussé à disposer des charges
vacantes, mais si comiter obiervare viduUset nodniin prin'
cipem, debuitset êuperteJere. Or j'estime que le conte Guil-
laume n'osera entreprendre de briguer ouvertement le gon-
vemement sans l'advis de S, A.; qu'il se contente qu'il
soit lieutenant de S. A. et qu'il tire les émolumens, cela
ne su£Bra-il point? L'absence d'un gouverneur en chef
n'est pas inutile quelque fois aux provinces et leur venue
apporte pas touajours tout le contentement N'y auroit-îl
pas moyen de gaigner le conte Guillaume mesme d'accepter
volontiers ce parti et l'engager par une convention ensorte
qu'il ne puisse accepter le gouvernement etc.? Vous y
songerez, car certes je n'ay loisir maintenant et vous
escris ceci avec un sens un peu troublé , & cause du tabac
de ces gens, qui doîbvent partir.
Vostre obéissant serviteur
D. DE WILIUBM.
16 Julg, Leerdani,
LBTt>BE BCXTII.
Lt mSpié au même. Même tujeL
Monsieur mon iirère. Je vous ay escrit devant midi
entre 11 et 12; je voQS escris celle-ci par M' Dîmmer,
le rentmeester d'Isselstein , pour vous dire que j'estime que
monsieur Harsolte pourroit bien faire quelque béneFBce en
ces provinces de F., G. et D., feignant de retoamer à la
Haye après avoir veu la constitution van syne [MoerenJ
U,g,t7cdb/GOOgIC
IfMiO. Juillet.]
■ 268 -
ésqaelles on voas a vottla engager et moy et tout, et il
est expédient de bien ménager cette occasion , laquelle est
belle pour S. A. ; car il est à craindre que ces deux mai-
sons se chocqueront un jour grandement. Nous sçavoiu
qu'elle - est assez appuyée d'elle-mesme par les estroictes
alliances d'Angleterre et de Denneroarc('), et avons h crtùn-
dre la perverse et dépravée aâection des Frisons et voi-
sins, si ou ne les détourne. Le conte Guillaume se peut
encores appuyer davantage per matrimomum, targitiona,
spet alque poUidtationee. II est question de l'en empêcher,
et, pour cest eâêct, seroit bien nécessaire de trouver qnel*
que expédient de l'engager par qnelq' oflre, afin qu'il ne
peut' accepter la charge du défîinct, et j'estime qu'il n'o-
seroit répugner à la bienveuillance de S. Â. , qui lui pooT'
roit offrir les émolumens <Uq^*e dignilatU imaginem , le dé-
clarant son lientenant et l'attirant par autre cordelle
d'alliance et de coartoisie, dont S. Â. se peut prévaloir li
l'occasion selon sa pmdhommie. Au reste il sera plus
que nécessaire de se servir de M' Harsolte ou de quel-
que affidé en ces provinces et, si S. A. n'en a point, il
faut y envoyer quelqu'un qui face l'office, comme en pas-
sant, sans monstrer qu'il y aye dessein, ordre ou comman-
dement. En Frise on peut gaigner le parti d'Alva' par
la faction de l'autre et vice vertâ. On pourra fort bien
dénoter les inconvéniens des milices séparées. Un Hsx-
solte qui est entendu an militair, sçaura fort bien déduire
les maux passez et ceux qui sont à craindre à l'advenir
par la proximité des troupes impériales en la Westphalie,
et la mauvaise intelligence avec le Roy de Dennemarc*,
qui est un affaire, à mon jugement, de tr^grande con-
séquence, et leqnel on néglige ou mesprise trop. Il ed
le pins redoutable ennemi que ce pays aye à craindre
après le Roy d'Espaigne, mais on ne l'a pas estimé tel
Née nobi» minimo ea penuatio cotiatità. Sona aimul nottra
(I) La mtee de U Comteste ia NMtaa-Disti Aoil Kieai da Roi do Duh-
mtrsk «1 de I» Rdns d'AngIcterra min ds Chulea I.
' pat. ' AylïB. • Chritien IV (1S88— 1648).
U,g,t7cdb/COOgIC
— 269 — [1640. Juillet
oe mata ûfnoratnua, ... En Frise s'il ne se pourra obtenir
directe ce qu'on désire, an non posait mutari velificatio et
oHquid obtineri per étudia reliquarum provinciarum Principi
obnoinarum, per honorem atgue unionem imperUf per vint
ùtque poteaiatem imperHf Considérez les révolutions à crain-
dre en cas de mort qoî pourroit arriver à S. A. Sî le
conte GKiillaume succédast qu'il pourroit asurper sur te
jeune Prince durant sa minorité et susciter d'autres trou-
bles aux occasions par la substitution dans la Principauté
d'Orange. J'espère que Dieu conservera S. A. et le jeune
Prince longues années, mais il n'y a pas chose qui im-
porte plus h S. A. que de surmonter les difficultés de
ceste succession à la charge du défunt, pour le bien de
sa maison et l'utilité des autres provinces. Je prie l'Éter-
nel qall face réussir le dessein de S. A. et désirerois
fort qu'on s'y employast à bon escient par un concert
Rea erit /adtii Principi, ai nomm, amicoe, mini»tros,fideUa,
paatorei , et ubi virea suas reapexerit ....
Tous in ritum veteretn,
n. DB WILLHBM.
18 Jaly 1640 Leerdami.
LBTTBB •CXVIll.
La Princeatê d'Orange à la ComUate-doiiair&re de Naaeau-
Dieti:. Compliment de condoléance.
*.■ Vofn U Icttm au.
Madame. Je suis extrêmement mary qu'en ' si moven '
sujet me &it avoir l'honneur de vous monstrer le résen-
tiement que je prens h tous ' qui vous touscbe et par ce
qu'il a pieu à Dieu de vous ester monsieur vostre fils hor
de ceste monde, je creny * estre obligée de tonte sorte de
fasçon de vous paroistre la part que je prens à un si grande
perte que vous aviës fait; elle ne peut estre seule à vous,
mats à tous ceux qail l'ont honnorée, selon se * mérites
U,g,t7cdb/GOOgIC
16*0. JuilW.] — 270 —
et bonne calités. Je tous prie donc, Madame, de proo-
dre de boune part le résentiement que je prens de yostre
juste deulje', m'assarant que vostre grande constansce sur^
mondera' cest malheur, avec on grand couraache, vous
assurant qu'il est mort en sa Tocasction' et avec répetatc-
don'; c'est le scbemin que nous devons aller tertout*. Je
confaies ' qu'il est dure à une mère de perter ' un file de
si grande espérance, mais contre la volonté de Dieu y
n'est rien à dire, et moy je le priera' de vous donner la
consolasction qui tous est néscesre*, et m'asnre que voui
voua remestés tout à sa volonté, qui est tous qui nous
necesre' et [jentieule] je vous souplîe'". Madame, decroyre
que vous n'avés person qui tous bonnor* esgall de moy,
et me soubait l'occasion de tous pouvoir monstrer, par les
esfait", combien que je suis Téritablement, Madame,
vostre trèg-bumble servante,
AMELIE D'OBANOX.
à Bolduc, le 19 de juillet
LBTTRB BCXEX.
Le Prince cCOrange à la même. Même sujeL
Madame. C'est avec un extrem' regret que je suis
obligé de vous faire ces lignes, pour vous tesmoigner
l'extrêm' déplaisir que je resens de la perte que vous
avés faitte de feu monsieur vostre fils. Je Tay aimé et
estimé très-particulièrement, et avois espéré que cest Estât
en eust peu tirer de bons services, mais puisqu'il a plea
à Dieu en disposer de la façon, ce vous doit estr' nne
grande consolation qae sa fin a esté généreus'; c'est pour*
quoy. Madame, vous devés montrer cest courage à suporter
ceste afliction, et tous remettre entièrement à la volonté
de Dieu , lequel je prie voua doner autant d'alégement à
vostre douleur que je voua en soubaitte, et à moy le
' danil. * lannontcrs. * Tocatioii. * rfpatalioii. ' toai. ' confiHM-
' perdre. ' prierai. ' nJecsMire. '* lapplie. " etTeta.
D,g,t7cdb/GOOgIC
■ 271 ■
[1640. Juillet.
moien de tous tesmoigoer pas mes services combien je
vous honore. Je vous supplie de m'oDorer de vos co-
mendements et de vous assurer qu'en toutes les occasions
où il voua plaira de m'enploier, vous trouverez que je
suis véritablement, Madame,
vostre très-homMe serviteur,
7b6diuohbnrv de nasbao.
' du camp à tfoock, le 36 juillet 1640.
A Madame la Coutetse de Nassau
Duchesse de Brunstricl^
liCTTBE mCXX.
M. de Willhem à M. de Zui/lickem. Il iniitte na- le tujet
de la UUre 616.
Monsieur mon frère. Nous sommes retournez ici en
santé et avons trouvez tons nos parens et amis de mesme,
gràces à Dieu. Attendant vostre responce aux miennes
du 18) je n'ay oublié de communiquer de mon chef l'af-
faire dont est question avec un mien ami de Frise, et
]uy &ire entendre de quelle importance seroit à la Frise
la faveur de S. A. en toutes leurs foc^ons, désordres es
finances, et particulièrement en l'attente du rebais de la
cottîsation, qu'ils ont tousjours tant désiré, et en tous
autres différens qu'ils ont avec les cïncq autres provinces,
et avec leurs voisins plus spécialement J'ay exaggéré
les maux et inconvénlens qu'ils doîbvent appréhender,
choisissant pour gouverneur en chef un jeune seigneur
volage et peu expérimenté, et négligeant l'occasion d'es-
lire S. A., en la personne duquel contestent la valeur et
Is prudence. H avoue mon dire et me fait ouverture
qu'il y a moyen de gagner les villes de cette façon; qu'il
a à sa dévotion Tobias Tecneius , Rippertus Sixti ' et autres
ministres, qui ont le plus de pouvoir ^ captiver les bon-
nes grâces des bonnes gens dans les villes, parmi ceux
' Dioùtn* da l'figlùc Beforinje à LceDwiidcD.
,, Google
JMO. JuîlUt.] — 272 —
dn magistrat et ce qai eu dépend. Mais, ponr ne tenir
le loup par les oreilles, il propose qu'il effectuera que la
ville de Harlingen s'addressera k messieurs les Estats-
Généraulx, ponr avoir octroy d'eux de pouvoir faire et
créer leur magistrat, comme font les villes de Leeuwai"
den et Franickor, die baar raetsbestelliuge selfs doen, nyt
cr&chte van 't octroj van liaere Ho. Mo.; que cette ville
s'engagera à S. À. sur l'occasion de cest octroy , que les
autres villes suivront, lesquelles on pourra traiter comme
on vouldra par dilatoires, et obtenir soudain leurs sufin^
ges pour S. Â. La cour sera aisément gaigné par le
moyen que je vous ay proposé, bien 'que quelques nns
des conseillers, comme M" Andréa et Viersen, monatrent
de vouloir faire pour le conte Guillaume, avec lequel ils
prétendent pent-estre d'entrer plus facilement en conven-
tions et négotiations à la mode de Frise. Ces deux-U
partirent hier de bon matin, lorsque je pensoi me don-
ner l'honneur de les aller voir chez monsieur de Haye.
Je luy respons sur cette difficulté que, si la cour traïtte
avec le conte Guillaume, qu'ils pourront estre affinez,
comme ils l'ont esté dn temps du déftmct, et qu'il se-
banderoit aux occasions de regaigner ce qu'il pourroit
lascber présentement, et qu'alors il seroit trop tard de
a'addresser ailleurs. Je luy propose l'exemple de la pro-
vince de Gueidres etc., et la spéciale bonté et bénignité
de S. A. en l'endroit de ladite cour de Gueldre et Z. '
et presse particulièrement que S. A. sera bien aise de
déférer quelque autborité à la cour de Frise, afin que
son lieutenant en son absence n'usurpe trop de pouvoir
en la province, ains se contente de l'honnenr, et qu^
S. A. demeure via ac potettat imperii. Par ce qu'il m'es-
crit, je vois que Ceux qui sont là en considération envers
leur parti sont messieurs Ailva, Eysinga, Burmauia,
Koorda, Hottinga, notamment Rienck Burmania, Hobbe
Ailva et Douwe Hottinga. H me mande que le secré-
taire Sohnius estoit arrivé là en grande diligence, et qu'il
' Zatpben.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 273 — ^ [IMO. Jiiliet.
brignoit fort poar le conte Gniilaame, qa'icela^'conte estoït
aussi arrivé, qu'il me rendra adverti de ce ((u'ils entre-
prendront, dès qu'il en pourra faire quelque jugement;
il s'oblige de gaigner les nobles susnommés, au moins
la pins grand part, comme sçachant tous leur intrigue,
n me marque particulièrement que tons les députés de
Frise, qnï sont hors de la province, tant ici à la Haye
qu'en l'armée, n'ont point de crédit en Frise. Je sçay
de bonne part que messieurs de Bockborst * et Enuyt ont
parlé ici avec quelques dépotés de F. et 6.; je m'apper-
çois à peu près de la responce qu'ils ont eue sur leur
propos et discours, mais, ik mon ad vis, S. Â. feroit bien
de se servir de qaelqa'un dans la province mesme ad
introêpiciendas et âirigmdix» procefum voluntaUt. M. Keth
à Harlingen est fort babil homme, et propre pour agir
en la dite ville pour S. Â. et ailleurs, si on veut, es
petites villes. Mon amj aussi désire s'y employer avec
affection extrême, et il y-a grande apparence, me dit-il,
qu'on défère le gouvernement de Frise à S. A., pourven
qu'il mette pour son lieutenant le conte Guillaume. Comme
je luy avois dénoté le peu d'heur de ceux de cette maison ,
particulièrement en la personne du père et du frère, et
qu'il y auroit à craindre de mesme pour ce jeune sei-
gneur, il me dit d'avoir entendu là des principaux offi-
ciers, que ni le père ni le fils défhnct avoient eu le sens
rassis pour prendre conseil an destroict et en l'angoisse,
quod non potaerinl capere comilium in arenâ; qui est certes
un grand dé&nlt en une personne de commandement. — Je
pensois de poursuivre ce discours , mais me voici abenrté
par voBtre lettre du 23 que je viens de recevoir, par la-
quelle vous me dites que dores avant' il suffira que soyons
spectateurs. Non ti iidare d'Frisoni. Je ne veux al-
léguer ici mon expérience pour ce subject, ayant demeuré
et estudié quelques années en Frise; les histoires nous
fournissent beaucoup des exemples de leur peu de loyauté.
' Nicolu na an Bonckhont, SsignsuT ds Noordiryk, dJpalJiDi Etati-
Oéatmax (1&8T t lf>*l)- * dor^iitTuit.
m. 18
,, Google
19*0. Jpilhi.] — 374 —
Si ceux de la prorince monstrent qaelqne avenion con-
tre S. A. , ou qa'on remarque des tergiversations des prin-
cipaux par préoccupation, appréhension de trop grande
puissance de S. A. etc., cela affirmera la condition in
conte Guillaume et l'aathorisera mesmes grandement en son
parti et dessein. Pourtant je conclude' qa'il &ut qu'il j
ait quelqu'un qui agisse accortement * , homme de pratti-
ques , hrignes et menées , telle que j'estime estre mon amy ,
qui veille à tout, se fourre dans les maisons, conseils,
collèges et cabinets, pour profiter les* occasions et apporta
le meilleur conseil et remède que le temps lui permettra
à la confusion qai s'y trouvera. Car il £uit que roos
sçachez qu'il est tout certain que plusieurs iâ de nos plus
grands politiques, auxquels S. A. peut-estre ne se fie
que trop, seront marris de ce que ces gouvememena de
F. et G. ne demeurent à part, satis estre joincts aux aul-
tres des 5 provinces en la personne de S. A. , et par
conséquent à son fils le jeune prince, afin que S. A. soit
moins redouté et aye moins d'authorité es provinces. Qvi
Rea ett, regem, Maxime, non habeal; c'est leiu maxime,
laquelle S. A. sçaura mieux ^attiquer en son endroit,
à mesure que les affaires s'y adonneront. Je ne veux
estreindre cest af^re davantage et n'ay garde de propo-
ser qu'on doive, comme par une pressée iastanCe, faire
poarsuitte sur l'interprétation de la résolution d'Hc^asde,
puisque S. A. ne désire qu'on touche cette chorde, biea
qu'à mon advîs S. A. feroit très-bien de suivre et presMT
les mesmes maximes de feu le prince son père de glori-
euse mémoire et de son frère défiinct le prince Mauriccu
Cestni-ci n'a point eu l'occasion si propice, mais on con-
noit assez sa visée et ce que l'union et la bien de ces
provinces requiert; il suffit d'avoir fait sentir en avoir
envie. Je vous envoyé celle-ci par »m messager exprès,
afin que vous me commandiez si je dois surseoir la cor>
respondance de Frise tout i, fut. Je jure et proteste de-
' codoIdb. * iTec awTliw (Amiliarilé pldeau).
■ mettre i pnGt le*.
D,g,t7cdb/GOOgIC
275
[lUO. ■
vsnt Dieu qae j'&y un grand regret de ne pooToir mes-
nager cette occasion tant belle, sans engager es ancane
&çon son authorité et son nom, et de considérer qn'il
faille qae S. A. passe par les mains des gens ifoorum
tmpêeta mihi est fideê. Je sols trop bien avisé pour
mettre jamais en considération l'offi^ de mes services;
mab c'est ponr vous monstrer combien à tort S. A. se
sert des gens qui lai sont peu affidez, là où il a moyen
d'estre bien servi des personnes de la province, mesme
par l'intelligence et dînction de ceux de son conseil , s'il
vent Je vous prie que j'aye sondain responce dessus
ces poincts de ma lettre par ce portetir. Le prince Guil-
laume a establi ces lieutenans en F. ' le conte de Renne-
berg, M' de Mérode, et le conte GoillauBie ', chef de
cette maison , b'« pas tsnn à boute de se veoir dans tel
emploi en la [nrovince de Frise, lorsqu'elle n'estoit pas
considérable comme k cest heure, et, à ce que je m'ap-
per^, il semble que ce serok peu loisible ou bonnorable
de procéder en la forme que deggna. Si cette occasion
eecbappe à S. A., il la regrettera et toute sa postérité
et peut-estre nos descendans aussi. Dites moy librement,
je vous supplie, vostre opinion; elle me sera comme une
loy à tons jamais, et je ne vous importunenù plus sur
ce subject Tenez moi tonsjoun au reste pour. Monsieur
mon fHre,
vostre •arriteur bien humble et trfes-aflvctàonité ,
De U H^, ce as 4e juillet 1640.
Si S. A. se tient assenré de son bastoa, qnod tctipii
mqtra hie [tn/vMum] tato, ego quatidu itUit gravibue absqut
itUâ mittiatte fatigor or.cufiationiitu , et on peut bientost dé-
servir un priooe. Quand je me souvien ^e ma dlsgr&ce,
je renonce à toutes choses bon de ma pro^Msion , et m'oc-
cupe volontiers eu choses beauOMip mdndres, où il n'y
a point de daagw d'encourir la mauvaise giÂce du prince
' Prîw. * a. Uui*.
18»
,,Googlc
IMO. JuiUrt.] — 276 —
et recevoir pro themuro carbonée. .... Les afiaires vont
mal en Allemagne pour les Suédois à ce qu'on me mande;
toutesfois les lettres de Bilderbec ne chantent que la vielle
chanson, si les affaires des François sont deatoornés en
Italie. Gram a gli Tudesd et Dieu veuille que nous ne
benvions la lie du calice de son ire. Charta me damt.
Voie a me amare perge.
LETTHE BCXXI.
Le même au même. Même mjH.
Monsieur mon khre. Par ma dernière Je vous marquay
que ceux de Harlingen pourroient facilement estre induits
à demander la faveur de la recommandation de la part
de S, A. pour obtenir l'octroy ou privilège de messeigneurs
les Estats-Généranx pour establir la magistrature et police
dans leur ville à l'instar des villes de Leeuwardeo et de
Franeker, et que moyennant ce ils donneroint leur voix
k S. A. et les autres viUes aussi, lesquelles toutes cher-
chent de regaigner ce qu'on leur a usurpé. Crede mihi,
magnum momentum ett in urbibua; mais puisque S. A. a
d'autres moyens plus puissans pour gaigner les villes et
les grands es quartiers, je ne feray plus travailler pour
cest affaire. H suffit que j'ay monstre mon affecdon, et
vous me permettrez que je vous dis encores ceci, que
S. A. fera bien de ne se fier trop au dire de ces députez
de F.' et G.'; ils n'ont pas le pouvoir qu'ils font acroire.
Je me suis pené ' de chercher dans mes papiers la réso-
lution de M" les Estats-Généraulx pour l'union des goo-
vememens et de la milice, mais ne t'ay aceu trouver;
si je ne me trompe, elle est telle qu'elle n'a besoing d'au-
cune interprétation et foit entièrement pour S. A. Ce
m'est assez que S- A. s.oit servi comme il l'entend mieux
estre expédient et nécessaire, et qu'elle sçache que les
■ FrJM. 1 GiomagM. • donné da li peine.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 277 — [IMO. Jnillrt.
paires agissent par divers ressorts et ont lears saincts
aa conseil , lesquels il faut empescher de faire miracle
Ponr concInsioD je prie Dieu qu'il prospère les desseins
de S. Â. et vous doint ' longue vie. Monsieur,
voEtre serviteur bien humble et très-affèctionné
D.
Ce U de juillet 16iO, à la Haye.
LETTBE BCXXn.
Le même au même. Même n^eL
Monsieur. Aajoardliui messeigneurs les Ëstats-Géné-
raulx se sont assemblés apr^ le presche jusques à un
henre aprës-midi, et a-on délibéré d'escrire ime lettre
aux provinces de F. et G*, en faveur de S. A-, pour les
induire à luj déférer le gouvernement M. Veltriel ' ayant
reconnu l'intention de tous les autres dépotez des pro-
vinces , quoiqu'il eut paravant ' poassi5 la résolution qu'on
devoit escrire comme dessus, a osé quasi protester pois
après à l'encontre, disant qu'il ne ponvoit, als volmach-
tigei consenteren ïn sulck schrijven oft versocbt dat hem
geliefden t'excuseren van wegen sijne provincie. Mon-
sieor Walta n'y estoit pas. M. Loo n'a osé luy contre-
dire. M. Alting de Groningue s'est aussi dé6é de se
déclarer. Or sçay-je jeudi qui vient, le landtdacb com-
mence en Frise et M. Veltriel y est appelle , comme vol-
macbtige, auquel M. Sobnius a escrit une lettre en Ittveur
do c. Guillaume. Je m'apperçois qu'on veuille accélérer cest
affaire, pour rompre le dessein de S. A., à raison de
quoi j'ay estimé ne pouvoir de moins faire que de vous
en advertir par homme exprès, et me suis servi de ce
porteur pour n'avoir sceu trouver aucun messager. Je
me doubte que S. A. se repose sur l'attfinte de l'offre
qu'on luy fera. Or suîs-je adverti qu'il y a & craindre
qu'en la F. les affaires se réduiront it tel poinct que S. A.
* doDDs. * Ju Veltdriet, li-dcnot baurgucmaltiB it Dokknni. • ta|imTknt,
,,Googlc
1040. Atii-i
■ 278 ■
ne remportera aucun contentamant de ce dessein, ù oe
n'est qu'on y travaille poissaounent et avec dextérité et
qu'on pourvoie aux difEcultés à nùstre. Messieurs 1m
autres députés de F. qui sont ici ne sçavent rien de «
landtdacb , et je crain que la négligence de cenx auxquels
S. A. se repose luy fera perdre cette belle occasion, et,
quand le mal sera arrivé, nous voudrions avoir donné je
ne sçay quoi pour le réparer. Dieu par sa gHLce veuille
le bénir te dessein de S. A., maïs il est question qu'on
recherche quelque antre senreté et qu'on ne face l'endonni
en cest af^re- H n'y a. rien au monde que S. A. doive
plus soigneusement éviter que de donner argument d'estre
trnstré et mocqué , et vous conjure de disposer S. A. qn'Q
luy plaise ofdonner à temps qu'on pare à ces coups ; (Jùm
utium prorogart non esi e re prùtcipiit. J'espère que le por-
teur s'acquittera d'nger toute diligence, selon sa promesse.
S'il voua plaigt, voua luy donnerez contentement pour le»
frùs de son voyage. Ceci importe à S. A-. appréheu'
dei-le, je vous supplie, pour l'amour de Dieu.
Vcatre serviteur,
D. DE WILLHBH.
De la HaiFc, fs 3B juillet 1640.
Ce porteur part à 6 heures du soir. Je vous prie que
S. A. donne ordre & cest affaire , il y a naoyea de re-
dresser le tout, perktdum autem eit m viorQ- Walt» et
tons ces députez se refroidissent; prineipi imponitur nuo
judicio. Non pecco faciUtate, mihi creda, qîtaeso. Ego tntttui
Qfffero^ iMR ift^ero.
LBVTKB ■CXXIII.
M. de Beenvliet au Prince cC Orange. ïkiHretUn aoïc Itt B»
^Angleterre.
Mûnseigoenr. J'ay lundy dernier, le 30 du mois passé,
eu audience et une longue conférence avec le Boy. ï/iO'
D,g,t7cdb/GOOgIC
■ 279 -
[1040. AoAt.
trodactdoQ estoit de réjonjBsance , de la part de vos Al-
tesses, sur la naissance du jeune Prince, et après que
j'avoîs receu responce de Y. Â. sur les articles de ma-
riage, aasquelles V. Â. se montroit anltant facile, qu'yl
se pouvoit, pour passer à la conclusion, comme ne dési-
rant que la perfection de caste négotîation ; que le chan-
gement par-cj par-là, estoit léger et nullement sabstan-
^eux au r^ard de S. M., que le traitté ne poulvoit plus
demeurer secret , qu'yl n'y avoit plus moyen- de la cou-
vrir ou desgniser, et qa'yl estoit plus que temps que Y. A.
doDuast, immédiatement après que les articles seroyent
signez, oognoissance aux Estats, la Royne de Bohème, et
an Soy de France, et aussi pour penser et préparer la
solemnité de la recercbe; qu'aultrement, sy on ne résoult
à la conclusion, que la saison sepasseroit. — Le Roy dit:
„je le veus, mais qu'est-ce que S. A. trouve !t redire?"' Je
dis: „Sire, S. A. a observé que la célébration est remise
à 12 ans et le contraot à un an devant, et S. A. a tous-
jonrs pensé que le traitté s'achèveroit présentement et le
transport de S. A. Boyale immédiatement après, et encor
dans l'automne de la présente année, pour y estre recene
et instruitte dès son en&nce selon sa dignité, et pour y
estre aymée et honorée, ainsy que leurs A. A. en ont le
désir et l'affection. C'est ponrquoy V. M. est très-hnm-
blement suppliée d'abréger les espérances de S. A., et
que le mariage puisse estre feict après la signature du
traicté par publication d'iceluy et la solemnisation des
fiançailles en forme; lequel mariage ainsy ^ct et publié,
que S. A. Royale puysse estre transportée incontinent
après en Hollande, en qualité d'esponse de S. A. le jeune
Prince d'Orenge; et Y. M. obligera et donnera un grand
contentement à S. A. pour abréger par l'achèvement du
mariage ses espérances, en Iny donnant entière asseurance
(en attendant l'aage de consummation) de son accomplis-
sement, lesquels anltrement, par considération en divers
accidents et changements, seroyent toujours douteux." Le
fioy ine dit: „il f»alt voire si cela sera assés honorable
D,g,t7cdb/GOOgIC
16«. Août.] — 280 —
de transporter un si jeun enfanL" Je dis: »Sîre, tout &
faict, et cela fondera, après une liaison de telle consé-
quence, Dostre commaoe conservatioti.'' Le Roy me dit
encor: „mais comment ferons noasF elle est si jeune." Je
dis: „Sire: la consummation réelle se fera dans sept ou
huict ans, mais la solemnisatioii des fiançailles par pro-
cureur, incontinent après la conclusion, pourveu que V.
M. et S. Â. y donnent leur consentement et approbation."
Le Roy me dit: „Et bien nous verrons, et puis y-a-yl
aultre chose?" Je dis: „Sire,le3cérémonie8; elles sont im-
possible d'introduire chez noas. Y. M. mesme ne le con-
seilleroit à S. Â., car cela donneroit une très-grande al-
tération dans l'Ëstat, et non pas sans déseirice de U
maison de S. Â. et discrédit parmi les ecclésiastiques;"
que S. M. scavoit que nous professions une mesme fby
et vérité et que les cérémonies n'estoyent de l'essence n'y
nécessaire , comme ne disant aucune partie de la doctrine.
lie Boy me dit: „je ne me soucie des cérémonies," mais
comme je dis: „ Sire j'en sois bien ayse;" S. M. répliqua
incontinent: „il faut faire ce qu'on peult; le mesme a esté
stipnlé par feu mon Père, lequel contract j'ay suivy, mu-
tatit mntandis." J'en dis: ,|Sire, son Altesse m'a envoyé
une copie et dedans icelle cela est demeuré k la liberté
de la Princesse." Le Roy me dit, que non. Je dis que
la copie doncq ne s'accordoit avec l'original, car dans la
mienne cela est, et je donneray l'eztraict à V. M. — Le Roy
dit: „je le veux" (je l'ay faict et cela se trouve). Après
tout j'adjonstois encor qu'yl seroit impossible de l'obtenir
des Ëstats et de nos Eglises; que l'intention de leurs A.Â.
estoit de rendre chère et agréable à nostre peaple S. A.
Royale, tant en considération de l'uniformité de la religion
que de la grande alliance, et que cecy troubleroit l'Ëstat
et le peuple, et rendroit à eux l'alliance moins agréable;
c'est ponrquoy je suppliois aultre fois S. M., tant qu'elle
désiroit le bien et la bonne volonté de nostre peuple en-
vers madame sa fille et le contentement de leurs Majestés
mesmes et de leurs Altesses, de vouloir avoir agréable
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 281 — [1(40. Aofll.
que le dit article pouvoît estre eSacé, comme obligeant
son Altesse k nne chose impossible. Le Roy me dit:
„niettoz les articles qae je vous ay donnez d'an costé et
celles de S. Â. de l'anltre, et donnez les i M' de Vane,
et je vous donneraj responce anssitost et verrons ce que
noua poorrons." Je dis que je le feroïs et le fis le meeme
soir, les mestant le lendemain entre les mains du dit
Sienr Vane; mais comm' yl debvoit aller avec !e Roy k
Xjondres le jour après, et qn'yl ne retoomeroit qne ven-
dredy qui est ce soir, m'a prié de remettre tout à son
retour, et qn'allors nous reviendrions ensemble Je sois,
Monseigneor,
De V. A. très-hnmble , très-obéyssant , et
très-fidèle serviteur,
HBBNVUXT.
De Londres, le 8 Bonat 1640.
LBTTmE BCXXIT.
M. {U WU&em à M. de ZitrjUckem. Il regr^e qae lee Etait-
Oinéraux ayent envoyé une députaiion en Frise.
Monsieur mon frère. La Généralité a envoyé en F.
messieurs d'Âemliem et de Rynswou, pour les faire ré-
sondre de choisir S. Â. Si les Volmachten ont gonsté
le cochon du c GnilUume, il faudra d'antres mains pour
le leur tirer des dents. Ils ne seront pas expédiez du
jour au lendemain, puisque ceux de Frise demandent la
présence des députez de Groningue et Ommelande, et
qu'icenx ne pourront députer qu'au préallable ils n'ayent
prins cette résolution en leur assemblée à tenir. Or mes-
sienrs Schooenborg, Âltïng, Drews et d'autres encores
sont ici; ce qni me fait croire qu'on s'est trop hasté d'y
avoir envoyé si tost, et qu'il eut esté plus expédient de
sonder rasseorance de leur affection k S. Â. et la cau-
tionner par lettres et envoyez, en cas de besoin.... Je
trouve estrange que S. A. aye avoué ceste députation
,,Googlc
luo. A»«t.] — 28î —
eontre ses maximes. Primum de oommeatu proapieiettdwn,
pott dé miliU. On apreste la viande pour rire et le vin
resjouit les vivans, mais l'argent respond à tout, dit le
sage; ce qae le S. Père traduit: et pecuniae obedùuU
omnia. Pourquoi point y eDvojer le madré ' Jean Lanrens,
pour débiter son safiran? AVAiV hic video ad normam legii
aui regii, unde mérita omnia pro wwpectit habenda. Puisque
S. A. change d'advis, il me sera permis de heurter k la
porte de vostre bonté, et tous demander si tous croyai
les Frisons si simples qu'ils estiment que ceste députatioa
soit faicte à l'inscea de S. Â.? Js precipiti taide lemtraria
interdum remédia non imparité adhibentttr; Dieu veuille qu'on
ne soit pas à se repentir d'advOuer ceste ambassade. Qnid
enim Ji^, si palam in heroem nottrum olmitanturî qfippt
peratamm itliê quod de/itnettim catibui et periculii objectârit;
corpus conciUandae gratiae aique vindicUu eonspiàmdum «x-
hihetur, el voce» graves aique foUacM coram ingeruntur. . . .
Vous m'avez destoqrné ou plustoat arresté en bean che-
min. (Testoïs apr^s pour traîtter par tierce main avec
Solmius mesme, et laj en eusse dérobé la cognoiseance;
muB puisque la Généralité y a mis la main et que vous
ne vous eu expliquez pas plus clairement, je m'en lave les
mains. .Pavois l'homme prest pour y envoyer, mtûs je
n'ay garde de &ire courre et prescher sans mission et
gages. Viderint cuja rps est; ca^erum nom genUm iSam
cm rehffio fervet in Ittero, atçue, ubi eompendium non est,
ibi nec Deum este, obsemare omnes Soaraticwn iUud d«
NihUo j\ihil in NiMlum. Je cherche et recherche en mon
esprit l'effect qu'on ponrroit prétendre de la susdite dépn-
tation, et je n'en puis trouver que ceci que peut ettre le
conte Guillaume pourroit désister de sa poursuitte; il le
dira peut-estre, mais ils feront agir les autres sous main,
et potUriora eruat pritmbus dtteriora. A siccâ teiapeitate
naufragùim mêtuo. Vole nuqae amare ptrge.
7kM (n ritam veterem,
6 Augusti 1640, Hagae. n. »B wiLLSEM.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— S83 — [iMo. âo«.
L«TTBB BOXXT.
Ae même au même. Il faiU tonger térieiuemml et promp-
iement au Stadhoudérat de Grotangue.
MoDsiear mon fr^r«. Le S' Sohnins ' eecrit an couhdie
Casembroot, qae ceax de Frise ont prÎDs et choisi een-
Bteiniae)t)ken ctriatim et tnagno popxJi applauau Toor bae-
ren stadtholder graef Willem. Il est question qae S. Â.
n'ose pins tant de âegme et ne commette les choses an
bénéfice dn temps ubi festinatiotie et poUicitaiione opu» est.
M' Sohnins a en ponr femme en premières nopceg la
soenr de la fenme dn faorgemaietre Eisinga à Groningue;
qn'on y employé quelque meilleure main qu'en Frise, ou
l'affaire se conduira point k bon port; je gémis en mon
sein * la lenteur de S. Â. et les lettres et ambassades de
M" les Fstats-Gi'néraulx. Cenx de Frise ne se conten-
tent pas d'avoir choisi le conte Guillaume pour gouverneur
en chef, mais envojent quatre députez pour solliciter ceux
de Grontngne à faire de mesme; regardez quelle outrecui-
dance! U font une grande main pour (aire un grand coup,
je le confesse, mais, en un affaire précipité et peu asseuré,
quel mal y auroit-il de bazarder et prodiguer les promes-
ses convenables en telle occasion, le tout soubs mainî'
Bteeita, qHoeio, heroem. Us s'assembleront le 30. Je crains"''" ■
qu'on aye deejà négligé le temps de profiter* cette occa-
sion. Mais quand mesme on feroît un voyage ponr
néant, cela ne vent rien dire; peut-estre que , par la dis-
sontion de cens d'OmIande avec U ville, qu'on viendroit
encores à temps. Je vous supplie de haster l'achemine-
ment de cest affûre. Je vous suis, monsieur mon irère,
vostre serviteur très-obéissant et ptns humble,
D. SB WILLOKM,
7 d'aoDst 1640. à la Haye.
(') Dese voomoen is gtaaf Willem bereets tôt stathooder
(I) Ce qui mit, fcrit d'ane antre main, temble on biDrt rcfn de la Friic
et qM M. de WiUben eommiiiiiqDe à H. da ZujKebEm.
' icerâwn do comte GaiUaBUK. * de temite omit, * BMttre à profit,
D,g,t7cdb/GOOgIC
iwo. Aoflt.] — 284 —
verkoren, sonder gewach van instructie of magistraatsbe-
stellinge. Mijns erachtens ist werk geaccelereert ende ge-
precipiteert geworden , om bij dier voegen te mogen vinden
een pretext, aïs ware het stadhouderschap vergeven ge-
weest, alvooren de Btaten van Vrieslant ontfaDgen of ge-
sien badden den brief van de Staten-Generael , daerbij
denselven den prince van Oranien recommenderen tôt het
BtathonderBchap alhier, ende dit onaangesien Loo ende
Heermans ah gecommitteerden ende de bode die de brief
brachte al gister avont hier wareo aengekomen. Maer
staet te beduchten dat den Prince deur dese spottelijcke
manieren van doen tneer geirriteert sal worden , als waere
het versoeck genereuselijck ontsegt geworden.
LETTRE BCXXVI.
Ije même au même. Intriffuef m Frite; affairêi de Gro-
Monsienr mon frère. Voas avez connu par l'événement
que je vons aj dit la vérité de l'aâaire qui trottoil. Je
m'estonne fort qu'on aye procédé tout au contraire de l'in-
tention de nostre maistre et frustré nos justes prosmttes '.
Les lettres et l'envoy de la Généralité a irrité l'insolence
des Frisons, qni tenoient en ombrage S. A., comme s'il
se vonloit par là installer au gouvernement, contre la li-
berté de la province et comme par force. M. Veltril à
couru les villes de Staveren, Hintopen, Worcum, Bols-
wert, Sneec et ailleurs, et leur a donné des impressions
au préjudice du service de S. A. On a monstre le corps
mort et la chemise sanglante et tenu l&-dessus des esten-
dus et foux diaconrs, avec exclamations tragiques. Il y
a eu bon moyen d'empescher ce coup, si on m'eût voulu
croire et m'honnorer à temps de la commission de l'en-
tière direction de cest afiaire. Après avoir gaigné les
principaux des Yolmachten, on eust esbranlé les moins
' poonaitcs.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 285 — [ie*o. Août.
advisez, comme c'est illec la coustome. ' Mais de rien ne
se fait rien. Mes enoamis avoient pensé me combler et
abismer de honte, comme vous sçavez, et j'espérois par
ce service snrmonter leur injure et le tort de S. A., et
luy donner les asseurances de mes fîdelles actions pour
son intérest et me feire voir de bon oeil. C'est ce qui
m'attriste le plus, voyant ce changement; car si je me
fusse ofTert à cela avec l'intention de la plus part de ceux
qui servent les princes , il ne me chaudroit * gueres d'en-
tendre la précipitation prodigieuse des Frisons et de con-
sidérer le grand flegme qu'a * usé S. A. Maintenant il
fsat que je confesse que le coeur me crève qu'on m'a pas
donné l'ordre qu'il feut et laissé faire, et que S. A. s'est
laissé abuser, et s'est donné trop facilement enproyeaux
mauvais conseils de quelques uns. Sçacbez, mon frère,
que cette occasion a esté de très-grande conséquence
pour le bien de la maison de S. A. et l'asseurance
de cest Estât , et que nous avons raison de regretter le
peu de viguenr et de résolution qu'a monstre S. A. en un
afïure de telle importance. Certes je me la suis repré-
sentée dès le commencement une bonne et grande occa-
sion, et je veux croire que c'est quelque jugement de
Dieu, que je ne puis entendre ny comprendre. Je ne
laisseray pas de le recevoir avec tonte humilité , m'assen-
rant que c'est pour mon bien et désirant que ce soit aussi
pour celuy de S. A. Mab ad hominem; ïl ne faut pas
pour cela négliger les moyens pour prattiquer et gaigner
les humeurs de Groningue et Ommelande; car, obtenant
ce gouvernement, le repentir peut-estre en demeurera au
jeQne seigneur et il sera contraint de caler voile. Que
S. A. ne face plus tant l'Irrésolu d'employer le Catholîcon
pour obtenir ce gouvernement. Contre la difficulté la pins
grande qu'ils se pourront imaginer, c'est de n'estre en
peine en quelque traverse de dedans ou de dehors, à
la suscitation de l'ennemi ou du dissimulé ami. Que de
' Mus — fait rien. Ctà etl écrit m ItitrM eapilaiei.
> ii« m'importeroit. • doat i.
D,g,t7cdb/GOOgIC
IMO. Arft.3 — 2*6 —
la part <le S. A. on lear promette ses aoings paiiicnlien,
see veilles et estadea it leur bien et oonservatioD , son sMe
et prompte assiatance k toute* lenrs nécessitez; qu'on nyt
k aa dévotion premiërement ceux d'Ommelande , leor
promettant la manutention de leur libériez et privilèges,
qn'on donne à la ville l'acte de leur prérogative, comme
fist le feu prince Maorice d'heureuse mémoire , qu'on n'e»-
pai^e rien la Hmeuce d'acqnirer' lea parties. Cela aa^
mentera le crédit de S. A. en ces provinces et sera sa
grandeur es royaumes voisios. — Tout le monde vent ici
que monaieor Enuyt aye esté en Frise, maïs je ne le pnia
croire; car il a esté k la guerre en Znyt-Beverlant, et en
porte le conp d'honneur de son espée, s'estant défendu
contre les Knjers, et en glissant tombé eor la pointe de
son espée, de sorte qu'il en portera la marque sur le nés,
comme les moutons de Berry. Us ont dévalisé la maison
du reeevear de S. A. et ou estoit eucores en [Jus grande
appréhension de mal, à raison de quoi ils ont demandé
deux compagnies de Bergen op Zoom. Mus je ne sçay
s'ilfl seront consolez, et estime que ce sera le commande-
ment du duc de BooUlon, personne ne boog«; en somme
il se souviendra de cette dijckage à bonnes enseignes*. — On
nous dit kà que S. A. va à Gennep on M, environ; ai
cela est, je vous supplie de luj souvenir' s'il ne seroit
pas expédient de se mettre en possession de Doffel, Mer-
gena et Goch, eo verta de ht donation des Eatats de
Gueldies. Les tronppea et les actions des Espagnols en
ces endroict fonmiront assez de raison pour l'entrepreadre,
si e] principe loqniore. Pardonnez cette haste; j'ay esté
adverti tard, et vous esciis celle-ci en la chambre dn con-
seil, aymant mieux escrire mal que rien par cette com-
modité qu'il me faut embrassw et chérir, puisque depaia
que nostre grefiBer est de retour, on envoyé les messagers
en cachette et à mon inscen. Si j'avois eu l'honneur d'e^
txe averti, je vous escrir^is de meilleur anote i^ ptos
,, Google
— 287 — [1840. AM.
socortemeDt *. . . . Tons nos enfans se portent bien et noua
tous, Dieu soit loaé, qui vous comble de ses meilleares
et plus sùnctes bénédictions. Cest le voen de nous tons
et de, monsieur mon frëre,
Tostre très-obéissant et plus affectionna
servitenr et frère,
D. DE VaLHBH.
9 d'aooBt 1640, à la Haye.
LBVTOE BCXXTII.
Le mêtne au même. Même aijet
Momieor mon frère. Par mes précédentes et par antre
voye voQs aurez scen comme ceux de F. ont esleu pour
gouvemetir le conte Guiltaome' le 30 du passé; M' Walta
a lettres et advis qn'on aroît suscité le peuple et la
canaille pour crier publiquement qu'on désiroit le conte
G-uillaume pour gouverneur et qu'il en prendroit mal à
ceux qui en l'assemblée proposeroient et desseîgneroient *
quelque aultre à telle charge. H le dit k plusieurs d'avoir
ses advis; ^ moj, on me mande qu'on a usé prou d'arU-
fice, qn'estans arrivez les députez de Frise de la Haye le
soir, et estant Hussi arrivé le messager de messieurs les
Estats-Oénéraus, ik ajent le lendemain fait leur élec-
tion , sans ouvrir ou recevoir les lettres. J'estime que M'
de Somerdyck* «t M. Waha n'oot fitît aucun bon office
pour S. A. en oeet afiàire, et j'ay mes raisons de le
croire ainsi, lesquelles le temps présent ne me permet
pas de TOUS alléguer; je vous prie que S. A. ne ohomme *
en la poursuitte du gouvernement de O. *, chose si néces-
saire à l'union de ces provinces et à la dignité de sa
maison, il se falst fier k quelqu'un et luj comnMttre ceA
affîdre en la province chancelante, de travailler à couvert.
■ StinnMbdjrcfe. • iaxnn oint ' GrMinguc.
,, Google
16*0. Août] — 288 —
selon ]es ordres qu'il plaira à S. A. Ia7 départir. Cens
qui ont fait entendre à S. Â. la disposition tant facile en
&Teur de S. A. et conseillé néantmoins cette semonce
et dépntation de la généralité ont très-mal tait Cela a
endormi S. A., qui d'aillenrs ne va qa'e trop lentement et
avec trop de retenue es affiûres qui touchent la grandeor
de sa maison. — Je vous représentai hier qu'il vous plenst
&ire souvenir à S. A., en cas que l'armée va vers Oennep,
comme le bruit court ici, s'il ne seroit expédient ou requis
contre l'oisiveté d'une armée de prendre possession van het
recht van pantschap van 't ampt Duffel , Slot Nergena,
en 'tgebmyck van de hooch', heerr en 't ressort van de
etadt en ampt Groch met aUe app. en dependeotien , vol-
gens de gifte gedaen by de HH. St. van Gelderlant aen
S. H., bj resolutie van 7 Febr. 1633. Vous j songerez
et me tiendrez tousjours, s'il vous plaist, pour, Monsieur
mon frëre,
vostre très-obéissant serviteur et frère,
U. DE WULHXH.
Le 10 d'aoust 1640, à la Haye.
Ed grtn hute.
LBTTBE DCXXV1U.
Le même au même. Même siget.
Monsieur mon frère. En Frise nous avions à surmonter
trois sortes de difBcultez; d'affection, d'intérest particalier,
et de raison d'Estat Chaque sorte requéroit du temps,
et paranda fuitsent Hippomenis tuae mala aurea, et on en
fitst venu mieux à bout par les délais et les biais que de
vouloir faire réussir l'affaire directement et comme l'em-
porter de haute lute. Ainsi voit-on dans les choses pa-
rement naturelles qu'on trompera plustost la nature qu'on
ne la pressera , et la constitution de ces ventres ne requer-
roit nullement qu'on allast à droict fil, mais au contraire
ce qui va en tournoyant et qui s'insinue, coule doucement
,,.GoogIc
— 289 — [16W. Août.
et 3e reçoit arec plaisir. Et les Frisons voaloient faire
cette élection communicato eontilio , car ils avojent à cette
En requis l'envoy des dépotez de GronÎDgoe, Omlanden
et Drenthe; mais, quand ils ont senti l'espéron, ib ont
fait les chevaux eschappez. Or par ce qne tous me di-
siez qae doresenavant nous pouvions estre spectateurs,
qu'il ne falloit plus rien remuer, que la Généralité s'j
employoit, et que je sçavois bien qne cest envoy ne se
faisoit que par l'adveu de S. Â., et que d'ailleurs je m'ap-
perceus que les choses qui alloient k droîct fil estoient
mal taictes et empeschantes nostre dessein, je vons puis
avec raison avoir dit que vous m'aviez destourné du beau
chemin. Quand je dis vous, j'entends S. A., lequel n'avoit
besoin de conrir ou permettre qu'on conrust et s'en esloig-
nast, comme on a faict; mais il est tard d'en discourir;
i] est question maintenant de ne se méprendre en ce qui
regarde l'autre province; ayant à sa dévotion ceux d'Om-
lande, ce sera le vray moyen d'attirer la ville. Or je pense
que ceux-là se déclareront pour son Â., selon qu'on m'a
fait concevoir les espérances , et j'ose croire avec vous que
les Frisons seront par avanture les premiers à s'en re-
pentir, tant les électeurs que l'esleu. On pourra it la
ville de Ghroningue, soubs main et par avance, par nos
députés on autres, promettre de les maintenir en leurs
libertés et privilèges par acte, comme ont faict le prince
Maurice d. h. m. ' et le c. Ernest ', comme il vous plaira
voir des papiers cy-joints. Je n'ay pas la copie de l'acte
du P. Maurice, jnais, si vous l'avez de besoin, je le puis
avoir facilement — Arras a esté rendu le 10 de ce mois,
selon qa'on escrit de divers endroits. Le prochùn or-
dinaire nous portera la capitulation. Vous aurez par ci-
devant entendu la mort de M. de Baugi, jadis ambassa-
deur pour S. M. en ce pays. — Tout maintenant on m'a
communiqué nue lettre de Groningue, qui dit que c'est
botrua contra boUitm; je concinds de Ik que le raisin mis
auprès du raisin meurira, et qu'il ne sera expédient que
' d* ItMle iDJinMie. ' EraMt-Cuimir.
U,g,t7cdb/GOOgIC
les députez de mesBÏears les Eatats- généraux emplojent
leur anthorité et rhétorique contre temps. Les vins que
l'on fait 80D8 le pïed et qui coulent librement, sont beaa-
coap plus doux que ceux du pressoir, qui sentent le marc'
et la grappe. Cette occasion du messager Komboud ne me
permettant d'adjooeter autre chose, je me recommende i
l'honneur de vos bonnes grâces et vous demeare, Monsieur
mon irère,
Tostre serviteur très-obéissant et frère
très- affectionné
D. DE WILLHBM.
IS d'aoost 1640, à la Haye.
LETTBE BCXXIX.
3f. d« HettwUel au Prùice ^Orange. Progrit de la négo-
Monseigneur. ... Le mercredy je me tronvé à [Otiant]
et S. M. me tist incontinent entrer. Je dis que S. M. avoit
veu, par les articles que j'avois donné, comment V. A.
se montroit facile à y presque tout accorder, et que je
ne doubtois ou S. M. les accepteroit, suppliant que le
transport me poalvoit estre accordé et l'article des céré-
monies effacé.
Xa Boy dit: „Ies cérémonies sont de mesme qo'ila ont
esté stipulés an Palatin." Je dis: „Sire, yls ont esté dans
ta volonté de ta Princesse, et pas esté practiqués; je croy
que S. A. sera bien d'accord que S. A. Royale soit as-
sistée d'un ministre ou chappelUin angtois, pour dire les
prières devant S. A. R. le soir et le matin, et pour imiter
la dévotion et l'exemple de Ik' Rojne de Bohème." Le
Roy, dit: „partons du transport;" je dis: „Sire, je me
sois tousjonrs ima^né que Y. M. mesme estoit de cest
advis, qu'après la conclusion, les fiançailles se feroyent
et immédiatement le transport après; car sans icelny dï-
■ M qui nrte Is pliu gnnnet de qaalqae frnH.
,, Google
— Zyi — [1640. Août.
vers accidents on changemants pourroyent rendre l'alliancQ
tousjoars doatens, et le transport implique la seurté de
nos deux Estais et une intelligence inséparable par telles
gages." Le Eoy me dit: „vou8 sçavez que devant douze ana,
selon les loix, le consent est nal;" je dis: „Sire, pour cela
V. M. nous doibt ester cette difiScolté." — „Ouy,' dit le Eoy,
„et, ai Monsieur le Prince me la renvoyoït?" Je dis que
je ne croyois pas que S. M. avoit cette opinion, ny la
poolvoit avoir de V. A., bien ai c'estoit avec un Boy
d'Espagne, et qn'allors S. M. auroit gnmd raiaou. „Je
TOUS jure," dit le Roy, „que je ne le ferois avec le Roy
d'Espagne, et en France, quand la Royne d'Espagne à
présent fust demandé en son bas aage, on la refbaoit"
Je dis: „Sire, faîctea ce faveur extraordinùre à S. A,, et
y. M. le peult faire sans scrupule, et obligera S. Â. et
aussi messeignenrs les Estats de le recosnotatre par leurs
aervicea;" le Roy me dit: „mais concluons et signons les
articles, et quand les ambassadeurs desquelles voua m'a-
vez parlé viendront, nous verrona ce que nous pourrons
faire." Je dis: „Sire, je n'ay aucun ordre, si le transport
n'est accordé, mais bien qu'auaaitost qa'yl sera accordé
et le contract passé, que S. A. procurera que quelques
ans mesléffl de leurs A. A. aux Estats seront à Y. M.
envoyés, pleinement anthoriaéea pour avec solemnité venir
Jaire la rechercbe de cette alliance, et pour la ratifier et
accomplir par voye des fiançailles ou espouaailles en forme,
aïnsy que V. M. le trouvera pour le meilleur et pour ar-
reeter, par mesme moyen, le temps du transport, auquel
S. A. R. sera receue, chérie, traittée et honoré selon la
dignité de aa naissance." Le Roy dit: „que S. A. se fie en
ma parole, et moy je me fieray dana la ùenne, et trou-
vons quelqn' expédient que par la mort de l'an ou de
l'autre cela ne puisse rompre." Je dis: „Sire,yIn'y a aucun
Benrté k trouver ny cercher, ai ce n'est par le transport,
et aor icelle se peult fonder nostre commune conservation,
et V. M. ne noua açaoroit plua obliger que par une
liaison de telle conséquence, qny erit nodua ùtdàsolubilù."
19»
,,CoogIc
1640. Aoftt.] — 292 —
„Mma," dit le R07, „ce D'est pas assez honorable pour
moy d'envoyer nne si jeune fille; on se mocquera de moy,"
Je dis: »Sire, nullement, et S. Â. et les Estais auront nne
éternelle obligation à V. M. de sa feveur." Le Roy dit:
„S. Â. Touderoît-yl me bien envoyer son fils, pour m&
seurté, et le laisser icy?" Je dis: „ Sire, cela seroit bien le
désir de S. A. et à S. A. le jeune Prince beaucoup d'hon-
neur, maïs n'estant que fils unique et destiné snccessenr
ans gouvernements de nos provinces, je ne croy pas que
V. M. le voudroit" Le Roy dît: „ madame la Princesse
est jeune et peult avoir encor des fils ;" je dis : »Sire , Dieu
le venlt ' mais yl est incertain." Le Roy se ttut à rire,
et dit: „songons ' un peu à l'affaire." Je dis: „Sire, je supplie
à V, M. ne vouloir plus songer, mais me i'accorder;" le Roy
dit: „je n'ay encor escrit à ma soeur ny dit à ceus de
mon conseil." Je dis: „ Sire , ai elle est résolue , trouvera des
applaudissements auprès de ceux qui veulent du bien ï
y. M. et à nostre Estât, et S. A. ne l'a pas aussi encor
notifié ans Estais." Le Roy me dit: „la Royne est anasi
bien que moy de cette opinion, et parlés à elle et elle
vous le dira." Je dis que je me donnerois l'honneur et,
après plusieurs aultres demandes, je pris congé de S. M.
et m'en allois vers la Royne, laquelle aussitost me fist
entrer; je fis une harangne assez courte, mais tonthanlt
et au nom de Y. A. A., snr k naissance du jeune Prince,
consistante en civilités et compliments. Celle finit, S. M.
fist retirer les dames; je la priois allors, au nom de V. A.,
de vouloir faire valoir ses bonnes affections au succès de
cette action, dont l'honneur et le gré seroit deu à S. M.,
pour la prospérité de laqnelle V. A. employeroit sans
condition ses voeux et ses servises. Elle me dit : „j'en re-
mercie bien fort monsieur le Prince;" et après j'allégois
tous mes raisons, et ponrquoy le transport estoit tant né-
cessaire et que, sans icelny, yl ne seroit de tant d'ef-
ficace et fondement; que le Roy m'avoit dit et commande
d'en parler à S. M. , et je répétois l'exemple de Charles
1 vcaille. ■ aasgcona.
,, Google
• 293 ■
[IMa Aott.
Vm avec la fille du dacq de Bretagne. La Royne me
dit: „yl est vray, j'en sais contre, mais je n'avois pas ouj
les raisons de Monsieur le Prince , je parleray astheur au
Boy et feray tout ce qui sera en mon poulvoir." Surquoy
le Roy vint d'entrer, et ainsi, après quelques demandes
particoliëres, je pris mon congé de leurs Majestés. Mon-
sieur de Vane estoit le mesme jour envoyé à Londres où
je vins hier au soir pour le trouver; il m*a promis qu'yl
retournera cest aprës-disné et que lundy de grand matin
je ie viendray voir dans sa chambre, que demain et après-
demain yl ne fera aultre chose que de presser leurs Ma-
jestés à une bonne conclusion, laquelle yl désire et croit
avec moy estre très-nécessaire, si on veult donner efficace
à ce traitté. Voila, Monseigneur, sa promesse et propres
paroles et qu'yl estoit résolu de passer le dimanche seu-
lement k sa muson à la campagne mais qu'yl ne le feroit
pas et nul afi&ire que jusqnes à ce que je serois expédié.
Je le souhaitte et avec passion, et à Dieu de vouloir
conserver la personne de V. Â. en longue santé et pros-
périté, et à moy d'estre & jamais. Monseigneur,
de vostre Altesse très-humble, très-obéîs-
sant, et très-fidèle serviteur,
HZXNVLIET.
De Londres, le 17 aonst 1610.
LETTBE BCXXX.
Le Roi <f Angleterre au Prince (^Orange. Il approuve U«
artides du contrat de mariage.
Mon Cousin. Pour vous faire voire l'estime que j'ay
de vostre amitié , j'ay accordé et désiré le S' Henfiet ' de-
vant mon parlement, de mestre fin à l'afaire ponrquoy
il est icy et de signer les articles, hors ane chose, qu'il
TOUS fera entendre les raisons, que je Iny ay donnés,
m'asseorant néamoins ', en temps propre , de vous satisfaire
' Heeoïlirt.
,, Google
I6«. août] — 294 —
mesine en cela. C'est poarqaoy me remettant à luy et
estant preste de partire , feit que j'attendraj vostre res-
ponce à l'armé , et vous prie de croire que je déaire d'a-
Toire avec vons nue amitié si entière que je vous feray
Toire en tontes occasions qae je suis,
vostre très-aSèctionné cousin,
CHABLES szx.
Londres, œ 20 d'aonst 1610.
liETTAE DCXJLXI.
M, de WiUhem à M. de ZmfUekem. StadKoudérat de Gro-
nmgue! nouotlUê.
Monsieur mon A*ère. Les advis que j'ay par û-devant
en de Groninge, avoyent grandement haussé mes espé-
rances, mais ces derniers les rabaissent un peu. L'envoy
de la Généralité n'a servi qu'à aigrir les humeurs, et la
trop fréquente communication et correspondance avec ceux
d'Omlande a causé quelque jalousie parmi ceux de la ville ,
lesquels sont embrouillez en trois Ëictions ; il-y-a celle d'Ei-
singa, de Bartoldt Wichringe et la troisième de Jolùng-,
la dernière semble estre portée pour S. A. , de la seconde
on ne sçait quasi que dire , et la première se déclare pour
le conte GuUlaume, k ce qu'on me mande. Tant-y-a qu'ils
n'ont peu s'accorder et qne l'affiiire a esté remis, et que
la porte nous est ouverte; j'espère qu'on s'asseurera de
l'événement , devant qu'y engager sa réputation. M' Staeck-
man est allé lît pour gagner Coenders , s'il est pos-
sible; m' Aemhem, qui est allé à Âemhem, vons doit
avoir particulièrement informé de ces affaires, qui sera
cause que je vous n'en diray plus que ces deux motspeitaia
foribus noatria ùbdUa removeri tuadeo. H est nécessaire d'en
venir à bout pour le bien de l'Estat et la grandeur de
S. Â., et, à mon ad vis, ne doit estre traitté d'une com-
mune main, par ce qu'autrement il est à craindre que la
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 295 — [1640. Aoat.
division et les jalousies ne destmisent ce qu'on désireroit
édifier. — Je viens de recevoir une lettre de mon frère,
qoi me touche en termes généraux quelque chose de Den-
nemarc Pour moi je me double que le fils du Roy de
Dennemarc, Chrbtian-Ulric , ne veuille demeurer en ces
quartiera-là pour garder le Weser et s'opposer aux tronp-
pes de Bannier et des associes. Quand j'auraj découvert
quelq chose, je tous en advertiray. Les impérialistes ont
prins [Treimstadt], qui est une maison de madame la Lant-
grave, Croyez-moy qu'il y a quelque mystère caché sous
la demeure du conte Christian-Ulric en ces endroîcts et
environs. H ne sera que bon que ceux d'Embden ayent
l'oeil ouvert. J'escriray ce soir à mon frère qu'il me
veuille spécifier ses advis et considérations, car j'estime
qu'elles pourroient estre de saison. Pour conclusion, je
ne me sçaurois empescher de verser en vostre sein que
S. A. se repentira, si elle ne ftit dextrement embrasser
l'acre de Oroningue , pour les conséquences
D. DE WILLHKH.
84 d'aoust 1640, Haye.
LETTRE DCX3CXII.
Le même au même. Affairet de Suide.
Monsieur mon frère. La Suède est aussi bien travaillée
du mal de mère(') que la France. La royne-vefve' s'est
retirée mal contente de la cour et hors du reyaume et
est allée i Wisbuy en Gotlant, d'où elle est partie et
accueillie magnifiquement de la part du Roy de Donne-
mare par vingt vaisseaux de guerre. La Suède a grand
intérest à prévoir la conséquence de cette fuite, et la
vérité est que le Roy de Dennemarc est possédé d'un grand
(1) Jto de mois {mal de but), pw alluskin ik Marie de Mcdici).
1 Muie-Él^ara (IBBO— 16GS), fille de l'ÊleeteuT de Brandeboorg , <
de G uUtc- Adolphe.
,, Google
1640. ioûi] — 296 —
désir de se prendre aux sénateurs da royaume de SnMe,
qni, à son opinion, violentent la Royne et usurpent tante
l'authorité royale. Mais i, quel propos vous entreticD-je
de ces nouvelles, puisque sans doutte tous estes mieux
informé de tout ceci par d'autres? Je vous rends néants
moins compte do ceci par cette occasion précipitée, déâ-
ranl que receviez mes advis ponr gages de l'honneur et
affection que je vous porte; vous en userez, s'il vom
plaist, selon raffection que je me promets de vous, et
que je tàcheray de mériter par tons les services que eçau-
riez requérir. Monsieur mon frère,
Tostre serviteur très-obéissant et affectionné frère
D. DE WILLHEII.
De la Haye, ce 26 d'aonit 1640.
Le même au même. Il ineùle pour qu'on ne néglige pas
Vaffaire du StadJtoiuUrat de Groningue.
Monsieur mon frère. Par la vostre du 24 escrite an
soir, vous me dites si les intéressez du quartier de Oro-
ningue vïenent à s'adresser ii la Grénéralité sur le subject
de leors prétentions , qu' asseurément l'advis de 8. A. en
sera demandé, et que, par moyen de cette communication,
nous nous en meelerions, mais que ne le pouvions autre-
ment de bonne sorte. Je me persuade que les dépotes
de la Généralité ont rapporté à S. Â. plostost le [faste] et
la formalité des prétentions que les vrays subjects qui les
ont fait naistre et les secrètes conjonctnres qui sy trou-
vent, et bien qu'ils peuvent avoir adjousté et entrenaeslé
les motifs mesmes des différens, néantmoins, se plaisants
& faire trouver bon leur négodé , ils s'escartent de la base
et l'expérience de cest affaire, et s'occapent par trop aux
choses gén<^rales, qui ne peuvent spécialement servir an
dessein ou intérest de S. A. Je sçay que ceui de Gro-
,,.GoogIc
— 297 — [1640. Août
ntnghe et d'Omlande sont en procès poar ta supériorité
poor les veenlanden, alluvions, pescherie; je voida naistre
encores des dissentiom entre les Oldampten et ceux d'Om-
lande en matière de pescherie, mais pour aucun de ces
diiTérens ils ne s'addresseront à la Généralité, ains ponr-
snivront l'affeire en justice. Et ces messieurs les juges
sont plus habiles en leur mestier que les députez en leur
légation; car ils ont si bien fait par leur sentence qu'ils
tiënent les parties dans leurs fers; une bonne quantité
des points est déterminée, desquels ils se sont réservé
l'interprétation, et pour la décision des antres poincts, ils
sont aussi engagés de venir ici, afin que leur premi&re
industrie ne leur soit inutile, et de peur qu'ils n'eschap-
passent, on leur a dressé, à ce qu'on tient, des filets à les
empestrer. Les députez s'ils avoyent procédé de mesme,
je serois de vostre advis d'attendre ici le bon de l'esteuf ,
pour le bacoller' comme il &ut Or je vous puis asseurer
qu'ils ne s'addresseront point à la Généralité, car et les
uns et les autres tîènent la sentence favorable pour eux;
si les uns ont tiré plusieurs salvo's, les autres ont voulu
faire sonner les cloches, comme par trophée, ainsi qu'il
TOUS plaira voir dans l'extraict de la lettre de m' Coen-
ders escrite le premier de ce mois, que je vous envoyé;
voire quelqu'un m'a voulu faire acroire que les cloches
ont carillonné; mais on ne me mande pas cette particu-
larité; que si vous voulez dire arec nos députez, qn'ib
ponrroient s'adresser à la Généralité pour le différent mesme
ou la diversité d'eslire un gouverneur, ne pouvant s'ac-
corder, assearez-vous que cela n'arrivera pas; ils ne sont
pas si niais: en ces choses il ne &ut rien croire de léger.
Il est question d'empescher que ceux de Groningue et
d'Omlande ne puissent se descharger de la haine et blasme
de la prétention de S. Â. sur le peu de soin et dexté-
rité qu'on use en cest affaire. Cela ne se peut nier que
S. A. n'aye eu connoissance de l'envoy de nos dépotez à
ceux de Frise et Groningbe, qu'il aye agréé l'eslection de
,, Google
1640. août.] — 298 ' —
Drenthe; tods mesme l'avouez, par vos lettres da 25
escrites au greffier Busero. Le secrétaire de Drenthe
escrit ici k M. Persijn, lenr agent, qu'ils ont esleu met
eenpaerige stemmen S. H. roor gouvernenr, naer dat hij
verclaert hadde dat hem salx aetigenaem soude sijn. H
n'est pas question donc de cacher tant ses intentions; ains
il est nécessaire de les faire connoistre en une forme dé-
cente, et la pins noble façon seroit de les donner entendre
par un envoyé exprès an hurgemabtre Jolsing, lequel
j'entends estre du tout porté en &veur de S. A., on an
burgmaistre Wichring, qui est aussi fort babil homme,
pour l'engager, ou bien s'adresser à tel antre qui le leur
donnast à entendre sonbs mains, sans qu'ils sceussent
que cela vint directement de S. A. On pourroît mesme
confier ce point h. la discrétion de celuy qui sera em-
ployé par S. A. pour ce subject, de choisir et prendre le
meilleur expédient que le temps et les affiûres pourroient
permettre k la confusion qui sj trouveroit. Il y a là le
fils d'nbbo-Ëmmins, qui est recteur et in bnon concetto,
pour avoir estudié avec la plus part de ceux qui sont en
dignité et magistrature, et s'estre acquité tousjours fort
dignement; pourquoi ne pourroit on à cestny-là notifier
et asseurer les intentions fovorables de S. Â.? on bien il
y a un professeur Alting, ou tel antre homme de probité
et de crédit; pourquoi point, après l'avoir trouvé affec-
tionné à S. A., luy déclarer ou à tel autre qu'il plairait
à S. A., les intentions qu'on ne doibt et ne peut ignorer?
en cest a^re, il faut- plustost suivre leurs chemins, pour
incommodes et peu unis qu'ils soyent, que d'entreprendre
d'aller plus droit et plus hant, et en grimpant se trouver
snr un précipice, et être contraint de se retirer et des-
cendre honteusement. Je vous prie de supplier S. A. de
révoCquer cest affaire à son soin et prévoyance, et en-
voyer quelqu'un pour acheminer et préparer les humeurs
et matières, le mieux qu'il jugera estre à faire pour le
bien des provinces, de l'Église, et de la maison de S. A
Ce Ëmmius ou Althing pourroient puis après catéchiser
U,g,t7cdb/GOOgIc
— 299 — [1640. AoW.
cea gens, selon la dévotion qu'ils y trouveront. Et qaand
ce ne seroït qne poar entretenir les bien intentionnez en
leur devoir, decoovrir et empescber les menées des antres,
et gaigner quelques-uns, il faut qu'il y ayt quelqu'un lit
expressément de la part de S. Â. Que si deejà il y en
a quelqu'un auquel on se paisse confier, cela suffit Qui
nous asseurera qu'on n'aye différé cest affaire pour n'of-
fenser messieurs les Estats, en les conduisants tout & plat,
comme cela en peut bien aussi estre occasion, car il n'y
a rien qui empesche qu'une mesme chose ne puisse estre
&ite à plusieurs intentions. Je vous marque ceci, pour
vous monstrer combien il est nécessaire qu'il y ayt là
quelqu'un qui agisse deztrement De penser qo'ib fe-
ront de gré et d'affection quelque chose pour S. A. (j'en-
tends ceux de Crroningue et d'Omlanden) , cela ne se doibt
croire, attendu qu'on s'apperçoit de leur mauvaise volonté,
ayant donné les compagnies vacantes en l'armée, desquel-
les S. Â. seul pouvoit disposer, à tels qu'il leur a pieu.
C'est pour vous monstrer combien il est nécessaire qu'il
y ayt lit quelqu'un de la part de S. A. qui les lace en-
cliner à la &veur de S. Â. et espérer d'icelle toute grâce
et souppe graisse es occasions qui se pourroient présenter
à l'advenir. II &ut tenir les bien-intentîonnez bien en-
diainez et tascber de ranger et ramener les autres. Si
on ne te faîct, je vous asseure que tout se perdra pour
S. A.; c'est i elle d'appréhender tonsjours les choses au
pis en tels affaires et s'esloigner de l'indifférence et len-
teur, et se fier & ses serviteurs et permettre qu'on se fie
pour le moins à quelqu'un, vnde ad caetero» dimanet sub
fide sUentH et avec les cautelles convenables et requises.
Phira oeilem, $ed aliortum vocor cotwiva, apud DoubUtium
Êtmatorem cum Salmano nottro qui miht commitii Simptiàum
et amores luos, quoa tilii m&ten jussii cum muUa aalule.
Raptim Hagae, 28 Anguiti 1640.
Yostre très-obéissant serviteur et frère,
■D. DE WILLHBH.
,, Google
1S40. Aoftt.]
- 300 ■
Je respondray à la vostre du 26 à la prochaine occa-
sion, Dieu aydant. Si ces messieurs avoient accepté U
Généralité pour juge, je serois d'un autre advis. Not
députez eussent esté braves, s'ils eussent &it compromettre
ce qu'ils disant des différens et prétentions.
liETTKi: DCXXXIT.
Le même ou même. Même atjet
Monsieur mon frère Sur ce que vous me dites
touchant Groningbe, je retourne à vous prier de supplier
S. A de croire et s'assenrer qu'il est très-nécessaire d'é-
traindre l'affaire davantage et d'j envoyer quelqu'un, qui '
BOubs main face devoir d'arrester les desseins de ses en-
vieux, et les contraigne, malgré qu'ils en ajent, de sui-
vre le bon chemin qu'il leur trace. Ayant desjà accepté
le gouvernement de Drenthe , consenti dans l'envoy de
la Généralité, ven te comportement de ceux de Frise,
entendu les tours et retours de ceux de Groningue et
d'Omlande, la continnelle sollicitation du conte Guillaume,
le frétillement de ses gens, les foîblesses à craindre, il
me semble qu'il y devoit envoyer pour faire son devoir
d'empescher que pis n'advienne, et Dieu l'aidera; qu'il y
envoyé tel qu'il connott pouvoir contrîbaer le plus d'in-
tégrité, suffisance et affection à son service. Quand il
considérera les grandes occasions qu'il a d'embrasser ce
&it, il trouvera qu'il ne s'ingère à rien qui ne luy ap-
partienne bien fort Et pour la milice et pour la police,
pour l'exemple et pour la conséquence, il faut qu'il y ayt
correspondance à un mesme chef et général, autrement
il s'en ensuivra la dissolution et rupture de l'Union de
ces provinces, et le retranchement et diminution de l'aa-
thorité de S. A. , que Dieu ne veuille. L'affaire est allé
trop avant Au pis aller ne croyez-vous pas que S. A
Boit par dessus l'honneur? Sed neqae Blaesua ideo iUiu-
,, Google
— 301 — [1640. Aoat.
trtor et kuic negabi» honor gloriam infendit, inquit iUe.
Ce n'est pas à dire que je veaille qa'oD hazarde la ré-
putation ouvertement, fjà] ne soit, mais nous ne pouvons
pins demeurer spectateurs oisiis, et verba darUet ubi re-
qmriiur re», honor et dignilas. Les paroles ne peuvent
servir de rien quasi, si la personne n'est avouée qui les
référé. Ntmguam rectiu» de re aliéna judicamut guam
muiaiis penonii. Si S. A. parvient à obtenir le gouver-
nement de Groningue, le conte Guillaume sera assez em-
pesché à se défendre de divers endroits qui le menacent.
H y a ici deux députez des [2] villes de Frise, il ne me
cousteroit que de prodiguer trois paroles pour les mettre en
jeu; mais je n'ay garde, ne sçacbaut au plus près l'in-
tention de nostre maistre, pas mesme l'ordre et la méthode
qae S. Â. &it tenir en Groninghe et Omlande. Les
forces divisées ont moins d'efficace et d'exécution. [A elles.]
Je suis. Monsieur mon frère,
TOstre serviteur tr^s-obéissant et affec-
tionné frère
D. DS mLLHEM.
39 d'aouat 1640, à la Haye.
' t LETTRE BCJDCXT.
Le Prince <f Orange à M. de Heenvliet. ImpouxbiliU de
permettre les céréiitome» de CÉgliee Angtieane.
Monsieur. Depuis ma dernière dépesche du 13 juillet
je trouve avoir recen les vostres dn 20 juillet, 3 et 17
d'aoust, dont la dernière, qui me fiit rendue hier, m'ap-
prend comme peu à peu l'affaire commence à s'achemi-
ner par de ISi à de meilleurs termes et plusieurs ditficul-
tez & se lever; mais comme on s'y arreste encor aux deux
principales, qui sont le point dn transport à &ire immé-
diatement après la conclusion et ratification du traicté,
et celuy des cérémonies d'Eglise, j'ay voulu vous exhorter
< A> fa MM A M.iU ZafUoitm.
,, Google
IHO. Août.] — 302 —
et recommander encor par la présente, premièrement qa'3
fattlt continner à insister tousjoors, et sans rien laacher,
sur ce dit point da transport, et faire estât que, sans
iceluy, il n'y aura comme rien de faict Mais ponr ce
qui est des cérémonies, la réplique péremptoire qne tous
avez à ûiire l^dessns, et contre laquelle il ne reste rien
à dire, c'est, comme je tous ay amplement marqué par
ma dernière instruction, qne ce n'est pas moy, mais
messieurs les Estats qui sont souverains en ces Provinces;
cons(!quemment , que ce n'est pas à moj, ni k aucun au-
tre, mais à enx seuls ii introduire des nouveautés an &ict
de l'exercice de la fieligion en leur pais; de sorte que
ce seroit chose hors de propos et inutile de me vouloir
obliger à des conditions qui me sont tout à faict impos-
sibles; et auroy-je mauTÙse grilce de promettre ce qui
notoirement est esloigné de mon pouvoir. H y a d'autres
bonnes raisons sur cest article, que voas trouverez par le
menu dans ma dite instruction, mais celle-cy est la plus
absolue et ne laisse lieu à aucune contestation au con-
traire; dont vous m'obligerez d'y insister aveq vigueur et
an reste de tascher à &ire vuider le tout aveq la plus
grande promptitude que pourrez, pnis-qa'en estes en si
bon cbemin. iTattendray en impatience à quoy tous en
serez venu au prochain ordinaire et tonsjours vous tes-
moigneray mes ressentiments de ces bons offices comme
estant, etc.
■ I^STVBB DCXaCXVI.
M. de Zuyliehem à M. de HeenoUeL Même mjeU
Monûeur. S. A. vous &ict ceste dépesche expressé-
ment, par ce qu'il luy semble que vous ne pressez pas
assez l'argument ab impoaaibili, sur l'artide des cérémo-
nies: qui est dit-elle, aussi loing de son pouvoir que, par
exemple, il seroit de celuy de m' le comte d'Arondel
> Oapù Je ta mm» dt U. 4» ZaflùiiK.
D,g,t7cdb/GOOglC
— ÛVÔ — [lUiO. AoAt.
d'introduire des nonveautés de religion en Angleterre, oii
yl n'y a que le Roy de sonverain, et quelle imperti-
nence serait ce donc d'aller promettre des choses qu'on
n'est pas capable en aucune sorte de prester'P et pourquoy
te Soy Toadroit-il demander ce non faisable, tesmoig-
nant d'ailleurs tant de bonne volonté à l'achèvement du
traJcté?
Par ceste occasion je veux, et du scea de S. A., vous
instruire d'un argument trës-valide qni se peut tirer
contre l'introduction des cérémonies du 7' article des
constitutions et canons ecclésiastiques, que te Koy mesme
a fàict publier de ceste année; le dit article, qui con-
cerne des riliu et cérémonies d'Ëglise, les déclarant à
diverses reprises indifférentes, et dont ceux qni en usent
ne doibvent mespriser ceux qui n'en usent pas, ni ré-
ciproquement ceux qui n'en usent pas, ceux qui en
usent; suivant la règle de l'Apostre que ce texte mesme
allègue. Fwctes-Tous traduire tout l'article, et vous y
trouverez tout plein de passages qui vous serviront d'ex-
cellentes réfutations sur ces instances.
J'escris en haste et ne puis pins, parcequ'un bateau qui
emportera ceste dépesche, est prest à descendre avecq un
convoy exprès. Je vous baise les mains et demeure, etc.
'liBTTBE DCXXXVII.
Le Prince (f Orange à M. de HeenvlieL Même sujet.
de UkutIii
Monsieur. Avant que recevoir la présente, vous aurez, s. a. i
j'espère, ven par ma dernière du premier de ce mois,
les considérations que j'ay trouvé nécessaire de vous y "
réitérer, sur les instances qae je voyoy qu'on persistoît
à vous faire en ce qui est de ces deux articles princi-
paulx, du transport et de la cérémonie d'Eglise. Du
depuis vostre lettre du 24 d'aoost me faisant cognoistre
■ Unir {Ui. prantin.) • lU la maix Je M. ie ZMfBeiem.
,,Googlc
i««. S«pt.] — 304 —
que cela ne cesse point , mais qu'on toos en presse de
plus en plus, je voua en {a.y encor ce mot exprès, pom
TOUS recommander de prendre bien esgard à mes dites
dernières considérations, et nommément à celles qui tou-
chent la dite cérémonie, afin de faire tme fois pour tontes
comprendre , et à leurs Majestés et particalièrement i
M^ Vane, qo'en somme ce qn'on me demande m'est en-
tièrement impossible, comme n'ayant rien du monde i
dire au faict de la sonveraineté de l'Estat, à moins de
quoy je ne sçauroy songer à introduire des nouveautei
en ses Eglises et par conséquent me sçauray bien garda
de promettre à un Roy ce que tout le monde cognoirï
estre hors de mon pouvoir de prester et accomplir; dont
c'est chose inutile et superflue d'en faire plas aucune
mention.
Four ce qui est du transport , voyant que le Roy fiûct
scrupule de s'y obliger par les articles du traicté, il me
semble qu'il n'y auroit point de mal à en obtenir son
adven, par un acte secret et séparé et duquel il ne seroit
point faict ouverture aveq le dit traicté, de sorte qu'il
ne serviroit que d'autant plus d'asseurance des intentions
de S. M. pour le dit transport; auquel, si pour tonte
instance (que vous ne devez laisser d'en faire tonsjours)
le Boy ne veult entendre pour les mois de l'automne
prochain, qui toutefois seroyent assez propres pour le
passage de la mer, il &udroit mettre peine k le Iny foire
aggréer an moins pour le printemps de l'année quï vient,
et ce, comme j'ay dît, par acte séparé, s'il ne se peat
par le traicté mesmes, en quoy cependant je ne voy pas
que, prenant près de six mois de remise, on auroit subject
de faire grande difficulté. C'est ce que j'ay estimé vous
debvoîr encor dire par cest ordinaire, attendant qu'à me-
sure qu'il en viendra, voue prendrez la peine de me tenir
adverti de toutes vos rencontres, qui m'en recosnoistray
Tostre obligé et touBJours seray, etc.
,, Google
' liETTmE Dcxxxrni.
JH. de ZayUchem à M. de Stenvliet. Même ntjH.
Monsienr. Je vous prie de bien avoir esgard an con- ^^Jn" %^
tena de la présente. S. A. ne se pent assez esbahir comme, â'î^'Sï^"^
persistant à prier setdement le Roy de passer l'article "^r»'».
de la cérémonie, il semble qae vous oablïez le senl ar-
gument qui peat tout renverser, qni est rimpottihle. Car
encor, si S. A. promettoit la ville d'Amsterdam au mar-
ché, seroit-ce pas chose ridicule, n'en pouvant non plus
disposer qne vous on moy? Adieu, je suis, etc.
LBTTBe DCXXXIX.
Le Roi d'Angleterre au Prince ^Orange. Il recevra voion-
tiera te» amboMadear».
Mon Cousin. Ayant receu vostre lettre et dans ycelle
des témoygnages de l'affection que vous me portés , de
quoy je suis sy sensible que je vous feray voir dans les
occasions par les efects des assenrances de la mienne,
et pour l'affaire de qnoy vous me remetés au S' Hemve-
liet ', je commandé k mon secrétaire Vane de vous en
randre reponce plus au long; s'est pourquoy je vous diray
seulement en général! que vons pouvez tousjours envoyer
vos ambassadeurs et que je ne doute que je ne leur
donne contentement, désirant vous faire voire l'estime que
j'ay de vons par cela et par tonte autre chose, afin que
voua ne puissiez douter que je suis véritablement, mon
consin,
vostre trës-aâéctîonné consin
OHABLBS B.
Whythall, ce 17 de nov. 1640.
' cDpù aatajnipie. * HeeniUet.
,, Google
1840. Wsembre.] — 306 —
LVriKB BOXIj.
Le «erétairt dÉtai Verne ou Prince <£ Orange. Mhne aujtL
Monsieur. Celle de vostre Altesse du quinzième pré-
sent je receu par le porteur macredy' dernier an soir,
entre dix et onze; le lendemain au matin je présenté la
Tostre au Roy et celle de madame la Princesse ^ la Rojne,
téqaelles furent recenes de leurs Majestés avec joye sin-
gulière et contentement Hier aprës-disné le conseil s'as-
sembla, le Roy présent, où S. M. déclara à eux le con-
tenu de Tostre dépêche et sa résolution touchant l'aliance;
laquelle fust receue et approuvée par un applaudisse m eot
universel, et vostre Altesse se penlt asseurez de mesme
du Royaume, sitost que l'affaire sera sceue; le Roy est
si empêché par le présent dans ses affaires domestiques
qu'il m'a comendé de &ire ses baise-mains à elle, et de
l'excuser en ce qu'il n'a pas escrit par cet exprès, et de
TOUS dire que vos ambassadeurs ne sçaoront pas arriver
si tost qu'ils seront le bien venoz. Au reste tout qui tou-
che ceste affaire va au souhait et je ne doubte pas, né-
antmoins * tous les attaques que sont faictes contre les mi-
nistres et le ministère, que te Roy et son Parlement
s'accorderont et que la conclusion en sera pour son bien,
celny des ses Royaumes et du public, lequel le grand
Dieu le veuille, et alors je seray tant plus capable de
servir Y. A., comme je me suis [advoué] à jamais, Mon-
sieur,
de Y. A. le très-humble, très-obéyssant,
et très-fidèle serviteur,
H. VANK.
A Whitehsl, ce 11 dn décembre
nostre atile 1610.
' mercredi ' malgré.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 307 — [16M. IKctnibîe.
' N*. DCaJU.
Imlructton du Sieur de Beoenoeert ' , s'en allaiit de la part
du Prince cCOrange vers le Roi de France, pour com-
muniquer le projet de mariage du jeune Prince.
Le sieur de Beverweert entreprenant ce voiage, asera
de la plus grande diligence qu'il luy sera possible, et
estant descendu en France, prendra ausaytost la poste
vers la Cour et, s'il se desbarqne à Calais, saluera de la
part de son Altesse le sieur conte de [Charvost], s'il est
sur son gouvernement, et prendra langue ' de luj du lieu
où il pourra trouver le Boy et M' le Cardinal-duc de
Richelieu.
Arrivé qu'il sera en Cour, fera incontinent advertir le
dit seigneur Cardinal-Duc de sa venue et demander son
heure, pour délivrer à S. É. sa lettre et Iny exposer
sa charge. A l'audience, après les compliments faicts au
nom de leurs Altesses, dira avoir esté dépéché par S. A.
avec ordre exprès de s'adresser immédiatement & S.
Ë. et d'apprendre d'elle l'ordre qu'il aura il tenir, pour
bien et denement se décharger de sa commission envers
S. M. et la Koyne.
Laquelle consiste toutte ^ donner véritable information
^ S. M. et & S. Ë. de tout ce qui s'est passé au pour-
parlé du mariage entre une des Princesses d'Angleterre
et le Prince Guillaume, fils unique de S. A.
Et pour commencer par en esclaircir S. E. et pour en
prendre ses advis sur son ultérieure conduitte, pour preuve
de l'entière confience que S. A. prend en son amitié, Iny
représentera que, passé environ deux ans, il auroît esté
fàicte en gros nue proposition à S. A de penser encor
de son vivant à donner femme à son fils , et que se trou-
vant trois jeunes Princesses, qui] ne seroit hors de pro-
1 De U MMn du Sr de SommeUdfCt.
' LoD» de NuuD, Scignear d« 1* I>ea|, ds BcTcrweeri, et d'Oil;ck,Htt
naturel du PriDce HiDTÎee. • «'infomien.
,,Googlc
1640. WcMobw.] — 308 —
pos, d'en faire sonder là-dessus les inclinations du Boy
et de la RojDe de la Graude-Bretaigne.
Et luy ayant ensnitte esté rapporté y avoir espérance
que leurs Maj. ponrroyent entendre à telle alliance, elle
anroit envoyé un gentilhomme ' , pour connoistre sur les
lieux et de lenrs Majestez mesmes, s'il estoit besoin, Fap-
parence du progrès et succès de telle espérance, et aussy
d'en apprendre de loin les conditions.
Après trois voiages consécutifs, anroit icelny gentil-
homme rapporté lettres de leurs Majestez, par lesquelles
elles déclarent avoir aggréable la proposition da mariage
et d'y voulloîr entendre aux conditions portées en un pro-
ject de contract.
Lesquelles veues et considérées par sa dite Â. et tron-
vées assez équitables, auroit réciproquement faict respoii'
dre à leurs Majestez de recevoir cette alliance à très-
grand honneur et d'en approuver les conditions et le pro-
ject du traicté, avec supplication d'en accélérer, le plastost
qu'il se pourra, la conclusion et célébration.
A quoy leurs Majestez, désîrans donner acheminement
k l'affaire et contentement h. S. A., luy auroyent faict
l'boDueur de luy mander, par leurs dernières lettres sur ce
subject, qu'il sera très à propos d'envoyer des Ambassa-
deurs vers elles, avec charge et pouvoir de faire la re-
cerche et la demande de la dite alliance de mariage en
forme, pour, cela faict, passer immédiatement après à la
conclusion et signature du contract, attendu que de part
et d'autre on estoit desjà comme d'accord des conditions
d'iceluy.
Cette résolution finale estant donq venue, S. Â. en
donna dès l'heure connaissance à Messieurs les Estais,
lesquels, pour le respect et l'affection qu'ils ont à la mû-
son de S. A., l'ont receue avec un indicible applandisse-
ment, puisque c'est un premier acheminement à la lignée
qn'ilz souhaittent ardemment, pour la sçavoir nécessaire à
lenr bien et au maintien de la maison de S. A., et ont
* HseiiTliet.
,, Google
- 309 -
pUO. D^canbn.
iceux Seigneurs Estats, poar tesmoigner leur joye , voullu
prendre leur part de cette action , en envoyant leurs am-
ba88&!deDrs avec ceux de S. A., pour passer en ÂDgle-
terre, y faire la recerche, et d'en passer le contiact
Ont aassy les dits Seigneurs et S. A., pour rendre
te respect qu'ils portent à S. M., donné part an sieur
de ta Tuylerie, son ambassadeur, tant de Testât et ap-
parence du dit mariage, que de la résolution d'envoyer
des ambassadeurs en Angleterre , pour achever et mettre
la dernière œùn à l'aâàire.
Mais comme S. A. désire s'entretenir en l'honneur de
la confience de S. M. par une véritable et naifre infor-
mation de ce qui s'est passé en cette négotiatjon , sans en
rien réserver, déclarera iceluy sieur de Beverweert à
S. É. sincèrement et de bonne foy, que le discours
cy-dessns est la vraye histoire de toat ce qui a esté faict
et traicté en Angleterre; mesmes que par cette alliance
elle a eu sa principale visée à establir sa maison par l'es-
pérance d'une prochaîne lignée, ne se voyant qu'un fils
unique, en un aage encor assez tendre, mais près de venir;
que Sa dite A. désireroît de tout son coeur que cette
convention, qu'elle répute h un grand et solide bonlieur,
peust servir d'occasion , planche et moyen pour avantager
la cause commune, par un contrepoix aux ambitions et
usurpations d'Espagne , surqucy S. A. sera tousjours bien
ayse d'entendre les ouvertures que S. E. luy en voudra faire.
Pourra donq dire le dit BÎenr de Beverweert, laissant
cette généralité, qu'en tout le traicté il ne s'est parlé que
des conditions du mariage, comme du dot, douaire, de la
transportatjon de la Princesse, de son train, demeure,
éducation et des choses semblables, sans y mesler un seul
point concernant le publicq, de manière que cette con-
vention est purement particulière et de personne à per-
sonne, dont il peut donner entière asseurance sur ta pa-
rolle de S. A.
Cette déduction faicte, demandera d'estre întroduict par
S. È. auprès du Roy, afin de faire la révérence à
,,GoogIc
1940. Wcïmbre.] — 310 —
8. M. an nom de S. A. et, en luy exposant sa créance,
luy représenter le vray but et fin où tend le mariage de
Gon fils avec la Princesse d'Angleterre, dont, pour l'hon-
near de sa proximité et pour le désir de laisser S. M.
bien esclarcye et satisfaicte de ses intentions, aussy bien
que de ses actions, il aaroit esté dépesché sans entremise
ny délay. Adjoustera qu'il a pareillement lettre à la Boyne,
mais qu'il a commandement exprès de suivre en et par
tout l'advis de S. É., lequel il le suppliera de luy dé-
partir, mesmement jusques od il pourra s'avancer en la
communication de cet affaire.
Sy M' le Cardinal-duc vient à luy demander quelle
autre charge il a de S. A. et s'il n'a quelque pouvoir
pour traicter de la prochaine campagne, il taschera de
s'en excuser au mieux qu'il pourra , comme surprins et
ayant esté précipité en cette commission; que d'ailleurs il
a laissé Messieurs les Estats tousjoiirs après h. redresser
Testât de leurs finances, en quoy il estime qu'ils ont bon
besoin d'estre secourrus d'une libérale ayde par S. M.
Entrant plus avant en discours , mais comme de soy-mesme,
sans en avoir commission , se conjouyra par occasion avec
luy de la grande victoire en la prinse d'Arras, oti a paru
la puissance et la prudente conduitte esgalement, recom-
mandera aussy de fomenter le remnement de Catteloignc,
et taschera de laisser S. Ë. en la persuasion d'une
immuable affection de S. A. à tenir de sa part les vo-
lontez unies, comme sont les intérests, sans donner Heu
à jalousie, ny a séparation.
Et ayant achevé avec le Koy, la Royne et S. É. le
dit sieur de Beverweert hastera aussitost son retour par
deçà, pour rendre conte à S. A. de sa négotiation et ren-
contres.
Faict à la Haye, ce 20 de décembre 1640.
Le Prince Préderic-HeDri écrivit à M. de Liere, seigneur d'Oos-
terwyk, ambassadeur des Provinces- Unies & Paris: „Tea<Kiye le
sieur de Beverweert au Boy, sur uoe occasion qu'il vous dira et
U,g,t7cdb/GOOglL-
■ 311
[IMO.
■y en l'exécntion d'ioelle il peut avoii besoin de Toatre adresse
et fa?eur, rous me feres plaisir de l'en ayder, lequel je recoo-
noistrsy volontien en votre endroict, quand m'en vaudrez requérir.
Cependant je seray bien ayse d'eatre informé par fois de tous, et
de son anivée et du jugement qui se fera par delà du subject et
progrès de sa commission, me remettant da surplus à la anf&sance
et créance du dit sienr de Beverweert."
Mémoire de la part de f Électeur Palatin pour Ut Amhas-
eadeun du Prince <f Orange et de» Provinces- fJniet en
Angleterre.
*,* D'apri* rioTÏtatioii do Roi d'AoKlctsm (lettre A8B), le Prince d'Onogt
■jiDt daniij eoDDOÏBMDca aai Etiti-GJD^nai da projet de muiage, cem-ei de
concert avec S. A-, eDTOjèrïnt en djputatian Mlennelte 1 Londra le Sr da
Brtderode', Mr. de SomœelKlfck et Mr- Heenfliet, aaïqDali devait te joindre
Mr. Joichimi, rimbaMâdenr ordinaire, afin de hire la demande officielle.
L'Électear Palatin dénrcit profiter de cette anbasaida poor Ici inUttt* de
m Haiion.
Le Roj de la Grande Bretagne a cy-dâvaot requis le
Roy de Denemarc de contribuer ses meillears offices pour
aider & obtenir la restitution de ce qui appartient k la
maison Electorale Palatine, ^ quoy le Koy de Denemarc
se monstrant prompt et volontaire, principalement k l'oc-
casion de la présente Diëte de Eatîsbone, a ofiert à di-
verses fois son entremise pour moyenner un accommode-
ment amiable.
Le Duc de Bavière, après un assez long entreject de
difficultez et d'exceptions, a enlïn déclaré estre content
d'entrer avec ladite maison en un traitté particulier, et
d'y admettre l'entremise du Hoy de Denemarc conjoinc-
tement avec celle du Collège Électoral. Et le Koy de
Hongrie (qui du commencement vouloit à toute reste ren-
voyer l'afTaire à Couloigne) donnant Heu aux instances
1 Jean Wolfert de Br^erode, (1B9B — ISES) membre de l'ardre êqoeetre de
Hollende, époal de la comteeee Anne de Nuwa-Si^eD et en leeondea
b6c«« de U ecnteeee Lobim de 8«Inii, Meni da h PriDC«**a d'Orange.
,, Google
ie*0. U&mibr*.] — <>'2 —
da Koy de Denemarc, a dod senlement consenti tant audit
traitté particulier qu'à ladite entremise , mais a aossy ap
pointé le Vn de mars prochain et nommé la ville de Ba-
tbbone ponr ce subject, promettant de départir et envoyer
au Roy de Denemarc un sanfconduit, pour celuy on ceux
que son Altesse Elect Pal. y voudra employer.
Or encores qu'il soit très-difËcile de recognoïstre au
vray le but et les intentions tant du Roy de Hongrie que
du Duc de Bavière, lesquelles par toutes les actions et
menées précédentes ne peuvent estre que fort suspectes
à sa dite Altesse , quelque beau semblant qu'ils ¢ par
dehors pour éviter le blasme d'estre en obstacle au res-
tablissement de la paix en l'Empire, si est-ce que sa dite.
Altesse, pour ne point encourir le reproche de rejetter
les voyes de douceur, et pour prévenir que, bods un tel
prétexte, on ne passe & quelque préjudiciable conclusion
contre elle, a pareillement déclaré estre preste de con-
descendre Et un traitté particulier, et a quant et quant
prié par ses lettres les Électeurs, Princes et États de
l'Empire de favoriser et avancer la négotiation du Roy
de Denemarc, exhorter sérieusement et disposer ^ ladite
restitution ceux de qui elle dépend et de la faire com-
prendre dans l'amnestie de l'Empire , leur remonstrant que
sans icelle l'Empire ne se peut promettre aucune paix
ferme et asseurée.
Mais d'autant qu'il n'est pas vraysemblable que le Roy
de Hongrie et le Duc de Bavière, qui ont un si grand
avantage en main , se laissent si facilement fleschir à faire
une restitution équitable, honorable et tolérable, s'ils n'y
sont poussez par quelque pubsaut ressort extérieur; ven
que jusques icy ils ont bien fait parotstre qu'ils cer-
cboient plustost de se maintenir en leur usurpation que de
reudre ce qu'ils tiennent, sadite Altesse a supplié le Roy
de la Grande-Bretagne qu'il Itiy plaise en cette occasion
de la Diète générale de Ratisbone, et en la conjuncture
présente, où on espère une heureuse pacification en ses
Royaumes, de luy donner une prompte assistance d'hommes
U,g,t7cdb/GOOgIC
et d'argeot, afio qna sa dite Altesse se puisse rendre
considérable en l'Empire et se joindre avec les armées
confédérées et que, par ce moyen, S. M. face veoîr au
monde, spécialement aux Electears, Princes et Estats de
l'Empire, sur tout au Duc de Bavière, que S. M. ne veut
pas abandonner une si juste cause, ains qu'elle entend
que sa dite Altesse son nepveu soit remis , avec des con-
ditions raisonnables et honorables, en ce qui Iny appar-
tient de droit divin et humain.
C'est pourquoy sa dite Altesse Electorale prie et
requiert messieurs les Ambassadeurs trèa-affectueusement
de seconder ses instances envers le Roy de la Grande-
Bretagne, et de contribuer leurs bons offices, leur in-
dustrie et crédit, pour disposer S. M. à la dite prom-
pte assistance d'hommes et d'argent, sans laquelle on ne
peut espérer la dite restitution. A l'effect de quoy il plaira
à messieurs les Ambassadeurs non seulement d'entendre
du chevallier Cave, agent de sa dite Altesse à Londres,
combien avant il a porté les dites instances (dont il a
charge de les informer plus particulièrement) mais anssy
de considérer premièrement, que la haine que la maison
d'Aostriche et d'Espagne porte & la dite maison Électorale
Palatine, et le mal qu'elle Iny a fait souffrir, provient la
pluspart de ce que la dite maison a en toutes occasions
procuré, aidé, et favorisé les avantages et l'accroissement
de ces Provinces-Unies; secondement que, anssy long-
temps que Is dite maison Palatine demeurera dénuée de
ces pals, droits et dignités, ces dites Provinces ne pour-
ront attendre aucane faveur ni assistance de l'Empire,
ains plutost toutes sortes de traverses et de malvueil lance ,
veu que le parti catholique-romain retenant la pluralité
des sn&ages an collège électoral, et adhérant à la mai-
son d'Austriche , il sera facile à la dite maison d'Austriche
d'employer les moyens et les forces de l'Empire contre les
dites Provinces, là où au contraire, si la maison Palatine
est remise en ces p^ et dignités, et par ce moyen l'é-
quilibre remis en l'Empire, les Princes d'Austriche n'au-
,,Googlc
1640. DJEnnbn.] — 314 —
ront plos UQ si grand avantage. Et ponr le troisième,
que le lien de lîeligion et d'ancienne amitié oblige les
dites Prorinces, aussi bien que lenr întérest particulier,»
continuer, comme elles ont iait lonablement jusqnes icy,
de désirer, rechercher et advancer la dite restitution. Tont
ce que messieurs les Ambassadeurs feront en cest aSàire
tant importante obligera grandement sa dite Altesse, et
tonte sa maison et le recognoiatrs envers eux et cest Estât
Fuit à k Haye, le 20 de décembre 1640.
■ t LETTRE DCXLI.
Le Prince (FOrange au Roi de France. Lettre ctinlroduc-
tùm pour M^ de Beverweert.
Sire. La jnste ambition que j'ay de faire approuver
mes actions et intentions à Y. M. me faict luy dépêcher
le sieur de Beverweert, pour luy rendre conte particulier
de tout ce qui s'est passé au traicté de mariage projette
d'une des filles du Itoy de la Grande-Bretagne avec mon
fils, et, comme en cette négotiation je n'ay eu autre visée
que d'establir ma maison , au moyen d'une sy notable al-
liance, k laquelle sa dite Majesté m'a faict l'honneur de
donner son consentement, ne s'y estant parlé d'autres choses
que des conditions particulières et usitées en pareil cas,
je supplye V, M. entendre l^dessus le dit sieur de Be-
verweert, le voir de bon oeil et l'honorer de vostre fa-
veur et créance, en ce qu'il exposera à Y. M. de ma part,
d'autant que je l'ay informé de tout, sans rien réserver,
espérant que la candeur de sa relation renonvellera ven
Y. M. la confience que je la supplye de prendre en la
sincérité de ma très-hnmble dévoUon au service et ^ la
grandeur de Y. M-, et sur cette véritable protestation je
■ Ctlle UUre et In quatre luivanlet lant det miaulet de la mon tU
M' de Scmneùdyci.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 815 — [IMO. Wcembni.
prie Dieu, Sire, de prospérer les desseÎDs et désirs de
V. M. en luy donnant santé et longue vie.
De V. M. très-bnmble, très-obéjssant, servitenr,
De la Haye, le 21 de décemb. 1640.
t LETTRE OCXl.n.
Le PrtTice cC Orange à la Reine de France. Même eujA
Madame. J'envoye le sieur de Beverweert, pour de
ma part avoir l'honneur de représenter au Koy et à Y. M.
l'histoire au vray de ce qui a esté projette entre le Koy
de la Grande-Bretagne et moy sur le mariage de l'une
de ses filles avec mon fils , dont les conditions sont pure-
ment pariicalièroa et que de personne à personne; et esti-
mant de mon devoir, pour la proximité dont elle appar-
tient à voz Majestez et pour l'honneur que je me promets
de leur bienveillance, de vous en tenir adverties , avec per-
suasion qu'elles l'aprouveront et en resteront satisfaictes,
vous supplye très- humblement, Madame, d'ouyr là-dessus
dit sieur de Beverweert et luy faire la grâce que d'ad-
fouster foy à ce qu', en vertu de ma créance, il exposera
à V. M.; qui sera une nouvelle grâce laquelle, avecq plu-
sieurs autres, m'obligera k prier Dieu, Madame, pour ta
grandeur et contentement de Y. M., désirant au surplus
l'honneur de mériter par mes services l'adveu d'estre
de Y. M. très-humble, trfes-obéyssant, serviteur,
De la Haye
t LETTRE DCXLIU.
Le même au Duc ^Orléans. Même tigeL
Monseigneur. Le sieur de Beverweert allant de ma
part faire relation au Eoy d'un traict^ de mariage pro-
,,.GoogIc
]640. DfembM.] — 316 —
jette entre le Koy de la Grande Bretagne et moy de la
Princesse sa fille avec mon filz unique, à cause de k
proximité dont elle appartient à S. M. et par le respect
que je doibs & la bienveillance de laquelle elle m'honore,
j'ay pensé devoir m'avantager de son occasion, ponr re-
noaveller i V. A. la déclaration de mon trës-liumble ser-
vice et obéyssance, par le mérite desquels j'egpëre que
y. A. me voudra réputer digne de la continuation de son
amitié, laquelle sera par moy soigneusement recerchée avec
le respect et par les voyes qu'il se doibt , de quoy me re-
mettant sur le dit siear de Beverweert, que je vous sup-
plye voulloir voir de bon oeil et le croire en ce subject,
après vous avoir bmsé très-humblement les mains, je sup-
plye le Créateur, Monseigneur, de conserver V. A en
prospérité et longue vie.
De V. A. très-humble, etc.
De la Haye ce . . .
M' le frère du Roy,
t LETTRE BCXLIV.
La Princesse ^Orange au Cardinal de Richelieu. Même aigtt.
Monsieur. N'ayant point accoustumé de rien déguiser
en mes actions envers vostre Ém. avec laquelle j'ay lié
une très-estroitte intelligence et à laquelle les intérests et
traictés communs nous obligent, j'ay, entre autres démon-
strations de ma rondeur, voullu vous adresser le ûenr de
Beverweert, sur l'occasion du traicté de mariage de mon
fils avec la Princesse d'Angleterre, afin de vous donner
toutte connoissance de ce dont on y a convenu, désirant
que S. M. et vous en demeuriez esclarcis et satistaictz,
pouvant de bonne foy asseurer V, Ém. que le publiq n'y
est en aucune sorte meslé , les conditions estans purement
particulières, comme le dit sieur de Beverweert vom fera
entendre plus par le mena, auquel je vous snppUe de
donner l'adresse qu'il attend de vostre faveur envers le
Boy, le veoir de bon oeil, et de le croire comme moy-
,,GoogIc
— 317 ■
[1640.
mesmes. Snr ce je vous baise bien humblement les mains,
priant Dieu , Monsieur , de tous avoir en sa sainte garde.
De la Haye, etc.
H' le Cardinal.
t liETTRE BCXLT.
Le Prince dOtange à M. de Chavigny. Même sujet
Monsieur. J'a.y donné charge au sieur de Beverweert
de vous communiquer le subject snr lequel je envoyé par
delà, espérant que le Roy l'escoattera volontiers et sera
satis&ict de mon procédé, auquel il ne se trouve rien qui
ne soit particulier. Je vous prie doncq, Monsieur, de
l'adresser, l'ouyr et !e croire, comme aussy de continuer
vos bons offices vers S. M. et S. Ém, au bien de l'u-
nion et des bonnes intentions de cet Estât, et pour mon
regard pouvez croire que , recercbant l'honneur de la fa-
veur et bienveillance de S. M., je seray tonsjours très-ayse
de rencontrer quelque occasion à vous tesmoigner l'affec-
tion que j'ay de vous faire service, de quoy je vous prie
estre assenré. Sur ce je vous baise humblement les m^ns,
suppliant le Créateur, Monsieur, de vous avoir en sa sainte
garde.
Vostre hnmble et très-affectionné amy k vous
faire service,
De la Haye, ce...
M' de Chavigny , pieraîer Secrétaire d'Estat.
• LBTTKB nCXliTl.
Les Atr^Msadeura m Angleterre oii I\ince tTOrange. Rm~
contre lur mer.
Monseigneur. Kostre embarquement se fist le jour de
l'an, avecq assez d'heur et de facilité, mais le lendemain
au point du jour nous âsmes, ii la hauteur de Nieuport,
rencontre de cincq voiles de Dunckercke, sçavoir trois
,,GoogIc
IMl. Jinrist.] — 318 —
grands navires et deux frégattes, qui nous attendireot en
bon ordre, nons voyans aller droict à eax. Le combat
dura' heure et demie à coup de canon, d'assez près, et
quasi d'abord nostre grand voile avecq la hunnière lu-
rent abbatnes et les cordages mal menez par tout Le
Vice-admiral print conseil d'aborder l'admirai de Donc-
kercke, et \ny ayant M' de Brederode dict qu'il feroit
mieux de tenir sa route, il respondït que, s'il ne le faî-
soit, l'autre le feroit, et que c'est un grand avantage de
commencer premier; à quoy se rendant le dit sieur de
Brederode luy permit de faire ce qu'il penseroit à propos;
mais l'admirai le voyant en telle délibération s'en des-
touma laschement. Nous passâmes doncq au beau milieu
et k travers les ennemis, quoyque plus légers que nous
à la voile, et voulut encor nostre Vice-admiral retourner
pour trouver moyen d'aborder l'admirai des Donckerkois,
si ne l'en eussions empêscbé, par cette résolution de poui^
suivre maintenant sa route et de se contenter de com-
battre tout ce qu'il trooveroit en opposition. Nous luy
devons ce tesmoignage, et à tous ceux de son bord, qu'ils
ont faîct le devoir de gens de bien. Les ennemis demeu-
rèrent après l'action en corps, hors la portée de nostre
canon, tindrent conseil et nous firent ainsi compagnie,
bien six ou sept heures de long, nous laissans en quelque
double de leur retour. Dieu soit loué que ce resveille-
matin a passé de la sorte, à la honte des ennemis. IHer,
sur les neuf heures du matin, nous descendîmes !i Dover
et sur le soir arrivâmes en cette ville, o^ la feste de
Noël nous arreste jusques k demûn, que tirerons païs,
pour gaigner la Cour au plustost Cependant nous prions
Dieu, Monseigneur, de donner à V. A. en touUe pros-
périté, santé et longue vie.
De V. A, très-bumblea, trfes-obéyssants , et
très-6dèles serviteurs,
H. W. T. BBBDBBODB. PEINÇOYS D'aEBSBE».
De Cantelberg, ce 4' de l'an 1641.
> Dpa lemùU omit.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 319 — [l(HI, JinTÎer.
■LETTKB mCXMjTUL.
Le» mêmes au même. Arrivée à Londres.
Monseigneur. Vostre Â. aura apprins nostre rencontre
en mer et la descente à Dover. La feste de Noël et le
bagage a depuis retardé quelque peu nosbre voyage, mais
en fin nous avons sur le midi attaint cette ville, où M. le
baron de Cliffort, au pied de la tour, nous a receus au
carosse du Roy et conduit avec la cérémonie iiccoustumée
en la maison des ambassadeurs. L'opinion est que nos-
tre audience se pourra assigner au dimanche , et il ne
tiendra aucunement à nous d'entamer et d'accélérer nos-
tre commission, pour le succès de laquelle nous recon-
naissons palpablement les voeus du peuple, espérans par
là la bénédiction de Dieu. Vous n'aurez rien du pabliq ,
pour estre trop nouveau venuz, et ne pensons ^ propos
d'entretenir V. A, des discours de la bassecourt; seule-
ment adjousterons nous que le parlement s'est [renoué] et
ne perd point de temps à préparer les affaires. Sur ce
noue SBpplyons le Créateur, Monseigneur, de donner k
V. A. en prospéritû très-longue vie.
De V. A. très-humbles, très-obéissants et
très-fidelles serviteurs,
BRESERODË. rBANÇOTS D'aEBSSBK. HEENVLIET.
De Loiidres, ce II de janvier 1641.
* LETTRE BCXLYIU.
Le» même» au même. RèvoUe du PorUigaL
Monseigneur! Le vice-admîral nous ayant tenu com-
pagnie jusques en cette ville à nostre instance, pendant
qu'on estoit après à caléfater son navire aux Duns, lequel
en avott bon besoin, nous l'avons licentié avec ce tes-
moignage qu'il s'est dignement et courageusement porté
■ Dt U mn* 4e It d* Sommeltdgei.
,, Google
lui. Juiier.]
■ 320 -
en la conduitte de nostre transport, et osons fure 1^
dessus une Donvelle supplication à Y. A. de Inj Tonlloir
ordonner de faire escorte k une bonne partie de nostre
bagage, demeuré à Kotterdam, pour y avoir esté prias
aux glaces. Ce sont des carosses, des chevaux et la plus-
part de nos provisions, dont le defFaut nous incommode
et par cette grâce V, A. nous en peut relever. Nostre
audience est assignée par le Roy an 16, pour la rendre
plus célèbre, en la grande salle, par la feste des Roix et le
concours du peuple. H n'a point tenu à nous de gagner
là-dessus quelques Jours; mais il nous a lallu passer pu
la volonté de S. M. — M. de Hapton, ambassadeur de S. H.
eu Espagne, a mandé la révolte de tout le Portugal, pur
l'élection et couronnement du duc de Bragance; qu'il n'y
a qu'un chasteau près de Lisbone qui tient pour le Soy
d'Espagne; que madame de Savoye, régente, a esté ren-
voyée en un monastère et le secrétaire d'estat pr^ d'eUe
tué, pour avoir crié & la trahison. Les lettres sont dn
15 de l'autre mois et les récent S. M. devant-hier. On
adjouste que la trame de cette menée, esclattée partout
en un mesme joar, auroit duré dix-huict mois, mais qne
M. le cardinal de Richelieu en auroit eu quelque cw-
noissance. C'est un coup du ciel et une grande merveille
en nos jours. Sur ce nous prions Dieu, Monseigneur,
de bénir vos désirs et desseins, en vous donnant santé et
longue vie.
De V. A. très -humbles, très-obéissans et
très-fidelles serviteurs,
H. ir. T. BEEDEBODE. PBANÇOIS S'aEBSSEH. HEEHVUET.
De Londres, ce 13 janvier 1641.
Le 14 janvier le Prince d'Orange éerit: ..Mesuenn. Hier me
forent Teadues vob premières lettres , pat lesquelles j'ay est^ bien
ayae de veoir quel a esté le succès de vostre passage et desbu^
quement eo Angleterre, depuis ce qui s'estoit passé à la rencontie
des vaisseaux de Dunckerke. J'espère que bientost après vctu
serez arrivé à Londres et mesmes que pourrez estre entrés en il-
,,.CoogIc
faire sur ce sabject da traité. Il me tardera d'en avoir advis à
la première arrivée, comme tousjours de vous pouvoir teamoigner
par mes aervices que je suis etc." (f Ma.)
I.BTTKE DOXIilX
Les mémee ou même. Audi&toe pubUqite.
Monseigneur. Devant-hier fut nostre première audience
publique en -la grande sale *, arec les solemnités en tel cas
accoQstamBes. Les Seigneurs y estojent à costé de la
main droitte du Roj et les dames rangées en haye à la
gauche de la Royne et au bout leurs Majestez mesmes,
montées de deux ou trois marches plus haut, accompag-
nées de madame Marie, leur âlle aisnée. Nostre propo-
sition laicte, le Roy rendit bonne et courte responce,
nommément en ces mots: que cette ambassade luj estoit
fort agréable, qu'il aymoit Mess, les Estats et V. A., que
le connoîstrions par le hon traictement qui nous sera faict.
La Soyiie en dit autant au regard de voz Â. A., en y
adjoustant qu'elle le vooloit &ire plus par effet qu'en
parolles. La privée audience nous est appointée pour ce
jourdhuy à une heure; c'est pour entrer en matière et,
s'il nous reste tant soit peu de temps avant que l'ordi-
naire parte, tous en sçaurez le succès. Nous avons com-
mencé les visites actives et passives, et reconnu à touttes
une fort grand Joye de l'alliance, mais en nous destinant
l'aisnée, plus sortable à cause de son aage et pour servir
aa temps, en retranchant l'espérance à l'Espagnol, qui
semble estre en exécration à tous. Le parlement va tous-
jours son train et remue assez de choses, afin de n'y re-
tourner souvent, et se prennent sans autre esgard à ceux
qu'ils tiennent pour autheurs de la dissention entre le Roy
et son peuple. S. M. jusques icy les laisse laîre et nons
nous contentons de voir les choses de loin, pour poasser
nostre alliance, qui est nostre seule charge. Monseigneur,
,, Google
IMl. JMfîer.] — à22 —
nous prions Dieu de la bénir à vostre contentement et de
donner à V. Â. santé et prospérité.
De V. A. très-hambles , très-obéissans et trës-
fidelles serviteurs,
H. W. V. BBEDEBODE. PK&NÇOrs D'a£KS3EN.
HBENTLIET. ALB. JOAGHIML
De Londres, ce IS jsuTier 1641.
* LETTRE BCL.
Les mêmes au même. Audience particulière.
Monseigneur! Nous revenons de l'audience privée du
Boy et le temps nous défaillant pour la coacber toutte
en ses propositions et responces, V. A. est suppliée do
trouver bon que liij marquions ce qui est de plas es-
sentiel; la rencontre de S. M. ayant esté tant &vorabIa
et mesiée de si grands apparences que nous osons qnasi
en iuférer vostre plénier contentement. D'entrée S. M. tes*
moigna d'estre fort satis^cte de nostre venue et recher-
che de son alliance; qu'elle en avoit traîtté avecq V. A
par M. de Heenvliet, et qu'estiez demeurée contente de s*
fille pnisnée, combien qu'il eut assez souvent esté iîuct
instance pour l'aisnée, et comme il luy fnst Ik-dessus re-
présenté que vous vous en contentiés encor, voire le k-
riez de celle qui seroit encor à naistre, pourveu qu'eussiez
l'honneur de son alliance, mais que messeignenrs les Estais,
considérants la disparité de l'aage et vostre maison réduïcte
& l'espérance d'un fils unique, supplioyent S. M. d'assen-
rer l'Estat et la maison ensemble, en nous ottrojant la
Princesse aisnée, sa repartie en soubsriant a esté qiril
avoit vingt et huict ans et la reine point encor dix-hnlct,
quand ils se marièrent ensemble et, prévenant la solution
que luy en allions donner, demandoit que luy laissassions
quelque temps pour y penser, se trouvant surpris de
cette nouvelle demande; non, qu'il estime sa fille aisnie
trop bonne pour le fils de M, le Prince d'Orange, etli-
desaus, comme s'il eust voulu changer de propos, conti-
,,.GoogIc
— 323 — [1641. JiDtier.
noant: „I1 fiiut que je die, Messieurs," disoit S, M. „qQe
ces jours passés ma jeune fille, voyant son pourtraict et
demandée ce que lay en sembloît et si elle en voadroit
bien, respondit que il luj sembloit fort jolj et beau, mais
que, s'il n'en vient de meilleur, qu'il sera pour sa soeur
aisnée." — Or, Monseigneur, comme nous représentions
qu'il n'y avoit rien de meilleur k attendre et après les trois
Koix*, que l'alliancre avec V. A. est véritablement la plus
considérable pour l'Angleterre et qui peut donner plus
de settreté aux Princes par l'exclusion de l'Espagne , S. M.
a retourné k dire qu'il y a trois filz', par conséquent
rien plus à espérer ny à. craindre, que dans* lundy elle
nous nommeroit nos commissaires pour achever l'aflaire,
et ne trutteroit point le filz de V. A. à la façon dont
l'Espagne l'avoit traité, en le traînant huict ans, mais qu'il
en vonlloit faire une fin; nous permit en outre de voir ii
nostre volonté messeigneurs les princes et mesdames les
princesses, ce que pensons faire demain après l'audience
de la Reine, laquelle nous est assignée pour les deux heures.
Cest, Monseigneur, ce qu'à la haste nous adjoustons à
celle du matin, et Y. A. en peut iàlre le jugement qu'une
si familière déclaration mérite. Au moins pensons-nous
avoir gaigné un grand point, qu'au lieu de se tenir au
traicté, S. M. nous ayt demandé du temps pour s'aviser
sur le changement. De temps on temps V. A. sera in-
formée de nos progrès jasques à l'achèvement de l'oeuvre,
que nous supplions le Créateur de bénir et de donner &
V. A., Monseigneur, la bénédiction sur vos désirs et à
nous, de vous servir utilement.
De V. A., très-humbles, très-obéissants
et très-fidèles serviteurs,
B. W. V. BKBDEBODB. FBUIÇOYS D'AEBSSEH.
HBEKVLIBT. ALB. JO&CIIUII.
De Londres, ce 18 janvier 1641.
' D« Tnnee, d'Eipigna , et do Danernarok.
' Le Prince de Galle*, le Ddc d'York, et le Comte de Gloceater, né
en ÏM>. • dh(?)
21*
U,g,t7cdb/GOOglC
LETTRE mCJA.
Le Prince dOrange à M. de Bevertoeert. Il demeure fidik
aux intéréla de la France.
MoDsieur. Je me suis tousjours bien doublé des objec-
tions que, par vostre première lettre du 12 do ce mots,
TOUS me dites vous avoir est^ faictes d'abord par M' de
Cbavigny; mais comme vostre instruction porte très-véri-
tablement que c'est icy une alliance de personne à per-
sonne et tout ^ ffiict particulière, sans que les int^rests
de l'Estat y sovent aucunement mesiés, vous m'obligerez
d'insister tousjours fortement IK-dessus et d'en donner tonte
asseurance au Roy et ^ monsieur le Cardinal, quand vous
aurez l'honneur de les veoir, et que, pour mon regard,
je continue tousjours dans les mesmes inclinations pour la
France et dans le mesme zèle au service de S. M. dont
j'ay tâché jusqnes à présent de luy rendre preuve par mon
très-hamble service, comme, s'il plaist à Dieu, je le feray
encor paroistre ceste année, quand l'armée de cest Estât
viendra à se mettre en campagne. Surquoy, en attendant
de vos nouvelles' ultérieures, je demeure, Monsieur, etc.
Le 21 janvier 1641.
«LETTRE PCLII.
Lee Amhaesadair» en Angleterre au Prince <f Orange. Con-
férence avec les Commiseairee du Roi.
Monseigneur. En la postérieure des nostres du 18,
V. A. aura veu la response du Roy à nostre demande
de sa âlle aisnée. La Royne nous tint le lendemain i
peu près mesme langage, d'en vouloir parler au Boy et
nous y favoriser, et en demeurons encor là. Depuis nom
avons veu les Princes et Princesses k divers jours. L'aisnée
est hante, droitte et tantost preste; i, nostre advis, le vnty
et seul faict de monseigneur le Prince Guillaume, et ï
luy destinée généralement de tons, que grands, que pe-
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 325 — [1641. JMtier.
tits, mais il nous fault attendre qu'en diront leurs Ma-
jestés, qne nous tascberons de gaigner par des raisons
qni font pour nous, les tenants desjà esbranlées à nous en
contenter. Nos commissaires furent dès le 20 nommés,
sçavoir messieurs le grand-thrésorier ' (aussi évesque de
cette ville), marquis de Hamilton, comtes d'Arondel, de
Northumberlant , d'Hollande, et secrétaire Vaue, lesquels
dès le lendemain nous firent sonuner de nous trouver le
mardy 22 k quatre heures en la chambre du conseil, pour
eotrer en aâaire. Le haut bont de la table nous fot cédé
et prirent leur place aox deux costés de nous, excepté
M' le conte de Northumberlant, que la fièvre empêcha
de s'y trouver. Nostre commission fut leue par M' Vane
selon la coustume, puisque le traité est fondé sur icelle;
après la lectnre et quelques propos eutrejettés, messieurs
les Commissaires demandèrent & se retirer quelque peu en
une chambre de costé, pour aviser, et y demeurèrent une
bonne espace et rentrez nous dirent par M' Vane d'avoir
remarqué qu'en la commission il n'est faicte aucune men-
ton expresse de traîtter une alliance d'Estat, ce qui est
néantmoins l'intention de S. M. en faisant celle du mariage,
croyant que ce fust aussi le désir de messeigneurs les Estats;
à cela leur fut reparti que la commission nous authorise
ponr l'une et l'autre action, en termes clairs et exprès,
ponr recevoir les ouvertures que S. M. vouldra proposer et
d'en traîtter, soubs la parole de nos supérieurs de tenir
pour valide et stable tont ce qu'en l'une et l'autre rencontre
aura esté négotîé par nous, et, pour les en esclaîrcir mieux,
iurent priés de se ressouvenir qu'au précédent passage
du sieur de Sommelsdyck , Iny et le sieur Joachimt
avoient présenté au Boy, par l'entremise de M* le conte
d'Hollande, un escrit proposant quattre sortes de traitté,
pour en choisir celle qui seroit pins sortable au temps et
à ses affaires; que S. H. juaques ores ne s'est encor dé-
clarée, que c'est doncq l^deasus que font réfection les
mots de nostre pouvoir, pour entendre les propositions de
,, Google
1641. JïDKier.] — 326 —
S. M., attendu que la précédente négotiation est demearée
imparfaîcte du costé de S. M. et nostre pouvoir en 8on
entier, auquel il est parlé bien expressément de convenir
de telle alliance que S. M. aggréera sur le pied et forme
de nostre dîct escrit, toutesfois que le ferions redresser
en termes plus esprës et forts à leur volonté. Cette res*
ponce les contenta, d'autant que M' le conte d'Hollande
avoua et attesta les choses estre passées comme les re-
présentions, mais nos propositions ayant esté esgarées par
l'absence de M. de Windebanc qui les gardoit, ils nous
prièrent de leur faire avoir pour le lendemain an matin
copie de nos deux pouvoirs et du dit escrit, afin de faire
rapport au Roy et de rentrer aussytost en besoingne avec
nous, pour conclurre ensemble une bonne et ferme alli-
ance. L'un et l'antre leur fut porté hier. Tontesfoîs
avant que de nous séparer, considérants qu'ila tendoyent
& faire commencer nostre négotiation par un traicté d'Es
tat, nous les conjurâmes fort sérieusement de faire pré-
céder celui du mariage, comme plus pressé, k cause de
la comparîtion personnelle de monseigneur le Prince Cruil-
laume, k laquelle S. M. l'a obligé; qu'il y reste si peu
à vuider, que dans une session ou deux tout peut estre
achevé, comme M' Vane sçavoit trop mieux, qui auroit
manié et reiglé les principaulx articles entre S. M. et
V. A.; que nostre venue estoit pour la recherche et la
forme; cela faict, que rien ne nous retardera plus à
entreprendre l'alliance désirée de part et d'autre, s'il plaïst
& S. M. nous faire l'honneur de noua en dire sa volonté.
C'est, Monseigneur, le terme où ce faict est demeuré)
et verrons sy, à la prochaine assignation, on nous con-
tentera Ik-dessus, car il nous semble hors de propos de
mettre l'accessoire devant le principal. Hier fut acoreo
le nombre des commissaires de deux nouveaux, sçavoir
de messieurs les contes de Pembroock et de Dorsset Snr
cette rencontre, Monseigneur, V, A. voit qu'on prétend
avec le mariage nous engager aussy à un traicté d'£stat.
n est malaisé de préjuger quel, mais avant que d'en venir
D,g,t7cdb/GOOgIC
là, nous pensons qu'il est nécessaire, s'il est trouvé bon,
qu'on nous en authorîse, car, comme Y. A. sçait, nostre
Instruction nous limite dans cette borne d'entendre les
ouvertures du Roy et de les consigner ît l'Estat. Cepen-
dant, ponr nous entretenir en la confidence du Roy et
de ses ministres, nous faisons démonstration d'avoir le
pouvoir et la volonté tontte eschauffée pour en convenir,
et serions en mauvaise posture, si on déconvroit de la
froideur en noos. Il ne sera peut-estre pas difficile de
filer quelque peu le temps ponr attendre vostre responce.
Cest pourquoy nons dépêchons ce porteur exprès, avecq
supplication très-humble qu'il soit redépêché & tout vent,
pour n'estre laissez !» seq, en une occasion qni importe
de tant, parmy une nation assez soubçonneuse et défiante.
V. A. sçanra mesnager les principaux d'entre les Provin-
ces à petit bruict, de peur que la France n'en prenne
ombrage sans cause, pour luy avoir esté dict que ce
n'est qu'un traicté de personne à personne. Â nostre opi-
nion c'est chose utile et désirable à l'Estat de convenir
avecq le Roy et ses Royaumes d'nn des quatre traictés
spécifiés en l'escrit cy-joinct; mais, en cas de ligue of-
fensive et défensive, il seroit nécessaire d'y fwre aussy
intervenir la France, pour ne perdre d'un costé autant
ou plus que espérons de gaigner de l'autre. La d>^fensive
seroit purement k nostre avantage , car estans en guerre nous
profiterions le secours à stipuler. Il est toutesfois difficile
à croire que le Roy rompe avecq l'Espagne , depuis qu'il
a gousté la douceur du commerce, sy le Parlement ne
l'engage et luy en fournist les moyens; ce qni est encor
loin, puisque le dedans demande d'estre composé et reiglé
premièrement. "V. A. se souviendra, s'il luy plaist, de faire
insérer le nom de monseigneur le Prince Guillaume en
la commission de traicter d'alliance, et de la luy faire gar-
der jusques à sa venue, afin qu'il soit nostre chef et par
là sans pair et couvert en cette Cour, nous pouvant suffire
que, par une lettre au nom de l'Estat, il soit trouvé bon
qae reprenions les errements du précédent pouvoir du
,, Google
1611. JiDiier.] — 328 —
3 novembre 1639 et de nos présentations faictes ensuitte
au Roy le 21 janvier 1640. On nons advertit à l'oreille
qa'on nous parlera d'une conjoinction des deux nations en
la navigation des Indes occidentales et des întérests de
S. A. Élect, ; mais sera peut-estre plus expédient de noos
tenir à un traitté solide, sans venir à des conventions
particulières , qui seroyent pour nous détoomer de la grande
voye et de plus grande espérance. Nons attendrons donq
la loy que V. A. et l'Estat trouveront à propos de nous
prescrire. Il n'y a pas grande novelle en cette cour, qne
la confirmation de celle de Catalogne et de Portugal.
Deux navires venus de Cades' y adjoustent la prince' d'ar-
mes dn duc de Medina-Sidonia. Icy le Parlement est fort
après à contenter les Escossoîs, et à faire le procès à
l'archevesque et au lieutenant d'Yrlande, contre lesquels
s'y présentent joumeliement de grandes imputations. Sur
ce nous prions Dieu, Monseigneur, de donner à V. A.
en tontte prospérité santé et longue vie.
De V. A., très-humbles, très-obéissants et
très-Sdelles serviteurs,
H. W. V. BBEDEKODE. FRANÇOIS d'aBBSSES.
UBENVLIET. ALB. JOACHDU.
De Londres, ce 24 janvier 1641.
A la lettre est joint l'extrait suivant.
„Et pour faire preuve Sîre, combien messeignean Itn Ectats
révèrent de leur costé, l'honneur de l'amitié de V. M. et redou-
tent d'en eslre recalés, ils nous ont donné cbarge et plein puvoir
de luy déférer le choix de l'une des quatre conditions q û eo-
suivent, selon la commodité des afiiiires, assçavoir:
d'une ligue offensive contre le Roy d'Espagne et ses adln reM,
d'une défensive pour la mutuelle garentye contre toutte ag ïre»-
sien cstrangère à guerre ouverte, perpétuelle ou à temps,
d'une promesse réciproque, tant seulement de ne secooi ' en
aucune façon les ennemis l'an de l'autre,
oo finalement de convenir d'un temps préfix, pour cj-aprè' se
trouver ensemble, afin d'aviser quelque expédient et moyen ponr
' Cadii. * prise.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 329 — [IMl. jMïier.
Bssearer l'Angletene et les Frorinoes-Unies contre les forces et
)es menées de leurs ennemis."
La aouscriptioD porte: „ Copie tirée sur la minute d'une pro-
position donnée à M' le comte d'Hollande, par les siears de Som-
melsdycq et Joachimi, ambassadeurs de messeigneurs les Estats-
Généraux des PrOïinces-Unies du Pays-Bas le "/„ de janvier ™°/,„,
pour estre présentée nu sérénissime Roy de la Grande-Bretaigae."
■ t LBTTRB BCLIII.
Le Prince dOrange aux Ambcusadeurs en Angleterre. Ré-
ponK aux letlrea 649 et 650.
Messietirs. J'ay esté fort content d'apprendre , par vos
deax lettres do 18 da courant, le bon accueil qne vous
avez eu en la solennité de vostre audience publique, mais
plus encor de veoir comme 4 la privée qui a suivi tost
après, il a pieu au Koy vous rencontrer par des expres-
sions si favorables et des démonstrations de tant de bonne
volonté en mon endroict; lors nommément qne vous avez
fàict l'ouverture touchant madame la Princesse aisnée,
et avez représenté pourquoy c'est que vons avez en ordre
d'insister de nouveau sur cet article. Il reste maintenant
que dans le [3] jour d'après vos commissaires vous auront
esté nommés, de bien poursuivre cette routte snr de si
bons commencemens, et pour cet effect me semble qu'il
importe de se prévaloir particulièrement des faveurs de
la Reine, en taschant de la disposer à ce point, au moyen
de quelques audiences ou visites privées, que vous luy
pourriez feîre en corps ou séparément, selon les occuran-
ces, sans négliger l'entremise du S' Jermin ', qu'on dit
avoir grand crédit auprès de S. M. Je suis bien asseuré
que vous n'obmettrez rien de ce qui peut servir à gaigner
encor cest article sur l'esprit du Roy, mais pourtant n'ay
voûta laisser de vous recommander cet expédient, qui, à
mon advis, pourra faciliter de beaucoup l'affaire; vous en
' lU la main dt M' dt ZuytieXem.
' HBori Jsnnyii, ttvori de t> R«ine, plut ttrd eomtc de St. Albu'a.
U,g,t7cdb/COOgIC
IMl. Jiniier.] — 330 —
userez selon que trouverez les occasions le permettre od
la nécessité le requérir, et m'obligerez de continuer à me
tenir adverti de temps en temps de la suite et succès de
vostre négociation, comme aussi de me croire véritable-
ment, etc.
2S janvier 1641.
LETTRE BCLIV.
'ja Reine-mère de Fi-ance ou Prince <f Orange. Aimranea
de bonne amitié.
Mon Cousin. Ce que vous m'avez escrït du project du
nariage d'entre ma nièce la Princesse d'Angleterre et voslre
Ils me donne telle preuve de vostre continuelle bienveil-
ince que celle que je vous porte ne seroit contente, à
B laissois retourner près de vous le S' de Beverweert,
|ui m'a rendu vostre lettre, sans vous tesmoigner com-
lien je me suis satis&icte de vostre civilité, me proroeo
uit qu'il vous dira encores plus particulièrement l'estime
ue j'en fais. II me suffira de vous asseurer que je pren-
ray touajours part à vos heureux succès, aussi vérita-
lement que je suis
vostre bonne cousine,
ANNE.
A St. Germain, ce 39 janvier 1641.
mon Cousin Monsieur le Prince d'Orange.
• LETTRE RCLT.
•es Ambiueadeurs en Angleterre au Prince cCOrange. Progri*
de la négociation.
Monseigneur. Nous vous avons dépesché homme espris
i 29 du mois passé, mais la presse est sy grande an
'arlement que n'avançons encor nostre négotiation qae
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 331 — [1641. rinitr.
bien lentement, car tous nos commissaires en sont, et ont
si pea de temps de reste qae souvent on nous paye
de remises, encor que reconnoissîons à tons une bonne
volonté de nous contenter et expédier. Cependant le Roy
nous ayant mandé le 29 dudit mois de nous trouver en
la chambre de la Roine, S. M. se mit !t nous dire en
sa présence d'avoir pensé de plus près à la demande
qu'au nom de l'Estat et de V. A. luy avions faicte de
sa fille aisnée, et que, pour les raisons par nous allé-
guées, elle en approuvoit la recherche et desjk la nous
accordoit, mais entendoit de faire au mesme temps une
alliance d'Estat, sans aucune interruption de besoigne.
Après l'acceptation et le remerciement de sy favorable dé-
claration, nous nous avançâmes k désirer que le temps
de la transportation de la Princesse fust aussy réglé , afin
qu'il ne restast plus rien au traité du mariage que la
forme, dont nous pourrions convenir en une seule session;
et cela faict, en advertir V. A., pour disposer de la
venae de monseigneur le Prince Guillaume; mais la Reine,
nous en renvoya aux commissaires, y adjoustant gue leur
fille aisnée méritoil bien quelque choie de plus que la jeune.
Ce mot, Monseigneur, est canse qu'avons tant différé à
Tons donner advis de ce bon succez , attendants de nous
en esclaircir k la première conférence, pour sortir V. A.
de tontte doute; tontesfois n'avons peu nous entrevoir
plnstost qu'hier; encor lors si peu et sy superficiellement
que ce estoit plustost pour nous entretaster que pour en-
foncer la besoigne; seulement nous dirent-ils d'avoir faict
rapport au Roy de la qualité de nos deux pouvoirs et
de nostre disposition k conclurre une alliance d'Estat avec
S- M. et qu'elle s'en contentoit, désirant que les deux
traictez allassent ensemble; sur quoy avons remonstré que
celuy du mariage doibt précéder, comme j& assez arresté,
afin de gaigner temps pour la venue de monseigneur le
jeune Pnnce, et que serons pretz de passer immédiate-
ment après à l'alliance; ce qu'ils approuvèrent, soubz cette
restriction, que t'un ne tiendroit point, sy l'autre n'en-
,,Googlc
1641. Firrier.] ~ ââ2 —
snivoit; toateafois leur avant esté dict que de cette con-
dition il se peut infi^rer comme sy on doubtoit de noi
intentions, là ou une bonne confédération n'est moins
désirée de nons que d'eux, qu'il nous sembloit plus ^ pro-
po3, de n'en point parler, puis que rien ne se pouvoît
faire sans la signature du Roy, de &çon qu'il seroit tous-
jours en leur pouvoir de haster ou tarder l'affaire selon
l'événement de la négotiation, et en estants tombés d'ac-
cord, les articles projetiez et concertez entre S. M. et
V. A. furent leuz, et leurs variétez notées, qui au fondt
revindrent à un seul point, sçavoir celuy du temps quand
la Princesse sera conduitte en Hollande; car ilz estîmoyent
sy peu les cérémonies qui avoyent géhenne quelque temps
V. A., qu'ils y passèrent par dessus, et quelqaes uns jus-
ques à s'avancer de dire que devant trois mois il n'y
en anroit peut-estre anssy point en ce Royaume, et sor
ce propos messieurs les commissaires s'estant levez (pressez
apparemment d'ailleurs) nous promirent de taire ce matin
leur rapport au Roy et de nous vouloir dépescber promp-
tement, à laquelle fin espéroient de nous faire avoir de
leurs nouvelles encor dans ce jourdhuy, mais avant que
partir deux d'entre eux expliquèrent séparément à M' de
Brederode et au sieur de Sommelsdyck ce que voulloyent
dire les paroles de la Royne cy-dessos subvirgulées; c'est
qu'on prétend que l'Ëstat (sans tontesfois en charger Y. A.)
devroit augmenter de quelque chose le douaire de la Prin-
cesse, puisqu'k son intercession leurs Majestez avoyent
changé la jeune à l'aisnée et héritière, et que S. M. de
son costé en feroit un peu accroistre son dot; nostre opi-
nion là-dessus fust qu'il estoit plus senr et bonorbble de
se tenir à ce qui a esté traictë, mesmes sur l'exemple de
la Royne Elisabeth ' précédée que d'nn seul frère, que V. A
avoit trop de générosité pour charger l'Estat de son par-
ticulier, lequel d'ailleurs aux occasions ne traiteroit moins
courtoisement cette Princesse que celles qui ont esté de-
vant elle, attendu sa haute extraction et la singulière
* Reioe àe Bohbne.
,, Google
— àôà — [IMl. TMat.
&Tenr de leurs Majestez. Or, MonsBignear, uoas avons,
grâces à Dieu, la parolle dn Roj et de la Rojne pour
l'aynée, et par là sont rompues touttes les pratiques de
l'Espagnol en cette Coor; il en faict l'estoimé et trouve
k dire sur la prudence du Roj pour l'inesgalité des <]ua-
Utez; on l'en peut excuser, car U perd le jugement, à
mesure qu'il s'apperçoit que ces menées luy donnent droîct
dans la visière. Ce que nous reste maintenant à &ire,
c'est de raccourcir, le pins que faire se pourra, le temps
du transport, en le demandant au printemps, au moins
vers la fin de l'esté, comme aussy d'apprendre la volonté
de leurs Majestez, quand monseigneur vostre fils aura à
passer, puisque sa présence est requise pour la conclusion
et publication de son mariage. Avec cela. Monseigneur,
il nous fandra penser à l'alliance, et nous en tenir prestz
sur les offres faictes au Roy, au précédent voyage du
sieur de Sommeisdyck , mais nous ne pouvons croire que
S. M. soit encor de quelque temps en estât de se résoul-
dre là-dessus; car la paix ne luj permet de rien faire
an désavantage de l'Espagnol; et de rompre brusquement,
cela a pareillement ses difScultez. Il est vray que le Par-
lement s'enteudant bien avec S. M. peut changer la face
aux affaires; et nous attendrons ce qu'on prétendra de
nous; partant il est nécessaire de nous instruire et au-
thoriser, afin que rîeu ne vienne à clocher de nostre costé.
Peut-estre sera-il trouvé bon de V. A. que le pouvoir de
l'an passé soit dressé au nom de monseigneur le Prince
Guillaume et de nous, pour agir avec nostre assistance;
cela luy donneroit qualification et lustre en cette cour,
où il mesleroit l'Estat avec l'amour. V. A-, s'il luy plaist,
y peut penser, mesmes sy on trouve à propos que facîons
quelque office exprès pour le nouveau Itoy de Portugal;
c'est le moyen de sonder sy les pensées du Roy tendent
à la rupture ou & la continuation de sa paix. C'est,
Monseigneur, tout le subject sur lequel nous dépeschons
ce porteur, et n'avons aucune nouvelle à mander, si non
que le Parlement entreprend de grands règlements, pour
,,Googlc
1B4L Février.] — ôôH —
avoir veu le Roy il ne restera plus guères qui Tons dé-
tienne par delà, en attente de vous revoir bientost apr^,
je demeure, etc.
* LETTRE BCIiX.
I^es Ambasêadeurs en Angleterre aa Prince ^Orange. Ooif
férence avec lea CommUsaires; trouble» du Royaume.
Monsieur. H n'y a sorte de diligence que ne lacions
valoir à avancer les affaires et à informer Y. A. de leur
progrès, de quoy nos dépêches du 24 de l'autre et du pre-
mier de ce mois, font foy; mais le grand embaraa du Par-
lement fuct que ne sçaurions chevïr ' de nos commissures,
qu'il leur bon poinct de loin à loin Devant^hier fiist tesnne
nostre troisiesme conférence, laquelle V. A. ne s'ennuyem
pas, s'il luy plaist, de voir icy r'accourcy, M. Vane, an
nom des commissaires là-présents, nous dit que sur leur
rapport le Roy avoit consenty de faire marcher le traicté
du mariage devant cëlluy de l'alliance avec l'Ëstat, à la
charge de demeurer entre ses mains juaques au parachè-
vement de l'autre, promettant d'avancer l'un et l'autre,
sans aucun retardement; demanda ensuitte l'ordre que dé-
sirions tenir, si on examïiieroit tout le traicté, ou taitt
seulement les points en différent, qu'ils avoyent aussy quel-
ques considérations à nous communiquer sur le changement
avenu de la jeune Princesse à l'aisnée. A cela fut res-
pondu que le temps nous est cher et s'avance beaucoup
pour la venue et le retour de monseigneur le Prince Guil-
laume, partant qu'ils nous voulussent ayder à sortir de
l'afffûre, pour lequel estions venus à la sommation de S. H.
mesmes, duquel ne pensions rien rester que la conclusion
et sa forme; tontesfois, pour n'y plus retourner, qu'il seroit
à propos de résumer tout le traicté d'article en article, en
costant ceux qui auroyent besoin d'esclarcissement Cet
,, Google
— àày — [1641. Vhtitr.
ordre ayant esté approuvé et suivy, les Commissaires firent
distinction au premier article, entre les fiançailles et ea-
pousailles, pour se tenir au premier, selon les lois du
royaume, qui défendent le mariage des en&ns avant l'aage
de consentement, qui est de douze ans pour les filles; au
second, qui parle du transport, déclarèrent avoir ordre de
ne l'accorder qu'après ses donze ans; proposèrent sur les
4* et 6° quelque augmentation de douaire et de menuz-
plaîsirs de la part de l'Ëstat, en considération du change-
ment de i'aisnée, laquelle, comme héritière, méritoit une
plus làvorable condition que sa jeune soenr. Sur l'on*
zième, persistèrent en la proposition du Hoy, que les en-
fens à naistre de ce mariage ne fussent mariés que de
l'advis et consentement de S. M. ou des Rois ses succes-
seurs. Leur a esté respondu en mesme ordre, que S, M.
en sa lettre à Y. A. ne parle que d'un seid point, asçavoir
le temps du transport, sur lequel elle réservoit ses consi-
dérations pour les nous communiquer à nostre venue, es-
pérant toutesfois de nous en contenter, mais ils repartirent
que la ditte lettre estoit générale et point obligatoire, qu'il
y estoit survenu un notable changement Prenans doncq
en main le premier article, nous avons tenu bon pour
les espousailles, et qu'elles ne seroyent contre les loix,
veu que les Princes sont exempts des formalités, pouvant
S. M. d'un costé et nous de l'autre stipuler et contracter
soubs noz signatures pour les soubs-aagez ', foire mesmes
intervenir le ministre, et les marier par paroles de présent;
cela foict, pour lever toutte doute, nous faire consigner
immédiatement la Princesse. Sur le second, qu'avions
charge de supplier très- humblement S. M. de trouver bon
la transportadon de la Princesse dans ce printemps, au
moins vers la fin de l'esté pour toute préfixion, sans quoy
ne trouvions aucune seureté au traicté, à cause des acci-
dents qui sont k craindre et des traverses de ceux qui ne
désirent point cette alliance; qu'en telle matière, il n'est
rien de tel que d'en convenir secrètement et l'exécuter
22»
D,g,t7cdb/GOOglC
IMl. Thntt-i — 340 —
promptement; que la Princesse, ayant à vÎTre avec nous,
ne Bçanroit mieux employer ses ans inutiles qu'à appren-
dre la langue et les &çons de feîre du pals, pour avec-
que le respect s'y acquérir aussy les coeurs dn peuple,
au lieu que de sa plus longue demeure par deçà on ne
peut attendre qu'un plus vif desplaisîr de son départ, à
mesure que le jugement rendra sa conversation plus douce
et familière. Sur les 4' et 6', que le changement de k
Princesse aisnée estoit procédé de la seule et franche cour-
toisie de leurs Majestez à nostre supplication, sans aucnne
réserve, qu'il ne seroit honorable au Roy, ny à V. A. de
marchander là-dessus, que l'augmentation en tomberoit sur
vos coffres, d'autant que ne sauriez trouver bon de voir
charger l'Eatat de vostre particulier, que S. M. avoit elle-
mesmes réglé le dot, le douaire et les menuz-plaisîrs, à
quoy V. Â. auroit consenty de plein pied , le voyant fondé
de l'exemple de la Royne de Bohême, laquelle n'avoit
qu'un seul frère devant elle; qu'il seroit doncq meilleur
de lasser ces articles telz qu'ils ont esté concertés, su
moins à la discrétion de l'Estat, lequel en temps et lien
sçaura reconnoistre la dignité de cette alliance, ainsi qne
de sa franche volonté il en a tousjours usé envers les
Princesses qui l'ont précédé, mais qu'il auroit peu de grâce
de le prétendre par traitté. Sur l'onziesme, concernant les
mariages des enfens à naistre de cette alliance, que con-
sentions que le consentement du Roy auroit à y intervenir
et que ses successeurs en auroyent connoissance et droîct
d'en donner leur advîs, n'estant raisonnable d'en estendre
l'obligation au delà, au préjudice de la liberté des pères.
Cest, Monseigneur, tout ce qui s'est passé en cette con-
férence, s'estant messieurs les Commissaires chargés d'en
faire leur rapport au Roy, le plus favorablement que sfau-
rions désirer et de nous en déclarer sa volonté an premier
jour, n nous despl^st qu'on remet en controverse des
choses résolues et que ne pouvons aller plus grand pas,
mais nous avons besoin de nous accommoder et à leurs
humeurs et k l'estat présent de leurs afiàires, qne nous
,,.CooglL-
— 341 — [1641. rérriw.
voyons assez intriqnées ' et confuses, par ce que les impru-
dents conseils du passé, qui tendoyent d'obtenir plusieurs
choses de haute kcte, ont bien avant engagé l'authorité
du Roy, laquelle vient il soui&ir par les soubçons qui se
prennent de ses intentions. Ces jours passez un prestre
ayant esté condamné au gibet, pour estre retourné au
Boysume contre le ban, le Koy en différa l'exécution, dont
le Parlement a eu si grand desplaisir et cette ville tant de
[ranceur], qu'elle a làict refus d'avancer les deux cents mille
escuE qu'elle devoit fournir contens, pour le payement de
l'armée, et en ayant este faicte remonstrance an ïioy, il
semble que les deux maisons s'accordent à en vouloir
l'exécution, craignans qu'on se vueîlle aider de cette grâce
pour sauver l'archevesque et le lieutenant, contre lesquels
l'animosité de tous les ordres est extrême. Â cela se joint
encor la plainte que le garde des seaux s'est sauvé avecq
un navire du Boy, a esté fort accueilly de la fieine de
Bohème, et le comte de Leycester ambassadeur de S. M.
a esté visiter premier le secrétare Windebancq à Paris.
Il est nécessaire de penser à lever ces jalousies, lesquelles
autrement venans à prendre plus de pied seroyent pour
tout confondre. On va encor remuer la condition des
évesques, que le Roy désire conserver en mesme rang
qu'ils estoyent du temps de la !Royne Elisabeth, et semble
le Parlement y avoir autre visée. Les Parlements se tien-
dront de trois en trois ans, maïs que de la convocation
du Koy, sans y faire intervenir l'entremise des chérifs.
Plusieurs autres grands points vont estre mis sur le tapis,
et tant que ne sçavons sy de longtemps ils aiu*ont leur
forme. Les ambassadeurs extraordintùres d'Espagne, Ve-
tada et Malvezzi, ont faict demander audience privée et
nn navire du Roy pour asseurer leur passage vers Duyn-
kercke; ils observent que leur marchandise n'est plus de
mise en cette cour, tous leurs corratiers ' en ayants esté
escartés ou emprisonnés. La Royne parle de son voyage
de France huict jours après Pâques, espérant que le chan-
' cmbronillâa. * eompignoDi (7)
,, Google
gement d'air la guérira d'ane espèce de phtise ', qu'on !uy
faict craindre. Or, Monseigneur, nous espérons par nos
proclifùnes de faire voir plus clair V. A. en nos ftftaires;
ce pendant nous prions de Dieu de continuer, Monseigneur,
ses saintes grâces sur V. A, et sur ces dessains, en voua
donnant santé et longue vie.
De V. A. très-humbles, trfes-obéyssanta
et très-fidelles serviteurs,
De Londres, ce 8 février 1641.
liBTTKB BCLXI.
M. de Sommeltdyck au Prince ^Orange. Même sujti.
Monseigneur! Nous commançons a nous plaindre de la
longueur où l'on nous tient, et plus encor de ce qu'on
prétend disputer les choses jà décidées. C'est le style de
cette Cour et je pense y voir jour. La jalousie s'y est
mise, parceque les uns en ont eu connaissance plustost
que les autres; mais au fond nous conviendrons et il est
ainsi expédient au service du Roy. Le temps du trans-
port est seul capable de nous accrocher quelque peu, non
de rompre. A mon advis, S. M. s'en réservera la dé-
claration, pour la nous faire ou pour en gratifier monseig-
neur le Prince Guillaume, car sans cela rien n'est faict.
Sy on consent de le mander, c'est une conséquence ponr
vostre contentement, auquel je reconnoy leurs Majestez
portées d'affection, mais certes trop brouillées aux affaires.
Mes devoirs. Monseigneur, sy Dieu plaist, paroistront en
cette action et en toutte autre, qui concernera le serrlce
de V. A., et je m'en tiendray trop récompensé, sy elle
en demeure sadsfaicte. Le royaume est tout en désordre.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 343 — [1641. Kéïrier.
Les nations ' s'entr entendent, et l'anthorité du Koy est
comme en compromis. Il a pensé sauver un prestre. Le
Parlement s'en plaint et se bande & faire valoir les lois.
Le pardon du Roy j est, au préjudice duquel on veut
passer outre; l'argent promis se retient, les affaires ces-
sent, et ne se parle, en la haute aussi bien qu'en la basse
maison, que de faire pendre ce prestre, pour ce qu'on est
imben que snr cette planche, on a la volonté de sauver
l'archevesque et le lieutenant. La Royne en gémit et
le Roy ne le sçauroit empêcher qu'en dissolvant le Far-
lementj qui luy seroit un trop dangereux party parmy
un peuple à demy eschappé et lequel luy impute les éva-
sions de Keeper' et de Windebanq, mesmes qu'il prend
encor journellement les advis du lieutenant sur les af-
faires; qui piz est, touttes ses intentions sont suspectes.
Pour se relever de la cfaeute, rien peut-estre seroit plus
expédient à S. M. que de rompre avec l'Espagne, à la
persuasion de son peuple, qui le désire; cela l'armeroit
et t^leroit de la besoigne à ceux qui, en leur trop
grande oysiveté et richesses, demandent de la nouveauté.
S'il ne prend ce conseil , je ne voy point qu'il y ait rien
à traicter avec nous, outre le mariage, et quand on y en-
tendroit, seroit nécessaire de parler avec la France, dont
l'accroissement est merveilleusement envié et craint, mais ,
comme nous disons, sans cause, ven qu'elle ne sçauroit à
beaucoup près balancer la grandeur d'Espagne. Tousjours
nous parle-on d'une bonne alliance à laquelle nous con-
sentons et toutesfois ne sçavent quelle; k l'aventure qu'il
ne seroit hors de propos s'en remettre la négotiation, jus-
ques après le Parlement, qui doibt estre remis en meil-
leure assiette; car en conscience j'ay peur de ces com-
mencemens, tant pleins de soubçona. Nous en verrons le
train à yeux ouvertz et consignerons à Y. A. tout ce qui
s'en rencontrera de considérable; sur tout porterons-nous
soin d'accélérer et d'achever nostre commission. Sur ce
je prie Dieu de me faire la grâce de vous y bien servir
' JcosMÛe et BDgloûe. * Lord Vinch , kc«per (gtrd« àei w«*iii).
,, Google
IMI. thritr.-] — 344 ~
et d'ottroyer à V. A., Monseigneur, succès en ses désirs
et arec santé longue et heureuse vie.
De V. A. très-hnmble, très-obéysant et trfes-
fidèle serviteur,
FRANÇOYS S'&XBaSSH.
De Londres, oe 8 février 1641.
Le Parlement ayant demandé audience, est présentement
avec le Koy, tout résolu a. perdre le prestre.
■ t LBTTBE DCIiXn.
Ze Prince ^Orange aux Ambauadeura en Angleterre. Bon
accueil de M' de Beverweert en France.
Messieurs. Le sieur de Beverweerdt fut hier de retour
du voyage que vous sçavez qu'il a fiiict en France tA
me rapporte d'y avoir recen tant de bon accueil, outre
les favorables déclaratîous, qu'il a pieu, tant au Koy, à
la Reine et à Monsieur leur frère, que particulièrement
i monsieur le Cardinal Iny fiùre sur la notification de
ce mariage, comme aussi ils me le conârment chascnn
par leurs lettres, que je trouve avoir subject d'en prendre
toute sorte de contentement C'est de quoy il m'a semblé
à propos de vous advertir dès l'heure mesme, afin qae le
puissiez donner i cognoistre par delà et vous en préva-
loir, ainsi que le trouverez convenir. Je me snis proposé
aussi, attendu l'importance de ceate nouvelle grâce que
m'ont faict leurs Majestez en m'octroyant Madame leur
fille ajsnée, de les en remercier par des lettres expresses,
que je fay estât de vous envoyer au premier jour, soit par
les ordinaires ou bien par mon hallebardier M' [Lomme],
afin de les leur présenter, si ainsi le trouvez à propos!
mais d'ailleurs il m'est vena en pensée, s'il ne seroit de
la bienséance, quand le mariage sera tout à &ict codcIv,
' dt ta mm» dt M. dt Zi^eiem.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 345 — [1641. Février.
que mon fils envoyast nu gentilhomme à la dite dame
Princesse aisnée, pour luy porter quelqne présent de sa
part, cbose qu'ayant ven prattiquer en semblables occa-
BÏons, j'ay bien voulu vous communiquer , à ce que vueil-
lez m'en dire vos sentiments à la première commodité,
selon lesquels je pouray me régler, qui sub très-vérita-
blement, etc.
n février 1641.
* LETTRE DCIiXIII.
Let Amboêgadeun en Angleterre au Prince d^Orange. Né- «
gocùaions. "'
ïlonseignenr. Kostre dernière du 8 aura faict voir à
V. A. ce qui deux jours auparavant s'estoit passé en nos-
tre 3"" conférence, et comme, après longues contestations,
messieurs les commissaires du Roy avoyent réservé quatre
articles du traicté, pour sur iceux entendre la volonté de
S. M. et nous en résoudre incontinent après; asçavoir,
sy an contract on se contenteroit du mot de fiatiçail'es,
ou bien, sy on passeroît k celny d'eepoueaiUfe; 2. sy le
transport de la Princesse s'y prendroit devers l'automne
de la présente année, ou bien, après le douziesme an de
son aage; 3. sur la prétension de l'augmentation de son
douaire et de ses menuz-plaisirs; finalement sy le consen-
tement des successenrs du Boy sera nécessure aux ma-
riages des enfans à naistre de cettuy-cy , ou si on se con-
tentera de celuy du Boy seul. L'onziesme d'après, en la
quatriesme conférence, ce débat fut renouvelle, chascun
se tenant à son opinion première; mais les commissaires,
sans se roidir, nous dirent avoir faict au Boy la relation
des quatre pointe demeurez en différent entre eux et
nous; et que S. M. leur avoit donné charge, au premier,
de consentir la consommation du mariage, avec ses so-
lemnitez; au troisiesme, de le laisser à la coiirtoisie de
l'Estat; au quatriesme que ses successeurs auront à se
,,GoogIc
16*1. Fftrisr.] — 346
contenter d'en avoir connaissance et le droit d'advis;
mais que, sur le second article du transport, il avoyent
commandement exprès de se tenir au douzièmo an de la
Princesse, sans y varier; de sorte que le contract fut ap-
prouvé selon le project de V. A. à cela près; et consi-
dérans de quelle importance cela nous est, nous mismes
à leur réprésenter bien au long l'incertitude où par ce
moyen on nous mettoit; que c'estoit donner d'une m^,
pour le reprendre de l'autre; non que doutassions en fiiçon
aucune des bonnes intentions de leurs Majestez, maïs que
les accidents du monde s'y font craindre, comme aussy
les traverses et envies de ceux ^ qui cette alliance est
suspecte; que d'ailleurs la Princesse a besoin d'apprendre
la langue et le pals où elle aura à vivre, et à gaîgner les
coeurs du peuple, à quoy elle peut employer les ans qui
d'ailleurs luy aeroyent inutiles en cette cour. Touttes ces
raisons et autres n'y firent rien, car ils nous tranchèrent
net d'avoir les mains liées, sans pouvoir d'y rien changer;
seulement dirent que c'estoit à V. Â. de choisir d'entre
l'envoyer monseigneur le jeune Prince incontinent ou bien
devers l'automne, pour à sa venue accomplir et consommer
le mariage; mais ne trouvans encor en cela de qnoy nous
contenter, nous les conjurasmes de rechef de nous ayder
k raccourcir le temps du passage, à leur rapport envers
S. M., afin de ne rien laisser k faire en l'accomplissement
de ce tracté, ce qu'ils nous promirent de faire; et là-dessns
leur fut dit qu'il seroit à propos de coucher le contract
en bonne forme, ce qui fut ainsy arresté, et qu'il nous
seroit envoyé après, pour le voir et en dire nos considé-
rations; nous parlèrent aussy qu'il alloit estre temps de
penser à une alliance d'Ëstat , désirans que leur en fissions
quelque proposition; sur quoy fut reparty que c'estoit à
eux de se déclarer sur le choix l'an passé laissé à S- M.
et qu'estions prestz d'y satisfaire; mais qu'ilz consîdérassait
premièrement à part eux, s'ilz vouloyent ligue offaisive
contre l'Espagne, ou défensive seulement; nous les con-
nusmes là-dessus peu résoluz, car Testât de leurs aâàires
,,.GoogIc
— 347 — [1641. Fémw.
ne semble aucunement préparé à telles délibérations; aussy,
aux propos entrejettez comme à l'oreille, quelqu'un tint
mention d'une défensive; peut-estre sans avoir considéré
que toutte la despence leur sera partagée', et à nous tous
les avantages; mais il les faut laisser venir. Pour donq
retourner à nostre mariage, qui est proprement nostre
commission, voyans qu'il n'y avoit plus rien à gaigner sur
nos commissaires, nous prismes advis de nous en addresser
au Roy mesmes, et luy ayans le lendemain 12"' repré-
senté d'avoir achevé le traicté k un seul point près, lequel
les commissaires nous avoyent protesté d'estre hors de
leur pouvoir et réservé à S. M., que, pour luy donner
sa parfection, nous la supplyions de nous accorder le
transport de la Princesse, au moins devers la fin de
l'esté prochain; à fin de nous mettre à couvert de tous
accidens, des changemens, des envies, et des traverses;
que ce seroit un moyen à la Princesse de mettre ses ans
inutils à profit, en acquerrant nostre langue et nos coeurs;
cela et autres raisons déduittes plus au long, S. M.
respondit n'avoir point encor ouy les commissaires; que
sa fille est bien jeune; que, pour les accidens que mon-
strions de craindre, ne les cstimoit point le bout de son
gand; que rien au monde ne sçauroît empescher ce ma-
riage; mais comme à nostre prière il nous avoit accordé
sa fille aisnée, au lieu de la jeune, que de mesme il
s'attendoit que le voudrons gratifier de quelque autre
chose, qui est de remettre ce transport, au temps qu'il
nous a làict demander, nous priant d'y songer un peu;
comme il feroit aussy de son costé, y allant de l'hon-
neur; nous retournâmes à dire que désirions, s'il cstoit
possible, l'achèvement de cet affaire, tenant à sy peu, et
que ayant S. M. donné son aisnée aux considérations de
l'Estat et de V. A., elle les pouvoit encor obliger de cette
snitte et grâce d'en consentir le transport dans cette
année; qu'il s'est souvent prattiqué ainsy dans le monde;
que la Boyne Marie d'Escosse sa grand'mère et desjà
I départie.
,, Google
16*1. Férrier] — 348 —
Royne avoJt esté transportée en France bien plus jenne,
ou elle avoit meury d'aage, pour après estre mari^,
comme elle fut, an Roy Françoys second, et assez d'au-
tres; maïs S. M. ne relascha rien, ny pour raison ny pour
exemple, et nous remit, pour en apprendre les raisons, tua
commissaires; elle noos asseura que le jeune Prince sert
]e bien-venu, et qu'aussy tost sou mariage s'achèvera en
solemnité, par l'intervention et l'approbation de leurs Ma-
jestez et de nous, selon les formes nécess^res. Demenrani
néanmoins accrochés au transport, nous dismes que, ponr
le surmonter, nous implorerions l'intercession de la Royne,
d'autant que ce point noua estoit essentiel et sensible, et
S. M., en se sousriant, ne l'improuva pas; donques, dès
le lendemain IS""*, nous eusmes l'honneur de la voir et
de luy répéter la demande qu'avions le jour précédent
faicte au Roy, avec les raisons sur lesquelles la fon-
dions; la eupplians de nous y estre favorable et de mé-
riter le gré et l'obligation de cette grande oeuvre, au
moyen de sa médiation; sa response certes fut fort bénigne,
qu'elle avoit favorisé cette action, contribué mesmes ses
offices et prières pour noua faire accorder l'aisnée, que
ce n'est pas peu de chose qu'une fille de ce pays; qu'elle
verra ce qu'elle y pourra avancer, craignoit toutesfois que
le Roy ne fust résolu d'attendre l'aage de sa âlle devant
le transport, mesmes pour l'honneur; que luy devrions
laisser ce contentement, puis que desjà il nous avoit gra-
tifié du noBtre; que rien pourtant ne sçauroit renverser
ce mariage, mais que sa fille est trop jeune, quelesfîlks
ont par fois des estranges humeurs; et qu'à en prendre
l'exemple d'elle-mesme , que lorsqu'elle passa en ce royaume,
elle eust volontiers rebroussé son chemin, sy seulement
elle eust peu trouver im seul homme pour la ramener,
tant elle trouva peu de contentement d'abord, mais elle
y avoit donné son consentement; soubaittoit bien fort que
le jeune Prince vinst devant son parlement vers France
(auquel elle craignoit que sa santé l'obligeoit), afin d'achever
le mariage et le rendre indissoluble, en le mariant avec
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 349 — [1541. Pérriw.
sa fille, en la préseace du Roy et d'elle, qui signeroyent
et approuveroyent raction, comme nous ferions au nom de
y. A. et de son filz; mais, pour le transport, nous ren-
voya encor, comme avoit faîct le Koy, aux commissaires,
dont qnelques-ans nous advertireot & l'oreille de tenir bon,
et qu'ils espéroyent que l'obtiendrons; que mesme le Koy
vouUoit Itûre porter ce traicté au Parlement, où l'accom-
plissement est grandement désiré. La Eoyne à la sépa-
ration nous permit de saluer la Princesse, comme nostre
nouTelle mfdstresse, laqnelle elle attendoit le mesme soir
de Bicbemont Voilà comme cette audience s'est aussy
passée, sans rien conclurre à nostre faveur. Hier soir
fîismes noas à la cioquiesme conférence, pensans d'y en-
tendre tes raisons de leurs Majestez sur le dilayement du
transport de la Princesse, mais les commissaires, auxquels
en avions esté remis, ne fireat aucun semblant d'en avoir
cluu^, et n'en alléguèrent autre que la tendre affection
de la Royne à sa fille et la peine que ce luy seroit de
s'en séparer; nostre repartye fust qu'avec l'aage et la
conversation cette tendresse et difficulté de séparation
s'ira augmentant, conséqnemment qu'on iroît tousjours de
délay en délay; toutesfois que S. M. a escrit !i S. Â.
que ne restant en différent que le senl article dn trans-
port, elle trouvoit bon que les ambassadeurs vinssent, que
elle leur en diroît ses raisons et les conte n teroit ; pour
toutte solution nous payèrent que cela s'estoit ainsy passé
au regard de la jeune, et qu'ilz n'avoyent aucune autre
chaîne, cet article dépendant immédiatement de leurs Ma-
jestez; nons dismes donq que ne tenions rien, puis qu'on
retenoit ce qn'on disoit nous donner, et qn'aorions à en
advertir V. A-, avant qna de passer outre.
Ils avoyent donné quelque forme au traicté, la lecture
duquel ayant esté faicte jnsques ^ l'article reiglant le temps
da transport, nous y demeurasmes tout à faict accrochez,
les prians qu'ils employassent une autre fois leur favenr
à persuader leurs Majestez d'en donner pins de conten-
tement i. Y. A., mais dirent l'avoir desjà faict, et de le
,,GoogIc
1S4I. Wïrier] — 350 —
vonlloîr encor continuer; qu'en tout le traîcté nous ne
trouverons autre changement, par tant que ce seroit per-
dre temps à l'achever de lire, que le voulussions Ëiire
chez nous, et y cotter noz considérations; V. A. verra,
s'il luy pl^t, en la copie cy-joincte, nos observations.
Cela faict, ils portèrent sur le tapis la proposition d'où
traicté d'Estat, et d'en discourir quelque peu par ensem*
ble, pour voir qu'î seroit de faire. „yous avez nos oilres,
leur fisraes-nous, „et le choix sur quatre points; de ligue
offensive et défensive contre l'Espagne; de défensive coih
tre l'aggression des estrangers, perpétuelle on à temps;
de règlement sur le transport de marchandises de con-
trebande, d'hommes, d'argent, de navires, poudres etc.)
ou de convenir d'un temps pour se revoir sur ce faict en
meilleure saison. C'est tout dire; et à S. M. de décla-
rer sa volonté." Mais, sans rien enfoncer, dirent qn'il
estoit tard, qu'on se r'assemblera lundy, que ce pendant
on y pensast de part et d'autre. A la séparation M- le
comte d'Arondel dict au sieur de Sommelsdyck à l'oreîUe
que tout iroit bien; que le Roy feroit porter le traicté à
la maison haute, où il seroit fort bien receu, mais ijue
ferons bien de consenter une alliance paur restablir M.
HÉUeteuT. C'est Monseigneur, le secret de la messe et
l'alliance d'Estat qu'on prétend; mais quand on en viendra
là, nous sçaurons bien nous borner dans nos limites et
faire distinction entre l'alliance d'Estat et un traicté de
subside an profit d'un tiers, lequel ne sçauroit estre ayde
de nous que par une conjonction contre l'Espagne de la
France, de cette Couronne et des Provinces-Unies, en
une ligue offensive et défensive.
Cette lettre. Monseigneur, est bien dififuse, mais nous
estimons qu'il est nécessaire que V. A. voye clair dans
nos devoirs et diligences, et entende les raisons de part
et d'autre, afin d'adresser et de former tant miens vos
délibérations. Cest donq maintenant à V. A. de babncer
quel party elle doibt prendre; d'envoyer ou de n'envoyer
point monseigneur le Prince Guillaume; s'il vient, il peut
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 351 — [IMl. Février.
assearer son mariage par la consommation ; la Roj-ne sou-
haitte que ce soit devant son voyage; s'il y a quelque
chose à espérer au temps du transport, son entremise sur
les lieux sera possible plus efScacieuse et plusieurs ont
opinion que cette grâce luy est réservée, toutesfois ce
n'est qu'opinion; de différer d'autre part sa venue, c'est
nécessairement remettre le mariage au retour de la Royne,
qui est incertain, encor que le Koy l'ayt limité dans un
an après son départ Nous attendrons là-dessus le com-
mandement de V. A, et ce qu'aurons à faire, sy on tient
ferme pour les douze ans; la demeure de la Princesse,
en l'absence de la Royne, semble facititernos espérances,
mais c'est conjecture et nous n'avancerons rien que par
vostre prescription,
Pour assaisonner l'ennuy de cette lettre, nous la pro-
longerons de peu de lignes, afin que V. Â. connoisse
Testât présent de cette cour. Les ambassadeurs extraor-
dinaires d'Espagne ont leur congé et un navire du Roy
pour les porter en seureté à Dunkerke. S, M. nous dict
la maladie du Roy d'Espagne, la révolte et perte de tout
le Portugal, à quelque malheureux chasteau près, mais
aussy ses avantages en Cataloigne et pensans luy faire com-
prendre ses occasions an changement de Roy en Portugal,
s'il tes faisoit mesnager, nous reconnusmes aussy-tost que
la jalousie de l'accroissement de la France luy estoit
plus considérable. S. M. parla lundy aux deux maisons;
loua leur zèle à asseurer leur religion . qui estoit aussy
la sienne, les remercia de leur affection à co&pérer avec
luy au redressement des affaires, approuva leur soin pour
l'autbonté des loix et le chastîment de ceux qui les osent
enfraindre, leur promit de faire de bref cesser les abus
qui se commettoyent au faict de la dévotion es maisons de
Sommerset et S' Jems', et des ambassadeurs d'Espagne
et de Venise, par le moyen d'un bon règlement; dict
avoir parlé à la Royne, sur le faict du nonce resséant*
près d'elle, et contre lequel alloyent leurs plaintes; qu'elle
' st. Junet. * ràident.
,, Google
lui. FMier.] ~ 352 —
Iny à respondu ne traictor arecq luy qne de la conscience,
selon qu'il luj avoit esté accordé par son contract de ma-
riage, et veu qu'on s'y achoppoit, qu'elle avoit résolu de le
renvoyer au premier jour. Et pour le prestre dont il anroit
suspendu l'exécation, leur représenta que, de tout le temps
du rfegne de la Itoyne Elisabeth, ny du depuis, nu! n'a esté
mis k mort pour sa religion , mais bien pour désobéissance
par rébellion, ou pour conspiration; que la seule reli^on
est le crime et la cause de la condemnation de cettuy-cj,
partant leur lùssoit à considérer quel blasme de sévérité
il attireroit sur sa réputation dans le monde, et de quelle
conséquence cet exemple seroit contre ceux de la religion
par tout ailleors; toutesfois, puis qu'ils alléguoyent leurs
loix et se roidissoyent k les taire valoir, qu'il remettoit
le prestre entre leurs mùns, pour eu ordonner selon qn'ilz
estimeront le devoir faire. Au mesme jour fut accordé
aux Escossois, pour les desdommager de leurs pertes ^
frais de la guerre, trois cents mille livres sterlings. Le
Eoy presse que les armées soyent licentiées, et semble
que ceux du Parlement ne le désirent encor sy tost, ayans
de nouveau accordé un mois pour leur entretènement i*
député d'Irlande a eu quinze jours pour méditer sa les-
ponce aux 28 articles dont il est chargé. Nous prions
Dieu, Monseigneur, d'octroyer à V. A. prospérité à ses
désirs et dessains, avec santé et tr^s-Iongue vie, et à nous
la grâce de la servir à. son cont«Dtement
De V. A. tr^s-humbles, très-obéissants et très-
fîdelles serviteurs.
H. W. V. BBBDBaODE. FKANÇOYS d'AERSSEN.
UKBNVUET. JOACHIHI.
De Londres, ce 16 février 1641.
Monseigneur. Celles de V. A. dn 28 de l'autre moii
et du 9 du présent noua ont esté rendues; nous la pou-
vons asseurer d'avoir tousjours snivy les ordres portez par
icelles, comme noua ferons encor pour l'avenir.
D,g,t7cdb/GOOgIC
i
- 353 -
[1641. Février.
A la lettre 663 est joint le Traité présenté par lea Commissaires
daBoi, avec tes changemeats désirés par les Ambassadeurs. — Dans
le Traité it est dit: „Pour te transport de la Princesse an Paï»-
Bns, il DG se fera pna devant qu'elle aura accompli l'âge de douze
ans." En mai^e. „Et sera la Princesse passée en Hollande dans
l'automne de l'année présente , ou plustost s'il faire se peut."
Dana le Traité: „Quant à ce qui touche l'exercice de la religion,
il a esté accordé qu'il sera permis et libre à la Princesse de gar-
der l'exercice du divin service, tant pour soy-mesme que pour ses
domestiques selon l'ordre et la coustume de VÉglùe angUcMie!' En
marge, au lieu des mots souslignés, en lit: „que la Ho;ne de
Bohème a tousjours observé en Hollande" et M. de Sommelsdyck a
^outé: „M. Vane nous asseure de l'article selon nostre correction."
LETTBE DCUUV.
M, de SommeUdyck au Prince d Orange. Le mariage est
eondu.
Monseigneur! Apres noatre lettre commane ' j'ay pen à
dire; cecy seulement, qu'on est d'accord da mariage et
que la venue de monseigneur le Prince Guillaume est
approuvée, pour incontinent après le consommer en forme
et solemnité. La Koyne mesme souhaitte qu'il arrive avant
son partement vers France, anque) sa santé l'oblige, afin
que rien ne rest« plus à faire ; mais le seul transport nous
accroche, lequel je ne say comme l'obtiendrons, ay le Koy
vient à s'y roidir. Messieurs les contes d'Arondel et d'Hol-
lande m'ont adverty à l'oreille de tenir bon, qu'il y a
apparence d'accommodement. M' Vane y adj ouste que
cela peut estre réservé, potu- en gratifier le jeune Prince;
mais quelle seureté? je ne desmorderay donq point cette
instance , alns la presseray par intervalles jusques au bout;
cependant c'est à V. A. de prendre party, à l'envoyer
incontinent, ou ^ le remettre à plus de seureté. S'il laisse
partir la Ko3nie, de quinze mois il ne peut rien espérer,
car S. M. partira huict jours après ses pasques et faict
' la leUrt précéJnU.
III. 38
,, Google
1641. F^ïriCT.] — 354 —
son conte de s'arrester an an à Monceaux; s'il vient, il
achèvera son mariage et pourra travailler lay-niesmes à
racconrcir le terme du transport Je n'ay point de con-
seil à donner là-dessus; c'est toutesfois an grand point
gaigné que d'achever d'entrée le mariage avec l'aîsnfe,
soubs la signature de leurs Majestez. S'il entreprend ie
voiage, je mesnageray la réputation de son aage et la
seureté de sa personne, sans le perdre de veue; V. A.
me face l'honneur de croire que, ny en la conduîtte, nj
en l'action mesmes, il ne sera rien négligé de vostre in*
térest, et sur ce je vous supplie d'améliorer aux occasions
la condition de mon filz, pour le rendre plus capable de
marquer nostre commune gratitude. Dieu bénye ' de sa
s^te grâce l'action qu'avons entre m^ns à vostre con-
tentement et k l'affermissement de l'Estat, donnant k V. A.,
Monseigneur, en toute prospérité, santé et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant, et
très-fidèle serviteur,
FKANÇOYS D'aERSSBN.
De Londres, ce 17 février 1641.
'LETTRE DCLXV.
Le Prince <rOrange tax Ambassadeurs en Angleterre. TU-
ponsf. à la lettre 661.
Messieurs. iFay veu, par vostre lettre du 8 de ce mois,
ce qui c'est passé avec vos commissaires k vostre troisiesme
conférence. Je [ne] m'eston de ce qu'ils ont voulu [recou-
rir] tous les articles du tralcté, le lîoy les aiant par à-
devant aprouvés de la &çod que l'on les avolt projetés,
hormis le transport; mais, puisqu'ils ont voultt examiner
tout le traicté, je trouve que la responce que vous lenr
avés donné sur chacun article, avec les raisons que vons
1 Uniiae. ■ aiiault anto^apie.
U,g,t7cdb/COOgIC
355 — [1041. FéjTla.
avés allégae^, leur doit donner satisfactioi), comme de
mesme au Roy. Je vous supplie donc de ne vous dépar-
tir de ce que leur avés répondu, mais de demeurer fermes.
Quand est qu'ils consentent de faire marcher le traité de
mariage devant celuy de l'aliance avec l'Estat, à la charge
qu'il demeurera entre les mains du Roy, jusques k l'ac-
complissement de l'autre, j'advoue que cela me chosqne
un peu; car, quoique le mariage soit accordé, ils peuvent
traîner le traité de l'alliance avec l'Estat si longuement
qu'il leur plmst, et mesme vous savés que plusieurs inci-
dens peuvent arriver qui vous obligeroit de venir icy,
pour estre informés des intentions de M' les Estas, ce qui
prolongeroit grandement l'afiàire; que si aussi l'on ne pour-
roit tomber d'accort sur cette alliance, jugés, je vous prie,
en quel estât seroit le mariage. Par tant mon opinion
seroit que le mariage devrolt sans remise ny retardement
estre exécuté, sans faire réflexion sur l'autre traicté. Ce
sera donc à vous, Messieurs, de tenir la main à ce qu'il
plaise au Koy d'accorder l'exécution du mariage avent
toutes choses, et en mesme temps l'asseurer que cest Estât
est entièrement porté & entrer en une bonne et estroitte
alliance avec S. M. II fitut que je vous dise aussi que
je ne sçaurois approuver que mon fils passe en Angleterre,
sans une antière asseurance que le mariage s'accomplira
à son arrivée. Quand au transport de la Princesse, s'il
ne peut se &ire ce printemps, qu'au moins il soit arresté
pour l'automne prochain. Pour parvenir k ces fins, il me
semble qu'on pouroit travailler par des personnes confi-
dentes, tant près du Roy que de la Ro^'ne, à laquelle
on devroit parler en particulier et la supplier d'interposer
son crédit près du Roy, à ce que S. M. consentie à ces
demendes, qui en peu de parolles sont, l'accomplissement
du mariage dès que mon fils sera en Angleterre, sans
&tre réflec^on au traité d'aliance, et le transport de la
Princesse à l'automne prochain. Je veus espérer que par
vos soins et direction vous achéverés heureusement ceste
n^otîation, en qnoy vous m'obligerez de plus en plus, ce
,,GoogIc
IMl. Février.] — 356 —
que je recognoistray par mon servise et ans occasions dn
vostre vous tesmoigneraj qne je sais véritablement, etc.
Haie le 18 tévtiei 1611.
'LETTRE DCLXVI.
Le même à M. de Sommehdyek. Même ngeL
Monsieur. Je me sois treuvé snrpris de ce qoe Ton
[ratrainat] à la longue vostre traité et que l'on disputte les
articles desjà accordés. Je treuve la responce que vons
leur avez faite telle qu'ils doivent estre satisfais, maïs
j'aprébande que l'on n'traine bien plus cest négotîation,â
l'on ne sépare tout à iaict le trûté de mariage d'avec
l'aliance d'Estat; car de dire que ce traité demeurera entre
les mains du Roy, jusques k ce que celny d'Estat soit
accordé, vous savés, mieuB que je le vous sauroîs mander,
quel préjudice cela peut aporter à la conclusion du ma-
riage, car par ce moien ils le pouront retarder tant qu'il
leur plaira, fesens des difficultés stu- le traité d'aliance,
laquelle aussi ne se concluant pas vous pouvés juger à
quoy seroît réduict le mariage. Partant je vous sup-
plie, que l'on néglige pas se poinct là, mais que l'on
insiste à ce qu'à l'arrivée de mon fils le mariage soit
effectué, sans faire réÔoction à l'autre traité, lequel von»
pouvés estre assouré est entièrement souhaitté et désiré
par deçà, et qu'il ne tiendra qu'à eus, s'il ne se conclut-
Quandt est du transport de la Princesse, que vous croi&
que l'on veut réserver à l'arester jusques à l'arrivée de
mon (ils, pour lors le gratifier en ce point, je confàis"
que j'aurai bien de la paîiie à me résoudre à le laiser'
passer la mer sur ces însertitudes, mus je me confie tel-
lement à vostre conduite et à vos soins que je veus de-
meurer hors d'apréhension de ce costé là et que vous ne
soufrirés pas que rien se passe en ceste aSîdre qui puisse
■ mnale ailograpi*. ' confsau. ' UÎMar.
,,GoogIc
[^■orter] retardement ou préjudice k l'accomplisement du
, lequel j'espère que vous condtiirés à une bonne fin.
lettre: hculVii.
Le Roi ttAngUterre au Prince (TOraTige. Comenlement au
mariage.
Mon Cousin. Vous avés desjà veu l'estîme que je fais
de T0U5, par l'isuee ' du désir que vous avez tesmoigné
avoir du mariage de ma fille aysné, au lieu de k se-
conde; s'est ponrquoy, pour parachever sette ^aire ainsy
que je le désire et que monsieur Hemflet vous le têra
entendre de ma part plus particulièrement, J'ay voulu vous
dire moy-mesme que vous pouvez envoyer mon cousin
vostre fils aussy tost que vous voudrés,, et que j'accom-
plîra* ma promesse par le mariage, et que aussy tost que
ma fille sera en âge, elle vous sera rendu, selon les ar-
ticles du mariage; vous asseurant que je seray en sela et
en toute autre chose preste de vous faire paroistre que
je sois véritablement, mon (jousin,
vostre très-affectionné Cousin,
CHARLES B.
Whythall M 21 de février 1641.
A iDOD Cousin le Prince d'Orange.
'LETTRE DCLXVIII.
Le Prince dOrange à M. de Somineltdyck. Réponse à la
lettre 664.
Monsieur. Vos dernières du 17 m'ont bien réjouis, en
voyant conune à. la fin, par vostre grande prudence et
' UiM. > iccomplirai.
* BÙii'; <ig la ntoiN d* M, il Znylichem.
,, Google
t641. FftrierO — 358 —
industrie, toutes les plus grandes difficultez du traict^ sont
surmontées, dont je ne sçauroy dire de combien je m'es-
timo vous estre redevable. Je la témoigneray mieux par
des preuves effectives de mon ressentiment, dont vous
m'obligerez de faire un estât bien asseuré. J'avoy bien
espéré qu'en ce point du transport de la Princesse en
automme, on auroit aussi voiilii céder aux considérations
très-fortes et valides que vous avez tant alléguées sur ce
Bubject et n'en veux encore désespérer, mais eu tout cas
ce prochmn départ de la Reine, laquelle y peut tant et
qui dès le commencement m'a honoré d'une faveur si par-
ticulière aux occurences de ce traicté, que j'ay tout snb-
ject d'en espérer la suitte, mesmes en ceste dernière et
unique difBculté, me faict résoudre k l'envoy de mon fik
par delà, comme vous voyez que je vous le mande par
ma lettre commune. Je vous prie d'ayder k travaUler s
ce qu'à sa venue il trouve toutes choses ajustées et con-
clues sans réserve, k la célébration près, et qu'on vous
donne parole qu'il se mariera dès aussitost qu'il sera arnvé,
et sera-ce, à mon advis, un grand pas de iaîct et d'autuit
plus de prévention !i tous accidens et traverses dans l'a-
venir. J'attendray là-dessus de vos nouvelles, avec tout
ce que pourras de diligence, puisque la saison s'avance et
n'y reste plus guère entre icy et la mi-mars. Je suis etc.
* LETTRE mCULlX.
Le secrétaire (SÉtal H. Vane au Prince ^Orange. Bonnet
iulenlione du Soi.
Monsieur. Après plusieurs conférences entre messieurs
les ambassadeurs et les commissaires du Roy, ils sont
convenus sur un project des articles pour le traitté da
mariage, et d'accord en tout, excepté de deux points, à
scavoir, le transport et l'article de la religion, auxquels
messieurs les ambassadeurs se sont déclarés que leurs in-
structions sont tellement limitées qu'ils ne les pearent
,,.GoogIc
359 — [1641. Février.
accorder, sans premièrement en advertir V. A., comme
Toas entendrez plus particulièrement par eux-mesmes.
Toatesfois S. M. de sa part s'offre de signer lesdits
articles, lesquels, à l'instance des dits s ienrs ambassadeurs
et par commandement de S. M., j'ay mis entre leurs mains,
pour présenter à la veue de V. A,, avecq cette dite dé-
claration de S. M., si vous les approuvez et donnez les
pouvoirs aux sieurs ambassadeurs de les signer, comme
ils sont couchez. H a pieu aussy à S. M. de donner part
et cognoissance de ces procédures aux seigneurs de la
maison-haute de son grand conseil de Parlement et de
son intention d'accepter et conclurre un traitté de con-
fédération plus estroitte selon que lesdita sieurs ambassa-
deors le luy ont offert, en quoy, comme S. M. a un
regard prîncipall aux intéresta et à. la préservation des
deux Ëstats et du publicq, aussy l'a-il particulièrement
pour celuy de sa très-chère soeur et de son nephen le
Prince Électeur Palatin.
Xjesdits seigneurs, ayant receu très-grande satisl^ction
de cette communication qu'il a pieu à S. M. de lear &ire,
l'ont très-humblement supplié qu'en suitte de l'advis gé-
néral d'eux tous, les dits traittez tant de marriage que
de confédération, puissent s'advancer par ensemble, pari
pMsu, ce qu'estant aussi l'advis de S. M. et des com-
missaires cy-devant déclaré aux sieurs ambassadeurs dans
les conférences, comme n'y ayant rien de plus nécessaire
et expédient, considéré la présente conjuncture des affaires,
S. M. m'a commandé, pour oster toutes jalousies, d'en
parler dans ces termes à Y. A., l'asseurant pourtant qu'elle
donnera telle chaleur à ladvancement de tous les deux
traittés (et pour cest effect se transportera en personne
an Parlement) qu'elle ne doubte que, devant mesme que
monsieur le jeune Prince puisse arriver, ils ne soyent tous
deux au point d'estre conclus, au contentement tant de
S. M. que do V. A. Et quant au partement de mon dit
S' Tostre fils, le Koy et la Koyne se remettent à Y. A.
pour le faire passer la mer, lorsqu'il luy plaira. Et sur
,, Google
IB41. Février.] — 360 —
ce, pouvant asseuror V. A, de la constante affection de
leurs Majestez, je demeureray , Monsieur,
de V. A. le très-humble et très-obéissut
serviteur,
H. TAHE.
de Whithall, le 23"' de février 1641.
■ LETTRE DCLXX.
■ Le Prince if Orange à M. de BeverweerU Bon accueil du
Cardinal de Richelieu.
Monsieur. J'ay %'eu, par vos dernières du 18,comne,
après une remise qui véritablement me semble avoir esté
un peu bien longue, vous avez enfin veu monsieur le
Cardinal et en avez esté receu avecq démonstration de
beaucoup de bonne volonté sur ce subject de la notiHca-
tion que luy avez faîct de ceste alliance. J'attendray
veoir par les prochaines quel accueil vous aura faict le
Koy et ce pendant vous diray que, pour ce qui est des
adjustemens de la campagne, dont le S' de Strade'vons
a parlé, quand on viendra encor k vous en faire mention,
vous pouvez répliquer que le S'' d'Oosterwyck a ordre
pour cet effect et que, si cependant monsieur le Cardinsl
vous eût commandé d'en rapporter quelque chose icy, à
vostre retour vous ne manquerez pas de vous en déchar-
ger, comme il appartient. Surquoy je demeure, etc.
LiETTBE BCUCXI.
* M. de Sommeled^ck au Prince ^Orange, InsuffUanee à*
garanties que le mariage aura Heu,
Monseigneur! La lettre commune' à V. A. luy repré-
sente Testât de noatre négotiation. Mes soins vont i
> minute auiegrephe. * d'Mndu. * la ifUrt 67S.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 361 — [J641. nintr.
l'avancer et à l'asseurer tant que je puis. V. A. y trou-
vera de quoy s'esbahïr et empêcher, car nous demeurons
comme achoppes au sûeil ' de la porte. La Princesse
aïsuée nous est accordée; le contract, sy voulions, en aéra
passé; desjà est-il porté au Parlement comme achevé; qui
plus est, le Roy s'offre de sommer par lettre le jeune
Prince de venir consommer le mariage par parolle de
présent, qui est le dernier degré auquel on sçauroit pré-
tendre. Mais avec tout cela, Monseigneur, que tenons
nous, sy on s'arreste là? Le Koy n'entend pas que la Prin-
cesse passe la mer, avant qu'elle ait attaint l'aage de con-
sentement; c'est donner d'une m^n, pour retenir de l'autre.
Sy on vient cy-après à changer de volonté, elle tiendca
le langage qu'on voudra, peut-estre mesraes, prattiquée par
quelque &vorye, protestera contre. Trois ans en tel sub-
ject sont autant de siècles. Elle conserve sa liberté,
pendant que le Prince aura perdu la sienne; la condition
est par trop inesgale, ven qn'entretemps la Princesse, non
obligée, pourroit acquérir le douaire et le Prince, en cas
de décès, point prétendre son dot. Encor seroit-ce quelque
peu, sy on nous la livroit devant son aage de consente-
ment, lequel on met comme nécessaire, selon les formes
ordinaires du Royaume, ponr s'en eschapper, sy on veut;
mais es maisons des Princes telle loy ne tient point de
lieu, toutesfois puisqu'on s'y tient et qu'on déclare que
S. M. n'en desmordra point et qu'avons à choisir là-dessus,
je prévoy, ce me semble, vostre perplexité entre ces ex-
trêmes, et partant je m'haz^rderay d'en donner mon advis
à V. A., assavoir, que, si elle pense à propos de céder à
l'attente des trois ans désirée par le Roy, que devez es-
crire en responce que ne trouvez vostre seureté, sy on
ne raccourcit le temps du transport , nous ordonnant d'en
redoubler noz instances, sans varier, espérant que leurs
Majestez se rendront à la raison, sans par cette longenr
tenir la porte ouverte aux traverses et envies, puisque
cela dépend de leur seule volonté et point des loix, mais
,, Google
d'accompagner cette première lettre d'une autre se<'retle,
poar Uscher prinse, au cas qu'après quinze jours de sol-
licitation, il n'y ait plus de lieu de rien gagner, ains de
conclurre le traicté aux meilleures conditions que pour-
rons; ce qui a besoin d'estre tenu secret Sans le départ
de la Royne, on y pourroit procéder avec plus de lenteur,
mais, sy elle nous escbappe, d'un an et plus nous ne
sçaurions espérer la solemnisatîon du mariage. Cest mon
sentiment particulier, peut-estre par trop téméraire, ton-
tesfois qu'à intention de vous servir. Je supplie le Créateur
de donner, Monseigneur, à V. A. prospérité et longue vie.
De y. Â. très-humble, très-obéyssaot
et très-fidèle serviteur,
7BAKÇ0Y3 D'ABRSSEN.
De Londres, ce 26 février 1641.
' t LETTRE! UCUCOM.
Le Prince d Orange aux Ambatsadeurs en Angleterre, /rf
Prince son fis te rendra à Londret.
Messieurs. J'ay responda par le menu sur vostre dé-
pêcbe du 8 du courant, par la miène du 18, laquelle
espérant que vous aurez roceues à son temps, je vous
fay la présente, sur la vostre du 16, que le fils de Sass
me rendit ce 31 d'après, et comme, tant par les articles
revenz à vostre cinquiesme conférence que particulière-
ment parce que vous m'en discourrez au long, je trouve
qu'il ne reste plus rien d'assez considérable pour accro-
cher la conclusion finale du traité, je viens en premier
lieu à recognoistre, comme je doibs, l'obligation très-par-
ticulière que je vous ay de tant de soin, de peine et
d'industrie qu'avez voulu aporter à conduire cest aflàïre
au poinct où il est, en vous priant tousjonrs d'estre bien
asseurez que je n'en perdray jamais le souvenir, ains
' minitle de la main d» M. de Zia/tiehent.
,, Google
— 363 — [1641. Wïriar.
mettray peine à m'en ressentir par des services eflêctifs
anx occasions de vostre contentement et celuy des vostres,
Faictes-moy, s'il vous plaist, la faveur de continuer de
porter la dernière main à ceste oeuvre et à gaîgner encor
ce peu de changement que voz observations donnent
aux dits articles, comme est entre autres ce qui regarde
l'exercice de la religion, pour dé raisons jk beaucoup al-
léguées et débatues. Mais sur tontes choses je souhait-
teroy de passion que, ne se pouvant obtenir le transport
de la Princesse pour ce printemps, il y eust moyen d'in-
duire leurs Majestez à ce que ce fust pour l'automne
prochain, et vous prie ne vous lasser point d'insister li-
dessus avec toutes sortes de persuasions, puisque, comme
vous remarquez fort bien, ce n'est pas donner, mais re-
tenir ce qu'on donne, tant que ce passage de la Prin-
cesse demeure surcis et délayé. Quand toutesfois par
toutes inductions imaginables ce point ne se pourroit
obtenir, voyant d'un costé que la Beine, preste k faire le
voyage de France, tasmoigne de souhaitter que mon fils
passe en Angleterre devant son partement, et considérant
d'ailleurs que la célébration du mariage , faicte entre pré-
sents avecq les cérémonies et solomnités requises, serott
un point fort substantiel à rompre, et prévenir toute autre
traverse pour l'avenir, espérant mesme que les supplica-
tions de mon fils en personne pourroyent esmouvoir leurs
Majestez i, luy accorder le transport de sa maistresse au
plustost, veu que Jà de costé on vous en a donné qnelqu'
indice; ces considérations. Messieurs, me font résoudre à
l'envoyer par delà vers la mi-mars, ou bien sur la fin
du dit mois, pourveu qu'au préallable tout le traicté soit
arresté et conclu, sans aucune réserve et qu'on vous as-
stiure formellement qu'en arrivant par delà il se ma-
riera aussitost et toutes choses seront consommées en
forme et solemnité, et me semble que ce traicté venant
à s'adjnater et signer finalement entre les commissaires
du Koy et vous, on pourroit tascher, en ce qui regarde
le transport de la Princesse, d'y taire mettre, sinon qu'il
,,Googlc
1641. Fftrier] — 364 —
se fera en automne prochain, aa moins que ce sera an
plastost après la ditte célébration. Ce sera donc, s'il vous
plaict, à vous. Messieurs, de faire acheminer toutes choses
absolument jusques à ce point et de m'en adTertir,soitpu
un exprès, qui se pourra envoyer par terre au résident
d'Angleterre comme portant des pacquets du Boy, on bien
par l'ordinaire, afin que là-dessus je puisse régler exacte-
ment le temps du voyage do mon fils. Pour ce qui est
de l'alliance d'Estat dont on vous a encor sommé, je
trouve que vous y avez responda Jadicieusement et à
propos, en ramenant tonsjours le Koy au choix des quatre
propositions de l'année passée, comme aussi quand on tou-
chera le rétablissement de M' l'ÉIectenr, vous ferez fort
bien de dire lousjours, quand la France et l'Angleterre
se voudront liguer là-dessus contre l'Espagne, que de ce
cost^ icy on ne s'en laîrra pas recercher. Et sur ce je
demeure en attente de vos nouvelles, qui me puissent to-
talement asseurer de ce que dessus, etc.
Poitd. Depuis ceste escritte, j'ay apprins que M' l'E-
lecteur a envoyé son secrétaire par terre, soobs le pas-
seport du résident Bosvell en Angleterre, qui sera asseu-
rément pour encor remuer ce que dessus, et m'a semblé
qu'en debviez estre adverti, afin d'en pouvoir mieux estte
sur vos gardes. Au reste le traïcté estant ores ' conduit
comme aux termes de conclusion finale, je ne sçay s'A
ne sera temps que j'advise h, faire quelques présents à
ces Messieurs de par delà , et vous prie de m'en dire vos
sentiments, nommément de me spécifier par liste à qnï
il sera expédient d'en donner et jusques à quelle propor-
tion, afin que mon flia venant là puisse faire donner les
dits présents.
' Messieurs. Voyant l'incommodité où vous estes, en
ce que vos caresses n'ont peu passer, et craignant que 1»
mesme chose pourroit arriver à mon fils, je vous prie de
vouloir donner ordre promptement qu'il luy soit fâict
' préHatement. * Juin jxuidalt t» an èilltl à part.
U,g,t7cdb/GOOgIC
■ 365 ■
[1041. FJTritr.
un bon carosse par delà, de la meilleure façoD qn'îl s'en
fuct, doublé de velour cramoisy avec de la crespine d'or,
afin qu'il le paisse trouver prest à son arrivée.
' Messieurs. Par un billet, enfermé dans l'original de
ceste duplicate, je vous avoy prié de faire là un carosse
ponr mon fils, mais ayant apprins depuis qu'on n'y faict
rien qui vaille en carosses, je désire que n'en donniez
point l'ordre et ay commandé de faire le dît carosse icy
en diligence. — Tout présentement on m'advertit que
M' l'Electeur est parti à ce matin de la Haye, et croid-on
que c'est pour passer en Angleterre, mais cela est tenu
si secret que je n'en puis rîen affirmer.
il de février 1641.
tLETTR£ DCL,XXni.
£,ea Ambassadeur» en Angleterre au JVt'nce cCOrange. In-
certitudes et longueurs.
Monseigneur. Plusieurs jours de suitte ayant par nons
esté employez à mesnager l'entremise de messieurs Vane
et Jannain, à disposer le Roy et la Koyne de sommer
par leurs lettres V. A. d'envoyer monseigneur le Prince
Guillaume achever icy le traicté de son mariage, en luy
donnant quelque espérance de contentement sur le trans-
port contentieux de la Princesse et en estans à leur ju-
gement mesmes en assez bon train d'y réussir, au Heu
d'une responce claire et résolue, nons fusmes tout esbahls
de nous voir assignez an 23 pour conférer avecq messieurs
les commissures, où estant comparus il nous fut dit que
les changements par nous faits au traicté avoyent esté
approuvez, réservez celuy dn premier article, concernant
le temps du transport, et l'autre snr la cérémonie d'An-
gleterre, mais à leur dire de nulle considération que pour
le seul point d'honneur; et sur la venue dn jeune Prince
1 Coyet p. 364 , la nota.
,, Google
1841. F^rrier.] — 366 —
noua fut mis en maia, pour le lire, l'escrît cy-joint, cotté
A.; à quoy nous repartismes d'estre venus au mandement
du Roy sur le fondement de sa propre lettre, en laquelle
est dîct qu'au traicté ne restoît qu'une seule difficulté,
sçavoir celle du transport, sur laquelle S. M. espéroit de
noua contenter, et maintenant qu'on veut prétendre de
nous obliger d'attendre jusques à ce que la Princesse anr»
attaint l'aage de consentement, pour estre S. M. résolue
de n'en point desmordre, et comme il n'estoit en nous de
donner force !i sa volonté, ny mesmes d'espérer sa fille
qne de son gré, de mesmes noua estoit impossible dépas-
ser cet article autrement que selon nostre refbrmation , sy
n'en recevions autre ordre, que c'estoit en somme donner
d'une main, pour retenir de l'autre; qu'il nous sembloît
encor plus estrange qu'après avoir TUÎdé avecq eux plus
de trois fois le faict des cérémonies, mesmement l'ajant
eux glissé en ces mots, „que peut-estre dans trois mois il
n'y en auroït plus aucune en Angleterre," on le nous fonr-
roit de rechef tout entier au traicté , indifférent toutesibis
h eux, et de grande conséquence i nous, pour sa nou-
veauté, dangereuse h choquer les ordres de nos Églises;
mais que recognoiasions qu'an lieu d'avancer, on tendoit
à reculer nostre négotiation , en retractant des choses con-
cédées; qu'eux les premierz avoyent remis à la discrétion
de V. A. d'envoyer présentement on devers l'automme
monseigneur son tAz, afin de venir consommer son mariage
en bonne forme et plénière solemnité, que le Roy aprfe
en avoit remis le temps à nous, avecq déclaration qu'il
seroit le bien venn et marié aussytost; que la Royne smsy,
en termes encor plus forts, s'eatoit faict entendre qu'elle
Bouhaittoit bien fort qu'il vinst devant qu'elle parte vers
France, afin d'accomplir de tons points le mariage, pour
ne laisser plus rien à faire. Que ne sçanrions donq com-
prendre les causes de ce changement, voyant qu'on pré-
tend conditionner sur sa venue et accoupler son mariage
à l'événement d'une alliance d'Ëstat, avec laquelle il n'a
rien de commun, n'en ayant jamais rien esté stipulé par
,, Google
— 367 — [IMl. rnrÎM.
s. M. pendant toutte cette négotiation; qu'il seroït mesmes
peu honorable à V. A. de faira partir son fils au veu de
toat le monde, pour voir dépendre après son mariage du
succès d'un autre traicté, sur lequel le Roy, depuis treize
mois que nos quattre articles sont entre ses mains pour
cboisir, n'a peu se résoudre et nouvellement encor les à
portas au Parlement, pour en avoir leur advis, cela se
pouvant traisner tant qu'on vent; mais de le &ire servir
comme d'une contrainte k nous faire condescendre k quel-
qae alliance, que c'est contre la forme et contre la raison,
vea que le traicter ou non-traicter dépend d'eux et non
de nous, qui piéça ' sommes prests et en conviendrons bien
tost, ponrveu qu'on se tienne aux termes faisables et rai-
sonnables; à nous, que toutte proposition de rupture contre
l'Espagne est plausible, pour estre desjà en guerre; qu'une
défence réciproque nons peut aussi alléger, autant que
donner de seureté à l'Angleterre, et que le règlement du
commerce est un droict des gens, observé de tous temps
entre les nations, mais que ces choses [vaellent] de la façon
vers ceux qui sont en paix, point vers nous, qui n'avons
aucun choix, et après avoir assez vertement contesté avecq
eux, que ne sçanrions passer le premier article sans nou-
velle charge, non plus celuy des cérémonies, et que pour
plusieurs respects n'en voyons aucune apparence, parce que
devans attendre l'aage du consentement de la Princesse,
que tout l'entretemps seroit sans asseurance, suject à des
changemens, des traverses, des envies, et de pareils ac-
cidents, lesquels peuvent estre prévenus en la nous dé-
livrant plustost; que celuy des cérémonies pourroit troubler
l'ordre et la concorde de nos Églises, mais que, si on ap-
prouve que le jeune Prince se vienne marier, que se doïbt
estre sans condition que de celles seules qui ont esté
stipulées en son traicté; que sommes aussy bien prestz
d'entrer en négotiation avec eux d'une alliance d'Estat
selon nos quattre articles, sans y accoupler le mariage.
Nons les conjurasmes de joindre leurs intercessions k nos
dïpoû loogCempi.
,, Google
1641. Firrier] — 368 —
raisons, pour persuader S. M. de faire achever nostre
mariage, en nouB ottroyant le transport de la Princesse
dans la présente année. Hz dirent que le Eoy tenoit fenne
pour l'aage de consentement; que pour les ccrémonies , qu'il
n'y a autre regard qu'à l'honneur et seroit content qu'en
usassions à nostre volonté; pour le surplus en feroyent rap-
port an Roy et nous en donneroyent ses intentions le len-
demain an matin, ou dans le soir au plus tard; en noas
départant quasi tous, mais séparément, nous avouèrent
qu'avions raison et nous y serviroyent. Avint là-dessns.
Monseigneur, que mess, de Bréderode et de Heenvliet
se rencontrans le 24. au soir en la chambre de la Royne,
où se trouva aussy M. Vane, que celluy-cy, après avoir
quelque peu entretenu le Koy, les entreprint, déclaruit
que, s'ils voulloyent signer le contract, comme il a esté
dressé par les commissaires, que S. M. estoit contente
d'en faire autant et mesmes de sommer par ses lettres
M. le Prince Guillaume de se venir marier, sans le
coupler à l'alliance d'Estat, laquelle se traitteroit à son
temps; avoît en outre esté comandé qu'il fust escrit à la
Royne de Bohême que S. M, avoit résolu d'achever ce
mariage, que rien au monde ne l'en sauroît empêcher;
par tant désiroit qu'elle s'entretinst bien avec Voz Â. A.,
pouvant espérer des avantages de vostre amitié, au moyen
de cette alliance et bonne intelligence. Et fût le sïear
Vane d'advis que les Sieurs de Bréderode et de Heen-
vliet, acceptans cette condition, en allassent sur le champ
remercyer le Roy, qui s'excusèrent de ce faire, pour y
penser plus meurement. A leur rapport fut avisé de
retourner voir le Sieur Vane et d'entendre une autre fois
ses raisons, ce qui fut faict hier au matin, mais sans
rien gaigner sur les points indécîz, s'excusaut mesmes de
nous bailler quelque escrit sur l'indifférence de la céré-
monie angloise, de sorte que résolusmes de despécber
vers V, A., afin de l'informer de ce qu'on prétendoit
d'emporter sur nous et de nostre résolution à ne ri«i
concéder, s'il ne nous est expresément commandé. A
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 369 — [IMl. Keirkr.
laquelle fin avons demandé le contract en forme et tel
qu'Us prétendent de nous le faire signer. M, Yane en
voulloit encor parler au Boy et dans le mesme jour noua
revoir, pour ne retarder nostre despéche et toutesfols,
apr^ nous avoir entretenus quatre jours de belles parol-
les , nous a enfin cet après-disner envoyé copie du dit con-
tract et d'une lettre qu'il délibéroit d'escrire à V. A. de
la part du Roy, sy le trouvions bon, qu'il ne persiste
pas seulement aux douze ans, à la cérémonie d'Angleterre,
et à couppler le mariage à l'alliance d'£stat, ains q'il re-
cale de rechef de ses propositions de dimanche, sur la
venu du Prince GuilUume, mesme qu'il prétend de mes-
1er les intérests de S. A. Ë. dans nostre négociation à
faire. Kous avons esté d'advis de ne nous charger de la
dît lettre, l'asseurant qu'elle seroist plustost pour gaster
que pour avancer nostre affaire, et ne pouvans aller plus
avant de rechercher le remède vers le Roy et dans la
patience, attendans vostre commandement, après que Y. A.
aura considéré les variations du train de nostre traicté , que
pouvons en partie imputer aux occupations de nos commis-
saires et aux traverses de ceux, qui sollicitent contre nous.
Ce n'est pas pourtant que n'espérions un plus &vorabIe
progrès cy-après, quand le Parlement aura parlé, mais il
nous desplaist de laisser Y. A. en ce doute et qu'il se
perd tant de temps inutilement; car, si on ne change en
peu de jours, il sera malaisé que S. A. passe devant l'au-
tomne, quand mesmes tout se passeroit selon nos désirs.
Nous avons pressenty que ceux du Parlement sont pour
rejetter la ligue offensive, comme non nécessaire et trop
onéreuse, et s'ilz en conseillent aucune, que ce sera la
défensive, en y comprenant le règlement du commerce,
lequel faict nostre treizième condition. M. Yane encline
de ce costé là, mais qu'en la minutant il y fust trouvé
quelque lieu pour S. A. Ë., ce qui est directement con-
tre la nature d'une simple défence réciproque. C'est,
MoDseigneur, tout ce que sur ce si^ect nous sçaarions
représenter à Y. A., qui verra que n'avons rîen obmis
m. 24
,,Googlc
IMl. F^rier.] — 370 —
il faire et dire pour l'avancement de nostre commission.
H y a desjà. quelques joors que nons fat rendue celle de
V. Â. de l'onzième et ce matin encor deux autres du 4
et 5. Nous débiterons h. propos l'applaudissement que
faict la cour de France de nostre mariage par tant de
lettres de congratulation, pour voir si cela aydera à l'a-
vancer, et sur la proposition d'envoyer quelque présent,
nostre advïs seroit (soubs )a correction de V. A.) de
le surçoir ' jusqu' après la conclusion et à. la venue dn
Prince raesmes, pour n'y devoir retourner à deux fois,
et faudra penser à de plus grandes libéralités pour obli-
ger les Princes et la jeune Princesse, mesme les com-
missaires, à la nostre volonté; qu'en fussions Ik, quelques
raretés en feroyent l'office. Par celle du 5 nous appre-
nons que ne devons traicter que d'un règlement du com-
merce de contrebande , qui est un droict des gens et lequel
les plus puissans exercent sur des foibles, mais, sy on
vient à nous parler d'une défensive , ferons nous connobtre
n'en avoir aucune commission , après avoir donné au Roy
le choix sur les quatre articles, et après mesmes avoir
tant de fois dict avoir plein pouvoir et autant de volonté
pour traicter de tout? C'estoii- afin de gaigner conêence,
laquelle nous perdrions avec lésion de l'Estat et de l'afFuire
que nous traittons, sy on nous trouvoit reculer à un feict,
qui doîbt redonder selon leur opinion à l'utilité commune,
mais en effect seuUement à celle des Provinces-Unies : sy
on craint que la France soit pour en prendre ombrage,
cela cessera, sy elle est mesnagée à temps, car c'est un
accroissement de noz forces , sans aucune obligation envers
cette Couronne, que pour lors tant seulement que nostre
Estât sera en paix et icelle assaillye de ses ennemis s
guerre ouverte, sans y rien immiscer de plus. Le secoors
se pourroit demander de cent on deus cens mil escus eo
argent ou en vaissaux. Y. A-, s'il luy plaîst, doîbt mettre
ce feict en délibération, pour nous en rendre capables,
s'il eschoit. Pent-estre, que la despense empêchera le
■ mTefawii, différer.
,,.GoogIc
— 371 — [1041. Févriïr.
Parlement d'y penser, mais il importe qne conserviouB la
réputation de no3tre rondeur, sur laquelle, comme sur
leur dehors, cette nation fonde une bonne partye de la
aeareté du Royaume, laquelle une fois perdue, on nous
suspectera tousjours d'avoir logé nos maximes et affections
ailleurs, en les négligeans. Jamais cette Couroune n'eust
de si favorables inclinations vers nom et le Roy a pensé
lay faire plaisir, en luy annonçant son traicté avec Y. Â.
et ses délibérations à l'allier plus estroictement avec l'Estat
Nous pousserons le temps à l'espanle, en attendant vos
volontés, sans rien gaster par précipitation, le pouvans
dilayer tant qu'on persistera ù vouloir emporter sur nous
les points du différent. Le Roy fut hier de rechef au
Parlement, où il approuva le parlement triaunal, à convo-
quer par S. M. et à son défaut par le garde des sceaux,
par douze pairs, par le peuple mesmes, et ordonna le
parlement d'en sonner les cloches et iaîre feux de joye
par toutte la ville, josques dans la cour mesmes; accorda
aussy quatre subsides pour le payement des armées. Le
député d'Irlande , après auoir esté ouy ce matin , a obtenu
prolongation de huict jours pour méditer sa défence. La
Reyne parle plus froidement de son voyage de France,
depuis qu'elle a eu responce du Roy son frère, laquelle on
croit estre peu à son goust V. A. excusera, s'il luy
plaist , nostre prolixité et nous prierons Dieu , Mon-
seigneur, de donner à V. A. santé, prospérité et longue vie.
De V. A. très-humbles, très-obéissans et
trèft-fidelles serviteurs,
H. W. V. BBBDERODE. FKAKçOfS D'aBRïSBN.
H£ENVU£I. ALB. JOAUHtHL
De Londres, ce Z7 février au soir 1641.
A cette lettre est joint, surunefeuilleBéparée.cequisuit (p. 366):
„S. M., ayant considéré le mémorial des ambassadeurs, dit pour
respoDce, qu'elle est contente que le jeune Prince Guillaume vienne
en deçà, alors que les ambassadeuia le trouveront convenir!
deux choses estant premièrement par eux clairement entendues; à
sçavoir: 1. que le temps dn transport demeurera comme il est
S4"
,,Googlc
lui. Uin]
■ 372 -
couché aux articles; 3. qu'aJrenant qae le jeune Prince anife
devant que te traitté d'association soit fiai, qu'il ne sera céinU
moins marié que lorsque le trnicté sera conclu."
En mni^e on lit, de la main de M. de Sommelsdyck : lUetub
ZS/éof. ea ptène conférence à Weythal 1641."
t liETTBE BCLXXIT.
Le» mêmea au même. Réponae à la lettre 665.
Monseignear. Hier an madn nons fat rendue la lettre
de V. A. du 18 février. La nostre d'avant-hïer ' y a am-
plement satiafftîct, à quoy ne sçaurîoDS que adjouster.
Nous sommes incessament après à faire lever tout ce qni
nous obste Ji conclurre. Le seul point du transport notis
géhenne et mérite que fassions nos derniers efforts à l'ob-
tenir dans l'automme prochmn, vea que sans cela on nous
laisse l'attente et le doubte en partage, lieu mesmes ï
des traverses et autres inconvénients. V. A. doncq se
tienne, s'il luy plaist, asseurcie qae c'est là où s'adressera
toutte nostre batterje, sans varier, sy ne l'ordonnez, on
si on ne nous faict entendre soubs main qne la grâce en
sera réservée au Prince lors de sa venue, qu'il ne doibt
haster que sur la sommation de leurs Majestez. L'accoo-
plement du mariage à Talliance avec l'Estat nons pËne
peu, car il n'est demandé qu'à la sollicitation des ministres
de S. A. É., qui prétendent de luy trouver quelque avan-
tage en celle-cy. Nous l'avons contesté dès le commen-
cement, et s'il a esté dict qu'il est au pouvoir du Roy de
garder par devers soy le traicté, c'a esté sans l'approuver,
ains en mesme sens que ne sçaurions forcer sa volonté, ny
obtenir sa fille que de son gré, mesmes point après la conclu-
sion; mais jamais nostre intention n'est allée jusques là qae
de lier ces traictez ensemble; noua en sçavons aasez les raisoos
domestiques et voisines qui y contrarient Le faict des
cérémonies, au pis aller, peut estre redressé par nous,
pub qu'on s'en remet pour l'observation à ce qu'en vou-
' la letlre 073.
U,g,t7cdb/GOOgIc
— 373 — [IMl. Mm.
drons ^re, ponrvea néanmoins qne la Princesse passe
dans l'automne, car sans cela il nous seroît difficile d'en
respondre, en tant qu'elle dépendroit de la volonté d'au-
trur. Demain nous espérons de voir le Roy et après la
Rojne [avecq], sur tant de remises et la dnreté des con-
ditions qu'on nous propose; apparemment attend-on que le
Parlement se déclare, car on nous prie souvent de ne
point tant presser, voire avec persuasion que tout suc-
cédera à nostre contentement. Nos visites sont telles que
V. A. les désire; en corps, quand il est question de né-
gotïer, séparément de rechef, lorsqu'il s'agit de mesnager
les amiz et de préparer ceux qui peuvent V. A. noos
{ace l'honneur, s'il luy plaist, de se reposer de cette com-
mission sur nostre fidélité et diligence, qui ne changerons
rien aux conditions jà convenues ou réservées qne par
vostre ordre exprès, et V. A. ne peut trouver estrange
qu'ayons faict comme un traicté nouveau, en résumant
d'article en article celny qu'avott négotié le sieur de
Heenrliet, d'autant que les commissaires n'en tenoïent
aacan conte, comme innové et changé par la concession
de la Princesse aisnée, jaloux apparemment de se voir ap-
peliez k un aâaire faict, en quoy M' Vane les secoodoit,
pour n'attirer plus d'envie sur luy; mais soubs main nous
exhortoit k patience , et qne tout aboudroit à nostre con-
tentement, lequel toutesfois nous demeurons tousjours at-
tendre '. Et pensans avoir assez satisfaict par cette res-
ponce à rostre lettre, nous espérons que, sans ennuyer
V. A. de redite, vous n'auree à desplaisir de voir le
surplus en ta nostre d'avant-hier. Sur ce prions Dieu,
Monseigneur, de donner k V. A. en prospérité, santé et
longue vie.
De V. A. très-humbles, très-obéyssants, et très-
fidëles serviteurs ,
H. V. V. BBEDEBODE. PKANÇOTS D'aXBSSEN.
BEBNVUBT. ALB. JOACHDII.
De Londres, ce premier de mars 1611.
■ Befyie. Wy UjjTBD iltfjd inwachleii.
,, Google
LKTTKE DCLXXV.
M. de Sommetêdffck au Prince (T Orange. Réponse à la
Uttre 665.
Monseigneur. Je remarque en la vostre du 18 de
l'autre mois la pêne où vous met l'accouplement qu'on
prétend feire du mariage avec l'alliance d'Estat. Nous
l'avons tonsjours contesté, comme choses difiërentes et
sans relation; ce point, à mon advis, est aysé à vaincre, ne
méritant point que Y. A. s'en inquiète. Il n'a est^ proposé
que ponr donner quelque espèce de contentement am
ministres de S. A. E. qui, après avoir failly leur dessein sur
la Princesse aîsnée, ont espéré pouvoir faire conditionner
le restablisseracnt de leur maistre dans le second traïcté,
auquel ils réussiront aassy peu, car on sçait que cela
n'est au pouvoir des uns ny des autres. L'article des
cérémonies a esté surmonté par trois fois et je ne pense
pas me tromper, quand je croy qu'on nous met ces dif-
lîcultez en avant, seulement pour gaigner temps à voir
ce qui sera fkict au Parlement, car nous nous assemblons
de loin à loin, demeurons peu ensemble, et lors encor
les choses s'y traictent fort superficiellement, et chacun
article a quasi besoin de passer par l'advis du Roy. Tout
ce que le sieur de Heenvliet a cy-devant négotjé, est
rejette à sa barbe; M. Vane ne l'ose soubstenir, pourne
se charger de l'envie de.s commissaires , jaloux de ce qu'il
a manié co faict seul, et de là vient que tout le traité a
esté comme remasché une autre fois. En toutte cette
négotiation je ne trouve, Monseigneur, qu'une seule dif-
ficulté et laquelle me travaille assez l'esprit, sçavoir le
long terme du transport de la Princesse, pour les raisons
que naguères j'ay mandées à V. A., et partant c'est là
où il est nécessaire que les amiz nous aydent et que noi
instances facent leur eSbrt; car, s'il n'est raccourcy de
beaucoup, nous ne tenons rien. Un peu de patience en
pénétrera l'intention, dès que le Parlement aura parlé,
et certes le Roy s'y est miz trop avant pour s'en des-
,,.GoogIc
■ 375 —
[1641.
dire. Le peuple l'applaadit et S. M. tanche à, le rega-
gner, mais on nous prie de ne pas tant presser; la con-
tïlusion, à mon opinion, sera bonne et à nostre contente-
ment, tùnsi que tous les commissaires assearent. Y. A.
cependant ne peut laisser partir monseigneur son filz
que l'accord ne soit signé, et nojis demeurerons fermes
pour le passage de la Princesse dans l'automne prochain.
I)ans deux jours nous verrons le Eoy et puis la lîoyne
sur tout le mariage, afin d'en estre résoluz. La nation
est lente et toutesfoys ' n'ayme point d'estre pressée ou
fort contreditte; après s'estre insinuez en leur confience,
il est aysé de les mener, mais c'est nostre malheur de les
voir sy fort attachez au Parlement, qui entreprend des
grandes et hardies choses, qui sont de dure digestion à
an Prince de coeur, avec lequel meshuj ' il partage l'au-
thorité royale. Monseigneur, V. A- ayt, s'il luy plaist,
cette opinion de moy, que je ne négligeray chose ny
occasion aucune laquelle je penseray propre k avancer
vostre service et contentement, et sy je puis ohtenir du
Roy et de la Royne un favorable changement au premier
article, je vous responds dès mùntenant que je renverse-
ray tons les autres obstacles, mais cesluy-la dépend de la
nue volonté de leurs Majestez et non de la raison. Nous
mesnageons les amiz avec tous ceux qui peuvent Nos
visites se font en corps, quand il est question de négotier
et séparément anssy, en cour et hors de cour. Je ne
crains ny travûl, ny sermn, tant j'ay de passion de ré-
ussir en cette commission, que je prie Diea de bénir pour
sa gloire et l'affermissement de vostre maison. Nostre
lettre d'avanthier informera Y. A. de nos rencontres, quoy
non obstant je ne crains rien en l'affaire que le premier
article, comme je viens de dire, et qu'on le vueille main-
tenir comme une espèce de contrainte, à se prévaloir en-
tretemps des avantages qui seront désirez. Au reste ,
Monseigneur, le temps de la commission de M. Oatz '
' cbaqae fuît, toi^'onrs. ■ désormais.
' «H»eiUcr>pei>iionaiin de Hollande.
,, Google
1641. Mars] — 376 —
allant expirer au mois de juin, je le voy en quelque
pensée de la quitter, à k persuasion de quelques-uns,
qa'il croit de ses amiz Ce sera un point à traicter
en la prochaine assemblée. Sy V. A. ne l'en destonme
et le BOubstient, je connoy deux hommes qai caballeront
pour luy succéder, desquels l'humeur seroit peu conTC-
nable, ains tout à faict par l'inflexibilité incompatible aa
service de V. A. et de la province, et seroit à propos d'en
rompre la brigue de bonn'heure. Je prie Dieu, Mon-
seigneur, qu'il doint à V. A. prospérité et santé, et à laaj
la grâce de la servir selon ses commandemens.
De V. A. très-humble, tr^s-obéissant et
trës-fîdelte serviteur,
FRANÇOIS D'AEBMBN.
De Londres, ce premier de mars 1641.
t LETTRE BCLXXTI.
Les AmdatsadeuTê en Angleterre csu Prince (TOrange. Dit-
positions favorables au mariage.
Monseigneur. Nos deux demiferes sont du 22 de l'anlpe
et du premier de ce mois. V. A. y aura remarqué an
notable changement; mais c'est l'ordinaire de cette Cour;
en matière de négotiation, de ramraener souvent les cho-
ses i. leur principe, lorsqu'on se croit à deux doigts pris
de leur conclusion. II n'est possible que cela ne vous
ayt causé quelque altération, de laquelle toutesfois ceUe-
cy vous remettra en partie; car, ayans receii le 2 sa
matin le dnplicat de V. A. du 25, avec plusieurs apos-
tilles du 27 février, et résolu de faire un nouvel essay
sur le Roy et la Royne, pour en conformité de vostre
désir, r'accourcir le terme du transport de la Princesse,
achever le mariage en bonne forme, sans y admettre an-
cune condition et changer la stipulation des cérémonies
angloises, nous fusmes devant-hier représenter à S. M.
l'estat <te nostre négotiation et qu'il seroit très-dur \ V. A.
de voir remis le transport de la Princesse à Tasge de
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 377 — [IMI. M.ri.
consentement, pendant lequel tous seriez mal asseur4 de
l'avenir, car venant icelle à estre subornée pour s'en des-
diro, touttes vos pênes et espérances seroient perdnes selon
les loix dn Royaume, et y adjoustions plusieurs autres
raisons, trop longues à répéter, V. A. les ayant peu voir
en diverses lettres. Qu'aussy tous seroit peu honorable
de laisser partir monseigneur le Prince vostre fils, pour
venir solemniser sou mariage, et attendre après qu'on su-
roît convenu de l'alliance avec l'Ëstat, laquelle depuis qua-
torze mois dépend de la seule volonté de S. M. sans encor
s'en estre déclarée, et l'a depuis huîct ou dix jours ap-
piismea ' envoyé an Parlement en demander leur advis;
an lieu que, sur l'approbation de S. M., nous estions venuz
pour recercher et conclure le mariage, avec espoir d'ob-
tenir quelque contentement sur le transport, qui estoit le
seul point resté îndéciz, et que, pour le faict des cérémo-
nies, que les commissaires avoyent approuvé de s'en re-
mettre k la forme que la Royne de Bohême, pour ce
regard, a tousjours observé en Hollande; d'autant que ce
qui est tenu pour indîfîërent en ce Royaume, seroît en
achoppement en nostre Estât et pour y troubler la con-
corde des ministres. C'est le sommaire de nostre discours,
à quoy le Roy respondit avoir une absolue volonté d'ache-
ver le mariage , incontinent après que le jeune Prince sera
venu, sans s'attendre à rien; qu'aucune chose du monde
ne le sçanroit plus empescher; qu'il l'a consenty pour
gaigner vostre amitié, et en fera une auti-e avec l'Ëstat,
pour donner plus de seureté k ses Royaumes et à nos
provinces, et lequel se pourra traicter k plus de loisir;
qu'il ne sçaurott changer l'article du transport, et, puis-
qu'il TOUS a gratifié dn change de sa jeune fille, de la-
quelle vous vous estiés contenté, à sa première , qu'il pense
raisonnable que faciès aussy quelque chose pour luy, qui
est de lay accorder que cet article demeure. Non qu'il
dye qu'il ne le changera point cy-après, mais n'en veut
estre obligé, vous priant de vous fier en luy, comme
' an pliM, sa pliut£t(?)
,, Google
lui. M«ti.] — 378 —
il se fie en vous, et pour ce que sembloiis craindre qn'après
l'aage de consentement sa fille ne vienne k s'eo desdire,
il déclara qa'il ne voudroit vivre trois jours, après qu'il
auroit faict une telle méchanceté de tromper ainsy; pas-
sant le point de l'accouplement du mariage comme vuidé,
il dit, pour la cérémonie, que l'article a esté dressé de
mot À mot sur celuy de la Royne de Bohême, qu'il n'infère
aucune nécessité, et que l'Lglise de Heydelberg Tajant
recen, la nostre n'a aucune raison de le disputer. De
faict ce n'est que pour les prières domestiques en la cham-
bre, et noz commissaires sont d'accort qu'il en soit usé à
nostre volonté. C'est, Monseigneur, la response du Hoy
sur les difficultés qui restent à décider au traicté, etloy
ayans déclaré que prétendions de prendre recours à la
Royne, pour implorer son intercession, attendu que le
séjour de la Princesse seroit inutile en la cour pendant
le voyage de France, S. M. couppa ce propos par dire
que trouverions la Royne encor plus opiniastre que luy,
et qu'elle sera bien ayse de trouver encor sa fille à son
)nr. Hier nous fnsmes dire à la Royne ce qu'avions
nandé au Roy et ses respouses, avec confience qu'elle
ildra avoir l'honneur d'achever ce que S. M. avoit si
1 commencé. Elle dit d'afiection qu'elle déstroit iàire
ir nous et en avoit parlé au Roy, mais ! avoit trouvé sy
olument résolu à maintenir le premier article qu'il n'y
u moyen de rien gaigner; que ne nous devons mesfier
rien ; que jamais elle n'avoit manqué de parolle à per-
ae et seroit bien marrye de commencer par nous;
ille souhaitte que le petit Prince vienne au plnstost
ever son mariage, devant qu'elle parte, et qu'on ne
ligera k rien; que ne devons craindre que sa fille
nge icy icy après l'aage de consentement. M. Cotting-
a offert son entremise pour faire abréger le terme,
rouve la venue du Prince au plustost; avoue que le
f a faict un erreur de porter le mariage et nos quatre
nts au Parlement, on l'on tâche, en contemplation de
Royne de Bohême, d'accoupler l'an à l'autre, mais
,,.GoogIc
— 379 — [1841. Mtra.
qne le Roy a résolu d'achever le premier et, pour ne
désespérer sa soeur, laisser convenir le Parlement de
l'autre dont de six mois îlz ite tomberont d'accord,
quand ils viendront à considérer la despense et leur incom-
modité présente. M. Jarmaîn nous exhorta de no point
tant presser le transport, nous irisant espérer que cette
grâce est réservée au jeune Prince après le mariage.
M. le conte de Dorset, au sortir de chez la Royne,
entre autre dit que n'eussions k noua travailler du passage
de la Princesse, ains à nous contenter d'avoir emporté
l'aisnée, et que le Parlement conseillera au Roy de la
nous donner an plustost, et pour le faict d'une alliance
d'Estat, qu'un de ces jours nous serons priez de nous
assembler avecq nos commissaires, ausqaets seront ad-
joints sept autres conseillers d'Ëstat et plusieurs de la
maison-haute, pour conférer sur les quatre points, pre-
mier que de former leur advia, lesquels trouveroyent vo-
lontiers quelque expédient pour contenter monseigneur
l'Électeur, duquel les ministres ont estrangement caballé
en Cour et an Parlement, pour, au moyen d'une liaison
du mariage et de l'alliance, espérer son restablissement,
qu'ils s'imaginent, au pis aller, se pouvoir faire en entre-
prenant aux Indes, sans considérer que cela n'est point
de noz quatre articles. Le Roy nous parla aussy ce qui
seroit de faire ' et luy respondismes que désirions, autant
que S. M. mesmes, une meilleure condition à S. A. É.,
pour le respect de sa maison et de son extraction , mais
que ny tous les Royaumes de S. M. ensemble, ny la
conjonction de nostre Estât au mesmc dessain, ne réus-
siroyent jamais, sy la France ne s'en mesloit par une
ligne commune^ et qu'il la faudroit mesnager à cet effect
S. M. demanda sy cette ligue seroit contre tout le
monde? «contre l'Espagne," Gsmes-nous. „ Reconnoissez-
vous l'Empereur pour Empereur et n'estes vous point en
guerre contre luy?" continua le Roy, et nous & décla-
rer que sommes en neutralité avec TEmpire, luy avon-
* Selgieime wst er te docu lou lyo.
,, Google
1641. Mmi.] — OOO —
onB la qualité d'Empereur, que le commerce nous y oblige,
mais bien plus encor la considération que, venans à rom-
pre avec luy, il peut jetter de grandes armées sur nos
confins et que nous ne Bçanrions aller k luy, ny luy faire
aucun mal, esloignés que sont ses Eetats de nons. n^
pourroit-il pas faire quelque entreprinse aux Indes par
diversion ou autrement?" fit le Roy, et Iny ftit dit que
cela ne le remettroit point au Palatinat, et qu'au regard
de nos quatre points, que S. M. devoit estre assearée
que ferons tousjours pour la Boyne de Bohème et pour
le restablissement de S. Â. Ë. tout ce qui sera rusounable
et fîùsable. — Voylà, Monseigneur, l'histoire de nostre
négotiation, en laquelle Y. A. voit que le mariage du
jeune Prince est détaché de toutte condition, mais que
du transport le Roy demeure résolu qu'il dépende de es
volonté, et attendrons désormais le commandement de V.
Â. sur ce qu'aurons à faire. Car sy le Prince vient, il
serait bon de conclurre son traicté devant, lequel est
entre vos mains et nons ne voyons aucune apparence de
rien gaigner, au moins sy tost, par le renouvellement de
nos instances. Pour le caresse que Y. A. avoit désiré
d'estre fatct icy, nous n'en avons encor receu l'ordre
qu'avez changé depuis, et sy d'avanture le partement vient
k estre précipité, M. de Brederode en a un, qui est beau
et peut servir au Prince, On a creu M. l'Électeur des-
sendu à Dover, de quoy on doute maintenant, mds son
secrétaire luy a esté redépêcbé par terre, pour le dissu-
ader de ne point passer la mer. V. A. a raison (^e dire
qu'il &udra faire des présens, mais nous dirons mieux à
qui que quels. La Princesse mérite quelque chose de
valeur; la jeune, pour la regagner, ne peut estre négli-
gée, et seroit à propos de cercher quelque minuté' aASortje
k son aage, autant aux trois Princes; quelque rareté belle
et digne seroit agréable à la Royne. Aux sept commissai-
res se pourroyent donner trois mille livres pour chasctm.
M" Yane et Jarmain méritent quelque peu davantage,
' minutia, bigaleik.
,,GoogIc
— 381 — [16*1. M»M,
selon que l'estimera Y. A., car on aura encor k passer
par laars mains. La gouvernante de la Princesse pré-
tendra pareillement et une bague de deu:E ou trois mille
livres la pourra contenter. Après cela, il y aura des
officiers qui seront employez , pour lesquels et antres il
faudra &ire quelque fonds à distribuer selon les occasions,
car y. A. sçait qu'on a tousjours icy les mains ouvertes.
Avec quoy, ayans saUs&ict k ce qui nous a esté prescrit,
nous remettrons d'achever ce qui reste pour la réception
et l'accommodement de monseigneur le Prince, à quand
nous en aurons le commandement de Y. A. Sur ce nous
prions Dieu, Monseigneur, de bénir le mariage que traîc-
tons, d'en ottroyer le contentement que Y. A. en es-
père, et de vous rendre en toutte prospérité la santé
avec longue vie.
De y. A. très-humbles, très-obéissans et très-
fidelles serviteurs,
U. W. V. BRED2B0DE. FRANÇOYS D'aERSSBN.
HEENVLIET. ALB. JO&CHrMI.
De Londres, ce 5 mars 1611.
■LETTBB BCLXXVll.
Les mêmes au même. Il n'y a plus <Cohatacle à la ventie
du jeune Prince.
Monseigneur. Nous avons trouvé tant de franchise et
d'affection au Roy et à la Royoe pour l'avancement du
mariage, que ne craignons point de recommander à V. A.
de haster le plus que pourrez le parlement de monsei-
gneur le Prince vostre fils, a6n de mettre toutte chose à
couvert; car leurs Majestez ont résolu de passer outre,
sans s'arrester i tout ce qui se machine an contraire, et
de quelque part qu'il v'ienne, et désirent que ce qu'elles
vous escrivent, sur la foy et le secret de M' de Heenvliet,
demeure caché, sans en rien esclatter deçà ny delà,
de peur que ta connoîssance n'en vienne an Parlement et
■ de la moM de X. da Smmelttfyei,
,, Google
1641. M»M.] — 382
les brouille, mais qae le manage 8oit achevé; les deman-
des et plaintes de la Royne de Bohême ne seront plas
de poids pour &ire adhérence, et comme un grand
nombre de Seigneurs doibt conférer avec nous sur les
quatre points, devant que de former leur advb sur le
choix, S. M. nous a fiûct advertir et prier de nous rendre
faciles à tout ce qui concernera le général, ou le particu-
lier de Af l'Électeur, en restraignant tousjoura nostre
responce à tout ce qui sera raisonnable et faisable, sans
estendre noz discours plus avant, laissant le surplus su
jugement du Parlement, lequel se trouvera asseï empêché
à qaoy se résoudre et peut-estre n'en sera prest de six
mois, pour donner temps k exhaler leur chaleur ce pen-
dant. Et ayaus besoin de pénétrer le fonda de ces lettres
et ce qu'on bastit dessus, avec une sy estroitte stipulation
de silence, nous avons osé les ouvrir, pour crainte qu'el-
les ne fussent jettées en mesme moulle que celles de
Vane, qui ne portoyent rien de favorable; croyons par-
tant que V. A. l'excusera, car il n'y a eu autre curiosité
que celle du bien de vostre service. Leurs Majestea sont
après il faire trouver et garnir un beau logis et recom-
mandent que M. Abcelay soit porteur de cette dépËche
et du pourtraict de la Princesse , mais sans qu'il sache
qu'il y a de leurs lettres dedans. Noos verrons entre-
temps ce que les amis avanceront an temps du transport
Nous aurions bien besoin de la liste de ceux qui auront
l'honneur d'accompagner S. A- et, s'il n'est encor pourreu
du secrétaire. M' Rivet a un fils avec M. Joachimi,
qui parle et escrit plusieurs langues et à cette occasion
pourroit servir. Nous prions Dîeu, Monseigneur, de vous
rendre vostre santé et de bénir voz desseins.
De V. A, très-humbles, très-obéyssans et très-
fidelles serviteurs,
H. Vf. V. BaEDERODE. FRANÇOYS D'AEnSSEN.
D. KEBCHOVEN A HEBNVLIET.
De Londres, ce 6 mars, au soir 1641.
,, Google
— 383 — [IMi. M,„.
liETTKB DCLXXVIII.
M. de Sommelsdj/ek au Prince ^Orange. Même sujet.
Monseigneur! Le Roy tenant ferme pour l'article du
transport, c'est à Y. Â. lii-dessus de penser ce qui est
de fûie ', après certes qne tous nos devoirs k l'amollir
n'ont rien peu gaigner. Le donte des accidens du monde
demeure à craindre et ne se peut que vostre esprit ne
soit grandement agité de diverses pensées sur le party à
prendre. C'est pourquoy j'ose m'avancer de dire que V. A.
en est trop avant pour s'en tirer; le Roy encor bien plus,
et s'il se sçait qu'il y n du contraste', tout conspirera ii ren-
vei-ser nos espérances et de cela on ne doibt douter. Le
mal nous vient des ministres de M. l'Électeur, qui ont
seen mesnager l'envie de quelques grandz et l'ignorance
de plusieurs portez d'affection vers la Royne de Bohême.
S. M. connoist maintenant d'avoir eu mauvais conseil de
porter le mariage et noz quatre pointz au parlement, ré-
solue néamoins de passer outre à la solemniser, sans re-
mise et sans condition, sy V. A. passe le premier article,
comme il est couché au traîcté, et lequel il ne sauroit
sy tost changer, ne désirant point choquer la EojTie sa
seur, ny le Parlement Je luy diz k l'audience que ne
seriez asseuré de rien , sy aviez à attendre l'aage du con-
sentement de la Princesse, premier que d'en espérer le
transport, car venant lors k s'y opposer, que tout seroit ren-
versé. A quoi S. M. repartit qu'elle ne disoît pas voulloir
attendre le bout de ce terme, mais bien qu'elle ne se pouvoit
obliger de le raccourcir; qne vous vous deviez fier à elle,
ainsi qu'elle se fioit a vous ; qu'elle avoit laict quelque chose
pour vous, TOUS changeant la jeune qu'aviez acceptée,
à sa fille aisnée; qu'estes aussy tenu de faire quelque
chose pour elle, qui est de ne la point tant presser du
transport, auquel elle sçaura bien, quand il sera temps,
1 Belgieitme wat cr te dues is.
■ par errntr pettt-Ure pour Mnleite.
D,g,t7cdb/GOOglC
IMl. Mi».] — 384 —
de vons contmter, et sar mon objection qae la Princesse
pourroit changer, dit ces motz formelz; ,^e ne vondroy pas
vivre trois jours après avoir faict une telle méschanceté,
de tromper ainsi." La question est maintenant, Monseîgnenr,
sy lùrrés partir monseigneor le Prince? s'il ne vient, le
Roy s'appercevra qu'on se mefEe et ne se tiendra obligé
de rien; les voisina et les ennemis, avec les ministres
de l'Électeur (qu'on croit aux escouttes à Dover) feront
effort à rompre cette alliance, qui leur est suspecte, à
qnoy il n'y aura plus de lieu, sy on le voit arriver, «goer
son contract et solemnîser son mariage par paroUe de
présent, au veu du Parlement et leurs Majestez y inter-
venans avec nous, et puisque V. A. y est sy fort engagée
par la notification donnée dedans et dehors l'Estat, par
tant de congratulations receues, considérez, s'il vous plaist,
en vostre prudence, s'il ne vaut mieux de s'accommoder
à la prière de leurs Majestez, obligées & vous contenter
par tant d'actes solemnelz et ésquels il n'y a point de dis-
pense à craindre, que de rompre ou de remettre la con-
clusion du traicté à un autre temps, qui possible ne nom
soroit sy favorable? L'espérance cependant nous est donnée
qu'on rendra V. Â. contente et monseigneur le Prince
Guillaume pourra tascher k y frapper coup luy-mesmes.
Voyez jusques oà leurs Majestez se déclarent en cet affaire.
La Princesse publiquement est qualifiée par la Royne U
maîtresse du jeune Prince d'Orange, et luy avoué d'elle
pour son serviteur, et enqnïse sy elle l'ayme, repart fran-
chement qu'ouy, puisque la Royne le veut, qu'elle von-
droit qn'il fust venu. C'est donq à V. Â. de résoudre;
concluant, vous rompes les brigues et obligez le Roy,
lËglise et le Parlement, par la solemnbatioD du mariage;
demeurant douter, avec espoir de changement à nos in-
stances, dont le Roy et Testât présent de sa condition nous
désespère, la porte sera ouverte à tous de nous traverser,
mesmes renverser tout ce qui a esté faict jusques îcy, ce
qu'on a prétendu de faire en accouplant les deux traictez de
mariage et de confédération, et en a S. M. rompu la brigue
,,.GoogIc
— 385 — [iMi.MiM.
au desplaiBÎr des ministres de Bohème; cependant noos
attendrons le commandement de Y, A. sar noz aadiences et
sur ce que leurs Majestez vous mandent. M. Cottington ',
qui peut le plus envers le Koy, pour estre homme sensé et
d'expérience, mais tousjours tanu pour franq Espagnol,
allié maintenant à M. Strange *, a désiré de s'abboucher
en secret avec moy, pour rendre en la présente occasion
service h Y. Â. et k l'Estat, et après nostre conférence,
à son rapport au Soy devant, et puis encor après nostre
audience, m'a feict advertir de mander le jeune Prince
de venir achever le mariage, que je ne vueille trop pres-
ser le transport, parce que le Roy ne peut désespérer la
Koyne de Bohème , mais que cy-après je me doibs pro-
mettre tout contentement et qu'il j travaillera de bonne
sorte; que le Roy voit la faute qu'on tur a &ict faire de
porter ces choses au Parlement, où il y a des brigues
pour couppler les traictez, qu'elle a résolu de séparer et
d'attendre ce qui sera avisé sur les alliances d'Estat, dont
il y a peu à espérer, au moins pas de longtemps; ce-
pendant veut achever le mariage. Sy donq Y. A. en-
voyé monseigneor son fils, j'espère que trouverez bon
qae je m'en retourne quand etluy, laissant àM' Joachimî
Ift commission de traicter ce qui restera d'imparfaict sur
les quatre poinctz et autres propositions. Je prie Dieu,
Monseigneur, de donner à Y. Â. prospérité, santé et lon-
gae vie.
De Y. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidèle serviteur,
FRANÇOIS D'AEBSSEN.
De Londres ce S mars 1641.
Monseigneur. Pour mettre le Prince hors de pMr en
cette cour, seroit-il pas bon de l'autoriser, ou par commis-
sion OQ par lettre à nous, de traicter les affaires avec
nous? et devenant à estre par là le premier, il sera couvert
comme nous, et aux rencontres aura le devant sur mes-
> Fnocii CoUingtoD. ' Jamn SUnlej, plut tard comte de Derby.
m. 85
,,Googlc
1841. m«m] — 386 —
BÏeurs de Vendosme, de Lenoox, de Landale et antres,
qui sont en cette cour et se pourroyent sans cela roidir
pour leurs rangs, comme abnez et chcts de maison.
LETTRE BCI.XXIZ.
M. de Bemvliet au Prince cC Orange. Menées de CÉ3,teUttr-
Palatin.-
Monseigneur. La dernière lettre que M'. Vane, an
nom de leurs Majestez, avoit escrite à V. Â. ne por-
toit rien de favorable; c'est pourquoy elle ftist renvo)'é,
et m'a pas peu troublé, et est cause que de celles du
Roy et de la Boyne, soubs foy toutefois et promesse de
silence, j'en ay donné cogQoissance à messieurs de Bré-
derode et Sommelsdycq, leur remonstrant combien ;l
m'importoît que cela demeureroit secret, ce qu'yls m'ont
promis. Et après cela jugèrent convenir, pour pénétrer
le fonds de ces lettres et pour haster le partement de
monseigneur le jeune Prince par deçà, les ouvrir. Je
supplie à V. A. de m'excuser, si j'en ay commis faulte,
ne l'ayant faict que pour mieux puulvoîr servir Y. A.
Hier S. M. me parla long-temps d'alliance d'Estat, et
que la Koyne de Bohème la pressoit, et aussi quelque»
uns de son Parlement, pour y faire comprendre le Prince
Électeur. Je disois que pour cela l'offensive et défensive
seroit la meilleure , pourveu que le Koy de France ponl-
voit estre disposé d'y entrer, à quoy yl y avoit apparence,
pois que S. M. Très-Chrestienne estoît desjà en gnerrfl
contre toute la maison d'Austriche, et que messeignenrs
les Estais ne feroyent difficulté de s'entremettre à l'en &ire
recercher. Que la défensive poulvoit bien servir pour
asseurer les royaumes de S. M. et nos provinces, mais
que je ne voyois pas comme l'Electeur y polvoit entrer,
puisque le secours mutuel ne seroit que pour la mutuelle
défense en cas d'assaillie du dehors. Le Roy me dit:
,,.CoogIc
- 387 -
[1641. Mvi.
„je le confesse, p&rlés aus aultres ambassadeurs et donnés
leor ane bonne responce;" ce que je fis, et yls trouvèrent
à propos de me faire dire au Roy que nous ferions
très- volontiers tout ce qui seroit faisable et raisonnable
et tout ce qu'on poulvoit promettre en une ligue défen-
sive à S. A. £.; comnie, venant à traitter avec le Roy
d'Espagne, que nous ferions un dernier effort pour ob-
tenir par traitté la restitution; laquelle responce je don-
nois le mesme soir au Roy et de laquelle S. M. se
contenta. Je me rapporte, Monseigneur, k celle que je
viens d'escrire à S. A. madame la Princesse, et je de-
meure, Monseigneur,
de V. A. très-humble, très-obéissant, et
très-fidèle serviteur,
BKBNVLIET.
De Londres, le S mars 1641.
' t liBTTRB SCLXXX.
Le Ifince ^Orange aua Âmbattadeari en Angleterre, Même î™™
Messieurs. Le voyage de M. l'Électeur, dont je vous
avoy donné advis par ma dernière do 25 et 27 de fébvr.,
a esté retardé jusques !t maintenant, à cause d'un tour
qu'il a esté faire a Rhenen, d'où il revint hier; tout pré-
sentement m'est venu dire adieu, pour partir demain vers
la Brielle et de là passer en Angleterre dans un vaisseau
anglois. Le principal subjcct de son voyage est tous-
joare, k ce que je croy et selon que je vous le manday
par ma dernière, de procurer que le traicté d'alliance
avecq cest Estât soit concerté et conclu conjoinctement
avec celuy du mariage. Voire, me dit-on de plus qu'il
auroit intention de travailler à ce que de mesme voye
et par même négotiation cest Estât fust porté à mpture
avecq l'Empereur. — Pour ce qui est du premier point,
> minnU de U naia de M. de ZufHcÂem.
,, Google
IMI. Mïii.] — 388 —
TOUS estes si bien imbuz de ce qui vient à répliquer des-
sus, et Tons en ay-je dit mes sentimens si au long par
mes précédentes, que je ne retourneray pas à vous en
entretenir; seulement. Messieurs, vous prîeray-je d'avoir
esgard à ne soudrir point que ces deux traictés, de si
différente nature, soyent meslez ou confondus en aucnne
sorte, ains que celoy du mariage, qai est le subject de
rostre commission, se vuide et parachève tout préallable-
ment, et que, cela feict, on puisse entendre à ce qai est
de l'antre, en suitte de l'instruction que vous en avez et
du choix des quatre propositions, qae vous en avez desjà
donné au Koy. — Quand au second point, touchant la
rupture avec l'Empereur, comme il est do trèa-grande im-
portance et requiert beaucoup de bonne et sérieuse déli-
bération de pardeçà, je m'asseore que vous aurez esgard
à ne vous y laisser engager, sans ordres bien exprès de
l'Estat, en vons souvenant tousjours de représenter, qu'en
ce cas la France et l'Angleterre auroyent à. s'entendre
là-dessus les premiers. De mon costé cependantje n'ai
voulu laisser de vous communiquer ce qui en est venu
à ma cognoissance , afin de vous en pouvoir prévaloir en
temps et lien. J'attendray qu'aussi vous prennjez la peine
de me tenir adverti de ce qui se passera en cette occar-
rence, qui suis etc.
LETTRE DCUXXI.
M. de Sommeltdyek au Prince ^Orange. Bonnes dùp<h
niiotu du Roi.
Monsieur! Mon ambition n'a but que de servir ntile-
lement V. A. en toutes choses, mais particulièrement an
mariage que traictons; me desplaist toutesfois que le seul
point du transport empêche que n'y rencontrez un con-
tentement parfaict. Ëncor avons nous à nous louer d'a-
voir acheminé le tout jusques là, car il y a en i
de nous ester l'aisnée et de nous obliger à une i
U,g,t7cdb/GOOgIc
389 — [1641. M«ts.
d'Ëstat, en laquelle la restitation du Falatînat eust esté
stipalée, par les menées des ministres de la Eoyne de
Bohême, qui avoyent sy bien caballé plusieurs grandz,
tous nos commissaires mesmes, sans en excepter an seul,
quilz furent autheurs au Roy de porter le mariage et
l'alliance d'Estat au Parlement, mais leur intention ayant
esté découverte, S. M. s'est avisée avec la Royne seule,
de détascher le mariage de la Princesse aisnée de toute
autre négotiation et de nous en accorder la solemnisation
des l'heure que le Prince sera venu. Les lettres que le
Sieur Abselay porte, garentiront cette parolle et mettront
l'esprit de V. A. à repos. II est vray qne le Roy de-
meure engagé vers la Royne de Bohème du retardement
de ce transport, afin de luy laisser quelque temps à mes-
nager ses espérances, sans la rebuter tout à iaict; luy a
néanmoins contremandé la venue de S. A. É. et admo-
nesté de se bien entendre avec Y. A. A., dont l'amitié peut
estre utile, d'autant plus qu'il est résolu de passer outre
att mariage de sa première fille et du Prince Guillaume.
Cest, Monseigneur, ce qu'en avons appris de la propre
bouche du Roy et puis donq que le transport dépend
de la considération de la Royne de Bohème, je doibz
espérer que le temps s'en pourra raccourcir, au moins
à l'instance du Prince après le mariage; car, pour le fiiict
d'une alliance, je n'en voy raison ny apparence en la
douteuse et nécessiteuse constitution du Royaume. Le
Boy mesmes en rit, désirant qu'en la conférence entre les
commissaires et nous, nou^ ne rejettions aucune de leurs
propositions, ains déclarions simplement qne sommes prests
de faire tout ce qui sera faisable et raisonnable, sans l'es-
teudre d'avantage. Or, Monseigneur, voyant Y. A. résolue
d'accepter le traicté, nonobstant la réserve du transport
et d'envoyer monseigneur le Prince Guillaume devant la
fin du mois, pour consommer son mariage, devant que
ta Royne parte, et me trouvant authorisé par la vostre du
25 d'en conclurre le marché, je commenceray dès aujourd-
huy k y donner l'ordre qu'il convient, se pouvant V. A.
,,Googlc
1611. Mars] — 390 —
tenir asseunie que tout sera achevé, sans qu'il reste rien
à Jàire lors que le Prince arrivera, lequel le Roy fera
loger et traicter. Je n'ay osé commencer d'y penser plus-
tost que de loin et tousjours avec quelque doute de sa
venue, qui a faict escrïre les lettres que trouverez dans
le paquet de Absolay, sans qu'il en sache rien, Vostre
résolution de passer outre, sans plus marchander, renver-
sera toute brigue et traverse, de quelque part qu'elles
viennent, voyans leurs Majestez engagées en ce mariage
par son accomplissement au del^ du retour ou du desdit.
Dieu le bénisse de ses grâces, au bien de vostre maison
de l'Estat. La liste et le nombre de ceux qui acconf
pagneront S. A. nous est nécessaire, pour éviter confu-
sion. Nous rirons trouver ti petit train, au lieu où il fera
sa descente, afin de préparer et adjuster les ordres en-
semble. — Le député d'Irlande fut devant-hier au Parle-
ment, le Roy présent contre la coustume, pour ouyr ausà
bien sa justification, comme il avoit faict son accusation.
Cette action dura depuis les neuf heures du matin juv
ques aux trois de relevée, lorsque S. M. se retira pour
disner. Le député, assis sur une sellette, devant la bare,
harangua vertement, avec une faconde admirable; à chaque
charge il attesta la connoissance de S. M., qui beaucoup
de fois déclara les choses estre passées ainsi qu'il disoît,
et après avoir courru tous ces articles, il se mit i gran-
dement charger M. Vane, comme autheur de la rupture
du précédent Parlement et du conseil de la guerre contre
les Escossois, appella le Roy à tesmoin et offrit de vérifier
son dire par ses propres lettres. On tient que la présence
de S, M. intervenue pour le sauver fera un effect tout
contraire; S. M. leur recommanda de luy rendre ixin
droict; mais je crains que M. Vane aura de la pêne, car
estant desjîi mal avec la Royne, on croit qu'il n'est guères
mieux avec le Roy. Ce nous seroit de la perte. I*
député retournera au Parlement pour voir les preuves
de son accusation et ouyr les tesmoîns qui ont dépose
contre luy; l'archevesque sera ce jourdhuy conduit à ">
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 391 — [1541. M*n.
tonr, chargé de 14 chefe de trahison. La patience du
Boy est autant grande qne la rigueur du Parlement est
sévère. Je prie Dieu de donner à V. A-, Monseigneur,
prospérité, santé et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéissant et trè3-
âdèle serviteur,
FBANÇOIS D'AEKSSBK.
De Londres, ce 8 mars 1641.
■ f LE1VKE BCLXXXII.
Le Prince ^Orange aux Amhassadewa en Angleterre. Il '
est décidé à laisser partir son (ils.
Messieurs. Après vous avoir faict cognoistre mes inten-
tions à plein par plusieurs dépèches que vous aurez re-
ceues, je ne trouve pas qu'il me reste guère à respondre
sur la vostre du premier de ce mois, qui me fut rendue
avant-hier et, à ce que j'apperçois, il n'y en aura pas
beaucoup davantage en celle du 6 de febvrier, dont vous
faictes mention, mais qui n'est encor arrivée. Seulement
vous diray-je que là, où par le passé, vos advis por-
toyent que vous estiez comme daccord avecq les commis-
sures du Eoy sur les articles que vous m'avez envoyez,
horsmis tant seulement celny da transport de la Princesse,
je m'csbahis de veoîr que présentement, si je vous com-
prens bien , vous me dites qu'on veut résumer et traicter
le tout de nouveau, comme si jusques à présent il n'y avoit
rien de faict, et veu que cependant je u'ay cessé de faire
préparer toutes choses nécessaires au voyage de mon fils,
pour le temps que je vous ai mandé, faisant estât que
vos premiers advis m'apprend royent la conclusion et si-
gnature du traicté, j'ay tousjours à vous prier de vouloir
donq haster et presser ceste conclusion et signature finale,
en sorte qu'il n'y reste plus d'accroché, s'il est possible,
' MMab Jt Itt wuàit di M. dt Ztij/Ueint,
D,g,t7cdb/GOOgIC
IMl. M.rtJ — 392 —
mais qu'âne fois poar tontes on en puisse veoîr la fia.
Car pour deçà, comme je vous ay dit, je persiste dans
la résolution de feire passer mon fils , moyennant que ces
articles soyent signés et que vous teniez cette assenranœ
dn Koy, que le mariage sera célébré en forme solemnelle,
dès aussitost qu'il arrivera par delà. Ce sont ces deux
seules choses, i qnoy tout revient présentement. Vous
m'obligerez de les avoir à coeur et de m'advertir i tonte
occasion jasques où vous en serez venus, en me croyant
véritablement, etc.
Ces vents contraires, qui arrestent tant vos pacquets,
me font penser si en occasions d'importance, vons ne
feriez bien d'envoyer vos dépêches par terre, soubs cou-
vertes du Roy à son résident par deçà et ce par courriers
exprès avecq passeport de S. M.
t LETTRE VCXXKXIII.
Lei Ambataadeuri en Angleterre au Prince dOrangt
rivée de r Électeur- PalaUn, entretien avec F Ami
de Portugal.
Monseigneur. M' d'Abselé vous a porté la nostre do
5, dont le duplicate suivit le 8 par terre; V. A. y
anra trouvé la responce des siennes, avec l'ordre, pro-
grès et succez de oostre négotiation, jusques ati point da
transport de la Princesse, réservé absolument k la déci-
sion de leurs Majestez , avecq celuy de sa liberté au faict
de ses dévotions, dont la prattique est verbalement re-
mise k nous, pour en user comme 0 nous plaira; en quoy
n'avons peu gaigner aucun changement, ny sur le Boy,
ny sur les commissaires, quoy qu'en diverses conférences
ils nous eussent accordé de suivre l'exemple de la Eoyne
de Bohème; peut-estre craignans de préjuger par cet
article la question des évesques, qui est sy fort a^tie
,,.GoogIc
— 393 — [IMI. M»r«.
au Parlement. La chose, bien prÏDse et bornée dans la
chambre et que pour des prières, ne nom a semblé assez
importante pour accrocher la conclusion de la besoigne,
n'estant k propos de la traîner pins longuement, de peur
des traverses qu'on nous y brassoit; nous avons donq
employé tout l'entretemps à faire mettre nostre contract
en forme et au net, afin de le signer avec nos commis-
saires, k ce qu'il ne restast plus rien à iaire, pour quand
monseigneur le Prince Guillaume arrivera, que de le
marier; mais les cérémonies du chapitre de l'ordre, avec
l'accusation et la défense du lieutenant d'Irlande snr-
eii3aivies, l'ont remis de jour à autre. Maintenant nous
promet-on asseurément de le dépêcher demiÛD. Toutes-
fois, pour nous en mieux assearer, avons, de l'advîs de
la Koyne mesmes, demandé audience au K07, afin d'or-
donner aux commissaires de s'assembler et aigner avecq
nous le contract Y. A. peut croire que leurs Majestez
le désirent ainsy et nous ne cesserons point qu'il ne soît
faict, et nous tenons la venue du jeune Prince au plus-
tost fort à propos. Il 7 a ordre donné qu'il sera receu
à sa descente, conduit, logé et de&oyé en l'bostel d'Âron-
de) et tiendrons la main que tout aille comme il convient.
Cest, Monseigneur, jusques où nous en sommes, ayant
tousjours les yeux ouverts sur tout ce qui se démène en
cest affaire. Les lettres de V. A. du 7 nous furent ren-
dues le 12 et sommes assez préparés de nous tenir aux
termes y prescrits. — Monseigneur l'Electeur surprit bien
fort leurs Majestez de sa venue le 12, pour avoir pré-
venu leur response et l'advis qu'il leur avoit demandé.
Nous le fusmes saluer hier au matin en l'bostel d'Essex,
ou il ^est logé, attendant que le quartier cy-devant tenu
par madame de Chevreuse luy soit préparé à "Weythal.
H nous receut en l'antichambre et print, sans marchander,
le devant sur nous, tant en entrant qu'en sortant. Mos
discours ne furent que fort communs, mais de nostre ma-
riage pas un seul mot, et nos conâdens parlent clair que
8a présence n'innovera rien que pour tant plustost haster
,,Googlc
l«41. Mira] — 394 —
nos espérsDCes. Devant-hier soir nous nous entrevismes,
les commissaires et nous, sans que fussions préadvertia
du Buject à traicter, mais M' Vane nous discourut que
sur les quatre poincts par nous proposez, le Roy et fe
Parlement auroyent choisy la ligue défensive, désirant
qu'il y peust estre advisé k quelque expédient propre
k advantager le restablissement de M' l'Electeur. A quoy
fut par nous respondu qu'estions prests d'entrer en traic-
té avec eux, et qu'une telle confédération consiste toute
en une défense réciproque des Koyaumes de S. M. et de
nos Provinces, par un secours réglé en hommes, argeut
ou navires, à donner à ccluy qui seroit entreprins de ses
ennemis k guerre ouverte; mais, pour ce nui touche la
condition et le restablissement de S. A. E-, que mes-
seigneurs les Estais désiroyent autant son contentement
que nul autre Prince, ny voisin, et s'accorderoyent tons-
jours à tout ce qui seroit faisable et raisonnable; partant
les pryons de voulloir nous baillir par escrit ce qu'eux-
mesmes pensent s'en pouvoir feire, afin d'y aviser. Hi
se louèrent de nostre déclaration et, sans l'enfoncer au-
cunement, se contentèrent de nous dire qu'ilz en feroyent
rapport, pour au lendemain nous revoir de rechef, mais
depuis jusqnes icy n'avons eu de leurs nouvelles. Cepen-
dant nous sollicitons tousjours M' Vanc d'achever nostre
contract, qui est le principal subject de nostre ambas-
sade. Il l'entend de mesme avec nous et le promet
Peut-estre nous parle-on de cette ligue pour exclurre
M. l'Electeur de l'offensive dès l'abord, car nous ne sç^a-
rions comprendre que c'est de bon qu'on se veut chai^r
de cette despense , tandiz que le Parlement ne peut foor^
nir sans plûnte et contestation à celle du dedans le roy-
aume. — iNous fîismes hier voir l'ambassadeur de Portagal
vers messeigneurs les Estais, ne disant que d'arriver. H
est personne de façon et de condition, ayant cy-devant
esté général au Brésil et depuis principal autheur et di-
recteur, k son dire, du changement avenu en Portugal;
dit que le Roy tient tout le royaume et les coeurs des
,,.GoogIc
— 395 — [1841, Mm.
peuples, a vingt-mil hommes en campagne, prest d'en
avoir autant au besoin payés par les trois estatz, qu'il j
a trois-cents-mîl hommes et plus de quarante -mille moi-
ne» et prestres capables et très-délibérés de prendre les
armes, qu'il ue craint point ]e Castillan, qui le 2 de
février, jour de son parlement, n'avoit encor un seul
homme debout; désiroit le dit ambassadeur passer sea-
rement et au plustost en Hollande, que ceux qui vont en
France et icy ne parleront que de contracter amitié et
d'establir le commerce, mais pour messieurs les Estats,
que le Roj désiroit leur alliance; sa charge n'alloit point
à demander du secours; qu'on avoit de l'argent prou
et trop; luj raauquoyent seulement quelques officiers in-
génieux ' et autres, jnsques à cent personnes, pour estre
employez en leur guerre; qu'outre cela il priera qu'il
luy soit permis d'achepter ou de fretter des navires de
son argent, moyennant quoy il se tient asseuré de prendre
infailliblement la flotte, qui dans la fin de juin doïbt
retourner des Indes et laquelle n'est accompagnée que de
douze galions du Eoy de Castille et de sept autres de
Portugal, qui se tourneront du costé de leur Roy, qui
en a encor treize grands dans ta rivière, mais demande
qu'on se haste, pour ne perdre si belle occasion. Il a
son fils près de luy, qu'il ofire de laisser au pals en hos-
tage et caution de sa bonne foy. A son dire, tout le
Portugal est fort résolu à la guerre, avecq mesprîx et
grande sécurité du dehors. Nous verrons, Monseigneur,
s'il se pourra trouver quelque vaisseau de guerre h cette
coste, pour le passer; si non, V. A, voit que sa com-
mission est pressée et mérite bien de l'envoyer prendre
par exprès. — Dès que nostre contract sera passé et signé,
nous en envoyrons aussytost te double à V. A-, laquelle
n'a point d'occasion d'entrer en aucun doute du succez,
puisque leurs Majesté» ne sont moins portées h. l'en con-
tenter que nous-mesmes, et nos devoirs ne chommeront
point que tout ne soit accomply, à quoy Dieu veuille don-
' ing^DJenn,
,, Google
IMI. ««M.] 030
ner sa bénédiction et à V. A., MoDseignenr, santé et trës-
longae vie.
De V. A., trës-humbles, très-obéissana,
et très-fidèles servitenrs,
H. W. V. BREDBRODE. FBANÇOVS D^GRSSKK.
HEENTLIET. ALB. JOACUIUI.
De Londres, ce IG mare 1611.
M. de Sommeîèdyck au Prince <f Orange. Il ne craàit pat
rÛedeur-PaUuin.
Monseigneur! Le Roy a remis nostre aadîence à demain
et la Boyne est d'advis qae prenions cette voye pour sor-
tir d'affaire. C'est nous trop traîner, sy le Parlement ne
servoit de prétexte, mais on tasche de faire servir cette
longueur au dessein de monseigneur l'Électeur, à quor
il noua importe de pourvoir, en concluant nostre contract;
comme j'esp^ que ferons dans Inndy aa plustost, car
leurs Majestez le désirent et en feront le commatidemeDt
à noz commissaires, veu que cette action est indépendente,
et que d'ailleurs le Koy ny le Parlement ne se voyent
point encor en estât de contracter aucune confédération
avec messeigneurs les Estatz, et ce qui s'en propose n'a
but que de contenter S. A. K. de mine et d'apparence.
Parmy tant de grands qui font démonstration de faire
pour luy , qui oseroit conseiller au Roy de luy donner sa
fille, ou d'entreprendre k vive force son restablissement?
là où l'alliance de Y. A. est fondée de puissance, de
proximité, et de cent considérations d'Estat pour S. M.
et pour ces Couronnes; mais que monseigneur vostre fils
vienne, il sera marié ^ l'heure mesmes et cette action
renversera ayssémant toutes les autres prétensions et c'en
est le sentiment de leurs Majestez. Les encloses m'ont
esté portées pour les feire tenir à V. A., laquelle je sup-
plye de croire que je ne chommeray point au devoir,
,,.CoogIc
— 397 — [IMl. Hit*.
toattes mes pensées demearans toasjours bandées i. gagner
le transport; j'en conféreray de rechef demain arec M. de
Cottington, lequel peut plus que nul autre vers le Roy
et me faict espérer. Dieu doînt à V. Â., Monseigneur,
santé et longue vie.
De y. Â. trës-humble , trës-obéissant
et très-fidèle serviteur,
FBAN90YS d'à:
De Londiea, ce 15 mars 1641.
> t LETTBE BCLXXXV.
Le Prince <f Orange à Af. de Sommeltdych. Réponse aux ^
litres 678 et 681.
Monsieur. Les bons et prudents adviz que vous me
départez en vos deux lettres du 5 et 8 de ce mois , joints
au contenu de voz dépêches communes, me confirment
entièrement au dessein que j'ay de fiùre passer mon fils
en Angleterre, en esgard aux assurances, que donne le
Roy de faire célébrer le mariage en forme solemnelle,
des qu'il y sera arrivé et mesmes à la déclaration que
faict S. M. de désirer qu'il s'en vienne au plustost. Je
vous prie qu'en suîtte de tant de bons offices que vous
avez contribué à conduire cet afiàire à sa fin et dont
j'avoue, qu'en particulier, je vous ay une obligation très-
estroicte, vous vneillez tenir la main à faire vuider et
conclorre toutes choses, en sorte que, comme mon dit
fils arrivera, il ne trouve rien qui puisse faire surcbeoir
ou délayer la célébration de son mariage, après laquelle
j'espère qu'il se trouvera moyen de disposer leurs Ma-
jestez k raccourcir le terme du transport de madame la
Princesse leur fille, sur quoy il n'est & propos qu'on
insiste d'avantage pour ceste fois. — Pour ce qui est de
l'authorisation que vous proposez que je pourroy faire
■ BiKato dt la nfuân dt M. d« ZugUthm.
,, Google
1841. M>n.] — oVa —
donner à mon fils de par l'Estat, pour obvier k des con*
tentions de précédence à la cour, j'en trouve les consi-
dérations fort bonnes et m'en souviendraj pour quand
il viendra k partir. — Vous me marquez d'assez cstranges
menées des gens de M. l'Électeur en ces occurrences. D
importe qu'on y a^t tousjours l'oeil et me tardera de
sçavoir ce qui se sera paaaé depuis sa venue. Vous me
ferez faveur de m'en départir la cognoissance , qu'en pour-
rez avoir acquise et sur tout de me croire très-véritable-
ment, etc.
' t LETTRE DCLXXXn.
* Le même aux même». Réponee à ta lettre 677.
Messieurs. La duplicate de vostre dépêche du 5 de
ce mois, me fut rendue avant-hier. Le lendemain, qui
fut hier, le Sieur Apselay m'en porta l'originale, avecq
le reste du pacquet que vous Iny aviez mis entre mains,
par où voyant qu'enfin vous estes d'accord de toutes cho-
ses, horsmis l'article du transport, et que le Roy déclare
avoir une absolue volonté d'a(;hever le mariage incontinent
après que mon fils sera venu en Angleterre, sans s'atten-
dre il rien et mesme que leurs Majestez désirent qu'il y
aille au plustost, je suis d'advis qu'il s'en &ut tenir sa-
tisfaict, sans plus presser le temps du transport, que j'es-
père que le Boy voudra raccourcir en faveur de mon fils,
quand il aura l'honneur de l'en prier de bouche. Je con-
tinue donq à faire préparer tout ce qui est requis à son
voyage, pour le faire partir sur la fin de ce mois de mars
ou bien sur le commencement d'avril, dès aussitost que
les vaisseaux seront prests et le vent propre, le tout sur
ceste ferme asseurance qu'on vous donne, que le mariage
sera célébré en forme, dès aussi -tost qu'il sera arrivé.
•Tadjouste icy par avance la liste des personnes qui l'ac-
compagneront, comme vous me la demandés. Je suis
,, Google
— 399 — [J641. Mm.
d'advis qu'au liea d'offrir de l'argent ou des pierreries k
ces messieurs, il sera conveuable qu'on leur donne à cLas-
ciia la valeur d'environ quatre mil &anqs en vaiselle d'ar-
gent et TOUS prie de la vouloir faire faire là, de telle
façon qae vous jugerez la plus propre et qui doibve estre
la plus aggréable, a&n que mon fils arrivant puisse la
trouver preste et en disposer selon vos directions. Pour
ce qui est de M. Yane, outre ce que dessus, j'ay intention
de luy faire encor une bonne recognoissance particulière,
comme aussi k M.' Jermin. Quant à la dame d'honneur,
il y en a qui estiment qu'elle seroit plus satisfaicte d'un
service de vaisselle d'argent qoe de pierreries, ce qui
estant je voudroy que prissiez la peine de luy en feire
un, jusques k la valeur de six-mil fraiiqs. Vous m'avez
obligé de roe dire en partie vos sentimens sur ces choses
et vous en remercie particulièrement, comme je fay eu
somme, Messieurs, de ce que, par l'assiduité de vos soins
et peines, ce traité a>esté acheminé jusqu'au point de sa
conclusion, dont je ne cesseray jamais de me ressentir,
comme je doibs, en vostre endroict. Je vous prie, puis-
qu'il ne reste plus que la signature des articles, de la
vouloir procurer au plustost, afin que, s'il est possible,
Tons m'en puissiez encor donner advis, avant que mon
filz vienne à partir. En ceste attente je prie Dieu, Mes-
sieurs, de vous avoir en sa sainte garde.
Postdate. Vous trouverez cy-joincte une lettre que j'ay
trouvé à propos du faire eacrire par mon fils à madame la
Princesse, sa maîtresse, et m'obligerez de la luy vouUoir
faire tenir, de la sorte que vous jugerez plus convenable.
* LETTRE DCLXXXTn.
Le» Amboisadear» en Angleterre au Prince ^Orange. Aft-
néeé de F Électeur-Palatin.
Monseigneur. L'histoire seroit trop longue à dire &
,, Google
IMl. MinJ — 400 —
y. A. tontes nos rencontres et variations en la ponrsoitte
de la sïgnatare de nostre contract de mariage, de laquelle
la nostre do 15 donnoit entière espérance; nous nous
contenterons doncq de voas la représenter en substance.
Le 16 noas fusmes prier le Roy d'ordonner aoz commis-
saires de s'assembler avec nous et de signer, afin de sortir
une fois de cett affùre. S. M. le promit et les convoqua
en suitte le lendemain , leur proposant et nos demandes et
sa résolution. Ils remonstrèrent que S. M. anroït porté
cett af^re an Parlement, avec déclaration que, comme
par icelny l'amitié de V. A. lu; seroit acquise, elle voul-
loit au mesme temps conclnrre auBsy ane alliance d'Estat,
pour s'asseurer encor de celle de messeigneurs les Estais;
que, pour ne mescontenter son peuple par la séparation,
qu'ilz pensoient plus à propos pour son service de nous
bailler soabs main un acte, par lequel seroît dict que dès
maintenant S. M. tenoit le traité pour signé, et promettoit
de le signer cy-après en forme, et fiit cet expédient ap-
prouvé, mais en ayans eu quelque vent rejette aassytost
par nous, pour n'accrocher une action indépeudente et coa-
due par une nouvelle, longne et doatense. Deux d'entre
nous furent là-dessus trouver M^ le comte de Hollande,
pour luy en représenter l'inconvénient et nos perplexitez,
avec résolution de contremander monseigneur le jeune
Prince, mandé sur la parolle du Roy, de la Royue et cy-
devant des commissaires mesmes; que ce seroit une dis-
grâce irréparable à V. A., qui s'en prendrait à nostre crédu-
lité, le conjurant de le rapporter à S. M., vers laquelle nous-
mesmes inons cercher le remède. Il accepta cette commis-
sion et nous en promit la responce dans le soir, laquelle
fat, qae leurs Majestez ensemble nous prioyent de ne nous
point donner de pêne, ny de contremander le Prince,
par ce qu'elles nous voulloyent contenter et faire signer
nostre contract dans le jonr suivant aux commissaires, ou
qu'à leur refus S. M. mesmes le signeroit; sur le soir
leurs Majestez conjoinctement firent la mesme promesse
encbr plus ample à messieurs de Brederode et de Heen-
,,.CoogIc
— 401 — [IMl. Min.
vlîet, mais elle fut de rechef altorée par l'escrit cy-joinct
et donné au Roy et aa Parlement par mon seigneur
l'Electeur, duqael les ministres ont employé le verd et
le seq pour empOcher la signature, et à leur presse une
partye de la maison-haute s'en est remuée sy avant que
de déclarer que ce leur seroit un affront de fiùre l'un
traicté sans l'autre. S. M. néanmoins a tenu bon, mais,
pour satis&ire en quelque sorte aux commissaires et à
ceos de la maison-haute, elle nous manda avant-hier
pour conférer avec nous sur le dit escrit, qu'elle ne re-
jetta ny approuva pas entièrement, jugeant bien que,
quand mesmes tout ce qu'il demande seroit faisable, il
ne se pooroit &ire de cette saison et que ce seroit nn
affaire de longue haleine. Elle nous confirma de rechef
sa résolution d'achever le mariage, le déclarant indépen-
dant, et de le vouloir faire signer. N^oos la priasmes que
ce fust devant le jour de nos dépesches, ce qu'elle accorda
ou au plus tard dans celuy d'après, avecq quoy nous
renvoya aux commissaires, pour voir ensemble les propo-
sitions de S. A. Ë., lesquels assemblés les nous donnèrent
à considérer et examiner, afin de nous rassembler par
après au plustost. V. A. verra cy-joint ce qu'en avons
dressé en termes généraulx, pour l'esquiver et ne donner
prinse à aucun changement, nous tenans à la parolle du
Roy et k la séparation. M. Yane promit de tenir les cou-
tracts prestz et nous en envoya la minute hier au matin,
avecq quelque espérance d'achever tout dans lu soir.
Ëntretemps M' de Heenviiet vit leurs Majestez et eut
moyen de les sommer de leur parolle. S. M., après avoir
remarqué et considéré la difficulté des commissaires, luy
promit de signer elle-mesmes, en l'obligeant par serment
de le tenir secret et de le luy rendre incontinent, après
qoe les commissaires auroyent signé en forme. li y est
encor retourné devant et depuis le disné et s'en est faict
renouveller la promesse et a encor engagé la Royne h
donner sa parolle de signer avec le Roy, mais M' Yane
n'est point encor prest et va le sieur de Heenviiet atten-
m. 26
,,Googlc
16*1. Mirt.] — 402 —
dre chez \nj qu'il le soit, afin de le porter encor œ soir
au Roy et à la Eoyue et, sy d'avanture l'ordinaire nom
précipite, nous en envovrons la copie exprès par mer et
par terre. Leurs Majestez cepeudant demeareut résolues,
comme elles protestent, k nous contenter plènement M.
l'Électeor vient de nous laisser, n'a parlé que de choses
générales, sans toucher, ny nostre négotiation, ny set
demandes. Nous avons receu celles de V. A. de l'onaème
et ce matin le dnplicat du 14. Nostre opinion est que
l'arrivée de S. A. dissipera tous ces nuages et nous nous
défendrons assez de tout ce qni n'est porté par l'on de
nos quatre points de l'an passé, délibérez de renvoyer le
sm^lns à V". A., sy on nous en presse. Sur ce non»
prions Dieu, Monseigneur, de donner à V. A. santd et
longue vie.
De V. A. très-humbles, très-obéissants el
très-fidelles servitears,
H. W. V. BREDERODB. FRANÇOIS D'aEBSSBN.
d'OBOHOVEN B'HBBNVUeT. ALB. JOACHDa
De Londres, ce 22 mars au soir 1641.
Bi°. DCLXXXVn>.
propositions faites, au non de ^ Électeur Patatin, a» Bm
d'Angleterre.
*,* Cet icrit {tient â-joiiU, p. 401) at àa.\é le '/^ mars 1B41.
Hia Majesty havîng been lately plaesed to déclare that
amongst other reasons the interest of his Royall aister and
nephews was not off least considération to induce him to
entertayne the intended allyanee off mariage for the Prin-
cesse his eldest danghter and that faee wUl not concinde
the said allyanee but conjonctiy with the treaty of State,
and to this end the Lords Commissioners appoinW by
his Majesty for that treaty having desired a particnlar of
the demands of his highness the Prince Elector Palatine,
they are presented hère followîng.
,, Google
403 ■
tl641. Man.
1. Tbat it woold please his Majestïe in the preamble
of tbe fores^d treaty of confédération wîth the Lords the
States oflF the United-Provinces, there might bee inserted
a déclaration that one off the principal) ends aymed at hy
bis Majesly is the resettlement off the pahlike lîberty op-
pressed in Germanie, and espesially off the Prince Elector
Palatine and his bonse in ail their lands, possessions, rights
and dignities.
2. That there may bee an expresse article to comprehend
the entyre restitution off the Prince Elector Palatine and
his house in any their genorall or particolar treatyes, ei-
tber off peace and allyance.
3. That whensoever his Majesty shal use hia power to
vïndicate by force of armes the foresaid rights off the Prince
Elector Palatine and his house, or that his bigbness may
bee enabled by his Maj. or others his irinds to raise any
troopes off his owue to be employed [with] or out of the
Empire in the behalve off the foresaid canse, the States shal
be obliged for tbe furtherance tliereoff to joyne with his
faighaess and assist bim with such reasonable and propor-
tionable aydes, eithor in racnn or monye, as shal bee
agreed upon in the foresaid treaty.
4. That the States shal favour and coantenance his
higbness procedings, not only by permitting him to fumîsb
his troopes with arms, victualls, canon, amanition,liorses,
and ail other necessarie pro^dsions and materialls off warre,
witbout enjoining his higimess to pay the charges, tôles ',
licents, excyses or other impositions off the country, t>ut
also to grannt him free passage by land or by watcr, and
for that end to fumish bim with sbipping or wagons, at
the same rate as is payed by tbe States for their anny.
5. That tbey will let his higbness hâve some towne upon
their frontiers for a place of armes and snffer him onder
tbeir protection to seeke good quarters in ail neutrall and
neighboringh countryes and to afford bîm a save retrûte
upon ail occasion and events.
,, Google
IMl. Mire] — 404 —
6. That thej slial not take io their protection any en-
nemyes persons, countryes, or places on which his high-
ness can hâve advantage by way o( reprisait or otherwise.
7. Tliat if his Majesty shal happily résolve to enter into
warre with the klng of Spaîn, then the said States slial
bee lîkevise bound to breake neatralîty with the Emperor,
the Duke off Bavaria and ail theîr adhérents, or whosoever
else sha] oppose the restitution off the Electorall Palatine
Hoose or the publike peace.
Le même écrit se trouve annexé à la lettre 67S en fmnçoîa.
Sa M. ayant nnguerès troiiTé Uou de ili^cliirer qu'entre nulits
misons, l'intéreat de sa roynle soeur et de ses nepvcuK n'estoit pns
de la moindre considération pour l'induire à accepter ralliniice
de mariage ÎDtenté pour la princesse, sa lîlle aisnée, et qu'elle ne
veut pas conclurre la ditte alliance que conjoinctement avec le
traité d'Eatat et à celle fin messieurs les commissaires nynnls
désiré une spéoï&catioa des demandes de S. A. le Prince Ëlectear
PalatiD, elles sont réprésentées comme il s'ensuit:
1. Qu'il plaise à S. M. que, dans la préface du dict traicté de
confédération avec messeigneurs les £stats des Provinces-Unies,
puisse estre insérée une déclaration, qu'une des principales fius
auxquelles S. M. vise, est le rétablissement de la liberté publycque
en Allemagne et spécialement celuy du Prince Électeur Palatin et
de sa maison , en touttes leurs terres , possessions , droits et honneurs.
3. Qu'y puisse estre un article exprès pour comprendre la pie-
nlËre restitution du Prince Électeur Palatin et de sa maison en
quelqu'un de leurs traités, soyent ils généraux ou pnrticaliers, de
paix ou d'alliance.
3. Qae lors que S. M. usera de son pouvoir pour recouvrer pu
force d'armes les droits du Prince Électeur Palatin et de sa maison,
que S. A. remise en posture, ou par 8. M. ou d'autres siens amys,
pour lever quelques trouppes de soy-mesme, à estre employa
ou dedans ou dehors l'Kmpire, au regard de la dite raison, les
Estats seront obligés pour l'avancement d'icelle de joindre «ne
S. A. et de l'assister avec si raisonnables et sortables aides, soit
d'hommes ou d'ai^ent, comme il sera convenu dans le traicté.
4. Que les Estais favoriseront les procédures de 3. A., non
seulement en permettant qu'elle pourvoye ses troupes d'armes,
vivres, canon, amunition, chevaux et de toute autre provision et
matàiaulx nécessaires à la guerre, sans ordonner que S. A. p»J*
,,.GoogIc
— 405 — [IMI. Mirs,
les chnrgM, tailles, licentes, accises ou d'nDtres l'mpoats de l'Estat,
mais aussy en luy octroyant lilire passage par eau et par terre, et
à celle fin luy fournissant les batlesux et charîota au mesme prix
que l'Estat en paye pour leur armée.
B. Qu'ils ïeuillent laisser à S. A. quelque lilte sur lears fron-
tiÈrea pour une place d'armes, soubs leur protection, afin de pou-
voir cercher de bons quartiers nu pays neutres et voisina, propres
pour luy servir de seure relraicte en toutes occasions et évéuementa.
6. Qu'ils ne prendront en leur protection personnes eonemyes,
ny paya ou places, sur lesquelles S. A. puisse avoir quelque ad-
vantage par voye de repriisaîllcs ou autrement.
7. Que ai d'avanture S. M. venoit à résoudre d'entrer en guerre
contre le Roy d'Espagne, que les Estais seront pareillement obligés
de rompre la ueutralitc avec l'Empereur, le duc de Bavière et
tons leurs adhérents, ou quiconque s'opposera à la restitution de
la maison «électorale Palatine ou de ta paix publicquc.
Observation» de» Ambatsad^ur» en Angleterre sur les propo-
sitions /ailes au nom de ^Électeur- Palatin.
Les Ambassadears de messeignenrs les Estais et du
Prince d'Orange, ayans veu et considéré les propositions
présentées par escrit an Roy, au nom de monseigneur
l'Électeur Palatin, déclarent qu'à leur partement de la
Ilaje, son Alt. Elect. les auroît chargez d'un mémoire, pour
de sa part recommander sérieusement à S. M. de la voul-
loir secourir d'hommes et d'argent en la présente occu-
rence de la diète de Ratisbonne, ce qu'ils avoyent promis
de faire, et eussent bien désiré qu'elle se fust contentée
d'attendre le succès de cette intercession; ou qu'ayant eu
d'autres demandes à faire, comme sont celles que elle
prétend obtenir présentement pour la plenière restitution
par l'intervention de l'authorité de S. M., de Meeseigneurs
les Estats leurs Souverains, qu'elle les eust voullu proposer
et traicter sur les lieux mesmes, où l'authorité souveraine
de l'Estat réside et telles matières peuvent estre esclarcîes
et résolues.
■ Fiytt p. 401.
,, Google
lOtl. Mari.J — ***6 ~~
Car ii'ayans lesdîts Ambassadeurs esté envoyez qae
pour traicter avec S. M. le mariage de la Princesse sa
fille avec le jeune Prince d'Orange, qni est une conven-
tion purement personelle, libre et indépendante, comme
aussy de prendre les intentions de S. M. sur les quatre
articles laissez l'an passé au choix de S. M. et de négotier
en suite, ilz sont tontesfois contens d'envoyer lesdites pro-
positions à messeigneurs les Estata et à S. A., lesquels
en choses raisonnables et faisables feront tousjours paroistre
d'avoir une singulière affection au restablissement de sadite
A. Ë. , comme ilz ont faict en touttes les occasions pas-
sées, lequel néanmoins, à leur advîs, ne se peut bonne-
ment espérer qu'au moyen d'une ligue générale avec
l'intervention de la France, le mesnage de laquelle de-
mande du temps, ou d'une pacification avantageuse; mais
ne voyent point comme, en une ligue défensive que S, M.
leur propose , et laquelle ne regarde que la senreté de ses
Royaumes et des Provinces-Unies, il se puisse trouver
lieu ny condition pour cet efiect
Faict à Londres, le % man 1641.
E.ETTBB DCLXXJCTin.
M. de SommeUdyck au Prince à! Orange. Le mariage conclu
malgré r Électeur- Palatin.
Monseigneur! Mes pênes me sont peu au pris de celles
de V. A.; je travaille sans cesse à vons en tirer, car
je les tiens sans subjecti les variations sont ordinaires
en cette cour, mesmea es choses faciles; un peu de pa-
tience redresse tout. Nostre traicté est achevé et difiëre-on
de le signer, pour contenter M. l'Électeur et les commis-
saires, qui font pour lay, mais an fond le Roy et la Royne
tiennent bon et ont résolu de faire signer le contract on
de le signer eux-mesmes, et le feront sans ancun doote
au descen du Parlement et des commissures. Leurs Ma-
jestez désirent renvoyer l'Electeur au pinstost et, sy mon-
seigneur le Prince Guillaume haste son passage, on ne
,,.GooglL-
— 407 — [IMl, Mm.
pensera plas à traverser ses eap^Tances; an contraire, ce
sera à nous de renouveller nos instances à ce que la
Princesse ]e paisse accompagner au retour; c'est l'aniciue
moyen de conpper brèche aox brigues et rivalitez, et leurs
Majestés ont sy grand despit de ces menées que je veux
espérer qu'elles en deviendront plus iaciles k noz désirs.
V. A. croye, s'il luy plaist, que cette alliance est au gré
de tous et, sy elle est traînée, c'est en la seule considé-
ration de ceux qai pensent qu'elle ouvre des occasions
pour tirer la Royne de Bolième et ses eofans de misère,
et ils se détromperont aysément, dès aussy-tost qu'ils poï-
seront ' les propositions de S. A, É. L'ordre est donné pour
la réception de monseigneur vostre fils , son logis est pré-
paré en l'bostel d'Arondel, où U sera très-bien et proche
de la maîtresse, rien qu'une muraille entre deux. La liste
de ceux qui l'accompagnent nous est nécessaire et nous
1*1X003 rencontrer aa lieu de sa descente. M. l'Ëlecteur
nous vient de quitter; sa visite a esté conrte et les propos
fort généraux, sans toucher ce qu'il a proposé au Par-
lement et sans s'enquérir de nous comme il va de nostre
mariage, qne rien au monde ne sçauroit plus empêcher.
On y est trop avant de part et d'autre et je remarque
que leurs Majestez n'en demandent moins la consommation
que vos A. A. mesmes, et cela sera dans les huict pre-
miers jours publiquement et avec les solemnitez requises.
Dieu le bénye et doint. Monseigneur, à V. A., prospérité
et santé et à moy le gré et grâce de vous servir utilement.
De y. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidéle serviteur
PKANÇOYS D'aERSSEN.
De Londres, ce 22 mars 1641.
* I.ETTRB DCLXXXIX.
Lee Ambamadeun en Angleterre au Prince d'Orange. Le
contrat de mariage est signé par le Roi.
Monseigneur. La nostre du H ayant laissé Y. A. en
,, Google
IMl. M«rs.] — 408 —
quelque donbte de la signature de rostre contract, d'autant
plus grande qu'elle estoit puissamment contreminée et non-
obstant des bien expresses promesses délayée de jonr en
jour, celle-cy vous asseurera qu'en fin le Roy et la Royne
nous en ont faict surmonter les brigues et embnsclics, de
sorte que le traicté fut releu, conclu, signé et scellé hier
au soir, ne restant plus que la venue de monseignenr le
Prince vostre fils pour passer au mariage. Les cora-
missaires assemblez hier au soir à nostre sommation ap-
puyée de l'advis du Roy, après avoir entendu nostre pro-
position, en furent faire rapport en corps à S. M. et à
leur retour nous renvoyèrent pareillement à S. M-, la-
quelle nous ayant avoué que cet affaire avoït assez traîné,
consentit qu'il fust achevé et signé, dit en avoir donné
charge à ses commissaires et, bien que cette alliance n'enst
rien de commun avec quelconque antre affaire, que tou-
tesfois elle nous reeommendoit les întérestz de son nep^
veu. Surquoy luy fust respondu qu'il eost mieux faict
de conférer de ses demandes avec V. A. et l'E^tat, pre-
mier que de partir du pays, où il eust peu estre résolu
de leur apparence; ce néanmoins que vous avions envoyé
son escrit, pour nous en donner vos instructions, encor
que pensions qu'il ne peust espérer aucun restablissement
qu'au moyen d'une ligue avec la France ou d'une psix
générale , mais qu'en l'une ou l'autre occasion S. M. pou-
voit croire que V. A. et l'Estat luy rendront tousjours
les ofEces nécessaires à son contentement S. M. repartit
qu'elle s'en remettoît donq h nous pour en aviser avec
les commissaires et, sy M. l'Ëlcctenr ne s'en estoit ad-
dressé à V. A., qu'il avoit pensé que l'intervention de
luy, Roy, serait de plus grande conaidération pendant
cette négociation, adjoustant que cette solution luy sem-
bloit assez gentille; avecq qaoy nous nons séparâmes,
après avoir rendu grâces à S. M. de sa faveur et expé-
dition , et comme nous estions pour laisser les commis-
saires, après les avoir remercyé de leurs pênes et aydes,
quelqu'un d'entra eux nous advertît que , sy voullions
U,g,t7cdb/GOOglL-
J
— 409 — [IMl. Mm.
faire quelque signe de joye poor l'occasion da snccès de
cette alliaoce, de le difiërer jusques Jt ce soir, par ce que
S, M. auroit rûsolu de donner ce matin connoissance à la
maison-baute de la conclusion finale du traicté de mariage,
afin de coupper une fois pour touttes la racine aux brigues
et menées qui se brassoyent k l'encontre; ce qui se pre-
nant par nous pour une tacite semonce, avons ordonné
de faire ce soir quelques feux devant nos portes, pour au
moyen d'iceux publier le mariage et nostre joye, que
Dieu veuiUe bénir à l'affermissement de l'Estat et à la
perpétuation de vostre maison. Nous allons maintenant
donner ordre que tout puisse estre en estât, pour quand
S. À. arrivera, laquelle nous irons rencontrer k sa des-
cente, et riea ue manquera du costé du Koy à rendre
sa réception très-bonorable, car un chacun applaudira à
cette alliance, puisque faicte; mais certes nous devons
cette confession à leurs Majestez et particulièrement à la
Royne, que l'honneur de la conclusion est deu à leur
affection et constance, mal servyes de plusieurs en toutte
la conduitte de cette ntâgotiation. Grâces & Dieu, nous
en sommes au dessus, espérans que voz A. A, demeure-
ment satisfaictes de noz devoirs. Cette lettre avec le dou-
ble du contract va par mer, et son duplicat par terre;
l'une et l'antre par exprès, pour affranchir V. A, de soucy
et de doubte. Pour cette fois nous n'y meslerons autre
discours que nostre prière à Dieu de donner à V. A.»
Monseigneur, prospérité à ses dessains^ avec santé et très-
longue vie à vostre personne.
De V. A, très-bumbles, très-obéissans et très-
fidelles serviteurs,
H. W. V. BEEDERODE. PBANÇOrS D'AEBSSEN.
d'kerkhoven d'heenvlibt. alb. joacuihi.
De Londres, ce 26 mars 1641.
M. l'Électeur vient de nous envoyer son agent Kaef,
pour en son nom se coajouyr avec nous de la conclusion
de nostre mariage, le tenant pour achevé etc.
,, Google
lui. Mail.] — 410 —
LETTRE! DCXC.
M. de Sommeledjfck au Prince (^Orange. Même mjet
Monseignenrl Enân nostre mariage est signé. Les tra-
verses qu'on nous y a donné, noas ont bien exercé, car
nons ne sçavions de qui nous fier; mais le Eoy et ia Royoe
ont soubstena nos espérances, an point mesmes qa'on alloit
bander la muson^hante contre nons. Ce matin la con-
closion leur en sera intimée, et no8 feus de joye la pu-
blieront ce soir. C'est le moyen de rompre les brigues
qni restent et d'obliger jnsqnes aux plus suspects d'ac-
quiescer à la volonté de leurs Majestea et de s'en conjooyr
avec nous. M. l'Électeor en a donné l'exemple par l'envoy
de Eaef, en avouant d'avoir esté contre la signature, pour
par lit rendre ses demandes pins considérables, et noas
luy Ëiisons bon cette excuse, puisque l'honneur de l'action
nous demeure, en tant plus cher qu'il a esté obtenu avec
plus de pêne et de soncy. Je prie Dieu qu'il soit an
contentement de V. A. et serve k l'appny et perpétnation
de vostre maison. Nous n'avons plus rien à faire que
d'attendre monseigneur le Prince vostre fils, afin de cé-
lébrer aussytost son mariage en cérémonie. Nostre dessem
est de l'aller prendre à sa descente et rien ne dé&udn
à sa réception, car leurs Majestez ont tout de bon cette
a&ire à coeur, désirans se lier d'eatroittc amitié avec Y. A.
Je sonhaitte que se soit sy avant que de nous accorder
le transport de la Princesse , mais je ne suis point d'advis
de toucher encor cy-tost cette chorde, ains de laisser jouer
d'autres ressorts hors de nous, pour à son temps irapper
nostre coup. Rien cependant sera négligé. Ma fidélité
sera benreuse, sy Y. A. en est satisfaicte. L'article de
la religion me choqueroit, sy les commissures ' eussent esté
autant portez sur la fin à favoriser, comme ilz estoyent
k rompre le traicté, ne cerchans qu'à l'accrocher, et d'ail-
leurs le Roy et eux l'avoyent remis en nostre arbitre,
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 411 — [IMl. Hm.
pour en oser ù la volonté de V. A., n'y estant que pour
forme et V, A. le peut recevoir ainsi. — On bnuct' icy
que la France traïcte de paix; les avantages qu'elle a
sur l'Espagne, le font descroire vers les plus avisez et les
intérests du Cardinal ne vont point Ik En tous cas on
voudra comprendre le Portugal et la Cattaloigne. Icy
on varie encor sur la réception de*I'ambassadeur de Por-
tugal, et n'estoit l'embaras du Parlement et les grands
deniers qui se lèvent sur le peuple, il est aparent que
le Roy se verroit comme forc^ de rompre avec l'Espagne.
Le lieutenant d'Irlande sera jugé lundy des deux maisons
ensemble. — Ce me sera très-grand bonneur de me signer.
Monseigneur,
De V. A. très.-huroble, très*obéyssant et
trfes-6dèle serviteur,
FB&NÇOTS D'aEBSSEN.
De Londres, ce 36 mnra lfi41.
LBTTKB BCXGI.
L« même au même. On n'attend plaa que la venue «At jeune
Prince.
MonseigneurI Je receus hier au soir, en l'absence de
messieurs de Brederode et d'Heenvlîet, qui sont quarante
quatre miles d'icy à faire nopces, à d^sein d'en estre de
retour sammedy, les paquets de Y. A-, du 21, avec la
lyste de ceux qui passeront la mer avec monseigneur le
Prince, voBtre fils, et en feray ce matin porter la copie
à M. le grand-chambellan, qui n'attendoit qu'après cela,
pour ordonner ses départemens* et les faire meubler, de
sorte qu'il ne reste plus que l'arrivée de S. A. pour penser
aux espousailles , dès qu'il aura vuidé les complîmens de
cour. Nos précédentes d'avanthier, envoyées exprès par les
deux voies, vous esclaïrciront de l'opposition qu'on avoit
formée contre la signature de nostre contract, et comme
' foit BonrÎT le bruit. < ippirtemenU.
,, Google
IMl. M.r.,; _ 412 —
on estoit après à y fiiyre esclatter contre, la maison-haate
du Parlement, maïs que l'avons surmontée, à l'ayde de
la Royne, laquelle persuada le Roy d'user d'anttorité , ou
de le signer absolument luy-raesmes, et l'en usines re-
mercier exprès devant-hier, et S. M. nous confessa qu'on
nous avott traîné et brouillé, que cela avoit faict résoudre le
Roy et elle d'en faire une fin, pour contenter V. A., de qui
elle estimoit grandement l'amitié; l'office qu'elle venoit de
nous rendre estoit peu de chose au prix de ce qu'elle
vouUoit &ire cy-après, qn'au moins maintenant les tra-
verses cesseront. Elle s'enqiiit du temps dans lequel le
jeune Prince pourra venir, et ayant la Princesse à son
costé, elle tesmoigna avoir ferme créance que voz A. A.
l'aymeront et que Dieu en bénira l'alliance. Le soir nous
la publissmes par des feux de joye, et hier je fus féliciter
cette action à la Princesse, comme nostre fiancée, et la
gouvernante en son nom me dît qu'elle m'en remercyoït,
puisque c'estoit la volonté de leurs Majestez. Je luy por-
teray incontinent après le disner celle que S. A. luy
escrit. Les congratulations m'en viennent de touties parts,
de ceux-mesmes qui nons y ont esté plus contraire. L'eacnt
présenta au Roy et au Parlement , au nom de M. l'Élec-
teur, aura fait voir ce que, faisant accrocher nostre traicté,
ïl prétendoit, mais en a envoyé faire l'excuse, que c'estoit
pour tant mieux avantager ses espérances. Ce Prince est
bon et grandement il plaindre de ce qu'il est sy mal servy,
car il luy enst mieux vallu de se prévaloir de vostre
amitié et direction que de choquer directement les des-
seins de S. M. et de Y. A., et cela encor en vain et sans
considérer Testât de sa condition. Il a souvent visité nostre
maîtresse, et s'entretient fort bien et avec grandes sub-
missions au Boy, jusques à luy avoir donné i boire les
genoulx à terre. Le bruict a esté grand que la Royne
de Bohème doit venir, et ne cesse point encor. La Royne
en eut encor hier quelque opinion, ce seroit peu au gré
de leurs Majestez, pendant ces altérations au Parlement;
tontesfois quand ainsi seroit, il n'y auroit aucun cban-
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 413 — [IMI, Mwi.
gement à craindre en noatre faict, depuis que leurs Ma-
j^tez ont faict entendre leura désira et volontés absolues
auz commiâsaires, et V. A. le remarquera ainsi par l'ac-
célération et conclusion solemnelle du mariage. Seulement
voudroy-je qu'on noua contentast de mesme du transport;
plusieurs nous en donnent de l'espérance et les parolles
de la Royne, de voulloir feire mieux pour l'avenir, sem-
blent aller là; mais je n'estime point à propos d'y retourner
sy tost, ains de le faire comme par souliait et par ren-
contre; le vray temps en sera après la célébration de
Dostre mariage. Je loue Dien, Monseigneur, qu'en sommes
venus sy avant, après qu'on nous a bien faict trotter par
des épines; la plupart des commissaires ayans eu une
volonté contraire ii celle de leurs Majestez, soubs prétexte
que cette alliance auroît esté portée au Parlement et qu'il
seroit dangereux d'en rien arrester contre l'advis de sou
peuple, et y alloît-on sy avant qu'on eutroit en soubçon
comme sy S. M. ne la faisoit contracter à autre intention
que pour s'obliger les forces de nostre E^tat et de s'en
prévaloir pour appuyer son autkorité. L'agent de France
se vint hier conjouyr avec moy de la conclusion du ma-
riage, par ordre de la cour. L'ambassadeur de Portugal
a gagné son procès contre celuy d'Espagne et sera receu
dans le carosse du Roy, logé et défrayé en l'hostel des
ambassadeurs et conduit solemnellement à l'audience pu-
blique. La meilleure pièce de son sac estoît l'exemple
et la jalousie de la France et de nostre Estât. Le Par-
lement est après à trouver expédient de casser l'armée
d'Irlande. Les Eacossois font des hardies demandes, se
plmgnans de n'estre payés, prétendent l'union avec cette
couronne et part au conseil et gouvernement des deux
royaumes. Ce procédé desplaist à plusieurs et on a opi-
nion qu'il cessera, dès que le procès dn lieutenant sera
vuidé, qui ne tardera plus guères. C'est, Monseigneur,
la respottce que V. A. me demande, peut-estre superflue
après nos précédentes; c'est au moins vous rendre conte
de mes observations et devoirs. Le bon Dieu, Monsei-
,,Googlc
1641. Uu*.] — 414 —
gnenr, doint k Y. A., le contentement et la santé qn'elle
désire.
De V. A. très-homble, très-obéjasant, et
très-fidèle Berviteur,
FBAHÇOTS D'AXSSBXN.
De Londres, ce 28 mara 1641.
Monseigneur. Comme l'ambassadeur de Portugal se
croit plus asseuré dans des navires de l'Estat que de ce
Royaume, j'ay prié le vice-admiral Witte de le trans-
porter, priant par mesme voye V, A. d'avancer son lieu-
tenant il l'estat de capitaine, car c'est l'homme du monde
qui le mérite le plus, selon que l'avons veu en l'occasion
de nostre combat, et tous trois nous luy promismes vostre
iaveur.
■fliETTKB BCXCII.
' ?mÎ* ^ iVtnce tf Orange arts ambastadatrs en Angleterre. TaU
se prépare pour le départ du jeune Prince.
Messieurs. Depuis la dépêche que m'a porté le S' Ap-
selye te S^ de Lyere m'a rendu celle du 6 de fêbvrier,
n'estant arrivé que le 24 du courrant, en compagnie de
S' Browne, clercq du conseil privé du Roy, qnî ansd
m'a porté des lettres de S. M. et de M'. Vane; mais
tout ct-'Ia estant si viel et les choses ayant changé de vi-
sage entretemps, de sorte que le Roy s'est déclaré avoir
aggréable que mon fils passe la mer au plustost, pour se
marier dès qn'il sera arrivé, sans prétendre plus aucune
combination du traicté d'Estat avecq celuy du mari^,
je passeray tout le contenu de la dite dépêche, nouvel-
lement arrivée, et me rapporteray a. celuy de ma dernière
da 21 , pour voua dire qu'en conformité d'icellny je con-
tinue k faire prépiu^r le voyage de mon fils, espérant
que les vaisseaux qoi le doibvent mener, seront prests
au premier jour et qu'enstùtte il pourra partir dès qae
I mirk/d de la ■<«■ de M. dt ZufUeiem.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 415 — [IMl. ATriL
le vent servira. Voua m'obligerez de tenir la main i. ce
que tont se trouve prest et conclu à sa venue, de ma-
nière qu'il ne pnisse rien rester que la célébration du
mariage en sa forme solemnelle. Cest à quoy je m'attens
sur la parole du Boj et demeure très- véritablement, etc.
Postdate. Plusieurs icy se formalisent un peu de la
Siçon dont M' l'Électeur vous a traité h. la visite que
voas luy avez faicte et croyent que vous eussiez mieux
iàict de vous abstenir de le veoir que de recevoir une
telle rencontre.
LETTKB DCXCSm.
M. de Sommdtdych au Prince cCOrange. L« tnariage du
jeune Prince est populaire; procès de Stafford.
Monseigneur! Ma dernière a esté du 29 en responce
de la voBtre du 21 mars. Nous ne faisons plus rien
depuis que nostrc contract a esté signé. M. le conte
d'ArondeJ, de la part du Koy, a déclaré à la maison-
haute que le traicté du mariage de la fille aianée avec
le jeune Prince d'Orange a esté conclu , soubs la réserve
de quelque temps pour le transport de la dite Princesse
sa fille, sans qu'il y ait esté contredit, mais au contraire
on nous en est venu de touttes parts congratuler l'alliance,
applandye généralement de tout le peuple avec mille bé-
nédictions. Leurs Majestez en ont usé ainsi, pour faire
cesser les menées qui s'en faisoyent au contnûre, de sorte
que leur déclaration corrobore tousjours nostre action. Mon-
seigneur l'Électeur en a amorty sa poursuitte, comme
n'ayant pensé par l'accroche du mariage qu'à &ire sa con-
dition meilleure au traicté d'Kstat, duquel toutesfois on ne
nous parle plus qu'en passant; sauf que, passé cinq jours,
M. Vane me dît, plus par manière d'acquit que de des-
sein pourpensé, que devant mon partement le Roy voul-
loit faire une ligue défensive par provision, avec espoir
,,Googlc
IMl. Afrii) — 416 —
de bientost la faire suivre d'une autre offensive; mais elle
demeure là, soit pour les occupations au Parlement, soit
pour peu à peu éluder l'attente de M, l'Électeur, car
l'Ëstat et la bourse y sont peu préparez. Un ambassa-
deur entretemps doibt aller recommander sa cause à Ba-
tisbone , au traicté particulier avec M. le duc de Bavifere.
ÎTay entretenu la contesse de Rosbom, gouvernante de
nostre Princesse, et tasché de la guérir de plusieurs es-
tranges opinions, dont elle estoît prévenue contre la doa-
ceur et civilité de vostre cour et comme y appréhendant
de la rudesse i un naturel sy doux et tendre qu'est celay
de Madame, dressée de sa main par les mesmes règles
que l'a esté la Royne de Bobème, se plaignant par exprès
d'un si maigre douaire et d'avoir sy fort retranché ses
menuz-plaisîrs qu'elle n'aura aucun moyen de ^le la
moindre récompense à ceux qui l'en sommeront par la
fidélité de leurs services; mais je croy l'avoir assez re-
dressée, au moins a-elle lié la partye avec moy, de s'en
prendre à moy, sy on ne rencontre le contentement leqael
je luy ay faict espérer. V. A. voit que c'est encor quelque
effect de ceux qui ont vouln traverser le mariage , jusques
là mesmes que leurs Majestez et les commissaires aussy,
après le traicté conclu , eussent fort désiré de faire amen-
der par nous l'article du dit douaire et des menuz-pliùsirs;
mms cela s'est passé tout doucement, sans innovation, et
le meilleur est que leurs Majestez demeurent résolues <le
parfaire .cette alliance et d'asseurer par là une amitié réci-
proque. Il nous &udra voir ce qu'obtiendrons sur le trans-
port, qui seroit le courronnement de l'oeuvre. S. Â. aura
droict de le demander après la solemnisation de son ma-
riage, et ce pendant préparerons ceux qui y peuvent. I^
Princesse Elisabeth est fort malade et fiit signée trois
jours y-a; M' de Mayeme qui la sollicite en espère peu.
Nostre âancée a recen la lettre de monseigneur le Prince
Tostre filz; leurs Majestez disent que c'est la première
et qu'elle respondra d'un beau style; sy ce vent laoï-
mène, il la poiura prévenir; toute la cour l'attend et
,,.CooglL-
— 417 — fiaii. Avril.
soahaitte qa'it fîist ilesjà passé; la maison d'Arondel est
toutte meublée et en estât, et nous n'attendons que de
ses nouvelles pour aller trouver S. A. à sa descente. — Le
Parlement travaille depais lundy au procès du lieutenant
avec grande chaleur. Le Roy le voudroit voir sauvé et
d'une l(^ oyt' avec la Royne son accusation et sa défense;
la maison des communes est roide et toutte persuadée
qu'il leur a voullu oster la liberté et la bourse et changer
la religion et les loix, maïs il soubstlent vertement sa
cause, avec un merveilleux courage et faconde. Il n'y
a pour lui à craindre que les dépositions et la haine du
peuple, juge et parlye ensemble. Le Parlement a &ict
fondz pour jetter 22 navires en mer, à la senreté des
costes, entend de faire casser l'armée d'Irlande et de con-
tenter celle des Escossois, pour prévenir les désordres;
les ofSders sont renvoyez en celle du Roy, qui manque
de paye et de pain. Cette despense est approuvée et sera
continuée jusques au jugement du procès, que les Escos-
sois pressent instamment, instiguez, comme on croit, par une
grande partie du Parlement mesmes. Les deux ambassa-
deurs de Portugal feront devers ce soir leur entrée solem-
nelle. V. A. verra, s'il luy plaist, le surplus en nostre
lettre commune. Sur ce je prie Dieu de dopner îi V. A.,
Monseigneur, prospérité en ses desseins, avec santé et
longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidèle serviteur,
PaANÇOYS d'abbssek.
De Londres, ce 4 avril 1611.
■ t LBTTRE DCXCIV.
Le Prince <f Orange aux Ambatsadeur» en Angleterre. Ré- ^
ponse à la leUre 689.
Messieurs. Vos lettres du 26 du passé, que le fila de
Sas me rendit le 31, m'ont autant réjoay que celles du
I wÙHMie de U main Je M. de Znyliciesi.
m. 27
,, Google
1641. Airil,! — 418 —
22, que je receus la sepmaine passée, m'avoyent inquiété,
voyant que les traverses que vous avoyent suscité les
ministres de M' l'Electeur, avoyent tellement gaigné le
dessus, que ne pouviez venir à bout de voz commissaires
pour la signature du traictë. A l'encontre de quoy, mainte-
nant qu'il a pieu au Roy et à la Reine d'oser de leur antho-
rité , et l^re dissiper toutes ces menées , de manière qu'enfin
les articles sont signés et scellés, je recognois en estre uni-
quement redevable à leurs Majestez, sans la bonne volonté
desquelles et les prudents offices que véritablement vous
y avez apportez jusques an bout, il y avoit bien de l'in-
convénient à craindre du costé de mondit sieur l'£lectear,
qui proprement ne semble avoir visé qu'à rompre le
traicté; car, pour ce qui est des articles qu'il a mis en
avant, s'il eust désiré à bon escient qu'il en fust parlé
par delà avecq fruict, il pouvoit les avoir communiquez
icy , d'où voua devoît venir l'autorisation pour en traicter,
comme vous avez fort bien respondu sur ce subject Je
me tiens au reste depuis ceste signature hors de tout soucj,
pressant le voyage de mon âls, en sorte que j'espère qu'il
pourra partir vers le 8 on 10 de ce mois, si le vent est
bon. — n est bien à propos que, les choses estant conduittes
à ce point, on ne remue plus ouvertement le point du
transport de la Princesse, jusqu'à ce que mon fils soit
arrivé, mais si entretemps il y avoit moyen d'obtenir un
article secret toncbant l'exercice de la Religion, par lequel
ï! fust dit que, nonobstant l'article qui en a esté mis
au traicté par forme , S. M. entend que la Princesse aon
à se conformer en cela à l'exemple de la Reine de Bo-
hème, ce seroit avoir gaigné un point de beaucoup d'im-
portance, pour plusieurs considérations que je n'ay que
faire de vous représenter. Vous vous souvenez comme
d'abord le Roy et messieurs les commissaires avoyent comme
remis cet article en vostre arbitre, pour en user àts
que je le désirerois. Cela me faict espérer que ceste in-
stance, renouvellée avecq discrétion, pourroit réussir à
souhait, mais je m'en remets à vostre sagesse et circum'
,,.CooglL-
— 419 — [1641. Ami.
spectîon, pour en avoir ressenti jusques ores de si bons et
heureux efîects, que je ne pais me cesser de tous tes-
moigDer la grande obligation que je sçay vous en avoir.
Cest ce que je feray encor mieux par mes services, à
toutes les occasions que j'en poarray avoir, pour vostre
bien et cootentement. Je vous prie d'en fiûre estât et de
me croire véritablement etc.
L'ambassadeur de France me dît hier d'avoir advîs
que M' de Vendosme sembloît incliner h se rendre en
ces payz, de quoy si vous vous appercevez, je pense qu'il
geroit h, propos de mettre peine ' discrètement à le divertir
de ce dessein, veu le prédicament où il est auprès du
Roy et de M' le Cardinal.
■ t LETTRE DCXCV.
Le même à M. de SommeUdyck. Réponte à la lettre 691.
Monsieur. Ma lettre générale d'aujourdbuy sert de
responce & celle que m'avez escrit en commun, le 26 de
mars, dont aussi la duplicate m'est remt par terre assez
en mesme temps. Celle de vostre main, du 2S, a suivi
tost après et m'a reconfirmé la bonne nouvelle que m'aviez
donnée de la signature de nostre traîcté. Vous m'avez
obligé de me marcquer par le menu les particularités
de ce qui s'est passé depuis ceste conclusion, et j'avoue
volontiers, que c'est pour la plus part ù l'assiduité de vos
peines, comme à la prudence de vos conseib, que je doibs
imputer l'heureuse issue de ceste négociation, traversée
au possible par ceux qui ont faict la mine d'y chercher
leurs intérests, mais assez hors de saison et de propos,
comme je voy que vous l'avez bien donné à cognoistre
où il appartenoit. Il se parle aussi bien ouvertement icy
du voyage que vous dites qu'on avoit advis que la Keine
de Bohême feroit en Angleterre, mêmes dans sa propre
maison, mais jusques à présent il n'en est rien d'asseuré. —
' Belgieûme monte dom.
■ Mimle de la inn de M. de SomaieUdgdl.
,, Google
1641. ATril.]
— 420 —
L'ambassadeur de Portugal, que tous avés veu k Londres,
a mis pied à terre à Helvoetsluis et s'en vient à Rot-
terdam, pour estre receu ici au premier jour de là, avecq
ce qu'il fault de formalité. — Quand au voyage de mon
fils, vous voyez ce que je vous en escris et ne reste qutsi
plus rien qu'il doive attendre que le bon vent .Tespire
qu'il en sera favorisé au passage et tousjoors, Monsieur,
d'avoir un jour occasion de me ressentir en vostre endroict
de la bonne volonté que voua me tesmoignez par tant
d'effects, comme me disant très-véritable, etc.
t LETTRE DC€XVI.
Lta Ambataadeura m Angleterre au Prince ^Orange. Ré-
ponse à la UUre 692.
Monseigneur! Du 36 mars avons nous par deux voies
donné advia k V. A. de la signature du contract de nos-
tre mariage, et Sas en a porté la copie par mer, laquelle
vous aura faïct voir que, pour mettre la dernière nuùn
à cette ambassade, il ne reste que d'attendre que mon-
seigneur le Prince voatre fila à aon tour vienne Êiire ce
qui dépend de lu^; leurs Majestés en sont tonttes réso-
lues, mais s'il tarde, la solemnisation pourra se remettre
après Fasques, car le careame, principalement la aepmaioe
aaincte, retient en ce royaume beancoup dea choses de
la papauté. Depuis l'achèvement du traicté nous cbom-
mons d'af^^rea et ne nous parle-on en aucune &çon d'une
alliance d'Estat, peut-estre à cause de ce qui se fiiict sa
Parlement, où les espritz de tous sont entièrement banda,
qtù pour sauver, qui pour perdre le lieutenant d'Irlande;
peut-estre meamea par ce qu'on ne s'en volt encor en
estât. Bien est vray que M. l'Electeur nous demanda ces
jours passés à quoy en estions, avecq quelque plainte que
journellement il en parloit au Roy et aux commissaires,
sans qu'il s'en avançast rien. Les lettres de V. A. du
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 421 — [IMI. Arril.
21 et 28 dn dit mois, nous ont esté rendues, mais alors
vous ne sçaviez point encor le succez de nostre besoigne,
lequel a esté loué dedans et dehors le Parlement, et voit
A. A. sont tenues de ce bénéfice à l'intervention de leurs
Majestez, sans laquelle il nous eust été très-difficile de
chevir ' de nos commissaires, qui favorîsoyent soubs main
aux traverses de ceux qui par 1^ espéroyent, ou de ren-
verser le traicté, ou d'y trouver leur condition; maintenant
toat cela cesse et le Parlement n'y a plus que voir, depuis
que le Roy les a adverty par M'. le conte d'Arondel que
tout estoit passé et signé ; ce que Y. A. peut prendre
pour nouvelle corroboralion de nostre contract, publié en
mesme temps par nos feux de joye. L'bostel d'Arondel
est prest et richement meublé; rien, aydant Dieu, ne man-
quera k la réception de S. A. Noua sommes après k
informer du prix de l'argent et de sa &çon, pour com-
mander les présents portez par vostre lettre; il ne s'y
perdra aucun temps, car nous commençons à nons lasser
de ce séjour inutile. Madame a receu la lettre de mon-
seigneur le Prince; leurs Majestez déclarent que c'est
sa première et, sy elle respond, que ce sera d'un beau
style; encor nous faut-il tascher de le voir. Pour retourner
à la lettre de V. A. nous pensons, soubs correction, que
l'avantage prins par monseigneur l'Électeur en sa maison
sur nous ne nous sçanroit estre imputé, car l'ayant en-
treprins de fidct avisé, en tout, nous n'avions moyen de
le fiùre redresser qu'en nous retirant avecq protestation,
ce que, sans expresse charge, n'aurions voulu faire, de
peur de gaster nostre besoigne; mais, s'il est trouvé bon,
on pourroit pour l'avenir s'abstenir de le veoir, sans tou-
tesfois en dire la raison qu'après la célébration de nostre
mariage, attendu qu'il a tout plein d'amis qui nous ponr-
royent embrouiller; nous ferons toutesfois ce que l'Estat
en ordonnera. Le Eoy envoyera un ambassadeur k Ra-
tisbonne, comme fera pareOIement celuy de Dencmarck,
pour assister de conseil et de support celny que M. l'Élec-
' triompber.
,, Google
lui. Avril]
— 422 -
teur y dépêche sur le traicté particulier avec le duc de
Bavière. Les ambassadeurs de Portugal firent hier leur
solemnelle entrée en cette ville; c'est quasi la seule nou-
velle à. mander, sy ne présumons d'y mesler une partye
de ce qui se traicte au Parlement, mais n'estant encor
qoe projects et déhats de douteux événement, V. A., s'il
luy plaîst, trouvera bon que finissions par prier Dieu de
donner. Monseigneur, prospérité aux désirs et desseins de
V. A., avec santé et longue vie à vostre personne.
De y. A. les très-humhles, très-obéissans et
très-fidelles aerviteurs.
H. W. V. BBEDEaODB. FBANÇUTS n'AXBSSEN.
HEBNVUBT. t
De Londres, ce 6 d'aïrU 1641.
LBTTmE Dcxcvn.
Le Prince Frédéric- Louis de Deux-PonteÇ) à M. de ZuyliiAem.
Il regrette ne pouvoir rester au service des Provinces- Unie*.
Monsieur. Vous avez raison de vous remettre en la
vostre sur celle que, par commandement de monsieur le
Prince d'Orange mon oncle, m'a escrit M' Eivet, touchant
sa volonté sur le snbject de mon retour en vos quartiers,
lequel, à mon départ de la Haye, je ne croyois pas se
debvoir estendre jusques à ce temps icy, moins encor
qu'on y auroit désagréable mondit retour. Autrement j'y
eusse fait des adieas de plus longue haleine; mais puis-
que cela est, ainsi que la vostre, Monsieur, me le con-
firme, là où mesme on me refuse un pauvre vaisseau de
guerre pour aller servir en cette campaigne (ce qu'on ne
fait pas au moindre officier ou marchand), la volonté
et le commandement de Monsieur mon oncle me sert de
loix et je me sçais plaire en ce que la nécessité me rend
inévitable; ainsi que je vien de mander plus amplement
(1) Vajez Ici IsKtm US et 006.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 423 — [IMl. Avril.
à mondit S' Ëivet; marri seulement que je ne sache
avec quoj j'aye mérité tel traittement, veoant d'un lieu
où je debvrois en ce triste temps avoir tout mon recours.
Mais me rapportant k ce quy en est; puisque la raison
mcsme a bien de la peine à comprendre qu'un pauvre
nepven n'y ait sceu trouver tant des moyens qu'il eust
peu passer seulement un manvais pas durant les misères
générales; sur tout m'en remettant à Celuy quy conduit
tout et quy sçait et voit mon innocense, quel extrême
que soit le ressentiment quy m'en demeure, je ne laisse
paa pourtant de prier le Ciel du meilleur du coeur qu'il
luy plaise continuer ses miracles en ce cher pays là, pour
la liberté et repos duquel monsieur mon grand-përe ' a
jette les premiers fondements. Vous remerciant quand et
quand. Monsieur, de tant de solides obligations dont
m'avez, durant mon séjour à la Haye, rendu le vostre.
Et jaçoît que quand à présent je soye hors des moyens
de m'en pouvoir revanger, si est-ce que j'espère qu'enfin
la chance se tournera; là où, comme en tontes autres oc-
casions quy s'ofiriront, je vous feray, quoy qn'esloigné,
paroistre avec quelle passion je suis, Monsieur,
vostre bien humble à vous rendre service,
FBiDKBIC-LOOrs PKINCB PALATIN.
De MoQtfoort, ce 6 avril 1611.
't LETTRE DCXC^nU.
Le Prince <f Orange aux Ambatsadeure en Angleterre. Let- ■
très de remeràments pour le Roi et la Reine.
Messieurs. Bien que mon fils soit si prest de partir
qu'il n'y a plus que le vent qui l'arreste, il m'a semblé
ne pouvoir plus différer le remerciment que je doibs au
Roy et à la Reine, de ce que, passant dessus les tra-
verses suscitées contre nostre traicté, il leur a pieu le
> Guilliams I.
* mimae dt la mm» 4t M. lU ZufUeiai.
,, Google
ICll, Ayril.] — 424 —
faire conclurre et signer par l'inlerposition absolue de leur
authorité. C'est à quoy tendent les deux lettres cy-joinc-
tes, que je vous prieray de présenter à leurs Majeslez,
si ainsi le jugerés convenir, avecq ce que vous cognoissez
la matière requérir d'office et de compliment J'adjousteray
ceste obligation à toutes les précédentes et vous en tesmoig-
oerez mou ressentiment à tousjoura, comme estant, etc.
• flLKTTKE DCXCIX
Le même aux mêmes. Le jeune Prince va partir.
Messieurs. J'envoye enfin mon fils en Angleterre, pour
s'y présenter à la célébration de son mariage, en suitte
de ce qui a esté contracté et de l'asseurance qu'il a pieu
au Roy nie donner, qne ceste solemnité sera faicte à son
arrivée et sans remise. Je vous prie donq de vouloir
tenir la main à ce que cela se parachève au plustost et
mesmcs que, pour consommation finale, il soit trouvé bon
que les deux mariés puissent coucher ensemble. Après
tout cela il sera temps que vous vous disposiez à vostre
retour, selon ce qne vons en escrivent messieurs les Estats,
et que mon fils aussi commence à presser son congé, en
allégant, comme II sera véritable, que l'armée estant en
campagne, il luy importe de s'y trouver en personne, pour
y continuer l'apprentissage du mestier de la guerre. En
suitte de quoy aussi il pourra prendre occasion de sup-
plier leurs Majestez de trouver bon que Madame son
épouse puisse bientost après passer la mer, qui est le point
principal, auquel je vous prie de vouloir joindre tout ce
qne pourrez d'ofBces et persuasions, selon l'importance que
vous en cognoissez. Je suis assez en peine de la Taçon
dont mon fils aura à se comporter à sa première audience,
à sçavoir s'il conviendra qu'il se couvre devant leurs Ma-
jestez ou point. Vous verrez la qualification que mes-
sieurs les Estats ont trouvé bon de Iny donner par nu
' minn/e de ta mai» de if. de Zut/Ueiem.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 425 — [IMl. Avril.
acte exprès, qu'il voas commaniquera, mais pour tout cela
il me semble plus à propos qu'il demeure descouvert, et
en ce cas, ai vous vous y trouvez touts présents, il fau-
droit penser a quelque e^cpédient, au moyen duquel la
bienséance fut conservée, sans que l'honneur de l'Estat
fnst intéressé en vos personnes. Vous m'obligerez d'y
adviser meurement et de diriger mon fils en cela et en
toute autre occarence de vos prudents advis et conseils,
suivant lesquels je luy ay ordonné de se régler et gou-
verner partout, particulièrement aussi en ce qui est de
la distribu^on des présents qu'il porte quant et luy, selon
le mémoire qu'il vous en fera veoir. Après quoy il ne
me reste que de vons asseurer que la considération de
toutes les peines qne vous prenez ^ mon subject, m'o-
bligent de plus en plus & recercher les occasions de vous
tesmoigner, par des véritables effects de gratitude , que je
suis d'entière affection, etc.
Post date. Depnîs cette lettre escritte, j'ay pensé en-
cor à la façon dont mon fils aura à se comporter avecq,
monsieur l'Électeur, et me semble que, quand il se trou-
veront ensemble en lieux neutres et indifférents, il n'y a
point de difficulté que M' l'Électeur passe devant luy,
mais qne dans le logis dn S' Électeur il est raisonnable
que mon fib ayt la main et la précédence. — J'espère de
vous revoir avecq luy bien tost et en bonne santé, pour
encor lors vous rendre mes remercimens plus particu-
liers de la bonne volonté que vous me tesmoignez et des
preuves que j'en ay tant reçues en ceste occurence.
* LETTKE DCC.
/jea Ambaïaadmrs en AngUterre au Prince iPOrange. Nou-
velle diverse».
Monseigneur. N'estoit qne devons continuer ce train,
nous ne sçaurions bonnement qu'escrire; car ce qui se faict
au dehors, vous vient des lieux mesmes avec plus de
,,Googlc
IHl. A.iil.] — 426 —
certitude et ce [târroter]-cy entretient les choses en lon-
gueur et doute sur ce qui résultera des débats du Par-
lement, oà il semble que les soubçons s'augmentent On
s'en pensoit à la fin, pour avoir esté le lieutenant ouy
sur les articles de son accusation, mais c'est encor aux
advocats à contester du droict; tons autres affaires ces-
sent cependant, pour laisser précéder ce jugement. Cette
ville est après à prendre sur les plus aysés par emprunt
douze cens mille livres , pour arrester les désordres et le
progrès des armées; celle d'Irlande ne sçanroit estre
cassée, du gré du Roy, que les autres ne le soyent de
mesme; l'escossoise s'est logée le long de la rivière du
Teyn, pour y prendre ses seuretés contre la proposition
portée au Parlement, au nom de quelques chefe en l'an-
gloise , de la chasser de vive force hors le Royaume; ainsy
touttes les trois s'entretiennent inutilement à grand charge,
ce qui est pour durer tant qu'on ne s'entende mieux an
Parlement, où le Roy ne s'est lassé d'assister tout à des-
couvert, depuis le matin jnsqnes à la séparation, prenant
cocnoissance de toute l'action intentée contre le lieutenant,
jusquea à en cottcr les raisons de sa m^n propre. Cela
donq. Monseigneur, est cause que la matière d'un pins
solide entretien nous manque. Noz précédentes ont esté
du 5 et du 12. H y a quattre jours que celle de V. A.
du 4 nous a esté rendue; nous imputons k grand grâce
que y. A. approuve nostre besoigne; certes elle a en
de la iaçon et des heurtz '; maintenant tout cola est eSâcé,
sans qu'il s'en parle plus que pour s'en conjouyr avec
nous, attendant qu'un bon vent amène monseigneur le
Prince vostre fîls, pour par la solemnisatîon du mariage
achever ce qui reste, en quoy il ne trouvera, aydantDiea,
aucun retardement. Nous verrons cy-après s'il y aura
occasion et apparence de redresser quelque chose en l'ar-
ticle touchant la cérémonie angloise, puisque V. A. s'y
aheurte, non obstant que le Roy et tous les commissaires
ensemble en ayent remis l'observation et l'usage à vostre
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 427 — [1641. Anfl.
volonté; mais n'en avons peu obtenir la déclaration par
escrit, et le Boy en dit ses raisons; peut-estre seroit-il
plus k propos de penser aux senls moyens du transport,
sans prétendre de rien altérer ou innover au traicté, de
peur d'en donner exemple , car on n'est pas trop satisfaict
dn douaire ny des menuz-plaisirs , qu'on nous pourroit
remettre en jeu. Nous pouvons déclarer véritablement à
V. A. que rien n'a esté accordé légèrement en cet article,
mais le voyans rétracter par nos commissaires, non sans
dessein d'accrocher tontte la négotiation , tandis qu'an
Parlement on estoit après d'accoupler le mariage avec un
traicté d'alliance auquel les intérests de M' l'Électeur
seroyent comprins , nous estimions plus seur de nous con-
tenter de leur explication verbale , sçavoir d'en user selon
que y. A. l'ordonnera, que par plus longue contestation
remettre nos espérances en doute. Toutesfois apr^ la
venue de S. A. cet affaire se poura résumer, selon la
rencontre des humeurs, avec cette précaution tousjonrs
de ne rien gaster ailleurs. — H y a quatre jours que
M' Vane nous vint recommander, de la part du Roy,
deux choses, de nous faire authoriser sur le mémoire de
S. A. É. au traicté qui se pourra faire, et l'autre de
tenir la main que l'accord s'achève entre les deu.\ com-
pagnies Orientales, attendu que M. Boswyl se plaint que
les nostres reculent, contre l'espérance contraire qu'en avons
donnée. Nostre responce fut, que les demandes de M.
l'Ëlecteur ont esté envoyées à messeigneurs les Estats et à
V. A., mais que l'escheq que Bannier vient de recevoir ('),
a tellement changé la face des affaires en l'Empire que
chascun qui le confine , aura plus à penser à ses propres
seuretés qu'à s'engager en des projects qui ont plus de
péril et de coust que de solidité ny d'apparence. Aussy
estimons nous. Monseigneur, que cette proposition procède
plustost d'ailleurs que du mouvement du Roy, qui con-
noist trop mieux que ses affaires ne eçauroyent encor de
(1) Les Impàiiui mu Pîeeolomini ■«awnt hilli ■cctbier l'umfB SiMaiit.
,,Googlc
1641. Aïril.] — 428 —
quelque temps en estre en eetat. Sur le différent des
Indes, nous l'avons asseuré de nos offices; supplions par-
tant V. A. de s'en souvenir. L'ordinaire est encor à venir;
s'il a de voz lettres, elles ne sçauroyent estre respondues
qu'après hnictaine. Sur ce nous prions Dieu, Monseigneur,
pour la prospérité, santé et longue vie de vostre A.
De y. A. très-humbles, très-obéyssans
et très-fidelles serviteurs,
H. W. V. BBEDBKODE. FBAV9OI3 D'AESSSBN.
d'kebckhoven d'hebnvlirt. ALB. JOACHIKI.
De Londres, ce 19 avril 1641.
Marril
' t LETTBE DCCI.
Le Prince ^Orange à M. de Sommdedyck. M faudra tâcher
d^ obtenir le traneport de la Princette.
Monsieur. Les rapports du baron de Dona et les let-
tres qu'il m'a portées m'ont assez faict comprendre comme
il ne fatdt plus penser à ce qu'on avoit espéré de veoir
que la Beine de la Grande-Bretagne en personne vienne
à passer la mer et & nous mener madame la Princesse
sa fille, à raison de l'obstacle que le Parlement y a donné,
et me semble ensnitte, selon le sentiment que je voy
qu'aussy vous en avez, qu'il ne reste présentement que
d'attendre la responce du Boy à la lettre par laquelle
messieurs les Estats ont prié S. M. de persuader la Beine
à entreprendre ce voyage, et icelle responce veue (par
laquelle apparemment le dît obstacle du Parlement sera
allégué) qu'au retour du Boy de son voyage d'Escosse, il
sera à propos d'envoyer quelque personne de conduitte en
Angleterre, pour y solliciter le transport de madame la
Princesse, an nom de messieurs les Estats et le mien,
accompagnée mesme de quelques lettres à des princïpsux
du Parlement, pour les employer avecq cognoissance de
S. M. et de son bon gré, à faciliter la résolution du trans-
' xiRii/f de la Moiii de M. de ZuylicÀlm.
,, Google
— 429 — [i«4i. àTfU.
port, lequel enfin je toj que nons n'obtiendrons jamais
sans l'adveu du Parlement. Je tous remercie de la peine
que prenez à m'en dire vos considérations et vous assenre
que c'est m'obliger à tous tesmoigner tousjours que Je
suis etc.
. ■ t LBTTK» DCCII.
Le même aus Ambanadeurs en Angleterre. Il désire le ^
retour deâ of/lciere angloù et Scosama pour Couverture <U
la campagne.
Messieurs. Ce n'est ici que pour voua prier de too-
loir prendre la peine de faire entendre aux coronels, ca-
pitaines et autres ofBciers anglois et escossoîs qui sont
par de^ et dont je n'en voy point revenir jusqu'îi présent,
qu'ils ayent tons à se trouver an debvoir de leurs cbar-
ges, an premier jour, parce que je suis après à dépêcher
les ordres pour mettre l'armée en campagne, tout sur le
commencement du mois de niay, pourquoy ils n'en doib-
vent point demeurer en hute. Four mon fils, il y a
desjà cinq ou six jours qu'il se trouve à la Briele , pour
attendre le vent, qui commençant !t se tourner du bon
costé, j'espère qu'il pourra heureusement passer an plustost
et demeure, etc. — L'ambassadeur de France vient encor
de me faire mention, par ordre du Roy son maistre, de
l'intention qu'auroit M. de Vendosme de venir en ces
quartiers, selon ce que je vous en ay escrit autre fois,
parquoy je vous prie de divertir encor ceste Tenue, tant
qu'il vous sera possible.
• LBTTBB DCCni.
Le» Ambassadeurs en Angleterre au P^nce iT Orange. Con-
dition dangereuse du royaume.
Monseigneur. Vos lettres au Roy et k la Royne furent
■ mmte 4e la ium tle M. i» Znilicitm.
,, Google
1641. AniL]
■ 430 -
lundi dernier rendues à leurs Majestez séparément. Le
Roy, sans encor avoir ouvert les siennes, nous dit, conune
en soubçonnant le aabject, que son nepveu ' estoit en peine
et craignoit qu'eussions opinion qu'il eust tasché de rompre
le mariage; que son intention toutesfois n'auroît esté autre
que de le faire retarder, afin de trouver ses iutérestz par
le marché, mais que cela ny autre considération quel-
conque n'en empêchera le parachèvement, retardé désor-
mais du vent senl. Laissant ce propos, s'enquit ce qu'avions
appris de Bannier, et sy sa deffaicte a esté sy grande
que le bruict en estoit. Le petit compliment duquel nous
accompagnasmes les lettres de V. Â., tat bien recueilly',
et vouUans par aprez déférer à la Royne tout l'honneur
et le gré de nostre contentement en la conclusion du ma-
riage, elle voulut que la moittié en iîit reconnue au Boy
et l'achéveroit dès que le jeune Prince d'Orange sera içy.
Nous relevasmes ce mot d'ackeoer, pour luy dire que, si
après la soleuinisation il manquoit d'avanture quelque
chose à sa perfection plenière, qu'espérions qu'elle réservoit
cette &veur à la supplication que luy en feroit mon-
seigueur le Prince vostre fils, m^ nous paya tout en
riant, que c'estoit encor trop tost, Cest le seal point qui
peut courronner l'oeuvre, car, tant que la Princesse ne
sera delà la mer, ou des jalousies ou la crainte des ac-
cidents tiendront perpétuellement Vos A. A. en cervelle;
et pour ce aero-il nécessaire que mettions toutte pierre
en oeuvre pour gaigner, s'il est possible, le transport,
lequel dépend de la seule volonté de leurs Majestez, et
d'autant que ce désir est généralement jugé juste et rai-
sonnable, plusieurs estiment que S. A. le pourra espérer;
nous y contribuerons tous les devoirs et persuasions pos-
sibles, avec tant plus d'ardeor que présumons que, sans
ce succès, la besoigne n'aura pas sa forme entière. Nous
fasraes de mesme train visiter la Princesse, laquelle, pour
avoir esté six heures assise au Parlement, avoit esté at-
teinte de quelque accès de fièvre et d'ane défluxîon sur
• l'ËIccIcur- Palatin. • ucudlL'.
D,g,t7cdb/GOOgIC
— 431 — [1641. Avril.
la jooe, dont la trouvions assez remise, ne luy en estant
demeuré qu'one bien légère enâeure. Nous luy avons sy
souvent parlé de son fiancé, qa'il seroit tantost temps
qu'il se vinst présenter en personne, et après le premier
abord, il en trouvera la conversation fort civile et fami-
lière, et elle a assez de Françoys pour cela. H ftuit taseber,
le mariage f&îct, que tous deux ensemble prient leurs
Majestés de leur permettre de passer la mer de compagnie.
Nous fuyons l'occasion des affaires, de peur de quelque
engagement, car M, l'Électeur n'attend que la résolution
du Parlement ï. voir casser les armées, pour presser le
Bjoy de l'en secourir, et bien que S. M. en connoisee,
soit l'inutilité, soit l'impossibilité mesmes, sy ne l^sse-
elle de nous en fùre par fois sommer et de s'en défère
atnsy sur nous, au moyen de quoy nous coulions tout
doucement le temps en l'attente du Prince ; anssy ne se
voit-il aucune apparence de rien faire pour le publicq
tant que les affaires de ce Boyaume ne soyent mieux es-
tabliz; tout est plein de sonbçons; le peuple en deffiance
qu'où veut à sa liberté et à la religion , ne pouvant digérer
qu'on prétend sauver ceux qui sont accusez d'estre au-
theurs et conducteurs de tel dessein. Le Parlement em-
ployé des sepmaines entières, depuis le matin jusques au
soir, à ouyr plaider cette cause; le Roy de son costé
n'y prend pas moins de patience; tout le débat consiste
en cette question sy parmy les crimes imputez au lieu-
tenant, il y en a qui tiennent de trahison? Le lieutenant
soubstient que non, et semble avoir la loy pour luy, en
laquelle les cas de trahison sont spécifiez; mais la maison
des communes la juge évidente, au moins contructive,
avérée telle par ses intentions et actions, et s'oppose i, ce
que les advocats n'entrent plus avant eu contestation sur
le droict, puisqu'elle se contente de )a connoissance du
&ict. Les deux maisons ont de la pêne à convenir là-
dessns et furent sammedy à deux doigts prez d'une séces-
sion, s'estant levés en tumulte avec murmure et sans
respect des uns aux autres, ny raesme au Roy là présent,
,,Googlc
lui. Aïril.] — 4d2 —
pereaadez qae le lieutenant estoit farorisé par la maison-
haote, mais cela fut rappaîsé par des plus modérés, qni
dès l'après-disné firent reprendre les précédens arremens,
et le député a depuis esté ouy. C'est maintenant aos
maisons d'aviser séparément là-dessus. L'affûre est sca<
breuse et de grande conséquence. Le Roy entrelemps
a faict proposer au Parlement par le comte d'Hollande
(nouvellement &ict général de ses armées , le comte
Northumberlant s'en estant démis à cause de sa maladie)
de payer les trois-cens-mîlle livres sterlins promis aux
Escossois, puisqu'ils fondent leur demeure au royaume
sur cette insatisfaction. Cela faict, qu'il en fera sordr leur
armée de gré ou de force, comme ayans d'ailleurs esté
contentez sur touttes leurs demandes, offrant néanmoins
S. M. de faire casser ses années an mesme jour que
celle des Escossois sera retirée et desbandée en Escosse.
C'est une ailaire de grande délibération, pendant laquelle
la maison des communes (soubçonnéa de n'en désirer la
retraitto qu'après le jugement du lieutenant) a continué
la suspension d'armes et leur entreténement pour encor
un mois L'armée angloise est dite forte de dix-sept-
mille fantassins et de plus de deux-mille cinq-cens che-
vaux, sans les trainebans, qui est la milice des provinces,
tenue de prendre les armes pour la défence du royaume;
l'irlandoise de hoict mille hommes de pied et de mille
chevaux; l'escossoise passé les vingt mille hommes, que
de pied, que de cheval, soubz des chefs aguerriz. Celle
du Roy se renforce journellement et tous les officiers ont
eu commandement de retourner en leurs charges. Jusques
icy il y a lieu de raddoucir les aigreurs, mais, sy une
fois elles esclattent en rupture, la condition du Boyanma
sera misérable.
La Royne-mère, résolue de se retirer d'icy, pour espérer
plus de santé ailleurs, délibère sur le voyage qu'elle doibt
entreprendre. Ceux qui peuvent près d'elle et ne la veul-
lent quitter, lui conseillent celuy d'Italie et de prendre
son chemin par Hollande, louans de telle sorte l'air et le
,,.GoogIc
— 433 — [IMi. Aïril.
séjour dIJtrecbt qae cela faîct croire qa'ils ont quelque
dessein de l'arrester là; car uy son aage ny sa santé ne
sont pas pour loy permettre d'aller plos loing, et desjà
quelcnn d'entre ceux que le Roy de France entend d'es-
loigner d'elle , s'estoit descouvert de voulloîr prendre mai-
son à Amersfbrt Hier nous emmes lettres de messei-
gnenrs les Ëstatz, nous ordonnans de destonrner S. M.
de ce passage, par la considération des incommcdîtez
qu'elle seroit pour rencontrer en l'Empire, conune aussy
d'advertàr le Koy de leur résolution de tenir la coste de
Flandres investye de leurs navires de guerre, pour en
empêcher l'entrée et sortye, et de la prier que ses subjects
n'entreprennent rien au contraire. Nous aTiserons ensemble
sur les moyens comment proposer l'un et l'autre sans
chocqaer. Cela de la Royne-mère se peut tenter par
forme de discours, car rien ne la fera clianger, sy elle
en est résolue, au gré de ceux qui vivent de sa bourse
et peuvent espérer des joyaux après elle, mais l'autre
point veut estre traicté délicatement et de sorte qu'il ne
paroisse point que l'intérest de la France y soit aucu-
nement meslé, car on ne peut souffiir qu'elle s'avance en
Flandres. Les ambassadeurs de Portugal, après deux
audiences, se plaignent que le Parlement est cause qu'on
tarde à leur donner des commissaires. Ils tâcheront de
lier une amitié avec cette Couronne, par l'establissement
esgal et réciproque du commerce; cela conclu de passer
outre à traicter une confédération, au moins défensive.
Sur ce nous prions Dieu, Monseigneur, de donner pros-
périté en voz desseins et à vostre personne santé et lon-
gue vie.
De V. Â. très-humbles, très-obéyssans, et
très-Jidelles serviteurs ,
De Londres, ce 26 avril 16U.
,, Google
.i.]
■ 43i
• L.BTTRE IICCIV.
Lea mêmes aa même. Arrivée du jeune Prince.
Monseigneur, Nous fusmes le 29 de Taatre mois pen-
dre S. A. dans son bord, pour le descendre à Gravesend,
et ayans dès auparavant donné les ordres nécessaires ponr
sa réception, M. le conte de Lindsey, grand-cfaambellan
d'Angleterre , luy vint de la part du Roy encor le mesme
soir donner la bien-venue , et dès le lendemain nous pai^
tisme de compagnie en plus de vingt carosses et en quel-
ques barques. Il nous dit que S. M. avoit pensé de nons
donner audience publicque , mais anroit depuis préféré la
privée, comme plus familière, de sorte qu'il nous méneroit
tout droict en la chambre de la Royne, où le Roy se
trouveroit aussy. Nous eusmes à passer à travers tant de
peuple qu'il estoit qnasy impossible de gaigner la cour,
sans le bon ordre lequel avait esté donné de rue en me.
V. A. ne Bçauroit croire avec combien de bénédictions et
d'acclamations S. A. fut receue, et oserions bien dire qae
de cent ans il ne s'est faîct entrée en laquelle grands et
petitz ont tesmoigné pareille joye et satis&ction. Appro-
chans de la chambre de la Royne, encor d'assez loin,
M. le conte d'Arondel, avec M. le conte de Pembrock,
amenèrent le prince de "Wallea et le duo de Jorck au
devant de S. A., où se ât le premier compliment; delà
nous passions de compagnie en la chambre de la Royne,
S. A. à la teste. Après nostre entrée au Roy et à la
Royne, S. A. se déchargea aussy d'une courte et bien
troussée harangue, sans csmotion, et avec telle grâce et
asseurance que les dames qui l'admirèrent ne se'penrent
empêcher de le louer ^ haute voix, jusque Ut mesmes
que le Roy (après les complimens et certiâcations de son
affection) luy ayant dit qu'il trouveroit sa maîtresse tontte
jaulne et flattée de Van Dyck en son ponrtrwct, qn'i!
s'en pourroit repentir et dédire, la contesse d'Oxford
se trouvant proche du Roy, préoccupa sa responce, cau-
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 435 — [IMl. Mii.
tionoant pour luy qu'il ne )e fera point; la Rojoe le
print par les deux bras, comme pour le monstrer, et le
prononça bien pins grand qu'elle n'avoit pensé et déclara
lay voulloir estre ane seconde mère. Cela fiiict, S. A.
demanda permission de voir la Royne-mère et la Princesse
Marie, ce qne leurs Majestez luy accordèrent toutes fois et
quantes qu'il voudra. Le Boy durant toutte l'action se
tînt tousjoars debout et descouvert et commanda aux
Princes de Walles et de Jorck d'accompagner S. A.; ce
qn'îlz firent jnsques dans la salle des gardes, oii à pêne
nous en peosmes impétrer le retour. M. l'Ëlectenr se
tenoit proche dn Koy, maïs un peu derrière. De là S. A.
passa par le parq et entra sans cérémonie en la chambre
de ta Boyne-mère, ou il harangua pareillement, et S. M.,
après l'avoir bien contemplé, lay dit qu'elle l'avoit aymé
cy-devant, mais qu'elle l'aymoit maintenant doublement,
parce qu'il luy alloît toucher de près; restoit d'aborder la
maîtresse; elle n'estoit pas encor bien remise de sa fièvre,
mais il l'envisagea résolument et fit l'offre de son service,
snr laquelle la gouvernante respondit pour elle, en le
remerçyant; S. A. demanda après la Princesse Elisabeth,
laquelle il vit anssytost placée sur le lict, et par fois
dressée sur ses piedz par quelque dame et la salua sans
repartye. Son A. ny nous n'apperceusmes que sur le
tard' la présence du Roy et la Soyne, cachez !> l'autre
costé du lict, pour voir la rencontre de ces deux amou-
reux , qui s'échauffera par la bmiliarité. La maladie ex-
casa la Princesse de plus longue visite et Iroid entretien,
et après le congé prins, S. A. eust fort désiré de rendre
le devoir aux Princes de Walles et de Jorck , qui estoyent
lors ik leurs esbats et devoyent après assister ans prières
de leurs Miyestez et recevoir leurs bénédictions; qui eust
esté bien tard, et partant Ait S. A. priée de différer cet
office jnsques après que M. Vane en auroit appris leur
heure, de aorte qu'elle ne s'en est peu descharger plustost
que hier après disné, lequel fut de plus employé par S. A.
' Bilgieume op hct lutat.
,, Google
lui. M»î.] — 436 —
& renoaveller les mesmes visites d'avant-hîer. Cest,
MooBfligneiir, en gros l'histoire de la réception de mon-
seigneur le Prince vostre ftts, qoi en pourra mander plus
particulier ement It Y. A. Tant-y-a que pouvons dire en
vérité qae toute la Cour est plus que satisfàicte de lay,
et qne Inj pareillement a grande occasion de se louer de
sy favorable rencontre; sy ce contentement r^proque pent
opérer tel mouvement en l'âme de leurs Majestez qne de
nous accorder le transport de la Princesse , l'action et la
joye seroit par&icte. Incontàneut après la Pasque nous
travaillerons au faict du mariage en toutes ses pardes.
La maison des communes a déclaré le lieutenant d'Ir-
lande convaincu de haute trahison et ont esté de cet advis
pins de trois cens ; c'est à la maison-haute de se déclarer
là-dessus. Sur ce nous prions Dieu, Monseigneur, de
donner à Y. Â. prospérité en ses dessains et à sa per-
sonne santé et longue vie.
De V. A. très-humbles, très-obéissants, et
très-âdèles serviteurs,
H. W. V. BREDEKODS. FHANÇOYS D'aSBSSEN.
HBENVLIET. ALB. JOACHDU.
De Londres, ce 2 may 1641.
liGTTttfi BCCV.
Le jeune Prince ^Orange à ton père. Arrivée à Londres.
Monseigneur. Le 26 je parties de Hellevoetslois et
j'arivé ' à Margaet le 27 au soir; le 29 j'arrive à Gni-
vesant, là ofi je trouvay messieurs les embasadenrs, auqaels
je montré la commition' de messieurs les Ëstats, surqaoy
ils escrievèrent * unne lettre à monsieur Yaen pour lay
prier de vouloir demander an Eoy si ce seroit une an-
dience publicke ou particulière; le Roy trouva bon qne
ce fut unne particulière. Le conte de Linslé ' grand-
scfaamberlant du pals vint ce même soir à Graevesant
* fcrivircot. i Liadiej.
,,.GoogIc
— 437 — [IHl. Mai.
avec beaucoup de carossches, pour m'amener à Londres.
Le 30 je parties de Ghraevesant et j'allay dans ces car-
rossches jusque i Greenevich, Ih, où j'entray dans les ca-
rossches du Roy, lesquels m'amenèrent à Londres, droit
à la court du Eoy, là où je fiest la révérence au Roy
et à la Rêne; le prince de Gralles vînt an devant de moy,
jusques à la troisième entichambre, le Roy ne mît point
son achapeau de tonte l'audience ; du Roy j'enlay ceux '
la Rêne- mère et de là ceux la Princesse, laquelle je trouvay
plus belle que son portraict Le 1 de may je allay à 2
eures é demies ceux le Roy et la Rêne, et leur présenté
les lettres de V. A.; le Roy me dit que V. A, n'avoit
jamais mieux escrit que cette lettre là; de là j'allay ceux
le prince de Gralles et de là ceux la Princesse, à laquelle
je doné aussi mes lettres; je né pu point doué ce jour
là mes lettres à la Rène-mère, à cause qu'elle est en
dévotion. — Monsieur, il c'est pasé onne estrange afère
entre le prince de Talmont' et le conte Henry', pour ce
que le conte Henry estoit logé dans mon logis, ce que
néanmoins ne c'est point faict de mon ordere, mais sans
mon seu; cela s'est pasé ainsi; ils estoit tout deux dans
ma schambre et M'' de la Valette estoit auprès de moy;
cepandant que je ramenois hors de ma schambre, ils sont
demeurés dans ma schambre, mms il y avott aussi présent
M' de Rumme et Hautin, qui me l'ont conté ainsi. Le
conte Henri a demande au prince de Talmont s'il estoit
bien logé; il a répondu: „a83é3 bien," et a dit en même
temps: „vons m'avez auté * ma schambre," l'antre a dit
que non; le prince de Talmont a dit que oui, et Iny a
dit qu'il l'aprenderoit bien de luy avoir auté sa schambre;
le conte Henry a dit: „de quelle fason?" sur cek le prince
de Talmont luy a dit quelques insueres ', que ces mes-
sieurs n'ont pas pu ouïr, surquoy le conte Henry luy a
doné un démanti et un sonfelet; sur cela ils se sont sauté
' ytUti chei. * Henri de li TrfmDiiille , deêcendeni par ma pirt tt
par M mire (dachene d* Botiilion) de OuiltoKm* I.
* d« NuMQ-Siegen. * b\i. ' injarca.
,, Google
IMI. Mai] — 438 —
au collet, mais ses deux messieurs les ont sép&ré , snrquo;
je les fies d'ossitost mettre schacun dans unne schambre
à part, schacun gaardé avec deux de mes gentilshommes
et, pour les accorder, je soisies' le conte de Solms, M'
le Rijngraeve et monsieur [Harcourt], mais ils ne les ont
point pu accorder, sinon que le prince de Talmont et le
conte Henri ont dit qu'ils feroit tout ce que je leur com-
manderois ils feroit; le prince de Talmont disoit que le
conte Henry ne luy pouvoît point doné de satisbcUon,
mais que tout ce que je luy commenderoi, il feroit; snr-
qnoy je les et * faict venire tout deux aupr^ de moy, en
présence de ces messieurs, et m'ont demandé pardon qu'ils
avoit faict cela dans ma schambre, et ils m'ont doné toat
deux la parolle et m'ont tout deux promis sur la paroUe
d'omiÂe de bien et d'onneiu* qu'ils ne s'en demanderois
jamais rien plus. [Jonvilier] dira plus particoU^ment
tout à V. A. Avec cela je finiray, en demerant toute
ma vie, Monseigneur,
rostre très-humble et trës-obéÎEsant fili
et serviteoT,
OinLLAUUE DE NASSAU-D'OBANGE.
De Londres, ce 2 de may 1641.
LETTBE BCCVT.
Sivet au Prince d'Orange. Di^érenda eccUmastiquet ta
Angleterre; proch du Comte de Strt^'ord.
Monseigneur. Ëscrivant à Madame toutes les particu-
larités que j'ay apprises jusques icy, je ne divertiray point
V. A. par une répétition non nécess^re de ce que tant
d'autres plumes vous traceront et le pourront mieux qoe
moy; seulement dirai-je à V. A. que Dieu jusques icy«
fevorisé le voyage de monseigneur vostre fils autant qne
nous le pouvions désirer et espérer, et qu'il rencontre
' eboÏBÙ. ' ni.
D,g,t7cdb/GOOgIC
439 -
[lUl. M>i.
icy toutes sortes d'aSections pour le contentement de vos
Altesses et de luy; surtout si on peut obtenir l'advance-
ment da principal efiect, qui n'est point encor arresté
quant au temps. Le bon acceuïl que leurs Majestez font
à monseigneur est d'autant plus considérable', que toute
la cour est en perplexité pour ce confltct de résnlutions
qui se trouve entre le Eoy et ses subjets. Car quoique
S. M. n'excuse pas toutes les fentes du député d'Irlande ,
si est-ce qu'il ne peut digérer qu'on qualifie ses cnmes
du tittre de haute trahison, se fondant sur un arresté
d'Edouard IV lequel, pour obvier aux abus qui se com-
mettoient au jugement de telz crimes, où la passion sou-
vent estoît plus ooie que la raison, les restraignit à trois
cas, lesquels on prétend ne se trouver es accusations in-
tentées contre le dit député. Mais la chamhre-basse ré-
plique qu'il y a une exception, qui porte que, quoique
les juges ordinaires ne puissent passer outre, il sera né-
antmoins au pouvoir du Parlement de juger s'il se trouve
des cas équivalents, quoique non exprimés, qui puissent
tirer condamnation de haute trahison ; ce qu'ils prétendent
ici, et fut hier conclu par la chambre des communes,
laquelle deut rendre à la haute-chambre sa sentence et
les raisons de son procédé. Cela a esté faict, mais k
cause de leur pasque à dimanche, la décision est re-
mise k huitaine, auquel temps, si la chambre-haute ratifie
ce jugement, le Roy ne le pourra sauver que par une
violence qui roidira le peuple, tellement irrité qu'il dé-
chireroient plustost ce misérable' Conte. Ceci met encore
l'issae de toutes ces affaires en doubte, et les meilleurs
et plus sages sont entre la crainte et l'espérance. Je fus
hier entretenu longtemps par le primat d'Irlande, homme
sage, sçavant, et qui en cette dignité se porte avec grande
douceur et humilité. Je le trouvay sur ces choses en
perplexité et en crainte d'horribles confusions, jusques k
me dire, si elles advenoient, il se retîreroit en Hollande.
Il est porté jusques à ce point pour les affaires ecclési-
' rtmMqaaUe. ' nalbeanni.
,, Google
1641. Mw.] — 140 —
astiques qu'il recognoist que de droit divin les évesques
et tous autres pasteurs sont d'un lueame ordre et ne doi-
vent rien faire d'important que par conseil commun; que
leur supériorité, que la coustnme de l'Église leur a donné,
n'a de différence avec les présidens de nos synodes, si-
non que ceox-ci changent et les antres demeurent tous-
jours présidens; qu'il les faut régler aux synodes et
astreindre à prendre conseil des autres pasteurs, leur os-
ter la haute-commission, et les assubjettir aux censures.
n préside maintenant en la compagnie de ceux qui con-
snltent pour la réformation , qui sont composez de modérez
et d'extrêmes. Les uns et les autres me doibvent sonder
là-dessus. J'espère que Dïen me fera la grâce de m'y
comporter avec prudence, et n'estant pas juge, de ne me
porter aussi pour partie, mais faire la guerre à l'oeil,
sans préjudice de la vérité. Je tiens à grand advantage
que la pluspart advouent que cette supériorité n'est que
d'une constitution humaine, et renoncent librement Jt la
prétention du droit divin et de la différence essentielle
pressée par les autres hiérarchiques. Il sera mal-aisé,
sans ce tempérament, d'accorder les parties, et le Roy,
qui consent à la limitation et restriction, ne permettra
jamais l'abolition de cet ordre, pour le moins en Angle-
terre. Il y a encore prolongation d'un mois pour l'en-
tretien des deux armées, et je croy qu'il Êiadra bien en-
core estendre la courroye, puisque les affaires vont si
lentement. L'arcbevesque de Cantorbéri ' iMct bonne chère
en la tour de Londres et tâche de se divertir, estant
visité de ses amis, tenant la meilleure mine qu'il peut.
Montagu, évesque de Xordwic, un des plus pernicieux
de toute la bande et ennemy outré des Églises estrangères,
ayant esté cité ici, y est mort depuis trois jours, et ainsi
se trouve libéré du jugement des hommes, pour aller
respondre devant Dieu de ses actions et pernicieux escrits.
Cest ce que je puis adjouster à V. A., en attendant quel-
que plus particulière cognoissance, par une plus grande
■ Uu4.
D,g,t7cdb/GOOgI
^- h
— 441 — [1641, Mil.
fréquentation; car à peine avons nous ea le temps de nous
receuillir. Je roe rendraj le pins soignens qne je poQiray
d'apprendre les choses pins asseuréea et rendre compte
k V. A. de ce que je descouvriray, priant Dieu ce pen-
dant, pour la santé et prospérité de V. A. et le succès
heureux des grandes affaires de l'E^stat en vostre mun,
estant d'obligation et d'affection de V. A., Monseigneur,
le très-humble, très-obéissant et très-
fidèle serviteur,
AHDKi Bivrr.
De Londres, le 2 mny 1641.
Style
1..BTTRB DCCTII.
M, de SommeUdyck im Prince d'Orange. Nouvelle! diverses.
Monseigneur. Après tant de lettres qui vous viendront
k la fois, ce seroit chose superflue de vous parler de l'en-
trée et de la réception de monseigneur le Prince vostre
fils, qui a esté telle que ne l'eussions sceu espérer plus
honorable, et de son costé il a sj plènement contenté leurs
Majestez, les grands et le peuple, que tons ont admiré
en Iny les dons de sa nature et la parfection de son édu-
cation. Il a prononcé ses petites harengnes de sy bonne
grâce et avec tant d'asseurance que cette actjon est pour
luy acquérir l'amour de tons. C'est tout ce que j'en diray,
et sur ma conscience, sans flatter, à pêne de perdre l'hon-
neur de vos bonnes grâces, sy je n'en diz moins que la
vérité. Tontte la Cour a accourru pour luy donner la
bienvenue. M. l'Électeur délibère encor, mws se trompe
s'il pense qu'il le visite premier. Il nous convient de
mesnager la vogue de la cour et, sy mes advis ont lien,
j'espère qne l'opinion des grands et la faveur des daines
ayderont à faciliter ses désirs, au moins à luy accroistre
la réputation. Nous avons ce matin entamé le propos du
mariage et, comme nous estions encor à mesme, M. Vane
,,Googlc
IML Mii.] — 442 —
est survenu, et après quelque entreject de plusieurs dis-
cours, est auasy tombé sur cette matière de soj-mesmes',
venant d'en conférer avec le Roy, et nous a ^ct espérer
que dans la semaine prochaine, sy le désirons, on passera
à la solemnisation , laquelle luy avons déclaré d'attendre
complette en touttes ses parties, dont avons parlé en des-
tail, pour ne rien omettre, sans toutesfois y mesler le
transport, duquel ne doibt estre faict mention qu'après le
mariage, car il y a plus de droict de demander son épouse
que sa maltresse. Nous aviserons aussy sur la distribution
des présans, selon l'ordre et l'instruction de V. A. mais
la vaisselle n'est pas encor preste et ne peut pins gnères
estre tardée. Nostre retonr sera basté ou différé par l'ap-
parence que verrons au succès ou désespoir du transport
On a suscité l'Empereur et la Savoye de demander la
Princesse et ont esté payez de chose l^ote. Ces menées
et tout ce qui de plus est à cnùndre, cesseroyent, sy
leurs Majestez, pour leur repos et le vostre, se pouvoyent
résoudre de mettre la Princesse entre voz mains, pour de
bonne heure et sans pèue apprendre le pays et la langue.
Y. A. nous face, s'il luy plaist, l'honneur d'estre assenrée
que nous n'y espargnerons aucune persuasion à l'obtenir,
et de jour à autre nous vous informerons de noz progrès.
M. de Yendosme ne fait plus sentir d'avoir intention de
passer la mer, comme il faisoit lors de son arrivée; l'es-
troitte alliance de measeigneurs les Estats avec la France
luy &ict peur, et la Royne-mère ne sçauroit estre mieux
divertye de prendre son passage par la Hollande qu'en
laissant une pareille appréhension à ses plus confideD!
ministres, qui cnûgnent le grand pouvoir du Cardinal
parmy nous, à cause du besoin qu'on y a de sop secours-
M. Khouto est pressé d'entreprendre tundy le voiage de
Katisbone, pour entamer le traicté particulier avec Bavière
et nous a S. M. faict demander sy avons pouvoir <le
trùcter sur le mémoire de M' l'Electeur, qu'elle nous
avoit cy-devant faict communiquer; V. A. s'en peut mu-
' Bél^ituau oit lieb kcIT.
,, Google
— 443 — [1641. Mii.
venir; nostre responre a esté qu'avons pouvoir de traitter
une ligne offensive et di^fensive, avec la conjonctîoD de
la France, que là il pourrait trouver quelque condition
et non autrement; surquoy je sçay (et V. A. le tiendra
secret, s'il luy plaist) que le Roy tâchera de le faire par-
tir, afin d'apprendre les intentions de messieurs les Estats
sur le lieu et de conférer plènement de ses aSaires avec
enx. Il est certain qu'on le désire hors d'icy. Il est
d'autre part à propos que le difiTérent des Indes Orien-
tales soit vuidc; S. M. le nous ^ct recommander, ne dé-
sirant point que les plaintes en aillent au Parlement, où
elles pourroyent estre relevées avec aigrenr, au lieu qu'on
doibt nourrir l'amitié entre les peuples de part et d'autre.
Je prie Dieu, Monseigneur, de bénir vos desseins de suc-
cès et vostre personne de santé et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssaot
et très-fidèle serviteur,
FKANçors d'xebssen.
De Londres, ce 3 niay 1641.
LBTTttE BCCTin.
Jiivet au même. Dangereux état de tAnglderre.
Monseigneur! Le voyage de M' Thomas Itoo, M' le
baron de Dona, qui va en la mesme compagnie et qui porte
les advis de M" les Ambassadeurs, informeront V. A. si
pleinement de ce qui se passe ici que je ne puis en rien dire
qui ne soit superflu, si je me jette dans les particularitez;
maie en général je puis bien asseurer V. A. que tout ce qui
regarde monseigneur le Prince Guillaume et ce qui l'a ici
amené, s'est passé avec tout le bonheur que nons eussions
peu désirer, et que l'espargne des triomphes et magnificen-
ces a esté récompensée par des tendresses si grandes de
la part de leurs Majestez et par des caresses si extraordi-
naires, qu'il ne se faudroit plus promettre de vérité et
,,Googlc
1«1. M«i.] — m —
de sincérité de personnes si relevées, s'ilz n'avoient inten-
tion de prendre arec vos Altesses les intérêts de père et
de mère en son endroict. Je prie Diea, qni leur a mis
au coenr, qu'il les rende constans en cette bonne résolu-
tioa et qne devant le partement nous puissions avoir une
parole royale, pour le temps conrt et préfix du transport
de madame la Princesse, vostre belle-âlle. — Les affiûres
publiques icy sont eu un estât fort dangereux. Le Prince
et le peuple débattent de l'autorité. S. M. s'est déclarée
fort avant pour ne permettre que le député soit traict^
comme criminel de lëze-majesté. Les communes s'opiniaa-
trent au contraire et la basse-chambre en est venue là
de faire ce qu'ils appellent un convenant, comme en Es'
cosse, pour s'unir ensemble et ne rien rabattre de leurs
résolutions. Le peuple s'est assemblé en grand nombre,
criant justice, et ne cesseront tant qu'ils ayent la teste
de ce misérable depnlé, qui est en danger, si le Roy ne
l'abandonne à la justice, d'estre mis en pièces et les se-
ditions populaires semblent infallibles et très-dangereuses,
si on ne le faict bien court Je veoy les plus sages et
meilleurs en grande peine et les ecclésiastiques fort eston-
nez, car Testât auquel les choses sont venues ne nous
promet rien de modéré. Je souhaite de tout mon coeur
que nous puissions sortir bientost d'ici, de peur d'y voir
quelque désordre dangereux. Le Koy est venu bien avant
pour céder, et les peuples ont une trop grande présomp-
tion de leur force pour se laisser persuader. Quelques
malicieux ont faict courir icy le bruict que messieurs les
Ëstats avoient iaict tenir au Roy trois milions, pour luy
aider à. dompter ceux qui croyeot qu'il ne peut avoir
d'argent sans eux. Les sages ne le croyent pas et cela
n'empêche pas que monseigneur nostre Prince ne demeure
en l'approbation et en l'affection de tous, autant qu'on le
peut cognoistra Je désire qu'il face bientost voile vers
vos Altesses, pour laisser ici cette bonne bouche, comme
j'espère qu'il fera et que les folies de quelques-uns de nos
jeunes gens ne seront pas imputées aux principaux, ni à
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 445 — ■ [i««. H».
tonte la compagnie. Je ne m'en oavre point davantage, lais-
sant cela à ceux qaî sont du mestïer et qui recoarront k
la sage prndence de V, A., pour gnérir an mal qui ne
peut recevoir de remède qno de vos muns. Je prie Dieu
qn'il les fortifie, en tont ce que V. A. entreprendra pour
sa gloire, ponr le bien de l'Estat et l'honneur de vos
armes, conservant Y. Â. en la parfaite saoté qae \ny de-
mande pour vous, Monseigneur,
De V. A. le très-humble, très-obéissant et
très-fidèle serviteur,
AVOUÉ RIVET.
De Londres, le y„ may 1641.
LETTKE BCCIX.
Le Comte de Wanoick à la Princesse ^Orange. Éloge da
jeune Prince.
*,* Robert Rkb, somte da Wirwick: „Uie grMtcil patron of tlie pariboi .
bccaute of mnch Ifae greakrt estite of ail wbo tnoani thcm." Idareiukm).
Madame. Comme rien du monde m'estoit si agréable
comme l'avenu ' de monseigneur vostre fils icy et l'ocation,
anssy rien ne pouroit me donner plas de regret qn'il et '
arrivé icy en nn tell temps qae ce n'estoit possible pour
moy pour luy rendre un continuel service, comme son
méritt et mon coear désiroit luy rendre, estant tousjours
en les affaires d'E^tat et du Parlement, pour nous vider
des genres' civiles, que j'espère Dieu nous délivrera. Sans
flater, Madame, permettes moy de dyre à V. A. que vous
avés nn très-gentill cavalier à monseigneur vostre fils, qui
c'est comporté si bien qu'il a gainé' tout le monde ïcy,
et ^ct un entier conqueste de tout ce pays, et rïen n'y
manque, à coroner son voiadge d'îcy que le retour de
madame la Princesse avecq loy, lequell j'ay déaire avec
passion, ponr le contentement de monseigneur le Prince
I la renae. * eal. > guerres. • g*giiJ.
,, Google
IHI. Mm.] — 44o —
d'Orange et V, A. D seroît trop d'împortaner V. A.
pour déclarer tes raisons qae je le désire, maïs V. Â.
peut les bien juger et moy, comme le plus obligé servi-
teur de V. A., le conseille que vous importunés le Roy et
la Reyne de l'eavoier k V. A. aussy tost qu'il est pos-
sible, vers le fin de l'esté, car M' Rivett et ' un melienr
instructeur que père Philippe *, et je ne manqueray ce pen-
dant de contribuer mon pouvre avis pour l'effecter'. Madame,
je suppliray tr&s-bumblement V. A. me contioer* l'honneur
de vostre favenr et commendements, comme cela qui
m'est le plus précieus, car mon ceull ' ambition est de vi-
vre et mourir. Madame,
vostre plus que trè&-humble serviteur,
WARWICK.
t LETTAB DCCX.
Ijts Âmbattaàeur» m Angleterre au Prince (tOrange. fit
jour du mariage est fixé ; leur avis mr le blocus projeté
de la Flandre.
Monseigneur. Depuis ta nostre du 3 sur l'arrivée et
ta réception de monseigneur le Prince vostre fib en cette
cour, S. A. va tousjours augmentant en laveur, ayant
tontte permission et l'honneur de iréqnenter journellement
le Koy, la Boyne, les Princes, mais particuliërement et
familièrement la Princesse sa fiencée; et après avoir recea
chez tuy la visite de tous les grands, mesmes des am-
bassadeurs de Portugal et de Venise, réservé monseigneur
l'Electeur seul, qui semble encor délibérer là-dessus, S. A
commence aussy à son tour de leur rendre maintenant
pareil olBce, avecq quelque lenteur tontesfoîs, par ce que,
s'il ne les prend de grand matin, ou bien incontinent après
le dîaner, il les trouve engagés au Parlement, et comme
S. A. s'acquitte bien de ce qui dépend de Iny, nous pren-
nons aussy pêne de vuider ce qui est de nostre charge,
' «al. * emfetteuT dt la SAite. ' effectuer. * caotiQDer. ' «nil.
,,.GoogIc
— 447 — [iMi. u«i.
alïÎD d'avancer le mariage, sur les formalitez duquel ayaut
dressé le mémoire cy-joinct à la reqnbitîon de M. Vane,
S. M. le mit devant-hier au matin en délibération avec
messieors nos commissaires , lesquels ensoitte vindrent
hier trouver S. A. au sortir de table, pour en commu-
niquer avec nous. Leur entrée fut, que S. M. avoît
trouvé bon de nous accorder tout te contenu de nostre
escrit; qu'il n'y a que deux vojea pour effectuer le mari-
age, l'une longue, sj prétendions la cérémonie et le festin
solemnel, qui pour ses apprests demandoït pour le moins
un mois de temps; l'autre courte et sans rien d'extérieur
et nous en lut donné le choix; nous acceptâmes celle-
cy, car leur inclination sembtoit y aller aussy. Le jour
doncq des esponsailles fut arresté pour dimanche prochain,
en la chapelle de S. M.; mais avant que de nous séparer,
croyans que M' l'Electeur seroit appelle avec nous au
petit festin, nous priasmes messieurs les commissaires de
considérer que toutte la Cbrestienté jetteroit l'oeil sur cetle
action, et partant qu'ils voullussent avoir soin de la di-
gnité et du rang de nostre Estât, connu et en possession
de suivre immédiatement la république de Venise, devant
touttes les testes non couronnées, et nous repartirent qu'il
y seroit assez ponrveu, sans qu'en eussions aucune crainte.
Toutesfois devers le soir et en particulier il fut dit à
aucuns de nous que le Roy, la Koyne et la Royne-mère
mangeroyent avec leurs enfans seuls et en privé; que pour
les ambassadeurs ils seroyent traictés i, part, à la table
d'un des seigneurs; aurquoy ayant esté plènement traicté
entre nous, et considérans le peu de respect qui au veu
du monde reviendroit k l'Estat d'un tel traictement, nous
avons pensé plus à propos, sy on ne change, d'achever
tout ce qui est d'essentiel au mariage, de retourner après
manger chez nous sans bruict, et de là aller de rechef
msister au coucher du Prince et de la Princesse. Dans
deux, trois jours après le mariage, le transport sera mb
en jeu, par voye de supplication, et sy ne l'obtenons pour
le présent, qu'au moins on en veuille raccourcir te terme.
,,GoogIc
lUi. Mil.] — 448 —
En particulier ce désir est jagé juste et fort raisonnable
par ceox-mesmes qui j peuvent, et verrons en l'occasion
jusques où iront les offices qu'ilz nous ont &îct espérer,
sans néanmoins j précipiter rien, ny aussy non» entrete-
nir de long doute. La décision s'en fera en peu de jours,
laquelle nous réglera d'une ou d'autre sorte, et sy leurs
Majestez ne venllent estre persuadées, nous préparerons
ansaytost touttes choses an retour ' et manderons au vice-
admîral d'envoyer à cet efïêct quelques navires aux Dnns,
où S. A. s'embarquera plus commodément et aurons tous
moins de mer à passer.
Les officiers anglois et escossoïs qu'avons rencontré en
cette Cour, ont esté faictz sommer par nous de se rendre
en leurs charges, avecq quelque commination aux contre-
venans, en conformité des commandements de Y. Â.', et
voulions espérer qu'ils y auront satisfaict
Messeigneurs len Estatz-Généraus par denx lettres, nous
mandent avoir résolu de tenir estroïttement investis les
ports de Flandres, et nous ordonnent de le faire trouver
bon au Roy, avec dextérité et aecrétesse; d'advertir de
temps en temps de noz rencontres et d'en traicter priva-
tivement avec V. A., laquelle s'en fera lire les lettres,
s'il luy plaist. Surqnoy ayant esté par nous délibéré,
nous trouvons bien que de droict de gens, et à l'exemple
des François et Anglois, ils sont fondez de l'entreprendre,
doutons toutesfois que c'en soit le temps. Sy le proposons,
ceux du conseil doivent estre préparez devant; l'esclat
s'en fera anssy-tost et nous voylà hors du secret; ve-
nans d'en estre refusez, l'o&ense sera bien plus grande,
sy passons outre; ce sera une dure entrée à une nou-
velle alliance, qu'on prétend bastir sur le mariage; c'est
le ti'oisiesme de nos quattre points, proposez an Roy de-
vant plus de seize mois. Y. A. se peut ressouvenir que
le Roy nous reprocha lors que les nostres portoyent jour-
nellement des marchandises de contrebande aux ennemys;
que les en fissions chastier premièrement, et qu'après il
' Belgitinu loor hA vuirek. * p. 429.
U,g,t7cdb/GOOgIC
— 449 — (IMi. Mii,
TouUoit penser à en faire antant aux siens. Mùntenant,
Monseigneur, on prétend de faire précéder la défense
du Roy, pour tascher, au moyen d'icelle, de ranger par
après ceui du pays; ce que pensons impossible; encor
y auroit-il quelque coulleur, sy le règlement estoit jà
estably sur les nostres; outre ce que le Roy entretient
la paix avec le Roy d'Espagne principalement pour le
proufit qui en revient à ses finances et subjects par le
commerce, il y a danger que n'attirions tout le Parlement
sur nos bras, et partant, Monseigneur, avons pensé devoir
attendre une seconde jussion sur nostre remonstrance ,
avant que de rien entamer en cette matière. En tout
cas serait plus facile d'excuser l'entreprinse devant le
refuz, car lors se devroît travailler îi faire avoir lien le
drait des gens et la prattique de ceux-mesmes qui s'en
voudroyent plaindre; mais la raison veut que commen-
cions par nous-mesmes. V, A., s'il luy plaist, prendra
en bonne part cette liberté, d'autant que nous voyons les
humeurs de ce royaume en tel estât que ne pourrions
espérer obtenir aucuue interruption de commerce de leur
consentement. Toutesfbis nous obéyrons ponctuellement
il tout ce qui nous sera prescript de V. A., en cas que
soyons encor en cette Cour, et l'ambassadeur ordinaire
s'en pourroit entremettre après nostre départ Nous dif-
férons aussy les devoirs pour divertir la Royne-mère de
passer par les Provinces-Unies k quand S. M. aéra mieux
résolue de son voyage, lequel nous voyons attendre encor
quelque advis de France. Le plus expédient moyen seroit
de mettre, soubs main et soubs l'apparence de confiance,
en doute la seureté particulière de ceux qui contre l'ad-
vis de tous engagent S. M. k ce chemin (dont sa corn-
plexion ne luy sçauroit promettre l'achèvement), à cause
de l'estroitte alliance de l'Estat avec la France et h grand
nombre de ceux qui estiment beaucoup l'amitié de M.
le Cardinal Cela seul, Monseigneur, seroit capable d'al-
térer leurs conseils, en séparant la garentye de leur par-
ticulier d'avec te respect qu'on garde à S. M. — L'affaire
III. 29
,,Googlc
1641. M»i.] — 450 —
du lieatenant d'Irlande est à sa crise, tirant à une fin,
mais dangereuse, s'il n'y a plus de prudence ot de mo-
dération. Il n'y a que quatre jours qu'il fut présenté
Que nouvelle requeste contre luy au Pariement, signée
de plus de vingt mille des plus qualifiez de cette ville.
Ce jourdhuy les advocatz de part et d'autre plaident
sur le droit; après doîbt suivre le jugement La maison
des communes, persuadée qu'il y a dessein de le faire
évader, a faict doubler les gardes en la tour et retirer
les ancres et les voiles d'un navire suspect d'avoir esté
destiné à cela. Le Roy, ayant &ïct appeller hier ceux du
Parlement, respondit sur leur trois demandes: la première,
que de six papistes il n'en restoit plus que deux en cour;
que c'est aux Boys de choisir leurs serviteurs et qu'il en
usera de bonne sorte; qu'il fera désarmer les papbtes par
tout le royaume selon les loix; mab, pour la cassation
de l'armée d'Irlande, qu'il y avoit à songer comment ;
désïroyt que les deux autres fussent aussy payées et licen-
tiées, afin de passer outre aux ordres et règlements néces-
saires au bien et repos du royaume. Sur ce, Monseigneur,
nous prions Dieu, de donner ^ Y. Â. prospérité en ses
desseins et santé et longue vie à sa personne.
De V. A. très-humbles, très-obéyssans et
très-fidelles serviteurs,
H. W. T. BBEDEBODE. FRANÇOYS D'aERSSEN.
V. KEBOHOVEN d'hEKNVLIET. JOACflllU.
De Londres, œ 9 mai 1611.
■ t LirrrKB bccxi.
i*iitn. ijf Prince ^Orange aux Ambassadeurs en Angleterre. Il
se réjouit du bon accueil de son fils.
Messieurs. Vos lettres du 2 de ce mois, que Jonvillier
me rendit hier, m'ont apprins avec beaucoup de conten-
tement et de satisfaction ce qui s'est passé pardelà à
' minule de la auria d* X. dt ZaylieÂem.
,, Google
— 451 — [1641. Mii.
l'arrivée et réception de mon fils, où j'advoue qu'il me
semble avoir recea tout ce qui se pourroît soahiûtter
d'honorable accueil et de témoignage de bonne volonté,
et m'en ticoa particalièrement redevable à la sage et
prudente conduitte qa'il vous a pieu y contribuer de
vostre part J'espère que vous en continuerez les eflfects
à mon dit fils, durant le séjour qu'il sera obligé de faire
par delà, et nommément que vons aiderez à procurer
discrètement que ces premières caresses soyent bientost
suivies de la solemnisation du mariage et que de là ou
paisse obtenir l'advoeu de leurs Majestez pour le trans-
port de la Princesse, à ce que tous ensemble puissiez en
bref vous en venir par deçà, qui est ce point principal,
auquel vous sçavez combien il importe qu'on tâche de
parvenir par toutes sortes d'inductions et voyes ima^na-
bles. Parquoy je ne puis m'empêcher de vous le recom-
mander de nouveau et avec toute instance. Souhaittant
au reste d'avoir occasion de me ressentir envers vous de
tant de &veurs dont vous m'obligez continuellement, comme
tout porte d'mlleurs de vous tesmoigner que je suis etc.
LETTRE DCCXII.
Riv^ au Prince ^Orange. Proch du Comte de Strafford.
Monseigneur. Comme l'al&ire qui nous a ici amenez
va aussi bien jusques à présent que nous eussions peu
désirer, grâces à Dieu, les publiques d'autre part sont
en un estât bien doubteux et chancelant; car à mesure
que le procès du Conte de Strafort semble approcher de
son terme, les humeurs s'aigrissent et se roidissent en
leurs résolutions et la longueur de la procédure donne
lieu aux pratiques de ceux qui le voudraient sauver. Il
y a quelques jours que la chambre des communes le dé-
clara crimiuel de hante-trahison, et eut ordra de mettre
sa sentence par escrit, pour estre communiquée à la cbam-
39*
,,Googlc
1841. M«i.] — 452 —
bre-haute, ce qui fdt faict, et ponr ce qu'elle demandoît
escIairciBsement sur le point de droit, hier, les deux
chambres estans assemblées et le criminel amené, un ha-
bile homme choisi par la chambre des communes, durant
l'espace de deux lieures, apportant avec luy tous les til-
tres, confirma les accasations et tira la dite conclusion,
arec une présence d'esprit fort grande, un estonaement
dn criminel, qui n'avoit point pouvoir de parler davan-
tage, et un applaudissement de tons ceux pour lesquels
il parloit Le Roy y estoit et marqnoit les points prin-
cipaux. Sur cela on est en attente de la conclusion, la-
quelle ne peut longtemps tarder. Le jour devant S. M.
avoît assemblé tout le Parlement à Wîtbal, tant pour
respondre k quelques demandes qu'ils luy avoyent faictes,
que pour leur faire aussi la proposition de congédier les
deux armées, qui consument le pays. Il leur dit que
pour les papistes de la cour, desquels ils avoient demandé
le bannissement, il y avoit pourveu; que pour le désar-
mement des autres par tout le royaume, il avoit com-
mandé aux gouverneurs des provinces d'exécuter pnnctn-
ellement sur cela les ordonnances de la feue Reyne Elisabeth ,
mais qu'il ne pouvoit casser l'armée d'Irlande jusques à
ce que les autres fussent séparées. Cela dit, il se retira
sans response. Comme les soupçons s'accroissent, on dit
que quelques vaisseaux ont esté descouverts la nuict près
de la Tour de Londres, qu'on veut avoir esté là pour
attendre le député qu'on vouloit sauver. On adjouste
qu'il y avoit commandement au sieur de Balfour de le
fevoriser, mais cela n'est pas avéré; néantmoins on luy
a doublé ses gardes. Hier matin je vi ' l'évesque de Lon-
dres, grand-tbrésorier. Il me fit de grands complimens
sur le mariage qui se doibt célébrer dimanche par ap-
probation universelle, mais adjousta qu'il me prioit de
&ire entendre de sa part à monseigneur le Prince Guil-
laume et à messeigneurs les ambassadeurs qu'îlz avoient
un grand desplaisir de ne le pouvoir célébrer avec les
D,g,t7cdb/GOOgIC
i
■ 453 ■
[i«4i. :
magnificences deues en tel cas etaatresfoia pratiquées; que
ce n'estoit pas faute de bonne volonté, mais que l'estat
déplorable du royaume et le dangereux paroxîsme auquel
il se troavoit, ne le permettoit pas; qu'Us avoient hont«
de l'obmettre, mais que la nécessité présente et la brief-
veté du temps les excnsoit aucunement. Sur quoy je luy
dis avoir oui de messieurs les ambassadeurs qu'ils tenoient
à grâce une prompte expédition, laquelle récompenseroit
aucunement les magnificences qui les détiendroieat pins
longtemps, et sur ce qu'il adjousta que, s'il j avoit quelque
chose qui despendist d'eux, que monseignenr le Prince
Guillaume et messieurs les Estats désirassent ou deman-
dassent, ils n'auroyent rieo pins à coeur que de récom-
penser ce défaut par l'ottroy de quelque antre chose, je
m'advançay sur cela de luy dire que devant nostre par-
tement il s'en pourroit présenter une, qui nous seroit
non seulement équivalente, mais laquelle nous renvoyeroit
avec nn parfaict contentement , si mon dit seigneur et
messieurs les ambassadeurs demandans que la nouvelle
espouse leur tust donnée pour estre nourrie près de Y. Â.
en la religion, moeurs et façons du pals oïl elle aura à
vivre, luy et ceux qui ont du crédit aidoient & faire pren-
dre cette résolution h. leurs Majestez. H me dit qu'il le
feroit de tout son coeur, pourcequ'il le trouvoit non seu-
lement raisonnable, mais aussi nécessaire. Kéantmoinsje
ne me l'ose promettre si tost, combien que j'espère qu'on
abrégera le terme, car l'archevesque primat d'Irlande me
dit le mcsme jour qu'il a\'oit proposé au Roy une dame
fort sage, craignante Dieu et très- vertueuse, qui parle
diverses langues, pour mettre avec madame la Princesse,
k quoy le Roy lui avoit respondu qu'il y auroit temps
d'y penser et que cela n'estoit pas encore prest. Je trouve
tous ces messieurs fort estonnds sur l'estat présent et en
grande crainte de mauvais événemens, qui semblent ne se
pouvoir éviter, en quelque manière que ce décide l'afiàîre
de ce Conte, pour ce qu'il &ut nécessairement que la cour
ou le peuple succombe, que l'une perde beaucoup d'au-
,,Googlc
1641. M«i.] — 454 —
torité, ou que, ei elle la veut maintenir, Tautre partie
se jette dans les confusions et séditions, qui mettront le
feu partout. Ceux de Londres ont présenté un rôle,
signé par dixliuît-mille personnes et adjoasté que, s'il est
besoin, ils y en feront joindre trois fois autant, qui crient
„03te" contre ce misérable Conte, que d'autres cependant
prisent comme un des grands hommes du siècle, et soït
que le milord Digby ait véritablement esté converti par
ses responses, soit qu'il ait changé par d'autres considé-
rations, ftu jour auquel la chambre des communes, eu
laquelle il est député, prit sa conclusion, il représenta
que, comme î) avoit esté le premier à l'accuser avec grande
véhémence, il le trouvoit si net après ses défenses, qu'il
tiendroit à grande injustice de le condamner, et parla
avec tant d'efficace que de deux cens cinquante voix il
en tira plus de cinquante après luj. Voilà, Monseigneur,
ce que j'ay peu apprendre et que j'ay trouvé digne d'en
entretenir Y. A., qu'elle pourra sçavoir par d'antres miens
que par moj, mais j'ay deu obéir en cela, comme en
tout ce que je poarray, aux commandemens de V. A.,
pour la santé de laquelle je prie Dieu de tout mon coeur
et pour l'heureux succès de ses hauts et utiles desseins,
pour la gloire d'iceluy et le bien de l'Estat , comme y est
obligé de tout droit, Monseigneur,
de V. A. le très-humble, très-obéyssant
et très-fidèle serviteur,
AHDSé al VET.
De LondreB, le 10 iiiay 1641.
LBTTKB DCCXni.
Af. de Sommeîsdyck au Prince ^Orange. Célébration dit
mariage.
Monseigneur ! Le baron de Dona ' sçaura miens dire
à V". A. l'histoire de noatre mariage, qu'une longue lettre.
Jja. célébration s'en fit publique devant-hier en ta chi^Ue
> Albert d« Dobiia (1621— IflTT) gendn d* Brtdtrodt.
,,Googlc
— 455 — [IB41, M«i.
et présence du Koy, avec l'ordre, la soletnnîté et seareté
que pouvions désirer, mesmes assez par dessus. S. M.
ea conduisit l'action, présenta et plaça la Princesse et le
Prince devant l'autel, prenant leur droicte et nous lais-
sant la main gauche; obligea l'un et l'autre de hausser
lear voix aux promesses, à l'imitation de l'évesquc d'Ely,
corrigea par résumption ce que tous deux &lloyent ' de
bien saivre. Elle fut menée entre ses deux frères et,
le mariage faict, rammenée entre M. de Brederode et
raoy, et S. A. entre les Princes, jusques dans la chambre
du Roy et de la Koyne-mère où, après nostre compli-
ment, ils recourent séparément la bénédiction de fort bonne
grâce et furent disner en privé avec leurs Majestez. Kous
en suivismes l'exemple chez nouz, encor que conviez en
quartier à part par les premiers seigneurs de la cour,
mais nous eusmes réflexion sur la dignité de l'Ëstat
L'après-disué se passa en promenade du Roy, de la
Koyne, des Princes et nouveaux mariez au mesmo caresse.
Sur le soir nous retournâmes pour assister au coucher.
La Eoyne emmena la Princesse pour la faire deshabiller
et mettre au lict; le Boy dit à S. Â. d'en aller &ire
autant en sa chambre qui l'avoit ' quitée pour l'en accom-
moder ; après quelque temps M. le Prince de Walles le
vint sommer de venir coucher, que sa seur l'attendoît au
lict; mais tardant encor, le grand -chambellan luy déclara
que le Roy et la Royne estoyent prestz ; il entra doaq
avec sa robbe de chambre, et le Roy le reçut au costé
gauche du lict, la Princesse occupant l'autre, près du
bord, où la Royne estoit assise. La presse fiit grande,
et quoyque S. M. s'en faschast, il &llut passer par là;
S. M. le mit entre les deux draps et le poussa autant
près de la Princesse qu'il peut, à laquelle il présenta un
buser d'abord, pour lequel recevoir elle y porta la teste,
mais la voulant approcher et toucher de la jambe , il des-
couvrit le piège, car on luy avoit mis une chemise sy
longue qu'elle s'en trouva toutte enveloppée; le nain ofîrît
' qu'il iToit.
,, Google
leil. Mii.]
au secours ; ce fut lors qu'on se mît à le
railler ; et Iny à baiser son épouse ; ce spectacle dura '
heure et demie; la minuit nous sépara, la Princesse ne
bougea et S. Â. s'en retourna en mesme posture vers sa
chambre qu'il eatoît venu. Cela faict, je fus remercyer
et féliciter leurs Majestez de cet accomplissement et le
Koy me dit: „le mariage, Dieu mercy, est achevé en
despit et malgré de plusieurs, notamment de quelques-
uns qui en sont marrlz et desquels je ne l'attendoy point,
dont il me desplaîst bien fort," sans s'en expliquer da-
vantage. Hier au matin estans retournés voir S. Â., le
Koy y survint aossy tout seul, et caressa S. A. autant
que son propre filz, et il y a desjà une trës-estroitte
amour liée entre le Prince de Walles et luy- Quand
au mesme temps les présens eurent esté donnez par luy-
mesme à l'espouse, le Koy dit qu'ils estoient trop beaux
et précieux pour estre payez d'un baiser. Tant-y-à, Mon-
seigneur, qu'il ne se peut rien adjouster d'honneur et de
bienveillance à cette action , que leurs Majestez n'en ayent
encor faict plus grande démonstration. Nous sommes main-
tenant k penser au transport et commençasmes d^ hier
par la Royne-mère, ce qu'achèverons par les commissaires
et ceux qui peuvent, car il va estre temps de préparer
le retour, de peur que la grande bonté et familiarité ne
nous face perdre le respect et la réputation que S. A.
s'est acquise.
Nous sommes en pêne du Boy et du repos du royaume.
S. M. déclara samedy en la maison-haute que sur sa
conscience il ne trouvoit point que le lieutenant eut com-
mis haute-trahison, bien trop d'autres crimes qui le ren-
doyent incapable de la moindre charge du Boyaume,
pouvant partant approuver qu'il fut confiné en sa maison
et à deux milles à la ronde, sans rappel. Cela prononcé
les deux maisons se levèrent en silence et hier matin,
jusques au soir, se présentèrent plus de dis mille personnes
devant Westmunster, demandans justice contre le lieutenant.
,, Google
— 457 — [1641. Uii.
crians „i, Weythal, h Weythal," c'est à dire, qu'ib iroyent
au Boy et comparoîstroyent ce jourdhuy en armes. Ce
qu'en partye s'est faîcL Le desein semble aller sur la Tour;
le Boy et le peuple prétendent que Balfour leur obéysse.
Le Roy et son authorîté, que je ne die davantage, cour-
ront grand fortune ', au dire et gémir mesme de la Royne.
Tout consiste à sçauver ou à perdre le lieatenant. Les
trois Royaumes se lient par confédération perpétuelle, pour
la manutention de la religion, de la liberté, des privilèges
fit des loix. Je sais trop long après M. le baron*, priant
Dieu, Monseigneur, de bénir V". A. de bon succès, santé
et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant,
et très-fidèle serviteur,
FBANçors d'aebssen.'
De Londres, ce 15 may 1641.
* LBTTRB BCCXir.
Lu Ambaïaadmn m Angleterre au Prince ^Orange. Même
etget.
Monseigneur. Nos espousaîlles furent célébrées dimanche
passé publiquement en la chappelle du Boy par l'évesque
d'Ely, selon les formes et l'usance de l'Ëglise, sans qde
rien y ait défailly devant l'action ny apr^, car les ma-
riez couchèrent ensemble et leurs Majestez en tesraoignè-
rent une plenière approbation , mesmes au delà de nos-
tre attente, traictans encor journellement monseigneur le
Prince Guillaume avec tant de familiarité et d'amitié
comme s'il estolt leur propre iîlz; ainsy que S. A. mes-
mes vous l'attestera. Kous sommes après à lever l'attes-
tation de l'évesque de la consommation dn mariage,
feict de l'authorisation et approbation de S. M., afin de
former l'acte lequel elle a promis de nous en fmre dé-
' TÙqna- * de Dona.
,, Google
1641. Mii.] — 458 —
pêcher et n'obmettrons rien de ce qaî poarra servir à la
seureté. Cependant les fera sont mis au fea pour le trans-
port de l'espouse, et avons commencé par la Royne-mère,
laqaelle y ayant trouvé bien de la difSculté a néanmoins
promis de noas y rendre des bons oiSces. La Royne par
après nous repartit qu'absolument le Roy se tîendroit au
terme convenu; qu'elle m'esmes ne s'en pourroit bien ré-
soudre, considérant le tendre aage de sa fille, mélancho-
lique et traînant encor sa maladie. Estant là présente,
S. M. nous pria de parler bas, à ce qu'elle n'entendist
nostre demande, de peur de la faire pleurer; qoe les fil-
les ont souvent d'estranges humeurs et elle serait marrye
d'attirer sur soy le reproche d'avoir forcé sa fille en un
pays estranger; mais après plusieors raisons de pour et
contre, S. M. se laissa finalement persuader d'en parler
au Roy, sans s'engager à plus. Hier noua noua en ad-
dressàmes au Roy, non fondez de droict, aîns de l'espé-
rance de sa grâce; S. M. nous dit que la Royne luy en
avoit parlé, qu'il avoit saUsfaîct à ce qu'il avoit promis
et croyoit que V. A. en seroit contente; qu'il ne tenoit
rien des oeuvres de supérérogation , que sa fille estoit brop
jeune, que dans deux ans ce seroit encor assez tost, et
comme luy alléguions qu'il s'estoit réservé la volonté libre
de l'accorder plus tost, ou seulement au terme, et de là
qu'avions prins subject de le supplier de nous en permet-
tte maintenant le transport, qui le déohargeroit de tout
soin, V. A, et l'Estat de l'appréhension des accidens, et
douneroit loisir à S. A. R. d'apprendre nostre pays et la
langue entre les bras de voz A. A., qui la sçauriez sy
bien traicter qu'elle et leurs Majestez s'en loueroyent,
et sans cette grâce que nous attendions de leurs Majes-
tez, que S, A. auroit à se rendre dans l'armée, mais que
l'amènerions au pïedz de S. M. pour luy en faire la sup-
plication en personne. La response fut qu'il s'estoit dé-
claré ainsi, ponr n'en venir à une expresse négative, ce
qu'il ne faisoit pas volontiers; sy le Prince Guillaume la
luy demande à genoolx, qu'il luy donneroit sa bénédic-
,,.GoogIc
— 459 — [IMI. Mai.
tion; s'il avoit dessein d'aller en l'armée, qa'il le poavoit
fure, et s'en revenir en ce royaume qnand il voudra, où
il sera tonsjours le très-bien venu. H nous fut impossible
de rien tirer davantage. Partant nous tarderons encor
un jour ou deux, devant que de redoubler cet office en
présence de S. Â. , et sy S. M. persiste, nous tascherons
d'en &tre au moins raccourcir le terme; sinon, nous ferons
venir des navires et préparerons ce pendant les choses,
pour nous dégager et retirer de cette Cour, où il ne nous
semble k propos qu'il séjourne plus longuement, sy l'es-
pérance d'ammener son espouse luy est retranchée. Tou-
tesfbis nous le ménagerons de la sorte que tout se &ce
avec ordre, décence et respect Monseigneur, Testât des
affaires nous esguillonne à cette délibération, car il s'est
descouvert de fort estranges menées depuis trois jours.
Le Parlement est persuadé qu'il y a en dessein de les
&ire tons tuer, avec tous les babitans de cette ville qui
n'estoyent marquez du charactëre du lieutenant ; que
cette conjuration est bien plus générale et horrible que
n'a esté celle de la Fougade; mais descouverte qu'elle est,
qu'il n'y à plus rien à craindre, pour le bon ordre qui
'se donne par touL Premièrement le Parlement, les deux
maisons ensemble, firent hier une convention de ne laisser
interrompre ny dissoudre leur assemblée; ont envoyé en
l'armée des Anglois parolle et ordre pour leur payement;
défense de ne bouger qu'à leur mandement, et comman-
dement de désarmer et chasser tous les chefs et ofSciers
papistes. Craignans que la tour ne iîist surprise, y ont
estably en qualité de connestable le conte de Nieuport,
grand-maistre de l'artillerie, pour s'en asseurer; ont prié
le Roy et la Royne de différer leur voyage de Hampton-
court et de ne permettre à aucun de leur maison de sor-
tir du royaume; mesmes envoyé après à rammener les
précieux meubles que la Royne avoit pensé envoyer à
Portsmund '. H s'en dit tant et trop de choses que dési-
rons estre fausses et aurions horreur de faire tomber soabs
' PorUmoDlli.
,, Google
1M1. Mil.] — ^60 —
nostre plame; plusîanrs ont desjà gagné les champs,
M' Jarmîn des premiers; on y a envoyé aprës et jus-
que» à Jamesay , pour l'attrapper et asseurer encor cette
isle. Madame Carlisie ' et autres doivent comparoir ce
matin devant le Parlement; tout sera manifesté dans
ce jourdhny et demain, car on ne travaille quasi à autre
affaire. Plusieurs grandz sont suspects d'y avoir trempé.
On tient que la sentence contre le lieutenant d'Irlande
sera prononcée et exécutée demain. H se sème de faux
brtucts au Parlement et parmy le peuple, comme sy
y. Â. prestoit de grosses sommes pour seconder le Roy;
c'est de l'invention des Espagnols, pour nous rendre sos-
pectz et odieux. Noua aurons l'oeîl aux affaires et à U
seureté de monseigneur le Prince vostre Ëls, autant qu'il
nous sera possible et ne perdrons point de temps à noos
esclarcir de ce que pouvons espérer et de nous retirer
au pinstost Et pour fin, Monseigneur, supplierons le
Créateur de conserver V. A. en trës-parfaicte santé et
prospérité.
De V. A. trfea-humbles, très-obéissans et très-
fidelles serviteurs,
H. W. y. BREDEEOQE. FBANÇOTS S'a:
HBENVLIET. ALB. JOACBOtt.
De Londres, ce 17 mav 1611.
USTTWiK BCCXV.
Guillaume Prince (tOrange à son pire. Même tujet.
Monseigneur. J'ay receu la lettre qu'il a pieu à V. A.
de m'écriere, qui m'a fort résoui de voir que V, A. se
porte si bien; j'espère que cela yra de mieux en mieux;
V. A. me commande de luy mander comme je viest ' avec
la Princesse et si je suis fort amoureux; c'est pourquoi
je diray à V. A. comme tout est. Du commancement
nous avons esté un peu cérieux ' tout deux, mais k présent
' Luc; Fcrc7, comteau ds Cirlîils. ' vit. * sérioui.
,,.GoogIc
— 461 — [IMl. M«i.
nous sommes fort libre ensemble; je la trouve bien plus
belle que la painture; je l'aime fart, et je crois qu'elle
m'aime aussi. Âsteure-cy je diraj à V. Â. comme je me
sois marié, dimansche passé, qui estoît le 12 de may, et
comme tout c'est pasé ce jour là. Les ambassadeurs
TÎndret ce matin là auprès de moy, anviron les 11 eures;
le conte de Hollande me vînt cnr' dans des carrosses du
Roy, et m'amena au Vuhoel* dans le quartié du Roy, là
où il estoit; le Roy m'amena dans la schambre du lit de
la Rêne, là où elle estoit, est* aussi la Rène-mère et la
Princesse; après y avoir esté quelque temps j'enlay' à la
scbapelle, accompagné des ambassadeurs; après cela y vint
le Roy et un peu après la Princesse, qui, estoit menée
par le Prince de Galles et le I>ucDiort'; la Rêne estoit
dans unne schambre, doe ' elle requardoit par la fenêtre
toutte la sérémonie. Alors l'archevêque commança à lire
les artickles du mariage, sur lesquels il fallut que je ré-
pondies en angiois, lesquelles schoses j'avois apries par
coeur. Qu'an tout cela fut len, le Roy nous mit les
mains ensemble, après cela je douez la bague k la Prin-
cesse; ce n'ettoit point U bague de diament, mais unne
bague tout d'or simple, sans emalieure quelquonque; après
que cela fut faict, je sorties hors la schappelle, mené par
le Prince de Galles et le Duc Diort, et j'enlay dans
unne schambre d'où l'on pouroit entendre le [prece'j; après
la Princesse sortit mené par M' de Brederode et de M'
de Sommerdick, et la menèret aussi dans cette schambre,
là où nou nous asschisames ' sur des schése ' et nous y
demeurâmes jnsq nés à kan'° que le preese'fust fitict, lequel
estant faict j'enlay dans la schambre de la Rêne, là où
le Roy estoit, la Rêne et la Rène-mère; la Princesse y
vint aussi; allors M' de Sommerdyck fit unne harenge
au Roy pour le remercier, laquelle estant feicte je de-
mandé au Roy, à la Rène-mère et à la Rêne ma béné-
quérir.
• vrbiuh.Ii. ■ rt.
. j'iiUi. ' d'ïwck
pfkb«(P)
nbortalion de t'^^ne
M prière, {prêta). •
eh*iH«.
■M'-nd.
,, Google
lui. M«i.] — 462 —
diction à genoax, comme leur fiez', que je fiiis à présent
toDsjours qu'an' Je les vois la première ibis et quan' je
leurs dies bonsoir. Delà le Roy, la Rène-mère et la Eène
et nous autres allâmes dîné; les ambassadeurs allëret diné
ceux' eux; il y avoit à la table du Roy la Rène-mère, la
Rêne, la Princesse, le Prince de Galles, le Duc Dîort
et moy et la pettitte Princesse Elisabet; aprfeg le dîné la
Rène-mere s'an alla à son logis et la Rèue alla promené
au Hey-parc* accompagné de la Princesse, du Prince de
Galles et du Duc Diort et de moy; te Boy n'i fut point,
mais demeura au logis; estant venu de la promenade le
Roy et la Rëue allèret soupe, il y avoit à table les mêmes
personnes qu'au dîné, ormis la Rène-mere et la Princesse
Elisabet; après sonpé le Roy et la Rêne allèret en leur
chambre de présence, où ils demeurèrent jusques à 10
eures; alors la Rêne print la Princesse et l'alèret désabilïé
dans sa chambre; le Roy, avec les ambassadeurs et tous
les seigneurs, m'amenèret dans unne autre cbambre, llk
où je me désabilia; après estre d<isabilié, le Roy me mena
dans la chambre, là où le lit estoit et la Princesse y
estoit déjà dedans; la Rêne et tontes les dames estoit
autour; après y avoir esté quelque temps, j'en sorties et
allé cousché dans une autre schambre, qui estoit apretée
pour cela, et là où je cousché cette nuit; là le Roy et
la Rêne vindrent dans cette schambre me voir au Ht et
me diret bon soir; voilà comme tout ce pasa ce jour là.
Les affaires du deputté d'Ierlande vont fort mal; U a
esté condané aujourdui à avoir la teste trancée, estant
convincu de traison, et je croi qu'il aura demain la tête
trancée, ou après-demain au plus long; le Roy n'ayant
plus de moian ' de résister. Les afîaîres vont d'unne estr&nge
fason en cette court; il y en a beaucoup qui s'en sont
enfhis d'ici, entr'otres M' Jermîn et Henri Persi*, le Par-
lement les a faict poursuivre, s'il les pouvient' atraper; le
Parlement est après pour découvrir une grande 1
' fila. * quand- * eh«. * H^dt-ptirl
' Percy , ftln du Due dt Xerlimitrlanii.
,,Googlc
— 463 — (l&ii. M»i.
qai suroît este faicte, plus grande que celle avec les pou-
dres; il 7 a encore beaucoup d'autres schoses qui se paset '
icy que je u'ose mander à V. Â. pour quelque raisons;
madame Carlî * a este exsaminée à ce matin an Parlement
toaschant cette traison; tout va icy en désordre; le Par-
lement ont envoyé hier quelques députés vers le Boy et
la Eène pour les prier de ne vouloir point sortir de Lon-
dres, pour ce que le bruit couroit qu'ik vouloit sortir
hors de Londres et aussi qu'ils ne permisset que personne
de leurs domestiques de sortir hors de la ville; le Roy
ni la Kène n'ont rien répondu à cela. Monseigneur,
Tostre très-humble et trës-obéissant fik
et serviteur
ODILLADUB DE NASSAtl D'OBAHGK.
De Londres, ce 17 de roay 1641,
iTayois oublié à dire comme le lendemain je doné le
présent à la Princesse, à savoir les trois dernières pièces;
tout le monde le trouva fort beau.
Les affaires du transport de la Princesse sont en cest
estât; messieurs les ambassadeurs ont esté devant-hier
auprès de la Rêne en audience et luy ont parlé de cela
pour prier le Koy de vouloir permettre que la Princesse
pasoit, la Rêne a dît qu'elle en parleroit au Roy; mes-
sieurs les ambassadeurs fueret hier auprès du Roy, qui
ne leur doua pas trop bonne responce, comme ils mandet
k y. A.; néanmoins j'ay entendu sou main qu'il y a bonne
espéransche; je feray tou mon mieux que cela ce face.
liETTBE BCCJCn.
Rivet au Prince â^Orcmge. Déplorable tituation de t An-
gleterre.
MonseigneurI II y a peu ou rien à adjouster aux pré-
' puamt. • Culille.
,, Google
IMI. M«i] — 464 —
cédenteB données à moDsiaar le baron de Dona, pour
ce qui concerne l'afffdre qui noas a ici amenés. Messieurs
les ambassadeurs rendront compte à V. A. de ce qui
est à espéi'er on non pour le transport désiré et que tous
les amis jugent raisonnable et nécessaire. Le temps, qui
est fort nubilenx d'ailleurs, sembleroit favorable pour nous
faire gagner ce poinct, si on se veut conduire par raison.
Les afiairea sont en on estrange estât Le député est
condamné comme criminel par les deux cbambres. La
haute l'a jugé convaincu de baute-trahison en deux clie&,
et ce qui est arrivé depuis hastera l'exécution. On a
voulu surprendre le Parlement pour le forcer. La des-
couverte de ce dessein tombe sur ceux desquels les fa-
voris ont esté contraincts de fuir et qu'on poursuit On
m'a asseuré qu'hier se prit résolution que le Parlement,
tant pour le présent, que pour l'advenir, ne se pourra
rompre que par le consentement des deux chambres avec
le Boj. Cette résolution tiendra les peuples en espérance
et plus tranquiles. On a commencé & toucher aux pré-
bendes, qu'on veut oster, mais on n'est pas d'accord de
la manière de les employer. On pourroit bien tomber
d'une extrémité en l'autre, comme font ceux qui veulent
redresser l'arbre courbé. Peu de jours nous feront veoir
que le Parlement n'aura pas toujours parlé sans faire. Je
déplore que la Majesté royale se diminue, accoustumant
les peuples à se roidir contre des menaces qu'il eust mieux
vallu retenir; mais je crains de passer trop avant, puisque
y. A. aura les advis publics et de ceux qui sont plus
entendus es jugemens de telles matières. Monseigneur le
Prince Guillaume est, grâces & Dieu, en bon estât pour
sa santé, pour son comportement, et pour le jugement
universel. Je le désire près de vos Altesses en si boa
poinct et j'espère que Dieu le vous rendra bientost ; Dieu
veuille qu'accompagné de celle qui s'est donnée h. luy de
paroUes et qu'elle puisse estre sienne en effect aux coa-
tentemens de vos Altesses. Je le prie qu'il marche de-
vant V. A. et favorise vos armes pour sa gloire et le
ll,g,t7cdb/GOOglL-
— 465 — [iflii. Mii,
bien de l'Estat et qu'il vons face longtemps jouir da fniîct
de vos peines et suis, Monseignear,
de V. A. trèa-hmnble, trës-obéissant et
très-fidèle serviteur,
ANDKÉ UVBT.
De Londres, le '/„ may 1641.
liBTTBE BCCXVII.
M. de Sommelsdyck an Prince d'Orange. Même sujet.
Monseigneur. Aux occasions je ne puis estre cicbe * de
mes lettres, au moins pour tenir V. A. advertye de ce que
j'apprens. Chacun est prévenu de l'opinion d'une horible con-
spiration contre le parlement et la liberté, bien plus grande
que celle de la Fougade. Il y a toutesfois plus de sonbçon
que de connoissancc nu vraj du dessein, mais il est évident
qu'il se tramoit une grande innovation, au moyen des
papistes, de quelques trouppes levées en France, de l'ar-
mée angloîse au Nord, malcontentc de se voir négligée.
Le premier soin du Parlement a esté de courir au plus
pressé; a donné ordre de casser l'armée d'Irlande, de payer
Tangloiae, d'en désarmer et chasser les papistes, de prendre
par les provinces promptement le serment de ceux qui ont
passé l'aage de seize ans, et de faire procéder contre les ré-
cusans. Nombre des députés vont visiter et asseurer les portz
de mer et parcequ'on tient Portmund pour lieu de rendé-vous
de la caballe, milord Mandeville* avec deiu de la maison
des communes, portans le grand sceau du royaume, y
ont esté dépéchés en toutte diligence pour trouver Gorinch
qui y commande, s'asseurer de sa personne, l'examiner
et l'ammener, et, en cas d'opposition, de publier et &iru
marcher incontinent le ban des provinces ponr le forcer.
Cependant Henry Persy, Henry Jarmin, et trois autres
enfuis, sont par affiches publiquement citez de revenir
■ ItdonnRl Montigne, Lord Kimbolton, liconte de Mandiville.
,,Cooglc
1641. MiL] — 466 —
dans dix jours. Jnsqaes îcy personne des grandz ne
bouge, chacun attend de voir le fond de la conspiration.
La Royne-mère envoya hier aa soir demander par le
Coigneux, ce qu'elle aura à faire pour sa seoreté, mais
elle n'est aucunement suspecte. Les levées françoyses ont
esté entreprinses , comme on dit, par des particuliers, le
fioy de France, connivant sans autrement s'y engager;
aussi propose-on pour pins expédient de le dissimuler et
de recercher les moyens de sortir de ces maux; le Eoy
et la Koyne voyent assez le maavais estât de leur condi-
tion, car ils ont ce malheur que le peuple leur impute
tout le désordre. Le Parlement demeure eiicor dans le
respect, mais dans deux jours il se verra sy ce train
durera. Hier aprës-disner les deux maisons envoyèrent
demander au Koy approbation de deux patentes; l'une,
portant sentence de mort contre le lieutenant d'Irlande,
convaincu de haute-trahison, l'autre, une convention qoe
le Parlement ne sera rompu, ny interrompn, que du gré
et consentement du Koy et des deux maisons ensemble.
S. M. leur dict que c'estoyent deux importantes proposi-
tions , qui demandoyent qu'il y pensast de plus près , qu'il
leur en rendroît sa response demain à dix heures da
matin. Présentement se trouvent près de S. M. plusieurs
théologiens, juges et son conseil à cet effect On eut
hier marché sur les testes de ceux qui dans Weythal
demandèrent l'exécation; sy le Koy s'accommode tout dou-
cement et remet soy et ses affaires au Parlement, on
espère de redresser les choses et le rendre plus heurenx
qn'ïl n'eust sceu estre par le succès de l'autre voye ; mais
on est en pêne de la Royne, dont les papistes auroyent
abusé pour parvenir h lears fius. Elle s'en afflige assez,
et le meilleur qu'elle puisse espérer, sera de se voir ré-
duitte au pied de son contract. Cette semaine nous y
fera voir plus clair ; les menaces du peuple sont furieu-
ses, sans espargner le respect de leurs Majeatez. Le
dessein de joindre tant de pièces à Portsmund, sçavoir
l'armée d'Irlande, le triage des papistes dans celle d'An-
,,.GoogIc
— 467 — riMI. M»i.
gleterre, les levées de France, la surprinse par Suckelin de
la Tour et quant et quant la rupture du Parlement, semble
mal digéré et impossible, veu la [deffience] où l'on en estoit
Nous attendons donq ce qui en aviendra, car au gros il n'a
plus rien à craindre, depuis que les mauvaises conceptions
ont esté descouvertea. — Nous avions pensé , Monseigneur,
répéter ce Jourdhuy noz instances pour le transport, du-
quel je reconnoy que plusieurs des plus confideng nous
désespèrent, à cause que la Royne y auroit peu de vo-
lonté, mats pour ne rencontrer tant de flLchenses affaires
que le Boy doîbt démesler en cédant, nous avons estimé,
mesmes de l'advïs de nos meilleurs amiz , plus à propos de
remettre cet office pour deux ou trois jours, et nous n'y
perdrons aucun temps ny expédient, afin de pénétrer au vray
dans les intentions de leurs Majestez et de prendre l^des-
8US la résolution de nostre retour, en faisant venir quelques
navires aux Duns, avec connoJssance du Parlement, ponr
en prévenir la jalousie, car il s'ombrage de tout et plu-
sieurs d'entre-eux craignent qu'au moïen de ce mariage
V. A. s'est liée estroittement avec S. M. — Monseigneur le
Prince Guillaume ne sçauroit estre mieux en cour, ny dans
l'esprit de leurs Majestez, qui le retiennent souvent à
disner et à soupper, luy permettent le mesme avec son
espouse, quand il veut. Âussy se conduit-il fort sage-
ment et avec une respectueuse et discrète liberté, mais
tout ce non obstant, il est temps qu'il s'en retourne,
laissant tout le monde trës-satîsfaict ; la despenso enfin
viendroit à peser; tant y-a, Monseigneur, je mesnageray
sa conduitte, pour la réputation et la seureté, sy on
défère à mes advis. Cette cour n'est pas de l'air des
antres ; les estrangers s'en doivent retirer après que
les premières caresses commencent i> s'allentîr, car elle ne
gouste point trop leur familiarité, et Y. Â. le sçait trop
mieux et M. l'Électeur sert d'exemple ; je seroy marry
de le voir en mesme terme. M' Vane me parla hier
soir sur les dix heures, que M. Bréderode et moy le
fnsmes trouver, que le Parlement voudra contracter une
,,Googlc
1(141. Mai.] — 468 —
alliance avec messeigneurs les Ëstats après ces désordres;
mais j ayant pensé, le plas sûr aéra de nous retirer, en
leur laissant desmesler leurs affaires, car que sçanrions
nous contracter avec le Parlement? et quand bien le Roy
y presteroit le nom, ce ne seroit que par contrainte et
contre les formes ; nous pourrions donq leur dire qu'ils
nous baillent leurs propositions par escrit, potir les pro-
poser et préparer en l'Estat et leur en faire avoir les
délibérations dans certain temps. M' de Beverweert part
bien informé. Il dira à V. A. touttes particnlaritez. Je
prie Dieu pour vostre bénédiction, me signant. Mon-
seigneur,
de V. A. très-humble, très-obéissant et très-
fîdëte serviteur,
PBANÇOYS S'aERSSEK.
De Londres, ce 19 may 1641.
Les députés pour la seureté des ports sont autorisez
de mettre les navires en mer, lever les mariniers, mes-
mes par contrainte, et dure leur pouvoir jusques en no-
vembre; les députés du Parlement ont mandé chacun en
sa province de tenir les trainebans prests à marcher en
armes au premier mandement et le major-général Astlay ',
qui a le commandement de l'armée angloise, a promis
toutte obéyssance et renvoyé les lettres k lay cy-devant
adressées, pour rompre avec les Escossois.
f liETTKS «CCXTIII.
wd^îjr' ^ P^'we ^Oratige oit» Ambassadeurs en An^eterre. Ré-
mi. "°'' ponte à la lettre 710.
Messieurs. Je receus avant-hier îcy à Buren vos dé-
pêches du 9 et 10 de ce mois, qui m'apprenant comme
la solemnisation du mariage de mon fils avoit esté arrestée
et concertée pour le 12 d'après, suivant le contenu d'an
■ Sir Jicob Asilej.
■ minute de la mai» de M. de ZuglMem.
,, Google
- 469 ■
[IMI. Mu.
mémoire dont vous m'envoyez le double, j'avoue en avoir
receu une joye trfes-parfiucte , espérant qu'en suitte toutes
choses auront esté accomplies à souhait et au plenier con-
tentement de part et d'autre, dont véritablement la pre-
mière nouvelle me sera la très-bien venue, surtout sïl y
aura eu moyen d'obtenir te transport de la Princesse de
leurs Majestez. A quoy, bien que je m'asseure que vous
ne cessez de contribuer tout ce qui est de vostre industrie
et de ce mesme soin qui a conduict toute cete négotiation
h une si heureuse fin, dont je vous demeure estroîttement
obligé il toasjours, je ne saorois obmettre de vous le re-
commander encor de nouveau, comme le chef-d'oeuvre
de toute l'affaire et en iceluy le dernier de mes souhaits.
A tout j'espère que leurs Majestez ne condescendants ponr
encor' absolument à ceste requeste, se lairront induire à
l'autre et voudront abréger le terme du dit transport, en
sorte qu'on ayt subject d'en demeurer aucunement satîsiàict
et qu'en snitte je pourray vous revenir bientost de retour
ensemble avec mon fils en bonne et henrense santé, comme
je le souhaîtte de passion.
Cependant je me suis souvenu d'cncor deux présents,
auxquels on n'a pas pensé jusques ores et qu'il me semble
qu'on ne pourroit bonnement obmettre. Le premier est
au regard de monsieur le comte d'Arondel, ou de ma-
dame sa femme, en considération de ce que mon fils a
esté logé en leur maison, et ay pensé comme mon fils a
là un assez bon carosse avec un bel attellage de chevaux,
<|ue tout cela leur pourroit estre laissé en don et en re-
cognoissance de la courtoisie qn'on a reçue d'eux. L'autre
présent me semble estre deu à l'évesque d'Ely, que vous
me mandez debvoir espousser mon fils*, et seroy d'advis
que, pour s'en acquitter bonestement, on luy pourroit don-
ner quelque vaisselle d'argent, ou bien mesme de l'argent
monoyé, si ainsi vous l'estimez convenir sur ces lieux; à
quoy je m'en rapporte entièrement, comme notamment de
la valeur ou somme de ce présent, et de tonte autre parU-
■ Bilficimie Toor ili Dog. * BelgkUmt œijn uon Irouwen.
,,GoogIc
16*1. M.i.] — 470 —
Cillante que vous jugerez requise par honeur ou bienséance;
demeurant au reste en pleine disposition de vous tesmoi-
gner par mes services le grand ot parfaict ressentiment
que y^y de vos faveurs et combien je suis etc.
• LEn-BE BCCXIX
Le Roi ifAngUlerre au Prince (^Orange. Retour de» Am,'
bussadevr».
Mon Cousin. Nous ne doubtons nullement que le re-
tour des sieurs le baron de Brederode, de Sommelsdyck,
et de Heenvliet vos ambassadeurs extraordinaires vers vous
no vous soit tr^s-aggréable, pnisqn'aprez l'heureux succès
do leur négociation ils vous ramènent le gage précieux
de nos afièctions mutuelles. Ce qui leur sert de tes-
moignage plus que suffisant de leurs mérites, dont ils se
rendent par tout raccomœendables '. A r^son de qaoj , et
à cause de la multitude d'autres affures urgentes, nous
avons tant plus votontiere, à leur instance, aggréé leur
départ et la remise du traicté d'alliance jusqu'au mois de
novembre prochain, pour alors estre reprins et conclu;
aussy nous remettons-nous à eux à vous en fiiïre entendre
plus amplement nostre sentiment, comme pareillement ce
qui est de l'entière bienveillance que nous nourrissons en
vostre endroit, et vous asseurer du désir que de nostre
costé nous avons d'apporter tout ce qui dépendra de nous
pour cstreindre le noeud de nostre amitié et la maintenir
au degré de l'alliance estroite qui est maintenant entre
nous; et nous promettant autant de vostre bonne affection
envers nous, nous serons tousjours prosts à vous tesmoigner
à toute oc^:asion que nous sommes et serons à jamais vé-
ritablement, mon Cousin,
* vostre très-affectionné cousin,
CffARLES E.
Weabneêtre, ce 33 de niay 1611.
1 r«coni[n«Ddibla. * lostra — couin. Julograpie.
,,Googlc
LBTTRB BOOXX.
Ae même au même. Assurances de son élection pour le
jeune Prmee.
Mon GoQsin. J'espère qne je vous ay donné des aa-
senrances asaés certaines de l'estime que je hàs de tous,
par la conclusion da mariage de ma fille avec mon beau-
fils vostre fils, et je vous asseure que sa personne est si
estimable qne ce m'est un double contentemant dans sette
aliance, et ijue s'est avec beaucoup de regret qu'il faut
qu'il nous quite, l'estimant comme mon enfant propre. Il
m'a promis de vous dire que vous trouvères que en toutes
occasions je seray tousjours preste ft faire veoire l'estime
que je fus de vostre amitié, de quoy je vous demande la
continuation, et dans les occasions je fous feray paroîstre
que je suis véritablement, mon Cousin,
vostre trèa-affectionné Cousin
CHABLES s.
Whythall, ce U de may 1641.
liETTBB BCCXXI.
La Reine d'Angleterre au même. Même sujet.
Mon cousin. Je vous assure que s'est avec beaucoup
de regret que je quite mon beau-fils, estant sy gentill
qu'il est; il m'a tellement gagnée qne ce qui m'a donné
de la joye en le voyant cause ma tristesse en me séparant
de luy. Je l'ay prié de vous assurer que je n'ay point
de plus grand désir que de vous faire voir l'afection que
j'ay pour vous et tout ce qui vous touche , et pour preuve
de cela vous en avés veu par le mariage de ma fille les
effects; laquelle vous en assurera elle-mesme, aussy-tost
qu'il se pourra, et moy par toute sortes de chemins cher-
cheray les moyens de vous faire paroistre que je suis,
mon cousin,
vostre bien afiectionnée cousine
HBHHIETTE-IUaiB B.
,, Google
LETTRE BCCXXII.
Le Corrits lie Wm-uiink au Prince d'Orii»iie. Félicitations.
Monseigneur. Comme ma joye a esté inexpressive de
voire acomplir le raanage de monsieur vostre fils et
madame nostre Princesse, ainsy permettes moy d'asurer
V. A. que je ne manqueray jamais à mon pettit pouvoir
de vous servir en toutes occations que V. A. me comme n-
derés ïcy ou par tout le monde, pour m'acquiter des
grandes obligations que j'ay tousjours receu de la grâce
de V. A., et pour vous donner l'occation de m'estimer,
qui est le seuil ambition de, Monseigneur,
vostre très-humble et très-affectionné serviteur,
WABWICK,
24 de iDHy 1641.
• LETTRE BCCXXIII.
Le Comte. ttArundel^ au même. Même sujet.
Monseigneur. Bien que mes très-humbles aStictîons à
l'endroit de Y. A. ne cèdent aucunement k celles de vos
plus zélez serviteurs, si est-ce que je me trouve mainte-
nant renfermé dans une trop grande inesgalïté d'employer
des simples paroles pour tesmoigner le ressentiment que
J'ay de la réalité de vos faveurs. Car si naguères je me
suis estimé infiniment heureux de veoîr icy ma maison
honorée par la présence d'un prîncç aussy aymable qu'ad-
mirable, pour deacouvrir en son plus tendre printemps
plus de fleurs et de fruits que d'autres ne font aucune-
ment en leur esté , maintenant je suis autant estonné pour
ne pouvoir rendre des grâces aucunement esgales à celles
dont vostre bienveillance m'a voulu combler. Pour donc
me remettre en mon contentement je n'ay à recercber
autre moyen que l'honneur de la continuation de vostre
' Thomas HoRBrd, comte d'drDDdd.
,, Google
— 473 — [16*1. M.i.
bonne opinion et de vos commendemens, ponr en deve-
nir aussy capable que je seray k jamais ambitieux de
m'avérer, comme je suis véritablenient , Monseigneur,
de V. A. le très-humble et obéissant serviteur,
ARGNDELL ANi> SURSEÏ ,
Cornes MArescallu^AngliBe.
> f LETTRE BCCXXIT.
Le Prince itOrange aux Ambassadeurs eu Angleterre, Jte- iJîi'l^î
mercimenta. '"'
Messieurs. tPay enfin apprins, tant par aucunes de vos
lettres qne du rapportdemessieursdeDonaetdeBoverweert,
comme le mariage de mon fils a esté consommé au jour
préfix, avecq toutes les cérémonies et solemnitez conve-
nables. J'en loue Dieu de tout mon coeur et retourne
aussi h vous rendre, comme je doibs, mes remercimens
pour tant de soin, de peine et d'industrie, qu'il vous a
pieu y contribuer jusqu'au bout. Ce cera une obligation
que je in'estiiner&y perpétuelle et au regard de laquelle
je m'employcray tousjonrs de passion à se qui sera de
vostre service et contentement. — Ces choses donq estant
parachevées de la sorte, je ne voy pas qu'il reste sinon
de se disposer au retour, en mettant peine d'obtenir pour
le transport de la Princesse tout ce qui sera possible par
des moyens et motifs imaginables. Que si leurs Ma-
jestez enfin (comme je n'ospère pas) ne ae peuvent dis-
poser d'elles-mesmes ni au présent transport, ni !t rac-
courcir le terme porté par les articles du contract, j'ay
pensé, s'il y avoit moyen de persuader soubs main quel-
ques uns du Parlement [asseurcr] qu'iceluy voulust inter-
céder envers leurs Majestez, à ce qu'il leur pleust con-
descendre favorablement k nous accorder le transport,
qu'apparemment cesto entremise pourroit estre utile et
' minali de la mai» dt M. de Zay/iciim.
D,g,t7cdb/GOOgIC
IMI. Juin.] — 4*4 —
mesme in&illible, ponrvea que te Parlement l'entreprint
de bonne façon. Mais je n'en fay que l'ouverture, pour
vous prier de la prendre en considération et d'adviser sur
les lieux, sur ce que vous trouverez s'en pouvoir mettre
en oeuvre de bonne grâce et sans autre inconvénient, qui
peut apporfer aucun préjudice ni mescontentement au
Boy. C'est de quoy j'attendray voz nouvelles à son temps,
comme tousjours les occasions de vous pouvoir faire veoir
combien je m'estime tenu d'estre à tousjoars etc.
IjETTRE vccxxv.
Lord Holland au Prince if Orange II se flatte qu'il y eatm
moyen d^appaieer les troubles.
Monseigneur I Leur M. ont impatience d'estre informée,
par le retour de ce gentilhomme monsieur Killegreu, de
la santé de V. A. et ausy de l'heureuse arrivée de
monsieur le Prince vostre fils auprès de vous. L'asurance
de l'eun et de l'autre leur sera novelles très-agréables;
ausy je croy qu'il sera à V. A, d'estre informé que nostre
Parlement a levé toute l'argent pour débander les armés '
de l'eun et de l'autre costé, qui sera bientost fùct, et pour
moy je me plait plus en m'employant pour cela que pour
les faire rencontrer, qui est parlé, je confesse, plus en bon
patriarche que général ('). J'espère, après tous nos désordres,
que vostre Alt. voira ' le Roy bientost en tel posteure
qu'il doibt estre par l'affection et devoir de son peuple,
de laquelle je tous en parle, puisque V. A. est asteure
si intéressée en tout ce qui luy touche et d'honneur et
de grandeur, qu'il employera toujours, je m'asseure, pour
les advantages et [intérés] de ses melieures amis, qui sont
messigneurs les Estas, par règle d'estat, mais V. A. par
un liéson de sanc et d'aliance ; pour laquelle je me conjoje
avéque V. A. de tout mon ceur, que a asté de si long
(I) La Comlg yenoit d'itrc Domina gfnéni de rirniéa ooDtre 1m tw.
,,.CoogIc
— 475 [1541. Jain.
temps si perfectement voué en toute [occasion] à V. A.,
avéque tontes témoignaige que je suis
(le V. A. le très-humble et très-obéïsent
serviteur
H0LLAN9.
ce premier de juin.
• liETTBE BCCXXTI.
Le Roi ^Angleterre au même. Départ de la Reine Marie
d« Médieiê,
',' Willum Murra; étoit confidenl <]n Roi. Celni-d Miiil l'ocGuiDD de
u raiWDa oflicirlll pour Ini vu donner onc secrète; nyet II lettre auiTiDle.
Mon Consin. La Eoyne ma belle-mère ayant dessein
de se transporter vers Cologne et désirant passer par la
Hollande, nous avons envoyé le S' Murray, un de nostre
chambre de lict, pour en faire ta communication ^ mes-
sieurs les Estats>généraux et à Y. A., laquelle nous prions
particulièrement vouloir contribuer ii luy procurer ce con-
tentement, en donnant ordre pour sa réception et passage
par ces pays, son intention n'estant pour s'arrester aucu-
nement, ains de passer le plustost possible; le S' Murray
vous dira combien nous aurons pour agréable vostre fa-
vorable entremise en ce particulier, à qui nous vous prie-
rons de donner entière créance, comme à nous-mesmes,
et de croire que nous sommes, mon Cousin,
' vostre très- affection né Cousin
GH&KLBS a.
De nostre cour à Whitball, ce 16 juin 1641.
LETTBB BCCXXVn.
Le même au même. Envoi de M. Murray,
Mon Cousin, L'aliance qui est entre nous et l'affection
' Toatn — amaïu. AtUegrspht.
,, Google
1611. Juin.]
■ 476 ■
que j'ay toasjours recognea que vous aviés ponr moy,
m'a fait vous envoyer ce gentilhome Guilkam Murray,
un de ma chambre du lict, que j'estime très-particulière-
ment, pour sa fidélité à mon service; et pour ceste raison,
je me reméteray à luy à vous &iro entendre le subject
do son voyage; prenés croyance en ce qu'yl vous dira,
comme vous ferés à moy-mesme, l'ayant très-bien informé
des raisons que j'ay de le vous envoyer, et de ce que je
désire; c'est pourquoy je ne diray davantage que seule-
ment TOUS asseurer que, si j'ay jamais d'occasion de vous
faire l'affection et l'estime que j'ay pour vous, vous cog-
noisterés, par les effects, que je suis véritablement, mon
Cousin,
vostre très- affectionné Cousin ,
CHABX.ES R.
Whytfaall ce 16 de jaiD 1641.
LETTRE DCCXXVUI.
La Beittt (f Angleterre au Prince cCOrange, Lettre de re-
commandation.
Mon Cousin. Le Koy mon seigneur envoyant ce jan-
tilhomme' vous trouver, pour des raisons qui me toucbe
de sy-près dans la conservation d'une personne qui m'est
si chère, me fait me joindre dans ce qu'il vous dira et
vous prier de prendre croyance en luy, car s'est une per-
sonne que j'estime extrêmement , et ii qui je me fie beau-
coup. Le subject de son voyage il le vous fera entandre;
s'est pourquoy me remetant entièremant à luy, je finiray,
flo vous assurant que je suis et seray tousjours, mon
cousin ,
vostre bien affectionnée Cousine,
UGNKIETTE HAUIE R.
A mon CousiD mouBelgneur
le Prince d'Ornnge.
' MU douté Marra; (Letù-e 726).
,, Google
L.ETTBB DCCJÎXIX.
M. de Sommeltdyck au Prince (ï Orange. Sur la remite du
VerbtU de ta négociation à la GénéraJité.
Monseigneiirl La ' donte de Y. A. sur les ordres en
Ciis de conjonction de la flotte de cet Estât avec celle
de France, avoit esté résolue avant mon arrivée icy, à la
résamptioD près. L'amiral Gysselz * en va prendre l'advis et
approbation de V. A.; s'il y eschoit quelque changement
à faire, ce me sera de l'honneur d'y pouvoir servir. J'ay
pareillement parlé à ceux qui en ont la charge, sur la
bouchure des havres de Flandre, qui' remettent cette déli-
bératJOD k. la sepmaine prochaine, lorsque ce sera mon
tonr de présider. Le rapport fut (aict hier de nostre né-
gotiation en Angleterre, lequel on demande par escrît,
mais comme il concerne le particulier de Y. A., j'ay pensé
de n'y toucher que le dessein et la conclusion du mariage,
et d'estendre les rencontres d'£stat, pour sobres qu'elles
ayent esté. Sur ce prie Dieu, Monseigneur, de donner !i
Y. A., prospérité à ses desseins, avec santé et longue vie.
De Y. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidèle serviteur
FBANÇOYS D'aEBSSBN.
De Ja Haye, ce 19 juin 1641.
LETTRE DCCXXX.
Le même aa même. Même lujet.
Monseigneur I Après avoir faict un sommaire rapport
en la Généralité de nostre négotiation en Angleterre, on
le nous demanda par escrit , snrquoy ayant esté par nons
répliqué que, hors le traicté du mariage, il s'estoit peu
ou rien passé qui touchast l'Estat, le demeurant* concer-
nant le particulier de Y. A., néanmoins qu'en ferions
> le. I Airtui Gjncli. ' qn'ils. * Be/gieUme brl OTcrblyTPBde.
,,Googlc
1641. Jnio.j — ■ 478 —
l'extruct sy on le désiroît, et qu'il y aorott encor assez de
qnoy remplir trois ou qoatre faeilles de papier, j'aj appris
ddpnis. Monseigneur, qu'on en escrit à V. A. et que volon-
tiers on demandera tout nostre verbal. Je l'ay tout preat
et tel que, de jour à antre, il a esté dressé sur les occor-
reuces, surquoy je snpplye trës-bumblement V. A. de con-
sidérer s'il sera à propos de publier ainsi les contestations,
le contract et autres actes du mariage, qui n'ont rien de
commun avec l'Estat et concernent privativement les intérests
de Tostre maison, assavoir, le dot, le douaire, la demeure
et cboses semblables, outre plusieurs autres déclarations &-
vorables de leurs Majestés, qu'il est plus à propos que les
voisins ignorent, pour n'en prendre occasion de jalousie,
au lieu qu'on doibt tenir ce traicté pour purement personel
et privé, comme véritablement il est, et partant je vous
ose dire mon advis là-dessus, qne par sa rescription Y. A.
peut approuver, que rendions conte par escrit des choses
qui touchent aucunement l'Ëstat, et pour celles du mariage
qu'il seroit raisonnable d'en sçavoir la volonté du Koy de
la Grande-Bretaigne , devant que d'en rien publier; aussi
n'ay-je gardé aucune copie des actes dont j'ay rendu les
originaux à V. A., pour réserver cet afiaire à V. A. seule,
et estoit ma pensée de jetter mon verbal au feu, comme
rendu désormais inutile par la conclusion, exécution et
autres actes du mariage snrensuiviz et authentiques. tTat-
tendray là-dessus l'honneur de vostre commandement, pour
y déférer prompte et entière obéysaance, comme je feray
tousjours à tout ce que je sçaaray estre de la volonté de
y. A , et sur cette protestation je prie Dieu, Monseigneur,
de vous donner en prospérité santé et longue vie.
De Y. A. trèa-humble, tr^-obéyssant et
très-fidèle serviteur,
ra&Nçois d'abbssen.
De la Haye, ce 20 jaio 1641.
,, Google
itLBVTBB DCCXXJCI.
/.« Prince tTOrange à M. de Sommelidj/et.
lettres 729 et 730.
Monsieur. tTaj ven par vostre lettre da 19, et plus
pnrticali^ment par celle du 21 ', comme il voas a esté
parlé dans l'assemblée de messieurs les Ëstats-Généraulx
de leur exhiber ttn rapport par escrit de vostre dernière
négociation en Angleterre. Surquoy, comme vous avez
fort bien répliqué que pourriez en faire un extraict, com-
prenant les choses qui proprement concernent l'Estat , tout
le reste ne regardant que les intérests particuliers de ma
maison, je trouve que les sieurs Estats, aussi par leur
résolution prinse sur ce subject le 19, donc le double vient
de m'estre envoyé, remédient assez eux-mesmes h> cette
demande générale de vostre Verbal, disans qu'il ne sera
nécessaire que vous y fassiez mention des entrefaictes ' par-
ticulières du traicté de mariage et ce qui en dépend. Sui-
vant quoy, m'asseurant que vous sçaurez bien former ce
rapport avecq les réserves et retenues qu'il appartient, je
m'en repose volontiers en vostre discrétion et prudence.
Et cependant vous remercie du soing que me tesmoignez
en avoir eu pour mon esgard, qui aussi en toutes occa-
sions de mon service vous ferai paroistre d'effect que je
suis véritablement, etc.
Le bio-on de Dona au Prince d'Orange. Bonnet àiipontiont
du Rai et de la Reitie ^Angleterre quant au transport de
la Princesse.
Monseigneur. J'ay livré ce II juillet les lettres de V. A.
entre les mains de leurs Majestez, qui m'ont très-parti-
culièrement interrogé touchant la santé et estât présent
I wttunte dt la main lU M. dt Zaylkhm.
w fa SI. ' JDcidedU.
,, Google
1541. Juillet.] — 480 —
de V. A. Le Roy avoyt le plan da siège de Gennep,
surqnoy II me demanda plasieurs choses, ansquelles je
taschay de satisfaire, selon mon peu d'intelligense ; la
Keine ayant leu ses lettres, dit que vos Altesses ne se
lassoyent jamais de demander sa fille, qu'elle commençoit
à se mieux porter, et qa'elle croyoit qu'elle et voz Al-
tesse se pourroyent maintenant bientost accorder. Le Roy
entra, auquel elle dit encores la mesme chose; il respondit
que dans ses lettres il en esto^~t aussi parlé. La Reine
dît que c'estoit peu de chose, mais que dans la sienne
madame la Princesse nommoit cest esté; elle dit de rechef,
que son Altesse Royale commençoit à se mieux porter.
M' Vane ayant dit qu'elle estoit fort bien, „non non,"
reprit la Keine, „mais elle commense.' Je vis ensuitte
madame la Princesse et M' le Prince de Gales, qui en effet
se portent très-bien; madame estoyt de fort bon humeur,
[tenoit] et avoyt fort bon visage et M' le Prince de Gales
se servoyt de son bras comme de l'autre. Le soir je vis
encore la Reine et luy dit, selon les commandements de
y. A., son espérance que S. M. voudroyt joindre à tant
d'obligations celle de déterminer quelque temps pour le
passage de madame la Princesse. Elle me respondit qu'elle
en parleroyt au lioy et que je pouvoy asseurer V. A.
que de tout son pouvoir elle y contribueroyt. De toot
ce qui se passera encores sur ce subjet, je ne manqueray
de me donner l'honneur de le faire s<^voyr par mes let-
tres à V. A. Je prie Dieu que se soyent tousjours noa-
velles agréables et qu'iceluy vueille d'icy k longues années
conserver et protéger V. A.; se sont les plus véritables
souhaits et prières de celuy qui espère vivre et mourir.
Monseigneur,
de y. A. le très-humble et très-obéiasaat
serviteur
B. ' DE DOK.\.
De Londres, ce 12 juillet 1641.
D,g,t7cdb/GOOgIC
I^ETTBE DCCXXXIII.
Burlamaqui h M. de Sommdsdyck. Nouvelles diverses.
Monseigneur. Je ne vous ay pas escrit depuis votre par-
tement, estant asseuré que monseigneur l'ambassadear ne
manque de donner avis particulier de ce qui se passe.
Je feis la présente pour avertir V. E. que m'estant trouvé
casuellement ce matin en ]ii chambre de monseigneor le
secrétaire Vane, j'onis le solliciteur de la compagnie an-
gloise des Indes Orientales parler d'une requeste pré-
sentée & S. M. par la ditte compagnie; ce qui me fît un
peu curieusement recercher le sujet et contenu de la ditte
requeste, mais Je ne peus rien retirer sinon que M' le
set-rétaire me dit qu'il en envoyoit la copie à M' Boswell,
avecques ordre d'en représenter le contenu aux <lépatez
de messeigneurs les Estats et de demander une cathégo-
rique résolution sur les prétensions de la ditte compagnie
et la satisfaction qu'on leur veut donner, pour une fois
mettre & fin ce propos et, ne pouvant recevoir satisfaction,
remettre l'affaire au Parlement, pour j prendre quelque
ordre. Je remarque que, voyant la anale conclusion de
cest affaire aller si h. la longue, S. M. tient qu'on ne se
soucie de donner contentement, ny à hiy, ny k ses su-
jets, ce qui renouvelle beaucoup de discours qui estoyent
assoupis et seront sans doute exagérés devant le Parlement
à toute rigueur, soyent faux ou vrais; ce qui me semble,
sonbs la &veur ' de V. E., qu'on devroit cercher de pré-
venir, car une mauvaise impression sur des informations
si relevées (comme ceux-cy sans doute les mettront en
avant) peut faire plus de mal qu'on ne pense; surtout
en une occasion qui se présente d'un traitté fait par la
compagnie des Indes du West avec l'ambassadeur du
Koy de Portugal, obligeant les Portugais de ne se servir
d'autres navires que des leurs; par lequel accord ceste
nation est du tout forclose de pouvoir naviger au Brésil,
oii ils souloyent avoir assez ample négoce avecq leurs na-
' Belgieume ondsr tet wilmecDcii.
III. 31
,,Googlc
vires avant la révoludon présente, tellement, que Taccord
des Portugais et de vos provinces et villes, au lieu d'ap-
porter quelque accomodation aux Ângtoïs, leur sera de
très-grand préjudice. Je sçay que cecy a esté sur le tapis
et que sur cette occasion y sera mis avecq toute l'instance
possible, qui ne peut sinon causer de mauvais effects. Si
l'affaire des Indes eust esté terminée, tout cecy pouvoit
s'accomoder à bonne et mutuelle intelligence, voire mesmes
entrer en une capitulation pour les Indes du Ponent, à
quoy on pense, et le Parlement pousse fort d'ériger une
société pour ces quartiers là en ce royaume. Si cela se-
roit de conséquence, V. E. peut en sa prudence le con-
sidérer. — L'affaire des Indes, & ce que je peus entendre,
estoit comme accordé, la restitution de l'isle de Poleron
l'ayant accroché. Y. E. sçait le contenu du traitté des
années 1619 et 1623, et, si on y prend garde, on trou-
vera pour asseuré que la dîtte isle doit estre rendue à
S. M. pour ses sujets; aussi M' Boswell a tousjours eu
bien exprès ordre de ne rien conclurre sans la restitution
de la ditte isle. Ce sera donc h. V. E. de tenir la main,
que le traitté soit accompli en ce regard et que, pour
compensation des autres prétensions, la somme des deniers
soit payée, l'un n'ayant rien affaire avec l'antre. Je veux
espérer que par l'entremise de Y. E. tout s'accommodera,
pour prévenir beaucoup de mescontentemens, qui autre-
ment pourront survenir de très-dangereuse conséquence,
comme en sa prudence elle peut considérer. — Les af-
iaires icy vont encores lentement; toutesfois on oomence
k voir des effects de la diligence des deux maisons à oster
ce qui ha ombre d'opposer et contrarier leurs libertés, et
la bonté de S. M. cédant à tout, pour réduire ses royau-
mes à l'ancienne bonne union et concorde. Le plus dur
qui reste k démesler, sera l'Épiscopat, contre lequel on
se bande absolument. Je laisse au Jugement de ceux qui
l'entendent, combien de nouveautés le changement nous
apportera, ne manquant des gens qui maintiennent que
pour les cérémonies ou discipline une église ne doit se
U,g,t7cdb/GOOglL-
— 483 — [1611. jùillrt.
conformer k l'autre, aïns estre libre de faire ce que luj
semble bon, ce qui seroît ouvrir la porte k autant de
sectes que de caprtxes pourroyent venir es cervelles des
hommes, assez subjects icy il creuser sur ces puntïllos et
subtilités ecclésiastiques. Dieu nous garde de confusion I
Les armées se débandent au Nord sans grande difficulté, au
moins qui aye apparu jusques à cest heure. Le Roy est
tousjours sur son voyage d'Escosse pour le 10 d'aoust;
j'en doute toutestbis. La Royne pense d'aller aux eaux
de Spa par vos quartiers. Âujourdhuy vers les 5 heures,
quelques députés du Parlement la vont voir, pour luy
remonstrer la difficulté du dit voyage avec beaucoup de
preîgnantes raisons. Ce qu'ils prévaudront, les premières le
diront et je ne feudray d'en feire part ii V. A., k laquelle
baisant les mains, je me dis estre. Monseigneur,
de V. E, trës-humbli3 serviteur
va. BUSLAMACEI.
De Londres, le 16 de juillet 1641.
LETTKE DCCaCXXIV.
Le baron de Doua an Prince (COrange. Motifs de son
long séjour eti Angleterre.
Monseigneur. Le retardement de M' More cause le
mien; M' Yane m'ayant asseuré que leurs Majestés
avoyent trouvé entièrement à propos que j'attendisse son
retour, à fin qu'en suitte d'iceluy je peusse porter des
nouvelles asseurées de leur dessein à V. A, J'alègue tous-
jours les causes de ma demeure, me semblant qu'elle ex-
cède de tant le temps que V. A. y avoyt prescrîpt, que,
hors l'ordre exprès de leurs Majestez, il ne me resterojt
poinct d'espoir de m'en pouvoir justifier, outre que Y. A.
m'ayant nouvellement honoré d'une charge ou je n'ay
encores eu que peu de loisir, mais grand besoin de m'in-
,,GoogIc
1641. Jnillrt.] — 484 —
struïre, le désir de m'en rendre en quelque façon digue
me fait souhaiter d'en trouver les occasions et le temps,
que pendant je ne croyds point perdre, puisque j'ay
l'honneur de l'employer aussi au service de V. A. J'esti-
meroys ce bonheur accomply, si enfin à mon retour je
pouvois porter des asseuranses de la veDue de la Reine
et de M. la Princesse, à quoy le Parlement à la vérité
aporte quelque difficulté mais avec assez de respect en-
vers leurs Majestez pour &ire croire qu'il n'opiniastrera
point. Je prie Dieu que cecy et touts les desseins de V, A.
puissent réusîr h. sa gloire, et que d'icy à longues années
les commandements de V. A. puissent estre universelle-
ment rose us avec l'obéissance et le respect que leur
porte, Monseigneur,
de V. A. le très-humble et très-obéissant
serviteur
De Londres, ce 26 juillet 1641.
LBTTKB BCCXXXT.
W. Marray au Prince cC Orange. Passage de In Reine Marie
de Mèdieie.
Monseigneur. J'espère que V. A. me pardonnera cette
présomption, quand elle sçaura que c'est par le com-
mandement de leur Majest«z que je prens la hardiesse
de luy escrire. Le passage de la Reyne-mère leur
est de telle importance qu'ils m'ont commandé d'avertire
V. A. qu'ils attendent en cela un tesraoygnage publîke
de son affection. Us m'ont aussy commandé de faire sça-
voir à V, A. qu'ils trouvent expédient que vers le milieu
de septembre M' de Heenvliet soyt envoyé par deçà pour
demander le transport de la Princesse, lequel ils sont
résolus d'ottroyer. — Je supply très-humblement V. A.
,,.GoogIc
— 485 — [1641. Jullct.
de me pardonner ceste présomption et me faire l'iionneur
de m'estimer, Monseigneur,
de V. A. le plus humble, plus obéissant, et
pi lis affectionné serviteur,
W. HORRAY '.
De Londres, ce 30 juillet 1641. v. st.
LETTHE DCCXXXVI.
Seton' à \f. de Soinmdtdyck. Nouvdles.
Monsieur. Le subit partement du baron de Donaw
m'a forcé de vous envoyer ce mot de lettre mal escrit,
qui servira plustost potir tous assurer de mon service que
d'aucun agréable advise qu'on vous sçauray mander. Le
Koy et le parlement sont en termes comme du commen-
cement; on travaille d'accorder au Roy pour quelques
années le tonage et poadage, mais la maison des commu-
nes disent qu'il faudra soussigner premièrement l'estirpation
des évesques et quelques autres bils d'importance et puis
après t an dernier lieu, le tonage et poodage. S. M. parte
vers l'Escosse le 9 d'aoust, s'yl n'a d'empêchement, car le
parlement demande ung commissioner qui a pleine autho-
rité du Roy de ratifier et soussigner leurs actes, comme
si S. M. fut en personne, et qu'on ne pourra changei- sa
commission, si non que quand le Boy sera en personne
à Westmonster, ce que le Roy ne consentira pas volontaire-
ment; toutesfbis il faut qu'il face cela devant qu'entreprendre
son voyage. Il est tout résolu de faire le voyage d'Escosse ,
là où il sera bien venu, s'yl a l'envi de faire la paix, mais si
il a quelque envi de donner bon visage aux factieux, il n'aura
pas tell contentement qu'il attend. Ce Jean Stewart, quiavoit
accusé mylord Montroos, a confessé après qu'il lui avoit
&ict tort et qu'il n'avoit jammais dict telles parolles; ce
pourquoy on a condamné ce Stewart d'avoir la tett tran-
■ Kantj. * Jobp 3e*t«D, gailitAomttf A comle dt Laneattre.
,,Googlc
1641. Aottt.] 40ID
chée le 4 d'aoust. L'armée d'Escosse partira le 9 d'aoust,
et l'armée angloise sera, cassée i mesme instant On a
mandé à Newcastelle le payment aux Ëscossois, afin qu'ils
contentent ces provinces là où ils ont veacus. La Royne-
mère parte le 4 pour passer la maire ' en Hollande. On a
contremandé M' de Vick , qui alloit à Bruxelles pour
faciliter son voyage par ce costé là, si en cas on avoit
refusé le passage d'FIollande. Dans deux ou trois jours
je m'y en va en Escoaae, tellement que ne vous sçauré
plus mander de mes nouvelles jusques à mon retour, sans
que je trouve une bonne oportunité en Ëscosse, alors je
me souviendrai de mon debvoir, qui est, en tout lieu où
je suis, de vous rendre toutes aortes de services en qua-
lité. Monsieur,
de vostre très-humble, très-afifectionné serviteur,
JOH.Ut SBTOH.
LondoD, le dernier de juillet 1641.
lettke; bccxxxvii.
Marie, Princeiue <tOrange, au même. ComplimenU.
Monsieur mon beau père. Par le retour du baron Dauoc *
vous saurés comme le Boy monsieur mon père et la Koyne
madame ma mère avois ' intantion de vous donner satîs-
iaction dans mon voyage de Holande, mais les choses
ectant ' changée, comme le dit baron Daune vous fera en-
tendre, je vous prie de croyre'que j'estois fort preste
d'obéir aux commandemants du Roy et de la Royne, que
par cela vous puissiez voir que je n'ay plus grand désir
que de vous donner des preuves de mon afection par mes
actions, et quant le tamps sera venu, je ne doute point
que par les effects vous vérés que je suis. Monsieur mon
beau-père,
vostre afiectioné servant
,, Google
LETTRE DCCXXXVni.
M. de SommeUdyek au Prince d Orange. Affaires d Angleterre.
Monseigneur! M' Goring me faict nn long récit d'une
prattiqne qu'on auroit tasché de conduire par luy, et des
raisons qu'il a eu de n'y point prester l'oreille qne soubs
un exprès advoeu du Roy, J'en envoyé la lettre à V. A.,
afin qu'elle y voye cette histoire tout de long, sy elle
en a le loisir. S. M. a tasché d'establir son authorit^;
le Parlement s'en est ombragé; de là ont procédé les
jalousies et les menées qui travaillent maintenant l'Angle-
terre. La Eoyne avoit proposé de venir boire des eaux
de Spa et le Roy aussy de faire le voyage d'Escosse;
l'un et l'autre est suspect au Parlement, qui ne le sçau-
roit approuver, non plus qu'une levée de quatorze mil
hommes en Irlande au service du Roy d'Espagne. Il en
ira de mesme du secours que monseigneur l'Électeur de-
mande, sy autre que le Parlement en prétend la direc-
tion. Toutte l'authorité semble par devers le peuple, pour
laquelle regaigner, il est nécessaire au Roy de le guérir
et rammener de ses deffiences par un procédé contraire
à celuy que de ' ses ministres luy ont faict tenir, sans
quoy il est pour tout perdre. Je répute, Monseigneur, à
un bien grand bonheur, que ny S. M. ny le Parlement
ne m'ayent onq faict parler de leurs menées ou jalousies,
car j'eusscs eu de la pèno à les contenter esgalement et
la confience de tous deux nous est nécessaire pour le succès
du mariago et pour l'Estat; s'il est possible, il s'en faut
tenir à cette maxime. Le Roy a peu de satisfaction du
sieur Goring, lequel est d'autant plus estime au Parlement;
cy-devant S. M, avoit excusé son absence et demandé à
V. A. le gouvernement de Berghe pour luy ; présentement
il le désire esloigné et traicté comme plusieurs autres,
mais se trouvant embarassé et retenu par le Parlement,
il espère de demeurer dans la bonne opinion et faveur
de y. A., et que luy conserverez sa charge, résolu de
' qnelquee uni de.
D,g,t7cdb/GOOgIC
1841. AuÛt.] — 488 —
la venir deservir au premier jour, comme vous le repré-
sentera plus plèneuient le gentilhomme qu'il a dépesché
exprès à cette fin, me conjurant d'y contribuer mes offices.
y. A. sçait trop mieux la tendresse de cet affaire entre
le Roy et son Parlement. Nous louons Dieu de la prise
de Gennep avec ay peu de perte, surtout d'avoir con-
servé vostre personne, da laquelle, après Dieu, dépend le
salut de cet Estât, lequel je prie de verser de plus en
plus ses bénédictions sur vous et sur vostre maison. Je
sois. Monseigneur,
de V. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fîdèle serviteur,
FBAKÇOYB d'aEKSSEN,
De la Haye, ce 5 aoust 1641.
LETTRE DCCXXXIK.
M. de SommeUdyck au Prince if Orange. Il faut ituùter
sur le transport de la Princesse.
Monseigneur. J'ay ce matin entretenu M' le baron de
Dona sur son voiage d'Angleterre et veu une partie des
lettres qu'il en rapporte, sur lesquelles madame la Prin-
cesse m'a commandé de mander a Y. A. mon sentiment.
Elles me semblent donq trop générales pour en tirer
quelque espérance du passage de la Princesse, mais comme
l'obstacle en est imputé au Parlement, qui n'approuve pas
le dessein qu'a eu la Royne de la vous mener, je pense
que V. A. trouvera à propos, premier que d'en faire nou-
velle instance, d'attendre la responce du Roy à celle de
messeigneurs les Estats, par laquelle ils ont prié S. M.
de persuader la Royne d'entreprendre le voiage et de
mener la Princesse de compagnie; car si ou allègue l'em-
pêchement que le Parlement y met, l'Estat en prendroit
occasion de convier le Parlement d'intercéder vers leurs
Majestez pour le transport de la Princesse en ces pays,
,,.CoogIc
— 489 — [1641. AoSl.
afin d'y prendre de bonne heure l'éducation et l'instruc-
tion nécessaire, et aaroit telle lettre à estre adressée au
Roy, pour s'en ajder en cas de besoin; au moins en
viendra à V. A. cet avantage, de voir clair d'où pro-
vient la diFGculté qui retarde voatre contentement, et S. M.
n'en peut prendre jalousie, puis que le demandez par son
entremise, ny le Parlement vous le refuser, après tant
de démonstrations d'avoir souhaitté cette alliance pour la
seureté de la religion et du royaume. Une personne de
conduitte ponrroit estre chargée de cette commission, qui
sçaura mesnager les eapritz de ceui, qui peuvent en Cour
et au Parlement et ont d'ailleurs l'ambition de recercher
vostre feveur. Cest le temps qu'il vous faut presser, sy
ne vouliez remettre voz espérances au renouveau '. Peut
estre ne me trompé-je point, quand je pense que le Par-
lement n'a aucune intention de s'opposer au passage, que
pour la crainte qui le tient que, par iceluy en compagnie
de la Royne, on a autre dessein, que de la mener à voz
A. A.; car en cet estât où sont les afiaires du Royaume,
tout ce qui vient de S. M. est suspect au Parlement, et
il est malaysé de charier' droict entre deux, quoique de
part et d'autre on proteste d'avoir de la volonté à grati-
fier V, A. en chose sy raisonnable. Cest pourquoy on
doibt haster ce transport, car l'Angleterre n'est pas pour
composer sy tost ses différens, et il y a trop d'accidens
à craindre. M. le conte d'Hollande seroit propre à dé-
mener ce faict, tant vers le Roy, qu'au Parlement, s'il
estoit sur le lieu, ou prest d'y venir; mais les armées
s'en tiennent esloigné. Le cont« de Bristol est bien des
plus confidens avec Cottington , et m'ont déclaré souvent
que pour sa seureté le Roy devoit vous envoyer tous ses
enfans quand et la Princesse an plustost Toutesfois ces
deux personnages sont en sy mauvaise odeur an Parle-
ment, que leur entremise gasteroit tout, mais s'il tient
au Roy et à la RojTie que la Princesse ne passe, ilz
sont tes plus propres à servir en cela Y. A. Je retourne
' à b uison Donvclle. * faite route.
,, Google
IMJ. Août.] — 490 —
(lonq à dire qu'il est bon d'attendre la responce da Roy
& l'Estat, pour selon ïcelle fonder une sérieuse délibéra-
tion, car il ne faut point laisser attiédir la recerche du
transport, auquel gist la seureté de nos conventions, avec
ti>ut le cont«ntement de V. A. Sy lora j'ay l'honneur d'y
estro appelle, V, A. connoistra que je n'ay moins d'affec-
tion de Élire paroistre ma fidélité et obéyssance que de
zèle à mériter l'honneur de voz bonnes grâces. Sur ce
je prie Dieu, Monseigneur, de prospérer vos désirs, en
VOUE donnant santé et longue vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant et
très-fidèle serviteur
FR&Nçoys d'aekssen.
De la Hnye, ce 16 aoust 1641,
■ t LETTSE DCCXL.
Le Prince ^Orange à M. de Somtnehdyck. Même sujet
Monsieur. Les rapports du baron de Doua et les let-
tres qu'il m'a portées m'ont assez &ict comprendre comme
il ne faidf plus penser à ce qu'on avoit espéré de veoir,
que la Reine de la Grande Bretaigne en personne vienne
à passer la mer, et à nous mener madame la Princesse
sa lîlle, à raison de l'obstacle que le Parlement y a donné.
Et me semble en suitte, selon le sentiment qne je voy
qu'anssy vous en avez, qu'il ne reste seulement que d'at-
tendre la responce du Roy à la lettre par laquelle mes-
sieurs les Estats ont prié S. M. de persuader la Reine
^ entreprendre ce voyage, et qii'icelle responce veue (par
laquelle apparemment ledit obstacle du Parlement sera
allégué) qu'au retour du Roy de son. voyage d'Escosse,
il sera à propos d'envoyer quelque personne de condoitte
en Angleterre pour y solliciter le transport de madame
]a Princesse au nom de messieurs les Ëstats et le mien,
' vuaule de la Mot» de M. de Zuyliciem.
,, Google
— 491 — [1641. Août.
accompagnée mesme de quelques lettres à des principaux
<lu Parlement pour les employer, aveq cognoissance de
S. M. et de son bon gré, à faciliter la résolution du dit
transport, lequel en fin je voy que nous n'obtiendrons
jamais sans l'avis du Parlement. Je vous remercie de la
peine que vous prenez à m'en dire voz considérations et
vous asseure que c'est m'oblïger à vous témoigner tous-
jours que je suis, etc.
■ t LETTRE VCCXU.
/^ même à M. Joachimi. Même sajet auk
Monsieur. J'ay apprins successivement par voz lettres
ce qui a est^ des intentions de la Reine touchant son voyage
en ces pals, et finalement j'ay veu par la dernière, du
premier de ce mois , comme S. M , s'accomodant aux in-
clinations du Parlement, a esté contente de quitter la
resolution dti dit voyage, par où il semble que vous teniez
que celuy de madame la Princesse aussi demenreroït re-
culé au delà de ce qu'en avions présumé. Mais c'est ce
que je ne veux espérer; ains comme l'une chose n'a rien
de commim aveq l'autre, que ce nonobstant nous pourrons
obtenir le transport de madite dame la Princesse le plus-
tost qu'il sera )K>ssible. Au moins vous m'obligerez d'y
tenir tousjours la main, en allégant, où il appartiendra,
le grand contentement que messieurs les Kstats tesmoignent
avoir eu, par leurs lettres au Roy, de ce que la Reine
avoit dessein de leur faire l'honneur de passer en leurs I,
Provinces et que madame !a Princesse venant à y arriver
y rencontrera tous les mesmes tesmoignages d'affection et
de bonne volonté parmi les honneurs et les respects deubs
à sa haolte naissance. Mesmes si vous le trouvez à propos,
je seroy bien d'advis que vous missiez peine ii faire gou-
ster la chose au Parlement, par voye et entremise de
1 ndHuU dt la MOM de M. de Znyliekeu.
D,g,t7cdb/GOOgIC
1641. Septembre.] — ««i —
quelques seignâurs bien affectionnez, qu'on dit y avoir
aujourdhuy beaucoup de crédit; comme ponrroyent estre
monsieur le comte de Warvrîck et autres, tant de l'une
que de l'autre maison ; bien entendu que le Roy ne le
vienne à sçavoir. Je vous le recommande le plus sérieu-
sement que je puis, et qu'à vostre commodité je puisse
avoir advis de ce qui se passe plus considérable où tous
estes, demeurant, etc.
LETTBE VCCaCLII.
M. de SommeUdyek au Prince d'Orange. D^érmds entre
tes compagnies de$ Indes Orientales en Angleterre et dans
les Provinces- Unies.
Monseigneur. Je n'ay point attendu le commandement
de V. A. à travailler pour composer les difFérens d'entre
les compagnies Orientales d'Angleterre et de cet E^tat,
car j'y estoy oblige de promesse et de devoir, îi cause
de ma charge. Cette voye est la plus propre pour préve-
nir beaucoup d'inconvéïilens, lesquels, après bien de [pertej
et de disputes, nous aurions trop de pêne à réparer; mais
noua avons a, faire à tles gens qui, se croyans sousteouz
dans le gouvernement, demeurent entiers et se font tirer,
s'imaginans quand et quand que, non obstant qu'ils ayent
de faict dépossédé les Angloîs de Pouleron, le droict né-
anmoins demeure de leur costé; sy cette plainte est une
fois portée au Parlement, il sera malaysé qu'en sortions
jamais que par une cuisante amende, soit par arrest, soit
par confiscation des vaisseaux à leur retour des Indes;
d'ailleurs la condition de l'Estat ne le peut comporter, le-
quel fera sagement de se prévaloir de l'occasion. Partant
M' Catz et moy y allons travailler de bon, sans plus de
remise; desjà avons nous procuré que des députez des
chambres ont esté mandez, authorisez pour vuider tous les
différens, et messeignenrs les £stats ont réglé la part qu'ilz
contribueront au rachept de la dispute. V. A. se peut
,,.GoogIc
— 493 — [IMl. Septembre.
tenir assenrée qne ne desmorderons point cette eittreprînse
que par transaction, ou, en cas qu'on y vienne îi restiver ',
par une décision, pour kqnelle, en cas d'extrémité, j'espère
nous faire authoriser. Le faict d'Amboyna est cruel, et
celuy de PouUeron, après une concession expresse, est
moins excusable; la patience des Anglois est longue,
mais sy négligée elle vient k nous choquer, nous serons
blasmés d'avoir mal faict nostre partye, là ofi nous devons
recercber tous les moyens possibles à nous bien entendr<}
avec l'Angleterre, taudis qu'elle se lie sy eslroittement à
nous, et demeure persuadée que la seureté commune est
fondée sur des mesmes intérêtz.
3ja proposition faicte en l'assemblée par le sieur Brasaet'
est fort crue, sy soubs main elle n'a paravant esté con-
certée avec V. A. Je l'ay portée en Hollande avec vostre
advis, car elle commençoit k trotter par les compagnies et
y a esté receue avec attention, m^s comme je croy que
la France s'en joue pour ne donner lieu au blasme qu'elle
recule seule au traitt^ de la paix, tout ainsi nous emba-
rassera-elte bien fort, sy par après il conviendra s'en des-
mesler, car on se figure la fin de la guerre et des charges,
et qui retirera le peuple de ce désir? Je prie Dieu, Mon-
seigneur, de bénir les armes, les conseils, et surtout la
personne de V. A. de prospérité et de longue santé et vie.
De V. A. très-humble, très-obéyssant et trts-
fidèle serviteur,
PBANÇOÏS S'aBBSSEN.
De la Haye, ce S3 sept. 1641.
liETTKB mCCXMAU.
La Reine ^Angleterre au Prince ^Orange. Remercimenti, i
Mon cousin. Je suis extrêmement ayse desetteaucation'
de vous assurer de mon affection par mes lettres et tous
> r^ieler, bAtt le rélif. * agtnl d» France. ' oeaàoo.
U,g,t7cdb/GOOgIC
1«43. JidWw.J — 494 —
remercier des seings que tous prenés tons les jours de
m'obtîger. Comme j'ay veu par Killgreu, touchant mou
voyage, le seing que vous hvez pris en cela et en tout
autre chose qui me touche, croy^s que vous n'obligerés
point une personne ingrate, et quoy que pour le présent
nous ne soyons pas en estât de vous faire voir par des
preuves nostre affection, j'espère que ce tamps ne durera
pas, et que j'oray an jour le bonheare par quelques
actions de ma vie de vous faire voir paroistre que je suis
véritablement, mon Cousin,
vostre bien affectionnée cousine
HENKieTTE-HAKIS. R.
3/. de IfeenvUet au Prince d'Orange. TroubUa <F Angleterre.
Monseigneur. . . . Lundi sur le soir ^ la cour la bonne
Royne en entrant me fist un subris, me demandant devant le
monde si je n'avois nouvelles de ma femme et incontinent
après se levoit, et venoit vers le feu où j'estois, disant:
„vous avés gaigné vostre procès, Morray a ordre de vous
aller trouver, et dire que le Koy et moy sommes d'accord
et résolu d'envoyer nostre fille au printemps, mais vous
avez tort de n'eatre venu la demander en ambassadeur."
Je disois à S. M. que vos Â. A. avoyent jugé le meil-
leur pour à présent que non et les raisons, desquelles
S. M. se contenta, jusques à dire: „je te comprend et de
vray yl est mieux pour astheur, comme vous dites, mais
après que tout sera adjusté, car nous ferons la difficile,
allers yl le faudra." Je dis que, quand leurs Majestés
trouveroyont cela convenir , que je n'en donbtois ou V. A.
en cnvoyeroît un pour demander le transport, et la re-
merciois avec toute submission cette tant bonne Princesse,
l'asseurant que vos A. A. n'oublieroyent jamais ses laveurs
et que S. M. se poulvoit asseurer qu'elle ne les sçauroit
,,.GoogIc
— 495 — [1642. Jtnvief.
départir à personnes qui en sçauroyent ' plus recognoissantes
que vos A. A. — Après S. M. me contoit plusieurs choses
qui se passent îcy et assez ma). Que le Roy metteroit
le jour après on liontenant & la Tonr nommé Lanxford'^
qui a en aultrefois un régiment en France, me laisant
oultre des grandes plaintes du conte d'Hollande, com-
mvnt yl les traversoit, et proposoit de feire deux généraux
d'armée, à qui le parlement laisseroit tout poulvoir, et une
histoire ensuite laquelle me faisoït mal au coeur d'ouyr,
et à la fin que je voyois comment elle parloit à moy, et
qu'elle n'oseroit aultant faire à aucun auttre, qu'elle se
confioit et sçavoit que j'estoîs homme de bien.
De la cour je sais allé chez M' Morray, et ne le
trouvant, ay entretenu madamoisclle sa femme, laquelle
me sçavoit dire* que le Boy me voulut encor laisser quel-
ques jours languir, mais que laRoyne avoit dîct que non....
Le Roy me fist appeller et entrer dans la chamhre re-
tirée, je le salué, et S. M. me dict que de la Royne et
de Morray j'avois ony sa résolution. MCest," me dît S. M.,
„pour complaire au Prince." Je fis des grands compli-
ments de remerciements, et le Koy: „vous vous pouvez
là-desBus fier, et en ma parole, car cela est arresté, et
ce que ma femme vous a dict ou moy, je vous dis c'est
le mesme, car nous sommes asthcur résolu tout deux et
d'accort pour la laisser passer au printemps à venir;
Hmais," me dit le Roy, „yl laudra la faire demander,
lors que tout sera préparé, publiquement, et cela devant
que je le notifie au Parlement" Je dis que tout ce que
S, M. me commanderoit , j'escrirois à V. A., ou j'îrois
moy-mesme. „N^oub aurons encor," me dit le Roy, „du
temps de parler de cela, continuiés h. entretenir le comte
d'Hollande, Vane, et aultres, ainsy que vous avés com-
mencé, mais ne leur dites rien qu'en général, sans lenr
particulariser;" me demandant ce que j'avois dit au sieur
de Goring, je luy !e dis, et le Roy: „cela est fort bien;"
et après que je voyois comment tout alloit icy, me con-
' xTuiciit. ' Sir Thuniti ljin>ruril. * Bfljiaime mij wiil le ipgj^fn.
,,Googlc
1«42. JiiifiCT.] — 496 —
tant de vray des estranges choses et de dure digestion.
Et sur la lîn, que S. M. in'avoit denx choses à recom-
mander, l'une de vouloir [puissamment] escrire à V. A. et
le prier que cest affaire des Oost-Indes pouvoit avoir un
fin. Et l'autre, que je ne le dirois i> personne, que son
collier estoit entre les mains de M' Boswel et que S. M.
désiroit que je luy donnerois conseil comment y] poul-
voit avoir sur ledit collier de l'argent. . . Jeudi la Royne
me demandoit, si je sçavois bien que les prentises' de
Londres avoyent donné une pétition contre Lunxford,
qu'yl ne le voulurent pour lieutenant de !a Tour, à
cause qu'yl n'estait pas ponr le Parlement, et que de-
main ceux du Parlement viendroyent prier le Roy de l'os-
ter, mais que S. M. ne feroit rien, et sur la fin qu'elle
alloit à Somerset demain, pour y faire ses dévotions à
l'accoustnmée. Le soir je suis allé souper chez M' Vane,
qui me disoit qu'on me louoit de, ce qu'à la cour mesme
je parlois et entretenois tout le monde, sans faire distinc-
tion des uns ou des aultres ; que le Boy avoit changé son
conseil pour les affaires de dehors, et au lieu du marquis
d'Hamilton, comte de Northumberlant et comte d'Hol-
lande, qui avec Iny cy-devant avoyent esté de ce conseil,
le Roy avoit choisy le comte d'Arundel, le comte Dor-
set, le comte de Bristol, milord See ' et le secrétaire Ni-
cola*; que le Prince Electeur n'estoit pas trop satislàict et
qu'yl appréhendoit l'affaire d'Irlande; que les rebelles
venoyent* de jour à aultre plus puissants, que le Parle-
ment en Irlande se debvoit bien assembler le II de ce
mois leur s^le, mais que la pluspart estoyent mesmes
papistes et qu'yl appréhendoit qu'yl ' voudroyent la tolé-
rance pour la religion, ou se joindre avec les aultres,
tellement qu'yis estoyent fort mal îcy à cheval en ceste
affaire; que cecy ne poulvoit ainsi longtemps durer; c'est
pourquoy yJ me conseiloit de ne trop haster mes sollici-
tations; qu'en quinze jours je verrois plus clair et une
révolution dans les affaires, soit de l'un ou de l'aultre
I ipprenlia. * Sa;. ' sir Edward Nïcholie. • dcvcnoieot. > iU.
,,.GoogIc
— 497 — [IMB. Janvier.
costé. Voib, Monseîgnear, nn jotunal bien toDg et peat-es-
tre tédîfiQx à V. A., mais j'ayme plustost faillir d'escrïpre
tout et trop que trop peu
De Y. A. trës-hamble, tr^-obéiseant et
trës-fidële serviteur,
HBKNTLIBT.
s janvier 1643, Londres.
LETTRE SCCXliV.
Le même au même. Même sujet.
Monseigneur. Je suis revenu à la Cour, laquelle je
trouve altéré pour les afiaires du royaume. Par mes
dernières, je mandoîs à V. A. que le Boy avoit faict
Bon lieutenant de la Tour le colooael Lunzford et que
les prentices s'opposoyent, et qu'yl furent suiviz de plu-
sieurs bourgeois; ce que depuis le maire et le magistrat
de cette ville ont confirmez, tellement qu'à leur réquisi-
tion le Eoy l'a changé, et donné la cbai^ au chevalier
Biron ', et osté au conte de Nieupoort* celle de conne-
stable. J'escrivois aussi qu'une partie du peuple voulurent
avoir osté les évesques, et les désordres là-dessus survenus,
tellement qu'yls n'y osèrent plus aller, mais s'assemblèrent
à Westmunster chez le doyen, qui est l'arcbevesque de
Jorck, et là yls arrestèrent une pétition au Boy et au
purs, pour avoir seurté d'aller au Parlement, ou qu'aul-
trcment yls protestèrent que tout seroit nul ce qu'en leur
absence auroît esté conclu et arresté. Cette pétition lîist
donné au Boy, ainsy que .S. M. estoit pour se mettre
au licL II la donna, sans lire, à son sécrétait^ Nicola,
et luy encor, sans la lire, le lendemain au Kyper*, qui
de mesme la présenta à la maison-hault, laquelle se for-
malisa de leur protestation et la communiquèrent à la
maison-basse; eux ne se formalisèrent pas moins, mais
I sir John hjnn. > M. Bloant, «stl of Newpoil.
* Kaepcr (gtr^ dt* tceaiui).
m. 32
,,Googlc
1842. Jao»i«.] — 498 —
les déclarèrent avoir commis trahison, pour avoir dit que
sans lenr présence tout estoit de nul valeur; qu'yls ne
représentèrent le clergé comm' un membre du Parlement ,
mais qu'yts furent seulement une dépendance de la no-
blesse; sur quoy yl fust conclu qu'on les euvoyeroit au
black-rod et depuis dix dans la Tour, où y)s sont encor,
et grandement blasmez d'avoir si inconsidérément adjousté
k leur reqneste une telle protestation. Toute la sepmaine
passée les preutices firent des grandes insolences, mesmes
à Witlial, le jour que le Koy traittoit les colonneb et
capitaines qui doibvent aller en Irlande; quelques gentil-
hommes les voulurent faire sortir hors la cour, et comm'
jia s'opposèrent, yls tirèrent leurs espées et les firent sortir
par force, eu blessants quelque soixante preutices. Or
comm' yls jurèrent de vouloir revenir pour en avoir re-
venge, le Roy ordonnoit qu'une sentinelle seroit bastie
tout contre Schotlant-parck proche de la Cour, où ceux
des traines-band k présent tiènent garde; les estudîans,
' qui sont icy en grand nombre, gentilhommes cadets, esta-
diants aux collèges, vindrent à mesme temps présenter
leur service au Roy ; S. M. les faisoit entrer et baiser
la main, comme aussi yls firent à la Royne et au Prince.
Ceux du Parlement ayant tesmoigné estre mal sattsfaict
de ce que le Koy ne déclaroit ceux qui ont pris les
armes en Irlande pour rebelles, le Roy les déclara tels;
mais mardy, estant adverty, comm' on dit, que quelques
uns machinèrent de faire quelque chose k son préjudice,
ou contre la Royne, laquelle yls croyent trop encourager
le Roy, S. M. alloit le mesme après-disné au Parlement;
estant là entré, toutefois pas si viste qu'yl n'eurent advis,
car ceux & qui le Roy en voulut estoyent desjà sortiz,
ils monstrèreut estre estonnés, se levèrent sans dire mot;
le Roy, leur demandoit si M" HoUis, Haslerig, Pym,
Hambden, et Strode n'estoyent là; persone ne respondit
au Roy; S. M. s'addresse au speaker, qui donnoit à S- M.
pour responce qu'yl n'avoît là ny yeux ny oreilles, qu'yl
n'estoit que pour dire ce qu'on luy commandoit; là-dessos le
,,.CoogIc
— 499 — [1642. Jinrier.
Roy dict tout hault qu'yl les cerchoït et qn'yl les accusoit
de trahison, et de mesme milord Mandeville, et qu'yl les
prendroit là où yl les trouveroit. Le Roy estant aorty, la
maison-basse adjoumèrent leur assemblée pour huict jours,
et ne firent qu'assembler des committés !i Guildhall en
ville, où le lendemain le Koy se trouvoit encor, protes-
tant de ne vouloir rien altérer sur leur liberté, au con-
traire les défendre et maintenir, mais pas tous ceux qui
estoyent là dedans, comme ses six qu'yl accnsoit de tra-
hison. Us ne dirent encor rien, ny ceux de la ville, qui
y furent présents, mais en sortant un homme crioit: „Sire,
liberté, liberté pour le Parlement," à qui le conte de
Linsey disoit: „aussî veult le Roy." — S. M. avoit donné
ordre qu'on cacheroit ' les papiers avec ses armes de cens
qu'yl avoit accusé, mais furent incontinent aprfes par ordre
de la maison-basse ostés et les sieurs Kilgry et Flemen
menacez d'estre mis dans la Tour, pour avoir en cela obéi
au commandement du Roy. Le mesme jour ceux de la
ville présentèrent une pétition, demandants que le Roy
donneroit liberté au Parlement, qu'yl osteroit ses gardes,
et qu'yls ' nommeroit les accusateurs des sumonunés six
personnes. Et la maison-basse ont déclaré traistres ceux
qui metteroyent la main snr les six personnes que le Roy
pour tels a déclaré, et aujourdhuy publiquement, et [eux]
tons cenx qui ont assisté le Roy, lorsque S. M. vint à la
maison-basse (du nombre duquel le Prince Électeur estoit)
ennemis de la patrie.
Ils ont une si grande appréhension de ce que le Roy
a traitté ses officiers d'Irlande, à cause qu'yls lèvent des
gens icy à l'entour, qu'yl crièrent cette nuict dans la ville
allarme, et que toute la bont^eoisie se mit en armes,
comme pour une partie yls sont encor, et adjonstent as-
theur que c'est pour garder le Parlement  ce matin
à dix heures le Roy m'envoya dire que je le viendrois
trouver; je ne manquois à mesme instant, mais comme
grand monde y estoit, S. M. me conmienda d'aller trou-
,, Google
1642. J»n.ier.] 500 —
ver k "Rayne et elle me commendoît d'escrire un anltre
fois à. [Satyn] pour assister M' Bosvel, et que S. M. en-
voyeroit un exprès avec encor anltres choses, et en&uite
me contoit le misérable estât de ce royaume, non sans
esmotion. Je la suppliois de patienter, qae je ne doabtois
on cecy passeroit et que Dieu suppédïteroit au Roy des
conseils salutaires pour trouver un accommodement; tou-
tesfois que j'obéirois et que sur le soir j'apporteroi la let-
tre; revenant le soir S. M. me fist la grâce m'ouyr long-
temps et de me commander à la fin que je garderois encor
la lettre, et tesmoignoît n'estre plas altéré. Je prie Diea
de disposer les coeurs k paix et garder voz Ait en santé
et longue vie, et à moy la grâce de les servir à conten-
tement, comme. Monseigneur,
De y. A. le trës-humble, tr^obéissant et
très-âdèle serviteur,
HBBNVLIET.
LondoD, 17 janvier 1642.
LETTKB BCCJGLVI.
Le même au même. Perpleaitéa da Roi et de la Reine
<ïAnglelerre.
Monseignear. J'ay mandé ^ V. À. par tous les ordi-
naires les grandes altérations de ce royaulme, et comme
le Boy et le Parlement commencèrent à se chocquer. Je
diray par cette commodité ce qu'on m'a dît, et ce que
je tiens la pluspart de la bouche de leurs Majestez.
Le Roy, estant du ' retour d'Escusse, et les ayant avec
beaucoup de peine lit appaisez, croyoit à son retour en
faire aultant en ce royaume ; c'est pourquoy yl trouvoit
i, propos de faire une entrée solemnelle, pour obliger son
peuple, aultant qu'yl se pourroit; S. M. fiist très-magni-
figuement receu et traitté, et yl s'ouvrit au magistrat de
cette ville plus que jamais, les asseurants en Roy de les
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— 501 — [1642. Jinvier.
maintenir en leur religion et privilèges, et de mesme le
Parlement, tant qa'yls ne Iny osteroyent ses prérogatives;
mais qn'yl ne sçavoit pourquoy on voulut ester les éves-
qaes et principalement les bonnes'; snrqnoy le niMre et
les principaux se déclarèrent n'estre de cest advis, riy
anssi la ville, mais seulement quelques puritains et Bm-
nistes '. S. M. estoït de cecy fort satis&ict et la Royne
pas moins, et ne songèrent qu'à les obliger, en fusant le
maire baronet et les aldermans chevaliers. Us disent
que quelques uns au Parlement, et principalement ceux
que S. M. a accusé, estoyent de cecy jalous; c'est pour-
quoy yls couchèrent une remonstrance, et firent la lire
dans leur conseil de Parlement, yls la impronvèrent,
de quoy yls tesmoignèrent estre très-mal satisfaicta; et
firent tant envers la pluspart qu'à la résumlion elle fust
approuvé et consenty estre imprimé. Cette remonstrance
a tellement eschanfFé le peuple qu'yb commencèrent de
nouveau à crier contre le Roy plus que jamais, et, quoy
que S. M. depuis a faist pour les regagner, n'a peu; il
employa diverses personnes, mais en vain, au contraire,
qu'yls commencèrent à parler, comm' on m'a dit, de
mettre la main sur la Royne, et que ce n'estoyent que
ces six susnommés. H résolut de mettre la main sur eux
et les accuser de trahison. H va au Parlement, les de-
mande, mais yis furent advertis et absents, S. M. les
déclare criminels, et eux incontinent après les prennent en
protection, et tels ceux qui les attaqueroyent et mette-
royent la main sur eux, et ennemis de la patrie les per-
sonnes qui en cette action avoyent assisté le Roy. La
déclaration du Roy est refusé d'estre scellée et proclamée ,
la leure se proclame. Allers la Royne me fit l'honneur
de me dire que je voyois bien que tout se préparoit à
une rébellion, et que le Roy ny elle ne poulvoyent plus
endurer ces grandes aâronts; que dans la ville yls n'a-
voyent osté le chappeau la dernière fois que S. M. y
avoit esté et crié mesme qu'yl ne seroit pas le premier
' boni. ' Brovnlttei.
,, Google
Roy que le peuple aurait démis, [ouy] cek imprimé
derrière les articles dn Roy contre ces six personnes et
allégué le passage de la S' Escriture 1 Rois, chap. tt :
V, 16 ('), me montrant après cela des personnes qni n'y
vindrent là que pour espier les actions de leurs Majestez
et qui qui parloit à eux. Je contriboois tout ce que je
poulvois pour appaiser S. M. et la suppliois à patienter.
Ce qu'elle redîsoit à quelques uns et que moi j'avois encore
espérance qn'yis viendroyent à raison. lÀ-dessos quelques
uns me vindrent sommer et demander si j'oserois m'eu-
tremettre. Je dis que non, mais que je parlerois à nostre
ambassadeur, ce que je Ra trois jours de suite, luy de-
mandant s'yl oseroit sonder monsieur le conte d'Hollande
pour sçaroir si son entremise seroit agréable au Parlement,
et que je l'assearois du Roy et de la Royne, mais yl me
dit n'avoir ordre et n'j oser, ce que j'estois contrainct de
respondre.
Dimanche au soir leurs Majestez résolurent d'envoyer un
gentilhomme en Hollande, médisants, comme j'ay mandé
k Y. A., qu'yls estoyent asseurés que mardy ou mercredy
yls viendroyent pour séparer la Royne du Roy; surquoy
hier, sur les quatre heures du soir, yls partirent, avec
le Prince, Princesse, Duc de Jorck, (et dit-on que les
aultres enfants suiveront aujourdhuy) vers Hampton-Court
Quand messieurs les contes d'Hollande et Essex virent
que c'estoit à bon escient, yls prièrent tout le monde de
le dissuader à leurs Majestez, et aussi madame Carlile,
mais personne n'osoit, et je confesse que je disois à mon-
sieur Morray; qui oseroit?
Astbeur ne font-yl que marcher et tirer, et tout est
en armes ; ils font monter tous les navires qui penlvent
passer le pont, vers Celse '. Je ne sçay ce qa'yl en ar-
rivera, ny ce que je doibs faire pour ne donner nmbrage ;
<1) J let ienlet, ItradI cri de reToItedadii tribninupérfes pirlarfponM
da roi Roboam.
■ L1l«lMt.
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— 503 — [1643. Jinrier.
j'atteaderay les lettres qui doibvent venir dans trois joars,
n'ayant encor de vos A. Â. receues aucune et me régleray
selon îcelles; sub très-mary de voire ces extrémîtez, et
prie Dieu d'y aporter remèdes. Voz A. A. me pardonnent
que je dis que raesseigneurs les Estats ne peulvent plus
estre coy, soit par voye d'entremise ou anltre; tout le monde
en parle et comm' estonné, mus, comme j'ay tousjours
mandé à V. A., leurs Majestez ne m'ont jamais parlé ny
rien dit, horsmîs dimanche, et allors seulement que je
manderob à Y. A. en quel estât les affaires estoyent tcy.
Le Parlement et ceux de cette ville craignent que le
Soy ira à Portsmoutb et que lii yl fera venir une armée
et qn'en Galles et aultres lieux yls remueront aussi
S. M. a faict imprimer devant son départ la déclaration
cy-joincte. Monsieur l'ambassadeur de France me vînt
veoir samedy dernier, et me contoit au long les delivoir
qu'yl avoit contribué pour accommoder ceux du Parle-
ment avec le Roy, mais qu'après tout cela yl n'avoît
point de gré, et qu'on le tenoït suspect à la Cour, et
qu'on luy tesmoignoit un mauvais visage; de vray hier,
quand yl voulut parler au Koy, S. M. ne luy respondit
pas un mot, et n'ostoit qu'à demy son chappeaa et ce-
la en passant, et après avoir attendu la Royne dans sa
chambre plus de deux heures, S. M. demeurant dans sa
galerie, yl en sortit, sans la poulvoir encor parler, de
quoy en sortant la chambre yl montroit n'estre pas trop
satis&ict. Et avec tout cela disent les aultres qne mon-
sieur Giermain ', qu'on dit estre tant mal avec monsieur le
Cardinal, luy a parlé depuis peu plus de trois heures de
suite. — Ceux du Parlement envoyèrent hier au soir trois
fois pour le lieutenant de la Tonr, mais yl s'en excusa, et
k la fin leur faîsoit dire qn'yl ne poulvoit servir deux
maistres; on n'entend que des coups de canon et musquets;
ce qui a donné une telle espouvante ans capucins qu'yis
ont porté tous leurs ornements chez l'ambassadeur de
France et aultres sortent hors la ville; et crient-yls par
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1648. JiOïier.] — 504 —
la me qae le Boy eet partr cest ftprès-dîsoé vers Ports-
mouth, pont envoyer la Rojne en France. Je prie Diea
avoir pitié de ce royanlme et donner au Roy des conseils
salutaires et à Y. Â. en prospérité santé et longue vie,
et à moy la grâce de servir Y. Â. ntillement, comme,
de Y. A. très-humble, très-obéissant, et
très-fidèle sénateur,
HKENTLI8T.
LondoD, 21 janvier 1642.
LETTKB BCCn/im.
M' C. de Sommeîsdyck ' au Cointe GwMaame-Friderie de
Nasiau-Dietz. Décès de son pire.
Monsieur. Si j'avoia l'esprit plus libre de douleur et d'af-
âicUon, j'exprimerois mieux mou ressentiment pour l'hon-
neur et l'ofBce de vostre condoléance que je tesmoigneray
asteure seulement en l'attnbnant à la bonté de vostre na-
turel et à une non méritée faveur; mais si en ung temps
d'intrigue et de fourberie ung bon serviteur ne penlt estre
trop regretté, croyez, Monsieur, qu'en ceste qualité vostre
Excellence ne se trompe pas, ny n'a tort de participer ii
nostre perte; car je vous puis asseurer, et de bouche je
le vous particulariseray, que le défont n'a désiré que
vostre bien, honneur et raccommodement à plain entende-
ment en ceste Conr; mais le temps et anltre entremise
TOUS peult redonner tout cela, là ou moy tout au con-
traire demeure pour tousjours privé d'un père dont l'excès
de son seing et de sa tendre affection en mon endroict,
onltre les hanltes parties qu'il possédoit, ne me peuvent
en le louant assés lîtîre acquitter de mon debvoir, ce qui
est aussi cause que bien qu'en vain je ne pais fûre ny
trouver de fin à mes regrets; ce n'est donc pas par ci-
vilité, mais c'est l'humanité qui par une juste recognoîs-
' Corocills d'Acnaen, gomemear dt Ngaiigm et eoto*et de cavalerie.
,,.CoogIc
— 505 — [164B. JinTier.
sance me les arrache; aussi par sa sensualité elle a, et
qnel({ue déguisement qne nous y apportions, tout le inonde
le résent, le droict de préférence, et la raison n'a lien
qu'après qae le coeur s'est déchargé. Ma maladie ne con-
tribue pas peu à nourrir ceste métancholie, car le corps
sonllrant l'esprit languit et tous deux ofîencés ne peuvent
qae mettre ung homme en uog mauvais estât. Je de-
meure cependant obligé à vostre Excellence de son advis,
car je sçay qu'elle croit qu'il va poar la conservatjon d'une
personne, qui, quant elle n'en auroit l'inclination, )uy
doibt pourtant sou service par succession; aussi debvez
TOUS estre asseuré que, quand je le pourroîs practiqner
et en obtenir l'effect, qu'il demeureroit réservé pour à
toutes occasions tesmoigner à v. Exe. que je suis fran-
chement, Monsieur,
son très-hamble et très-obéissant serviteur
C. D'aBKSSEN DB SOIOIELSDYCX.
De la Haye, ce 24 de jmvier 1642.
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D,g,t7cdb/GOOgIC
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D,g,t7cdb/GOOglC
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