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Full text of "Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau"

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ARCHIVES 


COBEESPONDANCE  INÉDITE 


DE  LA  MAISON 


D'ORANGE-NASSAU. 


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ARCHIVES 

CORRESPONDANCE  INÉDITE 


SE  LA  MAISOU 


D'ORANGE-NASSAU. 

RECUEIL 
PUBLIÉ,  AVEC  AUT0BI8ATI0N  DE  S.  M.  LE  ROI, 

Mr.  a.  aaoBK  vAir  fbzitstskbb. 


«•HE  m. 

1625—1642. 


CTBSCHT, 

KEMINK  ET  FILS. 
1859. 


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ï-^¥-2 


î 


//eth.2ûl/.0.S.tf 


DEC    4   1S89 


,.GoogIc 


Sous  un  double  aspect,  ce  tome  offre  un  intérêt 
particulier. 

Les  dix-buit  années  qu'il  embrasse',  marquent,  dans 
l'histoire  moderne,  par  les  vicissitudes  de  la  terrible 
lutte  contre  l'Espagne  et  l'Autriche  coalisées,  dans 
celle  des  Provinces-Unies,  par  leur  prospérité  crois- 
sante, au  milieu  des  diiScultés  et  des  périls  et,  dans 
les  annales  de  la  Maison  d'Orange^Nassau,  par  les  en- 
treprises  et  les  succès  de  Frédéric-Henri. 

Des  378  lettres,  ici  réunies,  plus  de  la  moitié  ap- 
partient à  la  correspondance  d'un  de  nos  plus  clair- 
voyants hommes  d'Etat,  François  d'Aerssens,  seigneur 
de  Sommelsdjck.  Agissant  de  concert  avec  le  Prince 
d'Orange  et  avec  le  Cardinal  de  Richelieu  ('),  il  contri- 
bua, par  la  sagesse  de  sa  conduite  et  de  ses  avis,  à 


O  Celui-ci  disoit  n'avoir  coddq  que  trois  grands  politiques , 
Oxenstiem,  Tisconti  et  Aerisens.  Le  savant  et  judicieux  éditeur  des 
LOtru  de  Richelieu  (I.  p.  S7I),  trompé  par  des  appréciations  in- 
justes, a  révoqué  cette  anecdote  en  doute.  Il  se  peut  que  le  mot 
n'ait  pas  été  prononcé;  mais  une  connoissance  plus  complète  des 
lettres  de  M.  de  Sommelsdyck  suffira  pour  convalDcre  M.  Ave- 
nel  loi-même  qu'entre  ces  esprits  d'élite  l'admiration  a  dû  être 
réciproqna. 

■  ne  1025  1  1642. 

m.  I 


,,GoogIc 


préparer  les  remamements  diplomatiques,  qui',  eo 
1648,  pacifiant  une  grande  partie  de  l'Europe,  aanc- 
tionnèrent  l'indépendance  de  notre  patrie  et  mirent  la 
République,  glorieusement  émancipée,  au  rang  des 
Puissances  les  plus  considérables  de  la  Chrétienté. 


I. 


Il  y  a  de  Frédéric-Henri  dix  lettres  ou  minutes 
autographes,  où  l'on  rencontre  des  passages  ciurieux. 
Ainsi  il  témoigne,  en  1639,  ses  regrets  au  Roi  d'An- 
gleterre de  ne  pouvoir  lui  envoyer  des  troupes  poiur 
réduire  l'Ecosse:  „je  voudrois  qu'il  m'euat  cousté  de 
mon  sang  que  S.  M.  peoat  recevoir  la  satisfaction  qu'elle 
désire"'.  Et,  en  1640,  quand  le  même  Roi  songe  à 
donner  sa  fille  à  l'héritier  de  la  couronne  d'Espagne,  le 
Prince  écrit  à  M.  de  Heenvliet,  envoyé  par  lui  à  Lon- 
dres: „tout  le  monde  s'estonae  grandement  qu'im  Roy 
si  prudent  veuille  mettre  son  royaume  en  péril  d'un 
estrange  changement,  à  l'instigation  de  ceux  qu'il  co- 
gnoist  cstre  ses  anciens  ennemis;  faites  les  un  peu 
ressouvenir  de  ce  qui  est  arrivé  en  Angleterre,  par 
le  mariage  de  la  Reine  Marie  et  du  Roy  Philippe"'. 

Vîngtcinq  lettres  ou  minutes,  pour  la  plupart  rela- 
tives à  une  alliance  de  famille  avec  Charles  I,  sont 
écrites  et  apparemment  rédigées  par  le  secrétaire 
de  Frédéric-Henri;  distingué  par  son  esprit,  ses  con- 
noiasances,  ses  talents,  poète  et  litérateur,  le  célèbre 
Constantin  Huygens,  seigneur  de  Zuylichem.  Il  n'a  voit 
que   29  ans,  lorsque  en   1625   le  Prince,  succédant 

'    >  Feu  d'ino^  «prêt  n  mort  m  IMl.  ■  p.  lU.  '  p.  190. 


,,.GoogIc 


au  stadhoudérat,  lui  conféra  cet  honoral)le  et  laborieux 
emploi ,  et  alors  déjà  Âersseos  lui  rend  un  témoignage 
flatteur:  „I1  n'y  a  nul  de  voz  amis  qui  se  resjouysse 
de  meilleur  coeur  de  vostre  avancement  et  contente- 
ment que  moy,  qui  ay  une  très-certaine  connoiasance, 
par  des  vrayes  preuves,  de  vostre  portée  et  mérite, 
f  t  ay  longuement  désiré  une  pareille  occasion  pour  les 
Caire  mettre  en  veue,  m'asseurant  que  non  seulement 
son  Exe,  mais  tout  l'Estat  se  trouvent  bien  servy  de 
cette  élection"  '  ('). 

Chacun  sait  que  Frédéric-Henri  fut  un  des  plus 
illustres  guerriers  de  son  temps.  De  fameux  généraux  ' 
vinrent  se  former  à  son  école;  la  lisière  méridionide 
du  pays  fut  révêtue  par  lui  d'une  ceinture  de  places 
fortes  arrachées  à  l'ennemi;  la  conquête  de  Bois-Ie-Duc 
et  de  Maestricht,  malgré  des  obstacles  en  apparence 
insurmontables,  chefs-d'oeuvre  d'habileté  et  de  persé- 
vérance, auroient  déjà  sufQ  à  établir  sa  gloire,  et  d'Es- 
trades écrit  :  „jamais  capitaine  n'a  eu  plus  de  fenneté 
et  d'intrépidité  que  lui,  ni  une  plus  grande  vigilance 
.pour  pourvoir  à  toutes  choses"'.  On  comprendra  donc 
combien  je  regrette  de  n'avoir  ici  presque  rien  à 
publier  sur  les  aflaires  militaires. 

Il  est  vrai ,  un  exemplaire  des  Mémoires  de  Frédéric' 
Henri,  écrit  d'une  main  inconnue,  est  conservé  dans 
les  Archives  de  la  Maison  d'Orange;  mais  il  paroît 
conforme  au  manuscrit  découvert  dans  la  bibliothèque 


0  Le  ton  des  lettres  que  loi  adressent  Justin  de  Nassau, 
Mr.  Boreel,  et  la  Princesse  d'Orange  (L.  479,  480,  482,  493  et 
609)  montre  la  haute  considération  dont  il  jouiasoit. 

•  p.    1.  I  Bernard   de    Siie-Weimar,    le  Gnnd- Électeur,   ToTttenion, 

Chu-ln-GaattTB,  Tomiiie.  •  Lettret  et  Sigce.  I,  65. 


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de  la  Princesse  d'Anhalt,  sa  fille,  et  publié  en  1733, 
.  les  difierences  se  réduisant  à  celles  indiquées  par  l'é- 
diteur  M.  Beausobre  dans  la  préface.  On  y  lit  çà  et 
là  les  louanges  du  chef,  soigneusement  effacées  par 
Frédéric-Henri,  dans  les  copies  dont  il  fit  cadeau  à 
ses  enfants  ('). 

D  y  a  également  aux  Archives  beaucoup  de  piècesr 
appartenant  à  !a  correspondance  officielle,  soit  du 
Prince  et  de  ses  officiers  supérieurs,  soit  des  auto- 
rités militaires  subalternes.  Soigneusement  examinées, 
elles  pourront  répandre  beaucoup  de  lumière  sur  le 
détail  des  préparatifs  et  des  opérations  de  la  guerre  ; 
mais  cet  examen  appartient  aux  hommes  de  l'art  et 
une  correspondance  de  ce  genre  seroit  déplacée  dans 
notre  recueil  0- 

Enfin  M.  de  Zuylichem,  accompagnant  Frédéric-Henri 
à  l'armée,  informoit  régulièrement  la  Princesse,  avec 
une  exactitude  minutieuse,  de  tout  ce  qui  sembloit  de 
nature  à  pouvoir  l'intéresser.  De  là  une  infinité  de  let- 
tres et  de  billets;  souvent  (à  cause  du  danger  des  com- 
mimications  et  pour  les  soustraire  plus  facilement  aux 
perquisitions  de  l'ennemi)  écrits  sur  de  petits  brins 
de  papier  en  caractères  microscopiques.  Mettant  la 
main  sur  les  volumes  où  Huygens  les  a  rassemblés  avec 
un  soin  extrême,  je  me  flattois  avoir  fait  une  préci- 


(')  Par  ex.,  quand  Bois-le-Doc  capitule,  on  lit:  «ainsi  cette 
ïille  fut  rëduite  en  l'obéissance  de  l'État,  par  la  vertu,  valeur  et 
diligence  du  chef;"  tandis  que  le  manuscrit  imprimé  y  substitae 
modestement  ces  seuls  mots  :  „par  U»  devoirs  du  chef." 

0  J'ai  été  heureux  de  pouvoir  cnmmuniquer  ces  pièces  à  Mr.  De 
Bordes,  lieutenant  du  génie,  qui  en  a  fait  usage,  avec  profit,  dans 
son  exposition  remarquable  des  événements  de  1629.  {De  verâe- 
diging  va»  NederUmd  in  1629.     Utrecht,  1866.) 


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euse  découverte;  je  n'en  ai  pu  extraire  que  de  rares 
fiagments  '.  Il  se  peut  qu'en  les  confrontant  avec 
d'auti'es  sources  historiques,  on  y  remarque  des  par- 
ticularités inconnues;  mais,  en  général,  c'est  une 
chronique  passablement  aride  de  faits  qu'on  lit  égale- 
ment partout  ailleurs,  rarement  assaisonnée  d'un  mot 
vif  ou  piquant,  qui  témoigne  de  l'enjouement  habi- 
tuel de  l'écrivain  bel-esprit  qui  en  est  l'auteur.  Même 
au  milieu  d'événements  graves  et  solennels,  on  l'on 
est  en  droit  de  s'attendre  à  une  réflexion  sérieuse  ou 
à  l'expression  d'un  sentiment  généreux,  on  ne  retrouve 
que  cette  légèreté  insouciante  qui  dépare  assez  sou- 
vent ses  écrits  ('). 

Il  y  a  néaumoios,  sur  les  actious  mémorables  de  Fré- 
déric-Henri, quelques  passages,  dans  les  lettres  de  M. 
de  Sommelsdyck,  qui  méritent  d'être  cités.  —  En  1637 
il  fait,  par  avance,  un  magnifique  éloge  de  la  prise  de 
Breda  „Le  dessein  que  vous  poussez  est  très-grand; 
la  ville  en  ses  fortifications  est  le  chef-d'oeuvre  de  feu 
monseigneur  le  Prince  d'Orange,  qui  estoit  l'Archi- 
mède  de  nostre  temps  en  cette  science;  le  marquis 
Spinola  ne  l'osa  attaquer  que  par  la  famine,  et  V.  À. 
venant  à  la  prendre,  outre  la  grande  gloire  que  ce 


(1)  J'oi  éiê  également  désappointé,  en  parcourant  lea  recueils 
formés  par  Huygena  dea  lettres  dont  de  graoda  personnages  et 
des  hommes  illustres  l'ont  honoré.  Ici  encore  je  comptois  sur  une 
riche  moisson ,  mais  ces  collections ,  curieuses  sans  contredit 
ponr  nn  amateur  d'aulograpbes,  ont,  pour  l'histoire,  fort  peu  de 
valeur.  Ce  sont  les  Lettre»  de  Grande  à  moi  et  les  quatre  volu- 
mes de  Brieoe»  van  luiden  pan  Slaat  in  de  Fereenigde  Nederlauden 
aom  mij,  dont  il  est  &it  mention  par  Mr.  BaVhuîzen  van  den 
Brink  dans  son  Overtigt  vm  ket  Ned,  Bv^-^eit^ (»Kas^  1854, 
p.  40). 


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luy  sera  de  l'avoir  arrachée  de  la  puissante  main  du 
Roy  d'Espagne,  décidera  encor  cette  ancienne  ques- 
tion, sy  la  nature  est  plus  ingénieuse  à  se  conserver 
ou  à  se  destruire,  puisque  vostre  attaque  se  prend  à 
une  place  fortifiée  en  perfection  et  soubstenue  d'une 
puissance  surpassant  de  beaucoup  la  vostre'".  £n 
1638  un  lieutenant  du  Prince  s'attira  un  rude  échec; 
„ce  grand  désastre  a  faict  avorter  l'espérance  que  nous 
avions  conceue  de  vos  sages  conceptions;  mais  vous 
sçavez  par  expérience  que  les  armes  sont  journalières 
et  qu'une  terreur  panique  vient  de  la  main  de  Dieu , 
auquel  je  rends  grâces  que  cette  retraite  est  avenue 
loin  de  vous  et  sans  vostre  sceu,  qui  aurez  seul  l'hon- 
neur du  redrès  de  ce  désordre  "  '.  —  Sou  ven  t  les  François , 
exigeants  et  ingrats,  se  plaignoient  du  Prince.  On  lui 
en  vouloit,  en  1687,  de  n'avoir  pas  investi  Dunquer- 
que;  mais  „la  France  n'a  point  de  subject  de  reprocher 
à  V.  A.  d'avoir  rien  altéré  au  project  de  sa  convention, 
car  elle  et  tout  le  monde  peut  juger  de  vos  inten- 
tions, par  la  contrariété  des  vents"',  —  En  1639  „on 
se  plaint  de  la  lentitude  de  V.  A.',  mais  c'est  assez 
qu'au  moyen  d'avoir  porté  vostre  armée  au  rendévous 
en  estât  de  faire  peur  et  mal,  les  Françoys  ayent  eu 
depuis  tant  de  temps  leurs  coudées  franches,  pour 
prendre    leur   avantage  sur  tant  de  villes  ennemies"'. 


'  p.  sa.  *  p.  122.  •  p,  9». 

*  Richvlleu  écnToit  à  d'Eatndeg:  ,,vauB  coqnoissoz  ma  humeur  lente,  et  qui 
leut  Tuir  ks  choen  aiBDréea  avant  qnc  d*e)(ir,  ce  qui  fait  souieut  jierdre  les 
oecnaioDs  qu'on  ne  peut  plua  reeouTrer."  Letirri  tl  négoe  de  iEttradet.  I. 
26).  Kt.  dans  sea  Mémoiret,  >c  reudftDt  coaiple  da  pea  de  succès  de  In 
campBjtnc  de  I63G:  ,.il  semble,"  dil  il,  ,,que  li  inie  raison  est  que  Is  Prince 
d'Onin^  est  aussi  peu  hisardeui  et  peu  aceoulumj  i  une  guerre  de  campagne, 
comme  il  est  excellent  aux  sliges ,  ail  il  a  été  nourri  tonte  sa  vie." 

•  p.  lie. 


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„Cest  l'ordiDaire  d'un  malheuT  qne  d'en  chercher  la  cause 
où  elle  n'est  point"  '.  —  D'injustes  détracteurs  ne  cro- 
ycient  le  Prince  propre  qu'à  la  guerre  des  si^;es,  des 
canaux,  et  des  marais;  ne  voyant  pas  qu'il  étoit  par- 
ticulièrement  tenu  de  ménager  ses  forces  et  de  ne  pas 
aisément  s'exposer  aux  chances  d'une  défaite.  Voici, 
à  ce  sujet,  une  observation  fort  remarquable  d'Aers- 
sens  au  maréchal  de  Châtillon:  „Lb  condition  de  cet 
Estât  ne  comporte  poinct  de  recourrir  à  un  combat 
général,  et  partant  devons  user  de  grande  circonspec- 
tion à  faire  les  choses  avec  seureté,  pour  ne  perdre, 
en  un  seul  coup,  ce  qui  a  esté  ménagé  soixante  et 
dix  ans  de  long.  Vous  sçavez  que  nostre  milice  pour 
ta  ptuspart  est  composée  d'estrangers,  lesquels,  une 
fois  rompus,  dont  Dieu  nous  garde,  ne  se  sçauroyent 
reffaire  si  promptement;  et,  qui  pis  est,  les  peuples 
estoonez  en  perdroyent  le  courage,  l'espérance,  et  l'or- 
dre ou  la  vollonté  de  plus  contribuer"'. 

Plus  que  son  frère  Maurice,  Frédéric-Henri  avoit  le 
talent  et  le  goût  de  la  politique  ;  néanmoins  lui  aussi 
fut  avec  les  États,  avec  ceux  de  la  Hollande  surtout, 
en  perpétuel  désaccord.  Les  dépêches  des  envoyés  de 
la  France  en  font  souvent  mention.  En  1634  Char- 
nacé  écrit  de  la  Haye:  „le  Prince  est  pis  que  jamais 
avec  les   Estats-Généraux,  particulièrement  avec  quel- 


■  p.  148. 

■  p.  lis.  —  Ccd  eipliqu«  poorquoi,  comme  dit  M.  Micbeict  (Rieii&m  ttla 
Promet,  p.  i),  en  Hollande  „le  plu*  KiDTeat  il  a'tgiBsait  de  aiègta.  On  restsit 
U  no  ID ,  (tcDi  >ni,  troia  bdi  ,  le  pied  dm  l'na ,  i  bloquer  ici entiflij Dément 
une  méchuite  plice".  Il  ijonte:  „Pliisieitn  eniaent  mieai  lim^  se  faire  taer. 
Mais  ce  pHTerDCment  fcoDome  oe  le  pemiettiit  pu.  Il  leur  diatiit;  „Vods 
noua  coûteilrop  cher'"*.  —  L'inleur  sem Mo  n'avoir  pas  renitirquéqne  cegouTer- 
pement  prudent,  duu   nw  litoatioD  narent  très-ciiliqaB ,  Tonloit  antttmt  jriter 


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ques-una  de  Hollande  qui  mènent  le  reste"'.  Adrien 
Pauw,  seigneur  de  Heemstede,  pensionnaire  de  la  pro- 
vince, sembloit  assez  enclin  à  imiter  Barnevelt.  Vers 
la  même  époque,  une  lettre,  si  ce  n'est  écrite,  au 
moins  inspirée  par  Richelieu,  contient  à  cet  égard,  un 
conseil  énergique.  „M.  le  Prince  d'Orange  s'est  fort 
bien  comporté  en  cette  occasion,  de  n'avoir  point 
voulu  traicter  séparément  avec  lesdéputtezdeHolande, 
et  de  les  avoir  réduitz  enfin  à  traicter  conjoinctement 
avec  ceux  des  autres  provinces.  Si  Pau  coiitinue  à 
agir  comme  il  a  fait  depuis  quelque  temps,  et  que 
le  Prince  d'Orange  de  son  costé  persiste  dans  les  bon- 
nes résolutions  qu'il  a  prises,  il  semble  qu'il  faut  né- 
cessairement  que  l'un  des  deux  se  ruyne,  parla  grande 
contrariété  qui  sera  tousjours  dans  leurs  opinions; 
mais,  pour  mieux  dire,  ne  faisant  nulle  comparaison 
entre  les  deux,  il  sera  absolument  nécessaire  que  M. 
le  Prince  d'Orange  ruyne  Pau,  s'il  ne  veut  perdre  le 
crédit  et  l'authorité  qu'il  doibt  avoir  dans  les  États"'. 
On  prétend,  et  ce  n'est  pas  à  tort  peut-être,  que 
Frédéric-Henri  manquoit  de  décision  dans  le  caractère, 
et  que  sa  circonspection  excessive,  son  esprit  irrésolu, 
Duisoit  à  son  crédit.  Toutefois  son  influence  dans  les 
Etats  étoit  souvent  très-utile.  Lors  du  traité  avec  la 
France  en  1634,  Aerssens  atteste:  „le  Prince  a  puis- 
samment aydé  à  faire  accepter  ceste  alliance  et,  sans 
son  intervention  et  sage  persuasion,  nous  fussions  tous- 
jours  restez  eu  irrésolutions"'.  Sa  présence  eoncilioit 
les  esprits.  C'est  ainsi  que,  les  velléités  pour  une 
paix  intempestive  devenant  menaçantes,  Aerssens  écrit: 


'  p.  38.  »  p.  42.  '  p.  H. 


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..comme  V.  A.  açait,  il  y  a  des  provinces  qui  se  lassent 
de  la  campagne,  mais  la  présence  et  la  prudence  de 
V.  A.  peut  tenir  les  choses  en  bride,  pour  balancer  noz 
désirs  et  les  compasser  à  la  senreté  du  dedans  et  aux 
occasions"  '.  „Nous  aurions  bien  besoin  en  beaucoup  de 
cboses  de  la  présence  de  V.  A.,  mais  elle  sera  surtout 
nécessaire  devant  la  prochaine  et  grande  assemblée 
d'Hollande"  '.  —  D'ailleurs ,  pour  apprécier  l'habileté  du 
Prince,  on  doit  constamment  se  ressouvenir  des  difficultés 
inhérentes  à  l'organisation  singulière  de  la  République. 
Il  fftUoit  beaucoup  d'adresse,  de  persévérance,  surtout 
aussi  de  calme  et  de  longanimité,  pour  faire  prendre 
les  résolutions,  même  le  plus  manifestement  indispen- 
sables. C'est  encore  Aerssens  qui  fait  judicieusement 
sentir  au  maréchal  de  Chàtillon  que  le  pouvoir  absolu 
est  plus  expéditif  qu'un  réf^ime  de  liberté.  „Le  Prince 
d'Orange  est  en  condition  différente  de  celle  du  Roy,  qui 
n'a  qu'à  vouloir;  car  icy  il  fault  de  l'argent,  pour  mettre 
ses  conceptions  à  exécution,  lequel  procède  lentement 
et  ne  peut  estre  obtenu  des  provinces,  lasses  et  pour 
la  pluspart  espuisées,  sans  évidente  démonstration  de 
quelque  notable  advantage,  que  plusieurs  ne  recog- 
noissent  poinct  aux  conquestes  des  villes ,  veu  que  leurs 
charges  en  augmentent,  et  pourtant  elles  ne  sont  tan- 
tost  plus  pour  mener  par  persuasion.  Néantmoins  je 
ne  doubte  que  son  Altesse  ne  surmonte  encore  cette 
difficulté  par  sa  prudence  et  dextérité  à  manier  ces 
esprits"'.  „S'il  y  a  parfois  de  la  longueur,  elle  procède 
de  la  nature  de  ce  gouvernement,  composé  de  plu- 
sieurs provinces,   qui  en  la  conduite  des  armes  ont 


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souvent  leur  désirs  différents,  et  lesquels  S.  A.  doibt 
sunnonter  par  persuasion,  au  moyen  du  bénéfice  du 
temps"  '.  „No8  provinces  ont  de  la  peyne  à  conve- 
nir de  l'employ  de  rarmée,  l'une  la  demande  icy, 
l'autre  ta;  tel  désire  qu'elle  ne  bouge,  un  autre  pro- 
pose de  la  proportionner  aux  revenus  de  l'Estat  D'une 
telle  diversité  d'intérêts  et  de  sentiments  S.  A.  doibt  pren- 
dre ses  conseils,  et,  s'en  desmellant  peu  à  peu,  porter  les 
affaires  à  leur  vrai  poinct;  ce  qui  ne  se  faict  sans  grande 
contestation,   ny  sans  perte  de  beaucoup  de  temps"'. 

La  patience  du  stadhouder  étoit  fort  grande,  mais 
enfin,  poussé  à  bout,  il  montroit  de  la  vigueur.  Char- 
nacé,  se  plaignant  de  Pauw,  ajoute:  „le  Prince  me  paria 
confidemment  et,  en  suite  de  plusieurs  autres  choses, 
me  dit  que  ces  messieurs  là  n'en  estoient  pas  encore 
oii  ils  pensoient  ;  que  la  trêve  ne  se  feroit  pas  comme 
cela  par  faction,  s'il  plaisoit  au  Koy  de  tenir  bon,  et 
que  l'on  ne  luy  fait  pas,  comme  à  son  feu  frèra  à 
l'autre  trêve;  qu'il  parleroit  autrement,  estant  de  retour 
à  la  Haye,  qu'il  n'avoit  fait  par  le  passé"'.  Le  con- 
seiller-pensionnaire faisant  sonner  fort  haut  les  volon- 
tés de  la  Hollande,  il  lui  repartit  „que  ce  n'étoient 
que  quatre  ou  cinq,  aveuglés  de  leur  intérest  privé,  qui 
n'étoient  pas  raisonnables,  et  qu'il  n'étoit  pas  juste 
qu'ils  gagnassent  au  préjudice  du  public"*. 

Malgré  une  opposition,  quelquefois  violente,  et  à 
travers  la  diversité  des  complications  de  la  guerre, 
le  Prince  demeuroit  sincèrement  attaché  à  l'alliance 
Irançoise  et  aux  grandes  vues  de  Richelieu.  Les  témoi- 

'  p.  117.  '  p.  lis.  ■  p.  38. 

*  p.  47.    CtiarDocé  fcrit;   „je   te  ffi;   de  trîi-baDiiB  part  et  comme  à  j'y 


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gDsges  de  sa  fidélité  aboodent,  en  paroles  et  ea  ef- 
fets'. —  Les  États,  en  1634,  iDclinoient  à  une  trêve 
avec  l'Espagne.  Le  Prince  se  laissoit-il  ébranler?  au 
contraire.  D'îq)rè8  Chamacé,  „il  leur  parla  une  heure 
entière,  comme  s'il  eust  esté  envoie  du  Roy;  ensuite 
lenr  reprocha  le  péril  où  ils  mettoient  cet  Estât  par 
leur  aveuglée  passion  à  la  trêve  et  leur  mauvus  pro- 
cédé avec  S.  M.,  de  laquelle  ils  ne  sçauroient  marquer 
aucune  chose  en  laquelle  elle  leur  ait  jamais  manqué  ; 
que  c'estoit  l'unique  ami  de  cet  Estât  et  le  plus  asseuré 
que  le  ciel  leur  peut  donner,  le  Roy  d'Espagne  au 
contraire  leur  implacable  ennemi  et  étemel;  que  néant- 
moins  il  voyoit  que  les  vaines  espérances  qu'il  donne, 
sont  bien  plus  volontiers  escoutées  et  mieux  reçeues 
que  les  véritables  promesses  du  Roy;  ce  qui,  luy  sem- 
blant si  déraisonnable  et  contraire  au  bien  de  son  pays, 
pour  l'intérest  qu'il  y  avoit,  il  estoit  résolu  de  ne  le 
plus  soufirir"'.  Il  ne  vouloit  pas  entendre  parler  de 
paix  séparée,  quelque  avantageuse  qu'elle  pût  être. 
Prévenir  ce  manque  de  bonne  foi  n'étoit  pas  chose 
facile.  „0n  sçait,"  écrit  Aerssens,  „  combien  V.  A. 
prend  de  peine  que  les  ennemis  ne  soyent  escoutez 
que  conjointement  avec  la  France"'. 

Allié  constant  et  sûr,  il  faisoit  preuve,  quand  il  le 
falloit,  d'indépendance  et  de  dignité.  En  voici  deux 
exemples.  D'abord  sa  conduite  envers  M.  deHauterive, 

'  ,,Son  ÉminCDce,"  â:rit  Aertaeni  u  mirécbil  ie  Ch&tïlba,  „a'eD  faitniit 
bicD  informer,  pcolt  nenur  le  Prinee  d'OnDge  tj,  ayant  à  réunir  en  m 
tiiit  parmi  an  peuple,  il  n'effectue  pu  toat  ce  qn'il  d^ira  bien;  msii  j'oie 
entrer  en  anlion  poar  loj  qo'il  no  peut  eatre  mieux  inlentionn^  i  entreprendre 
qoelqoe  conp  d'ioiporlaiice ,  ai  les  ennemii  ta;  font  jour;  car  il  sfait  que  l'u- 
milié  do  Rd  eil  n^enajre  à  eet  Eitat  et  que  S.  H.  d^ire  ^ii'il  «girae  pui«- 
moment,  comme  U  ot  ditibiri  de  fiire".  p.  IIS. 

•  p.  48.  •  p.  138. 


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—  xn  — 

mêlé  à  des  intrigues  contre  Richelieu  et  qui ,  réfugié  en 
Hollande,  y  avoit  reçu  un  bienveillant  accueil.  Charnacé 
insinuant  que  son  éloignement  seroit  agréable  au  Koi , 
le  Prince  prit  feu  et  dit  ..qu'il  sembloit  bien  es- 
trange  qu'après  avoir  reçeu  et  gratifié  Grotius,  inco- 
gnu  au  Roy  et  condamné  en  Hollande,  l'on  voulust 
maintenant  faire  chasser  Hauterive,  non  accusé  et  bon 
serviteur  des  Estats;  que  c'estoit  proprement  les  ren- 
dre ministres  et  exécuteurs  de  toutes  les  passions  du 
cabinet  et  de  la  cour,  ce  qui  les  rendoit  subjets  et  non 
libres,  comme  ils  sont"'.  ,.I1  luy  parla  altièrement et 
e'emporta  souvent  à  dire  des  choses  qui  eussent  obligé 
Charnacé  à  tout  quitter,  s'il  n'eust  jugé  la  nécessité 
d'entretenir  l'afiàire"'.  Même,  quelques  jours  plus 
tard,  „il  s'emporta  de  telle  sorte,  et  dit  des  choses 
qui  me  picquèrent  si  fort,  que  je  confesse  que,  si  l'af- 
faire n'eust  touché  qu'à  moy,  je  l'eusse  rompue  abso- 
lument, quand  j'eusse  deu  périr;  et  d'autant  plus  que 
le  lendemain,  allant  disner  à  deux  lieues  d'icy,  entre 
tous  les  François  qui  sont  en  ce  pays,  il  ne  choisit 
que  celuy-là"'.  —  Le  second  trait  est  de  1641.  M.  de 
Beverweert,  envoyé  par  le  Prince  à  Paris,  y  fut  quelques 
jours ,  sans  être  reçu  par  le  Roi  ;  surpris  et  mécontent 
le  Prince  écrit:  „je  trouve  assez  estrange  qu'on  ayt  tant 
remis  à  vous  faire  veoir  le  Roi,  et  seroy  bien  d'advis, 
en  cas  que  l'on  continuast  de  vous  tramer,  que  vous 
fissiez  paroistre  d'avoir  intention  de  vous  retirer,  voire 
que  le  fissiez  effectivement"*. 

Ambitieuse  et  ardente  à  se  mêler  de  politique,  la 


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—  xvn  — 

Princesse  d'Orange'  Amélie  de  Solms,  par  sa  beauté 
et  son  esprit,  exerçoit  un  grand  empire  sur  Frédéric- 
HenrL  „Elle  a",  écrit  Charnacé,  „mi  infini  pouvoir 
sur  lui.  Je  la  crains  extrêmement;  on  reconnoit  visi- 
blement en  elle  aversion  pour  ce  qui  nous  touche"'. 
Ses  sentiments  envers  la  France  varioient  par  des  con- 
sidérations égoïstes  et  secondaires,  et  à  Paris,  pour  la 
concilier,  les   cadeaux  n'étoient  pas  réputés  inutiles*. 

Son  fils  unique,  dont  la  carrière  eut  tant  d'éclat  et 
si  peu  de  durée,  Guillaume  II,  étoit  ..Prince  bien  né, 
beau ,  judicieux  au  delà  de  son  âge"  '.  A  quinze  ans  fiancé 
de  laPrincesseMaried'Angleterre.ilse  rendit,  en  1641, 
à  Londres.  Témoin  oculaire  de  sa  réception  solennelle. 
M.  de  Sommelsdyck  écrit  au  Prince:  „elle  a  été  telle  que 
ne  l'eussions  sceu  espérer  plus  honorable,  et  de  son  costé 
il  a  sy  plènement  contenté  leurs  Majestez,  les  grands  et 
le  peuple,  que  tous  ont  admiré  en  luy  les  dons  de  sa 
nature  et  la  perfection  de  son  éducation.  Il  a  prononcé 
ses  petites  harengues  de  sy  bonne  grâce  et  avec  tant 
d'asseurance  que  cette  action  est  pour  luy  acquérir 
rwDour  de  tous.    Cest  tout  ce  que  j'en  diray,  et,  sur 


■  II  T  ■  ici  dtùi  àe  us  lettre!  {L.  493  et  SIS.)  '  p.  SS. 

■  Kiclieliea  loi  écrit:  „L«  corn ipsd dément  du  Roi  me  met  la  plnms en  main , 
poor  Tau  prier  de  »  piirt  de  recnoir  un  pr^jent  qui  ne  pent  estre  âigat  de 
tooi  qn'ï  csuM  de  celnj  qui  voua  l'entoie."  CVtoit  des  Irauda  d'oreille. 
le  cardinal  ^oute:  „  Lei  eiiDemis  GOmmoDi  de  ce  ro^gome  et  de»  FroTinoa- 
Dnica  ne  pouiant  nous  Aire  ml  que  par  lee  oreillet,  8.  M.  l'a  choiii  eipna- 
lânent  tel  qo'il  est,  non  Mnlement  pour  loui  lesinoî)iner  qu'il  n'escouten  ja- 
naia  ancDEn  cboae  qui  puitte  estre  an  pr^udice  du  bien  commua,  maii  anaai 
pMir  fOBS  fiire  eognoiitre  qu'elle  ae  lient  lueurée  que  V.  A.  el  moDBieur 
k  Prince  d'Oran^  ferés  le  meime  de  voitre  part,"  La  Friaeewe  répond: 
„  D'autant  qoe  sar  le  ■qject  de  cette  faveur,  il  tou>  a  pieu  me  donner  aiiaqne 
DO*  ennemis  coniuinni  ne  nous  penvenf  hin  mal  qne  par  ies  oreilles,  je  len* 
pTDmet*  que  lea  mienoo  ne  leur  aeronl  jamais  ooverlea."  (p.  1E6). 

Tneni.  p.  i2S. 


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ma  conscieDce,  sans  flatter;  à  pêne  de  perdre  l'hon- 
neur de  vo^  bonnes  grâces,  sy  je  n'eu  diz  moins  que 
la  vérité"  '.  Il  est  permis  de  croire  qu'en  effet  le  jeune 
Guillaume  fit  une  impression  favorable,  par  la  noblesse 
de  son  extérieur  et  par  la  vivacité  de  son  esprit*. 
Lui-Qiêtne,  après  le  récit  de  son  débarquement,  ajoute: 
„j'allai  chez  ta  Princesse ,  laquelle  je  trouvois  plus  beUe 
que  son  portrait,"'  et  ailleurs,  au  détail  de  la  célé- 
bration de  son  mariage,  il  met  cette  excellente  préface: 
„V.  A.  me  commande  de  luj  mander  comme  je  vis 
avec  la  Princesse  et  si  je  suis  fort  amoureux;  c'est 
pourquoi  je  diray  à  V.  A.  comme  tout  est.  Du  com- 
mancement  nous  avons  esté  un  peu  sérieux  tous  deux, 
mais  à  présent  nous  sommes  fort  libres  ensemble;  je 
la  trouve  bien  plus  belle  que  la  peinture;  je  l'aime 
fort,  et  je  crois  qu'elle  m'aime  aussi"*. 

Passons  à  la  branche  cadette  et  voyons  ce  qm  con- 
cerne les  rameaux  de  Dietz  et  de  Siegen ,  descendants 
de  Jean  de  Nassau. 

Henri-Casimir  de  Nassau-Dietz  avoit  remplacé,  comme 
stadhouder   de   Frise  et  de  Groningue,  son  père  le 


■  p.  «1. 

■Le  comle  àe  Wirnidc  écrit  à  la  FriacuM:  „  Ssna  Sïtter,  Maânma, 
parmsttâ  mo;  de  ijn  i  V.  A.  «lue  tous  ath  dd  tria-geDlill  ariilier  à  diod- 
Kignear  vottie  fil»,  qui  l'est  comporté  li  biea  qu'il  a  gagné  tout  le  monde 
iof,  et  fiict  uoe  enlière  conqasale  de  toat  ce  psyi."  p.  iii.  A  md  départ  la 
Seins  écrit  i  son  père:  „  Je  voua  auure  que  c'est  avec  beaucoop  de  regretqoc 
je  quitte  mon  beau-flls,  estant  sy  gentil  qu'il  est;  il  m'a  tellement  gagnée  que 
ce  qui  m'a  donné  de  la  joye,  en  le  TOfant,  oanae  ma  trillesse  en  me  séparant 
de  lojr."  p.  471.  Le  Roi  de  mËme:  ,.Je  voua  aisaure  que  ta  personne  eat  si 
estimable  que  ce  m'est  au  double  conlen tentent  dam  cette  aliauee ,  et  que  c'est 
Mcc  beaucoup  de  r^ret  qu'il  faut  qa'il  noua  quite,  l'estimant  comme  mon 
enfant  propre,"  p.  471.  — Apparemment  il  y  avoit  ploa  ici  qoe  de»  formalea  de 
politease  hamtle ,  auiquellea  d'ordinaire  «e  léduUent  de  pareillaa  proteatatîona. 

'  L.  716.  •  p.  MO. 


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v&Ulaat  Ernest-CHsimir,  mort  en  1632,  devant  Rure- 
moode,  poar  la  défense  du  pays.  Écrivant  à  la  du- 
chesse de  fininswick ,  sa  mère ,  il  se  montre  d'ordinaire 
très-satisfait  de  la  situation  de  ses  gouvernements.  „Les 
affaires  vont,  Dieu-mercy,  assez  bien  par  deçà,  encor 
que  mes  ennemis ,  ou  plustost  ceux  du  bien  publicq , 
ont  tasché  de  me  faire  un  tour  par  ceux  de  la  cour 
de  Justice,  mais  yls  ont  estez  empescbez  et  semble  que 
cecy  servira  au  contraire  pour  me  donner  tant  plus 
de  crédit  et  autborité"*.  Il  vante  surtout  la  situation 
des  esprits  en  Frise.  „En  ceste  province  mes  affaires 
sont  en  bonne  posture,  et  en  meilleure  qu'ils  n'ont  esté 
du  temps  de  feu  messieurs  mon  oncle  et  père;  mes 
ennemis  sont  désuniz  entre  eux  et  viènent  de  deux 
costez  rechercher  mon  amitié;  mes  amis  se  tesmoi- 
gnent  tels  plus  que  jamais,  et  ceux  qui  nageoient  au- 
trefois entre  deux  eaux,  me  font  démonstration  de 
bonne  volonté;  les  villes  tesmoignent  généralement  d'es- 
tre  satisfaites  de  la  présente  façon  de  l'élection  des 
magistrats,  tellement  que,  quand  à  mon  particulier ,  je 
ne  le  sçaurois  souhaiter  mieux"  '.  Il  ne  jouit  pas  long- 
temps de  ces  avantages.  Généralement  loué  et  re- 
gretté, lui  aussi,  n'ayant  que  39  ans,  périt  en  1640 
les  armes  à  la  main. 

Sa  mort  fiit  l'occasion  d'un  grave  dissentiment  en- 
tre les  deux  branches  de  la  Maison  de  Nassau.  En 
Groningue  Frédéric-Henri  lui  succéda,  en  Frise  les 
Etats  élureut  le  frère  unique  du  comte,  Guillaume- 
Frédéric.  A  la  Cour  de  la  Haye,  oil  l'on  s'étoit  flatté 
de  faire  nommer  le  Prince  dans  tes  deux  gouveme- 


'  ^  xis. 


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ments,  le  souvenir  de  ce  fôcheux  mécompte  n'étoit  pas 
eQcore  effacé  en  1642.  CorDeiUe  de  Sommelsdyck, 
après  la  mort  de  son  père,  écrit  au  comte-stadhouder: 
„le  défunt  n'a  désiré  que  vostre  bien ,  honneur  et  rac- 
commodement à  plain  entendement  en  ceste  Cour;  le 
temps  et  aultre  entremise  vous  peult  redonner  tout 
cela"  '. 

Là-dessus  je  communique  des  documents  curieux. 
D'une  érudition  et  d'une  capacité  peu  commune', 
M.  le  Leu  de  WÎUhem,  beau-frère  de  M.  de  Zuyli- 
chem,  adresse  à  celui-ci,  sur  cet  intérêt  majeur,  quinze 
lettres,  où,  avec  beaucoup  de  vivacité  d'esprit  et  de 
style,  il  lui  soumet  (afin  apparemment  de  les  faire  par- 
venir au  Prince)  de  graves  considérations.  Il  insiste 
sur  la  nécessité  de  concentrer  les  sept  provinces  sous 
un  chef  unique,  et  il  montre  les  ressorts  secrets  que, 
dans  cette  conjoncture,  il  étoit  urgent  de  faire  agir. 

Traitant  la  question  en  homme  d'État,  il  observe  que 
la  séparation  des  gouvernements  et  de  la  milice,  non 
seulement  nuit  à  l'unité  de  direction  indispensable  à  la 
guerre  et  pour  l'administration  du  pays,  mais  qu'elle  tend 
en  outre  à  produire  une  dangereuse  rivalité  entre  les  deux 
branches  de  la  Maison  de  Nassau.  „Toutes  les  raisons 
d'Estat  et  l'intérest  particulier  de  S.  A.  requiert  que 
ce  gouvernement  et  ceste  milice  ne  demeure  plus  sé- 
parez comme  ils  sont  présentement,  et  sur  tout  en 
cette  branche,  si  ce  n'est  que  S.  A.  trouve  boa  de 
contracter  quelque  plus  estroite  alliance  avec  le  chef 
d'icelle'"(').    „Pour  la  milice  et  pour  la  police,  pour 

C)  Après  ta  mort  de  Frédéric-Henri  le  comte  épousa  sa  fille 
Alberti  ne- Agnès. 

'  p.  604.     *  SbIod  Bnjric  „an  dea  bommea  illantrea  àa  I7>  iiècU."     *  p.  S61. 


,,.CoogIc 


l'exemple  et  pour  la  conséquence,  il  faut  qu'il  y  ayt 
correspondance  à  un  mesme  chef  et  général ,  autrement 
il  s'en  ensuivra  la  dissolution  et  rupture  de  l'Union  de 
ces  provinces,  et  le  retranchement  et  diminution  de 
l'authorité  de  S.  A.,  que  Dieu  ne  veuille"  '.  —  On  sou- 
haitoit  l'élévation  du  Comte,  afin  d'abaisser  le  Prince. 
„II  faut  que  vous  sçachiez  qu'il  est  tout  certain  que 
plusieurs  ici  de  nos  plus  grands  politiques,  auxquels 
S.  A.  peut-estre  ne  se  fie  que  trop,  seront  marris  de 
ce  que  ces  gouvernemens  ne  demeurent  à  part,  sans 
estre  joincts  aux  aultres  provinces  en  la  personne  de 
S.  A.,  et  par  conséquent  à  son  fils  le  jeune  prince, 
afin  que  S.  A.  soit  moins  redouté  et  aye  moins  d'au- 
thorité  es  provinces  "'.  —  Les  États  (ceux  de  Hol- 
lande en  1609)  avoient,  selon  M.  de  Willhem,  mani- 
festé, l'intention  de  réunir,  après  la  mort  du  comte 
Guillaume-Louis,  les  provinces  sous  l'autorité  de  Mau- 
rice '.  „II  est  temps,"  écrit-il,  „que  messeigneurs  les 
Estais  s'acquitent  de  leur  promesse,  voire  de  leur  do- 
nation "*. 

n  n'avoit  pas  du  Comte  une  opinion  favorable.  U 
parle  de  sa  légèreté,  de  son  peu  de  sens  et  d'expé- 
rience; „ jeune  seigneur  volage  et  inexpérimenté"'; 
capable  de  sacrifier  les  droits  d'autruî  à  sod  intérêt 
propre  *.  On  ne  veut  pas  lui  fermer  la  carrière  po- 
litique; il  sera  lieutenant  du  Prince;  on  conciliera 
ainsi  ses  prétentions,  en  ce  qu'elles  ont  de  légitime, 
avec  l'intérêt    et  le  droit   public.   Un  tel  honneur,  à 


>  p.  BDO.  '  p.  274.  •  p.  26i.  *  261.  •  p.  271. 

*  i.CoDsidfns  ha  TfioIntiaDi  à  cniadrc,  cd  eu  de  mort  qai  pourroit  «rriKr 
i  8.  A.  Si  le  Comt«  GoUlaonie  iBccédiit,  qu'il  ponrroit  marpcr  aar  is  JMne 
Prisoe,  dartnt  *■  minorilj,  et  UMJter  d'intres  trcnblM  ani  occuioDi,  ptr  la 
totatitotioii  duu  U  Frindputf  d'Orangs".  p,  2BB. 

UL  it 


,,Cooglc 


défaut  du  stadhoudérat,  o'étoit  pas  à  dédaigner.  Au- 
trefois GuillBame  I  avoit  conféré  cette  charge  aux  per< 
aonnagea  les  plus  considérables  et  „le  comte  Guillaume- 
Louis,  chef  de  cette  maison,  n'a  pas  tenu  à  honte  de 
se  veoir  dans  tel  emploi"  '.  —  „J'estime,  que  le  comte 
n'osera  entreprendre  de  briguer  ouvertement  le  gou- 
vernement, sans  l'advis  de  S.  A.;  qu'il  se  contente  qu'il 
soit  lieutenant  de  S.  Â.  et  qu'il  tire  les  émolnmens, 
cela  ne  snfBra-il  point?  n'y  auioit-il  pas  moyen  de 
gagner  le  comte  mesme  d'accepter  volontiers  ce  parti 
et  l'engager  par  une  convention ,  en  sorte  qu'il  ne 
puisse  accepter  le  gouvernement?"  '  „ J'estime  qu'il 
n'oseroit  répugner  à  la  bienveillance  de  S.  Â.,  qui  lui 
pourroit  ofirir  les  émolumens  aique  diffmtaiia  imaginent , 
le  déclarant  son  lieutenant  et  l'attirant  par  autre  cor- 
delle  d'alliance  et  de  courtoisie,  dont  S.  Â.  se  peut 
prévaloir  à  l'occasion,  selon  sa  prudhommie  " '. 

M.  de  Willhem  entre  dans  des  détails  intimes  sur 
la  manière  de  gagner  les  esprits.  Il  est  urgent  de 
faire  entrevoir  à  la  Cour  de  Justice  et  aux  villes  les 
intentions  favorables  du  Prince*.  Dans  les  villes  on 
est  à  même  d'exercer  une  grande  influence  par  l'in- 
termédiiiire  des  ministres  réformés.  „S.  A.  a  la  bonne 
commodité  de  les  faire  catéchiser  par  les  ministres 
d'église,  comme  ils*  ont  fait,  autant  le  fils  que  le 
père"'.    „Un  mien   ami  de  Frise  me  fait  ouverture 

I  p.  8TB.  '  p.  267.  >  268. 

*  „Si  S.  A.  ;  Tcnt  pr^tendn,  «Ils  un  iDCOntinent  la  tiIIm  de  Fii<«  1  n 
dérotiaD  «t  1>  Conr,  Inquellc*  «erant  iH'ni  aiaea  de  receuillir  la  âronn  de 
S.  A.,  poar  gtigner  an  on  deai  poînU  ds  leur  lihertei  uturpéi»  par  !e  comte 
HsDri.  Il  n'ifoit  pu  tenlement  ost£  \  U  Cent  l'anlboritë  qa'elle  SToit  en 
l'élection  Ae»  magUtrnta  à  villei  eomniBniciliieiDeDt  itcc  Ioj,  in^  lOMy  *nx 
ittles  la  ditpoution  Ata  efaargei".  p.  8B1. 

*  EnKel'Cuimir  et  Uinri-CuiDiir.  *  p.  2SI. 


,,  Google 


1er  au  gouvernement,  contre  la  liberté  de  la  province 
et  comme  par  force"'.  „Quand  les  Frisons  ont  senti 
Tespéron,  ils  ont  fait  les  chevaux  eschappez"'. 

Ensuite,  s'il  faut  en  croire  M.  de  Willhem,  l'échec 
doit  être  attribué  uniquement  à  un  manque  de  promp- 
titude et  de  vigueur.  Conjurant  M.  de  Zuylichem  de 
prendre  la  chose  à  coeur ,  il  s'indigne  de  l'indolence 
du  Prince.  Après  la  non-réussite  en  Frise,  il  renou- 
velle ses  exhortations,  par  rapport  au  gouvernement 
de  Groningue:  „I1  est  question  que  S.  A.  n'use  plus 
tant  de  flegme  et  ne  commette  les  choses  au  béné- 
fice du  temps,  u6i  festinoÂone  et  pollidtatione  opus 
esl"',  n  ajoute:  „excila,  quaeso,  heroem".  „Je  vous 
prie  qu'il  ne  chomme  en  la  poursuitte  du  gouverne- 
ment de  Groningue,  chose  si  nécessaire  à  l'union  de 
ces  provinces  et  à  la  dignité  de  sa  maison.  Ceux  qui 
lui  ont  fait  entendre  la  disposition  tant  facile  en  sa 
faveur  et  conseillé  néantmoiiis  cette  semonce  et  dé- 
putation  de  la  Généralité,  ont  très-mal  fait  Cela  a 
endormi  S.  A.,  qui  d'ailleurs  ne  va  que  trop  lente- 
ment et  avec  trop  de  retenue  es  affaires  qui  touchent 
la  grandeur  de  sa  maison"'.  Il  regrette  „le  grand  fle- 
gme dont  il  a  usé"'.  —  „I1  faut  que  je  confesse  que 
le  coeur  me  crève  qu'on  n'a  pas  donné  l'ordre  qu'il 
faut  et  laissé  faire,  et  que  S.  A.  s'est  laissé  abuser, 
et  s'est  donné  trop  facilement  en  proye  aux  mauvais 
conseils  de  quelques-uns"'. 

Cette  élection  avoit  une  grande  portée  ;  aussi ,  d'un 
ton  remarquablement  solemnel ,  il  ajoute  :  „Sachez ,  mon 
frère,  que  cette  occasion  a  esté  de  très-grande  consé- 


,,.GoogIc 


—   XXV   — 

quence,  pour  le  bien  de  la  maison  de  S.  A.  et  l'as- 
seurance  de  cest  Estât,  et  que  nous  avons  raison  de 
regretter  le  peu  de  vigueur  et  de  résolution  qu'a  mon- 
stre S.  A.  en  uoe  affaire  de  telle  importance"  '.  —  En 
effet,  la  conduite  des  stadfaouders  de  Frise,  jusqu'à 
l'extinction  de  la  branche  aînée,  par  la  mort  de  Guil- 
laume III,  justifia  plus  d'une  fois  les  prévisions  de 
M.  de  Willbem.  „I1  est  à  craindre  que  ces  deux 
maisons  se  chocqueront  un  jour  grandement"'.  „Si 
cette  occasion  eschappe  à  S.  A.,  il  la  regrettera  et 
toute  sa  postérité,  et  peut-estee  nos  descendons  aussi'". 

Un  mot  encore,  après  le  rameau  de  Nassau-Dietz , 
snr  celui  de  Nassau-Siegen.  Suivant  les  traces  de 
Jean-Ernest  et  Adolphe,  morts  au  service  des  Provin- 
ces-Unies ,  trois  de  leurs  frères  portoient  les  armes  pour 
la  République;  Guillaume  feld-maréchal ,  dont  je  n'ai 
trouvé  qu'une  se\Je  lettre,  dépourvue  d'intérêt  histori- 
que'; Henri,  envoyé  par  le  Prince  d'Orange  à  Paris 
complimenter  te  Roi  sur  la  naissance  du  dauphin;* 
enfin  Jean-Maurice,  dit  l'Américain,  distingué  par  ses  ta 
lents  militaires,  sa  valeur,  son  caractère  entreprenant,  et 
par  les  services  qu'il  rendit  à  notre  patrie,  jusque  dans 
un  âge  fort  avancé.  Il  s'acquit  une  grande  renommée, 
surtout  par  son  administration  du  Brésil.  Il  tenoit  ses 
pouvoirs  de  la  compagnie  des  Indes-Occidentales,  dont 
la  parcimonie  rendit  ses  efforts  inutiles  et  la  perte  de 
cette  précieuse  colonie  inévitable.  Avec  vivacité  et  gaî- 
ment,  il  raconte,  sans  exagération,  en  franc  militaire, 
ses   propres  succès.    „L'on   demeure  d'accord  que  le 

>  p.  SSS.        *  p.  SS8.        '  p.  S7S.        *  L.  524.        *  L.  SSO. 

U,g,t7cdb/GOOglC 


comte  de  Banjolla  se  persuada  que  le  fort  tiendroit 
bon  pour  le  moins  cincq  ou  six  mois,  mais  il  se  trouva 
grandement  trompé  dans  son  calcul  ;  c'est  pourquoy  il 
ne  se  voulut  pas  aussi  opiniastrer  beaucoup,  en  une 
espérance  qu'il  avoit  si  mal  conceue;  s'advisa,  sur  la 
première  nouvelle  qui  luy  vint  de  la  prise  de  sa  meil- 
leure forteresse,  de  se  retirer  de  bonne  heure  vers  la 
rivière  de  St  Francisco,  et  de  se  faire  passer  avec  son 
bagage,  le  plus  tost  qu'il  luy  seroit  possible.  Advis  à 
la  vérité  très-bon;  car  sans  cela  il  eust  esté  con- 
trainct  de  se  battre;  ce  ne  faisant  pas  volontiers,  il  ne 
cherchoit  aussi  point  de  noise,  ny  demandoit  que  d'a- 
voir la  paix  et  estre  en  repos.  Pour  sa  fuitte,  elle  fost 
si  pressée  qu'il  oubliast  aussi  de  défendre  les  passages 
les  plus  mal-aisés  à  forcer  que  l'on  sçauroit  januds  ren< 
contrer"'.  —  Deux  ans  plus  tard,  ayant  échappé  à 
de  grands  dangers,  „Dieu-mercy",  dit-il,  „nous  vivons 
encore,  combien  que  j'entends  qu'on  nous  tient  en  la 
patrie  pour  des  enfants  perdus"';  et,  après  une  grande 
victoire,  il  écrit:  „Si  les  bonnes  nouvelles  causent  la 
joye  aux  gens  de  bien ,  celles-cy  doivent  y  avoir  lieu. 
Les  forces  de  Castille  et  de  Portugal  s'estoyent  join- 
tes ensemble,  affin  de  nous  destruire,  mais  Dieu  a 
veillé  pour  son  peuple"'. 


n. 


£n  Allemagne  s'accomplissoit  ce  que,  dans  sa  pieuse 
indignation,  avoit  prévu  et  solennellement  prédit  le 
comte  JeMt  de   Nassau.     Désespéré   de  l'insouciance 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


égoiste  des  FrÏDces  qui  avoient  succédé  aux  héros  de 
la  Réforme,  il  s'étoit  écrié:  „lor8qu'on  aura  été  spec- 
tateur inactif  des  maux  qu'on  axaoit  pu  prévenir,  il 
n'y  aura  d'autre  remède  qu'une  guerre  sanglante'". 

Une  guerre  sanglante  éclata  ;  mais  l'épreuve,  au  lieu 
d'amener  la  concorde,  fut  inutile  et  alors  encore,  en 
général,  les  Princes  Protestants,  désunis  par  leurs 
jalouàes  mutuelles,  par  les  calculs  de  l'intérêt  ptirti- 
culier  et  par  l'amertume  des  querelles  théologiques, 
ne  furent  point  au  niveau  de  la  grandeur  de  leurs  pé- 
rils et  de  leurs  devoirs.  Dans  cette  défaillance  presque 
universelle,  les  rares  défenseurs  de  ta  vérité  et  de  la 
liberté  évangéliques,  enveloppés  par  des  ennemis  puis- 
sants, abandonnés  par  ceux  qui  étoient  tenus  de  leur 
prêter  secours,  sollicitèrent  souvent  l'appui  du  Prince 
d'Orange  et  de  la  République.  Il  est  avéré,  par  les  nom- 
breux renseignements  que  fournissent,  grâces  au  zèle 
consciencieux  et  infatigable  de  M.  von  Rommel,  les  ar- 
chives de  Hesse-Cassel ,  que,  déjà  en  1629,  on  consul- 
toit  Frédéric-Henri  sur  l'opportunité  d'une  alliance  avec 
le  Roi  de  Suède  Gustave-Adolphe  ;  que  le  Landgrave 
Guillaume  V,  dont  la  résistance  courageuse  et  persé- 
vérante lui  valut  le  beau  surnom  de  constant,  fit  des 
tentatives  réitérées  pour  agir  de  concert  avec  les  Pro- 
vinces-Unies; se  rendant,  vers  la  fin  de  1629  à  la  Haye, 
suppliant  l'année  suivante  le  Prince  de  le  garantir  des 
vengeances  du  sanguinaire  Tilly;  en  1633,  ofirant  de 
s'employer  à  la  restitution  du  Palatinat;  ne  signant,  en 
1636,  un  traité  de  subsides  avec  la  France  qu'après 
avoir,  de  la  part  des  Etats-Généraux,  dans  un  nou- 


,,  Google 


veau  voyage  à  la  Haye,  essuyé  encore  un  refus.  Ce 
n'est  pas  tout  Son  illustre  veuve ,  Amélie-Ëlizabeth , 
par  sa  mère  '  petite-fille  de  Guillaume  Premier  et  de 
Charlotte  de  Bourbon,  qui,  dans  une  situation  déses- 
pérée, déploya  une  fermeté  inébranlable  et  des  talents 
supérieurs,  demandoit  également  à  son  oncle  maternel 
conseil  et  appui  (').  La  Haye  étoit  le  centre  de  négo- 
ciations importantes  pour  l'Allemagne;  l'Électeur  Pa- 
latin y  résidoit  avec  sa  famille;  le  duc  Bernard  de  Saxe- 
Weimar,  dont  l'épée,  plus  tard,  mit  tant  de  poids  dans 
la  balance,  servit,  durant  plusieurs  mois,  dans  l'armée 
de  la  République  ;  l'Electeur  de  Brandebourg ,  qui  con- 
tribua avec  tant  d'efficace  à  rétablir  les  affaires  du 
parti  protestant,  véritable  fondateur  de  sa  dynastie  et 
gendre,  en  1646,  de  Frédéric-Henri,  reçut  son  édu- 
cation dans  les  Provinces-Unies  ;  enfin  le  Prince  d'O- 
range entretenoit  sans  doute  des  relations  avec  sa  pa- 
renté dans  le  pays  de  Nassau.  Qui  ne  s'attendroit 
donc  à  une  infinité  de  lettres  échangées  avec  les  chefs 
du  parti  protestant  en  Allemagne,  au  milieu  des  péri- 
péties de  cette  orageuse  époque? 

Je  n'ai  cependant  presque  rien  à  offrir.  Cinq  letr 
très;  quatre,  remarquables  uniquement  à  cause  de  ceux 
qui  les  ont  écrites.  Une  de  l'Electeur  Palatin ,  expiant 
par  la  peri:e  de  ses  États  les  joies  de  la  royauté  d'un 
jour',  une  de  l'Électeur  de  Brandebourg',  une  de  la 


(')  Les  détails  très-întéressanls  de  ce«  dherses  démarches  et 
les  réponses  du  Prince  d'Orange,  qui  certes  ne  manqnoit  pas  de 
boDoe  volonté,  se  trouvent  dsns  le  grand  et  bel  ouvrage  de  M. 
von  Bommel,  OtschicHte  oon  B«uen,  au  huitième  tome  (Cassel, 
1843). 

1  ComicMC  de  Huta.         ■  L.  491.         *  h.  G23. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


Landgrave  de  Hesse  ' ,  une  de  son  fUs  encore  enfant  '. 
La  cinquième  lettre  est  écrite  de  la  Haye,  par  la  Reine 
de  Bohème',  lettre  charmante,  pleine  de  sentiment  et 
de  grâce,  et  qui,  par  les  consolations  qu'elle  adresse 
à  la  comtesse  de  Nassau-Dietz  sur  la  perte  de  son  fils, 
fait  voir  qu'elle  aussi,  par  ses  grandes  infortunes,  avoit 
appris  à  compatir  aux  souffrances  d'autrui. 

En  outre,  dans  différentes  lettres,  il  est  fait  men- 
tion de  l'invasion  de  la  Gueldre  par  les  Lnpériaux  en 
1629',  des  divisions  des  Protestanta ',  de  la  neutralité 
douteuse  de  l'Autriche  en  1638',  des  motife  de  ne 
pas  briser  aisément  avec  l'Empereur',  enfin  du  Koi 
de  Danemark  et  de  ses  différends  en  1640  avec  la 
République  '.    Voilà  à  peu  près  tout. 

Si  j'ai  fort  peu  à  communiquer  sur  l'Allemagne ,  il  y 
a  compensation;  car  ce  tome  est  riche  en  documents 
qui  concernent  l'histoire  de  France  et  d'Angleterre. 


'  L.  B4S.  '  !..  BBl,  '  L.  81S.  *   p.  »3. 

'  „  Lea  iffiim  d'Altemigne  ne  me  plaisent  pis  Irop,  Toyant  que  la  Princti 
cl  le*  (iltei  k  nottra  pirtj  te  kisacnt  inrpnndre  i  an  jalouslea  et  enriei  dont 
rEmpereor  preodrn  son  tdniitage  poor  lei  diiiwr  et  RSbihlir."    p.  GE. 

*  Aeraen*  écril  :  „S.  A.  a  le  dcbora  et  le  dedans  qui  le  tiennent  ilerte,  eu 
la  Imp«mnx  h  renforcent  lor  le  Rbin  entra  ni»  meilleurn  fronlièrei;  leot 
intelligence  ivee  lea  Eipagnoti  naat  rend  leur  Deolralile'  dnateDH"  p.  Ils. 

A  l'ocation  d'une  ligue  qu'en  1641  le  Roi  d'Angleterre  Tonloil  former  »cc 
let  Etite-06i^caui ,  ceux-ci  écrirenti  „S.  M.  demanda  >j  cette  ligne  leroit 
contre  tout  le  monde?  „contre  l'Eapigne,"  ISimea-uoiu.  „RecoDnQiun-voua 
rSoipereDr  ponr  Empereur  et  n'eatea  vong  point  eu  guerre  contre  igj?"  cou- 
tiniu  le  Rof,  et  noua  i  délirer  que  aaminei  en  oenlntil^  avec  i'Empire,  loy 
aTouona  la  qualité  d'Empereur,  que  le  comuieree  noua  y  oblige,  maie  bien  plui 
eneor  la  eonaidéntlon  qne,  tcdui  k  rompre  arec  luy,  il  peut  jelter  de  gran- 
deg  armici  aur  not  eonBna  et  que  doui  De  açuiriom  aller  i  Iny,  n;  Iny  hire 
ancan  mal,  edoignà  que  aont  aca  Eatata  de  nona"  p-  879. 

•  H.  de  WillboD  écrit:  „U  mauTaiae  iutelligenca  avec  le  Rai  de  ll.atunc 
■l'aire,  k  mon  jognueut,  de  tri*-graude  conaéqnence,  et  lequel  on  néglige  ou 
atipine  trop.  Il  eit  le  plus  redoutable  ennemi  qne  ce  paya  aye  i  craindre 
aprri  le  Roy  d'Eapaigne,  maii  on  ne  l'a  pas  eitimé  tel",  p.  208. 


,,Cooglc 


Il  y  a  un  très-petit  nombre  de  lettres  de  Richelieu'. 
„Ed  grandes  affaires,"  écrit-il  à  Chamacé,  „il  n'y  a 
point  plus  mauvaise  résolution  que  de  n'en  prendre 
aucune."  Plusieurs  lettres  lui  sont  directement  ou  indi- 
rectement adressées  par  les  envoyés  de  la  France  à  la 
Haye ,  M.  d'Espesses  ',  M.  de  Baugy  ',  surtout  par  M. 
de  Chamacé'  qui,  après  avoir  facilité  à  Gustave  Adol- 
phe son  entreprise  libératrice,  négocia  chez  nous  avec 
la  même  babUeté  et  le  même  succès,  Ses  dépêches 
donnent  des  détails  sur  les  dispositions  du  Prince 
d'Orange  et  de  ses  alentoui's,  sur  les  intrigues  et  les 
hardiesses  du  parti  anti-stadhoudérien ,  et  sur  la  fermeté 
et  la  finesse  qui  firent  triompher  Frédéric-Henri  de 
ces  obstacles  divers. 

Les  autres  pièces  relatives  à  la  France  traitent  de 
même'presqu'  uniquement  des  afiaires  extérieures.  Cest 
pourquoi,  afin  d'éviter  les  redites,  il  vaudra  mieux  les 
signaler  plus  tard ,  lorsque  j'examinerai  plus  spéciale- 
ment la  part  que  prit  M.  de  Sommelsdyck  à  la  direc- 
tion de  DOS  rapports  diplomatiques. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'Angleterre.  Dans 
beaucoup  de  lettres  il  s'agit  de  la  situation  intérieure 
du  pays.  L'intérêt  en  est  d'autant  plus  grand  que 
presque  toutes  appartiennent  à  trois  années  '  mémo- 
rables par  les  symptômes  avantcoureurs  et  les  com- 
mencements de  la  révolution. 

L'ambassadeur  ordinaire  à  Londres  étoit  M.  Joa- 
chimi;  M.  Heenvhet  y  fut  envoyé  itérativement,  pour 

<  h.  i9S  et  M3  (d-d«Hu»,  p.  XII  et  iTi[):  p.  42  et  ST. 

•  L.  476.        •  L.  486—487.        *  L.  493,  494,  497—489;  p.  50— 6S. 

•  lOSa— 1648. 


ogic 


traiter  d'une  alliance  de  famille,  de  concert  avec  M. 
de  Sommekdyck,  chargé  d'une  mission  d'intérêt  public; 
conjointement  ils  fonnèreot,  en  1641,  avec  M.  de 
Brederode,  une  députatioD  solemnelle  pour  conclure  le 
mariage  du  jeune  Prince,  et  celui-ci  arriva  bientôt  lui- 
même,  accompagné  de  son  gouverneur,  le  docte  et 
pieux  théol(^en  M.  Rivet.  Ecrite  au  milieu  de  l'efièr- 
vescence  générée,  la  correspondance  de  ces  divers  per- 
sonnages abonde  en  précieux  détails. 

D'abord  sur  le  Roi  et  ses  tristes  perplexités.  Malgré 
ses  inclinations  décidément  espagnoles,  la  force  des 
événements  lui  fait  prêter  de  plus  en  plus  une  oreille 
attentive  aux  propositions  de  la  République.  Il  avoit 
besoin  de  son  appui  Nonobstant  le  refus  positif  du 
Prince  ',  il  a'attendoit  à  une  assistance  d'hommes  et  de 
navires  contre  les  Ecossois  '  ;  tout  au  moins  à  la  neu- 
tralité des  Etats'".  D'ailleurs,  pour  former  des  rela- 
tions affectueuses  et  intimes,  il  avoit  un  autre  et  puis- 
sant  motif.  Soupçonné  de  se  hvrer  à  l'Espagne  et  de 
favoriser  le  papisme,  il  désiroit  surtout  se  réhabiliter 
dans  l'opinion  pubhque,  par  une  alliance  avec  les  Pro- 
vinces-Unies et  par  un  mariage  protestant 

M.  de  Sommelsdyck  et  M.  de  HeenvUet  eurent  sou- 
vent avec  lui  des  entretiens  confidentiel'.  Dans  le 
récit  détaillé  de  ces  conf^'ences  on  remarque  les  pro- 
pres   paroles  du  Roi,    souvent  caractéristiques.    Par 

'  p.  144.  ■  p.  IB5. 

'  „Je  TDat  prie  que,  cominB  tihu  nccvéa  de  mo;  m  gnnd  t«MDofgn)g«  de 
mon  iffectioii,  qiw  ja  pui*  roMTOir  de  ions  des  preorea  du  roatre;  ce  que  tdhi 
poavft  bire  prtenlcDKiit ,  en  enpjeliiat  que  Im  lubjseli  de  mewenn  Isa  Ee- 
tali  ti'anatent  pu  mes  rebelle*  dtioMW,  d;  d'argent,  dj  de  munition ,  et  Toua 
me  feià  roir  par  li  qoe  f^ritablcment  TMtre  intcutioD  eat  auaay  rJella  qoe 
b  nienBe,  pour  l'ilianoi  que  rona  me  propoafa".  p.  ISl. 

'  L.  GTi.  SH.  es». 


,,  Google 


—    XXX  II   — 

exemple,  il  se  dit  résolu  à  ae  faire  rien  qui  tende  à 
compromettre  les  intérêts  de  sa  religion  '.  Doit-on  le 
supposer  sincère?  question  difficile,  impossible  peut-être 
à  résoudre.  Entraîné  par  les  erreurs  de  l'Église  angli- 
cane, probablement  s'imaginoit-il,  marchant  à  grands 
pas  vers  Rome,  rester  néanmoins  dans  le  droit  chemin 
de  la  Réforme. 

Il  est  évident  que  la  Reine  Henriette-Marie,  dont 
on  disoit,  non  sans  motif,  «qu'elle  avoit  un  grand 
pouvoir  sur  l'esprit  du  Roi"',  étoit  très-portée  à  des 
rapporte  intimes  avec  l'Espagne  ;  toutefois  ses  opinions 
se  modifièrent  considérablement ,  à  mesure  que  les  em- 
barras et  les  périls  lui  firent  ardemment  rechercher 
l'alliance  de  la  Maison  d'Orange,  comme  une  ancre  de 
salut. 

n  est  fréquemment  question  du  secréture  d'Etat 
Vane',  de  lord  Holland,  et  d'autres  Uommes  qui  se  fi- 
rent remarquer  dans  le  cours  des  commotions  politi- 
ques; mais  ce  qu'il  y  a,  dans  l'ensemble  de  ces  lettres-, 
de  plus  remarquable,  c'est  qu'on  y  voit  se  former  l'o- 
rage qui  alloit  bientôt  fondre  sur  le  pays. 

En  décembre  1639  le  secrétaire  Coke,  rendant  vi- 
site à  nos  ambassadeurs,  „excuse  le  retardement,  com- 

'  AerucD*  oUerre  qac  marici  tt  fille  ni  Eipagne  c'Aoit  coDinilir  k  ca 
qa'Ells  dniot  catboliqat:  „*iDn  djn-on  que  rEipagool  lora  lenuoigné  pliu 
de  lèle  ponr  la  fille  et  h  religion  qae  S.  H.  qai  porte  le  beaa  litre  de  d£- 
(ÏDMar  de  la  fo;.  S.  M.  dit  iftolumeot  de  ne  pennetire  jimaii,  qnud  an 
CD  liendroit  U,  qu'il  lott  toncbé  1  la  cooideDi»  do  ta  Sile,  oy  1  l'iDstrucUoD 
qu'elle  a  ji  receuo".  p.  Ï26. 

■  y.  197- 

*  11  eonféroit  •an*ent  avec  dm  amlauedeDrB:  „Le  djpulé  d'Irlande  te  mit 
1  gnsdemeat  cbarger  M.  Vane,  comme  antlinir  do  la  ruplore  da  prMdeot 
Parlement  et  du  eonieil  de  la  guerre  contre  les  EicoMoii".  p.  300.  Sa  Sneaaa 
■ppiocboit  de  la  duplicité';  YOjret  p.  lU. 


,,.CoogIc 


me  procédant  des  grandes  affaires  qui  leur  tombent 
sur  tes  bras,  pour  la  rébellion  des  Escossois  et  la  ré- 
Bolutioa  à  faire  tenir  un  Parlement,  tant  icy  qu'en  Ir- 
lande". 

Sn  janvier  1640  le  parlement  est  convoqua  „0n 
varie  fort  au  jugement  de  son  yssue"'.  La  guerre 
contre  les  Écossois,  imminente,  est  très-impopulaire'. 

En  février  Aerssena  écrit:  „le  Parlement  aura  ap- 
paremment ses  brouilleries  au  progrès ,  pour  la  grande 
altération  qui  se  remarque  aux  peuples"*. 

Dn  an  plus  tard  (Aerssens,  après  un  séjour  en  Hol- 
lande, étant  de  retour  à  Londres)  les  événements 
avoient  rapidement  marché.  La  dissolution  imprudente 
d'un  parlement  qui  se  montroit  bien  intentionné,  la 
guerre  contre  l'Ecosse  promptement  étouffée  et  ame- 
nant en  Angleterre  le  triomphe  du  parti  presbytérien, 
nn  parlement  nouveau,  dans  lequel  une  majorité  ar- 
dente se  sfùsit  du  pouvoir,  rendent  la  situation  infini- 
ment plifô  menaçante.  Une  assemblée,  irrésistible  par 
l'efTervescence  des   passions  populaires,   entreprend  la 


'  p.  164.  —  „L'niipniiit  p*r  Mince,  pour  Tiire  ]a(t,  donno  de  l'ombnga 
i  pluiciirii  intra  croyant  iimplcmcnt  qa'ellu  n'i  *i>^  qoc  ponr  misoi  diipo' 
Kr  DO  ranger  par  force  lea  Eecoaioi),  doot  on  attend  In  d^pnUs  ;  il  ;  ea  > 
d'utRi,  en  bon  nombre,  lesqueli  (contidtniK  le*  n&cnitn  du  Roj  tt  qnui 
k  g&Jrale  aTeriion  ds  ion  people,  l  cioBe  dea  grande*  noD*Daalci,]atrodDitlee 
Il  tou  )aa  ordrci,  et  puticolièrement  à  Irooiet  do  l'argent  contre  lea  prinliga 
et  In  Tojea  aecnaatonifta)  ae  promettent  qae  le  Roy ,  poor  a'ea  tirer,  lairra  lain 
la  parlement;  inqDel  eaa  il  eat  apparent  de  mir  hîen  dei  ehangtmrns".  l.  l. 

'  „Sj  de  pui  Bt  d'antre  on  le  reat  quelque  pea  endiner,  pour  ae  reneon- 
trer  en  un  miliea ,  ee  Ecroit  une  henrenae  eompDiilion  ;  car  il  le  reconnoiat 
grauje  iTeraion  sa  peaple  et  loi  gnuidi  de  cette  gnarre;  iniii  on  t'j  engage 
de  plo*  en  plut,  et,  ty  oD  ne  ebanga  bien  tost,  on  en  «ara  bien  avant,  pre- 
mier que  le  parlement  Uenne,  lequel  eat  pour  tailler  bien  dea  aBiiret.  Le 
derge'  arec  lea  papîatea  ponaient  tant  qn'ïla  peuvent  lea  eboaes  k  l'eitrfme, 
(ai,  nna  ee  eonp,  il«  craignent  qoe  l'eiemple  n'en  retourne  contra  eui". 
p.  172.  •  p.  «a. 


,,  Google 


réforme  de  TÉglise  et  de  l'État  Sans  autorité,  le  Roi 
demexire  forcément  inactif;  il  laiaae  faire.  „Le  parle- 
ment va  toiisjours  son  train  et  remue  assez  de  choses, 
afin  de  u'j  retourner  souvent,  et  se  prennent,  sans 
autre  esgard,  à  ceux  qu'ils  tiennent  pour  autheors  de 
la  dissentioa  entre  le  Eoy  et  son  peuple.  S.  M.  jus- 
ques  icy  les  lai»se  faire"  '.  „Le  Parlement  entreprend 
de  grands  règlements ,  pour  mieux  asseurer  la  religion, 
ses  libertés  et  privilèges,  et  à  cette  fin  propose  une 
loy  de  tenir  le  Parlement,  une  fois  au  moins  tous  les 
trois  ans;  le  Roy  leur  laisse  faire" '.  On  prédit  l'abo- 
lition des  cérémonies  de  l'ËgUse  anglicane  *;  „le  royaume 
est  tout  en  désordre,  les  nations  s'entr'  entendent  et 
l'autorité  du  Koi  est  comme  en  compromis"';  le  Par- 
lement règne  *, 

Bientôt  l'intérêt  de  la  crise  se  œncentre  dans  le  pro- 
cès de  Strafford.  Sur  cette  cause  tristement  célèbre, 
il  y  a  beaucoup  de  passages  oil  l'on  voit  apparoître 
l'attitude  noble  et  pleine  de  dignité  de  la  victime, 
l'acharnement  de  ses  persécuteurs,  et  l'angoisse  du 
Roi  qu'il  avoit  fidèlement  servi,  et  qui,  par  manque 
de  pouvoir  ou  de  caractère,  étoit  trop  foible  pour  le 
garantir  de  l'échafaud. 

Aerssens  écrit  en  mars  1641  :  „Le  député  dirlande 
fut  devant-hier  au  Parlement,  le  Roy  présent  contre 
la  coustume,  pour  onyr  aussi  bien  sa  justification, 
comme  il  avoit  faict  son  accusation.  Cette  action  dura 


■  p.  821.  •  p.  833.  *  p.  S8B.  *  p.  34,3. 

•  „La  Dstioii  n'nime  poiDl  d'satre  fort  contredite  ;  apièe  l'eatrc  ÎDiina^  en 
leur  coaGui»,  il  eat  eiri  ds  la  msnei,  aiait  c'est  noitie  ciBlbeai  de  lei  voir 
ty  fort  attïchei  la  Pitlement,  qui  eatrepreod  des  (trindei  et  hardiet  cbosea. 
qui  Niut  de  ilare  dageation  i  an  Priace  de  axât,  Ace  lequel  dfwrmBt)  il  pu- 
lige  iButhotile'  rojale".  p.  375. 


,,  Google 


XXXV    


depuis  les  neuf  heures  du  matin  jusques  aux  trois  de 
retevée,  lorsque  S.  M.  se  retira  pour  disoer.  Le  député, 
assis  sur  une  sellette,  devant  la  barre,  harangua  verte- 
ment, avec  une  faconde  admirable;  à  chaque  charge  il 
attesta  la  connoissaDce  de  S.  M.,  qui  beaucoup  de  fois 
déclara  les  choses  estre  passées  ainsi  qu'il  disoit  Ou 
tient  que  la  présence  de  S.  M.,  intervenue  pour  le 
sauver,  fera  un  effect  tout  contraire;  S.  M  leur  recom- 
manda de  luy  rendre  bon  droict"'. 

Ed  avril  le  déaouement  approche.  „Le  Parlement 
travaille  au  procès  du  lieutenant  avec  grande  chaleur. 
Le  Roy  le  voadroit  voir  sauvé  et  d'une  loge  ouyt  avec 
la  Royne  son  accusation  et  sa  défense  ;  la  maison  des 
communes  est  roide  et  toutte  persuadée  qu'il  leur  a  voullu 
oster  la  liberté  et  la  bourse  et  changer  ta  religion  et 
les  loix,  mais  il  soubstient  vertement  sa  cause,  avec 
un  merveilleux  courage  et  faconde.  Il  n'y  a  pour  lui 
à  craindre  que  les  dépositions  et  la  haine  du  peuple , 
juge  et  partye  ensemble  "  '.  „Tout  est  plein  de  soub- 
çons;  le  peuple  en  deffiance  qu'on  veut  à  sa  liberté 
et  à  la  religion,  ne  pouvant  digérer  qu'on  prétend 
sauver  ceux  qui  sont  accusez  d'estre  autheurs  et  con- 
ducteurs de  tel  dessein.  Le  Parlement  employé  des 
sepmaines  entières,  depuis  le  matin  jusques  au  soir, 
à  oujfr  plaider  cette  cause;  le  Roy  de  son  costé  n'y 
prend  pas  moins  de  patience;  tout  le  débat  consiste 
es  cette  question  sy  parmy  les  crimes  imputez  au 
lieutenant,  il  y  en  a  qui  tiennent  de  trahison?  Le 
lieutenant  soubstient  que  non,  et  semble  avoir  la  loy 
pour  luy,  en  laquelle  les  cas  de  trahison  sont  spéci- 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   XXXVI   — 

fiez;  mais  la  maison  des  communes  ]a  juge  évidente, 
au  moins  constructive,  avérée  telle  par  ses  intentions 
et  actions"'. 

La  famille  royale  suivoit  les  débats  avec  une  ex- 
trême assiduité.  La  Princesse  Marie  avoit  esté  atteinte 
d'un  accès  de  fîèvre>  ayant  été  „assise  six  heares  au 
Parlement"  '.  Le  Roi  étoit  à  la  chambre  des  commu- 
nes et  „mafquoit  les  points  principaux"'. 

Le  sage  Rivet  fait  ressortir  l'influence  décisive 
que  devoit  avoir  l'issue  d'un  tel  procès.  „Je  trouve 
tous  ces  messieurs  fort  estonnés  sur  Testât  présent 
et  en  grande  crainte  de  mauvais  événemens,  qui  sem- 
blent ne  se  pouvoir  éviter,  en  quelque  manière  que 
ce  décide  l'afi'aire  de  ce  comte,  pour  ce  qu'il  faut  né- 
cessairement que  la  cour  ou  le  peuple  succombe,  que 
l'une  perde  beaucoup  d'autorité,  ou  que,  si  elle  la 
veut  maintenir,  l'autre  partie  se  jette  dans  les  confii- 
aions  et  séditions,  qui  mettront  le  feu  partout"*.  „Si 
la  chambre-haute  ratifie  ce  jugement,  le  Roy  ne  le 
pourra  sauver  que  par  une  violence  qui  roidira  le  peu- 
ple, tellement  irrité  qu'ils  déchireroient  plustost  ce  mi- 
sérable comte.  Ceci  met  encore  l'issue  de  toutes  ces 
affaires  en  doubte,  et  les  meilleurs  et  plus  sages  sont 
entre  la  crainte  et  l'espérance"'.  „0n  crie  ote  contre 
ce  misérable  comte,  que  d'autres  cependant  prisent, 
comme  un  des  grands  hommes  du  siècle"'.  — Aerssens 
déclare  également  que  dans  cette  lutte  il  s'agit  du  Roi 
et  de  l'État.  „Le  Roi  et  son  authorité,  que  je  ne  die 
davantage,  courrent  grand  fortune,  au  dire  et  gémir 
mesme  de  la  Royne.    Tout  consiste  à  sçMiver  ou  à 

'  p.  «1.      •  p.  430.      •  p.  «2.      •  p.  4B3.      '  p.  4Sg.      *  p.  4B4. 

U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  xxxTn  — 


perdre  le  lieutenant.  IJes  trois  royaumes  se  lient  par 
coofédératioD  perpétuelle,  pour  la  manutention  de  la 
religion,  de  la  liberté,  des  privilèges  et  des  loix'". 

Dans  les  lettres  de  Rivet  il  s'agit  aussi  du  pouvoir 
des  évêques  et  de  l'organisation  ecclésiastique.  Le  pas- 
sage suivant,  très-honorable  pour  lui,  par  la  confiance 
que  divers  partis,  modérés  et  violenta,  lui  accordent, 
montre  combien  les  prétentions  du  clergé  anglican  avoient 
déjà  baissé,  à  l'approche  des  périls  qu'un  zèle  persécu- 
teur avoit  attirés  sur  l'Église  et  l'État  „Je  lus  entre- 
tenu longtemps  par  le  primat  d'Irlande ,  homme  sage, 
sçavant,  et  qui  en  cette  dignité  se  porte  avec  grande 
douceur  et  humilité.  Je  le  trouvay  sur  ces  choses  en 
perplexité  et  en  crainte  d'horribles  contusions,  jusques 
à  me  dire,  si  elles  advenoient,  il  se  retireroit  en  Hol- 
lande. 11  est  porté  jusques  à  ce  point  pour  les  affaires 
ecclésiastiques  qu'il  recognoist  que  de  droit  divin  les 
êvesques  et  tous  autres  pasteurs  sont  d'un  mesnie  ordre 
et  ne  doivent  rien  faire  d'important  que  par  conseil 
commun;  que  leur  supériorité,  que  la  coustume  de 
l'Eglise  leur  a  donné,  n'a  de  différence  avec  les  pré- 
sidens  de  nos  synodes,  sinon  que  ceux-ci  changent  et 
les  autres  demeurent  tousjours  présidena;  qu'il  les  faut 
régler  aux  synodes  et  astreindre  à  prendre  conseil  des 
autres  pasteurs,  leur  oster  la  haute-commission,  et  les 
assnbjettir  aux  censures.  Il  préside  maintenant  en  la 
compagnie  de  ceux  qui  consultent  pour  la  réforma- 
tion, qtd  sont  composez  de  modérez  et  d'extrêmes. 
Les  uns  et  les  autres  me  doibvent  sonder  Uirdessus. 
J'espère  que  Dieu  me  fera  la  grâce  de  m'y  comporter 


•  ^457. 

m. 


,,Googlc 


avec  prudeoce,  et  n'estant  pas  juge,  de  ne  me  porter 
aussi  pour  partie,  mais  faire  la  guerre  à  l'oeil,  sans 
préjudice  de  la  vérité.  Je  tiens  à  grand  advantage 
que  la  pluspart  advouent  que  cette  supériorité  n'est 
que  d'une  constitution  humaine,  et  renoncent  librement 
à  la  prétention  du  droit  divin  et  de  la  difiërence  es- 
sentielle pressée  par  les  autres  hiérarchiques.  H  sera 
mal-aisé,  sans  ce  tempérament,  d'accorder  les  parties"*. 
Hélas,  même  avec  ce  tempérament,  toute  tentative 
d'accord  devenoit  chimérique. 

De  plus  en  plus  les  soupçons  et  la  haine  du  parti 
populaire  venoient  à  se  manifester  envers  le  Roi,  et 
surtout  envers  la  Reine,  que  les  puritains  considé- 
roîent  comme  la  cause  principale  de  la  situation  déplo- 
rable du  pays.  Aerssens  écrit:  „Le  Roy  et  la  Royne 
voyent  assez  le  mauvais  estât  de  leur  condition,  car 
ils  ont  ce  malheur  que  le  peuple  leur  impute  tout  le 
désordre.  Si  le  Roy  s'accommode  tout  doucement  et 
remet  soy  et  ses  affaires  au  Parlement,  on  espère  de 
redresser  les  choses  et  le  rendre  plus  heureux  qu'il 
n'eust  sceu  estre  par  le  succès  de  l'autre  voye;  mais 
on  est  en  pêne  de  la  Royne,  dont  les  papistes  au- 
royent  abusé  pour  parvenir  à  leurs  lins.  Elle  s'en 
^Hige  assez,  et  le  meilleur  qu'elle  puisse  espérer,  sera 
de  se  voir  rédnitte  au  pied  de  son  contract  Cette 
semaine  nous  y  fera  voir  plus  clair;  les  menaces  du 
peuple  sont  furieuses,  sans  espargner  le  respect  de 
leurs  Majestez."'. 

En  1643,  après  les  eflroyables  nouvelles  des  mas- 
sacres en  Irlande,  la  crise  devient  inévitable'.    Les 


I  p.  us.  ■  p.  466. 

*  Le  s  jutier  M.  HtxmTliet   npporta   qae   Vauo   lui   i 


,,.GoogIc 


lettres  de  M.  de  Heenvliet,  à  la  fîn  de  ce  tome,  rap- 
portent le  coup  de  tête  et  de  désespoir  qui  précipita 
la  guerre  civile  ;  l'apparitioii  subite  du  Koi  daus  la 
chambre  des  Communes,  pour  y  saisir  lui-même  cinq 
membres  suspects  :  „les  grandes  altérations  de  ce  royaul- 
me  et  comme  le  Roi  et  le  Parlement  commencèrent  à 
se  chocquer"'.  „Le  matin  même,  au  moment  de  son 
départ,  Charles,  en  'embrassant  sa  femme,  lui  avoit 
promis  que,  dans  une  heure,  il  reviendroit  maître  de 
son  royaume,  et  la  Reine,  sa  montre  à  la  main,  avoit 
compté  les  minutes  eu  attendant  son  retour"'.  On 
conçoit  donc  sa  désolation.  Feu  de  jours  après  M.  Heen- 
vliet  vit  la  Reine.  „Elle  me  contoit  le  misérable  état 
de  ce  royaume,  non  sans  esmotion;  je  la  suppUois  de 
patienter,  que  je  ne  doubtois  ou  cecy  passeroit  et  que 
Dieu  Buppéditeroit  au  Roy  des  conseils  salutaires  pour 
trouver  un  accommodement"  '.  Avant  de  récapituler  les 
motifs  qui  déterminèrent  le  Roi  à  une  démarche  si 
violente  et  si  hasardée,  il  déclare:  „je  dirai  ce  qu'on 
m'a  dit  et  ce  que  je  tiens  la  plupart  de  la  bouche  de 
leurs  Majestez"*,  et,  ayant  terminé  le  récit,  il  ajoute: 
„Âlor8  la  Royne  me  fit  l'honneur  de  me  dire  que  je 
Toyois  bien  que  tout  se  préparoit  à  une  rébellion,  et 
que  le  Roy  ny  elle  ne  poulvoyent  plus  endurer  ces 
grands  affironts;   que  dans  la  ville  yls  n'avoyent  osté 

rebelle»  demioyciit  de  jonr  à  ia\tn  ptni  paidnots,  que  le  Firlement  fd  Irlinde 
•e  debroit  Uen  usembler  le  11  de  w  mgù  lear  >ljle,  miii  que  la  plupul 
otOTtDt  metine*  ptpiitei  et  i\a'y]»  ippr^endoit  qu'jl  laudrojent  1*  iDlénoce 
pOBT  h  religion,  oa  le  joindre  itbc  les  enltro,  tellement  qn'jla  eitojeiit  fiirt 
mal  iej  1  chevil  «n  oate  lOure;  que  Mcy  ne  ponUoit  «iui[  longtempi  durarj 
c'ert  poorqooj  ;l  me  eonaeilloit  de  ne  trop  heiter  ma  >alljntBtioDi;  qu'en 
quinte  joiu>  je  TCiroiB  plu  dut  et  une  léiolalion  duia  les  nfbirei ,  eoit  de 
Tan  oa  de  l'ultn  eortj".  p.  49S. 

■  p.  BOO.  •  Goiiot,  Sùleir*  dt  la  Bisoliitùm  ^JngUtem. 

*  p.  SOO.  •  p.  SOO. 

ni. 


,,Googlc 


le  cliappeau  la  dernière  fois  que  S.  M.  y  avoit  esté  et 
crié  mesme  qu'yl  ne  seroit  pas  le  premier  Roy  que 
le  peuple  auroit  démis;  je  coutribuois  tout  ce  que  je 
pouvois  pour  appaiser  S.  M.  et  la  suppUois  à  pa- 
tienter" '. 

Fille  de  Henri  IV,  Henriette-Marie  néanmoins  se 
défîoit  surtout  de  la  France.  Déjà  en  1637  Richelieu, 
apprenant  que  le  Roi  d'Angleterre  refusoit  de  rester 
neutre  et  de  laisser  attaquer  les  côtes  de  la  Fltm- 
dre,  avoit  écrit  au  comte  d'Estrades:  „ l'année  ne  se 
passera  pas  que  le  Roi  et  la  Reine  ne  se  repentent 
d'avoir  refusé  les  ofires  que  vous  leur  avez  faites  de 
la  part  du  Roi  ;  on  connoîtra  bientôt  qu'on  ne  me  doit 
pas  mépriser"'.  Dans  les  malheurs  de  Charles  I  cette 
main  redoutable  et  vindicative  se  faisoit  sentir;  dès 
lors  on  ne  sera  pas  surpris  que  l'infortuné  monarque 
et  son  épouse  ne  pouvoîent  dissimuler  leur  ressenti- 
ment „L'anibas3adeur  de  France",  écrit  M.  de  Heen- 
vliet,  „me  vint  voir  et  me  contoit  au  long  les  deb- 
voirs  qu'yl  avoit  contribué  pour  accommoder  ceux  du 
Parlement  avec  le  Roy,  mais  qu'après  tout  cela  yl 
n'avoit  point  de  gré,  et  qu'on  le  tenoit  suspect  à  la 
Cour,  et  qu'on  luy  tesmoignoit  un  mauvais  visage;  de 
vray  hier,  quand  yl  voulut  parler  au  Roy,  S.  M.  ne 
luy  respondit  pas  un  mot,  et  n'ostoit  qu'à  demy  son 
chappeau,  et  cela  en  passant,  et,  après  avoir  attendu 
la  Royne  dans  sa  chambre  plus  de  deux  heures,  S.  M. 
demeurant  dans  sa  galerie,  yl  en  sortit,  sans  la  poul- 
voir  encor  parler,  de  quoy,  en  sortant  la  chambre, 
yl  montroit  n'estre  pas  trop  satisfoict"  *. 

■  p.  SOI.  *  LeOm  H  Sig,  I.  10.  '  p.  (OS. 

U,g,t7cdb/COOgIC 


XLI    

L'intervention  des  Provinces-Unies  sembloit  à  plu- 
sieurs le  seul  raojen  de  réconcilier  les  esprits.  On 
commençoit  à  s'étonner,  écrit  M.  de  Heenvliet,  de  leur 
silence.  „Je  suis  très-niarrj  de  voir  ces  extrétnitez,  et 
prie  Dieu  d'y  aporter  remèdes.  Voz  A.  A.  me  par- 
donnent que  je  dis  que  messeigneurs  les  Estats  ne 
peulvent  plus  estre  coy,  soit  par  voye  d'entremise  oa 
aultre;  tout  le  monde  en  parle  et  comm'  estonné"'. 

m. 

Bien  souvent  déjà  j'^  cité  les  lettres  de  M.  de  Som- 
melsdyck.  Cet  éminent  diplomate  exerça  une  influence 
considérable  sur  les  affaires,  non  seulement  de  la  Ré- 
publique, mais  de  l'Europe. 

On  a  méconnu  son  caractère  et  déprécié  ses  méri- 
tes. Voici  son  portrait  tracé,  récemment  encore,  par 
un  savant  dont  l'autorité  a  beaucoup  de  poids,  M. 
Avenel.  „Ambas3adettr  en  divers  pays  et  notamment 
en  France,  il  obtint  de  son  temps  quelque  réputation. 
Libelliste  dangereux  autant  que  diplomate  perflde,  il 
fi^pait  également  ses  ennemis  et  ceux  qu'il  appelait 
ses  amis.  Tons  les  moyens  de  parvenir  lui  étaient 
bons  et  rien  ne  répugnoit  à  son  ambition.  Créature 
de  Maurice  de  Nassau,  il  fut  ennemi  acharné  de  Bar- 
nevelt,  à  la  mort  duquel  il  contribua  de  tout  son 
pouvoir,  n  déploya,  dans  les  diverses  négociations 
dont-il  fht  chai^,  plus  de  souplesse  que  d'honnêteté, 
et  faisait  redouter  ses  intrigues  plus  que  son  génie"'. 
Je  ne  fais  pas  un  reproche  de  cette  critique  amère  à 

<  p.  608.  *  LUtra  du  CarOùtal  dt  BieMitit ,  I.  210. 

U,g,t7cdb/GOOglC 


M.  AvcDel  dont  l'ouvrage  montre  suffisamment  le  dé- 
sir d'être ■  impartial  et  véridique,  et  qui,  n'ayant  pu 
faire  un  examen  approfondi  de  sa  vie  et  de  son  carac- 
tère, donne  ici  le  résumé  des  opinions  passionnées 
auquelles,  sous  l'influence  de  l'esprit  de  parti,  on  n'a 
que  trop  ajouté  foi.  Mais  il  n'ignore  point  combien 
il  y  a  souvent  d'exagération  et  de  fausseté  dans  des 
ji^ements  pareils.  Richelieu,  dont  il  fait,  avec  tant 
de  vérité  et  de  modération,  l'apologie  et  quelquefois 
le  panégyrique,  n'étoit,  comme  il  l'a  rappelé  lui-même, 
aux  yeux  de  plusieurs,  „qu'un  intrigant,  un  impudique 
et  un  empoisonneur,  le  mauvais  génie  de  la  France 
et  de  l'Europe,  Satan  révolté  contre  Dieu"'.  Le  té- 
moignage du  cardinal  de  R«tz  n'est  aussi  nullement 
flatteur.  Il  affirme  „qu'il  fît  un  fonds  de  toutes  les 
mauvaises  intentions  et  de  toutes  les  ignorances  des 
deux  derniers  siècles  et  forma,  dans  la  plus  légitime 
des  monarchies,  la  plus  scandaleuse  et  la  plus  dange- 
reuse tyrannie"'.  Enfin  Montesquieu,  joignant  son  nom 
à  celui  d'un  homme  détesté  et  détestable,  déclare  que 
les  plus  méchants  citoyens  de  France  ont  été  Richelieu 
et  Louvois.  —  J'ose  donc,  publiant  ce  volume,  en  ap- 
peler à  M.  Avenel  lui-même  et  répéter,  à  l'yard  de 
M.  de  Sommelsdyck  ce  qu'il  a  dit  de  Richelieu:  „le 
seul  moyen  de  l'étudier  de  nouveau,  de  le  connaître 
mieux  encore,  c'est  d'interroger  sa  correspondance,  et 
de  le  chercher  dans  ses  propres  écrits"'. 

François  Aerssens  ne  fiit  point  „un  fourbe  habile"'. 


'  /.  ;.  iHlroiùuït.  p.  86.  •  Mémùra  (Coll.  Petitot)  I,  181. 

>  EiprcuEoD  de  M.  AtkubI.  —  Wicqaefort  le  Domme  ..on  dn  plaa  grandi 
miDistrea  qa«  les  FroviiicM- Unies  ajent  ta  ponr  b  négociation."  VAn^iuia- 
dnr  rt  4et /oneiioiu. 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


mais  un  grand  homme  d'État.  H  mérite  d'être  mis 
an  premier  rang,  de  ces  diplomates  hoUandois  aux- 
quels M.  Guizot  à  rendu  une  si  éclatante  justice  '. 

Sans  entrer  dans  des  détails  biographiques ,  rap- 
pelons néuimoins  que,  né  en  1572  à  Bruxelles, 
fils  du  greffier  des  Ëtats-Généraux  Corneille  Âcrssens, 
homme  d'une  haute  capacité,  il  commença,  en  1598, 
à  Paris  sa  carrière  diplomatique.  Secrétaire  de  léga- 
tion à  36  ans,  il  avoit  déjà,  après  de  fortes  études 
académiques,  fait,  durant  trois  années,  un  appren- 
tissage en  France,  sous  les  auspices  du  célèbre  Da- 
plessis-Mornay.  Au  mécontentement  des  Etats  de 
Zélande,  qui  apparemment  se  formalisèrent  de  son 
extrême  jeunesse,  on  est  redevablç  d'un  témoignage 
des  Etats-Généraux,  doublement  digne  de  remarque, 
parcequ'un  tel  éloge,  donné  au  fils  de  leur  ministre, 
devoit,  pour  ne  point  envenimer  la  question  et  prê- 
ter matière  au  ridicule,  être  parfaitement  véridique. 
Ds  déclarent  que,  formé  à  l'université  de  I^eide  et 
initié  par  son  père  aux  affaires  pubUques,  le  jeune 
diplomate  a  déjà  été  admis  à  travailler  avec  les 
principaux  personnages  de  France',  qu'il  en  a  rapporté 
les  témoignages  les  plus  satisiaisants  de  sa  capacité 
et  des  lettres  flatteuses  du  Roi  lui-même;  qu'ayant 
ensuite  visité  diverses  cours  de  l'Italie,  il  en  a  donné 
des  relations  qui  justifient  l'opinion  favorable  émise 
par  M.  Duplessis  à  son  égard,  et  que,  de  retour  à 
la  Haye  et  assistant  son  père,  il  a  fait  preuve  d'une 


'  „I1  d';  ■  de  diplomatie  eo  Europe  ru  diX'Upttime  aiècle,  qui  punisse 
effile  à  11  diplomatie  fniiçaiM  que  la  diplomatie  boUiDdaise." 

■  .^necewii'eljck  drie  jarm  ende  een  faalff  continael^k  by  de  nrarnatmite 
penon^eti  Tan  Vranchrjek  geaUdtcli  bESoigaerende." 


,,  Google 


grande  habileté,  tandis  que,  pour  les  aSaires  de  France, 
M.  de  Buzanval  affirme  qu'il  en  est  parfaitement  in- 
formé.  '  Succédant  à  un  homme  fort  habile  ' ,  comme 
agent  des  Provincea-Unies  à  Paris,  il  conserva  ce  poste 
important  depuis  la  paix  de  Vervins,  jusqu'à  la  troi- 
sième année  de  ta  régence  de  Marie  de  Médjcis.  ,,11 
apprit,  à  négocier  avec  ces  grands  maistres,  Henri  IV, 
Villeroi,  Rosny,  Sillery,  Jeannin,  etc.  et  il  y  réussit 
ensorte  qu'ils  approuvèrent  sa  conduite"*.  H  sut  pé- 
nétrer les  secrets  de  la  Com,  ménager  les  partis,  ser- 
vir ta  République,  sans  la  compromettre,  et  gagner  la 
confiance  du  Roi.  Dans  l'inteotioa  de  celui-ci,  la  paix 
de  Vervins  n'étoit  qu'une  suspension  d'armes,  indispen- 
sable pour  se  préparer  au  renouvellement  de  la  guer- 
re; méditant  de  vastes  projets,  il  attachoit  beaucoup 
de  prix  à  la  conservation  des  Provinces-Unies  et  à  leur 
amitié;  néanmoins  ce  n'étoit  qu'avec  peine  qu'on  ob- 
tenoit  de  lui,  au  milieu  de  ses  embarras  financiers, 
'  les  secours  nécessaires.  La  position  d'Aerssens  envers 
les  Protestants,  surtout  envers  ceux  qui  fonmissoient 
matière  à  la  défiance  et  aux  soupçons  du  Roi,  étoit 
extrêmement  difficile  et  délicate,  l'ambitieux  et  remuant 
duc  de  Bouillon,  beau-firère  du  Prince  Maurice,  et  les 
autres  grands  seigneurs  de  la  religion,  désirant  avec 
instances  que  l'envoyé  d'un  Etat  réformé  se  déclarât 
poiy  eux.  H  sut  concilier,  avec  une  prudence  extrême, 
les  bons  offices  à  leur  égard  avec  ses  devoirs  envers  le 
Souverain  (').    En  1613,  la  Cour  de  France  provoqua 

(')  Voyez  son  Stpoti  aux  Etatê-Oénéraux  àt  ta  condttile  dans 
Vaffaire  du  Duc  de  BouOon  du  16  mars  1803,  publié  par  M. 
Vieede    (Lettre»    et    N^oe.    de   Af.    de    Butanval   et    de    Frmt^ou 

'  Licrin  Calvart.  '  Wicqnelarl.  L  l. 


,,  Google 


son  rappel.  Â  ce  qu'il  paraît,  elle  fiit  excitée  par  ses 
ennemis  à  la  Haye.  Quoiqu'il  en  soit,  Marie  de  Mé- 
dicis  et  ses  conseillers,  méditant  les  mariages  d'Es- 
pagne ,  aimoient  sans  doute  à  se  débarrasser  d'un  per- 
sonnage  habile  et  influent  qui,  fidèle  aux  desseins  de 
Henri  IV,  désapprouvoit  l'abandon  de  son  système  po- 
litique. De  1613  à  1619,  Aerssens  fut  un  des  anta- 
gonistes les  plus  redoutables  de  Bamevett;  mais  on 
n'est  pas  en  droit  de  taxer  sa  conduite  d'ingratitude, 
de  l'accoser  de  sourdes  menées,  et  de  mettre  son  op- 
position uniquement  sur  le  compte  de  l'amour-propre 
blessé  et  de  l'intérêt  particulier.  Il  devoit  son  éléva- 
tion à  ses  incontestables  talents;  son  inimitié  fut  dé- 
clarée et  ne  se  cacha  pas  sous  de  fausses  apparences; 
elle  étoit  conforme  aux  opinions  qu'il  avoit  constam- 
ment manifestées  (*)  et  la  conduite  des  Ëtats  de  Hol- 


SAeruen,  ITtr.  1846,  p.  391— *2*.).  Ce  Mémoire,  où  l'on  re- 
coDQoit  partout  la  main  de  maître,  aufËroit  pour  prouver  les  W 
)eaU  dîptomadquea  de  son  auteur.  —  M.  Vreede  donne  sur  Aers- 
sens det  détails  intéressants. 

(*)  Dès  le  commencement  Aerssens  désapprouvoit  les  opinions 
anniniennes,  parfaitement  d'accord  avec  Duplesais-Momay  (voyes 
le  jugement  de  celni-d  Tome  II.  p.  Lxn  et  svv.)  La  lettre  de 
Homaj,  où  il  prévoit  en  1609  les  tristes  conséquences  de  l'armi- 
nianisme,  en  religion  et  en  politique  (\A,  p.  Lxxv)  est  adressée  à 
ÂersseDB,  et  celui-ci  écrit  le  8  juin  I61I  à  Hornay:  „LeB  minis- 
tres de  nos  provinces  sont  encore  assemblés  à  la  Haye,  pour  vu i- 
der  leurs  différends,  mais  y  advancent  peu;  chacung  flatte  son 
opiniou  et  les  nonvellistes  '  font  ce  qu'ils  peuvent  pour  tirer  l'aue- 
torité  publique  de  Isur  costé,  et  ce  par  des  voyes  qui  ne  s'ap- 
prouvent que  par  ceulz  qui  sont  d^à  gagnés  par  leur  doctrine. 
Cela  prodoira  du  désordre  dans  Testât,  qui  s'estendra  aussi  jusques 
aux  voisins,  s'il  n'y  est  pourreu  premier  que  l'opinion  passe  en 
parti,  et  se  fnsse  aucloriser  par  l'approbation  des  magistrats." 
iiém.  et   Correip.  de  DupleuU  Moruay  xi.  p.  225. 

'  SDuteor*  de  noaTeautà. 


,,  Google 


lande  et  de  Bamevelt  n'étoit  pas  telieraent  irrépro- 
chable et  salutaire  pour  qu'on  ne  puisse  admetbre, 
dans  la  résistance  à  leur  système,  de  la  bonne  foi  et 
des  motifs  sincères  d'intérêt  public  (').  Avec  sa  haute 
capacité,  après  le  revirement  politique,  il  ne  pouvoit 
rester  étranger  au  maniement  des  affaires;  surtout  à 
une  époque  oii  l'expiration  prochaine  de  la  trêve  avec 
l'Espagne  rendoit  doublement  nécessaire  de  se  procu- 
rer des  auxiliaires  et  des  appuis.  Il  rentra  dans  la 
diplomatie,  et  fut,  de  1619  à  1624,  envoyé  à  Venise, 
à  Londres  et  à  Paris. 

En  récapitulant  ainsi  les  antécédents  de  M.  de  Som- 
melsdyck,  je  ne  prétends  pas  porter  sur  son  caractère 
et  sa  conduite  un  jugement  définitif  Au  contraire  je 
reconnois  qu'il  y  a  dans  sa  vie,  durant  le  stadhoudérat 
du  Prince  Maurice ,  plusieurs  points  encore  controver- 
sés. Cependant  même  ce  coup-d'-oeil  très-superficiel 
suffit  pour  mettre  hors  de  toute  contestation  son  gé- 
nie politique  et  pour  faire  sentir  l'intérêt  d'une  collec- 
tion nombreuse  0  de  lettres,  écrites  durant  la  guerre 
de  Trente-Ans,  à  Richelieu  et  au  Prince  d'Orange, 
par  un  tel  personnage,  mêlé  depuis  un  quart  de  siècle 
aux  affaires  tes  plus  graves,  de  la  Chrétienté,  et  qui, 


(')  Lai-même  s'est  justifié,  avec  ud  grand  talent  et  beaucoup 
d'énergie,  dana  divers  écrite  polémiques  en  1616. 

O  Ce  tome  contient  91  lettres  de  M.  de  Sommelsdyck  et  21 
ndressées  à  lui.  En  outre  21  dépêches  des  ambassadeurs  en  An- 
gleterre et  17  réponses  du  Prince  d'Orange.  Ce  fut  sans  donte  loi 
qui  rédigea  ces  dépêches  communes;  M.  de  Brederode,  Joachimi, 
et  Heenvliet  auront  été  heureux  de  se  servir  de  sa  plame  et  de 
son  esprit  L'instruction  de  M.  de  Heenvliet  (p.  25b),  de  M.  de 
Beverweert  (p.  307),  et  les  lettres  dont  celui-ci  étoit  chargé  pour 
la  cour  de  France  (lettre  Zié,  svv.)  sont  écrites  de  sa  main. 


,,.GoogIc 


déjà  an  commencement  du  stadhoudérat  de  Frédéric- 
Henri,  pouvoit  dire,  avec  un  oi^ueil  légitime,  „avoir 
réussi  en  beauconp  d'importantes  négociations  avec 
quasi  toutes  les  nations  de  rËurope"'. 

Quelle  fiit  depuis  lors  l'idée  fondamentale  de  sa  po- 
litique ?  le  grand  dessein  auquel  il  consacra  ses  Udents 
et  ses  efforts?  De  1625  à  1642,  c'est  à  dire  jusque 
sa  mort  (on  pent  s'en  convaincre  dans  les  lettres  que 
je  publie)  son  influence,  dans  les  affaires  intérieures 
et  extérieures  de  la  République,  fut  vouée,  comme 
aupara:vant,  à  la  défense  des  libertés  religieuses  et  po- 
litiques contre  la  puissance  formidable,  intolérante  et 
despotique  de  la  Maison  de  Habsboui^. 

Pour  atteindre  ce  but,  il  falloit,  d'abord  résister, 
dans  les  Provinces-Unies,  à  l'aristocratie  communale, 
passionnément  pacifique;  ensuite  cultiver  et  fortifier 
ralliance  françoise;  enfin  rallier  l'Angleterre  aux  inté- 


Nonobstant  les  préventions  de  Frédéric-Henri,  Âers- 
sens,  par  l'ascendant  de  ses  rares  t^ents  et  de  ses 
importuits  services,  aussi  bien  que  par  son  attache- 
ment à  la  Maison  d'Orange,  sut  bientôt  acquérir  sa 
confiance,  comme  il  avoit  eu  celle  de  son  frère". 

Frédéric-Henri  ne  pouvoit  guères  se  passer  de  ses 
sages  conseils.  Objet  des  flatteries  arminiennes,  du 
vivant  de  Maurice,  il  rencontra,  dès  qu'il  fiit  devenu 


•  p.  2». 

*  Il  •onhùta,  ^rÏTiot  en  lltBT  i  M.  de  Culemboo^,  an  héritier  m 
Prince,  „>fln  qnt  Dottri  pabllcq  tronie  u  IUîmo  et  Kurolj  dîna  la  ancceMion 
de  U  Dienne  utÏMia ,  qui  de  iod  uiig  a  racket^  et  dmeatj  i»  liberté." 


,,Googlc 


son  Bnccessenr,  la  même  opposition  et,  stadhouder,  il 
fiit  contraint,  à  moins  de  s'annuUer  complètement,  de 
faire  face  au  parti  anti-stadhoudérien.  La  sévérité  en- 
vers mi  petit  nombre  de  personnes  en  1618,  n'avoit 
pas  changé  les  institutions,  ni  redressé  leur  mauvais 
pli.  Poursuivant  le  cours  d'une  politique  enracinée 
dans  la  pratique,  le  parti  abattu  se  releva,  avec  les 
mêmes  prétentions,  les  mêmes  tendances,  plus  de  cir- 
conspection peut-être,  mais  avec  la  même  audace'.  Mé- 
nageant les  opinions  populaires,  laissant  de  côté  les 
questions  théologiques,  se  gardant  de  revenir  sur  des 
faits  accomplis,  l'aristocratie  bourgeoise  recommença 
bientôt  le  travail  interrompu  et  saisit  avec  avidité  les 
occasions  de  faire  prévaloir  l'autorité  de  la  Hollande 
sur  celle  du  Stadhouder  et  des  États-Généraux*. 

En  butte  à  une  opposition  pareille,  le  Prince  d'O- 
rtmge,  modifiant  peut-être  ses  opinions  politiques,  œ 
félicita  sans  doute  d'avoir  pour  lui  M.  de  Sommels- 
dyck.  Aussi  en  1634  l'envoyé  de  France  écrit:  „Aers- 
sens  commence  si  bien  à  se  remettre  que,  si  ceux  qui 
serviront  le  Roy  en  Hollande  y  contribuent  ce  qu'ils 
pourront,  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  y  sera  très-bien  et 
pourra  beaucoup  nuire  aux  Arminiens,  qui  est  autant 
à  dire,  aux  Espagnols"*.  Et  en  1636:  „it  est  fort  bien 
avec  M.  le  Prince  d'Orange  et  très-bien  avec  ta  Prin- 
cesse, qui  commence  à  en  prendre  conseil  en  beaucoup 
de  choses"*. 

Selon  lui,  il  falloit  absolument  éloigner  le  ch^  ha- 

'  ■n«ne  II.  p.  cvi. 

*  „Lt  diiersit^  it»  opinioui,  non  tant  lu  ttîet  de  la  rsligioD  que  dea  moieili 
pour  conduire  le  gouvernement  de  i'eitit  avee  moÎDS  rU  jsloueiea ,  retirde  boa- 
oDup  ds  boDoes  cbows".  —  AenMns  i  H.  de  CDUmboarg.  18  mii  1027- 

•  p.  BO,  *  p.  83. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


b3e  de  l'opposition ,  M.  Fauw,  et  le  faire  remplacer. 
n  est  curieux  d'observer  avec  combien  d'adresse,  après 
l'avoir  fait  envoyer  à  Paris,  il  fit,  sous  des  prétextes 
flatteurs,  refuser  sou  rappel,  convertissant  sa  mission 
en  une  espèce  d'exil  et  profitant  de  son  absence  pour 
donner  aux  Ëtats  de  Hollande,  dans  la  personne  de 
l'excellent  M.  Cats,  0  ^^  autre  directeur  „qm  ait  sa 
visée  esloignée  de  toute  autre  passion  qu'au  service  de 
l'Estat  et  au  repos  et  concorde  au  dedans"'. 

Surtout  en  1637  le  parti  aristocratique  sembla  re- 
prendre Bon  élan. 

Quelques  extraits  des  lettres  d'Aerssens  au  Prince 
d'Orange'  feront  voir  la  nature  et  la  portée  de  ces 
audacieuses  tentatives  pour  afibibli];  et  ruiner  le  pou- 
voir central 

La  Hollande  conteste  la  judicature  de  la  Généralité 
et  s'efforce  de  persuader  aux  autres  provinces  de  suivre 
son  exemple.  La  gravité  de  la  question  se  révèle  dans 
la  manière  dont  Aerssens  en  donne  connoissance  au 
Prince.  „0n  débat  la  qualification  de  messieurs  les 
Estats-Généraux ,  assavoir  sy  leur  compète  aucune  ju- 
dicature. Cette  dispute  ne  peut  prendre  pied  qu'avec 
réversion  de  l'authorité  publique  et  de  la  direction  de 
V.  A.;  car,  ay  le  pouvoir  de  chastier  leur  est  osté, 
les  provinces  et  les  particuliers  se  dispenseront  de  tout- 
tes  loix,  pour  en  convenir  selon  leur  intérest  ou  in- 
clination. Il  est  doncq  nécessaire  de  s'opposer  roide- 
ment  à  cette  nouveauté.  Je  pense  que  V.  A.  sera  sup- 


O  Donx  et  modéré  en  politique.    Poète  trèvpopulaire,  il  eut, 
par  la  tendance  biblique  et  monle  de  ses  nombreux  éorita,  une 
betueoM  influence  eur  le  caractère  national. 
.     ■  p.  SB.  ■  L.  G29— us. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


plyée  de  s'en  entremettre,  combieD  qae  desjà  j'en 
observe  un  notable  préjugé,  parceque  messieurs  d'Hol- 
lande, pour  mieux  former  et  fonder  leur  party,  entre- 
prennent d'intéresser  en  leur  opinion  toutes  les  autres 
provinces,  auxquelles  ils  ont  escrit  à  cette  fin"'. 

La  Hollande  prétend  également  ôter  à  la  Généralité 
le  droit  de  donner  à  ferme  la  levée  des  convois  et 
licences.  „Cette  contestation,  portée  devant  le  peuple. 
tourne  grandement  au  mespris  de  l'autborité  du  gou- 
vernement" *. 

Outre  ce  grand  scandale ,  „il  est  survenu  autre  ren- 
contre et  bien  pins  rude,  sur  la  recherche  de  ceux 
qui  ont  laissé  fretter  leurs  navires  au  service  des  Es- 
pagnols; de  quoy  les  informations  et  judicature  ont 
par  messeigneurs  les  Estats-Généraux  esté  renvoyées 
et  commises  au  conseil  d'Estat"  '.  La  Hollande  venoit 
de  décider  „que  telle  judicature  est  réservée  aux  pro- 
vinces respectives  et  n'appartient  aucunement  au  Con- 
seil d'Estat".  „0r  V.  A.  voit  où  cela  tend;  c'est  une 
plausible  proposition  pour  les  provinces  en  destail. 
mais  qui  renverse  l'Union  et  l'ordre  du  gouvernement. 
Sy  ta  Généralité  n'a  point  d'autorité  de  soy  et  qu'il 
la  faille  aller  chercher  aux  provinces,  qui  se  bande- 
ront tousjours  touttes  pour  leurs  intérests  contre  toutte 
supériorité  (qu'elles-mesmes  néanmoins  ont  establye  et 
déférée  au  maintien  de  l'Union)  quel  moyen  restera-il 
de  contenir  les  provinces  au  devoir  de  leurs  conven- 
tions? *  n  n'y  faut  rien  négliger ,  sy  on  ne  veut  veoir 
jetter  par  terre  l'autorité  publique"  '. 


KM.  •  p.  m.  >  p.  105.  *  p.  106. 

I.  La  UDll«iid«ma1ti[dioit,  &ceUe^)04aa,Mt  n^ca.  La  lettre*  d'Am- 
:n  dooneot  cncare  qd  cnmpls.    „Mcuimn  d'Holkiide  eatreprciuieat  de 


,,.CooglL- 


Cétoit  une  question  vitale  pour  la  République.  Dans 
cliaque  lettre  Aerssens  revient  avec  force  sur  la  néces- 
sité de  s'opposer  à  des  prétentions  si  incompatibles 
avec  l'exiateDce  même  de  l'État.  „La  judicature  de 
la  Généralité  est  disputée  par  des  provinces  particu- 
lières ,  comme  une  usurpation  sur  leurs  droictz  et  fran- 
cliises;  en  quoy  est  à  craindre  que  touttes  les  pro- 
vinces ne  convienneot  aysément,  pour  s'affranchir  de 
supériorité,  sans  considérer  le  publiq  en  sa  nature 
et  composition;  mais,  quelque  contestation  qu'il  y 
ait,  sy  faut-il  que  l'Union  tienne,  sy  on  ne  veut 
jetter  l'Estat  par  terre,  et  l'Union  n'est  autre  chose 
qu'\m  corps  composé  entre  et  dans  les  provinces, 
avec  authorité  et  pouvoir  d'administrer  souveraine- 
ment touttes  les  affaires  qui  touchent  à  l'Union ,  dont 
la  première  et  plus  esseutielle  partye  est  celle  de 
la  judicature  des  choses  de  son  ressort,  c'est-à-dire 
de  celles  qui  conceraent  le  corps;  autrement  ce  ne 
seroit  plus  qu'une  chimère,  sy  la  punition  et  la  ré- 
compense luy  estoit  retranchées,  à  l'appétit  de  quelque 
province  particulière ,  sy  d'aventure  elle  s'y  trouvoit  in- 
téressée. Les  Amphyctions,  composez  comme  cet  Estât, 
et  nous  à  leur  exemple,  prenoyent  jadis  connoissance 
des  difierens  de  tous  leurs  alliés  et  les  jugeoient  sans 


bira  monitn  par  toatci  Ici  provioM*  en  Imr  •eol  nom.  Chicuac  proTian , 
m  caC  nemplc,  prAeodn  pareil  drojct  et  jir^rogitiTg,  et  c'eet  prapremml  U 
fonctign  do  Connil  d'BMtt,  qni  voit  et  conaidàv  toattai  la  pron'ace*  en  un 
mal  enrpa.  Cea  monitra  |jnrt[cnliïre>  MToyent  pour  tout  eonfiipdre,  voire  pour 
uthorùer  les  protinoe*  de  retriucber  le*  eompigiiiei  1  lenr  diierAlDD  et  de 
■ooi  en  eDTOjer  lei  toIIm  eomplett,  de  fiçoa  qae  V.  A.  ne  içinroit  jini«s  an 
Tnj  lea  léraei  de  l'Eatit,  qui  lerofent  plw  fortM,  plu  liHUn,  Mlini  qa'oD  en 
^Anulroit  pronier.  Cet  uonvroaii*  l'tniatuui  la  tmet  lur  ta  aulrei  tt  it 
mom$  êenit  plmt  tmr  de  ne  rwn  aUértr  as  gOKftrnrmtnl  jué  pour  F  amender." 
p.  118,  lis. 


,,Googlc 


appel.  Nos  prédécesBeurs  en  ont  jusques  icy  usé  de 
mesme.  Le  commun  danger  ne  permet  pas  que  nous 
eabranlions  en  aucune  façon  ces  premières  maximes, 
et  qui  Boubstiendroit  vostre  authorîté,  quand  l'Union 
m  trouveroit  désarmée?  Seriâz-vous  pas  obligé  àtoutte 
rencontre  d'accouiir  '  aux  provinces  particulièrea  et 
qu'espéreriez  vous  de  leur  séparation  sy,  unies  et  tout- 
tes  comme  d'accord,  s'acquittent  sy  firoidement  de  leur 
devoir  et  courront  sy  chaudement  à  leur  particulier? 
Mon  advis  donq  seroit,  que  V.  Â.  ne  soufihst  point 
que  l'Union  fust  esbreschée,  mais  l'authorité  mainte- 
nue; le  temps  n'y  amendera  rien,  si  vostre  interven- 
tion ne  remet  les  humeurs  de  leur  aigreur,  pour  les 
ramener  peu  à  peu  à  la  considération  du  péril  com- 
mun ,  auquel  ces  lâcheuses  contentions  jettent  l'Estat 
et  toutes  leurs  fortunes,  et,  sans  plus  toucher  au  faict 
de  la  judicature ,  qu'il  faut  conserver  comme  le  pai- 
ladium  de  l'£stat"'.  „La  question  n'est  pas  petite,  car 
la  compétence  de  la  jurisdiction  y  est  disputée ,  c'est- 
à-dire,  qu'on  sappe  les  fondemens  de  l'Ëstat,  qui  ont 
leur  ferme  sur  l'Union,  à  laquelle  se  doibt  rappor- 
ter la  souveraine  authorité  du  gouvernement,  que  vous 
avez  droict  et  aydez  à  conduire"'. 

L'unité  de  direction  est  indispensable.  Si  te  Con- 
seil d'État  se  fait  valoir,  si  la  Généralité  lient  ferme, 
si  le  Prince  d'Orange  use  de  ses  droits,  on  est  a 
même  de  résister. 

Malheureusement  il  n'en  est  pas  ainsi;  Aerssens  se 
scandalise  de  la  tiédeur,  non  seulement  de  ceux  qu'il 


,,  Google 


—  Lin  — 

appelle  „les  gens  de  bien"  et  de  la  Généralité ',  mais 
aussi  de  FrédériC'HeDri.  „II  n'est  pas  question  „lui 
écrit-il,"  de  nous  déjoindre;  la  prudence  veut  que  tels 
incidens  se  préviennent  ou  lèvent  par  prudence,  sans 
permettre  qu'ils  prennent  pied  ny  adhérence;  rompez 
donq  de  vostre  intervention  les  dez  à  ceux  qui  les  ont 
en  main,  et  ne  permettez  point  que  le  mal  s'invétére. 
Qui  conseillent  d'y  temporiser,  m'en  font  craindre  la 
gangrène;  le  mal  n'est  pas  né  tout  à  coup,  plusieurs 
harcélemens  l'ont  précédé  et  je  ne  me  feindray  point 
d'assem^r  qu'il  dérive  d'une  autre  source ,  et  nous  avons 
ce  malheur  que,  quasi  à  nostre  naissance,  on  nous 
faict  deschoir  de  vieillesse,  tant  il  se  voit  de  désordre, 
confusion  et  de  stupidité  à  nostre  conduitte.  Cest  à 
y.  À.  que  j'adresse  cette  plainte ,  puisque  la  condition 
de  cet  Estât  doibt  entraîner  la  vcstre  en  suitte"'. 

Ne  voulant  pas  brusquer  les  choses,  il  propose  un 
expédient,  un  terme  moyen'.  Aiosi  on  pourroit  con- 
cilier les  esprits,  tandis  que  le  principe  seroit  sauvé. 
„V.  A.  proposant  cet  expédient,  vostre  authorité  y 
demeure  conservée,  laquelle  ne  peut  souffrir  que  ces 
choses  se  vuident  autrement  que  de  vostre  connois- 


'  ,.La  6d  jlité  qae  js  Tom  >;  proteiiit ,  et  U  liberté  que  m'irax  daiinte ,  me 
hux  de  dire  à  i.  A.  que  U  GéninWU  ne  a'eKhiaSa  pu  useï  à  eonttner  m 
dracti  et  qoe,  dt  )■  part  d'Amateidim  «n  contraire,  tout  m  remue  à  foadet 
leoi  prâeDtion,  josqne*  U  que,  >y  1>  pirtye  te  pent  lier  arec  le  quartier  de 
Nort,  k  qao;  il  eit  trarûUJ,  dd  n'en  fteadra  jamaÎB  en  loitre  arbitrage,  dn- 
qael  3  h  parle  deiji  qoe  le*  aocHrea,  en  caa  pareil,  bb  l'en  aont  toaUa 
MMibunettre,  ni  àSittt  k  la  amnoiaonea  de  l'impereur  lear  prince  natarel." 
p.  100. 

»  p.  10».  e». 

*  „V.  A.  peat'ttre  ne  troaren  hor*  de  propoa  de  mettre  en  annt  de  (aire 
oommelire,  ponr  cette  foii,  pour  le  ropect  de  eommeroe,  qaelquei  jage*  ei- 
liaordiDâiree  ao  contenlement  de  la  Hollande,  afin  de  procéder  contre  le»  pré- 
Tcaui  aoi  la  eoromiaion  de  U  OJnéntiU.  Ceet  le  part;  qni  ma  eeinUe  plaa 
tjti  a  •oTtabla."   p.  1D8. 

m.  IV 


,,Googlc 


sance"  '.  —  Sans  ce  mélange  de  force  et  de  douceur  ces 
différends  eussent  conduit  à  de  filcheux  résultats.  „Tel- 
les  et  semblables  disputes  pourroient  bien  traverser  les 
meiUenres  détibératioos,  si  elles  ne  sont  prévenues  ou 
levées  avec  prudence  et  une  attrempée  modération". 

Ce  n'est  pas  entièrement  à  tort  peut-être  que  Char- 
nacé  appelloit  le  parti  des  États  de  Hollande  le  parti 
„anmnien  et  espagnol"*. 

En  le  combattant,  Aerssens  rendoit  un  double  ser- 
vice à  la  République. 

D'abord,  par  une  opposition  vigoureuse  à  des  ten- 
tatives désorganisatrices  et  contraires  au  droit  public 
établi.  D'après  sa  conviction  intime,  les  tendances  de 
Bameveit  et  de  ses  imitateurs  aboutissoient  au  renver- 
sement de  l'ordre  ancien  et  légitime  et  de  la  véritable 
signification  du  traité  dlTtrecht 

Ensuite,  en  &isant  prévaloir  ainsi,  sur  des  conseils 
intéressés  et  pusillanimes,  une  conduite  courageuse  et 
nécessaire  pour  le  salut  de  l'État  Aerssens  lui-même 
écrit  en  1634:  „Le  peuple  est  riche  et  libéral,  et  a 
eu  quasy  généralement  une  aversion  contre  le  traité 
avec  l'Espagne;  de  fait  il  ne  s'est  guères  veu  que  d'Ar- 
miniens qui  se  soient  opposez  aux  propositions  de  la 
France"*. 

IV. 


En  résistant  au  purti  de  la  paix ,  il  falloit  r 
l'alliance  françoise.  La  politique  d' Aerssens  s'identifioit 
avec  celle  de  Richelieu. 


■  p.  110.  •  IM.  •  p.  50.  •  p.  u. 


,,  Google 


On  le  conçoit  Ayant  partagé  les  vues,  les  projets, 
les  espérances  de  Henri  IV ,  il  avoit  déploré  révanouis- 
sement  de  ses  desseins  et  les  tendances  espagnoles  de 
la  K%ence;  depuis  tors,  et  encore  en  1622,  dans  la 
crise  amenée  par  les  succès  rapides  et  la  prépondé- 
rance de  l'Autriche,  il  n'a  voit  attendu  nul  secours,  si 
ce  n'est  de  l'Angleterre.  Envoyé  à  Londres  et  prévoyant 
que  Jacques  I  „ne  pourra  se  résoudre  à  de  violeos 
mouvemens,  desquels  son  naturel  et  les  intérêts  de 
son  conseil  sont  très-estranges",  il  ajoute:  ..toutefois 
s'il  ne  le  fiùt,  je  ne  voy  rien  d'assez  puissant  qui,  sans 
son  intervention,  fust  pour  former  suffisante  opposition 
à  la  monarchie  espagnole"'.  Mais  depuis  lors  l'aspect 
politique  de  la  France  avoit  changé.  En  1624,  Ri- 
chelieu étant  devenu  premier  ministre',  l'époque  d'abais- 
sement et  d'impuissance,  qui  duroit  depuis  1610,  avoit 
pris  fin*;  avec  une  promptitude  et  une  vigueur  carac- 
téristiques, il  étoit  rentré  dans  les  voies  de  Henri  IV. 

Âerssens  et  lui  étoîent  faite  pour  se  comprendre  et 
s'apprécier. 

Il  y  a  ici  quinze  lettres  d'Aersseas  à  Richelieu. 
On  s'apperçoit  que  celui-ci  lui  avoit  ùât  à  Paris  un 
accueil  distingué  et  qu' Aerssens  avoit  deviné  son  génie 
et  ses  desseins.  H  seroit  certainement  puéril  de  vouloir 
prendre  chaque  mot  à  la  lettre,  mais  on  auroit  égale- 
ment tori;  d'attribuer  les  expressions  admiratives  uni- 
quement au  désir  de  s'iminuer  auprès  du  Cardinal 
par  une  flatterie  intéressée. 

En  1626  il  écrit:  „je  me  tiendray  très-honoré,  sy 


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—  LVI   — 

je  pais  estre  conservé  en  la  faveur  de  vostre  amitié"'. 
Ensuite:  „je  ne  cesseray  jamais  de  vous  honorer,  avec 
le  respect  et  la  candeur  que  sçauriez  attendre  d'une 
personne  qui  a  l'âme  esloignée  de  toute  ingratitude, 
mais  se  souvient  et  ressent  dignement  de  voz  faveurs 
et  courtoisies;  honorez  moj  donq  de  vostre  amitié, 
sy  m'en  estimez  autant  digne  que  j'ay  la  volonté  de 
le  mériter  par  vraye  obéissance  et  servitude"'.  —  Ce 
sont,  dii-a-t'on,  de  simples  formules  de  politesse;  j'en 
doute  fort;  alors  déjà,  en  écrivant  à  Richelieu,  on 
ne  pouvoit  à  la  légère  faire  mention  de  son  amitié. 
Ajoutez  ce  qui  suit:  „Le  seul  contentement  qui  me 
reste  de  mon  ambassade  en  France,  c'est  celuy  que 
j'ay  de  la  souvenance  d'avoir  eu  l'honneur  de  vostre 
doux  entretien;  plus  rare  véritablement  que  je  ne  dé- 
siroy,  mais  tel  que  les  affaires  et  vostre  santé  le  com- 
portoyent;  j'admire  encor  à  tout  coup  la  promptitude 
de  vostre  conception,  avec  la  solidité  de  vostre  juge- 
ment, autant  que  la  franchise  de  vostre  accueil"'. 

En  1629,  après  les  succès  en  Italie  et  le  rétablissement 
de  l'ordre  en  France,  il  considère  RicheUeu  comme  „le 
premier  homme  du  siècle  en  toute  prééminence  d'Etat"'. 

En  1634,  exprimant  sa  gratitude  envers  le  Roi,  qui 
„a  toujours  tesmoigné  un  soin  singulier  et  très-effectif 
au  bien  et  conservation  de  la  République,"  il  ajoute: 
„à  la  persuasion  et  par  l'induction  en  party^  de  vostre 
Eminence,  au  jugement  de  qui  tous  sçavent  combien 
elle  défère;  et  méritoirement,  après  avoir  reçeu  tant 
de  preuves  de  vostre  fidélité  et  prudence,  que  rien  ne 
s'y  peut  adjoust^  et  dont  les  effects  sont  si  admirar 

>  p.  4.      •  p.  ».         'p.  ».         •  p.  29. 

U,g,t7cdb/GOOglC 


blement  grands,  tant  au  regard  du  restablissement  de 
fauthorité  royale  au  dedans ,  qu'en  celuy  de  la  confii- 
noD  et  honte  de  ses  ennemiz  et  envieux  au  dehors; 
de  sorte  que,  ne  voyant  rien  de  pareil  es  siècles  pas- 
sez, la  postérité  les  prendra  pour  miracles  plustost  qae 
pour  histoires  "  '. 

Déjà  en  1636  il  a  rapporté  aux  Etats  „que  tout  le 
bien  qui  nous  peut  venir  de  la  France,  nous  doibt 
arriver  de  vostre  conduitte  et  seule  affection,  et  que 
vous  estes  porté  de  vostre  jugement  et  naturel  à  aj- 
mer  nostre  manutention,  qu'en  devons  attendre  des 
effects  notables"'.  „Ma  délibération  sera  toujours  de 
vous  honorer  et  attendre  de  vostre  prudence  la  pro- 
tection qne  la  Chiestienté  a  subject  de  s'en  promettre, 
contre  l'orgueil  et  l'ambition  d'Espagne"*. 

D  se  porte  ainsi  garant  de  la  sincérité  de  Richelieu, 
sachant  qae  la  conservation  des  Provinces-Unies  fait 
essentiellement  partie  de  ses  desseins.  „Tay  observé", 
lui  écrit-il,  „que  vostre  authorité  et  conduite  aux  af- 
&ires  générales  butte  en  partye  à  conserver  aussy  les 
Dostres  ;  de  quoy  j'ay  à  diverses  fois  rendu  et  cauti- 
ooné,  tant  qu'en  moy  a  esté,  les  tesmoignages  con- 
venables, oiî  il  estoit  question  de  traicter  des  grandes 
matières,  et  vous  en  demeureK>n  généralement  très- 
obligé"'. 

n  répond  également  de  la  bonne  volonté  de  la  Ré- 
pnbUque,  poxirvu  toutefois  que  la  France  lui  prête 
secours.  Comme  du  temps  de  Henri  IV,  il  est  con- 
traint de  faire  des  instances  continuelles,  afin  d'ob- 
tenir qu'on  vienne  efficacement  en  aide  aux  Frovin- 

'  p.  44.  '  p.  11.  •  p.  31.  *  p.  18. 

D,g,t7cdb/GOOglC 


ces-Unies;  qu'on  ne  s'exagère  pas  leurs  ressources, 
qu'on  ne  se  dissimule  point  la  grandeur  des  périls  qui 
les  menacent,  et  qu'on  ne  les  amène  pas,  se  croyant 
abandonnées,  à  tr^ter  avec  l'Espagne,  avantageuse- 
ment peut-être,  pour  le  moment  et  quant  à  leurs  inté- 
rêts particuliers,  mais  au  détriment  irréparable  de  la 
cause  commune. 

Avant  la  venue  et  les  succès  prodigieux  de  Gustave- 
Adolplie,  la  situation  étoit  extrêmement  critique.  On 
verra  en  1626,  en  1627,  en  1629,  avec  quelle  cha- 
leur Aerssens  exhorte  Richelieu  à  montrer  les  effets 
de  sa  bonne  volonté,  pendant  qu'il  en  est  temps. 

Je  choisis  une  lettre  de  1626,  comme  exemple  de 
la  concision  et  de  l'énergie  avec  laquelle  il  savoit  ex- 
poser les  périls  et  les  besoins,  les  ressources  et  les 
embarras  du  pays.  Il  fait  d'abord  sentir  au  Cardinal  sa 
responsabilité  personnelle.  „Comme  le  blasme  de  nostre 
mine,  qui  ne  vous  peut  estre  de  petite  considération, 
vous  seroit  imputé  seul,  de  mesme  au  contraire  rap* 
porterez-vous  tout  l'honneur  de  notre  conservation; 
mais  U  est  temps,  et  m'en  crojez  sur  ma  parolle  s'il 
vous  plaist,  que  vous  commenciez  à  mettre  à  bon  es- 
cient ta  main  à  l'oeuvre,  sans  rien  laisser  trûner  da:- 
vantage,  de  peur  que  le  malheur  des  voisins  ne  vienne 
aussy  à  précipiter  noz  délibérations"  '.  —  Après  ce  sé- 
rieux préambule,  vient  le  tableau  de  la  détresse  de  la 
République.  „Les  grandes  charges  nous  pèsent ,  encor 
se  reconnoissent-elles  ne  point  suffire  à  nostre  maintien. 
Vous  nous  secourrez  lentement  et  petitement;  les  avan- 
ces en  mangent  une  bonne  partye;  le  feu  Roy  d'im- 

'  p.  10. 

D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  LIS  — 

mortelle  mémoire  y  soulloit  aller  d'un  antre  air  ;  l'An* 
gleterre  ne  paye  point  les  six-mil  hommes,  à  quoj 
elle  est  obligée  par  uostre  ligue;  Venise  rétracte  sa 
parolle,  et  ne  fournit  plus  rien;  au  lieu  de  cela,  nous 
continuons  de  secourir  de  cinquante-mil  livres  par 
mois  au  Roy  de  Denemork,  et  d'autres  bien  grosses 
sommes  à  Mansfelt,  Gabor,  Emden,  et  autres.  Les 
fraiz  ordinaires  et  extraordinaires  de  l'année  qu'avons 
mise  en  campagne  mangent  le  plus  clair  de  noz  6nan- 
ces  ;  les  peuples  se  lassent  et  crient  de  ces  grandes 
impositions  personnelles  et  réelles,  pendant  qu'ilz  sont 
SUIS  commerce,  et  leurs  armes  sans  prospérité.  Là- 
dessus  on  nous  presse  de  retrancher  une  grande  par- 
tie de  nos  forces,  pour  changer  de  posture  et  nous 
mettre  sur  la  défensive  et  défendre  noz  canaux  ;  sy  ne 
le  faisons,  nous  aurons  de  la  mutination  ;  sy  le  faisons 
aussy,  sur  cette  grande  disgrâce  du  Roy  de  Dene- 
toark,  qui  tire  tout  l'Empire  en  suitte,  qui  nous  ga- 
rantira que  les  ennemis  ne  nous  enfonceront  point  en 
la  foiblesse  de  nostre  défense"  '?  —  Appuyé  sur  ces  gra- 
ves considérations,  il  continue  ainsi:  „Faicte8  moy  l'hon- 
neur ,  de  me  croire  que  ne  fusmes  jamais  en  plus  cri- 
tique et  hazardeuse  constitution;  qu'il  est  plus  que  temps 
que  nous  tendiez  la  main  ;  je  vous  descouvre  nostre 
maladie,  dont  l'unique  remède  s'attend  de  vostre  pru- 
dence et  puissance.  Je  suis  homme  sans  fard  ny  arti- 
fice, mais  qui  désire  trouver  ma  conservation  dans 
celle  de  l'Hâtât;  vous  pouvant  asseurer  qu'avons  le  cou- 
rage firanq  et  bien  délibéré,  esloigné  de  toutte  inten- 
tion de  traitter,  sy  par  faute  de  moyens  le  mal  ne  nous 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


y  force  et  porte;  vous  ayant  donq  fait  cette  franche 
et  véritable  confession,  je  demeureray  deschargé  de 
ce  devoir,  pour  attendre  de  vostre  prudence,  qui  se 
faict  admirer  de  tous,  une  résolution  libérale,  géné- 
reuse, et  prompte'".  —  Il  faut  lire  et  relire  cette 
lettre  en  entier;  le  véritable  politique  s'y  révèle  du 
commencement  jusqu'à  la  fin. 

Les  lettres  de  1627  et  1629  ne  sont  pas  moins  re- 
marquables. —  En  1627  il  écrit:  „Nostre  condition  va 
eatre  telle,  par  les  progrès  de  noz  ennemiz  et  par  la 
froideur  des  amiz,  qu'on  ne  doibt  point  apporter  grande 
façon  à  nous  tendre  les  mains,  de  peur  que  la  mala- 
die prévienne  les  remèdes  par  foiblesse  ou  désespoir"  '. 
„J'espère  que  favoriserez  nostre  Estât  et  le  Prince 
d'Orange  de  vostre  feveiu"  et  prudentes  recommanda- 
tions, afin  que  S.  M.  en  puisse  estre  esmue  à  les  sous- 
tenir  libéralement  et  puissamment;  puisque  le  Koy 
d'Espagne  nous  entreprend  plus  vivement  que  par  le 
passé"'.  La  Chrestienté  ne  sanroit  guères  plus  aller 
ce  train,  sans  produire  de  très-pernicieux  changements, 
lesquels  il  convient  prévenir"'. 

En  1629  il  appuyé  sur  le  zèle  et  les  grands  sacri- 
fices de  la  République:  „Sy  vostre  délibération  ou 
rencontre  est  de  choquer  l'Espagne ,  vous  pouvez  faire 
estât,  dès  maintenant  pour  lors,  qu'ilz  épouseront  si 
avant  voz  intérêtz  et  désirs ,  que  vous  en  aurez  subject 
de  louer  et  leur  prudence  et  leur  gratitude  tout  en- 
semble; desjà  je  vous  puis  promettre  qu'ilz  se  met- 
tront avec  le  printemps  sy  puissans  en  campagne, 
pour  &ire  un  coup  de  réputation,  que  leurs  ennemiz 

'  p.  10.  ■  p.  18.  •  p.  is. 

D,g,t7cdb/GOOglC 


—   LXI  — 

n'auront  aucun  loisir  ny  moyen  de  penser  à  vous;  si 
l'effect  n'en  suit,  ne  m'estimez  jamais  digne  de  vostre 
amitié  "  '. 

Cest  surtout  à  son  influence  qu'on  fiit  redevable 
des  traités  de  1634  et  1635,  qui,  faisant  échouer  à 
la  Haye  les  tentatives  de  paix  ou  de  trêve,  rendirent 
Richelieu  Ubre  de  reprendre,  avec  un  redoublement 
de  vigueur,  l'oeuvre  interrompue  par  la  mort  du  Roi 
de  Suède,  et  compromise  par  la  lâcheté  et  l'égoïsme 
de  plusieurs  Princes  allemands  qui,  pour  se  récon- 
cilier avec  l'Empereur,  abandonnoient  les  intérêts  de 
la  liberté  et  de  la  foi  évangélique. 

Le  traité  de  1634  ne  fiit  pas  conclu  sans  peine. 
iiJ'avoué",  écrit  Âerseeiis  à  un  homme  de  confiance  à 
Paris,  „que  j'ay  parfois  désespéré  du  succèz  de  ceste 
afiaire.  J'en  loue  Dieu,  qui  par  ce  moyen  nous  a 
retirez  d'un  mauvais  train  et  nous  a  remis  en  la  voye 
de  salut,  sy  nous  voulons  estre  gens  de  bien  et  re- 
prendre les  vieilles  maximes  de  nos  pères  à  loger  tonte 
nostre  seureté  dans  les  armes.  La  France  aussy  peut 
se  vanter  de  nous  avoir  ramené  de  très-roauvais  désirs, 
qui  au  progrès  nous  eussent  portez  dans  un  accommo- 
dément  avec  l'Espagnol;  mais  maintenant  nous  sommes 
sors  de  rompre  toutes  les  menées  et  d'avoir  nostre 
recours  à  la  continuation  de  la  guerre,  laquelle,  si  elle 
se  mesnage  avec  la  foy  et  vigueur  qu'il  convient,  nous 


'  p.  24.  —  „Si  met  gopplintiDiii  todi  sont  d'aucDDC  couâiinUou ,  ja  todi 
CK  cotqnRT  ds  pnodra  i  et  coup  une  bonne  r^lution  aar  1k  condition  da 
noaln  Bitat,  st  de  fiire  promptcmeot  oairrir  1&  mwD  m  Bo;,  tfln  que,  Doaa 
Koonirut  BD  •onbitini  d'ane  ij  hoooe  joUmtS,  <eir  jiinan  iiona  njr  ooi  enoe- 
nii  ne  mirent  1  banconp  prèi  ai  forte  *fm^  tui  ahampa ,  comme  nou  alhnu 
faire  ponr  )i»lre  reapect)  die  nom  en  «oit  aceme,  ponr  prenins  partàtonlTOi 
Moeaitù»,  diriger  prindpdement  noi  eonteili  ï  Toatre  dùir  etatJUtJ".  p. SI. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


peut  afiranchir  de  toutes  doz  incommodités  et  crain- 
tes. Certes  le  Cardinal  de  Richelieu  se  peut  vanter 
de  nous  avoir  arrachez  d'entre  les  bras  des  Espagnols, 
où  l'imprudente  passion  de  plusieurs  pensoit  nous  jec- 
ter,  et  ce  sera  une  de  Bea  plus  grandes  gloires  de  nous 
avoir  ou  conservez  ou  restablis  dans  l'amitié  du  Roy. 
De  fait  cette  nouvelle  confédération  renouvellera  en 
nous  la  hayne  contre  l'Espagnol  et  le  soin  de  mesnar 
ger  mieux  noz  alliez"'.  —  Ecrivant  à  Richelieu,  il  fit 
valoir  le  mérite  de  Frédéric-Henri  dans  cette  impor- 
tante affaire:  „vostre  prudence  a  enfin  obtenu  que 
nous  sommes  tenuz  au  Roy  de  la  salvation  de  nostre 
Estât,  lequel,  sans  le  support  de  son  alliance,  allait 
le  grand  train  à  un  accommodement  avec  l'Espagne; 
encor  y-a-on  assez  long  temps  douté  au  choix,  tant 
estoyent  les  affections  de  plusieurs  prévenues  à  désirer 
le  repos;  mais  le  Prince  d'Orange,  ayant  meuremeut 
considéré  l'artifice  de  noz  ennemiz,  et  qu'il  nous  est 
plus  seur  de  mettre  après  Dieu  nostre  salut  aux  ar- 
mes et  au  mesnage  de  noz  alliez,  il  a  persuadé  aux 
Provinces,  qui  à  bon  droict  défèrent  beaucoup  à  son 
jugement,  d'accepter  les  conditions  que  S.  M.  leur  avoit 
faict  présenter ,  et  de  perdre  la  volonté  de  traicter  avec 
l'Espagne ,  laquelle  avoit  sy  bien  prins  ses  racines  qu'elle 
n'a  peu  estre  arrachée  sans  grande  contestation"'. 

Cette  alliance  toutefois  n'étoit  qu'un  préambule,  un 
moyen  pour  amener  le  Roi  à  rompre  ouvertement  avec 
l'Espagne,  un  acheminement  à  la  confédération  de  1635. 
La  lettre  oii  Âerssens  complimente  le  Cardinal  sur  le 
traité  de  1634,  contient  déjà  ce  qui  suit  ;  „pleu8t-il  à  Dieu 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


qne  vous  et  noos  périssions  conveiiir  à  nous  affi^nchir 
pour  une  bonne  fois  de  la  jalousie  d'Espagne ,  en  le 
décÂassant  des  Pays-Bas,  ce  qui  ne  dépend  que  de 
nostre  volonté'". 

AUié  à  un  Etat  puissant,  on  court  risque  de  tom- 
ber dans  sa  dépendance.  La  République  devoit  donc 
éviter  de  se  laisser  entraîner  par  l'asceDdimt  de  la 
France  à  des  engagements  téméraires.  En  1637,  lors- 
qu'il étoit  question  d'une  alliance  en  faveur  de  l'Éleo- 
teur  Palatin,  Aerssens  déconseille  au  Prince  d'Orange 
de  compromettre  l'État  par  une  ligue  qui,  pour  les 
Provinces-Unies  surtout,  seroit  pleine  de  périls*.  H 
insistoit  aussi  sur  les  obligations  de  la  France,  ap- 
pelée, par  l'étendue  de  ses  ressources,  à  fournir  la 
pins  grande  part  dans  les  dépenses  communes,  et 
qui  ne  devoit  pas  abuser  de  la  bonne  volonté  de  ses 
alliés,  en  leur  demandant  des  sacrifices  au  delà  de 
leurs  forces.  Il  écrit  au  maréchal  de  Châtillon  : 
„J'ay  bien  considéré  vostre  lettre,  et  S.  A.  en  a 
aussy  pesé  le  discours  et  le  subjct;  elle  trouve  les 
conceptions  de  S.  M.  dignes  de  sa  grandeur  et  de  sa 
magnanimité;  car;  voulant  f^re  valoir  la  réputation  de 


'  p.  57. 

*  ..Manaàgnnir  rSlcettnr  vt  tronttr  V.  k.  uir  te  Inicté,  qui  liant  d'ntra 
concla  eDtre  U  Fnnca  et  l'Angleterre.  La  cbon  mérite  un  ittnition,  «u 
nglrd  de  cet  Eflat,  leqDcl,  confinant  à  l'Empire  dn  coat^  de  aan  plni  foîble, 
Mbt  meareinant  peser  sy,  an  la  concoirence  de  deni  paimni  Boii,  il  luj 
al  dpédient  et  aeur  de  dJoUrer  la  guerre  à  l'ErapereDr,  txtmmt  au  dflenleur 
de  PtUlinit.  Mi  coDiidâitiDD  est  qne  cet  Roii  peuient  touajoDra  drainer 
cette  confjdiration ,  nos  sa  peiner  d'anoan  reproche,  nj  de  retour,  pennna 
eoniister   en   eu    mesmes ,   mois    cet   £stat  seroit  le  tbtttre  sur  Ingnel  l'eilrif 

Tiendrait  à  sa   d^esjer J'atone  qne ,  ij  tout  de  toD  et  sonba  des  condi- 

lÎDU  eaga)a*,  on  pooToit  eoDieoir  d'nna  eatroite  et  ngooieasa  oantjdjnticai, 
qi'il  serDit  1  prapot  d'en  onbrasser  le  partj  ;  nuii  de  ne  se  ligner  qie  pont 
1*  «eal  Palatiiiit,  V.  A.  ;  tronvera  sans  doute  bien  \  redin".  p.  100, 


,,.CooglL- 


ses  armes,  afSn  de  mesnager  les  alliez  et  nécessiter  les 
ennemis  de  se  rendre  plus  enclins  et  traitables,  il 
luy  est  nécessaire  d'entreprendre  et  pousser  la  guerre 
avec  pli^  d'effort  et  de  vigueur  que  par  le  passé,  et 
de  se  prévalloir  de  ses  alliez,  comme  d'un  accessoir 
tant  seulement,  entre  lesquels  cet  Esta^cy  ne  feict  pas 
petite  considération ,  mais  lequel  a  besoin  d'estre  aydé 
et  supporté,  s'il  ne  peut  en  tout  correspondre  aux 
désirs  de  S.  M.  "  '. 

De  son  côté  la  République  devoit,  sans  tenir  compte 
des  belles  promesses  de  l'ennenii,  persévérer  dans  l'al- 
liance avec  une  inébranlable  fidélité.  Quelquefois  le 
Prince  d'Orange  sembloit  enclin  à  suivre  des  conseils 
pacifiques.  Ainsi,  en  1632,  il  avoit  prêté  l'oreille  aux 
propositions  de  trêve  faites,  avec  le  consentement  de 
l'Infante  Isabelle,  par  les  États  des  provinces-désunies, 
à  des  conditions  très-avantageuses.  Ce  fut  Aerssens  ap- 
paremment qui,  après  l'avoir  ramené  au  véritable  point 
de  vue,  lui  fit  sentir  ce  qu'il  y  avoit  de  fallacieux  dans 
ces  avant^es  particuliers.  Chamacé  écrit  qu' Aerssens  a 
fait  au  Prince  un  discours  concluant  au  renvoi  des  dé- 
putés, à  traiter  avec  l'envoyé  de  France  et  à  envoyer  du 
secours  en  Allemagne;  „lui  proposant  que,  comme  son 
nom  avoit  servi  publiquement  pour  persuader  à  ces 
peuples  la  trêve,  lorsqu'elle  estoit  possible  et  utile,  de 
mesme,  maintenant  qu'il  voit  la  tromperie  des  Espag- 
nols, il  doibt  les  en  dissuader"'.  Surtout  en  1635, 
après  l'issue  défavorable  de  la  campagne,  une  défec- 
tion des  Provinces-Unies  sembloit  à  craindre ,  et  le 
Prince  lui-même  paroît  avoir  plus  ou  moins  favorisé 


'  p.  114. 


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LXV   — 

les  tentatives  de  paix  séparée'.  Le  greffier  des  ÉtatS' 
Généraux  tenoit ,  à  Cranenburch  près  de  Clèves ,  des 
conférences  avec  un  secrétaire  du  Roi  d'Espagne.  Aers- 
Bens  se  proQonça  avec  force  contre  ces  desseins.  Une 
lettre  à  Frédéric-Henri  ne  contient  que  peu  de  lignes, 
mais  OD  y  lit:  „je  vous  diray  que  tous  les  yeux  de 
cet  État  sont  portés  sur  la  pratique  de  Oanenburch, 
où  il  va  du  salut  de  nous  et  de  nostre  postérité"*. 

En  France  il  n'y  avoit  qu'une  volonté  décisive,  celle 
du  ministre-roi.  Tout  ce  qui  pouvoit  lui  déplaire  de- 
voit  être  soigneusement  évité.  Nous  avons  plus  d'un 
exemple  de  la  circonspection  d'Aerssens  à  son  égard. 

En  1688  on  vit  arriver  inopinément  à  la  Haye  la 
Reine-mère  de  France,  Marie  de  Médicis,  exilée  à  cause 
de  son  iniioitié  envers  le  Cardinal  Ce  fut  à  Âerssens 
surtout  qu'elle  eut  recours.  „S.  M.  me  fit  l'honneur  de 
me  convier,  en  termes  sy  humbles  et  pleins  de  pitié, 


'  p.  89.  Dini  Ici  Mémoirtt  it  Sieitlàu  on  liti  „Ce  qui  doDU  plu  da 
napfm  du  proc^  da  Prince,  fat  qn'il  ^ig;noit  tona  ma  qaî  Ploient enncmii 
it  11  Irtra  rt  iflcdioaDà  i  b  Prencv,  et  entre  aatre*  le  aiear  AerMcna,  qa'il 
V  nommer  unbuMdeuT  «treordinaira  en  ADgleterra,  dont  il  aat  gnnd  pàot 
iMglnntir,  par  une  protcitilioD  qn'il  fit  de  Tonloir  demearer  plaiSt  penonas 
piMe  ma»  «nplin  qaa  le  wamettre  à  an  exil  perpjtnel ,  doal  le  lienr  Pan 
lai  iT(àt  tié  nn  exemple  trop  rjcalit".  X.  p.  4S0.  — 11  ait  inl^naaiat  de  im»- 
panr  ce  qn'  AerMaot  ieiit  an  Piiaee,  ta  10  dot.  IflSS.  „L'imbaiaaiIc  d'An, 
^dem  avoit  oU  comme  ràolne  en  Hollande,  k  la  ràerra  da  la  penonne, 
lonqu  Dieaienn  lea  Battts-G£njranx  fursnt  appelle  1  Arnhem  ;  mai*,  i  lear 
ntonr  et  aar  leur  relation,  il  fat  penij  ploa  i  propos  de  b  remettre  ipria 
FMaernent  da  ce  qni  paaaoit  i  Cnnenbnrah,  pour  ft  un  meame  tempa  n'engt- 
gei  rSatat  en  dam  «ctioDa  wnttiirea,  ituvoir  d'aller  sonner  le  Saj  àe  la 
Grande- Bretagne  d'antrer  en  nottra  ligna,  pendant  qa'il  aérait  traiaillj  ie; 
ponr  rœbanger  iHHU>mcamea  k  noa  trefaa;  da  iMta,  qoadepaia  ce  tempa  là 
il  ne  a'cD  eat  ploa  parlé",  p.  90. 

*  p.  89,  ^aat  aan*  donta  oelta  n^oeiation  qae  M.  Martin  a  an  ne,  lon- 
^"il  ferit:  Le  Prince  d'Onngc  Aoit  ai  Heoan^é  qne,  dnrant  l'bifer,  U 
aaUow,  contrairement  «n  Imitj  do  S  féirier,  daa  négodaliona  avec  l'ennemi, 
1  rtHa  da  h  FiUMe".    Bûtoire  dé  Pranee,  XI.  484. 


,,  Google 


—  LXVI  — 

en  ressouvenauce  des  faveurs  qu'autrefois  j'ay  receaes 
de  sa  régeace,  au  bénéfice  de  cette  république,  de  m'em- 
ployer  à  disposer  V.  A.  à  intercéder  pour  elle,  main- 
tenant qu'elle  vient  de  quitter  son  séjour  suspect  à  la 
France  et  s'est  retirée  par  devers  les  plus  confidens 
amis  et  alliés  de  S.  M.,  priant  d'en  abr%er  ta  délibé- 
ration, pour  n'en  perdre  l'occasion  ;  surtout  qu'on  voul- 
lust  pleiger  sa  candeur  et  sincérité  vers  M.  le  Cardi- 
nal" '.  Mais  la  candeur  et  la  sincérité  n'étoient  pas 
les  traita  distinctife  de  cette  Princesse ,  dangereuse  par 
ses  intrigues  continuelles  et  son  ambition  démesurée  ; 
Aerssens  n'avoit  pas  grand  sujet  de  se  louer  des  fa- 
veurs de  sa  r%ence,  et  on  pouvoit,  sans  lui  faire  in- 
jure, ne  pas  prendre  à  la  lettre  ce  qu'elle  déclara 
„fraQchemeut  et  conâdemment  "  savoir  „qu'après  sept 
ans  d'exil,  elle  estoit  lasse  de  sa  condition,  voulloit 
chercher  son  repos  dans  sa  réconciliation  avec  le  Roy 
et  M'  le  Cardinal,  sans  avoir  aucune  ambition  ny 
rancune  de  reste,  preste  d'embrasser  et  aymer  M.  le 
Cardinal,  comme  utile  au  royaume  et  un  très-digne 
ministre  du  Roy  son  fils"'.  Quoiqu'il  en  soit,  „pour 
ne  brouiller  l'Estat  en  matière  tant  délicate  et  cha- 
touilleuse," une  extrême  prudence  étoit  de  saison.  Im- 
médiatement Aerssens ,  d'après  le  désir  de  la  Princesse 
d'Orange,  „8ans  conseil  en  cette  épineuse  délibération," 
écrit  au  Prince:  „nous  avons  donq  la  Royne  au  coeur 
du  gouvernement  et  au  centre  de  l'Estat.  V.  A.  sçait 
les  occasions  qui  luy  ont  faict  quitter  la  France,  pour 
prendre  sa  retraicte  dans  le  party  de  l'Espagnol,  pre- 
nant M.  le  Cardinal  à  partye.    Ce  n'est  pas  à  nous  de 


'p.  1 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  LXTn  — 

décider,  sy  à  droict  ou  à  tort,  mais  bien  ce  qui  con- 
vient à  l'Estat  de  foire  eu  telle  occurrence"  '.  Âppuy&Dt 
sa  démarche  sur  ce  que  la  Reine  étoit  venue  »se  reti- 
rer des  lieux  suspects  à  S.  M.  et  se  mettre  entre  les 
bras  de  ses  plus  affîdez  et  obligez  alliés  et  Berriteura," 
Aerssens  conclut  à  dépêcher  vers  le  Hm,  afin  de  s'en 
remettre,  pour  ..quelque  expédient  de  meilleure  intelli- 
gence," à  sa  volonté.  Maia  aussitôt  il  ajoute:  „par  mesme 
vDje  se  devroit-on  adresser  au  mesme  temps  à  M.  le 
Cardinal-  et  le  prier  d'ouvrir  ses  sentiments  sur  telle 
proposition  et  d'en  entendre  ses  moyens,  &isant  démon- 
stration de  ne  s'y  engager  plus  avant  que  luy-mesme 
le  désirera*".  L'instruction  de  cet  envoyé,  personne 
qualifiée,  connue  et  bien  entendue,  doit  tendre  prin- 
cipalement „à  foire  connoistre  qu'en  toute  cette  action 
l'Ëstat  n'a  visée  qu'au  service  de  S.  M.  ei  au  cotUen- 
temaU  et  direction  de  M.  le  Cardinal'  '.  „S'il  y  a  de 
la  volonté  à  servir  la  Reine,  on  doibt  aussy  avoir  de 
la  prudence  à  ne  rien  poster  vers  M.  le  Cardinal'*. 
Le  voyage  de  M.  de  Knuit ,  envoyé  à  Paria ,  ne  réussit 
point;  mais  le  but  principal  d'Âerssens  fut  atteint. 
„Ce  volage  est  de  peu  de  coust  et  de  temps  pour  une 
tant  importante  occasion.  S'il  succède,  la  gloire  en 
sera  deue  à  la  prudence  de  V.  A.;  s'il  est  rebutté, 
fEstat  aura  foict  démonstration  de  ses  bonnes  et  saines 
intentions,  sans  caballer;  car  il  faut  iotf^ra  avoir  aoin 
de  meSMOffer  M.  le  Cardinal"  '. 

De  même  en  1640,  étant  parvenu  à  conclure  le  ma- 
riage d'Angleterre,  „snr  l'ouverture  et  proposition  de 
ia  Reine-mère,"   il  exhorte   te   Prince   „d'aviBer  aux 


,,Googlc 


moîens  de  prévenir  les  ombragea  que  la  France  est 
pour  en  prendre,  surtout  M.  le  Cardinal,  la  plm  dé- 
fiante et  soupçonneuse  personne  du  monde"  '. 

Aerssens  s'employoit  constamment  à  consolider  une 
alliance  qu'il  avoit  tant  contribué  à  former.  Il  avoit 
droit  de  déclarer,  écrivant  au  maréchal  de  Châtillon: 
„J'ay  rendu  en  toute  occasion  les  offices  d'un  homme 
de  bien  à  nourrir  et  entretenir  la  bonne  intelligence 
de  cet  Estât  avec  la  France;  en  quoj  je  ne  me  las- 
seray  jamais,  car  c'est  l'unique  moyen  pour  espérer 
une  heureuse  issue  de  nos  longues  misères ,  et  peut-on 
faire  estât  de  nostre  foy  et  de  nos  forces,  comme 
nous  faisons  de  celles  du  Roy"'. 


Cherchant  un  appui  dans  la  confédération  avec  la 
France,  guidée  par  un  ministre  tel  que  Richelieu, 
jamais  cependant  Aerssens  ne  perdit  de  vue  que  de 
bons  rapports  avec  l'Angleterre  étoient  également  in- 
dispensables. 

L'abandon  manifeste  de  la  cause  du  protestantisme 
par  les  Stuart  le  décida,  dès  que  l'influence  de  Ri- 
chelieu devint  prépondérante,  à  se  tourner  de  nouveau 
vers  la  France.  Néaumoins  informé  de  ses  négocia- 
tions à  Iiondres,  le  Cardinal  se  déficit  encore  de  lui; 


'  p  208.  —  11  (joute.  „Et  aeroit  mon  advis,  pour  ds  perire  U  coiftcDM 
ds  la  KriDce,  eu  pcnunl  icqujrir  celle  d'Anglderre,  d'niiroj'sr,  incDntîneDt 
■prit  la  coDcluaicn,  Ten  nu  Émisenee,  poui  lujr  ea  donner  part  al  (9claini»> 
aement;  de  peur  qne  Pabnin»  et  CMgneai  na  eherehaat  i  IronUer  fortniotel- 
Hgence;  car  il  eat  imponible  qa'il  lrDD*e  rien  boo  qni  procéda  de  riovealion 
de  eea  gêna,  qn'il  croit  n'aroir  dea  pensje*  que  pour  9a  rniDe". 

'  p.  lU. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  LXIX    — 


c'est  pourquoi  en  1629,  Âerssens  lui  écrit:  „Je  présume 
qu'avez  eu  quelque  raison  éloignée  de  ma  coulpe,  pour 
me  tenir  pour  un  temps  tant  de  rigueur,  et  me  traie- 
ter  de  suspect,  comme  penchant  trop  vers  l'Angle- 
terre, par  le  consentement  de  la  religion,  à  quoj  mes 
actions  ont  donné  aussj  peu  de  prise  que  mes  pensées"  '. 
Mais,  sans  pencher  trop  vers  l'Angleterre,  il  ne 
maDquoit  pas  de  faire  valoir,  en  toute  occasion,  le 
prix  de  son  amitié.  C'est  ainsi  qu'après  le  traité  de 
1635,  réglant  le  partage  éventuel  des  Faj^Bas,  il 
déplore  qu'on  „a  perdu  l'occasion  d'envoyer  eu  An- 
gleterre à  prévenir  les  ombrages  que  l'Espagnol  y  tâche 
de  faire  prendre  de  la  confédération  de  cet  Estât  avec 
la  France,  et  v.  Exe.  sçait  que  l'eaclat  de  telles  jalou- 
sies seroit  pour  se  iaire  à  nos  despens,  qui  ne  noa» 
gçaurions  passer  de  l'amitié  de  cette  couronne-là ,  pour 
dxoers  retpeets"*.  „Le  Roi  d'Angleterre  et  les  Etats," 
écrit-il  en  1640,  „ont  leurs  intérêts  inséparables  en 
la  religion  et  en  la  mer"'.  Encore  peu  avant  sa 
mort,  en  1641,  dans  les  différends  entre  les  com- 
pagnies Orientales  d'Angleterre  et  des  Provinces-Unies, 
eibortant  à  s'abstenir  de  prétentions  exagérées  et  in- 
JQstes,  il  ajoute:  „la  patience  des  Anglois  est  longue, 
mais  sy,  négligée,  elle  vient  à  nous  choquer ,  nous  se- 
rons blasmés  d'avoir  mal  faict  nostre  partye,  là  oii 
nous  devons  rechercher  tons  les  moyens  possibles  à  nous 
Wen  entendre  avec  l'Angleterre ,  tandis  qu'elle  se  lie 
sy  estroittement  à  nous ,  et  demeure  persuadée  que  la 
senreté  commune  est  fondée  sur  des  mes'mes  intérêtz"*. 

Non  sans  beaucoup  de  difficultés,  Aerssens  réussit. 


,,  Google 


en  1625 ,  à  conclure  une  alliance  offensive  et  défensive 
contre  l'Espagne  '.  Cependant,  avec  une  conduite  aussi 
incertaine  que  celle  de  Charles  I,  on  ne  pouvoit  comp- 
ter sur  les  engagements  même  les  plus  solennels.  lia 
question  de  la  délivrance  du  Palatînat  étoit  extrême- 
ment populaire, et  forçoit  le  Roi  à  foire  quelques  dé- 
monstrations assez  insignifiantes  de  bonne  volonté; 
mais,  fidèle  au  déplorable  exemple  de  son  prédéces- 
seur, il  laissoit  écraser  les  Protestants  en  Allemagne, 
tandis  que,  soutenant  le  Roi  de  Danemark,  il  eût 
puissamment  fortifié  la  résistance  contre  la  ligue  catho- 
lique. Après  les  rapides  succès  de  l'Autriche,  se  rap- 
procher de  la  France  eût  dû  être  à  l'ordre  du  jour, 
mais,  inquiet  de  la  haine  à  laquelle  son  méprisable 
favori  Bucldngham  étoit  en  butte,  et  désirant  se  con- 
cilier les  esprits  en  flattant  les  passions  religieuses ,  il 
encouragea  les  réformés  françois,  au  moment  le  plus 
inopportun,  déclara  la  guerre  à  Louis  XIII  en  leur 
foveur,  et  rendit,  par  cette  diversion  funeste,  la  ruine 
du  protestantisme  en  Allemagne  inévitable  '.  Indignes 
successeurs  de  la  Reine  Elisabeth,  les  Stuart,  dès  leur 
avènement,  suivoient  une  politique  décidément  espa- 
gnole et  honteusement  pacifique.  Leur  animosité  contre 
le  puritanisme,  leur  attachement  à  l'Église  anglicane, 
dont  le  dogme  et  l'organisation  se  rapprochoient  des 
croyances  et  traditions  romaines ,  leur  dévouement  sin- 
cère et  superstitieux  à  la  cause  d'un  absolutisme  royal. 


'  le  tnJté  de  Soalhamploii. 

■  PréTOTut  CM  Iriitea  coDt^aenoa ,  Aenceni  écrit  &  Bichdiea:  „ecUe  ntk- 
inlAlliganai  eoirc  la  deux  courcmiiea  noai  dcipliit  iafiotaiBiit  ;  pourtant  dou 
tniTulloni  incanmmMt  pour  ulvûei  tni  np^diciia  proprei  ponr  la  ftira  co- 
ur, et  Tolonliera  feriona  plu,  »j  erajioni  qne  Doitra  enlremisB  doait  aetre 
BggT&ble  et  de  fraiot".  p.  SO. 


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inconcibable  avec  les  opinions  presbytériennes  et  avec 
les  véritables  principes  de  la  Réforme,  enfin  toute  leur 
manière  de  voir  en  religion  et  en  politique,  devoit,  en 
les  faisant  incliner  vers  l'Espagne,  laisser  un  libre  cours 
à  leur  jalousie  envers  la  France;  surtout  aussi  exciter 
leurs  antipathies  contre  une  République  qui,  par  son 
Église  calviniste,  son  gouvernement  républicain,  et  sa 
prospérité  commerciale,  leur  étoit  contraire  et  que, 
dans  leur  dédiùn  de  la  liberté  religieuse  et  des  droits 
de  la  nation ,  ils  n'étoient  pas  loin  de  regarder  encore 
comme  un  exemple  dangereux  de  résistance  au  souve- 
rain légitime.  On  s'explique  ainsi  la  mauvaise  foi  et 
la  duplicité  de  Charles  I,  tantôt  briguant  l'amitié  de 
la  République,  tantôt  conspirant  sa  ruine'. 

Vers  la  fin  de  1639  M.  de  Sommeladyck  fut  envoyé 
en  Angleterre;  d'abord,  afin  de  prévenir  une  rupture 
avec  les  Provinces-Unies,  ensuite  afin  d'obtenir  la  main 
de  la  Princesse  Marie  pour  le  jeune  Prince  d'Orange. 

Cette  double  négociation,  à  laquelle  une  partie  con- 
sidérable de  ce  tome  se  rattache,  fut  le  dernier  acte 
de  sa  carrière  diplomatique. 

Presque  septuagénaire,  il  jouissoit  encore  de  la  plé- 
nitude de  ses  facultés.  On  retrouve  dans  ses  nom- 
breuses  lettres'  la  même  vigueur  d'esprit,   le  même 


'  i.Coinineiciil  rifiliy  conspired  with  i  far  mora  powcrfui  motlie  nt  oouri , 
a  ibhomnec  of  erery  Ihing  rcpablican  or  CBlriniitii; ,  la  Disks  oor  cour»  of 
fuËej  towBidi  HalUnd  not  oui;  dDfrinidly,  bat  intidioai  and  iatmical  in  Uis 
Ugtat  dtgne.  A  seent  trest;  i>  eitmt,  signed  in  1631,  by  «bich  Chirlei 
oglgcd  in  the  omqaat  of  tbit  groit  protnUnt  connnonweilth ,  rïtaÎDiog  Ihe 
Uta  of  Zeclsad  u  tha  pries  of  bii  coopcntiDn.".  Hillam,  Canttitulional 
Ultory  of  Bnglaid.  II.  80. 

•  Oatra  les  lettra  comnumct  dei  imbundcnTs,   en   1641,   it   y  en  ■  42 


,,CoogIc 


enjouement,  la  même  facilité  de  style;  l'écriture  est 
fine  et  régulière  comme  auparavant 

n  fatloit  prévenir  une  rupture  en  jufitifiant  la  vic- 
toire navale  de  Duiss.  Ce  n'étoit  pas  chose  facile. 
Après  avoir  refusé  de  laisser  attaquer  les  côtes  de 
Flandre  par  la  France  et  la  Hollande,  Charles  I  ne 
s'étoit  pas  fait  scrupule  de  favoriser  un  armement  ex- 
traordinaire préparé  en  Espagne.  Le  Prince  d'Orange, 
averti  que  cette  flotte  avoit  ordre  de  rester  aux  Dunes 
et  de  faire  passer  l'infanterie  en  Flandre  par  une  esca- 
dre de  Dunkerke,  ..assistée  des  vaisseaux  même  du  Roi 
d'Angleterre'",  fit,  d'après  les  conseils  de  Richelieu', 
prendre  sans  délai  des  mesures  énergiques.  On  enjoignit 
à  l'amiral  Tromp  d'attaquer  l'ennemi,  partout  oià  il  le 
trouveroit  et  même  si  les  Anglois  leur  prêtoient  se- 


>  lyEitnidea,  Lttirct  et  Nég.  I.  41. 

*  IiB  piHsg«  sainot  do  d'Eatndfs .  écrivant  le  2S  aoAt  1689  à  Bicbstna . 
eit  atrêmeDKnt  icinirquable.  ,.Le  Prince  s  cctie  aibire  li  à  coeur,  qu'il  dé- 
pêche tooa  les  jouri  quatre  GenliUhommea  dam  les  Aminalei,  pooi  lui  rendra 
compte  de  l'état  des  iriaeiaeiia.  VStre  Émigcncc  doit  Stre  en  repoi  de  ce 
o6té-U,  et  je  U  pnii  SMÛrer  qa'elle  verra  dans  pcn  ds  tema  quelque  choac  de 
grand.  I)ani  l'eutreticD  que  J'ai  eu  avec  lui  ce  jourd'hui ,  il  m'a  dit  qu'il  âoit 
tantj  de  monter  lnï-iniine  »m  la  flote,  pour  comballra  celle  d'Etpagne.  Je 
loi  ai  répliqué,  que  vAIre  Ëminence  ne  «erait  paa  de  cet  atia,  et  que  sa  per- 
(Onne  loi  Ha\i  trop  chère  pour  ta  Toir  bazarder  saua  s'y  upposet,  maia  qu'elle 
touhaileit  sealemeot  qu'il  donnlil  aa  ordres  aux  Amiraux  de  combattre  la  flote 
d'Espagne  dana  le)  Uunea,  nonobstant  li  protection  que  le  Rui  d'Angleterre 
aemblait  lui  rouloii  donner;  parce  que  ec  semit  une  r£>olalicm  digne  d'un  aniM 
gnod  capitaine  qu'il  Aoît,  et  qui  marquerait  nne  fermeté  eitriordinsire  à 
anrmonler  les  obaUclee  qns  deux  grandi  Roia  ont  formei  contre  aa  penonna. 
Il  me  demanda  sur  cela,  ù  je  crofoia  que  ce  fdt  là  véritablement  la  pensés 
de  vôtre  Éminenoe.  Je  lui  dis  qu'il  n'en  devoît  pas  dunter,  qu'estimant  n 
personne,  et  aimant  sa  gloire,  il  n'j  avoil  rien  qu'elle  soubaitfit  davantage, 
que  de  voir  toutes  aea  grandes  aciiona  couronnée*  par  la  plus  éclatante  qu'on 
puisse  imaginer,  en  défaisant  la  flote  d'Eapagne  dans  un  port  d'Angleteira, 
et  aoutenne  par  les  vsisseaai  de  ce  Soi,  et  Qtsnt  ainsi  tonte  sorte  de  Mconn 
à  la  Flandre,  qui  auroit  peine  «près  une  telle  défaite  de  «a  maintenir  «outre 
h*  armées  du  fioi  et  celle  de  Uewenrt  In  Etat*,  oonuiuuidés  par  lni-mtme".I.4S. 


ll,g,t7cdb/COOgIC 


—   LXXJII   — 

cours.  Ces  ordres,  donnés  et  exécutés  avec  une  har- 
diesse extrême,  furent  couronnés  du  plus  éclatant  suc- 
cès. Attaquée  près  des  côtes  d'Angleterre  et  ayant 
trouvé  un  asyle  dans  la  rade  de  Duins.cettearmadey 
fiit  anéantie  quelques  semaines  plus  tard.  Ainsi  étoient 
venus  aboutir  à  une  victoire  des  Hollandois,  aussi 
glorieuse  que  celle  de  Nieuwpoort  sur  terre,  les  pro- 
digieux efforts  de  l'enaeini  pour  ressaisir  la  suprématie 
maritime.  La  puissance  navale  de  ('Espagne  ne  devoit 
pas  se  relever  de  ce  terrible  coup  '. 

A  la  Cour  de  Londres  une  entreprise  si  étonnam- 
ment audacieuse,  accomplie  malgré  son  voisinage  et 
sa  protection,  fit  jeter  les  hauts  cris.  Immédiatement 
l'homme  qui  dans  les  Provinces-Unies ,  par  ses  talents , 
son  expérience  et  sa  participation  au  maniement  des  af- 
faires diplomatiques,  étoit  plus  qu'aucun  autre  en  état 
de  se  charger  d'une  mission  extrêmement  importante 
et  délicate,  Aerssens,  qu'on  savoit  souple  et  insinuant, 
mais  soigneux  de  son  honneur  et  de  celui  de  la  Répu- 
blique, fut  envoyé  pour  apaiser  le  Roi,  ou,  comme  il 
s'exprime  lui-même,  pour  ..endormir  le  faict  de  Duyns"*. 

U  trouva  des  dispositions  très-hostiles.  „La  constel- 
lation de  cette  cour  nous  est  peu  favorable.  On  envie 
nostre  prospérité,  on  fwct  encor  semblant  de  redou- 
ter noatre  puissance,  et  ne  peu^on  digérer  nostre 
confédération  avec  la  France.  Ce  sont  en  partye  les 
raysons  qu'on  iaict  valloir  à  refroidir  le  Roy  et  les 
affections  du  royaume  envers  nostre  Estât,  et  en  vient- 
on  desjà  jusques  là  de  dire  qu'il  faut  balancer  la  puis- 
sance du  Uoy  d'Espagne  et  de  messeigneure  les  Estais 

'  lUrtiii,  m^l.  de  RMce,  XI.  4M.  •  p.  171. 


,,  Google 


dans  les  Pays-Bas,  en  empeschant  que  l'un  ne  vienne 
à  succomber,  ny  Tautre  à  gaigner  trop  d'avantage, 
surtout  s'opposer  à  la  France,  sy  elle  prétend  d'em- 
piéter quelque  chose  en  la  Flandre.  V.  A.  voit  où  en- 
fin cela  va  aboutir.  Le  Roy  d'Espagne  peut  trop  en 
cette  cour  et  tous  les  plus  puissans  y  sont  de  son 
costé"'.  —  Le  comte  de  HoUand  étoit  en  disgrâce, 
pour  avoir  été  trop  bon  prophète.  „I1  n'est  pas  bien 
dans  l'esprit  du  Roy  et  de  la  Royne,  principalement 
pour  avoir  eu  prise  avec  le  député  d'Irlande'  sur  le 
subject  de  la  flotte  d'Espagne  aux  Dunes,  qu'il  con- 
seilloit  au  Roy  de  faire  retirer,  pour  ne  la  voir  com- 
battre par  les  Hollandoys  au  préjudice  des  droits  de 
S.  M.,  ce  qu'asseurément  ilz  feroyent,  portez  de  la  né- 
cessité et  fondez  en  droict;  à  quoy  le  dit  député  s'op- 
posa, soubstenant  qu'ilz  ne  l'oseroyent  avoir  pensé,  et, 
la  chose  ayant  Succédé  ânsi  que  l'autre  avoit  prédit,  il 
semble  que  maintenant  on  cherche  à  luy  jetter  le  chat 
aux  jambes"'.  Aerssens  put  se  convaincre  de  la  per- 
fidie dont  on  avoit  usé  envers  la  Republique;  la  venue 
de  la  flotte  espagnole  avoit  été  concertée  avec  Charles  I  *. 
Maintenant  encore  on  menaçoit  les  Provinces-Unies  d'une 


•  p.  1S6.  •  Slrafford.  ■  p.  157. 

*  „L'iadieal«  du  r&idfnt  d'Espagne  ne  fnt  qu'âne  gmuds  et  ■mère  pUinli, 
de  et  qnB  le  Roj,  contre  ta  pramssae,  luroit  «oaSert  uni  Hallindoit  d'entre- 
prendre aui  UujiDCB,  durant  qu'il  luy  en  Eoit  Bntisraict ,  et  i  exhibé  ik  S.  M. 
le  donble  de  U  lettre  que  le  ceeretaîce  Windebink  auroit  par  son  commandemeot 
escrit  de  Berwjck,  bien  qaatre  mois  derent  YarrUée  de  la  flolle;  elle  dit  que 
S.  M.  a  tena  u  parolle,  ayiot  i,  cette  ûa  Taict  eatretenir  quanlttédeDBVi'reieu 
dît  lieu,  mais  rien  n'estant  arriva  jusqaea  au  dernier  de  juillet,  qu'elle  auroit 
en  beaoïn  de  ica  Teiiaeaui  Billeura,  que  meamea  cncor  deni  moii  depoig  il  ne 
a'eat  parlé  d'aucune  flotte,  tellement  que  le  Ko;  d'Elpaigue  apnt  manqué  au 
terme  dans  lequel  il  deaiBodoit  de  la  «eureté,  n'a  nulle  raison  de  k  prendre 
k  ta;  du  malheur  de  sa  flotte.  Je  crains  que  toutes  cea  plaintea  ne  l«ndtiit 
qn'ik  irriter  davantage  le  Boy  contre  nona,  l'il  ne  se  paja  de  raiwn,  et  de  U 
V.   A.   apprend  que  cette  venue  a  ettè  eoneerlie  met  te  Boy,  ce  qu'on  nye 


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—   LXXT  

ligue  avec  l'Espagne.  H  ne  pouvoit  le  croire.  „Si  pen- 
sons bien  à  nostre  faict,  je  ne  me  puis  imaginer  que 
j'envie  les  prenne  de  nous  choquer,  encor  qu'Us  dient 
se  voulloir  joindre  à  l'Espagne ,  sy  nous  pensons  nous 
unir  séparément  avec  la  France"  '.  Toutefois  „je  crains 
bien  de  cette  Cour,"  écrit-il,  «quelque  bourrasque,  sy 
les  affaires  qu'on  a  à  démesler  ne  nous  en  garantissent"  '. 

Les  affaires  qu'on  avoit  à  démêler  s'embrouillèrent 
encore  davantage,  et  la  hauteur  et  l'arrc^nce  ne  fu- 
rent plu3  de  saison.  Tons  ceux  qui  aspiroient  à  une 
réforme  religieuse  et  pohtique,  applaudissoient  avec 
une  vive  sympathie  à  l'énergie  des  Hollandois;  leur 
cause  devenoit  presque  une  affaire  de  parti  Par  ce- 
coDcours  de  circonstances,  la  tâche  du  négociateur, 
très-pénible,  s'il  avoit  eu  à  lutter  contre  la  fierté  na- 
tionale, fiit  rendue  plua  facile;  toutefois  la  crise  n'étoit 
pas  encore  assez  avancée  pour  prévenir  les  retours  fré- 
quents de  l'indignation  que  le  désastre  de  ses  aUiés, 
injurieux  et  humiliant  pour  sa  couronne,  avoit  fait 
naître  dans  l'âme  du  Roi 

D'abord  il  n'y  eut  que  délais  et  longueurs.  „Je  n'y 
vois  de  remède",  écrit-il,  „que  dans  la  patience,  quel- 
que ennuyeïise  qu'elle  me  soit,  pendant  laquelle  je  me 
tiendray  aux  escouttes,  pour  en  descouvrir  la  cause, 
et  certes  c'est  un  bien  estrange  procéder,  que  ceux 
qui  se  croyent  offensez,  n'en  font  point  leur  plainte 
eux-mesmes  et  tardent  à  repartir  à  nos  esclaircissemens 
et  justifications ,  que  contre  tout  ordre  nous  avons 
faict  précéder,  pour  le  seul  respect  du  Roy"  '.    Cette 

poulul  fart  et  fmne  ta  cette  eoni,  tant  Porter  fn  Vmot  put&fuemesi  et, 
■j  le  Bo;  y  «t  maM  >j  iTsnt,  il  y  hiidn  plu  de  bçoD  1  en  aartii".  p.  IBS. 
'  p.  IfiS.  '  p.  166. 


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répugnance  à  s'occuper  d'une  afiiùre  si  facile  à  ter- 
miner, lui  semble  avoir  un  motif  non  avoué  daos  uue 
négociation  avec  l'Espagne'.  Toutefois  .je  me  résous 
a  patience,  moins  dommageable,  veu  que  l'Ëstat  a  frappé 
son  coup  ;  tous  m'en  promettent  bonne  yssue  et  que  je 
m'en  retournera^  content,  par  ce  qu'on  ne  veut,  ny 
peut  se  séparer  d'avec  les  Provinces-Unies"'. 

Le  Roi  préféroît  garder  le  silence  que  de  se  voir 
contraint  à  donner  une  réponse  désagréable,  qui  amvit 
pu  le  compromettre  avec  la  Eépublique.  S'en  étant 
apperçu,  Aerssens  comprend  qu'il  a  tout  lieu  d'être 
satisfait:  „Ce  n'est  plus  à  nous  de  remuer  le  faict  des 
Dunes,  d'autant  que  le  coup  en  est  rué,  que  l'avons 
justifié  de  bouche  et  par  escrit,  et,  sy  en  pressons  la 
responce,  elle  ne  sçatu'oit  estre  que  de  condemnation, 
après  tant  de  bruictz  et  de  menaces;  le  silence  donq 
nous  peut  suffire,  comme  d'une  espèce  de  responce, 
au  lieu  d'une  aperte  apprdbation ,  que  la  condition  du 
temps  et  des  hommes  ne  permet  d'espérer'". 

Par  ce  silence  sa  mission  étoit  terminée  ;  il  pouvoit 
et  même  il  devoit  se  retirer.  „Le  scandale  des  Dunes 

'  „Je  recberche  la  csuie  de  eea  alloDgei;  ccdi  du  conseil  «t  la  mimitns 
ninmes  let  eiciunil  par  le  conconn  de  beaucoup  da  grandi  et  impoTtana  af- 
birct,  inr  lea  prjparatilï  da*  deoi  Parlementa;  lea  antre*  l'impotent  &  anc 
leoteor  oalurelle  de  «tte  Coar,  maii  l'ua  ny  l'autre  ne  peut  convenir  \  DMtr« 
coirmiasion ,  qui  n'a  pour  object  qa'nn  esclairduement  de  ce  qni  a'nt  Met  aux 
Unjnt,  et  mr  quelg  raademeM:  la  tMponce  donq  ne  requiot  longue  d^tibf- 
Ntion ,  puisque  c'est  cbose  faicte  et  qu'on  la  doibt,  on  approuver,  on  la  con- 
damner. Ja  ne  p«D*a  pai  me  tromper,  ij  je  siûs  en  quelque  opinioa  que  le 
dessein  est  de  noua  tenir  quelque  temp»  k  1«  main,  pont  maKhander  afccl'Ei- 
pigue".  p.  162. 

■  p.  183,  w. 

*  p.  184.  „J'sppTen«  qne  plniicart  pat  ddi  sont  d'adiîs  qne  la  responce 
qa'oD  none  pourra  donner  lera  plnitort  aigre  et  offensin  qn'aulrement,  et  jn- 
giwt  qu'il  n'eat  gn^ea  à  propoi  do  ttin  beaucoup  d'instance  \  l'aioir,  en  qaoy 
je  les  pente  bien  Tondei ,  quand  ee  ne  serait  qne  pour  le  mu)  rapect  des  cri*- 
ries  qui  en  ont  esté  faicles."  p.  201. 


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a  esté  sy  bien  justifié,  que  la  pluspart  du  conseil,  en 
présence  du  Roy,  a  soubstenu  que  le  pouvions  et  de- 
vioDs  faire;  aussy  est-il  assez  endormy,  attendu  que 
jusques  ores  ne  s'en  est  f&ict  la  moindre  plainte,  mais, 
tant  que  je  demeureray,  qui  nous  garantira  qu'à  l'une 
ou  l'autre  occasion  on  ne  ta  fera  revivre"?' 

Ainsi,  grâces  aux  embarras  croissants  de  Charles  I, 
l'assoupissement  avoit  été  volontaire  et  l'apologie  n'a- 
voit  rencontré  aucune  contradiction.  Toutefois,  si  la 
situation  critique  écarta  beaucoup  d'obstacles,  on  au- 
roit  tort  de  ne  pas  faire  entrer  en  ligne  de  compte  le 
crédit,  l'adresse,  la  fermeté  du  négociateur. 

n  savoit,  dans  l'occasion,  user  de  cette  fierté  noble 
et  digne  qui  ne  dissimule  pas  un  juste  ressentiment 
On  peut  en  juger  par  sa  réponse  à  M.  Vane,  propo- 
sant une  alliance  entre  l'Angleterre  et  la  République. 
„M'estant  venu  visiter,  me  dit,  entre  autres  discours, 
qu'on  avoit  depuis  quelques  années  observé  deux  cho- 
ses, la  première,  que  le  Roy  d'Espagne  a  travaillé  à 
mettre  le  Roy  et  son  peuple  mal  ensemble  et  que  son 
dessein  luy  a  bien  succédé;  l'autre,  que  la  France  a  attiré 
à  soy  les  Provinces-Unies  en  les  détachant  de  cette  cou- 
ronne; à  quoy  il  pensoit  que  le  Roy  doibt  remédier, 
par  le  Parlement  pour  le  premier,  et  par  un  bon  traicte 
avec  les  Estatz  pour  l'autre,  en  renouant  la  première 
confience;  surquoy  je  luy  ay  confessé  qu'il  a  sagement 
remarqué  où  tendent  les  voisins  et  qu'il  ne  peut  trou- 
ver mauvais  que  nous  embrassions  touttes  amitiés  qui 
se  présentent  à  nous  contre  le  Roy  d'Espagne,  et  qu'il 
ne  tiendra  qu'au  Roy  de  nous  mesnager  pour  l'affer- 


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—  hxxvm  — 

missement  et  seureté  commune."  —  Mais ,  après  cette 
plainte  indirecte,  rappelant  la  mauvaise  foi  dont  on 
s'étoit  rendu  coupable  envers  la  République,  il  pour- 
suit ainsi  „mais  il  nous  faut  traitter  mieux ,  sans  don- 
ner protection  en  ses  rades  à  des  années  entières  en- 
voyées à  nostre  destruction,  sans  leur  prester  des  navi- 
res à  mesme  fin ,  et  sans  les  secourir  contre  le  droict  des 
gens,  de  tout  ce  qui  leur  faict  besoin  pour  nous  nuire"  '. 
Dès  qu'il  s'agissoit  de  maintenir  l'honneur  et  la  dig- 
nité de  la  République,  on  pouvoit  être  sûr  de  son  in- 
flexibilité. „J'ai  appris,"  écrit-il  au  Prince,  „qa'on  est 
après  à  engager  le  Roy,  avant  que  de  rien  relâcher 
de  son  courroux,  de  prétendre  une  humiliation  de 
nous,  jusques  à  quelque  espèce  de  pardon.  Je  re- 
sponds  là-dessus  à  V.  A.  que  jamais  je  ne  permettray 
à  la  langue,  ny  à  la  main,  de  commettre  hen  de 
sy  lasclie,  ny  de  si  bas,  dont  il  puisse  venir  de  la 
flétrissure  à  la  dignité  de  l'Ëstat  et  à  moy  de  la 
honte;  mais,  si  on  passe  outre  à  m'en  toucher  la 
corde,  je  me  résous  de  faire  une  bonne  et  Hbre 
remonstrance  là-dessus  à  S.  M.  et,  sy  sur  icelle  elle 
ne  lelasche,  de  prendre  mon  congé,  en  trtûnant  quel- 
ques jours  mon  départ,  pour  laisser  au  temps  ce 
que  la  raison  n'aura  peu  faire'".  «Parler  tant  soit 
peu  de  pardon,  est  trop  intéresser  l'Estat  Serions  nous 
pas  la  risée  du  monde?  où  en  prendrions  nous  l'exem- 
pleP  Ce  seroit  mie  gratieuse  réception  à  l'ambassadeur 
d'Espagne,  que  de  voir  prostitué  à  ses  pieds  l'honneur 
des  Provinces-Unies,  pour  réparation  de  la  deflaicte 
de  sa  flotte.   Nous  en  deviendrions  mesprisables  à  no- 

'  p.  iM-        '  p.  les. 


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stre  peuple  et  incapables  de  traicter  au  dehors,  mes- 
mes  de  servir  l'Angleterre  à  son  besoin;  ce  que  ces 
geDS  ne  considèrent  point,  qui  portent,  sans  aucune 
retenue,  les  intérestz  d'Espagne,  et,  pour  le  leur  par- 
ticulier, cherchent  encor  d'y  embarquer  le  Roy,  qui  a 
la  plus  douce  et  meilleure  âme  du  monde,  mais  tom- 
bée en  fort  mauvaise  nuûn  et  laquelle  semble  n'avoir 
autre  visée  que  de  renverser  toutes  les  anciennes  et 
meillem-es  maximes  et  aUiances  de  la  Couronne"'.  „Je 
supplie  V.  A.  très-humblement  de  ne  soufirir  que  je 
80fs  chaîné  de  faire  rien  de  honteux,  ny  d'indigne  de 
ma  condition  ;  car,  à  parler  rondement  et  soubs  vostre 
permission,  je  ne  sçauroy  obéyr;  ma  charge  est  de 
justifier  l'action  des  Dunes  et  la  justice  est  pour  nous, 
au  jugement  de  tous  qui  ne  nous  sont  ennemiz;  le 
pardon  au  contraire  induict  condemnation  et  est  la 
punition  d'un  criminel  qu'on  sauve  par  grâce"'. 

Malgré  cette  susceptibilité  vive  et  ferme,  il  s'appU- 
qaoit  à  éviter  tout  ce  qui  dans  tes  formes  aurait  pu 
être  dur  et  blessant.  Il  paroît  qu'à  la  Haye  on  s'étoit 
permis  de  lui  faire  la  le^n ,  en  trouvant  le  ton  de  ses 
remontrances,  rédigées  de  concert  avec  M.  Joachimi, 
trop  doux.  Sa  répUque  montre  le  peu  de  fondement 
de  ce  reproche.  „Nos  deux  dernières  propositions  se 
trouvent  censurées,  pour  des  termes  réputez  peu  sor- 
tables  à  la  dignité  de  l'Ëstat,  et  n'y  contredirons  rien, 
mais  nous  les  avions  concertés  par  ensemble,  pour  les 
approprier  au  temps,  en  adoucissant  la  pillule  contre 
l'amertume,  et  pensions  que  l'honneur  demeuroit  à  ce- 
luy  qui  avoit  le  profiit.   Nous  avons  déduict  la  justice 

'  p.  198.  '  p.  198. 

D,g,t7cdb/GOOglC 


stipendiez  d'Bspagne  prennent  jalousie  et  la  papauté 
prend  tant  de  pied  et  de  hardiesse,  qne,  s'il  n'y  est 
ponrven  bien  tost,  il  en  pourra  avenir  du  désordre"'. 
L'ambassadeur  de  France  lui  reproche;  en  présence  du 
Roi,  ses  menées:  „qn'il  la  conooissoit  grosse  de  faire  un 
mariage  entre  l'Espagne  et  l'Angleterre,  que  c'est  une 
vieille  prattique  des  Espi^olz  de  mettre  tels  partis  en 
avant,  pour  en  amuser  le  monde,  quand  leurs  affai- 
res en  ont  besoin'".  S'étant  querellée  avec  la  Reine, 
celle-ci  s'exprime  à  son  égard  dans  des  termes  peu 
flatteurs.  „M'°«.  de  Chevreuse  est  disgratiée  de  la  Koyne, 
comme  brouillonne,  factieuse,  menteuse,  prometteuse, 
fardée,  aux  dents  pourries,  folle;  ce  sont  une  partye 
des  couleurs  dont  S.  M.  la  dépeignit  devant-hier  à 
M.  l'ambassadeur  de  France,  non  sans  cause"'.  Ce 
torrent  d'injures  est  dans  le  style  plutôt  des  halles  que 
de  l'hôtel  de  Rambouillet;  le  récit  de  la  conversation 
qni  amena  cette  rupture  violente  et  passagère,  est  éga- 
lement peu  conforme  aux  idées  qu'on  aime  à  se  faire 
du  ton  exquis  de  la  haute  société  à  cette  époque.  „Ma- 
dame  de  Chevreuse  commence  peu  à  peu  à  se  remettre 
avec  la  Royne.  Je  ne  sçay  point  au  vray  le  subject  de 
sa  disgrâce;  les  qualités  de  prometteuse  et  trompeuse 
ne  conviennent  point  à  l'amour;  son  aage  et  beauté  se 
sont  aussy  plus  pour  donner  de  la  jalousie,  mais  l'occasion 
de  l'esclat  fiit,  qu'entrant  en  la  chambre  de  la  Rx>yne, 
qu'elle  trouva  assez  sérieuse,  avec  plusieurs  dames, 
elle  s'estoit  mise  à  crier,  haut  et  de  plaine  voix,  s'a- 
dressant  à  S.  M.  ..Madame!  madame!  vous  ne  sçavezP 
il  y  a  bien  des  nouvelles;  la  Royne  vostre  mère  a  change 


'  p.  IM. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


de  galand  et  accepté  Digby,"  ce  qu'elle  réitéra  plus 
de  quatre  fois,  pressant  tousjours  la  Royne  qui  s'en 
destoumoit,  mais  enfin,  n'en  pouvant  plus  s'échapper, 
toutte  esmue  et  rougie,  luy  reprocha:  „vou8  pensez 
parler  de  Graft  '  et  de  vous"  '.  —  Les  événements  en  An- 
gleterre déjouèrent  ses  intrigues  et  même  elle  fut  bien- 
tôt contrainte  de  se  retirer.  Nos  documents  semblent 
donc  moins  favorables  au  jugement  de  M.  Consin ,  qui 
lui  assigne  dans  l'histoire  une  place  éminente,  à  côté 
ou  du  moins  un  peu  an  dessous  de  Richelieu  et  de 
Mazarin  ',  qu'à  celui  de  M.  Martin  qui ,  sans  contester 
l'éclat  de  son  esprit  et  l'énergie  de  son  caractère,  la 
met  au  rang  „des  brillantes  et  folles  aventurières  qui, 
bien  différentes  des  nobles  et  pures  héroïnes  de  la 
Réforme,  jouèrent  dans  la  politique  un  rôle  considé- 
rable ,  mais  non  pas  très-glorieux  ni  très-patriotique , 
eu  jetant,  au  travers  des  plus  graves  intérêts,  des 
passions  puériles  et  des  intérêts  de  ruelle"*. 

Pour  obtenir  la  Princesse  Marie,  Aerssens  eut  à 
vaincre  des  obstacles  divers. 

Un  projet  de  mariage  avec  l'Infant  d'Espagne  étant 
survenu,  on  prétendoit  lui  substituer  sa  soeur  ca- 
dette. Longtemps  les  plaintes  furent  inutiles,  il  sem- 
bla même  qu'il  falloit  se  résigner.  Malgré  l'extrême 
jeunesse  de  la  Princesse  Elisabeth,  l'alliance  avec  la 
&mille  royale  d'Angleterre  étoit  trop  honorable  pour 
la  dédaigner,  et  on  avoit  à  craindre  que,  si  l'on  ne 


'  ..Gralilhomme  influa  anipcct  1  Lodû  XITI  et  k  Ridielisn,  et  qae  doqi 
avoni  pmqna  toqjonn  TcneoDtrJ  à  U  inile  de  Msd.  de  CbeTrense**.  Cousin, 
Mali,  de  Cknraae ,  p.  68  et  SI4. 

'  p.  20B.  *  CoDiiD,  ;.  l.  p.  II.  •  HiU.  de  R-aaee,  a.  213. 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  Lxxxm  - 


preDoit  une  résolution  prompte  et  décisive,  te  Roi, 
travaillé  par  l'Espagne,  ne  vint  à  changer  d'avis.  Aers- 
Bens  écrit:  „Si  on  me  propose  la  puisnée,  l'aage  et  ce 
qni  en  dépend  me  feront  ton^oors  presser  pour  Tais- 
Dée ,  par  ce  que  l'Ëatat  et  V.  Â.  ont  besoin  de  lignée 
et  m'y  tiendray.  Cela  ne  succédant  point,  V.  Â.  doibt 
promptement  résoudre  ce  qu'elle  nous  voudra  com- 
mander, soit  de  s'en  retirer  sur  l'inesgalité  de  l'aage, 
Boit  d'accepter  la  proposition  de  la  puisnée,  pour  en 
conclure  la  (»>DvenaDce  en  forme,  au  moins  par  une 
signature  réciproque  du  Roy  et  de  nous,  en  prévenant 
par  besogne  faicte  la  venue  de  l'ambassadeur  d'Espagne, 
lequel,  s'il  venoit  à  en  avoir  le  moindre  vent,  remue- 
roit  ciel  et  terre,  pour  en  renverser  le  progrès;  en 
{juoy  il  se  trouveroit  aussitost  secondé  de  la  caballe 
de  Rome ,  d'Espagne ,  et  des  papistes"  '.  Les  intenti- 
ons de  la  cour  lui  sont  suspectes;  cependant  il  présume 
„qu«  les  deux  Roynes  consentiroyent  à  faire  traicter 
avec  V.  A.  pour  la  puisnée,  comme  un  moyen  pour 
appaiser  le  peuple;  mais  je  ne  sçauroy  croire  que  l'Es- 
pagnol vouUuat  passer  plus  avant  en  ce  traicté,  s'il  y 
a  de  la  conclusion  avec  vous,  n'estoit  qu'on  luy  don- 
nast  paroUe  de  l'inexécution;  c'est  pourquoi  j'ose  re- 
présenter raicore  ime  fois  que  V.  A.  doit  abréger  ses 
délibérations"  '. 

Cette  difficulté  écartée,  il  s'agit  du  transport  de 
la  Princesse.  Le  Roi  jugeoit  qu'elle  devoit  rester  en- 
core trois  ans  en  Angleterre;  mais  c'étoit  s'exposer  à 
voir  le  mariage,  couda  en  apparence,  se  rompre  plus 
tard;  „non",  dirent  les  ambassadeurs  aux  commissaires 


,,  Google 


—  Lxxxnr  — 


du  Roi,  „que  doutassions  en  façon  aucune  des  bonnes 
intentions  de  leurs  Majestez ,  mais  que  les  accidents  du 
monde  s'y  font  craindre ,  comme  les  traverses  et  envies 
de  ceux  à  qui  cette  alliance  est  suspecte  ;  d'ailleurs  )& 
Friocesse  a  besoin  d'apprendre  la  langue  et  le  païs  oti 
elle  aura  à  vivre,  et  à  gaigner  les  coeurs  du  peuple"  '. 
Aerssens  écrit  au  Prince  d'Orange:  „qous  demeurons 
comme  achoppes  au  seuil  de  la  porte.  Que  tenons  nous, 
sj  on  s'arreste  là?  Le  Roy  n'entend  pas  que  la  Prin- 
cesse pasâe  la  mer,  avant  qu'elle  ait  atteint  l'aage  de 
consentement;  c'est  donner  d'une  main,  pour  retenir 
de  l'autre.  Sy  on  viept  cy-après  à  changer  de  volonté, 
elle  tiendra  le  langage  qu'on  voudra,  peu^estre  mes- 
Qies,  pratiquée  par  quelque  favorite,  protestera  con- 
tre. Trois  ans  en  tel  subject  sont  autant  de  siècles. 
.Elle  conserve  sa  Hberté,  pendant  que  le  Prince  aura 
perdu  la  sienne"'.  „Je  prévois",  ajoute-t'il,  „vostre 
perplexité."  Il  conseille  de  joindre  à  une  dépêche, 
ordonnant  de  „redoubler  les  instances,  sans  varier, 
une  lettre  secrète  pour  lascher  pr^,  au  cas  qu'après 
quinze  jours  de  sollicitation ,  il  n'y  ait  plus  de  lieu  de 
rien  gagner".  Surtout  à  cause  du  départ  projeté  de 
la  Reine  ;  „Bi  elle  nous  eschappe,  d'un  an  et  plus  noua 
ne  saurions  espérer  la  solennisation  du  mariage"'. 

Le  désir  d'introduire  les  cérémonies  de  l'Église  d'An- 
gleterre à  la  cour  de  la  Haye  fut  une  source  de  longs 
débats.   Là-dessus  le  Prince  étoit  inébranlable  *  et  fai- 


'  p.  H4G.        *  p.  351.        •  p.  ses 

*  Oaoa  l'InttructioD  as  M.  de  H««D>)iet,  riëgée  p«r  Afrwens,  on  lit  t  „L'*r- 
Uele  tonchint  l'exerrice  ds  la  leligioa  «tt  de  plna  gnnde  contidfnlian  qoa  toni 
1m  laltrai ,  car  il  paris  d'obligsr  S.  A.  i  l'intiadiictioa  dea  c^ràDoniea  de 
l'IgliM  d'Angleterre  en  m  Coar,  ce  qa'îl  na  açturoit  (kire  >ana  une  gruda 
•llénlion  duu  l'EaUt,   et   um  le  djaeriiee  de  u  maiion  et  de  m  r^put^iop. 


,,.GoogIc 


LXXXV   — 


ant  remarquer  que  non  Beulement  uae  stipulation  pa- 
reille rendroit  l'alliance  odieuse,  mais  que  la  chose 
étoit  décidément  impossible,  ou  du  moins,  dans  une 
République,  ne  dépendoit  pas  de  lui'. 

Enfin,  lorsque  tout  paroissoit  conclu,  un  incident 
sembla  venir  tout  déranger.  Neveu  du  Roi  d'Angle< 
terre,  l'Électeur  Palatin,  toujoiirs  à  l'affût  de  tout  ce 
qui  pouvoit  le  rétablir  dans  ses  états  héréditaires,  crut 
devoir  susir  cette  occasion  propice  et  voulut  persua- 
der le  Roi  de  ne  souscrire  au  mariage  qu%  condition 
d'eDgagements  de  la  République  en  sa  faveur*.  Avec 
nn  soin  extrême,  Aerssens  au  contraire  avoit  détaché 
la  Q^ociation  d'une  alliance  de  famille  de  tout  ce  qui 
étoit  relatif  à  une  alUance  d'État*.  Cette  opposition 
inattendue  étoit  d'autant  plus  fâcheuse  que  le  Roi,  à 


in  D'citiDt  Bj  dingereoi  nj  dâîett  qis  U  dungsmtiit ,  mMoe*  le  plu  Ugtt 
d  quoi  ioditr^renl,  m  cho«e  coMenwDt  le*  cooitcieiea*  ;  intii  poiifDe  Ici 
t^tci  d'Angletcm  profcntot  et  coofaMiit  hdb  meame  foy  el(£rtUaTec  edki 
it  cet  Edkt,  et  que  Ici  cér^moDiei  ne  Mot  Décesnirei  et  ae  font  uenae  par- 
^  Je  11  doctrine,  qn'in  contriire  Jear  iDlradoetiaii ,  ipria  ons  bj  louftue  té- 
fematiaD  et  retnachemeot,  doDDeroit  Dcoanon  de  Kuidaliier  lea  GomcieDea  de 
piocieiin,  qû  le*  quliSerajent  eomme  To;a  mnentnt  vtn  li  Pipantf,  le  ùeiu 
de  Heenvliet  ranonetrera  premiiremeDl  que,  memean  let  Eiteti  eiUnte  eeuli 
KnTsniBS  de  eei  prorineei ,  il  D'ett  la  poDioir  de  qsi  que  e«  loit  à'j  iotro- 
daire  d'iutne  formet  en  ce  qai  eat  de  l'exercice  de  1>  ReligioD,  que  cellea  qui 
piàenlement  7  UDt  eeUblies  et  exercje*  pobliqnEnieDl  ;  en  lecond  lien  reprf- 
Koten  qa'ijRDt  lu  dile  dime  i  se  rendre,  comme  elle  >en ,  ebirt  et  egràible 
à  on  peoplee,  en  coDudJntion  priocipilenieot  de  l'aDirorniiU  de  1»  Religian, 
It  Bciadre  inantiaD  de  formée  el  eérémoniee  eilrati^èree  leroil  capebla  lu  oan- 
tnire  de  lear  rendre  el  m  penoone  moiniigrétbleetrilluDoeodiBiiM".  p. SKI). 

■  H.  de  Zaïlicbem  &rit  i  U.  de  Heenvliet:  „I1  umblp  i,  S.  A.  que  >oiu 
■•  pram  pu  mei  l'u^ment  at  impouMli ,  ni  l'irtiele  dee  efrluiDiiiee  .- 
qd  al,  dit-elle,  toeii  kia  de  eoD  pooToir  que,  pu  exemple,  il  eeroit  de  calnf 
i*  M.  U  comte  d'Arondd  d'introduire  dee  DOOTeantà  de  re)i(iwn  en  Angleterre, 
oi  j\  n'y  ■  que  le  Ro;  de  teaverùi,  et  quelle  impertineoce  terait  ee  dooD 
fiDer  promettre  dea  cboeea  qu'on  n'eat  pat  capable  enevconeiortedepreateT?" 
f.  S02.  —  „Si  S.  A.  pnmettoit  la  f  iUe  d'Amaierdam  u  nurchj ,  taroit-oa  pai 
cfauee  lidîcnlï,  n'en  ponnnt  non  ploi  diapoeer  qna  tona  on  mof  7"  p.  8DG. 

>  D^  n  dfa.  lUOl'iledMire'AoitidreaiJanzambaNadeaniTojeiN^MOb. 

■p.  8S». 

m.  Tï 


,,Googlc 


-  LXXXTI  — 


l'exemple  de  son  père,  nullement  disposé  à  faire  loi' 
même  des  sacrifices,  étoit  fort  zélé  pour  les  intérêts 
de  sa  famille,  pourvu  qu'ils  ne  lui  coûtassent  rien. 
D'ailleurs  le  désir  du  Prince  infortuné  pouvoit  facile- 
ment trouver  appui  dans  le  Parlement  et  y  donner 
lieu  à  d'interminables  longueurs.  Le  comte  d'Anindel 
donna  l'éveil  à  M.  de  Sommelsdyck  '.  En  efifet,  bientôt 
les  commissaires  du  Roi  déclarèrent  qu'ils  trouveroient 
volontiers  quelque  expédient  pour  contenter  l'Electear, 
„duquel  les  ministres  ont  estrangement  cab^é  en  Cour 
et  au  Parlement,  pour,  au  moyen  d'une  liaison  du 
mariage  et  de  l'alliance,  espérer  son  restablissement"'. 
L'Électeur  se  rendit  en  Angleterre.  Il  sembloit  même 
viser  à  supplanter  le  Prince  Guillaume,  en  lui  faisant 
épouser  la  soeur  cadette  *.  Ce  fut  en  vain.  Le  mari- 
age fut  conclu,  nonobstant  les  contremioes  et  opposi- 
tions qu'y  firent  quelques-uns,  qui  le  dévoient  moins 
que  tout  autre*. 


1  du  BdÎ  BTee  l«a  a 
e  l«  Roi  fcroit  porter  le  tnictJ  1 
la  maJaon  haaie,  où  il  acroit  fori  bien  rcceu,  maia  qaa  terau»  bien  deconscDtiT 
DDC  siliaace  pour  ralahHr  M.  rÉhcleitT.  C'eat  le  aecret  de  la  meue  et  l'ai- 
fiance  d'Estat  qn'on  préLcnd  ;  mnis  quand  on  cd  liendra  là,  non»  açaurom  bien 
Doui  borner  dtina  dos  limilo  et  faire  diitinction  entre  l'illiaDca  d'Estit  et  nn 
tralelé  de  lobaide  eu  profit  d'un  t[ers,  lequel  ne  açanroit  eatre  ajdj  de  nou 
que  par  une  caojonctiiiii  contra  rKiptgne  de  la  France,  de  cette  Couronne  et 
de*  Provineo-Dniea,  en  une  ligue  offeniiTe  et  défenaiie."  p.  HKO.       *  p.  870. 

*  ,.11  y  a  en  dnaein  de  nous  «ter  l'aima  et  de  noua  obliger  i  nnc  illiance 
d'Ealat,  en  laquelle  la  rntitiilion  du  ?alitlnat  euat  talé  alipulée,  par  Isa  me- 
née* det  miniatrea  de  li  Rofne  de  Bohème,  qui  avoyent  ay  bien  eabalU  pla- 
alenn  gnndz,  tona  noa  eommiuairn  mesmei.  nna  en  excepter  on  lenl,  qa'ili 
forent  aothenra  in  Rof  de  porter  le  mariage  et  l'alliance  d'Eatatao  Parlement." 
p.  38S.  ..Firmjr  tant  de  grandi  qui  font  démomtntian  de  faire  pour  lu;,  qni 
OMrojt  conaeiller  an  Boj  de  lu;  donner  >a  fille,  ou  d'entreprendre  j>  Tive  force 
ton  rcetabliaaeroentP  lï  oil  l'alliance  de  V.  A.  eat  fondée  de  puiuanee.  de  pro- 
limité,  et  de  ocnt  conaidéraUoiu  d'£a(at  pour  S.  M.  et  pour  ces  Caoroanea." 
p.  80e. 

•  Mémciret  de  Friiéne-Eenn  p.  378.  Dana  la  sopie  ani  Arebive*  m  lit: 
„D.  I.  0.  et  0   qu'y  peut  faire  l'Électeur  Fatatin  et  autrei  de  n  put." 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


Arrivé  à  Londres,  vers  la  fin  de  16S9,  Àeraseos 
n'avoit  pas  été  mis  dans  le  secret  II  écrit:  „le  braict 
est  icy,  et  madame  de  Chevreuse  l'autorise,  que  V.  A. 
&ict  Degotier  par  le  sieur  de  Heeuvliet  le  mariage 
de  madame  Marie.  Je  ne  sçay  ce  qui-  en  est,  et 
n'en  sub  point  curieux ,  que  pour  en  désirer  le  succès"  '. 
Frédéric-Henri,  dans  sa  réponse,  lui  recommande  la 
chose  avec  chaleur.  „J'ai  une  st  grande  conâence  en 
Tostre  conduitte,  que  je  ne  doute  nullement  que,  si 
TOUS  l'entreprenés ,  vous  en  viendrés  à  bout"*. 

Avec  sa  perspicacité  habituelle,  il  saisit  le  noeud  de 
la  question.  Se  déâant  de  la  Keine  et  de  sa  mère , 
on  devoit,  pour  s'emparer  de  l'esprit  du  Roi,  mettre 
à  profit  la  rivalité  de  l'Angleterre  et  de  la  France,  ja- 
louses de  l'amitié  de  la  République  '. 

n  négocie  en  homme  d'Etat:  „Les  argumens,  dont 
josques  icy  s'est  servy  te  sieur  de  Heeuviiet,  ne  tien- 
nent que  du  particulier;  mon  intention  seroit  de  mon- 
ter plus  haut,  pour  faire  comprendre  à  leurs  Majestez 
leur  propre  avantage  et  grandeur  en  cette  alliance ,  et 
cela  par  raisons  et  exemples ,  et  qui  se  peuvent  juger 
à  l'oeil"'. 


■  p.  161.  ■  p.  IM. 

*  „}t  puii  dire  à  V.  A.  uurl^tiemciit  qoe  Ici  dcui  Rdnea  traviillent  en 
ak  pour  l'EaptgDC,  en  coniiilfritioD  ia  nng,  ie  In  reliaion  et  à»  ]■  gnn- 
dear.  Ma  Ti»fc,  MoDieifiii«'r ,  en  mt  affaire  ■  nté  de  msntjcer  !t  jiloiuic 
q«  le  Rot  prend  ds  l'etlrgitti  iIUbdcc  de>  Eatiti  ivccq  li  Francs,  poor  la; 
tnUmer  le  propo*  de  ce  mariage,  omiinB  le  tnj  et  unique  eipMienl  puur 
■tlirer  el  lier  k  loj  p>r  prorogative  et  derent  toos  eulrea,  le)  lOectiDOt  et  le* 
btMU  de  V.  A.  et  ia  Provineea-UDiea;  rim  ne  pnuTsnt  de  faict  eitre  Unt 
•Gk  que  a  mo^ei,  an  lien  qae,  m  vonUnt  mettre  en  autre  maiion  plaipnia- 
M*,  il  ne  gugaen  rien  sar  leur  ambitiou,  maii  perdra  l'arDili^  de  la  fille, 
reUgant  d'eapooier  de*  iatOrita  contraire!  aux  lient.  Je  m'uUliendnj  donq 
fta  pirler,  ri  V.  A.  ne  le  troute  bon  antrement,  mui  le  teoipa  et  tontei  lei 
nbon*  dn  monds  font  ponr  ceit  alliance."  p.  IBl. 

*  p.  805. 


,,  Google 


—   LXKXVin   — 

„L'aIliaDce  est  grande  et  fort  considérable";  donc 
il  ne  faudra  point  y  renoncer,  même  si  l'on  ne  peut 
obtenir  que  la  princesse  puisnée;  mais  „je  pense,"  écrit- 
il  ,  „qne  vous  devez  tousjours  insister  pour  la  fille  ais- 
née,  en  la  seule  considération  de  son  sage,  plus  avancé 
et  sortable,  pour  espérer  tant  plustost  lignée  du  Prince, 
vostre  filz  unique.  S'il  se  peut  obtenir,  vous  y  ren- 
contrerez un  autre  grand  avantage  pour  uostre  Estât, 
car  cela  asseurément  feroit  rompre  la  recherche  d'Es- 
pagne, qui  refaseroit  la  seconde,  quand  il  verroit  la 
partye  liée  avec  son  mortel  et  perpétuel  enoemy  pour 
l'aisnée,  et  j'ay  tout  plein  de  priantes  considérations 
à  remonstrer  là-dessus,  sy  desjà  on  n'est  engagé,  pour 
le  bien  du  service  du  Roy  et  les  suretez  de  ses  cou- 
ronnes; entre  autres,  le  péril  des  Princes  ses  en&ns, 
en  cas  de  conclusion  avec  l'Espagne  ;  l'ombrage  et  dé- 
fience  de  ses  meilleurs  alliez;  le  desplaisir  de  la  plus 
saine  partye  de  son  peuple,  en  la  rencontre  du  Parle- 
ment et  du  mouvement  contre  l'Escosse  ;  qu'en  contre- 
change  il  perdra  l'amitié  de  sa  allé  et  n'acquerra  ja- 
mais celle  de  son  gendre"'. 

La  prudence  et  la  dextérité  de  M.  de  Sommelsdyclt 
méritent  de  grands  éloges,  et,  sans  lui,  abandonnée 
aux  soins  de  M.  de  Heenviiet  et  Joachimi,  probable- 
ment l'affaire  n'eut  point  réussi.  Toutefois  il  est  évi- 
dent que  les  circonstances  influèrent  beaucoup  sur  les 
déterminations  de  la  Cour  et  qu'elles  doivent  entrer 
en  ligne  de  compte,  pour  expliquer  le  changement  subit 
dans  les  dispositions  du  Roi  et  de  la  Reine. 

Longtemps  le  mariage  de  la  Princesse  ainée  avec  l'In- 

'  p.  ao6. 

D,g,t7cdb/GOOglC 


—   LXXXIX   — 

fcnt  sembloit  irrévocable.  „  Les  Rojnes  y  sont  entière- 
ment logées,  poussées  sans  donte  de  Rome  et  d'Espagne, 
pour  gagner  cette  âme  à  la  Papauté"'.  Aussi,  en  juin 
1640,  M.  de  Heenvliet  écrit:  „leurs  Majestez  m'ayant- 
déclaré  que  cela  ne  se  pouvoit,  et  sachant  leur  déter- 
minée résolution  et  qu'il  n'y  avoit  rien  plus  à  espé- 
rer, suis  passé  oultre  à  me  déclarer  pour  la  seconde"'. 
Ed  1641  tout-à-coup  les  di£ficultés,  insurmontables 
josqu'  alors,  comme  par  enchantement  disparoissent 
A  peine  les  ambassadeurs  sont  ils  arrivés  à  Londres, 
que  le  Roi  leur  fait  entrevoir  la  possibilité  d'un  chan- 
gement*, et,  peu  de  jours  après,  „le  Roy  nous  ayant 
mandé  de  nous  trouver  en  la  chambre  de  la  Reine, 
S.  M.  se  mit  à  nous  dire  en  sa  présence  d'avoir  pensé 
de  plus  près  à  la  demande  qu'au  nom  de  l'Ëstat  et 
de  V.  Â.  luy  avions  faicte  de  sa  fille  aisnée,  et  que, 
pour  les  raisons  par  nous  alléguées,  elle  en  approuvoit 
la  recherche  et  desjà  la  nous  accordoit"  *.  Dès  lors  le 
Roi  et  la  Reine  montrèrent  de  l'empressement  à  écar- 
ter les  obstacles;  surtout  aussi  en  ne  faisant  pas  le 
moindre  cas  des  propositions  et  des  importonités  de 
l'Electfnr  Palatin.  Voyant  le  grand  succès  de  ses  me- 
nées, „S.  M.  s'est  avisée  avec  la  Royne  seule,  de 
détascher  le  marine  de  la  Princesse  aisnée  de  toute 
autre  négotiatiun  et  de  nous  en  accorder  la  solemni- 
sation  dès  l'heure  que  le  Prince  sera  venu,  et  il  a 
admonesté  la  Reine  de  Bohème  de  se  bien  entendre 
avec  vos  Altesses,  dont  l'amitié  peut  estre  utile.  Cest 
ce  qu'en  avons  appris  de  la  propre  bouche  du  Roy"'.  — 
L'Électeur  joua  un  triste  rôle  dans  cette  affaire.   Aers- 

'  p.  207.  '  p.  24S.  '  L.  6G0.  *  p.  331,  '  p.  3S9, 

U,g,t7cdb/COOglL- 


sons  palpablemeot  les  voeux  du  peuple,  espéraus  par  là 
la  bénédiction  de  Dieu"  '.  Après  la  signature  du  con- 
trat, trois  mois  plus  tard:  „on  nous  en  est  venu  de 
toutes  parts  congratuler  l'atliance,  applaudie  généra- 
lement de  tout  le  peuple  avec  mille  bénédictions'". 
Enfin,  le  jeune  Prince  faisant  son  entrée  à  Londres: 
„nous  eusmes  à  passer  à  travers  tant  de  peuple  qu'il 
estoit  quasy  impossible  de  gaigner  la  cour,  sans  le 
bon  ordre  lequel  avoit  esté  donné  de  rue  en  me. 
V.  A.  ne  sçauroit  croire  avec  combien  de  bénédictions 
et  d'acclamations  S-  A.  fat  receue,  et  oserions  bien 
dire  que  de  cent  ans  il  ne  s'est  faict  entrée  eo  laquelle 
grands  et  petitz  ont  tesmoigné  pareille  joye  et  satis* 
fection  "  ' . 

Le  peuple  anglois,  dans  cette  alliance  avec  les  Provin- 
ces-Unies et  avec  une  Famille  illustre  et  déjà  si  chère 
aux  Protestants,  saluoit  avec  allégresse  le  g^e  d'un 
meiUeur  avenir,  la  preuve  d'un  changement  de  di^>o- 
sitions ,  qui  pourroit  sauver  le  pays  du  papisme  et  de 
la  tyrannie,  sans  le  faire  passer  par  les  horreurs  de 
la  guerre  civile.  De  si  douces  illusions  ne  tardèrent 
pas  à  se  dissiper.  Une  seconde  alliance  avec  la  Maison 
d'Orange  devoit  assurer  plus  tard  à  l'Angleterre  ces  im- 
menses bienfaits  ;  préalablement  il  falloit  encore  un  demi- 
àècle  d'agitations  et  de  malheurs.  —  En  1639  Aers- 
sens  écrit  à  Frédéric-Henri  une  parole  digne  de  remar- 
que. Se  plaignant  du  peu  de  bienveillance  de  la  Cour 
et  que  l'Espagnol  s'en  mesle  ouvertement,  „il  ajoute; 
„quoy  estant,  V.  A.  pense  s'il  est  possible  que  n'ayons 
tousjours  des  riottes  à  composer  avec  cette  couronne, 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   XCH   — 

sy,  par  truct  de  temps  et  des  accidens  des  afiures, 
cette  Cour  n'est  remise  en  une  plus  saioe  assiette"  '.  — 
Remettre  cette  Cour  en  une  plus  saine  assiette;  arra- 
cher ]' Angleterre  à  l'Espagne,  comme  ensuite  par  Guil- 
lamue  III  elle  fat  arrachée  à  la  France,  voilà  ce-qui, 
sans  qu'on  se  mêlât  directement  des  dissensions  intes- 
tines', sembloit  pouvoir  résulter,  pour  le  bien  de  l'Eu- 
rope, de  la  négociation  dont  Aersaens  étoit  clia^;é. 
Déjouant  tous  les  calculs,  les  événements  prirent  un  dé- 
plorable cours.  Quand  l'Espagne  fut  abaissée,  quand  le 
trône  fut  renversé,  l'inimitié  de  l'Angleterre,  d'abord 
républicaine,  ensuite  revenue  au  pouvoir  monarchique, 
attira  aux  Provinces-Unies  ces  effroyables  guerres  mar 
ritimes  où  à  tant  de  gloire  se  mêlèrent  tant  de  désastres. 
Toutefois  le  mariage  eut  des  conséquences  salutaires; 
de  cette  union,  dernier  succès  diplomatique  de  M.  de 
Sommelsdyck,  devoit  naître  le  glorieux  défenseur  de  la 
République,  qui  sauveroit  aussi  l'Europe  et  viendroit 
établir  en  Angleterre  le  régime  de  la  véritable  liberté  '. 

VI. 

Qu'il  me  soit  permis,  après  avoir  fait  remarquer 
l'habileté  de  M.  Aerssens  et  les  principes  régulateurs 
de  sa  conduite  politique,  d'émettre  l'espoir  que  ses 
lettres  feront  l'objet  d'un  examen  plus  sérieux.  II  faut 
les  étudier.  Ce  n'est  qu'alors  qu'on  appréciera  le  style 


'  p.  156. 

'  De  Tctonr  i  U  Htje,  et  pen  ds  tonpi  innt  ra  mort,  AenMDi  étrA-- 
„Jb  i^pats  \  QD  biep  grand  bonbeor,  que  ny  S.  U.  s;  Ib  ParleiDtnt  vt 
m'ajent  jimaia  ftict  parler  de  leani  menta  od  jaloDaiea,  car  j'eane  ta  it  11 
ptne  à  In  contenter  eagalement  et  la  coafieDce  de  tona  deai  nom  Mt  ojeai- 
saire  pour  le  iDCcèa  dn  msriage  it  pour  l'Ëltsti  ■'il  «t  pOMÎUe,  il  a'en  ftit 
Unir  i,  cette  maiime".  p.  487. 


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clfùr.  concis,  animé,  saas  recherche,  sans  ornemente 
iiratiles,  approprié  aux  affaires,  et  qui,  dans  sa  simpli- 
cité même,  n'est  pas  dénué  d'agrément  et  d'élégance, 
et  fitit  sentir  que  celui  qui  savoit  ainsi  écrire  avoit 
aussi  le  don  de  la  parole  et  devoit  être,  dans  la  con- 
versatioD  comme  dans  la  correspondance,  éloquent  et 
persuasif'.  On  retrouvera  partout  une  connoissance 
étendue  et  exacte  des  événements  et  des  hommes,  et 
de  tout  ce  qui  concerne  la  situation  intérieure  et 
les  rapports  mutuels  des  États;  le  talent  avec  lequel, 
souvent  en  peu  de  mots,  il  résume  et  décrit  une  situa- 
tion compliquée;  la  profondeur  et  l'élévation  de  ses 
vues  et  de  ses  desseins;  sa  fermeté,  sa  persévérance. 
Bon  adresse,  et  cette  flexibilité,  indispensable  au  di- 
plomate, avec  laquelle,  sans  jamais  dévier  de  ses  prin- 
dpes,  il  sait  varier  ses  moyens. 

Je  ne  me  dissimule  pas  néanmoins  qu'on  atta- 
qaera  peut-être  mes  éloges  par  la  base,  en  contes- 
tant l'idée  fondamentale  du  système  dont  Âerssens 
fiit  le  principal  soutien.  Ce  parti  de  la  paix,  qui 
soivoit  les  traces  de  fiarnevelt  et  vouloit  mettre  fin 
à  une  lutte  sanglante  et  déjà  de  si  longue  durée, 
avoit-il  tortP  falloit-il  donc  prolonger  indéfiniment  la 
guerre?  ne  sacrifloit-on  pas  les  véritables  intérêts  de 
l'État  à  des  considérations  générales  et  chimériques 
sur  le  bien  de  l'Europe  et  de  la  Chrétienté?  en  rui- 
nant l'Espagne,  ne  suscitoi^on  pas  un  ennemi  beau- 
coup plus  redoutable?  Cette  alliance  intime  avec  la 
France,  avec  une  puissance  catholique  et  un  gouver- 
nement absolu,  n'étoit-elle  pas  diamétralement  opposée 


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aux  maximes  d'un  État  issn  de  la  Réforme  et  monu- 
ment d'une  résistance  courageuse  à  l'oppression  d'un 
monarque  persécuteur?  Favoriser  ainsi  les  vues  de  Ri- 
chelieu, n'étoit  ce  pas  coopérer,  d'une  manière  indi- 
recte ,  à  ce  qui  fut  le  but  et  le  résultat  de  son  éclatant 
mais  afireux  ministère,  le  despotisme  royal ,  la  puissance 
irrésistible  de  la  France,  la  persécution  des  malheu- 
reux Réformés?  n'étoit  ce  pas,  pour  ainsi  dire,  une 
complicité  anticipée  aux  désastres  que  dévoient  un  jour 
attirer,  sur  la  France  et  sur  l'Europe,  les  conséquen- 
ces funestes,  mais  inévitables  des  succès  et  des  tendan- 
ces d'une  telle  politique;  Louis  XIV  et  ses  conquêtes, 
la  révocation  de  l'Édit  de  Nantes  et  la  guerre  des  Ce- 
vennes,  la  Révolution  et  ses  horreurs? 

Je  suis  loin  de  souscrire  à  de  telles  accusations. 
Sans  vouloir  faire  une  apologie  de  Richelieu,  il  me 
semble  que  le  procès  de  cet  homme  extraordinaire 
n'est  pas  définitivement  jugé.  De  nos  jours  des  sa- 
vants illustres,  M.  Cousin,  Ranke,  Henri  Martin,  Âve- 
nel,  à  l'fûde  de  documents  nouveaux,  en  donnant  une 
idée  plus  exacte  de  la  situation  de  la  France  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle,  ont  réhabilité 
sa  mémoire  {').    A  peine  peut-on  se  former  une  idée 


(■)  M.  Michelet,  dans  sod  Hiatoire  de  France,  se  pronoace  moiiu 
décid^ent  en  aa  faveur.  Il  trouve  une  eiag^tion  inconcevable 
dans  ce  qu'ont  écrit  anr  cette  époque  „des  esprita  fine ,  ingénienx 
et  d'agréable  érudition,  des  Banke,  des  Cousin,  des  St  Beuve." 
Il  observe  qu'en  bistoire,  „le  microacope  a  see  dan^çers;  c'est  de 
foire  croire  qne  dea  moussea  et  des  moiaiasuree  sont  de  hantes  fo- 
rSta,  de  voir  le  moindre  insecte  et  l'imperceptible  infnsoire  à  la 
grosaear  des  Alpes  i  tous  les  petits  personnages  de  ce  pauvre  temps- 
là  se  aont  amplifiés  dans   nos  micrograpbes  hiatoriques"  ',     Mais 

■   Benri  IF  et  BteAtUa,  p,  Sfli. 


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de  la  grandeur  et  de  la  multiplicité  des  obstades  „que 
loi  opposaient  de  toua  côtés  la  reine  mère,  la  reine 


M.  Michelet  lui-même  tombe  souvent  dans  an  extrËme  opposé;  il 
loi  arrive  de  rapetisser  les  personnages  et  il  semble  presqu'eotiè- 
TemeDt  méconnatire  dans  Richelieu  la  hauteur  des  vnea ,  l'étendue 
du  coup-d'oeil  politique,  la  grandeur  de  l'homme  d'ËtsL  II  le 
dépeint,  le  plus  souvent,  comme  entraîné  par  les  événements  et 
beaucoup  trop  glorifié  par  le  hasard  et  le  succès.  On  dirait  même 
qu'il  se  comptait  dans  une  espèce  de  dénigrement  systématique. 
Je  me  permettrai  d'en  citer  quelques  exemples. 

„SÎ  on  veut  ignorer  solidement  et  à  fond  Richelieu  ,"  dit-il  plai- 
samment, „il  faut  lire  ses  Mémoires;'  On  sent  partout  que  ce 
lent,  lourd,  proliie  échafaudage  de  sagesse  diplomatique,  qui  les 
caractériae,  n'a  rien  de  sérieui."  '  —  M.  Martin  fait  ressortir  l'in- 
jnstice  de  cette  condamnation  sommaire:  „doo8  n'attoos  pas  jos- 
qu^  prétendre  qu'il  n';  ait  jamais ,  dans  ce  grand  monument,  ni 
arrangemetits  ni  réticencea;  mats,  en  général,  pour  l'explication 
de«  vues  da  gouvernement,  pour  l'enchaînement  des  faits,  pour  la 
précision  des  détails,  les  Mémoiret  de  Richelieu  nous  paraissent 
avoir  une  autorité  fort  supérieure  à  celle  de  tous  les  autres  Mé- 
Moire*  qui  remplissent  nos  recueils"'. 

Les  succès  en  Italie,  en  1630,  lui  paroisaeut  insignifiants.  C'est 
en  citant  comme  exemple  la  priae  de  Fignerol  et  de  Salaces,  qu'il 
écrit:  „Iies  infortunés  machinistes,  Snlty  et  Richelieu,  par  une  force 
très-grande  de  sagesse  et  de  volonté,  atteignent  de  petits  résultats 
éphémères"*.  —  M.  Martin  observe:  „Aiosi  furent  réparées  les 
fautes  dea  derniers  Valois:  les  principaux  déboucbés  des  Alpes 
dauphinoises  dans  le  Piémont  étoient  au  pouvoir  de  Richelieu  et 
la  France  tenait  de  nouveau  les  clefs  de  lllalie.  La  prise  de  Figne- 
rol fut  comme  un  coup  de  tonnerre  qui  atterra  Charles-Emmanuel 
et  dissipa  tontes  ses  illnsions"  '.  —  M.  Michelet  écrit  même  un 
chapitre  particulier  intitulé  „la  France  ne  peut  sauver  Mantoue;" 
et  dans  les  notes  il  revient  aux  „fort  petits  succès  des  campagnes 
d'Ilalie  ;  si  misérables  en  comparaison  des  conquêtes  du  seizième 
siècle.  Ici  quels  résultats?  on  secourt  Casai,  on  prend  Pignerol, 
on  luase  périr  Mantoue"*.  M.  Michelet  oublie  „qu'une  grande 
partie  de  l'armée  impériale  était  retenue  en  Lombardie  par  celte 
etMjuéle  de  MaïUoue  gui  devait  eoiîier  «  cier  à  Fer^nand"  '. 

'  /.  /.  p.  368.  •  RUhdUu  el  la  Fnmdt,  p.  3S.  *  il.  107. 

*  BUhHra  el  U  Fronde,  p.  82.  '  xi.  826.  *  p.  Hi. 

'  Mutin,  XI.  S85. 


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règDante,  le  duc  d'Orléans,  les  prîuces  ambitieux,  les 
courtisans  avides,  les  favoris  jaloux,  les  confesseurs 


Fout  Bicbelien  rien  ne  poaroit  arriver  de  plas  foneste  qne  la  mort 
du  roi  sans  héritier.  Anssi  en  1630,  lorsqu'on  croyoit  Louis  XIII 
mourant,  ^Richelieu  contenait  plutôt  qu'il  n'exagérait  ses  an- 
goisses.  Il  royait  son  pouvoir  croulant,  «a  vie  menacée,  son  oeu- 
vre, qui  lui  était  plus  chère  que  la  vie,  son  oeuvre,  i  peine  ébau- 
chée, près  de  rentrer  dans  le  néant,  sa  patrie  retombant  dans 
l'abîme  d'où' il  l'avait  tirée.  Le  hasard  de  l'hérédité  allait  donner 
pour  chef  à  l'État  l'aveugle  et  frivole  instrument  des  ennemis  de 
l'Etat"'.  —  On  conçoit  la  joie  du  cardinal,  en  1636,  à  la  naissance 
du  dauphin:  „Er  sah  darin  eine  Befestignng  seines  Systems  auC 
immer"*.  —  U.  Michelet  au  contraire  s'imagine  et  affirme  qne 
Bichelieu  en  fut  désespéré:  „II  demeura  sans  voix,  La  fatalité 
était  désormais  d'avoir  pour  maîtres  l'infant  de  la  maison  d'Autriche, 
la  régente  espagnole"* 

„Bichelieu ,"  selon  M.  Martin,  „fat  tr^frappé  de  l'esprit  fin  et 
délié,  de  la  vive  et  pénétrante  intelligence,  que  révélaient  la  belle 
figure  et  l'attrayante  conversation  de  Maznrin.  Le  cardinal  déclara, 
dit-on,  qu'il  n'avait  encore  rencontré  personne  qui  eût  un  plus 
beau  génie  pour  les  affaires  et  songea  d^  lora  à  se  l'attacher"*, 
M.  Michelet  en  juge  différemment:  „Beconnnt-iI  celui  qu'il  mettait 
en  PranceF  Parfaitement.  Il  le  crut  nn  faquin,  et  c'est  pour  cela 
qu'il  le  prit"*. 

IjC  siècle  de  Bichelieu,  dans  son  ensemble,  est  également  l'objet 
de  sa  censure  et  de  ses  rigueurs.  D'après  M.  Cousin  ..c'est  sons 
Henri  IV,  sons  Louis  XIII  et  sons  la  reine  Anne  que  sont  nés, 
se  sont  formés,  et  même  développés  les  plus  grands  écrivains  de 
l'un  et  de  l'autre  sexe,  ceux-là  mêmes  qui,  comme  M'''  de  Sévigné 
et  Bossoet,  ont  prolongé  le  plus  avant  leor  carrière"*.  Selon 
M.  Michelet,  cette  époque  littéraire  a  un  caractère  tout  différent 
„La  France  du  dix-septième  siècle  procède  de  deux  caducités,  de 
la  vide  enflure  espagnole,  de  la  pourriture  italienne.  Anssi,  dans 
la  littérature,  le  moment  vigoureux  dn  siècle,  son  milieu,  est 
marqué  des  rides  de  la  décadence.  La  préoccupation  ridicule  de 
la  forme  dépara  non  seulement  les  Balzac  et  antres  rhétenis, 
mais  les  plus  sérieux  écrivains"'.     On  comprendroit  ce  jugement 

■  ;.  ;.  SSl.  •  Rulic,  JVai.   OaciUilé.  II.  478. 

'  R.  n  UPr.  f.  318.  '  l.  L  SU.  •  A  /.  231. 

'  M"»"  lie  IioDgBerill*  '  p.  831, 


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mbïgants,  l'état  du  pays  enfio"',  „Loin  que  les  pou- 
voirs particuliers  fussent  les  auxiliaires  du  pouvoir  cen- 


B^TËre,  s'il  n'étoît  question  qae  de  Balzac,  de  Voiture  et  de  leurs 
ïmitatenn,  «artiBtes  en  foit  de  langage,"  dit  M.  Vioet,"  tout  oc- 
eupÀ  dn  perfectionnement  de  l'instrument  qn'ils  emploient  et 
pour  qoi  les  différents  sujets  qu'ils  traitent  ne  sont  guère  qu'une 
occasion  d'expériences  anr  la  langne;"  mais  il  s'agit  ici  de  l'épo- 
que de  Descartes,  de  Pascal,  de  Corneille,  de  Bossuet;  loraqne 
„!«  génie  françois,  ajant  reçu  de  la  religion,  de  la  philosophie,  de 
l'antiquité  tout  ce  qu'il  en  pouvait  recevoir  sans  se  dénaturer, 
d^i  élégant  et  poli,  non  point  encore  vermoalu  de  civilisation, 
ne  conservant  des  aftitatioos  civiteB  qu'une  émotion  sans  trouble 
et  sans  regret,  gardant  encore  eoliëres  la  foi  politique  et  la  foi 
religieuse,  présentait  cette  heureuse  proportion  d'imagination  et  de 
réflexion,  de  réserve  et  de  hardiesse  qui  promet  une  belle  époque 
littéraire  "  '. 

Les  écrits  de  M.  Michelet  sans  contredit  ont  leur  mérite  ;  on 
j  rencontre  souvent  des  traits  de  lumière;  il  y  a  dans  ses  obaer- 
Txtions  beaucoup  de  fiqesse  et  de  connoissance  du  coeur  humun; 
sea  aperçns  nouveaux  et  ses  raisonnements  ingénieux,  même 
lorsqu'ils  sont  basés  sur  un  frêle  échafaudage,  intéressent,  et  ses 
brillants  paradoxes,  mSme  et  surtout  lorsqu'ils  éblouissent,  forcent 
à  réfléchir;  cependant  j'ose  croire  que  U.  Vinet,  qui  a  jugé  les 
premiers  volumes  de  l'Histoire  de  Frauce'  arec  ss  bienveillance 
Bccoutomée,  aurait  considérablement  modifié  ses  éloges  plus  tard, 
n  n'eût  pas  persévéré  à  louer  ici  „la  critique  sévère,  sans  scep- 
ticisme ni  dédain."  H  eut  souscrit  peut-être  aux  remarques  d'un 
censenr,sévère,  mais  consciencieux  et  impartial,  M.  Gustave  Plsnche, 
qni,  dirigées  eu  premier  lieu  contre  l'histoire  de  la  Bévolution 
par  M.  Michelet,  n'en  sont  pas  moins  applicables  à  ses  écrits  his- 
toriques en  général.  „11  a  voulu  dépouiller  de  lenr  éclat,  de 
leur  prestige,  les  grandes  figures  que  nous  sommes  habitués  à  re- 
garder comme  les  maîtres  de  la  multitude. ...  Si  l'histoire  est 
absente,  le  roman  occupe  le  premier  plan....  Il  sait  tout,  non 
pas  seulement  ce  qui  a  été  vu,  ce  qui  a  été  raconté  par  tes  ac- 
teurs, par  les  témoins,  mais  bien  aussi  et  surtout  les  plus  secrè- 
tes pensées,  les  sentimens  les  plus  intimes  de  chaque  personnage. . . . 
Malgré    ses   études    si  persévérantes,    malgré  ses  travaux  si  nom- 

>  Avead,  tnirod.  p.  ci.  ■  Viust.  CimtomatMe.  III.  p,  xv. 

*  UUéral.  jTMMçaiu  oa  19«  liiclc,  III.  899-476. 


,,Googlc 


—  xcvnt  — 

tral,  ils  sembloieot  en  êtire  les  adversaires:  résistances 
dans  les  affaires  d'état  de  la  part  des  parlements;  ré- 
sistances dans  l'adrainistration  de  la  part  des  gouver- 
neurs des  provinces;  résistances  dans  la  conduite  de 
la  giierre  de  la  part  des  généraux,  des  simples  ofS- 
ciers  et  des  soldats  eux-mêmes;  résistances  enfin  dans 
l'emploi  de  l'argent  de  la  part  des  surintendants  ;  tout 
mettait  a  l'épreuve  l'indomptable  fermeté  de  Richelieu"'. 
L'aristocratie  contre  laquelle  il  avoit  à  lutter,  n'avoit 
pas  même  l'esprit  aristocratique  ;  son  rêve  étoit  de 
démembrer,  non  de  gouverner  la  France;  son  idéal  était 
le  retour  à  la  féodalité';  elle  ne  soDgeoit  le  plus  sou- 
vent qu'à  ses  intérêts  particuliers,  pressurant  le  peuple, 
levant  contre  le  Roi  l'étendard  de  la  révolte,  conspirant 
avec  les  ennemis  de  la  patrie  et  ne  reculant  pas  même 
devant  l'assassinat.  Lorsqu'on  1624  Richelieu  saisit  le 
gouvernail  „la  majesté  royale  étoit  tellement  ravalée  qu'il 
étoit  presqu'  impossible  de  la  reconnaître"  *.  Il  faut  se 
placer  à  ce  véritable  point  de  vue,  afin  de  porter  un  ju- 
gement équitable  sur  les  mesures  sévères  par  lesquelles 
il  réussit  à  rétablir  l'ordre  dans  un  tel  chaos  (')  et,  en 

breui,  si  variés,  malgré  trente  ans  consumés  dans  la  contempla- 
tion du  passé,  il  ne  paroit  pas  comprendre  bien  nettement  les 
devoira  de  l'hietorien.  Quand  il  raconte,  et  il  raconte  rarement, 
il  cherche,  il  obtient  des  effets  qui  n'appartiennent  pas  au  genre 
historiqne.     Il  se  propose  d'émouvoir  à  tout  prit"*. 

{')  M,  Avenel  obaerve  que  quiconque  „8  bien  étudié  Bicheliea 
sait  qne  la  cmauté  était  un  moyen  de  sa  politique  plutôt  qu'un 
instinct  de  son  caractère"'.  „I1  éteit  rigoureux  par  politique, 
incapable  d'une  odieuse  et  inutile  barbarie"'.  S'il  fut  inexorable 
envers  le  duc  de  Montmorenci,  celui-ci  avoit  levé  contre  le 
Boi   l'étendard  de  la  guerre  civile,  et  Henri  IV,  qui  savoit  vain- 

'  ).  I.  p.  i^iit  *  H.  Mortin.  xi.  85. 

*  RichilicD ,   TtilamfiU  poUHgtie.  *  Womeaa  portrait»  Uténim. 

*  L  L  «H.  Martin,  il.  p.  SOS. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


fondant  l'unité  de  la  France,  à  lui  assurer,  au  milieu 
de  la  crise  européenne,  une  prépondérance  salutaire. 
„n  y  a  toute  apparence  que  le  despotiame  se  fut  établi 
sans  lui:  sans  lui,  la  France  et  l'Europe  eussent-elles 
été  sauvées?"*  L'humeur  vindicative,  selon  M.  Ave- 
nel,  étoit  un  des  traits  caractéristiques  de  son  âme, 
mais  il  considéroit  les  offenses  &ictes  à  sa  personne 
comme  des  attaques  dirigées  contre  la  monarchie*,  et, 
en  tenant  compte  du  véritable  état  de  la  France,  on 
ne  désapprouvera  pas  M.  de  Sommelsdyck,  écrivant 


ère  et  pnrdonner,  ne  fit  pas  grâce  an  maréchal  de  BiTon.  „L& 
fin  cbrétieDoe  et  noblement  lé^igaée  de  Cinq-Mars  et  de  Thon", 
écrit  M.  Martin,  ..trnnsniise  à  la  postérité  dana  de  touchants  t6- 
àta,  a  fait  nstlre  d'étranges  illasions  sur  leur  vie.  La  sévère 
histoire  ne  doit  pas  tolérer  de  semblsbles  apothéoses.  Si  Cinq- 
Mars  fut  criminel,  de  Thou  ne  fnt  point  innocent.  Il  devait  sa- 
voir que  la  haute  trahison,  qne  l'appel  à  l'étranger,  étoit  inévila- 
blement  an  bout  des  complots  où  il  s'engageait  et  oii  il  engageait 
les  sntresi  pett  s'en  fallut  que  la  France  ne  perdit,  gr&cea  &  lui, 
le  fruit  de  vingt  ans  d'héroïques  travaux"'.  —  Le  meurtre,  aussi 
bien  qne  la  rébellion,  comptoît,  pour  les  adversaires  du  cardinal, 
parmi  les  moyens  légitimes.  En  1636  le  projet  de  poignarder 
Bicbelieu  an  sortir  du  conseil  n'échoua  que  parce  qu'au  moment 
de  donner  le  signal,  le  coeur  faillit  au  Bue  d'Orléans.  TA<">  de 
Chevreuse  Clément  n'avoit  là-dessus  aucun  scrupule;  elle  eût 
voulu  fiure  assassiner  Richelieu,  comme  ensuite  elle  tenta  de  faire 
assassiner  Masarin.  „11  nous  semble",  écrit  le  plus  fervent  de 
ses  admirateurs,  M.  Cousin,  „on  qu'il  n'y  a  plus  de  certitude 
en  histoire,  ou  qu'il  faut  considérer  comme  un  point  abaolument 
démontré  qu'il  y  eut  un  projet  arrSté  de  tuer  Maiario,  qne  ce 
projet  a  été  conçu  par  Mme  de  Chevreuse,  et  que  la  tentative 
n'a  manqué  que  par  des  circonstances  tout-à-fait  indépendantes 
de  la  volonté  des  conspirateurs"*. 

■  H.  MirtiD.  II.  p.  SSl. 

■  Lu-mtoie  l'a  dit  i  l'hiars  oil  Is  parole  de  lliMimc  d's  plua  qa'an  Ud- 
pgc,  car  o'ert  k  Dico  qa'die  psrki  „J»  n-u  jamsii  en  d'intr**  eonaiiû  qiie 
MOI  de  l'tut".    Avcael,  Intrwt.  LXxxix. 

•  J.  i.  p.  $70.        •  U^  it  Chnr.  p.  197. 


,,  Google 


en  1626,  après  la  conspiration  d'Ornano',  au  Cardi- 
nal: „j'honorerai  voatre  vertu,  et  espéreray  des  utiles 
effecta  de  vostre  incomparable  prudence  et  affection 
vers  cette  République,  à  laquelle  j'ay  donné  des  as- 
seurances  entières  que  rien  ne  retarde  le  secours  qui 
nous  a  esté  promiz,  que  les  malheureux  incidens  q\ii 
ont  failly  de  troubler  la  paix  du  Royaume  avec  l'au- 
thorité  du  Roy;  mais,  cela  ayant  esté  réglé  par  vostre 
courage  et  sage  conduitte,  que  désormais  vous  esten- 
drez  aussy  les  effects  de  vostre  soin  et  clairvoyance 
sur  cet  Estât,  afin  de  le  protéger  et  le  conserver  ca^ 
pable  de  servir  quelque  jour  le  Roy  et  la  couronne 
avec  la  gratitude  que  méritent  ses  grandes  faveurs"'. 
Lorsqu'on  prétend  que,  déjà  du  vivant  d'Aerssens, 
il  falloit,  rassuré  par  le  déclin  de  l'Espagne,  crain- 
dre par  dessus  tout  les  envahissements  de  la  France, 
on  confond  les  époques.  L'Espagne  penchoit  déjà  • 
vers  la  décadence,  m^  elle  tenoit  encore  une  vaste 
place  en  Europe*.  «Atteinte  au  dedans  d'un  mal  in- 
curable, elle  était  encore  formidable  au  dehors  par 
ses  excellentes  armées  et  par  ses  trésors.  Le  pro- 
digieux accroissement  qu'avait  pris  si  vite  la  puissance 
autrichienne  en  Allemagne  semblait  d'ailleurs  compen- 
ser, et  bien  au  delà,  l'affaiblissement  intérieur  de  l'Es- 
pagne" *.  lia  France  ne  possédoit,  ni  l'Artois,  ni  la 
Flandre ,  ni  l'Alsace ,  ni  la  Franche-Comté ,  ni  le  Rous- 


1  Anden  goDTCniMr  ào  doc  d'Anjon,  OmsDo,  de  coDc«rt  kvcc  tn  duoMb 
Il  coar,  médilait  le>  plna  conpablea  projeli.  „0d  i  prftenda  qaa  ou  tinii- 
Itàlt»  deiMina  afaisnt  Ai  mppoik  par  Richcllea,  pour  l'enehalDer  Loaii  XIII 
par  le  lisn  de  U  penl.  It  ast  toal  aa  moint  impouible  d«  rfrDqaer  en  dmla 
laa  pnyata  de  rjvolta  et  {taunttUtU  du  Cardinal;  1e«  Umoignagei  U«  aoiiH 
■aapecta  aont  fbrmeli  k  cet  ^rd".    Martin,  1.  1.  233. 

'  p.  IS.  '  AibdbI,  Introd.  lux. 

•  H,  Martin,  RUI.  d*  Ff.  u.  SOT. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


sillon,  ni  la  Lorraine;  elle  était  de  toutes  parts  vul- 
nérable, „et  du  côté  du  nord  dégfu'ni.  l'Espagne,  éta- 
Me  presque  sur  la  Somme  et  adossée  aux  Pays-Bas, 
était  à  trois  journées  de  Paris"  '.  Si  en  1632  le  dra- 
peau françois  fut  porté  sur  le  Rhin,  en  revanche  les 
Croates  et  les  Hongrois  en  1636  désolèrent  la  Picar- 
die et  l'agitation  fat  terrible  dans  Paris  menacé;  l'élan 
victorieux  de  1640  se  ralentit  en  1641,  et  ce  n'est 
qu'en  1642  que  le  nombre  et  la  rapidité  des  succès 
vint  présager  un  avenir  nouveau;  ..l'orageuse  année 
finit  dans  une  immense  splendeur;  la  fortune,  si 
longtemps  indécise,  se  précipitant  alors  du  côté  de 
la  France"*.  D'ailleurs,  alors  encore,  cette  prospérité 
sembloit  viagère.  On  ne  pouvoit  supposer  qu'après 
Richelieu  et  Louis  XIII,  investie  de  l'autorité  souve- 
raine, Anne  d'Autriche  abandonneroit  son  parti  et 
embrasseroit  le  système  de  son  persécuteur,  et  même 
ùnsi,  malgré  ce  grand  changement  inespéré  dans  sa 
manière  de  voir,  malgré  l'habileté  et  le  savoir-faire  de 
Mazariu,  malgré  l'éclat  des  six  premières  années  de 
la  R^ence  et  les  avantages  que  procura  le  traité  de 
Westpbalie,  les  troubles  de  la  Fronde  amenèrent  les  dé- 
chirements de  la  guerre  civile,  et  ce  ne  fut  qu'en  1660 
qne  la  suprématie  de  la  France ,  sur  le  continent  euro- 
péen, devint  manifeste.  On  ne  sauroit  révoquer  en  doute 
ta  gincérité  de  M.  de  Sommelsdyck,  lorsque  tâchant 
d'amener  l'Angleterre  à  briser  avec  l'Espagne,  il  la  con- 
sidère encore  comme  plus  à  craindre  que  la  France  '. 


'  Imà.  1.1.  *  Utrlb,  l.l.  GT4. 

■  ..L'MoniMemeDt  da  h  Fnaee  c*t  nerràlleiueiMiit  tmU  et  cnint,  n 
■■c  mm*  ditoM,  wu  caue,  T«a  qn'tlt»  ne  ijMnit  à  betncoop  piè*  ba 
I  !•  giudear  it  l'Espigos  ".  p.  S43. 

m.  vn 


,,  Google 


Cétoit,  dit-on,  une  chose  déplorable  qu'un  Etat  ré- 
formé fît  cause  commune  avec  une  puissance  catholi- 
que, favorisant  les  projets  d'un  ministre,  qui  étoit  l'ad- 
versaire le  plus  énei^que  des  Réformés  et  comptoit 
leur  abaissement  parmi  ses  titres  de  gloire.  On  se  forme 
ainsi  de  Richelieu  une  fausse  idée.  La  politique  étoit 
toujours  en  prenùère  ligne  dans  ses  calculs.  Sa  pensée 
intime,  le  but  principal  de  ses  efforts,  la  grande  tâche 
qu'il  s'étoit  proposée,  ime  résistance  énergique  aux  enva- 
hissements de  l'Espagne  et  de  l'Autriche,  qui,  par  leur 
alliance  et  la  grandeur  de  leur  pouvoir,  enveloppant  la 
France,  devenoient  irrésistibles  en  AUemague,  étoit  évi- 
demment favorable  à  la  cause  protestante  en  général. 
Quand  il  falloit  s'opposer,  soit  aux  volontés  du  Pape, 
soit  aux  prétentions  du  clergé,  il  ne  s'en  foisoit  aucun 
scrupule;  catholique  et  cardinal,  il  affrontoit  le  cout' 
roux  de  Rome  plus  qu'aucun  autre,  et  faisoit  ce  que 
jamais  Henri  IV  n'eût  osé  tenter.  Personne,  parmi  les 
non-protestants,  ne  rendit  jamais  au  protestantisme 
d'aussi  grands  services  que  lui.  Il  le  ranima  en  Alle- 
magne, il  contribua  à  lui  donner  en  Angleterre  un 
essor  et  une  influence  cosmopolite  '.  En  France  il  pro- 
tégea  les   réformés   contre   le   parti  ultramontain  *,  et 

1  Untsr  aUen  Nichl-Pratestanteq  die  jFinals  gelebt  hibcD,  hit  kchier  6a 
ffônert*  Vcrdientt  am  dea  Protealictitinnt,  ■!«  dieser  CirdÏDtl,  der  leiot  po- 
litiiche  Macht  io  Fnmkreîch  bnch.  Et  bit  ibn  digegen  in  neuUehliDd  u- 
ntnert,  and  îd  Englind  luf  die  Babn  gtfâbrt,  die  ibu  ta  dsmgtnnaten  Wslt- 
ainfluBi  fordern  •ollte.  Riiike,  Roat.  Gœh.  IL  514.  —  EogÀifnlM.  Bute 
eipoM  k  politique  de  Rîchclira  eoien  \ta  Bëforméi  »ec  cette  cUirvDjuue 
ndminhle  qui  dopue  nne  ai  gnnde  nlrar  à  ata  écrit*. 

*  Sa  GODdaile  était  tin  anndile  aoi  lèln  eatholiqaes.  D^l  dans  in  pramilfa 
MDJea  de  aon  miniature,  dd  ciiToy^  de  l'Eapagoe  le  nomme  un  caniiiuJ 
^aifgr:  ..Richelieu  werde  den  Namen  dnea  Cirdinaia  nicht  der  Kircbo  aondeni 
dcT  Holie,  in  der  W«lt  lUôeklaiMn-.  Ranke,  Lt  SBl.  „Uie  straig  ki- 
tboliicha  Partà  fordcric  KSclckebr  m  der  verlaiaciieii  Politîk,  nnd  innlobat 
eîncn  Vertilgnngskri^  gtgeit  dia  Ungueuotlcn  ",  a.  S92. 


U,g,t7cdb/COOgIC 


s'il  les  combattit,  ce  iiit  comme  parti  et  faction  poli- 
tique, ,,pour  les  empêcher  de  former  uo  Etat  dans 
rÉtat  et  les  faire  ployer  sous  la  loi  commune"*.  Us 
forent  en  butte,  il  est  vrai,  à  beaucoup  d'injustices  et 
l'on  ne  sauroit  leur  faire  un  reproche  de  n'avoir  pas 
saisi  par  avance  l'ensemble  des  vues  de  Richelieu,  mais 
on  ne  sauroit  aussi  disconvenir  que  la  conduite  de 
beaucoup  d'entr'eux  n'ait  été,  durant  tout  le  cours  des 
discordes  civiles,  très-repréhensible.  Sourds  aux  ex- 
hortations et  aux  sages  avis  de  plusieurs,  ils  faisoient, 
comme  Rohan  et  Soubise ,  servir  la  politique  à  la  reli- 
gion, ou  même,  comme  Je  duc  de  Bouillon  *,  la  reli- 
^on  à  la  politique.  Eux-aussi  participèrent  à  des  ten- 
tatives de  rébellion  ;  enx-aussi  avoient  des  intelligences 
avec  les  ennemis  du  royaume,  avec  les  Anglois  et  même 
avec  les  Espagnols  '.  Ils  firent  par  Ki  grand  tort  à  leur 
propre  cause*  et  facilitèrent  plus  d'une  fois,  en  neu- 


■  CoDim,  1^  de  Ea^efoH,  p.  18.  —  „  Wcder  Hulland  Doch  TOllsDâi 
bi^od  wâren  mit  ihm  in  Bond  getretan,  hitleii  sis  nîclit  dis  Uelwrieagang 
gnniiDCi,  du  rclonnirte  BckcDntnu  wnde  in  Fnnjirclch  beitebeo  bUibeo". 
Ruke,  A-.   Gaek.  II.  SSl. 

*  „  RichelicD  ■'■llûit  i  l'ntfricnT  dtïc  la  rcforDiÀ  qui  raidiicot  à  cornbat- 
In  1o  cnnenit  de  la  France  j  il  combatUiil  à  l'ial^ricar  In  rïrormji  qoi  a'il- 
liainit  ktbc  cea  mfaim  ninnnia".  Arenel,  Introd.  i.xxiii.  —  „  Un  rappro. 
cïoiimt  moaltracui  s'opéra  accriltmeat  enln  lea  efaeri  calviniste!  (Rohan  A 
SmiliK)  et  tea  a^enta  de  l'Eapagoe".  Martin,  x[.  211.  „ Gcwi»  atandto  aie 
in  ISiS  mit  dem  SptDÎaclien  Hofa  in  Verbindun;".    Hanka,  l.  l.  290. 

■  Riebeliea  U  pominDit  le  démon  dea  rebelliana.  —  „Aprbla  aiDrtdeHcDri  IV, 
dogt  3  iTait  ai  longtempa  et  à  ai  joate  titre  excita  la  d^ncc,  il  n'avoil  qoe 
dâerence  et  qa'obe^nioaitj  ponr  la  eonr:  il  voolait  aurtout  aa  aenir  do  paKi 
bngimat  comoia  d'nn  marchepied  panr  arriTcr  tu  mîniitèra  et  l'imposer  à  la 
MBt  ccinune  le  «anl  modfratenr  qui  pAt  contenir  lea  eiigencea  proteatantea.  Il 
M  pot  dérober  ani  dépulà  de  l'aaaembtée  ecclâiaatiqoe  \tt  motifs  tout  peraon- 
■dt  de  soD  chaDgement,  et  lea  moyens  de  corraption  n'eurent  pa*  tant  de 
•aeeta  qu'il  l'eapérait  ;  dn  Pleaaia-Mornai  et  tona  lea  proteatana  rigidea  ae  >é- 
lartrcnt  de  lui  ".  Martin ,  II.  p.  27. 

*  „Dic  AnnâbenDg  der  KeTorniirten  an  eine  lediglich  polilischa  Oppoiition 
nbrta  Sebritt  la  Schritt  ihr  Verdetben  berbd".  Ruike,  1. 1.  2*5.  La  remar. 
que  aoi   la   condntle   de   raaaembifc   de    Lcudan   eat    également  applicable   à 

VII. 


,,Googlc 


tralisant  tes  forces  de  la  France ,  le  triomphe  du  parti 
ultramoDtain  en  Allemagne  '.  On  comprend  donc  le  zèle 
d'Aerssens  pour  opérer,  en  1626,  leur  réconciliation 
avec  le  RoL  „Pour  l'honneur  de  Dieu  "  écrit-il,  à 
Richelieu,  „acbevez  l'affaire,  sans  la  traîner  davantage, 
car  tout  s'y  accrochera,  et  j'ay  raison  de  crMndre  en 
cette  longueur  d'autres  accidens,  qui  nous  pourroyent 
faire  perdre  l'espérance  de  cette  paix,  qui  est  entre  voz 
mains"'.  La  paix  fut  conclue,  mais  la  guerre  civile  ne 
tarda  pas  à  éclater  de  nouveau,  au  grand  profit  de 
l'Espagne,  de  l'Empereur,  et  de  la  ligue  catholique. 
Ceci  explique  comment  Frédéric-Henri  pouvoit  se  ré- 
jouir des  succès  de  Richelieu  contre  les  Protestants', 


l'ittitode  d'ans  gnade  ptrtîe  dca  protsUots  dibi  les  inaéei  laiTintM.  „Ud- 
(Ibig  ihra  Krïlts  la  rareiDigen,  darch  joden  ifarer  Schritte  neas  Katewanog 
fennlaunid,  ïd  cîdciii  iag«nbllck,  wo  der  Geiat  dsr  katholùchcn  KetUunlioii 
sl^reiih  dnrch  Earopa  ichritt,  gegea  dm  aie  nur  durch  die  légitime  Genilt, 
die  iiber  ihnen  wit,  geecbâtzt  wrâdea  kanlite,  pravocirte  sis  dena  Fandaelig- 
ksit,  and  gtb  ilir  gerechtrertigle  Wifiïn  in  die  Hësde".  >.  253,  —  „La 
tyéaemenU  àa  dehora  rendaient  (en  IflSO)  la  condoite  dei  tneneura  calviniatca 
ineieasable.  I«  litaetiaD  de  l'£urop«  jtoit  telle,  que  les  proteatana  fnaçaiaio- 
Ttuent  du  loot  accepter,  toat  eédn,  poar  eonviiacre  le  roi  de  leur  fidélité,  ponr 
dienper  lee  pr^ogA,  pour  aider  Ica  membrel  da  conieil  les  mieux  intentionaâ 
i  faire  changer  la  faUle  direction  de  la  |iiilitiqne  eitjrieare".  Martin,  XI.  164. 

I  Kn  16SS.  „  In  Folge  der  franzôsiichen  llnmlira  war  die  ginte  Combi- 
nation  geschettert,  dnrcb  irelcbe  min  eine  âurcligreireDde  VerinderuDg  in  der 
Loge  Ton  Europa  m  bewirken  gedacbt  batle. . .  Man  halts  gehofil,  du  obéra 
und  indireatlielie  DenCachland  mr  der  ôtterreLchisch-liguiaCiaelien  Uebennicbt  la 
befreien.  StAtt  deaaelben  irird  der  Proteatantiimua  in  den  Lindem  aeipa 
Unprunp  ond  aeioer  enten  Siège  mit  dem  Verderben  bedroht".  Kanke,  t.  I. 
3£2.  —  En  1629.  „  Waa  achan  im  Jahr  1621  empronden  worden  Kar,  dan 
die  politiicbe  Klacht  der  Hngnenotlen  in  Frankreich  nnd  ihr  Gegeaub  gegen 
ihren  Kônig,  der  iDtersaaeD  der  growen  protaetantiKhep  nnd  antiapaniacbm  I^i- 
tM  in  Buropt  entgegenlief,  werd  jetit  eine  bevoaite  UebereeagaDg".  I.  f.  t.  315. 

■p.  6. 

*  Dana  nne  lellre  &  Ricbclien .  on  qui  du  moins  deroit  lui  itre  aoumiM,  H. 
de  Baogy  raid  compte  d'nn  entretien  avec  le  Prince;  „I1  tomba  M  point  oi 
je  l'attndaja,  de  demander  dea  nouTellea  de  Franco,  et  lor*  je  nus,  de  \n*% 
et  comme  de  maj-meme,  à  lej  diro  loutei  les  particoUritez  eontenaei  ea 
voalre  lettre,  anqoel  je  remarqoDÎa  en  ion  ritage  qu'il  prit  gnnd  plaiiir  etdoina 
de  gnnde*  loDWge*  tn  bon  et  juate  deeaaing  dn  Tlny ,  leqncl  il  prioit  Dien  de 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


mécompte  et  sujet  de  tristesse  en  Espagne  '.  Désap- 
prouvant la  turbulence  inopportune  de  ses  coreligio- 
naires,  il  étoit  d'accord,  avec  Oldenbarnevelt  qui  leur 
bisoit  ressouvenir  que  le  véritable  esprit  de  la  réforme 
prescrit  l'obéissance  envers  le  Roi  ',  et  avec  Maurice 
qui,  irrité  de  leurs  agitations  continuelles,  et  appa- 
remment aussi  se  rappelant  les  coupables  intrigues  de 
son  beau-frère,  le  duc  de  Bouillon,  s'écrioit,  à  ce 
qa'on  rapporte,  qu'eux,  et  eux  seulement,  traversoient 
l'nnion  que,  depuis  trente  ans,  il  s'étoit  efforcé  d'é- 
tablir contre  l'ennemi  commun*.  Remarquons  aussi 
que  le  plus  distingué  d'entre  les  protestants  de  France, 
par  ses  talents,  son  expérience,  sa  pieté,  son  dévou- 
ement actif,  le  vénérable  Duplessis-Moraay,  n'avoit  rien 
épargné  pour  les  contenir  dans  les  bornes  du  devoir; 
que  leurs  entreprises  en  1614  et  1619  avoient  encouru 
sa  désapprobation  formelle*,  et  que  mettant  les  motife 


IbÔT,  de  la;  tun  la  grftce  de  mnllipbcr  panny  lei  ntnngen  ia  gloir»  fu'it 
•  MtjMite  JiBU  «M  roiaume  par  la  ridaetion  de  la  SochilU".  p.  2S. 

'  „ Comme  CD  lSi!6  l'EapigDG  fournitiait  ds  l'argent  t  Bohan,  et,  dîe  qu'on 
Ht.  l  Madrid,  la  Rochelle  aëiieuaemeat  meosc^,  tons  le*  Toeni  da  Roi  Ca- 
(boliqae  et  de  ici  miDÎalrei  forent  pour  la  ville  „h£f£lique"  eontre  kroiTrèi- 
CÏTc'tieD".  H.  Martin,  l[.  27&. 

'  Répondant  à  la  queilioa  de  M.  de  Boetzelaer,  aueceiaeur  d'Aeneena  i 
Fini:  „  boe  ick  m;  »1  hebben  le  dtagen  met  ende  bj  die  van  de  GerefaT- 
nterde  Rcligîe,  ende  llle  'tgeene  daenien  dependeert"?  il  écrit:  „gen]'etende 
de  Edieten  ende  belonen  van  den  overleden  Conindl,  nioeten  haer  ta  rreeden 
hondcD  ende  by  aile  gelegenlheyl  vermaenl,  da(  de  re«ht«  refurmalie  bcriaet 
■D  de  geboonaemhryt^en  den  ConÏDck  ".  Vreede,  lalMiMg  Ici  ent  getck. 
itr  M  IHpùimalii!.  I.  49. 

'  i.tbfj  ind  Ihej.  onl;  traveraed  tbat  union  wbieb  be  thcM  Ibirt;  ,vean 
togelher  had  been  labonring  to  koilt  agtiost  the  eommon  egem;".  Baoke, 
ftAuônwic  GttcUcile,  II.  300. 

'  Ed  jain  1613  Aenaens  ae  rendant  en  Hollande,  ipr^  que  Monia;,  psraon 
oédit  dlni  l'aaaanblée  de  Sanmur,  aïoit  contribnj  au  repos  de  la  France, 
oloi-d  lai  écrit:  „Je  n'ai  beaoing  de  moa  requérir  de  rendre  lesmci^nage  à  la 
•érilé,  ai  le<  ehoeei  ptuéea  Tiennent  eu  diieauni  car  nul  n'a  plia  ataul  teu 
f»r  KWi  dem  «m  unUmnit  et  mottvemau.  Ne  aéra  point  *en  qae  je  me 
démoite  da  but  que  J'ai  tanajonri  en  de  conjoindie  lea  conaidératioDi  del'Égliae 


,,Googlc 


religieux  en  première  ligne,  il  étoit  parfaitement  d'ac- 
cord avec  Aerssens,  qui  (à  ce  qu'on  peut  supposer, 
sans  lui  faire  tort)  se  laissoit  diriger  surtout  par  des 
considérations  politiques'. 


et  de  l'ctlat,  MDi  ï  nctler  lolouog  ieténtt  pirtieuliar."  Métuâm  et  Oorreif. 
de  Dt^.-M.  sn.  2i2.  Acrueni  r^poDdi  „Mei  lettreo  oDt  mf&nmmrat  n- 
pr&cnt^  qu'elles  ont  été  Tot  ioteotioDS  en  en  diTisioiH:  ds  aorte  que  vooa  nf- 
porterég  lonajoan  m  tcsmoigiiige  d*  noitre  public,  çn'o»  n'a  failli  fu'aulani 
gu'on  n'a  pei  non  vot  eontàlt.  L'etUt  dea  Eglùct  >  beioùig  d'nni  hinnoDÛ 
et  coDcorda  de  loat  ion  corpi  en  ce  tenip)  plus  qne  jamuii  qu'on  aernble  bot- 
tel  i,  entretenu  eea  malentendu,  pendant  que  )e  parti  de  Rame  i'aflermit  du» 
l'intoritâ  dei  affairée,  à  quoi  ne  doibt  faire  obitade  ni  djlii  l'improdence  qne 
coniDiïttcnt  ploaieara  de  dm  gnnda;  toni  an  coDtnire  doîbreot  eoMpirer  pnr 
eoDKner  l'édiot  et  l'ettat,  en  tendant  l'obâBUOM  entière  \  lenn  mijettji,  fw 
ni  la  maxime  mr  laçuelig  v<na  featdii  loffemenl  vat  eotuàli".  p.  382, ar. — 
Cette  ipprabation  mutuelle  eat  ^Tidente  dana  ploaieura  antrea  pcasBgo.  Apris 
le  rétabliaaeineiit  du  repoa  en  ISIS,  iersaena  écrit  :  ,je  me  veni  conjonir  arte 
vont  d'nne  si  aainete  oearre,  qui  a  priudpalement  liam  par  ta  deitfrit^  de 
nxtre  entiemise,  et  croit-on  aiaeDrément  en  ceate  court  qne  nn*  tous  plnajean 
allaient  pouiaer  la  affairée  dana  l'eitrteiU  ;  leaqnela  vona  aTJ*  lidj  à  ranger 
«oubi  la  reison  et  contraiir  dana  les  bornea  d'nne  juste  obâiunee."  19  janTJei 
1613.  —  C'étoit  le  meillrar  calcol.-  „il  eat  temps  de  ooDper  anlx  ad*ersairei 
l'aTantage  qn'ila  tirent  de  nos  divisions)  encore  aerià  vont  aasâ  empucbà, 
anis,  \  conaerrer  ce  qu'on  lont  a  accordé."  16  Shr.  1618.  —  „J'ai  recogieo 
de  plos  en  plus  le  franche  sincérité  de  roa  intenliona  et  condniete,  qae  TJrita- 
blemeot  je  auia  marri  de  roir  ai  pea  secondée  par  eenll  qui  as  aonl  voulu  pr^ 
raloir  du  Dom  des  Églises,  et  cependant  Ice  ont  jettJM,  tant  qu'en  eu  ■  erté, 
en  meapris  pif  teors  intérêts  particuliers".  SI  mai  1613. 

M,  Micbelct  n'*  pu  saisi  et,  i  son  point  de  Tne,  n'a  po  laiair  les  motîfi, 
tonjeurs  les  mêoiea,  qui  guidèrent  Mon»;,  et  doua  m  r&istsnee  et  dana  B 
sonmiaBion.  Il  écrit:  ..Qoarantc  nna  mirtjirB,  quarante  ans  faéroa.  les  protei- 
tanta.  (rèa-rstigiiéa ,  Tefroidia,  et  génénleaieat  pairibles,  auraienldésiélerepos 
lia  e'Iaienl  chre'tiens,  donc  obéissanla.  Et  cela  énervait  toutes  lenra  réaiataïKca. 
C'étaient  dee  r^oltei  i  genoui.  Et,  au  milieu,  lunataU  le  plut  fatal,  Da 
PUiiii-Monuy ,  pour  détremper  Una  Iti  eotiraga. . . .  Lea  atget .  nn  Duplesiii- 
Momsjr,  découragèrent  lea  hantea  pensées."  BenrilFel Eiei.p.  854et264.- 
C'est  méconnoltre  entièrement  et  la  conduite  de  Mornej  et  la  nature  du  priu' 
cipe  cbrélien,  par  lequel,  aans  se  laisser  entrsîner  par  inlérSt  ou  caprice  ï  U 
révolte,  on  devient  inébranlable,  sons  l'empire  de  la  eonacîence  et  du  devoir. 

'  En  1612,  lors  des  menées  de  Bonillon  et  de  Koban,  „il  s'emploj-u  Irai- 
loyalement  i  adoucir  lea  esprits,  sans  négliger  les  intérSts  de  n  religion". 
Martin,  XI.  SB.  „&n  1614  il  se  prononça  nettement  contre  le<  rebelles",  l.  i- 
U.  En  1615  ,.il  ne  se  fit  point  illusion;  il  prédit  nui  partisans  de  la  révolte 
que  Coudé  Teiait  la  paii  aoi  dépens  des  ëglisea  ranimées."  l,  l.  96.  En  IGIT 
„lea  bugucnots  qui  avaient  hit  mine  de  remner,  furent  contenu  par  RoIhDi 
Mornoy  et  Lesdignières".  p.  109. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  cvn  — 

A  ceux  qui  redoutoieut  la  grandeur  future  de  la 
France ,  on  ponvoit  dire  alors  :  „je  ne  sais  pas  prévoir 
les  dangers  de  si  loin".  D  n'est  pas  donné  à  la  sar 
gesse  humaine,  en  calculant  les  chances  de  l'avenir, 
de  se  mettre  en  garde  contre  les  conséquences  lointai- 
nes qui,  par  des  complications  nouvelles,  peuvent  résul- 
ter en  partie  de  ses  efforts.  Avant  tout  l'homme 
d'État  dont  la  patrie  est  en  danger ,  est  tenu  de  faire 
usage  des  ressources  qui  s'offrent  à  lui  pour  se  pré- 
munir contre  les  périls  du  moment.  L'alUance  fran- 
çoise  étoit,  dors  encore,  indispensable.  On  ne  pon- 
voit compter,  ni  sur  l'Angleterre,  ni  sur  l'Allemagne. 
Il  suffira  de  citer  deux  passages  de  lettres  d'Aerssens, 
en  1623  et  1625,  également  apphcables  à  tout  le  cours 
de  la  guerre.  „Les  affaires  de  la  cour  d'Angleterre 
prennent  tout  une  autre  route  que  celle  que  les  gens 
de  bien  désirent,  autant  que  les  ministres  d'Espagne 
y  font  une  incroyable  considération,  par  la  puissante 
créance  qu'ilz  y  ont"  „En  Allemagne  tout  est  enterré 
dans  la  peur  et  dans  l'obéissance;  sy  le  dehors  n'y 
resveille  les  courages  avec  puissance  et  apparence,  rien 
n'est  préparé  pour  bransler  en  faveur  de  la  liberté; 
car  la  Saxe  et  ses  alliez  les  tient  tous  en  eschecq  et 
jalousie"'. 

On  se  figure  souvent  que  nos  ancêtres  étoient  hbres 
de  choisir  leurs  alliés  parmi  différents  Etats  de  l'Eu- 
rope et  l'on  ne  se  représente  pas  assez  leur  situation 
difficile  et  souvent  même  fort  dangereuse.  En  Alle- 
magne, comme  ailleurs,  la  République  étoit  l'objet 
spécial  de  la  haine  et  des  projets  de  vengeance  des 

'  Lettre  i  H.  de  CnleDbarch,  da  7  mm  ISZS. 
■  Lrttn  ï  M.  ds  Culenbarch,  do  19  fe'vi.  1625. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  cvm  — 

papistes  '.  Traçant  un  exposé  de  ..nostre  critique  con- 
stitution" en  1635,  Aerssens  écrit:  „toute3  les  forces 
de  l'Empire  et  de  la  Li^e  viennent  fondre  sur  noz 
provinces  i  desjà  leur  principal  gros  est  logé  sur  nos 
confins,  avec  ferme  résolution  de  nous  enfoncer,  et  en- 
suite d'esbransler  le  demeurant  de  la  Chrestienté,  qui 
faict  quelque  démonstration  de  leur  former  de  l'oppo- 
sition, en  soubstenant  de  son  ayde  nostre  défense"'. 
En  1629  ses  prévisions  se  réalisèrent,  le  péril  fut 
pressant  L'État,  après  avoir  fait  une  puissante  diver- 
sion au  profit  de  la  France',  lut  envahi  par  les  Es- 
pagnols et  les  Impériaux  ',  et  sembla  près  de  succom- 
ber. De  même,  après  ta  mort  de  Gustave-Adolphe, 
les  conjonctures  étoient  fort  menaçantes.  —  Il  falloit  l'u- 
nion avec  la  France  pour  la  sécurité  des  Provinces-Unies; 
il  la  falloit  également,  pour  faire  prévaloir  en  Europe 
les  principes  de  tolérance  religieuse  et  de  liberté. 

vn. 

Âên  de  sentir  le  prix  des  services  que  M.  de  Som- 


■  D^  en  leZS  V.  A.  vu  d»  CapsUen,  du»  Ka  Mtooirea,  ieriii  „Soui 
ToyOD»  que  le  Roi  d'Etingoe  ne  veat  jtiii*ii  quitter  «e>  prAentioni  mr  et*  pays 
et  qna  darantage  tonte  la  ligne  papiitiqae,  étant  viclorieuag  de  Bohims,  Hon- 
grie et  Allsmagne,  ddub  menace  comme  les  boDlefeu  de  cea  goerrea,  le^oeli 
ayant  d^bit,  elle  n'ian  pins  rien  i  craindre".  I.  17. 

*  Lettre  jk  M.  de  Calenburch,  du  19  téviiai  1G2S. 

*  AerMcni  écrit  \  Bichelien  ;  „  te*  Ettats  Ibnt  on  ly  eitraorditiaite  effort  de 
aervir  an  Koy  et  i  la  France,  non  aans  danger  de  s'attirer  de  gsyetJ  de  coeur 
aur  les  braa  tonte*  lee  farce*  d'Eepigne  et  de  l'Empire ,  qui  sans  cela  alloieut 
estre  deatinto  tillenra,  ponr  donner  i  peaaer  ï  celles  du  Roy,  on  pal  mja 
de  diTertion,  et  Isaqaellea  citani  maintenant  apparies  et  diatraietea  par  usa 
donbla  défenae ,  ne  açaniayent  dâonnaia  aerrir  qoe  de  sabject  k  exalter  le  gloire 
du  r^e  dn  Boy,  et  de  toi  tris-pnidens  adtia".  p.  81. 

*  L'ambusadeor  de  la  RjpnUiqoe  écrit  à  Ridielien:  ,,les  Satati  aont  de- 
tnearei  dan*  le  bourbier  et  dani  la  peine;...  il  aemble  qoe  (ont  le  monde 
conspire  à  la  désolation  et  ruine  de  nostre  Estât",  p.  83. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


melsdyck  rendit,  durant  la  guerre  de  Treote-ans,  à 
cette  noble  et  sainte  cause,  il  faut  se  former  d'abord 
nne  juste  idée  du  poids  que  les  Provinces>Unies  met- 
toieot  dans  la  balance  européenne;  il  faut  se  rappeler 
ensuite  le  crédit  dont  Aerssens  jouissoit  auprès  de 
Richelieu. 

Déjà  la  position  géographique  des  Provinces-Unies 
doubloit  leur  importance;  leur  soumission  ou  leur 
amitié  assaroit,  soit  à  l'Espagne,  soit  à  l'Angleterre, 
soit  à  la  France,  la  prépondérance  continentale.  La 
prospérité  d'un  commerce  qui  embrassoit  le  monde 
entier,  leur  permettoit  de  prendre,  dans  les  dépen- 
ses de  la  guerre,  une  part  au  moins  égale  à  celle  des 
premières  puissances  de  la  Clirétienté.  L'énergie  que 
la  République  avoit  déployée,  ses  luttes,  ses  victoires, 
le  rang  qu'elle  avoit  déjà  su  conquérir  en  Europe,  le 
contraste  de  ses  institutions  avec  celles  des  pays  oii 
les  agitations  du  seizième  siècle  avoient  irayé  la  route 
au  mépris  des  droits  publics  et  particuliers,  sa  richesse, 
l'étendue  de  ses  colonies,  le  nombre  de  ses  forces  de 
terre  et  de  mer,  l'ascendant  moral  de  son  exemple, 
l'autorité  qu'elle  exerçoit  sur  le  parti  réformé  en  Eu- 
rope par  ses  alliances  et  ses  conseils,  enfin  l'éclat  de 
ta  Maison  d'Orange-Nassau,  les  souvenirs  de  Guil- 
laume I,  le  renom  de  ses  fils,  tous  deux  grands  et 
benrenx  capitaines,  lui  donnoient  dans  les  relations 
diplomatiques  une  influence  très-considérable  et  quel- 
quefois même  décisive. 

Ed  veut-on  un  exemple,  on  n'a  qu'à  lire  les  détails 
que  donne  Richelieu,  sur  la  négociation  de  Charnacé 
à  la  Haye,  en   1634,  pour  prévenir  la  réconciliation 


,,Googlc 


avec  les  EspagDols.  Si  la  Hollande  faisoit  la  paix,  tout 
en  Europe  alloit  changer  de  face;  la  Suède,  se  réglant 
d'après  les  résolutions  de  la  République ,  étoit  décidée 
à  déposer  également  les  annes,  et  l'Empereur,  délivré 
de  ses  ennemis,  serait  dorénavant  maître  absolu  en 
Allemagne  \  Parmi  les  conseillers  de  Louis  XIII  plusi- 
eurs craignoient  que  la  trêve  n'eût  des  conséquences 
dangereuses,  même  pour  la  France,  et  Richelieu,  bien 
qu'il  s'élevât  avec  son  énei^e  ordinaire  contre  une  sup- 
position pareille,  reconnoit  néanmoins  que  le  sort  de 
l'Antriche  alloit  dépendre  de  la  détermination  des  Pro- 
vinces-Unies '.  La  trêve  eût  été  d'autant  plus  fatale  au 
parti  évangélique  qu'on  ne  pouvoit  guères  compter  sur 
les  dispositions  favorables  du  Roi ,  qui  pouvoient  devenir 
hostiles  avec  la  chute  ou  la  mort  du  Cardinal*.   L'ar 


'  „11  dit  ini  Qiniiiiijaurea  dea  Éttli  Ua  iaœDrAiieDti  de  ]i  piii  on  trtn, 
entra  Inquclt  Aoit  la  ruine  iadabitilile  àa  ifliires  d'AUemigDe.  Et  sor  o> 
qu'il!  lui  répondirent  qu'il*  j  reniMieroieiit  bien,  pareeqn'ilt  enverraient  kp 
pnJMBnt  ■econn  en  AUemigne,  il  leur  répliqua  qne,  e'ila  fÛMitent  la  p>ii,  ib 
n'iaroient  ploi  qni  accoarir,  d'antint  qne  le  ctiancelier  Oienatiani  lai  a*oit 
anirefoi*  dit  eon6deiDtn«it ,  lur  la  )Djet  de  baaneoap  da  propoeitlana  qn'il  ftitait 
alors ,  que  tant  cela  ne  l'enlendoiC  qu'an  oat  qne  lea  HoUindaia  contiHuaaKpt 
la  guerra,  pour  <x  qne,  s'il)  fiiaoieDt  la  paii,  il  la  ferait  de  la  part".  Jtà- 
mmrtt  de  Bielulie»,  *ni.  382. 

'  „Pla^aan  dn  ranaeil  dn  Itai  a'jtint  trouva  Aonnéi,  et  craignant  qne  celle 
trire  aeroit  la  mine  indabitable  de  eet  État,  le  Cardinal  an  eonttaire  dit  \ 
S.  M.  qa'jk  la  lénl  il  tiudroit  itra  aTeugle  ponr  ne  connoltre  paa  qn'il  Aoit 
meilleur  pour  le*  afiirea  dn  Boj  que  la  Irère  ne  te  fit  pa*  «d  HoUiode  qae 
le  contnirej  qu'il  faudroit  n'aToIr  point  de  •en*  pour  ne  préroir  paa  qne  I* 
tr^e  de  UoUanda  était  capable  d'attirer  la  paix  en  Allemagne,  linon  préaen- 
lemcut,  an  nioin*  l'aunéa  qui  vient,  et  aiun  donner  tna;en  t  ta  nuiaon  d'Aa- 
tricbe,  non  aenlement  de  reprendre  baldue,  mais  da  se  tirer  de  la  perte  min- 
table  <iA  elle  tomberoit  indubitablement  w  la  guerre  con^nnoit;  maia  qu'il 
faudroit  tire  on  atengle  on  pusillanime,  ou  toui  lea  d«u  ensemble,  pour  croire 
qne  le  aalnt  de  la  France  djpeudoit  absolument  de  ta  conliaualîon  de  la  guerre 
en  Flandre,  et  qne,  si  la  Iriie  se  faillit  en  Hollande,  ce  royannte  seroit  la 
proie  dea  Espagnols",  l.l.  SBB. 

'  En  1633  nfane  te  landgrave  de  Hesse,  G nitlanme- le- Constant,  incline  à  k 
paii:  „Sii:h  aof  Fnnkreich  lu  verlasaen  sei  misilichi  «cil  dîne  Krone  vor 
der   IJlrliebiuig    BiehelieD'i  den  ËTingeliscben  kdnesw^  geneigt  gowesen  j  ndl 


,,.GoogIc 


bandon  de  la  cause  commune  par  la  République  eût 
été  le  commeacemeDt  d'an  sauveK^ui>peut  général.  — 
Appréciant,  an  point  de  vue  européen,  cette  impoiv 
twce  de  son  pays,  Âerssem,  dans  les  négociations,  sa- 
voit  la  mettre  à  profit.  Il  se  plaint  à  Frédério-Henri 
de  la  nonchalance  des  ambassadeurs  de  la  Républi- 
que';  il  craint  qu'on  ne  la  fasse  ainsi  descendre  au 
rang  d'un  État  secondaire  ',  et  en  1639 ,  lorsqu'il  s'agit 
d'amener  la  France  à  pourvoir  plus  libéralement  aux 
besoins  de  l'armée,  il  écrit  au  Prince  d'Orange:  „La 
Fiance  vous  écoutera,  tant  qu'elle  pense  à  la  guerre, 
de  crainte  de  vous  voir  afifoibly;  car  vous  luy  estes 
plus  considéraèle  ea  la  présente  occurrence  que  tous  ses 
autres  alliés  ensemble,  et  vous  en  pouvez  prendre  voz 
avantages"'. 

Ses  avis  et  ses  considérations  ont  apparemment  eu 
plus  d'influence  qu'on  ne  le  suppose,  pour  décider  et 
encourager  Richelieu.  J'ai  déjà  rendu  justice  aux  gran- 
des qualités  de  celui-ci;  sans  çlles  on  ne  sauroit  ex- 


ucb  in  crblon  KirdÏDtl,  oclclieD  dcr  Fciuil,  wcnn  er  xa  boch  Bleige  nud  la 
ItShrUth  wrrdfl,  Icicht  am  dem  Wcgi  m  ranmcD  winan  wcrds,  kaÎDC  niih- 
Inltige  Sicterheit  gawshra".    V.  Rommel,  GetcMeÀ/»  rm  Htnen,  vni.  299. 

'  „UnB  cboM  me  ftchs,  de  Toir  g^D^nlement  looe  tea  imbMudenn  de  l'EaUl 
R  promener  ic;  iDatilemoit,  eomiae  ay  la  debora  ne  1e>  louelioit  point.  Ceit 
me  foibloM  do  goDTernnneiil ,  cl  tujDclle  peut  eatre  eoirîgje  par  l'sntlioriU 
A  juT  l'admoDilioD  de  V.  A.  Il  leur  ftQdrott  fnretter  lea  ooDieila  et  la  con- 
dntUc  dea  illîei,  qai  ont  dJTen  treictra  >ar  le  tapia  et  deequelz  il  s'en  trouver* 
loa^ara  qoelcnn  qui  ddiib  coneeraa,  et  la  priDcipale  penaje  de  l'Eapagnol  ett 
Aaitie  i  a'en  iTinliger  lar  ett  Ëatat,  qall  roit  to  coodition  de  ine'rilet  le 
rapport  dn  Princea  qui  redoutent  >b  graDdenr  et  partant  il  ecrebe  à  lea  en 
léptrer."   p.  113. 

'  ..Sortant  V.  A.  ne  doibt  aouSVir  qu'antre,  qui  que  ce  aoit,  enteprenne  de 
tnieter  ponr  cet  EaUl,  de  penr  qn'it  ne  loit  prini  eomnie  aeccMoiie  et  iodif- 
Smat,  aprte  qne  les  gnnda  aorojrent  adjnilé  et  compoaj  lenra  inljrtsti,  poai 
Mm  donner  lenr  gnam  en  partage."  I.  I, 

'  p.  160. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


pliquer  son  influence  sur  l'esprit  de  son  siècle  et  sur 
les  destinées  de  son  pays',  et  je  suis  convMncu  que, 
quant  aux  lignes  fondamentales,  sa  conduite  a  été  coa- 
fonne  à  un  plan  tracé  d'avance'.  M.  Mignet  a  pu 
dire  avec  vérité:  „il  était  doué  d'un  ferme  génie  et  du 
caractère  le  plus  résolu;  il  eut  les  intentions  de  toutes 
les  choses  qu'il  fit,  ce  qui  n'arrive  pas  toujours  aux 
grands  hommes;  sa  conduite  fat  le  résultat  de  ses 
plans".  Toutefois  l'existence  de  ces  plans  dans  son  esprit 
et  leur  commencement  d'exécution  dans  ses  actes,  lors* 
que,  sous  la  régence  de  Marie  de  Médicis,  il  entra 
pour  la  première  fois  dans  le  ministère,  n'est  pas 
également  avérée.  Ce  n'est  pas  seulement  M.  Miche- 
let  qui ,  par  des  raisons  qui  ne  semblent  pas  toujours 
concluantes*,  lui  conteste  la  persistance  dans  une  seule 


'  „E>  war  ein  Midu  ,  itt  du  Geprëge  Bdoea  GeÏBUa  dem  JihrhoDdert  inf 
die  Stira  drôckle.  Dct  BourbonùclwD  Monarchie  hsHe  er  ifare  WcltateUnoB 
gtgebcn.  Die  Bpoehe  «on  SpaniCD  hit  TOTâber,  dît  Epocbe  «an  Fracilnrekli 
vu  heraDfgcfBhrt."    Kaake.  II.  GS2. 

*  M.  MirtiD  fcrit*  „ln  piiaa  aDthentiqaea  du  tecueil  da  M.  AicDd  attce- 
tcdt  que  Hichelifla  avait,  dès  loo  aiénnucnt,  >ur  Ja  dir«tli>n  gài^rale  da  ggo- 
«crQcment,  toutes  les  iiétt  qu'il  reTcnilique  dans  Isa  éaiit  de  la  fin  de  sa  tîe". 
sut.  de  France,  xi.  205.  —  M.  Aveuel  lul-mâaie  oWeris:  „Sidi  doole  il 
faut  prendre  garda,  en  racontant  l'bistoire  des  grands  hummeg,  de  faire  hon- 
neur an  génie  de  ce  qai  ne  aerBÏt  AU  qu'nn  fatiard.  Tuntefoia  le  contraire  eat 
|ilus  difBeile  penl-élre  à  éviter.  Quand  on  l'arrête  t  la  lurfoce  des  évenemenla 
cl  qn'uD  n'obserra  qus  lea  réaullata,  on  >s  laiase  aller  k  beanconp  gnodtr  la 
puiawnce  de  la  fortune,  iC  i  lui  donner  plus  que  sa  part  dini  la  renommée 
An  Lonimea  câèbres;  ma»  quand  on  élndia  le  détail  dei  aBairea,  ou  voit 
mieui  coiiihien  le  auccès  appartient  ani  grands  hommes,  et  corubien  la  furluDC 
est  nécewairement  obâasante  \  leur  volonté;  combien  ca  qu'on  nomme  le  hanrJ 
ait  l'escUie  de  laurs  combinaisona,  et  combien  il  lour  a  fallu  d'activité,  de  tra- 
vaux, da  préroyance  pour  pra'parer  le  IriomptiB,  enfin  tout  ce  qu'il  y  a  de  per- 
aounel  dsns  la  gloirs".     Leltret  lU  SieieUeu,  I.   Introdoct.  lxxxit. 

'  „  Des  instructiona  dignes  et  habiles  furent  adreaséai  aux  imbaHideuri  Cran- 
.çBta,  en  Allemigna,  en  Italie,  en  Angleterre.  Le  langage  et  ta  pensée  de  Henri 
IV  reparnreat  dans  U  diplomatie".  Martin,  xi.  107.  L>  plus  remarqnnblade 
cet  Inatructloni  est  celle  à  M.  Schombcrg,  poer  son  voyage  en  Allemagne.  M. 
Michelat  s'en  débarrosie  en  (lisant:  „la  dép&be  de  Richelieu  k  Schomberg n'at 
qu'un  leurra  pour  amuser  les  Allemnndt".     Henri  IF.  el  Bich.  p.  ilt. 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


et  même  ligne  de  cooduite,  et  considère  ce  qu'on  lit 
à  ce  sujet  dans  ses  Mémoires,  composés  après  coup, 
comme  un  vain  étalage  ;  un  écrivain  qui  se  prononce 
avec  le  calme  et  la  prudence,  fruit  d'un  examen  plus 
impartial  et  plus  sérieux,  M.  Cousin  affirme:  „I1  ne 
Sut  pas  être  dupe  des  mémoires  de  Richelieu,  desti- 
nés,  conune  tous  les  mémoires,  à  tromper  la  postérité 
au  profit  de  leur  auteur.  Hichelieu  n'a  pas  du  tout 
commencé  comme  il  a  fini.  Il  a  commencé  par  être 
m  partisan  de  l'alliance  espf^ole  pour  complaire  à  la 
reine-mère"'.  Quoiqu'il  en  soit,  la  pensée  qui  devint 
pins  tard,  aax  yeux  de  tous,  la  base  de  son  système, 
écarter  les  différences  religieuses  pour  mettre  en  évi- 
dence l'antagonisme  politique ,  réunir,  sous  les  auspices 
de  la  France,  tant  parmi  les  protestants  que  parmi  les 
catholiques,  tous  les  éléments  de  résistance  contre  les 
desseins  ambitieux  de  l'Espagne  et  de  l'Autriche,  anéantir 
ùnsi  jusqu'à  ta  semence  même  des  guerres  de  religion, 
cette  grande  et  utile  pensée  fut,  longtemps  avant  que 
Richelieu  parut  sur  la  scène  politique,  le  principe  de 
M.  de  Somraelsdyck.  Dès  sa  venue  en  France,  il  évita 
soigneusement  toute  intelligence  avec  les  Réformés  qui 
eût  pu  compromettre  les  bons  rapports  avec  le  Roi. 
De  même  il  jugeoit  qu'en  se  concertant  avec  les  pro- 
testants en  Allemagne,  il  lalloit  se  garder  de  tout  ce 
qui  tendroit  à  mettre  l'opposition  entre  la  Réforme  et 
Rome  en  première  ligne.  C'est  ainsi  qu'en  1613,  fai- 
sant part  à  Mornay  du  traité  des  États  avec  l'Électeiu' 
Palatin,  il  ajoute:  „Je  ne  sçais  comme  qnoi  ceste  ac- 
tion sera  prise  à  Fontainebleau;  car  j'ay  peor  que  par 


'  »«  <fc  CÂevrme,  p    10. 


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de  petits  degrés  on  nous  veaille  embarquer  en  une 
ligue  de  religion,  laquelle,  de  quelque  part  qu'elle 
vienne ,  procurera  la  myne  de  l'Europe  ;  le  seul  re- 
mède contre  cet  inconvénient  seroit  si  cette  couronne 
se  vouloit  joindre  à  nostre  union  générale,  laquelle,  en 
la  diversité  de  sa  religion,  contiendroit  les  humeurs  tA 
les  affaires  daria  la  borne  des  intérests  pttretnatt  Pet- 
iot" '.  On  peut  donc  supposer  avec  vraisemblance 
qu'Aerssens  contribua,  si  ce  D'est  à  faire  outre,  du 
moins  à  fortifier  en  Richelieu  cette  idée  fondamentale 
et  directrice.   En  1629,  il  doutoit  encore  si  Richelieu 


1  Hit.  el  Comip.  di  D.  Montag,  xii.  246.  —  Il  y  «  dxDi  cetts  com»- 
pandancs  t  ce  aqjM  plasiean  4iitm  pungM  MOtrqDibleL  —  AemciM  rcdoolt 
les  négMlitiopi  iTcc  l'Anenugne,  à  l'an  ne  l'illie  m  mtmB  Icmpi  vite  I* 
Fnocs  et  l'Aiglelem.  „Si  la  Fruce  et  l'Ai^lHem  et  noi  pniriiioei  ac  n 
ràolient  pu  enwmble  poar,  par  ams  Terie  dicknlioD,  eonlenir  l'arahîdK 
Albert  àmt  le«  bornta,  tpparemmeiit  U  aucocMiDD  de  Julien  noua  jatten  ei 
aaa  grande  st  loague  gneite.  Noatre  minorité  craint  de  s'enlwiTUMri  en 
Angleterre  on  prâeile  k  néeenllé;  ehei  nona  il  j  (  dn  eoonge  u*t*;  maii 
b  pnidence  ne  venlt  pu  qu'on  baM  rien  que  le*  deu  rnja  m  «ojent  de  la 
compagnie".  16  Urt.  1618.  —  „La  grand-aeignenr  eat  retonmé  à  On- 
ataitinoplci  s>  venue  ponvoit  aeiile  cbinger  la  face  dea  lAim  de  l'empire. 
MsialeDut  l'empereur  irec  aci  catboliqnei  baatiri  de  BonTeini  deaaeinga,  et 
la  ligne  de  Mnoich  eat  bien  eacloae  en  Allemaigne,  nwia  eonceoe  i  Rome,  et 
qui  l'eitaniln  pur  tont  l'univen,  pour  i  )i  longue  diriaer  l'Europe  et  la  jetta 
t»  wu  gunre  de  reli^ÙH,  auquel  eat  je  ne  «çay  point  ai  noitni  neutralité  aelt 
trouTée  prudente  ;  car  il  j  en  a  qni  ae  feront  M^endant  elieli  du  parti  onnlnire 
L  edni  d'Eipagne,  me  lequel  cette  couronne  ne  peut  prendre  part".  IS  nrjl 
161S.  —  „Le  tnilé  dea  Princea  Proleatanl*  an  AUonegne,  pu  DMtre  «d- 
jondioD ,  donne  *n  grand  aeteminewunt  à  luu  ligue  générale  de  reUgien  ; 
cela  ae  cognoiat  bien  id;  mail,  ai  U  Franoe  («oit  tatre  de  la  partie,  elle  en 
rompre  le  deaseing  et  let  violeo»  mootienieDt;  louteabia  on  peniste  à  Toukû 
conaerTcr  U  nentralilé ".  9  m«  1618.  —  De  m&ne  Dupinaia-Morna;  écrit: 
„Je  Toii  la  Hgae  catholique- romaine  renoDéa  en  AUemagne;  udi  donte  pour 
cboqaer  let  proteatinai  et  puîaqne  le  roy  d'Eipagne  eil  chef  de  celle-U,  ce 
teroit  è  noilre  rOf  de  le  faire  chef  de  eeUe-ei".  28  min  161S.  —  „Je  ne 
reajonia  dn  bona  affecta  qu'a  produite  la  «éjonr  de  l'éleclear  dan*  n»tr«  paji. 
Ceat  DU  bien  général  pour  la  relligion  ;  maia  Ton*  remarqués  prodemment  qu'il 
ponrn  nater  une  eontr^gne  qui  diriaera  l'Europe  et  la  mellrt  ea  danger 
de  rajoe.  Le  remMa  aérait  pu  naître  aeUt,  penr  le  eonirepoidi,  ê'etla- 
cluut  à  tel  aneieni  alHé»,  et  ;  portut  »ee  toi  In  aeignenrie  de  Venue". 
7  juin  1613. 


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briseroit  avec  l'Espagne  '.  Il  est  également  probable 
que  ses  conseils  affermirent  Richelieu  dans  ses  réso- 
lutions hardies,  lorsqu'il  eut  à  lutter  contre  de  si 
nombreux,  de  si  violents,  de  si  puissants  antagonistes. 
N'oublions  pas  que  Richelieu  avoit  appris  à  connoître 
IL  de  Sommelsdyck,  qu'il  nourrissoit  pour  lui,  admis 
dorant  plusieurs  années  dans  l'intimité  de  Henri  IV, 
nne  haute  estime,  et  que,  d'après  un  observateur  très* 
iotetligent,  son  coeur  étoit  timide,  malgré  l'audace  de 
son  esprit'. 

S'il  est  à  présumer  qu'en  général  ses  avis  n'ont  pas 
été  inutiles,  on  peut  constater,  d'une  manière  encore 
plus  positive,  que  son  influence  a  porté  Richelieu  à  l'acte, 
le  plus  important  peut^tre  de  sa  carrière,  à  la  rupture 
fonnelle  avec  l'Espagne,  à  la  guerre  ouverte,  condition 
de  l'alliance  avec  les  Frovinces-Unîes  en  1635,  et  que 
longtemps  il  sembloit  envisager,  avec  une  espèce  de 
terreur,  comme  son  passage  du  Rubicon. 

Ici  encore ,  pour  ne  pas  se  tromper  sur  les  motifs  de 
la  détermination  du  Cardinal,  on  doit  faire  soigneuse- 
ment  attention  à  l'ordre  chronologique.  Après  la  bataille 
de  Nordiingue',  survenant,  comme  un  coup  de  ton- 
nerre, an  milieu  des  négociations  avec  la  République, 
ce  ne  fut,  à  ce  qu'il  paroît,  ni  l'espérance  de  grands 
avantages,  ni  les  instances  de  la  Hollande,  qui  agirent 
surtout  sur  Richelieu,  mais  la  conviction  que  l'Espagne, 
par  ses  intelligences  avec  les  mécontents  en  France ,  et 


1  n-denu,  p.  Li.  „II  lai  promet  la  Moonn  da  U  lUpnUtqai,  >i  Totlre 
iâil^nlioD  art  de  choquar  l'Etpagae." 

'  „HanriD  iTtit  plus  da  b&rdiena  dani  le  coear  qaa  daai  t'eiprit,  aa  eon- 
Inira  du  ardôi*]  da  Richeliea  f»i  tvmt  Petprit  iardi  et  U  eonr  liaùiU." 
U  KochefoaoDld. 

*  la  6  Sept.  1894. 


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enhardie  par  le?  succès  de  l'Autriche,  alloit  susciter  les 
plus  formidables  dangers;  que  le  maintien  de  la  po- 
litique extérieure  et  la  conservation  de  l'ordre  dans  le 
royaume  exigeoient  également  un  redoublement  de  har- 
diesse, et  que,  pour  se  défendre,  il  falloit  attaquer*. 
La  nouvelle  de  la  défaite  des  Suédois  causa  une  sen- 
sation extrême  à  Paris;  dès  lors,  s'empressant  de  don- 
ner suite  aux  délibérations  préliminaires ,  il  s'indignoit 
des  longueurs  et  des  délais  inséparables,  soit  de  la 
constitution  républicaine,  soit  d'une  ténacité  excessive 
sur  des  points  de  médiocre  intérêt 

Mais,  déjà  avant  ce  désastre,  les  débats  avec  les 
envoyés  des  Provinces-Unies  à  Paris  avoient  pris  une 
tournure  satisfaisante.  L'issue  ne  sembloit  plus  dou- 
teuse; il  ne  s'agissoit  que  de  quelques  articles  secon- 
daires, et  ce  résultat  favorable,  on  l'avoit  obtenu  par 
les  efforts  de  M.  de  Sommelsdyck. 

Richelieu  avoit  longtemps  hésité. 

Ltii-même  affirme  que  le  traité  de  1634  ne  fut  pas 
conclu  dans  l'intention  de  rendre  la  paix  impossible, 
mais  uniquement  à  cause  de  l'attitude  menaçante  de 
l'Espagne   dans   les    Pays-Bas'.    D  fit   négocier  avec 


'  i.Wenn  man  die  Gronde  dut  Dingo  nach  àen  epitcra  Erfolgcn  bsurtbeill, 
M  hnl  ea  daa  Anicheii ,  ala  hab«  aîch  die  franiôaicbe  Bcgiernog,  oacbdeoi  ibr 
su  vielei  iD  indireder  FcÎDdKligkett  gelungea  war,  durcb  die  HaSniing  anf 
Doch  grouere  Vortheilc  und  deflnïtlTe  EroberoDgcD,  UDd  aDtaerdeiu  hanptaicb- 
ttch  darcb  die  Holliinder,  die  ea  forderten,  la  oficnem  K ricge  beadmlom  Iumo. 
Gfht  Qiaa  aber  auf  die  aotheotiKhcD  DcekuiBle,  dïa  aaa  jenen  Tageu  iibrig 
aiod.  zariick ,  ao  gcwiDDt  man  eins  etwia  abweichende  Ansîcht".  Baakc, 
Franxët.  OeicA.  II.  457-  —  Aprta  avoir  rapporta  tei  eiigïDcea  ds  l'Etpagm  et 
lea  bruiti  aecr^ità  lur  Ica  iateatioDi  de  l'Empercnr,  il  *joute:  „Dnler  diocm 
Umsl&odBn  and  VaTauMetinDgen  mniite  cïd  Ereigniu,  wie  die  Sefalaebt  na 
Nôrdiingca,  rioeo  nnbeaehraiblicbiD  Eiadruck  in  Fraakreicb  machen." 

*  „  L«  Roi  a'aioit  point  fait  ce  traita  par  an  deeseia  de  faire  coatiniier  la 
guerre,  mais  pour  a«  préaecver  que  la  roi  catboliqoe,  ae  laiiBaot  peraoader  pal 


,,.CooglL- 


l'Empereur  '  ;  l'ambassadeur  de  France  en  Espagne  fiit 
Clément  chargé  de  faire  des  ouvertures  pacifiques*, 
et  M.  Pauw  et  Knuyt,  députés  à  Paris,  jugèrent,  du- 
rant les  premiers  mois ,  le  succès  de  leur  mission  très- 
incertain.  S'étant  décidé  à  des  mesures  vigoureuses, 
il  observe  que  ce  n'est  pas  de  son  propre  mouve- 
ment, mais  cédant  aux  instances  de  la  Hollande, 
quTI  a  pris  une  aussi  grave  détermination',  et,  résu- 
mEuit,  plus  tard,  les  motifs  du  traité  de  1635,  il 
s'exprime  ainsi:  „I1  y  avoit  longtemps  que  les  Hol- 
landois  en  soUicitoient  S.  M. ,  et  s'étoient  depuis  quel- 
que temps  laissés  entendre  assez  clairement  qu'étant 
las  de  continuer  la  guerre  ils  feroient  la  trêve,  à 
quelque  prix  que  ce  fût,  si  le  Roi  ne  se  déclaroit 
ouvertement.  S.  M.  avoit  toujours  différé  à  en  venir 
à  cette  extrémité,  mais  enfin  elle  s'y  sentit  obligée"'. 


qndqsti  «ipriU  bruoillaDt  qui  déainnt  mctlrE  le  Cm  cnlrc  Icura  Mnjestéa,  De 
pOftuHBt  »■  iimM  eoDirc  1>  Fnoce".  Méwuàret  de  BUielif%,  tiI[.  p.  HO. 
Le  paaifi  M  [apporte  nos  doute  m  •jjour  du  Dut  d'Orlniu  il  Bruielles. 

'  „Le  Roi,  DoDobitaDl  ta  Inil^  fiil  iTce  lo  Hullnudoii ,  tout  i  «ou  •van- 
tige  et  de  ta  confédérés,  ne  liiin  pai  en  niEme  temps  de  renier  (nus  In 
mojmi  pMsiblM  et  convensbles  pour  pirTenir  ik  une  p«ii  générale  en  la  chré- 
<)ailé,  ne  toalut  w  aenir  de  toni  wea  avantages  que  ponr  celte  fin"./,  l.  p.  121. 

'  1. 1-  p.  isa. 

'  ..Dit  d'Amlmnldeur  met  wierheyt  nïet  soude  konoen  aeggtn  aeo  bem 
tnii<;e  offre  totic  mptaret  gedien ,  maer  op  de  mcenicbvu)dig«  cnde  continnele 
ddnoiren  Tan  den  ambasadenr  den  Cuniogh,  ten  bealFU  nn  baer  Ha.  Mog. 
■Uet,  zoo  (erre  beirogeo  te  wmo  ali  h;  hadde  rerklaert".  Aitiema,  II.  ll»l>, 

*  Xémoirrt,  VIII.  2ST-  —  Ajontex  le  panage  suivant  relatif  ant  Déftodationa 
de  1B34.  ..La  Trince  d'Orange  dit  à  Charnacë  que  si  le*  inlérlti  du  Hoi  le 
partotRil  i  la  rwpinrt  avec  l'Eipagne,  les  Âtati  rompraient  s'il*  éloienl  en  ptil 
M  en  trhie  cl  t'iti  ne  l'avaient  point.  îli  promettoieot,  dès  cetto  beure.  de  ne 
b  point  hire  sans  le  eonscnlement  dn  Roi.  En  quoi  II  >a  peut  voir  combien 
ta  peuples  aonl  subtils  en  leurs  trailéi,  car  ila  demeurent  tonjours  dons  leurs 
Fnadpes,  et,  da  qnelqne  cAlé  qu'on  les  tourne,  ils  retombent  tonjonra  aur 
leui  pied*.  Lear  aniytie  deuein  était  qnt  le  Soi  enlrél  e*  raplare  aeie  l'Ss- 
ffaei  mojCDnanl  cela  ils  promeltoient  tout. ...  Ils  ne  veulent  rien  maiotraant 
pnimeltre  an  Bot  ds  leur  tniU  de  trira  on  de  paii  que  premiireaient  S.  H. 
le  s'aUi|n  de  nmprt".  p.  115. 

m.  vm 


,,  Google 


Quand  on  considère  les  conséquences  que  le  défi 
jeté  à  la  Maison  de  Habsbourg  pouvoit  avoir,  ainsi 
que  les  pétils  de  tout  genre  auxquels,  par  l'animosité 
du  parti  espagnol  en  France,  Richelieu  étoit  exposé, 
il  est  difficile  de  mettre  tout  ce  qui  précéda  sur  le 
compte  uniquement  de  sa  dissimulation,  et  de  préten- 
dre qu'il  se  laissoit  habilement  forcer  la  main  et  en- 
traîner en  apparence  à  ce  qui  faisoit  l'objet  de  ses 
ardents  désirs.  Même  après  s'être  décidé  à  la  rupture, 
il  protesta  de  ses  vues  pacifiques;  on  le  conçoit;  car 
il  devoit  éviter  ainsi,  autant  que  po^ible,  les  reproches 
de  ceux  qui  l'accusoient  de  sacrifier  le  repos  de  la 
France  et  de  l'Europe,  les  intérêts  du  catholicisme  et 
de  la  maison  royale,  à  une  ambition  désordonnée  et 
à  l'avancement  de  sa  propre  grandeur.  Agissant  de 
plein  gré,  il  tenoit  à  insinuer  qu'on  lui  faisoit  violence; 
mais  on  ne  sauroit  admettre  qu'il  en  fiit  ainsi  d'abord 
et  qu'il  n'ait  pas  reculé  longtemps  devant  de  graves 
considérations,  dont  personne  n'étoit  mieux  que  lui  eo 
état  d'apprécier  la  valeur.  Il  est  difficile  de  supposer 
qu'au  commencement  de  1634  il  étoit  venu  en  aide 
à  la  République .  par  des  secours  pécuniaires ,  dans 
l'intention  de  rompre  complètement  avec  l'Espagne  un 
an  plus  tard.  Si  dans  l'arrière-saison  les  événements 
de  la  guerre  imprimèrent  à  ses  préparatifs  d'attaque 
une  célérité  et  une  vigueur  subites,  ne  c'est  pas  lui  qui 
prit  l'initiative  de  l'acte  décisif  qui  devoit  amener  la 
rupture;  c'est  à  Aersseus  que  revient  l'honneur  d'avoir, 
lors  du  traité  de  subsides,  disposé  toutes  choses  pour 
arriver  à  son  véritable  but,  l'alliance  défensive  et  of- 
fensive de  1635. 

Son  ascendant  et  l'autorité  que  lui  donnoit  sa  longue 


,,.GoogIc 


expérience  diplomatique,  persuadèrent  aux  États-Gé- 
néraux de  charger  MM.  Pauw  et  Knuyt,  de  cette 
importante  mission.  Ni  le  Prince  d'Orange,  qui  avoit 
précédemment  désiré  la  trêve,  ni  ta  Princesse,  qui 
indinoit,  pins  encore  que  son  époux,  à  un  accom- 
modement avec  l'Esp^e,  ni  aucun  des  personnages 
influents  à  cette  époque',  n'auroit  conseillé  une  si 
hardie  démarche.  Pour  faire  prévaloir  un  tel  avis, 
il  falloit  de  la  finesse  et  de  l'audace;  le  parti  de  la 
paix  étoit  fort  puissant.  On  peut  en  juger  par  ce 
qui  eut  lieu  déjà  l'année  suivante.  En  juin  1635 
il  étoit  nécessaire  de  faire  „  perdre  l'importune  envie 
d'un  mal  asseuré  et  ruineux  traité"',  et  peu  après, 
on  ne  craignit  pas  de  renouer  secrètement  des  intel- 
ligences avec  les  Espagnols'. 

Pour  faire  ressortir  le  mérite  d'Âersaetis ,  conduisant 
à  bon  port,  malgré  des  obstacles  divers,  cette  aflaire 
éminemment  européenne,  trois  lettres'  sont  fort  re- 
marquables. 

La  première,  à  Richelieu  en  avril  1634,  montre 
que,  le  traité  de  subsides  à  peine  signé,  il  se  mit  im- 
médiatement a  l'oeuvre:  „Pour  asseurer  voz  conquestes 
et  ïostre  repos,  il  n'y  a  que  de  se  résoudre  à  une 
guerre  ouverte ,  en  laquelle  cet  Estât  employera  volon- 


>  Ni  M.  Knnjt,  ni  M.  Pinw  (qui  cependant  lembli  prendre  li  cbowi  eoear, 
fcitmii  t\an  ..combien  il  imports  de  muiateDir  cette  illiiDce  avec  la  France", 
p. SI)  ni  aartoot  M.  le griOer  Mnicfa,  qui,  en  16S5,à  l'occuioD  de  la  pralii)iie 
de  Cnneobarg,  ..^tant  âshaufff  de  lîn,  dit  au  duc  de  Booilion  qu'il  eapénït 
Un  Toir  qae  lea  Françaîa  n'etoient  paa  tousjoan  si  fins  comnia  lia  le  pCDHiient 
tire,  et  qu'ils  ne  Tendroient  pas  cette  fuil  leur  peau  comine  svoit  fait  le  feu 
Eoi".    Mim,  Je  RUA.  VlII.  491. 

'  p.  76.  '  ci-deisiu,  p.  S9.  •  Le*  lettrea  602,  BOB  et  SU. 


,,GoogIc 


tiers  ses  derniers  effortz,  qui  ne  seront  point  à  mes- 
priser'". 

Adressée  à  un  homme  de  confiance  admis  à  négo- 
cier sous  main ,  la  seconde  lettre  est  un  exposé  limû- 
neux  des  graves  motifs  pour  la  France  de  ne  plus 
différer  l'expédition  projetée  contre  les  Pays-Bas.  D'a- 
bord, c'est  là  le  vrai  moyen  de  terminer  la  lotte  eo 
Allemagne:  „Le  Prince  d'Orange  tient  que  la  vraye  et 
plus  courte  voye  de  ravaller  la  grandeur  d'Austriche, 
en  relevant  celle  de  France  pour  tout  jamais ,  seroit 
de  rompre  avec  le  Roy  d'Espagne,  et  de  l'assaillir 
vivement,  et  conjointement  avec  nous  au  Pays-Bas, 
de  quoy  dépend  l'événement  de  la  guerre  qui  s'entre- 
tient avec  tant  de  variations  en  l'Empire"'.  Ensuite, 
s'emparant  de  ces  provinces,  ou  leur  venant  en  wde 
poiu*  se  constituer  en  République,  la  France  assure  sa 
frontière  du  Nord  contre  des  invasions  subites,  qui 
peuvent  à  chaque  instant  menacer  la  capitale:  „le  des- 
logement  des  Espagnols  une  fois  procuré,  la  France 
ae  trouveroît  remontée  à  sa  primitive  gloire  et  puis- 
sance, sans  avoir  plus  besoin  de  regarder  arrière,  ny 
de  craindre  de  pareilles  secousses  qu'elle  a  par  le  passé 
reçeues  des  Pays-Bas,  d'où,  à  moins  de  rien,  peut  estre 
porté  une  armée  de  cinquante-mil  hommes  jusques  avx 
portes  de  Paris,  d'oii  aussy  on  peut  former  des  partiz 
et  de  la  division  au  dedans,  par  où  la  France  a  esté 
tenue  basse   et  en  trouble   ces  deruiers  cent  ans"'. 


'  p.  67.  '  p.  69. 

>  p.  60.  Cul  le  donbl»  molîf  que  fit  valoir  pi  ni  tord  MBziria  :  ..Erictitcia- 
D»!  aascinuider ,  nie  nel  t»  werlb  sei,  die  apanischer  Niedcriande  mit  Fnnt- 
tâcii  10  lereiDigen ;  dsa  ent ,  inriato  er ,  werde  Paris,  doa  Ueri  der  Monir- 
c)u«,  ditrcti  tin  uDûberwindlicbea  BoUwerk  gcaidiert  aeÏD;  idbd  wetde  nie  ndir 


,,.GoogiL- 


—   CXXI   — 

Bn  dernier  lieu ,  une  attitude  vigoureuse  est  indispen- 
sable, afin  de  prévenir  le  succès  des  menées  continuelles 
de  l'Espagne  pour  induire  les  Provinces-Unies  à  une 
paix  particulière.  „Je  vous  diray,  confidemment  mais 
véritablement,  que,  pour  faire  perdre  à  plusieurs  de 
nous  le  désir  du  repos,  il  est  nécessaire  de  leur  ou- 
vrir l'espoir  de  la  fin  de  la  guerre  par  la  conjonction 
de  la  France ,  sans  quoy,  croyez  moy,  ils  ne  cesseront 
jamais  de  toujours  porter  et  forcer  les  affaires  et  les 
volontez  à  quelque  accommodement  avec  l'Espagne; 
car  ilz  crient  incessamment  qu'ils  ne  voyent  point  de 
fin  à  la  guerre,  qu'ilz  sont  espuisez  de  moyens,  et 
qu'il  n'est  point  expédient  d'attendre  que  mangeons  le 
dernier  sol;  c'est  pourquoy  on  doibt  tascher  de  les 
engager  plus  avant.  La  rupture  avec  tlkpagnol  86' 
rùit  nostre  aauvement  et  aeureté  commune;  et  je  veux 
espérer  cette  résolution  de  la  prudence  de  monseigneur 
le  Cardinal,  que  nous  seconderons  de  tous  nos  efforts 
et  de  bonne  foi"'. 

Enfin,  dans  la  troisième  lettre,  écrite  au  Prince 
d'Orange',  lorsque  la  négociation  étoit  très-avancée  et 
qne  la  venue  de  M.  Knuyt  à  la  Haye,  pour  en  rendre 
compte,  alloit  donner  matière  à  de  nouvelles  et  dernières 
délibérations,  Aerssens  revient  sans  cesse  à  «ne  seule 
idée  ;  toutes  les  autres  considérations,  toutes  les  difficultés 


in  Scbrecken  tod  Corhie  wiedcnaerwirlcir,  docEi  dis  UntentùlioD;;  inaercr 
hcIionïD  ion  ylindrea  lier  zn  begorpu  biben".    Rinïs,  Fymiz.  (?«wJ.  III.  49. 

'  IJ  aJoDle;  „Si  conliDDons  bd  tnin  où  noua  aoDimeB,  il  •çaon  le  moita 
d'aidormir  noi  armes,  qae  nom  n'endosKrona  pliu,  a;  une  foia  uoDS  Im  raet- 
<oni  bu  ;  ce  qui  B  eTideramFot  paru  su  Iraicl^  da  la  trefie,  pendïDt  lequel  on 
*  rt  D^lîgK  et  metprit^  l'aoïilié  et  lea  oSrea  de  la  FrtDcs,  eapérsnt  de  a'ac- 
NEinioder  ivee  t'Rapagne,  quo;  qu'il  ne  demandut  le  repoa  que  poor  l'em- 
fbjet  l  l'oppreuioD  de  noz  allia,  pont  par  Bptit  relouroer  contre  nou», 
a>ee  np  redoublenieDt  de  ta  eSbrti".  p.  68. 

*  dD  18  loAt  168S. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


doivent  fléchir  devant  le  but  principal;  guerre  ouverte 
entre  l'Espagne  et  la  France:  „Sy  v.  Exe.  me  le  permet, 
j'ose  dire  qu'il  faut  tascher  à  tout  prix,  de  bond  et 
de  volée,  de  jetter  le  Roy  en  plus  évidente  démonstra- 
tion de  haine  contre  le  Roy  d'Espagne,  sans  nous  te- 
nir à  aucunes  conditions  sur  la  conduitte  de  la  guerre, 
ny  sur  le  partage  de  la  conqueste;  car  poarveu  que 
l'engagerons,  le  premier  et  principal  avantage  en  vien- 
dra à  l'Estat,  lequel  ne  finira  jamais  sa  querelle  par 
ses  seules  armes,  sy  d'autres  ne  s'en  meslent,  et  lors- 
que la  France  a  esté  en  rupture,  il  en  a  eu  moyen 
d'estendre  ses  limites  et  d'aff'ermir  ses  frontières ,  parce 
que  le  Roy  d'Espagne,  par  ambition  ou  par  crainte,  a 
employé  contre  elle  le  plus  grand  efibrt  de  ses  armes, 
dont  il  arrive,  qu'estans  trop  distraittes,  elles  nous 
pressent  moins  '.  Qu'est-il  besoin ,"  ajoute-t-il  „de  gran- 
dement marchander  des  conditions?"  Les  questions 
même  les  plus  importantes  dépendront  du  cours  des 
événements;  il  s'agit  seulement  de  porter  la  France  au 
pas  décisif.  „Ce  sont  des  points  qui  ne  demandent 
point  estre  par  trop  contestés,  car  ils  se  doivent  ré- 
gler au  progrès  de  la  guerre,  comme  aussy  le  faict  du 
partage,  qu'on  peut  faire  tel  que  la  France  désirera, 
pourveu  qu'elle  en  entreprenne  la  conqueste;  car  il  y 
a  bien  loin  d'icy  à  la  prinse  de  l'oùrs  et  il  arrivera 
cent  incidens  entre  deux,  qui  donneront  matière  et 
occasion  à  des  nouveaux  appointemens  et  capitulations. 
Par  provision  nous  aurons  tiré  ce  fruict,  d'avoir  porté 
la  France  à  prendre  sa  part  de  nostre  guerre,  pour- 
veu que  soyons  assez  avisés  d'aller   au  solide,  sans 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


perdre  les  choses  à  les  voulloir  trop  asseurer  ou  sub- 
tiliser" '. 

Il  j'  a  ici  dans  notre  recueil  une  regrettable  lacune, 
depuis  le  mois  d'août  1634,  jusqu'en  juin  1635.  Tou- 
tefois ce  qui  précède  est  plus  que  suffisant  pour 
faire  apprécier  l'habileté  et  la  persévérance  de  M.  de 
Sommelsdyck.  D  s'agissoit  d'une  des  négociations  les 
plus  importantes  de  l'histoire  modema  „Tou8  les  in- 
cidents des  dernières  années  n'avoient  été  que  les  pré- 
ludes de  la  lutte  colossale  qui  s'engageait";'  duel  final, 
dont  l'issue  décideroit  du  sort  de  l'Europe  '.  Richelieu 
hii-mème  étoit  pénétré  de  la  gravité  de  sa  résolution, 
et  ses  entretiens  avec  l'envoyé  de  la  République, 
M.  Pauw,  révèlent  sa  conviction,  ses  auxiétés  peut-être, 
à  cet  égard.  „Vous  seriez  vous  attendu,"  dit-il,  „à 
de  si  grandes  choses P  ministre  d'un  grand  Roi,  jamais 
encore  je  n'ai  été  chargé  d'une  n^ociation  aussi  im- 
portante; depuis  vingt-cinq  ans  il  n'a  été  question  de 
rien  de  pareil"'. 


'  p.  73.  L'ahorlilioa  i'kenaeaa  ttrieal  i  ce  que  disait  i  a 
m  ia  pTÎDdpiux  coBseillen  do  Roj  de  Fnoe«:  „dat  ■;  in  deten  ilt  ia  tea 
lomiclftt  iMhDordfn  te  procedercn,  en  dit  de  rupture,  Eijade  àe  joffroiiice  af 
de  trtjfdl,  die  meu  begeerde,  ...  at*  ey  d«  bryi/dt  gheemporteert  hadden,  oocb 
de  raMe  Muden  hebbcD  gbewoDncD."    AiUenii,  II.  32S. 

'  M«rtin .  Eut.  de  Fr.  %u  427. 

'  ,So  braeh  dieaer  arilte  GegeDutz  der  beiden  Hiiâiel  nad  ihrer  Monar- 
duRi,  der  niemilt  lafgehôrt  batte  Enropa  in  GIbrang  m  setiea,  noch  einmal 
ÏD  tglle  FUmmen  loa,  INe  Fnge  wu  ob  Spanien  des  elte  Uebetgewicht,  in 
dvMD  Beiili  rt  geglôrt  vir,  wieder  erobcrn,  odei  oh  Prenkreieb  die  neberle- 
|rae  Slellnng,  die  e«  ergriffen  nnd  laglcich  die  Korm  der  neaen  VerhiauDg, 
die  ce  >icb  gegebcn,  behioplen  nnd  nbdinn  leratiirken  wiirde,  Bin  proaseï 
Aeil  von  Enropa  irar  in  den  Streit  bereits  verwickelt  ;  di>  ScbicliHil  aller  sd- 
demi  bing  ion  Kioem  Augeng  ib."     liuike,  Ff.  OelcA.  II.  402. 

*  „De  Cardinael  rra^e  d'  AmbeaaadcDr  of  dit  geen  greote  saecken  mrenP 
en  (J  d'  AmbundeuT  wel  nlcks  badde  verwacht  ?  . .  Hj  lejde  de  eere  te  heb- 
ben  Ton  een  miniiter  te  lyn  tid  een  gnxA  Koningb ,  docb  noyl  loo  grooten 
taeeie  ob  dete  met  nienuint  ala  net  d'  AmbaMadeur  gehandelt  te  hebben ,  ghe- 


,,GoogIc 


Dans  l'histoire  de  la  Maison  d'Orange,  des  Provin- 
ces-Unies et  de  l'Europe  une  place  distinguée  appar- 
tient donc  à  M.  de  Sommelsdyck  (*]. 

Après  avoir  servi  le  Prince  Maurice  durant  de  lon- 
gues années,  il  devint  pour  le  Prince  Frédéric-Henri 
ce  que  fut  St.  Aldegonde  pour  Guillaume  I,  ce  que 
seroit  un  jour  le  conseiller-pensionnaire  Fagel  pour 
Guillaume  III ,  un  confident  éclairé  et  fidèle  '  ;  plus 
encore  peut-être;  il  semble  avoir  été  un  guide,  axissi 
bien  qu'un  appui.  Par  ses  avis,  par  ses  exhortations, 
il  fit  persévérer  le  Prince  dans  une  lutte,  au  succès 
de  laquelle  celui-ci  eut  une  si  glorieuse  part.  On  a 
prétendu  que,  depuis  1635,  redoutant  ses  alliés  plus 
que  ses  ennemis,  Frédéric-Henri  avoit  fait  mollement 


(']  Peut-ËIre,  en  comparant  la  part  de  Bicheliea  et  celle  de  M. 
de  Sommeladyck  au  traité  de  1636,  pounoit-on  aller  pins  loin  qae 
je  ne  suis  allé  et  préteodre  que,  mSme  après  la  bataille  de  Nord- 
lingue,  le  Cardinal  était  combatta  par  des  sentiments  contraires. 
De  détaiU  fort  curieux,  communiqués  par  Aitzema  snt  les  diverses 
phases  de  la  n^ociation,  il  résulte  qu'encore  à  la  fin  de  janvier 
1635  (u.  p.  228,  sïv.),  c'est-à-dire  jusqu'au  dernier  moment, 
l'affaire  sembla  péricliter.  Il  est  permis  de  soupçocner  que  Riche- 
lieu ,  qui  affectoit  alors  d'être  poussé  à  bout  par  les  longneurs  et  les 
tergiversations  des  HoUandois,  doutoit  encore  s'il  ne  vaudroit  pas 
mîeui  s'nbslenir  d'une  détermination  ai  audacieuse  et  continuer  à 
faire  la  guerre  d'une  manière  indirecte. 

lyck  fiy  oock  DÎet  gcloofde  dit  d'  Ambautdenr  gedtien  bidde.  mit  wel  (e  vrtdea 
te  wetïii,  dit  >y  t'ianien  de  me  souden  bebbca  ran  boo  groolen  tlaeli  alhicr 
genegotirert  en  le  vege  ^bracbt  te  faebbso  ■!>  in  geen  iff-n-twintich  jtroi 
groegocieïrt  wu."     A!Uen»,  II.   118,  iv. 

'  Ci-dcsiui.  p,  XX.TI1.  —  Ajoatci  le  Ifmoignnge  ds  M.  d'ËapoMa,  cd  1620: 
,,Je  De  vooi  dîny  rien  do  nourenu  de  Amen,  sinoD  qu'il  ■  beaucoup  plot  de 
part  auprès  du  prince  maderoe  qu'il  n'en  eût  juDiia  vers  le  àitunt,  leqad  ne 
K  deicbargeoit  pua  tant  de  petîlea  alTiirea,  dont  le  dit  Aracsi  soubge  fort,  non 
senlement  le  Prince,  maia  mesnnir)  l«i  Eatata  mèniei  la  promptitude  et  aou- 
plesee  qu'il  a  contractéei  par  le  long  luige  et  habitude  qu'il  a  eua  en  ffiDce, 
et  qui  nt  choae  rnre  an  ce  paja,  loj  eilanl  puaja  comme  en  autre  nature." 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


et  presque  à  contrecoeur  la  guerre.  Cest  une  étrange 
erreur'.  Ici  encore  la  correspondance  avec  Aerssens, 
éc-arte  toute  idée  d'un  calcul  pareil.  En  1635  il  n'est 
question  que  de  pousser  la  guerre  à  outrance  et  de 
joindre  à  l'invasion  des  Pays-Bas  une  expédition  ma- 
ritime  contre  l'Espagne*.  En  1637,  quand  le  projet 
d'aasi^er  Dunquerque  lut  abandonné  par  force  ma- 
jeure pour  l'entreprise  importante  contre  Breda,  ce 
n'est  pas  seulement  Aerssens*,  intéressé  à  prendre  la 
déiense  du  Prince ,  c'est  un  François  dont  on  ne 
sauroit  récuser  le  témoignage ,  Charnacé ,  qui  lui 
rend  pleine  justice,  dans  les  termes  Ira  plus  formels '. 
Lorsqu'en  1639  Aerssens  écrit:  „Je  sçay  bien  que  la 
France  murmure  assez  contre  les  succès  de  cette  cam- 
pagne ,  mais  les  siens  propres  ne  sont  point  à  preuve 
de   repartye"',  au  lieu  de  chercher  pour  les  Hollan- 


'  d-dtÈioa,  p.  I. 

*  „Cctte  propoiition  bien  entreprinH,  comme  liptiée  ia  lulrn  coDcepliciiil 
par  terre,  telml  ponr-  mettre  hita  it  l'etTro;  et  da  dfwrdre  >ui  affiirei  d'Es- 
pagne, laqncilc  joD]'t  d'un  prorgiid  repoi,  pour  tenir  le  demeorant  doli  Chrea- 
tieolé  en  guerre  el  en  d^renM,  De  a'ctlsiit  retunij'e  d'iaraoe  inoaioD  de  tout 
OD  aiècls."    p.  8E>. 

>  p.  99. 

*  „J'ai  coannuDiqué  i  M.  le  Prince  d'Orange  loitre  Me'moire,  >ur  lequel  il 
m'i  rBapoadn  que  tout  le  monde  el  mos  ftrlic*fiirfiHe«l  avait  connoissaDce  du 
dnoir  que  let  Eiliti  et  laj  aToient  Tait  pour  eifcnter  le  premier  draeÏD.  et 
l'inipostibïlîté  qui  t'y  al  Iroai^,  comme  pour  la  Kconds  et  troiniine  inn^. 
qui  eit  oï  il  ftadroit  djbarqoer,  l'en  empoche  entitrEineiit  et  qn'aiDajr  ne  pou- 
nnt  mieux,  il  falliHt  de  njeessilj  a'atlaeher  aa  noindre  en  conaidération ,  mail 
u  plu  en  force  et  en  dîfBciilté.  En  qno;  Fon  ne  ptut  ni^  que  Itmt  ne  lail 
Irèt-wérilaile,   an   moina  i  ea   que  j'en   aj  peu  voir  et  recognoittre".   p.  9S. 

*  Le  liige  de  Breda  fnt  trii-nlile  ï  la  France,  „  Les  nonrelles  qoe  j'aj  de 
Paria,"  éait  Aeraseni,  „tcBliflent  dg  la  (atûfaction  qu'on  y  a  da  aiige  dcTBDt 
Breda.  i  isnse  qu'il  les  loaltge  d'une  puisunle  diTeriioD ,  c'est -i- dire ,  que 
toat  l'dort  de  la  guerre  e*t  donnj  en  partage  k  V.  A.  On  taaebe  de  noua 
faire  croire  qn'on  ;  eetoit  1  projetter  de  granda  desaeini  et  nous  en  donner  dea 
esp^oMS,  miSa  il  cet  trèséiidcnt  qu'on  s';  contenta  d'aller  idi  bicoques  et 
k  la   nehe ,   an  lien   de  mesnager    voi    armes,    qui  jutqnet   icy   ont  tena  en 


,,Cooglc 


dois,  dans  le  peu  de  zèle  des  alliés,  un  prétexte  pour  se 
relâcher  eux-mêmes,  il  ajoute:  „Eb  tout  cas.  Monsei- 
gneur, sy  on  vient  à  toucher  cette  chorde,  il  sera  bon  de 
sauter  par  là-dessus ,  pour  vous  jetter  ensemble  sur  un 
nouveau  concert  de  l'avenir,  taschant,  parmy  les  con- 
ditions du  marché,  d'obtenir  une  bonne  et  prompte 
subvention,  qui  nous  donne  moyen  de  fournir  à  l'en- 
tretien des  trouppes  extraordinaires"  '.  Loin  de  mé- 
riter des  reproches,  Frédéric-Henri  plus  d'une  fois 
eut  lieu  de  se  plaindre.  Allié  sincère  et  actif,  lors- 
que, à  la  fin  de  1641,  il  engageoit  les  François  à 
porter  de  préférence  leurs  armes  en  Italie  ou  en  Ca- 
talogne', c'étoit  pour  déjouer  les  intrigues  de  ceui 
qui  vouloient  la  paix,  et,  en  écrivant:  „je  m'apper- 
çois,  depuis  quelque  tems,  que  les  progrès  du  Roi 
dans  les  Pus-Bas  donnent  de  grands  ombrages  aux 
Ëstats  et  aux  Peuples,  et  j'ai  été  plusieurs  fois  pressé 
de  ne  me  pas  engager  pendant  les  campagnes  à  des 
entreprises  qui  faciliteroient  les  conquêtes  du  Roi  en 
Flandre"*,  il  pouvoit  hautement  déclarer:  „je  n'ay  pas 
laissé,  nonobstant  toutes  les  remontrances  qu'on  m'a 
faites  sur  cela,  et  la  mauvaise  disposition  des  peuples, 
de  faire  tous  les  efforts  qu'il  m'a  été  possible  pour 
favoriser  les  desseins  de  Sa  Majesté"*.  Et  non  seule- 
ment  tandis   qu'Aerssens    vécut,  le  Prince  prêta  son 


tacheq   c«llea   d'Eapagne,   cl  plus  il  y  t  en  de  péril,  et  plos  grande  en  aen 
ïoilre  gloire."   p.  110.  '  p.  160. 

*  „Js  erou  qu'il  en  de  la  pTodeoee  de  temporiier,  et  decberolierlca  mofeoi 
de  dâraire  ces  Mupfoni:  sin»  je  croia,  ijne  ai  le  TUA  rouloit  bien  porter  ea 
■rmea  la  cempagne  procbainc  du  c6l^  de  le  CalBlpgne,  m  de  l'Italie,  oela  me 
donoerût  le  tema  et  lei  occoaionB  d'effaon  ta  impreesions  ijoi  se  soot  faiteaau 
les  eipril«  de  ce  Paîa,  et  de  les  ^érir  de  l'opiDton  <]u'ils  ont,  qae  la  gnidenr 
(lu  Koi  leur  eal  plia  Duitibls  qoe  celle  du  Koi  d'Espagne."  U'Eilradei,  Lrtlm 
>t  mg.  I.  63.  •  (.  (,  p.  08.  *  1.1.  p.  63. 


,,.GoogIc 


—  cxxvn  — 

appui  moral  à  Richelieu  et  sut  apprécier  la  vigueur 
de  sa  politique;  après  sa  mort,  il  persévéra  dans  cette 
voie,  et  la  lettre  au  Roi  de  France,  en  1643,  lorsque 
le  Cardinal  étott  menacé  par  les  coupables  menées  de 
Cinq-Mars,  est  un  homm^e  rendu  à  ses  mérites  et 
à  la  mémoire  de  M.  de  Sommelsdyck.  Si  le  Roi  ren- 
voyé son  ministre,  le  Prince  juge  un  revirement  de 
politique  inévitable.  Far  la  disgrâce  de  l'homme  il- 
lustre, personnification  du  système  pratiqué  avec  de  si 
brillants  succès,  l'alliance  sera  dissoute  et,  saisissant  le 
dernier  moment  opportun ,  il  se  hâtera  de  faire  sa  paix. 
„Si  les  bruits"  écrit-il,  „qui  courent  que  le  Cardinal- 
Dnc  n'est  plus  dans  les  bonnes  grâces  de  V.  M.  et 
qu'elle  lui  a  ôté  le  soin  de  ses  affaires,  sont  véritables , 
elle  ne  trouvera  pas  mauvais  que  j'accepte  des  condi- 
tions si  avantageuses  à  messeigneurs  les  États  et  à 
moi."  Ne  craignant  pas  d'exprimer  sa  pensée  avec 
amertume  et  de  lancer  au  Roi  de  France,  en  termi- 
nant sa  phrase,  un  trait  piquant,  il  ajoute:  ..d'autant 
plus  que  je  ne  pourrois  pas  prendre  confiance  en  de 
nouveaux  ministres ,  gui  aeroîent  pénètre  plus  IkpcujnQh 
ipie  Fraru;ms"  '. 


I  '.  l.  p.  7S.  —  De  Diéme  dans  l'InstroctioD  il  M,  d'EsIrades;  „Sj  leCirilioal- 
i)Dc  ot  bon  des  boDnn  gricea  du  Roi  et  fort  milsde,  il  dira  1  S.  M.  q lie  ne 
pnaint  plu  confiiaee  en  de  noaveiui  Minïstrea,  j'icceplerBi  les  offres  que  Ice 
Etjaipiali  me  font,  qni  sont  tcèe  svantigfuaes  aui  Elata  et  à  moi;  mais  si 
UoaaeigDEur  le  Cardinal  reete  toojoiira  dans  le  miDie  crédit  et  dana  le  gourer- 
Demeot  dea  affairée,  il  l'aeeureTii  que  je  refluerai  tout  ce  ijai  m'a  iii  offeK," 
p'  T7.  —  Il  est  tru  qne  aimaltaD^ineDt  le  Prioce  demiDde,  il  la  date  du  1S 
jaïllet.  la  giSce  du  Une  de  Bouillon,  „Dne  prtaoD  perpétuelle,  afin  qne  je  ne 
(«re  pu  répandre  ion  asng  eur  un  échifand;"  roaia,  déji  le  10  jnio ,  et  Inra- 
p'il  n'âoit  pas  encore  qiiejtiOD  du  péril  de  son  beau-rrère,  M.  d'Eatredea  écrit 
à  RidHJira  :  „ïl  m'a  paru  BTDÎr  une  telle  horreur  de  l'ingratilnde  de  moDlieur 
Je  Onq-Hin,  et  entrer  ai  arant  dana  lea  intérËts  de  Vostie  Émincnce,  que  je 
la  poil  aaaûrer,   qn'elle  peut  compter  sûrement  aur  «on  amilif,  et  sur  la  ma- 


,,GoogIc 


La  persévérance  des  Provinces-Unies  dans  l'alliance 
françoise,  malgré  les  tentatives  continuelles  et  inoppor- 
tunes du  parti  aristocratique,  est  due  en  grande  paitie 
uux  efforts  du  Prince  d'Orange,  mais,  pour  le  soute- 
nir dans  cette  voie,  il  falloit  la  sagesse  et  l'énergie, 
la  décision  et  la  constance,  l'habileté  et  le  crédit  de 
M.  de  Sommelsdyck.  La  renommée  d'un  diplomate 
qui  a  rendu  de  si  inestimables  services  à  la  cause  de 
l'indépendance  des  États  et  de  la  liberté  religieuse  et 
politique  dans  le  monde  chrétien,  ne  doit  pas  rester 
circonscrite  dans  les  bornes  étroites  de  notre  pays. 
Par  son  génie,  aussi  bien  que  par  la  direction  qu'il 
sut  imprimer  aux  conseils  de  la  République,  il  fiit 
associé  aux  haut^  vues  de  Richelieu  et  à  une  ligne 
de  conduite,  salutaire  pour  l'Europe  en  général,  et 
nous  avons  droit  de  citer  maintenant  l'ensemble  de  sa 
carrière  de  négociateur  et  d'homme  d'Etat,  comme 
preuve  de  l'authenticité  du  magnifique  éloge  que  lui 
a  donné  Richelieu  lui-même,  déclarant  que,  dans  tout 


Dièrc  amoUgciua  àoM  il  m  dUpoae  i  a'en  eipliqoer  iao*  le»  ocaùova."  p.  73. 
„  La  diipaùlMD  oïl  il  teaiDuigne  estre  nt  telle  que  V.  Ë.  pcat  ]%  soubiiler, 
paar  fiire  Toir  ï  laote  l'Earope  oomUen  il  eat  étroitement  ddï  i  la  Fnnce, 
et  11  part  qa'il  conlinue  de  preodre  i,  to>  inlérit»."  p.  li.  Il  e>t  ^aleninl 
vrai  que  RïchelieD  srait  chargé  d'fktradn  de  aollielter  celle  démarcbe;  aiaii 
il  s»  fonde  aur  lea  proCestaliont  qee  Frédéric- Henri  iToit  ansTïnt  bit  1  aoe 
égutà.  „  Il  anrGra  que  voua  le  raaiiez  aouienir  çu'il  vûa*  a  dit  timtml  <\m 
c'eat  pTiacipaiemaDt  la  eonSaoce  qu'il  a  dam  mn  aoina  qoi  te  Uent  attaché  aai 
iulércl)  de  ta  France,  et  lui  fait  rejetter  lea  offrea  de  l'Espagne;  que  \m  •eoti- 
■ueDi  qn'il  a  ]ionr  moi  lar  cette  matière  tant  aaei  eatmiu  de  Uml  eeia  ;■> 
entrent  dam  lei  affnrst,  et  qn'ainai,  pendant  qn'on  a'eSoree  ici  de  blcMer  ma 
réputition  et  de  noircir  ma  canduila  auprès  dn  Roi,  il  eat  de  mon  arintage, 
et  en  qoelque  façon  de  mon'  honneur  de  continuer  A  a'eipliqneren  ma  bTeu." 
p.  C8.  El  d'&tradea  npporle  :  „  Je  loi  li  repréaenlé  qn'il  >e  aonvenoit  uiei 
coninen  de  fiât  il  m'avoil  dit  que,  «i  Votre  SmineoM  D'aioit  en  main  les  (f- 
filirrs  de  la  France,  il  accepteroit  les  offrca  que  Ini  f^iaolt  le  Roi  d'l>ip*gie, 
et  ■'lecommaderoit  avec  celle  CoDronae."  p.  TE. 


n(F) 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   CXXIX   — 

le  cours  de  sa  vie,  il  D'avoit  rencontré  que  deux  grands 
politiques,  Oxenstiem  et  Visconti,  dignes  de  lui  être 
comparés  ('). 

VIII. 

François  d'Aerssen  mourut  à  la  fin  de  1641  et  Ri- 
chelieu un  an  plus  tard.  Quelques  années  s'écoulèrent 
encore,  avant  que  leur  but  fut  complètement  atteint; 
mais  leurs  efforts,  en  combattant  l'absolutisme  ultra- 
montain  par  l'union  du  protestantisme  avec  les  catholi- 
ques intelligents  et  modérés,  aboutirent  au  traité  de 
Westphalie  et  firent  sanctionner  la  tolérance  évangé- 
lique.  N'oublions  pas  néanmoins  qu'ils  avoient  eu  des 
devanciers  ;  que  cette  politique  habile  et  vigoureuse  fut 
mise  en  pratique  par  Henri  IV  et  Éhzabeth,  par  Mau- 
rice et  Barneveld;  rappelons  nous  surtout  que  c'étoit 
la  politique  indiquée  et  inaugurée  par  Guillaume  I. 


0  Dn  assez  grand  nombre  de  ses  lettres  se  trouvent  dans  la 
Oarrttponiance  de  Duplasù-Momag  et  daoa  les  Lelirea  et  Négoei' 
o^KiM  de  li.  de  Biuaneal  et  de  FranipU  tCAeruen  publiées  par 
M.  ie  professor  Vreede     (Leide,  1846). 

Dans  les  BijdrageM  voor  Vaâerlandêehe  Qeiehiedetiù  de  H.  Nyhoff, 
M.  Vreede  en  a  donné  treize,  écrites  de  1620  à  1630  au  comte 
(!e  Colemburch.  Je  lea  ai  plusieurs  fois  citées  (voyez  ci-dessus, 
p.  XLvn,  s»,  Lv,  cra,  s?.)- 

Vraisemblablement  il  y  en  a  encore  dans  des  archives  publiques 
et  particulières.  Récemment  les  Archives  du  Royaume  à  la  Haye 
(nt  fait  l'acquisitioD  d'une  série  de  lettres  confidentielles  d'Aerssens, 
depuis  le  19  décembre  15tf9  jusqu'au  22  janvier  1603,  écrites  de 
Paris  à  M.  Vatcke,  conseiller  d'Etat,  trésorier-géoéral  de  la  Zétande, 
trWonnu  lui-mÈme  par  son  influence  et  ses  talents.  Leur  place 
me  semble  désormais  marquée  dnns  la  correspondance  de  la  Maison 
d'Omnge-Nassau  et  j'espère  pouvoir  un  jour  les  insérer  dans  un 
tome  supplémentaire. 


,,  Google 


Après  comme  avant  la  paix  de  Vervins,  Henri  IV 
iut  l'adversaire  de  l'Espagae.  „I1  persista,  malgré  sa 
conversion  au  catholicisme,  dans  son  alliance  avec 
l'Angleterre  et  les  États  protestants ,  sachant  bien  que 
là  étaient  les  adversaires  naturels  des  puissances  en- 
nemies ou  rivales  de  la  France  et  de  lui-même."  '  La 
lutte  n'étoit  qu'interrompue  et  alloit  éclater  avec  un 
redoublement  d'efforts ,  lorsque  sa  mort  survint  et  livra 
la  France  à  la  triste  régence  de  Marie  de  Médicis. 

L'avènement  des  Stuart  et  leur  conduite  mesquine- 
ment égoiste  et  pusillanime  fit  mieux  encore  apprécier 
les  grandes  qualités  d'Elisabeth  et  les  tendances  d'un 
règne  durant  lequel,  malgré  beaucoup  d'hésitations  du 
moins  apparentes  et  une  prudence  excessive  peut-être, 
cette  grande  Reine  n'oublia  cependant  jamais  que  la 
défense  des  intérêts  protestants  étoit  indispensable  pour 
sa  propre  sécurité  et  pour  celle  de  son  pays. 

Quant  au  Prince  Maurice,  il  eut  en  horreur  toute 
idée  de  raccommodement  avec  l'Espagne,  et  lorsque, 
la  trêve  expirée,  les  témérités  et  les  revers  du  Roi 
de  Bohème  eurent  fait  naître  pour  les  protestants  de 
graves  périls,  consacrant  encore  à  son  pays  cette  éner- 
gie morale  que  l'épuisement  des  forces  physiques  n'avoit 
pu  abattre",  il  ne  voyoit  de  ressources  suffisantes  que 


I  M.  Gaizot  InlrodueUoH  à  PEittoire  de  la  Répiiilipce  des  Protâteet-Vnitt 
par  J.  LotArop  MoiUg.  (Piria,  1B59). 

*  „Le  PrinM  d'Onngc,"  ^rit  Acrucnt  an  10S5  bd  cooita  d«  CDlmboKh. 
„De  l'eadort  point  en  HotioElle,  aÎDS  continue  d'abiodooner  volontiera  wu 
npoi  et  annlé,  poiir  leur  prérérer  notre  eslrstioa  et  lubiiitence  i  il  se  prJjMn 
\  ie  tronier  lui  occasioas  et  à  la  former.  Prince  gntnJement  préroTinl  d 
diligent,  qui  vent  tonejoara  avoir  un  faîct  presl;  plcnat  ï  [)iea  que  m  unifie 
ieeoud*>t  fid^etncnt  eu  ce  soïd;  ...  ajaut  i>  porter  en  son  raprit  le  aoin  et  In 
Diojeni  de  notre  eabnilence,  k  qaoj  i  pêne  poorroit  lafflre  on  corpa  Ua 
vigoureux." 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


dans  un  changement  de  conduite  de  \&  France,  où  com- 
mençoit  à  se  faire  sentir  la  main  puissante  de  Richelieu  '. 
Ici  encore  je  me  plais  à  rendre  justice  à  Barneveit. 
n  faut  se  garder  d'attribuer  à  ses  maximes  de  diplo- 
matie  européenne  les  résultats  qu'auroient  pu  avoir 
ses  erreurs  dans  l'administration  intérieure  de  la  Ré- 
publique; il  ne  faut  pas  le  rendre  responsable  des 
fautes  que  commirent,  après  lui,  ses  adhérents.  L'in- 
tervention imprudente  dans  les  questions  dogmatiques 
qui  agitoient  t'Église  Réformée  et  son  obstination  à 
vouloir  imposer  l'unité  de  culte,  malgré  la  diversité 
de  la  foi,  son  dédain  d'une  opposition  consciencieuse 
et  populaire,  la  violence  de  ses  mesures,  qui  devoit 
aboutir,  oa  à  l'oppression  de  la  liberté  religieuse,  ou  à 
la  guerre  civile,  cette  inflexibilité  de  t'amour-propre 
dans  une  voie  oii  probablement  il  n'avoit  pas  eu  l'in- 
tention de  s'avancer  si  loin,  pouvoit  aisément  devenir 
fatale  à  l'indépendance  d'un  pays  où  les  catholiques 
étoient  encore  nombreux  et  qui,  suffisamment  affoibli 
par  des  divisions  intestines,  courroit  grand  risque  de 
retomber  sous  le  joug  du  Pape  et  sous  la  domination 
des  Espagnols  (').    De  même  on  ne  sauroit  nier  que 


0  Cest  à  lort  qu'on  m'a  nagé,  naguère  encore  et  après  la 
pnblicatioa  do  second  Tome,  parmi  lea  antagonistes  de  fiame- 
Te)L  Si  le  jugement  modéré  et  impartial  qne  j'ai  tftché  de  porter 
«a  SI  politique  iutérieure  pareil  ik  quelques-uns  encore  trop  sévère, 
je  me  félicite  doublement  qu'avant  de  connoitre  mes  Prolégomènes 
H.Fniin  qui,  par  son  excellent  oarrage  sur  l'époque  de  1588  à  1698, 

>  Uiuricc  tgroit  Miucrit  tsoi  doute  à  ce  qD'fcrÎToit  AcmcDil*  11  mtn  162S 
1  M.  da  Culnibaieh  :  ,,Li  Frtnce  u  licot  CDOor  lar  le  boa  bout,  hioi  dâi- 
bMg  de  fiirs  qactque  ihoM  poor  noua,  ouii  irrénJne  de  qaelle  fifon;  et 
fitain  mu  doate  nueil  à  l'JvàicmtDt  de  notre  entrepriiUBi  aj  btnnu,  je 
priroj  qa'ella  se  portera  à  un  pini  grand  minnemcDt ,  et  dapuri  fmrr»  wanfrw 
J>  nirii  du  déumf  MKÇMtl  nom  voipMU  la  CAretiienté." 


nrg,t7cdb/G00gIc 


—  cxxxn  — 

ses  successeurs  et  ses  disciples,  en  dirigeant  le  parti 
aristocratique,  n'aient  souvent  trop  incliné  vers  une 
paix  séparée,  qui,  en  donnant  satisfaction  aux  intérêts 
particuliers  et  secondaires,  auroit  compromis  dangereu- 
sement les  intérêts  communs  et  sacrés  qui  formoient 
le  principal  objet  de  la  lutte.  Malgré  cela  il  me  pa- 
roît  évident  que  Barnevelt  lui-même  fiit  toujours  parti- 
san d'un  système  énergique,  et  que  lui  aussi,  sans 
jamais  négliger  l'Angleterre,  fit  constamment  entrer 
l'appui  de  la  France  dans  ses  calculs.  En  1593  sa 
conduite  est  remarquablement  semblable  à  celle  d'Aers- 
sens  en  1634.  11  ne  néglige  rien  pour  engager  Henri  IV 
dans  une  guerre  ouverte  avec  l'Espagne ,  dont  les  Pays- 
Bas  deviendroient  le  théâtre  et  le  prix  '.  Il  fait  tous 
ses  efforts  pour  prévenir  la  paix  de  Vervins  et,  ras- 
suré par  la  déclaration  positive  du  Roi,  que  la  sua- 
pension  d'armes  ne  doit  servir  qu'à  les  reprendre  en 
temps   opportun,  il  exhorte  tes  Etats  à  persévérer*. 


tient  un  rang  ilistînguc  parmi  ceux  qui  s'occupent  aérieusenienl 
de  l'histoire  de  notre  pays,  soit  arrivé,  quant  à  la  témérité  et  la 
violence  des  mesures  de  Barnevelt  contre  les  calviaistes,  à  peu 
près  aux  mËmes  résultats. 

'  OldenbuDcvclâ  rMiges  »«>  douta  rinstmcttoD  da  12  juillet  1SB3  i  M. 
Calairt,  CDiojé  de  li  RÎ^pDbliqae  aaprh  de  Heori  IV.  „D'Rutaiit  qu'il  est  tout 
^«ideiit  que  le  Ro;  ne  poana  poaB^er  aaa  Royauliue  m  ptii  et  repoa ,  tiidit 
que  l'eitat  itn  Pafi-bos  sera  gonteroé  par  lea  miniitrei  du  Roj  d'ËspagDe  el 
qa'ila  aaroot  le  mojeD  d'}  rormet  dei  irm^ea  et  d'en  tirer  Ist  cammoditei  pwr 
reatreléacment  et  eonduits  d'iMilet  en  FnoM,  fera  le  dict  Calaart  tout  iA- 
voir  poNible  pour  induire  6.  M.  i  croira  qu'il  n'y  a  meillenr  mojva  poun'**- 
lorer  en  md  Eitat,  et  dotoomer  de  son  Ro^alme,  de  ce  coaiU-li.leaeffartt. 
conlremincs  et  factions  de  «et  enneoii,  que  en  rainât  la  guerre  en  HaÎBaulttt 
Artoia,  d'oA  il  eit  le  plus  aidj  et  snhminittré  d'hommes  et  d'aultrea  commodi- 
tez  et  néceaaitas ,  ainai  qu'il  eat  appani  par  les  eip6diliou  demiirea ,  qui  oal 
fié  (uotes  en  France  de  aa  part."  [JrtMvei  d%  Bofaiime). 

*  Il  ]r  a,  ï  ce  iqjet,  un  paange  eitrtmeinent  remarquable  daoa  It»  Nifecù- 
liant  de  M.  Jnnniu.  „Le  denr  Bamerelt",  &rit-il  &  M.  Villcroi,  „noaiadil 
do  vivant  de  M.  de  Buianval ,  que  S.  M.  donaoit  cet  aident,  non  en  inlentiai 


,,.CoogIc 


Si  quelques  années  plus  tard,  contredisant  Maurice,  il 
fit  conclure  la  trêve,  on  doit  remarquer,  d'abord,  que 
la  reconnoissance  de  la  République  en  fiit  la  condition 
première;  ensuite,  que  l'épuisement  des  ressources  finan- 
cières la  reodoient,  selon  lui,  inévitable;  enfin  qu'il 
en  étoit  de  cette  trêve,  comme  de  la  paix  de  Vervins 
elle-même;  qu'en  déposant  les  armes,  il  s'agissoit  sur- 
tout de  reprendre  haleine ,  et  que  Bamevelt  avoit  l'oeil 
constamment  ouvert  sur  les  intentions  et  les  menées 
des  ennemis  naturels  et  irréconciliables  de  la  Républi- 
que. Ses  vues  étoient  conformes  à  celles  de  Henri  IV; 
il  en  donna  une  preuve  remarquable  lorsque,  la  trêve 
à  peine  signée,  la  succession  de  Juliers  manqua  de 
iaixe  immédiatement  recommencer  les  hostilités  contre 
l'Espagne  '.  Je  doute  fort  que,  vivant  et  en  liberté,  il  eût 
conaeillé  eu  1621  le  renouvellement  de  la  trêve-   Dans 


de  M  retirer,  inii)  pour  1»  ucuarir  BeerUemml ,  occuper  Ici  rorcn  ït  coud- 
■CT  la  niayeni  du  roi  d'Etpiipic ,  pcodant  truii  od  quatre  toi ,  m  bout  dsaqnoli 
dla  loi  Koit  promu  et  atnré  lie  la  propre  toncAe  denirer  oiuertewml  t» 
/Htm  contre  In,  le  pHiDt  de  faire  en  »rte  que  lei  Étatt  roDlaueDt  Miatenir 
eMe  iracrre  joiqn'ia  dit  tempt,  et  que  le  gnerre  qu'il  ftroit  alori  oueertement , 
le*  dâiiRroit  de  tout  p^ril.  Ce  que  le  dit  Huznpni  nona  coaGrmi  Etre  vrai  H 
MOI  k  aouliot  i«ec  Baroereldl ,  lequel  j  adjoniti  inaii  qoe ,  lar  celte  upënnee 
de  il  d^bntiDD  de  S.  M.,  il  avait  Tiit  taulca  torlEi  d'eSorta,  et  donaf  »ii 
Il  hÛB  grandea  \eifa  en  aoD  paia  et  t  été,  k  mi  dire,  pruquiU  teulautetir 
itfnra  durer  U  guerre  tl  l'atamcn/é  contre  rEipajuol."  lÀ  Villeroi  répond 
qi'ni  effet  S.  M.  ■  dit  à  Bime>elt  que  la  paii  oe  aerailquepoar  Iroiiouqnatt* 
aH,  à  11  8d  deaqoela  elle  entrerait  en  j(nerra  contre  l'Ëapigna  aiee  Ici  È'ata. 
I  Apprenant  U  mort  do  Use  de  Clîra,  Henri  IV  6et\\,  la  8  airil  1609, 
i  U.  Jeanntn:  „S'il  nenuil  que  le)  archiduc*,  on  to  rorcca  qui  «ont  de  prê- 
tent en  leor  paya  enlrepriaaent  quelque  choaa  au  dit  paya ,  j'aurnia  jnate  injat , 
Ma  iMilefiient  da  regretter  la  trèra  qne  ja  lenr  ai  procura,  et  U  peine  qoe 
j'y  à  tnipkif^,  RiKia  de  m';  oppoaer  ouTerlement.  Je  na  pnii  croire  pareille- 
Mat  qna  let  Eut*  de*  Provîncea- Unie*  fonloaaent  touffrir  une  telle  uiurpetion 
par  l'int^rlt  qn'ila  j  auroicnt,  lellement  que  je  prétoia  que  ce  deuein  aeroit 
Nfflnnt  de  «ri-Bifaie  ponr  renierHr  du  tont  li  dite  Irère,  et  rallumer  la  fta 
i»  )*  gnene  itcc  plo*  d'ardeur  qne  jamaii ,  luqnet  caa  je  tdiu  déclare  qne  ja 
«•druii  tire  de  la  partie  et  m'y  plonger  de*  plui  aianl.  Parle*  en  1  mon 
muia  U  prince  Maurice  et  an  (ienr  de  BiniBTeil . .  Vdu*  iviierei  de  retarder 
la  CDDeluMOB  de  la  irèie,  ù  >uu*  jugei  qu'il  aoit  n  jceaniie  et  le  puiaiici  faire."  — 

m.  ix 


,,GoogIc 


une  situation  aussi  menaçante  pour  rindépendance  des 
Provinces-Unies  et  lorsque  la  défaite  du  parti  protestant 
en  Allemagne  venoit  de  rendre  l'Autriche  plus  que  ja- 
mais formidable,  il  n'eût  pas  voulu,  par  une  neutralité 
timide,  écarter  momentanément,  et  faire  par  là  même 
grandir,  un  péril  qu'on  ne  pouvoit  vaincre  que  par  l'u- 
nion active  et  persévérante  de  tous  les  intérêts  menacés. 

Enfin  la  politique  d'Aerssens  et  de  Richelieu,  qui 
tendoit  à  l'abûssement  de  l'Espagne  et  à  la  paix  de 
religion,  par  la  commimauté  d'intérêts  et  d'efforts  entre 
les  Provinces-Unies  et  la  France,  étoit  surtout  con- 
forme à  la  marche  lumineusement  tracée  et  suivie  avec 
précision  et  fermeté  par  Guillaume  I. 

Dès  le  commencement  des  troubles  dans  les  Pays- 
Bas,  l'alliance  frnnçoise,  fut,  plus  qu'aucune  autre,  son 
point  d'appui.  Même  après  les  horreiurs  de  la  St.  Bar- 
thélémy, même  après  la  perfidie  du  duc  d'Anjou,  il 
persista  toujours  à  renouer  le  lien  que  le  Éwiatisme  et 
la  mauvaise  foi  avoient  déchiré.  Les  Allemands  lui  en 
faisoient  de  vifs  reproches  et,  malgré  leur  confiance 
presqu'illimitée ,  le  comte  Jean  de  Nassau  et  un  grand 
nombre  d'entre  les  Réformés  désapprouvoient  sa  con- 
duite. La  province  de  Hollande,  dans  sa  confiance  dé- 
mesurée en  ses  propres  forces,  ne  prenoit  part  à  ces 
négociations  qu'en  apparence  et  sous  réserve  expresse 
d'une  indépendance  complète  sous  un  gouvernement 


Jeanom  i^|iOnd  l«  8  ivril  à  M.  da  Villeroy:  „|e]  lettres  du  Ko!  mnt  venaa 
trop  tard  pour  différer  ou  rompre  ce  traill . .  Le  ajear  Bnme'eldt  m'a  dit  rt 
répili  que,  H  S.  M.  reut  prendre  It  d^renie  de  l'âlecleur  de  Rnndcbourti.qai 
KDilile  «Toir  le  plu<  ïpperenl  droit.  Ut  te  joUuirctit  acte  elie  pimr  faire  U 
gmirre  à  qui  çae  ee  mil.  Le  Prince  Miuriie  croit  qu'il  scm  diflleile  de  fiiR 
rentrer  en  guerre  les  États,  quoique  If  Heur  de  Bameiieid  mt  ràdU." 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


séparé.  On  prêtoit  au  Prince  des  vues  intéressées  qui 
loi  faisoieot  méconnoitre  les  réalités  de  la  situation.  Il 
s'obstinoit,  disoit-on,  à  rallier  autour  de  soi  l'universa- 
lité des  Faj'S-Bas;  il  en  coiivoitott  le  gouvernement- 
général  ,  il  ne  pouvoit  se  résoudre  à  renoncer  aux  per- 
spectives brillantes  qui,  un  moment,  avoient  paru  s'ou- 
vrir devant  lui.  Le  territoire  borné  de  deux  ou  trois 
provinces  ne  lui  suffisoit  point;  entraîné  par  son  am- 
IstioD,  abusé  par  de  vaines  espérances  et  par  des  illu- 
sions que  partageoient  avec  lui  ses  conseillers  flamands 
et  brabançons  exilés  de  leur  pays,  il  croyoit  avoir  be- 
soÏQ  de  la  France  pour  exécuter  de  si  vastes  desseins 
et  méprisoit  ainsi  les  sages  conseils  des  hommes  d'Etat 
i]ui,  en  Hollande,  démontroient  la  fausseté  de  ses  calculs, 
et  s'efiorçoient  en  vain  de  le  ramener  à  la  simplicité  de 
l'adage  populaire:  „qui  trop  embrasse  mal  étreint." 

La  méditation  attentive  des  discours,  des  mémoires, 
des  lettres  du  Prince  lui-même,  publiés  soit  par  les 
liistoriens ,  soit  dans  notre  correspondance,  devroit  suf- 
fire abondamment  à  réfuter  de  telles  suppositions.  Né- 
anmoins de  nos  jours  on  les  renouvelle  encore  et  il  ne 
sera  donc  pas  inutile,  en  terminant  ces  Prol%omènes,  de 
^re  remarquer  que  la  tentative  sans  cesse  réitérée  de  trai- 
ter avec  la  France,  est  une  preuve  éclatAnte  de  sa  rare 
peispicacité  et  de  la  largeur  de  son  coup  d'oeil  politique. 

Souvent  il  réduisoit  ses  adversaires  au  silence,  en 
opposant  à  leurs  plaintes  et  à  leurs  promesses  l'absolue 
Decessité  et  les  périls  du  moment.  „Si  en  telles  ex- 
trémités je  recevois  quelque  bon  conseil,  ce  seroit  bien 
ce  que  mon  coeur  désireroit ,  mais  je  voy  que  cbascun 
sçait  bien  reprendre  le  conseil  d'aultrui,  mais  nul  ne 
m'en  donne  de  mffllleur.    On  me  dict  que  je  me  doy 


,,GoogIc 


deffier  du  parti  de  France.  Les  dangers  qu'il  y  a  de 
ce  costé  ne  me  sont  incognens,  aina  peult  estre  mieoi 
cogneues  qu'à  ceuls  qui  en  parlent,  et  me  touchent 
de  plus  près  qu'à  nul  aultre:  à  qui  doncq  vealton 
que  je  me  fie' F  Dans  un  an  d'ici,  dans  six  mois, 
TOUS  allez  me  secourir;  apprenez  que  l'homme  affamé 
a  besoin  de  nourriture  aujourd'hui;  il  ne  refuse  pas 
le  pain  qu'on  lui  ofire,  dans  t'attente  lointaine  de  vo- 
tre superbe  festin"  ',  —  Certes  ce  n'est  pas  an  Prince 
qu'on  peut  reprocher  de  n'avoir  pas  fut  entrer  en 
ligne  de  compte  le  courage  d'une  population  qui  ré- 
siste à  ses  oppresseurs.  Dans  son  admirable  lettre  en 
1574,  au  moment  que  la  défaite  du  Mokerheî  venoit 
de  détruire  ses  plus  chères  espérances,  écrivant  à  son 
frère:  „il  me  souvient  de  ce  que  autrefois  je  vous  ay 
dict,  que  l'on  pourroit  maintenir  ce  pays  contre  toutes 
les  forces  du  Roy  d'Espaigne  l'espace  de  deux  ans, 
mais  qu'alors  aurions  nécessairement  besoing  d'estre 
secourus",  il  ajoute:  „Dieu  le  peult  maintenir  sans 
aultre  secours,  ainsy  qull  a  faict  jusques  icy,  mais 
j'en  parle,  humainement".  Humainement  parlant,  le 
triomphe  des  Espagnols  ne  seroit  pas  facile,*  mais  il 
seroit  inévitable.  Malgré  les  avantages  de  sa  position 
géographique  et  l'étendue  de  ses  ressources,  la  Répu- 
blique naissante  ne  pouvoit  subsister  sans  un  allié  pnis- 
sant.  Aussi  ceux-mêmes  qui  avoient  été  le  plus  décidés 
dans  leur  opposition  au  Prince,  suivirent,  immédiate* 


'  Archwei.  1«  Sim.  T.  VIII.  p.  Ml.         '1.1.1.  VU.  p.  ÎM. 

>  „QnaDt  la  pautrca  bibilaoa  d'iey,  ii\aut&  de  (ont  le  monde,  TMldrojol 
toutnfaii  opiaiutTer,  lisiy  qn'il*  ont  fiiict  jaaqaea  i  miinteniiit,  et  emM 
j'e«|>irB  qu'ili  feront  eucore,  et  que  Dieu  ne  noua  venille  ehulier  et  dn  IM* 
perdre,  il  coutteroit  ani  Eipignoli  encore  li  moilif  d'E>piif[ne,  Unt  co  iàm 
qu'en  bommei,  devant  qu'ili  laroient  tàcl  1i  dn  de  Doo*."/.  /■  T.  VIII.  p.  Ml- 


,,.  Google 


—  cxxxvu  — 


ment  après  lui,  son  exemple.  Sans  être  arrêtés  parles 
justes  ressentiments  contre  la  race  alors  si'  déchue  et 
si  méprisable  des  Valois,  les  États-Généraux  en  1585 
supplièreot  te  Roi  d'accepter  la  souveraineté  et,  dans  un 
passage  remarquable  de  ses  interrogatoires,  Oldenbar- 
nevelt  affirme  que  lui  aussi ,  pardessus  tous  les  efforts 
possibles  dans  le  pays  même,  avoit  jugé  l'assistance 
de  secours  étrangers  indispensable  '. 

Toutefois  ce  n'étoit  pas  uniquement  par  nécessité 
et  en  dernier  ressort,  que  le  Prince  avoit  recours  à 
la  France;  c'étoit  en  premier  lieu,,  par  choix  arrêté 
et  par  calcul  politique.  Parmi  les  puissances  de  l'Eu- 
rope la  France  seule  étoit  à  même  de  contrebalan- 
cer les  forces  de  l'Espagna  L'expérience  avoit  déjà 
&it  voir  que  l'alliance  des  deux  couronnes  étoit,  pour 
l'indépendance  des  États  et  pour  la  cause  du  Pro- 
testantisme, le  plus  redoutable  danger.  La  rivalité 
entre  François  I  et  Charles-Quint  avoit  contribué  aux 
prc^rès  de  la  Réforme  et  le  Prince  n'avoit  oublié,  ni  le 
but  secret  de  la  paix  de  Câteau-Cambresis,  ni  les  persécu- 
tions religieuses  qui,  dans  la  France  et  dans  les  Pays-Bas, 
forent  les  détestables  fruits  de  ce  sinistre  accord.  II  s'a- 
gisBoit,  ou  de  sauver,  avec  le  concours  de  la  France, 
la  Réforme  dans  les  Pays-Bas  et  dans  la  France  elle- 
même  0,  ou  de  la  laisser  périr  partout,  par  un  nouveau 


(')  Il  ne  faut  jamais  perdre  de  vue  que,  de  l'alliBlice  avec  les 
'  .,t)*t  hy  Eu  tSST.  tôt  milort  niickenfaoral .  Dm  htm  le  divertcrcn  vnn  liet 
opupn  Tin  dm  lait  tpt  Tretlchniiilcl ,  wel  vfit  mecr  tui  tle  H»^  tsd  't  tnnt  JD 
punie  lermen  mig  hrbbfn  getpriiken ,  mnRr  dut  bU  in  tjjn  pwiiM  sn  gemoet 
de  laken  deur  landen  Jcgent  't  gewclt  der  Spingiaer- 
jitmtis  tn  genids  ibq  GwI  >)in*)[tif(.  ea  ille  mofKlyke  deb- 
hier  le  lande  coD  te  wt^e  brencen ,  geoorderU  bcell  de 
irondcn   en   de  goiUecrden  d«Mr  ItodeD  len  hoogalen  nodig 


D,g,t7cdb/COOgIC 


concert  des  deux  plus  grandes  puissances  catholiques. 
„Je  prévoys  clèrement",  écrivoit  le  Prince,  „que,  si  ce 
pays  est  une  foys  abandonné  et  remis  au  joug  et  soabz 
la  tyrannye  des  Espagnols,  qu'en  tous  antres  pays  la  re- 
ligion s'en  ressentira  merveilleusement,  voire,  en  parlant 
humainement,  sera  en  termes  d'estre  à  jamais  déracinée, 
sans  qu'il  en  aparoistra  quasi  une  estincelle.  Les  Alle- 
mansse  pourroyent  avecq  le  temps  bien  appercevoir  du 
dommaige,  comme  aussi  feront  les  Anglois,  qui,  s'at- 
tendant  aux  événemens  et  yssues  de  nos  affaires,  ont, 
comme  ils  estimoient,  par  grande  prudence,  toiisjouis 
voulu  temporiser ,  et  les  pouvres  Franchois ,  qui  de  si 
franche  volonté  ont  de  rechef  pris  les  armes  pour 
le  faict  de  la  religion,  seront  en  plus  grande  perple- 
xité; car  advenant  (que  Dieu  ne  veuille)  la  perte  de 
ce  pays,  faut  bien  craindre  que  le  Boy  de  France  fera 
nouvelle  ligue  avecq  le  Roy  d'Espugne,  pour  tout  en 
un  coup,  s'ils  peuvent,  extirper  cette  religion"'. 

Ce  fut  la  guerre  entre  la  France  et  l'Espagne  qui  dé- 
joua les  combinaisons  de  Philippe  II  et  mit  en  évidence 
les  résultats  salutaires  et  les  avantages  réciproques 
d(!  l'union  de  ses  adversaires  naturels.  Tantôt  le 
Prince  de  Parme,  pour  secourir  Paris,  étoit  forcé  d'in- 
terrompre, dans  les  Pays-Bas,  le  cours  de  ses  succèsi 
tantôt,  lorsque  la  Ligue  sembloit  triompher,  une  di- 
version puissante ,  due  aux  brillantes  campagnes  du 
Prince  Maurice  et  aux  secours  qu'il  envoyoit  en  France, 


ProviDces-Uoies,  dépendoit  pour  les  calvinistn  françois  l'appui  du 
Boi  et  de  la  famille  royale  contre  les  Guise,  qui,  s  la  tête  dn 
parti  ultramontaia ,  se  prévaloieat  des  pr^u^cés  et  des  emportements 
populaires. 

'  Archivée.  1"  S^rie,  IV.  p.  H88. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


veooit  rétablir  les  affaires  du  Roi.  Le  triomphe  de 
Henri  IV  et  l'Edit  de  Nantes  forent  le  résultat  d'une 
alliance,  qui  garantit  et  consolida  l'existence  de  ta 
fiépnblique.  De  plus  en  plus  l'histoire  est  venue  con- 
firmer le  jugement  que,  déjà  en  1593,  le  comte  Guil- 
laume-Louis portoit ,  écrivant  au  prince  Maurice:  „Pour 
faire  un  vray  contrepoix  contre  un  ennemi  le  plus 
puissant  de  l'Europe,  vostre  père,  comme  le  premier  et 
pins  sage  Prince  de  son  temps,  a  jugé  nul  moyen  plus 
propre  que  de  mettre  la  France  en  picque  contre  F  Es- 
pagne. Quel  solide  jugement  et  prudence  c'a  esté, 
V.  Ëxc.  et  les  plus  sages,  pondérans  la  puissance  de 
l'ennemy  et  examinans  à  plus  près  la  disposition  des 
afiaires  d'alors,  tant  du  Pays-Bas  que  de  la  France 
60  particulier  et  de  toute  l'Europe,  en  comparant  les 
conjonctures  et  affaires  présentes  avecq  les  événements 
du  temps,  en  poiuront  donner  vray  et  souffisant  tes- 
moignage.  Quant  à  la  France,  Dieu  montre  assez 
évidemment  combien  il  a  estimé  cet  homme  rare  en 
luy  faisant  part  de  ses  conseils,  en  ce  que,  grâces  à 
sa  divine  bonté,  les  affaires  de  France,  contre  l'attente 
de  tout  le  monde ,  sont  déjà  en  tels  termes  qu'en  sen- 
tons au  Pais-Bas  grand  soulagement  de  misères,  et 
commençons  à  cest  heure  à  fixer  nez  yeulx  à  ce  que, 
par  telle  divine  prudence,  cet  excellent  Prince  a  de 
si  longue  main  prévu". 

Inlatigable  à  mettre  l'alliance  françoise  en  première 
ligne,  cet  excellent  Prince,  par  sa  divine  prudence,  avoit 
encore  un  autre  et  puissant  motif.  Le  catholicisme  en 
^ance  était  la  religion  de  VÉtat;  cette  circonstance 
qui,  selon  plusieurs,  rendoit  l'alliance  impossible,  étoit 
pour  lui  une  raison  de  plus  de  la  dédrer. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


Etablir  en  Europe  la  paix  de  religion,  par  une  tolé- 
rance réciproque,  étoit  le  but  de  ses  efforts.  Mais, 
dans  la  poursuite  de  ce  noble  dessein,  il  avoit  à  lutter 
contre  des  antagonistes  divers,  même  parmi  ses  amis 
et  au  sein  de  sa  famille. 

Un  parti,  très-puissant  par  le  nombre  et  par  l'éner- 
gie, le  parti  des  ultra-réformés,  se  disant  calvinistes, 
alloit,  dans  ses  prétentions  passionnées ,  beaucoup  plus 
loin  que  n'avoit  fait  Calvin  lui-même.  Non  seulement 
la  tolérance  envers  tes  catholiques  leur  sembloit  une 
chimère,  une  dangereuse  utopie,  une  magnanimité 
presque  ridicule;  non  seulement,  évoquant  de  lugubres 
souvenirs,  ils  rappeloient  sans  cesse  que  deux  religions 
irréconciliables  étoient  en  présence;  que  le  papisme 
étoit  essentiellement  persécuteur;  que  sa  modéra^on 
apparente  étoit  une  dissimulation  perfide  et  un  épou- 
vantable guet-à-pens,  et  que,  pour  ne  pas  être  écrasé 
par  un  tel  antagoniste,  on  étoit  forcé  de  l'anéantir. 
Rivalisant  de  zèle  et  de  fanatisme  avec  les  plus  fou- 
gueux partisans  de  l'Église  de  Rome,  eux  aussi  con- 
aidéroient  l'intolérance  comme  un  devoir.  C'étoit,  di- 
soient-ils,  trahir  sa  foi,  que  de  permettre  l'exercice  du 
culte  romain,  que  de  choisir  un  Prince  cathoHque, 
que  de  s'allier  à  des  États  non  réformés.  Même  ils 
se  demandoient,  la  Bible  à  la  main,  s'il  ne  falloitpas 
assimiler  les  papistes  aux  habitants  idolâtres  du  pays 
de  Canaan,  livrés  et  désignés  par  la  colère  divine  au 
fer  exterminateur  des  iîdèles  Israélites. 

Non  sans  doute  par  indifférence  ou  manque  de  fer- 
veur, mais  par  une  foi  dégagée  des  préventions  et  des 
passions  de  son  époque,  et  dans  l'intérêt  de  la  religion, 
le  Prince  s'élevoit  contre  ces  exagérations  funestes.  Mais 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   CXLI   — 


comment  y  résister  avec  quelques  chances  de  succès? 
comment  faire  fléchir  les  prétentions  nitra-réformées  et 
ultramontaines,  qui  repous8oient  également,  comme  cri- 
minelle ,  toute  tentative  de  conciliation  ?  Il  n'y  avoit 
qa'un  moyen.  Il  falloit  rallier  contre  la  tyrannie  es- 
pagnole protestants  et  catholiques  ;  il  fiilloit  enlever 
ainsi  à  ta  lutte  son  caractère  religieux,  en  sachant  y 
substituer  le  caractère  national  et  politique. 

Dans  l'alliance  françoise  ce  système ,  auquel  le  Prince , 
dans  les  affaires  intérieures  des  Pays-Bas  fut  constam- 
ment iidèle,  se  retrouve  tout  entier.  Si  les  catholi- 
ques venoient  au  secours*  des  réformés,  si  les  réformés 
prenoient  pour  souverain  un  Prince  catholique,  par 
là  même  la  tolérance  réciproque  alloit  s'établir.  Par 
l'identité  des  intérêts  l'effervescence  des  passions  reli- 
gieuses pourroit  se  calmer.  Malheureusement  il  n'en 
fitt  pas  ainsi;  la  violence  des  antipathies  mutuelles  fit 
échouer  ce  projet;  un  déchirement  complet  devint  iné- 
vitable et  rendit  à  Philippe  II  la  moitié  des  Provinces 
qui  avoient  repoussé  son  fiinatisme  avec  sa  tyrannie. 
Toutefois  l'oeuvre  commencée  par  Guillaume  I,  en  bri- 
sant la  ligue  de  religion  par  une  ligue  natiouale  et 
politique,  fut  éminemment  salutaire.  Désirant  agir  de 
concert  avec  la  France,  il  n'avoit  pas  uniquement  en 
vae  la  délivrance  des  Pays-Bas.  Kien  ne  lui  sembloit 
plus  propre  à  faire  prévaloir  la  charité  chrétienne  dans 
le  droit  public  de  la  société  européenne  en  général.  La 
coopération  avec  les  Provinces-Unies  contre  l'Espagne, 
terminant  en  France  la  guei're  civile,  ralliant  les  Fran- 
çois au  nom  des  intérêts  patriotiques  et  plaçant  la 
France  à  la  tête  des  nations  coalisées  contre  l'ambition 
menaçante   qui   aspiroit  à  la  domination  universelle, 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—   CXLII   — 

fei'oit  ainsi,  dans  l'abandon  de  maximes  persécutrices 
et  par  la  pratique,  adopter  la  théorie;  le  respect  en- 
vers  les  consciences,  introduit  pax  le  fait,  seroit,  pu 
lassitude  et  en  désespoir  de  cause  ou  par  sentimoit 
de  justice,  admis  en  droit,  et  la  guerre  entre  les  peu- 
ples auroit  un  jour  la  paix  des  croyances  pour  résultat 

Absorber  les  haines  religieuses  dans  l'unité  des  in- 
térêts politiques,  cette  idée,  constamment  présente  à 
son  esprit,  fut  également  l'idée  dominante  de  Henri  IV ' 
et  de  Richelieu  '  ;  l'idée  qu'exprimoit  avec  clarté  et  force 
M.  de  Sommelsdyck,  proclamant  qu'une  It^e  de  relu 
ffion  seroit  la  ruine  de  l'Europe,  et  ne  pouvoit  être 
évitée  que  par  un  seul  remède;  si  ta  France  catholique, 
se  joignant  à  l'union  générale  des  Réformés,  conteiioit 
par  son  alliance  la  guerre  dans  la  borne  des  intérêts 
purement  cPÉtat  '. 

Le  traité  de  Westphalie  fiit  le  couronnement  de 
cette  politique. 

lia  gloire  en  revient,  en  grande  partie,  au  Prince  qui 
indiqua  et  ouvrit  la  voie.  Douze  ans  après  la  mort  de 
Guillaume  III,  le  traité  d'Utrecht,  rabaissant  rinso- 
lence  de  I^otiis  XIV,  lut  son  oeuvre,  fruit  de  sa  vie 
entière  et  d'une  lutte  terminée  par  les  graoda  capi- 
taines et  les  grands  hommes  d'Etat  qu'il  avait  formés. 
Au  commencement  de  notre  siècle,  le  profond  politi- 
que qui  dans  la  révolution  françoise  combattit  ^ana^ 
chie  et  le  despotisme,  William  Pitt,  expirant  lorsque 
la  victoire  d'Austerlitz  portoit  le  pouvoir  de  Napoléon 


'  „Iiei  gutrrci  politifuti  dcpuit  Henri  IV  rendirent  ï  la  Knuea  Hniliilita  (( 

YivxadBBt  earopéta  nae  \ai  imitnxt  enhrâ  ies  fuetrei^'^ri^û/ion."  .MiHJn,  X.43S. 
'  „L*   guerre  de  Trente   ani   Tut   une  guerre  de  religion  ik  l'oriiinc,  mail 
Kicli«lieu  en  Gt  une  gatin  pa/itïqaf."  1. 1,  '  Cidetaui,  p.  cxit. 


,,.GoogIc 


à  Bon  apogée ,  fut  le  véritable  auteur  des  traités  de  Paris 
et  de  la  chute  de  Bonaparte.  De  même  Guillaume  I , 
enlevé  au  moment  le  plus  critique ,  doima  riiiipulsion  à 
ceux  qui  vinrent  après  lui  et,  dirigeant  encore  la  guerre, 
par  l'autorité  de  ses  maximes  et  de  son  exemple,  con- 
tribua, plus  qu'aucun  autre,  an  système  de  tolérance 
et  de  liberté  qui  en  devint  le  magnifique  résultat. 

Base  du  droit  public  en  Allemagne  et  du  droit 
des  gens  en  Europe,  la  tolérance  étoit  conforme  aux 
principes  évangéliquea ,  aux  doctrines  du  protestantisme 
chrétien.  Désespérant  de  mettre  leur  exclusisme  en 
pratique ,  les  catholiques  enfin  se  résignèrent  à  une 
réciprocité  dont  ils  avoient  grandement  besoin,  mais 
le  Pape,  indigné,  se  chargea  de  constater  l'incompati- 
bilité du  véritable  papisme  avec  ce  mutuel  support  Dans 
sa  protestation  solemnelle,  plainte  amère  de  ce  qu'on 
permet  aux  hérétiques  le  libre  exercice  de  leur  hérésie 
en  plusieurs  lieux,  il  déclare,  de  sa  „certaine  science 
et  mûre  délibération,  et  de  ta  plénitude  de  la  puis- 
sance ecclésiastique,"  de  tels  articles  „perpétuellement 
nids,  vains,  invalides,  iniques,  injustes,  condamnez, 
lépTOnvez,  frivoles,  sans  force  et  sans  effet,  et  que 
personne  n'est  tenu  de  les  observer,  encore  qu'ils 
soyent  fortifiez  par  un  serment"  '.  Ijes  foudres  du  Va- 
tican cette  fois  n'eurent  ni  effet,  ni  écho,  ie/um  im- 
helle  et  sine  iciu.  lies  temps  étoient  changés.  Après 
nn  siècle  de  guerres  civiles  et  extérieures,  les  tentati- 
ves d'extirper  les  protestants  par  le  fer  et  le  feu  n'a- 
voient  plus  de  chances  de  réussite.  A  même  d'opposer 
la  force  à  la  force,  le  chrétien,  en  tendant  une  main 

>  Do  HoDt  Corju  Aplamali^ue,  VI.  i.  p.  463, 

D,g,t7cdb/GOOglC 


—   CXLIV   — 

fraternelle  à  ses  persécuteurs,  n'acceptoit  pas  le  mar- 
tyre et,  délivré,  par  la  bénédiction  divine,  de  leur 
zèle  sanguinaire,  il  stipuloit  le  droit  de  vivre,  le  pri- 
vilège de  n'être  pas  exHrpé.  En  face  de  l'ultramonta- 
nisme,  que  sa  prétendue  infaillibilité  rend  incorri^ble, 
le  protestantisme,  tolérant  par  principe  et  par  devoir, 
peut  devenir  intolérant  par  mesure  exceptionnelle  et 
par  les  nécessités  d'une  défense  légitime;  mais  ses  exi- 
gences, limitées  et  modestes,  se  réduisent  à  obtenir  des 
garanties  suffisantes  de  iCétre  pae  extirpé.  Le  traité 
de  Westphalîe  ratifia  ces  exigences.  A  travers  les  siè- 
cles et  à  chaque  recrudescence  d'un  catholicisme  in- 
sensé et  logique,  ce  sont  encore  les  nôtres;  les  mêmes 
que  firent  valoir  et  prévaloir,  dans  les  Pays-Bas  et  en 
Europe,  les  Princes  de  la  Maison  d'Orange-Nassau.  Au 
nom  de  Guillaume  Premier,  en  1681,ondéclare:  ..nous 
destituons  le  Roy,  parcequ'il  est  ennemi  juré  de  ta 
vraie  religion  et  de  la  parole  de  Dieu,  et  ne  veut  en 
façon  quelconque  recevoir  la  nianiance  du  pays,  nnon 
à  condition  qu'il  puisse  exHrper  le  règne  de  Jésus-CArisf  '. 
Et  le  Prince  lui-même ,  qui  avoit  voulu ,  et  qui  persé- 
véroit  à  vouloir,  en  matière  religieuse,  la  liberté  pour 
tous,  s'adressant,  en  1677,  à  des  catholiques  dont,  à 
travera  leurs  belles  paroles,  il  pénétroit  les  desseins, 
résume,  en  peu  de  mots,  franchement  et  résolument, 
le  côté  défensif  de  sa  généreuse  politique:  „Ponr  vous 
dire  la  venté,  nous  voyons  que  vous  nous  voulei 
extirper  et  non»  ne  voulons  point  estre  extirpés"'. 
La  Hatb    avril  1869. 

■  Archive».  1<>  Sjrit,  VII.  p.  278. 

*  GichiTtl,  Carreipond.  de  Gmllaume  U  TacUvrat,  III.  ]>   4S6. 


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CONTENU. 


ccccuix.  AeTsaenB,  Seigneur  de  Sommeladyck,  à  M.  de 

Zuylichem.     félicitations. 
CCCCLZX.  Le  même  bd  même.     Conseils. 

1626. 

ccccLXZi.  Le   même   ao  Cardinal  de  Richelieu.     Négoci- 
ations avec  les  Bérormés. 
coccLxxn.  Le  même  au  même.    Même  sujet. 
occcLxxin.  T^  même  an  même.     Complimeats. 
OCOCLXXIT.  Le  Conseilter-pensionaire  Duyclc  su  Comte  Er- 
nest-Casimir de  Nassau.     Prise  d'Oldenzaal. 
CCCCLXXT.  M.  de  Sommelsdyck  bu  Cardinal  de  Richelieu. 
La  France  doit  secourir  les  Frovinces-Unies 
d'une  manière  plus  efficace. 

1637. 

CCCOLXXTI.  M.  d'Espesses  à Sur  le  renouvellement 

d'un  traité  de  subsiiles  avec  In  Frnnce. 


,,  Google 


—  cxLvr  — 

hBTIÈX.  ?^ 

CCCCLSXvii.  M.  de  Sommehdyck  au  Cardinal  de  Kicbeliea. 

Même  sujet.  12. 

CCCCLXXVUI.  Le  même  au   même.    Il  est  urgent  de  s'opposer 

?igoureusemeDt  à  l'enDemi  commun.  14. 

CCCCLxxix.  Justin  de  Nassau  à  M.  de  Zuylichem.  Félicitations.  16. 
CcccLXKX.  Le  mfme  au  même.    Il  lui  renvoyé  le  journnl 

de  son  voyage  en  Italie.  17, 

ccccLxxxi.  M.  de  SommelsdyctE  an  Cardinal  de  Richelieu. 

Nécessité  d'une  résistance  énergique  à  l'en* 

nemi  commun.  18. 

ccccLXXXii.  J.  Boreel  à  U.  de  Zuylichem.  Patriotes  de  1672.    31. 

1638. 

ccccLzxxiii.  Le  Gouvemenr  d'Orauge  à  M.  le  Prince  d'O- 
range.    Apolpgie.  Si. 

ccccLXXXiv.  H.  de  Sommelsdyclc  nu  Cardinal  de  Richelieu. 
Les  États-Généraux  sont  disposés  à  agir  vi- 
gourcuscrarnt  contre  l'Espagne.  S4. 

ccccLXXXV.  M.  (le  Bau^y  à  . , .  Entretien  avec  le  Prince 
d'Orange  sur  l'entreprise  du  Roi  de  France 
en  Italie.  SG- 

ccccLxxxvi.  Le  même  à  ....    Affaires  d'Italie.  26. 

0ccci.xxxvir.  Le  même  à  . . . .     Affaires   de   la   Principauté 

d'Orange.  27. 

CCCCLXXXVUi.  M.  de  Sommelsdyclc  au  Cardinal  de  Richelieu. 
Coopération  des  Profinces-Unies  aux  desseine 
de  la  France.  '^  89. 

CCCCLXXXix.  Justin  de  Nsssaa  a  M.  de  Zuylichem.  Relation  ite 

la  bataille  de  Nieuwpoort  par  le  cheTaJier  Vere.     32. 
ccccxc.  M.   de   Boetzelaer,   Seigneur  de  Langerait,  au 
Cardinal  de  Richelieu.  Nécessité  d'un  prompt 
secours.  33. 

1«SI. 

ccccxci.  Le  Roi  de  Bohème  au  Prince  d'Orange.  Com- 
pliments. 3f. 
ccccxcii.  La    Princesse   d'Orange  à  M.  de  Zuylicheoi. 

Elle  se  r^ouit  de  la  défaite  de  l'ennemi.  SB. 


n,g,t7cdb/G00gIc 


-    CXLVU    — 


less. 


Gcccxcin.  M.    de    Chamacé  à Enttettea    avec    le 

Prince  d'Oran^. 
ccccxciT.  [M.  de  Charnac^  à  . . . .     Le  Prince  d'Oreoge 

d&ire  la  contiDuatioD  de  la  gnerre. 

1«S4. 


ccccxcT.  Kicheljeu  à  CbarDacé.  Opposition  da  conseiller- 
pensionnaire  de  Hollande  au  Prince  d'Ornnge. 
.  M.  de  Sommelsdyck  nu  Cardinal  de  Richelieu. 
Communauté  de  but  des  Prorinces-Uniea  et 
de  la  France. 
.  M.  de  Chamacé  à  Bichelieu.     La  négociation 
arec  les  États  traîne  en  longiueur. 
coccxcTçi.  Le  même  au  mêmp.    Le  Prince  d'Orange  s'ef- 
force d'amener  la  conclusion  du  traité  avec 
la  France. 

ccccxcix.  Le  même  à MËme  sujet. 

D.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  M.  Uivet  II  déaire 
nn   ministre  pour  l'Eglise  françoise  à  Leeu- 
warden. 
Di.  M,  de  Sommelsdjck  à  M.  HeufR.     Traité  a»eo 

la  l'rance. 
SU.  Le    même   au   Cardinal   de    Bichelieu.    Même 

sujet. 
dhi.  Le  même  à  M.  HeufiV    La  France  doit  attaquer 
vigoureusement  l'Ëspaitne  dans  les  Pays-Bas. 
Div.  T>e    mËme  nu    Prince  d'Orange.     Négociations 

avec  la  France. 
DV.  Le  même  au  même.     Même  sujet 
DVL  M.  Heufft  à  M.  de  Sommelsdyck.  Même  sujet. 
Dm.  Le  même  au  même.     Même  stO^t. 
nviii.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.  Même 

DIX.  Le  même  au  même.     Même  sujet, 
nx.  Le  même  au  même.     Mécon lentement  du  con- 

■etllei^pensionnaire  de  la  Hollande. 
DXL  Le  même  au  même.     Il  faut  absolument  rnga- 
ger  le   Roi  de  France  à  rompre  avec  l'Es- 
pagne. 


,,  Google 


Dxu.  Ijo  mSme  au   mSme.     11  faut   pousser  la  guerre 

«ïM  vigueur. 
DXiiL  Le  Roi  de  Pologne  au  Prince  d'Orange.   Il  inter- 
cëde  en  feveur  d'un  officier  coudamné  pour  ho 
micide  en  duel. 
DXiT.  M.  Heufft  à  M.  de  de  Sommelsdyck.    Il  faut  por> 

ter  la  guerre  dans  le  coeur  de  l'EspsgDe. 
DXV.  M.  Pauw  au  même.  Il  déaire  retourner  en  Hollande. 
DXTi.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.    Il  Ini 

envoyé  la  Lettre  B14. 
Dxvit  Le   même  an  même.    Il  s'efforce  de  prévenir  le 

rappel  de  M.  Pauir. 
DXTm.  I^e  même  an  mÉme.  Uëme  sujet;  embarras  financiers. 
Dax.  Le  même  au  même.  Opposition  au  rappel  de M.Panw. 
DX3.  Le  même  au  même.     Même  sujet. 
DXXL  Le  même  au  même.     Conférences  de  Cranenburdi. 
Dxsu.  Le  même  au  même.     Même  sujet. 

isam. 

Dssiii.  Frédéric-Guillaume,  Marquis  de  Brandebourg,  à 
Mr.  Rivet.  Remerciments  pour  la  dédicace  de 
son  traité  de  la  Sf-CÈne. 

lesr. 

UXIIY.  Le  Comte  GnillBume  de  Nossau-Siegen  au  Comte 
Henri-Casimir   de   Naesau-Dietx.     .\ffflires  parli- 
culièrea. 
DXXT.  Le  Comte  Jean-Maurice  de  Nassau-Siegeu  an  même. 
Ses  succès  au  Brésil. 

uxxvi.  M.  Hoeufft  à  M.  de  Sommelsdyck.     Nouvelles. 

uxxvii.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.  St^e  de 

Bredaj  affaires  d'Allemagne. 
DxxTitl.  M.  Hoeufft  à  M.  de  Somraelsdyclc.     Nouvelles.        1 

DXXtX.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.  Les 
Etats  de  Hollande  méconnoissent  l'autorité  des 
États-Généraui.  1 

DSXx.  Le  même  au  même.     Même  sujet.  1 

BxxxL  Le  même  an  même.     Même  sujet.  1 

Dxxxii.  Le  même  au  même.    Même  sujet.  1 


D,g,t7cdb/COOglC 


—   CXLIX   


sixxm.  Le  mËme  au  même.    ICême  Biijet;  négooîationi. 
DXXUT.  Le  même  au  Maréchal  de  ChÛilloii.    Fréfwratifi 

de  la  campagne.  118. 

1«S8. 

SUIT.  Le  même  au  mSme.    Même  «ujet,  116. 

vxxxt  I.  Le  Comte  Henri-Caaimir  à  la  ComtPBse-douairière 

de  NassaU'Dietz ,  se  mère.    Nouvelles. 
DixxviL  M.   de   Sommclsdyck   au    Maréchal  de  Cb&tilloD. 
Nëcessité  d'une  étroite  intelligence  avec  le  Prince 
d'Orange.  119, 

DXixrai.  Le    Comte    Guillaume-Frédéric    au   Comte  Henri- 
Caaimir  de  Nassau-Dîetz,    Désastre  de  Calloo. 
Dxxxrt.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse-douairière 
de  Naa3au-Diet!^     Même  sujet 
DIL.  M.   de  Sonuneladyck  an  Prince  d'Orange.    Même 

sujet 
DXLI.  Le  même  an  même.     Affaires  militaires. 
SXLII.  Amélie-Eliïabeth ,  Landgrave  de  Hesse-Cassel ,  an 
Comte  Henri-Casimir  de  Naasan-Dietz.    Berner- 
ciments. 
DELIIL  Le  Cardinal  de  Bichelieu  à  la  Princesse  d'Orange. 

Cadeau  du  Bol  de  Prance. 
DILIT.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse-douairière 

de  Nassau-Dietz.    Nouvelles  militaires. 
DUT.  TA.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.   Arrivée 

de  la  Bei  ne-mère  de  France. 
sxLvt.  Le  même  au  même.    Même  sujet  130. 

dilth.  Le  même  au  même.     Afiaires  militaires. 
Dnvm.  Le  même  au  même.    Subsides  de  In  Frauce. 
sxux.  Le  même  au  même.     Nouvelles  de  France,  il  est 
question  d'une  suspeusion  d'armes. 
DL.  Henri  Comte  de  Nassau-Siegen  à  M.  de  Zuyiichem. 

Compliments. 
DU.  Guillaume  Landgrave  de  Hesse  au  Comte  Henri- 

Casimir  de  Nessau-Dietz.     Bemerciments. 
lOiii.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse-douairière 

de  Nassau-Diete.    Nouvelles.  140. 


Sun.  Le  même  à  la  mime.    Situation  de  la  Frise. 

m. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


DLiT.  Le  même  à  la  même.    Nouvelles.  Uî> 

DLV.  Le  Prince  d'Orange  an  Boi  d'ÂDgletene.  Les 
FroTiDCes-Uoies  ne  sBaroîent  lui  envoyer  des 
troupes.  144. 

QLï^  M.   de   Sommelsdyck   au   Prince   d'Orange.    La 

France  se  plaint  à  tort.  145. 

DLTiL  Le  Comte  Jean-Maurice  de  Naasan-Siegen  i  M.  de 

Zuytiohem.    Compliments.  147. 

DLTOL  M.   de   Sommelsdyck   au  Prince  d'Orange.    Db- 

^rftce  de  M.  d'Ëtampes.  147. 

Dux.  Le  même   an  même.    Ualgré  le  mécontentement 

itgnste  de  la  Prance,  n^ssité  de  bons  rapports.  lEO. 
DLX.  Le  Comte  Henri-Casimir  i  la  Comtesse-do aalriëre 

de  Nassau-Dietz.    Nouvelles.  ISl- 

SLXi.  M.   de   Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.    Nou- 
velles diverses.  153. 
DLUt.  Le  même  an  même.    Dispositions  de  la  Cour  d'An- 
gleterre et  du  pays.  155. 


DLXiu.  M.    de    Heenvliet    au   Prince  d'Orange.     Mariage 

d'Angleterre.  159. 

DLur.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.  Même  sujet.  Ifll. 
DLXV.  Le  même  au  même.    Menées  de  l'EspagnCi  affaire 

de  Duins.  16t. 

DLXTi.  M.   de   Sommelsdyck    et   M.  Joachimi  au  Prince 

d'Orange.    Audience  auprès  du  BoL  166. 

PLXYU.  M.  de  Heenvliet  au  Prince  d'Orange.  Le  Ko!  pré- 
tend que  le  Prince  a  fait  demander  en  mariage 
sa  fille  cadette.  169. 

DLXvni.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prinoe  d'Orange.  Len- 
teurs de  la  Cour;  troubles  en  Ecosse  et  en  An- 
gleterre. 170. 

DLXix.  Le  même  an  même.    Compliment  de  condoléance.  171 
DLXX.  Le  même  au  même.    La  Cour  tratne  sa  négocia- 
tion en  longueur.  173. 

DLxxT.  M.  de  Heenvliet  au  Prince  d'Orange,  N^ocia- 
tiona;  il  désire  agir  de  concert  avec  M.  de  Som- 
melsdyck. 178. 

DLXXU.  M.   de   Sommelsdyck   et  M.  Joachimi  au  Prince 

d'Orange.  Entretien  avec  le  secrétaire  d'EtatCoke.  18L 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


DLXxm.  U.  de  Somraelsdyck  su  Prince  d'Oraage.    Noa- 

Teanz  délais;  il  désire  son  rappel.  183. 

nLlUT.  Le  même  au  même.    Il  eit  question  d'une  alliance 

avec  lea  ProvinceB-Unies.  187. 

ILIXT.  Le   Prince   d'Oraufre   à  M.  de  HeenvUet.    Il  ne 

saurait  être  question  qae  de  ta  Prioceiae  eSnée.  189. 
DUiTi.  Le   Boi   d'Angleterre  au  Prince  d'Orange.    Offre 

en  mariage  de  «a  fille  endette.  191 

DLxxTn.  M.  de  Sommeladjclc  au  Prince  d'Orange.    Jamais, 

pour  l'affnire  de  Daiu»-,  il  ne  demandera  pardon.  191. 
DLxiTin.  H.  de  Heenvliet  an  Prince  d'Orsuge.  Négociation.  193. 
DLixiX.  Le  Comte  Goillaume-Frédéric  de  Maasau-Diets  à 

M,  de  Zuylichem.     Compliments. 
DLixx.  Le  Prince  d'Orange  ii  M.  de  Sommeladjok.   Il  le 
prie  de  sonder  lea  intentions  du  Boi  d'Angle- 
terre relativement  ru  mariage. 
Dinxi.  Le   même  au    même.     Il  le  prie  de  se  concerter 

avec  M.  de  Heenvliet.  197. 

DLiiiii.  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.    Il  dé- 
sire son  rappel. 
ouzxm.  Le  même  au  même.     Même  si^et. 
DLSXiiv.  Le   même   au   même.     Même    sujet;   sa  tâche  est 

achevée. 
DLUZT.  Le    même    nu    même.     Négociation;    motifs  qu'il 

compte  faire  valoir  pour  le  mariage. 
dluxtl  m.   de   Heenvliet  au  même..    Il  agit  de  concert 

avec  M.  de  9ommelsdvck. 
duxxtu.  m.  de  Sommelsdyck  au  même.  H  désire  connoître 

ses  intentions. 
DixuTUL  Le  Boi  d'Angleterre  au  même.  H  envoyé  vers  loi 
Bichard  Broivne. 
fiuuix.  M.   de  Sommelsdyck  au  même.    Il  insiste  pour 

savoir  au  plutôt  sa  volonté.  S13. 

DXG.  Le  même  an  même.    H  croit  avoir  parlé  sur  l'ac* 

tion  de  Dnins  conformément  à  ta  dignité  de  l'État.  215. 
DxcL  Le  même  au  même.    Il  faut  ae  décider  prompte- 
ment  ai  on  ne  veut  en  aucun  cas  la  Princesse 
cadette. 
DXOL  Jean-Maurice  Comte  de  Natsan-Siegeu  à  M.  Rivet. 

Défaite  de  la  fiolt«  espatcnole. 
Bxcin.  M,  de  Sommetsrtyck  au  Prince  d'Orange.    Il  se 
défie  des  intentions  de  la  Cour  d'Angleterre. 


,,.GoogIc 


—   CLII   — 

DXciT.  Le  même   an   mSrae.    AndieDce   anprèa  du  Boi 
d'Angleterre.  ! 

IT.BXcrr*.  Nonvellei  diverses  sar  le«  affaires  en  Angleterre.    22B. 
DXCT.  Le  Prince  d'Orasge  à  M.  de  Sommelsdy<^    Il  le 

presse  de  conclure  le  mariage, 
sxcvi.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse- donairiëre 

de  Kassaa-Bietz.     Nouvelles. 
Dxcrn.  Burlamaqui  &  H.  de  Soinmelsdjck.    Nécessité  de 
terminer  promptement  les  différends  entre  l'An- 
gleterre  et  lea  Provinces-Unies. 
Dxcnn.  Fréderic-Casiinir,  Prince  Palatin,  au  Prince  d'O 

range.    Il  lui  recommande  son  fils.  334. 

sxcrx.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse-donairiëre 
de  Naasau-Dietz.    Nouvelles  militaires, 
se.  Henri  Prince  de  Condé  an  Prince  d'Orange.  Be- 

comman  dation. 
Dci.  M,  de  Sommetsdjck  au  Prince  d'Orange.  Afiairea 

d'Angleterre, 
Dcu.  Le  même  au  même.    Recommandation. 
Dcm.  M.  de  Heenviiet  au   Prince  d'Orange.   Audience 

auprès  de  la  famille  royale  en  Angleterre. 
DdT.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse-douairière 

de  Nassau-Dietz.    Noavelles  militaires. 
DCT.  U.  de  Heenviiet  au  Prince  d'Orange.  Le  mariage, 

mais  avec  la  Princesse  cadette,  est  àéâié.  24S. 

Dcn.  Fréderic-Lonis,  Prince  Palatin,  à  M.  de  Zuyiicbem. 

n  le  prie  de  le  recommander  au  Prince  d'Orange.  34&. 
i>cvit.  Le  Comte  Henri-Casimir  à  la  Comtesse-douairière 

de  Nassau.    Nouvelles  de  l'année. 
UGVm,  U.  de  Heenviiet  nu  Prince  d'Orange.    Bonnes  in- 
tentions du  Hoi  d'Angleterre, 
scix.  La  Princesse  d'Orange  à  M.  de  Zoylichem.    Elle 

désire  des  nouvelles  du  Prince. 
Dcx.  M.  Heufft  à  M.  de  Sommelsdyck.    Le  Comte  de 
Leicester   est  bien  intentionné  pont  le  mariage 
d'Angleterre. 
BOXL  M.    de    Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.     H  a 

dressé  une  Instruction  pour  le  &  de  Heenvliei  261. 
Dcxn.  Le  Comte  Goillanme-Frédéric  à  la  Comlesse-don- 
airière  de  Nassau-Dietz.  Mort  du  Comte  Henri- 
Casimir. 
N*.  scxn*.  Instruction  du  Sieur  de  Heenviiet,  sur  les  articles 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


SCXIV. 
DCXXTI. 

ITCXZTIU. 
DCXZIX. 


CLHI    

àa   mariage   proposés   au   nom   da  Boi  de  la 
GraDde-Bretagne.  253. 

M.  de  Soiii[Del3d.Tck  aa  Prioce  d'Orange.  Nouvelle*.  259. 

M.' de  Willhem  à  U.  de  Znylictiem.  Il  désire  que 
le  Prince  d'Orange  snccède  dans-le  stadhondé- 
rat  de  Frise  et  de  Groningne  an  Comte  Henri- 
Casimir.  260. 

Elizabeth  Beine  de  Bohème  à  la  Comtesse-douai- 
rière de  Naasan-Dietz.     Elle  partage  sa  douleur.  363. 

M.  de  Wîllhem  à  M,  de  Zuylichem.  Moyens  de 
faire  élire  le  Prince  d'Orange  Stadhonder  de 
Frise  et  de  Groniogue.  364. 

Le  luËme  au  même.    Même  sujet.  267. 

La  Princesse  d'Orange  à  la  Comtesse-douairière 
de  Nassan-Dîetz.    Compliment  de  eondoléanœ. 

Le  Prince  d'Orange  à  la  même.     HSme  sujet. 

M.  de  Willbem  à  M.  de  Znyliohem.  Il  insiste  sur 
le  sujet  de  la  lettre  616. 

Le  même  au  même.    Même  ai^et.  ST6. 

Le  même  au  même.     MSme  sujet. 

M,  de  Heenvliet  au  Prince  d'Orange.  Entretien 
avec  le  Roi  d'Angleterre.  278. 

M.  de  Willhem  à  M.  de  Zuylichem.  Il  regrette 
que  les  Etats-Généreux  ayent  envoyé  nne  dé- 
pnlation  en  Frise. 

Le  mSme  au  même.  Il  faut  songer  sérieusement 
et  promptement  au  Stadhondérat  de  Grooingue. 

Le  même  au  même.  Intrigues  en  Frise;  a^res 
de  Groningne. 

Le  même  au  mSme. 

Le  même  au  même. 

H.  de  Heenvliet 
la  négociation. 

Le  Boi  d'Angleterre  au  même.  11  approuve  les 
articles  du  contrat  de  mariage. 

H.  de  Willhem  à  M.  de  Zaylichem.  Stadhondérat 
de  Groningne;  nouvelles. 

Le  mSme  au  même.     Affaires  de  Suède. 

Le  même  au  même.  11  insiste  pour  qu'on  ne  né- 
glige pas  l'affaire  du  Stadhondérat  de  Groningue. 

Le  même  au  même.     Même  sujet. 

Le   Prince  d'Orange  à  M.  de  Heenvliet.     Impo»- 


Même  sujet.  S 

Même  sujet.  ! 

1  Prince  d'Orange.    Progrès  de 


,,.CoogIc 


CLIV    — 

Lcms.  ^         p^t 

stbilité  de  permettie  lea  cérémonies  de  l'Sglise 
Anglicane.  301. 

Dcxxxvi.  M.  de  Zuylichem  à  M.  de  HeeDvIiet  Même  sujet.  302. 
Dcxxxvn.  Le  Prince  d'Orange  an  mSme.    Même  sujet.  303. 

Dcxxxvni.  M.  de  -Zuylicbem  an  même.    Même  stget.  305. 

Dcxzix.  Le  Boi  d'Angleterre  an  Prince  d'Orange.    Il  re- 
cevra volontiers  les  ambassadeurs.  SOS. 
BCXL.  Le    secrétaire    d'Etat   Vane    au   Prince  d'Orange. 

Même  sujet.  306. 

N*.  Dczi^.  Instruction  da  Sienr  de  BeveriTeert,  s'en  allant 
de  la  part  du  Prince  d'Orange  vers  le  Boi  de 
France,  pour  communiquer  te  projet  de  mariage 
du  jeune  Prince.  S07. 

N*.  dcxl''.  Mémoire  de  la  part  de  l'Ëlectenr  Palatin  pour 
lea  Ambasaadenra  du  Prince  d'Oraoge  et  des 
Provinces-Unies  en  Angleterre.  311. 

i>CXLi.  Le    Prince    d'Orange   au   Roi  de  France.     Lettre 

d'Introduction  pour  M'  de  Beverveert.  314 

SCILIL  Le  même  à  la  Beine  de  France.    Même  sujet.  315. 

DCXLin.  Le  même  au  Duc  d'Orléans.     Même  sujet.  31S. 

sczLtT.  La  Prinoesse  d'Orauge  au  Cardinal  de  Bichelien. 

Même  sujet.  31S. 

DCXiT.  Le  Prince  d'Orenge  à  M.  de  Ohavigny.  Même  sujet.  317, 


DOXLVI.  Lea   Ambassadeurs   en  Angleterre  au  Prince  d'O- 
range.   Bencontre  sur  mer.  317. 
DcxLTti.  Les  mêmes  au  même.    Arrivée  à  Londres.  319. 
DGXLyiii.  Lea  mêmes  au  même.    Bévolte  du  Portugal.  319. 
DcxLix.  Lea  mêmes  au  même.    Audience  publique.  331. 
DCL.  Les  mêmes  au  même.     Audience  particalière.  332. 
DCLI.  Le  Prince  d'Orange  à  M.  de  Beverweert.     Il  de- 
meure fidèle  aux  intérêts  de  la  France.              334. 
iiCLD.  Les  Ambassadeurs  en  Angleterre  au  Prince  d'O- 
range.  Courérenoe  avec  les  Commissaires  du  BoL  334. 
DCLiu.  Ls  Prince  d'Orange  aux  Ambassadeurs  en  Angle- 
terre.    Béponse  anx  lettres  649  et  660.               3i9. 
DOLiv.  La  Beine-Régente  de  France  au  Prince  d'Orange, 

Assurances  de  bonne  amitié,  330, 

DCLT,  Lea  Ambassadeurs  en   Angleterre  an  même.   Pro- 

gris  de  la  négociation.  330. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


DGI.VI.  Le  Boi  de  Prance  an  même.  Assurances  de  boone 
amitié.  i 

ixxvn.  Le  Prince  d'Orange  aux  Âmbatsadears  en  Angle- 
terre. Il  ne  faut  pas  joindre  à  la  négociation  du 
mariage  celle  d'une  alliance  entre  les  Ëtats.         i 
SCLvm.  Le  même  aux  mêmes.     Même  sujet.  E 

œux.  Le  même  à  M.  de  Bererweert.     11  s'ëtonne  qu'il 

n'ait  pas  encore  tu  le  Boi  de  France.  l 

jxsLt.  Les  Ambassadeurs  en  Angleterre  au  Prince  d'O- 
range.    Conférence  avec  les  Commissairesi  trou- 
bles du  Boyanme.  S 
DOLzi.  M.  de  Sommelsdyck  au  mSme.     Même  si^et.  S 
DCi.xn.  Le  Prince  d'Orange  aux  Ambassadeurs  en  Angle- 
terre.   Bon   accueil   de   M'   de   Beverweerl  en 
France.  S 
xcLxin.  Les   Ambassadeurs   en  Angleterre  au  Prince  d'O- 
range.    Négociations,                                                8 
DCLxiv.  M.   de   Sommelsdyck  au  même.    Le  mariage  est 

conclu.  3 

9GLXV.  Le  Prince  d'Orange  aux  Ambassadeurs  en  Angle- 
terre.   Béponse  à  la  lettre  S6I.  3 
DCUTi.  Le  même  à  M.  de  SommeUdyclc.    Même  sujet.      S 
t>cLXTn.  Le    Boi    d'Angleterre  an  Prince  d'Orange.     Con- 
sentement au  mariage.                                              3 
i>oi.XTin.  Le  Prince  d'Orange  ^  M.  de  SommeUdyclc.    Bé- 
ponse à  la  lettre  664.  S 
DCLXU.  Le  secrétaire  d'État  H.  Vane  au  Prince  d'Orange. 

Bonnes  intentions  du  Boi.  3 

DCLXz.  Le   Prince   d'Orange  &  M.  de  Beverweert.    Bon 

accueil  du  Cardinal  de  Bichelien.  3 

DdxzL  U.  de  Sommebdyck  an  Prince  d'Orange.    Insuf- 
fisance des  garanties  qoe  le  mariage  anra  lien.    8 
DCLZXn.  Le    Prince    d'Orange    aux    Ambassadeun   en  An- 
gleterre.   Le   Prince   son  fils  se  rendra  i  Lon- 
dres. 3 
SGLXXm.  Les  Ambassadeurs   en  Angleterre  au  Prince  d'O- 
range.   Incertitudes  et  longueurs.  3 
DCLzxiv.  Les  mêmes  au  même.     Béponse  à  la  lettre  665.    3 
DGI.XXV,  VL    de    Sommelsdyck    au   même.     Béponse   à   la 

lettre  66S.  8 

DCLXXVi.  Les  Ambassadeurs  en  Angletene  an  même.    Dis- 
positions favorables  au  mariage.  8 


,,  Google 


—   CLVl  — 

unm. 

DCLSXTii.  Les  mËmes  an  même.  H  n'y  a  plas  d'obstacle 

i  la  venue  du  jeune  Prince.  S 

SCLxzvin.  M.  de  Sommeltdyck  an  mgme.     Même  s^jet*  38S. 
SCLxxix.  H.  de  Heenviiet  an  même.  Men&s  de  l'Elec- 
teur Palatin.  i 
DCLXxx.  I>e   Prince   d'Orange   aux   Ambassadeurs  en 

Angleterre.     MSme  snjet.  387. 

DCLXXZi.  M.    de   Somroeladfck    au    Prince    d'Orange. 

Bonnes  dispositions  du  Boi. 
DCLXxxii.  Le  Prioce  d'Orange  aux  Ambassadenra  en  An- 

gleterre.  Il  est  décidé  à  laisser  partir  son  fils.  391, 
scuxxm.  Les    Ambassadeurs    en  Angleterre  an  Prince 
d'Orange.     Arrivée    de    l'Electeur-Palatin , 
entretien  avec  l'AmbaBBsdeur  de  Portugal.     8  " 
DCLXrxir.  M.  de  Sommelsdyck  au  même.    Il  ne  craint 

pas  rélecteur-Palatin.  9 

DCixxxT,  Le  Prince   d'Orange  à  M.  de  Sommelsdyok. 

Béponae  aux  lettres  678  et  661.  S 

DClxxxTi.  Le  même  nui  Ambassadeurs    en    Angleterre. 

Réponse  à  la  lettre  677.  î 

DCLXxxvn.  Les    Ambssaadeurs   en   Angleterre  au  Prince 
d'Orange.    Menées  Je  rEleoteur-Palatin.       î 
N*.  DCLXXXTU*.  Propositiona  faites,  sa  nom  de  l'Électeur  Pa- 
latin, an  Roi  d'Angleterre.  4 
N*.  DcixxxTit''.  Obserrations  des  Ambassadeurs  en  Angleterre 
sur  les  propositions  faites  as  nom  de  l'E- 
lecteur-Palatin. i 
scLXxxTin,  M.  de  Sommelsdyck  au  Prince  d'Orange.  Le 
mariage  conclu  malgré  l'Ëlecteur-Pelatin.      < 
DCLXXXix.  Les   .Ambassadeurs  en  Angleterre  an  même. 
Le  contrat  de  mariage  est  signé  par  le  Bai.  i 
DCXC.  M.  de  Sommelsdyck  au  mSme.     Uême  snjet.  410. 
Dcxci.  Le  même  an   même.    On  n'attend  pins  que 

la  venue  du  jenne  Prince.  4 

Dcxcn.  Le  Prince  d'Orange  anx  Ambassadeurs  en 
Angleterre.  Tout  se  prépare  pour  le  dé- 
part du  jeune  Prince.  4 
Dcxcm.  M.  de  Sommelsdyck  an  Prince  d'Orange.  Le 
mariage  du  jeune  Prince  est  popnlalre; 
proc^  de  Strafford.  4 
scxciT.  Le  Prince  d'Orange  aux    Ambassadeurs    en 

Angleterre.    Réponse  à  la  lettre  689.  417. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


DCXCTL 


—  CLvn  — 

Le  mSnie  à  U.  de  Sommelsdjck.  BépoDM  i  U 
lettre  691. 

Les  AmbaMBdenrs  en  Angleterre  un  Prince  d'O- 
range.    Béponse  ^  la  lettre  «93. 

Le  Prince  Fréderic-Lonis  de  Deux-Ponte  à  M.  de 
Znflicbem.  H  regrette  de  ne  poavoir  reater 
an  eerrice  des  FroTÎDces-Unies. 

Le  Prince  d'Orange  aox  Ambassadeurs  en  An- 
gleterre.  Lettrée  de  remerciments  ponr  le  Roi 
et  la  Beine.  4S8. 

Le  inSme  «dx  rnSmes.   Le  jeune  Prince  va  partir.  484. 

Les  Ambassadears  en  Angleterre  m  Prince  d'O- 
iBnge.     Nonrelles  diverses. 

Le  Prinoe  d'Onnge  à  M.  de  Sommeltdyck.  Il 
fendra  tftcher  d'obtenir  le  transport  de  la  Prin- 
cess& 

Le  même  aux  Ambassadenrs  en  Angleterre.  H 
désire  le  retonr  des  officiers  nnglois  et  écoasois 
pour  l'ouTertnre  de  la  campagne.  439. 

Les  Ambassadenn  en  Angleterre  an  Prince  d'O- 
ronge.   Condition  dangereuse  du  royaume.        4S9. 

Les  mSmes  an  même.     Arrivée  du  jeune  Prince.  434. 

Le  jeune  Prince  d'Orange  à  son  pËre.  Même 
snjei 

Sivet  an  Prince  d'Orange.  Dîff^nds  eed^as- 
tiqnes  en  Angleterre;  procès  du  Comte  de 
Strafford. 

11.  de  Sommelsdyck  an  Prince  d'Orange.  Nou- 
velles diverses. 

Bivet  an  même.     Dangereux  état  de  l'Angleterre.  443. 

Le  Comte  de  Waririck  à  la  Princesse  d'Orange. 
Elc^  du  jeune  Prince, 

Les  Ambassadenn  en  Angleterre  au  Prince  d'O- 
range, Le  jour  du  mariage  est  fixé;  leur  avis 
sur  le  blocus  pRijeté  de  la  Flandre, 

Le  Prince  d'Orange  box  Ambassadeurs  en  An- 
gleterre,  n  se  r^ouit  du  bon  accueil  de  son 


fils. 


4B0. 


.  Bivet  an  Prince  d'Orange.     Procès  du  Comte  di 

Strafford. 
:.  H.  de  Sommelsdyck  an  mtoe.    Célébration  dn 

mariage.  454. 


,,  Google 


—  CLTin  — 

LEITBE.  P^t 

DooUT.  Les  Ambasasdeora  en  Angteterre  aa  même.  Même 

sujet.  m. 

DCCXT.  Goillanme  Prince    d'Orange  à  son  père.    MSme 

sujet.  460. 

Dccxvi.  Eivet  au  Prince  d'Orange.    Déplorable  sitnstion 

de  l'Angleterre.  4ÎÎ. 

Dccxrn.  M.  de  Sonmeladyclc  au  même.    Même  sujet  465. 

occxmi.  Le   Prince  d'Orange  aui  Ambassadenrs  en  An- 
gleterre.   Béponee  à  la  lettre  710.  4fi8. 
Dccxix.  Le  Roi  d'Angleterre  au  Prince  d'Orange.  Betonr 

des  Ambassadeurs.  470. 

DCOXX.  Le  mSme  an  même.    Assurances  de  son  affection 

ponr  le  jenne  Prince.  471. 

ncoxxi.  La  Beîne  d'Angleterre  au  même.  Même  sujet  471. 
DCGXxu.  Le  Comte  de  Warwick  an  même.  Félicitations.  411 
Dccxxiii.  Le  Comte  d'Arandel  au  même.  Même  si^et  4li. 
DCCIXIT.  Le  Prince  d'Orange  aux  Ambassadeurs  en  An- 
gleterre. Bemerciments.  47  S, 
sccxxT.  Lord   Holland  au  Prince  d'Orange.    Il  se  flatte 

qu'il  y  aura  moyen  d'appaiser  les  troubles.        474. 
DccxxTi.  Le   Boi   d'Angleterre  au  même.    Départ  de  la 

Beine  Marie  de  Médicis.  47S. 

dccxxtu.  Le  même  an  même.    Envoi  de  M.  Murray.  47S. 

]>ccxzTni.  La  Beine  d'Angleterre  au  même.  Lettre  de  recom- 
mandation. 47  S. 
Dccxxn.  M.   de  Sommelsdyok   an  même.    Sur  la  remise 

du  Verbal  de  sa  n^ciation  à  la  Généralité.  47T, 
nccxxx.  Le  même  au  même.     Même  s^jet  477. 

DcCïXXi.  Le  Prince  d'Orange  à  M.  de  Sommetsdycic.  Bé- 

ponse  aux  lettres  729  et  730.  479. 

Dccxxxu.  Le  Baron  de  Dona  an  Prince  d'Orange.  Bonnes 
dispositions  dn  Boi  et  de  la  Beine  d'Angleterre 
qnant  au  transport  de  la  Princesse.  47i 

Dccxxxm.  Bnrlamaqui   à  M.   de  Sommelsdyck.    Nourelles 

diverses.  *S1- 

DCCxxxiT.  Le  Baron  de  Dona  an  Prince  d'Orange.    Motifs 

de  son  long  s^onr  en  Angleterre.  ^^^ 

DccxxxT.  W.  Mnrray  au  même.  Passage  de  la  Beine  Marie 

de  Médicis.  *84. 

Dccxxxvi.  Seton  à  M.  de  Sommelsdyck.     Nouvelles.  485. 

DccxxXTU.  Maiie,  Princesse  d'Orange,  àson beau-père.  Corn* 

pUments,  486. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   CLIX   — 


DOCxxiTTU.  M.  de  Sommelsdyck  au  PriDoe  d'OrBDge.  Affùies 
d'Angleterre. 
iMxravx.  M.  de  SommelBdyck  au  Prince  d'Omoge.  Il  faat 
ingisler  sur  le  transport  de  la  PriDcesse. 
iKiczL.  Le  Prince  d'Orange  à  M.  de  SommelBdyck.  Même 

sujet. 
l>cciLL  Le  même  à  M.  Joachirai.     Même  sujet 
DOCXUI.  M.  de  Sommelad^ck  eu  Prince  d'Orange.    Diffé- 
rends entre  les  compagnies  des  Indes  Orienta- 
les en  Angleterre  et  dans  les  Provinces-Uniea.  492. 
I>CCZLI1L  La  Beine  d'Angleterre  au  même.    Bemerciments,  493. 

164a. 

l>ccziJT.  M.  de  Heenvliet  au  m6me.    Troubles  d'Angleterre.  494. 
i>ccxLV,  Le  même  an  même.     Slême  sujet.  4U7. 

I>ccxi.vi.  Le  même   au   même.     Perplcsitéa  du  Boî  et  de 

la  Beine  d'Angleterre.  500. 

i>oczi.Tn.  M'  C.  de  Sommelsdyck  au  Comte  Guillaume-Pr^ 

deric  de  Nassau-Dieto.    Décèa  de  son  père.       604, 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


p.    IS.  1.  4.  fan  bu.  S^r  l  de  S^r. 

p.    SO.  LoUre  SI.  tjoattt  le  eoultmn  Ennû  d'irgoit  i  Oitanda. 

p.  SSt.  ÏB.  IS.  Bstholi  I.  BdiMoIi. 

Toxl  II. 

cut.  L  si.  Ilimr  d«  1619,  11  ert  i  prénuer  qne  1.  h  mou  d'iTiil  I«l», 

'     L  27.  il  cAt  I.  peot-ètre  ett-il  enoon 
p.     S.  1   8.  SOO  I.  ISOO 
^    M.  lettra  lOa.     CetU  lettre  m  du  i  jmilU  a.  tL  et  Mt  pût  eontiqHeut 

tmre  U  lettre  !0E. 
p.    17.  1.  14.  S  jainek  1.  8  j. 
p.    IB.  1.  ier%    Cipcna  1.  Sapasi 
p.    SI.  1.  SS.  S    L.  I.  [•.  Eie.] 
p.    4!.  1.  18.  >Tce  1.  *fM 

f.      U.    1.    SO.    ■■llDD)tni    I.    irittODgtD 

F-    Bl.  1.  IS.  entendre  1.  Andra 

p.    M.  LtUn  288.    Cette  Ulire  doit  entre  la  leUre  340. 

p.  1!9.  L  81.  BM  1.  Tcw 

•     .      .  18.  fl  VbH]  1,  à  Vew 

f.  118.  1.  16.  Ce  patUfe  doit  précéder  let  fiagment*  det  lettrée  da  eamle 
BvlUume-Lomit  et  de  Jtatùu,  ai  U  date  af  diaprée  Pantien 

p.  £04.  1.  26.  [oteerra]  L  [obtniir] 

p.  228.  1.  18.  wikeAcbrend  1.  widerkslirend 

p.  S70.  I.  20.  ^omtee  9  Mpt.  1600, 

f-  S1I.  L  6.  et  w  icehij  m  L  «or  i.  et  oa 

p.  172.  L  7.  Or  poi*  L  . . .  Or  pnit 

p.  420.  1.  25.  862  1.  861. 

p.  Ml.  1.  28.  [priKntant]  L  [prAcDdant] 

p.  at.  1.  81.  Ter  I.  eer 

p.  iS4.  L  22.  rtj.  en  1.  J'ij  en. 

P'  M7.  Ifie**  ta  note  S.    U  leOn  eit  da  t  ott.  n.  it. 


,,  Google 


p.  558.  l.  S.  triegsn  I.  irâgea 

p.  BU.  1.  EE.  menKtiïljk  ].  wensel»1}>k 

•      '      «SI.  virbclering   1.    Terbittering.     Feuie   lypograpHçMt.     Dt  kAw 

p.  SU  I.  SO  pour  manncn  I.  niiiimen 
p.  565.  I.  17.  na  Toor  wnl  lorg  ie  dmgen  dit  idcd  I.  oiet  v.  s.  z.  I«  d.  i. 

mur  d^rii  la  eonjteiUM  de  m.  tan  dis  kbmp,  MnaU*  v. 

Ifattm.  IV.  318. 
p.  EGT.  I.  i.  inllsa  I.  ni 
p.  570.  1,  3.  »/„  mai  I.  "/„  bmJ. 
p.  571.  I.  II.  9  juin  I.  10  jaiD. 
p.  575.  1.  28.  geoaoKcrt  I.  fwetueert 
p.  578.  I.  25.  di«    mta   op   occuii   nneht   I.    die   micr   op   oceuïe  wictL 

(emjteiuTt  de  H.  ils  dik  tsap.) 

Toxt  ni. 

V.  I,  IS.  fAtraicng  1.   AcnMDa.  —  It faut  écrire  OM  Aenwn*  ou,  tommt  il 

tiçnait  lui  mime,  Pnnfoia  d'Aerasen. 
T.  I.  17.  et  osiii.  L  2.  Vitconti  I.  Viictrdi.  cb>Dccli«[  de  MontTomt. 
p.      7.  1.  15.  de  Niuia.     JjouteM  Priu  d'Oldeuiul. 
p.     U.  1.  23,  I.  30.  Et»  ].  ta.    Da  même  dan*  let  fmget  ttàtaiêUi. 
p.     15.  T.ettra  478.  Celte  Itilre,  ieriU  U  jour  da  penleeo$le  \6S1 ,  doit  tmm 

let  lettrée  479  et  4S0. 
p.     18.  I.  10.  Mfime  lofet.   1.  Bonuee  dùpoiiliom  dei  Prm.-Umiet  emert  U 

France. 
p.     £0.  I.  SS.  Scaglii.    Ajotitet  (1)  AmbauidïDr  du  dac  de  SiToie. 
p.    35.  Leitn  493.    Ajoulet.  (1)  Did>  celte  lettre  et  dam  plusican  d&hiffrfo. 

rfcrÎTiJQ,  Aiùafii  pir  an  cfaiSre,  leoible  parler  de  lui-mtcM  i  1«  troi- 

nème  penonoe.     Vajai  ptr  ex.  mui  U  L.  607. 
p.    87.  )-  80.  Hioterïfe.  I.  (1)  le  mirquii  d'Htaleiive,  frira  de  ChUetoonl. 
p.    41.  1.  17.  Richelm  I.  [Biehetien]. 
p.    44.  1.  S5.  le  1.  1t 
p.    46.  I.  24.  tenir  1.  [tirer] 
p.    68.  Heoirt     Jjoutet.  (1)  beoijoiar  i.  Parie,  comniû  pir  lei  Elita-Oënàiiii 

poDr  raceroir  lee  inbiidM  et  qd  ;  demeur»  plua  de  trente  ui  en  ult< 

p.    75.  I.  7.  CirdÎDd'Ia&Dt  1.  PrJnee  Tfaomu  de  Savoie, 
p.     87.  1.  10.  Iiial  1.  bult 
p.     sa.  I.  4.  1687  I.  1680. 

p.    98.  1.  S.  ajoMlet  le  coniemit   Àffaret  parlickUèret. 
p.  108.  1.  9.  eraquoiis  1.  croquant  et  poulet  (1)  nom  qa'on  donooft  au  pifaM 
iniurgji  dini  plaiiean  prarioeei  contre  le*  impâtt  et  le*  perteptun. 
p.  125.  1.  1.  Lettra  1.  t  Lettre 
p.  128.  1.  7.  qu'on  1.  [ce]  qu'on 
p.  136.  1.  3.  Tcm  I.  Terrt 
p.  147.  I.  18.  Bredi  iyonUê  oomme  une  troiueune  parlent  de  li  penonna  di 

oolonel  Artiaobofikj, 
p.  161.  1.  12.  te  cbinge  1.  l'jcbange 
p.  168.  1.  denUre  noaTctn  1.  inden 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


p.  ISt.  1.  s.  promattcnt,  qo*  I.  pr.  qae 

■     •      •  12.  coodilioni ;  1.  cooditioni, 

•     •     -  84.  Bre  1.  hire 

p.  !1S.  1.  1S.  coDnaiuaDce  1.  eoDDoilMDM 

p.  as.  L  19.  ]>ttrB  igimla  ^tninaic  autagrtpit, 

p.  ta.  1.  25.  dcucin,  qu'mei  I.  dsMciD  qa'iTat. 

p.  ÎTD.  ).  17.  Aoi^is  I.  Amilie 

p.  JSa.  1.  31.  Is  CitiKihaiii.  {Jjoala'  l'arpnl.  Jlbaio»  au  titrt  dt  laSatjre 

Mmppie  de  11  nrtii  do  cithoIkoD  d'Eipignc. 
p.  330.  1.  8.  2triiu-HJn  Râm-Itége»la. 
p.  37S  1.  S7.  Knin  1   [oniD] 
p.  S7t.  I.  )S.  t  Lvtlrs  I.  ■  Ultra 
p.  398.  L  II.  ii^ij  1.  AoibuudcDR  ta  AngleUrre. 
p.  415.  I-  13.  SUfford  1.  Stnfford. 
p.  tlT.  1.  e.  Jjoattt^  ooit. 
^t30.  L  11.  DOCXTI.  L  ocxcvi. 
p.  4SS.  I.  dnpitre.  conte  1.  comlf . 
f.  48e.  L  19.  «  attÊU  1.  a  «M  haiMfèn. 

t  FnUsmhte»,  p.  cxxiZ.  (I)  JjçtUex:  Cg  s'eit  qn'iprii  iToir  knninf  en 
l'ivKgHpisa ,  qoB  j'ai  m  la  ciUlogoc  d'nnc  oollcction  do  Dianuicrits  et  lettres 
uti^phll  proMNdNl  1^  la  ntecanan  dt  F^ançoit  wan  jùruea ,  dont  le  Tente 
ion  Hco  a  iTiil  Jt  leKbnirîede  M.  Mirtiniu  Njhaffili  Hije.  S'ilot  1  prj- 
Howr  qoe  ploiieiin  Eapport*  de  te*  tmlanadea  et  ane  ptiiis  ds  Kt  lettrée  m 
tnmt  fgilemeDt  duia  ha  ArchiTei  de  le  Miiaon  d'Orange  et  anrtout  dena 
ctltea  du  Bejinme,  os  ne  (enroit  ufinmoina  dealer,  d'iprb  lea  indinljuns  dn 
atelogoe,  qn'il  n'y  ait  ]k  on  nombre  copiid^rable  de  niitjriaDi  incoonaa  et 
cirieu,  pour  la  bùgrapbïa  de  U.  de  Sommelidjok  et  poor  l'faiitoire  diploma- 
lifite  de  ton  fpoqiiB. 

fi.  Le*  iettret  oo  rraK^eati  indiqua  i  U  marge  par  P.  C.  H.  «ont  titét 
Je  ta  CoTTttpomdaïKa  de  BoUanAi  aui  JreAint  det  Aftâret-Élrangiret  dt 
l'mce,  d'après  dra  copies  qae  j'ai  &it  prendre  lora  de  mon  aéjour  ik  Pari*  eu 
me  (Mjei  It  Série,  IV.  p.  VIL.) 


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LBTTBB  CCCCUaX. 

Âtmeiu,  Seignair  de  Soimnehdt/ck,  à  M.  de  ZuyUchem.  Fé- 
UcUations. 

*,*  CoulBiitiD  Hnjgau  (1696—1687),  Stigncar  de  ZnjlieliBm,  cAibre 
poâi  et  litUratcnr,  Mcrftaire  de  trois  FrincM  d'Onnga,  FrMcric-Hanri , 
GôDuiDC  n  et  SmllaDDiB  III,  Tcooit  d'ttre  noinnij  k  cetta  pUc<  d«  con- 
bac*.  11  iToit  leeompigDé  Aentepi  i  Venùi,  en  1619,  m  quilit^  de  wcrj- 
tiin  d'unbunde. 

In  Angleterre,  Chulci  I  tyint  maéié  k  Jacque*  I  (+87niinl625},  Aen- 
KM  dnait  mettre  1  proBt  1m  diipo*itJon«  du  jeune  Roi  poar  one  ligne  plu* 
Anib  eonlre  l'Bipegae. 

Monsieur.  Ainsi  que  j'estoy  but  mon  embarquement,  pre- 
nant congé  de  messieurs  de  Middelborch  qui  nons  avoyent 
festiné,  la  nonvelle  nons  fut  apportée  que  moBseigneur  le 
Prince  d'Orange  vods  avoit  enfin  faict  l'honneur  de  vous 
adopter  en  qualité  de  son  secrétaire,  ce  que  j'ay  esté  très- 
ayse  de  voir  confirmé  par  celle  que  sur  ce  subject  m'avez 
escrite  du  23  juin,  laquelle  me  fut  rendue  liier  soir  en 
ceste  ville;  pour  responce  k  laquelle  j'espëre  que  me 
croyez  qu'il  n'y  a  nul  de  voz  amis  qui  se  resjouysse  de 
meilleur  coeur  de  vostre  avancement  et  contentement  que 
moj,  qui  ay  une  trës-certune  connoisaance  par  des  vrajes 
preuves,  de  vostre  portée  et  mérite,  et  ay  longuement 
désiré  uue  pareille  occasion  pour  les  faire  mettre  en  veue , 
m'asseurant  que  non  seulement  sou  Esc ,  mais  tout  l'Estat 
se  trouvent  bien  servy  de  cette  élection.  Je  prie  Dieu 
que  puissiez  longues  années  occuper  cette  place;  jasquea 
^  ce  qu'une  meilleure  vous  la  face  changer;  un  seul  dea- 
plaîsir  me  demeure  parmy  cette  joye ,  que  feu  M'  vostre 

m.  1 


,,Googlc 


«as.  JnOlet,]  _  2  — 

përe  ' ,  qnî  a  tousjoars  visé  à  C6  dessein ,  n'a  monrruit 
pea  emporter  ce  soccès  avec  Iny.  An  reste,  Monsieur, 
j'accepte  de  bon  coeur  les  bons  ofBces  que  m'ofitcz,  dont 
je  me  tiens  plènement  acertené;  aassy  vous  prie-je  &iie 
estât  aux  occassions  des  miens  ;  car  je  vous  tiens  au  nombre 
de  mes  plus  confidens  amiz.  —  Nous  allons  îcy  entamer  une 
besoigne  assez  coniuse,  ne  sacbant  encor  ce  qu'on  déwe 
de  nous,  a'j  ce  que  nous  pourrons  concéder j  il  s'oavre 
tout  plein  de  belles  apparences ,  pour  convenir  d'une  plus 
estroitte  confédération,  mais  la  saison  pour  la  mettre  à 
exécution  ce  sera  passée  devant  que  de  l'arrester  sim- 
plement; TOUS  connoissez  (')  les  longeors  et  irrésolutions  de 
cette  cour,  et  maintenant  qu'elle  a  une  nouvelle  Koyne', 
tant  d'ambassadeurs  francojs,  le  Parlement,  la  flotte,  el 
tant  d'autres  grands  affiiires  sur  affaires,  k  vostre  advii 
comme  qooy  est-il  possible  que  nous  en  accordions  ej- 
tost?  Noz  commissaires  sont.  Mess,  les  ducq  de  Bnckingam, 
grand-tbrésorier,  conte  de  Penbrocke;  conte  de  Carlisle, 
viconte  Brook,  Baron  Conway.  Vous  avés  icy  nombre 
d'amis  qui  se  soaviennent  de  vous.  Sur  ce  je  sois ,  Hon- 
siear, 

Vostre  hnmble  et  très-affectionné  serviteur 
FaÀMÇOTB  n'Azasanr. 

Do  Londres,  2  juillet  16S6. 
A  Monsieur  de  Sn^lecom,  secrétaire  de 

Uonseigneur  le  Prince  d'Orange. 


LBVimB  CCCCIiXX. 

l^e  même  au  même.     ConuiU. 

Monsieor.     Je   me   suis   esbabj   que   vous   ayez  eu  le 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  O  —  [1826.  Août. 

tempe  enmy  '  «y  grand  presse  de  m'escrire  sy  longue 
lettre,  ce  que  j'impote  &  rostre  singtdiëre  aâêction,  la- 
quelle je  TOUS  prie  de  croire  que  me  demeurera  touBJours 
très-cb^.  Ce  m'est  beaucoup  de  contentement  de  tous 
veoir  eatablj  en  rostre  charge,  qui  ne  tous  oblige  à  nul 
préjugé  de  registres ,  et  partant ,  sans  tous  assujettir  à 
ngnorance  du  passé,  je  vous  conseille  permettre  de  la 
liberté  à  Tostre  esprit,  pour  se  former  à  soy-mesmes  des 
règles  convenables  à  la  condition  du  maistre  et  dignes 
de  TosCre  inTenUon  ;  ce  que  pouTez  tenter,  tous  poussant 
avant  à  cet  arènement,  et  je  m'asseore  qne  vos  labeurs 
téussiiont  au  gré  de  son  Exe* ,  et  à  la  réputation  de  l'Estat. 
Les  affaires  qui  se  démènent  partout  sont  grandes  et  peu 
beurenses  ;  87  elles  continuent  sur  ces  arrbemens  * ,  j'ay 
peur  qu'elles  nous  précipitent  dans  des  irréparables  con- 
fimons ,  car  l'authorité  et  les  finances  nous  faillent  et  qui 
descberront  '  encor  d'aTantage ,  ey  l'ennemi  achève  de 
prospérer.  L'on  nous  a  enfin  renrojé  l'estoeuf*  etTestrif* 
icy,  ce  que  je  n'avoy  point  espéré,  desjà  assez  ennujé 
da  &cheuz  séjour  que  sans  compassion  aucune  l'on  nous 
a  obligé  de  Ëiire  en  cette  TÎlle,  où  il  se  meurt  de  six  k 
sept  cens  personnes  par  jour;  mais  puisque  font  obéyr, 
je  pressera^  le  plus  que  je  poorray  pour  raccourcir  les 
longueurs  de  cette  Cour;  car,  sy  k  bon  escient  l'on  désire 
traicter  «t  conclnrre ,  il  couTient  accélérrer,  et  point  traîner 
les  afiaires.  Je  açay  qne  me  plaignez  de  bon  coeur,  aussy 
m'y  a-oD  embarqué  contre  ma  volonté  ;  mûntenant  il  font 
achever,  sans  quitter  ta  place  qu'après  besoigne  faicte  ou 
hillyeC);  l'on  démonstre  assez  de  bonne  volonté,  mais  vous 
conuoissez  les  foçons  de  iaire  de  cette  Cour,  et  le  peu  de 
comte  qu'elle  foict  de  nous;  il  leur  en  font  fure  passer 
Fenvye  tout  du  long,  et  en  proffiter  ce  que  pourrons. 
Conservez  moy  la  volonté  qne  m'offi'ez,  et  de  la  sincérité 


(1)  La  7tf  "P^     Aernena   lign*  le  tmli  d«  SonthuoptoD ,  tUiuK» 

Bt  d^feuiTe  dfl  l'ADgletene  it  de  !■  lUpablJqne  oontro  le  Soi  d'Eipagi 

1  paidant  '  fiTKDOQb.  *  mtnqnDfODi,  i 

*  balle.  ■  qneralle. 


,,  Google 


1626.  Ftvricr.] 


.  4  _ 


de  laquelle  je  prens  plène  asseurance ,  autant  que  Je 
désire  qae  vous  persuadiez  que  je  veux  demenier , 
Monsieur , 

Voatre  bien  bnmble  et  tr^-afifectioimé  serritenr 

FUMÇ0Y3   l>'A.EB8aBII. 

De  Londrea,  ce  18  août  1636. 

I.  tSTTBE  CCCCLXn. 

>, 
Lt  même  au   Cardinal  de  Richdieu.     Négoàaiiim»  avec  la 
Reformé». 

*,*  Cette  lettre  et  la  •ainntc  leinblent  îpdiqoer  qoe  o'eit  «artoot  tai  é- 
fbrti  d'AertHiat  qae  In  coar  de  France  fut  ndonblc  de  1&  paix  kcc  le*  U- 
fomfc  agD^  le  G  février  ]e2S. 

Monsetgnear.  Messieurs  les  ambassadeurs  da  Koy  de 
la  Gbande-Bretague  *  et  moy  avons  traTÙIIé  hier  et  tonte 
cette  matinée  avec  les  députez  de  la  Religion;  les  affitirea 
sont  k  mon  advis  beaucoup  avancées;  mais  comme  il  se 
présente  encor  quelque  difficulté  &  esclarcir,  je  vous  sop* 
plye  très-humblement  me  fàre  sçavoir  sy,  et  à  qnelle 
heure  vous  aurez  aggréable  que  j'aye  l'houneur  de  tous 
aller  veoir,  car  j'espère  que  ce  sera  encor  dans  ce  jonr- 
dbuy,  et  que  vous  en  rapporterez  la  gloire  qui  est  deoe 
à  vostre  prudence.  M"  tes  Ambassadeurs  de  la  Grande- 
Bretagne  se  sont  excusez  de  ce  voiage  à  cause  de  leur 
indisposition;  je  te  pourroy  laire  à  l'avanture  à  meilleur 
titre,  mais  l'affection  que  je  doitz  et  ay  à  la  pais  me 
fera  touBJoars  négliger  toutte  auttre  considération,  voire 
moy-mesmes.  Je  me  trouveray,  Dieu  aydant,  demain  à 
l'assignation  que  M'  d'Ângairre  vient  de  me  notifier,  et 
ce  pendant  je  me  tiendray  très-honoré,  sy  je  puis  estre 
conservé  en   la   faveur  de  vostre   amitié,  comme,   Mon- 


seigneur , 

Votre  très-humble  et  très-obligé  serviteor 

D'AEBSaStf. 

Paris,  oo  3  février. 

'  Ije  Comte  de  Holkod  et  le  ehenijer  Culetoa. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—   5  —  [16B8.  Fé«i«. 

LBTTRIS  CCCCI^XXir.  ^ 

Lt  même  au  même.     Même  m^ei. 

*.*  I'  dânoUtion  da  Fort  Lonia  mcoiçant  puar  la  Rochells,  [iromiic  d^à 
a  1623  ftr  U  piii  de  Hoolpellier,  Aoit   on   point  espiUl.     Il   fut   iccordj, 

NU  11  œkdhiDD  kj  mite  ea  iraDt  pu  AerMco*  Is  vdilc  de  U  u|co>ltire  ila  tnité. 

Honseignenr.  Je  trouve  les  humeurs  sj  fort  esmeues 
de  tonttes  partz,  que,  sj  ne  permettez  l'espérance  à  ceux 
de  la  Bochelle,  au  moins  par  un  brevet,  de  la  démolition 
da  fort,  quand  le  Boy  trouvera  que  par  leur  fidélité, 
obéyssance  et  bons  déportemens  ilz  le  mériteront,  il  n'y 
a  point  d'apparence  de  rien  plus  avancer  en  la  négotiation 
de  ta  paix,  qui  se  poorroit  conclurre,  s'il  vous  plusoit 
concéder  ce  point,  lequel  en  efiect  ne  dit  rien,  car  le 
Boy  seul  jugera  tonsjoars  de  la  qualité  de  leur  mérite. 
Certes,  Monseigneur,  vous  avez  le  fort  et  les  isles,  et 
donnez  la  paix  i  vostre  volonté,  très-glorieuse  à  S.  M. 
et  trëa-aasenrée  à  sa  couronne,  ce  qui  vous  peut  suffire, 
et  à  mon  advis,  ne  devez  rien  plus  bazarder  par  une 
formalité ,  au  JSoy  de  nulle  considération ,  mais  jugée  ail- 
leurs corne  un  tesmoignage  d'aliénation  de  volonté.  Pour 
l'honneur  de  Dieu,  Monseigneur,  achevez  l'afTaire,  sans  la 
traîner  davantage ,  car  tout  s'y  accrochera ,  et  j'ay  raison 
de  craindre  en  cette  longueur  d'autres  accideus,  qni  nous 
ponrroyent  faire  perdre  l'espérance  de  cette  paii  qui  est 
entre  toz  mains;  j'en  parle  avec  appréhension  et  liberté, 
comme  vostre  trés-htimble  serviteur;  estimant  que  M.  le 
Duc  de  Chevreuse  l'aura  desj^  exposé  au  Conseil  du  Boy  ; 
dictes  moy  s'il  voua  plaist  l'honneur  de  m'en  mander 
vostre  sentiment;  car  tout  bransle  desjk.  Au  reste.  Mon- 
seigneur, je  vous  envoyé  ce  qui  vient  principalement  en 
considération  sur  le  siège  que  le  Boy  de  la  Grande-Bre- 
tagne pourroit  mettre  devant  Duynkerke,  au  moins  c'est 
josques  où  se  porte  ma  ratiocination  et  petite  expérience. 
Vostre  grande  et  incomparable  prudence  y  fera  encor  de 
plus  grandes  remarques,  pour  conseiller  le  Boy  de  poos- 


,,  Google 


ser   puissament  à  cette  roue.     Je   seray  toutte  ma  vie. 
Monseigneur, 

Vostre  trèa-humble  et  très-fidèle  servîtenr 


De  Paris,  ce  i  témer  1686. 


LETTRE  ccccuaaa. 

Le  même  ait  même.     Complimente. 

Monseigneur.  L'envoy  que  iÈûct  momieor  d'Espesees' 
de  ce  porteur,  me  donne  l'occasion  de  vons  renooTelIer 
les  assenrances  et  devoirs  de  mon  très-homble  service, 
en  reconnoissance  de  l'affection  que  m'avez  tesmoign^ 
vers  nostre  publiq,  laquelle  je  souhfdtteroy  qu'elle  nous 
enst  peu  procurer  le  bien  et  soulagement  qui  nous  tskt 
besoin ,  et  dont  le  succès  dépend  encor  de  vostre  prudence 
et  modération;  mais,  quelque  événement  qui  s'y  doive 
rencontrer,  je  ne  cesseray  jamais^  Monseigneur,  devons 
honorer  arec  le  respect  et  la  candeur  que  sçauriez  at- 
tendre d'une  personne  qui  a  l'&me  esloignée  de  toute  in- 
gratitude, mais  se  souvient  et  ressent  dignement  de  voi 
faveurs  et  courtoisies;  honorez  moj  donq  de  vostre  ami- 
tié, ey  m'en  estimez  autant  digne  que  j'aj  la  volonté  de 
le  mériter  par  vraye  obéissance  et  servitude;  car  je  buib, 

vostre  très-humble,  très-fidèle  et  très- 
affectionné  serviteur 


De  la  Haye,  ce  9  jain  1626. 

Bans  une  Relation  de  Hollande,  qui  date  apparemment  d««pF^ 

roières  années   du  stndfaoudérat  de  Fréderie-Heori ,  on  lit;„I'<X'' 

maintenir  l'authorité  du  Boy  en  Holande,  il  fault  qn'il  y  ait  «De 

ambassadeur  qui  soit  très-habille  homme ,  paroe  qne  en  se  pu  1> 

'  AmbuMdnir  de  Ftmim  i  U  Hiye,  de  1624  à  ie£8. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—    '    —  [!««.  AoAl. 

presque  toos  les  desseings  des  guerres  s'y  fonnent.  Le  dit  ambu- 
ndcai  doit  avoir  part  en  tous  les  coosellz  génénrolx  de  l'Estat  et 
doibt  gaigner  seerettement  les  boDoea  giàces  dn  Prince,  celles  de 
M  femme,  et  l'amitié  de  ses  confidents,  dn  consentement  du  dict 
Prince.  H  pourra  faire  grattifier  qnelqne  uns  des  principaux  des 
Eslats,  qnî  ne  seront  pas  de  sa  caballe,  affin  qu'estant  bien  avec 
enlx,  il  puisse  desconvrir  tout  ce  qui  se  passera  et  estre  l'arbitre 
de  tons  les  difi&«nds  qni  poorront  naistre,  et  néanmoins  faire 
réosaÏT  tont  i  l'sdTantage  dn  Prince;  car  l'on  doibt,  tant  que  faire 
K  pourra,  l'authorizer,  estant  bien  plus  aisé  d'estre  bien  avec  ung 
particulier  et  de  l'inthéresser,  qne  tout  an  peuple."  (hb.  p.  cokb. 
B.  m.  92.) 


LETTBB  CCCCUaiV. 

Lé  ConêeiUer-pennotuùre   Dut/ck  au    Comte  Emt$t-Ca»imir 
de  NattcM. 


1   fat  prit   la    1   ■oSt.    „6rMf  Snitt  wu   tm  nitueren  awr 
■ctiet  ot  moadig,  on  tooDdeDt  bjwiid»r  in  itM  gtlsgenhcid."    (Aitzema.) 

Hoogh-  ende  Welgebooren  Orave,  genadige  Heere.  Wy 
hadden  gîstem  lopende  advisen  ont&ngen  van  't  succès 
van  Oldenseel,  maer  corts  daemaer  ontfangen  den  weer- 
den  brief  van  Uwe  Exe.  van  31  Jnlj,  en  conde  ick  naj 
niet  inbeelden  so  sabite  reranderinge,  tôt  dat  ran  daege, 
ats  in  de  kercke  qiiam,  verstont  de  waerheyt,  en  dat  de 
copien  van  de  capitnlatie  waeren  gecomen,  daerinne  ick 
rerblTt  was ,  omdat  die  nesten  veete  moeite  aen  Vriesland 
en  Ommelanden  maecken,  en  te  meer  omdat  God  de 
Heere  onder  't  beleit  van  Uwe  Gen.  die  segen  beeft  wil- 
len  geven,  dewelcke  ick  in  dit  succès  gratuleere,  en  hoipe 
dat  God  sjnen  segen  sal  verleenen  dat  TTwe  Gen.  met 
meerder  laurier  mach  werden  gecroont.  Hier  heeft  men 
ordre  gegeven  om  de  heeren  Ambassadeurs  van  Yranck- 
ryck,  Bennemarck  en  Venetîen  daeraf  te  informeren,  en 
lullen  desen  avont  de  clocken  gelaydet  werden,  behalven 
dat  men  in  de  kercken  op  desen  biddach  oick  Godt  daer- 


,,  Google 


1886.  AoflL]  —   o   — 

voor  lieeft  gedanckt  Maer  nu  vallen  pointen  van  con- 
sideratîe ,  of  nîet  goet  waere  't  huys  te  Lage  terstont  te 
mineren  ea  doen  springen,  om  geen  meerder  ongemack 
van  daer  te  wachten?  item  of  men  Oldenseel  sal  deman- 
teleren  ofte  houdea?  en  ten  derdeo  wat  men  metten  léger 
sal  voorte  doen?  Indien  de  vïant  syn  macht  over  Kyn 
comt,  moet  men  naer  een  ander  oîrt  luystern;  indien 
niet,  moet  men  daer  noch  wat  doen,  daerop  in  conside- 
ratie  comen  Lingen  en  Grol;  Lingen  leit  verra  bnjten 
de  provincien,  en  periculeus  de  macht  so  verre  te  senden, 
ten  waere  de  Coning  van  Dennemarck  op  dese  sjde  van 
de  Weser  mede  yet  wilde  doen.  Crrol  is  tamolyck  starck, 
doch  naerby,  ende  kan  'tlant  altoos  decken  by  noot;  en 
als  men  14  daegen  tyt  mocht  hebben  om  te  begraven, 
meine  ick  dattet  niet  en  eal  konneo  ontgaen;  doch  late 
aile  de  consideratien  van  dien  aen  de  wysheit  van  syne 
Exe  en  van  Uwe  Gen.  Indien  dselve  goet  vinden  op 
de  eene  ofte  andeie  plaetse  yet  te  doen ,  daertoe  sal  naer 
myn  vermogen  lietpe^  contribueren   om  de  laarierea  van 

syne  Exe  en  Uwe  Gen.  te  doen  groeijen In  den 

Haege,  5  AugutH  tsavonts. 

Uwe  Gen.  ond,  dienaer, 
AHi.  DirrcK. 

Brieven  van  Joachimi  ' . . . .  honden  dat  in  Engelant  or- 
dre ie  gestelt  tôt  betalinge  van  4  Engelse  regimenten;  dat 
gelt  gereet  gemaeckt  wert  om  naer  den  Coning  van  De- 
nemarck  te  senden ,  dat  Lobel  afgeveerdicht  ia  naar  Vranck- 
ryck;  dat  den  Coning  mede  gelt  sal  fiimeren  voor  Mans- 
felt,  meinende  dat  te  hiilen  uyte  gewesen  [radt],  subsidieo 
ende  teeningen  rycke  coopluyden  op  te  leggen. 

Aen  syue  Oen.  van  Nassau  Stad- 

holdet  Tan  Vriealaad 

'  Albart   Jotcbimi   (IS60— ieG4},   tavoyi  3a  ProrincM-UDÎM  ea  ii^ 
terre,  iprè»  h  mort  de  Noël  da  Caron,  uigncur  de  SchoonaTal. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


LSTTKB  CCCCLXXT.  ^ 

M.  de  Sommeltdyek  au  Cardinal  de  Richelieu.     J-a  F\ranee 
doit  secourir  les  Provtnces-  Unies  tf  un«  manière  plue  ef^xace. 

*,'  La  Etat*- Généra ui  tyint  conda  (Q  A6a.  leSS)  une  kllianee  lUfenÙTe 
(t  aSsnsTi  ticc  I«  Roi  ds  Uuiemuk ,  a  tônite  i  Lottcr  (S7  août)  nndoit 
dcaUcmcDt  n^MMurt*  l«s  leconn  de  U  FnDM. 

Monseigneur.  Le  seul  contentement  qui  me  reste  de 
mon  ambassade  en  France,  c'est  celuy  que  j'ay  de  la 
sonvenance  d'avoir  en  t'honnenr  de  vostre  doux  entre- 
tien; plus  rare  véritablement  que  je  ne  desiroj,  mais 
tel  que  les  afFaires  et  vostre  santé  le  comportoyent 
J'admire  encor  &  tout  conp  la  promptitude  de  vostre 
conception;  avec  la  solidité  de  vostre  jogement,  aatant 
qne  la  franchise  de  vostre  accueil.  Car  je  n'y  ay  rien 
trouvé  à  redire  qu'un  temps  moins  jaloux  et  une  to- 
loDté  plus  préparée  k  nous  bien  &ire;  c'est  aussy  pour- 
quoy  d'autre  part  je  regrette  d'avoir  esté  nécessité  de 
[nous]  esloigner  sans  conclurre  un  traité  pins  proporti- 
onné à  la  grandeur  du  Boy  et  au  besoin  de  cet  Estât; 
puis  qne  je  m'apperçoy  que,  pour  y  avoir  mal  prins  noz 
mesures,  il  y  a  danger  que  nous  laissions  plustost  sur- 
prendre au  mal ,  que  de  rien  changer  en  noz  délibérations. 
Vous  croirez  ^  l'avanture  qu'il  iroit  de  vostre  prudence; 
et  nous  travaillerions  longuement  en  vùn  de  voulloir,  pour 
nous  accommoder,  surmonter  l'impossible.  Néanmoins, 
Monseigneur,  c'est  un  effet  de  vostre  prudence  de  venir 
au  devant  de  nostre  infirmité,  laquelle  nous  ne  saurions 
corriger  de  noos-mesmes;  et  on  nous  perd  sciemment,  sy 
on  présume  qu'agissons  autrement  qu'avec  candeur,  et 
sans  autre  dessein  que  pour  subsister  tant  seulement, 
notre  condition  présente  n'estant  aucunement  capable  de 
rien  d'artificieux;  au  moyen  de  quoy  je  vous  supplye, 
Monsngneur,  ne  voulloir  permettre  que  soyons,  durant 
vostre  entremise  et  authorité  aux  affaires,  moins  favora- 
blement traité  du  Boy,  que  l'avons  tousjours  esté  par  le 


,,  Google 


"-3 


10  ■ 


passé  ;  car  comme  le  blasme  de  nostre  mine ,  qai  ne  tous 
peut  eatre  de  petite  considération,  Toas  seioit  imputé  seul, 
de  mesme  an  contraire  rapporterez  tous  toot  l'honneur 
de  notre  conservation;  mais  il  est  temps  et  m'en  croyez 
snr  ma  parolle  s'il  tous  plaist,  qne  tous  commenciez  ^ 
mettoe  à  bon  escient  la  main  à  Voeavre ,  sans  rien  laisser 
traîner  davantage ,  de  penr  qne  le  malheur  des  Toisins  ne 
vienne  anssj  h,  précipiter  noz  délibérations.  Les  grandes 
charges  nons  pèsent ,  encor  se  reconnoissent-elles  ne  point 
suffire  ^  nostre  maintien.  Vous  nons  secourrez  leotemant 
et  petitement;  les  avances  en  mangent  nue  bonne  partye; 
le  fên  Boy  d'immortelle  mémoire  y  sonlloit  '  aller  d'un  autre 
air;  l'Angleterre  ne  paye  point  les  six  mil  hommes,  k  qat? 
elle  est  obligée  par  nostre  ligne;  Venise  rétracte  sa  pa- 
roUe,  et  ne  fournit  pins  rien;  au  lien  de  cela,  nons  cod- 
tinaons  de  secourir  de  dnquante  mil  lÎTres  par  mois  an 
Boy  de  Denemark  ;  et  d'autres  bien  grosses  sommes  à 
Mansfelt,  Oabor,  Ëmden,  et  antres.  Les  frais  ordinaires 
et  extraordinaires  de  l'armée  qu'avons  mise  en  campagne 
mangent  le  pins  clair  de  noz  finances;  les  peuples  se  las- 
sent et  crient  de  ces  grandes  impositions  personnelles  et 
réelles,  pendant  qn'ilz  sont  sans  commerce,  et  leurs  armes 
sans  prospérité.  Lk-dessus  on  nons  presse  de  reteancher 
une  grande  partie  de  nos  forces,  pour  changer  de  posta» 
et  nous  mettre  snr  la  défensive  et  défendre  noz  canaux; 
sy  ne  le  faisons,  nous  aurons  de  la  mntination;  sy  le 
faisons  anssy,  sur  cette  grande  disgrâce  du  Boy  de  Dene- 
mark, qui  tire  tout  l'Empire  en  snîtte,  qui  nous  garen- 
tira  que  les  ennemis  ne  nous  enfonceront  point  en  U 
foiblesse  de  noslre  défense?  Faictes  moy  l'honneur,  Mod- 
seignenr,  de  me  croire  que  ne  fusmes  jamus  en  plus  cri- 
tique et  hazardeose  constitution;  qu'il  est  plus  que  temps 
que  nous  tendiez  la  main;  je  vous  descouvre  nostre  nw 
ladie,  dont  l'oniqoe  remède  s'attend  de  vostre  pmdence 
et  puissance.  Je  sois  homme  sans  tard  ny  artifice,  mais 
qui  désire  trouver  ma  conservation  dans  celle  de  l'Estst: 


^...Goot^li 


i 


—   11    —  [1636.  Saptonbn. 

VOUS  poavant  aasearer  qu'avons  le  courage  franq  et  bien 
délibéré,  esloigné  de  tontte  intention  de  traitter,  sy  par 
faute  de  moyens  le  mal  ne  nous  j  force  et  porte;  tous 
ayant  donq  faitt  cette  franche  et  véritable  confeBsion, 
Monseignenr,  je  demeoreraj  descbargé  de  ce  devoir  pour 
attendre  de  rostre  prudence ,  qui  se  Êiict  admirer  de  tous , 
mie  résolution  libérale,  généreuse,  et  prompte.  Toutesfois, 
aj  désirez  auparavant  conférer  avec  nous,  sur  Testât  de 
nos  afbires  et  celles  de  noz  voisins,  pour  les  embrasser 
avec  plus  de  vigueur  et  de  fermeté,  en  mieux  propor- 
tionnant les  conseils,  pétitions  et  conditions  de  part  et 
d'antre,  je  tiendray  volontiers  la  main  &  ce  que  M"  les 
Estatz  députent  k  cela  des  personnes  bien  intentionnées 
et  capables  d'embrasser  voz  ouvertures  et  tous  représen- 
ter celles  que  pourriez  prétendre  de  nous  ;  car  je  leur  ay 
npporté  que  tout  le  bien  qui  nous  peut  venir  de  la 
France,  nous  doibt  arriver  de  vostre  conduïtte  et  seule 
affection,  et  que  vous  estes  porté  de  vostre  jugement  et 
naturel  k  aymer  nostre  manutention ,  qu'en  devons  attendre 
des  eSecla  notables;  mais,  quoy  qu'il  en  avienne ,  je  vous 
tnpplje  trfes-humblement,  Monseigneur,  mlionorer  de  vostre 
amitié,  et  de  faire  estât  de  ma  très-fidèle  obéyssance  et 
servitude,  car  je  sera;  tontte  ma  vie,  Monseignenr, 

de   vostre  Ex**  très-humble,  très-obéyssant, 
et  très-obligé  serviteur 

rKANçoYS  d'à. 
De  la  Haye,  ce  17  sept.  1626. 


LBTIWB  CCCCLXXTI. 

M.  ^Eapetaes  à Sur  le  renomellement  <f un  trailé  de 

suhtidet  avec  la  fhmee. 

*.*   ]>   2S   ao&t  fat   TCDOOTaU,   \  Parie  ,  poor  neuf  uit  le  tniti  d«  Cam- 
pi^K  (iOjuin  1024),  d'iprèa  lequel  te  Bsi  donnoit  un  million  de  Iîtr*  pu  lo. 

Monsieur.     Je    fus   hier  visité   des  commissaires  entre 


,,GoogIc 


16a7.  JaMier.J  —   12   — 

lesquels  estoit  de  surcroist  le  S'  de  !Noordwick  ;  et  ay  ce 
joordliiiy  ven  mous.  le  Prince  d'Oranges  et  les  S"  Anea 
et  de  [Wicht] ,  tous  lesquelz  m'ont  tesmoîgné  que ,  s'il  estoit 
question  de  trùcter  de  nouveau,  pour  éviter  les  jalousies 
qui  ne  travaillent  que  trop  l'Estat  et  pour  satisfaire  au 
loix  il  qaoy  obligent  la  constitution  d'icelluy,  l'on  ne  pour- 
roit  négotier  que  en  publique;  que,  s'il  plaisoit  au  Boy 
d'accorder  prorogations  du  traicté  de  Compiègne,  cela  pou- 
roit  se  faire  sans  bruit  et  en  la  forme  que  S.  M,  auroit 
le  plus  agréable;  de  quoj  mons.  de  Laugherack'  doibt 
aussy  recevoir  advis  et  j'en  réserve  beaucoup  à  voua  en- 
voyer au  premier  jour  par  mon  secrétaire,  tant  sur  ce 
subjet,  que  plusieurs  autres  matières,  comme  entr'antres 
du  prétexte  de  la  nouvelle  poursuitte  qui  s'estoit  escbanfiée 
naguëres  assez  rigoureusenieut  contre  les  cathoUcqnes  et 
des  moyens  par  lesquels,  Dieu  mercy,  j'ay  esté  instru- 
ment de  la  faire  cesser ....  La  Haye,  23  janv.  1637. 

n'BSPESBBS, 


LETTmB  CCCCLXXVU. 

I. 

Sf.  de  SommeUd^ck  au  Cardinal  de  Bichdieu.    Même  tigA 

Monseigneur.  Je  n'oseroy  prendre  l'hardiesse  d'mter- 
rompre  voz  très-sérienses  occupations,  pour  renouvellera 
vostre  Ex"  les  devoirs  de  mon  très-humble  service  et 
obéyssaocfl,  sy  vous-mesme  ne  m'y  aviez  obligé  par  It 
courtoise  lettre  que  le  sieur  Botard  me  porta  de  vostre 
part  au  mois  de  décembre;  et  comme  il  est  sur  son  re- 
tour vers  la  Cour,  pour  vous  esclarcir  des  intentions  de 
cet  Estât  sur  tes  ouvertures  qu'il  luy  avoit  apportées, 
ayant  eu  loisir  de  les  considérer,  et  l'entretenir  là-dessas, 
je  diray  à  vostre  Ex"  que  M.  d'Espesses  s'estant  conduit 
en  cette  matière  et  forme  avec  la  circonspection  qui  s'at- 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  13  —  [1637.  JiUTier. 

tendoit  de  sa  pradeace  et  de  vostre  bonne  instraction, 
messieurs  les  Ëstatz,  ponr  coopper  broche'  aux  longueurs, 
kj  ont  baillé  trois  lignes  de  response  par  escrit,  pour 
déclarer  it  S.  M.  qu'ils  se  contenteront  de  la  continuation 
du  traicté  de  Compiègne,  pour  autant  d'années  qu'elle 
aura  aggréable  de  le  leur  accorder;  je  diray  donq  cela 
de  plus  à  voBtre  Exe,  comme  très-fidèle  serviteur  de  la 
courronne  et  de  vostre  réputation,  qu'il  est  temps  qu'on 
pense  sérieusement  à  cet  Estât,  sy  on  esdm,  que  sa 
ntbsistance  mérite  considération,  et  partant  qu'il  est  plus 
à  propos  d'ayder  à  délibérer  en  quoi  sera  employé  vostre 
secours,  que  de  stipuler  le  contre-secours,  duquel  je  prie 
Dieu  que  le  £oy  ne  puisse  jamais  avoir  besoin ,  et  lequel 
néanmoins  j'ose  promettre  qu'il  luy  sera  tonsjonrs  très- 
useuré  et  prombt,  mesmes  sans  convention,  puisque 
noBtre  salvaUon  dépend,  après  Dieu,  de  U  prospérité  et 
bieaveillance  de  la  France  ;  mus  nostre  condition  va  estre 
telle  par  les  progrès  de  no2  ennemiz  et  par  la  froideur 
des  amiz,  qu'on  ne  doibt  point  apporter  grande  façon  à 
nous  tendre  les  mains,  de  peur  que  la  maladie  prévienne 
les  remèdes  par  foiblesse  on  désespoir;  en  particulier  je 
feray  tout  ce  qu'un  homme  de  bien  est  tenu  de  &ire 
pour  sauver  sa  patrie  et  recercher  les  alliez;  sur  teut 
j'honorerai  vostre  vertu,  et  espéreray  des  utiles  eflects  de 
vostre  ÏBComparable  prudence  et  affection  vers  cette  Ré- 
publique, k  laquelle  j'ay  donné  des  asseurances  entières 
que  rien  ne  retarde  le  secours  qui  nous  a  este  promiz, 
que  les  malhenreox  incidens  qui  ont  laiUy  de  troubler  la 
paix  du  Royaume  avec  l'aathorité  du  Boy;  mais,  cela 
ayant  esté  réglé  par  vostre  courage  et  sage  conduitte, 
que  désormais  vous  estendrez  aussy  les  effects  de  vostre 
soin  et  clairvoyance  sur  cet  Estât,  afin  de  le  protéger 
et  le  conserver  capable  de  servir  quelque  jour  le  Roy  et 
la  couronne  avec  la  gratitude  que  méritent  ses  grandes 
&venrB.  Estimez  moy.  Monseigneur,  digne  de  vostre 
amitié  et  conSence,  et  tant  que  je  vivray  je  rechercberay 


,,  Google 


1BS7.  JiDTiBr.] 


14  ■ 


avec  pasaioB  lea  occasions  de  tous  poavoir  détnonstrer  qne 
je  suis,  Monseigneur, 

De  vostre  Excellence  très-bamble ,  ttès- 
obéjsssnt,  et  tràs-fîdèle  serviteor, 
TKANçors  d'axbbskn. 
La  Haye,  S9  jaQTÎer  1S27. 


LETWB  CCCCLXXVm. 


M.  de  Smuneladj/ok  au  fnême.    U  est  urgent  de  a'oppoter  m- 
t  à  Vennemi  commun. 


Monseignear.  Venant  d'estre  adverty  par  le  sieor  Bon- 
tard  qne  monsieur  d'Ëapesses  le  redépeschoit ,  aor  le* 
rencontres  de  sa  négociation,  j'ay  douté  sy  j*oseroy  escrire 
k  r.  Ezc ,  pour  ne  tous  point  destoumer  de  toz  ordînù- 
res  et  pressées  afiaîree,  duûs  le  devoir  qne  j'ay  &  la  gra- 
titude, m'a  faict  franchir  toutte  antre  considération,  ponr 
TOUS  remercyer  de  l'honneur  qa'il  avoit  plen  à  t.  £xc 
me  procurer,  que  le  Roy  a  eu  aggréable  de  faire  déclarer 
à  messeignenr  les  Ëstatz,  qne  ma  venue  près  de  S.  M. 
pourroit  eatre  utile  à  avancer  les  matières  qui  restoient  à 
traicter;  et  combien  qne  cette  délibération  se  soit  ren- 
contré en  un  temps ,  auquel  je  renoy  d'enterrer  mes  père 
et  mère  quasi  tout  à  la  fois,  elle  ne  laissa  pourtant  pas 
d'estre  acheminée  bien  avant ,  quand  le  second  commande- 
ment de  S.  M.  survint,  pour  en  &ire  surceoïr  l'exécution,  ce 
qui  m'a  délivré  d'une  grand'  agitation  et  inquiétude  qni 
me  travailloit  en  l'amertume  de  mon  aEBlction;  de  &fon, 
Monseigneur,  que  je  confesse  avoir  double  obligation  k 
V.  Exe,  tant  de  la  promotion  première  que  de  la  snr- 
céance  de  l'ambassade  ensnîvje  incontinent  après;  ce  m'ed 
une  très-aasenrée  preuve  de  l'honneur  de  vostre  bienveil- 
lance que  m'ayez  réputé  digne  de  cette  conunission  et 
conâence,  aussy  rendray-je  tout  devoir  ponr  faire  appa- 


,,.CoogIc 


—  15  —  [1627.  J«D«er. 

roîr  k  V.  Exc  aux  occanons  da  service  de  S.  M.  et  du 
VMtre  pour  en  pooroir  mériter  la  continuation  par  ma 
fidélité  et  la  très-humble  obéyssance  que  je  voua  ay  vouée 
poiu-  tout  le  temps  de  ma  vie;  espérant  qae  &vonserâz 
noetre  Estât  et  monseigneur  le  Prince  d'Orange  de  vostre 
{ftvenr  et  prudentes  recommaodationB,  afin  que  S.  M.  en 
puisse  estre  esmue  à  les  soustenir  libéralement  et  puissam- 
ment, puisque  le  Boy  d'Espagne  nous  entreprend  plus 
vivement  que  par  le  passé.  M.  d'Espesses  sçùt  noz  affai- 
res et  noz  bonnes  intentions;  il  est  ministre  qni  travaille 
jndidensement  parmy  nous,  et  je  suis  asseoré  qu'il  nous 
rend  de  bons  offices;  mids  ce  sera  un  chef-d'œuvre  à  tous, 
ij  les  volontés  des  amis  peavent  estre  réunies  et  opposées 
snx  desseins  de  l'ennemjr  commun;  c'est  on  coap  digne 
de  vous,  et  lequel  on  est  scrupuleux  de  tenter,  87  pre^ 
mi^ment  on  n'est  esclarcy  de  quelle  façon  ces  offices 
seroyent  recenz  ;  je  m'avanceray  toutesfois  à  vons  déclarer 
qne  je  les  estime  nécessaires ,  quand  mesmes  ils  devroyent 
desplaire;  car  la  chrestienté  ne  sçauroît  guères  pins  aller 
ce  train,  sans  produire  de  très-pemicieuz  changement, 
lesquelz  il  convient  prévenir.  Qnelqne  conseil  qne  vostre 
Ëxc  prenne,  elle  me  fera,  s'il  Iny  plaiat,  l'honneur  de 
me  croire  son  très-hnmble  serviteur,  en  reconnoissance 
des  &vears  générales  et  particnlières  desquelles  vons  m'ar 
vez  obligé.  Sy  je  sois  tant  faenrenz  qne  de  pouvoir  rece- 
voir ancnn  commandement  de  vostre  part,  vous  connois- 
trez,  Honseigneor,  avec  combien  de  promptitode  je  vous 
ob^ray,  comme  estant,  Mosseigneor, 

de  vostre  Exe  très-humble,  tr^-obéyssant 
et  très-âdMe  serviteor 

FRAK90TB  v'AMaaass. 
Db  la  Haje,  ce  joui  de  Pentecofte  1637. 


,,  Google 


16«7.  MmiJ  —   16   — 

LBTTBB  CCCCLXXIX. 

Jutim  de  Nattau  à  M.  de  Zuylichem.     FéUcùadoiu. 

*,*  M.  da  ZDjIichem  éponu  sa  1627  Snunne  tu  Biarle.  Ii«  âmm  h 
Jmtin  de  Nanta  d«  m  rendre,  utigré  Mn  Iga  fort  inocj,  mx  otoi,  al 
une  pranta  de  h  muid£ntion  dont  HD;rg«Da  alon  d^l  jouiMciiL 

Monsieur.  Vostre  lettre  du  23  m'a  esté  bien  rendue 
devant  hier,  par  laquelle  j'ay  ven  avec  combien  d'affec- 
tion TOQB  désirés  que  je  me  trouve  à  Amsterdam  pour 
estre  tesmoïng,  avec  plusieurs  aultres  de  nos  bons  serri- 
tear  et  amis,  qui  vous  honorent  et  estiment,  comme  je 
fÛ3,  du  grand  contentement  que  vous  receverés  en  se 
jour  tant  honorable  et  solennel  du  festin  de  vos  nopces, 
de  l'alliance  que  tous  &ictes  si  à  propos  avec  une  si  belle 
et  vertueuse  damoiselle,  avec  laquelle  je  vous  sonh&itte 
toutes  sortes  de  contentemens  et  de  bénédictions  et  de 
pouvoir  jouir  très-longaes  anées  des  douceurs  et  félicités 
qui  se  peuvent  recevoir  en  se  sainct  estât  de  mariage. 
Et  combien  que  mon  eage  et  les  incomodités  qui  accom- 
paignent  ordinairement  la  vieliesse,  desquelles  j'ay  sonvent 
de  très-grands  et  doulereus  *  recentimens,  me  ponzroieat 
justement  dispenser,  ne  me  permettant  dorrénavant  de 
voiager  fort  loing,  si  esse  tontesfois  que,  pour  vous  tes- 
moigner  combien  j'honore  et  chéris  vos  mérites  et  belles 
qualités,  et  avec  combien  d'afifection  et  de  zèle  je  déaie 
en  toutes  occaùons  vous  rendre  agréable  service ,  et  sonbs 
cette  assenrance  aussi  que  vous  me  permettrés  de  vivre 
saas  aucune  contraincte,  ains  avec  entière  liberté  et  fiian- 
chise,  je  me  suis  résolla  de  vous  aller  trouver  et  me 
rendre ,  avec  l'aide  de  Dieu ,  le  5  d'avril ,  second  jour 
de  Pâques ,  vers  le  soir  en  Amsterdam ,  et  prendroy  mon 
chemin  par  eaue  pour  estre  le  plus  aisé  et  comode.  M* 
femme  vous  prie  de  la  vouloir  tenir  pour  excusée  et  re- 
grette de  ne  pouvoir  se  trouver  en  si  bonne  compagnie, 
i,   cause    d'un    grand    rume    dont    elle    est   travaillée,  et 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  17  — 


[1687.  1 


n'uant  encores  eo  l'bonenr  d'avoir  esté  baizer  les  mtàns 
i  la  Beyne  '  et  à  Madame  la  Princesse  depuis  sa  sortie 
de  Breda,  elle  ne  peat  aossi  aller  ailleors,  que  premiè- 
rement elle  ne  se  soit  acquitte  de  se  debvoir.  Et  en 
ittendaDt  se  bon  faenr  de  vons  Teoir  bientost,  je  vous 
priera^  de  croire  qae  je  sois  et  demeurera^  toutte  ma 
vie,  Monsiear, 

Vostre  trèa-aflèctioné  et  trfes-asseuré  parain 
et  serritenr, 

JCanNOS  DB  NA8SAV. 

De  Leyden,  se  26  de  mars  16S7. 


LBWKB  CCCCIiXXX. 

Li  même  au  même.   Il  lui  renvoyé  le  journal  de  son  voyage 
en  ItaUe. 


Monsiear.  Apr^  avoir  bien  veu  et  conra  TAUemagne, 
la  Suisse  et  l'Italie ,  et  de  pr^  considéré  les  rarités  que 
Tons  avés,  avec  tant  de  jugement  et  de  soing,  remarc- 
qné  en  vos  mémoires,  je  vous  renvoie  vostre  livre,  avec 
beaaconp  de  grans  remerctmens  de  se  que,  par  vostre 
mojen ,  sans  peine  ni  dangier  de  monter  et  descendre  les 
bants  et  cornus  roschiers  et  les  e&oiables  précipis  pluns 
de  neiges ,  je  me  suis  rendu  aucunement  capable  de  pou- 
voir juger  des  rarités  qui  se  voient  en  touttes  ces  belles 
et  grandes  viles  de  la  magniâcque  républicque  de  Venise , 
7  ayant  prins  un  tel  goût  et  contentement,  que,  si  j'a- 
voig  vingt  ans  moins  que  je  n'ey ,  que  je  ne  voudrois  pas 
m'oblîger  par  promesse  de  n'i  point  &ire  un  petit  voiage, 
uomément  quand  j'aurois  se  bon  heur  de  vous  avoir  pour 
conducteur.  —  H  me  tarde  que  monsieur  l'ambassadeur 
Carleton  ne  soit  arrivé,  d'autant  que  je  me  persuade  qn'î 
ne  voudroit  passer  la  mer  que  pour  très-grandes  et  impor- 
tantes affaires ,  lesquelles  je  prie  Dieu  de  diriger  an  plus 
■  R.  de  Bohime. 

m.  s 


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)6a7.  Jn!a.]  —   18   — 

grand  bieo,  sonlagement,  et  seurté  de  cest  Estai  Je  me 
recomande  trës-afifectnensement  en  vos  bones  giices  et  à 
celles  de  Mademoiselle  '  vostre  très-chère  compaigne,  de 
menrant  toatsjonrs»  corne  je  sois  véritablement,  Monsienr, 
vostre  trèa-affectioné  et  très-assenré 
parain  et  serviteur, 

JOBTnmS   DB  NASSAU. 

De  Leyden,  ce  16  de  may  1627. 


LBTVBB  CCCCLZXXI. 

M.  de  Somm»di/ci  au  Cardùtat  de  Richelieu.    Mêtne  mjtL 

*,*  La  TelIâUii  prataatsntoi  dn  Roi  d'Anglctarre  Chulet  I,  mfl  bmib 
tpjMtnmmaDt  pir  bmm  religisQHi  qoe  pu  djrir  et  bcwdn  de  te  nafa 
popaUin,  lUoicat  nUmnei  cm  Fnnce  U  gnene  dnle,  lu  gnod  prcdl  dt 
l'Aotriehs  et  de  t'Eipigne. 

Monseigneur.  M'  d'Espesses  m'a  donné  la  lettre  qn'il 
TOUS  a  plen  m'escrire  le  baictiëme  de  ce  mois;  ce  m'i 
esté  an  trës-singolier  contentement  de  me  veoir  cod- 
tinaé  en  l'honneur  de  voz  bonnes  grâces,  et  en  la  bonne 
opinion  que  prenez  de  mes  intentions  an  bien  pnbUq, 
comme  aussj  de  mes  devoirs  à  vostre  service,  qae  je 
tiens  inséparables;  vous  suppliant,  Monseigneur,  ronlloïr 
prendre  cette  créance  de  la  fidélité  qne  je  vous  aj  vonée, 
que  je  seray  tousjoms  très-porté  à.  vous  honorer  et  obéjr 
à  touttes  les  occasions  que  vous  anrez  aggréable  d'en 
prescrire  les  effects;  car  j'aj  observé  qtte  vostre  anthorité 
et  conduitte  aux  affaires  générales  bntte  en  par^e  à  con- 
server aussy  les  nostres;  de  quoj  j'aj  à  diverses  foi) 
rendu  et  cautionné,  tant  qu'en  moy  a  esté,  les  tesmoi- 
gnages  convenables,  où  il  estoit  question  de  traicter  des 
grandes  matières,  et  vous  en  demeure-on  généralement 
très-obligé.  Quant  au  project  de  l'alliance,  je  snis  marry 
>   MidMns  (Mq'aftroov   m   daoit  dti  femmeê  marUft  Wi^paiemaKt  fB 


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—  lï*  —  [1687.  Join. 

qu'elle  se  démène  ay  longnement  sans  aaciuie  conclusion , 
principalement  en  ce  temps  qa'il  est  nécessaire  qae  nooa 
évitions  aoz  jalousies,  qui,  par  la  dorée  de  la  mésin- 
telligence entre  la  France  et  l'Angleterre,  pourroyent 
estre  conçeues  de  noz  intentions;  mais  je  ne  Yoy  point 
qu'on  soit  encor  en  estât  d'en  pouvoir  espérer  la  fin,  sy 
vous  persistez,  Monseigneur,  à  désirer  qoe  messeigneurs 
les  Estatz  promettent  de  ne  traicter  point  avec  leurs  en- 
nemis sans  le  consentement  dn  Roy;  car  je  n'ay  pas  peu 
reconcobtre  qn'ilz  ayent  aucune  inclination  de  condescen- 
dre &  cette  promesse  ;  bien  se  contentent-ilz  qu'il  soit  dit , 
<in'ilz  ne  traicteront  point  sans  l'advis  et  intervention  de 
S.  M-,  mais  d'attacher  leur  liberté  an  consentement  du 
d^is,  ils  en  font  grande  difBculté,  puisqu'ils  ne  venl- 
hat  rien  promettre  qu'îlz  ne  tiennent;  Je  sçay,  Monseig- 
neur, que  ce  mot  est  employé  au  projet  que  je  vous  fiz 
délivrer  à  Paris;  ce  fut  toutesfois  sur  l'espoir  de  le  faire 
contrepoiaer  d'an  notable  secours;  mais  le  million  de  li- 
vres est  si  peu  suffisant  de  nous  pouvoir  &ire  grande 
considération,  qn'à  pêne  faict-il  la  vingt  et  quatrième  par- 
tie de  nostre  dépense;  de  sorte  qu'il  sembleroit  bien  dur 
à  noz  peuples  d'engager  leur  liberté  à  sy  petit  prix;  le 
feu  fioy  d'immortelle  mémoire  les  ayant  secourru  gratui- 
tement d'an  en  an,  sans  aucune  convention  pareille  ni 
approchante  de  cela,  de  six  cens  cinquante  mil  escus. 
Messeigneurs  les  Estatz  sont  donq  encor  après  à  examiner 
tes  conditions  dn  traicté,  qu'ilz  taschent  de  mettre  au  point 
pour  en  espérer  une  courte  et  bonne  conclusion;  car  ilz 
d^nrent  avec  passion  de  ce  veoir  honorez  de  l'alliance 
et  de  l'assistence  de  S.  M.,  soit  d'une  nouvelle,  soit  de 
la  continuation  dn  traicté  de  Compiègne;  et  quant  ce 
désir  ne  viendroit  à  leur  succéder  sy  promtement ,  ilz  ne 
lairrout  pourtant  jamais  d'honorer  le  Koy,  servir  la  France, 
et  prendre  les  advis  de  S.  M.,  sur  les  importantes  oo- 
caûons  qui  leur  pourront  arriver,  car  ilz  sçavent  que  leur 
bien  et  conservation  dépend  en  grande  par^  de  la  con- 
dnitte  et  amitié  de  S.  M-,  laquelle  je  vous  suj^lye,  Mon- 


,,GoogIc 


16M.  Juin.]  —  20  — 

seignear,  voulloir  ayder  à  lenr  conserver.  tPes^me  que 
dans  peu  de  jours  vous  verrez  en  quelle  forme  le  der- 
nier traicté  a  esté  réformé,  après  y  avoir  bien  pensé;  et 
combien  qu'il  demeure  en  l'option  de  Messeigneurs  les 
Estais  de  passer  outre  au  tratcté,  sans  attendre  le  con- 
sentement du  Roy,  en  se  résolvant  de  restituer,  comme 
prest,  le  secours  qu'ilz  auroient  profSté  de  S.  M.,  je  ne 
voy  pourtant  pas  qu'on  soit  pour  s'en  ayder,  ains  on  est 
intentionné  de  parler  clair,  de  tenir  la  parolle,  et  de 
contenter  S.  M.  sans  prévarication  uy  interprétation,  nos- 
tre  condîtîoa  ne  nous  permettant  point  de  traicter  autre- 
ment. An  reste,  Monseigneur,  cette  mésintelligence  entre 
les  deux  couronnes  nous  desplaît  infiniment;  pourtant  nous 
travaillons  incessaœent  pour  adviser  aux  expédie  ns  pro- 
pres pour  la  faire  cesser,  et  volontiers  ferions  plus,  sy 
croyions  que  nostre  entremise  deust  estre  aggréable  et  de 
frnict.  J'en  ay  souvent  discourra  avec  M.  d'Ëspesses , 
qui  travfùlle  avec  grand  soin  et  jugement,  tesmoignant 
qu'il  vous  est  trës-affidé  serviteur,  et  tr^s-digne  de  sa 
chaîne,  et  croy  que  nous  en  ferons  quelque  coup  d'essay; 
car,  si  cela  dure,  tout  est  perdu  par  tout.  On  verra  ce 
que  l'abbé  [Scaglie]  proposera,  qui  se  promène  encor  par  le 
payï,  sans  se  faire  veoir  ny  connoistre  en  publique.  Nous 
avons  du  courage,  et  monseigneur  le  prince  d'Orange  par  sa 
bonne  condnitte  a  tellement  préparé  les  affaires  de  l'Ëstat, 
qu'il  est  capable  de  repousser  et  d'offenser  les  ennemiz 
selon  les  occasions  que  Dieu  vueille  bénir.  Sur  ce  je 
demeure  &  jamais,  Monseigneur, 

De  vostre  Ex"  trfes-humble,  trës-obéyssant 
et  très-fidèle  serviteur, 

FBANÇOYS   d'aEBSSEN. 

De  la  Haye,  ce  16  juin  1627. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  21    —  [1687.  Septembre. 

LEVTKB  CCCCLXXXU. 

J.  Boreel  à  M.  de  ZvyUchem.     Patriotes  de  1572. 

*,*    Jeu  Boreet  (15T7 — 1629),  coiueiUsr-peiuioiuiredeUZéUnde;  diitingué 
pu  ta  UleiiU  et  aoa  érudition. 

Monsieur.  J*ay  recognea  vostre  fidelle  et  agréable  main 
en  la  lettre  de  monsieur  le  Prince  dn  23  aongst,  laquelle 
m'a  esté  rendue  le  30  dn  dict  mois  après  disner.  Je  vous 
prie  me  continuer  part  en  vostre  anùtié  et  aux  occurences 
aseeurer  mon  dit  seigneur  de  mon  service,  buttant  final- 
lement  au  bien  et  repos  de  nostre  patrie  et  heureux  gou- 
vernement de  son  Exe'.  A  telle  fin  tendent  mes  ambi- 
tions qu'aucnns  disent  estre  particulières;  encor  que,  si 
ambitieux  estions,  avons  raison  de  préfërance  avant  pla- 
eieurs  aultres,  qui  onqnes  ne  se  meslërent  de  la  Képu- 
bliqae  qae  dès  l'an  1600,  mais  depuis  ont  débouté  grand 
partie  de  ceux  qui  sont  vraiement  patriots,  c'est  à  dire 
auteurs  de  la  liberté  et  leurs  en&ns,  qui,  dès  l'an  1572, 
soubs  le  conduite  des  Princes  d'Orange  bazardèrent  leurs 
biens  et  vies.  Vous  estes ,  Monsieur,  de  ce  [reng  '],  il  vous 
importe  aussi  que  tels  services  ne  soient  mis  en  oubli, 
mais  que  les  advantages  de  l'Estat  soient  départis  avec 
quelque  proportion  et  non  entièrement  en  mains  des  no- 
vices. Je  vous  baise  bien  humblement  les  mains ,  recom- 
mande que  ces  incloses  soient  adressées  selon  les  inscrip- 
tions ,  et  prie  Dîen ,  Monsieur ,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 
De  vostre  Seigneurie  très-afiFectionné  serviteur, 

JEAN  BOHBBL. 

3  Sept  16S7. 
Mildebour^. 

'  Oji  pgul  lir»  aatii  té  nng  (nue  de  eee  penonnei). 


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liETTBB  CCCCLXXXUE. 

Le  Gouverneur  et  Orange  à  M.  le  Prince  d'Orange.  Apologie. 

■.*  Jeao  de  Hertoge  vsn  Oimale,  S^gnmir  de  VnUenboui^,  GoarerneuT 
de  k  priDcipiaté  depuis  1623;  maia ,  k  ce  qu'il  perolt  (voyez  U  tetlre  4ST) 
tMei  iapmé  \  U  livrer  au  Roi  de  Frani».  En  1680  de  Knojt,  aeigoear  de 
VoEioHT,  envoya  pir  le  Prince,  fut  outrunt  de  «'emparer  da  château  de  liv» 
fores  et  ValkenboDTg  reçut  une  blessure  dont  il  mourat. 

Monseigneur.  H  y  a  trois  ans  et  plus,  que  je  ressen 
les  effets  de  la  haine  d'aucuns  des  gens  de  vostre  conseil, 
qui,  par  une  trop  grande  envie,  portans  impatiemment 
les  importans  et  utiles  services  qne  j'ay  rendus  en  cette 
principauté,  s'essayent  de  me  laîre  perdre  courage  de  les 
continuer.  Cest  ane  chose  toute  manifeste  que  le  S'  de 
Vosberghen,  l'un  de  mes  plus  opinïastres  ennemis,  comme 
j'ay  fait  entendre  diverses  fois  à  v.  E.,  ayant  joint  à  cette 
principale  occasion  ses  intelligences  à  l'ambition  du  con- 
seiller Dimmer,  m'ont  persécuté  à  couvert  par  leur  cré- 
dit et  pouvoir  qu'ils  ont  près  de  v.  E.  et  dans  son  con- 
seil, et  que  leur  animosité  a  tant  fait  de  progrès,  qu'a- 
près avoir  divisé  vos  sujets  entre  eux  par  leurs  commis- 
saires et  confidents  en  vos  lieux,  ils  ont  encor  bandé 
contre  moy ,  comme  par  une  querelle  volontaire ,  les  gents 
de  vostre  parlement,  leur  donnant  la  hardiesse  d'entre- 
prendre sur  ma  charge  et  de  me  quereller  ce  dont  mes 
devanciers  et  moy-mesme,  par  leur  adven  et  advia  mesme, 
avions  tousjours  jouy.  Cela  ayant  esté  suivy  avec  tant 
de  confiance,  qu'ils  ont  bien  osé  en  leurs  cahyers  à  v.  E. 
former  des  plaintes  et  des  calomnyes  contre  moy,  asseu- 
rez  qu'ils  estoyent  que  les  principaux  juges  m'estans  par- 
tyes,  leurs  blasmes  seroyent  tenus  si  secrets  qu'ils  ne  se 
verroyent  exposer  au  hasard  de  les  sonstenir,  ni  à  leur 
confusion  de  se  voir  convaincus  dn  contraire  ;  se  con- 
tentans  donc  en  ses  pratiques  de  prévenir  l'esprit  et  la 
séance  de  v.  E.,  leur  malice  a  si  bien  réusay  selon  leur 
souhait,  qne  leurs  accusations  ayants  esté  reçenes,  voire 
mesme  qa'ayant  v.  £xc.  esté  informée  du  contraire  dans 


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—  Zd  —  [16S&  oetobw. 

son  conseil  à  leur  confusion  sar  aucuns  des  principaux 
clieâ,  cela,  contre  tout  ordre  de  jostice,  m'a  esté  des- 
goisé,  qnoyqne,  soit  pour  l'interrest  particolier  que  j'j 
avois,  soit  aussi  pour  la  dignité  de  ma  charge  et  bien 
de  vostre  service,  il  fdst  raisonnable  de  m'enroyer  la 
coppie  de  leors  cahyers  et  pluntes,  pour  m'onyr  et  en 
sçavoir  mon  advîs,  et  après  y  estre  poorveu  par  V.  £. , 
selon  son  bon  plaisir  et  l'équité.  Cela  a  esté  de  toat 
temps  pratiqaé  en  cet  Estât  avec  mes  devanciers,  mesmes 
avec  moy,  dn  temps  dn  Prince  Maurice  de  glorieuse  mé- 
moire, et  partout  ùlleun  ba  les  choses  sont  condoites 
avec  justice  par  on  Conseil  non  passionné  oa  intéressé. 
Car  je  puis  dire  sans  vanité  que  les  aSaires  de  vostre 
Estât,  la  condition,  capacité,  moeurs,  moyens  et  tes  in- 
terrêts  de  vos  sujets  me  sont  beaucoup  mieux  cognons 
qu'à  ceux  de  vostre  dit  conseil,  et  y  puis  encor  adjouster, 
la  vérité  parlant  d'elle-mesme ,  que  ma  condnitte  depuis 
que  j'y  suis,  a  tramongné  assez  la  cognoissance  que  j'en 
ay  prins,  ayant  très-bien  réussy,  quoyqne  dans  un  temps 
plain  d'espines  et  de  dangers ,  an  contentement  et  adven- 
tage  de  vos  Excelleoces,  subsistance  comme  miraculeuse 
de  son  Estât  et  repos  des  sujets  d'iceluy,  parmy  les  bruits 
et  remnmens  de  cinq  guerres  civiles  autour  de  nous.  H 
est  toutesfbis  advenu  que  le  orédit  et  pouvoir  dudit  con- 
s^er  Dimmer,  chef  de  vostre  conseil,  a  esté  tel,  qu'ayant 
gangue  d'autres  avec  tuy ,  son  fils  lieutenant  s'en  revenoit 
chargé  des  secrètes  instructions  qu'on  luy  avoit  données, 
sans  doute  à  l'inaceu  de  Y.  E.,  lesquelles  m'ayant  esté 
notoires  par  leur  conduitte  et  jactance,  tant  en  Hollande 
qu'en  ce  pals,  je  me  vy  obligé,  pour  mon  honneur,  à 
rompre  leurs  desseins,  et  en  rendre  compte  à  Y.  E.,  la 
suppliant  par  mes  lettres  du  10  juin,  30  juillet  et  30 
aonst  dernier  passé  de  me  donner  en  cette  garnison  des 
officiers  de  l'amitié  desquels  je  me  puisse  fier,  lorsque 
pour  vostre  service  ou  autrement  je  suis  obligé  de  m'ab- 

senter  du  chasteau De  vostre  chastean  d'Oranges , 

ce  29  oct.  1628. 


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LBTTBB  ccccxxxxnr. 

M.  de  SommeUdyck  au  Cardinal  de  Richelieu.  Lee  Etait- 
Généraux  eont  dieposée  à  agir  vigoureusetnent  contre  t Es- 
pagne. 

*,*    La  EUta  ntruireat  de  ntifi«r  le  IniU  da  28  uAt  1687  (p.  1 1) ,  cnig- 

DBnt  que  U  FruM  ponrroît  les  entraîner  due  11  gonre  contre  l'Anjjlstem. 
Aeneni,  «en  la  fin  de  IS2T  envoya  A  Paria,  dût  en  1BS9,  ratoonier  en  Hol- 
lande lans  anran  luceèa. 

Monseigneur.  C'est  avec  tout  le  desplaisir  du  monde 
que  je  suis  contraint  de  partir,  ayant  laissé  Y.  E.  sy  peu 
saUs&icte  de  mes  négociations;  car  personne  ne  tous  ho- 
nore davantage,  n'y  n'a  jamais  tant  désiré  de  lier  une 
flstroitte  confidence  avec  vous  que  moy,  qui  demeureray 
tousjours  en  cette  mesme  volonté,  vous  pouvant  donner 
asseurance  des  bonnes  intentions  de  messeigneurs  les  Es- 
tatz,  lesquelles  vous  expérimenterez  aux  occasions  bien 
au  delà  de  la  déclaration  que  je  vous  en  fay;  mais  rien 
ne  les  a  reteunz  à  vous  satis&ire  plus  plënement  que  la 
seule  crainte  de  s'attirer  sur  les  bras  l'indignation  et  la 
rupture  de  leurs  autres  alliez;  toutesfoîs,  sy  vostre  déli- 
bération ou  rencontre  est  de  choquer  l'Espagne,  vous 
pouvez  faire  estât  ',  dès  maintenant  pour  lors,  qn'ilz  épou- 
seront si  avant  voz  intéretz  et  désirs,  que  vous  en  aurez 
subject  de  louer  et  leur  prudence  et  leur  gratitude  tout 
ensemble;  desjà  je  vous  puis  promettre,  qn'ilz  se  mettront 
avec  le  printemps  sy  puissans  en  campagne,  pour  faire 
tm  coup  de  réputation,  que  leurs  ennemiz  n'auront  aucun 
loisir  ny  moyen  de  penser  à  vous:  sy  l'effect  n'en  suit, 
ne  m'estimez  jamais  digne  de  vostre  amitié;  s'îlz  le  font 
aussy  pour  vostre  seule  considération,  faictes  nous  veoir 
que  nous  méritons  de  tenir  rang  entre  les  plus  affidez 
alliez  de  la  courronne;  mais  prenez,  s'il  vous  plaist,  en 
bonne  part  que  je  vous  supplye  raccourcir  l'accommode- 
ment d'Angleterre;  je  voy  des  choses  [an  train]  qui  me 
font  peiir;  il  tient  à  trop  peu  pour  y  plus  marchander. 
'  T.  p.  oompter  {Bemeume  gj  Icont  «taet  maken.) 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   25    —  [18fiB.  JiQTier. 

Si  désirez  du  service  dans  nostre  Estât,  honorez  moj  de 
voz  commandemens  et  vons  me  connoistrez  par  l'obéys- 
sance,  Monseignenr, 

de  vostre  Em**  très-hnmble  et  trèa- 
obéjBsant  serviteur 

FBAHÇOYS  D'aJ 

De  Paris,  ce  37  janvier  1SS9. 


LBTTmB    CCCCUCXXV. 

M.  deBaugy  '  à  . . .    Entretien  avec  le  Prince  âOrange  sar 
l'entreprise  du  Rm  de  France  en  Italie. 


*,*  Aprii  amir  mia  fin  en  notembrc  1B28  an  (tmcniii^deliRochcUe,  li 
TÏgneDT  de  Richclica  ant  païAHaiiant  combiiieT  en  1629  II  •oomiinoD  da  Deo 
de  SaTois  et  1*  reprenioD  de*  lUformà  de  Itngucdoc  et  dee  Céreanet,  qai 
iTnient  cm  poavoir  tàïre  tonm«r  l'eipéditicm  d'IUlie  et  lea  embami  da  Bai 
1  kor  profit. 

Le  principal  snjet  de  ma  visite  fat  poar  satisfaire 

SQ  commandement  porté  par  voatre  dernière  lettre  sur  ce 
qni  a  esté  dict  an  Roj  de  la  maavidse  impresion  donnée 
à  M"  les  Estatz  et  au  Prince  par  leurs  ambassadeurs 
et  spécialement  par  M^  Aersens,  contre  les  bonnes  et 
sincères  intentions  que  le  Boy  a  sur  les  aâaires  d'Italie, 
comme  si  tous  les  préparatifs  qui  se  font  pour  l'Italie  ne 
tendoient  qu'à  la  ruine  de  ses  subjets  de  la  [religion 
protestwite].  Après  plusieurs  discours  indiférens,  qui  se 
passèrent  entre  nous,  il  tomba  au  poinct  où  je  l'attendojs, 
de  demander  des  nouvelles  de  France ,  et  lors  je  vins , 
de  loing  et  comme  de  moy-mesme,  à  lui  dire  toutes  les 
particularitez  contenues  en  voatre  lettre,  auquel  je  re- 
marquois  en  son  visage  qu'il  prit  grand  plaisir  et  donna 
de  grandes  louanges  an  bon  et  juste  dessung  du  Roy , 
lequel  0  prioit  Dieu  de  bénir,  de  luy  faire  la  grâce  de 
multiplier  parmy  les  estrangers  la  gloire  qu'il  a  acquise 
dans  son  roianme  par  la  réduction  de  la  Bochelle.  Dans 


,,  Google 


ce  discours  je  luy  laschay  le  mot  qu'il  n'y  a  pas  &nlte 
de  bronillons  et  factieux  en  France,  qui  poorroient  faire 
courir  des  bruits  contraires  aux  bonnes  intentions  du  Boy 
et  à  la  pure  vérité.  Sur  quoy  j'observois  qu'il  ne  me  feit 
aucune  dëmonatration  par  où  je  pensse  coliger  '  que  on  leur 
eust  escrit  ou  voulu  donner  une  telle  impression,  mais 
tant  s'en  &ult,  quant  je  luj  dicta  que  cette  diversion  seroit 
advantageuse  à  leur  Estât,  qu'Us  ne  laîrront  sans  doute 
passer  cette  occasion  eans  en  tirer  advantage,  il  me  dict 
hardiment  que  je  le  pouvois  bien  croire  et  que  de  ce 
costé-cy  l'on  ne  s'endormiroit  pas.  Quant  k  ce  qui  est 
de  sonder  sur  le  mesme  suject  les  principaux  de  M"  les 
Ëstatz,  le  moyen  ne  m'en  peult  venir  que  par  la  ren- 
contre privé,  puis  que  ce  n'est  pas  icy  la  coustome  de 
les  voir  séparément  en  leurs  maisons,  ci  ce  n'est  en  occasion 
d'affaire  pressant.  Je  ne  lerrey  *  d'espier  leur  rencontre  et 
de  tascher  de  descouvrir  ce  qui  pourra  servir  pour  vérif- 
fier  ou  reSiiter  cet  advis ,  sans  que  celuy  qui  en  est  l'su- 
theur  courre  aucun  risque ....  Pa  Haye]  29  janvier  1629. 


luttike  cccclxxxvi. 

Le  même  à  ...  Affait»  S  Italie. 

Je   vous   ay   mandé   par  ma  dernière  de  quelle 

&çon  j'avoys  pris  le  tems  de  parler  à  M.  le  Prince 
d*Orange  du  dessein  de  S.  M.  de  porter  ses  armes  en 
Italie,  en  conformité  de  ce  que  vous  m'en  aviez  escrit 
par  vostre  précédente  du  premier  jour  de  l'an ,  et  le  peu 
on  point  de  semblant  qu'il  m'avoist  fàict  que  les  seigneurs 
ambassadeurs  lui  eussent  voulu  donner  à  entendre  le 
contraire.  La  mesme  retenue  a  esté  observée  en  aucuns 
de  M"  les  Estatz,  à  qui  j'ay  faict  insinuer  et  tenir  le 
mesme  langage;  mus  une  personne  de  créance  a  entendu 
du  S'  Aersens  le  jeune  que  son  père  luy  avoit  escrit  que 


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—   27   —  [1828.  FmrriM. 

Fon  faisoit  de  grands  préparatifs  pour  lltalye,  qu'il  y 
avoit  néantmoîng  apparance  qae  les  afiaîres  s'accommode- 
roîent  eD  Espagne,  par  on  traicté  dont  M.  Baatni  estoit 
entremeteor,  et  qne  le  tout  retomberoit  snr  M.  de  Bohan 
et  les  villes  de  Languedoc  Ce  qui  est  confonne  k  l'ad- 
vÎB  donné  au  Koy,  la  Térification  duquel  ne  consiste  pins 
qn'à  descouvrir  si  le  dit  S'  Aersens  aura  escrit  la  mesme 
choze  k  M"  les  Ëstatz  on  bien  s'il  se  sera  restrainct  à 
la  confience  qui  peolt  estre  entre  père  et  filz.  Maïs,  en 
qaelqne  façon  que  ce  soit,  son  sentiment  par-là  se  des- 
cbifre ....  [la  Haye]  8  févr.  1629. 


liBTTRE  «TCCCUCXXVn.  r 

Le  même  à Afcnret  de  la  Principauté  â  Orange. 

Ce    que    l'on   a   icy  escrit,  de  divers  lienz  et 

spécialement  par  les  deux  derniers  ordinaires  de  Paris, 
de  la  composition  faite  par  le  Gouverneur  d'Orange  pour 
mettre  sa  place  entre  les  mains  da  Boy ,  moyennant  qua- 
tre cent  mil  francs,  me  donne  nouveau  suget  d'attendre 
de  voz  nonvelles  sur  la  vérité  d'une  telle  occurence,  dont 
les  premiers  bruicts  font  on  grand  esclat;  mais  josqoes 
icy  M.  le  prince  d'Orange  n'a  point  tesmoigné  d'en  avoir 
ancnne  assenrance,  et  n'en  a  rien  dit  à  mon  secrétaire, 
qne  j'ay  ce  matin  envoyé  vers  Iny  soubz  un  autre  pré- 
texte ,  et  mesme  ung  de  ses  conâdens  m'estant  venu 
veoir,  il  y  a  troys  ou  quatre  jours,  me  feit  assez  entendre 
que  te  dit  Gouverneur  ne  se  comportoyt  pas  en  bon  et 
loyal  serviteur,  sans  tontefoys  monstrer  qu'il  creust  ou 
sçeust  rien  de  certain  de  la  conclosion  de  ce  marché,  dont 
le  seul  discours,  quand  bien  l'efFect  n'y  seroyt  pas,  porte 
la  plus  part  de  ces  gens-cy  à  croyre  que  S.  M.  pense 
et  travaille  pour  afifoiblir  ceux  de  leur  religion  dans  son 
Boyanme  et  à  redoubler  l'accommodement  des  a&ires 
d'Italie,    crainte    que    ses    forces  retombent  sur  les  villes 


,,GoogIc 


da  Languedoc.  J'ay  esté  adverty  d'ailleurs  que  ce  □ 
discours  produict  d'estranges  sentimens  daus  le  corps  de 
M"  les  Estatz,  lesquels  se  vont  figurant  que  cette  action , 
si  elle  sera  Téritable,  devra  par  eux  estre  prise  pour  une 
marque  du  peu  d'estime  en  quoy  on  les  tiendrojrt,  n'es- 
pargnant  point  un  Prince  de  la  coudition  et  considération 
telle  qu'est  cellny-cy  parmy  eux  ;  que  ce  seroyt  le  dis- 
créditer grandement  en  particulier  parmy  ceux  qui  jusques 
icy  l'on  reconneu  porté  d'une  véritable  inclination  vers  la 
France  ;  qu'en  la  conjoncture  présente  des  affaires  cette 
proceddnre  viendroit  fort  à  contre-tems,  puisqu'au  lieu 
de  penser  à  seconder  les  desseins  du  Roy,  et  it  rendre 
à  S.  M.  par  deçà  le  change  de  la  diversion  qu'elle  va 
faire  en  Italie,  le  desplaisir  d'une  atteinte  si  sensible  pour- 
rait amortir  toute  la  vivacité  qui  paroist  en  ses  desseins 
par  les  préparati&  de  guerre  qui  se  font  icy;  que  ce 
seroit  trop  vivement  le  touclier  an  coeur  de  luy  oster 
une  place  dont  il  porte  le  nom  et  qui  depuys  tant  d'an- 
nées a  donné  le  principal  tiltre  à  sa  maison;  que,  si  les 
fortifications  qui  ont  esté  iaictes  par  feu  M.  le  Prince 
d'Orange  son  frère  donnent  de  l'ombrage,  l'on  peolt  con- 
sidérer que  celluy-cy  n'en  est  pas  cause ,  et  qu'il  l'a  pos- 
sédée simplement  en  la  mesme  façon  qu'elle  luy  a  esté 
laissée  en  droîct  successif;  qu'en  tout  cas  il  est  si  res- 
pectueux envers  S.  M.  que,  si  elle  luy  eust  fwct  l'hon- 
neur de  s'ouvrir  à  luy  de  ses  intentions  pour  ce  regard, 
il  se  seroit  efforcé  de  lui  donner  contentement,  sans  es- 
tre réduict  à  ce  malheur  de  se  veoir  exposé  k  la  fable 
du  monde,  en  ce  que  l'on  east  faict  si  peu  d'estat  de 
luy  que  de  traicter  plus  tost  avec  une  créature  de  sa 
maison,  à  qui  de  bonne  foy  cette  place  a  esté  confiée  et 
de  laquelle  il  ne  peult  sortir  aux  conditions  que  l'on  pu- 
blie ,  sans  se  rendre  convaincu  d'une  insigne  trahison  ;  que 
les  Angloys  prendront  un  grand  avantage  d'une  telle 
action,  pour  prouver  à  ces  gens-cy  ce  qu'ils  taschent  de 
leur  persuader  long  tems  y-a,  du  peu  d'assenrance  qu'Us 
doibvent    prendre    en    nous;   que  les  Espagnols  aussy  en 


,,.CooglL- 


—  29  —  [ifla».  Mm. 

feront  leur  pro6ct  et  penseront  à  se  prévaloir  de  ce  des- 
gonst,  pour  faire  réussir  les  prattiques  continnelles  qu'ils 
font  pour  s'accommoder  avec  ces  gens-cy,  parmy  lesquels 
ce  Prince  est  assez  aymé  et  accrédité  pour  leor  &ire 
prendre  des  résolutions  teUes  qu'elles  nous  poorroyent 
desplaire  ;  que  les  catholiques  mesmes  de  ce  pays  ne  pea- 
vent  entendre  parler  de  cet  afiàire  sans  une  manifeste  dé- 
monstration du  desplaisir  qa'ils  auroyent  qne  cela  fuat, 
et  enfin  que  la  rencontre  de  ce  bruit  avec  le  retour  de 
leurs  ambassadeurs  sans  avoir  rien  faict  en  France,  ne 
leur  donne  point  occasion  de  croyre  que  noas  soyons 
portez  d'ancnne  bonne  volonté  en  leur  endroicL  Ce  qu'es- 
tant, la  nécessité,  qui  maîstrise  toutes  choses,  les  oblige  de 
penser  à  ce  qui  peult  conserver  leur  honneur  et  affermir 
leur  seoreté [la  Hayej  15  février  1629. 


liBTTmB    CCCCLXXXTin. 

M,  de  Sommdadyck  au  Cardinal  de  RicheUett.    Coopération 
des   Provinces- Uniee   auM   desmns  de  la  France. 


Monseigneur.  Je  porte  fort  impatiemment  sur  le  coeur, 
d'avoir  réussy  en  tant  d'importantes  négotiatîons  avec  quasi 
touttes  les  nations  d'Europe,  et  que  le  malheur  m'ayt  tant 
voqUq,  k  mes  deux  dernières  ambassades  en  France,  où 
il  me  restoit  encor  qaelque  habitude,  que  je  n'y  aye  peu 
convenir  de  rien  avec  vous,  duquel,  comme  du  premier 
homme  du  siècle  en  tontte  prééminence  d'Ëstat,  je  m'estoy 
promis  davantage  de  âictlité  à  tendre  la  main  à  nostre 
infirmité,  subvenant  l'Estat  en  la  ferme  résolution  qu'il 
^est  proposée,  de  ne  jamais  abandonner  sa  défense,  ny 
le  respect  du  service  de  S.  M.j  mais  m'estant  trouvé 
pressé  avec  trop  de  fermeté  de  choses  qui  pent-estre  im- 
portoyent  ausey  peu  à  la  France,  qu'elles  estoyent  bien 
contraires  à  mes  instructions ,  j'ay  esté  enfin  forcé  de  rom- 
pre  mes  espérances,  par  la  décharge  de  ma  commission. 


,,Googlc 


1(29.  Uni.]  —   oK)   — 

Et  toutesfois,  Monseigneur,  présumant  qu'ayez  eu  quelque 
rwson  à  part  tous  ,  esloignée  de  ma  coulpe  et  empruntée 
à  la  disposition  du  temps,  pour  avec  d'autres  intentions 
me  tenir  pour  un  temps  tant  de  rigueur,  et  me  traicter 
de  suspect,  comme  panchant  trop  vers  l'Angleterre,  par 
le  consentement  de  la  religion,  à  quoy  mes  actions  ont 
donné  ausBj  peu  do  prise  que  mes  pensées,  et  dont  à 
un  besoin  je  me  rapporteroy  à  Tostre  jugement  seul,  j'aj 
d'autant  pins  volontiers  redoublé  mes  devoirs,  pour,  après 
mon  retour  en  ces  pays ,  rentrer  avec  v.  Em.  en  nonvelle 
confidence  ;  tachant  par  ce  moyen  rendre  nostre  république 
plus  considérable  envers  le  Boy,  en  la  présente  constitu- 
tion de  ses  grandes  affaires,  où  messeignenrs  les  Estatz 
désirent  passionnément  luy  pouvoir  [réussir]  utiles,  par 
la  démonstration  d'une  vraye  gratitude  ;  c'est  pourqnoy  ïlz 
dépeschent  présentement  ce  courrier,  luy  porter  notifica- 
tion et  parolle  que,  comme  ilz  ont  apprins  qu'elle  s'est 
engagée  en  Italie,  ilz  ont  aussy  tost  délibéré  de  dresser 
tons  leurs  desseins  et  conseils  de  sorte  qu'il  s'en  poisse 
veoir  que  sa  gloire,  grandeur  et  contentement  ne  leur 
est  moins  h  coeur  que  leur  propre  sabsistance;  ayans,  pour 
évidente  preuve  de  cela,  accru  leur  milice  tout  à  coup 
d'un  extraordinaire  renfort,  d'environ  vingt-mil  hommes, 
pour  avoir  tant  plus  de  moyen  d'entreprendre  an  premier 
coup  leurs  ennemiz  avec  une  très-pnissante  armée ,  sur 
leurs  frontières ,  et  mettre  ainsi  hors  de  danger  et .  de 
jalousie  celles  du  Royaume  durant  l'absence  de  S.  M.  et 
qu'elle  employé  ses  principales  forces  de  Ik  les  montz. 
Peut-estre,  Monseigneur,  ne  leur  eust  il  esté  messéant 
de  marchander  quelque  peu  là-dessus,  pour  stipuler  quel- 
que ayde  et  avance,  comme  Testât  de  leurs  afiàires  les 
y  obligeoit  assez,  mais  postposans  l'utihté  particulière  et 
désirans  procéder  sans  retenue  ny  condition,  eu  une  action 
sy  grande,  et  jà  assez  avancée,  ilz  se  sont  contentez  de 
jetter  les  yeux  de  leur  espérance  sur  v.  Esc  prindpale- 
ment;  à  quoy  je  confesse  avoir  grandement  aydé,  pour 
remettre  h  vostre  prudente  générosité  le  reseutiment  que 


,,  Google 


—  81  — 


iCiees.  Mm. 


mérite  un  sy  extraordinaire  effort  qn'ilz  font,  de  servir 
à  telle  occasion  au  lîoy  et  à  la  France,  non  sans  danger 
de  s'atdrer  de  gayeté  de  coeur  sur  les  bras  tontes  les 
forcée  d'Espagne  et  de  l'Empire,  qui  sans  cela  alloient 
estre  destinées  ailleurs,  pour  donner  &  penser  à  celles  du 
Boy,  ou  par  voye  de  diversion,  et  lesquelles  estans  main- 
tenant séparées  et  distraictes  par  une  double  défense,  ne 
sçanroyent  -mesliuj  '  servir  que  de  subject  &  exalter  la 
gloire  du  règne  du  Eoy,  et  de  voz  très-pmdens  advis. 
Sy  douq  mes  supplications  tous  sont  d'aucune  considéra- 
tion, je  TOUS  ose  conjurer,  Monseigneur,  de  prendre  k 
ce  coup  une  bonne  résolution  sur  la  condition  de  nostre 
Estât,  et  de  faire  promptement  ouvrir  la  mùn  au  Koy 
afin  que ,  nous  seconrrant  au  soubstîen  d'une  sy  bonne 
votonté ,  (car  jamais  nous  ny  noz  ennemiz  ne  mirent  h> 
beaucoup  près  si  forte  armée  auz  champs,  comme  nous 
allons  &ire  pour  vostre  respect)  elle  nous  en  soit  accrue, 
pour  prenans  part  à  tous  voz  évënemeus,  diriger  princi- 
palement noz  conseilz  à  vostre  désir  et  utilité.  C'est 
là-dessus,  Monseigneur,  que  ce  courrier  vous  est  envoyé , 
le  retour  duquel  réglera  aussy  par  sa  response  l'ultérieur 
de  noz  délibérations.  La  mienne  sera  tousjoura,  quelque 
rencontre  que  nous  y  lacions,  de  vous  honorer  et  attendre 
de  vostre  prudence  la  protection  que  la  Chrestienté  a 
subject  de  s'en  promettre,  contre  l'orgueil  et  l'ambition 
d'Espagne.  Faictes  moy  l'honneur  de  m'estimer  digne 
de  Tostre  amitié ,  et  que  me  trouverez  tonsjours  très-plo- 
yable  i,  voz  commandemens.  Sur  ce  je  prie  Dieu,  Mon- 
seigneur, de  prospérer  les  armes  du  Roy  par  la  direction 
de  voz  prudens  conseilz,  et  de  vous  donner  en  par&icte 
santé  très-longue  vie. 

De  vostre  Em"  très-humble  et  très- 
obéysaant  serviteur, 

FBANÇOIS   S'AEaSSEN. 

De  la  Haye,  ce  24  mars  1629. 


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LBmUB  CCCCLXXXIX. 

Juttin  de  Nattau  a   M.   de  ^ylichem.     Rdatùm  de  la  ba- 
taille de  Nieatopoort  par  te  chevalier   Vere. 

*,*     (;«  récit  détaillé  de  la  bataille  ■  été  publié  pai  Bob. 

Monsieur.  Je  voas  renvoie  le  discotirs  de  fea  Mon- 
sieur le  chevalier  Vere  de  la  bataille  de  Nieuport,  on, 
pour  mieolx  dire,  du  combat  qu'il  a  iaict  avec  sa  trouppe, 
laquelle  estoit  se  jour  1&  de  l'aventgarde;  je  l'ay  leu  et 
relen,  et  trouve  qu'il  a  certes  avec  grand  jugement  et 
bien  particulièrement  descrit  et  remarcqué  tout  ce  que 
c'estoit  feîct  par  l'ennemi  i,  ceste  première  et  grande  at- 
tacque  de  la  trouppe  qu'il  commandoit,  laquelle  vérita* 
blement  il  fault  advoner  qu'elle  ât  très-bien  et  valereu- 
sèment  Mais  il  me  semble  qu'il  parle  »m  pen  trop  so- 
brement des  autres,  qui  néanmoins  s'acqoitèrent  aussi 
avec  grand  couraige  de  leur  debvoir ,  en  recevant  et  char- 
gant  avec  résoUution  les  trouppes  ennemies,  et  nomément 
nostre  cavallerie,  laquelle,  par  ordre  de  feue  Son  Ex<^  de 
hanlte  mémoire,  fire'  en  sa  présence  par  plusieurs  fois  de 
fort  belles  charges,  ésquelles  feu  monsieur  le  comte  Loays 
de  Kassan  fit  très-bien,  de  sorte  qui  leur  fault  aussi  at- 
tribuer une  grande  parde  de  l'honenr  de  cette  belle  et 
signalée  victoire,  et  sur  tout  à  feue  Son  Exe,  laquelle, 
par  sa  grande  valeur,  dextérité  et  bone  conduitte,  aîant 
l'oeuil  sur  tout,  tesmoignoit,  en  cette  tant  célèbre  jour- 
née, se  que  peut,  en  un  si  grand  et  donbtens  com- 
bat, la  présence  d'un  sage,  prudent  et  expérimenté  gé- 
néral. J'espère  de  vous  veoir  après-demain,  si  plaict  à 
Dieu,  i  la  Haye,  se  que  m'empeschera  de  vous  en  dire 
davantaîge.  Je  suis  et  demeureray  tousjours,  Monsieur, 
vostre  très-assenré  et  très- affectionné 
parain  et  serviteur, 

msT];Nns  de  nass&u. 
A  LeydoD ,  ce  16  d'apvril  1S29, 


,,  Google 


LBTTRE  CCCCXC. 


M.   de   BoeUelaer,   Seigneur  de   Langerak,  au   Cardmai  t 
Richelieu.     Nécemté  (f  un  prompt  t 


*,*  n  j  «voit  orgmee.  „Ln  Etnli  s'altirtnnt  rar  la  bi»  la  fonia  de 
■"biagne  at  de  l'Empire"  (p.  34).  Aprèa  que  le  Roi  de  Duemerk  est  Aiam- 
tniat  de  bire  le  peii  (6  juici).  MoDlecncnH  et  le  eontt  na  den  Berg,  nn 
1(  fin  de  JDÎlIel,  earehirecit  la  ProTincn- Uniet  et  p^aAriKOt  jatqn'à  Amin- 
bort,  l  peo  de  lieoa  d'Anulerdam. 

Monaeignear.  La  nécessité  dans  laijiielle  se  trouvant 
maintenant  messeigneurs  les  Etatz,  par  l'invasion  des  ar- 
mées de  l'Empereur,  du  Roy  d'Eapagne,  et  du  Duc  de 
Bavières  en  leurs  pays  et  terres,  est  telle  que  je  suis  forcé 
de  vous  importuner  de  rechef  de  mes  lettres  et  prières , 
pour  avoir  par  vostre  intercession  un  prompt  secoors  de 
S.  M.  très-chrestienne ,  qui  ne  sçauroit  jamais  mieus  et 
plus  à  propos  obliger  nostre  Estât  qu'en  ce  temps  îcy, 
la  où  qu'il  semble  que  tout  le  monde  conspire  k  sa  déso- 
lation et  ruine ,  de  laquelle  les  Koys  et  Princes  leurs  alliez 
le  peuvent  faire  sortir ,  si  tant  est  qu'ils  contribuent  quel- 
que cbose  à  leur  defîence.  Le  Roy  d'Angleterre  s'y  est 
résolu  le  premier  et  paye  les  trouppes  du  collonnel  Mor- 
gan; celuy  de  Dennemarck  et  quelques  autres  Princes 
d'Allemagne,  bien  qu'affligez  chez  eux,  ont  foumy  une 
bonne  somme  d'argent  comptant,  et  ne  reste  que  S.  M. 
très-cbrestienne  qui  semble  ne  point  prendre  k  coeur  cette 
leur  tant  grande  nécessité,  dans  laquelle  ils  se  sont 
plongez  pour  le  soulagement  du  bon  party  de  la  Chres- 
tienté,  sottbz  l'asseurance  que  les  autres  Roys,  Princes 
et  Républiques  deussent  faire  le  semblable ,  pour  rembar- 
rer communibut  viribu»  et  avec  une  puissance  concertée  les 
armes  prodigieuses  et  victorieuses  de  la  maison  d'Austriche. 
Mais  qu'est  il  arrivé  ?  la  paix  fut  aussy  tost  faitte  en  Italie 
que  la  guerre  commencée  et  mes  dits  seigneurs  les  Estatz 
sont  demeurez  dans  le  bourbier  et  dans  la  peine,  laquelle 
leur  est   augmentée  par  la  paix  inopinée  que  le  Roy  de 

m.  3 


,,Googlc 


IMI.  Join.J  —   oi   — 

DeDnemarck  a  conclue  avec  l'Empereur  et  la  ligne  d'Alle- 
magne, dont  mes  dits  seigneurs  ont  maintenant  sur  les 
bras  toutes  tes  forces,  en  nombre  de  soixante  mil  hommes, 
qui  les  attacquent,  tant  en  Frise  qu'en  pays  de  Gueldre  . . . 
Paris,  22  aoast  1629. 

a.   DB  BOBIZBLEB  ET  D'aSPBRIN. 


liETTRB  CCCCXCL 

Le  Roi  d«  Bohème  au  Prime  £  Orange.     CompUmenU. 

*,*  VrJd«rio  y ,  Blectcar-Pklib'D ,  à  qui  là  pontMiOD  ^phtmire  de  1>  con* 
naoB  ds  Bobtm»  ktoH  «Ati  h  Palttiiiit.  Infortané  et  fngîtif,  il  moarat, 
àftitM  un,  M  16S2. 

Monsieur  mon  Oncle  '.  Ceste^y  est  pour  vous  tesmoig- 
ner  le  contentement  que  ce  m'a  esté ,  d'entendre  par  mon- 
sieur Pan,  l'hearettx  succès  de  vos  armes.  Je  prie  Dieu 
de  les  bénir  de  plus  en  plus.  Vous  entendrez  par  luy, 
ce  qui  se  passe  en  ces  cartiers.  Le  Roy  de  Suède  va 
au  secours  de  l'Electeur  de  Saxe;  pourven  qu'il  tiene  bon, 
je  ne  double  qne  tout  le  reste  ira  bien;  je  pense  le  sui- 
vre, pour  voir  si  je  le  puis  gaigner  k  favoriser  mes  af- 
faires. Ce  m'a  esté  beaucoup  de  contentement  d'entendre, 
par  celle  que  Htin  m'a  délivré,  les  assurances  de  vostre 
affection;  j'en  reçois  de  plus  en  plus  tant  de  preuves,  qne 
je  ne  vous  en  saurois  rendre  d'assés  dignes  remerciments. 
Je  sonbaitterob  le  pouvoir  mériter  par  mes  services  et 
vous  témoigner  combien  je  suis,  lAonsieor  mon  Oncle, 
Tostre  bien  bumble  et  très-affecdonné  nepveu 
à  voos  foire  service, 

FBEDBKIC. 

De  Pleiafeldt,  en  l'Ereaché  d'Bistet, 
ce  '/„  juin  16S1. 
A  Monsiear  mon  Oncle,  Monsieur 
le  Prince  d'Orange. 

I  la  mire  de  l'Electeui  Jtoit  Loniie-Juli«nDe,  Bile  de  OqIUuim  1. 


,,  Google 


—  35   —  [IBSl,  septembre. 

1.BTTRB  CXCCIXCII. 

Aa   Pn'ncette  tf  Orange  '  à  M.  de  Zuylichem.  Elle  se  r^oiàt  de 
la  dé/aùe  de  l'ennenâ. 

*,'  La  Eaptgnali  ajsnt  traU  un  déUnjnaniEDt.  leor  flotte  fat  dAroïtc 
ftit  de  nia  de  Thalen ,  ilini  1«  puuge  't  Slaat,  le  12  aept.  „  Cette  victoire 
■pportt  ane  grande  r^ooisuDca  pir  tout  le  payi ,  et  prÏDcipalemeDt  ea  Hot- 
lude,  où  il  Kmble  qoe  leor  deuein  tendoit."   ^Mit^.  de  R.  H.} 

Monsieor  HeygenB.  Je  tous  remersiee  bien  fort  de 
ceste  bonne  noaveUe  qne  vous  m'aviés  mandé  et  rend 
grasce  &  Dieu  d'avoir  doné  cest  bonheur  &  Monsieur  le 
Prince  poar  faire  tëre  ceux  '  eneniîs  de  hor  et  tan  '  le 
beoié  * ,  qui  ne  seront  pas  fort  aise  ;  je  tous  assure  qne 
j'estoia  bien  réjooie  et  je  voas  prie  de  me  mander  un 
pen  tont  comme  il  est  allé;  vous  m'obligerés  bien  fort, 
voua  sorés  *  bien  croyre  que  c'est  tout  mon  contentement 
icy  à  Bueren ,  et  de  savoir  monsieur  le  Prince  en  bonne 
santé,  de  coy  je  prie  Dieu  de  le  vouloir  conservier  encor 
longes  ennés,  pour  avoir  souvent  sujet  de  louier  Dieu, 
pour  de  meumes  ocasïtions  * ,  et  à  vous  je  vous  protes  '  que 
je  sera  tousjours 

vostre  très-affeotionée  amye  à  vous  servir, 

AHEUE  OK  BOUIa. 

Le  19  sept.  1631,  de  Bueren. 


liBTVBB  CCCCXCni.  >, 

M,  de  Ckarnaeé  à Entretien  mec  U  Prince  £Orange. 

*,*  Lora  do  li^  de  Muitricht,  en  1038,  le  Prince  d'OnngB  reçat  dei 
tatiTCi  dn  Dao  d'Aen^at,  d&innt,  *tc«  U  eoDuntement  de  l'Iofinte  libelle, 
eotamer  on  lecammodeineat  evee  elle  et  Ici  Etat*  dei  ProTincn  dàaniet.  Cette 
demande  lyint  \iomi  feionbla  aceneil ,  le  Doc  et  d'intree  d^polji,  tant  de  11d- 
tate  que  dee  Elati  uNmblà  i  Bruiellea,  m  rendirent  anprii  do  PriiMe,  et 
■  Amâie,   eomtcne  de  Solmi  (1602— IBTSj,  jpooH  de  Frélcric- Henri. 


,,CoogIc 


1«S8.   M»».]  —   36    — 

l'on  fut  w  point  3e  bin  uns  trira  l  det  oondiliin)  tri»«raDi*gMiMi  pour  la 
lUpnbliqna.  „  Un  paa  d'inUrot  puticolicr  icnvcns  tost  cwt  iflÛK  qui  eatott 
ta  li  boni  termai."  (Mém.  de  Fr.  S.)  —  Plu  tard  de«  diOcattà  rarginnl  ;  nui* 
qaMre  proTinat  (Ii  HulUnds,  !■  GnsMrt,  Utiwht  et  OtuTuel)  peraiiUrent  i 
Tooloir  DD  iccoH,  malgré  l'oppoiition  dn  Prince  d'Orange  M  de  h  Fnnce. 

Hercule,  Baron  de  Cbamicj,  hsbila  n^godaUmi  et  qni  avoit  concln  le  traita 
de  rabndei  ireo  G oatiie- Adolphe  (IS  janT.  1031),  fot  enrojJàUHaje  charge, 
i  te  qa'il  paroit,  de  d^oner  ea  U 


Le  Prince  d'Orange  dist  qu'il  s'estonoit  c 

depnÏB  Mastric  que  l'ouverture  de  cette  affaire  avoit  esté, 
Is  Koy  n'avoit  envoie  personne  pour  l'empescher,  qui  tes- 
moignoît  que  l'on  ne  se  soacioit  gnères  de  cette  affîiire 
U,  n'uant  &it  aucun  office  efficace;  puis,  a'oavrant  dur 
vantage,  dit  qu'aussi  luy  seul  ne  pouvoit  pas  s'atirer  sur 
Boy  l'événement  de  la  guerre,  s'il  la  couseilloit;  que  feu 
aon  frfere,  alant  entrepris  &  la  première  trêve  de  la  dis- 
suader au  peuple,  h.  la  persuasion  du  Boy  par  l'entremise 
de  m'  Janin',  avoit  esté  depuis  par  laj  abandoné,  et 
eut  le  regret  de  la  voir  faire  contre  son  désir;  qu'il  crain- 
deroit  que  le  mesme  bazar  luy  arrivasL  Je  luy  dis  que 
m^  Janin  avoit  compté  autrefois  à  m'  Chamacé  '  un  peu 
diférant  de  cela,  assurant  que  le  Prince  d'Orange,  pour 
cont«nter  le  peuple,  l'a  voit  proposé,  pensant  en  estre  tou- 
jours le  maistre,  en  quoj  ce  voyant  trompé  et  le  Roy 
aussi  par  lui,  S.  M.  avoit  esté  contraint  de  feindre  l'a- 
pronver,  voire  mesme  procurer,  mais  que,  quoy  qu'il  en 
soit,  cela  n'avoit  rien  de  commun  ni  convenance  aucune  h 
l'estat  présent  des  affùres,  où  toutes  choses  sont  dissem- 
blables, tant  en  France,  Alemagne  et  Holande  que  en 
Espagne;  qu'outre  cela  Chamacé  luy  ponvoit  jurer  que, 
si  luy  Prince  d'Orange  vonloit  prendre  entière  confiance  au 
Boy  et  en  m'  le  Cardinal,  ils  ne  l'abandonneroieut  ja- 
mais, quoy  qui  peust  arriver,  et  ne  ce  départiroit  de  ses 
intéretz;  que  ce  que  Chamacé  luy  en  avoit  dit  si-devant 
n'estoit  pas  sang  ordre  exprès,  comme  aussi  de  n'en  rien 
&ire  sans  son  advis,  le  Roy  et  m'  le  Cardinal  ne  voulant 
rien  d'icy  que  par  luy  et  aussi  ne  prétendoient  en  savoir 
■  Jeamùn.     ■  CÂarmati  p»rU  towenl  d*  Uâ-aUi»  i  la  (rvùiimt  pmtomu. 


,,.GoogIc 


—  37  - 


[163S.  I 


gré  à  luy  s«al,  mais  voiant  qa'il  ne  s'ouvroit  point  du 
toat  à  moi  et  qne  de  tontes  les  provinces  la  Hollande  et 
des  villes  Amsterdam,  ésqnelles  il  avoit  tont  pouvoir,  en- 
clinoient  davantage  à  la  trêve,  Cbamacé  avoit  eu  sujet 
de  croire  avec  tont  le  monde  que  il  n'y  estoit  pas  con- 
traire, qne  peut  estre  pensoit-il  y  trouver  son  compte, 
particulièrement  si  elle  estoit  brève,  mais  que  Cbamacé 
croit  qu'il  se  trompoit,  d'autant  que  le  peuple,  aiant  une 
fois  gousté  dn  repos,  la  continaroit  malgré  luj  et  le  con- 
ndéreroint  beaucoup  moins  qu'il  se  peut  imaginer  en 
Testât  où  il  est;  qnil  se  souvient  de  tous  les  plus  grans 
hommes  qui  ont  jamais  esté,  lesquels  avoint  plus  perdu 
d'autorité  et  d'estime  en  deux  années  de  paix  qu'il  n'en 
«voient  gaîgné  en  vingt  de  guerre,  avec  les  conquestes 
des  Royaumes  mesmes.  Sur  cela  il  me  dit  qu'il  estoit  un 
peu  bien  tard,  qu'il  désîreroit  que  Cbamacé  eut  esté  à 
la  Haie  au  retour  de  Mastricht,  qne  maintenant  il  '  estoit 
disposé  d'empescher  le  cours  dn  traitté,  s'il  n'estoit  aidé 
du  Koy  par  quelque  offres  avantageuses  qui  servissent  k 
animer  ceux  qui  ne  désirent  la  trêve.  Cbamacé  luy  dit 
que  eu  cela  il  feroit  tout  ce  qu'il  jugeroit  k  propos,  pour- 
ven  qn'il  fut  bien  assuré  de  son  intention  et  qne  cela  ne 
serviroit  point  à  avancer  plus  que  k  rompre  la  trêve. 
Voilà  où  ils  en  demeurèrent 
14  mais  1683. 

Chamacé  écrit  le  4  avril:  «Charnacé  fat  voir  le  Prince  d'Orange  i. 
et  le  troavs  peu  affectionné  i  la  France;  il  lu;  parla  de  H.  de 
HaateriTe*  en  ces  termes,  qu'il  sembloit  bien  estrange  qa'après 
avoir  reçea  et  gratifié  Grossius*  incogrine  au  Roy  et  condamné 
en  Holande,  l'on  Tonlnst  maiotenant  Taire  chasser  Hanterive,  non 
accusé  et  bon  serviteur  des  Estats,  que  c'estoit  proprement  les 
rendre  ministres  et  exéontears  de  tontes  les  passions  do  cabinet 
et  de  la  cour,  ce  qui  les  rendoit  subjets  et  non  libres  comme  ils 
■ont.  Que  [pourtant  osté  Orenge]  ceux  des  Estats  &  qui  il  a 
parlé  de  cecy,  luy  ont  dit  qne  cela  estoit  honteux  de  penser  à 
*  n'  lemiU  otùi.  '  OffloiciT  (nnçoii,  mi  aerricc  de  U  lUpnbliqiw. 


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IBSS    Octobre.]  —   dO   — 

refuser  le  Koj  d'une  lAose  si  pea  importante  A  leur  Estât.  Qu'au 
reste  ledit  Orenge  ne  fut  guères  touché  des  advis  ^u'il  luj  donna 
des  lettres  d'Espagne,  disant  qu'il  seroit  bien  aise  d'en  voii  les 
originaux Aurange  luy  parla  altièrement  et  s'emporta  sou- 
vent I  dire  des  choses  qui  eussent  obligé  Charoacé  à  tout  quitter 
s'il  n'eust  jugé  la  nécessité  d'entretenir  l'afiaire 


■'  liBTTBE  CCCCXCIV. 

[A/i  de  Chamacé]  à . . . .  Le  Prince  <ï  Orange  tUaire  la  con- 
tinuation de  la  ffuerre. 

*,*  Sa  Kptanbre  1«  Dno  da  Lomins  imit  tU  contiunt  de  nmittra  Ninej 
ta  dtpài  cotre  In  inuDi  da  Roi  de  Pruioa. 

Je  jnge  inatUle  de  voqb  feîre  cette  dépeecbe ,  et  ne  la 
vous  envoyerois  pas  mesme  maintenant,  si  ce  n'eetoït 
pour  Tons  taire  veoir  la  façon  dont  s'est  comporté  M.  le 
prince  d'Orange  en  cette  occasion,  et  ce  qne  l'on  peut 
attendre  de  luy  à  l'avenir,  si  l'on  se  peut  nne  fois  ad- 
jnster  entièrement  et  ester  tous  soubçons. 

H  est  pis  qne  jamais  avec  les  Estatz-Généraux ,  parti- 
culièrement avec  quelques  uns  de  Hollande,  qui  mènent 
le  reste.  H  s'estoit  comme  fait  fort  d'obtenir  qne  l'on 
renvoyast  de  la  Haye  les  quatre  députez  de  Brabant  qui 
y  sont,  il  y  a  si  long  temps;  mais  ces  trois  on  qtiatre 
de  la  province  de  Hollande  si  '  estans,  à  la  sollicitation 
de  M'  Pau ,  ouvertement  opposes ,  ils  y  sont  demeurez  ; 
dont  il  me  parla  hier  confidemment  Et,  en  suite  de 
plusieurs  antres  choses,  me  dit  que  ces  messieurs  liin'en 
estoient  pas  encores  où  ils  pensoieat;  que  la  trêve  ne  se 
feroit  pas  comme  cela  par  faction ,  s'il  plaisott  au  Roy  de 
tenir  bon,  et  que  l'on  ne  luy  feit  4)as  comme  k  son  feu 
frère  à  l'autre  trêve;  qu'il  parleroit  autrement  estant  de 
retour  à  la  Haye  qu'il  n'svoit  fait  par  le  passé.  Sur  quoy 
vous  ne  douterez  pas,  je  pense,  que  je  ne  luy  aye  donné 
'«■y. 


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—  39   —  [1883.  Odobn. 

tontes  les  assuranceB  qn'il  ponvoit  désirer.  £t,  pour  veoir 
s'il  parloit  tout  de  boD,  je  luy  dis  que  le  Boy  m'ajant 
permis  de  faire  im  petit  voyage  en  France,  je  pensois 
maÏDtenant  en  pouvoir  prendre  le  temps,  qne  ledit  Prince 
estoit  icy  campé  pour  qaelqae  temps ,  et  me  rendre  aossi 
tost  qae  lay  à  la  Haye.  Sur  quoy  ledit  S'  Prince  ré- 
partit (bien  plus  brusquement  que  son  ordinaire)  que 
Taffaire  estoit  donc  perdue  ;  d'autaat  que  ceux  qui  estoîent 
pour  la  trêve  publiroient  que  ce  serait  le  Eoy  qui  me 
retirerait,  ayant  pris  Nancy,  et  ne  se  soncioït  plus  des 
affaires  de  ce  pais.  Je  loy  dis  qu'en  cela  et  tonte  autre 
chose  Je  ne  ferois  que  ce  qu'il  m'ordonnerait  Voila , 
Monsieur,  où  nous  en  sommes  à  peu  près,  qui  n'est  pas 
tout  ce  que  je  désirerois,  pour  le  service  et  contentement 
de  S.  M.,  mais  qui  néantmoins  est  quelque  chose,  pour 
ce  qne,  si  M'  le  prince  d'Orange  n'est  le  plus  grand 
trampeur  qui  fut  jamais,  ou  que  se  remettant  bien  arec 
les  Estatz  il  ne  se  change,  on  qne  sa  femme,  qui  a  un 
infioy  pouvoir  sur  luy,  et  qui  par  de  petits  intéretz  de 
fomme  est  passionnément  pour  la  trêve,  ne  le  retourne, 
nous  pouvons  faire  estât  assuré  qu'il  est  enti^ment  à 
nous  en  cela,  et  que  la  trêve  se  rendra  de  plus  en  plus 
difficile,  n  est  vray  que  je  crains  extrêmement  sa  femme, 
en  qui  on  reconnoist  visiblement  aversion  pour  ce  qui 
nous  touche,  portée,  comme  l'on  croit,  &  cela  par  une 
cabale,  qui  s'est  faite  depuis  la  venue  de  M.  de  Han- 
terire,  de  gens  qui  ont  un  particulier  et  facile  accès  au- 
près d'elle,  mais  néantmoins  je  croy  que  la  considération 
de  ses  intéretz  prévaudra,  sur  tout  si  nous  le  mesnageons 
bien  de  tous  costez,  conune  par  l'octroy  de  partie  des 
choses  qu'il  désire,  comme  l'abolition  pour  ceux  qui  ont 
assisté,  aydé  ou  contribué,  en  quelque  sorte  que  ce  soit, 
à  la  mort  et  non  assassinat  (ce  mot  l'offence)  du  S'  de 
Walkembourg',  qui  est  fort  désiré  de  M.  le  Prince  d'O- 
range, d'autant  qu'il  y  a  icy  force  gens  qui  n'y  ont  eu 
aucune  part,  lesquels  crient  sans  cesse  qu'ils  ont  tout 
'  Fofia  p.  21. 


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1M8.  Octobre.]  —    40   — 

perda  pour  cela,  et  qu'ils  n'oseroiânt  retoarner  en  France, 
demandans  de  grandes  récompenses,  ontre  l'bonnenr  qui 
va  en  cela,  de  paroistre  avoir  si  pen  de  pouvoir  auprès 
dn  Koj  qu'il  ne  puisse  obtenir  si  peu  de  chose.  Cest 
ce  qne  M'  Qnenut'  m'en  a  encore  dit  aujourdhuy  de  sa 
part,  sans  plus  me  parler  de  sa  chevalerie,  qne  je  ne 
puis  assez  m'estonner  que  vous  lay  reffusiez  si  constam- 
ment en  une  telle  occasion.  Si  le  Boy  et  monseigneur 
le  Cardinal  vouloient  aussi  prendre  la  peyne  de  luj  es- 
crire  pour  le  remercier  des  offi-es  qu'il  m'a  faictes  pour 
le  service  du  Roy  et  de  monseigneur  le  Cardinal  en 
particulier  sur  le  sujet  des  sièges  de  Nancy  et  de  Tion- 
Tille,  je  pense  qne  cela  ne  peut  nuire,  et  en  vérité  elles 
ont  esté  grandes,  jnsques  à  me  dire  que  le  Boy  et  Mon- 
seigneur le  Cardinal  estant  venus  à  bout  de  toutes  les 
entreprises  qu'ils  ont  feictes  jnsques  k  cette  heure,  il  ne 
faloit  pas  que  l'affront  leur  demeurast  de  celle-cy;  que 
pour  luy,  il  y  contrîbueroit  tout  ce  qui  seroit  en  sa  puis- 
sance, et  que  quiconque  estoit  ennemy  de  S.  M.  et  de 
M'  le  Cardinal,  U  les  croyoit  l'estre  du  bien  et  de  la 
cause  publique.  Depuis  qu'il  est  entré  en  confidence 
avec  moy,  il  m'a  fait  plusieurs  questions  des  dépendan- 
ces et  de  la  vie  de  M.  de  Bangy,  par  lesquelles  je  juge 
qu'il  ne  s'ouvrira  jamais  k  luy  d'aucune  chose,  et  qu'il 
le  tient  amy  de  M'  Pan,  et  de  plusieurs  autres  desquels 
il  se  mefiSe  fort 
11  octobre  163S. 

LU.  Le  S6  oct  ChaniBcé  écrit:  „Qu'il  apprend  qu'Oreoge  eat  ton- 
jours  trèa-bieu  intentionné,  qu'il  leconnoist  de  plus  en  plua  la  man- 
vaise  foy  des  autres;  qu'Amsterdam  et  ses  adhérens  sont  passi- 
onnel pour  la  trêve,  cette  ville-lù  faisant  la  meilleure  partie  de  la 
province  d'Hollande;  il  n'y  a  rien  de  bon  à  espérer  d'elle,  si 
Orenge  ne  s'en  mesle.  Qu'ÂerseDB  a  fait  à  Orenge  nn  discours 
ces  jours  paaaéa,  concluant  au  renvoi  dea  députés,  à  traitter  avec 
CbaïuBcé,  et  à  envoier  du  aecoura  en  Allemagne.  Qu'il  a  fait  son 
posùble  pour  gaigner  Âeraens  et  l'obliger  à  lay  donner  son  dis- 
■  de  Konjt. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   41    —  [168i.  J«DTtw. 

ovan,  mais  Q  n'a  pa,  à  caaae  <Ie  beaucoup  de  raisont.  Âereens 
]aj  dit  qn'Orenge  estoit  résolu  à  I'ud  et  à  l'antre,  la  difficulté 
u'étaut  qu'en  la  façon  de  procéder;  Aerseni  Iny  proposa  que, 
comme  eon  nom  avoit  seni  publiquement  pour  persuader  à  ces 
peuples  1a  trêve,  lors  qu'elle  estoii  possible  et  utile,  de  mesme, 
maiotenant  qn'il  voit  In  tromperie  des  Espagnols,  il  doibt  les  en 
dissuader,  ce  qu'Orenge  consentant,  Aersens  Iny  en  dit  trois  moiens; 
le  premier  d'aller  luy  mesme  en  l'assemblée  des  Ëstata  d'Hollande 
leur  dire  ses  sentimens;  le  second  de  les  faire  dire  par  l'advocHt  de 
Hollande  Pau,  il  ue  voulut  ni  l'un  ni  l'autre i  le  dernier  Iny  pleut, 
qui  est  que  le  conseil  d'Ëstat,  dont  il  est  et  dont  il  se  faict  fort, 
■ille  en  corps  dans  la  dite  assemblée  de  la  province  d'Hollande 
dire,  de  leur  part  et  de  la  aienoe,  ce  qu'ils  jugent  utile  au  bien  de 
cet  Estât  en  cette  occasion;  mais  Orenge  a  désiré  que  l'on  at- 
tende à  voir  ce  qui  se  passera." 


LBTTBE  CCCCXCT. 

RieheUéu   à    Chamacé.     Opposition  du  contaUer-penàoBaire 
de  Hollande  au  Prince  tT  Orange. 

*,*  AdricD  FiDw,  (ISBG — 1SS3)  Migncnr  de  HnmiMe,  dspni*  ISSl  ccn- 
■ôUïr-penÛDDiiiù'a  ds  li  UollindB,  «nplojj  dans  beanconp  de  miuioDi  diplo- 
■■tiqan,  iodiiiah  i  an  iccammodimcnt  tiK  lo  ProriDos  dànnin,  ^Dt  de 
MU  qui,  d'aprîi  In  MtËU/irei  de  Tfédtne-Eeun,  d&lroimt  li  Trêve,  bo 
quelque  bçoa  que  ce  put  ttra.  Apria  la  mort  de  l'Infinie  iMbelle,  ^  va- 
vanbra,  »In  ratna,  qui  «loient  de  meilleoTea  nuiioiM,  remportèreat"  et 
In  d^otA  Belge*  fnreot  rxm.%të\h. 

....  Il  est  aisé,  sur  ce  que  tous  nous  mandez,  à  ju- 
ger que  M.  le  Prince  d'Orange  est  à  ceste  heure  en  Testât 
qn'oD  le  sçauroit  désirer,  et  qu'il  agît  pour  le  bien  des 
affaires  généralles,  comme  une  personne  qui  n'est  plus 
préoccupée  de  la  passion,  qui  estoït  maitreese,  il  y  a  quel- 
que temps,  de  son  esprit  H  est  à  propos  que  tous  cou- 
tinujez  ainsy  que  tous  Êtites  tris-bien ,  à  luy  tesmoigner 
la  confiance  que  le  Boj  a  en  luy,  l'estime  qu'il  fait  de 
sa  personne,  et  que  tous  l'assariez  que  celle  que  Mon- 
aeignenr  le  Cardinal  fiiit  de  son  mérite,  [est]  telle  qu'il 
désire  Téritablement  se  joindre  d'ane  amitié  trfes-estroitte 


,,Googlc 


avec  lay C'est  une  chose  estrange  qu'un  senl  homme 

soit  capable  d'aporter  de  si  pnissans  obstacles  aox  afiàires 
et  qu'il  ayt  tant  de  crédit  pour  mal  faire.  La  résolution 
que  Pan  avoit  &it  prendre  à  ceux  de  Holande,  de  ne 
point  tracter  conjoinctement  avec  les  autres  députez  des 
provinces,  avec  M.  le  Prince  d'Orange  de  la  façon  qa'on 
doibt  faire  la  guerre,  est  bien  une  marque  de  son  pou- 
voir et  de  la  passion  qu'il  a  pour  le  service  d'Espagne. 
M.  le  Prince  d'Orange  s'est  fort  bien  comporté  en  cette 
occasion,  de  n'avoir  point  voulu  traicter  séparément  avec 
les  dits  députiez  de  Hoknde,  et  de  les  avoir  réduits 
enfin  ^  traicter  conjoinctement  avec  ceux  des  autres  pro- 
vinces      Si    Pau    continue    à    agir   comme  il  a  iîiit 

depuis  quelque  temps,  et  que  le  Prince  d'Orange  de  son 
costé  persiste  dans  les  bonnes  résolutions  qu'il  a  prises, 
il  semble  qu'U  &ut  nécessairement  que  l'un  des  deux  se 
rayne  par  la  grande  contrariété  qui  sera  tousjours  dans 
leurs  opinions;  mais,  pour  mieux  dire,  ne  feisant  nulle 
comparaison  entre  les  deux ,  il  sera  absolument  nécessaire 
que  M.  le  Prince  d'Orange  ruyne  Pau,  s'il  ne  veut  per- 
dre le  crédit  et  l'authorité  qu'il  doibt  avoir  dans  les 
Etats 1  janvier  1634. 

Le  6  JADvier  1634,  Bicheliea  écrit,  de  Buel,  à  Charnacé:  „Voufl 
avcE  eu  pouvoir,  il  y  a  longtemps,  d'assurer  M.  le  prince  d'Orange  du 
contentement  qu'on  luy  veut  donner  en  ses  affaires;  voua  ponvei  en- 
corea  luy  reoouveller;  et  en  un  mot,  si  tostque  nous  serons  joints 
par  un  bon  traitté,  on  le  satisfera  effectivement  et  de  bonne  grftce, 
sur  les  quatre  points  qu'il  a  désiré.  Voua  luy  ferez  comprendre; 
au  CBS  qu'il  TOUS  eu  parle,  que  si  ou  le  faiaoit  dès  cette  heure 
avant  un  traittë,  cela  te  rendrait  sugpect,  comme  ayant  eaté  g^né 
par  le  Roy,  et  ainsi  on  ne  porteroit  pas  le  respect  que  l'on  doibt 
à  sea  advis  et  il  madame  aa  femme.  II  est  trèa-certain  que  le  Boy 
a  tr^grend  désir  d'aqnérir  leur  service,  et  Mg^  le  Cardinal  leur 
amitié,  c'est  pourquoy  voua  devex  faire  tout  ce  que  vous  jugeras 
nécessaire  ponr  parvenir  à  cette  fin." 
)''  Le  9  janvier,  Chamacé  écrit:  „Je  sçay  qn'Orenge  travaille  à 
gaigner  Amsterdam ,  Dort  et  Rot«rdam,  qui  se  Bont>touqouis  moo- 
strées  contraires,  aussi  bien  que  passionnées  pour  le  liceutiemeut; 


,,.CoogIc 


—   43    —  [1684.  JsDTisr. 

anqnelles  ohoMs  H.  Fan  contiaue  à  faire  ses  menées,  dod  seule- 
ment contre  le  Boy,  mais  aussi  contre  Orenge,  qui  commence  à 
tesmoigner  ouTeitement  à  ses  confidens  luy  vonloir  mal;  mesme 
m'a  convié  de  prier  le  président  de  sepmaine  qae  l'on  face  faire 
exacte  recherche  de  ceux  qui  ont  envoie  la  copie  de  mon  mémoire 
à  Bruxelles,  paisqne  mes  commissaires  ne  l'ont  pas  fait  avec  «ssés 
de  chalenr;  personne  ne  doubte  que  ce  ne  soit  Pan,  n'i  aient  en 

que  Iny  de  cet  Estât  à  l'Espagnol Il  me  reste  à  tous  dire  qne 

OrcDge  m'a  dit  en  confidence  qne  la  principale  raison  qui  a  tons- 
joura  rendu  Amsterdam  et  les  antres  contraires  à  nostre  tnûtté,  a 
esl^  le  désir  passionné  qu'elles  ont  eu  de  la  trêve  et  l'espérance 
que  l'on  leur  a  donnée  artifîciensement,  laquelle  ponr  cet  effet  U 
a  tasclié  par  tonts  moiens  de  leur  oster," 


LETTHE  GCCCXCTI.  • 

M.    de    Sommdsdyck    au    Cardinal  de  RichéUsu.     Commu- 
nauté de  but  det  Provinces- Unùt  et  de  la  France. 

Monsetgoeor.  Je  ne  sçay  qui  peut  avoir  men  mon- 
BÎear  le  baron  de  Chamaasay  '  de  se  BoaTenir  de  moi  en 
ses  dépeschea;  car  aj,  à  l'occasion  de  quelque  reocontre, 
il  m'est  arrivé  de  parler  avec  le  respect  qu'il  se  doibt 
de  la  personne  da  Roy  et  des  bonnes  intentions  de  S.  M. 
au  bénéfice  de  cet  E<stat,  ce  n'a  esté  que  pottr  mieux 
informer  ceux  d'entre  nous  qoî  sembloyent  ignorer  com- 
bien l'amitié  de  la  France  par  le  passé  nous  a  esté  utile, 
et  le  peut  estre  encor  d'avantage  pour  l'avenir,  si  la  sça- 
vons  mesnager  comme  il  nous  convient,  et  non  point  ponr 
autre  considération  ;  d'autant  qu'y  ayant  résidé  avec  sup- 
port et  réputation  plusieurs  années  sur  les  lieux,  en  qua- 
lité de  leur  ministre ,  je  pensoy  estre  tenu  d'en  faire  une 
ronde  déclaration,  et  par  ma  connoissance  en  mérite  plus 
de  foy  qne  nul  antre.  Toatesfoîs,  Monseigneur,  puis  qu'il 
vous  plaist  m'advertir  par  vostre  lettre  que  S.  M.  me 
fiiict  l'honneor  de  prendre  quelque  satisfaction  de  ce  mien 
procédé,  et  que  vostre  Eminence  pareillement  l'approuve 


,,  Google 


et  m'en  sçait  gré,  je  ne  puis  que  je  ne  m'en  sente  gran- 
dement glorieux  et  encouragé  à  embrasser  toutes  les  oc- 
casions qui  s'offriront  h  nous  rammener  en  mémoire  les 
devoirs  de  nostre  commune  gratàtade  envers  S.  M.,  laquelle 
a  toujours  tesmoigné  un  soin  singulier  et  très-effectif  au 
bien  et  conservation  de  cette  République ,  à  la  persuasion 
et  par  l'induction  en  partye  de  vostre  Eminence ,  au  ju- 
gement de  qui  tous  sçavent  combien  elle  défère;  et  mé- 
ritoirement,  après  avoir  reçeu  tant  de  preuves  de  vostre 
fidélité  et  prudence,  que  rien  ne  s'y  peut  adjonster  et 
dont  les  effects  sont  si  admirablement  grands,  tant  au 
regard  du  restablissement  de  l'authorité  royale  au  dedans, 
qu'en  celuy  de  la  confusion  et  honte  de  ses  ennemis  et 
envieux  au  dehors;  de  sorte  que,  ne  voyant  rien  de  pa- 
reil es  siècles  passez,  la  postérité  les  prendra  pour  mint- 
des  plustost  que  pour  histoires;  miùs,  sans  m'estendre  sur 
vos  louanges,  qui  passent  la  portée  de  ma  plume,  il  me 
suiGra,  Monseigneur,  de  vous  sapplyer  très-humblement, 
que,  ponr  l'amour  de  la  France  et  de  vons-mesmes,  vous 
daigniez  nous  départir  voz  généreuses  intercessions  à  ce 
que  S.  M.  continue  sa  protection,  bienveillance,  et  !»• 
veors  à  cet  Estât,  sans  vous  arrester  k  quelque  diversité 
de  sentiment  qui  se  peut  rencontrer  en  nostre  présente 
conduitte;  car  nous  buttons  tons  à  une  mesme  fin,  qui 
est,  en  nous  bien  entendant  avec  le  France,  de  nous  gnr 
rentir  de  l'Espagne  et  des  inconvéniens  de  nos  incom- 
moditez  au  dedans;  ne  varians,  comme  je  croy,  qne  sur 
la  voie  ik  y  tenir,  ponr  y  parvenir  avec  plus  de  célérité 
et  de  sûreté.  Sy  au  reste,  Monseigneur,  en  mon  parti- 
culier, je  puis  mériter  l'honneur  de  vostre  amitié  et  con- 
fiance, qne  j'estime  snr  toutf autre,  je  me  sigueray  de 
mon  sang,  soubz  vostre  permission,  Monseigneur, 
de  rostre  Eminence 
très-humble,  très-fidèle  et  très-obéyssant  serviteur, 

FUNÇOIB   d'aKBSSXN. 

De  la  Haye,  oe  9  janrier  1634. 


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i£  d«  Chamacé  à  Richelieu.     La  négociation  avec  U$  Etats 
trtâne  m  longueur. 

....  J'estais  résolu  de  prendre  demaÎD  congé  des 
Eetatz,  au  lieu  de  leur  parler  plus  de  cette  affaire,  ad- 
joustant  que  J'estois  assearé  que  tont  le  monde  tron- 
veroït  fort  esirange  ce  procédé,  qu'après  tn'avoïr  faîct 
dire  tout  ce  qui  estoit  de  l'estendae  de  mon  pouvoir 
et  eux  donné  des  articles,  ils  vinssent  regratter  et  chi- 
caner sur  des  choses  promises;  qu'aiant  l'année  passée 
reinsé  absolument  lenrs  offres,  je  ne  voîois  pas  des  rai- 
sons pourquoy  il  les  doibve  maintenant  accepter,  puisque 
les  affaires  du  Koj  estoient  en  meilleur  estât,  et  celles  de 
Hollande  an  contraire  sembloient  en  quelque  façon  avoir 
plos  de  besoin  de  secours  et  assistance  estrangère.  Â  tout 
cela  il  ne  s'est  rien  respondn,  sinon  qu'il  me  prioit  de 
me  donner  la  patience  de  voir  ce  qu'ils  me  répliqaeroîent, 
qne  peut-estre  j'aurois  plus  de  satis&ction ,  que  cependant 
je  n'en  devois  point  donner  advis  au  Jtaj ,  de  crainte  que 
cela  estant  pris  pour  une  dernière  résolution,  le  faschast 
et  ruinast  tont  Je  luj  dis  que  je  ferois  tonsjonrs  plus 
que  cela  pour  son  service  et  par  son  conseil,  si  je  ne 
reconnoissois  que  le  désir  de  Pan  et  de  ses  adjoints  estoit 
de  tenir  l'affaire  en  longueur,  pour  voir  si  le  duc  d'Ar- 
Bchot  leur  rapportera  la  satis&ction  qu'ils  en  espèrent, 
pour  pois  après  se  mocqner  de  moy,  comme  l'an  passé; 
que,  si  j'estois  serviteur  de  l'I^pagnol ,  je  voudrois  les  tenir 
encore  deux  ans  en  espérance  asseurée  de  paix ,  à  la  pas- 
sion qu'ils  en  ont,  sans  jamais  la  conclure,  les  diviser 
entre  eux  jusqnes  à  l'extrémité,  et  ruiner  entièrement 
Orenge  de  pouvoir;  qne  cette  négotiation  ayant  désuny 
Pau  avec  la  Holande ,  et  luy  aiant  donné  la  hardiesse  de 
le  chocquer,  maintenant  qu'il  y  avoit  si  peu  d'apparence 
de  paix,  il  estoit  &  craindre  qu'ils  se  portassent  au  pis, 
si  elle  estoit  une  fois.  Sur  tout  cela  et  beaucoup  d'antres. 


,,Googlc 


je  confesse  qu'il  ne  m'a  rien  dit  qui  reasemblast  à  ce  qu'U 
me  disoit  les  jours  précédents,  et  qu'il  ne  m'a  pas  beau- 
coup satisfaict  ;  Quenut  et  Ârsens  (qui  fest  bien  plus  croia- 
ble  en  ce  sujet)  assurent  néantmoins  qu'il  n'a  nullement 
changé,  et  qu'il  a  trouvé  cette  responce  fort  mauTaise. 

Quant  &  moy,  je  ne  sçay  si  c'est  la  peur  que  j'ay, 
mais  je  croy  qu'ils  sont  tous  résolus  d'attendre  nouvelles 
d'Espagne 16  janvier  1634. 


LBTTBB  ccccxcrm. 

>. 
Lé  même  um  même.    Le  Prince  if  Orange  t^^orce  ctamsner 
la  conchmon  du  traité  avec  la  France, 

Monsieur.  Aiant  donné  mes  répliques  aux  Estats  sur 
leurs  réponces,  telles  que  je  vous  les  ay  envolées,  j'allé 
trouver  Oronge,  pour  luy  dire  comme  en  conscience  c'es- 
toit  tont  ce  que  je  pouvois  faire,  que  je  serois  bien  use 
pour  le  bien  commun  qu'il  fust  agréé,  mais  qae,  pour  mou 
particulier,  je  debvois  désirer  qu'il  ne  le  fost  pas,  d'au- 
tant que  j'avois  excédé  mon  pouvoir.  H  seroît  trop  long 
de  vous  dire  toute  nostre  conférence,  mais  la  conclusion 
fut  que  je  me  donasse  encore  an  peu  de  patience  pour 
le  Ifùsser  agir ,  et  qu'assurément  il  y  emploieroit  tout  son 
pouvoir  pour  le  contentement  du  Roy  et  de  Mg'  le  Car- 
dinal. Comme  de  kit  (je  le  sçay  de  très-bonne  part  et 
comme  si  j'y  avois  esté)  le  jeudy  il  envola  quérir  tous 
mes  commissaires,  que  je  vous  ay  mandé  estre  huit,  deux 
de  Holande,  Nordvick  et  Panv,  et  six  des  six  restans, 
où  il  leur  parla  une  heure  entière,  comme  s^  eust  esté 
envoie  du  Roy;  ensuitte  leur  reprocha  le  péril  où  ils 
mettoient  cet  Estât  par  leur  aveuglée  passion  k  la  trêve, 
et  leur  mauvais  procédé  avec  S.  M. ,  de  laquelle  ils  ne 
sçauroient  marquer  aucune  chose  en  laquelle  elle  leur 
ait  jamais  manqué;  que  c'estoit  l'unique  ami  do  cet  Estât 


,,.CoogIc 


—   47   —  [1884.  Jmtm. 

et  le  plus  assenrî  qae  le  ciel  lear  peut  doimer,  le  Roy 
d'Espagne  aa  contraire  lenr  implacable  ennemi  et  éter- 
nel; que  néantmoins  il  voioit  que  les  vaines  espérances 
qu'il  donne,  sont  bien  plus  volon^ers  escoutées  et  mieux 
remues  que  les  véritables  promesses  du  Boy;  ce  qui  Iny 
semblant  si  déraisonnable  et  contraire  au  bien  de  son 
pays,  pour  Fintérest  qu'il  y  avoit,  il  estoit  résolu  de  ne 
le  plus  souffiir,  et  désiroit  présentement  Bçavoir  leur  ré- 
Bolation  BUT  mon  escrit.  £t  les  six  provinces  consenti- 
rent k  tout  sans  réplique;  mais  Pau  dit  qu'il  ne  le  vou- 
loit  absolument,  ains  que  la  Holande  y  contrarioît  direc- 
tement; Orenge  repartit  que  ce  n'estoient  que  quatre  ou 
cinq  aveuglés  de  lear  intérest  privé  qui  n'estoient  pas 
raisonnables,  et  qu'il  n'estoit  pas  juste  qu'ils  gaignassent 
au  préjudice  du  public;  Pau  répliqua  que  c'estoit  toute 
la  province;  sur  ce  contraste  Orenge  dit  qu'il  feroit  voir 
à  Pau  que  non,  et  que  pour  cet  effet  il  falloit  assembler 
les  Estais   de  la  Province.     Ce   qui  ii  l'heure  mesme  int 

arresté Orenge  repartit  que,  pour  le  faict  de  la 

religion,  cela  estoit  impossible,  et  que  la  Holande  me 
donneroît  cent  mil  escus,  aiSn  que  je  m'attachasse  à  cela, 
pour  avoir  prétexte  de  tout  renverser;  mais  que,  si  le 
Soy  et  Monseigneur  le  Cardinal  s'en  vouloient  fier  en 
Iny,  il  feroit  les  choses  sur  ce  sujet  qui  ne  se  peuvent 
promettre.  Je  luy  en  ay  demandé  un  mot  de  lettre  à 
S.  E.,  dont  le  Roy  seroit  plus  content  et  plus  asseuré 
que  de  tous  les  escrîts  des  Estats,  mais  il  s'en  excusa 
et  avec  raison,  y  allant  de  l'honneur  et  de  l'anthorîté 
du  dit  Orenge ,  si  elles  estoient  veues Le  dit  Gref- 
fier m'a  dit  bien  clairement  que,  si  le  Roy  vonloit  Iny 
&ïre  quelque  bien,  il  le  serviroit  très-bien,  mais  il  ne 
désire  pas  que  Eusquerque  le  sache 


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ieS4.  Juitier.]  —   48   

LETTRE   CCCCXCIX. 

Le  même  à Même  sujet. 

Monsieur.  Je  voos  dîrû  que,  depuis  mes  dernières, 
volant  tous  les  jours  Orange  et  sa  femme  arec  tous  les 
respects  imaginables,  je  '  pensé  que  pent-estre  cela  Iny  fai- 
soit  croire  trop  de  désir  en  moy  du  traitté,  et  trop  de 
nécessité  au  Boy  de  le  faire;  je  cessû  trois  jours  de  le 
voir,  fis  paier  tout  ce  qui  estoit  deu,  envoie  à  Rotterdam 
retenir  un  vùsseau  pour  m'en  aller,  et  n'oublié  aucune 
démonstration  qui  pust  fiûre  croire  mon  partement;  adjon- 
stant  que  j'spérois  que  quelqu'un  de  ce  pays  iroit  bîen- 
tOBt  rendre  la  pareille  au  Roy  du  long  séjour  que  j'ay 
faict  icy.  Ce  qui  ne  fut  pas  pris  pour  feinte.  Orenge  me 
fit  premièrement  parler  par  l'ambassadeur  de  Venize  en  ter- 
mes généraux  ;  je  Iny  dis  setilement  que  je  ferois  tout  ce 
que  je  pourrois  pour  le  bien  public;  après  Orenge  envoya 
quérir  Âersens  et,  luy  mant  donné  des  marques  d'une 
entière  confiance ,  le  pria  de  me  voir  et  de  m'arrester,  s'il 
estoit  possible;  je  ne  m'ouvris  nullement  au  dit  Àersens, 
de  crainte  que,  pour  se  remettre  bien,  il  ne  Iny  eschap- 
past  quelque  chose.  Enân  jeudy  il  m'envoia  Quenut', 
qui,  après  plusieurs  complimens  sur  ce  qui  s'estoit  passé 
le  dimanche,  me  dit  que,  si  je  n'estois  content  de  son 
procédé,  et  qae  j'en  désirasse  quelque  autre  cbose,  je 
m'ouvrisse  et,  comme  de  soy,  me  conseilla,  si  j'aimoïs  le 
Roy,  de  voir  Orenge,  ce  que  je  luy  promis,  et  luy  dis 
en  ami  que  je  ne  pouvois  me  plaindre  de  son  affection, 
croiant  qa'il  l'avoit  entière,  mais  bien  de  ce  que,  puis- 
sant comme  je  le  sçavoîs,  et  voiant  mieux  que  personne 
la  nécessité  de  cette  affaire  Ik,  et  la  résolution  bonne 
des  six  autres  provinces,  il  ne  déclaroit  pas  assés  ouver- 
tement ses  sentimens  à  la  Rolande,  particulièrement  à 
Amsterdam,  qui  estoit  pins  contraire,  et  néantmoins  pins 
obligée  à  Orenge,  chascun  sçachant  bien  que  le  magi- 
'  j"»i.  •  de  Knuyt. 


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—   49   —  [1834.  Janvier. 

strat,  qm  n'y  subsiste  qae  par  son  autorité,  n'oseroit 
avoir  pensé  i.  contrarier  Orenge.  Qu'ainsi  je  le  priois 
de  leur  Ëiire  sçavoîr  ses  sentimens,  en  termes  signifiant 
sa  haine,  s'ils  ne  les  suivent.  Qu'en  outre  il  allast  aux 
Ëstats-Généraax  et  à  ceux  de  la  Holande  parler  claire- 
ment et  ne  pins  balancer;  qu'après  cela,  quoy  qu'i  arri- 
vast,  je  n'aurois  plus  rien  à  dire ,  et  que  le  ïCoy  et  Mon- 
seigneur le  Cardinal  luy  en  sçauroient  pareil  gré  que  si 
la  chose  avoit  eu  lieu. 

Avec  cette  préparation  je  vins  voir  Orenge  et,  i^rès 
deux  heures  de  contrastes,  d'esclaircissemens ,  et  de  di- 
verses ouvertures,  je  m'arresté  à  ce  que  j'avois  dit  le  soir, 
&  quoy  il  consentit  et  fit  en  plus  qu'il  ne  m'avoit  promis. 
Premièrement  il  les  envoia  prier  de  luy  députer  de  cha- 
cune province,  et  sept  on  huit  de  Holande,  avec  ceux 
d'Amsterdam,  furent  quatre  heures  k  les  cathéchiser  sur 
les  bonnes  volontés  du  Roy,  et  la  nécessité  qu'ils  avoient 
d'en  prendre  les  effets;  puis,  leur  aiant  dit  nettement  d'en 
conférer,  [aller  à  tous  les  deux].  Et  sur  le  champ,  de  dix- 
neuf  voix  qu'a  la  Holande,  dix  se  déclarèrent,  avec  les 
six  antres  provinces,  à  ce  qui  suit,  que  les  trouppes 
seroient  entretenues,  qui  est  beaucoup....  Four  ce  que 
il  est  de  la  religion,  il  m'a  dit  qu'aiant  voulu  en  par- 
ler seulement  en  passant  et  pour  lé  sonder,  ils  s'estoient 
cabrez  de  telle  sorte,  qu'il  avoit  jugé  de  ruiner  en- 
tièrement l'aââire  et  luy  surtout,  puisques  ce  seroît  le 
perdre  et  le  rendre  entièrement  inutile  et  incapable  de 
pouvoir  jamais  servir  le  Koy,  en  l'opinion  où  l'on  est 
desjà  sur  ce  sujet;  qu'outre  cela  j'avois  fait  tous  mes 
efforts  là-dessus  et  les  avois  cessé  dès  l'esté  passé,  qu'il 

ne  sçavoît  pas  pourqnoy  cette  nouvelle  proposition La 

femme  d'Orenge  est  autant  passionnée  pour  le  Roy  et 
"MP.  le  Cardinal  qu'elle  a  esté  contre,  et,  comme  il  y 
a  quelque  jalousie  entre  elle  et  la  veufve  du  Palatin, 
peu  de  choses  les  mettent  en  pique.  Elles  en  eurent  une, 
sur  ce  que  la  femme  d'Orenge  disoit  à  l'autre  qu'elle  se 
deroit  mettre  et  ses   enfans  en  la  protection  du  Roy,  à 


,,Googlc 


16S4.  JuTiBT.j  —   50   — 

qaelqne  pris  qne  ce  ftist,  si  elle  Touloit  sauver  quelque 
chose,  n'y  aiant  aajonrd'huj  que  )ay  as  moDde  qui  sçaut, 
peust,  et  Tonlmt  secourir  aes  amis;  qu'elle  voyoit  bien 
que  d'Angleterre  il  ne  fidioît  pins  espérer  rien;  elle  est 
b^satis&icte  des  lettres  qne  le  Boj  a  escrittes  en  Alle- 
magne....    23  janvier  16S4. 

■-  Le  23  janvier  Chainsc^  écrit:  „]e  confesse  qne  j'ay  trouvé  aa 
peu  estrange  que  l'on  ait  donné  cognoissance  à  Euiquerqae  de  ce 
que  à  quoy  le  Boy  se  relascfaolt,  d'entant  que  lay  ï'aiant  mandé 
au  greffier,  qni,  je  croï,  l'a  ditàOrenge,  quoy  qu'il  jure  que  non, 
il  fut  cause  que,  le  lendemaiD  dimanche,  Orenge  le  prit  d'nntoD 
ai  hanlt  avec  moy,  et  en  eut  raison  et  sujet  de  se  défier  de  moy, 
qui  tny  disois  oontinaellement  que  la  passion  que  j'avois  pour  les 
affaires  d'Allemagne  me  faisoit  oonseatir  à  des  choses,  sinon  contre 
mes  ordres  formellement,  su  moins  fort  esloignées.  Orenge  avoit 
impatiemment  monstre  désirer  sçavoîr  la  responce  du  Boy  touchant 
Aix-la-chapelie,  laquelle  luy  aiant  ditte,  il  en  a  monstre  du  des- 
plaisir,  et  s'est  efforcé  deux  ou  trois  foie  de  m'en  faire  voir  l'uti- 
lité, me  priaot  tousjours  d'en  escrire,  d'autant  que  le  Roy  regret- 
tera un  jour  de  ue  l'avoir  pas  faitte." 

'-  Le  30  janvier:  „ Orenge  n'a  cessé  depuis  de  me  perenader  de 
parler  autrement.  Daox  fois  il  m'a  envoie  quérir,  et  autant  faîct 
visiter  par  M.  Quennt  et  par  Aersena,  qui  commence  si  bien  à 
se  remettre  que,  si  cenx  qui  serviront  le  Boy  en  Hollande  y  con- 
tribuent ce  qu'ils  pourront,  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  y  sera  très- 
bien  et  pourra  beaucoup  nuire  aux  Arminiens,  qui  est  autant  à 
dire  aux  Espagnols.  L'un  et  l'autre  m'ont  tant  fait  voir  d'impos- 
sibilités à  passer  le  traitté  selon  les  termes  de  mon  escrit,  qui  n'i 
aiant  aucun  lieu  d'en  espérer  la  conclusion,  pour  Irais  choses  par- 
ticulièrement que  je  diray  icy  après,  uoos  réaolusmes  tous  enseok- 
ble  que  j'enverrois  promptement  vers  vous,  pour  vous  informer  de 
l'estat  des  choses,  et  que  cependant  l'on  tiendroit  tout  en  suspens; 
mais  depuis  il  s'est  rencontré  autre  chose  qui  a  empesché  l'effet. 
C'est  que  le  greffier  Mus  ',  que  je  sçay  fort  bien  intentionné  et  que 
l'on  tient  assés  véritable,  est  venu  trouver  Orenge  et  puis  moy, 
séparément  et  au  desceu'  l'un  de  l'autre,  nous  a  juré,  sur  la  dam- 
nation de  son  ftme,  qu'il  luy  est  venu  un  homme  de  Bruxelles,  de 
la  part  de  quelques  uns  très-affectioiinés  à  Oreuge  qu'il  n'a  voulu 
I  C.  AloMb,  greffier  da  EtiU-G^néniui.  ■  1  rima. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


nommer,  pour  lay  donner  advia  que  la  plénipotence  estoit  renae 
d'Espagne  pour  A^rtone'  et  un  autre  qn'ila  euverroient  dans  huit 
jonrs." 


Le  10  Un.,  on  â:rit  de  Faris  à  M.  de  Charoacé:  „I1  eat  im-  i 
posaible  de  roua  donner  des  ordres  aaaenrez  aur  tous  les  change-  ' 
mena  qui  arri?ent  de  jour  à  autre,  but  les  irrésolutions  de  ces 
Messieurs,  dont  on  ne  peut  faire  autre  jugement  d'abord,  sinon 
qu'il  semble  qu'ils  aient  intention  de  prostituer  les  int^rests  de 
toute  la  chrestientë,  pour  avancer  les  leur,  au  goost  de  ceux  qui 
sont  ga^ez  par  l'Espagne." 


Le  13  févT.  Chamacé  écrit  de  la  Haye:  „Le  Prince  d'Orange,  ■ 
Quenut  et  Âraens,  cbacnn  selon  son  pouvoir,  et  la  condition  oil  ' 
il  est  d'agir,  ont  agy,  comme  s'ils  eussent  esté  envoyer  da  Boy. 
La  princesse  d'Orange  mesme  a  envoyé  quérir  ceux  de  la  ville  de 
Délit,  qui  semblent  nous  escfaaper,  lesquelz  elle  a  toujours  affec- 
tionnez et  grandement  assistez,  pour  estre  le  lieu  de  la  naissance 
dn  Prince  d'Orange,  et  lenr  a  dit  pour  moy  tont  ce  qu'elle  pour- 
roit  faire  pour  làire  son  fils  prince  du  pau;  mais  jusques  icy  nous 
ne  voyons  pas  que  l'on  puisse  faire  passer  les  deux  poincts  de  la 
religion  et  des  intérêts  du  Boy,  au  contentement  de  S.  M." 


Le   20   févr.  :    „L'on  parle  fort  de  la  bourasqne  qu'a  eue  Bou-   i 
tard    avec  la  Boyne  de  la  Grand'  Bretagne,  que  la  Princesse  d'O-  ' 
range   dit  qu'elle   a   appellée   plusieurs  fois,  en  présence  dn  Boy 
mesme,  petit   coquin   et  petit  maraut;   qui  n'est  pas  trouvé  chose 
fort  convenable  &  sa  personne  ny  à  aa  dignité." 


En  mars:  „Je  vons  diray  que  j'sy  eu  grand  prise  avec  Orange   i 
anr  le  ùâi  de  Hauterive,  m'ayant  déclaré  qu'il  ne  pouvoit  con*  ' 
sentir  qu'il  fiit  chassé  de  ce  pais;  y  allant  trop  de  son  authorité, 
l'Anglois  pouvant  un  mois  après  demander  la  mesme  chose." 


Le  3  avril:  „Orenge  estant  revenu  des  champs,  et  atantvenle  i 
courrier,  il  trouva  à  propos  qu'on  différast  de  faire  s4;avoir  le  " 
retour  dn  courier,  jusques  à  ce  que  l'assemblée  d'Hollande  fust 
•éparée,  qui  seroit  vendredi  ou  samedi  passé,  que  cependant  je 
luy  disse  ce  que  le  Boy  désirent,  afBn  qu'il  dispoaast  les  choses  à 
Iny  faire  avoir  contentement^  jeudi  je  luy  en  fia  quelque  ouver- 
>  le  Harqnii  d'A/totu  (p.  62). 


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1634.  riiràr.]  —   52   — 

ture,  mois  le  trouvant  merTeilleii sèment  aig;ri  sur  toutes  choses, 
me  persuadant  qu'il  estoit  en  mauvaise  linmeur  d'autre  choae, 
j'alongay  le  discours  en  di^rressions  et  changemena  de  propos.  Le 
lendemain  je  le  revis,  et  luy  ayant  parlé  de  l'affeire  d'Hauterive, 
sur  laquelle  il  s'emporta  de  telle  sorte,  et  dit  des  choses  qui  me 
picquèrent  si  fort,  qae  je  confesse  que,  si  l'affaire  n'eust  touché 
qu'à  moy,  je  l'eusse  rompue  absolument,  quand  j'eusse  deu  périr; 
et  d'autant  pina  que  le  lendemain,  allant  disner  à  deux  lieues 
d'icj,  entre  tous  les  François  qui  sont  en  ce  pais,  il  ne  choisit 
que  celui-là.  Hier  estant  de  retour,  il  me  dit  nettement  qu'il  ne 
falloit  plus  parler  qu'ils  le  fissent  sortir  d'icy,  et  que  les  I^lstata 
ne  le  feroient  jamais  de  son  consentement  ;  qu'an  reste,  s'il  y  avoit 
an  mot  de  changé  aux  articles  qu'ils  m'avoieut  donné,  ila  n'es- 
toient  plus  obligea  de  les  accepter,  et  ne  pensoit  pas  qu'il  le  fis- 
sent J'ay  emploie  Aersens  et  Vosberg',  pour  voir  s'ils  pourroient 
gaigner  quelque  chose  sur  luy,  maïs  cela  n'a  de  rien  servi.  Aussi 
je  n'ay  pas  trouvé  qu'ils  y  aient  agi  comme  il  falloit;  Orenge 
m'aiant  dit  qu'ils  luy  avoient  conseillé  de  ne  le  pas  faire,  ce  qu'ils 
nient  1  maïs  toutesfoia  ils  n'ont  pas  voulu  que  je  l'aye  dit  en  leur 
présence." 


Le  Comte  Henri- Casimir  à  M.  Rivet     II  détire  un  minietre 
pour  VÉgUse  fran^oite  à  Leeawarden. 

*,*  Hniri-Cuimir,  (1611 — IB40)  iTOlt  sncciiU,  comme  Sttdhander  de  !■ 
FriM,  à  lOD  pire  ErDCat-Cosîmir ,  tuf  >d  lii^  de  Kuremoade  le  6  jnin  1638. 

André  Kiirït  (1673— 1617)  dJ  cq  Poitou,  cflèbre  et  pieu  Ibfclogicn,  jafm- 
dcDt  do  SfDode  DitioDsl  en  France  i  Vitré  eo  IBIT,  éLoit,  depuii  16S0, 
profenenr  i  Leide.  —  Le  22  dfe.  1628  le  Comte  lai  écrit  de  Groningoe; 
„Voitre  lettre  ■  esté  fort  aggiésble  à  moo  frère  *  et  i  ma;.  Non)  TO70D9  par 
11  que  la  considéntion  de  vdz  occapatlons  o'a  pn  empêcher  le  deasdn  de  Toatre 
«Section,  dont  noua  avona  tirez  aaaei  de  preave  et  d'asKoraoce  durant  nosfre 
■éjonr  i  Lejdeii  et  en  recevona  dea  nonrellea  par  le  reMenliment  qae  témoignez 
avoir  de  Dtutre  perte  et  par  lea  voeux  qn'eaTofei  an  Ciel  pour  noatre  bien  et 
proBpJrilé.  Diea  vom  veuille  exaucer  et  noiu  raîre  la  grftce  de  nous  jvQvoir 
rendre  capablea  d'eatre  employa  pooi  muntenir  aon  ^liae  et  noatre  patrie." 

MonBienrl  Messienra  les  Estats  de  ceste  Province  ayants 


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.  53  - 


[16S4.  Féniar. 


trouvé  bon  de  faire  presclier  la  parole  de  Dieu  en  ceste 
ville  icj  en  langne  firauçoise,  désirent  fort  d'estre  ponr- 
veas  d'ao  habile  homme  poar  servir  ceste  Eglise  qui  se 
va  former,  de  ministre,  comme  de  mesme  je  soahaite 
de  tout  mon  coenr,  et  pourtant  me  sois  enhardy  de  voos 
importuner  et  prier  fort  humblement  de  vouloir  me  &ire 
la  faveur  et  contribuer  qaelqne  chose  à  l'avancement  de 
ce  bon  dessein,  nous  assistant  de  vostre  bon  conseil  et 
addresse,  de  la  sorte  que  puissions  trouver  une  personne 
tant  saine  en  doctrine  que  capable  ^  bien  former  et  fon- 
der ceste  église  nouvelle,  d'autant  qu'il  n'est  de  peu  d'im- 
portance quel  personnage  y  vienne  mettre  la  première 
main.  Me  fiant  doncques  en  vostre  bon  zèle  et  prompte 
volonté  pour  des  semblables  choses  touchant  la  gloire  de 
Dieu,  j'attendray  de  vous  un  petit  mot  de  tesponse;  vous 
asseurant  que  n'en  obligerez  pas  seulement  messieurs  de 
ceste  Province  touts  ensembles,  mais  aussj  et  plus  estroi- 
tement  celuy  qui  ce  va  signer  pour  jamais.  Monsieur, 
vostre  bien  humble  et  très-affectionné 

HENRT  COHTE  DX   NASSA.U. 

Lewarden,  ce  */„  de  février  1634. 


M.  de  Sommeiêdyck  à  M.  Seiifft  '.     Traité  atiee  la  J^ance. 


Le  15  iTtil  tai  ngnf  i  U  Haye  le  Tnilj,   pir  lequel  le  Roi  s'eiigige 
inbdde  uidiwI  de  3,300,000  lifrc*. 


Monsieur. Avant-hyer,  sur  les  xi  heures  du  soir, 

fut  conclud  le  traité  d'alliance  entre  m'  de  Cbamacé  et 
les  députez  de  messeigneurs  les  Estaz  pour  le  terme  de 
sept  ans,   auquel   les    ans   et  les    autres  trouveront  leur 

'  Jtan   Heufll,   éUbli  à  Firii,  oil,  ptf  m  relitioiii,  il  ponToit  wrni  le 
PrioM  et  1m  Etirf*-Gài£nu  (f  1S51). 


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1584,  Aïril.]  —   54   — 

compte,  car  toat  y  est  fort  bien  réglé.  J'en  loae  Diea, 
qui  par  ce  moyen  nons  a  retirez  d'an  mauvais  train  et 
nons  a  remis  en  la  voje  de  salut,  sy  nous  voulons  estre 
gens  de  bien  et  reprendre  les  vieilles  maximes  de  nos 
pères  à  loger  tonte  nostre  seureté  dans  les  armes.  La 
France  aussy  peut  se  vanter  de  nons  avoir  ramena  de 
très-mauvais  désirs,  qui  an  progrès  nous  eussent  portes 
dans  un  accommodement  avec  l'Espagnol;  miùs  mainte- 
nant nous  sommes  senrs  de  rompre  toutes  les  menées  et 
d'avoir  nostre  recours  à  ta  continuation  de  la  guerre,  la- 
quelle, si  elle  se  mesnage  avec  la  foy  et  vigueur  qu'il 
convient,  nous  peut  aSranchir  de  toutes  noz  incommodités 
et  craintes,  car  le  peuple  est  riche  et  libéral,  et  a  eir 
qnasy  généralement  une  aversion  contre  le  traité  avec 
l'Espagne  ;  de  fait  il  ne  s'est  guères  veu  que  d'Arminiens 
qui  se  soient  opposez  anx  propositions  de  la  France,  la* 
quelle  ils  taschoient  de  noua  figurer  plus  dangereuse  à  cet 
Estât  que  l'Espagne  mesme,  tant-ont-ilz  dégénéré  de  nostre 
ancienne  probité.  Monseigneur  le  Prince  d'Orange  a  puis- 
samment aydé  à  faire  accepter  ceste  alliance  et,  sans  son 
intervention  et  sages  persuasions,  nous  dissions  touBJours 
restez  en  irrésolutions,  espérans  qu'il  fîist  venu  quelque 
nouvelle  ouverture  d'Espagne,  ce  qui  cessera  désormais 
au  moyen  de  ce  traitté,  auquel  m'  de  Chamacé  s'est 
employé  avec  grande  dextérité  et  patience.  J'avoue  que 
j'ay  parfois  désespéré  du  succez  de  ceste  affaire  et  m'es- 
tonne  de  ce  que  l'Espagnol  a  esté  sy  imprudent  de  ne 
noua  avoir  fait  parler  de  trêve  en  aucune  sorte,  puis  qu'il 
est  assez  bien  informé  de  nostre  constitution;  car,  s'il  en 
eust  autrement  usé,  il  nous  jectoit  sans  doute  en  partia- 
lité ,  qui  nous  devoit  rendre  inutiles  k  toute  action  dehors 
et  dedans.  Certes  M^'  le  cardinal  de  Richelieu  se  peut 
vanter  de  nous  avoir  arrachez  d'entre  les  bras  des  Es- 
pagnols, où  l'imprudente  passion  de  plusieurs  pensoit  nous 
jecter,  et  ce  sera  une  de  ses  plus  grandes  gloires  de  nous 
avoir  ou  conservez  ou  reatablis  dans  l'amitié  du  Boy.  De 
fait  ceste  nouvelle  confédération  renouvellera  eti  nons  la 


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-  55  - 


[1034.  A>nl. 


hayoe  contre  l'EspagDol  et  le  soin  de  mesnager  mieux 
nos  alliez.  Dans  peu  de  jours  on  doit  aviser  à  ce  qai  se 
pourra  entreprendre  ceste  année,  et  partant  il  sera  k 
propos  qu'on  nous  advance  aoe  partye  du  secours,  afin 
de  noos  fiiciliter  les  moyens,  tandis  que  les  provinces 
s'esmettront  k  trouver  nouveau  fondz,  de  quoy  elles  s'em- 
pescbent  assez.  L'Espagnol  n'a  rien  de  préparé  que  sa 
cavallerye,  qui  est  forte  et  tonne,  m^s  apparemment 
voudra  attendre  qne  commançions  les  prenùers;  et  tant 
qu'il  est  si  fort  en  cavallerye,  il  sera  très-difficile  à  son 
£x"  d'entreprendre  rien  de  grand ,  encores  qu'il  ayt  bonne 
volonté  à  ne  demeurer  les  bras  croisez.  Les  affiûrea 
d'Allemagne  ne  me  plaisent  pas  trop,  voyant  que  les 
Princes  et  les  villes  à  nostre  party  se  laissent  surprendre 
k  des  jalousies  et  envies  dont  l'Empereur  prendra  son 
advantage  pour  les  diviser  et  affi>îblir.  H  &ult  attendre 
ce  que  produira  l'assemblée  à  Francfort,  car  j'ay  peur 
qu'enfin  tout  ne  s'esdatte  contre  les  Suédois,  sy  le  Boy 
ne  prend  plus  de  soin  et  meilleure  satisfaction  d'eax,  ce 
qu'à  mon  advb  il  doit  fiiïre  voyant  le  party  de  Valestin  ' 
ruiné  et  Bavière  plus  estroitement  lié  avec  l'Empereur. 
La  ligue  forme  une  armée  sar  nos  confins  assez  forte 
pour  esloigner  et  renvoyer  vers  le  Lecfa.  Lunebnrg  et 
Hessen.  D'ailleurs  il  se  parle  que  le  Roy  de  Foloîgne 
est  d'accord  avec  le  Moscovite  et  délibéré  à  reprendre, 
la  trefve  finie,  qui  ne  dure  plus  qn'un  an,  sur  les  Suédois 
les  conquestes  que  cy-devant  ilz  ont  faites  sur  la  Poloigne, 
et  partant  il  touche  au  Roy  d'avoir  l'oeil  an  train  que 
prennent  les  affiiires  en  l'Ihnpire,  et,  s'il  se  pouvoit  trouver 
quelque  expédient  de  retirer  Monsieur  frère  du  Koy  '  des 
mains  des  Espagnolz,  la  France  et  cet  Fstat  en  seroient 
mieux  assenrez  pour  l'avenir.  On  va  penser  à  bon  essîent 
au  soustien  de  la  compagnie  des  Indes  Occidentales,  vers 
où  s'envoyent  quelques  compagnies,  en  attendant  une  plus 
vigoureuse  et  libérale  résointion,  de  laquelle  il  sera  plai- 
nement  trûtté  en  l'assemblée  de  ceste  province,  qui  se 
■Wallsiutaii.  *GutoDUiicd'OrKiDB.  DcpoiiDDTonbnlOSSilaniitqDittéUFniica. 


,,.CoogIc 


1684.  Atril.]  —    56   — 

tiendra  au  second  jour  de  may ,  comme  aussy  de  trouver 
un  ambassadeur  pour  résider  en  France.  Cest  tout  ce 
que  je  tous  puis  dire. . . .  [La  Haye]. 


LBTTRB   mu. 

t. 

Le  même  au  Cardinal  de  Richelieu.    Même  ttyet. 

Monseigneur.  Yostre  prudence  a  enfin  obtenu  que  nous 
sommes  tenuz  au  Roy  de  la  salvadon  de  nostre  Estât, 
lequel,  sans  le  support  de  son  alliance,  alloit  le  grand 
train  k  un  accommodement  avec  l'Espagne;  encor  y-a-on 
assez  long  temps  donté  au  choix,  tant  estoyent  les  affec- 
tions de  plusieurs  prévenues  à  désirer  le  repos;  mais 
monseigneur  le  prince  d'Orange,  ayant  meurement  con- 
sidéré l'artiâce  de  noz  ennemîz,  et  qu'il  nous  est  plus 
senr  de  mettre  après  Dieu  nostre  salut  aux  armes  et  an 
mesnage  de  noz  alliez,  il  a  persuadé  aux  Provinces,  qui 
^  bon  droict  défirent  beaucoup  à  son  jugement,  d'accepter 
les  conditions  que  S.  M.  leur  avoit  faict  présenter,  et 
de  perdre  la  volonté  de  tracter  avec  l'Espagne,  laquelle 
avoit  sy  bien  prins  ses  racines  qu'elle  n'a  peu  estre  ar- 
rachée sans  grande  contestation;  et  d'autant  plus  en  re- 
vient-il de  gloire  ^  vostre  Ëmînence ,  qui  a  sceu  si  bien 
prendre  le  temps  et  les  mesures  h  nous  rammener  de 
nostre  desvoyement;  monsieur  le  baron  de  Cbamacé  vous 
rendra  conte  de  sa  négotiation,  en  la  conduîtte  de  la- 
quelle il  s'est  comporté  avec  beaucoup  de  prudence  et 
de  patience,  qui  luy  ont  enfin  ouvert  le  coeur  et  la  con- 
fiance de  monseigneur  le  Prince,  lequel  a  une  ferme  dé- 
libération de  se  tenir  lié  et  bien  entendre  avec  la  France. 
Cest  aussy  &  vostre  Ëminence  h,  mesnager  la  tendresse 
de  cet  Estât,  et  l'imprudent  aveuglement  duquel  l'Espa- 
gnol a  esté  frappé,  qui  n'a  sçeu  faire  son  proffit  de  noz 
irrésolutions,  tandis  que  l'Allemagne  luy  crie  ^  l'ayde,  et 
n'a  pourveu  à  rien.    Pleust-il  &  Dieu,  Monseigneur,  que 


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—  57  —  [I6M.  A»ta. 

vous  et  noas  peussions  convenir  it  noas  affranchir  poar 
une  bonne  fois  de  ta  jalousie  d'Espagne,  en  le  déchas- 
sant des  Pays-Bas,  ce  qui  ne  dépend  que  de  nostre  vo- 
lonté; car,  en  Testât  où  sont  les  affaires,  ne  faadroit  ni 
grand'  despense,  ny  grand'  feçon,  principalement  sy  on 
se  vent  servir  de  Suédois;  car  les  ennemiz  n'ont  ordre, 
moyen,  ny  amiz;  et  n'est  à  propos  de  leur  en  lùsser 
&ire,  en  les  nous  soustrayant.  Vostre  Ëmînence  les  a  es- 
sayez en  Italie,  vous  en  avez  autant  faict  en  Lorraine; 
et  tont  a  fleschy,  quasi  sans  opposition;  pour  tontesfois 
assenrer  voz  conquestes  et  vostre  repos,  il  n'y  a  que  de 
se  résoudre  &  une  guerre  ouverte,  en  laquelle  cet  Estât 
employera  volontiers  ses  derniers  effortz,  qui  ne  seront 
point  à  mespriser.  En  attendant  que  cette  prudence  nous 
prenne,  Je  me  donneray  la  liberté  de  recommander  deux 
choses  à  vostre  Ëminence,  la  première  de  nous  procurer 
an  plustost  l'aggréation  de  S.  M.  au  traitté  de  M'  de 
Cbamacé,  avec  la  réelle  prestation  de  ce  qui  y  est  pro- 
mis, afin  de  fermer  la  bonche  à  ceux  qui  désirent  nous 
esloigner  de  l'amitié  de  la  France;  l'autre  de  donner 
quelque  secours  ^  la  compagnie  des  Indes  Occidentales, 
le  mûntien  de  laquelle  est  capable  de  nous  entretenir  en 
hostilité  avec  l'Espagne;  mais  ceux  qui  buttent  &  on  ac- 
comodement,  travaillent  soubz  main  à  sa  dissipation,  en 
luy  ostant  ou  traînant  les  aydes  nécessaires.  Au  reste. 
Monseigneur,  vostre  Ëminence  pourra  apprendre  de  M. 
de  Cbamassay  de  quelle  &çon  je  me  suis  employé  à  faire 
réussir  son  traîcté,  en  qnoy  je  n'ai  en  pour  but,  que  le 
contentement  du  Roy,  et  le  saint  de  cet  Estât;  et  ne 
prétendz  pour  récompense  que  l'honneur  de  vostre  ami- 
tié, et  que  me  croyiez,  Monseigneur, 

de  vostre  Ëminence 
trës-humble,  très-obéyssant  et  trës-âdèle  serviteur, 
PBAN9013  d'abrssen. 
De  la  Haye,  ce  2  avril  1634. 


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LBTTBE  Bm. 

is. 

Lt  même  à  M.  HaiffL    La  France  doit  attaquer  viffùurwttment 
PEtpafftie  dans  les  Pays-Bas. 

*.*     AsnMni   d£fdopp«   Eet   Iw  conùiJntioDg  qai   uninirait   bi«ntA(   uns 
pl<u  Aroibi  sUiinoe  antra  Lonia  XIII  et  lu  Suu-6jo^di. 

Monsieur.  J'ay  fait  veoir  à  Monseignear  le  Prince 
d'Orange  seol  voz  lettres  dn  25  et  26  may,  avec  prière 
d'en  mesnager  le  snbject,  en  supprimant  le  nom  de  l'an- 
theor,  jcsques  &  ce  qu'il  soit  temps  d'en  recueillir  le 
fruict  à  Tostre  avantage;  ce  qu'il  m'a  promis,  et  vous 
devez  vous  en  tenir  asseuré.  Il  loue  vostre  affection  à 
l'Estat,  et  en  approuve  la  condnitte,  désirant  que  vous 
continuiez  soigneusement  d'entretenir  cette  correspondance 
avec  M.  de  B.  '  afin  de  mener  ^  son  effect  les  espérances 
qn'il  vous  donne,  en  m'advertissant  de  temps  en  temps 
de  ce  que  vous  y  aurez  avancé,  sans  vous  en  remettre 
à  la  négotiation  des  ambassadeurs  qui  vont  par  del^,  car 
U  a  opinion,  et  elle  est  vraye,  que  souvent  on  s'ouvre 
plus  librement  d'une  délibération  !t  un  anty  particulier, 
qu'il  des  personnes  publiques,  qui  trtùctent  avec  cérémonie 
et  réserve,  et  puisque  M.  de  B.  voit  les  afl^iires  au 
fondz,  il  en  pourra  abréger  les  longueurs,  en  vous  dé- 
clarant rondement  leurs  intentions,  lesquelles  ne  doivent 
estre  cachées  ny  déguisées  entre  ceux  qui  confèrent  en- 
semble d'un  mesme  but,  auquel  tout  l'honneur  seroit  au 
Boy  seol,  et  à  nous  le  bénéfice  de  nostre  seureté  et 
subsistance,  pour  eu  estre  tenuz  à  S.  M.  et  la  laïre  ga- 
rentir  an  moyen  de  son  ayde  et  protection,  sans  qu'il  y 
ait  matière  de  soubçon,  ny  de  jalousie  de  noz  forces,  car 
l'ordre  de  nostre  gouvernement  n'a  et  ne  sçanroit  avoir 
rien  d'ambitieux,  et,  n'éstoit  la  crainte  de  tomber  en  la 
subjection  du  Boy  d'Espagne,  qui  se  tient  irrévocablement 
offensé  de  nous,  nostre  foiblesse  poroistroit  aussytost 
'  BallioD,  minjiln  d'ÉUt  (f  IMO). 


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—   59   —  [1884.  Jaia. 

Mais,  pour  retourner  au  contenu  de  vok  lettres,  Son  Esc. 
tient  que  la  vraye  et  plus  courte  voye  de  raTalIer  la 
grandeur  d'Âostriche ,  en  relevant  celle  de  France  pour 
tont  jamais,  seroit  de  rompre  avec  le  Boy  d'Espagne,  et 
de  rassalllïr  vivement,  et  conjointement  avec  nous  au 
Pays-Bas,  de  qaoy  dépend  l'événement  de  la  guerre  qni 
^entretient  avec  tant  de  variations  en  l'Empire.  I/entre- 
piînse  n'est  ny  hazardense  ny  longue;  trois  ans  et  moins 
en  feront  l'eâéct;  il  n'est  pas  question  d'y  prendre  ville 
après  ville,  ains  comme  touttes  à  la  fois,  sy  concertons 
bien  noz  desseins  ensemble  ;  car,  sy  empeechons  que  rien 
n'entre  ny  sorte  des  Pays-Bas,  comme  il  est  aysé  de 
faire,  la  disette  de  touttes  choses  les  forcera  de  se  ren- 
dre; il  ne  reste  que  d'achever  ce  pea  qu'tlz  tiennent  encor 
snr  la  Meuse;  et  lenr  oster  quant  et  qaant  la  mer,  en 
mettant  d'entrée  du  jen  le  siège  devant  Duynkerke, 
ville  foible  et  nullement  tenable,  et  seroit  nécessaire  de 
commencer  par-1^,  pour  faire  perdre  la  mauvaise  vo- 
lonté à  ceux  qui  ne  voyent  pas  de  bon  oeil  la  grandeor 
de  la  France,  et  tascheroyent  de  la  traverser,  sy  lenr 
en  estoit  laissé  dn  temps.  Son  Ëxc ,  estant  d'accord  avec 
le  Boy,  ponrroit  mettre  en  campagne  plus  de  trente  mil 
hommes  de  pied  et  de  six  à  sept  mU  chevaux,  et  don- 
neroit  tel  ordre  par  mer,  que  de  ce  costé  1^  on  n'anroit 
de  part  ni  d'autre  rien  à  craindre;  voUà  les  forces  que 
cet  Estât  pourroit  employer,  et,  sy  la  France  avec  qod- 
qne  effort  s'y  vonlloit  engager  avec  une  armée  de  vingt 
et  cinq  mil  hommes  de  pied  et  de  quatre  mil  de  cheval , 
le  train  de  Fartillerye  proportionné  à  cela,  il  seroit  facile 
de  renverser  le  Roy  d'Espagne,  en  cette  saison  que  ses 
penples  s'ennnyent  de  ses  désordres,  voyent  les  grands 
et  natnrelz  du  pays  opprimez  sans  cause,  et  pour  avoir 
parlé  pour  lenr  soulagement,  qui  seroient  bien  ayses  de 
changer  de  condition,  on  en  tout  cas  ne  sçauroyent  ré- 
sister à  l'aggression  de  la  France  et  de  la  nostre  ensem- 
ble; car  il  ne  leur  vîendroit  plus  aucun  secours  d'hommes, 
de    vivres,    ni  de  monitions,  puisque  la  plus  saine  et  la 


,,Cooglc 


1684.  Joia.]  —  60  — 

plas  voisine  partye  da  l'Allemagne  est  à  nostre  dévotion , 
et  ne  peut  espérer  aacan  asseuré  repos  que  par  le  des- 
logement des  Espagnolz  ;  lequel  une  fois  procuré,  la  France 
se  trouToroit  remontée  h  sa  primitive  gloire  et  puissance, 
sans  avoir  plus  besoin  de  regarder  arrière,  ny  de  crain- 
dre de  pareilles  secousses  qu'elle  a  par  le  passé  reçeues 
des  Pays-Bas,  d'où  à  moins  de  rien  peut  estre  porté  une 
armée  de  cinquante  mil  hommes  jnsques  aux  portes  de 
Paris,  d'où  aussy  on  peut  former  des  partiz  et  de  la 
division  au  dedans,  par  où  la  France  a  esté  tenue  basse 
et  en  trouble  ces  derniers  cent  ans.  Mais  cela  vuidé 
pour  le  repos  commun ,  en  ce  temps  que  l'Espagnol  man- 
que d'ordre,  d'argent,  d'hommes,  de  che&,  et  que  le 
bon  party  en  Allemagne  a  l'avantage  partout,  S.  M. 
pourroit  prendre  cet  Estât  en  une  alliance  perpétuelle, 
comme  nny  plus  estroittement  ii  ses  intérestz  qu'aucun 
antre,  ponr  s'en  servir  par  mer  et  par  terre,  et  mettre 
aussy  l'Empire  en  telle  posture ,  qu'en  ayant  exclu  l'ambi- 
tion de  ceux  d'Autriche ,  elle  n'anroit  qu'à  en  espérer 
toutte  amitié  et  avantage  ;  tellement  qu'il  ne  luy  resteroit 
qu'à  régler  l'Italie,  laquelle,  pour  le  désir  qui  luy  tient 
de  recouvrer  sa  liberté,  seroît  fort  contente  de  dépendre 
de  ses  couseilz.  Mais  je  vay  trop  lotn ,  et  en  reviens , 
sachant  que  la  France  connoist  mieux  ses  intéretz  que  je 
ne  sçauroy  lui  représenter,  pour  dire  que  la  rupture  avec 
l'Espagnol,  seroit  nostre  sauvement  et  settreté  commune; 
et  partant  que  je  vetix  espérer  cette  résolution  de  la  pru- 
dence de  monseigneur  le  Cardinal,  que  nous  seconderons 
de  tous  noz  efforts  et  de  bonne  foy;  et  ainsi  serons  nous 
délivrés  de  l'appréhension  en  laquelle  nous  tient  la  de- 
meure de  Monsieur  '  à  Bruxelles,  laquelle  en  fin  nous  fera 
du  mal  ^  tous  deux,  voire  à  toute  la  Chrestienté,  sy 
Dieu  par  sa  bonté  n'en  ordonne  autrement;  car,  eu  cas 
de  changement,  les  Espagnols  ne  le  lurroyent  jamais 
partir  sans  avoir  bien  capitulé  avec  luy,  au  regard  de 
l'Italie,  de  la  Lorraine,  de  l'AUemmgne  et  de  nous;  ce 
'  le  Dm  d'Ortéuu. 


,,  Google 


—  61   —  pes*.  JaiD. 

qui  est  maintenant  en  nostre  m^n  de  prévenir,  9j  usons 
bien  des  occasions,  de  peur  que  oe  rencontrions  point  en 
une  aatre  saison  one  disposition  tant  favorable;  avec 
qnoj  je  tous  diray,  confidemment  mais  véritablement,  qne, 
pour  faire  perdre  k  plnsieors  de  nous  le  désir  du  repos, 
il  est  nécessaire  de  leur  ouvrir  l'espoir  de  la  fin  de  la 
guerre  par  la  conjonction  de  la  France,  sans  quoy,  croyez 
moy ,  ils  ne  cesseront  jamais  de  toujours  porter  et  forcer 
les  afiaires  et  les  volontez  à  quelque  accommodement  avec 
l'Espagne ,  car  ilz  crient  incessamment  qu'ils  ne  voyent  point 
de  fin  k  la  guerre,  qu'ilz  sont  espuisez  de  moyens,  et 
qu'il  n'est  point  expédient  d'attendre  que  mangeons  le 
dernier  sol;  c'est  pourquoy  on  doibt  tascber  de  les  en- 
gager plus  avant;  mais  sy  l'estat  du  Roy  n'est  encor  pré- 
paré ay  disposé  pour  prendre  cette  vigoureuse  détermi- 
nation, en  tel  cas  vous  ferez  bien,  Monsieur,  de  tenir  la 
nuàn  k  ce  qu'on  nous  secoure  extraordinairement  d'un 
gros  de  bonne  cavallerye  et  de  quelque  corps  d'iniante- 
rye,  pour  six  ou  sept  mois,  pourveuz  de  paye  pour  pa- 
reU  temps.  S.  M,  venant  à  les  lîcentier,  il  s'y  pourroit 
trouver  qnelcnn  lequel  les  preodroit  aussytost  au  service 
de  cet  Estât,  pour  les  faire  aussytost  marcher  et  passer 
par  terre  au  rendé-vous  que  son  Exe.  lenr  feroit  donner, 
lequel  attendra  vostre  response,  qu'il  vous  plaira  me  faire 
avoir  de  sepmaine  en  sepmaine,  sans  vous  arrester  à  ce 
qui  sera  &ict  ou  traicté  avec  les  ambassadeurs,  qui  ne 
sçauront  rien  de  vous ,  et  son  Ëxc.  tous  sçaura  gré  de 
Toz  offices  et  correspondance,  comme  elle  a  désiré  que 
je  vous  asseurasse  de  sa  part  Mais  quant  au  gros,  de 
&ire  la  guerre  ensemble  au  Roy  d'Espagne,  ou  de  la 
faire  plus  puissamment  senlz,  sydez  d'un  extraordinaire 
secours  de  S.  M.;  du  partage  des  conqueates,  et  de  la 
religion  catholique  à  y  maintenir,  messieurs  les  ambas- 
sadeurs, qui  font  estai  de  partir  jeudy  prochain,  sont 
plëuement  instmictz  et  autborisez  pour  en  traicter  et  con- 
venir; poussez  cependant  ces  afiaires  auprès  de  M'  de  B., 
en  Iny  fiûsant  comprendre  qu'il  vaut  mieux  de  fiiire  à  une 


,,Cooglc 


1<U.  Jajn.] 


•   62   - 


fois ,  que  d'aller  par  reprises  et  eu  masque  contre  le  Boy 
d'Espagne,  qui  ne  [feindra  *]  jamais  de  rompre  avec  la 
France,  sj  le  jeu  lay  dit;  car,  si  continuons  an  train  oit 
Doos  sommes,  il  sçanra  le  moien  d'endormir  jioz  armes, 
qne  nous  n'endosserons  plus,  sy  une  fois  nous  les  mettons 
bas;  ce  qoî  a  évidemment  paru  an  traicté  de  la  trefVe, 
pendant  lequel  on  a  et  négligé  et  mesprisé  Tamitié  et  les 
offiree  de  la  France ,  espérant  de  s'accommoder  arec  l'Es- 
pagne, quoy  qu'il  ne  demandast  le  repos  que  pour  l'em- 
ployer à  l'oppression  de  noz  alliez,  pour  par  après  retour- 
ner contre  nous,  avec  un  redoublement  de  ses  effortz. 
Ces  bumeors  nous  tiennent  encor,  et  M'  de  Charnacé  le 
sçait  très  bien ,  et  n'aura  failly  d'en  fiùre  son  rapport  ;  la 
guerre  seule  nous  en  peut  tirer.  Le  marquis  d'Aytona 
faict  paroître  n'avoir  dessein  que  de  gagner  ta  saison  sans 
action;  sa  cavallerye,  en  quoy  il  est  pins  fort  que  nous, 
est  par  fois  condnitte  de  lieu  à  antre,  a£Q  de  nous  tenir 
en  jalousie,  mais  il  est  foible  d'in&nterie.  Monseigneur 
le  Prince  d'Orange  a  tout  son  faict  preet  pour  marcber, 
et  sera  ayse  d'apprendre  an  plustost  ce  que  le  Soy  déli- 
bérera de  faire.  Il  a  esté  descendu  mil  à  douze  cens 
Espagnolz  à  Duynkerke,  qui  ont  passé  par  mer  sans  ren- 
contre, cela  fait  crier  le  peuple;  on  est  après  à  y  mieux 
pourreoir  pour  l'avenir  et  travaille-on  diligement  an  taict 
de  la  compagnie  d'assurance  que  les  provinces  désirent 
veoir  estably,  m^  je  ne  pense  pas  qu'on  en  convienne. 
Son  Ex"  relévroit  avec  vigueur  cet  affaire,  et  antres, 
s'il  avoit  l'honneur  de  la  conjonction  du  Boy  en  la 
guerre,  car  il  est  piqué  de  cette  ambition.  On  recom- 
mande aossy  le  maintien  et  l'aide  de  la  compagnie  oc- 
cidentale. En  Allemagne  tout  va  encor  assez  bien;  maïs 
la  France  doibt  tenir  la  main  que  les  alliez  ne  s'y  sé- 
parent point  On  est  ici  fort  tenu  à  M'  de  B.  de  la 
&cilité  qu'il  apporte  à  nostre  payement,  ce  qui  ne  sera 
point  onblié;  travaillés-y,  s'il  vous  plaist;  vous  me  ferez 
&veur   de   l'assurer   aux  occasions   qne  je  suis  son  très- 


,,  Google 


—   6d   —  [IBM.  Juilbl. 

humble  servitear.  Sur  ce  vous  baise  les  loaiiu,  Monsieur, 
et  me  signe 

Tostre  servitear, 
PKAN90TS  d'aï 
De  la-Hajre,  ce  6  juin  1634. 


liBTTKB  mïïV. 

Li  même  au  Piince  ^Orange.     Néffociatiotiê  avec  ta  /V-onee. 

Monseigneur.  Le  mesme  jour  qae  V.  Ëxc  partit  de 
cette  ville,  je  fus  advert^  que  mon  premier  pacquet,  au- 
quel estoit  Joint  le  vostre  pour  M.  Knajt,  avoit  esté  prins 
par  des  soldats  tout  proche  d'Anvers  et  porté  au  Gou- 
vemeur  du  chasteau,  sans  que  j'aye  apprins  depuis  ce 
qui  en  a  esté  &ict,  sinon  que  le  marchand  auquel  il  avoit 
son  adresse,  l'estoît  allé  redemander,  mais  qu'on  a  faict 
desraliser  depuis,  avec  ordre  exprès,  tes  messagers  ordi- 
naires. Cela  me  faict  entrer  en  opinion,  qu'Q  aura  esté 
ouvert.  Le  second  a  passé  sans  rencontre ,  qui  estoit  plus 
clair  et  résolu,  au  lieu  que  le  premier  ne  faisoit  que 
discourrir  et  marchander  des  conditions.  Cest  toutesfbîs 
un  grand  malheur,  car  le  dessein  en  est  desconvert,  mais 
cda  u'empescheroit  pas  de  passer  outre,  sy  seulement  la 
France  se  voulloit  résoudre,  dequoy  les  premières  lettres 
esclairciront  V.  Exe  J'ay  anasy  adver^  à  Paris  de 
trouver  nouvelle  adresse,  d'autant  que  l'ennemj  fera  ob- 
server les  voyes  ordinaires,  pour  descouviir  la  auitte  de 
cette  prattique.  On  estoit  fort  en  attente  à  la  cour  de 
k  responce  de  Y.  Exe.,  san?  qu'on  y  vueiUe  entrer  en 
a&ire,  avant  qu'elle  vienne;  comme  vous  verrez  par  ta 
jointe.  (Taj  aussy  parlé  avec  aucuns  de  mes  amis  de 
l'espérance  qu'il  y  a  de  porter  la  France  à  de  plus  forts 
conseils,  sy  les  ambassadeurs  ont  de  temps  assez  à  la 
mesnager  et  partant  qu'il  n'en  &ut  pas  précipiter  le  re- 
tour.    Sy  cette  proposition  part  de  la  Grenéralité,  à  quoy 


,,Googlc 


lUM.  Juillet.]  —  64  — 

on  doibt  travailler,  ils  se  chargeroot  volontiers  de  la  se- 
conder à  leur  possible  en  l'assemblée  d'Holknde,  où  la 
conjonction  des  armes  de  la  France  avec  celles  de  cet 
Estât  doibt  estre  affectée  à  nostre  pleaière  délivrance ,  en 
un  temps  auquel  un  chacun  se  plaint  du  danger  et  de 
la  despence.  Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  bénir  les 
conseils  et  desseins  de  V.  Exe  de  prospérité  et  vostre 
personne  de  parfiûcte  santé  et  de  longue  vie. 

De  vostre  Ex"  très-humble,  très-obéyssant 
et  très-fidèle  serviteur, 

PKANpOYB  D'aBBSSBH. 

De  la  Haye,  ce  14  juillet  1SS4. 


LBTTKB  mV. 

Le  même  au  même.     Même  tujet. 

Monseigneur.  Je  vous  manday  hier  ce  que  j'avoy 
apprins  de  l'interception  de  mon  paquet  La  cy-jointe, 
reçue  au  matin,  en  fera  veoir  &  v.  Exe.  la  confirmation, 
mais  que  la  délibération  de  Paris  n'eu  est  de  rien  re- 
froidye.  Bien  me  despIaist-U  qu'on  prétend  d'obliger  vos- 
tre personne  k  l'exécution,  à  quoy  malaysément  l'Estat 
se  pourra  résoudre;  car,  puisque  le  gros  de  l'armée  se 
doibt  composer  d'estrangers  et  au  plus  loin  du  pals  en- 
nemy,  ce  n'est  pas  raison,  ce  me  semble,  outre  les 
hazards  de  l'événement  de  l'entreprinae,  de  vous  fiùre 
dépendre  de  la  discrétion  ou  des  accidens  an  dehors. 
Tontesfois  v.  Exe,  pent  attendre  les  propositions  qui  en 
viendront,  avant  que  de  vous  résoudre,  et,  sy  je  ne  me 
trompe,  vous  aurez  moyen  d'engager  la  France  k  tout, 
puisqu'elle  a  la  conqneste  de  la  coste  de  Flandre  en  teste, 
car  il  ne  luy  doibt  chaloir  *  du  chef,  pourveu  qu'elle  y 
trouve  son  conte;  ce  qui  dépend  eu  partye  du  mesuage- 
ment   de   ceux    qui   en   ont  la  direction.     Je  trouve  que 


luâfyGooglc 


—   65    —  [18S4.  JoUIet. 

tont  se  prépare  poar  vous  dépesclier  Mess"  de  Charnas- 
say  et  Knuyt,  desquels  vous  [chevirez]  aysément  et  cela 
applanira  la  voye  à  faire  demeurer  mousienr  Pan  en 
cour,  pour  y  entretenir  cette  prattiqne,  eschauffée  de  sa 
négotiatioD,  et  partant  seroit  &  propos,  qae  qaelcun  des 
confidens  de  r.  Esc  en  la  Généralité  le  proposast,  dès 
ioasy  tost  qae  voua  serez  davantage  esclaircy  des  der- 
nières consolteB  da  Koy.  Plusieurs  se  rendront  très- 
susceptibles  de  cette  ouverture.  J'escris  au  sieur  Heufft, 
désirant  qu'il  tienne  M'  de  Bullnyon  en  halaine  et  luy 
envoyé  à  cette  fin  on  bon  chiffre  par  une  adresse  de 
traverse,  l'ordinaire  me  tenant  en  doute.  Je  prie  Dieu, 
Monseigneur,  qu'il  prospère  les  desseins  de  v.  Esc.  et 
voua  doint  santé  et  très-longue  vie. 

De  vostre  Exe,  très-humble,  très-obéyssant 
et  très-fidèle  serviteur, 

riANçOYS  D*AKBSaiK. 

De  la  Haye,  ce  15  juillet  16S4. 


liBTTRE  STI. 

M.  He^t  à  if.  de  Sommdidyck.     Même  mjet. 

Monsieur.  J'ay  receu  la  vostre  du  17*  courant,  mus 
celle  du  3"'  point,  croyant  qu'ils  ont  esté  par  l'ordinaire, 
qui  a  esté  prins.  Le  mal  est  d'un  costé,  que  les  Es- 
pagnols ont  tont  le  dessein,  estant  copie  envoyé  icy  du 
mémoire,  mais  chastrés  *  &  leur  mode;  de  l'autre  costé 
j'estime  que  cette  interception  de  lettres  a  &it  du  bien, 
pour  avoir  rompu  les  desseins  des  Espagnols  sur  Mas- 
tiicht  et  aillenirs,  mais  le  mal  est  que  je  suis  en  très- 
manvaise  posture ,  tant  pour  estre  comme  banny  des 
Pays-bas,  comme  aussy  que  j'anray  bien  des  jalousies  h, 
essuer  *,  et  ne  manquera-on  point  de  dire  de  quoy  je  me 
mesloîs,  etc.     Mais  S.  E.  et  vous  sçavez  comme  le  tout 

'  tnnqaji.  '  uaaja. 

m.  6 


,,  Google 


ISM.  Juillet.]  —  66  — 

est  passé;  mon  bnt  n'est  que  de  servir.  J'espère  que  S. 
E.  me  sçanra  guarautir  de  ceux  qui  me  ronldroyent 
du  mal,  pour  des  bonnes  intentions,  au  regard  d'an  chas 
con.  Je  vous  supplie  de  m'épauler*  et  aviser,  si  par  le 
moyen  de  mon  dît  seigneur  le  Prince,  je  ne  poorrois 
secrettement  obtenir  un  acte  publicq,  par  lequel  je  pais 
monstrer  avoir  esté  au  service  de  l'Estat,  par  acte  anti- 
daté, afin  de  pouvoir  monstrer,  tombant  quelque  jour 
entre  les  mùns  des  Espagnols  on  aultres,  qne  il  m'a  esté 
permis  de  ce  faire,  comme  an  service  et  serment  de  l'Es- 
tat Vous  sçaurez.  Monsieur,  mieulx  ce  qui  sera  néces- 
saire que  moj-mesme,  t  &ire  employer  telle  qualité  que 
jugerez  éqnïpoler  '  les  actions  et  négotiations,  sans  qne 
cela  vienne  en  lumière;  seulement  le  garderay,  pour,  en 
cas  qu'il  fost  de  besoing,  m'en  pouvoir  servir.  Quand 
aux  afiaires,  et  la  capture  des  lettres,  et  la  peur  qu'avons 
eue  qne  on  continuera  à  prendre  les  lettres,  a  rendu  ma 
plnme  stérile;  or  on  a  conduit  l'affaire,  que  M'  Pan  ne 
Bçavoit  rien  de  nostre  dessein,  mais  bien  M'  de  Knnyt 
Kéantmoins  leur  négotiation  a  este  conduitte  sur  le  mesme 
pied  et  résolvèrent  hier  entièrement  chez  M'  de  BuUuyon , 
dont  M'  de  Boutelier  et  M'  de  Chamassé  partent  au- 
jonrdhuy  voir  M'  le  Cardinal,  pour  en  faire  rapport,  et 
doivent  eatre  de  retour  dimanche;  estant  résolu  que  M' 
Enuyt  ira  f^re  rapport  k  Monseignenr  le  Prince  d'O- 
range et  voir  si  on  peult  s'adjuster,  et  partant  me  réfère 
k  M.  Knnyt,  de  qui  sçaura  M'  de  Sommelsdyck  le  tout, 
les  affaires  [vient],  si  on  ne  s'arreate  à  rien,  et  si  on  em- 
brasse les  affaires  selon  les  occasions,  on  en  pourra  bien 
espérer,  moyennant  Dieu.  M'  de  Sommelsdyck  aura  plus 
ample  advis  par  M.  Knu}^,  qui  prétend  partir  dans  4  ou 
5  jours.  Je  ne  ntancqneray  de  continuer  mes  entretiens 
arecq  M.  de  Bullion,  qui  s'ouvre  de  plus  en  plus  et 
affectionné. . . . 
Ce  28  de  juillet  1634. 

'  m.  «.taDir.  .  (p\,r. 


,,  Google 


—   67   —  p6S4.  AoU. 

t  L.BTTRB  »Tn. 

H.  Bt^t  à  Af.  <U  SommeUdyck.     Même  auJA 

Monsienr.  A  l'heure  dtt  partement  hier  an  soir,  on 
m'apporta  la  vostre  da  24',  dont  à  l'heure  nieBme  j'envoyay 
l'incloM  et  je  viens  préBontement  de  voir  M.  Knoyt,  qui  s^^ù'^CÎt. 
se  plaint  qu'on  n'achevé  rien.  Tous  les  joars  choses  non-  ^"J*' 
velles ,  sans  résolution ,  dont  M.  Knnyt  se  plaint  de  W  de 
Chaniacé  et  pressera  son  partement,  ce  qui  est  nécessaire, 
afin  que  Monseigneur  le  Prince  d'Oranges  soit  informé 
de  ce  qui  se  passe,  pour  eu  user  selon  sa  prudence.  La 
France  a  peut-estre  envie  de  faire  perdre  aux  Provinces- 
Unies  la  saison,  de  peur  qu'ils  ne  làceat  quelque  chose, 
&  quoj  S.  Exe  sçaura  donner  l'ordre  requis.  J'espère 
que  M.  Knujt  partira  en  bref,  duquel  sçanrez  tout  ce 
qu'avons  discouru  sur  le  tout  J'ay  vea  ce  que  me  cottez 
par  le  chiffre.  Je  m'en  suis  apperceu  et  on  n'en  faict  ^^^^JJ^^ 
point  la  petite  bouche.  M.  Pau  est  en  grande  cholère  ""^^"J^ 
des  livres  et  mémoires  interceptés  et  de  ce  que  M™  de  ™  'ji^  ^*  ■• 
Sommelsdyck  et  Heuft  se  meslent  de  tels  affaires,  blas- 
mant  Henft  de  n'avoir  point  adressé  ses  advis  à  M.  Pan, 
comme  k  luy  appartenant  Jnsques  à  présent  il  n'en  a 
rien  dit  à  Heuft,  mais  Euskercke  en  a  eu  la  plainte, 
comme  aassy  M.  Enuyt,  lesquels  l'ont  dit  à  Henfift,  maïs 
sy  on  dit  quelque  chose  à  Heuft,  il  dira  simplement 
n'avoir  rien  faict  sans  ordre,  sans  s'estendre  beaucoup, 
espérant  que  S.  Exe.  protégera  Heuff);,  car  il  est  à  crain- 
dre qu'on  brassera  fort  contre  HeuSt,  et  vous  supplye 
considérer,  ce  que  Heufft  vous  a  reqnis  pour  sa  seureté, 
en  cas  de  besoin,  au  regard  des  provinces  soubs  FEs- 
pagno],  où  il  n'osera  jamais  venir.  M.  de  Bnllnyon  de- 
meure grandement  porté  et  me  dit  hier  au  matin,  que 
pour  Iny,  il  continuera  à  servir  de  tout,  mais  que  M.  le 
Cardinal  n'est  pas  à  gouverner  comme  on  voudroit  bien. 

'  Doits  mirginiln  de   M.   dg  Sominelidjd  d*na  U  mpU  dieliiff^ét  da 
n  nMin.  >  juiUrt. 


,,Googlc 


IflM.  Août.]  —   68   — 

tTespère  qne  les  Prormces-Unies  aaront  un  bon  amj  à 
M.  de  BuillujoD,  pour  moyenDer  beaucoup  de  cboBes. 
HetiSï  j  est  bien  rena  et  l'entretient  fort  familièrement, 
ce  qni  facilitera  beancoap  les  affaires.  J'aj  les  assigna- 
tions expédiées  pour  le  premier  payement.  M.  Knujt  fera 
rapport  de  toat  ce  qui  se  passe,  Aydez  à  conserver  Henfft 
puissamment;  S.  E.  peut  le  toat,  et  mettre  le  holà 
quand  il  sera  temps,  et  qu'en  pensant  servir,  il  n'aye  mau- 
Taïs  gré.  Puisque  la  Lorraine  est  libre,  la  France  peut- 
estre  changera  de  volonté,  que  Son  Exe.  sçaura  balancer, 
pour  &ire  selon  sa  prudence.  Cest  ponrquoy  Henâl  as- 
pire tant  que  Knuyt  fiist  party,  car  la  saison  se  passe, 
et  puisque  S.  E.  est  asseuré  de  secours,  il  pourra  ex- 
ploicter  grandes  choses,  sans  la  France,  car  le  délaje- 
ment  ne  vaut  rien.  «Fenvoye  la  présente  par  Lisle  et  vou- 
droy  que  M'  de  Sommelsdyck  gaignast  les  esprits  de 
plusieurs;  c'est  le  souhaict  de  celuy  qni  est  etc.  Ce 
5  d'aonst  1634. 


LiBTTBB  BTIII. 

M.  de  Sommelêdt/ck  au  Prince  d  Orange.     Même  sujet 

Monseigneur.  Je  vous  envoyé  celle  que  je  vien  de 
recevoir  de  Paris  ' ,  où  les  affaires  semblent  assez  prépa- 
rées, puisqu'on  a  résolu  de  faire  repasser  la  mer  k  M" 
de  Enuyt,  aân  d'adjuster  les  délibérations  avec  v.  fkc; 
mais  tant  de  remises  me  font  craindre  que  ce  ne  soit 
une  besoigne  pour  le  printemps.  Heuft  est  en  pèoe  à 
cause  de  l'interccpUon  de  nostre  paquet.  V.  Exe.  l'en 
peut  mettre  à  couvert,  s'il  vous  plaist  l'advouer,  comme 
s'estant  entremis  de  faire  et  recevoir  des  ouvertures  en 
vertu  de  vostre  commission,  dont  il  luy  ponrroit  estre 
dépesché  quelque  acte  antidaté ,  sy  v.  Exe.  le  trouve  bon. 
M.  de  Duvenvoorde  n'a  peu  encor,  à  cause  de  son  ab- 
sence ,  fure  résoudre  en  l'assemblée  du  conseil  d'Hollande  * , 
'  Im  letln  606.  *  la  Gecommitteird»  lUdsii. 


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—   63   —  p4S4.  AoAt. 

de  secoDder  la  dépêclie  de  naesseignenrs  les  EGtats-Gén^ranx 
à  leors  ambassadenrs ;  mais  dès  qu'il  sera  arrive,  il  en 
sera  fàict  une  ûo,  la  plnspart  des  députés  en  ayant  deajà 
doBDé  leur  cousentement  par  avance,  et  il  me  promit  de 
mesnager  M.  Beaamont,  au  voiage  qu'ils  allouent  &ire  . 
ensemble  vers  le  Ifoorthol lande.  M.  Beveren  avoit  acculé  * 
cette  délibération  aux  Estais  d'Hollande ,  craignant  qu'elle 
ne  retardast  sa  brigue  pour  l'ambassade  ordinaire,  et  son 
exemple  arresta  aussjtost  les  villes  suivantes.  De  faict 
cet  a&ire  fut  trop  cntement  porté  à  l'assemblée,  au 
paravaut  que  d'7  avoir  rien  préparé.  Je  prie  Dieu ,  Mon- 
seigneur, de  bénir  vos  conseils  d'heureux  succès  et  vostre 
personne  de  parfaîcte  santé  et  très-longue  vie. 

De  vostre  Exe,  très-humble,  très-obéyssant 
et  très-fidelle  serviteur, 

FBANÇOTB  D'UBasm. 

De  la  Haye,  ce  6  d'sonst  1634. 

liBTTKE  BEE. 

Le  même  au  même.     Même  tt^et. 

Honseigneor.  Ma  précédente  du  5  aura  faict  voir  k 
V.  E.  que  je  n'ay  point  ett  besoin  d'une  antre  sommation 
à  me  ressouvenir  de  vostre  commandement,  pour  l'exécu- 
tion duquel  j'avoy  assez  pressé  M'  de  Duvenvoorde,  d^ 
auparavant  son  voiage  en  Northollande ,  qu'il  croyoît  ne 
devoir  durer  que  trois  à  quatre  jours,  qui  a  causé  cette 
remise;  mais  n'en  estant  revenu  que  d'hier  au  soir,  avec 
délibération  de  s'y  en  retourner  ce  matin,  je  l'ay  arresté 
quelques  heures,  le  conjurant  de  les  employer  à  achever 
l'afiaire,  dont  v.  Exe  lu}(  avoit  parlé,  l'asseurant  qu'il  le 
trouveroit  très-bien  préparé;  ce  qu'il  a  Juct  et  la  chose 
a  passé  aux  Gecommitteerde  Rade,  sans  aucune  contra- 
diction. La  minate  de  la  lettre  est  couchée  en  terme 
assez  exprès  et  laquelle  pourra  contenter  v.  Exe. ,  s'il  voos 
I  pousj  eomms  dioa  nn  coin ,  it  mudèn  ï  ce  qa'oD  ne  pât  l'gn  tiier. 


,,Googlc 


16U.  AoU.j 


■    70   — 


plaîat  en  lire  le  double,  et  ponr  ns  faUlir  au  coup,  il  s'en 
Met  deux  dépêches  touttes  semblables;  l'une  ponr  estre 
envoyée  par  l'ordinaire,  l'antre  demecre  à  ma  chaîne,  pour 
la  fûre  tenir  par  autre  voye.  J'espère  donq,  Monseigneur, 
que  V.  Exe.  demeure  satis&icte  de  mon  obéyssance,  la- 
quelle ployera  toufijours  avec  tontte  fidélité  soubs  llionnetir 
de  vos  commandemens.  Sur  cette  vérité  je  prie  Dieu, 
Monseigneur,  poar'voatre  prospérité  et  par&icte  santé. 

De   vostre   £xc.  très-hnmble ,  trfes-obéyssant 
et  très-âdelle  serviteur, 

nuNçoTS  d'axbmkï. 
De  la  Haye,  ce  7  aoost  1634. 


LETTBE  mX. 

Le  même   au  même.     Mécontentement  du  eotuailier-penaion- 
naire  de  ta  HoUande. 

Monseigneur.  Cette  lettre  de  M'  Heufft  '  me  fat  portée 
hier  au  soir,  de  laquelle  j'appren  que  M'  Pau  faict 
assez  de  bruict,  de  quoy  Heuât  s'est  meslé  des  affaires 
que  V.  Exe.  sçait,  sans  s'en  adresser  à  luy,  présu- 
mant que  cette  connoissance  luy  appartient  U  en  a 
escrit  h  M.  Mascb,  pour  en  avoir  information  de  l'au- 
thorisation  de  qui  il  s'est  avancé  de  négotier.  Surqnoy 
je  diray  à  v.  Exe  qu'il  se  trompe,  s'il  pense  que  l'Estat 
ne  peut  estre  servy  que  par  son  entremise;  mais  bien  se 
ponrroit-il  plaindre,  sy  on  eutreprenoit  sur  sa  commis- 
sion, pendant  l'exercice  de  son  ambassade,  et  v.  Ëxc 
sçait  ta  proposition  de  Heuâl  avoir  esté  laicte  paravant 
le  départ  de  messieurs  les  ambassadeurs  bors  de  ces  pro- 
vinces, et  que  pour  responae  il  luy  avoit  esté  mandé  qu'ils 
passeroyent  bien  tost  la  mer,  plënement  authorisés  et  in- 
struicts,  qu'on  s'en  pourroît  adresser  à  eux,  ou  celuy  seul 
qu'ils  avisseroyent  C'est,  Monseigneur,  le  train  lequel 
y  a  esté  tenu ,  en  quoy  Heufft  a  procédé  ingénuement  et 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  71   —  P684.  AoM. 

avec  ordre,  poussé  d'ane  singulière  affection  &  Bervir  I'Eb- 
tat  et  mériter  l'honnear  de  vostre  bienveillance,  mtâi  on 
me  rapporte  d'ailleurs  que  cette  rancneur  '  de  M.  Pau 
prend  son  origine  d'un  antre  snbject ,  et  lequel  Ta  esmea 
davantage;  c'est,  qu'ayant  pensé  faire  establir  son  frère 
Michel  dans  le  maniement  de  l'argent  de  France,  il 
trouve  au  contraire  que  les  prompts  devoirs  à  trouver  de 
grosses  avances,  rendus  par  Henfft,  ont  renda  sa  per- 
sonne sy  fort  recommandable  à  l'Estat,  que,  non  obstant 
toutte  menée  faicte  an  contraire,  il  a  esté  confirmé  en 
sa  commission ,  de  laquelle  on  seroit  bien  ajse  de  le  faire 
déboutter,  pour  ce  qu'il  a  déposé  an  sein  de  v.  Exe.  les 
propositions,  que  des  principaux  ministres,  à  l'occasion 
de  quelques  discours,  luj  avojent  faictes  au  bien  et  sou- 
lagement de  ces  provinces,  et  ce  seroit  voulloir  restrûn- 
dre  l'autorité  de  v.  Exe,  sj  la  liberté  venoit  à  estre  re- 
tranchée aux  snbjects  de  vous  ouvrir  leurs  rencontres, 
ou  de  lenr  imposer  la  servitude  de  ne  le  &ire  que  par 
le  moyen  et  organe  du  Pensionnaire;  et  partant  j'espère 
que  V.  Exe  trouvera  de  la  raison  à  maintenir  Heufft  au 
maniement  des  finances  qn'ou  reçoit  en  France,  où  il  a 
les  entrées  et  connoissances  et  du  crédit  et  adresses  à 
Ëdre  des  avances,  de  quoy  il  est  nécessaire  de  servir  par 
fois  l'Estat  Et  pour  ce  qn'i!  craint  d'estre  exilé  des  Pays- 
bas,  à  cause  de  sa  négotiation,  il  en  peut  estre  mis  à 
couvert ,  sy  v.  Exe.  trouve  bon  de  luy  escrire  ce  peu  de 
lignes,  que  j'ay  minatées,  car  elles  suffiront  à  l'anthoriser 
on  excuser  de  ce  qu'il  a  faict,  comme  l'ayant  faict  par 
vostre  ordre  et  tandis  qu'il  a  en  charge  de  recevoir  et 
de  remettre  en  ces  pays  l'argent  que  le  Boy  nous  faict 
payer.  —  On  est  en  grande  attente  de  veoir  '  que  v.  Exe 
entreprendra,  sy  l'ennemy  s'engage  de  bon  devant  Mas- 
tricht.  La  saison  est  fort  avancée  pour  penser  à  grandes 
choses,  les  médiocres  auront  anssy  leur  péril  et  despense, 
mais  moins  de  gloire.  La  France  murmurera,  sy  perdons 
Maestricht,  sy  elle  désire   se  conjoindre  de  ce  costé-là 


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leu.  iouo 


72  - 


avec  cet  Batat,  comme  elle  a  tonsjonrs  dît  Toolloir  &ire; 
mais  il  me  desplaist  de  quoy  elle  recule  de  ses  premières 
propositioDS ,  qai  luy  devoyent  redonder  k  un  très-grand 
avantage.  A  quelqne  résolution  qae  toob  vous  preniez, 
je  prie  Dieo  de  la  bénir  d'heareux  succès  et  de  donner, 
Monseigneur,  à  vostre  personne  parfaicte  santé  et  très- 
longue  vie. 

De  vostre  Altesse,  très-humble,  très-obéyssant 
et  trés-fidèle  serviteur, 

FBANÇOY8   d'aZBSBEH. 

De  la  Haye,  ce  16  d'aoast  1684>. 

On  iaict  courre  '  parmy  ce  peuple  copie  d'une  lettre 
sonbs  le  nom  du  roy  d'Espagne  aux  Estats  des  provin- 
ces subjectes,  que  plusieurs  traicts  me  rendent  suspects. 
En  tout  cas  elle  semble  composée  à  faire  nalstre  aux 
Provinces-Unies,  un  nouveau  désir  de  tresve,  qu'il  pose 
avoir  esté  empeschée  contre  ses  bonnes  intentdons,  par  ce 
qui  a  esté  conclu  avec  M'  Chamacé. 

LErrKB  DXI. 

he  même   au  même.     Il  faut  abiolumeni  engager  le  Rùi  de 
Franoé  à  rompre  avec  FEtpagne. 

Monseigneur.  La  venue  de  M.  de  Knuyt  vous  résou- 
dra de  tout  ce  qu'en  cette  saison  se  doibt  espérer  de  la 
France.  Cest  du  snbject  à  de  nouvelles  délibérations,  et 
sy  V.  Exe.  me  le  permet,  j'ose  dire  qu'il  faut  tascber  à 
tout  prix,  de  bond  et  de  volée  ',  de  jetter  le  Roy  en  plus 
évidente  démonstration  de  haine  contre  le  Roy  d'Espagne, 
sans  nons  tenir  k  aucunes  conditions  sur  la  conduitte  de 
la  guerre,  ny  sur  le  partage  de  la  conqueste;  car  ponr- 
veu  que  l'engagerons,  le  premier  et  principal  avantage 
en  viendra  à  l'Estat,  lequel  ne  finira  jamais  sa  querelle 
par  ses  seules  armes,  sj  d'autres  ne  s'en  meslent,  et  lors 
'  coDiir.  *  d'une  bçui  on  d'une  intre,  mIm  let  dicoMUocN. 


,,  Google 


—    73    —  [1BS4.  Aoit. 

que  la  France  a  esté  en  rnptare,  il  en  a  ea  moyen  d'es- 
tendre  ses  limites  et  d'affermir  ses  frontières,  parce  qne  le 
Boy  d'Espagne,  par  ambition  ou  par  crainte,  a  employé 
contre  elle  le  pins  grand  effort  de  ses  armes,  dont  il  ar- 
rive, qu'estans  trop  distraittes,  elles  nous  pressent  moins. 
Et  qa'est-il  besoin  de  grandement  marcliander  des  condi- 
tions? Car  sy  le  Roy,  sans  nons  on  arec  nous,  présume 
â'occaper  k  main  armée  les  provinces  snbjectes  an  Roy 
d'Espagne,  il  le  peut  entreprendre  et  user  de  la  victoire 
à  sa  volonté,  mais  v.  Exe.  sçait  trop  mieux  que  c'est  une 
besoigne  de  longue  haleine,  de  grande  suitte,  et  de  dou- 
teux événement;  tandis  qne  ces  Rois  se  feroyent  forte 
guerre,  il  nons  seroit  aysé  de  faire  bien  nostre  main,  et 
de  porter  la  despense  et  le  péril  loin  de  nous.  Si  on 
parle  d'affranchir  les  provinces-asservies  par  l'association 
de  nos  armes,  quel  inconvénient  y-a-il  d'en  convenir;  i, 
la  charge  que  leur  libertez  demeurent  illédées,  puisque 
c'est  ce  qne  par  tant  de  réitérées  déclarations  l'Ëstat  à 
tousjours  protesté?  La  principale  difficulté  sera  an  regard 
des  places,  qne  pendant  la  gnerre  nous  occuperons,  sçavoir, 
sy  on  y  permettra  l'exercice  de  la  religion  catboliqne. 
Le  meilleur  seroit  de  n'y  establir  que  la  religion  réfor- 
mée; mais  sy,  en  roîdissant  cette  maxime,  elle  nous  re- 
tranche la  conjonction  de  la  France,  nous  perdrons  l'es- 
pérance de  la  conqneste  et  d'estendre  la  religion ,  chargez 
à  tonsjours-mais  '  de  la  guerre  d'Espagne.  Partant  je 
lascberoy  anssi  le  point  de  la  religion  et  par  ce  moyen  la 
réformée  s'estendroit ,  et  la  catholique  seroit  régie  sonbs 
la  souveraineté  de  TEstat.  Ce  sont  des  points  qui  ne  de- 
mandent point  estre  par  trop  contestés,  car  ils  se  doivent 
régler  au  progrès  de  la  gnerre,  comme  aussy  le  faict  du 
partage,  qu'on  peut  faire  tel  qne  la  France  désirera,  poui^ 
veu  qu'elle  en  entreprenne  la  conqueste,  car  il  y  a  bien 
loin  d'icy  k  la  prinse  de  l'ours  et  il  arrivera  cent  incidens 
enbre  deux,  qui  donneront  matière  et  occasion  k  des  nou- 
I  miii  l'emploie  iei  aiveriialtmaU ,  commt  dam  la  fhratt  /«miHir*  ja 


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leSi.  leftt.]  —   74   — 

veans  appointemens  et  capitolatîons.  Far  provisioD  nous 
aurons  tiré  ce  âmict,  d'avoir  porté  la  France  à  prendre 
sa  part  de  nostre  guerre,  pourren  que  soyous  assez  avisés 
d'aller  au  solide,  sans  perdre  les  choses  à  les  TOuUoir  trop 
asseurer  ou  subtiliser.  —  D'ailleurs,  Monseigneur,  puisque 
M'  de  Knuyt  a  repassé  la  mer,  v.  Exe.  doibt  considérer 
sy  les  affaires  qui  le  mènent,  requièrent  nécessairement 
son  renvoy,  on  point;  car,  venant  à  retourner,  il  dégagera 
anssy  M.  Pan,  soit  qu'il  conclue,  soit  qu'il  rompe  le  marché; 
partant  il  seroit  bon  d'aviser  nu  nouvel  expédient,  propre 
il  prolonger  son  séjour  en  coar,  au  cas  que  sa  demeure  y 
fnst  estimée  convenable;  dequoy  M'Ploos'  et  moy  avons 
esté  en  quelque  discours,  duquel  il  s'est  cbargé  de  faire 
rapport  !k  v.  £zc.,  s'U  fait  le  voiage  duquel  on  le  semond  *. 
y.  Ezc  sçait  comme  quoy  le  sieur  HeoSl;  a  esté  in- 
nocement  employé  par  M.  de  Ballnyon  à  faire  les  pro- 
positions que  V.  Exe.  -a  veues,  et  M'  de  Enayt  vous  re- 
présentera combien  M'  Pau  en  a  esté  esmeu,  cerchant 
des  occasions  à  luy  nuire.  Heufi);  m'en  a  escrit  avec 
plainte,  qu'il  a  tasché  de  renverser  ses  entremises  et  ami- 
tiés, mais  qu'il  n'en  laisse  d'estre  bien  en  l'opinion  des 
principaux  ministres,  et  se  promet  de  pouvoir  cy-après 
servir  encor  utilement  v.  Ezc.  et  l'EstaL  II  s'attend  que 
M'  de  Knuyt,  avec  lequel  y  a  tousjoars  eu  estroitte  com- 
munication, servira  k  luy  moyenner  l'honneur  de  vostre 
advoeu  et  protection.  Tout  ce  qae  je  désire  au  pardcu- 
lier,  c'est  que  preniez  ma  liberté  k  bien,  car  elle  est  sans 
présumption  que  pour  vostre  service.  Dieu  benye  vos 
délibérations,  Monseigneur,  et  doint  à  v.  Ezc  parfaicte 
santé  et  très-longue  vie. 

Vostre  très-humble,  très-obéyasant 
et  très-fidelle  serviteiir, 

PRANÇ0T8  D'aEBSBBH. 

De  la  Haye,  ce  18  d'aonit  1684. 

■  Aineo  Pion,  âipati  àt  It  province  d'Utreeht  ini  ÉUb-G&Jrui. 


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LETTKIE  BXn. 

Le  même  ou  même.     Il  faut  pousser  la  guerre  avec  vigueur 

*,*  Li  couMdJntion  du  ÉtaU  bim  li  Pnnn  contre  l'BDipcrinr  <t  l'Ec 
p*inie,  pou  npoltfr  la  Eapifniola  d«6  P>p-Bu,  ivoit  (U  conclue  à  Pirit, 
le  B  tittitt.  Vsn  U  fin  de  mil  l'arma  fnnfaÏM,  MOI  lei  mirfcbsux  da 
CbililloD  et  de  Bréië ,  te  joignit  i  celle  det  États ,  aprïa  iruir  remporta .  dini 
le  paya  de  Luiemboui^ ,  ooe  TJctoire  anr  k  Cardinal- Infant.  ..Lea  olBeien 
frinfoii ,"  écrit  M .  de  ZayUcheiD  i  la  PriDcesae  d'Dnnge ,  „  enraot  ddo  eitrime 
joje  de  reoir  M.  la  Prince  arrivé  anec  nne  w  belle  armée,  dont  la  pranlire 
TCDC  lea  ravit  en  admiralioD."  Qmiit  aai  truapea  françoiaei:  „  elles  aont  ei- 
trtnCDient  bannci,  *oire  toQiei  nntra  qa'on  cat  actoailDiné  d'eo  imapncr  de 
•cate  natiDa;  je  dii  «■  gnodear  d'hommea ,  es  ordrn,  en  bihiU  et  antres  dr- 
conitaDcea.  Lea  ennemii  meugea  en  rendent  de  fort  eicellenta  teamoignagea , 
aTonaot  que  la  moiatïé  dn  moDaqoelaiiea  n'ont  pat  deachargé  leon  moiiaqiieli, 
mail  que  las  jettanta  ila  saot  Tenu  ardemment  à  eni,  l'espée  i  la  mais." 

Monseîgnenr.  Nous  serions  heureux  sy  en  mesme  temps 
TOUS  vous  pouviez  trouver  en  plasieors  lieuz,  tant  la 
présence  de  t.  Esc.  ert  nécessaire  partout,  nommément icy, 
où  il  se  voit  une  très-grande  froideur  ans  affaires  et  la- 
quelle en  la  diversité  des  humeurs,  il  est  malaysé  de 
corriger,  &j  le  respect  de  l'autborité  n'escarte  l'opiniàtrise  ' , 
pour  appuyer  la  raison  et  le  salut  de  l'Estat.  Jnsques  icy 
on  n'a  peu  convenir  d'une  députation  à  Mïlhausen ,  oà  il 
seroit  bon  de  tascher  k  convertir  les  traïctés  particuliers 
en  une  pacification  générale.  Ce  seroit  au  moins  autant 
de  temps  gagné,  pour,  pendant  vostre  marche,  ne  devoir 
regarder  derrière  vous,  et  la  proposition  se  ponrroit  tem- 
pérer de  la  sorte,  que  l'Empereur,  qu'on  craint  tant  d'of- 
fenser, ne  seroit  seulement  nommé.  Avec  cela  on  a  perdu 
l'occasion  d'envoyer  en  Angleterre  k  prévenir  les  ombra- 
ges que  l'Espagnol  y  tâche  de  faire  prendre  de  ta  con- 
fédération de  cet  Estât  avec  la  France  et  v.  Exe  sçait 
que  l'esclat  de  telles  jalousies  seroit  pour  se  fiiire  à  nos 
despens,  qui  ne  nous  sçaurions  passer  de  l'amitié  de  celte 
couronne-là ,  pour  divers  respects.  Qui  plus  est ,  la  marine 
que  TOUS  pensiez  avoir  bien  asseurée  avant  vostre  parto- 
ment  d'icy  sur  la  foy  des  provinces,    est  depuis  demen- 

'  opiiiiltrelé. 


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168G.  Juin.)  —   ^(*  — 

rée  comme  négligée,  et  cenx-mesmes,  qni  pour  lenr  inté- 
rest,  derroyent  estre  en  exemple  aux  autres  à  s'en  bien 
acquitter,  ont  esté  les  derniers  à  foamir  lenr  quote  part 
à  jetter  l'armée  navale  en  mer,  poar  aller  rencontrer  le 
passage  et  retour  des  Dnynquerquoys.  Il  n'a  point  tenu 
aux  gens  de  bien  &  en  presser  l'expédition,  mais  je  crùns 
qu'il  y  a  quelque  fatalité  ou  menée  sourde  qui  allentit  le 
cours  des  affaires,  peut-estre  pour  espérer  plus  de  senreté 
et  de  soulagement  au  repos  qu'on  s'imagine  qu'en  la 
continuation  de  la  guerre,  quelque  avantageuse  qu'elle 
nous  soit  par  la  confédération  de  la  France  et  par  l'heu- 
reux succès  de  la  grande  victoire ,  que  d'entré  du  jeu  on 
vient  de  remporter  sur  les  Espagnols ,  que  v.  !Exc.  sçaura 
bien  mesnager,  Dieu  aydant,  à  nous  faire  perdre  l'impor- 
tune envie  d'un  mal  asseuré  et  ruineux  traicté,  la  victoire 
nous  pouvant  k  un  coup  mettre  à  couvert  de  tout  péril 
et  de  la  despense,  contre  laquelle  on  prend  plaisir  de 
tant  crier.  Â  quoy  (usant  de  la  liberté  que  v.  Exe  m'a 
permise)  j'adjousteray  cette  considération,  sy  ne  penses 
nécessaire  de  faire  dès  maintenant  ordonner  de  quelques 
recrues,  car  les  fatigues,  les  fruicis  et  les  cbaleurs  feront 
que  les  armées  iront  diminuant  et  celle  des  ennemis  d'or- 
dinaire se  voit  renforcée  sur  l'arrière-saison.  H  importe 
que  ta  chaleur  et  la  réputation  de  vostra  entreprinse  soit 
mesnagée,  sans  la  laisser  viellir.  Cest  le  moyen  d'ouvrir 
le  coeur  et  les  bourses  de  ceux-mesmes,  qni  s'eatoyent 
proposés  une  antre  mire  '  et  ne  pouvoyent  gouster  les 
résolutions  pour  la  guerre.  —  J'envoye  k  v.  Exe  l'advis 
qne  j'ay  receu  du  comportement  d'Aysaema  et  de  la  mal- 
heureuse eslection,  que  l'Estat  a  faite  de  la  personne 
d'un  tel  ministre*.  Au  reste,  tout  ainsi  que  v.  Exe.  com- 
bat pour  nous,  nous  prierons  aussy  Dieu  pour  vous, 
à  ce  qu'il  bénisse  vos  armes  et  desseins  de  gloire  et  de 
succès,  et  préservant  vostre  personne  de  tout  péril  et  for- 


*  Poppui  Aittcau   (f   1637),   riiidsiit  de  U  mpablifne  i  Hunbaorg, 
n^cet  d'tmù  agi  contre  le*  inUrtti  de  VEttL 


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—    77    —  198S.  Août.] 

tone,  Û  vous  doint,  Monseigneur,  parfaicte  santé  et  très- 
longoe  vie. 

De  rostre  Ex**  trfes-hnmble,    très-obéjsaant 
et  très-âdelle  serviteur, 

PRUIÇOYS  S'AKBaSEN. 

De  la  Haye,  ce  7  juin  1686. 


LETTRE   BXni. 

Zjê   Hoi   de    Pologne    au  Prince  dOrange.     Il  intercède  en 
foxmr  (fut)  officier  condamné  pour  homicide  m  dud. 

Etoi  de  Pologne  do  1682  1  lUS. 


Uladiskus  lY  Deï  gratià  Rex  Poloniae,  magnus  Dox 
Lithnaniae,  Russiae,  Pmssiae,  Masoviae,  Samogitiae,  Li> 
Toniae,  Smolenciae,  Severîse  [Gerrihoviaeque],  nec  non 
Suecorum,  Gottorum,  Vandaliorumqoe  haereditarias  Bex. 

mustria  Princeps,  amice  noster  cbarissime.  Carolus  de 
la  Haio  provocatus  a  quodam  aemulo  sno  Dabuissono  ad 
mntoam  annomm  congreBsum ,  eam  calore  magis  vindi- 
candi  honoris  quam  malïtià  inflammatos ,  in  illo  duello 
sorte  sibi  &ventfl  înterfecit  Camqne  eo  nomine,  qnod 
publiais  ausus  ejusmodi  tetnerarii  legibus  înterdicti  sint, 
poenam  et  indignationem  Ulustrationis  Vestrae  incurrerit 
et  ad  nostrum  propterea  patrocinium  contaient,  Oliistra- 
tionem  vestram  per  praesentes  putavimas  inteTpelIandam , 
nt  poenam  ob  atrocîoris  bomicidii  crimen  merito  irrogatam 
sinon  abrogare,  saltem  in  mitiorem  commutare,  eumqne 
tam  sais  quam  militaribus  obsequiis  servare  dignetnr.  Non 
dnbitabit  aatem  ob  dignitatem  Illustrationîs  Vestrae  et 
publicam  salutem  vïtam  profnndere  et  quodvis  periculam 
adiré.  Oui  intérim  felîces  snccessus  et  valetudinem  pre- 
camur.  Datum  in  castria  ad  Bwidzinum ,  die  xmi  Âagusti 
1635,  regnoram  nostromm  Polon.  III.  Sueciae  quarto  anno. 

TLADI8L&VS  RBX. 


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t*  LETTRE  >XIT. 

M.   Hmfft  à  M,  de  SonantlêdyeL     II  foui  porter  la  guerre 
dans  le  coeur  de  I^Etpagne. 

*,*    La  campagne  diDi  In  Fij>-Ba*,  nulgrj  lea  commenccmenb  bcanox, 
aToit  «a  fort  pen  ds  laccè». 

Monsieor.  Je  vong  a.j  escrit  le  24,  depais  receu  aa- 
cane  vostre.  La  présente  poar  vous  dire,  que  le  maavais 
succès  des  aSaires  me  poise  *  extrêmement  et  ne  sois  jour 
sans  méditer  des  moyens  pour  destoumer  ces  orages  de 
dessus  nostre  Estât  et  de  la  bonne  cause,  ne  trouvant, 
après  Cîen,  que  deux  moiens;  l'un  que  M.  le  Prince 
d'Orange  mette  en  exécution  tant  d'entreprinses  que  je 
croj  qu'il  a  sor  presque  toattes  les  places  de  l'ennemy; 
quand  il  n'en  réussiroit  qu'une,  voire  aucune,  ou  elle  por- 
teroit  coup  de  diversion,  ou  réputation  d'estre  alerte; 
l'antre  moyen  est  plus  solide  et  certain,  c'est  que  de  por- 
ter les  armes  dans  le  coeur  d'Eîspagne,  qui  ne  sont  ny 
aguerriz,  ny  accoustuœez  d'estre  molestez,  ce  qui  se  peut 
&ire  fort  facilement  par  la  conjonction  des  armes  que 
nous  avons  avec  la  France,  lors  que  la  saison  sera  es- 
coulée  et  qu'on  sera  obligé  de  mettre  la  milice  en  gar- 
nison; d'avoir  alors  des  navires  prests  pour  embarquer 
six,  huict,  ou  douze  mil  bommes  et  faire  descente  en  Es- 
pagne, soit  de  leur  prendre  Cadis  ou  de  se  jetter  en 
Andelousie  et  faire  de  grands  progrès,  si  on  n'y  plante 
le  piquet,  pour  y  tenir,  dont  vous  espouventerez  toutte 
l'Espagne  et  reviendrez  regorgeans  de  butins,  en  atten- 
dant que  la  saison  revienne,  pour  sur  le  retour  prendre 
les  arremens  de  la  guerre  pardeçà.  C'est  une  ouverture 
que,  soubs  correction,  ne  doibt,  ny  peut  estre  rejettée, 
ny  négligée;  car  ces  peuples,  qui  sont  dans  la  tranquil- 
lité, se  voyans  assailliz  sy  vertement,  seront  obligez  de 
rappeller  leurs  forces  de  touttes  parts  à  leur  secours,  et 
'  copte  de  la  iubk  i Abritent,  L'origimai  est  prttqi^eMlièretUHl  eJafré. 

•pè«. 


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—   79   [1686.  AoU. 

ne  se  pent  dire  qa'el  estonnement  les  armes  inopinées 
portent  dans  no  pajre  qui  est  en  nne  profonde  paix.  Le 
Itoj,  Bon  Éminence  et  monsieur  de  Bullion  goutteront 
l'affaire,  sj  on  l'embrasse  avec  vigueur.  Henft  a  com- 
mandement d'en  escrire  à  Aerssen,  pour  conférer  avec 
M.  le  Prince  d'Orange  et,  en  caa  qu'on  le  gouste,  en 
dresser  le  mémoire  et  aviser  combien  chacun  fournira 
d'hommes,  navires  et  choses  nécessaires,  mesmes  qu'on 
envoyra  ponr  s'adjuster  sur  le  tout  et  les  moyens  de  faire 
les  préparatifs  sur  des  sujets  spéciaux,  pour  cacher  l'en- 
treprinse  et  les  préparatift,  afin  que  l'entreprinse  soit 
presque  plutost  exécutée,  que  sceue.  Vous  m'en  donnerez, 
s'il  vous  plaist,  au  plutost  response,  sur  tout  on  recom- 
mande que  l'affaire  se  tienne  secret,  etc.  M.  de  Bullion 
se  recommande  à  M.  Âersseo  et  le  prie  de  consulter  ce 
que  dessus  menreinent  avec  Son  Exe.  et  aussy  tost  on 
s'adjustera  de  plus  près,  ayans  voz  ouvertures. 
Paris,  28  aoflt  1635. 


LETTRE  nXV. 

if.  Pauv>  au  menu.     Il  détire  retourner  en  Hollande. 

*,*  Le*  *d*erwirw  da  M.  Pidw  d£tiroiait  la  retenir  à  Pirii,  aoni  le  pi^ 
teita  flttteor  qos  an  UIcdU  j  Aoïtat  da  itnnde  ntiliU,  maia  lortont  afio  do 
mettra  obatacla  à  u  rMlectioD  ixat  !■  chirge  de  eoa>eillcr-peii!ioniiiire  eo 
lA3fl.  En  mm,  ijtnl  prudemninit  doonf  i  eonnottre  qu'il  renonfoit  k  «a 
pMte,  il  fat  imm&liftteoient  «atotùj  1  rmenir. 

Monsieur.  Le  changement  des  affaires  de  delà  et  les 
desseins  qu'on  s'est  icy  proposé  d'exécuter  en  l'Italie  et 
l'Allemagne,  nous  ont  réduicts  à  ce  poinct,  qu'il  &ut  se 
servir  des  trouppes  du  Roy,  joinctes  à  l'armée  de  Son 
Exe.,  pour  réparer  nostre  perte  et  &ire  résistance  à  nos 
ennemis,  sans  attendre  d'autres  forces,  ny  plus  grande 
diversion  du  costé  de  la  Picardie  pour  nostre  soulage- 
ment; car  ayant  plusieurs  fois  conféré  avec  M'  le  Cardinal 


,,.CoogIc 


]8U.  Aott] 


80  - 


et  ces  autres  M"  da  conseil  de  S.  M.,  afin  de  vouloir,  par 
une  poisBaote  divereion,  chercher  lenrs  advantages  et  fiûre 
dn  bien  à  nostre  Estât,  iU  m'ont  réprésenté  que  les 
desseins  qu'on  a  projectés  en  l'Italie  et  l'Âtlemagne ,  ayans 
occupé  la  plospart  des  forces  de  ce  royaume,  et  le  Roy 
ayant  voulu  prendre  la  peine  d'aller  commander  sa  no- 
blesse, qui  se  va  joindre  aux  armées  du  duc  d'Ângou- 
lesme  et  du  cardinal  de  la  Valette,  on  pourra  malaisé- 
ment envoyer  ailleurs  d'autres  armées,  et  que,  la  saison 
estant  desjà  fort  advancée,  on  pourra  par  après  penseï 
à  d'autres  desseins  pour  le  bien  commun,  et  que  cependant 
S.  Exe.  se  pouvant  servir  de  l'armée  de  S.  M.  on  veut 
espérer  qu'on  pourra  redresser  ce  que  les  ennemis  oni 
entrepris  sur  nostre  Estât  Outre  cela  quelques  uns  veulenl 
faire  croire  que  les  armera  du  Boy  seront  plus  utiles  et 
heureuses  en  Italie  et  en  Allemagne  que  cbés  nous,  et  je 
vous  laisse  à  penser  les  choses  qu'on  se  pourra  imaginer 
davantage  l^dessus,  selon  la  cognoissance  et  expérience 
que  vous  avés  des  affaires  de  cette  cour,  et  pour  tant  veux-je 
espérer  qu'on  s'esvertnera  chés  nous,  tant  qu'il  sera  pos- 
sible, pour  conserver  la  répotatïOD  dans  laquelle  nous 
avons  esté  si  longtemps  et  qui  nous  a  rendu  considérables 
en  ce  royaume.  Le  retour  de  m"  le  maréchal  de  Chas- 
tillon  et  du  grand-maistre  '  me  font  croire ,  ontre  plusieurs 
raisons  que  j'ay  par  devers  moy,  que  cette  saison  se  pas- 
sera et  qu'en  un  autre  temps  on  se  devra  adviser  sur  les 
moyens  plus  propres  et  convenables,  pour  fiiire  réussir 
cette  ligue  au  bien  commun  et  à  l'advantage  de  nos  af- 
faires. Voilà  poorquoy  j'ay  fait  plusieurs  instances  auprès 
de  mes  Supérieurs  pour  mon  retour,  afin  d'estre  pins 
utile  par-delS>  que  je  ne  sais  icy,  et  me  pouvoir  descharger 
de  la  cognoissance  des  choses  qne  j'ay  aprises  de  temps 
en  temps,  et  notamment  depuis  que  les  aSaires  ont  changé 
de  &ce,  croyant  pouvoir  plus  servir  à  ma  patrie  par  le 
récit  de  ce  que  j'ay  apris  depuis  peu ,  que  par  les  lettres 
qui  sont  sujettes  à  beaucoup  d'incertitudes  et  à  diverses 
'  L«  marqaii  de  11  Heilteniïe,  gnad-miltre  de  riitilWie. 


,,Cooglc 


—   81   —  [188t  Août. 

interprétations ,  selon  les  hameurs  qnî  les  rencontrent,  de 
sorte  qne ,  si  on  se  vent  servir  de  moy ,  je  le  feray  très- 
volontiers  et  de  toat  mon  pouvoir,  et  autrement,  en  cas 
qae  je  n'y  puisse  estre  utile,  je  seray  encor  plus  inutile 
en  cette  charge,  en  laquelle  je  perds  mon  temps  et  cause 
de  grans  irais  à  l'Estat,  sans  rien  proâtter  pour  le  publîcq; 
ce  que  je  vons  dy  anssy  véritablement,  comme  j'ay  tou- 
sionrs  faict  profession  d'aimer  ma  patrie  et  veux  croire 
que  TOUS  aurez  cette  opinion  de  moy  et  pour  tant  je  vons 
prie,  pour  le  bien  de  l'Estat,  de  m'aider  à  retourner  au 
plustost,  et  que  je  puisse  espérer  de  vostre  amitié  de  me 
&ire  ce  bien  envers  vos  amis,  que  je  ne  sois  arresté  i<7 
plus  longtemps  contre  mon  gré,  ce  qui  ne  pourra  aucu- 
nement servir  à  l'Estat,  ny  estre  escusable  après  tant 
de  promesses  et  contre  l'usage  de  tous  les  ambassadeurs 
extraordinaires,  de  me  relùser  ce  que  mesmes  on  n'a 
jamais  dénié  aux  ordinaires,  lorsque  les  occasions  se  sont 
présentées,  tant  pour  le  public  que  pour  leur  particulier; 
eux  estans  plus  obligés  k  l'Estat  que  je  ne  suis,  mais 
au  contraire  attaché  à  ma  charge  et  à  ma  maison  que 
j'ay  dans  le  paya.  —  On  continue  tousjours  de  grandes 
levées  dans  ce  Koyaume,  outre  celles  qu'on  a  faict  en 
Suisse,  jusqnes  à  12  mille  hommes  de  pied,  qui  seront 
bien  tost  prests  pour  entrer  en  France,  et,  s'il  y  a  k 
espérer  quelque  accommodement,  il  se  &udra  première- 
ment esvertuer  de  tous  costés,  pour  par  après  recueillir 
les  Iruicts  de  nos  travaux  et  parvenir  à  quelque  repos 
plus  assenré  que  nous  ne  pourrions  espérer,  ayans  perdu 
nos  amis  et  estans  exposés  à  la  mercy  de  nos  ennemis. 
Tous  ceux  qui  ont  întérest  dans  l'Estat  et  vons.  Mon- 
sieur, qui  y  estes  des  plus  intéressés,  considérés,  s'il 
TOUS  plaist,  combien  il  importe  de  maintenir  cette  alliance 
avec  ta  France,  et  si  on  ne  désire  pas  se  servir  de  moy  en 
cela,  il  est  plus  nécessaire  que  d'autres  y  soyent  employés, 
aosqnels  je  donneray  très-volontiers  l'honneur  et  la  gloire 
d'y  avoir  mieux  travaillé  que  je  n'y  ponrrois  contribuer. 
Et  sur  cela,  tous  baisant  les  mains  et  vons  priant  de 
IXL  6 


,,GoogIc 


Ifl86.  Sqitaoïbre.]  —  82  — 

me  vouloir  coatinaer  lIiODneur  de  vos  bonnes  gràces,  je 
prieray  Dieu,  Mondeor,  de  vous  mainteiur  en  sa  saincte 
garde. 

Vostre  très-humble  et  très-affectionné  serviteur, 

ADBIASN  PAOW. 

De  Paris,  ce  31  d'aouat  1635. 
A  Monsiear  Monsieur  d'Aersen,  Chevallier, 
Seigneur  de  3omeladycq,  la  Flatte  etc.,  du 
Conseil  d'Bstat  des  ProTinces-Uuiea,  à  la 
Haye. 

LETTRE   BXW1. 

M.    de  Sommdadyck  au  Prince  d  Orange.     Il  lui  envoyé  la 
LeOre  514. 

Monseigneur.  Je  voua  envoyé  une  lettre  que  je  recenz 
hier  de  Paris  et  laquelle  je  n'ose  supprimer,  d'autant 
qu'on  s'attend  que  vous  la  voyez  et  en  dyés  ' ,  s'il  vous 
plaist,  vostre  advis,  afin  que,  sy  trouvez  les  propositions 
prattiquables,  il  soit  aussytost  dépesché  quelcun,  pour  en 
venir  concerter  et  adjuster  les  moyens  avec  v.  Exe.  Cest 
donq  pour  ma  décharge  seulement,  et  non  pour  autre 
subject,  que  je  la  vous  consigne.  La  France,  sy  je  ne* 
trompe ,  remue  tout  pour  tenir  la  guerre  an  loin ,  et  con- 
sidère peu  combien  qae  cet  Estât  est  rendu  impuissant 
par  la  perte  du  fort  de  Schenk  '  et  par  le  desarroyement  * 
de  nostre  pescbene,  pour  porter  ses  pensées  et  moyens 
à  des  desseins  de  plus  de  coust  que  de  proufBt.  Je  prie 
Dieu  de  béuir  les  délibérations  de  v.  Exe  et  de  vous 
ottroyer.  Monseigneur,  parfaite  santé  et  très-longue  vie. 
De  vostre  Exe  très-humble,  très-obéissaut 
et  trèa-fidelle  serviteur, 

FRANÇOIS  d' 
De  la  Haye,  ce  6  sept  1636. 
'  didts.  •  me  lewtile  omit. 

■  La  priu  de  SchcDkeiuchftD*  le  ET  juin 
Eaflicham  i  la  Pnneewe  d'Onuge. 


,,  Google 


—   83   —  [163B.  Septembre. 

UBTTBB  axvn. 

Le  même   au  même.     H  itfforce  de  prévenir   le  rappd  de 
M,  Pauro. 

MoDseigneor.  Icy  on  est  fort  après  à  caballer  les  voix 
pour  le  rappel  de  M'  Pan.  Son  firère  le  conseiller  '  trotte 
à  cette  fin  sans  cesse,  pressant  singnlièrement  qu'il  en  soit 
délibéré,  sans  en  prendre  vostre  adyis,  soubs  prétexte 
que  le  départ  do  Koj  a  rendu  son  plus  long  séjour  à 
Paris  inutile  et  qu'il  a  plusieurs  choses  à  rapporter,  dont 
la  connoissance  est  nécessaire  à  l'Estat  Qnaai  tous  les 
membres  de  l'assemblée  se  trouvent  conjurés  de  co&pérer 
en  personne  on  par  leurs  amis  à  y  tenir  la  main,  et  que 
principalement  y  ayde,  c'est  la  rencontre  qu'en  mesme 
temps  messieurs  les  Gecommitteerde  Kaden  ont  repré- 
senté aux  Estats  d'estre,  à  faute  de  directeur,  destitués 
de  connoissance  et  continuation  d'affaires,  pour  estre  la 
fréquentation  de  la  Généralité  partagée  entr'euz  de  mois 
en  mois,  et  sur  cela  demandé  qu'il  soit  donné  ordre  à 
l'entresuitte  et  exécution  des  besoignes,  qui  ne  sçanrojent 
souffrir  plus  longue  interruption,  sans  confusion.  Une 
bonne  partye  des  villes  s'est  laissée  prévenir  de  cette  me- 
née, laquelle  est  encor  fomentée  de  ceux  qui,  an  moyen 
dn  succ^  d'icello,  se  pensent  &ire  voye  à  l'ambassade 
vacante  et  d'autres  considérations  avec  s'y  meslent,  que 
le  respect  me  faict  taire.  Sur  cela,  Monseigneur,  je  ne 
me  suis  pas  espargné  k  réprésenter  combien  il  nous  est 
nécessaire  de  mesnager  en  ce  temps  l'alliance  et  l'amitié 
de  la  France,  pour  n'en  laisser  divertir  loin  de  nous  ses 
armes  et  principaux  desseins,  et  que  personne  n'y  sçau- 
roit  apporter  une  plus  puissante  persuasion  que  celle 
mesme  qui  a  esté  le  premier  entremetteur  de  la  négo- 
tiation  et  comme  autheor  d'icelle,  Imssant  sa  charge  et 
le  pays,  en  est  allé  cueillir  la  gloire  et  le  gré  près  de 
cenx  qui  ne  sçauroyent  sy  tost  gouster,  ny  s'adjuster 
'  Cornntle  Paoïr,  coniaUet  du  Priiie*  d'Oruge. 

6* 


,,GoogIc 


1636.  Seplembts.]  —   84   — 

avec  un  nouveau  venu  ignorant  du  passé.  Partant,  qu'il 
est  à  propos  qu'il  s'entretienne  encor  quelque  temps  en 
Cour  ou  à  Paris,  pour  se  tenir  i,  la  main,  sy  d'avanture 
il  escbet  quelque  nouvelle  délibération ,  au  moins  que  la 
résolution  prinse  en  la  précédente  assemblée  ne  soit  point 
altérée ,  sans  en  prendre  l'advis  de  t.  Exc.  Ce  faict  me 
semble  véritablement  de  tel  poids  que,  pour  l'obtenir,  je 
me  suis  esvertué  de  touttes  mes  conceptions,  jusques  là 
qne  M'  de  Glarges  '  m'en  a  engagé  sa  parolle.  Le  bour- 
gemaistre  Clootz  en  a  faict  autant  et  j'aj  encor  prins  à 
tasche  d'attirer  le  pensionaire  de  Leyden  à  mon  opinion, 
mais  je  trouve  que  l'intervention  de  v.  Ëxc.  y  a  esté  mal 
mesnagée,  et,  en  vous  y  nommant,  on  a  pensé  que  cela 
suffisoit  à  gagner  des  personnes.  Au  contraire  on  a  usé 
cet  artifice,  que  de  le  rétorquer  à  l'exclusion  ;  car  les  uns 
tiennent  que  v.  Exc.  est  portée  pour  surroger  Beaumont  ' 
en  sa  place,  87  le  terme  de  sa  commission  expire  pen- 
dant son  absence,  les  autres  ont  une  autre  visée,  comme 
s'il  pàtissoit  pour  avoir  parlé  pour  la  liberté  et  la  cause 
de  la  républicqne;  mesmes  il  se  dit  qu'il  en  y  a  qui  le 
croyent  un  fort  bon  instrument  pour  donner  le  juste  con- 
trepoids à  t'Ëstat,  au  défiant  duquel  on  veut  imputer  les 
désordres  de  cette  année.  C'est,  Monseigneur,  pour  vous 
rendre  particulier  conte  tant  de  mes  véritables  intentions 
que  de  mes  actions,  par  lesquelles  je  ne  tends  à  autre 
fin  que  de  servir  fidèlement  v.  Exc.  et  ma  patrie ,  et  que 
je  puisse  obtenir  cet  avantage  sur  la  calomnie,  qu'il  vous 
plaise  me  garder  une  oreille  à  ma  deffence,  pour,  i>  une 
bonne  occasion,  discerner  la  vérité  d'avec  les  faux  rap- 
ports, et  de  convùncre  d'impudence,  qui  osent  sy  témé- 
rairement blesser  vostre  antborité  et  desbonnaireté  par  le 
fiel  de  leurs  passions.  —  Je  joigns  icy ,  Monseigneur,  la 
lettre  que  je  receaa  hier  de  M.  Pau;  le  style  en  est  no- 
table, autant  où  il  parle  d'affaire,  qae  là  où  il  presse  son 

■  Gillu  de  OltrgN,  p«Diiagure  de  Htcricm  (1SS9— 1041). 

■  SirooD    de    BesBmont    {1G74 — 1654),    pCDnDDMre  de  Middelbourg  et  de 
RoKerdim,  emplojj  du»  de>  miMÙaa  diplomBtiqnei. 


,,.GoogIc 


„  85  . 


tISSB.  Septembre. 


retour.  Vostre  clairroyance  me  dispense  d'en  faire  quel- 
que remarque,  mais  le  snbject  de  ma  lettre  m'ajant 
transporté  bien  au  delà  de  ma  proposiUon ,  il  ne  me  reste 
que  d'en  demander  pardon  et  l'advoeu  de  mon  entremise, 
sur  cette  vérité  que  je  n'ay  autre  pins  grande  passion 
que  de  mériter  et  conserver,  par  service,  l'honneur  de 
Tostre  bienveillance,  en  qualité,  Monseigneur,  [de] 

Toetre  très-hamble,  trës-obéjssant  et  tcks- 
fidelle  serviteur, 

F8ANÇ0I8  Ii'a£BS3EN. 

De  la  Ha;e,  ce  12  sept  1635. 


LBTTKB  sacrai. 

Lé  même  au  même.     Même  st^et  ;  embarrae  jinancieri. 

Monseigneur.  La  responae  à  la  lettre  du  Sieur  HeuGfï, 
partit  hier  en  chiffre  et  conforme  riq  à  riq  '  aux  intentions 
de  T.  Exe.  H  y  a  du  temps  de  reste ,  pour  en  attendre 
la  résolution,  et  les  desseins  par  mer  ne  sçauroyent  aller 
sy  TÎste,  ny  par  des  gens  lassez  de  la  campagne,  où,  pour 
y  entrer  des  leur  desbarquement ,  les  navires  demandent 
leur  équippage  et  les  hommes  leur  employ  libre,  sans 
terme;  mais  on  connoit  peu  en  France  la  nature  de  cette 
guerre,  et  c'est  de  quoy  il  se  faut  bien  entendre  et  ad- 
juster.  Cette  proposition  bien  entreprinse ,  comme  séparée 
des  autres  conceptions  par  terre,  seroit  pour  mettre  bien 
de  l'effroy  et  de  désordre  aux  affaires  d'Espagne ,  laquelle 
jouyt  d'un  profond  repos  pour  tenir  le  demeurant  de  la 
Chrestienté  en  guerre  et  en  défense ,  ne  s'estant  ressentye 
d'aucune  invasion  de  tout  un  aifecle.  —  Le  rappel  de  Mon- 
sieur Pau  fut  hier  proposé  en  l'assemblée  par  le  pensi- 
onnaire d'Amsterdam,  qui  demeura  sans  aucune  snîtte, 
quoyque  les  parens  se  tinsent  asseurez  d'y  avoir  bien 
faict  leur  partye.     Cela  vuidé,  il  va  estre  temps  de  pré- 


,,  Google 


'.  Septembre.] 


■  86  — 


parer  son  second  acte,  ponr  ne  laisser  rien  d'imparfaict. 
Sa  commission  expire  avec  le  mois  de  février  prochain, 
et  six  mois  devant  il  doibt  estre  délibéré  sur  sa  démission 
ou  continuation,  pendant  quoy  les  affaires  demandent  un 
directeur,  quand  mesmes  le  conseil  d'Hollande  viendroît 
à  s'en  taire.  Cette  eslection  partagera  l'assemblée;  c'est 
pourquoy  il  sera  nécessaire  qu'il  y  soit  avancé  quelque 
personnage,  qui  ne  face  regretter  le  changement,  mais 
ait  sa  visée  esloignée  de  toute  autre  passion  qu'au  ser- 
vice de  l'Estat  et  au  repos  et  concorde  au  dedans. 

L'on  est  fort  après  aux  E^tats  de  cette  Province,  !t 
faire  promptement  un  fond  de  quinze  ou  seize  cens  mil 
livres,  afin  que  la  grande  roue,  qui  meut  touttes  les  au- 
tres, ne  cesse  d'aller,  pendant  qu'on  se  mettra  tout  de  bon 
au  mesnage,  lequel  on  pense  consister  principalement  à 
retrancher  un  bon  nombre  de  gens  de  guerre,  de  ceux 
spécialement  qu'on  paye  en  argent  et  lesquels  ne  se  trou- 
vent ailleurs  qu'au  papier.  Plusieurs  murmurent  et  es- 
ctattent  à  tout  moment,  que  l'Estat  succombe  à  la  despense 
et  qu'il  est  temps  de  l'en  sublever;  qu'il  s'est  faict  des  gran- 
des levées  et  que,  pour  des  occasions  d'une  seule  saison, 
lesquelles  néanmoins  on  a  veu  continuer  et  augmenter  de 
temps  à  autre,  sans  autre  avantage  que  d'en  garnir  des  vil- 
les, sans  en  enrichir  le  pays,  ny  en  incommoder  l'ennemy, 
et,  k  tout  propos ,  les  provinces  nous  renvoyent  !i  leurs  con- 
tributions, pour  y  prendre  le  court  de  noz  finances;  mais 
avant  que  la  bouche  soit  ouverte  aux  villes  sur  ce  snb- 
ject,  il  seroit  bien  h.  désirer  que,  sur  l'une  ou  l'antre  oc- 
casion, v.  Exe.  peust  faire  un  tour  par  deçii,  pour  dissi- 
per nos  nuages.  La  ruine  de  la  pesche  &ict  perdre  te 
respect  à  plusieurs,  qui  partent  tout  haut  de  vonlloir 
commencer  la  contribution  de  leurs  villes  par  la  dé&lca- 
tion  et  retenue  de  ce  que  requiert  leur  équippage  de 
mer,  et,  sy  cette  maxime  prend  pied,  c'en  est  faict  de 
l'Sstat.  On  entre  en  traicté  avec  les  commissaires  de 
Zeetande,  pour  affranchir  la  manne  et  oii  se  prendra  ce 
fond  extraordinaire,  mais  il  faut  tenir  ces  gens  à  la  main, 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  87  —  [less.  Sïptemlin. 

de  peur  qa'ils  ne  s'abandonnent  par  la  nécessité  à  la  pi- 
raterie, et  d'ailleurs  il  nous  convient  de  mieux  mesnager 
l'Angleterre,  qu'on  peut  entretenir  de  quelque  honeste 
compliment.  La  France  semble  aussy  nourrir  des  mes- 
contentemens  couvers,  qu'il  faut  addoucir'.  Mais  je  m'a- 
vance par  trop;  ce  n'est  que  pour  vostre  service  et  faire 
connoistre  en  effect  que  je  suis  et  désire  demeurer,  Mon- 
seigneur, 

de  vostre  Ezc.  très-hnmble,  très-obéjssant 
et  très-fidelle  serviteur, 

FBANÇQY8  d'a: 

De  la  Hs^e,  ce  21  sept.  1636. 


LETTBB   BZIX. 

Le  même  ait  même.     Opposition  au  rappd  de  M.  Pava. 

Monseigneur.  Le  conseiller  Pau  ne  se  rend  point  encor, 
mus  a  faict  la  ronde  par  tont  sur  le  rappel  de  son  fr^re , 
lequel  il  presse,  comme  asseuré  de  l'obtenir,  «j  on  le 
porte  nne  autre  fois  sur  le  tapis.  L'entremise  de  M'  Catz 
luj  est  suspecte  et  ne  se  faint  point  d'accnser  messienrs 
de  Nortwyck,  Mnscb  et  moy,  d'avoir  suborné  les  villes 
à  son  desarçonnement;  à  quoy  il  pense  s'estre  avisé  d'au 
bon  expédient,  qui  est  de  joindre  une  requeste  k  la  lettre 
qne  son  frère  escrit  aux  Estats,  laquelle  il  &ict  estât  de 
présenter  demain,  ne  se  contentant  point  d'apprendre  que 
personne  ne  s'en  est  remuée  en  l'assemblée,  lors  que  le 
pensionnaire  d'Amsterdam  en  fît  La  proposition  à  son  in- 
stance. Harlem,  de  qui  il  auoit  faict  bouclier,  ne  résou- 
dra rien  que  sur  l'advis  de  v.  Exe  Je  tiray  bier  pareille 
déclaration  du  pensionnaire  de  Leyden.  La  ville  de 
Gaude',  tant  l'un  que  l'autre  party,  s'est  aussy  obligée 
'  Le  IG  upt.  Richeliea  écrit  \  Chinuc^:  „Vaaa  conaid^rei,  l'il  todi 
plaist,   qu'en   grande»  iflairea   il  d'j  s  point  plu  a»a*ti)«  râulalira 


,,  Google 


1685.  SepUmb™.]  —   oS    — 

de  suivre  le  mesme  bransle.  Tout  cela  ne  l'eBmeat  pas; 
sa  visée  tend  à  l'obtenir  de  hautte  lutte  et  de  renverser 
tous  ceux,  qui  s'en  mettront  en  obstacle.  Y.  Ëxc.  sera 
tost  informée  du  succès.  La  raison  veut  qu'il  ne  soit 
rien  changé  en  la  direction  de  l'alliance  qu'il  est  allé 
confirmer  et  de  laquelle  il  a  la  meilleure  connoissance  ; 
aussy  l'assemblée,  au  Heu  de  consentir  à  son  retour,  l'a 
de  recbef  chargé  d'une  nouvelle  et  autant  longue  qu'es- 
pineuse  commission,  de  procurer  le  remboursement  des 
navires  enfoncez  par  le  Koy  devant  la  Bochelle.  L'entre- 
denx  se  doîbt  mesnager,  pour  faire  décider  la  démission 
ou  continuation  de  sa  charge  d'advocat  La  présence  de 
T.  Exe.  seroit  icy  bien  utile,  sy  elle  n'est  plus  nécessaire 
ailleurs.  Je  prie  Dieu  d'ottroyer  à  v.  Exe.  prospérité 
en  ses  desseins,  avec  parfaitte  santé  et  très-longue  vie, 
et  à  moy  l'honneur  de  vous  rendre  bonne  et  fidèle 
preuve,  qui  mérite  vostre  faveur  et  confience,  car  je  me 
signe,  en  toutte  vérité  et  candeur,  Monseigneur, 

de  vostre  Ëxc,  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidelle  serviteur, 

FKANÇOIS  D'&BBSSEH. 

De  la  Haye,  ce  2S  sept.  1635. 


LETTB»  BXX. 

Le  même  au  même.     Même  ayet. 

Monseigneur.  L'assemblée  d'HoUande  a  député  pour 
parmy  d'autres  affaires,  prendre  vostre  advis  sur  le  rappel 
de  M'  Pauw.  Quatre  villes  y  avoyent  donné  leur  con- 
sentement tout  absolu  et  une  bonne  partye  des  autres  k 
esté  ay  bien  mesnagée,  que,  sy  v.  Ëxc  ne  le  donne  avec 
fermeté  et  en  représentant  l'utilité  que  l'Estat  peut  espérer 
de  la  continuation  de  sa  demeure  pour  encor  quelque 
t^mps  en  cour,  il  est  pour  l'obtenir,  sans  en  sçavoir  le 
gré   à   V.  Ëxc;  mais  il  vous  faudra  peu  de  façon  et  de 


,,Googlc 


—  89  —  [1685.  Norembre. 

perBuasion  à  l'arrester  oh  il  est,  et  cela  vnîdé,  il  va  soubs 
correction  estre  temps  de  penser  an  principal,  avant  que 
la  saison  nons  porte  dans  l'assemblée  de  novembre,  en 
laquelle  se  doibt  traicter  de  sa  démission  on  continuation. 
En  cela  et  en  tonte  antre  chose,  v.  Exe  me  trouvera 
en  nne  entière  déférence,  s;  elle  me  faict  l'honnenr  de 
me  tenir  digne  de  ses  commandemens.  Je  prie  Dieu  de 
bénir  vos  conseils  et  vostre  personne,  Monseigneur,  de 
santé  et  de  très  longue  vïe, 

de  vostre  Esc,  très-humble,  très- obéyssant 
et  très-fidelle  servitear. 

FKANÇOrS  d'^ehsbxn. 
De  la  Hsye,  ce  38  sept.  1635. 


UBTTBCi  nXXI. 

Le  même  au  même.     Conférence»  dé  Cranenbwch. 

',*  A  CnnBnbnTcfa,  M'  Mucb,  grilBer  dM  EUU-Oja jniu ,  «Toit  m, 
d^i  «n  Kptcmbre,  tont  diiera  prAcita,  de* conKrencea  iToe  Don  Martin  Aipa, 
•ecrAiira  da  Koi  d'Eapagne,  inr  lea  mojciu  da  tarminar  h  gnatra.  Celte 
pratiqu,  ecmtnirs  aux  eagtgamant*  avec  11  Fiuca,  ;  «TOÎt  an*£  nue  vin 
bdignitioD.  M.  de  Biat  (vojai  la  lattra  422)  et  Chinicj,  ■'adrsiant  la 
14  i(e.  am  BUti-G^D^raoi ,  diwient:  „S.  M.  iéân  qu'on  face  la  paix  aeon 
et  boDonble,  o'ett-ft-dire  traitt^  et  conclue  oonjoiDctement  et  da  eouantament 
eoniaiiiB  dei  all[ei,  st  non  paa  pricipit^,  particnljira  et  acbie,  comme  il 
•aoUe  que  doit  eatce  eelle  qni  m  traite  miioteDint." 

Monseigneur.  Apres  une  longue  attente  de  la  résolu- 
tion du  Koy,  sur  sa  proposition  d'one  descente  en  Es- 
pagne par  la  conjonction  des  forces  de  cet  Estât  avec 
celles  de  S.  M.,  on  se  remet  i,  ce  qae  M'  le  maréchal 
de  Brezé  eu  proposera  à  v.  Ezc,  qui  me  faîct  vous  en- 
voyer la  lettre  de  M'  Heufit  déchiffrée,  où  il  y  a,  ce 
me  semble,  des  particularités  h.  considérer.  Par  mesme 
occasion  je  vous  diray.  Monseigneur,  que  tous  les  yeux 
de  cet  Estât  sont  portés  sur  la  pratique  de  Granenborcli , 
oii  il  va  du  salut  de  nous  et  de  nostre  postérité.    V.  Eic. 


,,Googlc 


1985.  NoiemliM.]  —  90  — 

a  l'authorité  et  la  prudence  pour  en  bien  ^re  esclarcir 
les  doutes  et  raccourcir  les  longueurs,  à  ce  que  les  déli- 
bérations nécessaires  au  soabstien  de  la  milice  n'en  soyent 
traînées,  ny  traversées;  le  seul  devoir  que  j'y  sçauroy 
contribuer,  c'est  de  prier  Dieu  qu'il  vueille  présider  sur 
cette  action,  en  la  dirigeant  à  sa  gloire  et  à  nostre  con- 
servation et  de  donner  à  v.  Exe.  la  prospérité,  santé  et 
longue  vie,  que  vous  sonhaitte,  Moneeigneor, 

Tostre  trës-hnmble ,  tr6s-fidelle  et  très-obéyssant 


FKUtÇOn  n'ASBaSBN. 

De  la  Haye  ce  4  novemb.  1636. 


LBTTBE  VXXn. 

Le  même  av  même.     Même  tiyeL 

Monseigneur.  L'ambassade  d'Angleterre  avoit  esté 
comme  résolue  en  Hollande,  k  la  réserve  de  la  personne , 
lorsque  Messieurs  les  Estats-Généraux  furent  appelles  à 
Ârobem;  mais,  à  leur  retour  et  sur  leur  relation,  il  fut 
pensé  plus  ii  propos  de  la  remettre  après  l'événement  de 
ce  qui  passoit  à  Cranenburch,  pour  il  un  mesme  temps 
n'engager  l'Estat  en  deux  ac^ons  contraires ,  assavoir  d'al- 
ler convier  le  Roy  de  la  Grande-Bretagne  d'entrer  en 
nostre  ligne,  pendant  qu'il  serait  travaillé  icy  pour  l'es- 
ohanger  nous-mesmes  à  une  trefve;  de  sorte.  Monseig- 
neur, que  depuis  ce  temps  là  il  ne  s'en  est  plus  parlé 
et  les  Estats  se  sont  séparés  sans  en  rien  arrester,  qui 
est  la  responce  que  je  doibs  à  celle  de  v.  Exe.  du  7  et 
rendue  hier  au  soir. 

Monsieur  le  maréchal  de  Brezé,  passant  par  cette  ville, 
me  fit  l'honneur  de  me  veoîr  et  me  donner  part  d'une 
estrange  opinion  dont  il  estoit  imbeu  et  prévena,  comme 
sy  on  l'enveloppoit  dans  la  hayne,  qu'il  nous  croit  avoir 
contre  M  le  Cardinal  de  Richelieu,  pour  ce  seulement 


,,.GoogIc 


—   91    —  [1585.  Norembrt. 

qn'il  est  son  bean  irère  et,  considérant  où  cela  doibt  aller, 
je  me  mis  en  devoir  pour  l'en  retirer;  mais  une  action 
qne  snr  ce  sabject  il  dit  avoir  passé  à  Arnhem,  snr  son 
logement,  le  confirma  tellement  en  sa  première  créance, 
que  touttes  mes  raisons  et  persuasions  ne  peuvent  rien 
gagner  snr  son  esprit  H  seroit  tontesfois  dangereux  de 
le  voir  passer  la  mer  avec  cette  insatisfaction.  Entre 
autres  propos  je  luy  demandaj  s'il  n'avoit  receu  ordre 
du  Roy  poar  proposer  à  v.  Exe.  quelques  nouveaux  ex- 
pédiens,  afin  de  conjointement  entreprendre  sur  le  Roy 
d'Espagne  par  merP  mais  respondit  que  non,  quoiqu'il 
en  eut  des  lettres  fraîches;  qui  me  faict  douter  qu'on 
n'y  ait  changé  de  délibération,  en  nous  payant  cependant 
d'espérance  et  de  remise.  Fartant  j'attendray  le  com- 
mandement de  v.  Exe,  sy  j'auray  à  tonscber  de  rechef 
cette  corde,  ou  bien  de  la  passer  soubs  silence.  Les 
bmicts  et  les  apprestz  pour  la  guerre  sont  tonsjonrs  de 
saison  au  temps  qu'on  traîcte.  Sur  ce  je  prie  Dieu,  Mon- 
seigneur, de  bénir  vos  conseils  et  desseins  et  de  don- 
ner à  vostre  personne  parfaicte  santé  et  très  longue  vie. 
De  vostre  Exe.  très-bumble,  tr&s-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

rRANÇOYB  D'AEBSSBN. 

De  la  Haye,  ce  10  novembre  1636. 


Le  SI  nov.  le  maréchal  de  Chùtillon  écrit  de  Paris,  i  M  de  i 
Sommehdyck :  „Je  ne  vons  céleray  poiot  que  j'ay  eu  grand  peioe 
à  défendre  la  conduite  qui  a  esté  tenue  depuis  noatre  jonction, 
car  jr  eu  arait  qui  font  Icb  bons  valetz  et  les  fort  affectionnez  au 
Prince  d'Oronge,  qui  luy  avoient  rendu  de  très-mauvais  offices. 
Vous  entendrez  bien  clairement  cens  dont  je  veux  parler.  Mais 
je  vous  prie  qae  cela  demeure  entre  vous  et  ma;,  sans  qu'on 
cognoisse  que  je  voua  aye  donné  aucun  advia  sur  ce  subject;  car 
il  est  nécessaire  pour  le  bien  commun  que  ceux  qui  négocient  pour 
le  Boy  Ters  vostre  Estât,  ne  perdent  leur  créance,  A  la  vérité 
je  tronvois  alors  M'  le  Cardinal  fort  picqué  et  dégousté,  ayant 
veu  que  tes  effectz  n'avoient  pas  répondu  à  la  grande  espérance 
qu'il    avoit    de   la   conduite   de   S.   £xc.;  je  le  trouve  maintenant 


,,Googlc 


fort  sdoud.  Voyant  qn'il  a'j  a  plus  de  remUe  aux  occuionB 
qu'on  a  perdues,  il  travaille  maiateiiaiit  &  ce  qui  ae  peat  mieux 
feire  pour  l'ad  venir." 

.  ■.  Le  S  fêvr.  1637  Charnacé  écrit  de  la  Haye  à  Richelieu:  „Pau 
'■^-  Toudroit  bien  retourner  ambassadeur  extraordinaire  en  France, 
voyant  qu'il  n'estoit  plus  rien  ioy.  Et  j'easae  désiré  l'y  pouvoir 
servir,  mais  ne  voyoit  pas  la  chose  faisable....  M.  Aerssens  me 
tesmoîgna  avoir  confusion  qne,  parmy  tant  de  grandes  afiaîies, 
V.  £.  se  souviËne  de  lay  sur  le  sujet  de  la  Baronnie  de  son  fils. . . 
n  ne  change  point  eu  l'affection  qu'il  a  sy-devant  fait  paroistre 
ponr  le  bien  commun  ;  il  est  fort  bien  avec  M.  le  Prince  d'Orange 
et  très-bien  avec  Mad.  la  Princesse,  qui  commence  à  en  prendre 
conseil  en  beaucoup  de  choses." 

LETTRE  BXXni. 

Frideric-QuiUaume ,  Marquis  de  Brandeboarg,  à  M'  Rivet 
RemercimenU  pour  la  dédicace  de  Bon  traité  dé  la  St-Cène. 

■,*  L«  gnv  ÉleoUnr  ds  BrandBboDtg  (1B20— 1838),  plu  tird  époux  i» 
U  PrinocMs  Loaiw  aile  aln^  da  Fréderio-Hinri,  idccMi  en  1040  k  aoiipèTe. 
Depaia  1834  dant  lu  PronncM-UDÎM ,  il  Koit  Aadi<  i,  Leid«  et  bûwt  nuin- 
tement  l'ipplsntiiage  de  la  guerre. 

Monsieur!  J'aj  recogneu  vostre  bonne  et  sincère  affec- 
tion envers  moy,  non  moins  en  vostre  présence  qoe  par 
ce  beaa  et  très-agréable  Traitté  pr4paratif  ponr  la  S.  Cène 
qu'il  vous  a  pieu  de  dédier  à  moy.  Je  voua  en  remercie 
très-affectneusement ,  roas  priant  de  croire  qne  je  serois 
très-aise  que  quelque  occasion  me  puisse  naistre  ponr  vous 
tesmoigner  les  effects  de  mon  entière  affection  que  je  vous 
porte.  Cependant  je  me  confèsseray  vostre  redevable,  et 
demeureray  tousjours,  Monsienr! 

vostre  très> affectionné  à  vous  faire  service, 
PR^Eaic  wiLHELH,  marquis  de  Brandeboui^. 

Je  vous  prie  me  recommander  bien  humblement  aux 
bonnes  grâces  de  monsieur  mon  très- cher  cousin  vostre 
Prince. 

De  Amehm,  ce  %  de  mars  1636. 


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LBTTKB  BXnr. 

Le    Comte    Guillaume   de  I^'atsau-Siegen  '  au  Comte  Henri- 
Casimir  de  Naeaau- Diète. 

Monsieur  mon  Cousin.  Je  suis  sy  accoustumé  it  estre 
iàvorisé  par  vous  que  j'espère  asseurémeut  de  ne  manquer 
jaiQ»3  à  avoir  des  tesmoignages  de  vostre  bienveillance; 
c'est  ponrquoy  j'en  viens  à  vous  supplier  vouloir  inter- 
poser vostre  crédit  envers  M"  de  Frise,  Èi  ce  qu'ils  ayent 
agréable  de  commander  que  les  deniers  qui  me  sont  as- 
signés sur  eux  soyent  délivrés  à  un  marchand  qni  vous 
donnera  ou  fera  mettre  en  main  la  présante.  Et  je  vous 
diray  de  plus  que  jamais  aucune  occasion  ne  s'offrira  à 
moy  pour  vostre  service  en  laquelle  je  ne  face  voir  tou- 
tes sortes  de  ressentiment,  tant  pour  ce  bien&it  sy  que 
pour  tous  les  autres  qui  l'ont  précédé,  à  rayson  desquels 
et  par  inclination  je  demeureray  tousjours,  Monsieur  mon 
Cousin, 

vostre  très-humble  à  vous  servir 

OUILLlkUlCE  COHTB  DE  NASSAU. 

''       Ma    femme  '    vous  baise  très-humblement  les  mains  et 
vous  supplie  de  ne  point  oublier  vostre  portrait 

Heusden,  ce  IS  ap.  1637. 

Monneur  le  Comte  de  Nassadw 

Gou?erReui  de  Frise,  etc. 


LEVTBB  BXXV. 

Le  Comte  Jean-Maunce  de  Naesau-Siegen  au  Comte  Henri- 
Carimir  de  Naseatt-Diets.     See  euccia  au  Brétit. 

*,*    Jein-Mtiiriei,    dit    l'Am^riciiD    (1604—1679),   Sla   da  Comte  Jeu  de 

'  FDs  dii   Comis  Jean  d«   NuMQ-Sicgm    (1592—1642)  at  fsld-mtTÀshal 

>a  KTTKC  dei  ProTineM-Uniet. 
'  ChrùtiDe,  d^  comtesM  d'Erpicb. 


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1887.  Aïiil]  —   »4   — 

NuMD-Siq^,  entn  tria-JMiw  (1620)  ta  MTvict  dta  PnriDees-UiuM  et  m 
âUtingnB,  par  u  ràisUnce  à  Pappcofadm  Ion  du  *i^  de  Muitricht  en  1SS8. 
La  Compagnie  des  Indea  OcctdentaJes  \»  nomma  en  163S  gaurernear  du  Bràil. 
tl  ;  fit  preove  de  beaucunp  de  talent  et  de  talent;  miii,  mal  aecondé  par  la 
Compagnie,  il  retourna  en  Enropc  en  IMi. 


Monsieur  mon  très-cher  Consin.  Le  peu  de  loisir  que , 
depuis  mon  arrivée  en  ce  païs  icy ,  j'ay  eu  ^  mettre  l'or- 
dre aux  aff^res  qu'elles  désiroient  m'excusera,  s'il  vous 
plaist,  de  ce  que  j'ay  esté  si  longtemps  saus  vous  écrire 
et  vous  rendre  le  devoir ,  à  quoy  les  lois  de  la  civilité  et 
le  lien  de  nostre  estroitte  amitié  me  vous  obligeoient 
Maintenant  que  je  suis  un  peu  mieux  à  mon  aise.  Je  ne 
puis  demeurer  plus  guëres  que  je  ne  vous  die  avec  ma 
franchise  acconstumée  que ,  quelque  bon  voyage  et  succès 
en  touttes  mes  entreprises  il  plût  au  bon  Dieu  me  donner 
jusques  icy,  l'aiguillon  de  vostre  absence  m'est  tousjours 
demeuré,  et  d'autant  plus  esté  insupportable  que,  par  ce 
grand  intervalle  des  lieux  dont  nous  sommes  éloignez,  je 
snis  privé  du  soulagement  que  me  pouvoit  apporter  la 
fréquente  réception  de  vos  nouveUes  et  particulièrement 
celles  de  vostre  bonne  santé,  Toutesfois  j'espère  qu'elle 
sera  tousjours  demeurée  en  l'estat  où  je  la  laîssay  en  vous 
disant  adieu,  et  que  cependant  le  temps  n'y  aura  rien 
diminué ,  n'y  mesmement  des  autres  félicités ,  dont  il  plut 
à  la  Fortune  de  vous  combler.  Quant  à  moy,  je  ne  sçay 
comment  assez  louer  mon  Dieu  pour  la  bonne  santé  et 
le  bon  progrez  qu'il  a  donné  k  mes  armes  et  à  ma  per- 
sonne depuis  quelque  temps  en  çk  Car  après  avoir  esté 
arrivé  icy  le  23  de  janvier  passé  au  récief  de  Phemam- 
bouc  sain  et  sauf  et  avec  un  applaudissement  merveilleux 
de  plusieurs  gens  de  bien,  et  le  5  de  février  suivant  avoir 
mis  mon  armée  do  5  jusques  à  6  mille  hommes  tous 
combattans  en  campagne,  je  m'en  allay  droit  à  l'ennemy, 
lequel  je  n'apperceus  pas  si  tost  avec  1800  hommes  au 
pied  d'une  montaigae  fort  bien  retrensché  que  je  ne  le 
chargeay  incontinent,  me  saisit  de  sa  forteresse  et  le  fis 
retirer  avec   perte   de   300  braves   hommes   et  plusieurs 


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—  95  —  [1637.  Ana. 

officiera  de  remarque  '  et  d'anthorité.  Des  nostres  il  n'y 
east  que  six  de  tuez  et  35  de  blessez.  Cette  tragédie 
se  joua  à  une  place  d'où  le  comte  de  Banjollo  *,  le  géné- 
ral de  l'ennemy,  ne  fut  pas  loin,  mais  se  n'osant  appro- 
cher de  près  à  cause  du  fèu,  qu'il  ne  poavoit  sentir,  il 
se  contenta  de  la  regarder  du  haut  d'une  montaigne, 
comme  ce  n'eust  esté  chose  à  laquelle  il  avoit  de  l'inté- 
rest  H  se  dégousta  aussi  si  fort  de  ce  premier  compli- 
ment qoe  je  fis  alors  aux  siens ,  qu'il  se  défia  mesmement 
de  m'attendre  dans  son  meilleur  fort  de  Povason  en  Porto 
Calvo,  lequel  je  ne  laissay  pourtant  d'assiéger  et  emporter 
avec  de  bonnes  et  avantageuses  conditions  en  14  jours. 
Là  dedans  se  trouva  le  magazin,  ammonition  et  tonte 
rartîllerie  de  l'ennemy:  à  sçavoir  2b  pièces  de  fonte,  4 
mortiers,  500  grenades,  500  tonneaux  de  poudre,  grande 
quantité  de  grenades  à  main,  de  meiche  et  d'autres  ma- 
tériaux. Les  soldats  qui  en  sortirent  furent  40,  la  plus 
part  Espagnols ,  mais  tous  en  bonne  disposition  et  embon- 
point, lesquels,  pour  empescher  de  venir  brouiller  sitost 
en  ce  pais  icy,  j'ay  envoyé  avec  leur  gouverneur  et  8 
capitaines  aux  Indes  Occidentales ,  où  ils  auront  place  et 
loisir  de  remuer  tant,  qu'ils  s'en  délasseront  d'eux-mes- 
mes.  L'on  demeure  d'accord  que  le  comte  de  BanjoUo 
se  persuada,  que  le  dit  fort  tiendra  bon  pour  le  moins 
5  on  6  mois ,  mais  il  se  trouva  grandement  trompé  dans 
son  calcul;  c'est  pourquoy  il  ne  se  voulut  pas  aussi  opi- 
niastrer  beaucoup  en  une  espérance  qu'il  avoit  si  mal 
conceue,  s'adviaa  sur  la  première  nouvelle  qui  luy  vînt 
de  la  prise  de  sa  meilleure  forteresse,  de  se  retirer  de 
bonne  heure  vers  la  rivière  de  S'  Francisco,  et  de  se 
faire  passer  avec  son  bagage  le  plus  tost  qu'il  luy  serait 
possible.  Advis  !i  la  vérité  très-bon;  car  sans  cela  il 
eust  esté  contrainct  de  se  battre ,  ce  ne  &isant  pas  volon- 
tiers ,  U  ne  cherchoit  aussi  point  de  nobe ,  ny  demandoit 
que  d'avoir  la  paix  et  estre  en  repos.  Pour  sa  fiiitte, 
celle  fnst  si  pressée  qu'il  oubliast  aussi  de  défendre  les 
'  Duqiw.  ■  Bignolt,  loTwé  1  l'éoale  d«  Sjnnoli. 


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18a7.  A»ril.] 


'  96  ' 


passages  les  plas  mal-aisés  à  forcer  que  l'on  sçanroït  ja- 
mais rencontrer.  Le  plus  grand  empeschement  qu'il  me 
donna,  ce  fut,  qu'après  avoir  passé  plusieurs  rivières  non 
gaéables,  il  fit  dé&ire  tous  les  ponts  qu'il  gvoit  fait 
faire  pour  passer  arrière  soj,  lesquels  il  m'a  fallu  redresser; 
cependant  il  a  gaigné  son  temps  pour  échapper,  ce  qu'au- 
trement il  n'eut  pu  faire  si  aisément  et  à  si  bon  marché. 
Mon  avantgarde  fit  toutesfois  à  cette  poursuitte  si  grande 
diligence,  qu'elle  vit  encore  passer  sa  dernière  chalouppe 
la  sus-ditte  rivière  de  S'  Francisco  et  fit  de  très-bon  bu- 
tins de  Portugoises  fugitifs,  de  perles,  de  vestemens,  d'or, 
argent  et  antres  choses.  Ce  fiist  alors,  quand  ces  pau- 
vres gens  s'abusèrent  si  lourdement,  qnand  ils  prinrent 
nos  Brasîliens  pour  les  leurs  et  tes  demandèrent  assis- 
tance contre  les  Flammingos.  Ainsi  nous  voilà  rendus 
maistres,  grâces  ^  Dieu,  eu  deux  mois  de  ce  bon  pals 
jusques  à  cette  fameuse  rivière  de  S'  Francisco,  sur  la- 
quelle je  fais  maintenant  fortifier  une  vilette  nommée 
Openedo,  pour  tenir  en  bride  et  dévotion  les  habitans 
du  pals,  qui  autrement  se  sont  acconstumez  de  se  révol- 
ter sor  le  premier  vent  qu'ils  eurent  de  leur  partie.  Je 
yous  devrois  aussi  dire  quelque  chose  de  la  très-agréable 
constitution  de  cette  terre,  de  la  grande  fertilité,  abon- 
dance et  rareté  qu'elle  a  et  produit  en  firuits,  plantes, 
animaux,  oiseaux ,  et  autres  monstres.  Mais  la  feuille  me 
venant  à  manquer ,  il  n'y  a  moyen  d'adjouster  autre  chose 
que  la  sincère  protestation  qne  je  veux  estre  toute  ma 
vie,  Monsieur  mon  très-cher  cousin, 

'  Tostre  très-humble  serviteur, 

lUtTBICB  CONTE  nX  NASSAU. 

d'Ântonl  Vaea  en  Phemambonc,  le  28  avril  1637. 
'  TMtn  —  AatogT^ke. 


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—  97    —  [1M7.  Jumet. 

liBTTKB  BXXn. 

^f.  Hoea0t  h  M.  de  Somtndtdyek.     Nouveliet. 

Monsieur.  Le  3  fust  ma  demîëre,  depQÎa  recen  anl- 
cune  voatre,  La  présente  pour  dire  qoe  on  est  icy  bien  en 
paine  de  ce  que  12  '  n'est  encor  en  campagne  et  ne  sa- 
vent que  penser.  Passé  deux  jours,  je  fus  voir  13',  anquel 
je  fis  entendre  que  tout  se  rendoît  aux  rendé-vous;  que 
Son  Alt'  partiroit  en  peu  de  jours,  mais  que  j'apréhen- 
dois  que  le  mauvais  temps  qu'il  avoit  &ict  la  sepmaine 
passé,  n'eust  retardé  son  partiment.  Il  me  dict  que  mes- 
sieurs les  ï^tats  avoient  grand  tort  de  tant  délayer,  vea 
que  la  Prance  avoit  iaîct  tout  ce  que  ils  ont  promis  et  par 
delà,  tesmoing  le  siège  de  Landresi,  à  quoj  ils  n'estoyent 
obligés,  non  plus  aux  six  mil  hommes,  qui  sont  prestes 
environ  de  Caltûs  et  ne  font  qu'attendre,  et  sur  ce  que 
je  Iny  dysois  que  l'avence  des  300  [V.  R.]  estoit  venu 
ibrt  à  propos,  je  luy  ay  tant  persuadé  que  Son  Ëmi- 
nence  me  promit,  qu'en  lieu  que  les  asignations  avoient 
à  courir  jusques  k  la  fin  d'apvril,  qu'il  les  fera  racoursir, 
pour  estre  eschéant  k  la  fin  de  cest  année;  dont  M'  de 
Chavigny  et  moy,  avons  esté  trouver  M''  de  Bullion, 
pour  luj  faire  trouver  bon  le  dit  avancement;  ce  qu'il 
a  approuvé,  et  suis  après  à  faire  réformer  ou  renouvel- 
ler  les  dites  assignations,  et  serviray  l'Estat,  en  cecy  et 
tout  autre  chose,  de  tout  mon  possible.  —  Nous  ne  sçavons 
au  vray  Testât  de  M'  le  Conte';  aulcuns  veullent  qu'il  ay 
trmcté  avec  la  Boyne-mfere,  autres  qu'on  accomode  son 
affaire;  au  moins  le  commerce  est  défendu  avec  ceux  de 
Sedan,  et  le  Roy  va,  vers  la  fin  du  présent  mois,  à  Sois- 
sons,  ayant  donné  rendé-vous  an  dit  lieu  au  25  de  ce 
mois,  au  régiment  des  gardes,  gens-d'armes  et  cbevaox- 
légers  du  Boy  et  Monseigneur  le  Cardinal  et  [merceur]  6 
pièces  de  campagne.  La  cîrconvalation  de  Landrecy  est 
lait;  on  a  ouvert  les  tranchées,  et  croy  que  les  batteries 
■  Is  Prime  d'Onige.        '  le  Cardinal  de  Kicheliea.        '  C.  de  Soinona. 

in.  î 

U,g,t7cdb/GOOglC 


1637.  Jmllrt.]  —    30    — 

ayent  commeocé  à  jouyer  depuis  hier.  Son  Alt  de  Wei- 
maer  est  dans  la  Conté  '  oh  il  affrontte  l'ennemy  tout  les 
jours,  ayant  depuis  sa  victoire  par  diverses  rescontres 
defiaict  plus  de  trois  mil  hommes,  avoit  assiégé  Yisou*; 
dac  Charles  se  retranchoît  entre  Bezanson  et  la  rivière, 
si  bien  qu'ils  ont  quitté  la  campagne.  Ou  croit  que 
Son  Alt.  ne  passera  pas  le  Kbin,  parce  que  on  dict  que 
Picolominy,  en  lieu  d'aller  au  Pays-Bas,  a  receu  ordre 
d'empêcher  i.  Son  Alt  de  Wymaer  le  passage  et  s'en  al- 
ler à  la  Conté.  On  parle  icy  de  quelque  deffaicte  des 
impériaux  par  M'  Bannier,  mais  je  me  réserve  à  la  croire, 
josques  à  ce  que  nous  en  ayons  plus  de  certitude,  nous 
avons  sceu  la  rendition  de  [Hemestees],  que  on  ignore, 
ou  on  le  veut  le  couvrir.  Les  Espagnols  ont  abandonné 
vite  la  paille  *  et  se  sont  retirés  en  Milanois.  M' le  duc 
de  Longneville  a  assiégé  un  chasteau  et  les  tronppes  du 
duc  de  Koban  ung  aultre.  Ce  duc  est  retourné  à  Genève. 
L'affaire  d'Angleterre  demeure  arrestée.  Sa  Ma*'  ayant 
envoyé  vers  messeigneurs  les  Estas  et  couronne  de  Suède, 
On  croit  que  l'assemblée  se  tiendra  h  la  Haye,  qui  sera 
le  plus  commode;  cependant  les  Anglois  ne  lessent  pas  d'es- 
corter les  navires,  jusques  dans  Dunkercq,  ayant  mis  deux 
convoyé  dans  la  dite  ville.  Depuis  15  jours  ils  s'excusent 
ne  pouvoir  empêcher,  à  cause  que  il  n'i  a  poin  de  signe. 
Monsieur  frère  du  Roy  est  venu  en  ceste  ville.  Le  Roy 
est  il  Chantilly;  Son  Ëmineoce  it  Ruel.  Cest  ce  qui 
s'offre  à  vous  dire,  Monsieur,  quand  à  présent.  Je  suis, 
Monsieur, 

vostre  très-humble  serviteur, 

HOKUFFT. 

A  Paris,  ce  17  juillet  1637. 

Le    31   juillet    Chamacé  écrit  de  Bergen  op  Zoom:  „J'ay  coni- 

'-  municqué  à  9£.  le  Prince  d'Orange  vostie  Mémoire,  sur  lequel  il  m'a 

respondu    que    tout    le  monde  et  moy  particulièreiDent  avoit  con- 

■■  du  devoir  que  les  Eetatz  et  tuy  avoient  fait  pour  ex»> 

'  Kraoelu- Comtj.  '  Vew>uL  >  partie. 


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—   »y   —  [1087.  Juillet. 

coter  le  premier  dessein,  et  l'irapossibililé  qui  s'y  est  trouvée, 
comme  pour  la  seconde  et  troisième  aunée,  qui  est  où  il  faudrait 
débarquer,  l'en  empesche  entièrement  et  qu'ainsy  ne  pou?ant  mieux, 
il  falloit  de  nfceaaité  a'attacher  au  moindre  en  considération,  mais 
au  plus  en  force  et  en  dïificulté.  £n  quoy  l'on  ne  peut  nier  que 
tout  ne  sQÎt  très- véritable ,  nu  moios  i  ce  que  j'en  ay  peu  voir 
et  recognoistre." 


LEVTBB   BXXVII. 

M.  de  Sommdadyck  ou  Prince  ^Orange.     Siège  de  Breda; 
(paires  d'Allemagne. 


*.*  U'iprii  Is  dénr  de  li  France  (CbtrDicJ  ponuant  cette  entrepriie  ivcc 
pâwioD)  on  tToit  réwla  l«  ^ft  de  DDBqnerqae,  miia,  *;»lt  pan^  tnni  te- 
miiora  k  l'tncre  dnut  Bimmelnoa  ï  ittcadre  le  vent,  le  Prinœ  d'Orange 
cfaBD^  de  deacin  et  s'en  vint  iuléger  Breda, 


Monseigneur.  Dieu  ayant  réglé  voz  desseins  selon  mon 
déair,  qui  suspectoit  la  mer  en  touttes  ses  parties,  je 
souhaite  que  la  terre  soit  plus  &vorable  à  faire  succéder 
vostre  entreprinse  sur  Breda,  à  mon  jugement  d'autant 
préférable  devant  toutte  autre,  qu'elle  peut  couvrir  le 
coeur  de  l'Estat.  La  France  n'a  point  de  subject  de  re- 
procher à  V,  A,  d'&Toîr  rien  altéré  an  project  de  sa  con- 
vention, car  elle  et  tout  le  monde  peut  juger  de  vos 
intentions,  par  la  contrariété  des  vents,  laquelle  dtire 
encore  jusques  aujourdhuy  à  s'y  opyniastrer.  Cela  donq 
ne  doibt  point  empescher  V.  Â. ,  mais  le  dessein  que 
vous  poussez  est  très-grand.  La  ville  en  ses  fortifications 
est  le  chef-d'oeuvre  de  feu  monseigneur  le  Prince  d'Orange, 
qui  estoit  l'Archimède  de  uostre  temps  en  cette  science  ('). 
Le  marquis  Spinola  ne  l'osa  attaquer  que  par  la  famine, 
et  V.  A.  venant  à  la  prendre,  outre  la  grande  gloire 
que  ce  luy  sera  de  l'avoir  arrachée  de  la  puissante  main 

(1)  „Le  10  oct.  fat  prtae  cette  ville  de  Bredaqae  le  monde  ivoit  roula  mettre 
u  nng  des  impraublei,  k  uiue  de  il  turtificitiaii."  {Mim.  de  7t.  S.) 


,,Googlc 


1M7.  Juillet.]  —   100   — 

du  Roy  d'Espagne,  décidera  encor  cette  ancienne  question, 
sj  la  natore  est  plus  ingénieuse  &  se  conserver  ou  à  se 
destruire,  puisque  rostre  attaque  se  prend  à  une  place 
fortifiée  en  perfection  et  soubstenue  d'une  puissance  sur- 
passant de  beaucoup  la  vostre.  La  prudente  et  courageuse 
conduitte  de  Y.  Â.  nous  en  promet  le  succès,  auquel  tout 
ce  peuple  tesmoingne  d'estre  prest  de  contribuer  jusques 
à  ses  derniers  effortz,  et  ceux  qui  président  sur  te  gou- 
Temement  n'obmettront  point  de  mesnoger  ce  zèle  an 
soulagement  de  V.  A.,  que  Dieu  vueille  préserver  de 
malbeur,  en  vous  bénissant  de  prospérité  et  de  par&icte 

SEDCté. 

Monseigneur  l'Électeur  va  tronver  V.  A.  sur  le  traicté, 
qui  vient  d'estre  conclu  entre  la  Prance  et  l'Angleterre. 
La  cbose  mérite  son  attention,  au  regard  de  cet  Estât, 
lequel,  confinant  it  l'Empire  du  costé  de  son  plus  foible, 
doibt  meorement  poiser'  sy,  en  la  concurrence  de  deux 
puiasans  Rois,  il  tuj  est  expédient  et  senr  de  déclarer  la 
guerre  à  l'Empereur,  comme  au  détenteur  du  Palatinat. 
Ma  considération  est  que  ces  Rois  pearent  tonsjonrs  dé- 
laisser cette  confédération,  sans  ae  pèner*  d'aucun  reproche, 
ny  de  retour,  pouvana  consister  en  eux  mesmes,  mais 
cet  Estât  seroit  le  théâtre  sur  lequel  l'estrif  *  viendroît  à  se 
démesler.  L'Angleterre  n'y  contriburoit  qu'un  peu  d'ayde, 
sans  prendre  part  aux  dangers  et  la  France,  h  ta  faveur 
de  Rome,  peut  s'en  retirer,  quand  la  fortune  ne  luy  riroit 
pas.  Les  voisins  amis  et  ennemis,  quoiqu'ils  en  disent, 
taschent  de  nons  laisser  la  guerre  en  partage,  pour  l'exer- 
cice des  uns  et  pour  la  seureté  des  autres.  La  condition 
toatesfois  où  nous  nous  trouvons,  demande  que  pensions 
^  nous  retirer  d'une  tant  démesurée  deapense,  afin  de 
prendre  it  nostre  tour,  s'il  est  possible,  quelque  peu  d'ha- 
laine.  «Tavoue,  Monseigneur,  que,  sy  tout  de  bon  et 
soubs  des  conditions  esgales,  on  pouvoït  convenir  d'une 
estroitte  et  vigoureuse  confédération ,  qu'il  seroit  à  propos 
d'en  embrasser  le  party;  mais  de  ne  se  liguer  que  pour 
'  pMcr,  '  Kmànr.  *  débat. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   101    —  1M7.  Juillet. 

]e  seul  Palatinat,  V.  A.  j  trouvera  sans  doute  bien  k 
redire.  On  conteste  icy  lequel  de  deux  se  doîbt  faire, 
ou  de  demander  communication  du  traicté  par  des  com- 
missaires, au  désir  des  Anglois,  ou  d'attendre  qu'en  forme 
décente  il  soit  exhibé  en  plène  assemblée.  Il  n'est  point 
raisonnable  que  cet  Estât  naissant  se  gaste  arec  les  Rois, 
sur  des  nues  formalités,  qu'il  est  bon  leur  concéder,  mais, 
sy  d'arantnre  V.  A.  a  des  considérations  pour  gagner 
temps  en  telle  délibération,  je  me  rends  volontiers  au 
jugement  de  ceux  qui  pénètrent  plus  avant  le  fonds  de 
cet  afiaire.  —  La  retraicte  des  Suédois  vers  la  Poméjanie 
va  empirer  nostre  condition  en  l'Empire.  La  France  les 
doibt  mieux  Becoarrir,  ou  s'armer  pins  puissamment  contre 
les  suittes  de  leur  accord,  car  tout  viendra  fondre  sur 
elle  et  sur  V.  A.  —  HoeufiFt  m'a  prié  de  vous  commu- 
niquer Is  jointe';  mais,  sans  me  donner  de  garde,  j'abuse 
de  la  patience  de  V.  A.  en  une  saison  que  les  minutes 
vous  soDt  chères.  Pardonnez,  s'il  vous  plait,  à  la  très- 
fidelle  aâêctioD  de  celui  qui  est,  de  coeur  et  de  bouche. 
Monseigneur , 

de  vostre  Al",  très-hnmble,  très-obéyssant, 
et  très- obligé  serviteur, 

rKANçois  d'à. 
De  la  Haye,  ce  36  juillet  1687. 
A  Son  Ait*  au  camp  devant  Bieda. 


LETTKB  BXXYin. 

M.  Boei^  à  M.  de  SommtUdyok.     Nouoellei. 

Monsieur.  Le  24  du  courant  je  vous  ay  donné  advis 
de  ce  qui  ae  passoit  icy,  de  la  rendition  de  Landrecy, 
d'où  ils  sont  sortis  le  26  du  mois;  depuis  m'est  parvenu 
la  vostre  du  20  et  avons  sceu  le  siège  de  Breda,  pour 
le  moins  de  l'investiture,  de  quoy  on  en  est  icy  à  demy- 


,,  Google 


1637.  JdilletO  —   ^^^   — 

content  Mais  les  préparatifs  pour  ailleurs  et  les  tour- 
mentes et  venz  contraire  excusent  assez  l'af&ire,  joingt 
que,  si  le  siège  estant  formé,  son  Alt.  pourra  encor  agir 
ailleurs,  puisqu'on  est  icy  résolu  de  pousser  la  victoire. 
Le  Roy  partmardy  pour  Monseaox;  le  Conseil  va  droict 
h.  Soissons;  le  Conseil  de  finance  demeure  en  ceste  ville. 
Les  trouppes  de  Pîcolomioy  sont  arrivés  en  Luxembourg. 
M.  le  mareschal  de  Chastillon  estoit  le  27  à  Estenoq, 
résolut  d'aller  à  luy.  On  ne  sçait  le  succès.  On  a  en- 
voyé d'îcy  vers  son  Altëze  d'Orange,  par  où  vous  sçavez 
les  mouvements;  si  la  France  peut  foncer  droit  an  ceur 
du  pays,  les  provinces  esp**  *  seront  bien  estonnés  et 
si  on  peut  faire  vivre  l'armée  au  Pays-Bas,  ils  sont  mi- 
nés. L'armée  du  duc  de  Wymar  est  encor  aus  environs 
de  Bezançon  et  ne  sçay  quand  il  en  partira.  Banier  a 
lâché  le  pied  et  estoit  près  de  Lantzberge,  oh  Vrangel 
espéroit  le  joindre.  J'espère  qui  ne  feront  aucun  accordt 
seul.  Pour  cest  effect  je  voudroy  que  le  traité  de  la 
France  et  eux  fust  signé.  iTay  faict  tenir  l'argent  à  Ham- 
bourg, si  bien  que  j'espère  cest  accordt  et  demeurant  bien 
nniz  on  tirera  raison  de  la  maison  d'Austriche ,  pour- 
veu  que  la  Compagnie  occidentale  soit  mtûntenu  puis- 
sant, sans  l'abandonner  par  traité.  Pour  l'Angleterre,  ils 
semble  estre  résolut  de  bien  faire,  pourveu  que  nostre 
Estât  et  Swede  entrent  au  traité;  au  moings  Angleterre 
ne  peut  en  ce  cas  faire  aulcun  traité  qu'avec  les  alliés, 
et  sy  en  pouvoit  mettre  la  jalousie  et  detfiance  entre  l'Es- 
pagne et  Angleterre,  ou  les  mettre  en  bref  en  guerre, 
vray  moyen  d'en  chevir  '.  J'espère  que  messieurs  les  Es- 
tas useront  de  leur  prudence  ordinaire  à  se  bien  liguer 
et  donner  contentement  au  deoi  couronnes,  tant  qu'Us 
pourront.  Je  suis  bien  ais  *  que  l'Estat  et  '  contente  de 
moy  et  leur  continueray  les  subjects ,  Dien  aydant.  Je  voy 
l'advance  d'encor  80  v.  1.  Je  m'efforceray  à  servir  l'Es- 
tat en  tout  ce  qui  me  sera  possible;  pour  les  envieux,  je 
les  laisse  faire  et  continueray  mes  affections  et  services. 
'  npagnolïs.  *  «ortir,  m  IJnr  tl'ïOiur«.  ■  tut.  *  Mt. 


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—  103  —  fiesT-  Aofit. 

(Tay  icy  bien  de  la  peine  à  tirer  argent,  qoi  est  fort  rare 
parniy  les  peuples,  mus  avec  le  temps  et  patieDce  od  en 
viendra  au  bout,  comme  j'espère.  Le  parlement  a  esté 
ass4s  mal  mené  par  S.  M.,  sur  le  refiis,  de  faire  mettre 
en  exécution  quelques  édicts;  à  la  6n  ils  furent  hier  trou- 
ver le  Boy  i,  Madrid,  où  ils  ont  consenti  à  toat  ce  que 
S.  M,  leur  requéroit  et  on  promis  de  satisfaire,  selon 
l'intention  du  Boy.  L'accort  de  M'  le  Conte  est  faict 
et  tes  croquons  en  Limoisin  et  Périgort  destruit,  force 
prisonniers;  espérant  que  tout  demeurera  en  tranquilité. 
Cest  ce  qui  se  passe  îcy  pour  cest  heure  et,  après  mes 
très-humbles  baise-mains,  je  demeure  Monsieur, 

vostre  très-humble  serviteur, 

BOBDFPT. 

A  Paria,  ce  dernier  jaillet  1637. 
A  Monsîetir,  Monsieur  d'Aerssen,  Che- 
vallier, Sei^  de  Somersdirq  et  de  la 
Flaete,  à  la  Haye. 


ItETTKE  BXZIX 

M.  de  Sommehdyck  au  Prince  <P  Orange.    Le»  Étala  de  Hol- 
lande mécannotuent  ^autorité  de»  ÉtaU-Généraux. 


Monseigneur.  Puisqu'il  vous  plaist  me  le  permettre, 
j'avise  v.  A.  que  les  Estats  d'Hollande  se  disposent  à  la 
séparation  pour  la  sepmaine  qui  vient,  sans  avoir  aucu- 
nement proveu  '  an  fond  lequel  vous  faict  de  besoing  an 
maintien  de  vostre  siège,  et  sy  v,  A.  ne  les  en  faict  pres- 
ser plus  vertement  et  à  y  fournir  d'une  ou  d'autre  &çon 
avant  qu'ils  partent ,  j'ay  haléné  '  des  personnes  de  condi- 
tion et  d'intelligence,  qui  espèrent  peu  que  vous  y  re- 
ceviez du  contentement  et  en  prétend  on  donner  le  blasme 
à  la  lenteur  et  froideur  des  autres  provinces.  Outre  cet 
aSaire,  qui  est  bien  le  premier  en  considération,  on  dé- 
'  pourra.  *  Mndj. 


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1687.  Août.]  -^   104   — 

bat  encor  hors  de  temps  la  qualification  de  messieurs  les 
Estats-Généraus ,  assavoir  sj  leur  compète  aucune  judi- 
cature  Cette  dispute  ne  peut  prendre  pied  qu'avec  l'a- 
version de  l'authorité  publique  et  de  la  direction  de  v.  A,; 
car,  sy  le  pouvoir  de  chastier  leur  est  osté,  les  provinces 
et  les  particuliers  se  dispenseront  de  tonttes  loix,  pour 
en  convenir  selon  leur  intérest  ou  inclina^on,  comme  ve- 
nons de  veoir  en  Gneldre,  au  regard  des  contributions. 
Il  est  doncq  nécessaire,  Monseigneur,  de  s'opposer  roide- 
ment  '  k  cette  nouveauté.  Je  pense  que  v.  A.  sera  sup- 
pléée de  s'en  entremettre,  combien  que  desjà  j'en  observe 
un  notable  préjugé,  parceque  messieurs  d'Hollande,  pour 
mieux  former  et  fonder  leur  party,  entreprennent  d'inté- 
resser en  leur  opinion  tonttes  les  autres  provinces,  aux- 
quelles ils  ont  escrit  à  cette  fin.  Telles  et  semblables 
disputes  viennent  mal  à  propos  pendant  vostre  esloigne- 
ment  et  pourrojent  bien  traverser  les  meilleures  délibé- 
rations, SJ  elles  ne  sont  prévenues  ou  levées  avec  pru- 
dence et  une  atrempée  '  modération.  J'ose  espérer  que 
V.  A.  me  pardonnera  cette  liberté,  puisque  je  m'en  sens 
tenu  à  vostre  service.  Je  receus  hier  de  Paris  les  advis 
cy  joincts;  s'il  m'en  arrive  de  plus  importans,  je  les  feray 
tenir  aussytost  il  v.  A.,  à  laquelle  je  prie  Bien  d'ottroyer 
parfaicte  santé,  avec  très-longue  et  très-heureuse  vie;  et 
k  moy  l'honneur  de  vostre  bienveillance,  comme  à  celuy 
qui  est  véritablement,  Monseignear, 

de  Tostre  Altesse, 
très-humble,  très-obéyssant  et  très-fidèle  serviteur, 

FBANÇOIS  D'aERSBSN. 

Se  la  Haye,  ce  8  nonst  1637. 


LiETTBE  mXXX.. 

Le  même  au  même.     Même  sujet. 

Monseigneur.     Ayant  une  fois  commencé  de  vous  dé- 
1  inflciiblunent.  *  tcmp&^. 


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—    105   —  [16S7.  Août. 

partir  de  mes  advis,  poar  la  seule  considération  de  l'Estat, 
je  ne  m'en  sçauroy  pins  retirer  que  par  vostre  comman- 
dement. Il  avint  devant-hier  an  grand  scandale ,  entre 
la  Généralité  et  ta  Province  d'Hollande,  sur  la  voye  k 
tenir  en  la  levée  des  convoya  et  licences.  Celle-là  vonllut 
que  l'affaire  passast  par  la  mesme  forme  des  années  pré- 
cédentes; celle-cy  se  roidit,  pour  la  cueillette  '  et  fît  par 
toat  deschirer  les  billets  affigez  *  pour  !a  ferme,  avec  inhibition 
anx  magistrats  des  villes  d'y  assister,  ny  de  prester  leur 
maison  de  ville.  Le  jour  assigné  par  la  Généralité  venu 
et  comme  on  procédoit  k  la  lecture  des  conditions,  survint 
le  bnissier  de  Hollande,  protestant  au  nom  de  la  province 
contre  toutte  l'action  et  défendant  aux  subjects  d'en  pren- 
dre part;  au  mesme  instant  se  leva  un  des  députés  de 
la  Généralité,  qui  déclara  que  les  fermiers  seront  mam- 
tenus  en  leurs  droicts,  et  en  soitte  fut  le  quart  de  cett' 
imposition  par  ferme  adjugé  à  un  Frison,  avec  sept  mil 
livres  d'avance.  Cette  contestation.  Monseigneur,  portée 
devant  le  peuple  tourne  grandement  au  mespris  de  l'au- 
tborité  du  gouvernement  Je  ne  présume  point  de  dire 
mon  sentiment  pour  le  droict  ou  le  tort,  mais  je  me 
plains,  et  à  v.  Â.,  qu'il  ne  s'est  trouvé  parmy  nous,  durant 
vostre  absence,  personne  qui  se  soit  avisée  d'en  prévenir 
le  coup,  dont  l'esclat  est  pour  former  une  ruineuse  par- 
tialité entre  les  provinces.  Ëncor  est-il  survenu  une 
seconde  rencontre  et  bien  plus  rude,  sur  la  recherche  de 
ceux,  qui  ont  laissé  fretter  leurs  ua vires  au  service  des 
Espagnols;  de  quoy  les  informations  et  judicatnre  ont  par 
messeigneurs  les  Ëstats-Généraox  esté  renvoyées  et  commi- 
ses au  conseil  d'Estat.  Là-dessus  je  fus  le  IS"*  appelle  en 
l'assemblée  de  messeigneurs  les  Estats  d'Hollande,  et  me 
fut  enjoint  de  s'abstenir  de  telle  connoissance ,  comme 
n'estant  point  de  nostre  ressort.  Je  répliquay  que,  par 
telle  déclaration,  je  me  trouvoj  géhenne  entre  l'obéyssance 
que  je  leur  doîbs  et  le  serment  rendu  à  la  Généralité  à 
leur    nomination,    n'y    pouvant    trouver    autre   entr^eux 


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1837.   Août.]  —    106    — 

que  de  m'absenter  du  conseil,  auquel  nous  devons  faire 
droict  au  nom  de  la  Généralité,  sans  esgard  aux  provin- 
ces particulières;  les  priant  de  délibérer  entre  ces  deux 
contraires.  Les  Estats  se  contentèrent  de  leur  première 
déclaration  et  se  séparèrent,  mais  au  20*"',  messieurs  les 
Gecommitteerde  raden  m'envoyèrent  un  acte,  portant  dé- 
fense aux  députés  d'Hollande  au  conseil  d'Eslat,  de  se 
mesler  de  la  jadicatnre  des  habitons  de  cette  province, 
accusez  d'avoir  fretté  leurs  navires  au  service  du  Boy 
d'Espagne  en  la  mer  Méditeranée  et  une  résolue  décision 
de  droict  que  telle  judicature  est  réservée  aux  provinces 
respectives  et  n'appartient  aucunement  au  conseil  d'Estat, 
selon  le  32*  article  de  leur  instruction.  Or,  Monseigneur, 
V.  À.  voit  où  cela  tend;  c'est  une  plausible  proposition  pour 
les  provinces  en  destail,  mais  qui  renverse  l'Union  et  l'or- 
dre du  gouvernement.  Sy  la  Généralité  n'a  point  d'autorité 
de  soy  et  qu'il  la  faille  aller  chercher  aux  provinces,  qui 
se  banderont  tousjonrs  touttes  pour  leurs  intérests  contre 
tontte  supériorité,  qu'elles-mesmes  néanmoins  ont  establye 
et  déférée  an  maintien  de  l'Union,  quel  moyen  restera"!] 
de  contenir  les  provinces  au  devoir  de  leurs  conventions? 
Quel  titre  avons  nous  davantage  d'exécuter  la  Frise,  d'al- 
ler enlever  les  habitans  de  Gueldre,  pour  avoir  traicté 
de  leurs  contributions,  pour  se  garantir  de  ruine?  et  n'avoir 
point  de  droict  de  cbastier  ceux  qui,  par  avarice,  ont 
fonrny  des  moiens  à  l'ennemy  commun,  de  courre  '  sus  à 
nous  et  à  nos  alliés?  Je  supprime  cet  acte,  pour  la  suitte 
qu'en  apporteroit  l'esclat,  mais  ces  disputes  se  doivent 
lever  par  persuasion  de  prudence  ou  par  meilleure  infor- 
mation, et  ce  faict  est  de  tel  poids  que  je  délibéroy  d'en 
aller  conférer  avec  v.  A.,  sy  je  ne  la  jugeoy  trop  em- 
pressée du  grand  affaire  que  vous  avez  sur  les  bras;  miùs, 
quoy  qu'il  en  soit,  il  n'y  faut  rien  négliger,  sy  on  ne 
veut  veoir  jetter  par  terre  l'authorité  publique.  Je  le 
dis  à  ma  descharge,  avec  résolution  d'embrasser  tousjours 
vos  commandemens.     Je  prie  Dieu  de  bénir  vos  conseilz 


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—   107   —  [1637-  Septembrt. 

de    prospérité    et    de   donner  ^  Tostre  personne  parfeicte 
santé  et  trës-longae  vie.     Cest,  Monseigneur, 

de  V.  A.,  très- humble,  trës-ob<^yssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

FKANÇOrS  d'aebssen. 
De  la  Haye,  la  veille  de  la  St.  Barth^cmy  1637. 


LKTTBE    BXXXI. 

Le  même  au  même.    Même  mjet 

Monseigneur.  L'expédient  que  V.  A.  propose  à  dévider 
la  contention  d'entre  les  provinces,  me  semble  salutaire 
pour  empêcher  que  rien  n'aigrisse  davantage;  mais  la 
conférence  n'en  lèvera  point  la  cause,  car  il  est  à  croire 
que  de  part  et  d'autre  on  viendra  prévenu  chacun  de  son 
opinion  et  desjà  j  est-on  allé  trop  avant  en  lettres  et  en 
déclarations.  La  jndîcatnre  de  la  Généralité  est  dispatée 
par  des  provinces  particulières,  comme  une  usurpation 
sur  leurs  droictz  et  franchises;  en  quoy  est  à  craindre 
que  tonttes  les  provinces  ne  conviennent  aysément,  pour 
s'afiranchir  de  supériorité,  sans  considérer  le  publiq  en 
sa  nature  et  composition;  mais,  quelque  contestation  qu'il 
y  ait,  sy  faut-il,  Monseigneur,  que  l'Union  tienne,  sy 
on  ne  veut  jetter  l'Estat  par  terre,  et  l'Union  n'est  autre 
chose  qu'un  corps  composé  entre  et  dans  les  provinces, 
avec  autborité  et  pouvoir  d'administrer  souverainement 
touttes  les  affaires  qui  touchent  k  l'Union,  dont  la  pre- 
mière et  plus  essentielle  partye  est  celle  de  la  jadicature 
des  choses  de  son  ressort,  c'est-à-dire  de  celles  qui  con- 
cernent le  corps;  autrement  ce  ne  aeroit  plus  qu'une  chi- 
mère, sy  la  punition  et  la  récompense  luv  estoit  retran- 
chées, à  l'appétit  de  quelque  province  particulière,  sy 
d'aventure  elle  s'y  trouvoit  inti^ressée.  Les  Amphyctions, 
composez  comme  cet  Estât  et  nous  à  leur  exemple,  pre- 
noyent  jadis  connoissance  des  différens  de  tous  leurs  al- 


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ISST.  Seplcnibre.J 


108  - 


liés  et  les  jugeyoent  sans  appel.  Nos  prédécesseurs  en 
ont  jusqaes  icy  nsé  de  mesme.  Le  commun  danger  ne 
permet  pas  que  noas  esbranlions  en  aucune  làçon  ces 
premières  maximes,  et  qui  soubstiendroit  vostre  authorité, 
quand  l'Union  se  trouveroit  desarmée?  Seriez-vous  pas 
obligée  à  toutte  rencontre  d'accourrir*  anx  provinces  par- 
ticulières  et  qu'espéreriez  vous  de  leur  séparation  sy, 
unies  et  tonttes  comme  d'accord,  s'acquittent  sy  froide- 
ment de  leur  devoir  et  courrent  sy  chaudement  à  leur 
particulier?  Mon  advis  donq  seroît,  Monseigneur,  que 
Y.  A.  ne  souffiist  point  que  l'Union  fust  esbreschée,  ains 
l'authorité  maintenue^  le  temps  n'y  amendera  rien,  sy 
vostre  intervention  ne  remet  ]es  humeurs  de  leur  aigreur, 
pour  les  rammener  peu  &  peu  à  la  considération  du  péril 
commun,  auquel  ces  f^beuses  contentions  jettent  l'Estat 
et  touttes  leurs  fortunes;  et,  sans  plus  toucher  au  &ict  de 
la  jndicature,  qu'il  taut  conserver  comme  le  Palladium  de 
l'Estat ,  V.  A.  possible  '  ne  trouvera  hors  de  propos  de 
mettre  en  avant  de  faire  commettre  pour  cette  fois,  pour 
le  respect  du  commerce,  quelques  juges  extraordinaires 
au  contentement  de  la  Hollande,  afin  de  procéder  contre 
les  prévenus  sur  la  commission  de  la  Généralité.  C'est 
le  party  qui  me  semble  plus  aysé  et  sortable.  Je  supplie 
tr^S'hnmblement  V.  A.  de  ne  réputer  ma  liberté  à  pré- 
sumption;  elle  n'a  pour  but  que  de  vous  rendre  preuve 
que  je  suis.  Monseigneur, 

de  vostre  Altesse, 
très-humble,  très-obéyssaut ,  et  trës-fidèle  serviteur, 

PB&NÇOÏB   n'AJBBSSBN. 

De  la  Haye,  ce  3  sept.  1637. 

Par  cet  apostille,  Monseigneur,  et  au  premier  mouve- 
ment de  ma  douleur  de  la  mort  de  feu  M.  de  Chamacé  ('), 
je  plain  à  V.  A.  la  perte  que  venés  '  faire  d'un  fidelle  ser- 


ti) Exerçant  la  charge  de  colonel  d'un  régiment  françuis,  il  venoit  d'Itre  toj 
dennt  Broda  d'un  coup  de  mouiqoet. 

'  de  rcconrir.  '  peot-Mre.  *  t.  de. 


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—   109   —  [1887.  Sïptambni. 

vitenr;  lequel  ayant  establj  toatte  son  espérance  et  for- 
tune, contre  les  envies  et  cbangemeos  de  sa  patrie,  en  la 
seule  amitié  de  Y.  A-,  ne  s'estoit  proposé  antre  pensée 
ny  visée  qae  de  vons  servir  fidèlement,  en  liant  à  son 
possible  les  intelligences  et  confiences  du  Boy  k  cet  Es- 
tât, sur  ce  fondement;  Dîea  vueille  qne  celny  qni  Iny 
SQCcédera,  ayt  pareilles  intentions.  Cestny  estoît  faict  et 
partant  j'ose  redire  qae  V.  A.  y  a  perda  trop  plos  qu'elle 
ne  croit  et  le  sçay,  mais  c'est  Dieu. 


l'BTTJBB  nxjoai. 

Le  même  au  même.     Même  tujet. 

Monseigneur.  J'ay  escrit  à  v.  A.  le  23  aoost  sur  les 
différons  esmeus  entre  )a  Généralité  et  cette  Province. 
La  question  n'est  pas  petite,  car  la  compétence  de  laju- 
risdiction  y  est  disputa,  c'est-à-dire,  qu'on  en  sappe  les 
fondemens  de  l'Estat,  qui  ont  leur  ferme  sur  l'Union,  à 
laquelle  se  doibt  rapporter  la  souveraine  autborité  dn  gou- 
vemement,  qne  vous  avez  droict  et  ajdez  à  conduire. 
tTavoy  espoir  qne  les  gens  de  bien  se  lussent  œiz  au  de- 
vant de  cette  contention,  on  qu'nne  députadon,  sur  l'ad- 
vis  de  y.  A.,  en  enst  ouvert  la  voye  à  l'accommodement , 
en  bannissant  toutte  autre  animosité  qne  celle  qui  menast 
à  l'intelligence  et  paîz  mutuelle;  mais  la  fidélité  qne  je 
vous  ay  protestée,  et  la  liberté  qne  m'avez  donnée,  me 
force  de  dire  à  v.  A.  que  la  Généralité  ne  s'eacbauffe  pas 
assez  à  conserver  ses  droicts  et  que,  de  la  part  d'Amster- 
dam au  contraire,  tout  se  remue  à  fonder  leur  prétention, 
josqnes  là  que,  sy  la  partye  se  peut  lier  avec  le  quartier 
de  Nort,  à  quoy  il  est  travaillé,  on  n'en  viendra  jamais 
en  vostre  arbitrage,  duquel  il  se  parle  desjà,  qae  les  an- 
cêtres, en  cas  pareil,  ne  s'en  sont  voullu  soubsmettre,  ne 
déférer  à  la  connoissance  de  l'Empereur  leur  prince  na- 
turel    Mais,  Monseigneur,  il  n'est  pas  question  de  nous 


U,g,t7cdb/COOgIC 


1887-  Septembre.]  ^110   — 

déjoindre,  la  prudence  veut  qae  tels  incidens  se  prévien- 
Dent  ou  lèvent  par  prudence,  sans  permettre  qu'ils  pren- 
nent pied  ny  adhérence;  rompez  donq  de  vostre  interven- 
Uon  les  dez  à  ceux,  qui  les  ont  en  main,  et  ne  permettez 
point  que  le  mal  s'invétére;  qui  conseillent  d'y  temporiser, 
m'en  font  craindre  la  gangrène;  le  mal  n'est  pas  nay  à 
coup,  plusieurs  harcélemens  l'ont  précédé  et  je  ne  me 
feindray  point  d'asseurer  qu'il  dérive  d'une  autre  source, 
et  nous  avons  ce  mallieur  que,  quasi  à  nostre  naissance, 
on  nous  fiiict  desclioir  de  viellease,  tant  il  se  voit  de  dés- 
ordre, confusion  et  de  stupidité  à  nostre  conduitte.  C'est 
i  V.  Â.  que  j'adresfie  cette  plainte,  puisque  la  condition 
de  cet  Estât  doibt  entraîner  la  vostre  en  suitte.  On  vous 
embrouille  au  point  que  les  ennemiz  ne  vous  permettent 
de  regarder  derrière  et,  sy  le  zèle  n'alloit  qu'à  conserver 
chacun  ses  droictz,  la  raison  en  feroit  bientost  la  dé- 
cision; mais,  au  temps  présent,  toutte  nouveauté  est  sus- 
pecte. Partant,  pour  entamer  une  conférence  k  traîcter 
ces  débatz,  il  est  tout  à  propos  et  plus  que  temps  que 
V.  A.  en  face  sommer  les  parties,  soit  icy,  soit  en  l'armée; 
il  y  pourroit  intervenir  des  personnes  neutres  et  pacifiques , 
pour  au  principal  remettre  et  commettre  la  judicature  des 
matières  qui  sont  en  desbat  k  des  juges  triés  de  commun 
concert  et  consentement,  la  moitié  au  choix  de  la  Hol- 
lande et  l'autre  de  la  Généralité,  pour  cette  seule  fois,  & 
la  chargé  de  les  assermenter  et  assujettir  aux  loix  de  l'Estat 
V.  A.  proposant  cet  expédient,  vostre  autborité  y  demeure 
conservée,  laquelle  ne  peut  meshuy'  sou&rir  que  ces  cho- 
ses se  vuident  autrement  que  de  vostre  connoissance.  — 
Les  nouvelles  que  j'ay  de  Paris  du  5,  testifient  de  la  sa- 
tisfaction qu'on  y  a  du  siège  devant  Breda,  à  cause  qu'il 
les  soulage  d'une  puissante  diversion,  c'est-à-dire,  que 
tout  l'effort  de  la  guerre  est  donné  en  partage  Si  V.  A. 
On  tasche  de  nous  faire  croire  qu'on  y  estoit  à  projetter 
de  grands  desseins  et  nous  en  donner  des  espérances, 
mais  il  est  très-évident  qu'on  s'y  contente  d'aller  aux  bi- 
'  dàoroiui. 


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—  111    —  [IBST.  Odotirt. 

coques  et  à  la  vache,  au  lieu  de  mesnager  voz  armes, 
qui  josques  icy  ont  tenu  en  escheq  celles  d'Espagne,  et 
pins  il  ;  a  eu  de  péril,  et  plus  grande  en  sera  vostre 
gloire.  Je  prie  Dieu  qu'il  prospère  rostre  entreprinse 
de  briève  et  bonne  yssne ,  et  la  personne  de  V,  A.  de 
parfiùcte  santé  et  de  très-longue  vie;  à  moy  l'honneur  de 
Tostre  bonne  grâce  en  qualité,  Monsieur, 

de  très-humble,  très-obéyssant  et  très-fidèle 
serviteur  de  v.  A. 

FRANÇOYS  D'AGBSSSN. 

De  la  Haye,  ce  16  sept.  16S7. 


liETTME  DXXXIII. 

Lt  même  au  même.     Même  mjet;  négociatioru. 

Monseigneur.  Le  payement  de  la  milice  non  repartye 
devient  meshoy  '  court  et  va  estre  temps  d'y  penser  d'heure , 
sy  voulions  éviter  confusion;  car  la  France  payant  ses 
quinze  cens  mil  livres  en  argent  léger,  le  fonds,  rendu  icy, 
en  revient  à  douze  cens  mil,  s'il  est  gardé  entier,  de  quoy 
je  lay  doute,  pins  de  la  moitié  en  a  esté  négotié  et  dis- 
tribué, et  on  ne  feict  encor  qu'entamer  le  mois  d'octobre; 
on  prendra-on  ce  qui  est  deu  à  Weerdenburch ,  k  Mou- 
tart,  aux  bospitaux,  et  anx  services?  V.  A.  sçait  que  les 
provinces  en  vuellent  demeurer  descbargées ,  ne  parlans 
desjà  de  ces  troupes  qu'avec  dessein  de  les  congédier  dès 
l'yssue  de  la  campagne,  comme  sy  la  guerre  devoit  finir 
avec  la  prise  de  Breda.  Il  est  donc  à  propos,  Mon- 
seigneur, ou  qne  persuadiez  la  Généralité,  quand  elle 
sera  par  députez  à  vous  sur  d'autres  affaires,  de  fùre 
finances  pour  la  continuation;  ou  bien,  qu'aydies  à  y 
porter  la  France,  parmy  les  autres  pourparlers  dont  on 
doibt  convenir  avec  elle.  Sy  d'abordée  le  nouvel  ambas- 
sadeur   peut    estre  mesnagé,  ce  seroit  un  grand   achemi- 


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im.  Oetobre.]  —    ^^^   — 

nement  poar  ce  faict,  un  chacun  sachant  que  cet  Estât 
a  supporté  seul  tous  les  effortz  de  l'Espagnol  et  la  ja- 
lousie des  alliés  I  tandis  que  la  France  ne  trouve  point 
de  ferme  pour  fonder  sa  composition,  il  est  h.  croire 
qne  le  mouvement  de  cette  république  et  la  nécessité  de 
sa  conservation  luy  fera  grande  considération;  car  elle  a 
faict  preuve  cette  année  qu'une  assez  légère  partie  des 
forces  ennemies  luy  a  esté  les  moiens  de  s'avantager  de 
vostre  diversion,  qui  tenoit  tout  le  Pays-Bas  en  escheq 
ou  engagée  contre  V.  A.  —  Une  autre  chose ,  Monseigneur , 
me  ftlche,  de  voir  généralement  tous  les  ambassadeurs 
de  l'Estat  se  promener  icj  inutilement,  comme  sy  le  de- 
hors ne  les  toncboit  point.  Cest  une  foiblease  du  goa- 
vemement,  et  laquelle  peut  estre  corrigée  par  l'authorité 
et  par  l'admonition  de  V.  A.;  mais  nous  avons  ce  mal- 
heur qu'un  chacun  vise  à  son  particulier  et  use  du  pu- 
bliq  comme  d'estrivière  '  ;  il  leur  endroit  fiiretter  les  con- 
seils et  la  conduitte  des  alliez,  qui  ont  divers  traictez  sur 
le  tapis  et  desquelz  il  s'en  trouvera  tousjours  quelcnn  qui 
nous  concerne,  et  la  principale  pensée  de  l'Espagnol  est 
abnttée  à  s'en  avantager  sur  cet  Estât,  qu'il  voit  en  con- 
dition de  mériter  te  support  des  Princes  qui  redoutent 
sa  grandei^  et  partant  il  cercbe  à  les  en  séparer;  mais, 
à  mon  advis,  il  nous  est  plus  seur  et  plus  expédient  de 
nous  laisser  tromper  aux  alliez,  s'ils  nous  vuellent  man- 
quer de  foy,  que  d'attirer  sur  nous  le  blasme  d'avoir 
contravenu  au  traicté.  Surtout,  Monseigneur,  V.  A.  ne 
doibt  BoufTrir  qu'autre,  qui  que  ce  soit,  entreprenne  de 
traicter  pour  cet  Estât,  de  peur  qu'il  ne  soit  prins  comme 
accessoire  et  indifférent,  après  que  les  grands  auroyent 
adjusté  et  composé  leurs  intérests,  pour  nous  donner 
letur  guerre  en  partage.  Si  je  ne  craignoy  d'estre  trop 
di£Fuz,  j'auroy  trop  de  choses  à  réprésenter  à  v.  A.;  je 
m'en  restraindray  à  cette  seule,  dont  nostre  conseil  vous 
escrit  Cest ,  qne  messieurs  d'Hollande  entreprennent  de 
faire  monstre  par  tonttes  les  provinces  en  leur  seul  nom  ; 


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—   113   —  [1637.  Oelobro. 

nous  leur  avions  offert  dos  commissaires  et  voatre  autho- 
risation,  mais  i'aysns  rejette,  comme  ayans  droict  de  ce 
faire,  ils  en  ont  faict  essay  à  Grol  et  trouvé  que  le  com- 
mandeur a  reflisé  d'obéyr;  maintenant  ib  demandent  vostre 
intervention,  pour  faire  réparer  la  désobéyssance.  La 
chose  nous  a  semblé  de  trop  de  suitte  pour  y  rien  dé- 
cider, sans  l'advis  de  V.  A.  Chacune  province,  sur  cet 
exemple,  prétendra  pareil  droict  et  prérogative,  et  c'est 
proprement  la  function  du  Conseil  d'estat,  qui  voit  et  cod- 
»dére  touttes  les  provinces  en  un  seul  corps.  Ces  monstres 
particulières  seroyent  pour  tout  confondre,  voire  pour 
authorîser  les  provinces  de  retrancher  les  compagnies  à 
leur  discrétion  et  de  nous  en  envoyer  les  rolles  complets, 
de  façon  que  V.  A.  ue  sçauroit  jamais  au  vray  les  forces 
de  l'Ëstat,  qui  seroyent  plus  fortes,  plus  foibles,  selon 
qu'on  en  prétendroit  proffiter.  Ces  nouveautés  s'entassent 
les  unes  sur  les  autres  et  il  nous  seroit  plus  seur  de  ne 
rien  altérer  au  gouvernement  que  pour  l'amender.  Quand 
les  députés  de  la  Généralité  seront  à  vous  parmy  leur 
besoingne,  V.  A.  trouvera  occasion  de  prendre  aussy  leur 
sentiment  sur  celle-cy.  Sur  ce  je  prie  Dieu  de  bénir  vos 
conseils  de  succès  et  prospérer  vostre  personne  de  santé 
et  de  très-longue  vie,  me  signant.  Monseigneur, 

de   vostre  Altesse   très-humble,   très- 

obéyssant  et  très-âdelle  serviteur, 

rsANçois  i>'a: 

De  la  Haye,  ce  11  d'octobre  1637. 


L.BTTBB  BXXXIT.  *. 

M.  de  SommeUdtfck  au  Maréchal  de  Châtitlon.     Préparât^* 
de  la  campagne. 

Monsieur.     Monsieur  d'Estrade  m'a  rendu  vostre  lettre 
dn   25    mars;   certes   ce    m'est  trop  d'honneur  qu'il  vous 
plaise  me  traicter  de  tant  de  confiance ,  présumant  qu'après 
III.  8 


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,riL] 


—  114  — 


l'mfbrmittion  que  voas  me  donnez  des  délibéradona  et  pré- 
paratifs du  Roy  et  de  son  E. ,  je  pouray  contribuer  quelque 
debvoir  et  adjuster  les  desseins  de  la  prochaine  cam- 
pagne à  un  réciproque  contentement  et  tel  qu'il  convient 
&  nostre  présente  condition;  et,  pour  vous  y  satisfaire,  je 
vous  diray  que  j'ai  bien  considéré  rostre  lettre,  et  S.  A. 
en  a  aussy  pesé  le  discours  et  le  subjet;  elle  trouve  les 
conceptions  de  S.  M.  digues  de  sa  grandeur  et  de  sa 
magnanimité;  car,  voulant  faire  valoir  la  réputation  de 
ses  armes,  affin  de  mesnager  les  alliez  et  nécessiter  les 
ennemis  de  se  rendre  plus  enclins  et  traitables,  à  l'abord, 
il  luy  est  nécessùre  d'entreprendre  et  pousser  la  guerre 
avec  plus  d'effort  et  de  vigueur  que  par  le  passé,  et  de 
se  prévalloir  de  ses  alliez  comme  d'un  accessoir  tant  seu- 
lement, entre  lesquels  cet  E^tat-cy  ne  &ict  pas  petitte 
considération,  mais  lequel  a  besoin  d'estre  aydé  et  sup- 
porté, s'il  ne  peut  en  tout  correspondre  aux  désirs  de 
S.  M.  J'ay  rendu  en  toute  occasion  les  ofBces  d'un  homme 
de  bien  à  nourrir  et  entretenir  la  bonne  intelligence  de 
cet  Estât  avec  la  France;  en  quoy  je  ne  me  lasseray 
jamais,  car  c'est  l'unique  moyeu  pour  espérer  une  heu- 
reuse issue  de  nos  longues  misères,  et  peut-on  &ire  estât 
de  nostre  foy  et  de  nos  forces,  comme  nous  faisons  de 
celles  du  Boy. .  .  Mais  le  Prince  d'Orange  est  en  con- 
dition différente  de  celle  du  Roy  qui  n'a  qu'^  vouloir; 
car  icy  il  &nlt  de  l'argent,  pour  mettre  ses  conceptions 
à  exécution,  lequel  procedde  lentement  et  ne  peut  estre 
obtenu  des  provinces,  lasses  et  pour  lapluspart  espuisées, 
sans  évidente  démonstration  de  quelque  nottable  advan- 
tage,  que  plusieurs  ne  recognoissent  poinct  aux  conquestes 
des  villes,  veu  que  leurs  charges  en  augmentent,  et  pour- 
tant elles  ne  sout  tantost  plus  pour  mener  par  persuasion. 
Kéantmoins  je  ne  doubte  que  son  Altesse  ne  surmonte 
encore  cette  difficulté  par  sa  prudence  et  dextérité  à  ma- 
nier ces  esprits,  et  pourra  sortir  avec  seize  mil  hommes 
de  pied  et  cinq  mil  chevaux.  .  .  Croyez ,  Monsieur,  que 
S.  A.  y  procedde   de    bonne   foy,   trës-désirense  de  con- 


,,.GoogIc 


—  115  —  [10*8.  Aïril. 

tenter  le  Roy  et  l'obliger  à  armer  et  assister  cet  Estât 
Elle  a  le  dehors  et  le  dedans  qui  te  tiennent  alairte  ' ,  car 
les  ImpériBOx  se  renforcent  sur  le  Rhin  entre  dos  meil- 
leares  ftontières;  lear  intelligence  arec  les  Espagnols  nous 
rend  leur  neutralité  doabteose,  et,  pour  ne  rien  laisser 
à  leur  discrétion,  un  bon  gros  les  doibt  tousjoars  esdairer, 
et  il  est  &scheax  devoir  tooBJours  regarder  derrière  ;  arec 
cela  nos  provinces  ont  de  la  peyne  k  convenir  de  l'eniploy 
de  l'armée,  l'une  la  demande  icj,  l'autre  là;  tel  désire 
qu'elle  ne  bonge,  un  autre  propose  de  la  proportionner 
aux  revennz  de  l'Estat.  D'une  telle  diversité  d'intérêts 
et  de  sentiments  S.  A.  doibt  prendre  ses  conseils,  et, 
s'en  desmellant  pea  à  peu,  porter  les  aâaires  à  leur 
vrai  poinct;  ce  qni  ne  se  faict  sans  grande  contestation, 
ny  sans  perte  de  beaucoup  de  temps ,  et  S.  É.  *  s'en  faisant 
bien  informer  penlt  excuser  Monseigneur  le  Prince  d'O- 
nuige  sy,  ayant  à  réussir  en  ses  advis  parmy  un  peuple, 
i!  n'effectue  pas  tout  ce  qu'il  désire  bien;  mais,  encore  nu 
coup  et  pour  le  bien  sçavoir,  j'ose  entrer  en  caution  pour 
lay  qu'il  ne  peut  estre  mieux  intentionné  à  entreprendre 
quelque  coup  d'importance,  si  les  ennemis  luy  font  jour; 
car  il  sçait  que  l'amitié  da  Roy  est  nécessiùre  &  cet  Estât, 
et  que  S.  M.  désire  qu'il  agisse  puissamment,  comme  il 
est  délibéré  de  faire.  La  guerre  se  fdt  vieille,  les  charges 
nous  pèsent  et  les  peuples  se  lassent  de  tant  contribuer 
sans  voir  aucune  fin  k  leor  misère,  parlent  de  se  ranger 
sur  ta  deffensive  et  de  retrancher  une  bonne  partie  de  la 
milice.  S.  A.  tourne  leurs  plaintes  contre  eux  pour  les  re- 
tirer de  telles  délibérations,  car  leur  guerre  est  contrainte 
et  sans  fin,  l'ennemy  puissant  et  remuant,  dont  la  France 
destoorne  te  principal  effort  de  dessus  eux;  s'ils  désirent 
la  paix,  qu'il  la  fault  procurer  par  les  armes  et  les  avoir 
toosjours  grandes  et  prestes ,  pour  luy  faire  perdre  la  vol- 
lonté  de  pins  longuement  tes  essayer;  qu'ils  sont  sur  le 
poinct  d'espérer  du  relasche  an  moyen  des  armées  ou  de 
la  pacification  du  Roy,  hors  de  là  il  n'y  a  poinct  de  res- 
'  ikerta.  *  ËmÎDtim. 


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LETTRE   BXXXTUI. 

Le    Comte   QuiUaume-Frêderie  au  Comte  Henri  de  Ntusaur- 
DieU.     DétaHre  de  Calloo. 

*,*  Trompa  pu  de  hatH*  noarellM,  ipri*  anir  prit  le  fort  de  C*1ba, 
1e  Comte  Gnilleume  de  Nusan,  mai^cb*]  da  camp,  aroit  fait  de  Doit,  le  20 
jais,  une  retraite  pricipitée,  qui  devint  one  déroute;  euTiron  deux-mille  bommea 
ftanst  tuéi,  tA  le  jeune  Maarioe,  Bit  da  Comte,  ;  p^rit.  Le  Prioce  vit  ainn 
„lBi  deueJDi  et  opjrancea  que  I'od  amit  da  progti*  de  cette  campagne  éfanonii." 
<J«ai.  Fr.  S.) 

MoDBÎeur.  Pour  n'estre  le  dernier  !t  vons  faire  sçavoir 
qni  ce  passe  icy,  m'uge  '  voulu  servir  de  ceste  commo- 
dité, et  sçaurez  par  icelle  que,  deapuys  ma  dernière, 
ne  c'est  passé  sinon  l'attaque  d'un  travers  que  nos  gens 
ont  prins  sur  l'ennemy;  le  jour  après  ils  sont  revenus 
avec  grande  force  pour  le  resprandre,  et  croy  qu'après 
quelque  prinse  resprince  ils  en  sont  demeurez  maistres, 
où  le  lieutenant  Yils  du  conte  Henry  est  grandemant 
blessé,  et  vint'  blessez,  dix  tuez;  le  raesme  jour  le  conte 
Maurice ,  allant  !t  l'escarmouche  avec  des  vierrours  '  un 
peu  loin  dé  travaulx,  a  esté  surprins  de  la  cavaîllerie  dé 
ennemis,  luy  délaissé  de  ces  gens,  se  défendent  tousjonrs, 
a  esté  prins  et  tué,  après  la  foy  donnée,  dict-on.  U  est 
fort  plùnt  de  tout  le  monde.  Son  Altesse  a  iucoutinant 
envoyé  M'  de  Beversveert  '  au  conte  Guillaume ,  pour  luy 
plaindre  le  deuil,  et  Gallot  h.  Madame  sa  femme.  Les 
troupes  qui  viennent  de  touts  costés  en  Flandre  font 
croire  !t  touts  qu'on  advancera  guères  st'  '  année ,  et  l'es- 
pérance qn'aulqu'uns  se  avoyent  donnez  de  attaquer  An- 
vers sera  vaine  et  croît*,  puys  qu'ils  dégamient  la  Mease 
de  troupes ,  qu'on  pourroit  bien  vous  aller  joindre  et  vous 
donner  de  la  besoigne,  qui  me  réjouiroit  fort,  comme 
estant,  Monsieur, 

vostre  très-hamble,  très-obéyssant ,  Bervitébr  et  frère 

OUULEAUUR   PRÉDBIC  C.    DE  NASSAU. 
'  »i*je.  *  ringt.  '  Tnniraer*  (aimei  à  fea). 

*  LoDÎi  de  Naaun.   fili  nitarel  da  Prinfe  Mannce,  )eignenr  de  la-Lccq, 
de  Berenreert  et  Odjk  (f  166S).  ■  celle.  *  croit. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  121  — 


[1638.  Ju». 


LBrrmE  dxxxiz. 

Le  Comte  Henri-Canmir  à  la  Comtetse-douairiÈre  de  Naaiau- 
Dieti.     Même  mjet. 

Madame.  A  la  fin  celle  que  v.  Exe  m'a  fait  l'honneor 
de  m'escrire  le  "/»  de  may  m'a  esté  rendue  hier,  laquelle 
m'a  extrêmement  réjouie,  par  l'asseurance  que  t.  Ëxc  me 
donne  de  la  bonne  opinioD  que  toqs  avez  de  mon  très- 
hnmble  obéissaoce,  de  laquelle  je  tascheraj,  avec  l'ajde 
de  Dieu,  d'en  donner  de  jour  en  jonr  des  preuves  plus 
manifestes.  «Tay  veu  ansai.  Madame,  la  proposition  de 
monsieur  le  Comte  Jean  Louis  de  Nassau  et  les  conù- 
dérations  de  v.  Ëxc.  y  jointes,  lesquelles  je  trouve  trës- 
résonnable  et  dignes  de  vostre  jugement  Pour  l'autre 
aâure,  touchant  les  discours  que  v.  Ëxc.  me  tient,  je  ne 
puis  dire  autre  chose,  que  ce  que  tous  jugez  de  la  plus 
iLgée  a  esté  considéré  par  moy  de  mesme,  à  qnoy  il 
joignent  encor  d'antres  que  je  n'ause  *  fier  à  la  plume  et 
qui  ne  doyvent  estre  mesprisées;  mais,  pour  l'autre,  je 
tiens  qu'il  ne  peut  estre  que  très-avantageux,  et  si  le  bon 
plaisir  de  v.  Exe  est  tel,  il  ne  faut  que,  m'en  donner  le 
moindre  samblant  et  me  mander  de  quelle  façon  vous 
voulez.  Madame,  que  je  m'y  comporte,  m'imaginant  qu'il 
y  faudra  aller  un  peu  avec  circumspection  et  ne  se  dé- 
clarer avant  que  l'a&ire  soit  aucunement  préparé.  —  Par 
ma  précédante  t.  Exc.  a  peu  veoir  ce  qu'est  passé  en 
l'expédition  de  Flandre,  de  qnoy  je  n'ay  en  autre  par- 
ticolarité  depuis,  sinon  que  les  officiers  qui  y  ont  esté 
de  mon  régiment  s'ont  très-touts  prisonniers,  sans  que 
de  cept  compagnies  il  s'est  sauvé  un  seul.  Pour  moy  je 
suis  encor  empesché  à  brasser  '  une  entreprince  sur  une 
des  places  ennemies,  de  bien  de  considération,  i  laquelle 
il  y  a  assez  bonne  apparance  de  bon  succès,  Dieu  aydant. 
Les  affaires  en  Frise  sont  en  assez  bon  terme,  et  croit-on 
qu'elles  se  porteront  de  temps  en  temps  en  mieux.  Voilà, 
Madame,  tout  ce  que  je  puis  mander  ii  v.  Exc  pour  le 
*  CM.  ■  bir«  Mcrètemcnt. 


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1638.  Join.J  —    122   

présant,    ce    que    me  contraint  de   finir,   en  me  Bignant, 
Madame , 

de  V.  Exe.  très-humble  et  très- 
obéissant  fils  et  seiriteur. 

H.   C.   DE   NASSAO. 

De  Nimtnegen,  ce  SS  de  juin  1636. 

LBTTRE   BXL. 

M.  de  SommtUdyck  au  Prince  efOrange.     Même  sujet. 

Monseigneur.  Je  demande  pardon  à  V.  A-,  sy  je  ne 
me  puja  taire  en  la  donleur  publique  et  laquelle  vous 
ressentes  plus  vivement  que  nous  tous;  car  ce  grand  dés- 
astre avenu  en  Flandre  touche  plus  à  rostre  gloire  qu'il 
n'intéresse  la  seureté  de  l'Ëstat,  d'autant  qu'il  a  laict 
avorter  l'espérance  que  nous  '  avions  t-oncene  de  vos  sages 
conceptions;  mais,  Monseigneur,  vous  sçavez  par  expé- 
rience que  les  armes  sont  journalières  et  qu'une  terreur 
panique  vient  de  la  main  de  Dieu,  auquel  je  rends  grâces 
que  cette  retraite  est  avenue  loin  de  vous  et  sans  voetre 
sceu,  qui  aure2,seul  l'honneur  du  redrès  de  ce  désordre, 
s'il  vous  plaist  y  user  de  vostre  modération  et  prudence 
accoustumé,  balançant  les  affaires  à  la  constitution  dn 
temps  et  des  humeurs;  par  ou  V.  A.  acquerra  pltis  de 
réputation  que  ce  grand  malheur  à  l'avantnre  ne  mérite 
de  blasme.  Messieurs  du  Conseil,  dès  l'ouverture  de  vos- 
tre lettre,  ont  aussytost  ordonné  tout  ce  que  Bouckhoren 
nous  a  ce  matin  proposé.  Je  contribueray  aussy  la  fidé- 
lité et  promptitude  à  servir  et  obéyr  V.  A.,  à  quoy  je 
me  sens  tenu  par  mes  devoirs  et  les  grandes  obligations 
que  je  vous  ay.  Et  sur  ce  je  supplye  le  Créateur  d'ot- 
troyer,  Monseigneur,  à  V.  A.  parfaite  santé,  trè^longue 
vie,  et  heureuse  expédition. 

De  vostre  A.,  très-hnmble,  très-obéyssant  et 
très-fidelle  serviteur, 

PRANÇOVS   d'aEBSSSN. 

De  la  Haye,  ce  26  juin  163S. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—    1  23   —  [1638.  Aoùl, 

LBTTKB  BXIil. 

M,  de  Sommdtdjjck  au  Prince  ^Orange.    Affairée  miUiaire$. 

Monseigneur.  La  monstre  générale  a  sur  mon  rapport 
esté  arrestée,  en  conformité  de  l'advis  de  V.  A.,  et  doîbt 
estre  hastée  en  l'armée,  à  quelle  fin  messieurs  du  con- 
seil d'Estat  s'en  remettent  à  la  diligence  de  messieurs  les 
députez  sur  les  lieux.  Celle  des  garnisons  demande  plus 
de  temps ,  et  est  creue  que ,  se  faisant  par  parcelles  et  en 
divers  temps,  qu'elle  manifestera  plus  au  vray  la  force 
des  compagnies,  qu'on  sçait  estre  partout  très-défectu- 
eoses  et  foibles,  et  pour  ce  qui  touche  les  troappes  das- 
valisées  en  leur  retraicte  de  la  Flandre,  il  a  esté  pensé 
fort  équitable  de  donner  quelque  temps,  sans  le  déter- 
miner, à  la  cavallerj'e,  poor  se  remonter,  pourveu  qu'ils 
représentent  leurs  personnes,  et  de  faire  une  simple  reveue 
de  l'infanterye,  contant  les  hommes  [en]  les  payant  sur  les 
dernières  relies,  ce  qui  servira  de  quelque  lénitif  à  leur 
douleur  et  perte ,  et  funllera  '  peu  l'Ëstat  Messieurs  les 
gecommitteerde  raden  ont  prins  à  charge  d'ordonner  à 
van  der  Mast,  de  ne  remettre  au  capitaine  Âlcoq  que 
ses  simples  gages  de  capitaine,  réservant  le  surplus  à 
l'entretien  de  sa  compagnie.  Cecy,  Monseigneur,  n'est 
que  pour  rendre  conte  à  Y.  A.  de  son  commandement 
et  de  mon  obéyssance,  que  je  rendray  totisjours  toutte 
entière  à  ses  volontez,  et  avecq  la  promptitude  que  doibt 
un  très-fidelle  et  très-obligé  serviteur,  lequel  désire  avec 
une  ardente  passion  vostre  grandeur,  santé  et  prospénté 
et,  pour  récompense,  l'honneor  de  vostre  bienveillance, 
lequel  espérant  de  mériter,  je  me  signe.  Monseigneur, 
De  voBtre  A.  très-humble  et  très-obéyssant 
serviteur, 

FKANÇOYS  n'A£BSBEN. 

De  la  Haye,  ce  6  tl'aoast  1638. 


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LBTTBE  BXLn. 

Amélie'Elizabetli,  Landgrave  de  Hesse-Ciusel,  au  Comte  Henri 
de  Nassau- Dietz.   Remeràments. 

■(■  Am^ie-Eliubetb  (1602— 1S51),  fille  da  ComtePhilippB-Lonù  II  de  Ha- 
niu  et  de  Calharina  Belgîca ,  fille  do  PrÎDce  d'Orange  GoiUaoïnB  I.  Ayant 
éfoaté  en  1619  le  ïmAffhi»  GniUiume  V  le  Confiant,  vemt  et  rjgente  ea 
■ept.  1B37  .  cU*  déploya  dans  dei  circanitancet  très-difflcile>,  dunnt  la  gnerre  de 
Trente  sni  et  loreqae  HesK-Cauet  lembloit  en  Allemagne  pour  le  proteitantiime 
son  deni[Br  boaterard,  ane  hibîM,  ane  pieté,  et  ane  lùrce  de  caractère  digne 
de  aon  époux  et  da  ion  aïeul.  —  l)e  la  ville  deLeer,  eu  Oat-Friie,  oÙKiDépouz 
jtoit  mort,  elle  l'étoit  rendue  à  Groningue,  oil  elle  demeura  jusqa'i  la  fin  de  1038. 

Hoctwohlgebohrner  freundtliclier  vielgeliebter  herr  Vet- 
ter.  E.  mir  sehr  angenehmes  wiedetantwort,  briefflein  vom 
31  Julij,  ist  mir  gistern  wohl  eingeliefert  worden.  K.  L. 
erzfligen  mir  ail  zu  vîel  ehr,  ihn  deine  Sie  sich  bey  ih- 
ren  itzigen  obliegenden  krigsexpeditionen  undt  gesch&Slen, 
nichts  daweniger  so  viel  obmâezigen  undt  bemahen  woUen, 
mich  mitt  ihrer  behSrlichen  guthen  souvenence  zu  favo- 
risiren,  undt,  gleich  wîe  îcb  hieraus  genngsam  E.  L.  guhte 
aSèctioD  undt  wohlmeinung  veratehe,  ako  werde  ich  micli 
befleyssigen  solches  in  aller  begehender  occasioDeu  durcb 
allerhandt  angenehnie  diensterweyaungen  hinwiderumb  ge- 
gen  E.  L.  zu  recompeasiren ,  undt  waa  ich  nicht  werde 
prestiren  kônnen,  darinneu  wirdtder[l. ']  Gott  meinen  man- 
gel  ersetzen,  undt  E.  L.  aile  zeitlicbe  undt  ewige  wohl- 
tUhrigkeitt  darbei  bescheren  undt  zukommea  lassen,  undt 
insonderheit  w^nsche  E.  L.  ich,  zu  ihrer  vorbabender 
grossen  entreprise ,  Oottes  reichen  segen  undt  aile  glûck- 
selige  undt  gcdejliche  wohifahrt  undt  progresses;  dass 
Bolches  vornehmen  zu  Gottes  ebren,  zu  wohthôhrigkeitt 
andt  nutzen  E.  hôher  Principallen,  undt  zu  ihrem  seibst 
eîgenem  onsterblichen  nachruhm,  réputation  undt  bestes, 
ansschlâgen  und  reussiren  mOge,  solches  wansch  ich  ans 
getrenem  herzen .... 

jederzeît  trêve  nndt  dienstwillige  [base] , 

.tMELIA    ELIZABETH   L.    W,  * 

GroniDgen,  dea  8  Aagnsty  1638. 


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—    125   —  [1638.  Aoit. 

LETTRE   VXLin.  ,i,°  m 

Le  Cardinal  de  Richdieu  à  la  Prùicetee  ^Orange.    Cadeau  uinnu. 
du  Roi  de  France. 

Madama  I  Le  commandement  dn  Roy  me  met  la  plume 
en  main ,  pour  vous  prier  de  sa  part  de  recevoir  on  pré- 
sent qui  ne  peut  estre  digne  de  vous  qu'à  cause  de  celny 
qui  vous  l'envoie.  Les  ennemis  communs  de  ce  royaume 
et  des  Provinces-Unies  ne  pouvant  nous  faire  mal  que 
par  les  oreilles,  S.  M.  l'a  choisi  expressément  tel  qu'il 
est,  non  seulement  ponr  vous  tesmoigner  qu'il  n'escoutera 
jamais  aucune  chose  qui  puisse  estre  au  préjudice  du 
bien  commun ,  mais  aussi  pour  vous  faire  coguoistre  qu'elle 
se  tient  asseurée  que  Y.  Â.  et  monsieur  le  Prince  d'Orange 
ferés  le  mesme  de  vostre  part.  Four  moy,  Madame,  je 
me  tiendrai  extrêmement  heureux,  si  je  pnia  rencontrer 
autant  de  moien  comme  j'ay  de  passion  de  vous  ^re 
paroistre  que  je  suis  véritablement,  etc.  ' 


LETTRE  BJCUV. 

Le  Comte  ffenri-Caiimr  à  la  Comteêie-douairière  de  A'tusau- 
DieU.    Nouvelle»  miUtaire». 


*,*  La  Comte  aToit  eunjj  on  mde  jch«c  Dtni  lu  Mémoiret  dt  Frèderie- 
Hmi  OD  lit:  „CBtti  retraite  dn  comte  Henry  m  pim  de  li  aorta  que,  li  lei 
ordre*  àa  Prince  eoMent  ati  aaiTii,  adon  qne  cela  «•  de*Dit,  il  n';  fuit  arriva 


dadame. . .  .    Par  ma  dernière  v.  Exe  aura  sans  dontte 

'  I«  FrincOMS  rendit  te  10  Mpl.:  „ManaieDr!  J'aj  rcnn  l  tria-giind 
hoDaear  le  been  pr^acot  qaa  eani  noti  mérite  il  a  plan  an  Yloj  ffl'en- 
Tojer  de  Min  monveineiit i  j'en  remercie  iirritentement  S.  M.  par  une 
lettre ...  Et  d'autant  qns  inr  le  aojeet  de  cette  Ikvear,  il  tdqb  >  plea 
œe  donner  avia  qoe  noa  ennemia  ntmmana  ne  noua  pcDTent  hire  mal 
qne  par  lea  ardlla,  je  ton*  pramets  qne  lea  mienne*  ne  lenr  seront 
jemui  onrarte*." 


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1688.  Août.]  —    126   — 

entendue  qne  je  m'ascheminois,  suivant  l'ordre  de  Mon- 
sieur le  Prince,  pour  prendre  mon  poste  devant  Gelder, 
ce  que  j'ay  ext^cuté  le  '/it  du  courant.  Son  Altesse  y  ar- 
rivât le  "/il  avec  le  reste  de  l'armée,  et  m'a  donné  un 
si  grand  part  de  la  cîrcnmvalation  et  autre  ouvrage  à 
foire  que  cela  m'a  occupé  de  la  aorte  qu'à  grand  peine 
ay-je  eu  le  temps  de  manger  ou  dormir;  lesquelles  j'avois 
quasi  tout  à  fait  aschevées,  quand  inopinément  au  soir 
M'  d'Hauterive  me  venoit  dire,  de  la  part  de  Son  Al- 
tesse, qu'il  me  foudroit  retirer  la  nuit.  J'en  fus  bien 
marry  et  surprins,  car  Monsieur  le  Prince,  ayant  disné  ce 
jour  chefs  '  moy,  n'en  avoit  tesmoigné  le  moindre  sem- 
blant; je  fis  donc  appretter  tout  et  me  mis  en  estât  de 
marcher,  mais  par  malheur  mon  grand  canon  en  nombre 
de  six  s'enbourba  de  la  sorte  (par  la  foute  du  lieutenant- 
général  de  l'artillerie  que  Son  Ait  m'envoya  pour  le 
mesner)  qu'il  n'estoît  possible  de  l'en  tirer,  je  m'opinifttra 
touttefois  jusques  au  matin,  croyant  le  sauver,  mais  après 
que  toutte  diligence  possible  y  estant  appliquée  en  vain,  je 
ftis  contraint  de  me  retirer  et  laisser  le  gros  canon  au 
mercy  des  ennemis,  sauvant  touttefois  douze  petites  pièces 
avec  touttes  les  munitions  et  bagage.  Les  deux  armées 
de  l'Empereur  et  Roy  d'Espaigne,  outre  la  garnison  de 
Grelder,  donnoyent  dans  mon  arrière-garde,  laquelle  ils 
mirent  aucnnement  en  désordre  dans  un  chemin  très- 
estroit,  mais,  ayant  gaigné  la  pleine,  y  mis  mes  gens, 
tant  in&nterie  que  cavaillerie,  en  ordre  soubs  la  faveur 
du  canon  de  la  ville,  qui  tonna  parmy  les  bataillons, 
sans  faire  dommage,  et  les  reponssay  dans  l'emboucheure 
du  chemin,  de  la  sorte  que  je  fis  ma  retraitte  à  l'ayse. 
J'ay  fait  l'escliappade  belle;  car,  si  j'avois  tardé  encor 
un  quart  d'heure,  j'eusse  este  séparé  de  l'armée  de  son 
Alt,  sans  espérance  de  pouvoir  estre  secouru.  Dans  la 
première  rencontre  le  Comte  Fritz  (1),  estant  délussé  des 

(1)  „D.    Enunnel  ds  Portogi)  et   1«  Comte  Viitt  ds  Nunn,   ajùtuDcs  de 
ctTiIsrie ,  fareut  bid  prinDoien."    Kém.  lit  Fr.  H. 


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—    127    —  [1BS8.  Août. 

siens,  fiit  blessé  et  prins,  de  mesme  le  Prince  de  Por- 
tugal; le  s"  major  Burmania'  y  a  esté  tné,  et  quelques  ^^ 
cinquante  od  soixante  soldats;  le  comte  Fritz  est  relasch^ 
aujoordbuj,  a  le  conp  daus  le  ventre,  mais  pas  den- 
gerenx;  il  loge  chefs  '  moy  et  m'a  prié  de  faire  ses  baise- 
muns  à  V.  Exe.  Je  n'aj  letemps  d'alonger  celle^j,  c'est 
poorqaoy  qa'en  finissant  je  me  signeray ,  Madame , 

de  V.  Exe.  très-humble,  très-obéissant  fils 
et  serviteur, 

HKNBY   COHTE  DK  NASSAU. 

De  l'aïmée.  ce  %  d'aonst  1688. 


L.BTTBB   OXLV. 

M.    de    SùmmeUdi/ci    au    Prince   d'Orange.     Arrivée  de  la 
Reine-mère  de  France. 

*,*  R^gije  depnii  1631  diDs  la  Piyt-Bia  catholique),  MtnedeMMicii, 
(O  qmttiDl  Im  CDDcmia  pour  la  >mia  du  Roi,  se  flatloit  ds  fljobir  Rkbeliea 
rt  d*obtMiir  U  pïmiMnoD  da  retoamar  en  FruM. 

Monseigneur.  Nous  avons  veu  icy  arriver  la  Royne- 
mère  du  Roy  de  France,  et  tout  cet  Estât  s'empescber  *  de 
sa  réception,  qoa^  ^  l'envy  à  qui  rendroit  plus  grande 
démonstration  d'honneur  et  de  respect.  Peu  de  personnes 
en  connoissent  la  cause  et  nul  jusques  icy  en  a  sceu  pé- 
nétrer l'intention,  et  comme  la  despense  de  la  réception 
est  denement  employée,  de  mesme  est-il  à  désirer  qu'en 
remportions,  sinon  l'utilité,  au  moins  le  gré  que  mérite 
nostre  sincérité.  Nous  avons  donq  la  Royne  au  coeur 
du  gouvernement  et  au  centre  de  l'Estat  V.  Â.  sçait 
les  occasions  qui  lay  ont  &ict  quitter  la  France,  pour 
prendre  sa  retraicte  dans  le  party  de  l'Espagnol,  prenant 
M'  le  Cardinal  de  Bichelieu  à  paxtye.  Ce  n'est  pas  à 
nous  de  décider,  sy  à  droict  ou  à  tort,  mais  bien  ce  qui 
conrient  &  l'Estat  de  faire  en  telle  occurrence.  Je  me 
<  u^cut.        *  Poppï  de  B.        *  ohei.        *  l'oceapei  ircc  lilc. 


,,Googlc 


1688.  Aolll.]  —    128   — 

garderoy  bien,  Monaeîgneur,  de  m'ingérer  à  en  parler, 
ay  r&utfaorîté  de  madame  la  Princesse  ne  me  le  comman- 
doit,  et  certes  je  compatis  aux  travaux  de  son  A.  en  une 
action  mal  mesurée  et  laquelle  est  pour  s'empirer  de 
touttes  parts,  sy  promptement  elle  n'est  estançonnée  '  de 
prudence.  La  louange  ou  le  reproche,  quoy  qu'on  ea 
vueille  dire,  regarde  rostre  A.;  la  question  est,  qu'on 
doibt  faire  à  contenter  le  Roy  et  la  Boyne  mère  de  S. 
M.  Ce  différent  à  l'avanture  seroit  aysé  h  composer ,  mais 
V.  A,  sçait  que  le  fondz  de  cette  querelle  regarde  M. 
le  Cardinal  de  Richelieu,  lequel,  estant  dans  l'entière 
ponfience  du  Roy,  a  esté  tellement  suspect  h.  la  Rojme, 
qu'elle  n'a  point  pensé  de  seureté  an  Royaume  pour  elle, 
ny  M.  le  Cardinal  convenable  au  respect  de  S.  M.  de 
recevoir  d'elle  aucune  ouverture  de  réconciliation  ou  satis- 
faction ,  tant  qu'elle  demeureroit  au  pouvoir  de  l'Espagnol. 
Or  la  Royne,  par  sa  venue  icy,  a  levé  cet  obstacle  sur 
son  chemin  ;  snrquoy  reste  à  examiner  ce  que  cet  Estât 
peut  (aire  pour  servir  le  Roy  et  contenter  en  quelque 
sorte  la  Royne.  Sy  on  sçavoit  qu'elle  eust  volonté  de 
passer  en  Angleterre,  il  seroit  plus  seor  de  se  mesler  de 
rien  qa'à  l'honorer  et  la  &ire  bien  accompagner  et  trùc- 
ter;  mus  cela  est  douteux  et  encor  peu  préparé;  cepen- 
dant on  sçaura  en  France  sa  réception  en  cet  Estât  et 
attendra-on  d'entendre  de  V.  A.  quel  en  est  le  dessein. 
S'il  tarde,  on  s'en  ombragera,  sy  aossy  on  l'advertît  nnement 
et  par  forme  d'histoire,  il  s'en  fera  d'autres  constructions 
et,  tandiz  qu'on  envoyé  et  renvoyé,  les  coSres  de  la  Royne 
s'espuiseront  et  demeurera  sans  crédit,  sy  l'Estat  n'en 
respond;  à  y  hésiter  tant  soit  peu,  c'est  perdre  la  des- 
pense et  la  souvenance  qu'on  s'en  promet,  peut-estre 
l'amitié  du  Roy ,  sy  elle  trouve  au  succès  du  temps  moyen 
de  rentrer  en  grâce  et  en  laveur.  Au  moyen  de  quoy, 
Monseigneur,  je  seroy  d'advis,  soubs  la  très-humble  cor- 
rection de  V.  A.,  de  fûre  au  plostost  dépescher  vers  le 
Roy    personne    qualifiée,  connue   et  bien  entendue,  pour 


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—   129   —  [1638.  AoSt. 

avec  dextérité  informer  S.  M,  et  M.  le  Cardinal  de  la 
Tenue  de  la  Royne-mère ,  pour  se  retirer  des  lieux  suspects 
à  S.  M.  et  se  mettre  entre  les  bras  de  ses  plus  affidez 
et  obligez  alliez  et  serviteurs;  que  le  respect  dont  on  est 
tenu  à  leurs  Majestés,  a  faict  désirer  que,  par  leur  en- 
tremise, il  se  peust  trouver  quelque  expédient  de  meilleure 
intelligence,  à  la  satisfaction  de  S.  M.  Par  mesme  voye 
se  devroit-on  adresser  au  mesme  temps  à  M.  le  Cardinal 
et  le  prier  d'ouvrir  ses  sentiments  sur  telle  proposition 
et  d'en  entendre  ses  moyens ,  disant  démonstration  de  ne 
s'y  engager  plus  avant  que  luy-mesme  le  désirera,  et, 
pour  y  mieux  réussir,  semble  nécessaire  de  se  munir,  avant 
le  partemeat,  des  conditions  que  la  Boyne  voudra  faire 
traicter,  et,  pour  ne  brouiller  l'Estat  en  matière  tant  dé- 
licate et  cbattouilleose ,  seroit  bon  de  dresser  une  bonne 
instruction,  tendant  tontte  à  la  réanion,  mais  principale- 
ment à  faire  connoistre  qn'en  tontte  cette  action  l'Estat 
n'a  visée  qu'au  service  de  S.  M.  et  au  contentement  et 
direction  de  M.  le  Cardinal.  Est  avâc  cela  nécessaire  de 
haster  cet  envoy,  pour  ne  laisser  prévenir  les  otBces, 
contre  lesquels  autrement  on  s'armeroit  comme  suspecta. 
tPay  opinion,  Monseigneur,  que  M.  le  Cardinal  sera  ayse 
qu'elle  ait  laissé  le  party  d'Espagne,  qu'il  ne  la  verroit 
Tolontiers  en  Angleterre,  pour  des  raisons  trop  longues 
&  discourrir;  surtout  ne  consentira  jamais  qu'elle  retourne 
en  France  que  pour  renoncer  i.  la  cour  et  anx  affaires, 
s'en  tenant  au  loin;  encor  ne  pense-je  qu'il  y  condes- 
cende; ainsi  est  le  plus  apparent  qu'il  taschera  de  la  tenir 
icy,  en  luy  procurant  main-levée  de  ses  biens.  Peut  estre 
que  tout  antre  party  seroit  plus  duisible  '  à  cet  Estât,  et 
c'est  du  malheur,  que  personne  ne  prévoit  et  ne  pare  de 
bonn'  heure  aux  longues  suittes  qui  sont  pour  en  dépendre. 
Ce  Toiage,  Monseigneur,  est  de  peu  de  coust  et  de  temps 
pour  une  tant  importante  occasion.  S'il  succède,  la  gloire 
en  sera  deue  ^  la  prudence  de  Y.  A.;  s'il  est  rebutté, 
l'Estat  aura  faict  démonstration  de  ses  bonnes  et  saines 
>  atile. 

m,  9 

D,g,t7cdb/GOOglC 


1688.  Septembre,]  —   130   — 

intentions,  aans  caballer;  car  il  lant  tôusjoars  avoir  soin 
de  mesnager  M  le  Cardinal.  Sj  ce  mien  devoir  vons 
contente,  je  me  tiendray  heureux,  mais  si  V.  A.  a 
d'autres  pensées,  j'auray  au  moins  obéy  auz  volontés  de 
Madame  la  Princesse,  qai  est  sans  conseil  en  cette  espi- 
neuse  délibération.  Sur  ce  je  prie  Dieu  pour  la  santé 
et  prospérité  des  conseils  de  V.  A.,  de  laquelle  je  me 
signe  par  devoir  et  gratitude.  Monseigneur, 

Tostre  très-hnmble,  très-obéjssant  et  tr^-fidelle 
serviteur , 

FKANÇOrS   n'AEKSSBN. 

De  la  Haye,  ce  36  aouat  1638. 
A  soD  Altesse,  an  Camp. 


liBVTBE  BXIiVl. 

Le  même  au  même.     Même  mjet. 

Monseigneur.  V.  A.  marque  sagement  qu'il  y  a  bien 
à  penser  premier  '  que  d'engager  l'Eatat  par  expr^  dans 
l'affaire  de  la  Royne-mère;  car,  s'il  y  a  de  la  volonté  !t 
servir  S.  M.,  on  doibt  aussy  avoir  de  la  prudence  à  ne 
rien  gaster  vers  M.  !e  Cardinal.  Cette  voye,  Monseigneur, 
me  semble  aysée  à  tenir,  sy  messieurs  les  Estats  trouvent 
k  propos  de  députer  au  Roy  et  à  son  Eminence,  le»  ad- 
Tertissans  de  l'arrivée  de  S.  M.  en  ces  provinces,  où 
l'on  a  tasché  de  luy  rendre  les  honneurs  et  respectz,  dignes 
de  son  rang  et  de  nostre  gratitude,  et  qu'ayant  onvert 
ses  intentions  à  désirer  de  se  r'habiller  ' ,  par  L'entremise  et 
intercession  de  cet  Estât,  avec  le  Roy  et  Monseigneur  le 
Cardinal,  résolue  de  renoncer  aux  affaires  et  à  la  souve- 
nance des  choses  passées,  pour  ne  plus  penser  qu'au 
repos  et  à  prier  Dieu  sur  ses  vieux  jours,  que  l'Ëstat 
auroit  estimé  devoir  informer  S.  M.  et  Son  Eminence  de 
cette  proposition,  afin  d'apprendre  sur  icelle  leurs  volon- 
'  iTint.  '  rjoaucilier. 


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tez,  n'ayans  autre  bat  par  cet  office  que,  comme  ils  ont 
l'honnenr  d'estre  alliez  de  S.  M.,  de  s'employer  aussy  de 
mesme  en  cette  occasion,  selon  sa  prescription.  Ce  pro- 
cédé, MoDseîgDear ,  seroit  franq  et  naïf,  sans  artifice, 
ny  jalousie,  et  peut  esgalement  contenter  autant  la  Royae 
que  M.  le  Cardinal.  Car  quelle  ofiènse  peut  prendre  le 
Koy,  sy  l'Estat  luy  &ict  demander  sy  son  entremise  sur 
la  réconciliation  de  la  Aoyne-mère  de  S.  M.  luy  est  agré- 
able? et  la  Boyne  d'ailleurs,  en  tout  événement,  recevra 
tousjoars  à  particulière  faveur  la  démonstration  de  leur 
bienveillance;  l'honDeur  et  la  direction  en  sera  imputé  à 
y.  A.,  mais  peut-estre  aura-on  mauvaise  opinion  de  l'Es- 
tat, sy  on  traîne  longuement  cette  délibération.  H  est 
vray  qu'il  en  a  esté  escrit  au  Koy,  mais  froidement.  La 
chose  tontesfois  est'  de  poids  et  de  suitte,  méritant  bien 
quelque  peu  plus  de  &çon.  Y.  A.  sçait  que  l'entremise 
espagnolle  n'y  a  pas  mieux  réussy  que  celle  d'Angleterre; 
la  Tostre,  Monseigneur,  seroit  de  considération,  sy  la 
réglez  à  la  volonté  de  S.  M.  et  de  Son  Ëminence.  Je  ne 
me  puis  pourtant  pas  imaginer  que  la  ïtoyne-mère  obtienne 
aysément  permission  de  passer  en  France ,  ny  que  le  Roy 
l'admette  à  capituler,  sy  elle  vient  à  toucher  cette  cborde; 
car  la  seureté  et  le  repos  de  M.  le  Cardinal  réside  en 
l'esloignement  de  S.  M.,  qn'il  ne  peut  désirer  voir  ap- 
procher de  U  personne  dn  Koy,  ny  des  princes  et  grandz 
du  Royaume,  sans  en  prendre  jalousie.  Fartant  aymera 
mieux  de  luy  faire  fournir  de  quoy  s'entretenir  dehors  et 
loin;  quoy  s'ohtenant,  c'est  un  acheminement  à  mieux  et  les 
offices  de  V.  A.  auront  aydé  à  luy  procurer  ce  bénéfice. 
Cependant  il  seroit  à  désirer  que  S.  M.  fîist  passée  en 
Angleterre,  avant  que  d'entamer  cette  commission,  pour 
moins  laisser  de  lien  aux  soubçons.  Celuy  qui  devra 
estre  chaîné  de  cette  négotiation,  outre  ta  proposition  gé- 
nérale, a  besoin  d'avoir  par  escritz  les  snbmissions  et  in- 
structions de  la  Royne,  pour  les  ouvrir,  en  cas  que  M, 
le  Cardinal  preste  en  quelque  façon  l'oreille  k  cet  affaire; 
car,  avant  toutes  choses,   il  est  nécessaire  de  luy  sauver 


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laSS.  Saptembra.] 


—    132    — 


ses  intérêts,  sans  quoy  il  est  impossible  d'avancer  en  aa-r 
cane  façon  le  contentemaot  de  la  Kojne,  laquelle,  m'ayant 
ces  jours  passés  envoyé  quérir,  me  déclara  iranchement 
et  confidement  '  qu'après  sept  ans  d'exil  elle  estoit  lasse 
de  sa  condition,  voulloit  cercher  son  repos  dans  sa  ré- 
conciliation avec  le  Roj  et  M'  le  Cardinal,  sans  avoir 
aucmie  ambition  ny  rancone  de  reste,  preste  d'embrasser 
et  aymer  M.  le  Cardinal,  comme  utile  au  royaume  et  un 
tr&s-digne  ministre  du  Roy  son  fib;  sy  autrefois  eUe  a 
tasché  de  luy  &ire  du  mal,  qu'à  son  tour  il  ne  l'a  point 
espargnée  anssy,  mais  qu'elle  ne  s'en  vent  plus  souvenir, 
ains  est  preste  de  luy  donner  de  telles  cautions  qu'il  dé- 
sirera d'elle  pour  ses  searetés.  Après  cela,  Monseigneur, 
S.  M.  me  fit  l'honneur  de  me  convier,  en  termes  sy  hum- 
bles et  pleins  de  pitié,  qu'en  ressonvenance  des  iaveurs 
qu'autrefois  j'ay  receues  de  sa  régence,  au  bénéfice  de 
cette  république,  de  m'employer  k  disposer  V.  A.  à  in- 
tercéder pour  elle ,  maintenant  qu'elle  vient  de  quitter 
son  séjoar  snspect  k  la  France  et  s'est  retirée  par  devers 
les  plus  confidens  amis  et  alliés  de  S.  M.,  priant  d'en 
abréger  la  délibération,  ponr  n'en  perdre  l'occasion;  sur- 
tout qu'on  voullnst  pleiger  *  sa  candeur  et  sincérité  vers 
M.  le  Cardinal.  La  repartye.  Monseigneur,  ne  m'a  dé- 
fitilly  &  représenter  combien  V.  Â.  affectionne  son  conten- 
tement, et  s'il  y  a  lieu  de  l'avancer,  qu'elle  vous  peut 
&ire  l'honneur  de  croire  qu'en  préviendrez  volontiers  ses 
désirs,  mais  que  cet  affaire,  dépendant  en  partye  de  la 
France,  en  partye  des  opinions  de  cet  Estât,  qu'il  y  con- 
vient marcher  sur  quelque  ferme'.  Le  lendemain,  Mon- 
seigneur, monsieur  Fabroni  *  me  vint  par  commandement 
de  S.  M.  discourir  et  estendre  cette  matière  bien  plus  au 
long,  en  me  proposant  les  snbmissiong  et  conditions  anx- 
quelles  elle  se  veut  soubmettre;  peut-estre  les  aura-elle 
desjà  communiquées  à  Y.  Â.;  tellement.  Monseigneur, 
que,  pour  responce  à  la  vostre  du  3°",  je  puis  asseurer 


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—  133  — 


'.  Ssptembrt. 


V.  A.  que  la  Royiie  recerche  vostre  intercession  avec 
persuasion  qu'elle  lur  doibt  profiter,  et  en  a  parlé  en  ce 
terme  à  Madame  la  Princesse.  C'est  mon  sentiment,  da- 
qael  v.  Â.  usera  à  sa  volonté,  mtûa  je  deviens  ennuyeux 
par  ma  longueur,  qui  finira  par  ma  prière  à  Dieu  pour 
vostre  santé  et  prospérité,  me  signant,  Monseigneur, 

de  vostre  Altesse,  très-humble,  tr^s-obéysant 
et  très-fidèle  serviteur, 

FRANÇOIS   D'a2BS3ZN. 

De  la  Haye,  ce  7  sept.  1638. 


Conformément  au  conseil  de  Aerssens  (p.  138),  M.  de  Kouit 
fat  chargé  de  se  rendre  en  France.  Le  Prince  d'Orange  écrit  le 
14  sept,  à  HichelieD:  „J'ai  creu  estre  de  mon  devoir  de  vons 
donner  assenrance,  comme  je  fais  par  ceste,  des  bonnes  et  sincè- 
res intentions  de  la  Boyne-mère,  la  trouvant  entièrement  disposée 
à  toDt  ce  que  vostre  Éminence  trouvera  bon,  comme  pourrez  plus 
particulièrement  entendre  par  la  lettre  de  M.  de  la  Strade  ',  et  de 
bouche  de  M^  de  Knnt,  à  quy  je  vous  prie  vouloir  donner  entière 
créance."  Et  le  17  septembre:  „  Les  Ëtata-Qénéraux  ayants  trouvé 
à  propos  d'envoyer  en  France  le  sieur  de  Knuyt,  pour  les  affaires 
de  la  Eoyne-mère  . . ,  je  ne  l'ay  voulu  laissé  partir,  sans  me  ramen- 

tevoir  à  l'honneur  de  vos  bonnes  grâces Je  luy  ay  enchargé 

de  ne  proposer  ni  foire  rien  ...  que  ce  qui  vous  sera  agréable, 
et  se  gouverner  selon  ce  qu'il  plaira  à  v.  Émin.  luy  eu  ordonner.  — " 
La  mission  fut  infructueuse;  car  le  Boi  ayant  offert  à  sa  mèn  la 
libre  jouissance  de  ses  revenus,  à  condition  de  se  retirer  à  Flo- 
rence, elle  préféra  passer  en  Angleterre. 


LETTRE  BXLVll. 

Le  même  an  même.    Affaire»  miUtairet. 

Monseigneur.  Le  temps  est  tout  venu  qu'il  nous  con- 
vient penser  aux  apprestz  de  l'an  prochain  et,  avant  que 
de  former  les  pétitions  du  Conseil  d'I^tat,  nous  avons 
besoin  d'apprendre  k  volonté  de  V.  A.  sur  l'entretien  des 
trouppes,  qui  sont  sans  répartition,  sy  en  devons  recer- 
■  M.  ie  Comtt  d'Eitrade*. 


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1688.  Octobre.]  —    134   — 

cher  les  provinces  ou  les  assigner  sur  quelque  secours  de 
dehors.  Celuy  qui  a  esté  obtenu  de  la  France  va  estre 
court  et  ne  suffira  point  à  défroyer  tont  ce  mois,  quand 
mesoies  il  nous  arriveroit  à  temps  et  entier.  Partant 
Y.  Â.  est  suppléée  d'aviser  lequel  des  deux  est  le  plus 
expédient ,  d'envoyer  demander  augmentation ,  au  moins 
continuation  de  la  précédente  ayde,  ou,  sur  la  séparation 
de  l'armée,  de  loger  les  dites  troupes  au  pays  neutre,  à 
l'imitation  des  ennemiz  et  sur  l'exemple  et  règlement  de 
M'  le  Conte  GruiUaume;  car  je  trouve  les  humeurs  des 
provinces  en  telle  assiette  qu'il  ne  &ut  rien  attendre  de 
&vorable  de  ce  costé-là,  et  toatestbis  il  seroit  dangereux 
et  peu  réputable  à  l'E^tat  de  casser  un  sy  puissant  corps, 
au  fort  de  la  guerre  et  durant  l'alliance  de  France ,  mesmes 
sy  on  désire  la  trefve  de  bonne  façon.  Nous  dresserons 
donq  nos  demandes  selon  vostre  prescription,  ou  bien 
nous  en  irons  conférer  avec  Y.  Â. ,  sy  elle  l'ayme  mieux. 
Le  temps  se  perd  en  disputes,  j'employeray  le  mien  à 
servir  Y.  A.  et  l'Estat  en  qualité.  Monseigneur, 

de  très-humble,  très-obéyssant  et  très-fidelle 
serviteur  de  vostre  Âlteze, 

T&ANÇOTB  D'AIBSSEN. 

De  la  Haye,  ce  28  sept.  1638. 


LETTRE  VXLVni. 

Le  même  an  même.    Subside»  de  la  France. 

Monseigneur.  Je  n'ay  point  appris  de  faire  le  resUf, 
lorsqu'il  est  question  de  servir.  Des  l'heure  que  m'en  vint 
le  commandement  de  V.  A.  du  28  de  l'autre  mois,  je  me 
^roposay  de  penser  aux  moiens  de  voir  M'  d'Estampes  ' 
ît  de  conférer  avec  luy,  sur  l'entretien  des  trouppes  non 
reparties  et  entretenues  cett  année  de  la  subvention  du 
Roy.  J'en  entray  hier  en  long  et  sérieux  propos  avec  luy, 
'  Ambaiistleur  de  KriDM. 


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135  - 


[1638.  Octobre. 


mais  sans  employer  grand'  rhétorique  k  le  porter  dans 
les  intentions  de  V.  A.,  je  le  troavay  sj  fort  imbeu  de 
ta  disposition  des  humeurs  de  cet  Estât,  abbnt4es  à  fin 
différente,  qu'outre  que  ma  persuasion  parloit  d'elle  mesme, 
il  m'advoua  qu'il  est  nécessaire  qne  le  Soj  nous  continue 
et  augmente,  s'il  est  possible,  le  subside  accordé  pour 
l'année  qui  court,  sy  S.  M.  prétend  de  rendre  V.  A.  car 
pable  de  sortir  en  campagne,  et  y  mesla  sj  avant  la 
communion  de  nos  intérestz  et  sa  connoissance  de  nostre 
mésintelligence  au  gouvernement  avec  les  irrésolutions 
qui  en  procèdent,  qu'il  est  à  croire,  qu'il  parle  à  certes 
et  appréhende  que  n'en  venions  à  une  défensive,  pour 
par  un  mauvais  chemin  nous  laisser  amener  dans  un  rui- 
neux traîcté.  n  seroit  trop  eonajeox.  Monseigneur,  de 
vous  en  faire  le  discours,  mais  nous  nous  séparasmes  sur 
cette  conclusion  que,  sans  rien  remuer  davantage  en  cette 
mati^,  je  Iny  lùssasse  taire,  me  promettant  que  dans 
mardy  prochain  il  voulloit  dépescher  courrier  esprës  au 
Roy  et  ^  M.  le  Cardinal  et  presser  l'affiiire  sy  ardemment 
et  officieusement,  que  dans  le  mojs  il  en  auroit  le  pou- 
voir et  y.  A.  le  contentement,  et  qu'en  ce  qui  dépend 
de  sa  charge  et  où  il  voit  clair,  comme  il  &ict  aux  ru- 
sons de  nostre  pourparler,  il  rendroit  tousjonrs  preuve 
à  V.  A.  de  ses  bonnes  intentions  à  bien  lier  et  resserrer 
l'intelligence  de  cet  Estât  avec  la  France.  Le  trouvant, 
Monseigneur,  sy  bien  logé  et  réputant  toutte  autre  voye 
inutile  et  moins  apparente,  je  le  laissay  sur  cette  bonne 
bouche,  qu'il  print  k  sa  charge  de  faire  promptement 
payer  nos  arriérages  et  asseurer  à  courtz  termes  le  se- 
cours prochain,  sy  S.  M  consent  de  nous  en  obliger; 
soubs  cette  protestation  toutesfois  qu'il  vaut  mieux  l'ex- 
cuser d'entrée,  que  de  traîner  les  trouppes  d'une  longue 
ou  douteuse  espérance,  laquelle,  venant  h  manquer  après, 
seroit  pour  nous  mettre  en  désordre  et  un  puissant  corps 
de  mihce  au  désespoir.  Je  tascheray,  Monseigneur,  de 
le  tenir  en  cett'  haleine  et  c'est  de  1k  qu'il  faut  que  ces 
trouppes   subsistent,  car,  comme  Y.  A.  sçait,  il  y  a  des 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


1688.  Octobre.]  —   136  — 

provinces  qui  en  ont  autre  pensée  et  desBein ,  et  se  lassent 
de  la  campagne,  ce  qui  se  verre  an  mois  de  novembre, 
mais  la  présence  et  la  prudence  de  V.  A.  peut  tenir  les 
choses  en  bride ,  pour  balancer  noz  désirs  et  les  compasser 
k  la  seureté  dn  dedans  et  aux  occasions;  car,  grâces  à 
Dieu,  TEstat  n'est  pas  sy  bas  de  moyens  qu'il  n'ait  suf- 
âsameut  de  quoy  s'entretenir,  pourveu  que  les  volontez 
nous  demeurent  saines.  Je  pense,  Monseignenr,  avoir 
satistaict  à  vostre  commandement  et  il  s'en  faut  remettre 
et  attendre  à  l'événement.  —  Par  une  commune  lettre, 
monsieur  de  Mortwyck  et  moy  avons  donné  advis  à  Y.  A. 
de  nostre  sentiment  sur  le  mémoire  du  curé  de  [Z]oon, 
pour  composer  le  différent  de  la  rétorsion,  et  sur  ce  que, 
pour  nous  leurrer  ou  gratter  la  langue,  il  y  adjousta  en 
snitte  (au  mandement,  k  son  dire  du  Cardinal,  à  ce  con- 
vié du  dedans  de  cet  Ëatat),  il  nous  suffit,  pourveu  que 
V.  A.  en  ayt  la  lettre  et  reste  satisfaicte  de  nostre  res- 
ponce.  Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  prospérer  vos  con- 
seils et  de  bénir  vostre  personne  de  santé  et  de  longue  vie. 
De  vostre  A.  très-humble,  très-obéyssant 
et  très-fidelle  serviteur, 

FRANÇOIS   D'&BRSSBN. 

De  la  Haye,  ce  1  octobrtt  1638. 

Depuis  ma  lettre  escritte  Mous,  de  Kortwyck  me  rend 
celle  qu'il  plaist  k  V.  A.  nous  escrire  en  commun. 


LETTRE  DJCLIX. 

Le    même    au    même.      Nouvelles  de  France;    il  eet  question 
tfune  BUêpermon  darmet. 

Monseignenr.  Sy  je  retourne  trop  souvent,  donnez-le 
à  mon  affection  à  vostre  service,  me  laissant  sans  responce. 
On  envoyé  à  V.  A.  pour  feire  monstre  à  l'armée  devant 
sa   séparation,   en  intention  de  l'entretenir  foible  pendant 


,,.GoogIc 


—   137  —  [1688.  Ottobre. 

l'hyver,  en  ijiioy  on  s'imagine  un  grand  mesDage  '  ;  mais , 
ontre  que  c'est  voulloir  mescontenter  les  officiers,  le  con- 
seil d'Estat  trouve  qu'une  province  particulière  assume 
l'aathorité  et  la  charge  qui  doibt  réaider  en  sou  corps ,  et 
que  c'est  renverser  l'ordre  de  l'Union  et  donner  un  mauvais 
exemple  à  ceux  qui  voadroyent  introduire  de  la  confusion 
au  gouvernement,  et  l'entreprinse  en  est  d'autant  moins 
louable,  qu'on  n'en  donne  aucune  communication  au  dit 
conseil ,  duquel  V.  Â.  est  le  chef,  et  penserez  peut-estre , 
Monseigneur,  qu'il  seroit  plus  k  propos  d'approuver  une 
monstre  générale,  en  l'arrestant  par  l'advis  du  dit  conseil, 
afin  que  l'armée,  après  tant  de  btigues,  ne  soit  mise  en 
pire  condition  que  les  autres  garnisons;  ce  qui  est  rù- 
sonnable  et  doibt  contenter  un  chacun  en  sa  commission. 

Les  lettres  que  j'ay  receues  ce  ma^  du  25  de  Paris, 
me  marquent  que  tout  offre  d'entremise  pour  la  Royne- 
roëre,  est  odieux  et  à  contrecoeur,  le  différent  estant 
domestique  et  dépendant  de  la  seule  volonté  du  Itoy, 
lequel  demande  une  pleine  obéyssance  et  j  adjouste-on, 
qu'elle  inf%re  implicitement  le  retour  vers  Florence.  Sy  on 
en  demeure  là ,  je  voy  cet  Estât  et  V.  A.  mesmes  mal  as- 
signée de  ses  bons  offices  en  la  réception  et  défroyement 
de  S.  M.,  en  la  personne  de  qui  n'a  esté  considérée  que 
celle  du  Roy,  avec  le  devoir  de  la  gratitude. 

La  lettre  de  M'  de  Lierre'  a  ce  matin  mis  le  monde 
en  grand  allarme,  chascnn  dressant  les  oreilles  sur  la 
responce  qu'il  mande  luy  avoir  esté  faicte  par  M'  de  Bul- 
lyon,  sçaroir  qu'une  suspension  d'armes,  sans  déguerpir 
de  part  n'y  d'autre,  ne  seroit  hors  de  propos,  puisque 
les  armes,  sy  bien  adjustées  et  acheminées,  n'ont  eu  plus 
favorable  succès.  Cet  advis  porté  plus  loin,  fondé  peut- 
estre  sur  un  discours  casuel,  forme  en  l'esprit  de  plusi- 
eurs une  présupposition  que  la  France  nous  trompe  et 
&ict  son  marché  à  nos  despens.  Cecy  nuira.  Monseigneur, 
sy  de  bonne  *  on  ne  leur  en  faict  perdre  l'opinion  par 
do  ProTiaces-UDiea  i  Paru. 


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I68S.  Octobre.]  —    138   — 

meilleure  informatioD.  En  tout  cas.  Monseigneur,  c'est 
imprudence  ii  M.  de  Bullyoa  de  nous  en  alanner,  sy  la 
partye  n'en  est  liée  ;  car  il  sçait  combien  V.  A.  prend  de 
peine  que  les  ennemis  ne  soyent  escoutez  que  conjoin- 
tement avec  la  France ,  et  qu'un  advis  sy  creu  seroit  ca- 
pable de  précipiter  nos  délibérations;  mais  je  crùns  qu'il 
n'en  soit  quelque  chose,  puisqu'il  s'en  est  ouvert  sy  avant. 
Tontesfois  j'estime  que  la  suspension  d'armes  est  incom- 
patible avec  la  subsistence  de  nostre  gouvernement,  pour 
divers  grands  respects.  Vostre  Â.  en  sa  prudence  pen- 
sera, s'il  loy  plaist,  au  remède,  car  d'abord  on  prétendra 
de  régler  et  restraindre  la  milice,  quand  mesmes  la  France 
condescendroit  à  en  donner  le  fondz,  que  le  temps  nous 
faict  trouver  douteux  et  long,  quand  on  y  satisfaict  La 
seule  grâce  que  je  demande  à  Y.  A.,  c'est  de  me  par- 
donner que  je  corne'  de  mauvaises  nouvelles,  et  de  me 
voolloir  bonorer  de  ses  commandemens ,  me  croyant. 
Monseigneur, 

de  vostre  A,,  très-humble ,  trës-obéyssant 
et  tirèa-fidelle  serviteur, 

PKANÇOYS   d'aBSSSEN. 

De  la  Haye,  oe  2  d'octobre  1638. 


Hmri    Conte   de    Natêau-Siegen  à  M.  de  ZaiUchem.     Com- 
pUmenU. 

*.*  La  Comte  <ieil— 10S2),  oScin-  m  wrTÎca  dn  ProTiDon-UDin  (Colo- 
wA  it  r^imnil  de  !■  Nord-Uollinds),  jtoit  eataji  par  le  Prîner  d'Onngs  h 
nriipoDroMDpliiBnileTlcBoi,  àroocBràndsUniiauiicGdD  Otapliiit  (Looù  XIV). 

Monsieur.    iTescrit  ponctuellement  k  S.  A.  tout  c«  qui 
s'est  passé    depuis  mon  arrivée  en  cette  Cour  an  regard 
de    l'audience    que  j'ay    eue  de  Monsieur  le  Cardinal  et 
>  dii  friqaciniiienl. 


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—   139   —  [1688.  Moembra. 

de  celle  que  je  me  promets  avoir  du  Roj  dans  an  jour 
on  deus.  Je  sçaj,  Monsieur,  que  vous  aurez  la  lecture 
de  ma  lettre  k  S.  A.,  i  quoy  je  me  remets,  ponr  ne 
TOns  estre  importun  de  redîtes,  vous  suppliant  de  me 
mander  par  an  petit  mot  le  sentiment  que  S.  A.  en  aura 
tesmoigné  là-dessus,  ensemble  sa  volonté  de  quelle  façon 
il  lay  plaira  que  je  procéda  ioy  à  l'accomplissement  de 
ses  commandemens ,  lesquels  je  vous  assure,  Monsieur, 
que  j'exécnteray  toasjoars  avec  autant  de  fidélité  que  de 
soings.  Je  seroîs  aassj  trës-aise  de  vous  pouvoir  faire 
paroltre  par  mes  services,  soit  îcy  ou  ailleurs,  combien 
je  vous  estime  et  que  je  suis  véritablement  plus  qne  tout 
autre.  Monsieur, 

vostre  bien  humble  et  très-aSectîonné  serviteur, 

HBNKY  C   DE  NA8SA0. 

De  Paris,  !e  9  d'octobre  1638, 


L.BTTKB   DLI. 

Guillaume   iMndgmve  de   Bette  '    au    Comte  Henri-  Carimir 
de  Nattaa-Dietz.     Semercimentt. 


Hochwohlgebomer  GrafF,  freundtlich  vielgeliebter  herr 
Vetter,  Setze  in  keinem  zweiffell  E.  L.  werden  sonsten 
verstendigt  sein  das,  auf  guttfindung  der  hochgebohmen 
meiner  gn&digen  nndt  hertzallerliebster  frav  matter,  wir 
von  hïnnen  auf  Cassai  dorch  gôttliche  verleihnng  zae  reî- 
sen  gesinnet  Wenn  dan  die  ehre  und  guetbat  damitt 
E.  L.  mich,  zeit  meines  anwesens  albier,  verobligiret,  von 
solchen  nachdencken  dasz  icb  anch  bey  meiner  jugendt 
in  tbadell  iallen  mOchte,  walin  ohn  anzeigung  der  erkent- 
lichkeit  icb  abschieden  sollte,  aiso  habe  ich  lieber  dero- 
selben  ans  dieser  ungeûbtenn  feder  meine  dienst&euud- 
liche  dancksagung  ablegen  dau  guetbat  mit  atillschweïgen 
■  nia  de  OailliDoiB  V  et  d'Amie- SliuMb  (IB29— lMS)i  il  «mit  fMi 
«M  ta  BigBot»  m  mirs  ddc  taaie  i  GroniDgae. 


,,  Google 


]e88.  IMcembr*.]  —   140   — 

vorûbergfihen  wollen.  Von  dem  Âlmechtigen  vûDschendt 
dass  er  inîr  die  jahre  undt  gelegenheit  geben  môgt  E.  L. 
[mmthumliche]  dienste  andt  frûndtschafift  zu  erweisen,  wer- 
den  mîcb  alsdaa,  im  werck  undt  von  hertzen,  finden 

E.  L.  dienstwilUgen  vetter  undt  diener, 
wiiHELU,  LaDdtgraff  xu  Hessen. 
Grôningeu,        december  1638. 
A  Uonsieur  mon  Cousin,  Monsieur  le 
Comte  Henry   de    Nassau,    Gouver- 
neur de  Westfrise  et  Grôningue. 


LETTRE   »Ln. 

Le  Comte  HenrùCoMmir  à  ta  Comteeee-douairière  de  Naesau- 
Dietz.    Nouveliee. 

Madame.  Pubque  j'ay  apprins,  par  celle  que  v.  Exe 
a  daignée  m'eacrire  le  "/«  de  décembre,  que  vous  désirez, 
Madame,  que  je  tous  nomme  les  deux  arec  lesquels  j'ay 
communiqué  l'afaire  sceue,  je  n'ay  garde  d'y  manquer, 
et  diray  à  t.  Exc.  qae  ce  sont  messieurs  de  Somerdyck  ' 
et  de  Haulterive,  deux  personnes  qui  pour  à  cest  heure 
ont  extrêmement  l'oreille  de  M'  le  Prince  et  auxquels 
il  se  fie  beaucoup;  aussi  a-îl  trouvé  bon,  et  mesme  me 
l'a  commandé  parfois ,  que  je  me  consoîllerois  avec  eux , 
principalement  avec  M'  de  Somerdyck,  d'affaires  d'Estat 
et  d'antres  d'importance;  ce  sont  eux  qui  m'en  ont  parlé 
de  leur  mouvement,  il  y  a  plus  de  deux  ans,  et  m'ont 
souvant  donnez  des  grands  of&es  et  assurances  de  leur 
amitjé;  si  on  ce  peut  fier  aux  hommes,  je  tiens  qu'il  me 
sont  amis  et  me  le  seront,  tant  en  ceste  affaire  qu'en 
toatte  autre  chose;  s'ils  me  trompent,  il  n'y  a  remède, 
au  moins  ne  me  peuvent-ils  pas  me  priver  de  ce  que  je 
tiens  maintenand,  et  me  faudra  contenter  de  l'ordinaire 
course  du  monde;  aussi  ne  puîs-je  veoïr  quel  profit  qu'ils 
'  Sommeltdjck. 


n,g,t7cdb/G00gIc 


—  m   —  [1639.  Fitràr.. 

en  lireroyent  me  trompants,  ven  qa'îls  ne  me  açauroyent 
noire,  puisque  j'ay  l'honneur  d'estre  assez  bien  auprès  de 
M'  le  Prince,  contre  le  service  daqnel  je  n'ay  garde  de 
rien  &ire  ni  dire. . . . 

Des  afaîres  de  par  deçà,  il  n'y  &  pas  encor  grand  chose 
à  dire,  aï  longtemps  l'on  ne  veoit  quels  Yolmachts  seront 
eslaz  pour  l'assemblé  des  Estats.  Le  Grietman  Doucke 
JoDgema  (partisan  de  Roorda,  qui  est  aussi  aux  abois 
de  la  mort)  est  trespassé;  il  y  a  force  sollicitants  pour 
sa  charge;  j'ay  paisiblemept  exercé  l'élextion  des  magis- 
trats, sans  qu'il  y  ût  eu  le  moindre  semblant  d'obstacle. 
Et  puis  que  c'est  aajourdhny  le  dernier  jour  de  ceste 
année,  je  prie  le  Tout-puissant  de  combler  v.  Exe.  d'au- 
tant de  contentements  et  félicitez  en  ce  prochein  nouvelle 
an,  comme  vos  mérites  le  requièrent,  et  qu'il  me  face  la 
grâce  de  me  pouvoir  dignement  comporter,  en  la  qualité. 
Madame, 

de  vostre  Excellence  trës-humble  et  très-obéissant 
fils  et  serviteur, 

H.    C.  DB  NASSAU. 

De  Leevarden,  ce  dernier  jonr  de  l'an  16S8. 


L.ETTKB   BLIII. 

Le  mêrtte  à  la  même.     Situation  de  la  Friee. 

Madame. . .  Le  peu  de  temps  qui  me  reste,  à  cause  ' 
que  le  messager  me  presse  de  partir,  et  n'ayant  en  tout 
anjourdhuy  une  demie-heure  à  moy-mesme ,  pour  tracer  à 
V.  Exe.  ces  peu  de  lignes,  me  font  rendre  celle-cy  plus  suc- 
cinct que  je  ne  désire;  c'est  pourquoy  je  vous  diray, 
Madame,  seulement  qu'aujourdhuy  je  suis  esté  avec  les 
députez  à  l'assemblée  des  Yolmachts  ' ,  où  la  proposition 
est  iaitte  et  les  procurations  receues,  lesquelles  ont  esté 
examinées  et  avons  trouvé  (ce  que  rarement  arrive  icy) 
qu'il  n'y  avoît  que  trois  procurations  disputable,  dont  il 
'  a.  k.  A.  d»  ccai  qai  ont  pkjn  poDtciir  (Tolla  mioht)  poot  tnïitcr  à  k 
diita  piOTiiMiilB. 


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1639.  FArrier.]  —   142   — 

n'y  en  a  qa'ane  qui  est  aucunement  considérable;  lea 
Volmachts  des  villes  ont  esté  auprès  de  moy  et  m'ont 
ananimement  offerts  la  disposition  de  leur  charges  vacan- 
tes, mais  je  leur  ay  remercié  de  leur  bonne  volonté  et 
me  suis  excusé  de  prendre  un  si  grand  &rdeau  sur  mes 
espanles,  me  semblant  que  se  seroit  un  pea  trop  odieux 
si  je  me  mesloîs  si  ouvertement  de  la  distribution  d'ï- 
celles,  comme  chose  trop  exposé  à  l'envie,  me  contantant 
d'en  avoir  la  direction  sonbs  main.  Les  changements 
d'Oost-  et  Westergoo  sont  encor  incertains,  celles  des 
Woldes  selon  lenr  formulier  ordinaire.  Hobo  Âilva  pré- 
domine à  cest  heure  de  beaucoup  en  Westergo  et  la 
partie  des  Ailvas  et  Eisingas  se  balance  dans  Oostergoo; 
une  partie  des  Eisingas  correspondantA  avec  les  Ailvas  et 
l'autre  avec  Rinc  Bourmania  et  ses  correspondants;  dans 
les  Woldes  la  ligne  des  Oenamas  tient  le  desus.  Voîlk, 
Madame ,  en  brief  Testât  présant  de  la  province ,  et  en  atten- 
dant le  succès  des  révolutions',  je  me  signeray,  Madame, 
de  vostre  Excellence  très-humble  et  trèe- 
obéissant  fils  et  serviteur, 

H.   OOHTE  ns  NASSAU. 

De  LeTfU-den,  ce  '/it  de  février  1639. 


LBTTKB    DL.IT. 

Le  même  à  ta  même.     Nouvelles. 

Madame.  Deux  lettres  de  v.  Exe  m'ont  esté  rendues 
i,  la  fois,  touttes  deux  datées  le  */■«  du  courant,  par  les- 
quelles j'ay  apprins,  avec  un  contentement  inexprimable, 
le  bon  estât  de  vostre  santé ,  auquel  je  prie  te  bon  Dieu 
de  vouloir  maintenir  v.  Exe.  longues  années,  avec  tout 
contentement  et  félicité  souhaitable;  sur  tout  que  v.  Ëxc 
tesmoigne  recevoir  satisfaction  de  mes  accions,  lesquels 
je  tascheray  tousjours  k  diriger  le  moins  mal  que  me  sera 
possible,  suivant  les  commandements  et  remonstrances  de 
1  m  tMutioDs. 


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—    143   —  [1689.  F^rier. 

V.  Exc.;  comme  aussi  que  v.  Exe.  est  contant  de  la  li- 
berté que  j'ay  prina  d'ouvrir  son  paquet,  lequel  je  ne 
manquera^  de  seorement  adresser,  dès  que  la  commodité 
8*en  présentera.  Je  suis  aussi  bien  ayae  de  veoîr  que  v. 
Exe  approuve  la  correspondance  que  j'ay  fait  k  la  Hay 
de  ces  deux  personnes',  tant  le  politicq  que  le  inilitfùr, 
lesquels  j'espère  que  ne  me  tromperont  pas;  au  pis  aller 
ils  ne  me  peuvent  nuire  de  beaucoup  et  leur  faudra  at- 
tendre, s'ils  le  font,  la  revange  que  j'en  prétendrai  pran- 
dre,  mais  le  temps  nous  esclairsira  de  tout,  et  je  remets 
tout  à  la  disposition  du  Tout-Puissant,  pour  en  faire  ce 
que  la  divine  Majesté  trouvera  appropos,  pour  l'honneur 
de  son  saint  nom  et  mon  suprême  bien.  J'espère,  puis- 
que le  temps  de  l'assemblée  est  de  rechef  aresté  pour  le 
*/m  de  may,  qu'à  la  an  la  besoigne  sera  une  fois  terminée 
pour  le  repos  de  v.  Exe.  —  La  grietenie  vacante  demeure 
touBJonrs  en  mesme  estât;  la  nomination  n'en  est  pas 
faîtte  jusqaes  icy  ;  les  Ejsingas  et  Ailvas  se  donnent  fu- 
rieusement du  coude  dans  la  brigue  d'icelle.  Monsieur 
d'Estrades,  qui  est  on  gentilhomme  envoyé  du  Roy  de 
France,  capitaine  de  cavaillerie,  pour  négotier  avec  mes- 
sieurs les  Estats-genéraulz  de  la  part  du  dit  JRoy,  est 
party  avec  grande  satistaction ,  messieurs  les  Estats-géné- 
raubi  Iny  ayants  accordez  15  vaiseaux  de  geurre,  pour 
joindre  avec  la  flotte  royale,  qui  consiste  en  40  grands 
vaisseaux  et  20  frégattes. 

La  résolution  et  communication  des  armes  avec  celles 
du  Koy  susdit,  pour  l'espédition  de  l'année  prochaîne  est 
conclue  aussi,  et  croit-on  qu'in&illiblement  on  attentera 
quelque  chose  d'importance;  à  quoy  j'espère  que  l'Eter- 
nel vendra  départir  sa  bénédic^on  et  qu'il  me  fera  la  grâce 
de  me  pouvoir  dignemant  acquiter  de  la  qualité.  Madame, 
de  V.  Exe  très-humble  et  très-obéissant 
fils  et  serviteur, 

I   NASSAU. 

ie  de  fémer  1639. 
>  vojet  p.  140. 


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1689.  F^irior.]  —   1*4   — 

Monsieur  d'Estrades  susmanUoné  a  là  depuis  peu  la 
compagnie  du  Don  Emanuel,  Prince  de  Portugal,  et 
cela  sur  sa  requeste,  d'autant  qu'il  s'est  remis  volon- 
tairement dans  son  couvant,  duquel  il  a  escrit  des  lettres 
à  ses  seures  ',  pour  tâcher  à  les  convertir  par  ses  persaa- 
sion  k  la  religion  catholique-romaine,  et  par  lesquelles  il 
renonce  à  toats  ses  biens  et  prétentions  séculiers. 


LETTBB  DLT. 


Le  Prince  ^Orange  au  Roi  d^ Angleterre.  Le»  P^ovincee' Unies 
ne  eauroient  lui  envoyer  de»  troupe». 


*,*     FrobiblemsDl   il  t'igit  d'Aigloù  1  U  solde  de  la  lUpabliqiie,    qoe   le 
>î  demuidoit  pour  *od  upéditûm  contre  lei  ci 


Sirel  La  grôcïeuse  lettre  dont  il  a  pieu  Ji  V.  M.  m'on- 
orer  '  m'a  esté  bien  rendue  par  le  S'  Boswell,  son  résident 
en  ce  lieu,  et  proteste  devant  Dieu  que  je  voudrois  qu'il 
m'eust  cousté  de  mon  sano  que  V.  M.  peust  recevoir  la 
satisfaction  qu'elle  déaire,  pour  quoy  effectuer  j'ai  commu- 
niqué sur  ce  sujet  avec  des  principaus  de  cest  Estât,  qui 
m'ont  respondu  qu'ils  supplient  tràs- humblement  V.  M. 
de  considérer  qu'en  ceste  saison ,  que  l'on  se  prépare  à  ce 
mettre  de  bonn'  heure  en  campagne  pour  faire  la  guerre 
à  un  si  puissent  Boi  qu'est  celuj  d'Espagne,  l'oç  ne  poa- 
roit  afoiblir  ces  forces  sans  aporter  un  aparant  préjudice 
à  tout  cest  Estât,  et  plusieurs  autres  raisons,  qu'ay  prié 
au  S'  Boswell  de  représenter  à  Y.  M.,  partant  la  sup- 
pliant, comme  je  fais  ausy  très-humblement,  de  ne  pran- 
dre  pas  de  mauvaise  part  si,  en  ceste  constitution  d'af- 
faires, elle  ne  peut  estre  assistée  dé*  troupes  qui  ont  esté 
demandées.  En  d'autres  occasions  qui  dépendent  de  moy , 
y.  M.  peut  s'asseurer  que  je  luy  tesmoigneray  toujours, 
'  anan.  *  honotei.  ■  dei. 


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—   145   —  [1939.  Mii. 

par    mes    devoirs    et    très-hambles    services ,   que  je  suis 
avec  passion,  Sireî 

de  y.  M.  très-hamble  et  tr&s-obéissant 
serviteur, 
Haie,  le  10  mars  1S39  '. 


LETTRE    BLVI. 

M.    de    SommeUdyck    au    Prince  ctOrange.     La  FVanee  te 
plaint  à  tort. 

Monseigneur.  Cest  commencer  de  bonn'  heure,  mais 
V.  A.  m'en  a  donné  la  liberté.  Les  advis  que  j'ay  eu 
de  Paris  do  21  contiennent  que  les  ordres  alloyent  estre 
envoyés  au  grand-maïatre  '  poar  entreprendre,  que  M' le 
Cardinal  de  Richelieu  devoit  se  rendre  à  Calais  et  le  Roy 
Bussy  peu  après,  pour  par  leur  présence  en  favoriser  le 
dessein.  On  s'y  plaîgnoît  de  la  lentitude  '  de  V.  A.  k  mar- 
cher, mais  je  pense  qu'en  adjustant  vos  délibérations, 
l'intention  ayt  esté  de  partager  le  péril  avec  les  forces 
ennemies,  qui  touttes  entières  vous  restent  sur  les  bras, 
encor  que  les  armes  de  France  ayent  jk  raadé  '  plus  de 
quinze  jours  entre  les  frontières  de  Flandre  et  d'Arthois, 
dont  il  se  peut  inférer,  pour  voatre  déscharge,  que  l'Es- 
pagnol a  les  yeux  tenduz  sur  vous  et  ses  armées  tellement 
reparties,  qu'en  peu  de  temps  il  luy  serait  facile  de  les 
rejoindre  et  choquer  les  vostres,  venant  à  les  précipiter. 
Cest  assez,  qu'au  moyen  d'avoir  porté  vostre  armée  au 
rende  vous  en  estât  de  faire  peur  et  mal,  les  Prançoys  ayant 
eu  depuis  tant  de  temps  leurs  coudées  franches,  pour  pren- 
dre leur  avantage  sur  tant  de  villes  ennemies.    Peat-estre 

■  In  dorio  on  lit  de  11  Ditiii  du  Priaoe:  „lctlr<  lo  Ro;  de  11  Grnnd- 
Bnliijine,  inr  le  tnjet  dei  traoppea  qae  l'igenl  Boawel  ■  droiaDdëei 
de  ct)t  EaUt  la  10  mnn   1639." 

*  Le  mirquii  de  It  Meillereie,  grud-iniltra  de  l'artillerie,  commiDdoit 
rarmée  fnncoiu. 

*  lenteur.  *  rodé. 

m.  10 


,,Googlc 


168»,  Mai.]  —  146  — 

qae  la  posture  de  Y.  A.  embarasiie  plua  le  cardinal-infant 
que  ne  feroit  vostre  dessein,  mesmes  après  sou  esclat, 
car  lors  il  mesureroit  son  temps  et  balanceroit  la  nécessité 
de  ses  affaires,  au  lieu  qu'attaché  à  s'opposer  à  rostre 
démarche ,  il  est  contraiut  de  négliger  l'invasion  que  me- 
nace la  France.  Plus  grand  honneur  ne  sçauroit  arriver 
h  y.  A. ,  maïs  nostre  conditîou  demande  que  chacun  soit 
mis  à  son  prix.  Le  Piedmont  est  bien  esbranlé  par  l'in- 
4  fidélité  des  subjects,  qui  se  laissent  gaigner  par  les  prat- 
iques du  prince  Tomaso';  il  ne  reste  tantost  pins  rien 
au  pupille  que  Turin  et  l'espérance.  M'  le  Prince  de 
Condé  avoit  r'assemhlé  son  armée  et  y  joint  les  bandes 
du  Languedoq,  entre  Thoulouse  et  Montauban.  La  fiotte 
de  M.  l'arcbevesque  de  Bordeaux  attendoit  le  premier  bon 
vent  pour  faire  voile;  s'il  estoit  spécifié,  on  en  jugeroit 
de  la  routte.  Les  contracts  sont  renouvelles  avec  la  cou- 
ronne de  Suède  et  M.  le  duc  de  Weymar;  mesme  offi% 
est  faicte  à  madame  la  Lantgrave ,  sy  elle  veut  escoatter. 
Les  deux  autres  armées  de  S.  M.,  soubs  mess,  de  Chas- 
tillon  et  de  Feuquiéres,  doivent  bransler  en  mesme  temps 
que  le  grand-maistre  viendra  à  se  déclarer.  D  se  voit 
tontesfois  que  la  France  batte  à  vous  engager  premier; 
vous  le  ferez  assez  à  temps,  quand  l'avantage  et  la  seu- 
reté  vous  en  semondront.  Je  n'apprens  d'ÂlIemaigne  qu'un 
desdit  des  précédentes  nouvelles.  Kous  roulions  tonsjours 
an  mesme  train  auquel  Y.  A.  nous  Imssa,  et  tâcherons 
d'y  maintenir  les  affaires.  Sur  ce  je  prie  Dieu,  Mon- 
seigneur, de  prospérer  vos  desseins  et  de  donner  ii  V.  A. 
parfaicte  santé  et  longue  vie,  et  à  moy  l'honneur  de  vos 
bonnes  grâces. 

De  vostre  A.,  très-humble,  trfes-obéyssant  et 
très-fidelle  serviteur. 

FSANÇOTB  d'aBSSBXN. 

De  In  Haye,  ce  SO  may  1639. 

'  Thomu-FraDfoia ,   Prince   ds   Ctrignui   (15S9 — 1656)   frire  du  dnc  de 
SiToie  Vimta-Amiàée  (f  1637). 


,,  Google 


I.ETTBE   DLTII. 

Le    Comte    Maarice    de    Nassau- SUgeti  à  M.  de  ZuyUchem. 
Compliment». 

Monsienr!  Puisque  j'ententa  qa'il  plaist  à  Meuîeura  de 
la  Compagnie  d'ouvrir  quelquesfois  mes  pacquets  de  let- 
tres, je  crains  qu'ils  auront  ouvert  aussi  quelques  uns 
teuants  à  Son  Alt.  et  qu'ainsi  ils  ne  seront  livrés ,  ce  qui 
ponrroit  causer  quelque  mescou  tente  ment  en  S.  A.  et  qu'elle 
croiroit  que  je  sois  si  négligent  en  mon  debvoir.  Je  vous 
prie  de  m'advertir  ai  S.  A.  a  receue  une  lettre  dans  la- 
qaelte  je  luj  aj  envoyé,  il  y  a  desjjt  longtemps,  des 
chantillons  *  du  bois,  et  un  autre  touchant  le  gouvernement 
de  Breda,  sur  lesquelles  je  n'ay  receu  aucun  mot  de 
response,  ce  qui  me  fait  craindre  qu'elles  sont  perdues. 
A  vous  aussi  j'avoïs  escrit  diverses  lettres,  sans  recevoir 
de  response  là-dessos;  entre  autres  je  vous  avois  envoyé 
un  estât  de  toutes  les  prinses  quils  se  sont  faites  icy  de- 
puis mon  arrivée,  afin  que  vous  puissez  demander  le  droit 
qui  partient*  it  S.  A.  —  Dieu  mercy,  nous  vivons  encore, 
combien  que  j'entens  qu'on  nous  tient  en  la  patrie  pour 
des  en&nts  perdus  (1).  Finissant  ceste-cy ,  je  prie  Dieu  de 
vous  tenir  en  sa  garde,  demeurant.  Monsieur, 

'  vostre  bien  humble  à  vous  servir , 

UAimiOE  CONTC  DE  NASSAU. 

D'Antoni-VaE,  ce  16  de  juin  1639. 

'Mes  très-humbles  baise-mains  à  tous  mes  amis. 

ItETTSE  DLVIII. 

M.   de   Sommebdj/ck  au  Prince  ^Orange.     Disgrâce  de  M. 


Monseigneur.    Parmy  la  presse  et  l'embaras  de  la  dis- 

(1)  An  commeaconcat  ds  1039  ddc  flotte  eipagnolB  trèa- considérable  tioil  iDcntc^ 

FanitnibDCï  msii  la  lempb»  et  Ica  mBiadici  oontnûguireDt  l'ennenii  i  se  retirer. 

'  ÀUiiDtilloDa.  '  appsrticDt.  >  Vogtre  —  Bénir,    Juloffrapie. 

*  Ma —  uoû.  Jnîograpke.         '  AmbsHBdeuT  de  France:  voyez  p.  134. 

10» 


,,.GoogIc 


16!t9.  JoiD.]  —    148   — 

tribution  de  voz  ordres,  je  ne  m'îngéreray  pas  h.  entretenir 
Y.  Â.  Bur  le  désastre  recea  par  les  Françoys  devant 
Thionville  (1);  car  vostre  prudence  l'a  assez  considéré  et 
jusqaes  où  en  va  la  suitte,  veu  que  desjà  partye  en  est 
imputée  aux  lenteurs  de  cet  Estât,  qui  a  tardé  de  mettre 
son  armée  aux  champs  an  temps  concerté  et  promis.  Cest 
l'ordinaire  d'nn  malheur  que  d'en  cercher  la  cause  où 
elle  n'est  point,  mais  V.  A.  s'en  sçaura  bien  défendre, 
sy  on  ne  se  veut  payer  de  raison.  Ces  lignes  donq  ne 
servent  que  pour  tous  aviser  que  madame  d'Iîstampes 
a  recen  ordre  de  se  retirer  et  en  a  &ict  bailler  les  let- 
tres du  Roy  à  messeignears  les  Estats,  demandant  con- 
voy  pour  ce  faire  avec  seureté,  et  comme  il  se  dit  qae 
la  disgrâce  de  M.  d'Estampes  vient  pour  avoir  trop  con- 
fidemment  adhéré  aux  volontez  et  désirs  de  V.  A,,  no- 
tamment au  faict  des  négotiations  sur  l'adjustement  des 
desseins  de  cette  campagne ,  lequel  le  Roy  prétendoit  devoir 
estre  faict  en  France,  il  importe  grandement,  Monseig- 
neur, à  vostre  service,  qu'elle  puisse  partir  satis&icte  au 
moins  de  cet  Estât,  pour  par  son  exemple  n'eâaroucher 
son  successeur.  Partant  V.  A.  est  supplyée  de  penser 
sy  elle  ne  doibt  recommander  aux  députés  d'escrïre  séri- 
eusement, à  ce  qu'elle  soit  traictée  gr&tieusement  k  son 
départ,  avec  un  honeste  présent;  ce  cera  tousjours  gagner 
une  personne  et  faire  ce  ît  quoy  on  est  tenu,  sans  exa- 
miner s'il  est  rappelle  devant  temps.  L'ordre  du  convoy 
s'espère  pareillement  de  la  courtoisie  de  Y.  A-,  de  tant 
plus  que  l'Amiral  '  est  csloigné  trop  avant  de  la  coste,  et  que 
depuis  peu  de  jours  dix  frégates  de  Duynkercke  ont  entre- 
prins  quatre  de  noz  navires  de  guerre  et  les  ont  assez  mal 
mené  (2),  de  façon  qu'il  n'y  a  plus  de  seureté  par  la  mer, 
ay  en  fin  on  ne  résoult  à  dresser  la  chambre  d'asseurance. 


*    (1)  F«nqaitrea,  qui  un^geoit  la  tîIIb,  fut  CDtiircmcDt  djbi't  par  PiccokuniDl  ; 
il  y  rat.  Mir  huit  1  nonf  mille  fanlauiDi,  an  inoiDi  cinq  mille  morU. 

(2)  Malgré  la  victoire  ligiiil^  qae  remporta  Tromp  iur  ceux  de  Unngoer- 
qoe,  U  18  Urrier  16S9. 
■  M.  H.  Tromp. 


,,  Google 


—    149   —  [1689.  Jnin. 

Les  compagnies  noo  reparties  ont  touché  pl^nement 
deux  monstres,  mais  je  doute  que  cela  continue,  parce 
que  les  financiers  de  France  ne  sont  pas  de  plus  facille 
deserre  '  que  lesnostres ,  et  toutesfois  ces  tronppes  ne  peu- 
vent chommer  en  campagne,  encor  qu'elles  se  trouvent 
destituées  la  plaspart  de  solliciteurs  et  crédit;  le  conseil 
en  a  soin  et  a  faict  appeller  Heuft,  afin  de  négotier  une 
nouvelle  avance  par  son  moyen;  mais  U  y  sera  diiScile, 
s'il  ne  luy  est  autrement  commandé  du  costé  de  France, 
Ik  où  peut-estre  on  ne  sera  guferes  prompt  à  nons  con- 
tenter, sur  la  rencontre  de  leur  disgrâce.  Leur  flotte 
estoit  partye,  tirant  vers  la  Corrogne,  composée  de  80 
voiles,  dont  44  sont  bons  navires  de  guerre,  portant  4000 
hommes,  pour  faire  descente.  M.  le  Prince"  eofiloit  la 
route  d'Fspagne,  avec  ane  armée  qu'on  ùàct  forte  de 
vingt  mil  hommes,  mais  en  Italie  les  affiiires  sont  comme 
au  dernier  point  de  désespoir,  pour  duquel  revenir  Ma- 
dame de  Savoye  a  condescendu  de  consigner  au  Roy 
touttes  les  forteresses  qui  lay  restent,  afin  de  les  protéger 
contre  l'infidélité  des  subjects,  pour  la  défense  du  pupille. 
C'a  esté  un  bien  imprudent  conseil  an  Prince  Thomaso, 
de  presser  sy  avant  madame  la  Duchesse,  car  sy  l'héri- 
tier vient  à  mourrir,  la  succession  en  demeurera  entre 
les  mains  de  S.  M. ,  comme  acquise  sur  son  ennemy.  Mais 
je  me  perds,  ne  me  souvenant  tan tost  plus  de  mon  entrée, 
et  me  contenteray  de  finir  par  ma  prière  à  Dien  de 
bénir.  Monseigneur,  les  conseils  de  V.  A.  de  prospérité 
et  vostre  personne  de  parfaicte  santé  et  très-longue  vie. 
De  vostre  Altesse 
très-bomble,  trës-obéyssant ,  et  tr^fidelle  serviteur, 

FRANÇOTB   D' 

De  la  Haye,  ce  19  juin  1639. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


liBTTKB  BLIX. 

Le  même  au  même.      Malgré  le  mécontenlement  injutte  de  la 
France,  néveattié  de  bon»  rapports. 

Monseigneur.  Pendant  que  les  vois  et  la  voye  ae  pr<^ 
parent  icy  h  ^re  séparer  l'armée,  j'ose  à  telle  occasion 
ro'avancer,  ponr  convier  V.  A.  de  penser  aax  compagnies 
qui  sont  sans  répartition  ;  car  il  est  temps  d'aviser  à 
quelque  expédient  pour  les  &ire  subsister,  puisque  l'Es- 
tat  n'est  point  pour  s'en  charger,  sans  faire  réflexion 
qu'elles  ne  vous  seront  moins  nécessaires  l'an  prochain, 
qu'elles  l'ont  esté  le  présent  La  continuation  du  secours 
du  Roy  très-chrétien  n'y  a,  à  beaucoup  près,  peu  suffire; 
encor  a-il  esté  roign6  '  par  les  avances,  prinses  à  usure, 
pour  ne  laisser  cliommer  les  soldats  en  la  campagne, 
lesquels,  non  obstant  tout  cela,  demeurent  encor  arriérés 
de  plus  de  huïct  mois,  que  ne  savons  où  prendre,  ny 
comme  parer  aux  crierïes  des  officiers.  La  France  seule 
y  peut  pourvoir,  s'il  plaist  i,  V.  A.  la  faire  négotjer  de 
bonne  heure  et  elle  vous  escouttera,  tant  qu'elle  pense  à 
la  guerre,  de  crainte  de  vous  voir  aâbïblye;  éar  vous  lay 
estes  plus  considérable  en  la  présente  occurence  que  tous 
ses  autres  alliés  ensemble,  et  vous  en  pouvez  prendre 
voz  avantages.  Je  sçay  bien  néanmoins  qu'elle  murmure 
assez  contre  les  succès  de  cette  campagne,  mais,  outre 
qu'elle  n'est  pas  pour  en  démener  bruict,  les  siens  pro- 
pres ne  sont  point  k  preuve  de  repartye ,  et  les  vents  ont 
notoirement  défavorisé  les  vostres.  En  tout  cas,  Mon- 
seigneur, sy  on  vient  à  toucher  cette  chorde,  il  sers  bon 
de  sauter  par  là-dessus,  pour  vous  jetter  ensemble  sur 
an  nouveau  concert  de  l'avenir ,  taschant ,  parmy  les 
conditions  du  marché,  d'obtenir  une  bonne  et  prompte 
subvention,  qui  noua  donne  moyen  de  fournir  à  l'entre- 
tien des  trouppes  extraordinaires.  Nous  aurions  bien  be- 
soin en  beaucoup  de  choses  de  la  présence  de  V.  A-,  mais 
elle  sera  surtout  nécessaire  devant  la  prochaine  et  grande 


,,  Google 


—  151  — 


[1630.  Saptembrg. 


assemblée   d'Hollande,  tandiz  qae  tout  l'Estat  s'j  réglera 
sur    nostre    pétition ,    attendant    laquelle    je    prie    Dieu , 
Monseignenr,  qu'il  bénisse  vos  conseils  dlienrenx  saccès 
et  vostre  personne  de  santé  et  très-longue  vie. 
De  vostre  Altesse 
très-humble,  très-obéjssant  et  très-fidèle  serviteur, 
PRANçors  d'askssbn. 
De  la  Haye,  ce  20  sept.  1639. 

liBTTBB   nhX. 

Le  Comte  Bmri-Catimir  à  la  ComUMt'douair&re  de  Noêtau- 
Dietz.   Nouvdle». 

Madame.  Ce  m'a  esté  un  contantemaod  indicible  d'ap- 
prandre,  par  celles  que  v.  Ëxc.  a  eue  pour  agréable  de 
m'escrire  du  5  et  17  de  décemb.  n.  st.,  vostre  heureuse 
arrivée  à  Hadersleven,  et  encor  plus  grand  que  v.  Ëxc 
est  si  bien  satisfaitte  de  S.  M.  le  Roy  de  Dennemarck, 
et  qu'il  a  pieu  à  S.  M.  d'accepter  la  requeste  de  v.  Esc. 
pour  avoir  soin  de  vos  aSaires,  mais  sur  tout  le  plus 
grand  a  esté  d'entendre  que  v.  Exe.  s'est  trouvée  tous- 
jours  en  une  si  entière  et  continuelle  santé,  laquelle  je 
prie  le  bon  Dieu  de  vous  conserver  longues  années  et 
vous  combler  d'autant  de  félicité  et  bonheur  que  de  bon 
coeur  je  le  souhaite  à  v.  Exe.  Mais,  Madame,  je  ne 
suis  peu  inquiet  que  v.  Exe,  c'est  résolue  de  passer  encor 
cest  hiver  en  ces  quartiers ,  ayant  espéré  que  vous  auriez 
pris  résolution  de  vous  retirer  en  ce  pay«,  oii  les  may- 
sons  de  mon  gouvernement  eussent  attendues  v.  Exe.  k 
portes  ouvertes,  avec  beaucoup  de  dévotion.  J'espère  que 
T.  Ëxc  se  résoudra  une  fois  de  se  retirer  chefs  *  un  fils 
qui  tesmoignera  tonajours  autant  d'obéissance  en  icelle 
qualité,  comme  de  fidélité  en  celle  de  très-humble  servi- 
teur. Je  tiens  que  v.  Exe.  aura  entendue  le  contante- 
mant  que  leurs  Altesse,  monsieur  le  Prince  et  madame 
la  Princesse  d'Orange  ont  eux  *  pour  la  naissance  d'un 
second  fils  et  que  le  comte  Henry  est  envoyé  en  France , 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


1539.  Décembre.]  —    152    — 

pour  prier  le  Roy  d'en  estre  parain  et  mon  frère  en 
Engleterre  ponr  prier  -la  Roine  pour  le  tnesme  effet,  mus 
ceste  joye  a  esté  de  peu  de  durée ,  le  sasdit  petit  Prince 
estant  décédé  de  ce  monde  le  "/»  du  courant,  n'ayant  esté 
qu'une  nuit  malade;  on  c'estoit  préparé  à  beaucoup  des 
démonstrations  de  joye,  par  un  caronael,  combat  de  ba- 
rière  et  balet,  que  les  dames  auroyent  dansé.  —  L'affaire 
sceue  est  tousjonrs  en  bon  estât,  bien  qu'il  ne  soit  en 
termes  d'en  pouvoir  dire  quelque  chd^  positivement; 
quand  je  reviendray,  avec  l'ayde  de  Dieu,  de  rechef  en 
Hollande,  ce  qui  sera  vers  le  printemps,  je  taseheray  de 
pousser  pins  outre,  si  v.  Exe.  l'a  pour  agréable.  En  ceste 
province  mes  affaires  sont  en  bonne  posture,  et  en  meil- 
leure qn'ila  n'ont  esté  du  temps  de  feu  messieurs  mon 
oncle  et  përe;  mes  ennemis  sont  disuniz  '  entre  eux  et 
vi&nent  de  deux  costez  recercher  mon  amitié,  mes  amis 
se  tesmoignent  tels  plus  que  jamais,  et  ceux  qui  najoyent  * 
autrefois  entre  deux  eaux ,  me  font  démonstration  de 
bonne  volonté;  les  villes  tesmoignent  généralement  d'estre 
satisfaites  de  la  présante  &çon  de  l'élection  des  magistrats, 
tellement,  quand  it  mon  particulier,  je  ne  lesçanrois  sou- 
haiter mieux.  Je  fais  estât  de  partir  d'icy  en  peu  des 
jours  vers  Groningue,  pour  y  séjourner  quinze  jours  ou 
trois  sepmaines,  estant  obligé  d'estre  vers  le  Landtsdach 
de  recbef  icy,  qui  sera  au  commencemant  de  février,  et 
aprez  cela  me  préparer  pour  l'armée,  laquelle  on  dit  que 
sera  menée  en  campaigne  de  bonne  heure,  en  intantioo 
d'entamer  de  nouveau  quelque  chose  d'importance,  auquel 
effait  '  on  fait  estât  de  lever  vers  iceluy  temps  encor  6000 
hommes  de  pied.  Dieu  y  veuille  contribuer  sa  bénédicUon 
et  me  faire  la  grâce  de  me  pouvoir  dignemant  acquiter 
de  la  qualité,  soit  mort  ou  vif.  Madame, 

de  vostre  Excellence  très-humble  et  très-obéissant 
fils  et  serviteur, 

H.  C.   DE  KASSAU. 

De  LeTerden,  ce  23  de  décembre  1639. 
I  djunia.  *  nagcoitnt.  '  cffrt. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


M.  de  Sommdtdyck  au  Prince  ^Orange.    NoaveUet  diveraei. 


*,*  L«  SI  oet.  l'imiral  Tromp,  ijant  atliqaj  et  injinli  U  flotta  d'EapifH 
d>Dt  la  nde  ds  Duiasfl),  la  Étals- Génfrani  dcputèreot  M.  de  SamineUdj'ek  à 
LoDdns,  tfia  de  justifier  ma  hardiesse  couronDJe  d'un  si  éclstsiit  succis  et  ds 
dire  de»  ooieriurei  pour  aae  liftiiB  oETrosÎTe  et  défensiie  et  pour  U  restilalfoD 
de  l'Électeur  PsIilÎD.  —  AenwDs  et  l'embsuadenr  ordinsire  Joschimi  surent 
le  27  nof.  leur  premitre  aadieoee.  —  Le  comte  Guillsunie-Fr6]^ne  Teuoit, 
de  11  part  do  Prince  d'Orange,  annoncer  le  neianDce  d'an  (econd  fils. 


Monseigneur.  tPay  peur  qae  mes  diligences  ne  vous 
sojent  ennayei]ses,  d'autant  qu'elles  ne  représentent  les 
choses  qu'à  demy,  puisque  le  Roy  tarde  à  nous  respondre; 
ses  ministres,  en  excusant  la  longueur,  ne  nous  esclarcis- 
sent  de  rien ,  mais  font  beau  bruict  de  la  guerre  d'Escosse 
et  de  la  tenue  de  leurs  Parlemens;  cependant  nous  obser- 
vons beaucoup  d'allées  et  de  venues  d'Espagne  et  que  le 
résident  confère  souvant  et  estroittement  avec  ceux  qui 
sont  tenuz  pour  stipendiez  de  son  maistre;  nous  taschons 
d'en  pénétrer  le  subject,  car  il  seroit  difficile  que  uostre 
Estât  n'y  fust  mesié,  soit  par  le  combat  aux  Duyns, 
soit  par  le  fret  qu'on  prétend  de  faire  de  grandz  navires. 
Monsieur  le  conte  d'Hollande  '  m'asseura  bier  d'avoir 
veu  des  lettres  de  Bruxelles,  qui  parlent  que  dans  le 
mois  prochain  il  doibt  sortir  de  Duynkercke  trente  et 
cinq  navires ,  y  comprins  ceux  qui  ont  esté  sauvez  et  ra- 
doubbez  aux  Duyns ,  chargez  de  trois  régimens  Wallons, 
qu'ils  doivent  descendre  en  Espagne.  Ma  précédente  à 
V.  A.  est  du  22.  Le  lendemain  arriva  icy,  but  le  soir, 
M'  le  conte  Guillaume  et  me  porta  celle  de  Y.  Â.  du  9. 


(1)  Le  T  oct.  Goilltnaie  de  Lyere,  «mbusadeiir  de  la  Re'publiqoe  à  Paris, 
éeriiaat  à  Richeliea,  le  remercie  de  ce  qa'an  a  fttxé  à  Tromp  des  mnnitionai 
demande  que  l'urcbcrEqae  de  Bordoni  joigne  sa  flotte  i  celle  des  HollaDdois  1 
Dnina,  et  l'idreue  ï  son  Émin.,  „conime  i,  es  tr^  itrand  minitlra  qni,paiM 
eomtanee  et  prudence  affermit  le  Koj  sur  le  trâne."    (Ma.  P.  c.  H.) 

'  Lord  Hulland,  (centilhomme  de  la  chambre  et  msmbM  du  CMueil-pliT^, 
qui  négocia  en  France  le  mariage  de  Charles  I. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


]S39.  IWwmb».]  —   154   — 

■Tauray  soin  ^  diriger  sa  commission,  qu'elle  puisse  estre 
conduitte  avec  sa  répntatton  et  selon  vostre  intention, 
mais  elle  doibt  commencer  par  le  Roj,  sans  grande  for- 
malité; V,  A.  me  face  l'honneur  de  croire  que  rien  n'y 
sera  négligé  et  je  m'asseure  qu'à  son  retoar  il  se  louera 
de  mon  entremise.  Cest  aujonrdhuy  le  jour  auquel  les 
seigneurs  sont  convoquez,  pour  en  présence  du  Koy  dé- 
clarer soubz  leurs  signatures  quelles  sommes  ils  veuUent 
prester  contant  &  S.  Af . ,  et  cela  ruîdé  on  doibt  aussytost 
résoudre  nostre  respouce  sur  le  dernier  escrit  Nous  ne 
faisons  que  revenir  de  l'audience  de  la  Boyne,  laquelle 
noua  promet  toattes  les  fevenrs  que,  sauf  l'bonneur  du 
Koy,  nous  sçaurions  désirer  d'elle;  cette  exception  m'est 
suspecte  et  en  serons  esclarciz  par  la  responce.  S.  M.  nous 
a  dit  d'avoir  sçeu  que  madame  la  Princesse  est  accouchée 
d'un  garçon,  qu'elle  s'en  est  resjouye  et  loi  en  faict  la 
congratulation ,  comme  aussy  à  V.  A.  mais  ne  luy  avons 
point  parlé  de  l'arrivée  de  M^  le  conte  Guillaume,  pour 
luy  conserver  l'enfourneure  '  entière  et  tous  les  pas  de  sa 
commission.  Les  marchans  d'icy  refusent  tout  crédit  aux 
courtisans,  qui  leur  demandent  de  l'argent  à  intérest, 
mesmes  sur  des  bons  gages;  car  ils  craignent  la  guerre, 
ou  de  la  bronillerye  au  Parlement,  qui  feroït  risquer 
leur  condition.  Le  Roy  parle  de  Jever  35,000  hommes 
de  pied  et  six  mille  de  cheval  et  de  les  avoir  sur  pied 
avant  le  Parlement  Je  prie  Dien,  Monseigneur,  pour 
la  grandear,  félicité  et  longue  vie  de  V.  A. 
De  vostre  Altesse, 
très-humble,  très-obéysant  et  très-fidële  serviteur, 

FRANÇOIS  D'aEBSSXN. 

De  Loudres.  ce  jour  de  Noël  1639. 

'  coinmeaccmMt. 


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LBTTRB  DLXD. 

Le   même   au   même.     Dùpoiitionê  de  la  Cour  iT Angleterre 
et  du  paye. 

Monseigneur.  tTay  receu  à  deux  jours  d'intervalle,  celles 
que  V.  A.  m'a  &ict  l'faonneiir  de  m'escrire  da  9  et  12 
de  ce  mois.  Ma  précédente  a  esté  da  jour  de  Koël.  M. 
le  conte  Guillaume  s'est  d'assez  bonne  grâce  démeslé  de 
sa  commission;  et  est  aprës  à  reDonveller  ses  premières 
connoisBances,  attendant  la  déclaration  de  la  Royne,  la- 
quelle avoit,  boict  jours  devant  sa  venue,  envoyé  en  France 
apprendre  qni  seroit  nommé  par  le  Roy  poor  le  répré- 
senter au  baptesœe,  aân  d'adjuster  l'esgalité  de  leurs  qua- 
lités; quoy  vDÎdé,  on  ne  tardera  gnères  ^  le  redépescher. 
Madame  de  Chevreuse  ' ,  qui  se  mesle  de  toat,  a  encor 
tasché  de  brouiller  quelque  chose  en  cet  affiùre ,  mais  en 
vain.  tTai  esclaircy  Y.  Â.  qu'elle  ne  sçauroît  &ire  estât 
d'aucune  levée  en  Escosse  et  que  le  Koy  en  a  trouvé 
nostre  proposition  estrange,  ven  que  n'ignorions  point  leur 
desobéjssance  et  qu'il  a  raison  de  douter  de  leurs  vo- 
lontez,  ne  désirant  pourtant  bazarder  son  anthorité,  qu'il 
a  trouvé  bon  de  nous  prier  de  ne  l'en  presser  d'avantage. 
Nous  attendons  tousjours,  Monseigneur,  les  responces  du 
Roy  et,  tant  que  ne  l'aurons,  il  nous  sera  impossible  de 
pénétrer  le  fond  de  *  intentions  de  cette  Cour  et,  pour 
dire  la  vérité,  ces  allonges  me  sont  suspectes  de  quelque 
dessein,  soit  que  ce  pendant  il  se  négotie  quelque  chose 
avec  l'Espagne ,  soit  qu'on  attende  l'yssue  de  l'affaire  d'Es- 
cosse.  U  y  a  trois  sepmaines  que  le  Roy  nous  promit 
sa  response  dans  un  jour  ou  deux  ;  delà  à  quelque  temps, 
le  secrétfùre  Koke  '  nous  en  vint  excuser  le  retardement, 
comme  procédant  des  grandes  affaires  que  leur  tomboyent 

■  Uirie  ds  Rohaii,  tcaTe  de  Lnynea,  jpoDse  da  dao  deCbemuw.con- 
fldBDt*  de  U  RdDB-mîra  ot  hoetile  an  eurdinil  d«  Riohdiea,  u'reiur- 
quble,   dsEï  ta  intrigues  continnellei ,   pur  mu  tdrewe  tt  pu  wn 

■  dn.  >  Sir  Jaha  Coli»,  McrAiire  d'ÉUt 


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IB89.  Décemb»,]  —    156   — 

sur  les  bras,  pour  la  rébellion  des  Escossois  et  la  réso- 
lution à  faire  tenir  un  Parlement,  tant  icy,  qn'en  Irlande, 
maJB  qu'il  en  avoit  le  commandement  du  Hoy,  et  estoit 
après  k  la  dresser;  nous  l'en  envoyâmes  de  rechef  sommer 
hier,  et  n'en  easmes  autre  chose,  sinon  qu'elle  n'estoit  point 
encor  preste  et  qu'il  avoit  !i  en  parler  au  Koy  devant, 
lequel  alla  hier  chasser  à  [Thebols] ,  d'où  il  ne  retournera 
que  samedy;  et  ainsi  nous  faict-on  tomber  dans  les  festes 
de  Noël  *,  qui  rendront  S.  M.  inaccessible.  Je  n'y  voy 
remède,  Monseigneur,  que  dans  la  patience,  quelque  en- 
nuyeuse qu'elle  me  soit,  pendant  laquelle  je  me  tiendray 
aux  escouttes,  pour  en  descouvrir  la  cause,  et  certes  c'est 
un  bien  estrange  procéder,  que  ceux  qui  se  croyent  of- 
fensez, n'en  font  point  leur  plùnte  euz-mesmes  et  tardent 
k  repartir  à  nos  esclarcissemens  et  justiâcations,  que  contre 
tout  ordre  nous  avons  faict  précéder,  pour  le  seul  respect 
du  Roy.  La  constellation  de  cette  Cour  nous  est  peu 
favorable;  ceux  qui  président  principalement  sur  les  affai- 
res, sont  pour  la  pluspart  nouveaux  et  sans  grand'  con- 
noissance  du  dehors,  reculent,  on  surmontent  h  ht  pluralité 
des  voix,  ceux  qui  leur  ont  précédé  et  ne  sont  de  leur 
sentiment;  leur  but  va  h  establir  le  commerce  et  leur  au- 
thorité  par  les  avantages  d'îceluy.  L'Espagnol  s'en  mesle 
ouvertement;  quoy  estant,  V.  A.  jpense  s'il  est  possible 
que  n'ayons  tousjoura  des  riottes  '  à  composer  avec  c«tte 
couronne,  sy,  par  traîct  de  temps  et  des  accidens  des  af- 
faires, cette  Cour  n'est  remise  en  une  plus  saine  assiette, 
car  on  envie  nostre  prospérité,  on  faict  encor  semblant  de 
redouter  nostre  puissance,  et  ne  peut-on  digérer  nostre 
confédération  avec  la  France.  Ce  sont  en  partye  les  ray- 
sons  qu'on  faict  valloir  à  refroidir  le  Koy  et  les  affections 
du  Royaume  envers  nostre  Estât,  et  en  vient-on  desjà  jua- 
qaes  lit  de  dire  qu'il  faut  balancer  la  puissance  du  Roy 
d'Espagne  et  de  messeigneurs  les  Estats  dans  les  Pays- 
Bas,  en  empeschant  que  l'un  ne  vienne  à  succomber,  ny 
l'autre  &  gaigner  trop   d'avantage,   surtout  s'opposer  k  la 


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—   157  —  [18a9.  Dé:«mbra. 

France,  ay  elle  prétend  d'empiéter  quelque  chose  en  la 
Flandre.  V.  A.  voit  où  enfin  cela  va  aboutir.  Le  Roy 
d'Espagne  peut  trop  en  cette  Cour  et  tous  les  plus  puîs- 
saos  y  sont  de  son  costé;  madame  de  Chevreuse  les  sçùt 
manier,  comme  y  enclins  d'enx-mesme,  et  a  un  grand 
ascendant  snr  l'esprit  de  k  Royne,  qui  prend  goast  à  son 
entretien,  et  le  Résident  d'£spagne  n'agit  plus  qae  par 
Bon  organe,  de  qaoy  les  stipendiez  d'Espagne  prennent 
jalousie  et  la  Papauté  prend  tant  de  pied  et  de  hardiesse, 
que,  s'il  n'y  est  ponrveu  bien  tost,  il  en  pourra  avenir 
du  désordre.  Plnsieors  commencent  k  douter  de  la  tenne 
du  Parlement,  à  cause  des  grands  emprunts  qae  le  Roy 
faict  pour  estre  armé  contre  les  Escossoîs,  et  y  en  a  qui 
se  desfîent  que  c'est  plostost  pour  réformer  la  licence  du 
Parlement  et  refréner  leurs  insolences,  en  chastiant  quel- 
ques uns  des  plus  mutins  parmy  eox,  qui  osent  disputer 
les  prérogatives  de  S.  M.  Les  Seigneurs  du  conseil  si- 
gnèrent devant-hier  leurs  promesses,  jusques  environ  deux 
cens  mille  livres  sterlincks;  le  reste  demanda  temps,  pour 
examiner  où  ilz  pourront  prendre  de  l'argent.  M' le  conte 
d'Hollande  a  signé  pour  dix  mille  livres  sterlincks,  mais 
n'est  pas  bien  dans  l'esprit  du  Roy  et  de  la  Royne ,  prin- 
cipalement pour  avoir  eu  prinse  avec  le  député  d'Irlande  ' 
sur  le  subject  de  la  flotte  d'Espagne  aux  Dunes,  qu'il 
conseilloit  au  Roy  de  faire  retirer,  pour  ne  la  voir  com- 
battre par  les  Hollandoys  au  préjudice  des  droits  de  S.  M., 
ce  qn'asseurément  ilz  feroyent,  portez  de  la  nécessité  et 
fondez  en  droict;  ^  quoy  le  dit  député  s'opposa,  soub- 
stenant  qu'ilz  ne  l'oaeroyent  avoir  pensé,  et,  la  chose  ayant 
succédé  ainsi  que  l'autre  avoit  prédit,  il  semble  que  main- 
tenant on  cerche  à  luy  jetter  le  chat  aux  jambes,  et  le 
député  a  sy  bien  feict  sa  partye  avec  l'archevesque  '  et  le 
marquis  de  Hamilton,  qui  peuvent  tout  sur  les  volontez  du 
Roy,  qu'il  sera  bien  contre  l'opinion  de  tous,  sy  l'autre 
subsiste.  Monseigneur,  je  m'estends  trop  sur  cette  matière, 
mais  ce  n'est  que  pour  V.  A.,  qui  a  besoin  de  veoir  clair 
■  Wœtwortb ,  comU  da  Stnflbrd.  *  Ltnd ,  wcbartqna  da  LondiM. 


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-|  _   158  — 

dans  la  véritable  constitution  de  cette  Conr,  dont  je  crains 
bien  quelque  bourrasque,  sy  les  affaires  qu'on  a  it  demesler 
ne  nous  en  garantissent  Ces  lettres  de  nuurqae,  qui  se 
donnent  et  exécutent  de  fois  &  autre  sur  les  nostres,  sans 
autre  ressentiment  que  des  plaintes  verbales,  tirent  une 
longue  conséquence,  et  sont  cause  qu'on  nous  mesprise,  et 
cela  les  rend  hardis;  mais,  sy  pensons  bien  à  nostre  faict, 
je  ne  me  puis  imaginer  que  l'envie  les  prenne  de  nous 
choquer,  encor  quils  dient  se  voulloir  joindre  à  l'Espagne, 
sy  nous  pensons  nous  unir  séparément  avec  la  France.  J'ay 
apprins,  Monseigneur,  de  l'ambassadeur  de  France,  qui 
le  tient  de  la  bouche  de  madame  de  Chevreuse  que  l'au- 
dience et  la  dépèche  de  sammedy  du  résident  d'Espagne 
ne  fut  qu'une  grande  et  amère  plainte,  de  ce  que  le  Boy, 
contre  sa  promesse,  auroit  souffert  aux  HoUandois  d'en- 
treprendre aux  Duynes,  désirant  qu'il  luy  en  soit  satisfaict 
et  a  exhibé  à  S.  M.  le  double  de  la  lettre  que  le  secré- 
taire Windebant  '  auroit  par  son  commandement  escrit  de 
Barwyck,  bien  quatre  mois  devant  l'arrivée  de  la  flotte; 
elle  dit  que  S-  M.  a  tenu  sa  parolle,  ayant  à  cette  Go  faict 
entretenir  quantité  de  navires  an  dit  lien,  mais  rien  n'ea- 
tant  arrivé  jusques  an  dernier  de  juillet,  qu'elle  auroit  eu 
besoin  de  ses  vaisseaux  ailleurs,  que  mesmes  encor  deux 
mois  depuis  il  ne  s'est  parlé  d'aucune  flotte,  tellemeot 
que  le  £oy  d'Espaigne  ayant  manqué  au  terme  dans  le- 
quel il  demandoit  de  la  seureté,  n'a  nulle  raison  de  se 
prendre  à  luy  du  malheur  de  sa  flotte.  Je  crains  que 
tonttes  ces  plaintes  ne  tendent  qu'^  irriter  davantage  le 
Boy  contre  nous,  s'il  ne  se  paye  de  Aûson ,  et  de  là  Y.  A. 
apprend  que  cette  venue  a  esté  concertée  avec  le  Roy, 
ce  qu'on  nye  pourtant  fort  et  ferme  en  cette  Cour,  sauf 
Porter'  qui  Favone  publiquement  et,  sy  le  Roy  y  est  mesié 
sy  avant,  il  y  faudra  pins  de  façon  à  en  sortir.  Il  avoit 
esté   entamé  quelque   traicté  entre  des  marcbans  Angloîs 

'  Sir  Fnncù  WÎDdsbsnk,  leci^Uire  d'État. 

•  BndjiniDD   Porter,   f[tti  k  Madrid,  longtemps  attacha  an  doc  de  Buc- 
tinghui ,  et  admû  due  l'intiiniK  de  Chule*  I. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—    1-^»  —  flSM. /«niisr. 

et  Eepagnolz,  à  monter  et  entretenir  quarente  grandz  na- 
vires, soabz  le  nom  et  la  bannière  du  £07,  qoi  seroyent 
obligez  de  &îre  une  traicté  ordinaire  pour  le  transport 
de  leurs  marchandises  d'Espagne  en  Flandres  et  de  Flan- 
dres en  Espagne;  h.  la  charge  de  payer  les  droits  du  Boy 
à  Doaver,  mais  les  dits  marcbans  commencent  de  s'en 
retirer,  à  cause  du  Parlement,  qu'ilz  disent  craindre,  et 
le  résident  d'Espagne  s'en  desdit  pareillement;  toutesfois 
je  ne  m'en  fie  pas  trop,  et  il  persiste  à  demander  les 
quatorze  navires  pour  les  Indes  occidentales,  que  M'  le 
grand-Admiral  '  luy  refuse  pour  encor ,  combien  que  l'antre 
l'assenre  que  les  marchans  Hollandois  les  présentent  an 
Soy  d'Espagne  à  bien  meilleur  marché»  mais  c'est  qu'il 
désire  avoir  ces  gages  de  l'amitié  de  S.  M.  Cette  longue 
lettre,  Monseigneor,  tesmoignera  plustost  de  mon  loisir 
qne  de  ma  diligence,  et  m'oblige  de  vous  demander  par- 
don d'une  faute ,  que  je  pouvoy  ne  commettre  point ,  mais 
je  me  pense  tenu  de  vous  verser  dans  le  sein  ce  que 
j'apprends  des  affaires,  afin  d'en  soubmettre  les  considé- 
rations k  vostre  jugement ,  car  je  désire  servir  utilement 
Je  prie  Dieu  pour  ypstre  prospérité  et  santé,  m'osant 
qualifier.  Monseigneur, 

de  vostre  Altesse  très-humble,  très-obéyssant , 
et  très-fidelle  serviteur. 


LETTRE    DLXin. 

M.  d$  Hemvliet  au  Prince  à^  Orange.    Mariage  ^AryUterre. 

*,*  Ta  RaDi-mira  de  France ,  lors  do  son  i^joar  an  HoUtnde ,  tTOit  bit 
lu  pnmiirM  ooTettnrcs  poar  an  mariaf^  dn  jeane  PriDcs  d'Orange  née  une 
ffils  da  Rai  d'Angleterre.  Envoya  pir  Pruderie- Hcd ri ,  JeiD  t.  d.  KerkbaTtn. 
dit  Poljuder,  seigneur  de  HaenTliel ,  k  trouvait  ponr  Itanonde  Ant  àLi>ndrw> 
•fio  de  DJ^jocier  «crètensnt  cette  anioD  •. 

Monseigneur.     J'ay    en    audience    prest  du  Roy  et  la 

1  Cants  de  Wuwick. 

■  Relitinment  i  wd  premier   «ofaga,  U  j  ft  aie  minate  >glognphe  di 


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llrtO.  Jinrier.]  —    160   — 

Boyne,  et  en  présence  de  la  BoTne-m&re  et  ses  deoz 
messieurs.  iFay  dict,  oultre  les  compliments  denes  à  nng 
tel  Roy  et  Royne,  ce  que  V,  A.  m'avoit  commandé,  et 
pois  après  donné  mes  crédences,  et  encor  à  la  Royne 
ce  qae  Madame  m'avoit  commandé.  Lenrs  Majestez 
m'ont  ouy  attentivement  et  recen  fort  bénignement  Le 
Roy  me  dict  qa'il  m'avoit  voulu  donner  là  mon  audience, 
pour  y  estre  pins  k  l'ayse,  et  pas  plnstost,  pour  oster 
tout  soupson,  ouy  que  personne  de  son  conseil,  horsmis 
le  tbrésorier,  ne  sçavoit  encor  rien;  que  présentement  je 
le  poulvois  voir,  toutefois  tenir  l'affaire  encor  secrète;  la 
Royne,  que  je  poulvois  asseurer  vostre  Altesse  de  sa  bonne 
volonté  et  qu'elle  désiroit  l'affaire;  tellement  que  je  ne 
poulvois  plus  espérer  pour  la  première  audience;  j'estois 
plus  d'un  heure  et  demy  dans  la  chambre,  oïl  on  parloit 
de  plusieurs  choses,  et  la  Royne  des  curiositez  qu'on 
avoit  icy  eu  à  mon  dernier  voyage.  Je  dis  à  leurs  Ma- 
jestez  qu'en  Hollande  le  monde  n'avoit  pas  esté  moins 
curieux,  mais  que  personne  n'en  sçavoit  encor  rien,  ny 
oii  j'avois  esté. 

Ainsy  que  leurs  Mt^estés  se  voulurent  retirer,  le  Roy 
m'appella  et  me  dict  tout  doucement:  „ne  vous  fiez  en 
personne,  je  craing  qu'yls  ne  sont  pas  secrés."  Je  fis 
une  grande  révérence  et  là-dessus  leurs  Majestés  se  re- 
tirèrent. J'espère  par  le  premier  poolvoir  dire  plus  des 
particularités  à  V.  A.,  de  laquelle  je  demeure.  Monseigneur, 
très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 
d'hbekvliet. 

De  Londres,  te  6  janviei  1640. 

Piince  laagmenialûm  de  Fàulruelioit  du  ^  de  MeturHef).  „  11  len 
D{c«*ture  quB  Is  Sieur  de  HecDilict  toit  draenifiit  iarorinj  de  l'intcntioD 
du  R07,  de  quelle  façon  l'on  ann  ï  [ugir]  enverala  Kejneds  Bohime 
■nr  le  anjet  de  11  dite  ilitaie,  k  aiTuir  ai  S.  A.  tranTC  ban  qu'elle  ei 
nil  tiwiiia,  et  par  qui,  ob  de  li  pirt  de  S.  M.,  od  de  la  mieRoe.  D 
tiKhera  eiui  pir  loaa  moiena  d'avoir  par  eacript,  ùgai  de»  djpnlà  di 
Bo;  qui  tniteront  arec  Iny,  lea  ouTertarce  qui  de  leur  part  Hroat  fkite» 
toaeiiaiit  De*te  alitnce,  pour  m'en  pouvoir  fiùie  on  particulier  rapport 
Le  7  t^rier  lOSS." 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


iLBTTBB  BLXIT. 

M.  de  SommeUdyck  <iu  Prince  ^  Orange.     Même  vijet. 

Le  brnict  est  îcj,  et  madame  de  Chevrease  l'autorise, 
qae  V.  A.  faïct  négotier  par  le  sieur  de  Heenvliet  le 
mariage  de  madame  Marie.  Je  ne  sçay  ce  qui  en  est, 
et  n'en  sais  point  curieux,  que  pour  en  désirer  le  succës: 
mais  je  puis  dire  Ii  V.  A.  asserténement  que  les  deux 
Beines  travaillent  en  cela  pour  l'Espagne,  en  considi'ration 
du  sang,  de  la  religion  et  de  la  grandeur.  Le  conte 
Rosetti ',  qui  réside  icy  pour  le  Pupe,  les  presse  et  les 
seconde  fort  en  ce  dessein;  le  Roy  toutesfois  n'y  veut 
entendre,  si  ce  mariage  n'est  double  et  le  change  faict 
en  mesme  temps,  à  quoy  le  Roy  d'Espagne  recule,  de- 
mandant Madame  présentement,  pour  la  faire  nourrir  et 
instruire.  Ma  visée.  Monseigneur,  en  cest  affaire  a  esté 
de  mesnager  la  jalousie  que  le  Roy  prend  do  l'estroitte 
alliance  des  Estatz  avecq  la  France,  pour  lay  entamer 
le  propos  de  ce  mariage,  comme  le  vray  et  uniqu'3  ex- 
pédient pour  attirer  et  lier  à  soy  par  prérogative  et  de- 
vant tons  autres,  tes  affections  et  les  intérêts  de  V.  A.  et 
des  Provinces-Unies;  rien  ne  pouvant  de  feict  estre  tant 
utile  que  ce  moyen,  au  lien  que,  se  voulant  mettre  en 
autre  maison  plus  paissante,  il  ne  gaignera  rien  sur  leur 
ambition,  mais  perdra  l'amitié  de  sa  fille,  l'obligeant 
d'esponser  des  intérêts  contraires  aux  siens.  Je  m'abstien- 
âray  donq  d'en  parler,  si  V.  A.  ne  le  trouve  bon  autre- 
ment, mais  le  temps  et  toutes  les  raisons  du  monde  font 
pour  cest  alliance.     Londres,  6  janvier  1640. 

LETTRE   BLXT. 

Le  même  au  même.    Menée»  de  lEspagne;  affaire  de  Diiini. 

MonseigneurI  J'ay  fort  amplement  escrit  à  V.  A.  du  2 


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1640.  Jinràr.]  —    i-bZ    — 

de  ce  mois,  il  s'en  eat  présenté  peu  de  sabject  depub.  Noos 
attendons  tousjours  la  responce  du  Roy,  que  juaquos  icj 
on  promettoit  de  jour  à  autre,  mais  hier,  pressans  plus 
chaudement  M.  le  secrétaire  Koke,  i]  nous  fit  dire  qu'elle 
n'estoit  point  preste  et  qu'après  les  festes  il  en  feroit  res- 
souvenir le  Roy;  c'est  noua  renvoyer  au  loin  et  pour  ce 
avons  délibéré  de  demander  audience  pour  après-demain, 
car  il  n'y  eschet  '  point  tant  de  façon  ny  de  remise,  s'il 
n'y  a  autre  mystère.  Je  recerche  la  cause  de  ces  allon- 
ges; ceux  du  conseil  et  les  ministres  mesmes  les  excnsent 
par  le  concours  de  beaucoup  de  grandz  et  importans  af- 
&ires,  sur  les  pr^paratife  des  deux  Parlemens;  les  autres 
llmpntent  à  une  lenteur  naturelle  de  cette  Cour,  mais 
l'un  ny  l'autre  ne  peut  convenir  à  nostre  commission,  qui 
n'a  pour  object  qu'un  esclaircissement  de  ce  qui  s'est  iaict 
aux  Duyns,  et  sur  quels  fondemens;  la  responce  donq  ne 
requiert  longue  délibération,  puisque  c'est  chose  faicte  et 
qu'on  la  doibt,  ou  approuver,  ou  la  condamner  avec  moyen. 
Je  ne  pense  pas  me  tromper,  Monseigneur,  sy  je  suis 
en  quelque  opinion  que  le  dessein  est  de  nous  tenir  quel- 
que temps  à  la  main,  pour  marchander  avec  l'Espagne 
sur  le  double  mariage  que  madame  de  Chevreuse  a  proposé 
«t  lequel  la  Royne-mère  et  la  Royne  désirent  passionné- 
ment; de  faict  S.  M.  tient  en  souffrance  tout  ce  que  le 
résident  d'Espagne  met  en  avant  pour  sa  réparation,  pour 
l'achept  et  pour  le  fret  des  navires,  pensant  l'obliger  do 
Ib  à  se  déclarer  rondement  sur  les  conditions  des  mari- 
ages. Il  n'y  a  que  deux  jours  que  madame  de  Che- 
vreuse  en  reprit  les  arremans  *  avec  le  Roy  en  la  chambre 
de  la  Royne ,  où  s'eatoit  aussy  rencontré  M' l'ambassadeur 
de  France  ',  de  qui  je  le  tiens;  elle  monstra  &  S.  M.  un 
diamant,  qu'elle  venoit  de  recevoir  dans  un  paquet  du 
Roy  d'Espagne,  de  huict  k  dix  mil  escus  de  valeur  et, 
enfonçant  les  propos  du  mariage  du  Prince  d'Espagne 
avec  Madame,  déclara  que  le  Roy  d'Espagne  avoit  desjà 
nommé  la  seur  de  la  femme  du  Conte-duc  *,  pour  la  venir 
■  M.  de  Bïllifvn.  •  Olituo. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


Ibd    —  [IfilO.  Jitiïier 

recevoir,  sans  parler  d'aucune  condition,  la  vonllant  lo 
Boy  d'Espagne  faire  nourrir  royalement  à  ses  propres 
despens,  et  luy-a  l'Infant  d'Espagne  envoyé  son  pourtrait, 
dans  une  bouette  *  de  diamans,  de  cinq  à  six  mil  escus; 
aurquoy  le  Roy  ayant  faict  approcher  le  dit  sieur  am- 
bassadeur; „vous  pouvez,"  dit-il,  „bien  sçavoîr  de  quoy 
la  duchesse  de  Chevreuae  et  moy  parlons;"  l'autre  luy 
repartit  promptement  qu'il  la  connoissoit  grosse  de  faire 
uu  mariage  entre  l'Espagne  et  l'Angleterre,  que  c'est  une 
vielle  prattique  des  Espagnols  de  mettre  tels  partis  en 
avant,  pour  en  amnser  le  monde,  quand  leurs  affaires  en 
ont  besoin,  que  S.  M.  en  seroît  le  meilleur  tesmoin,  qui 
l'a  assez  esprouvé  en  sa  personne,  sans  en  alléguer  autre 
raison  ny  exemple;  qu'il  sçalt  bien  que  le  Roy  d'Espagne 
n'y  a  aucune  pensée,  mais  trompe  madame  de  Ghevreuse, 
ponr  par  ce  moyen  entretenir  S.  M,  en  neutralité  avec 
la  perte  de  plusieurs  belles  occasions;  que,  sy  on  en 
doute ,  qu'il  est  content  de  mettre  dix  contre  un ,  et  de 
telle  somme  qu'on  voudra,  que  jamais  le  Conte-duc  Olî- 
varés  ne  signera  le  contract  de  l'Infante  d'Espagne  avec 
le  Prince  de  Galles,  et  s'il  demande  Madame  pour  l'es- 
lever  en  Espagne,  qu'assenrément  il  seroit  encor  plus 
ayse,  s'il  les  pouvoit  tenir  tous  pour  gages  contre  l'An- 
gleterre, et  pour  en  descouvrir  l'intention,  qu'il  seroït  bon 
de  faire  dès  maintenant  et  en  mesme  temps  l'échange  des 
deux  Princesses.  Madame  de  Chevreose  recula  à  cette 
proposition,  et  M'  l'ambassadeur,  tout  en  raillant,  se  mit 
k  luy  dire  qu'elle  faisoît  mal  de  voulloir  tromper  le  Roy 
en  une  affaire  qu'elle  sçavoit  bien  ne  devoir  réussir.  Cest 
donq,  Monseigneur,  k  ce  traicté  que  j'impute  nos  lon- 
gueurs; et  il  se  faict  tant  d'allées  et  de  venues  d'Espagne 
sur  ce  subjet,  que  je  ne  sçay  quand  je  pourray  avoir 
feict,  et  noz  festes  sont  pour  encor  bien  durer,  car  c'est 
demain  le  jour  de  l'an  *,  et  de  là  nous  allons  aux  ballctz  et 
comédies;  enfin,  la  chasse  nous  pourra  mener  à  \ewmar- 
quet;  mais,  après  tant  de  devoirs,  je  me  résoudz  à  patience, 
'  boîte.  *  (iwiniu  iljla)- 


,,CoogIc 


1640.  JMTier]  —    lb4   — 

moins  dommageable,  veu  que  l'Estat  a  &appé  son  coup; 
tOQfl  m'en  promettent  bonne  jssoe  «t  que  je  m'en  retour- 
neray  content,  parcequ'on  ne  vent,  ny  peut  se  séparer 
d'avec  les  Provinces-Unies.  M'  Fane  '  m'estant  venu  visi- 
ter hier,  me  dit,  entre  autres  discours,  qu'on  avoit  depuis 
qoelqnes  années  observé  denz  choses,  la  première,  que  le 
Boy  d'Espagne  a  travaillé  à  mettre  le  Roy  et  son  peuple 
mal  ensemble  et  que  son  dessein  Iny  a  bien  succédé;  l'au- 
tre, que  la  France  a  attiré  à  soy  les  Provinces-Unies  en 
les  détachant  de  cette  couronne;  à  quoy  il  pensoit  que  le 
Roy  doibt  remédier  par  le  Parlement  pour  le  premier, 
et  par  un  bon  traicté  avec  les  Estatz  pour  l'antre,  en 
renouant  la  première  confience;  surquoy  je  luy  ay  con- 
fessé qu'il  a  sagement  remarqué  où  tendent  les  voisins  et 
qu'il  ne  peut  trouver  mauvais  que  nous  embrassions  touttes 
aminés  qui  se  présentent  à  nous  contre  le  Roy  d'Espagne, 
et  qu'il  ne  tiendra  qu'an  Roy  de  nous  mesnager  pour 
l'aSermissement  et  seureté  commune,  mais  qu'il  nous  faut 
traitter  mieux ,  sans  donner  protection  en  ses  raddes  ^  des 
armées  enUères  envoyées  à  nostre  destraction,  sans  leur 
prester  de  *  navires  &  mesme  fin,  et  sans  les  secourir  contre 
le  droict  de'  gens,  de  tout  ce  qui  leur  &ict  besoin  pour 
nous  nuire;  il  me  dit,  que  toat  cela  se  pourra  régler  par 
un  traicté.  Nous  verrons  k  quoy  tout  abboutira,  car  je 
sçay  de  certaine  science  qu'en  cette  occasion  il  a  autant 
et  plus  crié  contre  nous  qu'aucun  autre ,  et  en  a  esté  plus 
cm,  pour  avoir  résidé  parmy  nous.  — tTapprens  que  le  Ré- 
sident d'Espagne  a  contracté  icy  avec  quelques  marchans 
d'Hamburch  pour  cinq  grands  navires,  à  la  charge  de 
les  monter  et  équïpper  de  pilotes  et  mariniers  de  leurs 
pays;  sy  cela  a  lieu,  le  Roy  d'Espagne,  en  payant  qnel- 
que  peu  davantage,  ne  manquera  jamais  de  bons  navires, 
ny  de  matelots  à  infester  nos  mers,  et  seroit  bon  dépen- 
ser aux  remèdes,  en  commençant  par  nous-mesmes.  Le 
parlement  est  préfix  au  13  d'avril,  style  du  pays.  On 
Tarie  fort  au  jugement  de  son  yssue  ;  l'emprunt  par  avance , 
'  Sit  Ueaiy  Vuie,  •ecrflii»  d'Âlat.  •  dat. 


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—  165  - 


[1640.  Janiii 


pour  faire  levée,  donne  de  l'ombrage  k  plasienrs;  autres 
croyent  simplement  qu'elle  n'a  visée  qae  pour  mieax  dis- 
poser on  ranger  par  force  les  Escossois,  dont  on  attend 
les  députés;  il  y  en  a  d'antres  un  bon  nombre,  lesquels 
(consïdérans  les  nécessitez  du  Roy  et  qnasi  la  générale 
aversion  de  son  peuple,  à  cause  des  grandes  nouveantez, 
introduittes  en  tous  les  ordres,  et  particulièrement  à  trouver 
de  l'argent  contre  les  privilèges  et  les  vojes  accoustnmées) 
se  promettent,  que  le  Roy,  pour  s'en  tirer,  lairra  fiiire 
au  parlement;  auquel  cas  il  est  apparent  de  voir  bien  des 
changemens;  s'il  ne  le  feict  aussy,  en  luy  vonllant  pres- 
crire de*  conditions;  il  y  a  danger  de  confusion.  Y.  A., 
qui  est  très-judicieuse,  sçaura  faire  sa  construction;  mais 
avant  tout  cela ,  il  est  à  propos  que  vnidions  ce  qu'avons 
it  feire  îcy,  et  sy  on  pense  làire  quelque  traïcté  avec  nous, 
il  ne  s'en  peut  faire  autre  que  de  ligue  défensive,  sy  on 
ne  se  résoult  de  rompre  avec  l'Espagne,  ce  qu'on  n'est 
pas  en  volonté  de  faire.  Apres  nostre  audience  nous 
écrirons  à  V.  A.  en  commun;  cependant  j'auray  tous- 
jours  l'oeil  aux  occasions  pour  avancer  ma  commission, 
en  priant  Dieu  ponr  la  prospérité  de  Y.  A.,  à  laquelle 
je  proteste  d*estre.  Monseigneur, 

très-liamble ,  très-obéyssant  et  très-fidèle  servitetur, 

FZANÇOIS  D'aKKSSKN. 

De  LondreB,  oe  10  de  jnn«ier  1640. 

Monseigneur  I  L'advocat  Guyl  m'a  porté  le  comman- 
dement de  V.  A.  de  le  servir  en  l'aflure  qu'il  aurait  en 
cette  cour,  et  luy  ayant  demandé  en  qaoy  mon  entre- 
mise luy  ponrroit  estre  utile ,  il  m'a  &ict  un  long  discoure 
des  grandz  services  qu'il  rend  journellement  à  Y.  A.  par 
la  communication  des  correspondences,  qu'il  entretient  de- 
hors et  dedans  le  pays;  ponr  lesquelles  faciliter,  il  me 
prioit  de  moyenuer  envers  le  Roy  que  S.  M,  le  vonllnst 
fire  cbavalier;  je  ne  connoy  poinct  son  mérite,  mais,  sy 
V.  A.  le  trouve  bon,  je  tascfaeray  de  le  Iny  procurer, 
lorsque  je  seray  sur  mon  départ. 


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•  LETTRE  B1,XVI. 

A/,    de    Sommeltdyck    et    M.  Joackimi  au  Prince  éCOrangt. 
Audience  auprii  du  Roi. 

Monseignenr.  La  précédente  est  da  30  de  l'anltre, 
avec  un  apostille  an  pied  da  second  de  ce  mois.  V.  Â. 
peut  avoir  veu  et  nos  devoirs  et  leurs  rencontres.  Noua 
pensions  faire  tout  bon  pour  essayer  d'acheminer  nos  af- 
faires à  lear  point,  mais  l'impatience  de  tant  de  remises 
et  nouvellement  encor  d'ane  sans  bout,  noue  emporta 
hier  à  demander  audience,  pour,  sur  la  félicitatîon  du  jour 
de  l'an,  mettre  S.  M.  en  quelques  propos  de  nostre  ob- 
ject;  laquelle  fust  à  l'instant  accordée  et  appointée.  Nostre 
entrée  fiist  de  )uj  souhaitter  prospérité  en  touttes  choses , 
avec  santé  et  longue  vie  k  sa  personne,  la  supplians 
en  contréchange  d'estréner  '  messeignenrs  les  Estats  d'une 
brefve  et  bonne  expédition  au  subject  de  nostre  commis- 
sion; qu'aussj  bien  la  chose  estoit  faicte  à  bonne  intention, 
réussye  à  l'utilité  commune,  avec  présupposition  que  S.  M. 
n'en  devoit  estre  marrye,  qu'au  moins  le  traïcté  de  Suyt- 
hamton  '  les  pourroit  garantir  de  son  offense;  que  l'Espagnol 
ne  cerche  par  ses  practiques  qu'à  mettre  de  la  division 
entre  S.  M.  et  eux,  qui  ont  leurs  intérêts  inséparables 
en  la  religion  et  en  la  mer;  toutesfois  que,  sy  les  affai- 
res de  8.  M.  reqnéroient  quelque  autre  démonstration, 
que  volontiers  on  s'y  accorderoit,  pourven  qu'il  luy  pleust 
de  nous  dire  nn  bon  mot  en  l'oreille.  S.  M-,  tout  en 
riant,  dit  avoir  leu  nos  deux  escrits,  s'excusa  du  retar- 
dement de  la  response,  procédée  de  plusieurs  choses  sur- 
venues, mesmes  parcequ'elle  a  cerché  de  nous  rendre 
contens;  qu'elle  en  recommanderoit  l'expédition  au  ptus- 
tost,  et,  pour  ce  qui  concerne  le  traicté  de  Sadthampton, 
duquel  nous  faisons  nostre  principal  fondement,  que  le 
trouverions  hors  de  toutte  considération.  La  réplique  fut 

'  dunnrr  «n  jtrranea. 

■  Alliance  oBratiie  et  HéfeuBÎTe  entra  t'AngUterre  et  tea  FraiSncei-UDM* 
contre  i'Eipigne,  du  y„  Kpt.  1621. 


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—    167    —  (;i94o.  JHtin. 

qae  sçavions  qae  S.  M.  en  avoît  autrement  usé;  que  cela 
toatesfois  n'empeschoit  pas  que  le  droict  ne  demenroit 
acquis  à  messeignenrs  les  Eatats,  qui  l'ont  observé  en 
touttes  ses  conditions;  et  ne  tenant  point,  selon  l'entente 
de  S.  M.,  qu'à  ce  conte  il  n'y  aurait  plus  de  confédéra- 
tion entre  S.  M.  et  eux.  S.  M.  nous  interrompit  là-dessus, 
soubstenant  qnll  reste  encor  d'antres  traictez,  qui  nous 
lient  ensemble,  ainsi  que  verrons  en  sa  response,  mus 
qu'elle  fera  qu'aurons  contentement  et  ne  nous  lairra  par- 
tir sans  an  nouveau  traicté.  Kons  protestions  n'avoir 
charge ,  nj  intention  d'entrer  avec  elle  en  contestation  sur 
les  conventions  de  Suthampton,  se  pouvant  vuider  ce 
donte,  par  la  seule  approbation  du  passé;  que  d'autre  part 
nons  pensions  qu'il  ne  se  trouveroit  plus  de  confédération 
directe  pour  la  défense  des  couronnes  de  S.  M.  et  de 
rEstat  des  Provinces-Unies,  après  l'expiration  de  cette  de 
Suthampton,  bien  assez  sur  la  condition  du  commerce  et 
le  règlement  des  subjects  de  part  et  d'autre,  et,  pour 
sortir  de  cette  matière ,  nous  résumions  les  pratticques  de 
PEspagnol,  qui,  en  proposant  des  mariages,  ne  tendoit 
qu'à  jetter  de  la  jalonsie  entre  les  plus  confidens,  entre- 
tenant tousjours,  tantost  l'un,  tantost  l'autre  des  Princes, 
de  l'espérance  de  quelque  avantage,  qui  est  sa  finesse 
ordinûre  à  les  séparer  ou  à  parer  leurs  coups;  nostre 
dessein  estoit  de  lay  parler  encor  des  navires  qu'il  pré- 
tend trouver  icy,  mais  S.  M.  ne  s'estant  attendue  qu'à  un 
petit  compliment,  ne  repartit  plus  rien  et  nous  réservas- 
mea  cette  matière  et  autres  à  une  expresse  audience, 
apràs  qu'aurons  examiné  la  responce  de  S.  M.  Cest , 
Monseigneur,  en  abrégé  ce  qui  ce  passa  hier  et  Y.  A. 
voit  bien  que  sommes  traînez  &  dessein  de  compasser 
nostre  expédition  aux  affaires  de  S.  M.;  encor  sommes 
nous  à  deviner  comment  on  entend  de  nous  rendre  con- 
tens,  quand  et  quel  traicté  on  prétend  de  négotier  avec 
nous.  Tont  se  prépare  à  la  guerre,  quasi  tous  tes  chefs 
de  la  précédente  sont  changez,  M.  le  comte  de  Northum- 
berlant    sera    général,    le    comte    de    Linsey    luy    quitte 


,,Cooglc 


1640.  Janrier.]  —   168    — 

Barwyck.  Le  vicomte  Conway  commandera  la  cavallerye, 
le  député  d'Irlande  a  sa  commission  de  lieutenant- général 
pour  le  Roy  en  l'armée  d'Irlande.  L'argent  procédant 
de  l'emprunt  vient  lentement;  on  attend  cependant  les 
députez  d'Escosse.  Ce  procédé  par  anticipation  faict  peur 
k  plusieurs  que  le  parlement  ne  produise  point  les  réso- 
lutions qu'on  s'en  est  promis;  car  les  opinions  aussy  bien 
que  les  alTections  de  ce  Roiaume  sont  fort  parties  ' ,  et 
c'est  tout  ce  que  sur  ce  subject  nous  sçaurions  pour  en- 
cor  mander  h.  V.  A.  Et  comme  nous  envoyons  à  mes- 
seigneurs  les  Estats  des  plaintes,  que  mess,  du  Con- 
seil du  Roy  nous  ont  adressées,  lesquelles  ne  sçauroyent 
estre  plus  longuement  négligées,  sy  on  ne  vent  veoir 
exécuter  des  lettres  de  marque  sur  de  nos  subjects,  qui 
est  la  plus  honteuse  dégradation  du  lustre  et  de  la 
souveraineté  de  l'Estat,  sy  on  le  souffre  sans  ressentiment 
ou  par  rachept;  nous  supplions  tr^s-hnmblement  V.  A.  de 
tenir  la  main  envers  mesdicts  Seigneurs  les  Estats,  k  ce 
qu'au  plustost  ils  les  vueillent  examiner  et  y  faire  pour- 
veoir  de  remède,  puisque  l'Estat  est  menasse;  s'il  y  a 
de  la  justice ,  on  est  tenu  .de  la  rendre  &  l'estranger  plus- 
tost qu'au  subject;  s'il  n'y  en  a  point  aussi,  il  s'en  faut 
défendre ,  sans  empirer  sa  condition  par  ce  silence.  L'am- 
bassadeur extraordinaire  se  contente  d'en  aviser,  mais  re- 
fuse d'entrer  en  aucun  feict  particulier,  pour  ne  l'em- 
brouiller avec  sa  commission.  Sur  ce  nous  prions  Dieu, 
Monseigneur,  de  donner  &  Y.  A.  le  succès  de  ses  désirs 
et  à  vostre  personne  santé  et  très-longue  vie. 

De  vostre  A.  très-humbles,  très-obéissans  et 
très-fidèles  serviteurs, 

FBANÇDTS  S'ABKSSEN.      ALB.  JOACHIUl. 

De  Londres,  ce  13  janvier  1640. 


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—  169  —  ne*).  j»DTi«r. 

LETTRE  BLXVn. 

M.   de  BeenvUet  ou  Prince  cPOravge.     Le  Roi  prétend  que 
U  Prince  a  fait  demander  en  mariage  êa  JUle  eadtite. 


Monseignenr.  DepaJs  ma  dernière  du  6  de  ce  mois, 
j'ay  eu  encor  deux  conférences  avec  M'  de  Vaen,  qui 
m'a  dict  qne  leurs  Majestez  avoyent  remarqués,  dans  les 
harangues  qne  je  leurs  avois  faictes ,  que  je  parlois  de  la 
Princesse  aisnée,  et  qu'yls  creurent  que  l'intention  de 
V.  A.  estoit  pour  la  seconde.  Je  luy  dis  que  non;  que 
S.  M.  la  Royne-mfere  avoit  tousjours  parlé  de  l'aisnée  et 
qne  ses  minbtres  m'avoyent,  dans  toutes  leurs  lettres, 
confirmé  le  mesme;  ouy  S.  M.,  dans  l'escrit  qn'yl  me 
monstra  k  mon  premier  voyage;  qu'yl  estoit  bien  vray 
que  luy  allors  m'avoit  parlé  de  la  seconde,  mais  adjousté, 
si  je  croyois  que  leurs  Altesses  seroyent  contents  que  je 
n'ftvois  qu'affaire  de  retourner,  mais  seulement  escrire; 
ou,  si  je  m'en  voulols  aller,  de  retourner  incontinent, 
sans  attendre  ancnn  ordre,  et  si  c'estoit  ponrl'aisnée,  qne 
je  ferois  bien  de  luy  le  mander,  auparavant  que  de  ve- 
nir. Qne  lli^dessns  je  luy  avois  escrit  et  iaict  entendre 
que  c'estoit  pour  l'aisnée  et  les  raisons  ponrquoy,  et  qu'yl 
est  bien  vrai  qne  dans  sa  responce  yl  continue  de  par- 
ler de  la  seconde,  mais  que,  sur  ceste  responce,  j'avois 
faict  des  nouvelles  instances  et  réiti^rez  mes  premières 
raisons,  snrqnoy  yl  ne  m'aroit  mandé,  si  non  que  je 
viendroïs  et  que  je  serois  le  très-bien  veniL  II  me  parla 
de  &ire  une  déduction  de  tout  ce  que  dessus;  je  Iny  dis 
que  je  tirerais  bien  des  extraits  de  tontes  les  lettres,  ce 
que  j'ay  làict  et  luy  donné,  surquoy  yl  m'est  venu  mon- 
strer  une  lettre,  escrite  à  luy  par  Y.  A.  le  7  du  mois 
de  mars  dernier,  laquelle  parle  de  l'alliance  avec  une  des 
filles  de  S.  M.,  et  que,  dans  celles  que  j'avois  donné  à 
leur*    Majestés,  V.  A.  ne  particularisoit  pas  encor.    Je 


,,Googlc 


ISM.  JiDtier.j 


170   ■ 


lay  dis  qu'oa  poalvoit  bien  jager  par  tODtes  les  miennes 
de  l'iatention  de  V.  Â. ,  puisque  je  ne  parloîs  que  de 
l'aisnée,  et  qu'on  poalroit  bien  croire  que  Je  n'avois  rien 
eacrit,  sans  préallablement  l'avoir  communiqué  i.  Y.  A. 
D  me  dict:  »1eurs  Majestés  voudroyent  bien  que  vous  de- 
mandiez la  seconde,  mais  je  leurs  monstreray  vos  extraits 
et  leur  diray  que  vous  demandez  la  première  ;"  que 
madame  de  Chevrease  parloit  de  la  première  pour  le 
Prince  d'Espagne.  Je  luy  dis:  „mon  Dieu,  monsieur,  ne 
sçavez  vous  pas  assez  les  ruses  et  mesnéea  des  Espagnols? 
croyez  vous  pas  que  tons  clairvoyants  et  bons  snbjects 
du  Boy  ne  le  désireront  jamais,  et  que  rostre  peuple  d'une 
telle  alliance  seroit  très-mal  satisfaict?  c'est  pourquoy  je 
TOUS  prie  et  supplie  de  faire  recognoistre  envers  leurs 
Altesses  rostre  affection  sur  ce  subject,  par  les  bons  of- 
fices que  vous  y  poulvez  rendre,  et  tous  asseurer  que 
Son  Altesse  le  rei^ognoistrera  particulièrement  par  des 
bienfaicts  envers  les  vostres.  —  U  me  le  promit  et,  comme 
j'estois  hier  le  trouver,  me  dict  qne  S.  M.  Iny  avoît  donné 
heure  cest  après-disné,  qu'jl  croyoit  que  S.  M.  parleroit 
luy-mesme  à  moy,  et  que  S.  M.  demenroit  tousjours  dans 
les  bonnes  inclinations  pour  l'accomplissement  de  l'alliance 
et  de  la  tenir  secrète.  J'attends,  Monseigneur,  ce  que 
demain  S.  M.  me  dira,  ou  fera  dire,  et  tascheray,  par 
toutes  Toyes  et  raisons  anltant  qu'yl  me  sera  possible,  de 
surmonter  ceste  difficulté,  et  de  demeurer,  Monseigneur, 
de  Tostre  Altesse  très-fidèle  et  très- 
obéyssant  serviteur, 

u'HEINVIilET. 

De  lioodres,  le  13  janvier  1640. 

itVnmK  Bhxwm. 

M.   de   Sommdtdyek   au    Prince  <f  Orange.     LetOeurs  de  la 
Cour;  troublée  en  Écotee  et  en  Angteierre. 

Monseigneurl   J'ay  escrit  à  Y.  A.  du  10.  Le  Boy  nous 

U,g,t7cdb/GOOglL- 


—   1  71    —  [IMO.  Jui»i«. 

donna  andîence  le  lendemain ,  que  V.  A.  aura  vea  dédnitte 
en  nostre  dépeecbe  commane  da  13.  Ces  feetes  nom  tien- 
nent toDsJoars  hors  d'oeuTre  et  en  l'attente  de  la  responce 
de  S.  M.  qu'on  promet  dans  cette  sepmaïne;  aussy  en  va-ïl 
estre  plus  que  temps ,  mais  je  suis  sollicité  de  réparer  plu- 
sieurs plaintes,  qu'on  prétend  faire  tontes  générales  et 
comme  un  préallable,  avant  que  passer  pins  outre;  je  m'en 
défons,  comme  n'en  ayant  ny  connoîssance,  ny  authorisa- 
tion,  puisqu'  envoyé  sur  autre  subject,  et  que  d'autre  part 
l'ambassadeur  ordinaire  peut  de  soy  vuider  telles  affaires, 
ou  les  renvoyer  à  ses  supérieurs.  J'espère  cet  honneur 
de  V.  A.,  qu'elle  ne  permettra  point  que  j'y  soy  engagé, 
car  j'ay  &îct  mon  conte  de  me  tirer  d'icy,  dès  aussytost 
que  j'auray  endormy  le  faict  des  Duyns,  qui  est  le  seul 
objec.t  de  ma  commission  ;  mais  de  venir  au  particulier 
en  cette  Cour,  ce  ne  seroit jamais  besoigne  faicte;  j'en  ay 
trop  d'expérience;  sy  donq  je  puis  désintéresser  le  publtq, 
je  croiray  avoir  plènement  satis&ict  à  ma  charge.  La 
Boyne  promet  à  M.  le  comte  Guillaume  de  le  dépescher, 
et  le  pourra  estre  tout  à  faict  dans  huitaine;  certes  il  a 
faict  les  devoirs  de  '  bon  courtisan  et  de  bonne  gr&ce , 
c'est  à  luy  d'en  faire  le  récit  à  Y.  A.  —  Les  Escossois  ont 
faict  eslection  de  six  députés  de  leur  covenant,  sçavoir 
deux  de  chaque  membre,  et  font  dresser  leurs  instructions, 
s'ahenrtent  toutesfois  à  ce  que  leur  sauf-condoit  n'est  signé 
de  la  main  du  Roy,  qui  les  eust  mieux  asseuré  que  celle 
d'un  secrétaire  d'estat  H  y  a  grande  union  et  résolution 
parmy  eux ,  et  pensent  pouvoir  contenter  S.  M.  par  I*es- 
clarcissement  de  leurs  intentions;  le  Koy  ne  s'arreste  plus 
au  faict  des  évesques,  que  le  Synode  et  le  Parlement 
d'Escosse  refusent  d'admettre,  mais  la  question  est,  sy  leur 
voix  demeurera  estainte  an  Parlement,  on  sy  d'autres  en 
prendront  la  place,  et  de  par  qui  ils  seront  qualifiés;  l'en- 
tremise des  évesques  establïssoit  l'autorité  du  Roy  qaaei 
absolue  sur  le  Parlement;  contre  cela  ceux-cy  en  vuellent 
rexclosion,  pour  conserver  leur  liberté,  ne  pouvans  plus 
supporter  le  joug  d'une  jurisdiction  ecclésiastique.    Sy  de 


,,Googlc 


part  et  d'autre  on  se  vent  qnelqne  peu  enclîner,  pour  se 
rencontrer  en  an  milieu,  ce  seroit  une  heureuse  compo- 
sition; car  il  se  reconnoist  grande  aversion  au  peuple  et 
aux  grands  de  cette  guerre,  mais  on  s'y  engage  de  plus 
en  plus,  et  sy  on  ne  change  bien  tost,  on  en  sera  bien 
avant,  premier  que  le  parlement  tienne,  lequel  est  pour 
tailler  bien  des  afFaires.  Le  clergé  avec  les  papistes  pous- 
sent tant  qu'ils  penvent  les  choses  à  l'extrême ,  car,  sans 
ce  coup,  ils  craignent  que  l'exemple  n'en  retourne  contre 
eux.  On  se  plaint  icy  amèrement  de  la  détention  de 
monseigneur  l'Electeur  '  et  de  ce  qu'il  est  traicté  en  cri- 
minel; ces  protestations  n'ayderont  point  à  l'en  sortir,  si 
on  ne  le  tente  par  autre  négotiatîon,  que  je  n'ose  espérer, 
par  ce  que  on  ne  se  veut  point  brouiller  avec  l'Espagne, 
et  les  offres  contre  l'Empereur  seroyent  mal  asseuréee,  et 
peu  considérables  k  la  France.  Sur  ce  je  prie  Dieu  qu'H 
bénisse  de  plus  en  plus  vos  désirs  et  desseins,  et  donne. 
Monseigneur,  à  Y.  Â.  parfaicte  santé  et  trës-longne  vie. 
De  vostre  Altesse  très-hnmble,  tris-obéyssant 
et  très-fidèle  serviteur, 

FB&NÇOYS   D'AEaSBBN. 

De  Londres,  ee  18  janvier  1640. 


LBTfKE   DL.XIX. 

Le  mime  au  même.     CompUmerU  de  oondoléanee. 

*,■     La  tteoai  flii  do  Prince,  ai  la  30  nofembra  1689,  lanoit  d«  monir. 

Monseigneur.  Je  ne  faisoy  que  d'achever  ma  lettre 
d'hier,  quand  on  me  vint  signifier  que  Dieu  avoit  con- 
verty  nos  courtes  joyes  en  amères  larmes;  j'en  fiiz  sy 
vivement  touché,  que  je  ne  m'en  sçauroy  rasseoir;  certes 
cette  perte  est  très-cuysante  à  Y.  A.,  mais  commune  à 
1  L'BlectcDr   Palatin ,   k  rendant  an  AUcmagne  par  b  Fiuw,  ht  anIU 


D,g,t7cd,b/GOOgIC 


—    173   —  [16«.  JiiiïiM, 

tont  l'Eîstat  et  aa  dessus  de  toute  consolation,  car  c'es- 
toit  le  second  estançon  *  de  vostre  nuùson ,  pour  donner 
seureté  et  soulagement  au  premier.  Le  mesœe  Dieu, 
Monseigneur,  que  le  vous  avoit  donné,  a  voullu  esproa- 
ver  vostre  constance  en  le  retirant;  il  tous  en  peut  encor 
redoubler  le  nombre  à  l'exemple  de  Job,  au  moins  nous 
conserver  vostre  unique,  desjà  tout  venu,  pour  achever 
ses  merveilles  en  luj,  car  sa  main  n'est  point  raccoarcye, 
et  nous  devons  nous  esvertuer  tous  à  nous  rendre  plus 
dignes  de  cette  grâce;  levons  seulement  nos  pensées  à  luy 
et  sans  nnl  doute  il  nons  exaucera.  C'est  trop,  Mon- 
seigneur, pour  on  premier  appareil,  et  je  ne  ressens  moins 
l'importance  de  vostre  douleur  que  sj,  lors  du  coup,  je 
me  fusse  trouvé  présent  sur  les  lieux.  Dieu  le  sçùt,  le- 
quel je  prie ,  Monseigneur ,  qnll  guarisse  *  V,  A.  comme  il 
l'a  frappé,  et  vous  mesure  ses  visites  en  sa  miséricorde, 
en  vous  comblant  de  ses  bénédictions  et  de  longue  vie. 
De  vostre  Altesse  très-humble,  très- 
obéyssant  et  très-fidèle  serviteur, 

FSANÇOTS  d'aKBSSEN. 

De  Londres,  ce  17  janvier  1640. 

lettre:  bulx. 

L«    même    au    même.     La    Cour    trahie   »a   négociation   en 


Monseigneur  I  Yostre  lettre  du  6  me  fut  rendue  hier 
soir.  C'est  la  seule  bonté  de  Y.  A.  que  cette  favorable 
opinion  luy  vient  de  ma  condoitte,  aossy  m'en  tiendray-je 
trop  récompensé,  sj  elle  vous  peut  satisfaire.  Depuis  la 
mienne  du  22  décembre  j'ay  encor  escrit  k  V.  A.  du  25 
et  29  du  mesme  mois,  du  2,  10,  12,  16  et  17  du  pré- 
sent; ces  diligences  août  pour  importuner,  et  V.  A.  les 
peut  négliger,  ou  les  prendre  à  ses  heures  plus  libres, 
car  c'est  pour  ma   décharge,  que  je  l'informe  de  touttes 


,,  Google 


1S40.  JwTitrO  —  174  — 

noB  obnervations  et  rencontreB.  La  présente  ira  un  pas 
plus  avant  pour  consalter  vostre  prudence,  et  comme  je 
suis  assez  pressant  es  choses  qui  me  sont  commises,  Jay 
fort  désiré  une  fin  h  ma  commission,  de  laquelle  j'ay 
tonsjoixrs  esté  remis,  ores  sur  l'un,  tantost  sur  l'autre  pré- 
texte, des  lestes,  des  affaires,  des  chasses,  et  m'en  sais 
laissé  aller  quelque  temps  à  la  persuasion  d'aucuns  pour 
m';  accommoder;  je  n'ay  pourtant  peu  gaigner  sur  mon 
esprit  que  ces  longueurs  tussent  sans  dessein,  et  V.  A. 
nonnoistra ,  par  c«  qui  suit,  que  ma  deffiance  n'a  point 
esté  sans  raison,  après  qu'aurez  veu  nostre  dépesche  da 
12  ;  car  estans  M.  Joachimi  et  moy  allez  hier  matm  sol- 
liciter M.  le  secrétaire  Koke  de  nostre  expédition ,  il  nous 
descouvrit  la  [cause]  de  bonne  foy  et  sans  aucun  déguise- 
ment, sçaToir,  qu'on  n'avoit  point  eucor  pensé  k  nostre 
faict,  qu'il  en  foroit  ressouvenir  au  Roy,  afin  d'assembler 
là-dessus  quelques-uns  de  son  conseil,  mus  que  S.  M. 
a  présentement  tant  de  grands  affaires  sur  les  bras,  qui 
doivent  précéder,  que  forons  bien  de  luy  en  donner  le 
temps;  que  celuy  du  Parlement  et  se  qui  se  traîcte  avec 
la  France  et  plusieurs  antres  qui  se  présentent  encor,  sont 
matières  de  longue  délibération,  lesquelles  ruidées,  qu'on 
travaillera  à  ce  qui  nous  concerne.  Ma  repartye.  Mon- 
seigneur, fut,  que  le  Roy  nous  avoit  remis  k  luy  de  sa 
response  et  dans  pen  de  jours;  qu'en  avions  laissé  escoul- 
ler  huict,  sans  en  parler;  que  par  nos  propositions,  à  en 
tirer  l'essence,  nous  n'avons  désiré  que  deux  choses:  la 
bonne  grâce  de  S.  M.  et  une  défense  à  ses  subjecta  de 
ne  plus  violer  le  droîctz  des  gens  contre  nous  et  pour 
servir  l'Espagnol;  qu'il  est  aysé  dç  juger  s'il  est  raison- 
nable d'en  (aire  dépendre  la  déclaration  de  tant  de  ren- 
contres, qui  ne  nous  touchent  point  Se  voyant  donq 
pressé,  il  se  mit  à  noua  dire  que  demandions  une  prohi- 
bition aux  snbjectz  du  Roy  des  choses  que  permettions 
aux  nostres;  je  l'interrompis,  luy  allégant  que,  par  des 
placcatz  du  pays  et  par  le  traicté  de  Sudthampton,  tel 
traffiq    est    interdit,   confiscable  et  punissable;  „tant  s'en 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—    175    —  [1640.  J«ni«t. 

tkut"  fit^il,  „que  nous  Tenons  de  recevoir  depois  trois  jours 
des  lettres  de  Tambassadeiir  du  Roy  en  Espagne,  qui 
portent  que  les  Hollandois  y  amènent  quantité  de  poudres , 
jnsques  îi  looer  et  vendre  lenrs  navires."  —  „Cest  donq," 
fiames-nous,  „contre  les  loix  et  contre  nos  intentions  ;  que, 
quand  il  se  commet  un  meurtre  ou  un  larcin  en  quelque 
lien  sans  le  punir,  qu'il  ne  s'en  peut  inférer  qu'il  est 
permiz,  parceque,  pour  le  cbastier,  il  en  tandroit  con- 
noistre  l'assassin  on  le  larron."  Laissant  ce  propos,  il 
passa  à  nous  dire  qu'ayant  tueilletté  les  registres,  il  n'an- 
roit  trouvé  aucune  alliance  depuis  la  Royne  Elisabeth, 
qui  nous  oblige  h  une  mutuelle  défence;  bien  avoît-il  ren- 
contré  quelques  traictez  et  réglemens  au  taict  du  com- 
merce entre  les  sabjects  de  part  et  d'autre;  qu'il  est  né- 
cessaire de  faire  une  bonne  confédération  d'Estat  Xons 
avons  avoué  qu'au  mots  de  septembre  tous  les  tratctés  seront 
expirez,  que  sommes  prests  d'en  faire  un  nouveau.  „yons 
le  devez,"  fit-il,  ^demander  an  Roy."  —  „Noas  n'avons 
pas  tant  attendu  à  le  faire  et  S.  M.  sçait ,"  luy  dismes-nous, 
„que  le  luy  avons  proposé  trois  ou  quatre  fois,  et  nous  a 
respondu  de  ne  nous  laisser  partir  sans  cela;"  mais  d'autant 
qu'ignorions  jusques  où  S.  M.  se  peut  avoir  engagé  par 
l'atliance  avec  l'Espagne,  qu'il  ne  nous  compétoit  de  luy 
ouvrir  ouvertement  noz  désirs,  qu'en  les  soubsmettant  à 
son  opinion.  Il  reprit  l^dessus  ses  eapritz  et  nous  trancha 
net,  que  devons  attendre  que  le  Roy  ait  donné  ordre  à 
ses  affaires,  qu'après  les  nostres  anroît  aussy  leur  tour, 
que  lors  le  Roy  se  déclarera,  traictera  d'alliance  avec  nous 
et  principalement  que  devons  reprendre  les  arrhemens  du 
traicté  esbanché  entr^  la  France,  l'Angleterre,  et  les  Pro- 
vinces-Unies. Je  Iny  ay  dît  qu'il  y  a  peu  d'apparence 
an  dernier,  tant  que  le  Roi  ne  se  résoult  de  rompre  avec 
l'Espagne,  et  que,  pour  les  autres  matières,  remises  à  sy 
longs  termes,  ma  santé  me  rappellant,  sans  en  pouvoir 
attendre  l'yasue,  M' Joacbimi,  comme  ordinaire,  en  pour- 
roit  plus  patiemment  attendre  la  volonté  et  la  commodité 
des  afEaires  de  S.  M.    H  ne  repartit  rien  là-dessus,  mais. 


,,Googlc 


—  176  — 

en  noas  Toallant  donner  le  change,  il  dit  «voir  en  lettres 
de  M.  [Rbouto],  ambassadeur  pour  S.  M.  près  du  Boy 
de  Denemark,  se  plaignant,  que  les  ambass.  de  messeïg. 
les  Estats,  mal  satisfaicts  de  leur  responce,  s'en  se- 
royent  retirez  assez  brusquement,  au  lieu  qu'il  estime 
qu'elle  se  fiist  peu  raddoncir  sur  une  rivile  remonstrance, 
et  adjousta  que  devons  encor  traicter  ce  difFérent-là,  que 
les  Bois  ne  vuellent  estre  traictez  de  la  façon.  Koue 
l'avons  décliné,  comme  n'estant  point  de  nostre  charge,  mais 
que  l'Estat  a  juste  raison  de  tesmoigner  leur  desplaisir 
du  mespris  fiûct  de  leurs  ambassadeurs,  en  les  rappelant 
Or,  Monseigneur,  V.  A.  voit,  par  ce  que  je  viens  de  Iny 
déduire,  le  dessein  qu'on  a  de  nous  traîner,  en  assignant 
la  résolution  du  Roy,  sur  l'vssae  de  tant  et  sy  longues 
affaires  qui  s'entassent;  car  premièrement  te  parlement 
n'est  convoqué  qu'au  23  avril  de  nostre  style;  il  faut  encor 
de  la  façon  à  luy  donner  commencement,  et  pour  qaoy 
nous  obliger  de  traicter  îcy  avec  la  France?  de  différer 
tant  la  négotiation  d'un  traicté  particulier  avec  nous ,  qui 
se  peut  achever  défensive  en  deux  jours?  on  n'est  donq 
pas  bien  résolu  de  sa  volonté ,  mais  veut-on  gaîgner  temps 
pour  se  régler  selon  les  événemens,  en  nous  tenant  k  la 
main,  pour  en  améliorer  leur  condition,  en  Espagne,  on 
au  regard  des  Escossois;  et  je  pense,  Monseigneur,  sonbs 
trëa-humble  correction,  qu'il  n'est  pas  à  propos  que  nous 
nous  laissions  mener  de  cette  sorte,  car  le  marquis  de 
Cetada,  ambassadeur  d'Espagne,  va  arriver,  comme  feront 
aussy  les  députes  d'Escosse;  sy  on  compose  avec  eux,  avant 
que  soyons  résoluz,  on  nonz  traictera  plus  rudement,  maïs 
sy.  Monseigneur,  les  Estats  me  pesmettent  de  me  tirer', 
en  chargeant  M'  Joacbirnî  de  ce  qui  reste  de  la  com- 
missioQ,  J'ay  opinion  qu'on  changera  d'advis  et  d'allenre*, 
car  sur  tant  de  rencontres  on  se  gardera  bien  de  nous 
mescontenter ,  et  on  peut  continuer  avec  l'ordinaire;  sans 
qu'on  prenne  cette  voye,  je  n'auray  pas  feict  encor  de  six 
mois.  S'il  est  besoin,  je  dresseray  quelque  mémoire  à  M. 
1  reLîrcr.  *  >11un. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   177   —  [1640.  JMTier. 

Joachimi,  pour  sondre'  tontes  les  objections  qa'on  a  ramas- 
sées, poar  di^monstrer  qu'avons  les  premiers  rompu  le 
traicté  de  Sudtbamptoa  ;  assavoir,  par  la  négotiatîou  se- 
crette  de  fea  Berkel  et  par  l'admission  des  députez  de 
rinfante  à  la  Haye;  le  premier  sans  advoeu  et  l'autre 
pour  les  séparer  d'avec  l'Espagne,  qui  estoît  le  but  du 
dit  traicté  commun  ;  avec  cela  nous  poumons  projetter  en 
peu  d'articles  une  alliance  purement  défensive  avant  mon 
départ,  et  déclarer  an  Roy  que  l'ordinaire  en  demeure 
authorisé.  Le  respect  de  V.  À.  m'a  embarqué  en  cette 
légation,  avec  présnpposition  de  peu  de  durée  ;  j'implore 
maintenant  son  ayde  k  m'en  tirer,  puisque  je  la  voy  sans 
fin.  Encor  se  passera-il  un  mois  ou  six  sepmaines,  avant 
que  j'en  apprenne  vostre  volonté.  Sj  mess,  les  Estats 
peuvent,  au  moyen  de  la  médiation  de  V.  A-,  gouster 
mon  retour,  elle  peut  estre  asseurée  que  je  ne  précipi- 
teray  et  ne  gasteray  rien,  mais  il  seroit  à  propos  d'es- 
crire  an  Koy  que,  leur  ayant  remonstré  le  déclin  de  ma 
santé,  avec  supplication  d'autbonser  M.  Joachimi  d'ache- 
ver seul  la  commission  qui  nous  estoït  commune,  ils  m'au- 
royent  permis  de  m'en  retourner ,  avec  le  contentement  de 
S.  M.,  la  prians  de  donner  continuation  de  créance  et 
de  bienveillance  à  leur  ambassadeur  ordinaire.  Je  dis 
encor  que  cela  relèvera  nostre  réputation  et  avancera  bien 
davantage  noz  désirs  qu'une  oysense  patience.  Mais  Y.  Â. 
k  tont  pouvoir  sur  moy.  —  On  doute  de  la  venue  des 
députez  d'Escosse,  k  cause  qu'ils  sont  advertiz  des  grands 
apprêts  qui  sont  avancez  contre  eux,  par  la  nomination 
des  bautz  officiers  et  par  l'achept  d'une  grande  quantité 
d'armes  et  des  poudres.  L'ambassadeur  de  France  a  ob- 
tenu permission  de  retourner  en  France  et  prend  diman- 
che congé  de  leurs  Majestez.  Son  successeur  ne  sera 
nommé,  dit-il,  qu'après  son  rapport.  —  Monseigneur,  je 
demande  pardon  à  Y.  A.  de  cette  longue  lettre  et  vous 
Bupplye  de  la  peser,  car  je  pense  qu'il  est  peu  raisonna- 
ble  de   me  laisser  sur  le   pavé  sans  affaires  et  sans  dire 

m.  18 

D,g,t7cdb/COOglC 


15*0.  J»n.i«)r.]  —   178    — 

pourqaoj.  J'abrège  donc,  pour  prier  Diea  pour  vostie 
grandeur  et  prospérité,  comme  estant  de  coenr  et  d'àme , 
Monseignenr , 

de   vostre  Altesse   très-hnmble,  très-obéysant 
et  très-fid^Ie  serriteor, 

F&ANÇOIS  D'ASBaaiN. 

De  Londres,  ce  19  janvier  1640. 

liBTTBE  DLXi:!. 

M.  de  BeenvUet  au  Prince  ^Orange.    Néffoeiation»;  il  désire 
agir  de  concert  avec  M.  de  Somm^dyck. 

Monseigneur.  Depuis  ma  dernière  du  13  de  ce  mois, 
j'ay  presque  eu  tous  les  jours  conférence  avec  M'  de  Taen, 
et  devant  hier  avec  S.  M.  mesme. 

Tous  ceulx  avec  M'  de  Yaen  ont  tendu  à  Iny  faire 
entendre,  par  des  raysons  évidentes  et  très-considérables , 
que  S.  M.  debvoit  consentir  ma  demande  de  l'aisnée  et 
que  mesmes  ses  '  messieurs  de  la  Royne-mère  ne  m'avoyent 
jamais  parlé  n'y  escrit  que  de  la  première;  que  je  le  priois 
et  suppliois  de  tesmoigner  sur  ce  subject  son  affection  par 
les  bons  offices  qu'yl  y  poulvoit  rendre,  et  que  T.  A.  le 
recognoistreroit  particulièrement  par  des  bieniàits  envers 
les  siens,  et  par  son  service,  lorsqu'yl  luy  plairat  l'em- 
ployer, H  me  protesta  qu'yl  le  feroit,  qu'yl  accordoit  et 
comprenoit  mes  raisons;  mais  devaat-bier  me  vint  dire 
qa'yl  ne  vojoit  du  jour  pour  l'aisnée,  et  que,  ai  je  voulois 
parler  de  la  seconde,  qu'yl  croyoit  que  nous  serions  bien- 
tost  d'accord.  Je  Iny  dis  que  je  n'avois  chaire  que  pour 
l'aisnée;  il  me  dict  le  Roy  parlera  avons,  à  ce  soir  dans 
le  cabinet  de  la  Royne.  Je  m'y  trouvé  ;  le  Roy  entre, 
s'adresse  à  moy.  Je  dis  que  j'avois  supplié  à  M'  de  Yaen 
de  remonstrer  à  S.  M.  que  Y.  Â.  ne  faisoit  aucune  dif- 
férence de  la  qualité  n'y  grandeur  de  mesdames  ses  filles, 
mais   que  l'unique    raison    que  je  parlois  de  la  première 


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—    179    —  [1540.  JiDTiM. 

eBtoit  r%e;  qne  ]e  bien  de  la  maison  de  V.  A.  et  de 
noatre  Estât  consistoit  totalement  en  avoir  li^ée;  qae 
son  Altesse,  le  jeune  Prince,  aoroit  bientost  quatorze  ans 
et  que,  par  ceste  dernière  triste  nouvelle,  y]  estoit  de 
reclief  le  fils  unique ,  et  aussy  que  tout  ce  qui  en  estoit 
à  espérer  de  ceste  alliance,  tant  pour  le  service  de  S.  M. 
qne  le  bien  de  nostre  Estât ,  en  dépendoit;  qu'yl  ne  m'ap- 
pertenoit  à  pénétrer  les  desseins  qne  S.  M.  en  poulvoit 
avoir,  mais  que  j'osois  dire  que  madame  sa  fille  n'en 
ièroit  jamais  alliance  où  elle  seroit  plus  honorée  et  cbérïe , 
ny  S.  M.  plus  servy  et  de  laquelle  ses  subjects  en  rece- 
veroyent  plus  de  satisfaction  et  contentement.  Le  Roy 
me  dict:  „je  ne  doitbte  ou  monsieur  le  Prince  sera  content 
de  la  seconde,  il  le  tesmoigne  par  ses  lettres,  et  s'a  esté 
mon  intention  comme  j'ay  tousjours  dict  à  ses'  messieurs," 
et  qae  sa  seconde  fille  auroit  bientost  cincq  ans,  et  que 
l'aisnée  n'estoît  qne  dans  ta  septième ,  que  le  Prince  n'avoit 
pas  tant  d'années.  Je  dis:  „Sire,  quatorze  ans,  le  26  du 
mois  de  may  à  venir,  et  ses  '  messieurs  ne  m'ont  jamais 
parlé  n'y  escrit  que  de  la  Princesse  aîsnée."  Le  Roy  me 
respond:  «ses  '  messieurs  m'ont  asseuré  que  vous  seriez  très- 
content  de  la  seconde,  et  aussy  n'a-t-yl  plus  de  différence 
d'&ge  que  de  neuf  ans,  le  mesme  qui  est  entre  la  Royne 
et  moy."  Je  dis:  „Sire,  quand  à  ses  messieurs,  j'ay  leur 
cyfre,  tous  leurs  lettres  et  les  miennes,  et  mesme  mon 
journal,  je  suïs  prest  à  les  monstrer  à  V.  M.  ou  à  M'  de 
Taen,  afin  que  Y.  M.  voye  ou  sache  que  cela  n'est  point" 
^e  le  croîs,"  dit  le  Roy,  „et  ay  aussi  bien  jugé  depuis 
vostre  preoder  voyage  qu'yis  m'ont  montré  des  fausses 
lettres,  car  ib  me  dirent  choses  les  plus  extravagantes 
qu'on  peult  s'imaginer  et  vous  me  tesmoigniés  allors  le 
contraire."  Je  fis  encor  une  instance  et  après  que,  si  son 
Altesse,  le  jeune  Princfl,  avoit  27  ans  et  madame  18, 
comme  leurs  Majestés  avoyent,  que  j'estois  bien  asseuré 
que  y.  A.  ne  parleroit  de  l'Elge,  mais  qu'icy  la  distance 
de    neuf   ans    estoit  entre  14  et  4  ou  5  ans.     lÀ-dessm 


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1640.  Jinrâr.]  —    180   —      ■ 

S.  M,  me  demaDda  si  j'avoîa  ordre  pour  la  seconde.  Je 
dis  qae  non:  il  me  respond:  „je  ne  sçaorois  pour  la  pre- 
mière, je  TOUS  parle  rondement,  et  vous  prie  (je  dits  les 
mots  qu'yl  a  pieu  à  S.  M.  me  dire)  d'escrire  à  monsieur 
le  Prince  pour  en  avoir.  Je  ne  veux  marchander  avec 
monsieur  le  Prince,  je  l'estime  trop;  je  ne  le  fàict  pas 
pour  vos  Estats,  mais  seulement  pour  son  amitié,  et  je 
TOUS  recommande  le  tenir  encor  secret,  et  de  ne  rien 
dire  à  ses  Messieurs  ny  !i  personne."  Et  comm'jls  en- 
trèrent deux  milords,  S.  M.  me  dict:  „je  n'ose  plus  parler 
à  vous,  pour  ne  donner  soupçon."  Un  peu  après  je  sortois 
et  allois  trouver  M'  de  Vaen,  qui  estoît  encor  à  la  cour, 
et  k  qui  le  B07  depuis  avoit  parlé,  car  yt  me  dict  à  son 
entrée:  „le  Koy  et  la  Koyne  m'ont  encor  commandé  de 
TOUS  dire  qu'yls  sont  marry  de  ne  poulvoîr  parler  à  vous , 
comm'  yls  désirent,  mais  cela  sera  cy-après."  Je  luy 
répétois  tout;  il  le  sçavoït  et  me  dict:  „je  vous  conseille 
d'escrire  ^  Son  ÂJtesse  pour  la  seconde,  car  je  vois  bien 
qu'yl  ne  changeront  pas."  Je  dis  tout  ce  que  je  poulvois, 
et  de  l'aversion  du  peuple,  et  des  meschancetés  et  rases 
de  ceste  nation  contre  ce  Royaulme,  et  mesmes  encor 
contre  la  personne  de  S.  M.  durant  la  vie  du  feu  Roy, 
quand  Hînijosa  et  Carondelet  vindrent  icy,  et  que  cela 
n'estoit  point  eSacé  hors  la  mémoire  de  plusieurs.  H  me 
respondit  qu'il  estoit  rray,  et  qu'yl  en  estoit  aussy  marry 
que  moy  que  cela  ne  poutvoit  estre.  Je  luy  demandois 
si  je  ne  poulvois  le  communiquer  à  M^  de  Sommelsdyck; 
qu'aultrement  je  craignois  que  quelque  jours  ît  pourroît 
dire  ans  Estats,  que,  si  je  luy  eusse  donné  ouverture  de 
l'affaire,  que,  par  des  raisons  pregnaotes,  yl  eust  bien  faict 
condescendre  leurs  Majestés  pour  la  première.  H  me  de- 
mandoit  si  j'avois  ordre  de  le  communiquer  à  M'  de 
Sommelsdyck.  Je  luy  dis:  „ouy,  mais  avec  ceste  réserve 
ai  S.  M.  le  trouvoit  bon;"  que  je  luy  donnerois  la  lettre 
et  parlerob  de  l'affaire.  H  me  dict:  „nous  parlerons  encor 
demain."  Je  le  suppliois  encor  de  monstrer  son  affection 
en  ce  subject  et,  s'yl  trouvoit  bon,  que  je  parlerois  à  la 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


181 


[1640.  JuTier. 


Soyne.  Comme  j'estots  poor  me  retirer,  me  parla  de 
rechef  de  l'affaire  de  M'  de  Sommeladycq.  Je  le  sup- 
pliois,  au  nom  de  Dieu,  de  luy  faire  avoir  une  bonne 
responce    et    qu'yl    ne    me    mesleroit    dans  aucun  affaire 

d'Estat Je  diray  aussi  à  V.  A.  que  M' de  Vaen  trou- 

voit  bon  que  je  dirois  à  la  Royne-mère  la  difScuhé  pour 
la  première  et  que  je  la  supplierois  de  parler  à  laRoyne 
aa  fille,  ce  que  j'ay  fmct,  et  allégué  mes  raisons,  qui  me 
firent  demander  la  première.  S.  M.  m'a  promis  d'apporter 
tout  ce  qu'elle  pourra  à  j  induire  la  Royne  sa  fille,  mais 
m'a  dîst  qu'elle  croyoit  que  la  Royne  sa  fille  estoit  en 
traitté  pour  l'aisnée  avec  la  Bojne  sa  fille  d'Espagne.  Je 
manderay  à  V.  A.  ce  que  demain  M'  de  Vaen  me  pro- 
posera, et  demeure,  Monseigneur, 

de  V.  A.  très-fidèle  et  très-obéissant  serviteur, 
s'hsbntlist, 
lie  SO  janvier  1640,  de  Loudrea. 


•  LETTRE)  DliXXn. 

Af.    de  Sommeltdyck    et    M.    Joachimi  au  Prince  d'Orange. 
Entretien  avec  l^  lecritaire  d'Etat  Coke. 

Monseigneur!  Depuis  celle  du  12  nous  avons  tousjoars 
demeuré  attendre  la  response  du  Roy,  jnsques  au  18,  que, 
l'ennuy  nous  ayant  prins  de  tant  de  remises  dont  on  nous 
menoit,  nous  fiismes  en  fin  nous-mesmes  presser  M.  le 
secrétaire  Koke  de  nous  en  voulloir  tirer,  lequel  là-dessus 
nous  dit  tout  ingénuement  qu'il  n'y  avoît  point  encor 
esté  pensé,  qu'il  en  feroît  ressouvenir  au  Roy  et  le  prie- 
roit  d'assembler  quelques  nus  de  son  conseil ,  pour  en 
délibérer  avec  eux,  mais  que  devions  considérer  les  autres 
plus  grands  affaires  qui  se  rencontrent,  comme  du  par- 
lement d'Escosse  et  de  France  et  semblables,  qui  deman- 
dent du  temps.  Nostre  repartye,  Monseigneur,  fut,  que 
ne  désirions  que  la  bonne  grâce  de  S.  M.,  avec  une  dé- 


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"0 


—  18 


fense  à  ses  subjects  de  ne  servir  l'Espagnol  contre  nous, 
par  l'apport  des  marchandises  de  contrebande ,  réglées  au 
traîcté  de  Suthamptoa.  »Les  vostres ,"  fit-il ,  „en  donnent 
l'exemple,  et  encor  depuis  trois  jours  avons  eu  lettres 
d'Espagne,  qu'ils  y  auroyent  amœené  grande  quantité  de 
poudres  et  traicté  de  la  vente  de  navires  ;"  cbangeant  avec 
cela  de  matière,  se  mit  à  nous  dire  avoir  feuilleté  ses 
papiers  et  n'y  avoir  plus  trouvé  aucun  traicté  d'Estat 
entre  cette  couronne  et  les  Provinces-unies ,  bien  quelques 
réglemens  au  seul  faict  du  commerce;  qu'il  seroit  bon  d'en 
demander  un  au  Roy  pour  la  défense  commune,  comme 
anssy  de  reprendre  les  arrliemens  de  celuy,  qui  est  jà 
esbauché  entre  la  France,  l'Angleterre  et  nos  dictes  pro- 
vinces, et  de  penser  au  rhabillement  de  nostre  difiTérent 
avec  le  Roy  de  Deneraarck;  que,  sy  sa  response  a  esté 
quelque  peu  brusque,  qu'au  dire  de  M'  Khoe  '  elle  se 
pourroit  encor  raddoncir,  mais  que  les  Roys  ne  vuellent 
estre  traictés  de  la  façon.  Nostre  solution  fut  que,  par  les 
loix  de  l'Estat,  tel  commerce  illicite  est  punissable  et  con- 
âscable,  que  le  contraventeur  en  encourt  les  peines,  s'il 
vient  à  estre  descouvert.  Par  après ,  qu'il  a  raison  qu'il 
n'y  a  plus  d'autre  alliance  que  celle  de  Sudharapton, 
qu'en  avons  aussy  proposé  k  S.  M,  le  choix  d'une  nou- 
velle, mais  que,  pour  les  autres  négotiations ,  nons  n'en 
avions  instruction,  ny  pouvoir,  et  partant  le  priasmes  de 
nons  ayder  à  vuider  simplement  ce  qui  est  directement 
de  nostre  commission.  C'est,  Monseigneur,  à  quoy  en 
sommes  demeurés,  sans  apparence  de  passer  pins  avant  de 
long  temps;  car  on  prétend  ,  ce  semble ,  de  faire  de  nostre 
légation  une  dépendance  des  affaires  et  difficultés  avec 
lesquelles  elle  n'a  rien  de  commun,  que  pour  marcbander 
de  nostre  présence  ailleurs.  Y.  A.,  s'il  luy  plaict,  nons 
donnera  ses  intentions  I^dessus,  veu  que  ces  longueurs 
vont  sans  bout,  mais  non  sans  but.  —  On  doubte  de  la 
venue  des  Escossois,  à  cause  de  la  chaude  alarme  qu'ils 
prennent  des  grands  préparatifs  pour  la  guerre  qu'ils 
'  Thcmu*  Bae  (1G80— 1M4)  imbaMadeu  d'AngUtam  ea  Duvouck. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   196  —  pMO.  Jvma. 

¥oyeiit  en  leurs  confins.  Le  marquis  de  Telada  est  at- 
tendu en  cette  cour,  pour  y  résider  ambassadeur  du  Roy 
d'Espagne;  cet  incident  reculera  encor  les  affiures,  tandiz 
qu'on  est  sur  les  propos  des  mariages,  qu'il  fera  durer 
en  filant  iP  l'ambassadeur  de  France,  ayant  eu  permis- 
sion de  s'en  retourner,  prend  ce  jourdhuy  congé  du  Roy; 
son  départ  nous  est  nuysîble,  car  il  avoit  ses  entrées  li- 
bres en  la  cour  et  en  pénétroit  les  desseins  et  intrigues; 
son  successeur,  à  ce  qu'il  nous  a  dict,  ne  se  nommera 
qu'après  sa  relation.  Noos  prions  Dieu  de  donner  à  V.  A. 
Monseigneur,  en  prospérité,  très-longue  vie. 

De  y.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fid&les  serviteurs, 

PBANÇOTS   D'aERSSXN.      ALB.  JOIOHIHL 

De  Londres,  ce  SS  janvier  1640. 


M.  de  SommAdi/et  au  Prince  ttOrange.    Nouveaux  délais; 
il  déêire  son  rtyspeL 

Monseigneur  !  B  me  seroit  mal  séant  de  tous  mander 
l'estat  de  cette  cour,  puisque  M'  le  comte  Guillaume 
s'en  retourne  trouver  V.  A.,  car,  estant  bien  informé,  il 
le  fera  mieux  de  vive  voix  qu'une  longue  lettre.  Cela 
adjousteray-je  seulement,  qu'il  laisse  une  fort  bonne  odeur 
de  sa  personne ,  et  que  j'ay  tâché  de  le  servir  de  ce  peu 
qui  est  en  moy,  comme  je  feray  tousjours  tous  autres  qui 
seront  advonés  de  Y.  A.  —  Monseigneur,  ma  précédente 
du  19  a  représenté  à  V.  A.  quelque  expédient  pour  me 
sauver  des  longueurs  de  cette  cour,  qui  vont  sans  &çon 
ny  fin;  car  de  nous  résoudre  de  rien,  point  de  nouvelles 
depuis.  Y  ayant  donq  bien  pensé,  j'estime  à  propos  de 
le  Caire  et  qu'il  se  peut,  sur  une  lettre  au  Roy,  fondée 
en  la  plainte  de  mon  indisposition ,  avec  authorisation  de 
M'  Joachimi  pour  la  continuation  de  nostre  négotîation, 


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1640.  JaD.ier.]  —   184   — 

OU  de  me  rappeller  on  quelque  autre,  quand  il  se  trou- 
vera plus  d'avance  et  de  maturité  aux  affaires  de  S.  M. 
Mes  raisons,  Monseigneur,  en  sont,  que  ce  n'est  plus  ^ 
nous  de  remuer  le  faict  des  Dunes ,  d'autant  que  le  coup 
en  est  rué,  que  l'avons  justifié  de  bouche  et  par  escrit, 
et,  sy  en  pressons  la  responce,  elle  ne  sçauroît  estre  que 
de  condemnation ,  aprës  tant  de  bruictz  et  de  menaces; 
le  silence  donq  noas  peut  suffire,  comme  d'une  espèce 
de  responce,  au  lieu  d'une  aperte  approbation,  que  la 
condition  du  temps  et  des  hommes  ne  permet  d'espérer. 
Âussy  n'avons  nous  prétendu  k  cet  article  que  la  bonne 
grâce  du  Roj;  et  sur  l'autre,  portant  nostre  plainte  contre 
le  transport  des  hommes  et  des  marchandises  défendues 
par  les  subjectz  de  S.  M.  à  nos  ennemis ,  je  ne  voy  pas 
moins  de  scrupule  à  nous  respondre;  car,  sy  on  nous  ac- 
corde la  prohibition  qne  demandons  et  la  raison  veut, 
c'est  en  quelque  sorte  préjuger  ce  qui  se  négotie  avec 
l'Espagne;  sy  d'autre  part  on  le  refuse,  soubz  quelle 
couleur  peut  on  empêcher  le  commerce  de  nos  marchands 
avec  les  Escossois?  de  ces  contrariétés  sortent  les  lon- 
gueurs et  difficultés.  Pour  cela  nous  remet-on  au  Par- 
lement et  à  des  choses  qui  n'ont  aucune  communication 
avec  le  subject  de  ma  commission.  Pour  cependant  aviser 
quelque  matière  à  nous  entretenir,  ÎI  se  parle  que  le 
Koy  encline  de  faire  une  nouvelle  alliance  avec  messeign. 
les  Estais,  et  que  l'en  devons  requérir  par  escrit;  j'ay 
tousjours  reparty  que  l'avons  par  assez  de  fois  proposé  à 
S.  M.  et  à  ses  principaux  ministres,  mais,  ne  sachans 
jusques  où  S.  M.  s'est  engagée  avec  l'Espagne,  ce  seroit 
une  demande  incivile,  puisque  l'option  en  est  déférée  à. 
S.  M.,  qui  sçait  ce  qu'elle  peut  et  veut.  Or,  Monseig- 
neur, je  ne  me  suis  jamais  avancé  de  mettre  cette  pro- 
position dans  mon  escrit,  me  contentant  de  l'avoir  faict 
de  bouche;  car  Y.  Â.  se  ressouviendra  assez  que  mon 
instruction  n'en  fut  chargée  que  comme  d'un  expédient 
pour  donner  le  change,  et  non  k  intention  délibérée,  ny 
préparée,   pour    passer  formellement  à  la  conclusion  de 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   185  —  [16«.  Jwïier. 

quelque  tnicté,  et  m'est  grandement  suspect  qu'on  ne 
faict  cette  demande  que  pour  marchander  de  nostre  escrit 
avec  l'Espagne  et  la  rendre  plus  traictable,  luy  faisant 
voir  qu'il  est  en  sa  main  de  l'accorder  ou  rebntter.  Ce- 
pendant on  nous  proméneroit  en  longueur,  sans  aucune 
certitude  de  l'yssue;  encor  douté-je  sy  les  conventions 
qu'on  prétend  stipuler  seront  compatibles  avec  celles  que 
l'Sstat  a  faictes  avec  la  France;  ainsi  donq,  en  me  re- 
tirant d'icy,  on  ponrra  gaigner  temps  et  desconvrir  au 
progrès  les  intentions  de  cette  cour.  Carleton  m'a  dit  que 
je  doibs  attendre  que  le  Parlement  soit  ensemble;  qu'il  a 
entendu  qne  lors  on  nous  parlera  de  quelque  traicté,  et 
que  S.  M.  s'attendra  que  l'assistions  dliommes  et  de  na- 
vires contre  les  Escossois.  Il  n'y  a  que  deux  jours  que 
l'ambassadeur  de  France  nous  advertit  que  le  député 
d'YrIande  (maintenant  conte  de  Straffort  depuis  diman- 
che) a  conseillé  au  Roy,  le  sachant  auasy  certainement 
comme  s'il  l'avoit  de  sa  propre  bouche,  de  nous  entrete- 
nir de  l'espérance  d'un  traicté  soubs  divers  prétextes,  ores 
de  la  venue  d'un  ambassadeur  d'Espagne,  d'un  autre  en 
la  place  de  celny  de  France,  de  la  tenue  du  Parlement, 
des  affaires  d'Escosse,  pour  voir  ^  quoi  cependant  abbou- 
teront  les  propositions  d'Espagne,  avec  laquelle  il  est 
d'avis  tout  appertement  que  S.  M.  se  doibt  bien  enten- 
dre, pour  sa  seureté  et  ses  avantages.  La  mesme  chose 
à  peu  près  me  lut  confirmée  devant  hier  par  M.  le  comte 
d'Hollande,  qui  s'estoit  venu  oflrir  à  moy  de  parler  au 
Koy,  si  je  le  désiroy,  pour  le  raccourcissement  de  nostre 
négotiation,  m'asseurant  qu'on  ne  pensoit  plus  à  l'affaire 
des  Duynes  et  que  S.  M.  a  bonne  volonté  de  renouveller 
les  alliances  avec  messeigneurs  les  Estats.  Y.  Â.  voit 
l'embaras  où  je  me  trouve,  et  ne  sçaoroit  trouver  mau- 
vois,  sy  je  désire  m'en  tirer;  car  on  n'est  et  ne  sera-on 
de  long  temps  résolu  icy  de  ce  qn'on  veut,  et  en  tant 
d'afiaires  l'une  difficulté  engendre  une  autre,  et  ainsi  je 
n'auroy  jamais  besoigne  &icte,  après  mesmes  avoir  vuidé 
ce  de  quoy  j'ay  esté  chargé ,  monsieur  Joachimi  pouvant 


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16«.  Juiïier.]  —   186    — 

estre  authorisé ,  comme  de  &ict  il  est ,  dn  demenrant.  Je 
adjousteray  encor  cecy,  que  M.  £oke,  qui  a  le  départe- 
ment de  noz  affaires,  fat  dimanche  renvoyé  en  sa  miûson; 
que  M.  Fane  à  l'espérance  de  luy  succéder,  mais  qne  la 
détermination  s'en  traînera  encor  trois  sepm^nes  on  un 
mois,  à  cause  de  quelque  opposition;  nous  voilà  remiz 
pour  plus  de  six  semaines,  premier  qu'il  en  prenne  con- 
naissance et  s'en  mette  en  train.  Ce  sont.  Monseigneur, 
les  raisons  de  mon  ennuy  et  les  moyens  de  m'en  sor&; 
sur  quoy  j'attendz  l'honneur  des  intentions  de  V.  A. ,  avec 
cette  déclaration  qu'un  mois  ny  six  sepmùnes  ne  me 
presseroyeat  pas,  sy  j'estoy  miz  en  oeuvre,  mais  la  pa- 
tience m'eschappe,  quand  je  me  voy  assigné  vers  la  S. 
Jean  et  avec  doute  de  rien  avancer  pour  l'Estat,  et  il 
importe  de  bien  considérer  s'il  est  k  propos  qne  je  m'en- 
gage à  quelque  traicté,  sy  par  îcelay  on  prétend  de  nous 
intéresser  contre  l'Escosse ,  qu'on  ne  dira  point  dès  l'entrée 
et,  venant  à  l'excuser  après  y  avoir  quelque  peu  travaillé, 
l'offense  en  sera  irrémissible.  Tel  party  que  Y.  A.  me 
prescrira  sera  suivy,  sans  commenter  desns,  comme  es- 
tant, Monseigneur, 

de  y.  Â.  très-humble,  très-obéissant  et 
trës-âdèle  serviteur, 

FRANCO  YS  O'aSBSSEN. 

De  Londres,  ce  36  janvier  1640. 

L'ambassadeur  de  France  eut  dimanche  son  congé  do 
Roy  et  de  la  Royne  en  aolemnité.  M'  de  Hume  me  prie 
de  recommander  à  V.  A.  George  Hume,  son  frère,  ca- 
pitaine au  régiment  de  M.  le  colonel  Erskine.  Il  est 
certes  honeste  gentilhomme. 


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LETTBE  DLXXIV 

Le  même  au  même.     Il  «tt  queeti&n  t^une  aîlianee  avec  le» 
Provineee-tMie*. 

Monseigneur.  Vostre  A.  voit  que  je  ne  sois  point  ciche  ' 
ie  mes  lettres;  mais,  où  il  est  question  du  devoir,  je  ne 
crains  point  d'estre  importun.  Tons  ces  jours  je  n'ay^ 
cessé  de  me  plaindre  des  longueurs  que  je  rencontre  en 
mon  affaire,  et  d'implorer  l'ayde  de  V.  A.  pour  m'en 
tirer,  et  croy  encor  que  l'expédient  que  j'ay  proposé  en 
fera  l'o£Sce,  sy  le  pouvez  gouster  et  me  le  moyenner,  i, 
la  charge  de  n'en  point  abuser;  car  il  taut  resveilter  ces 
gens,  qui  d'eux-mesmes  ne  s'avancent  guëres;  mais  voicy 
un  bien  Boud»n  changement;  il  y  a  quelques  jours  que 
M.  le  conte  d'Hollande,  m'estant  venu  Toir,  j'entray  avec 
luy  en  discours  du  faict  des  Dunes  et  des  rusons  de 
nostre  justification;  mesmes  que  c'estoit  estrange  que  l'An- 
gleterre commençoit  ^  nous  négliger,  ponr  adhérer  k  l'Es- 
pagne, dont  l'amitié  luy  seroit  enfin  autant  mineuse  que 
la  nostre  bien  cultivée  luy  seroit  utile;  il  me  demanda 
s'il  le  pourrait  dire  an  Roy,  ou  sy  j'aymoy  mieux  de  le 
déclarer  en  audience;  je  trouvay  donq  plus  à  propos  qne 
cela  vinst  de  luy;  et  l'ayant  faict  et  notifié  h  nous  par 
M'  le  colonel  Goringh,  nous  le  fusmes  trouver  hier; 
d'abordée,  il  déclara  avoir  amplement  rapporté  an  Koy 
ce  dequoy  nous  avions  communiqué  ensemble,  qu'il  en 
venoit  encor  de  le  résumer,  et  qne  S.  M.  lui  avoit  donné 
charge  de  m'asseurer  que,  dans  demain  ou  tundy,  on  me 
portera  sa  response,  et  me  voulloit  dépëscher  dix  jours 
après  à  mon  entier  contentement  avec  une  bonne  résolu- 
tion, pourveu  que  je  me  départe  de  fonder  nostre  aggres- 
sion  sur  le  traicté  de  Sadthampton,  Itùssant  le  passé  sans 
plus  le  remuer.  Voilà,  Monseigneur,  le  frnïct  de  vostre 
sage  conseil  à  nous  plaindre  les  premiers;  car  le  Roy  ne 
veut   point  estre  accusé  d'avoir  rompu  ce  traicté,   et  s'il 


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IMO.  J«Dïtw]  —  188  — 

n'est  qnestioD  que  d'une  formalité,  je  pense  qn'en  devons 
contenter  S.  M-,  puisque  nous  en  avons  l'utilité;  mais  il 
feut  voir  l'escrit  devant,  qui  tombera  Bouba  une  mauvaise 
plume,  car  Windebant  le  doibt  coucher.  M.  d'Hollande 
adjousta  que  S.  M.  me  voulloit  renvoyer  plus  content  de 
cette  commission  que  d'aucune  précédente,  disant  tout 
plein  de  bien  de  moy  et  de  ma  conduîtte,  plus  qa'Jl  ne 
seroit  séant  en  ma  boache;  excusa  la  longueur,  à  cause 
de  la  maladie  de  M.  de  Cottington,  qui  avoit  tousjonrs 
Boubstenu  la  nullité  du  traicté  contre  quasi  tout  le  Conseil, 
qui  en  afiermissoient  non  seulement  la  validité,  mais 
louoyent  nostre  grand  respect  envers  le  Roy,  d'en  avoir 
souffert  l'infraction  sans  nous  en  plaindre;  ponr  an  ad- 
jousta que  le  Roy  voulloit  achever  avec  nous  ce  qu'il 
avoit  affaire,  devant  la  venue  de  l'ambassadeur  d'Espagne, 
lequel  vient  expressément  chargé  et  instruict  contre  nostre 
Estât,  en  dessein  de  porter  tout  aux  extrêmes;  qu'il  voulloit 
aviser  avec  nous  des  moyens  d'une  bonne  alliance.  (7est, 
Monseigneur,  à  peu  près,  ce  qu'il  nous  proposa  de  par 
le  Roy,  remettant  à  moy  de  l'aller  en  personne  entendre 
de  sa  bouche  œesmes;  mais,  l'en  ayant  remercyé,  je  pensoy 
plus  à  propos  d'attendre  l'escrit ,  afin  d'estre  mieux  pré- 
paré sur  tout  V.  A.  voit  que  la  voye  est  tracée  pour 
une  confédération;  qu'ils  ne  sçavent  encor  quelle,  mais 
que  tousjours  ils  en  vuellent  une.  Le  commerce  avec  la 
guerre  contre  l'Ëscosse,  qui  est  toutte  résolue,  rendent 
l'offensive  et  défensive  impossible.  La  défensive  leur 
tourne  à  despense  et  les  engage  en  des  profondes  ini- 
mitiés   contre    l'Espagne ,    par    conséquent    elle  aura  pa- 

1  reillement  ses  difficultez;  il  la  endroit  limiter  à  un  se- 
cours  mutuel  contre  l'aggressenr  par  guerre  ouverte,  et 
s'il  est  possible  d'exprimer  le  Roy  d'Espagne  et  ses  ad- 
hérens ,  pour  ne  s'intéresser  en  autre  qnerelle.     Sy  on  ne 

s  s'en  peut  accorder,  il  reste  un  autre  expédient,  de 
convenir  d'une  solemnelle  promesse  de  ne  servir  ouverte- 
ment, ny  couvertement  les  ennemiz  l'un  de  l'autre  de 
navires,  de  transport  de  leur  aident,  hommes,  armes  ny 


,,.GoogIc 


—    189   ~  [1640.  JâDriw. 

d'antres  miinitîoDS,  ou  bien  d'arrester  un  temps  à  se  > 
trouver  ensemble,  quand  les  affaires  de  S.  M.  seront  plus 
meures  et  prépar<^es  pour  une  solide  alliance.  Or,  Mon- 
seigneoT,  sy  on  en  vient  à  choisir  quelcuu  de  ces  trtdctës, 
il  est  requis  que  soyons  prests  d'y  entrer  sans  remise, 
pour  ne  perdre  la  bonne  opinion  qu'on  prend  de  nostre 
candeur  et  sincérité;  et  partant  V.  A.,  sy  elle  le  trouve 
bon,  nous  en  doibt  faire  anthoriser,  car  nostre  Instruction 
nous  permet  bien  d'en  faire  ofire  et  oavertnre,  mais  point 
de  nous  y  engager,  moins  de  conclure;  i]  me  semble  ton- 
tesfois  que  tout  iroit  à  nostre  avantage,  le  traictant  à  con- 
dition d'approbation;  sy  le  négligions,  asseurément  le  Boy 
se  trouvera  peu  a  peu  embarqué  en  guerre  contre  nous, 
et  c'est  à  quoy  plusieurs  et  des  pins  qualifiez  du  conseil 
tendent,  en  luy  conseillans  de  préfiirér  l'amitié  d'Espagne 
devant  toutte  autre.  Cet  affaire  résolue,  nous  en  atten- 
drons l'intention  par  navire  exprès.  La  lettre  est  longue, 
mais  le  subject  en  vaut  la  peine.  Je  prie  Dieu  pour  la 
prospérité  de  V.  Â.,  estant,  Monseigneur, 

vostre  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

PK&NÇOÏS  D'aBBSSEN. 

De  Londres,  ce  27  janvier  1640. 

Madame  de  Chevreuse  est  disgratiée  de  la  Boyne, 
comme  brouillonne,  fiictîeuse,  menteuse,  prometteuse,  far- 
dée, aux  dentz  pourries,  folle;  ce  sont  une  partye  des 
couleurs  dont  S.  M.  la  dépeignit  devant-hier  à  M.  l'am- 
bassadeur de  France,  non  sans  cause. 

EiB¥TBE  mtXXV.  U». 

Le  Prince  ^Orange  à  M.  de  Heenoliet     II  ne  sauroit  être  *"' 
quettion  que  de  lu  Princette  mnée. 

Monsieur!  Je  viens  de  recevoir  vostre  lettre  du  20  jan- 
vier; j'apprands  par  icelle  comm'  [S.  M.']  et  le  Roy  mesme 


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1640.  J.nrier.]  _    190   — 

insbtent  que  vous  parliez  de  Ik  seconde  fille.  Je  tous  ay 
desjà  mandé  mes  sentimeDS  lit-dessos  par  mes  dernières; 
je  vous  répéteray  donc  qu'encores  que  je  ne  face  pas  de 
diférence  de  l'une  k  l'autre,  que  toutefois  quand  je  con- 
sidère le  bas  eage  de  la  plus  jeune,  et  que  tout  le  boa- 
beur  de  ma  maison  consiste  i,  voir  mon  fils  mari»,  et 
qu'il  ait  bientost  des  enfans,  ce  qui  ne  se  peut  espérer  de 
dis'  ans  de  la  seconde,  j'advoue  que  cela  me  cause  de 
grandes  difficultés.  Fartant  je  tous  prie  [continuiés]  d'in- 
sister et  près  du  Roy  et  de  la  Reyne,  tent  parla  Eeine- 
mère  qne  par  M'  Vaen,  à  ce  qu'il  plaise  &  leurs  M.  d'a- 
voir égart  k  mes  considérations,  qui  à  mon  opinion  sont 
raisonnables,  et  partant  se  veuillent  résoudre  i,  condé- 
sandre  à  l'aisnée;  s'il  leur  plaict  me  départir  cet  bonenr, 
j'en  demeureray  recognoissant  toute  ma  vie,  et  le  témoig- 
neray  par  mes  très-humbles  services.  Vous  pourés  anssy 
remender  que,  y  allent  de  l'iatérest  de  cest  Estât,  [en]  je 
ne  pourois  y  entendre  avec  la  seconde  qu'avec  préalable 
advis  de  l'Estat,  qui  tesmoigne  désirer  que  mon  fils  ùt 
bientost  des  enfans.  Je  vous  iais  ces  lignes  par  advence, 
jnsqnes  à  ce  que  le  comte  Guillaume  soit  arrivé,  par 
lequel  j'ateus  ce  que  vous  me  manderés  que  vous  aurés 
[advenu]  en  ce  traité,  comme  de  ce  que  vous  aurés  peu 
aprendre  daventage  de  leurs  intentions.  —  Il  faut  enquores 
qne  j'adjoute  à  celle-ci  que  tout  le  monde  s'estonne  gran- 
dement qu'un  ïïoy  si  prudent  veuille  mettre  son  Royaume 
en  péril  d'un  estrange  changement,  &  l'instigation  de  ceux 
qn'il  cognoist  estre  ces  '  enciens  ennemis.  Faites  les  on  peu 
ressouvenir  de  ce  qui  est  arrivé  en  Angleterre,  par  le 
mariage  de  la  Reine  Marie  et  du  Roy  Philippe.  Cepen- 
dant je  vous  prie  de  ne  rien  rompre  avec  eus,  ains  de 
tenir  tout  en  surséance,  jusques  à  ce  que  je  vous  aie 
&ict  entendre  mes  intentions,  après  que  j'auray  recen  vos 
lettres  par  le  conte  Qnillaume.     Je  suis,  Monsieur, 

vostre  affectionné  i>  vous  faire  service, 
Haie,  ce  30  janvier  1610. 


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-   LBTTBB  BLXXTI. 

Le  Roi  (FAngUterre  au  Prince  <f  Orange.    C^re  en  mariage 
de  ta  file  cadette. 

Mon  Cousin.  Vous  verés ,  par  la  responce  que  tous 
porte  de  ma  part  le  S'  de  Henâet',  le  déBÎr  que  j'ay 
de  TOUS  faire  voir  l'estime  qne  je  &is  de  vous,  dans  le 
trété  '  de  mariage  en  Toatre  fils  et  ma  seconde  fille.  Je 
croy  qu'il  n'est  point  de  besoing  que  je  tous  dise  rien 
davantage  sur  ce  subject  dans  sette  lettre,  ayant  chargé 
le  dit  Henflet  de  le  tous  faire  entendre  plus  au  long, 
seulement  tous  asseurer  de  mon  consantement  dans  l'a- 
faire,  et  aussy  tous  prier  que,  comme  tous  recerés  de 
moj  se  grand  tesmoygnage  de  mon  afTection,  que  je  puis 
reseToir  de  tous  des  preuves  dn  vostre;  se  que  tous  pou- 
vés  faire  présentement,  en  enpêchant  que  les  subjects  de 
messieurs  les  Estais  n'asistes'  pas  mes  rebelles  d'Ëcose, 
ny  d'argent,  ny  de  munition,  et  voua  me  ferés  TOÎr  par 
là  que  véritablement  Tostre  intention  est  aussy  réelle  que 
la  mienne,  pour  l'aliance  que  tous  me  proposés,  et,  si  il 
y  a  quelque  chose  où  je  vous  puise  *  estre  utitte,  tous  me 
tronrerrés  tousjours  si  prest  à  tous  le  &ire  paroistre ,  que 
tous  me  croirés,  comme  je  suis,  mon  Cousin, 

Tostre  très-affectionné  cousin, 

CHAKLSS  B. 

Whytfaall,  le  SI  de  janvier  1640. 
A  mon  coosin,  UoDsieur  te 
Prince  d'Onoge. 


LBTTKB   BliXXVII. 

M.    de    Sommdedyck    au    Prince  tf  Orange.     Jamate,  pour 
^affaire  de   Ihàat,  il  ne  demandera  pardon. 

Mongeigoenrl    V.  À.    peut  Toir,    en    nostre  dépesche 


,,GoogIc 


15*0.  F<.rier,]  —   1 92   — 

commane  d'hier,  le  changement  que  le  Boy  a  &ict  en  la 
déclaratioD  qae  M.  le  conte  d'Hollande  nous  avoit  f&îtte 
de  sa  part,  le  26  de  l'antre  mois.  Ce  seroit  peu  de  chose, 
ay  on  en  demeuroit  là,  car  j'y  ay  desjà  satisfaict,  mais 
j'ay  appris  depuis,  d'une  personne  qui  m'est  assez  confi- 
dente et  espère  nne  autre  fois  de  moy,  qu'on  est  après 
à  engager  le  Roy,  premier  que  de  rien  relascher  de  son 
conrroux,  de  prétendre  une  bumitiatton  de  nous,  jusqaes 
i,  quelque  espèce  de  pardon.  Je  responds  lï^dessus  à 
y.  A.  que  jamais  je  ne  permettray  à  la  langue,  ny  à  la 
mùn,  de  commettre  rien  de  sy  lasche,  ny  de  si  bas,  dont 
il  puisse  venir  de  la  flestrisseure  h,  la  dignité  de  l'Estat 
et  à  moy  de  la  honte;  mais,  si  on  passe  outre  k  m'en 
toucher  la  chorde,  je  me  ressouls  de  faire  une  [bone]  et 
libre  remonstrance  là-dessus  à  S-  M.  et,  sy  sur  icelle  elle  ne 
relasche,  de  prendre  mon  congé,  en  traînant  quelques 
jours  mon  départ,  pour  laisser  au  temps  ce  que  la  raison 
n'aura  peu  faire;  car,  à  dire  la  vérité,  ces  messieurs  ne 
Bçavent  qu'ils  veullent  et  ne  peuvent  résoudre ,  en  la  con- 
iusion  de  tant  et  de  sy  importans  aâaires,  qu'îlz  ont  à 
Tuider  et  laissent  accumuler  ensemble.  Ânglois  sont  [gens]. 
Monseigneur,  parler  tant  soit  peu  de  pardon,  est  trop 
intéresser  l'Estat.  Serions  nous  pas  la  risée  du  monde? 
où  en  prendrions  nous  l'exemple?  Ce  serait  one  gratieuse 
réception  à  l'ambassadeur  d'Espagne,  que  de  voir  prostitué  à 
ses  pieds  l'honneur  des  Provinces- Unies ,  pour  réparation 
de  la  deffaicte  de  sa  flotte.  Nous  en  deviendrions  mes- 
prïsables  à  nostre  peuple  et  incapables  de  traicter  au  de- 
hors ,  mesmes  de  servir  l'Angleterre  à  son  besoin  ;  ce  que 
ces  gens  ne  considèrent  point,  qui  portent,  sans  aucune 
retenue ,  les  intérestz  d'Espagne  et ,  pour  le  leur  particu- 
lier, cerchent  encor  d'y  embarquer  le  Roy,  qui  a  la  plus 
douce  et  meilleure  âme  du  monde,  mais  tombée  en  fort 
mauvaise  main  et  laquelle  semble  n'avoir  autre  visée  que 
de  renverser  tontes  les  anciennes  et  meilleures  maximes 
et  alliances  de  la  Conrronne.  S'il  est  possible ,  je  travail- 
leray  sourdement  et  aonbz  main  à  en  prévenir  et  destour- 


,,.GoogIc 


—    193   —  [1B40.  Fftrier, 

ner  la  coup.  J'attendray  donq,  Monseigneur,  ce  qui 
sortira  de  nostre  dernier  escrit,  auquel,  comme  aussy  aux 
précëdens,  je  me  suis  avisément  '  gardé  de  ne  faire,  près 
ny  loinc,  entrevenir  le  nom  ny  l'authorité  de  V,  A.,  me 
doutant  tousjours  qu'on  cercheroît  de  faire  dériver  sur 
vous  une  partye  du  blasme  qu'on  prétend  impropérer  '  à 
llistat,  lequel  estant  malicieusement  représenté  an  Koy 
comme  trop  puissant,  on  luy  conseille  de  tenir  bas  pour 
sa  propre  seureté.  V.  A.  sçait  mes  bonnes  intentions  et 
me  peut  informer,  s'il  luy  plaist,  par  bomme  exprès,  sy 
en  cette  rencontre  je  me  doibs  conduire  autrement  et  com- 
ment; mais,  quelque  party  qu'on  prenne,  je  la  snpplye 
très-humblement  de  ne  soufirir  que  je  soy  chargé  de  {aire 
rien  de  honteux,  ny  d'indigne  de  ma  condition;  car,  a. 
parler  rondement  et  soubs  vostre  permission,  je  ne  sçau- 
roy  obéyr;  ma  charge  est  de  justifier  l'action  des  Dunes 
et  la  justice  est  pour  nous,  au  jugement  de  tous  qui  ne 
nous  sont  ennemiz;  le  pardon  au  contraire  induict  con- 
demnatdon  et  est  la  punition  d'un  criminel  qu'on  sauve 
par  gr&ce.  Sur  ce  prie  Dieu  de  me  tirer  d'icy,  pour 
servir  ailleurs  plus  utilement,  et  de  donner  à  V.  A.,  Mon- 
seigneur, prospérité,  santé  et  très-longue  vie. 

De  vostre  Altesse  très-humble,  très-obéyssant, 
et  très-fidèle  serviteur, 

FKANÇOÏS   u'aERSSEN. 

De  Londres,  ce  2  fénier  1640, 


LBTTBE   BLXXrm. 

M.  de  HeenvUet  au  Prince  ctOrange.     Négocia^an. 

Monseigneur. . . .   M'  de  Vaen  me  dict  que  leurs  Majestés 

ont  traitté  de  l'aSaire,  je  croy,  avec  luy,  et  qn'yl  me  dé< 

clareront    en    peu    des  jours  leurs  sentiments  par  escrit, 

jnsques  à  y  mettre  le'  dot;  qu'yl  leur  avoit  encor  répété 

'  eipresi^menl.  •  nprothrr.  ■  la. 

III.  13 


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II140.  F<.rier.]  —    1»*   — 

tons  mes  raisons  et  mes  grandes  inquiétudes ,  à  cause  de 
l'aage  de  la  seconde,  mais  qu'jl  ne  Toyoit  apparence  d'aa- 
cun  changement;  au  contraire  que,  si  j'insistois  trop,  qu'à 
son  opinion  je  romperois  l'affaire.  Quand  i,  aucune  liaison 
ou  afiàire  qui  pourroît  toucher,  supplie  à  Y.  A.  s'asseurer 
que  je  ne  m'engageray  jamais ,  aussi  ne  me  parlent-yls 
point,  mais  an  contraire  S.  M.  mesme  qu'yl  ne  le  &ict 
que  pour  la  considération  et  amitié  de  Y.  A. ,  et  M'  de 
Yaen  que  l'intention  de  S.  M.  n'est  nullement  d'altérer 
les  alliances  de  nostre  Estai,  mais  pour  prévenir  que  ce 
Royaume  et  nostre  Estât  ne  tombent  jamais  en  aucune 
mauvaise  intelligence.  Je  n'ay  manqué,  apr^  la  récep- 
tion de  celles  de  Y.  A.,  aller  voir  M'  de  Yaen  et  loy 
de  nouveau  remonstrer  ce  que  Y.  A.  avec  grandissime 
raison  me  mandoït;  qn'yl  obligeroit  Y.  A.  au  dernier  de- 
gré ,  qu'yl  sçavoit  combien  yl  estoit  expédient  et  nécessaire 
pour  la  maison  de  Y.  A.  et  de  nostre  Estât,  que  le  jeune 
prince,  estant  de  recbef  l'unique  et  ayant  tantost  quatorze 
ans,  se  mariast  bientost;  qu'yl  n'y  avoit  apparence  en  dix 
ans  d'attendre  de  la  seconde  aucune  lignée,  et  ainsy  sept 
ans  se  perderoyent  avec  l'attente  pour  la  seconde ,  auquel 
yl  seroit  eu  aage  d'avoir  lignée;  que  le  temps  s'approchoit 
qu'il  se  metteroit  à  la  guerre;  que  j'espérois  que  Dieu 
le  garderoit  et  de  maladie,  qn'aultrement  je  me  tiendroîs 
bien  malheureux  d'avoir  eu  l'honneur  de  cest  employ; 
que  S.  M.  estoit  ung  Boy  si  sage  et  prévoyant  qn'yl 
poulvoit  bien  considérer  le  grand  mal  que  de  l'alliance 
d'Espagne  sur  tay  et  son  royaulme  poulvoit  arriver.  Qae 
j'en  serois  bien  ayse,  si  S.  M.  le  trouvoit  bon,  de  le 
poulvoir  communiquer  et  consulter  avec  M'  de  Sommet»- 
dycq.  Il  me  dit  là-dessus:  „je  vous  jnre,  si  ung  aoltre 
enst  traitté  cest  affaire  que  vous  et  moy,  yl  fut  desjà 
rompu;  c'est  pourquoy  je  ne  sçay  vous  faictes  difficulté 
de  continuer."  —  „Si[re"],  luy  dis:  „si  on  accordoit  l'aia- 
née,  je  ne  voudrois  aucun  conseil;  mais  ceste  distance 
d'aage  me  trouble  et  avec  raison;"  et  quand  yl  vist  qne 
je    faîsois    encor    des  instances  là-dessus,  il  me  dict:  „je 


,,.GoogIc 


—   195   —  [1640.  Ktïrier. 

Toas  diray,  à  condïtîon  qne  cela  demeure  entre  nous, 
M'  de  Sommelsdyck  a  parlé  depuis  peu  de  marier  le 
jeune  Prince  avec  une  des  filles  de  la  Royne  de  Bohème 
au  conte  d'Hollande;  je  luy  dis,  que  je  sçavois  bien  qu'yl 
n'avoit  aucun  ordre,  qo'yl  le  faisoit  de  son  propre  mou- 
vement, et  peult-estre  en  considération  qu'yl  estoit  très- 
nécessaire  que  le  jeune  Prince  se  mariast.  „Et  bien," 
me  dit-yl,  „recevé  ceste  responce  du  Roy,  laquelle  vous 
n'oblige  à  rien ,  mais  au  Roy  à  se  déclarer ,  et  puis  après 
nous  ferons  des  nouvelles  instances  et  tout  ce  que  je 
pourray,"  Je  confesse  que  je  le  trouve  grandement  porté 
pour  raSaîre,  et  l'usuée,  si  cela  se  poulvoit,  mais  je  craing 
fort  que  le  Roy  ne  change,  ce  qui  m'empesche  et  trou- 
ble mon  repos  ;  Dieu  donne  le  contraire  ...  Je  demeure , 
Monseigneur , 

très-fidèle  et  très-obéissant  serviteur, 

IIEESVLIKT. 

De  Londres,  le  3  février  1640. 


LBTTBB  BUKJOO:. 

lié  Comte  GuiUautn^Fréd&ric  de  Naasau-Ditiz  à  M.  de  Zuy- 
Uehetn.     CompUmetiti. 

Monsieur.  Le  petit  présant  que  vous  venez  de  rece- 
voir n'estant  ancnoement  proportionné  ny  à  vos  mérites, 
ni  k  l'afiFection  infinie  que  j'ay  pour  vous  honorer  et  ser- 
vir, ne  méritoit  pas  des  remerciemants  si  exquis  que  ceux 
de  la  vostre  du  6  de  ce  moys.  Je  voudroîs  seulement 
qu'il  eût  esté  tel  qne  j'eusse  désiré  pour  ma  propre  sa- 
tïs&ction ,  espérant  que  vous  ferez  favorable  jugemant  de 
ma  franchise  de  vous  l'avoir  ausé  '  ofirir  tel  qu'il  a  esté , 
comme  je  remercie  la  vostre  des  '  qu'elle  m'en  a  donné 
quelque  occasion,  et  comme  c'est  la  qualité  que  j'estime 
le  pins  à  un  homme  de  bien,  tant  s'en  faut  que  je  vous 


13* 

D,g,t7cdb/COOglC 


IMO.  TéffKt.i 


196  ■ 


tifene  criminel  d'nn  des  vices  dont  vous  vons  chargea  vons- 
mesme ,  qae  je  vous  absous  absolumant  (puisque  vous  m'en 
différez  le  jugemant)  autant  de  l'an ,  comme  tout  le  monde 
qui  vous  admire  aait  que  vous  estes  esloigné  de  l'autre, 
vous  suplîant  (puis  que  nous  touchons  ceste  corde)  de 
vous  servir  tousjours  de  la  meame  franchise  k  me  dire 
ça'  quoy  vous  désirez  que  je  vous  serve,  comme  àceluy 
qui  tiendra  tonsjours  pour  bien  employé  )a  siène  à  vous 
tesmoigner  qu'il  est, 

vostre  tr^s-humble  servitenr, 

LB  COMTE  DE  KA9BAD. 

•/„  féïrier  1640. 


L.BTTBE   OLZXZ. 

iMOio'st'di  ^^   Prince   ^Orange  à  if .  de  Sommdsdyck.     R  le  prie  de 
smmiiWïïk.       toTtder   tet   intentions  du  Roi  d'Angl^erre  relativement  ati 


*,*     Appiremmnil  le  PrioM  ■  relnmllj  e«tl«  miante  et  Tait  apiâur  cclk 

Monsieur.  Par  le  billet  que  vous  m'avés  envoie  par 
vostre  lettre  do  27  janvier,  j'aj  bien  conpris  '  ce  que  il 
vous  a  pieu  de  me  proposer,  à  savoir  de  sonder  le  Rov 
sur  le  mariage  dont  nous  parlâmes  avant  vostre  parte- 
menk  Je  ne  puis  que  l'aprouver  entièrement,  et  par- 
tant vous  supplie  d'en  &ire  l'ouverture,  lors  que  vous  le 
jugerés  le  plus  convenable.  H  me  semble  que  il  ne  se 
pouroit  faire  plus  à  propos,  que  quandt  vous  entamerés 
ou  achéverés  le  traité  avec  cest  Estât,  fesant  cognoistre 
que  se  seroit  pour  plus  grande  confirmation  d'icelny.  Je 
me  remës  donc  à  vostre  prudence  d'en  user,  selon  que 
vous  le  jugerés  le  plus  expédient.  Je  me  confie  tent  en 
vostre  condoitte,  que  je  ne  doute  pas  que,  si  vous  l'en- 
treprenés ,  il  ne  succède  heureusement  Cest  un  surcrobt 
>  et  à.  ■  ffote  marj/iniile  dt  U.  d*  Zuj/Heirm,  '  comprû. 


,,.GoogIc 


—  i97  —  [lOM.  Fé.ri«. 

d'obligation  que  je  tous  auray  que  je  recognoistray  aus 
ocasions  de  vostre  service,  quand  il  vous  plùra  de  m'em- 
ploier.   Je  suis, 

Tostre  très-affectionné  à  vous  faire  i 
Ce  6  février. 


LETTKE   BLXXXI. 

Le  même  au  même.     Il  le  prie  de  te  concerter  aoec  M,  de  l^'^^'^H'^^ 
ffeeatilia.  '"^■SéS' 

—  irte  p«r  1*  Sr  Os 

Monsieur.  J'aj  recognu,  dans  le  billet  que  vous  m'avés 
envoie  dens  vostre  lettre  du  27  janvier,  la  particulier 
affection  que  vous  tesmoignés  k  tout  ce  qui  me  touche. 
Asseurés  vous,  que  je  taacherai  à  la  recognoistre  par  mon 
service  aos  occasions  qui  s'en  ofriront.  Quand  à  ce  que  vous 
y  proposés,  je  l'aprouve  entièrement  et  vous  supplie  d'en 
^re  l'ouverture,  lors  que  vous  le  jngerés  la  plus  à  propos. 
Il  me  semble  qu'eu  parlant  d'un  traitté  avec  cest  Es- 
tât, que  cela  seroit  fort  à  propos  et  de  faire  cognoistre 
que  se  seroit  ponr  tant  plus  grande  confirmation  du  dit 
traité.  Je  me  remets  donc  à  vostre  prudence  d'en  user 
com'  TOUS  le  jugerés  le  plus  expédiant.  Je  vous  laise*  à 
considérer  s'il  ne  seroit  pas  nécessaire  d'en  toucher  quelque 
chose  à  la  Reyne,  que  l'on  dit  bavoir  '  un  grand  pouvoir 
sur  l'esprit  du  Roy  et,  affiu  que  vous  aoiés  plainemant 
informé  de  ce  qui  c'est  traité  sur  ce  suget  par  M'  de 
Heenvliet,  je  luy  mende  de  vous  en  informer  particuliè- 
rement jusqnes  k  quel  point  l'aflaîre  a  esté  conduitte  & 
son  partement  Je  luy  havois  doné  une  lettre  adresande* 
à  vous,  avec  charge  de  tous  communiquer  tout  ce  quy 
ce  passerat  en  ceste  affaire,  mais  îl  m'a  mendé  que  le 
Roy  luy  a  défendu  exprèsément  d'en  rien  dire  ^  personne. 
Far  ces  dernières  il  me  mande  que  le  Roy  luy  a  fait  par 
AP  Vaen  savoir  qu'il  ne  ponrroit  parler  de  sa  fille  atnée. 


,,  Google 


\6Vt.  KeVriurO  —   19**   — 

mais  que,  pour  la  segonde',  il  y  auroit  de  l'inclination. 
J'advoue  qu'enquores  que  cesta  alliance  me  soit  trèa-ho- 
norable,  à  toute  ma  maison,  que  toutes  fois  le  bas  âge 
de  cestQ  princesse  me  choque  auconement,  qui  de  douze 
ans  l'on  ne  poorat  espérer  pour  avoir  en&ns.  ïît  cepen- 
dant c'est  ce  que  je  souliaîterois  à  mon  fils,  pour  plusieurs 
respects  que  vous  pouvez  considérer.  Cast  pour  quoy 
je  vous  supplie,  s'il  j  •  moien  de  renonver*  le  traïtté  de 
l'aînée,  d'i  emploier  tous  vos  efforts.  tTaj  une  si  grande 
confience  en  vostre  conduitte,  que  je  ne  doute  nullement 
que,  si  vous  l'entreprenés ,  vous  en  viendréa  &  bout  Se* 
me  sera  un  renouvellement  d'obligation,  et  duquel  je  vous 
asseure  que  je  vous  seray  jamais*  recognoisant,  ains  vous 
feré  parestre  aus  occasions  de  vostre  service,  que  je  sois,  etc. 

Je  vous  supplie  de  commimiquer  de  ceste  affaire  avec 
M.  de  Heenvliet,  comme  je  luy  mande  de  faire  avecq 
vous  de  tout  ce  qui  loy  succédera,  sans  toutefois  que  pour 
enquores  l'on  cognoise  que  vous  aies  comuniqué  ensemble 
de  cest  afmre. 


LE1TKE   DLXXXII. 

M.   de  SommeUdyck    au    Prines    ctOrtaige.     Il   désire    ton 
rappeL 

Monseigneur.  Ce  mot  ne  contient  aucune  matière  de 
long  entretien,  que  pour  dire  à  Y.  A.,  que  je  suis  aa 
bout  de  mon  rollet,  depuis  que  le  Boy  n'a  peu  prendre 
résolution  sur  nostre  dernier  escrit,  par  la  contrariété  des 
advis  de  ceux  de  son  conseil,  que  pour  en  délibérer  plus 
meurement  k  loisir  et  estans  par  là  tombés  entre  les  miûns 
d'une  homme  '  qu'un  chascun  tient  pour  grand  ennemy 
de  nostre  Estât,  lequel,  ne  pouvant  pïz  faire,  au  moins 
continuera  à  nous  traverser  et  traîner.     Je  ne  voy  meil- 

'  («Dande.  *  rcDOver,  nnonvcller.  *  oc.  *  à  jamiii. 

'  Windebaok  {?);  mjeî  p.  158  et  188. 


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—   199    —  [16*0.  Février. 

leur,  ny  pins  assenré  expédient  de  sortir  d'îcy,  que  par 
te  tDoyen  de  la  démission,  que  Y.  Â.,  s'il  lay  plaist,  me 
peut  moyenner  vers  messeig.  les  Estais;  car,  outre  ce 
qu'il  n'est  plus  question  des  Dunes  et  que  la  délibération 
sur  le  choix  d'une  nourelte  alliance  à  contracter  avec  nous , 
est  assez  débattue,  quoyque  de  tous  avouée  pour  néces- 
saire, je  pense,  Monseigneur,  qu'on  a  dessein  de  négotier 
par  nostre  escrit  avec  l'E^spagnol,  lequel  nons  romprons, 
sy  on  me  voit  résolu  au i  retour,  par  l'anthorisation  de  M. 
Joachimi  à  achever  ce  qui  restera  de  faire  et  d'en  at- 
tendre les  commoditez  de  Sa  M.,  qui  seront  tardives,  car 
tant  qu'elle  fera  traicter  des  mariages  et  continuera  à  ià- 
voriser  le  commerce  avec  l'Espagne,  il  nons  est  malaysé 
de  conclurre  aucun  traicté  avec  elle ,  et  je  ne  me  trouve 
point  chargé  par  mon  instruction  d'en  fmre  instance,  mais 
bien  de  jnstiâer  le  combat  de  Dunes.  Je  soubmetz  néan- 
moins mou  obéyssance  aux  volontez  de  Y.  Â.  et  ne  par- 
teray  plus  que  sur  nouveau  commandement  Dieu,  Mon- 
seigneur, vous  donne  succès,  avec  heureuse  et  longue  vie. 
De  Y.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et  très- 
fidèle  serviteur, 

PRAMÇOTS   d'aBBSSIN. 

De  Londres,  ce  6  février  1610. 

Ma  précédente  estoit  du  second  *,  sur  l'advis  de  l'humi- 
liation qu'on  prétendoit  nous  imposer,  de  qnoy  plusieurs 
nous  sont  venuz  advertir  depuis,  mais  nous  avons  ta,\ct 
protestation  et  bruict  an  contraire,  pour  eu  destonmer 
Tessay,  qui  nons  eust  mal  emharassez  et  n'en  oyons  pins 
parler. 


LETTRE  BUCXXni. 

Le  même  au  même.     Même  tujet. 

Monseigneur!    Après  nbstre  lettre  commune',  j'ay  peu 
'  Z>  ItUrê  177.  *  Cettt  Irttrt  «MWraw. 


,,  Google 


1640.  F«vn«.]  —   200   — 

à  (lire,  et  sur  mes  dontes  j*ay  cy>devaut  consulta  la  pru- 
dence de  Y.  Â.;  en  chose  tout  évidente  j'implore  mainte- 
nant son  ayde  à  me  sortir  d*icy;  car  an  langage  que  le 
Koy  nous  tint  le  8,  il  ne  fut  rien  de  sy  clair  qu'un  des- 
sein bien  formé  ii  nous  remettre  à  l'ysue  des  choses  qui 
se  traictent  et  des  aultres  qu'on  attend,  pour  en  foire 
dépendre  nostre  condition,  laquelle,  à  mon  advis,  il  seroit 
bon  de  mettre  à  couvert,  tandîz  que  les  conseils  flnctnent 
icy  en  defEance  de  tout.  L'Espagnol  les  mènera  d'une 
longue  et  vaine  espérance  des  mariages,  pour  lesquelz 
mieux  avancer,  on  marchandera  tousjours  de  nous  et  con- 
tre nous,  ^  quoy  semble  pareillement  tendre  le  désir  de 
S.  M.  à  faire  traioter  icy  le  mal-entendu  entre  le  Roy  de 
Denemark  et  messeigneurs  les  Estatz,  ce  qui  se  peut  es- 
sayer ailleurs  avec  plus  d'apparence  et  de  facilité.  C'est 
donc  pour  nous  tailler  de  la  nouvelle  besoigne,  sans  son- 
ger an  subject  pour  lequel  sommes  vennz.  Encor  prétend-on 
que  préallablement  vuidions  les  disputes  entre  les  parti- 
culiers, dont  j'avoue  ingénueœent  n'avoir  connoissance , 
adresse,  ny  pouvoir,  moins  encor  de  volonté.  Cela  faict 
(qui  est  un  affaire  d'un  an  et  au  delà)  S.  M.  promet  lors 
de  donner  responce, à  nostrecontentement,  avec  une  bonne 
alliance  perpétuelle.  J'ay  tasché  de  faire  valloîr  le  mauves 
estât  de  ma  santé  contre  ces  rombes,  et  par  là  jette  les 
fondemens  de  ma  démission,  pour  l'impétration  de  laquelle 
j'auroy  envoyé  très-humble  supplication  à  messeigneurs 
let  Estats.  V.  A.,  s'il  luy  plaist,  la  me  peut  moyenner, 
car,  comme  je  pense,  c'est  le  service  de  l'Estat,  pourveu 
que  M.  Joachimi  soit  seul  authorisé  pour  l'achèvement  de 
ce  qui  reste,  avec  offre,  sy  on  le  désire,  d'y  joindre  encor 
quelqu'  autre,  lorsque  les  délibérations  de  S.  M.  seront 
plus  meures  et  en  estât  d'estre  traictées.  Sans  cette  voye, 
Monseigneur,  je  ne  voy  point  de  bout  à  cette  ambassade, 
ny,  au  train  qu'on  luy  faict  prendre,  assez  de  réputation 
et  de  dignité  pour  l'Estat,  mais  il  est  plustost  apparent  de 
pouvoir  conclurre  quelque  intérim,  sy  on  me  trouve  bien 
résolu  de  m'en  retourner.    Le  scandale  des  Dunes  a  esté  sv 


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—   201    —  [1640.  Ihrier. 

bien  justifié,  que  ta  ptospart  da  conseil  eu  présence  dn 
Roy  a  soabstenu  que  le  pouvions  et  devions  &ire;  aussy 
est-il  assez  endormy,  attendu  que  jnsques  ores  ne  s'en 
est  falot  la  moindre  plainte,  mais  tant  que  je  demeureray , 
qui  nous  garentlra  qu'à  l'une  ou  l'autre  occasion  on  ne  la 
fera  revivre?  ce  qu'après  mon  départ  n'aoroït  plus  de 
grâce.  Je  me  pique  quelque  peu  d'honneur,  et  seroy  bien 
marry  de  le  perdre,  en  me  lùssant  mener  et  juger  comme 
peu  clairvoyant  J'espère  tontesfois  de  la  faveur  de  V.  A. 
que  mon  obéyssanse  ne  me  tournera  ^  honte.  Je  Ten 
snpplye  très-hnmblemeot,  avec  prières  à  Dieu,  Monsei- 
gnetir,  de  vous  donner  heureuse  santé,  contentement,  et 
longue  vie. 

De  vostre  Altesse 
très-humble,  très-obéyssant ,  et  très-fîdèle  serviteur, 
PKANçoys  d' 
]}e  Loudrcs,  ce  dixième  de  février  1640. 


LETimE   DliXXZIV. 

L^  même  (tu  même.     Même  iujel;  ea  lâclie  est  acfievée. 

Monseigneur!  Je  n'avoy  que  délivré  au  messager  ma 
lettre  du  10,  comme  deux  heures  après  l'on  me  rendit 
celle  de  V.  A.  du  30  dn  passé,  où  j'apprens  que  plu- 
sieurs par  delà  sont  d'advts  que  la  responce  qu'on  nous 
pourra  donner  sera  plustost  aigre  et  offensive  qu'autre- 
ment, et  jugent  qu'il  n'est  gaères  à  propos  de  feire  beau- 
coup d'instance  k  l'avoir,  en  quoy  je  les  pense  bien 
fondez,  quand  ce  ne  seroit  que  pour  le  seul  respect  des 
crïeries  qui  en  ont  esté  faictes.  Les  miennes  du  19  de 
l'autre  mois  et  plusieurs  autres  surensuivies  auront  faict 
voir  à  V,  A.  qu'en  cela  je  me  suis  non  seulement  ren- 
contré en  un  mesme  sentiment  avec  eux,  mais  que  j'ay 
proposé  on  expédient  à  me  desgager  d'icy;  assavoir,  de 
fonder  mon  retour  sur  te  mauvais  estât  de  ma  santé,  en 


,,Cooglc 


lUO.  FéTrier.]  —   202   — 

anthorisant  M.  Joacbimi  d'achever  ou  d'attendre  la  ma- 
turité des  affaires  do  Roy;  sur  quoy  j'attens  encor  )a  vo- 
lonté de  messeigneurs  les  Estais,  par  la  seule  médiation 
de  V.  A.  et,  sy  paravant  nous  avons  pressé  la  response, 
quand  on  en  considère  la  cause,  on  counoistra  qu'il  nous 
a  esté  impossible  d'en  user  autrement.  Par  nostre  in- 
tttraction  nous  estions  chargez  do  faire  deux  offices;  le 
premier,  pour  nous  plaindre  qu'on  servoit  l'Espagnol  de 
touttes  sortes  de  marchandise  de  contrebande,  d'en  de- 
mander justice  et  défonce  pour  l'avenir;  l'autre,  de  josti- 
Ëer  l'action  des  Dunes.  L'an  et  l'autre  a  esté  faict  en 
divers  temps  et  avons  tousjours  trouvé  S.  M.  armée,  non 
obstant  ses  douces  paroUes,  sauf  au  regard  du  combat, 
sur  lequel  elle  ne  s'est  onq  déclarée,  mais  conditionna 
avec  nous  de  traicter  par  escrit  et  de  nous  respondre 
aussitost  de  mesme;  de  faict,  jusques  à  nous  dire  en  la 
suivante  audience,  qu'elle  auroit  commandé  sa  responce, 
pour  nous  estre  portée  au  premier  jour;  ensuitte  le  se- 
crétaire Koke  nous  en  vint  excuser  le  retardement,  comme 
avenu  par  le  concours  de  plusieurs  afiaires  de  poids,  mais 
qu'il  y  alloit  travailler.  Il  nous  estoit  donq  impossible  de 
nous  taire  et  de  nous  dégager,  puisque  le  Roy  nous 
voulloit  respondre  et  que  nous  demandions  que  ses  snb- 
jects,  en  chose  prohibée,  ne  servissent  plus  les  Espagnols 
sous  sa  bannière.  Nous  n'avons  point  insisté  sur  l'autre 
point,  que  pour  estre  continuez  en  la  bonne  grâce  de 
S.  M.  et  considérions  assez  qu'il  nous  seroit  contesté,  ne 
fiiisant  à  présumer  qu'elle  se  vonlost  condamner  soy- 
mesmes;  et  pour  ce  pensions-nous  plus  expédient  de  nous 
payer  de  son  silence,  mais  l'intention  de  la  cour  est  bien 
autre,  car  laissant  l'un  et  l'autre  indécis,  elle  cherche  k 
nous  mener  par  degrés  an  but  qu'elle  se  propose,  qui 
est  de  nous  traîner  et  proffiter  de  nostre  présence.  V,  A. 
a  veu  que,  sortant  du  snbject  de  nostre  commission,  on 
nous  a  feict  entendre  avoir  volonté  de  traïcter  d'une  al- 
liance avec  nous;  à  quelque  temps  de  lit,  le  conte  d'Hol- 
lande fut  employé  à  nous  porter  paiolle,  que  dans  quatre 


,,.GoogIc 


—   203   —  [1040.  février. 

jours  noas  ftnrions  responce  à  nostre  contentement  et  on 
traicté  avant  la  venue  de  l'ambassadear  d'Espagne.  Avant 
ce  terme  expiré,  il  retoarna  de  rechef  à  noae,  avec  prière, 
de  la  part  de  S.  M.,  de  tfùre  de  nos  deox  escritz  un  troi- 
sième, auqnel  ne  fîist  parlé  de  SudthamptoD ,  ny  du 
Thoiras,  pour  cschapper  aux  disputes  et  longueurs.  Cela 
ne  fnst  sy  tost  faict,  qu'au  lieu  de  la  bonne  dépêche 
promise,  nous  vint  une  lettre  du  sieur  de  Windebanke, 
du  4,  que  V.  Â.  a  veue,  qui  demande  terme  pour  séri- 
eusement délibérer  sar  des  affaires  de  sy  longue  consé- 
quence et  grande  importance.  Non  encor  contens  d'en 
estre  venuz  là,  S.  M.,  nous  ayant  faii:t  appeller,  nous 
dît  elle-mesme,  sans  toucher,  de  près  ny  de  loin,  la  pré- 
cédente besoigne,  qu'elle  désiroît  que  messeigneurs  les 
Eetats  youllussent  &ire  traicter  icy  leur  différent  avec  le 
Roy  de  Denemarck  et  qu'en  fissions  l'office;  adjonsta  qu'il  y 
avoit  encor  tout  plein  de  disputes  et  de  prétentions  entre 
les  subjectz,  qu'il  seroît  bon  de  vuider  et  qu'elle  nous  voul- 
loit  renvoyer  contens  avec  une  alliance  perpétnelle.  Or, 
Monseigneur,  sy  telle  en  estoit  l'intention,  je  pense  que 
son  meilleur  seroît  d'en  avancer  la  besoigne,  mais  tant 
de  choses  qui  la  doivent  précéder,  donnent  assez  à  con- 
noistre  qu'on  a  envie  de  la  faire  dépendre  des  occasions; 
car  on  attend  l'ambassadeur  d'Espagne,  qui  nous  fera 
mille  niches  avec  ses  mariages,  pour  des  raisons  que  je 
n'ose  fier  an  papier.  Le  Parlement,  s'il  tient,  aura  ap- 
paremment ses  brouilleries  au  progrès',  pour  la  grande 
altération  qui  se  remarque  aux  peuples.  La  guerre  d'Es- 
cosse  ne  se  trouvera  sy  aysée  en  l'exécution,  comme  l'on 
se  propose,  et,  une  fois  commencée,  sera  de  dorée;  main- 
tenant on  craindra  de  traverser  les  mariages,  sy  on  conclut 
avec  nous;  et  lors  qu'on  aura  rompu  avec  l'Ëscosse,  on 
se  voudra  bien  entretenir  avec  l'Espagne,  afin  qu'elle  ne 
vienne  &  brouiller.  La  Cour  est  ainsi  composée  qu'avons 
plus  à  y  craindre  qu'è  espérer.  A  quoy  donq.  Monseig- 
neur, peut-on  penser  que  mon  plus  long  séjour  icy  soit 

>  ds  plu  iD  plu  {Btigieitmt  by  u 


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1640.  Février.]  —   204   — 

Utile?  Vostre  lettre  parle  que  je  doibz  passer  anx  aal- 
tres  points  de  mon  instruction,  s'il  y  en  a  d'importance, 
mais  il  n'y  en  a  point  et  je  ra'abstiendray  des  intérestz 
des  particuliers,  pour  ne  m'enâler  moy-mesmes  aux  Ion- 
gueurs  où  l'on  prétend  de  me  jetter.  J'ay  donq  achevé 
ce  qae  j'ay  esté  chargé  de  faire  et  j'ay  droict  de  m'en 
retourner,  quand  j'estimeray,  comme  je  iày,  de  le  pouvoir 
fiiire,  sans  le  déservice  de  l'Estat;  mais,  pour  l'entre- 
prendre de  bonne  grâce,  j'ay  besoin  d'une  lettre  de  mes- 
seign.  les  Estais  an  ïîoy,  qui  m'en  accordent  la  permission, 
en  esgard  à  mon  aage  et  indisposition.  Monseigneur,  sy 
V.  A,  ne  me  la  moyenne,  je  suis  taillé  de  passer  icy 
inutilement  tout  l'esté,  ou  de  prendre  congé  de  moy-mesmes, 
ce  que  je  ne  feroy  pas  volontiers,  qu'abandonné  de  tous, 
pour  récompense  de  mon  obéyssance;  M.  Joacbimi  pou- 
vant faire  seul  ce  qu'on  désireroït  de  nous  deux.  Pour 
l'honneur  de  Dieu,  que  V.  A.  me  face  l'honneur  de  me 
tirer  d'icy,  où  il  n'y  a  rien  de  bon  à  faire,  et  à  cette  fin 
de  tenir  la  main  à  ce  que  les  raisons  de  cette  lettre  soyent 
bien  digérées.  Pour  gratitude  je  suplieray  le  Créateur, 
Monseigneur,  de  prospérer  tous  vos  désirs  et  desseins  et 
vostre  personne  de  parfaicte  santé  et  longue  vie. 
De  vostre  Altesse 
très-huinble ,  très-obéysant  et  trfes-fidfele  serviteur, 

FRANÇOIS  d'aEBSSEN. 

De  Londrea.  ce  13  février  1640. 
Le  dépêche  de  messeig.  les  Bstati,  à  laquelle 
V.  A.  me  renvoyé,  n'est  point  encor  venue. 


LETTRE  DLXXXV. 

Le  même  au  même.     Négociation;  motifs  qu'il  compte  faire 
valoir  pour  le  mariage. 

Monseigneur  !  Le  paquet  de  V.  A.  du  6 ,  avec  un 
autre  de  messeign.  les  Estats  de  pareille  date,  me  fut 
rendu   le    12    dans  la  nuict,  une  heure  après  la  closture 


,,.GoogIc 


—   205   —  [1640    Février 

du  mien.  iTeuz  soin  le  lendemain  de  consigner  à  mon- 
sieur de  Heeavliet  en  main  propre  celny  qui  luy  estoit 
adressé;  lequel,  à  deax  heures  de  là,  m'apporta  deux  let- 
tres de  la  maiu  de  Y.  Â.  et  me  communiqua  Testât  de 
sa  négotiatioD,  pour  désormais  en  aviser  ensemble.  Ce 
m'est  trop  d'honneur,  Monseigneur,  qu'il  vous  plaist  avoir 
cette  opinion  de  moy,  que  je  puis  contribuer  quelque  poids 
à  l'acheminement  de  cet  affaire;  mon  affection  et  mes 
souhaits  y  vont,  puisque  le  succès  en  doibt  aller  au  bien 
de  l'Estat  et  au  soubstien  et  provignement  de  vostre  mai- 
son ,  et  voudroy  de  tout  mon  coeur  de  rencontrer  tant 
de  bonheur  que  mon  entremise  y  peust  servir.  Je  pro- 
teste donq  &  y.  A.,  saintement  et  devant  Dieu,  que  je 
suis  prest  de  bander  tous  mes  esprits  pour  trouver  des 
raisons  propres  a  persuader  leurs  Majestez  d'y  voulloir 
entendre  selon  vostre  contentement;  mes  diligences  et  fidé- 
litez  y  paroistront  assez,  Févénement  dépend  du  ciel.  Les 
argnmens,  dont  jusques  icy  s'est  servy  le  sieur  de  Heen- 
vliet,  ne  tiennent  que  du  particulier;  mon  intention  seroit 
de  monter  plus  haut ,  pour  faire  comprendre  à  leurs  Ma- 
jestez leur  propre  avantage  et  grandeur  eu  cette  alliance, 
et  cela  par  rtùsons  et  exemples,  et  qui  se  peuvent  jnger 
à  l'oeil.  Mais,  Monseigneur,  deux  choses  me  tiennent 
là-dessns  en  transe;  l'une  (et  laquelle  Y.  A,  a  jà  préveue) 
que  je  n'en  pois  entamer  le  propos  que  sur  l'occasion 
d'un  traicté,  lequel  j'ay  opinion  qu'on  voudra  remettre 
à  quand  l'ambassadeur  d'Espagne  aura  esté  entendu,  qui 
peat-estre  de  trois  mois  ne  sera  encor  en  cour;  l'autre 
que  j'en  doibs  tellement  messager  l'ouverture  avec  leurs 
Majestez,  que  mon  intelligence  avec  le  sienr  de  Heen- 
vliet  ne  vienne  à  se  descouvrir.  Sur  quoy  je  diray  k  Y.  A., 
soabs  très-humble  correction,  que,  pour  le  premier,  je  ne 
puis  estimer  qu'il  soit  à  propos  de  dilayer  tant  l'adÈûre, 
veu  qu'il  est  bien  esbauché  et  avancé  ;  car  on  y  pourroit 
aysément  changer,  autant  de  volonté  que  de  dessein,  sy 
ta  chose  venoit  &  s'esventer,  comme  elle  n'est  pas  pour 
demeurer  longuement  secrette,  pour  le  nombre  et  la  qua- 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


!640.  F^riw.]  —    20(1    — 

hté  des  personnes  qui  en  ont  desjà  connoigsance  et  y  ont 
basty  dessus  quelque  espérance  pour  leor  pftiticalier. 
Pour  l'antre,  que  je  ne  puis  aaasy  comprendre  comme 
mes  propositions  ii  feire  pourrojent  estre  recenës  avec 
attention,  ayant  à  se  mettre  en  avant  sans  adven,  et  pré- 
cédentes tant  seulement  de  mon  affection  au  service  de 
y.  Â.  et  an  bien  publicq,  au  lieu  que  le  dit  sieur  de 
Heenviiet  y  a  passé  plus  avant  et  a  esté  commis  et  an- 
thorisé  par  bons  actes  exprès,  pour  traicter  et  conclnrre 
cette  négotiation;  de  manière  que  la  raison  vent  qu'on 
néglige  mes  propositions  et  désirs,  pour  se  tenir  aux  siens; 
ce  qui  ne  seroit  pas  de  mesme,  sy  la  chose  estoit  de- 
meurée tontte  crue  et  en  son  entier.  Par  tant,  Mon- 
seigneur, V.  A.  pensera,  s'il  luy  plaist ,  s'il  ne  seroit  plus 
expédient  de  fmre,  par  l'une  ou  l'autre  occasion,  entendre 
au  Koy  qu'auriez  trouvé  bon  de  me  donner  quelque  cou- 
noiasaoce  de  vostre  désir,  pour  agir  conjointement  avec 
le  dit  sieur  de  Heenviiet,  se  pouvant  S.  M.  tenir  asseu- 
rée  de  ma  discrétion  et  réticence.  Cela  abrégeroît  et  &- 
ciliteroit  la  besoigne,  pourven  que  V.  A.  en  soit  d'advis, 
sans  lequel  rien  ne  sera  innové  en  l'ordre  de  vostre  com- 
mandement. Voilîl,  Monseigneur,  ce  que  j'avoy  k  remon- 
strer  sur  la  forme,  mais,  pour  passer  à  la  chose  mesmes, 
je  pense  que  V.  Â.  doibt  tousjours  insister  pour  la  fille 
aisnée,  en  la  seule  considération  de  son  aage,  plus  avancé 
et  sortable,  pour  espérer  tant  plustost  lignée  du  Prince, 
vostre  filz  unique.  S'il  se  peut  obtenir,  vous  y  rencon- 
trerez un  autre  grand  avantage  pour  oostre  Estât,  car 
cela  asseurément  feroit  rompre  la  recherche  d'Espagne, 
qui  refnseroit  la  seconde,  quand  il  verroît  la  partye  liée 
avec  son  mortel  et  perpétuel  ennemy  pour  l'aisnée,  et 
j'ay  tout  plein  de  pregnantes  considérations  à  remonstrer 
là-dessus,  sy  desjk  on  n'est  engagé,  pour  le  bien  duser- 
vice  du  Soy  et  les  suretez  de  ses  couronnes;  entre  antres, 
le  péril  des  Princes  ses  enfans,  en  cas  de  conclusion  avec 
l'Espagne;  l'ombrage  et  défience  de  ses  meilleurs  alliez; 
le  desplaisir  de  la  plus  saïne   partye   de  son   peuple,  eu 


,,.GoogIc 


—   2t'*    —  [IMO.  Kiïri«r. 

la  rencontre  du  Parlement  et  du  moarement  contre 
l'fiscosse;  qu'en  contrechange  il  perdra  l'amitié  de  sa 
fille  et  n'acquerra  jamais  celle  de  son  gendre.  Maïs  ay, 
non  obstant  toat  cela,  leurs  Majestés  persistent  (car  les 
Roynes  7  sont  entièrement  logées,  poussées  sans  doute  de 
Bome  et  d'Espagne,  pour  gmgner  cette  àme  à  la  Papauté) 
&  ce  cas.  Monseigneur,  pourroit-on  essayer  d'obtenir  cette 
condition,  que,  sy  dans  trois  on  six  mois  leurs  Majestez 
ne  s'en  obligent  ailleurs ,  que  le  traicté  tiendra  définitive- 
ment pour  elle;  cela  encor  ne  se  pouvant  gagner,  c'est 
à  V.  A.  de  bien  peser  s'il  ne  seroit  h  propos  de  passer 
outre,  pour  conclure  sur  la  seconde,  selon  la  volonté  du 
Boy,  sans  ancnn  délay,  de  peur  de  changement;  car 
l'alliance  est  grande  et  fort  considérable,  n'y  ayant  qne 
trois  ans  et  quelques  mois  d'intervalle  entre  l'une  et 
l'antre.  A  la  traicter  et  arrester  seroit  nécessaire  d'avoir 
en  la  main  l'adveu  et  l'anthoriBation  de  Y.  A.,  soubs 
[son]  seing  et  seau  ' ,  avec  promesse  d'approbation  de  sa  foy 
et  de  tous  ses  biens;  un  btanq,  signé  et  sellé  *  de  V.  A., 
suffit  pour  en  faire  l'office,  au  dos  duqael,  à  l'endroit  de 
la  ditte  signature,  V.  A.  pourroit  (afin  qu'il  n'en  peust 
astre  abnsé)  escrire  ces  mots:  „ce  blancq  est  pour  servir 
de  procuration,  qne  nous  remplirions  après,  en  conformité 
des  conventions."  Parmy  les  stipulations  on  pourroit  dé- 
sirer celles-cy;  que  le  dot  soit  le  mesme  et  esgal  avec 
celny  de  Vdsnée,  qne  la  consommation  du  mariage  anra 
à  se  &ire  l'esté  prochain,  le  transport  de  sa  personne 
incontinent  après.  Entre  temps  Y.  A.  peut  penser  i.  la 
forme  qu'elle  entend  garder  en  la  recerche,  après  l'accord 
ùgné;  estant  à  mon  advis  nécessaire,  ponr  la  réputation 
et  antres  respects,  qne  l'Estat  conjointement  avec  Y.  A. 
y  entre.  La  qualification  de  la  Princesse,  soit  l'aisnée, 
soit  la  seconde,  n'a  nulle  difficulté  et  peut  estre  nommée 
Madame  sans  quene,  aassy  pea  de  la  qualité  de  son 
éponx,  que  de  son  nom  de  baptesme,  comme  unique  au 
pays.     S'il  se  parle  d'elle  on  i  elle ,  ce  doibt  estre  d'Al- 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


1640.  Féirier.]  — ^   sCfl   — 

tesse  royalle,  pour  la  distinguer  d'avec  madame  la  Prin- 
cesse, qui  sera  pareillement  Â.  '  sans  autre  suitte.  J'ay 
mémoire  que  Madame,  seur  unique  du  roy  Henri  IV, 
espoQsant  le  dac  de  Bar,  filz  aîsné  de  M' le  duc  de  Lor- 
raine, maintint  tousiours  sa  qualité  de  Madame,  tant  du 
vivant  qu'après  le  àècka  de  son  beaupère.  L'éducation  et 
nourriture  se  peut  prendre  commune,  en  mesme  hostel  et 
table  avec  tes  autres  Princesses,  filles  de  Y.  A-,  laissant 
le  liaut  bout  de  la  table  et  la  place  k  son  opposite  voide. 
C'est,  Monseigneur,  ce  qui  concerne  l'alliance,  car  le  dot 
dépend  du  Boy,  comme  aussi  le  douaire  et  joyaux  du 
règlement  de  V.  A.  Je  voadroy  seulement  qu'en  fussions 
bien  là;  mais  je  confesse  que  tout  me  sera  suspect,  sy 
longuement  qne,  sur  une  expresse  ouverture,  le  Boy,  et 
la  Boyne  après,  ne  m'en  auront  donné  leurs  intentions. 
Toutesfbis  je  suspendray  volontiers  mon  partement  pour 
tant  de  temps  que  Y.  A.  désirera,  afin  d'avancer  etasseurer 
vostre  service  en  cette  négotiation,  sur  laquelle  j'attendray 
l'honneur  de  vos  exprès  et  précis  commandemens ,  me  con- 
tentant cependant  de  départir  mes  advis  au  dit  sieur  de 
Heenvliet,  aaquel  j'ay  donné  communication  du  contenu  en 
cette  lettre  et  luy  laisse  convenir  seul  de  ce  qa'il  a  affaire; 
ne  pouvant  reconnoîstre  qu'il  ait  encor  rien  obtenu  de 
solide,  pour  préjuger  aucun  succès.  Mais,  Monseigneur, 
ayant  cette  alliance  esté  négotiée  sur  l'ouverture  et  pro- 
position de  la  fioyne-mëre,  du  scen  et  intervention  de 
Fabrone  et  Coigneux,  je  pense  qn'îl  convient  d'aviser 
d'heure  *  aux  moiens  de  prévenir  les  ombrages  que  la 
France  est  pour  en  prendre,  surtout  M.  le  Cardinal*,  la 
plus  deffiente  et  soubçonneuse  personne  du  monde,  et 
comment  on  l'en  doîbt  informer  et  luy  faire  croire  que 
c'eat  un  mariage  de  personnes  seulement  et  non  d'Estat. 
Et  aeroit  mon  advis,  pour  ne  perdre  la  conâence  de  la 
France,  en  pensant  acquérir  celle  d'Angleterre,  d'envoyer, 
incontinent  après  la  conclusion ,  vers  son  Éminence ,  pour 
luy  en  donner  part  et  esclarcissement ,  de  peur  que  Fa- 
'  Altesse.  *  de  bonne  heure,  ft  tcmpi.  ^  ('.  du  Itichelîeu. 


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209  ■ 


(IBin.  F^.ri 


broue  et  Coigneux  ne  cerchent  h.  troubler  vostre  intelli- 
gence; car  il  est  impossible  qu'il  trouve  rien  bon  qui 
procède  de  l'invention  de  ces  gens,  qu'il  croit  n'avoir  des 
pensées  que  pour  sa  ruine.  V.  A.  me  pardonne,  sy  pour 
une  première  fois  j'entre  sy  avant  en  cet  affaire.  Ma- 
dame de  Cbevreuse  commence  peu  à  peu  à  se  remettre 
avec  la  Royne.  Je  ne  sçay  point  au  vray  le  subject  de  - 
sa  disgrâce;  les  qualités  de  prometteuse  et  trompeuse  '  ne 
conviennent  point  à  l'amour;  son  aage  et  beauté  ne  sont 
aosay  plus  pour  donner  de  la  jalousie,  mais  l'occasion  de 
l'esclat  fut,  qu'entrant  en  la  chambre  de  la  Soyne,  qu'elle 
trouva  assez  sérieuBe,  avec  plusieurs  dames,  elle  s'estoit 
mise  à  crier  haut  et  de  plaine  voix,  s'adressant  à  S.  M. 
„MadameI  madame  I  vous  ne  sçavez?  il  y  a  bien  de  nou- 
velles; la  Royne  vostre  mère  a  changé  de  galand  et 
accepté  Digby,"  ce  qu'elle  réit4ra  plus  de  quatre  fois, 
pressant  tonsjours  la  Royne  qni  s'en  destournoit,  mais 
enfin,  n'en  pouvant  plus  s'échapper,  toutte  esmue  et  rou- 
gie,  luy  reprocha:  „vous  pensez  parler  de  Craft  et  de 
vous,"  C'est,  Monseigneur,  ce  que  j'en  açay  et  que  V,  A. 
m'a  commandé.  Je  rendray  demain  vostre  lettre  à  la 
Boyne  et  V.  A.  verra  le  train  des  affaires  en  nostre  com- 
mune dépêche.  Sur  ce  je  prie  Dieu  de  bénir  Y.  A.  dn 
snccës  de  ses  désirs,  et  inoy  l'honnenr  de  vostre  bonne 
gr&ce,  comme  estant.  Monseigneur, 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et  très- 
fidèle  serviteur, 

FB&NÇOIS   D'aBKSSBH. 

De  Londres,  ce  17  febvrier  1640. 


■t  LBTTBB  BliXXXVI. 

M.  de  HemvUti  aa  Prince  dOrange,    ît  agit  de  concert  avec 
M.  de  SommeUdyek. 

Monseigneur. . .  Après  avoir  veu  la  lettre  de  Y.  A.,  suis 

'  Voja  p.  tS9.  *  Cepie  de  la  matM  de  M.  de  BeetaUii. 


,,Googlc 


1040.  Fiïrier]  —   210   — 

allé  voir  M.  de  Sommelsdj'ck ,  luy  donnant  les  deux  lettres 
de  V.  A.  et  luy  faisant  ouverture  de  tout;  car  j'en  geroïs 
bien  marri  de  (aillir  en  aucune  chose  qui  pourroit  regar- 
der l'avancement  de  l'affaire.  Il  est  vray  que  sans  cela 
j'eusse  attendu  la  response  sur  mes  dernières  du  10,  par 
lesquelles  Y.  A.  aura  veu  que  le  Roy  ne  me  voulut  pas 
accorder  autre  proposition ,  et  qu'en  termes  généraux  je 
l'avois  proposé,  mais  qu'il  l'avoit  rejette.  Je  n'ay  pas 
&ict  seulement  simple  ouverture  an  dit  seigneur,  mais 
montré  et  mesme  luy  fâict  lire  mon  journal,  lequel  con- 
tient tout  ce  qui  s'est  passé  et  dit  et  respondu,  durant 
tout  le  temps  que  j'ay  au  l'honneur  d'estre  pour  V-  A 
employé,  avec  prière,  si  en  aucune  responsej'avois  failly, 
le  dire.  H  a  approuvé  mon  procédé  et  adjousté  que  je 
m'estois  assez  réservé.  Depuis  ce  temps  je  n'ay  rien  faict 
ny  dict  sans  luy  l'avoir  communiqué,  . . . .  D  croit  ausa 
que  si  cest  affaire  [esolutfert]  que  le  Cardinal  '  et  l'Espagne 
travaQleront  aultant  qu'il  se  pourroit  pour  empescher,  ouy, 
cest  accord  ^ct,  qu'il  tiendroit  d'Espagne  rompue,  et 
quand  je  lui  fais  des  objections ,  me  dit  qu'on  ne  doit  re- 
garder à  cela,  et  qu'il  la  fault  conclure  le  plustost  le 
mieux. 
Londres,  ce  17  février  1640. 


liBTTBB  DliXXXVII. 

M,  de  Sommeladyck  au  Prince  d'Orange.    Il  désire  connmtre 


Monseigneur.  M'  de  Heenviiet  me  recommanda  hier 
l'adresse  de  ce  paquet,  vous  en  ayant  envoyé  no  autre 
par  Flandre,  mus  je  crains  que  la  gelée  et  la  continuation 
du  vent  d'amont*  n'en  retarde  le  passage  au  deik  de  nos 
désirs.  H  me  dit  qu'on  leur  a  retranché  net  toutte  es- 
pérance de  l'aîsnée,  en  termes  assez  exprès  pour  lui  faire 
connoistre  qu'on  en  est  engagé  ùlleurs,  en  effect  ou  en 
I  C.  *e  Ricbtilien.  »  «rt. 


,,  Google 


—   211    —  [1040.  FémM. 

dessein,  et  p&rtant  qu'il  ne  doibt  plas  retourner  à  j  pré- 
tendre plus.  Surqnoy  j'ay  esté  d'advia  qu'il  temporise, 
sans  rien  innover,  attendant  le  commandement  et  l'ordre 
de  V.  A.  sur  noz  lettres,  mais  sy  on  désire  quelque  suc- 
cès k  l'af^re,  il  n'y  a  plus  de  temps  &  perdre,  soit  pour 
l'aîsnée,  soit  pour  l'autre;  car  la  conclasion  en  doibt  pré- 
venir l'esrent',  à  cause  que  l'Espagnol,  venant  de  son 
costé  travailler  à  mesme  intention,  ne  voudra  passer  outre 
qu'il  ne  soit  assenré  de  uostre  exclusion,  et  Y.  A.  sçaît 
le  peu  de  support  qu'en  telle  occasion  nous  aurions  à  es- 
pérer. Cest  donc  à  Y.  A.  de  résoudre  sans  réserve  de 
se  tenir  précisément  au  premier  désir ,  on  de  passer  an 
second,  s'il  n'y  a  plus  moyen  d'y  atteindre.  Je  laisse  ce- 
pendant convenir  le  aîeur  de  Heenviiet  seul,  en  luy  dé- 
partant mes  advis,  sans  qu'on  sache  que  Y.  A.  m'en  ait 
rien  fâict  communiquer. 

Le  père  avec  les  parens  et  amis  de  M'  Goringh  me 
sont  venus  déclarer,  et  parmy  iceox  M.  te  conte  d'Hol- 
lande, que  le  dit  S'  coronel  !l  esté  nommé  par  le  Roy, 
avec  des  grandz  avantages  pour  conduire  un  tiers  de  l'ar- 
mée, qu'ils  appellent  la  première  brigade,  dont  il  ne  se 
seroit  peu'  excuser  envers  son  Koy,  sans  se  perdre;  mais 
qu'ayant  vea  la  résolution  de  messeigneurs  les  Ëstatz 
contre  ceux  qui  dans  la  my-nmrs  ne  seront  trouvez  sur 
leurs  chaînes,  lesquelles  alors  seront  vacantes  et  impétra- 
bles ,  ilz  m'ont  tous  et  unanimement  conjuré  d'implorer 
la  grice  et  faveur  de  Y.  A.,  pour  en  cette  occurrence, 
l'obliger  d'une  exception  de  sa  personne  de  la  règle  gé- 
nérale, et  qu'ilz  tâcheront  de  le  mériter  par  leurs  services 
pour  V-  A.  et  pour  l'Estat  Us  sçavoyent  assez  le  choix 
qui  seroit  &  faire,  s'il  estoit  libre;  veu  que  le  régiment 
qu'il  commande,  est  k  vie,  et  l'employ  où  le  Roy  le  met 
douteux,  de  coust*  et  de  peu  de  durée;  se  promettoyent 
en  outre ,  Monseigneur ,  que  V.  A.  cy-après  le  gratifiera 
d'une  compagnie  de  cavall«ye,  pour  la  joindre  k  son 
régiment,  sur  l'exemple  de  plusieurs  autres  Françoys  et 
'  jventement.  '  pn.  •  eoBteui ,  qui  eotnlne  baaconp  ds  fnia. 


,,Cooglc 


18*0.  r^»rier]  —  212  — 

Anglois,  qui  l'ont  précédé  en  sa  charge.  Je  leur  ay  re- 
présenté que  l'ordre  est  précis  et  général  et  que  n'y  pou- 
Toy  rien,  toatesfois  qu'en  leur  considération,  qui  ont  tant 
de  bonne  volonté  à  nostre  Estât,  j'en  advertiroy  V.  A., 
comme  aussy  je  fay  pour  ma  décharge ,  et  def&îct  '  je  tire 
assez  de  feveurs  d'eux  et,  s'il  y  avoit  lien  de  les  conten- 
ter, sans  en  craindre  la  conséquence,  ce  seroit  un  coup 
pour  tourner  à  vostre  service. 

D'autre  part,  Monseigneur,  madame  Ogle,  voyant  ago- 
niser son  mary,  elle  snpplye  très-bnmblement  Y.  A.  de 
donner  sa  compagnie  à  son  fils  Corneille  Ogle,  page  de 
V.  A,,  et  en  a  requis  l'office  de  vostre  intercession.  Sur  ce 
je  prie  Dieu  qu'en  bénissant  vos  désirs  et  desseins  il  vous 
doint,  Monseigneur,  en  par&icte  santé,  très-longue  vie. 
De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant , 
et  très-fidèle  serviteur, 

PBANÇOIS  D'aBBSSEN. 

De  Londres,  ce  20  Kvrier  lfi40. 


Le   Roi    èC Angleterre   au  Prince  ^Orange, 
bti  Richard  Broume. 

Mon  Cousin.  Ayant  résolu  d'envoyer  en  Hollande  nos- 
tre  féal  et  bien-amé  serviteur  le  S'  Bichard  Browne,  un 
des  clerqs  de  nostre  conseil  privé,  pour  vous  renonveUer 
les  asseurances  de  nostre  constante  affection,  nous  l'avons 
aussy  chargé  de  quelques  particularités,  sur  lesquelles' 
vous  entretenir  de  nostre  part,  et  pour  ce  nous  prierons 
y.  A.  de  luy  donner  entière  créance  en  ce  que  de  plus 
il  dira,  et  de  croire  que  nous  sommes  véritablement,  mon 
Cousin, 

'vostre  très-a£Féctionné  cousin, 

GHABLEB  K. 

De  Qostre  Palais  de  Westminstre, 

le  83  février  1640. 
'  de  fait.        *  il  lora  à  pnl-Hre  omit.        *  wAn  —  eoiuia,    AnUagrupia. 


,,.CoogIc 


M.   de   Sommelsdyck  au   même.     Il  ituùte  pour   Bavoir  au 
plalât  aa  volonté. 

Monseigneur!  S'&y  amplement  escrit  &  V.  A.,  du  17 
et  20,  outre  plnsieurs  autres  précédentes,  que  le  vent 
contraire  retarde  encor.  Celle-cy  va  par  Flandre,  sera 
partant  plus  briefve  et  que  pour  dire,  qu'après  la  com- 
munication je  n'ay  point  encor  entamé  la  matière  que 
y.  A.  sçait;  différant  de  le  faire  à  quand  je  seray  d'avan- 
tage esclarcj  de  vos  dernières  volontez,  assavoir,  sy  je 
me  doibs  tenir  au  premier  point  absolument,  sans  varier, 
et,  ne  le  pouvant  obtenir,  sy  je  poorraj  passer  à  le  de- 
mander condîtionnellement  Cela  encor  venant  à  m'estre 
refusé,  par  des  raisons  valables  et  immuables,  sy  l'inten- 
tion de  vostre  A.  est  de  conclurre  le  second  point.  A 
dire  vray,  Monseigneur,  je  ne  trouve,  en  tout  ce  qui  a 
esté  négotié,  rien  de  solide  qui  lie;  ce  ne  sont  que  lettres 
et  parolles  subjectes  à  interprétation,  &  désaveu,  et  pour 
renverser  par  des  conditions  à  y  opposer.  En  telles  choses 
on  doibt  procéder  avisement  et  sûrement  et  ne  perdre 
aucun  temps;  car,  sy  la  venue  de  l'ambassadeur  d'f^' 
pague  n'est  prévenue,  tout  sera  gasté  et  rompu.  Une 
barque  exprès  me  doibt  mettre  en  estât  d'agir,  apportant 
les  pièces  nécessmres,  que  j'ay  cottées  en  celle  du  17. 
Plnsieurs  fortes  raieens  m'en  mettent  en  quelque  defBence, 
mais  j'en  pénétreray  aysément  le  fondz  dès  la  première 
conférence  et  ne  différeray  point  de  conclurre,  sy  on  m'en 
donne  prise.  Je  traîneray  mon  départ,  avec  espoir  de 
servir  en  cette  occasion.  Sur  toutes  cboses  et  pour  une 
dousatne  de  considérations  ce  traicté  doibt  demeurer  secret; 
c'est  à  y.  A.  de  résoudre  une  fois  pour  touttes.  Je  com- 
prens  assez  les  rusons  pourquoy  il  luy  est  difBcile,  mais 
encor  doibt-il  prendre  party  sans  hésiter.  On  ne  nous 
dit  plus  rien,  après  nous  avoir  exhorté  à  patience,  qu'on 
dit  ne  pouvoir  limiter,  mais  que  serons  renvoyez  contans 


,,  Google 


]640.  Kévrier]  —    214    — 

avec  un  bon  traicté.  Cependant  on  n'y  touche  ancune- 
ment;  bien  nous  voudroit-on  engager  à  vuider  les  dis- 
pntea  des  particnliers,  ce  qui  est  da  ressort  d'an  ordinaire. 
Ne  voyant  donq  point  comme  il  soit  possible  que  le  Koy 
convienne  d'une  confédération  arec  messeign.  les  Estats, 
sy  longuement  qn'il  prétend  de  vivre  en  estroitte  ou  ligue 
on  alliance  avec  le  Say  d'Espagne,  je  sapplye  très-hum- 
blement V.  A.  de  raoyenner  ma  démission,  laquelle  je 
ne  précipiteray  point,  sy  je  voy  de  l'apparence  de  servir 
utilement  en  l'un  on  l'autre  affaire.  H  se  parle  fort  doa- 
teosement  du  temps  que  l'ambassadetir  d'Espagne  pourra 
arriver  en  cette  cour  où  il  est  désiré  avec  une  grande 
impatience.  Il  s'équippe  fastneusement  et  aura  grande 
suitte.  On  lay  brode  en  cette  ville  qtiatre  vingt  pures 
de  manches  et  payera  pour  l'or,  l'argent,  et  la  iaçon  de 
chacone,  vingt  livres  sterlincks,  et  une  seule  robbe  de 
femme,  couste  quatre  cens  livres  sterlincks;  le  galon  avec 
les  boutons  d'or  et  d'argent  à  queue  monteront  à  bien 
davantage;  au  bout  du  conte,  ce  n'est  que  pour  du 
valletage.  Je  le  tiens  de  la  bouche  du  brodeur,  qui  en 
a  entreprina  une  partye.  —  Les  députez  Escossois  arri- 
vèrent tous  devant-hier,  prétendent  de  n'ouvrir  leurs  char- 
ges qu'en  plein  conseil  devant  le  Roy.  J'apprens  qu'Oz 
feront  instance  pour  le  renouvellement  de  la  pûx  de  l'as 
passé'  et  pour  la  confirmation  des  décretz  du  Parlement. 
Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  bénir  vos  conseils  de  bon 
succès  et  vostre  personne  de  santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant 
et  très-fidèle  serviteur, 

FIUNÇOVS  n'&BBSSBN. 

De  Londres,  ce  24  février  164>0. 

■  Le  tnilé  de  Bcntick,  du  18  juin  1639. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


LETTRE   DXC 

IjS   même    au    même.     Il   croit  avoir  parlé  sur  raction  de 
'     Dmng  conformément  à  la  dignité  de  rÉtat 

Monseigneur'  J'a.y  changé  ce  matin  avec  le  vent  ]© 
dessein  d'envoyer  ma  lettre  par  Flandre  et  l'ayant  à  peine 
mise  es  mains  du  messager ,  qui  s'alloit  embarquer,  M'  Jo- 
achimi  m'a  port^  le  paquet  de  messeîgn.  les  Estats,  et 
dans  son  enveloppe  celle  que  V.  Â.  m'a  faict  l'honneur 
de  m'escrire  dn  20,  Nos  deux  dernières  propositions  se 
trouvent  censurées,  pour  des  termes  répntez  peu  sortables 
&  la  dignité  de  l'Estat  et  n'y  contredirons  rien ,  mus  nous 
les  avions  concertés  par  ensemble,  pour  les  approprier  au 
temps,  en  addouciasant  la  pilalle  contre  l'amertume,  et 
pensions  qne  l'honneur  demeuroit  à  celuy  qui  avoit  le 
profGt.  Nous  avons  dédnict  la  justice  de  nostre  action  et 
en  paroUes  convenables  à  nostre  condition.  C'est  lîi  où  est 
le  fond  de  l'affitîre  et  ne  doiht  retourner  k  reproche  d'ac- 
compagner un  soufflet  d'uu  doux  langage.  Toutesfois, 
puisque  l'Estat  en  tire  une  loy  pour  l'avenir,  je  prie  Dieu 
que  la  règle  jnsqnes  aux  parolles  lay  soit  utile.  Ma 
responce  k  V.  A.  sera  plus  plûne  par  le  retour  du  mes- 
sager, que  n'arresterons  guëres.  Je  me  plains  de  ce  qu'on 
ne  s'est  souvenu  de  m'envoyer  une  lettre  au  Roy,  pour 
partir,  de  bonne  sorte.  V.  A.  m'en  peut  encor  obliger, 
s'il  luy  plaist  •Taviseray  cependant  considérement  ce  qui 
se  pourra  foire  en  l'aâàire  qu'elle  sçait,  et  tascheray 
d'une  on  d'autre  sorte  k  en  pénétrer  le  fonds,  qui  m'est 
grandement  suspect  Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  m'y 
ouvrir  les  yeux  et  l'entendement,  afin  de  servir  fidèlement 
et  utilement  Y.  A.,  selon  ses  désirs,  et  de  Iny  ottroyer 
santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidelle  serviteur, 

nuHçors  d'aers&en. 

De  Londres,  ce  34  «trier  1640. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


LETTRE   SXCI. 

Le  même   au  même.     H  faut  se  décider  promptemeni  si  on 
ne  veut  en  aucun  cas  la  Princeaie  cadette. 

Monseigneur!  Ce  vent  d'Oost  retarde  toattes  mes  let- 
trea  et  me  met  en  grand  soucy.  J'aj  satis&ict  à  celle 
de  V.  Â.  do  6,  par  la  mienne  dn  17;  tes  sorensumes 
depuis,  da  20  et  deux  du  24,  l'une  par  la  mer  et  l'an- 
tre par  la  Flandre,  ne  touchent  la  chose  que  fort  l^g^ 
rement  V.  A.  y  aura  observé  mes  considérations,  pour 
remettre  à  plus  particulier  esclarcîsaement  l'exécution  de 
vostre  commandement;  mais,  y  ayant  pensé  de  plus  près 
et  que  les  Princes  vaellent  estre  obéyz  et  serviz  à  leur 
mode,  pour  sçavoir  seulz  la  visée  de  leurs  conceptions, 
j'ay  changé  d'advis,  pour  me  tenir  au  pied  de  vostre 
prescription,  car  il  n'y  a  nul  inconvénient  à  sonder  de 
moy-mesmes  l'intention  du  Soy,  sans  faire  intervenir 
l'advoeu  ou  l'authorisation  de  Y.  A.,  et  non  plus  la  con- 
naissance de  ce  que  faict  monsieur  de  Heenvliet;  cela 
se  pouvant  encor  assez  à  temps  après  ce  pourparler, 
qui  nous  pourra  donner  quelque  clarté  pour  en  pénétrer 
le  fond,  et  de  passer  mesmes  jusqaes  à  la  Royne,  sj  re- 
marquons quelque  esbranlement ,  sans  lequel  je  ne  l'estime 
à  propos,  d'autant  qu'elle  n'y  est  aucanement  portée  et  la 
Royne  sa  mère  aussy  peu,  qui  font  pour  l'Espagne.  iTay 
donq  résolu,  Monseigneur,  de  voir  le  Roy,  dans  deux  ou 
trois  jours  seul  k  seul ,  et  s'il  y  a  lieu  d'espérer  du  chan- 
gement, j'apporteray  tant  et  tant  de  raisons  pregnantes 
et  non  encor  alléguées,  qu'il  ne  tiendra  point  à  ma  fidé- 
lité et  conduitte  que  Y.  A.  n'en  rencontre  de  la  sa^s- 
faction.  Sy  on  me  propose  la  puisnée,  l'aage  et  ce  qui 
en  dépend  me  feront  tousiours  presser  pour  l'aisnée,  par 
ce  que  l'Estat  et  Y.  A.  ont  besoin  de  lignée  et  m'y  tien- 
dray,  ce  qui  ne  peut  préjudicier  à  la  négotiation  du  sieur 
de  Heenvliet,  car  mon  ouverture  procède  simplement  de 
mon  chef  et  sans  advoeu.   Cela  ne  succédant  point,  Y.  A- 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   217    —  [1640.  Vitmr. 

doîbt  promptemeot  résoudre  ce  qu'elle  nous  voudra  com- 
mander, Boit  de  s'en  retirer  sur  l'inesgalité  de  Vaage,  soit 
d'acx^pter  la  proposition  de  la  puisnée,  pour  en  conclurre 
la  convenance  en  forme,  au  moins  par  une  signature  ré- 
ciproque du  Roy  et  de  nous,  en  prévenant  par  besoigne 
iaicte  la  venue  de  l'ambassadeur  d'Espagne,  lequel,  s'il 
venoit  k  en  avoir  le  moindre  vent,  remueroit  ciel  et 
terre,  pour  en  renverser  le  progrès;  en  quoy  il  se  trou- 
veroit  aussitost  secondé  de  la  caballe  de  Rome,  d'Espagne, 
et  des  papistes.  Quoiqu'il  en  soit,  Monseigneur,  il  im- 
porte que  V.  A.  en  soit  tost  esclarcye  et  je  ne  sçanroy 
celer  à  Y.  A.  que  la  forme  qu'on  tient  k  traicter  l'af- 
faire, m'est  fort  suspecte.  C'est  madame  de  Chevrense 
qui  a  porté  d'Espagne  la  proposition  d'un  double  mariage 
et  a  négotié  là-dessus,  peut-estre  an  delà  de  sa  commis- 
sion parceqae  les  Espagnols  sont  après  à  obtenir  la  Prin- 
cesse, surquoy  le  Roy  s'est  tousjonrs  monstre  difficile, 
sy  on  n'accorde  le  mesme  et  en  mesme  temps  pour  celle 
d'Espagne.  Poor  lever  cet  obstacle,  il  laict  à  présumer 
que  les  deux  Roynes  consentiroyent  à  iaire  traicter  avec 
V,  A.  pour  la  puisnée ,  comme  un  moyen  pour  accoîser  ' 
le  peuple.  Mais  je  ne  sçanroy  croire.  Monseigneur,  que 
l'Espagnol  voullust  passer  plus  avant  en  ce  traicté,  B'îl  y 
a  de  la  conclusion  avec  vous,  n'estoit  qu'on  luy  donnast 
paroUe  de  l'inexécution;  c'est  pourquoy  j'ose  représenter 
encor  une  fois,  que  V.  A.  doibt  abréger  ses  délibérations 
et  s'esclarcir  au  premier  jour  de  ce  qu'elle  se  peut  pro- 
mettre du  succès  de  cet  aBaire.  Mes  prochaines  informe- 
ront V.  A.  plènement  de  ma  rencontre  avec  le  Roy ,  peut- 
estre  auasy  avec  la  Royne,  sy  le  propos  de  S.  M.  m'en 
donnent  occasion.  Cependant  j'envoye  en  mer,  pour  faire 
venir  des  navires  à  Grevesend;  ontretemps  j'attendray  l'hon- 
neur de  vos  commandemens,  sans  précipiter  mon  départ, 
car  j'ay  à  coour  le  contentement  de  V.  A.  et  Dieu  me 
soit  à  tesraoin,  sy  je  ne  le  préfère  de  bien  loin  it  tout  ce 
qui  me  touche.    Le  traicté  du  mariage  ne  peut  demeurer 


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16*0.  Kt.rier]  —   218   — 

secret,  il  est  en  trop  de  boaches  et  de  perBODoea  de  diven 
desseins;  sy  concluons,  il  n'y  a  nul  mal  qu'il  esclatte,  mais 
pourveu  que  concluions  devant.  Le  Parlement  disputera 
assez  celuy  d'Espagne.  L'aage  de  la  puisnée  me  trouble 
et  je  pancberoy  bien  plus  vers  Mademoiselle  '  en  France, 
qui  est  jà  sur  sa  douzième  année  et  pour  donner  bîentost 
lignée,  sy  elle  se  pouvoît  obtenir,  sans  rien  stipuler  pour 
sa  religion ,  ainsi  on  la  gagneroit  aysément.  £jUe  a  en 
des  grosses  terres  peu  moins  de  cinq  cens  mille  livres  de 
rente,  sans  ce  qu'elle  peut  espérer  de  Monsieur.  Je  prie 
Dieu,  Monseigneur,  de  prospérer  tous  vos  dt^sîrs,  et  V.  Â. 
de  pardonner  ma  liberté ,  sy  je  l'estene  trop  ;  c'est  de  zèle 
que  j'ay  h  vostre  contentement,  comme, 

de   V.  A.  très-humble,  très-obéyssant 
et  très>fidèle  serviteur, 

FKANÇOYS  D'aEBSSEH. 

De  Londres,  ce  38  Mvrier,  jour 
de  mardigros  et  du  renouveUeroent 
du  grand  ballet. 

•  LBTTBB  DXOll. 

Maurice  Comte  de  Naesait-Siegen  à  if,  RiuH.    Défaite  <ie  la 
flotte  espagnole. 

*,*  La  Botta  espignale  qui  meniçoit  Fentuubae  (Toj'n  p.  147),  farta  Mnrâ' 
lauit  d«  86  Toiln  et  portint  doan  à  quiaie  milto  bamma,  inôt  A^dAraita, 
par  des  Ibrca  ds  beaucoup  iafétieniea,  daiu  qaatre  Tiirieiu  combeta,  )e  12,  18, 
14  et  17  jaDviet. 

Monsieur.  Si  les  bonnes  nouvelles  causent  la  joye  aux 
;ens  de  bien,  celles-cy  doivent  y  avoir  lieu.  Les  forces 
le  Castille  et  de  Portugal  s'estoyent  jointes  ensemble, 
iffin  de  nous  destruîre ,  mais  Dieu  a  veillé  pour  son  peuple. 
7est  ce  qui  m'a  meu  à  vous  escrire,  sachans  avec  com- 
tien  grand  contentement  vous  les  recevrez.  Quand  aux 
«reculantes  d'icelles,  je  m'en  rapporte  aux  lettres  qu'a 
1  AaDe-Marie> Louise  de  Monipeugjar ,  Bile  du  Duc  d'Orléani,  née  k 
S9  mii  1637. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   219   —  [1B40.  M.r.. 

recea  Son  Altesse,  dont  je  ne  doute  que  monsieur  Hu- 
gnens  '  ne  vous  fece  part  Plaise  an  Tout-Puissant  nous 
contïnoer  ses  faveurs  et  remplir  un  jour  par&itement  ce 
pays  de  sa  cognoissance  I  Et  partant  me  recommande  à  vos 
bonnes  grâces,  estant  de  coeur  et  d'affection,  Monsieur, 
vostre  très-humble  serviteur, 

HADUCB  COMTE  DB  KASSAU. 

De  Mauritzstadt,  le  38  feb.  1640. 

A  Monsieur  Rivet  F.  M.  D.  S.  É.'  et 

gouverneur  du  Prince  à  la  Haye. 


LEITRE  HXCIII. 

\Ê.  de  Sommtltdyek  ou  I^fmce  tT  Orange,     Il  se  défie  de»  m- 
tentioM  de  la  Cour  et  Angleterre. 

MoDseigneurI  Je  diroy  volontiers,  sy  je  l'osoy,  que  je 
suis  taotost  tas  d'escrire,  puis  qu'uu  vent  contraire  rend 
touUes  mes  pênes  inutiles.  Le  seul  service  de  V.  A. 
m'attache  icy  et  m'arrestera  sy  longuement  que  je  me  soy 
esclarcy  et  résolu  de  vos  intentions ,  sur  l'affaire  que  mons. 
de  Heenvlict  m'a  communiqué,  car  je  le  pousse  de  corps 
et  d'àme;  mais  plusieurs  choses  me  font  grandement  dou- 
ter qu'on  n'y  procède  d'un  droîct  pied.  J'en  pourray 
mieux  juger  après-demain,  quand  j'en  auray  traicté  avec 
le  Boy  seul  à  seul  et  de  moy-mesuies,  sans  y  faire  au- 
cunement entrevenir  l'autborisation  de  V.  A.,  ny  l'intel- 
ligence du  sieur  de  Heenviiet.  S.  M.  m'a  assigné  à  ce 
jour  là,  pour  entendre  mes  discours  et  m'ouvrir  anssy 
ses  intentions.  C'est  la  voye  que  je  manday  à.  Y.  A-,  du 
28,  de  voolloir  tenir,  pour  me  tenir  précisément  au  pied 
de  vos  commandemens.  Mon  but  va  à  parler  et  presser 
pour  la  princesse  aisnée  et  de  n'y  varier  point.  Mon  instance 
sera  appuyée  de  preguantes  raisons,  tant  pour  l'obtenir 
que  pour  exclurre  toutft  autre  concurrence  de  rivalité.  Je 
'  H.  de  Zaf^cbm  ■  TidSi  HisWra  du  St.  Énpgiia. 


,,  Google 


16*0.  Mtn.-}  —   ^il'   — 

m'oavriray  plèDemeat  de  la  rencontre  au  dît  siettr  de 
Heenvliet,  ^n  qu'elle  donne  plus  de  clarté  à  Y.  A.  n 
y  a  sept  jours  entiers,  que  les  ballets,  dévotions  et  antres 
excuses  font  remettre  cette  communication,  mais  je  pense 
qu'il  ne  me  sera  trop  difficile  de  pénétrer  les  intentions 
du  coeur.  S'il  nous  taut  désespérer  de  l'aisnée,  comme  je 
tiens  que  l'Espagnol  en  a  la  promesse,  Y.  Â.  pensera  et 
repensera  dix  fois,  s'il  luy  plaist,  sy  l'aage  de  la  seconde, 
quand  elle  nous  seroit  bien  assurée,  ne  seroit  de  trop 
longue  attente  pour  la  lignée  !i  en  espérer.  Sy  cette  con- 
sidération ne  vous  choque,  vous  en  devez  prendre  la  pré- 
sentation au  bond,  sans  songer,  en  obligeant  au  mesme 
instant  leurs  Majestez  d'en  signer  le  contract,  au  moins 
là  promesse;  de  trouver  bon  que  le  mariage  soit  fîûct  par 
paroUes  de  présent  et  la  Princesse  transportée  aux  Pro- 
vinces-Unies, qaand  voz  Altesses  l'envoyeront  prendre  en 
forme;  mus  j&  ne  sçauroy  approuver  de  (aire  passer  la 
mer  à  monseigneur  le  Prince  Guillaume,  c'est  vostre  unique 
et  auquel  réside  vostre  espérance  et  celle  de  l'Ëstat  La 
droicte  ligne  de  feu  monseigneur  le  Prince  Guillaume  a  nn 
puissant  pouvoir  snr  les  coeurs  de  noz  peuples ,  que  la  col- 
latérale ne  scauroit  prétendre.  De  le  bazarder  de  la  sorte 
seroit  témérité,  il  tomberoit  eu  main  estrangère;  ce  ne  se- 
roit que  danses  et  festins;  d'autres  of6cierB  que  les  siens 
auroyent  à  le  traicter,  et  l'Espagnol  qui,  de  soy  ou  par  sa 
action,  est  tout  paissant  en  cette  cour,  ne  seroit  point  ponr 
s'endormir  sur  telle  occasion.  L'excuse  de  sa  venue  pour- 
roit  estre  imputée  à  l'Estat,  miùs  c'est  &  V.  A.  de  prendre 
sa  rosolution  et  la  tenir  cachée;  car,  quoy  qu'il  s'en  die,  je 
ne  puis  celer  à  Y.  A.  que  toutte  cette  action  m'est  snspecte 
et  que  le  dessein  va  k  nous  leurrer  de  parolles,  tandiz  qu'on 
se  ligne  avec  l'Espagne  ;  peut-estre  pense-on  avec  cela  amu- 
ser le  peuple,  qui  d>^sire  nostre  conjonction.  Je  m'aheurte 
principalement  sur  ce  que  je  voy  qu'on  traicte  avec  l'Es- 
pagne et  qu'on  nous  refuse  l'aisnée,  pour  la  luy  donner, 
et  avec  elle  son  droict  à  la  succession  à  son  tour;  qui  est 
exposer  la  vie  des  Princes  à  mille  attentatz,  et  s'il  y  avoit 


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—   221    —  [1640.  Msr». 

la  moindre  rancenr'  contre  l'Espagnol,  on  se  mettroît  en 
antre  posture,  pour  se  lier  avec  nous;  mais  ainsi  que  de 
bonche,  on  offre  tout  an  sienr  de  Heenvliet  pour  la 
seconde,  de  mesme  nons  parle-on  à  tontte  rencontre  de 
Toalloir  conclnrre  une  bonne  ligne  avec  nons  et  nous  ren- 
voyer plus  contens  que  jamais;  là-deasos  on  nous  laisse 
morfondre,  sans  pins  y  penser.  Encor  ce  matin  M.  Vaen 
m'a  dit  qne  le  Boy  voulloit  conférer  rondement  avec  moy 
de  tontes  choses ,  mais  luy  demandant  quand  S.  M.  pen- 
sera à  nostre  dépêche,  „ce  n'en  est  point  encor  le  temps," 
a-il  respondn.  C'est-à-dire,  qu'on  vent  achever  avec  Es- 
pagne, premier  que  de  parler  à  nons;  joint  que  nostre 
long  séjour  en  conr  peut  servir  à  intimider  les  Escossois. 
J'en  seray,  aydant  Dieu,  pins  sçavant  d'icy  à  deux  jours 
et  en  manderay  mon  sentiment  par  mons.  de  HeenvUet 
Les  députés  d'Escosse  furent  le  premier  de  ce  mois  par  leur 
grand  thrésorier  introduicts  devant  le  Roy,  sans  qu'il  s'y 
trouva  aucun  Ânglois  présent;  lay  présentèrent  à  genoulx 
un  escrit  auquel  ils  se  trouvèrent  qualifiés  députés,  tendant 
à  ce  qu'il  plenst  à  S.  M.  confirmer  la  p^  faicte  l'an 
passé  avec  enx,  et  d'approuver  en  suitte  les  résultats  du 
Parlement.  S.  M.  leur  respondit  avoir  attendu  des  snp- 
plians  et  point  des  députés.  Leur  réplique  fiit  qu'ils  ve- 
noyent  au  nom  du  Parlement,  avec  lettres,  instruction 
et  pouvoir;  qu'ils  prendront  toutesfois  telle  qualification 
que  S.  M.  voudra.  Le  Roy  dît  qu'il  leur  donner  oit 
des  commissures,  et  eux  anssytost  qu'ils  avoyent  charge 
de  s'adresser  au  Roy  devant  sa  Noblesse  et  point  aux 
commissaires,  qui  se  pourroyent  mesprendre  au  rapport, 
ainsi  qn'avoit  faïct  le  grand-trésorier  là  présent ,  qui 
avoit  tranché  de  deux  costés  et  &ict  croire  à  S.  M.  une 
chose  et  à  eux  une  antre;  qu'ils  désîroyent  donq  faire 
leur  justification  devant  la  Noblesse  on  le  Parlement  du 
royaume,  avec  snbmîssion  qne  s'ils  n'avèrent  qu'on  en 
veut  à  leur  religion,  &  leur  liberté  et  à  leurs  privilèges, 
que  sur  leur  jugement  itz  veullent  passer  pour  rebelles 


,,  Google 


1040.  Mtn.] 


.  222  - 


et  recevoir  la  punition  qui  sers  ordonnée.  S.  M.  leur 
refusa  de  preadre  aucune  prescription  d'eux,  mais  ordonna 
qu'ilz  eussent  ^  proposer  leurs  demandes  par  escrit  et  le 
bailler  au  dit  grand-thrésorier,  ce  qu'ils  achèveront  ce 
jourdhny.  —  Lie  Cardinal-in&nt  a  desja  levé  et  transporté 
à  Dnynkercke,  sonbs  la  permission  da  Roy,  mil  à  douze 
cens  Anglois.  On  m'asaeure  en  outre  qu'il  se  bastit 
nombre  de  vaisseaux  de  cinq,  six,  et  sept  cens  tonneaux, 
pour  le  roy  d'Espagne  et  que  le  Roy  permet  que  les  ar- 
bres Boyent  couppés  en  Bes  forests.  C'est  contre  la  seu- 
reté  et  les  maximes  du  royaume.  V".  A.  voit  jusqnes  où 
ma  liberté  s'estend;  s'il  vous  plaist,  vous  ]a  bornerez  à 
son  point;  elle  a  vostre  service  pour  tout  et  seul  bat 
Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  prendre  les  désirs  et  les 
desseins,  avec  la  personne  de  Y.  Â.,  en  sa  protection. 
De  y.  A.,  très-humble,  très-obéyssant  et  très- 
iidelie  serviteur, 

FRANCO Y9   d'à 

De  Ijoiutret,  ce  S  mara  1640. 


LBTTKE  BXCIV. 

Le  même  aa  même.     Audience  auprit  du  Rot  ^Angleterre. 

Monseigneur  !  M'  de  Heenvliet  s'en  retourne  vous  ren- 
dre conte  de  la  négotjation,  qu'il  a  traictée  en  cette 
cour,  avec  assez  de  subjection  et  beaucoup  de  soin  ;  mais 
aura  besoin  d'estre  plus  plènement  esclarcy  deg  intentions 
de  y.  Â-,  premier  que  d'en  reprendre  les  arrhemens,  car 
il  n'a  encor  que  des  parollea  et  qui  dépendent  de  l'évé- 
nement de  plusieurs  choses,  qui  se  démènent  et  sont  &at 
douteuMs.  Je  fay  estât  de  le  suivre,  contre  ce  que  j'en 
avoy  pensé,  aussy-tost  que  les  navires  seront  venus,  puis- 
que par  une  plus  longue  présence  je  ne  sçauroy  de  long 
tems  servir  y.  Â.  ny  l'Estat.  Selon  que  je  manday  par 
mes  lettres  du  26  et  du  3,  j'eus  hier  l'honneur  d'entre- 
tenir  une   bonne   espace  de  temps  le  Roy,  teste  à  teste, 


,,GoogIc 


—   223    —  [1640.  Msra. 

en  audience  concertée;  ma  di^duction  <\it  longue,  mais  ex- 
près entreconppée,  par  parcelias,  pour  en  former  on  dis- 
cours familier  et  pénétrer  ainsi  les  vrtâz  sentimens.  Après 
donq  avoir  parlé  combien  U  estoit  nécessure  que  cette 
Couronne  et  les  ProvincoB  fussent  estroittement  liées,  d'au- 
tant que  la  ruine  de  l'une  seroît  un  degré  à  celle  de 
l'autre,  je  passay  aossytost  à  poser  qu'il  ne  seroit  pos- 
sible de  trouver  plus  estroitte  liaison  qne  celle  de  mon- 
seigneur Je  Prince  Guillaume,  avec  madame  la  Princesse, 
Prince  bien  né,  beau,  jadîcietut  au  delà  de  son  aage  et, 
après  les  trois  Kois,  plus  considérable  et  préférable  h  tons 
les  antres  Princes  de  l'Europe,  ce  que  j'appnyoy  par  des 
rusons  p^pables,  k  intention  de  recommander  son  inclu- 
sion ,  autant  que  l'exclusion  du  Prince  d'Espagne  de 
cette  recerche,  et  pense  certes  que  Dieu  me  fit  la  gr&ce 
de  n'y  rien  oublier.  S.  M.  ne  se  monstra  aucunement 
snrprinse  de  cette  proposition ,  mais  d'entrée  me  demanda 
sy  j'avoy  commission  de  V.  A.  pour  en  traicter  et,  sans 
m'attendre,  elle-meames  dit  qne  non,  puisque  j'avoy  dé- 
claré ne  parler  que  de  moy-mesmes.  J'advouay  franche- 
ment, n'en  avoir  aucune  chaîne  particulière,  toutesfois 
qu'en  ayant  une  fois  assez  superficiellement  touché  un  mot 
il  V.  A.,  avant  qu'avoir  pensé  à  cette  ambassade,  je 
l'avoy  entendue  faire  grand'  estime  de  cette  alliance,  sans 
s'en  déclarer  autrement,  mais  pour  ne  perdre  un  bon  af- 
laire,  à  faute  de  quelque  forme,  que  j'en  vouUoy  escrire 
à  V.  A-,  laquelle  sans  point  de  doute  embrasseroit,  avec 
le  respect  qu'il  convient,  l'honneur  de  mon  ouverture. 
S.  M.,  pour  ne  s'y  engager  davantage,  conppa  ce  pro- 
pos, en  me  disant  qu'il  &ut  garder  l'honneur  aux  filles 
et  attendre  qu'elles  soyent  recercbées,  sans  les  présenter. 
„CeUe  recerche,"  fy-je,  „ne  tarderoit  guères,  s'yl  n'y  avoit 
que  ce  seul  scrupule ,  lequ^  ne  se  peut  lever  que  par  le 
moien  d'une  &vorable  déclaration  de  S-  M.;"  mais  elle 
retourna  à  son  premier  lang^;e,  qu'elle  ne  me  pouvoit 
respondre  plus  avant,  puisque  je  n'en  avoy  point  de  charge, 
et  qu'il  voulloit  garder  l'honnenr  de  sa  fille;  qu'il  estimoît 


,,Googlc 


1040.  M*n] 


■  224  ■ 


bien  fort  la  personne  de  Y.  A-,  et  se  ferma  Ik,  sans  s'es- 
pliquer  sy  cette  estime  s'entendoit  de  l'alliance,  on  du 
mérite  et  toz  autres  qualités.  Je  passay  plus  outre,  que 
le  bruict  estoit  que  madame  de  Chevreuse  en  auroit  jb 
traicté,  au  moins  en  seroit  en  traicté  pour  l'Espagne.  Je 
reconnoz  aussytost  de  la  muayson  '  à  son  visage ,  et  se  mit 
à  me  dire  qu'il  ne  permettra  jamais  qne  des  femmes  se 
meslent  de  tel  atlaire,  qu'elle  est  bonne  dame  et  venue 
en  ce  royaume  pour  d'autres  occasions  que  je  ne  sçaoroy 
ignorer.  Je  ne  roe  rendiz  point,  Monseigneur,  pour  cette 
defiaicte ,  car  je  sçay  de  certain  jusques  où  elle  en  a  con- 
venu, et  toutesfois,  pour  ne  choquer  directement,  j'allé- 
guay  que  l'ambassadeur  d'Espagne,  sur  des  précédens  pour- 
parlers, s'attendoit  pour  en  passer  la  conclusion,  au  dire 
d'an  chasciin.  S.  M.  avoua  qu'il  en  pourra  bien  faire  quel- 
que proposition,  qne  c'est  une  honeste  personne  et  le  pins 
courtois  Espagnol  qu'il  ait  jamus  connu ,  et  qui  l'a  autant 
obligé  durant  son  séjour  en  Espagne.  N'en  pouvant  tirer 
davantage  et  ne  d<'sirant  perdre  le  fil  de  mon  sabject,je 
revins  k  dire  que  le  Roy  d'Eispagne,  par  cette  alliance, 
feroit  deux  grands  coups  d'une  pierre,  premièrement  tien- 
droit  ce  royaume  en  perpétuelle  transe,  pour  la  vie  des 
Princes,  laquelle  seule  pourroit  exclurre  de  la  succession, 
qu'il  n'a  peu  conquérir  par  armes,  ny  par  conspirations; 
qu'en  cela  l'Italie  et  tous  les  papistes,  au  moien  de  ses 
corruptions,  coopéreront;  par  après  qu'il  fera  perdre  i 
S.  M.  la  créance  et  la  réputation,  parmy  tous  ses  alliez, 
qui  feront  leur  construction,  que  Y.  M.  donne  aussy  ses 
affections  et  intérestz  avec  sa  fille  et  qu'à  mesure  qu'elle 
s'approche  d'Espagne,  elle  s'esloigne  aussy  d'eux;  sera 
aussy  trouvé  d'autant  plus  estrange,  que  le  Boy  d'Es- 
pagne refuse  de  bailler  sa  allé*  au  Prince*,  et  reçoit  celle 
d'Angleterre  pour  l'instruire,  ne  comportant  la  monar- 
chie d'Espagne  autre  alliance  que  catholique-romains, 
sa  caballe  ayant  juré  inimitié  à  toute  autre  ;  que  nul  ne 
sçait  cela  mieux  que  S.  M.  mesmes,  qui  Va  ainsi  esprouvé 
■  du  cltingeninit.      ■  Marie- Th^rk« ,  née  20  «ept.  1&3S.        *  Ch»rin  II. 


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—  225  —  ri(MO.  Murs. 

en  sa  propre  pereonne;  à  qui,  pour  rompre  son  espérance 
do  mariage,  fut  proposé  cette  honteuse  condition  de  se 
Jure  catholique;  ûnsî  dira-on  que  l'Espagnol  aura  tes- 
moigné  plus  de  zfele  pour  sa  fille  et  sa  religion  que  6.  M. 
qui  porte  le  beau  titre  de  défenseur  de  la  foy.  S.  M.  dit 
réaoluement  de  ne  permettre  jamais,  quand  on  en  vien- 
droit  Ut,  qu'il  soit  touché  à  la  conscience  de  sa  fiUe,  ny 
à  l'instruction  qu'elle  a  jà  receae;  „niai3  Sire,"  fis*je,  „on 
changera  sa  maison  en  sy  grande  tendresse,  on  la  des- 
bauchera,  et  luy  fera-on  apprendre  qu'elle  doibt  oublier 
le  p^re,  pour  adhiSrer  à  l'espoux,  aussy  bien  en  l'autre 
monde  qn'ea  cellay-cy,  ainsi  viendra-il  &  perdre  l'amitié 
de  sa  fille,  sans  gagner  celle  du  gendre."  S.  M.  me  dit 
qu'elle  y  donneroit  bon  ordre  et,  pour  ce  que  j'avoy  al- 
légué son  exemple ,  qu'il  me  pourroit  asseurer  que ,  si  les 
ministres,  comme  le  conte  de  Bristol  et  antres,  l'eussent 
fidèlement  servy,  il  eust  ayaéœent  conservé  sa  reli^on  et 
espousé  l'Infante.  Je  luy  diz  que  maintenant  il  avoit  faict 
une  pins  seure  et  meilleure  eslectîon,  ce  qu'il  dit  aussy- 
tost  estre  véritable.  „Mais  Sire,"  dis-je,  „y.  M.  a  moyen 
de  prendre  maintenant  une  belle  revange  sur  l'Espagnol 
qui,  en  recerchant  vostre  fille,  pense  bien  plus  à  vostre 
courronne,  car  sa  grandeur  a  esté  bastye  au  moyen  des 
mariages."  S.  M.  s'en  mit  à  rire  et  se  teut  Je  luy  de- 
manday  sy  elle  aurait  aggréable  que  je  fisse  ce  mesme 
discours  à  la  Royne?  „Ouy  bien,"  répondit-elle,  „8y  en 
avez  commission ,  à  cett'  heure  cela  ne  serviroit  à  rien."  — 
Cest,  Monseigneur,  ce  qui  se  passa  hier  en  gros.  Tout 
conté,  déduit  et  rabbatu,  la  somme  en  est,  que  S.  M. 
ne  s'en  a  touIIu  ouvrir,  mais  les  circonstances  peuvent 
faire  voir  k  V.  A.  que  l'acre  est  esbauché  bien  avant 
avec  l'Espagnol  et  que  n'en  devez  espérer  aucune  antre 
déclaration,  qu'on  n'ait  conclu  on  rompu  avec  luy.  Les 
Koynes  et  toutte  leur  [cabale]  est  bandée  pour  l'inclusion 
du  Prince  d'Espagne.  A  mon  retour,  aydant  Dieu,  j'es- 
përe  vous  en  faire  ma  déduction  par  le  menu;  j'en  ay  dit 
quelque   mot    i,   monsieur  de  Heenvliet    Je  tiendray  k 


,,Googlc 


1640.   M«r..J  —   22(1   — 

faonnear  que  madame  la  Princesse  poisse  avoir  lectnie 
de  celle-cy,  car  mon  indisposition  ne  me  permet  pas  de 
ïny  escrire  séparément.  Ce  me  cera  digne  récompense, 
sy  je  Toos  ay  servy  en  ce  faict  k  Tostre  contentement, 
selon  vostre  intention. 

'  Monseigneur,  en  pensant  laisser  le  Boy,  S.  M.  dit  me 
voulloir  parler  d'one  antre  chose;  de  faict  je  l'attendoy 
sor  ma  commission,  demeure  on  retraïcte;  miûa,  sans  en 
dire  un  seul  mot,  elle  désira  que  j'escrivisse  à  Y.  Â.  en 
son  nom  et  me  pria  d'y  joindre  anssy  mon  intercession, 
afin  que  Goringh,  Herconrt  et  Colpeper  fussent  exempts 
de  la  résolution  de  messeigneurs  les  Estats  contre  les 
officiers  qui  s'absenteront  de  vostre  campagne  l'esté  pro- 
chain, et  qu'en  cela  vous  luy  ferez  faveur  et  grand  plaisir. 
Je  loy  remonstray  qne  cela  ne  dépendoit  plus  de  V.  Â., 
que  la  conséquence  en  iroit  loin  au  regard  des  autres 
nations.  Le  Koy  repartit  qu'il  sçavoit  bien  que  le  pouviez, 
sy  le  voolHez;  qu'il  vous  demandoit  cette  courtoisie ,  poor 
vous  en  rendre  une  pins  grande,  en  pareille  ou  autre 
occasion;  sy  c'est  trop  que  trois,  qu'il  se  contentera  de 
Goring  et  d'Hercoort,  mesmes  de  Goring  seul,  &isant 
estât  qne  Iny  tesmoignerez  vostre  affection  en  cette  prière; 
ce  ne  sera  point  sans  offence  s'il  ne  l'obtient.  Je  prie 
Dieu,  Monseigneur,  qn'il  doint  toutte  prospérité  à  vos 
désirs  et  à  vostre  personne. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

7BANÇOT8  n'AKBSSXN. 

De  Londres,  ce  6  mars  1640. 


'  K*.  BXCIV-. 

Nouvelles  diveriea  mr  la  affaire  en  Angleterre. 

Le  conseil  dn  Boy  est  divisé.     Le  plus  grand  nombre 
'  Cl  qtà   nâl ,   n'ajfomt  auaui  vatéril  pour  la  Priaatie ,  al  iait  iv 

une  JinùOe  i  part. 
'  De  ta  atùa  dt  M.  de  SûntmsUdyek.    Au  dtttiu  il  a  écrit  :  Mémoire. 


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—  227  —  [IMO.  M»r». 

est  pour  la  paix;  les  antres,  pins  authorisez  snr  les  affaires» 
cercbent  occasion  de  guerre,  afin  de  procurer  par  lenr 
violence  le  changement  auquel  ilz  tendent  A  telle  con- 
trariété les  conseils  sont  perplex.  Ceux  qui  viendront  à 
se  prévaloir,  renverseront  les  autres  et ,  sans  l'attendre ,  les 
plus  puissans  recalent  desj^  cenx  qui  refusent  de  se  mettre 
des  leoTB  ;  de  sorte  que  nul  se  tient  asseuré  de  sa  condi- 
tion. Le  B07  ne  parle  clair  et  jusqu'icy  les  laisse  faire; 
[l'esclat]  s'en  doibt  suivre  en  peu  de  temps.  Le  Mûre 
s'excuse  de  lever  rien  sur  le  peuple,  pour  construire  des 
vùsseaux;  les  plus  violens  entendent  qu'il  ait  à  procéder 
par  exécution;  il  dit  que  toute  la  ville  s'oppose  et  en 
appelle  devant  le  Parlement.  Sur  cela,  il  est  menacé  de 
prison,  contre  les  voix  de  la  plus  grand  part  du  conseil; 
en  sa  présence  les  excnses  sont  approuvées. 

On  s^me  parmy  le  peuple  que,  sur  l'exemple  de  la 
France  et  de  l'Espagne,  autrefois  régies  par  les  Estatz, 
comme  cette  conrronne,  touttes  ces  nouveautés  tendent  à 
une  absolue  Monarchie,  avec  changement  de  religion,  sur 
et  par  te  moyen  de  l'occasion  affectée  d'un  non  nécessûre 
mouvement  contre  l'Escosse. 

Qu'avant  la  tenue  da  Parlement  on  prétend  mettre  sur 
pied  une  armée  de  trente  mille  hommes  de  pied  et  de  trois 
mille  chevaux,  levés  d'an  argent  emprunté  sur  une  partye 
de  la  Noblesse,  contre  l'ordre  et  les  règles  du  Royaume. 

La  manière  de  la  levée  est  tontte  changée;  an  lieu  de 
trainebands,  on  procédera  par  contoûnte,  pour  ce  que 
ceux-cy  se  contenteront  de  lenr  paye,  sans  s'enquérir  des 
causes  on  prétextes  de  la  gaerre;  an  lien  que  les  autres 
ne  sont  tenoz  de  servir  que  pour  la  défense  du  Boyanme 
et  ont  trop  de  dépendence  des  provinces.  Dès  hier  forent 
distribuées  quinze  commissions,  pour  lever  quinze  cens 
chevaux  et  les  conduire  vers  l'Escosse,  où  seront  pareil- 
lement envoyés  une  partye  des  navires  marchans  et  de 
Keufchastel  '.  Les  grandz  du  Roy  se  mettent  pareillement 
en  estât  pour  s'entretenir  en  la  Manche. 
'  Ncvcutls. 


,,Googlc 


1010  Mura,]  —  228  — 

Les  vivres  et  aatres  provisions  s'acheptent  aa  nom  da 
Roy,  à  prix  &ict,  mais  avec  tant  de  perte,  sy  à  certain 
jour  nommé  S.  M.  déclare  ne  se  voulloir  tenir  à  TacIiepL 

On  va  choisir  les  lieox  ofl  désormais  auront  k  se  tenir 
les  navires  du  Roy.  Les  havres  à  choisir  seront  fortifiés 
à  la  moderne,  et  aura-on  esgard  de  les  exposer  à  divers 
ventz,  pour  ne  plus  tomber  au  mesme  inconvénient  que 
lors  du  combat  des  Dunes ,  qu'un  seul  vent  empescha  tous 
les  navires  du  Roy  de  sortir  et  laissa  fiùre  aux  Hollan- 
dois  leur  volonté,  contre  les  ordres  donnez  par  S.  M. 
Sy  la  guerre  va  avant  contre  l'Escosse ,  alors ,  dit-on ,  par- 
lera-on avec  les  ambassadenrs  de  messeigneurs  les  Estats , 
pour  traicter  d'alliance ,  mais  paix  se  Ëûsant,  on  attendra 
ce  que  succédera  de  la  négotiation  de  l'ambassadeur  d'Es- 
pagne, portant  de  fort  grandes  conditions,  et  est  le  dit 
ambassadeur  attendu  avec  une  grande  impatience  de  ceax 
qni  coorrent  après  le  changement 

6  mars  1640. 


LEirmE  Dxcv. 

fje  Prince  d^  Orange  à  if .  de  Sommeladi/ck.    Il  le  prêtée  de 
conclure  le  mariage. 

Monsieur!  J'ay  apris  par  vos  lettres  la  commnniqua- 
tion  que  le  sieur  de  Heenvliet  vous  a  fait  du  traitté  pour 
lequel  il  est  en  Angleterre,  et  ce  que  depuis  c'est  passé 
sur  ce  suget,  par  où  je  cognois  qu'il  ne  faut  plus  songer 
à  la  recherche  de  la  Princesse  ainée,  m^s  penser  i  celle 
de  la  segonde,  et  le  faire  rénsir  ausi  prestement  qu'il  se 
pourra,  car  je  crains  que  le  retardement  pouroit  en  em- 
pêcher la  conclusion,  car  vous  remarqués  très-bien  qae 
l'Espagne,  la  France,  et  plusieurs  autres,  espèrent  à  cette 
alliance  pour  des  diférens  intéretz. 

Je  TOUS  supplie  donc  de  prendre  ceste  affaire  à  ceur 
et,    en  parlant  au  Roy,  luy  faire  comprendre  qae  se  ne 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  229  —  [IC40.  M.«. 

sera  pas  seulement  une  aliénée  particulière  avec  moy , 
mais  qae  se  '  sera  ane  plus  grande  confirmation  de  la  bonne 
intelligence  qu'il  y  a  entre  S,  M,  et  cest  Estât  S'il  plaist 
à  S.  M.  d'y  entendre,  comme  il  semble  qu'il  ne  s'en  éloigne 
pas,  par  la  reponce  que  M.  Yaen  a  doné  de  sa  part  par 
escrit  ^  M.  de  Heenvliet  à  cest  effect ,  je  pense  que 
l'on  derrat  se  contenter,  pour  le  douaire  delà  Princesse, 
de  l'offre  faïcte  par  la  ditte  réponce,  en  y  adjoutant  par 
desus  20,000  florins  par  an,  com'  a  eu  la  Reyne  de  Bo- 
hème et  d'autres  choses ,  que  je  mets  à  ma  lettre  à  M.  de 
Heenvliet  De  mon  costé,  l'on  ponrroit  offrir  ce  que  je 
marque  au  dit  sieur  de  Heenvliet,  mais  comme  l'on  ne 
sait  pas  se*  qu'ils  désireront,  ny  de  quoy  il' se  contente- 
ront, ii  est  difficile  d'i  répondre.  Par  tant  je  vous  envoie 
'un  blanq  signé  de  ma  main  pour  le  remplir,  ou  d'une 
procure,  ou  des  articles  dont  vous  conviendrés  en  mon 
nom,  en  achevant  et  concluant  cest  affaire  et  y  procé- 
dant, comme  vous  le  trouverez  le  plus  à  propos.  —  Sur 
tout  je  désirerois  extrêmement  (l'afaîre  succédant)  que  la 
Princesse  peut  estre  amenée  en  cest  Estât,  pour  lequel 
effect  l'on  ponrroit  arester  le  temps  que  mon  fils  paaseroit 
en  Angleterre,  quandt  le  mariage  se  feroit,  et  quandt  ils 
passeront  la  mer  pour  venir  par  deçà ,  oii  vous  ponvés 
assenrer  le  Boy  que  la  Princesse  sera  recene,  honorée, 
élevée,  entretenne  et  respectée,  ainsi  qu'il  apartîent  à  une 
Princesse  de  si  haute  extraction. 

Je  vons  prie  donc,  Monsieur,  que,  par  dessus  tant 
d'antres  tesmoignages  que  vous  m'avez  fait  parestre  de 
vofitre  affection,  vous  me  départies  enquores  celluy  lit, 
d'avoir  le  soin  que  ceste  affaire,  qui  est  tellement  adven- 
tageuse  à  moi  et  à  toute  ma  maison ,  puisse  réussir  à  une 
fin  telle  que  je  la  souhaitte.  Je  vous  en  auray  une  trèz 
particulière  obligation,  que  je  recognoistray  par  mou  ser- 
vice, quandt  vous  m'en  ferés  naître  les  moiens.  —  Vous 
recevrés  par  ce  porteur  la  lettre,  que  M.  les  Estas  escri- 


'  ce.  *  ili.  *  £c/  guêtre  liffiei  nàvaniti ,  jiaqWà  la  fi»  dt 

la  fhtttte ,  Itmt  de  la  «mm  de  M.  de  Zttyliiihem. 


,,  Google 


vent  au  Eoy,  sur  le  suget  de  vostre  retour,  lequel  je 
vous  souhaitte  heureuB  et  que  vous  y  puisaîés  trouver  ce 
que  vous  désirés  à  vostre  contentement.  Je  veus  espérer 
et  vous  en  supplie  que,  si  quelque  peu  de  jours  vous 
peuvent  doner  espéreuce  d'une  bonne  issue  en  l'afiure 
de  ceste  alliance,  vous  ne  refuserez  pas  quelque  peu  de 
temps,  pour  la  faire  heureuflement  conclurre  et  i.  tant 
je  demeure  etc. 

'  Postdate.  En  Jàisant  fermer  ceste  lettre,  j'en  reçois  une 
du  S'  de  Heenvliet  du  2  de  ce  mois,  par  laquelle,  comme 
il  me  mande  debvoir  partir  dans  3  jours  aprës,  je  vous 
prie,  s'il  n'est  plus  1^  à  l'arrivée  de  ce  pacquet,  d'ouvrir 
la  lettre  que  je  luy  escris  et  de  vous  servir  du  contenu, 
comme  jugerez  convenable. 


LETTRE  DXCn. 

Le  Comte  Henri-  Casimir  à  la  Comteue  douairière  de  Nasêtn^ 
Dieu.     Nomdles. 

Madame.  Celles  que  Y.  Esc  a  eue  pour  agréable  de 
m'escrire  le  '*/»  et  *'/ii  de  mars  m'ont  esté  rendues  &  la 
fois,  par  lesquelles  j'aj  apprins,  arec  beaucoup  de  con- 
tentement, le  bon  estât  tant  de  vostre  santé  que  de  vos 
afiîùres,  lesqnelles  je  trouve  que  le  Koy  de  Dennemarck 
pousse -d'une  très-bonne  façon  et  ponr  cela  en  espère  une 
heureuse  issue;  j'ay  escrit  c'est  apprës-disné,  suivant  le 
commandement  de  V.  Exe,  à  madame  1»  Landgravinne 
et  M'  Milander;  ce  que  cela  effectuera  le  temps  nous 
l'apprandra.  Et  puisque  vous  désirez.  Madame,  que  tou- 
chant l'affaire  secrète  je  prosséde  à  l'imitation  de  feu  mes- 
sienra  mon  oncle  et  père,  j'envoye  demain  D'  Sonïus  vers 
Lewardeu,  pour  examiner  les  papiers  qui  sont  là,  et  me 
comporteray  à  peu  prez  selon  leur  exemple.  Le  capi- 
^  P.  S.dt  U  wmn  dt  M.  d*  ZufUeAtm. 


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231    [1840.  A.riU 

tiùne  de  cavaillerie  S*  Martin  estant  venu  ^  trespasser, 
messieurs  de  Grocingae  ont  trouvé  bon  de  me  poorveoir 
de  la  compagnie,  sans  qae  j'en  aye  dit  la  moindre  pa- 
role; elle  est  une  de  celles  qui  sont  en  dispute  entre  son 
Altesse  et  les  messieurs  susdicts,  mais,  pour  l'amour  de 
moy,  moDsienr  le  Prince  le  laissera  passer  pour  ceste 
fois;  demain  au  matm  les  patentes  partiront  vers  les  trou- 
pes de  mon  gouvernement,  pour  estre  le  dernier  de  ce 
mois,  nouveau  stil,  an  rendé'voos.    C'est,  Madame, 

de  vostre  Excellence  le  très-humble  et  très- 
obéissant  serviteur, 

H.   C.  DE  NISBAC. 

De  la  Haye,  ce  %,  d'avril  1640. 


*  liETTBE  DXCTn. 

'  Burlamaqui  à  M.  de  SommeltdycL  Nécettùé  de  terminer 
prompiêment  U»  d^érendt  entre  ^Angleterre  et  lei  Pro- 
vineet-Vnieê. 

Monseigneur I...  Depuis  vostre  partementles  affîdres  vont 
roulant  Le  parlement  se  tient  désïrenx,  pour  ce  qui  tou- 
che à  la  maison  basse,  de  donner  toute  assistance  au  Boy, 
si  seulement  il  les  veut  asseurer  de  trois  choses;  l'une, 
qn'en  la  religion  n'y  aura  altération ,  l'autre  que  chascun 
puisse  jouir  du  sien,  selon  les  loix  du  royaume,  et  le  troi- 
sième, qu'ils  puissent  remonstrer  librement  et  diaconrrir 
entre  eux,  sans  danger  d'estre  par  après  emprisonnez.  Sur 
cecy  on  débat,  et  je  tiens,  si  on  les  laisse  un  peu  s'escsr- 
moucher  et  qu'on  este  diverses  grandes  nouveautez,  qui 
sont  glissées  au  gouvernement,  qu'ils  s'accorderont  et  don- 
neront de  l'argent  au  Roy.  D  est  vray  qu'ils  appréhen- 
dent d'entrer  en  guerre  nationale  avec  Iliscosse,  et  vou- 
droyent  vojontiers  s'émanciper  d'y  porter  quelque  qualifi- 
cation, mais  il  semble  que  S.  M.  ne  le  leur  veut  permettre, 
estant  une  chose  résolue  et  qui  dépend  unique- 
■  yogt*  p.  287. 


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1640.  Aïfil.J  —    232    — 

ment  di>  sa  royale  autorité.  Nous  avons  non  seulement 
le  marquis  de  Yelada,  ambassadeur  d'Espagne,  mais  nn 
autre  marquis  de  la  maison  des  Malrezzi,  Italien  de  na- 
tion, grandement  farori  du  Conte-duc,  dépescLé,  selon' 
pouvons  comprendre ,  après  la  nouvelle  venue  en  Espagne 
de  la  perte  de  leur  âotte  sur  la  coste  du  Brasil,  ponr 
faire  instance  pins  grande  que  l'antre  n'avoit  encores  en 
commission,  d'avoir  navires  angloises  à  leur  paye.  H  feit 
oSre  de  joindre  les  Anglois  aux  Portngois  aux  Indes 
Orientales,  et  encores  pins  avant  de  permettre  le  trafSc  à 
celles  de  l'Occident.  Chose  bien  nouvelle,  et  qu'on  n'an- 
roit  jamais  attendue,  qui  montre  que  ne  sont  k  leur  aise, 
o&ant  outre  tout  cecy  une  grande  somme  d'argent  ^ 
S.  M.  —  Propositions  très-dangereuses,  en  premier  lieu, 
ponr  tenir  le  Roy  arrière  de  l'accord,  qu'autrement  on  es- 
père qu'il  fera  avec  son  peuple,  et  en  second  lieu,  pour 
le  danger  qu'il  y  a  de  les  rendre  maistres  des  forces  du 
royaume,  comme  ils  seroyent,  s'ils  avoyent  20  ou  25  na- 
vires, bien  artillées  et  équipées.  Mab  sur  tout  pour  une 
conséquence  infallible  qui  suivra,  si  le  malheur  veut  qu'ils 
prévalent,  de  mettre  S.  M.  et  ses  subjects  aux  prises  avec 
les  vostres,  soit  aux  Indes  Orientales  on  Occidentales ,  qni 
ne  peut  estre  que  de  très-pemitieuse  suite  es  affaires  de 
l'Europe.  H  faut  espérer  que  Dieu  conduira  le  coeur  du 
Roy  en  sorte  que,  non  obstant  les  persuasions  de  cens  qui 
Uennent  ce  parti,  pour  un  peu  de  profit  que  leur  en  vient 
par  le  commerce,  qu'il  ne  quittera  de  tout  les  vielles 
maximes  qui  ont  prt^servé  ses  Estais,  pour  prendre  cel- 
les-cy,  qui  sans  doute  les  mettroyent  en  ruine.  U  enst 
esté  à  désirer  que  l'accord  entre  les  deux  compagnies 
Ângloise  et  Hollandoise  eust  esté  bien  stipulé ,  avant  que 
ces  ouvertures  vinssent  faites,  et  n'y  faudroit  perdre  temps, 
car  la  plus  part  des  Anglois,  sur  un  renouvellement  d'ac- 
cord entre  eux  et  vous,  s'i  attacheront  plus  volontiers 
qu'avec  les  Portngois,  desquels  ils  ne  peuvent  se  fier. 
"Vous  avez  feit  très-bien ,  Monseigneur,  d'y  tenir  la  main 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  Xàô  —  [1640,  AniL 

et  serojt  bien  nécessaire  qu'on  y  travaillast  sérieusement 
La  chose  n'est  pas  difficile,  si  on  prend  le  chemin  que 
monseigneur  Joachimi  et  mons.  Brassart  prindrent,  et 
qne,  sans  disputer  du  passé,  on  vinst  &  une  compensation 
générale  des  prétentions  réelles  des  uns  vers  les  autres, 
laissant  celles  qui  sont  plustost  de  lucro  cettante  qne  de 
pertes  on  domages,  causez  les  uns  aox  antres  par  prises 
ou  violences  usées.  Jnsques  là  ces  Messieurs  avouent 
conduit  l'afiFaÎTe  et  ne  restoit  qne  de  donner  le  nom  à  une 
sonmie,  qui  devoit  conclnrre  tout  et  produire  une  am- 
nistie générale  du  passé,  et  sur  tout  du  fait  d'Amhoina. 
Je  ne  vois  pas  difficulté  qne  cela  ne  puisse  estre  résumé,  et 
si  monseigneur  Joachimi  en  anra  la  direc^on,  il  peut  fort 
iacilement  et  bneft^ement  acheminer  et  parachever  l'affaire. 
n  seroit  bon  qu'un  des  commis  de  la  Compagnie  se  trourast 
icy,  pour  accorder  aussi  un  règlement  pour  l'avenir;  chose 
très-nécessaire  pour  empescher  nouveaux  désordres,  et  qui 
toutesfois  ne  se  peut  bien  faire  qn'entre  les  marchands. 
Je  œ'advance  de  dire  mon  opinion  librement,  vous  asseu- 
rant,  Monseigneur,  que  ce  sera  plus  fecile  de  venir  de 
tout  il  bout  icj  que  par  delà,  pour  diverses  considérati- 
ons, surtout  pour  éviter  les  délays  et  longeurs  qne  pon- 
royent  naistre  jnsques  à  ce  que  monsieur  Boswell  y  fîist, 
et  par  la  nature  lente  du  personnage,  qui  est  autrement 
trës-homme  de  bien,  mais  de  présent,  pour  prévenir  les 
Espagnols,  il  seroit  nécessaire  qu'on  agist  promptement. 
Les  gens  de  bien  sont  indififérens  où  l'affaire  s'achève, 
pourveu  qu'elle  se  face.  Ainsi  je  trouve  divers  avec  les- 
quels j'ay  conféré,  estre  disposés.  Ce  sera  à  vous,  Mon- 
seigneur, de  prendre  ce  mien  advis  en  considération  et, 
selon  vostre  grande  prudence  et  longue  expérience,  diriger 
le  tout,  en  sorte  que  puisse  porter  une  bonne  confir- 
mation à  la  correspondance  et  intelligence  entre  S.  M. 
et  mess"  les  Ëstats  et  les  subjects  d'une  part  et  d'an- 
tre, ne  manquant  des  instruments  qui  cerchent  de  tra- 
verser le  succès  et  avancer  l'accord  et  traité  avec  les 
autres.     Dieu,  par  sa  grâce,    conduise  tout,    selon  qu'il 


,,CoogIc 


IMO.  Avril]  —  234  — 

cognoist  estre  poar  l'adTSDsement  de  son  honnenr  et  gloire 
et  le  bien  commun. —  'Je  vona  supplie,  MoDseigneur,  par- 
donner à  ma  franchise  ou  plutost  hardiesse,  de  mettre  ce8 
discours  par  escrit.  Je  vois  la  nécessité,  qoi  conseille 
qo'on  mette  la  main  k  l'oeuvre;  autrement  pour  aaseorj 
ces  gens  préviendront  et  par  leur  pratiques  causeront  da 
mal,  oà,  si  on  les  prévient,  ils  seront  âiistrés  de  leur 
attente  et  peust-estre  du  mariage  et  alliance,  qu'Os  tien- 
nent pour  fàicte,  encorea  que  leur  pins  paissante  entre- 
mise .  madame  de  Chevreuse ,  soit  partie ,  de  peur  d'estte 
rencontrée  par  son  mari  et  ramenée  en  France.  Je  finirai, 
après  avoir  prié  Dieu  qu'il  vous  donne  le  contentement 
de  vos  bons  désire  et  d'avoir  protesté  que  je  sois,  Mon- 
seigneor, 

vostre  tr^humble  serviteur, 

PB.  BOBLAJfACOL 

Ce  30  d'arnl  1840. 


LBTimB    BXCVin. 

fi^derie-Caaanir,  Prince  Palatin,  au  Prinee  if  Orange.   Il  bâ 
recùmmande  ton  jUa. 

*.■  Le  Friniai  (1E8G— 1M6),  Duc  ds  BiTiïn-Dnn-Pooti,  vroit  tyoa»i 
Emilie  II ,  fillo  de  GBillinme  I.  Prince  d'OriDge  et  de  Cbarlotte  de  Bourbon. 
Leur  flia  Frâaiic-Lonia  (lOlQ— 1681)  £(oJt  la  Mrrice  des  Prorincea-Uniee. 

Monsieur.  Ma  caducité  et  celle  de  ma  femme,  laquelle 
la  continuation  de  nos  misères  d'Allemagne  rengrége*  d'au- 
tant plus,  a  esté  cause  que  mon  fils,  Frideric-Louys  Prince 
Palatin,  vous  a  supplié  de  luj  permettre  de  faire  un  tour 
de  deçà;  pour  estre  devant  nostre  déceds  *  instruit  en  ses 
affaires.  Là  où  il  nous  a  fait  un  récit  très-particulier  des 
&veurB  et  bien&its  dont  vostre  bonté  l'a  voulu  combler, 
depuis  qu'elle  l'a  daigné  recevoir  en  sa  maison.  A  quoy  si 
j'adjouste  ceux  là  qu'avez.  Monsieur,  départi  à  ma  femma 
'  Ce  gm  ttUt  nt  tulographe.        *  apgnTe.  *  d^cèi. 


,,Googlc 


—   235   —  [1640.  Avril 

durant  nostre  exil;  où  hélas,  doqs  sommes  plongez,  non 
par  nostre  faulte,  ains  poar  la  cause  commune;  il  n'est 
point  de  paroles  pour  en  faire  le  remerciment.  Aussy 
n'en  feroy-je  point  d'autres  que  de  prier  le  ciel  d'en 
vouloir  estre  le  rémunérateur,  jusques  h.  ce  qu'après  un 
changement  de  ce  funsste  temps,  j'aye  mojen  de  me  re- 
vancher  en  quelque  façon  de  si  hautes  faveurs.  Or  d'au- 
tant que  l'aage  et  la  condition  de  mou  dit  fils,  comme 
anssy  nostre  estât  présent,  requièrent  son  advancement, 
et  je  vous  sçais.  Monsieur,  ai  par&ict  en  générosité  et 
charité,  que  vous  ne  la  vouldrïez  discontinuer  à  vostre 
sang  en  sa  nécessité,  ni  perdre  vos  premières  bien&its; 
pour  ces  raisons  je  preus  la  liberté,  comme  j'ay  la  con- 
fiance de  l'oser  espérer  pour  lay  d'un  si  bon  oncle,  de 
rooB  en  fiùre.  Monsieur,  par  ces  lignes  ma  supplication 
très-humble.  Yen  que  ce  seroît  de  manvatse  grftce  d'am- 
bitionner ou  accepter  le  dit  advancemeut  ajllenrs ,  hors  de 
l'estendue  de  vostre  commendement;  lequel  mon  fils  ne 
peult  trouver  en  la  chrestienté  soubs  un  pins  grand  chef 
ni  soubs  un  plus  proche  ou  plus  puissant  parent;  uy  eu 
aulcuu  climat,  où  la  confusion  (comme  par  abus  on  ap- 
pelle la  guerre)  soit  plus  régulière  et  plus  utile  au  pays 
mesme,  voire  redoutable  ans  ennemis,  qu'es  Provinces- 
Unies,  soubs  vostre  conduite,  Monsieur.  Octroez  '  donc. 
Monsieur,  suivant  ceste  requeste,  à  vostre  nepveu  ce  ré- 
giment vacant,  auquel  il  a  une  compagnie  depuis  quel- 
ques années;  et  à  cause  duquel  ma  femme,  vostre  soeur, 
a  cy-devant  fait  ses  instances,  et  je  vous  réitère  les 
miennes  icy  très-humbles;  afin  que  par  ce  moyen  mon  fils 
puisse  promptement  et  sans  mespris  retourner  en  vostre 
armée,  vivre  doresnavant  un  peu  plus  selon  sa  naissance, 
qu'il  n'a  peu  faire  par  le  passé,  et  vous  rendre,  Monsieur, 
et  à  tonte  vostre  maison  ce  à  quoy  il  est,  et  sera  par  ce 
moyen  encor  plus  obligé.  —  Quand  à  moy,  ce  me  sera 
un  nouveau  et  asseuré  gage  de  vostre  bienvneillance;  que 
je  graveray  an  fond  de  mon  àme,  et  seray  sans  réserve, 


,,  Google 


1640.  Mii]  —   236   — 

si  Dieu  me  fut  la  giice  de  vous  le  pouvoir  un  jour  tes- 
moigner  ou  aux  vostres,  Monsieur  mon  frère, 

vostre  tarës-humble  et  très-obligé  frère  et 
serviteur , 

PKIDBEIC-CABUUR  PBINCB  PALATIN. 

De  Uontfort',  ce  14  d'apTiil  1640. 
A  Uonsienr  le  Prioce  d'Orange. 


LETTBB  BXCIX. 

Le  Comte  Benri-Casimir  à  la   Comieese  davaùHre  de  Nat- 
mu-DieU.     Nouvelles  mUiiaires, 

Madame.  A  la  fin  le  dépard  de  mons'  le  Prince 
est  arresté  pour  demain  au  matin;  il  yra  dianer  Jt  Del&- 
baven  et  coucher  an  rendévous  à  Dordt,  d'où  il  &it  estât 
de  partir  bieDtost;  l'armée  consistera  en  280  compaignies 
d'in&nterie  et  62  de  cavaillerie  avec  114  pièces  d'arteil- 
lerie.  S.  A.  seroit  esté  desjà  au  rendévous  le  1  de  ce 
mois,  si  le  manquement  des  batteaux  n'eût  empesché  l'ar- 
rivée des  trouppes,  qui  y  estoyent  assignées  pour  le  der- 
nier du  passé.  J'espère,  Madame,  qu'on  brief  V.  Exe  en- 
tendra que  nous  ayons  commencez  quelque  aâaire  d'im- 
portance, et  que  le  Tout-puissant  y  joindra  sa  bénédiction, 
pour  l'ascbever  à  la  louange  de  son  Nom  et  le  bien  de 
l'Estat . . .  Madame ,  je  me  recommande  très-humblement 
en  l'honneur  de  vos  bonnes  grâces,  et  demeure  dévote- 
ment, Madame, 

de  vostre  Excellence  très- humble  et  très- 
obéissant  fils  et  serviteur, 

H.   G.  SE   NASSAU. 

De  la  Haye,  ce  7  may  1640. 

■  Chiteau  en  Allemagne  dsni  le  Rhialbil  (F). 


,,  Google 


LETTRE   BC. 

Henri  Prince  de  Condi^  au  Printx  it  Orange.     Meoomman~ 
dation. 

Monsieur.  C'est  pour  supller  V.  A.  de  tout  mon  coeur 
de  vouloir,  en  ma  faveur,  considérer  ans  occasions  un  jeune 
gen^bomme,  fils  du  S'  Desmairais,  qui  m'a  servi  toatte 
la  vie  en  qualité  de  lieutenant  de  mes  gardes.  J'en  auray 
très-grande  obligation  ^  Y.  Â.,  si  elle  foict  quelque  chose 
pour  lay  et  demeureray  en  rescompense  pour  jamais, 
Monsieur , 

De  V.  Â.  bien  humble  et  très-affectionné  serviteur, 

HENBY  SB   BOURBON, 

Prioce  de  Condé. 
De  St.  Jéhen.  ce  13  ma>  1610. 


M.  dt  SommeUdyck  aa  Prince  <f  Orange.  Âffairei  ^AngUierre. 

MonseigneurI  Sy  Y.  Â.  en  a  le  loisir,  la  cy-jointe  de 
Burlamachi'  mérite  que  la  passiez  soubs  vostre  vene; 
monsieur  Joacbîmi  m'a  escrit  à  peu  près  de  mesme,  mais 
moins  clairement  Cet  homme  a  grand  accès  avec  le  se- 
crétaire Windebant,  qui  gouverne  la  direction  du  dépar- 
tement des  affaires  d'Espagne  et  de  Flandres.  Les  deux 
ambassadeurs  d'Espagne  ont  leur  commission  à  obtenir 
des  navires  équîppez  et  artillez  pour  les  Indes  Orientales 
et  Occidentales,  jnsques  i  présenter  la  fréquentation  de 
leurs  ports  et  une  plus  estroitte  confédération,  et  à  la 
bastjr  sur  des  mariages;  c'est  en  somme,  recercher  le  Roy 
de  la  Grand-Bretaigne  de  ce  *  brouiller  avec  cet  Estât , 
de  quoy  sa  seureté  et  son  întérest  le  destoumeront  assez, 
sy  nous-mesmes,  par  noz  haguardes'  façons  de  faire,  ne 
l'y  poussons,  en  le  choquant  sur  des  formalitez,  sans  faire 

'  (15S8 — KM)  pnDiicT  Prince  do  nng,  père  dn  gnoà  IXaié. 

'  La  1«Uk  iVJ.  '  nidci,  ttajagei.  *  k.  - 


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isw.  Mil.]  —  238  .— 

justice  à  de  ses  snbjects,  qui  se  plaignent  de  nous  soabi 
son  adveu.  J'en  ay  représenté  la  Beqaèle(*),  toutesfiûs 
j'en  sois  peu  creu  et  on  s'en  pourra  repentir,  mais  tard. 
Ces  différens  peuvent  estre  composez  en  [bloc],  soit  deçà, 
soit  delà  la  mer,  et  suffiroit  d'en  trùcter  et  d'en  traîner 
la  décision  sur  les  informations  et  difficaltez  à  régler.  Ce 
faisant,  on  osteroit  à  l'Espagnol  le  prétexte  de  ses  propo- 
sitions et  au  Roy  l'occasion  de  l'escouter.  Le  commerça 
des  Indes-occidentales  ne  se  peut  effectivement  espérer 
par  les  Ânglois  que  de  force  et,  ay  on  l'ofire,  ce  n'est 
que  pour  les  amuser  d'une  chose  lointaine,  en  les  enga- 
geant par  avance  en  quelque  hostilité  contre  cet  Estât, 
par  conjonction  de  dessein,  ou  par  prest  ou  fret  de  na- 
vires, à  quoy  il  nous  importe  de  penser  sérieusement.  Je 
tiens  la  retraicte  de  madame  de  Chevreuse  faicte  de 
concert  avec  l'Espagne  et  point  de  crainte  de  la  venue 
da  Dnc  son  mary,  dont  il  ne  s'est  aucunement  parlé  en 
France,  mais  on  l'a  &ict  partir  ponr  désavouer  ses  ne- 
gotiations  des  mariages,  que  pour  les  attacher  elle  a  faictes 
trop  gi^nérales  et  libérales,  car  l'intention  du  Roy  d'Es- 
pagne est  d'emmener  la  Princesse,  sans  aller  plus  avant. 
Mons'  de  Heenvliet  est  jà  passé  en  Angleterre,  et  fort  à 
point  pour  proffiter  de  l'irrésolution  des  affûres,  et  fiera 
bien  de  presser,  sy  le  succès  s'en  doibt  espérer.  Dieu  le 
vous  ottroye  là  et  au  dessein,  qu'avez  pour  le  pnblicq, 
en  conservant  Y.  Â.  en  santé  et  longue  et  henreuse  vie, 
et  telle  que  vous  souhaitte,  Monseigneur, 

de  y.  A,  vostre  trës-humble,  trës-obéissant, 
et  très-fidële  serviteur, 

FRiUÇOYS   D'ABHSSEN. 

Be  la  Haye,  ce  iQ  may  1640. 

Le  désasBÎègement   de  Casai  (*)  est  un  coup  de  partie  * 
(1)  njtt.  p.  ISS  et  les. 

(S)  Ani^   par   U  gnuternuir  ds  Milan  Ll^wn  rt  it^e^  le  ES  iTril  pir 
Vumie  fnofoiM  soiu  Ib  eomta  il'Harconrt. 
■  qui  BHaig  la  gain  it  11  pirtia. 


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—    239    —  [1640    Mai. 

en  la  présente  rencontre  d'affaires,  car  par  là  demeurent 
avortées  les  espérances  des  Espagnolz  en  Italie,  qui  sont 
caose  qu'ils  ont  différé  d'entrer  en  traicté  de  la  pus. 


LETTAB  BCn. 

Le  même  au  même.  Recommandation. 

*,*  Sir  Willûtn  Btlfbnr  âoit  goiiTerawir  d«  k  Toar;  ea  lUl  il  nçat  n 
dfmtsnoD.  Ctimidon  1c  juge  trk-d£l!>TarablciiifiDt i  ..thé  ting  lud  nudi  him , 
to  tbe  grcat  lad  gcnsral  icaDdiJ  md  offancc  ef  tbe  Eogliih  nation,  lieuteomt 
of  the  TowBr."  —  Il  CDimmadait  U  araUric  ptrlameDltin  k  la  batailla 
d'Bdgsliilt. 

Monseigneur!  Le  jeune  Balfour,  pour  sauver  à  son  përe 
la  Toar  de  Londres,  s'est  laissé  persuader  de  quitter  le 
covenant ,  pour  venir  espérer  quelque  employ  de  la  &veur 
de  V.  A.,  et  à  cette  fin  a  désiré  mon  entremise  et  ad- 
dresse.  Y.  A.  connoist  mieux  le  mérite  et  l'affection  du 
père,  laquelle  je  puis  asseurer  telle  qu'elle  ne  sçauroit 
estre  surmontée  en  dévotion  a  vostre  service;  c'est  pour- 
quoy  j'ose  croire  que  V.  A.  le  voudra  obliger  d'un  bon 
oeil  et  d'une  bonne  parolle,  pour  espérer  mieux,  selon  les 
occasions,  dont  il  se  pourra  rendre  digne;  car  il  a  volonté 
de  bien  faire,  et  en  sa  personne  Y.  A.  peut  gaiguer  tontte 
sa  &mille.  Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  pour  vostre  santé, 
prospérité,  et  très-longue  vie. 

De  Y.  A.,  très-humble,  très-obéissant  et 
très-fidelle  serviteur, 

FKANÇOrS  d'aï 

De  U  Haye,  ce  S4  may  1640. 


I.ETTBE   BCni. 

M.   de   HeeRvtiet  au   Prince  <ï  Orange.     Audience  aaprèt  de 
la  famSte  rot/aie  en  Anglderre. 

Monseigneur.     Après  avoir  esté  six  jours  en  mer,  suis 

U,g,t7cdb/GOOgIC 


IMO.  Mai.]  —  240  — 

arrivé  en  ceste  ville  le  23  de  ce  mois,  but  les  sept  heu- 
res du  matiD;  à  mesme  instant  aj-je  envoyé  vers  monsieur 
de  Vane,  qui  aassitost  m'assigna  de  le  venir  trouver  dans 
le  jardin  du  Roy  sur  les  neuf  heures,  je  ne  manqua  m'y 
trouver,  oy  de  luy  présenter  mes  lettres  et  dire  ce  que 
V.  A.  m'avoit  commandé;  il  me  recevoit  avec  joye  et 
montroit  estre  très-ayse  de  mon  arrivement  Incontinent 
après,  alloit-yl  advertir  S.  M.  de  ma  venue,  laquelle  me 
fist  l'honneur  de  me  commander  de  venir  à  douze  heures 
dans  sa  galerie,  et  que  là,  ainsy  qu'yl  sortiroit  de  table, 
yl  me  donneroît  audience  devant  le  monde,  et  pub  i^rès 
me  parleroit  en  particulier. 

Je  ne  manqua  non  plus  m'y  trouver,  le  Roy  y  vient, 
et  plusieurs  aultrea  avec  le  Roy;  je  luy  fis  la  révérence 
et  de  la  part  de  V.  A.  ung  compliment,  lequel  fîny  S.  M. 
me  demandoit  si  Y.  A.  se  portoit  bien  et  que  j'estoîs  le 
bien  venu,  et  après  se  mit  k  se  poormener  '.  Je  me  servis 
de  ceste  occasion  et  luy  dis  que  Y.  A.  avoît  receu  à 
nng  singulier  honneur  et  grâce  la  franche  déclaration 
que  S.  M.  avoit  tesmoigné  dans  sa  lettre  du  31  janvier 
dernier,  et  que  là-dessos  Y.  A.  m'avoit  redépesché  avec 
les  crédences  à  luy  présentées,  mais  que  j'avois  à  dire 
à  S.  M.  sur  quoy  son  attention  estoit  requis,  et  que  j'at- 
tenderois  l'heure  et  la  commodité  que  les  afiaires  de  S.  M. 
le  permetteroyent  Le  Roy  me  dîct;  „ouy,jele  veux,  mais 
comment  ferez  vous  avec  ses'  messieurs?  Je  dis  que  je 
suîverois  l'ordre  que  j'avois  concerté  avec  M'  de  Vane; 
c'est  que  je  dirois  y  estre  revenu  pour  quelqn'  aff^re 
particulière,  laquelle  regardoit  nostre  négoce  et  traficq, 
sans  rien  spécifier.  S.  M.  me  dîct,  „cela  sera  le  meilleur," 
et  ainsy  luy  fis  une  aultre  révérence  et  m'en  allois  disner 
chez  monsieur  de  Yane ,  là  où  on  m'attendoit.  Sortant  de 
table  suis  allé  trouver  M'  Germain  ' ,  que  je  trouvois  dans 
l'antichambre  de  la  Royne,  je  luy  dis  que  je  souhaîttois 
fiiire  la  révérence  à  la  Royne;  si  sa  commodité  le  per- 
mettoit  II  alla  le  dire;  S.  M.  me  fist  entrer,  et  avec 
*  promener.  ■  ces.  ■  JennjD. 


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241  — 


[1640.  Hu. 


cérémonie,  car  elle  se  levoit,  ce  qne  voyant,  je  fis  mes 
révérences,  et  après  le  compliment  de  la  part  de  Y.  A., 
et  pais  après  présentois  ma  lettre  de  crédence,  laquelle 
S.  M.  recevoit  avec  une  &ce  riante,  me  demandant  plu- 
sieurs choses  de  Y.  A.  et  de  sa  santé.  Un  peu  après  je 
recommançoia  un  aultre  compliment  de  la  part  de  Madame, 
et  )uy  présentois  la  lettre  de  S.  A.  H  faolt  que  je  con- 
fesse que  S.  M,  la  récent  avec  courtoisie  et  nue  douce 
bénignité,  me  demandant  aussi  sa  santé.  Un  peu  après 
S.  M.  reprist  sa  chaise  et  lit  ces  lettres ,  lesquelles  ayant 
leues,  m'appela  et  dit:  ,je  vous  parleray  en  particulier,"  sur 
qnoy  je  fis  une  grande  révérence,  et  que  j'atteuderois  ceste 
grâce  et  se^  commendements,  quand  la  commodité  de  S.  M. 
le  pertnetteroit.  S.  M.  me  demandoit  aussi  si  je  n'irois 
chez  la  Royne  sa  mère,  je  dis  ouy,  et  ce  que  je  dirois; 
S.  M,  l'approavoit  et  qu'yl  eatoit  nécessaire  ;  nCa.r,"  dit  elle, 
„aultremeQt  yls  tascheroyent,  si  aucun  sonpçoo  leur  de- 
meuroit,  traverser  l'afiaire,  s'yl  estoit  en  leur  poulvoir." 
De  la  Boyne  suis  donques  allé  chez  la  Hoyne-mère,  là 
où  on  me  fist  incontinent  entrer;  je  fis  la  révérence  et 
dis  ce  que  Y.  A.  et  Madame  m'avoyeat  commandé  et 
ce  que  monsieur  de  Yane,  par  ordre  du  Roy,  m'avoit 
dit,  d'adjouster;  S.  M.  se  louoit  fort  des  bons  offices  re- 
cettes de  Y.  A.  et  qu'elle  ne  désiroît  qu'occasion  pour  s'en 
revenger.  Un  quart  heure  après  la  Royne  d'Angleterre 
y  vint,  et  y  demeura  jusques  à  sept  heures;  en  ce  temps 
on  ne  manquoit  me  demander  plusieurs  choses. . , . 

De  V.  A.,  très-humble,  très-obéissant  et 
très-fidèle  serviteor, 

HEENVLI8T. 

SS  mai  1610. 

Les  mescontentements  du  peuple  contre  l'archeves- 
que'  ne  cessent  eneor;  ils  ont  pensé  le  prendre  dans 
sa  maison,  yl  y  a  quatre  jours,  mais  k  grand  peine  c'est-yl 
sauvé  par  une  porte  derrière  et  vint  avec  grand  risque 
à  la  conr.  Us  luy  imputent  de  ce  que  le  Parlement  est 
■  I«ud. 
III.  16 


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J6«.  M^]  —  242  — 

séparé  sans  rien  oonclore  (') ,  on  avoit  quelques  uns  de  ses 
mutins  pris  prisonniers  mais  les  apprentifs,  comm'yls  les 
appellent,  ont  rompu  la  prison  ceste  nuict  et  les  mis  en 
liberté.  La  boui^oisie  s'assemble  pour  prévenir  le  désor- 
dre, car  yls  crient  de  vouloir  aii£si  ouvrir  la  prison  de 
Westemunster,  là  où  quatre  Alderments  sont  mis  depuis 
peu  des  jours. 


MMVTWœ  VCIT. 

Le  Comte  Henri-  Catimir  à  la  Comtewe-douainère  de  NoMtmf 
Dietz,    Nouvelles  milùaires. 

*.'  La  Frinoa  d'OrRoge  iToit  projcU  la  gt^  de  Bragn;  nuis  k  CunU 
Henri,  u'a^l  pu  réntii  i  forcer  le  passage  de  la  rîtitra  da  Leye,  „ae  dn- 
■ein  de  si  grande  attente  et  si  aTsatigeoi  ponr  l'Estat  s'en  >U»  en  tQitife." 
[Xém.  dt  R.  H.) 

Madame. . . .  J'ay  veu  que  V.  Exe.  fait  estât  d'estre 
bientost  à  Copenborg,  ce  que  j'espère  que  vous  fera  ré- 
soudre de  faire  un  tour  vers  nos  quartiers,  estant  une 
chose  laquelle  sans  doutte  n'y  feroit  point  de  mal,  ne 
voyant  moyen  de  quelle  façon  je  me  pourray  obliger  po- 
sitivement, n'ayant  la  disposition  de  rien  et  dépendant 
entièrement  de  la  volonté  de  Y.  Exe  L'armée  est  encor 
logée  à  Maldeghem  et  le  comte  GuïHeaume  engagé  devant 
deux  petits  forts,  sans  grande  apparance  de  succès.  Mon- 
sieur  le  Prince  m'a  creu  employer  k  un  essay  de  plus 
grande  consécanse  que  le  premier  et  fort  vraysemblable 
de  s'effectuer,  mais  ayant  fait  visiter  les  chemins  pour  y 
aller,  on  les  a  trouvé  inpassables,  tellement  qu'on  le  ré- 
serve à  meilleure  commodité;  ce  que  Son  Altesse  entre- 
prendra, le  temps  nous  l'apprandra.  Cependant  je  prie  le 
Tout-Puissant   de   prendre    V.  Exa  en  sa  divine  protec- 


(1)   Le  s   mai   la  Parlement  avoit  Ht  à 
damp   luiTe   siied   npon   tbe   apirit)  of   th 

canaed."    (Jarendon. 


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■  243  - 


[l«4a.  1«a. 


tion,  «t  de  in«  Aura  la  gr&ce  qne  je  me  puisse  dignement 
aeqniter  de  la  qualitô,  Madame, 

De  V.  Exe.  très-huDible  et  trèa-obéissant 
fils  et  Bervitenr 

a.  C  Dl  NASSAO. 

De  Haldeghom,  ee  28  de  iBay  l<t40. 

LETTRE    DCT. 

Af.  de  Hemmliel  tm  Prinee  (T Orange.    Le  mariage,  mai*  avec 
la  Frincetee  cadette,   est  décidé. 

MoDseigDeur.  Depuis  ma  dernier»  j'ay  encor  &ict  dea 
instances  pour  la  Princesse  aisnée,  raaia  leors  Majestez 
mesmes,  nonobstant  que  j'aye  tout  dît,  m'ont  déclaré  que 
cela  ne  se  ponlvoit,  et  depuis  encor  me  l'ont  faîct  dire 
par  M'  de  Vane,  tellement  que  sachant  leur  déterminée 
résolution,  et  qu'yl  n'y  avoit  rien  plus  à  espérer,  et  que 
M'  de  Yane  mesme  me  conseiUoit  de  ne  faire  plus  des 
instances,  suis  passé  ooltre  &  me  déclarer  pour  la  seconde. 
S.  M.  me  demandoit  incontinent  si  j'avois  procuration  de 
V.  A.;  je  luj  dis,  ouy.  „Et  bien,"  dit  le  Roy,  „donnéfl 
la  à  M'  de  Vane,  afin  qu'yl  me  la  montre  et  j'ordoonOTay 
deux  ou  trois  pour  convenir  avec  vous  sur  les  conditions. 
A  mesme  instant  j'alla  la  quérir  et  la  donna  à  M'  de 
Yane.  qui  aussi  L  mesme  heure  la  montroit  an  Roy,  et 
me  la  rendit  devant-hier,  disant  que  S.  M.  en  estoît  satis- 
&icte,  et  que  je  ferois  bien  de  la  préljre  à  la  Royne;  qne 
le  Koy  y  debvoit  aller  le  mesme  aprës-diné,  et  qu'yl  l'ac- 
compajgneroît  ponr  parler  1&  i  leurs  Majestés  coqjoinete- 
ment  de  mon  aG&ira.  Je  ne  manqua  y  aller;  après  pln- 
sienre  discours  S.  M.  me  dît  que  1«  Boy  ne  poulvoit 
accorder  l'abnée,  mais  qu'elle  espéroit  que  Y.  Â.  A.  an- 
royent  toute  satisfaction  de  la  seconde;  je  m'ouvris  doncq 
ausay  à  la  Royne,  et  luy  prélîsois  ma  procuration.  Elle 
me  dict:  Mcela  va  bien,  le  Boy  vous  donnera  le  député 
d'Irlande,   pour  dresser  avec  luy  et  M'  de  Yone  les  ar- 


,,Googlc 


1640.  Jnin.]  —    244   — 

ticles."  Je  n'avois  qu'achevé  ou  le  Roy  y  vint  '.  Je  dis  k 
M'  de  YaDe  ce  que  S.  M.  me  venoit  de  dire;  il  me  dit: 
„ce]a  n'importe,  l'affaire  est  faicte,"  et  le  mesme  soir, 
qu'il  avoit  ordre  d'entrer  en  conférence  avec  moy  et  de 
dresser  les  articles,  mais  qne  c'estoit  à  moy  de  répliquer 
snr  la  responce  du  Roy.  J'en  ai  &ict  un  project,  en  con- 
formité de  mon  instruction,  que  je  va  lay  montrer  à  ce 
soir,  et  a'yl  l'approuve,  qu'yl  la  donne  au  Roy.  Je  ne 
manqneray  de  bander  tous  les  ressorts  de  mon  esprit, 
pour  taire  une  conclusion,  tant  du  mariage,  que  du  trans- 
port de  la  Princesse,  afin  de  rompre  une  fois  pour  tout 
les  menées  contraires  qui  en  pourroyent  survenir.  Et 
principalement  puisque  S.  A.  Madame*  me  mande  que  le 
secret  commence  s'esventer,  de  quoy  j'informeray  cest 
après-disné  le  Roy,  et  incontinent  après  la  Royne,  pour 
prévenir  leurs  Majestez,  par  une  véritable  déclaration, 
que  cette  cognoissance  qui  en  peult  avoir  esté  donnée 
à  monsieur  le  Cardinal  n'ast  pas  venu  de  V.  A  A.  et 
tascheray  apprendre  du  Roy  ce  que  S.  M.  juge  que  V.  A. 
doîbt  respondre,  si  on  vienne  encor  à  luy  en  parler; 
mais  veux  espérer  qne  S.  M.  sera  d'advis  d'abréger  la 
négotiation ,  à  quoy  je  le  presseray  aultant  qu'il  me  sera 
possible  et  M'  de  Vane,  puis  qu'yl  en  a  l'ordre. 

Estant  pour  achever  la  présente,  un  gentilhomme,  de  la 
part  de  M'  de  Vane ,  me  vint  dire  qne  le  Roy  me  deman- 
doit;  S.  M,,  qui  estoit  dans  sa  chambre  de  lict,  me  fist 
entrer  et  me  demandoit  ce  qne  Madame  (car  je  l'avois 
dit  il  M'  de  Vane)  m'avoît  escrit  Je  lay  le  db;  S.  M.  me 
dict:  „cela  vient  asseurément  de  ses  messieurs  de  la  Royne- 
m&re;  je  m'en  va  ordonner  deux  on  trois  ponr  conclure 
l'affaire,  et  puis  nous  consulterons  quand  qne  cous  la  deb- 
vons  faire  esclatter."  J'escris,  Monseigneur,  les  propres 
mots  du  Roy.  Et  comme  je  demandois  à  S.  M.  ce  qu'elle 
trouva  bon  que  T.  A.  debvoit  respondre,  en  cas  qu'on  luy 
en  vint  encor  à  parler,  le  Roy  me  dict:  „S.  A.  peult  dire, 
et  avec  vérité ,  qu'yl  n'a  jamais  employé  madame  de  Oie- 
1  Belyititm»  ol  in  Koning  kwirn  er.  'la  Priiuwn  d'Orange. 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


^ 


—   240   —  [1640.  Juin. 

Tr»ase,  ny  ses  '  messieurs."  Je  dis:  „ Sire,  le  meilleur  seroit 
d'abréger  le  trùtté;"  le  B07  dit:  „je  le  feray  et  parlera/  & 
Vane;"  lequel  je  suis  allé  trouver,  luy  disant  les  paroles 
dn  Itoy;  ..etbien",  me  dict-yl,  „aHtheur,  tous  avez  ouy, 
de  la  bouche  dn  Roy  mesme,  que  S.  M.  le  tient  pour 
afiàire  faiete,  ne  rous  arrestez  à  rien;  soit  que  le  député 
ou  l'archevesque  soyent  présents,  il  leur  est  impossible 
d'apporter  aucun  changement."  Dieu  sçait.  Monseigneur, 
que  je  le  souhaitte,  que  mes  seings  et  souhùts  y  vont,  et 
que  je  ne  me  lasseray  à  le  solliciter,  jusques  à  ce  que 
j'en  aye  une  bonne  fin  au  contentement  de  V.  A.  A.  —  Sur 
les  quatre  heures  suis  allé  à  Greenvits  où  la  Royne-mère 
estoit;  aussitost  que  S.  M.  fîist  partie,  je  parlois  h  la  Reine 
et  luy  dis  ce  que  j'avois  dîct  au  Roy.  Elle  me  dit:  „S.  Â. 
a  fort  bien  respondu  de  n'avoir  jamais  employé  madame 
de  Chevrense,  c'est  ny  dire  ouy,  ny  non.  D  fault  abré- 
ger l'afiaire,  je  l'ay  dit  au  Roy  devanthier,  et  je  luy  le 
diray  encor;  car  comme  vous  dites,"  me  dit  S.  M.:  „yl 
est  bien  raison  que  S.  A,  en  donne  cognoissance  ans 
Estais;  et  puis  j'espère  que,  cecy  faict,  yl  y  aura  tous- 
jours  une  estroitte  amitié  entre  le  Boy  et  monsieur  le 
Prince,  pour  le  bien  de  son  Royaulme  et  de  vostre  Estât" 
Je  dis:  „ Madame,  ce  sera  un  solide  lien  à  nous  rendre  à 
toasjours  inséparables;"  et  après,  que  Y.  A.  résentoit  si  fort 
la  faveur  que  S.  M.  y  apportoit,  qu'elle  recercheroit  avec 
passion  toasjours  occasion  pour  le  recognoistre.  Je  prie 
Dieu  conserver  V.  A.,  et  je  demeure,  Monseigneur, 

de  vostre  Altesse  très-humble,  très-obéis- 
sant, et  très-fidèle  serviteur, 

HEBNVLIET. 

De  Londres,  le  8  juin  1640. 

LBTimi)  Dcn. 

■  FVédmc-Louû,  Prince  Palatin,  à  Af.  de  Zut/liohem.    llle 
prie  de  le  recommander  au  Prince  d  Orange. 

Monsieur.     (Tes   lignes  ne  sont  que  pour  me  ramante- 
'  «M.  *  FogM  p.  SS4. 


,,  Google 


IMO.  JaiB.]  —  246  — 

Toir  dans  la  &vear  de  rostre  sooTenir  et  vous  demander 
nn  million  de  pardons  de  ce  que  je  a'ay  en  ce  bonheur 
de  TOUS  avoir  peu  '  dire  adieu,  devant  mon  petit  voyage 
vers  ces  quartiers  icy.  Mon  départ  fîit  si  soudain  et  le 
Gapitaine  da  vaisseau  tne  pressa  en  sorte  que  je  n'eus  le 
tempe  que  de  prendre  mon  congé  de  Monsieur  mon  oncle 
seulement;  sans  mla  je  n'avois  garde  de  commettre  une 
telle  faote,  que  de  me  mettre  en  chemin,  sans  vous  pre- 
mièrement confirmer  ce  quy  vous  est  et  demeorera  trè^ 
fidèlement  acquis.  Si  cette  excuse  ne  se  trouve  légitime, 
je  me  rend  moy-iaesme  conlpable  et  me  eoubsmets  à  vofr- 
tre  jugement,  Monsieur,  quy  est  tonsjours  équitable.  En 
cette  confiance  je  prends  l'hardiesse  de  vous  oser  supplier, 
sçachant  en  qnel  crédit  et  rang  vous  eates  près  de  Mon- 
sieur mon  oncle,  de  me  tant  favoriser  que  de  me  tenir 
toi^onrs  présent  en  son  souvenir;  sur  tout  de  luj  remettre 
en  mémoire,  s'il  vous  plaist,  le  passedroit  qa'il  m'a  daigné 
d'accorder  à  mon  départ;  sçavoir,  aa  cas  que  je  résigne- 
rois  ma  compagnie,  qn'alors  il  la  douneroit  à  mon  lieu- 
tenant; en  snitte  de  qnoy  je  cootraotay  avec  luy,  comme 
vous  n'^norez  pas.  Or,  ne  pouvant,  selon  la  condition 
en  laqneUe  Dieu  m'a  fiût  naistre,  estre  sans  mespris  en 
ce  pals  lii,  si  je  retiens  la  ditte  compagnie,  après  que  le 
régiment  m'a  esté  rejîisé  et  donné  ^  un  autre,  monsieur 
mon  père  et  madame  ma  mère  (laquelle,  Monneur,  vous 
salue  icy  très-partiealièrement)  m'ont  commandé  de  faire 
par  vous,  si  tel  est  vostre  plaisir,  reeonvenir  mon  dit 
Sieur  Prince  du  passedroit  susdit;  et  le  supplier  quand 
et  quand  (aini^  que  j'ay  &it  par  mes  lettres  présente- 
ment) d'avoir  pour  agréable  que  je  luy  remette  maditte 
compagnie,  en  sorte  toutefois,  sous  son  bon  plaisir  et 
volonté,  que  je  puisse  tirer  ce  peu  dont  mon  dit  lieute- 
nant et  moy  sommes  demeurez  d'accord.  Et  jaçoit'  que 
je  Boye  si  malhenrenx  de  ne  pouvoir  avoir  l'advancement 
que  les  miens  y  cassent  entièrement  espéré,  ayant  eu  re- 
cours à  leur  sang,  cependant  que  nostro  maison  Palatine 


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—   247    —  [1610.  Jnid. 

eat  battue,  pour  la  caase  de  Dieu,  des  revers  de  la  for- 
tune; je  ne  céderay  pas  pour  tout  cela,  i.  quj  que  ce 
Boit,  en  l'affection  que  je  dois  k  un  pals  dont  feu  Mon- 
stear  mon  grand-p&re  a  jette  les  premiers  fondements; 
afin  que  les  désastres  '  s'y  puissent  mettre  à  l'abry  des 
persécutions  que  fiome  décoche  ordinairement.  Et  quoy 
qu'on  m'ait  (sans  me  vanter)  offert  ailleurs  des  conditions 
proportionnées  à  ma  naissance,  si  est-ce  que  je  serviray 
plustost  en  ce  cher  pids  là,  en  qualité  d'un  simple  volon- 
taire, que  d'avoir  un  régiment,  voîre  une  plus  grande 
charge,  ailleurs.  Yoilk,  Monsieur,  mes  desseins;  afBu 
que  ne  pensiez  qne  je  vous  aye  tout  à  Ëiit  dit  adieu; 
non,  non;  j'y  reviendray,  s'il  plaist  à  Dieu  et  à  monsieur 
mon  oncle;  mais  je  n'y  ambitionne  plus  ny  charges  ny 
adyancement.  Ma  plus  grande  ambition  sera  de  les  mé- 
riter plustost  que  de  les  posséder;  car  cecy  dépend  de 
la  &vear  et  fortune,  et  cela  de  la  vertu  seule.  Vous 
vous  estonnez  peut-estre,  Monsieur,  touchant  le  passedroit 
susdit,  pourquoy  je  le  mette  en  double,  puisque  mon- 
sieur mon  oncle  me  l'a  une  fois  ottroyé.  Mab  je  voua 
supplie  de  croire  que  je  sçais  trop  bien  que  ses  paroles 
sont  sacrez;  afiBn  que  je  ne  parle  de  l'honneur  que  j'ay 
de  luy  estre  ce  que  je  suis ,  où  il  accorde  bien  ses  *  choses 
et  semblables  à  tant  d'autres:  mon  appréhension  est  seule- 
ment celle  que,  comme  les  morts  et  les  absents  sont  en 
mesme  paralelle,  que  les  malveillants  (les  traits  desquels 
j'ay  assez  senti  présent)  ne  nuisissent  plustost  !i  mon  in- 
nocence, tandis  que  je  suis  absent  Cest  ce  quy  me  fait 
faire  ces  précautions  et  vous  dire  librement  (quoy  qu'à 
l'insceu  de  monseigneur  mon  p^  et  de  madame  ma 
mère)  que  je  retiendrois  plustost  la  ditte  compagnie  que 
de  la  voir  tomber  en  d'antres  mains  qu'en  celles  de  mon 
lieutenant;  à  quy,  moyennant  le  bon  plaisir  et  la  fevenr 
de  monsieur  mon  oncle,  pubqne  je  l'ay  pAimis,  je  tien- 
dray  aussi  ma  parole.  Soyez-y-donc,  Monsieur,  mon 
second,  je  vous  en  conjure,  et  croyez  fermement  que  je 


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1640.  Juin.]  —   248   — 

ne  me  laisseray  devancer  k  homme  du  monde  en  la  qua- 
lité que  je  porte  sans  &rd,  Monsieur, 

de  Tostre  bien  humble  servitenr, 

PBÉDEKIO-LOOYS  PBU4CB  PALATIN. 

De  Uontfort,  ce  84  juin  1640. 

LETTKiS   BCni. 

Le  Comte  Benri-Caàmir  à  la  Comtesse  douairùre  de  Nastau. 
NoHvdlet  de  V armée. 

Madame Je  tiens  pour  asseuré  que  ceste  sepmaine 

l'armée  partira.  M'  le  Prince  estant  résola  de  recommen- 
cer de  rechef  quelque  afaire  d'importance,  il  a  Iny-mesme 
recognu  qnelqnes  postes  de  l'ennemy  et  m'a  donné  com- 
mission d'en  fiiire  de  mesme,  mais  on  a  trouvé  toats  les 
lieux  si  bien  gamiz  en  ce  quartier  qu'il  n'y  a  grand  ap- 
parence d'y  réussir;  c'est  ponrquoy  Son  Altesse  est  résolu 
de  tanter  autre  pardt,  de  qnoy  je  ne  manqueray  d'aviser 
y.  Exe  si  tost  que  le  succès  ou  le  contraire  m'en  don- 
nera matière 

De  y.  Exe.  très-hnmble  et  très-obéissant 
fils  et  serviteur, 

H.   C.   DE  NASSAU. 

De  Maldeghem,  ce  '*/.  de  Jqîd  1640. 


LETTRE    DCTin. 

M.  de  Hemvliet  au  Prince  ^Orange.     Bonnes  mteniiotu  du 
Roi  ff  Angleterre. 

Monseigneur.  M'  de  yane  me  pria  que  mes  lettres 
poolvoyent  estre  mesnagés  et  que  jamiûs  yl  ne  ponlvoit 
estre  nommé  j  car  combien  que  tout  ce  qu'yl  faisoit 
estoit  pour  avancer  l'af^re  par  nn  zèle  qu'yl  portoit  à 
y.  À.   et  que  dans  sa  conscience  yl  estoit  anssy  asseuré 


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—   249   —  [1640.  Juin. 

que  ceste  alliance  eeroit  poar  le  bien  de  ceste  conronne 
et  de  noBtre  Estât,  toutefois  que  ses  ennemis  en  poor- 
royent  &ire  leur  profit  à  son  désavantage.  D  me  dit 
encor ,  qae  l'intention  de  leurs  Majestez  n'estoit  nullement 
pour  refroidir  la  bonne  intelligence  que  nostre  Estât 
avoit  '  le  Roy  de  France,  mais  au  contraire  la  fomenter 
et,  e'jl  poulvoit,  l'obliger  à  conjoinctement  nous  opposer 
contre  les  mauvais  desseins  de  tons  les  anltres.  Que  l'af- 
Mre  de  Denemarcq  desplaisoit  au  Koy  et  aussy  de  C6 
que  la  maison  d'Anstriobe  y  avoit  tant  de  crédit,  qu'yl 
estoit  estonné  où  l'ambassadeur  du  dit  Boy  de  Denemar- 
ques  demenroit  '  ;  que  M'  Boswel  repasseroit  en  peu  des 
jours  pour  accommoder  les  disputes  qui  restent  entre  les 
compagnies  des  Indes  d'Oost;  que  Y.  A.  ponrroit  par 
luy  estre  esclarcy  de  cest  affaire  et  de  l'accort  que  M'  Roo  ' 
avoit  faict  avec  le  dit  Roy.  —  Que  pour  l'affaire  de  l'Es- 
cosse,  yl  ne  doubtoit  ou  *  elle  seroït  encor  accommodé  (que 
je  n'en  dirois  mot  à  personne)  et  qu'allors  le  temps  seroit 
opportun  de  songer  k  nous  lier  plus  estroittement  pour 
prévenir  conjoinctement  à  pluBsienrs  mauvais  desseins  de 
nos  commun  ennemis ,  et  qu'yl  estoit  plus  que  temps. . . . 

tPattendray  une  finale  résolution,  bÎ  tel  est  le  bon  plai- 
sir de  y.  A.,  snr  tout,  car  je  croîs  avoir  toacbé  et  les 
articles  et  tont  ce  que  mon  Instruction  m'ordonne.  Je 
me  r^Ieray  selon  icelle  et  veux  espérer  qu'avec  peu  des 
disputes  et  difficultés  le  contract  pourra  estre  signé,  car 
V,  A.  me  pardonnera  si  je  luy  dis  n'avoir  quelque  fois 
que  trop  insisté 

Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  qu'yl  donne  tonte  pros- 
périté à  vos  désirs  et  k  vostre  personne. 

De  vostre  Altesse  ti;&s-bnmble,  très-obéyssant , 
et  très-fidèle  serviteur, 

HKINVLIET. 

De  Londres,  ce  38  juin  1640. 

■  Mee  amii.  '  Balçiàtmt  wur  de  gewnt  blcef.  *  Th.  Roa. 

•  BOpàtmt  hy  twyffllde  ntrt  of. 


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1640.  Jtillet.]  —  250  — 

LETTBB   »CIX. 

La  PrinceiM  d'Orange  »    1/.  de  Zuylichem.      Elle  déaire  àa 
nauoelUê  du  Prince. 


Monsieur.  Je  vous  prie  de  me  mestre  bientost  hor  de 
la  peine  où  vous  m'auviés'  mie*  touschant  la  santé  de  M. 
le  Prince,  qui  m'a  tousché  si  sensiblement  que  je  ne  pen 
estre  en  repos  ai  vous  ne  me  mandés  le  contraire,  et  je 
vous  prie  qu'il  puis'  estre  le  plus  promte*  qui  sera  possible 
et  le  plus  souvant;  je  confais*  qui  m'a  si  fort  surpriesce ' 
que  je  ne  le  seroîs  espriemer,  et  veux  esprer'  que  le  peu 
du  mail  qu'il  a  santie  se  schansera  '  it  une  grande  victoir, 
qui  luy  est  souhaité  de  tout  lé  persones  qui!  bonnoret* 
et  par  conseequens"  person  plus  que  moy,  qui  a  part  k 
tous  qu'il  arive  de  bien  ou  de  mail.  Avec  ceste  espé- 
ransce,  je  vous  asure  que  je  suis  véritablement, 

vostre  très-affectioné  k  vous  &ire  servisce, 

AHEUE   DE   BOUtS. 

Le  3  juillet  1610. 

"  LETTRE   DOX. 

M.    Hei^   à   M,   de  Sommeltdyek.     Le  Comte  de  Leteester 
est  bien  intentionné  pour  le  mariage  d Angleterre. 

Monsieur,  Sachant  vostre  affection  et  service  vouez  à 
5.  A.  d'Orange,  je  suis  obligé  de  vous  dire  en  confiance, 
jue  visitant  M''  le  conte  de  Licester,  il  m'a  par  deux  fois 
larlé  que  le  Roy  de  la  Grande-Bretagne  debvoit  donner  sa 
ille  îi  monsieur  le  Prince  Guillaume.  La  seconde  fois  je 
>rins   la   hardiesse   de   luy    dire  que  il  auroît  le  corrival 

>  arez.  *  min.  '  paiue.  *  prompt,  prumptcmeat,  '  oonfoM. 
'  aurpriac.  '  «apëiei.  *  cbanger».  *  qui  l'honorant.  '*  ooiuiqiiaaa». 
"  'èeriie  A  Farù. 


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d'Espagne.  Il  me  dict  qui  '  ne  croyoit  pas  que  cela  se  fist 
et  qu'il  aîmeroit  mieux  voir  ceste  alliance  de  S.  Â.,  la 
jugeant  utile  et  pour  l'Ëstat  d'Angleterre  et  le  nostre ,  et 
qu'il  avoit  ung  affection  tr^-particulière  pour  noatre  Estât 
et  pour  S.  A.,  qui'  s'y  employeroit  volontiers,  quand  il 
sçaaroit  faire  service.  Je  le  loua  en  sa  bonne  intention 
et,  ne  sachant  que  répondre,  je  âny  ce  propos,  sur  la 
difficulté  de  la  proposition  des  mariages  d'Espaigoe,  sans 
oublier  de  fleurer  '  la  matière,  pour  le  danger  pour  l'Estat 
d'Angleterre,  en  cas  d'aliance  d'Espaigne,  tant  par  rai- 
sons que  les  exemples  du  mariage  de  Maria  avec  Phi- 
lippe prince  d'Espagne.  Vous  suppliant,  Monsieur,  de 
ménager  cecy ,  selon  vostre  discrétion  ordinaire  et  silence 
nécessaire. 


I.BTTBB  BCXI. 

M.    d»    SommeUdyck  au  Prince  tTOrange,      H  a  dressé  une 
Instruction  pour  le  S'  de  HemvUet. 

Monseigneur!  Sur  la  sommation  de  monsieur  de  Znyle- 
com  d' avant-hier ,  je  n'ay  point  marchandé  à  rompre  ma 
promenade,  pour  tascher  de  servir  V.  A,  en  ce  lieu,  oii 
j'ay  confêré  avec  luy  du  subject  sur  lequel  il  estoit  venu; 
ensuitte  de  quoy  j'ay  ce  matin  dressé  le  traicté  et  la  non- 
vdle  instruction,  selon  vos  mémoires  et  au  plus  près  de 
celuy  qui  a  esté  formé  en  Angleterre.  Si  mon  labeur  a 
esté  assez  heureux  d'avoir  bien  touché  les  intentions  de 
V.  A.,  je  le  tiendray  trop  récompensé,  car  mon  ambition 
n'a  autre  but  que  de  réussir  en  toute  occasioa,  utile  à 
vostre  service,  mais  j'ay  la  volonté  meilleure  que  ny  la 
vigueur,  ny  la  suffisance;  tel  toutesfoîs  que  je  soy,  je 
ne  refniray  *  aucune  entremise,  qui  me  viendra  de  vostre 
commendement.  Sur  cette  protestation  je  snpplye  V.  A. 
'  qu'il.  *  d'elfleard'.  '  éviterai,  rafiucru. 


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IMO.  /nilW.]  —  252  — 

de  me  permettre  de  prier  Dieu,  Monseigneur,  pour  vostre 
santé  et  prospérité,  en  me  signant, 

de  rostre  Altesse  très-humble,  très-obéyssant, 
et  très-Bdèle  serviteur, 

PKANÇOira  b' 
De  la  Haye,  9  juillet  1640. 


liBITBB   DOXII. 

TjS   Comte    Gvillaume-Fréc/eric  à  la  Comte»Be  dotuùrière  de 
Nassau- Dietn.    Mort  du    Comte  Bertri- Casimir. 

*,*  Atteint,  pria  du  fort  St.-AnDC,  d'an  eoap  de  piatolet,  dam  one  nêUi 
da  KTlIcric,  le  Comte  HeDri-Cuimir  monriil,  hait  jonrt  iprèt,  U  18  jaOkt. 
de  M  blsMure;  „pvide  perle  Mrtci;  eu  c'eatoît  qd  jeone  faomine  plein  i» 
«mof  et  da  eonngc,  et  qui  avec  le  tempe  le  fut  gafri  d'au  pen  de  ha  qu'il 
aroit  et  l'eip^rieaee  Idj  eut  loqnÎB  plaa  de  condailU  et  de  jagemant.  Le  PrioM 
tcNDoigni  lamcoDp  de  r^ret  et  deapliiiii  en  m  perte."    Mémtnrit  i»  R,  S. 

Madame.  Un  heure  aprez  que  j'ay  escript  ma  der> 
nière,  y  est-il  survenu  le  plus  malheureux  changement 
du  monde,  car  monsienr  mon  frère,  de  qui  Dieu  venlle 
avoir  petié,  perdant  toutte  ses  forces,  a  randu  l'esprit, 
mourans  aussi  chrestiennement  que  personne  du  monde 
pouroit  faire,  ne  se  mettant  en  paine  pour  aulquensne' 
chose,. sinon  qu'il  n'avoit  veu  en  si  long  temps  Y.  £xc, 
leqnelle',  disoit-il,  ne  se  poura  si  bien  consoler  en  son 
afSiction,  ce  qu'espère  pourtant  que  le  Tont-puisant  pré- 
viendra par  le  Sainct-esprit,  assistant  et  secoorant  V, 
Exe.  en  ceste  affliction.  J'espère  qae  mes  souhiùcta  et 
priëres  seront  exausées,  comme  aussy  si  V.  Exe  a  eu 
d'affection  et  inclination  pour  monsieur  mon  frère,  que 
y.  Ëxc.  ne  le  niera  à  moy,  qui  suys  son  très-obéissant 
fils  et  serviteur,  ce  qu'espère  de  prouver,  quand  V.  Exe 
me  veuUe  honnorer  des  '  ses  commeudements ,  que  je  cher- 


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—  253  —  p6«.  JiOH. 

cheray  d'effectuer  de  toutteg  mes  forces ,  estant  et  demeu- 
rant tontte  ma  vie,  Madame, 

De  y.  E.  tr&s-Immble,  tràs-obéïssant  serviteur 
fils  et  valett, 

eUILLAOKB>FEiDRIC   DS  NASSAU. 

De  s.  Anna,  le  ■/„  jaiUet  164i0. 


Inttnction  au  Sieur  de  Heenvliet,  sur  le»    articUs  du  ma- 
riage  proposé»  au  nom  du  Sot  de  la  Grande-Bretagne. 


*,*  Cette  InitractioD  eat  nnt  Soate  le  fruit  du  Itbnr  ds  M.  de  Som- 
mclsdjck  (Tojei  Is  lettre  611),  Lea  pusigea  întemlji  ds  la  mu»  it  M.  de 
Znj'liebeni  Mot  marqua  ici  par  it»  guillemet*.  Ed  gjnfral  le  oontenu  d«  ar- 
ticle) eat  aafflaaolmaDt  iadiqof  p«ii  le*  obaarralioiu  qni 


Le  Sienr  de  Heenvliet  représentera  à  S.  M.  qu'ayant 
adressé  à  Monseigneur  le  Prince  d'Orange  les  arUcles  du 
mariage,  &  conclurre  entre  madame  la  Princesse  Elisa- 
beth et  le  jeune  Prince  d'Orange,  S.  A.,  qui  ne  désire 
rien  tant  que  la  perfection  de  cette  négotiation,  y  a  observé 
qne  la  célébration  y  est  remise  à  douze  ans,  et  le  con- 
tract  k  un  an  venant;  ce  qui  est  entièrement  contre  ses 
espérances,  pour  avoir  tonsjours  pensé  qne  le  traicté  s'en 
pourroît  achever  pri^sentement ,  et  le  transport  de  la  Prin- 
cesse en  ces  provinces  suivre  immédiatement  après,  au 
moins  encor  eu  l'antomme  de  la  présente  année,  pour 
y  estre  receae ,  eslevée  et  instruîtte  dès  son  eniance ,  selon 
sa  dignité,  afin  d'y  prendre  gonst,  et  de  commencer  de 
bonne  heure  à  s'y  faire  aymer  et  honnorer,  ainsi  que 
leurs  ÂJt  ont  le  désir  et  l'afièction. 

'  En  marge  dt  eetU  fiètt,  ierile  p<o-  M.  dt  Sommthdj/ek,  <m  lit  dt  ta 
mon  ât  M.  dt  ZufUtlUm:  R.  du  S.  de  SommeladTck  l  la  Hare  le  9 
de  joillet  1010.  —  Arretté  a*ee  la  cbangemeni  cy-joincta  par  5.  A.  ta 
camp  i  Cuflacrt,  le  IS  de  juillet  10».  —  Mpeaehj  an  camp  i  Caylaert, 
le  tS  de  juillet  lUO  par  ThooM 


,,GoogIc 


19*0.  JnîUBt.]  —   254   — 

Partant  sappliera  très-bamblement  S.  M.  de  vouloir 
passer  le  premier  article  selon  qne  S.  A.  l'a  reformé,  en 
lay  donnant  ce  contentement  d'abrégor  ses  espérances', 
par  l'achèvement  du  mariage  selon  les  ibrmes  nécessaires, 
qui,  en  attendant  l'aage  de  consommation,  luy  peuvent, 
par  le  transport  de  la  Princesse ,  donner  entière  assenrance 
de  son  accomplissement,  lequel  autrement,  par  la  consi- 
dération de  divers  accidens  oa  changement,  loy  seroit 
toosjours  douteux. 

Déclarera  aossy ,  S.  M.  venant  à  j  donner  son  consen- 
tement, que  S.  A.  mettra  ordre  que,  dès  aussy-tost  que 
le  contract  sera  passé  et  notifié  où  il  convient,  ainsi  que 
S.  M.  trouvera  bon ,  il  soit  envoyé  des  personnes  qualifiées 
et  plènement  authorisées  pour,  avec  sollemnité,  aller  re- 
cercber  leurs  Majestez  de  cette  alliance,  de  la  ratifier  et 
accomplir  en  touttes  ses  formes  par  voye  de  fiançailles 
ou  espousailles ,  et  ainsi  qu'il  sera  trouvé  pour  le  meillenr; 
arrester  aussy  par  mesme  moyen  le  temps  du  transport, 
auquel  son  A.  Royale  sera  receue,  traîctée,  et  bonorée 
selon  la  dignité  de  sa  naissance. 

Sy  d'ftvanture  il  se  propose  que  le  Prince  Guillaume 
devra  passer  la  mer  pour  voir  le  Boy  et  la  Princesse 
sa  maistresse,  il  tascbera  d'éviter  cette  obligation,  non 
que  ce  ne  soit  bien  son  désîr,  et  que  ce  voyage  luy  vien- 
droit  i,  beaucoup  d'honneur,  mais  à  cause  qu'estant  fili 
tmique  „et  destiné  successeur  aux  Oonvemements  de  ces 
Provinces,"  il  est  apparent  que  messieurs  les  Estatz  seroieot 
très  difBciles  de  le  laisser  sorter  hors  de  leur  pays,  qnoy 
que  pour  un  sy  bon  et  utile  subject,  „outre  qn'en  consi- 
dération du  bas  aage  des  parties,  ceste  formalité  ne  sem- 
ble pas  estre  si  essentielle  qu'elle  le  seroit  à  7  ou  8  ans 
d'icy."  Tontesfois ,  s'il  en  est  trop  pressé,  il  en  advertira  S- 
A.  et  cependant  fera  ce  qu'il  pourra  pour  l'excuser  ou  le 
remettre  à  quelque  autre  occasion  ;  „iDaiB  enfin ,  plostost  que 
de  rompre  là-dessus,  il  pourra  condescendre  à  ceste  instance." 

■  DiDi  l'irt.  1  il  r  ■!  „le  nuiîage  Mre  Tùct  m  ADgktem,  iiMintiiml 
tprèi  la  ugnilare  do  tnôlj." 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


■  255  ■ 


[IMO.  JoaM. 


SoD  A.  approuve  le  second  article,  mus,  comme  il 
dépend  dn  premier,  le  dit  sîear  de  Heenviiet  insistera 
toQsjoars  que  le  transport  et  la  conduitte  s'arreste  et  ac- 
corde pour  les  mois  d'octobre  ou  novembre  prochain. 

Se  contente  pareillement  du  dot,  et  des  termes  dans 
lesquels  il  devra  estre  payé,  poarveu  qne,  par  la  célé- 
bration da  mariage,  on  entende  la  signature  et  publica- 
tion du  contract,  ^comme  il  est  porté  par  ledit  premier 
article  reformé,"  car  la  consommation  réelle  ne  s'en  pent 
fiùre  de  7  on  8  ans;  mais  bien  la  solemnisation  des  fian- 
çailles ou  espousailles  par  procureur ,  incontinent  après  la 
conclusion ,  poarveu  qne  sa  Majesté  et  son  Â.  j  donnent 
leur  consentim«it  et  approbation ,  à  qnoy  ledit  sieur  de 
Heenviiet  doibt  principalement  butter  sa  conduitte. 

Représentera,  comme  de  soj-mesmes,  et  sans  mesler 
S.  Â.,  que  le  dot  n'estant  que  de  40  mil  livres  sterlins, 
il  semble  qu'un  douaire  de  6  mille  livres  pourroit  suffire, 
et  verra,  s'il  s'y  pourra  avancer  quelque  chose;  sinon,  il 
ne  s'aheurtera  point  là-dessus  et  passera  à  accorder  les 
dix  mil  livres  qu'on  demande.  Quant  à  ce  qui  se  pro- 
pose d'envoyer  devant  le  mariage  des  commissaires  pour 
recevoir  les  terres  k  affecter  au  douaire  de  Madame  la 
Princesse,  et  ainsi  asseurer  mieux  le  payement  annuel, 
ledit  sieur  de  Heenviiet  fera  entendre  qu'il  n'en  sera 
point  de  besoin,  et  que  S.  A.,  traiotant  de  bonne  foy  et 
Toullant  aymer  et  bien  traicter  l'espouse  de  son  filz  uni- 
que, avec  grand  resentiment  de  l'honneur  qui  Iny  vient 
de  cette  alliance,  est  délibéré  de  donner  sy  bon  ordre  à 
Texécution  de  tout  ce  qui  sera  traicté ,  et  particulièrement 
au  payement  du  dit  douaire,  par  l'affectation  des  terres, 
qu'il  n'y  aura  point  subject  d'en  douter,  et  pour  ce  fera 
son  mieux  de  faire  cesser  le  dit  envoy,  comme  superflu, 
en  faisant  passer  l'article  selon  qu'i  est  redressé  par  S.  A. 

Sur  le  5"  article,  dira  que  Madame  la  Princesse,  passée 
eo  ces  quartiers,  n'aura  &ute  de  rien  en  la  maison  de 
S.  A,,  mais  qu'estant  encor  en  une  sy  tendre  jeunesse, 
que    de    quelques    années  elle  ne  sçauroit  avec  jugement 


,,Googlc 


IMO.  JniM.]  —  256  — 

fùre  la  distribation  de  telle  somme  ' ,  S.  A.  estime  que 
S.  M.  troDvera  raisonnable  de  remettre  l'efiTect  et  l'exé- 
cution de  cet  article  à  quand  la  dite  Dame  sera  parreniie 
à  l'aage  de  douze  ou  treize  ans,  lorsque  cette  somme  Iny 
sera  payée  annuellement  aux  fins  que  dessus;  et  à  cette 
occasion  essayera  le  dit  sieur  de  Heenvliet  de  tirer 
auBsy  une  expresse  déclaration  de  S.  M.  de  lui  touIIùf 
départir  les  mesmes  favears  et  bénéfices  dont  a  toii!(joim 
jouy  et  jouyt  encor  présentement  la  Koyne  de  Bohême, 
par  sa  libéralité,  en  pierreries  et  en  argent,  pour  ia 
menuZ' plaisirs. 

Au  sixième,  le  sieur  de  Heenvliet  alléguera  que  la 
Princesse  en  ce  bas  aage  semble  n'avoir  encor  besoin  de 
tant  de  monde  pour  son  train,  et  fera  son  possible  pour 
le  restraindre  à  un  petit  nombre,  et  seulement  à  des  pei^ 
sonnes  nécessaires  à  son  service;  touchera  toutesfois  fort 
modestement  cette  chorde ,  et  en  l'accordant  plustost  qu'en 
le  disputant,  pourra  noter  leur  inutilité,  ayant  la  Princesse 
à  apprendre  la  langue  dn  pays  avec  la  frauçoyse,  qui  Iny 
seront  très-nécessaires,  et  de  qnoy  elle  seroit  &cUement 
divertie  par  la  conversation  trop  ordinaire  de  ceux  de 
sa  maison  et  nation  *. 

Le  T  article  ^touchant  l'exercice  de  la  religion"  est  de 
plus  grande  considération  que  tous  les  anltres,  car  il 
parle  d'obliger  S.  A.  à  l'introduction  des  cérémonies  de 
l'Eglise  d'Angleterre  en  sa  Cour,  ce  qu'il  ne  sçauroit 
faire  sans  une  grande  altération  dans  l'Estat,  et  sans  le 
déservice  de  sa  maison  et  de  sa  réputation,  rien  n'estant 
sy  dangereux  ny  délicat  que  le  changement,  mesmes  le 
plus  léger  et  quasi  indifTérent,  en  chose  concernant  lei 
consciences;  maïs  puisque  les  Églises  d'Angleterre  profes- 
sent  et  confessent  une  mesme  foy  et  vérité  avec  celles  de 
cet   Estât,  et  que  tes   cérémonies  ne  sont  nécesswes  et 

'  .iQuinxc  c«Da  livre*  sUrlÎDg)  toag  les  (na,  poar  BEa  habiti,  meau- 
pbiâin  «t  cboM>  icmbUblea ,  ootre  In  luibillemBiii  et  gigot  de  m*  «S- 
eten  st  domettiqaea."    Art.  B. 

■  „LeB  domcatiqaeB  Angloia  wront  en  petit  nombre,  et  uolement  des  ftx- 
MDtie)  dont  le  lenice  ert  nfcesaaile,  Kttoida  U  busene  de  un  Mge." 


,,.CooglL- 


—  257  —  [IMO.  JaUlei. 

ne  font  aucune  partye  de  la  doctrine ,  qn'an  contraire  leur 
introduction,  après  nne  sj  longue  réformation  et  retran- 
chement, donneroit  occasion  de  scandaliser  les  consdeuces 
de  plusieurs,  qni  les  quali&eroyent  comme  voye  rame- 
nant vers  la  Papaaté,  le  sieur  de  Heenvliet  „remonstrera 
premiàrement  que,  messieurs  les  Estats  estants  seuls  sou- 
verains de  ces  provinces,  il  n'est  au  pouvoir  de  qui  que 
ce  soit  d'y  introduire  d'autres  formes  en  ce  qui  est  de 
l'exercice  de  la  Keligion,  que  celles  qni  présentement  y 
sont  establies  et  exercées  publiquement;  en  second  lieu 
représentera  qu'ayant  ma  dite  dame  à  se  rendre,  comme 
elle  sera,  chère  et  agréable  à  ces  peuples,  en  considéra- 
tion principalement  de  l'uniformité  de  la  Religion,  la 
moindre  mention  de  formes  et  cérémonies  estrangères  se- 
roit  capable  an  contraire  de  leur  rendre  et  sa  personne 
moine  agréable  et  l'alliance  odieuse,  et  en  suitte"  requéra 
trèa-humblement  sa  Majesté  qu'autant  qu'elle  désire  „le 
bien  et  la  bonne  volonté  de  ces  peuples  vers  ma  dite 
dame  sa  fille  et"  le  contentement  de  Son  A.  en  l'achève- 
ment et  conclusion  du  présent  traicté,  elle  vueille  avoir 
aggréable  que  ledit  T^'  article  en  soit  effacé,  comme  seul 
capable  de  renverser  toutte  l'alliance,  en  obligeant  S.  A. 
à  nne  chose  impossible;  bien  est-elle  d'accord  que  ma 
dite  dame  la  Princesse  soit  assistée  d'nn  ministre  „ou 
chapelain"  anglois ,  à  &ire  le  soir  et  le  matin  les  prières 
devant  S.  A.  R.,  pouvant,  pour  le  repos  et  tranquillité  de 
son  àme  et  pour  gaigner  entièrement  l'amour  de  ce  peu- 
ple, imiter  la  dévotion  et  le  jugement  de  la  Royne  de 
Bohême,  très-désirense  de  son  saint,  qui,  tenant  pour 
choses  indifférentes  celles  qui  ne  sont  expressément  or- 
données on  défendues  de  Dieu  eu  sou  Église,  se  tient  à 
la  réformation  de  celle  de  ces  pays,  plustost  qu'à  voalloir 
troubler  son  repos  ou  celui  d'nn  peuple  par  la  nouveau- 
té; et,  sy  ce  point  ne  se  peut  obtenir,  le  sieur  de  Heen- 
vliet fera  entendre  en  tout  respect  k  S.  M.  que  S.  A. 
sera  très-marrye  de  ne  pouvoir  attaindre  à  l'honneur  de 
l'alliance  qu'on  Iny  avoit  faict  espérer  par  ce  traicté, 
III.  17 


,,Googlc 


IMO.  Jaillel.]  —   258    — 

puis  qu'on  l'attache  it  uoe  condition  non  fùsable,  nj  im- 
pétrable  de  l'Ëstat,  oy  de  l'uDioa  des  Églises;  et,  s'il 
voit  S.  M.  persister,  saos  apparence  de  desmordre  pour 
aucune  persuasion  nj  intercession,  il  tiendra  cet  article 
en  souffrance,  pour  en  informer  S.  A.  et  recevoir  là-des- 
sus ses  dernières  intentions,  décousant  son  ultérieure  né- 
gotiation  par  délay,  plustost  que  de  la  rompre  sur  la 
[précuite]  des  conditions. 

Les  8  et  9"'  articles  se  peuvent  accorder,  combien  qu'il 
semble  qu'au  premier  il  y  ait  quelque  raison ,  pour  laquelle 
le  dot  entier  devroit  demeurer  &ax  enfants,  néanmoins, 
sy  on  le  difficulté ,  S.  Â.  n'est  pas  d'advis  qu'on  vienne 
en  contention  pour  cela,  mais  le  sieur  de  Heenvliet  le 
pourra  glisser,  en  s'&ccommodant  au  Boy. 

Au  dixième  il  est  stipulé  que  les  enfens  de  ce  mariage 
ne  seront  mariez  que  de  l'advis  et  consentement  du  Roy; 
le  sieur  de  Heenvliet  se  gardera  de  passer  la  nécessité  du 
conseniemml,  au  lieu  duquel  effacé  il  sera  trouvé  bon  que 
le  mot  de  connoistance  soit  surrogné,  n'estant  raisonnable 
que  la  puissance  des  pères  sur  leurs  enfana  soit  relrancbée 
et  assnbjettîe  ailleurs,  où  ils  ne  sont  tenus  de  foy  ny 
d'hommage;  coulera,  s'il  peut,  ce  changement  sans  bruict, 
mais  où  l'on  prétcndroit  de  conditionner  cette  servitude, 
il  fera  tout  doucement  connoistre  qu'il  n'y  a  aucune  raison 
de  le  demander,  mais  bien  qu'on  se  peut  pron'  asseurer 
qu'en  pareilles  occasions  rien  ne  sera  précipité  ny  avancé 
au  désavantage  des  intérestz  et  du  contentement  de  S.  M. 

Tous  les  autres  articles  sont  advouez  et  passez  sans 
grand  ny  important  changement,  ainsi  que  le  sieur  de 
Heenvliet  pourra  voir  par  la  copie  du  traicté,  lequel  il 
taschera  de  faire  approuver  et  accepter  à  S.  M.  Et,  pour 
conclusion,  fera  instances  que  le  jour  de  l'agréation,  et 
de  la  notification  &  faire  &  messieurs  les  Estats,  à  la 
Royne  de  Bohême,  et  au  Roy  Très-Chrestien  soit  par 
S.  M.  arresté  et  prins  le  pins  court  que  faire  se  pourra, 
afin  d'accélérer  la  recerche  et  l'exécution  du  traicté  selon 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  zay  —  [1640.  Juillet. 

la  forme  convenable,  poar,  selon  les  di^sirs  de  leurs  A.  A-, 
&ire  passer  la  mer  à  madame  la  Princesse  devant  l'bjver , 
et  donner  k  temps  les  ordres  nécessaires  pour  la  récep- 
tion. Ensuite  le  sïeor  de  Heenvliet  advertira  diligem- 
ment et  particulièrement  S.  Â.  de  son  progrès  et  de  touttes 
ses  rencontres  et  considérations,  asseurant  de  nouveau  le 
sienr  Vane  que  leurs  A.  A.  mesaageront  tousjours  ses  bons 
offices,  avec  ferme  résolution  de  les  reconnoîstre  au  con- 
tentement de  luy  et  des  siens;  tachera  aussy  par  son 
entremise  de  conserver  les  bonnes  intentions  de  la  Royne 
à  ùâie  valloir  ses  bonnes  affections  au  succès  de  cette 
action,  dont  l'honneur  et  le  gré  sera  deu  à  S.  M.,  pour 
la  prospérité  de  laquelle  S.  A.  employera  sans  condition 
ses  [voenz]  et  ses  services. 


liBTTBE  DCXIII. 

Iti.  de  SommeUdyek  au  Prince  <f  Orange.     Nouvdles. 

Monseigneurl  Ma  lettre  sera  courte  et  qu'à  deux  fins; 
la  première  pour  Eure  voir  k  V.  A.  le  billet  '  qae  je  receus 
hier  aoir  du  sieur  Hentft  de  Paris,  et  pouvez  croire  que 
ce  propos  vient  de  M.  le  député  d'Irlande,  par  le  moyen 
de  madame  de  Carlisle,  qu'il  gouverne,  et  laquelle  est  la 
propre  seur  et  unique  correspondente  de  madame  la  com- 
tesse de  Leycestre,  ambassadrice  d'Angleterre  en  France. 
De  là  y.  A.  pensera  combien  il  importe  de  haster  la  né- 
gotiation.  —  L'autre  pour  advertir  Y.  A.  que  les  Liégeois 
ont  faict  leur  paix  avec  le  Prince,  à  condition  de  trois 
miUions  de  livres.  Haetzvelt  et  de  Waal  se  sont  jà  ren- 
dus à  Couloigne,  pour  en  prendre  ce  qui  leur  fera  be- 
soin à  refaire  leurs  trouppes,  qui  doivent  prendre  leur 
quartier  au  pays  de  Juilliers;  V.  A.  jugera,  mieux  que 
nul  autre,  sy  c'est  entretenir  une  vraye  neutralité  et  du 
remède  qu'il  conviendra  y  donner.  J'ay  faict,  sy  par  ma 

'  U  lettre  6J0. 


,,Cooglc 


IWO.  Juillet.]  —   260   — 

conclasion,  je  prie  Dieu  pour  vostre  santé  et  prospérité, 
car  je  huÏb,  Monseïgaenr, 

de  V.  A.  très-humble,   ttès-obéyssant,  et 
très-fidMe  serviteur , 

FlUNÇOTS  D'aBBSSKK. 

De  la  Hâve,  ce  14  de  juillet  1640. 


LETTRE  DCXIT. 

M.  de  Willhem  à  M.  de  Zuyliehem.  H  détire  que  le  Prùtce 
(TOrange  succède  dant  le  iladhoudérai  de  Frise  et  de  Gro- 
ningue  au  Comte  Henri-Caeimir. 

*,■  CclU  letln  et  qaelqoM  Ictlna  luiïuita  deM.de  Willhem,  sBtroDTtnl 
dii»  li  bibliotbèqae  de  l'And^mie  it  ijâAt,  ptrml  la  MSS.  de  Hd;pm 
{Efâttobie  Utiralonm ,  T.  V.).  —  Selon  Baglt,  Diiid  le-Len  de  Willhem  (I58S— 
I0&8)  mérite,  ptr  md  fradilion  et  ms  lalenta,  d'itre  compU  pirmi  tes bomoM 
yiuatrea  du  17'  dkle.  lus  d'une  trèe-noble  hmille  et  n^  à  H»mbamg,  il  fit 
>ee  élodee  i  Leide  et  à  SinmiiT,  Toyagei  de  IBIT  i  161B,  es  Orient;  demeon 
quelque)  inDési  k  Amiteidim,  et  fut,  depoii  1631,  eoueiller  dn  Prince  d'O- 
nnge.  Il  iTolt  éponaé  Conitince  Hajgeni,  aoear  de  Hr  de  Zajlicbeni ,  qei 
•ToH  bnacoBp  de  lecture  et  Aoit  trb-eeticn^  ds  DeKutea. 

Monsieur  mon  frère.  Je  voas  escris  ces  trois  mots  à 
la  haste,  pour  vous  dire  que  je  sois  adverti  et  acertené 
que  le  conte  Henri  a  escrit  une  lettre  à  messieurs  les 
Ëstats  de  Frise ,  par  laquelle  il  leur  recommande  son  frère 
le  conte  Gnillanme,  en  cas  que  Dieu  le  retirast  hors  du 
monde.  J'estime  qu'il  aura  ftàt  escrire  de  mesme  &  mes- 
sieurs de  Groninge,  Ommelanden  et  Drenthe.  Il  me  fait 
bien  mal  au  coeur  d'entendre  le  cas  désespéré  du  dit 
conte,  et  d'estre  contraint  de  vous  entretenir  sur  ces  mau- 
vaises nouvelles  qui  le  disent  desj^  mort:  mais  je  pense 
que  je  feroia  l'acte  d'un  nonchalant  et  infidelle  serviteur 
de  nostre  maistre,  si  je  ne  vous  advertissois  point  de  ce 
que  j'estime  tant  luy  importer  et  voua  confesse  que  je 
serois  très-aise  do  sçavoîr  l'intention  de  nostre  maistre  en 
cette  occurrence;  or  ne  sçais-je  rien  de  sa  volonté.  Mais 
je  suppose  que  S.  A.  aurait  raieon  tft/  tùnger,  attendu  qi^iî 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—   261    —  [1640.  Jnilttt. 

y  a  une  réêolation  du  ElaU-Généraula-,  par  laquelle  on  a 
promu  tfunir  ce  gouvernement  aux  auUrea,  et  U  conférer  à 
ceete  branche;  je  tay  aulresfoi»  pour  contenter  ma  curùmU 
copié,  maii  n'ay  à  cetl  heure  loisir  de  la  chercher;  tant-y-a 
qne  tontes  les  raisons  d'Estat  et  l'intérest  particulier  de 
S.  A.  requiert  qae  ce  gonvernement  et  ceate  milice  ne 
demeure  plus  séparez  comme  ils  sont  présentement ,  et  sur 
tout  en  cette  branche,  si  ce  n'est  que  S.  A.  trouve  bon 
de  contracter  quelque  plus  estroite  alliance  avec  le  chef 
d'icelle.  Et  quand  mesme  on  visast  à  cela ,  seroit^il 
inconvénient  qu'il  récent  tout  heur  et  honneur  sons  la 
conduite  de  S-  A.  F  que  messeigneurs  les  Estais  des  Pro- 
vinces-Unies s'acquitent  de  leur  promesse,  voire  de  leur 
donation,  et  qu'ils  laissent  la  disposition  libre  à  S.  A. 
Cest  maintenant  le  vraj  temps  de  gaigner  le  gouverne- 
ment de  ces  provinces  avec  bonne  façon  et  ranger  leur 
milice  détachée,  pour  en  pouvoir  disposer  aux  occasions, 
et  jouir  k  son  sise  et  contentement,  puisque  Dieu ,  le  droict, 
fordre  et  l'union  de  ces  Provinces  appellent  S.  A.  k  la 
succession  de  ces  gouvernemens  et  de  ces  charges.  Si  S.  A. 
y  veut  prétendre ,  elle  aura  incontinent  les  villes  de  Frise 
k  sa  dévotion  et  la  Cour,  lesquelles  seront  bien  uses  de 
recenillir  les  faveurs  de  S.  A. ,  pour  gaigner  un  ou  denx 
points  de  leur  libertés  nsarpées  par  le  comte  Henri.  Il 
n'avoït  pas  seulement  osté  à  la  Cour  l'authorité  qu'elle 
avoit  en  l'élection  des  magistrats  es  villes  communicati- 
vement  avec  luy,  mais  anssy  aux  villes  la  disposition  des 
charges.  Les  villes  souloient  conférer  les  offices  van  ge- 
committeerde  raeden  en  van  d'adroiraliteyten  à  tels  qu'il 
leur  platsoitj  c'est  ce  qu'il  leur  a  osté  et  mis  le  pied  de- 
vant en  toutes  [ces]  choses,  de  sorte  que  les  villes  et  la 
Cour  seront  bien  aises  d'espérer  de  regaigner  leur  préro- 
gatives et  libertés-  S.  A.  a  aussi  la  bonne  commodité  de 
les  catéchiser  par  les  ministres  d'église,  comme  Us  ont 
fait  autant  le  fils  qne  le  père,  et  leur  faire  proposer  de- 
vant les  yeux  en  quelle  Jàçon  sous  sa  conduite  les  villes 
et    la    cour    de   la   province  de  Geldres  et  Zatphen  sont 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


1041  JuiUrt.]  —   262   — 

mainteaaes  en  leur  privilèges  et  fonctions  des  charges; 
les  autres  trois  membres  Oostergoo,  Westergoo  et  Seven- 
wolden  seront  facilement  gaignéa,  quand  on  entrera  en 
conventions  et  négociations  avec  les  grietmans.  Avec  la 
cave  de  S.  A.  on  les  mettra  en  cage,  si  on  vetit;  qa'on 
les  parfîime  de  tabac  et  de  l'eau  béniste  de  la  cour,  ils 
feront  l'amonr  à  S-  A.  et  courront  à  l'envie  ponr  estre 
enchaînez;  en  la  province  de  Groninge  et  de  Drendw 
l'aâaire  seroit  encores  plus  facile,  mtds  le  temps  me  ne 
permet  pas  de  vons  le  &ire  toucher  à  la  main. . .  M.  van 
Dorp  '  devoit  aller  avec  M.  Verbolt  à  Wïllemstadt,  Niei^ 
vaert  etc.,  ponr  vendre  là  les  dismes  de  S.  Â.;  mais  S.  A. 
madame  la  princesse  a  commandé  que  M.  van  Dorp  aille 
avec  elle,  et  luy  en  est  fort  aise;  mais  il  ne  giùgnert 
rien  par  ce  moyen  pour  s'accréditer  contre  ses  ennemis, 
comme  il  &it  dessein ,  car  il  est  tout  à  fait  imprudent  et 
peu  clairvoyant  en  ses  affaires.  Vons  voyez  que  je  vous 
escris  fort  librement;  si  vous  trouvez  mon  project  pen 
utile  et  hors  de  saison ,  je  vous  prie  de  deschirer  ma  let- 
tre, et  ce  sera  à  vostre  discrétion  et  vertu  de  me  dire 
qne  je  ne  m'engage  plus  en  tels  ou  semblables  discours, 
et  de  recognoistre  qne  je  voas  escris  ces  choses  de  bonne 
affection  envers  vous,  pour  l'intérest  de  nostre  maistre,  hors 
de  toute  attente  de  recevoir  aucun  bien  de  luy  pour  ce 
subject;  je  désire  pour  un  heur  singulier  d'estre  par  là 
particulièrement  connu  de  vous.  Cependant  je  vous  bai- 
sera* humblement  les  mains,  et  vous  prieray  de  me  conti- 
nuer  l'hooneur  de  vos  bonnes  grâces,  puisque  je  suis. 
Monsieur  mon  iirère, 

Vostre  serviteur  et  frère  bien  humble 
et  trës-afièctionné , 

n.  DE   WIU.HEH. 

De  la  Hsye,  ce  14  de  juillet  1640. 

Par  lettres  de  11  on  mande  d'avoir  découvert  une  en- 

treprinse   sur   Wesel,  formée  par  un  nommé  [Haes,]  qui 

'  Appttrtmauat   Philippe  »n   Doq),  d-dcTuit  lice-amiral  da  Hollude  et 


D,g,t7cdb/GOOglC 


—   Zfad   —  [1640.  Jnaiet. 

a  lay  mesme  déclaré  le  tout  an  gouverneur,  eenieu  de  com- 
passion envers  la  bourgeoisie  laquelle  estoît  destinée  ^  la 
boucherie  par  ordre  du  cardinal-infante;  on  luy  avoit  pro- 
mis 4  m.  rijcxdalers  et  la  meilleure  maison  de  Wesel; 
la  cavallerie  du  colonnel  Waal,  ou  une  partie  d'icelle, 
j  devoit  assister  et  fortifier  le  parti  dn  Boy  Je  suis  très- 
aise  que  madame  la  Lantgrave  a  rompu  avec  l'Empereur; 
j'espère  que  ce  sera  tout  de  bon.  J'espère  qne  l'un  et 
l'antre  resveîllera  l'esprit  de  S.  A.  pour  songer  à  nostre 
senreté  en  ces  quartiers-là,  et  que  madame  la  princesse 
va  à  Bueren,  cela  nous  confirme  l'opinion  que  S.  A.  pour- 
voit bien  vers  ce  quartier  là  pour  leur  tailler  là  de  la  be- 
sogne et  les  empêcher  d'entreprendre  sur  nos  frontières. 
Les  volontés  sont  plus  à  considérer  que  les  puissances, 
d'autant  que  les  puissances  sont  régies  par  les  volontés. 


LETTKG   DCXV. 

ElizaheA  Reine  de  Bohème  à  la  Comtetse-doufàrière  de  Nai- 
âou-DieU.     Elle  partage  êa  douleur. 

*,*   Eliiibsth  (1598— 1  BAS) ,  filla  âa  Rot  d'ADglelure  Jaeqan  I  «t  van», 
dipnù  1838,  ât  l'Élntcor  PiIbUd,  babitoit  1*  Har». 

Madame  ma  chère  Cousine.  Je  ne  vous  ay  jamais  es- 
critte  qu'à  cest  beur  à  regret,  et  suis  si  triste  qne  je  ne 
BÇay  par  où  commencer,  pour  vous  dire  mon  affliction 
que  j'ay  pour  la  perte  de  vostre  cher  fils,  le  conte  Henry. 
Car  certes,  ma  chère  Cousine,  il  n'y  a  personne  qui  le 
[pleine']  plus  que  moy;  mon  affliction  est  double,  tant  pour 
sa  mort  que  j'ay  aimé  comme  un  frère,  et  pour  vous  à 
qui  ceste  perte  est  si  sensible.  Je  ne  suis  assés  sage  pour 
vous  consoler,  mais  je  prie  à  Dieu  de  le  faire;  cela  vous 
doit  anssy  consoler  qu'il  est  pleint  généralement  de  tout 
le  monde,  tant  au  pays  qu'à  l'armée.  Je  sçay  bien  que  je 
vous  devois  envoyer  un  gentilhomme  exprès  avec  ceste 
'  plaigna,  icgrclta,  à  moitit  qu'il  at/eitlg  lire  pleoM. 


,,  Google 


16«.  Juillet.]  —   264   — 

lettre,  mais  vous  savez  la  dificulté  qu'il  y  a  de  passer, 
et  principallement  poar  mes  gens,  que  les  Impérialistes 
prenderoit  pour  bonne  prise.  Je  vous  prie  donc  de  me 
pardonner  ceste  faute,  que  je  &it'  bien  contre  mon  gré. 
Comme  j'avois  recen  vos  deux  lettres  l'un  du  "la  de  rnav 
et  l'autre  du  **/u  de  juin  k  fort  peu  l'une  de  l'autre, 
j'avois  envoyé  mon  esqoier  '  pour  voire  rostre  cher  fils 
qui  estoit  déjà  blessé,  et  je  ne  vous  ay  voullne  escrire 
jusqnes  à  son  retour,  espérant  de  vona  pouvoir  mander  de 
bonnes  nouvelles  de  sa  guérison,  mais,  hélas!  mon  mal- 
heur ne  l'a  vonllue.  Je  prie  à  Dieu  de  conserver  cellny 
qui  vous  reste,  lequel  est  fort  estimé  et  aimé  de  tout  le 
monde,  et  j'espère  que  vous  en  aurez  tant  de  contente- 
ment que  cela  vous  consolera  un  peu  de  la  perte  de 
l'aisnéj  anasy  je  vous  supplie,  ma  chère  Oonsine,  ne  vous 
laisez  trop  aller  à  l'affliction,  de  peur  que  cela  faae  du 
mal  à  vostre  santé,  et,  pour  l'amonr  de  moy,  conservez- 
vous,  pour  ne  point  tue  donner  trop  de  tristesse  k  la  fois; 
car  certes  je  [la]  snis  extrêmement;  car,  après  vostre  cher 
frère',  ay  aimé  vostre  fils  le  plus  de  tous  mes  cousins, 
et  vons-mesme  plus  que  tout  cela;  ce  que  je  vous  prie 
de  croire,  car  il  n'y  a  personne  plus  parfaittement  qne 
moy,  mon  très-cher  coeur, 

vostre   très -affection  née    cousine  à  vous 

BLIZABETB. 

De  la  Haye,  ce  "V,  de  jaliet 


LETTRE   DCXn. 

M.  de   Will/iem  à  M.  de  ZuyUchem.     Moyens  de  faire  âm 
U  Prince  d'Orange  Stadhouder  de  Frise  et  de  Groningut. 

Monsieur  mon  frère.    Je  viens  tout  à  l'heure  de  rece- 
voir la  vostre  du  16,  à  laquelle  je  ne  puis  respondre  pré- 
■  tm.        *  ^yer.        ■  Vr^rie-Ulricb  Udc  de  Urunswick  (IGBl-ieSi). 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   265   —  [1540.  JqUW. 

sentement  comme  je  désireroia,  k  canse  qu'il  nous  convient 
incontinent  vendre  les  dismes  de  S.  À-,  comme  le  porteur 
de  la  présente  vous  ponrra  dire  et  asseurer  en  quelle 
presse  il  nous  a  tronré.  Mus  laissons  à  part  ces  Cf'ré- 
monîes  qnî  ne  servent,  et  entretenons-nous  de  ce  qui  im- 
porte an  service  de  S.  Â.  H  me  semble  qu'il  seroit  à 
propos  que  S.  A.  envoyast  qnelq'un  dans  les  Provinces, 
pour  leur  donner  secrètement  Fasseurance  de  ses  faveurs, 
en  cas  qu'on  le  choisist  pour  gouverneur  des  provinces 
P.  '  et  G.  ',  ou  qn'il  leur  donne  cette  assearance  par  quelque 
aSdé  qu'il  pourroit  avoir  es  dites  provinces.  Mfds  j'en 
donbte  fort  si  S.  Â.  y  a  quelque  servitteur  affidé,  car  il 
est  question  de  gaigner  premièrement  les  villes,  ce  qui  se 
peut  aisément  par  les  moyens  que  je  vous  ay  allégués  en 
ma  dernière;  puis  après  on  gaignera  aisément  les  trois  autres 
membres  de  F.*  Mon  advis  seroit  que  S.  A.  devroit  faire 
prendre  quelque  résolution  sur  la  concession  et  donation 
des  Ëstats  de  Hollande  et  WeBtfrise  par  acte  daté  le  17 
mars  1609,  laquelle  est  de  cette  teneur  de  mot  ii  mot. 
„Accorderen  mede  dat,  omme  de  Vereenichde  Neder- 
landen  te  beter  in  goede  unie,  eenîcheyt  en  ordre  te  con- 
serveren,  syn  excellentie  sal  worden  gedefereert  het  gou- 
vernement en  capiteinscbap  generaal  van  aile  de  Ver- 
eenichde Nederlanden,  onder  behoorlyke  commissie  ende 
instrnctie,  die  met  kennine  van  de  H.  H.  Staten  der 
respective  provincien  tôt  dienst  der  landen  darop  sullen 
worden  gemaeckt,  sonder  verminderinge  van  de  jegenwoor- 
dige  commissie  en  de  autoriteyt  van  welgedachten  H,  graef 
Willem  over  Vrieslant,  Groeningen,  Omlande  en  Drenthe." 
ffaee  $unt  formalia.  Ceux  de  Drenthe  prétendent  qu'ils 
doibvent  avoir  session  en  l'assemblée  des  Estats  en  vertu 
de  l'Union  d'Utrecht.  Ils  ont  voulu  prendre  S.  A.  pour 
gouverneur,  afin  de  faciliter  l'effect  de  leurs  prétentions; 
qu'on  employé  en  cette  occasion  quelque  babil  homme, 
comme  le  drossard  van  Echten,  pour  induire  quelques 
grane  dans  l'Estat  ou  dans  la  province  de  Gronîngue, 
'  TriM  *  Graniiigu.  *  Frix. 


,,  Google 


IMO.  Joilkt.]  —  zbb  — 

afin  qu'ils  élisent  S.  A.  commvnibti»  votùi  et  êuffragii».  Ceux 
de  Groningue  ont  des  procès  contre  ceux  de  Omlanden, 
ils  ont  aussi  besoing  d'une  authorité  puissante  pour  mun- 
tenïr  leurs  prétendus  droicts  et  privilèges  et  seront  bien 
aises  d'y  estre  attirés  par  les  espérances  des  faveurs  de 
S.  A.  Il  faut  que  les  uns  gaignent  les  autres  pour  leur 
propre  intérest.  Je  vous  marque  ceci,  ^  cause  que  ^ay 
entendu  que  ceux  de  F.'  G,  et  Drenthe  etc.  ont  prios  une 
résolution,  par  forme  d'accord  et  convention,  de  prendre 
un  mesme  gouverneur.  Par  ainsi  il  est  question  de  gaigner 
les  uns  et  les  antres.  De  ceux  de  Drenthe  il  ue  &at 
nullement  doubler  qu'ils  ne  seront  très-aises  de  obliger 
S.  A.  en  cette  occasion  sur  l'espérance  de  ses  feveurs;  ât, 
si  on  les  caresse  tant  soit  peu,  je  dis  on  on  deux  qui 
gouvernent  tout ,  comme  le  seigneur  van  Ëcliten ,  et 
l'autre  dont  j'ay  oublié  le  nom,  qui  est  parent  de  mon- 
sieur Harsolte,  j'estime  qu'ils  pourront  sous  main  faire 
quelque  bon  office  pour  gaigner  quelqu'un  des  principaux 
des  autres  provinces,  mais  il  faut  qu'on  les  dispose  à  cela, 
sans  y  engager  en  aucune  sorte  la  cognoîssance  ou  le  dou 


es  eu  ces  quartiers, 
ission  de  S.  A.  veis 
ieurKnuyt,  ou  quel- 


de  S.  A.  Pour  exemple,  si  vous  estî 
comme  faisant  un  voyage  par  commi 
madame  la  Lantgrave,  ou  bien  monsi 
qu'un  autre  serviteur  affidé  de  S.  A.,  qui  soit  dans  qnelqu< 
considération  et  crédit,  et  qu'il  asseuroit,  par  forme  de 
discours  de  son  propre  mouvement,  qu'à  son  advis  on  deb- 
vroit  se  servir  de  cette  occasion  pour  unir  plus  estroic- 
tement  les  gouvememens  et  la  milice  de  ces  quartiers 
avec  les  autres  provinces,  qu'on  représente  la  légèreté  et 
le  peu  de  sens  et  d'expérience  du  conte  Guillaume,  quelles 
faveurs  chaque  province  peut  tirer  de  S,  A.  en  leur  par- 
ticulier et  privé,  j'estimerois  qu'on  les  escouteroit  fort  vo- 
lontiers et  qu'on  les  gaigoeroit  facilement  Je  n'ay  loisir 
à  ceste  heure  d'y  songer,  mais  il  me  semble  que  cest 
affaire  est  fort  faisable,  et  qu'eux-mesmes  ne  se  laisseront 
pas  tirer  l'oreille  beaucoup,  si  l'af^re  est  manié  par  des 
'  Fri«t. 


,,  Google 


—    267    —  [16*0.  Juillet. 

gens  qui  ont  quelque  dextérité  et  crédit.  Je  Touldroïs 
qu'on  Sst  faire  quelque  interprétation  sur  la  résolation 
susmentionnée  àa  l'an  1609,  pour  ne  laisser  la  milice 
destachée,  comme  elle  est  Vous  voyez  que  le  conte  défunct 
a  incontinent  disposé  des  chairs  vacantes  de  la  milice,  donné 
une  compagnie  à  an  sien  précepteur,  lequel  je  na  cognois 
point,  mais,  s'il  n'est  bien  usé  en  la  gnerre,  on  pourroit 
bien  alléguer  et  remonstrer  les  inconvéniens  ;  je  veux  croire 
que  ceux  de  Frise  l'ont  poussé  à  disposer  des  charges 
vacantes,  mais  si  comiter  obiervare  viduUset  nodniin  prin' 
cipem,  debuitset  êuperteJere.  Or  j'estime  que  le  conte  Guil- 
laume n'osera  entreprendre  de  briguer  ouvertement  le  gon- 
vemement  sans  l'advis  de  S,  A.;  qu'il  se  contente  qu'il 
soit  lieutenant  de  S.  A.  et  qu'il  tire  les  émolumens,  cela 
ne  su£Bra-il  point?  L'absence  d'un  gouverneur  en  chef 
n'est  pas  inutile  quelque  fois  aux  provinces  et  leur  venue 
apporte  pas  touajours  tout  le  contentement  N'y  auroit-îl 
pas  moyen  de  gaigner  le  conte  Guillaume  mesme  d'accepter 
volontiers  ce  parti  et  l'engager  par  une  convention  ensorte 
qu'il  ne  puisse  accepter  le  gouvernement  etc.?  Vous  y 
songerez,  car  certes  je  n'ay  loisir  maintenant  et  vous 
escris  ceci  avec  un  sens  un  peu  troublé ,  &  cause  du  tabac 
de  ces  gens,  qui  doîbvent  partir. 

Vostre  obéissant  serviteur 

D.    DE  WILIUBM. 

16  Julg,  Leerdani, 

LBTt>BE  BCXTII. 

Lt  mSpié  au  même.     Même  tujeL 

Monsieur  mon  iirère.  Je  vous  ay  escrit  devant  midi 
entre  11  et  12;  je  voQS  escris  celle-ci  par  M'  Dîmmer, 
le  rentmeester  d'Isselstein ,  pour  vous  dire  que  j'estime  que 
monsieur  Harsolte  pourroit  bien  faire  quelque  béneFBce  en 
ces  provinces  de  F.,  G.  et  D.,  feignant  de  retoamer  à  la 
Haye   après  avoir  veu  la  constitution  van  syne  [MoerenJ 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


IfMiO.   Juillet.] 


■  268  - 


ésqaelles  on  voas  a  vottla  engager  et  moy  et  tout,  et  il 
est  expédient  de  bien  ménager  cette  occasion ,  laquelle  est 
belle  pour  S.  A.  ;  car  il  est  à  craindre  que  ces  deux  mai- 
sons se  chocqueront  un  jour  grandement.  Nous  sçavoiu 
qu'elle  -  est  assez  appuyée  d'elle-mesme  par  les  estroictes 
alliances  d'Angleterre  et  de  Denneroarc('),  et  avons  h  crtùn- 
dre  la  perverse  et  dépravée  aâection  des  Frisons  et  voi- 
sins,  si  ou  ne  les  détourne.  Le  conte  Guillaume  se  peut 
encores  appuyer  davantage  per  matrimomum,  targitiona, 
spet  alque  poUidtationee.  II  est  question  de  l'en  empêcher, 
et,  pour  cest  eâêct,  seroit  bien  nécessaire  de  trouver  qnel* 
que  expédient  de  l'engager  par  qnelq'  oflre,  afin  qu'il  ne 
peut'  accepter  la  charge  du  défîinct,  et  j'estime  qu'il  n'o- 
seroit  répugner  à  la  bienveuillance  de  S.  Â. ,  qui  lui  pooT' 
roit  offrir  les  émolumens  <Uq^*e  dignilatU  imaginem ,  le  dé- 
clarant son  lientenant  et  l'attirant  par  autre  cordelle 
d'alliance  et  de  coartoisie,  dont  S.  Â.  se  peut  prévaloir  li 
l'occasion  selon  sa  pmdhommie.  Au  reste  il  sera  plus 
que  nécessaire  de  se  servir  de  M'  Harsolte  ou  de  quel- 
que affidé  en  ces  provinces  et,  si  S.  A.  n'en  a  point,  il 
faut  y  envoyer  quelqu'un  qui  face  l'office,  comme  en  pas- 
sant, sans  monstrer  qu'il  y  aye  dessein,  ordre  ou  comman- 
dement. En  Frise  on  peut  gaigner  le  parti  d'Alva'  par 
la  faction  de  l'autre  et  vice  vertâ.  On  pourra  fort  bien 
dénoter  les  inconvéniens  des  milices  séparées.  Un  Hsx- 
solte  qui  est  entendu  an  militair,  sçaura  fort  bien  déduire 
les  maux  passez  et  ceux  qui  sont  à  craindre  à  l'advenir 
par  la  proximité  des  troupes  impériales  en  la  Westphalie, 
et  la  mauvaise  intelligence  avec  le  Roy  de  Dennemarc*, 
qui  est  un  affaire,  à  mon  jugement,  de  tr^grande  con- 
séquence, et  leqnel  on  néglige  ou  mesprise  trop.  Il  ed 
le  pins  redoutable  ennemi  que  ce  pays  aye  à  craindre 
après  le  Roy  d'Espaigne,  mais  on  ne  l'a  pas  estimé  tel 
Née  nobi»  minimo  ea  penuatio  cotiatità.    Sona  aimul  nottra 

(I)  La  mtee  de   U   Comteste  ia  NMtaa-Disti  Aoil  Kieai  da  Roi  do  Duh- 
mtrsk  «1  de  I»  Rdns  d'AngIcterra  min  ds  Chulea  I. 

'  pat.  '  AylïB.  •  Chritien  IV  (1S88— 1648). 


U,g,t7cdb/COOgIC 


—  269   —  [1640.  Juillet 

oe  mata  ûfnoratnua, ...  En  Frise  s'il  ne  se  pourra  obtenir 
directe  ce  qu'on  désire,  an  non  posait  mutari  velificatio  et 
oHquid  obtineri  per  étudia  reliquarum  provinciarum  Principi 
obnoinarum,  per  honorem  atgue  unionem  imperUf  per  vint 
ùtque  poteaiatem  imperHf  Considérez  les  révolutions  à  crain- 
dre en  cas  de  mort  qoî  pourroit  arriver  à  S.  A.  Sî  le 
conte  GKiillaume  succédast  qu'il  pourroit  asurper  sur  te 
jeune  Prince  durant  sa  minorité  et  susciter  d'autres  trou- 
bles aux  occasions  par  la  substitution  dans  la  Principauté 
d'Orange.  J'espère  que  Dieu  conservera  S.  A.  et  le  jeune 
Prince  longues  années,  mais  il  n'y  a  pas  chose  qui  im- 
porte plus  h  S.  A.  que  de  surmonter  les  difficultés  de 
ceste  succession  à  la  charge  du  défunt,  pour  le  bien  de 
sa  maison  et  l'utilité  des  autres  provinces.  Je  prie  l'Éter- 
nel qall  face  réussir  le  dessein  de  S.  A.  et  désirerois 
fort  qu'on  s'y  employast  à  bon  escient  par  un  concert 
Rea  erit /adtii  Principi,  ai  nomm,  amicoe,  mini»tros,fideUa, 
paatorei ,  et  ubi  virea  suas  reapexerit .... 

Tous  in  ritum  veteretn, 

n.   DB  WILLHBM. 

18  Jaly  1640  Leerdami. 

LBTTBB    •CXVIll. 

La  Princeatê  d'Orange  à  la  ComUate-doiiair&re  de  Naaeau- 
Dieti:.     Compliment  de  condoléance. 

*.■    Vofn  U  Icttm  au. 

Madame.  Je  suis  extrêmement  mary  qu'en  '  si  moven  ' 
sujet  me  &it  avoir  l'honneur  de  vous  monstrer  le  résen- 
tiement  que  je  prens  h  tous  '  qui  vous  touscbe  et  par  ce 
qu'il  a  pieu  à  Dieu  de  vous  ester  monsieur  vostre  fils  hor 
de  ceste  monde,  je  creny  *  estre  obligée  de  tonte  sorte  de 
fasçon  de  vous  paroistre  la  part  que  je  prens  à  un  si  grande 
perte  que  vous  aviës  fait;  elle  ne  peut  estre  seule  à  vous, 
mats    à   tous   ceux  qail  l'ont  honnorée,  selon  se  *  mérites 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


16*0.  JuilW.]  —   270  — 

et  bonne  calités.  Je  tous  prie  donc,  Madame,  de  proo- 
dre  de  boune  part  le  résentiement  que  je  prens  de  yostre 
juste  deulje',  m'assarant  que  vostre  grande  constansce  sur^ 
mondera'  cest  malheur,  avec  on  grand  couraache,  vous 
assurant  qu'il  est  mort  en  sa  Tocasction'  et  avec  répetatc- 
don';  c'est  le  scbemin  que  nous  devons  aller  tertout*.  Je 
confaies  '  qu'il  est  dure  à  une  mère  de  perter  '  un  file  de 
si  grande  espérance,  mais  contre  la  volonté  de  Dieu  y 
n'est  rien  à  dire,  et  moy  je  le  priera'  de  vous  donner  la 
consolasction  qui  tous  est  néscesre*,  et  m'asnre  que  voui 
voua  remestés  tout  à  sa  volonté,  qui  est  tous  qui  nous 
necesre'  et  [jentieule]  je  vous  souplîe'".  Madame,  decroyre 
que  vous  n'avés  person  qui  tous  bonnor*  esgall  de  moy, 
et  me  soubait  l'occasion  de  tous  pouvoir  monstrer,  par  les 
esfait",  combien  que  je  suis  Téritablement,  Madame, 

vostre  trèg-bumble  servante, 

AMELIE  D'OBANOX. 

à  Bolduc,  le  19  de  juillet 


LBTTRB   BCXEX. 

Le  Prince  cCOrange  à  la  même.     Même  sujeL 

Madame.  C'est  avec  un  extrem'  regret  que  je  suis 
obligé  de  vous  faire  ces  lignes,  pour  vous  tesmoigner 
l'extrêm'  déplaisir  que  je  resens  de  la  perte  que  vous 
avés  faitte  de  feu  monsieur  vostre  fils.  Je  Tay  aimé  et 
estimé  très-particulièrement,  et  avois  espéré  que  cest  Estât 
en  eust  peu  tirer  de  bons  services,  mais  puisqu'il  a  plea 
à  Dieu  en  disposer  de  la  façon,  ce  vous  doit  estr'  nne 
grande  consolation  qae  sa  fin  a  esté  généreus';  c'est  pour* 
quoy.  Madame,  vous  devés  montrer  cest  courage  à  suporter 
ceste  afliction,  et  tous  remettre  entièrement  à  la  volonté 
de  Dieu ,  lequel  je  prie  voua  doner  autant  d'alégement  à 
vostre  douleur  que  je  voua  en  soubaitte,  et  à  moy  le 
'  danil.  *  lannontcrs.  *  Tocatioii.  *  rfpatalioii.  '  toai.  '  confiHM- 
'  perdre.      '  prierai.      '  nJecsMire.      '*  lapplie.      "  etTeta. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


■  271  ■ 


[1640.  Juillet. 


moien  de  tous  tesmoigoer  pas  mes  services  combien  je 
vous  honore.  Je  vous  supplie  de  m'oDorer  de  vos  co- 
mendements  et  de  vous  assurer  qu'en  toutes  les  occasions 
où  il  voua  plaira  de  m'enploier,  vous  trouverez  que  je 
suis  véritablement,  Madame, 

vostre  très-homMe  serviteur, 
7b6diuohbnrv  de  nasbao. 
'  du  camp  à  tfoock,  le  36  juillet  1640. 
A  Madame  la  Coutetse  de  Nassau 
Duchesse  de  Brunstricl^ 

liCTTBE  mCXX. 

M.  de    Willhem  à  M.  de  Zui/lickem.     Il  iniitte  na-  le  tujet 
de  la  UUre  616. 

Monsieur  mon  frère.  Nous  sommes  retournez  ici  en 
santé  et  avons  trouvez  tons  nos  parens  et  amis  de  mesme, 
gràces  à  Dieu.  Attendant  vostre  responce  aux  miennes 
du  18)  je  n'ay  oublié  de  communiquer  de  mon  chef  l'af- 
faire dont  est  question  avec  un  mien  ami  de  Frise,  et 
]uy  &ire  entendre  de  quelle  importance  seroit  à  la  Frise 
la  faveur  de  S.  A.  en  toutes  leurs  foc^ons,  désordres  es 
finances,  et  particulièrement  en  l'attente  du  rebais  de  la 
cottîsation,  qu'ils  ont  tousjours  tant  désiré,  et  en  tous 
autres  différens  qu'ils  ont  avec  les  cïncq  autres  provinces, 
et  avec  leurs  voisins  plus  spécialement  J'ay  exaggéré 
les  maux  et  inconvénlens  qu'ils  doîbvent  appréhender, 
choisissant  pour  gouverneur  en  chef  un  jeune  seigneur 
volage  et  peu  expérimenté,  et  négligeant  l'occasion  d'es- 
lire  S.  A.,  en  la  personne  duquel  contestent  la  valeur  et 
Is  prudence.  H  avoue  mon  dire  et  me  fait  ouverture 
qu'il  y  a  moyen  de  gagner  les  villes  de  cette  façon;  qu'il 
a  à  sa  dévotion  Tobias  Tecneius ,  Rippertus  Sixti  '  et  autres 
ministres,  qui  ont  le  plus  de  pouvoir  ^  captiver  les  bon- 
nes grâces  des  bonnes  gens  dans  les  villes,  parmi  ceux 
'  Dioùtn*  da  l'figlùc  Beforinje  à  LceDwiidcD. 


,,  Google 


JMO.  JuîlUt.]  —  272  — 

dn  magistrat  et  ce  qai  eu  dépend.  Mais,  ponr  ne  tenir 
le  loup  par  les  oreilles,  il  propose  qu'il  effectuera  que  la 
ville  de  Harlingen  s'addressera  k  messieurs  les  Estats- 
Généraulx,  ponr  avoir  octroy  d'eux  de  pouvoir  faire  et 
créer  leur  magistrat,  comme  font  les  villes  de  Leeuwai" 
den  et  Franickor,  die  baar  raetsbestelliuge  selfs  doen,  nyt 
cr&chte  van  't  octroj  van  liaere  Ho.  Mo.;  que  cette  ville 
s'engagera  à  S.  À.  sur  l'occasion  de  cest  octroy ,  que  les 
autres  villes  suivront,  lesquelles  on  pourra  traiter  comme 
on  vouldra  par  dilatoires,  et  obtenir  soudain  leurs  sufin^ 
ges  pour  S.  Â.  La  cour  sera  aisément  gaigné  par  le 
moyen  que  je  vous  ay  proposé,  bien 'que  quelques  nns 
des  conseillers,  comme  M"  Andréa  et  Viersen,  monatrent 
de  vouloir  faire  pour  le  conte  Guillaume,  avec  lequel  ils 
prétendent  pent-estre  d'entrer  plus  facilement  en  conven- 
tions et  négotiations  à  la  mode  de  Frise.  Ces  deux-U 
partirent  hier  de  bon  matin,  lorsque  je  pensoi  me  don- 
ner l'honneur  de  les  aller  voir  chez  monsieur  de  Haye. 
Je  luy  respons  sur  cette  difficulté  que,  si  la  cour  traïtte 
avec  le  conte  Guillaume,  qu'ils  pourront  estre  affinez, 
comme  ils  l'ont  esté  dn  temps  du  déftmct,  et  qu'il  se- 
banderoit  aux  occasions  de  regaigner  ce  qu'il  pourroit 
lascber  présentement,  et  qu'alors  il  seroit  trop  tard  de 
a'addresser  ailleurs.  Je  luy  propose  l'exemple  de  la  pro- 
vince de  Gueidres  etc.,  et  la  spéciale  bonté  et  bénignité 
de  S.  A.  en  l'endroit  de  ladite  cour  de  Gueldre  et  Z.  ' 
et  presse  particulièrement  que  S.  A.  sera  bien  aise  de 
déférer  quelque  autborité  à  la  cour  de  Frise,  afin  que 
son  lieutenant  en  son  absence  n'usurpe  trop  de  pouvoir 
en  la  province,  ains  se  contente  de  l'honnenr,  et  qu^ 
S.  A.  demeure  via  ac  potettat  imperii.  Par  ce  qu'il  m'es- 
crit,  je  vois  que  Ceux  qui  sont  là  en  considération  envers 
leur  parti  sont  messieurs  Ailva,  Eysinga,  Burmauia, 
Koorda,  Hottinga,  notamment  Rienck  Burmania,  Hobbe 
Ailva  et  Douwe  Hottinga.  H  me  mande  que  le  secré- 
taire Sohnius  estoit  arrivé  là  en  grande  diligence,  et  qu'il 
'  Zatpben. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  273  —  ^  [IMO.  Jiiliet. 

brignoit  fort  poar  le  conte  Gniilaame,  qa'icela^'conte  estoït 
aussi  arrivé,  qu'il  me  rendra  adverti  de  ce  ((u'ils  entre- 
prendront, dès  qu'il  en  pourra  faire  quelque  jugement; 
il  s'oblige  de  gaigner  les  nobles  susnommés,  au  moins 
la  pins  grand  part,  comme  sçachant  tous  leur  intrigue, 
n  me  marque  particulièrement  que  tons  les  députés  de 
Frise,  qnï  sont  hors  de  la  province,  tant  ici  à  la  Haye 
qu'en  l'armée,  n'ont  point  de  crédit  en  Frise.  Je  sçay 
de  bonne  part  que  messieurs  de  Bockborst  *  et  Enuyt  ont 
parlé  ici  avec  quelques  dépotés  de  F.  et  6.;  je  m'apper- 
çois  à  peu  près  de  la  responce  qu'ils  ont  eue  sur  leur 
propos  et  discours,  mais,  ik  mon  ad  vis,  S.  Â.  feroit  bien 
de  se  servir  de  qaelqa'un  dans  la  province  mesme  ad 
introêpiciendas  et  âirigmdix»  procefum  voluntaUt.  M.  Keth 
à  Harlingen  est  fort  babil  homme,  et  propre  pour  agir 
en  la  dite  ville  pour  S.  Â.  et  ailleurs,  si  on  veut,  es 
petites  villes.  Mon  amj  aussi  désire  s'y  employer  avec 
affection  extrême,  et  il  y-a  grande  apparence,  me  dit-il, 
qu'on  défère  le  gouvernement  de  Frise  à  S.  A.,  pourven 
qu'il  mette  pour  son  lieutenant  le  conte  Guillaume.  Comme 
je  luy  avois  dénoté  le  peu  d'heur  de  ceux  de  cette  maison , 
particulièrement  en  la  personne  du  père  et  du  frère,  et 
qu'il  y  auroit  à  craindre  de  mesme  pour  ce  jeune  sei- 
gneur, il  me  dit  d'avoir  entendu  là  des  principaux  offi- 
ciers, que  ni  le  père  ni  le  fils  défhnct  avoient  eu  le  sens 
rassis  pour  prendre  conseil  an  destroict  et  en  l'angoisse, 
quod  non  potaerinl  capere  comilium  in  arenâ;  qui  est  certes 
un  grand  dé&nlt  en  une  personne  de  commandement.  —  Je 
pensois  de  poursuivre  ce  discours ,  mais  me  voici  abenrté 
par  voBtre  lettre  du  23  que  je  viens  de  recevoir,  par  la- 
quelle vous  me  dites  que  dores  avant'  il  suffira  que  soyons 
spectateurs.  Non  ti  iidare  d'Frisoni.  Je  ne  veux  al- 
léguer ici  mon  expérience  pour  ce  subject,  ayant  demeuré 
et  estudié  quelques  années  en  Frise;  les  histoires  nous 
fournissent  beaucoup  des  exemples  de  leur  peu  de  loyauté. 

'  Nicolu  na  an  Bonckhont,  SsignsuT  ds  Noordiryk,  dJpalJiDi  Etati- 
Oéatmax  (1&8T  t  lf>*l)-  *  dor^iitTuit. 

m.  18 


,,  Google 


19*0.  Jpilhi.]  —  374  — 

Si  ceux  de  la  prorince  monstrent  qaelqne  avenion  con- 
tre S.  A. ,  ou  qa'on  remarque  des  tergiversations  des  prin- 
cipaux par  préoccupation,  appréhension  de  trop  grande 
puissance  de  S.  A.  etc.,  cela  affirmera  la  condition  in 
conte  Guillaume  et  l'aathorisera  mesmes  grandement  en  son 
parti  et  dessein.  Pourtant  je  conclude'  qa'il  &ut  qu'il  j 
ait  quelqu'un  qui  agisse  accortement  * ,  homme  de  pratti- 
ques ,  hrignes  et  menées ,  telle  que  j'estime  estre  mon  amy , 
qui  veille  à  tout,  se  fourre  dans  les  maisons,  conseils, 
collèges  et  cabinets,  pour  profiter  les*  occasions  et  apporta 
le  meilleur  conseil  et  remède  que  le  temps  lui  permettra 
à  la  confusion  qai  s'y  trouvera.  Car  il  £uit  que  roos 
sçachez  qu'il  est  tout  certain  que  plusieurs  iâ  de  nos  plus 
grands  politiques,  auxquels  S.  A.  peut-estre  ne  se  fie 
que  trop,  seront  marris  de  ce  que  ces  gouvememena  de 
F.  et  G.  ne  demeurent  à  part,  satis  estre  joincts  aux  aul- 
tres  des  5  provinces  en  la  personne  de  S.  A. ,  et  par 
conséquent  à  son  fils  le  jeune  prince,  afin  que  S.  A.  soit 
moins  redouté  et  aye  moins  d'authorité  es  provinces.  Qvi 
Rea  ett,  regem,  Maxime,  non  habeal;  c'est  leiu  maxime, 
laquelle  S.  A.  sçaura  mieux  ^attiquer  en  son  endroit, 
à  mesure  que  les  affaires  s'y  adonneront.  Je  ne  veux 
estreindre  cest  af^re  davantage  et  n'ay  garde  de  propo- 
ser qu'on  doive,  comme  par  une  pressée  iastanCe,  faire 
poarsuitte  sur  l'interprétation  de  la  résolution  d'Hc^asde, 
puisque  S.  A.  ne  désire  qu'on  touche  cette  chorde,  biea 
qu'à  mon  advîs  S.  A.  feroit  très-bien  de  suivre  et  presMT 
les  mesmes  maximes  de  feu  le  prince  son  père  de  glori- 
euse mémoire  et  de  son  frère  défiinct  le  prince  Mauriccu 
Cestni-ci  n'a  point  eu  l'occasion  si  propice,  mais  on  con- 
noit  assez  sa  visée  et  ce  que  l'union  et  la  bien  de  ces 
provinces  requiert;  il  suffit  d'avoir  fait  sentir  en  avoir 
envie.  Je  vous  envoyé  celle-ci  par  »m  messager  exprès, 
afin  que  vous  me  commandiez  si  je  dois  surseoir  la  cor> 
respondance  de  Frise  tout  i,  fut.    Je  jure  et  proteste  de- 

'  codoIdb.  *  iTec  awTliw  (Amiliarilé  pldeau). 

■  mettre  i  pnGt  le*. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


275 


[lUO.  ■ 


vsnt  Dieu  qae  j'&y  un  grand  regret  de  ne  pooToir  mes- 
nager  cette  occasion  tant  belle,  sans  engager  es  ancane 
&çon  son  authorité  et  son  nom,  et  de  considérer  qn'il 
faille  qae  S.  A.  passe  par  les  mains  des  gens  ifoorum 
tmpêeta  mihi  est  fideê.  Je  sols  trop  bien  avisé  pour 
mettre  jamais  en  considération  l'offi^  de  mes  services; 
mab  c'est  ponr  vous  monstrer  combien  à  tort  S.  A.  se 
sert  des  gens  qui  lai  sont  peu  affidez,  là  où  il  a  moyen 
d'estre  bien  servi  des  personnes  de  la  province,  mesme 
par  l'intelligence  et  dînction  de  ceux  de  son  conseil ,  s'il 
vent  Je  vous  prie  que  j'aye  sondain  responce  dessus 
ces  poincts  de  ma  lettre  par  ce  portetir.  Le  prince  Guil- 
laume a  establi  ces  lieutenans  en  F.  '  le  conte  de  Renne- 
berg,  M'  de  Mérode,  et  le  conte  GoillauBie ',  chef  de 
cette  maison ,  b'«  pas  tsnn  à  boute  de  se  veoir  dans  tel 
emploi  en  la  [nrovince  de  Frise,  lorsqu'elle  n'estoit  pas 
considérable  comme  k  cest  heure,  et,  à  ce  que  je  m'ap- 
per^,  il  semble  que  ce  serok  peu  loisible  ou  bonnorable 
de  procéder  en  la  forme  que  deggna.  Si  cette  occasion 
eecbappe  à  S.  A.,  il  la  regrettera  et  toute  sa  postérité 
et  peut-estre  nos  descendans  aussi.  Dites  moy  librement, 
je  vous  supplie,  vostre  opinion;  elle  me  sera  comme  une 
loy  à  tons  jamais,  et  je  ne  vous  importunenù  plus  sur 
ce  subject  Tenez  moi  tonsjoun  au  reste  pour.  Monsieur 
mon  fHre, 

vostre  •arriteur  bien  humble  et  trfes-aflvctàonité , 


De  U  H^,  ce  as  4e  juillet  1640. 

Si  S.  A.  se  tient  assenré  de  son  bastoa,  qnod  tctipii 
mqtra  hie  [tn/vMum]  tato,  ego  quatidu  itUit  gravibue  absqut 
itUâ  mittiatte  fatigor  or.cufiationiitu ,  et  on  peut  bientost  dé- 
servir  un  priooe.  Quand  je  me  souvien  ^e  ma  dlsgr&ce, 
je  renonce  à  toutes  choses  bon  de  ma  pro^Msion ,  et  m'oc- 
cupe volontiers  eu  choses  beauOMip  mdndres,  où  il  n'y 
a  point  de  daagw  d'encourir  la  mauvaise  giÂce  du  prince 
'  Prîw.  *  a.  Uui*. 

18» 


,,Googlc 


IMO.  JuiUrt.]  —  276  — 

et  recevoir  pro  themuro  carbonée. ....  Les  afiaires  vont 
mal  en  Allemagne  pour  les  Suédois  à  ce  qu'on  me  mande; 
toutesfois  les  lettres  de  Bilderbec  ne  chantent  que  la  vielle 
chanson,  si  les  affaires  des  François  sont  deatoornés  en 
Italie.  Gram  a  gli  Tudesd  et  Dieu  veuille  que  nous  ne 
benvions  la  lie  du  calice  de  son  ire.  Charta  me  damt. 
Voie  a  me  amare  perge. 


LETTHE  BCXXI. 

Le  même  au  même.     Même  mjH. 

Monsieur  mon  khre.  Par  ma  dernière  Je  vous  marquay 
que  ceux  de  Harlingen  pourroient  facilement  estre  induits 
à  demander  la  faveur  de  la  recommandation  de  la  part 
de  S,  A.  pour  obtenir  l'octroy  ou  privilège  de  messeigneurs 
les  Estats-Généranx  pour  establir  la  magistrature  et  police 
dans  leur  ville  à  l'instar  des  villes  de  Leeuwardeo  et  de 
Franeker,  et  que  moyennant  ce  ils  donneroint  leur  voix 
k  S.  A.  et  les  autres  viUes  aussi,  lesquelles  toutes  cher- 
chent de  regaigner  ce  qu'on  leur  a  usurpé.  Crede  mihi, 
magnum  momentum  ett  in  urbibua;  mais  puisque  S.  A.  a 
d'autres  moyens  plus  puissans  pour  gaigner  les  villes  et 
les  grands  es  quartiers,  je  ne  feray  plus  travailler  pour 
cest  affaire.  H  suffit  que  j'ay  monstre  mon  affecdon,  et 
vous  me  permettrez  que  je  vous  dis  encores  ceci,  que 
S.  A.  fera  bien  de  ne  se  fier  trop  au  dire  de  ces  députez 
de  F.'  et  G.';  ils  n'ont  pas  le  pouvoir  qu'ils  font  acroire. 
Je  me  suis  pené  '  de  chercher  dans  mes  papiers  la  réso- 
lution de  M"  les  Estats-Généraulx  pour  l'union  des  goo- 
vememens  et  de  la  milice,  mais  ne  t'ay  aceu  trouver; 
si  je  ne  me  trompe,  elle  est  telle  qu'elle  n'a  besoing  d'au- 
cune interprétation  et  foit  entièrement  pour  S.  A.  Ce 
m'est  assez  que  S-  A.  s.oit  servi  comme  il  l'entend  mieux 
estre  expédient  et  nécessaire,  et  qu'elle  sçache  que  les 
■  FrJM.  1  GiomagM.  •  donné  da  li  peine. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  277  —  [IMO.  Jnillrt. 

paires    agissent    par    divers   ressorts    et  ont  lears  saincts 

aa  conseil ,  lesquels  il  faut  empescher  de  faire  miracle 

Ponr    concInsioD  je  prie  Dieu  qu'il  prospère  les  desseins 
de  S.  Â.  et  vous  doint  '  longue  vie.     Monsieur, 

voEtre  serviteur  bien  humble  et  très-affèctionné 

D. 

Ce  U  de  juillet  16iO,  à  la  Haye. 


LETTBE    BCXXn. 

Le  même  au  même.    Même  n^eL 

Monsieur.  Aajoardliui  messeigneurs  les  Ëstats-Géné- 
raulx  se  sont  assemblés  apr^  le  presche  jusques  à  un 
henre  aprës-midi,  et  a-on  délibéré  d'escrire  ime  lettre 
aux  provinces  de  F.  et  G*,  en  faveur  de  S.  A-,  pour  les 
induire  à  luj  déférer  le  gouvernement  M.  Veltriel  '  ayant 
reconnu  l'intention  de  tous  les  autres  dépotez  des  pro- 
vinces ,  quoiqu'il  eut  paravant  '  poassi5  la  résolution  qu'on 
devoit  escrire  comme  dessus,  a  osé  quasi  protester  pois 
après  à  l'encontre,  disant  qu'il  ne  ponvoit,  als  volmach- 
tigei  consenteren  ïn  sulck  schrijven  oft  versocbt  dat  hem 
geliefden  t'excuseren  van  wegen  sijne  provincie.  Mon- 
sieor  Walta  n'y  estoit  pas.  M.  Loo  n'a  osé  luy  contre- 
dire. M.  Alting  de  Groningue  s'est  aussi  dé6é  de  se 
déclarer.  Or  sçay-je  jeudi  qui  vient,  le  landtdacb  com- 
mence en  Frise  et  M.  Veltriel  y  est  appelle ,  comme  vol- 
macbtige,  auquel  M.  Sobnius  a  escrit  une  lettre  en  Ittveur 
do  c.  Guillaume.  Je  m'apperçois  qu'on  veuille  accélérer  cest 
affaire,  pour  rompre  le  dessein  de  S.  A.,  à  raison  de 
quoi  j'ay  estimé  ne  pouvoir  de  moins  faire  que  de  vous 
en  advertir  par  homme  exprès,  et  me  suis  servi  de  ce 
porteur  pour  n'avoir  sceu  trouver  aucun  messager.  Je 
me  doubte  que  S.  A.  se  repose  sur  l'attfinte  de  l'offre 
qu'on  luy  fera.  Or  suîs-je  adverti  qu'il  y  a  &  craindre 
qu'en  la  F.  les  affaires  se  réduiront  it  tel  poinct  que  S.  A. 
*  doDDs.    *  Ju  Veltdriet,  li-dcnot  baurgucmaltiB  it  Dokknni.    •  ta|imTknt, 


,,Googlc 


1040.  Atii-i 


■  278  ■ 


ne  remportera  aucun  contentamant  de  ce  dessein,  ù  oe 
n'est  qu'on  y  travaille  poissaounent  et  avec  dextérité  et 
qu'on  pourvoie  aux  difEcultés  à  nùstre.  Messieurs  1m 
autres  députés  de  F.  qui  sont  ici  ne  sçavent  rien  de  « 
landtdacb ,  et  je  crain  que  la  négligence  de  cenx  auxquels 
S.  A.  se  repose  luy  fera  perdre  cette  belle  occasion,  et, 
quand  le  mal  sera  arrivé,  nous  voudrions  avoir  donné  je 
ne  sçay  quoi  pour  le  réparer.  Dieu  par  sa  gHLce  veuille 
le  bénir  te  dessein  de  S.  A.,  maïs  il  est  question  qu'on 
recherche  quelque  antre  senreté  et  qu'on  ne  face  l'endonni 
en  cest  af^re-  H  n'y  a.  rien  au  monde  que  S.  A.  doive 
plus  soigneusement  éviter  que  de  donner  argument  d'estre 
trnstré  et  mocqué ,  et  vous  conjure  de  disposer  S.  A.  qn'Q 
luy  plaise  ofdonner  à  temps  qu'on  pare  à  ces  coups  ;  (Jùm 
utium  prorogart  non  esi  e  re  prùtcipiit.  J'espère  que  le  por- 
teur s'acquittera  d'nger  toute  diligence,  selon  sa  promesse. 
S'il  voua  plaigt,  voua  luy  donnerez  contentement  pour  le» 
frùs  de  son  voyage.  Ceci  importe  à  S.  A-.  appréheu' 
dei-le,  je  vous  supplie,  pour  l'amour  de  Dieu. 

Vcatre  serviteur, 

D.   DE   WILLHBH. 

De  la  HaiFc,  fs  3B  juillet  1640. 

Ce  porteur  part  à  6  heures  du  soir.  Je  vous  prie  que 
S.  A.  donne  ordre  &  cest  affaire ,  il  y  a  naoyea  de  re- 
dresser le  tout,  perktdum  autem  eit  m  viorQ-  Walt»  et 
tons  ces  députez  se  refroidissent;  prineipi  imponitur  nuo 
judicio.  Non  pecco  faciUtate,  mihi  creda,  qîtaeso.  Ego  tntttui 
Qfffero^  iMR  ift^ero. 

LBVTKB  ■CXXIII. 

M.  de  Beenvliet  au  Prince  cC  Orange.    ïkiHretUn  aoïc  Itt  B» 
^Angleterre. 

Mûnseigoenr.  J'ay  lundy  dernier,  le  30  du  mois  passé, 
eu  audience  et  une  longue  conférence  avec  le  Boy.  ï/iO' 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


■  279  - 


[1040.  AoAt. 


trodactdoQ  estoit  de  réjonjBsance ,  de  la  part  de  vos  Al- 
tesses, sur  la  naissance  du  jeune  Prince,  et  après  que 
j'avoîs  receu  responce  de  Y.  Â.  sur  les  articles  de  ma- 
riage, aasquelles  V.  Â.  se  montroit  anltant  facile,  qu'yl 
se  pouvoit,  pour  passer  à  la  conclusion,  comme  ne  dési- 
rant que  la  perfection  de  caste  négotîation  ;  que  le  chan- 
gement par-cj  par-là,  estoit  léger  et  nullement  sabstan- 
^eux  au  r^ard  de  S.  M.,  que  le  traitté  ne  poulvoit  plus 
demeurer  secret ,  qu'yl  n'y  avoit  plus  moyen-  de  la  cou- 
vrir ou  desgniser,  et  qa'yl  estoit  plus  que  temps  que  Y.  A. 
doDuast,  immédiatement  après  que  les  articles  seroyent 
signez,  oognoissance  aux  Estats,  la  Royne  de  Bohème,  et 
an  Soy  de  France,  et  aussi  pour  penser  et  préparer  la 
solemnité  de  la  recercbe;  qu'aultrement,  sy  on  ne  résoult 
à  la  conclusion,  que  la  saison  sepasseroit.  —  Le  Roy  dit: 
„je  le  veus,  mais  qu'est-ce  que  S.  A.  trouve  !t  redire?"'  Je 
dis:  „Sire,  S.  A.  a  observé  que  la  célébration  est  remise 
à  12  ans  et  le  contraot  à  un  an  devant,  et  S.  A.  a  tous- 
jonrs  pensé  que  le  traitté  s'achèveroit  présentement  et  le 
transport  de  S.  A.  Boyale  immédiatement  après,  et  encor 
dans  l'automne  de  la  présente  année,  pour  y  estre  recene 
et  instruitte  dès  son  en&nce  selon  sa  dignité,  et  pour  y 
estre  aymée  et  honorée,  ainsy  que  leurs  A.  A.  en  ont  le 
désir  et  l'affection.  C'est  ponrquoy  V.  M.  est  très-hnm- 
blement  suppliée  d'abréger  les  espérances  de  S.  A.,  et 
que  le  mariage  puisse  estre  feict  après  la  signature  du 
traicté  par  publication  d'iceluy  et  la  solemnisation  des 
fiançailles  en  forme;  lequel  mariage  ainsy  ^ct  et  publié, 
que  S.  A.  Royale  puysse  estre  transportée  incontinent 
après  en  Hollande,  en  qualité  d'esponse  de  S.  A.  le  jeune 
Prince  d'Orenge;  et  Y.  M.  obligera  et  donnera  un  grand 
contentement  à  S.  A.  pour  abréger  par  l'achèvement  du 
mariage  ses  espérances,  en  Iny  donnant  entière  asseurance 
(en  attendant  l'aage  de  consummation)  de  son  accomplis- 
sement, lesquels  anltrement,  par  considération  en  divers 
accidents  et  changements,  seroyent  toujours  douteux."  Le 
fioy  ine  dit:  „il  f»alt  voire  si  cela  sera  assés  honorable 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


16«.  Août.]  —  280  — 

de  transporter  un  si  jeun  enfanL"  Je  dis:  »Sîre,  tout  & 
faict,  et  cela  fondera,  après  une  liaison  de  telle  consé- 
quence, Dostre  commaoe  conservatioti.''  Le  Roy  me  dit 
encor:  „mais  comment  ferons  noasF  elle  est  si  jeune."  Je 
dis:  „Sire:  la  consummation  réelle  se  fera  dans  sept  ou 
huict  ans,  mais  la  solemnisatioii  des  fiançailles  par  pro- 
cureur, incontinent  après  la  conclusion,  pourveu  que  V. 
M.  et  S.  Â.  y  donnent  leur  consentement  et  approbation." 
Le  Roy  me  dit:  „Et  bien  nous  verrons,  et  puis  y-a-yl 
aultre  chose?"  Je  dis:  „Sire,le3cérémonie8;  elles  sont  im- 
possible d'introduire  chez  noas.  Y.  M.  mesme  ne  le  con- 
seilleroit  à  S.  Â.,  car  cela  donneroit  une  très-grande  al- 
tération dans  l'Ëstat,  et  non  pas  sans  déseirice  de  U 
maison  de  S.  Â.  et  discrédit  parmi  les  ecclésiastiques;" 
que  S.  M.  scavoit  que  nous  professions  une  mesme  fby 
et  vérité  et  que  les  cérémonies  n'estoyent  de  l'essence  n'y 
nécessaire ,  comme  ne  disant  aucune  partie  de  la  doctrine. 
lie  Boy  me  dit:  „je  ne  me  soucie  des  cérémonies,"  mais 
comme  je  dis:  „ Sire  j'en  sois  bien  ayse;"  S.  M.  répliqua 
incontinent:  „il  faut  faire  ce  qu'on  peult;  le  mesme  a  esté 
stipnlé  par  feu  mon  Père,  lequel  contract  j'ay  suivy,  mu- 
tatit  mntandis."  J'en  dis:  ,|Sire,  son  Altesse  m'a  envoyé 
une  copie  et  dedans  icelle  cela  est  demeuré  k  la  liberté 
de  la  Princesse."  Le  Roy  me  dit,  que  non.  Je  dis  que 
la  copie  doncq  ne  s'accordoit  avec  l'original,  car  dans  la 
mienne  cela  est,  et  je  donneray  l'eztraict  à  V.  M.  —  Le  Roy 
dit:  „je  le  veux"  (je  l'ay  faict  et  cela  se  trouve).  Après 
tout  j'adjonstois  encor  qu'yl  seroit  impossible  de  l'obtenir 
des  Ëstats  et  de  nos  Eglises;  que  l'intention  de  leurs  A.Â. 
estoit  de  rendre  chère  et  agréable  à  nostre  peaple  S.  A. 
Royale,  tant  en  considération  de  l'uniformité  de  la  religion 
que  de  la  grande  alliance,  et  que  cecy  troubleroit  l'Ëstat 
et  le  peuple,  et  rendroit  à  eux  l'alliance  moins  agréable; 
c'est  ponrquoy  je  suppliois  aultre  fois  S.  M.,  tant  qu'elle 
désiroit  le  bien  et  la  bonne  volonté  de  nostre  peuple  en- 
vers madame  sa  fille  et  le  contentement  de  leurs  Majestés 
mesmes    et  de  leurs  Altesses,  de  vouloir  avoir  agréable 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—   281   —  [1(40.  Aofll. 

que  le  dit  article  pouvoît  estre  eSacé,  comme  obligeant 
son  Altesse  k  nne  chose  impossible.  Le  Roy  me  dit: 
„niettoz  les  articles  qae  je  vous  ay  donnez  d'an  costé  et 
celles  de  S.  Â.  de  l'anltre,  et  donnez  les  i  M'  de  Vane, 
et  je  vous  donneraj  responce  anssitost  et  verrons  ce  que 
noua  poorrons."  Je  dis  que  je  le  feroïs  et  le  fis  le  meeme 
soir,  les  mestant  le  lendemain  entre  les  mains  du  dit 
Sienr  Vane;  mais  comm'  yl  debvoit  aller  avec  !e  Roy  k 
Xjondres  le  jour  après,  et  qn'yl  ne  retoomeroit  qne  ven- 
dredy   qui   est   ce  soir,  m'a  prié   de  remettre  tout  à  son 

retour,  et  qn'allors  nous  reviendrions  ensemble Je  sois, 

Monseigneor, 

De  V.  A.  très-hnmble ,  très-obéyssant ,  et 
très-fidèle  serviteur, 

HBBNVUXT. 

De  Londres,  le  8  Bonat  1640. 


LBTTmE  BCXXIT. 

M.  {U   WU&em  à  M.  de  ZitrjUckem.   Il  regr^e  qae  lee  Etait- 
Oinéraux  ayent  envoyé  une  députaiion  en  Frise. 

Monsieur  mon  frère.  La  Généralité  a  envoyé  en  F. 
messieurs  d'Âemliem  et  de  Rynswou,  pour  les  faire  ré- 
sondre  de  choisir  S.  Â.  Si  les  Volmachten  ont  gonsté 
le  cochon  du  c  GnilUume,  il  faudra  d'antres  mains  pour 
le  leur  tirer  des  dents.  Ils  ne  seront  pas  expédiez  du 
jour  au  lendemain,  puisque  ceux  de  Frise  demandent  la 
présence  des  députez  de  Groningue  et  Ommelande,  et 
qu'icenx  ne  pourront  députer  qu'au  préallable  ils  n'ayent 
prins  cette  résolution  en  leur  assemblée  à  tenir.  Or  mes- 
sienrs  Schooenborg,  Âltïng,  Drews  et  d'autres  encores 
sont  ici;  ce  qni  me  fait  croire  qu'on  s'est  trop  hasté  d'y 
avoir  envoyé  si  tost,  et  qu'il  eut  esté  plus  expédient  de 
sonder  rasseorance  de  leur  affection  k  S.  Â.  et  la  cau- 
tionner par  lettres  et  envoyez,  en  cas  de  besoin....  Je 
trouve    estrange    que   S.   A.   aye  avoué  ceste  députation 


,,Googlc 


luo.  A»«t.]  —  28î  — 

eontre  ses  maximes.  Primum  de  oommeatu  proapieiettdwn, 
pott  dé  miliU.  On  apreste  la  viande  pour  rire  et  le  vin 
resjouit  les  vivans,  mais  l'argent  respond  à  tout,  dit  le 
sage;  ce  qae  le  S.  Père  traduit:  et  pecuniae  obedùuU 
omnia.  Pourquoi  point  y  eDvojer  le  madré  '  Jean  Lanrens, 
pour  débiter  son  safiran?  AVAiV  hic  video  ad  normam  legii 
aui  regii,  unde  mérita  omnia  pro  wwpectit  habenda.  Puisque 
S.  A.  change  d'advis,  il  me  sera  permis  de  heurter  k  la 
porte  de  vostre  bonté,  et  tous  demander  si  tous  croyai 
les  Frisons  si  simples  qu'ils  estiment  que  ceste  députatioa 
soit  faicte  à  l'inscea  de  S.  Â.?  Js  precipiti  taide  lemtraria 
interdum  remédia  non  imparité  adhibentttr;  Dieu  veuille  qu'on 
ne  soit  pas  à  se  repentir  d'advOuer  ceste  ambassade.  Qnid 
enim  Ji^,  si  palam  in  heroem  nottrum  olmitanturî  qfippt 
peratamm  itliê  quod  de/itnettim  catibui  et  periculii  objectârit; 
corpus  conciUandae  gratiae  aique  vindicUu  eonspiàmdum  «x- 
hihetur,  el  voce»  graves  aique  foUacM  coram  ingeruntur. . . . 

Vous  m'avez  destoqrné  ou  plustoat  arresté  en  bean  che- 
min. (Testoïs  apr^s  pour  traîtter  par  tierce  main  avec 
Solmius  mesme,  et  laj  en  eusse  dérobé  la  cognoiseance; 
muB  puisque  la  Généralité  y  a  mis  la  main  et  que  vous 
ne  vous  eu  expliquez  pas  plus  clairement,  je  m'en  lave  les 
mains.  .Pavois  l'homme  prest  pour  y  envoyer,  mtûs  je 
n'ay  garde  de  &ire  courre  et  prescher  sans  mission  et 
gages.  Viderint  cuja  rps  est;  ca^erum  nom  genUm  iSam 
cm  rehffio  fervet  in  Ittero,  atçue,  ubi  eompendium  non  est, 
ibi  nec  Deum  este,  obsemare  omnes  Soaraticwn  iUud  d« 
NihUo  j\ihil  in  NiMlum.  Je  cherche  et  recherche  en  mon 
esprit  l'effect  qu'on  ponrroit  prétendre  de  la  susdite  dépn- 
tation,  et  je  n'en  puis  trouver  que  ceci  que  peut  ettre  le 
conte  Guillaume  pourroit  désister  de  sa  poursuitte;  il  le 
dira  peut-estre,  mais  ils  feront  agir  les  autres  sous  main, 
et  potUriora  eruat  pritmbus  dtteriora.  A  siccâ  teiapeitate 
naufragùim  mêtuo.      Vole  nuqae  amare  ptrge. 

7kM  (n  ritam  veterem, 

6  Augusti  1640,  Hagae.  n.  »B  wiLLSEM. 


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—  S83  —  [iMo.  âo«. 

L«TTBB  BOXXT. 

Ae  même  au  même.     Il  faiU  tonger  térieiuemml  et  promp- 
iement  au  Stadhoudérat  de  Grotangue. 

MoDsiear  mon  fr^r«.  Le  S'  Sohnins  '  eecrit  an  couhdie 
Casembroot,  qae  ceax  de  Frise  ont  prÎDs  et  choisi  een- 
Bteiniae)t)ken  ctriatim  et  tnagno  popxJi  applauau  Toor  bae- 
ren  stadtholder  graef  Willem.  Il  est  question  qae  S.  Â. 
n'ose  pins  tant  de  âegme  et  ne  commette  les  choses  an 
bénéfice  dn  temps  ubi  festinatiotie  et  poUicitaiione  opu»  est. 
M'  Sohnins  a  en  ponr  femme  en  premières  nopceg  la 
soenr  de  la  fenme  dn  faorgemaietre  Eisinga  à  Groningue; 
qn'on  y  employé  quelque  meilleure  main  qu'en  Frise,  ou 
l'affaire  se  conduira  point  k  bon  port;  je  gémis  en  mon 
sein  *  la  lenteur  de  S.  Â.  et  les  lettres  et  ambassades  de 
M"  les  Fstats-Gi'néraulx.  Cenx  de  Frise  ne  se  conten- 
tent pas  d'avoir  choisi  le  conte  Guillaume  pour  gouverneur 
en  chef,  mais  envojent  quatre  députez  pour  solliciter  ceux 
de  Grontngne  à  faire  de  mesme;  regardez  quelle  outrecui- 
dance! U  font  une  grande  main  pour  (aire  un  grand  coup, 
je  le  confesse,  mais,  en  un  affaire  précipité  et  peu  asseuré, 
quel  mal  y  auroit-il  de  bazarder  et  prodiguer  les  promes- 
ses convenables  en  telle  occasion,  le  tout  soubs  mainî' 
Bteeita,  qHoeio,  heroem.  Us  s'assembleront  le  30.  Je  crains"''"  ■ 
qu'on  aye  deejà  négligé  le  temps  de  profiter*  cette  occa- 
sion. Mais  quand  mesme  on  feroît  un  voyage  ponr 
néant,  cela  ne  vent  rien  dire;  peut-estre  que ,  par  la  dis- 
sontion  de  cens  d'OmIande  avec  U  ville,  qu'on  viendroit 
encores  à  temps.  Je  vous  supplie  de  haster  l'achemine- 
ment de  cest  affûre.  Je  vous  suis,  monsieur  mon  irère, 
vostre  serviteur  très-obéissant  et  ptns  humble, 

D.   SB  WILLOKM, 

7  d'aoDst  1640.  à  la  Haye. 

(')  Dese  voomoen  is  gtaaf  Willem  bereets  tôt  stathooder 

(I)  Ce  qui   mit,  fcrit  d'ane  antre  main,  temble  on  biDrt  rcfn  de  la  Friic 
et  qM  M.  de  WiUben  eommiiiiiqDe  à  H.  da  ZujKebEm. 

'  icerâwn  do  comte  GaiUaBUK.       *  de  temite  omit,      *  BMttre  à  profit, 


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iwo.  Aoflt.]  —  284  — 

verkoren,  sonder  gewach  van  instructie  of  magistraatsbe- 
stellinge.  Mijns  erachtens  ist  werk  geaccelereert  ende  ge- 
precipiteert  geworden ,  om  bij  dier  voegen  te  mogen  vinden 
een  pretext,  aïs  ware  het  stadhouderschap  vergeven  ge- 
weest,  alvooren  de  Btaten  van  Vrieslant  ontfaDgen  of  ge- 
sien  badden  den  brief  van  de  Staten-Generael ,  daerbij 
denselven  den  prince  van  Oranien  recommenderen  tôt  het 
BtathonderBchap  alhier,  ende  dit  onaangesien  Loo  ende 
Heermans  ah  gecommitteerden  ende  de  bode  die  de  brief 
brachte  al  gister  avont  hier  wareo  aengekomen.  Maer 
staet  te  beduchten  dat  den  Prince  deur  dese  spottelijcke 
manieren  van  doen  tneer  geirriteert  sal  worden ,  als  waere 
het  versoeck  genereuselijck  ontsegt  geworden. 


LETTRE   BCXXVI. 

Ije    même    au  même.     Intriffuef  m  Frite;  affairêi  de  Gro- 


Monsienr  mon  frère.  Voas  avez  connu  par  l'événement 
que  je  vons  aj  dit  la  vérité  de  l'aâaire  qui  trottoil.  Je 
m'estonne  fort  qu'on  aye  procédé  tout  au  contraire  de  l'in- 
tention de  nostre  maistre  et  frustré  nos  justes  prosmttes  '. 
Les  lettres  et  l'envoy  de  la  Généralité  a  irrité  l'insolence 
des  Frisons,  qni  tenoient  en  ombrage  S.  A.,  comme  s'il 
se  vonloit  par  là  installer  au  gouvernement,  contre  la  li- 
berté de  la  province  et  comme  par  force.  M.  Veltril  à 
couru  les  villes  de  Staveren,  Hintopen,  Worcum,  Bols- 
wert,  Sneec  et  ailleurs,  et  leur  a  donné  des  impressions 
au  préjudice  du  service  de  S.  A.  On  a  monstre  le  corps 
mort  et  la  chemise  sanglante  et  tenu  l&-dessus  des  esten- 
dus  et  foux  diaconrs,  avec  exclamations  tragiques.  Il  y 
a  eu  bon  moyen  d'empescher  ce  coup,  si  on  m'eût  voulu 
croire  et  m'honnorer  à  temps  de  la  commission  de  l'en- 
tière direction  de  cest  afiaire.  Après  avoir  gaigné  les 
principaux  des  Yolmachten,  on  eust  esbranlé  les  moins 
'  poonaitcs. 


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—  285  —  [ie*o.  Août. 

advisez,  comme  c'est  illec  la  coustome.  '  Mais  de  rien  ne 
se  fait  rien.  Mes  enoamis  avoient  pensé  me  combler  et 
abismer  de  honte,  comme  vous  sçavez,  et  j'espérois  par 
ce  service  snrmonter  leur  injure  et  le  tort  de  S.  A.,  et 
luy  donner  les  asseurances  de  mes  fîdelles  actions  pour 
son  intérest  et  me  feire  voir  de  bon  oeil.  C'est  ce  qui 
m'attriste  le  plus,  voyant  ce  changement;  car  si  je  me 
fusse  ofTert  à  cela  avec  l'intention  de  la  plus  part  de  ceux 
qui  servent  les  princes ,  il  ne  me  chaudroit  *  gueres  d'en- 
tendre la  précipitation  prodigieuse  des  Frisons  et  de  con- 
sidérer le  grand  flegme  qu'a  *  usé  S.  A.  Maintenant  il 
fsat  que  je  confesse  que  le  coeur  me  crève  qu'on  m'a  pas 
donné  l'ordre  qu'il  feut  et  laissé  faire,  et  que  S.  A.  s'est 
laissé  abuser,  et  s'est  donné  trop  facilement  enproyeaux 
mauvais  conseils  de  quelques  uns.  Sçacbez,  mon  frère, 
que  cette  occasion  a  esté  de  très-grande  conséquence 
pour  le  bien  de  la  maison  de  S.  A.  et  l'asseurance 
de  cest  Estât ,  et  que  nous  avons  raison  de  regretter  le 
peu  de  viguenr  et  de  résolution  qu'a  monstre  S.  A.  en  un 
afïure  de  telle  importance.  Certes  je  me  la  suis  repré- 
sentée dès  le  commencement  une  bonne  et  grande  occa- 
sion, et  je  veux  croire  que  c'est  quelque  jugement  de 
Dieu,  que  je  ne  puis  entendre  ny  comprendre.  Je  ne 
laisseray  pas  de  le  recevoir  avec  tonte  humilité ,  m'assen- 
rant  que  c'est  pour  mon  bien  et  désirant  que  ce  soit  aussi 
pour  celuy  de  S.  A.  Mab  ad  hominem;  ïl  ne  faut  pas 
pour  cela  négliger  les  moyens  pour  prattiquer  et  gaigner 
les  humeurs  de  Groningue  et  Ommelande;  car,  obtenant 
ce  gouvernement,  le  repentir  peut-estre  en  demeurera  au 
jeQne  seigneur  et  il  sera  contraint  de  caler  voile.  Que 
S.  A.  ne  face  plus  tant  l'Irrésolu  d'employer  le  Catholîcon 
pour  obtenir  ce  gouvernement.  Contre  la  difficulté  la  pins 
grande  qu'ils  se  pourront  imaginer,  c'est  de  n'estre  en 
peine  en  quelque  traverse  de  dedans  ou  de  dehors,  à 
la    suscitation  de  l'ennemi  ou  du  dissimulé  ami.    Que  de 

'  Mus  —  fait  rien.    Ctà  etl  écrit  m  ItitrM  eapilaiei. 
>  ii«  m'importeroit.  •  doat  i. 


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IMO.  Arft.3  —  2*6  — 

la  part  <le  S.  A.  on  lear  promette  ses  aoings  paiiicnlien, 
see  veilles  et  estadea  it  leur  bien  et  oonservatioD ,  son  sMe 
et  prompte  assiatance  k  toute*  lenrs  nécessitez;  qu'on  nyt 
k  aa  dévotion  premiërement  ceux  d'Ommelande ,  leor 
promettant  la  manutention  de  leur  libériez  et  privilèges, 
qn'on  donne  à  la  ville  l'acte  de  leur  prérogative,  comme 
fist  le  feu  prince  Maorice  d'heureuse  mémoire ,  qu'on  n'e»- 
pai^e  rien  la  Hmeuce  d'acqnirer'  lea  parties.  Cela  aa^ 
mentera  le  crédit  de  S.  A.  en  ces  provinces  et  sera  sa 
grandeur  es  royaumes  voisios.  —  Tout  le  monde  vent  ici 
que  monaieor  Enuyt  aye  esté  en  Frise,  maïs  je  ne  le  pnia 
croire;  car  il  a  esté  k  la  guerre  en  Znyt-Beverlant,  et  en 
porte  le  conp  d'honneur  de  son  espée,  s'estant  défendu 
contre  les  Knjers,  et  en  glissant  tombé  eor  la  pointe  de 
son  espée,  de  sorte  qu'il  en  portera  la  marque  sur  le  nés, 
comme  les  moutons  de  Berry.  Us  ont  dévalisé  la  maison 
du  reeevear  de  S.  A.  et  ou  estoit  eucores  en  [Jus  grande 
appréhension  de  mal,  à  raison  de  quoi  ils  ont  demandé 
deux  compagnies  de  Bergen  op  Zoom.  Mus  je  ne  sçay 
s'ilfl  seront  consolez,  et  estime  que  ce  sera  le  commande- 
ment du  duc  de  BooUlon,  personne  ne  boog«;  en  somme 
il  se  souviendra  de  cette  dijckage  à  bonnes  enseignes*.  —  On 
nous  dit  kà  que  S.  A.  va  à  Gennep  on  M,  environ;  ai 
cela  est,  je  vous  supplie  de  luj  souvenir'  s'il  ne  seroit 
pas  expédient  de  se  mettre  en  possession  de  Doffel,  Mer- 
gena  et  Goch,  eo  verta  de  ht  donation  des  Eatats  de 
Gueldies.  Les  tronppea  et  les  actions  des  Espagnols  en 
ces  endroict  fonmiront  assez  de  raison  pour  l'entrepreadre, 
si  e]  principe  loqniore.  Pardonnez  cette  haste;  j'ay  esté 
adverti  tard,  et  vous  esciis  celle-ci  en  la  chambre  dn  con- 
seil, aymant  mieux  escrire  mal  que  rien  par  cette  com- 
modité qu'il  me  faut  embrassw  et  chérir,  puisque  depaia 
que  nostre  grefiBer  est  de  retour,  on  envoyé  les  messagers 
en  cachette  et  à  mon  inscen.  Si  j'avois  eu  l'honneur  d'e^ 
txe   averti,  je    vous    escrir^is  de  meilleur  anote  i^  ptos 


,,  Google 


—   287   —  [1840.  AM. 

socortemeDt  *. . . .  Tons  nos  enfans  se  portent  bien  et  noua 
tous,  Dieu  soit  loaé,  qui  vous  comble  de  ses  meilleares 
et  plus  sùnctes  bénédictions.  Cest  le  voen  de  nous  tons 
et  de,  monsieur  mon  frëre, 

Tostre  très-obéissant  et  plus  affectionna 
servitenr  et  frère, 

D.  DE  VaLHBH. 

9  d'aooBt  1640,  à  la  Haye. 


LBVTOE  BCXXTII. 

Le  mêtne  au  même.     Même  aijet 

Momieor  mon  frère.  Par  mes  précédentes  et  par  antre 
voye  voQs  aurez  scen  comme  ceux  de  F.  ont  esleu  pour 
gouvemetir  le  conte  Guiltaome'  le  30  du  passé;  M'  Walta 
a  lettres  et  advis  qn'on  aroît  suscité  le  peuple  et  la 
canaille  pour  crier  publiquement  qu'on  désiroit  le  conte 
G-uillaume  pour  gouverneur  et  qu'il  en  prendroit  mal  à 
ceux  qui  en  l'assemblée  proposeroient  et  desseîgneroient  * 
quelque  aultre  à  telle  charge.  H  le  dit  k  plusieurs  d'avoir 
ses  advis;  ^  moj,  on  me  mande  qu'on  a  usé  prou  d'arU- 
fice,  qn'estans  arrivez  les  députez  de  Frise  de  la  Haye  le 
soir,  et  estant  Hussi  arrivé  le  messager  de  messieurs  les 
Estats-Oénéraus,  ik  ajent  le  lendemain  fait  leur  élec- 
tion ,  sans  ouvrir  ou  recevoir  les  lettres.  J'estime  que  M' 
de  Somerdyck*  «t  M.  Waha  n'oot  fitît  aucun  bon  office 
pour  S.  A.  en  oeet  afiàire,  et  j'ay  mes  raisons  de  le 
croire  ainsi,  lesquelles  le  temps  présent  ne  me  permet 
pas  de  TOUS  alléguer;  je  vous  prie  que  S.  A.  ne  ohomme  * 
en  la  poursuitte  du  gouvernement  de  O.  *,  chose  si  néces- 
saire à  l'union  de  ces  provinces  et  à  la  dignité  de  sa 
maison,  il  se  falst  fier  k  quelqu'un  et  luj  comnMttre  ceA 
affîdre  en  la  province  chancelante,  de  travailler  à  couvert. 


■  StinnMbdjrcfe.  •  iaxnn  oint  '  GrMinguc. 


,,  Google 


16*0.  Août]  —  288  — 

selon  ]es  ordres  qu'il  plaira  à  S.  A.  Ia7  départir.  Cens 
qui  ont  fait  entendre  à  S.  Â.  la  disposition  tant  facile  en 
&Teur  de  S.  A.  et  conseillé  néantmoins  cette  semonce 
et  dépntation  de  la  généralité  ont  très-mal  tait  Cela  a 
endormi  S.  A.,  qui  d'aillenrs  ne  va  qa'e  trop  lentement  et 
avec  trop  de  retenue  es  affiûres  qui  touchent  la  grandeor 
de  sa  maison.  —  Je  vous  représentai  hier  qu'il  vous  plenst 
&ire  souvenir  à  S.  A.,  en  cas  que  l'armée  va  vers  Oennep, 
comme  le  bruit  court  ici,  s'il  ne  seroit  expédient  ou  requis 
contre  l'oisiveté  d'une  armée  de  prendre  possession  van  het 
recht  van  pantschap  van  't  ampt  Duffel ,  Slot  Nergena, 
en  'tgebmyck  van  de  hooch',  heerr  en  't  ressort  van  de 
etadt  en  ampt  Groch  met  aUe  app.  en  dependeotien ,  vol- 
gens  de  gifte  gedaen  by  de  HH.  St.  van  Gelderlant  aen 
S.  H.,  bj  resolutie  van  7  Febr.  1633.  Vous  j  songerez 
et  me  tiendrez  tousjours,  s'il  vous  plaist,  pour,  Monsieur 
mon  frëre, 

vostre  très-obéissant  serviteur  et  frère, 

U.   DE  WULHXH. 

Le  10  d'aoust  1640,  à  la  Haye. 

Ed  grtn  hute. 

LBTTBE  DCXXV1U. 

Le  même  au  même.     Même  siget. 

Monsieur  mon  frère.  En  Frise  nous  avions  à  surmonter 
trois  sortes  de  difBcultez;  d'affection,  d'intérest  particalier, 
et  de  raison  d'Estat  Chaque  sorte  requéroit  du  temps, 
et  paranda  fuitsent  Hippomenis  tuae  mala  aurea,  et  on  en 
fitst  venu  mieux  à  bout  par  les  délais  et  les  biais  que  de 
vouloir  faire  réussir  l'affaire  directement  et  comme  l'em- 
porter de  haute  lute.  Ainsi  voit-on  dans  les  choses  pa- 
rement naturelles  qu'on  trompera  plustost  la  nature  qu'on 
ne  la  pressera ,  et  la  constitution  de  ces  ventres  ne  requer- 
roit  nullement  qu'on  allast  à  droict  fil,  mais  au  contraire 
ce  qui  va  en  tournoyant  et  qui  s'insinue,  coule  doucement 


,,.GoogIc 


—  289  —  [16W.  Août. 

et  3e  reçoit  arec  plaisir.  Et  les  Frisons  voaloient  faire 
cette  élection  communicato  eontilio ,  car  ils  avojent  à  cette 
En  requis  l'envoy  des  dépotez  de  GronÎDgoe,  Omlanden 
et  Drenthe;  mais,  quand  ils  ont  senti  l'espéron,  ib  ont 
fait  les  chevaux  eschappez.  Or  par  ce  qne  tous  me  di- 
siez qae  doresenavant  nous  pouvions  estre  spectateurs, 
qu'il  ne  falloit  plus  rien  remuer,  que  la  Généralité  s'j 
employoit,  et  que  je  sçavois  bien  qne  cest  envoy  ne  se 
faisoit  que  par  l'adveu  de  S.  Â.,  et  que  d'ailleurs  je  m'ap- 
perceus  que  les  choses  qui  alloient  k  droîct  fil  estoient 
mal  taictes  et  empeschantes  nostre  dessein,  je  vons  puis 
avec  raison  avoir  dit  que  vous  m'aviez  destourné  du  beau 
chemin.  Quand  je  dis  vous,  j'entends  S.  A.,  lequel  n'avoit 
besoin  de  conrir  ou  permettre  qu'on  conrust  et  s'en  esloig- 
nast,  comme  on  a  faict;  mais  il  est  tard  d'en  discourir; 
i]  est  question  maintenant  de  ne  se  méprendre  en  ce  qui 
regarde  l'autre  province;  ayant  à  sa  dévotion  ceux  d'Om- 
lande,  ce  sera  le  vray  moyen  d'attirer  la  ville.  Or  je  pense 
que  ceux-là  se  déclareront  pour  son  Â.,  selon  qu'on  m'a 
fait  concevoir  les  espérances ,  et  j'ose  croire  avec  vous  que 
les  Frisons  seront  par  avanture  les  premiers  à  s'en  re- 
pentir, tant  les  électeurs  que  l'esleu.  On  pourra  it  la 
ville  de  Ghroningue,  soubs  main  et  par  avance,  par  nos 
députés  on  autres,  promettre  de  les  maintenir  en  leurs 
libertés  et  privilèges  par  acte,  comme  ont  faict  le  prince 
Maurice  d.  h.  m.  '  et  le  c.  Ernest  ',  comme  il  vous  plaira 
voir  des  papiers  cy-joints.  Je  n'ay  pas  la  copie  de  l'acte 
du  P.  Maurice,  jnais,  si  vous  l'avez  de  besoin,  je  le  puis 
avoir  facilement  —  Arras  a  esté  rendu  le  10  de  ce  mois, 
selon  qa'on  escrit  de  divers  endroits.  Le  prochùn  or- 
dinaire nous  portera  la  capitulation.  Vous  aurez  par  ci- 
devant  entendu  la  mort  de  M.  de  Baugi,  jadis  ambassa- 
deur pour  S.  M.  en  ce  pays.  —  Tout  maintenant  on  m'a 
communiqué  nue  lettre  de  Groningue,  qui  dit  que  c'est 
botrua  contra  boUitm;  je  concinds  de  Ik  que  le  raisin  mis 
auprès  du  raisin  meurira,  et  qu'il  ne  sera  expédient  que 
'  d*  ItMle  iDJinMie.  '  EraMt-Cuimir. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


les  députez  de  mesBÏears  les  Eatats- généraux  emplojent 
leur  anthorité  et  rhétorique  contre  temps.  Les  vins  que 
l'on  fait  80D8  le  pïed  et  qui  coulent  librement,  sont  beaa- 
coap  plus  doux  que  ceux  du  pressoir,  qui  sentent  le  marc' 
et  la  grappe.  Cette  occasion  du  messager  Komboud  ne  me 
permettant  d'adjooeter  autre  chose,  je  me  recommende  i 
l'honneur  de  vos  bonnes  grâces  et  vous  demeare,  Monsieur 
mon  irère, 

Tostre   serviteur   très-obéissant  et  frère 
très- affectionné 

D.   DE  WILLHBM. 

IS  d'aoost  1640,  à  la  Haye. 


LETTBE   BCXXIX. 

3f.   d«  HettwUel  au  Prùice  ^Orange.     Progrit  de  la  négo- 


Monseigneur. ...  Le  mercredy  je  me  tronvé  à  [Otiant] 
et  S.  M.  me  tist  incontinent  entrer.  Je  dis  que  S.  M.  avoit 
veu,  par  les  articles  que  j'avois  donné,  comment  V.  A. 
se  montroit  facile  à  y  presque  tout  accorder,  et  que  je 
ne  doubtois  ou  S.  M.  les  accepteroit,  suppliant  que  le 
transport  me  poalvoit  estre  accordé  et  l'article  des  céré- 
monies effacé. 

Xa  Boy  dit:  „Ies  cérémonies  sont  de  mesme  qo'ila  ont 
esté  stipulés  an  Palatin."  Je  dis:  „Sire,  yls  ont  esté  dans 
ta  volonté  de  ta  Princesse,  et  pas  esté  practiqués;  je  croy 
que  S.  A.  sera  bien  d'accord  que  S.  A.  Royale  soit  as- 
sistée d'un  ministre  ou  chappelUin  angtois,  pour  dire  les 
prières  devant  S.  A.  R.  le  soir  et  le  matin,  et  pour  imiter 
la  dévotion  et  l'exemple  de  Ik'  Rojne  de  Bohème."  Le 
Roy,  dit:  „partons  du  transport;"  je  dis:  „Sire,  je  me 
sois  tousjonrs  ima^né  que  Y.  M.  mesme  estoit  de  cest 
advis,  qu'après  la  conclusion,  les  fiançailles  se  feroyent 
et  immédiatement  le  transport  après;  car  sans  icelny  dï- 
■  M  qui  nrte  Is  pliu  gnnnet  de  qaalqae  frnH. 


,,  Google 


—   Zyi    —  [1640.  Août. 

vers  accidents  on  changemants  pourroyent  rendre  l'alliancQ 
tousjoars  doatens,  et  le  transport  implique  la  seurté  de 
nos  deux  Estais  et  une  intelligence  inséparable  par  telles 
gages."  Le  Eoy  me  dit:  „vou8  sçavez  que  devant  douze  ana, 
selon  les  loix,  le  consent  est  nal;"  je  dis:  „Sire,  pour  cela 
V.  M.  nous  doibt  ester  cette  difiScolté."  —  „Ouy,'  dit  le  Eoy, 
„et,  ai  Monsieur  le  Prince  me  la  renvoyoït?"  Je  dis  que 
je  ne  croyois  pas  que  S.  M.  avoit  cette  opinion,  ny  la 
poolvoit  avoir  de  V.  A.,  bien  ai  c'estoit  avec  un  Boy 
d'Espagne,  et  qn'allors  S.  M.  auroit  gnmd  raiaou.  „Je 
TOUS  jure,"  dit  le  Roy,  „que  je  ne  le  ferois  avec  le  Roy 
d'Espagne,  et  en  France,  quand  la  Royne  d'Espagne  à 
présent  fust  demandé  en  son  bas  aage,  on  la  refbaoit" 
Je  dis:  „Sire,  faîctea  ce  faveur  extraordinùre  à  S.  A,,  et 
y.  M.  le  peult  faire  sans  scrupule,  et  obligera  S.  Â.  et 
aussi  messeignenrs  les  Estats  de  le  recosnotatre  par  leurs 
aervicea;"  le  Roy  me  dit:  „mais  concluons  et  signons  les 
articles,  et  quand  les  ambassadeurs  desquelles  voua  m'a- 
vez parlé  viendront,  nous  verrona  ce  que  nous  pourrons 
faire."  Je  dis:  „Sire,  je  n'ay  aucun  ordre,  si  le  transport 
n'est  accordé,  mais  bien  qu'auaaitost  qa'yl  sera  accordé 
et  le  contract  passé,  que  S.  A.  procurera  que  quelques 
ans  mesléffl  de  leurs  A.  A.  aux  Estats  seront  à  Y.  M. 
envoyés,  pleinement  anthoriaéea  pour  avec  solemnité  venir 
Jaire  la  rechercbe  de  cette  alliance,  et  pour  la  ratifier  et 
accomplir  par  voye  des  fiançailles  ou  espouaailles  en  forme, 
aïnsy  que  V.  M.  le  trouvera  pour  le  meilleur  et  pour  ar- 
reeter,  par  mesme  moyen,  le  temps  du  transport,  auquel 
S.  A.  R.  sera  receue,  chérie,  traittée  et  honoré  selon  la 
dignité  de  aa  naissance."  Le  Roy  dit:  „que  S.  A.  se  fie  en 
ma  parole,  et  moy  je  me  fieray  dana  la  ùenne,  et  trou- 
vons quelqn'  expédient  que  par  la  mort  de  l'an  ou  de 
l'autre  cela  ne  puisse  rompre."  Je  dis:  „Sire,yIn'y  a  aucun 
Benrté  k  trouver  ny  cercher,  ai  ce  n'est  par  le  transport, 
et  aor  icelle  se  peult  fonder  nostre  commune  conservation, 
et  V.  M.  ne  noua  açaoroit  plua  obliger  que  par  une 
liaison  de  telle  conséquence,  qny  erit  nodua  ùtdàsolubilù." 

19» 


,,CoogIc 


1640.  Aoftt.]  —   292   — 

„Mma,"  dit  le  R07,  „ce  D'est  pas  assez  honorable  pour 
moy  d'envoyer  nne  si  jeune  fille;  on  se  mocquera  de  moy," 
Je  dis:  »Sire,  nullement,  et  S.  Â.  et  les  Estais  auront  nne 
éternelle  obligation  à  V.  M.  de  sa  feveur."  Le  Roy  dit: 
„S.  Â.  Touderoît-yl  me  bien  envoyer  son  fils,  pour  m& 
seurté,  et  le  laisser  icy?"  Je  dis:  „  Sire,  cela  seroit  bien  le 
désir  de  S.  A.  et  à  S.  A.  le  jeune  Prince  beaucoup  d'hon- 
neur, maïs  n'estant  que  fils  unique  et  destiné  snccessenr 
ans  gouvernements  de  nos  provinces,  je  ne  croy  pas  que 
V.  M.  le  voudroit"  Le  Roy  dît:  „  madame  la  Princesse 
est  jeune  et  peult  avoir  encor  des  fils  ;"  je  dis  :  »Sire ,  Dieu 
le  venlt  '  mais  yl  est  incertain."  Le  Roy  se  ttut  à  rire, 
et  dit:  „songons  '  un  peu  à  l'affaire."  Je  dis:  „Sire,  je  supplie 
à  V,  M.  ne  vouloir  plus  songer,  mais  me  i'accorder;"  le  Roy 
dit:  „je  n'ay  encor  escrit  à  ma  soeur  ny  dit  à  ceus  de 
mon  conseil."  Je  dis:  „  Sire ,  ai  elle  est  résolue ,  trouvera  des 
applaudissements  auprès  de  ceux  qui  veulent  du  bien  ï 
y.  M.  et  à  nostre  Estât,  et  S.  A.  ne  l'a  pas  aussi  encor 
notifié  ans  Estais."  Le  Roy  me  dit:  „la  Royne  est  anasi 
bien  que  moy  de  cette  opinion,  et  parlés  à  elle  et  elle 
vous  le  dira."  Je  dis  que  je  me  donnerois  l'honneur  et, 
après  plusieurs  aultres  demandes,  je  pris  congé  de  S.  M. 
et  m'en  allois  vers  la  Royne,  laquelle  aussitost  me  fist 
entrer;  je  fis  une  harangne  assez  courte,  mais  tonthanlt 
et  au  nom  de  Y.  A.  A.,  snr  k  naissance  du  jeune  Prince, 
consistante  en  civilités  et  compliments.  Celle  finit,  S.  M. 
fist  retirer  les  dames;  je  la  priois  allors,  au  nom  de  V.  A., 
de  vouloir  faire  valoir  ses  bonnes  affections  au  succès  de 
cette  action,  dont  l'honneur  et  le  gré  seroit  deu  à  S.  M., 
pour  la  prospérité  de  laqnelle  V.  A.  employeroit  sans 
condition  ses  voeux  et  ses  servises.  Elle  me  dit  :  „j'en  re- 
mercie bien  fort  monsieur  le  Prince;"  et  après  j'allégois 
tous  mes  raisons,  et  ponrquoy  le  transport  estoit  tant  né- 
cessaire et  que,  sans  icelny,  yl  ne  seroit  de  tant  d'ef- 
ficace et  fondement;  que  le  Roy  m'avoit  dit  et  commande 
d'en  parler  à  S.  M. ,  et  je  répétois  l'exemple  de  Charles 

1  vcaille.  ■  aasgcona. 


,,  Google 


•  293  ■ 


[IMa  Aott. 


Vm  avec  la  fille  du  dacq  de  Bretagne.  La  Royne  me 
dit:  „yl  est  vray,  j'en  sais  contre,  mais  je  n'avois  pas  ouj 
les  raisons  de  Monsieur  le  Prince ,  je  parleray  astheur  au 
Boy  et  feray  tout  ce  qui  sera  en  mon  poulvoir."  Surquoy 
le  Roy  vint  d'entrer,  et  ainsi,  après  quelques  demandes 
particoliëres,  je  pris  mon  congé  de  leurs  Majestés.  Mon- 
sieur de  Vane  estoit  le  mesme  jour  envoyé  à  Londres  où 
je  vins  hier  au  soir  pour  le  trouver;  il  m*a  promis  qu'yl 
retournera  cest  aprës-disné  et  que  lundy  de  grand  matin 
je  ie  viendray  voir  dans  sa  chambre,  que  demain  et  après- 
demain  yl  ne  fera  aultre  chose  que  de  presser  leurs  Ma- 
jestés à  une  bonne  conclusion,  laquelle  yl  désire  et  croit 
avec  moy  estre  très-nécessaire,  si  on  veult  donner  efficace 
à  ce  traitté.  Voila,  Monseigneur,  sa  promesse  et  propres 
paroles  et  qu'yl  estoit  résolu  de  passer  le  dimanche  seu- 
lement k  sa  muson  à  la  campagne  mais  qu'yl  ne  le  feroit 
pas  et  nul  afi&ire  que  jusqnes  à  ce  que  je  serois  expédié. 
Je  le  souhaitte  et  avec  passion,  et  à  Dieu  de  vouloir 
conserver  la  personne  de  V.  Â.  en  longue  santé  et  pros- 
périté, et  à  moy  d'estre  &  jamais.  Monseigneur, 

de  vostre  Altesse  très-humble,  très-obéîs- 
sant,  et  très-fidèle  serviteur, 

HZXNVLIET. 

De  Londres,  le  17  aonst  1610. 

LETTBE   BCXXX. 

Le  Roi  <f  Angleterre  au  Prince  (^Orange.     Il  approuve  U« 
artides  du  contrat  de  mariage. 

Mon  Cousin.  Pour  vous  faire  voire  l'estime  que  j'ay 
de  vostre  amitié ,  j'ay  accordé  et  désiré  le  S'  Henfiet  '  de- 
vant mon  parlement,  de  mestre  fin  à  l'afaire  ponrquoy 
il  est  icy  et  de  signer  les  articles,  hors  ane  chose,  qu'il 
TOUS  fera  entendre  les  raisons,  que  je  Iny  ay  donnés, 
m'asseorant  néamoins  ',  en  temps  propre ,  de  vous  satisfaire 
'  Heeoïlirt. 


,,  Google 


I6«.  août]  —  294  — 

mesine  en  cela.  C'est  poarqaoy  me  remettant  à  luy  et 
estant  preste  de  partire ,  feit  que  j'attendraj  vostre  res- 
ponce  à  l'armé ,  et  vous  prie  de  croire  que  je  déaire  d'a- 
Toire  avec  vons  nue  amitié  si  entière  que  je  vous  feray 
Toire  en  tontes  occasions  qae  je  suis, 

vostre  très-aSèctionné  cousin, 
CHABLES  szx. 
Londres,  œ  20  d'aonst  1610. 


liETTAE  DCXJLXI. 

M,  de    WiUhem  à  M.  de  ZmfUekem.   StadKoudérat  de  Gro- 
nmgue!  nouotlUê. 

Monsieur  mon  A*ère.  Les  advis  que  j'ay  par  û-devant 
en  de  Groninge,  avoyent  grandement  haussé  mes  espé- 
rances, mais  ces  derniers  les  rabaissent  un  peu.  L'envoy 
de  la  Généralité  n'a  servi  qu'à  aigrir  les  humeurs,  et  la 
trop  fréquente  communication  et  correspondance  avec  ceux 
d'Omlande  a  causé  quelque  jalousie  parmi  ceux  de  la  ville , 
lesquels  sont  embrouillez  en  trois  Ëictions  ;  il-y-a  celle  d'Ei- 
singa,  de  Bartoldt  Wichringe  et  la  troisième  de  Jolùng-, 
la  dernière  semble  estre  portée  pour  S.  A. ,  de  la  seconde 
on  ne  sçait  quasi  que  dire ,  et  la  première  se  déclare  pour 
le  conte  GuUlaume,  k  ce  qu'on  me  mande.  Tant-y-a  qu'ils 
n'ont  peu  s'accorder  et  qne  l'affiiire  a  esté  remis,  et  que 
la  porte  nous  est  ouverte;  j'espère  qu'on  s'asseurera  de 
l'événement ,  devant  qu'y  engager  sa  réputation.  M' Staeck- 
man  est  allé  lît  pour  gagner  Coenders ,  s'il  est  pos- 
sible; m'  Aemhem,  qui  est  allé  à  Âemhem,  vons  doit 
avoir  particulièrement  informé  de  ces  affaires,  qui  sera 
cause  que  je  vous  n'en  diray  plus  que  ces  deux  motspeitaia 
foribus  noatria  ùbdUa  removeri  tuadeo.  H  est  nécessaire  d'en 
venir  à  bout  pour  le  bien  de  l'Estat  et  la  grandeur  de 
S.  Â.,  et,  à  mon  ad  vis,  ne  doit  estre  traitté  d'une  com- 
mune main,  par  ce  qu'autrement  il  est  à  craindre  que  la 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  295  —  [1640.  Aoat. 

division  et  les  jalousies  ne  destmisent  ce  qu'on  désireroit 
édifier.  —  Je  viens  de  recevoir  une  lettre  de  mon  frère, 
qoi  me  touche  en  termes  généraux  quelque  chose  de  Den- 
nemarc  Pour  moi  je  me  double  que  le  fils  du  Roy  de 
Dennemarc,  Chrbtian-Ulric ,  ne  veuille  demeurer  en  ces 
quartiera-là  pour  garder  le  Weser  et  s'opposer  aux  tronp- 
pes  de  Bannier  et  des  associes.  Quand  j'auraj  découvert 
quelq  chose,  je  tous  en  advertiray.  Les  impérialistes  ont 
prins  [Treimstadt],  qui  est  une  maison  de  madame  la  Lant- 
grave,  Croyez-moy  qu'il  y  a  quelque  mystère  caché  sous 
la  demeure  du  conte  Christian-Ulric  en  ces  endroîcts  et 
environs.  H  ne  sera  que  bon  que  ceux  d'Embden  ayent 
l'oeil  ouvert.  J'escriray  ce  soir  à  mon  frère  qu'il  me 
veuille  spécifier  ses  advis  et  considérations,  car  j'estime 
qu'elles  pourroient  estre  de  saison.  Pour  conclusion,  je 
ne  me  sçaurois  empescher  de  verser  en  vostre  sein  que 
S.  A.  se  repentira,  si  elle  ne  ftit  dextrement  embrasser 
l'acre  de  Oroningue ,  pour  les  conséquences 

D.   DE  WILLHKH. 

84  d'aoust  1640,  Haye. 


LETTRE   DCX3CXII. 

Le  même  au  même.     Affairet  de  Suide. 

Monsieur  mon  frère.  La  Suède  est  aussi  bien  travaillée 
du  mal  de  mère(')  que  la  France.  La  royne-vefve'  s'est 
retirée  mal  contente  de  la  cour  et  hors  du  reyaume  et 
est  allée  i  Wisbuy  en  Gotlant,  d'où  elle  est  partie  et 
accueillie  magnifiquement  de  la  part  du  Roy  de  Donne- 
mare  par  vingt  vaisseaux  de  guerre.  La  Suède  a  grand 
intérest  à  prévoir  la  conséquence  de  cette  fuite,  et  la 
vérité  est  que  le  Roy  de  Dennemarc  est  possédé  d'un  grand 


(1)  Jto  de  mois  {mal  de  but),  pw  alluskin  ik  Marie  de  Mcdici). 

1  Muie-Él^ara  (IBBO— 16GS),  fille  de  l'ÊleeteuT de Brandeboorg ,  < 
de  G  uUtc- Adolphe. 


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1640.  ioûi]  —   296   — 

désir  de  se  prendre  aux  sénateurs  da  royaume  de  SnMe, 
qni,  à  son  opinion,  violentent  la  Royne  et  usurpent  tante 
l'authorité  royale.  Mais  i,  quel  propos  vous  entreticD-je 
de  ces  nouvelles,  puisque  sans  doutte  tous  estes  mieux 
informé  de  tout  ceci  par  d'autres?  Je  vous  rends  néants 
moins  compte  do  ceci  par  cette  occasion  précipitée,  déâ- 
ranl  que  receviez  mes  advis  ponr  gages  de  l'honneur  et 
affection  que  je  vous  porte;  vous  en  userez,  s'il  vom 
plaist,  selon  raffection  que  je  me  promets  de  vous,  et 
que  je  tàcheray  de  mériter  par  tons  les  services  que  eçau- 
riez  requérir.   Monsieur  mon  frère, 

Tostre  serviteur  très-obéissant  et  affectionné  frère 

D.  DE  WILLHEII. 

De  la  Haye,  ce  26  d'aonit  1640. 


Le  même   au   même.     Il  ineùle  pour  qu'on  ne  néglige  pas 
Vaffaire  du  StadJtoiuUrat  de  Groningue. 

Monsieur  mon  frère.  Par  la  vostre  du  24  escrite  an 
soir,  vous  me  dites  si  les  intéressez  du  quartier  de  Oro- 
ningue  vïenent  à  s'adresser  ii  la  Grénéralité  sur  le  subject 
de  leors  prétentions ,  qu'  asseurément  l'advis  de  8.  A.  en 
sera  demandé,  et  que,  par  moyen  de  cette  communication, 
nous  nous  en  meelerions,  mais  que  ne  le  pouvions  autre- 
ment de  bonne  sorte.  Je  me  persuade  que  les  dépotes 
de  la  Généralité  ont  rapporté  à  S.  Â.  plostost  le  [faste]  et 
la  formalité  des  prétentions  que  les  vrays  subjects  qui  les 
ont  fait  naistre  et  les  secrètes  conjonctnres  qui  sy  trou- 
vent, et  bien  qu'ils  peuvent  avoir  adjousté  et  entrenaeslé 
les  motifs  mesmes  des  différens,  néantmoins,  se  plaisants 
&  faire  trouver  bon  leur  négodé ,  ils  s'escartent  de  la  base 
et  l'expérience  de  cest  affaire,  et  s'occapent  par  trop  aux 
choses  gén<^rales,  qui  ne  peuvent  spécialement  servir  an 
dessein  ou  intérest  de  S.  A.     Je  sçay  que  ceui  de  Gro- 


,,.GoogIc 


—   297   —  [1640.  Août 

ntnghe  et  d'Omlande  sont  en  procès  poar  ta  supériorité 
poor  les  veenlanden,  alluvions,  pescherie;  je  voida  naistre 
encores  des  dissentiom  entre  les  Oldampten  et  ceux  d'Om- 
lande en  matière  de  pescherie,  mais  pour  aucun  de  ces 
diiTérens  ils  ne  s'addresseront  à  la  Généralité,  ains  ponr- 
snivront  l'affeire  en  justice.  Et  ces  messieurs  les  juges 
sont  plus  habiles  en  leur  mestier  que  les  députez  en  leur 
légation;  car  ils  ont  si  bien  fait  par  leur  sentence  qu'ils 
tiënent  les  parties  dans  leurs  fers;  une  bonne  quantité 
des  points  est  déterminée,  desquels  ils  se  sont  réservé 
l'interprétation,  et  pour  la  décision  des  antres  poincts,  ils 
sont  aussi  engagés  de  venir  ici,  afin  que  leur  premi&re 
industrie  ne  leur  soit  inutile,  et  de  peur  qu'ils  n'eschap- 
passent,  on  leur  a  dressé,  à  ce  qu'on  tient,  des  filets  à  les 
empestrer.  Les  députez  s'ils  avoyent  procédé  de  mesme, 
je  serois  de  vostre  advis  d'attendre  ici  le  bon  de  l'esteuf , 
pour  le  bacoller'  comme  il  &ut  Or  je  vous  puis  asseurer 
qu'ils  ne  s'addresseront  point  à  la  Généralité,  car  et  les 
uns  et  les  autres  tîènent  la  sentence  favorable  pour  eux; 
si  les  uns  ont  tiré  plusieurs  salvo's,  les  autres  ont  voulu 
faire  sonner  les  cloches,  comme  par  trophée,  ainsi  qu'il 
TOUS  plaira  voir  dans  l'extraict  de  la  lettre  de  m'  Coen- 
ders  escrite  le  premier  de  ce  mois,  que  je  vous  envoyé; 
voire  quelqu'un  m'a  voulu  faire  acroire  que  les  cloches 
ont  carillonné;  mais  on  ne  me  mande  pas  cette  particu- 
larité; que  si  vous  voulez  dire  arec  nos  députez,  qn'ib 
ponrroient  s'adresser  à  la  Généralité  pour  le  différent  mesme 
ou  la  diversité  d'eslire  un  gouverneur,  ne  pouvant  s'ac- 
corder, assearez-vous  que  cela  n'arrivera  pas;  ils  ne  sont 
pas  si  niais:  en  ces  choses  il  ne  &ut  rien  croire  de  léger. 
Il  est  question  d'empescher  que  ceux  de  Groningue  et 
d'Omlande  ne  puissent  se  descharger  de  la  haine  et  blasme 
de  la  prétention  de  S.  Â.  sur  le  peu  de  soin  et  dexté- 
rité qu'on  use  en  cest  affaire.  Cela  ne  se  peut  nier  que 
S.  A.  n'aye  eu  connoissance  de  l'envoy  de  nos  dépotez  à 
ceux  de  Frise  et  Groningbe,  qu'il  aye  agréé  l'eslection  de 


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1640.  août.]  —  298  ' — 

Drenthe;  tods  mesme  l'avouez,  par  vos  lettres  da  25 
escrites  au  greffier  Busero.  Le  secrétaire  de  Drenthe 
escrit  ici  k  M.  Persijn,  lenr  agent,  qu'ils  ont  esleu  met 
eenpaerige  stemmen  S.  H.  roor  gouvernenr,  naer  dat  hij 
verclaert  hadde  dat  hem  salx  aetigenaem  soude  sijn.  H 
n'est  pas  question  donc  de  cacher  tant  ses  intentions;  ains 
il  est  nécessaire  de  les  faire  connoistre  en  une  forme  dé- 
cente, et  la  pins  noble  façon  seroit  de  les  donner  entendre 
par  un  envoyé  exprès  an  hurgemabtre  Jolsing,  lequel 
j'entends  estre  du  tout  porté  en  &veur  de  S.  A.,  on  an 
burgmaistre  Wichring,  qui  est  aussi  fort  babil  homme, 
pour  l'engager,  ou  bien  s'adresser  à  tel  antre  qui  le  leur 
donnast  à  entendre  sonbs  mains,  sans  qu'ils  sceussent 
que  cela  vint  directement  de  S.  A.  On  pourroît  mesme 
confier  ce  point  h.  la  discrétion  de  celuy  qui  sera  em- 
ployé par  S.  A.  pour  ce  subject,  de  choisir  et  prendre  le 
meilleur  expédient  que  le  temps  et  les  affiûres  pourroient 
permettre  k  la  confusion  qui  sj  trouveroit.  Il  y  a  là  le 
fils  d'nbbo-Ëmmins,  qui  est  recteur  et  in  bnon  concetto, 
pour  avoir  estudié  avec  la  plus  part  de  ceux  qui  sont  en 
dignité  et  magistrature,  et  s'estre  acquité  tousjours  fort 
dignement;  pourquoi  ne  pourroit  on  à  cestny-là  notifier 
et  asseurer  les  intentions  fovorables  de  S.  Â.?  on  bien  il 
y  a  un  professeur  Alting,  ou  tel  antre  homme  de  probité 
et  de  crédit;  pourquoi  point,  après  l'avoir  trouvé  affec- 
tionné à  S.  A.,  luy  déclarer  ou  à  tel  autre  qu'il  plairait 
à  S.  A.,  les  intentions  qu'on  ne  doibt  et  ne  peut  ignorer? 
en  cest  a^re,  il  faut-  plustost  suivre  leurs  chemins,  pour 
incommodes  et  peu  unis  qu'ils  soyent,  que  d'entreprendre 
d'aller  plus  droit  et  plus  hant,  et  en  grimpant  se  trouver 
snr  un  précipice,  et  être  contraint  de  se  retirer  et  des- 
cendre honteusement.  Je  vous  prie  de  supplier  S.  A.  de 
révoCquer  cest  affaire  à  son  soin  et  prévoyance,  et  en- 
voyer quelqu'un  pour  acheminer  et  préparer  les  humeurs 
et  matières,  le  mieux  qu'il  jugera  estre  à  faire  pour  le 
bien  des  provinces,  de  l'Église,  et  de  la  maison  de  S.  A 
Ce   Ëmmius  ou  Althing  pourroient  puis  après  catéchiser 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


—   299   —  [1640.  AoW. 

cea  gens,  selon  la  dévotion  qu'ils  y  trouveront.  Et  qaand 
ce  ne  seroït  qne  poar  entretenir  les  bien  intentionnez  en 
leur  devoir,  decoovrir  et  empescber  les  menées  des  antres, 
et  gaigner  quelques-uns,  il  faut  qu'il  y  ayt  quelqu'un  lit 
expressément  de  la  part  de  S.  Â.  Que  si  deejà  il  y  en 
a  quelqu'un  auquel  on  se  paisse  confier,  cela  suffit  Qui 
nous  asseurera  qu'on  n'aye  différé  cest  affaire  pour  n'of- 
fenser messieurs  les  Estats,  en  les  conduisants  tout  &  plat, 
comme  cela  en  peut  bien  aussi  estre  occasion,  car  il  n'y 
a  rien  qui  empesche  qu'une  mesme  chose  ne  puisse  estre 
&ite  à  plusieurs  intentions.  Je  vous  marque  ceci,  pour 
vous  monstrer  combien  il  est  nécessaire  qu'il  y  ayt  là 
quelqu'un  qui  agisse  deztrement  De  penser  qo'ib  fe- 
ront de  gré  et  d'affection  quelque  chose  pour  S.  A.  (j'en- 
tends ceux  de  Crroningue  et  d'Omlanden) ,  cela  ne  se  doibt 
croire,  attendu  qu'on  s'apperçoit  de  leur  mauvaise  volonté, 
ayant  donné  les  compagnies  vacantes  en  l'armée,  desquel- 
les S.  Â.  seul  pouvoit  disposer,  à  tels  qu'il  leur  a  pieu. 
C'est  pour  vous  monstrer  combien  il  est  nécessaire  qu'il 
y  ayt  lit  quelqu'un  de  la  part  de  S.  A.  qui  les  lace  en- 
cliner  à  la  &veur  de  S.  Â.  et  espérer  d'icelle  toute  grâce 
et  souppe  graisse  es  occasions  qui  se  pourroient  présenter 
à  l'advenir.  II  &ut  tenir  les  bien-intentîonnez  bien  en- 
diainez  et  tascber  de  ranger  et  ramener  les  autres.  Si 
on  ne  te  faîct,  je  vous  asseure  que  tout  se  perdra  pour 
S.  A.;  c'est  i  elle  d'appréhender  tonsjours  les  choses  au 
pis  en  tels  affaires  et  s'esloigner  de  l'indifférence  et  len- 
teur, et  se  fier  &  ses  serviteurs  et  permettre  qu'on  se  fie 
pour  le  moins  à  quelqu'un,  vnde  ad  caetero»  dimanet  sub 
fide  sUentH  et  avec  les  cautelles  convenables  et  requises. 
Phira  oeilem,  $ed  aliortum  vocor  cotwiva,  apud  DoubUtium 
Êtmatorem  cum  Salmano  nottro  qui  miht  commitii  Simptiàum 
et  amores  luos,  quoa  tilii  m&ten  jussii  cum  muUa  aalule. 
Raptim  Hagae,  28  Anguiti  1640. 

Yostre  très-obéissant  serviteur  et  frère, 

■D.  DE  WILLHBH. 


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1S40.  Aoftt.] 


-  300  ■ 


Je  respondray  à  la  vostre  du  26  à  la  prochaine  occa- 
sion, Dieu  aydant.  Si  ces  messieurs  avoient  accepté  U 
Généralité  pour  juge,  je  serois  d'un  autre  advis.  Not 
députez  eussent  esté  braves,  s'ils  eussent  &it  compromettre 
ce  qu'ils  disant  des  différens  et  prétentions. 


liETTKi:   DCXXXIT. 

Le  même  ou  même.     Même  atjet 

Monsieur   mon   frère Sur   ce  que   vous  me  dites 

touchant  Groningbe,  je  retourne  à  vous  prier  de  supplier 
S.  A  de  croire  et  s'assenrer  qu'il  est  très-nécessaire  d'é- 
traindre  l'affaire  davantage  et  d'j  envoyer  quelqu'un,  qui  ' 
BOubs  main  face  devoir  d'arrester  les  desseins  de  ses  en- 
vieux, et  les  contraigne,  malgré  qu'ils  en  ajent,  de  sui- 
vre le  bon  chemin  qu'il  leur  trace.  Ayant  desjà  accepté 
le  gouvernement  de  Drenthe ,  consenti  dans  l'envoy  de 
la  Généralité,  ven  te  comportement  de  ceux  de  Frise, 
entendu  les  tours  et  retours  de  ceux  de  Groningue  et 
d'Omlande,  la  continnelle  sollicitation  du  conte  Guillaume, 
le  frétillement  de  ses  gens,  les  foîblesses  à  craindre,  il 
me  semble  qu'il  y  devoit  envoyer  pour  faire  son  devoir 
d'empescher  que  pis  n'advienne,  et  Dieu  l'aidera;  qu'il  y 
envoyé  tel  qu'il  connott  pouvoir  contrîbaer  le  plus  d'in- 
tégrité, suffisance  et  affection  à  son  service.  Quand  il 
considérera  les  grandes  occasions  qu'il  a  d'embrasser  ce 
&it,  il  trouvera  qu'il  ne  s'ingère  à  rien  qui  ne  luy  ap- 
partienne bien  fort  Et  pour  la  milice  et  pour  la  police, 
pour  l'exemple  et  pour  la  conséquence,  il  faut  qu'il  y  ayt 
correspondance  à  un  mesme  chef  et  général,  autrement 
il  s'en  ensuivra  la  dissolution  et  rupture  de  l'Union  de 
ces  provinces,  et  le  retranchement  et  diminution  de  l'aa- 
thorité  de  S.  A. ,  que  Dieu  ne  veuille.  L'affaire  est  allé 
trop  avant  Au  pis  aller  ne  croyez-vous  pas  que  S.  A 
Boit   par   dessus  l'honneur?    Sed  neqae  Blaesua  ideo  iUiu- 


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—   301    —  [1640.  Aoat. 

trtor  et  kuic  negabi»  honor  gloriam  infendit,  inquit  iUe. 
Ce  n'est  pas  à  dire  que  je  veaille  qa'oD  hazarde  la  ré- 
putation ouvertement,  fjà]  ne  soit,  mais  nous  ne  pouvons 
pins  demeurer  spectateurs  oisiis,  et  verba  darUet  ubi  re- 
qmriiur  re»,  honor  et  dignilas.  Les  paroles  ne  peuvent 
servir  de  rien  quasi,  si  la  personne  n'est  avouée  qui  les 
référé.  Ntmguam  rectiu»  de  re  aliéna  judicamut  guam 
muiaiis  penonii.  Si  S.  A.  parvient  à  obtenir  le  gouver- 
nement de  Groningue,  le  conte  Guillaume  sera  assez  em- 
pesché  à  se  défendre  de  divers  endroits  qui  le  menacent. 
H  y  a  ici  deux  députez  des  [2]  villes  de  Frise,  il  ne  me 
cousteroit  que  de  prodiguer  trois  paroles  pour  les  mettre  en 
jeu;  mais  je  n'ay  garde,  ne  sçacbaut  au  plus  près  l'in- 
tention de  nostre  maistre,  pas  mesme  l'ordre  et  la  méthode 
qae  S.  Â.  &it  tenir  en  Groninghe  et  Omlande.  Les 
forces  divisées  ont  moins  d'efficace  et  d'exécution.  [A  elles.] 
Je  suis.  Monsieur  mon  frère, 

TOstre    serviteur  tr^s-obéissant  et  affec- 
tionné frère 

D.  DS    mLLHEM. 

39  d'aouat  1640,  à  la  Haye. 


'  t  LETTRE  BCJDCXT. 

Le    Prince   <f  Orange  à   M.    de  Heenvliet.     ImpouxbiliU  de 
permettre  les  céréiitome»  de  CÉgliee  Angtieane. 

Monsieur.  Depuis  ma  dernière  dépesche  du  13  juillet 
je  trouve  avoir  recen  les  vostres  dn  20  juillet,  3  et  17 
d'aoust,  dont  la  dernière,  qui  me  fiit  rendue  hier,  m'ap- 
prend comme  peu  à  peu  l'affaire  commence  à  s'achemi- 
ner par  de  ISi  à  de  meilleurs  termes  et  plusieurs  ditficul- 
tez  &  se  lever;  mais  comme  on  s'y  arreste  encor  aux  deux 
principales,  qui  sont  le  point  dn  transport  à  &ire  immé- 
diatement après  la  conclusion  et  ratification  du  traicté, 
et  celuy  des  cérémonies  d'Eglise,  j'ay  voulu  vous  exhorter 
<  A>  fa  MM  A  M.iU  ZafUoitm. 


,,  Google 


IHO.  Août.]  —  302  — 

et  recommander  encor  par  la  présente,  premièrement  qa'3 
fattlt  continner  à  insister  tousjoors,  et  sans  rien  laacher, 
sur  ce  dit  point  da  transport,  et  faire  estât  que,  sans 
iceluy,  il  n'y  aura  comme  rien  de  faict  Mais  ponr  ce 
qui  est  des  cérémonies,  la  réplique  péremptoire  qne  tous 
avez  à  ûiire  l^dessns,  et  contre  laquelle  il  ne  reste  rien 
à  dire,  c'est,  comme  je  tous  ay  amplement  marqué  par 
ma  dernière  instruction,  qne  ce  n'est  pas  moy,  mais 
messieurs  les  Estats  qui  sont  souverains  en  ces  Provinces; 
cons(!quemment ,  que  ce  n'est  pas  à  moj,  ni  k  aucun  au- 
tre, mais  à  enx  seuls  ii  introduire  des  nouveautés  an  &ict 
de  l'exercice  de  la  fieligion  en  leur  pais;  de  sorte  que 
ce  seroit  chose  hors  de  propos  et  inutile  de  me  vouloir 
obliger  à  des  conditions  qui  me  sont  tout  à  faict  impos- 
sibles; et  auroy-je  mauTÙse  grilce  de  promettre  ce  qui 
notoirement  est  esloigné  de  mon  pouvoir.  H  y  a  d'autres 
bonnes  raisons  sur  cest  article,  que  voas  trouverez  par  le 
menu  dans  ma  dite  instruction,  mais  celle-cy  est  la  plus 
absolue  et  ne  laisse  lieu  à  aucune  contestation  au  con- 
traire; dont  vous  m'obligerez  d'y  insister  aveq  vigueur  et 
an  reste  de  tascher  à  &ire  vuider  le  tout  aveq  la  plus 
grande  promptitude  que  pourrez,  pnis-qa'en  estes  en  si 
bon  cbemin.  iTattendray  en  impatience  à  quoy  tous  en 
serez  venu  au  prochain  ordinaire  et  tonsjours  vous  tes- 
moigneray  mes  ressentiments  de  ces  bons  offices  comme 
estant,  etc. 


■  I^STVBB  DCXaCXVI. 

M.  de  Zuyliehem  à  M.  de  HeenoUeL     Même  mjeU 

Monûeur.  S.  A.  vous  &ict  ceste  dépesche  expressé- 
ment, par  ce  qu'il  luy  semble  que  vous  ne  pressez  pas 
assez  l'argument  ab  impoaaibili,  sur  l'artide  des  cérémo- 
nies: qui  est  dit-elle,  aussi  loing  de  son  pouvoir  que,  par 
exemple,  il  seroit  de  celuy  de  m'  le  comte  d'Arondel 
>  Oapù  Je  ta  mm»  dt  U.  4»  ZaflùiiK. 


D,g,t7cdb/GOOglC 


—    ÛVÔ   —  [lUiO.  AoAt. 

d'introduire  des  nonveautés  de  religion  en  Angleterre,  oii 
yl  n'y  a  que  le  Roy  de  sonverain,  et  quelle  imperti- 
nence serait  ce  donc  d'aller  promettre  des  choses  qu'on 
n'est  pas  capable  en  aucune  sorte  de  prester'P  et  pourquoy 
te  Soy  Toadroit-il  demander  ce  non  faisable,  tesmoig- 
nant  d'ailleurs  tant  de  bonne  volonté  à  l'achèvement  du 
traJcté? 

Par  ceste  occasion  je  veux,  et  du  scea  de  S.  A.,  vous 
instruire  d'un  argument  trës-valide  qni  se  peut  tirer 
contre  l'introduction  des  cérémonies  du  7'  article  des 
constitutions  et  canons  ecclésiastiques,  que  te  Koy  mesme 
a  fàict  publier  de  ceste  année;  le  dit  article,  qui  con- 
cerne des  riliu  et  cérémonies  d'Ëglise,  les  déclarant  à 
diverses  reprises  indifférentes,  et  dont  ceux  qni  en  usent 
ne  doibvent  mespriser  ceux  qui  n'en  usent  pas,  ni  ré- 
ciproquement ceux  qui  n'en  usent  pas,  ceux  qui  en 
usent;  suivant  la  règle  de  l'Apostre  que  ce  texte  mesme 
allègue.  Fwctes-Tous  traduire  tout  l'article,  et  vous  y 
trouverez  tout  plein  de  passages  qui  vous  serviront  d'ex- 
cellentes réfutations  sur  ces  instances. 

J'escris  en  haste  et  ne  puis  pins,  parcequ'un  bateau  qui 
emportera  ceste  dépesche,  est  prest  à  descendre  avecq  un 
convoy  exprès.   Je  vous  baise  les  mains  et  demeure,  etc. 


'liBTTBE   DCXXXVII. 

Le  Prince  (f  Orange  à  M.  de  HeenvlieL     Même  sujet. 


de  UkutIii 


Monsieur.  Avant  que  recevoir  la  présente,  vous  aurez,  s.  a.  i 
j'espère,  ven  par  ma  dernière  du  premier  de  ce  mois, 
les  considérations  que  j'ay  trouvé  nécessaire  de  vous  y  " 
réitérer,  sur  les  instances  qae  je  voyoy  qu'on  persistoît 
à  vous  faire  en  ce  qui  est  de  ces  deux  articles  princi- 
paulx,  du  transport  et  de  la  cérémonie  d'Eglise.  Du 
depuis  vostre  lettre  du  24  d'aoost  me  faisant  cognoistre 
■  Unir  {Ui.  prantin.)  •  lU  la  maix  Je  M.  ie  ZMfBeiem. 


,,Googlc 


i««.  S«pt.]  —  304  — 

que  cela  ne  cesse  point ,  mais  qu'on  toos  en  presse  de 
plus  en  plus,  je  voua  en  {a.y  encor  ce  mot  exprès,  pom 
TOUS  recommander  de  prendre  bien  esgard  à  mes  dites 
dernières  considérations,  et  nommément  à  celles  qui  tou- 
chent la  dite  cérémonie,  afin  de  faire  tme  fois  pour  tontes 
comprendre ,  et  à  leurs  Majestés  et  particalièrement  i 
M^  Vane,  qo'en  somme  ce  qn'on  me  demande  m'est  en- 
tièrement impossible,  comme  n'ayant  rien  du  monde  i 
dire  au  faict  de  la  sonveraineté  de  l'Estat,  à  moins  de 
quoy  je  ne  sçauroy  songer  à  introduire  des  nouveautei 
en  ses  Eglises  et  par  conséquent  me  sçauray  bien  garda 
de  promettre  à  un  Roy  ce  que  tout  le  monde  cognoirï 
estre  hors  de  mon  pouvoir  de  prester  et  accomplir;  dont 
c'est  chose  inutile  et  superflue  d'en  faire  plas  aucune 
mention. 

Four  ce  qui  est  du  transport ,  voyant  que  le  Roy  fiûct 
scrupule  de  s'y  obliger  par  les  articles  du  traicté,  il  me 
semble  qu'il  n'y  auroit  point  de  mal  à  en  obtenir  son 
adven,  par  un  acte  secret  et  séparé  et  duquel  il  ne  seroit 
point  faict  ouverture  aveq  le  dit  traicté,  de  sorte  qu'il 
ne  serviroit  que  d'autant  plus  d'asseurance  des  intentions 
de  S.  M.  pour  le  dit  transport;  auquel,  si  pour  tonte 
instance  (que  vous  ne  devez  laisser  d'en  faire  tonsjours) 
le  Boy  ne  veult  entendre  pour  les  mois  de  l'automne 
prochain,  qui  toutefois  seroyent  assez  propres  pour  le 
passage  de  la  mer,  il  &udroit  mettre  peine  k  le  Iny  foire 
aggréer  an  moins  pour  le  printemps  de  l'année  quï  vient, 
et  ce,  comme  j'ay  dît,  par  acte  séparé,  s'il  ne  se  peat 
par  le  traicté  mesmes,  en  quoy  cependant  je  ne  voy  pas 
que,  prenant  près  de  six  mois  de  remise,  on  auroit  subject 
de  faire  grande  difficulté.  C'est  ce  que  j'ay  estimé  vous 
debvoîr  encor  dire  par  cest  ordinaire,  attendant  qu'à  me- 
sure qu'il  en  viendra,  voue  prendrez  la  peine  de  me  tenir 
adverti  de  toutes  vos  rencontres,  qui  m'en  recosnoistray 
Tostre  obligé  et  touBJours  seray,  etc. 


,,  Google 


'  liETTmE  Dcxxxrni. 

JH.  de  ZayUchem  à  M.  de  Stenvliet.    Même  ntjH. 

Monsienr.    Je  vous  prie  de  bien  avoir  esgard  an  con-  ^^Jn"  %^ 
tena  de  la  présente.   S.  A.  ne  se  pent  assez  esbahir  comme,  â'î^'Sï^"^ 
persistant    à   prier   setdement    le    Roy   de  passer  l'article  "^r»'». 
de   la  cérémonie,  il  semble   qae  vous  oablïez  le  senl  ar- 
gument qui  peat  tout  renverser,  qni  est  rimpottihle.   Car 
encor,  si  S.  A.  promettoit  la  ville  d'Amsterdam  au  mar- 
ché, seroit-ce  pas  chose  ridicule,  n'en  pouvant  non  plus 
disposer  qne  vous  on  moy?  Adieu,  je  suis,  etc. 

LBTTBe   DCXXXIX. 

Le  Roi  d'Angleterre  au  Prince  ^Orange.    Il  recevra  voion- 
tiera  te»  amboMadear». 

Mon  Cousin.  Ayant  receu  vostre  lettre  et  dans  ycelle 
des  témoygnages  de  l'affection  que  vous  me  portés ,  de 
quoy  je  suis  sy  sensible  que  je  vous  feray  voir  dans  les 
occasions  par  les  efects  des  assenrances  de  la  mienne, 
et  pour  l'affaire  de  qnoy  vous  me  remetés  au  S' Hemve- 
liet  ',  je  commandé  k  mon  secrétaire  Vane  de  vous  en 
randre  reponce  plus  au  long;  s'est  pourquoy  je  vous  diray 
seulement  en  général!  que  vons  pouvez  tousjours  envoyer 
vos  ambassadeurs  et  que  je  ne  doute  que  je  ne  leur 
donne  contentement,  désirant  vous  faire  voire  l'estime  que 
j'ay  de  vons  par  cela  et  par  tonte  autre  chose,  afin  que 
voua  ne  puissiez  douter  que  je  suis  véritablement,  mon 
consin, 

vostre  trës-aâéctîonné  consin 

OHABLBS  B. 

Whythall,  ce  17  de  nov.  1640. 
'  cDpù  aatajnipie.  *  HeeniUet. 


,,  Google 


1840.  Wsembre.]  —  306  — 

LVriKB  BOXIj. 

Le  «erétairt  dÉtai   Verne  ou  Prince  <£  Orange.  Mhne  aujtL 

Monsieur.  Celle  de  vostre  Altesse  du  quinzième  pré- 
sent  je  receu  par  le  porteur  macredy'  dernier  an  soir, 
entre  dix  et  onze;  le  lendemain  au  matin  je  présenté  la 
Tostre  au  Roy  et  celle  de  madame  la  Princesse  ^  la  Rojne, 
téqaelles  furent  recenes  de  leurs  Majestés  avec  joye  sin- 
gulière et  contentement  Hier  aprës-disné  le  conseil  s'as- 
sembla,  le  Roy  présent,  où  S.  M.  déclara  à  eux  le  con- 
tenu de  Tostre  dépêche  et  sa  résolution  touchant  l'aliance; 
laquelle  fust  receue  et  approuvée  par  un  applaudisse  m  eot 
universel,  et  vostre  Altesse  se  penlt  asseurez  de  mesme 
du  Royaume,  sitost  que  l'affaire  sera  sceue;  le  Roy  est 
si  empêché  par  le  présent  dans  ses  affaires  domestiques 
qu'il  m'a  comendé  de  &ire  ses  baise-mains  à  elle,  et  de 
l'excuser  en  ce  qu'il  n'a  pas  escrit  par  cet  exprès,  et  de 
TOUS  dire  que  vos  ambassadeurs  ne  sçaoront  pas  arriver 
si  tost  qu'ils  seront  le  bien  venoz.  Au  reste  tout  qui  tou- 
che ceste  affaire  va  au  souhait  et  je  ne  doubte  pas,  né- 
antmoins  *  tous  les  attaques  que  sont  faictes  contre  les  mi- 
nistres et  le  ministère,  que  te  Roy  et  son  Parlement 
s'accorderont  et  que  la  conclusion  en  sera  pour  son  bien, 
celny  des  ses  Royaumes  et  du  public,  lequel  le  grand 
Dieu  le  veuille,  et  alors  je  seray  tant  plus  capable  de 
servir  Y.  A.,  comme  je  me  suis  [advoué]  à  jamais,  Mon- 
sieur, 

de  Y.  A.  le  très-humble,  très-obéyssant, 
et  très-fidèle  serviteur, 

H.  VANK. 

A  Whitehsl,  ce  11  dn  décembre 
nostre  atile  1610. 
'  mercredi  '  malgré. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  307   —  [16M.  IKctnibîe. 

'  N*.  DCaJU. 

Imlructton  du  Sieur  de  Beoenoeert  ' ,  s'en  allaiit  de  la  part 
du  Prince  cCOrange  vers  le  Roi  de  France,  pour  com- 
muniquer le  projet  de  mariage  du  jeune  Prince. 

Le  sieur  de  Beverweert  entreprenant  ce  voiage,  asera 
de  la  plus  grande  diligence  qu'il  luy  sera  possible,  et 
estant  descendu  en  France,  prendra  ausaytost  la  poste 
vers  la  Cour  et,  s'il  se  desbarqne  à  Calais,  saluera  de  la 
part  de  son  Altesse  le  sieur  conte  de  [Charvost],  s'il  est 
sur  son  gouvernement,  et  prendra  langue  '  de  luj  du  lieu 
où  il  pourra  trouver  le  Boy  et  M'  le  Cardinal-duc  de 
Richelieu. 

Arrivé  qu'il  sera  en  Cour,  fera  incontinent  advertir  le 
dit  seigneur  Cardinal-Duc  de  sa  venue  et  demander  son 
heure,  pour  délivrer  à  S.  É.  sa  lettre  et  Iny  exposer 
sa  charge.  A  l'audience,  après  les  compliments  faicts  au 
nom  de  leurs  Altesses,  dira  avoir  esté  dépéché  par  S.  A. 
avec  ordre  exprès  de  s'adresser  immédiatement  &  S. 
Ë.  et  d'apprendre  d'elle  l'ordre  qu'il  aura  il  tenir,  pour 
bien  et  denement  se  décharger  de  sa  commission  envers 
S.  M.  et  la  Koyne. 

Laquelle  consiste  toutte  ^  donner  véritable  information 
^  S.  M.  et  &  S.  Ë.  de  tout  ce  qui  s'est  passé  au  pour- 
parlé  du  mariage  entre  une  des  Princesses  d'Angleterre 
et  le  Prince  Guillaume,  fils  unique  de  S.  A. 

Et  pour  commencer  par  en  esclaircir  S.  E.  et  pour  en 
prendre  ses  advis  sur  son  ultérieure  conduitte,  pour  preuve 
de  l'entière  confience  que  S.  A.  prend  en  son  amitié,  Iny 
représentera  que,  passé  environ  deux  ans,  il  auroît  esté 
fàicte  en  gros  nue  proposition  à  S.  A  de  penser  encor 
de  son  vivant  à  donner  femme  à  son  fils ,  et  que  se  trou- 
vant trois  jeunes  Princesses,  qui]  ne  seroit  hors  de  pro- 

1  De  U  MMn  du  Sr  de  SommeUdfCt. 

'  LoD»  de  NuuD,  Scignear  d«  1*  I>ea|,  ds  BcTcrweeri,  et  d'Oil;ck,Htt 
naturel  du  PriDce  HiDTÎee.  •  «'infomien. 


,,Googlc 


1640.  WcMobw.]  —   308   — 

pos,  d'en  faire  sonder  là-dessus  les  inclinations  du  Boy 
et  de  la  RojDe  de  la  Graude-Bretaigne. 

Et  luy  ayant  ensnitte  esté  rapporté  y  avoir  espérance 
que  leurs  Maj.  ponrroyent  entendre  à  telle  alliance,  elle 
anroit  envoyé  un  gentilhomme  ' ,  pour  connoistre  sur  les 
lieux  et  de  lenrs  Majestez  mesmes,  s'il  estoit  besoin,  Fap- 
parence  du  progrès  et  succès  de  telle  espérance,  et  aussy 
d'en  apprendre  de  loin  les  conditions. 

Après  trois  voiages  consécutifs,  anroit  icelny  gentil- 
homme rapporté  lettres  de  leurs  Majestez,  par  lesquelles 
elles  déclarent  avoir  aggréable  la  proposition  da  mariage 
et  d'y  voulloîr  entendre  aux  conditions  portées  en  un  pro- 
ject  de  contract. 

Lesquelles  veues  et  considérées  par  sa  dite  Â.  et  tron- 
vées  assez  équitables,  auroit  réciproquement  faict  respoii' 
dre  à  leurs  Majestez  de  recevoir  cette  alliance  à  très- 
grand  honneur  et  d'en  approuver  les  conditions  et  le  pro- 
ject  du  traicté,  avec  supplication  d'en  accélérer,  le  plastost 
qu'il  se  pourra,  la  conclusion  et  célébration. 

A  quoy  leurs  Majestez,  désîrans  donner  acheminement 
k  l'affaire  et  contentement  h.  S.  A.,  luy  auroyent  faict 
l'boDueur  de  luy  mander,  par  leurs  dernières  lettres  sur  ce 
subject,  qu'il  sera  très  à  propos  d'envoyer  des  Ambassa- 
deurs  vers  elles,  avec  charge  et  pouvoir  de  faire  la  re- 
cerche  et  la  demande  de  la  dite  alliance  de  mariage  en 
forme,  pour,  cela  faict,  passer  immédiatement  après  à  la 
conclusion  et  signature  du  contract,  attendu  que  de  part 
et  d'autre  on  estoit  desjà  comme  d'accord  des  conditions 
d'iceluy. 

Cette  résolution  finale  estant  donq  venue,  S.  Â.  en 
donna  dès  l'heure  connaissance  à  Messieurs  les  Estais, 
lesquels,  pour  le  respect  et  l'affection  qu'ils  ont  à  la  mû- 
son  de  S.  A.,  l'ont  receue  avec  un  indicible  applandisse- 
ment,  puisque  c'est  un  premier  acheminement  à  la  lignée 
qn'ilz  souhaittent  ardemment,  pour  la  sçavoir  nécessaire  à 
lenr  bien  et  au  maintien  de  la  maison  de  S.  A.,  et  ont 
*  HseiiTliet. 


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-  309  - 


pUO.  D^canbn. 


iceux  Seigneurs  Estats,  poar  tesmoigner  leur  joye ,  voullu 
prendre  leur  part  de  cette  action ,  en  envoyant  leurs  am- 
ba88&!deDrs  avec  ceux  de  S.  A.,  pour  passer  en  ÂDgle- 
terre,  y  faire  la  recerche,  et  d'en  passer  le  contiact 

Ont  aassy  les  dits  Seigneurs  et  S.  A.,  pour  rendre 
te  respect  qu'ils  portent  à  S.  M.,  donné  part  an  sieur 
de  ta  Tuylerie,  son  ambassadeur,  tant  de  Testât  et  ap- 
parence du  dit  mariage,  que  de  la  résolution  d'envoyer 
des  ambassadeurs  en  Angleterre ,  pour  achever  et  mettre 
la  dernière  œùn  à  l'aâàire. 

Mais  comme  S.  A.  désire  s'entretenir  en  l'honneur  de 
la  confience  de  S.  M.  par  une  véritable  et  naifre  infor- 
mation de  ce  qui  s'est  passé  en  cette  négotiatjon ,  sans  en 
rien  réserver,  déclarera  iceluy  sieur  de  Beverweert  à 
S.  É.  sincèrement  et  de  bonne  foy,  que  le  discours 
cy-dessns  est  la  vraye  histoire  de  toat  ce  qui  a  esté  faict 
et  traicté  en  Angleterre;  mesmes  que  par  cette  alliance 
elle  a  eu  sa  principale  visée  à  establir  sa  maison  par  l'es- 
pérance d'une  prochaîne  lignée,  ne  se  voyant  qu'un  fils 
unique,  en  un  aage  encor  assez  tendre,  mais  près  de  venir; 
que  Sa  dite  A.  désireroît  de  tout  son  coeur  que  cette 
convention,  qu'elle  répute  h  un  grand  et  solide  bonlieur, 
peust  servir  d'occasion ,  planche  et  moyen  pour  avantager 
la  cause  commune,  par  un  contrepoix  aux  ambitions  et 
usurpations  d'Espagne ,  surqucy  S.  A.  sera  tousjours  bien 
ayse  d'entendre  les  ouvertures  que  S.  E.  luy  en  voudra  faire. 
Pourra  donq  dire  le  dit  BÎenr  de  Beverweert,  laissant 
cette  généralité,  qu'en  tout  le  traicté  il  ne  s'est  parlé  que 
des  conditions  du  mariage,  comme  du  dot,  douaire,  de  la 
transportatjon  de  la  Princesse,  de  son  train,  demeure, 
éducation  et  des  choses  semblables,  sans  y  mesler  un  seul 
point  concernant  le  publicq,  de  manière  que  cette  con- 
vention est  purement  particulière  et  de  personne  à  per- 
sonne, dont  il  peut  donner  entière  asseurance  sur  ta  pa- 
rolle  de  S.  A. 

Cette  déduction  faicte,  demandera  d'estre  întroduict  par 
S.    È.    auprès    du   Roy,    afin    de    faire    la    révérence    à 


,,GoogIc 


1940.  Wcïmbre.]  —   310   — 

8.  M.  an  nom  de  S.  A.  et,  en  luy  exposant  sa  créance, 
luy  représenter  le  vray  but  et  fin  où  tend  le  mariage  de 
Gon  fils  avec  la  Princesse  d'Angleterre,  dont,  pour  l'hon- 
near  de  sa  proximité  et  pour  le  désir  de  laisser  S.  M. 
bien  esclarcye  et  satisfaicte  de  ses  intentions,  aussy  bien 
que  de  ses  actions,  il  aaroit  esté  dépesché  sans  entremise 
ny  délay.  Adjoustera  qu'il  a  pareillement  lettre  à  la  Boyne, 
mais  qu'il  a  commandement  exprès  de  suivre  en  et  par 
tout  l'advis  de  S.  É.,  lequel  il  le  suppliera  de  luy  dé- 
partir, mesmement  jusques  od  il  pourra  s'avancer  en  la 
communication  de  cet  affaire. 

Sy  M'  le  Cardinal-duc  vient  à  luy  demander  quelle 
autre  charge  il  a  de  S.  A.  et  s'il  n'a  quelque  pouvoir 
pour  traicter  de  la  prochaine  campagne,  il  taschera  de 
s'en  excuser  au  mieux  qu'il  pourra ,  comme  surprins  et 
ayant  esté  précipité  en  cette  commission;  que  d'ailleurs  il 
a  laissé  Messieurs  les  Estats  tousjoiirs  après  h.  redresser 
Testât  de  leurs  finances,  en  quoy  il  estime  qu'ils  ont  bon 
besoin  d'estre  secourrus  d'une  libérale  ayde  par  S.  M. 
Entrant  plus  avant  en  discours ,  mais  comme  de  soy-mesme, 
sans  en  avoir  commission ,  se  conjouyra  par  occasion  avec 
luy  de  la  grande  victoire  en  la  prinse  d'Arras,  oti  a  paru 
la  puissance  et  la  prudente  conduitte  esgalement,  recom- 
mandera aussy  de  fomenter  le  remnement  de  Catteloignc, 
et  taschera  de  laisser  S.  Ë.  en  la  persuasion  d'une 
immuable  affection  de  S.  A.  à  tenir  de  sa  part  les  vo- 
lontez  unies,  comme  sont  les  intérests,  sans  donner  Heu 
à  jalousie,  ny  a  séparation. 

Et  ayant  achevé  avec  le  Koy,  la  Royne  et  S.  É.  le 
dit  sieur  de  Beverweert  hastera  aussitost  son  retour  par 
deçà,  pour  rendre  conte  à  S.  A.  de  sa  négotiation  et  ren- 
contres. 

Faict  à  la  Haye,  ce  20  de  décembre  1640. 

Le  Prince  Préderic-HeDri  écrivit  à  M.  de  Liere,  seigneur  d'Oos- 
terwyk,  ambassadeur  des  Provinces- Unies  &  Paris:  „Tea<Kiye  le 
sieur  de  Beverweert  au  Boy,  sur  uoe  occasion  qu'il  vous  dira  et 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


■  311 


[IMO. 


■y  en  l'exécntion  d'ioelle  il  peut  avoii  besoin  de  Toatre  adresse 
et  fa?eur,  rous  me  feres  plaisir  de  l'en  ayder,  lequel  je  recoo- 
noistrsy  volontien  en  votre  endroict,  quand  m'en  vaudrez  requérir. 
Cependant  je  seray  bien  ayse  d'eatre  informé  par  fois  de  tous,  et 
de  son  anivée  et  du  jugement  qui  se  fera  par  delà  du  subject  et 
progrès  de  sa  commission,  me  remettant  da  surplus  à  la  anf&sance 
et  créance  du  dit  sienr  de  Beverweert." 


Mémoire  de  la  part  de  f  Électeur  Palatin  pour  Ut  Amhas- 
eadeun  du  Prince  <f  Orange  et  de»  Provinces- fJniet  en 
Angleterre. 

*,*  D'apri*  rioTÏtatioii  do  Roi  d'AoKlctsm  (lettre  A8B),  le  Prince  d'Onogt 
■jiDt  daniij  eoDDOÏBMDca  aai  Etiti-GJD^nai  da  projet  de  muiage,  cem-ei  de 
concert  avec  S.  A-,  eDTOjèrïnt  en  djputatian  Mlennelte  1  Londra  le  Sr  da 
Brtderode',  Mr.  de  SomœelKlfck  et  Mr-  Heenfliet,  aaïqDali  devait  te  joindre 
Mr.  Joichimi,  rimbaMâdenr  ordinaire,  afin  de  hire  la  demande  officielle. 

L'Électear  Palatin  dénrcit  profiter  de  cette  anbasaida  poor  Ici  inUttt*  de 
m  Haiion. 

Le  Roj  de  la  Grande  Bretagne  a  cy-dâvaot  requis  le 
Roy  de  Denemarc  de  contribuer  ses  meillears  offices  pour 
aider  &  obtenir  la  restitution  de  ce  qui  appartient  k  la 
maison  Electorale  Palatine,  ^  quoy  le  Koy  de  Denemarc 
se  monstrant  prompt  et  volontaire,  principalement  k  l'oc- 
casion de  la  présente  Diëte  de  Eatîsbone,  a  ofiert  à  di- 
verses fois  son  entremise  pour  moyenner  un  accommode- 
ment amiable. 

Le  Duc  de  Bavière,  après  un  assez  long  entreject  de 
difficultez  et  d'exceptions,  a  enlïn  déclaré  estre  content 
d'entrer  avec  ladite  maison  en  un  traitté  particulier,  et 
d'y  admettre  l'entremise  du  Hoy  de  Denemarc  conjoinc- 
tement  avec  celle  du  Collège  Électoral.  Et  le  Koy  de 
Hongrie  (qui  du  commencement  vouloit  à  toute  reste  ren- 
voyer l'afTaire  à  Couloigne)  donnant  Heu  aux  instances 
1  Jean  Wolfert  de  Br^erode,  (1B9B — ISES)  membre  de  l'ardre  êqoeetre  de 
Hollende,  époal  de  la  comteeee  Anne  de  Nuwa-Si^eD  et  en  leeondea 
b6c««  de  U  ecnteeee  Lobim  de  8«Inii,  Meni  da  h  PriDC«**a  d'Orange. 


,,  Google 


ie*0.  U&mibr*.]  —  <>'2  — 

da  Koy  de  Denemarc,  a  dod  senlement  consenti  tant  audit 
traitté  particulier  qu'à  ladite  entremise ,  mais  a  aossy  ap 
pointé  le  Vn  de  mars  prochain  et  nommé  la  ville  de  Ba- 
tbbone  ponr  ce  subject,  promettant  de  départir  et  envoyer 
au  Roy  de  Denemarc  un  sanfconduit,  pour  celuy  on  ceux 
que  son  Altesse  Elect  Pal.  y  voudra  employer. 

Or  encores  qu'il  soit  très-difËcile  de  recognoïstre  au 
vray  le  but  et  les  intentions  tant  du  Roy  de  Hongrie  que 
du  Duc  de  Bavière,  lesquelles  par  toutes  les  actions  et 
menées  précédentes  ne  peuvent  estre  que  fort  suspectes 
à  sa  dite  Altesse ,  quelque  beau  semblant  qu'ils  &cent  par 
dehors  pour  éviter  le  blasme  d'estre  en  obstacle  au  res- 
tablissement  de  la  paix  en  l'Empire,  si  est-ce  que  sa  dite. 
Altesse,  pour  ne  point  encourir  le  reproche  de  rejetter 
les  voyes  de  douceur,  et  pour  prévenir  que,  bods  un  tel 
prétexte,  on  ne  passe  &  quelque  préjudiciable  conclusion 
contre  elle,  a  pareillement  déclaré  estre  preste  de  con- 
descendre  Et  un  traitté  particulier,  et  a  quant  et  quant 
prié  par  ses  lettres  les  Électeurs,  Princes  et  États  de 
l'Empire  de  favoriser  et  avancer  la  négotiation  du  Roy 
de  Denemarc,  exhorter  sérieusement  et  disposer  ^  ladite 
restitution  ceux  de  qui  elle  dépend  et  de  la  faire  com- 
prendre dans  l'amnestie  de  l'Empire ,  leur  remonstrant  que 
sans  icelle  l'Empire  ne  se  peut  promettre  aucune  paix 
ferme  et  asseurée. 

Mais  d'autant  qu'il  n'est  pas  vraysemblable  que  le  Roy 
de  Hongrie  et  le  Duc  de  Bavière,  qui  ont  un  si  grand 
avantage  en  main ,  se  laissent  si  facilement  fleschir  à  faire 
une  restitution  équitable,  honorable  et  tolérable,  s'ils  n'y 
sont  poussez  par  quelque  pubsaut  ressort  extérieur;  ven 
que  jusques  icy  ils  ont  bien  fait  parotstre  qu'ils  cer- 
cboient  plustost  de  se  maintenir  en  leur  usurpation  que  de 
reudre  ce  qu'ils  tiennent,  sadite  Altesse  a  supplié  le  Roy 
de  la  Grande-Bretagne  qu'il  Itiy  plaise  en  cette  occasion 
de  la  Diète  générale  de  Ratisbone,  et  en  la  conjuncture 
présente,  où  on  espère  une  heureuse  pacification  en  ses 
Royaumes,  de  luy  donner  une  prompte  assistance  d'hommes 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


et  d'argeot,  afio  qna  sa  dite  Altesse  se  puisse  rendre 
considérable  en  l'Empire  et  se  joindre  avec  les  armées 
confédérées  et  que,  par  ce  moyen,  S.  M.  face  veoîr  au 
monde,  spécialement  aux  Electears,  Princes  et  Estats  de 
l'Empire,  sur  tout  au  Duc  de  Bavière,  que  S.  M.  ne  veut 
pas  abandonner  une  si  juste  cause,  ains  qu'elle  entend 
que  sa  dite  Altesse  son  nepveu  soit  remis ,  avec  des  con- 
ditions raisonnables  et  honorables,  en  ce  qui  Iny  appar- 
tient de  droit  divin  et  humain. 

C'est  pourquoy  sa  dite  Altesse  Electorale  prie  et 
requiert  messieurs  les  Ambassadeurs  trèa-affectueusement 
de  seconder  ses  instances  envers  le  Roy  de  la  Grande- 
Bretagne,  et  de  contribuer  leurs  bons  offices,  leur  in- 
dustrie et  crédit,  pour  disposer  S.  M.  à  la  dite  prom- 
pte assistance  d'hommes  et  d'argent,  sans  laquelle  on  ne 
peut  espérer  la  dite  restitution.  A  l'effect  de  quoy  il  plaira 
à  messieurs  les  Ambassadeurs  non  seulement  d'entendre 
du  chevallier  Cave,  agent  de  sa  dite  Altesse  à  Londres, 
combien  avant  il  a  porté  les  dites  instances  (dont  il  a 
charge  de  les  informer  plus  particulièrement)  mais  anssy 
de  considérer  premièrement,  que  la  haine  que  la  maison 
d'Aostriche  et  d'Espagne  porte  &  la  dite  maison  Électorale 
Palatine,  et  le  mal  qu'elle  Iny  a  fait  souffrir,  provient  la 
pluspart  de  ce  que  la  dite  maison  a  en  toutes  occasions 
procuré,  aidé,  et  favorisé  les  avantages  et  l'accroissement 
de  ces  Provinces-Unies;  secondement  que,  anssy  long- 
temps que  Is  dite  maison  Palatine  demeurera  dénuée  de 
ces  pals,  droits  et  dignités,  ces  dites  Provinces  ne  pour- 
ront attendre  aucane  faveur  ni  assistance  de  l'Empire, 
ains  plutost  toutes  sortes  de  traverses  et  de  malvueil lance , 
veu  que  le  parti  catholique-romain  retenant  la  pluralité 
des  sn&ages  an  collège  électoral,  et  adhérant  à  la  mai- 
son d'Austriche ,  il  sera  facile  à  la  dite  maison  d'Austriche 
d'employer  les  moyens  et  les  forces  de  l'Empire  contre  les 
dites  Provinces,  là  où  au  contraire,  si  la  maison  Palatine 
est  remise  en  ces  p^  et  dignités,  et  par  ce  moyen  l'é- 
quilibre remis  en  l'Empire,  les  Princes  d'Austriche  n'au- 


,,Googlc 


1640.  DJEnnbn.]  —   314   — 

ront  plos  UQ  si  grand  avantage.  Et  ponr  le  troisième, 
que  le  lien  de  lîeligion  et  d'ancienne  amitié  oblige  les 
dites  Prorinces,  aussi  bien  que  lenr  întérest particulier,» 
continuer,  comme  elles  ont  iait  lonablement  jusqnes  icy, 
de  désirer,  rechercher  et  advancer  la  dite  restitution.  Tont 
ce  que  messieurs  les  Ambassadeurs  feront  en  cest  aSàire 
tant  importante  obligera  grandement  sa  dite  Altesse,  et 
tonte  sa  maison  et  le  recognoiatrs  envers  eux  et  cest  Estât 
Fuit  à  k  Haye,  le  20  de  décembre  1640. 


■  t  LETTRE  DCXLI. 

Le   Prince  (FOrange  au  Roi  de  France.     Lettre  ctinlroduc- 
tùm  pour  M^  de  Beverweert. 

Sire.  La  jnste  ambition  que  j'ay  de  faire  approuver 
mes  actions  et  intentions  à  Y.  M.  me  faict  luy  dépêcher 
le  sieur  de  Beverweert,  pour  luy  rendre  conte  particulier 
de  tout  ce  qui  s'est  passé  au  traicté  de  mariage  projette 
d'une  des  filles  du  Itoy  de  la  Grande-Bretagne  avec  mon 
fils,  et,  comme  en  cette  négotiation  je  n'ay  eu  autre  visée 
que  d'establir  ma  maison ,  au  moyen  d'une  sy  notable  al- 
liance, k  laquelle  sa  dite  Majesté  m'a  faict  l'honneur  de 
donner  son  consentement,  ne  s'y  estant  parlé  d'autres  choses 
que  des  conditions  particulières  et  usitées  en  pareil  cas, 
je  supplye  V,  M.  entendre  l^dessus  le  dit  sieur  de  Be- 
verweert, le  voir  de  bon  oeil  et  l'honorer  de  vostre  fa- 
veur et  créance,  en  ce  qu'il  exposera  à  Y.  M.  de  ma  part, 
d'autant  que  je  l'ay  informé  de  tout,  sans  rien  réserver, 
espérant  que  la  candeur  de  sa  relation  renonvellera  ven 
Y.  M.  la  confience  que  je  la  supplye  de  prendre  en  la 
sincérité  de  ma  très-hnmble  dévoUon  au  service  et  ^  la 
grandeur  de  Y.  M-,  et  sur  cette  véritable  protestation  je 

■  Ctlle  UUre   et  In  quatre  luivanlet  lant  det  miaulet  de  la  mon  tU 
M'  de  Scmneùdyci. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  815   —  [IMO.  Wcembni. 

prie  Dieu,   Sire,    de    prospérer  les  desseÎDs  et  désirs  de 
V.  M.  en  luy  donnant  santé  et  longue  vie. 

De  V.  M.  très-bnmble,  très-obéjssant,  servitenr, 
De  la  Haye,  le  21  de  décemb.  1640. 


t  LETTRE  OCXl.n. 

Le  PrtTice  cC  Orange  à  la  Reine  de  France.     Même  eujA 

Madame.  J'envoye  le  sieur  de  Beverweert,  pour  de 
ma  part  avoir  l'honneur  de  représenter  au  Koy  et  à  Y.  M. 
l'histoire  au  vray  de  ce  qui  a  esté  projette  entre  le  Koy 
de  la  Grande-Bretagne  et  moy  sur  le  mariage  de  l'une 
de  ses  filles  avec  mon  fils ,  dont  les  conditions  sont  pure- 
ment pariicalièroa  et  que  de  personne  à  personne;  et  esti- 
mant de  mon  devoir,  pour  la  proximité  dont  elle  appar- 
tient à  voz  Majestez  et  pour  l'honneur  que  je  me  promets 
de  leur  bienveillance,  de  vous  en  tenir  adverties ,  avec  per- 
suasion   qu'elles    l'aprouveront  et  en  resteront  satisfaictes, 

vous  supplye  très- humblement,  Madame,  d'ouyr  là-dessus 

dit  sieur  de  Beverweert  et  luy  faire  la  grâce  que  d'ad- 
fouster  foy  à  ce  qu',  en  vertu  de  ma  créance,  il  exposera 
à  V.  M.;  qui  sera  une  nouvelle  grâce  laquelle,  avecq  plu- 
sieurs autres,  m'obligera  k  prier  Dieu,  Madame,  pour  ta 
grandeur  et  contentement  de  Y.  M.,  désirant  au  surplus 
l'honneur  de  mériter  par  mes  services  l'adveu  d'estre 

de  Y.  M.  très-humble,  trfes-obéyssant,  serviteur, 

De  la  Haye 

t  LETTRE   DCXLIU. 

Le  même  au  Duc  ^Orléans.     Même  tigeL 

Monseigneur.  Le  sieur  de  Beverweert  allant  de  ma 
part  faire  relation  au  Eoy  d'un  traict^  de    mariage   pro- 


,,.GoogIc 


]640.  DfembM.]  —   316   — 

jette  entre  le  Koy  de  la  Grande  Bretagne  et  moy  de  la 
Princesse  sa  fille  avec  mon  filz  unique,  à  cause  de  k 
proximité  dont  elle  appartient  à  S.  M.  et  par  le  respect 
que  je  doibs  &  la  bienveillance  de  laquelle  elle  m'honore, 
j'ay  pensé  devoir  m'avantager  de  son  occasion,  ponr  re- 
noaveller  i  V.  A.  la  déclaration  de  mon  trës-liumble  ser- 
vice et  obéyssance,  par  le  mérite  desquels  j'egpëre  que 
y.  A.  me  voudra  réputer  digne  de  la  continuation  de  son 
amitié,  laquelle  sera  par  moy  soigneusement  recerchée  avec 
le  respect  et  par  les  voyes  qu'il  se  doibt ,  de  quoy  me  re- 
mettant sur  le  dit  siear  de  Beverweert,  que  je  vous  sup- 
plye  voulloir  voir  de  bon  oeil  et  le  croire  en  ce  subject, 
après  vous  avoir  bmsé  très-humblement  les  mains,  je  sup- 
plye  le  Créateur,  Monseigneur,  de  conserver  V.  A  en 
prospérité  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  etc. 
De  la  Haye  ce . . . 
M'  le  frère  du  Roy, 

t  LETTRE  BCXLIV. 

La  Princesse  ^Orange  au  Cardinal  de  Richelieu.  Même  aigtt. 

Monsieur.  N'ayant  point  accoustumé  de  rien  déguiser 
en  mes  actions  envers  vostre  Ém.  avec  laquelle  j'ay  lié 
une  très-estroitte  intelligence  et  à  laquelle  les  intérests  et 
traictés  communs  nous  obligent,  j'ay,  entre  autres  démon- 
strations de  ma  rondeur,  voullu  vous  adresser  le  ûenr  de 
Beverweert,  sur  l'occasion  du  traicté  de  mariage  de  mon 
fils  avec  la  Princesse  d'Angleterre,  afin  de  vous  donner 
toutte  connoissance  de  ce  dont  on  y  a  convenu,  désirant 
que  S.  M.  et  vous  en  demeuriez  esclarcis  et  satistaictz, 
pouvant  de  bonne  foy  asseurer  V,  Ém.  que  le  publiq  n'y 
est  en  aucune  sorte  meslé ,  les  conditions  estans  purement 
particulières,  comme  le  dit  sieur  de  Beverweert  vom  fera 
entendre  plus  par  le  mena,  auquel  je  vous  snppUe  de 
donner  l'adresse  qu'il  attend  de  vostre  faveur  envers  le 
Boy,  le  veoir  de  bon  oeil,  et  de  le  croire  comme  moy- 


,,GoogIc 


—  317  ■ 


[1640. 


mesmes.    Snr  ce  je  vous  baise  bien  humblement  les  mains, 
priant  Dieu ,  Monsieur ,  de  tous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

De  la  Haye,  etc. 
H'  le  Cardinal. 

t  liETTRE  BCXLT. 

Le  Prince  dOtange  à  M.  de   Chavigny.    Même  sujet 

Monsieur.  J'a.y  donné  charge  au  sieur  de  Beverweert 
de  vous  communiquer  le  subject  snr  lequel  je  envoyé  par 
delà,  espérant  que  le  Roy  l'escoattera  volontiers  et  sera 
satis&ict  de  mon  procédé,  auquel  il  ne  se  trouve  rien  qui 
ne  soit  particulier.  Je  vous  prie  doncq,  Monsieur,  de 
l'adresser,  l'ouyr  et  !e  croire,  comme  aussy  de  continuer 
vos  bons  offices  vers  S.  M.  et  S.  Ém,  au  bien  de  l'u- 
nion et  des  bonnes  intentions  de  cet  Estât,  et  pour  mon 
regard  pouvez  croire  que ,  recercbant  l'honneur  de  la  fa- 
veur et  bienveillance  de  S.  M.,  je  seray  tonsjours  très-ayse 
de  rencontrer  quelque  occasion  à  vous  tesmoigner  l'affec- 
tion que  j'ay  de  vous  faire  service,  de  quoy  je  vous  prie 
estre  assenré.  Sur  ce  je  vous  baise  humblement  les  m^ns, 
suppliant  le  Créateur,  Monsieur,  de  vous  avoir  en  sa  sainte 
garde. 

Vostre  hnmble  et  très-affectionné  amy  k  vous 
faire  service, 

De  la  Haye,  ce... 
M'  de  Chavigny ,  pieraîer  Secrétaire  d'Estat. 

•  LBTTKB  nCXliTl. 

Les  Atr^Msadeura  m  Angleterre  oii  I\ince  tTOrange.    Rm~ 
contre  lur  mer. 

Monseigneur.  Kostre  embarquement  se  fist  le  jour  de 
l'an,  avecq  assez  d'heur  et  de  facilité,  mais  le  lendemain 
au  point  du  jour  nous  âsmes,  ii  la  hauteur  de  Nieuport, 
rencontre   de    cincq    voiles   de  Dunckercke,  sçavoir  trois 


,,GoogIc 


IMl.  Jinrist.]  —   318    — 

grands  navires  et  deux  frégattes,  qui  nous  attendireot  en 
bon  ordre,  nons  voyans  aller  droict  à  eax.  Le  combat 
dura'  heure  et  demie  à  coup  de  canon,  d'assez  près,  et 
quasi  d'abord  nostre  grand  voile  avecq  la  hunnière  lu- 
rent abbatnes  et  les  cordages  mal  menez  par  tout  Le 
Vice-admiral  print  conseil  d'aborder  l'admirai  de  Donc- 
kercke,  et  \ny  ayant  M'  de  Brederode  dict  qu'il  feroit 
mieux  de  tenir  sa  route,  il  respondït  que,  s'il  ne  le  faî- 
soit,  l'autre  le  feroit,  et  que  c'est  un  grand  avantage  de 
commencer  premier;  à  quoy  se  rendant  le  dit  sieur  de 
Brederode  luy  permit  de  faire  ce  qu'il  penseroit  à  propos; 
mais  l'admirai  le  voyant  en  telle  délibération  s'en  des- 
touma  laschement.  Nous  passâmes  doncq  au  beau  milieu 
et  k  travers  les  ennemis,  quoyque  plus  légers  que  nous 
à  la  voile,  et  voulut  encor  nostre  Vice-admiral  retourner 
pour  trouver  moyen  d'aborder  l'admirai  des  Donckerkois, 
si  ne  l'en  eussions  empêscbé,  par  cette  résolution  de  poui^ 
suivre  maintenant  sa  route  et  de  se  contenter  de  com- 
battre tout  ce  qu'il  trooveroit  en  opposition.  Nous  luy 
devons  ce  tesmoignage,  et  à  tous  ceux  de  son  bord,  qu'ils 
ont  faîct  le  devoir  de  gens  de  bien.  Les  ennemis  demeu- 
rèrent après  l'action  en  corps,  hors  la  portée  de  nostre 
canon,  tindrent  conseil  et  nous  firent  ainsi  compagnie, 
bien  six  ou  sept  heures  de  long,  nous  laissans  en  quelque 
double  de  leur  retour.  Dieu  soit  loué  que  ce  resveille- 
matin  a  passé  de  la  sorte,  à  la  honte  des  ennemis.  IHer, 
sur  les  neuf  heures  du  matin,  nous  descendîmes  !i  Dover 
et  sur  le  soir  arrivâmes  en  cette  ville,  o^  la  feste  de 
Noël  nous  arreste  jusques  k  demûn,  que  tirerons  païs, 
pour  gaigner  la  Cour  au  plustost  Cependant  nous  prions 
Dieu,  Monseigneur,  de  donner  à  V.  A.  en  touUe  pros- 
périté, santé  et  longue  vie. 

De  V.  A,  très-bumblea,   trfes-obéyssants ,  et 
très-6dèles  serviteurs, 

H.  W.  T.   BBBDBBODB.      PEINÇOYS  D'aEBSBE». 

De  Cantelberg,  ce  4'  de  l'an  1641. 

>  Dpa  lemùU  omit. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—   319   —  [l(HI,  JinTÎer. 

■LETTKB   mCXMjTUL. 

Le»  mêmes  au  même.     Arrivée  à  Londres. 

Monseigneur.  Vostre  Â.  aura  apprins  nostre  rencontre 
en  mer  et  la  descente  à  Dover.  La  feste  de  Noël  et  le 
bagage  a  depuis  retardé  quelque  peu  nosbre  voyage,  mais 
en  fin  nous  avons  sur  le  midi  attaint  cette  ville,  où  M.  le 
baron  de  Cliffort,  au  pied  de  la  tour,  nous  a  receus  au 
carosse  du  Roy  et  conduit  avec  la  cérémonie  iiccoustumée 
en  la  maison  des  ambassadeurs.  L'opinion  est  que  nos- 
tre audience  se  pourra  assigner  au  dimanche ,  et  il  ne 
tiendra  aucunement  à  nous  d'entamer  et  d'accélérer  nos- 
tre commission,  pour  le  succès  de  laquelle  nous  recon- 
naissons palpablement  les  voeus  du  peuple,  espérans  par 
là  la  bénédiction  de  Dieu.  Vous  n'aurez  rien  du  pabliq , 
pour  estre  trop  nouveau  venuz,  et  ne  pensons  ^  propos 
d'entretenir  V.  A,  des  discours  de  la  bassecourt;  seule- 
ment adjousterons  nous  que  le  parlement  s'est  [renoué]  et 
ne  perd  point  de  temps  à  préparer  les  affaires.  Sur  ce 
noue  SBpplyons  le  Créateur,  Monseigneur,  de  donner  k 
V.  A.  en  prospéritû  très-longue  vie. 

De  V.  A.    très-humbles,    très-obéissants   et 
très-fidelles  serviteurs, 

BRESERODË.      rBANÇOTS   D'aEBSSBK.      HEENVLIET. 

De  Loiidres,  ce  II  de  janvier  1641. 


*  LETTRE  BCXLYIU. 

Le»  même»  au  même.     RèvoUe  du  PorUigaL 

Monseigneur!  Le  vice-admîral  nous  ayant  tenu  com- 
pagnie jusques  en  cette  ville  à  nostre  instance,  pendant 
qu'on  estoit  après  à  caléfater  son  navire  aux  Duns,  lequel 
en  avott  bon  besoin,  nous  l'avons  licentié  avec  ce  tes- 
moignage  qu'il  s'est  dignement  et  courageusement  porté 
■  Dt  U  mn*  4e  It  d*  Sommeltdgei. 


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lui.  Juiier.] 


■  320  - 


en  la  conduitte  de  nostre  transport,  et  osons  fure  1^ 
dessus  une  Donvelle  supplication  à  Y.  A.  de  Inj  Tonlloir 
ordonner  de  faire  escorte  k  une  bonne  partie  de  nostre 
bagage,  demeuré  à  Kotterdam,  pour  y  avoir  esté  prias 
aux  glaces.  Ce  sont  des  carosses,  des  chevaux  et  la  plus- 
part  de  nos  provisions,  dont  le  defFaut  nous  incommode 
et  par  cette  grâce  V,  A.  nous  en  peut  relever.  Nostre 
audience  est  assignée  par  le  Roy  an  16,  pour  la  rendre 
plus  célèbre,  en  la  grande  salle,  par  la  feste  des  Roix  et  le 
concours  du  peuple.  H  n'a  point  tenu  à  nous  de  gagner 
là-dessus  quelques  Jours;  mais  il  nous  a  lallu  passer  pu 
la  volonté  de  S.  M.  —  M.  de  Hapton,  ambassadeur  de  S.  H. 
eu  Espagne,  a  mandé  la  révolte  de  tout  le  Portugal,  pur 
l'élection  et  couronnement  du  duc  de  Bragance;  qu'il  n'y 
a  qu'un  chasteau  près  de  Lisbone  qui  tient  pour  le  Soy 
d'Espagne;  que  madame  de  Savoye,  régente,  a  esté  ren- 
voyée en  un  monastère  et  le  secrétaire  d'estat  pr^  d'eUe 
tué,  pour  avoir  crié  &  la  trahison.  Les  lettres  sont  dn 
15  de  l'autre  mois  et  les  récent  S.  M.  devant-hier.  On 
adjouste  que  la  trame  de  cette  menée,  esclattée  partout 
en  un  mesme  joar,  auroit  duré  dix-huict  mois,  mais  qne 
M.  le  cardinal  de  Richelieu  en  auroit  eu  quelque  cw- 
noissance.  C'est  un  coup  du  ciel  et  une  grande  merveille 
en  nos  jours.  Sur  ce  nous  prions  Dieu,  Monseigneur, 
de  bénir  vos  désirs  et  desseins,  en  vous  donnant  santé  et 
longue  vie. 

De  V.  A.  très -humbles,  très-obéissans  et 
très-fidelles  serviteurs, 

H.  ir.  T.  BEEDEBODE.      PBANÇOIS  S'aEBSSEH.      HEEHVUET. 

De  Londres,  ce  13  janvier  1641. 


Le  14  janvier  le  Prince  d'Orange  éerit:  ..Mesuenn.  Hier  me 
forent  Teadues  vob  premières  lettres ,  pat  lesquelles  j'ay  est^  bien 
ayae  de  veoir  quel  a  esté  le  succès  de  vostre  passage  et  desbu^ 
quement  eo  Angleterre,  depuis  ce  qui  s'estoit  passé  à  la  rencontie 
des  vaisseaux  de  Dunckerke.  J'espère  que  bientost  après  vctu 
serez  arrivé  à  Londres  et  mesmes  que  pourrez  estre  entrés  en  il- 


,,.CoogIc 


faire  sur  ce  sabject  da  traité.  Il  me  tardera  d'en  avoir  advis  à 
la  première  arrivée,  comme  tousjours  de  vous  pouvoir  teamoigner 
par  mes  aervices  que  je  suis  etc."  (f  Ma.) 


I.BTTKE  DOXIilX 

Les  mémee  ou  même.     Audi&toe  pubUqite. 

Monseigneur.  Devant-hier  fut  nostre  première  audience 
publique  en  -la  grande  sale  *,  arec  les  solemnités  en  tel  cas 
accoQstamBes.  Les  Seigneurs  y  estojent  à  costé  de  la 
main  droitte  du  Roj  et  les  dames  rangées  en  haye  à  la 
gauche  de  la  Royne  et  au  bout  leurs  Majestez  mesmes, 
montées  de  deux  ou  trois  marches  plus  haut,  accompag- 
nées de  madame  Marie,  leur  âlle  aisnée.  Nostre  propo- 
sition laicte,  le  Roy  rendit  bonne  et  courte  responce, 
nommément  en  ces  mots:  que  cette  ambassade  luj  estoit 
fort  agréable,  qu'il  aymoit  Mess,  les  Estats  et  V.  A.,  que 
le  connoîstrions  par  le  hon  traictement  qui  nous  sera  faict. 
La  Soyiie  en  dit  autant  au  regard  de  voz  Â.  A.,  en  y 
adjoustant  qu'elle  le  vooloit  &ire  plus  par  effet  qu'en 
parolles.  La  privée  audience  nous  est  appointée  pour  ce 
jourdhuy  à  une  heure;  c'est  pour  entrer  en  matière  et, 
s'il  nous  reste  tant  soit  peu  de  temps  avant  que  l'ordi- 
naire parte,  tous  en  sçaurez  le  succès.  Nous  avons  com- 
mencé les  visites  actives  et  passives,  et  reconnu  à  touttes 
une  fort  grand  Joye  de  l'alliance,  mais  en  nous  destinant 
l'aisnée,  plus  sortable  à  cause  de  son  aage  et  pour  servir 
aa  temps,  en  retranchant  l'espérance  à  l'Espagnol,  qui 
semble  estre  en  exécration  à  tous.  Le  parlement  va  tous- 
jours  son  train  et  remue  assez  de  choses,  afin  de  n'y  re- 
tourner souvent,  et  se  prennent  sans  autre  esgard  à  ceux 
qu'ils  tiennent  pour  autheurs  de  la  dissention  entre  le  Roy 
et  son  peuple.  S.  M.  jusques  icy  les  laisse  laîre  et  nons 
nous  contentons  de  voir  les  choses  de  loin,  pour  poasser 
nostre  alliance,  qui  est  nostre  seule  charge.  Monseigneur, 


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IMl.  JMfîer.]  —   à22   — 

nous  prions  Dieu  de  la  bénir  à  vostre  contentement  et  de 
donner  à  V.  Â.  santé  et  prospérité. 

De  V.  A.  très-hambles ,  très-obéissans  et  trës- 
fidelles  serviteurs, 

H.  W.   V.   BBEDEBODE.      PK&NÇOrs   D'a£KS3EN. 
HBENTLIET.      ALB.  JOAGHIML 

De  Londres,  ce  IS  jsuTier  1641. 

*  LETTRE   BCL. 

Les  mêmes  au  même.     Audience  particulière. 

Monseigneur!  Nous  revenons  de  l'audience  privée  du 
Boy  et  le  temps  nous  défaillant  pour  la  coacber  toutte 
en  ses  propositions  et  responces,  V.  A.  est  suppliée  do 
trouver  bon  que  liij  marquions  ce  qui  est  de  plas  es- 
sentiel; la  rencontre  de  S.  M.  ayant  esté  tant  &vorabIa 
et  mesiée  de  si  grands  apparences  que  nous  osons  qnasi 
en  iuférer  vostre  plénier  contentement.  D'entrée  S.  M.  tes* 
moigna  d'estre  fort  satis^cte  de  nostre  venue  et  recher- 
che de  son  alliance;  qu'elle  en  avoit  traîtté  avecq  V.  A 
par  M.  de  Heenvliet,  et  qu'estiez  demeurée  contente  de  s* 
fille  pnisnée,  combien  qu'il  eut  assez  souvent  esté  iîuct 
instance  pour  l'aisnée,  et  comme  il  luy  fnst  Ik-dessus  re- 
présenté que  vous  vous  en  contentiés  encor,  voire  le  k- 
riez  de  celle  qui  seroit  encor  à  naistre,  pourveu  qu'eussiez 
l'honneur  de  son  alliance,  mais  que  messeignenrs  les  Estais, 
considérants  la  disparité  de  l'aage  et  vostre  maison  réduïcte 
&  l'espérance  d'un  fils  unique,  supplioyent  S.  M.  d'assen- 
rer  l'Estat  et  la  maison  ensemble,  en  nous  ottrojant  la 
Princesse  aisnée,  sa  repartie  en  soubsriant  a  esté  qiril 
avoit  vingt  et  huict  ans  et  la  reine  point  encor  dix-hnlct, 
quand  ils  se  marièrent  ensemble  et,  prévenant  la  solution 
que  luy  en  allions  donner,  demandoit  que  luy  laissassions 
quelque  temps  pour  y  penser,  se  trouvant  surpris  de 
cette  nouvelle  demande;  non,  qu'il  estime  sa  fille  aisnie 
trop  bonne  pour  le  fils  de  M,  le  Prince  d'Orange,  etli- 
desaus,   comme  s'il  eust  voulu  changer  de  propos,  conti- 


,,.GoogIc 


—  323  —  [1641.  JiDtier. 

noant:  „I1  fiiut  que  je  die,  Messieurs,"  disoit  S,  M.  „qQe 
ces  jours  passés  ma  jeune  fille,  voyant  son  pourtraict  et 
demandée  ce  que  lay  en  sembloît  et  si  elle  en  voadroit 
bien,  respondit  que  il  luj  sembloit  fort  jolj  et  beau,  mais 
que,  s'il  n'en  vient  de  meilleur,  qu'il  sera  pour  sa  soeur 
aisnée."  —  Or,  Monseigneur,  comme  nous  représentions 
qu'il  n'y  avoit  rien  de  meilleur  k  attendre  et  après  les  trois 
Koix*,  que  l'alliancre  avec  V.  A.  est  véritablement  la  plus 
considérable  pour  l'Angleterre  et  qui  peut  donner  plus 
de  settreté  aux  Princes  par  l'exclusion  de  l'Espagne ,  S.  M. 
a  retourné  k  dire  qu'il  y  a  trois  filz',  par  conséquent 
rien  plus  à  espérer  ny  à.  craindre,  que  dans*  lundy  elle 
nous  nommeroit  nos  commissaires  pour  achever  l'aflaire, 
et  ne  trutteroit  point  le  filz  de  V.  A.  à  la  façon  dont 
l'Espagne  l'avoit  traité,  en  le  traînant  huict  ans,  mais  qu'il 
en  vonlloit  faire  une  fin;  nous  permit  en  outre  de  voir  ii 
nostre  volonté  messeigneurs  les  princes  et  mesdames  les 
princesses,  ce  que  pensons  faire  demain  après  l'audience 
de  la  Reine,  laquelle  nous  est  assignée  pour  les  deux  heures. 
Cest,  Monseigneur,  ce  qu'à  la  haste  nous  adjoustons  à 
celle  du  matin,  et  Y.  A.  en  peut  iàlre  le  jugement  qu'une 
si  familière  déclaration  mérite.  Au  moins  pensons-nous 
avoir  gaigné  un  grand  point,  qu'au  lieu  de  se  tenir  au 
traicté,  S.  M.  nous  ayt  demandé  du  temps  pour  s'aviser 
sur  le  changement.  De  temps  on  temps  V.  A.  sera  in- 
formée de  nos  progrès  jasques  à  l'achèvement  de  l'oeuvre, 
que  nous  supplions  le  Créateur  de  bénir  et  de  donner  & 
V.  A.,  Monseigneur,  la  bénédiction  sur  vos  désirs  et  à 
nous,  de  vous  servir  utilement. 

De  V.  A.,  très-humbles,  très-obéissants 
et  très-fidèles  serviteurs, 

B.  W.   V.  BKBDEBODB.      FBUIÇOYS  D'AEBSSEH. 
HBEKVLIBT.      ALB.  JO&CIIUII. 

De  Londres,  ce  18  janvier  1641. 
'  D«  Tnnee,  d'Eipigna ,  et  do  Danernarok. 

'  Le  Prince  de   Galle*,   le   Ddc   d'York,   et  le   Comte  de  Gloceater,  né 
en  ÏM>.  •  dh(?) 


21* 

U,g,t7cdb/GOOglC 


LETTRE  mCJA. 

Le  Prince  dOrange  à  M.  de  Bevertoeert.    Il  demeure  fidik 
aux  intéréla  de  la  France. 

MoDsieur.  Je  me  suis  tousjours  bien  doublé  des  objec- 
tions que,  par  vostre  première  lettre  du  12  do  ce  mots, 
TOUS  me  dites  vous  avoir  est^  faictes  d'abord  par  M'  de 
Cbavigny;  mais  comme  vostre  instruction  porte  très-véri- 
tablement que  c'est  icy  une  alliance  de  personne  à  per- 
sonne et  tout  ^  ffiict  particulière,  sans  que  les  int^rests 
de  l'Estat  y  sovent  aucunement  mesiés,  vous  m'obligerez 
d'insister  tousjours  fortement  IK-dessus  et  d'en  donner  tonte 
asseurance  au  Roy  et  ^  monsieur  le  Cardinal,  quand  vous 
aurez  l'honneur  de  les  veoir,  et  que,  pour  mon  regard, 
je  continue  tousjours  dans  les  mesmes  inclinations  pour  la 
France  et  dans  le  mesme  zèle  au  service  de  S.  M.  dont 
j'ay  tâché  jusqnes  à  présent  de  luy  rendre  preuve  par  mon 
très-hamble  service,  comme,  s'il  plaist  à  Dieu,  je  le  feray 
encor  paroistre  ceste  année,  quand  l'armée  de  cest  Estât 
viendra  à  se  mettre  en  campagne.  Surquoy,  en  attendant 
de  vos  nouvelles'  ultérieures,  je  demeure,  Monsieur,  etc. 
Le  21  janvier  1641. 


«LETTRE   PCLII. 

Lee  Amhaesadair»  en  Angleterre  au  Prince  <f  Orange.   Con- 
férence avec  les  Commiseairee  du  Roi. 

Monseigneur.  En  la  postérieure  des  nostres  du  18, 
V.  A.  aura  veu  la  response  du  Roy  à  nostre  demande 
de  sa  âlle  aisnée.  La  Royne  nous  tint  le  lendemain  i 
peu  près  mesme  langage,  d'en  vouloir  parler  au  Boy  et 
nous  y  favoriser,  et  en  demeurons  encor  là.  Depuis  nom 
avons  veu  les  Princes  et  Princesses  k  divers  jours.  L'aisnée 
est  hante,  droitte  et  tantost  preste;  i,  nostre  advis,  le  vnty 
et  seul  faict  de  monseigneur  le  Prince  Guillaume,  et  ï 
luy  destinée  généralement  de  tons,  que  grands,  que  pe- 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  325  —  [1641.  JMtier. 

tits,  mais  il  nous  fault  attendre  qu'en  diront  leurs  Ma- 
jestés, qne  nous  tascberons  de  gaigner  par  des  raisons 
qni  font  pour  nous,  les  tenants  desjà  esbranlées  à  nous  en 
contenter.  Nos  commissaires  furent  dès  le  20  nommés, 
sçavoir  messieurs  le  grand-thrésorier  '  (aussi  évesque  de 
cette  ville),  marquis  de  Hamilton,  comtes  d'Arondel,  de 
Northumberlant ,  d'Hollande,  et  secrétaire  Vaue,  lesquels 
dès  le  lendemain  nous  firent  sonuner  de  nous  trouver  le 
mardy  22  k  quatre  heures  en  la  chambre  du  conseil,  pour 
eotrer  en  aâaire.  Le  haut  bont  de  la  table  nous  fot  cédé 
et  prirent  leur  place  aox  deux  costés  de  nous,  excepté 
M'  le  conte  de  Northumberlant,  que  la  fièvre  empêcha 
de  s'y  trouver.  Nostre  commission  fut  leue  par  M'  Vane 
selon  la  coustume,  puisque  le  traité  est  fondé  sur  icelle; 
après  la  lectnre  et  quelques  propos  eutrejettés,  messieurs 
les  Commissaires  demandèrent  &  se  retirer  quelque  peu  en 
une  chambre  de  costé,  pour  aviser,  et  y  demeurèrent  une 
bonne  espace  et  rentrez  nous  dirent  par  M'  Vane  d'avoir 
remarqué  qu'en  la  commission  il  n'est  faicte  aucune  men- 
ton expresse  de  traîtter  une  alliance  d'Estat,  ce  qui  est 
néantmoins  l'intention  de  S.  M.  en  faisant  celle  du  mariage, 
croyant  que  ce  fust  aussi  le  désir  de  messeigneurs  les  Estats; 
à  cela  leur  fut  reparti  que  la  commission  nous  authorise 
ponr  l'une  et  l'autre  action,  en  termes  clairs  et  exprès, 
ponr  recevoir  les  ouvertures  que  S.  M.  vouldra  proposer  et 
d'en  traîtter,  soubs  la  parole  de  nos  supérieurs  de  tenir 
pour  valide  et  stable  tont  ce  qu'en  l'une  et  l'autre  rencontre 
aura  esté  négotîé  par  nous,  et,  pour  les  en  esclaîrcir  mieux, 
iurent  priés  de  se  ressouvenir  qu'au  précédent  passage 
du  sieur  de  Sommelsdyck ,  Iny  et  le  sieur  Joachimt 
avoient  présenté  au  Boy,  par  l'entremise  de  M*  le  conte 
d'Hollande,  un  escrit  proposant  quattre  sortes  de  traitté, 
pour  en  choisir  celle  qui  seroit  pins  sortable  au  temps  et 
à  ses  affaires;  que  S.  H.  juaques  ores  ne  s'est  encor  dé- 
clarée, que  c'est  doncq  l^deasus  que  font  réfection  les 
mots  de  nostre  pouvoir,  pour  entendre  les  propositions  de 


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1641.  JïDKier.]  —   326    — 

S.  M.,  attendu  que  la  précédente  négotiation  est  demearée 
imparfaîcte  du  costé  de  S.  M.  et  nostre  pouvoir  en  8on 
entier,  auquel  il  est  parlé  bien  expressément  de  convenir 
de  telle  alliance  que  S.  M.  aggréera  sur  le  pied  et  forme 
de  nostre  dîct  escrit,  toutesfois  que  le  ferions  redresser 
en  termes  plus  esprës  et  forts  à  leur  volonté.  Cette  res* 
ponce  les  contenta,  d'autant  que  M'  le  conte  d'Hollande 
avoua  et  attesta  les  choses  estre  passées  comme  les  re- 
présentions, mais  nos  propositions  ayant  esté  esgarées  par 
l'absence  de  M.  de  Windebanc  qui  les  gardoit,  ils  nous 
prièrent  de  leur  faire  avoir  pour  le  lendemain  an  matin 
copie  de  nos  deux  pouvoirs  et  du  dit  escrit,  afin  de  faire 
rapport  au  Roy  et  de  rentrer  aussytost  en  besoingne  avec 
nous,  pour  conclurre  ensemble  une  bonne  et  ferme  alli- 
ance. L'un  et  l'antre  leur  fut  porté  hier.  Tontesfoîs 
avant  que  de  nous  séparer,  considérants  qu'ila  tendoyent 
&  faire  commencer  nostre  négotiation  par  un  traicté  d'Es 
tat,  nous  les  conjurâmes  fort  sérieusement  de  faire  pré- 
céder celui  du  mariage,  comme  plus  pressé,  k  cause  de 
la  comparîtion  personnelle  de  monseigneur  le  Prince  Cruil- 
laume,  k  laquelle  S.  M.  l'a  obligé;  qu'il  y  reste  si  peu 
à  vuider,  que  dans  une  session  ou  deux  tout  peut  estre 
achevé,  comme  M'  Vane  sçavoit  trop  mieux,  qui  auroit 
manié  et  reiglé  les  principaulx  articles  entre  S.  M.  et 
V.  A.;  que  nostre  venue  estoit  pour  la  recherche  et  la 
forme;  cela  faict,  que  rien  ne  nous  retardera  plus  à 
entreprendre  l'alliance  désirée  de  part  et  d'autre,  s'il  plaïst 
&  S.  M.  nous  faire  l'honneur  de  noua  en  dire  sa  volonté. 
C'est,  Monseigneur,  le  terme  où  ce  faict  est  demeuré) 
et  verrons  sy,  à  la  prochaine  assignation,  on  nous  con- 
tentera Ik-dessus,  car  il  nous  semble  hors  de  propos  de 
mettre  l'accessoire  devant  le  principal.  Hier  fut  acoreo 
le  nombre  des  commissaires  de  deux  nouveaux,  sçavoir 
de  messieurs  les  contes  de  Pembroock  et  de  Dorsset  Snr 
cette  rencontre,  Monseigneur,  V,  A.  voit  qu'on  prétend 
avec  le  mariage  nous  engager  aussy  à  un  traicté  d'£stat. 
n  est  malaisé  de  préjuger  quel,  mais  avant  que  d'en  venir 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


là,  nous  pensons  qu'il  est  nécessaire,  s'il  est  trouvé  bon, 
qu'on  nous  en  authorîse,  car,  comme  Y.  A.  sçait,  nostre 
Instruction  nous  limite  dans  cette  borne  d'entendre  les 
ouvertures  du  Roy  et  de  les  consigner  ît  l'Estat.  Cepen- 
dant, ponr  nous  entretenir  en  la  confidence  du  Roy  et 
de  ses  ministres,  nous  faisons  démonstration  d'avoir  le 
pouvoir  et  la  volonté  tontte  eschauffée  pour  en  convenir, 
et  serions  en  mauvaise  posture,  si  on  déconvroit  de  la 
froideur  en  noos.  Il  ne  sera  peut-estre  pas  difficile  de 
filer  quelque  peu  le  temps  ponr  attendre  vostre  responce. 
Cest  pourquoy  nons  dépêchons  ce  porteur  exprès,  avecq 
supplication  très-humble  qu'il  soit  redépêché  &  tout  vent, 
pour  n'estre  laissez  !»  seq,  en  une  occasion  qni  importe 
de  tant,  parmy  une  nation  assez  soubçonneuse  et  défiante. 
V.  A.  sçanra  mesnager  les  principaux  d'entre  les  Provin- 
ces à  petit  bruict,  de  peur  que  la  France  n'en  prenne 
ombrage  sans  cause,  pour  luy  avoir  esté  dict  que  ce 
n'est  qu'un  traicté  de  personne  à  personne.  Â  nostre  opi- 
nion  c'est  chose  utile  et  désirable  à  l'Estat  de  convenir 
avecq  le  Roy  et  ses  Royaumes  d'nn  des  quatre  traictés 
spécifiés  en  l'escrit  cy-joinct;  mais,  en  cas  de  ligue  of- 
fensive et  défensive,  il  seroit  nécessaire  d'y  fwre  aussy 
intervenir  la  France,  pour  ne  perdre  d'un  costé  autant 
ou  plus  que  espérons  de  gaigner  de  l'autre.  La  d>^fensive 
seroit  purement  k  nostre  avantage ,  car  estans  en  guerre  nous 
profiterions  le  secours  à  stipuler.  Il  est  toutesfois  difficile 
à  croire  que  le  Roy  rompe  avecq  l'Espagne ,  depuis  qu'il 
a  gousté  la  douceur  du  commerce,  sy  le  Parlement  ne 
l'engage  et  luy  en  fournist  les  moyens;  ce  qni  est  encor 
loin,  puisque  le  dedans  demande  d'estre  composé  et  reiglé 
premièrement.  "V.  A.  se  souviendra,  s'il  luy  plaist,  de  faire 
insérer  le  nom  de  monseigneur  le  Prince  Guillaume  en 
la  commission  de  traicter  d'alliance,  et  de  la  luy  faire  gar- 
der jusques  à  sa  venue,  afin  qu'il  soit  nostre  chef  et  par 
là  sans  pair  et  couvert  en  cette  Cour,  nous  pouvant  suffire 
que,  par  une  lettre  au  nom  de  l'Estat,  il  soit  trouvé  bon 
qae   reprenions   les   errements   du  précédent  pouvoir  du 


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1611.  JiDiier.]  —   328   — 

3  novembre  1639  et  de  nos  présentations  faictes  ensuitte 
au  Roy  le  21  janvier  1640.  On  nons  advertit  à  l'oreille 
qa'on  nous  parlera  d'une  conjoinction  des  deux  nations  en 
la  navigation  des  Indes  occidentales  et  des  întérests  de 
S.  A.  Élect,  ;  mais  sera  peut-estre  plus  expédient  de  noos 
tenir  à  un  traitté  solide,  sans  venir  à  des  conventions 
particulières ,  qui  seroyent  pour  nous  détoomer  de  la  grande 
voye  et  de  plus  grande  espérance.  Nons  attendrons  donq 
la  loy  que  V.  A.  et  l'Estat  trouveront  à  propos  de  nous 
prescrire.  Il  n'y  a  pas  grande  novelle  en  cette  cour,  qne 
la  confirmation  de  celle  de  Catalogne  et  de  Portugal. 
Deux  navires  venus  de  Cades'  y  adjoustent  la  prince'  d'ar- 
mes dn  duc  de  Medina-Sidonia.  Icy  le  Parlement  est  fort 
après  à  contenter  les  Escossoîs,  et  à  faire  le  procès  à 
l'archevesque  et  au  lieutenant  d'Yrlande,  contre  lesquels 
s'y  présentent  joumeliement  de  grandes  imputations.  Sur 
ce  nous  prions  Dieu,  Monseigneur,  de  donner  à  V.  A. 
en  tontte  prospérité  santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.,  très-humbles,  très-obéissants  et 
très-Sdelles  serviteurs, 

H.  W.   V.  BBEDEKODE.      FRANÇOIS  d'aBBSSES. 
UBENVLIET.      ALB.  JOACHDU. 

De  Londres,  ce  24  janvier  1641. 


A  la  lettre  est  joint  l'extrait  suivant. 

„Et  pour  faire  preuve  Sîre,  combien  messeignean  Itn  Ectats 
révèrent  de  leur  costé,  l'honneur  de  l'amitié  de  V.  M.  et  redou- 
tent d'en  eslre  recalés,  ils  nous  ont  donné  cbarge  et  plein  puvoir 
de  luy  déférer  le  choix  de  l'une  des  quatre  conditions  q  û  eo- 
suivent,  selon  la  commodité  des  afiiiires,  assçavoir: 

d'une    ligue  offensive  contre  le  Roy  d'Espagne  et  ses  adln  reM, 

d'une  défensive  pour  la  mutuelle  garentye  contre  toutte  ag  ïre»- 
sien  cstrangère  à  guerre  ouverte,  perpétuelle  ou  à  temps, 

d'une  promesse  réciproque,  tant  seulement  de  ne  secooi  '  en 
aucune  façon  les  ennemis  l'an  de  l'autre, 

oo  finalement  de  convenir  d'un  temps  préfix,  pour  cj-aprè'  se 
trouver  ensemble,  afin  d'aviser  quelque  expédient  et  moyen  ponr 
'  Cadii.  *  prise. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  329   —  [IMl.  jMïier. 

Bssearer    l'Angletene    et  les   Frorinoes-Unies  contre   les  forces  et 
)es  menées  de  leurs  ennemis." 

La  aouscriptioD  porte:  „ Copie  tirée  sur  la  minute  d'une  pro- 
position donnée  à  M'  le  comte  d'Hollande,  par  les  siears  de  Som- 
melsdycq  et  Joachimi,  ambassadeurs  de  messeigneurs  les  Estats- 
Généraux  des  PrOïinces-Unies  du  Pays-Bas  le  "/„  de  janvier  ™°/,„, 
pour  estre  présentée  nu  sérénissime  Roy  de  la  Grande-Bretaigae." 


■  t  LBTTRB  BCLIII. 

Le  Prince  dOrange  aux  Ambcusadeurs  en  Angleterre.    Ré- 
ponK  aux  letlrea  649  et  650. 

Messietirs.  J'ay  esté  fort  content  d'apprendre ,  par  vos 
deax  lettres  do  18  da  courant,  le  bon  accueil  qne  vous 
avez  eu  en  la  solennité  de  vostre  audience  publique,  mais 
plus  encor  de  veoir  comme  4  la  privée  qui  a  suivi  tost 
après,  il  a  pieu  au  Koy  vous  rencontrer  par  des  expres- 
sions si  favorables  et  des  démonstrations  de  tant  de  bonne 
volonté  en  mon  endroict;  lors  nommément  qne  vous  avez 
fàict  l'ouverture  touchant  madame  la  Princesse  aisnée, 
et  avez  représenté  pourquoy  c'est  que  vons  avez  en  ordre 
d'insister  de  nouveau  sur  cet  article.  Il  reste  maintenant 
que  dans  le  [3]  jour  d'après  vos  commissaires  vous  auront 
esté  nommés,  de  bien  poursuivre  cette  routte  snr  de  si 
bons  commencemens,  et  pour  cet  effect  me  semble  qu'il 
importe  de  se  prévaloir  particulièrement  des  faveurs  de 
la  Reine,  en  taschant  de  la  disposer  à  ce  point,  au  moyen 
de  quelques  audiences  ou  visites  privées,  que  vous  luy 
pourriez  feîre  en  corps  ou  séparément,  selon  les  occuran- 
ces,  sans  négliger  l'entremise  du  S'  Jermin ',  qu'on  dit 
avoir  grand  crédit  auprès  de  S.  M.  Je  suis  bien  asseuré 
que  vous  n'obmettrez  rien  de  ce  qui  peut  servir  à  gaigner 
encor  cest  article  sur  l'esprit  du  Roy,  mais  pourtant  n'ay 
voûta  laisser  de  vous  recommander  cet  expédient,  qui,  à 
mon  advis,  pourra  faciliter  de  beaucoup  l'affaire;  vous  en 

'  lU  la  main  dt  M'  dt  ZuytieXem. 

'  HBori  Jsnnyii,  ttvori  de  t>  R«ine,  plut  ttrd  eomtc  de  St.  Albu'a. 


U,g,t7cdb/COOgIC 


IMl.  Jiniier.]  —   330  — 

userez  selon  que  trouverez  les  occasions  le  permettre  od 
la  nécessité  le  requérir,  et  m'obligerez  de  continuer  à  me 
tenir  adverti  de  temps  en  temps  de  la  suite  et  succès  de 
vostre  négociation,  comme  aussi  de  me  croire  véritable- 
ment, etc. 
2S  janvier  1641. 


LETTRE   BCLIV. 

'ja  Reine-mère  de  Fi-ance  ou  Prince  <f  Orange.     Aimranea 
de  bonne  amitié. 

Mon  Cousin.  Ce  que  vous  m'avez  escrït  du  project  du 
nariage  d'entre  ma  nièce  la  Princesse  d'Angleterre  et  voslre 
Ils  me  donne  telle  preuve  de  vostre  continuelle  bienveil- 
ince  que  celle  que  je  vous  porte  ne  seroit  contente,  à 
B  laissois  retourner  près  de  vous  le  S'  de  Beverweert, 
|ui  m'a  rendu  vostre  lettre,  sans  vous  tesmoigner  com- 
lien  je  me  suis  satis&icte  de  vostre  civilité,  me  proroeo 
uit  qu'il  vous  dira  encores  plus  particulièrement  l'estime 
ue  j'en  fais.  II  me  suffira  de  vous  asseurer  que  je  pren- 
ray  touajours  part  à  vos  heureux  succès,  aussi  vérita- 
lement  que  je  suis 

vostre  bonne  cousine, 

ANNE. 

A  St.  Germain,  ce  39  janvier  1641. 
mon  Cousin  Monsieur  le  Prince  d'Orange. 


•  LETTRE  RCLT. 

•es  Ambiueadeurs  en  Angleterre  au  Prince  cCOrange.   Progri* 
de  la  négociation. 

Monseigneur.  Nous  vous  avons  dépesché  homme  espris 
i  29  du  mois  passé,  mais  la  presse  est  sy  grande  an 
'arlement   que   n'avançons   encor   nostre   négotiation  qae 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—   331    —  [1641.  rinitr. 

bien  lentement,  car  tous  nos  commissaires  en  sont,  et  ont 
si  pea  de  temps  de  reste  qae  souvent  on  nous  paye 
de  remises,  encor  que  reconnoissîons  à  tons  une  bonne 
volonté  de  nous  contenter  et  expédier.  Cependant  le  Roy 
nous  ayant  mandé  le  29  dudit  mois  de  nous  trouver  en 
la  chambre  de  la  Roine,  S.  M.  se  mit  !t  nous  dire  en 
sa  présence  d'avoir  pensé  de  plus  près  à  la  demande 
qu'au  nom  de  l'Estat  et  de  V.  A.  luy  avions  faicte  de 
sa  fille  aisnée,  et  que,  pour  les  raisons  par  nous  allé- 
guées, elle  en  approuvoit  la  recherche  et  desjk  la  nous 
accordoit,  mais  entendoit  de  faire  au  mesme  temps  une 
alliance  d'Estat,  sans  aucune  interruption  de  besoigne. 
Après  l'acceptation  et  le  remerciement  de  sy  favorable  dé- 
claration, nous  nous  avançâmes  k  désirer  que  le  temps 
de  la  transportation  de  la  Princesse  fust  aussy  réglé ,  afin 
qu'il  ne  restast  plus  rien  au  traité  du  mariage  que  la 
forme,  dont  nous  pourrions  convenir  en  une  seule  session; 
et  cela  faict,  en  advertir  V.  A.,  pour  disposer  de  la 
venae  de  monseigneur  le  Prince  Guillaume;  mais  la  Reine, 
nous  en  renvoya  aux  commissaires,  y  adjoustant  gue  leur 
fille  aisnée  méritoil  bien  quelque  choie  de  plus  que  la  jeune. 
Ce  mot,  Monseigneur,  est  canse  qu'avons  tant  différé  à 
Tons  donner  advis  de  ce  bon  succez ,  attendants  de  nous 
en  esclaircir  k  la  première  conférence,  pour  sortir  V.  A. 
de  tontte  doute;  tontesfois  n'avons  peu  nous  entrevoir 
plnstost  qu'hier;  encor  lors  si  peu  et  sy  superficiellement 
que  ce  estoit  plustost  pour  nous  entretaster  que  pour  en- 
foncer la  besoigne;  seulement  nous  dirent-ils  d'avoir  faict 
rapport  au  Roy  de  la  qualité  de  nos  deux  pouvoirs  et 
de  nostre  disposition  k  conclurre  une  alliance  d'Estat  avec 
S-  M.  et  qu'elle  s'en  contentoit,  désirant  que  les  deux 
traictez  allassent  ensemble;  sur  quoy  avons  remonstré  que 
celuy  du  mariage  doibt  précéder,  comme  j&  assez  arresté, 
afin  de  gaigner  temps  pour  la  venue  de  monseigneur  le 
jeune  Pnnce,  et  que  serons  pretz  de  passer  immédiate- 
ment après  à  l'alliance;  ce  qu'ils  approuvèrent,  soubz  cette 
restriction,   que   t'un  ne    tiendroit  point,  sy  l'autre  n'en- 


,,Googlc 


1641.  Firrier.]  ~   ââ2   — 

snivoit;  toateafois  leur  avant  esté  dict  que  de  cette  con- 
dition il  se  peut  infi^rer  comme  sy  on  doubtoit  de  noi 
intentions,  là  ou  une  bonne  confédération  n'est  moins 
désirée  de  nons  que  d'eux,  qu'il  nous  sembloit  plus  ^  pro- 
po3,  de  n'en  point  parler,  puis  que  rien  ne  se  pouvoît 
faire  sans  la  signature  du  Roy,  de  &çon  qu'il  seroit  tous- 
jours  en  leur  pouvoir  de  haster  ou  tarder  l'affaire  selon 
l'événement  de  la  négotiation,  et  en  estants  tombés  d'ac- 
cord, les  articles  projetiez  et  concertez  entre  S.  M.  et 
V.  A.  furent  leuz,  et  leurs  variétez  notées,  qui  au  fondt 
revindrent  à  un  seul  point,  sçavoir  celuy  du  temps  quand 
la  Princesse  sera  conduitte  en  Hollande;  car  ilz  estîmoyent 
sy  peu  les  cérémonies  qui  avoyent  géhenne  quelque  temps 
V.  A.,  qu'ils  y  passèrent  par  dessus,  et  quelqaes  uns  jus- 
ques  à  s'avancer  de  dire  que  devant  trois  mois  il  n'y 
en  anroit  peut-estre  anssy  point  en  ce  Royaume,  et  sor 
ce  propos  messieurs  les  commissaires  s'estant  levez  (pressez 
apparemment  d'ailleurs)  nous  promirent  de  taire  ce  matin 
leur  rapport  au  Roy  et  de  nous  vouloir  dépescber  promp- 
tement,  à  laquelle  fin  espéroient  de  nous  faire  avoir  de 
leurs  nouvelles  encor  dans  ce  jourdhuy,  mais  avant  que 
partir  deux  d'entre  eux  expliquèrent  séparément  à  M' de 
Brederode  et  au  sieur  de  Sommelsdyck  ce  que  voulloyent 
dire  les  paroles  de  la  Royne  cy-dessos  subvirgulées;  c'est 
qu'on  prétend  que  l'Ëstat  (sans  tontesfois  en  charger  Y.  A.) 
devroit  augmenter  de  quelque  chose  le  douaire  de  la  Prin- 
cesse, puisqu'k  son  intercession  leurs  Majestez  avoyent 
changé  la  jeune  à  l'aisnée  et  héritière,  et  que  S.  M.  de 
son  costé  en  feroit  un  peu  accroistre  son  dot;  nostre  opi- 
nion là-dessus  fust  qu'il  estoit  plus  senr  et  bonorbble  de 
se  tenir  à  ce  qui  a  esté  traictë,  mesmes  sur  l'exemple  de 
la  Royne  Elisabeth  '  précédée  que  d'nn  seul  frère,  que  V.  A 
avoit  trop  de  générosité  pour  charger  l'Estat  de  son  par- 
ticulier, lequel  d'ailleurs  aux  occasions  ne  traiteroit  moins 
courtoisement  cette  Princesse  que  celles  qui  ont  esté  de- 
vant elle,  attendu  sa  haute  extraction  et  la  singulière 
*  Reioe  àe  Bohbne. 


,,  Google 


—  àôà  —  [IMl.  TMat. 

&Tenr  de  leurs  Majestez.  Or,  MonsBignear,  uoas  avons, 
grâces  à  Dieu,  la  parolle  dn  Roj  et  de  la  Rojne  pour 
l'aynée,  et  par  là  sont  rompues  touttes  les  pratiques  de 
l'Espagnol  en  cette  Coor;  il  en  faict  l'estoimé  et  trouve 
k  dire  sur  la  prudence  du  Roj  pour  l'inesgalité  des  <]ua- 
Utez;  on  l'en  peut  excuser,  car  U  perd  le  jugement,  à 
mesure  qu'il  s'apperçoit  que  ces  menées  luy  donnent  droîct 
dans  la  visière.  Ce  que  nous  reste  maintenant  à  &ire, 
c'est  de  raccourcir,  le  pins  que  faire  se  pourra,  le  temps 
du  transport,  en  le  demandant  au  printemps,  au  moins 
vers  la  fin  de  l'esté,  comme  aussy  d'apprendre  la  volonté 
de  leurs  Majestez,  quand  monseigneur  vostre  fils  aura  à 
passer,  puisque  sa  présence  est  requise  pour  la  conclusion 
et  publication  de  son  mariage.  Avec  cela.  Monseigneur, 
il  nous  fandra  penser  à  l'alliance,  et  nous  en  tenir  prestz 
sur  les  offres  faictes  au  Roy,  au  précédent  voyage  du 
sieur  de  Sommeisdyck ,  mais  nous  ne  pouvons  croire  que 
S.  M.  soit  encor  de  quelque  temps  en  estât  de  se  résoul- 
dre  là-dessus;  car  la  paix  ne  luj  permet  de  rien  faire 
an  désavantage  de  l'Espagnol;  et  de  rompre  brusquement, 
cela  a  pareillement  ses  difScultez.  Il  est  vray  que  le  Par- 
lement s'enteudant  bien  avec  S.  M.  peut  changer  la  face 
aux  affaires;  et  nous  attendrons  ce  qu'on  prétendra  de 
nous;  partant  il  est  nécessaire  de  nous  instruire  et  au- 
thoriser,  afin  que  rîeu  ne  vienne  à  clocher  de  nostre  costé. 
Peut-estre  sera-il  trouvé  bon  de  V.  A.  que  le  pouvoir  de 
l'an  passé  soit  dressé  au  nom  de  monseigneur  le  Prince 
Guillaume  et  de  nous,  pour  agir  avec  nostre  assistance; 
cela  luy  donneroit  qualification  et  lustre  en  cette  cour, 
où  il  mesleroit  l'Estat  avec  l'amour.  V.  A-,  s'il  luy  plaist, 
y  peut  penser,  mesmes  sy  on  trouve  à  propos  que  facîons 
quelque  office  exprès  pour  le  nouveau  Itoy  de  Portugal; 
c'est  le  moyen  de  sonder  sy  les  pensées  du  Roy  tendent 
à  la  rupture  ou  &  la  continuation  de  sa  paix.  C'est, 
Monseigneur,  tout  le  subject  sur  lequel  nous  dépeschons 
ce  porteur,  et  n'avons  aucune  nouvelle  à  mander,  si  non 
que  le  Parlement  entreprend  de  grands  règlements,  pour 


,,Googlc 


1B4L  Février.]  —   ôôH   — 

avoir  veu  le  Roy  il  ne  restera  plus  guères  qui  Tons  dé- 
tienne par  delà,  en  attente  de  vous  revoir  bientost  apr^, 
je  demeure,  etc. 


*  LETTRE  BCIiX. 

I^es  Ambasêadeurs  en  Angleterre  aa  Prince  ^Orange.   Ooif 
férence  avec  lea  CommUsaires;  trouble»  du  Royaume. 

Monsieur.  H  n'y  a  sorte  de  diligence  que  ne  lacions 
valoir  à  avancer  les  affaires  et  à  informer  Y.  A.  de  leur 
progrès,  de  quoy  nos  dépêches  du  24  de  l'autre  et  du  pre- 
mier de  ce  mois,  font  foy;  mais  le  grand  embaraa  du  Par- 
lement fuct  que  ne  sçaurions  chevïr  '  de  nos  commissures, 
qu'il  leur  bon  poinct  de  loin  à  loin  Devant^hier  fiist  tesnne 
nostre  troisiesme  conférence,  laquelle  V.  A.  ne  s'ennuyem 
pas,  s'il  luy  plaist,  de  voir  icy  r'accourcy,  M.  Vane,  an 
nom  des  commissaires  là-présents,  nous  dit  que  sur  leur 
rapport  le  Roy  avoit  consenty  de  faire  marcher  le  traicté 
du  mariage  devant  cëlluy  de  l'alliance  avec  l'Ëstat,  à  la 
charge  de  demeurer  entre  ses  mains  juaques  au  parachè- 
vement de  l'autre,  promettant  d'avancer  l'un  et  l'autre, 
sans  aucun  retardement;  demanda  ensuitte  l'ordre  que  dé- 
sirions tenir,  si  on  examïiieroit  tout  le  traicté,  ou  taitt 
seulement  les  points  en  différent,  qu'ils  avoyent  aussy  quel- 
ques considérations  à  nous  communiquer  sur  le  changement 
avenu  de  la  jeune  Princesse  à  l'aisnée.  A  cela  fut  res- 
pondu  que  le  temps  nous  est  cher  et  s'avance  beaucoup 
pour  la  venue  et  le  retour  de  monseigneur  le  Prince  Guil- 
laume, partant  qu'ils  nous  voulussent  ayder  à  sortir  de 
l'afffûre,  pour  lequel  estions  venus  à  la  sommation  de  S.  H. 
mesmes,  duquel  ne  pensions  rien  rester  que  la  conclusion 
et  sa  forme;  tontesfois,  pour  n'y  plus  retourner,  qu'il  seroit 
à  propos  de  résumer  tout  le  traicté  d'article  en  article,  en 
costant    ceux    qui   auroyent  besoin  d'esclarcissement    Cet 


,,  Google 


—   àày    —  [1641.  Vhtitr. 

ordre  ayant  esté  approuvé  et  suivy,  les  Commissaires  firent 
distinction  au  premier  article,  entre  les  fiançailles  et  ea- 
pousailles,  pour  se  tenir  au  premier,  selon  les  lois  du 
royaume,  qui  défendent  le  mariage  des  en&ns  avant  l'aage 
de  consentement,  qui  est  de  douze  ans  pour  les  filles;  au 
second,  qui  parle  du  transport,  déclarèrent  avoir  ordre  de 
ne  l'accorder  qu'après  ses  donze  ans;  proposèrent  sur  les 
4*  et  6°  quelque  augmentation  de  douaire  et  de  menuz- 
plaîsirs  de  la  part  de  l'Ëstat,  en  considération  du  change- 
ment de  i'aisnée,  laquelle,  comme  héritière,  méritoit  une 
plus  làvorable  condition  que  sa  jeune  soenr.  Sur  l'on* 
zième,  persistèrent  en  la  proposition  du  Hoy,  que  les  en- 
fens  à  naistre  de  ce  mariage  ne  fussent  mariés  que  de 
l'advis  et  consentement  de  S.  M.  ou  des  Rois  ses  succes- 
seurs. Leur  a  esté  respondu  en  mesme  ordre,  que  S,  M. 
en  sa  lettre  à  Y.  A.  ne  parle  que  d'un  seid  point,  asçavoir 
le  temps  du  transport,  sur  lequel  elle  réservoit  ses  consi- 
dérations pour  les  nous  communiquer  à  nostre  venue,  es- 
pérant toutesfois  de  nous  en  contenter,  mais  ils  repartirent 
que  la  ditte  lettre  estoit  générale  et  point  obligatoire,  qu'il 
y  estoit  survenu  un  notable  changement  Prenans  doncq 
en  main  le  premier  article,  nous  avons  tenu  bon  pour 
les  espousailles,  et  qu'elles  ne  seroyent  contre  les  loix, 
veu  que  les  Princes  sont  exempts  des  formalités,  pouvant 
S.  M.  d'un  costé  et  nous  de  l'autre  stipuler  et  contracter 
soubs  noz  signatures  pour  les  soubs-aagez  ',  foire  mesmes 
intervenir  le  ministre,  et  les  marier  par  paroles  de  présent; 
cela  foict,  pour  lever  toutte  doute,  nous  faire  consigner 
immédiatement  la  Princesse.  Sur  le  second,  qu'avions 
charge  de  supplier  très- humblement  S.  M.  de  trouver  bon 
la  transportadon  de  la  Princesse  dans  ce  printemps,  au 
moins  vers  la  fin  de  l'esté  pour  toute  préfixion,  sans  quoy 
ne  trouvions  aucune  seureté  au  traicté,  à  cause  des  acci- 
dents qui  sont  k  craindre  et  des  traverses  de  ceux  qui  ne 
désirent  point  cette  alliance;  qu'en  telle  matière,  il  n'est 
rien   de   tel   que   d'en    convenir  secrètement  et  l'exécuter 


22» 

D,g,t7cdb/GOOglC 


IMl.  Thntt-i  —  340  — 

promptement;  que  la  Princesse,  ayant  à  vÎTre  avec  nous, 
ne  Bçanroit  mieux  employer  ses  ans  inutiles  qu'à  appren- 
dre la  langue  et  les  &çons  de  feîre  du  pals,  pour  avec- 
que  le  respect  s'y  acquérir  aussy  les  coeurs  dn  peuple, 
au  lieu  que  de  sa  plus  longue  demeure  par  deçà  on  ne 
peut  attendre  qu'un  plus  vif  desplaisîr  de  son  départ,  à 
mesure  que  le  jugement  rendra  sa  conversation  plus  douce 
et  familière.  Sur  les  4'  et  6',  que  le  changement  de  k 
Princesse  aisnée  estoit  procédé  de  la  seule  et  franche  cour- 
toisie de  leurs  Majestez  à  nostre  supplication,  sans  aucnne 
réserve,  qu'il  ne  seroit  honorable  au  Roy,  ny  à  V.  A.  de 
marchander  là-dessus,  que  l'augmentation  en  tomberoit  sur 
vos  coffres,  d'autant  que  ne  sauriez  trouver  bon  de  voir 
charger  l'Eatat  de  vostre  particulier,  que  S.  M.  avoit  elle- 
mesmes  réglé  le  dot,  le  douaire  et  les  menuz-plaisîrs,  à 
quoy  V.  Â.  auroit  consenty  de  plein  pied ,  le  voyant  fondé 
de  l'exemple  de  la  Royne  de  Bohême,  laquelle  n'avoit 
qu'un  seul  frère  devant  elle;  qu'il  seroit  doncq  meilleur 
de  lasser  ces  articles  telz  qu'ils  ont  esté  concertés,  su 
moins  à  la  discrétion  de  l'Estat,  lequel  en  temps  et  lien 
sçaura  reconnoistre  la  dignité  de  cette  alliance,  ainsi  qne 
de  sa  franche  volonté  il  en  a  tousjours  usé  envers  les 
Princesses  qui  l'ont  précédé,  mais  qu'il  auroit  peu  de  grâce 
de  le  prétendre  par  traitté.  Sur  l'onziesme,  concernant  les 
mariages  des  enfens  à  naistre  de  cette  alliance,  que  con- 
sentions que  le  consentement  du  Roy  auroit  à  y  intervenir 
et  que  ses  successeurs  en  auroyent  connoissance  et  droîct 
d'en  donner  leur  advîs,  n'estant  raisonnable  d'en  estendre 
l'obligation  au  delà,  au  préjudice  de  la  liberté  des  pères. 
Cest,  Monseigneur,  tout  ce  qui  s'est  passé  en  cette  con- 
férence, s'estant  messieurs  les  Commissaires  chargés  d'en 
faire  leur  rapport  au  Roy,  le  plus  favorablement  que  sfau- 
rions  désirer  et  de  nous  en  déclarer  sa  volonté  an  premier 
jour,  n  nous  despl^st  qu'on  remet  en  controverse  des 
choses  résolues  et  que  ne  pouvons  aller  plus  grand  pas, 
mais  nous  avons  besoin  de  nous  accommoder  et  à  leurs 
humeurs   et   k   l'estat   présent  de  leurs  afiàires,  qne  nous 


,,.CooglL- 


—   341    —  [1641.  rérriw. 

voyons  assez  intriqnées  '  et  confuses,  par  ce  que  les  impru- 
dents conseils  du  passé,  qui  tendoyent  d'obtenir  plusieurs 
choses  de  haute  kcte,  ont  bien  avant  engagé  l'authorité 
du  Roy,  laquelle  vient  il  soui&ir  par  les  soubçons  qui  se 
prennent  de  ses  intentions.  Ces  jours  passez  un  prestre 
ayant  esté  condamné  au  gibet,  pour  estre  retourné  au 
Boysume  contre  le  ban,  le  Koy  en  différa  l'exécution,  dont 
le  Parlement  a  eu  si  grand  desplaisir  et  cette  ville  tant  de 
[ranceur],  qu'elle  a  làict  refus  d'avancer  les  deux  cents  mille 
escuE  qu'elle  devoit  fournir  contens,  pour  le  payement  de 
l'armée,  et  en  ayant  este  faicte  remonstrance  an  ïioy,  il 
semble  que  les  deux  maisons  s'accordent  à  en  vouloir 
l'exécution,  craignans  qu'on  se  vueîlle  aider  de  cette  grâce 
pour  sauver  l'archevesque  et  le  lieutenant,  contre  lesquels 
l'animosité  de  tous  les  ordres  est  extrême.  Â  cela  se  joint 
encor  la  plainte  que  le  garde  des  seaux  s'est  sauvé  avecq 
un  navire  du  Boy,  a  esté  fort  accueilly  de  la  fieine  de 
Bohème,  et  le  comte  de  Leycester  ambassadeur  de  S.  M. 
a  esté  visiter  premier  le  secrétare  Windebancq  à  Paris. 
Il  est  nécessaire  de  penser  à  lever  ces  jalousies,  lesquelles 
autrement  venans  à  prendre  plus  de  pied  seroyent  pour 
tout  confondre.  On  va  encor  remuer  la  condition  des 
évesques,  que  le  Roy  désire  conserver  en  mesme  rang 
qu'ils  estoyent  du  temps  de  la  !Royne  Elisabeth,  et  semble 
le  Parlement  y  avoir  autre  visée.  Les  Parlements  se  tien- 
dront de  trois  en  trois  ans,  maïs  que  de  la  convocation 
du  Koy,  sans  y  faire  intervenir  l'entremise  des  chérifs. 
Plusieurs  autres  grands  points  vont  estre  mis  sur  le  tapis, 
et  tant  que  ne  sçavons  sy  de  longtemps  ils  aiu*ont  leur 
forme.  Les  ambassadeurs  extraordintùres  d'Espagne,  Ve- 
tada  et  Malvezzi,  ont  faict  demander  audience  privée  et 
nn  navire  du  Roy  pour  asseurer  leur  passage  vers  Duyn- 
kercke;  ils  observent  que  leur  marchandise  n'est  plus  de 
mise  en  cette  cour,  tous  leurs  corratiers  '  en  ayants  esté 
escartés  ou  emprisonnés.  La  Royne  parle  de  son  voyage 
de  France  huict  jours  après  Pâques,  espérant  que  le  chan- 
'  cmbronillâa.  *  eompignoDi  (7) 


,,  Google 


gement  d'air  la  guérira  d'ane  espèce  de  phtise  ',  qu'on  !uy 
faict  craindre.  Or,  Monseigneur,  nous  espérons  par  nos 
proclifùnes  de  faire  voir  plus  clair  V.  A.  en  nos  ftftaires; 
ce  pendant  nous  prions  de  Dieu  de  continuer,  Monseigneur, 
ses  saintes  grâces  sur  V.  A,  et  sur  ces  dessains,  en  voua 
donnant  santé  et  longue  vie. 

De  V.   A.  très-humbles,  trfes-obéyssanta 
et  très-fidelles  serviteurs, 


De  Londres,  ce  8  février  1641. 


liBTTKB  BCLXI. 

M.  de  Sommeltdyck  au  Prince  ^Orange.    Même  sujti. 

Monseigneur!  Nous  commançons  a  nous  plaindre  de  la 
longueur  où  l'on  nous  tient,  et  plus  encor  de  ce  qu'on 
prétend  disputer  les  choses  jà  décidées.  C'est  le  style  de 
cette  Cour  et  je  pense  y  voir  jour.  La  jalousie  s'y  est 
mise,  parceque  les  uns  en  ont  eu  connaissance  plustost 
que  les  autres;  mais  au  fond  nous  conviendrons  et  il  est 
ainsi  expédient  au  service  du  Roy.  Le  temps  du  trans- 
port est  seul  capable  de  nous  accrocher  quelque  peu,  non 
de  rompre.  A  mon  advis,  S.  M.  s'en  réservera  la  dé- 
claration, pour  la  nous  faire  ou  pour  en  gratifier  monseig- 
neur le  Prince  Guillaume,  car  sans  cela  rien  n'est  faict. 
Sy  on  consent  de  le  mander,  c'est  une  conséquence  ponr 
vostre  contentement,  auquel  je  reconnoy  leurs  Majestez 
portées  d'affection,  mais  certes  trop  brouillées  aux  affaires. 
Mes  devoirs.  Monseigneur,  sy  Dieu  plaist,  paroistront  en 
cette  action  et  en  toutte  autre,  qui  concernera  le  serrlce 
de  V.  A.,  et  je  m'en  tiendray  trop  récompensé,  sy  elle 
en  demeure  sadsfaicte.    Le  royaume  est  tout  en  désordre. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—    343   —  [1641.  Kéïrier. 

Les  nations  '  s'entr entendent,  et  l'anthorité  du  Koy  est 
comme  en  compromis.  Il  a  pensé  sauver  un  prestre.  Le 
Parlement  s'en  plaint  et  se  bande  &  faire  valoir  les  lois. 
Le  pardon  du  Roy  j  est,  au  préjudice  duquel  on  veut 
passer  outre;  l'argent  promis  se  retient,  les  affaires  ces- 
sent, et  ne  se  parle,  en  la  haute  aussi  bien  qu'en  la  basse 
maison,  que  de  faire  pendre  ce  prestre,  pour  ce  qu'on  est 
imben  que  snr  cette  planche,  on  a  la  volonté  de  sauver 
l'archevesque  et  le  lieutenant.  La  Royne  en  gémit  et 
le  Roy  ne  le  sçauroit  empêcher  qu'en  dissolvant  le  Far- 
lementj  qui  luy  seroit  un  trop  dangereux  party  parmy 
un  peuple  à  demy  eschappé  et  lequel  luy  impute  les  éva- 
sions de  Keeper'  et  de  Windebanq,  mesmes  qu'il  prend 
encor  journellement  les  advis  du  lieutenant  sur  les  af- 
faires; qui  piz  est,  touttes  ses  intentions  sont  suspectes. 
Pour  se  relever  de  la  cfaeute,  rien  peut-estre  seroit  plus 
expédient  à  S.  M.  que  de  rompre  avec  l'Espagne,  à  la 
persuasion  de  son  peuple,  qui  le  désire;  cela  l'armeroit 
et  t^leroit  de  la  besoigne  à  ceux  qui,  en  leur  trop 
grande  oysiveté  et  richesses,  demandent  de  la  nouveauté. 
S'il  ne  prend  ce  conseil ,  je  ne  voy  point  qu'il  y  ait  rien 
à  traicter  avec  nous,  outre  le  mariage,  et  quand  on  y  en- 
tendroit,  seroit  nécessaire  de  parler  avec  la  France,  dont 
l'accroissement  est  merveilleusement  envié  et  craint,  mais , 
comme  nous  disons,  sans  cause,  ven  qu'elle  ne  sçauroit  à 
beaucoup  près  balancer  la  grandeur  d'Espagne.  Tousjours 
nous  parle-on  d'une  bonne  alliance  à  laquelle  nous  con- 
sentons et  toutesfois  ne  sçavent  quelle;  k  l'aventure  qu'il 
ne  seroit  hors  de  propos  s'en  remettre  la  négotiation,  jus- 
ques  après  le  Parlement,  qui  doibt  estre  remis  en  meil- 
leure assiette;  car  en  conscience  j'ay  peur  de  ces  com- 
mencemens,  tant  pleins  de  soubçona.  Nous  en  verrons  le 
train  à  yeux  ouvertz  et  consignerons  à  Y.  A.  tout  ce  qui 
s'en  rencontrera  de  considérable;  sur  tout  porterons-nous 
soin  d'accélérer  et  d'achever  nostre  commission.  Sur  ce 
je  prie  Dieu  de  me  faire  la  grâce  de  vous  y  bien  servir 
'  JcosMÛe  et  BDgloûe.  *  Lord  Vinch ,  kc«per  (gtrd«  àei  w«*iii). 


,,  Google 


IMI.  thritr.-]  —   344   ~ 

et  d'ottroyer  à  V.  A.,  Monseigneur,  succès   en  ses  désirs 
et  arec  santé  longue  et  heureuse  vie. 

De   V.   A.  très-hnmble,  très-obéysant  et  trfes- 
fidèle  serviteur, 

FRANÇOYS  S'&XBaSSH. 

De  Londres,  oe  8  février  1641. 

Le  Parlement  ayant  demandé  audience,  est  présentement 
avec  le  Koy,  tout  résolu  a.  perdre  le  prestre. 


■  t  LBTTBE  DCIiXn. 

Ze  Prince  ^Orange  aux  Ambauadeura  en  Angleterre.    Bon 
accueil  de  M'  de  Beverweert  en  France. 


Messieurs.  Le  sieur  de  Beverweerdt  fut  hier  de  retour 
du  voyage  que  vous  sçavez  qu'il  a  fiiict  en  France  tA 
me  rapporte  d'y  avoir  recen  tant  de  bon  accueil,  outre 
les  favorables  déclaratîous,  qu'il  a  pieu,  tant  au  Koy,  à 
la  Reine  et  à  Monsieur  leur  frère,  que  particulièrement 
i  monsieur  le  Cardinal  Iny  fiùre  sur  la  notification  de 
ce  mariage,  comme  aussi  ils  me  le  conârment  chascnn 
par  leurs  lettres,  que  je  trouve  avoir  subject  d'en  prendre 
toute  sorte  de  contentement  C'est  de  quoy  il  m'a  semblé 
à  propos  de  vous  advertir  dès  l'heure  mesme,  afin  qae  le 
puissiez  donner  i  cognoistre  par  delà  et  vous  en  préva- 
loir, ainsi  que  le  trouverez  convenir.  Je  me  snis  proposé 
aussi,  attendu  l'importance  de  ceate  nouvelle  grâce  que 
m'ont  faict  leurs  Majestez  en  m'octroyant  Madame  leur 
fille  ajsnée,  de  les  en  remercier  par  des  lettres  expresses, 
que  je  fay  estât  de  vous  envoyer  au  premier  jour,  soit  par 
les  ordinaires  ou  bien  par  mon  hallebardier  M'  [Lomme], 
afin  de  les  leur  présenter,  si  ainsi  le  trouvez  à  propos! 
mais  d'ailleurs  il  m'est  vena  en  pensée,  s'il  ne  seroit  de 
la  bienséance,  quand  le  mariage  sera  tout  à  &ict  codcIv, 

'  dt  ta  mm»  dt  M.  dt  Zi^eiem. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—    345   —  [1641.  Février. 

que  mon  fils  envoyast  nu  gentilhomme  à  la  dite  dame 
Princesse  aisnée,  pour  luy  porter  quelqne  présent  de  sa 
part,  cbose  qu'ayant  ven  prattiquer  en  semblables  occa- 
BÏons,  j'ay  bien  voulu  vous  communiquer ,  à  ce  que  vueil- 
lez  m'en  dire  vos  sentiments  à  la  première  commodité, 
selon  lesquels  je  pouray  me  régler,  qui  sub  très-vérita- 
blement, etc. 
n  février  1641. 


*  LETTRE   DCIiXIII. 

Let  Amboêgadeun  en  Angleterre  au  Prince  d^Orange.     Né-  « 
gocùaions.  "' 

ïlonseignenr.  Kostre  dernière  du  8  aura  faict  voir  à 
V.  A.  ce  qui  deux  jours  auparavant  s'estoit  passé  en  nos- 
tre  3""  conférence,  et  comme,  après  longues  contestations, 
messieurs  les  commissaires  du  Roy  avoyent  réservé  quatre 
articles  du  traicté,  pour  sur  iceux  entendre  la  volonté  de 
S.  M.  et  nous  en  résoudre  incontinent  après;  asçavoir, 
sy  an  contract  on  se  contenteroit  du  mot  de  fiatiçail'es, 
ou  bien,  sy  on  passeroît  k  celny  d'eepoueaiUfe;  2.  sy  le 
transport  de  la  Princesse  s'y  prendroit  devers  l'automne 
de  la  présente  année,  ou  bien,  après  le  douziesme  an  de 
son  aage;  3.  sur  la  prétension  de  l'augmentation  de  son 
douaire  et  de  ses  menuz-plaisirs;  finalement  sy  le  consen- 
tement des  successenrs  du  Boy  sera  nécessure  aux  ma- 
riages des  enfans  à  naistre  de  cettuy-cy ,  ou  si  on  se  con- 
tentera de  celuy  du  Boy  seul.  L'onziesme  d'après,  en  la 
quatriesme  conférence,  ce  débat  fut  renouvelle,  chascun 
se  tenant  à  son  opinion  première;  mais  les  commissaires, 
sans  se  roidir,  nous  dirent  avoir  faict  au  Boy  la  relation 
des  quatre  pointe  demeurez  en  différent  entre  eux  et 
nous;  et  que  S.  M.  leur  avoit  donné  charge,  au  premier, 
de  consentir  la  consommation  du  mariage,  avec  ses  so- 
lemnitez;  au  troisiesme,  de  le  laisser  à  la  coiirtoisie  de 
l'Estat;    au    quatriesme    que  ses  successeurs  auront  à  se 


,,GoogIc 


16*1.  Fftrisr.]  —   346 


contenter  d'en  avoir  connaissance  et  le  droit  d'advis; 
mais  que,  sur  le  second  article  du  transport,  il  avoyent 
commandement  exprès  de  se  tenir  au  douzièmo  an  de  la 
Princesse,  sans  y  varier;  de  sorte  que  le  contract  fut  ap- 
prouvé selon  le  project  de  V.  A.  à  cela  près;  et  consi- 
dérans  de  quelle  importance  cela  nous  est,  nous  mismes 
à  leur  réprésenter  bien  au  long  l'incertitude  où  par  ce 
moyen  on  nous  mettoit;  que  c'estoit  donner  d'une  m^, 
pour  le  reprendre  de  l'autre;  non  que  doutassions  en  fiiçon 
aucune  des  bonnes  intentions  de  leurs  Majestez,  maïs  que 
les  accidents  du  monde  s'y  font  craindre,  comme  aussy 
les  traverses  et  envies  de  ceux  ^  qui  cette  alliance  est 
suspecte;  que  d'ailleurs  la  Princesse  a  besoin  d'apprendre 
la  langue  et  le  pals  où  elle  aura  à  vivre,  et  à  gaîgner  les 
coeurs  du  peuple,  à  quoy  elle  peut  employer  les  ans  qui 
d'ailleurs  luy  aeroyent  inutiles  en  cette  cour.  Touttes  ces 
raisons  et  autres  n'y  firent  rien,  car  ils  nous  tranchèrent 
net  d'avoir  les  mains  liées,  sans  pouvoir  d'y  rien  changer; 
seulement  dirent  que  c'estoit  à  V.  Â.  de  choisir  d'entre 
l'envoyer  monseigneur  le  jeune  Prince  incontinent  ou  bien 
devers  l'automne,  pour  à  sa  venue  accomplir  et  consommer 
le  mariage;  mais  ne  trouvans  encor  en  cela  de  qnoy  nous 
contenter,  nous  les  conjurasmes  de  rechef  de  nous  ayder 
k  raccourcir  le  temps  du  passage,  à  leur  rapport  envers 
S.  M.,  afin  de  ne  rien  laisser  k  faire  en  l'accomplissement 
de  ce  tracté,  ce  qu'ils  nous  promirent  de  faire;  et  là-dessns 
leur  fut  dit  qu'il  seroit  à  propos  de  coucher  le  contract 
en  bonne  forme,  ce  qui  fut  ainsy  arresté,  et  qu'il  nous 
seroit  envoyé  après,  pour  le  voir  et  en  dire  nos  considé- 
rations; nous  parlèrent  aussy  qu'il  alloit  estre  temps  de 
penser  à  une  alliance  d'Ëstat ,  désirans  que  leur  en  fissions 
quelque  proposition;  sur  quoy  fut  reparty  que  c'estoit  à 
eux  de  se  déclarer  sur  le  choix  l'an  passé  laissé  à  S-  M. 
et  qu'estions  prestz  d'y  satisfaire;  mais  qu'ilz  consîdérassait 
premièrement  à  part  eux,  s'ilz  vouloyent  ligue  offaisive 
contre  l'Espagne,  ou  défensive  seulement;  nous  les  con- 
nusmes   là-dessus  peu  résoluz,  car  Testât  de  leurs  aâàires 


,,.GoogIc 


—   347   —  [1641.  Fémw. 

ne  semble  aucunement  préparé  à  telles  délibérations;  aussy, 
aux  propos  entrejettez  comme  à  l'oreille,  quelqu'un  tint 
mention  d'une  défensive;  peut-estre  sans  avoir  considéré 
que  toutte  la  despence  leur  sera  partagée',  et  à  nous  tous 
les  avantages;  mais  il  les  faut  laisser  venir.  Pour  donq 
retourner  à  nostre  mariage,  qui  est  proprement  nostre 
commission,  voyans  qu'il  n'y  avoit  plus  rien  à  gaigner  sur 
nos  commissaires,  nous  prismes  advis  de  nous  en  addresser 
au  Roy  mesmes,  et  luy  ayans  le  lendemain  12"'  repré- 
senté d'avoir  achevé  le  traicté  k  un  seul  point  près,  lequel 
les  commissaires  nous  avoyent  protesté  d'estre  hors  de 
leur  pouvoir  et  réservé  à  S.  M.,  que,  pour  luy  donner 
sa  parfection,  nous  la  supplyions  de  nous  accorder  le 
transport  de  la  Princesse,  au  moins  devers  la  fin  de 
l'esté  prochain;  à  fin  de  nous  mettre  à  couvert  de  tous 
accidens,  des  changemens,  des  envies,  et  des  traverses; 
que  ce  seroit  un  moyen  à  la  Princesse  de  mettre  ses  ans 
inutils  à  profit,  en  acquerrant  nostre  langue  et  nos  coeurs; 
cela  et  autres  raisons  déduittes  plus  au  long,  S.  M. 
respondit  n'avoir  point  encor  ouy  les  commissaires;  que 
sa  fille  est  bien  jeune;  que,  pour  les  accidens  que  mon- 
strions  de  craindre,  ne  les  cstimoit  point  le  bout  de  son 
gand;  que  rien  au  monde  ne  sçauroît  empescher  ce  ma- 
riage; mais  comme  à  nostre  prière  il  nous  avoit  accordé 
sa  fille  aisnée,  au  lieu  de  la  jeune,  que  de  mesme  il 
s'attendoit  que  le  voudrons  gratifier  de  quelque  autre 
chose,  qui  est  de  remettre  ce  transport,  au  temps  qu'il 
nous  a  làict  demander,  nous  priant  d'y  songer  un  peu; 
comme  il  feroit  aussy  de  son  costé,  y  allant  de  l'hon- 
neur; nous  retournâmes  à  dire  que  désirions,  s'il  cstoit 
possible,  l'achèvement  de  cet  affaire,  tenant  à  sy  peu,  et 
que  ayant  S.  M.  donné  son  aisnée  aux  considérations  de 
l'Estat  et  de  V.  A.,  elle  les  pouvoit  encor  obliger  de  cette 
snitte  et  grâce  d'en  consentir  le  transport  dans  cette 
année;  qu'il  s'est  souvent  prattiqué  ainsy  dans  le  monde; 
que  la  Boyne  Marie  d'Escosse  sa  grand'mère  et  desjà 
I  départie. 


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16*1.  Férrier]  —  348  — 

Royne  avoJt  esté  transportée  en  France  bien  plus  jenne, 
ou  elle  avoit  meury  d'aage,  pour  après  estre  mari^, 
comme  elle  fut,  an  Roy  Françoys  second,  et  assez  d'au- 
tres; maïs  S.  M.  ne  relascha  rien,  ny  pour  raison  ny  pour 
exemple,  et  nous  remit,  pour  en  apprendre  les  raisons,  tua 
commissaires;  elle  noos  asseura  que  le  jeune  Prince  sert 
]e  bien-venu,  et  qu'aussy  tost  sou  mariage  s'achèvera  en 
solemnité,  par  l'intervention  et  l'approbation  de  leurs  Ma- 
jestez  et  de  nous,  selon  les  formes  nécess^res.  Demenrani 
néanmoins  accrochés  au  transport,  nous  dismes  que,  ponr 
le  surmonter,  nous  implorerions  l'intercession  de  la  Royne, 
d'autant  que  ce  point  noua  estoit  essentiel  et  sensible,  et 
S.  M.,  en  se  sousriant,  ne  l'improuva  pas;  donques,  dès 
le  lendemain  IS""*,  nous  eusmes  l'honneur  de  la  voir  et 
de  luy  répéter  la  demande  qu'avions  le  jour  précédent 
faicte  au  Roy,  avec  les  raisons  sur  lesquelles  la  fon- 
dions; la  eupplians  de  nous  y  estre  favorable  et  de  mé- 
riter le  gré  et  l'obligation  de  cette  grande  oeuvre,  au 
moyen  de  sa  médiation;  sa  response  certes  fut  fort  bénigne, 
qu'elle  avoit  favorisé  cette  action,  contribué  mesmes  ses 
offices  et  prières  pour  noua  faire  accorder  l'aisnée,  que 
ce  n'est  pas  peu  de  chose  qu'une  fille  de  ce  pays;  qu'elle 
verra  ce  qu'elle  y  pourra  avancer,  craignoit  toutesfois  que 
le  Roy  ne  fust  résolu  d'attendre  l'aage  de  sa  âlle  devant 
le  transport,  mesmes  pour  l'honneur;  que  luy  devrions 
laisser  ce  contentement,  puis  que  desjà  il  nous  avoit  gra- 
tifié du  noBtre;  que  rien  pourtant  ne  sçauroit  renverser 
ce  mariage,  mais  que  sa  fille  est  trop  jeune,  quelesfîlks 
ont  par  fois  des  estranges  humeurs;  et  qu'à  en  prendre 
l'exemple  d'elle-mesme ,  que  lorsqu'elle  passa  en  ce  royaume, 
elle  eust  volontiers  rebroussé  son  chemin,  sy  seulement 
elle  eust  peu  trouver  im  seul  homme  pour  la  ramener, 
tant  elle  trouva  peu  de  contentement  d'abord,  mais  elle 
y  avoit  donné  son  consentement;  soubaittoit  bien  fort  que 
le  jeune  Prince  vinst  devant  son  parlement  vers  France 
(auquel  elle  craignoit  que  sa  santé  l'obligeoit),  afin  d'achever 
le  mariage  et  le  rendre  indissoluble,  en  le  mariant  avec 


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—   349   —  [1541.  Pérriw. 

sa  fille,  en  la  préseace  du  Roy  et  d'elle,  qui  signeroyent 
et  approuveroyent  raction,  comme  nous  ferions  au  nom  de 
y.  A.  et  de  son  filz;  mais,  pour  le  transport,  nous  ren- 
voya encor,  comme  avoit  faîct  le  Koy,  aux  commissaires, 
dont  qnelques-ans  nous  advertireot  &  l'oreille  de  tenir  bon, 
et  qu'ils  espéroyent  que  l'obtiendrons;  que  mesme  le  Koy 
vouUoit  Itûre  porter  ce  traicté  au  Parlement,  où  l'accom- 
plissement est  grandement  désiré.  La  Eoyne  à  la  sépa- 
ration nous  permit  de  saluer  la  Princesse,  comme  nostre 
nouTelle  mfdstresse,  laqnelle  elle  attendoit  le  mesme  soir 
de  Bicbemont  Voilà  comme  cette  audience  s'est  aussy 
passée,  sans  rien  conclurre  à  nostre  faveur.  Hier  soir 
fîismes  noas  à  la  cioquiesme  conférence,  pensans  d'y  en- 
tendre tes  raisons  de  leurs  Majestez  sur  le  dilayement  du 
transport  de  la  Princesse,  mais  les  commissaires,  auxquels 
en  avions  esté  remis,  ne  fireat  aucun  semblant  d'en  avoir 
cluu^,  et  n'en  alléguèrent  autre  que  la  tendre  affection 
de  la  Royne  à  sa  fille  et  la  peine  que  ce  luy  seroit  de 
s'en  séparer;  nostre  repartye  fust  qu'avec  l'aage  et  la 
conversation  cette  tendresse  et  difficulté  de  séparation 
s'ira  augmentant,  conséqnemment  qu'on  iroît  tousjours  de 
délay  en  délay;  toutesfois  que  S.  M.  a  escrit  !i  S.  Â. 
que  ne  restant  en  différent  que  le  senl  article  dn  trans- 
port, elle  trouvoit  bon  que  les  ambassadeurs  vinssent,  que 
elle  leur  en  diroît  ses  raisons  et  les  conte n teroit  ;  pour 
toutte  solution  nous  payèrent  que  cela  s'estoit  ainsy  passé 
au  regard  de  la  jeune,  et  qu'ilz  n'avoyent  aucune  autre 
chaîne,  cet  article  dépendant  immédiatement  de  leurs  Ma- 
jestez; nons  dismes  donq  que  ne  tenions  rien,  puis  qu'on 
retenoit  ce  qn'on  disoit  nous  donner,  et  qn'aorions  à  en 
advertir  V.  A-,  avant  qna  de  passer  outre. 

Ils  avoyent  donné  quelque  forme  au  traicté,  la  lecture 
duquel  ayant  esté  faicte  jnsques  ^  l'article  reiglant  le  temps 
da  transport,  nous  y  demeurasmes  tout  à  faict  accrochez, 
les  prians  qu'ils  employassent  une  autre  fois  leur  favenr 
à  persuader  leurs  Majestez  d'en  donner  pins  de  conten- 
tement i.  Y.  A.,  mais  dirent  l'avoir  desjà  faict,   et  de  le 


,,GoogIc 


1S4I.  Wïrier]  —   350   — 

vonlloîr  encor  continuer;  qu'en  tout  le  traîcté  nous  ne 
trouverons  autre  changement,  par  tant  que  ce  seroit  per- 
dre temps  à  l'achever  de  lire,  que  le  voulussions  Ëiire 
chez  nous,  et  y  cotter  noz  considérations;  V.  A.  verra, 
s'il  luy  pl^t,  en  la  copie  cy-joincte,  nos  observations. 
Cela  faict,  ils  portèrent  sur  le  tapis  la  proposition  d'où 
traicté  d'Estat,  et  d'en  discourir  quelque  peu  par  ensem* 
ble,  pour  voir  qu'î  seroit  de  faire.  „yous  avez  nos  oilres, 
leur  fisraes-nous,  „et  le  choix  sur  quatre  points;  de  ligue 
offensive  et  défensive  contre  l'Espagne;  de  défensive  coih 
tre  l'aggression  des  estrangers,  perpétuelle  on  à  temps; 
de  règlement  sur  le  transport  de  marchandises  de  con- 
trebande, d'hommes,  d'argent,  de  navires,  poudres  etc.) 
ou  de  convenir  d'un  temps  pour  se  revoir  sur  ce  faict  en 
meilleure  saison.  C'est  tout  dire;  et  à  S.  M.  de  décla- 
rer  sa  volonté."  Mais,  sans  rien  enfoncer,  dirent  qn'il 
estoit  tard,  qu'on  se  r'assemblera  lundy,  que  ce  pendant 
on  y  pensast  de  part  et  d'autre.  A  la  séparation  M-  le 
comte  d'Arondel  dict  au  sieur  de  Sommelsdyck  à  l'oreîUe 
que  tout  iroit  bien;  que  le  Roy  feroit  porter  le  traicté  à 
la  maison  haute,  où  il  seroit  fort  bien  receu,  mais  ijue 
ferons  bien  de  consenter  une  alliance  paur  restablir  M. 
HÉUeteuT.  C'est  Monseigneur,  le  secret  de  la  messe  et 
l'alliance  d'Estat  qu'on  prétend;  mais  quand  on  en  viendra 
là,  nous  sçaurons  bien  nous  borner  dans  nos  limites  et 
faire  distinction  entre  l'alliance  d'Estat  et  un  traicté  de 
subside  an  profit  d'un  tiers,  lequel  ne  sçauroit  estre  ayde 
de  nous  que  par  une  conjonction  contre  l'Espagne  de  la 
France,  de  cette  Couronne  et  des  Provinces-Unies,  en 
une  ligue  offensive  et  défensive. 

Cette  lettre.  Monseigneur,  est  bien  dififuse,  mais  nous 
estimons  qu'il  est  nécessaire  que  V.  A.  voye  clair  dans 
nos  devoirs  et  diligences,  et  entende  les  raisons  de  part 
et  d'autre,  afin  d'adresser  et  de  former  tant  miens  vos 
délibérations.  Cest  donq  maintenant  à  V.  A.  de  babncer 
quel  party  elle  doibt  prendre;  d'envoyer  ou  de  n'envoyer 
point  monseigneur  le  Prince  Guillaume;  s'il  vient,  il  peut 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  351   —  [IMl.  Février. 

assearer  son  mariage  par  la  consommation  ;  la  Roj-ne  sou- 
haitte  que  ce  soit  devant  son  voyage;  s'il  y  a  quelque 
chose  à  espérer  au  temps  du  transport,  son  entremise  sur 
les  lieux  sera  possible  plus  efScacieuse  et  plusieurs  ont 
opinion  que  cette  grâce  luy  est  réservée,  toutesfois  ce 
n'est  qu'opinion;  de  différer  d'autre  part  sa  venue,  c'est 
nécessairement  remettre  le  mariage  au  retour  de  la  Royne, 
qui  est  incertain,  encor  que  le  Koy  l'ayt  limité  dans  un 
an  après  son  départ  Nous  attendrons  là-dessus  le  com- 
mandement de  V.  A,  et  ce  qu'aurons  à  faire,  sy  on  tient 
ferme  pour  les  douze  ans;  la  demeure  de  la  Princesse, 
en  l'absence  de  la  Royne,  semble  facititernos  espérances, 
mais  c'est  conjecture  et  nous  n'avancerons  rien  que  par 
vostre  prescription, 

Pour  assaisonner  l'ennuy  de  cette  lettre,  nous  la  pro- 
longerons de  peu  de  lignes,  afin  que  V.  Â.  connoisse 
Testât  présent  de  cette  cour.  Les  ambassadeurs  extraor- 
dinaires d'Espagne  ont  leur  congé  et  un  navire  du  Roy 
pour  les  porter  en  seureté  à  Dunkerke.  S,  M.  nous  dict 
la  maladie  du  Roy  d'Espagne,  la  révolte  et  perte  de  tout 
le  Portugal,  à  quelque  malheureux  chasteau  près,  mais 
aussy  ses  avantages  en  Cataloigne  et  pensans  luy  faire  com- 
prendre ses  occasions  an  changement  de  Roy  en  Portugal, 
s'il  tes  faisoit  mesnager,  nous  reconnusmes  aussy-tost  que 
la  jalousie  de  l'accroissement  de  la  France  luy  estoit 
plus  considérable.  S.  M.  parla  lundy  aux  deux  maisons; 
loua  leur  zèle  à  asseurer  leur  religion .  qui  estoit  aussy 
la  sienne,  les  remercia  de  leur  affection  à  co&pérer  avec 
luy  au  redressement  des  affaires,  approuva  leur  soin  pour 
l'autbonté  des  loix  et  le  chastîment  de  ceux  qui  les  osent 
enfraindre,  leur  promit  de  faire  de  bref  cesser  les  abus 
qui  se  commettoyent  au  faict  de  la  dévotion  es  maisons  de 
Sommerset  et  S'  Jems',  et  des  ambassadeurs  d'Espagne 
et  de  Venise,  par  le  moyen  d'un  bon  règlement;  dict 
avoir  parlé  à  la  Royne,  sur  le  faict  du  nonce  resséant* 
près  d'elle,  et  contre  lequel  alloyent  leurs  plaintes;  qu'elle 
'  st.  Junet.  *  ràident. 


,,  Google 


lui.  FMier.]  ~   352   — 

Iny  à  respondu  ne  traictor  arecq  luy  qne  de  la  conscience, 
selon  qu'il  luj  avoit  esté  accordé  par  son  contract  de  ma- 
riage, et  veu  qu'on  s'y  achoppoit,  qu'elle  avoit  résolu  de  le 
renvoyer  au  premier  jour.  Et  pour  le  prestre  dont  il  anroit 
suspendu  l'exécation,  leur  représenta  que,  de  tout  le  temps 
du  rfegne  de  la  Itoyne  Elisabeth,  ny  du  depuis,  nu!  n'a  esté 
mis  k  mort  pour  sa  religion ,  mais  bien  pour  désobéissance 
par  rébellion,  ou  pour  conspiration;  que  la  seule  reli^on 
est  le  crime  et  la  cause  de  la  condemnation  de  cettuy-cj, 
partant  leur  lùssoit  à  considérer  quel  blasme  de  sévérité 
il  attireroit  sur  sa  réputation  dans  le  monde,  et  de  quelle 
conséquence  cet  exemple  seroit  contre  ceux  de  la  religion 
par  tout  ailleors;  toutesfois,  puis  qu'ils  alléguoyent  leurs 
loix  et  se  roidissoyent  k  les  taire  valoir,  qu'il  remettoit 
le  prestre  entre  leurs  mùns,  pour  eu  ordonner  selon  qn'ilz 
estimeront  le  devoir  faire.  Au  mesme  jour  fut  accordé 
aux  Escossois,  pour  les  desdommager  de  leurs  pertes  ^ 
frais  de  la  guerre,  trois  cents  mille  livres  sterlings.  Le 
Eoy  presse  que  les  armées  soyent  licentiées,  et  semble 
que  ceux  du  Parlement  ne  le  désirent  encor  sy  tost,  ayans 
de  nouveau  accordé  un  mois  pour  leur  entretènement  i* 
député  d'Irlande  a  eu  quinze  jours  pour  méditer  sa  les- 
ponce  aux  28  articles  dont  il  est  chargé.  Nous  prions 
Dieu,  Monseigneur,  d'octroyer  à  V.  A.  prospérité  à  ses 
désirs  et  dessains,  avec  santé  et  tr^s-Iongue  vie,  et  à  nous 
la  grâce  de  la  servir  à.  son  cont«Dtement 

De  V.  A.  tr^s-humbles,  très-obéissants  et  très- 
fîdelles  serviteurs. 

H.  W.   V.  BBBDBaODE.      FKANÇOYS  d'AERSSEN. 

UKBNVUET.      JOACHIHI. 

De  Londres,  ce  16  février  1641. 

Monseigneur.  Celles  de  V.  A.  dn  28  de  l'autre  moii 
et  du  9  du  présent  noua  ont  esté  rendues;  nous  la  pou- 
vons asseurer  d'avoir  tousjours  snivy  les  ordres  portez  par 
icelles,  comme  noua  ferons  encor  pour  l'avenir. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


i 


-  353  - 


[1641.  Février. 


A  la  lettre  663  est  joint  le  Traité  présenté  par  lea  Commissaires 
daBoi,  avec  tes  changemeats  désirés  par  les  Ambassadeurs.  —  Dans 
le  Traité  it  est  dit:  „Pour  te  transport  de  la  Princesse  an  Paï»- 
Bns,  il  DG  se  fera  pna  devant  qu'elle  aura  accompli  l'âge  de  douze 
ans."  En  mai^e.  „Et  sera  la  Princesse  passée  en  Hollande  dans 
l'automne  de  l'année  présente ,  ou  plustost  s'il  faire  se  peut." 
Dana  le  Traité:  „Quant  à  ce  qui  touche  l'exercice  de  la  religion, 
il  a  esté  accordé  qu'il  sera  permis  et  libre  à  la  Princesse  de  gar- 
der l'exercice  du  divin  service,  tant  pour  soy-mesme  que  pour  ses 
domestiques  selon  l'ordre  et  la  coustume  de  VÉglùe  angUcMie!'  En 
marge,  au  lieu  des  mots  souslignés,  en  lit:  „que  la  Ho;ne  de 
Bohème  a  tousjours  observé  en  Hollande"  et  M.  de  Sommelsdyck  a 
^outé:  „M.  Vane  nous  asseure  de  l'article  selon  nostre  correction." 


LETTBE  DCUUV. 

M,  de   SommeUdyck   au    Prince  d  Orange.     Le  mariage  est 
eondu. 

Monseigneur!  Apres  noatre  lettre  commane  '  j'ay  pen  à 
dire;  cecy  seulement,  qu'on  est  d'accord  da  mariage  et 
que  la  venue  de  monseigneur  le  Prince  Guillaume  est 
approuvée,  pour  incontinent  après  le  consommer  en  forme 
et  solemnité.  La  Koyne  mesme  souhaitte  qu'il  arrive  avant 
son  partement  vers  France,  anque)  sa  santé  l'oblige,  afin 
que  rien  ne  rest«  plus  à  faire  ;  mais  le  seul  transport  nous 
accroche,  lequel  je  ne  say  comme  l'obtiendrons,  ay  le  Koy 
vient  à  s'y  roidir.  Messieurs  les  contes  d'Arondel  et  d'Hol- 
lande m'ont  adverty  à  l'oreille  de  tenir  bon,  qu'il  y  a 
apparence  d'accommodement.  M'  Vane  y  adj ouste  que 
cela  peut  estre  réservé,  potu-  en  gratifier  le  jeune  Prince; 
mais  quelle  seureté?  je  ne  desmorderay  donq  point  cette 
instance ,  alns  la  presseray  par  intervalles  jusques  au  bout; 
cependant  c'est  à  V.  A.  de  prendre  party,  à  l'envoyer 
incontinent,  ou  ^  le  remettre  à  plus  de  seureté.  S'il  laisse 
partir  la  Ko3nie,  de  quinze  mois  il  ne  peut  rien  espérer, 
car  S.  M.  partira  huict  jours  après  ses  pasques  et  faict 
'  la  leUrt  précéJnU. 
III.  38 


,,  Google 


1641.  F^ïriCT.]  —   354   — 

son  conte  de  s'arrester  an  an  à  Monceaux;  s'il  vient,  il 
achèvera  son  mariage  et  pourra  travailler  lay-niesmes  à 
racconrcir  le  terme  du  transport  Je  n'ay  point  de  con- 
seil à  donner  là-dessus;  c'est  toutesfois  an  grand  point 
gaigné  que  d'achever  d'entrée  le  mariage  avec  l'aîsnfe, 
soubs  la  signature  de  leurs  Majestez.  S'il  entreprend  ie 
voiage,  je  mesnageray  la  réputation  de  son  aage  et  la 
seureté  de  sa  personne,  sans  le  perdre  de  veue;  V.  A. 
me  face  l'honneur  de  croire  que,  ny  en  la  conduîtte,  nj 
en  l'action  mesmes,  il  ne  sera  rien  négligé  de  vostre  in* 
térest,  et  sur  ce  je  vous  supplie  d'améliorer  aux  occasions 
la  condition  de  mon  filz,  pour  le  rendre  plus  capable  de 
marquer  nostre  commune  gratitude.  Dieu  bénye  '  de  sa 
s^te  grâce  l'action  qu'avons  entre  m^ns  à  vostre  con- 
tentement et  k  l'affermissement  de  l'Estat,  donnant  k  V.  A., 
Monseigneur,  en  toute  prospérité,  santé  et  longue  vie. 
De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant,  et 
très-fidèle  serviteur, 

FKANÇOYS  D'aERSSBN. 

De  Londres,  ce  17  février  1641. 


'LETTRE   DCLXV. 

Le  Prince  <rOrange  tax  Ambassadeurs  en  Angleterre.    TU- 
ponsf.  à  la  lettre  661. 

Messieurs.  iFay  veu,  par  vostre  lettre  du  8  de  ce  mois, 
ce  qui  c'est  passé  avec  vos  commissaires  k  vostre  troisiesme 
conférence.  Je  [ne]  m'eston  de  ce  qu'ils  ont  voulu  [recou- 
rir] tous  les  articles  du  tralcté,  le  lîoy  les  aiant  par  à- 
devant  aprouvés  de  la  &çod  que  l'on  les  avolt  projetés, 
hormis  le  transport;  mais,  puisqu'ils  ont  voultt  examiner 
tout  le  traicté,  je  trouve  que  la  responce  que  vous  lenr 
avés  donné  sur  chacun  article,  avec  les  raisons  que  vons 
1  Uniiae.  ■  aiiault  anto^apie. 


U,g,t7cdb/COOgIC 


355   —  [1041.  FéjTla. 

avés  allégae^,  leur  doit  donner  satisfactioi),  comme  de 
mesme  au  Roy.  Je  vous  supplie  donc  de  ne  vous  dépar- 
tir de  ce  que  leur  avés  répondu,  mais  de  demeurer  fermes. 
Quand  est  qu'ils  consentent  de  faire  marcher  le  traité  de 
mariage  devant  celuy  de  l'aliance  avec  l'Estat,  à  la  charge 
qu'il  demeurera  entre  les  mains  du  Roy,  jusques  k  l'ac- 
complissement de  l'autre,  j'advoue  que  cela  me  chosqne 
un  peu;  car,  quoique  le  mariage  soit  accordé,  ils  peuvent 
traîner  le  traité  de  l'alliance  avec  l'Estat  si  longuement 
qu'il  leur  plmst,  et  mesme  vous  savés  que  plusieurs  inci- 
dens  peuvent  arriver  qui  vous  obligeroit  de  venir  icy, 
pour  estre  informés  des  intentions  de  M'  les  Estas,  ce  qui 
prolongeroit  grandement  l'afiàire;  que  si  aussi  l'on  ne  pour- 
roit  tomber  d'accort  sur  cette  alliance,  jugés,  je  vous  prie, 
en  quel  estât  seroit  le  mariage.  Par  tant  mon  opinion 
seroit  que  le  mariage  devrolt  sans  remise  ny  retardement 
estre  exécuté,  sans  faire  réflexion  sur  l'autre  traicté.  Ce 
sera  donc  à  vous,  Messieurs,  de  tenir  la  main  à  ce  qu'il 
plaise  au  Koy  d'accorder  l'exécution  du  mariage  avent 
toutes  choses,  et  en  mesme  temps  l'asseurer  que  cest  Estât 
est  entièrement  porté  &  entrer  en  une  bonne  et  estroitte 
alliance  avec  S.  M.  II  fitut  que  je  vous  dise  aussi  que 
je  ne  sçaurois  approuver  que  mon  fils  passe  en  Angleterre, 
sans  une  antière  asseurance  que  le  mariage  s'accomplira 
à  son  arrivée.  Quand  au  transport  de  la  Princesse,  s'il 
ne  peut  se  &ire  ce  printemps,  qu'au  moins  il  soit  arresté 
pour  l'automne  prochain.  Pour  parvenir  k  ces  fins,  il  me 
semble  qu'on  pouroit  travailler  par  des  personnes  confi- 
dentes, tant  près  du  Roy  que  de  la  Ro^'ne,  à  laquelle 
on  devroit  parler  en  particulier  et  la  supplier  d'interposer 
son  crédit  près  du  Roy,  à  ce  que  S.  M.  consentie  à  ces 
demendes,  qui  en  peu  de  parolles  sont,  l'accomplissement 
du  mariage  dès  que  mon  fils  sera  en  Angleterre,  sans 
&tre  réflec^on  au  traité  d'aliance,  et  le  transport  de  la 
Princesse  à  l'automne  prochain.  Je  veus  espérer  que  par 
vos  soins  et  direction  vous  achéverés  heureusement  ceste 
n^otîation,  en  qnoy  vous  m'obligerez  de  plus  en  plus,  ce 


,,GoogIc 


IMl.  Février.]  —   356   — 

que  je  recognoistray  par  mon  servise  et  ans  occasions  dn 
vostre  vous  tesmoigneraj  qne  je  sais  véritablement,  etc. 
Haie  le  18  tévtiei  1611. 


'LETTRE  DCLXVI. 

Le  même  à  M.  de  Sommehdyek.     Même  ngeL 

Monsieur.  Je  me  sois  treuvé  snrpris  de  ce  qoe  Ton 
[ratrainat]  à  la  longue  vostre  traité  et  que  l'on  disputte  les 
articles  desjà  accordés.  Je  treuve  la  responce  que  vons 
leur  avez  faite  telle  qu'ils  doivent  estre  satisfais,  maïs 
j'aprébande  que  l'on  n'traine  bien  plus  cest  négotîation,â 
l'on  ne  sépare  tout  à  iaict  le  trûté  de  mariage  d'avec 
l'aliance  d'Estat;  car  de  dire  que  ce  traité  demeurera  entre 
les  mains  du  Roy,  jusques  k  ce  que  celny  d'Estat  soit 
accordé,  vous  savés,  mieuB  que  je  le  vous  sauroîs  mander, 
quel  préjudice  cela  peut  aporter  à  la  conclusion  du  ma- 
riage, car  par  ce  moien  ils  le  pouront  retarder  tant  qu'il 
leur  plaira,  fesens  des  difficultés  stu-  le  traité  d'aliance, 
laquelle  aussi  ne  se  concluant  pas  vous  pouvés  juger  à 
quoy  seroît  réduict  le  mariage.  Partant  je  vous  sup- 
plie, que  l'on  néglige  pas  se  poinct  là,  mais  que  l'on 
insiste  à  ce  qu'à  l'arrivée  de  mon  fils  le  mariage  soit 
effectué,  sans  faire  réÔoction  à  l'autre  traité,  lequel  von» 
pouvés  estre  assouré  est  entièrement  souhaitté  et  désiré 
par  deçà,  et  qu'il  ne  tiendra  qu'à  eus,  s'il  ne  se  conclut- 
Quandt  est  du  transport  de  la  Princesse,  que  vous  croi& 
que  l'on  veut  réserver  à  l'arester  jusques  à  l'arrivée  de 
mon  (ils,  pour  lors  le  gratifier  en  ce  point,  je  confàis" 
que  j'aurai  bien  de  la  paîiie  à  me  résoudre  à  le  laiser' 
passer  la  mer  sur  ces  însertitudes,  mus  je  me  confie  tel- 
lement à  vostre  conduite  et  à  vos  soins  que  je  veus  de- 
meurer hors  d'apréhension  de  ce  costé  là  et  que  vous  ne 
soufrirés  pas  que  rien  se  passe  en  ceste  aSîdre  qui  puisse 
■  mnale  ailograpi*.  '  confsau.  '  UÎMar. 


,,GoogIc 


[^■orter]   retardement  ou  préjudice  k  l'accomplisement  du 
,  lequel  j'espère  que  vous  condtiirés  à  une  bonne  fin. 


lettre:  hculVii. 

Le  Roi  ttAngUterre  au  Prince  (TOraTige.     Comenlement  au 
mariage. 

Mon  Cousin.  Vous  avés  desjà  veu  l'estîme  que  je  fais 
de  T0U5,  par  l'isuee  '  du  désir  que  vous  avez  tesmoigné 
avoir  du  mariage  de  ma  fille  aysné,  au  lieu  de  k  se- 
conde; s'est  ponrquoy,  pour  parachever  sette  ^aire  ainsy 
que  je  le  désire  et  que  monsieur  Hemflet  vous  le  têra 
entendre  de  ma  part  plus  particulièrement,  J'ay  voulu  vous 
dire  moy-mesme  que  vous  pouvez  envoyer  mon  cousin 
vostre  fils  aussy  tost  que  vous  voudrés,,  et  que  j'accom- 
plîra*  ma  promesse  par  le  mariage,  et  que  aussy  tost  que 
ma  fille  sera  en  âge,  elle  vous  sera  rendu,  selon  les  ar- 
ticles du  mariage;  vous  asseurant  que  je  seray  en  sela  et 
en  toute  autre  chose  preste  de  vous  faire  paroistre  que 
je  sois  véritablement,  mon  (jousin, 

vostre  très-affectionné  Cousin, 

CHARLES  B. 

Whythall  M  21  de  février  1641. 
A  iDOD  Cousin  le  Prince  d'Orange. 


'LETTRE    DCLXVIII. 

Le   Prince  dOrange  à  M.  de  Somineltdyck.     Réponse  à  la 
lettre  664. 

Monsieur.    Vos  dernières  du  17  m'ont  bien  réjouis,  en 
voyant    conune    à.    la   fin,  par  vostre  grande  prudence  et 

'  UiM.  >  iccomplirai. 

*  BÙii';  <ig  la  ntoiN  d*  M,  il  Znylichem. 


,,  Google 


t641.   FftrierO  —   358   — 

industrie,  toutes  les  plus  grandes  difficultez  du  traict^  sont 
surmontées,  dont  je  ne  sçauroy  dire  de  combien  je  m'es- 
timo  vous  estre  redevable.  Je  la  témoigneray  mieux  par 
des  preuves  effectives  de  mon  ressentiment,  dont  vous 
m'obligerez  de  faire  un  estât  bien  asseuré.  J'avoy  bien 
espéré  qu'en  ce  point  du  transport  de  la  Princesse  en 
automme,  on  auroit  aussi  voiilii  céder  aux  considérations 
très-fortes  et  valides  que  vous  avez  tant  alléguées  sur  ce 
Bubject  et  n'en  veux  encore  désespérer,  mais  eu  tout  cas 
ce  prochmn  départ  de  la  Reine,  laquelle  y  peut  tant  et 
qui  dès  le  commencement  m'a  honoré  d'une  faveur  si  par- 
ticulière aux  occurences  de  ce  traicté,  que  j'ay  tout  snb- 
ject  d'en  espérer  la  suitte,  mesmes  en  ceste  dernière  et 
unique  difBculté,  me  faict  résoudre  k  l'envoy  de  mon  fik 
par  delà,  comme  vous  voyez  que  je  vous  le  mande  par 
ma  lettre  commune.  Je  vous  prie  d'ayder  k  travaUler  s 
ce  qu'à  sa  venue  il  trouve  toutes  choses  ajustées  et  con- 
clues sans  réserve,  k  la  célébration  près,  et  qu'on  vous 
donne  parole  qu'il  se  mariera  dès  aussitost  qu'il  sera  arnvé, 
et  sera-ce,  à  mon  advis,  un  grand  pas  de  iaîct  et  d'autuit 
plus  de  prévention  !i  tous  accidens  et  traverses  dans  l'a- 
venir. J'attendray  là-dessus  de  vos  nouvelles,  avec  tout 
ce  que  pourras  de  diligence,  puisque  la  saison  s'avance  et 
n'y  reste  plus  guère  entre  icy  et  la  mi-mars.  Je  suis  etc. 


*  LETTRE   mCULlX. 

Le  secrétaire  (SÉtal  H.    Vane  au  Prince  ^Orange.    Bonnet 
iulenlione  du  Soi. 

Monsieur.  Après  plusieurs  conférences  entre  messieurs 
les  ambassadeurs  et  les  commissaires  du  Roy,  ils  sont 
convenus  sur  un  project  des  articles  pour  le  traitté  da 
mariage,  et  d'accord  en  tout,  excepté  de  deux  points,  à 
scavoir,  le  transport  et  l'article  de  la  religion,  auxquels 
messieurs  les  ambassadeurs  se  sont  déclarés  que  leurs  in- 
structions   sont  tellement   limitées   qu'ils   ne   les   pearent 


,,.GoogIc 


359   —  [1641.  Février. 

accorder,  sans  premièrement  en  advertir  V.  A.,  comme 
Toas  entendrez  plus  particulièrement  par  eux-mesmes. 

Toatesfois  S.  M.  de  sa  part  s'offre  de  signer  lesdits 
articles,  lesquels,  à  l'instance  des  dits  s ienrs  ambassadeurs 
et  par  commandement  de  S.  M.,  j'ay  mis  entre  leurs  mains, 
pour  présenter  à  la  veue  de  V.  A,,  avecq  cette  dite  dé- 
claration de  S.  M.,  si  vous  les  approuvez  et  donnez  les 
pouvoirs  aux  sieurs  ambassadeurs  de  les  signer,  comme 
ils  sont  couchez.  H  a  pieu  aussy  à  S.  M.  de  donner  part 
et  cognoissance  de  ces  procédures  aux  seigneurs  de  la 
maison-haute  de  son  grand  conseil  de  Parlement  et  de 
son  intention  d'accepter  et  conclurre  un  traitté  de  con- 
fédération plus  estroitte  selon  que  lesdita  sieurs  ambassa- 
deors  le  luy  ont  offert,  en  quoy,  comme  S.  M.  a  un 
regard  prîncipall  aux  intéresta  et  à.  la  préservation  des 
deux  Ëstats  et  du  publicq,  aussy  l'a-il  particulièrement 
pour  celuy  de  sa  très-chère  soeur  et  de  son  nephen  le 
Prince  Électeur  Palatin. 

Xjesdits  seigneurs,  ayant  receu  très-grande  satisl^ction 
de  cette  communication  qu'il  a  pieu  à  S.  M.  de  lear  &ire, 
l'ont  très-humblement  supplié  qu'en  suitte  de  l'advis  gé- 
néral d'eux  tous,  les  dits  traittez  tant  de  marriage  que 
de  confédération,  puissent  s'advancer  par  ensemble,  pari 
pMsu,  ce  qu'estant  aussi  l'advis  de  S.  M.  et  des  com- 
missaires cy-devant  déclaré  aux  sieurs  ambassadeurs  dans 
les  conférences,  comme  n'y  ayant  rien  de  plus  nécessaire 
et  expédient,  considéré  la  présente  conjuncture  des  affaires, 
S.  M.  m'a  commandé,  pour  oster  toutes  jalousies,  d'en 
parler  dans  ces  termes  à  Y.  A.,  l'asseurant  pourtant  qu'elle 
donnera  telle  chaleur  à  ladvancement  de  tous  les  deux 
traittés  (et  pour  cest  effect  se  transportera  en  personne 
an  Parlement)  qu'elle  ne  doubte  que,  devant  mesme  que 
monsieur  le  jeune  Prince  puisse  arriver,  ils  ne  soyent  tous 
deux  au  point  d'estre  conclus,  au  contentement  tant  de 
S.  M.  que  do  V.  A.  Et  quant  au  partement  de  mon  dit 
S'  Tostre  fils,  le  Koy  et  la  Koyne  se  remettent  à  Y.  A. 
pour  le  faire  passer  la  mer,  lorsqu'il  luy  plaira.     Et  sur 


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IB41.  Février.]  —   360   — 

ce,   pouvant   asseuror    V.  A,  de  la  constante  affection  de 
leurs  Majestez,  je  demeureray ,  Monsieur, 

de  V.  A.  le  très-humble  et  très-obéissut 
serviteur, 

H.  TAHE. 

de  Whithall,  le  23"'  de  février  1641. 


■  LETTRE  DCLXX. 

■  Le    Prince   if  Orange  à  M.  de  BeverweerU     Bon  accueil  du 
Cardinal  de  Richelieu. 

Monsieur.  J'ay  %'eu,  par  vos  dernières  du  18,comne, 
après  une  remise  qui  véritablement  me  semble  avoir  esté 
un  peu  bien  longue,  vous  avez  enfin  veu  monsieur  le 
Cardinal  et  en  avez  esté  receu  avecq  démonstration  de 
beaucoup  de  bonne  volonté  sur  ce  subject  de  la  notiHca- 
tion  que  luy  avez  faîct  de  ceste  alliance.  J'attendray 
veoir  par  les  prochaines  quel  accueil  vous  aura  faict  le 
Koy  et  ce  pendant  vous  diray  que,  pour  ce  qui  est  des 
adjustemens  de  la  campagne,  dont  le  S'  de  Strade'vons 
a  parlé,  quand  on  viendra  encor  k  vous  en  faire  mention, 
vous  pouvez  répliquer  que  le  S''  d'Oosterwyck  a  ordre 
pour  cet  effect  et  que,  si  cependant  monsieur  le  Cardinsl 
vous  eût  commandé  d'en  rapporter  quelque  chose  icy,  à 
vostre  retour  vous  ne  manquerez  pas  de  vous  en  déchar- 
ger, comme  il  appartient.     Surquoy  je  demeure,  etc. 


LiETTBE   BCUCXI. 

*  M.  de  Sommeled^ck  au  Prince   ^Orange,     InsuffUanee  à* 
garanties  que  le  mariage  aura  Heu, 

Monseigneur!     La  lettre  commune'  à  V.  A.  luy  repré- 
sente   Testât    de    noatre    négotiation.     Mes    soins   vont  i 

>  minute  auiegrephe.        *  d'Mndu.        *  la  ifUrt  67S. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  361   —  [J641.  nintr. 

l'avancer  et  à  l'asseurer  tant  que  je  puis.  V.  A.  y  trou- 
vera de  quoy  s'esbahïr  et  empêcher,  car  nous  demeurons 
comme  achoppes  au  sûeil  '  de  la  porte.  La  Princesse 
aïsuée  nous  est  accordée;  le  contract,  sy  voulions,  en  aéra 
passé;  desjà  est-il  porté  au  Parlement  comme  achevé;  qui 
plus  est,  le  Roy  s'offre  de  sommer  par  lettre  le  jeune 
Prince  de  venir  consommer  le  mariage  par  parolle  de 
présent,  qui  est  le  dernier  degré  auquel  on  sçauroit  pré- 
tendre. Mais  avec  tout  cela,  Monseigneur,  que  tenons 
nous,  sy  on  s'arreste  là?  Le  Koy  n'entend  pas  que  la  Prin- 
cesse passe  la  mer,  avant  qu'elle  ait  attaint  l'aage  de  con- 
sentement; c'est  donner  d'une  m^n,  pour  retenir  de  l'autre. 
Sy  on  vient  cy-après  à  changer  de  volonté,  elle  tiendca 
le  langage  qu'on  voudra,  peut-estre  mesraes,  prattiquée  par 
quelque  &vorye,  protestera  contre.  Trois  ans  en  tel  sub- 
ject  sont  autant  de  siècles.  Elle  conserve  sa  liberté, 
pendant  que  le  Prince  aura  perdu  la  sienne;  la  condition 
est  par  trop  inesgale,  ven  qn'entretemps  la  Princesse,  non 
obligée,  pourroit  acquérir  le  douaire  et  le  Prince,  en  cas 
de  décès,  point  prétendre  son  dot.  Encor  seroit-ce  quelque 
peu,  sy  on  nous  la  livroit  devant  son  aage  de  consente- 
ment, lequel  on  met  comme  nécessaire,  selon  les  formes 
ordinaires  du  Royaume,  ponr  s'en  eschapper,  sy  on  veut; 
mais  es  maisons  des  Princes  telle  loy  ne  tient  point  de 
lieu,  toutesfois  puisqu'on  s'y  tient  et  qu'on  déclare  que 
S.  M.  n'en  desmordra  point  et  qu'avons  à  choisir  là-dessus, 
je  prévoy,  ce  me  semble,  vostre  perplexité  entre  ces  ex- 
trêmes, et  partant  je  m'haz^rderay  d'en  donner  mon  advis 
à  V.  A.,  assavoir,  que,  si  elle  pense  à  propos  de  céder  à 
l'attente  des  trois  ans  désirée  par  le  Roy,  que  devez  es- 
crire  en  responce  que  ne  trouvez  vostre  seureté,  sy  on 
ne  raccourcit  le  temps  du  transport ,  nous  ordonnant  d'en 
redoubler  noz  instances,  sans  varier,  espérant  que  leurs 
Majestez  se  rendront  à  la  raison,  sans  par  cette  longenr 
tenir  la  porte  ouverte  aux  traverses  et  envies,  puisque 
cela  dépend  de  leur  seule  volonté  et  point  des  loix,  mais 


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d'accompagner  cette  première  lettre  d'une  autre  se<'retle, 
poar  Uscher  prinse,  au  cas  qu'après  quinze  jours  de  sol- 
licitation, il  n'y  ait  plus  de  lieu  de  rien  gagner,  ains  de 
conclurre  le  traicté  aux  meilleures  conditions  que  pour- 
rons; ce  qui  a  besoin  d'estre  tenu  secret  Sans  le  départ 
de  la  Royne,  on  y  pourroit  procéder  avec  plus  de  lenteur, 
mais,  sy  elle  nous  escbappe,  d'un  an  et  plus  nous  ne 
sçaurions  espérer  la  solemnisatîon  du  mariage.  Cest  mon 
sentiment  particulier,  peut-estre  par  trop  téméraire,  ton- 
tesfois  qu'à  intention  de  vous  servir.  Je  supplie  le  Créateur 
de  donner,  Monseigneur,  à  V.  A.  prospérité  et  longue  vie. 
De  y.  Â.  très-humble,  très-obéyssaot 
et  très-fidèle  serviteur, 

7BAKÇ0Y3  D'ABRSSEN. 

De  Londres,  ce  26  février  1641. 


'  t  LETTRE!   UCUCOM. 

Le   Prince  d Orange  aux  Ambatsadeurs  en  Angleterre,    /rf 
Prince  son  fis  te  rendra  à  Londret. 

Messieurs.  J'ay  responda  par  le  menu  sur  vostre  dé- 
pêcbe  du  8  du  courant,  par  la  miène  du  18,  laquelle 
espérant  que  vous  aurez  roceues  à  son  temps,  je  vous 
fay  la  présente,  sur  la  vostre  du  16,  que  le  fils  de  Sass 
me  rendit  ce  31  d'après,  et  comme,  tant  par  les  articles 
revenz  à  vostre  cinquiesme  conférence  que  particulière- 
ment parce  que  vous  m'en  discourrez  au  long,  je  trouve 
qu'il  ne  reste  plus  rien  d'assez  considérable  pour  accro- 
cher la  conclusion  finale  du  traité,  je  viens  en  premier 
lieu  à  recognoistre,  comme  je  doibs,  l'obligation  très-par- 
ticulière que  je  vous  ay  de  tant  de  soin,  de  peine  et 
d'industrie  qu'avez  voulu  aporter  à  conduire  cest  aflàïre 
au  poinct  où  il  est,  en  vous  priant  tousjonrs  d'estre  bien 
asseurez  que  je  n'en  perdray  jamais  le  souvenir,  ains 
'  minitle  de  la  main  d»  M.  de  Zia/tiehent. 


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—   363   —  [1641.  Wïriar. 

mettray  peine  à  m'en  ressentir  par  des  services  eflêctifs 
anx  occasions  de  vostre  contentement  et  celuy  des  vostres, 
Faictes-moy,  s'il  vous  plaist,  la  faveur  de  continuer  de 
porter  la  dernière  main  à  ceste  oeuvre  et  à  gaîgner  encor 
ce  peu  de  changement  que  voz  observations  donnent 
aux  dits  articles,  comme  est  entre  autres  ce  qui  regarde 
l'exercice  de  la  religion,  pour  dé  raisons  jk  beaucoup  al- 
léguées et  débatues.  Mais  sur  tontes  choses  je  souhait- 
teroy  de  passion  que,  ne  se  pouvant  obtenir  le  transport 
de  la  Princesse  pour  ce  printemps,  il  y  eust  moyen  d'in- 
duire leurs  Majestez  à  ce  que  ce  fust  pour  l'automne 
prochain,  et  vous  prie  ne  vous  lasser  point  d'insister  li- 
dessus  avec  toutes  sortes  de  persuasions,  puisque,  comme 
vous  remarquez  fort  bien,  ce  n'est  pas  donner,  mais  re- 
tenir ce  qu'on  donne,  tant  que  ce  passage  de  la  Prin- 
cesse demeure  surcis  et  délayé.  Quand  toutesfois  par 
toutes  inductions  imaginables  ce  point  ne  se  pourroit 
obtenir,  voyant  d'un  costé  que  la  Beine,  preste  k  faire  le 
voyage  de  France,  tasmoigne  de  souhaitter  que  mon  fils 
passe  en  Angleterre  devant  son  partement,  et  considérant 
d'ailleurs  que  la  célébration  du  mariage ,  faicte  entre  pré- 
sents avecq  les  cérémonies  et  solomnités  requises,  serott 
un  point  fort  substantiel  à  rompre,  et  prévenir  toute  autre 
traverse  pour  l'avenir,  espérant  mesme  que  les  supplica- 
tions de  mon  fils  en  personne  pourroyent  esmouvoir  leurs 
Majestez  i,  luy  accorder  le  transport  de  sa  maistresse  au 
plustost,  veu  que  Jà  de  costé  on  vous  en  a  donné  qnelqu' 
indice;  ces  considérations.  Messieurs,  me  font  résoudre  à 
l'envoyer  par  delà  vers  la  mi-mars,  ou  bien  sur  la  fin 
du  dit  mois,  pourveu  qu'au  préallable  tout  le  traicté  soit 
arresté  et  conclu,  sans  aucune  réserve  et  qu'on  vous  as- 
stiure  formellement  qu'en  arrivant  par  delà  il  se  ma- 
riera aussitost  et  toutes  choses  seront  consommées  en 
forme  et  solemnité,  et  me  semble  que  ce  traicté  venant 
à  s'adjnater  et  signer  finalement  entre  les  commissaires 
du  Koy  et  vous,  on  pourroit  tascher,  en  ce  qui  regarde 
le  transport  de  la  Princesse,  d'y  taire  mettre,  sinon  qu'il 


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1641.  Fftrier]  —  364  — 

se  fera  en  automne  prochain,  aa  moins  que  ce  sera  an 
plastost  après  la  ditte  célébration.  Ce  sera  donc,  s'il  vous 
plaict,  à  vous.  Messieurs,  de  faire  acheminer  toutes  choses 
absolument  jusques  à  ce  point  et  de  m'en  adTertir,soitpu 
un  exprès,  qui  se  pourra  envoyer  par  terre  au  résident 
d'Angleterre  comme  portant  des  pacquets  du  Boy,  on  bien 
par  l'ordinaire,  afin  que  là-dessus  je  puisse  régler  exacte- 
ment le  temps  du  voyage  do  mon  fils.  Pour  ce  qui  est 
de  l'alliance  d'Estat  dont  on  vous  a  encor  sommé,  je 
trouve  que  vous  y  avez  responda  Jadicieusement  et  à 
propos,  en  ramenant  tonsjours  le  Koy  au  choix  des  quatre 
propositions  de  l'année  passée,  comme  aussi  quand  on  tou- 
chera le  rétablissement  de  M'  l'ÉIectenr,  vous  ferez  fort 
bien  de  dire  lousjours,  quand  la  France  et  l'Angleterre 
se  voudront  liguer  là-dessus  contre  l'Espagne,  que  de  ce 
cost^  icy  on  ne  s'en  laîrra  pas  recercher.  Et  sur  ce  je 
demeure  en  attente  de  vos  nouvelles,  qui  me  puissent  to- 
talement asseurer  de  ce  que  dessus,  etc. 

Poitd.  Depuis  ceste  escritte,  j'ay  apprins  que  M' l'E- 
lecteur a  envoyé  son  secrétaire  par  terre,  soobs  le  pas- 
seport du  résident  Bosvell  en  Angleterre,  qui  sera  asseu- 
rément  pour  encor  remuer  ce  que  dessus,  et  m'a  semblé 
qu'en  debviez  estre  adverti,  afin  d'en  pouvoir  mieux  estte 
sur  vos  gardes.  Au  reste  le  traïcté  estant  ores  '  conduit 
comme  aux  termes  de  conclusion  finale,  je  ne  sçay  s'A 
ne  sera  temps  que  j'advise  h,  faire  quelques  présents  à 
ces  Messieurs  de  par  delà ,  et  vous  prie  de  m'en  dire  vos 
sentiments,  nommément  de  me  spécifier  par  liste  à  qnï 
il  sera  expédient  d'en  donner  et  jusques  à  quelle  propor- 
tion, afin  que  mon  flia  venant  là  puisse  faire  donner  les 
dits  présents. 

'  Messieurs.     Voyant   l'incommodité   où  vous  estes,  en 

ce  que  vos  caresses  n'ont  peu  passer,  et  craignant  que  1» 

mesme  chose  pourroit  arriver  à  mon   fils,  je  vous  prie  de 

vouloir    donner    ordre    promptement   qu'il   luy    soit  fâict 

'  préHatement.        *  Juin  jxuidalt  t»  an  èilltl  à  part. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


■  365  ■ 


[1041.  FJTritr. 


un  bon  carosse  par  delà,  de  la  meilleure  façoD  qn'îl  s'en 
fuct,  doublé  de  velour  cramoisy  avec  de  la  crespine  d'or, 
afin  qu'il  le  paisse  trouver  prest  à  son  arrivée. 

'  Messieurs.  Par  un  billet,  enfermé  dans  l'original  de 
ceste  duplicate,  je  vous  avoy  prié  de  faire  là  un  carosse 
ponr  mon  fils,  mais  ayant  apprins  depuis  qu'on  n'y  faict 
rien  qui  vaille  en  carosses,  je  désire  que  n'en  donniez 
point  l'ordre  et  ay  commandé  de  faire  le  dît  carosse  icy 
en  diligence.  —  Tout  présentement  on  m'advertit  que 
M'  l'Electeur  est  parti  à  ce  matin  de  la  Haye,  et  croid-on 
que  c'est  pour  passer  en  Angleterre,  mais  cela  est  tenu 
si  secret  que  je  n'en  puis  rîen  affirmer. 

il  de  février  1641. 


tLETTR£    DCL,XXni. 

£,ea    Ambassadeur»  en  Angleterre  au  JVt'nce  cCOrange.     In- 
certitudes et  longueurs. 

Monseigneur.  Plusieurs  jours  de  suitte  ayant  par  nons 
esté  employez  à  mesnager  l'entremise  de  messieurs  Vane 
et  Jannain,  à  disposer  le  Roy  et  la  Koyne  de  sommer 
par  leurs  lettres  V.  A.  d'envoyer  monseigneur  le  Prince 
Guillaume  achever  icy  le  traicté  de  son  mariage,  en  luy 
donnant  quelque  espérance  de  contentement  sur  le  trans- 
port contentieux  de  la  Princesse  et  en  estans  à  leur  ju- 
gement mesmes  en  assez  bon  train  d'y  réussir,  au  Heu 
d'une  responce  claire  et  résolue,  nons  fusmes  tout  esbahls 
de  nous  voir  assignez  an  23  pour  conférer  avecq  messieurs 
les  commissures,  où  estant  comparus  il  nous  fut  dit  que 
les  changements  par  nous  faits  au  traicté  avoyent  esté 
approuvez,  réservez  celuy  dn  premier  article,  concernant 
le  temps  du  transport,  et  l'autre  snr  la  cérémonie  d'An- 
gleterre, mais  à  leur  dire  de  nulle  considération  que  pour 
le  seul  point  d'honneur;  et  sur  la  venue  dn  jeune  Prince 
1   Coyet  p.  364 ,  la  nota. 


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1841.  F^rrier.]  —   366    — 

noua  fut  mis  en  maia,  pour  le  lire,  l'escrît  cy-joint,  cotté 
A.;  à  quoy  nous  repartismes  d'estre  venus  au  mandement 
du  Roy  sur  le  fondement  de  sa  propre  lettre,  en  laquelle 
est  dîct  qu'au  traicté  ne  restoît  qu'une  seule  difficulté, 
sçavoir  celle  du  transport,  sur  laquelle  S.  M.  espéroit  de 
noua  contenter,  et  maintenant  qu'on  veut  prétendre  de 
nous  obliger  d'attendre  jusques  à  ce  que  la  Princesse  anr» 
attaint  l'aage  de  consentement,  pour  estre  S.  M.  résolue 
de  n'en  point  desmordre,  et  comme  il  n'estoit  en  nous  de 
donner  force  !i  sa  volonté,  ny  mesmes  d'espérer  sa  fille 
qne  de  son  gré,  de  mesmes  noua  estoit  impossible  dépas- 
ser cet  article  autrement  que  selon  nostre  refbrmation ,  sy 
n'en  recevions  autre  ordre,  que  c'estoit  en  somme  donner 
d'une  main,  pour  retenir  de  l'autre;  qu'il  nous  sembloît 
encor  plus  estrange  qu'après  avoir  TUÎdé  avecq  eux  plus 
de  trois  fois  le  faict  des  cérémonies,  mesmement  l'ajant 
eux  glissé  en  ces  mots,  „que  peut-estre  dans  trois  mois  il 
n'y  en  auroït  plus  aucune  en  Angleterre,"  on  le  nous  fonr- 
roit  de  rechef  tout  entier  au  traicté ,  indifférent  toutesibis 
h  eux,  et  de  grande  conséquence  i  nous,  pour  sa  nou- 
veauté, dangereuse  h  choquer  les  ordres  de  nos  Églises; 
mais  que  recognoiasions  qu'an  lieu  d'avancer,  on  tendoit 
à  reculer  nostre  négotiation ,  en  retractant  des  choses  con- 
cédées; qu'eux  les  premierz  avoyent  remis  à  la  discrétion 
de  V.  A.  d'envoyer  présentement  on  devers  l'automme 
monseigneur  son  tAz,  afin  de  venir  consommer  son  mariage 
en  bonne  forme  et  plénière  solemnité,  que  le  Roy  aprfe 
en  avoit  remis  le  temps  à  nous,  avecq  déclaration  qu'il 
seroit  le  bien  venn  et  marié  aussytost;  que  la  Royne  smsy, 
en  termes  encor  plus  forts,  s'eatoit  faict  entendre  qu'elle 
Bouhaittoit  bien  fort  qu'il  vinst  devant  qu'elle  parte  vers 
France,  afin  d'accomplir  de  tons  points  le  mariage,  pour 
ne  laisser  plus  rien  à  faire.  Que  ne  sçanrions  donq  com- 
prendre les  causes  de  ce  changement,  voyant  qu'on  pré- 
tend conditionner  sur  sa  venue  et  accoupler  son  mariage 
à  l'événement  d'une  alliance  d'Ëstat,  avec  laquelle  il  n'a 
rien  de  commun,  n'en  ayant  jamais  rien  esté  stipulé  par 


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—   367    —  [IMl.  rnrÎM. 

s.  M.  pendant  toutte  cette  négotiation;  qu'il  seroït  mesmes 
peu  honorable  à  V.  A.  de  faira  partir  son  fils  au  veu  de 
toat  le  monde,  pour  voir  dépendre  après  son  mariage  du 
succès  d'un  autre  traicté,  sur  lequel  le  Roy,  depuis  treize 
mois  que  nos  quattre  articles  sont  entre  ses  mains  pour 
cboisir,  n'a  peu  se  résoudre  et  nouvellement  encor  les  à 
portas  au  Parlement,  pour  en  avoir  leur  advis,  cela  se 
pouvant  traisner  tant  qu'on  vent;  mais  de  le  &ire  servir 
comme  d'une  contrainte  k  nous  faire  condescendre  k  quel- 
qae  alliance,  que  c'est  contre  la  forme  et  contre  la  raison, 
vea  que  le  traicter  ou  non-traicter  dépend  d'eux  et  non 
de  nous,  qui  piéça  '  sommes  prests  et  en  conviendrons  bien 
tost,  ponrveu  qu'on  se  tienne  aux  termes  faisables  et  rai- 
sonnables; à  nous,  que  toutte  proposition  de  rupture  contre 
l'Espagne  est  plausible,  pour  estre  desjà  en  guerre;  qu'une 
défence  réciproque  nons  peut  aussi  alléger,  autant  que 
donner  de  seureté  à  l'Angleterre,  et  que  le  règlement  du 
commerce  est  un  droict  des  gens,  observé  de  tous  temps 
entre  les  nations,  mais  que  ces  choses  [vaellent]  de  la  façon 
vers  ceux  qui  sont  en  paix,  point  vers  nous,  qui  n'avons 
aucun  choix,  et  après  avoir  assez  vertement  contesté  avecq 
eux,  que  ne  sçanrions  passer  le  premier  article  sans  nou- 
velle charge,  non  plus  celuy  des  cérémonies,  et  que  pour 
plusieurs  respects  n'en  voyons  aucune  apparence,  parce  que 
devans  attendre  l'aage  du  consentement  de  la  Princesse, 
que  tout  l'entretemps  seroit  sans  asseurance,  suject  à  des 
changemens,  des  traverses,  des  envies,  et  de  pareils  ac- 
cidents, lesquels  peuvent  estre  prévenus  en  la  nous  dé- 
livrant plustost;  que  celuy  des  cérémonies  pourroit  troubler 
l'ordre  et  la  concorde  de  nos  Églises,  mais  que,  si  on  ap- 
prouve que  le  jeune  Prince  se  vienne  marier,  que  se  doïbt 
estre  sans  condition  que  de  celles  seules  qui  ont  esté 
stipulées  en  son  traicté;  que  sommes  aussy  bien  prestz 
d'entrer  en  négotiation  avec  eux  d'une  alliance  d'Estat 
selon  nos  quattre  articles,  sans  y  accoupler  le  mariage. 
Nons  les  conjurasmes  de  joindre  leurs  intercessions  k  nos 
dïpoû  loogCempi. 


,,  Google 


1641.  Firrier]  —   368   — 

raisons,  pour  persuader  S.  M.  de  faire  achever  nostre 
mariage,  en  nouB  ottroyant  le  transport  de  la  Princesse 
dans  la  présente  année.  Hz  dirent  que  le  Eoy  tenoit  fenne 
pour  l'aage  de  consentement;  que  pour  les  ccrémonies ,  qu'il 
n'y  a  autre  regard  qu'à  l'honneur  et  seroit  content  qu'en 
usassions  à  nostre  volonté;  pour  le  surplus  en  feroyent  rap- 
port an  Roy  et  nous  en  donneroyent  ses  intentions  le  len- 
demain an  matin,  ou  dans  le  soir  au  plus  tard;  en  noas 
départant  quasi  tous,  mais  séparément,  nous  avouèrent 
qu'avions  raison  et  nous  y  serviroyent.  Avint  là-dessns. 
Monseigneur,  que  mess,  de  Bréderode  et  de  Heenvliet 
se  rencontrans  le  24.  au  soir  en  la  chambre  de  la  Royne, 
où  se  trouva  aussy  M.  Vane,  que  celluy-cy,  après  avoir 
quelque  peu  entretenu  le  Koy,  les  entreprint,  déclaruit 
que,  s'ils  voulloyent  signer  le  contract,  comme  il  a  esté 
dressé  par  les  commissaires,  que  S.  M.  estoit  contente 
d'en  faire  autant  et  mesmes  de  sommer  par  ses  lettres 
M.  le  Prince  Guillaume  de  se  venir  marier,  sans  le 
coupler  à  l'alliance  d'Estat,  laquelle  se  traitteroit  à  son 
temps;  avoît  en  outre  esté  comandé  qu'il  fust  escrit  à  la 
Royne  de  Bohême  que  S.  M,  avoit  résolu  d'achever  ce 
mariage,  que  rien  au  monde  ne  l'en  sauroît  empêcher; 
par  tant  désiroit  qu'elle  s'entretinst  bien  avec  Voz  Â.  A., 
pouvant  espérer  des  avantages  de  vostre  amitié,  au  moyen 
de  cette  alliance  et  bonne  intelligence.  Et  fût  le  sïear 
Vane  d'advis  que  les  Sieurs  de  Bréderode  et  de  Heen- 
vliet,  acceptans  cette  condition,  en  allassent  sur  le  champ 
remercyer  le  Roy,  qui  s'excusèrent  de  ce  faire,  pour  y 
penser  plus  meurement.  A  leur  rapport  fut  avisé  de 
retourner  voir  le  Sieur  Vane  et  d'entendre  une  autre  fois 
ses  raisons,  ce  qui  fut  faict  hier  au  matin,  mais  sans 
rien  gaigner  sur  les  points  indécîz,  s'excusaut  mesmes  de 
nous  bailler  quelque  escrit  sur  l'indifférence  de  la  céré- 
monie angloise,  de  sorte  que  résolusmes  de  despécber 
vers  V,  A.,  afin  de  l'informer  de  ce  qu'on  prétendoit 
d'emporter  sur  nous  et  de  nostre  résolution  à  ne  ri«i 
concéder,   s'il   ne   nous   est   expresément   commandé.    A 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  369   —  [IMl.  Keirkr. 

laquelle  fin  avons  demandé  le  contract  en  forme  et  tel 
qu'Us  prétendent  de  nous  le  faire  signer.  M,  Yane  en 
voulloit  encor  parler  au  Boy  et  dans  le  mesme  jour  noua 
revoir,  pour  ne  retarder  nostre  despéche  et  toutesfols, 
apr^  nous  avoir  entretenus  quatre  jours  de  belles  parol- 
les ,  nous  a  enfin  cet  après-disner  envoyé  copie  du  dit  con- 
tract et  d'une  lettre  qu'il  délibéroit  d'escrire  à  V.  A.  de 
la  part  du  Roy,  sy  le  trouvions  bon,  qu'il  ne  persiste 
pas  seulement  aux  douze  ans,  à  la  cérémonie  d'Angleterre, 
et  à  couppler  le  mariage  à  l'alliance  d'£stat,  ains  q'il  re- 
cale de  rechef  de  ses  propositions  de  dimanche,  sur  la 
venu  du  Prince  GuilUume,  mesme  qu'il  prétend  de  mes- 
1er  les  intérests  de  S.  A.  Ë.  dans  nostre  négociation  à 
faire.  Kous  avons  esté  d'advis  de  ne  nous  charger  de  la 
dît  lettre,  l'asseurant  qu'elle  seroist  plustost  pour  gaster 
que  pour  avancer  nostre  affaire,  et  ne  pouvans  aller  plus 
avant  de  rechercher  le  remède  vers  le  Roy  et  dans  la 
patience,  attendans  vostre  commandement,  après  que  Y.  A. 
aura  considéré  les  variations  du  train  de  nostre  traicté ,  que 
pouvons  en  partie  imputer  aux  occupations  de  nos  commis- 
saires et  aux  traverses  de  ceux,  qui  sollicitent  contre  nous. 
Ce  n'est  pas  pourtant  que  n'espérions  un  plus  &vorabIe 
progrès  cy-après,  quand  le  Parlement  aura  parlé,  mais  il 
nous  desplaist  de  laisser  Y.  A.  en  ce  doute  et  qu'il  se 
perd  tant  de  temps  inutilement;  car,  si  on  ne  change  en 
peu  de  jours,  il  sera  malaisé  que  S.  A.  passe  devant  l'au- 
tomne, quand  mesmes  tout  se  passeroit  selon  nos  désirs. 
Nous  avons  pressenty  que  ceux  du  Parlement  sont  pour 
rejetter  la  ligue  offensive,  comme  non  nécessaire  et  trop 
onéreuse,  et  s'ilz  en  conseillent  aucune,  que  ce  sera  la 
défensive,  en  y  comprenant  le  règlement  du  commerce, 
lequel  faict  nostre  treizième  condition.  M.  Yane  encline 
de  ce  costé  là,  mais  qu'en  la  minutant  il  y  fust  trouvé 
quelque  lieu  pour  S.  A.  Ë.,  ce  qui  est  directement  con- 
tre la  nature  d'une  simple  défence  réciproque.  C'est, 
MoDseigneur,  tout  ce  que  sur  ce  si^ect  nous  sçaarions 
représenter  à  Y.  A.,  qui  verra  que  n'avons  rîen  obmis 
m.  24 


,,Googlc 


IMl.  F^rier.]  —  370  — 

il  faire  et  dire  pour  l'avancement  de  nostre  commission. 
H  y  a  desjà.  quelques  joors  que  nons  fat  rendue  celle  de 
V.  Â.  de  l'onzième  et  ce  matin  encor  deux  autres  du  4 
et  5.  Nous  débiterons  h.  propos  l'applaudissement  que 
faict  la  cour  de  France  de  nostre  mariage  par  tant  de 
lettres  de  congratulation,  pour  voir  si  cela  aydera  à  l'a- 
vancer, et  sur  la  proposition  d'envoyer  quelque  présent, 
nostre  advïs  seroit  (soubs  )a  correction  de  V.  A.)  de 
le  surçoir  '  jusqu'  après  la  conclusion  et  à.  la  venue  dn 
Prince  raesmes,  pour  n'y  devoir  retourner  à  deux  fois, 
et  faudra  penser  à  de  plus  grandes  libéralités  pour  obli- 
ger les  Princes  et  la  jeune  Princesse,  mesme  les  com- 
missaires, à  la  nostre  volonté;  qu'en  fussions  Ik,  quelques 
raretés  en  feroyent  l'office.  Par  celle  du  5  nous  appre- 
nons que  ne  devons  traicter  que  d'un  règlement  du  com- 
merce de  contrebande ,  qui  est  un  droict  des  gens  et  lequel 
les  plus  puissans  exercent  sur  des  foibles,  mais,  sy  on 
vient  à  nous  parler  d'une  défensive ,  ferons  nous  connobtre 
n'en  avoir  aucune  commission ,  après  avoir  donné  au  Roy 
le  choix  sur  les  quatre  articles,  et  après  mesmes  avoir 
tant  de  fois  dict  avoir  plein  pouvoir  et  autant  de  volonté 
pour  traicter  de  tout?  C'estoii- afin  de  gaigner  conêence, 
laquelle  nous  perdrions  avec  lésion  de  l'Estat  et  de  l'afFuire 
que  nous  traittons,  sy  on  nous  trouvoit  reculer  à  un  feict, 
qui  doîbt  redonder  selon  leur  opinion  à  l'utilité  commune, 
mais  en  effect  seuUement  à  celle  des  Provinces-Unies  :  sy 
on  craint  que  la  France  soit  pour  en  prendre  ombrage, 
cela  cessera,  sy  elle  est  mesnagée  à  temps,  car  c'est  un 
accroissement  de  noz  forces ,  sans  aucune  obligation  envers 
cette  Couronne,  que  pour  lors  tant  seulement  que  nostre 
Estât  sera  en  paix  et  icelle  assaillye  de  ses  ennemis  s 
guerre  ouverte,  sans  y  rien  immiscer  de  plus.  Le  secoors 
se  pourroit  demander  de  cent  on  deus  cens  mil  escus  eo 
argent  ou  en  vaissaux.  Y.  A-,  s'il  luy  plaîst,  doîbt  mettre 
ce  feict  en  délibération,  pour  nous  en  rendre  capables, 
s'il  eschoit.  Pent-estre,  que  la  despense  empêchera  le 
■  mTefawii,  différer. 


,,.GoogIc 


—   371    —  [1041.  Févriïr. 

Parlement  d'y  penser,  mais  il  importe  qne  conserviouB  la 
réputation  de  no3tre  rondeur,  sur  laquelle,  comme  sur 
leur  dehors,  cette  nation  fonde  une  bonne  partye  de  la 
aeareté  du  Royaume,  laquelle  une  fois  perdue,  on  nous 
suspectera  tousjours  d'avoir  logé  nos  maximes  et  affections 
ailleurs,  en  les  négligeans.  Jamais  cette  Couroune  n'eust 
de  si  favorables  inclinations  vers  nom  et  le  Roy  a  pensé 
lay  faire  plaisir,  en  luy  annonçant  son  traicté  avec  Y.  Â. 
et  ses  délibérations  à  l'allier  plus  estroictement  avec  l'Estat 
Nous  pousserons  le  temps  à  l'espanle,  en  attendant  vos 
volontés,  sans  rien  gaster  par  précipitation,  le  pouvans 
dilayer  tant  qu'on  persistera  ù  vouloir  emporter  sur  nous 
les  points  du  différent.  Le  Roy  fut  hier  de  rechef  au 
Parlement,  où  il  approuva  le  parlement  triaunal,  à  convo- 
quer par  S.  M.  et  à  son  défaut  par  le  garde  des  sceaux, 
par  douze  pairs,  par  le  peuple  mesmes,  et  ordonna  le 
parlement  d'en  sonner  les  cloches  et  iaîre  feux  de  joye 
par  toutte  la  ville,  josques  dans  la  cour  mesmes;  accorda 
aussy  quatre  subsides  pour  le  payement  des  armées.  Le 
député  d'Irlande ,  après  auoir  esté  ouy  ce  matin ,  a  obtenu 
prolongation  de  huict  jours  pour  méditer  sa  défence.  La 
Reyne  parle  plus  froidement  de  son  voyage  de  France, 
depuis  qu'elle  a  eu  responce  du  Roy  son  frère,  laquelle  on 
croit  estre  peu  à  son  goust  V.  A.  excusera,  s'il  luy 
plaist ,  nostre  prolixité  et  nous  prierons  Dieu ,  Mon- 
seigneur, de  donner  à  V.  A.  santé,  prospérité  et  longue  vie. 
De  V.  A.  très-humbles,  très-obéissans  et 
trèft-fidelles  serviteurs, 

H.  W.  V.   BBBDERODE.      FKAKçOfS  D'aBRïSBN. 
H£ENVU£I.      ALB.  JOAUHtHL 

De  Londres,  ce  Z7  février  au  soir  1641. 


A  cette  lettre  est  joint,  surunefeuilleBéparée.cequisuit  (p.  366): 
„S.  M.,  ayant  considéré  le  mémorial  des  ambassadeurs,  dit  pour 
respoDce,  qu'elle  est  contente  que  le  jeune  Prince  Guillaume  vienne 
en  deçà,  alors  que  les  ambassadeuia  le  trouveront  convenir! 
deux  choses  estant  premièrement  par  eux  clairement  entendues;  à 
sçavoir:    1.    que    le  temps    dn    transport  demeurera  comme  il  est 

S4" 


,,Googlc 


lui.  Uin] 


■  372  - 


couché  aux  articles;  3.  qu'aJrenant  qae  le  jeune  Prince  anife 
devant  que  te  traitté  d'association  soit  fiai,  qu'il  ne  sera  céinU 
moins  marié  que  lorsque  le  trnicté  sera  conclu." 

En  mni^e  on  lit,  de  la  main  de  M.  de  Sommelsdyck :  lUetub 
ZS/éof.  ea  ptène  conférence  à  Weythal  1641." 

t  liETTBE  BCLXXIT. 

Le»  mêmea  au  même.     Réponae  à  la  lettre  665. 

Monseignear.  Hier  an  madn  nons  fat  rendue  la  lettre 
de  V.  A.  du  18  février.  La  nostre  d'avant-hïer  '  y  a  am- 
plement satiafftîct,  à  quoy  ne  sçaurîoDS  que  adjouster. 
Nous  sommes  incessament  après  à  faire  lever  tout  ce  qni 
nous  obste  Ji  conclurre.  Le  seul  point  du  transport  notis 
géhenne  et  mérite  que  fassions  nos  derniers  efforts  à  l'ob- 
tenir dans  l'automme  prochmn,  vea  que  sans  cela  on  nous 
laisse  l'attente  et  le  doubte  en  partage,  lieu  mesmes  ï 
des  traverses  et  autres  inconvénients.  V.  A.  doncq  se 
tienne,  s'il  luy  plaist,  asseurcie  qae  c'est  là  où  s'adressera 
toutte  nostre  batterje,  sans  varier,  sy  ne  l'ordonnez,  on 
si  on  ne  nous  faict  entendre  soubs  main  qne  la  grâce  en 
sera  réservée  au  Prince  lors  de  sa  venue,  qu'il  ne  doibt 
haster  que  sur  la  sommation  de  leurs  Majestez.  L'accoo- 
plement  du  mariage  à  Talliance  avec  l'Estat  nons  pËne 
peu,  car  il  n'est  demandé  qu'à  la  sollicitation  des  ministres 
de  S.  A.  É.,  qui  prétendent  de  luy  trouver  quelque  avan- 
tage en  celle-cy.  Nous  l'avons  contesté  dès  le  commen- 
cement, et  s'il  a  esté  dict  qu'il  est  au  pouvoir  du  Roy  de 
garder  par  devers  soy  le  traicté,  c'a  esté  sans  l'approuver, 
ains  en  mesme  sens  que  ne  sçaurions  forcer  sa  volonté,  ny 
obtenir  sa  fille  que  de  son  gré,  mesmes  point  après  la  conclu- 
sion; mais  jamais  nostre  intention  n'est  allée  jusques  là  qae 
de  lier  ces  traictez  ensemble;  noua  en  sçavons  aasez  les  raisoos 
domestiques  et  voisines  qui  y  contrarient  Le  faict  des 
cérémonies,  au  pis  aller,  peut  estre  redressé  par  nous, 
pub  qu'on  s'en  remet  pour  l'observation  à  ce  qu'en  vou- 
'  la  letlre  073. 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


—  373  —  [IMl.  Mm. 

drons  ^re,  ponrvea  néanmoins  qne  la  Princesse  passe 
dans  l'automne,  car  sans  cela  il  nous  seroît  difficile  d'en 
respondre,  en  tant  qu'elle  dépendroit  de  la  volonté  d'au- 
trur.  Demain  nous  espérons  de  voir  le  Roy  et  après  la 
Rojne  [avecq],  sur  tant  de  remises  et  la  dnreté  des  con- 
ditions qu'on  nous  propose;  apparemment  attend-on  que  le 
Parlement  se  déclare,  car  on  nous  prie  souvent  de  ne 
point  tant  presser,  voire  avec  persuasion  que  tout  suc- 
cédera à  nostre  contentement.  Nos  visites  sont  telles  que 
V.  A.  les  désire;  en  corps,  quand  il  est  question  de  né- 
gotïer,  séparément  de  rechef,  lorsqu'il  s'agit  de  mesnager 
les  amiz  et  de  préparer  ceux  qui  peuvent  V.  A.  noos 
{ace  l'honneur,  s'il  luy  plaist,  de  se  reposer  de  cette  com- 
mission sur  nostre  fidélité  et  diligence,  qui  ne  changerons 
rien  aux  conditions  jà  convenues  ou  réservées  qne  par 
vostre  ordre  exprès,  et  V.  A.  ne  peut  trouver  estrange 
qu'ayons  faict  comme  un  traicté  nouveau,  en  résumant 
d'article  en  article  celny  qu'avott  négotié  le  sieur  de 
Heenrliet,  d'autant  que  les  commissaires  n'en  tenoïent 
aacan  conte,  comme  innové  et  changé  par  la  concession 
de  la  Princesse  aisnée,  jaloux  apparemment  de  se  voir  ap- 
peliez k  un  aâaire  faict,  en  quoy  M'  Vane  les  secoodoit, 
pour  n'attirer  plus  d'envie  sur  luy;  mais  soubs  main  nous 
exhortoit  k  patience ,  et  qne  tout  aboudroit  à  nostre  con- 
tentement, lequel  toutesfois  nous  demeurons  tousjours  at- 
tendre '.  Et  pensans  avoir  assez  satisfaict  par  cette  res- 
ponce  à  rostre  lettre,  nous  espérons  que,  sans  ennuyer 
V.  A.  de  redite,  vous  n'auree  à  desplaisir  de  voir  le 
surplus  en  ta  nostre  d'avant-hier.  Sur  ce  prions  Dieu, 
Monseigneur,  de  donner  k  V.  A.  en  prospérité,  santé  et 
longue  vie. 

De  V.  A.  très-humbles,  très-obéyssants,  et  très- 
fidëles  serviteurs , 

H.  V.  V.   BBEDEBODE.      PKANÇOTS   D'aXBSSEN. 
BEBNVUBT.      ALB.   JOACHDII. 

De  Londres,  ce  premier  de  mars  1611. 
■  Befyie.     Wy  UjjTBD  iltfjd  inwachleii. 


,,  Google 


LKTTKE  DCLXXV. 

M.    de    Sommetêdffck   au    Prince   (T  Orange.     Réponse   à  la 
Uttre  665. 

Monseigneur.  Je  remarque  en  la  vostre  du  18  de 
l'autre  mois  la  pêne  où  vous  met  l'accouplement  qu'on 
prétend  feire  du  mariage  avec  l'alliance  d'Estat.  Nous 
l'avons  tonsjours  contesté,  comme  choses  difiërentes  et 
sans  relation;  ce  point,  à  mon  advis,  est  aysé  à  vaincre,  ne 
méritant  point  que  Y.  A.  s'en  inquiète.  Il  n'a  est^  proposé 
que  ponr  donner  quelque  espèce  de  contentement  am 
ministres  de  S.  A.  E.  qui,  après  avoir  failly  leur  dessein  sur 
la  Princesse  aîsnée,  ont  espéré  pouvoir  faire  conditionner 
le  restablisseracnt  de  leur  maistre  dans  le  second  traïcté, 
auquel  ils  réussiront  aassy  peu,  car  on  sçait  que  cela 
n'est  au  pouvoir  des  uns  ny  des  autres.  L'article  des 
cérémonies  a  esté  surmonté  par  trois  fois  et  je  ne  pense 
pas  me  tromper,  quand  je  croy  qu'on  nous  met  ces  dif- 
lîcultez  en  avant,  seulement  pour  gaigner  temps  à  voir 
ce  qui  sera  fkict  au  Parlement,  car  nous  nous  assemblons 
de  loin  à  loin,  demeurons  peu  ensemble,  et  lors  encor 
les  choses  s'y  traictent  fort  superficiellement,  et  chacun 
article  a  quasi  besoin  de  passer  par  l'advis  du  Roy.  Tout 
ce  que  le  sieur  de  Heenvliet  a  cy-devant  négotjé,  est 
rejette  à  sa  barbe;  M.  Vane  ne  l'ose  soubstenir,  pourne 
se  charger  de  l'envie  de.s  commissaires ,  jaloux  de  ce  qu'il 
a  manié  co  faict  seul,  et  de  là  vient  que  tout  le  traité  a 
esté  comme  remasché  une  autre  fois.  En  toutte  cette 
négotiation  je  ne  trouve,  Monseigneur,  qu'une  seule  dif- 
ficulté et  laquelle  me  travaille  assez  l'esprit,  sçavoir  le 
long  terme  du  transport  de  la  Princesse,  pour  les  raisons 
que  naguères  j'ay  mandées  à  V.  A.,  et  partant  c'est  là 
où  il  est  nécessaire  que  les  amiz  nous  aydent  et  que  noi 
instances  facent  leur  eSbrt;  car,  s'il  n'est  raccourcy  de 
beaucoup,  nous  ne  tenons  rien.  Un  peu  de  patience  en 
pénétrera  l'intention,  dès  que  le  Parlement  aura  parlé, 
et  certes  le  Roy  s'y  est  miz  trop  avant  pour  s'en  des- 


,,.GoogIc 


■  375  — 


[1641. 


dire.  Le  peuple  l'applaadit  et  S.  M.  tanche  à,  le  rega- 
gner, mais  on  nous  prie  de  ne  pas  tant  presser;  la  con- 
tïlusion,  à  mon  opinion,  sera  bonne  et  à  nostre  contente- 
ment, tùnsi  que  tous  les  commissaires  assearent.  Y.  A. 
cependant  ne  peut  laisser  partir  monseigneur  son  filz 
que  l'accord  ne  soit  signé,  et  nojis  demeurerons  fermes 
pour  le  passage  de  la  Princesse  dans  l'automne  prochain. 
I)ans  deux  jours  nous  verrons  le  Eoy  et  puis  la  lîoyne 
sur  tout  le  mariage,  afin  d'en  estre  résoluz.  La  nation 
est  lente  et  toutesfoys  '  n'ayme  point  d'estre  pressée  ou 
fort  contreditte;  après  s'estre  insinuez  en  leur  confience, 
il  est  aysé  de  les  mener,  mais  c'est  nostre  malheur  de  les 
voir  sy  fort  attachez  au  Parlement,  qui  entreprend  des 
grandes  et  hardies  choses,  qui  sont  de  dure  digestion  à 
an  Prince  de  coeur,  avec  lequel  meshuj  '  il  partage  l'au- 
thorité  royale.  Monseigneur,  V.  A-  ayt,  s'il  luy  plaist, 
cette  opinion  de  moy,  que  je  ne  négligeray  chose  ny 
occasion  aucune  laquelle  je  penseray  propre  k  avancer 
vostre  service  et  contentement,  et  sy  je  puis  ohtenir  du 
Roy  et  de  la  Royne  un  favorable  changement  au  premier 
article,  je  vous  responds  dès  mùntenant  que  je  renverse- 
ray  tons  les  autres  obstacles,  mais  cesluy-la  dépend  de  la 
nue  volonté  de  leurs  Majestez  et  non  de  la  raison.  Nous 
mesnageons  les  amiz  avec  tous  ceux  qui  peuvent  Nos 
visites  se  font  en  corps,  quand  il  est  question  de  négotier 
et  séparément  anssy,  en  cour  et  hors  de  cour.  Je  ne 
crains  ny  travûl,  ny  sermn,  tant  j'ay  de  passion  de  ré- 
ussir en  cette  commission,  que  je  prie  Diea  de  bénir  pour 
sa  gloire  et  l'affermissement  de  vostre  maison.  Nostre 
lettre  d'avanthier  informera  Y.  A.  de  nos  rencontres,  quoy 
non  obstant  je  ne  crains  rien  en  l'affaire  que  le  premier 
article,  comme  je  viens  de  dire,  et  qu'on  le  vueille  main- 
tenir comme  une  espèce  de  contrainte,  à  se  prévaloir  en- 
tretemps des  avantages  qui  seront  désirez.  Au  reste , 
Monseigneur,    le    temps    de   la  commission  de  M.  Oatz  ' 

'  cbaqae  fuît,  toi^'onrs.  ■  désormais. 

'  «H»eiUcr>pei>iionaiin  de  Hollande. 


,,  Google 


1641.  Mars]  —    376   — 

allant  expirer  au  mois  de  juin,  je  le  voy  en  quelque 
pensée  de  la  quitter,  à  k  persuasion  de  quelques-uns, 
qa'il  croit  de  ses  amiz  Ce  sera  un  point  à  traicter 
en  la  prochaine  assemblée.  Sy  V.  A.  ne  l'en  destonme 
et  le  BOubstient,  je  connoy  deux  hommes  qai  caballeront 
pour  luy  succéder,  desquels  l'humeur  seroit  peu  conTC- 
nable,  ains  tout  à  faict  par  l'inflexibilité  incompatible  aa 
service  de  V.  A.  et  de  la  province,  et  seroit  à  propos  d'en 
rompre  la  brigue  de  bonn'heure.  Je  prie  Dieu,  Mon- 
seigneur, qu'il  doint  à  V.  A.  prospérité  et  santé,  et  à  laaj 
la  grâce  de  la  servir  selon  ses  commandemens. 

De   V.  A.    très-humble,  tr^s-obéissant  et 
trës-fîdelte  serviteur, 

FRANÇOIS   D'AEBMBN. 

De  Londres,  ce  premier  de  mars  1641. 

t  LETTRE  BCLXXTI. 

Les  AmdatsadeuTê  en  Angleterre  csu  Prince  (TOrange.    Dit- 
positions  favorables  au  mariage. 

Monseigneur.  Nos  deux  demiferes  sont  du  22  de  l'anlpe 
et  du  premier  de  ce  mois.  V.  A.  y  aura  remarqué  an 
notable  changement;  mais  c'est  l'ordinaire  de  cette  Cour; 
en  matière  de  négotiation,  de  ramraener  souvent  les  cho- 
ses i.  leur  principe,  lorsqu'on  se  croit  à  deux  doigts  pris 
de  leur  conclusion.  II  n'est  possible  que  cela  ne  vous 
ayt  causé  quelque  altération,  de  laquelle  toutesfois  ceUe- 
cy  vous  remettra  en  partie;  car,  ayans  receii  le  2  sa 
matin  le  dnplicat  de  V.  A.  du  25,  avec  plusieurs  apos- 
tilles du  27  février,  et  résolu  de  faire  un  nouvel  essay 
sur  le  Roy  et  la  Royne,  pour  en  conformité  de  vostre 
désir,  r'accourcir  le  terme  du  transport  de  la  Princesse, 
achever  le  mariage  en  bonne  forme,  sans  y  admettre  an- 
cune  condition  et  changer  la  stipulation  des  cérémonies 
angloises,  nous  fusmes  devant-hier  représenter  à  S.  M. 
l'estat  <te  nostre  négotiation  et  qu'il  seroit  très-dur  \  V.  A. 
de    voir    remis   le    transport  de  la  Princesse  à  Tasge  de 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—   377   —  [IMI.  M.ri. 

consentement,  pendant  lequel  tous  seriez  mal  asseur4  de 
l'avenir,  car  venant  icelle  à  estre  subornée  pour  s'en  des- 
diro,  touttes  vos  pênes  et  espérances  seroient  perdnes  selon 
les  loix  dn  Royaume,  et  y  adjoustions  plusieurs  autres 
raisons,  trop  longues  à  répéter,  V.  A.  les  ayant  peu  voir 
en  diverses  lettres.  Qu'aussy  tous  seroit  peu  honorable 
de  laisser  partir  monseigneur  le  Prince  vostre  fils,  pour 
venir  solemniser  sou  mariage,  et  attendre  après  qu'on  su- 
roît convenu  de  l'alliance  avec  l'Ëstat,  laquelle  depuis  qua- 
torze mois  dépend  de  la  seule  volonté  de  S.  M.  sans  encor 
s'en  estre  déclarée,  et  l'a  depuis  huîct  ou  dix  jours  ap- 
piismea  '  envoyé  an  Parlement  en  demander  leur  advis; 
an  lieu  que,  sur  l'approbation  de  S.  M.,  nous  estions  venuz 
pour  recercher  et  conclure  le  mariage,  avec  espoir  d'ob- 
tenir quelque  contentement  sur  le  transport,  qui  estoit  le 
seul  point  resté  îndéciz,  et  que,  pour  le  faict  des  cérémo- 
nies, que  les  commissaires  avoyent  approuvé  de  s'en  re- 
mettre k  la  forme  que  la  Royne  de  Bohême,  pour  ce 
regard,  a  tousjours  observé  en  Hollande;  d'autant  que  ce 
qui  est  tenu  pour  indîfîërent  en  ce  Royaume,  seroît  en 
achoppement  en  nostre  Estât  et  pour  y  troubler  la  con- 
corde des  ministres.  C'est  le  sommaire  de  nostre  discours, 
à  quoy  le  Roy  respondit  avoir  une  absolue  volonté  d'ache- 
ver le  mariage ,  incontinent  après  que  le  jeune  Prince  sera 
venu,  sans  s'attendre  à  rien;  qu'aucune  chose  du  monde 
ne  le  sçanroit  plus  empescher;  qu'il  l'a  consenty  pour 
gaigner  vostre  amitié,  et  en  fera  une  auti-e  avec  l'Ëstat, 
pour  donner  plus  de  seureté  k  ses  Royaumes  et  à  nos 
provinces,  et  lequel  se  pourra  traicter  k  plus  de  loisir; 
qu'il  ne  sçaurott  changer  l'article  du  transport,  et,  puis- 
qu'il TOUS  a  gratifié  dn  change  de  sa  jeune  fille,  de  la- 
quelle vous  vous  estiés  contenté,  à  sa  première ,  qu'il  pense 
raisonnable  que  faciès  aussy  quelque  chose  pour  luy,  qui 
est  de  lay  accorder  que  cet  article  demeure.  Non  qu'il 
dye  qu'il  ne  le  changera  point  cy-après,  mais  n'en  veut 
estre  obligé,  vous  priant  de  vous  fier  en  luy,  comme 
'  an  pliM,  sa  pliut£t(?) 


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lui.  M«ti.]  —  378  — 

il  se  fie  en  vous,  et  pour  ce  que  sembloiis  craindre  qn'après 
l'aage  de  consentement  sa  fille  ne  vienne  k  s'eo   desdire, 
il   déclara  qa'il   ne  voudroit  vivre  trois  jours,  après  qu'il 
auroit  faict  une  telle  méchanceté  de  tromper  ainsy;  pas- 
sant le  point  de  l'accouplement  du  mariage  comme  vuidé, 
il    dit,   pour   la  cérémonie,  que  l'article  a  esté  dressé  de 
mot  À  mot  sur  celuy  de  la  Royne  de  Bohême,  qu'il  n'infère 
aucune    nécessité,    et    que  l'Lglise  de  Heydelberg  Tajant 
recen,    la    nostre   n'a  aucune  raison  de  le  disputer.     De 
faict  ce  n'est  que  pour  les  prières  domestiques  en  la  cham- 
bre, et  noz  commissaires  sont  d'accort  qu'il  en  soit  usé  à 
nostre    volonté.     C'est,  Monseigneur,  la  response  du  Hoy 
sur  les  difficultés  qui  restent  à  décider  au  traicté,  etloy 
ayans    déclaré    que    prétendions    de  prendre  recours  à  la 
Royne,    pour    implorer    son    intercession,   attendu  que  le 
séjour   de   la   Princesse   seroit  inutile  en  la  cour  pendant 
le  voyage  de  France,  S.  M.   couppa  ce  propos   par   dire 
que  trouverions  la  Royne  encor  plus  opiniastre  que  luy, 
et  qu'elle  sera  bien  ayse  de   trouver  encor  sa  fille  à  son 
)nr.     Hier   nous  fnsmes  dire  à  la  Royne  ce  qu'avions 
nandé  au  Roy  et  ses  respouses,  avec  confience  qu'elle 
ildra  avoir  l'honneur  d'achever  ce  que  S.  M.  avoit  si 
1  commencé.     Elle  dit  d'afiection  qu'elle  déstroit  iàire 
ir  nous  et  en  avoit  parlé  au  Roy,  mais  !  avoit  trouvé  sy 
olument  résolu  à  maintenir  le  premier  article  qu'il  n'y 
u  moyen  de  rien  gaigner;  que  ne  nous  devons  mesfier 
rien  ;  que  jamais  elle  n'avoit  manqué  de  parolle  à  per- 
ae    et    seroit    bien    marrye    de   commencer  par  nous; 
ille    souhaitte    que   le   petit  Prince  vienne  au  plnstost 
ever   son   mariage,    devant   qu'elle   parte,  et  qu'on  ne 
ligera    k    rien;    que    ne    devons    craindre  que  sa  fille 
nge  icy  icy  après  l'aage  de  consentement.  M.  Cotting- 
a    offert   son  entremise  pour  faire  abréger  le  terme, 
rouve    la   venue  du  Prince  au  plustost;  avoue  que  le 
f  a  faict  un  erreur  de  porter  le  mariage  et  nos  quatre 
nts  au  Parlement,   on  l'on  tâche,  en  contemplation  de 
Royne    de    Bohême,   d'accoupler   l'an   à  l'autre,  mais 


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—   379   —  [1841.  Mtra. 

qne  le  Roy  a  résolu  d'achever  le  premier  et,  pour  ne 
désespérer  sa  soeur,  laisser  convenir  le  Parlement  de 
l'autre  dont  de  six  mois  îlz  ite  tomberont  d'accord, 
quand  ils  viendront  à  considérer  la  despense  et  leur  incom- 
modité présente.  M.  Jarmaîn  nous  exhorta  de  no  point 
tant  presser  le  transport,  nous  irisant  espérer  que  cette 
grâce  est  réservée  au  jeune  Prince  après  le  mariage. 
M.  le  conte  de  Dorset,  au  sortir  de  chez  la  Royne, 
entre  autre  dit  que  n'eussions  k  noua  travailler  du  passage 
de  la  Princesse,  ains  à  nous  contenter  d'avoir  emporté 
l'aisnée,  et  que  le  Parlement  conseillera  au  Roy  de  la 
nous  donner  an  plustost,  et  pour  le  faict  d'une  alliance 
d'Estat,  qu'un  de  ces  jours  nous  serons  priez  de  nous 
assembler  avecq  nos  commissaires,  ausqaets  seront  ad- 
joints sept  autres  conseillers  d'Ëstat  et  plusieurs  de  la 
maison-haute,  pour  conférer  sur  les  quatre  points,  pre- 
mier que  de  former  leur  advia,  lesquels  trouveroyent  vo- 
lontiers quelque  expédient  pour  contenter  monseigneur 
l'Électeur,  duquel  les  ministres  ont  estrangement  caballé 
en  Cour  et  an  Parlement,  pour,  au  moyen  d'une  liaison 
du  mariage  et  de  l'alliance,  espérer  son  restablissement, 
qu'ils  s'imaginent,  au  pis  aller,  se  pouvoir  faire  en  entre- 
prenant aux  Indes,  sans  considérer  que  cela  n'est  point 
de  noz  quatre  articles.  Le  Roy  nous  parla  aussy  ce  qui 
seroit  de  faire  '  et  luy  respondismes  que  désirions,  autant 
que  S.  M.  mesmes,  une  meilleure  condition  à  S.  A.  É., 
pour  le  respect  de  sa  maison  et  de  son  extraction ,  mais 
que  ny  tous  les  Royaumes  de  S.  M.  ensemble,  ny  la 
conjonction  de  nostre  Estât  au  mesmc  dessain,  ne  réus- 
siroyent  jamais,  sy  la  France  ne  s'en  mesloit  par  une 
ligne  commune^  et  qu'il  la  faudroit  mesnager  à  cet  effect 
S.  M.  demanda  sy  cette  ligue  seroit  contre  tout  le 
monde?  «contre  l'Espagne,"  Gsmes-nous.  „ Reconnoissez- 
vous  l'Empereur  pour  Empereur  et  n'estes  vous  point  en 
guerre  contre  luy?"  continua  le  Roy,  et  nous  &  décla- 
rer que  sommes  en  neutralité  avec  TEmpire,  luy  avon- 
*  Selgieime  wst  er  te  docu  lou  lyo. 


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1641.  Mmi.]  —    OOO    — 

onB  la  qualité  d'Empereur,  que  le  commerce  nous  y  oblige, 
mais  bien  plus  encor  la  considération  que,  venans  à  rom- 
pre avec  luy,  il  peut  jetter  de  grandes  armées  sur  nos 
confins  et  que  nous  ne  Bçanrions  aller  k  luy,  ny  luy  faire 
aucun  mal,  esloignés  que  sont  ses  Eetats  de  nons.  n^ 
pourroit-il  pas  faire  quelque  entreprinse  aux  Indes  par 
diversion  ou  autrement?"  fit  le  Roy,  et  Iny  ftit  dit  que 
cela  ne  le  remettroit  point  au  Palatinat,  et  qu'au  regard 
de  nos  quatre  points,  que  S.  M.  devoit  estre  assearée 
que  ferons  tousjours  pour  la  Boyne  de  Bohème  et  pour 
le  restablissement  de  S.  Â.  Ë.  tout  ce  qui  sera  rusounable 
et  fîùsable.  —  Voylà,  Monseigneur,  l'histoire  de  nostre 
négotiation,  en  laquelle  Y.  A.  voit  que  le  mariage  du 
jeune  Prince  est  détaché  de  toutte  condition,  mais  que 
du  transport  le  Roy  demeure  résolu  qu'il  dépende  de  es 
volonté,  et  attendrons  désormais  le  commandement  de  V. 
Â.  sur  ce  qu'aurons  à  faire.  Car  sy  le  Prince  vient,  il 
serait  bon  de  conclurre  son  traicté  devant,  lequel  est 
entre  vos  mains  et  nons  ne  voyons  aucune  apparence  de 
rien  gaigner,  au  moins  sy  tost,  par  le  renouvellement  de 
nos  instances.  Pour  le  caresse  que  Y.  A.  avoit  désiré 
d'estre  fatct  icy,  nous  n'en  avons  encor  receu  l'ordre 
qu'avez  changé  depuis,  et  sy  d'avanture  le  partement  vient 
k  estre  précipité,  M.  de  Brederode  en  a  un,  qui  est  beau 
et  peut  servir  au  Prince,  On  a  creu  M.  l'Électeur  des- 
sendu  à  Dover,  de  quoy  on  doute  maintenant,  mds  son 
secrétaire  luy  a  esté  redépêcbé  par  terre,  pour  le  dissu- 
ader de  ne  point  passer  la  mer.  V.  A.  a  raison  (^e  dire 
qu'il  &udra  faire  des  présens,  mais  nous  dirons  mieux  à 
qui  que  quels.  La  Princesse  mérite  quelque  chose  de 
valeur;  la  jeune,  pour  la  regagner,  ne  peut  estre  négli- 
gée, et  seroit  à  propos  de  cercher  quelque  minuté'  aASortje 
k  son  aage,  autant  aux  trois  Princes;  quelque  rareté  belle 
et  digne  seroit  agréable  à  la  Royne.  Aux  sept  commissai- 
res se  pourroyent  donner  trois  mille  livres  pour  chasctm. 
M"  Yane  et  Jarmain  méritent  quelque  peu  davantage, 
'  minutia,  bigaleik. 


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—  381  —  [16*1.  M»M, 

selon  que  l'estimera  Y.  A.,  car  on  aura  encor  k  passer 
par  laars  mains.  La  gouvernante  de  la  Princesse  pré- 
tendra pareillement  et  une  bague  de  deu:E  ou  trois  mille 
livres  la  pourra  contenter.  Après  cela,  il  y  aura  des 
officiers  qui  seront  employez ,  pour  lesquels  et  antres  il 
faudra  &ire  quelque  fonds  à  distribuer  selon  les  occasions, 
car  y.  A.  sçait  qu'on  a  tousjours  icy  les  mains  ouvertes. 
Avec  quoy,  ayans  saUs&ict  k  ce  qui  nous  a  esté  prescrit, 
nous  remettrons  d'achever  ce  qui  reste  pour  la  réception 
et  l'accommodement  de  monseigneur  le  Prince,  à  quand 
nous  en  aurons  le  commandement  de  Y.  A.  Sur  ce  nous 
prions  Dieu,  Monseigneur,  de  bénir  le  mariage  que  traîc- 
tons,  d'en  ottroyer  le  contentement  que  Y.  A.  en  es- 
père, et  de  vous  rendre  en  toutte  prospérité  la  santé 
avec  longue  vie. 

De  y.  A.  très-humbles,  très-obéissans  et  très- 
fidelles  serviteurs, 

U.  W.   V.  BRED2B0DE.      FRANÇOYS  D'aERSSBN. 
HEENVLIET.      ALB.  JO&CHrMI. 

De  Londres,  ce  5  mars  1611. 


■LETTBB   BCLXXVll. 

Les    mêmes    au  même.      Il  n'y  a  plus  <Cohatacle  à  la  ventie 
du  jeune  Prince. 

Monseigneur.  Nous  avons  trouvé  tant  de  franchise  et 
d'affection  au  Roy  et  à  la  Royoe  pour  l'avancement  du 
mariage,  que  ne  craignons  point  de  recommander  à  V.  A. 
de  haster  le  plus  que  pourrez  le  parlement  de  monsei- 
gneur le  Prince  vostre  fils,  a6n  de  mettre  toutte  chose  à 
couvert;  car  leurs  Majestez  ont  résolu  de  passer  outre, 
sans  s'arrester  i  tout  ce  qui  se  machine  an  contraire,  et 
de  quelque  part  qu'il  v'ienne,  et  désirent  que  ce  qu'elles 
vous  escrivent,  sur  la  foy  et  le  secret  de  M'  de  Heenvliet, 
demeure  caché,  sans  en  rien  esclatter  deçà  ny  delà, 
de  peur  que  ta  connoîssance  n'en  vienne  an  Parlement  et 
■  de  la  moM  de  X.  da  Smmelttfyei, 


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1641.  M»M.]  —  382  

les  brouille,  mais  qae  le  manage  8oit  achevé;  les  deman- 
des et  plaintes  de  la  Royne  de  Bohême  ne  seront  plas 
de  poids  pour  &ire  adhérence,  et  comme  un  grand 
nombre  de  Seigneurs  doibt  conférer  avec  nous  sur  les 
quatre  points,  devant  que  de  former  leur  advb  sur  le 
choix,  S.  M.  nous  a  fiûct  advertir  et  prier  de  nous  rendre 
faciles  à  tout  ce  qui  concernera  le  général,  ou  le  particu- 
lier de  Af  l'Électeur,  en  restraignant  tousjoura  nostre 
responce  à  tout  ce  qui  sera  raisonnable  et  faisable,  sans 
estendre  noz  discours  plus  avant,  laissant  le  surplus  su 
jugement  du  Parlement,  lequel  se  trouvera  asseï  empêché 
à  qaoy  se  résoudre  et  peut-estre  n'en  sera  prest  de  six 
mois,  pour  donner  temps  k  exhaler  leur  chaleur  ce  pen- 
dant. Et  ayaus  besoin  de  pénétrer  le  fonda  de  ces  lettres 
et  ce  qu'on  bastit  dessus,  avec  une  sy  estroitte  stipulation 
de  silence,  nous  avons  osé  les  ouvrir,  pour  crainte  qu'el- 
les ne  fussent  jettées  en  mesme  moulle  que  celles  de 
Vane,  qui  ne  portoyent  rien  de  favorable;  croyons  par- 
tant que  V.  A.  l'excusera,  car  il  n'y  a  eu  autre  curiosité 
que  celle  du  bien  de  vostre  service.  Leurs  Majestea  sont 
après  il  faire  trouver  et  garnir  un  beau  logis  et  recom- 
mandent que  M.  Abcelay  soit  porteur  de  cette  dépËche 
et  du  pourtraict  de  la  Princesse ,  mais  sans  qu'il  sache 
qu'il  y  a  de  leurs  lettres  dedans.  Noos  verrons  entre- 
temps ce  que  les  amis  avanceront  an  temps  du  transport 
Nous  aurions  bien  besoin  de  la  liste  de  ceux  qui  auront 
l'honneur  d'accompagner  S.  A-  et,  s'il  n'est  encor  pourreu 
du  secrétaire.  M'  Rivet  a  un  fils  avec  M.  Joachimi, 
qui  parle  et  escrit  plusieurs  langues  et  à  cette  occasion 
pourroit  servir.  Nous  prions  Dîeu,  Monseigneur,  de  vous 
rendre  vostre  santé  et  de  bénir  voz  desseins. 

De  V.  A,  très-humbles,  très-obéyssans  et  très- 
fidelles  serviteurs, 

H.  Vf.   V.   BaEDERODE.      FRANÇOYS   D'AEnSSEN. 
D.  KEBCHOVEN  A   HEBNVLIET. 

De  Londres,  ce  6  mars,  au  soir  1641. 


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—  383  —  [IMi.  M,„. 

liETTKB    DCLXXVIII. 

M.  de  Sommelsdj/ek  au  Prince  ^Orange.     Même  sujet. 

Monseigneur!  Le  Roy  tenant  ferme  pour  l'article  du 
transport,  c'est  à  Y.  Â.  lii-dessus  de  penser  ce  qui  est 
de  fûie  ',  après  certes  qne  tous  nos  devoirs  k  l'amollir 
n'ont  rien  peu  gaigner.  Le  donte  des  accidens  du  monde 
demeure  à  craindre  et  ne  se  peut  que  vostre  esprit  ne 
soit  grandement  agité  de  diverses  pensées  sur  le  party  à 
prendre.  C'est  pourquoy  j'ose  m'avancer  de  dire  que  V.  A. 
en  est  trop  avant  pour  s'en  tirer;  le  Roy  encor  bien  plus, 
et  s'il  se  sçait  qu'il  y  n  du  contraste',  tout  conspirera  ii  ren- 
vei-ser  nos  espérances  et  de  cela  on  ne  doibt  douter.  Le 
mal  nous  vient  des  ministres  de  M.  l'Électeur,  qui  ont 
seen  mesnager  l'envie  de  quelques  grandz  et  l'ignorance 
de  plusieurs  portez  d'affection  vers  la  Royne  de  Bohême. 
S.  M.  connoist  maintenant  d'avoir  eu  mauvais  conseil  de 
porter  le  mariage  et  noz  quatre  pointz  au  parlement,  ré- 
solue néamoins  de  passer  outre  à  la  solemniser,  sans  re- 
mise et  sans  condition,  sy  V.  A.  passe  le  premier  article, 
comme  il  est  couché  au  traîcté,  et  lequel  il  ne  sauroit 
sy  tost  changer,  ne  désirant  point  choquer  la  EojTie  sa 
seur,  ny  le  Parlement  Je  luy  diz  k  l'audience  que  ne 
seriez  asseuré  de  rien ,  sy  aviez  à  attendre  l'aage  du  con- 
sentement de  la  Princesse,  premier  que  d'en  espérer  le 
transport,  car  venant  lors  k  s'y  opposer,  que  tout  seroit  ren- 
versé. A  quoi  S.  M.  repartit  qu'elle  ne  disoît  pas  voulloir 
attendre  le  bout  de  ce  terme,  mais  bien  qu'elle  ne  se  pouvoit 
obliger  de  le  raccourcir;  qne  vous  vous  deviez  fier  à  elle, 
ainsi  qu'elle  se  fioit  a  vous  ;  qu'elle  avoit  laict  quelque  chose 
pour  vous,  TOUS  changeant  la  jeune  qu'aviez  acceptée, 
à  sa  fille  aisnée;  qu'estes  aussy  tenu  de  faire  quelque 
chose  pour  elle,  qui  est  de  ne  la  point  tant  presser  du 
transport,   auquel    elle  sçaura  bien,  quand  il  sera  temps, 

1  Belgieitme  wat  cr  te  dues  is. 

■  par  errntr  pettt-Ure  pour  Mnleite. 


D,g,t7cdb/GOOglC 


IMl.  Mi».]  —  384  — 

de  vons  contmter,  et  sar  mon  objection  qae  la  Princesse 
pourroit  changer,  dit  ces  motz  formelz;  ,^e  ne  vondroy  pas 
vivre  trois  jours  après  avoir  faict  une  telle  méschanceté, 
de  tromper  ainsi."  La  question  est  maintenant,  Monseîgnenr, 
sy  lùrrés  partir  monseigneor  le  Prince?  s'il  ne  vient,  le 
Roy  s'appercevra  qu'on  se  mefEe  et  ne  se  tiendra  obligé 
de  rien;  les  voisina  et  les  ennemis,  avec  les  ministres 
de  l'Électeur  (qu'on  croit  aux  escouttes  à  Dover)  feront 
effort  à  rompre  cette  alliance,  qui  leur  est  suspecte,  à 
qnoy  il  n'y  aura  plus  de  lieu,  sy  on  le  voit  arriver,  «goer 
son  contract  et  solemnîser  son  mariage  par  paroUe  de 
présent,  au  veu  du  Parlement  et  leurs  Majestez  y  inter- 
venans  avec  nous,  et  puisque  V.  A.  y  est  sy  fort  engagée 
par  la  notification  donnée  dedans  et  dehors  l'Estat,  par 
tant  de  congratulations  receues,  considérez,  s'il  vous  plaist, 
en  vostre  prudence,  s'il  ne  vaut  mieux  de  s'accommoder 
à  la  prière  de  leurs  Majestez,  obligées  &  vous  contenter 
par  tant  d'actes  solemnelz  et  ésquels  il  n'y  a  point  de  dis- 
pense à  craindre,  que  de  rompre  ou  de  remettre  la  con- 
clusion du  traicté  à  un  autre  temps,  qui  possible  ne  nom 
soroit  sy  favorable?  L'espérance  cependant  nous  est  donnée 
qu'on  rendra  V.  Â.  contente  et  monseigneur  le  Prince 
Guillaume  pourra  tascher  k  y  frapper  coup  luy-mesmes. 
Voyez  jusques  oà  leurs  Majestez  se  déclarent  en  cet  affaire. 
La  Princesse  publiquement  est  qualifiée  par  la  Royne  U 
maîtresse  du  jeune  Prince  d'Orange,  et  luy  avoué  d'elle 
pour  son  serviteur,  et  enqnïse  sy  elle  l'ayme,  repart  fran- 
chement qu'ouy,  puisque  la  Royne  le  veut,  qu'elle  von- 
droit  qn'il  fust  venu.  C'est  donq  à  V.  Â.  de  résoudre; 
concluant,  vous  rompes  les  brigues  et  obligez  le  Roy, 
lËglise  et  le  Parlement,  par  la  solemnbatioD  du  mariage; 
demeurant  douter,  avec  espoir  de  changement  à  nos  in- 
stances, dont  le  Roy  et  Testât  présent  de  sa  condition  nous 
désespère,  la  porte  sera  ouverte  à  tous  de  nous  traverser, 
mesmes  renverser  tout  ce  qui  a  esté  faict  jusques  îcy,  ce 
qu'on  a  prétendu  de  faire  en  accouplant  les  deux  traictez  de 
mariage  et  de  confédération,  et  en  a  S.  M.  rompu  la  brigue 


,,.GoogIc 


—  385  —  [iMi.MiM. 

au  desplaiBÎr  des  ministres  de  Bohème;  cependant  noos 
attendrons  le  commandement  de  Y,  A.  sar  noz  aadiences  et 
sur  ce  que  leurs  Majestez  vous  mandent.  M.  Cottington  ', 
qui  peut  le  plus  envers  le  Koy,  pour  estre  homme  sensé  et 
d'expérience,  mais  tousjours  tanu  pour  franq  Espagnol, 
allié  maintenant  à  M.  Strange  *,  a  désiré  de  s'abboucher 
en  secret  avec  moy,  pour  rendre  en  la  présente  occasion 
service  h  Y.  Â.  et  k  l'Estat,  et  après  nostre  conférence, 
à  son  rapport  au  Soy  devant,  et  puis  encor  après  nostre 
audience,  m'a  feict  advertir  de  mander  le  jeune  Prince 
de  venir  achever  le  mariage,  que  je  ne  vueille  trop  pres- 
ser le  transport,  parce  que  le  Roy  ne  peut  désespérer  la 
Koyne  de  Bohème ,  mais  que  cy-après  je  me  doibs  pro- 
mettre tout  contentement  et  qu'il  j  travaillera  de  bonne 
sorte;  que  le  Roy  voit  la  faute  qu'on  tur  a  &ict  faire  de 
porter  ces  choses  au  Parlement,  où  il  y  a  des  brigues 
pour  couppler  les  traictez,  qu'elle  a  résolu  de  séparer  et 
d'attendre  ce  qui  sera  avisé  sur  les  alliances  d'Estat,  dont 
il  y  a  peu  à  espérer,  au  moins  pas  de  longtemps;  ce- 
pendant veut  achever  le  mariage.  Sy  donq  Y.  A.  en- 
voyé monseigneor  son  fils,  j'espère  que  trouverez  bon 
qae  je  m'en  retourne  quand  etluy,  laissant  àM' Joachimî 
Ift  commission  de  traicter  ce  qui  restera  d'imparfaict  sur 
les  quatre  poinctz  et  autres  propositions.  Je  prie  Dieu, 
Monseigneur,  de  donner  à  Y.  Â.  prospérité,  santé  et  lon- 
gae  vie. 

De  Y.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

FRANÇOIS  D'AEBSSEN. 

De  Londres  ce  S  mars  1641. 

Monseigneur.  Pour  mettre  le  Prince  hors  de  pMr  en 
cette  cour,  seroit-il  pas  bon  de  l'autoriser,  ou  par  commis- 
sion OQ  par  lettre  à  nous,  de  traicter  les  affaires  avec 
nous?  et  devenant  à  estre  par  là  le  premier,  il  sera  couvert 
comme  nous,  et  aux  rencontres  aura  le  devant  sur  mes- 
>  Fnocii  CoUingtoD.        '  Jamn  SUnlej,  plut  tard  comte  de  Derby. 

m.  85 


,,Googlc 


1841.  m«m]  —  386  — 

BÏeurs  de  Vendosme,  de  Lenoox,  de  Landale  et  antres, 
qui  sont  en  cette  cour  et  se  pourroyent  sans  cela  roidir 
pour  leurs  rangs,  comme  abnez  et  chcts  de  maison. 


LETTRE   BCI.XXIZ. 

M.   de  Bemvliet  au  Prince  cC  Orange.   Menées  de  CÉ3,teUttr- 
Palatin.- 

Monseigneur.  La  dernière  lettre  que  M'.  Vane,  an 
nom  de  leurs  Majestez,  avoit  escrite  à  V.  Â.  ne  por- 
toit  rien  de  favorable;  c'est  pourquoy  elle  ftist  renvo)'é, 
et  m'a  pas  peu  troublé,  et  est  cause  que  de  celles  du 
Roy  et  de  la  Boyne,  soubs  foy  toutefois  et  promesse  de 
silence,  j'en  ay  donné  cogQoissance  à  messieurs  de  Bré- 
derode  et  Sommelsdycq,  leur  remonstrant  combien  ;l 
m'importoît  que  cela  demeureroit  secret,  ce  qu'yls  m'ont 
promis.  Et  après  cela  jugèrent  convenir,  pour  pénétrer 
le  fonds  de  ces  lettres  et  pour  haster  le  partement  de 
monseigneur  le  jeune  Prince  par  deçà,  les  ouvrir.  Je 
supplie  à  V.  A.  de  m'excuser,  si  j'en  ay  commis  faulte, 
ne  l'ayant  faict  que  pour  mieux  puulvoîr  servir  Y.  A. 

Hier  S.  M.  me  parla  long-temps  d'alliance  d'Estat,  et 
que  la  Koyne  de  Bohème  la  pressoit,  et  aussi  quelque» 
uns  de  son  Parlement,  pour  y  faire  comprendre  le  Prince 
Électeur.  Je  disois  que  pour  cela  l'offensive  et  défensive 
seroit  la  meilleure ,  pourveu  que  le  Koy  de  France  ponl- 
voit  estre  disposé  d'y  entrer,  à  quoy  yl  y  avoit  apparence, 
pois  que  S.  M.  Très-Chrestienne  estoît  desjà  en  gnerrfl 
contre  toute  la  maison  d'Austriche,  et  que  messeignenrs 
les  Estais  ne  feroyent  difficulté  de  s'entremettre  à  l'en  &ire 
recercher.  Que  la  défensive  poulvoit  bien  servir  pour 
asseurer  les  royaumes  de  S.  M.  et  nos  provinces,  mais 
que  je  ne  voyois  pas  comme  l'Electeur  y  polvoit  entrer, 
puisque  le  secours  mutuel  ne  seroit  que  pour  la  mutuelle 
défense   en   cas   d'assaillie    du   dehors.     Le   Roy  me  dit: 


,,.CoogIc 


-  387  - 


[1641.  Mvi. 


„je  le  confesse,  p&rlés  aus  aultres  ambassadeurs  et  donnés 
leor  ane  bonne  responce;"  ce  que  je  fis,  et  yls  trouvèrent 
à  propos  de  me  faire  dire  au  Roy  que  nous  ferions 
très- volontiers  tout  ce  qui  seroit  faisable  et  raisonnable 
et  tout  ce  qu'on  poulvoit  promettre  en  une  ligue  défen- 
sive à  S.  A.  £.;  comnie,  venant  à  traitter  avec  le  Roy 
d'Espagne,  que  nous  ferions  un  dernier  effort  pour  ob- 
tenir par  traitté  la  restitution;  laquelle  responce  je  don- 
nois  le  mesme  soir  au  Roy  et  de  laquelle  S.  M.  se 
contenta.  Je  me  rapporte,  Monseigneur,  k  celle  que  je 
viens  d'escrire  à  S.  A.  madame  la  Princesse,  et  je  de- 
meure, Monseigneur, 

de  V.  A.  très-humble,  très-obéissant,  et 
très-fidèle  serviteur, 

BKBNVLIET. 

De  Londres,  le  S  mars  1641. 


'  t  liBTTRB  SCLXXX. 

Le  Ifince  ^Orange  aua  Âmbattadeari  en  Angleterre,    Même   î™™ 

Messieurs.  Le  voyage  de  M.  l'Électeur,  dont  je  vous 
avoy  donné  advis  par  ma  dernière  do  25  et  27  de  fébvr., 
a  esté  retardé  jusques  !t  maintenant,  à  cause  d'un  tour 
qu'il  a  esté  faire  a  Rhenen,  d'où  il  revint  hier;  tout  pré- 
sentement m'est  venu  dire  adieu,  pour  partir  demain  vers 
la  Brielle  et  de  là  passer  en  Angleterre  dans  un  vaisseau 
anglois.  Le  principal  subjcct  de  son  voyage  est  tous- 
joare,  k  ce  que  je  croy  et  selon  que  je  vous  le  manday 
par  ma  dernière,  de  procurer  que  le  traicté  d'alliance 
avecq  cest  Estât  soit  concerté  et  conclu  conjoinctement 
avec  celuy  du  mariage.  Voire,  me  dit-on  de  plus  qu'il 
auroit  intention  de  travailler  à  ce  que  de  mesme  voye 
et  par  même  négotiation  cest  Estât  fust  porté  à  mpture 
avecq  l'Empereur.  —  Pour  ce  qui  est  du  premier  point, 
>  minnU  de  U  naia  de  M.  de  ZufHcÂem. 


,,  Google 


IMI.  Mïii.]  —  388  — 

TOUS  estes  si  bien  imbuz  de  ce  qui  vient  à  répliquer  des- 
sus, et  Tons  en  ay-je  dit  mes  sentimens  si  au  long  par 
mes  précédentes,  que  je  ne  retourneray  pas  à  vous  en 
entretenir;  seulement.  Messieurs,  vous  prîeray-je  d'avoir 
esgard  à  ne  soudrir  point  que  ces  deux  traictés,  de  si 
différente  nature,  soyent  meslez  ou  confondus  en  aucnne 
sorte,  ains  que  celoy  du  mariage,  qai  est  le  subject  de 
rostre  commission,  se  vuide  et  parachève  tout  préallable- 
ment,  et  que,  cela  feict,  on  puisse  entendre  à  ce  qai  est 
de  l'antre,  en  suitte  de  l'instruction  que  vous  en  avez  et 
du  choix  des  quatre  propositions,  qae  vous  en  avez  desjà 
donné  au  Koy.  —  Quand  au  second  point,  touchant  la 
rupture  avec  l'Empereur,  comme  il  est  do  trèa-grande  im- 
portance et  requiert  beaucoup  de  bonne  et  sérieuse  déli- 
bération de  pardeçà,  je  m'asseore  que  vous  aurez  esgard 
à  ne  vous  y  laisser  engager,  sans  ordres  bien  exprès  de 
l'Estat,  en  vons  souvenant  tousjours  de  représenter,  qu'en 
ce  cas  la  France  et  l'Angleterre  auroyent  à.  s'entendre 
là-dessus  les  premiers.  De  mon  costé  cependantje  n'ai 
voulu  laisser  de  vous  communiquer  ce  qui  en  est  venu 
à  ma  cognoissance ,  afin  de  vous  en  pouvoir  prévaloir  en 
temps  et  lien.  J'attendray  qu'aussi  vous  prennjez  la  peine 
de  me  tenir  adverti  de  ce  qui  se  passera  en  cette  occar- 
rence,  qui  suis  etc. 


LETTRE  DCUXXI. 

M.    de    Sommeltdyek   au   Prince   ^Orange.     Bonnes  dùp<h 
niiotu  du  Roi. 

Monsieur!  Mon  ambition  n'a  but  que  de  servir  ntile- 
lement  V.  A.  en  toutes  choses,  mais  particulièrement  an 
mariage  que  traictons;  me  desplaist  toutesfois  que  le  seul 
point  du  transport  empêche  que  n'y  rencontrez  un  con- 
tentement parfaict.  Ëncor  avons  nous  à  nous  louer  d'a- 
voir acheminé  le  tout  jusques  là,  car  il  y  a  en  i 
de    nous   ester  l'aisnée  et  de  nous  obliger  à  une  i 


U,g,t7cdb/GOOgIc 


389   —  [1641.  M«ts. 

d'Ëstat,  en  laquelle  la  restitation  du  Falatînat  eust  esté 
stipalée,  par  les  menées  des  ministres  de  la  Eoyne  de 
Bohême,  qui  avoyent  sy  bien  caballé  plusieurs  grandz, 
tous  nos  commissaires  mesmes,  sans  en  excepter  an  seul, 
quilz  furent  autheurs  au  Roy  de  porter  le  mariage  et 
l'alliance  d'Estat  au  Parlement,  mais  leur  intention  ayant 
esté  découverte,  S.  M.  s'est  avisée  avec  la  Royne  seule, 
de  détascher  le  mariage  de  la  Princesse  aisnée  de  toute 
autre  négotiation  et  de  nous  en  accorder  la  solemnisation 
des  l'heure  que  le  Prince  sera  venu.  Les  lettres  que  le 
Sieur  Abselay  porte,  garentiront  cette  parolle  et  mettront 
l'esprit  de  V.  A.  à  repos.  II  est  vray  qne  le  Roy  de- 
meure engagé  vers  la  Royne  de  Bohème  du  retardement 
de  ce  transport,  afin  de  luy  laisser  quelque  temps  à  mes- 
nager  ses  espérances,  sans  la  rebuter  tout  à  iaict;  luy  a 
néanmoins  contremandé  la  venue  de  S.  A.  É.  et  admo- 
nesté de  se  bien  entendre  avec  Y.  A.  A.,  dont  l'amitié  peut 
estre  utile,  d'autant  plus  qu'il  est  résolu  de  passer  outre 
att  mariage  de  sa  première  fille  et  du  Prince  Guillaume. 
Cest,  Monseigneur,  ce  qu'en  avons  appris  de  la  propre 
bouche  du  Roy  et  puis  donq  que  le  transport  dépend 
de  la  considération  de  la  Royne  de  Bohème,  je  doibz 
espérer  que  le  temps  s'en  pourra  raccourcir,  au  moins 
à  l'instance  du  Prince  après  le  mariage;  car,  pour  le  fiiict 
d'une  alliance,  je  n'en  voy  raison  ny  apparence  en  la 
douteuse  et  nécessiteuse  constitution  du  Royaume.  Le 
Boy  mesmes  en  rit,  désirant  qu'en  la  conférence  entre  les 
commissaires  et  nous,  nou^  ne  rejettions  aucune  de  leurs 
propositions,  ains  déclarions  simplement  qne  sommes  prests 
de  faire  tout  ce  qui  sera  faisable  et  raisonnable,  sans  l'es- 
teudre  d'avantage.  Or,  Monseigneur,  voyant  Y.  A.  résolue 
d'accepter  le  traicté,  nonobstant  la  réserve  du  transport 
et  d'envoyer  monseigneur  le  Prince  Guillaume  devant  la 
fin  du  mois,  pour  consommer  son  mariage,  devant  que 
ta  Royne  parte,  et  me  trouvant  authorisé  par  la  vostre  du 
25  d'en  conclurre  le  marché,  je  commenceray  dès  aujourd- 
huy  k  y  donner  l'ordre  qu'il  convient,  se  pouvant  V.  A. 


,,Googlc 


1611.  Mars]  —    390   — 

tenir  asseunie  que  tout  sera  achevé,  sans  qu'il  reste  rien 
à  Jàire  lors  que  le  Prince  arrivera,  lequel  le  Roy  fera 
loger  et  traicter.  Je  n'ay  osé  commencer  d'y  penser  plus- 
tost  que  de  loin  et  tousjours  avec  quelque  doute  de  sa 
venue,  qui  a  faict  escrïre  les  lettres  que  trouverez  dans 
le  paquet  de  Absolay,  sans  qu'il  en  sache  rien,  Vostre 
résolution  de  passer  outre,  sans  plus  marchander,  renver- 
sera toute  brigue  et  traverse,  de  quelque  part  qu'elles 
viennent,  voyans  leurs  Majestez  engagées  en  ce  mariage 
par  son  accomplissement  au  del^  du  retour  ou  du  desdit. 
Dieu  le  bénisse  de  ses  grâces,  au  bien  de  vostre  maison 
de  l'Estat.  La  liste  et  le  nombre  de  ceux  qui  acconf 
pagneront  S.  A.  nous  est  nécessaire,  pour  éviter  confu- 
sion. Nous  rirons  trouver  ti  petit  train,  au  lieu  où  il  fera 
sa  descente,  afin  de  préparer  et  adjuster  les  ordres  en- 
semble. —  Le  député  d'Irlande  fut  devant-hier  au  Parle- 
ment, le  Roy  présent  contre  la  coustume,  pour  ouyr  ausà 
bien  sa  justification,  comme  il  avoit  faict  son  accusation. 
Cette  action  dura  depuis  les  neuf  heures  du  matin  juv 
ques  aux  trois  de  relevée,  lorsque  S.  M.  se  retira  pour 
disner.  Le  député,  assis  sur  une  sellette,  devant  la  bare, 
harangua  vertement,  avec  une  faconde  admirable;  à  chaque 
charge  il  attesta  la  connoissance  de  S.  M.,  qui  beaucoup 
de  fois  déclara  les  choses  estre  passées  ainsi  qu'il  disoît, 
et  après  avoir  courru  tous  ces  articles,  il  se  mit  i  gran- 
dement charger  M.  Vane,  comme  autheur  de  la  rupture 
du  précédent  Parlement  et  du  conseil  de  la  guerre  contre 
les  Escossois,  appella  le  Roy  à  tesmoin  et  offrit  de  vérifier 
son  dire  par  ses  propres  lettres.  On  tient  que  la  présence 
de  S,  M.  intervenue  pour  le  sauver  fera  un  effect  tout 
contraire;  S.  M.  leur  recommanda  de  luy  rendre  ixin 
droict;  mais  je  crains  que  M.  Vane  aura  de  la  pêne,  car 
estant  desjîi  mal  avec  la  Royne,  on  croit  qu'il  n'est  guères 
mieux  avec  le  Roy.  Ce  nous  seroit  de  la  perte.  I* 
député  retournera  au  Parlement  pour  voir  les  preuves 
de  son  accusation  et  ouyr  les  tesmoîns  qui  ont  dépose 
contre   luy;   l'archevesque  sera  ce  jourdhuy  conduit  à  "> 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  391   —  [1541.  M*n. 

tonr,  chargé  de  14  chefe  de  trahison.  La  patience  du 
Boy  est  autant  grande  qne  la  rigueur  du  Parlement  est 
sévère.  Je  prie  Dieu  de  donner  à  V.  A-,  Monseigneur, 
prospérité,  santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéissant  et  trè3- 
âdèle  serviteur, 

FBANÇOIS  D'AEKSSBK. 

De  Londres,  ce  8  mars  1641. 


■  f  LE1VKE  BCLXXXII. 

Le  Prince  ^Orange  aux    Amhassadewa  en  Angleterre.     Il  ' 
est  décidé  à  laisser  partir  son  (ils. 

Messieurs.  Après  vous  avoir  faict  cognoistre  mes  inten- 
tions à  plein  par  plusieurs  dépèches  que  vous  aurez  re- 
ceues,  je  ne  trouve  pas  qu'il  me  reste  guère  à  respondre 
sur  la  vostre  du  premier  de  ce  mois,  qui  me  fut  rendue 
avant-hier  et,  à  ce  que  j'apperçois,  il  n'y  en  aura  pas 
beaucoup  davantage  en  celle  du  6  de  febvrier,  dont  vous 
faictes  mention,  mais  qui  n'est  encor  arrivée.  Seulement 
vous  diray-je  que  là,  où  par  le  passé,  vos  advis  por- 
toyent  que  vous  estiez  comme  daccord  avecq  les  commis- 
sures du  Eoy  sur  les  articles  que  vous  m'avez  envoyez, 
horsmis  tant  seulement  celny  da  transport  de  la  Princesse, 
je  m'csbahis  de  veoîr  que  présentement,  si  je  vous  com- 
prens  bien ,  vous  me  dites  qu'on  veut  résumer  et  traicter 
le  tout  de  nouveau,  comme  si  jusques  à  présent  il  n'y  avoit 
rien  de  faict,  et  veu  que  cependant  je  u'ay  cessé  de  faire 
préparer  toutes  choses  nécessaires  au  voyage  de  mon  fils, 
pour  le  temps  que  je  vous  ai  mandé,  faisant  estât  que 
vos  premiers  advis  m'apprend royent  la  conclusion  et  si- 
gnature du  traicté,  j'ay  tousjours  à  vous  prier  de  vouloir 
donq  haster  et  presser  ceste  conclusion  et  signature  finale, 
en  sorte  qu'il  n'y  reste  plus  d'accroché,  s'il  est  possible, 
'  MMab  Jt  Itt  wuàit  di  M.  dt  Ztij/Ueint, 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


IMl.  M.rtJ  —   392   — 

mais  qu'âne  fois  poar  tontes  on  en  puisse  veoîr  la  fia. 
Car  pour  deçà,  comme  je  vous  ay  dit,  je  persiste  dans 
la  résolution  de  feire  passer  mon  fils ,  moyennant  que  ces 
articles  soyent  signés  et  que  vous  teniez  cette  assenranœ 
dn  Koy,  que  le  mariage  sera  célébré  en  forme  solemnelle, 
dès  aussitost  qu'il  arrivera  par  delà.  Ce  sont  ces  deux 
seules  choses,  i  qnoy  tout  revient  présentement.  Vous 
m'obligerez  de  les  avoir  à  coeur  et  de  m'advertir  i  tonte 
occasion  jasques  où  vous  en  serez  venus,  en  me  croyant 
véritablement,  etc. 

Ces  vents  contraires,  qui  arrestent  tant  vos  pacquets, 
me  font  penser  si  en  occasions  d'importance,  vons  ne 
feriez  bien  d'envoyer  vos  dépêches  par  terre,  soubs  cou- 
vertes du  Roy  à  son  résident  par  deçà  et  ce  par  courriers 
exprès  avecq  passeport  de  S.  M. 


t  LETTRE  VCXXKXIII. 

Lei   Ambataadeuri  en  Angleterre  au  Prince  dOrangt 
rivée   de   r  Électeur- PalaUn,   entretien   avec  F  Ami 
de  Portugal. 

Monseigneur.  M'  d'Abselé  vous  a  porté  la  nostre  do 
5,  dont  le  duplicate  suivit  le  8  par  terre;  V.  A.  y 
anra  trouvé  la  responce  des  siennes,  avec  l'ordre,  pro- 
grès et  succez  de  oostre  négotiation,  jusques  ati  point  da 
transport  de  la  Princesse,  réservé  absolument  k  la  déci- 
sion de  leurs  Majestez ,  avecq  celuy  de  sa  liberté  au  faict 
de  ses  dévotions,  dont  la  prattique  est  verbalement  re- 
mise k  nous,  pour  en  user  comme  0  nous  plaira;  en  quoy 
n'avons  peu  gaigner  aucun  changement,  ny  sur  le  Boy, 
ny  sur  les  commissaires,  quoy  qu'en  diverses  conférences 
ils  nous  eussent  accordé  de  suivre  l'exemple  de  la  Eoyne 
de  Bohème;  peut-estre  craignans  de  préjuger  par  cet 
article   la  question    des  évesques,   qui    est  sy  fort  a^tie 


,,.GoogIc 


—  393  —  [IMI.  M»r«. 

au  Parlement.  La  chose,  bien  prÏDse  et  bornée  dans  la 
chambre  et  que  pour  des  prières,  ne  nom  a  semblé  assez 
importante  pour  accrocher  la  conclusion  de  la  besoigne, 
n'estant  k  propos  de  la  traîner  pins  longuement,  de  peur 
des  traverses  qu'on  nous  y  brassoit;  nous  avons  donq 
employé  tout  l'entretemps  à  faire  mettre  nostre  contract 
en  forme  et  au  net,  afin  de  le  signer  avec  nos  commis- 
saires, k  ce  qu'il  ne  restast  plus  rien  à  iaire,  pour  quand 
monseigneur  le  Prince  Guillaume  arrivera,  que  de  le 
marier;  mais  les  cérémonies  du  chapitre  de  l'ordre,  avec 
l'accusation  et  la  défense  du  lieutenant  d'Irlande  snr- 
eii3aivies,  l'ont  remis  de  jour  à  autre.  Maintenant  nous 
promet-on  asseurément  de  le  dépêcher  demiÛD.  Toutes- 
fois,  pour  nous  en  mieux  assearer,  avons,  de  l'advîs  de 
la  Koyne  mesmes,  demandé  audience  au  K07,  afin  d'or- 
donner aux  commissaires  de  s'assembler  et  aigner  avecq 
nous  le  contract  Y.  A.  peut  croire  que  leurs  Majestez 
le  désirent  ainsy  et  nous  ne  cesserons  point  qu'il  ne  soît 
faict,  et  nous  tenons  la  venue  du  jeune  Prince  au  plus- 
tost  fort  à  propos.  Il  7  a  ordre  donné  qu'il  sera  receu 
à  sa  descente,  conduit,  logé  et  de&oyé  en  l'bostel  d'Âron- 
de)  et  tiendrons  la  main  que  tout  aille  comme  il  convient. 
Cest,  Monseigneur,  jusques  où  nous  en  sommes,  ayant 
tousjours  les  yeux  ouverts  sur  tout  ce  qui  se  démène  en 
cest  affaire.  Les  lettres  de  V.  A.  du  7  nous  furent  ren- 
dues le  12  et  sommes  assez  préparés  de  nous  tenir  aux 
termes  y  prescrits.  —  Monseigneur  l'Electeur  surprit  bien 
fort  leurs  Majestez  de  sa  venue  le  12,  pour  avoir  pré- 
venu leur  response  et  l'advis  qu'il  leur  avoit  demandé. 
Nous  le  fusmes  saluer  hier  au  matin  en  l'bostel  d'Essex, 
ou  il  ^est  logé,  attendant  que  le  quartier  cy-devant  tenu 
par  madame  de  Chevreuse  luy  soit  préparé  à  "Weythal. 
H  nous  receut  en  l'antichambre  et  print,  sans  marchander, 
le  devant  sur  nous,  tant  en  entrant  qu'en  sortant.  Mos 
discours  ne  furent  que  fort  communs,  mais  de  nostre  ma- 
riage pas  un  seul  mot,  et  nos  conâdens  parlent  clair  que 
8a  présence  n'innovera  rien  que  pour  tant  plustost  haster 


,,Googlc 


l«41.  Mira]  —   394   — 

nos  espérsDCes.  Devant-hier  soir  nous  nous  entrevismes, 
les  commissaires  et  nous,  sans  que  fussions  préadvertia 
du  Buject  à  traicter,  mais  M'  Vane  nous  discourut  que 
sur  les  quatre  poincts  par  nous  proposez,  le  Roy  et  fe 
Parlement  auroyent  choisy  la  ligue  défensive,  désirant 
qu'il  y  peust  estre  advisé  k  quelque  expédient  propre 
k  advantager  le  restablissement  de  M' l'Electeur.  A  quoy 
fut  par  nous  respondu  qu'estions  prests  d'entrer  en  traic- 
té  avec  eux,  et  qu'une  telle  confédération  consiste  toute 
en  une  défense  réciproque  des  Koyaumes  de  S.  M.  et  de 
nos  Provinces,  par  un  secours  réglé  en  hommes,  argeut 
ou  navires,  à  donner  à  ccluy  qui  seroit  entreprins  de  ses 
ennemis  k  guerre  ouverte;  mais,  pour  ce  nui  touche  la 
condition  et  le  restablissement  de  S.  A.  E-,  que  mes- 
seigneurs  les  Estais  désiroyent  autant  son  contentement 
que  nul  autre  Prince,  ny  voisin,  et  s'accorderoyent  tons- 
jours  à  tout  ce  qui  seroit  faisable  et  raisonnable;  partant 
les  pryons  de  voulloir  nous  baillir  par  escrit  ce  qu'eux- 
mesmes  pensent  s'en  pouvoir  feire,  afin  d'y  aviser.  Hi 
se  louèrent  de  nostre  déclaration  et,  sans  l'enfoncer  au- 
cunement,  se  contentèrent  de  nous  dire  qu'ilz  en  feroyent 
rapport,  pour  au  lendemain  nous  revoir  de  rechef,  mais 
depuis  jusqnes  icy  n'avons  eu  de  leurs  nouvelles.  Cepen- 
dant nous  sollicitons  tousjours  M'  Vanc  d'achever  nostre 
contract,  qui  est  le  principal  subject  de  nostre  ambas- 
sade. Il  l'entend  de  mesme  avec  nous  et  le  promet 
Peut-estre  nous  parle-on  de  cette  ligue  pour  exclurre 
M.  l'Electeur  de  l'offensive  dès  l'abord,  car  nous  ne  sç^a- 
rions  comprendre  que  c'est  de  bon  qu'on  se  veut  chai^r 
de  cette  despense ,  tandiz  que  le  Parlement  ne  peut  foor^ 
nir  sans  plûnte  et  contestation  à  celle  du  dedans  le  roy- 
aume. —  iNous  fîismes  hier  voir  l'ambassadeur  de  Portagal 
vers  messeigneurs  les  Estais,  ne  disant  que  d'arriver.  H 
est  personne  de  façon  et  de  condition,  ayant  cy-devant 
esté  général  au  Brésil  et  depuis  principal  autheur  et  di- 
recteur, k  son  dire,  du  changement  avenu  en  Portugal; 
dit   que  le  Roy  tient  tout  le  royaume  et  les  coeurs  des 


,,.GoogIc 


—   395   —  [1841,  Mm. 

peuples,  a  vingt-mil  hommes  en  campagne,  prest  d'en 
avoir  autant  au  besoin  payés  par  les  trois  estatz,  qu'il  j 
a  trois-cents-mîl  hommes  et  plus  de  quarante -mille  moi- 
ne» et  prestres  capables  et  très-délibérés  de  prendre  les 
armes,  qu'il  ue  craint  point  ]e  Castillan,  qui  le  2  de 
février,  jour  de  son  parlement,  n'avoit  encor  un  seul 
homme  debout;  désiroit  le  dit  ambassadeur  passer  sea- 
rement  et  au  plustost  en  Hollande,  que  ceux  qui  vont  en 
France  et  icy  ne  parleront  que  de  contracter  amitié  et 
d'establir  le  commerce,  mais  pour  messieurs  les  Estats, 
que  le  Roj  désiroit  leur  alliance;  sa  charge  n'alloit  point 
à  demander  du  secours;  qu'on  avoit  de  l'argent  prou 
et  trop;  luj  raauquoyent  seulement  quelques  officiers  in- 
génieux '  et  autres,  jnsques  à  cent  personnes,  pour  estre 
employez  en  leur  guerre;  qu'outre  cela  il  priera  qu'il 
luy  soit  permis  d'achepter  ou  de  fretter  des  navires  de 
son  argent,  moyennant  quoy  il  se  tient  asseuré  de  prendre 
infailliblement  la  flotte,  qui  dans  la  fin  de  juin  doïbt 
retourner  des  Indes  et  laquelle  n'est  accompagnée  que  de 
douze  galions  du  Eoy  de  Castille  et  de  sept  autres  de 
Portugal,  qui  se  tourneront  du  costé  de  leur  Roy,  qui 
en  a  encor  treize  grands  dans  ta  rivière,  mais  demande 
qu'on  se  haste,  pour  ne  perdre  si  belle  occasion.  Il  a 
son  fils  près  de  luy,  qu'il  ofire  de  laisser  au  pals  en  hos- 
tage  et  caution  de  sa  bonne  foy.  A  son  dire,  tout  le 
Portugal  est  fort  résolu  à  la  guerre,  avecq  mesprîx  et 
grande  sécurité  du  dehors.  Nous  verrons,  Monseigneur, 
s'il  se  pourra  trouver  quelque  vaisseau  de  guerre  h  cette 
coste,  pour  le  passer;  si  non,  V.  A,  voit  que  sa  com- 
mission est  pressée  et  mérite  bien  de  l'envoyer  prendre 
par  exprès.  —  Dès  que  nostre  contract  sera  passé  et  signé, 
nous  en  envoyrons  aussytost  te  double  à  V.  A-,  laquelle 
n'a  point  d'occasion  d'entrer  en  aucun  doute  du  succez, 
puisque  leurs  Majesté»  ne  sont  moins  portées  h.  l'en  con- 
tenter que  nous-mesmes,  et  nos  devoirs  ne  chommeront 
point  que  tout  ne  soit  accomply,  à  quoy  Dieu  veuille  don- 
'  ing^DJenn, 


,,  Google 


IMI.   ««M.]  030    

ner  sa  bénédiction  et  à  V.  A.,  MoDseignenr,  santé  et  trës- 
longae  vie. 

De  V.  A.,  trës-humbles,  très-obéissana, 
et  très-fidèles  servitenrs, 

H.   W.  V.   BREDBRODE.      FBANÇOVS   D^GRSSKK. 
HEENTLIET.      ALB.  JOACUIUI. 

De  Londres,  ce  IG  mare  1611. 


M.  de  Sommeîèdyck  au  Prince  <f  Orange.     Il  ne  craàit  pat 
rÛedeur-PaUuin. 

Monseigneur!  Le  Roy  a  remis  nostre  aadîence  à  demain 
et  la  Boyne  est  d'advis  qae  prenions  cette  voye  pour  sor- 
tir d'affaire.  C'est  nous  trop  traîner,  sy  le  Parlement  ne 
servoit  de  prétexte,  mais  on  tasche  de  faire  servir  cette 
longueur  au  dessein  de  monseigneur  l'Électeur,  à  quor 
il  noua  importe  de  pourvoir,  en  concluant  nostre  contract; 
comme  j'esp^  que  ferons  dans  Inndy  aa  plustost,  car 
leurs  Majestez  le  désirent  et  en  feront  le  commatidemeDt 
à  noz  commissaires,  veu  que  cette  action  est  indépendente, 
et  que  d'ailleurs  le  Koy  ny  le  Parlement  ne  se  voyent 
point  encor  en  estât  de  contracter  aucune  confédération 
avec  messeigneurs  les  Estatz,  et  ce  qui  s'en  propose  n'a 
but  que  de  contenter  S.  A.  K.  de  mine  et  d'apparence. 
Parmy  tant  de  grands  qui  font  démonstration  de  faire 
pour  luy ,  qui  oseroit  conseiller  au  Roy  de  luy  donner  sa 
fille,  ou  d'entreprendre  k  vive  force  son  restablissement? 
là  où  l'alliance  de  Y.  A.  est  fondée  de  puissance,  de 
proximité,  et  de  cent  considérations  d'Estat  pour  S.  M. 
et  pour  ces  Couronnes;  mais  que  monseigneur  vostre  fils 
vienne,  il  sera  marié  ^  l'heure  mesmes  et  cette  action 
renversera  ayssémant  toutes  les  autres  prétensions  et  c'en 
est  le  sentiment  de  leurs  Majestez.  Les  encloses  m'ont 
esté  portées  pour  les  feire  tenir  à  V.  A.,  laquelle  je  sup- 
plye   de   croire   que  je   ne   chommeray  point  au  devoir, 


,,.CoogIc 


—  397  —  [IMl.  Hit*. 

toattes  mes  pensées  demearans  toasjours  bandées  i.  gagner 
le  transport;  j'en  conféreray  de  rechef  demain  arec  M.  de 
Cottington,  lequel  peut  plus  que  nul  autre  vers  le  Roy 
et  me  faict  espérer.  Dieu  doînt  à  V.  Â.,  Monseigneur, 
santé  et  longue  vie. 

De  y.  Â.  trës-humble ,  trës-obéissant 
et  très-fidèle  serviteur, 
FBAN90YS  d'à: 
De  Londiea,  ce  15  mars  1641. 


>  t  LETTBE  BCLXXXV. 

Le    Prince  <f  Orange  à  Af.  de  Sommeltdych.     Réponse  aux  ^ 
litres  678  et  681. 

Monsieur.  Les  bons  et  prudents  adviz  que  vous  me 
départez  en  vos  deux  lettres  du  5  et  8  de  ce  mois ,  joints 
au  contenu  de  voz  dépêches  communes,  me  confirment 
entièrement  au  dessein  que  j'ay  de  fiùre  passer  mon  fils 
en  Angleterre,  en  esgard  aux  assurances,  que  donne  le 
Roy  de  faire  célébrer  le  mariage  en  forme  solemnelle, 
des  qu'il  y  sera  arrivé  et  mesmes  à  la  déclaration  que 
faict  S.  M.  de  désirer  qu'il  s'en  vienne  au  plustost.  Je 
vous  prie  qu'en  suîtte  de  tant  de  bons  offices  que  vous 
avez  contribué  à  conduire  cet  afiàire  à  sa  fin  et  dont 
j'avoue,  qu'en  particulier,  je  vous  ay  une  obligation  très- 
estroicte,  vous  vneillez  tenir  la  main  à  faire  vuider  et 
conclorre  toutes  choses,  en  sorte  que,  comme  mon  dit 
fils  arrivera,  il  ne  trouve  rien  qui  puisse  faire  surcbeoir 
ou  délayer  la  célébration  de  son  mariage,  après  laquelle 
j'espère  qu'il  se  trouvera  moyen  de  disposer  leurs  Ma- 
jestez  k  raccourcir  le  terme  du  transport  de  madame  la 
Princesse  leur  fille,  sur  quoy  il  n'est  &  propos  qu'on 
insiste  d'avantage  pour  ceste  fois.  —  Pour  ce  qui  est  de 
l'authorisation  que  vous  proposez  que  je  pourroy  faire 
■  BiKato  dt  la  nfuân  dt  M.  d«  ZugUthm. 


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1841.  M>n.]  —  oVa  — 

donner  à  mon  fils  de  par  l'Estat,  pour  obvier  k  des  con* 
tentions  de  précédence  à  la  cour,  j'en  trouve  les  consi- 
dérations fort  bonnes  et  m'en  souviendraj  pour  quand 
il  viendra  k  partir.  —  Vous  me  marquez  d'assez  cstranges 
menées  des  gens  de  M.  l'Électeur  en  ces  occurrences.  D 
importe  qu'on  y  a^t  tousjours  l'oeil  et  me  tardera  de 
sçavoir  ce  qui  se  sera  paaaé  depuis  sa  venue.  Vous  me 
ferez  faveur  de  m'en  départir  la  cognoissance ,  qu'en  pour- 
rez avoir  acquise  et  sur  tout  de  me  croire  très-véritable- 
ment, etc. 


'  t  LETTRE  DCLXXXn. 

*  Le  même  aux  même».     Réponee  à  ta  lettre  677. 

Messieurs.  La  duplicate  de  vostre  dépêche  du  5  de 
ce  mois,  me  fut  rendue  avant-hier.  Le  lendemain,  qui 
fut  hier,  le  Sieur  Apselay  m'en  porta  l'originale,  avecq 
le  reste  du  pacquet  que  vous  Iny  aviez  mis  entre  mains, 
par  où  voyant  qu'enfin  vous  estes  d'accord  de  toutes  cho- 
ses, horsmis  l'article  du  transport,  et  que  le  Roy  déclare 
avoir  une  absolue  volonté  d'a(;hever  le  mariage  incontinent 
après  que  mon  fils  sera  venu  en  Angleterre,  sans  s'atten- 
dre il  rien  et  mesme  que  leurs  Majestez  désirent  qu'il  y 
aille  au  plustost,  je  suis  d'advis  qu'il  s'en  &ut  tenir  sa- 
tisfaict,  sans  plus  presser  le  temps  du  transport,  que  j'es- 
père que  le  Boy  voudra  raccourcir  en  faveur  de  mon  fils, 
quand  il  aura  l'honneur  de  l'en  prier  de  bouche.  Je  con- 
tinue donq  à  faire  préparer  tout  ce  qui  est  requis  à  son 
voyage,  pour  le  faire  partir  sur  la  fin  de  ce  mois  de  mars 
ou  bien  sur  le  commencement  d'avril,  dès  aussitost  que 
les  vaisseaux  seront  prests  et  le  vent  propre,  le  tout  sur 
ceste  ferme  asseurance  qu'on  vous  donne,  que  le  mariage 
sera  célébré  en  forme,  dès  aussi -tost  qu'il  sera  arrivé. 
•Tadjouste  icy  par  avance  la  liste  des  personnes  qui  l'ac- 
compagneront,   comme    vous    me   la   demandés.     Je  suis 


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—   399   —  [J641.  Mm. 

d'advis  qu'au  liea  d'offrir  de  l'argent  ou  des  pierreries  k 
ces  messieurs,  il  sera  conveuable  qu'on  leur  donne  à  cLas- 
ciia  la  valeur  d'environ  quatre  mil  &anqs  en  vaiselle  d'ar- 
gent et  TOUS  prie  de  la  vouloir  faire  faire  là,  de  telle 
façon  qae  vous  jugerez  la  plus  propre  et  qui  doibve  estre 
la  plus  aggréable,  a&n  que  mon  fils  arrivant  puisse  la 
trouver  preste  et  en  disposer  selon  vos  directions.  Pour 
ce  qui  est  de  M.  Yane,  outre  ce  que  dessus,  j'ay  intention 
de  luy  faire  encor  une  bonne  recognoissance  particulière, 
comme  aussi  k  M.'  Jermin.  Quant  à  la  dame  d'honneur, 
il  y  en  a  qui  estiment  qu'elle  seroit  plus  satisfaicte  d'un 
service  de  vaisselle  d'argent  qoe  de  pierreries,  ce  qui 
estant  je  voudroy  que  prissiez  la  peine  de  luy  en  feire 
un,  jusques  k  la  valeur  de  six-mil  fraiiqs.  Vous  m'avez 
obligé  de  roe  dire  en  partie  vos  sentimens  sur  ces  choses 
et  vous  en  remercie  particulièrement,  comme  je  fay  eu 
somme,  Messieurs,  de  ce  que,  par  l'assiduité  de  vos  soins 
et  peines,  ce  traité  a>esté  acheminé  jusqu'au  point  de  sa 
conclusion,  dont  je  ne  cesseray  jamais  de  me  ressentir, 
comme  je  doibs,  en  vostre  endroict.  Je  vous  prie,  puis- 
qu'il ne  reste  plus  que  la  signature  des  articles,  de  la 
vouloir  procurer  au  plustost,  afin  que,  s'il  est  possible, 
Tons  m'en  puissiez  encor  donner  advis,  avant  que  mon 
filz  vienne  à  partir.  En  ceste  attente  je  prie  Dieu,  Mes- 
sieurs, de  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Postdate.  Vous  trouverez  cy-joincte  une  lettre  que  j'ay 
trouvé  à  propos  du  faire  eacrire  par  mon  fils  à  madame  la 
Princesse,  sa  maîtresse,  et  m'obligerez  de  la  luy  vouUoir 
faire  tenir,  de  la  sorte  que  vous  jugerez  plus  convenable. 


*  LETTRE  DCLXXXTn. 

Le»  Amboisadear»  en  Angleterre  au  Prince   ^Orange.    Aft- 
néeé  de  F  Électeur-Palatin. 

Monseigneur.     L'histoire   seroit   trop   longue   à   dire   & 


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IMl.  MinJ  —  400  — 

y.  A.  tontes  nos  rencontres  et  variations  en  la  ponrsoitte 
de  la  sïgnatare  de  nostre  contract  de  mariage,  de  laquelle 
la  nostre  do  15  donnoit  entière  espérance;  nous  nous 
contenterons  doncq  de  voas  la  représenter  en  substance. 
Le  16  noas  fusmes  prier  le  Roy  d'ordonner  aoz  commis- 
saires de  s'assembler  avec  nous  et  de  signer,  afin  de  sortir 
une  fois  de  cett  affùre.  S.  M.  le  promit  et  les  convoqua 
en  suitte  le  lendemain ,  leur  proposant  et  nos  demandes  et 
sa  résolution.  Ils  remonstrèrent  que  S.  M.  anroït  porté 
cett  af^re  an  Parlement,  avec  déclaration  que,  comme 
par  icelny  l'amitié  de  V.  A.  lu;  seroit  acquise,  elle  voul- 
loit  au  mesme  temps  conclnrre  auBsy  ane  alliance  d'Estat, 
pour  s'asseurer  encor  de  celle  de  messeigneurs  les  Estais; 
que,  pour  ne  mescontenter  son  peuple  par  la  séparation, 
qu'ilz  pensoient  plus  à  propos  pour  son  service  de  nous 
bailler  soabs  main  un  acte,  par  lequel  seroît  dict  que  dès 
maintenant  S.  M.  tenoit  le  traité  pour  signé,  et  promettoit 
de  le  signer  cy-après  en  forme,  et  fiit  cet  expédient  ap- 
prouvé, mais  en  ayans  eu  quelque  vent  rejette  aassytost 
par  nous,  pour  n'accrocher  une  action  indépeudente  et  coa- 
due  par  une  nouvelle,  longne  et  doatense.  Deux  d'entre 
nous  furent  là-dessus  trouver  M^  le  comte  de  Hollande, 
pour  luy  en  représenter  l'inconvénient  et  nos  perplexitez, 
avec  résolution  de  contremander  monseigneur  le  jeune 
Prince,  mandé  sur  la  parolle  du  Roy,  de  la  Royue  et  cy- 
devant  des  commissaires  mesmes;  que  ce  seroit  une  dis- 
grâce irréparable  à  V.  A.,  qui  s'en  prendrait  à  nostre  crédu- 
lité, le  conjurant  de  le  rapporter  à  S.  M.,  vers  laquelle  nous- 
mesmes  inons  cercher  le  remède.  Il  accepta  cette  commis- 
sion et  nous  en  promit  la  responce  dans  le  soir,  laquelle 
fat,  qae  leurs  Majestez  ensemble  nous  prioyent  de  ne  nous 
point  donner  de  pêne,  ny  de  contremander  le  Prince, 
par  ce  qu'elles  nous  voulloyent  contenter  et  faire  signer 
nostre  contract  dans  le  jonr  suivant  aux  commissaires,  ou 
qu'à  leur  refus  S.  M.  mesmes  le  signeroit;  sur  le  soir 
leurs  Majestez  conjoinctement  firent  la  mesme  promesse 
encbr  plus  ample  à  messieurs  de  Brederode  et  de  Heen- 


,,.CoogIc 


—  401   —  [IMl.  Min. 

vlîet,  mais  elle  fut  de  rechef  altorée  par  l'escrit  cy-joinct 
et  donné  au  Roy  et  aa  Parlement  par  mon  seigneur 
l'Electeur,  duqael  les  ministres  ont  employé  le  verd  et 
le  seq  pour  empOcher  la  signature,  et  à  leur  presse  une 
partye  de  la  maison-haute  s'en  est  remuée  sy  avant  que 
de  déclarer  que  ce  leur  seroit  un  affront  de  fiùre  l'un 
traicté  sans  l'autre.  S.  M.  néanmoins  a  tenu  bon,  mais, 
pour  satis&ire  en  quelque  sorte  aux  commissaires  et  à 
ceos  de  la  maison-haute,  elle  nous  manda  avant-hier 
pour  conférer  avec  nous  sur  le  dit  escrit,  qu'elle  ne  re- 
jetta  ny  approuva  pas  entièrement,  jugeant  bien  que, 
quand  mesmes  tout  ce  qu'il  demande  seroit  faisable,  il 
ne  se  pooroit  &ire  de  cette  saison  et  que  ce  seroit  nn 
affaire  de  longue  haleine.  Elle  nous  confirma  de  rechef 
sa  résolution  d'achever  le  mariage,  le  déclarant  indépen- 
dant, et  de  le  vouloir  faire  signer.  N^oos  la  priasmes  que 
ce  fust  devant  le  jour  de  nos  dépesches,  ce  qu'elle  accorda 
ou  au  plus  tard  dans  celuy  d'après,  avecq  quoy  nous 
renvoya  aux  commissaires,  pour  voir  ensemble  les  propo- 
sitions de  S.  A.  Ë.,  lesquels  assemblés  les  nous  donnèrent 
à  considérer  et  examiner,  afin  de  nous  rassembler  par 
après  au  plustost.  V.  A.  verra  cy-joint  ce  qu'en  avons 
dressé  en  termes  généraulx,  pour  l'esquiver  et  ne  donner 
prinse  à  aucun  changement,  nous  tenans  à  la  parolle  du 
Roy  et  k  la  séparation.  M.  Yane  promit  de  tenir  les  cou- 
tracts  prestz  et  nous  en  envoya  la  minute  hier  au  matin, 
avecq  quelque  espérance  d'achever  tout  dans  lu  soir. 
Ëntretemps  M'  de  Heenviiet  vit  leurs  Majestez  et  eut 
moyen  de  les  sommer  de  leur  parolle.  S.  M.,  après  avoir 
remarqué  et  considéré  la  difficulté  des  commissaires,  luy 
promit  de  signer  elle-mesmes,  en  l'obligeant  par  serment 
de  le  tenir  secret  et  de  le  luy  rendre  incontinent,  après 
qoe  les  commissaires  auroyent  signé  en  forme.  li  y  est 
encor  retourné  devant  et  depuis  le  disné  et  s'en  est  faict 
renouveller  la  promesse  et  a  encor  engagé  la  Royne  h 
donner  sa  parolle  de  signer  avec  le  Roy,  mais  M'  Yane 
n'est  point  encor  prest  et  va  le  sieur  de  Heenviiet  atten- 
m.  26 


,,Googlc 


16*1.  Mirt.]  —  402  — 

dre  chez  \nj  qu'il  le  soit,  afin  de  le  porter  encor  œ  soir 
au  Roy  et  à  la  Eoyue  et,  sy  d'avanture  l'ordinaire  nom 
précipite,  nous  en  envovrons  la  copie  exprès  par  mer  et 
par  terre.  Leurs  Majestez  cepeudant  demeareut  résolues, 
comme  elles  protestent,  k  nous  contenter  plènement  M. 
l'Électeor  vient  de  nous  laisser,  n'a  parlé  que  de  choses 
générales,  sans  toucher,  ny  nostre  négotiation,  ny  set 
demandes.  Nous  avons  receu  celles  de  V.  A.  de  l'onaème 
et  ce  matin  le  dnplicat  du  14.  Nostre  opinion  est  que 
l'arrivée  de  S.  A.  dissipera  tous  ces  nuages  et  nous  nous 
défendrons  assez  de  tout  ce  qni  n'est  porté  par  l'on  de 
nos  quatre  points  de  l'an  passé,  délibérez  de  renvoyer  le 
sm^lns  à  V".  A.,  sy  on  nous  en  presse.  Sur  ce  non» 
prions  Dieu,  Monseigneur,  de  donner  à  V.  A.  santd  et 
longue  vie. 

De  V.  A.  très-humbles,  très-obéissants  el 
très-fidelles  servitears, 

H.  W.   V.   BREDERODB.      FRANÇOIS   D'aEBSSBN. 
d'OBOHOVEN  B'HBBNVUeT.      ALB.  JOACHDa 

De  Londres,  ce  22  mars  au  soir  1641. 


Bi°.  DCLXXXVn>. 

propositions  faites,    au   non    de  ^ Électeur  Patatin,  a»  Bm 
d'Angleterre. 

*,*    Cet  icrit  {tient  â-joiiU,  p.  401)  at  àa.\é  le  '/^  mars  1B41. 

Hia  Majesty  havîng  been  lately  plaesed  to  déclare  that 
amongst  other  reasons  the  interest  of  his  Royall  aister  and 
nephews  was  not  off  least  considération  to  induce  him  to 
entertayne  the  intended  allyanee  off  mariage  for  the  Prin- 
cesse his  eldest  danghter  and  that  faee  wUl  not  concinde 
the  said  allyanee  but  conjonctiy  with  the  treaty  of  State, 
and  to  this  end  the  Lords  Commissioners  appoinW  by 
his  Majesty  for  that  treaty  having  desired  a  particnlar  of 
the  demands  of  his  highness  the  Prince  Elector  Palatine, 
they  are  presented  hère  followîng. 


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403  ■ 


tl641.  Man. 


1.  Tbat  it  woold  please  his  Majestïe  in  the  preamble 
of  tbe  fores^d  treaty  of  confédération  wîth  the  Lords  the 
States  oflF  the  United-Provinces,  there  might  bee  inserted 
a  déclaration  that  one  off  the  principal)  ends  aymed  at  hy 
bis  Majesly  is  the  resettlement  off  the  pahlike  lîberty  op- 
pressed  in  Germanie,  and  espesially  off  the  Prince  Elector 
Palatine  and  his  bonse  in  ail  their  lands,  possessions,  rights 
and  dignities. 

2.  That  there  may  bee  an  expresse  article  to  comprehend 
the  entyre  restitution  off  the  Prince  Elector  Palatine  and 
his  house  in  any  their  genorall  or  particolar  treatyes,  ei- 
tber  off  peace  and  allyance. 

3.  That  whensoever  his  Majesty  shal  use  hia  power  to 
vïndicate  by  force  of  armes  the  foresaid  rights  off  the  Prince 
Elector  Palatine  and  his  house,  or  that  his  bigbness  may 
bee  enabled  by  his  Maj.  or  others  his  irinds  to  raise  any 
troopes  off  his  owue  to  be  employed  [with]  or  out  of  the 
Empire  in  the  behalve  off  the  foresaid  canse,  the  States  shal 
be  obliged  for  tbe  furtherance  tliereoff  to  joyne  with  his 
faighaess  and  assist  bim  with  such  reasonable  and  propor- 
tionable  aydes,  eithor  in  racnn  or  monye,  as  shal  bee 
agreed  upon  in  the  foresaid  treaty. 

4.  That  the  States  shal  favour  and  coantenance  his 
higbness  procedings,  not  only  by  permitting  him  to  fumîsb 
his  troopes  with  arms,  victualls,  canon,  amanition,liorses, 
and  ail  other  necessarie  pro^dsions  and  materialls  off  warre, 
witbout  enjoining  his  higimess  to  pay  the  charges,  tôles ', 
licents,  excyses  or  other  impositions  off  the  country,  t>ut 
also  to  grannt  him  free  passage  by  land  or  by  watcr,  and 
for  that  end  to  fumish  bim  with  sbipping  or  wagons,  at 
the   same  rate  as  is  payed  by  tbe  States  for  their  anny. 

5.  That  tbey  will  let  his  higbness  hâve  some  towne  upon 
their  frontiers  for  a  place  of  armes  and  snffer  him  onder 
tbeir  protection  to  seeke  good  quarters  in  ail  neutrall  and 
neighboringh  countryes  and  to  afford  bîm  a  save  retrûte 
upon  ail  occasion  and  events. 


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IMl.  Mire]  —   404   — 

6.  That  thej  slial  not  take  io  their  protection  any  en- 
nemyes  persons,  countryes,  or  places  on  which  his  high- 
ness  can  hâve  advantage  by  way  o(  reprisait  or  otherwise. 

7.  Tliat  if  his  Majesty  shal  happily  résolve  to  enter  into 
warre  with  the  klng  of  Spaîn,  then  the  said  States  slial 
bee  lîkevise  bound  to  breake  neatralîty  with  the  Emperor, 
the  Duke  off  Bavaria  and  ail  theîr  adhérents,  or  whosoever 
else  sha]  oppose  the  restitution  off  the  Electorall  Palatine 
Hoose  or  the  publike  peace. 

Le  même  écrit  se  trouve  annexé  à  la  lettre  67S  en  fmnçoîa. 

Sa  M.  ayant  nnguerès  troiiTé  Uou  de  ili^cliirer  qu'entre  nulits 
misons,  l'intéreat  de  sa  roynle  soeur  et  de  ses  nepvcuK  n'estoit  pns 
de  la  moindre  considération  pour  l'induire  à  accepter  ralliniice 
de  mariage  ÎDtenté  pour  la  princesse,  sa  lîlle  aisnée,  et  qu'elle  ne 
veut  pas  conclurre  la  ditte  alliance  que  conjoinctement  avec  le 
traité  d'Eatat  et  à  celle  fin  messieurs  les  commissaires  nynnls 
désiré  une  spéoï&catioa  des  demandes  de  S.  A.  le  Prince  Ëlectear 
PalatiD,  elles  sont  réprésentées  comme  il  s'ensuit: 

1.  Qu'il  plaise  à  S.  M.  que,  dans  la  préface  du  dict  traicté  de 
confédération  avec  messeigneurs  les  £stats  des  Provinces-Unies, 
puisse  estre  insérée  une  déclaration,  qu'une  des  principales  fius 
auxquelles  S.  M.  vise,  est  le  rétablissement  de  la  liberté  publycque 
en  Allemagne  et  spécialement  celuy  du  Prince  Électeur  Palatin  et 
de  sa  maison ,  en  touttes  leurs  terres ,  possessions ,  droits  et  honneurs. 

3.  Qu'y  puisse  estre  un  article  exprès  pour  comprendre  la  pie- 
nlËre  restitution  du  Prince  Électeur  Palatin  et  de  sa  maison  en 
quelqu'un  de  leurs  traités,  soyent  ils  généraux  ou  pnrticaliers,  de 
paix  ou  d'alliance. 

3.  Qae  lors  que  S.  M.  usera  de  son  pouvoir  pour  recouvrer  pu 
force  d'armes  les  droits  du  Prince  Électeur  Palatin  et  de  sa  maison, 
que  S.  A.  remise  en  posture,  ou  par  8.  M.  ou  d'autres  siens  amys, 
pour  lever  quelques  trouppes  de  soy-mesme,  à  estre  employa 
ou  dedans  ou  dehors  l'Kmpire,  au  regard  de  la  dite  raison,  les 
Estats  seront  obligés  pour  l'avancement  d'icelle  de  joindre  «ne 
S.  A.  et  de  l'assister  avec  si  raisonnables  et  sortables  aides,  soit 
d'hommes  ou  d'ai^ent,  comme  il  sera  convenu  dans  le  traicté. 

4.  Que  les  Estais  favoriseront  les  procédures  de  3.  A.,  non 
seulement  en  permettant  qu'elle  pourvoye  ses  troupes  d'armes, 
vivres,  canon,  amunition,  chevaux  et  de  toute  autre  provision  et 
matàiaulx  nécessaires  à  la  guerre,  sans  ordonner  que  S.  A.  p»J* 


,,.GoogIc 


—   405   —  [IMI.  Mirs, 

les  chnrgM,  tailles,  licentes,  accises  ou  d'nDtres  l'mpoats  de  l'Estat, 
mais  aussy  en  luy  octroyant  lilire  passage  par  eau  et  par  terre,  et 
à  celle  fin  luy  fournissant  les  batlesux  et  charîota  au  mesme  prix 
que  l'Estat  en  paye  pour  leur  armée. 

B.  Qu'ils  ïeuillent  laisser  à  S.  A.  quelque  lilte  sur  lears  fron- 
tiÈrea  pour  une  place  d'armes,  soubs  leur  protection,  afin  de  pou- 
voir cercher  de  bons  quartiers  nu  pays  neutres  et  voisina,  propres 
pour  luy  servir  de  seure  relraicte  en  toutes  occasions  et  évéuementa. 

6.  Qu'ils  ne  prendront  en  leur  protection  personnes  eonemyes, 
ny  paya  ou  places,  sur  lesquelles  S.  A.  puisse  avoir  quelque  ad- 
vantage  par  voye  de  repriisaîllcs  ou  autrement. 

7.  Que  ai  d'avanture  S.  M.  venoit  à  résoudre  d'entrer  en  guerre 
contre  le  Roy  d'Espagne,  que  les  Estais  seront  pareillement  obligés 
de  rompre  la  ueutralitc  avec  l'Empereur,  le  duc  de  Bavière  et 
tons  leurs  adhérents,  ou  quiconque  s'opposera  à  la  restitution  de 
la  maison  «électorale  Palatine  ou  de  ta  paix  publicquc. 


Observation»  de»  Ambatsad^ur»  en  Angleterre  sur  les  propo- 
sitions /ailes  au  nom  de  ^Électeur- Palatin. 

Les  Ambassadears  de  messeignenrs  les  Estais  et  du 
Prince  d'Orange,  ayans  veu  et  considéré  les  propositions 
présentées  par  escrit  an  Roy,  au  nom  de  monseigneur 
l'Électeur  Palatin,  déclarent  qu'à  leur  partement  de  la 
Ilaje,  son  Alt.  Elect.  les  auroît  chargez  d'un  mémoire,  pour 
de  sa  part  recommander  sérieusement  à  S.  M.  de  la  voul- 
loir  secourir  d'hommes  et  d'argent  en  la  présente  occu- 
rence  de  la  diète  de  Ratisbonne,  ce  qu'ils  avoyent  promis 
de  faire,  et  eussent  bien  désiré  qu'elle  se  fust  contentée 
d'attendre  le  succès  de  cette  intercession;  ou  qu'ayant  eu 
d'autres  demandes  à  faire,  comme  sont  celles  que  elle 
prétend  obtenir  présentement  pour  la  plenière  restitution 
par  l'intervention  de  l'authorité  de  S.  M.,  de  Meeseigneurs 
les  Estats  leurs  Souverains,  qu'elle  les  eust  voullu  proposer 
et  traicter  sur  les  lieux  mesmes,  où  l'authorité  souveraine 
de  l'Estat  réside  et  telles  matières  peuvent  estre  esclarcîes 
et  résolues. 

■  Fiytt  p.  401. 


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lOtl.  Mari.J  —   ***6   ~~ 

Car  ii'ayans  lesdîts  Ambassadeurs  esté  envoyez  qae 
pour  traicter  avec  S.  M.  le  mariage  de  la  Princesse  sa 
fille  avec  le  jeune  Prince  d'Orange,  qni  est  une  conven- 
tion purement  personelle,  libre  et  indépendante,  comme 
aussy  de  prendre  les  intentions  de  S.  M.  sur  les  quatre 
articles  laissez  l'an  passé  au  choix  de  S.  M.  et  de  négotier 
en  suite,  ilz  sont  tontesfois  contens  d'envoyer  lesdites  pro- 
positions à  messeigneurs  les  Estata  et  à  S.  A.,  lesquels 
en  choses  raisonnables  et  faisables  feront  tousjours  paroistre 
d'avoir  une  singulière  affection  au  restablissement  de  sadite 
A.  Ë. ,  comme  ilz  ont  faict  en  touttes  les  occasions  pas- 
sées, lequel  néanmoins,  à  leur  advîs,  ne  se  peut  bonne- 
ment espérer  qu'au  moyen  d'une  ligue  générale  avec 
l'intervention  de  la  France,  le  mesnage  de  laquelle  de- 
mande du  temps,  ou  d'une  pacification  avantageuse;  mais 
ne  voyent  point  comme,  en  une  ligue  défensive  que  S,  M. 
leur  propose ,  et  laquelle  ne  regarde  que  la  senreté  de  ses 
Royaumes  et  des  Provinces-Unies,  il  se  puisse  trouver 
lieu  ny  condition  pour  cet  efiect 

Faict  à  Londres,  le  %  man  1641. 

E.ETTBB  DCLXXJCTin. 

M.  de  SommeUdyck  au  Prince  à!  Orange.    Le  mariage  conclu 
malgré  r Électeur- Palatin. 

Monseigneur!  Mes  pênes  me  sont  peu  au  pris  de  celles 
de  V.  A.;  je  travaille  sans  cesse  à  vons  en  tirer,  car 
je  les  tiens  sans  subjecti  les  variations  sont  ordinaires 
en  cette  cour,  mesmea  es  choses  faciles;  un  peu  de  pa- 
tience redresse  tout.  Nostre  traicté  est  achevé  et  difiëre-on 
de  le  signer,  pour  contenter  M.  l'Électeur  et  les  commis- 
saires, qui  font  pour  lay,  mais  an  fond  le  Roy  et  la  Royne 
tiennent  bon  et  ont  résolu  de  faire  signer  le  contract  on 
de  le  signer  eux-mesmes,  et  le  feront  sans  ancun  doote 
au  descen  du  Parlement  et  des  commissures.  Leurs  Ma- 
jestez  désirent  renvoyer  l'Electeur  au  pinstost  et,  sy  mon- 
seigneur  le   Prince  Guillaume  haste  son  passage,   on  ne 


,,.GooglL- 


—  407  —  [IMl,  Mm. 

pensera  plas  à  traverser  ses  eap^Tances;  an  contraire,  ce 
sera  à  nous  de  renouveller  nos  instances  à  ce  que  la 
Princesse  ]e  paisse  accompagner  au  retour;  c'est  l'aniciue 
moyen  de  conpper  brèche  aox  brigues  et  rivalitez,  et  leurs 
Majestés  ont  sy  grand  despit  de  ces  menées  que  je  veux 
espérer  qu'elles  en  deviendront  plus  iaciles  k  noz  désirs. 
V.  A.  croye,  s'il  luy  plaist,  que  cette  alliance  est  au  gré 
de  tous  et,  sy  elle  est  traînée,  c'est  en  la  seule  considé- 
ration de  ceux  qai  pensent  qu'elle  ouvre  des  occasions 
pour  tirer  la  Royne  de  Bolième  et  ses  eofans  de  misère, 
et  ils  se  détromperont  aysément,  dès  aussy-tost  qu'ils  poï- 
seront  '  les  propositions  de  S.  A,  É.  L'ordre  est  donné  pour 
la  réception  de  monseigneur  vostre  fils ,  son  logis  est  pré- 
paré en  l'bostel  d'Arondel,  où  U  sera  très-bien  et  proche 
de  la  maîtresse,  rien  qu'une  muraille  entre  deux.  La  liste 
de  ceux  qui  l'accompagnent  nous  est  nécessaire  et  nous 
1*1X003  rencontrer  aa  lieu  de  sa  descente.  M.  l'Ëlecteur 
nous  vient  de  quitter;  sa  visite  a  esté  conrte  et  les  propos 
fort  généraux,  sans  toucher  ce  qu'il  a  proposé  au  Par- 
lement et  sans  s'enquérir  de  nous  comme  il  va  de  nostre 
mariage,  qne  rien  au  monde  ne  sçauroit  plus  empêcher. 
On  y  est  trop  avant  de  part  et  d'autre  et  je  remarque 
que  leurs  Majestez  n'en  demandent  moins  la  consommation 
que  vos  A.  A.  mesmes,  et  cela  sera  dans  les  huict  pre- 
miers jours  publiquement  et  avec  les  solemnitez  requises. 
Dieu  le  bénye  et  doint.  Monseigneur,  à  V.  A.,  prospérité 
et  santé  et  à  moy  le  gré  et  grâce  de  vous  servir  utilement. 
De  y.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidéle  serviteur 

PKANÇOYS   D'aERSSEN. 

De  Londres,  ce  22  mars  1641. 

*  I.ETTRB   DCLXXXIX. 

Lee    Ambamadeun   en    Angleterre    au  Prince  d'Orange.     Le 
contrat  de  mariage  est  signé  par  le  Roi. 

Monseigneur.     La  nostre  du  H  ayant  laissé  Y.  A.  en 


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IMl.  M«rs.]  —   408    — 

quelque  donbte  de  la  signature  de  rostre  contract,  d'autant 
plus  grande  qu'elle  estoit  puissamment  contreminée  et  non- 
obstant des  bien  expresses  promesses  délayée  de  jonr  en 
jour,  celle-cy  vous  asseurera  qu'en  fin  le  Roy  et  la  Royne 
nous  en  ont  faict  surmonter  les  brigues  et  embnsclics,  de 
sorte  que  le  traicté  fut  releu,  conclu,  signé  et  scellé  hier 
au  soir,  ne  restant  plus  que  la  venue  de  monseignenr  le 
Prince  vostre  fils  pour  passer  au  mariage.  Les  cora- 
missaires  assemblez  hier  au  soir  à  nostre  sommation  ap- 
puyée de  l'advis  du  Roy,  après  avoir  entendu  nostre  pro- 
position, en  furent  faire  rapport  en  corps  à  S.  M.  et  à 
leur  retour  nous  renvoyèrent  pareillement  à  S.  M-,  la- 
quelle nous  ayant  avoué  que  cet  affaire  avoït  assez  traîné, 
consentit  qu'il  fust  achevé  et  signé,  dit  en  avoir  donné 
charge  à  ses  commissaires  et,  bien  que  cette  alliance  n'enst 
rien  de  commun  avec  quelconque  antre  affaire,  que  tou- 
tesfois  elle  nous  reeommendoit  les  întérestz  de  son  nep^ 
veu.  Surquoy  luy  fust  respondu  qu'il  eost  mieux  faict 
de  conférer  de  ses  demandes  avec  V.  A.  et  l'E^tat,  pre- 
mier que  de  partir  du  pays,  où  il  eust  peu  estre  résolu 
de  leur  apparence;  ce  néanmoins  que  vous  avions  envoyé 
son  escrit,  pour  nous  en  donner  vos  instructions,  encor 
que  pensions  qu'il  ne  peust  espérer  aucun  restablissement 
qu'au  moyen  d'une  ligue  avec  la  France  ou  d'une  psix 
générale ,  mais  qu'en  l'une  ou  l'autre  occasion  S.  M.  pou- 
voit  croire  que  V.  A.  et  l'Estat  luy  rendront  tousjours 
les  ofEces  nécessaires  à  son  contentement  S.  M.  repartit 
qu'elle  s'en  remettoît  donq  h  nous  pour  en  aviser  avec 
les  commissaires  et,  sy  M.  l'Ëlcctenr  ne  s'en  estoit  ad- 
dressé  à  V.  A.,  qu'il  avoit  pensé  que  l'intervention  de 
luy,  Roy,  serait  de  plus  grande  conaidération  pendant 
cette  négociation,  adjoustant  que  cette  solution  luy  sem- 
bloit  assez  gentille;  avecq  qaoy  nous  nons  séparâmes, 
après  avoir  rendu  grâces  à  S.  M.  de  sa  faveur  et  expé- 
dition ,  et  comme  nous  estions  pour  laisser  les  commis- 
saires, après  les  avoir  remercyé  de  leurs  pênes  et  aydes, 
quelqu'un    d'entra    eux    nous   advertît   que ,   sy  voullions 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


J 


—  409  —  [IMl.  Mm. 

faire  quelque  signe  de  joye  poor  l'occasion  da  snccès  de 
cette  alliaoce,  de  le  difiërer  jusques  Jt  ce  soir,  par  ce  que 
S,  M.  auroit  rûsolu  de  donner  ce  matin  connoissance  à  la 
maison-baute  de  la  conclusion  finale  du  traicté  de  mariage, 
afin  de  coupper  une  fois  pour  touttes  la  racine  aux  brigues 
et  menées  qui  se  brassoyent  k  l'encontre;  ce  qui  se  pre- 
nant par  nous  pour  une  tacite  semonce,  avons  ordonné 
de  faire  ce  soir  quelques  feux  devant  nos  portes,  pour  au 
moyen  d'iceux  publier  le  mariage  et  nostre  joye,  que 
Dieu  veuiUe  bénir  à  l'affermissement  de  l'Estat  et  à  la 
perpétuation  de  vostre  maison.  Nous  allons  maintenant 
donner  ordre  que  tout  puisse  estre  en  estât,  pour  quand 
S.  À.  arrivera,  laquelle  nous  irons  rencontrer  k  sa  des- 
cente, et  riea  ue  manquera  du  costé  du  Koy  à  rendre 
sa  réception  très-bonorable,  car  un  chacun  applaudira  à 
cette  alliance,  puisque  faicte;  mais  certes  nous  devons 
cette  confession  à  leurs  Majestez  et  particulièrement  à  la 
Royne,  que  l'honneur  de  la  conclusion  est  deu  à  leur 
affection  et  constance,  mal  servyes  de  plusieurs  en  toutte 
la  conduitte  de  cette  ntâgotiation.  Grâces  &  Dieu,  nous 
en  sommes  au  dessus,  espérans  que  voz  A.  A,  demeure- 
ment  satisfaictes  de  noz  devoirs.  Cette  lettre  avec  le  dou- 
ble du  contract  va  par  mer,  et  son  duplicat  par  terre; 
l'une  et  l'antre  par  exprès,  pour  affranchir  V.  A,  de  soucy 
et  de  doubte.  Pour  cette  fois  nous  n'y  meslerons  autre 
discours  que  nostre  prière  à  Dieu  de  donner  à  V.  A.» 
Monseigneur,  prospérité  à  ses  dessains^  avec  santé  et  très- 
longue  vie  à  vostre  personne. 

De  V.   A,  très-bumbles,  très-obéissans  et  très- 
fidelles  serviteurs, 

H.   W.   V.  BEEDERODE.      PBANÇOrS  D'AEBSSEN. 

d'kerkhoven  d'heenvlibt.    alb.  joacuihi. 

De  Londres,  ce  26  mars  1641. 

M.  l'Électeur  vient  de  nous  envoyer  son  agent  Kaef, 
pour  en  son  nom  se  coajouyr  avec  nous  de  la  conclusion 
de   nostre  mariage,  le  tenant  pour  achevé  etc. 


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lui.  Mail.]  —   410   — 

LETTRE!    DCXC. 

M.  de  Sommeledjfck  au  Prince  (^Orange.     Même  mjet 

Monseignenrl  Enân  nostre  mariage  est  signé.  Les  tra- 
verses qu'on  nous  y  a  donné,  noas  ont  bien  exercé,  car 
nons  ne  sçavions  de  qui  nous  fier;  mais  le  Eoy  et  ia  Royoe 
ont  soubstena  nos  espérances,  an  point  mesmes  qa'on  alloit 
bander  la  muson^hante  contre  nons.  Ce  matin  la  con- 
closion  leur  en  sera  intimée,  et  no8  feus  de  joye  la  pu- 
blieront ce  soir.  C'est  le  moyen  de  rompre  les  brigues 
qni  restent  et  d'obliger  jnsqnes  aux  plus  suspects  d'ac- 
quiescer à  la  volonté  de  leurs  Majestea  et  de  s'en  conjooyr 
avec  nous.  M.  l'Électeor  en  a  donné  l'exemple  par  l'envoy 
de  Eaef,  en  avouant  d'avoir  esté  contre  la  signature,  pour 
par  lit  rendre  ses  demandes  pins  considérables,  et  noas 
luy  Ëiisons  bon  cette  excuse,  puisque  l'honneur  de  l'action 
nous  demeure,  en  tant  plus  cher  qu'il  a  esté  obtenu  avec 
plus  de  pêne  et  de  soncy.  Je  prie  Dieu  qu'il  soit  an 
contentement  de  V.  A.  et  serve  k  l'appny  et  perpétnation 
de  vostre  maison.  Nous  n'avons  plus  rien  à  faire  que 
d'attendre  monseigneur  le  Prince  vostre  fils,  afin  de  cé- 
lébrer aussytost  son  mariage  en  cérémonie.  Nostre  dessem 
est  de  l'aller  prendre  à  sa  descente  et  rien  ne  dé&udn 
à  sa  réception,  car  leurs  Majestez  ont  tout  de  bon  cette 
a&ire  à  coeur,  désirans  se  lier  d'eatroittc  amitié  avec  Y.  A. 
Je  sonhaitte  que  se  soit  sy  avant  que  de  nous  accorder 
le  transport  de  la  Princesse ,  mais  je  ne  suis  point  d'advis 
de  toucher  encor  cy-tost  cette  chorde,  ains  de  laisser  jouer 
d'autres  ressorts  hors  de  nous,  pour  à  son  temps  irapper 
nostre  coup.  Rien  cependant  sera  négligé.  Ma  fidélité 
sera  benreuse,  sy  Y.  A.  en  est  satisfaicte.  L'article  de 
la  religion  me  choqueroit,  sy  les  commissures  '  eussent  esté 
autant  portez  sur  la  fin  à  favoriser,  comme  ilz  estoyent 
k  rompre  le  traicté,  ne  cerchans  qu'à  l'accrocher,  et  d'ail- 
leurs   le    Roy    et   eux   l'avoyent  remis  en  nostre  arbitre, 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—  411   —  [IMl.  Hm. 

pour  en  oser  ù  la  volonté  de  V.  A.,  n'y  estant  que  pour 
forme  et  V,  A.  le  peut  recevoir  ainsi.  —  On  bnuct'  icy 
que  la  France  traïcte  de  paix;  les  avantages  qu'elle  a 
sur  l'Espagne,  le  font  descroire  vers  les  plus  avisez  et  les 
intérests  du  Cardinal  ne  vont  point  Ik  En  tous  cas  on 
voudra  comprendre  le  Portugal  et  la  Cattaloigne.  Icy 
on  varie  encor  sur  la  réception  de*I'ambassadeur  de  Por- 
tugal, et  n'estoit  l'embaras  du  Parlement  et  les  grands 
deniers  qui  se  lèvent  sur  le  peuple,  il  est  aparent  que 
le  Roy  se  verroit  comme  forc^  de  rompre  avec  l'Espagne. 
Le  lieutenant  d'Irlande  sera  jugé  lundy  des  deux  maisons 
ensemble.  —  Ce  me  sera  très-grand  bonneur  de  me  signer. 
Monseigneur, 

De  V.  A.  très.-huroble,   très*obéyssant  et 
trfes-6dèle  serviteur, 

FB&NÇOTS  D'aEBSSEN. 

De  Londres,  ce  36  mnra  lfi41. 


LBTTKB  BCXGI. 

L«  même  au  même.    On  n'attend  plaa  que  la  venue  «At  jeune 
Prince. 

MonseigneurI  Je  receus  hier  au  soir,  en  l'absence  de 
messieurs  de  Brederode  et  d'Heenvlîet,  qui  sont  quarante 
quatre  miles  d'icy  à  faire  nopces,  à  d^sein  d'en  estre  de 
retour  sammedy,  les  paquets  de  Y.  A-,  du  21,  avec  la 
lyste  de  ceux  qui  passeront  la  mer  avec  monseigneur  le 
Prince,  voBtre  fils,  et  en  feray  ce  matin  porter  la  copie 
à  M.  le  grand-chambellan,  qui  n'attendoit  qu'après  cela, 
pour  ordonner  ses  départemens*  et  les  faire  meubler,  de 
sorte  qu'il  ne  reste  plus  que  l'arrivée  de  S.  A.  pour  penser 
aux  espousailles ,  dès  qu'il  aura  vuidé  les  complîmens  de 
cour.  Nos  précédentes  d'avanthier,  envoyées  exprès  par  les 
deux  voies,  vous  esclaïrciront  de  l'opposition  qu'on  avoit 
formée  contre  la  signature  de  nostre  contract,  et  comme 
'  foit  BonrÎT  le  bruit.  <  ippirtemenU. 


,,  Google 


IMl.   M.r.,;  _    412    — 

on  estoit  après  à  y  fiiyre  esclatter  contre,  la  maison-haate 
du  Parlement,  maïs  que  l'avons  surmontée,  à  l'ayde  de 
la  Royne,  laquelle  persuada  le  Roy  d'user  d'anttorité ,  ou 
de  le  signer  absolument  luy-raesmes,  et  l'en  usines  re- 
mercier exprès  devant-hier,  et  S.  M.  nous  confessa  qu'on 
nous  avott  traîné  et  brouillé,  que  cela  avoit  faict  résoudre  le 
Roy  et  elle  d'en  faire  une  fin,  pour  contenter  V.  A.,  de  qui 
elle  estimoit  grandement  l'amitié;  l'office  qu'elle  venoit  de 
nous  rendre  estoit  peu  de  chose  au  prix  de  ce  qu'elle 
vouUoit  &ire  cy-après,  qn'au  moins  maintenant  les  tra- 
verses cesseront.  Elle  s'enqiiit  du  temps  dans  lequel  le 
jeune  Prince  pourra  venir,  et  ayant  la  Princesse  à  son 
costé,  elle  tesmoigna  avoir  ferme  créance  que  voz  A.  A. 
l'aymeront  et  que  Dieu  en  bénira  l'alliance.  Le  soir  nous 
la  publissmes  par  des  feux  de  joye,  et  hier  je  fus  féliciter 
cette  action  à  la  Princesse,  comme  nostre  fiancée,  et  la 
gouvernante  en  son  nom  me  dît  qu'elle  m'en  remercyoït, 
puisque  c'estoit  la  volonté  de  leurs  Majestez.  Je  luy  por- 
teray  incontinent  après  le  disner  celle  que  S.  A.  luy 
escrit.  Les  congratulations  m'en  viennent  de  touties  parts, 
de  ceux-mesmes  qui  nons  y  ont  esté  plus  contraire.  L'eacnt 
présenta  au  Roy  et  au  Parlement ,  au  nom  de  M.  l'Élec- 
teur, aura  fait  voir  ce  que,  faisant  accrocher  nostre  traicté, 
ïl  prétendoit,  mais  en  a  envoyé  faire  l'excuse,  que  c'estoit 
pour  tant  mieux  avantager  ses  espérances.  Ce  Prince  est 
bon  et  grandement  il  plaindre  de  ce  qu'il  est  sy  mal  servy, 
car  il  luy  enst  mieux  vallu  de  se  prévaloir  de  vostre 
amitié  et  direction  que  de  choquer  directement  les  des- 
seins de  S.  M.  et  de  Y.  A.,  et  cela  encor  en  vain  et  sans 
considérer  Testât  de  sa  condition.  Il  a  souvent  visité  nostre 
maîtresse,  et  s'entretient  fort  bien  et  avec  grandes  sub- 
missions  au  Boy,  jusques  à  luy  avoir  donné  i  boire  les 
genoulx  à  terre.  Le  bruict  a  esté  grand  que  la  Royne 
de  Bohème  doit  venir,  et  ne  cesse  point  encor.  La  Royne 
en  eut  encor  hier  quelque  opinion,  ce  seroit  peu  au  gré 
de  leurs  Majestez,  pendant  ces  altérations  au  Parlement; 
tontesfois  quand  ainsi  seroit,  il  n'y  auroit  aucun  cban- 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  413  —  [IMI,  Mwi. 

gement  à  craindre  en  noatre  faict,  depuis  que  leurs  Ma- 
j^tez  ont  faict  entendre  leura  désira  et  volontés  absolues 
auz  commiâsaires,  et  V.  A.  le  remarquera  ainsi  par  l'ac- 
célération et  conclusion  solemnelle  du  mariage.  Seulement 
voudroy-je  qu'on  noua  contentast  de  mesme  du  transport; 
plusieurs  nous  en  donnent  de  l'espérance  et  les  parolles 
de  la  Royne,  de  voulloir  feire  mieux  pour  l'avenir,  sem- 
blent aller  là;  mais  je  n'estime  point  à  propos  d'y  retourner 
sy  tost,  ains  de  le  faire  comme  par  souliait  et  par  ren- 
contre; le  vray  temps  en  sera  après  la  célébration  de 
Dostre  mariage.  Je  loue  Dien,  Monseigneur,  qu'en  sommes 
venus  sy  avant,  après  qu'on  nous  a  bien  faict  trotter  par 
des  épines;  la  plupart  des  commissaires  ayans  eu  une 
volonté  contraire  ii  celle  de  leurs  Majestez,  soubs  prétexte 
que  cette  alliance  auroît  esté  portée  au  Parlement  et  qu'il 
seroit  dangereux  d'en  rien  arrester  contre  l'advis  de  sou 
peuple,  et  y  alloît-on  sy  avant  qu'on  eutroit  en  soubçon 
comme  sy  S.  M.  ne  la  faisoit  contracter  à  autre  intention 
que  pour  s'obliger  les  forces  de  nostre  E^tat  et  de  s'en 
prévaloir  pour  appuyer  son  autkorité.  L'agent  de  France 
se  vint  hier  conjouyr  avec  moy  de  la  conclusion  du  ma- 
riage, par  ordre  de  la  cour.  L'ambassadeur  de  Portugal 
a  gagné  son  procès  contre  celuy  d'Espagne  et  sera  receu 
dans  le  carosse  du  Roy,  logé  et  défrayé  en  l'hostel  des 
ambassadeurs  et  conduit  solemnellement  à  l'audience  pu- 
blique.  La  meilleure  pièce  de  son  sac  estoît  l'exemple 
et  la  jalousie  de  la  France  et  de  nostre  Estât.  Le  Par- 
lement est  après  à  trouver  expédient  de  casser  l'armée 
d'Irlande.  Les  Eacossois  font  des  hardies  demandes,  se 
plmgnans  de  n'estre  payés,  prétendent  l'union  avec  cette 
couronne  et  part  au  conseil  et  gouvernement  des  deux 
royaumes.  Ce  procédé  desplaist  à  plusieurs  et  on  a  opi- 
nion qu'il  cessera,  dès  que  le  procès  dn  lieutenant  sera 
vuidé,  qui  ne  tardera  plus  guères.  C'est,  Monseigneur, 
la  respottce  que  V.  A.  me  demande,  peut-estre  superflue 
après  nos  précédentes;  c'est  au  moins  vous  rendre  conte 
de   mes  observations   et  devoirs.     Le  bon  Dieu,  Monsei- 


,,Googlc 


1641.  Uu*.]  —  414  — 

gnenr,  doint  k  Y.  A.,  le  contentement  et  la  santé  qn'elle 
désire. 

De  V.  A.  très-homble,  très-obéjasant,  et 
très-fidèle  Berviteur, 

FBAHÇOTS  D'AXSSBXN. 

De  Londres,  ce  28  mara  1641. 

Monseigneur.  Comme  l'ambassadeur  de  Portugal  se 
croit  plus  asseuré  dans  des  navires  de  l'Estat  que  de  ce 
Royaume,  j'ay  prié  le  vice-admiral  Witte  de  le  trans- 
porter, priant  par  mesme  voye  V,  A.  d'avancer  son  lieu- 
tenant il  l'estat  de  capitaine,  car  c'est  l'homme  du  monde 
qui  le  mérite  le  plus,  selon  que  l'avons  veu  en  l'occasion 
de  nostre  combat,  et  tous  trois  nous  luy  promismes  vostre 
iaveur. 

■fliETTKB  BCXCII. 

'  ?mÎ*  ^  iVtnce  tf  Orange  arts  ambastadatrs  en  Angleterre.    TaU 
se  prépare  pour  le  départ  du  jeune  Prince. 

Messieurs.  Depuis  la  dépêche  que  m'a  porté  le  S'  Ap- 
selye  te  S^  de  Lyere  m'a  rendu  celle  du  6  de  fêbvrier, 
n'estant  arrivé  que  le  24  du  courrant,  en  compagnie  de 
S'  Browne,  clercq  du  conseil  privé  du  Roy,  qnî  ansd 
m'a  porté  des  lettres  de  S.  M.  et  de  M'.  Vane;  mais 
tout  ct-'Ia  estant  si  viel  et  les  choses  ayant  changé  de  vi- 
sage entretemps,  de  sorte  que  le  Roy  s'est  déclaré  avoir 
aggréable  que  mon  fils  passe  la  mer  au  plustost,  pour  se 
marier  dès  qn'il  sera  arrivé,  sans  prétendre  plus  aucune 
combination  du  traicté  d'Estat  avecq  celuy  du  mari^, 
je  passeray  tout  le  contenu  de  la  dite  dépêche,  nouvel- 
lement arrivée,  et  me  rapporteray  a.  celuy  de  ma  dernière 
da  21 ,  pour  voua  dire  qu'en  conformité  d'icellny  je  con- 
tinue k  faire  prépiu^r  le  voyage  de  mon  fils,  espérant 
que  les  vaisseaux  qoi  le  doibvent  mener,  seront  prests 
au  premier  jour  et  qu'enstùtte  il  pourra  partir  dès  qae 
I  mirk/d  de  la  ■<«■  de  M.  dt  ZufUeiem. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  415  —  [IMl.  ATriL 

le  vent  servira.  Voua  m'obligerez  de  tenir  la  main  i.  ce 
que  tont  se  trouve  prest  et  conclu  à  sa  venue,  de  ma- 
nière qu'il  ne  pnisse  rien  rester  que  la  célébration  du 
mariage  en  sa  forme  solemnelle.  Cest  à  quoy  je  m'attens 
sur  la  parole  du  Boj  et  demeure  très- véritablement,  etc. 

Postdate.  Plusieurs  icy  se  formalisent  un  peu  de  la 
Siçon  dont  M'  l'Électeur  vous  a  traité  h.  la  visite  que 
voas  luy  avez  faicte  et  croyent  que  vous  eussiez  mieux 
iàict  de  vous  abstenir  de  le  veoir  que  de  recevoir  une 
telle  rencontre. 


LETTKB    DCXCSm. 

M.    de   Sommdtdych  au   Prince  cCOrange.     L«  tnariage  du 
jeune  Prince  est  populaire;  procès  de  Stafford. 

Monseigneur!  Ma  dernière  a  esté  du  29  en  responce 
de  la  voBtre  du  21  mars.  Nous  ne  faisons  plus  rien 
depuis  que  nostrc  contract  a  esté  signé.  M.  le  conte 
d'ArondeJ,  de  la  part  du  Koy,  a  déclaré  à  la  maison- 
haute  que  le  traicté  du  mariage  de  la  fille  aianée  avec 
le  jeune  Prince  d'Orange  a  esté  conclu ,  soubs  la  réserve 
de  quelque  temps  pour  le  transport  de  la  dite  Princesse 
sa  fille,  sans  qu'il  y  ait  esté  contredit,  mais  au  contraire 
on  nous  en  est  venu  de  touttes  parts  congratuler  l'alliance, 
applandye  généralement  de  tout  le  peuple  avec  mille  bé- 
nédictions. Leurs  Majestez  en  ont  usé  ainsi,  pour  faire 
cesser  les  menées  qui  s'en  faisoyent  au  contnûre,  de  sorte 
que  leur  déclaration  corrobore  tousjours  nostre  action.  Mon- 
seigneur l'Électeur  en  a  amorty  sa  poursuitte,  comme 
n'ayant  pensé  par  l'accroche  du  mariage  qu'à  &ire  sa  con- 
dition meilleure  au  traicté  d'Kstat,  duquel  toutesfois  on  ne 
nous  parle  plus  qu'en  passant;  sauf  que,  passé  cinq  jours, 
M.  Vane  me  dît,  plus  par  manière  d'acquit  que  de  des- 
sein pourpensé,  que  devant  mon  partement  le  Roy  voul- 
loit    faire    une  ligue  défensive  par  provision,  avec  espoir 


,,Googlc 


IMl.  Afrii)  —  416  — 

de  bientost  la  faire  suivre  d'une  autre  offensive;  mais  elle 
demeure  là,  soit  pour  les  occupations  au  Parlement,  soit 
pour  peu  à  peu  éluder  l'attente  de  M,  l'Électeur,  car 
l'Ëstat  et  la  bourse  y  sont  peu  préparez.  Un  ambassa- 
deur entretemps  doibt  aller  recommander  sa  cause  à  Ba- 
tisbone ,  au  traicté  particulier  avec  M.  le  duc  de  Bavifere. 
ÎTay  entretenu  la  contesse  de  Rosbom,  gouvernante  de 
nostre  Princesse,  et  tasché  de  la  guérir  de  plusieurs  es- 
tranges  opinions,  dont  elle  estoît  prévenue  contre  la  doa- 
ceur  et  civilité  de  vostre  cour  et  comme  y  appréhendant 
de  la  rudesse  i  un  naturel  sy  doux  et  tendre  qu'est  celay 
de  Madame,  dressée  de  sa  main  par  les  mesmes  règles 
que  l'a  esté  la  Royne  de  Bobème,  se  plaignant  par  exprès 
d'un  si  maigre  douaire  et  d'avoir  sy  fort  retranché  ses 
menuz-plaisîrs  qu'elle  n'aura  aucun  moyen  de  ^le  la 
moindre  récompense  à  ceux  qui  l'en  sommeront  par  la 
fidélité  de  leurs  services;  mais  je  croy  l'avoir  assez  re- 
dressée, au  moins  a-elle  lié  la  partye  avec  moy,  de  s'en 
prendre  à  moy,  sy  on  ne  rencontre  le  contentement  leqael 
je  luy  ay  faict  espérer.  V.  A.  voit  que  c'est  encor  quelque 
effect  de  ceux  qui  ont  vouln  traverser  le  mariage ,  jusques 
là  mesmes  que  leurs  Majestez  et  les  commissaires  aussy, 
après  le  traicté  conclu ,  eussent  fort  désiré  de  faire  amen- 
der par  nous  l'article  du  dit  douaire  et  des  menuz-pliùsirs; 
mms  cela  s'est  passé  tout  doucement,  sans  innovation,  et 
le  meilleur  est  que  leurs  Majestez  demeurent  résolues  <le 
parfaire  .cette  alliance  et  d'asseurer  par  là  une  amitié  réci- 
proque. Il  nous  &udra  voir  ce  qu'obtiendrons  sur  le  trans- 
port, qui  seroit  le  courronnement  de  l'oeuvre.  S.  Â.  aura 
droict  de  le  demander  après  la  solemnisation  de  son  ma- 
riage, et  ce  pendant  préparerons  ceux  qui  y  peuvent.  I^ 
Princesse  Elisabeth  est  fort  malade  et  fiit  signée  trois 
jours  y-a;  M'  de  Mayeme  qui  la  sollicite  en  espère  peu. 
Nostre  âancée  a  recen  la  lettre  de  monseigneur  le  Prince 
Tostre  filz;  leurs  Majestez  disent  que  c'est  la  première 
et  qu'elle  respondra  d'un  beau  style;  sy  ce  vent  laoï- 
mène,    il    la   poiura  prévenir;    toute    la   cour  l'attend  et 


,,.CooglL- 


—  417  —  fiaii.  Avril. 

soahaitte  qa'it  fîist  ilesjà  passé;  la  maison  d'Arondel  est 
toutte  meublée  et  en  estât,  et  nous  n'attendons  que  de 
ses  nouvelles  pour  aller  trouver  S.  A.  à  sa  descente.  —  Le 
Parlement  travaille  depais  lundy  au  procès  du  lieutenant 
avec  grande  chaleur.  Le  Roy  le  voudroit  voir  sauvé  et 
d'une  l(^  oyt'  avec  la  Royne  son  accusation  et  sa  défense; 
la  maison  des  communes  est  roide  et  toutte  persuadée 
qu'il  leur  a  voullu  oster  la  liberté  et  la  bourse  et  changer 
la  religion  et  les  loix,  maïs  il  soubstlent  vertement  sa 
cause,  avec  un  merveilleux  courage  et  faconde.  Il  n'y 
a  pour  lui  à  craindre  que  les  dépositions  et  la  haine  du 
peuple,  juge  et  parlye  ensemble.  Le  Parlement  a  &ict 
fondz  pour  jetter  22  navires  en  mer,  à  la  senreté  des 
costes,  entend  de  faire  casser  l'armée  d'Irlande  et  de  con- 
tenter celle  des  Escossois,  pour  prévenir  les  désordres; 
les  ofSders  sont  renvoyez  en  celle  du  Roy,  qui  manque 
de  paye  et  de  pain.  Cette  despense  est  approuvée  et  sera 
continuée  jusques  au  jugement  du  procès,  que  les  Escos- 
sois pressent  instamment,  instiguez,  comme  on  croit,  par  une 
grande  partie  du  Parlement  mesmes.  Les  deux  ambassa- 
deurs de  Portugal  feront  devers  ce  soir  leur  entrée  solem- 
nelle.  V.  A.  verra,  s'il  luy  plaist,  le  surplus  en  nostre 
lettre  commune.  Sur  ce  je  prie  Dieu  de  dopner  îi  V.  A., 
Monseigneur,  prospérité  en  ses  desseins,  avec  santé  et 
longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

PaANÇOYS  d'abbssek. 
De  Londres,  ce  4  avril  1611. 


■  t  LBTTRE  DCXCIV. 

Le  Prince  <f Orange  aux  Ambatsadeur»  en  Angleterre.    Ré-  ^ 
ponse  à  la  leUre  689. 

Messieurs.    Vos  lettres  du  26  du  passé,  que  le  fila  de 
Sas   me  rendit  le  31,    m'ont  autant  réjoay  que  celles  du 
I  wÙHMie  de  U  main  Je  M.  de  Znyliciesi. 

m.  27 


,,  Google 


1641.  Airil,!  —   418   — 

22,  que  je  receus  la  sepmaine  passée,  m'avoyent  inquiété, 
voyant  que  les  traverses  que  vous  avoyent  suscité  les 
ministres  de  M'  l'Electeur,  avoyent  tellement  gaigné  le 
dessus,  que  ne  pouviez  venir  à  bout  de  voz  commissaires 
pour  la  signature  du  traictë.  A  l'encontre  de  quoy,  mainte- 
nant qu'il  a  pieu  au  Roy  et  à  la  Reine  d'oser  de  leur  antho- 
rité ,  et  l^re  dissiper  toutes  ces  menées ,  de  manière  qu'enfin 
les  articles  sont  signés  et  scellés,  je  recognois  en  estre  uni- 
quement redevable  à  leurs  Majestez,  sans  la  bonne  volonté 
desquelles  et  les  prudents  offices  que  véritablement  vous 
y  avez  apportez  jusques  an  bout,  il  y  avoit  bien  de  l'in- 
convénient à  craindre  du  costé  de  mondit  sieur  l'£lectear, 
qui  proprement  ne  semble  avoir  visé  qu'à  rompre  le 
traicté;  car,  pour  ce  qui  est  des  articles  qu'il  a  mis  en 
avant,  s'il  eust  désiré  à  bon  escient  qu'il  en  fust  parlé 
par  delà  avecq  fruict,  il  pouvoit  les  avoir  communiquez 
icy ,  d'où  voua  devoît  venir  l'autorisation  pour  en  traicter, 
comme  vous  avez  fort  bien  respondu  sur  ce  subject  Je 
me  tiens  au  reste  depuis  ceste  signature  hors  de  tout  soucj, 
pressant  le  voyage  de  mon  âls,  en  sorte  que  j'espère  qu'il 
pourra  partir  vers  le  8  on  10  de  ce  mois,  si  le  vent  est 
bon.  —  n  est  bien  à  propos  que,  les  choses  estant  conduittes 
à  ce  point,  on  ne  remue  plus  ouvertement  le  point  du 
transport  de  la  Princesse,  jusqu'à  ce  que  mon  fils  soit 
arrivé,  mais  si  entretemps  il  y  avoit  moyen  d'obtenir  un 
article  secret  toncbant  l'exercice  de  la  Religion,  par  lequel 
ï!  fust  dit  que,  nonobstant  l'article  qui  en  a  esté  mis 
au  traicté  par  forme ,  S.  M.  entend  que  la  Princesse  aon 
à  se  conformer  en  cela  à  l'exemple  de  la  Reine  de  Bo- 
hème, ce  seroit  avoir  gaigné  un  point  de  beaucoup  d'im- 
portance, pour  plusieurs  considérations  que  je  n'ay  que 
faire  de  vous  représenter.  Vous  vous  souvenez  comme 
d'abord  le  Roy  et  messieurs  les  commissaires  avoyent  comme 
remis  cet  article  en  vostre  arbitre,  pour  en  user  àts 
que  je  le  désirerois.  Cela  me  faict  espérer  que  ceste  in- 
stance, renouvellée  avecq  discrétion,  pourroit  réussir  à 
souhait,  mais  je  m'en  remets  à  vostre  sagesse  et  circum' 


,,.CooglL- 


—   419    —  [1641.  Ami. 

spectîon,  pour  en  avoir  ressenti  jusques  ores  de  si  bons  et 
heureux  efîects,  que  je  ne  pais  me  cesser  de  tous  tes- 
moigDer  la  grande  obligation  que  je  sçay  vous  en  avoir. 
Cest  ce  que  je  feray  encor  mieux  par  mes  services,  à 
toutes  les  occasions  que  j'en  poarray  avoir,  pour  vostre 
bien  et  cootentement.  Je  vous  prie  d'en  fiûre  estât  et  de 
me  croire  véritablement  etc. 

L'ambassadeur  de  France  me  dît  hier  d'avoir  advîs 
que  M'  de  Vendosme  sembloît  incliner  h  se  rendre  en 
ces  payz,  de  quoy  si  vous  vous  appercevez,  je  pense  qu'il 
geroit  h,  propos  de  mettre  peine  '  discrètement  à  le  divertir 
de  ce  dessein,  veu  le  prédicament  où  il  est  auprès  du 
Roy  et  de  M'  le  Cardinal. 


■  t  LETTRE    DCXCV. 

Le  même  à  M.  de  SommeUdyck.     Réponte  à  la  lettre  691. 

Monsieur.  Ma  lettre  générale  d'aujourdbuy  sert  de 
responce  &  celle  que  m'avez  escrit  en  commun,  le  26  de 
mars,  dont  aussi  la  duplicate  m'est  remt  par  terre  assez 
en  mesme  temps.  Celle  de  vostre  main,  du  2S,  a  suivi 
tost  après  et  m'a  reconfirmé  la  bonne  nouvelle  que  m'aviez 
donnée  de  la  signature  de  nostre  traîcté.  Vous  m'avez 
obligé  de  me  marcquer  par  le  menu  les  particularités 
de  ce  qui  s'est  passé  depuis  ceste  conclusion,  et  j'avoue 
volontiers,  que  c'est  pour  la  plus  part  ù  l'assiduité  de  vos 
peines,  comme  à  la  prudence  de  vos  conseib,  que  je  doibs 
imputer  l'heureuse  issue  de  ceste  négociation,  traversée 
au  possible  par  ceux  qui  ont  faict  la  mine  d'y  chercher 
leurs  intérests,  mais  assez  hors  de  saison  et  de  propos, 
comme  je  voy  que  vous  l'avez  bien  donné  à  cognoistre 
où  il  appartenoit.  Il  se  parle  aussi  bien  ouvertement  icy 
du  voyage  que  vous  dites  qu'on  avoit  advis  que  la  Keine 
de  Bohême  feroit  en  Angleterre,  mêmes  dans  sa  propre 
maison,  mais  jusques  à  présent  il  n'en  est  rien  d'asseuré.  — 

'  Belgieûme  monte  dom. 

■  Mimle  de  la  inn  de  M.  de  SomaieUdgdl. 


,,  Google 


1641.  ATril.] 


—  420  — 


L'ambassadeur  de  Portugal,  que  tous  avés  veu  k  Londres, 
a  mis  pied  à  terre  à  Helvoetsluis  et  s'en  vient  à  Rot- 
terdam, pour  estre  receu  ici  au  premier  jour  de  là,  avecq 
ce  qu'il  fault  de  formalité.  —  Quand  au  voyage  de  mon 
fils,  vous  voyez  ce  que  je  vous  en  escris  et  ne  reste  qutsi 
plus  rien  qu'il  doive  attendre  que  le  bon  vent  .Tespire 
qu'il  en  sera  favorisé  au  passage  et  tousjoors,  Monsieur, 
d'avoir  un  jour  occasion  de  me  ressentir  en  vostre  endroict 
de  la  bonne  volonté  que  voua  me  tesmoignez  par  tant 
d'effects,  comme  me  disant  très-véritable,  etc. 


t  LETTRE   DC€XVI. 

Lta   Ambataadeura  m  Angleterre  au  Prince  ^Orange.    Ré- 
ponse à  la  UUre  692. 

Monseigneur!  Du  36  mars  avons  nous  par  deux  voies 
donné  advia  k  V.  A.  de  la  signature  du  contract  de  nos- 
tre  mariage,  et  Sas  en  a  porté  la  copie  par  mer,  laquelle 
vous  aura  faïct  voir  que,  pour  mettre  la  dernière  nuùn 
à  cette  ambassade,  il  ne  reste  que  d'attendre  que  mon- 
seigneur le  Prince  voatre  fila  à  aon  tour  vienne  Êiire  ce 
qui  dépend  de  lu^;  leurs  Majestés  en  sont  tonttes  réso- 
lues, mais  s'il  tarde,  la  solemnisation  pourra  se  remettre 
après  Fasques,  car  le  careame,  principalement  la  aepmaioe 
aaincte,  retient  en  ce  royaume  beancoup  dea  choses  de 
la  papauté.  Depuis  l'achèvement  du  traicté  nous  cbom- 
mons  d'af^^rea  et  ne  nous  parle-on  en  aucune  &çon  d'une 
alliance  d'Estat,  peut-estre  à  cause  de  ce  qui  se  fiiict  sa 
Parlement,  où  les  espritz  de  tous  sont  entièrement  banda, 
qtù  pour  sauver,  qui  pour  perdre  le  lieutenant  d'Irlande; 
peut-estre  meamea  par  ce  qu'on  ne  s'en  volt  encor  en 
estât.  Bien  est  vray  que  M.  l'Electeur  nous  demanda  ces 
jours  passés  à  quoy  en  estions,  avecq  quelque  plainte  que 
journellement  il  en  parloit  au  Roy  et  aux  commissaires, 
sans  qu'il  s'en  avançast  rien.     Les  lettres  de  V.  A.  du 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—   421    —  [IMI.  Arril. 

21  et  28  dn  dit  mois,  nous  ont  esté  rendues,  mais  alors 
vous  ne  sçaviez  point  encor  le  succez  de  nostre  besoigne, 
lequel  a  esté  loué  dedans  et  dehors  le  Parlement,  et  voit 
A.  A.  sont  tenues  de  ce  bénéfice  à  l'intervention  de  leurs 
Majestez,  sans  laquelle  il  nous  eust  été  très-difficile  de 
chevir  '  de  nos  commissaires,  qui  favorîsoyent  soubs  main 
aux  traverses  de  ceux  qui  par  1^  espéroyent,  ou  de  ren- 
verser le  traicté,  ou  d'y  trouver  leur  condition;  maintenant 
toat  cela  cesse  et  le  Parlement  n'y  a  plus  que  voir,  depuis 
que  le  Roy  les  a  adverty  par  M'.  le  conte  d'Arondel  que 
tout  estoit  passé  et  signé  ;  ce  que  Y.  A.  peut  prendre 
pour  nouvelle  corroboralion  de  nostre  contract,  publié  en 
mesme  temps  par  nos  feux  de  joye.  L'bostel  d'Arondel 
est  prest  et  richement  meublé;  rien,  aydant  Dieu,  ne  man- 
quera k  la  réception  de  S.  A.  Noua  sommes  après  k 
informer  du  prix  de  l'argent  et  de  sa  &çon,  pour  com- 
mander les  présents  portez  par  vostre  lettre;  il  ne  s'y 
perdra  aucun  temps,  car  nous  commençons  à  nons  lasser 
de  ce  séjour  inutile.  Madame  a  receu  la  lettre  de  mon- 
seigneur le  Prince;  leurs  Majestez  déclarent  que  c'est 
sa  première  et,  sy  elle  respond,  que  ce  sera  d'un  beau 
style;  encor  nous  faut-il  tascher  de  le  voir.  Pour  retourner 
à  la  lettre  de  V.  A.  nous  pensons,  soubs  correction,  que 
l'avantage  prins  par  monseigneur  l'Électeur  en  sa  maison 
sur  nous  ne  nous  sçanroit  estre  imputé,  car  l'ayant  en- 
treprins  de  fidct  avisé,  en  tout,  nous  n'avions  moyen  de 
le  fiùre  redresser  qu'en  nous  retirant  avecq  protestation, 
ce  que,  sans  expresse  charge,  n'aurions  voulu  faire,  de 
peur  de  gaster  nostre  besoigne;  mais,  s'il  est  trouvé  bon, 
on  pourroit  pour  l'avenir  s'abstenir  de  le  veoir,  sans  tou- 
tesfois  en  dire  la  raison  qu'après  la  célébration  de  nostre 
mariage,  attendu  qu'il  a  tout  plein  d'amis  qui  nous  ponr- 
royent  embrouiller;  nous  ferons  toutesfois  ce  que  l'Estat 
en  ordonnera.  Le  Eoy  envoyera  un  ambassadeur  k  Ra- 
tisbonne,  comme  fera  pareOIement  celuy  de  Dencmarck, 
pour  assister  de  conseil  et  de  support  celny  que  M.  l'Élec- 
'  triompber. 


,,  Google 


lui.  Avril] 


—   422    - 


teur  y  dépêche  sur  le  traicté  particulier  avec  le  duc  de 
Bavière.  Les  ambassadeurs  de  Portugal  firent  hier  leur 
solemnelle  entrée  en  cette  ville;  c'est  quasi  la  seule  nou- 
velle à.  mander,  sy  ne  présumons  d'y  mesler  une  partye 
de  ce  qui  se  traicte  au  Parlement,  mais  n'estant  encor 
qoe  projects  et  déhats  de  douteux  événement,  V.  A.,  s'il 
luy  plaîst,  trouvera  bon  que  finissions  par  prier  Dieu  de 
donner.  Monseigneur,  prospérité  aux  désirs  et  desseins  de 
V.  A.,  avec  santé  et  longue  vie  à  vostre  personne. 

De  y.  A.  les  très-humhles,  très-obéissans  et 
très-fidelles  aerviteurs. 

H.   W.  V.   BBEDEaODB.      FBANÇUTS   n'AXBSSEN. 
HEBNVUBT.      t 

De  Londres,  ce  6  d'aïrU  1641. 


LBTTmE  Dcxcvn. 

Le  Prince  Frédéric- Louis  de  Deux-PonteÇ)  à  M.  de  ZuyliiAem. 
Il  regrette  ne  pouvoir  rester  au  service  des  Provinces-  Unie*. 

Monsieur.  Vous  avez  raison  de  vous  remettre  en  la 
vostre  sur  celle  que,  par  commandement  de  monsieur  le 
Prince  d'Orange  mon  oncle,  m'a  escrit  M'  Eivet,  touchant 
sa  volonté  sur  le  snbject  de  mon  retour  en  vos  quartiers, 
lequel,  à  mon  départ  de  la  Haye,  je  ne  croyois  pas  se 
debvoir  estendre  jusques  à  ce  temps  icy,  moins  encor 
qu'on  y  auroit  désagréable  mondit  retour.  Autrement  j'y 
eusse  fait  des  adieas  de  plus  longue  haleine;  mais  puis- 
que cela  est,  ainsi  que  la  vostre,  Monsieur,  me  le  con- 
firme, là  où  mesme  on  me  refuse  un  pauvre  vaisseau  de 
guerre  pour  aller  servir  en  cette  campaigne  (ce  qu'on  ne 
fait  pas  au  moindre  officier  ou  marchand),  la  volonté 
et  le  commandement  de  Monsieur  mon  oncle  me  sert  de 
loix  et  je  me  sçais  plaire  en  ce  que  la  nécessité  me  rend 
inévitable;  ainsi  que  je  vien  de  mander  plus  amplement 

(1)  Vajez  Ici  IsKtm  US  et  006. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   423   —  [IMl.  Avril. 

à  mondit  S'  Ëivet;  marri  seulement  que  je  ne  sache 
avec  quoj  j'aye  mérité  tel  traittement,  veoant  d'un  lieu 
où  je  debvrois  en  ce  triste  temps  avoir  tout  mon  recours. 
Mais  me  rapportant  k  ce  quy  en  est;  puisque  la  raison 
mcsme  a  bien  de  la  peine  à  comprendre  qu'un  pauvre 
nepven  n'y  ait  sceu  trouver  tant  des  moyens  qu'il  eust 
peu  passer  seulement  un  manvais  pas  durant  les  misères 
générales;  sur  tout  m'en  remettant  à  Celuy  quy  conduit 
tout  et  quy  sçait  et  voit  mon  innocense,  quel  extrême 
que  soit  le  ressentiment  quy  m'en  demeure,  je  ne  laisse 
paa  pourtant  de  prier  le  Ciel  du  meilleur  du  coeur  qu'il 
luy  plaise  continuer  ses  miracles  en  ce  cher  pays  là,  pour 
la  liberté  et  repos  duquel  monsieur  mon  grand-përe  '  a 
jette  les  premiers  fondements.  Vous  remerciant  quand  et 
quand.  Monsieur,  de  tant  de  solides  obligations  dont 
m'avez,  durant  mon  séjour  à  la  Haye,  rendu  le  vostre. 
Et  jaçoît  que  quand  à  présent  je  soye  hors  des  moyens 
de  m'en  pouvoir  revanger,  si  est-ce  que  j'espère  qu'enfin 
la  chance  se  tournera;  là  où,  comme  en  tontes  autres  oc- 
casions quy  s'ofiriront,  je  vous  feray,  quoy  qn'esloigné, 
paroistre  avec  quelle  passion  je  suis,  Monsieur, 

vostre  bien  humble  à  vous  rendre  service, 

FBiDKBIC-LOOrs  PKINCB  PALATIN. 

De  MoQtfoort,  ce  6  avril  1611. 


't  LETTRE  DCXC^nU. 

Le  Prince  <f  Orange  aux  Ambatsadeure  en  Angleterre.    Let-  ■ 
très  de  remeràments  pour  le  Roi  et  la  Reine. 

Messieurs.  Bien  que  mon  fils  soit  si  prest  de  partir 
qu'il  n'y  a  plus  que  le  vent  qui  l'arreste,  il  m'a  semblé 
ne  pouvoir  plus  différer  le  remerciment  que  je  doibs  au 
Roy  et  à  la  Reine,  de  ce  que,  passant  dessus  les  tra- 
verses   suscitées    contre    nostre  traicté,   il  leur  a  pieu  le 

>  Guilliams  I. 

*  mimae  dt  la  mm»  4t  M.  lU  ZufUeiai. 


,,  Google 


ICll,  Ayril.]  —    424    — 

faire  conclurre  et  signer  par  l'inlerposition  absolue  de  leur 
authorité.  C'est  à  quoy  tendent  les  deux  lettres  cy-joinc- 
tes,  que  je  vous  prieray  de  présenter  à  leurs  Majeslez, 
si  ainsi  le  jugerés  convenir,  avecq  ce  que  vous  cognoissez 
la  matière  requérir  d'office  et  de  compliment  J'adjousteray 
ceste  obligation  à  toutes  les  précédentes  et  vous  en  tesmoig- 
oerez  mou  ressentiment  à  tousjoura,  comme  estant,  etc. 


•  flLKTTKE   DCXCIX 

Le  même  aux  mêmes.      Le  jeune  Prince  va  partir. 

Messieurs.  J'envoye  enfin  mon  fils  en  Angleterre,  pour 
s'y  présenter  à  la  célébration  de  son  mariage,  en  suitte 
de  ce  qui  a  esté  contracté  et  de  l'asseurance  qu'il  a  pieu 
au  Roy  nie  donner,  qne  ceste  solemnité  sera  faicte  à  son 
arrivée  et  sans  remise.  Je  vous  prie  donq  de  vouloir 
tenir  la  main  à  ce  que  cela  se  parachève  au  plustost  et 
mesmcs  que,  pour  consommation  finale,  il  soit  trouvé  bon 
que  les  deux  mariés  puissent  coucher  ensemble.  Après 
tout  cela  il  sera  temps  que  vous  vous  disposiez  à  vostre 
retour,  selon  ce  qne  vons  en  escrivent  messieurs  les  Estats, 
et  que  mon  fils  aussi  commence  à  presser  son  congé,  en 
allégant,  comme  II  sera  véritable,  que  l'armée  estant  en 
campagne,  il  luy  importe  de  s'y  trouver  en  personne,  pour 
y  continuer  l'apprentissage  du  mestier  de  la  guerre.  En 
suitte  de  quoy  aussi  il  pourra  prendre  occasion  de  sup- 
plier leurs  Majestez  de  trouver  bon  que  Madame  son 
épouse  puisse  bientost  après  passer  la  mer,  qui  est  le  point 
principal,  auquel  je  vous  prie  de  vouloir  joindre  tout  ce 
qne  pourrez  d'ofBces  et  persuasions,  selon  l'importance  que 
vous  en  cognoissez.  Je  suis  assez  en  peine  de  la  Taçon 
dont  mon  fils  aura  à  se  comporter  à  sa  première  audience, 
à  sçavoir  s'il  conviendra  qu'il  se  couvre  devant  leurs  Ma- 
jestez ou  point.  Vous  verrez  la  qualification  que  mes- 
sieurs les  Estats  ont  trouvé  bon  de  Iny  donner  par  nu 
'  minn/e  de  ta  mai»  de  if.  de  Zut/Ueiem. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—   425   —  [IMl.  Avril. 

acte  exprès,  qu'il  voas  commaniquera,  mais  pour  tout  cela 
il  me  semble  plus  à  propos  qu'il  demeure  descouvert,  et 
en  ce  cas,  ai  vous  vous  y  trouvez  touts  présents,  il  fau- 
droit  penser  a  quelque  e^cpédient,  au  moyen  duquel  la 
bienséance  fut  conservée,  sans  que  l'honneur  de  l'Estat 
fnst  intéressé  en  vos  personnes.  Vous  m'obligerez  d'y 
adviser  meurement  et  de  diriger  mon  fils  en  cela  et  en 
toute  autre  occarence  de  vos  prudents  advis  et  conseils, 
suivant  lesquels  je  luy  ay  ordonné  de  se  régler  et  gou- 
verner partout,  particulièrement  aussi  en  ce  qui  est  de 
la  distribu^on  des  présents  qu'il  porte  quant  et  luy,  selon 
le  mémoire  qu'il  vous  en  fera  veoir.  Après  quoy  il  ne 
me  reste  que  de  vons  asseurer  que  la  considération  de 
toutes  les  peines  qne  vous  prenez  ^  mon  subject,  m'o- 
bligent de  plus  en  plus  &  recercher  les  occasions  de  vous 
tesmoigner,  par  des  véritables  effects  de  gratitude ,  que  je 
suis  d'entière  affection,  etc. 

Post  date.  Depnîs  cette  lettre  escritte,  j'ay  pensé  en- 
cor  à  la  façon  dont  mon  fils  aura  à  se  comporter  avecq, 
monsieur  l'Électeur,  et  me  semble  que,  quand  il  se  trou- 
veront ensemble  en  lieux  neutres  et  indifférents,  il  n'y  a 
point  de  difficulté  que  M'  l'Électeur  passe  devant  luy, 
mais  qne  dans  le  logis  dn  S'  Électeur  il  est  raisonnable 
que  mon  fib  ayt  la  main  et  la  précédence.  —  J'espère  de 
vous  revoir  avecq  luy  bien  tost  et  en  bonne  santé,  pour 
encor  lors  vous  rendre  mes  remercimens  plus  particu- 
liers de  la  bonne  volonté  que  vous  me  tesmoignez  et  des 
preuves  que  j'en  ay  tant  reçues  en  ceste  occurence. 


*  LETTKE   DCC. 

/jea  Ambaïaadmrs  en  AngUterre  au  Prince  iPOrange.   Nou- 
velle diverse». 

Monseigneur.  N'estoit  qne  devons  continuer  ce  train, 
nous  ne  sçaurions  bonnement  qu'escrire;  car  ce  qui  se  faict 
au   dehors,   vous   vient  des  lieux   mesmes    avec   plus  de 


,,Googlc 


IHl.  A.iil.]  —  426   — 

certitude  et  ce  [târroter]-cy  entretient  les  choses  en  lon- 
gueur et  doute  sur  ce  qui  résultera  des  débats  du  Par- 
lement, oà  il  semble  que  les  soubçons  s'augmentent  On 
s'en  pensoit  à  la  fin,  pour  avoir  esté  le  lieutenant  ouy 
sur  les  articles  de  son  accusation,  mais  c'est  encor  aux 
advocats  à  contester  du  droict;  tons  autres  affaires  ces- 
sent cependant,  pour  laisser  précéder  ce  jugement.  Cette 
ville  est  après  à  prendre  sur  les  plus  aysés  par  emprunt 
douze  cens  mille  livres ,  pour  arrester  les  désordres  et  le 
progrès  des  armées;  celle  d'Irlande  ne  sçanroit  estre 
cassée,  du  gré  du  Roy,  que  les  autres  ne  le  soyent  de 
mesme;  l'escossoise  s'est  logée  le  long  de  la  rivière  du 
Teyn,  pour  y  prendre  ses  seuretés  contre  la  proposition 
portée  au  Parlement,  au  nom  de  quelques  chefe  en  l'an- 
gloise ,  de  la  chasser  de  vive  force  hors  le  Royaume;  ainsy 
touttes  les  trois  s'entretiennent  inutilement  à  grand  charge, 
ce  qui  est  pour  durer  tant  qu'on  ne  s'entende  mieux  an 
Parlement,  où  le  Roy  ne  s'est  lassé  d'assister  tout  à  des- 
couvert, depuis  le  matin  jnsqnes  à  la  séparation,  prenant 
cocnoissance  de  toute  l'action  intentée  contre  le  lieutenant, 
jusquea  à  en  cottcr  les  raisons  de  sa  m^n  propre.  Cela 
donq.  Monseigneur,  est  cause  que  la  matière  d'un  pins 
solide  entretien  nous  manque.  Noz  précédentes  ont  esté 
du  5  et  du  12.  H  y  a  quattre  jours  que  celle  de  V.  A. 
du  4  nous  a  esté  rendue;  nous  imputons  k  grand  grâce 
que  y.  A.  approuve  nostre  besoigne;  certes  elle  a  en 
de  la  iaçon  et  des  heurtz  ';  maintenant  tout  cola  est  eSâcé, 
sans  qu'il  s'en  parle  plus  que  pour  s'en  conjouyr  avec 
nous,  attendant  qu'un  bon  vent  amène  monseigneur  le 
Prince  vostre  fîls,  pour  par  la  solemnisatîon  du  mariage 
achever  ce  qui  reste,  en  quoy  il  ne  trouvera,  aydantDiea, 
aucun  retardement.  Nous  verrons  cy-après  s'il  y  aura 
occasion  et  apparence  de  redresser  quelque  chose  en  l'ar- 
ticle touchant  la  cérémonie  angloise,  puisque  V.  A.  s'y 
aheurte,  non  obstant  que  le  Roy  et  tous  les  commissaires 
ensemble  en  ayent  remis  l'observation  et  l'usage  à  vostre 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   427   —  [1641.  Anfl. 

volonté;  mais  n'en  avons  peu  obtenir  la  déclaration  par 
escrit,  et  le  Boy  en  dit  ses  raisons;  peut-estre  seroit-il 
plus  k  propos  de  penser  aux  senls  moyens  du  transport, 
sans  prétendre  de  rien  altérer  ou  innover  au  traicté,  de 
peur  d'en  donner  exemple ,  car  on  n'est  pas  trop  satisfaict 
dn  douaire  ny  des  menuz-plaisirs ,  qu'on  nous  pourroit 
remettre  en  jeu.  Nous  pouvons  déclarer  véritablement  à 
V.  A.  que  rien  n'a  esté  accordé  légèrement  en  cet  article, 
mais  le  voyans  rétracter  par  nos  commissaires,  non  sans 
dessein  d'accrocher  tontte  la  négotiation ,  tandis  qu'an 
Parlement  on  estoit  après  d'accoupler  le  mariage  avec  un 
traicté  d'alliance  auquel  les  intérests  de  M'  l'Électeur 
seroyent  comprins ,  nous  estimions  plus  seur  de  nous  con- 
tenter de  leur  explication  verbale ,  sçavoir  d'en  user  selon 
que  y.  A.  l'ordonnera,  que  par  plus  longue  contestation 
remettre  nos  espérances  en  doute.  Toutesfois  apr^  la 
venue  de  S.  A.  cet  affaire  se  poura  résumer,  selon  la 
rencontre  des  humeurs,  avec  cette  précaution  tousjonrs 
de  ne  rien  gaster  ailleurs.  —  H  y  a  quatre  jours  que 
M'  Vane  nous  vint  recommander,  de  la  part  du  Roy, 
deux  choses,  de  nous  faire  authoriser  sur  le  mémoire  de 
S.  A.  É.  au  traicté  qui  se  pourra  faire,  et  l'autre  de 
tenir  la  main  que  l'accord  s'achève  entre  les  deu.\  com- 
pagnies Orientales,  attendu  que  M.  Boswyl  se  plaint  que 
les  nostres  reculent,  contre  l'espérance  contraire  qu'en  avons 
donnée.  Nostre  responce  fut,  que  les  demandes  de  M. 
l'Ëlecteur  ont  esté  envoyées  à  messeigneurs  les  Estats  et  à 
V.  A.,  mais  que  l'escheq  que  Bannier  vient  de  recevoir ('), 
a  tellement  changé  la  face  des  affaires  en  l'Empire  que 
chascun  qui  le  confine ,  aura  plus  à  penser  à  ses  propres 
seuretés  qu'à  s'engager  en  des  projects  qui  ont  plus  de 
péril  et  de  coust  que  de  solidité  ny  d'apparence.  Aussy 
estimons  nous.  Monseigneur,  que  cette  proposition  procède 
plustost  d'ailleurs  que  du  mouvement  du  Roy,  qui  con- 
noist  trop  mieux  que  ses  affaires  ne  eçauroyent  encor  de 

(1)  Les  Impàiiui  mu  Pîeeolomini  ■«awnt  hilli  ■cctbier  l'umfB  SiMaiit. 


,,Googlc 


1641.  Aïril.]  —   428   — 

quelque  temps  en  estre  en  eetat.  Sur  le  différent  des 
Indes,  nous  l'avons  asseuré  de  nos  offices;  supplions  par- 
tant V.  A.  de  s'en  souvenir.  L'ordinaire  est  encor  à  venir; 
s'il  a  de  voz  lettres,  elles  ne  sçauroyent  estre  respondues 
qu'après  hnictaine.  Sur  ce  nous  prions  Dieu,  Monseigneur, 
pour  la  prospérité,  santé  et  longue  vie  de  vostre  A. 

De  y.  A.  très-humbles,  très-obéyssans 
et  très-fidelles  serviteurs, 

H.   W.  V.   BBEDBKODE.      FBAV9OI3   D'AESSSBN. 

d'kebckhoven  d'hebnvlirt.     ALB.  JOACHIKI. 
De  Londres,  ce  19  avril  1641. 


Marril 


'  t  LETTBE  DCCI. 

Le  Prince  ^Orange  à  M.  de  Sommdedyck.    M  faudra  tâcher 
d^ obtenir  le  traneport  de  la  Princette. 

Monsieur.  Les  rapports  du  baron  de  Dona  et  les  let- 
tres qu'il  m'a  portées  m'ont  assez  faict  comprendre  comme 
il  ne  fatdt  plus  penser  à  ce  qu'on  avoit  espéré  de  veoir 
que  la  Beine  de  la  Grande-Bretagne  en  personne  vienne 
à  passer  la  mer  et  &  nous  mener  madame  la  Princesse 
sa  fille,  à  raison  de  l'obstacle  que  le  Parlement  y  a  donné, 
et  me  semble  ensnitte,  selon  le  sentiment  que  je  voy 
qu'aussy  vous  en  avez,  qu'il  ne  reste  présentement  que 
d'attendre  la  responce  du  Boy  à  la  lettre  par  laquelle 
messieurs  les  Estats  ont  prié  S.  M.  de  persuader  la  Beine 
à  entreprendre  ce  voyage,  et  icelle  responce  veue  (par 
laquelle  apparemment  le  dît  obstacle  du  Parlement  sera 
allégué)  qu'au  retour  du  Boy  de  son  voyage  d'Escosse,  il 
sera  à  propos  d'envoyer  quelque  personne  de  conduitte  en 
Angleterre,  pour  y  solliciter  le  transport  de  madame  la 
Princesse,  an  nom  de  messieurs  les  Estats  et  le  mien, 
accompagnée  mesme  de  quelques  lettres  à  des  princïpsux 
du  Parlement,  pour  les  employer  avecq  cognoissance  de 
S.  M.  et  de  son  bon  gré,  à  faciliter  la  résolution  du  trans- 
'  xiRii/f  de  la  Moiii  de  M.  de  ZuylicÀlm. 


,,  Google 


—  429  —  [i«4i.  àTfU. 

port,  lequel  enfin  je  toj  que  nons  n'obtiendrons  jamais 
sans  l'adveu  du  Parlement.  Je  tous  remercie  de  la  peine 
que  prenez  à  m'en  dire  vos  considérations  et  vous  assenre 
que  c'est  m'obliger  à  tous  tesmoigner  tousjours  que  Je 
suis  etc. 


.  ■  t  LBTTK»    DCCII. 

Le    même    aus    Ambanadeurs  en   Angleterre.     Il  désire  le   ^ 
retour  deâ   of/lciere  angloù  et  Scosama  pour  Couverture  <U 
la  campagne. 

Messieurs.  Ce  n'est  ici  que  pour  voua  prier  de  too- 
loir  prendre  la  peine  de  faire  entendre  aux  coronels,  ca- 
pitaines et  autres  ofBciers  anglois  et  escossoîs  qui  sont 
par  de^  et  dont  je  n'en  voy  point  revenir  jusqu'îi  présent, 
qu'ils  ayent  tons  à  se  trouver  an  debvoir  de  leurs  cbar- 
ges,  an  premier  jour,  parce  que  je  suis  après  à  dépêcher 
les  ordres  pour  mettre  l'armée  en  campagne,  tout  sur  le 
commencement  du  mois  de  niay,  pourquoy  ils  n'en  doib- 
vent  point  demeurer  en  hute.  Four  mon  fils,  il  y  a 
desjà  cinq  ou  six  jours  qu'il  se  trouve  à  la  Briele ,  pour 
attendre  le  vent,  qui  commençant  !t  se  tourner  du  bon 
costé,  j'espère  qu'il  pourra  heureusement  passer  an  plustost 
et  demeure,  etc.  —  L'ambassadeur  de  France  vient  encor 
de  me  faire  mention,  par  ordre  du  Roy  son  maistre,  de 
l'intention  qu'auroit  M.  de  Vendosme  de  venir  en  ces 
quartiers,  selon  ce  que  je  vous  en  ay  escrit  autre  fois, 
parquoy  je  vous  prie  de  divertir  encor  ceste  Tenue,  tant 
qu'il  vous  sera  possible. 


•  LBTTBB   DCCni. 

Le»  Ambassadeurs  en  Angleterre  au  P^nce  iT Orange.    Con- 
dition dangereuse  du  royaume. 

Monseigneur.    Vos  lettres  au  Roy  et  k  la  Royne  furent 
■  mmte  4e  la  ium  tle  M.  i»  Znilicitm. 


,,  Google 


1641.  AniL] 


■  430  - 


lundi  dernier  rendues  à  leurs  Majestez  séparément.  Le 
Roy,  sans  encor  avoir  ouvert  les  siennes,  nous  dit,  conune 
en  soubçonnant  le  aabject,  que  son  nepveu  '  estoit  en  peine 
et  craignoit  qu'eussions  opinion  qu'il  eust  tasché  de  rompre 
le  mariage;  que  son  intention  toutesfois  n'auroît  esté  autre 
que  de  le  faire  retarder,  afin  de  trouver  ses  iutérestz  par 
le  marché,  mais  que  cela  ny  autre  considération  quel- 
conque n'en  empêchera  le  parachèvement,  retardé  désor- 
mais du  vent  senl.  Laissant  ce  propos,  s'enquit  ce  qu'avions 
appris  de  Bannier,  et  sy  sa  deffaicte  a  esté  sy  grande 
que  le  bruict  en  estoit.  Le  petit  compliment  duquel  nous 
accompagnasmes  les  lettres  de  V.  Â.,  tat  bien  recueilly', 
et  vouUans  par  aprez  déférer  à  la  Royne  tout  l'honneur 
et  le  gré  de  nostre  contentement  en  la  conclusion  du  ma- 
riage, elle  voulut  que  la  moittié  en  iîit  reconnue  au  Boy 
et  l'achéveroit  dès  que  le  jeune  Prince  d'Orange  sera  içy. 
Nous  relevasmes  ce  mot  d'ackeoer,  pour  luy  dire  que,  si 
après  la  soleuinisation  il  manquoit  d'avanture  quelque 
chose  à  sa  perfection  plenière,  qu'espérions  qu'elle  réservoit 
cette  &veur  à  la  supplication  que  luy  en  feroit  mon- 
seigueur  le  Prince  vostre  fils,  m^  nous  paya  tout  en 
riant,  que  c'estoit  encor  trop  tost,  Cest  le  seal  point  qui 
peut  courronner  l'oeuvre,  car,  tant  que  la  Princesse  ne 
sera  delà  la  mer,  ou  des  jalousies  ou  la  crainte  des  ac- 
cidents tiendront  perpétuellement  Vos  A.  A.  en  cervelle; 
et  pour  ce  aero-il  nécessaire  que  mettions  toutte  pierre 
en  oeuvre  pour  gaigner,  s'il  est  possible,  le  transport, 
lequel  dépend  de  la  seule  volonté  de  leurs  Majestez,  et 
d'autant  que  ce  désir  est  généralement  jugé  juste  et  rai- 
sonnable, plusieurs  estiment  que  S.  A.  le  pourra  espérer; 
nous  y  contribuerons  tous  les  devoirs  et  persuasions  pos- 
sibles, avec  tant  plus  d'ardeor  que  présumons  que,  sans 
ce  succès,  la  besoigne  n'aura  pas  sa  forme  entière.  Nous 
fasraes  de  mesme  train  visiter  la  Princesse,  laquelle,  pour 
avoir  esté  six  heures  assise  au  Parlement,  avoit  esté  at- 
teinte de  quelque  accès  de  fièvre  et  d'ane  défluxîon  sur 
•  l'ËIccIcur- Palatin.  •  ucudlL'. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


—   431    —  [1641.  Avril. 

la  jooe,  dont  la  trouvions  assez  remise,  ne  luy  en  estant 
demeuré  qu'one  bien  légère  enâeure.  Nous  luy  avons  sy 
souvent  parlé  de  son  fiancé,  qa'il  seroit  tantost  temps 
qu'il  se  vinst  présenter  en  personne,  et  après  le  premier 
abord,  il  en  trouvera  la  conversation  fort  civile  et  fami- 
lière, et  elle  a  assez  de  Françoys  pour  cela.  H  ftuit  taseber, 
le  mariage  f&îct,  que  tous  deux  ensemble  prient  leurs 
Majestés  de  leur  permettre  de  passer  la  mer  de  compagnie. 
Nous  fuyons  l'occasion  des  affaires,  de  peur  de  quelque 
engagement,  car  M,  l'Électeur  n'attend  que  la  résolution 
du  Parlement  ï.  voir  casser  les  armées,  pour  presser  le 
Bjoy  de  l'en  secourir,  et  bien  que  S.  M.  en  connoisee, 
soit  l'inutilité,  soit  l'impossibilité  mesmes,  sy  ne  l^sse- 
elle  de  nous  en  fùre  par  fois  sommer  et  de  s'en  défère 
atnsy  sur  nous,  au  moyen  de  quoy  nous  coulions  tout 
doucement  le  temps  en  l'attente  du  Prince  ;  anssy  ne  se 
voit-il  aucune  apparence  de  rien  faire  pour  le  publicq 
tant  que  les  affaires  de  ce  Boyaume  ne  soyent  mieux  es- 
tabliz;  tout  est  plein  de  sonbçons;  le  peuple  en  deffiance 
qu'où  veut  à  sa  liberté  et  à  la  religion ,  ne  pouvant  digérer 
qu'on  prétend  sauver  ceux  qui  sont  accusez  d'estre  au- 
theurs  et  conducteurs  de  tel  dessein.  Le  Parlement  em- 
ployé des  sepmaines  entières,  depuis  le  matin  jusques  au 
soir,  à  ouyr  plaider  cette  cause;  le  Roy  de  son  costé 
n'y  prend  pas  moins  de  patience;  tout  le  débat  consiste 
en  cette  question  sy  parmy  les  crimes  imputez  au  lieu- 
tenant, il  y  en  a  qui  tiennent  de  trahison?  Le  lieutenant 
soubstient  que  non,  et  semble  avoir  la  loy  pour  luy,  en 
laquelle  les  cas  de  trahison  sont  spécifiez;  mais  la  maison 
des  communes  la  juge  évidente,  au  moins  contructive, 
avérée  telle  par  ses  intentions  et  actions,  et  s'oppose  i,  ce 
que  les  advocats  n'entrent  plus  avant  eu  contestation  sur 
le  droict,  puisqu'elle  se  contente  de  )a  connoissance  du 
&ict.  Les  deux  maisons  ont  de  la  pêne  à  convenir  là- 
dessns  et  furent  sammedy  à  deux  doigts  prez  d'une  séces- 
sion, s'estant  levés  en  tumulte  avec  murmure  et  sans 
respect  des  uns  aux  autres,  ny  raesme  au  Roy  là  présent, 


,,Googlc 


lui.  Aïril.]  —  4d2  — 

pereaadez  qae  le  lieutenant  estoit  farorisé  par  la  maison- 
haote,  mais  cela  fut  rappaîsé  par  des  plus  modérés,  qni 
dès  l'après-disné  firent  reprendre  les  précédens  arremens, 
et  le  député  a  depuis  esté  ouy.  C'est  maintenant  aos 
maisons  d'aviser  séparément  là-dessus.  L'affûre  est  sca< 
breuse  et  de  grande  conséquence.  Le  Roy  entrelemps 
a  faict  proposer  au  Parlement  par  le  comte  d'Hollande 
(nouvellement  &ict  général  de  ses  armées ,  le  comte 
Northumberlant  s'en  estant  démis  à  cause  de  sa  maladie) 
de  payer  les  trois-cens-mîlle  livres  sterlins  promis  aux 
Escossois,  puisqu'ils  fondent  leur  demeure  au  royaume 
sur  cette  insatisfaction.  Cela  faict,  qu'il  en  fera  sordr  leur 
armée  de  gré  ou  de  force,  comme  ayans  d'ailleurs  esté 
contentez  sur  touttes  leurs  demandes,  offrant  néanmoins 
S.  M.  de  faire  casser  ses  années  an  mesme  jour  que 
celle  des  Escossois  sera  retirée  et  desbandée  en  Escosse. 
C'est  une  ailaire  de  grande  délibération,  pendant  laquelle 
la  maison  des  communes  (soubçonnéa  de  n'en  désirer  la 
retraitto  qu'après  le  jugement  du  lieutenant)  a  continué 
la  suspension  d'armes  et  leur  entreténement  pour  encor 
un  mois  L'armée  angloise  est  dite  forte  de  dix-sept- 
mille  fantassins  et  de  plus  de  deux-mille  cinq-cens  che- 
vaux, sans  les  trainebans,  qui  est  la  milice  des  provinces, 
tenue  de  prendre  les  armes  pour  la  défence  du  royaume; 
l'irlandoise  de  hoict  mille  hommes  de  pied  et  de  mille 
chevaux;  l'escossoise  passé  les  vingt  mille  hommes,  que 
de  pied,  que  de  cheval,  soubz  des  chefs  aguerriz.  Celle 
du  Roy  se  renforce  journellement  et  tous  les  officiers  ont 
eu  commandement  de  retourner  en  leurs  charges.  Jusques 
icy  il  y  a  lieu  de  raddoucir  les  aigreurs,  mais,  sy  une 
fois  elles  esclattent  en  rupture,  la  condition  du  Boyanma 
sera  misérable. 

La  Royne-mère,  résolue  de  se  retirer  d'icy,  pour  espérer 
plus  de  santé  ailleurs,  délibère  sur  le  voyage  qu'elle  doibt 
entreprendre.  Ceux  qui  peuvent  près  d'elle  et  ne  la  veul- 
lent  quitter,  lui  conseillent  celuy  d'Italie  et  de  prendre 
son  chemin  par  Hollande,  louans  de  telle  sorte  l'air  et  le 


,,.GoogIc 


—  433  —  [IMi.  Aïril. 

séjour  dIJtrecbt  qae  cela  faîct  croire  qa'ils  ont  quelque 
dessein  de  l'arrester  là;  car  uy  son  aage  ny  sa  santé  ne 
sont  pas  pour  loy  permettre  d'aller  plos  loing,  et  desjà 
quelcnn  d'entre  ceux  que  le  Roy  de  France  entend  d'es- 
loigner  d'elle ,  s'estoit  descouvert  de  voulloîr  prendre  mai- 
son à  Amersfbrt  Hier  nous  emmes  lettres  de  messei- 
gnenrs  les  Ëstatz,  nous  ordonnans  de  destonrner  S.  M. 
de  ce  passage,  par  la  considération  des  incommcdîtez 
qu'elle  seroit  pour  rencontrer  en  l'Empire,  conune  aussy 
d'advertàr  le  Koy  de  leur  résolution  de  tenir  la  coste  de 
Flandres  investye  de  leurs  navires  de  guerre,  pour  en 
empêcher  l'entrée  et  sortye,  et  de  la  prier  que  ses  subjects 
n'entreprennent  rien  au  contraire.  Nous  aTiserons  ensemble 
sur  les  moyens  comment  proposer  l'un  et  l'autre  sans 
chocqaer.  Cela  de  la  Royne-mère  se  peut  tenter  par 
forme  de  discours,  car  rien  ne  la  fera  clianger,  sy  elle 
en  est  résolue,  au  gré  de  ceux  qui  vivent  de  sa  bourse 
et  peuvent  espérer  des  joyaux  après  elle,  mais  l'autre 
point  veut  estre  traicté  délicatement  et  de  sorte  qu'il  ne 
paroisse  point  que  l'intérest  de  la  France  y  soit  aucu- 
nement meslé,  car  on  ne  peut  souffiir  qu'elle  s'avance  en 
Flandres.  Les  ambassadeurs  de  Portugal,  après  deux 
audiences,  se  plaignent  que  le  Parlement  est  cause  qu'on 
tarde  à  leur  donner  des  commissaires.  Ils  tâcheront  de 
lier  une  amitié  avec  cette  Couronne,  par  l'establissement 
esgal  et  réciproque  du  commerce;  cela  conclu  de  passer 
outre  à  traicter  une  confédération,  au  moins  défensive. 
Sur  ce  nous  prions  Dieu,  Monseigneur,  de  donner  pros- 
périté en  voz  desseins  et  à  vostre  personne  santé  et  lon- 
gue vie. 

De  V.  Â.  très-humbles,  très-obéyssans,  et 
très-Jidelles  serviteurs , 


De  Londres,  ce  26  avril  16U. 


,,  Google 


.i.] 


■  43i 


•  L.BTTRE   IICCIV. 

Lea  mêmes  aa  même.     Arrivée  du  jeune  Prince. 

Monseigneur,  Nous  fusmes  le  29  de  Taatre  mois  pen- 
dre S.  A.  dans  son  bord,  pour  le  descendre  à  Gravesend, 
et  ayans  dès  auparavant  donné  les  ordres  nécessaires  ponr 
sa  réception,  M.  le  conte  de  Lindsey,  grand-cfaambellan 
d'Angleterre ,  luy  vint  de  la  part  du  Roy  encor  le  mesme 
soir  donner  la  bien-venue ,  et  dès  le  lendemain  nous  pai^ 
tisme  de  compagnie  en  plus  de  vingt  carosses  et  en  quel- 
ques barques.  Il  nous  dit  que  S.  M.  avoit  pensé  de  nons 
donner  audience  publicque ,  mais  anroit  depuis  préféré  la 
privée,  comme  plus  familière,  de  sorte  qu'il  nous  méneroit 
tout  droict  en  la  chambre  de  la  Royne,  où  le  Roy  se 
trouveroit  aussy.  Nous  eusmes  à  passer  à  travers  tant  de 
peuple  qu'il  estoit  qnasy  impossible  de  gaigner  la  cour, 
sans  le  bon  ordre  lequel  avait  esté  donné  de  rue  en  me. 
V.  A.  ne  Bçauroit  croire  avec  combien  de  bénédictions  et 
d'acclamations  S.  A.  fut  receue,  et  oserions  bien  dire  qae 
de  cent  ans  il  ne  s'est  faîct  entrée  en  laquelle  grands  et 
petitz  ont  tesmoigné  pareille  joye  et  satis&ction.  Appro- 
chans  de  la  chambre  de  la  Royne,  encor  d'assez  loin, 
M.  le  conte  d'Arondel,  avec  M.  le  conte  de  Pembrock, 
amenèrent  le  prince  de  "Wallea  et  le  duo  de  Jorck  au 
devant  de  S.  A.,  où  se  ât  le  premier  compliment;  delà 
nous  passions  de  compagnie  en  la  chambre  de  la  Royne, 
S.  A.  à  la  teste.  Après  nostre  entrée  au  Roy  et  à  la 
Royne,  S.  A.  se  déchargea  aussy  d'une  courte  et  bien 
troussée  harangue,  sans  csmotion,  et  avec  telle  grâce  et 
asseurance  que  les  dames  qui  l'admirèrent  ne  se'penrent 
empêcher  de  le  louer  ^  haute  voix,  jusque  Ut  mesmes 
que  le  Roy  (après  les  complimens  et  certiâcations  de  son 
affection)  luy  ayant  dit  qu'il  trouveroit  sa  maîtresse  tontte 
jaulne  et  flattée  de  Van  Dyck  en  son  ponrtrwct,  qn'i! 
s'en  pourroit  repentir  et  dédire,  la  contesse  d'Oxford 
se  trouvant  proche  du  Roy,  préoccupa  sa  responce,  cau- 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—   435   —  [IMl.  Mii. 

tionoant  pour  luy  qu'il  ne  )e  fera  point;  la  Rojoe  le 
print  par  les  deux  bras,  comme  pour  le  monstrer,  et  le 
prononça  bien  pins  grand  qu'elle  n'avoit  pensé  et  déclara 
lay  voulloir  estre  ane  seconde  mère.  Cela  fiiict,  S.  A. 
demanda  permission  de  voir  la  Royne-mère  et  la  Princesse 
Marie,  ce  qne  leurs  Majestez  luy  accordèrent  toutes  fois  et 
quantes  qu'il  voudra.  Le  Boy  durant  toutte  l'action  se 
tînt  tousjoars  debout  et  descouvert  et  commanda  aux 
Princes  de  Walles  et  de  Jorck  d'accompagner  S.  A.;  ce 
qn'îlz  firent  jnsques  dans  la  salle  des  gardes,  oii  à  pêne 
nous  en  peosmes  impétrer  le  retour.  M.  l'Ëlectenr  se 
tenoit  proche  dn  Koy,  maïs  un  peu  derrière.  De  là  S.  A. 
passa  par  le  parq  et  entra  sans  cérémonie  en  la  chambre 
de  ta  Boyne-mère,  ou  il  harangua  pareillement,  et  S.  M., 
après  l'avoir  bien  contemplé,  lay  dit  qu'elle  l'avoit  aymé 
cy-devant,  mais  qu'elle  l'aymoit  maintenant  doublement, 
parce  qu'il  luy  alloît  toucher  de  près;  restoit  d'aborder  la 
maîtresse;  elle  n'estoit  pas  encor  bien  remise  de  sa  fièvre, 
mais  il  l'envisagea  résolument  et  fit  l'offre  de  son  service, 
snr  laquelle  la  gouvernante  respondit  pour  elle,  en  le 
remerçyant;  S.  A.  demanda  après  la  Princesse  Elisabeth, 
laquelle  il  vit  anssytost  placée  sur  le  lict,  et  par  fois 
dressée  sur  ses  piedz  par  quelque  dame  et  la  salua  sans 
repartye.  Son  A.  ny  nous  n'apperceusmes  que  sur  le 
tard'  la  présence  du  Roy  et  la  Soyne,  cachez  !>  l'autre 
costé  du  lict,  pour  voir  la  rencontre  de  ces  deux  amou- 
reux ,  qui  s'échauffera  par  la  bmiliarité.  La  maladie  ex- 
casa  la  Princesse  de  plus  longue  visite  et  Iroid  entretien, 
et  après  le  congé  prins,  S.  A.  eust  fort  désiré  de  rendre 
le  devoir  aux  Princes  de  Walles  et  de  Jorck ,  qui  estoyent 
lors  ik  leurs  esbats  et  devoyent  après  assister  ans  prières 
de  leurs  Miyestez  et  recevoir  leurs  bénédictions;  qui  eust 
esté  bien  tard,  et  partant  Ait  S.  A.  priée  de  différer  cet 
office  jnsques  après  que  M.  Vane  en  auroit  appris  leur 
heure,  de  aorte  qu'elle  ne  s'en  est  peu  descharger  plustost 
que  hier  après  disné,  lequel  fut  de  plus  employé  par  S.  A. 
'  Bilgieume  op  hct  lutat. 


,,  Google 


lui.  M»î.]  —  436  — 

&  renoaveller  les  mesmes  visites  d'avant-hîer.  Cest, 
MooBfligneiir,  en  gros  l'histoire  de  la  réception  de  mon- 
seigneur le  Prince  vostre  ftts,  qoi  en  pourra  mander  plus 
particulier ement  It  Y.  A.  Tant-y-a  que  pouvons  dire  en 
vérité  qae  toute  la  Cour  est  plus  que  satisfàicte  de  lay, 
et  qne  Inj  pareillement  a  grande  occasion  de  se  louer  de 
sy  favorable  rencontre;  sy  ce  contentement  r^proque  pent 
opérer  tel  mouvement  en  l'âme  de  leurs  Majestez  qne  de 
nous  accorder  le  transport  de  la  Princesse ,  l'action  et  la 
joye  seroit  par&icte.  Incontàneut  après  la  Pasque  nous 
travaillerons  au  faict  du  mariage  en  toutes  ses  pardes. 
La  maison  des  communes  a  déclaré  le  lieutenant  d'Ir- 
lande convaincu  de  haute  trahison  et  ont  esté  de  cet  advis 
pins  de  trois  cens  ;  c'est  à  la  maison-haute  de  se  déclarer 
là-dessus.  Sur  ce  nous  prions  Dieu,  Monseigneur,  de 
donner  à  Y.  Â.  prospérité  en  ses  dessains  et  à  sa  per- 
sonne santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humbles,  très-obéissants,  et 
très-âdèles  serviteurs, 

H.  W.   V.  BREDEKODS.      FHANÇOYS  D'aSBSSEN. 
HBENVLIET.      ALB.  JOACHDU. 

De  Londres,  ce  2  may  1641. 

liGTTttfi  BCCV. 

Le  jeune  Prince  ^Orange  à  ton  père.     Arrivée  à  Londres. 

Monseigneur.  Le  26  je  parties  de  Hellevoetslois  et 
j'arivé  '  à  Margaet  le  27  au  soir;  le  29  j'arrive  à  Gni- 
vesant,  là  ofi  je  trouvay  messieurs  les  embasadenrs,  auqaels 
je  montré  la  commition'  de  messieurs  les  Ëstats,  surqaoy 
ils  escrievèrent  *  unne  lettre  à  monsieur  Yaen  pour  lay 
prier  de  vouloir  demander  an  Eoy  si  ce  seroit  une  an- 
dience  publicke  ou  particulière;  le  Roy  trouva  bon  qne 
ce  fut  unne  particulière.  Le  conte  de  Linslé  '  grand- 
scfaamberlant  du  pals  vint  ce  même  soir  à  Graevesant 
*  fcrivircot.  i  Liadiej. 


,,.GoogIc 


—   437   —  [IHl.  Mai. 

avec  beaucoup  de  carossches,  pour  m'amener  à  Londres. 
Le  30  je  parties  de  Ghraevesant  et  j'allay  dans  ces  car- 
rossches  jusque  i  Greenevich,  Ih,  où  j'entray  dans  les  ca- 
rossches du  Roy,  lesquels  m'amenèrent  à  Londres,  droit 
à  la  court  du  Eoy,  là  où  je  fiest  la  révérence  au  Roy 
et  à  la  Rêne;  le  prince  de  Gralles  vînt  an  devant  de  moy, 
jusques  à  la  troisième  entichambre,  le  Roy  ne  mît  point 
son  achapeau  de  tonte  l'audience  ;  du  Roy  j'enlay  ceux  ' 
la  Rêne- mère  et  de  là  ceux  la  Princesse,  laquelle  je  trouvay 
plus  belle  que  son  portraict  Le  1  de  may  je  allay  à  2 
eures  é  demies  ceux  le  Roy  et  la  Rêne,  et  leur  présenté 
les  lettres  de  V.  A.;  le  Roy  me  dit  que  V.  A,  n'avoit 
jamais  mieux  escrit  que  cette  lettre  là;  de  là  j'allay  ceux 
le  prince  de  Gralles  et  de  là  ceux  la  Princesse,  à  laquelle 
je  doné  aussi  mes  lettres;  je  né  pu  point  doué  ce  jour 
là  mes  lettres  à  la  Rène-mère,  à  cause  qu'elle  est  en 
dévotion.  —  Monsieur,  il  c'est  pasé  onne  estrange  afère 
entre  le  prince  de  Talmont'  et  le  conte  Henry',  pour  ce 
que  le  conte  Henry  estoit  logé  dans  mon  logis,  ce  que 
néanmoins  ne  c'est  point  faict  de  mon  ordere,  mais  sans 
mon  seu;  cela  s'est  pasé  ainsi;  ils  estoit  tout  deux  dans 
ma  schambre  et  M''  de  la  Valette  estoit  auprès  de  moy; 
cepandant  que  je  ramenois  hors  de  ma  schambre,  ils  sont 
demeurés  dans  ma  schambre,  mms  il  y  avott  aussi  présent 
M'  de  Rumme  et  Hautin,  qui  me  l'ont  conté  ainsi.  Le 
conte  Henri  a  demande  au  prince  de  Talmont  s'il  estoit 
bien  logé;  il  a  répondu:  „a83é3  bien,"  et  a  dit  en  même 
temps:  „vons  m'avez  auté  *  ma  schambre,"  l'antre  a  dit 
que  non;  le  prince  de  Talmont  a  dit  que  oui,  et  Iny  a 
dit  qu'il  l'aprenderoit  bien  de  luy  avoir  auté  sa  schambre; 
le  conte  Henry  a  dit:  „de  quelle  fason?"  sur  cek  le  prince 
de  Talmont  luy  a  dit  quelques  insueres  ',  que  ces  mes- 
sieurs n'ont  pas  pu  ouïr,  surquoy  le  conte  Henry  luy  a 
doné  un  démanti  et  un  sonfelet;  sur  cela  ils  se  sont  sauté 

'  ytUti  chei.  *  Henri  de  li  TrfmDiiille ,  deêcendeni  par  ma  pirt  tt 

par  M  mire  (dachene  d*  Botiilion)  de  OuiltoKm*  I. 
*  d«  NuMQ-Siegen.  *  b\i.        '  injarca. 


,,  Google 


IMI.  Mai]  —   438   — 

au  collet,  mais  ses  deux  messieurs  les  ont  sép&ré ,  snrquo; 
je  les  fies  d'ossitost  mettre  schacun  dans  unne  schambre 
à  part,  schacun  gaardé  avec  deux  de  mes  gentilshommes 
et,  pour  les  accorder,  je  soisies'  le  conte  de  Solms,  M' 
le  Rijngraeve  et  monsieur  [Harcourt],  mais  ils  ne  les  ont 
point  pu  accorder,  sinon  que  le  prince  de  Talmont  et  le 
conte  Henri  ont  dit  qu'ils  feroit  tout  ce  que  je  leur  com- 
manderois  ils  feroit;  le  prince  de  Talmont  disoit  que  le 
conte  Henry  ne  luy  pouvoît  point  doné  de  satisbcUon, 
mais  que  tout  ce  que  je  luy  commenderoi,  il  feroit;  snr- 
qnoy  je  les  et  *  faict  venire  tout  deux  aupr^  de  moy,  en 
présence  de  ces  messieurs,  et  m'ont  demandé  pardon  qu'ils 
avoit  faict  cela  dans  ma  schambre,  et  ils  m'ont  doné  toat 
deux  la  parolle  et  m'ont  tout  deux  promis  sur  la  paroUe 
d'omiÂe  de  bien  et  d'onneiu*  qu'ils  ne  s'en  demanderois 
jamais  rien  plus.  [Jonvilier]  dira  plus  particoU^ment 
tout  à  V.  A.  Avec  cela  je  finiray,  en  demerant  toute 
ma  vie,  Monseigneur, 

rostre   très-humble   et  trës-obéÎEsant  fili 
et  serviteoT, 

OinLLAUUE   DE  NASSAU-D'OBANGE. 

De  Londres,  ce  2  de  may  1641. 


LETTBE   BCCVT. 

Sivet   au    Prince    d'Orange.      Di^érenda    eccUmastiquet  ta 
Angleterre;  proch  du  Comte  de  Strt^'ord. 

Monseigneur.  Ëscrivant  à  Madame  toutes  les  particu- 
larités que  j'ay  apprises  jusques  icy,  je  ne  divertiray  point 
V.  A.  par  une  répétition  non  nécess^re  de  ce  que  tant 
d'autres  plumes  vous  traceront  et  le  pourront  mieux  qoe 
moy;  seulement  dirai-je  à  V.  A.  que  Dieu  jusques  icy« 
fevorisé  le  voyage  de  monseigneur  vostre  fils  autant  qne 
nous  le  pouvions  désirer  et  espérer,  et  qu'il  rencontre 
'  eboÏBÙ.  '  ni. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


439  - 


[lUl.  M>i. 


icy  toutes  sortes  d'aSections  pour  le  contentement  de  vos 
Altesses  et  de  luy;  surtout  si  on  peut  obtenir  l'advance- 
ment  da  principal  efiect,  qui  n'est  point  encor  arresté 
quant  au  temps.  Le  bon  acceuïl  que  leurs  Majestez  font 
à  monseigneur  est  d'autant  plus  considérable',  que  toute 
la  cour  est  en  perplexité  pour  ce  confltct  de  résnlutions 
qui  se  trouve  entre  le  Eoy  et  ses  subjets.  Car  quoique 
S.  M.  n'excuse  pas  toutes  les  fentes  du  député  d'Irlande , 
si  est-ce  qu'il  ne  peut  digérer  qu'on  qualifie  ses  cnmes 
du  tittre  de  haute  trahison,  se  fondant  sur  un  arresté 
d'Edouard  IV  lequel,  pour  obvier  aux  abus  qui  se  com- 
mettoient  au  jugement  de  telz  crimes,  où  la  passion  sou- 
vent  estoît  plus  ooie  que  la  raison,  les  restraignit  à  trois 
cas,  lesquels  on  prétend  ne  se  trouver  es  accusations  in- 
tentées contre  le  dit  député.  Mais  la  chamhre-basse  ré- 
plique qu'il  y  a  une  exception,  qui  porte  que,  quoique 
les  juges  ordinaires  ne  puissent  passer  outre,  il  sera  né- 
antmoins  au  pouvoir  du  Parlement  de  juger  s'il  se  trouve 
des  cas  équivalents,  quoique  non  exprimés,  qui  puissent 
tirer  condamnation  de  haute  trahison  ;  ce  qu'ils  prétendent 
ici,  et  fut  hier  conclu  par  la  chambre  des  communes, 
laquelle  deut  rendre  à  la  haute-chambre  sa  sentence  et 
les  raisons  de  son  procédé.  Cela  a  esté  faict,  mais  k 
cause  de  leur  pasque  à  dimanche,  la  décision  est  re- 
mise k  huitaine,  auquel  temps,  si  la  chambre-haute  ratifie 
ce  jugement,  le  Roy  ne  le  pourra  sauver  que  par  une 
violence  qui  roidira  le  peuple,  tellement  irrité  qu'il  dé- 
chireroient  plustost  ce  misérable'  Conte.  Ceci  met  encore 
l'issae  de  toutes  ces  affaires  en  doubte,  et  les  meilleurs 
et  plus  sages  sont  entre  la  crainte  et  l'espérance.  Je  fus 
hier  entretenu  longtemps  par  le  primat  d'Irlande,  homme 
sage,  sçavant,  et  qui  en  cette  dignité  se  porte  avec  grande 
douceur  et  humilité.  Je  le  trouvay  sur  ces  choses  en 
perplexité  et  en  crainte  d'horribles  confusions,  jusques  k 
me  dire,  si  elles  advenoient,  il  se  retîreroit  en  Hollande. 
Il  est  porté  jusques  à  ce  point  pour  les  affaires  ecclési- 
'  rtmMqaaUe.  '  nalbeanni. 


,,  Google 


1641.  Mw.]  —   140   — 

astiques  qu'il  recognoist  que  de  droit  divin  les  évesques 
et  tous  autres  pasteurs  sont  d'un  lueame  ordre  et  ne  doi- 
vent rien  faire  d'important  que  par  conseil  commun;  que 
leur  supériorité,  que  la  coustnme  de  l'Église  leur  a  donné, 
n'a  de  différence  avec  les  présidens  de  nos  synodes,  si- 
non que  ceox-ci  changent  et  les  antres  demeurent  tous- 
jours  présidens;  qu'il  les  faut  régler  aux  synodes  et 
astreindre  à  prendre  conseil  des  autres  pasteurs,  leur  os- 
ter  la  haute-commission,  et  les  assubjettir  aux  censures. 
n  préside  maintenant  en  la  compagnie  de  ceux  qui  con- 
snltent  pour  la  réformation ,  qui  sont  composez  de  modérez 
et  d'extrêmes.  Les  uns  et  les  autres  me  doibvent  sonder 
là-dessus.  J'espère  que  Dïen  me  fera  la  grâce  de  m'y 
comporter  avec  prudence,  et  n'estant  pas  juge,  de  ne  me 
porter  aussi  pour  partie,  mais  faire  la  guerre  à  l'oeil, 
sans  préjudice  de  la  vérité.  Je  tiens  à  grand  advantage 
que  la  pluspart  advouent  que  cette  supériorité  n'est  que 
d'une  constitution  humaine,  et  renoncent  librement  Jt  la 
prétention  du  droit  divin  et  de  la  différence  essentielle 
pressée  par  les  autres  hiérarchiques.  Il  sera  mal-aisé, 
sans  ce  tempérament,  d'accorder  les  parties,  et  le  Roy, 
qui  consent  à  la  limitation  et  restriction,  ne  permettra 
jamais  l'abolition  de  cet  ordre,  pour  le  moins  en  Angle- 
terre. Il  y  a  encore  prolongation  d'un  mois  pour  l'en- 
tretien des  deux  armées,  et  je  croy  qu'il  Êiadra  bien  en- 
core estendre  la  courroye,  puisque  les  affaires  vont  si 
lentement.  L'arcbevesque  de  Cantorbéri  '  iMct  bonne  chère 
en  la  tour  de  Londres  et  tâche  de  se  divertir,  estant 
visité  de  ses  amis,  tenant  la  meilleure  mine  qu'il  peut. 
Montagu,  évesque  de  Xordwic,  un  des  plus  pernicieux 
de  toute  la  bande  et  ennemy  outré  des  Églises  estrangères, 
ayant  esté  cité  ici,  y  est  mort  depuis  trois  jours,  et  ainsi 
se  trouve  libéré  du  jugement  des  hommes,  pour  aller 
respondre  devant  Dieu  de  ses  actions  et  pernicieux  escrits. 
Cest  ce  que  je  puis  adjouster  à  V.  A.,  en  attendant  quel- 
que plus  particulière  cognoissance,  par  une  plus  grande 
■  Uu4. 


D,g,t7cdb/GOOgI 


^-     h 


—    441    —  [1641,  Mil. 

fréquentation;  car  à  peine  avons  nous  ea  le  temps  de  nous 
receuillir.  Je  roe  rendraj  le  pins  soignens  qne  je  poQiray 
d'apprendre  les  choses  pins  asseuréea  et  rendre  compte 
k  V.  A.  de  ce  que  je  descouvriray,  priant  Dieu  ce  pen- 
dant, pour  la  santé  et  prospérité  de  V.  A.  et  le  succès 
heureux  des  grandes  affaires  de  l'E^stat  en  vostre  mun, 
estant  d'obligation  et  d'affection  de  V.  A.,  Monseigneur, 
le  très-humble,  très-obéissant  et  très- 
fidèle  serviteur, 

AHDKi  Bivrr. 
De  Londres,  le  2  mny  1641. 
Style 


1..BTTRB   DCCTII. 

M,  de  SommeUdyck  im  Prince  d'Orange.    Nouvelle!  diverses. 

Monseigneur.  Après  tant  de  lettres  qui  vous  viendront 
k  la  fois,  ce  seroit  chose  superflue  de  vous  parler  de  l'en- 
trée et  de  la  réception  de  monseigneur  le  Prince  vostre 
fils,  qui  a  esté  telle  que  ne  l'eussions  sceu  espérer  plus 
honorable,  et  de  son  costé  il  a  sj  plènement  contenté  leurs 
Majestez,  les  grands  et  le  peuple,  que  tons  ont  admiré 
en  Iny  les  dons  de  sa  nature  et  la  parfection  de  son  édu- 
cation. Il  a  prononcé  ses  petites  harengnes  de  sy  bonne 
grâce  et  avec  tant  d'asseurance  que  cette  actjon  est  pour 
luy  acquérir  l'amour  de  tons.  C'est  tout  ce  que  j'en  diray, 
et  sur  ma  conscience,  sans  flatter,  à  pêne  de  perdre  l'hon- 
neur de  vos  bonnes  grâces,  sy  je  n'en  diz  moins  que  la 
vérité.  Tontte  la  Cour  a  accourru  pour  luy  donner  la 
bienvenue.  M.  l'Électeur  délibère  encor,  mws  se  trompe 
s'il  pense  qu'il  le  visite  premier.  Il  nous  convient  de 
mesnager  la  vogue  de  la  cour  et,  sy  mes  advis  ont  lien, 
j'espère  qne  l'opinion  des  grands  et  la  faveur  des  daines 
ayderont  à  faciliter  ses  désirs,  au  moins  à  luy  accroistre 
la  réputation.  Nous  avons  ce  matin  entamé  le  propos  du 
mariage  et,  comme  nous  estions  encor  à  mesme,  M.  Vane 


,,Googlc 


IML  Mii.]  —    442    — 

est  survenu,  et  après  quelque  entreject  de  plusieurs  dis- 
cours, est  auasy  tombé  sur  cette  matière  de  soj-mesmes', 
venant  d'en  conférer  avec  le  Roy,  et  nous  a  ^ct  espérer 
que  dans  la  semaine  prochaine,  sy  le  désirons,  on  passera 
à  la  solemnisation ,  laquelle  luy  avons  déclaré  d'attendre 
complette  en  touttes  ses  parties,  dont  avons  parlé  en  des- 
tail,  pour  ne  rien  omettre,  sans  toutesfois  y  mesler  le 
transport,  duquel  ne  doibt  estre  faict  mention  qu'après  le 
mariage,  car  il  y  a  plus  de  droict  de  demander  son  épouse 
que  sa  maltresse.  Nous  aviserons  aussy  sur  la  distribution 
des  présans,  selon  l'ordre  et  l'instruction  de  V.  A.  mais 
la  vaisselle  n'est  pas  encor  preste  et  ne  peut  pins  gnères 
estre  tardée.  Nostre  retonr  sera  basté  ou  différé  par  l'ap- 
parence que  verrons  au  succès  ou  désespoir  du  transport 
On  a  suscité  l'Empereur  et  la  Savoye  de  demander  la 
Princesse  et  ont  esté  payez  de  chose  l^ote.  Ces  menées 
et  tout  ce  qui  de  plus  est  à  cnùndre,  cesseroyent,  sy 
leurs  Majestez,  pour  leur  repos  et  le  vostre,  se  pouvoyent 
résoudre  de  mettre  la  Princesse  entre  voz  mains,  pour  de 
bonne  heure  et  sans  pèue  apprendre  le  pays  et  la  langue. 
Y.  A.  nous  face,  s'il  luy  plaist,  l'honneur  d'estre  assenrée 
que  nous  n'y  espargnerons  aucune  persuasion  à  l'obtenir, 
et  de  jour  à  autre  nous  vous  informerons  de  noz  progrès. 
M.  de  Yendosme  ne  fait  plus  sentir  d'avoir  intention  de 
passer  la  mer,  comme  il  faisoit  lors  de  son  arrivée;  l'es- 
troitte  alliance  de  measeigneurs  les  Estats  avec  la  France 
luy  &ict  peur,  et  la  Royne-mère  ne  sçauroit  estre  mieux 
divertye  de  prendre  son  passage  par  la  Hollande  qu'en 
laissant  une  pareille  appréhension  à  ses  plus  confideD! 
ministres,  qui  cnûgnent  le  grand  pouvoir  du  Cardinal 
parmy  nous,  à  cause  du  besoin  qu'on  y  a  de  sop  secours- 
M.  Khouto  est  pressé  d'entreprendre  tundy  le  voiage  de 
Katisbone,  pour  entamer  le  traicté  particulier  avec  Bavière 
et  nous  a  S.  M.  faict  demander  sy  avons  pouvoir  <le 
trùcter  sur  le  mémoire  de  M'  l'Electeur,  qu'elle  nous 
avoit  cy-devant  faict  communiquer;  V.  A.  s'en  peut  mu- 
'  Bél^ituau  oit  lieb  kcIT. 


,,  Google 


—   443   —  [1641.  Mii. 

venir;  nostre  responre  a  esté  qu'avons  pouvoir  de  traitter 
une  ligne  offensive  et  di^fensive,  avec  la  conjonctîoD  de 
la  France,  que  là  il  pourrait  trouver  quelque  condition 
et  non  autrement;  surquoy  je  sçay  (et  V.  A.  le  tiendra 
secret,  s'il  luy  plaist)  que  le  Roy  tâchera  de  le  faire  par- 
tir, afin  d'apprendre  les  intentions  de  messieurs  les  Estats 
sur  le  lieu  et  de  conférer  plènement  de  ses  aSaires  avec 
enx.  Il  est  certain  qu'on  le  désire  hors  d'icy.  Il  est 
d'autre  part  à  propos  que  le  difiTérent  des  Indes  Orien- 
tales soit  vuidc;  S.  M.  le  nous  ^ct  recommander,  ne  dé- 
sirant point  que  les  plaintes  en  aillent  au  Parlement,  où 
elles  pourroyent  estre  relevées  avec  aigrenr,  au  lieu  qu'on 
doibt  nourrir  l'amitié  entre  les  peuples  de  part  et  d'autre. 
Je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  bénir  vos  desseins  de  suc- 
cès et  vostre  personne  de  santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssaot 
et  très-fidèle  serviteur, 

FKANçors  d'xebssen. 
De  Londres,  ce  3  niay  1641. 


LBTTttE   BCCTin. 

Jiivet  au  même.    Dangereux  état  de  tAnglderre. 

Monseigneur!  Le  voyage  de  M'  Thomas  Itoo,  M'  le 
baron  de  Dona,  qui  va  en  la  mesme  compagnie  et  qui  porte 
les  advis  de  M"  les  Ambassadeurs,  informeront  V.  A.  si 
pleinement  de  ce  qui  se  passe  ici  que  je  ne  puis  en  rien  dire 
qui  ne  soit  superflu,  si  je  me  jette  dans  les  particularitez; 
maie  en  général  je  puis  bien  asseurer  V.  A.  que  tout  ce  qui 
regarde  monseigneur  le  Prince  Guillaume  et  ce  qui  l'a  ici 
amené,  s'est  passé  avec  tout  le  bonheur  que  nons  eussions 
peu  désirer,  et  que  l'espargne  des  triomphes  et  magnificen- 
ces a  esté  récompensée  par  des  tendresses  si  grandes  de 
la  part  de  leurs  Majestez  et  par  des  caresses  si  extraordi- 
naires,  qu'il   ne   se  faudroit  plus  promettre  de  vérité  et 


,,Googlc 


1«1.  M«i.]  —   m   — 

de  sincérité  de  personnes  si  relevées,  s'ilz  n'avoient  inten- 
tion de  prendre  arec  vos  Altesses  les  intérêts  de  père  et 
de  mère  en  son  endroict.  Je  prie  Diea,  qni  leur  a  mis 
au  coenr,  qu'il  les  rende  constans  en  cette  bonne  résolu- 
tioa  et  qne  devant  le  partement  nous  puissions  avoir  une 
parole  royale,  pour  le  temps  conrt  et  préfix  du  transport 
de  madame  la  Princesse,  vostre  belle-âlle.  —  Les  affiûres 
publiques  icy  sont  eu  un  estât  fort  dangereux.  Le  Prince 
et  le  peuple  débattent  de  l'autorité.  S.  M.  s'est  déclarée 
fort  avant  pour  ne  permettre  que  le  député  soit  traict^ 
comme  criminel  de  lëze-majesté.  Les  communes  s'opiniaa- 
trent  au  contraire  et  la  basse-chambre  en  est  venue  là 
de  faire  ce  qu'ils  appellent  un  convenant,  comme  en  Es' 
cosse,  pour  s'unir  ensemble  et  ne  rien  rabattre  de  leurs 
résolutions.  Le  peuple  s'est  assemblé  en  grand  nombre, 
criant  justice,  et  ne  cesseront  tant  qu'ils  ayent  la  teste 
de  ce  misérable  depnlé,  qui  est  en  danger,  si  le  Roy  ne 
l'abandonne  à  la  justice,  d'estre  mis  en  pièces  et  les  se- 
ditions  populaires  semblent  infallibles  et  très-dangereuses, 
si  on  ne  le  faict  bien  court  Je  veoy  les  plus  sages  et 
meilleurs  en  grande  peine  et  les  ecclésiastiques  fort  eston- 
nez,  car  Testât  auquel  les  choses  sont  venues  ne  nous 
promet  rien  de  modéré.  Je  souhaite  de  tout  mon  coeur 
que  nous  puissions  sortir  bientost  d'ici,  de  peur  d'y  voir 
quelque  désordre  dangereux.  Le  Koy  est  venu  bien  avant 
pour  céder,  et  les  peuples  ont  une  trop  grande  présomp- 
tion de  leur  force  pour  se  laisser  persuader.  Quelques 
malicieux  ont  faict  courir  icy  le  bruict  que  messieurs  les 
Ëstats  avoient  iaict  tenir  au  Roy  trois  milions,  pour  luy 
aider  à.  dompter  ceux  qui  croyeot  qu'il  ne  peut  avoir 
d'argent  sans  eux.  Les  sages  ne  le  croyent  pas  et  cela 
n'empêche  pas  que  monseigneur  nostre  Prince  ne  demeure 
en  l'approbation  et  en  l'affection  de  tous,  autant  qu'on  le 
peut  cognoistra  Je  désire  qu'il  face  bientost  voile  vers 
vos  Altesses,  pour  laisser  ici  cette  bonne  bouche,  comme 
j'espère  qu'il  fera  et  que  les  folies  de  quelques-uns  de  nos 
jeunes  gens  ne  seront  pas  imputées  aux  principaux,  ni  à 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  445  — ■  [i««.  H». 

tonte  la  compagnie.  Je  ne  m'en  oavre  point  davantage,  lais- 
sant cela  à  ceux  qaî  sont  du  mestïer  et  qui  recoarront  k 
la  sage  prndence  de  V,  A.,  pour  gnérir  an  mal  qui  ne 
peut  recevoir  de  remède  qno  de  vos  muns.  Je  prie  Dieu 
qn'il  les  fortifie,  en  tont  ce  que  V.  A.  entreprendra  pour 
sa  gloire,  ponr  le  bien  de  l'Estat  et  l'honneur  de  vos 
armes,  conservant  Y.  Â.  en  la  parfaite  saoté  qae  \ny  de- 
mande pour  vous,  Monseigneur, 

De  V.  A.  le  très-humble,  très-obéissant  et 
très-fidèle  serviteur, 

AVOUÉ  RIVET. 

De  Londres,  le  y„  may  1641. 


LETTKE  BCCIX. 

Le  Comte  de   Wanoick  à  la  Princesse  ^Orange.     Éloge  da 
jeune  Prince. 

*,*    Robert  Rkb,  somte  da  Wirwick:  „Uie  grMtcil  patron  of  tlie  pariboi . 
bccaute  of  mnch  Ifae  greakrt  estite  of  ail  wbo  tnoani  thcm."    Idareiukm). 

Madame.  Comme  rien  du  monde  m'estoit  si  agréable 
comme  l'avenu  '  de  monseigneur  vostre  fils  icy  et  l'ocation, 
anssy  rien  ne  pouroit  me  donner  plas  de  regret  qn'il  et  ' 
arrivé  icy  en  nn  tell  temps  qae  ce  n'estoit  possible  pour 
moy  pour  luy  rendre  un  continuel  service,  comme  son 
méritt  et  mon  coear  désiroit  luy  rendre,  estant  tousjours 
en  les  affaires  d'E^tat  et  du  Parlement,  pour  nous  vider 
des  genres'  civiles,  que  j'espère  Dieu  nous  délivrera.  Sans 
flater,  Madame,  permettes  moy  de  dyre  à  V.  A.  que  vous 
avés  nn  très-gentill  cavalier  à  monseigneur  vostre  fils,  qui 
c'est  comporté  si  bien  qu'il  a  gainé'  tout  le  monde  ïcy, 
et  ^ct  un  entier  conqueste  de  tout  ce  pays,  et  rïen  n'y 
manque,  à  coroner  son  voiadge  d'îcy  que  le  retour  de 
madame  la  Princesse  avecq  loy,  lequell  j'ay  déaire  avec 
passion,  ponr  le  contentement  de  monseigneur  le  Prince 
I  la  renae.  *  eal.  >  guerres.  •  g*giiJ. 


,,  Google 


IHI.  Mm.]  —  44o   — 

d'Orange  et  V,  A.  D  seroît  trop  d'împortaner  V.  A. 
pour  déclarer  tes  raisons  qae  je  le  désire,  maïs  V.  Â. 
peut  les  bien  juger  et  moy,  comme  le  plus  obligé  servi- 
teur de  V.  A.,  le  conseille  que  vous  importunés  le  Roy  et 
la  Reyne  de  l'eavoier  k  V.  A.  aussy  tost  qu'il  est  pos- 
sible, vers  le  fin  de  l'esté,  car  M'  Rivett  et  '  un  melienr 
instructeur  que  père  Philippe  *,  et  je  ne  manqueray  ce  pen- 
dant de  contribuer  mon  pouvre  avis  pour  l'effecter'.  Madame, 
je  suppliray  tr&s-bumblement  V.  A.  me  contioer*  l'honneur 
de  vostre  favenr  et  commendements,  comme  cela  qui 
m'est  le  plus  précieus,  car  mon  ceull  '  ambition  est  de  vi- 
vre et  mourir.  Madame, 

vostre  plus  que  trè&-humble  serviteur, 

WARWICK. 


t  LETTAB  DCCX. 

Ijts  Âmbattaàeur»  m  Angleterre  au  Prince  (tOrange.  fit 
jour  du  mariage  est  fixé  ;  leur  avis  mr  le  blocus  projeté 
de  la  Flandre. 

Monseigneur.  Depuis  ta  nostre  du  3  sur  l'arrivée  et 
ta  réception  de  monseigneur  le  Prince  vostre  fib  en  cette 
cour,  S.  A.  va  tousjours  augmentant  en  laveur,  ayant 
tontte  permission  et  l'honneur  de  iréqnenter  journellement 
le  Koy,  la  Boyne,  les  Princes,  mais  particuliërement  et 
familièrement  la  Princesse  sa  fiencée;  et  après  avoir  recea 
chez  tuy  la  visite  de  tous  les  grands,  mesmes  des  am- 
bassadeurs de  Portugal  et  de  Venise,  réservé  monseigneur 
l'Electeur  seul,  qui  semble  encor  délibérer  là-dessus,  S.  A 
commence  aussy  à  son  tour  de  leur  rendre  maintenant 
pareil  olBce,  avecq  quelque  lenteur  tontesfoîs,  par  ce  que, 
s'il  ne  les  prend  de  grand  matin,  ou  bien  incontinent  après 
le  dîaner,  il  les  trouve  engagés  au  Parlement,  et  comme 
S.  A.  s'acquitte  bien  de  ce  qui  dépend  de  Iny,  nous  pren- 
nons  aussy  pêne  de  vuider  ce  qui  est  de  nostre  charge, 
'  «al.      *  emfetteuT  dt  la  SAite.      '  effectuer.      *  caotiQDer.      '  «nil. 


,,.GoogIc 


—  447  —  [iMi.  u«i. 

alïÎD  d'avancer  le  mariage,  sur  les  formalitez  duquel  ayaut 
dressé  le  mémoire  cy-joinct  à  la  reqnbitîon  de  M.  Vane, 
S.  M.  le  mit  devant-hier  au  matin  en  délibération  avec 
messieors  nos  commissaires ,  lesquels  ensoitte  vindrent 
hier  trouver  S.  A.  au  sortir  de  table,  pour  en  commu- 
niquer avec  nous.  Leur  entrée  fut,  que  S.  M.  avoît 
trouvé  bon  de  nous  accorder  tout  te  contenu  de  nostre 
escrit;  qu'il  n'y  a  que  deux  vojea  pour  effectuer  le  mari- 
age, l'une  longue,  sj  prétendions  la  cérémonie  et  le  festin 
solemnel,  qui  pour  ses  apprests  demandoït  pour  le  moins 
un  mois  de  temps;  l'autre  courte  et  sans  rien  d'extérieur 
et  nous  en  lut  donné  le  choix;  nous  acceptâmes  celle- 
cy,  car  leur  inclination  sembtoit  y  aller  aussy.  Le  jour 
doncq  des  esponsailles  fut  arresté  pour  dimanche  prochain, 
en  la  chapelle  de  S.  M.;  mais  avant  que  de  nous  séparer, 
croyans  que  M'  l'Electeur  seroit  appelle  avec  nous  au 
petit  festin,  nous  priasmes  messieurs  les  commissaires  de 
considérer  que  toutte  la  Cbrestienté  jetteroit  l'oeil  sur  cetle 
action,  et  partant  qu'ils  voullussent  avoir  soin  de  la  di- 
gnité et  du  rang  de  nostre  Estât,  connu  et  en  possession 
de  suivre  immédiatement  la  république  de  Venise,  devant 
touttes  les  testes  non  couronnées,  et  nous  repartirent  qu'il 
y  seroit  assez  ponrveu,  sans  qu'en  eussions  aucune  crainte. 
Toutesfois  devers  le  soir  et  en  particulier  il  fut  dit  à 
aucuns  de  nous  que  le  Roy,  la  Koyne  et  la  Royne-mère 
mangeroyent  avec  leurs  enfans  seuls  et  en  privé;  que  pour 
les  ambassadeurs  ils  seroyent  traictés  i,  part,  à  la  table 
d'un  des  seigneurs;  aurquoy  ayant  esté  plènement  traicté 
entre  nous,  et  considérans  le  peu  de  respect  qui  au  veu 
du  monde  reviendroit  k  l'Estat  d'un  tel  traictement,  nous 
avons  pensé  plus  à  propos,  sy  on  ne  change,  d'achever 
tout  ce  qui  est  d'essentiel  au  mariage,  de  retourner  après 
manger  chez  nous  sans  bruict,  et  de  là  aller  de  rechef 
msister  au  coucher  du  Prince  et  de  la  Princesse.  Dans 
deux,  trois  jours  après  le  mariage,  le  transport  sera  mb 
en  jeu,  par  voye  de  supplication,  et  sy  ne  l'obtenons  pour 
le  présent,  qu'au  moins  on  en  veuille  raccourcir  te  terme. 


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lUi.  Mil.]  —  448  — 

En  particulier  ce  désir  est  jagé  juste  et  fort  raisonnable 
par  ceox-mesmes  qui  j  peuvent,  et  verrons  en  l'occasion 
jusques  où  iront  les  offices  qu'ilz  nous  ont  &îct  espérer, 
sans  néanmoins  j  précipiter  rien,  ny  aussy  non»  entrete- 
nir de  long  doute.  La  décision  s'en  fera  en  peu  de  jours, 
laquelle  nous  réglera  d'une  ou  d'autre  sorte,  et  sy  leurs 
Majestez  ne  venllent  estre  persuadées,  nous  préparerons 
ansaytost  touttes  choses  an  retour  '  et  manderons  au  vice- 
admîral  d'envoyer  à  cet  efïêct  quelques  navires  aux  Dnns, 
où  S.  A.  s'embarquera  plus  commodément  et  aurons  tous 
moins  de  mer  à  passer. 

Les  officiers  anglois  et  escossoïs  qu'avons  rencontré  en 
cette  Cour,  ont  esté  faictz  sommer  par  nous  de  se  rendre 
en  leurs  charges,  avecq  quelque  commination  aux  contre- 
venans,  en  conformité  des  commandements  de  Y.  Â.',  et 
voulions  espérer  qu'ils  y  auront  satisfaict 

Messeigneurs  len  Estatz-Généraus  par  denx  lettres,  nous 
mandent  avoir  résolu  de  tenir  estroïttement  investis  les 
ports  de  Flandres,  et  nous  ordonnent  de  le  faire  trouver 
bon  au  Roy,  avec  dextérité  et  aecrétesse;  d'advertir  de 
temps  en  temps  de  noz  rencontres  et  d'en  traicter  priva- 
tivement  avec  V.  A.,  laquelle  s'en  fera  lire  les  lettres, 
s'il  luy  plaist.  Surqnoy  ayant  esté  par  nous  délibéré, 
nous  trouvons  bien  que  de  droict  de  gens,  et  à  l'exemple 
des  François  et  Anglois,  ils  sont  fondez  de  l'entreprendre, 
doutons  toutesfois  que  c'en  soit  le  temps.  Sy  le  proposons, 
ceux  du  conseil  doivent  estre  préparez  devant;  l'esclat 
s'en  fera  anssy-tost  et  nous  voylà  hors  du  secret;  ve- 
nans  d'en  estre  refusez,  l'o&ense  sera  bien  plus  grande, 
sy  passons  outre;  ce  sera  une  dure  entrée  à  une  nou- 
velle alliance,  qu'on  prétend  bastir  sur  le  mariage;  c'est 
le  ti'oisiesme  de  nos  quattre  points,  proposez  an  Roy  de- 
vant plus  de  seize  mois.  Y.  A.  se  peut  ressouvenir  que 
le  Roy  nous  reprocha  lors  que  les  nostres  portoyent  jour- 
nellement des  marchandises  de  contrebande  aux  ennemys; 
que  les  en  fissions  chastier  premièrement,  et  qu'après  il 
'  Belgitinu  loor  hA  vuirek.  *  p.  429. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


—  449  —  (IMi.  Mii, 

TouUoit  penser  à  en  faire  antant  aux  siens.  Mùntenant, 
Monseigneur,  on  prétend  de  faire  précéder  la  défense 
du  Roy,  pour  tascher,  au  moyen  d'icelle,  de  ranger  par 
après  ceui  du  pays;  ce  que  pensons  impossible;  encor 
y  auroit-il  quelque  coulleur,  sy  le  règlement  estoit  jà 
estably  sur  les  nostres;  outre  ce  que  le  Roy  entretient 
la  paix  avec  le  Roy  d'Espagne  principalement  pour  le 
proufit  qui  en  revient  à  ses  finances  et  subjects  par  le 
commerce,  il  y  a  danger  que  n'attirions  tout  le  Parlement 
sur  nos  bras,  et  partant,  Monseigneur,  avons  pensé  devoir 
attendre  une  seconde  jussion  sur  nostre  remonstrance , 
avant  que  de  rien  entamer  en  cette  matière.  En  tout 
cas  serait  plus  facile  d'excuser  l'entreprinse  devant  le 
refuz,  car  lors  se  devroît  travailler  îi  faire  avoir  lien  le 
drait  des  gens  et  la  prattique  de  ceux-mesmes  qui  s'en 
voudroyent  plaindre;  mais  la  raison  veut  que  commen- 
cions par  nous-mesmes.  V,  A.,  s'il  luy  plaist,  prendra 
en  bonne  part  cette  liberté,  d'autant  que  nous  voyons  les 
humeurs  de  ce  royaume  en  tel  estât  que  ne  pourrions 
espérer  obtenir  aucuue  interruption  de  commerce  de  leur 
consentement.  Toutesfbis  nous  obéyrons  ponctuellement 
il  tout  ce  qui  nous  sera  prescript  de  V.  A.,  en  cas  que 
soyons  encor  en  cette  Cour,  et  l'ambassadeur  ordinaire 
s'en  pourroit  entremettre  après  nostre  départ  Nous  dif- 
férons aussy  les  devoirs  pour  divertir  la  Royne-mère  de 
passer  par  les  Provinces-Unies  k  quand  S.  M.  aéra  mieux 
résolue  de  son  voyage,  lequel  nous  voyons  attendre  encor 
quelque  advis  de  France.  Le  plus  expédient  moyen  seroit 
de  mettre,  soubs  main  et  soubs  l'apparence  de  confiance, 
en  doute  la  seureté  particulière  de  ceux  qui  contre  l'ad- 
vis  de  tous  engagent  S.  M.  k  ce  chemin  (dont  sa  corn- 
plexion  ne  luy  sçauroit  promettre  l'achèvement),  à  cause 
de  l'estroitte  alliance  de  l'Estat  avec  la  France  et  h  grand 
nombre  de  ceux  qui  estiment  beaucoup  l'amitié  de  M. 
le  Cardinal  Cela  seul,  Monseigneur,  seroit  capable  d'al- 
térer leurs  conseils,  en  séparant  la  garentye  de  leur  par- 
ticulier d'avec  te  respect  qu'on  garde  à  S.  M.  —  L'affaire 
III.  29 


,,Googlc 


1641.  M»i.]  —  450  — 

du  lieatenant  d'Irlande  est  à  sa  crise,  tirant  à  une  fin, 
mais  dangereuse,  s'il  n'y  a  plus  de  prudence  ot  de  mo- 
dération. Il  n'y  a  que  quatre  jours  qu'il  fut  présenté 
Que  nouvelle  requeste  contre  luy  au  Pariement,  signée 
de  plus  de  vingt  mille  des  plus  qualifiez  de  cette  ville. 
Ce  jourdhuy  les  advocatz  de  part  et  d'autre  plaident 
sur  le  droit;  après  doîbt  suivre  le  jugement  La  maison 
des  communes,  persuadée  qu'il  y  a  dessein  de  le  faire 
évader,  a  faict  doubler  les  gardes  en  la  tour  et  retirer 
les  ancres  et  les  voiles  d'un  navire  suspect  d'avoir  esté 
destiné  à  cela.  Le  Roy,  ayant  &ïct  appeller  hier  ceux  du 
Parlement,  respondit  sur  leur  trois  demandes:  la  première, 
que  de  six  papistes  il  n'en  restoit  plus  que  deux  en  cour; 
que  c'est  aux  Boys  de  choisir  leurs  serviteurs  et  qu'il  en 
usera  de  bonne  sorte;  qu'il  fera  désarmer  les  papbtes  par 
tout  le  royaume  selon  les  loix;  mab,  pour  la  cassation 
de  l'armée  d'Irlande,  qu'il  y  avoit  à  songer  comment  ; 
désïroyt  que  les  deux  autres  fussent  aussy  payées  et  licen- 
tiées,  afin  de  passer  outre  aux  ordres  et  règlements  néces- 
saires au  bien  et  repos  du  royaume.  Sur  ce,  Monseigneur, 
nous  prions  Dieu,  de  donner  ^  Y.  Â.  prospérité  en  ses 
desseins  et  santé  et  longue  vie  à  sa  personne. 

De   V.   A.  très-humbles,  très-obéyssans  et 
très-fidelles  serviteurs, 

H.  W.   T.  BBEDEBODE.     FRANÇOYS   D'aERSSEN. 
V.  KEBOHOVEN  d'hEKNVLIET.      JOACflllU. 

De  Londres,  œ  9  mai  1611. 


■  t  LirrrKB  bccxi. 

i*iitn.  ijf  Prince  ^Orange   aux    Ambassadeurs  en  Angleterre.     Il 
se  réjouit  du  bon  accueil  de  son  fils. 

Messieurs.  Vos  lettres  du  2  de  ce  mois,  que  Jonvillier 
me  rendit  hier,  m'ont  apprins  avec  beaucoup  de  conten- 
tement   et    de    satisfaction    ce    qui   s'est  passé  pardelà  à 

'  minule  de  la  auria  d*  X.  dt  ZaylieÂem. 


,,  Google 


—  451   —  [1641.  Mii. 

l'arrivée  et  réception  de  mon  fils,  où  j'advoue  qu'il  me 
semble  avoir  recea  tout  ce  qui  se  pourroît  soahiûtter 
d'honorable  accueil  et  de  témoignage  de  bonne  volonté, 
et  m'en  ticoa  particalièrement  redevable  à  la  sage  et 
prudente  conduitte  qa'il  vous  a  pieu  y  contribuer  de 
vostre  part  J'espère  que  vous  en  continuerez  les  eflfects 
à  mon  dit  fils,  durant  le  séjour  qu'il  sera  obligé  de  faire 
par  delà,  et  nommément  que  vons  aiderez  à  procurer 
discrètement  que  ces  premières  caresses  soyent  bientost 
suivies  de  la  solemnisation  du  mariage  et  que  de  là  ou 
paisse  obtenir  l'advoeu  de  leurs  Majestez  pour  le  trans- 
port de  la  Princesse,  à  ce  que  tous  ensemble  puissiez  en 
bref  vous  en  venir  par  deçà,  qui  est  ce  point  principal, 
auquel  vous  sçavez  combien  il  importe  qu'on  tâche  de 
parvenir  par  toutes  sortes  d'inductions  et  voyes  ima^na- 
bles.  Parquoy  je  ne  puis  m'empêcher  de  vous  le  recom- 
mander de  nouveau  et  avec  toute  instance.  Souhaittant 
au  reste  d'avoir  occasion  de  me  ressentir  envers  vous  de 
tant  de  &veurs  dont  vous  m'obligez  continuellement,  comme 
tout  porte   d'mlleurs  de  vous  tesmoigner  que  je  suis  etc. 


LETTRE    DCCXII. 

Riv^  au   Prince   ^Orange.     Proch  du  Comte  de  Strafford. 

Monseigneur.  Comme  l'al&ire  qui  nous  a  ici  amenez 
va  aussi  bien  jusques  à  présent  que  nous  eussions  peu 
désirer,  grâces  à  Dieu,  les  publiques  d'autre  part  sont 
en  un  estât  bien  doubteux  et  chancelant;  car  à  mesure 
que  le  procès  du  Conte  de  Strafort  semble  approcher  de 
son  terme,  les  humeurs  s'aigrissent  et  se  roidissent  en 
leurs  résolutions  et  la  longueur  de  la  procédure  donne 
lieu  aux  pratiques  de  ceux  qui  le  voudraient  sauver.  Il 
y  a  quelques  jours  que  la  chambre  des  communes  le  dé- 
clara crimiuel  de  hante-trahison,  et  eut  ordra  de  mettre 
sa  sentence  par  escrit,  pour  estre  communiquée  à  la  cbam- 

39* 


,,Googlc 


1841.  M«i.]  —   452   — 

bre-haute,  ce  qui  fdt  faict,  et  ponr  ce  qu'elle  demandoît 
escIairciBsement  sur  le  point  de  droit,  hier,  les  deux 
chambres  estans  assemblées  et  le  criminel  amené,  un  ha- 
bile homme  choisi  par  la  chambre  des  communes,  durant 
l'espace  de  deux  lieures,  apportant  avec  luy  tous  les  til- 
tres,  confirma  les  accasations  et  tira  la  dite  conclusion, 
arec  une  présence  d'esprit  fort  grande,  un  estonaement 
dn  criminel,  qui  n'avoit  point  pouvoir  de  parler  davan- 
tage, et  un  applaudissement  de  tons  ceux  pour  lesquels 
il  parloit  Le  Roy  y  estoit  et  marqnoit  les  points  prin- 
cipaux. Sur  cela  on  est  en  attente  de  la  conclusion,  la- 
quelle ne  peut  longtemps  tarder.  Le  jour  devant  S.  M. 
avoît  assemblé  tout  le  Parlement  à  Wîtbal,  tant  pour 
respondre  k  quelques  demandes  qu'ils  luy  avoyent  faictes, 
que  pour  leur  faire  aussi  la  proposition  de  congédier  les 
deux  armées,  qui  consument  le  pays.  Il  leur  dit  que 
pour  les  papistes  de  la  cour,  desquels  ils  avoient  demandé 
le  bannissement,  il  y  avoit  pourveu;  que  pour  le  désar- 
mement des  autres  par  tout  le  royaume,  il  avoit  com- 
mandé aux  gouverneurs  des  provinces  d'exécuter  pnnctn- 
ellement  sur  cela  les  ordonnances  de  la  feue  Reyne  Elisabeth , 
mais  qu'il  ne  pouvoit  casser  l'armée  d'Irlande  jusques  à 
ce  que  les  autres  fussent  séparées.  Cela  dit,  il  se  retira 
sans  response.  Comme  les  soupçons  s'accroissent,  on  dit 
que  quelques  vaisseaux  ont  esté  descouverts  la  nuict  près 
de  la  Tour  de  Londres,  qu'on  veut  avoir  esté  là  pour 
attendre  le  député  qu'on  vouloit  sauver.  On  adjouste 
qu'il  y  avoit  commandement  au  sieur  de  Balfour  de  le 
fevoriser,  mais  cela  n'est  pas  avéré;  néantmoins  on  luy 
a  doublé  ses  gardes.  Hier  matin  je  vi  '  l'évesque  de  Lon- 
dres, grand-tbrésorier.  Il  me  fit  de  grands  complimens 
sur  le  mariage  qui  se  doibt  célébrer  dimanche  par  ap- 
probation universelle,  mais  adjousta  qu'il  me  prioit  de 
&ire  entendre  de  sa  part  à  monseigneur  le  Prince  Guil- 
laume et  à  messeigneurs  les  ambassadeurs  qu'îlz  avoient 
un    grand    desplaisir    de   ne   le  pouvoir  célébrer  avec  les 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


i 


■  453  ■ 


[i«4i.  : 


magnificences  deues  en  tel  cas  etaatresfoia  pratiquées;  que 
ce  n'estoit  pas  faute  de  bonne  volonté,  mais  que  l'estat 
déplorable  du  royaume  et  le  dangereux  paroxîsme  auquel 
il  se  troavoit,  ne  le  permettoit  pas;  qu'Us  avoient  hont« 
de  l'obmettre,  mais  que  la  nécessité  présente  et  la  brief- 
veté  du  temps  les  excnsoit  aucunement.  Sur  quoy  je  luy 
dis  avoir  oui  de  messieurs  les  ambassadeurs  qu'ils  tenoient 
à  grâce  une  prompte  expédition,  laquelle  récompenseroit 
aucunement  les  magnificences  qui  les  détiendroieat  pins 
longtemps,  et  sur  ce  qu'il  adjousta  que,  s'il  j  avoit  quelque 
chose  qui  despendist  d'eux,  que  monseignenr  le  Prince 
Guillaume  et  messieurs  les  Estats  désirassent  ou  deman- 
dassent, ils  n'auroyent  rieo  pins  à  coeur  que  de  récom- 
penser  ce  défaut  par  l'ottroy  de  quelque  antre  chose,  je 
m'advançay  sur  cela  de  luy  dire  que  devant  nostre  par- 
tement  il  s'en  pourroit  présenter  une,  qui  nous  seroit 
non  seulement  équivalente,  mais  laquelle  nous  renvoyeroit 
avec  nn  parfaict  contentement ,  si  mon  dit  seigneur  et 
messieurs  les  ambassadeurs  demandans  que  la  nouvelle 
espouse  leur  tust  donnée  pour  estre  nourrie  près  de  Y.  Â. 
en  la  religion,  moeurs  et  façons  du  pals  oïl  elle  aura  à 
vivre,  luy  et  ceux  qui  ont  du  crédit  aidoient  &  faire  pren- 
dre cette  résolution  h.  leurs  Majestez.  H  me  dit  qu'il  le 
feroit  de  tout  son  coeur,  pourcequ'il  le  trouvoit  non  seu- 
lement raisonnable,  mais  aussi  nécessaire.  Kéantmoinsje 
ne  me  l'ose  promettre  si  tost,  combien  que  j'espère  qu'on 
abrégera  le  terme,  car  l'archevesque  primat  d'Irlande  me 
dit  le  mcsme  jour  qu'il  a\'oit  proposé  au  Roy  une  dame 
fort  sage,  craignante  Dieu  et  très- vertueuse,  qui  parle 
diverses  langues,  pour  mettre  avec  madame  la  Princesse, 
k  quoy  le  Roy  lui  avoit  respondu  qu'il  y  auroit  temps 
d'y  penser  et  que  cela  n'estoit  pas  encore  prest.  Je  trouve 
tous  ces  messieurs  fort  estonnds  sur  l'estat  présent  et  en 
grande  crainte  de  mauvais  événemens,  qui  semblent  ne  se 
pouvoir  éviter,  en  quelque  manière  que  ce  décide  l'afiàîre 
de  ce  Conte,  pour  ce  qu'il  &ut  nécessairement  que  la  cour 
ou   le   peuple  succombe,  que  l'une  perde  beaucoup  d'au- 


,,Googlc 


1641.  M«i.]  —  454  — 

torité,  ou  que,  ei  elle  la  veut  maintenir,  Tautre  partie 
se  jette  dans  les  confusions  et  séditions,  qui  mettront  le 
feu  partout.  Ceux  de  Londres  ont  présenté  un  rôle, 
signé  par  dixliuît-mille  personnes  et  adjoasté  que,  s'il  est 
besoin,  ils  y  en  feront  joindre  trois  fois  autant,  qui  crient 
„03te"  contre  ce  misérable  Conte,  que  d'autres  cependant 
prisent  comme  un  des  grands  hommes  du  siècle,  et  soït 
que  le  milord  Digby  ait  véritablement  esté  converti  par 
ses  responses,  soit  qu'il  ait  changé  par  d'autres  considé- 
rations, ftu  jour  auquel  la  chambre  des  communes,  eu 
laquelle  il  est  député,  prit  sa  conclusion,  il  représenta 
que,  comme  î)  avoit  esté  le  premier  à  l'accuser  avec  grande 
véhémence,  il  le  trouvoit  si  net  après  ses  défenses,  qu'il 
tiendroit  à  grande  injustice  de  le  condamner,  et  parla 
avec  tant  d'efficace  que  de  deux  cens  cinquante  voix  il 
en  tira  plus  de  cinquante  après  luj.  Voilà,  Monseigneur, 
ce  que  j'ay  peu  apprendre  et  que  j'ay  trouvé  digne  d'en 
entretenir  Y.  A.,  qu'elle  pourra  sçavoir  par  d'antres  miens 
que  par  moj,  mais  j'ay  deu  obéir  en  cela,  comme  en 
tout  ce  que  je  poarray,  aux  commandemens  de  V.  A., 
pour  la  santé  de  laquelle  je  prie  Dieu  de  tout  mon  coeur 
et  pour  l'heureux  succès  de  ses  hauts  et  utiles  desseins, 
pour  la  gloire  d'iceluy  et  le  bien  de  l'Estat ,  comme  y  est 
obligé  de  tout  droit,  Monseigneur, 

de  V.  A.  le  très-humble,    très-obéyssant 
et  très-fidèle  serviteur, 

AHDSé  al  VET. 

De  LondreB,  le  10  iiiay  1641. 

LBTTKB   DCCXni. 

Af.    de    Sommeîsdyck    au   Prince  ^Orange.     Célébration  dit 
mariage. 

Monseigneur  !    Le  baron  de  Dona  '  sçaura  miens  dire 
à  V".  A.  l'histoire  de  noatre  mariage,  qu'une  longue  lettre. 
Jja.  célébration  s'en  fit  publique  devant-hier  en  ta  chi^Ue 
>  Albert  d«  Dobiia  (1621— IflTT)  gendn  d*  Brtdtrodt. 


,,Googlc 


—  455  —  [IB41,  M«i. 

et  présence  du  Koy,  avec  l'ordre,  la  soletnnîté  et  seareté 
que  pouvions  désirer,  mesmes  assez  par  dessus.  S.  M. 
ea  conduisit  l'action,  présenta  et  plaça  la  Princesse  et  le 
Prince  devant  l'autel,  prenant  leur  droicte  et  nous  lais- 
sant la  main  gauche;  obligea  l'un  et  l'autre  de  hausser 
lear  voix  aux  promesses,  à  l'imitation  de  l'évesquc  d'Ely, 
corrigea  par  résumption  ce  que  tous  deux  &lloyent  '  de 
bien  saivre.  Elle  fut  menée  entre  ses  deux  frères  et, 
le  mariage  faict,  rammenée  entre  M.  de  Brederode  et 
raoy,  et  S.  A.  entre  les  Princes,  jusques  dans  la  chambre 
du  Roy  et  de  la  Koyne-mère  où,  après  nostre  compli- 
ment, ils  recourent  séparément  la  bénédiction  de  fort  bonne 
grâce  et  furent  disner  en  privé  avec  leurs  Majestez.  Kous 
en  suivismes  l'exemple  chez  nouz,  encor  que  conviez  en 
quartier  à  part  par  les  premiers  seigneurs  de  la  cour, 
mais  nous  eusmes  réflexion  sur  la  dignité  de  l'Ëstat 
L'après-disué  se  passa  en  promenade  du  Roy,  de  la 
Koyne,  des  Princes  et  nouveaux  mariez  au  mesmo  caresse. 
Sur  le  soir  nous  retournâmes  pour  assister  au  coucher. 
La  Eoyne  emmena  la  Princesse  pour  la  faire  deshabiller 
et  mettre  au  lict;  le  Boy  dit  à  S.  Â.  d'en  aller  &ire 
autant  en  sa  chambre  qui  l'avoit  '  quitée  pour  l'en  accom- 
moder ;  après  quelque  temps  M.  le  Prince  de  Walles  le 
vint  sommer  de  venir  coucher,  que  sa  seur  l'attendoît  au 
lict;  mais  tardant  encor,  le  grand -chambellan  luy  déclara 
que  le  Roy  et  la  Royne  estoyent  prestz  ;  il  entra  doaq 
avec  sa  robbe  de  chambre,  et  le  Roy  le  reçut  au  costé 
gauche  du  lict,  la  Princesse  occupant  l'autre,  près  du 
bord,  où  la  Royne  estoit  assise.  La  presse  fiit  grande, 
et  quoyque  S.  M.  s'en  faschast,  il  &llut  passer  par  là; 
S.  M.  le  mit  entre  les  deux  draps  et  le  poussa  autant 
près  de  la  Princesse  qu'il  peut,  à  laquelle  il  présenta  un 
buser  d'abord,  pour  lequel  recevoir  elle  y  porta  la  teste, 
mais  la  voulant  approcher  et  toucher  de  la  jambe ,  il  des- 
couvrit le  piège,  car  on  luy  avoit  mis  une  chemise  sy 
longue  qu'elle  s'en  trouva  toutte  enveloppée;  le  nain  ofîrît 
'  qu'il  iToit. 


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leil.  Mii.] 


au  secours  ;  ce  fut  lors  qu'on  se  mît  à  le 
railler  ;  et  Iny  à  baiser  son  épouse  ;  ce  spectacle  dura  ' 
heure  et  demie;  la  minuit  nous  sépara,  la  Princesse  ne 
bougea  et  S.  Â.  s'en  retourna  en  mesme  posture  vers  sa 
chambre  qu'il  eatoît  venu.  Cela  faict,  je  fus  remercyer 
et  féliciter  leurs  Majestez  de  cet  accomplissement  et  le 
Koy  me  dit:  „le  mariage,  Dieu  mercy,  est  achevé  en 
despit  et  malgré  de  plusieurs,  notamment  de  quelques- 
uns  qui  en  sont  marrlz  et  desquels  je  ne  l'attendoy  point, 
dont  il  me  desplaîst  bien  fort,"  sans  s'en  expliquer  da- 
vantage. Hier  au  matin  estans  retournés  voir  S.  Â.,  le 
Koy  y  survint  aossy  tout  seul,  et  caressa  S.  A.  autant 
que  son  propre  filz,  et  il  y  a  desjà  une  trës-estroitte 
amour  liée  entre  le  Prince  de  Walles  et  luy-  Quand 
au  mesme  temps  les  présens  eurent  esté  donnez  par  luy- 
mesme  à  l'espouse,  le  Koy  dit  qu'ils  estoient  trop  beaux 
et  précieux  pour  estre  payez  d'un  baiser.  Tant-y-à,  Mon- 
seigneur, qu'il  ne  se  peut  rien  adjouster  d'honneur  et  de 
bienveillance  à  cette  action ,  que  leurs  Majestez  n'en  ayent 
encor  faict  plus  grande  démonstration.  Nous  sommes  main- 
tenant k  penser  au  transport  et  commençasmes  d^  hier 
par  la  Royne-mère,  ce  qu'achèverons  par  les  commissaires 
et  ceux  qui  peuvent,  car  il  va  estre  temps  de  préparer 
le  retour,  de  peur  que  la  grande  bonté  et  familiarité  ne 
nous  face  perdre  le  respect  et  la  réputation  que  S.  A. 
s'est  acquise. 

Nous  sommes  en  pêne  du  Boy  et  du  repos  du  royaume. 
S.  M.  déclara  samedy  en  la  maison-haute  que  sur  sa 
conscience  il  ne  trouvoit  point  que  le  lieutenant  eut  com- 
mis haute-trahison,  bien  trop  d'autres  crimes  qui  le  ren- 
doyent  incapable  de  la  moindre  charge  du  Boyaume, 
pouvant  partant  approuver  qu'il  fut  confiné  en  sa  maison 
et  à  deux  milles  à  la  ronde,  sans  rappel.  Cela  prononcé 
les  deux  maisons  se  levèrent  en  silence  et  hier  matin, 
jusques  au  soir,  se  présentèrent  plus  de  dis  mille  personnes 
devant  Westmunster,  demandans  justice  contre  le  lieutenant. 


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—   457    —  [1641.  Uii. 

crians  „i,  Weythal,  h  Weythal,"  c'est  à  dire,  qu'ib  iroyent 
au  Boy  et  comparoîstroyent  ce  jourdhuy  en  armes.  Ce 
qu'en  partye  s'est  faîcL  Le  desein  semble  aller  sur  la  Tour; 
le  Boy  et  le  peuple  prétendent  que  Balfour  leur  obéysse. 
Le  Roy  et  son  authorîté,  que  je  ne  die  davantage,  cour- 
ront grand  fortune  ',  au  dire  et  gémir  mesme  de  la  Royne. 
Tout  consiste  à  sçauver  ou  à  perdre  le  lieatenant.  Les 
trois  Royaumes  se  lient  par  confédération  perpétuelle,  pour 
la  manutention  de  la  religion,  de  la  liberté,  des  privilèges 
fit  des  loix.  Je  sais  trop  long  après  M.  le  baron*,  priant 
Dieu,  Monseigneur,  de  bénir  V".  A.  de  bon  succès,  santé 
et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant, 
et  très-fidèle  serviteur, 

FBANçors  d'aebssen.' 
De  Londres,  ce  15  may  1641. 


*  LBTTRB   BCCXir. 

Lu  Ambaïaadmn  m  Angleterre  au  Prince  ^Orange.   Même 
etget. 

Monseigneur.  Nos  espousaîlles  furent  célébrées  dimanche 
passé  publiquement  en  la  chappelle  du  Boy  par  l'évesque 
d'Ely,  selon  les  formes  et  l'usance  de  l'Ëglise,  sans  qde 
rien  y  ait  défailly  devant  l'action  ny  apr^,  car  les  ma- 
riez couchèrent  ensemble  et  leurs  Majestez  en  tesraoignè- 
rent  une  plenière  approbation ,  mesmes  au  delà  de  nos- 
tre  attente,  traictans  encor  journellement  monseigneur  le 
Prince  Guillaume  avec  tant  de  familiarité  et  d'amitié 
comme  s'il  estolt  leur  propre  iîlz;  ainsy  que  S.  A.  mes- 
mes vous  l'attestera.  Kous  sommes  après  à  lever  l'attes- 
tation de  l'évesque  de  la  consommation  dn  mariage, 
feict  de  l'authorisation  et  approbation  de  S.  M.,  afin  de 
former  l'acte  lequel  elle  a  promis  de  nous  en  fmre  dé- 
'  TÙqna-  *  de  Dona. 


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1641.  Mii.]  —  458  — 

pêcher  et  n'obmettrons  rien  de  ce  qaî  poarra  servir  à  la 
seureté.  Cependant  les  fera  sont  mis  au  fea  pour  le  trans- 
port de  l'espouse,  et  avons  commencé  par  la  Royne-mère, 
laqaelle  y  ayant  trouvé  bien  de  la  difSculté  a  néanmoins 
promis  de  noas  y  rendre  des  bons  oiSces.  La  Royne  par 
après  nous  repartit  qu'absolument  le  Roy  se  tîendroit  au 
terme  convenu;  qu'elle  m'esmes  ne  s'en  pourroit  bien  ré- 
soudre, considérant  le  tendre  aage  de  sa  fille,  mélancho- 
lique  et  traînant  encor  sa  maladie.  Estant  là  présente, 
S.  M.  nous  pria  de  parler  bas,  à  ce  qu'elle  n'entendist 
nostre  demande,  de  peur  de  la  faire  pleurer;  qoe  les  fil- 
les ont  souvent  d'estranges  humeurs  et  elle  serait  marrye 
d'attirer  sur  soy  le  reproche  d'avoir  forcé  sa  fille  en  un 
pays  estranger;  mais  après  plusieors  raisons  de  pour  et 
contre,  S.  M.  se  laissa  finalement  persuader  d'en  parler 
au  Roy,  sans  s'engager  à  plus.  Hier  noua  noua  en  ad- 
dressàmes  au  Roy,  non  fondez  de  droict,  aîns  de  l'espé- 
rance de  sa  grâce;  S.  M.  nous  dit  que  la  Royne  luy  en 
avoit  parlé,  qu'il  avoit  saUsfaîct  à  ce  qu'il  avoit  promis 
et  croyoit  que  V.  A.  en  seroit  contente;  qu'il  ne  tenoit 
rien  des  oeuvres  de  supérérogation ,  que  sa  fille  estoit  brop 
jeune,  que  dans  deux  ans  ce  seroit  encor  assez  tost,  et 
comme  luy  alléguions  qu'il  s'estoit  réservé  la  volonté  libre 
de  l'accorder  plus  tost,  ou  seulement  au  terme,  et  de  là 
qu'avions  prins  subject  de  le  supplier  de  nous  en  permet- 
tte  maintenant  le  transport,  qui  le  déohargeroit  de  tout 
soin,  V.  A,  et  l'Estat  de  l'appréhension  des  accidens,  et 
douneroit  loisir  à  S.  A.  R.  d'apprendre  nostre  pays  et  la 
langue  entre  les  bras  de  voz  A.  A.,  qui  la  sçauriez  sy 
bien  traicter  qu'elle  et  leurs  Majestez  s'en  loueroyent, 
et  sans  cette  grâce  que  nous  attendions  de  leurs  Majes- 
tez, que  S,  A.  auroit  à  se  rendre  dans  l'armée,  mais  que 
l'amènerions  au  pïedz  de  S.  M.  pour  luy  en  faire  la  sup- 
plication en  personne.  La  response  fut  qu'il  s'estoit  dé- 
claré ainsi,  ponr  n'en  venir  à  une  expresse  négative,  ce 
qu'il  ne  faisoit  pas  volontiers;  sy  le  Prince  Guillaume  la 
luy  demande  à  genoolx,   qu'il  luy  donneroit  sa  bénédic- 


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—   459   —  [IMI.  Mai. 

tion;  s'il  avoit  dessein  d'aller  en  l'armée,  qa'il  le  poavoit 
fure,  et  s'en  revenir  en  ce  royaume  qnand  il  voudra,  où 
il  sera  tonsjours  le  très-bien  venu.  H  nous  fut  impossible 
de  rien  tirer  davantage.  Partant  nous  tarderons  encor 
un  jour  ou  deux,  devant  que  de  redoubler  cet  office  en 
présence  de  S.  Â. ,  et  sy  S.  M.  persiste,  nous  tascherons 
d'en  &tre  au  moins  raccourcir  le  terme;  sinon,  nous  ferons 
venir  des  navires  et  préparerons  ce  pendant  les  choses, 
pour  nous  dégager  et  retirer  de  cette  Cour,  où  il  ne  nous 
semble  k  propos  qu'il  séjourne  plus  longuement,  sy  l'es- 
pérance d'ammener  son  espouse  luy  est  retranchée.  Tou- 
tesfbis  nous  le  ménagerons  de  la  sorte  que  tout  se  &ce 
avec  ordre,  décence  et  respect  Monseigneur,  Testât  des 
affaires  nous  esguillonne  à  cette  délibération,  car  il  s'est 
descouvert  de  fort  estranges  menées  depuis  trois  jours. 
Le  Parlement  est  persuadé  qu'il  y  a  en  dessein  de  les 
&ire  tons  tuer,  avec  tous  les  babitans  de  cette  ville  qui 
n'estoyent  marquez  du  charactëre  du  lieutenant  ;  que 
cette  conjuration  est  bien  plus  générale  et  horrible  que 
n'a  esté  celle  de  la  Fougade;  mais  descouverte  qu'elle  est, 
qu'il  n'y  à  plus  rien  à  craindre,  pour  le  bon  ordre  qui 
'se  donne  par  touL  Premièrement  le  Parlement,  les  deux 
maisons  ensemble,  firent  hier  une  convention  de  ne  laisser 
interrompre  ny  dissoudre  leur  assemblée;  ont  envoyé  en 
l'armée  des  Anglois  parolle  et  ordre  pour  leur  payement; 
défense  de  ne  bouger  qu'à  leur  mandement,  et  comman- 
dement de  désarmer  et  chasser  tous  les  chefs  et  ofSciers 
papistes.  Craignans  que  la  tour  ne  iîist  surprise,  y  ont 
estably  en  qualité  de  connestable  le  conte  de  Nieuport, 
grand-maistre  de  l'artillerie,  pour  s'en  asseurer;  ont  prié 
le  Roy  et  la  Royne  de  différer  leur  voyage  de  Hampton- 
court  et  de  ne  permettre  à  aucun  de  leur  maison  de  sor- 
tir du  royaume;  mesmes  envoyé  après  à  rammener  les 
précieux  meubles  que  la  Royne  avoit  pensé  envoyer  à 
Portsmund  '.  H  s'en  dit  tant  et  trop  de  choses  que  dési- 
rons estre  fausses  et  aurions  horreur  de  faire  tomber  soabs 
'  PorUmoDlli. 


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1M1.  Mil.]  —   ^60   — 

nostre  plame;  plusîanrs  ont  desjà  gagné  les  champs, 
M'  Jarmîn  des  premiers;  on  y  a  envoyé  aprës  et  jus- 
que» à  Jamesay ,  pour  l'attrapper  et  asseurer  encor  cette 
isle.  Madame  Carlisie  '  et  autres  doivent  comparoir  ce 
matin  devant  le  Parlement;  tout  sera  manifesté  dans 
ce  jourdhny  et  demain,  car  on  ne  travaille  quasi  à  autre 
affaire.  Plusieurs  grandz  sont  suspects  d'y  avoir  trempé. 
On  tient  que  la  sentence  contre  le  lieutenant  d'Irlande 
sera  prononcée  et  exécutée  demain.  H  se  sème  de  faux 
brtucts  au  Parlement  et  parmy  le  peuple,  comme  sy 
y.  Â.  prestoit  de  grosses  sommes  pour  seconder  le  Roy; 
c'est  de  l'invention  des  Espagnols,  pour  nous  rendre  sos- 
pectz  et  odieux.  Noua  aurons  l'oeîl  aux  affaires  et  à  U 
seureté  de  monseigneur  le  Prince  vostre  Ëls,  autant  qu'il 
nous  sera  possible  et  ne  perdrons  point  de  temps  à  noos 
esclarcir  de  ce  que  pouvons  espérer  et  de  nous  retirer 
au  pinstost  Et  pour  fin,  Monseigneur,  supplierons  le 
Créateur  de  conserver  V.  A.  en  trës-parfaicte  santé  et 
prospérité. 

De  V.  A.  trfea-humbles,  très-obéissans  et  très- 
fidelles  serviteurs, 

H.  W.  y.   BREDEEOQE.      FBANÇOTS  S'a: 
HBENVLIET.      ALB.  JOACBOtt. 

De  Londres,  ce  17  mav  1611. 


USTTWiK  BCCXV. 

Guillaume  Prince  (tOrange  à  son  pire.     Même  tujet. 

Monseigneur.  J'ay  receu  la  lettre  qu'il  a  pieu  à  V.  A. 
de  m'écriere,  qui  m'a  fort  résoui  de  voir  que  V,  A.  se 
porte  si  bien;  j'espère  que  cela  yra  de  mieux  en  mieux; 
V.  A.  me  commande  de  luy  mander  comme  je  viest  '  avec 
la  Princesse  et  si  je  suis  fort  amoureux;  c'est  pourquoi 
je  diray  à  V.  A.  comme  tout  est.  Du  commancement 
nous  avons  esté  un  peu  cérieux  '  tout  deux,  mais  k  présent 
'  Luc;  Fcrc7,  comteau  ds  Cirlîils.  '  vit.  *  sérioui. 


,,.GoogIc 


—  461    —  [IMl.  M«i. 

nous  sommes  fort  libre  ensemble;  je  la  trouve  bien  plus 
belle  que  la  painture;  je  l'aime  fart,  et  je  crois  qu'elle 
m'aime  aussi.  Âsteure-cy  je  diraj  à  V.  Â.  comme  je  me 
sois  marié,  dimansche  passé,  qui  estoît  le  12  de  may,  et 
comme  tout  c'est  pasé  ce  jour  là.  Les  ambassadeurs 
TÎndret  ce  matin  là  auprès  de  moy,  anviron  les  11  eures; 
le  conte  de  Hollande  me  vînt  cnr'  dans  des  carrosses  du 
Roy,  et  m'amena  au  Vuhoel*  dans  le  quartié  du  Roy,  là 
où  il  estoit;  le  Roy  m'amena  dans  la  schambre  du  lit  de 
la  Rêne,  là  où  elle  estoit,  est*  aussi  la  Rène-mère  et  la 
Princesse;  après  y  avoir  esté  quelque  temps  j'enlay'  à  la 
scbapelle,  accompagné  des  ambassadeurs;  après  cela  y  vint 
le  Roy  et  un  peu  après  la  Princesse,  qui,  estoit  menée 
par  le  Prince  de  Galles  et  le  I>ucDiort';  la  Rêne  estoit 
dans  unne  schambre,  doe  '  elle  requardoit  par  la  fenêtre 
toutte  la  sérémonie.  Alors  l'archevêque  commança  à  lire 
les  artickles  du  mariage,  sur  lesquels  il  fallut  que  je  ré- 
pondies  en  angiois,  lesquelles  schoses  j'avois  apries  par 
coeur.  Qu'an  tout  cela  fut  len,  le  Roy  nous  mit  les 
mains  ensemble,  après  cela  je  douez  la  bague  k  la  Prin- 
cesse; ce  n'ettoit  point  U  bague  de  diament,  mais  unne 
bague  tout  d'or  simple,  sans  emalieure  quelquonque;  après 
que  cela  fut  faict,  je  sorties  hors  la  schappelle,  mené  par 
le  Prince  de  Galles  et  le  Duc  Diort,  et  j'enlay  dans 
unne  schambre  d'où  l'on  pouroit  entendre  le  [prece'j;  après 
la  Princesse  sortit  mené  par  M'  de  Brederode  et  de  M' 
de  Sommerdick,  et  la  menèret  aussi  dans  cette  schambre, 
là  où  nou  nous  asschisames  '  sur  des  schése  '  et  nous  y 
demeurâmes  jnsq nés  à  kan'°  que  le  preese'fust  fitict,  lequel 
estant  faict  j'enlay  dans  la  schambre  de  la  Rêne,  là  où 
le  Roy  estoit,  la  Rêne  et  la  Rène-mère;  la  Princesse  y 
vint  aussi;  allors  M'  de  Sommerdyck  fit  unne  harenge 
au  Roy  pour  le  remercier,  laquelle  estant  feicte  je  de- 
mandé au  Roy,    à  la  Rène-mère  et  à  la  Rêne  ma  béné- 


quérir. 

•  vrbiuh.Ii.      ■  rt. 

.  j'iiUi.         '  d'ïwck 

pfkb«(P) 

nbortalion  de  t'^^ne 

M  prière,  {prêta).        • 

eh*iH«. 

■M'-nd. 

,,  Google 


lui.  M«i.]  —  462  — 

diction  à  genoax,  comme  leur  fiez',  que  je  fiiis  à  présent 
toDsjours  qu'an'  Je  les  vois  la  première  ibis  et  quan'  je 
leurs  dies  bonsoir.  Delà  le  Roy,  la  Rène-mère  et  la  Eène 
et  nous  autres  allâmes  dîné;  les  ambassadeurs  allëret  diné 
ceux'  eux;  il  y  avoit  à  la  table  du  Roy  la  Rène-mère,  la 
Rêne,  la  Princesse,  le  Prince  de  Galles,  le  Duc  Dîort 
et  moy  et  la  pettitte  Princesse  Elisabet;  aprfeg  le  dîné  la 
Rène-mere  s'an  alla  à  son  logis  et  la  Rèue  alla  promené 
au  Hey-parc*  accompagné  de  la  Princesse,  du  Prince  de 
Galles  et  du  Duc  Diort  et  de  moy;  te  Boy  n'i  fut  point, 
mais  demeura  au  logis;  estant  venu  de  la  promenade  le 
Roy  et  la  Rëue  allèret  soupe,  il  y  avoit  à  table  les  mêmes 
personnes  qu'au  dîné,  ormis  la  Rène-mere  et  la  Princesse 
Elisabet;  après  sonpé  le  Roy  et  la  Rêne  allèret  en  leur 
chambre  de  présence,  où  ils  demeurèrent  jusques  à  10 
eures;  alors  la  Rêne  print  la  Princesse  et  l'alèret  désabilïé 
dans  sa  chambre;  le  Roy,  avec  les  ambassadeurs  et  tous 
les  seigneurs,  m'amenèret  dans  unne  autre  cbambre,  llk 
où  je  me  désabilia;  après  estre  d<isabilié,  le  Roy  me  mena 
dans  la  chambre,  là  où  le  lit  estoit  et  la  Princesse  y 
estoit  déjà  dedans;  la  Rêne  et  tontes  les  dames  estoit 
autour;  après  y  avoir  esté  quelque  temps,  j'en  sorties  et 
allé  cousché  dans  une  autre  schambre,  qui  estoit  apretée 
pour  cela,  et  là  où  je  cousché  cette  nuit;  là  le  Roy  et 
la  Rêne  vindrent  dans  cette  schambre  me  voir  au  Ht  et 
me  diret  bon  soir;  voilà  comme  tout  ce  pasa  ce  jour  là. 
Les  affaires  du  deputté  d'Ierlande  vont  fort  mal;  U  a 
esté  condané  aujourdui  à  avoir  la  teste  trancée,  estant 
convincu  de  traison,  et  je  croi  qu'il  aura  demain  la  tête 
trancée,  ou  après-demain  au  plus  long;  le  Roy  n'ayant 
plus  de  moian  '  de  résister.  Les  afîaîres  vont  d'unne  estr&nge 
fason  en  cette  court;  il  y  en  a  beaucoup  qui  s'en  sont 
enfhis  d'ici,  entr'otres  M' Jermîn  et  Henri  Persi*,  le  Par- 
lement les  a  faict  poursuivre,  s'il  les  pouvient'  atraper;  le 
Parlement  est  après   pour  découvrir   une   grande  1 

'  fila.       *  quand-       *  eh«.       *  H^dt-ptirl 
'  Percy ,  ftln  du  Due  dt  Xerlimitrlanii. 


,,Googlc 


—  463  —  (l&ii.  M»i. 

qai  suroît  este  faicte,  plus  grande  que  celle  avec  les  pou- 
dres; il  7  a  encore  beaucoup  d'autres  schoses  qui  se  paset  ' 
icy  que  je  u'ose  mander  à  V.  Â.  pour  quelque  raisons; 
madame  Carlî  *  a  este  exsaminée  à  ce  matin  an  Parlement 
toaschant  cette  traison;  tout  va  icy  en  désordre;  le  Par- 
lement ont  envoyé  hier  quelques  députés  vers  le  Boy  et 
la  Eène  pour  les  prier  de  ne  vouloir  point  sortir  de  Lon- 
dres, pour  ce  que  le  bruit  couroit  qu'ik  vouloit  sortir 
hors  de  Londres  et  aussi  qu'ils  ne  permisset  que  personne 
de  leurs  domestiques  de  sortir  hors  de  la  ville;  le  Roy 
ni  la  Kène  n'ont  rien  répondu  à  cela.  Monseigneur, 

Tostre  très-humble  et  trës-obéissant  fik 
et  serviteur 

ODILLADUB   DE  NASSAtl  D'OBAHGK. 

De  Londres,  ce  17  de  roay  1641, 

iTayois  oublié  à  dire  comme  le  lendemain  je  doné  le 
présent  à  la  Princesse,  à  savoir  les  trois  dernières  pièces; 
tout  le  monde  le  trouva  fort  beau. 

Les  affaires  du  transport  de  la  Princesse  sont  en  cest 
estât;  messieurs  les  ambassadeurs  ont  esté  devant-hier 
auprès  de  la  Rêne  en  audience  et  luy  ont  parlé  de  cela 
pour  prier  le  Koy  de  vouloir  permettre  que  la  Princesse 
pasoit,  la  Rêne  a  dît  qu'elle  en  parleroit  au  Roy;  mes- 
sieurs les  ambassadeurs  fueret  hier  auprès  du  Roy,  qui 
ne  leur  doua  pas  trop  bonne  responce,  comme  ils  mandet 
k  y.  A.;  néanmoins  j'ay  entendu  sou  main  qu'il  y  a  bonne 
espéransche;  je  feray  tou  mon  mieux  que  cela  ce  face. 


liETTBE  BCCJCn. 

Rivet   au    Prince   â^Orcmge.     Déplorable  tituation    de  t An- 
gleterre. 

MonseigneurI  II  y  a  peu  ou  rien  à  adjouster  aux  pré- 
'  puamt.        •  Culille. 


,,  Google 


IMI.  M«i]  —  464  — 

cédenteB  données  à  moDsiaar  le  baron  de  Dona,  pour 
ce  qui  concerne  l'afffdre  qui  noas  a  ici  amenés.  Messieurs 
les  ambassadeurs  rendront  compte  à  V.  A.  de  ce  qui 
est  à  espéi'er  on  non  pour  le  transport  désiré  et  que  tous 
les  amis  jugent  raisonnable  et  nécessaire.  Le  temps,  qui 
est  fort  nubilenx  d'ailleurs,  sembleroit  favorable  pour  nous 
faire  gagner  ce  poinct,  si  on  se  veut  conduire  par  raison. 
Les  afiairea  sont  en  on  estrange  estât  Le  député  est 
condamné  comme  criminel  par  les  deux  cbambres.  La 
haute  l'a  jugé  convaincu  de  baute-trahison  en  deux  clie&, 
et  ce  qui  est  arrivé  depuis  hastera  l'exécution.  On  a 
voulu  surprendre  le  Parlement  pour  le  forcer.  La  des- 
couverte de  ce  dessein  tombe  sur  ceux  desquels  les  fa- 
voris ont  esté  contraincts  de  fuir  et  qu'on  poursuit  On 
m'a  asseuré  qu'hier  se  prit  résolution  que  le  Parlement, 
tant  pour  le  présent,  que  pour  l'advenir,  ne  se  pourra 
rompre  que  par  le  consentement  des  deux  chambres  avec 
le  Boj.  Cette  résolution  tiendra  les  peuples  en  espérance 
et  plus  tranquiles.  On  a  commencé  &  toucher  aux  pré- 
bendes, qu'on  veut  oster,  mais  on  n'est  pas  d'accord  de 
la  manière  de  les  employer.  On  pourroit  bien  tomber 
d'une  extrémité  en  l'autre,  comme  font  ceux  qui  veulent 
redresser  l'arbre  courbé.  Peu  de  jours  nous  feront  veoir 
que  le  Parlement  n'aura  pas  toujours  parlé  sans  faire.  Je 
déplore  que  la  Majesté  royale  se  diminue,  accoustumant 
les  peuples  à  se  roidir  contre  des  menaces  qu'il  eust  mieux 
vallu  retenir;  mais  je  crains  de  passer  trop  avant,  puisque 
y.  A.  aura  les  advis  publics  et  de  ceux  qui  sont  plus 
entendus  es  jugemens  de  telles  matières.  Monseigneur  le 
Prince  Guillaume  est,  grâces  &  Dieu,  en  bon  estât  pour 
sa  santé,  pour  son  comportement,  et  pour  le  jugement 
universel.  Je  le  désire  près  de  vos  Altesses  en  si  boa 
poinct  et  j'espère  que  Dieu  le  vous  rendra  bientost  ;  Dieu 
veuille  qu'accompagné  de  celle  qui  s'est  donnée  h.  luy  de 
paroUes  et  qu'elle  puisse  estre  sienne  en  effect  aux  coa- 
tentemens  de  vos  Altesses.  Je  le  prie  qu'il  marche  de- 
vant V.  A.   et  favorise  vos  armes  pour  sa  gloire  et  le 


ll,g,t7cdb/GOOglL- 


—  465  —  [iflii.  Mii, 

bien  de  l'Estat  et  qu'il  vons  face  longtemps  jouir  da  fniîct 
de  vos  peines  et  suis,  Monseignear, 

de   V.  A.    trèa-hmnble,   trës-obéissant  et 
très-fidèle  serviteur, 

ANDKÉ  UVBT. 

De  Londres,  le  '/„  may  1641. 


liBTTBE  BCCXVII. 

M.  de  Sommelsdyck  an  Prince  d'Orange.    Même  sujet. 

Monseigneur.  Aux  occasions  je  ne  puis  estre  cicbe  *  de 
mes  lettres,  au  moins  pour  tenir  V.  A.  advertye  de  ce  que 
j'apprens.  Chacun  est  prévenu  de  l'opinion  d'une  horible  con- 
spiration contre  le  parlement  et  la  liberté,  bien  plus  grande 
que  celle  de  la  Fougade.  Il  y  a  toutesfois  plus  de  sonbçon 
que  de  connoissancc  nu  vraj  du  dessein,  mais  il  est  évident 
qu'il  se  tramoit  une  grande  innovation,  au  moyen  des 
papistes,  de  quelques  trouppes  levées  en  France,  de  l'ar- 
mée angloîse  au  Nord,  malcontentc  de  se  voir  négligée. 
Le  premier  soin  du  Parlement  a  esté  de  courir  au  plus 
pressé;  a  donné  ordre  de  casser  l'armée  d'Irlande,  de  payer 
Tangloiae,  d'en  désarmer  et  chasser  les  papistes,  de  prendre 
par  les  provinces  promptement  le  serment  de  ceux  qui  ont 
passé  l'aage  de  seize  ans,  et  de  faire  procéder  contre  les  ré- 
cusans.  Nombre  des  députés  vont  visiter  et  asseurer  les  portz 
de  mer  et  parcequ'on  tient  Portmund  pour  lieu  de  rendé-vous 
de  la  caballe,  milord  Mandeville*  avec  deiu  de  la  maison 
des  communes,  portans  le  grand  sceau  du  royaume,  y 
ont  esté  dépéchés  en  toutte  diligence  pour  trouver  Gorinch 
qui  y  commande,  s'asseurer  de  sa  personne,  l'examiner 
et  l'ammener,  et,  en  cas  d'opposition,  de  publier  et  &iru 
marcher  incontinent  le  ban  des  provinces  ponr  le  forcer. 
Cependant  Henry  Persy,  Henry  Jarmin,  et  trois  autres 
enfuis,    sont    par   affiches   publiquement   citez  de  revenir 

■  ItdonnRl  Montigne,  Lord  Kimbolton,  liconte  de  Mandiville. 


,,Cooglc 


1641.  MiL]  —    466    — 

dans  dix  jours.  Jnsqaes  îcy  personne  des  grandz  ne 
bouge,  chacun  attend  de  voir  le  fond  de  la  conspiration. 
La  Royne-mère  envoya  hier  aa  soir  demander  par  le 
Coigneux,  ce  qu'elle  aura  à  faire  pour  sa  seoreté,  mais 
elle  n'est  aucunement  suspecte.  Les  levées  françoyses  ont 
esté  entreprinses ,  comme  on  dit,  par  des  particuliers,  le 
fioy  de  France,  connivant  sans  autrement  s'y  engager; 
aussi  propose-on  pour  pins  expédient  de  le  dissimuler  et 
de  recercher  les  moyens  de  sortir  de  ces  maux;  le  Eoy 
et  la  Koyne  voyent  assez  le  maavais  estât  de  leur  condi- 
tion, car  ils  ont  ce  malheur  que  le  peuple  leur  impute 
tout  le  désordre.  Le  Parlement  demeure  eiicor  dans  le 
respect,  mais  dans  deux  jours  il  se  verra  sy  ce  train 
durera.  Hier  aprës-disner  les  deux  maisons  envoyèrent 
demander  au  Koy  approbation  de  deux  patentes;  l'une, 
portant  sentence  de  mort  contre  le  lieutenant  d'Irlande, 
convaincu  de  haute-trahison,  l'autre,  une  convention  qoe 
le  Parlement  ne  sera  rompu,  ny  interrompn,  que  du  gré 
et  consentement  du  Koy  et  des  deux  maisons  ensemble. 
S.  M.  leur  dict  que  c'estoyent  deux  importantes  proposi- 
tions ,  qui  demandoyent  qu'il  y  pensast  de  plus  près ,  qu'il 
leur  en  rendroît  sa  response  demain  à  dix  heures  da 
matin.  Présentement  se  trouvent  près  de  S.  M.  plusieurs 
théologiens,  juges  et  son  conseil  à  cet  effect  On  eut 
hier  marché  sur  les  testes  de  ceux  qui  dans  Weythal 
demandèrent  l'exécation;  sy  le  Koy  s'accommode  tout  dou- 
cement et  remet  soy  et  ses  affaires  au  Parlement,  on 
espère  de  redresser  les  choses  et  le  rendre  plus  heurenx 
qn'ïl  n'eust  sceu  estre  par  le  succès  de  l'autre  voye  ;  mais 
on  est  en  pêne  de  la  Royne,  dont  les  papistes  auroyent 
abusé  pour  parvenir  h  lears  fius.  Elle  s'en  afflige  assez, 
et  le  meilleur  qu'elle  puisse  espérer,  sera  de  se  voir  ré- 
duitte  au  pied  de  son  contract.  Cette  semaine  nous  y 
fera  voir  plus  clair  ;  les  menaces  du  peuple  sont  furieu- 
ses, sans  espargner  le  respect  de  leurs  Majeatez.  Le 
dessein  de  joindre  tant  de  pièces  à  Portsmund,  sçavoir 
l'armée  d'Irlande,  le  triage  des  papistes  dans  celle  d'An- 


,,.GoogIc 


—   467   —  riMI.  M»i. 

gleterre,  les  levées  de  France,  la  surprinse  par  Suckelin  de 
la  Tour  et  quant  et  quant  la  rupture  du  Parlement,  semble 
mal  digéré  et  impossible,  veu  la  [deffience]  où  l'on  en  estoit 
Nous  attendons  donq  ce  qui  en  aviendra,  car  au  gros  il  n'a 
plus  rien  à  craindre,  depuis  que  les  mauvaises  conceptions 
ont  esté  descouvertea.  —  Nous  avions  pensé ,  Monseigneur, 
répéter  ce  Jourdhuy  noz  instances  pour  le  transport,  du- 
quel je  reconnoy  que  plusieurs  des  plus  confideng  nous 
désespèrent,  à  cause  que  la  Royne  y  auroit  peu  de  vo- 
lonté, mats  pour  ne  rencontrer  tant  de  flLchenses  affaires 
que  le  Boy  doîbt  démesler  en  cédant,  nous  avons  estimé, 
mesmes  de  l'advïs  de  nos  meilleurs  amiz ,  plus  à  propos  de 
remettre  cet  office  pour  deux  ou  trois  jours,  et  nous  n'y 
perdrons  aucun  temps  ny  expédient,  afin  de  pénétrer  au  vray 
dans  les  intentions  de  leurs  Majestez  et  de  prendre  l^des- 
8US  la  résolution  de  nostre  retour,  en  faisant  venir  quelques 
navires  aux  Duns,  avec  connoJssance  du  Parlement,  ponr 
en  prévenir  la  jalousie,  car  il  s'ombrage  de  tout  et  plu- 
sieurs d'entre-eux  craignent  qu'au  moïen  de  ce  mariage 
V.  A.  s'est  liée  estroittement  avec  S.  M.  —  Monseigneur  le 
Prince  Guillaume  ne  sçauroit  estre  mieux  en  cour,  ny  dans 
l'esprit  de  leurs  Majestez,  qui  le  retiennent  souvent  à 
disner  et  à  soupper,  luy  permettent  le  mesme  avec  son 
espouse,  quand  il  veut.  Âussy  se  conduit-il  fort  sage- 
ment et  avec  une  respectueuse  et  discrète  liberté,  mais 
tout  ce  non  obstant,  il  est  temps  qu'il  s'en  retourne, 
laissant  tout  le  monde  trës-satîsfaict  ;  la  despenso  enfin 
viendroit  à  peser;  tant  y-a,  Monseigneur,  je  mesnageray 
sa  conduitte,  pour  la  réputation  et  la  seureté,  sy  on 
défère  à  mes  advis.  Cette  cour  n'est  pas  de  l'air  des 
antres  ;  les  estrangers  s'en  doivent  retirer  après  que 
les  premières  caresses  commencent  i>  s'allentîr,  car  elle  ne 
gouste  point  trop  leur  familiarité,  et  Y.  Â.  le  sçait  trop 
mieux  et  M.  l'Électeur  sert  d'exemple  ;  je  seroy  marry 
de  le  voir  en  mesme  terme.  M'  Vane  me  parla  hier 
soir  sur  les  dix  heures,  que  M.  Bréderode  et  moy  le 
fnsmes  trouver,   que  le  Parlement  voudra  contracter  une 


,,Googlc 


1(141.  Mai.]  —   468    — 

alliance  avec  messeigneurs  les  Ëstats  après  ces  désordres; 
mais  j  ayant  pensé,  le  plas  sûr  aéra  de  nous  retirer,  en 
leur  laissant  desmesler  leurs  affaires,  car  que  sçanrions 
nous  contracter  avec  le  Parlement?  et  quand  bien  le  Roy 
y  presteroit  le  nom,  ce  ne  seroit  que  par  contrainte  et 
contre  les  formes  ;  nous  pourrions  donq  leur  dire  qu'ils 
nous  baillent  leurs  propositions  par  escrit,  potir  les  pro- 
poser et  préparer  en  l'Estat  et  leur  en  faire  avoir  les 
délibérations  dans  certain  temps.  M'  de  Beverweert  part 
bien  informé.  Il  dira  à  V.  A.  touttes  particnlaritez.  Je 
prie  Dieu  pour  vostre  bénédiction,  me  signant.  Mon- 
seigneur, 

de  V.  A.  très-humble,    très-obéissant  et  très- 
fîdëte  serviteur, 

PBANÇOYS  S'aERSSEK. 

De  Londres,  ce  19  may  1641. 

Les  députés  pour  la  seureté  des  ports  sont  autorisez 
de  mettre  les  navires  en  mer,  lever  les  mariniers,  mes- 
mes  par  contrainte,  et  dure  leur  pouvoir  jusques  en  no- 
vembre; les  députés  du  Parlement  ont  mandé  chacun  en 
sa  province  de  tenir  les  trainebans  prests  à  marcher  en 
armes  au  premier  mandement  et  le  major-général  Astlay  ', 
qui  a  le  commandement  de  l'armée  angloise,  a  promis 
toutte  obéyssance  et  renvoyé  les  lettres  k  lay  cy-devant 
adressées,  pour  rompre  avec  les  Escossois. 

f  liETTKS  «CCXTIII. 

wd^îjr'  ^  P^'we  ^Oratige  oit»  Ambassadeurs  en  An^eterre.    Ré- 
mi.  "°''      ponte  à  la  lettre  710. 

Messieurs.  Je  receus  avant-hier  îcy  à  Buren  vos  dé- 
pêches du  9  et  10  de  ce  mois,  qui  m'apprenant  comme 
la  solemnisation  du  mariage  de  mon  fils  avoit  esté  arrestée 
et  concertée  pour  le  12  d'après,  suivant  le  contenu  d'an 

■  Sir  Jicob  Asilej. 

■  minute  de  la  mai»  de  M.  de  ZuglMem. 


,,  Google 


-  469  ■ 


[IMI.  Mu. 


mémoire  dont  vous  m'envoyez  le  double,  j'avoue  en  avoir 
receu  une  joye  trfes-parfiucte ,  espérant  qu'en  suitte  toutes 
choses  auront  esté  accomplies  à  souhait  et  au  plenier  con- 
tentement de  part  et  d'autre,  dont  véritablement  la  pre- 
mière nouvelle  me  sera  la  très-bien  venue,  surtout  sïl  y 
aura  eu  moyen  d'obtenir  te  transport  de  la  Princesse  de 
leurs  Majestez.  A  quoy,  bien  que  je  m'asseure  que  vous 
ne  cessez  de  contribuer  tout  ce  qui  est  de  vostre  industrie 
et  de  ce  mesme  soin  qui  a  conduict  toute  cete  négotiation 
h  une  si  heureuse  fin,  dont  je  vous  demeure  estroîttement 
obligé  il  toasjours,  je  ne  saorois  obmettre  de  vous  le  re- 
commander encor  de  nouveau,  comme  le  chef-d'oeuvre 
de  toute  l'affaire  et  en  iceluy  le  dernier  de  mes  souhaits. 
A  tout  j'espère  que  leurs  Majestez  ne  condescendants  ponr 
encor'  absolument  à  ceste  requeste,  se  lairront  induire  à 
l'autre  et  voudront  abréger  le  terme  du  dit  transport,  en 
sorte  qu'on  ayt  subject  d'en  demeurer  aucunement  satîsiàict 
et  qu'en  snitte  je  pourray  vous  revenir  bientost  de  retour 
ensemble  avec  mon  fils  en  bonne  et  henrense  santé,  comme 
je  le  souhaîtte  de  passion. 

Cependant  je  me  suis  souvenu  d'cncor  deux  présents, 
auxquels  on  n'a  pas  pensé  jusques  ores  et  qu'il  me  semble 
qu'on  ne  pourroit  bonnement  obmettre.  Le  premier  est 
au  regard  de  monsieur  le  comte  d'Arondel,  ou  de  ma- 
dame sa  femme,  en  considération  de  ce  que  mon  fils  a 
esté  logé  en  leur  maison,  et  ay  pensé  comme  mon  fils  a 
là  un  assez  bon  carosse  avec  un  bel  attellage  de  chevaux, 
<|ue  tout  cela  leur  pourroit  estre  laissé  en  don  et  en  re- 
cognoissance  de  la  courtoisie  qn'on  a  reçue  d'eux.  L'autre 
présent  me  semble  estre  deu  à  l'évesque  d'Ely,  que  vous 
me  mandez  debvoir  espousser  mon  fils*,  et  seroy  d'advis 
que,  pour  s'en  acquitter  bonestement,  on  luy  pourroit  don- 
ner quelque  vaisselle  d'argent,  ou  bien  mesme  de  l'argent 
monoyé,  si  ainsi  vous  l'estimez  convenir  sur  ces  lieux;  à 
quoy  je  m'en  rapporte  entièrement,  comme  notamment  de 
la  valeur  ou  somme  de  ce  présent,  et  de  tonte  autre  parU- 
■  Bilficimie  Toor  ili  Dog.  *  BelgkUmt  œijn  uon  Irouwen. 


,,GoogIc 


16*1.  M.i.]  —   470   — 

Cillante  que  vous  jugerez  requise  par  honeur  ou  bienséance; 
demeurant  au  reste  en  pleine  disposition  de  vous  tesmoi- 
gner  par  mes  services  le  grand  ot  parfaict  ressentiment 
que  y^y  de  vos  faveurs  et  combien  je  suis  etc. 

•  LEn-BE  BCCXIX 

Le  Roi  ifAngUlerre  au  Prince  (^Orange.     Retour  de»  Am,' 
bussadevr». 

Mon  Cousin.  Nous  ne  doubtons  nullement  que  le  re- 
tour des  sieurs  le  baron  de  Brederode,  de  Sommelsdyck, 
et  de  Heenvliet  vos  ambassadeurs  extraordinaires  vers  vous 
no  vous  soit  tr^s-aggréable,  pnisqn'aprez  l'heureux  succès 
do  leur  négociation  ils  vous  ramènent  le  gage  précieux 
de  nos  afièctions  mutuelles.  Ce  qui  leur  sert  de  tes- 
moignage  plus  que  suffisant  de  leurs  mérites,  dont  ils  se 
rendent  par  tout  raccomœendables  '.  A  r^son  de  qaoj ,  et 
à  cause  de  la  multitude  d'autres  affures  urgentes,  nous 
avons  tant  plus  votontiere,  à  leur  instance,  aggréé  leur 
départ  et  la  remise  du  traicté  d'alliance  jusqu'au  mois  de 
novembre  prochain,  pour  alors  estre  reprins  et  conclu; 
aussy  nous  remettons-nous  à  eux  à  vous  en  fiiïre  entendre 
plus  amplement  nostre  sentiment,  comme  pareillement  ce 
qui  est  de  l'entière  bienveillance  que  nous  nourrissons  en 
vostre  endroit,  et  vous  asseurer  du  désir  que  de  nostre 
costé  nous  avons  d'apporter  tout  ce  qui  dépendra  de  nous 
pour  cstreindre  le  noeud  de  nostre  amitié  et  la  maintenir 
au  degré  de  l'alliance  estroite  qui  est  maintenant  entre 
nous;  et  nous  promettant  autant  de  vostre  bonne  affection 
envers  nous,  nous  serons  tousjours  prosts  à  vous  tesmoigner 
à  toute  oc^:asion  que  nous  sommes  et  serons  à  jamais  vé- 
ritablement, mon  Cousin, 

*  vostre  très-affectionné  cousin, 

CffARLES  E. 

Weabneêtre,  ce  33  de  niay  1611. 

1  r«coni[n«Ddibla.  *  lostra  —  couin.     Julograpie. 


,,Googlc 


LBTTRB  BOOXX. 

Ae   même   au   même.     Assurances   de  son   élection  pour  le 
jeune  Prmee. 

Mon  GoQsin.  J'espère  qne  je  vous  ay  donné  des  aa- 
senrances  asaés  certaines  de  l'estime  que  je  hàs  de  tous, 
par  la  conclusion  da  mariage  de  ma  fille  avec  mon  beau- 
fils  vostre  fils,  et  je  vous  asseure  que  sa  personne  est  si 
estimable  qne  ce  m'est  un  double  contentemant  dans  sette 
aliance,  et  ijue  s'est  avec  beaucoup  de  regret  qu'il  faut 
qu'il  nous  quite,  l'estimant  comme  mon  enfant  propre.  Il 
m'a  promis  de  vous  dire  que  vous  trouvères  que  en  toutes 
occasions  je  seray  tousjours  preste  ft  faire  veoire  l'estime 
que  je  fus  de  vostre  amitié,  de  quoy  je  vous  demande  la 
continuation,  et  dans  les  occasions  je  fous  feray  paroîstre 
que  je  suis  véritablement,  mon  Cousin, 

vostre  trèa-affectionné  Cousin 
CHABLES  s. 

Whythall,  ce  U  de  may  1641. 

liETTBB  BCCXXI. 

La  Reine  d'Angleterre  au  même.      Même  sujet. 

Mon  cousin.  Je  vous  assure  que  s'est  avec  beaucoup 
de  regret  que  je  quite  mon  beau-fils,  estant  sy  gentill 
qu'il  est;  il  m'a  tellement  gagnée  qne  ce  qui  m'a  donné 
de  la  joye  en  le  voyant  cause  ma  tristesse  en  me  séparant 
de  luy.  Je  l'ay  prié  de  vous  assurer  que  je  n'ay  point 
de  plus  grand  désir  que  de  vous  faire  voir  l'afection  que 
j'ay  pour  vous  et  tout  ce  qui  vous  touche ,  et  pour  preuve 
de  cela  vous  en  avés  veu  par  le  mariage  de  ma  fille  les 
effects;  laquelle  vous  en  assurera  elle-mesme,  aussy-tost 
qu'il  se  pourra,  et  moy  par  toute  sortes  de  chemins  cher- 
cheray  les  moyens  de  vous  faire  paroistre  que  je  suis, 
mon  cousin, 

vostre  bien  afiectionnée  cousine 

HBHHIETTE-IUaiB  B. 


,,  Google 


LETTRE    BCCXXII. 

Le   Corrits  lie    Wm-uiink    au  Prince  d'Orii»iie.      Félicitations. 

Monseigneur.  Comme  ma  joye  a  esté  inexpressive  de 
voire  acomplir  le  raanage  de  monsieur  vostre  fils  et 
madame  nostre  Princesse,  ainsy  permettes  moy  d'asurer 
V.  A.  que  je  ne  manqueray  jamais  à  mon  pettit  pouvoir 
de  vous  servir  en  toutes  occations  que  V.  A.  me  comme n- 
derés  ïcy  ou  par  tout  le  monde,  pour  m'acquiter  des 
grandes  obligations  que  j'ay  tousjours  receu  de  la  grâce 
de  V.  A.,  et  pour  vous  donner  l'occation  de  m'estimer, 
qui  est  le  seuil  ambition  de,  Monseigneur, 

vostre  très-humble  et  très-affectionné  serviteur, 

WABWICK, 

24  de  iDHy  1641. 

•  LETTRE  BCCXXIII. 

Le  Comte.  ttArundel^  au  même.     Même  sujet. 

Monseigneur.  Bien  que  mes  très-humbles  aStictîons  à 
l'endroit  de  Y.  A.  ne  cèdent  aucunement  k  celles  de  vos 
plus  zélez  serviteurs,  si  est-ce  que  je  me  trouve  mainte- 
nant renfermé  dans  une  trop  grande  inesgalïté  d'employer 
des  simples  paroles  pour  tesmoigner  le  ressentiment  que 
J'ay  de  la  réalité  de  vos  faveurs.  Car  si  naguères  je  me 
suis  estimé  infiniment  heureux  de  veoîr  icy  ma  maison 
honorée  par  la  présence  d'un  prîncç  aussy  aymable  qu'ad- 
mirable, pour  deacouvrir  en  son  plus  tendre  printemps 
plus  de  fleurs  et  de  fruits  que  d'autres  ne  font  aucune- 
ment en  leur  esté ,  maintenant  je  suis  autant  estonné  pour 
ne  pouvoir  rendre  des  grâces  aucunement  esgales  à  celles 
dont  vostre  bienveillance  m'a  voulu  combler.  Pour  donc 
me  remettre  en  mon  contentement  je  n'ay  à  recercber 
autre  moyen  que  l'honneur  de  la  continuation  de  vostre 
'  Thomas  HoRBrd,  comte  d'drDDdd. 


,,  Google 


—  473  —  [16*1.  M.i. 

bonne  opinion  et  de  vos  commendemens,  ponr  en  deve- 
nir aussy  capable  que  je  seray  k  jamais  ambitieux  de 
m'avérer,  comme  je  suis  véritablenient ,  Monseigneur, 

de  V.  A.  le  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

ARGNDELL  ANi>  SURSEÏ  , 

Cornes  MArescallu^AngliBe. 


>  f  LETTRE  BCCXXIT. 

Le  Prince  itOrange  aux  Ambassadeurs  eu  Angleterre,    Jte-  iJîi'l^î 
mercimenta.  '"' 

Messieurs.  tPay  enfin  apprins,  tant  par  aucunes  de  vos 
lettres  qne  du  rapportdemessieursdeDonaetdeBoverweert, 
comme  le  mariage  de  mon  fils  a  esté  consommé  au  jour 
préfix,  avecq  toutes  les  cérémonies  et  solemnitez  conve- 
nables. J'en  loue  Dieu  de  tout  mon  coeur  et  retourne 
aussi  h  vous  rendre,  comme  je  doibs,  mes  remercimens 
pour  tant  de  soin,  de  peine  et  d'industrie,  qu'il  vous  a 
pieu  y  contribuer  jusqu'au  bout.  Ce  cera  une  obligation 
que  je  in'estiiner&y  perpétuelle  et  au  regard  de  laquelle 
je  m'employcray  tousjonrs  de  passion  à  se  qui  sera  de 
vostre  service  et  contentement.  —  Ces  choses  donq  estant 
parachevées  de  la  sorte,  je  ne  voy  pas  qu'il  reste  sinon 
de  se  disposer  au  retour,  en  mettant  peine  d'obtenir  pour 
le  transport  de  la  Princesse  tout  ce  qui  sera  possible  par 
des  moyens  et  motifs  imaginables.  Que  si  leurs  Ma- 
jestez  enfin  (comme  je  n'ospère  pas)  ne  ae  peuvent  dis- 
poser d'elles-mesmes  ni  au  présent  transport,  ni  !t  rac- 
courcir le  terme  porté  par  les  articles  du  contract,  j'ay 
pensé,  s'il  y  avoit  moyen  de  persuader  soubs  main  quel- 
ques uns  du  Parlement  [asseurcr]  qu'iceluy  voulust  inter- 
céder envers  leurs  Majestez,  à  ce  qu'il  leur  pleust  con- 
descendre favorablement  k  nous  accorder  le  transport, 
qu'apparemment  cesto  entremise  pourroit  estre  utile  et 
'  minali  de  la  mai»  dt  M.  de  Zay/iciim. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


IMI.  Juin.]  —   4*4   — 

mesme  in&illible,  ponrvea  que  te  Parlement  l'entreprint 
de  bonne  façon.  Mais  je  n'en  fay  que  l'ouverture,  pour 
vous  prier  de  la  prendre  en  considération  et  d'adviser  sur 
les  lieux,  sur  ce  que  vous  trouverez  s'en  pouvoir  mettre 
en  oeuvre  de  bonne  grâce  et  sans  autre  inconvénient,  qui 
peut  apporfer  aucun  préjudice  ni  mescontentement  au 
Boy.  C'est  de  quoy  j'attendray  voz  nouvelles  à  son  temps, 
comme  tousjours  les  occasions  de  vous  pouvoir  faire  veoir 
combien  je  m'estime  tenu  d'estre  à  tousjoars  etc. 

IjETTRE  vccxxv. 

Lord  Holland  au  Prince  if  Orange     II  se  flatte  qu'il  y  eatm 
moyen  d^appaieer  les  troubles. 

Monseigneur  I  Leur  M.  ont  impatience  d'estre  informée, 
par  le  retour  de  ce  gentilhomme  monsieur  Killegreu,  de 
la  santé  de  V.  A.  et  ausy  de  l'heureuse  arrivée  de 
monsieur  le  Prince  vostre  fils  auprès  de  vous.  L'asurance 
de  l'eun  et  de  l'autre  leur  sera  novelles  très-agréables; 
ausy  je  croy  qu'il  sera  à  V.  A,  d'estre  informé  que  nostre 
Parlement  a  levé  toute  l'argent  pour  débander  les  armés  ' 
de  l'eun  et  de  l'autre  costé,  qui  sera  bientost  fùct,  et  pour 
moy  je  me  plait  plus  en  m'employant  pour  cela  que  pour 
les  faire  rencontrer,  qui  est  parlé,  je  confesse,  plus  en  bon 
patriarche  que  général  (').  J'espère,  après  tous  nos  désordres, 
que  vostre  Alt.  voira  '  le  Roy  bientost  en  tel  posteure 
qu'il  doibt  estre  par  l'affection  et  devoir  de  son  peuple, 
de  laquelle  je  tous  en  parle,  puisque  V.  A.  est  asteure 
si  intéressée  en  tout  ce  qui  luy  touche  et  d'honneur  et 
de  grandeur,  qu'il  employera  toujours,  je  m'asseure,  pour 
les  advantages  et  [intérés]  de  ses  melieures  amis,  qui  sont 
messigneurs  les  Estas,  par  règle  d'estat,  mais  V.  A.  par 
un  liéson  de  sanc  et  d'aliance  ;  pour  laquelle  je  me  conjoje 
avéque  V.   A.   de  tout  mon  ceur,  que  a  asté  de  si  long 


(I)  La  Comlg  yenoit  d'itrc  Domina  gfnéni  de  rirniéa  ooDtre  1m  tw. 


,,.CoogIc 


—   475   [1541.  Jain. 

temps  si   perfectement  voué  en  toute  [occasion]  à  V.  A., 
avéque  tontes  témoignaige  que  je  suis 

(le  V.  A.  le  très-humble  et  très-obéïsent 
serviteur 

H0LLAN9. 

ce  premier  de  juin. 


•  liETTBE   BCCXXTI. 

Le  Roi  ^Angleterre  au  même.     Départ  de  la  Reine  Marie 
d«  Médieiê, 

','  Willum  Murra;  étoit  confidenl  <]n  Roi.  Celni-d  Miiil  l'ocGuiDD  de 
u  raiWDa  oflicirlll  pour  Ini  vu  donner  onc  secrète;  nyet  II  lettre  auiTiDle. 

Mon  Consin.  La  Eoyne  ma  belle-mère  ayant  dessein 
de  se  transporter  vers  Cologne  et  désirant  passer  par  la 
Hollande,  nous  avons  envoyé  le  S'  Murray,  un  de  nostre 
chambre  de  lict,  pour  en  faire  ta  communication  ^  mes- 
sieurs les  Estats>généraux  et  à  Y.  A.,  laquelle  nous  prions 
particulièrement  vouloir  contribuer  ii  luy  procurer  ce  con- 
tentement, en  donnant  ordre  pour  sa  réception  et  passage 
par  ces  pays,  son  intention  n'estant  pour  s'arrester  aucu- 
nement, ains  de  passer  le  plustost  possible;  le  S' Murray 
vous  dira  combien  nous  aurons  pour  agréable  vostre  fa- 
vorable entremise  en  ce  particulier,  à  qui  nous  vous  prie- 
rons de  donner  entière  créance,  comme  à  nous-mesmes, 
et  de  croire  que  nous  sommes,  mon  Cousin, 

'  vostre  très- affection  né  Cousin 
GH&KLBS  a. 

De  nostre  cour  à  Whitball,  ce  16  juin  1641. 


LETTBB  BCCXXVn. 

Le  même  au  même.     Envoi  de  M.  Murray, 
Mon  Cousin,    L'aliance  qui  est  entre  nous  et  l'affection 

'  Toatn  —  amaïu.     AtUegrspht. 


,,  Google 


1611.  Juin.] 


■  476  ■ 


que  j'ay  toasjours  recognea  que  vous  aviés  ponr  moy, 
m'a  fait  vous  envoyer  ce  gentilhome  Guilkam  Murray, 
un  de  ma  chambre  du  lict,  que  j'estime  très-particulière- 
ment,  pour  sa  fidélité  à  mon  service;  et  pour  ceste  raison, 
je  me  reméteray  à  luy  à  vous  &iro  entendre  le  subject 
do  son  voyage;  prenés  croyance  en  ce  qu'yl  vous  dira, 
comme  vous  ferés  à  moy-mesme,  l'ayant  très-bien  informé 
des  raisons  que  j'ay  de  le  vous  envoyer,  et  de  ce  que  je 
désire;  c'est  pourquoy  je  ne  diray  davantage  que  seule- 
ment TOUS  asseurer  que,  si  j'ay  jamais  d'occasion  de  vous 
faire  l'affection  et  l'estime  que  j'ay  pour  vous,  vous  cog- 
noisterés,  par  les  effects,  que  je  suis  véritablement,  mon 
Cousin, 

vostre  très- affectionné  Cousin , 

CHABX.ES   R. 

Whytfaall  ce  16  de  jaiD  1641. 


LETTRE   DCCXXVUI. 

La   Beittt  (f  Angleterre  au  Prince  cCOrange,     Lettre  de  re- 
commandation. 

Mon  Cousin.  Le  Koy  mon  seigneur  envoyant  ce  jan- 
tilhomme'  vous  trouver,  pour  des  raisons  qui  me  toucbe 
de  sy-près  dans  la  conservation  d'une  personne  qui  m'est 
si  chère,  me  fait  me  joindre  dans  ce  qu'il  vous  dira  et 
vous  prier  de  prendre  croyance  en  luy,  car  s'est  une  per- 
sonne que  j'estime  extrêmement ,  et  ii  qui  je  me  fie  beau- 
coup. Le  subject  de  son  voyage  il  le  vous  fera  entandre; 
s'est  pourquoy  me  remetant  entièremant  à  luy,  je  finiray, 
flo  vous  assurant  que  je  suis  et  seray  tousjours,  mon 
cousin , 

vostre  bien  affectionnée  Cousine, 

UGNKIETTE  HAUIE    R. 

A  mon  CousiD  mouBelgneur 
le  Prince  d'Ornnge. 

'  MU  douté  Marra;  (Letù-e  726). 


,,  Google 


L.ETTBB  DCCJÎXIX. 

M.  de  Sommeltdyck  au  Prince  (ï  Orange.     Sur  la  remite  du 
VerbtU  de  ta  négociation  à  la  GénéraJité. 

Monseigneiirl  La  '  donte  de  Y.  A.  sur  les  ordres  en 
Ciis  de  conjonction  de  la  flotte  de  cet  Estât  avec  celle 
de  France,  avoit  esté  résolue  avant  mon  arrivée  icy,  à  la 
résamptioD  près.  L'amiral  Gysselz  *  en  va  prendre  l'advis  et 
approbation  de  V.  A.;  s'il  y  eschoit  quelque  changement 
à  faire,  ce  me  sera  de  l'honneur  d'y  pouvoir  servir.  J'ay 
pareillement  parlé  à  ceux  qui  en  ont  la  charge,  sur  la 
bouchure  des  havres  de  Flandre,  qui'  remettent  cette  déli- 
bératJOD  k.  la  sepmaine  prochaine,  lorsque  ce  sera  mon 
tonr  de  présider.  Le  rapport  fut  (aict  hier  de  nostre  né- 
gotiation  en  Angleterre,  lequel  on  demande  par  escrît, 
mais  comme  il  concerne  le  particulier  de  Y.  A.,  j'ay  pensé 
de  n'y  toucher  que  le  dessein  et  la  conclusion  du  mariage, 
et  d'estendre  les  rencontres  d'£stat,  pour  sobres  qu'elles 
ayent  esté.  Sur  ce  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  donner  !i 
Y.  A.,  prospérité  à  ses  desseins,  avec  santé  et  longue  vie. 
De  Y.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur 

FBANÇOYS   D'aEBSSBN. 

De  Ja  Haye,  ce  19  juin  1641. 


LETTRE  DCCXXX. 

Le  même  aa  même.     Même  lujet. 

Monseigneur  I  Après  avoir  faict  un  sommaire  rapport 
en  la  Généralité  de  nostre  négotiation  en  Angleterre,  on 
le  nous  demanda  par  escrit ,  snrquoy  ayant  esté  par  nons 
répliqué  que,  hors  le  traicté  du  mariage,  il  s'estoit  peu 
ou  rien  passé  qui  touchast  l'Estat,  le  demeurant*  concer- 
nant le  particulier  de  Y.  A.,  néanmoins  qu'en  ferions 
>  le.        I  Airtui  Gjncli.         '  qn'ils.        *  Be/gieUme  brl  OTcrblyTPBde. 


,,Googlc 


1641.  Jnio.j  — ■   478   — 

l'extruct  sy  on  le  désiroît,  et  qu'il  y  aorott  encor  assez  de 
qnoy  remplir  trois  ou  qoatre  faeilles  de  papier,  j'aj  appris 
ddpnis.  Monseigneur,  qu'on  en  escrit  à  V.  A.  et  que  volon- 
tiers on  demandera  tout  nostre  verbal.  Je  l'ay  tout  preat 
et  tel  que,  de  jour  à  antre,  il  a  esté  dressé  sur  les  occor- 
reuces,  surquoy  je  snpplye  trës-bumblement  V.  A.  de  con- 
sidérer s'il  sera  à  propos  de  publier  ainsi  les  contestations, 
le  contract  et  autres  actes  du  mariage,  qui  n'ont  rien  de 
commun  avec  l'Estat  et  concernent  privativement  les  intérests 
de  Tostre  maison,  assavoir,  le  dot,  le  douaire,  la  demeure 
et  cboses  semblables,  outre  plusieurs  autres  déclarations  &- 
vorables  de  leurs  Majestés,  qu'il  est  plus  à  propos  que  les 
voisins  ignorent,  pour  n'en  prendre  occasion  de  jalousie, 
au  lieu  qu'on  doibt  tenir  ce  traicté  pour  purement  personel 
et  privé,  comme  véritablement  il  est,  et  partant  je  vous 
ose  dire  mon  advis  là-dessus,  qne  par  sa  rescription  Y.  A. 
peut  approuver,  que  rendions  conte  par  escrit  des  choses 
qui  touchent  aucunement  l'Ëstat,  et  pour  celles  du  mariage 
qu'il  seroit  raisonnable  d'en  sçavoir  la  volonté  du  Koy  de 
la  Grande-Bretaigne ,  devant  que  d'en  rien  publier;  aussi 
n'ay-je  gardé  aucune  copie  des  actes  dont  j'ay  rendu  les 
originaux  à  V.  A.,  pour  réserver  cet  afiaire  à  V.  A.  seule, 
et  estoit  ma  pensée  de  jetter  mon  verbal  au  feu,  comme 
rendu  désormais  inutile  par  la  conclusion,  exécution  et 
autres  actes  du  mariage  snrensuiviz  et  authentiques.  tTat- 
tendray  là-dessus  l'honneur  de  vostre  commandement,  pour 
y  déférer  prompte  et  entière  obéysaance,  comme  je  feray 
tousjours  à  tout  ce  que  je  sçaaray  estre  de  la  volonté  de 
y.  A  ,  et  sur  cette  protestation  je  prie  Dieu,  Monseigneur, 
de  vous  donner  en  prospérité  santé  et  longue  vie. 

De  Y.  A.  trèa-humble,  tr^-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur, 

ra&Nçois  d'abbssen. 
De  la  Haye,  ce  20  jaio  1641. 


,,  Google 


itLBVTBB  DCCXXJCI. 

/.«    Prince    tTOrange    à    M.  de  Sommelidj/et. 
lettres  729  et  730. 

Monsieur.  tTaj  ven  par  vostre  lettre  da  19,  et  plus 
pnrticali^ment  par  celle  du  21  ',  comme  il  voas  a  esté 
parlé  dans  l'assemblée  de  messieurs  les  Ëstats-Généraulx 
de  leur  exhiber  ttn  rapport  par  escrit  de  vostre  dernière 
négociation  en  Angleterre.  Surquoy,  comme  vous  avez 
fort  bien  répliqué  que  pourriez  en  faire  un  extraict,  com- 
prenant les  choses  qui  proprement  concernent  l'Estat ,  tout 
le  reste  ne  regardant  que  les  intérests  particuliers  de  ma 
maison,  je  trouve  que  les  sieurs  Estats,  aussi  par  leur 
résolution  prinse  sur  ce  subject  le  19,  donc  le  double  vient 
de  m'estre  envoyé,  remédient  assez  eux-mesmes  h>  cette 
demande  générale  de  vostre  Verbal,  disans  qu'il  ne  sera 
nécessaire  que  vous  y  fassiez  mention  des  entrefaictes  '  par- 
ticulières du  traicté  de  mariage  et  ce  qui  en  dépend.  Sui- 
vant quoy,  m'asseurant  que  vous  sçaurez  bien  former  ce 
rapport  avecq  les  réserves  et  retenues  qu'il  appartient,  je 
m'en  repose  volontiers  en  vostre  discrétion  et  prudence. 
Et  cependant  vous  remercie  du  soing  que  me  tesmoignez 
en  avoir  eu  pour  mon  esgard,  qui  aussi  en  toutes  occa- 
sions de  mon  service  vous  ferai  paroistre  d'effect  que  je 
suis  véritablement,  etc. 


Le  bio-on  de  Dona  au  Prince  d'Orange.  Bonnet  àiipontiont 
du  Rai  et  de  la  Reitie  ^Angleterre  quant  au  transport  de 
la  Princesse. 

Monseigneur.  J'ay  livré  ce  II  juillet  les  lettres  de  V.  A. 
entre  les  mains  de  leurs  Majestez,  qui  m'ont  très-parti- 
culièrement   interrogé    touchant   la   santé  et  estât  présent 

I  wttunte  dt  la  main  lU  M.  dt  Zaylkhm. 

w  fa  SI.  '  JDcidedU. 


,,  Google 


1541.  Juillet.]  —    480   — 

de  V.  A.  Le  Roy  avoyt  le  plan  da  siège  de  Gennep, 
surqnoy  II  me  demanda  plasieurs  choses,  ansquelles  je 
taschay  de  satisfaire,  selon  mon  peu  d'intelligense ;  la 
Keine  ayant  leu  ses  lettres,  dit  que  vos  Altesses  ne  se 
lassoyent  jamais  de  demander  sa  fille,  qu'elle  commençoit 
à  se  mieux  porter,  et  qa'elle  croyoit  qu'elle  et  voz  Al- 
tesse se  pourroyent  maintenant  bientost  accorder.  Le  Roy 
entra,  auquel  elle  dit  encores  la  mesme  chose;  il  respondit 
que  dans  ses  lettres  il  en  esto^~t  aussi  parlé.  La  Reine 
dît  que  c'estoit  peu  de  chose,  mais  que  dans  la  sienne 
madame  la  Princesse  nommoit  cest  esté;  elle  dit  de  rechef, 
que  son  Altesse  Royale  commençoit  à  se  mieux  porter. 
M'  Vane  ayant  dit  qu'elle  estoit  fort  bien,  „non  non," 
reprit  la  Keine,  „mais  elle  commense.'  Je  vis  ensuitte 
madame  la  Princesse  et  M'  le  Prince  de  Gales,  qui  en  effet 
se  portent  très-bien;  madame  estoyt  de  fort  bon  humeur, 
[tenoit]  et  avoyt  fort  bon  visage  et  M' le  Prince  de  Gales 
se  servoyt  de  son  bras  comme  de  l'autre.  Le  soir  je  vis 
encore  la  Reine  et  luy  dit,  selon  les  commandements  de 
y.  A.,  son  espérance  que  S.  M.  voudroyt  joindre  à  tant 
d'obligations  celle  de  déterminer  quelque  temps  pour  le 
passage  de  madame  la  Princesse.  Elle  me  respondit  qu'elle 
en  parleroyt  au  lioy  et  que  je  pouvoy  asseurer  V.  A. 
que  de  tout  son  pouvoir  elle  y  contribueroyt.  De  toot 
ce  qui  se  passera  encores  sur  ce  subjet,  je  ne  manqueray 
de  me  donner  l'honneur  de  le  faire  s<^voyr  par  mes  let- 
tres à  V.  A.  Je  prie  Dieu  que  se  soyent  tousjours  noa- 
velles  agréables  et  qu'iceluy  vueille  d'icy  k  longues  années 
conserver  et  protéger  V.  A.;  se  sont  les  plus  véritables 
souhaits  et  prières  de  celuy  qui  espère  vivre  et  mourir. 
Monseigneur, 

de  y.  A.  le  très-humble  et  très-obéiasaat 
serviteur 

B.  '   DE  DOK.\. 

De  Londres,  ce  12  juillet  1641. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


I^ETTBE   DCCXXXIII. 

Burlamaqui  h  M.  de  Sommdsdyck.     Nouvelles  diverses. 

Monseigneur.  Je  ne  vous  ay  pas  escrit  depuis  votre  par- 
tement,  estant  asseuré  que  monseigneur  l'ambassadear  ne 
manque  de  donner  avis  particulier  de  ce  qui  se  passe. 
Je  feis  la  présente  pour  avertir  V.  E.  que  m'estant  trouvé 
casuellement  ce  matin  en  ]ii  chambre  de  monseigneor  le 
secrétaire  Vane,  j'onis  le  solliciteur  de  la  compagnie  an- 
gloise  des  Indes  Orientales  parler  d'une  requeste  pré- 
sentée &  S.  M.  par  la  ditte  compagnie;  ce  qui  me  fît  un 
peu  curieusement  recercher  le  sujet  et  contenu  de  la  ditte 
requeste,  mais  Je  ne  peus  rien  retirer  sinon  que  M'  le 
set-rétaire  me  dit  qu'il  en  envoyoit  la  copie  à  M'  Boswell, 
avecques  ordre  d'en  représenter  le  contenu  aux  <lépatez 
de  messeigneurs  les  Estats  et  de  demander  une  cathégo- 
rique  résolution  sur  les  prétensions  de  la  ditte  compagnie 
et  la  satisfaction  qu'on  leur  veut  donner,  pour  une  fois 
mettre  &  fin  ce  propos  et,  ne  pouvant  recevoir  satisfaction, 
remettre  l'affaire  au  Parlement,  pour  j  prendre  quelque 
ordre.  Je  remarque  que,  voyant  la  anale  conclusion  de 
cest  affaire  aller  si  h.  la  longue,  S.  M.  tient  qu'on  ne  se 
soucie  de  donner  contentement,  ny  à  hiy,  ny  k  ses  su- 
jets, ce  qui  renouvelle  beaucoup  de  discours  qui  estoyent 
assoupis  et  seront  sans  doute  exagérés  devant  le  Parlement 
à  toute  rigueur,  soyent  faux  ou  vrais;  ce  qui  me  semble, 
sonbs  la  &veur  '  de  V.  E.,  qu'on  devroit  cercher  de  pré- 
venir, car  une  mauvaise  impression  sur  des  informations 
si  relevées  (comme  ceux-cy  sans  doute  les  mettront  en 
avant)  peut  faire  plus  de  mal  qu'on  ne  pense;  surtout 
en  une  occasion  qui  se  présente  d'un  traitté  fait  par  la 
compagnie  des  Indes  du  West  avec  l'ambassadeur  du 
Koy  de  Portugal,  obligeant  les  Portugais  de  ne  se  servir 
d'autres  navires  que  des  leurs;  par  lequel  accord  ceste 
nation  est  du  tout  forclose  de  pouvoir  naviger  au  Brésil, 
oii  ils  souloyent  avoir  assez  ample  négoce  avecq  leurs  na- 
'  Belgieume  ondsr  tet  wilmecDcii. 
III.  31 


,,Googlc 


vires  avant  la  révoludon  présente,  tellement,  que  Taccord 
des  Portugais  et  de  vos  provinces  et  villes,  au  lieu  d'ap- 
porter quelque  accomodation  aux  Ângtoïs,  leur  sera  de 
très-grand  préjudice.  Je  sçay  que  cecy  a  esté  sur  le  tapis 
et  que  sur  cette  occasion  y  sera  mis  avecq  toute  l'instance 
possible,  qui  ne  peut  sinon  causer  de  mauvais  effects.  Si 
l'affaire  des  Indes  eust  esté  terminée,  tout  cecy  pouvoit 
s'accomoder  à  bonne  et  mutuelle  intelligence,  voire  mesmes 
entrer  en  une  capitulation  pour  les  Indes  du  Ponent,  à 
quoy  on  pense,  et  le  Parlement  pousse  fort  d'ériger  une 
société  pour  ces  quartiers  là  en  ce  royaume.  Si  cela  se- 
roit  de  conséquence,  V.  E.  peut  en  sa  prudence  le  con- 
sidérer. —  L'affaire  des  Indes,  &  ce  que  je  peus  entendre, 
estoit  comme  accordé,  la  restitution  de  l'isle  de  Poleron 
l'ayant  accroché.  Y.  E.  sçait  le  contenu  du  traitté  des 
années  1619  et  1623,  et,  si  on  y  prend  garde,  on  trou- 
vera pour  asseuré  que  la  dîtte  isle  doit  estre  rendue  à 
S.  M.  pour  ses  sujets;  aussi  M'  Boswell  a  tousjours  eu 
bien  exprès  ordre  de  ne  rien  conclurre  sans  la  restitution 
de  la  ditte  isle.  Ce  sera  donc  h.  V.  E.  de  tenir  la  main, 
que  le  traitté  soit  accompli  en  ce  regard  et  que,  pour 
compensation  des  autres  prétensions,  la  somme  des  deniers 
soit  payée,  l'un  n'ayant  rien  affaire  avec  l'antre.  Je  veux 
espérer  que  par  l'entremise  de  Y.  E.  tout  s'accommodera, 
pour  prévenir  beaucoup  de  mescontentemens,  qui  autre- 
ment pourront  survenir  de  très-dangereuse  conséquence, 
comme  en  sa  prudence  elle  peut  considérer.  —  Les  af- 
iaires  icy  vont  encores  lentement;  toutesfois  on  oomence 
k  voir  des  effects  de  la  diligence  des  deux  maisons  à  oster 
ce  qui  ha  ombre  d'opposer  et  contrarier  leurs  libertés,  et 
la  bonté  de  S.  M.  cédant  à  tout,  pour  réduire  ses  royau- 
mes à  l'ancienne  bonne  union  et  concorde.  Le  plus  dur 
qui  reste  k  démesler,  sera  l'Épiscopat,  contre  lequel  on 
se  bande  absolument.  Je  laisse  au  Jugement  de  ceux  qui 
l'entendent,  combien  de  nouveautés  le  changement  nous 
apportera,  ne  manquant  des  gens  qui  maintiennent  que 
pour    les    cérémonies   ou   discipline  une   église  ne  doit  se 


U,g,t7cdb/GOOglL- 


—  483  —  [1611.  jùillrt. 

conformer  k  l'autre,  aïns  estre  libre  de  faire  ce  que  luj 
semble  bon,  ce  qui  seroît  ouvrir  la  porte  k  autant  de 
sectes  que  de  caprtxes  pourroyent  venir  es  cervelles  des 
hommes,  assez  subjects  icy  il  creuser  sur  ces  puntïllos  et 
subtilités  ecclésiastiques.  Dieu  nous  garde  de  confusion  I 
Les  armées  se  débandent  au  Nord  sans  grande  difficulté,  au 
moins  qui  aye  apparu  jusques  à  cest  heure.  Le  Roy  est 
tousjours  sur  son  voyage  d'Escosse  pour  le  10  d'aoust; 
j'en  doute  toutestbis.  La  Royne  pense  d'aller  aux  eaux 
de  Spa  par  vos  quartiers.  Âujourdhuy  vers  les  5  heures, 
quelques  députés  du  Parlement  la  vont  voir,  pour  luy 
remonstrer  la  difficulté  du  dit  voyage  avec  beaucoup  de 
preîgnantes  raisons.  Ce  qu'ils  prévaudront,  les  premières  le 
diront  et  je  ne  feudray  d'en  feire  part  ii  V.  A.,  k  laquelle 
baisant  les  mains,  je  me  dis  estre.  Monseigneur, 

de  V.  E,  trës-humbli3  serviteur 

va.   BUSLAMACEI. 

De  Londres,  le  16  de  juillet  1641. 


LETTKE  DCCaCXXIV. 

Le   baron  de   Doua   an    Prince   (COrange.     Motifs   de   son 
long  séjour  eti  Angleterre. 

Monseigneur.  Le  retardement  de  M'  More  cause  le 
mien;  M'  Yane  m'ayant  asseuré  que  leurs  Majestés 
avoyent  trouvé  entièrement  à  propos  que  j'attendisse  son 
retour,  à  fin  qu'en  suitte  d'iceluy  je  peusse  porter  des 
nouvelles  asseurées  de  leur  dessein  à  V.  A,  J'alègue  tous- 
jours  les  causes  de  ma  demeure,  me  semblant  qu'elle  ex- 
cède de  tant  le  temps  que  V.  A.  y  avoyt  prescrîpt,  que, 
hors  l'ordre  exprès  de  leurs  Majestez,  il  ne  me  resterojt 
poinct  d'espoir  de  m'en  pouvoir  justifier,  outre  que  Y.  A. 
m'ayant  nouvellement  honoré  d'une  charge  ou  je  n'ay 
encores  eu  que  peu  de  loisir,  mais  grand  besoin  de  m'in- 


,,GoogIc 


1641.  Jnillrt.]  —   484   — 

struïre,  le  désir  de  m'en  rendre  en  quelque  façon  digue 
me  fait  souhaiter  d'en  trouver  les  occasions  et  le  temps, 
que  pendant  je  ne  croyds  point  perdre,  puisque  j'ay 
l'honneur  de  l'employer  aussi  au  service  de  V.  A.  J'esti- 
meroys  ce  bonheur  accomply,  si  enfin  à  mon  retour  je 
pouvois  porter  des  asseuranses  de  la  veDue  de  la  Reine 
et  de  M.  la  Princesse,  à  quoy  le  Parlement  à  la  vérité 
aporte  quelque  difficulté  mais  avec  assez  de  respect  en- 
vers leurs  Majestez  pour  &ire  croire  qu'il  n'opiniastrera 
point.  Je  prie  Dieu  que  cecy  et  touts  les  desseins  de  V,  A. 
puissent  réusîr  h.  sa  gloire,  et  que  d'icy  à  longues  années 
les  commandements  de  V.  A.  puissent  estre  universelle- 
ment rose  us  avec  l'obéissance  et  le  respect  que  leur 
porte,  Monseigneur, 

de  V.  A.  le  très-humble  et  très-obéissant 
serviteur 

De  Londres,  ce  26  juillet  1641. 


LBTTKB    BCCXXXT. 

W.  Marray  au   Prince  cC  Orange.    Passage  de  In  Reine  Marie 
de  Mèdieie. 

Monseigneur.  J'espère  que  V.  A.  me  pardonnera  cette 
présomption,  quand  elle  sçaura  que  c'est  par  le  com- 
mandement de  leur  Majest«z  que  je  prens  la  hardiesse 
de  luy  escrire.  Le  passage  de  la  Reyne-mère  leur 
est  de  telle  importance  qu'ils  m'ont  commandé  d'avertire 
V.  A.  qu'ils  attendent  en  cela  un  tesraoygnage  publîke 
de  son  affection.  Us  m'ont  aussy  commandé  de  faire  sça- 
voir  à  V,  A.  qu'ils  trouvent  expédient  que  vers  le  milieu 
de  septembre  M'  de  Heenvliet  soyt  envoyé  par  deçà  pour 
demander  le  transport  de  la  Princesse,  lequel  ils  sont 
résolus  d'ottroyer.  —  Je  supply  très-humblement  V.  A. 


,,.GoogIc 


—   485   —  [1641.  Jullct. 

de  me  pardonner  ceste  présomption  et  me  faire  l'iionneur 
de  m'estimer,  Monseigneur, 

de  V.  A.  le  plus  humble,   plus  obéissant,  et 
pi  lis  affectionné  serviteur, 

W.  HORRAY  '. 
De  Londres,  ce  30  juillet  1641.  v.  st. 


LETTHE  DCCXXXVI. 

Seton'  à  \f.  de  Soinmdtdyck.     Nouvdles. 

Monsieur.  Le  subit  partement  du  baron  de  Donaw 
m'a  forcé  de  vous  envoyer  ce  mot  de  lettre  mal  escrit, 
qui  servira  plustost  potir  tous  assurer  de  mon  service  que 
d'aucun  agréable  advise  qu'on  vous  sçauray  mander.  Le 
Koy  et  le  parlement  sont  en  termes  comme  du  commen- 
cement; on  travaille  d'accorder  au  Roy  pour  quelques 
années  le  tonage  et  poadage,  mais  la  maison  des  commu- 
nes disent  qu'il  faudra  soussigner  premièrement  l'estirpation 
des  évesques  et  quelques  autres  bils  d'importance  et  puis 
après t  an  dernier  lieu,  le  tonage  et  poodage.  S.  M.  parte 
vers  l'Escosse  le  9  d'aoust,  s'yl  n'a  d'empêchement,  car  le 
parlement  demande  ung  commissioner  qui  a  pleine  autho- 
rité  du  Roy  de  ratifier  et  soussigner  leurs  actes,  comme 
si  S.  M.  fut  en  personne,  et  qu'on  ne  pourra  changei-  sa 
commission,  si  non  que  quand  le  Boy  sera  en  personne 
à  Westmonster,  ce  que  le  Roy  ne  consentira  pas  volontaire- 
ment; toutesfbis  il  faut  qu'il  face  cela  devant  qu'entreprendre 
son  voyage.  Il  est  tout  résolu  de  faire  le  voyage  d'Escosse , 
là  où  il  sera  bien  venu,  s'yl  a  l'envi  de  faire  la  paix,  mais  si 
il  a  quelque  envi  de  donner  bon  visage  aux  factieux,  il  n'aura 
pas  tell  contentement  qu'il  attend.  Ce  Jean  Stewart,  quiavoit 
accusé  mylord  Montroos,  a  confessé  après  qu'il  lui  avoit 
&ict  tort  et  qu'il  n'avoit  jammais  dict  telles  parolles;  ce 
pourquoy  on  a  condamné  ce  Stewart  d'avoir  la  tett  tran- 
■  Kantj.  *  Jobp  3e*t«D,  gailitAomttf  A  comle  dt  Laneattre. 


,,Googlc 


1641.  Aottt.]  40ID    

chée  le  4  d'aoust.  L'armée  d'Escosse  partira  le  9  d'aoust, 
et  l'armée  angloise  sera,  cassée  i  mesme  instant  On  a 
mandé  à  Newcastelle  le  payment  aux  Ëscossois,  afin  qu'ils 
contentent  ces  provinces  là  où  ils  ont  veacus.  La  Royne- 
mère  parte  le  4  pour  passer  la  maire  '  en  Hollande.  On  a 
contremandé  M'  de  Vick ,  qui  alloit  à  Bruxelles  pour 
faciliter  son  voyage  par  ce  costé  là,  si  en  cas  on  avoit 
refusé  le  passage  d'FIollande.  Dans  deux  ou  trois  jours 
je  m'y  en  va  en  Escoaae,  tellement  que  ne  vous  sçauré 
plus  mander  de  mes  nouvelles  jusques  à  mon  retour,  sans 
que  je  trouve  une  bonne  oportunité  en  Ëscosse,  alors  je 
me  souviendrai  de  mon  debvoir,  qui  est,  en  tout  lieu  où 
je  suis,  de  vous  rendre  toutes  aortes  de  services  en  qua- 
lité. Monsieur, 

de  vostre  très-humble,  très-afifectionné  serviteur, 

JOH.Ut   SBTOH. 

LondoD,  le  dernier  de  juillet  1641. 

lettke;  bccxxxvii. 

Marie,  Princeiue  <tOrange,  au  même.     ComplimenU. 

Monsieur  mon  beau  père.  Par  le  retour  du  baron  Dauoc  * 
vous  saurés  comme  le  Boy  monsieur  mon  père  et  la  Koyne 
madame  ma  mère  avois  '  intantion  de  vous  donner  satîs- 
iaction  dans  mon  voyage  de  Holande,  mais  les  choses 
ectant  '  changée,  comme  le  dit  baron  Daune  vous  fera  en- 
tendre, je  vous  prie  de  croyre'que  j'estois  fort  preste 
d'obéir  aux  commandemants  du  Roy  et  de  la  Royne,  que 
par  cela  vous  puissiez  voir  que  je  n'ay  plus  grand  désir 
que  de  vous  donner  des  preuves  de  mon  afection  par  mes 
actions,  et  quant  le  tamps  sera  venu,  je  ne  doute  point 
que  par  les  effects  vous  vérés  que  je  suis.  Monsieur  mon 
beau-père, 

vostre  afiectioné  servant 


,,  Google 


LETTRE  DCCXXXVni. 

M.  de  SommeUdyek  au  Prince  d  Orange.  Affaires  d Angleterre. 

Monseigneur!  M'  Goring  me  faict  nn  long  récit  d'une 
prattiqne  qu'on  auroit  tasché  de  conduire  par  luy,  et  des 
raisons  qu'il  a  eu  de  n'y  point  prester  l'oreille  qne  soubs 
un  exprès  advoeu  du  Roy,  J'en  envoyé  la  lettre  à  V.  A., 
afin  qu'elle  y  voye  cette  histoire  tout  de  long,  sy  elle 
en  a  le  loisir.  S.  M.  a  tasché  d'establir  son  authorit^; 
le  Parlement  s'en  est  ombragé;  de  là  ont  procédé  les 
jalousies  et  les  menées  qui  travaillent  maintenant  l'Angle- 
terre. La  Eoyne  avoit  proposé  de  venir  boire  des  eaux 
de  Spa  et  le  Roy  aussy  de  faire  le  voyage  d'Escosse; 
l'un  et  l'autre  est  suspect  au  Parlement,  qui  ne  le  sçau- 
roit  approuver,  non  plus  qu'une  levée  de  quatorze  mil 
hommes  en  Irlande  au  service  du  Roy  d'Espagne.  Il  en 
ira  de  mesme  du  secours  que  monseigneur  l'Électeur  de- 
mande, sy  autre  que  le  Parlement  en  prétend  la  direc- 
tion. Toutte  l'authorité  semble  par  devers  le  peuple,  pour 
laquelle  regaigner,  il  est  nécessaire  au  Roy  de  le  guérir 
et  rammener  de  ses  deffiences  par  un  procédé  contraire 
à  celuy  que  de  '  ses  ministres  luy  ont  faict  tenir,  sans 
quoy  il  est  pour  tout  perdre.  Je  répute,  Monseigneur,  à 
un  bien  grand  bonheur,  que  ny  S.  M.  ny  le  Parlement 
ne  m'ayent  onq  faict  parler  de  leurs  menées  ou  jalousies, 
car  j'eusscs  eu  de  la  pèno  à  les  contenter  esgalement  et 
la  confience  de  tous  deux  nous  est  nécessaire  pour  le  succès 
du  mariago  et  pour  l'Estat;  s'il  est  possible,  il  s'en  faut 
tenir  à  cette  maxime.  Le  Roy  a  peu  de  satisfaction  du 
sieur  Goring,  lequel  est  d'autant  plus  estime  au  Parlement; 
cy-devant  S.  M,  avoit  excusé  son  absence  et  demandé  à 
V.  A.  le  gouvernement  de  Berghe  pour  luy  ;  présentement 
il  le  désire  esloigné  et  traicté  comme  plusieurs  autres, 
mais  se  trouvant  embarassé  et  retenu  par  le  Parlement, 
il  espère  de  demeurer  dans  la  bonne  opinion  et  faveur 
de  y.  A.,  et  que  luy  conserverez  sa  charge,  résolu  de 
'  qnelquee  uni  de. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


1841.  AuÛt.]  —   488   — 

la  venir  deservir  au  premier  jour,  comme  vous  le  repré- 
sentera plus  plèneuient  le  gentilhomme  qu'il  a  dépesché 
exprès  à  cette  fin,  me  conjurant  d'y  contribuer  mes  offices. 
y.  A.  sçait  trop  mieux  la  tendresse  de  cet  affaire  entre 
le  Roy  et  son  Parlement.  Nous  louons  Dieu  de  la  prise 
de  Gennep  avec  ay  peu  de  perte,  surtout  d'avoir  con- 
servé vostre  personne,  da  laquelle,  après  Dieu,  dépend  le 
salut  de  cet  Estât,  lequel  je  prie  de  verser  de  plus  en 
plus  ses  bénédictions  sur  vous  et  sur  vostre  maison.  Je 
sois.  Monseigneur, 

de  V.  A.  très-humble,   très-obéyssant  et 
très-fîdèle  serviteur, 

FBAKÇOYB  d'aEKSSEN, 

De  la  Haye,  ce  5  aoust  1641. 


LETTRE   DCCXXXIK. 

M.   de  SommeUdyck   au   Prince  if  Orange.     Il  faut   ituùter 
sur  le  transport  de  la  Princesse. 

Monseigneur.  J'ay  ce  matin  entretenu  M'  le  baron  de 
Dona  sur  son  voiage  d'Angleterre  et  veu  une  partie  des 
lettres  qu'il  en  rapporte,  sur  lesquelles  madame  la  Prin- 
cesse m'a  commandé  de  mander  a  Y.  A.  mon  sentiment. 
Elles  me  semblent  donq  trop  générales  pour  en  tirer 
quelque  espérance  du  passage  de  la  Princesse,  mais  comme 
l'obstacle  en  est  imputé  au  Parlement,  qui  n'approuve  pas 
le  dessein  qu'a  eu  la  Royne  de  la  vous  mener,  je  pense 
que  V.  A.  trouvera  à  propos,  premier  que  d'en  faire  nou- 
velle instance,  d'attendre  la  responce  du  Roy  à  celle  de 
messeigneurs  les  Estats,  par  laquelle  ils  ont  prié  S.  M. 
de  persuader  la  Royne  d'entreprendre  le  voiage  et  de 
mener  la  Princesse  de  compagnie;  car  si  ou  allègue  l'em- 
pêchement que  le  Parlement  y  met,  l'Estat  en  prendroit 
occasion  de  convier  le  Parlement  d'intercéder  vers  leurs 
Majestez   pour  le  transport  de  la  Princesse  en  ces  pays, 


,,.CoogIc 


—  489  —  [1641.  AoSl. 

afin  d'y  prendre  de  bonne  heure  l'éducation  et  l'instruc- 
tion nécessaire,  et  aaroit  telle  lettre  à  estre  adressée  au 
Roy,  pour  s'en  ajder  en  cas  de  besoin;  au  moins  en 
viendra  à  V.  A.  cet  avantage,  de  voir  clair  d'où  pro- 
vient la  diFGculté  qui  retarde  voatre  contentement,  et  S.  M. 
n'en  peut  prendre  jalousie,  puis  que  le  demandez  par  son 
entremise,  ny  le  Parlement  vous  le  refuser,  après  tant 
de  démonstrations  d'avoir  souhaitté  cette  alliance  pour  la 
seureté  de  la  religion  et  du  royaume.  Une  personne  de 
conduitte  ponrroit  estre  chargée  de  cette  commission,  qui 
sçaura  mesnager  les  eapritz  de  ceui,  qui  peuvent  en  Cour 
et  au  Parlement  et  ont  d'ailleurs  l'ambition  de  recercher 
vostre  feveur.  Cest  le  temps  qu'il  vous  faut  presser,  sy 
ne  vouliez  remettre  voz  espérances  au  renouveau  '.  Peut 
estre  ne  me  trompé-je  point,  quand  je  pense  que  le  Par- 
lement n'a  aucune  intention  de  s'opposer  au  passage,  que 
pour  la  crainte  qui  le  tient  que,  par  iceluy  en  compagnie 
de  la  Royne,  on  a  autre  dessein,  que  de  la  mener  à  voz 
A.  A.;  car  en  cet  estât  où  sont  les  afiaires  du  Royaume, 
tout  ce  qui  vient  de  S.  M.  est  suspect  au  Parlement,  et 
il  est  malaysé  de  charier'  droict  entre  deux,  quoique  de 
part  et  d'autre  on  proteste  d'avoir  de  la  volonté  à  grati- 
fier V,  A.  en  chose  sy  raisonnable.  Cest  pourquoy  on 
doibt  haster  ce  transport,  car  l'Angleterre  n'est  pas  pour 
composer  sy  tost  ses  différens,  et  il  y  a  trop  d'accidens 
à  craindre.  M.  le  conte  d'Hollande  seroit  propre  à  dé- 
mener ce  faict,  tant  vers  le  Roy,  qu'au  Parlement,  s'il 
estoit  sur  le  lieu,  ou  prest  d'y  venir;  mais  les  armées 
s'en  tiennent  esloigné.  Le  cont«  de  Bristol  est  bien  des 
plus  confidens  avec  Cottington ,  et  m'ont  déclaré  souvent 
que  pour  sa  seureté  le  Roy  devoit  vous  envoyer  tous  ses 
enfans  quand  et  la  Princesse  an  plustost  Toutesfois  ces 
deux  personnages  sont  en  sy  mauvaise  odeur  an  Parle- 
ment, que  leur  entremise  gasteroit  tout,  mais  s'il  tient 
au  Roy  et  à  la  RojTie  que  la  Princesse  ne  passe,  ilz 
sont  tes  plus  propres  à  servir  en  cela  Y.  A.  Je  retourne 
'  à  b  uison  Donvclle.  *  faite  route. 


,,  Google 


IMJ.  Août.]  —  490  — 

(lonq  à  dire  qu'il  est  bon  d'attendre  la  responce  da  Roy 
&  l'Estat,  pour  selon  ïcelle  fonder  une  sérieuse  délibéra- 
tion, car  il  ne  faut  point  laisser  attiédir  la  recerche  du 
transport,  auquel  gist  la  seureté  de  nos  conventions,  avec 
ti>ut  le  cont«ntement  de  V.  A.  Sy  lora  j'ay  l'honneur  d'y 
estro  appelle,  V,  A.  connoistra  que  je  n'ay  moins  d'affec- 
tion de  Élire  paroistre  ma  fidélité  et  obéyssance  que  de 
zèle  à  mériter  l'honneur  de  voz  bonnes  grâces.  Sur  ce 
je  prie  Dieu,  Monseigneur,  de  prospérer  vos  désirs,  en 
VOUE  donnant  santé  et  longue  vie. 

De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et 
très-fidèle  serviteur 

FR&Nçoys  d'aekssen. 
De  la  Hnye,  ce  16  aoust  1641, 


■  t  LETTSE  DCCXL. 

Le  Prince  ^Orange  à  M.  de  Somtnehdyck.     Même  sujet 

Monsieur.  Les  rapports  du  baron  de  Doua  et  les  let- 
tres qu'il  m'a  portées  m'ont  assez  &ict  comprendre  comme 
il  ne  faidf  plus  penser  à  ce  qu'on  avoit  espéré  de  veoir, 
que  la  Reine  de  la  Grande  Bretaigne  en  personne  vienne 
à  passer  la  mer,  et  à  nous  mener  madame  la  Princesse 
sa  lîlle,  à  raison  de  l'obstacle  que  le  Parlement  y  a  donné. 
Et  me  semble  en  suitte,  selon  le  sentiment  qne  je  voy 
qu'anssy  vous  en  avez,  qu'il  ne  reste  seulement  que  d'at- 
tendre la  responce  du  Roy  à  la  lettre  par  laquelle  mes- 
sieurs les  Estats  ont  prié  S.  M.  de  persuader  la  Reine 
^  entreprendre  ce  voyage,  et  qii'icelle  responce  veue  (par 
laquelle  apparemment  ledit  obstacle  du  Parlement  sera 
allégué)  qu'au  retour  du  Roy  de  son.  voyage  d'Escosse, 
il  sera  à  propos  d'envoyer  quelque  personne  de  condoitte 
en  Angleterre  pour  y  solliciter  le  transport  de  madame 
]a  Princesse  au  nom  de  messieurs  les  Ëstats  et  le  mien, 
'  vuaule  de  la  Mot»  de  M.  de  Zuyliciem. 


,,  Google 


—   491    —  [1641.  Août. 

accompagnée  mesme  de  quelques  lettres  à  des  principaux 
<lu  Parlement  pour  les  employer,  aveq  cognoissance  de 
S.  M.  et  de  son  bon  gré,  à  faciliter  la  résolution  du  dit 
transport,  lequel  en  fin  je  voy  que  nous  n'obtiendrons 
jamais  sans  l'avis  du  Parlement.  Je  vous  remercie  de  la 
peine  que  vous  prenez  à  m'en  dire  voz  considérations  et 
vous  asseure  que  c'est  m'oblïger  à  vous  témoigner  tous- 
jours  que  je  suis,  etc. 


■  t  LETTRE   VCCXU. 

/^  même  à  M.  Joachimi.     Même  sajet  auk 

Monsieur.  J'ay  apprins  successivement  par  voz  lettres 
ce  qui  a  est^  des  intentions  de  la  Reine  touchant  son  voyage 
en  ces  pals,  et  finalement  j'ay  veu  par  la  dernière,  du 
premier  de  ce  mois ,  comme  S.  M ,  s'accomodant  aux  in- 
clinations du  Parlement,  a  esté  contente  de  quitter  la 
resolution  dti  dit  voyage,  par  où  il  semble  que  vous  teniez 
que  celuy  de  madame  la  Princesse  aussi  demenreroït  re- 
culé au  delà  de  ce  qu'en  avions  présumé.  Mais  c'est  ce 
que  je  ne  veux  espérer;  ains  comme  l'une  chose  n'a  rien 
de  commim  aveq  l'autre,  que  ce  nonobstant  nous  pourrons 
obtenir  le  transport  de  madite  dame  la  Princesse  le  plus- 
tost  qu'il  sera  )K>ssible.  Au  moins  vous  m'obligerez  d'y 
tenir  tousjours  la  main,  en  allégant,  où  il  appartiendra, 
le  grand  contentement  que  messieurs  les  Kstats  tesmoignent 
avoir  eu,  par  leurs  lettres  au  Roy,  de  ce  que  la  Reine 
avoit  dessein  de  leur  faire  l'honneur  de  passer  en  leurs  I, 
Provinces  et  que  madame  !a  Princesse  venant  à  y  arriver 
y  rencontrera  tous  les  mesmes  tesmoignages  d'affection  et 
de  bonne  volonté  parmi  les  honneurs  et  les  respects  deubs 
à  sa  haolte  naissance.  Mesmes  si  vous  le  trouvez  à  propos, 
je  seroy  bien  d'advis  que  vous  missiez  peine  ii  faire  gou- 
ster  la  chose  au  Parlement,  par  voye  et  entremise  de 
1  ndHuU  dt  la  MOM  de  M.  de  Znyliekeu. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


1641.  Septembre.]  —   ««i   — 

quelques  seignâurs  bien  affectionnez,  qu'on  dit  y  avoir 
aujourdhuy  beaucoup  de  crédit;  comme  ponrroyent  estre 
monsieur  le  comte  de  Warvrîck  et  autres,  tant  de  l'une 
que  de  l'autre  maison  ;  bien  entendu  que  le  Roy  ne  le 
vienne  à  sçavoir.  Je  vous  le  recommande  le  plus  sérieu- 
sement  que  je  puis,  et  qu'à  vostre  commodité  je  puisse 
avoir  advis  de  ce  qui  se  passe  plus  considérable  où  tous 
estes,  demeurant,  etc. 


LETTBE  VCCaCLII. 

M.  de  SommeUdyek  au  Prince  d'Orange.  D^érmds  entre 
tes  compagnies  de$  Indes  Orientales  en  Angleterre  et  dans 
les  Provinces- Unies. 

Monseigneur.  Je  n'ay  point  attendu  le  commandement 
de  V.  A.  à  travailler  pour  composer  les  difFérens  d'entre 
les  compagnies  Orientales  d'Angleterre  et  de  cet  E^tat, 
car  j'y  estoy  oblige  de  promesse  et  de  devoir,  îi  cause 
de  ma  charge.  Cette  voye  est  la  plus  propre  pour  préve- 
nir beaucoup  d'inconvéïilens,  lesquels,  après  bien  de  [pertej 
et  de  disputes,  nous  aurions  trop  de  pêne  à  réparer;  mais 
noua  avons  a,  faire  à  tles  gens  qui,  se  croyans  sousteouz 
dans  le  gouvernement,  demeurent  entiers  et  se  font  tirer, 
s'imaginans  quand  et  quand  que,  non  obstant  qu'ils  ayent 
de  faict  dépossédé  les  Angloîs  de  Pouleron,  le  droict  né- 
anmoins demeure  de  leur  costé;  sy  cette  plainte  est  une 
fois  portée  au  Parlement,  il  sera  malaysé  qu'en  sortions 
jamais  que  par  une  cuisante  amende,  soit  par  arrest,  soit 
par  confiscation  des  vaisseaux  à  leur  retour  des  Indes; 
d'ailleurs  la  condition  de  l'Estat  ne  le  peut  comporter,  le- 
quel fera  sagement  de  se  prévaloir  de  l'occasion.  Partant 
M'  Catz  et  moy  y  allons  travailler  de  bon,  sans  plus  de 
remise;  desjà  avons  nous  procuré  que  des  députez  des 
chambres  ont  esté  mandez,  authorisez  pour  vuider  tous  les 
différens,  et  messeignenrs  les  £stats  ont  réglé  la  part  qu'ilz 
contribueront  au   rachept  de  la    dispute.    V.  A.  se  peut 


,,.GoogIc 


—    493   —  [IMl.  Septembre. 

tenir  assenrée  qne  ne  desmorderons  point  cette  eittreprînse 
que  par  transaction,  ou,  en  cas  qu'on  y  vienne  îi  restiver  ', 
par  une  décision,  pour  kqnelle,  en  cas  d'extrémité,  j'espère 
nous  faire  authoriser.  Le  faict  d'Amboyna  est  cruel,  et 
celuy  de  PouUeron,  après  une  concession  expresse,  est 
moins  excusable;  la  patience  des  Anglois  est  longue, 
mais  sy  négligée  elle  vient  k  nous  choquer,  nous  serons 
blasmés  d'avoir  mal  faict  nostre  partye,  là  ofi  nous  devons 
recercber  tous  les  moyens  possibles  à  nous  bien  entendr<} 
avec  l'Angleterre,  taudis  qu'elle  se  lie  sy  eslroittement  à 
nous,  et  demeure  persuadée  que  la  seureté  commune  est 
fondée  sur  des  mesmes  intérêtz. 

3ja  proposition  faicte  en  l'assemblée  par  le  sieur  Brasaet' 
est  fort  crue,  sy  soubs  main  elle  n'a  paravant  esté  con- 
certée avec  V.  A.  Je  l'ay  portée  en  Hollande  avec  vostre 
advis,  car  elle  commençoit  k  trotter  par  les  compagnies  et 
y  a  esté  receue  avec  attention,  m^s  comme  je  croy  que 
la  France  s'en  joue  pour  ne  donner  lieu  au  blasme  qu'elle 
recule  seule  au  traitt^  de  la  paix,  tout  ainsi  nous  emba- 
rassera-elte  bien  fort,  sy  par  après  il  conviendra  s'en  des- 
mesler,  car  on  se  figure  la  fin  de  la  guerre  et  des  charges, 
et  qui  retirera  le  peuple  de  ce  désir?  Je  prie  Dieu,  Mon- 
seigneur, de  bénir  les  armes,  les  conseils,  et  surtout  la 
personne  de  V.  A.  de  prospérité  et  de  longue  santé  et  vie. 
De  V.  A.  très-humble,  très-obéyssant  et  trts- 
fidèle  serviteur, 

PBANÇOÏS   S'aBBSSEN. 

De  la  Haye,  ce  S3  sept.  1641. 


liETTKB   mCCXMAU. 

La  Reine  ^Angleterre  au  Prince  ^Orange.     Remercimenti,  i 

Mon  cousin.  Je  suis  extrêmement  ayse  desetteaucation' 
de  vous  assurer  de  mon  affection  par  mes  lettres  et  tous 
>  r^ieler,  bAtt  le  rélif.        *  agtnl  d»  France.        '  oeaàoo. 


U,g,t7cdb/GOOgIC 


1«43.  JidWw.J  —  494  — 

remercier  des  seings  que  tous  prenés  tons  les  jours  de 
m'obtîger.  Comme  j'ay  veu  par  Killgreu,  touchant  mou 
voyage,  le  seing  que  vous  hvez  pris  en  cela  et  en  tout 
autre  chose  qui  me  touche,  croy^s  que  vous  n'obligerés 
point  une  personne  ingrate,  et  quoy  que  pour  le  présent 
nous  ne  soyons  pas  en  estât  de  vous  faire  voir  par  des 
preuves  nostre  affection,  j'espère  que  ce  tamps  ne  durera 
pas,  et  que  j'oray  an  jour  le  bonheare  par  quelques 
actions  de  ma  vie  de  vous  faire  voir  paroistre  que  je  suis 
véritablement,  mon  Cousin, 

vostre  bien  affectionnée  cousine 

HENKieTTE-HAKIS.   R. 


3/.  de  IfeenvUet  au  Prince  d'Orange.    TroubUa  <F Angleterre. 

Monseigneur. . . .  Lundi  sur  le  soir  ^  la  cour  la  bonne 
Royne  en  entrant  me  fist  un  subris,  me  demandant  devant  le 
monde  si  je  n'avois  nouvelles  de  ma  femme  et  incontinent 
après  se  levoit,  et  venoit  vers  le  feu  où  j'estois,  disant: 
„vous  avés  gaigné  vostre  procès,  Morray  a  ordre  de  vous 
aller  trouver,  et  dire  que  le  Koy  et  moy  sommes  d'accord 
et  résolu  d'envoyer  nostre  fille  au  printemps,  mais  vous 
avez  tort  de  n'eatre  venu  la  demander  en  ambassadeur." 
Je  disois  à  S.  M.  que  vos  Â.  A.  avoyent  jugé  le  meil- 
leur pour  à  présent  que  non  et  les  raisons,  desquelles 
S.  M.  se  contenta,  jusques  à  dire:  „je  te  comprend  et  de 
vray  yl  est  mieux  pour  astheur,  comme  vous  dites,  mais 
après  que  tout  sera  adjusté,  car  nous  ferons  la  difficile, 
allers  yl  le  faudra."  Je  dis  que,  quand  leurs  Majestés 
trouveroyont  cela  convenir ,  que  je  n'en  donbtois  ou  V.  A. 
en  cnvoyeroît  un  pour  demander  le  transport,  et  la  re- 
merciois  avec  toute  submission  cette  tant  bonne  Princesse, 
l'asseurant  que  vos  A.  A.  n'oublieroyent  jamais  ses  laveurs 
et  que  S.  M.  se  poulvoit  asseurer  qu'elle  ne  les  sçauroit 


,,.GoogIc 


—   495    —  [1642.  Jtnvief. 

départir  à  personnes  qui  en  sçauroyent  '  plus  recognoissantes 
que  vos  A.  A.  —  Après  S.  M.  me  contoit  plusieurs  choses 
qui  se  passent  îcy  et  assez  ma).  Que  le  Roy  metteroit 
le  jour  après  on  liontenant  &  la  Tonr  nommé  Lanxford'^ 
qui  a  en  aultrefois  un  régiment  en  France,  me  laisant 
oultre  des  grandes  plaintes  du  conte  d'Hollande,  com- 
mvnt  yl  les  traversoit,  et  proposoit  de  feire  deux  généraux 
d'armée,  à  qui  le  parlement  laisseroit  tout  poulvoir,  et  une 
histoire  ensuite  laquelle  me  faisoït  mal  au  coeur  d'ouyr, 
et  à  la  fin  que  je  voyois  comment  elle  parloit  à  moy,  et 
qu'elle  n'oseroit  aultant  faire  à  aucun  auttre,  qu'elle  se 
confioit  et  sçavoit  que  j'estoîs  homme  de  bien. 

De  la  cour  je  sais  allé  chez  M'  Morray,  et  ne  le 
trouvant,  ay  entretenu  madamoisclle  sa  femme,  laquelle 
me  sçavoit  dire*  que  le  Boy  me  voulut  encor  laisser  quel- 
ques jours  languir,  mais  que  laRoyne  avoit  dîct  que  non.... 

Le  Roy  me  fist  appeller  et  entrer  dans  la  chamhre  re- 
tirée, je  le  salué,  et  S.  M.  me  dict  que  de  la  Royne  et 
de  Morray  j'avois  ony  sa  résolution.  MCest,"  me  dît  S.  M., 
„pour  complaire  au  Prince."  Je  fis  des  grands  compli- 
ments de  remerciements,  et  le  Koy:  „vous  vous  pouvez 
là-desBus  fier,  et  en  ma  parole,  car  cela  est  arresté,  et 
ce  que  ma  femme  vous  a  dict  ou  moy,  je  vous  dis  c'est 
le  mesme,  car  nous  sommes  asthcur  résolu  tout  deux  et 
d'accort  pour  la  laisser  passer  au  printemps  à  venir; 
Hmais,"  me  dit  le  Roy,  „yl  laudra  la  faire  demander, 
lors  que  tout  sera  préparé,  publiquement,  et  cela  devant 
que  je  le  notifie  au  Parlement"  Je  dis  que  tout  ce  que 
S,  M.  me  commanderoit ,  j'escrirois  à  V.  A.,  ou  j'îrois 
moy-mesme.  „N^oub  aurons  encor,"  me  dit  le  Roy,  „du 
temps  de  parler  de  cela,  continuiés  h.  entretenir  le  comte 
d'Hollande,  Vane,  et  aultres,  ainsy  que  vous  avés  com- 
mencé, mais  ne  leur  dites  rien  qu'en  général,  sans  lenr 
particulariser;"  me  demandant  ce  que  j'avois  dit  au  sieur 
de  Goring,  je  luy  !e  dis,  et  le  Roy:  „cela  est  fort  bien;" 
et  après  que  je  voyois  comment  tout  alloit  icy,  me  con- 
'  xTuiciit.      '  Sir  Thuniti  ljin>ruril.      *  Bfljiaime  mij  wiil  le  ipgj^fn. 


,,Googlc 


1«42.  JiiifiCT.]  —  496  — 

tant  de  vray  des  estranges  choses  et  de  dure  digestion. 
Et  sur  la  lîn,  que  S.  M.  in'avoit  denx  choses  à  recom- 
mander, l'une  de  vouloir  [puissamment]  escrire  à  V.  A.  et 
le  prier  que  cest  affaire  des  Oost-Indes  pouvoit  avoir  un 
fin.  Et  l'autre,  que  je  ne  le  dirois  i>  personne,  que  son 
collier  estoit  entre  les  mains  de  M'  Boswel  et  que  S.  M. 
désiroit  que  je  luy  donnerois  conseil  comment  y]  poul- 
voit  avoir  sur  ledit  collier  de  l'argent. . .  Jeudi  la  Royne 
me  demandoit,  si  je  sçavois  bien  que  les  prentises'  de 
Londres  avoyent  donné  une  pétition  contre  Lunxford, 
qu'yl  ne  le  voulurent  pour  lieutenant  de  !a  Tour,  à 
cause  qu'yl  n'estait  pas  ponr  le  Parlement,  et  que  de- 
main ceux  du  Parlement  viendroyent  prier  le  Roy  de  l'os- 
ter,  mais  que  S.  M.  ne  feroit  rien,  et  sur  la  fin  qu'elle 
alloit  à  Somerset  demain,  pour  y  faire  ses  dévotions  à 
l'accoustnmée.  Le  soir  je  suis  allé  souper  chez  M'  Vane, 
qui  me  disoit  qu'on  me  louoit  de, ce  qu'à  la  cour  mesme 
je  parlois  et  entretenois  tout  le  monde,  sans  faire  distinc- 
tion des  uns  ou  des  aultres  ;  que  le  Boy  avoit  changé  son 
conseil  pour  les  affaires  de  dehors,  et  au  lieu  du  marquis 
d'Hamilton,  comte  de  Northumberlant  et  comte  d'Hol- 
lande, qui  avec  Iny  cy-devant  avoyent  esté  de  ce  conseil, 
le  Roy  avoit  choisy  le  comte  d'Arundel,  le  comte  Dor- 
set,  le  comte  de  Bristol,  milord  See  '  et  le  secrétaire  Ni- 
cola*;  que  le  Prince  Electeur  n'estoit  pas  trop  satislàict  et 
qu'yl  appréhendoit  l'affaire  d'Irlande;  que  les  rebelles 
venoyent*  de  jour  à  aultre  plus  puissants,  que  le  Parle- 
ment en  Irlande  se  debvoit  bien  assembler  le  II  de  ce 
mois  leur  s^le,  mais  que  la  pluspart  estoyent  mesmes 
papistes  et  qu'yl  appréhendoit  qu'yl  '  voudroyent  la  tolé- 
rance pour  la  religion,  ou  se  joindre  avec  les  aultres, 
tellement  qu'yis  estoyent  fort  mal  îcy  à  cheval  en  ceste 
affaire;  que  cecy  ne  poulvoit  ainsi  longtemps  durer;  c'est 
pourquoy  yJ  me  conseiloit  de  ne  trop  haster  mes  sollici- 
tations; qu'en  quinze  jours  je  verrois  plus  clair  et  une 
révolution  dans  les  affaires,  soit  de  l'un  ou  de  l'aultre 
I  ipprenlia.      *  Sa;.      '  sir  Edward  Nïcholie.      •  dcvcnoieot.      >  iU. 


,,.GoogIc 


—   497   —  [IMB.  Janvier. 

costé.  Voib,  Monseîgnear,  nn  jotunal  bien  toDg  et  peat-es- 
tre  tédîfiQx  à  V.  A.,  mais  j'ayme  plustost  faillir  d'escrïpre 

tout  et  trop  que  trop  peu 

De  Y.  A.  trës-hamble,  tr^-obéiseant  et 
trës-fidële  serviteur, 

HBKNTLIBT. 

s  janvier  1643,  Londres. 


LETTRE  SCCXliV. 

Le  même  au  même.     Même  sujet. 

Monseigneur.  Je  suis  revenu  à  la  Cour,  laquelle  je 
trouve  altéré  pour  les  afiaires  du  royaume.  Par  mes 
dernières,  je  mandoîs  à  V.  A.  que  le  Boy  avoit  faict 
Bon  lieutenant  de  la  Tour  le  colooael  Lunzford  et  que 
les  prentices  s'opposoyent,  et  qu'yl  furent  suiviz  de  plu- 
sieurs bourgeois;  ce  que  depuis  le  maire  et  le  magistrat 
de  cette  ville  ont  confirmez,  tellement  qu'à  leur  réquisi- 
tion le  Eoy  l'a  changé,  et  donné  la  cbai^  au  chevalier 
Biron ',  et  osté  au  conte  de  Nieupoort*  celle  de  conne- 
stable.  J'escrivois  aussi  qu'une  partie  du  peuple  voulurent 
avoir  osté  les  évesques,  et  les  désordres  là-dessus  survenus, 
tellement  qu'yls  n'y  osèrent  plus  aller,  mais  s'assemblèrent 
à  Westmunster  chez  le  doyen,  qui  est  l'arcbevesque  de 
Jorck,  et  là  yls  arrestèrent  une  pétition  au  Boy  et  au 
purs,  pour  avoir  seurté  d'aller  au  Parlement,  ou  qu'aul- 
trcment  yls  protestèrent  que  tout  seroit  nul  ce  qu'en  leur 
absence  auroît  esté  conclu  et  arresté.  Cette  pétition  lîist 
donné  au  Boy,  ainsy  que  .S.  M.  estoit  pour  se  mettre 
au  licL  II  la  donna,  sans  lire,  à  son  sécrétait^  Nicola, 
et  luy  encor,  sans  la  lire,  le  lendemain  au  Kyper*,  qui 
de  mesme  la  présenta  à  la  maison-hault,  laquelle  se  for- 
malisa de  leur  protestation  et  la  communiquèrent  à  la 
maison-basse;    eux    ne  se  formalisèrent  pas  moins,    mais 

I  sir  John  hjnn.        >  M.  Bloant,  «stl  of  Newpoil. 
*  Kaepcr  (gtr^  dt*  tceaiui). 
m.  32 


,,Googlc 


1842.  Jao»i«.]  —  498   — 

les  déclarèrent  avoir  commis  trahison,  pour  avoir  dit  que 
sans  lenr  présence  tout  estoit  de  nul  valeur;  qu'yls  ne 
représentèrent  le  clergé  comm'  un  membre  du  Parlement , 
mais  qu'yts  furent  seulement  une  dépendance  de  la  no- 
blesse; sur  quoy  yl  fust  conclu  qu'on  les  euvoyeroit  au 
black-rod  et  depuis  dix  dans  la  Tour,  où  y)s  sont  encor, 
et  grandement  blasmez  d'avoir  si  inconsidérément  adjousté 
k  leur  reqneste  une  telle  protestation.  Toute  la  sepmaine 
passée  les  preutices  firent  des  grandes  insolences,  mesmes 
à  Witlial,  le  jour  que  le  Koy  traittoit  les  colonneb  et 
capitaines  qui  doibvent  aller  en  Irlande;  quelques  gentil- 
hommes  les  voulurent  faire  sortir  hors  la  cour,  et  comm' 
jia  s'opposèrent,  yls  tirèrent  leurs  espées  et  les  firent  sortir 
par  force,  eu  blessants  quelque  soixante  preutices.  Or 
comm'  yls  jurèrent  de  vouloir  revenir  pour  en  avoir  re- 
venge, le  Roy  ordonnoit  qu'une  sentinelle  seroit  bastie 
tout  contre  Schotlant-parck  proche  de  la  Cour,  où  ceux 
des  traines-band  k  présent  tiènent  garde;  les  estudîans, 
'  qui  sont  icy  en  grand  nombre,  gentilhommes  cadets,  esta- 
diants  aux  collèges,  vindrent  à  mesme  temps  présenter 
leur  service  au  Roy  ;  S.  M.  les  faisoit  entrer  et  baiser 
la  main,  comme  aussi  yls  firent  à  la  Royne  et  au  Prince. 
Ceux  du  Parlement  ayant  tesmoigné  estre  mal  sattsfaict 
de  ce  que  le  Koy  ne  déclaroit  ceux  qui  ont  pris  les 
armes  en  Irlande  pour  rebelles,  le  Roy  les  déclara  tels; 
mais  mardy,  estant  adverty,  comm'  on  dit,  que  quelques 
uns  machinèrent  de  faire  quelque  chose  k  son  préjudice, 
ou  contre  la  Royne,  laquelle  yls  croyent  trop  encourager 
le  Roy,  S.  M.  alloit  le  mesme  après-disné  au  Parlement; 
estant  là  entré,  toutefois  pas  si  viste  qu'yl  n'eurent  advis, 
car  ceux  &  qui  le  Roy  en  voulut  estoyent  desjà  sortiz, 
ils  monstrèreut  estre  estonnés,  se  levèrent  sans  dire  mot; 
le  Roy,  leur  demandoit  si  M"  HoUis,  Haslerig,  Pym, 
Hambden,  et  Strode  n'estoyent  là;  persone  ne  respondit 
au  Roy;  S.  M.  s'addresse  au  speaker,  qui  donnoit  à  S-  M. 
pour  responce  qu'yl  n'avoît  là  ny  yeux  ny  oreilles,  qu'yl 
n'estoit  que  pour  dire  ce  qu'on  luy  commandoit;  là-dessos  le 


,,.CoogIc 


—   499   —  [1642.  Jinrier. 

Roy  dict  tout  hault  qu'yl  les  cerchoït  et  qn'yl  les  accusoit 
de  trahison,  et  de  mesme  milord  Mandeville,  et  qu'yl  les 
prendroit  là  où  yl  les  trouveroit.  Le  Roy  estant  aorty,  la 
maison-basse  adjoumèrent  leur  assemblée  pour  huict  jours, 
et  ne  firent  qu'assembler  des  committés  !i  Guildhall  en 
ville,  où  le  lendemain  le  Koy  se  trouvoit  encor,  protes- 
tant de  ne  vouloir  rien  altérer  sur  leur  liberté,  au  con- 
traire les  défendre  et  maintenir,  mais  pas  tous  ceux  qui 
estoyent  là  dedans,  comme  ses  six  qu'yl  accnsoit  de  tra- 
hison. Us  ne  dirent  encor  rien,  ny  ceux  de  la  ville,  qui 
y  furent  présents,  mais  en  sortant  un  homme  crioit:  „Sire, 
liberté,  liberté  pour  le  Parlement,"  à  qui  le  conte  de 
Linsey  disoit:  „aussî  veult  le  Roy."  —  S.  M.  avoit  donné 
ordre  qu'on  cacheroit  '  les  papiers  avec  ses  armes  de  cens 
qu'yl  avoit  accusé,  mais  furent  incontinent  aprfes  par  ordre 
de  la  maison-basse  ostés  et  les  sieurs  Kilgry  et  Flemen 
menacez  d'estre  mis  dans  la  Tour,  pour  avoir  en  cela  obéi 
au  commandement  du  Roy.  Le  mesme  jour  ceux  de  la 
ville  présentèrent  une  pétition,  demandants  que  le  Roy 
donneroit  liberté  au  Parlement,  qu'yl  osteroit  ses  gardes, 
et  qu'yls  '  nommeroit  les  accusateurs  des  sumonunés  six 
personnes.  Et  la  maison-basse  ont  déclaré  traistres  ceux 
qui  metteroyent  la  main  snr  les  six  personnes  que  le  Roy 
pour  tels  a  déclaré,  et  aujourdhuy  publiquement,  et  [eux] 
tons  cenx  qui  ont  assisté  le  Roy,  lorsque  S.  M.  vint  à  la 
maison-basse  (du  nombre  duquel  le  Prince  Électeur  estoit) 
ennemis  de  la  patrie. 

Ils  ont  une  si  grande  appréhension  de  ce  que  le  Roy 
a  traitté  ses  officiers  d'Irlande,  à  cause  qu'yls  lèvent  des 
gens  icy  à  l'entour,  qu'yl  crièrent  cette  nuict  dans  la  ville 
allarme,  et  que  toute  la  bont^eoisie  se  mit  en  armes, 
comme  pour  une  partie  yls  sont  encor,  et  adjonstent  as- 
theur  que  c'est  pour  garder  le  Parlement  Â  ce  matin 
à  dix  heures  le  Roy  m'envoya  dire  que  je  le  viendrois 
trouver;  je  ne  manquois  à  mesme  instant,  mais  comme 
grand  monde  y  estoit,  S.  M.  me  conmienda  d'aller  trou- 


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1642.  J»n.ier.]  500   — 

ver  k  "Rayne  et  elle  me  commendoît  d'escrire  un  anltre 
fois  à.  [Satyn]  pour  assister  M'  Bosvel,  et  que  S.  M.  en- 
voyeroit  un  exprès  avec  encor  anltres  choses,  et  en&uite 
me  contoit  le  misérable  estât  de  ce  royaume,  non  sans 
esmotion.  Je  la  suppliois  de  patienter,  qae  je  ne  doabtois 
on  cecy  passeroit  et  que  Dieu  suppédïteroit  au  Roy  des 
conseils  salutaires  pour  trouver  un  accommodement;  tou- 
tesfois  que  j'obéirois  et  que  sur  le  soir  j'apporteroi  la  let- 
tre; revenant  le  soir  S.  M.  me  fist  la  grâce  m'ouyr  long- 
temps et  de  me  commander  à  la  fin  que  je  garderois  encor 
la  lettre,  et  tesmoignoît  n'estre  plas  altéré.  Je  prie  Diea 
de  disposer  les  coeurs  k  paix  et  garder  voz  Ait  en  santé 
et  longue  vie,  et  à  moy  la  grâce  de  les  servir  à  conten- 
tement, comme.  Monseigneur, 

De  y.  A.  le  trës-humble,  tr^obéissant  et 
très-âdèle  serviteur, 

HBBNVLIET. 

LondoD,  17  janvier  1642. 


LETTKB  BCCJGLVI. 

Le    même    au  même.     Perpleaitéa    da    Roi  et  de  la  Reine 
<ïAnglelerre. 

Monseignear.  J'ay  mandé  ^  V.  À.  par  tous  les  ordi- 
naires les  grandes  altérations  de  ce  royaulme,  et  comme 
le  Boy  et  le  Parlement  commencèrent  à  se  chocquer.  Je 
diray  par  cette  commodité  ce  qu'on  m'a  dît,  et  ce  que 
je  tiens  la  pluspart  de  la  bouche  de  leurs  Majestez. 

Le  Roy,  estant  du  '  retour  d'Escusse,  et  les  ayant  avec 
beaucoup  de  peine  lit  appaisez,  croyoit  à  son  retour  en 
faire  aultant  en  ce  royaume  ;  c'est  pourquoy  yl  trouvoit 
i,  propos  de  faire  une  entrée  solemnelle,  pour  obliger  son 
peuple,  aultant  qu'yl  se  pourroit;  S.  M.  fiist  très-magni- 
figuement  receu  et  traitté,  et  yl  s'ouvrit  au  magistrat  de 
cette  ville  plus  que  jamais,  les  asseurants  en  Roy  de  les 


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—   501   —  [1642.  Jinvier. 

maintenir  en  leur  religion  et  privilèges,  et  de  mesme  le 
Parlement,  tant  qa'yls  ne  Iny  osteroyent  ses  prérogatives; 
mais  qn'yl  ne  sçavoit  pourquoy  on  voulut  ester  les  éves- 
qaes  et  principalement  les  bonnes';  snrqnoy  le  niMre  et 
les  principaux  se  déclarèrent  n'estre  de  cest  advis,  riy 
anssi  la  ville,  mais  seulement  quelques  puritains  et  Bm- 
nistes  '.  S.  M.  estoït  de  cecy  fort  satis&ict  et  la  Royne 
pas  moins,  et  ne  songèrent  qu'à  les  obliger,  en  fusant  le 
maire  baronet  et  les  aldermans  chevaliers.  Us  disent 
que  quelques  uns  au  Parlement,  et  principalement  ceux 
que  S.  M.  a  accusé,  estoyent  de  cecy  jalous;  c'est  pour- 
quoy yls  couchèrent  une  remonstrance,  et  firent  la  lire 
dans  leur  conseil  de  Parlement,  yls  la  impronvèrent, 
de  quoy  yls  tesmoignèrent  estre  très-mal  satisfaicta;  et 
firent  tant  envers  la  pluspart  qu'à  la  résumlion  elle  fust 
approuvé  et  consenty  estre  imprimé.  Cette  remonstrance 
a  tellement  eschanfFé  le  peuple  qu'yb  commencèrent  de 
nouveau  à  crier  contre  le  Roy  plus  que  jamais,  et,  quoy 
que  S.  M.  depuis  a  faist  pour  les  regagner,  n'a  peu;  il 
employa  diverses  personnes,  mais  en  vain,  au  contraire, 
qu'yls  commencèrent  à  parler,  comm'  on  m'a  dit,  de 
mettre  la  main  sur  la  Royne,  et  que  ce  n'estoyent  que 
ces  six  susnommés.  H  résolut  de  mettre  la  main  sur  eux 
et  les  accuser  de  trahison.  H  va  au  Parlement,  les  de- 
mande, mais  yis  furent  advertis  et  absents,  S.  M.  les 
déclare  criminels,  et  eux  incontinent  après  les  prennent  en 
protection,  et  tels  ceux  qui  les  attaqueroyent  et  mette- 
royent  la  main  sur  eux,  et  ennemis  de  la  patrie  les  per- 
sonnes qui  en  cette  action  avoyent  assisté  le  Roy.  La 
déclaration  du  Roy  est  refusé  d'estre  scellée  et  proclamée , 
la  leure  se  proclame.  Allers  la  Royne  me  fit  l'honneur 
de  me  dire  que  je  voyois  bien  que  tout  se  préparoit  à 
une  rébellion,  et  que  le  Roy  ny  elle  ne  poulvoyent  plus 
endurer  ces  grandes  aâronts;  que  dans  la  ville  yls  n'a- 
voyent  osté  le  chappeau  la  dernière  fois  que  S.  M.  y 
avoit  esté  et  crié  mesme  qu'yl  ne  seroit  pas  le  premier 
'  boni.  '  Brovnlttei. 


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Roy  que  le  peuple  aurait  démis,  [ouy]  cek  imprimé 
derrière  les  articles  dn  Roy  contre  ces  six  personnes  et 
allégué  le  passage  de  la  S'  Escriture  1  Rois,  chap.  tt  : 
V,  16  ('),  me  montrant  après  cela  des  personnes  qni  n'y 
vindrent  là  que  pour  espier  les  actions  de  leurs  Majestez 
et  qui  qui  parloit  à  eux.  Je  contriboois  tout  ce  que  je 
poulvois  pour  appaiser  S.  M.  et  la  suppliois  à  patienter. 
Ce  qu'elle  redîsoit  à  quelques  uns  et  que  moi  j'avois  encore 
espérance  qn'yis  viendroyent  à  raison.  lÀ-dessos  quelques 
uns  me  vindrent  sommer  et  demander  si  j'oserois  m'eu- 
tremettre.  Je  dis  que  non,  mais  que  je  parlerois  à  nostre 
ambassadeur,  ce  que  je  Ra  trois  jours  de  suite,  luy  de- 
mandant s'yl  oseroit  sonder  monsieur  le  conte  d'Hollande 
pour  sçaroir  si  son  entremise  seroit  agréable  au  Parlement, 
et  que  je  l'assearois  du  Roy  et  de  la  Royne,  mais  yl  me 
dit  n'avoir  ordre  et  n'j  oser,  ce  que  j'estois  contrainct  de 
respondre. 

Dimanche  au  soir  leurs  Majestez  résolurent  d'envoyer  un 
gentilhomme  en  Hollande,  médisants,  comme j'ay  mandé 
k  Y.  A.,  qu'yls  estoyent  asseurés  que  mardy  ou  mercredy 
yls  viendroyent  pour  séparer  la  Royne  du  Roy;  surquoy 
hier,  sur  les  quatre  heures  du  soir,  yls  partirent,  avec 
le  Prince,  Princesse,  Duc  de  Jorck,  (et  dit-on  que  les 
aultres  enfants  suiveront  aujourdhuy)  vers  Hampton-Court 
Quand  messieurs  les  contes  d'Hollande  et  Essex  virent 
que  c'estoit  à  bon  escient,  yls  prièrent  tout  le  monde  de 
le  dissuader  à  leurs  Majestez,  et  aussi  madame  Carlile, 
mais  personne  n'osoit,  et  je  confesse  que  je  disois  à  mon- 
sieur Morray;  qui  oseroit? 

Astbeur  ne  font-yl  que  marcher  et  tirer,  et  tout  est 
en  armes  ;  ils  font  monter  tous  les  navires  qui  penlvent 
passer  le  pont,  vers  Celse  '.  Je  ne  sçay  ce  qa'yl  en  ar- 
rivera, ny  ce  que  je  doibs  faire  pour  ne  donner  nmbrage  ; 


<1)  J  let  ienlet,  ItradI  cri  de  reToItedadii  tribninupérfes  pirlarfponM 
da  roi  Roboam. 

■   L1l«lMt. 


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—    503    —  [1643.  Jinrier. 

j'atteaderay  les  lettres  qui  doibvent  venir  dans  trois  joars, 
n'ayant  encor  de  vos  A.  Â.  receues  aucune  et  me  régleray 
selon  îcelles;  sub  très-mary  de  voire  ces  extrémîtez,  et 
prie  Dieu  d'y  aporter  remèdes.  Voz  A.  A.  me  pardonnent 
que  je  dis  que  raesseigneurs  les  Estats  ne  peulvent  plus 
estre  coy,  soit  par  voye  d'entremise  ou  anltre;  tout  le  monde 
en  parle  et  comm'  estonné,  mus,  comme  j'ay  tousjours 
mandé  à  V.  A.,  leurs  Majestez  ne  m'ont  jamais  parlé  ny 
rien  dit,  horsmîs  dimanche,  et  allors  seulement  que  je 
manderob  à  Y.  A.  en  quel  estât  les  affaires  estoyent  tcy. 
Le  Parlement  et  ceux  de  cette  ville  craignent  que  le 
Soy  ira  à  Portsmoutb  et  que  lii  yl  fera  venir  une  armée 
et  qn'en  Galles  et  aultres  lieux  yls  remueront  aussi 
S.  M.  a  faict  imprimer  devant  son  départ  la  déclaration 
cy-joincte.  Monsieur  l'ambassadeur  de  France  me  vînt 
veoir  samedy  dernier,  et  me  contoit  au  long  les  delivoir 
qu'yl  avoit  contribué  pour  accommoder  ceux  du  Parle- 
ment avec  le  Roy,  mais  qu'après  tout  cela  yl  n'avoît 
point  de  gré,  et  qu'on  le  tenoït  suspect  à  la  Cour,  et 
qu'on  luy  tesmoignoit  un  mauvais  visage;  de  vray  hier, 
quand  yl  voulut  parler  au  Koy,  S.  M.  ne  luy  respondit 
pas  un  mot,  et  n'ostoit  qu'à  demy  son  chappeaa  et  ce- 
la en  passant,  et  après  avoir  attendu  la  Royne  dans  sa 
chambre  plus  de  deux  heures,  S.  M.  demeurant  dans  sa 
galerie,  yl  en  sortit,  sans  la  poulvoir  encor  parler,  de 
quoy  en  sortant  la  chambre  yl  montroit  n'estre  pas  trop 
satis&ict.  Et  avec  tout  cela  disent  les  aultres  qne  mon- 
sieur Giermain  ',  qu'on  dit  estre  tant  mal  avec  monsieur  le 
Cardinal,  luy  a  parlé  depuis  peu  plus  de  trois  heures  de 
suite.  —  Ceux  du  Parlement  envoyèrent  hier  au  soir  trois 
fois  pour  le  lieutenant  de  la  Tonr,  mais  yl  s'en  excusa,  et 
k  la  fin  leur  faîsoit  dire  qn'yl  ne  poulvoit  servir  deux 
maistres;  on  n'entend  que  des  coups  de  canon  et  musquets; 
ce  qui  a  donné  une  telle  espouvante  ans  capucins  qu'yis 
ont  porté  tous  leurs  ornements  chez  l'ambassadeur  de 
France   et   aultres  sortent  hors  la  ville;  et  crient-yls  par 


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1648.  JiOïier.]  —  504  — 

la  me  qae  le  Boy  eet  partr  cest  ftprès-dîsoé  vers  Ports- 
mouth,  pont  envoyer  la  Rojne  en  France.  Je  prie  Diea 
avoir  pitié  de  ce  royanlme  et  donner  au  Roy  des  conseils 
salutaires  et  à  Y.  Â.  en  prospérité  santé  et  longue  vie, 
et   à   moy   la  grâce  de  servir  Y.  Â.  ntillement,  comme, 


de  Y.  A.  très-humble,  très-obéissant,  et 
très-fidèle  sénateur, 

HKENTLI8T. 

LondoD,  21  janvier  1642. 

LETTKB  BCCn/im. 

M'    C.   de   Sommeîsdyck  '   au  Cointe  GwMaame-Friderie  de 
Nasiau-Dietz.      Décès  de  son  pire. 

Monsieur.  Si  j'avoia  l'esprit  plus  libre  de  douleur  et  d'af- 
âicUon,  j'exprimerois  mieux  mou  ressentiment  pour  l'hon- 
neur et  l'ofBce  de  vostre  condoléance  que  je  tesmoigneray 
asteure  seulement  en  l'attnbnant  à  la  bonté  de  vostre  na- 
turel et  à  une  non  méritée  faveur;  mais  si  en  ung  temps 
d'intrigue  et  de  fourberie  ung  bon  serviteur  ne  penlt  estre 
trop  regretté,  croyez,  Monsieur,  qu'en  ceste  qualité  vostre 
Excellence  ne  se  trompe  pas,  ny  n'a  tort  de  participer  ii 
nostre  perte;  car  je  vous  puis  asseurer,  et  de  bouche  je 
le  vous  particulariseray,  que  le  défont  n'a  désiré  que 
vostre  bien,  honneur  et  raccommodement  à  plain  entende- 
ment en  ceste  Conr;  mais  le  temps  et  anltre  entremise 
TOUS  peult  redonner  tout  cela,  là  ou  moy  tout  au  con- 
traire demeure  pour  tousjours  privé  d'un  père  dont  l'excès 
de  son  seing  et  de  sa  tendre  affection  en  mon  endroict, 
onltre  les  hanltes  parties  qu'il  possédoit,  ne  me  peuvent 
en  le  louant  assés  lîtîre  acquitter  de  mon  debvoir,  ce  qui 
est  aussi  cause  que  bien  qu'en  vain  je  ne  pais  fûre  ny 
trouver  de  fin  à  mes  regrets;  ce  n'est  donc  pas  par  ci- 
vilité, mais  c'est  l'humanité  qui  par  une  juste  recognoîs- 
'  Corocills  d'Acnaen,  gomemear  dt  Ngaiigm  et  eoto*et  de  cavalerie. 


,,.CoogIc 


—   505   —  [164B.  JinTier. 

sance  me  les  arrache;  aussi  par  sa  sensualité  elle  a,  et 
qnel({ue  déguisement  qne  nous  y  apportions,  tout  le  inonde 
le  résent,  le  droict  de  préférence,  et  la  raison  n'a  lien 
qu'après  qae  le  coeur  s'est  déchargé.  Ma  maladie  ne  con- 
tribue pas  peu  à  nourrir  ceste  métancholie,  car  le  corps 
sonllrant  l'esprit  languit  et  tous  deux  ofîencés  ne  peuvent 
qae  mettre  ung  homme  en  uog  mauvais  estât.  Je  de- 
meure cependant  obligé  à  vostre  Excellence  de  son  advis, 
car  je  sçay  qu'elle  croit  qu'il  va  poar  la  conservatjon  d'une 
personne,  qui,  quant  elle  n'en  auroit  l'inclination,  )uy 
doibt  pourtant  sou  service  par  succession;  aussi  debvez 
TOUS  estre  asseuré  que,  quand  je  le  pourroîs  practiqner 
et  en  obtenir  l'effect,  qu'il  demeureroit  réservé  pour  à 
toutes  occasions  tesmoigner  à  v.  Exe.  que  je  suis  fran- 
chement, Monsieur, 

son  très-hamble  et  très-obéissant  serviteur 

C.   D'aBKSSEN  DB   SOIOIELSDYCX. 

De  la  Haye,  ce  24  de  jmvier  1642. 


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D,g,t7cdb/GOOgIC 


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