- John Crespin
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LAR ET
DE LA
CORRESPONDANCE;
EN FRANCAIS ET EN ANGLAIS.
CONTENANT
x. Lettres de commerce.
yr. Lettres de CHESTERFIELD & son fils, sur l’éducation.
zx. Lettres sur divers sujets.
xy. Lettres choisies d@ Auteurs célébres.
SECONDE EDITION,
revue avec soin, et renfermant de plus:
des
TICULIERES SUR CHAQUE GENKE
INSTRUCTIONS PAR
DE LETIRES.
TOME SECOND.
A PARIS,
CHEZ F. LOUIS, LIBRAIRE,
RUE DE SAVOYE, N® 12,
DE L’IMPRIMERIE DU GUILLEMINET,
m, pcGc,. Il,
THE ART
OF
CORRESPONDENCE;
IN FRENCH AND ENGLISH.
CONTAINING
r. Letters of commerce.
iz. CHESTERFIELD’s letters to his son, on education.
xm. Letters on miscellaneous subjects.
rv. Letters taken out of renowned Authors,
THE SECOND EDITION,
carefully revised, and improved :
with ,
PARTICULAR DIRECTIONS ON EVERY KIND OF LETTERS,
VOLUME THE SECOND.
PARIS,
SOLD BY F. LOUIS, BOOK-SELLER,
SAVOYE STREET, N° 12,
PRINTED BY GUILLEMINET.
M, DCCC. jI.
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TROISIEME PARTIE,
Contenans des lettres ‘sur; divers ses.
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Nite Doadlsah dpc
Containing letters on miscellaneous
subjects. |
L’ART
DE
LA CORRESPONDANCE
ANGLAISE ET FRANGAISE.
—
TROISIEME PARTIE.
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LETTRES SUB DIVERS SUJETS.
_ Aune demoiselle qui allait se marier.
5 ae ot lof on
Vows me demandez, mademoiselle, des
conseils sur un sujet bien délicat. Le mariage
est une loterie dont presque tous les billets
sont mauvais. Vous étes digne , par votre ca-
ractere et vos vertus , d’avoir le bon billet ;
mais vous savez que le bonheur ne suit pas
toujours le mérite,
Je sens que yous ne pouvez rester comme
yous étes; et Cest sur-tout aux belles ames
que !a Providence a imposé le devoir de se
perpétuer. Puis donc qu il faut faire un choix,
ne cherchez ni un époux trop jeune , ni trop
b
EE ART
OF
CORRESPONDENCE.
BOTH ENGLISH AND FRENCH.
LETTERS ON MISCELLANEOUS SUBJECTS.
To a young lady who was going to marry.
You déite, miss, my advice on a very)
délicate matter. Wedlock is a lott@ry, the
tickéts of which are almost all bad. You
déserve , by your temper and virtties, to get
the lucky one; but you know that goodluck
dogs not always attend mérit.
I am sensible that you cannot rétin
in your present sitdation; and it is chiefly
to virtuous soils that Providence has pres-
cribed the duty’ of perpetuating their spe-
cies. Since then you must make a choice ;
< ~
hy
4 L ART
vieux, ni trop béte, ni trop engoué de sog
esprit.
Les jeunes gens, volages, évaporés, pro-
digues, tourmentent aujourd'hui les femmes
par les rivales qu’ils leur donnent, et les rui-
nent par les fantaisies et le luxe auxquels ils
se livrent. Les vieillards sont forcésa plus de
sagesse et d économie, mais ils donnent dans
un excés opposé : ils sont avares, inquiets,
jaloux , et presque toujours infirmes; et avec
votre jeunesse et Vos graces , vous ne pourriez
pas étre long-temps garde-maladé,
Les esprits bornés sont un autre fléau du
mariage. Leurs vues courtes, leur opiniatreté,
et quelquefois leur emportement, ne rendent
pas légére une chaine qui d’elle - méme est
assez pesante,
On ne gagne pas plus avec les petits-mai-
tres, quise piquent de bel-esprit, sans avoir
du bon esprit: ils sont vains, impérieux, con<
tredisans , dédaigneux, despotiques.... Les
gens qui joignent a un caractére honnéte un
esprit supérieur , ont de la douceur et de l’in-
dulgence, parce que leurs !umiéres leur mon-
trant toute I’étendue de la faiblesse humaine,
Jour bonté naturelle la leur fait pardonner,
»
hc
DE LA CORRESPONDANCE. 5
do not look for a husband either too young
or too old, too silly, or too infatiated with
his own wit.
Inconstant, inconsidéraie,, lavish young
people, now vex their wives with the
rivals they give them, and ruin them by
their whims and the profus¢n&ss to which
they give themselves up. Old men are
obliggd to be wiser and more economist,
but they run into an opposite excess : they
are avaricious, uneasy , jéalous, and almost
always infirm ; and with your youth and
graces, you could not be a dry-nurce for a
long while.
Narrow wits are another plague to mar-
riage. Their mean designs , their obsti-
nacy and some times their anger do not
ease a chain that is heavy enough in
itself,
There is nothing better to be got by the
fops , who pretend to wit, without having
it good : they are vain , imperious, tire-"
ark
some, scornfyl, despotical.... Those who
unite an honest temper with a superior wit,
are mild and indulgent , because , their
knowledge shewing them the whole de-
gree of human weakness, their natural good-
ness induces them to forgive it. But that
6 LAT
Mais ce genre d’hommes est si peu commun,
qu'on ne peut se flatter de le rencontrer que
par un heureux hasard , qui sort de la classe
des événemens. oetiicaives:
Dans |’impuissance ot vous étes de décou-
vrir ce trésor caché , attachez-vous a un hom-
me qui ait assez de jugement pour voir ce que
vous valez, et assez de sensibilité pour que
son Coeur se porte de lui-méme a tout ce que
votre ésprit pourra lui proposer de judicieux
et d'utile.
Mais ce.n’est pas assez qu'un mari ait dw
don sens, il lui faut de la fortune. Je sais que’
Yor ne fait pas le bonheur : mais je sais aussi
que presque toutes les querelles de ménage
ne viennent que des inqui¢tudes continuelles
que donne le défaut d’aisance.
Enfin, 4 quelque homme que vous donniez
Ta main , préparez-vous des peines. C'est le
pattage de la nature humaine. Il y a peu
d' heureux sur Ja terre, et fe nombre des élus
de cette vie est encore plus petit dans le ma~
riage que dans les autres états, Mais , avec du
jugement , de la’patience et du courage, il n'y
a pas de situation qu on ne puisse rendre non
seulement supportable, mais méme agréable,
On a beaucoup obteitu dans tous les états,
DE LA CORRESPONDANCE 9
kind of men’ isso‘ uncommon ‘, ‘that ‘one
cannot flatter oneself to meet ovith then
but by a’ leky hadard , which if out of the
class of common événts. 0
~ Considering’ the’ imposbility you are in
to fiid out that liidden tréasure , make
choice of a man jtidicious énotigh to value
your merit, and endowed with a sufficient
sensibility te incline his heart of itself ‘to
évery judicious and useful reli ir wit
will propose him.
But it is not enough: for a evan to
have good sense; he must have fortune. I
know that gold dbey not coustitute happiness ;
but id know also that almost all the family-
quarrels are only ocrasionned by the con-
tinual uneasiness caused by the want of
conyeniencies.
~ In five, whatever mait you indy give
your hand to, prépare yourself to troubles;
It is the lot “of human natire. Dev are
happy on earth, and the ntimber of the
blessed in this life’ is still less in the conja-
gal tie than im any other condition : but
with judgment, patience, and | fortitude ;
there is no situation’ which we cannot
render supportable and even agreeable.
Much is obtained ‘in eyery condition,
bs a 54) L ART
quand les avantages contre-balancent les in-
convéniens, et c'est cette compensation que
j attends de votre bon esprit. Vous serez‘plus
heureuse, ou, si vous voulez, moins malheu-
reuse que les autres femmes. Vous ne verrez
point un tyrandans votre mari, et il ne croira
pas avoir enchainé une esclave. Il aimera en
vous une épouse fares une mére tendre,
une amie sensée.
. Mais ne précipitez rien, si vous ne voulez
faire de faux pas. Connaissez avant que d’ai-
mer. Réfléchissez , consultez avant que de
vous engager. I] ya peu d'inconvéniens d’at-
tendre quelques mois; mais il y ena beaucoup
de trop se presser,
’ - . . >»)
D’un ami a& un autre pour luz conseiller de
se marier.
Curr Cuaruzs, je suis faché d'appren-
dre que vous étes absolument déclaré contre
le mariage ; votre éloignement pour Jui ne
provient sans doute que de ce que vous n’en
connaissez pas les douceurs, La Providence
et Ja religion ne nous enjoignent~elles pas
cetle union sacrée ? Existerions ~ nous sans
elle? Mais nenous bornons pas,ades réflexions
générales, et voyons si vous ne vivriez pas
d'une maniére plus agréable avec une femme,
DE LA CORRESPONDANCE. 9
when adyantages are even with inconve-
niencies, and it is the equilibrium that I
expect from your good wit. You will be
more happy, thatis to say, less unhappy
than other women. You will not find a
tyrant in your husband, and he will not
fancy to have chajned a slave. He will love
in you a faithful wife , a tender mother, a
sensible friend.
But be not too hasty, if you will not
make false steps. Know before you love.
~ Refléct , and fake advice before you bind
yourself. To wai for some months is a
small inconvenience, but to over-hasten is
a much gréater one.
From a friend to another, advising him
to marry.
Dzar Caantezs, I am sorry to hear that
you have absolutely declared against matri-
mony, and for no other reason as I can
learn but because you are not acquaintéd
with its swéets. Has not both Providence
and religion enjoined this sacred thion,
hould we be now in existence only fort it?
But without confining ourselves to general
reflections , let us see if you could not live
more comfor tably with a woman, than ip
1 ss
10 Ln ART
que dans I'état du célibat que vous paraissez
préférer. Pour moi, i] me semble que si vous
vous sentez capable de bien régler une mai-
son , de vivre en bonue intelligence avec une
personne honnéte, et de bien élever vos en-
fans, vous trouverez que rien nest plus heu-
reux que de passer ses jours avec une épouse
qui nous a fait don d'elleanéme, et qui est dis-
posée a remplir tous les devoirs attachés aux
noeuds qu'elle a formés, Si vous voulez exa-
miner ce qui se passe dans une famille bien
gouvernée , vous verrez qu'une bonne et ver-
tueuse femme partage avec son mari tous leg
plaisirs et les chagrins qui peuvent lui surve+
nir. Elle accroit sa satisfaction en y ajoutant
la sienne ; elle allége ses peines par la part
qu'elle y prend. La tendresse conjugale, quaud
elle est sincére , s'affaiblit rarement; mais
quand les premiers transports de l'amour
éprouveraient quelque diminution , une fem-
me vertueuse est encore la meilleure amie
qu'un homme puisse avoir. Ils preuneut en-
semble les mesures nécessaires a leurs entre-
‘prises, et les mettent Aexécution. Isn'agissent
jamais que de concert; leurs sentimens, leurs
pensées s'appuient sur leur confiance mutuel-
Je, et I'heureuse intelligence qui régne entre
eux ajoutedes charmes inexprimables a leur
DE LA CORRESPONDANCE. TT
the single ‘state you | are at prevent résol-
ved to Tice choice of; for my part, T
must thivk that if you find yourself ca-
pable of régulating a family , of living upon
good tetms ‘with an “honest person, and
of giving agood Eiieation to your children?
you would find that there is nothing more
agreeable than to live with a woman who
has made a tender of Hersélf'to you , and
who is inélined to discharge faithfully all
the duties incumbent ’on that tion. If you
examine every thing which passes im a fa-
mily, under proper répalations , you’ will
see that a good virtuous wife shares with
her husband all the pleasure or sorrow
that may happen — his ‘joy she 'encrépses
by adding ‘her own, and his afflictions she
alleviatesoby the part she bears ta -them:
Conjugal affection, when. it is sincere, sel-
dom decreases ; but P suipposing the first
transports of tie to suffer‘an abafément,
still a virtuous woman is the’ best: frlén nd d
‘ man can have. They concert together the
measures: es they jadge obnformable to what
they design to undertake’ and put: in exe=
cution. Thy never act but by agreement ;
their thoughts and sentiments rest on the
foundation of mutual confidence , and: the
12 EAR?
union. Un mari peut s'absentersde sa maison}
sans que sa tranquillité en soit troublée ;-i}
sait qu'une femme sage et économe prendra
soin des intéréts domestiques. Et s'il a des
enfans!... combiences gages deson amour ,
qui doviersi aunt les soutiens de sa vieillesse ,
ne lui sont-ils pas précieux! Non, les céliba-
faires ne peuvent trouver nulle aie les se-
cours et les consolations qui se rencontrent
dans Ja société d’une femme. La Providence
l'a donnée A homme comme une aide, une
compagne, et, par conséquent , comme dit
lEcriture : Id n’estpas bon que [homme soit
seul.
On voit dans l'histoire que lés Romains
chassaient de leur ville, comme inutiles a la
république, tous ceux quis obstinaient a vivre
dans le célibat. Il y a quelque chose de déna-
turé dans homme qui veut rester gargon
toute sa vie; c'est étre en contradiction avec
les lois de la nature et de la raison. Celui qui
hait les femmes, hait la partie la plus aima-
ble de la création, et mérite d’étre hai lui-
méme,. J’espére donc que nion ami chan-
gera d’opinion, et qu'il se soumettra au
joug conjugal, qu'il trouvera certainement
beaucoup plus doux qu'il ne l’a cru jusqu’a
DE LA CORRESPONDANCE. 15
good understanding which subsists bet-
ween them , adds unspeakable charms to
the union. A husband may leave home
and enjoy uninterrupted tranquillity , be-
eause he leaves the care of family concerns
to a frugal and good house-wife. If he has
children — how sweet are the effects of
his love, who will be hereafter the sup-
port of his old age! Single life in men can
no where find the-consolation and assistance
that are met with in the society of women.
Providence has given this help to man as
a sort of helpmate, and therefore, as the
Scripture says, « it is not good for man to
be alone. » |
- The Romans ( as appears in history )
expelled from their city those who per-
sisted to live in a state of celibacy , as
-being useless to the republic. There is so-
mething unnatural in a man desiring to
remain a bachelor all the days of his life!
it is contradictory to the laws of reason
and nature ! he that hates a woman, hates
the loveliest part of heaven's creation, and
well deserves to be hated himself? I hope,
then, my friend wall change his. opinion
of a single life, and lay upon himself the
injunction of matrimony, which, no doubt,
14 RD FN
présent. Je me flatte qu'il prendra eu bonne
part cet avis que Jui donne. son sincere
ami, etc,
Réponse.
MonstEeu R, je vous remercie de votre
lettre et de vos avis. Pour vous prouver que
J y ai été attentif et que j’adopte vos précep~
tes, vous me permettrez de vous informer
qu’aujourd hui méme j'ai donné ma main et
mon cceur a une dame de Grosvernor Square.
Ceci peut vous paraitre extraordinaire , aprés
la résolution que j’avais prise; mais croyez,
mionsieur, que cette résolution ne provenait —
point (comme vous l’avez sévérement insi-
nué) de monaversion pour les femmes ; elle
venait, au contraire, d'une véritable affection
pour elles, Ma fortune était fort médiocre,.
et suffisait 4 peine pour moi seul, En me ma-
riant, je compromettais non seulement mon
propre bonheur , mais je risquais de plonger:
une femme vertueuse dans I’adversité. Si la:
pauvreté frappe a la porte, l'amour la laisse
non seulement entrer, mais méme lui céde
la place; et ces enfans, qui doivent faire,
selon vous, notre félicité, ajoutent 4 nos maux
€n ajoutanta nos besoins, Croyez, mon cher
DE LA CORRESPONDANCE. 15°
ar
4
will be more agreeable than he has hitherto
thought it. He will, I hope, take in good
Y part the advice Riess presume to give, and
believe that I am his sincere friend.
An answer.
Sir, 1 thank you for your letter of ad=
vice : nd to prove that T have attended to
your counsel , and. followed your precepts ;
I beg leave to inform you that I have given
both my hand and heart this day to a lady
of Grosvernor- Square; this. may appear
somewhat extraordinary after the résolution
that I made; but believe me, sir, that reso-
lution proceeded not from an aisiside to
women, as you have unkindly insinuated,
but from motives. of red] tendérness and
affection : my property was but small and
only sufficient for one person; by marrying,
I not only endanger the happiness of my-
self, but perhaps bring misfortunes upon
the head ofa virtuous woman. —If poverty
knocks,at the door, love not only gives ad-
mittance, but leaves the rodm; and those
very childrén that you say will be our com-
fort and happiness, may serve in such case,
only to add to our affliction, by adding to
eur wanls; believe me, my dear sir, I
16 L'ART
monsieur, que, malgré vos argumens pers
suasifs, je n’aurais jamais songé 4 me ma-=
rier, si mon oncle, mort depuis peu, ne m’etit
laissé des biens qui, faute d'un héritier ,
seraient perdus par la suite pour ma famille,
Quoique le tableau que vous faites du ma-
riage soit trés-séduisant , et puisse étre vrai
a quelques égards, il me serait facile d’en
faire 4 mon tour un portrait tout aussi
frappant , et fait néanmoins pour alarmer.
Un mariet une femme s unissent sans pos-
séder un bien suffsant; d’année en année un
enfant fait son entrée dans le monde pour les
rendre misérables et l'étre lui- méme. Les
cris de ces enfans sont-ils harmonieux ? sont-
ce la les douceurs matrimoniales ? Ne vaut-il
pas mieux qu'un homme reste seul ?
Aprés le mariage, toute politesse cesse. Un
amant devenu mari n’est plus amant:c’estun,
dicton ordinaire, et , passé la dune de mie, je
ie crois vérifié presque par tous les couples.
Les respects , les bonnes maniéres finissent ;
et, par suite, lamauvaise humeur, la colére,
vienneni en prendre la place. Qu’'une femme
-Jaisse tomber son mouchoir, son éventail ou
quelque autre chose, Je mari le lui laisse fort
bien ramasser; mais, quand il était amant,
avec quelle promptitude ne volait-il pas a
PE LA CORRESPONDANCE. 17
should never, notwithstanding all your
persuasive arguments, have been temptéd in
my poor state to marry a woman, had not
my uncle lately. died and left me an estate
which, without an heir, must have perished
in my family; for though your picture of
matrimony is very captivating, and may,
in some measure, be just, yet ( for exam-
ple ) Ican draw one that is not only alar-
ming, but equally true. — ‘A husband and
wife together without a competency for
dife , a child year after year enters the
world , to be both miserable and to make
them so! Are the cries of these children
harmonious? — are they the sweets of ma-
trimony ? «Is it not better for a man to
be alone?»
All politeness after marriage ceases. « A
Jover, when a husband, isa lover no more. »
This is a common saying, and I believe it
is verified by almost every couple after the
hony-moon. Good manners and respects
generally cease after marriage, and of course
ill humour and anger fill their place! If a
wife drops her handkerchief, her fan, or
any thing else, the husband leaves her
to take it up herself; but when he was
courting, how readily he would fly to her
18 L’ART > rt
son secours! Avec quelle joie ne se baissait-il
pas pour la servir! Vous voyez fort souvent
un mari prendre le haut du pavé, quand il
marche avec sa femme : il arrive maintes fois
que, pendant la plus longue promenade, ils
ne se disent pas un seul mot. Tels sont les
plaisirs et la douce harmonie du mariage.
Mon ami me permettra a présent de lui
indiquer les avantages de la vie d'un céliba-
taire. Un garcon n’a nul motif de jalousie ni
aucune occasion d’étre vexé par celle de sa
femme ; ils n’a point de fils qui l'affligent par
leursextravaganceset leursdissipations, point
de filles qui sacrifient leur vertu , et se fassent
enlever par des laquais ; en un mot, il est
exempt de tous les tourmens si ordinaires aux
gens mariés, et dont puisse le ciel préserver a
jamais mon ami et son affectionné serviteur !
D'un amant a objet de son affection.
Manamg, !’ardente passion que je nourris
pour vous étant fondée sur la sincérité j sera,
jespére , une ample apologie de cette pré=
somption apparente. Comme mes vues sont
justes et honorables, elles ne peuvent assuré-
ment offenser cette délicatesse qui minspire
tant d’'admiration, J’ai découvert tant d’ama-
bilité’ dans votre physionomie, que je suis
DE LA CORKRESPON DANCE. I>
assistance! how gladly stoop to serve her!
A husband, you may see very often, takes
the wall-side of his wife, whenever they.
are walking together; they will frequently,
take a long walk and not exchange a single
word.— Such are the pleasures and harmo-
ny of matrimony!
My friend will now give me leave to
point out the blessings of a single life. — A
bachelor has no cause for jealousy , nor is he
fretted with the jealousy of his wife! He
has no sons to torment him with extrava-
gance and dissipation; he has no daughters
eloping with footmen, or sacrificing their
virtue ; in short, he has no plagues which are
sO Common to married men, and which
heaven grant may never be known by my
dear friend, or his most affectionnate servant!
From a lover to the object of his affection.
MapaM, the ardent passion I entertain
for you, being founded on the basis of sin-
cerity, will, I hope, be ample apology for
this seeming presumption. As my views are
both honourable and just, they cannot, F
trust, give any offence to that delicacy which
Iso much admire. I have discovered such
amiability in your countenance, that I any
20 L ART y
porté & croire que la sensibilité qui y est
peinte , est l’expression d’un coeur susceptible
de tendresse, et incapable de se refuser 4 en-
courager des voeux qu’accompagneraient la
vérité, l’honneur et la sincérité. Cette pensée
m’‘aenhardi a vous faire l'aveu d’une passion
honnéte , et 4 concevoir au moins une légére
espérance de succés. Permettez donc qu’au
premier jour convenable, et en la présence
de telle amie qu'il vous plaira choisir, j’aille
vous assurer personnellement a quel point et
combien respectueusement je suis, votre ami
sincére et trés-tendre amant.
Réponse de la jeune dame.
MonsieuR, la lettre inattendue dont
vous m’avez honorée , demandant beaucoup
de réflexions, il m’a été absolument impossi-
ble d’y faire une réponse immédiate. Il m’a
semblé qu'elle contenait en plusieurs endroits
beaucoup de flatterie, et rien au monde ne
im’offense davantage. J’ai craint aussi, dans
certains momens, que le tout ne fut que ga-
Janterie: mais j'espére, monsieur, que ma
conduite ni mes maniéres ne peuvent don-
ner lieu a des plaisanteries déplacées, ni me
rendre l'objet d’un amusement cruel. J’avoue
que dans la derniére partie de votre lettre il
DE LA CORRESPONDANCE. 21
induced by the sensibility which is indica-
ied, to flatter myself your mind is suscep-
tible of impression , and would not deny en-
couragement where truth, honour, and sin~
cerity are advocates. I am thereby encouraged
to avow an honest passion, and indulge, at
least, a distant hope of success. Permit me,
. then, on any day that may be conyenient,
and in the presence of whatever friend may
be deemed most proper , personally to assure
you how much I am with all due respect,
Your sincere friend, and ardent lover,
The young ay S answer.
_S1R, as your unexpected favour ceamhiod
much sosidlenatieid it was totally out of
my power to give it an immediate reply.
I was induced to think some part of it flat-
tery, than which there is nothing gives me
greater offence. At times, I was apprehen-
sive that the whole proceeded from gallan-
try; but [hope, sir, neither my conduct nor
manners render me a proper object for ill-
timed wit or cruel sport : there is some-
thing, however, in the latter part of your
favour, which promises sincerity, and in-,
dicates honour, I cannot, however , approve
$a: SOnse MEF
y a des choses qui annoncent la sincérité,
Yhonneur et la délicatesse ; cependant la dé-
cence et la raison me défendent d’approuver
tune passion aussi subite ; mais je serai trés-
aise d’avoir le plaisir de vous voir les soirs
avec mes autres amies , pourvu que yous vou-
hiez bien vous abstenir de traiter un sujet qui
exige du temps et une mire considération ,
avant de pouvoir étre convenablement in-
trodutt. Je suis, etc.
A la méme demoiselle , au bout de quelque
temps.
MADEMOISELLE; j'espere que vous me
permettrez actuelfement de vous parler d’un
sentiment que, pour satisfaire 4 votre desir,
je me suis efforcé ( non sans peiue) de ré-
duire au silence. Je me flatte que vous avez
des preuves convaincantes de ma sincérité ,
ét que vous étes persuadée que des vues inté-
ressées ou malhonnétes n'ont jamais accom-
pagné mes propositions. Je déclare avec fran-
chise que mon coeur ne s‘était jamais trouvé
dans |'état ow il est ; mais cette vive sensibi-
lité, cet amour , susceptible de tous les sen="
timens délicats, m’excitent & vous ayouer
mon insurmontable aversion pour les for-
malités fastidieuses trop souvent en usage 3”
DE LA CORRESPONDANCE. 23
of a sudden passion, which prudence and
decorum forbid; notwithstanding I shall be
very happy to have the pleasure of your
company any evening , with other friends,
provided you’ will wave a subject that
requires botli time and consideration, before
it can be with any propriéty introduced.
I am sir,
Your humble servant.
it ¢
To the same lady , after some time.
DEAR MADAM, you will now give me
leave, I hope, to renew a subject, which,
according to your request, I have, with
the greatest difficulty imaginable, endea-
voured to suppress. You have ample proofs,
I flatter myself, that neither interested nor
dishonourable views attend this proposal.
I candidly declare that I never found my
heart in the situation it is now. This sensi-
bility of love, susceptible of every nice
feeling , induces me to announce an utter
aversion to those tedious forms of courtship,
which I hear have often conunued , ull
24 LART
formalilés, m’a-t-on dit, qui se prolongent
duclquabiis au point de cbdnsibh l'amour mé=
me , et de le changer en indifférence. Ma pase
aie est-elle plus ardente qu’aucune autre ?
C'est ce que je ne puis dire; mais je vous
proteste que véritablement je ne petx plus
yivre sans vous, Je suis, etc,
Réponse.
MonsI£vR, je n’ai pas plus de penchant
que vous pour les vaines formalités, et je
reconnais qu'une conduite franche est la
meilleure , mais il me semble que la décence
doit étre observée.
Notre connaissance ne dateque de six mois;
est unespace de temps bien court pourjuger
sainement du caractére de quelqu’un; et je
puis vous assurer, monsieur, que je desire!
que l’'hommedestiné a étre mon mari , puisse
me conuaitre parfaitement pendant qu'il me
fera sa cour. Permettez- moi donc d’éviter
toute autre remarque sur ce sujet, jusqu’a ce
que nous nous connaissions mieux, et que
vous vous expliquiez en termes plus intelli-
gibles. Il y a quelque chose de si singulier,
de si original dans votre maniére de vous ex-
primer , que je serais fort embarrassée de
aire si vous parlez sérieusement, ou si yous
PE LA CORRESPONDANCE. 2%
love itself became: weary and indifferent.
Whether:my passion is more ardent than
common; I ontie say , but I really assure
you T aw live no longer without you. I
am so much, madam,
Your sincere admirer.
From the young lady in reply.
Sir, Iam no more fond of the fashio-
nable modes of courtship than yourself.
Plain dealing, IT acknowledge, is best; but
methinks common slommiodl should hes ys
be preserved.
Our acquaintance bas been no longer.
than six months—-too short a time, I think ,
to form’ an: opinion ‘of one’s disposition ;~
and I assure you, sir, I hope, the man
that is destined to be my husband, may »
know me perfectly while he is my lover,
I ‘must, therefore || beg leave to decline all
further ¢emarks) vpon: this subject, till we.
are better: known >to each other, and you.
explain yourself in more intelligible terms.
There is something so peculiar and whim-
sical in your manner of expression, that I
am absolutely at a loss to determine whe-
ther you are serious, or only write for your |
2. 2
a L ART
ne m’avez écrit que pour vous amuser, Dans
quelque temps, je serai peut-étre plus en”
état de juger de votre passion, et de vous
faire une réponse, convenable. Je ne puis
dire quelle influence vos hommages futurs
auront sur moi; mais, a parler vrai, votre
présente tentative n’a fait nulle impression
_sur le coeur de votre, etc,
De la méme , en réponse a une autre lettre.
MonSsiI£EUR, puisque nous n’avons pas
plus de disposition P'un que lautre 4 perdre
Je temps en vaines cérémonies , et en com-
plimens insignifians , je crois convenable de
vous dire en termes Clairs, que, quoique mes
parens soient morts, le don de ma main ne |
dépend pas entiérement de moi; car, selon |
le testament de feu mon pére, il m’est en= >
joint de ne rien faire d'important sans Je
consentement et l'approbation de M. Frien-
dly de Middle Temple. Ll est mon’ conseil .
dans toutes les occasionss et c'est usnhomme
d'une probii¢ si reconnue, que jesus déter-
minée & me conduire toujours par ses avis,
Je crois devoir vous avouer avec candeur et
franchise que vous me convenez parfaite-
ment. Si donc vous. jugez A propos d'aller
trouver mon tuteur, de-Iyi faire part de vos)
_
we
DE LA CORRESPONDANCE. 2%
own amusement: I shall then, perhaps, be;
better able:to form a judgment of your pas-|
sion, and more capable of returning’ a pro;
per answer. Whatanfluence your futurejad~;
dresses may have over me, I cannot possibly
say, but, to be more Bes: and candid » your
present attempts have made no Rd oe
on the heart of your, eic.
From the same in reply to another letter,
Sim, since neither of us, I believe jis over
fond of squandering away time on idle un+
meaning compliments , I think now proper
to inforet you, in direct terms, that, not~
withstanding my parents are slecdeselty the;
disposal of my person is not altogether im
my own power; for, according. to the:will!
of.my late father, I can transact nothing!
ef any moment, without both the consent:
and approbation of M'. Friendly of the
Middle Temple; he is my counsel upon alk:
particular occasions, and a gentleman too:
of such strict honour and honesty, that J am,
determined to abide always by-his,advice, I,
think proper freely to acknowledge, with,
candour and sincérity, that I have no objec-|
tion to your person. if, therefore, you think,
it. worth .your ahile to vail upoa. my,
2. Lb ART
propositions, et si je vois qu'il les approuve,
j-agirai désormais sans réserve ,.et j’encoura-
gerai avec plaisir) une passion que je crois
aussissincére quhonorable, §) «:
“Te suis, ete,
: pipet i
Picidines dun pere a@ son fils, sur une
liaison imprudente.
Curr Henrt, je suis fiché d’apprendre
par différens récits de Bath, que vous vous
étes rendu coupable non seulement de la
plus grande extravagance, mais de l'impru-
dence Ja plus dangereuse. Vous fréquentez ,
ace qu’on me dit, la maison d'une femme
qui ‘n'est ni comnue, ni respectée. Je serais
Hien ‘aise de sayoir quelles sont ‘vos vues,
Penseriez - vous 4 en faire votre femme ?
Certainement, Henri, mon consentement ¥
est nécessaire. — Votre pére , je pense,
mhérite yotre franchise et votre sincérité , en
retour ‘de’ Ja tendresse et des soins dont il
vous ai toujours comblé. Vous devez -croire’
que’ jens’ ferai jamais aucune objection
contré ure chose qui tiendrait 4 votre bon
heur a venir; mais aussi je ne voudrais pas ,
et je serais éxtrémement mortifié que vous
pussiez‘ternit’la réputation de votre famille,
‘DE LA CORRESPONDANCE. 39
guardian, with your proposals, and if I find
that he approves of them, I shall.act-without
any mental reservation, and be very aptito
encourage a passion, which I imagine to: be
both honourable and sincere. I amy te
Your humble servant...’
ab
Reprimand from a father to his son, on an
imprudent connection. ; ty
es
Dear Harry, Lam sorry. to padi by
several -accounts eet Bath, that you are
become guilty not only of the greatest ex-
travagance , but the most dangerous: impru-
dence.. You, frequent, I understand», he
habitation of a female both seikasohsameleth :
unrespected, — I should be:glad ito, know
what your intentions are? Do»you mean
to make her your wife ? Certainly, Harry,
amy consent is necessary — your father ,»I
think , deserves your candour)'and “since~
rity; for the great | fonduess and attention
he has always shewn you; you may depend
upon it, J would never object ite anyathing
which tended to your future happméss, ++
Indeed, I should be unwilling, may, ex-
ceedingly mortified, that you should stain
the credit of your family, and sully your
bame, by.am improper union; and Lianust
Gar! | sats LAR®
et souiller votre nom par une alliance incon=
wenante, Je dois soupgonner , non’ sans quel-
que fondement, qu'une femme qui recoit
des visites clandestines d'un jeune homme ,.
et qu'on ne voit avec lui qu’d des heures o&
Vobscurité de la nuit ajoute encore au mys-
tére dont elle s'enveloppe, est guidée par
des vues peu honorables , ou qu'au moins elle
est si faible et si cynagh Senay qu'elle pourra
tomber dans les mémes fautes lorsqu’élle sera
‘mariée. Mais si vos visites ne sont qu'une
affaire de galanterie, si vos intentions sont
-basses et perverses, soyezassuré , Henri, que
je'vous abandonnerai pour toujours. — Gar’,
‘quoique ce soit une chose devenue fort com=
‘mone , et mémea la mode, que l'inhumanité
de tromper une femme crédule, et de lui
ravir ce qu’on ne saurait jamais lui restituer,
celui quis’en rend coupable devient la honte
de la société aussi bien que du christianisme,
dont il prétend faire profession. — Je ne con-
¢ois| pas:que celui-lA ose montrer son front,
qui amis une créature forble , sensible’ et
trop facile, dans le cas de rougir de lever le
sien, Je:me flatte d'en avoir dit assez pour
bannir de votre coeur d’aussi vils desseins,
sil les avait congus; et quoique , dans cette
occasion, je puisse paraitre hardi et officieux,
DE LA CORRESPONDANCE. 31
suspect ( with some reason ) that a lady
who admits the clandestine visits of a gen-
tleman, and is only to be seen with hint,
when the dusky shadow of night adds to
her concealment, is guided by no honour-
able views, or, at least, is so weak and
imprudent; that she may be guilty of tle
‘same after marriage; but if it be only a piece
of gallantry which occasions your visits,
and that your intentions are base and cruel,
be assured, Harry, that I shall abandon
you for ever! — for, though fashionable
and common as it is now become, yet
the inhumanity of imposing upon a credu-
lous female , and taking from her that
which you can never restore again, renders
the actor a disgrace to society, as well as
that religion’ ( christianity ) which he pre-
tends to !— How can he show his face, I
wonder , that rendérs’a poor easy fond
creature "ashen of showing hers! —I
hope I have said enough to banish from
“your breast such vile designs, if there were
any,; and though for this trouble, I may
appear bold and officious, yet, believe me,
son, Lam not only your true friend and
32 LART
croyez, mon‘fils, que je suis non seulement
votre sincére ami et conseil', mais encore
votre affectionné pére.
Réponse du fils.
MonsiEuR, il est, je vous assure,
-urgent que vous vous teniez en garde contre
_ces mauvaises langues toujours prétes a ca-
lomnier ou & exagérer les actions qui ontJa
moindre apparence d'une intrigue secréte.
Aussi je n’hésite pas # traiter de méprisables,
Jiches, et de bas imposteurs, ces vils détrac-
“teurs qui ont cherché a semer Ia discorde
‘entre un pére et un fils. Vous avez eu la
“bonté de me donnerune éducation convenable
Ala fortune que j'ai tout lieu d’espérer, et
vous m’avez traité en toute occasion avec
ane affection vraiment paternelle , qui exige
de ma part non seulement Ja plus profonde
gratitude , mais tous les témoignages de res-
pect filial ; je me crois donc responsable en-
vers vous des moindres circonstances de ma
conduite. Je me sens coupable de quelques
indiscrétions , et je regois vos tendres repro-
ches avec Ja soumission qui Jeurest due. J’a-
voue, mon pére, que peu de jours aprés mon
arivea't ici , je devins éperduement amou-
yeux d'une jeune et aimable créature, qui,
DE LA CORRESPONDANCE. 55
counsellor, but likewise your: i
tionate father. Le 2
pag
The son's answer.|,,.,.
~My DEAR sir, you sll
be aware of those malicious tongues that
are always ready to calumniate, as. well
as exaggerate every matter that may wear
the appearance of secret gallantry... Ido
not hesitate, therefore , in calling:'those vile
informers, who have endeavoured to sow
discord between a father anda ‘son | both
despicable cowards and base’ liars? You
have been’so good to give me an ‘edtica-
tion suitable to the fortune I hold id ex-
pectation , and treated. me in’ evety ins*
tance , with such. parental affection » that
not only demands my most warm, graui-
tude, but all the filial effusions of. duty. 5
therefore I deem myself responsible to you
for every part of my conduct in life, J.am
conscious of some indiscretions, and. receive
your gentle reproofs with due subnussion’s
I confess, sir, that a few days after my
arrival here, I did become captivated. vith
2%
34 BOW s 20 gt Alain
bien que mon inférieure , relativement a Ja
fortune, surpasse par les charmes du corps
et de l'ame toutes les beautés que j'ai vues
jusqu'ici. Je lui ai fait visite, mais jamais
elle n’a voulu me recevoir en téte-a-téte ; sa
niéce était toujours présente. — Je me suis
promené avec elle, mais toujours en com-
agnie de quelque autre , et en général elle
préférait le grand jour a r obscurité du soir.
Loin de moi toute pensée contrairea gon hon=
neur, — Plutét mourir que de faire le moin~
dre tort, la moindre injure 4 cette innocence
qui:me comniande tant d’admiration. J’avoue
que/la crainte de vous déplaire m’avait. dé-
dourné, de manifester ouvertement cette pas~
sion secréte.; mais je. vous assure que mon
intention était de vous en instruire, et que
javais presque achevé une lettre date ce des-
sein, rsque jai regu la votre, qui en a
exigé une d'une nature différente. Je con-
Viens avec franchise qu’en me rendant mai-
tre des affections de cette jeune personne, je
contractais une dette supérieure a mes facul-
tés; mais j'espére que cette conduite, toute
condamnable qu'elle soit, vous paraitra
digne ‘de pardon, la considérant comme un
effet de da puissance de l'amour.
Amogr,ce grand épurateur du coeur humain,
DE LA CORRESPONDANCE. 55
a lovely young creature, who, though in-
ferior to me in fortune, surpasses all the
fair I have yet seen, both in mental and
personal accomplishments. I have visited
her, but she would never see me alone :
her niece was always present; —I have
walked with her, but still in the company
of others, and she generally preferred the
open day to the dusky evening : far be it
from me to harbour a thought to her dis~
_advantage! — I would die, ere I would
wrong or insult*that innocence I so muck
admire! — Apprehensions of your displea-
sure, I own, had deterred me from avowirig
this secret passion before ; but I assure you
it was my intention , and I had almost con-
cluded a letter to the purpose, when I
received your's, which required one of a
different nature. — I candidly acknow-
ledge that to engage her affections, I in-
curred expences beyond the bounds of my.
allowance, but this conduct, though cul-
pable, will, I hope, be deemed pardon-
nable, seeing it arises from the prevalence
of love. —
Love, that great refiner of the human heart,
56 DART
source de tout ce qui est noble, de tout ce qui est
bon, source de la joie et du plaisir ! — Si ’amour
est faiblésse ; e’est une faiblesse qu’ont éprouvée
les meilleurs coeurs ’ et je ne youdrais pas qu’ elle
‘ fat Gtranghee au mien.
Je vais retourner dans peu a la maison,
_et je me flatte que, quand je vous aurai in-
formé de Ja parenté et des connaissances de
cetle jeune personne, vous ne serez point
contraire 4 mes voeux: mais sil vous plaisait
“de les désapprouver , soyez stir que je ferais
tous mes efforts pour étouffer mon inclina-
tion. Votre obéissant ét aflectionné fils.
Dune fille a son pere,, en lui Saisant part
‘dune PERSE de mariage.
Mon CHER ET HONORE PERE, M. Cons-
tant, dont le pére, suivant ce que jai appris,
est une de vos plus intimes connaissances ,
m’ayant, durant yotre absence de ce pays ,
iémoigné une passion sincere, et m’ayant
vivement pressée de répondre a ses ouver-
tures de mariage, j'ai cru de mon devoir d'é-
carter toutes offres de cette nature, quelque
avantageuses qu’elles me paraissent, jusqu’a
ce que j'eusse recu votre opinion sur une af-
faire si importante, car je suis déterminée a
me conduire entiérement d’aprés votre juge-
aa
DE LA CORRESPONDANCE. By
‘The souree of all that’s great, of all that’s good,
Of joy, of pleasure !—Ifit\bea weakness, —
It isa weakness which the best have felt;
I would not wish to be a stranger to it,
“I shal] netuen his immediately, . ul
flatter myself, when I inform, you of the
_psrentage and connections of this young lady,
_you will not be averse to my wishes; but
if it. be your pleasure to disapprove , I
assure you I shall then endeavour to 2B
press my inclinations.
_ Your dutiful, and affectionate son.
;
From ‘a daughter to her Sather, sla
a proposal of marriage. ©
My DEAR HONOURED siR, as Mr. Cons-
tant, whose father , I am sensible , is one
of your most intimate acquaintance, has,
during your absence in the country, openly
avowed a sincere passion for me, and ar-
dently pressed me to comply with oa over-
tures of marriage, I thought it my duty to
decline all offers of that nature, however:
advantageous they might seem, till I had
veceived your opinion on so important an
affair, being determined to be entirely di-
rected by your) superior: judgment , and
36 a ee
ment supérieur, et suivant vos conseils , soi€
qu ils encouragent ouqu' ils désapprouvent ses -
voeux. Je prendrai néanmoins la liberté, en
toute soumission , de vous exposer avec fran-
chise mes vrais sentimens a I’égard de ce
jeune homme, pour lequel je ne me crois ni
aveuglement ni partialité, Il parait avoir les
intentions les plus honorables, et n’étre infé-
rieur a aucun des jeunes gens que je connais-
se, ni pour le bon sens, ni pour Jes maniéres
distinguées. Je vous assure, mon cher pére,
que je recevrais avec plaisir ses hommages ,
s'ils obtenaient votre consentement et votre
approbation: mais ne croyez pas que je me
sols assez avancée vis-a-vis de lui, pour agir
avec précipitation, on accepter des offres qui
ne s'accorderaient point avec cette obéissance
filiale que je vous devrai toujours en recon-
naissance de vos bontés paternelles. Votre
conseil le plus promptsur un sujet d'une telle
‘importance sera donc, cher et honoré pére,
‘la faveur la plus précieuse pour votre trés-
obéissante fille.
Réponse du pére a sa fille.
MA TRéS-CHERE FILLE, je desire depuis
Jong-temps de vous voir heureuse avec ua
homme.de mérife ; je pe voudrais, par
DE LA CORRESPONDANCE. 59
according to your advice, either prohibit or
encourage his adresses. I shall however take
the liberty, with due submission, to dis~
close candidly my real sentiments of the
“young gentleman, hoping , I am not too
blind or partial in his favour : he appears
perfectly honourable in his intentions, and
to be by no means inferior to any gentle-
man of my acquaintance, either in respect
to good sense or good mamners. I acknow=~
ledge, sir, that I could admit his addresses
with pleasure, were they attended with
your consent and approbation; but, sir, be
assured that I am not so far engaged as to
act with precipitation, or comply with any
offers inconsistent with that filial duty,
which, in gratitude for your parental indul-
gence, I shall ever owe you. Your advice,
therefore, as soon as possible, on so'moe —
mentous a subject , will be the greatest
satisfaction imaginable to, dear honoured
sir, your most dutiful daughter.
The father's answer to his daughter.
My psarest Girt, I have long wished
to'see you happy with a deserving man
-~ I would not, upon any consideration,
40 , L’ART
aucune considération possible, traverser ou
forcer vos inclinations, Les conséquences d'un
tel emploi du pouvoir paternel , sur-tout de
Ja derniére maniére, ont été funestes dans
bien des cas, Loin de moi Ia pensée de désap-
prouver une alliance .digue de vous! ce serait
m’'écarter du devoir d'un pére, et nuire a la
félicité de ma fille. Je connais la famille du
jeune homme dont vous parlez , et je ne doute
point qu'une alliance entre vous et lui ne soit
également agréable aux deux parties. Soyez
donc persuadée que mon retour a la maison
sera aussi prompt que possible , pour prouver
combien je suis de ma chére fille le trés-
affectionné pére.
D'un jeune homme subitement captivd an
spectacle.
MapAameE, jespére que la liberté. que je
prends sera jugée pardonnable, quand je vous
aural assurée, avec toute la soumaission pos-
sible , que c'est [im pulsion irrésistble d'un
honnéte armour qui me porte a vous écrire.
Les charmes de votre personne , qui bril-
Jaient avec tant d’avantage hier a Covent
Garden , m’ont totalemeat privé de mon
coeur. Je me flatte que mes regards ne vous
out pas été absolument désagréables, car je
DE LA CORRESPONDANCE. 41
-either,thwart or force your inclinations ; the
consequence especially of the Jatter, have
-been, in. many instances , fatal; far be it
from me to disapprove of a worthy match!
I should then deviate from the duty of a
father,,and ,be injurious to the -happiness
of a daughter. I know the gentleman's
family. you’ mention,, ;and make little
doubt but the connection will. be: mutually
agreeable; be assured then that my return
-home shall be as speedy as possible, im
order to prove how much I am, my
dear, gitl’s, ‘i
“Affectionate father. :
From a young man suddenly captivated at
a Play House.
Mapam, this intrusion will, I hope,
be deemed pardonable , when I assure you,
with all due submission, that it is the irre-
sistible impulse“of Usiiese love which indu-
ces me thus to address you. The charms of
your person, which appeared to such ad-
vantage last night, at the play house in
‘Covent Garden , have totally deprived me
of my-heart. I flatter myself my glances
were notraltoge{her disagreeable, as I did
42 DOR KA 18
n'ai vu aucune marque de dédain dans lés
votres. Je me trouve encouragé parla & faire,
quoique je vous soisétranger , rhariblewvél
de mon amour, Si vous voulez m’honorer
d'une entrevue , en présence de quelque pa-
rent, je ontinfet et vous et ceux que ce
doit intéresser , sur ma famille, mes allian-
ces, ma profession , etautres objets. qu'il faut
faire connaire avant que d’obtenir un libre ac-
cés: Jose présumer (4 moins qu'un engage+
ment fatal nes’ y oppose ) que vous daignerez
acquiescer 4 ma requéte, puisque vous voyez
que mes vues sont pures et honorables. °
Je suis, madame, en attendant votre
réponse, avec la plus vive impatience ,
votre, etc.
yoy L. sips l
Du pére de la demoiselle.
Mownstevur, ma fille m’a montré au-
jourd’hui une lettre portant votre. signa-
ture; et, par des motifs de prudence et
de modestie, elle évite d’'y répondre elle-
méme. Je n'ai l'intention ni de forcer son
inclination, ni de m’opposer & une union
couvenable, D’aprés cela, si yous voulez
me favoriser d'une visite, et donner Ja
preuve de vos assertions, vous aurez mor
DE LA CORRESFONDANCE. 43
not perceive any token of disdain. I am
therefore encouraged, though a stranger , to
make this humble acknowledgment of my
Joye; and, if you will honour me with an
interview, in the presence of any relation,
I will satisfy you, and those whom it may
concern, with respect to my parentage,
connections , profession, and all other mat-
ters that should be known previous to an
allowed familiarity. Presuming, unless a
fatal pre-engagement prevents, that you will
comply with my request, seeing that my
designs’ are apparently honourable, I re=
main, waiting with the utmost impatience
for an answer, madam, your devoted
servant.
From the lady's father.
Str, my daugther has this day shewn
me a letter with your signature ; from mo-
tives of prudence and modesty , she decli-
nes answering it herself; it is not my inten-
tion either to force her inclinations, or
oppose a desirable connection; her heart
has hitherto been her own; if you will
therefore favour me“to- mérrow with a
call , and prove the veracity of your
assertions, you shall always have my
4h ey oan?
agrément pour voir ‘ma fille aussi long-
temps qu'elle: le) jugera conyenable. Je
suis, elc.
D'un amant aun pére sur son attachement
pour sa fi ille.
MoNnsiEeuR, persuadé que les eitebiits
clandestins ne conviennent point a un homme
dhonneur, et ne voulant: jamais agir d'une
maniére qui puisse attirer des_reproches a
moi ou a ma famille , je prends Ja liberté de
vous ayouer , avec.candeur et transport, mon
amour pour votre fille. Me flattant que ma
famille et mes espérauces paraitront digaes
d'atiention, je vous prie humblement de me
permettre de lui faire ma cour. J'ai quelques
raisons d’imaginer que je ne lui suis pas en-
tiérement désagréable : je vous assure ce-
pendant, que je ne me suis point encore ef-
forcé d'engager son affection , daus la crainte
que mes yoeux ne se trouvassent en contra-
diction avec les volontés d'un pére.
_ Je suis, etc.
Réponse du peére.
MonsrewR, je ne doute nullement de
la vérité de vos assertions relativement &
vous, a votre famille, & votre réputation;
DE LA CORRESPONDANCE. 45
permission to visit my daughter as long as
it may be agreeable to her. I am, sir, Bien
humble servant.
From a lover to a Sather , on his aphesebitens
to his daughter.
Srr,asI scorn to act in a manner as
may bring reproach upon myself and fa-
mily, for I hold clandestine proceedings
unbecoming of any man of character, with
candour and exultation, I take the bevy
of avowing my love for your daughter, and
_ humbly request her permission to pay her
my adresses; as 1 flatter myself, my family
and expectancies will be found worthy of
-your notice, I have some reason to imagine
that I am not altogether disagreeable to
your daughter; but I assure you, honestly 5
that I have not as yet endeavoured to win
her affection, for fear it might be repugnant
_ toa father’s wilt, Tam, sir, your most obe~
dient servant.
The father’s answer.
Six, 1 make no doubt of the truth of
your assertions relative to yourself, charac-
fer; and connections ;‘but as I think my
45 L ART
mais, trouvant ma fille encore trop jeune pour
former un engagement sérieux, je vous prie
de ne plus parler, quant 4 présent , de votre
passion : sous tout autre’ ie je suis
votre, etc,
Réponse différente.
MonstevR, votre lettre annonce tant de
candeur et d’honnéteté , qu'il ne me semble-
Tait ni juste ni généreux de vous refuuser mon
consentement. Je ferai cependant d’abord ,
conformément au devoir d'un pére, quelques
informations nécessaires. Mais je puis vous
assurer que je ne m’ opposerai jamais au choix.
de ma fille ,a moins que je naie de fortes.
raisons de chaknded qu'il n’entraine de fa-
cheuses conséquences ; car je suis convaincu
que le bonheur du mariage consiste uni-
quement dans un amour réciproque. Vous
pouvez donc compter que dans peu de jours
vous aurez de mes nouvelles. En aan
je suis, etc.
Du méme.
Mownsrevr, les informations que je me
suis procurées étant trés-satisfaisantes, et
voyant que vous jouissez d'une réputation
exempte de reproches , je yous aunonce que
DE LA CORRESPONDANCE. 47
daughter too young to enter into such a
serious engagement, 1 request I may hear)
no. more of your passion for the present ;
in every other respect, Iam, sir,
Your most obedient,
A different reply.
:
Sir, there is so much candour and
honour apparent in‘ your letter, that to
withhold my consent would be both un-
generous and unjust. According to the duty
ofa father , I shall first make some neces
sary enquiries , assuring you I never
would oppose my daughter’s choice , except
[Thad some very just reason to imagine it
would’ be productive of ill consequences $
for I'am convinced that in the marriage-
_ state happiness consists only in’ reciprocal
love. You may therefore depend upon
hearing from me in’a few Wate till when _
I remain : felt
| een very humble servant.
F rom the same.
Sir, as my enquiries have given me:
every satisfaction, finding that your cha-
ra¢ter-is irreproachably just, I beg leave
te.inform you that I shall be very happy.
48 L'ART
je serai enchant¢ de vous receyoir chez moi
toutes les fois que cela vous sera agréable,
Si vous obtenez l'approbation de ma fille ,'
si vos caractéres pataissent sympathiser, si
vos coéurs s'unissent, je serai fier de joindre
vos mains, et de contribuer , autant qu'il
me sera possible, 4 votre bonheur conjugal.
Je suis, etc.
De l'amant @ la demoiselle.
: mea iff
Ma cuirne CAROLINE, je puis mains.
tenant, sans blesser I’honneur ni la décence ,,
vous offrir mon coeur et ma_ main. J'ai regu.
aujourd'hui la généreuse approbation de vo-
tre pére, sans laquelle il ne m’edt pas paruy
convenable de m’adreser a vous. Puisque ma,
famille et mes liaisons sont telles qu’elles
n'ont rien 4 redouter des plussévéres recher-
ches , mes espérances ainsi encouragées ,
jose me flatter que le cher objet de mon
attachement voudra bien me procurer l’oc~"
casion de lui déclarer un amour que le temps
ne fera qu’augmenter, et que mon veeu le
plus sincére est de conserver toute ma vie.
Jesuis, ele. ;
Réponse de la demmosisellas
MoNsI£UR, puisque vous avez parfai-
tement réussi auprés de mon pére, qui parait’
BE LA CORRESPONDANCE. 49
to. see you at my house, whenever it. is)
convenient. to you, Should you meet with my
danghter’s approbation, your dispositions
appear ‘similar, and your, hearts united , L
shall be proud to join your, hands, and fur-:
ther. as amuch, as. possible, your, sossiatit
happiness. LT ath Ps i, eipiat,:
a uAe Yours, rete.
@b | ot pean ThYI 1S
From the lover to the daiighter.' ryt?
‘My DEAR Cinoiine, I may ie
with honour and propriety make a tender
of my ‘hea?t’ atid and) \having this day
received the.generous concurrence of your
father ,. without ..) which. 1 did not think
proper. to addons, his daughter. My family
and connections. being such, as could be sub-
mitied to the strictest inquiry 5 ; thus. far
advanced in hopes, I. flatter, myself my,
dear love. ‘will, afford, mean. opportunity.
of. disclosing . a. Taio, -" which it is my,
sincere desire may. improve with. time, and.
continpe for life. Tam, dear madam,
Your nxpe devoted servant, Petal"
gah H Luda
4 e “ay | The lady's reply.
008 PR), as sslou ‘have ‘been very ‘successful
inyyour, -applisation to my father, who seems
2. 3
5o Se. owpiawitoo 4a 2a
irés-satisfaitde vo fre!réputation et-de volte
famille ; je croitais! fhenquer a mon ‘devoir’
envers lui, si je talopposilis a son inclination ,’
et si je decals eais quélqu’ un qui ‘me fait
honneur, culgitbabnneabhins tint @'intérét.'
Vos. visites” “seront Srecuts: avec les égitds
convenables; mais je vous derhandé la‘ per=
miission dé Eiguler d'avance que le don de
ma main ne sera. ina exigé » que. Je ne
puigse y ‘ajouter. celui d un ‘coeur sincere,
Je suis, elc, oH aa? & qt
farses ii if iv
Diun n amarit jalon di disa maitresse.
Oo aA Dani! fitAp ant! jie ota
ni aveugle; j je peux % voir ‘et ‘entendre; Votre .
partialité pour Me'C..4-J'est sins césse’ let
vant mes yeux ivoire tends pour lui’ ‘est
parvenue 4 mes! oreilles,— Mais pourquoi
m'avoit™ wrompé | e Pourquoi mé- promettre
amour et Constancé, et me pousser a la rage
et au désespair ? Quel: Action de’ma’ Vie &
pu méritér un’ si lache’ retour ? N’aimais-jé
pas assez? fidoldittais! Odi, beauté cttelle ;
je vous aimais, avec, fareur.. Et me traifer
ainsi!..,. Ne pouvant soutenir Vidée d’étre
dupe encore , je desire colinditre vos vérita-
blessentimens. Sr-¢’est votre volonté que nos
yooux passionnés , nos tendres protestations
DE LAX CORRESPONDANCE. 57
pleased with. your character and family, £
think I should be wanting both in duty to
him, and respect for you, did I dare to op-
pose ca inclinations , or discourage a gentle-
man who has testified so much hie and,
regard for me. Your visits shall be received
with all due respect; but I must beg leave
to premise I shall never be tempted to part
with my hand, till it is accompanied wilh
a sincere heart. I am, sir,
Your most obedient,
From a jealous lover to his mistress.
On’ wavdam! maAdAm! I am neither
blind nor deaf—I can both see and hear !—
Your partiality for M= Careless is every day
before my eyés, and your tenderness for
him has now reached my ears! But why
have you deceived me ? ‘Why promised
constancy and love, and drove one to mad-
ness and despair ? Whiat action of my life
has merited this base return ? Have I° not
loved ?— Yes, cruel beauty, doated to
distraction ; dill wherefore use me thus.?
‘As I cannot bear the thought of being. a
dupe any longer, I wish to know your
real and candid sentiments, If it be your
pleasure that all our former vows —alf
Be ’ YAR Lanrnrt T ari
sdietit révoqués , j'y consens; car je dédai
guerais d’accepter une main inanimée que le
coeur refuserait, d’accompagner : il était le
premier objet de mon ambition. Répondez
donc avec franchise ; votre eaerne obligera
votre, elo, :
: Réponse.
_ Mon cuER Monsieur, j'ai regu ‘votre
désobligeante épitre, a bigeelle je ne puis
rien comprendre. J’espére que, dans aucune
circonstance de ma vie, on ne m’a vu man-
quer aux lois de la sagesse et de la modestie.
A lavérité, pensant que nous devions dissi
muler nos sentimens en public, je me suis
hier efforcée chez lady R..,., pour éviter
les sarcasmesde nos amis, de cacher'un amour
véritable sous une apparente indifférence,
Suivant mon opinion , rien n'est plus impru-
deat pour des amans que de paraitre amans
en compagnie 5, : cela esta la fois anuyeux et
dés gréable a la ‘sociéte. Je. me atte d’avoir
Bimaariiche détruit des craintes mal fon-
dées , et je vous assure que je suis toujours
sincéremeut votre , efc,
Pak
DE LA CORRESPONDAney, $5
our fond protestations should be revoked,
‘Iam content; for 1 despise a lifeless hind.
The heart is the chief of my ambition.
Your eandour therefore will greatly oblige,
madam,
Your distracted lover.
From the lady, in reply.
Dear str, I received your unkind
letter , which I must declare I could not
Ganipreliind’ no circumstances of my life,
I presume, can prove me guilty of any im-
‘propriety or indecorum. I certamly thought
proper to disguise our partiality ; and there
fore last night, at lady Riot’s, endea-
‘voured to conceal my real Jove under a
sham indifference, for fear of incurring the
sarcastic ridicule of our friends, Iu my opi+
nion, nothing is more impradent, nothing
more offensive, than for lovers to appear
lovers in company ; it is both disagreeable
and disgusting to society. I trust I have
said sufficient to femove all your ground-
Jess fears, and assure you how much I aim
yours sida y, ete.
-
a 7
54 Want?
. D’un amant a la tante de sa maitresse.
«! ;
* Mavpamz, jai eu plusieurs fois, 4 votre
connaissance, le bonheur de me trouver avec
votre niéce. Je me suis souvent effurcé de
profiter de ces occasions pour lui faire l'aveu
d'un amour honnéte et sincére. Mais, prét&
parler, mes craintes l’ont toujours emporté
sur mes espérances , et j'ai été obligé de dif-
férer. J’avoue que jai Jaissé échapper quel-
‘ques mots qui semblaient tendre 4 mon buts
mais Ja jeune dame ne les a pas compris, ow
n'a pas voulu les comprendre. Me flattant
que ma famille doit étre prés de vous une
Fecommandation en ma faveur , j’0se vous
‘supplier d’étre mon avocat dans cette circons-
tance. Je desire ardemment de déclarer mon
amour; mais, ne sachant comment commen-
cer, soyez assez bonne pour m’en procurer
loccasion. J’attends votre réponse avec impa~=
tience , et suis, etc,
Réponse de la tante.
MonsigurR, la défiance de soi-méme est
erdinairement compagne du mérite; elle est
DE LA CORRESPONDANCE. (55
F. rom. @ over to his: mistress's s cunt, Tequest-
gt ae mm, her Inter cession,
see Ga Tee
-29: Mal nae shave ‘several times, with
‘your knowledge, beew happy in the com-
pany ofvyour niece, I have often endea-
woured, to avail myself of those opporiuni-
ties ofavowing my honest and sincere love’;
but just as Ihave been about to speak, my
fears have vanquished my hopes, and I
have been obliged to suspend my design. I
' onfess: I) have! thrown out some‘intima-
tions; but it seems ithe: young lady did not,
or will net comprehend them. As I flatter
myself, madam, that my family and con-
nections ‘have already recommended: me to
your favour; I most humbly solicit that you
will be ‘my advocate -on this: occasion. I
would faim make'acdeclaration ‘of ary love,
but not knowing how. to begin it,’ request
you will-be so good as:tosprepare the way.
I wait with the utmost: impatience your
reply : fill when, believe me, i madam $
al “sincere Nene)
» The’ aunts ‘Teply.
rs diffidence i is eri p compa-
nion of merit, and a sure token of respects
Hl
56 oDART ry
d’ailleurs une preuve non équivoque de res-
‘pect. Je ne me sens donc nulle répugnance
pour ce que vous souhaitez de moi. Mais, ne
pouvant vous dire comment ma niéce le pren-
dra, je profiterai, selon votre desir, de la
premiere occasion qui s offrira pour lui dé
clarer vos sentimens , et je vous promets
demployer toute mon éloquence en votre
faveur. Je suis, etc.
De la méme.
Monsieur, j'ai saisi hier f’occasion de
parler & ma niéce relativement a |’aflaire
sur laquelle vous m’avez écrit. Je n’ai regu
nulle réponse positive ; mais, par la rougeur
que j'ai appercue et par le trouble dont jai
éié témoin, je présume qu'il y a lieu d’es-
pérer. Ayant ainsi aplani le chemin de
Yamour, je-vous laisse le soin du reste,
desirant sincérement , monsieur, que l'affaire
se termine 4 votre satisfaction et & celle de
ma niece. Je suis, etc,
D'un amant timide & sa maitresse,
MADEMOISELLE, j'ai combattu long-
temps la plus honorable , etla plus respec-
tueuse passion qui jamais ait témpli le ceeur
dun homme, Souyvent j'ai vyoulu vous la
DE LA CORRESPONDANCE. 57
therefore I cannot say that I haye any
dislike, on my own part, to the manner
of your proposal; but notknowing how my
niece may take it, agreeable to your re-
quest, I shall embrace the first. opportunity
of apprising her of your love for her, and
use all the eloquence 1 am mistress of in
your fayour. I am, sir,
Your obedient servant, etc.
From the same.
Sir, yesterday, I took an opportunity
of speaking to my niece, relative to the
business which you wrote to me abort.
— TI received no direct answer, but am led
to imagine, by the blush I perceived ,.and
the hesitation I witnessed, that there is
room for hope; having thus far prepared
the way for love, I leave the rest to you,
and am, sir, wishing this affair may termi-
nate both to your and my niece’s advan-
tage. Your sincere friend etc.
’
From a modest lover to his mistress,
Miss, I have long struggled with the
-most honourable and respectful] passion ihat
ever filled the heart of man: — frequently
have I endeavoured to reyeal it personnally,
x, Mel
58 LAr
déclarer de vive voix, plus souvent encore
jai tenté de vous écrire ; mais je n'ai jamais
pu trouver assez de courage pour accomplir
mon dessein. J’ai eu beaucoup de peine &
garder mon secret : mon embarras.a redou-
blé pour Je révéler ; mais aujourd'hui je ne
puis plus le retenir. Je vole avec ravissement
pour vous voir, et, quand je jouis de ce bon-
heur, au lieu de me trouver animé , comme
cela devrait étre, }’éprouve, au contraire, un
embarras qui m’éte tout pouvoir d’articuler.
C'est la défiance de moi-méme, la persua-
sion de-mon peu de mérite, la haute opinoim
que j'ai du votre, qui me donnent cette timi-
dité. L'amour, dit-on, inspire du courage
aux hommes et les excite aux plus nobles
actions: qu'il opére différemment sur moi,
puisqu’il mote jusqu’a l’assurance nécessaire!
Toute romanesque que ma passion puisse
vous paraitre, croyez, madame, a ma sin-
cérité. Si l'excés du respect est un crime, if
porte son chatiment avec hui. Il est inutile
d'ajouter que mes desseins sont honora~
bles; qui oserait approcher d’un objet aussi
parfait avec des vues coupables! J’ose me
‘flatter que ma famille, mon .état, ma
fortune, peuvent soutenir l’épreuve du plus
sévére examen. Daignez donc, madame,
DE LA CORRESPONDANCH. 5g
and as frequently: inthis mafifer, but never,
till naw, could I summon sufficient courage
to consummate my design. T can no longet
labour with a.secret that has given me so
much torture to ‘keep, and hitherto more,
when T have endeavoured to reveal it. With
rapture Ifly to see you, and yet when E
have ‘that! pleasure, instead of being ani+
mated ; as I ought; Lam utterly confounded,
and totally deprived of utterance. Sure it
must be'aidiffidencé in myself-a conscious-
ness 6f “my own‘ unworthiness’, and’ an
exalted opinion of your merit that occasions
this timidity. Love, they say, has inspired
men with courage, and stimulated them to
noble atchievements ; how differently does
it operate with me! seeing it deprives me
of all necessary confidence ! ! Believe me, my
- dear madam , though romantic as it may
appear, my decekorbile sincere. If respect be
' aerime, it bears its own punishment —it is
unnecessary for me to add that my designs:
and anotives:-are honourable. ‘Who could. —
dare approachso much virtuous excellence y —
with anyiumyvorthy views? My family and
circumstances wall, L flatter: myself, stand:
ihe test. of the strictest enquiry. Oh then ,
my dear madam, condescend to emboldem —
60 ert ass,
encourager mon respectueux amour par une
réponse favorable, et je serait, a asof
votre, elc.. ci
Réponse de la demoiselle.
MoysizuR, toutle tines convient que
Ja modestie est Te plus grand ornement de
mon sexe , et j@ ne vois aucuné raison pour
que cette qualité soit blamable dans le vétre.
I] me siérait mal d’en dire davantage sur ce
sujet, on me taxerait peut-étre de présomp-
tion; si j’en disais moins ,,on pourrait m’ac-
cuser d'une réserve aflectée,, et je paraitrais.
ne pas avoir pour le mérite modeste , ce que
le mérite modeste seud me semble exiger
d'estime et d'égards. Je suis , etc.
Dun amant blessé a la guerre, @ sa
maitresse.
Ma cuére CAROLINE, vous avezsouvent
déclaré avant mon départ pour l’armée, que
ee n’étaient point les avantages extérieurs:
que je pouvais avoir, mais’ les qualités de
mon ame, quiavaient obtenu votre affection:
Si cela est vrai, je suis bienheureux, car je
ne peux plus me*vanter des agrémens dont:
mon miroir me flattait autrefois.. Je suis:
privé d'un oil et d'une jambe: comme je
DE LA CORRESPONDANCE. 62
my respectful passion by a favourable reply,
»vincl will for ever oblige aait affectionate
land devoted adinirer.
i The lady’s reply. e
S1R, modesty is allowed to be the great-
est ornament of our sex , and I cannot see
any reason to deem it blameable in your's:
to say more on this occasion would illbe-
come me.—It would border upon presump-
tion ; to say less would justly appear af-
fectation ; it would seem that I knew not
how to pay that regard to modest merit,
which modest merit only deserves. I) re-
main, sir ,
Your humble servant, etc.
From a lover, after receiving wounds. Ut
battle, to his mistress,
My pear CArnoringe, you have often
_ declared before battle had called me away,
fhat not the beauty of my ‘person, but,
the accomplishments of my mind, had
gained your affections; happy for me, if
this be true, for I cannot longer boast of
those personal charms which my looking
glass once flattered me with. 1 have lost one
of my eyes; I am deprived of a leg; butas
640 boy Rawat eto: or
Jes. ai perdus pour une cause honorable5
jespére que ma chere Caroline ne m’en fera
pas regretier la perte. Je n'ai pas osé vous
aller voir avant que vous fussiez prévenue
de mon état, dans la crainte que mon appa-
rition iniptieneliies ne vous inspirat non, seu-
lement de l’effroi , mais du dégout, Si vous
avez autant d’impatience que moi pour une
entrevue , témoignez-le par une prompte ré-
ponse; et, si elle est conforme a mes voeux ,
je volerai,sur les jailes de |’amour pour-vous
-prouver que je suis votre, etc.
Réponse.
Cur WILLIAM, si je mafflige , si je
semble douloureusement affectée de votre
infortune, croyez que mon chagrin est pur,
et qu'il ne vient que d'une crainte extidiiie
que votre santé ne soit altérée. J'ai supplié
Je ciel pour qu'il conservat votre vie. Vous
vivez, je lui rends graces. Que je vous voie !
d yenez, venez le plus t6t possible, et soyez
convaincu que je suis toujours yolre sincere
Caroline.
D'un amant & son pére, sur. son peu de
succes. .
Tris-CHER ET HONORE PERE, jai, Hy
a quelque temps , suivant votre avis et vos
“
DE LA CORRESPONDANCE. 63
they are’ gone im an honourable cause; £
hope my dear Caroline will: give me. no
reason to regret their loss. — I did not think
proper to see you, till you were previously
prepared for my reception; for fear my
appearance might not only shock butdisgust
you. —Iftherefore you are equally anxious,
as I am, for an interview, signify it by
an immediate reply , and, if ‘agreeable,
‘I shall fly on the wings of love, to prove
myself,
-
Your devoted servant, etc.
The young lady’s reply.
Dear Wixxtram, if I grieve and
seem unhappy at your misfortunes, my
sorrow , believe me, is pure, and proceeds
from anxious apprehension that your health
may be thereby impaired. —I prayed to
heaven to preserve your life; it is pre-
served, and E am thankful! Oh then let
me see you as soon as possible ; and be-
lieve me,
Your sincere Caroline.
From a suitor to his father , relating his ill
success.
Honovurep sir, I paid my addresses
some time ago to miss Faulkland, agreeable
64 ‘DART
desirs, présenté mes hommages a miss Fatil-
kland ; je m’étais attendu, d'aprés les nom=
-breuses qualités attribuées 4 cette jeune da-
me, 4 trouver au moins en elle de Ja civilité
et de la politesse: elle a paru, au contraire,
non seulement réservée, mais encore, dans
plusieurs occasions , arrogante et dédaigneu-
se: cette conduite, vu le profond respect que
jai montré, me parait non méritée. Je n'ai
pas youlu cependant Ja juger trop précipi-
tamment;en laissant écouler quelques jours,
je suis retourné chez elle. Cette fois sa con-
duite a été roide ou formaliste, sans le moin-
dre mélange de eette aisance et de cette hon-
néte liberté qui sont ordinairement le résultat
d'une bonne éducation. Malgré cela, j'ai tenté
den venir au point principal; mais elle a pris
a tache de m’interrompre sans cesse par les
propos les plus frivoles , et les plus étrangers
& ce que je voulais dire. Si, pour amener
Yaveu de mon hommage , je commengais &
Jouer sa beauté, sans m’éconter, elle vantait
le duc d’Yorck; si j exprimais mon admira-
tion pour ses attraits , elle demandait ce qu’on
flonnait le soir a la comédie. Quand enfin
j aidéclaré mon amour, elle arépondu qu'elle
voudrait bien savoir quand Ja guerre serait
termin¢ée. C'est ainsi qu'elle m’a toujours, je
DE LA CONKRESPOMANCE- 65
‘to your dead dna repnmendation 7 and
‘flattered myself fro” the many qualifica-
itions ascribed to “2t young ‘lady, that I
‘should iat) leasy meet with civility and po-
Jiteness ; or the*contrary,, she appeared to
ime not “bly reserved, but, in many ins-
dances, arrogant and supercilious , which I
presume, from the profound respect and
attention I shewed was a behaviour. un-
deserved. I was however unwilling to judge
too hastily of the lady's character, and
therefore suffering a-few days to ‘elapse, I
repeated my visit; but I observed now a
stiff formality of deportment, unaccompa-
nied with the least degree of ease aud free-
dom, which are always the resuit of good
breeding. I was resolved ; however, to
come to the main point; she took pains: to
interrupt me by the most frivolous and
foreign observations : when I was praising
her beauty as an: introduction to my ado-
ration, she was expatiating on ‘the valour
of the duke of Yorck; when I was express-
ing my admiration of her charms, she
was enquiring what comedy was for the
evening; 1ashort, when I declared my pas-
sion, her answer was she wondered whea
the war would terminate: thus rudely (£
66 LART
dois le dire, intjjement interrompu, soit
par des phrases der seées , soit-en, sonnant
ses gens sous les plus: .;,. prétextes; soit
en,courant aison clavecin , ).,3. fredonnantun
air, puis regardant par jafene... ey un mot,
me donnant mille preuves d’ indimgrence et
de mépris. J'ai encore persisté en dGsit-de
tout cela; yaiyparlé de mon ardeur ,duepoy-
voir irrésistible de sa beauté ( car la flatterie,,
jimagine, ‘plait a toutes les femmes ) ,:j'ai
imploré une (favorable. réponse: elle s'est
mise arire, aclianter , a jouer; et m’‘a traité
avec encore plus de froideur ct d’inattention
quelle n’avail fait: a la fin, enflammé d'in-
dignation, je me, suis permis quelques re-
foarques un-pen vives sur sa conduile, et
jai pris congé delle , bien déterminé a nel
jamais revoir... insit, ent} sj ewig
Je soumets a-votre considération lest ma-
niéres extraordinaires de cette» jeune: per+
sonne; je vous prie de me faire savoir si
‘vous pensez que ;'sie agi convenablement.
Votre, etc. re)
,? pul
Réponse.
Sit. aw
Mon cHER JACK, vous ne connaissez
pas le beau sexe. Miss Faulkland est une
personne 'd’un excellent caractére ‘et ‘j'ai
DE LA CORRESPONDANC” 67
must call it) did: she intrody? te most
‘useasonable subjects ; rung ~© heated
servants on every triflis 0Ccasion; flew to
‘the harpsichord to “@Y then ‘hammed a
tune; looked o~ Of the window; in fact,
gave me se~tal convincing proofs of her in
differep-¢ and contempt. I persisted still in
my-suit, and urged the ardour of my pas-
sion, expatiating at times upon the irresist’
ible power of her beauty (for flattery I
deemed agreeable to the ears of every wo-
man ) and ‘entreating her for a generous
reply; but now she laughed, sung, played,
and treated me with more coolness and neg-
lect than before; at last, fired with indigna-
tion, I made sorfie hasty remarks upon her
conduct, and taking a final leave , departed
witha resolution never to see her again.
The extraordinary behaviour of this young
lady , Isubmit to your serious consideration ,
‘and request to know if it be your opinion
that T have acted right. I am, dear honoured
sir, yours, dutifully, ete.
The Sather's reply.
~My pear Jack, you do not know
the fair sex. Miss Faukland is a lady of a
most excellent character, and I still retain
68
LOMjONTS.- ime opinion de son mérite. Je
regarde cettc onduitecomme un plan adopté
perelle , pour € \uver votre caractére; elle
avait cerlainement an Je droit d'étre gaie
et enjouée, que vous de_., enflammé dine -
dignation. Vous ne devriez px. étre si pré-
venu en votre faveur, ni suppose. arrogam-
ment que des liaisons de famille, ousséme
Je mérite personnel, fussent des titres pour
obtenir de l’attention et des égards. Une
femme de bou sens ne se laisse point, pren-
dre par surprise, ni méme par les forma-
hités ordinaires de Ja galauterie. Elle veut
du temps pour lire dans le coeur, et prouver
sa sincérilé, sa.tevdresse. Ce ne sont point
les graces extérieures , ni |'agrément des ma-
niéres, mais les qualités de lame, qui re-
commandent un amant a I’estime d'une per-
sonne douée de jugement et de sagacité.
Miss Faulkland posséde l'un et l’autre: je
vous couseille donc de renouveler vos hom-
mages d'une fagon plus soumise et plus per-
suasive, soutenue d’argumens sages, et de
déclarations franches et honnétes. Vous pour-
rez alors ne pas désespérer du succés; mais
cette flatterie dont vous confessez que vous
avez fait usage doit nécessairement oflenser
Jes oreilles de toute femme raisonnable,
LART
PE LA CORRESPONDANC,” . 69
the same opinion of her merits; %0 "PO?
this behaviour to have been 27? ated , on pur
pose to make atrial of OU" disposition ,
and certainly she ha?@S much right to be
gay and merry, » YOU had to be fired with
indignation, WU should not be too prepos-
sessed in “vour of yourself, nor arrogantly
suppee that, on account of family connec-
tions and Berspnal merit, you are entitled,
to respect. A woman of sense is not to be,
taken by surprize, nor even by, the ordi-
nary formalities of courtship; she requires
some time to read the heart, and prove, its
sincerity and. affection; it is not merely, the,
exterior graces of deportment;, but the inte-
rior graces ‘of the mind, that can recommend,
a lover to the notice and esteem of a female
of judgment ; and as I know miss Faulk-
land is possessed of. both judgment sand
sense, I therefore advise you. to, reneyy
your ‘addresses 1 in a more submissive and
persuasive manner supported , by. sound
arguments and honest declarations ; then
you need not despair of success! but that
flattery which you confess you made use
of, previous to. your suit 5. must offend
the ears. of. every woman of understand-
ing. Be ea that if you Win this young
Ye LALR®
Soyezcet.:,, que, si vous parvenez a obtenir
cette jeune dc, re, vous vous assurerez d’tne
épouse ca “tui rendra votre sort heu-
reux igne
et fnvit. Je suis , etc.
D’'un ami @ un amant -rtravagant.
-Mon CHER MONSIEUR, une heedn con-
tractée dans notre jeunesse avait fait 1ajtre
ei nous nie amitié, que je pensais devoir
étre solide et durable; mais depuis quelque
temps je m’appercois d'une grande indiffé-
rence de votre part. La Conviction que jai
de n’avoir donné aucun juste motif au rela-
chément’de potré intimité me caitse ‘beau-
coup déichagrin § et Vintérét que je prends a 2
ce qui Votis cbncerne: m’engage a vous écrire
sur'ce sujet. La véritable amitié, toujours
inqui¢le de Ja santé et du Hier dita de ceux
quren sont lobjet, m’a porté a prendre des
informations, et je viens de découyrir que 1e
vous étes amoureux. Mais pourquoi enavoir
fait! miystére & votre ami ? L’amour n’est
point un crime, & moins qu'il ne soit accom-
pagné de vues malhonnétes , ce qui le ren-
drait criminel en effet ; nulle honte n’est at-
tachée non plus & ce sentiment, 4 moins
qu ‘il ne Soit mal placé. Mais Fopinign que
jai de votre probité éloigne la premitre
DE LA CORRESPONDANCE. 7
lady , you will secure.a most valuable wife,;
that, will, render, life happy, and, desirable.
I am your affnatronate ae » etc.
} SL, 190 z 4
0 i apie ttt lover. u
aMy, DEAR, sSERz/ an eanly; attachment
crated: ‘a; friendship sbetwen .usj othat I
thought wahould; have;been lasting and iper=
manént; but L have lately perceived a great
indifference-on:your side; Lam exceedingly
concerned; for, this, conscious that, I have
given nosjust réason fora suspension of our
intimacy. My regard therefore inducesime to
write upon be subject, :and true ‘friendship;
whichis always officious:about the thealth
and. welfare of those: we esteem , having
prompted me:to make enquiries , TE have
now ‘discoveredi:that you:are in love; but
why was this, ‘concealed from your: friend 2?
Love iseno crime; no shame: except it is
attended »yithbase’ designs , “which, then
niakes’ it criminal indeed, or ill-placed ,
which ‘renders : it sb idiagtace. My opinion
of your‘integrity ‘and shonour removes the
fuimer idea sand ‘being convinced of your
\ptudence and discretion; Icannot doubt the
pfopriety of yours choice }!but: authorized
a? xoy Adv tenqod sa aa
supposition , et je connais trop bien votre pru-
dence: et votre jugement; pour’ douter’ de fa’
bonté de votre choix, Autorisé cependant par
notre Jongue intimité, je veux vous gronder ,
et gronder séverement , tant du secret que
$ . re es mi OF 3h Ua te
vous gardez ayec moi, que de Ja maniére
folle dont vous aimez: Votre assiduité aupfés
de votre belie est, a ce que j'apprends} telle
ment constante, que j'ai bien peur, qu’an liew
de servir vos desseins , elle n'y nuise. Vous
passez beaucoup trop de temps avec cette
dame; votre présence perpétuelle sera d’a=
bord insipide et :génante , et finira par faire: ~
souvent desirer votre absence. Vous négligez
absolument la compagnie de ‘vos amis pour
celle de cette jeune personne , toute visite
vous est. insupportable, tout entretien vous
est pénible, excepté celui de votre- amour.
Eh bien ! mon pauvre ami; soyez’siir que
les chagrins et:la perte de-vos espérancesise-
ront l’effet immanquable de cette passion dé
réglée. Je m’attends.qu'ew peu de jours votre
maitréssé deviendra totalement indifférente,
son inclination se chapgera en dédain , et
vous serez non seulement négligé, mais mé-
prisé.: Quand elle aurait a présent autant
d'amour que vous-méme, croyez que cette
dépense.continuglle de soupirsiet de vooux,
DE LA CORRESPONDANCE. 75
by friendship! ands our longeintimacy , I
must, chide: you »( and tliat cseverely,) for
both the secrecy and -folly of:your love ;
your devotion to youn fair one is, by all:
accounts, so constant, that-I fearzyou will
counteract, instead of promoting -your.de-
sigas you spend too much time with the
lady by. which:aneans: your presence will
hecome:so, commen and troublesome, that:
your absence may be often desired; -the
company of your friend, is now _ totally
neglected for that of the young lady; the:
sight of every visitor is disagreeable ; and
every subject painful, except the theme of
love; be assured, my friend, that disappoint-
ment and vexation will be the consequence
ef this over-passion; the lady, I expect,
will become totally indifferent in a few
days); her love will terminate in disdain ;
aid you will be both neglected and des-
pised ;' though for the present she may seem
to entertain the same regard for you which
you do for her, yet’ this reiteration of sighs
and: vows, and vows and sighs, will soon
exhaust her stock of affection and tender-
ness, and render her in time languid and
cool, Lovevis, such a mce, matter, that: i¢
requiresmore ogconomy than you are awares|
a. 4
9% (apeaneatero> Ax sa
de yorux et de:soupirs, aura bientét épuisé
tous les fonds qu'elle peut avoir en tendresse,
et queile deviendra, avec'le temps, languis-
sante et froide. En amour, il est également
dangereux d’étre avare ou prodigue , c'est
une affaire délicate, et qui exige plus d’éco-
nomie que vous ne |’ imaginez. Je crains bien
que mon ami ne soit encore qu’un novice
sur cette matiére. De temps en temps des sé-
parations; quoique pénibles, elles sont abso-
- lument nécessaires pour rendre les entrevues
futures agréables aux deux amans. Rien ne
renouvelle plus efficacement une vieille flam-
me que l’absence, rien ne ravive mieux celle
qui languit. Il fauten outre introduire dif-
férens sujets dans la conversation , afin de
reveniravec plus de plaisir 4 celui de l'amour;
autrement, vos entretiens seront d'une telle
monotonie, que, tét ou tard, ils finiront par
ennuyer. J'espére que mon ami me pardon-
nera cette espéce d’avis officieux, et qu'il
Vattribuera A ma sincére amitié; car j'avoue
ingénuement que j'ai été porté a manifester
mon opinion dans cette circonstance, par le
regret que j'ai d'étre privé de la société d'un
homme que j'estime depuis long-temps , et
pour le service duquel je m’estimerai tou=
jours heureux de prouver combien je suis, etc.
DE LA COWRESPONDANCE. 75
it is equally as bad to be profuse as re-
served : I fear my friend is but a novice
in the science; occasionnal separations A
though painful as they may be, are abso-
lutely necessary in order to render our fu-+
ture interviews mutually agreeable; nothing
ean more effectually renew an old flame,
nothing revive a languishing one, sooner
than absence, which is the chief promoter
of love ; besides, different objets should
be occasioually introduced to render, the
theme of love more pleasing; else it will
be attended with such a sameness that soon=
er or later must appal; I hope my friend
will pardon me for this seeming officious-
ness, and attribute the cause to true friend<
ship ,. for I ingenuously confess that I have
been induced to offer my opinion ‘on this
occasion , because I have been thereby de-
' prived of the society of a man whom I
have long held in the greatest estimation,
and in whose service I shall always be
happy to prove myself
His affectionate and sincere friend, ¢tc,
79 aouacy RiART
me
~ D’un plaisant & sa maitresse.
MapAms, jeprends la liberté de yous
assurer qu'il faut absolument que vous vous
arrachiez les yeux, ou que je créve les
miens , C'est une vérité: il faut que vous
soyez moins belle, ou il faut que je devienne
aveugle; c'est encore une vérité. Quoique
ma passion soit aussi violente que celle de
tout autre amant puisse | étre , j'espére que
yous ne vous attendez pas 4 me voir me
noyer ou me pendre : croyez-moi, madame,
je ne ferai certainement ni un ni I’autre.
Ce serait prouver que j'ai bien peu de sens
et bien peu de connaissance de votre mérite ,
si je découvrais la moiudre inclination de
quitter ce monde tant que vous y resterez.
A parler franchement, madame, je préfére
infiniment le bonheur de vous voir a la gloire
de mourir pour vous; j'ai, d’ailleurs, trop
bonne. opinion, de votre jugement pour ne
pas étve persuadé que vous aimez mieux un
amant en vie qu'un amant mort; des lévres
brilantes prétes a imprimer mille doux bai-
sers , que des lévres froides et closes pour
jamais; des membres agissans, que des
membres inavimés et bons a rien, Cepen-
dant, madame, s'il faut que je meure, je
DE LA COKRESPONDANCE. 197
From awit to his, mistress.
' MaAvan, I take the liberty of assuring
you that you must either pull out your
eyes, or I niust pull out mine —that’s a
fact. You must either notbe so handsome, or L
must be blind — that’s another. Though my.
passion be as violent as any lovers need be,
I hope you will not expect that [should
either hang or drown myself, for believe
me, hadley I shall do neither. 1 should
certainly betray great want of sense, and
litle knowledge of your merit, if I was
inclined to leave the world ‘while you werd
in it. To deal sincerely with you, madam;
I choose infinitely the happiness of’ Being
with you, before the glory of dying for
yous besides I entertain such a good opi-
nion of your sense, as to believe you prefer
a living lover to a dead. one ; the lips that
are warm and ready to dor a thousand
sweet kisses, to those that. are. cold. and
closed for ever; the limbs which are ani~
mated with motion, to those that are life=
less and good for nothing! but, madamj'
if I must die, pray kili me with your
o
78 LAAT
vous prie, tuez-moi A force de bontés, et
non par vos rigueuts ; j'aime beaucoup mieux
mourir sur votre sein qu’a vos pieds. Si vous
étiez tendrement portée a me donner une
mort de cette espéce, je suis prét a la rece~
voir immédiatement, dans telle partie des
trois royaumes qu'il vous plaira; indiquez
seulement et le temps et l@ lieu, et je ne
manquerai pas de voler a la rencontre de ma
belle meurtriére. Je suis pour jamais, etc.
D’une dame qui vient de se marier , & son
amie.
Ma cuirne NAaneti, ne soyez pas sur-
ptise de voir un nom étranger au bas de
cette lettre. Celle qui vous écrit était miss
Richard ; mais mon amant a voulu absolu-
ment que je prisse son nom. Et de quoi ces
hommes ne viendraient-ils pas 4 bout , puis-
qu'ils nous persuadent de changer jusqu’aé
nos titres ? — Je vous envoie une paire de
gants, un ruban, et un morceau du gateau
nuptial. (Entre nous, c'est le gateau le plus
DOUX que j'aie jamais mangé. ) Vous vous
rappelez sans doute que vous éliez convenue
aved laci-devant miss Richard , que la pre-
miére qui se marierait enverrait ce présent &
autre. Si par hasard vous vous étes mariée
DE LA CORKESPONDANCE. 7
kindness, not with your cruelty; I had much
rather expire upon your bosom/thaw at-your
feet; should you be tenderly ‘welined to
give me a death of this sort, I am réady to
receive it immediately, on any ground, in
the three kingdoms; appoint but your place
and time, and I will not faill to meet my
fair murderer.
nied i for ever.
From a lay just married, to her i as
Dear Nawneor, lai not stare at a strange
name at’ the*bottom of this letter ; she that
writes ‘to’ “you Was’ iniss Richards, but my
lover insisted? ‘upon ‘my taking tis: name ;
what caiinot, ‘these men do, when they per-
suade us out of our very “ils Pa: T send
you herewith a pair of gloves, a ribbon,
and a bit of bridal cake. ( Betyveen you
and me, it was the sweetest cake I ever
eat. ) “You remember’ that ‘the late miss
_ Rachards and you entered into a bargain,
that which ever married first, should send
this present to the other; if you have been
married before yesterday , you need not
$0 .a5%) LAR Y
avant-hier, ne le renvoyéz pas pour cela}
‘mais: donnez-moia la place deux paires de
gants, deux rubans, et doublez la’ portion
de gateau. Si vous étes encore fille, ma chére
Naucy, prenez conseil de: votre amie, et ma-
‘riez-vous, croyez-m0i, le plus tot possible.
Vous voyez que le mariage n’a pas détruit
ma gaieté. De bonne foi, ce que. jen connais
jusqu’a présent ne me cet pas. devoir pro-
duire jamaiscet,effet. On peut bien, de temps
en temps, étre un peu grave, quand les en-
fans sont méchans ,, ou. barbounllés , ou. ma=
Jades; mais il n'y a pas la de quoi étre infor:
tunde & jamais. Vous m’excuserez , ma ché-
re, sije ne vous écris pas une plus longue
lettre. Assurément -Vous, devez, senuir.que le
temps d'une femme, qul. ne, I est, que depuis
uatorze heures, est extrém ent précieux
Fai di a M.S... . que je eS ane reve
seul petit moment pour € écrire 3 a la personne
du monde qu aprés lui ‘jaimais le mieux.
b
Adieu, LesBgte vous voir bientét, Votre, ete:
; i. ay HIG
" Réponse dla filicithtson: aa
MA cine Evia; quoique j'eusse quel
ques raisons de croire ique vous ‘n'étiez pas
Join de furmer l’indissoluble noeud, je n’ima+
giuais pas cependant que la conclusion fit st
DE LA CORRESPONDANCE. 8&
send it back to me; make it two pair of
gloves, two ribbons, and double the quan-
tity of cake; if you are not, my dear Nancy,
take a friend’s advice, and marry as soon
as you can,
I believe you will find that marriage has,
not taken away my spirits; and, indeed, by,
what I see of it, I do not think it ever will.
One may have occasion to he grave sometimes,
when the children are cross, or dirty, or
sick; but that need not make one unhappy
for ever. Excuse me, my dear, for not
writing a long letter; you must surely
know that the time of a woman , who has
not been married above fourteen hours, is
exceedingly precious and scarce. I have
only told M. Sedwick I must have a mo-
ment to write to the person in the world E.
love next himself. Adieu, I saat I shall
see you soon. via iz2UR
. Your's, tess sb ob
A congratulating reply. shy
My pear Exviza, though I had some
yeason to think you were approaching the
indissoluble bond, yet I had no apprehen-
sion that the change would have been,so
4*
-
$2 . DART
soudaine. Je me plaisais 4 penser que je se-
rais votre compagne et votre confidente dans
Yagréable soin des préparatifs ; mais vous
avez trompé mon attente pour le plaisir de
me surprendre. Quoi qu'il en soit, comme
je ne doute point de votre bonheur, je me
réjouis sincérement de l'événement. Puisse
votre félicité étre longue, et sans interrup-
tion! puisse tout ce’qui vous entotire contri-
buer a la rendre compléte! Mon papa parle
trés-avantageusement de l'homme que vous
avez choisi. Puisse-t-il vivre long-temps, ef
mériter toujours une aussi bonne réputation
et une aussi aimable épouse ! Puisse ma chére
atic vivre aussi nombre d’années, pour ré-
compenser son mérite, et faire les délices de
tous ceux dont elle est aimée !
‘Comme je suis encore fille, je garde vos
présens, et vous remercie de vous étre sou-
Venue de notre marché. Le giteau m’a paru
aussi dowx qu’a vous ; puisse-t-il étre la source
de douceurs inaltérables ! Je suis, ma chére,
votre, etc.
D’un oncle & son neveu, sur lamitie.
Mon cirr Roser, ayant peu de
temps a moi, je ne puis pas m’étendre beau-
coup sur un'sujet qui, s'il était trailé a fond,
~
DE LA CORRESPONDANCE. 85
sudden. I pleased ‘myself with the thoughts
of being your companion and confident in
the agreeable task of making preparations;
but herein you have disappointed, for the
evident pleasure of surprising me ; however ,
as I have no doubt of your happiness, I
sincerely rejoice in the event. May your
felicity be long and uninterrupted, and every
thing conspire to render it complete. My
papa speaks very handsomely of the man
of your choice; may he live long, and al-
ways deserve so fair a character and so
deserving a bride : and may my dear friend
live long too to reward his merit, and de-
light her friends! — Being a spinster still,
I have kept your presents, and return thanks
for your remembering your bargain. — I
thought the cake as sweet as you did; may
it be the means of everlasting sweets! Iam,
my dear Eliza,
Your's sincerely, etc.
From an uncle to his nephew, on friendship.
My DEAR Boy, not having much time,
T cannot dwell long upon a subject, which,
if illustrated with every just argument,
84 . L ART
fournirait un volume. J'ai observé dans
toutes vos lettres que vous étes toujours prét
asortir pour aller voir, ow que vous attendez
toujours quelque nouvel ami. — Ami!— Si
ce sont en effet des amis, vous étes assuré-
ment le plus heureux des hommes, car yous
en avez plus qu’aucun de tous vos amis p’en
ont jamais eu. Je ne vous blame point d’étre
complaisant pour les étrangers , et je ne cher-
che point 4 restreindre une innocente liberté,
ni 4 vous prescrire trop de délicatesse dans
le choix d'un ami; mais je pense que quel-
ques avis la-dessus ne vous seront p:s inutiles.
Vous ne devez pas imaginer que tout homme
dont la conversation est agréable a droit &
votre confiance, et mérite d’étre traité en
‘ami. Les amitiés contractées a la hate pro-
mettent peu de durée et de satisfaction ; trop
souvent elles se forment par des yues inté-
ressées d'un coté, et par faiblesse de l'autre.
La véritable amitié doit étre l'effet de I'es-
time mutuelle et d'une longue comnais-
sarice; elle a besoin, pour étre cimentée,
de la conformité d’age, de mosurs, et peut-
étre aussi de l’égalité de rang et de fortune.
Ce dernier rapport cependant n'est pas tou-
jours essentiel : il est saus doute au pouvoir
du riche de témoigner une amitié réelle au
DE LA CORRESPONDANCE. 85
would undoubtedly form a packet. I have
observed in all, your letters, that you, are
either going to see, or expect a visit from
some new friend — friend — were they
indeed friends, you are the happiest man
in the world, for you ave certainly a
greater number than any of your friends
can boast, I am not against your being com-
plaisant to strangers, nor desirous of abridg-
ing you in any necessary or innocent liberty,
or prescribe too. much to the choice of a
friend; but a few hints I think are abso-
’ Jutely necessary. You must not think every
man yyhose conversation is agreeable, fit to
be immediately treated and trusted as a
friend. Friendships hastily contracted , pro-
mise the least duration and satisfaction, as
they commonly arise from design on one
hand , and weaknes on the other. True
friendship must be the effect of long, mu-
tual esteem and knowledge. It ought to have
for its cement an equality of years, a simi-
htude of manners, and, perhaps, a parity
in, circumstance and degree — this last, how-
ever, is not always essential : it is cer-
tainly in the power of the affluent to display
real friendship and benevolence towards
the indigent; but, generally speaking, an
8&6 L ART
pauvre, en exercant sur lui sa bienfaisance;
mais, en général, trop d’ouverture avec un
Slianeee dénote de lindiscrétion et de I’é-
tourderie.
J'ai bien peur que beaucoup de ceux que
vous appelez amis ne soient plus faits pour la
table que pour Je cabinet. Prenez donc garde
aux nouvelles liaisons que vous formerez ,
et ne donnez point aux gens le titre d’amis
avant de connaitre leur réputation et leur ca-
ractére. Croyez que ces conseils sont le ré=
sultat de mon expérience, et de mon aflec-
tion pour vous, et que, dans toutes les occa-
sions, je desire vous prouver que je suis, etc.
D’un dtudiant a son amt.
Mow CHER MONSIEUR, vous vous trompez,
je ne mene point une vie solitaire : quoique
constamment seul , je suis toujours en com=
pagnie , et cette compagnie , croyez-moi,
est beaucoup plus instructive et plus amu-
sante que tous vos amis et camarades de
plaisirs. Ma principale ambition est d’avoir
une bonne bibliothéque, afin que quiconque
viendra chez moi trouve a y satisfaire sor
gotit, soit qu’il soit amateur de dévotion ,
d'histoire , de po¢sie ou de romans. Je yous
envoie une liste des livres dont j'ai besom
DE LA CORRESPONDANCE. 67
opening to a stranger carries with it strong
marks of indiscretion, and ends too often i in
repentance.
Some of your friends (as you call them }
are , I fear, more suited to the tea-
table than the cabinet — be therefore very
careful of your new associates, nor make
iliem friends without previously knowing
their characters: This caution, believe me,
is the pure effect of my experience in life,
and affection for you; it being my wish on
every opportunity and occasion, to prove
_ myself, your affectionate uncle , etc.
From a@ student to his friend.
DEAR sir, you mistake, I do not feed
a solitary life : for though constantly alone,
Tam always in company ; and my compa-
ny too is far more entertaining and instruc-
tive than all your friends and bottle com-
sqgmegnad® My great ambition is to have a
good fibtary, that whoever calls upon me,
whether a friend to religion, history , poe-
try, or romance, may have his inclinations
gratified : permit me then to give you the
following commission; an opportunity may
arrive when I can return the compliment,
rr L ART
pour compléter ma collection. Permettez-_
moi de vous charger de me faire cette em-
plette , l'occasion pourra se trouver de pren-
dre ma revanche ; que! qu’en soit le prix,
il vous sera remis immédiatement.
Procurez-moi, je vous prie, avant tout ,—
la Nouvelle Encyclopédie royale, de Howard,
—Les Voyages du capitaine Cook, choisis pat
Anderson. — L’Histoire d’Angleterre , pat
Bernard. — Le systéme de Géographie et
d'Histoire naturelle , par Miller. — Le Livre
des Martyrs, de Wright. — Le Voyageur
Anglais, par Walpoole. — Histoire et Vue
de Londres , par Thornton. — Antiquités
d’ Angleterre , par Borwell. — Les Buvres de
Bunyan, recueillies par Mason.—L’ Homere,
lé Virgile , le Télémaque et l'Histoire Ro-
maine, de Melmoth.—Le devoir de l’homme
et la Préparation de la Semaine , par Wor-
thington. — Les beautés de la Religion, de
se Morale, en prose et en vers, par Hamilton.
— Le Médecin anglais, de Gordon.—L’ His-
doire d’ Ecosse, par Murrai. — L’ Histoire de
l’ Amérique , par Arnold. — Collection de
Nouvelles et de Romans, par Porney.— Le
ParfaitChasseur , de Morgan.—Le Nouveaw
Fermier Anglais, — Le Parfait Confiseur , de
Price,-et son livre de Cuisine. ( J'ai besoin
DE LA CORRESPONDANCE. 86
I-give you a list of books which I want to
compléte my present otimber — whatever
‘they may come to; your expences'shall be de-
frayed : first of al! procure me— « Howard's
New royal Encyclopéedia; » — « Captain
Cook's Voyages round the Word, selected
by Anderson; » — « Bernard’s History of
England ;» — « Milléi’s system of Geography
and natural History; » — « Wright's Book
of Martyrs; » —« Walpdole’s British Tra-
veller; » — « Thornton's History and Stir-
vey. of London; » —« Boswtll’s Antiquities
of England; » — « Binydn's: Works, by
Mason; » — «Melmoth’s Homer, Virgil,
Télémachus , and ‘Roman History so
-« Worthington’s Whole Dity of Man, and
Week's prepara ion 3» — « Hamilton's
‘Beauties of Religion, and Morality , prose
and verse; »— « Gordon’s english Physi-
cian; » — « Murray's History of Scotland; >
— « Arnold’s History of America; » seit
« Porney’s Collection of Novels and Ro-
mances; » — Morgan’s Complete English
Farmer ; » —« Price's Complete Confectio-
ner, and Book of Cookery, (these I want
for my syster); — « The young Man’s
go L ART
de ceux-ci pour ma sceur.) — Le Compa-
gnon du jeune homme, par Brown.-— Les
Comptes faits et les Tables d’interéts , de
Bettesworth, — L’Institutrice polie des Da-
mes, de Stanhope, (encore pour ma sceur ).
— Les Bons Mots de sir John Feilding. —Le
Nouvel art de parler.— Le Nouvel Espion de
Londres, et les Ruses de Londres , par King.
— L’Histoire d’ Angleterre , de Middleton.
— L’Universelle Diseuse de bonne fortune.
— Le Magasin Merveilleux, et le Conteur.
( Ceux-ci sont destinés 4 ma vieille tante. )
— Le Précepteur des Amans. ( J'ai besoin
particuliérement de celui-ci pour moi-méme.)
— Le Josephe , de Bradshaw. — Le Diction-
naire Biographique , de Johnson. — Les
Classiques Bretons, de Walker ( ancienne-
ment de Harrison) , avec les Nouveaux Ma-
gasins des Dames, et de Londres; et l’'En-
cyclopédie Ecossaise. Vous trouverez tous
ces livres au meilleur prix, a la Téte de
Shakespear dans Beech street, ou au n° 46,
chez feu M. Evans, Paternoster Row. Ayez
Ja bonté de m’envoyer aussi tous les nou-
veaux pamphlets et les nouvelles piéces de
thédtre. Vous obligerez extrémement vo-
tre, etc,
DE LA CORRESPONDANCE. Of
Companion, by Brown ; » — « Betlésworth’s
Ready Reckoner and Tables of interest ; » —
« Stanhdpe’s Lady’s polite Tutoress, » (for
my sister also); »— «Sir John Feilding’s
Jesis; » —« The New Art of Spéaking; »
— « New London Spy, and Chéais of Lon-
don, by King; » — « Middleton's History
of England ; » — «The Universal Fortune-
Teller, » — « Wonderful Magazine » and
« Story-Teller;» (these I wish to make a
present of to my old aunt );— « The Lo-
ver's Instructor» (I want particularly for
myself); — « Bradshaw's Josephiis ;» —
« Johuson’s Biographical Dictionary; » —
« Adams's Quarto system of Geography ; »
— « Walker's (formerly Harrison's ) Bri-
tish Classics ; with The New Lady’s and
London Magazines, «and the Scotch Ency-
clopzedia;— all these you will procure on
the lowest terms at Shakespeare's Head,
Beech Street, or at n° 46, (late M. Evan's)
Paternoster Row; please also to send me
every new play and pamphlet, which will
exceedingly oblige
Your very ‘humble servant, etc.
92 LART
Lettre i ironique & un calomniateur.
Monstzvur, Je soin tout particulier que
vous avez pris de défendre ma réputation,
lorsqu’un impertinent drole, * de moyen.
age, laid, louche, trapu, exercait toute sa
méchanceté et ses faibles talens pour la
noircir , mérite les plus vifs remerciemens.
Je me reconnais tellement votre débiteur ,
que je crains bien de ne jamais pouvoir
macquitter envers vous. Je voudrais que
tout le monde yous ressemblat; quel noble
et illustre exemple n’avez-vous pas’ donné!
vous seriez au désespoir de blesser larenom-
mée de votre prochain! vous méprisez ces.
basses et odieuses pratiques , quemploie la
calomnie pour ternir, peut-étre pour perdre
enticrement la réputation d'un homme dont
le desir le plus ardent doit étre de i" con=
server intacte.
«—Celui qui me vole 1 ma bourse ne vole
qu’une mistre ; elle é!ait 4 moi, elle est 4 lui,
elle fut 4 mille autres; mais celui qui me dérobe
ma réputation, me prend ce qui ne peut l’enri-
chir, et me.rend pauyre en effet.
Vous voudrez bien agréer , jespére, ce
faible témoignage de ma reconnaissance ; si
> Portrait du calomniateur,
DE LA CORRESPONDANCE. 93
An ironical letter to a slanderer.
Six, the particular assidaity you have
displayed in defending my character, when
a middle aged, squifiteYed , short , imper-
tinent fellovy ' was practising every unjust
means, and exerting all his feeble endea-
vours to sully it, highly deserves my
thanks. I own myself your déktdr so much,
that I am apprehensive it will never be in
my power to repay you; I wish every
person would follow your éximple — How
noble, how illustrious the patern — you
scorn to, wound the reputation of. your
neighbour — you despise the poor mean
practice of calumny which hurts, perhaps
vuins the name and character of a man,
which should ‘be always his greatest care
to prését've.
« — Who steals my purse, steals trash ‘
?T was mine, ’tishis, and has been slave to thousands;
But he who pilfers from me my good name ,
Robs me of that which not enriches him >
And makes me poor indéed ! »
You will be so kind, I hope, as to re-
ceive this poor acknowledgment of your
* A description of the person himself,
04 L’ART
jéprouve encore vos bontés , si vous me
donnez de nouvelles marques de votre bien=
veillance , vous trouverez bon, sans doute,
que je donne plus de publicité 4 mes remer-
ciemens. Votre trés-obligé serviteur , etc.
Lettre pour le premier jour de lan.
Mon TRés-HONORE PERE, je croirais man-
quer a mon devoir le plus essentiel, et méme
étre indigne de la qualité de fils, sij’oubliais,
au commencement de cette année , de vous
renouveler les assurances de mes plus pro-
fonds respects et de ma plus vive reconnais-
sance. Agréez donc, mon trés-cher pére ,
les souhaits ardens que je prends la liberté
de vous faire d'une santé parfaite, et de l’ac-
complissement de tous vos desirs. Puisse le
Seigneur prolonger vos jours pour le bon-
heur de notre famille, et sur-tout pour moi ;
et, qu’en s‘écoulant, ils soient pleins de dou-
ceur et de tranquillité! Permettez-moi aussi
de vous consacrer tous les mouvemens d'un
coeur, qui doit, 4 vos bons exemples, et a la
bonne éducation que vous m’ayez donnée,
tous Jes sentimens dont il se trouve capable,
Ce sont des bienfaits dont je ne saurais trop
vous remercier. Je vous supple decroire que
DE LA CORRESPONDANCE. 93
goodness, as a small token of gratitude ;
and whenever I experience the same civi-
lity and benevolent interposition again, par-
don me, if I should be tempted to make
my private thanks more public. I am
Your much obliged servant,
Letter for a new year's day.
Most HonourepD FATHER, I should
think myself wanting in my most essen-
tial duty , and even unworthy the character
of a son, were I to omit, at the béginning
of this year, 10 renew to you the assu-
rances of my most profound respects and
my most sensible gratitiide. Accept then ,
dearest father, the ardent Wishes I take
the liberty of expressing to-you, for your
perfect health and the accomplishment of
all your désites. May Heaven prolong-your
days, for the happiness of our family ,
specially for me; and may they, as they
glide on, be filled with comforts and tran-
quillity ! Give me leave, atthe same time ;
to devote to you all the impulses of a
heart, which owes to your virtuous exam-
ples, and the good education you have
bestowed on me, all the sentiments of
which it is susceptible. These are advan-
gO; a AL! ART
_je fezai de jour en jour de nouveaux ek
forts pour mériter Ja continuation de vos
bontés , et pour vous prouver , par mon
respect et ma tendresse , la parfaite sou~
mission avec, laquelle je suis, mon trés~,
honoré pere ,, votre trés-humble et trés-
soumis fils,
Réponse.
Je vous remercie , mon cher fils, des
souhaits que vous m’ayez faits au commen-
cement de cette année : ils l’ont emporté
sur tous ceux qu’on a farts pour moi, parce
que je me flatte que je les dois plus a votre
cceur qu’a la coutume. Je yous assure que
votre reconnaissance me dédommage des
soins et des dépenses que je e suis obligé de
faire pour vous , et jespére que le plaisir
quelle me cause , vous engagera, a conti-
nuer. Ayez sans cesse la crainte de Dieu
devant les yeux ; obéissez a vos maitres ,
et efforcez-vous d’acquérir , par votre ap-
plication 4 l’étude, toutes les connajssances
nécessaires pour fenabTs! dans la suite, avec
honneur , l'état que vous vous proposez d’em-
brasser. De mon coté, je n'épargnerai rien
pour contriLuer & votre bonheur ; et, tant
que yous répondrez aux’ bonnes intentions
Pe! : : pugs 4 ti :
DE LA CORRESPONDANEE. OF
tages for which I can never sfficiently
thank you. I intréat you to believe that I
will every day make new efforts to de-
serve the continuance of your kindnesses ,
and shew you, by my respect and affec-
tion, the perfect stibmission with which I
am, most honoured father , '
Your very humble and most dutiful son.
The answer.
I thank you, my dear son , for the wishes
you expressed for me at the beginning of
this year: they have surpassed all those
that have been bestowed on me, because
I flatter miSelf I am more iddebted for
them to your héart than toclstom. I assure
you that your gratitude makes me amends
for the cares and expénces I am obliged to
incur on your account, and I hope that the
pleasure it affords me will urge you to
persevere. Have the fear of God constant
Jy before your eyes; obey your masters
and endeavour to acqiire, by your appli-
tation to study, all the knowledge necese
sary to discharge, héreafter with honour,
the condition you intend to embrace. For
my own part, I will spare nothing to con- ,
ribute to your happiness; and as long as
ae 3
93 | LAT
pm
que jal pour vous , vous me trouvereg
j toujours
Votre affectionné pere.
Lettre pour sowhaiter un bon voyage.
- Monsteur, je fais des voeux pour I'heus
reux succés de votre voyage ; je priela di-
vine Providence qu'il lui plaise vous donner
les smoyens de surmonter toutes les difficultés
qui pourraient empécher I’ accomplissement
de vos desseins, En attendant que j'aie le bon-
heur de vous revoir, je vous supplie de vous
souvenir quelquefvis de celui qui vous suit en
pensée , et qui vous souhaite toutes les pros-
pérités imaginables, étant véritablement ,
monsieur , votre, etc.
Réponse,
Monstevur, je vous remercie trés~hum-
blement des souhaits que vous faites pour
Vheureux succés de mon voyage ,. et de la
bonté que vous me témoignez en cette occa-
sion. Je fais de pareils voeux pour Ja con-
servation de votre santé, Conservez -moi,
je vous prie , votre bienyeillance , et soyez
persuadé que quoiqu’éloigné de vous, je ne
cesserai point d’étre , comme je Yai toujours
été, monsieur, etc.
tiie
‘DY LA CORRESPONDANCE. OG
you answer the good intentions I have for
you, you will always find me to be —
~ "Your affectionate father.
Letter wishing a good voyage.
“Sin, I offer up my, prayers for.the happy.
success of your voyage : I implore, the Di-
vine Providence.that he will be ,pléqsed to,
enable you to siirmount. every. difficulty,
that might hinder the,completion of .your
designs. I intreat) you, till I: have. the
happiness ‘of seeing you again; sometimes
to, rémémber him, who accompanies, yow in
thought, aud wishes, you alk, ailneeene
sili af being g truly Slitg dvi
; Your, ete:
' The answer. .
Sr, I most hifmbly thauk y ee ay ating
‘eee bien “prosperaus voyage: to: me, and
for: the ! kindness «you express; towards) me:
on: this occasion. -L:form: the: like wishes:
for. the preservation of your: health, I beg
you will continue me in your: fav qvour; and:
be assured that, though I: be; ata distance
from: you, T:shall ‘never lewd te? bs past
i cae Bit /Sbaoki Hs , 9G 8 H9 Y uA
SSeS { : apis pila 20v Sout jcetey e
106 LAT |
Lettre de remexciement , et pour faire savoir
son arrivée a un ami.
MowsIzEuR, je me croirais coupable d’in-
gratitude si je ne saisissais pas les premiers
momens de loisir | pour m’acquitter envers
vous d’un devoir aussi doux pour moi qu ‘il
est indispensable. Vous avez droit 4 ma re-
connaissance par les bienfaits dont vous m’a-
vez comblé, et par les services que vous me
rendez tous eer jours. Cc’ ete & vous que je dois
tout ce que je suis.
Notre navigation a été des plus heureuses ;
les vents nous ont été favorables, et nous
_
sommes arrivés en aussi bonne santé que nous.
pouvions espérer aprés un si long trajet. Une
seule tempéte m’a un peu effrayé : Jes pilotes
prenaient plaisir 4 m’en augmenter le dan-
ger. Je n'ai jamais eu si, grand’peur de ma
vie. Lecapitaine, aqui vous m'avez recom=
mandé ; a eu pour mor tous les\égards ima~.
ginibiles 9 dest lui:qui m’a rassuré dans ma
frayeur , sans lui je me serais bien ennuyé ; i
m’aégayé par son humeur enjouée ¢ c'est une
ebligation de plus que je vous. ai. Que je suis
heureux de posséder un ami conime:vous, et
_ qu'il y en a peu au monde! Donnez-moi de.
temps ¢n temps de vos gouvelles : j espérg
DE LA CORRESPONDANCE. 101
Letter of thanks, and to let a friend know
one’s arri val,
Srr, I should think myself guilty of
ingratitude, were I not to seize the first
moment of leisure, to acquit myself to-
wards you of a duty as pleasing to me as
it is indispensable. You have a claim on
my gratitude, by the kindnesses you have
loaded me with, by the services you ren-
der me every day. It is to you Loweevery
thing I am.
Our voyage as been very prosperous; the
winds have been very favourable to us, and
we arrived in as good health as we could
hope for after so long a passage. One single
storm frightened me a little: the pilots took
a delight in representing to me the danger
greater than it was. I never was so terrified
in my life. The captain to whom you ré-
commended me, has had for me every atten-
tion that can bs. imagined: it was he who
encouraged me in my fright: had it not been
for him, I should have been very tired; he
diverted me by his lively disposition : that
is an additional obligation I lie under to you.
How happy am L to be possessed of a fr {¥ud
like yourself, and how few such are there
TO2 9° Te Wane
cetie faveur de votre bonié, comme yous
devez atteridre de mon deyoir toutes sortes
de services. Puisse la fortune me mettre
yen état, dans ces climats' éloignés , de pou-
‘voir vous, témoigner ma reconnaissance }
elle sera toujours aussi vive que le respect
avec lequel jai Phonneur aNtitt are
‘Yotre, ‘etc,
war "Réponse. hak
1 Moxvikun, je suis. ravi ‘Capprendse
que vous étes Stat en bonne santé &———..
Jai été, pendant votre voyage, dans de
igrandes inquiétudes , dont je suis heureuse-
ment délivré par votre obligeante lettre , qui
‘vaut mille fois'mieux que tous les petits ser-
‘vices que je vous ai rendus. Vous ne me de=
“vez rien: le ‘plaisir de vous obliger est si
grand, qu'il porte sa récompense avec lui;
et je he connais personne qui netit fait avec
joie ce que jai fail. Je m’estime trés-heureux
‘davoir pu vous marquer, par si peu de cho-
‘se, combien je vous suis acquis , et la consi+
‘dération que j'ai toujours eue pour votre mé-
rite. Je voudrais de tout mon cceur pouvoir
vous prouver par quelque chose de considé-
rable le zéle avec leqnely je suis, monsieur,
votre, etc.
a a
DE LA CORRESPONDANCE. 105
in th pe Let me hear from you now
and then: I hope for that favour fr om your
adatss! as you have a right so expect from
my duty every kind of services. May for-
iune, in those remoter climates, enable me
to shew my gratitude! it will oe for ever
as unfeigned as the respect with which I
have the honour to be, sir, your, etc.
The answer.
Sir, I am overjoyed to hear you are
safely ban at — I was , during your
voyage, in the utmost unégsiness; but I am
happily relieved from it by your obliging
letter, which isa thousand times of more
value than the small services I have done
you. You are not in the least indebted to
me : the pleasure of obliging you is so great,
that it carries its reward along with it; and E
do not know any person who would not
have rejoiced in doing what I have done.
T esteem myself very happy in having been
able to shew you, in such trifling instances,
how much I am at your disposal, and the
regard I have always had for your merit, If
is the wish of my heart to convince you, by
some circumstance of consequence, of the
zeal wherewith I am, sir, your, etc.
104 L’ ART
Lettre de plainte sur un long silence.
Monsieur, J'amitié que j'ai pour vous
me force aujourd hui 4 vous demander raison
de votre silence. Je me doute bien que vous
ne manquerez pas d’excuses pour |'autori-
ser ; mais je vous supplie de croire aussi,
qu’'a moins qu’elles ne soient légitimes, je ne
cesserai jamais de me plaindre. Vous aurez
beau alléguer le défaut d’occasions de me
faire tenir vos lettres, ou l’accident inopiné
de quelque maladie, dont vous n’aurez eu
que la pensée, pour vous justifier de mes
reproches: tout cela ne sera point capable de
me satisfaire. Avouez votre faute sincére-
ment; vous aurez plus tot fait, puisque c’est
fe seul moyen de m‘affermir dans la résolu-
tion oi je suis de demeurer éternellement,
monsieur , votre, etc.
Réponse.
’ Monsieur, vosplaintes et vosreproches
me sont si agréables, que je suis contraint
de vous en remercier, puisqu’ils ne procé-
dent que d'un excés d’affection et de zéle,
Tl est vrai que j'ai gardé trop long - temps
le silence; mais je vous supplie de croire
que le malheur qui me I'a imposé, men
DE LA CORRESPONDANCE. 105
Letter of complaint on a long silence.
Srr, the friendship I have for you obliges
me at this time to enquire about the reason
of your silence. I much suspect you will
not be at a loss for excuses to justif¥ it;
IT beg you will also believe that, unless
they be real, I shalf never cease to com-
plain. It will be in vain for you to ‘allege
the want of opportunities to.send me your
Jetters, or the unexpected accident of some
pretendéa illnéss, to free you from my
-reproaches » all this shal! not be sufficient
to satisfy me. Candidly acknowledge your
fault; that will put a more speedy end
to it, since it is the only method, of con-
firming me in the resolution I have taken
to remain for ever, sir,
Your, etc.
The answer.
SiR, your complajnts and réproaches are
so agreeable to me, that I cannot help thank-
ing you for them, since they flow purely
-from an excess of affection and zeal. I have,
itis true, kept silence too long; but I ins
treat you to believe that the misfortune
which has imposed it on me, has caused me
o*.
EOD goes iy. A?
a fait porter une si rude pénitence, que,
quand ce serait un crime des plus énor-
mes, jen mériterais le pardon. Je ne
veux pas vous faire un récit de tous les
accidens qui me sont arrivés, de peur de me
rendre aussi importun que yvousm’avez jugé
paresseux ; il me suffit de vous faire souve-
nir que je suis toujours encore, comme j/ai
toujours été , monsieur, votre, etc,
Lettre de félicitation sur un mariage.
MonsizuR, je nai jamais appris de
nouvelle plus.agréable que celle de votre ma-
ylage avec mademoiselle B——. Souffrez
que je vousen féliciie, et vous témoignecom-
bien je prends de part a.votre bonheur, Vous
devez sans doute étre au comble de vos sou=
haits , puisqu’enfin vous avez obtenu la main
de celle qui faisait le motif de vos plus ar-
dentes recherches. Votre constance, a la vé-
rité, a été mise @ de grandes épreuves, et
vous avez di sentir qu'il n'est point de-roses
-sans épines. Aprés tant de difficultés , vous
avez, grace au ciel, a présent la gloire de
‘posséder une personne dont le mérile est au-
dlessus de tous les éloges. Permettez, mon-
sieur, que jé présente ici mes civilités a
votre charmante épouse; et croyez que je
DE LA CORRESPONDANCE. 107
to undergo so severe a penance for i!, that,
were it the most enormous crime, I should
deserve forgiveness. I will not give you an
account of all the accidents which have be-
fallen me, for fear I should prove as trou-
blesome as you have deemed me idle :
is sufficient for me to remind you that T
am still, as I always was, sir,
Your, etc.
Leiter of congratulation on a marriage.
Sxr, I have never received more agree-
able intelligence than that of your marriage
with miss B—. Permit me to congratulate
you upon the occasion, and to shew you
how much I am interested in your happi-
ness. You must, doubtless, have arrived at
the summit of your wishes, since you have:
at last obtained the hand of her who was
the object of your most ardent addrésses.
Your constancy has indeed been put to se-
vere trials, and you must necessarily be:
sensible that there are no roses without their
thorns. You have now, thanks to heaven,
afier so many difficillties, the honour of
“possessing a person whose merit is above
all praise. Give me legve, sir, on,this oc-
easion, to present my compliments to your.
208 L ART
suis, dans les transports d’une joie la plus.
parfaite,
_ Monsieur, votre trés-humble servante.
Réponse.
MADAME, je vous suis infiniment obligé
de la part que vous prenez au plaisir que me
cause l'alliance que j'ai contractée avec ma-
demoiselle B——., Elle n’est pas moins sen-
sible que je suis 4 votre gracieux souvenir ,
et aux louanges que vous avez la bonté de.
lui donner. Soyez sire que j'aurai toute ma
vie une véritable estime pour votre personne.
Si vous voulez nous faire Phonneur de venir
passer quelques jours 8 S——., nous serons
charmés de vous y posséder ; et ma joie sera
‘alors aussi grande que l’avantage que je re-
¢ois en me disant trés ~respectueusement,
madame, votre, etc.
Lettre d'une jeune dame son amie malade.
Je ne vous dirai pas, ma chére, jusqu’a
quel point les tristes nouvelles de votre ma-
ladie m’ont été sensibles. Il me suffit de
yous faire ressouvenir qu’ayant le bonheur
d'étre au nombre de vos meilleures amies ,
le récit de votre mal ne m’a pu étre que fort
sontagienx, et que jen souffre une partie
DE LA CORRESFONDANCE. 109
lovely consort; and believe me to be, amidst
the transports of the most perfect joy, sir,
Your most humble servant.
The answer.
Mapam, I am obfiged to you for the
part you take in the pleastire I receive
from the alliance I have contracted with
miss B—, She is no less sensible than my-
self of your kind remembrance and the
praises you are so good as to confer on her.
Be assured I shall during my whole life
have a real esteem for you, If you will do
us the honour to come and spend a few
days at S.—, we shall be delighted with
your company here; and my joy will then
be adequate to the pleasure I receive in
stiling myself, most respectfully, madam,
Your, etc.
Letter ‘from a young lady to her sick Srithd.
I will not mention to you, my dear, how
deeply the melancholy news of your illnéss
has affected me. It is sufficient for me to pyt
you in mind that I having had the happiness
to be among the number of your best friends,
the relation of your disorder could not fail
to have a very contagious effection me, and
TIO BART
Je souhaiterais, pour me contenter, d’étre
aupreés de vous; mais le malheur veut que je
me trouve arrétée ici par mes affaires, que
je ne puis abandonner a présent. Cet obsta-
cle cependant n’empéchera point que je ne
m’acquitte de ce que je vous dois, si vous me
jugez utile & vous rendre quelque service :
Cest sur quol vous pouvez compter, et que
je serai toute ma vie votre sincére amie..
Reponse.
Si jeusse plus t6t recouvré ma santé, ma
chére amie, je vous eusse plus tét remerciée
du chagrin que vous m’avez témoigné avoir
de ma maladie; mais, comme elle a été
fort longue , j'ai été obligée de différer a
vous.en marquer ma reconnoissance jusqu’a
ce jour que je m’en acquitte..Ce n'est pas
d’aujourd’hui que je sais combien vous étes
sensible 4 ce qui touche vos amies; c'est ce
qui fait aussi qu’elles vous sont si attachées«.
Mais je puis vous assurer que je suis, autant
quaucune d’elles , votre affectionnée amie..
A un ami, sur sa convalescence.
Monsizvr, il ne saurait vous arriver ni
bien ni mal, que je ne m’y intéresse infini-
ment ; jugez donc combien je me réjouis du:
DE LA CORRESPONDANCE. TI
that I bear a part of it. I wish Ecould have
the satisfaction of being near you; but Iam
unhappily detained here by my business,
which I cannot relinquish at present. How-
ever, this obstacle shal! not prevent me from
discharging the obligations I am under to
you , if you judge me capable of doing you
any service : this you may rely on, and that L
shall be during life your sincere friend. ~
The answer.
. Had I recovered my health sooner, my
dear friend, Ishould haye thanked you be-
fore now for the concern you expressed:
to me on account of my indisposilion ;
but, as it has been very lingering, I was
obliged to defer ackuowledging my grati-
tude to you till this very day..I am well
apprized how grieved you areat what affects. -
your friends ; this also is the reason that they
are so attached to you. But Ican assure you
that I am, in an equal degree with any of
them, your affectionate friénd.
“= w ~
To. a friend, on his recovery.
- §rr, there cannot happen’ to you either
good or evil, in which I am not interested
in-an. infinite degree; judge therefore how.
AI2 9° L ART
rétablissement de votre santé. Mon amitié
pour vous, monsieur , est trop vive, pout
ne vous en pas donner des marques en pa~
reille occasion. Conservez~vous , je vous
prie, afin de ne plus inquiéter vos amis.
S'il ne fallait que des voeux pour vous pré-
server , vous pouvez compter qu’on n’en
peut faire de plus ardens que les miens pour
tout ce qui vous regarde. Soyez-en, sil
vous plait, bien persuadé, et de la sincé-
rité parfaite avec laquelle je suis , monsieur ,
votre, etc.
Réponse.
Monsievr, je ne puis assez vous remercier
des marques d’amitié que vous me donnez sur
ma convalescence. Je vous suis bien obligé
des voeux que vous faites pour moi; j’en sou-
haite de tout mon coeur |’accomplissement ,
afin de profiter duplaisir de recevoir de vos
agréables lettres, et d'étre en état de vous
faire connaitre que je suis trés-sincérement ,
monsieur , votre, etc.
D'un ami a un autre, sur l'emploi du temps.
CHER AMI, Cest un proverbe commun
parmi les Juifs que « celui qui n’éléve pas son
« fils pour quelque commerce, en fait yn yo~
DE LA CORRESPONDANCE. 115
greatly I rejoice at the re-establishment of
your health. My friendship for you, sir, is
too warm not to give you instances of it
on such an occasion as this. Be careful of
your héalth , I intreat you, that you may
not any longer occasion uneasiness to your
friends. If wishes only were wanting for your
preservation, you may depend uponitthatno
one can form more ardent ones than mine,
with respectto whatever concerns you. Please
to be fully persuaded of this, and of the per-
fect sincerity with which I am, sir, your, ets.
The answer.
Sir, I cannot sufficiently thank you for
the tokens of friendship you shew me on my
recovery. I am greatly obliged to you for
your wishes in my behalf: I heartily dtsire
the accomplishment of them, that I may
enjoy the pleasure of recéiving your agreer
able letter, and of being able to convince
you that I am most sincerely, sir, \
Your, etc.
From a friend to another, on time,
DEAR FRIEND, it isa common proverb
among the Jews, that « he who breeds not up
« his son to some trade, makes hima thiefj»
114 L’ART
« lewr »; et les Arabes disent que « ’homme.
« oisif s’amuse a jouer avec le diable » ; aussi
Jeur prophéte Mahomet leur prescrit-il de
s‘exercer chaque jour 4 des occupations ma-
nuelles. Le sultan, sur son trone, n'est pas
plus exempt de ce devoir que celui qui le
sert. L’ame de l"homme est active comme le
feu , elle ne peut pas plus cesser d’étre occu-
pée, que l’eau ne peut s’empécher de passer
& travers un crible. Les hommes doivent tou-
jours faire emploi de leurs facultés ; d'une
maniére ou d’autre, et il n’y a point de mi-
lieu entre Je bien et le mal; quiconque ne
s applique pas au premier , tombe nécessaire~
ment dans l'autre. Ce sont 1a les points ot
coincident toutes les lignes des actions hu=
maines; c’est le centre de toutes nos affaires;
mais, quoiqu’'il n'y ait pas de terme moyen
entre ces deux extrémes, et que tout étre hu-
main soit dans le cercle de Ja vertu ou du
vice, il y acependant dans l'une et dans |’au-
tre de certains degrés , des différences sen-
sibles qui naissent de la nature , de la mora-
hité et de la religion, Ainsi, la prudence
humaine nous enseigne a préférer de deux
maux le moindre ; tandis que l’oracle divin
nous instruit 4 ne pas marchander avec la
vertu, mais a en suivre courageusement le
PE LA CORRESPONDANCE. 1145
and the Arabians say that « an idle person
«is the devil’s play fellow; » it is therefore
the’ mandate of their prophet Mahomet ,
that they should ‘exercise themselves every
day in some manual occupation. The sul-
tan, on his throne, is not more exempt from
obedience to this universal précept than he
-who attends him. The soul of man is active
as fire, and can no more cease from being
busy. than water can withhold itself from
running out at every hole of a sieve. Men
should always exert their faculties one way
or other, and there is no’medium between
good aid evil; whosoever is not employed
in the one, must necessarily fall into the
other. These are the points to which all the
Jines of humian actions tend; the center where
all our affairs meet; but though there be no
such thing as mediocrity between these two
extremes , and every man is within the
circumference of virtue or vice, yet there
are certain degrees and steps in each; spe-
cific differences also which take their ri8e_
and proportion from nature, morality and
religion. Thus human providence teaches
us of two evils to choose the least, while
the divine oracle instructs us not to stand
upon nicetigs and punctilios with virtue ,
116 L ART
sentier jusqu’a ce que nous ere ail: a
Vhéroisme.
Peut-ctre étes-vous curieux, de savoir com~
ment j‘emploie mes heures de loisir? je yous
Yapprendrai : je fais des montres, ne sachant
pas comment je pourrais mieux employer le
temps qui me reste, qua fabriquer un ins- .
trument qui me rend Ja marche sensible.
Cette petite machine me rend compte de
chaque minute, et mesure exactement la suc-
cession des heures ; elle se trouve d’accord
avec les années, sans devancer les mois; elle
est le journal du soleil, Je registre fidéle de
sa course journaliére A travers les cieux; en
un mot, le secrétaire du temps, et une his~
toire abrégée de ce prélude de l'éternité.
Puisse le grand Etre qui meut toutes choses
sans étre ma par rien, qui met en mouve-
ment tous les yitekiipte tous les rouages de
la nature, et lui-méme garde un éternel re-
pos, qui embrasse d’un seul coup d’osil le
présent , le passé et l'avenir , nous garder et
nous protéger ici-bas , et nous donner aprés
cette vie une éternelle félicité!
Cartel.
MonstgvR, trouvant beaucoup de mal-
honnéteté et d'impertinence dans les épi-
DE LA CORRESPONDANCE. 114
but push forward till we arrive at he-
roism.
You are, perhaps, curious to know how
I employ my hours of leisure? I will in-
form you then; I make watches, not know-
ing how better to spend my vacant time,
than in framing an instrument whereby I
may perceive how time passes away. This
little engine points out every minute, and
measures exactly the succession of hours ;
it keeps pace with years, yet out-runs not
months, It is the journal of the sun, a faith=-
ful record of his daily travel through the
heavens. In a word, it is the sécrétary of
time, anda conapendliotis history of the first
born issue of eternity.
May the Being who movesall things, yet
is moved of none, who sets all the springs
and wheels of nature a going, yet remains
himself in éternal rest, beholding all things
past, present, and to come, with one undi+
vided glance, guard and protect us here, and
give us eternal happiness hereafter !
Yours, etc,
A challenge.
~ Srx, the epithets which you were pleased
to’ bestow upon my-~ late conduct, being _
118 nie Oe, ERE Nee
thétes, dont il vous a plude qualifier Saing
duite que j'ai tenue en dernier lieu, je vous
demande la satisfaction qui est due a I’hon-
neur offensé; et je vous invite , en consé+
quence , tres instamment, a venir me trouver.
demain avec tel ami que yous jugerez bon;
de choisir, afin de terminer cette affaire ,)
conformément aux lois de Vhonneur. Votre,
irés-humble serviteur, etc. . + il =
:
Réponse.
_ Monsieur , vous é¢tes un jeune homme,,
yous n’avez point de famille; j'ai une femme
et trois enfans; ma vie leur étant chére, me
Vest aussi par cette, raison, et je ne crois pas’
que je pusse me présenter au tribunal, su-
préme, avec le courage d'un chrétien , si je
m’'étais de ma pleine volonté exposé a la
mort, et que jeusse laissé une femme et des,
Seaneb Rs pleurer ma perte; et;pour, quelle
cause ? parce qu'un jeune écervelé,, un léger,
papillon ( comme. je, dois, vous appeler Dy
juge a propos de brdler une amorce. oudeuxe
Si vous desirez que j'aille vous faire raison,
pourvoyez a l’existence de ma femme et de
mes enfans, en cas de"Wanger de mon cété,
et alors je vous donnerai des preuves de ma
valeur. Comme votre fortune, vous.met en
PE LA CORRESPONDANCE. 119
in my opinion, illiberal and impertinent,
I demand that satisfaction due to injured
honour. — And therefore insist upon your
meeting me to morrow , with whatever
friend you think proper, in order to settle
this business, agreeable to the laws of
honour. I am, sir,
The reply.
S1R, you are a young man without a
family ; I have a wife and three children;
my life being dear to them, is consequently
dear to me; nor do I think I could meet
my audit with christian fortitude, did I
wilfully enter the road of death, and leave
a widow and fatherless infants to bewail
my loss! and for what ? because a mere
empty butterfly (as I must call you ) thinks
proper to fire a pistol or two: if you
wish me to meet you, please to provide
for my wife and children, in case of dan-
ger, and I will then prove my valour and
courage. As your fortune enables you to
perform this, if you deny, the cowardice
t20 © - Lar?
état d’acquiescer & ma proposition , si vous
la rejetez, c'est de votre part qu’est la 14-
cheté, et vous devez, en ce cas-Ja, vous
attendre a étre publiquement molesté et a
jamais méprisé par, etc.
D’un frere aind & son frére cadet, sur les
habitudes.
CHER FRERE, je dois vous faire remarquer
comment vous contractez de mauvaises ha-
bitudes de tout genre ; semblables a la che-
mise empoisonnée d’Hercule, elles s’atta-
cheront 4 vous malgré tous vos efforts pour
vous en défaire , et elles vous perdront.
Par habitude, on entend cette coutume de
faire certaines actions comme involontaire-
ment et sans y penser , ou de les répéter si
fréquemment , quelles s’identifient presque
avec nous, et ne peuvent plus étre vaincues
sans une extréme difficulté. De la premiére
espéce est l’habitude impie et grossiére de
jurer , et celle de boire est de la seconde.
Quel motif peut nous porter a jurer? jene sau-
rais le conjecturer ; car comment un homme
peut-il s’égarer assez de la raison et de la
vertu, pour proférer 4 tout moment, avec
irrévérence , le nom a-la-fois sacré et redou-
table du maitre de toutes choses , et s’exposet
WDE BA COKRESPONDANCE. 12f
is upon your, sides and you “must ac-
cordingly expect to be publicly spay
and for ever déspised by, etc.
From an elder brother to the younger, on
habits,
DEAR BROTHER, I must entreat you
will be particular how you contract bad
habits of any kind; like the envenomed
shirt of Hercules, in spite of all your en-
deavours to shake them off, they will hang
upon you to destruction.’
By habit is meant such a custom of doing
any particular action, as to fall into it invo-
Juntarily and ‘widdiOlt thinking; or to re-
peat it so frequently as to render it almost
a part of our nature, nor to be subdued
without the greatest difficulty. — Of the
first sort is the impious and foolish habit
of swearing ; and of the’ second’, that of
drinking. ‘What can be the motive to sweat-
ing — 1 am weary of conjecture, — for
vy any man should depart from reason ,
as well as virtue , so far as to mention
with hourly irreverence the sacred and
‘awful name of the lord of being , and
2. )
ER2 joe ooh AR TD»
au danger habituel du parjure ; car si ce
‘crime du jurement est en partie atténué par
_ laraison quiln’en impose a personne, d'une
autre part, outrage qu il fait a auteur de
toute vérité doit inspirer de l’horreur & tous
tes hommes vertueux. Peut-<tre cette détes~
‘table pratique doit-elle son origine au seul
desir de paraitre male, et de montrer que
Yon est au-dessus de Ja crainte des repro-
ches; enfin, on continue a se donner cet air
pronones , jusqu’a ce que habitude de jurer
devienne indépendante de la peuste, et que
Je jureur soit fui commie un’démon par les
gens pieux, et comme un brutal par les gens
jis.
On congoit aisément lemotif de l'ivrogne-
rie ; Yinclination a la joie, les sollicitations
de Ja compagnie, et Je besoin de satisfaire
son appétit, concourent a faire naitre cette
habitude, Mais. apprenez , mon cher frére,
a. dédaigner cette joie qui se tourne en cha-
grin; & vous refuser \a ces haisons corrup-
trices des bonnes meeurs, et A vaincre ces
appétits que l’on ne doit eedis satisfaire, et
qui deviennent plus exigeans & mesuve qu'on
leur accorde.davantage, Du moins, tvant de
souffhix que cette habitude prenne de lém-
pire , eonsidérez bien quelles co nces ,
DE LA CORRESPONDANCE. 125
subject himself tothe danger of habitual
perjury of which, ‘though part of the guilt
may be extenuated, as nobody i is deceived ,
yet the other part ; which arises from. the
ansult ‘to the author: of truth , no virtuous
being cap ‘conceive without horror. The
oviginal >of \this: hateful practice was ,per~
-haps only ‘the ‘desire of appearing: manly,,-
and shéwWwing that the fear of réprdof is at
-an end; and at last the claim to manhood
is prosecuted, till the practice)is no longer
the :consequence of thought, and the
-swearer is shunned as a demon, by
pious , and asia brute, by the dts
The motive to deinkenness i is easily’ dis-
covered; the. pleasures of mirth, the. soli-
citations of company , and. the calls of
appetite , concur,to, promote it. But Warn F
ny dear brother, to despice ‘that, mirth
of whieh: the end is sorrow. —. to refuse
that communication which corflpts good
manners, and deny those appetites which
ave never,to be satisfied ; demanding more
_as, they, are. more indulged. At least before
vou. suffer this habit ,to “prevail, take a
‘deliberate view. of the consequences which
-must eusue from it. An unfitness and inat-
-
_—
24 SOVAACVOCLia REPO 4.1-50
‘en doivent résulter. Incapacité et inattention
por les affaires, dépravation du goat et des
ancenrs, perte de Tappétit qui 's’émousse ,
Tuine de ja'santé jet peut-étre l'abrégement
‘de vos jours, owle matheur/d'en trainer le
‘reste dans la peine etola:misére, avec un
tempérament détruit 5) une fortune | épuisée
et une’ réputation perdue, une suite de pei.
nes et de besoins; sans méme pouvoir pré-
tendre & la consolation qui nait d'une cons-
cience pureetde l'espoir d'un ayenir heureux.
‘gy Jepourraisaller plus loin, etvous faire your
plusieurs autres exemples des fatales consé-
quences .qu entraine. le défautk de résistance
aux mauyaises habitudes ; mais je me borne-
rai a celles de la paresse et’ de Toisiveté. La
fainéantise est fille de la folie , sceur du vice
‘et mere de I’ ‘infortune. Quiconque se laisse
aller ‘a cette ‘pernicietise habitude, ne peut
‘espérer ‘dé faire des pr ; dans l'étude, ni
“dans aucune espece de science; et il doit con-
‘séquemment renoncer au but glorienx de se
rendre a a la société’, et’de’se distinguer
ane ae jue état i la vie’ “que 'ce soit. On
térir® la'ga ‘sahs une grande
i et the ‘c Mt pplication il
fin A donlmenceh de ‘boiiné *héure Ta te-
cherché, ‘et la pratiquer 1éng- temps, ' Mais
DE LA CORRESRONDANCE. 125
tention to business, a depravity of taste,
and manners, a loss of appetite, a décay.
of health, and) perhaps.a’ sidden!and, un-
timely parent! of your: days or condem-
ndlion- to: the sad.rémamnder of | ‘them. i in
pain and misery , with a *broken. constitu-
tion, a ruined fortune, and a lost reputa-
tion ; a course of pam and Want, unalle-
viated by consciousness of innocence or
hope of ECOPSER TE: o}
2 4 | pF
I might go on to ee you in eral other
instances the fatal consequences of indulg-
ing bad habits ; but I will only mention
that of idleness and sauntermg. Iudoleuce
is the, daughter, of folly, sister of. vice,
and mother of, misfortune, »,, -- whoever
suffers himself.to fall into. this pernicious
habit, cannot hope to make much progress
1 learning or knowledge of any kind, and
conséquéntly must give up the glorious aim
of rendering himself useful and conspicuous
i any capacity, or station. in life. _ Wisdom
is not to be won without, great assiduity
and constant application ; she must be sought
for. early., and attended late; But he. who
consumes his , hours i in idle sauntering , or
buries them in morning slumbers, shal!
¥90. 457 “Lan a Fa
celui qui con son temps dans Loisiveté et le
futilité , ou dans un sommeil prolongé jus=
qu au soi Hons du j jour, ne yerra: pas plus | le
jour brillant de la renommée ‘se lever pour
lui , quil 3 ne voit les” rayons du soleil. -
suis’, mon cher: rere} votre, etc. |
Pour recomamender: un parent a une personne
FET ae de qualité. ee hae thre
Monstevr, la personne qui yiilensiee
cette lettre est mon proche parent ; mais je
in’estimeé gon allié plus encore par Tamitié
que par le sang. Cotvaincu de vos hontés ré~
centes pour moi, jé prends la liberté de vous
Je recommander , en vous assurant que les
services que vous. voudrez bien lui rendre
ajouteront infiniment! aux obligations: que
vous a'votre trés-humble serviteur , 24 oi
ppg Ewes SAely Cy Se Lut) gad
J. 9 Repomse. + waLy
Monsieur, j'ai eu le plaisir d'ayoir hier &
diner votre cousin; la conduite et le main-
tien de be: jeune honaile préviennent telle-
went en sa faveur, y que, pour T amour de lui
aussi bien que de son parent , je ‘Ini rendrai
antant de services: qu ‘il’sera en mon pouvoir
de ls faire. Jé suis voire , etc. |
DE-LA CORRESPONDANCE. 127
never see the light « of fame any ‘more than
that of the sun_-rising upon him,
A ain, my, et saaitname ree Mt
BA 4)9 417
Yours , oto.
Recommending a a relation to a fellas
~ of rank,
Sir, the gentleman who atliadts this
letter is a near relation , but whom I esteem
myself more alligd us by friendship than
consanguinity. Convinced of your late kind»
ness to me, I take the liberty of jrecom~
mending him to your notice, assuring yow
that whatever services are rendered. him ,’
will exceedingly add to the obligations via
sir, your much obliged servant.) |
7
The answer.
S1r,I had the pleasure of your consfn’s
company to dinner yesterday 5 the -yoting
gentleman's conduct and beliaviéur are: so:
very engaging, that, I assure you, both to.
his and his sake viet sake, I shall do alb
in my power to serve him. I am, sir,
Yours, etc.
128 LAR?
Pour recommander un fils a un ami intime,
Monsieur, l'amitié constante et intacte
qui subsiste depuis si long-temps entre nous ,
m'engage & vous recommander le porteur de
Ja présente , qui est mon fils ; je suis persuadé :
que pour l'amour de‘son-pére vous le servi-~
rez de toutes vos facultés. J e demeure. dial
Votre, etc.
é ~ Reponse.
| Monsisva, | vous m’avez rendu un signalé
service en me fournissant une occasion de.
vous prouver mon amitié, J’espére étre
dans pen a portée de vous en donner un
iémoignage , | quoiqu'avec Temploi de tout:
mon erédit, je ne puisse jamais rendre &
votre fils les services quil mérite. - "Je suis
yotre , etc.
Sur la coleére.
Mon CHER AMI, vous desirez connaitre
mon opinion sur la colére ; la voici : lacolére
convient dans certains cas, et dans beaucoup
Wautres elle est criminelle. Un homme in-
sensible aux injures serait une créature sans
ame 3 mais alors sa passion doit étre passa-
gére, elle doit étre retenue par Ja pitié, et
.
DE LA CORRESPONDANCE. Te
Recommending a a son to an intimate Sriend,
Sir, the javigtated friendship. which has
subsisted so - dong, betyyeen us, induces me
to recommend to your, notice the béa Yer. ;
who. is my son; persuaded that for his
father’s sake , you wvill serve him according”
to the. best. of your sun I remain, , Sir,
eo a a bare Your's, bie
The pg EOL |
Srr, ek have wabpediant y obliged n me,
by giving me an opportunity of proving my
frienship..—,.1 hope, shortl¥ .to be able to.
afford a test; though , notwithstanding, I
shall use all my OG I never shall
beable’ to sérve: your soni as moe as he
deserves. 1 am eirg es ne OM
“Your's y eid,
a at
DEAR SIR, you, wish to, ‘know. my
opinion of, anger 5 in some; instances it is
proper, and in many others “sinful, A man
would be a very inanimate, creature indeed,
if he were not susceptible of inshlts » but
then. his passion: should be momentaty
under the controul of, pity; Pi, gratnee
(oe
£4 i RLA Co
150. uAanT
portée, au pardon. Un pére est ayec justice
irrité contre son fils, lorsqu’il le: chatie pour
tine fate’; jé suis ‘fact contre mon’ ‘ami,
lorsque jell reproché ses’ dxeltubtiiancien
‘Nous lisons dans les 'saintes écritures : Met
tez-vous en colére et ne pév-hez pas. On peut
donc se mettre en colére; mais lorsque cette
passion secoue le frein de la raison, ellede+
vient péché. Elle aveugle celui «qui s'y livre;
VYhomme en colére tempéte-en vain, car celui
qui dispute de sang froid gagne son procts.
Tl est donc de notre devoir de réprimer ces
saillies de la colére, avant qu’elles aient oc~
casionné hien des maux, Telle est feiphition
‘de votre, etc.
D'une tae & son amie , sur les. privautds
gue se permettent les gens mariés , en prés
sence de leurs amis.
Vous me demandez, ma chére Jenny ,
pourquoi je ne me marie pas. Je vous ré-
pondrai en deux mots, et vous donnerai deux
motifs essentiels. Je crains que mon mari ne
me haisse' trop, ou ne soit trop amoureux de
moi, car je trouve autant @inconvénient &
Pun qu’a l’antre. Vous ne pouvez imaginer
quelle profonde aversion jai congue pour tou-
tes Ces gunuyeuses caresses t ces minauderies
DE LA CORRESPONDANCE. 15D
to forgiveness. The father is justly angry
with his child, when he chastises him for
an error; 2 am angry with my friend,
when I reproch. his folly : In sont 6 We
read « Be angry and sin not » — aman
therefore may be angry; but when anger
is uncontrouled by reason, it then becomes
a sin,: The transgressor is blinded with
passion; the angry man rages in vaiini,- for
a cool disputant gains the cause. It is there-
fore our duty to check these sal es of
anger, before it is too late by being the
cause of many evils. Such is the opinion
of, sir, ' bahia
Your's, etc...)
A lady to her friend, on the fondness, of
married people, before friends... | °°
You ask me, dear. Jenny,, why I don’t
marry ? [ shall be brief, and give you,
two very substantial reasons: I am afraid
my husband may either hate me or be
too fond of me, for one f think, as bad
as the other. You cannot conceive what,
an utter aversion I have taken to the |
disgusting Jovees and dearys of married
people, Mr. and Mrs Honeycomb, who are
ie. LAR
de amour conjugal, M. et Ms« ** qui sont
cotistamment ici, sont'si souvent pendus aw
cou I‘ui de l'autre dans leurs embrassemens;:
que je ne puis éviter de le remarquer. La mo-
destie rongit de ces familiarités, et j'ai tou—
jours été d’opinion.quiim amour si difficile &
contenir devait bientét s’\écouler tout-d-fait,
et Jaisser le vase entiérement vide. Je’ suis
trés-sincérement , votre , etc. "t
D'un homme. san’ s facon, a un ami cérémo-
nieux.
MoncHER JACK, si vous tenez aux for-
mules, aux complimens et a tout ce qui s'en-
suit, je prévois queje naurai jamais le plaisir
de votre compagnie. Je n’ai que du dédain
pour ce qu'il vous ‘plait @appeler etiquette:
Si done vous attendez que je vous fasse ma
visite, je ne sais quand cela sera, car ja-
mais je ne sors dans la seule yue de faire des
visites', ce qui ne s’accorderait pas du tout
avec mes affaires. En un mot, pour couper
court ¥ toute cérémonie (car je hais les ¢éré-
monies, et suis un homme sans facons, ) je
dine tous les jours 4 trois heures , et jé ne
voudrais pas passer cette heure, pour. le
meilleur ami du monde. Toutes les fois quil »
vous prendra fantaisie de venir chez moi
“DE LA CORRESPONDANCE. 133
constantly here , ate so frequently lolling
on each other, and kissing, that I could
not forbear taking notice. Modesty blushes
at the sight, and it is always my opinion
that such overflowing love will soon be
overturned, and leave an empty vessel.
Tam, ) 2
. Your's sincerely, etc.
From a plain gentleman to a ceremonious
Sriend.
Dear Jack, if you wait for forms
and compliments, and so forth, I shail
never , I foresee ,. have the pleasure of
your company, — 1 despise what you are
pleased to term the etiquette ; therefore
if you wait for a visit from me, I do not
know when it will be, for I never walk
that way; it is, so inconvenient to my
business: in,-short, to.;wave., ceremony
(for I hate ceremony, being alwaysa pkiju
man) I dine every day ,' at’ three’ o'clock ,
nor would I exceed that hour for the best
ifriend iu the world! Whenever you are
nclined to dirty one of my knives and
134 yng) a
graisser lafourchette et le couteau, vous ses
rez le trés-bien venu, pourvu que vous évi=
tiez de gdter mon parquet par des saluts, car
je les déteste.
Lettre plaisanted’un ami @ un autre, sur lin
desirs,
Je dois convenir avec notre ami Horace
que quelques biens que nous possédions, nous
aspirons toujours & en, posséder davantage.
J’ose dire qu'un homme qui serait maitre du
monde entier, voudrait encore en avoir un
autre. Bref, nous ne pouvons jamais étre con-
tens. Notre main droite est-elle remplie ,
nous étendons encore la ganche ; et 8i la pro-
vidence lesremplissait toutes deux ,nous em-
pocherions ses présens, et les tendrions en~
core pour en obtenir de nouveaux. Je me
flatte cependant de faire exception A cette
régle. Le ciel m’a donné une femme, j¢
nen ai jamais desiré deux ; j'ai trois en-
fans, et n’en ai jamais Hesiré davantage ;
mes amis aussi sont si nombreux, que j/a—-
voue avee reconnaissance en avoir assez.
Je suis votre, ete.
DE LA CORRESPONDANCEH, 155
forks, you are exceedingly welcome, pro-
vided you will not dirty my room with
scrapes and bows, for I hate them.
A humorous letter from a friend to another ,
upon wishes.
I must agree with our friend Horace ,
that notwithstanding all our possessions,
we fain would be having more; if a man
had a whole world, I dare say he would
wish for another: In short, we are never
to be content; though our right hand he
full, we would hold ut the left; and should
Brovidanes overload both , we would,
doubtless, put the gifts into our een
and empty our hands for futtire favours’
however I presume that I am an exception
to this rule —. Heaven has given me a
wife ; I never désire to have two! I have
three children , and never wish to have
more! My imends too are so numerous,
that , with gratitude, I confess I have
enough, E am, sir,
Your's, etc.
¥36. ‘imal L ART
D’un monsieur & une parénte de'son amie}
# sur la chastetd. Mv
Curre Nancy, Be toutes les graces qui
font l’ornement du sexe, i!'n’en est pas, a mon |
avis, qui lui concilie plus puissamment les=
time du monde que la chasteté. Sans elle l’es-
prit n’est qu’impertinence, et labeauté diffor-
mité. La pratique en est particnli¢rement re-
marquable chez les anciens. Cette qualité, la
plus éminente du sexe, brille des plus vi-
ves couleurs dans la personne de Lucréce.
Aprés avoir repoussé avec une juste horreur
les poursuites de Sextus , elle se vit enfin con-
trainte, par une dure. wécessité , de condes-
cendreases infamesdesirs. Voyant que toutes
les tentatives de la séduction étaient inutiles ,
il eut recours aux menaces. Si vous ne vou-
fez, lui dit-il , vous soumettre a satisfaire la
passion que votre beauté a allumée en moi,
ye vous percerai de cette épée vous et un dé
vos esclaves , et je dirai que je vous ai tués
tous deux consommant l’acte d’adultére. I}
n'y avait point d’alternative, il fallait que
Lucréce cédat aux sollicitations d’un auda-
cieux usurpateur des droits de son mari, ou
PE LA CORRESPONDANCE. 157
Fro rom gentleman to a ae s ae on
Ns 7> Sane
jhtay eM Lit ee! /
DEAR Paws otal the graces which,
adorn the conduct of females, none, I think,
can more’ powerfully operate to preposses
mankind in. their favour than chastity.
Without it, wit is impertinence, and beauty
abject deformity. The ancients, were par-
ticularly, remarkable for this virtue. In
the character of Lucretia, this eminent fe-
male quality is described in the most lively
golonrs. After having with just abhorrence
rejected the embraces of Sextus , she was
at last, through absolute necessity, obliged
to rich: to, his outrageous, request. ‘Abas,
finding her. inexorable to his intreaty, he has
recourse to menaces. He said; « unless, you
will suffer me to gratify a passion which
your beauty has kindled, I will put you
and one of your slaves to the sword, and
report I killed you both in the “th act
of adultery. » There was no alteruative ;
she must be either stigmatised for an un-
lawful intercourse with her slave, without
possibility of vindicating herself, or yield
to the sollicitations of a base usurper of her
“husband's rights. What a conflict between
158 LART
mouriit couverte d’opprobre pour une. liai-
son illégitime avec son esclave. Quel conflit
entre Wes devoir et la honte , sans possibilité
de pouvoir sé Vecesiat
Le lendemain de bonne heure elle envoya
ehercher son pére et son €poux , et apprit &
celui-ci que sa couche avait été violée. Ts
firent tous leurs efforts pour Jui persuader de
éalmer ses esprits agités , et Lui promirent de
venger l’outrage fait asa chasteté; mais tou-
tes leurs supplications ne purént rien obtenir.
Elle prit un poignard qu’eHe tenait caché sous
sarobe, et, se leplongeant dans le coeur, elle
déclara que jamais femme survivant 4 la
perte de sachasteté n’aurait & citer Pexem-
ple de Lucrécé pour sa justification. Nous
voyons dans cette histoire une admirable
peinture'de Ja chasteté du sexe, qui n’éclate
pas moins dans la personne de Pénélope.
Ulysse , son mari , apres s‘étre trouvé au
siége de ‘Troyes , éprouva des malheurs sans
nombre, tant sur terre que sur mer, et Join
de sa maison. Une multitude de prétendans ,
pleins @admiration pour Pénélope , eurent
recours 4 tous les artifices imaginables pour
en faire leur conquéte. Mais elle ferma
Yoreille 4 leurs propos séducteurs et a leurs
7
DE LA CORRESPONDANCE. 13g
duty, and shame, without the possibility
of excu!pating herself. She who had hitherto
shewn herse!f proof against the artful insi-
nuations of her seducer , was now obliged
to yield to his meuaces. :
Early next morning she sent for her father
and her husband, letting the latter know
his bed was violated: They, besought her
to ease her agitated mind, and promised
to vindicate her injured chastity ;. but no
entreaties could prevail. She took a dagger
which she had concealed under her gar-
ment, and plunging it into ber: heart,
declared that no one should live unchiasie ,
and cite Lucretia as an example to sane-
tion the deed.-In this story we see female
chastity admirably pourtrayed, nor is it
less so in the character of Penelope. Her
husband. Ulysses, after having assisted at
the siege of Troy, endured innumerable
hardships by sea and Jand, and at a great
distance from his home. Many suitors ad-
mited Penelope, and’ had recourse to every
imaginary artifice to make a conquest’ of
her. Bust she lent a deaf ear to their eu-
treaties and menaces, and preserved her
140 LAKT
_
menaces, et conseryasa yertu intacte avec un
courage invincible. Elle préféra son époux ,
lorsqu'il revint vieux et décrépit, 4 toute la
splendeur des cours set ala pompe éclatante
des rois.
Tmitez , ma chére Nancy, ces nobles
exemples d'une chasteté sans égale, qui vous
sont présentés par un ami aussi affectionné
que le serait un parent, un homme jaloux de
contribuer a votre bonheur, et sincérement
dévoué a votresexe, Votte; et.) 5, 50 6)
D’une fille & sa mére.
MA cHERE MAMAN, jai saisi la premiére
occasion de vous faire de sincéres remercie-
mens de la preuve évidente de tendresse ma-
ternelle que vous me donnez, en me confiant
aux soins d'une femme shimano, qui me
Yappelle souvent ma chére maman par sa
tendre amitié. Il est impdssible de ne pas
profiter de ses instructions; elle les donne
avec tant de douceur. I] ne me manque rien
pour. étre parfaitement heureuse , excepté
votre agréable présence ; mais, comme je sais
que c'est pour mon bien, je tache de m/ac-
coutumer a notre séparation : le temps vien-
dra bientot, j’espére, ou je pourrai voir ma
chére maman, et lui dire de vive voix que
je suis sa trés-soumise fille,
DE LA CORRESPONDANCE. 141
character inviolate, with the most invin-
cible fortitude — She preferred her hus-
band on his return, old and decrepit, to
the splendor’ if pears sp equipage: of
Kings.)
“Copy, my" ‘aan Nancy » the examples
‘of unparalelled ‘chastity ’, which are com-
municated by ‘dn affectionate friend as
well as a relative , who is studious for
your wellare ; and attached to your sex.
ean ba etc,
cou | Brom, a. daughter to -her mother.
~My pgar mA mara, I have seized the
earliest opportanity of returiing sincere
‘thanks for this evident assurance of mater-
nal affection , in placing me under the care
ofa worthy woman , who often reminds
me of my dear mamma, by her ‘motherly
affection.“ It is fiipedsibla to’ overlook’ her
inStructions; she takes such’ gentle means
of giving them. I want nothing to make me
‘completely happy , except your agreeable
“presence ; but'as I know it is for my good,
‘T endeavour to ‘reconcile myself to our se-
"aration 5 ; the time ;'I hope,’ will’ ‘shortly
“come, when’I shall see my "dear mamma,
and declare’ yself in person her most ali
tiful daughter, etc.
449 oven er MRT
i bak Réponse de la mére.
Cutire Henriette, votre lettre m'a
fait un plaisir inexprimable, chaque ligne
étant évidemment dictée par le cceur. Je
suis charmée d’apprendre, par les lettres
de monamie , que vous faitesde rapides pro-
grés dans votre francais, je veux dire que
vous donnez une attention particuliére a vo-
tve grammaire, ce qui ne me donne pas peu
de satisfaction ;-car je vous assure que rien
ne fait tant @honseur 4 une demoiselle que ~
d'écrité ct de parler correctement:combien
de jeunes personnes de notre sexe se rendent
ridicules par de mavyaises phrases et de faus-
ses consonnances! Je ne voudrais pas que mon
enfant fit pédante et affectée; c'est une er-
eur de croire que le savoir dans notre sexe
soit toujours accompagné d'une ridicule pé-
danterie; celles qui tirent vanaté de leurs
talens sont ignorantes et vaines.; et,ce sont
celles qui ont Je plus de prétentions qui sont
ordinairement les moins instruites. Naffectez
jamais, ma chere Henriette, aucune supério-
rité en connaissances; que votre. style soit
toujours simple et familier, mais exempt
d’ex pressions vulgaires; ne faites jamais usage
d'un mot que vous. ne comprenez pas parfai-
BE LA CORRESPONDANCE. 143
The mother's answer.
Dearest HaRRtior, your letter gave
me inexpressible happiness, as every line
‘evidently proceeded from the heart. I re-
joice to hear , by letters from my friend,
that you make a rapid progress in your
French. You pay uncommon attention, I
understand , to your grammar, which gives
me no little satisfaction; for I assure you,
Harriot, nothing redounds more to the cre-
dit ofa young lady, than writing and speak-
ing correctly ;— how many of our sex ex-
pose themselves, by corrupt phrases and
false concords. I would not that my child
should be pedantic and over-nice; — it is
amistaken notion to think that learning, in
our sex, isalways united with stiff pedan-
try — they are ignorant and vain, who
make ‘a boast of their qualifications ; and it
is those who pretend to most, that are ge-
nerally the least endued with understand-
ing. Never, my dear Harriot, affect supe-
riority of knowledge; let your style be al-
ways plain and familiar, but exempt from
vulgarisms; never make use of a word you
do not perfectly understand; IT have often
blushed for many-a young lady , nay, many
agq foray 6n2k RPO AU Te
tement; j'ai rougi souvent pour plusieurs j jeu-
nes domoistilens et méme pour plusieurs j jeu-
mes gens, qui s‘étaient servis d’expressions
tout-a-fait étrangéres a leur sujet; cette igno-
rance manifeste est produite .par. une 'pré-
-somption manifeste : je suis sire que ma chére
Henriette , connaissant combien. je suis enue~
mie des répétitions, criliquera et trouvera
mauvais mes manifestes : mais faites atten-
tion que, quand une répétition donne de Ja
force @ une assertion, c'est alors, qu'au lieu
_ déire une faute, elle est regardée comme une
_beauté : il ya des répétitions dans nos poétes,
‘qui ajoutent beaucoup a leur force et & leur
énergie, Je suis fire de trouver ma ehére
Henriette si correcte dans son orthographe ;
rien ne distingue tant la correspondance d'une
femme que cette attention; une jeune demoi-
-selle devrait toujours avoir son dictionnaive
prés d’elle, et ne jamais écrire un mot sur
Jequel elle aurait leanoindre doutes Quelques
_orgueilleux imbécilles ont prétendu qu'on
ne devait pas attendre une bonne orthographe
de la plume d'une jeune demoiselle; et pour-
quoi non? Ne regardez-vous pas, ma chére
enfant, cette observation comine une insulte
faite a notre capacité? Ne sommes-nous pas
douées des mémes moyens dacquérir des
DE LA CONRESPFONDANCE. 143
-of the othet sex too, who have introduced
expressions quite foreign to their intended
meaning; — this downright ignorance pro-
ceeds from downright arrogance : I-dare
say, my dear ‘Hartiot , knowing what ala
enemy I am to répétitiows, will now torn
critic, and find fault with my downrights :
fi take notice that when a répetition
enforces an assertion; it is then, instead of
being a fault, deemed a beauty: there are
many lait nt in our pdéis, which ina
great, measure add to their force and enérgy.
I am proud to find my dear Harriot so
correctin her spelling; there is nothing dig-
nifies.a female letter more than this atten-
tion;.a young lady should always have her
dictionary | near her, and never commit a
word to paper, that she entertaiys the léast
doubt of. It has been: rémarkgd ‘by ‘some
conegited , empty fols, that good spelling
is not to be expected from the pens of young
ladies ;and why not? Do yob not, my dear
child, feel this declaration as ai insult to
our oh ferstanding? are we not endued with
the same capability of acquiring learning as
a man? are we not equally docile, and
2, Se
146 LART :
sciences que les hommes? Ne sommes-uots
pas aussi dociles, et ne serons-nous pas aussi
instruites ? Si toutes les femmes sentaient
comme moi cette assertion, elles sefforce-
raient de prouver qu'elle est fausseetabsurde,
elles s'appliqueraient davantage a l'étude, et
convaincraient le monde qu'une Smith peut
€crire aussi bien qu'un Cumberland ; une
Robinson ou Inchbald, aussi correctement
qu’un Burgoyne. Je n’ai pas besoin d’en dire
davantage pour vous convaincre, ma chére
Henriette , de la nécessité d’apprendre. J’es-
pére qu'elle possédera sa propre langue avant
d'entreprendre d’en étudier une autre ; car il
arrive trop souvent qu'une jeune demoiselle
veut commencer le frangais avant de savoir
Yanglais; et les jeunes gens aussi essaieat
d'apprendre le latin avant de pouvoir lire la
Bible , deméme le grec , avant de connaitre
les rudimens de la langue latine; la fatale
conséquence est que , lorsqu’ils quittent leurs
études , ils n’en savent aucune. J’espére sur-
prendre bientét ma chére Henriette , en lui
faisant une visite inattendue, et lui prouver ,
en lui faisant un joli présent, combien je suis
gon affectionnée mére.
DE LA CORRESPONDANCE. 149
shall we not be equally improved ? —
uf every female feels this saying as I do,
they would be stimilated to prove it absurd
-and false; they would apply themselves
more to sttidy, and convince the world,.
that a Smith can write as well as a Cum-
berland — a Robinson — or Inchbald —as
correct as a Burgoyne, I need not add more
to convince my-dear Harriot of the utility
of learning. I hope she will make herself
mistress of her own language, before she
attempts to learn another; for it is too often
the case that a young lady wyill begin french
-before she knows english; and young gentle-
men as frequently attempt latin, before
they can read the Bible; in like manner,
-greek , before they are acquainted with the —
Jatin rudiments; — the fatal consequence
is, that when they leave their studies, they
are ignorant of all! I hope to surprize my
dear Harriot shortly, by paying her an un-
expected visit, and giving her an agreeable
present, to prove myself
Her affectionate mother, etc.
148 oahowetwas |
Lettre ¢ a une jeune debe 4 contenant des
notices sur l ‘histoire des premters siécles,
¥
Cuine Jute, le plaisir et I’assiduité avee
lesquels japprends que vous continuez ‘vos
études~ me donnent beaucoup de satisfac-
tion, et je ne saurais trop vous louer du'de-
git que vous témoignez de savoir en. quel
temps les monarchies ont commencé, et de-
puis quand Jes hommes ont bien voulu se
donner des maitres. Cela est, en vérité, bien
digne de votre curiosité ; aussi vais-je, de
tout mon cceur , tacher de la satisfaire.
Depuis Adam jusqu’au déluge, ¢ ‘est-a-dire,
pendant l’espace de plus de seize cents ans ,
les hommes vécurent dans tine parfaite i- |
berté et une parfaite indépendance. Chaque
famille était comme un petit état , dont le
“pére était le chef, qui ne connaissait point
“d autre supérieur, Comme ces premiers hom-
mes, encore neufs dans ce qui est mondain,
vivaient sans ambition , leurs desirs étaient —
bornés par | les limites de leurs héritages. Ils
m’avaient pour toutes richesseS{ue quelques
troupeaux , » qui s¢ servaient ales nourrir et a les
vétir. Ces premiers hommes commirent de
tels crimes , que la justice de Dieu en fit un
grand exemple , et les extermina dans ux
vO
DE LA COMRESPONDANCE. 14g
A eer to a young lady, ; containing. notices
on we history a the Jase, ages. CR
Dex n JuLra, the pleasure asilctis.
duity with which I hear you ‘prosectte
your studies, afford me a great satisfaction,
and I cannot too much commendyou for
the desire you manifest to know in what
time monarchies have begun ; and how long -
itis since men consented to give themselves
masters. Itis,indeed , well worth your cu-
riosity, and I will most-heartily endeavour:
to gratify it.
From Adam to the deluge, that is to say 3
during the space;of more than sixteen hun=
dred years, men lived in perfect liberty
and compléie independence, Every family
was like a little state, the father of which
was the chief who knew none above him-
self. Those first men being then unexpe-.
rienced in worldy affairs, lived without am-.
bition; their wishes. went no farther than
the bounds of their inheritances; their only
riches consisted ina few flocks which afford-
ed them food and raiment. Those. first men
committed such crimes thatthe divine jus-
tice made a great example of them, and des-.
troyed them iu an universal flood. From that
150 L’AR®
déluge universel. Depuis ce temps-la, les
trois enfans de Noé, que Dieu avait conservés
avec leurs femmes pour repeupler le monde,
partagérent entre eux Ja terre, et furent les
chefs des différens peuples qui se répandirent
dans tout l’univers. Ce fut vers cetemps-la que
jes hommes perdirent leur liberté. Nemrod,
homme remuant et ennemi du repos, ne se
contentant pas de son patrimoine , voulut.
-usurper les terres de ses voisins ; et, aprés.
avoir envahi leurs héritages, il les soumit &
sa domination, et se fit une espéce d’empire-
a Babylone. Ce n'est done point par leur
choix que les hommes se sont donné des mai-.
tres ; ils ont été mis sous le joug par la force,.
et par la violence des preiaiers conquérans.
Le mauvais exemple de Nemrod encouragea
encore quelques autres , qui se firent rois aux
dépens de la liberté publique. Les armes que
tes hommes avaient d’abord inventées pour
se défendre contre Jes bétes farouches, fu-
rent tournées contre les hommes mémes, et
servirent a les assujettir. Ninus, fils de Bel,
fonda le premier empire des Assyriens, dont
le siége fut établi a Ninive, ville ancienne et
déja célébre. Le fameux empire des premiers
Assyriens dura, selon quelques historiens ,
treize cents ans. Il tomba enfin par -la
DE LA CORRESPONDANCE. 158
time the three sons of Noé, who had been pre-
served by God, with their wives, inorder to
repeople the world, divided the earth among,
themselves , and became the chiefs.of various
nations that spread themselves in the whole
universe. It was about that time that men
Jost their liberty. Nemrod, a stirring and rest-
less man, dissatisfied with his patrimony,
attempted to usurp the lands of his neigh+
bours, and after having violently seized upon
their possessions , put then: under his do«
minion, and made himself a kindof empire
at Babylon. It is not then by their own
choice men have given themselves masters ;
they have been put under the yoke by force
and by the violence of the first conquerors.
The bad example of Nemrod encouraged
some others who made themselves kings
_ at the expence of public liberty. The arms,
invented by men, at first as a défente against
wild beasts, were turned against themselves.
and served to bring them under subjection.
Ninus, the son of Bélus, founded the first
Assyrian empire, the seat of which was
settled at Nineveh , an ancient and already
renowned city. The illustrious empire of
the first Assyrians lasted, according to some
historians, during the space of a thousand
152 LAT
mollesse de Sardanapale, qui se plongea dans
plusieurs sortes de débauches et de voluptés,
Les Médes se révolterent les premiers contre
‘ee roi efléniiné ; tous les autres peuples, ses
stijets. le méprisérent a leur. exemple , et le
réduisirent a de: si grandes extrémités , qu il
fut contraint de se braler lui-méme ayec ses
femmes, complices.de ses débauches.. Trois
royaumes se formérent des débris de ce grand .
empire. Le reyaume des Médes fut trés-flo~.
rissant. Peu de temps aprés Ja mort de Sar-
danapale,, commenga le second empire as-
syrien.,. dont Ninive fut; la capitales, Le
royaume de Babylone est trés-célebre dans. ~
histoire sainte, parce que Dieuse seryit sour
vent. des, armes de ces rois idolatres. pour
chatier lidolatrie et les autres crimes de son
peuple. Achaz, roi de Juda , pressé par ses
ennemis , implgra le secours du premier roi.
d’Assyrie ou de Ninive, et apprit.par ce.
moyenaux Assyriens le chemin de la Judée;.
quils rayagérent plusieurs fois, et dont ils.
firent enfin la conquéte. Ls pillérent le fa-
meux temple de Salomon , ou ils. trouvérent
des richesses immenses, et un amas prodi~
gieux de vases d’or et d'argent, destinés aux
sacrés mystéres. Ils emmenérent a Ninive et
& Babylone les Juifs. Salmanazar renyersade
DE LA CORRESPONDANCE. 153.
and, three’ hundred’ years’: it fell at last
through the',efleminacy of Sardanapalus ,
who weltered i in, lewd ness and sensual plea-
ures. The Medians first reébélled against this
effeminate king; all the other nations, his
subjects , following their example, despised
him, and brought him to so great extremi-
ties , ‘that he was constrained to burn himself
ili? his women , who I had been the accom-
plices of His' débaychéries. Three kingdoms
were formed from the ruins “of that great
empire; that of the Medes was very flourish-
ing. A little while after the death of Sarda-
napalus, began the second. Assyrian empire,
and Ninévéh was its chief-city. The Baby-,
lonian, empire. has a great famejin the sacred,
history, because the arms of those idola-
trous kings were, often employed by God,
for the punishment of, the idolatry and they
crimes of his people. Achaz, king of J Juda,
pursued by his enemies, implored she agsis-
tance of the fitst king of Assyria or of Ni-’
neveh, and shewed’, by these means, to the’
Assyrians , the way to Tuded, which they
pillaged cévraltimes, and at last conquered.
They plandéred the fa amous temple of Salo
mon'; where they found an immense quan-
tity of richesyand a prodigious heép of f golden,
Yi
rh = L’ART
fond en comble le royaume d'Israél, Romus
Jus et Rémus, sortis des rois d’Albe , fon+
dérent la ville de Rome, capitale de l’em-
pire romain, environ 753 ans avant Jésus-
Christ. Cyrus, général de l’armée de Cya-
" xare, que le prophéte Daniel appelle Darius
le Meéde, Cyrus, dis-je, fils de Mandane et
de Cambyse , roi de Perse, aprés plusieurs
grandes victoires, réunit le royaume des Per~
ses A celui des Médes, devint le maitre de
tout Orient, et fonda le plus fameux em-
pire qui eit été jusqu’alors dans le monde,
Quoique les Médes fussent déja puissans
avant que Cyrus eiit réuni les deux monar-
chies, cependant leur puissance n'égalait pas,
a beaucoup prés, celle des rois de Babylone ,
que Cyrus vainquit par les forces réunies des
Médes et des Perses. Ce grand prince ne se
vit pas plutot maitre de ce vaste empire ,
qu ‘il permit aux Juifs, captifs depuis plu-
sieurs années, de retourner en Judée, sous la
conduite de Zorobabel , et de rebatir le tem-
ple de Jérusalem. La famille de Cyrus 's’é-
teignit au bout de quelque temps. Darius,
fils- d'Hystape , que quelques -uns croient
avoir été |’ Assuérus dont il est ‘parlé au livre
NE LA CORRESPONDANCE. 155
and silver vases, destined for the sacred
ya They carried away the Jews to
Ninév and Babylon. Salmanazar entirely
ruined the kingdom of Israél. Romulus and
Remus déicended from the kings of Alba,
founded the city of Rome, the capital of
the roman empire, about sevev hundred
and fifty three years before J. C. Cyrus,
the general of the army of Cyaxaves, whom
the prophet Daniel distinguishes by the
name of Darius the Median , and who was
the son of Mandana and Canibyeas, king of —
Persia, anitéd after several great victories, -
the kingdom of Media witlr that of Persia,
made himself master of all the East , and
founded the most famous empire that had
ever been seen in the world. Though the
Medes were already powerful before Cyrus:
had united tlie two monarchigs yet their
power was far from equalling that of the
Babylonian kings, that Cyrus vanquished’
with the unitéd Persian and Median forces.
This great prince no sooner saw himself
master of that extensive empire, than he
gave léave to the Jews, who had been cap-
tives for several years, to return into Judea,
under the conduct of Zorobab¢l , and to build:
again the temple of Jerusalem, Cyrus's fa-
156 L ART
d'Esther , fut élevé a l'empire.. Ce fut pen
dant lerégne.de Darius que Rome et Athénes
devinrent des républiques, aprés avoir chas-
sé leurs tyrans. La mort de Lucréce, qui
avait été violée par Sextus, fils de Tarquin le:
Superbe , anima les Romains Ala vengeance,
et leur'inspira le dessein de conquérir leur
liberté. Les rois furent bannis pour toujours,’
et Rome devenue libre fut gouvernée par
des consuls. Peu s’en fallut qu’Athénes ne
fat accablée par la puissance des. Perses dés
le commencement de sa Liberté. Darius en—
voyaunearmée formidable contre la Gréces.
mais cette armée fut détruite dans la plaine,
» de Marathon, par Miltiade, qui ne comman=
dait que dix mille hommes. Xerxés,, fils de
Darius , fit de nouveaux efforts pour venger’
Yaftront que les Perses'avaient recu par une
si grande défaite ; miais ifn’eut pas un mreil-
leur succés que son pére. Son arniée , com
posée de douze cent mille hommes, fut ar
rétée au passage des Thermopyles, par trois
cents Lacédémoniens , que‘Léonidas, roi de
Sparte, conduisait. L’armée nayale de Xere,
xés fut battue ADRS de Salanune, Xerxés liz,
méme fut tué ja méme anade par Artaban,,
DE LA COMRESPONDANCE. 157
mily became extinct.a little while. after.
Darius the son of Histaspes , who-is thought
by some to have been the Assuerus men-
tioned in the book of Esther , was raised to
the empire. It was during the reign of Da-
rius that Ronie and Athens became repub-
lics, after having expulsed their tyrants,
The déath of Liicrécia , who had been vio= -
lated by Sextus the son of Tarquiuius the:
Siipetb, stitred the Romans up to» ven
geance, and inspirfd them with the design:
of conquering their libérty. The kings-were:
banished for ever; and. Rome then. free,
was govérnpd by .consuls.. Athens.,in, the.
birth: of its independence, was like to be
uy Jub.
overwhelm¢d by the power of the,Persians.
Darts sent against Greece a formidable
army; but it was defgated in the playa of
Marathon by Miltiades; who had but ten
thousand men tinder his command. Xerxes’
the son of Darius, attempted by new endea-
vours, to avenge the dishonour fallen om
the Persians by so great a defeat : but he
had not a better success than his father; his:
army consisting of twelve hundred thou-.
sand men, was siopped at the dehfle.of the
Thermopy!ds, by: thrée hndred Lacede-
monians,-under the command of Leonidas,
158 L’ART
son capitaine des gardes. Cependant les
Macédoniens , destinés a renverser l’empire
des Perses , commencaient a se signaler
sous Philippe, pére d’ Alexandre le Grand.
Apres vingt ans de victoires, il se rendit
enfin maitre de toute la Gréce par la bataille
_ deChéronnée, qu’il gagna sur les Athéniens
et sur leurs alliés.. Alexandre, qui n’avait
alors que dix-huit ans , fit des prodiges de
valeur pendant la bataille. Aprés tant de
succés , Philippe forma le dessein: d’abattre
Ja puissance des Perses, et se fit nommer ca~
pitaine-général des troupes de la Gréce; mais.
il futassassiné au mulieu d’nn festin par Pau-
sanias. Alexandre, qui n’avait pas moins de
eourage et d’ambition que son pére, se mit a
la téte de ses Macédoniens et des autres Grecs
qui s'attachérent a sa fortune. Tl attaqua Da-
' rius, roi de Perse , qu'il vainquit en trois ba-
tailles rangées; et, aprés avoir porté ses ar-
mes victorieuses jusqu’aux Indes , il vint
mourir 4 Babylone, a la fleur de son age, et
au milieu de ses triomphes.. Vous voyez ,
mademoiselle, d'un coup d’ceil , comment
les monarchies ont succédé les unes aux au=
tres, et quels ont été les empires qui se sont’
DE LA CORRESPONDANCE. 159
king of Sparta. The fleet of Xerxes was
beaten near Salamine. Xerxes himself w4s
slain the same year; by Artaban , his captain
of guards.. However the Macedonians, de-
signed to overthrow the persian empire,
began to grow famous under Philip, the
father of Alexander the great. After a great:
number of victories ,.during twenty years ,
he made himselfmaster ofall Greece, by the
battle of Cheronea, which he won against
the Athenians and their allies. Alexander,
who was then but eighteen years old, made
prodigies of valour during the battle. After
so much suceess, Philipp framed’ the de-
sign to, eniethioe the Persian power, and
caused himselfto be named captain general
of the Greeks; but he was murdered in a
feast’ by Pausanias, Alexander who had as
much courage and ambition as his father,
put himself at the head of his Macedonians
and other Greeks who united themselves
with his fate : he attacked’ Darius king of
Persia, whom he vanquished in three pitch-
battles ; and after er having carried his arms
ven into the Indigs , he came and died at-
Babylon,.in the bloom of his age, and in
the middle of his-triumphs. You see , miss,
at one view, how monarchies have succeeded
one another, and’ which were the empires
Bo rey i BTARMOD 4.
rendus les plus célebres, emcommencant pew. |
de temps aprés le deluge ; car , pendant seize
cents ans, les hommes avaient vécu sans rois.,
Les Assyriens, les Medes, les Perses , les
Grecs et les Romains se sont,rendus tour-a=
tour redoutables par la grandeur de leur puis~
sance, et par le nombre de leurs victoires.)
Depuis que ambition de certains hommes,
leur inspira le dessein de s’élever au-dessus
des autres-et “de les assujettir, le.peuple a
toujours été la victime des plus forts, qui
se sont disputé l’empire du monde, He qui
ont cimenté leur autorité par, le sang: des.
malheureux. >
Lettre & la méme personne , sur Thies
romaine.
_Aprés la mort d’ Alexandre, on ne trouva’
" personne capable de lui succéder et de réunir,
sous un méme chef une puissance si étendues
Ce vaste empire fut partagé en plusieurs,
royaumes : ses plus fameux capitaines parta~
gérent sa dépouille et massacrérent tous. ses)
proches, son frére, sa mére , ses femmes, ses,
enfans, ses sceurs, pour se maintenir avec.
plus de sireté dans leur usurpation. Les Ro=
mains » apres avoir dompté toute I’Ttalie, son-
gerent a étendre leurs conquétes au-dekors,,
»
PE LA CORRESPONDANCE. 16%
that rendered themselves the most famous,
beginning a little. time afier the deluge; for
during sixteen, hundred years, men) lived
without kings. The Assyrians, Medes, Per--
sians, Greeks, Romans, have in their tarns
rendered. themselves formidable. by), their
extensive power, and innumerable victories.
Since the: ambition of some. men.inspired
them. with the design of raising themselves
above others, and of subduing them, the
people has always been sacrificed to the most
power ful, who have contended for the domi-
nion of the world, and sealed their authority
with the blood of the unfortunate.
Letter té the same lady, on the romps’
history.
Afier the death of Alexander, nebo ly was
found fit to succeed to him, and so qualified
as to unite under the,same chia so extensive.
a power. That great empire: was divided,
into,several kingdoms; his most famous caps.
tains shared. his. spoil , and slaughtered all.
- his relations, brother, mother, wives, chil-.
dren, sisters, in order to maintain themselves;
with more security in their, asurpation. The
Romans , after having subdiigd all, Ttaly.,,
thought a NARS their conquestabroady,
mbhed
162 L ART
et furmérent le dessein d’abattre la puissance
de Carthage, qui leur paraissait formidable.
Régulus la réduisit A de grandes extrémités
mais enfin il fut battu et pris par Xantipe,
lacédémonmien, que les Carthaginots avaient
appelé a leur secours , et fait général de leut
armée. Cependant Carthage fut obligée de
eéder , et de payer tribut a larépublique Ro-
maine. Annibal, fils d’ Amilcar, mit tout en
ceuvre pour réparer les pertes de sa patrie ,.
et pour lui faire reprendre l’ascendant qu'elle
avait eu autrefois sur la république Ro-
maine. I] n’avait que vingt-cingans lorsqu’on
jui donna le commandement des troupes car-
thaginoises. Aprés la mort d’Asdrubal , il
abandonna l’Espagne , ot il était gouver-
neur, et vint fondre comme un torrent sur
FHtalie. Quatre grandes batailles , qu’ ‘il gagna,
ne purent abaitre entiérement la puissance.
romaine, dont les généraux , malgré tant
de pertes , la soutinrent contre la puissance ,
le courage, l’adresse et le bonheur d’ Anni-
hal. Le jeune Scipion, a lage de vingt-quatre
ans, pour diviser les troupes et les forces des
Carthaginois,, alla porter la guerre en Espa-
gne, oti son pére et son oncle venaient de
périr. En peu de temps, il chassa d’Espagne-
les Carthaginois , et les poursuivit jusque
dans l'Afrique ; de sorte que Carthage, aw
DE LA CORRESPONDANGE. 165
and resolved to destroy the power of Car-
thage, which seemed formidable to them.
Regulus reduced it to great extremities; but
at length he was defeated and taken by
Xantippus , a Lacedzemonian, who had been
called to their assistance, and made. general
of their army. Carthage was nevertheless
forced to yield, and pay a tribute to the
roman republic. Annibal, the son of Amil-
ear, did’ his best to retrieve the losses of
his country, and to give it once more. the
ascendant it had fomerly over the roman
republic. He was but twenty five years old,
when they conferred upon him the com-
_mand of the carthaginian troops. After the
death of Asdrubal, he‘left Spain of which
he was governor, and rushed as’ a torrent
upon Ftaly. He could not, by four great
victories , entirely take down the power of
Rome, whose eaptains, notwithstanding so
many losses, maintained it against the might,
courage, ability, and good fortune of An-
nibal. Young Scipio, in his twenty fourth
year, to divide the carthaginian troops, went
and carried the war into Spain, where his
father and uncle had just been killed. He
soon drove the Carthaginians out of Spain,
and pursued them even into Africa , so thit
164 Ye L ART ws
désespoir , fut contrainte de rappeler d'Italie
Annibal, comme sa dermére.ressource : ib
ne put sauver sa patrie;, ce vieux guerrier fut
vaincu par un jeuneconquérant : il tacha de
soulever tout Orient contre Jes Romains
mais ils défirent tous ceux quiosérent se dé-
clarer pour Annibal, qui’s'empoisonna de
désespoir, pour ne pas; tomber vif entre les
mains de ses ennemis; qui voulaient obliger
Prusias, roi de Bithynie, a le leur livrer.
Depuis que Carthage fut renversée , les Ro~.
mains ne trouyérent plus de puissance capa~
ble de leur résister. La plupart des royaumes
devinrent des: provinces romaines : Paul-:
Emile s empara de celui de. Macédoine,, qui
avait duré 700 ans. Attalus, roi de Pergame;,
fit, par son testament, le peuple, romain
héritier de ses états.. Tandis que l'empire.
sagrandissait et florissait au-dehors , les di-
visions intestines le mirent souvent a deux
doigts de sa. perte. Les Gracques,, tribuns,
du peuple, qu'ils corrompaient par des lar-
gesses excessives , firent tous leurs efforts.
pour renverser la république,; mais ce des-
sein les fit périr.. Marius et Sylla, si fameux,
par leurs victoires , congurent le méme des=
sein que les Gracques , et firent couler, pour.
conteuter leur ambition, des ruisseaux de.
PE LA CORRESPONDANCT. 165
‘Carthage, being past all hopes, was forced
to recall Annibal from Italy” as its. last. reg-
source. He was not able to save his country 5 $
this old warrior was s vanquished by a young
conqueror : he endgavatired to make all the
East rise up in arms against the Romans; but
they defeated all who durst stand for Anni-
bal, who poisoned himself out of despair,
to Seat falling alive into the hands of his
enemies, who would force Prusias, king of
‘Bythinia , to déliver him up to them. The
‘Romans , Carthage once overthrovkn, found
no power capable to resist them. Most of the
kingdoms became roman provirkes : Paulus-
Emilius conquered thatof Macedonia, which
had subsisted for seven hundred years. At~
talus, king of Pergama, made by his testa-
ment,the roman people! heir to his dominions,
Whilst the empire incre4sed and flourished
abroad, internal divisions broughtitiofidn to
the very brink ofits ruin : the Gtacchi. te
bunes of the people , Whom they corruptéd
by excessive liberalities , made all their en-
deavours to overthrow the rept blic; but their
attempt caused their death. Marius ane sy lla
so illustrious by their victories, formed ‘the
same design as the Gracchi,and shed torrents
of roman blood, to gratify their ambition,
«166 L ART
sang romain. Sylla eut l’avantage sur Ma.
rius, et devint tyran de sa patrie ; mais en-
fin il renonga volontairement a la dictature
qu'il avait usurpée par la force , et se remit
dans l’ordre de simple citoyen : mais son ab-
‘ication volontaire ne fit pas cesser le mal.
- Sertorius en Espagne, Catilina dans I'Ltalie,
prirent lesarmes contre Rome , dans le des-
sein de l'asservir. Sertorius fut battu par le
grand Pompée ; !’éloquence du consul Cicé-
ron , plutot que son courage, ruina les forces
et le parti deCatilina dans I'Itahe. L’ambi-
fion ou la jalousie de Pompée et de César
renouvela toutes les factions; le premier
avait assujetti /’Orient; Yautre avait réuni
les Gaules a l'empire romain ; ces deux ri-
vaux ne pouvaient se souffrir : ils décidérent
de l'empire du monde, par la bataille de
Pharsale: ce jour fut le dernier de la répu-
lique romaine, qui perdit sa liberté, et
qui fut éteinte sans ressource. Tout l'empire
fut contraint de plier sous l'autorité de César,
que les Romains massacrérent dans le sénat
méme, pour s’affranchir de sa tyrannie;
mais Ja mort de ce grand capitaine , bien loin
de leur rendre la liberté, les plongea dans un
Jabyrinthe de matheurs, dont ils ne purent
janais sortir. Marc-Antome, Lépide, César
EE
DE LA CORRESPONDANCE. 167
Sylla overpowered Marius and became the
tyrant of his country; but at last he re-
nounced of his own accord to the dicta~
torship he had violently usurped, and put
himself again in the class of common citi-
zens; but his voluntary abdication did not
put an end to the evil. Sertorius in Spain,
Catilina in Italy , took arms against Rome,
with a design to subdie it. Sertorius-was
beaten by the great Pompey; the eloquence
of the consti! Cicero, rather than his cou-
rage, ruined the forces and party of Catilina
in Italy. The ambition and jealousy of
Cesar and Pompey, revivéd all the factions;
the first had subdued the East; the other
joined the Gauls to the Roman empire:
those two rivals could not bear one another.
They decided of the empire of the world
in the battle of Pharsalia; this day was the
last of the Roman republic, that lost its
liberty , and was irréecoverably annihilated:
Allthe empire was forced to give way un-
der the authority of Cesar, whom the Ro- «
‘mans murdered even in the senate, in order
to deliver themselves from his tyranny 3
but the death of that great captain, far from
restoring them their liberty , plunged thena
intova jabyrinth of calamities, out of which
4
168 (AO 44 atR
Octavien , qui fut dans la suite surnommeé
Auguste, partagérent entre eux toutel’auto-
rité, et remplirent Rome et |’empire de sang,
pendant le triumvirat. Auguste , aprés s’étre
dé fait de ses rivaux , demeura seul maitre dés
affaires de la république. Aprés plusieurs
victoires signalées qu'il remporta par lui-
méme ou par ses généraux,, il remit le calme
dans!'univers, et ferma le temple de Janus.
Ce fut durantle régne dece prince pacifique,
‘que Jésus- Christ vint au monde, enyiron
4000 ans depuis Ja création d Adam. Au-
guste, seul maitre du monde, adopta Tibére
pour son successeur 4 l’empire, qui deyint
héréditaire dans la maison des Césars, et s'y
mnaintint avec gloire pendant plus de cent cin-
quante ans, jusqu’a ce que la faiblesse des
derniers empereurs le laissa inonder par les
barbares. Les Goths, -autrefois appelés les
Gétes, entrerent dans 1 Europe; Orient se
vit désolé par Jes Scythes asiatiques, et par
les Perses, Ce qui fut plus.déplorable, c’est
que trente tyrans qu'on vit s‘élever tout d'un
coup dans l’empire , le démembrérent entié-
rement, et firent par-tout d’horribles rava-
ges; les Germains et les Francs nen firent
DE LA CORRESPONDANCE. 169
they could never get. Marcus ‘Antonius,
Lepidus, and Cesar Octavius who was
afterwards siirnamed Augustus, shared all
the authority among themselves , and fll
Rome and the empire with blood, dirting
their triumvirate. Augustus after having
got rid of his rivals, remained the only
master of the affairs of the republic. After
several great victories he gained himself or
by his captains , he brought tranquillity
again in the world, and shut up the temple
of Janus, It was during the reign of this
pacific prince that J. C. came Upon the’
earth, about four thousand years after the
création of Adam. Augustus then the only
master of the world, adopted Tiberiusashis: ~
successor to the empire , which became
hereditary in the family of the Ceesars, and
was there gloriously maintained for more
than a hundred and fifty years, till it
was, through the weakness of the last em-
perors, over-run by the barbarians. The #
Goths, formerly called Getes , entered Eu-
rope. The East was [aid waste by the Asia- '
tick-Scithians , and by the Persians. What
was still more dismal, is, that thirty tyrants
who were seen rising up suddenly in the
empire, dismembered it intirely, and made”
2. 8
RIO on LARD
pas moins , de leur coté, pour tacher d’entrer
dans les Gaules. Le grand nombre de barbares”
qui attaquaient l'empire romain fut cause
que Dioclétien prit Maximien pour col-
légue ; ces deux princes adoptérent encore
Constantius Chlorus, et Galérius, Dioclétien,
rebuté de tant de fatigues et de mauyais suc-
cés qu'il avait eus, en persécutant les chré-_
tiens, dont le nombre redoublait 4 mesure
que l’on en faisait mourir davantage, se. dé-
mit tout-a-fait de lempire, soit quil le fit,
volontairement,, ou qu'il yeut été forcé par
Galérius son gendre. Maximien suivit !'exem-
ple de Dioclétien, quil'avait adopté , mais il
s'en repentit bientét aprés, Chacun de ces
empereurs, avant: de renoncer a ’empire,
créa un césar pour lui succéder ; mais ce
grand nombre d’empereurs et de césars était
fort acharge a l’empire, et causait de grandes
_ divisions. Constantius Chlorus , pére du jeune
Constantin,, eut en partage Espagne ,. les
Gaules et la Grande-Bretagne. Son fils, que-
Diewavait destiné pour faire, cesser toutes les
persécutions, en embrassant lechristianisine,,
épousa Fausta,, fille deMaximien , qui avait,
gailié sa retraite pour reprendre le soin deg»
DE LA CORRESPONDANCE. 171
everywhere dreadful ravages. The Ger-
mans and Franks, on their side, made
no less endeavours to penetrate into Gaul.
The great number of barbarians that at-
tacked the Roman empire, caused Diocle-
tidn to choosé Maximian for his colleague ;
tliesé two princes adopted also Constantius
Chlorus, and Galerius. Dioclétian discou-
raged by the many toils and ill-success he
had in tormeuting the christians, who grew
more numerous in proportion as a gréater
number of them was put to death, abdi-
cated the empire, whether he did it volua-
tarily or was forcéd to it by Galerius his
son in law. Maximian followed the exam-
ple of Diocletian, who had adopted him ;
but he soon tei repented it. Every = dio
of those emperors , before resigning the
empire, created a Czesar'to be his successor ;
but that great number of emperors and Ceo-
sars, was a heavy burden'to the empire , —
and excited great divisions. Constantius
Chlorus the father of the youngest Constan-
tinus obiained for his part Sparyn , the
Gauls , ahd Great Britain. His son whom
God had designed to end the persecution,
by embracing the christian religion, mars)
ried Fausta, a daughter of Maximian, who
172. L’ART
affaires ; il recut humainement son beau-pére
auprés de ]ui dans tes Gaules, ot il s’était re-
tiré pour chercher un asile, aprés avoir été
chassé de Rome par son propre fils. Le grand
Constantin, aprés avoir délivré l’empire des
tyrans qui le déchiraient, embrassa publi-
guement le christianisme: mais , soit que le
séjour de Rome lui fut désagréable, ou que +
Je sénat Jui ftit suspect, il se retira a Bizance,
qu'il rebatit, et qu’il appela Constantinople.
Ea moprant, il partagea l'empire avec ses —
trois fils, Constantin , Constance et Constans,
qui se firent Ja guerre pour les limites de
leurs partages. Ces guerres, quise perpétué-
yent sous leurs successeurs , furent funestes
au bonheur et au repos de l’empire, et don-
nérent occasion aux barbares d’y entrer de
tous cétés. Les Goths ravagérent I'Italie ; les
Vandales occupérent une partie de la Gaule
etde I’ Espagne, laissant dans tous les lieux ob
ils passaient , des marques sanglantes de leur
barbarie. Alaric, prince arien, prit et rava-
gea Rome; il épousa Placidie, scour de l’em-
pereur Honorius, dont I’humeur douce et
complaisante adoucit extrémement l’humeur
1érace deson époux. Les Francs , qui avaient
DE LA CORRESPONDANCE. 175
had left his retreat to take again the ac-
ministration of affairs; he kindly received
his father-in-law nejr him im Gaul, ,
where he was come for an asym ; after
having been driven out of Rome by his
own son, The Great Constantivus , having
freed the empire from the tyrants who
tore it to pieces, publickly embraced the
christian religion : but whether he was
not pleased with his abode in Rome, or
suspected the senate, he retired to Bysan-
tium, that he built again, and calléd Cons-
tantinople. On the point of death, hesdivided
the empire amongst his three sous , Constan-
tinus, Constantius and Constans, who waged
war between themselves for the bounds of
their shares. Those wars which were con-
tinued under their successors , proved fatal
to the happiness and tranquillity of the em-
pire , and offered an opportunity to the bar- _
barians for entering it on all sides. The
Goths laid Italy waste; the Vandals pos-
sessed a part of Gaul and of Spain, ladving
everywhere they passed, bloody vestiges of
their barbarity. Alaric, an arian prince, took
and ravaged Rome; he married Placidia,
the sister of the emperor Honorius, whose
sweet and kind temper much softened
174 LART
été plusieurs fois repoussés, firent de nou-
- veaux efforts pour s’ouvrir les chemins des
Gaules, et y réussirent sous la conduite de
Pharamond, fils de Marcomir. Ce fut en-
viron la 420° année depuis la naissance
de Jésus-Christ , que la monarchie fran-
gaise sétablit sur les débris de !'empire
romain, qui était alors réduit 4 de grandes
extrémités.
ith
MODELES DE BILLETS D INVITATION.
Nota, Tout billet doit étre borné & un seul
objet , et écrit avec aisance, délicatesse et briéveté.
Lord B... prie M. F... de lui accorder
ce soir le plaisir de sa société, et de venir
le rejoindre a ‘Opéra, ow il le trouyera avec
d'autres amis.
Mardi matin.
M. F. fait ses trés-respectueux compli-
mens a lord B. Il est désolé d’avoir déja
un engagement de méme nature,
Mardi , a une heure.
M. Airy présente ses plus sincéres com.
plimens 4 miss Watson , et lui demande la
ao
DE LA CONRESPONDANCE. 1976
the ferocity of her husband. The Franks
who had been several times driven hack,
made new endeavours to open for themsel-
ves a way into Gaul, and succeeded in
their design under the condict of Phara-
mond, the son of Marcomir. It was about
the four hundred and twentieth yéar , after
the birth of J. C., that the French monarchy
was established. on the tulns of the roman
empire, then reduced to great extremities.
y
er
q ‘f pete, 1
MODELS OF CARDS OF INVITATION, Ctc.
Nota, All card’ shotild be'cotifined to-one sub-
“ject , expressed svith ease, elegance, aid brevity.
; : : 1) 92 alle
~ Lord’ B— requests’ the pleasure 6f
M:. F —’s company this evening , to
join him and.other friends sat the opera-
house, _ a} 7 ris
Tuesday mornings oo 7
‘M! F —’s most respectful ‘compliments
‘to lord B—: is very sorry he’ is alréady
engaged on a similar occasion. xii)
Tuesday , 1 o’clock, owl!
M. Airy presents his’ best compliments
to miss ‘Watson; requests the honour ‘of
176 LAR?
“permission de l’accompagner a I’assemblée
demain soir.
;
Jeudi, aprés midi.
Miss Watson fait mille remerciemens &
M. Airi, pour son offre obligeante, qu'elle
est trés-fachée de ne pouvoir accepter , étant
-elle-méme déja engagée.
Jeudi , & cing heures.
* Miss H. fait ses respectueux complimens a
lady W.., et 'engage a lui faire I’honneur de
venir cette aprés-midi prendre le thé et le café.
Dix heures du matin.
Lady W. fait ses complimens amiss. H.;
elle se fait un plaisir d’accepter.son aimable
Vitation,
Onze heures du matin.
Mille complimens de la part de madame
Williams 4 madame Hartley et A ses jeunes
demoiselles ; elle espere qu ‘ellessontarrivées
sans accident 4 la maison, et parfaitement
remises des fatigues de la derniére soirée.
Mercredi. . )
- Mademoiselle et madame Hartley sont sen-
siblena a Vintérét que leur témoigne madame
DE LA CORRESPONDANCE.: 177
being her partner to-morrow evening at
the asssembly. © |
Thursday , afternoon.
_ Miss Watson returns thanks to Mr. Airy
for his polite offer, which she is very sorry
she cannot accept, having already engaged
herself.
Thursday , 5 o'clock.
Miss H—’s respectful compliments to
lady W—-; entreats the honour of her com-
pany this afternoon to tea and coffee.
10 o'clock in the morning.
Lady W —’s compliments to miss H —3
is happy to accept her polite invitation.
11 oclock in the morning.
M** Williams’s compliments to M's Hart-
Jey and the young ladies; hopes they have
got safe home, and are perfectly recovered
from the fatigue of last night.
W ednesday.
M' and miss Hartley return thanks to
M's Williams for her kind enquivieg. os
~
~
178 L ART ,
Williams; elles sont arrivées saines et sau+
ves, et se portent toutes bien , a l'exception
de Sally , qui a attrapé un petit rhume.
Mercredi. .
Mille complimens demiss Wilmot A miss
Harcourt; elle la prie de lui accorder le plai-
sir de sa société a diner , dimanche prochain,
On se mettra a table a quatre heures.
Vendredi.
Mille complimens de miss Harcourt ; elle
ne manquera pas de se rendre a] invitation
de miss Wilmot.
V endredi.
Lord L. desire quele chevalier P. lui fasse
te plaisir de venir promener 4 Kew avec Lut,
La voiture sera a la porte a trois heures.
Dimanche , a midi. :
Le chevalier P. présente ses respectueux
complimens a lord L. ; il aura |"honneur dac-
compagner sa seigneurie a l'heure prescrite.
M. B. se trouvant obligé d’aller a la cam-
pagne demain, prie M. F. de ne pas se don-
ner la peine de passer chez lui. M. B. sera
bien aise de voir M. F. aprés demain, a
Vheure qui lui sera la plus convenable,
Os, ae
DE LA CORRESPONDANCE. 179.
retuted home perfectly. safe, and are
all. well — Sally excepted, who has) got_a
slight cold.
Wednesday,’ ’
Miss Wilmot’s complir ments to miss mae
court 3 requests the pleasure of her compa~
ny to inet next spicier dinner to be on
the table at four o'clock.
Friday. wnt
Miss Harcourt’s compliments ; will not
fail’ to’ wait upon miss’ Walmot. ©
‘Friday.
Lord L — requésts the pleasure of sir
John, P —’s company to Kew for an airing,
— the chariot to. be-at;the door at, three.
' Sunday noon, ° .
‘Sir John P—’s respectful iets
to lord— will be happy to attend his lord-
ship punctually at the time.
M: B. finding himself obliged to-ge into
the country to-morrow, desires M* F, not
to givechimself the troublerof calling upon
him. Mr B. will be very glad’ to see.
MF. after to-morrow, at any hour-whick
shall be most convenient to him,
180 | BEART a
Madame D. souhaite le bonjour aM. By
Comme elle va ce soir au bal, elle ne
pourra pas avoir le plaisir de le voir aujour-
d’hui, etprie M. H. de vouloir bien ne venir
demain qu’a onze paren i
E,
M. et sindapae P. présentent leurs trés-
humbles respects 4 M. et madame R. et les
prient de leur faire ’honneur de venir diner
avec eux, mardi prochain, a trois heures.
Je vous invite, ma chére , A venir prendre
le thé ce soir avec moi; je serai seule , et.
j espere que vous voudrez bien me, procurer
le plaisir de votre charmante compagnie ;
ne me refusez pas cette grace. Adieu.
Je vous remercie infiniment,' ma chére};
de votre obligeante invitation ; mais je suis
extrémement ehae de ne pouvoir accepter ,
parce que nous attendons.compagnie ce Soir 5
pour demain , vous pouvez disposer de moi ;
et ; si vous ne venez pas me voir le matin,
jirai certainement vous trouver Je soir.
; H Siu
Je viens d’arriver de Bath, si vos oecu-
pations vous permettent de venir chez moi,
je vous apprendrai des nouvelles qui yous
ws?
DE LA CORKRESPONDANCE. 181
M«= D. wishes M. H. a good morning.
—— As she is going this evening to the ball ,
she cannot have the pleasure of seeing him
_ to-day, and désifes M'. H. to be so kind as
not to come to-morrow till éleven o'clock,
M* and M** P, present their most res-
pectful compliments to M*' and M* and beg
the honour of their company to dinner, on
tuesday next, at three o'clock.
, Linvite you, my dear, to come and drink
a dish of tea with me this évening; I shall
be alone.,and hope you will favour me with
your agreeable company : do not refuse me
this kindness. Adieu.
I am much obliged to you, my dear, for
your kind invitation ; butam extremely sorry
it is not im my power to comply with it, be-
cause we expect company this evening : as
for to-morrow, I am at your service 3 and,
if you do not call on me in the morning, I
will certainly wait ou you in the afternoon.
I am just arrived from Bath: if you are
at leisure to give me a call, I will tell you
some news that will please you. I shall be at
—
™~
i182 BART x >
feront plaisir. Je serai toute la journée aa
logis , ainsi choisissez votre heure,
Je suischarmé d’apprendreque vous soyez
enfin de retour de Bath; n’eussé-je d’autre
motif que celui de vous en féliciter apres une
si longue absence , cela seul m’engagerait &
~ vous aller voir. Vous pouvez donc compter
que je me rendrai chez vous cette aprés see >
sur les cing heures.
Si vous n’étes pas engagée demain , ma
chére amie, je vous invite a venir faire un
tour de promenade avec ma sceur et mot : fe
carrosse sera prét 4 midi. Ne cherchez point
de prétexte pour vous excuser ; et faites-moi
savoir votre résolution au ber tot.
Comme jai promis de sortir aedeath avec
ma tante et ma cousine, et que je ne® puis
raisonnablement m’en dispenser, jene’ sau
rais, ma chéreamie, profiter de l’offre gra+
cieuse que vous me faites. Je n’ai’‘point d’au=
‘tre excuse , et vous me connaissez trop bien
pour douter de ma sincérité,
- Avvouez:, monsieur , que vous étes bier
paresseux, Quoi! deux semaines entiéres s¢
ra
DE LA CORRESPONDANCE. 18%
home the whole day, so that you may. choose
your tune,
It gives, me pleasure. to hear that you are
at last returned from Bath; had I no other
motive but that of congratulating, you. om ©
your happy arfival after so long an ab-
rege that alone. would induce me to wait
on you, You may, therefore, depend on
seeing me, this, evening about Avg.
If you, be not engaged iba BY Ate my
dear friend, my sister,and I are, to take an
airing, and shall be glad of your company.
The coach will be ready at twelve; so en-
deavour not to excuse yourself, and let me
knovy your résolution as soon as possible,
As I have promised to go out with my
aunt and cousin to-morrow, and cannot,
with propriety, get off the engagement, it
will not be in my power, my dear friend,
to accept of your kind offer. I have no
other excuse, and you know me too well
to suspect my sincerity.
You must acknowledge, sir, that you are
very idle. What! two whole weeks have
184 L’ART
. Passent sans vous voir , ef méme sans rece=.
voir de vos nouyelles. Vous négligez vos
amis; vous n’en avez cependant point de plus
sincére que moi. Venez donc vous excuser
de la longueur de votre absence ; je vous
attends. ce soir.
i
Vous ne serez plus surpris, monsieur , de
mion absence, quand vous saurez que j'ai eu
depuis quinze jours un mal de téte affreux.
Que m/aurait-il servi de vous en informer ?
dailleurs , vous savez que je suis naturelle-
ment indolent : c’est mon faible. Ce soir,
‘sans faute, j'iral vous voir.
FIN DE LA TROISIEME PARTIE,
PE LA CORRESPONDANCE. 195
elapsed without seeing and even hearing
from you. You neglect your friends, yet you
have none more sincerely attached to you
tham I am. Come, then, and endeavour to
account for your long absence; I shall ex-
pect you this evening.
You will no longer wonder, sir; at my
absence, for this fornight I had a most dread-
ful head-ache. Of what use would it have
been to inform you of it? Besides, you
know that I am naturally lazy; it is my
foible. This evening I will wait upon you
without fail.
END OF THE THIRD PART.
L’ART
DE
LA CORRESPONDANCE
ANGLAISE ET FRANCAISE
QUATRIEME PARTIE.
LETTRES D AUTEURS CELEBRES. —
I, De Sterne a Eliza.
Exiza, jai regu ta derniére hier au soir;
en revenant de chez le lord Bathurst, ot j'ai
diné , ot j'ai parlé de toi pendant une heure
sans interruption : le bon vieux lord m’écou- .
tait avec tant de plaisir, qu il a, a trois re-
prises , bu a ta santé. Quoiqu'il soit dans sa
quatre-vingt-cinquiéme année , il dit quil
espere vivre encore assez pour devenir
Yami de ma belle disciple indienne, et la
yoir éclipser en richesses toutes les autres |
ei awe Cy
we
CORRESPONDENCE
BOTH ENGLISH AND FRENCH.
PART fi ¥.
LETTERS OF RENOWNED AUTHORS,
From Sterne to Eliza.
I cor thy letter last night, Eliza, on my
return from lord Bathurst’s, where I dined ;
and where I was heard (as I talked of
thee an hour without intermission ) with so
much pleasure and attention, that the good
old lord todstéd your health three different
times ; and tho’he is now in his eightyfifth
year, says he hopes to live long enough to
be introduced a friend to my fair indian
disciple ; and to see her eclipse all other
188 | L ant
femmes de Nabab, autant quelle les sur-
passe déja en beauté , et, ce qui vaut mieux ,
en vrai mérite.... Je |'espére aussi... .
Ce seigneur est mon vieil ami.... Vous
savez qu il fut toujours le protecteur des gens
' desprit et de génie; il avait tous les jours &
sa table ceux du siécle dernier , Addisson,
Steele, Pope , Swift, Prior, etc.... La ma-
ni¢re dont if s'y prit pour faire ma connais-
sance est aussi singuliére que polie. Il vint ,
&moiun jour que j étais 4 faire ma cour ala
princesse de Galles.... « J’ai envie dé vous
-« connaitre , M. Sterne; mais il est bon que
« vous sachiez un peu qui je suis... Vous avez
« entendu parler, continua-t-il , de ce vieux
« lord Bathurst , que vos Pope et vos Swift
« ont tant chanté; j'ai passé ma vie avec des
« génies de cette trempe ; mais je leur ai sur-
« vécu; et, désespérant de trouver leurs égaux,
« il y a quelques années que j'ai fermé mes
« livres, avec la résolution de ne plus les ou-
« Vrit ; mais vous m/avez fait naitre le desir
« de les ouvrir encore une fois avant que je
« meure, ce que je fais..... Ainsi yenez au
« logis, et dinez avec moi.» |
BE LA CORRESPONDANCE. 189
viabobesses as much in wealth, as she al-
ready does in exterior , and ( what is far
better ) in interior merit — I hope so too.
This nobleman is an old friend of mine.
You know he was always the protector
of men of wit and genius, and had those
of the last century , Addison, Steele, Pope,
Swift, Prior , etc. etc. always at his table,
~— The manner in which his notice of me
began was as singular as it was polite: he
came up to me one day, as I was at the
princess of Wales's court — « I want fo
«know you, M. Sterne; but it is fit you
« should also know who if is that wishes
« this pleasure. You have heard, » conti-
nued he, « of an old lord Bathurst, of
« whom your Pope’s and Swift’s have sung
« and spoken so much: I have lived my
« life with génfusts of that cast, but have
« survived them ; and diepeiring ever to
« find their equals, it is some years since I
« have closed my accounts, and shut up
« my books , with thoughts of never open~
« ing thes, again ; but you have kindled
«a desire in me of opening them once
« more before I die, which I now do ~
« s0 go home and hi with me. »
199 LAR?
Ceseigneur, je l'avoue, est un prodige; cat |
& son age il a tout Pesprit et la vivacité d'un
homme de trente ans; il posséde, au stpréme
degré, l'heureuse faculté de plaire aux hom-
mes, et celle de se plaire avec eux : ajoutez”
a cela quil est instruif, poli et sensible. Il
m’a entendu parler de toi, Eliza, avec une
satisfaction peu commune : il n’y avait qu'un
tiers avec nots, qui était siisceptible de sen=
sibilité aussi.... et nous avons passé jusqu’a
neuf heures |’aprés-dinée la plus seritinten-
tale ; mais, Eliza, tu étais l’étoile qui nous
dirigeait, tu étais l’ame de nos discotits!...
Et lorsque je céssais de parler de toi, tu rem-
plissais mion coéur, tu écliauffais chaque pen-
sée qui sortait de mon seifi; car je n'ai pas
honte de reconnaitre tout cé que je te dois...
O la meilleure des femmieés! Jes pemes que
j ai souffertes a ton sujet pendant toute la nuit
derniére sont au-dela du pouvoir de lex-
pression... Le ciel nous domne saris doute des
forces proportionnées au poids dont il nots
charge. O nion enfant! toutes les peines qui
peuvent naitre de la double affliction de l'ame
et du corps sont tombées sur toi; et tu me
dis cependant que tu commences & te trouver —
yoieux, Ta fiévre a disparu ; ton mal et ta
_
————
PDE LA CORRESPONDANCE, 19t
- This nobleman, I say, is a prodigy ;
for at eighty -five he has all the wit and:
promptness of a man of thirty — a disposi
tion to be pleased, and a power to please:
others, beyond whatever I knew ; added
to which , aman of learning , courtesy ands
feeling. — He heard me talk of thee,
Eliza,, with uncommon: satisfaction ; - for!
there was only a third person , and of
sénsibility, with us —+ and’ a most sentimen-
tal afternoon, till nine o'clock, have we
passed. But» thou, Eliza, syrast the star!
that conducted and enlightened the dis=:
course! and. when I talk’d not: of thee,
still didst thow fill my mind, and warm
every thought I utter'd ! for I am’ not
ashamed to acknowledge I: greatly miss’
thee best of all good girls!-the siifférings®
IL have sustained all night:on account of.
thine, Eliza, are beyond my power of
words— assuredly does heaven give strength?
proportion’d to the weight it lays upon us'
—thou hast been bow’d down, my child,
with every burden that sorrow of heart.
and pau? of body could inflict on a poor
being’ — and still’ thou tellést'me thou art
begining to get ease, thy fever gone —-
£92 ee ee ‘
douleur de cété ont cessé ; puissent ailisi
s'évanouir tous les maux qui traversent le
bonheur d’Eliza... ou qui peuvent lui donner:
un seul moment d’alarme! Ne crains rien...
espere tout, Eliza... Mon affection jettera
une influence balsamique sur ta santé; elle te
{era jouir d’un principe de jeunesse et de fé-
licité, au-dela mémede tes espérances.
Tu as donc placé sur ton bureau le portrait
de ton bramine, et tuveux le consulter dans
tes doutes , dans tes craintes?... O reconnais-
sante et bonne fille! Yorick sourit avec sa~
tisfaction a tout ce que tu fais... son portrait
ne peut éprouver toute sa joie.
Qu’'il est digne de toi, ce petit plan de vie
si doux que tu tes formé pour la distribution:
de la journée!:. ... En vérité, Eliza, tune me
laisses rien a faire pour toi, rien ‘A diniger,
rien 4 demander.... qu'une continuation
de cette admirable conduite qui ta gagné-
mon estime, et ma rendu pour toujours tomy
ami.
Puissent les roses promptement revenir
sur tes joues, et les rubis sur tes lévres! Mais
erois-moi, Eliza, ton mari, s'il est homme
hon et sensible que je desire quil soit, te.
DE LA CORRESPONDANCE. 195
thy sickness, the pain in thy side, vanish-
ing also. — May every evil so vanish,
that’ thwarts Eliza’s happiness, or but
awakens her fears for a moment !— Fear -
nothing, my dear; hope every thing, and
the balm of this passion will shed its
influence on thy health , and make thee
enjoy a spring of youth and chearfulness,
more than thou hast hardly yet tasted. —
And so thou hast fix’d thy bramiu’s por-
trait over thy writing-desk , and will consult
it in all doubts and difficulties ? — Grateful
and good girl! Yorick smiles contentedly
over all thou dost; his picture does not do
justice to his own comp!dcéndy. —
Thy sweet little plan and distribution of
thy time, how worthy of thee! Indééd,
Eliza, thou leavest me nothing to diréct
thee in; thou leayest me nothing to require,
nothing to ask, but a continuation of that
conduct which .won my esteem, and has
made me thy friend for ever.
May the roses come quick back to thy
cheeks, and the rubies to thy lips! but trust
my declaration, Eliza, that thy husband (if
he is the good feeling man I wish him}
2. a: Ss
194 . ee te Ow
_pressera contre son sein avec une affection
_plus honnéte et plus vive; il baisera ton pau-
_vre visage pale et défait, avec plus de trans-
-port que lorsque tu étais dans toute la fleur
de ta beauté.... Il le doit, ou jai pitié de
lui.... Ses sensations sont bien étranges , sil
‘ne sent pas tout le prix d'une aimable créa-
ture telle que tox!
Je suis bien aise que miss Light passe
avec vous ; elle peut adoucir vos momens de
speie.... J’apprends avec plaisir que vos
compagnons de traversée sont des gens. ai-
mables, Vous pourriez vivre, Eliza, avec
«ce qui est contraire A ton naturel, qui est ai-
mable, doux.,. Il civiliserait des sauvages.,.
mais il serait dommage qu’on te donnat un
tel devoir a remplir,...
Comment peux-tu chercher des excuses
& ta dermére lettre? elle me devient plus
chére , par les raisons méme que tu em~
:ploies pour la justifier...,«Ecris-m’en tou-
jours de pareilles , mon enfant; laisse-less’ex-
primer avec la négligence facile d’un coeur
qui souvre de lui-méme, ...-. Dis tout, le
comment , le pourquoi ; ne cache>rien 4
Thomme qui mérite ta confiance et ton es~
time..,. Telles sont les lettres que jécris &
Eliza.,, Ainsi je pourrai toujours vivre.aveo
~
DE LA CORRESPONDANCE. 195
will press thee to him with more honest
warmth and affection, and kiss thy pale
poor dejected face ,- with more transport
than he would be able to in the best bloom
of all thy beauty— and so he ought, or I
pity him— he must have strange feelings,
if he knows not the value of such a crea-
ture as thou art!
I am glad miss Light goes with you; she
may relieve you from many anxious mo-
ments.—I am glad too that your shipmates
are friendly beings — you could least dis-
pense with what is contrary to thy own
nature, which is soft and gentle, Elisa ;
it ie civilize sivages ; tho’ pity were
it thou should’st be tajnted with the: of
fice. —
How canst thou make apologies for
thy last letter! "tis most delicious to me,
for the very reasons you excuse it.— Write
to me, my child, only such; let- them
speak the easy carelessness of a heart that
opens itself... say how, and every how,
to a man you ought to esteem and trist—
Such, Eliza, I write to thee, and so [
should ever ra with thee, most artlessly ,
most affectionately , if providence per-
mitted thy residence in the same section
i196 L ART
toi sans art , et plein d’une vive affection, st -
Ja providence nous permet d’habiter la méme
section du globe; car je suis, autant que hone
neur et laffection me permettent de I’étre ,
Ton BramiIne,
II. Du méme @ Eliza.
A qui mon Eliza peut-elle donc s’adresser
dans ses peines, qu’a lami qui l’aime?.....
Pourquoi vous excusez-vous de l'emploi
chéri que vous me donnez? Yorick serait
offensé , bien justement offensé , si vous char-
giez un autre que lui des commissions qu'il
peut faire. J’ai Zumps , et votre piano-forte
doit étre accordé daprés la moyenne corde
de Ja base de votre guitare , qui est C. —
J'ai aussi un petit marteau et une paire de
pincettes pour arranger vos cordes ; puisse la
vibration dechacune d’elles, ma cheére, étre
en harmonie avec tes espérances!
J'ai acheté pour vous dix jolis petits cro-
chets de cuivre.,., il y en avait douze; mais
je vous en ai dérobé deux pour les mettre
dans ma propre cabane & Conwould.... Je
ny pendrai jamais mon chapeau , jamais
je ne le prendrai sans songer a vous.... Fai
aussi acheté deux crochets de fer beaucou
pius forts que ceux de cuivre, pour y sus=
pendre vos globes, |
7 A
~
DE LA CORRESPONDANCE. 197
of the globe; for I am all that honour and
affection can make me.
Tuy BRAMIN:
II. From the same to Eliza.
To whom should Eliza apply in her diss
tress, but to the friend that loves her : why
then, my dear, do you apologize for em-
ploying me? Yorick would be offended,
and with reason , if you ever sent commis-
sions to another, 8 he could execute —
I have been wath Ziumps — and first, your
piano forte must be tuned from the bass
middle string of your guitar, which is
C. — I have got you a hammér too, and
a pair of pliars to twist your wire a oe
and may every one of them, my dear, vibrate
sweet comfort to thy hopta!
I have bought you ten handsome brass
screws to hang your necessairies upon : I
purchased twelve, but stole a cétple from
you to put up in my own cabin at Conwould.
I shall never hang or take my hat off one of
them but I shall think of you — I have
bought thee moreover a couple of iron
screws, which are more to be dépendéd
ppon than brass for the globes.
198 JU ane
J écris 8 M. Abraham Walker, pilote 4
Deal, pour lui donner avis que je lui adresse”
un paquet qui les contient , et je le charge
de le faire retirer dés que la voiture de Deal
arrivera.... Je lui donne aussi la forme du
fauteuil qui peut vous étre le plus commode,
et je le prie d’acheter le plus propre et le
mieux fait qui soit dans Deal.... Vous rece-
vrez tout cela par le premier bateau qu'il
fera partir. Je voudrais pouvoir ainsi, Eliza,
prévenir tous tes besoins, satisfaire tous tes
desirs ; ce serait pour moi une occupation
gui me rendrait heureux.
‘Le journal est comme vous le desirez ; ik
n'y manque plus que les charmantes idées’
qui doivent le remplir...... Pauvre chére
femme!... modéle de douceur et de patience,
je fais bien plus que vous plaindre.... car je
perds et ma philosophie et ma fermeté, lors—
que je considére vos peines!.... Ne croyez
pas que j'aie parlé hier au soir trop dure-
‘ment des ***; j’en avais le sujet; d’ailleurs
un bon coeur ne peut en aimer un mauvais....
Non, il ne le peut; mais laissons ce texte dé-
sagréable.
Ce matin j'ai fait une visite & mistriss Ja-
mes ; elle vous aime bien tendrement : elle est
alarmée sur ton compte, Eliza... elledit que
da oe
DE LA CORRESPONDANCE. TOY’
I have wrote also to Mt Abraham Wal-
ker, pilot at Deal, to acquaint him that I
had dispatched these in a packet directed to»
his care , which I desired he would seek after
the moment the Deal machine arrived. —
I have moreover given him directions what;
sort of an arm-chair you would want, and;
have directed him to purchase the best that’
- Deal could afford, and take it with the parce
in the first boat that went off. — Would I
could, Eliza, so supply all thy wants, and
all thy wishes ! it would be a state.of hap~
piness to me. —
The journal is as it should be, all but
ils contents. — Poor dear patidnt being : L,
do more than pity you; for I think I lose
both firmness and philosophy, as I fietire
to myself your distresses;— do not: think
I spoke last mght with too much asperity
of***; there was cause, and besides, a
good heart ought not to love a bad one,
and indeed. canuot ; but adieu to. the ungta-~
teful subject. — [
I have been this morning to see mistriss
James; she loves thee tender! y and unfeign-
edly; she is alarmed for thee; she says
200 [LaRT
tu lui parais plus mélancolique et plus som=
bre, 4 mesure que ton-départ approche....
elle te plaint.... je la verrai tous les diman=
ches, tant que je serai en ville.....
- Comme cette lettre est peut-ctre la der-
niére que je técrirai ; de bon coeur je te dis
adieu.... Puisse le Dieu de bonté veiller sur
tes jours, et étre ton protecteur , maintenant
que tu es sans défense! et pour ta consolation
journaliére , grave bien dans ton cceur ‘cette
vérité : « Que quelle que soit la portion de
« douleur et de peine qui test destinée, elle
« sera pleinement compensée dans une égale
« mesure de bonheur , par |'étre que tu as
«$i sagement choist pour ton éternel ami. »
Adieu, adieu, Eliza! tant que je-vivrai,
compte sur. moi, comme sur le plus ardent et
le plus désintéressé de tes amis terrestres.
YoRICK.
III. Du méme a Eliza.
- Ma cuére Exriza, j'ai commencé ce
matin un nouveau journal, vous pourrez le
voir; car si je n'ai pas le bonheur de vivre
jusqu’a votre retour en Angleterre , je vous
laisserai comme un legs.... Mes pages sont
mélancoliques.... Mais j'en écrirai d'agréa~
bles, et si je pouvaist écrire des lettres, elles
—
; rai
ew ST
—
DE LA CORRESPONDANCE. 201
thou looked’st most ill and saobadaslusty on
goiug away; — she pities thee — I shall
visit her every sunday, while I am in
town. —
As this may be my last letter, I earnestly
“bid thee farewel; may the God of kind-
ness be kind to thee, and approve himself
thy protector , now thou art defenceless !
and, for thy dail y comfort, bear in thy mind
this truth, « that whatever measure of sor-
«row and distress is thy portion, it will
« be repaid to thee in a full measure of
« happiness, by the being thou hast wisely
«chosen for thy eternal friend ». —
Farewel, farewel, Eliza! while I live,
count upon me as the most warm and dis-
interested of earthly friends.
Yorick.
III. From the same to Eliza.
My peaArest Exiza, I begana new
journal this morning : you shall see it, for
if I live not till you return to England, I
will leave it you as.a légacy : ‘tis a sorrow-
ful page, but I. will write chearful ones ;
and could I write letters to thee, they
should be chearfyl ones too, but few (I
G*
202 L’ART
seraient agréables aussi; mais bien peu, je
doute , pourraient te paryenir : cependant tu
recevras de moi quelques lignes & chaque
courrier , Jusqu’é ce que de ta main tu m’or-
donnes de ne plus t’écrire.
Apprends-moi quelle est ta situation, et
de quelle sorte de courage le ciel t'a douée....
Comment é¢tes-vous? Tout va-t-il bien?....
Ecrivez , écrivez-moi tout. Comptez de me
voir 4 Deal avec mistriss James, si vous y
étes retenue par les vents contraires..... En
effet, Eliza, je volerais vers vous s'il se pré-
sentait la moindre occasion de vous rendre ©
service , ou de vous étre agréable.
Dieu de grace et de miséricorde, considére
les angoisses d'une pauvre enfant... donne-tui
des forces, protége-la dans tous les dangers
auxquels elle peut étre exposée : elle n'a
d’autre protecteur que toi sur un élément dan-
gereux; soutiens-la jusqu’au terme de son
voyage:
J espére , Eliza, que ma athe est entéen-
due; car le firmament parait mesourire , tah-
dis que mes yeux s‘élévent pour toi vers Je
ciel.... Je quitte & |'instant mistriss James,
et jai parlé de toi pendant trots heures......
elle a votre portrait, elle le chérit; mais
DE LA CORRESPONDANCE. 20%
_ fear ) will reach thee— however, depend
upon receiving something of the na by
every post, till thou wavest thy hand , and
bid’st me write no more. — _
Tell me how you are, and what sort of
fortitude heaven inspires thee with : how
are you accommodated, my dear? — Is alk
right ? — Scribble away any thing, and
every thing to me, Depend upon seing me
at Deal with the James's, should you be
detained there by contrary winds.— Indeed,
Eliza, I should with pleasure fly to you,
- could I be the means of rendering you any
service, or doing you any kindness, —
« Gracious and merciful God, consider
« the anguish ofa poor girl — strengthen and
« preserve her in all the shocks her frame
«must be exposed to : she is now without
«a protector but thee; save her from all
« the accidents of a dangerous element, and
« give her comfort at the last.» —
_ My prayer, Eliza, 1 hope, is’heard, for
the sky seems to smile upon me as I look
up to it— I am just returned from our dear
M"* James's, where 1 have been talking of
thee these three hours —she has got yout
picture , and likes it; but Mariot and some
204 LART
Mariot et quelques autres bons. juges. con
viennent que le mien vaut mieux , et quil
porte l'expression d'un plus doux caractére...
Mais qu'il est loin encore de loriginal....
Cependant j'avoue que celui de mistriss Ja-
mes est un portrait fait pour le monde; et le
mien , tout juste ce qu'il doit étre pour plaire
4 un ami ou aun philosophe sensible... Dans
le premier , vous avez tout l’éclat de la soie ,
des perles et de |’hermine.... Dans le mien,
simple comme une vestale , vous montrant
la bonne fille que la nature a faite; ce qui
me parait moins affecté et mest bien plus
agréable que de voir mistriss Draper , le vi-
sage animé de toutes ses graces, en habit de
conquéte et de fete.
Si je m’en souviens bien, Eliza, vous fites
des efforts peu communs pour rassembler sur
votre visage tous les charmes de votre per-
sonne, le jour que vous vous fites peindre
pour mistriss James.... votre teint était bril-
lant, vos yeux avaient plus d’éclat qu’ils n’en
ont ordinairement... je vous priai d’étre sim-
ple et sans parure, lorsque vous vous feriez
peindre pour moi, sachant bien, comme je
vous voyais sans prévention, que vous ne
pouviez tirer aucun avantage du brillant de
la soie, ni de I'éclat des bijoux....
«
DE LA CORRESPONDANCE. 205
vther judges agree that mine is the better,
and expressive of a sweeter character; but
what is that to the original! Yet Iacknow-
Jedge that her’s is a picture for the world,
aud mine only calculated to please a very
sincere friend, or sentimental philosopher.
—— In the one you are dressed in smiles,
and with all the advantages of silks, pearls
and ermine; in the other, simple as a vestal,
appearing the good girl nature made you;
which to me conveys an idea of more un- .
affected sweetness than M** Draper habited
for conquest, in a birth-day suit, with her
countenance animated, and ber « dimples
« yisible.»
If I remember right, Eliza, you en-
deavoured to collect every charm of your
person into your face, with more than
common care, the day you sat for M™ Ja-
mes; your colour too brightened , your
eyes shone with more than their usual bril-
liancy — I then requested you to come
simple and unadorned when you sat for
me, knowing (as I see with unprejudiced
eyes) that you could receive no addition
from the silk-worm’s aid, or jeweller’s
polish, —
-
206 L ART
Laissez-moi vous répéter une vérité qué)
vous m’avez déja, je crois , entendu dire...
La premiére fois que je vous vis, je vous re-
gardai comme un objet de compassion, et
comme une femme trés-ordinaire. L’arran-
gement de votre parure, quoique de mode ,
vous allait mal et vous défigurait..... mais
rien ne peut vous défigurer davantage que de
vouloir vous faire admirer et paraitre belle...
Non, vous n’étes pas belle , Eliza , et votre
Visage n’est pas fait de maniére A plaire ala
_ dixiéme partie de ceux qui le regardent....
mais vous avez quelque chose de plus que
la beauté ; et je ne crains pas de vous dire
que je n'ai jamais vu une figure siintelligente,
si bonne, si sensible ; et il n'y eut et n'y aura
jamais dans votre compagnie , pendant trois
heures , un homme tendre et sentimental ,
qui ne soit ou ne devienne votre admirateur
ou votre ami; bien entendu que vous ne pre-
niez aucun caractére étranger au votre, et
que vous paraissiez la créature simple et sans
art, que la nature veut que vous soyez. Vous
avez dans vos yeux et dans votre voix quel-
que chose de plus touchant, de plus persuasif
qu’aucune autre femme quej aie vue , ou dont
j'aie entendu parler.... mais ce degré de per=
fection inexprimable et ravissaut , ne peut .
DE LA CONNESPONDANCE. 207
Let me now tell you a truth which I
believe I have uttered before — when I
first saw you, I beheld you as an.object of —
compassion, and as a very plain woman. —
The mode of your dress ( tho’ fashionable }
disfigured you — but nothing now. could
render you such, but the being sollicitous to
make yourself admired as a handsome one,
— You are not handsome, Eliza —nor is
your's a face that will please the tenth part
of your beholders. — But you are some-
thing more; for I scruple not to tell you ©
I never saw so intelligent, so animated, so
good a countenance ; nor ever was there, nor
will there be, that man of sense, tender-
ness and feeling, in your company three
hours, that was not or will not be your
admirer and friend in consequence of it;
that is, if you assume or assumed no
character foreign to your own, but ap-
peard the artless being nature design’d
you for—a something in your eyes and
voice you possess in a degree more per-
suasive than any woman I ever saw,
read, or heard of ; — but it is that be-
witching sort of nameless excellence, that —
208 LART
toucher que les hommes de Ja plus délicate”
sensibilité.
Si votre mari était en Angleterre, et si
T'argent pouvait m’acheter cette grace, je lui
donnerais de bon cceur cing cents louis pour
Vous laisser assise auprés de moi deux heures
par jour , tandis que j’écrirais mon voyage
sentimental ; je suis stir que l’ouvrage en se-
rait beaucoup meilleur, et que je serais rem-
boursé plus de sept fois de ma somme....
Je ne donnerais pas neuf sous de votre por+
trait , tel que les Newhams !’ont fait exé=
cuter.... c'est la ressemblance d’une franche
coquette ; vos yeux et votre visage dw plus
parfait ovale que} aie jamais vu , qui par leur
perfection doivent frapper l'homme le plus
indifférent , parce qu'il sont vraiment plus
beaux que tous ceux que j'ai vus dans mes
voyages, sont entiérement défigurés ; les pre-
miers par leurs regards affectés , et le visage
par son étrange physionomie et l’attitude de
Ja téte; ce qui est une preuve du peu de gotit
de Partiste ou de votre ami.
Les ***, qui justifient le caractére que je
Jeur ai donné une fois, d’étre aussi tenaces
que la poix’ou la glu , ont envoyé une carte a
mistriss***, pour lui apprendre qu ils iraient
DE LA CORRESPONDANCE. 209
men of nice sensibility-alone ean be touch’d
with. —
Were your husband in England, L would
Freely give him five hundred pounds ( if.
money could purchase the acquisition ) to
let you only sit by me two hours in a day,
while I wrote my Sentimental Journey —
I am sure the work would sell so much:
the better forit, that Ishould be reimbursed
the sum more than seven times fold. —
I would not give nine pence for the pic-
ture of you that Newhams have got execut-
ed; it is the ressemblauce of # conceited
made-up coquetle — your eyes , and the
shape of your face (the latter, the most
perfect oval I ever saw ) which are perfec-
tions that must strike the most indifferent
judge, because they are equal to any of
God's works in a similar way, and finer
than any I beheld inall my travels, are mani
festly injured by the affected leer of the one,
and strange appearance of the other, owing
to the attitude of the head ; which is a proof
of the artist’s or your friend’s false taste.
The***s, who verify the character I once
gave, of teazing and sticking like pitch or
birdlime, sent a card that they would wait
on M«**** on friday. — She sent back she
210 L’ART
chez elle vendredi.... Elle leur a fait dire
quelle était engagée.... Second message pour
Yinviter a se trouver le soir 4 Ranelagh. Elle
a fait répondre quelle ne pouvait pas s'y
rendre.... Elle pense que si elle leur laisse
_ prendre le moindre pied chez elle, elle ne
pourra jamais se défaire de leur connais-
sance, et elle a résolu de rompre avec eux
tout a la fois. Elle les connait; elle sait bien’
quils ne sont ni ses amis ni les votres , et
que le premier usage qu ils feraient de leur
entrée chez elle serait de vous sacrifier , s‘ils
le peuvent, une seconde fois.
Ne permets pas, chére Eliza, qu ‘elle soit
plus ardente pour tes propres intéréts que tu
ne l’es pour toi-méme. Elle me charge We
vous réitérer la priére que je vous ai faite de
ne pas leur écrire. Vous lui causerez, et a
votre bramine, une peine inexprimable :
sois assurée qu'elle a un juste sujet de l’exi-
ger ; j'ai mes raisons aussi; la premiére est
que je serais on ne peut pas plus faché si
Eliza manquait de cette force d’'ame que
Yorick a téché de lui inspirer....
' J’'avais promis de ne plus prononcer leur
nom désagréable 5 et si j'en avais regu l'or=
dre exprés de la part d’une tendre femme
qui vous est attachée, je n'aurais pas manqué
DE LA CORRESPONDANCE. 277
was engas’d — Then, to meet at Ranelagh
to night; she answer'd she did not go — She
says if she allows the least footing, she ne-
ver shall get rid of the acquaintance , which
she is resolved to drop at once. — She
knows them; she knows they are not her
friends, or your's, and the first use they
would make of being with her, would be
to sacrifice you to her (if they could) a se-
coud time.—
Let her not, then, let her not, my dear,
be a greater friend to thee than thou art to
thyself: she begs I will reiterate my re-
quest to you that you will not write to
them—'twill give her’and thy Bramin too »
inexpressible pain — Be assured all this is
not without reason on her side; I have my
reasons too, the first of which is, that I
should grieve to excess, if Eliza wanted
that fortitude her Yorick has built so high
upon. — “
I said I never more would mention the
name to thee; and had I not received it
as a kind of charge from a dear woman
that loves you, I should not. have broke
212 L ART
a ma parole. Je t’écrirai demain encore, &
toi, la meilleure et la plus aimable des fem-=
mes. Je te souhaite une nuit paisible; mon
esprit ne te quittera point pendant ton som-
meil. Adieu.
1V. Du méme & Eliza.
Macuére Ex1za, oh! je suis bien inquiet
sur votre cabine..... La couleur fraiche ne
peut que faire du mal a vos nerfs, rien n'est
si nuisible que le blanc de plomb:... Prenez
soin de votre santé, mon enfant , et de long-
temps ne dormez pas dans cette chambre ;
il y en aurait assez pour vous donner une at-
taque de nerfs.
J espére que vous avez quitté le vaisseau,
et que mes lettres vous rencontreront sur la
route de Deal, courant la poste.... Lorsque
vons les aurezregues , ma chére Eliza , met-
tez-les en ordre.... Les huit ou neuf pre-
miéres ont leurs numéros;mais les autres n’en
ont point. Tu pourras les arranger en sui~
vant l'heure ou Je jour. Je wai presque ja-
mais manqué de Jes dater. Lorsqu’elles se-
ront rassemblées dans une suite chronologi-
que , il faut les coudre et les mettre sous en~
veloppe. Je me flatte qu’elles seront ton re-
fuge, et que tu daigneras les lire et les
i Ee i
DE LA CORRESPONDANCE. 215
my word —TI will write again to-morrow
io thee, thou best, and most endearing of
. girls: a peaceful night to thee; my spirit
will be with thee thro’ every watch of it.
— Adieu.
IV. From the same to Eliza.
My peAR Erirza, oh! I grieve for
your cabin; and the fresh painting will
be enough to destroy every nerve about thee;
— nothing so pernicious as white lead —
Take care of yourself, dear girl, and sleep
not in it too soon; ‘twill be enough to give.
youa stroke of an epilepsy. —
I hope you will have left the ship, and
that all my letters may meet and greet you,
as you get out of your postchaise at Deal
— When you have gotthemall, put them,
my dear, into som order — the first eight
or nine are number’d, but I wrote the
rest without that direction to thee — but
thou wilt find them out by the day or
hour, which, I hope, I have generally
prefixd to them : when they are got
together in chronological order , sew them
together under a cover —I trust, they will
he a perpetual refuge to thee from time tg,
”
/ a,
’ .
214 L ART
consulter lorsque tu seras fatiguée des vains
propos de vos passagers.... Alors tu te reti-
reras dans ta cabine pour converser une heure
avec elles et avec mol.
Je nai pas eu Je coeur ni la force de ra
animer d'un simple trait desprit ou d’en-
jouement; mais elles renferment quelque
chose de mieux , et, ce que vous sentirez
aussi bien que moi, de plus convenable a
votre situation.... beaucoup d’avis et quel-
ques vérités utiles.,.. Je me flatte que vous
y appercevrez aussi les expressions simples
et naturelles d’un coeur honnéte., bien plus
expressives que des phrases artistement ar=
rangées.,.. Ces lettres, telles qu’elles sont ,
te donneront une plus grande confiance en
Yorick, que n’aurait pu le faire ’éloquence
la plus recherchée..., Repose-toi donc en-
tiérement , Eliza, sur elle et sur moi,
~ Que la pauvreté, la douleur et la honte
soient mon partage , si je te donne jamais
lieu, Eliza, de te repentir d’avoir fait ma
connaissance !...
D’aprés cette protestation, que je fais en
présence d'un Dieu juste, je le prie de m’é-
tre aussi bon dans ses gaces , que j'ai été pour
toi honnéte et délicat..., Jene voudrais pas
te tromper, Eliza; je ne voudrais pas te
DE LA CORRESPONDANCE. 215
time , and that thou wilt ( when weary
of fools and uninteresting discourse) re-
tire , and converse an hour with them and
me. —
I have not had power or the heart to
aim at enlivening one of them with a
single stroke of wit or humour; but they
contain something better, and what you
will feel, more suited to your situation —
a long detail of much advice, truth and
knowledge. — I hope too, you will per-
ceive loose touches of an honest heart, in
every one of them, which speak more than
the most studied periods, and will give
thee more ground: of trust and reliance.
upon Yorick, than all that labour’d elow
quence could supply. — Lean then thy
whole weight, Eiza, upon them, and upon .
me.
May poverty , distress, anguish and
shame «be my portion, if ever, I give
thee reason to repent. the knowledge of
me! — !
With this asseveration made in the pre-
sence of a just God, I pray to him that so
it may speed with me, as I deal candidly
and honourably with thee — I would not
mislead thee, Eliza; I would not injure
216 L°ART
- ternir dans ]’opimion du dernier des hommes;
pour la plus riche couronne du plus fier des
monarques,
Souvenez-vous que tant que j'aurai la plus
chétive existence ; que tant que je respirerai,
tout ce qui est 4 moi, vous pouvez le regarder
comme a vous.... Jeseraiscependant faché,
ue, pour ne point blesser votre délicatesse,
mon amitié eit besoin d'un pareil témoigna~
ge.... Les écus et lesjetons sont, & mon avis,
d'un usage semblable; ils servent & compter.
J’espére que tu répondras a cette lettre;
amais si tu en es empéchée par les élémens qui
tentrainent loin de moi, j'en écrirai une pour
toi; je la ferai telle que tu l’aurais écrite,
et je la regarderal comme venue de mon
Eliza.
Que l’honneur, le bonheur, Ja santé et les
consolations de toute espéce, fassent voile
avec toi!...Ola plus digne des femmes! je
Je veux vivre pour toi et ma Lydia... devenir
riche pour les.chers enfans de mon adoption;
acquerir de la prudence, de la réputation et
du bonheur, pour le partager avec eux et
avec elle pendant ma vieillesse....
Une fois pour toujours, adieu.... con-
serve ta santé; poursuis constamment ce que
nOUs nous sommes proposé. se» et pete
—v —-
DE LA CORRESPONDANCE. 217
thee in the opinion of a single individual,
for the richest crown the proudest monarch
wears. —
Remember that while I have hfe and
power, whatever is mine , you may style
and think your's; tho’ sorry should I be,
if ever my friendship was put to the test
thus , for your own delicacy’s sake. —
Money aud counters are of equal use in
my opinion: they both serve to. set up”
with. —= ’
I hope you will answer this letter; but’
if thou art debarr’'d by the elements which
hurry thee away, I will write one :for
thee , and knowing it issuch an orieasthou =,
would’st have written, 1 will regard it as
my Eliza’s. —
Honour and happiness, and health and
comforts of every kind, sail along with
thee, thou most worthy of girls! — 1 wiil
live for thee and my Lydia; be rich for
the dear children of my heart; gain wis
dom, gain fame and happiness, to share
them with thee and her in my old age.—
Once for all, adieu; preserve thy life
steadily; pursue the ends we proposed ,
and let nothing rob thee of those powers
3, 19
as L ART
Jaisse point dépouiller de ces facultés que le
ciel t'a données pour ton bien-étre.
- Que puis-je ajouter de plus dans l’agitation
desprit ol je-me trouve ?... et déja cing
minutes se sont écoulées depuis le: dernier
coup de cloche de l'homme dela poste... .
Que puis-je ajouter de plus?... que de te
recommander au ciel, et de me recomman-
der au ciel avec toi, dans la méme fervente
priére.... «Puissions - nous étre heureux,
et nous rencontrer encore, sinon dans cetle
vie, au moins dans l’autre!... »
Adieu, Eliza.... je suis a toi pour ja-
mais: compte sur l'amitié tendre et durable
dYorick.
V. Du méme a Eliza.
‘Ma cute Exiza,jai été aux portes
de la mort ... Je n’étais pas bien la der-
niére fois que je vous écrivis’, et je craignais
ce qui m’est arrivé en effet} car dix minutes
aprés que j'eus envoyéma lettre, cette pau-
vre et maigre enveloppe d’Yorick. fat préte
4-quitter le monde. Ii se rompit uni vaissean
dans ma poitrine, et le sang n’a pu étre ar-
rété que ce matin vers les quatre heures; jen
ai rempli tes beaux mouchoirsdes Indes.. . .
T venait , je crois, de mon Coeur... Je me
DE LA CORRESPONDANCE. 219
heaven has given thee for thy well being. —
What can I add more in the agitation
of mind I am in, and within five minutes
of the last post-man’s bell, but recommend
thee to heaven, and recommend myself
te heaven with thee, in the same fervent
ejaculation : « That we may be happy and
« meet again—if not in this world, in the
« next. » -
Adieu; I am thine , Eliza, affectionately,
and everlastingly, |
Yorick.
V. From the same to Eliza.
My pear Exriza, I have been
within the verge of the gates of death: —
I was ill the Jast time I wrote to you,
and apprehensive of what would be. the
consequence — My fears were but too
well founded; for in ten minutes after
I dispatch’'d my letter , this. poor. fine
spun frame of Yorick’s gave way, and I
broke a vessel in my breast, and could not
stop the loss of blod till four this morning
~— LT have filled all thy India handkerchiefs
with it; it came, I think, from my heart
>
9260 LART
suis endormi de faiblesse.... A six heures
je me suis éveillé, ma chemise trempée de
Jarmes. Je songeais que j'étais indolemment
assis sur un sofa, que tu étais entrée dans ma
chambre avec un suaire dans ta main, et que
tu me disais: .... « Mon esprit a volé vers
«toi dans les dunes, pour te donner des
« nouvelles de mon sort; je viens te rendre
«le dernier devoir que tu pouvais attendre
« de mon affection filiale, recevoir ta béné-
« diction et ton dernier soupir.... » Aprés
tu m’as enveloppé du suaire ; tu étais pros-
ternée A mes picds; tu me suppliais de te
bénir. Je me réveille: dans quelle situation,
bon Dieu! mais tu compteras mes larmes ;
tu les mettras toutes dans un vase.... Chére
Eliza , je te vois , tu es pour toujours présente
& mon imagination, embrassant mes faibles
genoux, élevant sur moi tes beaux yeux,
pour m’exhorter a la patience et me consoler.
Quand je parle 4 Lydia, les mots d’Esau,
tels que tu les as prononeés , résonnent sans
~, cesse 4 mon oreille,. .. « Bénissez-moi donc
4« aussi, mon’ pére.... » Sois heureuse, 6
‘Yenfant de mion coeur !
+ Mon sang est parfaitement arrété, et je’
‘sens renaitre fortement en moi le principe
‘de la vie. Ainsi, mon Eliza, ne s0ois point
DE LA CORRESPONDANCE. 221
I fell asleep, thro’ weakness ; at six I
awoke, with the bosom of my shirt steep ‘d
in tears — I dream’d I was sitting under
the canopy of indolence , and that thou
cam’st into the room with a shaul in thy
hand; and told me ¢ My spirit had flown
« to thee to the downs, with tdings of my
« fate, and that you were come to adminis-
« ter what consolation filial affection could
« bestow, anc to receive my parting breaht
«and blessing. » — With that, you folded
the shaul about my waist, and kueeling ,
supplicated my attentiom — I awoke; but
in what a frame ,6 my God! — « Butthou
« wilt number my tears, and put them all
« into thy bottle »— Dear girl , I see thee ;
thou art for ever present to my fancy , em-
bracing my feeble knees, and raising thy
fine eyes to bid me be of comfort : and
when I talk to Lydia, the words of Esaii,
as utter’'d by thee, perpetually ring in my
ears. — « Bless me even also, my father »
— Blessing attend thee , thou child of my
heart ! —
My bleeding is quite stopp’d, and I feel
the principle of life strong within me —
so be not alarm’d, Eliza, I know I shall
do well. I have eat my breakfast with
282 - LART
alarmée.... Je suis bien, fort bien... . J'ai
déjetiné avec appétit, et je t’écris avec un
plaisir qui nait du pressentiment que tout
finira 4 la satisfaction de nos cceurs.
Jouis d'une consolation durable dans cette
pensée , que tu as si délicatement exprimée ,
que le meilleur des étres ne peut combi-
ner une telle suite d’événemens , purement
dans l’intention de rendre une créature mi-
sérable pour toute sa vie! L’observation
est juste , bonne et bien appliquée.... Je
souhaite a ma mémoire en justifie l'ex-
pression...
Eliza, qui vous apprit a écrire d'une ma~
niére si touchante ?... Vous en avez fait un
art dans sa perfection.... Lorsque je man-
querai d'argent, et que Ja mauvaise santé ne
permettra plus a mon génie de s’exercer....
je pourrai faire imprimer vos lettres , comme
les parfaits Essais d'une jeune Indienne.. . .
Le style eu est neuf, et seul il serait une
forte recommandation pour leur débit; mais
Jeur style aisé, facile et spirituel, ne peut
étre égalé, je crois, dans cette section du
globe, mi méme, j’ose dire, par aucune
femme de vos compatriotes....
DE LA GORKRESPONDANCE. 223
hunger; and I write to thee with a pleasure
arising from that prophetic impression in
my imagination, that « all will terminate
« to our heart’s content, »
Comfort thyself.eternally with diader
suasion, « That the best of beings » (as thou
hast sweetly express'd it) « could not by a
« combination of accidents, produce such a
« chain of events, merely to be the source
« of misery to the leading person engaged
«in them. » —The observation was very
applicable , very good, and very elegantly
express'd: I wish my memory did justice
to the wording of it —
Who taught you the art of writing so
sweetly, Elyza? You have absolutely exalt-
ed it to a science — When I am in want
of ready cash, and ill health will not per-
mil my genius to exert itself, I shall print
your letters, as finish’d Essays, by an un- |
Sortunate Sales lady, — Thestile is new,
and would almost be a-sufficient recom-
mendation for their selling well, without
merit; but their sense , natural ease and
spirit, is‘ndt to be equall’d, I believe, in
this secticn of the globe ;nor, I will answer
for it, by any of your country women in
your's, —
224 Any LAT
J'ai montré votre lettre 4 mistriss B,...
et a plus de la moitié de nos littérateurs... .
‘Vous ne devez point m’en vouloir pour cela ,
parce que je n'ai youlu que vous faire hon-
neur.... Vous ne sauriez imaginer combien
vos productions épistolaires vous ont fait
d’admirateurs, qui n’avaient pas encore fait
attention 4 votre mérite extérieur. Je suis
toujours surpris, quand je songe ou tu as pu
acquérir une si parfaite union de tant de gra-
ces ,de bonté, de perfections!... Oh! la
nature s'est occupée de toi avec un soin par-
ticulier; car tu es, et ce n’est pas seulement
a mes yeux, le meilleur et le plus beau de
ses ouvrages.
Voici donc Ja derniére lettre que tu dois
receyoir de moi; j'apprends par les papiers
publics que le comte de Chatam est entré
_dans les Dunes , et je crois que le vent est
favorable.... Si cela est, femme céleste,
recois mon dernier adieu.... Chéris ma
mémoire.... Tu sais combien je testime,
et avec quelle affection je t'aime, de quel
prix tu es pour moi. Adieu... . et avec mon
adieu, laisse-moi te donner encore une ré-
‘gle de conduite, que tu as entendu sortir de
\
DE LA CORRESPONDANCE. 225
I have show’d ‘your letier to M** ***,
and to half the literati in town: you shall
not be angry with me for it, because I
meant to do you honour by it. You cannot
imagine how many admirers your episto-
lary productions have gain’d you, that ne-
ver view'd your external merits — I only
wonder where thou could’st acquire thy
graces, thy goodness, thy accomplishments!
so tonnected:! so educated ! Nature has
surely study’d to make thee , her. peculiar
care; for thou art (and not in my eyes
alone) the best and fairest of all her
works —
And so, this is the last letter thou art to
receive from me, because the Earl of Cha |
tam (I read in the papers) is got to the
downs , and the wind (I find ) is fair —
if so, blessed woman, take my last fa-
rewell! Cherish the remembrance of me;
think how I esteem , nay, how affectio-
nately I love thee, and what a price I set
upon thee. Adieu, adieu, and with my
adieu, let me give thee one straight rule of ©
conduct , that thou hast heard from my lips,
10 *
226 Vin oe sos sh te
mies lévres, sous plus de mille formes; mais
je la renferme dans ce seul mot :
RESPECTE-TOL.
Adieu encore une fois, Eliza; qu’aucune
peine de coeur ne vienne placer une ride sur
ton visage, jusqu’a ce que je puisse te revoir;
que l’incertitude ne trouble jamais la séré-
nité de ton ame, ou ne réveille une pénible
pensée au sujet de tes enfans. ... car ils sont
ceux d’Yorick.... et Yorick est ton ami
pour toujours, Adieu, adieu, adieu.
P. S. Rappelle-toi que « l’espérance abrége
le temps et le rend plusagréable.. .. » Ainsi
tous les matins, a ton lever, chante, je t'en
prie, chante avec Ja ferveur dont tu chan~
terais un hymne, mon Ode a I'Espérance ,
et tu déjedneras avec plus de satisfaction.
Que le bonheur, le repos et Ja santé te
suivent dans ton voyage! Puisses-tu revenir
bientét avec la paix et l’abondance, pour
charmer mes ennuis! Je serai le dernier &
déplorer ta perte; je serai le premier & célé-
brer ton retour !
Porte-toi bien !
DE LA CORRESPONDANCE. 227
in a thousand forms , but I concenter. it in
one word:
‘REVERENCE THYSELF.
Adieu once more, Eliza; may no anguish
of heart plant a wrinkle upon thy face till
I behold it again; may no doubt or mis
giving disturb ‘the obteility of thy niind, of
awaken a painful thought about thy exile
dren, for they are Yorick’s, and Yorick is
thy friend for ever! —
Adieu, adieu , adieu, ~
~ P.S. Remember that « Hope ‘shortens
«all journies by sweetening them; » so
sing my little stanza’ on the subject , with
the devotion of an hymn, every morning ,.
when thou arisést, and thou wilt eat thy
break-fast with more comfort for it. —~
' Blessings, rest and Hygeia go with thee!
May’st thou soon return in peace and'af
fluence to illumine my night! Tam) and’
shall be the last to deplore thy Joss; and)
will be the first to ea genar ya wait hail nes
return.
Fare thee welll!
Mista
228 LAR T
LETTFRES DE MILADY MONTAGUTE.
I. A la comtesse de ***,
De Rotterdam, le 3 aout 1716.
Vous apprendrez avec plaisir , sans doute,
ma chére sceur, que j'ai passé Ja mer sans
accident, quoique nous ayons essuyé une
tempéte. Le capitaine du yacht nous fit par-
tir dans un temps calme, croyant qu'il était
facile de faire Je trajet ala faveur de Ja ma-
rée ; mais deux jours étaient a peine écoulés ,
qu'il s'‘éleva un vent si violent, qu’aucun maz
telotne pouyait se tenir debout,; et: nous fa-
mes cruellement agités toute la nuit du
dimanche au lundi, Je wai jamais vu un
homme plus effrayé que le capitaine. Pour
moi, je.nai eu nicrainte ni maladie de mer,
J’avouerai cependant que javais fort envie
de me voir encore une fois sur la terre ferme ,
et que je n’eus pas la patience d’attendre l'ar-
rivée du yaclit a Rotterdam : je me fis trans~
porter , dans la grande chaloupe , A Helvoet-
sluys, ou nous primes des voitures pour le
Briel. Je suis enchantée de la propreté de
cette petite ville; mais celle de Rotterdam
me ravit : toutes les rues y sont pavées de
grandes pierres; on voit devant les portes,
DE LA CORRESPONDANCE. 229
LETTERS OF LADY MONTAGUE.
- I. To the countess of —.
Rotterdam , Aug. 3, O. S. 1716.
Irnatrermyself,dear sister, that I shall
give you some pleasure in letting you know
that I have safely passed the sea, though
we had the ill fortune of a storm. We were,
persuaded by. the captain of the yacht to set
out in a calm, and he pretended there was
nothing so easy as fo tide it over, but, after
two days slowly moving, the wind blew
so hard, that none of the sailors could keep
their, feet, and. we were all sunday night
tossed very handsomely. I never saw a man
more frighted than the captain. For my
part, L have been so lucky, neither to suffer
from fear nor sea-sickness ; though, I con~
fess, L was so impatient to see myself once
more upon dry land, that I would not stay
ull the yacht could get to Rotterdam, but
went in the long-boat.to Helvoetsluys ,
where we had voitures to carry us to the
Briel. I was charmed with the neatness of
that little town; but my arrival at Roter-
dam presented mea new scene of pleasure.
All the streets are paved with broad stones,
250. L ART
méme des artisans, des siéges de marbre
de diverses couleurs : le pavé est toujours
si bien nettoyé, que je parcourus hier pres-
que toute la ville, incognito, en pantoufles ,
sans attraper la moindre crotte. Eufin, les
rues de Hollande sont plus proprés que nos
chambres 4 coucher. Les rues de Rotier- -
dam sont toujours si remplies de monde,
qu'il me semble que c'est une foire con-
tinuelle, Tl est vrai qu’on ne trouve pas de
ville plus avantageusement située pour le’
jcommerce; I] y a sept grands canaux, par
lesquels les vaiseaux marchands montent
jusque devant les portes des maisons. Les
boutiques et les magasins sont d'une magni-
ficence et d'une propreté étonnante. On y
voit une quantité incroyable de trés-belles
marchandises, qui sont toutes d'un prix
si inférieur 4 celui qu’elles cofitent en An-
gleterre, que, malgré’moi, je me per-
suade en étre fort éloignée. On ne voit
pas plus de mendians a Rotterdam que’
de crottes: les yeux n'y sont point choqués, —
comme a Londres, par le dégoitant spec-
tacle d'une quantité d’estropiés; on n'y est
point fatigué par les importunités de pares--
_seux et de paresseuses, qui vivent par gout’
dans’ la saleté et dans loisiveté. Les plus:
~
DE LA CORRESPONDANCE. 254%
(and before many of the meanest artificer’s
doors are placed seats of various-coloured
marbles) so neatly kept, that I assure you,
I walked almost all over the town yester-
day, incognito, in my slippers, without
receiving one spot of dirt; and you may see
the Dutch maids washing the pavement of
the street with more application than ours
do our bed-chambers. The town seems so
full of people, with such busy faces, all in
motion, that I can hardly fancy it is not
some celebrated fair; but I see it is every
day the same. "Tis certain no town can be
more advantageously situated for commerce.
Here are seven large canals, oa which the
merchant ships come up to the very doors
of their houses; The shops and warehouses
are of a surprising neainess and magnifi=
cence, filled with an incredible quantity of
fine merchandize, and so much cheaper
than what we see in England, that I have
much ado to persuade myself I am still so
near it. Here is neither dirt nor beggary to
be seen. One is not shocked with those
loathsome cripples, so common in London,
nor teized with the importunity of idle fel-
lows and wenches, that chuse to be nasty -
and lazy. The common servants and little,
252 L ART
petites marchandes, les servantes méme, ¥
sont plus propres que la plupart de nos da=
mes. Les femmesn’y sont asservies & aucune
mode; chacune se met Aa son goiit: ce qui
cause dans lesajustemens une variétéagréable.
Je ne me plains point, comme vous voyez,
ma chére sceur; et si je n’essuie pas plus de
désagrément que je n'ai fait jusqu'ici, je ne
me repentirai point d’avoir formé le projet
de voyager ; je m’en féliciterai, au contraire,
toutes les fois que je trouverai occasion de
vous amuser par quelque récit agréable.
Mais on est intéressé en Hollande, et j'ai
pris le style de Rotterdam , pour vous de-
mander en échange toutes les nouvelles de
Londres. Vous voyez que je sais déja bien
faire un marché, Je suis votre affectionnée
soeur.
II. A madame S***.
- De la Haye, le 5 aottt 1726.
Jz me hate de vous apprendre, ma chére
dame, que je n’ai point encore essuyé les
fatigues insupportables dont vous m’aviez
menacée. Je suis, au contraire, trés-satis-
faite de mon voyage. Nous faisons de si pe-
tites journées , quil me semble plutot éwe
DE LA CORRBSPONDANCE. 255
shop-women, here, are more nicely clean
than most of our ladies; and the great va-
riety of neat dresses (every woman dressing
her head after her own fashion ) is an ad-
ditional pleasure in seeing the town. You
see, hitherto, I make no complaint, dear
sister; and if I continue to like travelling as
well as I do at present, I shall not repeut
my project. It will goa great way in making
me salisfied with it, if it affords me an
opportunity of entertaining you. But it is not
from Holland that you must expect a dis-
interested offer. I can write enough in the
stile of Roterdam, to tell you plainly, in
one word, that I expect returns of all the
London news. You see I have already learnt
to make a good bargain, and that it is not
' for nothing I will so much as tell you, Tam
your affectionate sister,
Il. To mistriss $.—
Hague, Aug. 5, O. S. 1716.
I-mAxe haste to tell you, dear madam,
that, after all the dreadful fatigues you
threatened me with, Iam hitherto very
well pleased with my journey. We take
care to make such short stages every day,
that I rather fancy myself upon parties of
234 L ART
en partie de plaisir qu’en route. Rien n'est
plus agréable que de voyager en Hollande;
ce pays ressemble a un grand jardin. Tous
les chemins y sont bien pavés, et bordés, des
deux cétés, d'arbres qui les couvrent de leur .
ombrage; on y voit aussi de grands canaux,
ou les bateaux se croisent sans cesse. De
vingt pas en vingt. pas on découvre quel-
que village; de quatre heures en quatre
heures, quelque grande ville. Je suis actuel-
lement dans un des plus beaux villages du
moude. On y voit plusieurs places exvi-
ronnées de beaux édifices, et plantées de
grands arbres touffus, qui y font un trés-bel
effet. Le Voor-Hout est a la Haye ce que
le Hide-Parck et Je Mail sont 4 Londres ; les
personnes de qualité vont y prendre l'air, a
pied et dans Jeurs voitures : il y a des bouti-
ques ot !’on trouve divers rafraichissemens,
J’ai vu plusieurs jardins magnifiques; mais
je ne vous en ferai pas la description; je
craindrais de vous ennuyer. Ma lettre vous
parait, sans doute, déja trop longue: je ne
J'achéverai cependant pas sans vous faire ex-
cuse de ne vous avoir point enyoyé la den-
telle que vous m'aviez demandée ; elle estem
vérité plus chére ici qu’é Londres; mais. les,
marchandises des Indes y sont a trés- bon
DE LA CORRESPONDANCE. 235
pleasure than upon the road ; and sure
nothing can be more agreeable thantravelling
in Holland. The whole country appears 2
large garden; the roads are well paved,
shaded on each side with rows of trees, and
bordered with large canals, full of boats
passing and repassing. Every twenty paces
gives you the prospect of some villa, and
every four hours, that of a large town, so
surprizingly neat, I am sure you would be
charmed with them. The place IT am now
at is certainly one of the finest villages in
the world. Here are several squares finely
built, and ( what I think a particular beau-
ty ) the whole set with thick large trees. The
Voorhout is, at the same time , the Hyde-
Park and Mall of the people of. quality, for
they take the air in it both on foot and in
coaches. There are shops for wafers, cool
liquors, etc, I have been to see several of
ihe most celebrated gardens, but I will not
teize you with their descriptions. I dare
swear you think my letter already long
- enough. But I must not conclude without
begding your pardon, for not obeying your
commands, in sending the lace you ordered
me. Upon my word, I can yet find none that
is not dearer than you may buy itin London)
236 L ART
marché : si vous en voulez, je m’acquil+
terai de votre commission avec beaucoup
de plaisir et d'exactitude. Je suis, ma
chére, etc...
III. A madame.S. C.
De Nimégue, le 13 aotit 1716.
Jz suis bien fachée, ma chére S. C., que
Vinquiétude de vos parens sur votre santé,
et votre soumission 4 leurs volontés, nous
privent, moi de la satisfaction d’étre avec
vous, et vous de celle de faire un voyage
agréable. Lorsque je rencontre quelqu’un de
ces objets qui charment la vue, je suis saisie
de tristesse, parce que vous étes privée du
plaisir de le contempler avec ‘moi. Si yous
étiez A Nimégue , vous attendriez A chaque
instant des visites de vos parens qui sont a
Nottingham : ces deux villes se ressemblent
parfaitement. II n'y ade différence qu’entre
les noms de Meuse et de Trent : le coup-
d’ceil est le méme. Les maisons, comme
celles de Nottingham, sont baties les unes
sur les autres , entremélées de jardins et d’ar-
bres. La tour de Jules-César est située comme
le chateau de Nottingham : jai monté
DE LA CORRESPONDANCE. 239
If you want any India goods, here are great
variety of penny-worths, and I shall follow
your orders with great pleasure and exact-
ness, being, dear madam, etc. etc,
III. To mistriss S. C.
Nimeguen, Aug, 13, O. S. 1716,
I am extremely sorry, my dear S., that
your fears of disobliging your relations, and
their fears for your health and safety, have
hindered me from enjoying the happiness
of your company, and you the pleasure of
a diverting journey. I receive some degree
of mortification from every agreeable no+
velty, or pleasing prospect, by the reflec-
tion of your having so unluckily missed.
the delight which I know it would have
given you. If you were with me in this
town, you would be ready to expect to re-
ceive visits from your Nottingham friends. |
No two places were ever more resembling ;
ove has but to give the Maese the name of
the Trent, and there is no distinguishing
the prospect. The houses, like those of Not-
tingham, are built one above another, and
aré intermixed, in the same manner, with
trees and gardens. The tower, they call
Julius Cesar's, has the same situation with
238 “L ART
dessus, et j'ai cru voir la plaine du Trent et
Alboulton, lieux qui nous sont si connus. Il
y acependant de la différence entre les for-
tifications : tous les connaisseurs vantent
beaucoup celles de Nimégue. Pour moi, qui
ne m’y connais point, je vous dirai seule-
ment que la promenade qui est sur les rem-
parts est assez agréable. On y trouve une
tour, nommée a juste titre le Belvéders
c'est un des plus beaux points de vue du mon-
de:on y prend du thé, du café, etc. Les
promenades publiques n'ont d’autreagrément
que leur épais et imposant ombrage. J’ou-
bliais de vous parler du pont, qui est une
chose surprenante. IJ est assez spacieux pour
contenir trois ou quatre cents personnes ,
outre des chevaux et des voitures : pour
y monter, il en coute deux sous d Angle-
terre. Ce pont part, et porte les passans de
Yautre cété de Ja riviére; mais si lente-
ment, qu’a peine s’‘appergoit-on que l'on est
‘transporté.....
IV. 4 la comtesse de***,
De Nuremberg, le 22 aodt 1716.
La fatigue que j'ai essuyée pendant cing
jours de voyage en poste ne m’empéchera pas
DE LA CORRESPONDANCE. 259
Nottingham castle; and I cannot help fan-
cying I see from it the Trent-field, Adboul-
ton, places so well known to us. ’Tis true,
the fortifications make a considerable diffe-
rence. All the learned in theart of war bestow
great commendations on them; for my part,
that know nothing of the’ matter, I shall
content myself with telling you ’tis a very
pretty walk on the ramparts, on which there
is a tower, very deservedly called the Belvi-
dera, were people go to drink coffee, tea, etc.
and enjoy one of the finest’ prospects in the
world. The publik walks have no great
beauty, but the thick shade of the trees,
which is solemnly delightful. But I must not
forget to take notice of the bridge , which
appeared very surprizing to me, It is large
enough to hold hundreds of men., wit! horses
and carriages. They give the value of an
English two-pence to get upon it, and then
away they go, bridge and all, to the other
side of the river, with so slow a motion,
one'is hardly sensible of any atvall,....
IV. To the countess of B—.
Nufemberg, Aug. 22, O. S. 1716.
Arter five ‘days travelling post, I
could*not sit down to write on any other
240 L ART
d'exécuter l'ordre flattear que m’a donné ma
chére comtesse, de lui rendre compte de mes -
voyages. J'ai traversé une grande partie de
l Allemagne, et j'ai vu tout ce qui mérite
de attention a Cologne, a Francfort, a
W urtsbourg , enfin, a Nuremberg. I] est im-
possible de ne pas sentir la différence qu'il
y a entre les villes libres et celles qui ne le
sont pas. Dans les premiéres, on voit régner
l'abondance que produit le commerce; les
ruessont belles, remplies de monde vétud'une
maniére simple, mais honnéte; les boutiques
sont garnies de marchandises; le tiers-état,
en général, a l’air propre et content. Les
habitans des autres villes, au contraire, af-
fectent un luxe au travers duquel on voit
percer l’indigence. Les gens de-qualité sont
mal-propres , et tous habillés d'une maniére
ridicule: les rues sont trés- étroites, sales ,
mal entretenues, et trés- peu habitées; plus
de la moitié du peuple demande l'aumone.
Une ville libre, enfin, me présente a l'idée
Ja femme d’un citoyen de Hollande propre-
ment, mais simplement mise; une qui ne
lest pas, m’y présente , au contraire, une
fille de joie, dont la téte est extrémement
bien parée; mais le reste de son habillement
est sale et en mauvais ordre: misérable mé-
lange de vice et de pauvreté,
DE LA CORRESPONDANCE. 24F
occasion than to tell, my dear Lady, that I
have not forgot her obliging command of
sending her some account of my travels. L
have already passed a large part of Ger-
many, have seen all that is remarkable i in
Cologn, Frankfort, Wurtsburg, and this
place. "Tis impossible not to dbserve the
difference between the‘free towns, and those
under the government of absolute: princes,
as all the little sovereigns of Germany are.
In the first, there appears an air of com-
merce and plenty ; the streets are well
built, and full of people‘neatly and plainly
arbaveds the shops are loaded with mer-
chandize, and the commonalty are clean
and cheerful. In the other you see a
short of shabby finery, a number of dirty
people of quality tawdered out; narrow
nasty streets out of repair, meckealy thin
of inhabitants, and above half of the com-
mon sort Pking alms. I cannot help. fans
cying one under the figure of a clean Dutch
citizen's wife, aud the other like a poor
townlady of pleasure , painted, and rib-
boned out in her head-dress, with tar=
nished silver-laced shoes, a ragged under
~ petticoat, a miserable mixture of vice and,
poverty. Lf
2. IT
242 ie WARP
, A Nuremberg, il ya des lois somptuai-,
res , qui préviennent l’excés! ruineux a tant
de personnes dans les autres villes, Les rangs
y sont désignés par lhabillement; ce qui fait,
aux yeux d'un étranger, un effet plus agréa-
ble. que nos modes. J’avoue franchement
que je voudrais, de tout mon coeur, que ces
lois fusent établies dans beaucoup d’endroits,
Lorsque l'on voit que, dans la plupart des
villes, un habit riche fait le mérite, donne
de la considération, on est forcé. de convenir
qu il faut ayoir un bon sens plus qu ordinaire
pourrésister & la tentation de plairevet d’étre
admiré. Les jeunes gens ne-cédent que trop
& cette tentatiow, quoiqu’ils se mettent sou-
vent par 14 dans le cas de.manquer d'argent,
ce, qui. les expose, a mille. bassesses:, et les
conduit méme jusqu’au crime. Combien de
personues nées avec les meilleures inclina~
tions ont fini par commettre Jes plus horri-
bles atlentats, pour avoir contracté, par de
folles, dgpenses , des dettes. quil leur était
impossible. d'acquitter | Elles, ne. se seraieut
jamais trouyées dans ce cas, si la multitude
DE LA CORRESPONDANCE. 243
They have sumptuary layys.in this town,,
which distinguish their rank by: their dress,
prevent the exéess which ruins so. many
other cities, and has .a more agreeable
effect to the eye of a stranger, than our
fashions. I need not be ashamed to own that
T wish. these laws were in force in other
parts of the world. When one considers 1m-
partially the merit of a rich suit of clothes
in most places, the respect and the smiles
of favour it procures , not tospeak of the envy
and the sighs it occasions (which is very,
often the principal charm to’ the wearer ),
one is)forced to confess that there is need ofan
uncommon understanding, to resist the temp/
tation’ of pleasing friends, and mortifymg
rivals, and that itis natural to young people
to fall into a folly which betrays them to that
wont of money,.which is the source of a
thousand. basenesses. What numbers, of men
have begun the world with generous inclina-
tions , that have afterwards been the instru-
ments of bringing misery on a whole people,
being Jed by a vain expencejinto debts that
they could clear.no other way, but by the
forfeitof their honour, and which they never
could have contracted, if the respect the math:
titude pays to habits was fixed by law, only
a”
244 Lan?
— ne respectait point les habits, et'si le prix
en était fixé par la Joi, C wnelieetons en
font naitre d'autres trop*tristes : il faut vous
en distraire par le seine des reliques
dont jai été régalée ny toutes ‘les églises
romaiues.
Les luthériens ne sont pas tout-a- fait
exempts de ces dévotions. J’ai vu, dans la
principale église de cette ville, un morceau
de la croix garni de pierreries, et la pointe
de ‘la lance qu'on ma dit étre celle dont le
coté du Saiiveur fut percé) Mais je m’amusai
singuliérement dans une petite église de ca+
tholiques ‘romains , qui est tolérée ici, Com-
‘me ceux de cette religion ne sont pas riches
a Nuremberg, ils: ne peuvent metire des ors
nemens de prix 4 leurs statues : on en voit
une du’ Sauveur ‘au-dessus de leur ‘antel a
Jaquelle ils ont, par vénération’, mis ‘un
habit, ‘et une perruque:bien poudrée. Cela
vous surprend, et vous croyez que jé viens
de vous raconter une fable ; mais je vous
proteste que je n'ai’ point encore fait usage
du privilége des Voyageurs ; et vous pou-
vez m’en croire, & ce sujet, avec autant de
eonfiatice que quand Jé vous assure que je
suis, Ete,
DE LA CORRESPONDANCE. 245.
io a particular colour or cut of plain cloth!
These reflections draw ‘after them others
that are too melanchol y. I will make haste
to put them 6ut of your head by the farce of
relicks,, with which T have been come
in all soesistt churches.
The lutherans are not quite free, ‘ant
these follies. I have seen here in the'priucipal
church a, large piece of the cross in jewels,
and the point ofthe spear which, they told
ine very gravely , was the same that pierced
the side of our Saviour. But I was particu-
Jarly diverted in a little roman catholick
church, which is permitted here, where
the professors of that religion are not very
rich J and, consequently cannot adorn their
images in so rich a, manner as their neigh~
bours.: for not.to, be, quite destitute of all
fiuery , ihey have dressed up an iinage of our
Saviour over the altar, ina fair full- hotidmea
wig, very well powdered. I imagine Iysee
your ladiship stare, at this article, ef which
you very much doubt the veracity : but,
upon my word, I have not.yet niade.use of
the privalege of a traveller, and imy whole
account is written with the same plain sin-
cerity, of heart, with which I assure, you
that Lam, dear madam, yours, etc. ei¢,
246 L ART
WV. A la comtesse de ***.
De Vienne, le 8 nepternbte 1716.
ieee suis eudial arrivée & Vienne: quoique
nous ayons essuyé beaucoup de fatigues, mon
cher enfant et moi, nous nous portons trés-
bien. A Ratisbonne , nous nous sommes em=
barqués sur le Danube , dans de petits vais~
seaux, qu'on appelle , avec raison, des mai-
sons de bois: on y trouve autant de com-
modité que dans un_-palais ; poéles , cuisines ,
etc. Ils ont douze rames, et vont avec tant
de ‘rapidité, que la vue est frappée d'une
variéié continuelle de perspectives, Rien
n'est plus agréable que cette route : d’heure
en heure on appercoit une ville bien peu-
plée, et ornée de palais magnifiques : on
découvre des solitudes , dont la description
semblerait romanesque ; enfin, les bords du
fleuve sont‘agréablement diversifiés par des
bois , des rochers et des coteaux couverts de
vignes , des champs remplis de blé, par de
grandes villes , et des ruines d’anciens cha-
teaux. J'ai vu Passau et Lintz. Cette der-
mére ville est fameuse pour avoir été la re-
traite de la cour impériale, lorsque Vienne
fut assiégée Quoiqu'elle soit aujourd hud
DE LA CORKRESPONDANCE. 247
V. To the countess of —.
Vienna, Sept. 8, 0. S. $716.
I am now, my dear sister, safely arrived
at Vienna, and, I thank God, have not at
all suffered in my health, nor, what is
dearer to me, in that of my child, by all
our fatigues. We travelled by water from
Ratisbon, a journey perfectly agreeable ,
down the Danube, in one of those little
vessels that they very properly call wood-
en houses, having in them all the conve
niencies of a palace, stoves in the cliambers,,
‘kitchens , etc. They are rowed by twelve
men each, and with such incredible swilt+
ness, that in the same day you have the
pleasure of a vast variety of prospects, and
within the space of a few hours you have
the pleasure of seeing a populous city adorns
ed with magnificent palaces, and the most
romantick solitudes, which appear distant
from the commerce of mankind, the banks
of the Danube being Bnutiatdsly’ diversified
with woods, rocks , mountains covered with
vines , fields of corn, large cities, and ruins
of ancient castles. I saw the great towg
of Passau and Lintz, famous for the-retr
248 "a oR
honorée de la résidence de l’empereur , elle
n'a pas remphi ‘mon attente ; je Pai trouvée
bien plus petite que je ne le pensais : ses rues
sont si &troites qu'il est impossible de yoir
~ Tes ‘beaux frontispices des palais. Ils sont
presque tous batis de belles pierres blanches,
et prodigieusement élevés. Comme Lintz ne
peut contenir tous ceux qui yeulent y de-
yaeurer, on.a entassé ville sur ville; la plu-
part des maisons ont cing étages, et beau-
coup.en ont six. Il est aisé de compreadre
que les rues étant si étroites, les chambres
sont fort obscures; et, ce qui me parait en-
core plus insupportable , cest quil mya
‘point de maison qui ne contienne cing ou six
familles. Les appartemens des plus grandes
dames , méme des ministres d’état, ne sont
séparées de ceux des tailleurs et des cordon-
niers, que par des cloisons; personne n’oc-
cupe plus de deux étages dans une maison :
Jes maitres logent au premier , et les domes-
tiques habitent celui de dessus, Les proprig-
taires n ‘occupent de leurs maisons que ce qui
deur est absolument nécessaire ; ils louent le
: ainsi Jes escaliers sont aussi communs
‘Es aussi sales que les rues. Je conviens que
DE LA CONRESRONDANCE. 249
of the imperial court, cwhenyVienna was
besieged. This town j which has the honour
of being the emperor's, residence, did not
at all answer my expectation, nor ideas of
it} being much less than 1 expected to, find
its the streets are, very, close,, and so nar-
‘YOW , one cannot obserye the fine fronts of
the palncese though many “of them’ very
‘well deserve observation , being truly magni-
ficeut. They are all builtof fine white stone,
‘and aré excessive high. For as the town is
too little for the number of ‘the people that
desire to livein: it, the) builders seemto
_ have projected. to iméptaiobalide misfortane’,
by clapping oie town omthe top ofanothen,
most of the houses being of five, aud some
of them six, stories. You, may easily 1ma-
gine that, the streets being so narrow, the -
‘rooms are extremely dark »and what. an
inconivenieney much trie intolera le; in
my opinio , there is no “house has $0 few
a8 five or six families in it. The a} paint
of the greatest ladies, or even of the minis:
ters of sfate’, are divided: ‘but by a parti+
tion , from thatrof ‘a taylor ‘or shoemaker
and: know no; body: that) has above two
floors:in, any house , one! for, their ownuse}
and one, higher for. their servante igen
RE*
phe aoricnal aar
les apparfemens sont magnifiques ; ce sont
ordinairement des enfilades de huit ou dix
grandes piéces toutes parquetées ; les portes
et les fenétres sont ornées de sculpture et de
dorure; les ameublemens sont si iriches, qu on
en voit peu de semblables, méme chez les
princes souverains des autres pays, Ils con=
sistent en tapisseries de hante-lisse, en trés-
grandes glaces , dont les cadres sont d'argent ¢
on y voit des tables en vernis du Japon. Les
lits, les chaises, les canapés et les rideaux
des fenétres sont de damas ou de velours de
Génes , enrichis de galons ou de broderiesien
or, Ilya, en outre, de grands vases en ver-
nis de la Chine, de trés-beaux tableaux, et
de grands lustres de cristal de roche: J'ai et
Yhonneur de diner chez plusieurs personnes
de la premiére qualité, et je puis dire, avec
vérité, que le bon gout et la magnificence
de leur table répond A celle de leurs ameu-
blemens. J’ai vu plusieurs fois seryir cin;
quaate plats, tous a argent, et remplis d’ex- —
cellens mets ; le dessert, qui répondait au
reste du repas, était sur la plus belle porces
laine de la Chine. Il:y a toujours dans leurs
Fepas une variété surprenante de vins exquisy
DE LA CORRESPONDANCE. 251
that have houses of their own let out the
rest of them to whoever will take them,
and thus the great stairs ( which are all of
stone) are as common and as dirty asthe
street. "Tis true, when you have once tra-
velled through them, nothing can be more
surprizingly magnificent than the, appart-
ments. ‘They are commonly a suit of eight
or ten large rooms, all inlaid, the doors
and windows Haut Gaied sist gilt, and
the furniture such as is seldom seen in the
palaces of sovereign princes in other coun-
tries, Their appartments are adorned with —
hangings of the finest tapestry of Brussels
‘ aig } rac id
prodigious large looking- glasses in silver
frames , fine japan tables , beds, chairs,
canopies, and window - curtains of the ri+
chest Genoa, damask | or velvet., almost
covered with gold lace or,embroidery. All
this is made gay by pictures and vast jars |
of Japan China, and Jarge lustres of rec
crystal. I have Deane had the honour “of
being inyited to dinner by several of thé
first people’ of quality , and T mst do theti
the justice to say’, the good taste atid maa.
ficence of their tables very well answer’ 16
that of their furniture, I have been more
than once entertained with differéndishes
a2 L ART 4
Gest un usage de mettre surl'assietie des cone
vives une liste de ceux qu'on doit servir, et
j/en ai compte plusieurs fuis jusqu’a dix-huit
sortes des plus excellens. J’allai hier a la
maison de campagne du comte de Schoon-
bourg, vice-chancelier, ow j’étais invitée a
Giner. Je n’ai jamais rien vu desi beau que le
faubourg de Vienne : il est fort grand, et ses
maisons sont presque toutes des palais ma-
gnifiques. Vienne serait une ville et des plus
grandes et des mieux baties de I'Europe, si
Yempereur voulait qu'on enabattit les portes,
et qu'on y joignit le faubourg. Pour revenir a
Ja maison de campagne du comte de Schoon-
bourg, elle estextrémement belle. Les ameu-
blemens sont de brocard d'un si bon gout, et
si brillant, que l’ceil en est satisfait. El y a
une galerie pavée de pierres trés-rares, et
dont les murs sont tout couverts de nacre de
perle; la dorure et Ia sculpture sont répan-
dues avec profusion dans toute la maison =
on y voit quantité de belles peintures et de
magnifiques porcelaines ; des statues d’alba-.
» tre etd'ivoire ; la vue et l’odorat sont réjouis,
par degrands orangers et limoniers , qui sont
plantés} dans des pots dorés.. Le diner fut
DE LA CORRESPONDANCE. 253
of meat, all served in silver, and well dres-
sed , the desert proportionable , served in
the finest China. But the variety and richness
of their wines is what appears the most sur-
prizing. The constant way is to lay alist of
their names upon the plates of the guests
along with the napkins , and I have counted
several times to the number of eighteen
different sorts , all exquisite in their kinds.
I was yesterday at count Schoonbourn, the
vice-chancellor's garden, where I was in-
vited to dinner. 1 must own I never sawa
place so perfectly delighiful as the faubourg
of Vienna. Itisvery large, and almost wholly
composed of delicious palaces. If the em-
peror found it proper to permit the gates
of the town to be laid open, that the fau-
bourgs might be joined:to it, he would have,
ene of the:largest and best built cities im
Europe. Count Schoonbourn’s villa is. one
of the: most: magnificent; the furniture alk
rich broeades , so well fancied and fitted up)”
nothing ‘can look more gay and splendid ;
not to speak of a gallery full of rarities of
coral ; mother of pearl, and throughout the
whole house a profusion of gilding, carving,
fine paintings, the most beautiful porcelaim,,
statues of alabaster and ivory, and vast oranger
254 brant ;
splendide et trés- bien ordonné; ta bonne
humeur du comte en fit Je principal! agré=
ment. Je nai pas encore été ala ¢our; j'at+
tends ma robe, sans laquelle je ne peux étre
admise 4 faudiencede | impératrice. Je suis
bien impatiente de voir ane beauté qui a fait
Yadmiration de tant de uations différentes.
Lorsque jaurai ewcet honneur , je vous mar-
querai sincérement ce que j’en pense. C'est
toujours un nouveau plaisir pour moi dou=-
vrir mon coeur & ma chére soeur. =
VI. A madame la comtesse de ***._
De Vienne, le 14 septembre 1716.
Vous écrire encore aprés la longue et en-
nuyeuse lettre que vous venez de recevoir
de moi, cest me rendre importune , mq
chére sceur , je |'avoue. Mais je vous ai pro
mis de vous faire part de ma premiére en=
trée ala cour, ef je veux vous tenir parole»
Pour me préparer 4 cette cérémonie , il a
fallu me mettre a Ja torture dans une robe
fort étroite, m’armer d'une gorgette, et du:
reste de l'équipage, qui fait, en général , um
habillement fort incommode , quoiqu’il soit
avantageux pour la taille et pour le cou. Je)
veux vous donner une idée des-modes de
DE LA CORRESPONDANCE. 255
and lemon trees in gilt pots. The dinner was
perfectly fine and well ordered , and: made
still more agreeable by the good humour of
the count. [have not yet been at court, being
forced to stay for my gown, without which
there 1s no waiting on the empress ; though
I am not without great impatience to see a
beauty that has been the admiration of so ma-
ny different nations. When I have had that
honour, ‘E willnot fail to let you know my
real thoughts, always takinga particular plea-
surein communicating them to my dear sister.
; VIL To the Countess of hs,
, Vienna, September r4, O.S. 1716.
Trovenul have so lately troubled you,
my dear ‘sister, with a Jong letter, yet
I will keep my promise in giving you aw
account of my ‘first going to’court. Iu order
to that cerémony Twas squeezed up ‘in a
‘gown , and adofhed with. a' gorget and the
other implements thereunto belonging, a
dress very inconvenient, but which certainly
shows the neck’ and ‘shape to great advan-
tage. E cannot: forbear ‘giving you some
description of the” fashions here, which are
more’ monstrous and © ‘contrary. to’ all com-
inn sensd end reson, than “lis possible fur
eh 2 ee we
556 5 ARTOU Aa ae
Vienne, qui sont plus ridicules et plas oppor
sées au sens Commun que vous he pouvez
vous limaginer. Les fernmes batissent sur
Jeur téte: un édifice de gaze qui a environ
une verge de hauteur. Elles prennent d'a+
bord un bourrelet, qui ne. différe de celui
dont les laitiéres se servent pour porter leur
pot au lait sur Ja téte, qu’en ce.qu ‘ihestitrois -
fois plus gros; élewéat dessus trois ou quatre
étages, qu’elles fortifient avec une quantilé
-prodigieuse de gros rubans; cetle masse est
ensuite couverte de Jeurs cheveux , auxquels
elles ajoutent beaucoup de _postiches ; car
c'est pour elles une beauté singutiére d’avoir
la téte trop grossé pour qu'elle puisse entrer
dans un tonneau de moyenne grandeur. Elles
se poudrent beaucoup, afin. qu’on. wapper-
goive pas le mélange des cheveux: pour per-
fectionner cet ajustement,, elles yy metent
irois ou quatre rangs de grandes épingles a
tétes de diamant, de perles et.de ‘pierres de
toutes couleurs, et elles.ont soin que ces
épingles débordent les cheyeux. Pour porter
_en équilibre cette énorme coiflure ,. je vous
jure qu'il fautavoir beaucoup,dartetd usage.
Leurs jupes sont plus) Jarges que les nétres
de trois ou quatre verges ;.elles sont en outre
soutenues par des baleines; de fagon. qu'une
:
DE LA CORRESPONDANCE. 257
you to imagine. They build certain fabricks
of gauze on their heads, abouta yard high,
consisting of three or four stories , fortified
with numberless yards of heavy ribbon.
The foundation of this structure is a thing
they call a dowrlet, which is exactly of the
same shape and kind, but about four times
as big, as those rolls our prudent nilk-
maids make use of to fix their pails upon,
This machine they cover with their own
hair, which they mix with a great deal
of false, it being a particular beauty to
have their heads too large to go into a
moderate tab. Their hair is prodigiously
powdered to conceal the mixture, and set
out with three or four rows of bodkins won-
derfully large ( that stick out tyvo.or three
inches from their hair, ) made of diamonds,
pearls, red, green, and yellow stones , that
it certainly requires as much art and expe-
rience to carry the load upright, as to dance
upon May-day with the garland. Their
whalebone petticoats outdo ours by several
yards circumference, and cover some acres
of ground. You may easily suppose how
this extraordinary dress sets offand improves _
the natural ugliness with which God Al-
mighty has been pleased ta endow them,
258 LAR
dame de Vienne occupe plusieurs toises dé
terrain. Jugez combien cet ajustement bis
zarre augmente la laideur qu'il a plu au Tout-
Puissant de leur donner & toutes en général
L’impératrice elle-méme est obligé de’ sui-
vre, en quelque fegou, ces modes absurdes,
qu’on ne quitterait pour rien au monde. Eile
m'accorda une audience particuliére d'une
demi-heure , au bout de laquelle on permit
aux autres dames de venir faire leur cour. En
voyant cette princesse j'ai senti le ravissement
de l’admiration : ces traits ne sont cependant
pas tout-a-fait réguliers ; ses yeux ne sont
point grands , mais ils sont vifs et doux; son
nez est bien fait , son front bien pris; sa bou-
che est charmante ; elle a le sourire extré-
mement agréable; son teint est le plus beau
que j'aie jamais vu; sa téte est ornée d'une
prodigieuse quantité de beaux cheveux ; mais
sa taille, son air et ses gestes!.... pour les
peindre 1] faudrait emprunter le langage poé=
tique. Ce qu’on a dit de la noblesse de Ju-
non, des charmes de Véuus, n’est point en-
core assez expressif : les graces sont répan~
- dues sur toute sa personne. Non , la fameuse
Vénus de Médicis n’a pas une taille plus ré-
guliére. On ne peut rien ajouter 4 la beauté
de son cou ni a celle de ses mains. Avant de
DE LA CORRESPONDANCE. 25g
generally speaking. Even the lovely empress
herself is obliged to comply , insome degree ,
with these absurd fashions, which they
would not quit for all the world. I had a
private audience (according to ceremony )
of halfan hour, and then all the other ladies
‘were permitted to come and make their
court. I was perfectly charmed with :the
empress ;, I cannot: however tell you that
her features are regular : her eyes are not
jarge , but have a lively look full of sweet-
ness; her complexion the finest I ever saws
her nose and forehead well made, but her
mouth had ten thousand charms that touch
thesoul. When she smiles, ‘tis with a beauty
and sweetness that forces adoration. She has
a vast quantity of fine fair hair; but then her
person !-— ove must speak/of it poetically to
do it rigid justice ; ; all that the poets have
said of the mien of Juno , the air of Venus,
come not up to the truth. The: Graces move
with her: the famous statue of Medicis was
not formed with more delicate proportions;
nothing can be added to the beauty of her
neck and hands, Till saw them, I did not
believe there were any in nature so perfect,
and 1 was almost sorry that my rank here
did not permit me to kiss them; but they
260 L ART
les avoir vues je n'imaginais pas que la na»
ture en edt produit de st belles. J'ai été pres-
que fachéeque le rang que j'occupe ici m'ait
empéchée de les baiser ; toutes les dames
qui sont admisés 4 lhonueur de lui faire la
cour ont ce bonbeur en entrant et ertsortant.
Eile ne tarda pas a Sasseoir pour jouer an
guinze ; comme je ne savais pas ce jeu, je
fus privée del’ honneur de jouer avec elle.
Pour m’en dédommager elle eut la bomté
de me faire asseoir a sa droite, et m’adressa
souvent la parole avec cette grace qui lui est
naturelle et particuliére en méme temps: Je
am’attendais & chaque instant de voir venir
‘les seigneurs faire leur cour ; mais I’étiquette
de Vienne est différente de celle de Londres.
Aucun homme n’entre chez limpératrice ;
le grand- maitre vient seulement lavertir de
Yarrivée de l'empereur. Ce prince me fit
Yhonneur de m‘adresser la parole ;ce qui me
flatta d’autant plus, qu'il ne l’adresse jamais
aux dames qui sont chez l'impératrice; sa
visite se fait avec un ton de gravitéet uniair
de|cérémonie singuliérement affecté. L'im-
pératrice. Amélie, veuve de fempereur' Jor
seph , est venue ce soir rendre visite a /im-
pératrice régnante ; elle était accom pagnée
des deux archiduchesses ses filles-j qui sont
—
Dr LA CORRESPONDANCE. 261
are kissed sufficiently, for every body that
wails on her pays that homage.at their en-
trance, ‘and when they take leave! When
the ladies were come in, she sat down to
Quinze. I could not ‘Stay ata game I had
never seen before, and she ordered mea
seatat her right hand , and had the goodness .
to talk to me very much, with that grace
so natural. to her. I expected every moment ,
when the men! were to come in to pay their
court; ‘but this drawing-room is very diffe-
rent from that of England ; no man enters it
but the grand-master, who comes -in to-ad-
vertise the empress of the approach of the
emperor. His imperial majesty did me the
honour of speaking to me in’a very obligin
manner , but he never speaks to any of the
other ladies, and the whole passes with a
gravity und air of ceremony that has some-
thing very formal in it: The empress Aimelia,
dowager of the late emperor Joseph, came
this evening to wait on the reigning empress,
followed! by the twooarch-dutchesses: her
daughters, who were very agreeable your's |
princesses. Their imperial majesties tose i nd
eveuibto meet her at the: door of ‘the’ Toor,
after which she was seated in an arm-cha’ M
next the’ empress, and in the same manuer
we
462. 25). nn. are
fortaimables, Leurs majestés impériales»se
sout levées, et sout allées au-devant d’elle
jusqu’a la porte de l'appartement. L/impé-
ratrice Amelie s'est assise dans un fauteuil &
coté de limpératrice régnante ; les archidu-
chesses se sont mises sur des siéges a dossier ,
mais sans bras. On a servi le souper , oti les
seigneurs ont ew la Liberté d'assister. Le re-
pas était splendide; les filles dhonneur de
Vimpératrice ont rangé les plats. Elles sont
au nombre de douze , toutes jeunes , et de la
premiére qualité, On ne Jeur donne aucuns
gages; elles. sont seulement nourries a) la
cour, od elles sont fort génées, n'ayant) pas
Ja liberté d’aller dans les assembiées, méme
de se montrer au-dehors, si ce n’est lorsqu'il
faut en’ complimenter quelquune d'entre
elles qui vient de se marier : dans cette oc-
casion, l’impératrice lui Tait présent de son
portrait. Les trois premiéres sont appelées
Dames de la Clef, et elles:portent des clefs d'or
a leur coté. Lorsqu’elles sont sorties du ser-
vices de l'impératrice, 'usage veut qu’elles
dua fassent, pendant le reste dé leur vie, up
présent tous les ans,, le jour de sa fete cela
gue parait assez singulier. L'impératrice va
que’ des filles & son service , excepté la
grande-maitresse , qui est ordinairemenb une
DE LA CORRESPONDANCE. 263
al supper, and there the men had the per
mission of paying their court, The, arch-
dutchesses sat on chairs with hacks without
arms. The table was entirely served and all
the dishes set on by the empress’s maids of
honour, which are twelve young ladies of
the first quality. They have no salary but
their chamber atcourt, where they live in a
sort of confinement , not being suffered to go
to the assemblies or publick places in town,,
except in compliment to the wedding of a
sister maid, whom the empress always pre=
sents with her picture set in diamonds. The
three first of them, are called Ladies of the
key, and wear gold keys by their sides : but
what I find most pleasant, is the custom
which obliges them. as long as they live,
after they have left the empvress’s service ,
to make her some present every year on the
day of her feast. Her majesty is served by
po married women but the grande-maitresse 5
who is generally a widow of the first qua-
lity, always very old, and is at the same
time groom of the ate and mother of the
maids. The dressers are, not at all in the
figure they, pretend to in, England, being
looked upon no otherwise than as downright
chamber-maids, I had an audience next day
264 ~ L ART
veuve de la premiére qualité, et toujours
fort agée; elle est en méme temps dame de
Ja garde-robe , et mére ou gouvernante des
filles d‘honneur. Celles qui habillent l’impé-
ratrice ne sont pas, a beaucoup prés, si con-
sidérées 4 Vienne, que le sont 4 Londres
celles qui font la méme fonction auprés de
ja reine d’Angleterre : les premiéres ne sont
regardées que comme de simples femmes de
chambre. J’eus le lendemain audience de
limpératrice mére, princesse remplie de
douceur et de vertu; mais elle a donné dans
le plus grand excés de dévotion. Elle fait une
pénitence continuelle sans avoir jamais pé-
ché. Elle porte toujours le deuil, mais elle
permet les habits de couleur a ses filles d’hon-
neur, dont le nombre est aussi de douze. Je
nai rien vu desi lugubre et de si désagréable
en méme temps, que le grand deuil a Vienne;
eton le prend pour tous les proches parens.
Les femmes sont couvertes de noir depuis la
téte jusquiaux pieds; on ne voit point leur
linge; un crépe couvre leur cou, leurs oreil-
‘Jes, et les deux cotés du visage , ‘deat le bout
perce 4 peine au milieu. Dans un deuil de
venve, elles ont de plus un bandeau sur
le front. Avec cet habit lugubre elles vont
sans scrupule dans tous les lieux publics de
DE LA CORRESPONDANCE. 265
of the empress-mother , a princess of great.
virtue and goodness, but who piques herself
too much on a violent devotion. She is per-
petually performing extraordinary acts of
penance, without having ever done any thing
to deserve them. She has the same number
of maids of honour, whom she suffers to
go in colours; but she herself never quits her
mourning ; aud sure nothing can be more
dismal than the mourning here, even for
a brother. There is not the least bit of linen
to-be seen; all black crape instead of it.
The neck , ears , and side of the face are
covered with a plaited piece of the same
stuff; and the face, that peeps out in the
midst of it, looks as if it were pilloried.
The widows wear, over and above, a crape
fore-head cloth , and, in this solemn weed,
go to all the publick places of diversion
without scruple. The next day I was to wait
on the empress Amelia, who is now at
her palace of retirement half a mile from
the town. [had there the pleasure of seeing
q tavern wholly new to me, but whicly
2 Iz
~
266 L’ART
divertissement. Le lendemain j'allai fairema
cour & la princesse Amelie, qui est A présent A
son palais de retraite, & un demi-mille de
Vienne. J’y vis un divertissement toutnou-
veau pour moi; c’est !’amusement ordinaire .
de cette cour. Liimpératrice était assise sur
un petit tréne élevé , au bout de la grande
allée de son jardin. Les dames de qualité
étaient rangées des deux cotés, ayant a leur
téte Jes deux jeunes archiduchesses. Elles
étaient coiffées en cheveux tout garnis de
pierreries , et tenaient en main des fusils fort
beaux et fort légers. A quelque distance de
1a étaient placés trois tableaux ovales, qui
étaient le but ot ces dames devaient tirer.
Le premier représentait Cupidon versant du
vin rouge dans un grand verre; cette devise
était au-dessous : I/ est facile d’étre vaillant
ici. Sur le second était la Fortune, tenant
une guirlande; il y avait pour devise : Pour
celle que la F ortune favorise. Sur le troisiéme
On voyait une épée dont la pointe était sur-
montée d'une couronne de laurier, avec cette
devise : Point de honte & craindre ict pour les
vaincus. On avait placé pres de l’impératrice
un trophée doré, couronné de fleurs, et tout
rempli de petits crochets, d’ot. pendaient des
mouchoirs de Turquie , des palatines, des
UE LA CORRESPONDANCE. 267
is the common amusement of this court.
The empress herself was seated on_a little
throne at the end of the fine alley in the
garden, and on each side of her were ranged
two parties of her ladies of quality, headed
by two young arch-dutchesses , all dressed
in their hair, full of jewels, with fine light
guns in their hands; and at proper distances
were placed three oval pictures, which
were the marks to be shot at. The first was
that ofa Curry, filling a bumper of Bur-
gundy; and the motto, «’T'is easy to be va-
liant here. » The second, a Fortune hold-~
ing a garland in her hand; the motto, « For
her whom fortune favours. » The third was
a Sworp with a laurel wreath on the point ;
the motto, « Here is no shame to the van-
quished. » —- Near the empress was a
gilded trophy wreathed with flowers, and,
made of little crooks, on which were hung
rich Turkish handkerchiefs, tippets, ribbons,
laces, etc, for the small prizes. The em-
press gave the first with her own hand,
which was a fine ruby ring set round with
268 LART
rubans; des dentelles, etc., pour les moines
dres prix. L'impératrice donna de sa propre
main fe premier, qui était une tabatiére d'or,
dans laquelle il y avait une bague ou était
monté un trés-beau rubis entouré de diamans,
Le second prix consistait en un petit Cupidon
enrichi de diamans, un service de trés-belle
porcelaine pour le thé, une table a bords
d'or pour le méme usage, en coffres de ver-
nis de Japon, en éventails et autres meubles
aussi galans. Tous Jes hommes de qualité de
‘Vienne furent spectateurs; mais il n’y eut
que les dames qui tirérent : l’'archiduchesse
‘Amélie remporta le premier prix. Ce diver-
tissement m’amusa beaucoup , et peut-étre le
détail en serait-il aussi intéressant que so
gue nous donne Virgile dans lEnéide ,
jécrivais aussi bien que ce poéte. Cent om un
des principaux amusemens de I’ ‘emperenr, et
rarement il se passe une semaine sans qu ‘il
en donne un pareil; ce qui rend les jeunes
dames de Vienne assez adroites pour défen-
dre un fort. On rit beaucoup ici de voir que
je n’ose manier un fusil. Pardonnez , ma
chére sceur, si je finis sans complimens; peut-
fire croyiez-vous que je ne finjrais jamais,
:
DE LA CORRESPONDANCE,. 269
diamonds, ina gold snuff-box, There was, for
the second, a little Cupid set with brillants ,
and besides these a set of fine China for the
tea-table, enchased in gold , Japan trunks ,
fans , and many gallantries of the same na-
ture. All the men of quality of Vienna were
spectators, but the ladies only had permis-
sion to shoot, and the arch-dutchess Amelia
carried off the first prize. 1 was very well
pleased with having seen this entertain-
ment, and Ido not know but it might make
as good a figure as the prize-shooting in the
#Eneid , if I could write as well as Virgil.
This is the favourite pleasure of the empe-=
ror, and there is rarely a week without
some feast of this kind, which makes the
young ladies skilful enough to defend a fort.
They Jaughed very much to see me afraid
to handle a gun, My dear sister, you will
easily pardon an abrupt conclusion. Ibelieve
by this time you are ready to think I shall
never conclude at all.
270 L ART
VII. A milady R**
De Vienne, le 20 septembre 1716.
La lettre obligeante que vous m’avez
écrite m’a fait d’autant plus de plaisir , que
vous n'y avez épargné ni le papier, ni le
temps, et je reconnais la votre caractere,
Oui, je suis trop sire de votre amitié pour
_ imaginer qu'elle puisse étre altérée par l'ab-
sence, et parle séjour de la cour; je erois
au contraire que vous penserez quelquefois
a moi. Je suis fort sensible aux mortifica-
' tions qn’essuie notre petite ancienne amie. Je
Ja plains d’étre dans un pays ov il y a des
usages barbares ; certainement elle n’aurait
point ici d’autre défaut que celui d’étre trop
jeune pour étre 4 la mode : je lui conseille
de s'y transporter dans sept ou huit ans; elle
sera encore une jeune et brillante beauté. Je
petix vous assurer’ que ni les rides, ni les
cheveux gris, ni méme un dos oobr he ne
Sont point un obstacle aux conquétes. Croi-
_Fiez-vous que madame de 8S. H. K. eut
"pour adorateur un jeune homme de vingt-
cing ans, et qu'un autre, a peu pres du méme
fige, fut toujours empressé 4 donner le bras
4 la comtesse d’O-d, au sortir de lopéra?
Ce sont cependant les spectacles que l'on voit
DE LA CORRESPONDANCE. 271
VW. 1 lody Routh, ~~
Vienna , september 20 , 1716, 0.S.
I am extremely rejoiced, but not at all
surprized , at the long delightful letter you
have had the goodness to send me. I know,
that you can think of an absent friend,
even in the*midst of a court, and you love
to oblige , where you can have no view of
a return, and I expect from you that you
’ should love me, and think of me, when
you don’t see me. I have compassion for
the mortifications that you tell me befall
our little old friend, and pity her much.
more, since I know that they are only
owing to the barbarous customs of our coun-
try. Upon my word, if she were here she
would have no other fault but that of being
something too young for the fashion , and she
has nothing to do but to transplant herself
hither about seven years hence, to be again
a young and blooming beauty. I can assure
you that wrinkles , or a small stoop in the
shoulders, nay even grey hair, are no ob-
jection to the making new conquests. I know
you cannot easily figure to yourself a young
fellow of five and twenty , ogling my lady
$— ff—k with passion, or pressing to hand
290 L ant
tous les jours , et personne nen est surpris
que moi. Une femme est regardée comme
une jeune novice sans expérierice , jusqu’a
lage de trente-cing' ans, et quelquefois elle
ne fait du bruit dans le monde qu’a quarante.
Je ne sais, milady, ce que vous penserez
de tout ceci; pour moi, je vous assure que
je suis charmée de savoir que Vienne est un
paradis terrestre pour les vieilles femmes ;
et je me console du peu de cas qu’on y fait
aujourd'hui de moi , parce que je compte y
revenir lorsque je ne pourrai plus 11e mon-
trer ailleurs. Que je plains ce grand nombre
de femmes anglaises qui sont réduites depuis
Jong-temps a faire les prudes! Si elles étaient
ici, elles tiendraient encore le premier rang
parmi les beautés. D’ailleurs, le mot répu-_
gation n’a point a Vienne la méme signifi-
cation que nous lui donnons a Londres; et,
loin de Ja perdre en prenant un amant, au
contraire , on sen fait une ; parce que les
femmes regoivent plus de considération par
Je rang de ceux qui leur font la cour, que
par celui de leurs maris mémes. Ce qui doit
vous paraitre bien plus extraordinaire en-
core, c'est qu'il n’y a dans cette ville ni co-
_quettes ni prudes. Aucune femme n’oserait
‘paraitre assez coquette pour écouter deux
rr =
HE LA CORRESPONDANCE. 275
the countess of O d from an opera:
hut such are the sights I see every day,
and I don’t perceive any body surprized at
them but myself. A woman, till five and
thirty , is only looked upon as a raw girl,
and can possibly make no noise in the world
till about forty. I don’t know what your
ladyship may think of this matter , but ’tis
a considerable comfort to me to know there
‘is upon earth such a paradise for old wo-
men, and I am content to be insignificant
at present, in the design of returuing when
I am fit to appear no where else. I cannot
help lamenting , on this occasion, the piti-
ful case of too many English ladies ,. long
since retired to prudery and ratafia, who,
if their stars had luckily conducted hither ,
would still shine in the first rank of beau-
ties. Besides , that perplexing word repu-
tation has quite another meaning here, than
what you give it at London; and getting
a lover is so far from losing , that it is
properly getting reputation; ladies being
much more respected in regard to the rank
of their lovers, than that of their husbands.
But what you will think very odd, the.
two sects that divide our whole nation of
peiticoats are utterly unkuownin this place,
12%
274 SARI? ac 8?
amans 4 la fois, et Yon n’en voit point qui
soient assez prudes pour prétendre étre fi-
delles 4 leurs maris. Ces derniers sont ici
d’une douceur admirable; ils ont autant d’at-
tentions pour les amans de Jeurs femmes ,
que pour un commis qui les décharge de la
partie la plus embarrassante de leurs affaires:
ils n’en sont pas moins occupés pour. cela
chacun d’eux va faire ailleurs la fonction de
commis ; en un mot , cest la coutume a
Vienne que chaque femme ait deux maris,
Tun qui en porte le nom, l'autre qui en fait
les fonctions; et les engagemens sont si con-
nus , que ce serait faire un affront 4 une
femme de qualité de l’inviter 4 diner sans
inviter en méme temps ses deux suivans ,
son amant et son mari; elle ne manquerait
pas méme d’en marquer son ressentiment.
Elle se place entre-eux avec beaucoup de
gravité. Les sous-mariage durent ordinaire-
ment vingt ans de suite , et souvent la mai-
iresse ruine totalement son amant. Ces liai-
sons sont plus souvent formées par l'usage
que par l'amour. Un homme est peu con-
sidéré lorsqu'il n’est attaché & personne; et
sitot qu'une femme est mariée, elle cherche
DE LA CORRESPONDANCE. 275
Here are neither coquettes nor prudes, No
woman dares appear coquette enough to
encourage two lovers at a time; and I have
not seen any such prudes , as to pretend
fidelity to their husbands, who are eer=
tainly the best natured set of people in the
world, and look upon their wives’ gallants
as favourably as men do upon their depu-
ties, that take the troublesome part of their
business off their hands. They have not how-
ever the less to do on that account, for they
are general] y deputies in another place them-
selves; in one word, 'tis the established
custom for every lady to have two husbands,
one that bears the name, and another that
performs the duties: and the engagements
are so well known, that it would be a
downright affront , and publickly resented,
if you invited a woman of quality to dinner,
without at the same time inviting her two
attendants of lover and husband, between
whom she sits in state with great gravity.
These sub-marriages generally last twenty
years together, and the lady often com=
mands the poor lover's estate, even to the
utter ruin of his family. These connections,
indeed, are as seldom begun by any real
passion as other matches; for a man makes
276 : LAr
un amant pour faire partie d'un épii-
page sans lequel elle ne peut étre agréable.
L’amant commence par assurer & sa mai~
_ tresse uné pension, qu'il serait toujours foreé
de lui payer , quand méme il cesserait de Ia
voir ; jimagine que cest la véritable capse
de ces exemples étonnans de constance qu’on
voit ici. Je pourrais vous nommer plusieurs
femmes de la premiére qualité dont les pen-
sions sont aussi connues que leur patrimoine,
sans qu’elles en soient.moins estimées ; leur
conduite , au contraire , serait. suspecte si on
les soupgonnait de ne rien recevoir de leur
amant, et elles mettent de la rivalité a se
faire donner la plus forte pension ; en un
mot, c'est undéshonneur parmi elles d’étre
sans intrigue. Une de ces dames , avec qui je
suis fort liée , me dit hier que je lui avais
beaucoup Wobligation d’avoir pris ma dé-
Tense dans une conversation qu’on avait tenue
&mon sujet. On y soutenait que depuis quinze
jours que j'étais 4 Vienne je n’avais fait au-
cune démarche pour lier, une intrigue. Elle
répondit , selon ce quelle ma rapporté ,
qu il était injuste d’attribuer a la stupidité ce
qui ne devait l’étre qu’a lincertitude de moa
DE LA CORRESPONDANCE., 277
but an ill figure that is not in some com-
merce of this nature, and a woman looks
out for a lover as soon as she is married , as
part of her equipage, without which she
could not be genteel; and the first article
of the treaty is establishing the pension,
which remains to the lady, in case the gal-
Jant should prove inconstant. This charge-
able point of honour I look upon as the real
foundation of so many wonderful instances
~ of constancy. I really know several women
of the first quality , whose pensions are as
well known as their annual rent, and yet
no body esteems them the less; on the con-
trary, their discretion would be called in
question if they should be suspected to be
mistesses for nothing. A great part of their
emulation consists in trying who shall get
most; and having no intrigue at all is so
far a disgrace, that I'll assure you, a lady,
whois very much my friend here, told me
but yesterday how much I was obliged to
her for justifying my conduct in a conver~
sation relating tome, where it was publickly
asserted that I could not possibly have com-
mon sense, since I had been in town above
a fortmght, and had made no steps towards
commencing an amour. My friend pleaded
278 Want
départ , et voila tout ce qu'elle put trouver
pour ma justification. I] m’arriva hier au soit
une aventure bien singuliére ; je vais vous
Ja raconter, afin de vous donner une idée
de Ja maniére dont les hommes déclarent ict
leur passion. J’étais chez la comtesse de***,
qui tenait assemblée ; le jeune comte de***
me donna la main pour descendre I'escalier :
il profita de l’occasion pour me demander
si je comptais rester long-temps a Vienne.
Je lui répondis que je ne pouvais rien dé-
cider a ce sujet; que cela dépendait unique
ment de la volonté de l’empereur. Hé bien!
reprit-il , que votre séjour y soit long ou
non, vous devriez au moins y passer le
temps agréablement, et y engager une pe-
tite affaire de coeur. Mon cceur , lui répon-
dis-je d'un ton assez sérieux, ne s'engage
pas facilement; d’ailleurs, j'ai dessein de
le garder. Cette réponse, reprit-il encore
en soupirant ,m’annonce que je ne dois pas
y prétendre ; ce qui m’afflige d’autant plus,
que je vous aimais sincérement. Je veux
cependant vous obliger : puisque vous ne
me trouvez pas digne de vous, faites-moi
connaitre celui d’entre nous qui yous plait
ee
DE LA CORRESPONDANCE. 279
for me, that my stay was uncertain, and
she believed that was the cause of my seem-
ing stupidity, and this was all she could
find to say for my justification. But one of
the pleasantest adventures I ever met in
my life was last night, and it will give you
a just idea in what a delicate manner the
belles passions are managed in this country.
Iwas at the assembly of the countess of ——,
and the young count of ——, leading me
down stairs, asked me how long I was to
stay at Vienna; I made answer that my
stay depended on the emperor, and it was
not in my power to determine it. Well,
madam, said he, whether your time here
is to be Jonger or shorter, I think you ought
to pass it agreeably, and to that end you .,
must engage in a little affair of the heart,
— My heart, answered I gravely, does not
engage very easily, and I have no design
of parting with it. —I see, madam, said he
sighing, by the ill nature of that answer,
I am not to hope for it, which is a great
mortification tome that am charmed with
you. But, however, I am still devoted to
your service; and since I am not worthy
of entertaining you myself, do me the
honour of letting me know whom you like
—
280 LARD :
le plus, et je vous promets d'arranger cette
affaire 4 votre satisfaction. Jugez comment
Jaurais regu un pareil compliment 4 Lon-
dres ; mais je connaissais assez usage de
Vienne pour sentir quil cherchait sincére+
ment 4 mobliger. Je le remerciai du zéle
quil me marquait, et me contentai de l'as-
surer que je n’avais pas l'iutention den pror
fiter. Vous voyez, ma chére, que la galan=
terie et la bonne éducation varient autant
dans les différens climats que la morale et
Ja religion. Qui sont ceux qui ont les. meil-
leures notions de l'une et de l'autre? Crest
ce. que nous napprendrons qu’au jour du
jugement; grand jour d éclaircissement ,
dont |’éloignemement ne cause , je vous l'as-
sure, aucune impatience a votre, etc.
VIII, A milady***
De Vienne, le 1°* octobre 1716.
Vous me demandez un détail sur les mo~
des de Vienne; vous voulez méme que je
vous fasse une description de cette ville ; je
suis toujours préte a vous obéir; mais vous
aurez la bonté de prendre ma volonté pour
Je fait. Si j'entreprenais de vous marquer
toute la diflérence qu'il y a entre les modes
DE LA CORRESPONDANCE. 281
best amongst us, and I'll engage to manage
the affair entirely to your satisfaction. You
may judge in what manner I should have
received this compliment in my own coun-
try; but I was well enough acquainted
with the way of this, to know that he
teally intended me an obligation, and I
thanked him with a very great curtesy for
his zeal to serve me, and only assured him
I had no occasion to make use of it. Thus
you see, my dear, that gallantry and good-
breeding are as different in different cli-
mates, as morality and religion. Who have
the rightest notions of both, we shall never.
know till the day of judgment, for which .
great day of éclaircissement I own there is.
very little impatience in your, etc. etc.
VIII. To lady xXx—.
Vienna, october 1, O. S. 1716.
You desire me, madam, to send you
some accounts of the customs here; and at
the same time a description of Vienna. I
am always willing to obey your commands,
but you must upon this occasion take the
will for the deed. If I should undertake to
tell you all the particulars ia which the
282 rART
de ce pays et les nétres, il me faudrait une
rame entiére de papier , encore ne vous mar-
querais-je que des choses trés-insipides. Les
femmes de Vienne ne ressemblent aux Fran-
caises et aux Anglaises, qu’en ce qu’elles ont,
comme elles, des jupes ; mais les premiéres
ont des usages qui leur sont tout particuliers.
Les veuves ne peuvent jamais , sans indé-
cence , porter du vert, ni du couleur de
rose; toutes les autres couleurs, méme les
plus éclatantes, leur sont permises. Les as-
semblées font l’amusement ordinaire. IL n'y
a jamais opéra qu’a la cour, et l’on n’y en
donne que dans des cas particuliers. Ma-
dame Rabutin tient assemblée a son hétel ;
réguliérement tous les soirs. Les autres da~ —
mes en tiennent toutes les fois qu'il leur plait
de faire voir Ja magnificence de leurs ap-
partemens, ou qu'elles veulent donner a
quelqu’un des marques de considération le
jour de sa féte. Dans ce dernier cas, elles
font annoncer que l’assemblée se tiendra chez
elles en !honneur du comte ou de la com-
tesse de..... Cela s'appelle jour de gala,
Tous les parens et amis de la dame dont on
célebre la féte , sont obligés d'y paraitre avec
la plus grande parure. La maitresse de Ja
miaison nest -astreinte & aucun cérémonial ;
DE LA CORRESPONDANCE. 28%
manners here différ from ours, [ must write
a whole quire of the dullest stuff that ever
was read, or printed without being read.
Their dress agrees with the French or En-
glish in no one article, but wearing petti-
coats. They have many fashions peculiar to
themselves; they think it indecent for a
widow ever to wear green or rose colour, but
all the other gayest colours are at her own
discretion. The assemblies here are the only
regular diversion, the operas being always
at court, and commonly on some particular
occasion. Madam Rabutin has the assembly
constantly every night at her house, and
the other ladies, whenever they have a
‘mind to display the magnificence of their
apartme:ts, or oblige a friend by compli-
menting them on the day of their-saint, they
declare tha:, on such a day, the assembly
shall be at their house in honour of the
feast of the count or countess — such-a-one.
These days are called days of gala, and all
the friends or relations of the lady whose
saint it is, are obliged to appear in their best
cloaths and ‘all their jewels. The mistress
of the house takes no particular notice of any
body, nor returns any body’s visit; and
whoever pleases may go without the for=
~
284 L ART
elle ne va prier personne en particulier; et
se trouve a son assembiée qui veut. On pré-
sente A la compagnie des glaces de plusieurs
espéces, hiver et été s aprés quoi les uns
jouent a Pombre ou au piquet ; les autres for=
ment des cercles de conversation. Tout j jeu
de hasard y est défendu.
On tint l’autre jour un gala pour la fete
du comte d’' Altheim , favori de ’empereur.
Je n'ai jamais vu tant d’habits riches et de
matvais goot. On brode a Vienne les plus
belles étoffes, et on ne les charge d’or que
pour les rendre plus chéres. Les jours ordi-
" naires les femmes portent une écharpe , et ;
mettent dessous tel habit qu'il leur plait.
Pendant que je suis sur l'article de Vienne,
il faut que je vous parle des couvens. Il y
en a de toute espéce; mais je donnerais la
préférence a Saint-Laurent : il y régne une
propreté et une honnéte liberté qui m’ont
bien plus édifiée que ces austérités qu’on pra-
tique dans les autres monastéres, au milieu
d'une saleté continuelle , qui doit rendre la
vie insupportable. Le nombre des religieuses
du couvent de Saint-Laurent est d’environ
cinquante. Elles sont toutes de qualité : les
cellules sont trés-propres , et toutes remplies
de tableaux plus ou moins précieux , selon
DR LA CORRESPONDANCE. 285
mality of being presented. The company
are entertained with ice in several forms,
winter and summer; afterwards they divide
into several parties of ombre, piquet, or
conversation , all games of hazard being
forbid.
I saw t’other day the gala for count Al-
theim, the emperor’s favourite, and never
in my life saw so many fine cloaths ill fan-
cied. They embroider the richest gold stuffs,
and provided they can make their cloaths
expensive enough, that is all the taste they
shew in them. On other days the general
dress isa scarf , and what you please under it.
But now 1 am speaking of Vienna, I am
sure you expect I should say something of
the convents : they are of all sorts and sizes $
but I am best pleased with that of St. Law-
rence, where the ease and neatness they
seem to live with, appears tome much more
edifying than those stricter orders, where
perpetual penance and nastiness must breed
discontent and wretchedness. The nuns are
all of quality. I think there are to the numr
ber of fifty. They have each of them a little
cell perfectly clean, the walls of which are
covered yith pictures more or less fine,
286 L’ ART
Ja qualité de celles qui les occupent. Le long
de ces cellules il régne une galerie bitie en
pierre blanche, et garnie du portrait de tou-
tes les sceurs qui, par leur exemple , ont
édifié 1a maison. La chapelle est trés-propre
et richement dorée. Rien ne sied mieux que
Vhabit de ces religieuses. Leur robe est blan-
che; les paremens des manches et leur coiffe
sont de coton des Indes. Elles ont sur leur
téte un petit voile noir qui leur pend par
derriére. Il y a dans ce couvent une autre
classe de religieuses , qui font auprés d’elles
Ja fonction de femmes de chambre. Les pre-
miéres recoivent la visite de toutes les fem-
mes ; elles jouent a !’ombre dans leur cham-
bre; il est vrai quelles sont obligées d’en
demander la permission a l’abbesse, qui ne
Ja leur refuse jamais ; quoique agée d’environ
quatre-vingts ans, elle est fort vive et trés-
gaie, enfin elle n’a aucune infirmité de lavieil
lesse. Je ne connais point de vieille fille qui
ait un caractére aussi agréable que cette ab-
besse. Elle m’a fait présent de plusieurs jolis
ouvrages quelle a faits elle-méme, et de
beaucoup de confitures. La grille de ce cou-
vent rest pas serrée ; on pourrait facilement
y passer la téte ; je crois méme qu'un homme
un peu mioins gros qu’a l’ordinaire, y passe-
DE LA CORRESPONDANCE. 287
according to their quality. A long stone gal-
lery runs by all of them, furnished with the.
pictures of exemplary sisters ; the chapel is
extremely neat, and richly adorned, But I
could nor forbear laughing at their sewing
me a wooden head of our Saviour, which,
they assured me, spoke during the siege of
Vienna ; and, as proof of it, bid me remark
his mouth, which had been open ever since.
Nothing can be more becoming than the dress
of these nuns. It is a white robe, the sleeves
of which are turned up with fine white
callico, and their head-dress the same, ex-
cepting a small veil of black crape that falls
behind. They have a lower sort of serving
nuns that wait on them as their chamber-
maids. They receive all. visits of women,
and play at ombre in their chambers with
permission of their abbess, which is very
easy to be obtained. I never saw an old
woman so good-natured; she is near four-
score, and yet shews very little signs of
decay, being still lively and cheerful. She
caressed me as if I had been her daughter,
giving me some pretty things of her own
work, ands weet-meats in abundance. The
grate is not of the most rigid; it is not very
lard to put a head through, and I don’t
288 LART
rait facilement tout le corps, Le jeune comte
de Salamis y vint pendant que j'y étais ;
Yabbesse lui donna sa main a baiser. Je fus
surprise de trouver dans ce couvent la seule
jeune et belle personne qui soit 4 Vienne,
Elle est belle et jolie en méme temps ; mais
elle est encore plus agréable par la vivacité
de son eSprit et la douceur de son caractére,
" que par sa charmante figure; elle a fait enfin
Yadmiration de la ville. Je ne pus cacher
I’étonnement ou j’étais de voir qu’une telle
personne fit religieuse. Elle me dit des cho=
ses fort obligeantes , et me pria de la venir
voir souvent. Ce sera pour moi, ajouta-t-
elle en soupirant , un plaisir infini ; j'évite
avec grand soin de voir mes anciennes con-
naissances, et toutes les fois quil en vient
quelqu’une ici , je me renferme dans ma
cellule. Les larmes lui vinrent aux yeux ;
jen fus attendrie, au point que je lui parlay
d'un ton de compassion. Elle ne youlut pas
convenir qu'elle était malheureuse. J’ai fait
bien des recherches pour connaitre la véri-
table cause de sa retraite, et j'ai seulement
appris que tout le monde en était étonné
pomme moi, sans en savoir davantage. Je
DE LA CORRESPONDANCE. 289
doubt but a man, a little more slender than
ordinary, might squeeze in his whole per-
son. The young count of Salamis came to the
grate, while I was there, and the abbess
gave him her hand to kiss. But I was sur~
prized to find here the only beautiful young:
woman [I have seen at Vienna, and, not
only beautiful, but genteel , witty and agree-
able, of a great family , and who had beea
the admiration of the town. I could not
forbear shewing my surprize at seeing a
nun like her. She made me a thousand
obliging compliments, and desired me to
come often. It would be an infinite pleasure
to me, said she sighing, but I avoid, with
the greatest care, seeing any of my former
acquaintance; and, whenever they come to
our convent, I Jock myself in my cell. I
observed tears come into her eyes, which
touched me extremely , and I began to talk
to her in that strain of tender pity she in-
spired me with; but she would not own to
me that she is not perfectly happy. I have
since endeavoured to learn the real cause
of her retirement, without being able to
get any other account, but that every body
‘was surprized at it, | fea no body guessed,
the reason. I have been several times to see
5 13
290 L ART
lui ai rendu plusieurs visites; mais je ressens
du chagrin toutes les fois que je vois une
si belle personne enterrée toute vive. Je ne
suis pas étonnée que des religieuses aient si
souvent inspiré de violentes passions ; la pi-
tié qu’on sent naturellement pour ces filles,
sur-tout lorsqu’elles paraissent mériter une
autre destinée , porte facilement le coeur a
des sentimens plus tendres, Mon éloigne-
ment pour la religion romaine augmente
beaucoup depuis que je vois la misére qu'elle
cause a tant de femmes, et Ja superstition
du peuple, parm lequel il se trouve toujours
quelqu'un qui va offrir des morceaux de
chandelle & des figures de bois, qui sont
plaquées dans presque toutes les rues. Les
processions que je Vols souvent ne sont au-
tre chose qu'un faste trés-bizarre. Dieu sait
si Cest par esprit de contradiction ; mais je
n’éus j jamais tant d’aversion pour le’ paplsnics
Je suis, ma cheére, etc, .
IX. A milady ***,
D’Andrinople , le 1°* avril 1717,
Me voici dans un nouveau monde ; tout
ce que jy vols me parait un chanigietdeut de
scéne, Jé vous écris avec satisfaction, parca
.
DE LA CORMRESPONDANCE. 20K
her ; bat it gives me too much melancholy
to see so agreeable a young creature buried
alive. I am not surprized that nuns have so
often inspired violent passions ; the pily one
naturally feels for them , when they seem
worthy of another deatiny , making an easy
way for yet more tender sentiments, I never
in my life had so little charity for the roman
catholick religion, as since I see the misery
it occasions: so many poor unhappy women!
and then the gross superstition of the com-
mon people, who are some or other of them,
day and night, offering bits of candle to the
wooden figures that are set up almost in
every street. The processions I see very often
are pageantry as offensive, and apparently
contradictory to common sense, as the pagods
of China. God knows whether it be the
womanly spirit of contradiction that works
in me, but there never before was such zeal
against popery in the heart of,
Dear madam, etc. etc.
IX. To the lady —.
Adrianople, april r, O. S. 1717.
I am now got into a new world, where
every thing I see appears to mea Hales of
scene ;and I write toyour ladyship withsome
292 L’ ART
que j’espére que vous trouverez dans mes
lettres le charme de Ja nouveauté, et que
vous ne me reprocherez plus de ne vous
mander rien d’extraordinaire. Je ne vous en-
nuierai point du détail de mon voyage; je ne
passeral cependant pas sous silence ce que
jai vu A Sophia, l'une des plus belles villes
de l'empire turc : elle est fameuse par ses
bains chauds; comme ils sont bons pour la
santé, il y a toujours beaucoup de monde,
et l'on s’y amuse assez. Je restal un jour &
Sophia pour les voir, Afin de n’étre point
connue, jy allai dans un carrosse turc, Ces
yoitures sont tout a fait différentes des né-
tres; mais elles sont beaucoup plus commos
des pour voyager ici; car la réverbération
des glaces serait insupportable. Les carrosses
turcs sont faits 4 peu prés comme ceux de
yoiture en Allemagne ; il y a des jalousies
de bois, peintes et dorées ; le dedans est ausst
peint en corbeilles de fleurs entremélées de
petites devises en vers. Ils sont converts de
drap écarlate, doublé de soie, et brodé fort
richement ; il y a de belles franges autour,
Cette couverture cache ceux qui sont dedans
mais ilest facile de Ja releyer quand on veut
regarder au travers des jalousies, Quatre per-
gonnes peuvent étre a I’aise dans ces carros-
s@5; Ce sont des coussins qui servent de siéges.
DE LA ‘CORRESPONDANCE. 295
content of mind, hoping, at least; that you
will find the charm of novelty in my letters,
and no longer reproach me that I tell you
nothing extraordinary. I won't trouble you
with a relation of our tedious journey; but
I must not omit what I saw remarkable at
Sophia, one of the most beautiful towns 10
the turkish empire, and famous for its hot
baths, that are resorted to both for diver-
sion and health. I stopt here one day, on
purpose to see them; and designing to go
incognito , I hired a turkish coach. These
voitures are not at all like ours, but much
more convenient for the country, the heat
being so great that glasses would, be very
troublesome. They are made a good deal
in the manner of the Dutch stage coaches,
haviug wooden lattices painted and gilded ;
the imside being also painted with baskets
and nosegays of flowers, intermixed com-
monly with little poetical mottos, They are
covered all over with ‘scarlet cloth, lined
with silk, and very often richly embroid-
ered and fringed. — This covering entirely
hides the persons in them, but may be
thrown back at pleasure, and thus permit
the ladies to peep through the lattices. They
hold four people very conveniently, seated
on cushions, but not raised.
294 L ART
J’arrivai au bain sur les dix heures; il
était déja rempli de femmes. C'est un bati-
ment de pierre ou il y a trois démes de suite,
qui ne regoivent le jour que par la couver-
ture, ce qui les rend assez clairs. Le premier,
qu'on trouve en entrant , est le plus petit ;
cest la ot se tient la portiére : les femmes
de qualité lui donnent ordinairement cing ,
méme dix schelins ; jen fis autant. La salle
qui suit est pavée de marbre, et environnée
de deux bancs aussi de marbre , !'un au-des-
sous de l'autre. Il y a deux fontaines d’eau
froide , qui tombe d’abord dans des bassins
de marbre, et coule ensuite sur le pavé, ot
se trouvent de petits canaux qui la portent
dans la chambre voisine. Elle est plus petite
que celle-ci; il y a pareillement des bancs
de marbre : elle est si échauffée par les eaux
sulfureuses qui y découlent des bains voisins,
qu'il est impossible d’y rester avec des habits.
Dans les deux autres démes sont les bains
chauds. On ya mis des robivets d’eau froide
pour tempérer les eaux chaudes. Comme j’a-
vais pris mon habit de cheval, je paraissais
fort extraordinaire aux dames turques; au-
cune ne me marqua la moindre surprise ,
méme la moindre curiosité offensante; toutes,
au contraire, me comblérent de politesses,
DE LA CORRESPONDANCE. 295
In one of these covered waggons, I went
to the bagnio about ten o'clock. It was al-
ready full of women. It is built of sieee,
in the shape of a dome, with no windows
but in the roof, which gives light enough.
There were five of these domes joining
together, the outmost being less than the
rest, and serving only as a hall, where the
portress stood at the door. Ladies of quality
generally give this woman a crown or ten
shillings, and I did not forget that cere-
mony. The next room is a very large one,
paved with marble, and all round it are
tvvo raised sofas of marble, one above an-
other. There were four fountains of cold
water in this room, falling first into marble —
basons, and then running on the floor in
little channels made for that purpose , which
carried the streams into the next room,
something less than this, with the same sort
of marble sofas, but so hot with steams of
sulphur, proceeding from the baths joining
to it, ‘twas impossible to stay there with
one’s clothes on. The two other domes wert
the hot baths , one of which had cocks of cold
water, turning into it, to temper it to what
degree of warmth the bathers pleased to have.
I was in my travelling habit, which is a
296 L’AR®
Je ne connais point de cour en Europe ott
les dames se fussent comportées d’une ma-
niére aussi honuéte envers une étrangére. i
y avait environ deux cents femmes ; cepen-
dant je ne vis aucun de ces sourires dédai-
gueux, de ces petits mots a l’oreille qui échap.
peut toujours dans uos cercles , dés qu'il y pa-
rait quelqu’un avec un habit étranger. Elles
me répétéerent plusieurs fois ces mots: uzedle,
pek, uzelle, cest-a-dire charmante, trés=
charmante.... Les premiers banes étaient
couverts de coussins et de riches tapis; les
dames étaient assises dessus , et leurs esclaves
étaient sur les seconds, derriére elles : ce
n était pas [habit qui les distinguait, car elles
étaient dans l'état de nature, c’est-a-dire tou-
tes nues, sans cacher ni beauté, mi défaut ;
je n’appercus cependant pas le moindre sou-
rire, ni le moindre geste qui pdt choquer la
pudeur. Quel ques-unes se promenaierit, mais
avec cet air majestueux que Milton donne a
notre premiére mére. Plusieursd’entre elles
étaient aussi bien prises dans leur taille qu'au-
cun portrait de déesse qui soit sorti du pin-
ceau du Guide ou du Titien. Presque toutes
avaient la peau d’uue blancheur a éblouir; de
DE LA CORRESPONDANCE. 297
riding dress, and certainly appeared very
extraordinary to them. Yet there was not
one of them that shewed the least surprise
or impertinent curiosity, but received me
with all the obliging civility possible. I
know no European court, where the ladies
would have behaved themselves in so polite
a manner to such a stranger. I believe, upon
the whole, there were two hundred women,
and yet none of those disdainful smiles, and
satirical whispers, that never fail in our
assemblies, when any body appears that is
not dressed exactly in the fashion. They
repeated over and over to me : « Guiuze/,
« pek guiuzél,» which is nothing but « char-
ming, very charming.» — The first sofas
were covered with cushions and rich car~
pets, on which sat the ladies; and on the
second their slaves behind them , but with-
out any distinction of rank) by their dress,
all being in the state of nature, that is in
plain English, stark naked , without any
beauty or defect concealed. Yet there was
not the least’ wanton smile or immodest
gesture among them. They walked and
moved with the same majestick grace,
which Milton describes our general mother
with. There were many amongst them, as
ye al
298 L ART
beaux cheveux partagés en plusieurs tresses,
parsemées de perles et de rubans , pendaient
sur leurs épaules : elles représentaient par-
faitement les Graces. La, je me convainquis
de la justesse d'une réflexion que j'ai souvent
faite, c'est que, si c’était l'usage d’aller tout
nu, on ferait A peine attention au visage.
Moi-méme je regardais avec plus de plaisir
les femmes les mieux faites, et celles dont
la peau était plus délicate , que les autres qui
avaient le visage plus beau. Je vous ayoue
que jeus la méchanceté de souhaiter que
M. Gervais pit étre 14 invisiblement : il au-
rait trouvé de quoi se perfectionner dans son
art, en voyant tant de belles femmes nues
en différentes postures ; les unes faisant la
conversation , les autres occupéesa l’ouvrage,
quelques-unes prenant du café ou du sorbet,
plusieurs négligemment couchées sur des
coussins , pendant que leurs esclaves, qui
sont ordinairement de jolies filles de dix-
sept ou dix-huit ans, s’occupaient a tresser
feurs cheyeux. Enfin, le bain est le café des
femmes de Turquie : on y raconte toutes
Jes nouvelles de la ville. Elles prennent ce
divertissement une fois par semaine, et y
DE LA CORRESPONDANCE., 299
exactly proportioned as ever any goddess was
drawn by the pencil of a Guido or Titian, —
and most of their skins shiningl y white, ouly
adorned by their beautiful hair divided into
many tresses, hanging on their shoulders,
braided either with pearl or ribbon, per-
fectly representing the figures of the Gracey,
I was here convinced of the truth of a re-
flection I have often made, that, if it were
the fashion go to naked , the face would be
hardly observed. I perceived that the ladies
of the most delicate skins and finest shapes
had the greatest share of my admiration,
thougly their faces were sometimes less beau-
tiful than those of their companions, To tell
you the truth, I had wickedness enough to-
wish secretly that M'. Jervas could have
been there invisible. I fancy it would have
very much improved his. art, to see so many
fine women naked in different postures, some
in conversation , some working, others drink-
ing coffee or sherbet, and many negligently
lying on their cushions, while their s!aves (ge-
nerally pretty girls of seventeen or eighteen )
were employed in braiding their hair in
several preity fancies, In short, ‘tis the
woman's coffee-house, where all the news
of the town is told, scandal invented, etc. —
300 L ART
res{ent quatre ou cing heures sanss’enrhumer,
quoiqu’elles passent subitement du bain chaud
dans la chambre froide, ce qui me surprit
beaucoup. Celle qui me parut Ja plus distin-
guée m’engagea 4 me mettre a cété delle, et
me fit beaucoup d’instances pour que je me
déshabillasse et me misseau bain; elle voulut
méme m’aider a le faire. Je m'en défendis
quelque temps; mais voyant que toutes les
autres dames se joignaient a elle, je fus obli-
gée d’ouvrir mon habit de cheval, et de leur
montrer mon corset : elles ne m’en deman-
dérent pas davantage , simaginant que ce
corset était une machine dans laquelle mon
mari m’avait enfermée avec la clef, et quit
m'était impossible de Pouvrir. Je fus en-
chantée de leur politesse et de leur beauté.
J'aurais bien voulu rester plus long- temps
avec elles, mais mylord M*** avait résolu
de partir le lendemain de bon matin, et je
voulais voir les ruines de Féglise de Justi-
nien, dont le coup d’ceil fut pour moi bien
moins agréable que ce que je venais de quit-
ter : cette église n’était qu'un amas de pierres.
Adieu, milady ; je viens de vous entrete-
nir d'un spectacle tel que vous n’en avez ja-
mais vu, et dont aucun journal de voyageur
ne peut vous parler ; tout homme qui serait
DE LA CORRESPONDANCE. 30¥
They generally take this diversion once a
week, aud stay there at least four or five
hours, without getting cold by immediately
coming out of the hot-bath into the cold
room, which was very surprising to me. The
lady that seemed the most considerable
among them, entreated me to sit by her, and
would fain have undressed me for the bath. |
I excused myself with some difficulty. They
being, however, all so earnest in persuading
me, [ was at last forced to open my shirt,
and shew them my stays, which satisfied
them very well : for I saw they believed E
was locked up in that machine, and that it
was not in my own power to open it, which.
contrivance they attributed to my husband.
— I was charmed with their civility and
beauty, and should have been very glad to
pass more time with them; but Mt W —
resolving to pursue his journey next morning
early, I was in haste to see the ruins of Jus-
tinian’s church, which did not afford me so
agreeable a prospect as I had left, being
little more than a heap of stones, .
Adieu, madam, I am sure I have now
entertained you with an account of such a
sight as you never saw in your life, and
what no books of travels could inform you
502 L ART
attrapé dans ces lieux perdrait la vie sur-le«
champ.
X. A la comtesse de ***
D’Andrinople, le 18 avril 1717.
Je vous ai écrit, ma chére sceur, par le
dernier vaisseau , aussi bien qu’a tous ceux
avec qui je suis en correspondance en Angle-
terre: il n'y a que le ciel qui sache quand je
pourrai trouver une autre occasion pour vous
faire tenir de mes nouvelles : je ne puis
cependant m’empécher de vous écrire en=
core, car je suis si remplie de ce que je vis
hier, qu'il faut, méme pour mon repos,
que je me hate de vous en faire part. Je
commence donc mon histoire sans avant-
propos.
Je fus invitée 4 diner chez la femme du
grand visir , et ce fut avec un plaisir infini que
je me préparai a un repas qu’on n’avait jamais
donné a une chrétienne. Je crus que je satis-
ferais peu sa curiosité , qui avait sans doute
beaucoup de part dans son invitation, en allant
chez elleavec un habillement auquel ses yeux
seraient accoutumés : dans cette idée, je pris
Vhabit en usage a la cour de Vienne; il est
beaucoup plus riche que fe nétre. Mais, pour
éviter tout le cérémonial , j'y allai incognito
DE LA CORRESPONDANCE, 5393
of, as ‘tis no less than death fora man to be
found in one of these places,
X. To the countess of —.
Adrianople , april 18, O. S. 1717.
I wroTe to you dear sister, and to all
my other English correspondents , by the
Jast ship, and only heaven can tell when
I shall have another opportunity of sending
to-you; but I cannot forbear to write again,
though perhaps my letter may lie upon my
hands these two months. To. confess the
truth, my head is so full of my entertainment
yesterday , that ‘tis absolutely necessary ,
for my own repose, to give it some vent,
Without farther preface , I will then begin
my story.
I was invited do dine with the grand
vizier's lady, aud it was with a great deal
of pleasure I prepared myself for an enter-
tainment, which was never before given
to any christian, I thought I should very
little satisfy her curiosity ( which I did not
doubt was a considerable motive to the
invitation) , by going in a dress she was
used to see, and therefore dressed myself
in the court habit of Vienna, which is
much more magnificent than ours. However,
504 L ART
dans un carrosse turc, accompagnée seule+
ment de ma femme de chambre, qui m¢
portait la queue, et dune dame grecque ,
qui était mon interpréte. L’eunuque noir de
la femme du grand visir viut au-devant de
moi a la porte de la cour; il m’aida 4 des-
eendre de carrosse avec beaucoup de respect,
et me fit traverser plusieurs chambres ou ses
esclaves, magnifiquement habillées , étaient
rangées en haie : je parvins a la derniére ot
était la dame, couchée sur son sopha, en ca-
misole de martre. Elle vint au-devant de
moi avec beaucoup de civilité, et me pré-
senta une demi-douzaine de ses amies. Elle
est dgée d’enyiron cinquante ans; il me pa-
rut que c’était une fort bonne femme. Je fus
surprise de trouver si peu de magnificence
dans son appartement; !'ameublement était
fort simple ; les habits seuls et le grand nom-
bre de domestiques annongaient la dépense,
Elle s'appergut de ma surprise , en comprit
le motif, et me dit qu'elle n’était plus d'un
age 4 employer son argent en superflu 5
qu'elle n’en dépensait que pour les pauvres ,
et que son unique occupation était de prier
Dieu. Il n'y avait aucune affectation dans
son langage; elle et son mari s’occupent uni-
quement de déyotion, Le visir ne regarde
DE LA CORRESPONDANCE. 305
I chose to go incognito, to avoid any
disputes about ceremony, and went in a
turkish coach, only attended by my wo-
man that held up my train, and the greek
lady who was my imterpretess. I was met
atthe court door by her black eunuch, who
helped me out of the coach with great res-
pect, and conducted me through severak
rooms, where her she-slaves, finely dres-
sed, were ranged on each side. In the in-
nermost , I Guna the lady sitting on her
sofa, in'a sable vest. She advanced to meet
me, and presented ine half a dozen of her
friends with great civility. She seemed a
very good woman, near fifty’ years old. E
was surprized to observe so little magnifi-
cence in her house, the furniture being all
very moderate; and, except the habits and.
number of her slaves, nothing about her
appeared expensive. She guessed at iny_
thoughts, and told me she was no longer -
of an age to spend either her time or money
in superfluities; that her whole expence
was in charity , and her whole employment
praying to Ged. There was no aflectation
in this speech 5 both she and her husband
are entirely given up to devotion. He never
looks upon any other woman; and what as
506 L ART
jamais d'autre femme que la sienne ; et, cé
qui est extraordinaire, ne regoit jamais de
présent, quoique ses prédécesseurs lui aient
donné un exemple bien différent 4 suivre.
Ii est méme si délicat sur cet article, quil
n’aurait jamais accepté le présent de mylord
M***, si on ne lui edt assuré plusieurs fois
que c’était un droit de sa place a l'entrée de
chaque ambassadeur. Sa femme tint la con-
versation avec moi jusqu’au diner, et me
fit toutes sortes de politesses. On servit plat
a plat; mais il en parut un trés-grand nom-
bre, et tous étaient accommodés dans le goat
turc, que je ne crois pas si mauvais qu'on a
pu vous le dire. Je puis juger de la maniére
d’appréter les mets en Turquie, puisque j'ai
vécu trois semaines dans la maison d'un ef-
fendi, & Belgrade , lequel nous a donné de
magnifiques repas, apprétés par ses Cuisi-
niers, Je trouvai les mets fort bons la pre-
miére semaine ; mais je yous avoueral qu’a
la fin je m’en ennuyai, et je demandai Ja
permission de faire servir un plat ala fagon
de notre pays. J’attribue mon dégoit au dé-
faut d’habitude ; car je suis persuadée qu'un
Indien, qui n’aurait jamais gotité de leur
cuisine, ni de la nétre, préférerait la leur,
Les sauces des Turcs sont trop relevées; ils
DE LA CORRESPONDANCE. 307.
much more extraordiuary, touchesno bribes ,
nothwithstanding the example of all his pre-
decessors. He is so scrupulous in this point,
he would not accept Mt W —’s present, till
he had been assured over and over that it
was a settled perquisite of his place, at the
entrance of every ambassador. She enter-
tained me with all kind of civility, tilk
dinner came in, which was served, one
dish at a time, to a vast number, all finely
dressed after their manner, which I don’t
think so bad as you have perhaps heard it
represented. I ama very good judge of their
eating, having lived three weeks in the
house of an effendi at Belgrade, who gave
us very magnificent dinners, dressed by his
own cooks. The first week they pleased’me »
extremely; but, I own, I then began to
grow weary of their table, and desired our
own cook might add a dish or two after our
manner. But I attribute this to custom, and
am very much inclined to believe that an
Indian, who had never tasted of either,
would prefer their cookery to ours. Their
sauces are very high, all the roast very
much done, They use a great deal of very
308 L ART
font trop cuire leur réti; ils emploient beau=
coup dépiceries fines ; mais leurs ragotits
sont au moins aussi variés que les nétres. La
femme du grand visir me servit de tout, et
avec beaucoup d’empressement : j étais trés-
fachée que mon appéiit ne put répondre a sa
politesse. Aprés le repas ont servit le café et
les parfums; ce qui est une grande marque
de considération. Deux esclaves, a genoux,
encensérent mes cheveux, mes habits et mon
mouchoir ; aprés quoi leur maitresse leur or=
donna de jouer de la guitare, et de danser;
elles obéirent sur-le-champ; la dame fit ex-
cuse de leur ignorance , en me disant qu'elle
ne prenait pas soin de les exercer dans cet art.
Je lui fis mes remerciemens , et pris congé
delle bientot aprés. Je fus reconduite de la
méme maniére que javais été recue, Je me
serais retirée tout de suite chez moi; mais
la dame grecque qui m’accompagnait , me
sollicita avec empressement d’aller rendre
visite a la femme du kehia, quelle me dit
étre le second officier de empire, et qu'on
doit regarder comme le premier, puisqu il
exerce les fouctions de grand visir, et que
celui de chez qui nous sortions n’en a que
le nom. J’avais trouvé si peu d’amusement
daus Je harem du grand visir, que je n’avais
DE LA CORRESPONDANCE. 306
rich spice. The soup is served for the last
dish, and they have, at least, as great a
variety of ragouts as we have. I was very
sorry I could not eat of as many as the
good lady would have had me, who was
very earnest in serving me of every thing.
The treat concluded with coffee and pers
fumes, which is a high mark of respect
two slaves kneeling ceused my hair, clothes,
and hand-kerchief. After this ceremony, _
she commanded her slaves to play and
dance, which they did with their guitars
in their hands, and she excused to me their
want of skill, saying she took no care to ac-
complish them in that art.
I returned her thanks, and soon after
took my leave. I was conducted back in
the same manner I entered, and would
have gone strait to my own house, but the
greek lady, with me, earnestly solicited
me to visit the kahya’s lady, saying he
was the second officer in the empire, and
ought indeed to be looked upon as the first,
the grand vizier having only the name,
while he exercised the authority, I had
found so little diversion in the vizier’s haram,
that I had no mind to go into another. But
her importunity prevailed with me, and I
B10 pane
point envie d’aller dans un autres mais je cé&
dai aux aux instances de ma compagne, et
je m’en sais trés-bon gré. I] y régnait un air
tout a fait différent de celui que j'avais trouvé
chez le grand visir. La maison méme annon-
gait la différence qu'il y a entre une vieille
dévote et une jeune beauté: elle était ma-
gnifique, et d'une propreté étonnante. Je fus
regue a la porte par deux eunuques noirs,
qui me firent passer une grande galerie ot
étaient rangées en deux haies des jeunes
filles , dont les cheveux bouclés pendaient
presqu’aux pieds, et dont les habits galans
étaient a fleurs d'argent. J‘étais fachée que la
décence ne me permit pas de m'arréter pour
Jes examiner de plus prés. Mais je les oubliai
bientét lorsque jentrai dans une grande
chambre , ou plutét un pavillon environné
de chassis dorés qui étaient presque tous le-
vés. Les arbres voisins jetaient une ombre
agréable, qui garantissait des rayous du so-
leil; autour de leurs troncs étaient entrelacés
des jasmins et des chevrefeuilles, qui répan-
daient un doux parfum : 4 ces agrémens se
joignait celui de voir une fontaine de marbre
blanc, dont l'eau tombait avec un doux mur
mure dans trois ou quatre bassins. Sur le
plafond étaient peintes toutes sortes de fleurs
DE LA CORRESPONDANCE. 31f
am extremely glad I was so complaisant.
All things here were with quite another
air than at the grand vizier’s ; and the very
house confessed the difference between an
old devotee and a youg beauty. It was nicely
clean and magnificent. I was met at the door
by two black eunuchs, who led me through
a long gallery, between two ranks of beau-
tiful young girls, with their hair finely
plaited, almost hanging to their feet, and
dressed in fine light damasks, brocaded
with silver. I was sorry that decency did
not permit me to stop to consider’ them
nearer. But that thought was lost upon my
entrance into a large room, or rather pavil-
lion, built round with gilded sashes, which
were most of them thrown up, and the trees
planted near them gave an agreeable shade,
which hindered the sun from being trouble-
some. The jessamines and honey-suckles,
that twisted round their trunks, shed a soft
perfume, euicreased by a white marble foun-
tain playing sweet water in the lower part
of the room, which fell into three or four
basons, with a pleasipg sound. The roof was
painted with all sorts of flowers, falling
out of gilded baskets, that seemed tumbling
‘down. On a sofa, raised three steps, ang
312 L ART
«qui sortaient de corbeilles dorées , et parais-
salient prétes 4 tomber. On voyait la femme
du kahia sur un sopha élevé de trois mar-
ches, et couvert de beaux tapis de Perse ;
elle était appuyée sur des coussins de satin
blanc brodé : a ses pieds étaientassises deux
jeunes filles, 4gées de douze ans ou environ ;
Jeurs habits étaient presque tout couverts de
pierreries. Elles étaient trés-aimables; mais &
peive y faisait-on attention auprés de la belle
Fatime, (c'est le nom de la femme du kahia).
Elle est d'une si grande beauté, que je n'ai
rien vu de pareil ni en Angleterre , ni en
Allemagne : non, je ne me rappelle aucun
visage qui mérite d’étre regardé auprés du
sien. Elle se leva pour me recevoir, et me
salua a Ja fagon de son pays, et en mettant
la main sur le coeur; mais elie le fit dune
maniére noble et majestueuse que |’éduca-
tion de cour méme ne pourrait donner ; c'est
Youvrage de la nature. Elle me fit apporter
des coussins , et m’engagea a prendre Je coin
du sopha, qui est la place d'honneur. Quoi-
que la dame grecque m’edt prévenue sur la
beauté de Fatime, je fus tellement frappée
dadmiration , que je restai quelque temps
sans pouvoir lui parler, étant toute occupée
du plaisir de la contempier, Queses iiaits
DE LA CORRESPONDANCE. 5135
covered with fine Persian carpets, sat the
kahya’s lady, leaning on cushions of white
sattin embroidered ; and at her feet sat two
young girls about twelve years old, lovely
as angels , dressed perfectly rich and
almost covered with jewels. But they were
hardly seen near the fair Fatima (for that
is her name ), so much her beauty effaced
every thing I have seen, nay, all that has
been called lovely, either in England or
Germany. I must own that I never saw
any thing so gloriously beautiful, nor cam
I recollect a face that would have been
taken notice of near hers. She stood up, to
receive me, saluting me, after the fas-
hion , putting her hand to her heart with .
a sweetness full of majesty, that no court-
breeding could ever give. She ordered:
cushions to be given me, and took care to
place me in the corner, which is the place
of honour. I confess, though the greek lady
had before given me a great opinion of her
beauty, I was so struck with admiration,
that I could not for some time speak
to her, being wholly taken up in gazing.
That surprizing harmony of features! That’
2. 14
314 Lane
sont bien proportionnés! Qu'ils forment un
bel ensemble! Que sa taille est bien prise!
Quel éclat la nature a dotné a son teint !°
Quelles graces on découvre dans son sourire !
Quels yeux! Ils sont grands et noirs, et ont
la langueur des bleus. De quelque maniére
quon lenvisage , soit de face ou de profil,
on découvre une nouyelle beauté,
Lorsque !’étonnement de la surprise fut
passé , je l’examinai de prés, pour voir si je
pourrais lui découvrir quelque défaut; mais
cetexamen ne servit qa ‘Ame prouver quec’est
une erreur de croire qu'une femme réguliére-
ment belle ne peut plaire. En vain Apelle
emprunta tous les secours de l'art pour faire
une figure parfaite , ce miracle était réservé &
Ja seule nature: elle a réussi en formant Fa~
time. Quoique élevée dans un pays que nous: .
appelons barbare, elle a la contenance si ma-'
jestueuse , les gestes si nobles et si aisés em
méme temps , que je suis conyaincure que Sk.
on la voyailt assise sur le trone le plus éclae
tant de l'Europe, on croirait qu'elle est
née pour étre reine. Eu un mot, sa beauté
éclipserait toutes celles qui sont” eu Any
pistetre;
PR LA CONRESPONDANCE. 315
charming ‘result of the whole! Phat exact
proportion ‘of body! That lovely bloom
of complexion unsullied by art! The un-
ulterable enchantment of her smile !— But
her eyes! — large and black, with all the
~ soft Janguishment of the blue. — Every
turn of her face discovering some new
grace!
. After my first surprize was over, I ea~
deavoured by nicely examining her face, to
find outsome imperfection, without any fruit
of my search, but my being clearly convinced
of the error of that vulgar notion, that a face
exactly proportioned and perfectly beautiful,
would not be agreeable; nature having done
for her , with more success what Apelles is
said to have essayed, by a collection of the
most exact features, to form.a perfect face.
Add to all this, a behaviour so full of grace
and sweetness, sligh easy motions with an air
so majestick , yet free from stiffness or affec-
tation, that Iam persuaded could she be sud=
denly transported upon the most polite throne
of Europe, no body would think her other:
than born and bred to be a queen, though
educated in'a country we call barbarous, To
say all in.asword, our most celebrated En-
glish beaugies would yanish near her.
316 LAR®T ie wee
- Un cafian de brocard d'or Adleurs d'argent
prenait exactement sa taille, et laissait voir
toute la heauté desa gorge, qui était couverte,
sans étre cachée, par une chemise de fine gaze;
ses calegons étaient couleur d'eillet pale; sa
camisole était d'un vert argent; elle avait des
pantoufles de satin blanc magmifiquement bro-
dé; ses charmans bras étaient ornés de brace-
lets de diamans; sa ceinture en était bordée,
Un riche mouchoir de Turquie , fond ceillet,
relevé en argent, couvrait sa téte; de beaux
cheveux noirs, partagés en tresses, pendaient
fort bas derriére elle. Plusieurs épingles &
téte de diamant étaient artistement rangées
sur un des cdtés de sa téte. Vous m’accuserez
sans doute d'extravagance , et vous ne pour=
rez jamais croire qu'il n'y a point d’exagé-
ration dans le tableau que je vous fais, I! me
semble avoir lu quelque part que les fem=
mes ne parlent jamais de la beauté qu'avec
ravissement, et je ne sais pourquoi on leur:
en fait un crime; if faut avoir de la vertu
pour admirer quelqu’un sans desir et sans
jalousie. Les plus graves écrivains ont parlé
avec une espéce d’enthousiasme de quelques
beaux tableaux et de quelques statues célé~.
bres : pourquoi le chef-d’ceuvre du créateur
n'aurait-il pas plus de droit. nos éloges que
DE LA CORRESPONDANCE, 319
She was dressed in a caftan of gold bro
cade , flowered with silver, very well fitted
to her shape, and shewing to adimiration
the beauty of her bosom, only shaded by
the thin gauze of her shift. Her drawers
were pale pink , her waistcoat green and
silver, her slippers white sattin finely em
‘proidereds her lovely arms adorned with
bracelets pf diamonds, and her broad girdle
set round with, diamonds; upon her head
a rich, Turkish handkerchief of pink and
silver, her own fine black hair hanging a
great length in’various tresses , and on one
side of her head’some bodkins of jewels. I
am afraid you ‘will accuse me of extra'vas
gance in this description. I think I have
yead somewhere that women always speak
in rapture when they speak of beauty, and
I cannot imagine why they should not he
allowed to do)so. I rather think it a virtue
to be able to admire, withort.any mixiare
of desire,or envy. The,gravest writers have
spoke with great warmth of some cele-
brated pictures:and statuess: The workman=
ship of heaven certainly excels all our weak
imitations, and‘, E think / has a much bette#
518 L ART
ces fuibles copies? Je n'ai point honte d’a-
vouer que jai goulé plus de plaisir en ad-
mirant la belle Fatime, qu’en regardant la
plus belle piéee de sculpture. Elle me dit que
ces jeunes demoiselles que je voyais a ses
pieds étaient ses filles : elle me, paraissait
en vérité trop jeune pour étre deur mére.
Vingt jeunes esclaves, rangées au bas du so-
pha, rappelaient ridée des nymphes. ; Bal fil-
Jait le voir pour croire que la ‘nature ptit
fonrnir un spectacle si beau. Fatime leur fit
signe de jouer et de danser : dans l'instant,
quatre dentre -elles commencérent a jouer
des airs tendres sur des instrumens quijtien-
nent du luth et de la guitare, et s'accompa-
gnaient avec la voix, pendant, que les autres
dansaient tour 4 tour, Je n‘avais jamais vu de
danse semblable ; elle était extrémement Ié-
géere et bs featae en méme temps : :lesa airs
étaient touchans , les mouvemens des dan-
seuses étaient languissans; elles s’'arrétaient |
dans un attitude tendre , et leurs yeux pre-
naient un air de langueur ; elles sé renver-
saient encore en arriére , et se relevaienten- —
suite avec tant d'art , que je suis persuadée
que la prude la moins sensible, et la déyote
Ja plus scrupuleuse, n’auraient pu les\regar-
der sans étre émues, Vous ayez lu,, saus
‘
Hr LA CORRESPONDANCE. 316
claim to our praise. For my part, Lam not
ashamed to own [ took more pleasure in
looking on the beauteous Fatima’, than the
finest piece of sculpture could have given me.
She told me the two girls at her feet were
her daughters, though she appeared too
young to be their mother, Her fair maids
were ranged below the sofa, to the number
of twenty, and put me in mind of the pic-
tures of the ancient nymphs, I did not think
all nature could have furnished such a scene
of beauty. She made them a sign to play
‘and dance. Four of them immediately begun
to play some soft airs on instruments between
a lute and a guitar, which they accompanied
with their voices, while the others danced
by turns. This dance was very different
from what I had seen before. Nothing
could be more artful or more proper to raise
certain ideas. The tune so soft! — the mo-~
tions so languishing ! — accompanied with
pauses and dying eyes ! — half falling back ,
. and then recovering themselves in so artful
a manner, that I am very positive, the
coldest and most rigidé prude upon earth.
gould not have looked upon them without
320 L ART
donte, que la musique des Tures, en général,
choque l'oreille; mais ceux quil'ont écrit nas
vaient entendu que la musique des rues, et
ils n'étaient par conséquent pas ples en état
den juger que ne le serail, a l’égard de celle
d Angleterre, un étranger qui n’aurait en-
tendu que ces joueurs d'instremens qui cou-
reut dans les rnes de Londres. Je vous as-
sure que la musique de ce pays est fort tou-
chante ; jeconyiendrai cependant que je pré-
férerais litalienne ; mais peut-étre y a-t-il
en cela de la partialité., Je connais une dame
grecque qui chante mieux que madame Ro-
binson, et qui sait parfaitement la musique
italienne et Ja musique turque: elle préfere
la derniére. Il est certain qu'on trouve en
Turquie de trés-belles voix naturelles; celles
que jentendis chez Fatime étaient dans ce
genre, et elles me plurent beaucoup. Lors-
que la danse fat finie, quatre esclaves blon-
des entrérent dans la chambre, tenant en
main des encensoirs d'argent; elles parfumée-
rent l'air avec de l'ambre, du bois d’aloés ,
etc. Elles me servirent ensuite du café a ge-
noux, dans la plus belle porcalaine du Ja-
pon , sur des soucoupes de vermeil ; je trou-
vai ce café excelleat. Pendant ce temps ,
Yaimable Fatime s'eniretint avec moi de la
DE LA CORRESPONDANCE. $21
thinking» of!! «something ‘not’ to “be spoke
of» — I suppose’ you may ‘have read that
the Turks have ho’ musick, but what is
«shocking to’the eats; but this account is
from those who tie dE heard any. but what
is played in the streets, and is just as reason
‘able as if a foreigner aac take his ideas
‘of english “musick from the bladder and
string, or the. ‘marrow-bones and cleavers.
I can assure you that the musick is extre-
mely pathetick; ‘tis true I am. inclined to '
prefer the Italian, but perhaps I am partial.
I am acquainted with a gréek lady, who
sings! better) than) Mr*; Robinson ,: and) 3s
very well skilled in both, who gives the
‘preference to the Turkish. ’Tis certain’ they
have very fine natural voices; these were
very agreeable. When the dance was over,
‘four fair slaves came into the room, with
silver censers in their hands, and perfumed
the air with amber, aloes-vvood, and other
scents. Afier this, they served me coffee
_upon their knees, in the finest Japan china,
with soucoupes of silver gilt. The lovely
Fatima entertained me all this while in
the most polite agreeable manner, calling
14*
‘
S22 L ARPS> :
maniére du: monde la’ plus polie: et la plus
agréable : elle m’appelait souvent uzed sulta-
nam , c'est-a-dire la belle sultane; me de-
mandait mon amitié d'un ton trés-obligeant,
et marquait duchagrin de ne pouvoir m’en-
tretenir dans ma langue naturelle.
Lorsque je pris congé delle, deux) jeunes
esclaves apportérent une belle corbeille d’ar-
gent, remplie de mouchoirs brodés, Fatime
me pria de porter le plus beau pour l'amour
delle, et donna les autres & mon interpréte et
# ma femme de chambre. En sortant je recus
Jes mémes politesses qu’en entrant. J étais
si enchantée de ce que je venais de voir,
que je m’imaginais avoir passé quelque temps
dans le paradis de Mahomet. Je ne sais ce
que vous penserez de cette relation ; je vou-
drais seulement qu'elle vous causat une par-
tie du plaisir.que j'ai senti. Je serais bien
contente , ma chére sceur, si vous pouviez
partager les amusemens de votre, etc.
XI. A la comtesse de ***
De Péra, le 10 mars 1718.
J’ ar gardé avec vous, ma chére sceur, un
silence de plusieurs mois, et jen suis plus
affligée que je ne peux vous l'exprimer ; mais
ou vous adresserai-je mes lettres? En quelle
HE LA CORRESFONDANCE. 3253
me often Guiuzel Sultaném, or the beau-
tiful sultana, and desiring my friendship
with the best grace in the world, lament~.
ing that she could not entertain me in my
own language.
When I took my leave, two maids
brought in a fine silver basket of embroid=
ered handkerchiefs; she begged I would
wear the richest for her sake, and gave
the others to my woman and interpretess.
—I retired through the same ceremonies
as before, and coyld not help thinking I
had been some time in Mahomet’s paradise,
so much was I charmed with what I had
seen. I know not how the relation of it
appears to you. I wish it may give you
part of my pleasure; for I would have,
my dear sister, share in all the diver»
sions of
Yours, etc. etc.
XI. To the Countess of ——.
Pera of Constantinople, march to, O.S,
I HAVE not written to you, dear sister,
these many months — a great piece of self
denial. But I know not where to direct, or
what part of the world you are inv I have
324 L ART
partie du monde étes-vous? Je n’ai point
recu de vos nouvelles depuis le petit billet
du mois d’avril, ‘par lequel vous m’apprenez
que vous étes sur le point de quitter l'An-
gleterre, et vous me promettez de me faire
savoir quel endroit vous habiterez, et ou
sera votre adresse : je n'ai encore rien appris
de tout cela jusqu’a présent. La gazette seule
ma annoncé votre retour 4 Londres. J’aime-
rais mieux vous écrire dix lettres, quand -
méme elles devraient s’ égarer toutes, que de
vous mettre dans le cas de penser que je ne
vous écris point du-tout; d’ailleurs, il y au-
rait bien du malheur si de dix il ne vous en
parvenait pas une. Quoi qu'il en soit, je
garde toutes les copies de mes lettres, pour
_ prouver l'envie que j'aide partager avec vous
les agrémens de mon voyage, sans en parta-
ger les fatigues et les désagrémens.
Je commence par vous féliciter d’avoir
une niéce : j'accouchai d'une fille il y a
cing semaines. Je ne mets pas cetie aven~
ture au nombre de celles qui m’amusent ,
quoique les couches ne soient pas, 4 beau~
coup prés, si pénibles en Turquie qu’elles
Je sont en Angleterre; il y autant de diffé-
rence qu’entre les rhumes de cerveau aux-
quels on est assez sujet ici, et la consomp-
*
PE LA CORRESPONDANCE. 325
received no'Jetter from you since that short
note of april last, in which you tell me that
you are on the point of leaving England ,
and promise me a direction for the place
you stay in; but I have in vain expected it
till now, and now I only learn from the
gazette, that youare returned which induces
me to venture this Jetter to your house
at London. I had rather ten of my letters
should be Jost than you imagine I don't
write; and I think it is hard fortune, if
one in ten don’t reach you. However ,
Iam resolved to keep the copies, as tes-
timonies of my inclination to give you,
to the utmost of my power, all the di-
verling part of my travels, while you are
exempt from all the fatigues and incon-
veniencies. .
In the first place then, I wish you joy
of your niece; for I was brought to bed of
a daughter five weeks ago. I don’t men~
tion this as one of my diverting adventu-
res ; though I must own that it is not half
so mortifying here as in England , there
being as much difference as there is between
a little cold in the head which sometimes
happens here , and the consumption coughs
336 Lat
tion , quiest assez commune A Londres. Aa*
cune femme ne garde la maison un mois
aprés ses couches. Comme je ne suis point
esclave de nos coutumes pour les suivre lors+
qu'elles sont inutiles , je rendis mes visites
au bout de trois semaines. I] y a environ
quatre jours que je traversai le bras de mer
qui sépare ce lieu de Constantinople, pour
faire une nouvelle visite; j'y appris les cho~
ses du monde les plus curieuses. J’allai voir
Ja sultane Hofiten, favorite du feu empe~
reur Mustapha, qui, comme vous le savez
sans doute, fut déposé par son frére le sul-
tan actuel, et, selon l’opinion générale , em-~
poisonné au bout de quelques semaines. Cette
dame, aprés Ja mort de Mustapha, recut m
ordre absolu dabandonner le sérail, et de
choisir un mari parmi les grands de la Porte.
Vous croirez peut-étre qu'elle regut cet or-
dre avec beaucoup de plaisir ; point du tout.
Ces femmes, qui sont appelées reines, et
qui se croient telles, regardent la liberté de
se marier ainsi , comme le plus cruel affront
qui puisse leur étre fait. La sultane Ha/fiten
se jeta aux pieds du sultan , le pria de la
poiguarder, plutét que traiter la veuve de
son frére avec tant de mépris. Elle lui dit,
dans l'excés, qu’ayant donné cing princes-®
DE LA COMRESPONDANCE. 529
so common in London. — No body keeps
their house a month for lying-in; and I
am not so fond of our customs as to retain
them when they are not necessary. I return
ed my visits at three weeks end, and about
four days ago crossed the sea which divides
this place from Constantinople, to make a —
new one, where I had the good fortune to
pick up many curiosities, I went to see the
sultana Hafiten , the favourite of the late
emperor Mustapha, who, you know, or ~
- perhaps you don’t know, was deposed by
his brother the reigning sultan, and died @
few weeks afier, being poisoned, as it was
generally believed, This lady was, imme-
diately after his death, saluted with an al+
solute order to leave the seraglio, and choose
herself a husband among the great men at
the Porte. I suppose you may imagine her
overjoyed at this proposal. — Quite the con-
trary. — These women, who are called
and esteem themselves queens , look upon
this liberty as the greatest disgrace and af-
_ front that can happen to them. She threw
herself at the sultan’s. feet, and begged him
to. poignard her rather than use his brothes’s
widow with that contempt. She represented
to him , in agonies of sorrow, that she was
328 L ART
Ja famille ottomane, elle devait étre a l'abri
d'un tel affront. Mais ces*princes étaient.
morts ; il ne lui restait qu'une fille: les rai-
sons qu'elle apportait furent inutiles; on l’o-
bligea de choisir un mari. Son choix tomba
sur Bekir effendi , alors secrétaire d'état ,
qui était 4gé de plus de quatre-vingts ans.
Elle voulait par laconvaincre le public qu’ellé
était absolument résolue de remplir le voeu
qu'elle avait fait de ne jamais laisser entrer
un second mari dans son lit , et que, se
trouvant obligée d’honorer un sujet au point
d’étre appelée sa femme, elle choisissait ce-
lui-]4 comme une marque de reconnaissance
de ce qu'il |’avait présentée, a l'age de dix
ans , son premier seigneur. Elle n'a jamais
voulu recevoir aucune visite de sa part,
quoiqu’elle soit chez lui depuis quinze ans.
Elle est dans un deuil perpétuel; avec une
constance peu commune dans la chrétienté,
et sut-tout parmi les veuves de vingt=un ans 5
la sultane Hafiten n’en a a présent que trente-
six. Elle n'a point d’eunuque noirs pour sa
garde; son mari est obligé de la respecter
comme une reine, etn’a aucun droit des infor-
mer de ce qui se passe dans son appartement.
‘Lorsque je lui rendis visite, je fus in-
-troduite dans une grande chambre, le long
DE LA CORRESPONDANCE. 329.
privileged from this misfortune by having
bronght five princeps into the ottoman fa-
‘mily; but all the bovs being dead, and only
one girl surviving, this excuse was not re-
‘ceived, and she was compelled to make
her choice. She chose Bekir effendi, then
secretary of state, and above four - score
years old, to convince the world that she
firmly intended to keep the vow she had
made of never suffering a second husband
to approach her bed ; and since she must
honour some subject so far as to be called
his, she would choose him asa mark of
her gratitude , since it was he that has pre-
sented her, at the age of ten’ years, to her
dast lord. But she has never permitted him
to pay her one visit , though it is now
fifleen years she has been im his house,
where she passes her timgin uainterrupted
mourning , with a constancy very little
known in Christendom, especially in a
widow of one and twenty, for she is now
but thirty-six. She has uo black eunuchs
for her guard , her husband being obliged
to respect her as a queen , not to enquire
at all into what is done in her apartment.
I was led into a large room, witha sofa
the whole length of it, adorned with white
530 L'a RM
de Jaquelle régnait un sopha orné de colonnes
de marbre blanc, couvert de velours, fond
d'argent, et 4 fleurs d'un bleu pile: les cous-
sins étaient de la méme étoffe. On me pria
de m’asseoir jusqu’a ce que la sultane arri~
vat. Elle avait imaginé cette réception afin
déviter de se lever quand je paraitrais de-
vant elle. Lorsque je me levai, elle me fit
cependant une inclination de téte. Je sen~—
tais du plaisir en examinant une femme qui
avait captivé le coeur d'un empereur auquel
on présentait chaque jour des beautés de.
toutes les parties du monde. Il me parut
quelle n’avait jamais été si belle, a beau-
coup pres, que la charmante Fatime que
j avais vue a Andrinople , quoiqu’elle eat en-
core les restes d’une belle femme :il parais-
sait que le chagrin I'avait plus flétrie que le
temps. Son habillement était si riche, que je
ne puis m’empécher de vous en faire la des-
cription. Elle avait une camisole appelée
dualma; elle différe du caftan en ce quelle
a des manches plus longues, et qui sont
retroussées par le bas ; elle était pourpre,
Jui prenait bien Ja taille, et était garnie des
deux cétés, depuis le haut jusqu’en bas, et
autour des manches, de perles trés-belles,
el grosses comune les boutons que les femmes
DE LA CORRPSPONDANCE. 55%
marble pillars like a rwelle, covered with
pale blue figured velvet, onasilver ground ,
with cushions of the same, where I was
desired to repose till the sultana appeared ,
who had contrived this manner of reception
to avoid;rising up at my entrance, though
she made me an inclination of her head
when I rose up to her. I was very glad to
observe a lady that had been distinguished
by the favour of an emperor to whom beau-
ties were every day presented from all parts
of the world : but she did not seem to me
to have ever been half so beautiful as the
fair Fatima I saw at Adrianople, though
she had the remains of a fine face, more
decayed by sorrow than time. But her dress
was so surprizingly rich that Lcannot forbear
describing it to you. She wore a vest called
dualma , whieh differs from a caftan by
longer sleeves, and folding over at the bot-
tom: it was of purple cloth, strait to her
shape, and thick set, on each side down to
her feet and round the sleeves, with pearls
of the best water, of the same size as their
buttons commoly are. You must not sup-
pose that I mean as large as those of my-
lord—, but about the bigness of a pea; and
to these buttons, large loops of diamonds
532 LAR? ~ ee
‘ont ici 4 leurs habits ; je ne veux pas
dire aussi gros que ceux de mylord M***;
mais a peu pres atissi gros qu'un pois. A ces
boutons pendaient de grandes ganses de dia-
mant, de la méme forme que ces ganses d’or
qu’on met ordinairement aux habits que l'on
prend , lorsqu’on célebre l'anniversaire d'un
prince. Cet habit était attaché ‘sur la cein=
ture avec deux glands de perles plus petites,
et garni de gros diamans sur les manches. Sa
chemise était attachée avec un gros bouton
de diamant en forme de losange. Sa ceiuture
était fort large et toute couverte de diamans,
Eile avait autour de son cou trois chaines qui
pendaient jusque sur ses genoux ; l'une était
de grosses perles, et au bout on voyait une
émeraude aussi grosse que l’ceuf d'une poule
d Inde; une autre était d’émeraudes du vert
Je plus vif, chacune de Ja grandeur d'un pe-
tit écu, el de l’épaisseur de trois de six li-
vres; elles étaient serrées l'une contre |'au-
tre, et trés-bien assorties. La troisiéme était
composée de petites émeraudes parfaitement
rondes : |’éclat de ses pendans d’oréilles effa-
gait celui de ses autres ajustemens. Ils con=
sistaient en deux diamans taillés en forme
de poires, et de la grosseur d'une noisette.
Autour de son talpoche, elle avait quatre
DE LA CORRESPONDANCE. 35%
in the form of those gold loops so common
on birth-day coats. This habit was tied at
the waist with two large tassels of smaller
pearls, and round the arms embroidered
with large diamonds. Her shift was fastened
at the bottom, witha great diamond, shaped
like a lozenge ; her girdle as broad as the
broadest English riband, entirely covered
with diamonds. Round her neck she wore
three chains, which reached to her knees;
one of large pear], at the bottom of which
hung a fine coloured emerald as big as a
turkeyegg; another, consisting of two hundred
emeralds , close joined together, of the most
lively green, perfectly mached , every one
as large as a hal f-crown piece, and as thick as
three crown pieces ; aud another of small
emeralds perfectly round. But her ear-rings
eclipsed all the rest: they were two dia-.
monds shaped exactly like pears, as large
as a big hazel-nut. Round her tal/poche she
had four strings of pearl — the whitest and
most perfect in the world, at least enough
to make four necklaces, every one as large
as the dutchess of Marlborough’s, and of
the same shape, fastened with two roses,
‘
354 . Panweos At ¥
cordons de perles les plus éclatantes et les
plus parfaites qu'on puisse voir. IL y en avait
assez pour faire au moins quatre colliers,
aussi gros chacun que celui de la duchesse
de Marlborough. Ces cordons étaient attachés
avec deux roses , composées chacune dun
gros’ rubis environné de vingt diamans. Sa
coiffure était toute couverte d'épingles a téte
d’émeraude et de diamant. Ses bracelets
étaient de diamant; elit avait 4 ses doigts les
plus grosses dd ptios que j'aie jamais vues,
excepté celles de M. Pitt. Je laisse aux’
jouailliers a estimer ces choses; mais, sui-
vant le prix des pierreries en Angleterre,
son ajustement devait valoir cent mille li-
vres sterling. Je suiscertaine qu'il n'y a point
de reine ev Europe quien ait un qui vaiile
Ja moitié autant; et les pierreries de limpé-
ratrice, quoique trés-belles, paraitraient com-
munes auprés de celles de la sultane Hafi~
ten. Elle me donua un diner ou I’on servit
. . — i= ee
cinguante plats de viande, un a un, selon
usage du pays; ce que je trouvai fort en-
nuyeux; mais la magnificence du service
égalait celle de son ajustement. Les cou-
teaux étaient dor,et les manches garnis de
diamans, Le luxe qui me choqua fut la
pape et les serviettes , quie étaientyd) une
PE LA CORRESPONDANCR. 355
eonsisting of a large ruby for the middle-
stone, and round them twenty drops of
clean ‘initia to each, Besides this, her
head - dress was covered with bodkins of
emeralds and diamonds. She wore -large
diamond bracelets, and had five rings on
her fingers ( except M* Pitt's) the largest
I ever saw in my life. "Tis for jewellers to
compute the value of these things ; but,
according to the common estimation of,
jewels in our part of the world, her,
whole dress must be worth a hundred;
thousand pounds sterling. This I am sure.
of, that no European queen has half the?
quantity ; and the empres’s jewels , though
very fine , would look very mean near
hers, She gave me a dinner of fifty dishes’
of meat, which (after their fashion) were
placed on the table but one at a time ,
and was extremely tedious : but the ma-
gnificence of her table answered. very well
to that of her dress; the knives were of
gold, and the hafis set with diamonds, But,
the piece of luxury which grieved my eyes
was the table-cloth and napkins , which
were all Uffany embroidered with silk and
336 L’ART . :
espéce de gaze brodée en fleurs naturelles de
soie et d'or; elles étaient enfin aussi bien
travaillées que les plus beaux mouchoirs qui
solent jamais sortis de ce pays; et c’élaitavec
un regret infini que j'en faisais usage : elles
furent toutes gatées avant la fin du diner. Le
sorbet, qui est la liqueur ordinaire dans les
repas, fut servi dans de grandes tasses de
porcelaine , dont les couvercles et les sou-
coupes ¢taient d’or massif. Agrés le diner,
on apporta de l'eau dans des bassins d'or, et
des serviettes semblables 4 celles dont on
avait fait usage pendant le repas; je m’essuyal
les mains avec; mais ce fut encore avec regret.
On servit ensuite le café dans de la porce-
Jaine , avec des soucoupes d’or.
. Lasultane me parut d’assez bonne humeur:
elle me tint toujours un langage plein de po-
litesse ; je profitai de cette occasion pour tirer.
delle quelque détyil sur Je sérail, dont nous
n’avons aucune notion. Elle m‘assura quil
était entiérement faux que le sultan jetat un
mouchoir a celle qu'il desire de posséder ,
comme on le débite. I! charge le kissir aga
de lui annoucer [honneur qu ila dessein de
Jui fire. Sur-le-champ elle est complimen-
tée par toutes les autres sultanes, qui la con-
duisent au bain, ot elles ja parlument ef
DF LA CORRESPONDANCE. 359
gold, in the finest manner, in natural
flowers. It was ‘with the utmost regret that
I made use of these costly napkins , which
were as finely wrought as the finest hand-
kerchiefs that ever came out of this country.
You may be sure that they were entirely
spoiled before dinner was over. The sherbet
Cwhich is the liquor they drink at ‘meals )
was served in.china bowls ; but the covers
and salvers massy gold. After dinner water
was brought in’ gold basons, and towels
of the. same kind-with the napkins, which
I very unwillingly wiped my hands upon;
and coffee was served in china with gold
soucoupes. | pe
The sultana seemed in a very good hu-
mour, and talked to me with the utmost
civility. I did not omit this opportunity of
learning all that I possibly could of the
seraglio, which is so entirely unknown
“amongst us. She assured me that the story
of the sultan’s throwing a handkerchief, is
altogether fabulous ; and the manner, ‘upon
that occasion, no other than this : He sends
the kyslier aga to signify to the lady the
honour he intends her, She is immediately
complimented upon it by the others, and
fads ye 15
558 ies Fb
Lhabillent magnifiquement , et en méme
temps d’unemamiére convenableal’ objet pour
lequel elle est destinée, L’empereur se fait
précéder par un présent , et passe aprés dans
fappartement ou elle est; il est encore faux
qu'elle rampe jusqu’au pied du lit. La sultane
Hafiten massura que la premiére femme que
Tempereur choisissait avait toujours le pas
sur les autres, et que ce n‘était point Ja mére
du filsainé , comme les voyageurs ont voulu
nous le erate Le sultan s’amuse quel-
quefois avec toutes les sultanes, qui forment
uncercle autour de lui. Hafiten me dit qu’aus-
sitot qu'il donnait quelque marque de pré-
férence a une d'entre elles , Jes autres élaient
en proie ala plus vive dabeiaite. Mais je trou-
vai que cela ayait beaucoup de rapport a ce
qui.se passe dans presque toutes les cours ,
ou l'on guette un coup d’ceil du monarque ;
Yon y attend avec impatience un sourire de sa
part; et toutes celles qui.ne l’ont pas obtenu
sont jalonses de celle a qui il est adressé.
Elle ne prononcait jamais le nom de Mus;
_tapha sans avoir les larmes aux yeux ; et ce-
pendant elle en parlait avec plaisir. « Mon
« bonheur passé, me jdit-elle , me parait un
¢ songe; mais je ne peux oublier que j étais
« aimée du plus grand et du plus aimable des
DE LA CORRESPONDANCE 535g
Jed to the bath, where she is perfumed and
dressed in the most magnificent and becom-
ing manner. The emperor precedes his visit
by a royal present, and then comes’ inte
her apartment : neither is there any such
thing as her creeping in at the bed’s foot.
She said ‘that the first he made choice of,
was, always after, the first in rank, and
not the mother of the eldest son, as other
writers would make us believe. Sometimes
the sultan diverts himself in the company
of all his ladies, who stand in a circle
round him : and she confessed they were
ready to die with envy and jealousy of the
happy she, that he distinguished with any
appearance of preference, But this seemed
to me neither better nor worse than the
circles of most courts, where the glance of
the monarch is watched, and every smile
is waited for with impatience , and envied
by those who cannot obtain it.
She never mentioned the sultan without
tears in her eyes, yet she seemed very fond
of the discourse, « My past happiness, said
«she, appears.a dream tome. Yet I cannot
«forget that I was beloved by the greatest
« and most lovely of mankind. I was chosen
340 L’ART
«hommes. Je faisais toutes les campagnes
«avec luis il me préférait a toutes les au-
« tres; et je ne lui aurais pas survécu si je
« n’aimais la princesse, ma ‘fille , avec la
« derniére tendresse ; & peine méme cette
« tendresse a-t-elle suffi pour me dérober a
« la mort. Aprés l'avoir perdu je ne ‘pus
« souffrir, pendant unan entier, la lumiére.
« Le temps a un peu adouci ma peine; mais
«il n'y a point encore de semaine ou je ne
« passe quelques jours 4 donner des larmes
« 4 mon sultan.» L’art ne dictait point ce
langage ; la douleur était peinte sur son vi-
sage; mais elle avait la politesse de s'efforcer
& montrer de la gaieté, -
Elle me proposa de nous promener dans
sop jardin; et sur-le-champ une de ses es-
claves lui apporta une pelisse d'un riche bro-
card, doublée de martre; je l'accompagnai
dans ce jardin, ot je ne trouvai rien de re~
marquable que les fontaines : de la nous pass
sdmes dans ses appartemens, Sa toilette était
déployée dans sa chambre a coucher. Elle
‘consistait en deux miroirs, dont les cadres
étaient couverts de perles ; son talpoche de
nuit était garni d’épingles a téte de diamans;
on voyait auprés trois camisoles de. belle
martre, dont chacune valait au moins mille
~
DE LA CORRESPONDANCE. 34t
« from all the rest to make all his campaigns
« with him; and I would not survive him, ~
« if I was not passionately fond of the priny
« cess my daughter. Yet all my tenderness
«for her was hardly enough to make. me
«preserve my life. When 1 left him, I
« passed a whole twelvemonth Withtoitt
« seeing the light. Time has softened my
« despair; yet I now pass some days every
« week in teers, devoted to the memory
« of my-sultan. » There was no affecta-
tion in these words. It was easy to see
she was in a deep melancholy, though
her good humour made her willing to
divert me. :
She asked me to walk in her gardens
and one of her:slaves immediately brought
her a pelisse of rich brocade lined with
sables. I waited on her into the garden,
which had nothing in it remarkable but
the fountains; and from thenee she sheywed
me all her apartments. In her bed-ehamber}
her toilet was displayed, consisting of two
looking-glasses, the frames covered, with
pearls, and her night talpoche set with
bodkins of jewels, and near it three vests
of fine sables , every one of which is at least
worth a thousand dollars ( two hundred
342 L ART
écus d’ Allemagne, qui font deux cents hhvres
sterling. Ces riches vétemens paraissaient
avoir élé jetés sans intention sur Je sopha ;
mais je crois qu’on les y avait placés a des-
sein. Lorsque je pris congé d’elle, on me fit
la méme cérémonie des parfums qu'on m’a-
vait faite chez la femme du grand yisir, et
Yon me présenta un trés’- beau mouchoir
brodé. Le nombre de ses esclaves se mon-
tait 4 trente, sans compter dix petites, dont
la plus agée ne passait pas sept ans. Ces
petites filles étaient toutes trés-jolies, et
richement habillées. Je remarquai que ces
aimables enfans faisaient tous les amuse-
mens de la sultane. Elles lui coutent beau-
coup ; etune fille de cet age n'est pas vendue
moins de cent livres sterling. Leurs cheveu®
bouclés étaient ornés de guirlandes de fleurs,
qui faisaient toute leur coiffure; leurs habits
étaient d’étoffe d'or. Elles servent le café a
la sultane, a genoux, et lui apportent l'eau
pour se laver. Une des plus grandes occu-
pations des vieilles esclaves est d'avoir soin
de ces jeunes filles, de leur apprendre
DE LA COREE ONDANCE. 54.5
pounds English money. ) I don’t doubt but
these rich habits were ‘purposely placed
in sight, though’ ‘they seemed negligently
thrown on the sofa: When Ttook:ily leave
of her, L-was complimented with perfumes,
as at the grand vizier’s, and presented with,
avery fine embroidered hankerc ief Her
slaves were to the number of ‘thirly, Lig
sides ien litile ones, the éldést not above
seven years old. These’ were the most beaus
tiful girls I ever saw, all richly; dressed 5
and I observed that the sultana took a great
deal of pleasure in_ these lovely children ,
which is a vast, expence 5 for there is not
a handsome girl of ‘that age to Be’ bought
undef a hundred points Kterling? They wore
hittle’ garlands of flowers,‘ and. their, own
hair braided, which, was all their: head-
dress ; but iii habits yvere all of gold
stuffs, These served her coffce , kneeling ,
brought water when ‘she washed, etc. —
"Tis a great par tof ihe’ Business of ihe oldet ©
slaves to' take caré of ‘these young girls, fo
dearii them to embroider} and to serve them
as carefully as if, they were children of
the family. Now do you imagine I have
entertained you all this while ath & a re=
Jation, ‘that has, at feast arte! fees
AC ‘ i
L ART ¢
dl
{is 0 f r
ieiodek, etde lesgervir aveca autant attention
que si elles éiqient. tes cenfans de. leur mai-
tresse. Vouscréirez,, peuf-étre, que je me
suis admiidée Hietabelli cette longue'relation 5
mais ie Vous assure que tout ce qu'elle con=
tient est v@iteble. Vous niavez rien lu dé
pareil , je Vayoue, dans les voyageurs qui
ont parléideda Turquie; mais faites atten-
ton que Te fang ‘que joccupe ici m’a pro+
curé occasion de voir des choses dont aus _
cun d'eux n'a pas méme été A portée d’en-
-tendre parler. D’ ailleurs iL arrive du chan-
“ene tons les vingt ans dans les. maoeurs
dan pays? Fai été dans un harem, ov laboi+
Serie de Vappartenient’ d'hiver était incrus-
iée en hacte de perle, en ivoire de diversés
couleurs: ,eten bois” : Olivier , eXactemient .
ae on
comme ces petites boites gu’ on porte died ex en
‘Angleterre; et les murailles de /’appar tement
‘été étaient incrustées ien porcelaine duJa-
pon; les lambris dorés, et'les planchers eou-
verts des plus Beaux tapis de Perse : téls 7
ceux de mon Bimal amie, la belle Fatime
avec ‘tnquelle' yal F fait a nik
e¥*y Pye
DE LA ‘CORRESPONDANCE. 345
embellishments from my hand. "This, you
will say, is but too like the Arabian tales,—
‘These embroidered pay! anda jewel as
large as a turkey’s egg! — You forget, dear
sister , those very tales were written by an
author of this country , and (excepting the
énchantments ) are a real representation of
the manners here. We travellers are in very
hard circumstances. If we say, rothing but
what has been said before us, we are dull,
and we have observed nothing. If we tell any
thing new, we are laughed 'at as fabulous and
romantick , not allowing either for the dif-
ference of ranks, which afford difference
of company ;6r° more curiosity, or. the
change of customs that happen every twenty
years in every country. — But the truth is,
people judge of travellers exactly with the
same candour, good nature and impartia~
lity, they judge of their neighbours ‘upon
all occasions. For my part, if I live te
relirn amongst: you, LT -am so well ate
quainted with the movals of all:my dear
friends and acquaintances that I am resolved
to tell them nothing at all, to avoid the
imputation ( which their chatiey would
certainly incline them to )'of ‘my telling
too much. But I deperid upon your knowing
19 *
346 Wan
nople. J’allai hier lui rendre visite; elle me
parut encore plus belle, s'il était possible,
qu’auparavant. Elle vint au-devant de moi
jusqu’a la porte de sa chambre, me donna
Ja main de la meilleure grace du monde, et
me dit , avec un sourire qui la rendait belle
comme un ange : Les dames chrétiennes pase
sent pour étre inconstantes ; et quelque ami-
tié que vous m’eussiez marquée a Andrino=
ple, je croyais que je ne vous reverrais plus ;
mais je suis 4 présent convaincue que j’ai le
bonheur de vous plaire. Si yous saviez quel
langage je tiens de vous a-nos dames, vous
seriez persuadée que je mérite de vous le
titre damie. Elle me placa dans le coin du
sopha. Je passai toute l'aprés-midi a conver-
ser avec elle , et jy goulai,en vérité, le
plus grand plaisir du monde. La sultane
Hafiten est , comme les autres dames tur-
ques , naturellement obligeante; mais elle’a
Yair emprunté , et ses maniéres annoncent
qu'elle a vécu s¢parée du monde. Fatime ,
au contraire, a toute la politesse de cour,
et son air inspire 2 la fois du respect et de
BE LA CORRESPONDANCE. S47
ame gnoygh to believe ayatever. 1 seriously
assert for truth though. I give you leave to
be surprized at an account so new to. you.
“But what would you say, if I told you
ethat/T lave: been'in avharam’, where the
Winter apartment was wainscoted with,in-
Aaid, work of mother of,pearl, ivory of dif-
ferent colours and. olive wood, exactly like
the little boxes you have seen brought out
‘of this Country ; and in those rooms designed
‘for summers, the walls are all crusted with
‘Japan china, the roofs gift, and /the floors
spread with thefinest Persian carpets? Yet
ahere is. nothing more true: such is the pa-
Jace of my lovely friend, the fair Fatima,
whom I was acquainted with at Adyianople.
I went to'visit her yesterday : and, if pos-
sible, she appeared to me handsomer than
before. She met meat the door of her cham-
_ ber, and.giving me her hand with the best
grace An, the world : You, christian ladies
(said she, with a smile that’ made her as
‘eautifilas an angel) have the reputation
‘of inconstanby, anid?! did not expect, wiat-
‘ever goodness you expressed for meat Adria-
nople, that I should eyer see. you again. But
A amjnow convinced that I have really the
ae aate of Pleasion and 28 37" Bae
*
ndressé. ‘AP ei it ‘ented ta Tan
ue turque, eS ‘gus sen én état, de jug ‘a des son
Psprit, etyje) trouve quelle. en a aaltnt que
‘de beauté. Elle aime beaucoup a s‘instruine
“des: “usages des autres *pays ;°sans étré pré-
vehue pour « ceux dt sieit 5 elle’ laisse cette
partialité aux petits, esprits. Une "Gredqie,
quine I avait jamais vue , et quin n’ ‘aurait pas
eu cet honneur hier , si elle n’ edt été de ma
suite, fut si frappée de sa beauté et-de la
noblesse de ses gestes, qu'elle resta dans le
‘silence de l’admiration , et mie dit ensuiteeh
‘italien : « Ce west point une » dame, rarqui
« Cest cextlinement quelque chrétienne. >
Fatime, se doutant quielle parlait Velie, mg
demanda ce qu'elle disait.: Je ne voulus pas
le lui rendre , ra‘imaginiine que tedkatin an
ment ne lui plairait pas plus que’ si i on disait
a une de nos beautés de cour quelle a fair
dune dame. turque’s, mais, la grecque le lui
dit. Fatime , loin de-se facher ,-comme ,je
Yaurais cru , sourit’, et répondit : « Ce n'est
« pas la premidre fois qu’6n m’en a ‘dit! aus
«tant. Ma mére était Polonaise ; elle avait
DE LA ‘coRKESPoNDANCE. 349
how T speak of you. “amongst our ladies,
you wouldibe asstired that you do nie justice
in making me‘your friend. She placed me
in the corner of the sofa, and I spent
the afternoon in ‘her conversation with the
greatest pleasure i in the world. —'The sul-
tana Hafiten is what | one would naturally
expect to find a’ turkish’ ‘lady, willing to
oblige but not knowing how’ toigo about
it;-abd ‘tis easy:to seein her manuer, that
she. has lived. excluded from the world,
But Fatima has all the politeness and good
breeding ofa court, with an air thati inspires
at once * yespect™ gad" tenderness and now
that’E ‘understand hei’: lariatide DIE find her
wit'as agreeable as her beauty. She is very
curious afier the mapners of countries 5) ang
has not the partiality for her own , so com~
mon to Tittle minds. A Greek that I L carried
with me, who had | never seen her before
(nor could have bead!’ admitted now, if she
had’ not “been in? my Wait'y chewed that
surprize at her beaaty.and! manner, which
is unavoidable at first sight, and-said to me
in Fialian :,—,« This is. no turkish: lady,
she is is certainly some Christian. > Fatima
fee she s poke of her, and ‘asked what
she Said. I Sibittitor Hayd ila ke? jhinking
359 fy Pe A uta’
« €té prise au siége de Kavninieg mon perg
« me disait souvent en,riant ,..qu’'il croyait
« que safemme chrétienne avaittrouvé quel-
« que galantichrétien, et que je avais nul-
« lement Pair d'une fille peru » Je l’assu-
rai que si toutes les beautés turques ‘lui res-
semblaient il faudrait nécessaivement les dé
rober a Ja vue des hommes pour leur repos:
« Quel bruit, ajoutai-je , un visage tel que
« le votre, madame, ferait & Londres et a
« Paris! Je e ne peux vous croire, ajouta-t-
« «elle, , avec up, ton extrémement agréables
« si la beauté était autant estimée dansivotre
«'pays que’ vous Je ‘dites , on me vous. aurait
& jamais permis d’en'sortir) » Vous. royez
pelit-étre , ma charé scot, que ¢ "est par va-
nité que je vous ré épete ce. a ipliment’
yous en riez , sans, oute 5, mais ce mest que
pour vous, donner une, preuye de, la viyacité
de l'esprit de Fatime. Son ameublementest
magnifique; et d’un trés-bon'gott. Ses cham-
bres Chiver sont tapissées de velours ciselé
‘A fond q or; celles d’ es le sont de point des
Indes brodé en or. Les es mpaisons, des femmes
DE LA GORRESPONDANCE. 35
she would have been no better pleased with
the compliment, than one of a Turk : but
the greek lady told it to her, and she smiled,
saying : It is not the first time I have heard
so: my mother was a Poloneze, taken at
the siege of Caminiec; and my father used
to rally me, sayng he believed his christian
wife had found some christian gallant, for
that I had not the air of a turkish girl. — I
assured her that, if all the turkish ladies
were like her, it was absolutely necessary
to confine them from pnblick view for the
repose of mankind; and proceeded to tell
Ihercindhslidiinntes suchia face a5 thes weelt
make in London or Paris. —I can’t believe
you, replied she agreeably : if beauty was
so much valued in your country, as you
say, they would never have suffered you to
leave it. — Perhaps, dear sister, you laugh
al my vanity in repeating this compliment ,
but I only do it, as I think it very well
turned, and give it you.as an instance of the
spit of her conversation. Her house was
magnificently furnished , and very well fan-
cied ; her winter rooms Deine furnished with
figured velvet on gold ground, and those
for summer, with fine Indian quilting em-
broidered with gold, The houses of tre gr cat
Say AGS L ART
de marque , en stews oar? » sont entretennes
aussi proprement qu’en Hollande. Celle de
Fatime est située dans |’endroit le plus élevé
de Constantinople , et de la fenétre de son
appartement d’été nous découvrions Ja mer,
les iles et les montagnes de I Asie.
_ Ma lettre est devenue insensiblement si
longue , que jen ai honte. Je crains de de-
venir une vraie conteuse d’histoires. Le pro-
verbe qui dit gu’on n’en sait jamais trop,
peut étre véritable ; mais il arrive souvent
aussi que ceux qui sont fort instruits devien=
nent ennuyeux. Je suis, etc.
XI. A la comtesse de B*** |
_ J viens enfin de réecevoir de vos nou-
velles, ma chére milady ; je suis trés-per-
suadée que vous m'avez déja écrit ; mais j'ai
éu le malheur de ne pas recevoir vos lettres.
Depuis ma derniére , je suis toujours restée
4 Constantinople , et je vous dois en cons-
cience une description un peu détaillée de
cette ville. Ce qu’en ont dit jusqu’A présent
les voyageurs est faux ou partial. If est cer-
tain que bien des gens ont passé plusieurs —
années a Pera, saus V'avoir jamais vu, et ce=
pendant ils ont la hardiesse d’en ania Da
ay
DE LA CORRESPONDANCE. 353
turkish ladies are kept clean with as much
nicety as those in Holland. This was situated
in a high part of the town; and from the
window of her summer apartment, we had
the prospect of the sea, the islands , and the
Asian mountains.
My letter is insensibly grown so long, I
am ashamed of it. This is a very bad : symp-
tom. "Tis well if I’ don’t degenerate into a
downright story-teller. Tt may be our pro-
verb that knowledge is no burthen, may he
irue , as to one's nett: but knowing too much
is very apt to make us troublesomie to other
people. Tam, etc, etc,
XII. To. the Countess of B B—.
Ar length I have heard from my dear
lady B , for the first time. I am per-
suaded you ee had the goodness to write
before , but I have had the all fortune to
lose your letters. Since my. last, I have
staid quietly at Coustantinople , a city that
I ought in conscience to give your ladyship
aright notion of, since I know you can
have none but what is partial and mistaken
from the writings of travellers. "Tis éertain
there are many ~ penile that pass years here
in Pera, without having ever seen it, and
554 LART ,
description, Les faubourgs de Pest, de To-
phana et de Galata, qui ne sont habités que.
par des chrétiens francais, forment ensem-
ble une trés-belle ville : ils ne sont séparés
de Constantinople que par un bras de mer ,
qui n’est pas plus large que la moitié de la
Tamise dans sa grande largeur. Mais, d'un
coté , les chrétiens n’aiment point a s'exposer
aux insultes qu’ils regoivent ordinairement
de la part des events , ou mariniers du payss
ces gens sont encore plus grossiers que nos
hateliers ; d'un autre cété, les femmes ne
peuvent sortir sans étre couvertes d'un voile,
pour lequel elles ont une extréme aversion,
quoique celui qu’on porte 4 Pera reléve telle-
ment leur beauté , qu’on ne permettrait pas
de le porter 4 Constantinople. Voila ce qui
empéche Presque tout le monde de. voir
Pera, je crois méme que l’ambassadrice de
Branice retournera dans son pays sans l'avoir
vu. Vous serez sans doute surprise d’appren-
dre que j'y ai été trés-souvent; le voile des
dames turques me plait assez; quand méme
il me déplairait , je le souffrirais pour satis
faire ma curiosité , qui est ma passion domi-
nante. En vérité, le trajet que l’on fait sur
Ja Tamise pour aller 3 a Chelséa , n'est point
comparable 4 celui qu’on fait sur le canal
DE LA CORRESPONDANCE. 355
yet they all pretend to describe it. Pera,
Tophana, and Galata, wholly inhabited
by French christians (and which, together ,
make the appearance of a very fine town )
are divided from it by the sea, which is
not above half so broad as the broadest part
of the Thames; but the christian men are
loth to hazard the adventures they some-
times meet with amongst the levents or
seamen ( worse monsters than our water-
men ) and the women must cover their faces
to go there, which they have a* perfect
aversion to do. Tis true, they wear veils
in Pera, but they are such as- only serve
to shew their beauty to more advantage,
and would not be permitted in Constan-
tinople. These reasons deter almost every
creature from seeing it; and the French am-
bassadress will return to France (I believe }
without ever having been there. You'll
wonder, madam, to hear me add that I
have been there very often. The asmack,
or Turkish veil, is become not only very
easy, but agreeable, to me; and if it was
not, I would be content to endure some
inconveniency to gratify a passion that is
become.so powerful with me as curiosity.
And indeed ,, the pleasure of going in a
556 - Want
pour aller a Constantinople. Le point de
m vue pendant Vespace de vingt milles, ‘en
descendant le Bosphore, est le plus aigréablé
et le plus varié du monde. Le cété del’ Asie,
qui est tout convert d’arbres fruitiers, offre
aux yeux une multitude de villages qui font
un paysage trés-agréable : du cété de !Eu-
rope on voit Constantinople située sur sept
collines. C’est une trés-grande ville, et l’iné-
galité du lieu ot elle est batie la fait parae
tre encore une fois plus grande qu'elle n'est.’
Ony découvre un agréable mélange de jar-
dins, de pins, de cyprés, de palais, de mos-
quées , enfin d’édifices publics, élevés au-
dessus des autres avec une symétrie sembla-
ble a celle dun buffet , ot les différens ya-
ses, les porcelaines , Jes chandeliers et au-
tres ustensiles sont rangés avec ordre. Cette
comparaison, quoique bizarre, est assez juste.
J’ai vu du sérail tout ce qu'il est possible d’en
voir ; il est bati sur une langue de terre qui
savance dans la mer; le palais est irréeniier$
mais d'une trés-crande étendue. Les jardins
sont immenses, et tout plantés de cyprés
d'une hauteur prodigieuse. Voila tout ce que
jen ai pu découvrir. Les batimens sont de
pierres blanches : on voit s'élever au-dessus
de petites tours et des pyramides dorées , ce
DE LA CORRESPONDANCE. 357
barge to Chelsea, is not comparable to that
of rowing upon the canal of the sea here,
where for twenty miles together down the
Bosphorus , the most beautiful variety of
prospects present themselves. The Asian side
is covered with fruit trees, villages, and
the most delightful landscapes in nature;
on the European stands Constantinople, si-
tuaded on seven hills. — The unequal heights
make it. seem as large again as itis (tho’ one
of the largest cities in the world ) shewing
an agreeable mixture of gardens, pine and
cypress trees, palaces, mosques , and pub-
lick buildings, raised one above another,
with as much beauty and appearance of
symmetry as your ladyship ever saw in
a cabinet adorned by the most skilful hands,
where jars shew themselves above jars ,
mixed with canisters, babies and candle-
sticks. This is a very odd comparison; but
it gives me an exact idea of the thing. I
have taken care to see as much of the sera-
glio as is to be seen. It is on a point of
land running into the sea, a palace of pro-
digious extent, but very irregular. The gar-
dens take in a large compass of ground, full
of high cypress. trees, which is all I know _
of them. The buildings are all of white
558 L'ART
qui produit un effet assez agréable. Je doute
qu'on trouve dans toute Ja chrétienté un roi
qui ait un palais aussi grand de moitié. Il
y a six grandes cours rondes, ornées d’ar-
bres, et environnées de galeries baties en
pierres, La premiére de ces cours est pour
la garde, la seconde pour les esclaves, la
troisiéme pour les officiers de cuisine, la
quatriéme pour les écuries , la cinquiéme
pour Je divan , la sixiéme enfin pour les au-
diences. Il y en a une fois autant dans la
partie du palais qu’occupent les femmes. Les
eunuques , les officiers , les cuisiniers, y ont
tous leur quartier séparé.
Lédifice le plus renommé aprés le sérail ,
Cest Sainte - Sophie; mais un chrétien ne
parvient que trés - difficilement a le voir.
J’en ai fait demander trois fois la permission
au caimacan , gouverneur de la ville, qui,
A Ja fin, a fait assembler les principaux ef-
fendis, chefs de Ja loi, et consulter le mufti,
pour savoir si on pouvait m’accorder la grace
que je demandais. Cette affaire leur a paru
si importante, qu'ils ont été trois jours en
délibération , au bout desquels ils ont enfin
cédé & mes instances réitérées. Je n'ai encore
pu découvrir quel est le motif qui tend les
Turcs plus scrupuleux a I’égard de cette
7
“¥
DE LA CORRESPONDANCE. 359
stone, headed on top, with gilded turrets
and spires, which look very magnificent ;
and indeed I believe there is no christian
king’s palace half so large. There are six
Jarge courts in it, all built round and set
with trees, having galleries of stone; one
of those for the guard, another for the
slaves, another for the officers of the kit-
chen, another for the stables, the fifth for
the divan, and the sixth for the apartment
destined for audiences. On the ladies’ side
there are at least, as many more, with
distinct courts belonging to their eunuclis
and attendants, their kitchens, etc.
The next remarkable structure is that of
St. Sophia, which ’tis very difficult to see.
1 was forced to send three times to the
caimacan (the governor of the town ) and
he assembled the chief effendis , or heads
of the law, and enquired of the mufti,
whether it was lawful to permit it. They
passed some days i in this important debate ;
but I insisting’ on my request, permission
was granted. I can’t be informed why the
Turks are more delicate on the subject of
‘this mosque, than on any of the others,
where what Christian pleases may enter
without’scruple, I'fancy they imagine that,
360 it he MBE
mosquée qu’a |’égard des autres, ott on laisse
entrer les chrétiens sans aucune difficulté,
Comme elle a été d’abord une église chré- .
tienne, ils craignent peut-ctre qu’on ne la
profane en adressantydes priéres aux saints
qu omy voit encore en mosaique , et qui n'ont
été endommagés que par le laps du temps;
_car il est absolument faux que les Turcs dé-
truisirent, comme on est généralement per-
suadé, toutes les images, quils trouvérent
dans Constantinople. Le déme de Sainte-
Sophie, qu’on dit avoir cent treize pieds de
diamétre, est élevé sur des votites, soute-
nues par des colonnes de marbre d’une gros-
seur prodigieuse ; les escaliers et le pavésont
_aussi, de marbre. On y voit deux galeries,
soutenues par des colonnes de marbre de
différentes couleurs. La votte est & la mo-
saique ; mais il y en a une partie qui tombe
en ruine. On me présenta une poignée de
cette matiére , qui me parut ¢tre de verre,
. ou de cette compostion dont on fait l'aven-
urine. On me fit remarquer le tombeau de
‘empereur Constantin , pour leque: les Tures
mnt beaucoup de vénération,
Je vous donne une description bien im-
. sarfaite d'un édifice aussi célébre que celpi
Je Sainte-Sophie; mais je me conuais si
0 as
DE LA CORRESPONDANCE. 561)
having been once consecrated, people, on
pretence of curiosity , might profane it with
prayers particularly to those saints, who
are still very visible in mosaick work , and
no otherway defaced but by the decays of
time ; for it is absolutely false, though so
universally asserted, that the Turks defaced -
all the images that thay found in the city.
The dome of St. Sophia 1s said to be one
hundred and thirteen foot diameter, built
upon arches, sustained by vast pillars of
marble, the pavement and stair-case marble.
There are two rows of galleries supported
with pillars of parti-coloured marble, and)
the whole roof mosaick work , part of which
decays very fast , and drops down. — They
presented me a handful of it; its composi-
tion seems to me a sort of glass; or that
paste with which they make counterfeit
jewels. They shew here the tomb of the
emperor Constantine, for which they have
a great veneration.
This is a dull imperfect description of
this celebrated building ; but I understand —
architecture so little, that I am afraid of
2. 16
362 L'aAnT
peu en architecture, que je n’ose entrer
dans aucun détail, J'ai vit des mosquées a
Constantinople qui me plaisaient plus que
celle de Sainte-Sophie ; c'est peut-étre ma
faute. Celle. du sultan Soliman, par exemple,
est un carré parfait; il ya quatre belles tours
dans les angles : au milieu est un dome ma-
gnifique, supporté par des colonnes dun
trés-beau marbre; aux deux extrémités on
voit deux autres domes, qui sont soutenus
de la méme maniére que celui du milieu ;
les ge leries qui font le tour de la mosquée ,
sont de marbre; le pavé en est aussi, Sous le
grand déme il y a une fontaine dont les co-
Yonnes sont si belles, que j'ai peine a croire
qu’elles soient d’un ere naturel, D'un
cété on-voit une chaire de marbre blanc ;
de J’autre la tribune du grand -seigneur,
qui est environnée d'un grillage doré, et ot
Yon monte par un. bel escalier. Dans Je haut
dela mosquée on voit une espéce dautel ott
ont le nom de Dieu, devant Jequel sont
deux chandeliers de Ja hauteur d’un homme
ordinaire , avec des cierges de cire aussi gros
ue trois de nos flambeaux. Le pavé est cou-
vert de riches tapis, et tou‘e la mosquée est
illuminéé'par une grande quantité de lam-
pes, La cour, qui est au-devant, est tres
dein
DE LA CORRESPONDANCE. 563
talking nonsense|in endeavouring to. speak
of it particularly: Perhaps I am jin the
wrong, but some Turkish mosques ‘please
me. better. That” of ‘sultan Sol ymait is. aa
exact square with four fine towers in the
soalanta in the midst i isa noble cupola, sup-
ported with beautiful marble pillats;. two
lesser at the ends, ‘supported in the same
nianier, thé pavement and gallery ‘round
the mosque of ‘marble ; under. the great
cupola i is.a fountain, adorned with, such fine
coloured: pillais,:.that, I can hardly think
then natural ‘marble; on one side is ‘the
pulpit | of white marble, and on the other
a Tittle galler y for | the grand signior. A fine
stair-case, Jeads to it, and it is built up with,
gilded Jattices,, At the upper end i is a sort
of altar; where the name of Gop is writtens
anid'before it staid! two'candlesticks, as high
as a man, witli wax-candles as thick’ as
three flambeaux. The pavement is spread
~ with fine carpels, and the mosque illumi-
nated with \a; vast siumber of lamps. The
court leading to it is very/spacious, with
364 coy. cB RROD
spacieuse : on y voit ne colonnade de mar-"
bre vert, surmontée de vingt-huit démes ,
tous doublés de plomb en dedans et en de-,
hors ; au miliewest une magnifique fontaine,
Cette description peutyous donner une idée
des autres mosquées de Constantinople; elles
sont toutes sur le mnéme modéle , et ne antes
rent’ seulement que par le plus ou moins'de;
grandeur et de richesses. Celle de la;sultane’
Validé est la plus grande de toutes; elle est.
d’une beauté surprenante , toute batie en
marbre, La mére de Mahomet IV Ta fonda
en I'honnear de notre’sexe. Entre nous, 1é-
glise de Saint -Paul de Londrés ne dua diet
pasicomparable,, et nus plus belles: places ne,
peuvent étre mises en comparaison avec
VAtlerdam, ou marché aux chevaux, Le lieu
ou se tient cé marché est ce qu'on appelait
Y Hippodrome sous les empereurss ‘grecs. Au
milieu de cette place on voit une’colonne de.
bronze qui est formée ‘par trois serpens en-
trelacés, lesquels ouvrent la gueule. On ne
gait point au juste le motif pour lequel cette
colonne extraordinaire, a été _crigée,, Lors-
qu'on interroge les Grecs a ce sujet, ils racon-
tent des fables ,'font des histoires, toutes peu
satisfaisantes ;il ést vrai qu'il n'y a jamais ew
@inscription.. Au haut de la place est um
DE LA CORRESPONDANCE. 3556
galleries of columns of green marble, covered
with twenty-eight leaded cupolas, on two
sides, and a fine fountain of basons in the
midst of it. e
This description may serve for all the
mosques in Constantinople. The model is
exactly the same, and they only differ in
largeness and thickness of materials. That
of the sultana Valida is the largest of them
all, built entirely of.marble, the most, pro-
digious, and, I think, the most beautiful
structure I ever saw, be it spoke to the
honour of our sex, for it was founded by the
mother of Mahomet the fourth. — Between
friends , Paul's church would make a very
pitiful figure near it, as any of our squares
would do near the atlerdan, or place of
horses (at signifying a horse in Turkish. )
This was the hippodrome in the reign of
the greek emperors. In the midst of it is.
a brazen column of three serpents twisted
together, with their mouths gaping. ’Tis
impossible to learn why so odd a pillar was
erected; the Greeks can tell nothing but
fabulous legends when they are asked: the
meaning of it, and there is no sign of its
having ever had any inscription..At the
upper end is an obelisk of porphyry,
366 LD aAnT
obélisque de porphyrs, qui parait avoir été
‘apporté d'Bgypte; 3 les hiéroglyphes qui y
sont encore, ne sont que des jeux de mots.
Ii est soutenu par quatre colonnes dairain
sur un piédestal de pierre de taille en carré.
Sur deux cétés de ce piédestal on voit en
bas-relief une bataille et une assemblée. Sur
les deux autres on lit des inscriptions grec-
ques et latines. J'ai copié sur mes tablettes
celles qui est en latin ; la voici:
Difficilis quondam dominis parere serenis +44
Jussus, et extinctis palmam portare tyrannis,
Omnia Theodosio cedunt , sobolique perenni.
Mylord vous interprétera ces vers. Ne vous
imaginez pas que c'est une déclaration d’a-
mour que je lun envoie..
Toutes les figures des bas- reliefs sont
entiéres; et les voyageurs ont I'impudence
de dire quelles sont sans téte. Je pour-
rais affirmer qu’ils ne les ont jamais vues,
et quils sen sont rapportés au témoi-
gnage seul des Grecs , qui ont l’audace
de démentir Jeurs yeux mémes , toutes les
‘fois quil est question de ‘déshonorer leurs
ennemis. Selon eux, il n'y a rien 4 Constan-
tinople qui soit digne de curiosité, si ce n'est
Sainte-Sophie, quoiqu’il y ait, selon moi,
DE LA CORRESBONDANCE. 367
probably brought. from Egypt, the hyero-
glyphicks all very entire, which I look
upon as mere ancient, puns: It is placed on
four little brasen pillars, upon a pedestal
of square free stone, full of figures in das-
relief on two sides , one square representing
a battle, another an assembly,: the others
have inscriptions in greek and latin ; the
Jast I took in my pocket-book, and is as
follows :
Difficilis quondam dominis parere serenis
Jussus, et extinctis palwnam portare tyrannis, |
Omnia Theodosio cedunt, sobolique perenni.
Your lord will interpret these lines. Don't
fancy they are a love-leiter to him.
All the figures have their heads on, and.
I cannot forbear reflecting again on the
impudence of authors, who all say they
have not; but I dare swear the greatest
part of them never saw them, but took the
report from the Greeks, who resist, with
incredible fortitude , the conviction of their
own eyes, whenever they have invented
lies to the dishonour of their enemies,
‘Werte you to believe them, there is nothing
worth seeing in Constantinople, but sancta
368 MART
plusieurs mosquées qui méritentla préférence
aur elle, tant par leur construction que par
leur grandeur. Celle du sultan Achmet a des
portes de bronze; et, en général , dans toutes
les mosquées, il y a ‘de petites chapelles ou
est la sépulture du fondateur et de toute sa
famille: l'on y entretient toujours des cierges
allumés.
Les bourses sont de beaux édifices , ot il
y ade belles galeries, presque toutes soute-
nues par des piliers : on y entretient la pro-
preté avec beaucoup de soin. Chaque com-
merce a une galerie qui lui est destinée :
Jes marchandises y sont étalées comme a la
bourse de Londres. Le disisten , ou quartier
des jouailliers, est si rempli de diamans et
de pierreries de toute espéce, que les yeux
en sont éblouis; on y voit aussi des brode-
ries qui ont un grand-éclat, et la curiosité y
attire autant de monde que les affaires. Les
marchés sont, pour la plupart, de trés-
belles places, et toutes, peut-étre, mieux
pourvues de denrées que dans aucun autre
pays du monde.
Vous attendez de moi quelque particula-
rité sur les esclaves; mais je ne vous ferai
point, selon lusage des chrétiens, un hor- -
wible tableau de leur situation. Je ne suis
‘
DE LA CORRESPONDANCE. 369
Sophia, though there are several larger ,
and, in my opinion, more beautiful mosques
in that city. That of sultan Achmet has
this particularity, that its gates are of brass.
In all these mosques there are little cha-
pels, where are the tombs of the founders
and their families, with wax-candles burn-
ing before them.
‘Lhe exchanges are all noble buildings,
full of fine alleys, the greatest part sup-
ported with pillars, and kept wonderfully
neat. Every trade has its distinct alley ,
where the merchandize is disposed in the
same order as in the new exchange at Lon-
don, The bezesten, or jewellers quarter ,
shews, so much fiton such a vast quan~
tity of diamonds, and all kind of precious
stones, that they dazzle the sight. The em-
broiderers’ is also very glittering, and
people walk here as much for diversion as
business. The markets are most of them
_ handsome squares, and admirably well pro-
vided, perhaps better than in any other part
of the world. .
Iknow you'll expect I should say some-
thing particular of the slaves; and you will
imagine me halfa Turk, when I don’t speak
of it with the same horror other Christians
16*
570 OBR 42:
pas Turque ; niais je’ne puis m'empécher
d’ applaudir a I'hamanité ‘avec’ laquelle on
traite ici ces pauvres esclaves. On ne les
frappe j jamais , et leur esclavage n'est point ,
selon moi, plus poem que la servitude ne
Vest dans a autres pays: 1] est Vrai quils ne
recoivent point de gages ; mais ce'qu’o on dé-
pense en habits pour eux sutpasse ¢e que 1 nous
donnons a nos‘ domestiques. ‘Vous m’objec-
terez, sans doute, que les héuitites y aché-
rent les Pebindied Wee des projets @'inrpureté.
Mais, dans Jes grandes villes de Ja chré-
tienté, les achéte-t-on ‘moins publiquement ,
et d’uné maniére moins infime? 7 °°"
Ji ajouterai, la description de Constaiili-
nople, qu'on n’y voit plusle pilier historique
ils ‘écroula deux ans avant mon arrivée. Tes
seules antiquités que jy aie vues sont des
aqueducs d'une prodigicuse grandeur : je crdis
qu ils sont plus anciens que les’ empereurs
grecs. Les ‘Turcs, voulant s‘attribuer V'hon-
neur de ces TOR ouvrages, y ont placé cuel-
ques pierres chargées dinscriptions & leur
louange ; mais cette supercherie n'est pas diffi-
cilea ‘découvrir. Les autres batimens publics
sont les hans et les monastéres. Les hans
sont des hitimens assez considérables, et le
nombre en est grand ; les mouastéres sont én
DE LA CORRESPONDANCE, 571
have done before me. But I cannot forbear
applauding the humanity of the Turks to
these creatures; they are never ill used,
and their slavery is, in my opinion, no
worse than servitude all over the world.
"Tis true they have no wages, but they
give them yearly clothes to a higher value
than our salaries to our ordinary servants,
But you'll object that men buy women
with an eye to evil. In my opinion they
are bought and sold as publickly and
as infamously in all our christian great
cities.
I must add to the description of Constan-
tinople , that the historical pillar is no more.
It dropped down about two years before
I came to this part of the world. I have
seen no other footsteps of antiquity except
the aqueducts, which are so vast that Iam
apt to believe they are yet more ancient
ihan the greek empire. The Turks, indeed,
have clapped in some’ stones with turkish
inscriptions, to give their natives the honour
of so great a‘ work; but the deceit is easily
discovered. — The other publick buildings
are the hanns’ and monasteries; the first are.
very Migr ri a aeee the second few
We 73 2:00 ity). -4auo2
;
‘372 LoART
petit nombre, et n’ont aucune magnificence.
J’eus la curiosité de visiter un des derniers,
et d’observer les dévotions des dervis; elles
me parurent trés - bizarres. Leur habit con-
siste en une piéce de gros drap blanc, dont
ils s'enveloppent le corps, laissant leurs jam-
bes et leurs bras nus. Ils ont la liberté de
se marier; et lunique régle a laquelle ils
soient astreints, c'est d’observer, tous les
mercredis et les,vendredis, certaines céré—
monies ridicules , dont voici le détail. Ils
s'assemblent dans une grande salle , se tien-
nent tous debout, les yeux baissés et les bras
croisés. Au milieu d’eux est une chaire , dans
laquelle un imaim , prédicateur,, lit quelques
passages de |’Alcoran. Aprés cette lecture,
huit ou dix d’entr’eux jouent sur des espéces
de flites, quelques airs lugubres, a la yé—
rité , mais assez harmonieux. L'imaim fait
ensuite un résumé dece qu'il a Ju, aprés quoi,
tous les dervis dansent et jouent , jusqu’a ce
que leur supérieur, qui est seul habillé de
vert , se léve et commence lui-méme une
danse assez majestueuse. Pendant ce temps,
ils se rangent tous autour de lui avec ordre.
. Les uns jouent sur leur, espéce de flite, et
les autres attachent avec une ceinture leurs
robes, qui sont en général fort amples, et
DE LA CORRESPONDANCE. 373
in number, and not at all magnificent. I
had the curiosity to visit one of them, and
to observe the devotion of the dervises ,
which are as whimsical as any at Rome.
These fellows have permission to marry,
but are confined to an odd habit , which is
enly a piece of coarse white cloth, wrapped
about them, wvith their legs and arms naked.
Their order has few other rules, except
that of performing their fantastick rites,
every tuesday and friday, which is done
in this manner: They meet together in a
large hall, where they all stand with their
eyes fixed on the ground and their arms
across, while the zmaum or preacher reads
part of the alcoran from a pulpit placed in
the midst; and when he has done, eight
or ten of them make a melancholy concert
with their pipes, which are no unmusical
instruments. Then he reads again, and
makes a short exposition on what he has
read; after which they sing and play,
till their superior (the only one of them
dressed in green) rises and begins a sort of
solemn dance. They all stand about him
in a regular figure, and while some play,
the others tie their robe ( which is very
wide) fast round their waist, and begin to
B94 LART
se mettent A tourner avec wnevitesse surpre~
nante, et toujours en mesure, c’est-d-dire ,
plus ow moins rapidement, suivant lés
temps. Ils continuent 4 tourner ainsi pendant
plus d’une heure , sans qu’aucun d’eux sente
le moindre étourdissement ; ce qui n'est pas
surprenant , parce qu’ils y sont accoutumés
depuis leur plus tendre jeunesse. La plupart
dentr’eux ont été destinés a ve genre de vie
dés leur-naissance. J'ai remarqué de petits
dervis de six 4 sept ans qui tournaient com~
me les autres, et n’étaient pas plus incom~
modés qu’eux. Lorsque cette cérémonie est
finie, ils crient tous 4 haute voix: Il n'y a
point d’autre dieu que Dieu , et Mahomet est
son prophete. Us baisent ensuite , tour-i-tour ,
Ya main de leur supérieur , avec beaucoup de
gravité , et se retirent. Ils ont toujours les
vyeux baissés , et paraissent continuellement.
enseyelis dans les plus profondes médita~
tions. Quelque ridicules que me paraissent
leurs cérémonies, je fus cependant édifiée
de leurs mortifications et de leur. obéissance.
Cette lettre est d'une terrible longueur ; mais
vous la jetterez au feu, = gp vous vous en-
nuierez de la lire.
DE LA CORRESPONDANCE. 375
turn round with an amazing swiftness, and
yet with great regard to the musick , moving
slover or faster as the tune is played, This
lasts above an hour without any of them
shewing the least appearance of giddiness ,
which is not to be wondered at, when it is
considered they are all used to it from, their
infancy; most of them being devoted to this
way of life from their birth. There turned
amongst them some little-dervises.of six or
seven years old, who seemed no more dis~
ordered by that exercise than the others.
At the end of the ceremony they shout out;
“« There is no other God, but God, and
Mahomet his prophet » : after whith’ they .
kiss the superior’s hand; and retire. The
whole is performed ‘with’ the‘most solemn
gravity. Nothing can be more austere-than _
the form of these people ;:theywiever raise ~
their eyes, and seem devoted to:coitempla-
tiom And.as ridicalous,as this-isindescrip~
tion , there is something touching;in the. air
of submission and mortification, they assume.
— This letter is of a horrible length; but
you may burn it when you have read
enough , etc, etc.
376 L ART
LETTRES DE BRUTUWS.
A Atticus.
Vous mécrivez que Cicéron est surpris
que je ne parle jamais de ses actes. C'est me
forcer de vous dire effectivement ce que j’en
pense. Je suis persuadé que Cicéron wa rien
fait qu’avec d’excellentes intentions ; et de
quoi puis-je avoir des témoignages plus cer-
tains , que de son affection pour fa républi-
que ? Cependant il me semble quil sest
conduit dans quelques occasions, dirai-je
avec peu dhabileté d'un homme qui est la
prudence méme? dirai-je avec des vues am-
bitieuses de celui qui n’a pas fait difficulté,
pour l’intérét public , de se faire un ennemi
_ aussi redoutable qu’ Antoine ? Je ne sais ce
«ue je dois dire ; mais voici le sujet de mes
- plaintes : c'est qu'il ait moins réprimé qu’ir-
rité lambition et la licence du jeune Octave,
et quvil porte indulgence qu'il a pour cet
enfant , jusqu’d s’échapper en paroles inju-
rieuses qui retombent, au reste, double-
ment sur lui, puisqu’il est lauteur de plus
d'un meurtre, et quil doit se reconnaitre
DE LA CORNESPONDANCE. 3749
LETTERS OF BRUTUS.
To Atticus.
You write me word that Cicero is sur-
prised I never speak of his actions. What
you tell me, is forcing me in a manner,
to let you know what I think of them. I
am well persuaded Cicero had a very
good intention in every thing he did; for
what better proof need I of what I advance,
than his affection for the republick ? How-.
ever, I think that on some occasions he
shewed, shall I say, little skill for a man
so prudent as he is; or rather, ambitious
views for one who made no difficulty for
the public good, to create himself so for~
midable an enemy as Antony ? I know not
well what to say to you: but what affects
me the most in his behaviour towards the
young Octavius, is that, far from seeking
io repress his disorders, he flattered his
ambition, and carried his indulgence , so
far as to publickly condemn Ceesar’s mur-
derer’s. He should however, have forseen
that the condemnation would doubly fall
upon him, both because he has been guilty
ef more than one murder himself, and
378 WAaART
assassin avant qu'il puisse faire ce reproche
a Casca , et le traiter comme Bestia }’a traité -
lui-méme.
Quoi! parce que nous ne vantons pas sans
cesse les ides de mars, comme il ne se Jasse
point de parler des nones de décembre , Ci-
céron sera plus en droit de blamer une action
glorieuse , que Bestia et Clodius ne I’étaient
de s‘emporter contre son consulat ?
Notre cher Cicéron se vante d’avoir sou-
tenu en robe la guerre contre Antoine.
Quelle utilité m’en revient-il , si pour ré-
compense d’ayoir oppriumé Antoine , on de-
mande le droit de succéder a sa place; et si
Je vengeur de ce mal en a fait naitre unautre
qui s'affermira par des racines beaucoup plus
profondes, si nous avons la patience de le
souffrir. Et tout ce que fait Cicéron ne vient-
il pas déja moins de la crainte d’un maitre,
que de celle d’un maitre tel qu’ Antoine?
Pour moi je déclare que je n’ai pvint d’obli-
gation a celui qui ne craint dans la servitude
que Ja mauvaise humeur du maitre, et qui
sempresse méme de lui décerner des triom-
phes , des appointemens et toutes sortes
d’honneurs. Pourquoi Octave rougirait-il de
fesirer une fortune dont il a recu tous les
DE LA CORRESPONDANCE. 379
because.in respect to Casca whom he accuses,
he must first declare himself an assassin
before he can think of imputing such a crime
to Casca,, as Bestia thought proper to do.
What! because we are not constantly
boasting of the ides of march, as he is of
the nones of december , shall Cicero have
more right: to find fault with a glorious _
action, than Bestia and Clodius had to
coudemn his consulship ?
Our dear Cicero boasts of bse by his
harangues opposed Antony. What care I,
if'as a recompense for having kept bith
down, any one pretends to reign in. his
place ; and if the avenger of this evil pro-
duces another , which will take deeper root ,
if we have patience enough to. suffer it?
It’s not servitude Cicero is afraid of , his
conduct is a proof of the contrary; but
of Antony— he it is, he fears to have for
a master. As for my part, I think myself
no ways obliged to the person who, fearing
nothing more than to displease the tyrant
he has set up, is always ready to decree
him triumphs , allowances and all the
honours reserved to sovereign power.
Why then should Octavius blush to de-
sire a fortune, to which he has received
380 “ART
titres? Mais qui reconnaitrait ici un conse
laire? Qui reconnaitrait Cicéron ?
Puisque vous m’‘avez forcé de parler , vous
Jirez des choses qui vous seront nécessaire-
ment désagréables. Je sens moi-méme ce
qu'il m’en cotite a vous les écrire. Je n’ignore
pas ce que vous pensez de la République, et
que, toute désespérée qu'elle est , vous croyez
qu'elle peut encore étre rétablie. Au fond,
je ne vous blame point, mon cher Atticus?
je sais que votre age, vos principes , vos en-
fans, vous donnent de léloignement pour
Taction; et le récit de Flavius me l’a fait
assez comprendre.
Mais je reviens a Cicéron. Quelle diffé-
rence mettez-vous entre Salvidienus et lui?
Salvidienus auraitil porté des apie plus
favorables a Octave ?
I! craint encore , me direz-vous , lesrestes
de la guerre civile. Mais peut-on craindre
assez un ennemi vaincu, pour s aveugler sur
ce quon doit craindre de la témérité d'un
enfant, et du pouvoir de celui qui dispose
d'une armée victorieuse ? Ou plutét, Cicéron
tiendrait-il cette conduite, parce qu’au point
de grandeur of il yoit Octave, il croit qu'il
DE LA CORRESPONDANCE. 384
every fille? But in this who would think
it worthy of'a consul — of Cicero ? —
Since you have forced me to speak my
mind, you must) read things that will ne-
cessarily be disagreeable to you. I am
myself sensible, how painful I find it to
write them to you. I am no ways ignorant
of what you think of the republick, and of
the persuasion you are in, of its still being
able to be, reestablished , however des-
perate its present situation may be. In the~
main, I cannot blame you my dear Atti~
eus; I know that your age, your prin-
ciples, your children keep you out of an
active life ; which I also learned from
what Flavius told me.
But I come back to Cicero. What differ-
ence do you. make between Salvidienus
and him ? Would Salvidienus have pro-
yoked more favourable decrees for Octavius?
He. is still afraid.,. you ,will perhaps
say , of the remains of the, civil war. But
what is to be feared from a conquered
enemy ? Ought he not rather to fear every
thing froma conqueror, whose youth may
make him rash and enterprising, particu-
larly, as he has the disposal of a powerfnl
army ? Or does Cicero, by the manner he
3OF ox L ART
n'ya point de déférences qu’on ne lui doive’ -
yolontairement? Etrange folie de la crainte,
d'attirer unmal quim était peut-étre pas inévi-
table, par les précautions qu'elle prend Ls
sen garantir !
' tpt)
Croyex+moi , hous mel peeve trop la abt;
Yexil et la pauvreté. Cicéron les prend: pour
les plus terribles de tous les maux; et pourva
qu'il trouve quelqu’un de qui il puisse obte-
nir ce qu'il desire, quelqu’un qui Je respecte,
et qui lui applaudisse’, il ne craint point urié
servitude honorable; du moins, sil’houneut
peut s'accorder avec la plus misérable et la
plus abjecte infamie. ' VEGI
Qu’Octave l’appelle abies son pére; qu'il
se rapporte de tout A lui, qu’il le loue, qu'il
le remercie ; tot ou tard on verra' que les
effets répondront mal aux paroles. Quelle
contradiction n’est-ce pas déja de regarder
comme’ son pére celui qu’on ne laisse. pas
méme jouir dela condition d'un homme
libre ? Cependant si l'on veut savoir a quoi
cet excellent homme aspire, 4 quoi il tra-
vaille, a quel but il se héte de courir, cest
a s'attirer les bontés d’Octave. Pour moi,
j'attache 4 présent peu de prix aux arts dans
DE LA CORRESPONDANCE. 383
acts, imagine that all deference is to he
had for Octavius’ power and grandour ?
What a strange folly produced by fear,
to bring on an evil, which might perhaps
have been avoided , by the very precau-
tions it takes to steed against it!
We stand too much in awe of death ;
exile and poverty. Cicero considers them
as the worst of evils; and provided he
finds any one from whom he can obtain
what be desires, any one to have a res-
pect for him and to appland him, he no
ways fears a servitude which seems to
him honorable, as if honour could be
found in the most wretched and most abject
infamy,
Let Octavius therefore call him his father ;
let him, in referring to him all the advan-
tages Octavius is in possession of, add to
the praises he makes. of his services, the
most tender expressions of gratitude ; ; we
shall see ere long, that the event will ul
answer the flattering words. What a con-
tradiction it is already to consider as_ his
father one who has not the satisfaction to
enjoy the condition of a free man? How-
ever if any one desires to know what this
excelleut man aspires at, what it is he.
384 L ART
lesquels je reconnais qu'il excelle. Que lut
sert d'avoir écrit avec taut d’éloquence pour
la liberté et la dignité de sa patrie, et sur
le mépris qu'on doit faire de la mort, de
l’exil et de la pauvreté ? Quil parait que Phi-
lippus entend bien mieux toutes ces matié-
res, lui qui a traité son gendre avec plus de
.réserve que Cicéron nen marque a I'égard
d'un étranger !
Qu'il cesse donc d’insulter a nos douleurs,
en affectant de vanter sa conduite. Que nous
importe qu’Antoine ait été vaincu, si sa
chiite n’a servi qu’a rendre la place préte
pour un autre ? et vos lettres mémes ne
s’expliquent pas trop nettement sur I'état des
affaires.
Enfin, je permets a Cicéron de vivre, s'il
le peut, dims la soumission et la dépendance.
Quiily vive, s'il ne considére ni son age, ni
‘les i NS dont il est revétu, niles actions
par lesquelles il s'est ‘istingnd. Pour moi,
je déclare une guerre immortelle au fond
méme de Ia querelle, c’est-a-dire, 4 la royau-
té, aux commandemens exiraordinnires, a
toute autorité, et a tout pouvoir qui voudra
DE LA CORRESPONDANCE. 385
works at, what end he has m view;—1it
is to gain the good will of Octavius. As
for my part, I no longer attach any im-
portance to those arts in which I know
he excells, What does it avail him to
have written in so eloquent a manner for
the liberty and dignity of his country, on.
the contempt one should have for death,
-exile and poverty ? How much better does
Philip seem to understand these matters,
he who ‘treated his son-in-law with more
reserve than Cicero shews for a stranger.
Let him not then continue any longer to
insult over our grief, by affecting to boast '
of his conduct. What do we gain by Anto-
ny’s being conquered , if his fall only
serves to make way for another? And your
letters do, not let us any ways into. the
state of affairs,
. Let Cicero,continue to live on, if beg is
able to do it, in submission i depen=
‘dence. Let him live so, if neither his age,
nor the honours that have been bestawed
upon him, nor the actions he has dis-
tinguished himself by, can hinder him
from so doing. For my part, I declare an
eternal war with the very cause of the
dispute, that is, with royalty, a:bitrary
2. 17
386. LART
s'‘élever au-dessus des lois; il n'y aura point
de condition d’esclavage qui puisse m’dter
cette volonté, quoique Antoine, comme vous
me I’écrivez, soit un fort bon homme; ce
que je n’ai jamais cru. Nos ancétres n'ont
pas voulu souffrir un pére méme pour leur
maitre,
Si je ne vous aimais autant que Cicéron
se croit aimé d’Octave , je ne vous écri-
rais pas avec cette ouverture. Je pense
avec douleur que ce détail vous chagrine,
vous qui étes si tendrement attaché a tous
vos amis, et particuliérement a Cicéron ;
mais soyez persuadé que je n’ai rien per-
du de mon affection pour lui, quoique
Yopinion que j'avais de lui soit fort al-
iérée ; car on ne peut juger des choses
que suivant les apparences qu’ellés pré-
sentent, py as J
Si vous m’aviez écrit quelles sont les con-
ditions qu’on propose 4 notre cher Attica ,
~Jaurais pu vous en marquér mon sentiment.
Je ne suis pas surpris de vous voir de l'in-
quiétude pour la santé de Porcia. Enfin , je
“ferai avec plaisir ce que vous me demandez ;
mes scours me font aussi la méme demande;
DE LA CORRESPONDANCE, 587
tommand , all power and authority that
seeks to rise above the laws. Whatever
profit might accrue to me from a state
of slavery, though it were under Antony
himself, whom you represent as a very
easy man to deal with; which I never
believed ; Ishall never lose that determined
will. Our ancestors would not have had
even a father for their master.
Did I love youas much as Cicero imagines
himself loved by Octavius, I would not
write to you in this frank way, I am sorry
to think that this letter will grieve you, who
are so much attached to all your friends, and
particularly to Cicero. But be assured my
affection for him is no ways diminished ,
though my opinion of him be altered; for
there is no hindering any one from having
his manner of judging of things, nor from
regulating upon this difference the judge-
ment he should make of each one apart.
Had you let me know the conditions
that are proposed to our dear Attica, I
might have given you my opinion concern-
ing them. I am no ways surprised to see -
you uneasy for the health of Porcia. In
a word, I will do with pleasure what
you require of me;my sisters make me
588 L ART
et d'ailleurs je connais l'homme et ce qu "
desire. Adieu.
II. Brutus & Cicéron.
ATTICUS m’a communiqué une partie
de votre lettre 4 Octave. Votre inquiétude
et votre zéle pour ma santé ne m’ont pas
causé une joie nouvelle; car, non seulement
il est familier pour mol, mais je me suis
fait comme une habitude d’entendre tous les
jours que vous avez fait ou dit quelque chose,
avec votre fidélité ordinaire, pour le soutien
de mon honneur ou de ma dignité, Cepen-
dant, la méme partie de votre lettre m’a
‘causé le plus sensible déplaisir que je puisse
recevoir. Vous faites 4 Octave des remer-
ciemens si flatteurs du service qu'il a rendu
4 Ja république, et les termes que vous em-
ployez sont si humbles et si supplians,
que..., dois-je le dire? J'ai honte de notre
fortune et de notre condition : mais il faut
s'expliquer. Vous lui recommandez notre
stireté! Quelle mort nous serait jamais ausst
funeste ? N’est-ce pas déclarer que notre es~
clavage n’est pas fini, et que nous n’avons
fait que changer de maitre ? Reconnaissez
vos expressions, et désavouez, si vous l’osez,
que ce soit la priére d'un esclave a som roi,
DE LA CORRESPONDANCE. 55g
the same demand; and besides I know the
man, and what he desires. Farewell.
II. Brutus to Cicero.
ATTICUS communicated to me a part
of your letter to Octavius. Your uneasiness
and zeal about my health did not give me
any , new pleasure, for I am accustomed
to hear you speak. in these terms ; and.
every day I learn that you either do or
say, with your ordinary fidelity, some
thing to sustain and defend my honour and
dignity. But the same passage of your letter
gave me the greatest displeasure. You pay
Octavius such flattering compliments and
thanks for the service he did the republick,
and the words you make use of, express
so much humility and supplication, that... .
Shail I continue ? I am ashamed of our
fortune and condition. This requires an
explanation. You recommend our safety
to him ! What kind of death would ever
be so dreadful for us? Is it not owning
that our slavery is not at an end, and that
we have only changed masters. Look over
your letter again, and deny, if. you dare,
that it is no other than the prayer adressed
by a slave to his lord and master..
390 L ART
~ Onattent de lui une chose, lui dites-vous 5
on lui demande de laisser vivre en stireté des
citoyens qui ont l’estime des honnétes gens
et celle du peuple romain. Mais quoi! sil
refuse cette faveur, faut-il que nous renon-
cions & la vie ? Croyez-moi, il vaut mieux
y. renoncer en effet, que de la devoir
a lui.
Non, non, je ne puis croire les dieux
si ennemis du salut de Rome, qu’Octave
doive étre supplié pour le salut d’un citoyen,
et bien moins pour celui des libérateurs du
monde. J’emploie volontiers ces magnifiques
expressions: elles me conviennent a l'égard
de ceux qui paraissent ignorer quel est le
péril qui nous menace, ou a qui [on doit
adresser des priéres.
Quoi! Cicéron , vous reconnaissez ce pou-
voir dans Octave, et vous continuez d’étre de
ses amis ? si vous étes le mien , pouvez-vous
souhaiter que je paraisse 4 Rome, lorsquil
_ faut en obtenir la permission d’un enfant ? De
quoi le remerciez-vous donc, si vous vous
croyez forcéde lui demander qu'il nous per-
mette de vivre? lui faites-vous un mérite d'ai-
mer mieux que nous lui ayons cette obliga-
tion qu’é Marc-Antoine? C'est au successeur
bE LA CORRESPONDANCE. 39%
You say you expect one, thing from
him, which is, that he will. allow to
live i in safety those citizens who enjoy the
esteem of the virtuous and that of the
roman people. But, if he refuses to grant
this fayour ; must we then-renounce to life
Why, it wonld be much more honourable
to do it, than to hold it of hims
Now indeed, I cannot think the gods
so far the ennemies of the roman people .
as that Octavius should be supplicated to
spare any one citizen, and still less the
deliverers’ of the sada IT am glad to
make use of these sounding words, be-
cause they are very proper with regard
to those who seem not to know the dan-
ger we are threatened with, nor to whom
- supplications should be made.
What ! Cicero, you acknowledge that
Octavius has this power, and you remain
still his. friend ! If you are mine, how
can you desire to see meat Rome, since
it would be: necessary to have this boy's -
permission for it ? What do you thank
him for, |if you think. yourself obliged to
supplicate him to allow us to, live ? Do
you attribute it to. him as a merit to pre:
fer that. ve hold, this obligation of iain
363 we ay |
d'un tyran , et non pas au destructeur de
Ja tyrannie , quion demande de la stireté
pour ceux qui ont bien servi la répu-,
blique ! Comptez, mon cher Cicéron, que:
cest cette apparence de désespoir et de
faiblesse , dont je ne vous fais pas d'ail-
Jeurs un crime plus grand: qu’a tous les
autres, qui a poussé le premier César 3
Yambition de régner, qui a fait naitre,
apres sa mort, le méme desir dans Ie cceur-
d’ Antoine, et qui éléve aujourd'hui cet en-
fant si haut, que vous vous croyez obligé
de recourir aux priéres' pour la conser-
vation de gens tels que nous, et n’atten-
dre désormais notre salut que de sa com~
passion.
Si nous nous souvenions que nous sommes:
Romains, ces misérables n’auraient pas plus.
d'ardeur 4 se mettre en possession du’ pous
voir, que nous a les éloigner ; et le régne de
César n’inspirerait pas tant d’audace 4 Mare-
Antoine, que fa fin de sa vie lui calusait
@effroi.
Vous, qui étes sénateur consulaire, vous
qui nous avez vengés de tant de trahisons,
dont je crains bien que le chétiment n’ait servi:
qua retarder quelque temps notre ruine,
DE LA CORRESPONDANCE. 393)
rather than of Antony ? It is from the
successour of a tyrant, and not from the
destroyer of tyranny, that safety is asked
for those who have rendered great services
to the republick. Be assured , my dear
Cicero, that it is this appearance of despair
and weakness, which I do not in the
main accuse you of more than all the
others, which excited in the first Cassar
an ambition for reigning, which after his,
death, inspired the heart of Antony with
the same desire, and which now raises
this boy so high, that you think yourself
obliged to have recourse to prayers and
supplications to obtain the lives of such:
people as we are, and that our safety must
hereafter entirely depend on his compassion.
Did we remember we were Romans,
these wretches would not be more daring
to make themselves masters of the govern-
ment, than we to drive them out of its
and Ceesar’s reign would uot give Marc-
Antony so much boldness, as his death:
inspired him with terrour..
You , consul and senatour, you the
avenger of so many treasons, the punish-
ment of which, I fear, only served to
delay for a time our ruin, how can you, i
Be hic
394 LART
‘comment pouvez-vous réfléchir Ace que vous
avez fait , et donner votre approbation a ce
qui se passe aujourd’hui, ou le souffrir du
moins avec tant de patience, qu'il semble en
effet que vous l'approuviez ? car, enfin, quel
sujet de haine avez-vous personnellement
contre Antoine ? je n’en connais point d’au-
tre que l'audace de ses entreprises; que la
nécessité ot ila voulu nous mettre de tenir
‘de lui notre salut, de lui devoir la vie, a lui
qui nous doit Ja liberté; en un mot, que
¥excés de pouvoir auquel il aspire. Vous avez
cru qu'on ne pouvait se dispenser de prendre
les armes pour sopposer & ses usurpations:
mais quel était votre dessein en les arrétant ?
était-ce de favoriser ‘ambition d’un autre,
-qui voudrait former les mémes prétentions ;
ou de rendre la république libre et indépen-
dante ? Mais, peut-étre s'agissaitil moins de
ta liberté dans notre querelle que des condi-
tions de notre esclavage. Alors, pourgquot
tant d'agitation ? Nous aurions eu dans An-
toine, non seulement un maitre facile , si
nous avions consenti a le recevoir, mais un
maitre libéral, qui nous aurait accordé au-
tant de part que nous aurions voulu & ses
bienfaits. Qu’aurait-il pu refuser 4 ceux doat
i! aurait vu que Ja patience etit été le plus
NE LA CORRESPONDANCE. 395
reflecting upon what you have done, ap-
prove of what is now going ‘forvvard , or
at least put up with it with so much pa-
tience as you seem to do? For what reason
have you to be personably i inveterate against
Antony ? I know no other, than his bold-
ness in his attempts; than the necessity
he had a mind to lay us under of owing
our safety to him, as well as our lives, to
him who owes us his liberty; in a word,
than the excess of power which he aims
at. You thought no body could dispense
himself with taking up arms to oppose his
usurpation ; but what was your design in
putting a stop to it ? was it to favour the
ambition of another, who should have the
same pretentions; or was it to render the re-
publick free and independent? But perhaps
there was less question of liberty in our
quarrel , than of the conditions of our slavery.
Why then so much bustle about the matter?
We should have found Antony not only
aneasy master, had we consented to receive
him , but alain a liberal one who would
have granted us as large a share of his
kindnesses, as we could have . desired.
What could he have refused those whose
patience would have appeared to him as the
596 L ART
ferme appui de son empire ? Mais nous n’a+
vons rien connu d'assez précieux pour le
mettre en balance avec notre foi et notre
liberté. Cet enfant méme, que son nom de
César anime contre les destructeurs de César,
a quel prix n‘achéterait-il pas notre suffrage ,
s'il nous croyait capables de cet infame com--
merce, pour se procurer un pouvoir, auquel
je prévois d’ailleurs qu'il ne parviendra que.
trop, puisque nous. youlons assurer notre
vie , nous voir riches, nous entendre appeler.
consulaires ? Mais la-mort de César devient:
donc inutile ; car, pourquoi nous en étre ap-
plaudis, si nous ne devions pas cesser-d’étre
esclaves ?
Demeure qui voudra dans l’indifférence:
. pour moi je prie les dieux et les déesses de
m’6ter plutét tout autre bien que la résolu-
tion ou je suis de ne point accorder a.I’hé-
ritier de 'homme que j'ai tué, ce que je
nai point accordé a cet homme ; et. de ne
pas souffrir que mon pére méme, s'il reve-
nait au monde, ett plus dautorité que le
sénat et les lois.
Comment vous imaginez-vous que la li-
berté puisse nous venir d’un homme contre la
volonté duquel nous ne pouvons pas trouver
DE LA CORRESPONDANCE. 3097
strongest support of his- empire ? But we
found nothing precious enough to be put’
in competition with our fidelity and our
liberty. This very boy, whose very name
animates him against the destroyers of
Czsar, what would he not give to make
himself sure of: our votes, did he think.
us capable of so infamous a: traffick , in.
order to obtain a power , which I foresee
he will arrive at but too easily. since,
we only. seek to have our lives. granted’,
see ourselves rich, and hear ourselves called
consuls? Cesar’s death then becomes useless;
for why should we have applauded our-
selves for it, if we were not to cease being:
slaves ?”
Let whoever be indifferent’ about: the:
matier ; as for my part , Fsupplicate the gods.
and goddesses to deprive me rather of all I
possess, than of-the resolution I am-in, not:
to grant to the heir of a man I killed, what:
I refused the tyrant himself; and to suffer
even my father, did he return to life, ta:
have more power and. authority than the:
senate and: the laws.
How can.you.ever-imagine we can obtain:
liberty from: a man, without whose- wi
and pleasure we cannot dwell in the city ?”
398 L ART.
place dans la ville? D’ailleurs , comment
espérez-vous obtenir ce que vous lui deman-
dez? Vous demandez qu'il nous accorde de
la sireté : suffit-il donc pour notre sireté
qu’on nous accorde fa vie ? ae
Eh ! comment pourrons-nous la recevoir ,
s'il faut commencer par le sacrifice de notre
hberté et de notre honneur ? croyez- vous
que de vivre 4 Rome ce soit étre en stireté ?
ce n'est poiut au lieu que je veux la devoir;
cest a la chose méme. Pendant la vie de
César, je ne me suis cru en sireté qu'aprés
avoir formé ma fameuse résolution; et je
ne connois point dans [univers de leu que
je puisse regarder comme un exil, aussi long-
temps que l’exclavage et les affronts seront
pour moi le plus terrible de tous les maux.
Ne retombons-nous pas dans notre pre-
micre confusion , si celui quia succédé au
nom du tyran, contre l’usage des villes de la
Gréce, ou les rejetons des tyrans sont punis
avec eux, a le pouvoir de se faire supplier
pour la sireté des vengeurs de la tyrammie?
Puis-je desirer de revoir, puis-je croire di~
gne de son nom, une ville qui n’a pu rece-
voir la liberté lorsqu’elle lui était offerte s
lorsqu’on la pressait de laccepter ; et qui
se laisse plus abattre par la terreur de som
DE LA CORRESPONDANCE. 399
Besides, how can you hope to obtain what
you ask of him? you ask him to grant us
our safety : is it therefore sufficient that he
grants us our lives?
But how can we ever think of accepting
of it, at the price of our liberty and honour ?
Do you think we can be in safety, in living
-at Rome? It is to the thing itself, not to
the place that I will owe it. Daring Geesar’s
life, I only thought myself in safety , when
i had formed and taken my generous re-
solution; and I know of no place in the
universe I can look upon as a place of
exile, as long as slavery and contumely
shall be considered by me as the ence
of all evils.
Should we not fall into our former ibd
ness ,if, whilst among the Greeks, the sons
of a tyrant undergo the same pirisishitveng
as their father, the adoptive son of ours,
has power to force the avengers of tyranny
to supplicate him fur their own safety ?
Can I desire to see again, can I think
worthy of her name, a city which could
not preserve liberty , when she was offered. -
it, when she was pressed to accept it; and
which lets herself be more dominecred
400 BART
dernier roi, dans Ja personne d’un enfant,
quelle ne se fie 4 elle-méme pour sa
propre défense, quoiqu’elle ait vu périr ce
méme roi dans Je centre de son pouvoir,
par la main d’un petit nombre de citoyens
vertueux ?
Non, mon cher Cicéron, ne me'recom--
mandez plus a votre Octave ;.et si vous me
consultez, ne vous recommandez plus vous-
méme a lui. A ]’Age ot: vous étes, vous esti—
mez trop quelques années qui vous restent a
vivre , si, pour vous les assurer, vous croyez:
devoir supplier un enfant.. .
Mais prenez garde,.je vous en avertis, que’
ce que vous avez fait jusqu’a présent, et ce’
que vous faites eneore de plus glorieux con
tre Antoine, ne passe moins pour l’ouvrage
de la vertu, que pour l’effet de la crainte. Si
dans |’opinion que vous avez d’Octave, vous
jugez qu'on doive lui demander notre stireté,.
on necroira point que yous ayez de l’aversion:
pour un maitre : on vous accusera d’en vou=
loir un qui vous aime..
J approuve assurément les éloges que vous
avez donnés jusqu’ici a ses actions; elles mé-
ritent vos louanges, s'il n'a plutot pensé a
létablissement de son pouvoir qu’a.s' opposer:
DE LA CONRRESPONDANCE. 4or
ever by the terrour of her last king, in the
person of a boy, than she confides in her-
self for her own defense, though she saw
this very king perish in the height of his.
power, by the hands ofa small aumber of
virtuous citizens?
No, my dear Cicero, recommend me no
longer to your Octavius; and if you will
be persuaded by me, you will no longer
recommend yourself to him at your age:
if you think it necessary to supplicate a
boy to preserve the remainder of your
days, it is rating them too high-
But be aware, I advise you, lest the
glorious actions you have done hitherto ,
and you still continue to do against An-
tony, should be considered not so much
the effect of virtue as of fear. If from the
opinion you entertain’ of Octavius, you
think it necessary to supplicate him for our
safety, it will be thought you are no ways
averse to having a master : you'will even
be accused of desiring one who is fond
of -you.. 7
I indeed approve of the praise you have:
hitherto bestowed on his actions, for they
deserve it, provided he has not thought of
establishing his own power, but only. of:
a
402 pA AAT 9 r
a celuid’autrui : cependant, lorsque vous jit,
gez non seulement, qu ‘il doit demeurer en
~ possession de ce pouyoir, mais que vous de-.
vez y contribuer vous-méme jusqu’a le sup-
plier pour notre siireté ,. vous poussez trop
Join la récompense ; c’est lui atiribuer ce que,
la république semblait avoir acquis par, son
secours. Ne vous tombe-t-il.donc pas. dans:
Yesprit que, si,Octave mérite quelques hon-:
neurs pour ayoir pris les armes contre An-
toine, ceux qui ont extirpé la racine d'un.
mal, dont tous les maux présens ne sont que
les restes , ne peuvent étre assez récompensés
par le peuple romain? quels biens., quels
honneurs réunis suffiront jamais pour ses yrais
libérateurs?
Mais yoyez combien la crainte est tou-
jours plus puissante que la reconnaissance :
Antoine vit, Antoine ales armes, en mains
toute attention se tourne sur son vainqueur.
Pour ce qui regarde, Jules-César , j'ai fait
tout ce que j'ai pu et ce que.j ‘ai cru devoir 5
le passé ne peut recevoir de changement.
Mais Octaye.est-il donc un personnage si
important , que le, peuple, romain , doive
attendre ce. qu'il lui plaira, d’ordonner. de
notre. sort? ou, méritons-nous. si, peu, de
DE LA CORRESPONDANGE. 405
opposing, all others. However, when you
imagine that he not only bupht to remain
in possession of this power, but that you
ought to contribute towards it, so far as to
supplicate him for our safety , you carry
your. recompense too far; it is attributing
to him what the republick seemed to have
acquired by his help. Does it not fall under
your ideas, that if Octavius deserves any
honour for taking up arms against Antony,
those who rooted out the evil, of which
the present ills are no other than the re-
mains, cannot be too highly recompensed
by the roman people? what riches, what
cumulated honours could ever suffice to
recompense their true deliverers as they
deserve ?
But see how far fear is always more
powerful than gratitude! Antony lives, An-
tony is still in arms: the whole attention
_is turned on his conqueror.
As to what concerns Julius Cesar, I
did all I was able and thought it my duty
to do: there is no ‘changing what is past.
But is Octavius such an important person,
that the roman people ought to wait for
what it shall please him to order concerning
our destiny ? or do we deserve so.little can
404 LART
considération , que notre sireté doive dé-
pendre d’un seul homme?
Puisse le ciel m’éter tout espoir de retour~
ner & Rome, si je m’abaisse jamais a d’indi-
gnes supplications pour l'obtenir, et si je ne
réprime quiconque exigera de moi cette bas-
sesse; ow du moins je m’éloignerai le plus
qu'il me sera possible de ceux qui consentent
a vivres esclaves; je nommerai Rome tout
lieu du monde ou je vivrai libre ; je vous re-
garderai d’um ceil de pitié, vous en qui lage,
Jes honneurs et l’exemple de la vertu d’au-
trui ne peuvent modérer une excessive pas~
sion pour la vie. Je m’estimerai si heureux
de persévérer constamment dans ces prin~
cipes, quils me tiendront lieu de remercie~
mens et de récompenses ; car je ne connais-
point de plus grand bonheur que le témoi-
gnage d’un coeur vertueux , et qui, content
de sa liberté, lorsqu’il la posséde, s’‘éléve par
ses propres forces au-dessus de tous les évé~
mnemens humains.
Je ne céderai done jamais a ceux qui sont
capables de céder ; 3 je ne me laisserai pas
vaincre par ceux qi veulent étre vaincus.
J essaierai tout;j entreprendrai , je risquerai
tout; je ne me rebuterai de rien pour déli-
vrer ma patrie de l’esclavage. Si la fortune:
BE LA CORRESPONDANCE. 405
sideration, that our safety should depend
on one man alone?
May heaven take from me all hopes
of returning to Rome, if ever I abase
myself so far as to employ unworthy sup-
plications to obtain it, and if I do not curb
all those who seek to make me guilty of
so base an action: or rather I will get as
far as I can from those who submit to live
as slaves. I shall find Rome wherever I
can be free; and as for you, I shall look on
you with aneye of pity, since age, honours
and the virtuous example of others cannot
moderate in you the excessive desire you
~ have for life. For my part, I shall think
myself so happy constantly to persevere in
these principles, that they will be to, me
as thanks and rewards; for the greatest
happiness I know of, is the testimony of
a virtuous heart, which, content with the
liberty it possesses , raises itself by its own
force above all human events.
I shall therefore ne¥er follow the exam-
ple of those who are capable of giving way;
ZX shall never let myseif be overcome by
those who are willing to be overcome, I
will try all means; I will risk and under-
take all; nothing in fine shall discourage me
406 L ART
m/accorde le succés que mes intentions mié-
ritent , notre joie sera commune: si elles me
Jes refuse , je me réjouirai seul ; car & quoi
toutes les pensées et les actions de ma vie
peuvent-elles étre mieux employées qu’a dé-
fendre mes concitoyens ?
Je vous conjure, mon cher Cicéron, de
ne pas vous livrer 4 vos défiances : je vous
exhorte a ne pas vous décourager. En repous-
sant les maux présens , ayez toujours les yeux
ouverts sur les maux futurs , de peur qu ils ne
se glissent faute de précaution. Considérez
que ja fermeté et le courage qui vous ont
fait sauver la république , lorsque vous étiez
consul, et qui n’ont pas moins été utiles &
sa défense depuis que vous étes consulaire ,
ne sont rien sans l’égalité et la constance. La
vertu éprouvée est plus difficile a soutenir
que celle qui ne lest pas ; les services qu'on
‘attend d’elle sont autant de dettes ; et si elle
répond mal a l’opinion qu’on s‘en est formée,
onsen plaint ave€ une sorte de ressenti-
ment, comme si l'on avait été trompé.
Quoiqu’il soit louable et glorieux pour Ci-
eéron des’ opposer aux entreprisesd’ Antoine,
en Den est pas surpris, parce qu'un consul tel
DE LA CORRESPONDANCE. 407
from attempting to deliver my country from
slavery. If fortune grants me the success my
intentions deserve, we will all rejoice; if
she does not, I will rejoice alone; for what
can all the thoughts and actions of my life
be better employed about, than in defend-
ing my fellow citizins?
I conjure you , my dear Cicero, not to
give way to your fears; I exhort you not
to lose courage. In driving away present
evils, think always of those that are to come,
ihat by your precaution you may keep them
at a distance. Reflect that the steadiness and
courage you shewed in saving the republick
whilst you were consul, and which have
been not less’ useful to its defense ever since
you have enjoyed that title, are nothing
without a constant perseverance in good.
Tried virtue is with more difficulty kept up
than one that is not so: the services that
are expected from it, are considered as so
many debts; and if it ill answers the opi-
nion that has been formed of it, one is apt
to complain with a kind of resentment, as
ifone had been deceived.
Though it be glorious and praise-worthy
for Cicero to oppose Antony's projects, no
one is surprised at it, because his conduct,
408 LAT
que [ui n’annongait pas moins qu’un tel con~
sulaire ; mais sile méme Cicéron ne soute-
nait point a l’égard des autres toute la réso~
lution et la grandeur d’ame qu’il a fait écla-
ter contre Antoine, non seulement il per-
drait pour l'avenir toutes ses prétentions a
Ja gloire, mais il se verrait dépouillé de sa
gloire passée; car il n'y a de véritable gran-
deur que.celle quicoule du jugement comme
de sa source ; et soit que l'on considére vos
talens naturels, ou vos anciennes actions, ou
les desirs et l’attente du peuple romain,
personne n’est plus obligé que vous d’aimer
Ja république , et de prendre la défense de
Ja liberté.
Je conclus qu'il ne faut pass se sideks a
supplier Octave de nous accorder la sireté.
Armez-vous au contraire de tout votre cou-
rage , et ne doutez pas que cette ville, ou
‘vous remplissez depuis long-temps un si
grand role, nesoit libre et glorieuse tant que
le peuple aura des chefs pour meaner aux
desseins des traitres. tapi Wyierobore
DE LA CORRESPONDANCE. 409
when consul, shewed what he would be
hereafter; but if the same Cicero does ‘not
shew with respect to others all the resolu-
tion and greatness of soul he has given
proofs of against Antony, he will not only
lose for the time to come all claim to glory,
but he will also see himself despoiled of: ,
all his past glory. Nothing is truly great
but what bears a character of an invariable
and constant resolution. And .whether we
consider your natural. talents, or your past
actions and the wishes and expectations of
the roman people, no one lies under more
obligations than you, of loving the repub-
lick and of defending liberty.
I conclude by sayng that Octavius is not
to be supplicated to grant us our safety,
Arm yourself, on the contrary, with all your
courage , and doubt not but that very city,
where you have so long filled one of the
first places, will become free and glorious ,
as long as the people shall have. leaders to
resist the desigus of traitors.
LETTRES DE PLINE,
I, A Tactte.
Vous me priez de vous apprendre au vrai
comment mon oncle est mort, afin que vous
puissiez instruire la postérité, Je vous en
remereie 5 car je Concois que sa mort sera
suivie d'une gloire immortelle, si vous lui
donnez place dans vos écrits. Quoiqu’il ait’
péri par une fatalité qui a désolé de trés~-
beaux pays, et que sa perte, causée par ur"
accident mémorable, et qui lui a été com-
mun avec des villes et des peuples entiers,
doive éterniser sa mémoire ; quoiqu’il ait fait
bien des ouvrages qui dureront toujours, je
compte pourtant que l’'immortalité des vé-
tres contribuera beaucoup a celle qu'il doit
attendre, Pour moi, jestime heureux ceux
a qui les dieux ont accordé le don ow de faire’
des choses dignes d’étre écrites , ou den
écrire de dignes d’étre lues, et plus heureux
encore ceux qu ils ont favorisés de ce double
avantage, Mon oncle tiendra son rang entre
les derniers , et par vos écrits, et par les
DE LA CORRESPONDANCE. 4It
AOA
LETTERS OF PLINY.
I. To Tacitus.
Your request that I would send you an
account of my uncle’s death, in order to
transmit a more exact relation of it to poste-
rity, deserves my acknowledgments; for if
this accident shall -be celebrated by your pen,
the glory of it, I am well assured ; will be
rendered for ever illustrious. And notwith-
standing he perished by a misfortune, which, .
as it involved at the same time a most beau~
tiful country in ruins, and destroyed so many
populous cities, seems to promise him an
everlasting remembrance; notwithstanding
he has himself composed many and lasting
works; yet I am persuaded the mentioning of
him in your immortal writings will greatly
contribute to eternize his name. Happy £
esteem those to be, whom providence has dis-
tinguished with the abilities either of doing
such actions as are worthy of being related ,
or of relating them in a manner worthy of
being read; but doubly happy are they who
are blessed with both these uncommon
talents ;in the number of which my uncle ,
bh ad
4th | L’ART
siens, et c'est ce. qui m’engage a exécuter
plus volontiers des ordres que je vous aurais
demandés. Tl était 4 Miséne, ot il gomman-
dait la flotte. Le yingt-troisiéme d’aoit, en-
viron une heure aprés midi, ma mére l'a-
vertit quil ‘paraissait un nuage d’une gran-
deur et d’une figure extraordinaire. Il avait
été quelque temps couché au soleil, avait pris
ensuite le bain d'eau froide, et aprés un Ié-
ger déjeting, il s était jeté sur un lit, of il
étudiait. Il se léve, et monte en un lieu d’ot
il pouvait aisément observer ce prodige. Ik
était difficile de discerner de loin de quelle
montagne ce nuage sortait. L’événement a
découvert depuis que c’était dumont Vésuve.
Sa figure approchait de celle d’un arbre, et
d'un pin plus que d’aucun autre; car apres
‘sétre élevé fort haut en forme de tronc, il
étendait comme des espéces de branches, Je
m’imagine qwun vent souterrain le poussait
dabord avec impétuosité, et le soutenait.
Mais soit que ]’impression diminuat peu a
peu , soit que ce nuage fit affaissé par son
propre poids , on le voyait se dilater et se
. répandre. Il paraissait tantot blanc , tantét
noiratre , et tantot de diverses couleurs ,
>
DE LA CORRESPONDANCE. 415
as his own writings and your history will
evidently prove, may justly be ranged. It
is with extreme willingness, therefore, I
execute your commands ; and should indeed
have claimed the task, if you had not en-
joined it. He was at ‘that time with the
fleet under his command, at Misenum. On
"the 234 of august, about one in the after-
noon, my mother desired him to observe
a cloud which appeared of a very unusual
size and shape. He had just returned: from
taking the benefit of the sun, and after
bathing himself in cold water, and taking
a slight repast, was retired to his study :
he immediately arose and went out-vupon
an eminence from whence he might more
distinctly view this very uncommon ap-
pearance. It waes not at that distance dis~
cernible from what mountain this cloud
issued , but it was found afterwards to ascend
from mount Vesuvius. I cannot give you a
more exact description of its figure than by
resembling it to that of a pine-tree, for it
shot up a great height in the form ofa trunk,
which extended itself at the top into a sort
of branches; occasioned, I imagine, either
by a sudden gust of air that impelled it, the
force of which decreased as it advanced
414 - LART
selon qu’il était plus chargé on de cendre ow
de terre. Ce prodige surprit mon oncle, qui
était trés-savant, et il le crut digne d’étre
examiné de plus prés. El commande que l'on
appareille sa frégate légére, et me laisse la
liberté de le suivre. Je lui répondis que j’ai-
mais mieux étudier ; et par hasard il m’avait
‘lui-méme donné quelque chose a écrire. TI
sortait de chez lui ses tablettes 4 la main ,
lorsque Jes troupes de la flotte, qui étaient &
Rétine, effrayées par la grandeur du dan-
ger (car ce bourg est précisément sur Mi-
séne , et on ne sen pouvait sauver que par
la mer ) vinrent le conjurer de vouloir bien
jes garantir d’un si affreux péril. Il renonce
au projet qu’avait d’abord formé une simple
-euriosité, et sen propose un plus important
et plus héroique. Il ordonne qu’on mette &
diot les galéres , s*embarque lui - méme, et
part dans le dessein de porter du secours non
seulement & Rétine, mais a plusieurs autres
hourgs de cette cdte, qui sont en grand nom-
bre a cause de sa beauté. I! se presse darri-
ver au lieu d’ou tout le monde fuit , et ot le
-péril paraissait plus grand ; mais avec une
telle liberté d’esprit , qu’ mesure qu'il ap-
DE LA CORRESPONDANCE. 415
upwards, or the cloud itsel’ being pressed
‘back again by its own weight, expanded in
this manner; it appeared sometimes bright,
and sometimes dark and spotted, as it
was either more or Jess impregnated with
earth and cinders, This extraordinary phe-
nomenon excited my uncle’s philosophical
curiosity to take a nearer view of it. He
ordered a light vessel to be got ready, and
gave me,the liberty, if I thought proper,
to attend him. I rather chose to continue
my studies; for, as it happened, he had
given me an employment of that kind. As
he was coming out of the house, received a
note from Rectina the wife of Bassus, who
was in the utinost alarm at the imminent
danger which threatened her ; for her villa
being situated at the foot of mount Vesu-
vius, there was no way to escape but by
sea; she earnestly intreated him therefore
to come.to her assistance. He accordingly
changed his first design , and what he be-
gan with a philosophical, he pursued with
an heroical turn of mind. He ordered the’
gallies to put to sea, and went himself on _
board with an intention of assisting not only
Rectina, but several others; for the villas
stand extremely thick upon that beautiful
—
‘416 LART
percevait quelque mouvement, ou quelque
figure extraordinaire dans ce prodige, i fai-
sait ses observations et les dictait. Déja sur
les vaisseaux volait la cendre plus épaisse et
plus chaude 4 mesure qu’ils approchaient ;
déja tombaient autour d’eux des pierres cal-
cinées et des cailloux tout noirs, tout brilés,
_tout pulvérisés par la violence du feu; déja
la mer semblait refluer, et le rivage deve-
nir inaccessible par des morceaux entiers de
montagnes , dont il était couvert, lorsqu’a-
_ pres s’étre arrété quelques momens, incer~
tain s'il retournerait , il dit ason pilote, qui
Ini conseillait de gagner la pleine mer : La
fortune favorise le courage. Tournez du cété
de Pomponianus. Pomponianus était 4 Stas
- bie, en unendroit séparé par un petit golfe,
‘que forme insensiblement la mer sur ces ri~
‘vages qui'se courbent. La, a la vue du péril
qui était encore éloigné, mais qui semblait
“sapprocher toujours , il avait fait porter ses
effets dans ses vaisseaux , et n’attendait pour
se sauver qu'un vent moins contraire. Mon
oncle , 4 qui ce méme vent avait élé trés- ‘
favorable , l'aborde , le trouve tout trem-
blant, ’embrasse, le rassure, l'encourage; et
a
DE LA CORRESPONDANCE. 417
coast. When hastening to the place from
whence others fled with the utmost terror,
he steered his direct course to the point of
danger, and with so much calmness and
presence of mind, as to be able to make
and dictate his observations upon the motion
and figure of that dreadful scene. He was
now so nigh the mountain that the cinders,
which grew thicker and hotter the nearer
he approached, fell into the ships, together
with pumice-stones, and black pieces of
burning rock ; they were likewise in dan-
ger not only of being a-ground by the
sudden retreat of the sea, but also from
the vast fragments whith rolled down from
the mountain , and obstructed all the shore.
Here he stopped to consider, whether he
should return back again, to which the
pilot advising him; « Fortune,» said he,
« befriends the brave; carry me to Pompo-
« nlanus.» Pomponianus was then at Stabie,
separated by a guif which the sea, after
several insensible windings , forms upon
that shore. He had already sent his baggage
on board; for though he was not at that
time in actual danger, yet being within
the view of it, and indeed extremely near,
if tt should in the least increase, he yyas
18%
in! Se
418 L ARE |
pour dissiper , par sa sécurité, la craintede
_ son ami, il se fait porter au bain. Aprés s'é-
_ tre baigné il se met a table, et soupe avec
toute sa gaieté , ou ( ce qui n’est pas moins
grand ) avec toutes les apparences de sa gaieté
ordinaire. Cependant on voyait luire de plu-
sieurs endruits du mont Vésuve de grandes
flammes et des embrasemens , dont les té-
nébres augmentaient l’éclat. Mon oncle, pour
rassurer ceux qui l’accompagnaient, leur di—
sait que ce qu ils voyaient briler c’étaient des
villages que les paysans alarmés avaient aban-
donnés , et qui étaient demeurés sans secours.
Ensuite il se coucha, et dormit d'un profond
sommeil ; cat , comme il était puissant, et
que sa respiration plus génée n’en était que
plus forte, on l’entendait ronfler de l’anti-
chambre. Mais enfin la cour par ot l’on en-
trait dans son appartement commengait ase
remplir si fort de cendres et de pierres cal-
cinées , que, pour peu qu il eit resté plus
Jong-temps, il ne lui aurait plus été libre
de sortir. On l’éveille ; il sort, et va rejoin-
dre Pomponianus et les autres qui avaient
DE LA CORRESPONDANCE. 41g
determined to put to sea as soon as the wind
should change. It was favourable, however,
for carrying my uncle to Pomponianus ,
whom he found in the greatest consterna-
tion : he embraced him with tenderness,
encouraging and exhorting him to keep up
his spirits, and the more to dissipate his
fears, he ordered, with an air of unconcern,
the baths to be got ready; when after having
bathed, he sat down to supper with great
cheerfulness, or at least (what is equally
heroic) with all the appearance of it. In
the mean while the eruption from mount
Vesuvius flamed out in several places with
much violence, which the darkness of the
night contributed to render still more visibie
and dreadful. But my uncle, in order to
soothe the apprehensions of his friend, as-
sured him it was only the burning of the
villages , which the country people had
abandoned to the flames: after this he re=
tired to rest, and it is most certain he was
so little discomposed as to fall into a deep
sleep; for being pretty fat, and breathing
hard, those whoattended without, actually
heard him snore. The court which led to
his apartment being uow almost filled with
stones and ashes, if he had continued theie
420. L ART
veil‘. Ils tiennent conseil , et délibérent
sils se renfermeront dans la maison, ou s‘ils
se-tiendront en plein air ; car les maisons
étaient tellement ébranlées par les fréquens
tremblemens de terre, que l'on aurait dit
qvelles étaient arrachées de leurs fonde-
mens , et jetées tantot d’un cété , tantot de
Yautre, et puis remises a leurs places. Quoi-
qu’en plein air on edt 4 craindre Ja chute des
pierres calcinées et pulvérisées , c’est néan-
moins le parti que l’on prit, comme le moins
dangereux. Chez ceux de sa suite une cralute
surmonta l'autre ; chez lui la raison la plus
forte l’emporta sur la plus faible. Ils se cou-
vrent la téte d’oreillers attachés avec des
mouchoirs; ce fut la précaution qu’ils prirent
contre ce qui tombait d’en haut.. Le jour re~
commengait ailleurs ; mais dans le lieu ou
ils étaient , continuait la nuit la plus som-
bre et la plus affreuse de toutes les nuits ,
et qui n’était un peu dissipée que par la Ineur
dun grand nombre de-flambezux et d’autres
lumiéres. On trouva bon de s'approcher du
rivage, et d’examiner de prés ce que la mer
DE LA CORRESPONDANCE. 421
any time longer, it would have been im-
possible for him to have made his way out;
it was thought proper therefore to-awaken
him. He got up, and went to Pomponianus
and the rest of his company, who were
not unconcerned enough to think of going
to bed. They consulted together whether it
would be must prudent to trust to the houses,
which now shook from side to side with
frequent and violent concussions; or fly to _
the open fields, where the calcined stones
and cinders, though light indeed, yet fell in
large showers, and threatened destruction.
In this distress they resolved for the fields,
as the less dangerous situation of the two;
a resolution which, while the rest of the
company were hurried into by their fears,
my uncle embraced upon cool and delibe-
rate consideration. They went out then,
having pillows tied upon their heads with
napkins; and this was their whole defence
against the storm of stones that fell round
them. Though it was now day every where
else, with them it was darker than the
most obscure night, excepting only what
light proceeded from the fire and flames.
They thought proper to go down farther
upon the shore, to observe if they might
oad
420 . LAR
veillé. Ils tiennent conseil , et délibérent
sils se renfermeront dans la maison, ou s‘ils
se-tiendront en plein air; car les maisons
étaient tellement ébranlées par les fréquens
tremblemens de terre, que l'on aurait dit
qvelles étaient arrachées de leurs fonde-
mens , et jetées tantét d’un cété , tantot de
Yautre, et puis remises a leurs places. Quoi-
qu’en plein air on edt a craindre Ja chute des
pierres calcinées et pulvérisées , c'est néan-
moins le parti que l’on prit, comme le moins
dangereux. Chez ceux de sa suite une craiute
surmonta l'autre ; chez lui la raison Ja plus
forte l’emporta sur la plus faible. Ils se cou-
vrent la téte d’oreillers attachés avec des
mouchoirs; ce fut la précaution qu’ils prirent
contre ce qui tombait d’en haut.. Le jour re~
commengait ailleurs ; mais dans le lieu o&
ils étaient , continuait la nuit la plus som-
bre et la plus affreuse de toutes les nuits ,
et qui n’était un peu dissipée que par la Ineur
dun grand nombre de-flambeaux et d’autres
lumiéres. On trouva bon de s'approcher du
rivage, et d’examiner de prés ce que la mer
DE LA CORRESPONDANCE. 421
any time longer, it would have been im-
possible for him to have made his way out;
it was thought proper therefore to-awaken
him. He got up, and went to Pomponianus
and the rest of his company, who were
not unconcerned enough to think of going
to bed. They consulted together whether it
would be must prudent to trust to the houses,
which now shook from side to side with
frequent and violent concussions; or fly to _
the open fields, where the calcined stones
and cinders, though light indeed, yet fell in
large showers, and threatened destruction.
In this distress they resolved for the fields,
as the less dangerous situation of the two;
a resolution which, while the rest of the
company were hurried into by their fears,
my uncle embraced upon cool and delibe-
rate consideration. They went out then,
having pillows tied upon their heads with
napkins; and this was their whole defence
against the storm of stones that fell round
them. Though it was now day every where
else, with them it was darker than the
most obscure night, excepting only what
light proceeded from the fire and flames.
They thought proper to go down farther
upon the shore, to observe if they might
=
424 L ART
rien dit, ou que jen’aie vu, ou que je n’aie
appris dans ces momens ow la vérité de l’ac-
tion qui vient de se passer n’a pu encore étre
altérée. C’est A vous de choisir ce qui vous
paraitra plus important. Il y a bien de la
différence entre écrire une lettre ou une his-
toire , entre écrire pour un ami ou pour la
postérité. Adieu.
II. A Corneille Tacite.
Vous allez rire, et je vous le permets:
riez-en tant qu'il vous plaira. Ce Pline , que
vous connaissez , a pris trois sangliers , mais
irés-grands. Quoi! Jui-méme , dites-vous ?
Lui-méme. N’allez pourtant pas croire quil
en ait couté beaucoup 4 ma paresse. J’étais
assis prés des toiles ; je n’avais a cété de
moi ni épieu ni dard , mais des tablettes ; je
révais, }’écrivais, et je me préparais la con-
solation de remporter mes feuilles pleines ,
sije m’en retournais les mains vides. Nemé-
prisez pas cette maniére d’étudier. Vons ne
sauriez croire combien le mouvement du
DE LA CORRESPONDANCE. 425
to you what I was either an eye-witness
of myself, or received immediately after
the accident happened, and before there
was time to vary the truth. You will chuse
of this narrative such circumstances as shall
be most suitable to your purpose, for there’
isa great difference between what is proper
for a letter, and an history ; ; between writ-
ing to a friend, and wyriling to the public.
Farewel.
II. To Cornelius Tacitus.
CeRTAINLY you will laugh (and laugh
you may) when I tell you that your old
acquaintance is turned sportsman, and has
taken three noble boars. What! (methings
I hear you say with astonishment) Pliny !
— Even he. However, I indulged at the same
time my beloved inactivity, and while Isat
at my nets, you would have found me, not
with my spear, but my pen by my side. I
mused and wrote, being resolved if I returned
with my handsempty, at least to come home
with my papers full. Believe me, this m
ner Of studying is not to be despised : you
cannot conceive how greatly exercise con-
tributes to enliven the imagination. There
is, besides, something in the solemnity of »
426 L ART
corps donne de vivacité al'esprit; sans comp~
‘ter que l’ombre des foréts , la solitude, et ce
profond silence qu’exige la chasse , sont trés-
propres a faire naitre d’heureuses pensées.
Ajinsi, croyez-moi, quand vous irez chasser ,
‘portez votre panetiére et votre bouteille ;
mais n’oubliez pas vos tablettes. Vous éprou-'
verez que Minerve se plait autant sur les
montagnes que Diane. Adieu.
Ili. 4 Caninius Rufus.
Qux fait-on A Come , cette ville déli-
cieuse , que nous aimons tant lun et l’autre?
Cette belle maison que vous avez dans le
faubourg est-elle toujours aussi riante? Cette
galerie ot l’on trouve toujours le printemps ,
na-t-elle rien perdu de ses charmes? Vos
planes conservent -ils la fraicheur de leur
ombrage ? Ce canal qui se plie et replie en
tant de facons différentes a-t-il toujours sa
bordure aussi verte , et ses eaux aussi pures?
Ne m’apprendrez-vous rien de ce vaste bas~
‘sin qui semble fait exprés pour Jes recevoir?
Quelles nouvelles de cette longue allée, dont
Je terrain est ferme sans étre rude? de ce
bain délicieux ou le grand soleil donne a tou-
tes les heures du jour? En quel état sont ces
“salles ot yous tenez table ouverte, et celles
DE LA CORRESPONDANCE. 427
the venerable woods, with which one is sur-
rounded , together with that awful silence
which is observed on these occasions, that
strongly inclines the mind to meditation.
For the future, therefore , let me advise
you, whenever you hunt, to take along with
you your pen and paper, as well as your
basket and bottle; for be assured you will-
find Minerva as fond of traversing the hills
as Diana. Farewel.
IIT. To Caninius Rufus.
How stands Comum, that favourite scene»
of yours and mine? What becomes of the
pleasant villa , the vernal portico, the shady
planetree-walk, the crystal canal so agree-
ably winding along its flowery banks,
together with the charming lake below,
that serves at once the purposes of use and
- beauty ? What have you to tell me of the
firm yet soft gestatio, the sunny bath, the
public saloon , the private dining-room, and
all the elegant apartments for repose both
at noon and night? Do these enjoy my
428 L’ ART
qui ne sont destinées qu’a vos amis partict
liers? Nos appartemens de jour et de nuit,
ces lieux charmans yous possédent-ils_ tour~
a-tour? ou lé soin de faire valoir vos reve-
nus , vous met-l, & l’ordinaire, dans un mous
vement continuel ? Vous étes le plus heureux
des hommes si vous jouissez de tant de bienss
mais vous n’étes quun homme. vulgaire si
vous n’en jouissez pas. Que ne renvoyez-yous
ces basses occupations & des gens qui en soient
plus dignes que vous ? et qu’attendez -vous \
pour vous donner tout entier 4 l'étude des —
belles-lettres, dans ce paisible séjour? C'est
la seule occupation, c'est la seule oisiveté
honnéte pour vous. Rapportez-la votre tra-
vail, votre repos, vos veilles, votre som~
meil méme. Travaillez 4 yous assurer une
sorte de bien que le temps ne puisse yous
dter. Tous les autres, dans la suite des sié-
cles, changeront mille et mille fois de mai-
tre ; mais les ouvrages de votre esprit ne
cesseront jamais d’étre 4 vous. Je sais a qui
je parle. Je connais la grandeur de votrecou-
rage , 'étendue de votre génie. Tachez seu-
Jement d’avoir meilleure opinion de vous ;
faites-vous justice , et les autres yous la fe~
rout. Adieu.
BE LA CORRESPONDANCE. 429
friend, and divide his time with pleasing
vicissitude ? Or do the affairs of the world,
as usual, call you frequently out from this
agreeable retreat ? If the scene of your en-
joyment lies wholly there, you are happy ?
if not, you are under the common error
of mankind. But leave,-my friend ( for
certainly it is high time, ) the sordid pursuits
of life to others, and devote yourself, in
this calm and undisturbed recess, entirely
to pleasures of the studious kind. Let these
employ your idle as well as serious hours;
Jet them be at once your business and your
amusement , the subjects of your waking
and even sleeping thoughts : produce some-
thing that shall be really and for ever
your own. All your other possessions will.
pass on from one master to another : this
alone, when once it is yours, will for
ever be so. As I well know the temper
and genius of him to whom I am address-
ing myself, I must exhort you to think as
well of your abilities as they deserve : do
justice to those excellent talents you pos-
sess, and the world, believe me, will
certainly do so too. Farewel,
LB igi L’ART
’ LV. A Minutius Fundanus.
C’zsT une chose étonnante de voir com-
ment le temps se passe 4 Rome. Prenez
chaque journée a part ; il n’y ena point qui
ne soit remplie : rassemblez-les toutes; vous
étes surpris de les trouver si vides. Deman-
dez a quelqu’un : Qu’avec-vous fait aujour-
dhui? J'ai assisté ( vous dira-t-il) 4 la céré-
monie de la robe viril qu'un tel a donnée a.
son fils. J’ai été prié a des fiancailles ou a
des noces. L’on m’a demandé pour la signa-
ture d'un ‘testament. Celui-ci ma chargé de
sa cause. Celui-la m’a fait appeler & une con-
sultation. Chacune de ces choses, le jour
qu'on l’a faite, a paru nécessaire; toutes en-
semble , quand vous venez a songer qu’elles
ont pris tout votre temps, paraissent inutiles,
et le paraissent bien davantage quand on les
repasse dans une agréable solitude. Alors
vous ne pouvez vous empécher de vous dire:
A quelles bagatelles aije perdu mon temps?
C'est ce que je répete sans cesse dans ma
maison de Laurentin , soit que je lise, soit
que j’écrive , soit qu’a mes études je méle les
exercices du corps, dont la bonne disposition
DE LA CORRESPONDANCE. 431
IV. To Minutius Fondanus.
WHEN one considers how the time passes
at Rome, one cannot but be surprised that
take any single day, and it either is, or at
least seems to be spent reasonably enough ;
and yet upon casting up the whole sum,
the amount will appear quite otherwise.
Ask any one how he has been employed
to-day ? he will tell you perhaps, « I have
« been at the ceremony of taking up the
«manly robe; this friend invited me to a
« wedding; that desired me to attend the
« hearing of his cause ; one begged me to.
« be witness to his will; another called me
« toa consultation. » These are offices which
seem, while one is engaged in them, ex-
tremely necessary ; and yet when, in the
quiet of some retirement, we look back
upon the many hours thus employed, we
cannot but condemn them as solemn imper-
tinences, At.such a season one is apt to re~
flect, How much of my life has been lost
in trifles! At least it is a reflection which
frequently comes across me at Laurentum,
after I have been employing myself in my
studies, or even in the necessary care of the
animal machine (for the body must he
432 - L’AR'T
influe tant sur les opérations de Yesprit.
Je n’entends, je ne dis rien, que je me
‘repente d/avoir entendu et d’avoir dit. Per-
sonne ne m’y fait d’ennemis par de mauvais
discours. Je ne trouve a redire 4 personne,
sinon a moi-méme , quand ce que je compose
n'est pasa mon gré. Sans desirs, sans crainte,
a couvert des bruits facheux, rien ne m’in-
quite. Je ne nventretiens qu’avec moi et
avec mes Jivres. O J’agréable! 6 l'innocente’ .
vie! que cette oisiveté est aimable! quelle —
est honnéte! qu'elle est préférable méme aux ,
plus illustres emplois! Mer, rivage , dont je,
fais mon vrai cabinet , que vous m’inspirez
de nobles, d’heureuses pensées! Voulez-vous
m’en croire, mon cher Fundanus, fuyez les
embarras de la ville, rompez au plus tot
cet enchainement de soins frivoles qui vous
y attachent, adonnez-vous a !’étude ou au
repos, et songez que ce qu’a dit si spiri-
tuellement et si plaisamment {notre ami
Attilius, n’est que trop vrai : IZ vaut infi-
‘niment mieux ne rien faire, gue de faire
des riens. Adieu.
V. A Septitius Clarus.
VRAIMENT, vous !’entendez. Vous me
mettez en dépense pour vous donner a souper,
DE LA CORRESPONDANCE. 435
yepaired and supported, if we would pre~
serve the mind in all its vigour.) In that
peaceful retreat, I neither hear nor speak any
thing of which I have occasion to repent. I
suffer none to repeat to me the whispers of
malice; nor do I censure any man, unless
myself, when I am dissatisfied with my
compositions. There I live undisturbed by
rumour, and free from the anxious solici-
tudes of hope or fear, conversing only with
myselfand my books. True and genuine life!
pleasing and honourable repose! More, per-
haps, to be desired than the noblest employe-
ments! Thou solemn:sea and solitaryshorey
best and most retired scene for contempla-
tion, with how many noble thoughts haye
you inspired me! Soatch then, my friend,
as you have, the first occasion of leaving
the noisy town with all its very empty pur-
suits, and devote your days to study, or even
resign them to ease; for as my ingenious
friend Attilius pleasantly said, «It is better
« to do nothing, than to be doing of nothing. »
Farewel.
V. To Septitius Chariié
How happened it, my friend, that you
did not keep your engagement the other
2. 19
SBA L ART
et vous me manquez. Il y a bonne jus-
tice 4 Rome, Vous me le paierez jusqu’a la
derniére obole ; et cela va plus loin que vous
ne pensez, J’avais préparé a chacun sa lai-
tue, trois escargots , deux ceufs, un gateau,
du vin miellé et de la neige ; car je vous
compterai jusqu’a la neige , et avec plus de
raison encore que le reste , puisqu’elle ne sert
jamais plus d’une fois. Nous avions des oli-
ves d’Andalousie, des courges, des échalo-
tes , et mille autres mets aussi délicats. Vous
auriez eu a choisir d'un comédien, d’un lec-
teur, ou d'un musicien; ouméme , admirez
ma profusion , vous les auriez eu tous en-
semble, Mais vous avez mieux aimé , chez je
ne sais qui, des huitres, des viandes exquises,
des poissons rares, et des danses espagnoles.
Je saurai vous en punir; j¢ ne vous dis pas
comment. Vous m’avez bien mortifié; vous
vous étes fait A vous-méme plus de tort que
vous ne pensez : aul moins vous ne m’en pous
viez assurément faire davantage, ni en vé-
rité A vous non plus. Que nous eussions ha~
ding , plaisanté, moralisé! Vous trouveres
DE LA CORRESPONDANCE. 435
night to sup with me? But take notice, jus-
tice is to be had, and I expect you shall fully
reimburse me the expence I was at to treat
you, which, let me tell you, was nosmall
sum. I had prepared, you must know,'a
lettuce a-piece, three snails, two eggs, and
a barley cake, with some sweet wine and
snow ; the snow most certainly I shall charge
to your-account, as a rarity that will not
keep. Besides all these curious dishes, there
were olives of Andalusia, gourds, shalots,
and a hundred other dainties equally sump-
tuous. You should likewise have been en-
tertained either with an interlude, the re-
hearsal of a poem, or a piece of music, as .
you liked best; or ( such was my liberality }
with all three. But the luxurious delicacies
and Spanish dancers of a certain — I know
not.who were, it seems, more to your taste.
However , I shall have my revenge of you,
depend upon it ;—~in what manner, shall be
at present a secret. In good truth it was not
kind, thus to mortify your friend, I had
almost said yourself; —- and upon second
thoughts I do say so: for how agreeably
should we have spent the evening, in laugh
-ing, trifling , and deep speculation ! You
may sup, I confess, at many a place more
Gh cube amend 14
ailleurs des repas plus magnifiques ; maisn'en
cherchez point olyregnent davantage la joie,
la propreté,ja liberté. Faitgs-en !'épreuve ;
et, aprés cela , si vous ne quittez toute autre
table pour la mienne , je consehs que vous
quittieg Ja: seinen pour toute autre. ri
ha oh A Marcellin, ‘gat
Je vous écris siegablé de tristesse. pitt
jeune fille de notre ami Fandanus vient de
mourir. Jén‘ai jamais vu une personne plus
jolie, plus aimable, plus digne non seulement
devivre long-temps , mais de vivre toujours.
Hille wWavait pas encore quatorze ans accom-
plis , et déja elle montrait toute la prudence
de la vieillesse. On remarquait déja dans son
air toute la majesté d’une femme de condi-
tion , et tout cela ne Jui Otait rien de cette
imnoceate pudeur, de ces graces naives, qui
plaisent si: fort dans le premiet Age. Avec
quelle simplicité ne demeurait-elle pas atta-
chée au-cou de son pére ! Aveciquelle dou-
ceur et avec quelle modestie ne recevaitelle
pas ceux quil aimait! Avec quelle équité
ne partageaitelle pas ‘sa tendressé entre ses
‘mourrices. et ‘les maitres qui-avaient cultivé
ou se$ moeurs ou son esprit! Pouvait-on étu-
‘dier avec plus d’application et avec des dis-
aa,
DE LA CORRESPONDANCE. 439
splendid ly; but you can be treated tio where,
believe me, with more unconstfained cheer-
falness, simplicity, avd freedom : only make
the experiment; atid if-you'do not ever after.
wards prefer my table to any other, never fa-
your me with your company kag ‘Bateweh
VI. To Marcellinus,
. E WRITE this to you under’ thie uli
oppression of sorrow : the youngest daughitet
of my friend Fundanus is ‘dead! newer Sal
rely was there a more agreeable and moré
amiable young person, or one who hetter
deséived to énjoy a long, I shad almost
said 5 an immortal life!" She wii scarce
fourteen, and yet ‘had ‘all the wisdem of
age and dis¢ietion of a matron, joined with
youtliful sweetnessantl virgiti modesty. With
what an engaging fondness’ did she behave
to her father! how kindly and respectfully
receive his friends! how affettionxtel y treat
all those who in their fespective offices had
the care and education of her! She employed.
much of her time in reading, in which she
discovered great strength of judgement ; she
indulged herselfin few diversions , and those
with much caution, With what forBellrnte’
with shat patience, with what courage did.
438 * Pare
positions plus heureuses? Pouvait-elle mettre
moins de temps, et plus de circonspection
dans ses divertissemens ? Vous ne sauriez
vous imaginer sa retenue , sa patience, sa
fermeté, méme dans sa derniére maladie.
Docile aux médecins, attentive 4 consoler
son pére et sa scour , aprés que toutes ses for-
ces l’eurent abandonnée, elle se soutenait en-
core par son seul courage. I l’a accompagnée
jusqu’a la derniére extrémité , sans que nila’
longueur de la maladie’, ni la crainte de la
mort, l’aient pu abbattre; et c'est ce qui ne
sert qu’a augmenter et notre douleur et nos
regrets. Mort vraiment funeste et prématu-
rée ; mais conjoncture encore plus funeste et
plus cruelle que la mort. Elle était sur le
point d’épouser un jeune homme trés-aima~
ble. Le jour pour les noces était pris; nous
y étions déja imvités. Hélas ! quel chang
ment! Quelle horreur succéde a tant de joie!
Je ne puis vous exprimer de quelle tristesse
je me suis senti pénétré quand j'ai entendu
Fundanus , inspiré par la douleur. toujours
féconde en tristes inventions, donner ordre
lui-méme, que tout ce qu'il avait destiné en
bijoux, en perles, en diamans , fit employé
en baume, en essences , en parfums. C'est
un homme savant et sage, et qui, dés sa
DE LA CORRESPONDANCE. 458)
she endure her last illness! she complied
with all the directions of her physicians ;
she encouraged her sister and her father ;
and when all her strength of body~ was
exhausted, supported herself by the single
vigour of her mind. That, indeed , conti-
nued even to her last moments, unbroken
by the pain of a Jong illness, or the terrors
of approaching death; and it is a reflection
which makes the loss of her so much the
more to be lamented. A loss infinitely se~
vere! and more severe by the particular’
conjuncture in which it happened! she was
contracted to a most worthy youth! the
wedding day was fixed, and we were all
invited. How sad a change from the highest
joy to the deepest sorrow! How shall L
express the wound that pierced my heart,
when I heart Fundanus himself (as grief
is ever finding out circumstances to aggra~
vate its melancholy ) ordering the money
he had designed to lay out: upon clothes:
and jewels for her marriage, to be employed
in myrrh and spices for her funeral ? He
is a man of great learning and good sense,
who has applied himself from his earliest
youth to the nobler and most elevated stu-
dies; but all the maxims of fortitude which
“4Go | LAR
iplus tendre j jeunesse s ‘est formé la raisor par
_ Jes:meilleures sciences , et par les plus beaux
_ arts; maisaujourd hui il méprise tout ce quit
aout dire, et ce qu'il a souvent dit lui-méme.
Enfin , toutes ses vertus disparaissent et l’a+
_-bandonnent a sa seule tendresse. Vous n’au-
rez pas de peine a l’excuser; vous le louerez
méme, quand yous songereza ce qu'il aperdu.
Jl aperduune fille qui avait pas seulement
la mameére, !’air , les traits de son pére, mais
que Jon pouvait appeler son portrait , tatit
elle lui ressemblait. Si donc vous lui écrivez
sur un si juste chagrin, souvenez-vous de
mettre moins de force et de raison que de
_ compassion ¢t de douceur dans. vos conso-
lations. Le temps ne contribuera pas’ peu a
les Jui faire gotter. Carde méme qu'une plaie
toute récente appréhende la main du chirur+
gien, et que dans la suite elle la souffre et la
souhaite, ainsi la nouvelle affliction se ré+
volte d’abord contre les consolations , et les
écarte ; mais peu a prés elle les cherche, et
se rend: celles qui sont adroitement ména=
gées. Adieu.
VII. A Corneille Tacite.
Jz me réjouis que vous soyez de retour &
Rome en bonne santé, Vous ne pouviea
DE LA CORNESPONDANCE. G4I
he has received from books, or advanced
himself , he now sastoely rejects , and
every othes virtue of his heart gives place
to all a parent's tendérness. You will’ ex-
etse, you will even approve’ his sorrow ,
when you consider what he has lost. He
has losta daughter who resémbled him iu his
manners, as well as his person, and exactly
copied out all her father. If you shall think
proper to write to him upon the subject of
80 reasouable a grief, let me remind you
not to use the rongher argoments of conso~
Jation, and siich as seem to carry a:sort of
reproof with them, but those of kind and
sympathizing humanity. Time will rendet
him more open to the dictates of reason +
for as a fresh wound shrinks back from the
hand of the surgeon, but by degreés submits
to, and even requites thé méans of its cures
so a mind under the fitst impressions of a
misfortune’, shuns and rejécts all arguments
of consolation, but at fength , if applied
with tenderness, calm, and Wate ys a
quiesces 7 in them. F% rewel. , ut
17?
VIL Ty. Connelius Tacitus,
T REFOIER that youlaté sifely arrived
in Rome; for though Pans alwavs desitous’
3g*
442 ~ vAaART
jamais arriver pour moi plus a propos. Je ne
resterai que fort peu de jours dans ma mai-
son de Tusculum , pour achever un petit’
ouvrage que j'y ai commencé. Je crains que ©
si je linterromps sur la fin , je n’aie beau-
coup de peine a le reprendre. Cependant ,.
afin que mon impatience n'y perde rien , je’
vous demande d’avance par cette lettre une’
grace que je me promets de vous demander
bientét de vive voix. Mais avant que de vous
exposer le sujet de ma priére, il faut vous.
dire ce qui m’engage a vous prier- Ces jours
passés, comme jétais 4 Come, lieu de ma
paissance, un jeune enfant, fils d'un de mes
compatriotes, vint me saluer. Vous'étudiez ?
lui disje. Il me répond quoui, En quel lieu?
A Milan. Pourquoi mest-ce pas dans ce lieu-
ci? Son pére, qui l’accompagnait, et qui me
Tavait présenté , prend Ja parole. Nous n’a-
vons point, ditil, ici de maitres. Et pour-
quol nen avez-vous point? I] yous était fort
important a vous autres peres (cela venait
a propos, grand nombre de péres m/écou-
taient ) de faire instruire ici vos enfans. Ou
Jeur trouver un séjour plus agréable que la
patrie ? Ow former leurs moeurs plus stire-
ment que sous les yeux de leurs parens? Ou
€3 eatre teuir & moins de frais que chez yous?)
DE LA CORRESPONDANCE. 445
tO see you, Lam more particularly so now.
I purpose to continue a few days longer at
my house at Tusculum, in order to finish a
work which I have upon my hands. For
I am afraid, should I put a stop to this
design now that it is so nearly completed,
I shall find it difficult to resume it. In the
mean while, that I may lose no time, I
send this letter before, to request a favour
of you, which I hope shortly to ask in
person. But before I inform you what my
request is, I must let you into the occasion
of it. Being lately at Comum, the place of
my nativity; a young lad, son to one of my
neighbours, made mea visit. I_asked him
whether he studied oratory, and where ?.
he told me he did, and at Mediolanum. And
why not here? Because (said his father,
who came with him) we have no masters.
« No! (said I,) surely it nearly concerns ©
you who are fathers (and very opportunely
several of the company were so ) that your
sons should receive their education here’,
rather than any where else. For were can
they be placed more agreeably than in their
own country, or instructed with more safety
and less expence than at home and under
the eye of their parents? Upop what very:
LAA LAR.
A. combier croyez-vous que vous reviendrait
Je fonds nécessaire pour avoir ici des profes-
seurs? Combien , pour établir ce fonds , vous
faudrait-il ajouter 4 ce que vos enfans vous
cofitent ailleurs, ot il faut payer voyage ,
nourriture , logemens , acheter toutes choses ;
car tout s'achéte lorsqu’on n'est pas chez soi ?
Moi qui nai point encore d’enfans , je suis
tout prét, en faveur de ma patrie, pour qui
jai un cceur de fils et de pére, 4 donner le
tiers de la somme que vous youdrez mettre
4 wet établissement.. J’ offrirais le tout’; mais
je craitdrais que cette dépense, qui ne serait
a charge & personne, ne rendit tout le monde
moins cireonspect dans le choix des maitress
que la’ brigue seule ne disposat de ces places,
et que chacuit de vous ne perdit tout fe fruit
de ma fibétalité. C'est ce que je vois en di-
vers liewx ow il y a des chaires de professeurs
fondées.. Je ne sais qu'un moyen de prévenir
ce désordre ; c’est de ne confier qu’aux péres
le soin du: choix, et de les obliger.a bien
choisir, par la vécessité de la contribution,
et par lintérét de placer utilemeut, leur
dépense; car ceux qui peut-étre ne seraient
pas fort atteptifs au bom usage du biew
as
DE LA CORRESPONDANCE. 445
easy terms might you, by a general contri-
bution, procure proper masters, ifyow would
only apply towards the raising a salary for
them, the extraordinary expence it cost you
for your soups journies , lodgings, and what-
ever else you pay for upon account of their
being abroad; as pay, indeed, you must in
such a case for every thing. Though I have
no children myself, yet I shall willingly
contribute toa design so beneficial to (what
I look upon as a ‘child, or a parent) my
country ; and therefore I will advance a third
part of any sum -you shall think proper to
Yaise for this purpose. I would take upom
myself the’ whole expence, were I not ap-!
prehensive that my benefaction might here-
afier be abused and perverted to. private
ends; as I have observed to he the case in.
seyeral places. were. public. foundations. of,
this nature have been established, The single,
means to prevent this mischief i is, to leave
the choice of the masters birch y in the
breast of the parents, who will be so much
the more careful to determine properly , as
they shall be obliged to share the expence:
of maintaining them. For though they may’
be careless in disposing of another's bounty,
they will certainky be cautious how they”
446° DAaT
d'autrui, Je seront certainement a ne pas mal
employer le leur, et n’oublieront rien pour
mettre en bonnes mains le fonds que j'aurai
fait, si le leur l'accompagne. Prenez donc
une sage résolation a l’envi I'un de l'autre,
et réglez vos efforts sur les miens. Je sou-
haite sincérement que mon contingent soit
considérable. Vous ue pouvez rien faire de
plus avantageux a vos enfans, rien de plus
agréable a votre patrie. Que vos enfans re-
coivent l'éducation dans Je méme lieu ou
ils ont regu la naissance. Accoutumez-les,
dés l'enfance, a se plaire, a se fixer dans
leur pays natal. Puissiez-vous choisir de:
si excellens maitres, que leur réputation
peuple vos écoles; et que, par une heureuse
Vicissitude , ceux qui voient venir vos enfans
étudier chez eux, envoient’& l'avenir les
leurs étudier chez vous! »
Voila ce que je leur dis; et j’ai cru
que je ne pouvais mieux vous faire en-
tendre combien je serais seusible au bon
office que je vous demande, qu’en repre-
nant dés la source Jes raisons que jai de
le desirer. Je vous supplie donc; dans
cette foule de savans que la réputation de,
PE LA CORRESPONDANCE. 447
apply their own; and will see that none -
but those who deserve it, shall receive my
money, when they must at the same time
receive theirs too. Let my example then
encourage you to unite heartily in this useful
design; and be assured the greater the sum
my share shal] amount to, the more agree-
able it will be to me. You, can undertake,
nothing that will be more advantageous to.
your children, nor more acceptable to your
country. They will by this means receive,
their education where, they, receive their
birth , and be accustomed from their infancy,
to inhabit and affect their native soil, May
you be able to procure professors of such
distinguished abilities, that the neighbour-
ing towns shall be glad to draw their learn-
ing from hence ; and as you now send your
children to foreigners for education, may.
foreigners in their turn flock hither for their
instruction. » |
I thought proper thus to lay open to you
the rise cf this affair, that you might be the
more sensible how agreeable it will be to
me, if you undertake the office I request.
I intreat you, therefore, with all the ear-
estness a matier of so much importance’
deserves, to look out, amongst the great»
448 L ART
votre esprit attire de toutes parts auprés de
yous, jetez les yeux sur ceux qui peuvent
étre les plus proprées 4 l'emploi que je vous
propose ; mais ne m’engagez point. Mon
intention est’ de lJaisser les péres maitres'
absolus da choix : je leur abandonne l'exa-
men et la décision; je ne me réserve que Ja
dépense et le soin de leur chercher des su=
jets. Sil s'en trouve donc quelqu'un qui se
fie a ses talens jusqu’au point de s'‘embar-
quer dans ce voyage sans autre garantie, il
peut l'entreprendre, et compter uniquement
sur son mérite. Adieu.
WT ikosdsP aoe,
‘Vous demandez comment je régle ma
journée en été dans ma terre de Toseane.
Je m’éveille quand je’ pttis, dordinaire a’
sept heures, quelqdefois auparavant et rare-
ment plus tard. Je tiens mes fenétres fer-
mées ; car le silence et les ténébrés soutien-
nent Pesprit, qui, n’étant point dissipé par
des objets qui le penyent emporter, demeure
libre et tout entier. Je ne veux pas assujet-
tir mon esprit a mes yeux; J assujettis mes
yeux 4 mon esprit ; car ils ne voient
ce qu'il voit, tant qu'ils me sont pas. dict
~
DE LA CORRESPONDANCE. 449
number of men of Jetters which the repu-
tation of your genius brings to you, proper
persons to whom we,may apply for this
purpose ; but -without eptering into any
agreement with them on my part. For I
would leave it entirely free to the parents
to judge and choose as they shall see proper:
all the share I pretend ‘to claim is, that of
contributing my care and my money. . Tf
therefore any one shall be found who thinks
himself qualified for the undertaking, he
may repair thither, but. without relying
upon any thing but his merit. binshshi
Vill. To Fuscus.
. Sati desire to knovy in. what n manner I
dispote of my time, in my summer villa
at Tuscuin. T rise just when I find myself
in the humour, though generally with the
sin; sothetimes indeed ‘sooner but’ seldom
laters When Tam up, I continue to keep
the: shutters of my chamber windows clos+
ed, as darkness and_,sileuce , wonderfully
promote meditation. Thus, free and ab-
stracted from those outward objects which
dissipate attention, I am left to’my own
thoughts; nor suffer my mind to wander
sith my eyes, but keep my eyesin'subjection
450 L ART
par. autre chose. Si j'ai quelque ouvrage
commencé , je men occupe; je range jus~
‘qu’aux paroles , commie si j’écrivais et cor-
rigeais, tantét plus ét tantét moins, selon
que je me trouve plus ou moins de faci-
lité & composer et a retenir. J’appelle un
secrétaire , je fais ouvrir les fenétres, et je
dicté ce quej'ai composé, I] s’en retourne,
je le rappelle encore une fois, et je le
renvoie. Dix ou onzé heures venues ( car
cela n'est pas toujours si juste et si réglé)
je me léve, et, selon le temps qu'il fait,
je vais dans mon bosquet, ou dans ma ga-
lerie , et j'achéve ou je dicte le reste de ce
que je me suis propos¢. Ensuite je monte
dans une chaise ; et 14, mon attentions étant
ranimée par le changement, je continue
a faire ce que j'avais commencé pendant.
que j‘étais couché ou que je me promenais.
Ensuite je dors un peu , puis je me promeéne :
aprés, je lis 4 haute voix quelque harangue
grecque ou latine, non tant pour me forti-
fier la voix que la poitrine , quoique la voix
elle-méme ne laisse pas d’y gagner. Je me
DE LA CORRESPONDANCE. 453
to my mind, which, when they are not
distracted by a multiplicity of external ob-
jects, see nothing but what the imagination
represents to them. If 1 have any composi-
tion upon my hands, this is the time I choose
-to consider it, not only with respect to the
general plan, but even the style and expres-
sion, which I settle and correct as if I were
actually writing. Io this manner I compose
more or less as the subject is more or less
difficult , and I find myself able to retain it.
Then I call my secretary, and, opening the
. shutters, I dictate to him what I have com-
posed, after which I dismiss him for a little
while, and then call him in again. About
ten or eleven of the clock (for I do not ob-
serve one fixed hour ), according as the wea-
ther proves, I either walk upon my terrace,
or in the covered portico, and there I con-
tinue to meditate or dictate what remains
npon the subject in which I am engaged.
From thence I get into my chariot, where
I employ myself as before, when I was
walking or in my study : and find this
changing of the scene preserves and enlivens
my attention. At my return home, I repose
myself; then I take a walk; and after that,
repeat aloud some. greek or latin oration,
45a 29% L ART
proméne encore une fois; on: me frotté
Whuile ; je fais ‘quelque exercice; je’ me
baigne. Peidant le Fepas , si je mange’ aveé
ma femme, ou avec un petit nombre d’a- is
mis, on lit un livre, Au sortir de table,
vient quelque comédien ou quelque joueur
dé'lyre. Aprés ‘quoi je me proméne avec
mes gens, parmi Jesquels il y ena de fort
savans. On prolonge ainsi la soirée j a parler
de choses différentes, et le jour Je plus
long se trouve tout d’un coup fini. Quel-
quefois ‘je dérange un peu ‘cet ordre : cat
si fai demeuré du lit, ow si je'me suis
promené long-temps , apres mon som-
meil et ma lecture , je ne me sers point
de ma chaise; mais je monte A cheval,
ce qui m’emporte moins de temps, parce
que je vais plus vite’ Mes‘ aniis me vien=
nent voit des lieux Voisius , mé pretinent
une partie du jour, et quelquefois nie dé
lassent par une diversion faite a’ propos.
Je chasse en d'autre temps ; mais jamais
saus mes tablettes ; afin que si je ne prends
rien, je ne laisse pas de remporter quelque
DE LA CONRESPONDANCE. 453
not so much for the sake of strengthening
my elocution, as my digestions though
indeed the voice at the same time finds its
account in this practice. Then I walk again,
am anointed , take my exercises, and go into
the bath. At supper, if I have only my wile,
or a few friends with me, some author is
read to us; and after supper we are enter-
tained bikes with music or an interlude.
‘When thatis finished, I take my walk with
my family, in the number of which I am not
without some persons of litterature. Thus
we pass our evenings in various conversa-
tion; and the day, even when it is at the
Get steals away imperceptibly. Upon
some occasions, I change the order in cer-
tain of the articles above mentioned. For
instance, if I have studied longer or walked
more than usual, after my second sleep, and
reading an oration or two aloud, instead of
using my chariot, I get on horseback ; by
which means I take as much exercise. and
lose less time. The visits of my friends from
the neighbouring villages, claim some part
ofthe day; and sometimes, by an agreeable
interruption, they come in very seasonably
to relieve me when I am fatigued. I now
and then amuse myself with sporting, but
Ad4 - LART
chose, Je donne aussi quelques heures &
mes fermiers, trop peu 4 leur avis ; mais
leurs plaintes rustiques ne servent qu’a me
donner plus de gout pour les lettres et pour
les occupations de la ville. Adieu.
FIN,
DE LA CORRESPONDANCE. 455
always take my tablets into the field , that
though I should not meet with game, I may
at least bring home something. Part of my
time too (though not so much as they desire )
is alloted to my tenants; and I find their
rustic complaints give a zest to my studies and
engagements of the politer kind. Farewel,
THE END:
TABLE
DU SECOND VOLUME
> :
TROISIEME PARTIE.
Lettres sur divers divers sujets,
A cone demoiselle qui allait se marier. Page 2
D’un ami a un autre, pour lui conseiller de se ma-
rier.
Réponse, T4
D’un amant a J’objet de son affection. 18
Réponse de la jeune dame. 20
A la méme demoiselle, au bout de quelque temps. 22
Réponse. 24
De la méme, en réponse a une autre lettre. 26
Réprimande dun pére a son fils, sur une liaison
imprudente. .
Réponse du fils. 2
D’une fille 8 son pere, en lui faisant part d’une
proposition de mariage. 36
Réponse du pére a sa fille. 38
D’un jeune homme subitement captivé au spectacle.
40
Du pére de la demoiselle. 42
D’un amant a un pére, sur son attachement pour
sa fille. 44
Réponse du pere. Tbid.
Réponse différente. 46
Du méme. Ibid.
De |’amant de la demoiselle. 48
Réponse a !a demoiselle. Ibid.
D’un amant jaloux a sa maitresse. So
Réponse. 52
ee
THE CONTENTS
‘
OF THE VOLUME Il
PART 111.
/
Letters on miscellaneous subjects.
rs a young lady who was going to marry. Page $
From a friend to another, advising him to marry.
9
An answer. 15
From a lover to the object of his affection. 19
The young lady’s answer. 21
To the same lady, after some time. 23
From the young lady in reply. 25
From the same in reply to another letter. 27
papers from a father to his son, oa an impru-
ent connection. 29
The son’s answer. 33
From a daughter to her father, disclosing a pro~
posal of marrage. 37
The father’s answer to his daughter. 39
From a young man suddendly captivated ata Play-
House. 41
From the lady’s father. 43
From a lover to a father, on hi attachment to his
daughter. 43
The father’s answer. Ibid.
A different reply, 47
From the same. Ibid.
From the lover to the dadebital 49
The lady’s reply. Ibid.
From’a jealous to his mistress, 5r
From the lady, in reply. 53
Ze 20
458 * TABLE.
D’un amant a Ia tante de sa maitresse. Page 54
Réponse de la tante. Ibid.
De la méme. 56
D’un amant timide & sa maitresse. Ibid.
Réponse de la demoiselle. 60
D’un amant blessé 4 la guerre, A sa maitresse.
bid.
Réponse. 62
D’au amant a son pére , sur son peu de succés.
a Ibid.
Réponse. 66
Jan ami 4 un amant extravagant. 79
Dun plaisant 4 sa maitresse. 6
D’une dame qui vient de se marier, & son amie. 78
Réponse de félicitation. 80
D’un oncle a son neveu, sur Vamitié. 82
D’un étudiant & son ami. 86
Lettre ironique 4 un calomniateur. 92
Lettre pour le premier jour de Pan. 94
Réponse. 06
Lettre pour souhaiter un bon voyage. 98
Réponse. Ibid.
Lettre de remerciement, et pour faire savoir son
arrivée a un ami. 109
Réponse. 102
Lettre de plainte sur un long silence, 104
Réponse. bid,
Lettre de félicitation sur un mariage. abe
Réponse.
Lettre dune jeune dame 4 son amie malade. Ibid.
Réponse. 110
A un ami, sur sa convalescence. Ibid.
Réponse. 112
D’un ami a un autre, sur l’emploi du temps. Ibid.
Cartel. 116
Réponse. 118
D’un frére ainé a son frere cadet, sur les habi-
tudes. 120
Pour recommander un parent a une personne de
qualité, 126
TABLE. 459
From a lover to his myistress’s aunt, requesting
her intercession, age 50
The aunt’s reply. Ibid.
From the same. 57
From a modest lover to his mistress. Ibia.
The lady’s reply. 61
From a lover, after receiving wounds in battle,
to his mistress. Ibid.
The young lady’s reply. 63
From a suitor to his father, relating his ill poren ct
id,
The father’s reply. 67
From friend to a foolish lover. 71
From a wit to his mistress. - 97
From a lady just married, to her friend. 79
A congratulating reply. r
From an uncle to his nephew, on friendship, 83
From a student to-his friend. 87
An ironical letter to a slanderer, 93
Letter for a new year’s day. os
The answer. 97
Letter wishing a good voyage. 99
The answer. Ibid.
Letter of thanks, and to let a friend know one’s
arrival. yor
The answer. 103
Letter of complaint on a long silence. ~— 105
The answer. = Ibid.
Letter of congratulation on a marriage. 107
The answer. 169
Letter from a young lady to her sick friend. Ibid.
The answer. 11r
To a friend , on his recovery. - Ibid.
The answer. 113
From a friend to another, on time, Ibid.
A challenge. 117
The reply. T19
From qn elder brother to the younger, on habits.
ee 125
Recommending a relation to a gentleman of rank.
127,
460 TABLE
Réponse. . Page 126
Pour recommander un fils A un amiintime. 128
Réponse.. Ibid.
’ Sur la colére. Ibid,
D’une dame A son amie, sur les privautés que se
perinetient les gens mariés en présence de leurs
amisi 130
D’un homme sans fagon, 8 un ami cérémonieux.
132
Lettre plaisante d’un ami A un autre, sur les
desirs. 134
D'un monsieur A une parente de son amie, sur-la
chasteté. 136
D’une fille 4 sa mére. 140
Réponse de la mére. 142
Lettre a une jeune demoiselle, contenant des no-
tices sur l’histoire des premiers siécles. | 148
Lettre a la méme personne, sur histoire romaine.
160
Modgles de billets d’invitation. 174 4184
QUATRIEME PARTIE.
Lettres d'auteurs célébres.
I. De Sterne A Eliza. ; 186
Ti. Du méme.a Eliza. 196
TIL. Du méme a Eliza. 200
TV. Du méme a Eliza, 212
¥V. Da méme a Eliza. 218
Lettres de milady Montagute.
1. A la comtesse de halal : 228
Ul. A madame S ***. 232
UL. A madame S. C. 236
TV. A la comtesse de ***, 238
V. Ala comtesse de ***. , ; -
VI. A madame la comtesse de **™. 4
VII, A milady R***. 270
VILL, A milady ***. 220
re
TABLE, 46%
The answer. Page 127
Recommending ason to an intimate friend. 12
The reply. Ibid.
On anger. Ibid.
A lady to her friend, on the foundness of married
people, before friends. 135
From a plain gentleman to a ceremonious ne
I
_ <A humorous letter from a friend to another, upon
wishes. 135
From gentleman to a friend’s relation , on chastity.
13
From a daughter to her mother, fi
The mother’s answer. 143
A letter to a young lady, containing notices on the
history of the first ages. 149
Letter to the same lady, on the roman history. 164
Models of cards of invitation, etc. 175 a 185
PART IV.
- Letters of renowned authors. .
I. From Sterne to Eliza. ¢ § (| 387,
' 4 *
II. From the same to Elizaa | 197°
III, From the same to Eliza. 201
IV. From the same to Eliza, 213
V. From the same to Eliza, 219
. Lettters of lady Montague.
I. To the countess of —~ 229
Il. To mistriss S.— ~ 233
III, Townistriss S.C, 237
IV. To the countess of B—, : 239
V. To the countess of —, 247
VI. To the countess of — 255
VII. To lady R—, 271
VUIL. To lady X—. 281
na... EE .
IX. A milady ***. Page 290
X. A la comtesse de ***, 302
XI. A la comtesse de ***. 322
AL, A la comtesse de B***. 352
Lettres de Brutus.
I. Brutus & Atticus. 396
Il, Brutus a Cicéron. 388
Lettres de Pline,
T. A Tacite. 410
II. A Corneille Tacite. 424
Hil. A Caninius Rufus. 426
IV. A Minutius Fundanus, 430
V.A Septitins Clarus. 432
VL. A Marcellin. . Be
VIL. A Corneille Tacite, 44°
VIL. A Fuseus. : 448
Fin de da table du second volume.
John Crespin
3*
TABLE,
1X. To the lady —.
X. To the countess of —,
XI. To tiie countess of —.
XII. To the countess of B—.
Letters of Brutus,
I. Brutus to Atticus.
II, Brutus to Cicero.
Letters of Pliny.
I. To Tacitus.
Il. To Cornelius Tacitus,
III. To Caninius Rufus.
~ IV. To Minutius Fundanus,
V. To Septitius Clarus. ©
VI. To Marcellinus.
VII. To Cornelius Tacitus,
VIII. To Fuscus,
468
Page 29t
303
Tnd.of the teble of the second volume.
ey) ine = jae th) i ay
ne sginl MG? P
Vases
MIE Pe a Dwi
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